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Full text of "L'Europe pendant le consulat et l'empire de Napoléon"

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L'EUROPE 

pendait  It  coiisiilat  et  l'tispiie  de 

NAPOLÉON 


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L'EUROPE 

pendvitltciuiiktttl'eiDpiitdt 

NAPOLÉON 


H.  CJIPEFIGIIE 

■ 
tniVIl 


BRUXELLES 


WOOTEBS,  USPOn  ET  C*.  IHTOmBUBS-UBlUIRES 

S,  rue  iTAiMDl 


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L'EUROPE 

NAPOLÉON 


CHAPITRE  I. 


IMÈ  8CnnCI«  KT  LU  BElCX-AITa. 


AjiplicaiioD  de  la  vaptw,  —  Théorie  de  la  Inmiiie.  —  Le  gaz.  —  Le  magnéiiinif .  — 
GalTanisme.  —  La  pile  de  Tolta.  —  La  chimie  appliquée  aui  ans.  —  I^ea  sucres.— 
La  teinture.  —  Les  sciences  mathématiques.  —  Botanique.  —  Sciences  historiques. 
•  L'érudition.  —  La  numismatique.  —  Bisieire.  —  La  chronique.  —  Publica- 
tion des  moDUiiKDls.  —  Les  beaui-arts.  —  Le  musée  Napoléon,  —  Transport  des 
objets  d'art  de  Borne.  —  Dépouillement  de  la  villa  Borghèse.  —  La  peinture.  — 
La  statuaire.  —  Les  écoles.  —  David.  —  Gros.  —  Girodet.  ~  Gérard.  —  Les 
salons.  —  La  muâque.  —  Les  grands  maîtres.  —  L'opéra.  --  L'art  de  la  danse. 
—  Les  modes. 

ISOS  -.  inoo. 


L'universalité  formait  le  caractère  de  Napoléon;  c'était  là  son  type, 
et  j'oserai  dire  son  affectation.  Sous  la  tente,  lorsque  les  plus  hautes 
conceptions  de  guerre  viennent  occuper  et  inquiéter  sa  pensée,  l'em- 
p«*eur  met  un  grand  prix  à  se  montrer  au  monde  conune  un  esprit 
occupé  d'arts  futiles,  de  science  et  d'administration  publique.  Quel- 
quefois un  décret  minutieux,  sur  un  détail  inconnu,  estdatédu  champ 
de  bataille  la  veille  d'une  victoire  *  ;  il  semble  que  ces  détails  l'inté- 
ressent au  milieu  des  pluâ  glorieuses  distractions;  rien  ne  peut  échap- 
per à  son  œil  d'aig  e,  comme  pour  dire  aux  derniers  de  ses  fonction- 
naires que  l'empereur  suit  leurs  actes, qu'il  récompensera  le  bien  et 

'  Sx  1812  le  grand  décret  sur  les  ifaéitres  fut  daté  de  Moscou. 


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6  LES   SCIEHCE9  ET   L£3   BEACX-AATS. 

punira  le  mal.  Lorsque  tant  de  préoccupations  politiques  l'agiteot, 
il  suit  encore  avec  sollicitude  les  progrès  de  la  littérature  et  des  arts. 
Plein  des  idées  romaines  du  siècle  d'Auguste,  Napoléon  voudrait  avoir 
le  sien  ;  les  médailles  rappelleraient  soa  règne ,  les  moaumeuts  en 
attesteraient  lagrandeDr;  la  peinture  reproduirait  ses  traitsantiques, 
et  la  statuaire  les  léguerait  aux  âges  reculés  ^ec  le  manlj^u  impé- 
rial, à  cAté  des  césar  et  des  auguste. 

Les  sciences  méritaient  alors  l'attention  sérieuse  de  la  génération 
par  des  progrès  utiles  et  féconds  et  des  découvertes  destinées  h  chan- 
ger la  face  du  monde.  La  théorie  de  ia  vapeur  n'était  pas  une  nou- 
veauté dans  SOD  idée  primitive  ;  depuis  le  xvi'  siècle  on  savait  la  force 
de  la  compression  éclatant  comme  la  foudre  ;  il  n'était  pas  un  écolier 
de  physique  qui  ne  fit  l'espérience  de  l'impétuosité  avec  laquelle 
s'agite  l'eau  bouillante  dans  une  chaudière.  L'application  de  cette 
théorie  avait  été  faîte  déjà  &  des  machines,  et  sous  le  vieux,  nom  de 
pompes  à  feu  on  avait  employé  ce  levier  puissant.  Dès  le  commence- 
ment de  ce  siècle ,  il  apparut  tout  k  coup  une  théorie  d'application 
plus  vaste  sur  l'usage  matériel  de  la  vapeur;  si  les  machines  s'agitaient 
par  la  puissance  de  cet  immense  mobile ,  les  barques  et  les  vaisseaux 
pouvaient  recevoir  de  cet  agent  une  impulsion  régulière.  Avant  même 
que  les  Anglais  et  les  Américains,  et  que  Watt  eût  apporté  en  Amé- 
rique SB  découverte ,  quelques  Français  avaient  essayé  l'emploi  de  la 
vapeur  sur  de  simples  barques  au  canal  de  l'Ourcq  ' ,  elles  avaient 
complètement  réussi  ;  l'action  s'était  produite  avec  une  force  et  une 
précision  remarquables. 

Le  gouvernement  ne  prêta  qu'une  faible  attention  k  une  décou- 
verte qu'il  traita  de  folie  et  de  charlatanisme*.  Le  défaut  de  l'empe- 
reur était  malheureusement  de  ne  pas  comprendre  les  idées  qui  n'étaient 
pas  sienneâ.  Ce  génie ,  trop  habitué  h  se  replier  sur  lui-même  et  à 
méditer  ses  propres  conceptions,  ne  croyait  pas  à  la  grandeur  des 
pensées  en  dehors  de  lui.  Cette  puissance  motrice  de  la  vapeur,  qu'il 
dédaigna,  aurait  pu  l'aider  à  accomplir  son  système  d'agression  contre 
l'Angleterre  ;  si  les  petites  barques  de  Boulogne  s'étaient  mues  par  la 

'  Ed  1802.  Vais  l'époqneéuit  trop  dislraîie. 

'  Il  eu  bon  d'ajouier,  en  ce  qui  louche  riadifTcrence  qu'on  mit  sous  l'empire  i 
l'application  de  la  vapeur,  que  FuIiod  vint  à  Paris  pour  offrir  cette  découtertc;  elle 
fut  repouasée  par  le  conseil  de  marine,  comoie  peu  applicable  ou  au  idoïds  inutile; 
en  m'aisure  que  la  délibcraiioo  eiisie  cucore. 


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LES   SCIENCES  BT   LES   BEACX-ABTS.  7 

mécaniqae  de  Watt ,  l'armée  de  débarquement  aurait  opéré  sans  ob~ 
stacle  sur  le  littoral  de  la  Grande-Bretagne  ;  il  n'y  aurait  plus  eu  de 
mer  entre  les  deux  cAtes,  la  science  aurait  jeté  ce  pont  gigantesque, 
que  l'imagination  de  l'empereur  avait  rêvé  plus  d'une  fois,  comme  le 
pont  de  l'Enfer  du  Dante.  Dans  l'histoire  de  Napoléon  c'est  une  fâ- 
cheuse circonstance  qne  ce  dédain  pour  la  plus  puissante  création  des 
temps  modernes;  lorsque  les  générations  futures,  par  le  double  déve- 
lo|^ment  de  la  vapeur  et  des  chemins  de  fer ,  verront  s'accomplir 
les  destinées  illimitées,  lorsque  le  monde  changera  de  face  avec  ses 
villes  merveilleuses,  ses  vaisseaux  sillonnant  les  mers,  ses  raille  lieues 
franchies  en  quelques  jours,  il  sera  triste  et  fatal  que  le  nom  de  Napo- 
léon ne  se  mêle  en  rien  à  cette  civilisation  nouvelle,  et  qu'il  ne  paraîase 
aux  générations  futures  que  dans  cette  famille  de  conqu^nnts  qui 
ont  fait  mardier  les  siècles  par  leur  épée. 

L'école  physique  fut  plus  heureuse  pour  sa  théorie  de  la  lumière 
et  ses  éludes  pour  déterminer  la  réflexion  des  corps.  On  eut  des  in- 
stmiDents  pour  préciser  l'action  chimique  de  la  lumière  et  delà  cha- 
leur dans  les  rayons  solaires  ;  on  fixa  l'effet  des  surfaces  sur  le  rayon- 
nement; par-dessus  tout  on  parvintàmesurer  la  capacité  delà  chalair 
par  le  calorimèh-e.  La  chimie  Clément  s'efforça  de  détacher  les  gat 
avec  une  précision  remarquable;  on  St  l'essai  de  ce  magnifique  éclai- 
rage, imparfait  encore,  et  qui  devait  se  purîBer  par  l'usage.  Il  se  fai- 
s^l  alors  un  avoiir  mervdlleux  pour  les  générations  :  la  phyriqne 
tendait  k  faire  revivre  les  splendeurs  des  villes  et  des  empires  de  Syrie 
et  de  Babylone.  Viendrait  un  jour  où  les  vastes  cités  resplendissantes 
de  mille  jets  de  lumière  se  déploieraient  k  travers  les  larges  rues  k 
colonnes,  les  places  à  portiques,  les  monuments,  les  temples,  les  jar- 
dins suspendus  ;  quand  viendrait  ce  temps,  les  villes  seraient  réunies 
les  unes  aux  autres  par  des  chemins  de  fer  transportant  les  populations 
entières  ;  la  vapeur  jetterait  comme  un  pont  sur  les  vastes  mers  entre 
les  condnents  éloignés  ;  temps  fabuleux,  que  les  générations  noa- 
vdles  verront,  comme  un  héritage  de  nos  peines,  jusqu'à  ce  qu'il  arrive 
quelques-unes  de  ces  catastrophes  qui  brisent  les  cités  et  ne  laissent 
plus  debout  que  quelques  tronçons  de  colonnes  ou  quelques  frag- 
ments de  temples,  comme  on  en  trouve  au  désert  parmi  les  ruines 
de  Paimyre. 

Si  Napoléon  avait  dédaigné  l'application  de  la  vapeur  et  du  gaz, 
il  s'était  épris  comme  d'une  passion  enfantine  pour  les  effets  du  g«l- 


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O  LES   SCIE5CES  ET  LES   BBA.UX-ASTS. 

vanistneetdetapilede  Volta;  tout  ce  qui  paraissait  étrange,  fantas- 
tique, était  adopté  par  son  imagination  avec  cet  eatratnant  mysti- 
cisme qui  le  dominait;  l'homme  qui  croyait  À  la  destinée  s'était  jeté 
eu  enthousiaste  sur  les  théories  du  magnétbme  et  de  la  pile  de  Volta 
qui  semblait  rendre  un  instant  la  vie  aux  corps  inanimés;  elle  parais- 
sait comme  une  certaine  manière  de  résoudre  le  grand  problème  de 
la  mort,  et  de  pénétrer  dans  cette  nuit  sombre  du  tombeau.  L'empe- 
reur établit  un  prix  énorme  pour  la  réalisation  des  doctrines  du  galva- 
nisme ' .  Quelles  causes  donnent  la  vie?  quelles  causes  en  privent  l'être 
créé?  Étrange  problème  qui  brise  le  cerveau  toutes  les  fois  que  l'ima- 
gination s'y  arrête  pour  en  soulever  le  voile  mystérieux.  Napoléon 
ne  vit  dans  les  inventioos  physiques  que  des  résultats  fantastiques, 
extraordinaires  ;  l'aérostat,  le  galvanisme  *,  marcher  i  travers  les 
nuages,  remuer  la  tombe  ;  tandis  que  les  trois  grands  éléments  de  la 
civilisation  future,  la  vapeur,  te  gaz  et  les  chemins  de  fer,  lui  res- 
taient encore  inconnus  dans  les  ténèbres  de  l'avenir,  pour  dommer 
une  société  qui  ne  serait  plus  à  lui. 

La  véritable  gloire  scientifique  de  l'époque,  parce  qu'elle  contribua 
puissamment  à  grandir  les  ressources  du  peuple,  ce  fut  la  chimie  ap- 
pliquée aux  arts.  Ici,  des  progrès  réels  furent  accomplis;  M.  Chaptal  * 
opéra  des  prodiges;  il  parvint  surtout  à  perfectionner  la  confection 
des  sucres  dans  l'analyse  de  toutes  les  plantes.  Il  fallait  remplacer  le 
produit  de  la  canne  des  Antilles;  on  chercha  dans  le  raisin,  dans  la 
figue,  la  substance  sucrée,  et  on  parvint  h.  la  cristalliser  avec  quelque 
bonh^r;  il  fallait  épurer  la  betterave,  pénétrer  dans  les  produits  qui 
contiennent  le  plus  de  sirop,  et  ce  fut  là  la  gloire  de  M.  Chaptal; 
ses  théories  utiles  au  peuple  grandirent  ses  moyens  d'eiisteoce;  on 
eut  du  sucre  de  betterave,  de  l'eau-de-vie  de  pommes  de  terre,  des 
substances  nutritives  pour  les  masses.  De  la  vie  de  l'homme,  yi.  Chap- 
tal passa  aux  vêtements;  les  produits  de  la  teinture  manquaient  à  la 
France  :  elle  n'avait  plus  la  cochenille,  ce  beau  vermillon,  et  cet  ad- 
mirable bleu  que  donne  l'indigo  :  il  fallait  suppléer  à  tout  par  la  chi- 
mie. On  essaya  d'abord  la  culture  des  plantes  du  tropique,  l'essai 
échoua  ;  la  chaleur  douce  des  Antilles  manquait  à  cette  famille  si  fra- 

'  Un  prix  de  lO.OOafTaacs  lut  d'abord  proposé. 
'  Tojei  Hiiioin  du  galvanitm»,  par  M.  Sue;  Paris,  4  volumes  lu-S'. 
*  Toje*  Voumge  de  H.  Chaptal,  la  Chimie  appl^uét  aux  arU,  traduit  dans 
lontCB  les  langues  de  l'EuTope,  4  volumes,  Paris,  1B06. 


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LES  SCIENCES   ET   LES  BBAUX-ARTS.  9 

gile  que  le  moindre  froid  brise  et  tue',  comme  Te  corps  frêle  d'une 
jeune  Ûlle  poitrinaire  sous  le  dur  dîmat  du  Nord.  La  chimie  appli- 
quée aux  arts  fit  des  merveilles:  elle  permit  les  belles  teintures,  et 
remplaça  ces  colonies  que  la  rivalité  maritime  nous  avait  enlevées; 
prodiges  des  temps  exceptionnels  de  la  guerre,  ces  produits  devinrent 
un  embarras  pour  le  temps  de  paix;  les  industries  qui  suppléaient  à  la 
soude  d'Espagne  et  de  Sicile,  au  sucre  des  colonies,  à  la  cochenille 
et  k  l'indigo,  durent  être  frappées  d'impuissance  le  jour  où  les  mers 
furent  ouveries;  il  fallut  alors  les  protéger  par  des  prohibitions,  aul 
dépens  des  consommateurs  * . 

La'  physique  s'occupa  de  l'analyse  des  acides  et  de  la  décomposition 
du  sel  marin,  travaux  considérables  qui  tuent  l'homme;  on  eut  la 
théorie  des  poudres  fulminantes;  on  perfectionna  le  crayon  et  l'aàer, 
les  sulfures  en  les  combinaisons  gazeuses  ;  dans  les  recherches  sur  les 
carbures,  on  voulut  même  découvrir  le  diamant  par  l'analyse.  M.  de 
Morveau  en  Gt  l'expérience  et  n'obtint,  en  le  brûlant,  que  de  l'acide 
carbonique.  Ce  fut  une  vive  dispute  de  science  entre  MM.  Berthollet, 
fiiot  et  de  Morveau  que  cette  analyse  du  diamant.  M.  Berthollet  son- 
tint  que  l'hydrogène  dominait  dans  sa  substance;  M.  Biot  appuya  cette 
doctrine  en  la  modifiant;  tandis  que  M.  de  Morveau  TOtfluty  trouver 
l'acide  carbonique  seul,  et  M.  Clouet  l'acier  pur.  H  y  eut  des  analyses 
profondes  sur  les  fermentations,  sur  les  vins,  sur  les  éthers.  On  me- 
sura l'atmosphère.  L'histoire  des  minéraux  s'agrandit,  car  les  savants 
pénétrèrent  jusque  dans  les  entrailles  de  la  terre  pour  découvrir  ces 
palais  de  cristal,  cesvetnes  de  porphyre,  ces  volcans  qurjettent  le  feu, 
les  sels,  les  charbons,  les  terrains  primftifs;  et  c'est  ce  quf  grandît  les 
études  géologiques.  Cuvier  se  posa  le  premier  à  la  tête  d'une  grande 
école  qui  sépara  les  terrains  primitif  et  les  terrains  secondaires;  on 
disserta  sur  les  volcans,  sur  les  fossiles.  Vinrent  aussi  les  théories  et 
les  hypothèses  sur  la  création;  l'esprit  philosophique  avait  jeté  mille 
préjugéssurla  géologie  delà  Genèse,  et  ces  préjugés  existaient  encore 
trop  puissants  pour  que  le  théorie  entière  pAt  naître  et  se  dévdopper. 
Il  y  eut  des  études  imparfaites  jusqu'à  ce  que  Cuvier  osAt  donner  h 
l'histoire  de  la  création  cette  démonstration  religieuse  et  scientifique 
qui  ouvrit  une  voie  féconde  et  nouvelle. 


'  TouB  l«s  eiposés  de  la  siUiatîMi  de  l'empire  par  les  aioisirea  disent  cependint 
le  ceè  mojtas  niufirent  presque  enlièremeiit  ;  cela  était  ineuci. 


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10  LB8  SaSNCBS  BT   LES  BEArX-ABTS- 

De  la  formation  de  )a  terre  on  pana  aux  sciences  naturelles,  aux 
étudesderéfreaniioi.  Peu  de  découvertes  avaient  été  faites  depuiales 
résuméside  Buffon;  cependant  on  put  décrire  quelques  nouvelles  es- 
pèces de  gibier  de  l'Australie,  qu'on  avait  répandues  dans  les  bois  d'Eu- 
rope ;  l'expérience  avait  réussi.  Des  études  spéciales  venaient  de  s'ac- 
complir sur  diverses  familles  d'animaux;  l'abeille  avoit  été  étudiée  par 
un  modeste  naturaliste  '  ;  un  savant  italien  découvrait  un  instinct  mer- 
veilleux dans  la  chauve-souris  :  privés  du  sens  de  la  vue,  ces  animaux 
■e  dirigeaient  te  jour  par  le  sens  du  toucher  répandu  sur  leurs  oreilles 
et  leurs  ailes.  On  venait  également  de  définir  la  faculté  qu'avaient  les 
polypes  i  bras  de  reproduire  leurs  parties  coupées;  cette  faculté  s'é- 
tendait aux  écrevisses,  aux  salamandres  et  à  la  limace.  De  plus  larges 
études  avaient  expliqué  la  léthargie  profonde  de  certains  aaimanx, 

s  que  les  marmottes ,  les  loirs ,  passant  la  saison  froide  dans  les 
mm)l3nclL9ous  la  neige  ',  léthargie  qui  suspendait  la  resiùration,  la 
•ensibilité  etnî^V lt>  digestion.  L'académie  des  sciences  venait  d'étu- 
dier et  de  définir  U(aaidî£  qu'a'S'ent  les  vipères  et  les  serpents  i  son- 
nettes d'étourdir  et  d'altii^-teft  petits  animaux  dont  ils  font  Imr 
proie.  M.  de  Humbohlt  et  M.  Geoffrôy^int-Hilaire  avaient  mesuré 
l'âectricilé  de  certains  poissons  qui  engdNi;disient  ".  M.  Geoffroy 
commençait  alors  ses  théories  sur  les  monstr^  >1  diasertait  sur  les 
animaux  de  la  nouvelle  Zélande ,  sur  ce  kangurotft  «l^*'*^  P"*  '^ 
capitaine  Cook,  haut  de  six  pieds,  si  disgracieux  et  ilL*ltenUf  pour  ses 
petits. 

M.  de  Humboldt  avait  parcouru  le  continent  amérîaain,  et  il  don- 
nait aux  musées  de  Paris  et  de  Beriin  le  résultat  de  seXlongs  et  pé- 
nibles voyages;  Undis  que  MM.  de  Jussieu.  Jaume  SainVHilaîre  *, 
de  Gandolle,  étendaient  la  botanique  au  ddà  des  limiteslpiées  par 
Linné.  Jamais  les  sciences  naturelles  n'avaient  présenté  de  pVus  belles 
collections  de  sujets  dans  toutes  les  dmes  de  la  science  :  la  btfitanique 
aidait  l'agriculture  ;  on  introduisait  de  nouvelles  plantes.  laYp***** 
doocede  Malaga,  le  topinambour,  le  navet  de  Suède;  la  culturaT  ^  ^ 


'  HéinoirMdtl1iistîlut.aMMdes8ci«DCM[180B-lS0SJ. 

*  TojM E$taU d-obHTvaliom  powr  nroir  à  Ihittoin  du  mnmmifènt  *iij\  " * 
ww  Uthargit  pMadiqvt,  en  jialien,  par  M.  Blingili.  s 

■  BulUtmd«$ii!i»ncft,anxi;AtuwUiditmti»iamd'hùtmTtnaturM4.  \ 

•  M.  Jaume  Sunt-HUtire  venait  de  publier  :  Expoaiion  dt  famitUt  naturM«.   >■ 
Hdita  gtrminatioti  du  ptoMM,  4  volumes  fn-d*.  \ 

\ 
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\ 


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LES  SCIEKCBS  BT   LSS   BBA0K-ABT9.  11 

pomme  de  terre  prenait  ane  immense  extennoD  et  préservait  désor- 
mais le  peuple  de  la  famine  :  utile  et  belle  découverte,  due  aux  expé- 
riences de  M.  Parmeotier.  On  essayait  la  culture  du  coton,  l'acada 
déployait  ses  fleurs  blanches  et  odorantes  ;  on  plantait  le  pin  mari- 
time sur  les  dunes  pour  les  fixer  et  les  rendre  productives.  L'empe- 
reur  favorisait  toutes  ces  cultures  nouvelles,  source  de  richesse  pour 
le  peuple  ;  Napoléon  aimait  k  récompenser  les  savants,  autant  pour 
sa  gloire  que  ponr  l'utilité  pratique  de  la  science  ;  il  savait  que  cette 
prolectiott  serait  un  fleuron  de  plus  i  sa  noble  couronne. 

K  les  sciences  naturelles  étaient  profondément  étudiées,  la  cliro- 
oique  morale  des  hommes  l'était  également  par  les  travaux  histo- 
riques. On  a  vu  que  le  premier  consul  avait  surorîmé,  dans  sa  réor- 
ganisation de  l'Institut,  la  classe  des  sciences  morales  et  politiques; 
elle  lui  paraissait  une  institution  vide  de  sens,  un  mot  sans  applica- 
tion, une  collection  de  rêveurs,  imitation  des  théophilanthropes,  hé- 
ritiers du  bavardage  ^ientiQque.  Cette  classe  avait  été  fondue  dans 
racadémie  des  inscriptions,  qui  jetait  quelque  éclat  sur  l'érudition  et 
rhistoire;  elle  était  chargée  d'abord  de  l'étude  des  écrivains  grecs  et 
latins,  recherches  trop  oubliées  pendant  les  temps  orageux  de  la  ré- 
lolution  française;  qu'étaient  devenus  alors  les  commentaires  des 
Etienne,  des  gcaliger,  des  Cosauboo?  Le  présent  était  trop  immense 
pour  qu'on  s'inquiétât  du  passé  ;  l'histoire  se  faisait  au  jour  le  jour. 
Comme  philologie,  on  distinguait  la  traduction  d'Bérodot»  de 
M.  larcher  :  Hérodote ,  le  grand  chroniqueur  .^es  temps  antiques. 
M.  de  Sainte-Croix  venait  de  puMîer  l'examen  des  historiens  d'Alexan- 
dre ;  on  traduisait  Slrabon  ;  M.  de  Visconti  expliquait  la  sculpture 
par  les  passages  des  auteurs  grecs  et  latins.  M.  Gail,  plus  actif 
qu'érudit,  donnait  un  Xénopkon,et  M.  Clavier,  le  même  magistrat 
que  nous  avons  vu  siéger  dans  le  procès  de  Moreau,  publiait  un  Apoh- 
lodore  remarquable  par  son  exactitude.  La  philologie  grecque  comp- 
tait aussi  deux  fervents  adeptes,  M.  Hase  et  M.  Boissonnade,  qui 
commentaient  leur  carrière  d'hellénistes.  Les  corps  scientifiques, 
comme  toujours,  s'étaient  faits  courtisans ,  et  un  des  membres  de 
['académiedesémditSjU.Petit-Badel,  publiait,  en inscriptionslatines, 
les  fastes  de  Napoléon  ',  pour  attirer  sur  lui  un  rayon  d'or  de  I9 
puissance  souveraine. 

■  Ils  pOTtenl  le  titre  de  FaOi  IftapoUoni  magni.  Paris,  1806. 


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12  LES   SCISHCE»  ET  LES  BEAIIX-AHTS> 

L'étude  de  l'art  chez  les  anciens ,  si  admirablement  décrite  par 
'Winckelmann,  trouvait  on  élégant  interprète  dans  M.  Quatremère 
de  Quinoy,  le  théoricien  le  plus  Tort,  Hmagination  la  plus  vive, 
l'ami  de  Canova,  si  capable  d'apprécier  les  arts  et  les  causes  qui  les 
font  si  grands.  M.  de  ViscontI  donnait  la  main  à  M.  Quatremère  de 
Quincy  dans  l'étude  de  l'art  appliijuéà  l'érudition;  à  l'aide  deM.  Mil- 
lin«  si  re;marquable  dans  la  science  des  médailles,  et  de  M.  Denon, 
aussi  bon  énidit  qu'artiste  distingué,  qui  avait  suivi  le  général  Bona- 
parte sous  les  pyramides  et  au  désert  ',  on  se  familiarisait  avec  les 
antiquités;  l'Orient  avait  été  visité  par  Napoléon,  et  l'on  s'efforçait  à 
l'envi  d'expliquer  ses  mystères.  Les  languesorieotales recevaient  une 
vive  impulsion  sous  un  homme  émineot,  M.  Silvestre  de  Sacy.  Les  ca- 
ractères typographiques  de  l'Aue  sortaient  de  l'imprimerie  impériale, 
sous  M.  Marcel,  qui  a>^it  visité  le  Nil  comme  M.  Denon.  On  pu- 
bliait les  livres  des  Sabéens,  ou  chrétiens  de  Saint-Iean;  la  littérature 
syriaque  trouvait  quelque  développement  ;  l'arabe  vulgaii»  était 
éclairci  par  la  chrestomathie  de  M.  de  Sacy.  Un  grand  travail  sur 
ks  Pruses  était  aussi  achevé  par  le  savant  orientaliste;  on  publiait 
Ahoulfeda  et  des  travaux  remarquables  sur  la  numismotique  arabe*. 
Les  antiquités  persanes  devaient  beaucoup  à  Anquelil-Duperroo  ; 
;les  ruines  gigantesques  de  Pecsépolis,  ces  colonnes  brisées,  les  énigmes 
des  temps  qui  ne  sont  plus.,  ces  débris  sur  lesquels  les  siècles  ont 
passé,  étaient  aussi  Interrogés  par  H.  Silvestre  de  Sacy  avec  une 
profonde  persévérance.  L'Orient  plaisait  trop  vivement  à  l'imagina- 
tion de  l'empereur,  pour  que  la  science  ne-s'occup&t  pas  des  anti- 
quités bibliques  ;  l'esprit  de  critique  du  xviii'  siècle  dominait  ces 
recherches,  et  la  Rvinta  de  Vfilney,  son  Yçyage  en  Egypte,  servaient 
de  mod^e  et  de  type  i  toutes  les  productions  de  cette  époque. 

La  géographie  d'érudition  trouvait  de  savants  interprètes  dans 
MM.  Walkenaër  et  Malte-Brun  ;  on  publiait  des  travaux  inédits  sur 
la  topographie  du  moyen  âge,  époque  alors  presque  défigurée  par  une 
sorte  de  dédain  superbe  professé  dans  l'école  philosophique.  On  connais- 
sait tout,  excepté  la  France;  il  n'y  avait  pas  alors  de  travaux  historiques 
sérieux  et  élevés  ;  l'histoire  était  absorbée  par  la  supériorité  de  trois 
ouvrages  publiési  la  Pu  du  xvni'  siècle  :  Hume,  Gibbon  et  Robertson; 
récolecritique  écossaise  dominait,  et  avec  elle  les  esprits  sceptiques,  qui 

>  Le  cabinet  de  M.  Dcnon  offrait  une  des  collectioDS  les  plus  précieuses. 
'  Vuyei  IcE  roimoircs  delà  troisième  classe  de  l'Institut. 


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LBS   SCIENCES   ET  lES   BEATIX-ABTS.  1& 

euminent  froidement  les  faits,  les  jugent,  sans  descendre  jusqu'à  ht 
couleur  du  temps,  sans  l'empreinte  de  l'époque  que  l'on  veut  décrire; 
et  il  se  trouva  même  que  cette  érudition  si  remarquable  dans  les  his- 
toriens anglais,  et  particulièrement  dans  Gibbon,  fut  dédai^ée  par 
les  écrivains  en  France,  de  sorte  qu'il  ne  resta  plus  que  des  travaux 
froids  et  didactiques,  dépouillés  de  tous  les  feux  d'imagination.  Rien 
de  plus  vulgaire  que  les  hist(^res  écrites  à  cette  époque  ;  qui  se  rap- 
pelle eDi»re  les  lourds  volumes  de  Gaillard  7  travaux  tout  remplis  dft 
réfiexions  froides  et  sentimentaies,  philanthropie  ennuyeuse  sur  dft 
poétiques  époques.  Gbarlemagne,  le  moyen  6ge,  comme  François  I", 
tout  était  également  jeté  dans  un  même  moule  ;  aucune  différence  no- 
distingue  les  deux  temps ,  aucun  caractère  ne  les  sépare.  Et  le  vieux 
ADquetil,qui  fait  delà  philosophie  et  delà  politique  avec  une  concep->. 
tion  terre  à  terre  :  il  s'imagine  qu'il  a  pénétré  dans  l'esprit  de  toutes 
choses,  dans  la  Ligue  comme  dans  le  mouvement  diplomatique  de 
Henri  IV.  Une  histoire  de  France  pourtant  lui  fut  demandée  par  les. 
ordres  de  Napoléon  *  ;  M.  Anquetil  se  hAta  d'obéir  au  souverain  ;  tt 
fit  on  travail  dans  les  proportions  d'un  abrégé ,  pAle ,  décoloré ,  où 
tous  les  temps  sont  jetés  dans  un  même  cadre  ;  la  chronique  n'y  est  pas, 
la  philosophie  de  l'histoire  moins  encore.  M.  Anquetil  imprima  k 
son  œuvre  un  caractère  mixte;  il  avait  pris  à  la  science  de  seconde 
main  les  faits  sans  couleur,  et  au  xviii*  siècle  les  jugements  vulgaires, 
et  superbes  des  encyclopédistes  sur  les  temps  qui  sont  loin  de  nous.. 
L'empereur  avait  conservé  un  souvenir  profond  des  études  menas* 
tiques  :  élève  des  minimes  à  l'école  de  Brienne,  il  adopta  avec  empreï- 
■ement  tout  ce  qui  pouvait  favoriser  les  travaux  des  bénédictins ,  la 
corps  véritablement  émdit  du  xviii*  siècle.  Napoléon  ordonna  de  con^ 
tinuer  la  riche  collection  des  historiens  des  Gaules,  où  se  trouvent 
réooies  les  chroniques  du  moyen  &ge  * .  L'ancienne  œuvre  des  béné- 
dictins en  était  restée  è  Louis  le  Gros,  l'empereur  Qt  les  frais  d'une! 
continuation  sous  dom  BriaP,  débris  de  Sainte-Geneviève.  On  dut 

*  L'rmpereur  confît  ce  Iravtll  k  M.  Anquetil ,  septuagénaire. 

'  La  belle  et  (trande  collection  d«  dom  Bouquet. 

'  J'û  beaucoup  connu  dans  sa  plus  eitrâme  vieillesse  ce  dernier  débris  de  IVcolft 
bteédietlne;  il  me  lendit  la  main  ,  à  moi.  jeune  élire  de  l'école  des  chart<s. 

Dom  MicbcMean-Joseph  Briel  était  né  i  Perpignan  le  SO  mti  1743.  A  18  ans,  il 
9a  la  règle  de  saint  Benoit,  et  prononfa  ses  tibui  en  t7U4,  dans  l'abbayc  de  lu 
e  t Toulouse.  Surl'inTiution  de  ses  supérieurs.  Il  vint,  en  1771,  à  ParLi, 
T  dom  dément,  resté  seul  chargé  de  coniiouer  la  AkumI  dei  hitforimi  d« 


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li  LU  SCIBIICB3   ET  US  BEADX-AKTB. 

achever  les  OrdtMnancea  dta  roi»  de  Franct,  recueil  précieux  pour  la 
légùlatioa  el  le  développement  des  idées  historiques  ;  ii  fut  confié  k 
SI.  de  Fastoret.  Puis,  l'académie  des  tuscriptions  continua  l'Hietoin 
liaéraire,  où  se  trouve  l'analj'se  froide,  mais  exacte,  de  tomles  mo- 
nuDients  contemporaios,  etaoïeodoaoft  U  dicecUon  àM-Datuuw. 
£alin,  les  chartes  et  dii^Ames,  jéuais  d'abord  par  M.  de  firéqu^j, 
et  qui  devaieot  comprendre  jusqu'à  l'époque  de  Lonis  XI.  ,dur^ 
s'achever  sous  U  directiw  4e  l'Institut.  Napoléon.,  avide  ie  toute 
gloire ,  saisissait  avec  emi^essexaent  ce  qui  resseml)lait  à  la  prol£clMw 
que  la  vieille  mooacchie  donnait  à  l'histoire  du  pays-  Comme  jes  pré- 
jugés s'opposaient  à  Ja  recooslitution  des  ordres  religieux,  l'empereur 
voulait  au  nuitis  que  les  {jéuérations  pussent  profiter  des  tcftvajw 
commencés  à  travers  les  âges  par  ces  savantes  fondations. 

Dans  cette  vue  d'unir  les  sueoces  aux  arist  Napoléon  connut  le 
projet  d'iUQ  vaste  musée  «ntique  où  toutes  les  coUectioos  .seraîejst 
réunies.  U  venait  de  fwe  Uan^Kirter  en  France  les  .admirables  mona- 
ueots  de  la  viila  Bot;gbèae ,  riche  collection  dont  on  voit  encore  les 
débrisà  Borne  :  cesautel»,  ces  tombcwiiélevés,  ces  cjppes,  ces  bronzes 
lies  emp^eur.',  la  Venu»  divine^  le  Jupiter  Olympien,  les  statues  d'or 
et  d'ivoire ,  Its  camées  et  les  médailles ,  tout  ce  qui  enrichit  la  villa 
Borghèse,  qui  se  d^oie  box  les  hauteurs  de  la  place  du  Peuple  à 
Bome.  l^  arts  recevaient  «a  développement  non  moins  somptueux 
que  Jes  sciences  ;  J'école  de  David,  si  grave,  si  romaine,  se  modifiait 
elle-même;  df^uis  le  tableau  du  Sacre,  David  n'avait  composé  que  le 
portrait  du  saiot-père.  avec  sa  figure  vénérable  et  son  r^iard  d'in^- 
Aèle  caudenr;  ce  .portrait  fut  un  cbef-d'ceuvre  bien  au-dessus  du 
taUeau  du  Sacr^  ei.  le  grand  mattre  se  surpassa  :  spectode  curieux 
ttDS  doute  que  de  voix  le  pape,  la  création  la  plus  douce,  la  plus  ao^Â- 
lique,  à  Ja  face  de  David,  le  régicide  exalté.  l'admirateur  de  Maât 
•t  de  BobesiÂcrw  1  Le  wiot-jière  ne  dissimula  pas  qu'il  sentit  un  cer- 
tain frisson  en  présence  de  David;  il  eut  peur  '  ;  et  David,  à  son  tour, 

franc',  cl  il  eut  part  i  la  publication  du  deuxième  et  du  treiiième  volume  qui 
paruTGiil  en  1780.  La  suppression  dca  ordres  relîgieui  inlerrompit  tous  les  Iravaux 
littéraires  entrepris  par  les  liénédiclins.  Lorstju'il  fui  question  de  les  icprcadie, 
D.  Brial ,  iiui  n'areit  cessé  de  se  livier  i  l'éLudo  de  nos  anciens  monuments,  se  dut- 
gea  seul  de  poursuivre  la  publication  du  pricirui  recueil  de  nos  historiens,  et  il  mil 
au  jour  le  quatorzième  volume  en  1606;  il  coopéra  aussi  i  le  continualion  de  VIii*~ 
loin  liiUraire,  coramencée  par  dom  Bivci,  ainsi  qu'aui  Hotieet  el  extraii*  du  ■ 
wurnauriti  dt  la  BiblioUUpia  du  Aoi. 

'  Le  uint-père  le  dit  plusieurs  fols  i  Csdov*. 


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%M  saWKKB  n-  L»  IRAirx-ABTS.  tS 

tu»  quiâsvé  dans  l'idée  iceptiqae,  ne  pot  ^empêcher  ITansetithnflnt 
d'ateiralim  en  reproduisant  les  tnlte  de  cette  Bgnre  si  bette  -êo 
TéngDatioa.Laaésnee  de  ce  portrait  du  pspe'ne  fut-pas  un  dcsml- 
mdes  ée  fiukin  lesnoiaBdineus  itérés  par  -l'enqierear;  David  pi^ 
panât  alan  soa  triitem  des  Sabinea,  eà  de  fortes  études  «udémiqim 
Kuèleiit  k  oneJMagintîoB  phM'vive  et  vn  oolorfs  plm  pompeax 
qae  duule  tableta  des  •Bormœs.  C'est  une  belle  Mode  da  as.  «ùla 
maaitee.da  grand  «rtlie  acTévèle  dans  ses  plus  larges  prepor^sM. 

Gindet  acoompymlt  oelte  année  le  saàae<du  Déluge  .■oen  polat 
qa'il  lentM  de  rtfmàdin  J'épooTantaUe  catactytiBe  que  Mart^Bn 
«al  iM  peindceda»  fles'proportioas  gfgantCBqnes,  avec  les  mmafaes 
aaléittlavi«M'qai,)flB7eas  finsetlaphyiioiwnie  impiiàte,  regardent 
ce  iKHilevcpsament  da  monde  ;  Girodet  peignit,  dam  le  déluge,  nne 
«oèoe-isolée  d'inondaMm ,  et  eette  acéneast  «ngnilqae  :  le  vielRanl 
fai  JMnne  à  la  maio  ,  «et  JHMDBte  aia  forces  athlétifoes  qoi  soirtient 
■on  père,  sa -fenne «tsaa  '«nfant ,  lat-nème -ewiine  sospenda  «at 
l'ab^e;  tout  «da  «OMerre  «ne  pureté  de  oontaar,  «oavenirde  la 
gnnde  école.  GffesaepeaaH  féraule  4*  Gïrodct  dons  son  tableau '4e 
1b  BttlmB»  ^ÂhovJnr,  nélée  on  les  caraetèresde  peuple  se  (fistingnent 
coame  «a  nriîef ,  sew  les  feuK  étincetants  da  sotcfl  da  NH .  !.«  eiine- 
■lerre  Mlle ,  les  Tares  -se  -dresseirt  sur  lears  dwraox  wa'bes  aux  iia- 
wairs  de  feu  ;  de  loin  en  loin  se  montrent  les  étendards  an  crcïssant 
d'ar  et  les  «jnema  -ond^antas  des  pachas.  Ici  les  vieilles  dentî-bri- 
«ades,  tedromadaïKB,  troupe  4nipreifeée  perle  génie  deHonaparte; 
ces  bossards  qui  diargent  sor  le  saMe  l)rAlent  ;  ces  phTsiononâes 
noires  an  feux  étiaeelanta  ;  ees-eeâtunMB  demMats  qui  se  resseritent 
-de  ,1a  *îeUie  armée  de  Saaibfe-et-MeuK'SMt  rewarqntMes  de'coa- 
lear;  les igroopesaoot  parfaitement  jotés,  etle  ai8fti«ae'i4^>èie'd«Bs 
'loates  les  fonnes. 

Gérard  préparait  sea  tableau  des  7«<ow  ;4^M,  infèrteor^Ki  fraoleaae 
Psyché ,  palpitante  sous  les  baisers  de  l'Amour.  Sa  renommée  devait 
grandir  par  sa  Bataille  âAutteriitz ,  et  la  gloire  de  l'empereur  devait 
laisser  un  rayon  d'or  sur  la  toile  de  Gérard.  Certa,  révéoemeut.êtaît 
assez  magnifique  pour  cpie  plusieurs  renommées  pussent  en  garder 
l'empreinte.  Cette  école  jeune  remplaçait  les  vieillards  ;  Vîen  était 
mort  pour  l'art  *,  avec  le  litre  de  restaurateur  de  la  bonne  école  ;  et 

'  Vica  avail  alon  qiulre-vingt-dii  ■ot.  Le  premier  consul  l'araH  appelé  >a  sénat 


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16  LBS   SCIENCB3  BT  LES  BBAUX-ABTS. 

Greiue,  peintre  anx  senitmento  métaocoliques ,  tennioait  sa  carrière 
plus  qu'octogénaire   '  ;  comme  Vien ,  il  avait  rempli  la  Sn  du 

.  KViu*  siècle  de  ses  tableaux  aux  couleum  vives  ;  la  JÛviédiction  du 
pire,  et  la  Jtwie  fille  qm  a  commis  un«  faute;  et  cet  intérieur  pater- 
nel,  et  ces  enfants  qui  ressemblent  à  des  boutons  de  rose  éclos  au 
pied  des  Aipes  ou  des  Vo^es.  Greuze  et  Vien  étaient  l'école  qui  finja- 
Mît  ;  ils  avaient  inspiré  David  ,  qui  lui-même  avait  produit  Gérard , 
Girodet  et  Gros ,  alors  au  milieu  de  la  vie.  A.  cette  époque ,  on  com- 
mençait à  parler  de  M.  Ingres,  dont  la  mauière  supérieure  était  vive- 
ment critiquée.  Pour  se  faire  remarquer ,  il  fallait  écrire  de  grandes 

.  pages  de  batailles  ;  le  général  Lejeune  reproduisait  en  traits  rapides 
les  gloires  de  l'empire.  Al .  de  Forbiu  s'essayait  aux  genoux  de  la  priu- 
cesse  Pauline  dans  son  talent  gracieux  de  paysage  et  de  décors^*. 
MU.  Décret  et  Thévenin  retraçaient  souvent,  comme  daus  des  bulle- 
tins vulgaires,  la  marche  de  la  grande  armée;  peintres  de  circonstance, 
ils  faisaient  des  estampes  pour  être  ensuite  exposées  sur  les  quais  et 
les  places  publiques  ;  plus  tard  ils  eureot  les  honneurs  de  Versailles  : 

.  telles  étaient  la  Reddition  <PUlm,  la  Présentation  des  généraux  autri- 
chiens, la  Prise  de  Vienne,  le  Passage  du  Danube.  Sorte  d'imitation 

.  du  genre  de  Lebrun  ,  moins  la  bauteur  de  talent  et  le  génie  d'invea- 
tion  des  remarquables  victoires  d'Alexandre.  Que  sont  devenus  tous 
ces  artistes!  que  reste-t-il  de  leurs  œuvres?  Le  génie  seul  de  David , 

.  de  Girodet,  de  Gérard  et  de  Gros  a  survécu  à  travers  ce  pèle-méle 
de  maîtres  qui  brillèrent  alors  aux  écoles.  Le  temps  est  la  puissance 
qui  sait  faire  la  part  à  chacun. 

Les  sculpteurs  furent  biea  rares  ;  Ganova  restait  à  Borne  dans  son 
atelier,  le  plus  beau  palais  pour  lui.  On  ne  comptait  parmi  les  sculp- 
teurs remarquables  que  M.  Cbinard  et  M.  Oudon  ,  qui  ne  produi- 
saient que  des  bustes  et  quelques  statues  sans  importance.  Cependant 
on  remarquait  une  œuvre  dans  les  galeries  du  Louvre  :  c'était  un 

conterrateuT;  puis,  empereur,  il  lui  conféra  les  litres  de  comle  et  de  commaudant 
de  U  L^ion  d'Iionoeur. 

'  Greuie  mourul  Ip  91  mars  180G,  dans  si  qualre-Tingtiime  innée. 

'  Les  peintres  qui  eiposèrenl  au  salon  de  IBOO  avec  quelque  succès  fur«il 
ItlM.  Istbcjr,  Hinnequin,  TbèvcnÎD,  Lejeune,  Verncl,  Granet,  de  Forbin,  Crepîn, 
Valencipnncs,  Di-rlin,  Ingres,  Debret,  Aparicio,  Bertfaon,Roehn,  Richard,  Vanloo. 
Bti^eret,  Hcnjcud,  Fnbrr,  Mon»iau,Taunay,  Demarue,  Huct,  Duperreui.  Bidault 
atné.Bidautk jeune,  Robert  Lefètre,  Bïrluer,  Deauojers,  Saint;  mesdemoiselles  Lo- 
rintier  et  Gérard  ;  madame  Uongez. 


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LES    SOBKCBS   ET  LES    BEAUX-ABTS.  17 

sthlète  qai,  de  ses  mains  nerveuses,  étranglait  un  lion  en  lui  écartant 
les  mâchoires  ;  l'auteur  ne  s'était  point  nommé,  et  son  marbre  fit  une 
TÎTe  impression.  On  ne  voyait  alors  dans  les  arts  que  la  gloire  de 
Napoléon ,  tous  se  disputèrent  à  l'envi  pour  dessiner  des  monuments 
triomphateurs,  et  l'on  copia  la  colonne  Trajane,  ce  beau  tronçon  que 
l'on  voit  h  Rome,  dominant  la  ville  éternelle,  non  loin  de  la  colonne 
Antonine.  Le  sénat  conservateur  avait  décerné  une  colonne  votive 
qid  devait  rappeler  Austerlitz ,  comme  le  monument  de  Trajan  rap- 
p^ait  je  vainqueur  des  Germains  et  des  Daces ,  sur  d'admirables  bû- 
rdiefs. 

Les  tableaux  des  artistes,  la  sculpture  des  maîtres,  occupaient  moins 
cette  génération  distraite  que  les  tbéAtres,  la  muaque  et  la  danse.  Le 
goât  si  prononcé  de  l'empereur  pour  la  musique  italienne  avait  donné 
one  certaine  célébrité  aux  Bouffes ,  qui  jouaient  alors  sur  le  théAtre 
de  l'Impératrice.  La  musique  italienne  était  vivement  appréciée, 
quoique  les  maîtres  ne  fussent  pas  d'une  grande  renommée.  La  vogue 
de  Cimarosa  et  de  Paisiello  était  aBaiblie,  on  l'avait  usée  sous  le  coD> 
snlat.  On  chantait  alon  U  Cantalrici  villane  de  Fioravanti ,  la  Prova 
di  un  opéra  séria  de  Gnecco.  On  conservait  de  Paisiello  le  joli  opéra 
de  la  Fraêcatena,  où  se  peignent  les  mœurs  et  les  chants  de  Frascati 
et  de  la  campagne  de  Rome  sous  les  sources  murmurantes  de  Tivoli. 
Cimarosa  venoit  d'achever  son  Jtîairimonio  eegreto ,  qui  rendit  la 
vogue  à  la  muâque  gracieuse,  mélancolique  et  profonde  du  mettre 
qui  hrilla  si  souvent  à  Son  Carlo  de  Naples ,  et  à  2a  Scala  de  Milan. 

La  grave  académie  impériale  de  musique  ne  descendait  pas  de  sa 
majesté  monotone  :  tantât  c'était  Hécuhe  qui  pleurait  sur  les  mal- 
bearsde  sa  race  ;  Ipkigénie  m  Auiide  arrachait  des  larmes  aux  grandes 
douairières  de  Fempire  ;  puis  Castor  et  Pollux ,  Nephiali ,  et ,  par 
exception,  comme  pour  distraire  la  gravité  du  lieu ,  on  exécutait  la 
Caracane  du  Caire ,  avec  ses  pompes  du  désert ,  ses  chants  de  vic- 
toire, large  symphonie  de  Grétry  ;  puis  le  Figaro  de  Mozart,  muMqne 
toujours  brillante  et  toujours  jeune.  A  l'Opéra-Gomique  on  se  per- 
mettait plus  de  liberté  ;  on  avait  mille  productions  que  faisait  valoir 
le  talent  d'Elleviou  ou  de  Martin.  Les  pièces  nouvelles  s'épuisaient,  et 
on  eut  l'idée  de  reprendre  les  anciens  opéras,  en  les  faisant  jouer  par  les 
célébrités  du  jour  :  manie  puérile,  qui  ressemblait  à  de  jeunes  visage! 
parés  de  vieilles  modes.  Alors  furent  repris  Richard  Cœur  de  lion, 
où  parut  le  fidèle  Blondd ,  avec  la  tour  obscure  ;  le  tyran,  duc  d'Ao- 


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It  LES'  aauKB»  ET  ixa  ^uex-Mm^ 

tiicbe,  etle  n>i  BJohard  &  la  cnûsode  avec  la  ]daù)tive  rorasMCe^- On 
refît  U  Roi.  el  U  Fermier: ,  Rom  el.  Coiaa,  totUw  oei  bergeries  du 
siÂcIe  de  Loaia.  XV  «t  de  Louis.  XVI ,  miui([aa  teodre  et  noDotone 
quicCKemUe  avx  son»  de  ces  flûtet  de  bergersqpe  Boucher  afitf 
dignées  dam  ses  tableaux  roses  et.  blancs^  avec  du  mnitoBs, ,  des  boa- 
leUe&  floquetée^de  lubaos-bleits. 

Goisec,  Mébulj.graiidA' maîtres  eowit»  r.MMtDwid-pou[  la^pÛB- 
tucCr.  rormaieut-  Ir  tranùtioD  sérieuse  pour  auivfflr  h  llécote  chuitante 
de.  Beieldieu  ;  gracieuse  Eeaomœte  qui  alor&otmmeiMia  à  m  montcait 
sur  la  scène  dans  les  romances  Isoguissantes.  Si  Spontini  conservait  1» 
nui9i4ti8viveetbrujaate,.à  grand  eUîet,  Boieldîeu  daaaailU  Calife 
«il  foj^icuf  avaot  de  partir  pour  sott  triste  voyage  de  BosBîe ,  où  le 
poussaient  des  chagrins  intimes  et  des  douleurs  poigpaatea.  Boieldieu 
fut  dix.  aos  perdu  dout  la.  France  ;  la  musique  vcsta  uitl  mains  de 
Bfébul,  le  mélodieux  artiste,  de  Chenihini  etde  Lesuew.  3t.  Berlon 
écnvit  la  partiLioa  A'Aliae  r  m'n«  de  GoUonda  ,  suc  les  faola»liqQe.<4 
mœurs  de  l'Iode,  avec  se&psJeis  et  ses  pagodes  dfor,  et  sou.  aoble 
Français,  «  qui  cei^ui  au  sein  de  la  gloire  et  les  mjirtes  «t  In  lau- 
riers. »  La:  vogue  venait  à  un  artiste  inconnu  jjusquli  ce  moment ,  ce' 
^Kcolo  d'origine  maltaise,  d'une  imagination  moitié  arabe  et  moitié 
ïtalteone;  ses  vives  compositions  (Alinceot  pla»  tacd.  un.  socoè»  de. 
mode  dans  les  salons  de  l'empire  *. 

L'opéra,  les  comaaces  et  la  danse  formaient  la  base  esseatielle  de 
tontes  les  distractions  du  monde  ,  véritable  expressioa  du  caractère 
français  après  la  guerre  eiviie.  La  danse  professée- comme  un  art , 
^^cutée  comme  un  des  agréments  de  la  société  ,  n'était  phia  alor» 
seulement  un  spectacle  sur  une  vaste  scène  ayec  les  Vestu»  et  les- 
tiardel;  la  danse  entrait  dan  l'éducation  des  jeunes  filles,  dans  la  vie 
des  bommes,  et  l'Opéra  n'était  pas  le  seul  théAtra  où  les  baUels 
fussent  exécutés.  Chaq^ie  selon  avait  son  thé&tie,  chaque  rëumon  ses 
<Unses  de  caractère  ;  un  danseur  à-  la  mode  ooEome  ua  chanteur  de 
romances  était  une  réputation  colossale.  Tréai»  duiuait  son:  imm»-' 
talité  à  une  contredanse,  comme  Napoléon,  gagnait  la  bataille  d'Aufr- 
teilits;  une  gavotte  bien  exécutée  était  un  ivénemeot;  lorsqu'on 
«Btiait  dans  un  salon,  le  ^-emier  mot  qti'on  adreasaît  au.  beau  monde 
AVide  d'émotion,  c'était  qu'il  y  aurait  une  contredanse  exécutée  par 

*  KcoIb  B'aBBociti  ptcaque  Utajoa»  bu  SfiiiUnl  IL  tlknoa  poui  baf  anlct. 


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iS3  «niKm  vr  les  neKvr-Avn.  ti 

M.  taCtte,  Tr£im  e<  qoelqaes  femmes  de  Tempire  renomma  pour 
l'art  ^  damer  une  anglaise^  ane  aRemande  ou  une  gaTOtte.  Un  dan- 
mir  sautait  è  pertlpe'  halBïne  ;  il  derait  eontoni ncr  ses  bras,  jeter  pa- 
eieMnoeot  sa  jambe  *  ;  une  danseuse  devait  balancer  avtoarcusement 
«on  cMie,  dessiner  son  corps  sous  »  tunique  et  su  robe  de  crgpe 
aonnKrte.  Le  cosbime  était  adïnirai^le  de  singularité;  ]ts  hommes 
fortaient  les  chereuK  m ,  et  ih  avaient  des  milliers  de  boucles  qui 
pendaient  sur  le  front.  Comme  on  voit  encore  ces  portnrils  de  la 
premièpeépotiueimpériale,  leurs  cravates  étaient  vastes  et  lear  menton 
poavait  ^  perdre  racilement  ;  te  blanc  éteit  de  rigueur  *  ;  pnts  venait 

■  llaiInnd'AbnuuèB  conta  tout  i»tkvnc&Bneoiipd'eDibou9(Mm«;eIl6  ne  peut 
^•feBpiMràtaiiMUF-proprede  djie  aqu'cjla  dwniiit  bMS.  «  PaaTrafammel 

*  Je  donne  ici  la  sUiisiique  des  modes  du  cDoiineiicemeiil  de  l'aauée  1806;  c'est 
un  souTcnir  qui  nedoit  point  disparaître. 

ftoiet  du  hoatmtr.  —  s  Les  spencers  sont  réputés  d'nn  meilleur  genre  qne  les 
ndi«KolC9.  Il  &i>t,  orée  nn  tpenear ,  une  cnlotia  neuTc  et  de»  bM  blanc»,  tandis 
^'avac  la  lediogote  &  rotoade  boutoaaée,  ou  peul,iOti^>  la  v>c<Ue  culotte,  nieUn 
nn  mauvais  gilet  et  de  gros  linge.  Point  de  gilet  sans  une  petite  ganse.  ]|  eat  aussi 
sévirement  pnscrit  d'aTofr,  à  un  Uabît,  un  codetpaTeil,  qu'an  collet  <fe  Telonra  i 
iMV  nUagou.  La  dra^  t||il  s'emploie  en  babiia  ê»  la  dernière  taoée,  est  d'an  Tert 
Itaei  qui  différa  du  tatli-boutatlle.  Lea  pocha»  e«-traTe*»  ont  i>éad»ftAwam  spen- 
ccn.  Un  spcocet  doit  avoir  un  coUst  d'étoffe.  On  coraracnce  i  substituer  aux  boutons 
Hanca  des  boulons  pareils,  ouncoUTcrts  d'un  ruban  de  soie  assorti  au  drap.  Beau- 
womp  de  cfaapcaK  parts  ontno'plinBrt  noir,  m  )e»eftspem  haKfllîs.an  plumet 
Uaac  JL*  gasse  d'un  cbapeau  habilM,  d'uo  chapeau  fn«c«*>  •*>  di^acitr;  maia  la 
gpiat  d'un  claque  est  une  ganse  noire  fatounée. 

Modtt  dtt  dama.  —  *  Les  dames  font  faite  leurs  cbapeaui  parés  un  peu  plus 
j^nds  qn'i  l'ordinaire.  Il  y  a  de  ces  chapeaux  qui  sur  le  devant  portent  une  irea- 
Uine  de  petites  plnmes  rolleltes,  formant  totiffa.  Ces  plumes  sont  btaacbea  sur  toutes 
les  couleurs  de  chapeaui. 

>  On  Toit  au  speetBcIebeauconp  de  loques  en  vdonrs  de  toutes  les  eooleurs,  toutes 
sansbard.etsansauire  ornement  qu'une  plume,  loDgueè  la  vérité,  et  fort  belle. 
CmepTame,  pIuiAt  ronde  qne  plate,  est  plantée  précisément  an-dessas  du  front,  et 
sa  pointe  vient  loinbeT  jusque  sur  l'épaule  gauche. 

»  A  la  taille  de  quelques  robes  de  rdours,  on  remarque  de  petites  basques  car- 
iées, comme  des  coi^ts  à  la  paysanne  ;  cesrobo  sont  lacées  derrière,  et  les  manches 
tréfl-bou AatES ,  arec  des  crerés  de  rubans.  Par  dn-ant,  pour  former  k  tablier, 
régnent  trois  lignes  perpendiculairesdebouffettes  de  satin. 

■  Le  genre  espagnol  a  loujoursiavogue  pour  les  corsages  et  les  emmanchures. 

■  n  T  a  des  douillettes  grises,  des  douillettes  bortensia.  La  nuance  hortensia ,  ou 
me  plie,  a  toujours  la  vogue. 

»  Pour  les  collerettes,  la  mode  des  dents  de  loup  est  passée  ou  se  pasK;  on  In 
pmrle  en  dentelle  ordinaire,  fort  larges  et  toujours  rabattues. 

>  Presque  tantes  les  Ammea  portent  nn«  montre  suspendue  k  letrr  cou  ;  longtempi 
ce  fut  sons  la  forme  d'un  colimaçon  et  d'une  hullri,  i  spirales  on  raies  de  perle) 


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^  LES   SCIENCES  ET  LES  BEÂOX-UITS. 

UD  speocer  sur  l'habit  au  col  monstrueux,  qui  engloutissait  la  tète; 
le  haut  des  manches  était  large  et  à  l'espagnole  ;  l'habit  étaitgroa  vert, 
large  des  basques;  le  gilet  était  long  et  montant;  au-dessus  se  déta- 
chaient d'immenses  breloques  qui  pendaient  sur  la  culotte  de  casimlr 
blanc  pour  le  bal ,  et  en  velours  à  cAtes  gris  pour  la  ville;  le  tout 
couronné  de  rubans  qui  pendaient  sur  le  mollet;  puis  des  souliers 
{tointuB,  aussi  pointus  que  le  claque  dont  les  élégants  ornaient  leurs 
'.  têtes  frisottées. 

Ainsi  étaient  costumés  Trénis,  Garât  le  chanteur,  tous  ceux  qui 
ilonnaîent  le  ton  à  la  bonne  compagnie.  Les  femmes  portaient  des 
'espèces  de  tuniques  roides  et  à  gorges  montantes  en  formes  de  spencer, 
mélange  des  formes  polonaises  et  espagnoles;  leur  coiffure  était 
presque  comme  celle  des  hommes  avec  des  papillotes  dispersées  par 
centaines  sur  le  front  ;  leurs  toques  étaient  des  espèces  de  casquettes 
«vec  des  plumes  qui  retombaient  sur  les  épaules  ;  à  la  ville ,  elles 
avaient  des  capotes  tellement  vastes ,  tellement  longues  qu'elles  ne 
pouvaient  se  parler  qu'à  une  grande  distance  ;  le  cachemire  tenait  une 
large  part  dans  cette  toilette,  dont  faisait  aussi  partie  un  sac  dit  ridt- 
■cule  avec  fermoir  d'acier  ;  broderies  en  clous  également  d'acier  qui 
reproduisaient  deux  cœurs  enflammés  percés  d'une  flèche,  et  d'autres 
symboles  de  galanterie  ardente.  Et  cette  génération  que  de  crudles 
'épreuves  devaient  atteindre,  que  la  tristesse  devait  flétrir,  toute  cette 
société  de  femmes  jeunes  et  folles ,  que  les  rides  ont  aujourd'hui 
«illonnées,  comme  de  larges  ruisseaux  de  pleurs,  toute  cette  génération 

Snes,  sur  nn  fond  énuU  et  or  ;  aujourd'hui  c'œt  une  hçoa  d'élui  de  loi^etU  on 

»  Les  cbatoes  de  montre  en  or  et  les  pierres  montées  en  breloques  ne  sont  plu* 
•âe  bon  genre  ;  un  petil-mallre  distingué  porte  un  cachet  k  branches  fines,  en  «dm 
de  panier,  et  une  clef  en  trèQe,  euspendue  tout  bonnement  à  un  cordon  dévoie  rougt 
|iDnceBU. 

a  Parmi  les  broderies  qui  distinguent  les  nouveaui  habits  de  grande  parure,  en 
homme  comme  en  femme,  on  remarque  les  jeux  d'argus  et  les  queues  deptOD, 
«rgent  et  paillettes,  sur  un  fond  marron  :  on  brode  pour  homme  sur  drap  ;  pour  lea 
terames,  on  u'eroploie  que  du  yelours. 

a  C'est  avecaneculotledepeaude  daim,  boutons  de  même,  et  des  bottes  irerers, 
vu  un  panliloQ  de  drap,  large  et  poînlallichésurle  bas  de  soie;  c'est  avec  uDCha* 
{wau  rond  i  forme  haute,  et  un  habit  vert  à  boulons  blancs,  sur  lesquels  est  dessint 
un  chien  ou  un  cheval,  la  laille  très-courte,  le  collet  irës-monté,  les  bras  tris-longs, 
ilu'un  jeune  homme  se  fait  admirer  à  pied  eut  la  terrasse  des  Feuillants;  ou  i  cheval, 
la  bois  de  Boulogne.  L'heure  de  la  promenade  est  de  deux  i  quatre.  •  {Uodes  da 
4tBTicrimarslS00.J 


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LES    SCIENCES   ET  LES   BBAtTC-ABTS.  21 

dansait  avec  frénésie;  les  plaisirs  et  les  joies  des  festins,  quelques 
lectures  frivoles ,  les  dissipations  d'un  monde  jeune  et  ravissant  ;  tout 
cela  secouait  leur  vie ,  tout  était  bonheur  parce  que  tout  était  ï  la 
victoire  et  à  l'espérance.  Plus  tard  viendront  les  fatalités  de  la  dé- 
faite ,  les  tristesses  du  désabusement  ;  et  ce  sensualisme  couronné  de 
{leurs  subira  lui-même  les  Infortunes  et  les  déceptions  de  l'avenir. 
NapolécH)  n'eut  pas  seul  les  douleurs  de  l'exil  ;  chacune  de  ces  femmes 
mondaines  porta  avec  elle-même  le  ver  rongeur  d'une  jeunesse  perdue, 
quand  le  glorieux  empereur  avait  le  cœur  brisé  sur  un  rocher  brftlant. 
Que  sont  devenus  tous  ces  débris  d'une  génération  follement  éprise 
d'ivresse,  étourdie  de  la  fortune?  Question  qu'on  aurait  pu  adresser 
i  une  pauvre  et  noble  femme  qui  consacra  tes  derniers  temps  de  sa 
vie  i  reproduire  les  époque  de  joie  et  de  bonheur  de  la  société  impé- 
riale! 


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ÉCQIKUnB.  BOLmQpK. 


CHAPITRE  n. 


a«poléon  et  lu  biMun  de  (béories.  —  Les  iconomisles.  —  L'écok  d'AAm  Smitlu 

—  H.  Sij.  —  Sfstime  prohibitir.  —  rdéc  de  liberté  anglaise.  —  Idée  pratique.  — 
'  ÉCfltdU'comimree,  —  Cobnies.  —  NnvigBtloni  — CanauE.  — BenhgesL  —  Âgri- 

««ltuM^-~  l(âAedrMni«eile,  —  La  grande  tmhare^  —  LftdlTiskrdnpMpriMs. 

—  Lcs'  oènéaltt.  —  Les  pMnrngBB.  —  QuealioD  des  approvisiaBnemcots.  —  ImpAta 
indirects.  —  Les  droits  réunis.  —  Les  dbuaaes.  —  Les  far£ls.  —  La  lotcric.  — 
DirecUon  générale  des  postes.  —  L'eDr<%i$lTement. — Fausse  idée  de  NapoKon 
sur  les  finances. 

IBOS  —  lettG. 

Napoléon  n'avait  aucune  tendance  pour  l'idéologie;  esprit  éminem- 
ment pratique ,  il  allait  droit  à  la  réalisation  des  idées  applicables  ;  la 
société  lui  paraissait  un  grand  fait  qu'il  fallait  accepter  de  la  Provi- 
dence ;  on  devait  la  gouverner  plutAt  par  l'étude  réelle  de  ses  besoins 
que  par  des  systèmes  vagues  et  généraux.  De  lik,  ses  antipathies  pour 
toute  philosophie  spéculative  ;  en  littérature ,  il  aimait  la  précision 
énergique  de  Corneille;  dans  les  sciences,  les  résultats  éminemnient 
positifs  de  Monge  ,  de  Berthollet  et  de  Chaptal.  Tout  le  reste ,  il  le 
confondait  avec  la  science  vague,  bonne  tout  au  plus  pour  amuser  les 
pédantset  les  niais  :  k  quoi  bon  disserter  sur  ce  qui  ne  recevait  aucune 
application  dans  le  développement  des  faits  sociaux?  L'épithète  la 
plus  dure  qu'il  lançait  à  un  homme  était  celle  d'idéologue.  Au  conseil 
d'Ëlat  c'était  un  brevet  d'incapacité.  On  doit  concevoir  que  lui , 
l'homme  de  gouvernement  fort  et  positif ,  devait  peu  s'abandonner  à 
«e  qu'on  appelait  les  sciences  économiques  ;  il  cherchait  à  bien  gou- 
Tornerles  peuples,  sans  se  jeter  dans  les  nuageuses  théories  qui  ne  font 
<iue  mettre  en  doute  les  éléments  les  plus  simples  de  la  vie  sociale  ' . 
Napoléon  calculait  tout  sur  les  réalités  gouvernementales. 

'  Il  fil  plus  tard  en  plein  conseil  d'État  une  sortie  contre  leaidéalognes;  en  poU- 
tiiiue  il  désignait  ainsi  MU.  Cabanis,  Volnej,  de  Tracj  et  Garât. 


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COBJ^KE  nr  *8Kicïii.TeB£.  n 

torifae  ml  bonme  fort  pril  bi  difection  de»  alMies  jnMtfifi , 
dimnes  écoles  é'écMKwaistes  s'afitùcnt.  L'école  écoaMiw  avait  m 
■K  certaine  inOoeoce  en  UelMre  et  dans  les  sciences  ;  ^a  avait  prf- 
fÊré,  par  b  pbikwofibie,  la  rèvalte des  idées  eaotre  l'autorité;  Fexa- 
■en  ^t  déeonoais  un  admirable  et  terrible  levier.  Aa  svni'  sMde 
■D  efaares  ite  pcBsées  éclate  lur  h  société  ;  l'école  si  dure,  81  k^eiU»)», 
des  économistes  avait  eu  en  France  pour  cher  M.  Turgot;  sa  tliôorie 
dTimpAts  repoesit  sur  la  terrev  (pii  seak  devait  coatribuer  à  fat  Sntune 
OMStmc  aux  ressources  de  ÏÈiat  ;  M.  ïui^,  e^l  hardi,  bMriererM 
kl  Tieffle  société  ;  H  reiBoa  le  sot',  «n  préparant  l'abolMoa  de  ce  qu'on 
jf^lait  le  privilège  et  l'eienptien  de  la  tene  ;  l'înpAt  bncier  fut  san 
idée  ocbuive.  Par  contre,  l'écc^  anglaise  fit  reposer  la  riehesH  ptt- 
Uiqoe  sot  ta  etreulatioiv  du  ntiaéraire,  pu  l'apy Hcattoa  <hs  facnttéa 
atÂi  travail:  :  travailler  ht  la  loi qa'elle  imposa  k  Imb les-Mmorga'- 
■mes  ;  dans  cette  iociétà-isa«bine,  tent  dat  {voduire  son  cMtingent  ; 
m  kl  pr»;inlt  sappeee  fat  oonsommalioB,  ie  traviàt  ne  se  vivifie  que  par 
Fbflaame  de  loisir,  ^est  pai  )e  bdancoMnt  des  daBsee  élevées  et  âa 
etaoneg  travaiUewes  que  la  consscarantioa  se  met  e»  rapport  avec  la  pro- 
4aetion.  Par  le  système  de  trofr  produire,  l'Angleterre  se  eoadamnait 
àriocessant  beseia  de  remuer  le»  peuples  peur  faveviser  la  suFatton- 
daoce  de  ses  ■anubctores;  sa  tiléorie  do  travail  par  les  ntachinea 
«■igeait  on  vaste  déf  dapperaest  de  eolomca ,  et  les  popirialSou  Hu- 
meBses  de  l'Iode  ;  il  fallait  jeter  partout  la  eonfnsioQ  pmi  iooDâer 
l'Earope  de  «s  laarcluadises  ;  ses  traités  poUtiqawa  n'étaient  ptas  que 
4m  trailéa  de  commeKe. 

NapotéoACBvisagaait  le  sysléiae  d'Adam  SmittrmaBiieuaevb^: 
a  ne  comprenait  pas  qu'0D>pât  écrire  des  vohMies  poor  a'arrivw  à 
aucun  résultat  matériel.  Qu'esb<eà  direipie  ce  mot  v^;ue,  rtcé«iw 
rfn  iution$?  De  quoi  se  contpase-t-ells?  Quels  en  sont  les  éléments? 
fit  l'on  poimàt  (Ësputer  indéÉniment  sans  s'atteadee.  Pour  une  tête 
k  résultats,  l'écoDomie  politique  devait  être  flétrie  d'une  commune 
réprobation  avec  la  philosophie  spéculative  *.  En  morale,  Napoléou 
ne  reconnaissait  que  les  religions  positives,  il  voulait  des  dogmes  et 
point  de  disputes  ;  en  politique  U  voulait  gouverner  ;  en>  économie 
sociale,  il  ne  connaissait  qu'un  système  pratique  immédiatement  ap~ 
pitcable  i  la  propriété,  au  commerce,  i  l'industrie  et  à  l'impôt.  Aussi 

'  Touu  la  Uiéorie  d«  remperni  repon  an  le  sjBlèmo  prtWhlur. 


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SA  teONOMIB  POUTIQOB. 

)e»premi«r8  livres  de  M.  Say  n'eurenWls  à  ses  yeux  aucune  valeur  ;  il 
le  considéra  comme  un  idéologue  de  l'école  écoasaise  et  genevoise  ;  il 
le  conrondait  avec  H.  Necker  pour  l'administratiou,  avec  Benjamin 
Constant  pour  la  politique  ;  il  portait  une  répugnance  instinctive  aux 
^les  d'Edimbourg  et  de  Genève  ;  il  ne  raisonnait  pas  cette  r6- 
pugoance  ;  c'était  pour  lui  une  question  naturelle,  une  révélation  de 
^on  esprit*. 

•  Le  génie  actiret  préoccupé  de  l'empereur  avait  deviné  que  toute  la 
question  de  l'industrie  résidait  dans  la  rivalité  de  la  France  et  de 
l'Angleterre.  Deux  nations  intelligentes,  très-avancées  dans  les  arta 
«t  la  civilisation,  devaient  être  en  opposition  constante  ;  toutes  deux 
■produisaient  avec  une  ardeur  égale  dans  de  vastes  centres  de  peuples; 
«Iles  devaient  doue  se  trouver  en  umcurrence  sur  toitf  les  marchés  : 
les  machines  simples  et  merveilleuses,  le  bas  prix  des  capitaux,  ioa- 
aaient  une  supériorité  réelle,  incontestable  à  l'Angleterre;  le  sol  fer- 
tile de  la  France,  son  vaste  territoire,  la  variété  de  ses  ressources  loi 
attribuaient  un  autre  privilège  ;  ces  deux  nations  en  face  l'une  de 
l'autre  ne  pouvaient  entrer  que  dans  deux  ordres  d'idées  :  se  rappro- 
cher par  une  transaction  commerciale,  dans  laquelle  les  intérêts  se- 
raient également  appréciés  et  pondérés  ;  ou  bien  se  jeter  dans  un 
système  complètement  hostile,  c'est-à-dire  absolument  prohibitif.  Des 
traités  de  commerce  k  plusieurs  reprises  avaient  été  essayés;  l'Angle- 
terre y  avait  poussé  de  toutes  ses  forces,  car  elle  trouvait  toujoan 
-d'immenses  avantages  pour  ses  manufactures.  Qui  pouvait  lutter  avec 
Il  supériorité  de  ses  machines?  Dès  ce  moment  elle  jetait  en  avant 
les  idées  :  «  Laisses  faire,  laissez  passer.  »  Toute  son  économie  poli- 
tique se  résumait  dans  l'«ttrée  libre  de  tout  et  pour  tout.  Elle  n'avait 
rien  à  prot^er  et  beaucoup  à  écouler. 

L'empereur  Napoléon,  avec  cet  instinct  des  grands  faits  pratiques, 
jtrodama  la  théorie  contraire  ;  l'idée  prohibitive,  adoptée  par  Yem- 

'  a  H.Necker  m'avait  déjà  livetnent  déplu  lorsdeUcampafjne  de  Uirengo.ÀBioii 
KMSsige,  j'avais  voulu  le  toit,  et  n'avais  trouvé  qu'no  lourd  régent  de  collège  bi» 
-boursouOé.  Feu  de  [emps  après,  cl  dans  l'espoir  mos  doute  de  reparaître  avec  mon 
accoure  sur  la  scène  du  monde,  il  publia  une  brochure  dans  laquelle  il  prouvait  qui 
k  Frauee  ue  pouvait  plus  élrc  répubUcaiue  ai  monarehiquc.  Il  m'appelait,  dans  CM 
ouvrage,  l'homme  nécessaire.  Lebrun  lui  répondit  par  une  lettre  en  quatre  pagea,  da 
«ou  beau  stjle,  et  d'une  ta^on  irès-mordanie  :  il  lui  demandait  s'il  n'avait  pas  &tt 
•SHI  de  mal  i  la  France,  et  s'il  ne  se  lassait  pas,  après  son  épreuve  de  la  contli- 
tnaotc,  de  ptétendreà  la  régenter  de  nouveau.  »  [Uémoires  de  Napoléon.] 


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comumcB  n*  agsicoltdxb.  25 

pire,  sajet  de  longues  méditations,  n'était  pas  un  système,  nuis  une 
guerre  *  ;  elle  ne  reposait  pas  sur  des  principes,  mais  sur  le  besoin  de 
seconder  en  France  le  mouvement  industriel  pour  l'opposer  au  déve- 
loppement inouï  de  l'industrie  anglaise.  L'empereur  avait  d'immenses 
années,  un  système  d'impâts  sévères  et  Tacilement  levés  ;  l'Angleterre 
avait  pour  elle  l'industrie,  la  marine,  les  emprunts.  La  lutte  entre  ces 
éléments  hostiles  est  renurquable  dans  l'histoire  moderne,  à  mesure 
que  ce  temps-U  s'éloigne  de  nous,  cette  lutte  grandira  dans  les  ftges;  * 
eUe  est  un  des  plus  vigoureux  spectacles  des  temps  modernes. 

Il  y  a  d^ix  degrés  dans  le  système  prohibitif  de  Napoléon  :  d'abord, 
organisant  les  douanes  d'après  son  idée,  elles  deviennent  un  instru- 
ment dans  ses  mains;  les  tarifs  sont  durs,  ils  ne  permettent  l'introduo- 
Uoo  de  certaines  doirées  qu'è  des  conditions  inflexibles.  Dans  la 
seconde  période ,  la  marche  progres^ve  devient  plus  vive,  plus  im- 
périeuse :  le  système  prohibitif  prend  un  développement  politique 
inatteodu  ;  cnnme  c'est  une  guerre,  il  devient  absolu  et  oppres^f. 
Napoléon  ne  peut  soulTrir  les  marchandises  anglaises ,  il  les  proscrit 
par  B(Hi  influence  et  par  ses  douanes  ;  il  voudrait  étendre  cette  prohi- 

■  Hum  lout«  h  vie  Ntpolten  •  josiifié  par  dw  ndsons  plus  on  moitu  pUnaiblM 
le  blocus  coDiinental  : 

■  NepoIéonnefl'^rapdlQl  dans  une  pessianeveuglc;  ilMTiit  lebien  dont  maD- 
qiA  U  Fnnce;  le  peii  evec  l'Angteicrre  était  le  but  qu'il  vouliil  atteindre.  Hiit 
(Ile  prodiguait  Ma  Uisore  pour  Mudojer  contre  lui  les  ennées  de  l'Europe ,  et  ce 
n'it^t  que  perdes  victoires  qu'il  pouTiiteepérer  de  domina  le  baiDeangleise  en  sou- 
Metlaot  Ha  tlliés.  C'est  ein^  qu'il  fut  enlrelné  malgré  lai  k  la  conquête  de  l'Earop* 
et  av  blocus  eMitlaental.  •  [Uémoiiesettribuési  Napoléon.) 

■  Il  rant  que  le  eonmerce  ui(^is  tnare  tout  le  continent  tamà,  disait  Napolten, 
M  que  ces  ennemis  des  nations  soient  mil  hors  du  droit  commun.  Uallieur  à  h  ville 
qui,  cédant  à  l'éfoïsme  du  moment,  trahirait  la  cause  comraunel...  Il  ranl  seTOir 
■ouffrir  avec  eonrage,  prHidre  tous  les  mojeoB  de  nuire  h  l'ennemi  commun,  ei 
fMigcT  k  reconnattre  le  principe  qui  dirige  tontes  tes  nations  du  continent. 

a  Je  me  sois  trouvé  seul  de  mon  avis  sur  le  continent  ;  U  m'a  Tallu  pour  l'insiant 
employer  partout  la  violence.  Enfin,  l'on  commence  i  me  eomprradre,  déjt  l'arLre 
porte  son  Ihiit  :  le  temps  fera  le  reste. 

■  Bi  je  n'eusse  succombé,  j'aurais  changé  la  face  du  commerce,  aussi  bien  que  la 
rOBie  de  l'industrie  ;  j'avais  naturalisé  au  milieu  de  nous  le  sucre,  l'indigo  ;  j'aurais 
■aturallsé  le  coioo,  et  bien  d'autres  choses  encore  :  on  m'eAt  tu  déplacei  les  colonies, 
ri  l'on  se  fttt  obstiné  à  ne  pas  nous  en  donner  une  portion. 

■  L'impulsion,  cbeinODS,  éuit  immen^;  la  prospérité,  les  progrés  croissaient 
■tu mesure;  et  pourtant  1rs  ministres  anglais  répandaient  par  toute  l'Europe  que 
Moa  étions  inlsérablea  et  que  nous  retombions  dans  la  barbarie.  Aussi  le  vulgaire  des 
tifiés  a-t-il  été  étrangement  surpris  à  la  vue  de  DoUe  intérieur,  aussi  bien  que  la 
Anglais,  qui  en  sont  demeurés  déconcertés.  > 


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iàtkm  sar  1«»  mCbinfl  aMéesi  ao  amies,  ipift  tMl«»pM*rt»(  ii*«at  pif 
In  mtmts  iatèrèl»  que  ta  Franee,  les  Màmeg  mobilei,  é»  no;«M 
nrilfCaires  maat  èbendus.  L'E^wgne  pMt-«ll»  se  paaser  des  pvodoHi 
MfllnsîL'ltofie.  I«ipI«9,laSuMe,  IkPvMSe,  hRossie,  netosUaHa 
pas  impérienaement  Botmiises  à  des  Récesstés  d'échange  qa'M  ae  peut 
pu  pies  leur  crrKhevqaetanBpfratîoB  qui  Mt  vrneT  Os  idées  pn>> 
Mbitifes  de  Xapoléoii  soot  mdne  tro^  avattcées  pour  TiUA  iMtastri^ 
tiî  France;  te  ooMnerce  se  compose  dedimx  âtémeatSy  lapfodBctioB 
dn  sol  et  les  réssttats  de  nndusMe  ;  les  produits  nstuv^  est  bestrite 
if  ètm  exportés  ;  les  vins,  les  cértaies  doivent  trouwF  leun  débouchés 
à  Textérieur,  à  meii»  de  condann»  la  pr^riélé  à  deveirir  stérde  ; 
eertainea  indoBtrica  dans  tesqneHe»  la  France  a  b-sopéfiorHé,  teBes 
que  les  msdes,  les  (bntaisiesckerdieRt  dans  lesyaUmed^esportatÎM 
kiu- issoe  naturdle  ;  elles  périssent  saiwcsla. 

D'un  antre  eAté,  mille  denrées  sont  néesssaires  à  II  mddeeiae,  ait 
tesntare  :  les  eetoiiB  dfOrient,  In  bais  dos  lies,  les  épiceries,  ttm  ms 
objeto  CDtreit  àoÊ-  Tuattuaia  Gooeomniation  d'oe  fea^  de  plos  dé 
36,000^000'  dT&raes.  Sam  deute  ie  «éoôe  de  Femptreor  pnl  fwc  dn 
nierveilles ,  mais  on  n'improvise  pas  les  résultats  de  l'industrie ,  suite 
de  longs  eSbrt»et  d'expériences  ioSaies;  la  chimie,  cette  grande  ma- 
gicienne, ne  peut  tout  transformer  sur-le-chaoïp  ;  il  faut  des  sueun 
et  de»  veilles,  un  labeur  ûoceGsamneDt  renouvelé  ;  et  easoie  ces  pro- 
duits factices,  impvlatte,  brisaient  les  rdatious  haWtaeHe»  db  com- 
merce. Les  colonies  n'étaient  plus  une  nécessité  dtiiB  cet  ordre  d'idées; 
et  d'ailleurs  que  pouvaient  être  les  colonies  sans  une  narioe  vigA»- 
reHse?  U  n'y  avait  ^us  de  aonHuaree  d'éehtngef  h»  aatîoM  étaient 
obligées  de  se  replier  sur  eHes-mèmes,  tandis  que  les  croisières  an- 
glaises tenaient  toutes  les  mers  ;  la  navigation  était  presiuje  interdite, 
les  elTorts  iaouïs  de  l'empereur  ne  servaiest  ^'à-  f«vo«iMr  quelques 
indiffitries  heureuses,  nrais  sans  résultats  populaires  ;  les  denrées  colo- 
niales étaient  d'un  pris  exorbitant,  le  sucre  se  payait  ius<^*à  5  francs 
la  livre,  le  café  étaithorsde prix.  En  vaincherchait-oa i  faire  partout 
des  teutatirea  de  culture  exotique  ;  on  plantait  le  ooton  dans  les  pro- 
vinces méridionales  ;  les  feuilles  se  développaient  sans  donner  ces 
belles  coques  blanches  qui  tombent  comme  des  flocons  de  neige  aux 
plaines  de  l'Egypte.  Ou  avait  essayé  les  plants  de  caffer»,  tes  cannes  k 
sucre  secouées  par  l'ouragan  des  Antilles  ;  presque  tout  avait  avorté, 
i  Naples,  même  à  Cadix,  et  rien  n'avait  pu  remplacer  l'orbu^  à 


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COMHBBCK  IT   AfiSKOUSIlE.  37 

poivre,  le  thé  dea  iiuuitaga«B  de  Chine,  et  le  g;iroflier  at»  OdUM 
sfUTes.  La  votoitté  de  Napoléoa  avait  trouvé  des  obstacles  partout 
dans  les  lois  éteroelles  de  la  nature,  qui  assigpe  ses  produits  et  K> 
richesses  à  f.hwp'<^  slimat  '  • 

Au  commeocement  de  l'empire,  h  c^te  époque  où  tout  était  gloire 
pour  le  souverain  et  pour  le  pa^,  on  pouvait  dire  que  la  navigation 
était  nulle  ;  aucun  navire  n'osait  sortir  du  port  sous  le  pavillon  trico- 
lore ;  tout  le  commeroe  maritime  se  bornait  dans  le  cabotage  de  cdte 
i  côte,  ou  par  de&neutiies;.an  échappaîtavec  peine  aux  sroisières  qui 
ne  déplojaieDt  devant  chaque  sade.  Une  expédition  aux  Indes  était 
un  phénomène;  qpand  un  navire,  parti  de  Bordeaux,  pouvait  parve- 
oie  jmqa'i  l'Ile  de  France,  on  conservait  le  souvenir  de  cette  expédi- 
tion comme  une  merveille  de  découverte,  et  le  pavillon  de  Christophe 
Colomb,  danslea.  terres  d'Amériqpe,  ne  causa  pas  plus  d'étonnement 
qn'un  navire  revenu  de  l'Indoustan  dans  la  rivière  de  Bordeaux.  Le 
Havre  expédiait  i  peine  qpelqjies  navires,  fins  voiliers,  pour  les  colo- 
nies ;■  et  encore  les  assurances  s'élevaient  jusqu'à  30  pour  cent,  tant 
ladanger  était  menaçant.  Il  en.  était  de  même  à  Marseille  pour  les 
expéditions  du  Levant  :  ces  beaux  comptoirs  deSm^rne,  de  Tbessalo- 
nique,  si  riches,  si.  féconds ,.D'avaiâit  plus  que  de  lointains  rapports 
ivec  Slarseilie,  l'opulente  cité  qjii,  dans  les  vieux  len^»  régnait  mal- 
tresse  de  la  Uéditerranèe.  La  France  était  ainsi  comme  un  cu^  plein 
de  vie  qui  ne  pouvait  respirer;  un  des  éléments  lui  manquait,  ses 
guerces  n'étaient  que  dea>  ao^jnées  qu'elle  faisait  au  genn  humain 
pour  obtenir  un  peu  d'ais  h  ses  larges  poumons.  Le  système  continen- 
tal fut  cette  idée  appliquée  en  grand. 

Ce  qjie.  N^;K>léon  ne  pouvait  obtesir  par  la  navigation  maatime^  il 

*  NipolMQ  anii  de  fausses  idéra  sut  les  besoioE  et  les  produits  coroniaui  : 
■  I>  dniit  «fnitvéc  sur  hs  denréos  caIbniRits,  dfult-il,  peut  ftre  su^nientlé  mw 
iavBvéaient.  flaahjvcWqtierite'aM'dnleBttnip-idwr,  ea  prenAw  Vha)itud»da 
cowsoaaaar  de  1» pondre  de  cbicortei  et  <B)'i  ta-paiicelta  bràiiudciwira'k  It  con- 
MUDmetioD  du  café  de  nos  colonies  :  jp  ne  suis  pas  touché  de  ccUc  crainie.  Il  ;  aura 
UnijouTs  assez  de  consommaieurs  pour  les  dfenrtes  desos  colonies  d uns  mue  lespajn 
MT  lespiel*  pasiTfes'ileDdn  le  gnmd  enplre;  d'aoluL  ^w,  qiweDMWiaK  hnirai 
i^âs  la  pais  a*w  l'Ao^etene,  j^  proscrirai  les  denrées  élnui|ites,  et  yroiuulgtMni 
t)D  acte  de  natîjgjiau  qui  ne  permettra  l'entrée  de  nos  ports  qu'aux  billinients  Cna~ 
çais  construits  avec  du  bois  français,  le  charUon  même  et  les  milordâ  anglais  o< 
pourront  aborder  que  sous  paTillon  français.  On  eriera  beiucanp,  parw  que  1b  eom- 
■Mvcc,  CD  rmtcB;  ktrn  naw wespriti;  luis  rix  aw  >ftw  «o  aéra  dan»  laplwgrandi 
jroajérilé.  ■  tPatar  bs  la  Loibu.) 


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38  iCOKOMIB  POLinQOË. 

cherchait  à  le  remplacer  par  la  multiplicité  des  canaux,  l'établisse- 
ment de  larges  voies,  et  la  faculté  des  roulages  accélérés.  L'empire 
était  vaste,  nou-seulement  par  l'étendue  de  son  territoire,  mois  encore 
par  les  rapports  avec  les  alliés  qui  enlaçaient  ses  frontières  ;  les  cdtes 
une  fois  interdites,  il  fallait  établir  une  navigation  intérieure,  un 
système  de  transporta,  susceptible  de  préparer  les  échanges  du  nord 
au  midi,  des  provinces  les  plus  extrêmes.  L'Italie  avait  de  nombreux 
produits  nécessaires  k  l'industrie  en  France  ;  l'Espagne  était  dans  la 
même  situation;  les  huiles  de  la  rivière  de  Gènes,  les  laines d'Estra- 
madure,  entraient  easentiellenient  dans  les  éléments  primitifs  des 
manufactures  ;  tandis  que  la  France  dut  mser  dans  les  deux  pays , 
comme  échange,  les  tissus,  les  articles  de  modes  et  les  produits  dei 
fabriques  de  Rouen  et  de  Lyon. 

Un  bon  système  de  navigation  intérieure  devenait  indispensable,  et 
Napoléon  traça  lui-même  sa  vaste  division  de  canaux  et  de  routes. 
L'Italie  devait  ^unir  è  la  France  par  le  passage  aérien  du  Simplon , 
avec  ses  ponts  suspendus,  ses  grottes  percées  &  vif;  on  sautait  lea 
Alpes  i  pas  de  géant,  comme  à  d'autres  époques  on  avait  traversé  le 
mont  Saint-Bernard.  Les  canaux  durent  unir  le  Bhtn  et  la  Meuse,  la 
Meuse  à  la  Seine,  la  Seine  à  la  Loire  ;  par  le  canal  des  mers,  concep- 
tion de  Louis  XIV,  le  Rhdne  touchait  &  l'Océan.  D'autres  grandes 
œuvres  durent  encore  compléter  le  système  de  navigation  ;  on  ac^eri 
le  canal  de  Boargogne,  de  Saint-Quentin  ;  les  travaux  ordonnés  par 
Louis  XVI  furent  entièrement  achevés  à  Brïare;  les  ponts  et  chaus' 
sées  reçurent  d'iounenses  moyens  et  les  employèrent  avec  une  activité 
inouïe.  Le  système  de  roulage  était  fort  arriéré,  on  s'efforça  de  sup- 
pléer &  la  navigation  par  mer  ;  des  compagnies  furent  formées  :  les 
marchandises  purent  être  transportées  d'une  ville  à  une  autre  en 
quelques  jours,  au  moyen  de  voitures  légères.  Les  diligences  reçurent 
aussi  une  certaine  extension  ;  le  courrier  mettait  cent  quatre-vingts 
heures  de  Paris  &  Rayonne ,  et  les  diligences  plus  de  deux  cent  cin- 
quante ;  le  trajet  de  la  poste  fut  réduit  h  cent  vingt  heures  ;  on  trans- 
porta les  voyageurs  dans  des  voitures  plus  larges  ;  il  se  fit  des  arrange- 
ments pour  que  les  diligences  fussent  servies  par  les  mattres  de  poste 
eux-mêmes.  Les  mers  étaient  à  l'Angleterre,  il  fallait  bien  que 
Napoléon  pût  régner  sur  le  continent. 

L'agriculture ,  la  force  des  États  dans  les  idées  de  Napoléon ,  fut 
largement  encouragée.  L'empereur  ne  partageait  pas  les  préjugés  sur 


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COHItBBGB  ET  AGSICDL'niKB.  39 

l'atililé  pratique  de  la  division  incessante  des  propriétés;  la  ceatrali- 
ntioo  des  terres  lui  plaisait  comme  celle  du  pouvoir  ;  il  savait  que  si 
la  terre  divisée  produit  plus  dans  tout  ce  qui  tient  aux  récoltes  de 
jordios ,  aux  v^gers,  aux  plantes  légumineuses  dans  les  environs  des 
Tilles,  la  grande  culture  seule  peut  fournir  à  un  plus  bas  prix  les 
céréales,  les  prairies  artificielles ,  l'éducation  des  b^iaux ,  les  haras. 
Un  ricbe  propriétaire  peut  cultiver  en  masse  ;  il  a  des  capitaux ,  des 
instruments  perfectionnés,  des  moyens  d'obtenir  h  peu  de  îna  les  pro- 
duits du  sol  ;  ses  vastes  terres  lui  servent  à  nourrir  les  bœufs  et  lea 
moutons  ;  il  peut  appliquer  les  méthodes  nouvelles  i  la  culture ,  faire 
des  expériences  plus  larges,  plus  fécondes;  le  petit  propriétaire  n'a 
que  ses  sueurs  A  donner,  que  s^  bras  pour  instrument  ;  i)  dévore  le 
sol;  lui  est-il  possible  d'élever  des  cbevaux,  d'avoir  des  instrumnits 
modèles,  des  charrues  que  traînent  quelques  paires  de  bœufs  on  des 
chevaux  nourris  dans  la  ferme  riche  et  opulente?  Le  petit  proprié- 
taire de  terres  divisées  ressemble  au  possesseur  d'un  écu ,  stérile  dans 
ECS  mains,  tandis  que  le  ridie  Féconde  des  masses  de  capitaux. 

L'idée  de  Napoléon  était  que  le  morcellement  des  terres  devait 
produire  tdt  ou  tard  la  pénurie  des  céréales,  le  manque  des  bestiaux, 
amener  l'excessive  dierté  du  pain  et  de  la  viande ,  les  deux  principes 
d'^imentation  du  peuple;  tandis  qu'en  Russie,  en  Allemagne,  la 
méthode  de  grande  culture  permet  de  donner  les  denrées  à  moindre 
prix.Napoléon  traitait  avec  mépris  touteslestbéoriesde  l'école  agraire, 
et  le  code  civil  lui  paraissait  un  instrument  d'incessantes  dissolutions 
qu'il  allait  bientét  arrêter  par  les  majorais.  Le  seul  remède ,  selon 
l'empereur ,  c'était  qu'à  cété  des  morcellements  on  réguIarisAt  le 
principe  d'agglomération  inhérent  è  l'homme.  Chaque  individu  pos- 
sède en  lui-même  un  besoin  de  propriété  qui  tient  k  sa  natnra ,  et  ce 
principe,  il  fallait  le  régulariser  par  l'institution  d'une  noblesse  terri- 
toriale. Il  y  avait  cela  de  remarquable  dans  l'empereur,  qu'ennemi 
de  la  démocratie  en  principes,  il  était  tout  peuple  pour  le  soin  qn'il 
apportait  au  bien-être  des  masses  :  ainsi  les  questions  dont  il  s'occupait 
avec  le  plus  de  sollicitude  étaient  celles  des  approvisionnements  ;  il 
aimait  à  les  discuter;  plus  d'une  fois,  en  plein  conseil  d'État,  il  jetait 
les  jalons  d'un  vaste  système  qui  s'appliquerût  à  Paris  et  à  le  pro- 
vince ;  il  voulait  qu'en  aucun  cas  le  peuple  ne  pût  manquer  de  pain, 
ni  le  payer  trop  cher.  Rome  et  ses  vastes  greniers  lui  venaient  à  la 
pensée;  il  avait  souvenir  de  l'Egypte  etde  la  Sicile,  d'où  les  consuls 


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3ï  ÉDOitmm  poi.rnoOB. 

et  tes  empereurs  tiraient  Te»  blës  poar  ts  snbststance  de  la  Tille  éterneHe. 
La  iétea  de»  érononiates  surPimpAt  n'fifsieDt  point  âe  natore  S 
dnnhier  l'e^rR  de  rempereur  ;  Umt  ce  qui  restait  TBgue  lui  étafC 
satipathiqne  '  ;  pour  kti  l'impAt  n'était  considéré  qne  romme  nna 
Boaree  de  revenus.  Ces  questions ,  il  les  eunthnit  sons  un  doable 
pofat  de  vue  :  l*  facilité  de  ht  perception,  la  régalante  des  rerenos 
da  trésor  et  tes  resioiirce»  du  badget.  Étranger  ma  idées  Bardies  du 
erédit  public,  H  ne^tamsiC  f  rouTer  de  re»ouree»que  dans  le  payement 
tfeetif  des  cootribidioiis.  Depuis  son  avènement  &  Fempire;  le  sjs- 
t^ma  des  dmit9  réunis  av^  pris  de  l'extension.  L'bsprR  de  Napolémi 
■%tait  pas  «a  petitS'  préjugés  ;  et,  qsand  H  afiorda  dam  sou  consefT 
la  âiéorie  de  l'ImpAt,  il  idia-dvoit  à  toos  ses^déveh^ipemeuts.  Ainsi  les 
fcoDomistes  repousnient  le»  monopoles  ;  rempereur  les  rétablit  pour 
le  sel  *.  Cette  perception  était  finfle  ;  oir  avait  ici  un  revenu  net  ; 
que  loi  importail  <f  interdira  Findièpendtuice  d^un  certain  produit  on 
(faDpéeher  la  liberté  des  transRtlMa?  L'iuipftl  est  use  g^ne  frqnelqn« 
branche  qu'il  a'appbcpie,  le-insiUnir  syatéiofl  consMe  &  obteatr  te  plm 
pv  les  plus  «îB^es  moywi  '. 

'  a  Toutesiespuissanccsm'envieiitnionsi5tèmed'iin[|Als,quLCOiisist«ien4Toir 
un  grand  nombre  dont  le  iBuis'crfve(<us'ahaîs9e,suiTantlfes  besoins,  au  moyen  des 
BaoUatcB  addiiiannrii,  uxndM  la  llqwaov  s'flSn  «UiS-alMBe  Ans  le  Ibrrmoniètre, 
«D  aorte  que  je  pmx  ma  suOiM,  q^alk  qi»  aaûM  BM»  iNaiinB,  aan*  rcttoiUT  i  «H'IMI- 
Tel  impdi  dont  l'èlablis&emeDt  est  loi^purs  si  difficile,  u 

(Napoléon  BU  conseil  d'État,  Pelet  delà  Loitre.} 

'  ntoln  de  Napoléoii  a«'c«De«il  d^ïtaC 

'  Hapolfen  était  iM>.diM pan*- jMiiaaii»  Je i:i«yat»l*.sA 

B  Le  droit  d'un  Eou  par  livre  q^'on  proposa  d'elaiilic  lurle  xi  a'est  point  snlBgaK; 
if  faut  porter  tout  de  suite  ce  droit  au  taux  nécessaire,  pourn'âtre  pas  obiigé  à'j  re- 
tenir et  de  donner  à  ce  eommerw  imc  nourcne  secousse; 

■  9npaiirraiiélabIird«ae«rep*lsré«iide-wldta»t*tM  la  tab^  et  coamm- 
matiou,  en  se  réglant  suc  la  gé^vptiie  nautii)Ba  d«  la  ïmnee.  C«  sjstèiM  ttn 
craindre,  dit-on,  le  retour  de  la  gabelle  :  ]e  ne  sais  qu'f  faire;  on  ne  gufril  personne 
de  la  peur. 

>•  AnM  de  sopprimer  déRailIfcniEnt  le  droit  dn  pUH  ann  barriitvs,  qtit  donne 
tlUMt,Ma  net  p»arlc»  ponts  et  ehBMBées,iLiaiidi«âtépranv«c  c«  (fue  ptodulra  la 
dioit  auT  le  sel  qui  doit  le  remplacer. 

i>  Ce  droit,  Dié  à  deux  sous  par  livre,  produirait,  dit.oo,  40.000,000  ;  sll  en  était 
ainsi,  on  pourrait  abandonner  SOiOM'.SJOiDipontset  chaussées;  it  IbDdrsit  que  celle 
portian  du  produit  SU  veHfe  ditte— i  par  les  recnears  dau  la  caisHée  c«M 
ndrainisiratiOD,  an  lieu  de  l'èm  a»  Isésar  puUia. 

a  Rien  n'cni pocherait  d'augmenter  le  droit  sut  le  sel  en  tenps  de  guerre,  surioul 
dans  le  cas  de  la  perle  d'une  beisille.  La  nation  a  de  Pénergie  :  elle  ainierait  raienx 
pajer  ces  irapdia  chcxUe  que  de  risquer  de  les  payer  aui  Bosses  «a  ans  Antrk^ie», 


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comnao  ex  asu^tbbs.  M 

lootfikt  misea  f^ie,  iln'y  eof  phiidefennttpowriBBrnèiM' 
poor  l£*  lubûstances  H  les  foureitoire»  ée  l'anal  ;  Im  eonpBgnle» 
farsAt  Uqaidéefr  et  l'État  n^Utué  aus  kénéflccs  d»  partieuUBn. 
M.  Mareb,  ie  fràre  éu.werétàre  d'État,  fat  eonné  chef  da  l'adml- 
lùstaattoDidtt  vnreftebdaiwiB';lH)nmeprobe,.nuù»d'iiM  eapacilé 
liiBilée,  il  H»^iMBit]^  d'une  f«»t'eiuenM«'de»ttaviees(|uel'ii>' 
diMtBMfouraiinit  née  tatia  «ineilé,  cette  ptofitttadt  de  Mojan» 
que  l'iBlérM  ft'ai  hhiI  iaa^,  M.  FrtBfai»  (de  Nnt«§]  fut  nii  à. 
la  tMe  de  l'admuiistcatioa  det'  îoidôIs  iadiraoli  «  90  dat  cemfirendie 
ladireclioa  géoérale  de»dcMU  Kéiaù»,.c'eib4hdiie  la  taxABor  ks  boi»- 
iMHkB,  iiuk»TOUarea,  lea  cartes,  k»  objets  ds-luse  et  de  pfemièneoéct»- 
sité,.  Unitss  chMea  soumuu  àsoacentr&ie.LeS' droits  réunis  derinrcat 
la  plU9  vaste  admiBiatFatitHi,  avec  un  penosnel  inonense ,  oae  année 
de«ogHaii  quipKssarètentlepei^dedaBaleseampagBas,  £ammeae»- 
tneat  de  ce  syatème  d'emy  107e*  <iu'on  jeta  dao»  tous  les  recoins  de 
la  Fraoee^nndie.  Ce  tôt  pour  l'empereur  un  ■ojen  de  récM^peaier 
oa-d'attirer  use  £aide  d'eùtaocea  gairertajeal  mds  pai*  an  ■ôUea  da 
la  tourmente  publique  ;  cette  edministrattea  recvt  aat  —Mitai» 
d'émigréa,  de»  geas  de  Lettres,  avecaoepositicii  phiaou  moiae  lucra- 
tive. Les  recettes,  les  iupecUoiis,  kseotoepAts  de  tabac»,  forent  ea 
partie  doDuésà  nneclMae  paaiwe,  Huisélef&e;,  delà  naqait  ce  peuple 
lia  aotticitaurs  qui  vint  tendk<e  la  umIb  daoe  tous  les  aântstiies  pow 
nUenîc  BM  pa«tioa>adniniBtrative,  sous  la  protection  de  l'empereuT. 
Des  mîUioi»  de  pétittoDs  se  ceatraUsireut  dans  les  aaleaa  de  Âultk 

Ed  matière  de  deuaaesr  Napotéea  avait  auiri  des  idéa  arrêtées-; 
rqwnsiant  tous  les  systèmes  de  liberté  commeFci^e  établis  par  la 
éeoioraiel£S,  il  appli(|ua  sa  tbèorie  du  système  pr«Mbftif  dans  touts 
s(Hi  étendue;  sa  ligne  de  deamessi  vaste  prenait  è  Anven  pour  se 
s'arrêter  que  dans  la  Toscane;  le  royaume  d'Italie  n'étaàt  qu'uaa 
annexe  de  l'empire.  Venise,  la  iye  des  men,  dut  foir  l'Adriatique 
ss  fenoar  seus  ses  pieds.  Ce  système  pQ«vait-il  durer  ?  Le  coi»- 

B  0D  pourrait  dire,  dans  le  préambule  daialoi  qui  étaUirB  ce  droit  de  deul  soaS 
par  livre  sur  le  Mt,  que  c'est  i  cause  de  la  guerre  ;  qu'en  temps  de  pail  le  taux  ordi- 
noim  sera  de  St«  Uard»,  SOO,OOe,0BOdaTBTeniisdoireQisunrekIa  FraHca  en  tem})» 

n  Si  la  EupprassioB  du  droit  de  pasaa  est  un  paase-poit  iiécMsali«  poui  Etire  ad- 
mettre le  droit  des  aidea  et  le  droit  sur  le  ael,  il  faut  s'y  réslguer.  Le  fait  est  qu'on  a 
tonjauis  crié  contre  ce  droit  de  passe.  L«  tribunat  et  le  corps  législatif  ont  été  d'ac-^ 
cofd  pour  «a  deMurfir  la  sapprenion.  a  (PdM  de  la  Loièce.} 


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8SI  &C0K011IB  POLITIODB. 

merce maritime  était  si  peu  considérable,  que  les  douanes  devinreot 
plutât  une  armée  pour  arrêter  l'introductiou  des  marchandises  qu'un 
système  de  revenus  et  une  source  de  produits;  d'après  le  relevé  de 
l'administration  des  douanes,  on  comptait  plus  de  35,000  employés 
(20,000  hommes  armés) ,  et  les  dépenses  d'un  ItA  personnel  absor- 
baient la  presque  totalité  du  revenu.  Le  système  prohibitif  avait 
besoin  de  tout  ce  développement  :  les  douanesprotégeaient  les  manu- 
factores  ;  elles  empêchaient  la  contrebande,  autant  que  cela  était  pos- 
sible avec  un  système  de  droits  trop  élevés.  Quand  le  contrebandier 
trouve  son  bénéfice,  il  e*t  assez  hardi  pour  tout  oser  ;  les  petits  droits 
sont  la  meillenre  protection  contre  la  fraude ,  on  ne  s'espose  pas 
pour  quelques  pièces  de  monnaie.  La  direction  générale  des  douanes, 
toujours  confiée  à  M.  Collin  de  Sucy,  formait  un  véritable  ministère, 
avec  un  ensemble  de  bureaux  aussi  considérable  que  les  finances; 
l'administration  avait  pour  siège  l'hAtel  d'Uzès,  et  là  commençait  déji 
le  système  d'entrepdt  qui  plus  tard  prit  une  certaine  extension.  Avec 
le  système  prohibitif  les  douanes  devinreot  un  corps  auxiliaire  contre 
les  manufactures  anglaises. 

Les  forêts  formaient  aussi  une  administration  générale  sous 
M.  Bergon;  on  avait  renoncé  i  toutes  les  théories  sur  le  défriche- 
ment des  vieux  parcs  et  des  bois  séculaires.  Dans  un  sens  limité  le 
défrichement  est  utile  k  l'agriculture  ;  s'il  s'applique  au  contraire  è 
une  trop  grande  masse ,  le  résultat  est  déplorable  pour  r«isemhle 
des  produits  ;  les  vastes  bois  protègent  l'humidité  des  terres,  attirent 
les  pluies  fécondantes.  L'empereur  voulait  créer  une  marine ,  se 
donner  les  moyens  de  construction  pour  ses  Qottes,  et  les  forêts  lui  en 
serviraient  d'éléments  ;  les  conservations  durent  embrasser  les  sapins 
des  Alpes  è  la  noire  chevelure,  les  frênes  dont  le  bois  est  à  dur  et  si 
propre  à  la  construction,  le  platane  si  facilement  travaillé,  et  dont  le 
bois  tendre  sert  à  tous  les  peUts  instruments  de  la  campagne.  L'ad* 
ministration  des  forêts  devint  une  pépinière  de  vieux  soldats ,  im 
moyen  de  récompenser  leurs  services.  Napoléon  connaissait  ce  qu'il 
fallait  à  l'armée  ;  après  l'activité  des  campagnes ,  le  soldat[ne  devait 
point  se  jeter  dans  l'oisiveté  et  le  repos;  la  garde  des  forêts  lui  pré- 
paraît une  vie  active  et  salutaire  ;  il  ne  quittait  point  son  fusil  ou  Sk 
carabine  chérie  ;  après  avoir  visité  les  champs  de  bataille,  il  parcourait 
comme  garde  les  sentiers  épais  et  les  touffes  d'arbres  des  Alpes,  du 
Jura  ou  des  Apennùis;  il  y  portait  l'image  et  l'amour  de  son  empe- 


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COMHBKCE  ET  AGKICOLTOBB.  33 

reor  ;  on  le  retrouva  aux  jours  d'adrersité  défendant  les  Tosgn  et  les 
Alpes  a?ec  ses  agrestes  habitudes  et  ses  aouvenirs  belliqueux. 

L'administration  de  ta  loterie  offrait  une  large  braoche  de  revenus 
publics  pour  l'empire.  Napoléon  n'avait  pas  plus  de  tendance  pour  les 
idées  philanthropiques  que  pour  les  théories  économistes  ;  la  loterie 
lui  paraissait  un  impôt  volontaire;  chacun  étant  libre  de  déposer  si 
mise,  il  fallait  laisser  une  issue  aux  esprits  aventureux  qui  aiment  & 
tenter  la  fortune.  Partant  de  l'idée  que  le  jeu  est  inhérent  k  la  oatore 
humaine,  l'empereur  en  concluait  que  l'habileté  d'un  gouvernement 
est  de  le  surveiller  pour  qu'il  ne  tombe  pas  sous  la  main  des  fripons  ; 
n  n'avait  point  hésité  à  permettre  les  jeux  à  Paris,  sans  s'inquiéter  de 
U  moralité  ou  de  l'immoralité  d'une  telle  institution;  il  prenait  la 
société  par  son  triste  ct>lé ,  admettant  les  passions  qu'il  ne  pouvait 
empêcher.  La  loterie,  établie  sur  des  combinaisons  variées,  avait  des 
tirages  à  Paris  comme  à  Lyon,  à  Strasbourg,  à  Bruxelles,  à  Gènes,  à 
Milan,  et  les. chances  pouvaient  partout  être  tentées;  c'était  un 
aliment  offert  au  peuple  pour  lui  jeter  à  pleines  mains  les  espérances 
et  les  joies ,  cela  l'occupait  ;  pour  quelques  peUts  lots  il  pouvait  se 
faire  des  illusions  dorées,  les  légendes  de  son  sommeil.  Puis,  i  cette 
époque  de  l'empire ,  i  ce  temps  de  fortune  si  merveilleuse ,  tous  ne 
jouaient-ils  pas  à  la  grande  roae  qui  tourne  en  aveugle  ?  La  loterie 
était  une  sorte  de  supplément  k  l'ivrease,  une  de  ces  douces  boissons 
qui  endorment  le  peuple  des  halles,  et  Napoléon  aimait  ces  distrac- 
tions qui  ne  p^mettaient  pas  de  s'inquiéter  de  questions  politiques. 
A  tout  prendre,  il  aimait  mieux  un  peuple  occupé  à  gagner  un  terne 
qn'i  discuta  les  droits  de  la  souveraineté. 

L'empire  était  une  vaste  machine  d'employés  sous  un  centre 
commun  ;  le  système  des  directions  générales  avait  prévalu  ;  il  s'ap- 
pliquait aux  postes,  création  de  Louis  XI.  Les  postes,  s'étendant  sur 
UD  si  vaste  territoire,  étaient  devenues  une  portion  considérable  des 
revenus  publics  ;  les  employés  étaient  nombreux  ;  on  dut  à  M.  Lava- 
lette  leur  organisation  presque  militaire;  les  postillons,  embrigadés 
par  divisions,  formèrent  comme  un  corps  de  soldats,  de  telle  sorte  que 
dans  les  crises  de  la  patrie  on  put  y  trouver  plus  d'un  régiment  de 
cavalerie,  comme  les  douaniers  eux-mêmes  servirent  è  la  garde  des 
frontières  et  des  cAtes. 

L«  postes  intelligentes  et  développées  furent  tout  à  la  fois  une 
utile  institution  pour  le  commerce,  et  uo  moyen  de  police  pour  l'en- 


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84  teoHOMn  roLmouB- 

KoMe  an  gDaveroemeat.  Si  la  vigtloMe  de  fndiiriiiiitritioB  «AiUat 
une  grande -i^BUiarité  dww  leeervioeet  U  ffirtiibulKa  deelrtlKi, 
■«UemDltii4iawMil(snoT«B84'inv€StigattoK«tdefedtercbesae(»<ètes 
-que  la  -poliee  «e  permet  .daas  m  intérM  4e  comervertion  ;  ce  ifrfoo 
appela  le  -cakHotlt  noir  <ut  ioatitné.  Sans  l'empire  toutes  tes  iettrei 
Âaient  décachetées,  on  apportait  les  pins  importantes  aax  TuHeriei; 
l'eaprit  de  Napoléon  était  i«iii(^  de  petites  suaceptibnités,  il  eianit  -i 
pâlétfer  dans  le  secret  -des  famHles,  k  tout  ■roir,  h  tout  connattre  -:  il 
ae  se  contentait  pas  des  affaires  gênéralefl,  il  «rotifait  «neore 'lire  4ans 
Jes  «entîmente  privés. "Tel  fat  le'MHe  deT«nipereur  ;  le  générai  Itspp, 
HOD  ami,  nous  raconte  oonmeat  il  dot  nne  <togrftee  momentanée  kla 
<violition  honteoBe  4a  «ecrot  des  lettres  ' .  La  police  des  pestes  devint 
une  habitude  ;  on  dut  saivoir  q«e  lorsqu'on  confiait  une  lettre  à  fÉttt, 
«Ueétakdécadietéeet-oeBmeDtée;  i  cepoiBtqnerempereur  disait, 
êtm  rougir,  i  la  face  d'un  fionnie  -:  «  Voue  Bvei  écrit  teiie  lettre  ; 


■  Yoiei  le  récil  du  général  Rapp  ; 

H  Les  génénoi  Rejnier  et  Birtes  étaient  en  ffisf^ln  :  fêtais  lié  arec  l^n  ci 
l'autie,  et  je  n'avais  pasiI%abitMde'd'ai>awliM)Ber  mcsm»!*  BMdbmrwi.  Jante  Mil 
Ail  pour  dissiper  kapcéTeniioiude  NapoUoo  iwDtMccsdeiuaBciars  géaéraui,  mms 
pouvoir  ï  réussii.  JerevinsunjouTÂÛcbHi^auaujet  de  Sejaier;  NapoléoD  tmp*- 
ticnté  pKt  de  l^unimr  et  me  dit  sèchemeat  qu'il  ne  voulait  plus  entendre  parler  de 
Joi- J'«ctiTis  à  ce  bra^egéiéml  que  lontea  DMS  dénarohes  aTai«Di4eé'Hifr«ctiMMM; 
je  l'eihorUi  ,i  la  palieucej  el  jl^utei  gucbpies  j^rues  dietéeSfpH  Je  défit.  J'«hb 
l'im prudence  de  conGer  ma  lettre^  la  poste;  elle  fut  ouverte  et  enTojée  à  l'einpœw 
flla  lut  troll  oti  quatre  fob,  se  flt  apporter  démon  écriture  pour  comparer,  M  ne  poH- 
laît  se  pcnuider'qua  jel'Mnu  éerite.C  w  mit  dans  nnftcOKre  affreuee,  «t  n'eiiveja 
de  Ssiut-Cloud  un  courrier  aui  Toiletics,  ab  j'^irBil<^..JecnisArea|feUpoijrMw 
mission  etjepariia  sur-le-champ.  Je  irouvaiCaidiDcouridans  le  salon  da  service  stm 
CafTarelli  :  Je  lui  demandai  ce  qu'il  y  avait  de  nouveau.  Il  connaissait  déjà  raffairc, 
il  en  pBiaisHit  peiné;  nuTia  Hue  m'en  dit  )ms  uh  mot.  l'entrai  chez  Napoléon.^i,  «a 
leUreilainaiii,  swuit4u.cabiDitici>flHwtiB  ]turi»ii.  U«ne««inrda  aTCCiCWjviR 
^  lin  celants  qui  ont  fait  trembler  l«nldc  monde. (Conoaissu-vouâ  cette  écriture?  — 
Oui,  sire.  —  Elle  est  de  vous?  — Oui,  sire.  —  Voua  êtes  le  dernier  que  j'aurais  soup- 
çonné. Pouvea-Yous  écrire  de  parelltesborreurs  t  mes  ennemis?  Tous,  que  j'ai  tou- 
jours si  Iwa  trailéliwicpouf  <pHi'«i  tOKtrfutl  vous,  Icaeui-denesBideadecuifi 
que  j'aie  logé  aui  Tuileries  !  u  Lt  porte  de  son  cabinet  élaii.eiUr'tiuverte  ;  il  s'en  t^er- 
tut,ct  alla  l'ouvrir  toute  Tait,  afin  queM.Henneval,  ud  de  ses  secrétaires,  entendit  In 
•cène  qu'il  iue  faisait.  «  Allez,  me  dil-41  en  me  toisant  du  haut  en  bas,  vous  êtes  un 
ingrat  i  —  Non,  sire  ;  l'iDgratiiude  n'^et  jamais  entrée  dans  mon  cour.  —  Reliseï  c«ua 
lettre  (it  me  la  mit  sous  les  yeux],  et  décidez.  —  Sire,  de  tous  les  reproches  que  vous 
pouvez  me  faire,  celui-là  m'est  le  plus  sensible.  Puisque  j'ai  perdu  votre  conSance,  j» 

ne  puis  plus  servir.— Oui,  f. vous  l'avciperduc.»  Je  le  saluai  respectueusement, 

«t  m'en  aJlgi.  [HémolMs  du  eénfral  Rapp.) 


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coioautGE  sr  acbicbliobs.  36 

ooyfiéeilaposteeilea  été  décachetée,  vous  parles  mal  de  moi;  aortm, 
je  TQU*  exite.  » 

L'euegistrament,  Je  timbre  et  les  hyiwUè^w  frao^eiit  cooùd^ 
laMemeDt  ie  reveoa  public  ;  à  chaque  budget  cet  ùnpàt  recevait  ua 
«ccroissemeet.  fiien  de  plua  tyraBoique  que  le*  droits  prélevés  ta 
linéique  Murte  wr  les  dootoin  et  la  jniiànee  ;  maie  aussi  rîea  de  flw 
aisé  que  leur  perception  qui  te  ruttaobwt  à  toutes  loi  périodes  ît  ta 
vie  :  la  oauBaoce,  la  mort  ;  auxlransactiomies  pUiBactives  ;  Téobauge, 
]a  vente,  l'-acbat,  le  çréi  et  tout  ce  qui  touche  le  eommeree.  Ces  Mi 
ii'aw«it  rien  épargné  :  le  timbre  fut  doublé;  les  droits  restaleot 
inOeiEibles,  et  le  fisc  dominait  toutes  les  transaotians ;  M.  DntdilAel 
cooaervut  la  direction  générale  de  l'enregistrement  ;  un  des  auteurs 
de  la  loi  sons  le  directoire,  il  en  dirigeait  l'applicatloQ  avec  fermeté  ; 
tout  droit  d'enregistrement  privilégié  était  perçu  avant  les  alimenta 
des  mineurs  et  des  pères  ;  on  aurait  dit  que  c'était  pour  cbaqiw 
citoyen  une  dette  impitoyable  qu'il  contractait  envers  l'État.  Les  lois 
déddaient  toujours  favorablement  pour  la  régie,  et  il  n'y  eutjw 
d'administration  plus  sévère  dans  la  poursuite  de  ses  droils,  à  ce  point 
qB'dIe  les  percevait  doubles  afvès  le  délai  fixé  pour  leur  exact  acqtnt- 
tement. 

Tous  ces  revenus  publics  étaient  confondus  sous  l'expression  de 
cootribatioos  indirectes.  L'tmpét  direct  s'appliquait  à  la  propriété  sur 
la  terre  parle  fonder,  les  portes  et  fenêtres;  sur  llndividu,  par  le 
personnel,  et  sur  l'industrie,  par  la  patente  ;  rien  n'échappait  ainsi  as 
fiic.  et  soBE  ce  point  de  vue  l'empereur  donnait  à  l'impéit  une  exleB- 
rioD  Jusque-là  inconnue.  La  révolution  dans  ses  violences ,  le  dtfe^ 
toire  dans  ses  désordres,  s'étaient  abstenus  de  grever  le  bas  peuple  ;  la 
convention  avait  affranchi  le  prolétaire  de  tout  impAt,  ea  putant4e 
l'idée  qae  le  laie  aeul  et  le  ricbe  devaient  «UfqKtrter  les  cbngee  puUi- 
qoes  ;  d'où  l'abolition  de  toutes  les  taxes  sur  les  denrées ,  le  vin  ,  et 
les  objeta  de  consommation;  on  imposait  les  chiens  de  luxe,  les  cbe- 
r«ox,  les  voitures,  les  domestiques,  les  hôtels,  le  propEiétéioocière, 
parce  que  tous  ces  objets  supposaient  de  l'aisance.  L'empire  partît  de 
la  base  opposée,  celle  d'une  égalité  despotique  ;  on  considéra  comme 
le  plus  Intime  impôt  celui  qui  produisait  les  revenus  les  plus  oeti 
par  la  perception  la  plus  facile  *  ;  Napoléon  ne  chargea  point  trop  i« 

'  X.Gsudin,  ministre  des  finances,  a  iDi-mJmc  résumé  les  moyens  finaociers  pour 
rtonée  18O0;  c'e&tia  meilleure  pièce  juslifiMliTe  : 


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36  icONOVIB   POLITIQUB. 

terre;  lo  foocier  resta  dans  des  condilioas  raisonnables,  il  se  réserrait 
ces  ressources  pour  les  guerres  à  sacrifice  ;  puis  on  grandit  i'impAt  de 
centimes  additionnels  pour  les iMsoinsdes  départements.  Ainsi,  qaBnd 
il  s'agit  de  faire  des  offres  de  navires  destinés  h  la  HottiUe  de  Boulogne, 
les  conseils  généraux  votèrent  des  centimes  proportionnés  ;  ce  vote 
une  fois  donné  prit  un  caractère  de  permanence;  le  trésor  perçât 
IHcsqne  toujours  ce  supplément  sur  les  budgets,  et  le  répartit  i  sa 
volonté  selon  tes  nécessités  du  service  ;  et  lorsque  l'empereur,  multi- 
piiant  les  levées  d'hommes,  eut  besoin  de  ressources  financières  poar 
anner  et  équiper  des  masses  de  conscrits,  ce  fut  encore  l'impAt  fonder 
qui  supporta  le  fardeau  de  l'État. 

•  Ons'occupBd'aborddel'apureinentdescutcicesdeiS,  10,  lletlS.  Unfondt 
eiltaordliuire  de  00,000,000  (porté  depuis  à  70]  fui  jugé  nécessaire  pour  en  wlder 
toutes  les  dépenses  et  pour  fournir  un  supplémeni  de  16,000,000  à  l'an  Kin  [1S05], 
qui  avait  eu  à  supporter  des  frais  imprérus  pour  le  mouvement  rapide  que  l'armtt 
•Mil  dû  faire. 

■  11  futcrèé&cet  effet,  par  la  loi  du  2t  avril,  pour  00,000,000  de  boni  de  laM^fM 
d'amurfuiniunl,  à  divers  intérêts,  rem boursables  en  plusieurs  années,  i  des  écbéaoCM 
fixes,  fur  le  produit  d»  ta  vent»  dt  doraavnei  nationaux  dont  cette  caisse  était  derv- 
vHiue  propriétaire  par  diverses  opérations  auiquelles  on  aurait  pu  reprocher  de  d^ 
Daturer  sou  institution,  si  ta  modicité  de  la  dette  perpétuelle,  à  cette  époque,  n'avait 
pu  justifier  le  peu  d'importance  que  le  chef  du  gouvernement  attachait  aui  pragrtt 
de  son  extinction.  Aussi  la  caisse  d'amortissement  ne  fut-elle  employée,  soua  son 
administration,  qu'A  mettre  le  trésor  à  porrée  d'appliquer  à  ses  affaires  des  valeun 
considérables  en  domaines,  situés,  soit  dans  l'ancienne  France,  soit  dans  les  pays 
réunis,  et  d'autres  objets  qui  ne  pouvaient  qu'avec  ie  temps,  mais  qui  étaient  propres 
à  servir  de  gages  i  des  bons  portant  intérêt,  et  remboursables  k  époques  6ies,  sur  k 
produit  dee  ventes.  Une  rente  de9,000,000  an  grand-livre  fut  de  plus  créée  en  1808, 
au  profit  de  celle  caisse,  pour  ajouter  encore  i  ses  moyens.  Le  suects  de  cette  opéra- 
tion fut  complet,  et  las  bons  dont  l'émission  avait  été  autorisée  par  la  loi,  et  qui  sa 
furent  émis  qu'avec  b  circonspection  convenable,  n'éprouvèrent  presque  aucune  perta 
dans  la  circulation. 

»  Le  passé  ainsi  réglé,  le  gouvernement  s'occupa  de  donner  au  plan  dont  les  pi^ 
mières  bases  avaient  été  arrêtées  l'année  précédente,  les  développements  dont  11  était 
susceptible. 

■  Une  taie somptaa ire,  quiavaitétéétablle,  avant  l'an  vin,  sur  lesdomestlqneaM 
tuT  les  chevaui  et  voitures  de  luxe,  donnait  lieu  k  des  recherches  fatigantes  ponr  1m 
contribuables  et  excitait  des  réclamatluns  multipliées  pourvu  produit  médiocre.  Bile 
fut  supprimée  k  partir  de  1S07. 

■  En  même  temps  la  contribution  foncière  éprauta  une  diminution  d'un  tnllHon 
pour  les  départements  du  Piémont,  en  considération  de  la  omm  MdMÎtx  du  <tl  el  dn 
tabac  établie  dans  ces  départements. 

»  D'un  autre  râlé,  la  régie  des  dmiurAinitretuluneo^aalsation  complète  par  la 
loi  du  it  avril. 
»  La  taie  i'tntnlitn  cbiroulain'avaitpoparveniri  se  naturaliser  en  France.  Elle 


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COMHEKCE  ET  AGBICDLTUKE.  81 

Cependant  plus  d'une  fois  la  conquête  porta  ses  Tniits,  jamais  une 
guerre  n'était  terminée  sans  un  subside.  Après  le  traité  de  Fresbourg 
l'Autriche  dut  payer  150,000,000;  ces  fonds,  répartis  d'abord  en 
gratifications  à  l'armée,  rentraient  dans  le  domaine  et  dans  le  trésoi; 
IHiré  de  l'empereur.  Gomme  les  pachas  d'Orient,  Napolé(Hi  avait  dci 
coffres  pleios  de  lingots  qui  formaient  sa  richesse  particulière  ;  Im 
caves  des  Tuileries  étaient  remplies  de  pièces  d'or,  comme  le  paieiQ 
dea  califes  dans  les  contes  arabes,  ressources  immenses  qui  devaient 
poiuToir  aux  nécessités  de  campagnes  nouvelles.  C'était  encore  un 
des  préjugés  de  l'empereur  ;  il  ne  savait  pas  que  la  richesse  d'un  pays 
s'établit  par  la  circulation  du  numéraire  ;  un  acte  du  pariement 
d'Angleterre  suffisait  pour  un  emprunt  de  300,000,000,  et  lui,  rem,- 
perear,  s'imaginait  être  riche  parce  qu'il  avait  quelque  20,0O0,00Q 
dans  ses  caves. 

La  confiance  publique  agit  sur  les  écus  ;  elle  seule  les  domine  et  les 
dirige.  Dans  les  mouvements  de  commerce  et  de  banque  ce  n'est  pas 
l'argmt  qui  constitue  la  richesse,  mais  le  crédit,  l'eiact  acquittement 
de  toute  diaige.  En  France,  avec  des  impAts  considérables,  presque 

neitait  du  riiea  fréquentes  et  des  phlntes  eoatlanellM.  Elle  prwliiJsatt  d'il|]eDr& 
i  pdne  1S,000,000  tpptiMblM  à  m  destination  (qui  cooMminiit  anuuelteiDcni 
30  k  35,000,000) ,  et  l'opinion  était  frappée  de  l'idée  qu'une  somme  iafinimem  supQ. 
lienre  était  effectivement  perçue  au  profil  eiclusil  desTermiers. 

■  CeUe  taxe  fut  supprimée  et  reioplacée  par  un  impAt  snr  le  sel,  é  rniraciion  de» 
nmtàs  lalaols,  lequel  n'avait  rien  de  commua  avec  le  régime  juatemeot  abhorré  du 
l'aneicDM  ^«U*,  ei  laissait  k  ta  tente  la  même  liberté  qu'auparavant. 

■  Depuis  longtemps  la  taie  des  lettres  n'était  plus  qu'en  proportion  avec  le  prii  du. 
iraaqiart  et  tTec  les  autres  frais  d'eiploitaiion.  Le  tarif  de  ces  laies  fil!  revu  et  rérié 
mr  )•  base  des  distances  parcourues. 

■  EnBn  l'eiidoitatioo  des  salines  de  l'Est,  qui  D'a*ait  pasjusquft-U  répondu  aoi. 
Cfpéraoces  que  l'on  en  avait  coofues,  refut  une  Ibrme  nouvelle,  l*  tépt  intéressé» 
fat  remplacée  par  une  compagnie  d'aclionnaires  Tonnée  avec  un  bail  de  qnaire-Tingt- 
dli-neuraus.  Les  condtUons  de  ce  bail  furent  calculées  de  meniireiannrer  augou- 
Ttfiicment  les  cbances  d'augmentation  qui  devaient  naturellement  snrrenii  dans 
UM  si  longne  durée.  Le  canon  annuel,  éralué  en  nafwn,  pour  les  cinq  praniéres 
nuées,  k  StU.OOO  quintaux  métriques  on  en  argent  k  3,000,000,  dut  être  revu  loua 
In  trois  ou  cinq  ans;  et  si  le  prix  de  vente  avait  excédé  le  taui  actuel,  ouquelalh- 
britaiioD  edt  été  an  delà  de  800,000  quintaux,  le  gouvernement  devait  avoir  la  moitié 
it  l'ncédut. 

a  Dn  commissaire  général  fui  placé  près  de  l'administraiion  de  la  compagnie,  i 
Varia,  pour  suivre,  i  l'aide  d'un  commissaire  particulier  près  de  chaque  saline,  les 
•pératioDB  de  cas  éiabltesementa  et  awurer  i'eiécution  des  conditions  du  bai). 

•  Tel  fut  l'ensemble  desdisposilionsconsacrées,  dans  l'intérétdes  finances,  pat 
klolduMavriliBM.* 


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38  icovonns  POLiTiQim. 

aucun  service  n'était  exactement  accompli  :  le  corps  législatif  confec< 
tionnaitlebudgetavecuDecertaineaptttude;  od  balançait  les  dépenses 
par  les  recettes;  puis  Napoléon  disposait  de  tous  les  re*'enus  an  gré  de 
ses  besoins  ;  l'intérêt  de  la  dette  publiqne  n'était  acquitté  que  lente- 
ment et  successivement  ;  les  fournisseurs  n'obtenaient  des  ordonnance» 
que  selon  le  caprice  des  minstres  ;  les  employés  n'étaient  payés  qu'après 
nne  longue  attente  ;  la  magistrature  avait  souvent  plusieurs  mois 
d'arriéré,  surtout  aux  dernières  époques  de  Fempire;  les  classements 
et  les  spécialités  étaient  arbitrairement  bouleversés.  Souvent,  sans 
tenir  compte  du  principe  de  l'impAt  par  la  loi,  l'empereur  taxait  une 
commune,  ou  bien,  comme  il  le  disait  lui-même,  il  faisait  rendre 
gorge  k  un  fournisseur  ;  manière  orientale  de  procéder.  Quand 
Napoléon  s'imaginait  qu'un  homme  avait  fait  des  béDéfîces  exoiiti- 
tants  dans  une  affaire,  il  tirait  sur  lui  une  lettre  de  change,  souvent 
dNm  million,  avec  ordre  de  la  payer  dans  la  quinzaine,  sorte  d'avanie 
à  la  façon  des  pachas.  Une  compagnie  bien  connue  fut  obligée  de  ' 
verser  trois  millions  dans  un  seul  semestre,  et  sans  autre  motif  qu'on 
ordre  du  cabinet  ;  et  l'empereur  s'imaginait  que  cela  était  de  Téco- 
nomieet  de  la  justice  :  fausse  idée,  car  lorsque  des  traitants  sont  soumis 
k  de  telles  chances,  ib  calculent  leun  bénéfices  en  pn^rtion; 
comme  ils  sont  exposés  davantage,  ils  traitent  avec  les  gouvern^nents 
comme  les  usuriers  avec  les  Gis  de  famille.  Un  pouvoir  doit  bien 
choisir,  examiner,  puis  payer  ;  le  crédit  est  en  proportion  de  l'exact 
acquittement  de  ses  obligations  bonnes  on  mauvaises. 

Le  système  financier  de  l'empire  eut  donc  plusieurs  cAtés  vici^x  ; 
oppressif  par  l'impôt  qui  s'étendit  à  tout,  il  ne  procura  que  des  res- 
sources matérielles  et  dures  sans  inspirer  aucune  confiance  ;  on  reçut 
beaucoup  et  on  paya  mal  ;  ce  qui  fit  que  dans  les  crises  on  n'eut 
d'autres  ressources  que  les  levées  purement  fiscales  ;  les  centimes  ad- 
ditionna s'accrurent  jusqu'aux  deux  tiers  de  l'impôt  effectif,  et 
l'arriéré,  dans  les  derniers  tonps  de  Napoléon,  s'^eva  même,  pour 
certains  employés,  jusqu'à  dix-huit  mois  ;  situation  financière  qui 
constate  encore  une  fois  celte  vérité  pratique  :  que  la  plus  grande 
richesse  d'un  État,  c'est  le  crédit;  et  que  le  crédit  repose  sur  deux 
b«M9  :  la  confiance  et  Texactitude. 


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ACTES   DU   GOOVEBNBUEKT. 


CHAPITRE  III. 


unaom  dk  NAPOblon  à 


Lm  cotps  poliliques.  —  Vole  du  sénal,  du  tribua*t.  —  Érectiaa  t 

public.  —  Changemeot  dans  le  caractère  de  Napoléon.  —  Arisiocraiie.  —  Idée  dM 
giaMls  âtft.  —  PmnitT  projet  de  noblesMî.  —  Flcft  de  Dalmatle ,  dlswle,  d« 
PUcMiM,  de  Panne,  de  Htsst  et  de  Carrara.  ~  Slatata  un  U  famille  impMdd. 
—  S-pultare  des  empereurs.  —  Églises  Soim-Deols  et  Bainte-GeDeviève.  ~ 
Foodaliou  de  l'uniïcrsUé.  —  Actes  de  gouvetoeraent.  —  Code  de  procédure.  — 
Préparallod  du  code  de  commerce.  —  La  bantfne.  —  Dti^rAce  de  M.  Barbé- 
JlariMM.  —  Les  deux  soeiéléft.  —  La  rtpubliqtie  et  le  roTall«ine<  —  Balliemeot  dm 
Tieilles  famillw.  —  Hariagea  «1  alluaces.— L«s  euls  du  fkuboutg  Saint-Genuki. 


L'empereurqulttait  Munich,  Tfntant  en  sonrerain  réodal  Stutt^^rd, 
Carisruhe  et  Bade  aux  belles  eaux  ;  il  tint  sa  cour  plénière  sur  sa  route 
semée  f  arcs  de  triomphe  ;  le  canon  retentissait  partout  ;  les  princek 
allemands  aocouraient  àson  lever  pour  recevoir  ses  ordres  et  recueillir 
quelques  paroles  de  sa  bouche  impériale.  En  France,  le  même 
triomphe  rattend&it,  l'emperenr,  dans  les  provitices  de  l'Alsace  et  de 
la  Lorraine  :  ses  victoires  inouïes,  la  pais  conquise  au  pas  de  course, 
tout  cela  Favatt  empreint  d'un  caractère  héroïque,  capable  d'exciter 
f  enthousiasme  ;  des  cris  de  joie  éclataient  ;  le  peuple  se  réunissait  sur 
les  ^ndes  routes  auprès  des  voitures  de  son  empereur,  lui  présentant 
des  conronnes  de  laurier  trcsées  et  des  rwieam  d'olivier';  imitant 
ainsi  la  multitude  de  Rome  autour  des  chars  d'Augoste,  de  Trojan  et 
de  Marc-Aurèle  ;  c'était  comme  une  de  cesscèncs  de  triomphe  repro- 
duites dans  les  beaux  bas-reliefs  du  Vatican  ou  de  la  villa  Borgttèse. 

A  l^ris,  les  corps  politiques  se  prraeèrent  avec  autant  d'ardeur 
autour  du  souverain;  plus  il  y  avait  eu  d'incertitude,  de  doute  et 
d'hésitation  pendant  la  campagne,  plus  on  se  bfttaît  de  témoigner  son 
zèle  et  son  dévouement  ;  le  tribunal,  semblant  pressentir  sa  chute, 
voulait  la  prévenir  par  des  flots  d'adulations  au  pied  du  trône;  dauK 
son  sein  des  propositioui  enthousiastes  furent  faites  ;  M.  C<irioD  de 
Nisas,  le  tribun  qui  avait  inauguré  l'empire,  avec  son  caractère  méri- 
dional, étala  les  titres  pompeux  que  Napoléon  avait  conquis  pour  le 


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40  ACTES  DD  GOUVEKNEHBNT. 

Iffésent  et  la  postérité  ;  il  'demandait  donc  :  «  qu'une  colonne  triom- 
phale fàt  érigée  sur  une  place  publique  qui  porterait  le  nom  de 
Napoléon:  là,  seraient  gravées  ses  victoires;  lui-même,  le  grand 
empereur,  paraîtrait  dans  son  costume  antique  ;  on  frapperait  des 
médailles,  des  jeux  seraient  institués,  une  Tête  perpétuelle  annoncerait 
la  gloire  des  années  et  l'immortalité  de  leur  césar.  »  Ce  fut  donc  une 
pompe  à  la  manière  de  Borne  ;  on  avait  lu  Tacite,  ses  annales,  Pline 
le  jeune  dans  ion  panégyrique  de  Trajan,  et  les  harangues  des  corps 
politiques  en  furent  le  plagiat. 

Le  sénat  ne  voulut  point  demeurer  en  arrière  sur  la  proposiHon  du 
tribunst;  quelques-uns  de  ses  membres  étaient  allés  remercier  le 
prince  de  l'envoi  des  nobles  drapeaux  suspendus  aux  voûtes  de  Notre- 
Dame  ;  sous  la  t«ite  ils  avaient  félicité  Napoléon  de  ses  victoires,  et 
de  l'honneur  qu'il  faisait  au  sénat  de  l'associer  à  ses  triomphes. 
Quand  il  apprit  le  retour  de  l'empereur  à  Paris,  le  sénat  en  corps  vint 
le  complimenter,  et  la  parole  de  François  de  Neufch&teau  fut  plus 
adulatrice  encore  ;  l'encens  brûlait  et  s'élevait  en  long  tourbillon 
autour  de  cette  cour<mne  de  lauriers  brillante  sur  un  front  marqué 
par  la  victoire.  Napoléon  répondit  avec  convenance  ;  sa  parole  fat 
modeste,  il  parla  du  peuple  et  de  l'armée;  il  devait  tout  à  la  patrie,  et 
c'était  à  la  grande  nation  qu'il  consacrait  sa  vie  de  pri  nce  et  de  soldat  * . 

Cependant,  à  travers  ses  expressions  de  modestie,  les  hommes  qui 
entouraient  Napoléon  s'aperçurent  d'un  changement  complet  dans  ses 
manières  et  dans  son  attitude  ;  à  son  départ,  on  sentait  en  lui  le  chef 
qui  avait  besoin  de  faire  ses  preuves  sur  le  champ  de  bataille,  et  de 
gagner  son  sceptre  par  d'éclatants  succès.  S'il  donnait  dans  la  forme 
extérieure  de  sa  parole  quelque  confiance  i  ses  années  et  par  l'énergie 
de  sa  volonté  une  force  à  l'administration  de  son  empire,  ou  voyait 

■  Od  psrli  plus  urd  d'élerer  un  moDumeni  par  souscription  k  l'enipcmir  ;  Bf .  de 
ChimpsgD j,  DiiDistrc  de  l'intirieur,  écrivit «u  roiréchcl  Scllemunn  i  ce  sujet;  Kipo- 
léonn'aimBitpiBlegsouscriptionSiparccquec'ÉtBitunscleeDileliorsdugouTeroement. 

■  MoDsieuT  le  maréchal,  conrormément  à  vos  désirs,  j'ai  enireienu  S.  M.  du  mo- 
nument que  la  société  dont  TOUS  êtes  membre  projette  de  lui  élever.  L'empereur  i 
él*  louché  de  cette  preuve  d'atlacbement  de  beiocoup  de  citoyens  estimables,  parmi 
lesquels  U  vous  t  vu  avec  plaisir,  voua,  H.  le  marëcbal,  Clément  distingué  par 
votre  rang  et  par  les  services  que  vous  avei  rendus.  M«is  les  principes  de  S.  H.  ne 

'  loi  permeltenl  pas  d'accepter  une  pareille  offre,  quoique  dictée  par  un  senlimCTil 
libre,  auunt  que  pur,  d'amour,  d'admiration  et  de  reconnaissance.  Cet  hommage  de 
atssujtt»,  l'emper«ar  veut  le  mériter  par  sa  vie  entière.  11  ne  consentira  donc  point 
i  ce  que  de  son  vivttil  des  moDuments  lui  soient  élevés  par  des  particuliers.  C'est  de 


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ACnU  Dtl  «OOTBSNEHBNT.  41 

ponrtaDt  qa'il  avait  le  besoio  impératif  de  justifier  son  pouvoir  par 
quelques  coups  de  fortune.  À  son  retour,  la  situation  avait  changé  ; 
des  prodiges  s'étaient  accomplis,  et  Napoléon  avait  surtout  l'art  de 
tirer  d'ua  événement  tout  le  parti  possible  ;  il  le  prenait  et  le  tordait. 
On  le  vit  donc  plus  monarchique,  plus  hardi ,  oser  des  actes  qu'il  se 
fdt  bien  gardé  d'essayer  au  moment  où  la  victoire  était  incertaine, 
où  tous  ks  périls  pouvaient  gronder  sur  sa  tète,  il  était  en  face  des 
idées  républicaines  qui  le  surveillaient  en  murmurant  ;  que  pouvait 
ce  parti  après  Austerlilz  ?  quelle  force  pouvait  résister  è  cet  ascendant 
d'opinion  publique  qui  entourait  Napoléon?  Par  le  fait  en  pleine 
posseaûtui  de  la  plus  haute,  de  la  plus  absolue  des  dictatures,  le  souve- 
rain pouvait  tout  oser ,  même  une  réaction  contre  les  formes  d'égalité  ' . 
En  Allemagne,  Napoléon  avait  déjà  conçu  l'idée  d'une  noblesse 
féodale  en  présence  des  vieilles  familles  allemandes,  de  ces  mille 
blasons  de  race  princière  ;  l'empereur  avait  vu  qu'il  fallait  opposer  des 
illustrations  nouvelles  et  les  faire  marcher  au  niveau.  Les  maréchaux, 
les  c^Gcios  qui  entouraient  la  tente  sous  l'aigle  d'or,  les  membres  du 
corps  diplomatique  français  surtout  se  trouvaient  souvent  un  peu 
humiliés  des  titres  que  les  étrangers  étalaient  h  leurs  yeux  ;  la  Légion 
d'houneor  avait  commencé  une  noblesse  dans  l'armée,  on  devait 

la  posUrilé  qu'il  stlend  cetle  honorable  récompCDse  de  tant  de  travaux.  Après  h 
mort,  les  Français  pourront  recoanatlre,  pat  un  hommage  dont  l'intenlion  ne  pourra 
être  conleslée,  le  bien  qu'il  aura  fail  à  la  nation  qu'il  gouTcrnr,  et  dont  la  prospérité 
et  U  tfoire,  sujet  coniinael  de  se»  raédiiationa  et  de  ses  veilles ,  est  aussi  l'uniqu* 
■mbiiioD  cl  l'objet  de  toute  ^«  vie. 

B  En  vous  transmettant  ces  intentions  de  8.  M.,  que  ie  vous  prie  de  faifeconnatire 
i  TDScoMuscripteura.  jeioios.M.  le  maréchal,  mesr^rets  sui  vitres aurune  décision 
si  conlrsirc  i  tobvctui,  et  je  vous  prie  d'agréé  rl'assurance  de  ma  haute  considération. 
»  Para,  le  12  juillet  1906.  »  SigiU  :  CBXitHLOiir.  " 

'  Un  premier  message  fut  adressé  au  ataat;  il  constatait  la  disposition  d'esprit 
de  l'empereur  : 

■  Sénateurs, 

■  Houa  avons  chargé  notre  cousin  rarchichancclicr  de  l'empire ,  de  vous  donner 
connaissance,  pour  être  transerits  sur  vos  registres  :  1°  des  statuts  qu'en  vertu  de 
l'article  U  des  coosiiiuiions  de  l'empire ,  en  date  du  28  Boréal  an  xii,  nous  avon» 
jugé  convenable  d'adopter  :  Ils  forment  la  loi  de  notre  Tamille  impériale  ;  2°  de  U 
disposition  qae  nous  avons  faite  du  roïaume  de  Naples  et  de  Sicile,  des  duchés  da 
Bcrg  et  de  Clèves ,  du  duché  de  Guastalia  et  de  la  priocipsuié  de  Neufchitel,  qo* 
UiSéreDics  transactions  politiques  ont  mis  entre  nos  mains;  3°  de  l'accroissement  de 
unitoin  que  nous  avons  trouvé  à  propos  de  donner  tant  à  notre  rojaume  d'Italie, 
rn  r  incorporant  ions  les  États  vénitiens,  qu'i  la  principauté  de  Lucques. 

>  Notis  avons  jugé,  dans  cet  circansiances,  devoir  Imposer  plusieurs  obligations, 


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42  ACTES  on  GODVBBHEHEHT. 

l'accomplir  par  les  rangs  héréditaires  dans  les  laces.  La  correspondance 
de  M.  de  Talleyraod  indique  plusieurs  projets  discutés  en  présence  de 
remp«%ur  à  Schœnbriinn,  lorsque  les  unions  princiàres  furent  réso- 
lues, à  Munich,  par  le  mariage  du  prince  Eugène  avec  une  Glle  de 
Maxitnilien,  à  Bade  entre  l'héritier  du  grand-duc  et  tnademotsellc 
Stéphanie  de  Beauharnais  ;  Napoléon  comprit  que  le  moment  appro- 
chait où  il  Tallait  tenter  l'œuvre.  Il  lui  restait  un  doute  sur  les  titres 
et  la  hiérarchie  :  une  noblesse  lui  paraissait  indispensable  à  son  éta- 
blissement monarchique,  et  quelles  seraient  les  dénominations  accor- 
dées à  tous  ses  membres?  en  ferait-on  un  corps  politique  dans  l'État, 
ou  bien  la  noblesse  serait-elle  une  simple  distinction?  Tout  cela  de- 
QaDdait  &  être  mûri  par  l'empereur  ;  les  cessions  territoriales  que  le 
traité  de  Presbourg  avait  réalisées  permettaient  de  jeter  un  premier 
et  large  jalon  pour  l'édifice  nobiliaire. 

L'idée  féodale  de  la  création  des  fiefs  vint  d'abord  à  la  pensée  de 
Napoléon,  toujours  en  souvenir  de  Charlemagne  ;  son  armée  se  com- 
posait de  fiers  paladins,  de  ces  douze  maréchaux,  de  ces  pairs  qui 
aa»staient  aui  cours  plénières  en  y  déployant  toute  la  majesté  souve- 
raine ;  ta  création  de  grands  fiefs  lui  parut  la  première  base  indispen- 
sable pour  l'établissement  de  son  ordre  nobiliaire  ;  il  fallait  des 
feudataires  à  son  empire.  Les  États  de  Venise  avaient  été  réunis  au 
royaume  d'Italie  ;  ce  fut  d'abord  dans  ces  contrées  que  Na|ioléon 
établit  ses  terres  du  domaine,  assee  éloignées  pour  que  jamais  leurs 
poasesseurspussentètreredoutables.  Que  seraient  lesducs  de  Daboatie, 

«tbin  supporter  plusicuis  cbiTges  i  notre  couronne  d'iulie,  au  ro[  de  Naplcs  et  au 
priace  de  Lucques.  Nous  avons  aia&i  trout è  mojeu  de  concilier  les  iniéri^is  et  la 
difaili  de  ddIib  trâne,  el  le  seatiment  de  noire  reconnaissance  pour  les  services  qui 
nous  ont  été  rendus  dans  la  carrière  civile  et  dans  la  carrière  mililaire.  Quelle  que 
■oil  le  puissance  à  laquelle  la  divine  Providence  et  l'amour  do  nos  peuples  nous  ont 
^levé ,  elle  est  insuffisante  pour  récompenser  tant  de  braves,  et  pour  reconnalltc  1(5 
nombreux  témoignages  de  Gdélité  et  d'amour  qu'ils  ont  donnés  i  notre  personne. 
Vous  remarquerez,  dans  plusieurs  des  dispositions  qui  vous  feront  communiquées, 
que  MUS  ne  dous  sommes  pas  uniquement  abandonné  mt  sentiments  affectueux 
dont  noua  étions  pénitré,  etau  bonheur  de  Caire  du  bien  iccui  qui  nous  ont  si  bien 
wrvi;  nous  avons  été  principalement  guidé  par  la  grande  pensée  de  consolider 
l'srdM  social  et  notre  trAne  qui  en  est  le  fondement  et  la  base,  el  de  donner  de» 
«Dtrw  de  correspondance  et  d'appui  k  ce  grand  empire;  elle  se  rattache  k  nos 
pensées  les  plus  ehèrea,  à  celle  h  laquelle  nous  avons  dévoué  noire  vie  entière  i  lu 
gTHtdeur  et  la  prospérité  de  nos  peuples. 
•  Donnéen  notre  palais  desTuileries,le30iiMT3dc1'aal8M. 

B  5igni.- Napoléon.' 


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ACTES  no  GODVBBBEXEKT-  43 

d'Istrie,  de  Parme,  de  Plaisance,  de  Massa  et  de  Carrara,  si  ce  n'est 
des  vassaux  la  face  abaissée  devant  la  majesté  de  l'empereur?  Il  avait 
lu  dans  les  vieilles  chroniques  que  ce  qui  faisait  la  gloire  de  Charle- 
magne,  c'étaient  ses  leudea,  ses  barons  :  >'ayines,  duc  de  Bavière,  ^ 
sage,  si  Qdèle  à  son  suzerain  ;  le  duc  de  Gascogne,  les  châtelains  de  la 
race  noéridionale  de  Slontaubau,  Ogier  le  Danois,  Roland  d'Angera, 
Guérin  de  Gascogne,  et  tant  d'autres  preux  qui  assistaient  k  ses  cours 
plénières  et  le  suivaient  dans  ses  guerres.  Napoléon  voulant  donc 
imiter  cet  exemple,  NeufchAtel,  d'abord,  lui  offrit  un  beau  lot  de 
féodalité;  Qèves  et  Berg,  un  fief  relevant  de  la  couronne,  princi- 
pautés et  duchés  fureot  les  premiers  éléments  de  sa  constitution 
nobiliaire.  Il  est  curieux  de  voir  avec  quelle  puissance  et  quelle 
habileté  se  manifestent  les  idées  de  leudes  et  de  barons  dans  la  pensée 
de  Napoléon,  comme  dans  celle  du  fondateur  de  la  deuxième  race  ; 
et  cela  se  conçoit,  les  situations  étaient  identiques  :  la  féodalité  était 
aée  d'un  principe  militaire,  de  la  possession  d'un  territoire  et  de 
l'obligation  de  le  défendre  ;  la  création  des  fiefs  n'était  que  la  hiérar- 
diie  des  rangs  stabilisée  par  la  terre,  et  les  possesseurs  deviendraient 
les  plus  fermes  appuis  pour  la  défense  territoriale,  comme  ils  l'avaient 
été  sot»  la  grande  féodalité,  lorsqu'à  la  semonce  du  suzerain,  ils  se 
rendaient  sur  le  diamp  de  guerre. 

La  hardiesse  que  donnaient  à  l'empereur  les  immenses  succès 
d'Aufiterlitz  le  fit  passer  sur  les  principes  d'égalité  dans  les  statuts 
aitut  publiés  sur  la  famille  impériale.  Ici  commence  le  véritable  livre 
d'or  des  Bonaparte  ;  c'est  un  code  complet  qui  place  la  race  de  l'em- 
pereur sous  une  législation  particulière;  la  famille  d* auguste  n'a  pas 
les  mêmes  lois  que  les  citoyens  ;  elle  n'est  plus  confondue  avec  la 
masse;  sa  majesté  raycHine  au-dessus  de  toutes  les  familles,  même 
pourprées.  L'empereur  est  le  maître  et  le  tuteur  de  tous  ses  proches  ; 
il  ne  dispose  pas  seulement  de  ses  enfants  et  de  ses  successeurs,  mais 
encore  de  ses  frères  et  de  ses  neveux,  qui  ne  peuvent  se  marier  sans 
son  consentement  ;  et  cette  clause,  que  l'empereur  insère  dans  les 
statuts,  est  tout  entière  dirigée  contre  Lucien  et  Jérâme  ;  l'un  et 
Tanfre  se  sont  mariés  malgré  lui,  et  en  le  bravant.  Jérécoe  a  fui  son 
frère,  et  l'empereur  exige  qu'il  répudie  immédiatement  sa  femme, 
car  il  loi  destine  une  main  princière  en  Allemagne.  Napoléon  est 
tellement  préoccupé  de  cette  dissolution  du  mariage  de  Jér6me,  qu'il 
ea  écrit  une  lettre  spéciale  au  pape  ^e  VII  ;  il  lui  dit  :  «  Que  Jêrdm« 


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-U  ACTB9  Dtr  GOtrTEBNBMBrrr. 

n  la  tète  un  peu  extravagante,  et  qu'il  a  contracté  un  mariage  de 
joiDe  homme  avec  une  protestante,  et  il  prie  le  saint-père  d'annuler 
cette  union  par  les  canons  de  l'Église  * .  a  Lucien  reste  plus  fièrement 
tians  sa  volonté,  et  son  frère  n'exerce  sur  lui  aucune  action  domes- 
tique ;  il  vit  h  l'étranger,  sans  rapport  avec  le  chef  de  la  famille.  Que 
lui  importent  les  statuts  impénaux  à  lui  qui  a  bravé  Napoléon?  Il  conti- 
nue à  se  dire  l'auteur  de  la  fortune  de  son  frère;  le  IS  brumaire  est  son 
«euvre,  il  le  fait  retentir  haut  et  Napoléon  s'en  affecte.  Par  les  statuts 
^gnés  après  Austerlitz,  l'archichancelierseul  est  chargé  de  recevoir  les 
actesdel'étatcivil  de  la  familleimpériale,désormaisrégléepar  le  pou- 
voir absolu  de  Napoléon  comme  l'Etat  lai-mème;  il  est  le  chef  suprême 
de  tous  ceux  que  la  fortune  ou  la  Providence  a  placés  sous  sa  main. 
L'empereur  ne  s'arrête  point  dans  ces  voies  aristocratiques  ;  génie 
historique ,  il  embrasse  les  temps  passés  et  l'avenir  d'une  même  vue  ; 
comme  il  veut  la  postérité ,  il  va  fouiller  les  époques  héroïques  ,  et 
la  basilique  de  Saiut-Denis  s'offre  à  ses  regards  '  comme  le  temple 

>  H  Très-Miiitpère, 

«  t'ai  parlé  plii&leurs  Tais  à  vobe  saiDteté  d'un  jeune  frère  de  dii-menf  ans  que 
]'■!  eni  oji  sur  une  frégate  en  Amérique,  el  qui,  aprèB  un  mois  de  séjour,  s'est  mnU 
i  Btllimore ,  quoique  mineur,  avec  une  prolestante,  Glle  d'an  négociant  des  États- 
tIoi$.  Il  tient  de  rentrer.  Il  eent  toute  s*  faute.  J'ai  renvoyé  mademoiselle  Palersoo, 
saHl-disaot  femme,  en  Amérique.  Suixant  nos  lais,  le  mariage  est  nul.  Ua  prêtre 
espagnol  a  asseï  oublié  ses  deroirs  pour  lui  donner  la  bénédieiion. 

B  Je  désirerais  une  bulle  de  votre  ssintcLé  qui  annulti  ce  mariage.  J'envole  à 
>otre  sainteté  pluaieurs  mémoires,  dont  un  du  cardinal  Caseili,  dont  votre  saintcli 
recevra  beaucoup  de  lumières.  Il  me  serait  facile  de  le  faire  casser  è  Paris,  l'élise 
Itallieane  reconnaiasant  (déclarant)  ces  mariages  nuls.  Il  me  paraliraîl  mieux  que  ce 
idt  k  Rome,  ne  fûl-ee  que  pour  l'eiemple  des  membres  des  maisons  souveraines  qui 
-««D tracteront  un  mariage  avec  une  protestante.  Que  votre  sainteté  veuille  bien  faire 
cela  sans  bruit:  ce  ne  sera  que  loTaquejeMursiqu'elle  veut  le  faire  que  je  ferai  hire 
la  casMIion  civile. 

a  Ileâtimportanl,  pour  la  France  mfme,  qu'il  n'j  ait  pas  aussi  près  de  moi  une  fille 
pTotOSUnle;  il  est  dangercui  qu'un  mineur  de  dix-neufaos,  enfant  distingué,  soit  ei- 
.|ioBéi  uneséduction  pareille,  contre  les  lois  civiles  et  toute  espèce  de  convenance». 

>  Sur  ce,  je  prie  Dieu,  lrè$-saiotpère,qu'ilvous  conserve  longues  années  au  régim* 
el  gouvernement  de  notre  mère  ssiote  église. 

a  Votre  dévot  nis,  »  NAPOLioiv.  • 

■  Le  décret  Impérial,  du  20  février  1900,  sur  les  tombes  de  Saint-Denis,  coDtient 
l«s  dispositions  nilvanies  : 

Art.  1.  L'église  de  Saint-Denis  est  consacrée  à  la  sépulture  des  empereurs. 

'Att.  2.  Il  sera  fondé  un  chapitre  composé  de  dix  chanoines  chargés  de  desservir 
cette  église. 

Art.  3.  Les  chanoines  d;  ce  chapitre  seront  choisis  parmi  les  éréques  igés  de  plus 
'  de  Mtianle  ans,  et  qui  se  trouveraient  hors  d'ét&t  di  continuer  rcicrcice  des  fonc- 


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ACTB9  WO  fiODTBBHBHBNT.  45 

de  ta  mort  destiflé  à  la  sépulture  des  rois  ;  il  a  va  en  Egypte  les  pyra- 
mides sous  lesquelles  dorment  depuis  des  siècles  les  races  des  Pha- 
raons ;  il  a  voulu  être  couronné  à  Notre-Dame,  et  il  s'est  affranchi  de 
toos  les  préjugés  philosophiques  qui  pouvaient  le  jeter  dans  des  idées 
sceptiques  et  railleuses  ;  Notre-Dame  et  Saint-Denis  en  France  lui 
semblent  deux  monuments  religieux  et  natîonaus,  parce  que  lui  ne 
voit  pas  l'histoire  par  quart  d'heure.  Saint-Denis  abrita  la  fêle  de 
Charlemagne  ;  ses  vieilles  chroniques  racontaient  les  faits  et  gestes 
du  grand  empereur  dans  toute  leur  naïveté.  Plus  tard  lui  aussi  aurait 
ses  chroniqueurs,  sesTurpin,  ses  faiseurs  de  légendes;  et,  quand  les 
èges  auraient  passé  sur  ses  ossements  brisés,  on  viendrait  lire  dans  les' 
chartes  ses  vastes  prouesses.  Napoléon  n'était  pas  de  ceux  qui  jettent 
les  cendres  des  rois  aus  vents,  il  n'aimait  pas  ces  représailles  du  peu- 
ple, ces  fossoyeurs  qui  jouent  avec  les  dépouilles  du  sépulcre.  Il  or- 

lionsépîscopsles;  ils  jouiront,  dans  celle  reiraftc,  des  honoeuis,  prérogatîTes  ettni- 
Icmeuis  itiachés  i  l'épiscopai.  Notre  grand  aumdnitT  sert  chef  de  ce  chapitre. 

Art.  4.  Quatre  chapelles  seront  érigées  dans  l'église  de  Saiol-Denis ,  dont  trois 
dans  l'eniplaceincDt  qu'occnpaient  tes  tombeaui  des  rois  de  la  preniière,  de  la 
dcoiiènie  et  de  la  troisième  race,  et  la  quatrième  dans  l'emplacement  destiné  k  la 
iépuliure  des  empereurs. 

Art.  S.  Des  tables  de  marbre  seront  placées  dans  cbacune  des  chapelles  des  troia 
races,  et  coDiiendroot  les  noms  des  rois  dont  lea  mausolées  eiistaient  dans  l'églist 
de  SaÏDt- Denis. 

Art.  6.  Noire  grand  aumAoier  soumettra  h  noire  approbation  un  règlement  sur  lei 
acniees  annuels  qu'il  conviendra  d'établir  dans  ladite  église. 

Art.?.  L'églis^Sainte-Gcneviève  sera  terminée  et  rendue  au  cullccoorormémenti 
l'inteoIJoadG  son  fondateur,  sous  l'invocation  de  sainte  GeDeviève,  patronne  de  Paris. 

ArL  8.  Elle  conserr era  la  destination  qui  lui  avait  été  donnée  par  l'isseml^Ice  eao- 
stiluante,  et  sera  consacrée  à  la  sépulture  des  grands  dignitaires,  des  grands  officiers 
de  l'Mnpireetde  la  couronne,  des  sénateurs,  des  grands  officiers  de  laL^on  d'bon- 
DeuT,  et,  en  vertu  de  nos  décrets  spéciaui,  des  citoyens  qui,  dans  la  carrière  des 
arraes  ou  dans  celle  de  l'administration  et  des  lettres,  auront  rendu  d'éminents  ser- 
liceai  la  patrie;  leurs  corps  embaumés  seront  inhumés  dans  l'église. 

An. 9.  Les  to,mbeaui  déposés  au  musée  des  monuments  freo fais  seront  transporter 
dana  cette  ^lise,  pour;  être  rangés  par  ordre  de  siècles. 

Art.  10.  Le  chapitre  métropolitain  de  Noire-Dame,  augmenté  de  siimerabres,  sera 
chargé  dcdaserriT  l'église  de  Sainte-Geneviève.  La  garde  de  cette  église  sera  apécia- 
letnent  confiée  h  un  archiprétre,  choisi  parmi  les  chanoines. 

Art.  11-  Il  J  sera  officié  solennellement  le  3  janvier,  fête  de  sainte  Gcnevière; 
lelSaodt,  féicdc  saint  Napoléon,  et  anniversaire  de  la  conclusion  du  concordat;  le 
jonr  des  Morts  et  le  premier  dimanche  de  décembre,  anniversaire  du  couronnement 
et  de  la  bataille  d'Austertiti,  el  toutes  les  foisqu'il  y  aura  lieu  à  des  inhumations,  en 
n  du  présent  décret.  Aucune  autre  fonciion  religieuse  ne  pourra  être  exercé* 

is  ladite  église  qu'eu  venu  de  nultc  approbation. 


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46  ACTES  DU  GOCVEHNBMBNT. 

donna  que  l'élise  de  Salnt-J)enis  serait  désormais  consacrée  à  la 
sépulture  des  empereucs,  comme  elle  l'était  autrefois  à  celle  des  rois  ; 
la  quatrième  dynastie  devait  trouver  là  ses  tombeaux  comme  ceux 
des  trois  précédentes  races.  Quand  d*Butres  générations  seraient 
venues,  on  le  verrait  couché  sur  le  marbre,  avec  ses  ornements  im- 
périaux, sa  main  de  justice,  comme  on  y  voyait  Dagobert,  le  roi  des 
Francs,  ou  bien  Pcpin  le  Bref  ou  saint  Louis  le  Justicier.  Autour  de 
ces  tombes,  ii  y  aurait  un  chapitre  d'évéques,  souvenir  de  ces  collèges 
de  prêtres  qui  brûlaient  l'encens  lors  des  funérailles  romaines  ;  les 
évéques  prendraient  le  titre  de  chanoines  de  Saint-Denis,  sorte  de 
retraite  donnée  à  l'épiscopat  ;  leurs  fonctions  seraient  de  prier  pour 
lesempereurs  défunts,  comme  le  faisaient  dans  les  monastères,  depuis 
matines  jusqu'à  nones,  les  abbés,  les  évéques,  le  savant  Alcuin  ou 
Agobard  dont  nous  parle  la  chronique,  L'imagittation  de  l'empereur 
se  complaisait  à  voir  l'encens  s'élever  sur  les  autels  au  milieu  de  mille 
oîeiges,  le  Pie»  ira  aux  tristes  sons  de  l'orgue,  <|aBiid  sa  grande 
ombre  parcourait  ces  vastes  caveaux  de  marbre  aoir,  an  mHieu  des 
rois  couverts  de  fortes  armures  et  sans  rougir  des  fleurs  de  lis  de 
Beiiri  IV  et  de  Losis  XIV. 

Un  acte  de  plus  haute  hardiesse  fut  de  rendre  le  Pnathéen  au  culte 
catholique;  Na^éwt  avait  un  instinct  de  répugnance  pour  toutes 
les  idées  de  philosophie  spéculative  ;  il  n'avait  jamais  compris  ptéci- 
sément  ce  que  signifiait  un  temple  vide  élevé  aux  gnods  hommes  ; 
eo  matière  de  leligion,  il  ne  savait  rien  en  dehors  d'un  culte  posiHf. 
Qui  pouvait  décider  les  caractères  d'un  homme  immortel  ;  à  quel 
3igne  le  recennatb«it-on,  et  les  contemporains  étaîeut-ib  appelés  à 
décider  cette  question  de  postérité  que  le  temps  seul  peut  résoudre? 
L'enthousiasme  populaire  élève  un  homme  ou  le  précipite  aux  gémo- 
nies; la  roche  Tarpéienne  est  près  du  Capitule;  qui  déceroerak 
Panthéon  et  quel  pouvoir  est  placé  assez  haut  d'intelUgeDce?  Cette 
idée  grecque  allait-elle  aux  mœurs  et  aux  habitudes  moqueuses  de  la 
ïïance?  Aussi  Napoléon  attaquant  de  face  ce  préjugé  philosophi(|ue, 
décida  que  l'église  serait  de  nouveau  consacrée  à  sainte  Geneviève  ; 
innovation  hardie  en  présence  du  parti  philosophique  qui  souriait  de 
pitié  à  l'aspect  de  ce  martyrologe  des  saints,  splendeur  du  culte  catho- 
liqae  *.  Sainte  Geneviève  était  une  pauvre  fille  de  paysan^  qui  avait 

'  A  cemonieiit  l'empereur  institua  IiSaial-Napoléon. 
IfD  décret,  rendu  le  1»  révrter  18DG,  porte  : 


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ACIEÎ  DO  GOCVBSJtUIBHT.  47 

délivié  Paris  des  ravages  des  Huns  ;  pieuse  et  touchante  légende  qui 
allait  au  cœur  de  toutes  les  jeunes  âmes  ;  c'était  l'eipressioB  de  la 
faiblesse  triomphaat  des  barbares,  d'une  enfant  du  peuple  arrêtant 
le  courcotu  des  rois,  et  attirant  sur  Paris  les  bienfaits  d'une  protec- 
tion divine.^Napoléon,  eo  rendant  au  catholicisme  l'édiGce  du  Fan- 
tbéeo,  le  consacra  néanmoins  À  la  sépulture  des  dignitaires  de  l'em- 
^re  -,  ainsi  le  cortège  des  morts  revêtus  des  habits  impériaux  devait  se 
déployer  k  Saint-Denis,  et  le  cortège  des  courtisans  devait  se  lever 
eu  suaire  sous  les  pierres  froides  de  l'église  Sainte-Geneviève  :  faa- 

■  Art.  i".  Lft  site  de  Mint  Ntpoléan  M  cdle  du  TétabliKsenant  de  la  rd%ton  m- 
Aolîijiiit  ea  France  seroul  célébrées,  daus  toute- i'éLeni! us  de  l'empire,  le  13  aobl  de 
<Aaqueauncc,jour  de  l'At scmpliou,  et  époque  de  IftcoaflusiOD  du  coDcordil, 

■  AtI.  2.  Ily  aura,  ledit  jour,  uDc  procession  hors  l'église,  dam  toutes  les  con- 
BuiMS  où  l'eiettice  extérieur  du  cntta  wt  MUonisé  ;  dasa  les  suites,  la  pr«tssi<m 
•Bralitudansliolérieur  del'égUee. 

u  Art.  3.  Il  sccaproDOnct,  avaut  la  procession,  et  par  un  miniatTe  du  culte,  UQ 
dbcours  analogac  k  h  circonstance,  et  H  sera  chaulé,  immédiatement  après  la  rentré* 
4c  b  proceasioD,  ne  Ta  0Bwm  soIbbmL 

•  An.4.  Les  HUerités  millitairea,  elTllasat  tudiciairts,  sssisiCTOntà  ce»  soisonltds. 

■  Art.  S.  Le  mânis  jour,  lit  août,  il  sera  célébré,  dans  tous  les  temples  du  culte 
réronné,  un  Te  Os um  solennel  en  actious  de  grices  pour  l'anniversaire  de  la  naissance 
de  rcmpereur. 

■  Art.  S.  Lalihedel'aBiuTersairede'Qou*  «oaiOBosnsBt,  et  eells  d«  la  kataUle 
d'AïuterliU  seront  célébrées^  ■ 

Teiei  un  eitrtii  de  l'instruction  adressée  à  ions  les  évèques  de  France,  par  6.  Èm. 
le  cardinal  légal  à  laten,  sur  la  fSie  de  saint  Napoléon. 

1  Le  premier  dinisnche  d'août  de  chaque  année,  les  réTérendissimeB  éréques,  soit 
par  des  lettres  circulaires,  soit  par  tout  aattre  moyen  comeaabte  qu'Us  jugeront  4 
propos  deprradrc,  annonceront  publiquement,  canformément  i  aoM  décret  i[ni 
commence  ainsi  :  Eximium  calholit:a  religionû,  la  Télé  de  saint  Nupoléon,  mariTT, 
qui  est  en  même  temps  celle  du  rétab&ssemeol  de  ta  reltgion  caiholiqne,  et  qoi  con- 
court avec  la  «otcnullé  de  l'Assomption  de  ta  bienheureuse  Vie«ge  Harie.  Ils  Indi- 
queront  de  même  la  procession  ou  supplication  et  l'acden  de  grâces  qui  doirent  avoir 
liru  suivant  le  rit  usité  dans  l'Ëglise.  Ils  publieront  enssi  l'indulgence  plénière  attt- 
dkée,  suivant  une  grâce  très-spéciale  du  siège  apostolique,  i  la  bénédiction  papalo  qui 
doit  £tre  donnée  après  la  messe  pontificale ,  comme  il  est  dit  ei-desaons,  hqueHc 
îuilulgciicc  est  accordée,  suivant  la  leneurdu  décret  cité,  nu  fidèles  qui assisteroni 
dêTOteinent  à  la  procession  et  a  l'action  de  grices. 

x   L'clogc  ou  la  lefon  de  saint  Napoléon  sera  comme  il  suit  : 

■  SoDS  la  persécution  horrible  de  Dioclétien  et  de  Sfaiimilien,  qui  fui  la  pltunn- 
^Dte  de  (ouïes,  les  cruautés  cicrcées  dans  tout  l'empire  romain  firent  que  des 
fidèles,  cDrajés  ou  vaincus  par  la  violence  des  supplices,  abandonnèeent  la  foi,  ou 
que  tous  ajant  été  mis  i  mort,  le  nom  chrélien  parut  près  d'Ctre  détruit. 

a  Mais  taudis  que  la  férocité  impie  des  persécuteurs  était  vaincue  par  ses  propres 
«icés,  et  que  les  bourreaux  barbares  étaient  fatigués  de  leurs  aSteui  travaux,  les 
HidMs  de  Jésus-Christ,  foctiSés  du  secoots  du  ciel,  couraient  su  combat  avec  lent, 


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4S  ACTES   DD  GOOTESNEIIEHT. 

tastique  tableau  que  l'imagÎDaUoD  de  Napoléon  devait  river  sur  plus 
d'un  champ  de  bataille.  lorsque  la  mitraille  labourait  les  rangs  pressés 
de  ses  braves  et  dignes  compagnons  de  fortune. 

Gomme  fondation  religieuse,  l'empereur  grandit  et  favorisa  les 
sœurs  de  l'ordre  de  Saint-Viucent  de  Paul  pour  le' soin  des  malades, 
qu'il  plaça  déjà  sous  la  protection  de  sa  mère,  madame  Laetitia  ;  il  eut 
Voccasion,  au  conseil  d'État,  de  s'exprimer  sur  ces  filles,  gardes  atten- 
tives des  hôpitaux;  il  les  avait  vues  dans  leur  résignation  pieuse  :  plusde 
quatre-viDgt-dis.  avaient  péri  en  soignant  les  prisonniers  et  les  blessés. 
«Voilà,  s'écria-t-il,  des  institutions  utiles  ;  parlez-moi  de  tels  dévoue- 
ments, et  non  point  de  vos  philanthropes  qui  bavardent  et  ne  réalisent 
rien.  >  Jamais  l'empereur  ne  manquait  l'occasion  de  déclamer  contre 
la  philosophie  spéculative  et  les  institutions  vides  que  le  xviii'  siècle 
avait  tenté  d'établir  en  hostilité  avec  le  christianisme.  Cette  vaste  intel- 
ligence avait  compris  toute  la  puissance  d'ordre  qui  établit  l'Église;  les 
congrégations  religieuses  ne  lui  paraissaient  pas  une  organisation  fâ- 
cheuse pour  l'éducation  publique  et  la  direction  des  esprits. 

Tout  ce  qui  était  autorité  et  obéissance  rentrait  dans  les  idées  de 
l'empereur  ;  rien  ne  devait  rester  éparpillé  dans  la  société  ;  il  voulait 
mettre  tous  les  faits  sous  sa  main  pour  les  diriger  fortement ,  et  c'est 
dans  ce  but  qu'il  prépara  l'organisation  de  l'université.  La  base  prî- 
,mitîve  de  ce  vaste  établissement  se  résuma  dans  un  décret  de  quelques 

de  forte,  et  déployaient  un  sigTandc(UTage,qDe  les  léméraiTes  espérances  de  leurs 
ennemis  furent  trompées,  et  que  le  sang  des  maTtyrs  coulant  eo  abondance  devÎDl  une 
semence  de  chrétiens. 

n  Combien  sont  dignes  d'dtre  cités,  parmi  les  confesseurs  de  la  foi,  ceuii|uifiou- 
Unrciit  alors  k  Aleiandrie  en  Egypte ,  aTrc  un  courage  eitraordinaire ,  un  combat 
sanglant  pour  la  foi  en  Jésus-Cbrisil  Quelques-uns  périrent  glorieusemeni  au  milieu 
des  supplices;  d'autres,  oprès  «voir  été  cruellement  toumenlés,  élaicut  rciifermis 
dans  la  prison,  ayant  les  piedstellementécariés  parla  violence  des  lourmcuiï, qu'ils 
élaient  forcés  de  se  tenir  couchés  sur  le  dos;  ceui-ci  étaient  étendus  par  terre,  tout 
couverts  de  blessures,  et  portant  sur  leurs  corps  des  traces  de  tortures  multipliées; 
ccui-Ii  étaient  jetés  t  demi  morts  daiks  la  prison. 

H  Parmi  ces  derniers  qui  arheTèrent  leur  course  dans  leur  prison,  les  miriyrolt^es 
et  les  anciens  écrivains  citent  ai  ce  éloge  Néopolis  ou  Népole,  qui,  d'apris  la  maaière 
de  prononcer  ks  noms  introduite  en  UaLe  dans  le  moyen  tge,  et  suivant  la  langue 
«lors  usitée,  fut  appelé  Napoléon,  cl  est  nommé  communément  en  italien  iVopoleoHe. 

■  M^ipoléon  donc,  célèbre  par  sa  naissance  ou  par  ses  emplois,  mais  plus  illustre 

«ncorr-  par  la  constance  inébranlable  avec  laquelle  il  confessa  la  foi  dans  Alexandrie. 

et  par  le  courage  qu'il  montra  dans  les  tourments  sur  la  fin  de  la  pccsrcuTiundeD^c- 

clét!cnit  Je  Mciimilien,8yar,lé;éjitéi  demi  mort  dans  une  priscn,  sptùsd'hoir':bIr« 

'  tortures,  y  périt  des  suites  de  sesblesfurc!',  ets'endonnlt  en  paît  pour  Jpï'us-Clirisi.  a 


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ACTfiS  DE  60DVEIUIB1UNT.  49 

lîgDCS  ;  on  n'était  pas  d'accord  sar  ses  fonnes ,  la  pensée  de  Napolë<Hk 
était  de  placer  l'éducation  publique  sous  une  même  impulsion  ;  il 
voulait  mener  la  génération  jeune  comme  ses  armées ,  lui  donner 
une  direction  ferme  et  énergique;  il  avait  souvenir  de  tout  ce  que  le 
droit  domestique  avait  de  puissance  k  Rome  ;  l'éducation  formait  les 
hommes  de  la  république  d'Athènes  et  de  Sparte;  elle  était  pour  la 
vie  M>ciale  cette  espèce  d'huile  des  oliviers  du  Parlhénon  dont  se  grais- 
saient les  athlètes  en  ^trant  dans  la  lice,  afin  d'assouplir  leurs 
membres  vigoureux.  Le  jeune  homme  serait  donc  élevé  d'après  les 
pensées  de  l'empereur ,  et  dans  les  limites  tracées  par  sa  politique. 

Dons  le  but  de  caresser  l'enthousiasme  public,  Napoléon  voulut 
ouvrir  le  corps  législatif  en  personne  ;  il  s'y  rendit  en  pompe,  et  son 
discours  fut  empreint  d'un  juste  orgudl  de  lui-même  et  de  la  France  ; 
il  parla  de  ses  armées,  de  la  gloire  acquise  ;  elles  ne  s'étaient  arrêtées 
qu'à  la  parole  de  leur  empereur.  Napoléon  annonçait  ses  alliances, 
ses  projets,  et  surtout  ses  vengeances  contre  la  cour  de  Naples  qui 
avait  pris  part  à  la  coalition;  sa  colère  devait  éclater  comme  la 
foudre  ;  il  parlait  à  peine  de  Trafaigar,  et,  déguisant  la  catastrophe 
de  sa  marine,  il  la  signalait  comme  la  suite  d'un  malentendu,  d'un 
«lire-choc  entre  quelques  navires  sans  conséquence  et  sans  résultat  *. 

'         Ditcouri  de  NapoUon  à  l'ounirlura  du  eorpt  ligittalif,  S  mari  1806. 

«  Messieurs  lesdépniésdesilépartcmentsaucorpsiigisiclir,  messieurs  les  tribuns 
et  merobrES  de  mon  {onscil  d'Éist,  drfiuii  Totre  deroière  session,  !•  plus  grande  partie 
de  l'Europe  s'rst  coalisée  tjre  rAnglelerre.  Mes  armées  n'ont  cessé  de  vaincre  que 
lorsque  je  leur  ai  ordonné  de  ne  plus  combattre.  J'ai  vengé  les  droits  des  Ëlsis 
Ikibles,  opprimes  par  les  Torts.  Mes  alliés  ont  augmenté  en  puissance  et  en  considé- 
ration ;  nies  ennemis  ont  été  humiliés  et  confondus;  la  maison  de  Naples  a  perdu  si 
couronne  sans  retour,  la  presqu'île  de  l'Italie  tout  eoliérc  Taii  partie  du  grand  empire. 
J'ai  garanti,  comme  chef  suprême,  les  souverains  et  les  constitutions  qui  en  gou- 
verpentles  différentes  parties. 

B  La  Russie  ne  doit  le  reiour  des  débris  de  son  armée  qu'au  bienrait  de  la  capi- 
tulation que  je  lui  si  accordée.  Mntlre  de  renverser  le  IrAne  impérial  d'Autriche,  je 
l'ai  ralTenni.  La  conduite  du  cabinet  de  Vienne  sera  telle,  que  le  postérité  ne  me  re- 
prochera pas  d'avoir  manqué  de  prévoyance.  J'ai  ajouté  une  entière  confiance  aux 
protesta  lions  qui  m'ont  été  Jailes  par  son  souverain.  D'ailleurs,  les  hautes  destinées  de 
ma  couronne  ne  dêpcodcut  pas  des  sentiments  et  des  di^posiiions  des  cours  étrau- 
gires.  3ian  peuple  maintiendra  toujours  ce  ir6ne  à  l'abri  des  efforts  de  la  haine  et  de^i 
jalou>Lei  aucun  sacriBce  ne  lui  sera  pénible  pour  assurer  ce  premier  intérêt  de  la  patrie. 

■  Nourri  dans  les  camps ,  et  dans  les  camps  toujours  triomphants ,  je  dois  dire 
eependanl  que,  dam  ces  dernières  circonstances,  mes  soldats  oui  surpassé  monat- 
UaU;  mais  il  m'est  doui  de  déclarer  sussi  que  mon  peuple  a  rempli  tous  ses  devoirs. 
Au  fond  de  la  Moravie,  je  n'ai  pas  cessé  un  insunl  d'éprouver  les  efforts  de  son  amour 
Cl  it  son  eiithousiiumcj  jamais  il  ne  m'ca  a  doi;né  dci  marques  qui  aient  pénétré  mon 


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^  jUTBS  bu   GOOVE&MEUBflX. 

A.  la  saîte  de  dette  hanogue  bautaitie  et  impériater  le  nùnistK  de 
ttntérieur  eiçtesa  la  situation  de  la  France  et  les  bienfaits  qu'eHe 
devait  fi  Napoléon.  Cet  exposé  politique,  haUtude  dans  les  umales 
de  l'empire,  n'était  ni  une  enquête  ni  un  rapport  ;  on  pouvait  le  con- 
tndérer  comme  un  meosonge  élégant  et  louangeux,  un  panégyrique, 
dont  l'encens  derait  s'élever  jusqu'à  l'empeieur.  Sien  de  vrai  ni  de 
naturellement  exposé  ;  toutes  les  mesures  étaient  boones,  toutes  les 
résolutions  à  la  hauteur  de  son  esprU.  A  enteodie  M.  de  Charopa- 
^y,  ia  conscription  était  un  bienfait  inappréciable  ;  au  lieu  de  dimi- 
nuer la  classe  travailleuse,  elle  l'augmentait  ;  l'impàt  était  doux,  le 
commerce  maritime  œ  recevait  pas  d'échec5  par  la  gHure  :  ou  y 
parlait  de  la  prospérité  des  intérêts,  des  progrès  du  crédit,  de  l'aboa- 
dance  du  numéraire,  du  bonheur  et  du  repos  qu'avait  donnés  le  sys- 
tème prohibitir.  Napoléon,  certes,  aiait  accompli  de  gcaades  choses, 
mais  cet  es^oaè,  comne  tous  ks  actes  officiels,  ne  disût  que  dans 
un  sens  fans  W  situation  de  l'empire  ;  la  France  »  sans  commerce 
«itérieur ,  B.'était  point  pcospère ,  des  couronnes  de  laurier  étairat 
tressées.  Saturé  degloire,  le  peuple  ne  recevait  ni  liberté,  nibien-ètre. 

Cependant  des  travaux  considérables  étaient  acconqtlis  eatie  toutes 
les  branch£S  d'administratioa.  Une  réunion  de  jurisconsultes  Ouïssait 
ctcur  de  plus  douces  émolioDS.FrançsisI  je  n'ai  pas  éiéUompé  dans  mon  espérance  : 
votre  amour,  plus  que  laTichessc  et  l'étendue  de  voire  Icrriloire.rniiiua  gloire.  Ma- 
gisirals,  praires,  cElo^ens,  lous  se  sont  montrés  dignes  des  hautes  destinées  de  ceUo 
bcUeFrance.quidepuisdeuisièclesesU'olijet  des  ligueset  de  la  jalousie  de  ses  voisioB. 

M  MoD  ministre  de  l'iaiérieur  tous  fera  conimltre  les  événemenis  qui  se  sont 
(tassés  dans  1c  courant  de  l'année.  Mon  conseil  d'Etat  votiï  présentera  des  projets  Af 
lois  pour  améliorer  les  difTêrenles  bruncbes  de  l'adminislralion.  Mes  ministres  des 
linancee  et  du  Ltésot  puhlii;  vous  communiqueront  les  comptes  qu'ils  m'ont  rcudas, 
TOUS  j  verrez  l'état  prospère  de  nos  Gnances.  Depuis  mon  retour ,  je  me  suis  occupé 
«ans  reiàchcde  rendre  à  l'administration  ce  ressort  et  cette  activité  qui  porlcutlavie 
jusqu'au!  eilrèmités  de  ce  vasic  empire.  Mon  peuple  ne  supportera  pas  de  nouvelles 
itboites,  mais  il  tous  sera  proposé  de  oouveaui  développements  nu  srstèrae  des 
finances  dont  les  bases  ost  été  posées  l'année  dernière.  J'ai  l'inlention  de  dimiau» 
les  impositions  directes  qui  pèsent  UDiquemeni  sur  le  len-iloiTc,  en  remplacanl  une 
pallie  de  ses  charges  par  des  percepiîous  indirectes. 

u  Les  tempêtes  nous  ont  Tait  perdre  quelques  vaisseaux  après  un  combat  impni- 
deinmeni  engage.  Je  ne  saurais  trop  me  louer  de  la  grandeur  d'àmc  et  de  l'altaclie- 
DMat  que  le  roi  d'Espagne  a  montrés  en  ces  circonstances  pour  la  cause  coroiunDe. 
Je  désire  la  paii.  avec  l' Angleterre.  De  mon  cûté  je  n'tu  retarderai  jamais  le  momcnl. 
Je  serai  toujours  pri^l  à  la  conclure ,  en  prenant  pour  base  les  rtijiulations  du  troilé 
d'Amiena.  Messieurs  les  députés  du  corps  législatiT,  l'otischcinci^t  que  vous  m'avei 
montré,  la  manière  dont  vous  m'avez  secondé  dans  les  dernières  sessions,  ne  ma 
laisse  point  de  doute  sur  votre  assistance.  Rien  oe  vous  sera  proposé  qui  ne  soit  né> 
ccssaire  pour  garanlir  la  gloire  et  la  sUrelé  de  mes  peuples,  a 


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ACTES    nr  GOm'EILNEMZKT.  51 

l'cDuTre  d'uD  code  de  procédure  ;  l'empereur  avait  cette  idée  de  eodt 
fication  comme  une  règle  pour  la  marche  des  affaires,  sorte  de  cei^ 
tralisation  législative  adaptée  à  son  système  d'administration  poli- 
tique ;  le  code  civil  portait  déjà  son  nom,  et.  comme  Louis  XIV,  U 
voulait  avoir  aussi  son  ordonnance  de  procédure  qui  était  la  mise  en 
action  des  principes  posés  par  le  code  civil;  l'ordonnance  de  1667, 
commentée  et  développée,  formait  la  base  des  instances  de  justice  : 
quelques-unes  de  ses  dispositions  avaient  surtout  reçu  des  complé- 
ments indispensables  par  suite  du  système  hypothécaire  et  de  l'expro- 
prtatiûn  forcée,  idée  nouvelle  que  la  législation  avait  introduite;  et 
qu'on  appelait  le  code  de  procédure,  et  qui  fut  i»x>mulgué  l'année 
suivante,  n'était  qu'un  résumé  plus  net,  plus  correct  de  l'ordonnsnce 
de  1667,  l'esprit  procureur  domina  ;  les  vieux  praticiens  restèrent 
maîtres  du  palais;  ils  furent  aidés,  en  cela,  par  les  intérêts  du  fisc  qui 
multipliait  les  frais,  les  paperasses,  afin  de  grossir  les  recettes  ;  la  cor- 
poration des  avoués  dut  être  satisfaite.  M.  Pigean,  l'un  des  auteurs 
du  nouveau  code,  avait  gardé  tous  les  souvenirs  de  la  pratique  du 
Cb&telet;  déjà  le  code  civil  était  trop  détaillé,  la  loi  de  procédure 
vint  encore  compliquer  cette  législation. 

La  volonté  de  l'empereur  imposa  également  la  confection  d'un 
eode  de  commerce;  une  commission  fut  nommée  dans  cette  pensée 
de  comparer  et  de  modïGer  les  ordonnances  de  Louis  XrV  et  de  Col- 
bert,  pour  accompGr  l'œuvre  d'une  codiQcotion  favorabfe  aux  intérêts 
et  aux  droits  commerciaux.  L'empire  avait  rétabli  les  vieilles  institu- 
tions mercantiles,  les  prud'hommes,  les  chambres  syndicales,  les  cor- 
porations d'agents  de  change,  les  courtiers,  enfin  tout  ce  que  le  coa- 
aolat  avait  reconnu  et  proclamé.  Les  premiers  travaux  sur  le  code  de 
commerce  furent  extraits  de  l'ordonnance  de  la  marine  et  des  confé- 
rences qui  l'avaient  précédée  sous  la  présidence  de  Colbert;  le  travail  des 
jurisconsultes,  sous  l'empire,  fut  plus  grammatical  que  nouveau,  sorte 
de  transfusion  des  vieilles  formules  et  des  vieux  mots  pour  en  faire 
une  œuvre  rajeunie  sous  les  auspices  de  Napoléon.  Il  y  eut  un  travail 
de  courtisans  dans  cette  rédaction  des  codes  ;  on  voulut  tout  placer 
aous  le  sceptre  de  l'empereur;  la  législation  nouvelle  ne  fut  le  plus 
souvent  qu'une  copie  des  ordonnances  qui  favaient  précédée  ;  le  code 
civil  fut  emprunté  aux  coutumes ,  au  droit  romain  et  à  Pothier  ;  le 
code  de  procédure  dut  ses  principes  aux  formulaires  du  Cb&telet  de 
Paris,  et  le  code  de  commerce  aux  belles  ordonnances  de  la  marine, 
«tau  modeste  travail  du  vieux  et  digne  avocat  marseillais  Ëmérigoa 


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52  ACTES  DC  GOUVEBNBMEirr. 

sur  les  asEurances.  Ainsi  les  idées ,  le«  faits ,  reviennent  incessamment 
dans  la  marche  des  âges. 

Pendant  la  campagne  d'Austerlitz ,  l'empereur  avait  été  vivement 
préoccupé  de  la  situation  financière  de  la  place  de  Paris  ;  la  première 
cause  de  la  crise  avait  été  la  manière  brusque  et  impératîve  avec  laquelle 
il  s'était  emparé  du  fonds  de  réserve;  les  50  millions  de  dépât,échangés 
violemment  contre  les  valeurs  du  trésor,  avaient  manqué  comme  goge 
de  circulation  aux  billets,  et  la  confiance  publique  s'en  était  alarmée; 
de  là  une  crise  déplorable.  A  cette  cause  première,  toute  personnelle 
à  l'empereur,  il  fallait  ajouter  quelques  actes  hasardeux  de  M.  Barbé- 
Marbois,  ministre  du  trésor.  L'alliance  intime  de  la  France  et  de 
l'Espagne  avait  fait  concevoir  k  la  compagnie  Séguin  et  Ouvrard  un 
système  de  perception  pour  les  revenus  de  la  Péninsule,  qui  donnerait 
des  bénéfices  énormes  à  la  spéculation  ;  pour  cela  il  fallait  des  avances 
considérables,  et,  pour  les  accomplir,  la  compagnie  Ouvrard  avait  eu 
recours  BU  ministre  du  trésor ,  qui  employa  la  plus  grande  partie 
des  bons  de  receveurs  généraux  à  des  revirements  de  fonds  ;  cette 
opération  était  arrivée  au  moment  où  l'inquiétude  s'était  répandue 
sur  les  UUets  de  banque,  et  ces  deux  causes  réunies  avaient  produit 
comme  résultat  une  dépréciation  des  fonds  publics  considérable. 

?4apoléon  prit  ce  prétexte  pour  faire  tomber  toute  la  faute  de  l» 
crise  sur  le  ministre  du  trésor;  il  l'écrasa  pour  s'épargner;  M.  Barbé- 
Marboîs  fut  destitué  ;  on  le  remplaça  par  M.  Mollien,  tète  plus  sage, 
plus  ferme,  avec  les  bous  principes  et  les  traditions  sûres  de  l'ancienne 
finance.  Le  service  du  trésor  était  alors  fort  difflcîle,  même  avec  la 
victoire  ;  les  revenus  de  1806  étaient  presque  entièrement  absorbés  ; 
le  budget  Bxait  exactement  les  recettes  et  les  dépenses;mais  un  mi- 
nistre pouvait  toujours,  À  l'aide  des  bons  souscrits  d'avance  par  les 
receveurs  généraux, se  procurer  des  ressources  extraordinaires;  et 
c'est  ainsi  que  M.  Barbé-Marbois  avait  agi  lors  de  la  campagne  de 
1805.  La  banque  de  France  fut  organisée  dans  des  formes  plus  cen- 
tralisées :  ses  rapports  avec  le  gouvernement  furent  fixés  sur  des  bases 
régulières  que  le  public  put  connaître,  car  il  fallait  rétablir  la  con- 
fiance; on  accorda  un  privilège  i  labanqueaussi  étendu  que  celui  de 
l'ancienne  caisse  d'escompte  ;  son  papier  fut  considéré  comme  mon- 
nnie,  toutefois  avec  la  liberté  la  plus  absolue  de  le  prendre  ou  de  le 
refuïer;le  gouverneur,  désigné  par  l'empereur,  fut  en  rapport  contir^a 
avec  le  ministre  du  trésor,  et  la  banque  fut  chargée  des  payements 


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ACTES   DC   GOVVEEUŒMEirr.  53 

k  accomplir  ;  le  gouverneur  deTait  servir  d'intermédiaire  entre  les 
intérêts  des  fondateurs  capitalistes  et  ceux  de  l'État.  Ainsi,  k  peine 
arrivé  de  sa  campagne  glorieuse ,  Napoléon  s'occupait  de  la  partie 
active  de  l'admiaistratioD  publique,  et  ne  laissant  rien  en  dehors  de 
sa  prévoyance  ;  il  cherchait  k  raffermir  le  crédit  ébranlé  *. 

L'esprit  des  nouvelles  institutions,  fondées  par  l'emperear,  indiquait 
quelle  serait  désormais  la  tendance  de  son  gouvernement;  il  marchait 
à  la  monarchie  forte ,  stabilisée  par  un  vaste  système  d'aristocratie. 
Les  slalutssur  la  famille  impériale,  l'esprit  du  décret  sur  la  sépulture 
de  Saint-Denis,  l'établissement  des  grands  fiefs, ces  germes  d'une 
nouvelle  noblesse,  la  Légion  d'honneur,  distinction  sociale  et  mili- 
taire; tout  cela  signalait  l'esprit  puissant  et  fort  qui  fondait  un  empire 
sur  des  bases  stables.  Cette  tendance  se  révèle  aussi  désormais  dans  le 
choix  des  fonctionnaires  publics  ;  ce  ne  sont  plus  exclusivement  les 
hommes  de  la  révolution  que  l'empereur  appelle  à  son  gouvernement. 
A  l'origine  du  18  brumaire,  Bonaparte  semblait  distinguer  son  palais  et 
lesaffaires;pourlesTuiIeries,  sa  prédilection  s'appliquaitaus  noms  des 
vieilles  et  bonnes  races;  pour  les  affaires,  il  avait  cru  jusqu'alors  utile 
deles  laisser  dans  les  mains  deshommesdela  révolution.  AprèsAusler- 
litz  ses  îifêes  changent,  et  l'administration  voit  une  foule  de  noms  par- 
lementaires ,  nobles  et  gentilshommes  dans  ses  rangs  supérieurs. 

Sousiecoosulat  déjà  plusieursjeuneshommes,  d'anciennes  familles, 
sTétaient  montrés  dans  les  salons  de  Paris  ;  les  uns  s'appliquaient  aux 
litres,  les  autres  aux  sciences  ;  quelques-uns,  s'éprenant  de  la  gloire 
militaire,  force  et  dignité  de  leurs  aïeux,  avaient  pris  place  dans  l'ar^ 
mée;  beaucoup  restaient  sans  carrière,  et  dans  cette  oisiveté  inquiète, 
triste  et  malheureuse  dont  j'ai  parlé.  Parmi  ces  jeunes  hommes ,  j'ai 
dté  M.  Mole,  distingué  par  sou  livre,  et  présenté  à  l'empereur  sous  le 
patronage  de  son  propre  nom;  M.  Fasquier,  reçu  conseiller  au  parle- 
ment quelques  jours  k  peine  avant  la  révolution  de  1789  ;  M.  de  Ba- 
rMite,  d'une  famille  également  parlementaire  de  l'Auvergne;  le  jeune 
M.  d'Houdetot,  célèbre  au  xviii*  siècle  par  les  indiscrétions  philoso- 
phiques de  l'écrivain  qui  se  complaisait  à  tout  dire  parce  qu'il  s'était 
tout  permis;  M.  Mounier,  Bis  du  remarquable  adversaire  de  Mirabeau 
k  l'assemblée  constituante;  MM.  de  Tournou,  Portalis  fils,  Lepelletier 
d'Aulnay  ,  Angles ,  tous  appartenant  k  la  nouvelle  génération,  tous 
ijsus  de  familles  respectables,  avec  le  besoin  de  suivre  une  forte  car- 
rière d'administration,  L'empereur  avait  trop  le  désir  de  se  rattacher 

■  Les  slatuls  de  Ubanque  sont  rrglis  ptr  U  loi  du  23  avril  1806. 


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64  ACTBfi  DC   eOUTBBXBlWNT. 

la  génératioD  Douvelle,  les  jeunes  hommes  de  valeur, peiu  De  pat 
s'empresser  d'ouvrir  la  carrière  des  emplois  publics  à  des  noms  remar- 
qiubles  déjà,  à  des  fils  de  famille  qui  possédaient  une  fortune  et  ud 
■ouveoir  :  et  daos  cet  objet  les  premières  places  d'uiditeu»  furent 
créées;  cette  époque  doit  être  bien  remarquée,  car  les  jeunes  liommea 
qui  entrèrent  alors  dans  l'administration  jouèrent  tous  plus  fard  un 
râle  considérable  sur  la  scène  politique  ;  ils  se  tinrent  longtemps  la 
main  dans  le  gouvernement  du  pays. 

L'un  des  pruniers  appelés  parmi  les  auditeurs  de  l'unpire  fut 
M.  Uolé  ;  son  Essai  de  morale  cl  de  politique  avait  vivement  fixé 
l'attention  de  l'empereur,  et,  à  vingt-cinq  ans,  il  fut  appelé  au  conseil 
d'État;  Napoléon  l'avait  invité  h  choisir  une  place  de  magistrature  dans 
la  cour  royale  de  Paris,  comme  le  président  Séguier  et  U.  de  Lamoi- 
gnon;  M.  Mole  réponditavec  esprit  et  finesse:  «  Que  la  magistrature, 
telle  que  son  aïeul  l'avait  comprime ,  n'existait  point  encore ,  qu'il  y 
avait  des  juges  et  pas  de  parlement,  et  que  pour  lui  sa  carrière  d'affec- 
tion serait  l'administration  publique '.  u  11  re^ut ,  le  soir  même,  le 
brevet  d'auditeur  au  conseil  d'État  ;  M.  de  Barante,  du  même  âge 
que  lui,  obtint  un  titre  semblable,  et  quelques  jouis  après  H.  d'Hoa- 
detot  ;  puis  l'empereur  prit  goût  pom'  le  petit-fils  de  Mathieu  Mole, 
qu'il  destinait  à  une  grande  fortune  poMque.  SucceasivemeBt  Napo- 
léon réorganisa  le  conseil  d'État  »ur  des  bases  plus  monarchiques  et 
mieux  en  liarmonîe  avec  les  institutions  qu'il  avait  fondées;  il  fit 
compulser  les  archives  du  conseil  sous  l'aauen  régime.  Depuis  son 
institution  après  brumaire,  le  conseil  d'Etat  n'avait  compté  qnedmx 
mogs  dans  la  hiéravchie  :  les  consâllers  et  les  auditeurs;  sous  l'ancien 
régime  il  y  avait  un  rang  intermédiaire ,  désigné  sous  le  nom  de 
maitres  des  requêtes*.  Oambacérès,  amoureux  de  toutes  les  formules 
de  monarchie,  proposa  à  l'empereur  de  rétablir  le  titre  de  maître  des 
requêtes  au  conseil  chargé  de  rapporter  les  affaires  auprès  de  chaqjUe 
section.  Cette  création  fut  encore  un  motif  d'appeler  au  sein  de  l'ad- 
ministration publique  des  noms  anciens  destinés  plus  tard  au  titre  de 

■  H.  Uolé  aime  i  racon  1er  ces  premiers  déuMsdesajeune  carrière. 

'  Napoléon  disoit  sur  les  maîtres  îles  requêtes  :  ci  11  serait  utile  do  ctcct  nn  grade 
inlErmédlaire  eatre  lefi  prêrels  et  les  conscillefs  d'ËUil,  oonnie  éuieot  par  eioupls 
\ts  inallKs  des  requAles.  Le  gouvcroement  cbûisirail  dans  eeui-ci ,  après  deux  ou 
trois  années  d'eiErcice,  ceui  qui  se  seraient  montrés  capables  d'ilrc  conseillers 
d'Ë(at,ct  le  gouvernement  ne  serait  paiS  eiposià  donner  sa  eonGance  k  des  ganaches, 
comme  cela  lui  est  arrivé.  »  (  Pelet  de  la  Loière.J 


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GoaaeîlUr  d'État  ;  M.  Mole  pasM  iiniiiéâiatcnieBt  parmi  k»  miltrOB 
des  raquâtes  en  service  ordinaire,  at  avee  lui  H.  Pasqni»  qsi,  gan 
élre  iMHDiiié  auditeur ,  fut  apiielé  au  mùne  rasg  que  M.  Mole. 
M.  Piaquier  sortait  d'une  vieille  fuaillede  robe  ;  leurs  deux  aaeàtr^ 
le  ■pùittiel  recbercbeor  Pasquier  et  te  jvégident  Mole,  k  tenaient 
p«r  la  maio  connue  deux  grandes  ombres  couvertes  de  la  toge  dans 
les  pa»-verdus  dn  {«lais  de  jasUce.  Magistrat  avant  la  rérolutioa  , 
M.  Piiqiùer  avait  pwdu  son  père  sur  l'écbafaud;  la  jeoDene  s'était 
passée ,  comme  celle  de  M.  Mole  ,  dans  l'étude ,  la  méditation  et  la 
retraile;ils  ai^rtenaieut  tous  deux  ausalon  de  madame  d'Hondetot, 
h  vieille  et  bmiae  causeuse,  qui  raillait  les  détwis  do  xvm''  siècle, 
M.Portalis  fils  compléta  cette  sorte  de  triuité  politique  que  noua 
verrou  toujours  unie  sur  un  plue  vaste  théâtre  ' . 

Oa  distingua,  dès  ce  moment,  aucooseit  d'État,  le  service  ordinaire 
dn  service  extraordinaire  ;  un  conseiller ,  un  mattre  des  requêtes,  un 
aiMbtear,  purent  être  détachés  de  leurs  fonctions  pour  an  emploi 
«KlérieDr  ;  les  uns  fuient  placés  daa»  les  préfectures,  les  autres 
dans  la  diplomatie,  qadques-uns  même  dans  les  tribunaux  ;  ainsi 

■  Toici  qudle  était  )a  cotoposItioD  desnoureaux  matins  d«s  requêtes  et  luditeun 

«■taw: 

jr«Unt  df*  mçHAM. 
S«nrin  onlinaiie.  —  UH.  Chaddas,  Jauet,  Lauis,  Mole,  Pasquier  «t  Portalia  Bla, 
Service  ciiraordiiiDire.  — MM.  Chabao,  Chabrol,  Majoeau-Paueemoiit,  Uerlet, 
Sigaln  at  Wiscber  de  Celles. 

Pris  1«  9«Bd  j«ce  et  ta  aeclloD  de  l^iHtalioa^  -  HH.  Béfoiec  BU,  Trdthard  11k 
«t  0upoDt-I>cl{K)rle. 

Pris  le  mluiBire  et  la  seciioD  de  l'intérieur.  —  MM.  Gossvin  de  Stassart,  Cbaillou, 
Lafond,  MouBÎcr,  Pépin  de  Batle-lsle,  Canille  TonraoD,  Baruile  et  Campen. 

Prte  k*  miaistrcs  des  fioaices  et  du  trisoi  public  et'près  la  section  défi  Inancea. 
—  HH .  Fenegaui  Gis,  AuissoD-DupetroD,  Maurice.  Vincent  ilBrniala,  Lepellclin- 
d'Aulnaj  et  Taboureau. 

Pito  le  ministn  et  la  section  de  la  gaetre.  —  Petiet  fils,  Pelel  de  la  Loière  flii, 
CtDonTilIc  et  Dnval  de  Beanlku. 

Prts  le  ministre  cl  la  secilDn  de  la  marine.  —  HM.  AaglËs,  d'Houdetot,  Camllla 
Jtossel,  de  ChâieBQbouif  ci  Redon. 

Auditeur*  ayant  iti  fonclioni  ou  d«t  miiiiont  hon  du  eotutil. 

HH.  Abrial  i  Venise  ;  Dooian  àNapIes;  Dudon,  substitut  du  procuieur  iropériat 
pris  le  tribunal  de  première  instance  du  dcparlcment  de  la  Seine;  Bouvier  du  Holart, 
i  Dresde  ;  Gojon,  sous-prifet  i  Honiaigu  ;  Hdi  d'Oissel,  secriiaire  général  de  la 
préfecture  du  déparlement  de  la  Seine  ;  Leblanc  Pommard,  i  Naplcs  ;  Leconteuh,  i 
Jitp\ea;  Heuilli,  aons-prértl  à  Soissons;  Rcederer,  à  Naplas  ;  et  Laiour-Uaubaurgi 
SMréUtre  d'ambassade  i  Conslanlinople. 


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58  ACTES   DD   GOUVBBKEmEÏT. 

H.  Séguier  et  M.  de  Chabrol ,  présidents  de  cours  d'appd ,  furent 
maîtres  des  requêtes  en  service  extraordiBaire.M.Dudon,  auditeur,  fiit 
substitut  du  procureur  impérial,  tandis  que  M.  de  Latour-Maiibourg 
conserva  ce  même  titre,  quoique  secrétaire  d'ambassade  à  Constanti- 
nopie.  Ce  fut  là  une  innovation  préparée  depuis  longtemps  ;  tout 
revenait  peu  h  peu  aux  idées  de  vieille  monarcbie;  ies  places  ne  furent 
pas  seulement  une  fonction,  maïs  encore  une  dignité.  11  f  eut  des 
honneurs  indépendamment  du  devoir;  tout  ne  fut  pas  service  public  ; 
et  c'est  ainsi  que  Napoléon  comprenait  la  hiérarchie  sociale. 

L'empereur  voulut  aussi  appliquer  son  système  de  fusion  aux  fa- 
milles. A  son  retour  d'Austerlitz,  il  accomplit  l'union  de  sesgénéraus 
avec  les  Qlles  de  grandes  maisons.  Sous  ce  point  de  vue,  il  se  montra 
despote  encore  ;  mattre  des  familles  comme  de  l'empire,  il  s'était  fait 
donner  des  listes  des  héritières  riches  ou  grandement  blasonnéea;  il 
faisait  appeler  les  pères ,  leur  eiprimaît  sa  volonté  impérativement  ; 
aux  uns,  il  offrait  des  places  de  chambellan  ;  aux  autres ,  des  restitu- 
tions de  forêts;  beaucoup  acceptèrent,  d'autres  refusèrent,  et  è  cette 
époque  on  cita  même  la  résistance  de  M.  d'Aligre,  qui  défendit  ses 
droits  de  père  ;  lui,  pouvait  bien  se  sacrifier,  abdiquer  toute  person- 
nalité en  se  faisant  chambellan  d'une  princesse  impériale;  mais,  quant 
à  sa  fille,  il  voulut  en  garder  la  pleine  disposition.  La  pensée  de  Napo- 
léon était  d'opérer  une  double  fusion  entre  la  société  ancienne  et  la 
société  nouvelle,  par  les  idées  comme  par  les  personnes  * . 

L'empereur  trouva  bien  des  résistances  dans  le  faubourg  Saint- 
Germain,  et,  après  avoir  tendu  la  main  à  cette  aristocratie,  il  la  frappa 
de  son  épée  par  l'esil.  Il  y  eut  quelques  listes  de  proscription  rédi- 
gées par  la  police;  des  femmes  furent  obligées  d'habiter  leurs  ch&teaux 
dans  la  province,  d'autres  durent  quitter  la  France;  plusieurs  même 
furent  enfermées;  l'empereur  voulait  bien  fondre  les  deux  sociétés^ 
mais  k  condition  qu'il  les  domîiierail;  il  ne  comprenait  rien  en  dehors 
de  lui,  ni  indépendance  personnelle,  ni  liberté  politique. 

'  M.  )e  général  Sébastitni  épouu  mailemoiseUc  de  Coigoj.  UsdemoiBellc  dt 
Fodoas  épousa  le  général  Savarj.  Au  reste,  YoEci  une  snnoDce  plus  modeste  ;  c'esl 
pour  la  première  Tojs  que  je  lis  ce  nom  dans  les  Tastes  de  l'empire. 

u  LL.  MM.  II.  et  RR.  ont  signé,  le  30  juillet  1800,  le  conlrsl  de  mariige  da 
M.  Élîe  Decaica,  fils  de  H-  Dccaies,  anciea  magistral,  et  membre  du  conseil  général 
du  département  de  la  Gironde,  avec  mademoiselle  Huraire,  fille  de  H.  Muraire, 
conseiller  d'Ëlit,  premier  président  de  la  cour  de  cassation  et  grand  onieiet  de  Ik 
Lé)(ion  d'honneur.» 

M.  Decaies  araitélé  nommé  juge  suppléant  par  décret  impérial  dalé  de  Brllnn  ta 
Moravie  et  sous  la  lente. 


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l'evbope  apbès  la  bataille  d'aostbsuiz. 


CHAPITRE   IV. 


L'EUlOn  AFlkS  LA  ItTAtUI  B'iVtmLm. 


L'An^etcrre.  —  OnTcnare  du  pukmeDi.  —  Mort  de  H.  Pitt.  —  Hinistire  de  eoi^ 
UlioD  GreDTille  et  Foi.  —  Esprit  da  Donveau  cablnM.  ~-  Rapporis  (tcc  la  PniMe. 
-'  KtatiioD  du  ctbinet  de  B«1iD.  —  QueslioD  du  Hanovre.  —  MM.  de  Hardeo- 
i>«if  et  de  Haagwlti.  —  Les  deni  sjstimes.  —  La  Russie.  —  L'empereur 
AleuDdre.  —  OccupatioD  des  I  Duchés  du  Caltaro.  —  Les  MontéDégrias.  — 
L'Autriche  après  la  paii  de  Presbourg,  —  8t  justiGcatioD.  —  Le  cabinet  du 
(amie  de  Sudion.  —  Développeneot  de  la  carrière  diplomatique  du  comte  de 
Metiemich.  —  Attitude  de  l'Auiriclie.  —  La  royauté  de  Naples.  —  FerdinaDd  el 
b  reioe  Carolioe.  —  Kipiditîon  coDlre  Naplea.— La  Porte  oiloniaiie  et  Napoléon. 


La  victoire  navale  de  Traralgar  élevait  bien  haut  la  force  de  la 
Grande-Bretagne;  la  tristesse  publique  produite  par  la  mort  de  NeleoD 
fit  place  à  l'eutbousiasine  universel  qui  saluait  le  triomphe  éclatant 
de  la  marine  britannique.  L'orgueil  national  fut  toujours  vivement 
eicïté  en  Angleterre  par  les  triomphes  de  sa  marine  :  la  mer  est  son 
dément  ;  elle  n'y  peutsoufTrir  ni  supérieur  ni  égal,  et  le  pavillon  des 
btHS  royaumes,  fier  de  Trafalgar,  se  déployait  sur  l'Océan  et  la  Médi' 
terranée.  Cependant  .au  milieu  de  cet  enivrement  universel,  de 
tristes  nouvelles  arrivèrent  du  continent;  M.  Pltt  avait  été  leprincipal 
instigateur  de  cette  vaste  coalition  qui  armait  500,000  hommes  contre 
)a  domination  suprême  de  Napoléon  ;  les  efforts  habiles  de  sa  diplo- 
matie, les  secours ,  les  subsides  largement  distribués  avaient  produit 
ce  miracle  de  fusion  et  d'alliance  entre  des  cabinets  si  divisés  eux- 
mêmes  de  principes  et  d'intérêts.  La  coalition  de  1805  était  l'œuvre  - 
de  H.  Pitt  ;  il  la  caressait  comme  un  grand  résultat,  jusqu'à  ce  point 
d'en  dresser  le  plan  de  campagne  ;  la  capitulation  d'Olm  avait  excité 
déjà  les  vives  inquiétudes  de  l'homme  d'État  éminent  qui  dirigeait 
tes  destinée;  de  l'Angleterre;  bientôt  déplus  sinistres  nouvelles  étaient 
parreoùes  à  Londres  :  l'entrée  des  Français  à  Vienne,  la  merveilleuse 


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S8  t'wmowz  Apnjs  ia  bataille  d'aosteblitz. 

campagne  d'Austerlitz ,  les  victoires  inouïes ,  et  le  traité  de  paix  de 
Presbourg  qui  détadiait  ia  maisoD  d'Autriche  de  la  coalition  mus  des 
conditions  humiliantes  ;  enfin  M.  Pïtt  put  apprendre  que  les  subsides 
envoyés  de  Londres,  et  déposés  à  la  banque  de  Hambourg ,  avaient 
été  cédés,  comme  contributions  de  guerre,  par  le  cabinet  de  Vieaue 
à  l'empereur  des  Français. 

Ce  fut  donc  uo  déchirement  de  cceur  indicible  pour  M.  Pitt ,  que 
ce  fatal  résultat  de  l'œuvre  laborieuse  qu'il  avait  accomplie  *  ;  les 
hommes  politiques  d'une  certaine  importance  s'attachent  à  leur  sys- 
tème ,  comme  à  une  création  ;  tout  ce  qui  le  conduit  à  bonne  fio  est 
leur  joie ,  tout  ce  qui  le  détruit  est  leur  douleur  et  leur  peine;  ils 
meurent  et  vivent  avec  lui  ;  nous  sommes  tous  voués  à  une  œuvre, 
nous  la  portons  avec  nous  comme  la  fatalité  de  notre  destinée  ;  il  n'y 

'  Les  jouroaui  anglais  Turent  remplis  des  derniers  moments  de  X.  Hn. 

a  Mardi  matin,  21  janvier,  la  maladie  de  H.  Plti  ne  présentait  aucun  canctirt 
dangereux;  laâèvrele  quiitapresqueentièremenlelles  médecins  connurent  l'espoir 
d'une  promple  guérison  :  mais  le  soir,  le  médecin  qui  lui  donnait  des  soins  parti- 
culiers, lui  làtanl  le  ponis  avant  de  se  retirer,  s'aperçut  que  la  Gèvre  était  revenue  ; 
Il  resta  une  heure  auprès  du  malade.  Le  Bèrre  coniinaa  d'augmenter,  et  fil  en  peu 
d'beures  des  progrés  si  alannants,  que  tout  espoir  de  salut  s'évaBoait.  U  dvvaait 
nécessaire  que  le  médecin  fil  connaître  son  opinion,  et  que  M.  Pitt  fût  informé  du 
danger  desasituBllon. 

B  L'évéqne  de  Lincoln,  le  plus  ancien  et  le  plus  assidu  de  b<s  amis,  fut  appcU 
dans  la  cbambre  du  malade .  et  le  médecin  lui  dit  :  ■  lafonnei  rotre  boDorabli 
ami  qu'il  n'a  plus  que  quarante-huit  heures  i  vivre.  Tous  les  secours  deriennent 
iouiilcs.  Les  moyens  qu'on  tenterait  pour  le  tirer  de  l'espèce  de  létliai^e  qu'il 
éprouve  en  ce  moment  ne  Teraient  qu'accélérer  sa  fin.  Il  est  épuisé,  et  n'a  pas  astei 
de  Torca  pour  supporter  l'etfel  des  remèdes  qni  poumienl  lai  éln  admiaistria.  Bit 
Vit  plus  de  deux  jours,  j'en  serai  surpris.  « 

a  Alors  l'évéque  de  Lincoln,  jugeant  qu'il  était  nécessaire  de  faire  connaître  i 
H.  Pitt  l'état  dans  lequel  il  se  trouvait,  s'acquitta  de  ce  triste  devoir  avec  fermeté. 
H.Titt  parut  11  peine  l'entendre.  L'arrêt  demort  prononcé  parle  médecin  ne  put  l«  tirer 
dasonaffaiMinemaat.  Jiprèsdeui  mînutesderecueilleMait,  il  étendit  péDiblenwiit 
une  do  ses  mains  défaillantes,  en  faisant  signe  peur  qu'on  le  laissai  seul  avec  Un- 
coin,  qui  s'assit  très-près  de  son  lit,  et  lui  offrit  sans  doute  les  consolations  de  la 
religion.  Depuis  ce  moment,  les  médecins  ont  ceçsé  leurs  visites. 

■  Dans  la  matinée  du  mercredi ,  la  plupart  des  personnes  élevées  en  d^tlé 
CnvoTèrent  savoir  des  nouvelles  de  M.  Pitt.  L'avis  de  l'étal  désespéré  où  les  méde- 
cins l'avaient  laissé  fut  transmis  au  roi,  aui  membres  delaTamille  royale  et  aui  ami* 
de  H.  Pitt.  Ladf  Esiher  Stanbope,  sa  nièce,  et  H.  lames  Stanhope  vinrent  le  voir, 
mercredi  malin,  restérrat  an  quart  d'heure  près  de  lui,  et  s'en  allèrent  après  avoir 
reçu  son  dernier  adieu.  Son  frire,  le  comte  de  Cbalam,  passa  plusieurs  heuras  pris 
de  lui  la  nuit  suivante,  et  reçut  les  denûers  épancbemeots  de  son  cœur,  o 

[Star.) 


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LEtmOPB   APHÈS   LA  BATAILLE   D'ADSTERLITZ.  59 

a  qae  les  esprits  rulgaîres  qui  soient  indifférents  à  une  idée  conçue. 
Le  plus  profond  désespoir  pour  l'ôme  de  Napoléon  ne  Tut-il  pas  de 
hisser  ioachevée  la  vaste  réalisation  de  son  empire  et  de  sa  dynastie? 
Pitt  fut  frappé  de  mort  par  le  bulletin  d'Austerlitz ,  car  il  y  a  un  poi- 
son fatal  dans  cette  coupe  où  s'abreuvent  les  âmes  exalté»  pour  une 
cause.  Depuis  le  commencement  de  décembre,  M.  Pitt  sentait 
quelqaes  douleurs  de  gontte  ;  les  pénibles  travaux  auxquels  il  s'êt&it 
lÎTrè ,  les  excès  même ,  à  côté  de  ces  travaux ,  avec  son  ami  Dnndss, 
excès  terribles ,  parce  qu'ils  sont  comme  une  débauche  attristée ,  une 
bacchanale  dont  les  guirlandes  sont  des  cyprès  ;  ces  nuits  de  parle- 
ment, chaudes  de  discussions  qui  embrassaient  le  monde ,  toutes  ces 
causes  avùent  h&té  le  développement  des  infinnités  précoces  de 
M.  Pilt.  Je  le  répète,  quand  la  nouvelle  de  la  victoire  d'Austerlitz 
arma  ea  Angleterre  dans  les  derniers  jours  de  décembre ,  lorsqu'on 
sot  le  traité  de  Fresbourg ,  la  séparation  de  l'Antriche .  la  mort  fit  des 
ravages  rapides  dans  cette  conscience  exaltée  ;  la  tète  de  M.  Pitt  devint 
brAbote,  la  fièvre  s'empara  de  lui,  et  ses  médecins  annoncèrent  qu'il 
n'afrait  plus  que  quelques  jours  h  vivre. 

Le  parlement  s'ouvrit  néanmoins,  et  le  cabinet  que  présidait 
M.  Pitt  rédigea  par  un  vote  unanime,  selon  l'habitude,  le  discours 
qne  la  couronne  adressait  k  ses  fidèles  communes.  L'esprit  de  Pitt 
domina  une  dernière  fob  c«  document  remarquable  :  il  se  félicitait , 
avec  son  pays ,  des  triomphes  obtenus  par  la  glorieuse  marine  britan- 
ntqne  ;  le  ministre  h  son  lit  de  mort  dictait ,  comme  testament  poli< 
lîqae,  de  nobles  phrases  pour  sa  patrie  et  son  pavillon.  Les  dernières 
paroles  de  M.  Pitt  furent  l'éloge  de  Neison ,  qui  tombait  au  pied  du 
gnad  m&t  envelo^  du  drapeau  national.  Le  discours  annonçait  : 
■  que  à  les  malheurs  de  la  guerre  avaient  détaché  l'empereur  d'Au- 
triche de  l'alliance  générale  contractée  par  le  continent,  l'empereur 
de  Bustie  restait  fidèle  aux  traités ,  et  qu'il  remplirait  jusqu'au  bout 
les  conditions  stipulées  '  ;  »  cette  parole  disait  assez  que  tout  n'était 
pas  perdu  pour  la  cause  commune  ;  la  Russie  restait  l'intime  alliée  de 

'  iNfcottr*  du  lord*  «MinuifatrM  aua  dtux  ehambru  du  parlement, 
I<21j<»Di*rl806. 

«  HOords  «  messieurs, 
•  La  eoimiiission  munie  du  grand  sceau  qui  nous  a  été  délivré  psr  sa  majesU 
aont  antoiiM,  entre  autres  choses,  i  faire  ccmnatire  les  motifs  de  celte  râuEion  d^ 
ptttoueul.  S»  majesté  nous  ■  partindtèRment  chargés  d'appehr  votre  ntteniien  sur 


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60  l'eciope  APtiÈa  la  bataille  d'acsteblitz. 

l'Angleterre ,  et  le  ministre  s'eo  félicitait  comme  d'un  immense  avait' 
tagc  pour  sa  Gère  patrie. 

La  mort  arrivait  pourtant  implacable  pour  M.  Pitt,  ravageant 
d'une  manière  rapide,  inouïe ,  les  dernières  Torccs  de  cette  existence; 
il  mourut  le  23  janvier  1806 ,  en  prononçant  quelques  mots  enthou- 
siastes pour  le  bonheur  et  la  force  de  Ba  nation  ;  homme  d'Etat  pro- 
fondément anglais ,  il  avait  compris  que  le  principe  conquérant  de  la 
révolution  française  était  un  obstacle  au  développement  de  la  puift- 

Ics  mccès  lea  plut  déciaib  doat  !■  Providence  i  d4igné  Haïr  M»  innies  de  dmc 
depuis  la  dmiière  bmhod  du  parienient. 

»  Les  Houes  de  sa  majesté  ont  Tail  voir  loute  leur  acliiité  El  toute  leur  penévé- 
rance  dans  la  poursuite  et  dans  l'aliaquc  des  différentes  escadres  de  l'enuemi  ;  les 
résultats  de  ehiquc  combat  ont  été  honorables  pour  le  pavillon  britannique,  et  ont 
affaibli  la  puissance  maritime  des  États  avec  lesquels  m  majesté  est  en  guerre. 
Vais  la  victoire  remportée  deviuE  Trafalgar  sur  la  flotte  combinée  de  France  «t 
d'Espagne,  amanireslé,  plus  que  tous  les  eiploils  recueillis  dsns  les  annales  ratmes 
de  la  marine  anglaise,  l'habileté  et  le  courage  des  officiers  et  malclats  de  sa  majesté; 
M  la  destruction  d'uue  partie  aussi  considérable  des  forces  navales  de  l'ennemi,  a 
non-seulement  confirmé  de  la  manière  la  plus  ^gnalÉe  ta  supcriorité  maritime  de 
te  pajs,  mais  elle  a  de  plus  contribuée  esseDiiellemeot  k  la  sAreié  des  damaines  de 
sa  majesté, 

B  S»  majesté  est  profondément  affectée  que  le  jour  d'un  triomphe  au^i  mémo- 
rable ait  élé  malheureusement  obscurci  par  la  perle  d'un  héros.  Elle  est  persuadée 
que  vous  sentirez  que  celte  Du  déplorable,  mais  glorieuse,  d'une  vie  que  tant  d'ei- 
plojts  rendent  remarquable,  ciige  que  la  reconnaissance  de  ce  pays  soit  manifeetâe 
d'une  manière  aussi  durable  que  disiinguée,  Elle  espère  donc  que  vous  concourrez 
i  mettre  sa  majesté  en  mesure  d'ajouter  aui  honneurs  qu'elle  a  conférés  k  la  famille 
du  tea  lord  vicomte  Nelson,  des  marques  de  la  muniScence  nationale,  qui  transmet- 
tront jusqu'à  la  postérité  la  plus  reculée  la  mémoire  de  son  nom  et  de  ses  senicea, 
et  le  bienfait  de  son  eiemplc. 

»  Sa  majesté  nous  a  de  plus  chargés  de  vous  faire  connatire  que,  pendant  que  la 
•upériorlté  de  ses  forces  mariilroeB  s'est  ainsi  établie  et  maintenue,  sa  majesté  a 
trouvé  le  moyen  de  placer  les  fonds  qui  avaient  élé  mis  si  libéralement  i  sa  dispo- 
sition pour  secourir  celles  des  puissances  du  continent  qui  se  montraient  déter- 
minées à  résister  aui  empiétements  formidables  et  lonjours  croissants  de  la  France. 
Sa  majesté  a  ordonné  que  les  divera  traités  conclus  k  ce  sujet  fussent  mis  sous  vos 
yeux;  et  quoiqu'elle  ne  puisse  que  déplorer  profondément  les  évéoemenis  de  la 
fuerre  d'Allemagne,  événements  qui  ont  trompé  ion  espérance  et  conduit  i  tu 
résultat  défavorable,  elle  est  persuadée  qu'après  avoir  pris  connaissance  de  ses  diffé- 
rentes démarches,  vous  penserei  que  rien  n'a  été  négligé  de  sa  part  pour  soutenir 
les  efforts  de  ses  alliés,  et  qu'elle  s'est  conduite  conformément  ani  principes  déclarés 
par  elle  et  reconnus  par  le  parlement  comme  essentiels  aux  intérêts  et  à  la  sécurité  de 
ses  domaines,  ainsi  qu'i  la  sûreté  du  continent. 

>  Il  est  un  grand  motlfde  consolation  pour  sa  majesté,  et  elle  est  persuadée  que 
vous  j  prendrez  part  :  quoique  l'empereur  d'Allemagne  ait  été  forcé  d'abandonner 
la  coalition,  m  m^esté  continue  à  recevoir  de  son  auguite  sllié  l'empenur  de  Hussie 


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L'BDBOPB   APBfiS   LA  BATAnXB  d'aUSTBBLIR.  6t 

aonce  biitannique  ;  il  avait  deviné  toute  l'énergie  que  ce  grand  mou- 
vement imprimait  à  la  France,  depuis  le  comité  de  salut  public 
jusqu'il  la  moDarehie  militaire  de  Napoléon,  pouvoirs  identiques 
igaîemwt  constitués  pour  le  développement  des  forces  nationales. 
put  marqua  son  système  de  deux  caractères  distincts  :  dans  la  pre- 
mière période,  il  entreprend  l'œuvre  d'une  restauration  de  dynastie^ 
il  pa»e  que  le  rétablissement  de  la  maison  de  Bourbon  ,  en  face  du 
principe  révolutionnaire  vivace  et  puissant,  doit  placer,  pendant 
quelques  années,  la  France  dans  une  situation  délicate  qui  ne  la  rendra 
pas  redoutable  à  l'Angleterre. 

Dans  la  seconde  période ,  l'idée  de  restauration  est  abandonnée  ,. 
il  ue  ^agit  plus  que  de  la  a^Miilé,  c'est-à-dire  du  développement 
d'an  système  qui  empëcbe  les  envahissements  et  la  prépondérance 
absolue  de  la  France  :  progrès  habile  qui  plaçait  le  ministère  dtt 
M.  Pitt  sur  un  excellent  terrain.  L'Angleterre  ne  comprenait  pu 
l'idée  d'une  croisade  dans  laquelle  on  sacrifierait  des  millions  eu 
subsides  pour  le  rétablissement  d'une  dynastie;  au  contraire,  le  pays 
soutiendrait  avec  énergie  un  système  qui  aurait  pour  base  la  sécurité 
des  intérêts  politiques  et  commerciaux.  C'est  en  vertu  de  ce  principe 
que  IHtt  agit  après  la  rupture  du  traité  d'Amiens  ;  i  l'aide  de  ce 
levier ,  il  remue  le  monde  ;  l'Europe  ^arme ,  parce  qu'elle  est 
menacée  ;  le  parlement  vote  les  subsides ,  parce  qu'il  sait  bien  que  le 
salut  de  l'An^eterrc  est  compromis  ;  l'art  habile  des  hommes  d'État 
de  la  Grande-Bretagne  fut  &  toutes  les  époques  de  prendre  un  mot  qui 
devient  le  symbole  et  la  cause  d'un  grand  remuement  dans  la  vie  des 
nations.  Pitt  arbora  sur  son  drapeau  le  mot  magique  de  sécurité , 
comme  M.  Canning,  plus  tard,  celui  de  liberté  et  d'affranchissement^ 
et  c'est  à  l'aide  de  cette  définition  que  les  ministres  anglais  conduisent 
leur  pays  dans  les  voies  inûnies  d'un  système  d'agrandissement  et  de 
conquête  ;  ils  font  illusion  aux  gouvernements  et  aux  peuples  pour  le: 
profit  de  leur  politique  nationale. 

La  mort  de  Pitt  laissait  un  vide  profond  dans  le  cabinet  dont  il  était 
te  chef;  aucun  de  ses  membres  n'était  capable  de  le  remplacer;  il 
s'était  créé  dictateur  dans  son  système  ,  et  après  lui  ses  amis  dén- 
ies t^os  fortes  ■Munnces  de  son  atlachemnit  i  cctu  politique  Mgo  et  généreuse. 
dont  les  principes  l'ont  guidé  jusqu'i  piésenl.  Sa  majesté  ne  doute  pas  que  vau& 
M  Hcbiu  apprécier  les  avinlages  importants  qui  résulteol  de  la  durée  de  nos  relB~ 


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6â  Lennon  APmfis  i-a  vatuixb  s'ahsivuitz. 

nèrent  tear  démission;  crise  nooTelIe  poar  l'ADgleterre,  qae  œtle 
oécfiSHté  de  composer  ud  cabinet  dans  les  circonstances  ditSciles  où 
se  trooTBit  l'Eorope.  Quand  H-  Fift  awit  la-is  la  dtrectioD  des  aflWre», 
00  avait  va  noment  songé  à  <n  catnneXde  «oalition  oi  devaient  ae 
réaairtoetes  les  nuances,  et  M.  Fox  (Qi^ttèMe.  M.  Fitt  avait  rejeté 
cette  idée  de  faan«  comme  incoropatlMe  avec  une  sEtnatron  aoasi 
dessinée ,  ausri  éoei^iqae  ;  dans  les  crises  Tunité  est  indispensable,  et 
la  dictature  te  premier  soin  d'un  ponvotr;  il  avait  vonln  porter  à 
loi  seol  la  responsabilité  de  son  système ,  responsabitité  fatale  ^ 
car  il  l'avait  payée  de  sa  vie ,  la  bataille  d'Austeriitz  l'avait  frappé  en 

Après  M.  Fitt,  cette  idée  d'un  ministère  de  coalition  fut  encore 
reproduite  ;  vm  crut  qœ  dans  des  circonstances  aussi  redoutables 
chaque  parti  devait  le  sacriice  de  quelqnes-ones  de  ses  convictions  au 
s^t  ée  l'AngletefTe ,  et  que  les  whigs  de  H.  Fox  devaient  serrer  la 
maia  au  parti  Grenvitte  et  ans  amis  de  IH.  Pitt,  de  teHe  manière  qu'il 
n*y  eût  phis  dans  le  parlement  <]Q'nn  seul  voen ,  qn'une  seule  pensée  : 
le  triomphe  île  la  patrie  dans  la  paix  oa  dans  la  guerre.  Ce  Tut  donc 
un  miDiEtère  écbiqoeté  que  le  roi  coraentit  à  fwmer  ;  lord  Grenville 
remplaça  M.  Pitt  dam  la  ^Or^  de  premier  lord  de  la  trésorerie;  FoK 
Ini-méme,  le  wfaig  redoutable ,  l'orateor  si  puissant  d'opposition , 
prit  une  part  active  i  oe  minislère ,  et  remplaça  au  foreign  office  * 
lord  Miflgrave.  Le  fa^le  Addington,  le  signataire  de  la  p«x  d'Amiens, 

>  Le  S  fénier  1806,  Im  nwivcllcs  nnnimtioiM  fareDl  bIdiI  mmmcbu  :  a  Lm 
lords  Havlfubury,  UulgraTe,  WestmoTeland,  Camden  ei  Caatlereagh  oot  donné 
hier,  i  s*  majesté,  la  dimissioD  de  leurs  emplois.  Ensuite  ont  été  présentés  ï  S.  H. 
In  lords  Vofra,  Spencer, 'GrenTOle,  Etlenboroiigfa,  Sidmonlb,  Aaeklard,  fiarklng^ 
hmahire,  U.  Foi,  H.  erey,  lord  Heori  Peity,  M.  WiDdtMm,  lord  Wmo  <t 
M.  Vansiiurt.  Lord  EUenbotough  a  résigné  les  smaui  de  l'échiquier ,  qu'il  mît 
lenusdepuls  la  mort  de  H.  Pill,  et  ils  onlété remis  ilordBeori  Pcttf .  Les  sceani  ont 
pareflloDKD't  été  rtmlfl  au  eofnie  Spencer  et  i  A.  Windham ,  eonnne  Bccrélatrea 
d'État,  el  le  sceau  privé  i  lord  Sidraouih.  SosiRte  ks  doutbmi  miolstrts  oK  étf 
ftdmîs  à  baiser  la  maia  du  roi,  dans  l'ordre  suivuit  : 

n  Le  comte  Spencer  el  M.  Windham,  secrétaires  d'Étal;  M.  G rej,  premier  lord 
de  l'emlraulé  ;  lord  Henri  ¥e(ty,  chancelier  de  l'échiquier  ;  lord  Sidmouth,  garda 
du  iceau  privé. 

>  Les  membres  suivants  seront  admis  à  baiser  la  main  du  roi  demain  :  H  Erskinc, 
lord  chancelier  i  lord  Grenville,  premier  lord  de  la  trésorerie  ;  M.  Foi,  secréiair* 
pour  le  département  des  affaires  étrangères;  le  comte  Hoire,  grand  maître  del'ar- 
Illleric  ;  le  comte  Fili- William ,  qui  est  à  piésent  A  la  campagne,  baisera  la  maiii, 
comme  président  du  conseil,  un  des  jours  de  la  seniDiae  prochaine,  a 


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L'EUHOFE  APBÉS   la  BATAnXB   D'ACSTESLnZ.  63 

derentt  lord  SidmoBth ,  eut  le  kcbo  privé  ;  Windham ,  l'ami  lélè  de 
I^tt ,  eut  ta  direction  de  la  guerre  comme  dans  les  jours  les  plus 
Mdeats  de  ta  hrtte  coutre  la  France  ;  les  vhigs  entrèrent  en  masse 
itans  celte  adntnistrstion.  Lord  Gre;  eut  Tamiranté ,  et  Erskine ,  ta 
TÎgoareax  avocat  de  l'indépendance ,  Tinterprète  éloqnent  et  profond 
de  ta  loi ,  devint  lord  chancdiCT. 

Ainal  fut  le  nouveao  cabinet  ;  n  y  watt  des  hommes  persomielle- 
ment  forts  dans  ce  nrinistère ,  d  tons  avaient  une  valeur  individuelle, 
ane  poaltioB  an  parlement.  Ffrx  était  un  orateur  do  premier  ordre, 
intelligence  avancée ,  un  des  hommes  qui  comprenaient  le  mieux  les 
qaesHoiH  politiques  dans  un  sens  large;  Erskine,  avec  le  don  de  la 
parole  va  pins  lurat  degré,  avait  acquis ,  par  la  science ,  un  incontes- 
table escendaDt  sur  les  cours  de  justice  ;  le  comte  Grey  avait  la  con- 
doite  pcAKique  de  Topinion  vhtg.  Mats  la  faiblesse  de  ce  ministère 
résultait  précisément  de  ce  que  des  hommes  d'intelligence  et  de  partis 
fivera  «  troavaient  dans  la  direction  d'une  même  pensée  :  que  résul- 
leniït-4I  de  ce  tiraillement  au  sdn  même  du  pouvoir?  Un  décoosa, 
■ne  faîMeve  extrême.  Napoléon  pootait-il  désirer  autre  chose  que  cet 
■ffaiasGnMnt  dans  Fénergie  britannique?  Il  avait  va  avec  une  indi- 
ciMe  joie  ta  mort  de  Pïtt.  Fox  était  pour  Napoléon  l'idée  augtaise  dans 
ses  rapports  avec  ta  France,  et  servant  son  système;  lois  de  la  paix 
d'Amiens ,  il  avait  échangé ,  avec  le  chef  de  Topposition ,  ses  pensées 
et  ses  sentiments  ;  il  espéraK  exercer  sur  le  noaveau  chef  les  affaire» 
étraogiRB  le  même  prestige  que  sur  quelques  hommes  importants  des 
cabiaels  eaKq>éeM. 

Napoléon  se  tronpa  ;  fesprit  de  nationalité  si  puissant  en  Angle- 
terre, ta  patriotiaBe  que  Fox ,  devenu  ministre ,  ne  pomait  abdiqu«-, 
ta  iMtible  popotarité  do  système  de  M.  Pitt,  tout  ceh  formait  des 
obstacles  ;  nal  n'aurait  pu  suivre  une  autre  ligne.  Fox  devait,  par  la 
force  des  choses,  vivre  des  éléments  de  la  politique  précédente  ;  ta 
nation  anglaise  ta  voulait  ainsi  poar  se  sauver  et  grandir  ;  elta  avait  i 
défendre  son  bonnettr  et  sa  puissance ,  et  ce  fut  on  curieux  spectacle 
de  voir  une  administration  où  les  vhigs  dominaient ,  tout  en  aflai- 
blisHBt,  par  leur  décousu,  ta  pensée  de  Pitt  * ,  suivre  néanmoins  le 

■  La  popolarilé  de  M.  Mt  ivrit  nirféni  i  n  tnorl  ;  ane  lettre  de  L<nidRs  disait  : 

<  OndUqitelainotiMdeX.  LMcelles  doit  arolT pour  objet  de Totentnesomtne 

4cM,e00KT.  Bierl.  pont  iNjer  hs  dettes  de  H.  Piti.  II  itsit,  caitine  premter  lord 

de  la  tféâorerie,  B,000  Uv.sterl.  par  an,  et,  comme  chanceUcr  de  récMquier,  1,S0011t. 


D,„l,z.dbyG00glC 


61  l'bDBOPB   APBËS   la   BATAIIXB   d'ACSTEBLiTZ. 

même  système  de  politique  extérieure  &  l'égard  de  ta  Fronce ,  et  Fox 
readre  ainsi  hommage  à  la  pensée  de  son  illustre  prédécesseur  ;  cela 
se  voit  souvent  dans  la  vie  des  partis  et  des  pouvoirs.  Les  négociations 
qui  furent  essayées  k  Paris ,  corame  doub  le  dirons  plus  tard ,  par  les 
lords  Yarmouth  et  Lauderdale,  ne  Tureat  de  part  et  d'autre  qu'un 
jeu  ;  Fox  ne  pouvait  pas  vouloir  la  paix  aux  conditions  proposées 
par  Bonaparte  ;  c'est  en  vain  qu'on  essayait  de  renouer  les  négocia- 
tions d'Amiens  ;  par  la  force  des  choses  le  chef  du  cabinet  whig 
fut  obligé  d'entrer  dans  la  lutte  européwne  contre  le  gigantesque 
empire  français. 

Ce  fut  à  l'occasion  de  la  Prusse  surtout  que  cette  obligation  impé- 
rative  se  fit  sentir  ;  Fox  ne  manqua  point  ici  à  sa  mission  de  ministre 
d'Angleterre  ;  seulement  les  whigs ,  comme  toujours ,  apportèrent 
leur  décousu ,  leur  inconsistance  ;  ils  ne  savaient  pas  imprimer  à 
l'Europe  cet  énergique  mouvement  que  Pitt  avait  partout  donné.  La 
Prusse  se  trouvait  plus  spécialement  affectée  par  la  situation  aouvdle 
des  affaires  ;  ou  se  rappelle  que  le  comte  de  Haugwitz ,  arrivant  an 
quartier  général  de  Napoléon  après  la  glorieuse  victoire  d'AusterlitE, 
s'était  laissé  dominer  à  ce  point,  par  la  parole  de  l'empereur,  qu'il 
Avait  «gné  un  traité  avec  M.  de  Talleyrand,  sur  des  bases  tout  &  fait 
hostiles  à  l'Angleterre.  Le  résultat  de  ce  traité  était  qu'au  moyeu  de 
certaines  cessions  en  Allemagne  (le  duché  de  Glèves,  Neufchfttel,  les 
pays  d'Anspach  et  de  Bareuth  )  la  Prusse  devait  prendre  possession  du 
Hanovre  au  préjudice  de  la  maison  régnante  en  Angleterre ,  chose 
ÎDOUÏeaprësavoirreçulessubsidesdeM.Pitt.  M.  de  Haugwitz  partit 
pour  Berlin  avec  ce  traité  qui  blessait  d'une  manière  si  étrange  les 
engagements  pris  envers  l'Angleterre  ;  deux  idées  dominaient  toujours 
la  cour  de  Berlin  :  l'une  formulée  par  M.  deHardeoberg,  le  ministre 

La  dépense  d'un  pranler  ministre  ne  peut  élre  moindra  que  10,000  liv.  sterl., 
mtme  «tcc  de  IVcnnomie. 

B  H.  Pitt  a  étéaz  ans  ministre,  en  trois  époques  différentes.  Son  désinléressemmt 
CODDU,  et  son  habileté  à  saisir  le  jeu  oïlriordinaire  de  nos  finance;,  l'ont  soutenu 
contre  les  clameurs  de  l'opposition,  et  mime  contre  le  goAt  particulier  du  roi,  qui 
avait  pour  M  une  espèce  d'aversion.  Aussi,  quoiqu'il  soit  de  bonne  politique  àe 
dire  que  le  roi  a  montré  beaucoup  de  douleur  en  apprenant  la  mort  de  H.  Pitt,  on 
croit  généralement  t  ces  mois  qui,  dit-on,  sont  écbsppéa  du  premier  mouvement 
i  S.  M.  :  «  On  ne  me  forcera  plus  k  le  prendre  pour  ministre.  »  Cette  aver^oi)  des 
TOis  faibles  pour  ceui  qui  défendent  et  eiercent  leur  pouvoir,  n'est  pas  sans  eiunple 
dans  l'histoire ,  et  doit  se  rencontrer  plus  souvrat  en  Angleterre  que  partant 
itUleuTS,  a 


DiciilizedbyGOOgle 


i.*Eint0PB  APBis  lA  BATAnxB  d'austbbutz.  65 

BatiODsl  de  la  Prusse ,  la  tète  éminente  et  patriotique  ;  l'autre 
exprimée  par  le  comte  de  Haugwitz  dont  j'ai  tant  parlé  et  si  profon- 
dément dévoué  aux  intérêts  de  là  France  ;  or ,  pendant  que  le  comte 
de  Haagwitz  signait  an  quartier  général  de  Napoléon  un  traité  qui 
Uessait  k  nn  d^ré  si  fatal  les  intérêts  de  l'Angleterre ,  M.  de  Harden- 
bei^ ,  fidèle  à  l'alliance  * ,  échangeait  une  suite  de  notes  avec  lord 
Htrro'ffbj'  sur  les  questions  graves  que  venait  de  soulever  la  triste 
issue  de  la  bataille  d'Austerltlz. 

■  Bépicha  du  baron  de  Hardeaierg  d  lord  Harrowby,  23  déeembra  I80S. 
«  Hilord,  taaforniémeDt  i  Ib  réponse  que  j'ai  déjk  eu  l'honneur  de  hire  parvenir 
à  T.  E.  SUT  la  qaesiion  que  vous  m'siiet  adressée  TclaiiTemeDt  à  la  aécurité  des 
Iroopes  de  S.  1[.  britannique  dans  le  nord  de  rAlltma{;ne,  je  m'erapresse  de  mettre 
MHS  Tos  jcui  les  assurances  posiliies  (pie  j'ai  le  plaisir  de  pouToir  vous  commn- 
Diquer.  Votre  eieelleuce  rsl  icistruile  de  l'èUt  aclue)  des  aSaires,  Vous  apereeTrea 
d'abord  qu'au  point  oix  les  chos(?s  en  sont  venues,  depuis  la  malheureuse  bataillv 
d'AusIerlili  entre  l'Autriche  el  la  France,  le  retour  de  la  grande  armée  russe  el  l'in- 
certitude totale  dans  laquelle  nous  sommes  des  intentions  de  Napoléon  envers  li 
Prusse,  nécessitent  absolument  de  uolce  part  la  plus  grande  prudence  ;  l'armée  ï» 
plus  brave  ne  peut  pas  toujours  compter  sur  des  succès ,  et  il  est  incontestablement 
de  l'intérêt  de  la  Prusse  et  de  celui  du  monilc  d'empêcher  qu'elle  ne  soit  attaquée 
daas  le  moment  sctud,  où  elle  aurait  h  perler  tout  le  poids  de  la  guerre.  II  n'a  été 
(ait  auciwe  conrédéralioD  adaptée  «ui  circonstances ,  et  dans  le  cas  où  nos  arméei 
seraient  malheureuses,  le  dernier  rayon  d'espoir  pour  le  maintien  de  la  sécurité  et  da 
find^ndaDce  du  continent  serait  éteint.  Le  roi,  constamment  animé  du  méma 
désir  d'établir  une  paii  générale  sur  un  pied  permanent,  et,  s'il  est  possible,  à  la  sa- 
ibfaction  de  toutes  les  parties,  a  dd  conséqnemment  désirer  avec  ardeur  que  sa  mé- 
diation, stipulée  par  la  convention  signée  le  3  novembre  à  Potsdam,  Tùt  acceptée  par 
b  France.  Dans  une  entrevue  que  le  comte  de  Hatigwilz  eut  avec  Napoléon  le  S  no- 
Taobre,  ce  monariiuemanireaia  des  dispositions  A  accepter  cette  médiation  aux  deux 
conditions  suivantes  :  1°  que,  pendant  ta  n^ociatîon,  aucunes  troupes  de  S.  H.  bri- 
tannique, aucuns  Russes  el  Suédois,  ne  s'axanccTaient  en  Hollande  pour  j  com- 
ffieicn  des  opérations  militaires  nprès  leur  départ  du  nord  de  l'Allemagne  ;  S»  qu'il 
sérail  accordô  nn  arrondissement  plus  étendu  à  la  forteresse  de  Hamelo,  afin  de  faire 
eeaser  la  détresse  de  provisions  où  doit  être  la  garnison.  Le  roi  ne  pouvait  pas 
accepter  ces  proportions  dans  les  circonstances  du  moment  où  elles  étaient  bltes  ; 
mais  ces  circonstances  ont  totalement  changé,  et,  dans  la  conjoncture  actuelle,  S.M. 
les  a  jugées  non-seulement  admissibles  (à  condition  que  l'empereur  Napoléon  s'en- 
gagera de  son  c6lé  i  n'envoyer  aucunes  troupes  dans  le  nord  de  l'Allemagne  aussi 
longtemps  que  dureront  les  négociations ,  el  qu'il  n'entreprendra  rien  dans  l'inter- 
Tatla  contre  le  pafs  de  Hanovre),  mais  elle  lésa  même  jugées  favorables,  puisque 
l'on  gagnera  ainsi  du  temps  pour  prendre  des  mesures  plus  réfléchies ,  el  pour  se 
préparer  i  tous  les  événements,  soit  dans  le  cas  où  la  guerre  éclaterait,  on  que  cet 
iniennédiaiTe  des  choses  mènerait  i  une  négociation  définitive.  Afin  qu'il  ne  fût  pas 
perdu  de  temps,  S.  M.  a  envoyé  le  major  Von  Pfuhl  an  quartier  général  frantaïs  pour 
qne  cet  arrangement  soit  effectué.  Le  comte  de  Hougiritz  a  reçu  en  même  temps  les 
instructtODs  nécessaires,  sous  la  date  du  19  de  re  mois,  et  le  roi  a  signifie  &  In  France 


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66  l'eukope  ATKis  la.  uTutut  D'Acsntuin. 

Lord  Harrowbf  avait  deniaodé  plusieurs  explications  sa  cabinet 
de  BerliD ,  sur  la  sécurité  des  troupes  britaoniques  au  uord  de  l'AUe- 
loagne.  Le  baron  de  Hardenberg  répondit  a  i^e  la  utuatioa  de  la 
Prusse  exigeait  une  extrême  prudence  ;  seule  elle  ite  pouvait  Bup> 
porter  le  poids  de  la  guerre  ;  »  elle  se  hasardait  à  une  campagne ,  les 
revers  auxquels  elle  s'exposerait  pourraieat  porter  atteinte  à  l'indé- 
peudauce  du  continent  dont  elle  était  le  deruier  espoir.  »  Le  nûiûstre 
insistait  donc  pour  ne  rien  faire  à  l'étourdie  ;  le  roi  de  Prusse  ayant 

qn'il  regardera  l'occupation  du  HanoTre  par  les  troupes  francaisea  eomme  an  acte 
d'bMtiliié.  D'après  ce  que  je  vieos  d'énoncer,  S.  M.  m'a  aulorlaé  i  ioforoier  T.  E., 
coiiforiD^ealaui.as$ursDces  qu'elle  a  d^à  données,  que  daoa  U  cas  où  les  tooupes 
de  S.  M.  britannique  et  les  Busses  épTouveraJeot  des  revers,  elle  garantit  la  sécurilc 
des  troupes  de  5.  H.  B.  dans  le  Hanovre,  el  leur  accorde  pleine  et  entière  liberté, 
«a  cas  de  besoin,  de  sa  replier  sur  l'armée  pruuieiiDe  et  dans  les  États  du  roi,  mais 
avec  les  modifications  suivantes  que  les  circanstances  rendent  nécessaires  :  1°  qu'allée 
prendront  leurs  positions  en  ariiéic  des  troupes  prussienuea,  et  qu'elles  s'absUen- 
droDt,  pendant  le  temps  de  la  négociation  intermcdiaire,  de  tous  mouvements  et 
démarcbes  contre  U  Hollande  d'une  nature  provoquautej  2°  qu'en  cas  que  le^ 
troupes  prussiennes  soient  attaquées  par  les  Français,  8.  M.  compte  avec  one  par- 
faite conliance  sut  l'appui  et  la  coopérationdei  troupes  britanniques,  aussi  longten^ 
qu'elles  resteront  dans  le  nord  de  l'Allemagne.  S.  M.  a  donné  des  ordres  pour  faire 
avancer  un  corps  respectable  de  troupes  dans  la  Westpbalie,  et  elle  prendra  toutas 
les  mesures  de  âAreté  et  de  dérense  nécessaires.  Lestroupes  russes  sous  les  ordres  du 
général  Tolslo;  sont  déjà  k  la  disposition  entière  de  S.  MÙ  (l'emperaui  Alexaudre 
l'afant  pleinement  autorisée  K  disposer  d'elles  selon  son  bon  plaisir,  ainsi  que  de 
celles  qui  sont  en  Silésie  sous  le  général  Bennigsen}.  C'est  pourquoi  je  prie  T.  E. 
4'écrire  atissiiét  que  poasible  4  lord  Catbcart,  commandant  en  chef  dea  troupes 
de  S.  H.  B.,  et  de  l'engager  h  prendre  sans  délai  les  mesures  nécessaires  pour  rem- 
pUrces  diSrrents  objets,  et  particulièrement  de  se  rendre  i  rintiiatiou  que  lui  fera, 
par  ordre  du  roi,  le  comte  de  Kalkieuth,  de  se  concerter  avec  lui  personntUeroenl  el 
«veGlecomLedeTolsto;f  sur  les  positions  que  les  troupes  de  S.  H.  B.,  les  Busses  et 
les  Ftussiena  auront  à  prendre  en  conséquence  des  artangctneuts  ci-dessus  meD~ 
tioBoés.  Comme  les  troupes  suédoises  se  trouvent  dans  le  même  cas  que  les  troupes 
de  S.  M.  B.,  et  les  Russes,  il  serait  eiliémemeot  à  désirer  qu'on  put  engager  S.  H. 
suédoise  à  se  conrornier  à  cet  arrangement.  J'espère  qu'i  cet  effet  T.  E.  agita  de 
eoDcert  avec  le  prince  Dolgorouski,  que  S.  H.  I.  de  toutes  les  Russies  a  clu/gé  de 
tout  ce  qui  est  relatif  i  la  destination  de  l'armée  russe.  Dans  le  cas  ob  S.  U.  suédoise 
abandonnerait  le  commandement  de  ses  troupes  au  général  Tolstoy,  le  roi  est  ftli  à 
lui  donner  la  même  garantie  qu'il  offre  aui  troupes  de  S.  H.  B.  pendant  qu'elles 
resteront  dans  le  nord  de  l'Allemagne.  3°  Â.  l'égard  |de  l'approvisionnement  de  k 
forteresse  de  Hamein ,  ou  pense  que  la  concession  d'un  certain  arrondisBemeu  dont 
la  garnison  pourrait  Urer  des  provisions  serait  suivie  de  grands  inconvinienU,  aoït 
par  rapport  aui  sujets  de  S.  H.  B.,  soit  k  cause  des  collisions  qui  pourraioit  S'en- 
suivre entre  les  troupes  ;  c'est  pourquoi  il  parait  préférabls  de  iiourvoit  aui  besoins 
de  celte  garnison  par  le  canal  d'une  personne  intermédiaire  t  qui  le  général  Barïiou 
oiTerrait  un  état  de  ce  qu'il  lui  faudrait  pMU  u  consommatloa  jouualiète,  ^e  le 


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i.'BeM)MI  AVaËS  LA.  BATAILLE   b'ADSTBBUTC.  «7 

thiré  se  po§er  cxmaie  laédiateur ,  Le  baron  de  Harâeo1»erg  perslstatt 
i  se  mÙBteDir  dans  c«8  m&ioes  cooditions  ;  le  nord  de  rAllemagae  ne 
.leeevrait  oi  troepes  asg^aises  ni  troupes  françaïBes;  peint  de  com- 
.mHkcemeat  d'hostilités;  l'occupation  du  Hanovre  par  les  Français 
senit  OD  acte  qui  déciderait  la  Prusse  à  prendre  imniédiatemeot  les 
vmes;  si  l'armée  anglaise  ^Kttnverait  des  revefs,  elle  pourrait  se 
relier  sur  les  corps  prussiens ,  à  condition  que  ces  troupes  se  place- 
nirot  sur  les  derrières  où  ellea  seraient  protégées;  si  les  PrussiMB 
étaient  attaqués  par  les  Français,  les  Ang^ws  les  aoutieudraient  ;  les 
Busses  sous  les  ordres  du  général  Tolstoy  seconderaient  l'armée  profr- 
sienne;  il  en  serait  de  mtoie  du  géoénd  Benoigaen  se  déployant  es 
■SUésie;  IcB  Suédois  doraient  se  conformer  à  ces  arrangements.  » 
Tout  cela  était  destiné  à  faire  admettre  la  médiation  delà  Prusse  daae 
BB  arnwgranent  eun^téee. 

On  voit,  dans  cette  cote,  que  le  baron  de  Bardenberg  se  préparait  èi 
une  politique  prépondérante  et  au  besoiftarmée  ;  la  défection  de  l'Au- 
triche, par  suite  du  traité  de  Presbourg,  ne  l'arrêtait  pas  ;  c'était  un 
ktGÎdeDt  fftcbeuK,  mais  bob  décisif,  le  miaiitre  prenait  des  engage- 
meots  formels  avec  l'Angleterre  ;  décidé  à  se  mesurer  même  avec  les 
Wnaçâs  si  la  neutralité  du  nord  de  l'Allemagne  n'était  pas  respectée, 
il  recevait  des  subsides  de  l'An^terre  ;  et  penduit  que  des  promesses 

ministre  kaDovrien  aurait  Màn  de  lui  faire  délivrer  aui  endroits  qui  seraient  Biés  pour 
«et  objet,  Uais  de  son  cAté  Je  général  Barbou  devra  s'engager  à  resier  tranquille  dans 
la  tîUe  de  Hameln.  D'après  ces  idées,  le  roi  a  euToyé  k  Hanovre  H.  de  Krusemark , 
lieaicnant-ealoBd  des  garde»  du  corps  et  adjudaDt-géoéral  du  feld- maréchal  UoUan- 
dattt.  Jelai  ai  donné  de  mon  cdli  un*  lettre  pour  le  miniatie  de  S.  U-  B.  à  Hanovre, 
et  nue  autre  pour  le  génctal  fisrbou,  afin  qu'on  puisse  prendre  et  mettre  i  eiécution 
sans  délai  tes  scrangcraents  nécessaires  pour  qu'il  soit  pourvu  sur-le-clianip  k  la  sub' 
■istaace  de  la  garnison  de  Hameln,  il  ne  me  reite  plus,  milord ,  qu'i  me  réTérer  k  la 
c«Miinunieation  vertMla  que  j'ai  eu  l'honneur  de  voua  faire,  st  à  voua  prier  de  prendre 
«d  général  les  mesures  que  tous  croirez  convenable»  pour  mettre  1  eiécution  l'en- 
Mmble  des  arrangemeols  que  j'ai  eu  l'honneuT  de  vous  soumettre.  Je  vous  prie 
d'avoir  la  bonté  d'informer  le  commandant  en  chef  des  troupes  de  8.  M.  B,,  que  te 
B'ed  que  dans  le  cas  qu'U  jugcta  à  propos  d'aocMer  à  eat  •rrangemeot  et  d'adopter 
les  mesures  qui  dépendront  de  lui  pour  le  mettre  i  exécution,  que  S.  M.  prussienne 
penira  s'engager  à  garantir  la  sécurité  des  troupes  de  S.  M.  B.  en  cas  d'attaque  de  la 
part  des  Français  ;  il  sera  pourtant  nécessaire  que  la  direction  de  tout  alwutlsse  k  un 
slme  centre,  et  il  paratt  naturel  de  confier  le  cammandement  en  chef  i  celui  qui 
Mrait  le  plus  ancien  en  grade.  Le  conmandemaat  serait  conséquemmenl  dévolu  au 
général  comte  de  Kalkrenth,  tant  par  h  raison  ci-deisus,  que  parce  qu'éunt  dans  le 
lOiainage  de  l'ennemi,  il  serait  pins  en  état  de  juger  des  mesures  k  adopter. 

»  HAEttEnsM'.  » 


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%8  L'bDKOFE   APEÈS  la   BATAItLB  D'AnSTEBLITZ. 

«ossi  formelles  étaient  échangées  entre  Londres  et  Berlin,  M.  de 
flaugwitz  signait  un  traité  d'alliance  et  de  cession  réciproque  avec 
-Napoléon  !  Ainsi  M.  de  Hardenbei^  promettait  à  l'Angleterre  l'ioté- 
^té  da  Hanovre,  M.  de  Haugwitz  l'assurait  h  la  Prusse  par  une  con- 
ventiOD  inouïe  !  Cette  situation  du  cabinet  prussien ,  singulière  et 
fatale ,  signalait  toujours  la  latte  de  deux  syst^es ,  de  deux  écoles 
qui  se  trouvaient  en  présence  è  Berlin  :  le  parti  national  représmté 
par  M.  de  Herdenberg,  et  le  parti  français  mené  par  le  comte  de 
Haugvitt  et  M.  Lombard.  Napoléon,  avec  sa  ruse  accoutumée,  avait 
^ait  naître  cette  situation  qui  devait  amener  iavariablement  la  perte 
de  la  Prusse,  en  la  jetant  dans  une  position  inextricable. 

Enfin  pour  qui  se  prononcerait  le  roi  Frédéric-Guillaume?  Rati- 
fierait-il le  traité  signé  par  le  comte  de  Haugwitz  i  Vienne ,  ou  bien 
tiendrait-il  les  engagements  pris  par  M.  de  Hardenbei^  dans  ses  notesT 
A  ce  point  de  vue  ta  Prusse  ne  pouvait  pas  liésiter ,  à  moins  de  se 
-compromettre  déloyalement  avec  îord  Harrowby ,  et  lorsque  M.  de 
Haugwitz  arriva  à  Berlin  porteur  du  traité  souscrit  avec  Napoléon  , 
-il  fut  entièrement  désavoué  par  sa  cour.  Dès  ce  moment  la  Prusse 
fut  démoralisée  ;  M.  de  Laforest ,  ambassadeur  de  France ,  n'eut 
d'autre  mission  que  de  demander  instamment  l'exécution  formelle  du 
traité  souscrit  avec  le  comte  de  HaugwitE ,  et  à  ce  prix  seulement  on 
obtiendrait  la  paix.  Le  système  du  baron  de  Hardenberg  fut  soutenu 
par  la  présence  à  Berlin  du  grand-duc  Constantin ,  envoyé  au  nom 
de  l'empereur  Alexandre  pour  appuyer  de  toutes  ses  forces  la  coali- 
tion. La  Prusae  allait-elle  se  déshonorer?  L'ascendant  de  la  noble 
reine  Louise  si  puissante  sur  l'esprit  national ,  le  patriotisme  d'un 
peuple  qui  ne  voulait  point  subir  le  joug  des  Français ,  la  noblesse 
vivement  animée ,  tant  de  causes  diverses  enfin  agissaient  favorable- 
ment pour  le  système  du  baron  de  Hardenberg.  D'un  autre  cdté, 
i'esprit'timide  du  roi,  l'influence  du  comte  de  Haugwitz,  du  secrétaire 
Lombard,  entraînaient  à  la  ratification  du  traité  conclu  avec  la  France. 
Les  volontés  de  Napoléon  étaient  impératives  ;  à  Vienne  il  avait  exigé 
■de  François  II  le  renvoi  dn  comte  de  Gobentzel  et  de  M.  de  Collo- 
-ledo  avant  de  signer  le  traité  de  Presbourg  ;  à  Berlin ,  M.  de  Lafo- 
test  imposait  aussi  le  remplacement  de  M.  de  Hardenberg  et  l'exé- 
■cution  pare  et  simple  du  traité  de  Schœnbriinn  pour  maintenir  ta 
Prusse  dans  son  intégrité  ;  autrement  on  ferait  la  guerre. 

Le  principal  appui  de  tout  système  vigoureux  à  Berlin  était  spécio- 


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l'bCROPB   APBâS  LA  BATAILLE  D'ADSTEHUTZ.  69 

lonent  la  Roasie,  qui  poussait  aux  hostilités;  le  grand-duc  Constantin, 
alors  i  la  cour  de  Potsdam  ,  ranimait  l'enthousiasme  qu'Alexandre 
S(»i  frère  avait  fait  nattre  dans  sou  court  passage  en  Allemagne  ;  les 
rfttes  et  les  tournois  chevaleresques  avaient  »gnalé  la  présence  du 
grand-duc  en  Prusse  *  ;  entraînant  tout  à  la  guerre  :  noblesse,  bour- 
geoisie et  peuple ,  la  reine  Louise  s'était  placée  comme  la  dame  des 
carrouseb ,  et  la  jeunesse  des  écoles  se  groupait  autour  de  sa  souve- 
raine pour  commencer  une  lutte  nationale  et  vigoureuse  contre  la 
France.  La  Busâe  offrait  un  appui  direct  et  puissant  à  la  maison  de 
Braudeboui^  ;  150,000  Russes  paraîtraient  sur  l'extrême  frontière 
avant  la  fin  d'août ,  et  la  Pologne  serait  entièrement  occupée  ;  la 
défaite  d'Austerlitz  n'était  pas  de  nature  à  effrayer  l'armée  prussienne 
qui  toujours  avait  professé  du  mépris  pour  les  Autrichiens  ;  les  sol- 
dats de  Frédéric  se  croyaient  appelés  k  donner  un  bel  exemple  à  la 
DBtioD  allemande  ;  de  Berlin  devait  partir  le  mouvement  régénérateur 
qui  rendrait  l'existence  à  cette  patrie  germanique  que  les  poètes  alors 
c^^raieut  dans  leurs  ballades  avec  le  nom  d'Arminius. 

Le  cabinet  de  Saint-Péterdiourg  ne  se  disait  point  atteint  par  le 
défaite  d'Austerliti  ;  après  cette  grande  journée,  Alexandre  avait 
même  refusé  de  recevoir  les  plénipotentiaires  de  Napoléon ,  et  de 
trûter  sur  des  bases  positives  avec  le  glorieux  empereur  ;  les  Russes 
avaient  fait  leur  retraite  en  bon  ordre  ;  ils  ne  se  disaient  pas  battus 
par  les  Français,  mais  abandonnés  par  les  Autrichiens.  Le  seul  enga- 
gement pris  était  l'évacuation  du  territoire  allemand  ,  et  l'empereur 
Alexandre  en  avait  donné  sa  parole  ;  les  récits  officiels,  publiés  i  Saint- 
Pétersbourg,  contestaient  les  résultats  de  la  victoire  d'Austerlits; 

'  On  écriTïitâe  Berlin, SjsnTierl806  : 

■  LegnDd-dacCoDsiaDtin  se  plaît  beaucoup  ici;  comme  il  ■  un  geût  décidé  pour 
b  diDse,  il;  a  ions  lesjoursbal  en  son  honneur,  soilàlacour,  soit  chez  Ta  princeBM 
Ferdinand.  On  sail  que  le  grand-dnc  ne  vit  point  avec  son  épouse,  qai  depuis  on 
ceriain  temps  est  retirée  à  Weimar.  Ou  assure  que  cette  prïncesse  doit  arriver  bieoUll 
ici ,  et  que  notre  reine ,  qui  a  pour  elle  une  gripde  amitié  ,  a  conçu  l'espoir  de  !• 
récoacilieraTetEonépoui.  BousTapparence  de  la  gaieté,  du  plaisir,  on  s'aperçoit  que 
la  politiqoe  de  noire  cabinet  est  tiïa-actiTe,  qu'il  resserre  autant  que  possible  l'aW 
liante  avec  la  Rossie,  dont  le  souTerain  bit  transporter  une  quantité  considérable  6» 
blé  poDT  nos  magasins. 

B  Lord  Harrowbf  a  en  son  audience  de  congé  du  roi  et  de  la  famille  royale. 
Si  majesté  Itii  a  fait  présent  d'une  trè»-belle  tabatière  enrichie  de  diamants,  et  en  • 
donné  une  de  moindre  Tslenr  au  général  de  Siulierheim,  qai  accompagne  soo  eicel- 
Incca 


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76  l'iUKOPS  APBiS  lA  BATAILLE  d'aUSTBELITX. 

c'éUit  une  bataille  perdue  plutàt  par  les  Autri(jiieu  «pM  pu  les 
BU6S46.  Les  conseils  de  l'emperau  Alexandre  le  détemùn^ent  à 
s'engager  de  nouveau  dans  une  guerre  sérieuse  '  ;  on  avait  k  Saiot- 
Pétersbourg  une  haute  o|ÙDioD  de  l'aptitude  militaixe  des  Prussiena 
et  M  leur  capacité  sur  un  champ  de  bataille  ;  réunis  aux  Russes,  ils 
deraieat  venir  à  bout  des  Français  et  de  Bonaparte ,  leur  chef.  Les 
vieux  boyards  de  Moscou  la  sainte  portaient  une  véritable  antipathie 
à  l'empereur  Mapoléco  ;  ils  ne  lui  pardooDaient  pas  les  merveilles  de 
la  fortune  ;  l'impératrice  mère ,  qui  exerçait  une  si  énergique  puù- 
sajoce  suf  l'esprit  d'Alexandre,  personnifiait  ce  parti  ;  tout  ce  qui  était 
Busse  dans  l'Ame,  vieux  général  ou  jeune  officier ,  désirait  rétablir  la 
réputation  de  Vannée  et  de  sa  vigoureuse  infaaterîQ. 

Alexandre,  en  précipitant  la  retraite  de  Moravie,  n'avait  alors  qu'un 
birf  :  c'était  de  rétablir  son  état  militaire  par  de  vastes  recrHtemeals 
«t  UD  ap(iel  à  sa  ucd)lesse.  Napoléon  se  flattait  en  vain  de  le  ramener  & 
une  pftix  séparée  ;  l'armistice  d'Austerlitz  n'était  pour  Us  Runes 
qu'une  véritable  suspensioD  d'anoeSt  lonque  les  AutricbienaavùeDt 
d^erté  le  champ  de  bataille  et  trahi  la  cause  commune.  Les  hostilités 
même  s'étaient  ranimée  sur  uo  point  éloigné  du  thé&tre  de  la  goerre, 
«t  «et  accident  témoignait  de  l'esprit  hostile  des  deux  gouvecoemeuts 


'  Il  ailsteuucarleui  rapport  présenté  pw  le  prince  CiiTtorisk;  tv  ciuAtetiodre 
sortait  des  reliltons  du  rontinent  btcc  la  France  : 

a  M*<M^«w  dtranoy.  dlMtlle  ■inirtw,  pwnwi  itre*Mg»te<»u  iMiaiMUi. 
l^sfKWjkn  dtÛTeoi,  îM^ni  ft/*  d'iB^uièuiLda  depuis  les  dtraUrw  MomankatlMs 
h'ats  l»t  pu  l'AutrUbt  que  pec  la  Prque.  L'une  et  l'Bulre  pU^at  devant  Boaaptrt*: 
•cela  éloigne  tout  danger  de  nos  frontières ,  tes  seules  exposées.  Bonaparte,  en  aban- 
donnant ses  projets  sur  la  Pologne,  prouve  qu'U  n'y  prenait  pas  un  intérêt  bien  réel. 
Cependant  on  ne  saurait  être  entièrement  iTaaq'tUlJs^  i  cet  ^aid.  Q)iciii)ua  le  Usité 
dft  PnsbtMfti;  (uraisst  Irap  désauntageui  >  l'Aulrlcbe  pour  qu'on  lui  sapp*»  de 
MoiltA  inteUigeDces  avec  la  France,  et  quoique  les  cammuoioatious  du  calûnot  d» 
TieitM  aieQlle  caractère  de  ta  franchise,  on  n'est  pu  assez  assuré  de  le  aOB-eilstieiice 
4'aiUtles  secrets  relatifs  i  laGalUcie  et  aux  fiiAlâ  oit«n«ns.  arrangement  fos  la 
JRussic  ne  saurait  permettre.  Etifin,  le  relard  inexcusable  de  la  Prusse  i.  noua  cob>- 
nuniquer  le  traité  signé  ^r  le  comte  de  Haugwiu  doit  faire  supposer  dea  stipula- 
ilo«s  peu  coDrormes  aui  liens  qui  unisseol  les  deux  £iais.  "  Le  ministre  remarquait 
^lUdansViDcertitudeoù  l'on  était  de  ce  que  vaudraient  ou  ^unaient,  dans  I«  cas, 
tant  de  guerre  que  de  paix,  les  deux  grandes  puissances  germaniques,  il  serait  bon, 
lians  perdre  de  temps,  de  doDoer  des  ordres  éventuels  aux  généraux  Bennigseo, 
Tolstoy  et  Kutusoff;  que  ce  dernier,  entre  autres,  ne  devait  évacuer  ta  Gsllick 
qu'après  avoir  refu  la  nouvelle  certaine  qiie  les  troupes  fïaQfaises  seraient  effecU* 
vement  retirées  vers  le  Danubt. 


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I.'edB01>S  après  la   bataille   D'ArSTBKUtZ.  71 

et  des  deux  arméei  *.  Le  traité  de  Pred>ourg  cédait  à  la  France  l« 
bouches  du  Cattars,  ave  partie  de  la  Dalraatie  et  l'Illyrie  joiqu'l 
BaguBe;  ua  corps  nuse  parti  de  Coifoii  souleva  les  habitante  des 
nontagnes  ;  les  Albanais ,  excdlentt  soldats ,  aux  larges  troc^dous , 
les  Monténégriens,  avaient  vignureiMeiiient  attaqué  les  détacbemeats 
frmnçab  qui ,  par  l'ordre  de  Napdéos .  s'étaient  portés  dMis  les  pre- 
vinces  îllyriennes  ;  les  généraux  Laoriston  et  Molilor  se  disposaient  i 
venger  llKHineur  des  aigles  de  France  après  une  pénible  réatstanoe  h 
l'insurrection  ;  des  engagements  sérieux  embrusèreut  plusiean  points 
deniljTie  :Raguse  même  Fut  menacée.  La  France  avaitporté  plainte 
à  l'Autridie  de  cette  infraetien  au  traité  de  Presbourg ,  et  le  cabinet 
de  Vienne  négociait  poos  amener  les  Busses  à  une  cession  amiable 
des  points  de  la  cAte  dont  ils  s'étaient  emparés,  he  cabinet  de  Saiot- 
P^rsbourg,  tentant  d^  de  réaliser  l'toumcipation  de  la  Grèc« , 
voulait  réveiller  les  Hellènes  contre  la  puissance  musulmane  pour 
arborer  le  drapeau  de  la  triple  croix  des  patriarches  de  Moscou;  k  cet 
effet  la  positiondes  provinces  ill  yriennes  paraissait  nécessaireàlaRuBsie. 
Au  milieu  de  ces  intérêts  li  compliqués ,  l'Autriche ,  abaissée  par 
le  traité  de  Presbourg,  avait  sacrifié  des  territoires  considérables,  des 
masses  de  sujets  et  un  cinquième  de  ses  revenus;  et  ce  qu'il  y  avait 
de|dus  triste  encore ,  c'était  le  sentiment  de  rbonoeur  perdu;' elle 
n'avait  plue  confiance  dans  s«  probes  feaces  ;  la  capitulation  de  Klndi 

'  NapoléM  cm  «icwttire  d»  nHurer  l'opinioa  pubUqoa  «u  l'occupalion  des 
IwaciiM  du  Calltro  par  1»  Hwmi. 

«  Lt  Caxmt  iê  Mankêitn  et  les  aulraB  guAUS  du  Soti ,  tmijenn  prilw  à 
MeMllir  twic  espice  de  kiu  bnûu,  fort  aiw*  iiufoui  de  tfouvir  des  occasiam  do 
coamani^ucr  k  l'Europe  leun  opinions  buacea  et  riiicales  uw  le  |i|wleaqve 
peteâBcc  des  Ilusiee,  repréceDlent  le  DttliDetie  «Mme  eDïtbiE  ;  et  upe  année  mue 
coatidéfaUe  toame  t^udîc  aui  bouches  du  CatUro,  on  fera  probablemest  4e 
Meilleurs  ^aae  de  campagne  k  âaiut-Pilenbourg.  Si  ce  n'éiaît  que  la  France  Tegt 
J'nicuUoB  de*  Initia,  al  tenir  de  J'Aulricbe  la^  twuclies  du  CMXmo,  les  RiuKe 
awaieni  déjà  «lusaés,  les  Uwtëaécrieiis  mis  à  la  raisoD,  et  la  tram^uillUf  rétablie  ; 
mmg  ceUe  prOTioca  doit  être  rembe  aiu  Fraotais  par  lea  Auiridùens,  ei  lei  Français 
H  la  recevront  qna  d'eux.  Au  reste,  tes  bouches  du  C*tUn>  «ont  séparées  de  la 
Dalnuieyat  baïtau  daBaguae,  e'est-i-dire  déplus  de  trente  lieutt  de  pajs,  de 
■iHîère  t/Êt  la  paaeesaion  de  Caitaro  n'a  rien  de  commiin  avec  celle  de  la  Dalmallt. 
Ces  Francak  e»at  sMttrH  de  toute  la  Dalmalie  et  de  l'isttie,  où  ils  ont  plus  dr 
3M,8ao  lioBUBts.Les  Russes  oat  eu  ca  moment,  aux  bouches  du  Caitaro,  trois  batsit- 
bMislaniMiitl.SOatwiiimes,  et  pas  un  soldat  de  plue.  Lonvie  le  général  Bndj, 
par  une  insigne  trabîson,  remit  la  foileiease  eut  Russes,  le  tégimeat  de  Iburo,  fort 
de  1,600  bomioes,  s';  irouTalt,  et  livra  les  forts  i,  300  Eusse*  débarqués  de  deu(, 
frégates.» 


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^S  l'bDBOPS   APBËS  la  bataille  D'ADSTBBLm. 

allait  un  évéoement  dont  la  fatalité  pesait  sur  tout  un  peuple  ;  le  traité 

4de  Presbourg  lui  imposait  des  conditions  intolérables  '  :  elle  cédait 
le  sixième  de  ses  États,  150  millions  de  francs  lui  étaient  imposés  en 

xontrïbutions  de  guerre.  Comment  aurait-elle  pu  dans  cette  situation 
^abaissée  prendre  une  part  directe  aux  événements  militaires,  et  ne 
fallait-il  pas  qu'elle  répartit  avant  tout  ses  propres  forces?  Toutefois, 
dans  la  supposition  d'un  triomphe  pour  les  Busses  et  les  Prussiens, 
l'Autriche  devait  se  réveiller  de  sa  situation  abaissée  ;  Napoléon  avait 
trop  exigé  d'elle,  pour  qu'elle  ne  retrouvât  pas  un  peu  d'énergie  et  de 

"vengeance  au  cas  où  le  succès,  divinité  capricieuse,  échapperait  à 
celui  qui  l'avait  flétri.  C'est  souvent  une  faute  de  la  part  du  vain- 
queur de  trop  exiger  du  vaincu  ;  quand  on  fait  trop  flédiir  le  front , 

'  il  y  a  des  instants  où  il  a  besoin  de  se  relever,  et  telle  était  l'Autriche. 
-Supposez  une  défaite  de  Napoléon  en  Prusse  ou  sur  un  champ  de 

'  Celait  ivec  une  vive  douleur  que  l'empereur  FrsDfOiG  U  se  géparait  de  ses  sujcu 

'  ibandonDés  ptr  Buiie  du  lT*il6  de  Preebaurg. 
ttttr»  de  iamtguté  l'tmptrtur  d'Autridie,  »n  daté  du  WdéeitnbrtiBOU,  adrtiUt 
à  M.  te  comte  de  Bnmdù. 
«  HoQ  cher  comte  de  Enodis, 
B  J'ai  re{u  l«s  repréieiilitions  de  mes  Sdèles  étals  du  Tyral,  sous  la  date  du  14  de 
ce  mois,  eljeious  charge  de  leur  faire  pari  en  mon  nom  de  ce  qui  suit  : 
■  Lenicment,  si  douloureux  pour  moi,  eslaiTJv^.oii  des  circoDSlances  impérieuses 

'me  forcent  de  Tenoncer  k  la  souveraineté  du  Tjrol.  Les  lojaui  TfrolieDS  satent 
combien  ce  sacrifice  a  dft  coûter  k  mon  cceur.  Je  c'en  dirai  pas  davantage  :  mes 

-^laralesne  feraient  que  déchirer  li  plaie  qu'une  séparalion  nécessitée  par  uae  suite  de 
malheureut  événements  m'a  faite,  ainsi  qu'à  ces  sujets  si  dignes  de  mon  amour.  Les 

-preuves  multipliées  de  fidélité  et  d'attachement  que  le  Tjrol  m'sdonnées  depuis  mon 
avénemeut  an  trAne  ne  s'effaceront  jamais  de  ma  mémoire.  J'ai  la  conviction  intime 
d'avoir  feil  tout  ce  qui  dépendait  de  moi  pour  augmenter  le  bien-être  du  pays.  S'il 
n'a  pae  été  en  mon  pouvoir  de  déloumer  le  coup  le  plus  sensible,  je  suis  du  moins 
intervenu  auisni  que  j'ai  pu  le  faire  pour  que  le  Tyrol  ne  fût  point  démembré,  et 

'^u'ilconarrttt  saconslilution,  conformément  au  vceu  des  états.  L'art. 8  du  traité  de 
paii  tranquilliswa  entièrement  les  étals  k  cet  égard.  En  vous  chargeant  de  leur 

'eiprimer  mes  sentiments  aussi  vivement  que  je  les  éprouve,  je  vous  enjoins  de  ne 
rien  négliger,  en  votre  qualité  de  chef  provincial,  pour  que  la  remise  du  pays  au  roi 
de  Bavière  ait  lieu  dans  le  terme  flié  par  le  traité,  et  qu'Ni  même  temps  ce  qui  n'est 
pas  propriété  du  pays,  mais  celle  de  mon  Ose ,  soit  ou  renvoyé  conformtociit  k  ce 
qui  a  été  convenu  respectivement,  ou  si  on  le  trouve  plus  avantageux,  cédé  au 
nouveau  souverain  en  rachat  ou  en  échange.  Du  reste,  si  parmi  les  employés  il  s'en 
trouvait  quelques-uns  qui  délirassent  me  servir  k  l'avenir,  et  qui  fiasent  partie  de 

'teux  qui  ont  bien  mérité  de  leur  souverain,  je  les  recevrai  avec  plaisir,  et  j'aurai soju 

'de  les  placer  aussitftt  qu'il  sera  possible.  Après  ta  remise  du  pays  j'attends  de  vous 

'Mn  rapport  détaillé  à  ce  sujet. 

B  Holitscb,  le  39  décembre  180B.  '  u  Fbançou.  « 


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l'bdbope  apbës  la  bataille  d'adstbrutz.  73 

bitaiDe  en  Pologne,  où  biestât  les  aigles  devaient  paraître,  l' Autriche 
serait  accourue  pour  profiter  du  malheur  des  annes  françaises.  Le 
traité  de  Presbourg  serait  déchiré,  parce  que  les  clauses  en  étaient  trop 
dnres.  £n  politique,  il  vaut  mieux  tuer  une  nation  que  de  l'humilier. 
Le  cabinet  formé  à  Vienne,  sous  la  présidence  du  comte  de  Sta- 
dîon,  était  plus  décidé  à  la  paix  que  celui  du  comte  Louis  de  Cobentiel 
et  de  M.  deColloredo,  txiléa  par  l'ordre  de  Napoléon  ;  mais,  dans  une 
situation  que  l'on  pouvait  prévoir,  le  comte  de  Stadion  aurait  lui- 
même  conseillé  la  guerre  ;  le  parti  fronçais  du  prince  de  Lichtenstein 
n'était  pas  en  majorité,  et  le  sentiment  national  protestait.  Ici 
Napoléon  avait  cherché  à  diviser  les  princes  mêmes  de  la  famille 
d'Autriche:  àl'empereurFraoçoisilapposaitson  frère  le  grand-duc  de 
Wurfzboarg  ;  déjà  dans  ses  desseins  peut-être  destinait-il  la  couronne 
impériale  d'Autriche  au  grand-duc  de  Wurtzbourg  qui  paraissait  se 
lier  à  son  système  :  diviser,  c'était  l'art  de  régner  en  Europe  ;  Napo- 
léon l'avait  appris  dans  SCS  études  sur  les  cabinets  faibles  et  générale- 
ment décousus.  Le  livre  du  Prince  de  Machiavel  était  présent  dans 
son  esprit,  h  lui  d'origine  Toscane.  Tous  ses  éloges  sont  pour  le  duc 
de  Wurtzbourg  ;  tout  son  blâme  poar  l'empereur  François  et  ses 
mauvais  conseillers  ;  il  poursuit  de  ses  sarcasmes  le  comte  Louis  de 
Gobeatzel  qu'il  avait  lui-même  tant  loué  lors  des  traités  de  Campo- 
Formio  et  de  Lunéville  ;  il  enlève  à  l'empereur  François  l'ami  de 
son  enfance,  le  comte  de  Golloredo,  le  dernier  représentant  du  parti 
autrichien  dans  le  cabinet  de  Vienne  *. 

■  On  éerhait  de  Vienne,  S  jenvier  1800 1 

■  Il  panlt  toujours  ceruin  que  notre  moDarque  ne  rentrera  pes  dans  sa  capiialo 
aTsnt  ]e  IV  de  ce  mois.  On  Tait  à  M.  le  comte  Louis  de  Cobentiel  l'honneur  d'im- 
primer qu'il  a  demandé  sa  démission,  i  cause  du  mauvais  éiai  de  sa  aanté.  Sa  pen- 
iian  de  retnile  est  fliée  à  8,000  Dorins.  La  pensioD  du  comte  de  Colloredo  est  de 
3S,000  Qoriiu,  compris  la  retreile  accordée  i  son  épouse,  qui  était  gouvernante  île 
la  princesse  Looise  ;  la  moitié  de  cetie  somme  sera  prise  sur  la  cassette  particulière 
i»  l'enperear.  On  Tarie  sur  la  nouvelle  composition  du  ministère  ;  c'est,  dit^on 
maintenaut,  M.  de  ZinzErdorlT  qui  remplace  H.  de  CoUoredo  comme  ministre  du 
eibiDet;  M.  de  Stadion  n'ira  pas  i  Saint-Pétersbourg,  mais  le  général  comta  de 
Heerfeldi  ;  M.  de  Sladion  garde  décidément  le  portefeuille  de;  alTaiTeB  étrangères. 
On  répète  beaucoup,  parce  qu'on  le  désire  généralement,  que  le  prince  Charles  va 
npreadie  toute  l'inlluence;  mais  peut-être  n'j-  a-t-il  plus  que  ce  pays  eo  Europe  ob 
Ton  puisse  trouTer  de  jeunes  princes  remplis  de  courage,  de  Tues  eicelleales,  et 
tODÏoarâ  préis  i  ae  soumelire  i  leur  souverain,  même  dans  les  choses  qu'ils  approu> 
v«nl  le  muins.  Si  l'ascendant  est  donné  au  mérite,  le  prince  Charles  deviendra 

El  ascendant,  il  faut  aeukmeM  se  donner 


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*li  l'bubopk  apbës  la  bataillb  d'actstskur. 

A  cette  époque  commence  la  fortune  diplomatique  d'an  honnne 
d'Èfxt  destiné  plus  tard  à  jouer  na  râle  décisif  dans  les  dettiaées  de  la 
maison  d'Autriche,  et  à  la  sauver  par  ses  idéa  et  la  terme  directi<ni 
ie  ses  principes  ;  je  veux  parler  du  comte,  depuîi  priDce  de  Uettcr- 
■ich.  Aux  évéeh^  des  bords  du  Rhin,  dam  les  villes  riastes  qui  se 
déploient  depuis  Cologne,  CoMenli,  Haycnce,  Wormset  Strasbou^, 
vivaient  autrefois  des  seigneurs  de  terrea  féodales,  avec  on  chàteni 
sur  la  montagne  couverte  de  vergers  et  de  vignes  ;  ces  villet  libres,  g«b 
seigneuries  presqoe  Indépendtates,  ces  populations  de  boorgeoit  et  de 
seigneurs,  faisaient  de  ce  pays  un  magnifique  jardiii  brillant  de 
richesse,  avec  une  tolérance  telle  qu'on  y  trouvait  cooFondua  jiùl^ 
protestants,  catholiques,  tous  ricbes  et  heureux,  passant  leur  vie  dans 
les  arts,  le  commerce,  les  fortes  études  d'univeréité,  auteur  du  vaste 
foyH  domestique  où  se  versait  h  grands  Sots  le  vin  du  Bhm  ri  attrayant, 
n  coloré. 

Au  sein  de  ces  bdles  provinces  tout  émaillées,  près  de  CoMeatz, 
était  né  Loai»-Wenceilat,  conte  de  Metternich  Winsebourg.  Dirigé 
dans  ses  premières  années  par  son  pire,  puissant  corane  gouveroflur 
des  Pays-Bas,  le  jeune  oomte  de  Metternich  avait  reçu  à  ^trasboui^ 
une  éducation  forte  et  variée  sons  le  célèbre  professeur  ëe  Rodi  '  ; 
te  droit  public  It  sitrtoat  sa  méditation  sérieuse  comme  une  pnsGince 
de  ion  esprit;  il  avait  prsfsMdément  étudié  ce  balancmneiit  de  peuples 
et  les  droits  de  souveraineté  qai  constituent  l'histoire  di^omatiqae. 
A  peine  adolescent,  il  fut  attaehé  aux  ambassades  ;  à  vfngi^inq  ams 
ministre  à  Berlin,  il  y  remplit  ses  fonctions  avec  un  sens  droit,  une 
connaissance  profonde  des  faits,  qu'il  devait  à  ses  études  premières,  et 
A  un  instinct  naturel  de  haute  sagacité,  H  n'avait  point  approuvé  les 
ilnoiers  évéaements  militaires  ;  son  système  consistait  h  ne  jamais 
feire  nne  démonstration,  k  ae  jamais  engager  me  guerre  sans  y 
employer  tous  les  moyens,  sons  la  pousser  jusqu'au  bmit.  Pour  lai, 
les  armements  devaient  être  une  expression  de  force  et  de  volonté,  il 
foltait  ^ir  i  temps,  vite,  et,  après  avoir  mûrement  réfléchi,  se  déter- 
miner avec  ardeur  et  volonté,  aller  jusqu'aux  dernières  conséquences. 

la  peine  de  combattra  les  peUtn  lotrignes,  le  priace  CharlM  M  coBUnttn  d'obéir  M 
de  remplir  leaderoits.  ■ 

'  J'ai  écrit  da»  la  Setia»  4a  Baux  Konde»  une  notice  déveUppée  sur  k  pdnee 
deHctteralck  en  1B36.  Elh  Cùl  coonAre  l'homa»  d'Blat  dans  iwUs  In  pfauct  de 
M  TiepiMfafu. 


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l.'ErftON  AMiÈS  LA  iUTAD.LK  Bi'ÀDtmUn.  75 

Le  c<uote  de  JUetteroich,  vprès  la  piix  ia  Prwbou^,  fat  desUoé  à 
l'ambassade  de  Russie  par  le  comle  de  Stadioa  *  ;  bieotât  on  fit  renur* 
quer  que  te  théâtre  des  Dégociatione  réelles  ne  serait  {loiot  SalnW 
Pétersbourg,  trop  engagé  daos  la  guerre.  Pour  que  l'Autnche  fût  forte, 
elle  dewiit  prendre  une  situatioa  d'attente  et  d'obsen^iûB  :  c'est  donc 
à  Paris,  siège  de  toute  aCTaire  décisive,  qu'il  fallait  eoToyer  un  mi- 
nistre jeune,  habile,  d^k  habitué  aux  actives  négeciatiou  ^  qui  pût 
rendre  compte  de.l'a^ct  politique  du  cabinet  de  Napoléon.  À  cet 
effet,  le  comte  de  Mettemich  fut  désigné  ;  il  ne  quitta  point  Vienne 
encore  ;  quelques  questions  restaient  à  résoudre  relativement  aux 
bouches  du  Cattaro  ;  l'ambassadeur  dut  reoCToir  des  pleins  pouvoirs 
de  M.  de  Sfadion  pour  terminer  les  différends  qui  {louvaieot  résulter 
de  l'exécution  du  traité  de  Presbourg '. 

Lorsque  la  Prusse  et  la  Russie  ae  préparaient  avec  lenteur  h  m 
aKHivement  militaire,  Napoléon  ne  perdait  pas  un  momaat  ;  la  paix 
de  Presbourg  à  peine  signée ,  déjà  il  manifestait  la  volonté  la  plus 
impérative  de  se  venger  des  Bourbons  de  Naples ,  dont  la  perte  était 
résolue.  Au  moment  où  le  prince  Charles  paraissait  ea  Italie  pour 
^opposer  à  Haaséoa,  on  a  dit  que  l'arahaasadenr  ntqx^tain  À  Paris 
^e  marquis  deGalto)  signait  untralté  de  neutralité  sansyétre  formelle- 
ment  autorisé  par  sa  cour,  de  sorte  que  le  roi  Ferdinand  et  la  reins 
Caroline,  se  trouvaient,  comme  la  Prusse,  engagés  par  deux  traitéf 
Afférents  ;  le  premier  avec  l'Autriche,  la  BuMie  et  l'AngMene,  dans 
les  voies  de  la  coalition  ;  Fautre  avec  la  France,  pour  garder  la  neii* 
tralité  dans  le  vaste  duel  qui  s'engageait. 

Sur  le  champ  de  bataille  dAusterlîta,  Napoléan  apprit  qut  Naples 
avait  ouvert  ses  ports  à  une  armée  anglo-russe  ;  dès  ce  moment  II 
déclara  dans  ses  bulletins  tt  que  la  mmsoD  de  Naples  avait  cessé  de 
légMT  *.  •  L'empereur  aimait  œs  coupa  de  théMre  ;  il  avait  faK  des 

•  L*eaMH«A7*«NMdiMH,klfèii4erl80ai 

■  H.  k  comu  4e  HsiUnicb,  wb>Midww  de  votre  dsmi  *  Berlin,  •  éH  memmi 
wm^wAeia  ptès  k  «mt  ie  Biusk  ;  U.  da  Buol-Sch««auteUi,  aMr«  mlwOn  prta 
b  COW-  de  Sivièic,  wi  iMWHBé  i  l'uabasaade  de  BeiUo.  ■ 

*  ■  H.  k  «unie  <k  MetiHnicà.  cî-devuK  miaktre  de  m  MiyiKté  i  Beriia,  vket 
4i  nccnir  k  décM  inpérkl  qui  k  oMBioe  ambafiaukur  i^i^  la  ewv  da  Ffmw*. 
Lt»  appnnd  «mm  qM  U.  k  comte  de  Heeikldl.  qui  m  tiouTe  depuis  quelque 
lempa  k  ëeiDt-PétcntiMiTK,  aura  le  poite  d'amhwnideur  près  8.  M.  l'empereui  dt 
Umtea  ks  RnHUi.  •  { GwMU  d«  Vimm».  18  oui  U06.) 

■  Uiw|KMiluiuUond*NapoUoD,desQnetiBpdeSebiHitviiDO,«adatadiiUdia 
«■■Ér»  UOI)  aanoaca  k  déeWaoH  d«a  Bawbona  d«  Nt(ka  : 


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76  l'bdbopb  apkés  la  batadxb  d'adstbhlitz. 

rois,  les  électeurs  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  devaient  leurs  jeunes 
couronnes  &  son  épée ,  et ,  par  un  coup  de  sa  baguette  magique ,  il 
déclarait  que  la  vieille  maisou  de  Napies  avait  cessé  de  régner  ;  il  desti- 
tuait un  roi  comme  un  préfet.  Napoléon  avait  voué  une  haine  profonde 
à  la  reine  Caroline ,  et,  dans  ses  phrases  classiquemeot  théftivales,  il 
la  dénonçait  comme  une  princesse  sanguinaire ,  une  moderne 
Athalie*.  C'étaient  les  femmes  qui  partout  résistaient  à  Napoléon  et 
soulevaient  les  nationalités  contre  lui  ;  quand  le  cœur  des  hommes 
se  ramollissait,  l'Ame  des  femmes  s'empreignait  d'un  sentiment  exalté 
de  patriotisme.  En  Prusse,  c'était  une  reine;  à  Napies,  une  reine 
encore  ;  en  Russie,  des  impératrices  ;  et  en  Bavière  même ,  lorsque 
Maximilieo  fléchissait  devant  l'épée  de  Napoléon ,  l'électrice  seule 
avait  montré  de  l'énei^e  pour  rappeler  les  vieux  droits  de  sa  maison  ; 
l'électeur  écrivait  au  ministre  de  France  :  «  Au  nom  du  ciel ,  ne 
parlez  pas  à  ma  femme  de  mon  alliance  avec  l'empereur  Napoléon  1  a 

n  Soldats,  depuis  dii  ans  j'ii  tout  hit  pour  sauver  le  roi  de  Napies,  il  a  tout  bit 
pour  K  perdre.  Après  Ici  batgiUes  de  Dego,  de  MondOTl,  de  Lodi,  ii  ne  pouvait 
m'oppoEcr  qu'une  bible  rHJslance  ;  je  me  fiai  aui  paroles  de  ce  prince,  et  ftis 
généreui  enrers  lui.  Lorsque  la  seconde  coatilîoD  fat  dissoute  i,  Harengo,  le  roi  de 
Napies,  qui,  le  premier,  avait  commencé  cette  injuste  guerre,  abandonné  à  Lunéville 
par  les  alliés,  m'implora  ;  je  lui  pardonnai  une  seconde  fois.  11  y  a  peu  de  mois  vous 
étîpz  aux  portes  de  Napies...  Je  fus  généreux;  je  vous  ordonnai  d'évacuer  ce 
royaume,  et  pour  la  troisième  fois  la  maison  de  Napies  ftit  sauvée.  PardonnerODS- 
noos  une  quatrième  fois  i  une  cour  sans  foi,  sans  honneur,  sans  raisonT  Non  t  £• 
dynoMtie  d»  PfapUt  a  ettii  d»  régtttr.  MtTchez,  el  mon  lYère  marchera  à  votre  tète^ 
il  a  toute  ma  confiance;  environnez-le  de  la  vAlrc.  ■ 

'  Totcl  les  paroles  dictées  par  Napoléon  : 

■  S.  H.  l'empereur  aseislaii  k  une  représentatioD  i'ÂtkaUt,  lorsqu'il  apprit  1* 
nouvelle  de  l'entrée  de  son  armée  à  Napies.  Il  a  chargé  le  général  Mouton,  aide  de 
camp  de  service  près  de  lui,  de  faire  annoncer  par  'Talma,  après  le  premier  acte, 
cette  nouvelle,  et  ta  punition  dn  parjure  de  la  reine  de  Napies. 

■  Le  sceptre  de  plomb  de  celte  moderne  Athalie  vient  d'être  brisé  sans  retour.  Le 
plus  beau  pays  de  la  terre  aura  désormais  un  gouvernement  ferme,  maia  libéral. 
L'empereoT  rétablira  le  royaume  de  Napies  pour  un  prince  français;  mais  il  le 
rétablira  fondé  sur  les  lois  et  l'intérêt  des  peuples,  el  eut  le  grand  principe  que 
l'eiislence  du  trtne ,  l'éclat  et  la  puissance  dont  sont  ravirounès  les  souverains,  la 
perpétuité  du  pouvoir  et  l'hérédité ,  sont  des  institutions  faites  pour  le  service  M 
l'organisation  des  peuples.  L'Europe  entière  verra  avec  salisfkction  eipulsée  du 
trAne  une  reine  qui  a  tant  abusé  de  la  souveraine  puissance,  dont  tous  ks  pas  om 
été  marqués  par  des  rérolntions,  des  parjures  et  du  sang.  On  la  hait  et  on  la  méprise 
i  Vienne,  autant  qu'on  la  méprise  h  Napies  ;  déji  sa  mémoire  est  du  ressort  de 
l'hisioire,  car  le  nouveau  royaume  de  Naplis  fait  désormais  partie  des  États  fédératih 
4e  l'empire  l^ncaia,  et  il  faudra  ébranler  cet  empire  dans  ses  fondemenis  avant 
qu'on  paisse  y  toudier.  On  h  pourra,  dans  cette  circonsunce,  accuser  la  Franoe 


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l'iubopb  après  la  BATAnxB  d'adstbhutz.  77 

Tons  les  discoun  d'apparat,  tous  les  pamphlets,  furent  dès  ce 
moment  dirigés  contre  la  reine  Caroline  de  Neples,  on  accabla  aae 
femme  som  mille  calomnies  ;  elle  s'était  montrée  Gère,  hautaine, 
nationiile  au  milieu  des  Napolitains,  la  reine  du  peuple,  des  lazzaroni, 
on  ne  respecta  pas  son  énergique  dévouement  à  l'indépendance  de  sa 
patrie.  Napoléon  ne  la  priva  pas  seulement  de  la  couronne  royale, 
mais  encore  il  la  découronna  de  ce  triste  diadème  du  malheur,  que 
la  force  rictorieuse  doit  toujours  respecter.  Ce  que  les  spoliateur  pai^ 
donnent  le  moins,  c'est  le  mai  qu'ils  ont  fait  ;  ils  calomnient  ceux  qui 
soot  dépouillés;  c'est  la  règle  fatale  du  ctBur  humain.  Napoléon 
ordonna  qu'un  corps  d'armée  considérable  marcheraitsur  Naples,  sons 
le  commandement  nominal  de  Joseph  Bonaparte,  le  grand  électeur 
de  l'empire.  M  asséna  et  quelques  vieilles  divisions  d'Italie  furent  placés 
sous  ses  ordres;  le  maréchal  seul  dirigeait  la  guerre.  Il  ne  fut  pas 
difficile  à  de  glorieux  régiments ,  habitués  aux  belles  stratégies  de 
l'empire ,  de  venir  i  bout ,  daus  une  campagne ,  de  ces  populations 
bruyantes,  mais  affaiblies  par  un  doux  climat.  Les  Russes  et  les  Anglais 
te  rembarquaient  à  la  bâte  ;  les  Napolitains  étaient  ce  peuple  qui  reste 


d'ambition.  Qae  pounit-elte  ftire  de  plus  qae  de  pardonner  trois  fois  daos  l'espace 
de  pea  d'tnnies?  Et  quel  iraiié  pounit-ell«  Tain  itcc  une  paissance  qu[  vcDÙt  de 
décliirer,  Tiii|^-cinq  jours  apris  qu'elle  l'avait  raliSé ,  le  traité  le  plus  araoUgeux 
pour  elie,  «  le  plus  solennel  T 

>  L'honoeui  de  la  France  et  la  nature  des  choses  ont  précipité  la  ruine  du  trAne 
de  Naples,  puisqu'il  n'y  avait  plus  de  possibilité  de  conclure  aucun  traîlé.  D'ailleurs, 
l'occupaiion  des  IrAnea  de  Hilao  et  de  Naples  par  des  princes  frsntais,  est  à  peine 
l'équinlent  de  l'occupation  des  trAues  d'Espagne  et  de  Naples  par  des  princes  Iran- 
tais  de  la  troisième  dynastie.  Quant  au  royaume  de  Naples,  le  moindre  de  ses  avan- 
tages sera  de  jouir  de  la  liberté  du  eommo^^,  et  de  n'Atre  plus  soumis  aui  pirateries 
des  Algériens  ;  mais  le  premier  et  le  plus  naturel  de  tous  sera  de  n'être  plus  eiposé 
à  être  le  théâtre  de  la  guerre,  d'tire  gouverné  par  des  principes  fiies  selon  le  bonheur 
et  Hntérèt  de  ses  peuples,  et  non  par  des  passions  f\iTibDodes  el  Insensées.  Ce  qui 
Tait  l'éloge  de  la  nation  napolitaine,  c'est  que  les  principaux  i^nts  qui  ont  entraîné 
la  ruine  du  (râne  étaient  des  Toscans  et  des  personnes  étraDgères  dans  le  pays.  On 
sait  que  M.  Acion  était  Anglais  d'origine  et  d'inclination,  qu'il  avait  placé  ses  Tonds 
en  Anglclerre,  et  qu'il  ne  jugeait  jamais  dc«  intérêts  du  royaume  de  Naplea  que  pu 
rÎDiprét  del'Angletem. 

»  Nous  pouvons  le  dire  sans  être  prophètes  :1a  maison  l}uf  de  nouveau  sacriBera 
le  repos,  l'intérêt  et  le  bonheur  du  continent  aui  caprices  el  ani  guinées  de  ces 
afides  et  insatiables  spécutaleurs,  perdra  son  trdne  aui  grands  applaudissements  de 
looB  les  peuples  du  continent  el  de  toute  notre  génération,  qui,  après  avoir  été  si 
longtemps  l^lée,  a  besoin  de  Ironver  la  paii  et  la  trauquillilé,  et  qu'on  ne  peut  plus 
■buan-  par  de  nioes  pmU».  » 


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78  l'eCKOPE   ANifts   LA   BATAILLE  A'auSTEBLITZ. 

multitude  lotme  dans  le<  champs  de  bataille,  sous  MazanieHo ,  c«mme 
BOUS  Fra-Diavolo  ;  peuple  k  la  tête  chaude ,  au  bras  faîMe ,  atmaut  le 
tumulte,  la  place  publique,  et  peu  la  guerre  régulière. 

La  reine  resta  au  milieu  des  lazzaroni  teujoors  popvtsire,  toujours 
Bère  ;  elle  ne  quitta  sa  capitale  qu'à  la  d^wère  extrémité  ;  )e  priace 
Miilippe  de  Hesse ,  seul  des  généraux  au  terviœ  de  Naples ,  résista 
quelque  temps,  et  le  si^  de  Gaëte  mi  t  fin  À  la  campagne .  Ce  royaume 
au  pouvoir  des  Français,  Napoléon  eut  une  couronne  de  plus  Ji  dis- 
poser; la  chute  des  Bourbei»  i  Niqites  se  fit  conune  par  nne  option 
du  Vésuve  ;  la  simple  volonté  de  l'empereur  et  une  campagne  de  troB 
mois  suffirent  pour  briser  un  trâne  ;  terrible  exemple  pour  toutes  les 
tètes  couronnées.  Que  devenait  findépntdance  de  l'Europe  si  use 
telle  jurisprudeoce  diplomatique  était  adt^tée?  NapoléoB^  par  un 
décret ,  avait  fait  des  rois  ea  Ba^ère,  es  Wurtemberg,  et  vn  coup 
de  gantelet  du  suzerain  fracassait  les  couronnes  sur  la  tète  des  vieQlee 
maisons  qui  se  liaient  k  l'histoire  de'  toutes  les  dynasties.  Un  tel 
exemple  devait  surtout  vivement  frapper  les  Bourixtns  d'Espagne, 
edietaot  par  de  si  lâches  complaisances  la  protection  du  cabinet  des 
Tuileries;  le  roi,  dont  un  simple  décret  impérial  prononçait  la  dé- 
chéance, était  lecadet  de  leur  race,  leui  plus  i»time  parent  :  n'était-ce 
pas  le  sort  qu'oa  réservait  t6t  ou  tard  k  Charln  IV  et  aux  ieraiits 
éTe>'és  à  Saint -Ildephonse  ou  au  Buen-lteliroT  Peut-être  le  temps 
n'était-il  pas  venu;  mais  l'empereur  avec  sa  ruse  habituelle  le  ferait 
naître  bientôt  ;  son  dessein  se  développait  alors  ;  il  voulait  substituer 
sa  famille  à  celle  des  Bourbons,  il  avait  la  couronne  de  France,  l'Es- 
pagne subirait  le  sort  de  Naples. 

Le  cabinet  de  Londres,  qui  faisait  pouisuivre  la  marine  et  le  com- 
merce espagnol  avec  un  vigoureux  acbamanmt,  ne  manquait  pas  de 
répéter  celte  prédiction  de  l'avenir  au  ministère  espagnol,  afin  de  lut 
rendre  un  peu  d'énergie;  ses  agents  secrets  disaient  au  prince  de  la 
Paix,  à  la  reine  et  au  roi  Charles  :  «  Ne  voyez-vous  pas  la  perfidie  do 
Napoléon  ?  Il  vous  ménage  pour  vous  perdre  ;  réveillei-vous  avec 
l'Europe  alarmée!  tremblez  sur  l'avenir  de  votre  monarchie  :Naples! 
Naplesl  c'est  un  exemple.  »  On  peut  déj&  remarquer  qu'il  se  fait  à 
cette  époque  un  léger  mouvement  de  rémstance  à  la  cour  de  Madrid  ; 
le  prince  de  la  Paix,  pour  se  rendre  phjs  populaire ,  se  montre  anti- 
français  ;  la  Bussie,  k  Pnuse  et  l'Angleterre  l'engagent  «multaoé- 
ment  k  ime  invasion  par  le  Midi  ;  l'Angleterfe  proBiet  de  hii  rtndre 


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L'SDBOn   AWKta  LA  UTÀM.UI  B'AOSTHHjn.  79 

sa  flotte  ;  tandis  que  les  grandes  batatiksseliTTeBtBaNwd.teprince 
de  la  Paix  arme.  Napoléon,  trop  préoccupé  des  éTénemeatade  ht  coall< 
tioB,  aperçoit  à  peine  ces  préparatifs  militaires  :  il  est  ataa  déBosce, 
et  il  croit  k  la  faiblesse  et  A  la  Iftcheté  du  gouvememeiit  espegB«l  ;  M 
}■  compte,  jusqu'à  la  fameuse  prodamation  du  prince  de  la  Paix  qu'il 
reçut  sar  le  cba^^l  de  bataille  d'Iéoa.  Tant  il  y  a  que  la  ruiae  de  la 
nftïBMi  de  Naples  fit  ouvrir  les  yeux  aux  itoailioBs  d'E^jagne  ^  ;  ils  y 
Tirent  aosù  leur  arrêt  fatal  :  les  Bonaparte  devenaient  leurs  rivaux, 
ane  jeune  dynastie  s'oi^Msait  à  leurs  UasMs;  ces  priaees  fnbles  et 
BwiGlialairis  geréfeillèrrat  à  peine  pour  reton^r  dans  leur  léthargie. 
La  politique  des.  Bourbons  d'Espagne  est  alors  comme  une  grande 
sieste  ;  rien  ne  peut  les  déranger  ;  le  moede  ébranlé  ne  réveillerait 
pas  un  Udalgo  après  l'Àngelus  de  raidi  dans  Us  rues  de  Madrid  et  de 
SéviUe. 

L'infatigable  activité  de  Tempereor  n'avait  oublié  aucune  des  l(m- 
gaes  traditions  diidomatiques  ;  et,  puisque  la  fiossie  allait  ratrer  en 
Uce,  NapeléoM  Ait  fixer  les  yeux  sur  l'empire  ottonan,  adversaire-né 
de  CCS  Russes  qui  menaçaient  d'une  notrveUe  campagne.  Lorsque  le 
aaréchal  Brune  eut  quitté  Gonstaotifiople,  la  Porte  ottonane  se  place 

'  A  c«U«  époqoe  Joseph  BanapiTte  ioterreniil  déjà  dans  les  alTiirM  de  Naplee  et 
Umt  uinao{ait  sa  prochaïoe  royauté.  Toici  une  de  ses  proclamaUoQS  : 

•  JoMfh  NapoUoD,  jtw*  tnaçtia,  gnmA  ileeuv  de  l'empire,  Uenlenant  de 
l'empereur,  commandant  en  chef  son  année  de  Heyks,  govttooeui  des  m  jcumei  4e 
lUpkset4e8kile. 

>  PtiqilM  du  i«;aaiue  de  Naidw  1 

•  L'iufmtm  dca  Franfais  el  roi  dlialie,  vouImiI  éloigMT  de  tous  ks  calamitia 
4»  k  gwere,  arait  slgaé  avec  votr«  co«ï  «■  traita  de  MBtrslîié.  11  CNTalt  aseiinr 
par  ii  tMtc  tranquillité,  au  naUjen  du  vaale  intendie  dont  la  troisième  coalition 
■Msiaçiii  fBwopc  Mais  ta  eo«r  de  Naples  s'cat  engagé*  de  plein  gré  paml  nos 
gnnwsi^  el  a  ouvert  sesÉtalsauiKueseset  atu  Anglais.  L'anjNreur  desFraicaia, 
dont  la  justice  égale  la  puissance,  veut  donner  un  graod  eiemplt,  conuDandé  par 
rbûanav  de  sa  couionse,  par  Its  ÎBiérits  ia  «on  peuple,  et  par  la  fttocBsiU  do 
tHMii  ta  EuTApe  le  respect  qu'a»  doit  à  k  foi  publique. 

•  L'araéa  que  je  conanndc  marche  pour  punir  cette  perfidi»;  waia  TOBB,  peuplai, 
vous  B'mi  lieo  i  craindre;  ce  n'est  pas  contra  vous  que  sou  dirigées  ses  armas. 
Les  Mitels,  les  ministres  de  votre  culte,  vos  lois,  vos  propriétés  scNot  respestés. 
Les  aoldals  français  seront  tos  frères. 

•  Si,  coBtre  les  Jatentions  biei^isates  de  sa  m^esté,  vous  pranu  ks  armes,  si 
la  eoui  qui  tous  «cil*  vous  sacrifia  à  ses  fureurs,  l'année  française  est  telle  qae 
toutes  les  forces  promises  k  vos  princes,  fussutt^les  sur  votre  terriMiret  ne  sau- 
raient les  défendre. 

>  Peuples,  soyez  sans  inquiétude  ;  ceLteguerre  sera  pour  vsnnrépeqned'UDe  paît 
Mlida  et  d'une  prospérité  dunUr.  > 


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80  L'bCROPB   APBiS  LA  BATAILLA  d'aCSTEBUTZ. 

dans  une  sorte  de  neutralité,  favorable  néanmoïus  h  la  coalition  ;  elle 
n'envoya  point  des  troupes  en  Italie  comme  en  1799,  l'état  de  tet- 
mentation  de  l'islamisme  ne  le  permettait  pas.  Sélim  III  s'était  placé 
un  moment  sous  la  protection  de  l'Angleterre  ;  l'éclat  que  jeta  la 
bataille  d'Austerlitz ,  le  retentissement  que  partout  elle  produisit , 
l'avait  détenniaé  à  se  rapprocher  de  Napoléon,  et  un  envoyé  extraor- 
dinaire vint  à  Paris  pour  offrir  un  traité  réciproque  qui  unirait  les 
deux  empires  ' .  II  était  important  pour  l'empereur  d'exciter  Sélim  à 
des  armements  militaires  pour  essayer  une  forte  diversion  sur  le 
Danube,  tandis  que  lui  porterait  la  guerre  en  Pologne  ;  il  accueillit 
donc  l'ambassadeur  Mouhib-effendi  avec  la  plus  gracieuse  attration; 
sa  réponse  fut  pleine  de  gravité  ;  son  imagination  orientale  lui  fournit 
les  expressions  les  plus  colorées  pour  frapper  vivement  l'attention  de 
Sélim,  et,  dans  une  dépêche,  il  lui  montra  les  avantages  d'une  guerre 
simultanée  contre  les  Russes.  Le  général  Sébastian!  fut  désigné  pour 
l'ambassade  de  Constantinople  :  jeune  et  brillant  alors,  il  venait 
d'épouser  mademoiselle  de  Goigny,  de  la  vieille  race  du  maréchal  de 
France  ;  il  partit  avec  des  officiers  français  dans  le  dessein  d'oi^niser 
à  l'européenne  les  troupes  destinées  à  faire  diversion  &  la  guerre  entre- 
prise coutre  le  czar  Alexandre. 

■  Monhlb-effeDdi ,  ambassadeur  de  la  font,  s'nprima  diDS  d«s  touM  fort 
eiallés  pour  Napolion  [5  juin  ISOS)  : 

■  S.  M.  l'empereur  de  toutes  les  Turquies,  nutlres  sur  les  deni  contlDeots  et  eut 
les  deux  mers,  urtitcur  fldtle  des  deux  villes  saintes,  le  sultan  Sélira-Han,  dooi  le 
règne  £0lt  étemel  J  m'envoie  i  S.  M.  I.  et  R.  Napoléon ,  le  premier ,  le  plus  grand 
parmi  les  souTeraina  de  la  croyance  du  Christ,  l'astre  éclatant  de  la  gloire  des  nations 
occîdintales,  celui  qui  lient  d'une  main  ferme  l'épée  de  la  valeur  et  le  sceptre  de  la 
justice,  pour  lui  remettre  la  présente  lettre  impériale,  qui  contient  \ta  féliciiallons 
sur  ravénement  au  IrAne  impérial  et  rojtl,  et  les  assurances  d'un  aliachemeni  put 
et  parrait. 

»  La  Sublime  Porte  n'a  cessé  de  hire  des  vceui  pour  la  prospérité  de  la  FraDce  et 
pourla  gloire  que  son  sublime  et  immortel  empereur  vient  d'acquérir,  et  elle  avonU 
manifester  hautement  la  joie  qu'elle  en  ressentait.  C'est  dans  celte  vue,  sire,  que  mon 
souverain,  toujours  magnanime,  m'a  ordonné  de  me  rendre  pr^  du  trAne  de  T.  H.  I. 
elR..  pour  la  féliciter  de  votre  avènement,  et  pour  lui  dire  que  les  communications 
ordinaires  ne  suffisant  pas  dans  une  pareille  circonsunce,  il  a  voulu  envoyer  un 
ambassadeur  spécial  pour  signaler  d'une  manière  plus  éclatante  les  sentiments  de 
confiance,  d'attachement  et  d'admiration  dont  il  est  pénétré  pour  le  prince  qu'il 
regarde  comme  le  plus  ancien,  le  plus  fidèle,  et  le  plus  nécessaire  ami  de  son 

Napoléon  répondit  : 

a  Monsieur  l'ambassadeur,  votre  mission  m'est  agréable.  Les  assurances  que  tous 


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l'bOBOPB   AraiS   U   BAT&HXE  D'ACSTBRLtrz.  81 

Rien  ainsi  n'était  oublié  dans  l'imaginatioD  exaltée  de  l'empereur  ; 
tl  signait  à  peine  la  paix  de  Presbourg,  et  déjà  il  s'emparait  de  Naples  ; 
en  démoralisant  le  cabinet  de  Berlin,  il  méditait  l'abaissement  de  la 
Prusse  et  la  ruine  du  roi  de  Suède.  Quant  k  l'Autriche,  il  en  savait 
toute  l'impuissance,  et  n'exigeait  d'elle  alors  que  le  payem^t  in- 
flexible des  contributions  de  guerre  ;  il  faisait  de  l'argent  au  moyen 
de  levées  arbitraires  à  Hambourg,  h  Lubeck,  k  Vienne  ;  par  un  ordre 
de  l'empereur,  4,000,000  de  florins  étaient  levés  sur  la  seule  ville 
de  Francfort  ;  il  armait  la  Porte  contre  la  Russie  ;  puis  caressant  le 
grand-duc  de  Wurtzbourg,  U  préparait  un  rival  k  François  II,  même 
pour  la  couronne  impériale  d'Autriche  ;  à  M.  de  Hardenberg  il  oppo- 
sait M.  de  Haugwitz.  Tous  ceux  qui  gênaient  son  système  étaient 
Bétria,  tous  ceux  qui  le  servaient  recevaient  des  éloges  à  pleines  mains 
dans  ses  journaux.  Infatigable,  il  distribuait  les  couronnes,  les  Sefs, 
et,  comme  le  Jupiter  des  anciens,  la  terre  tremblait  sous  ses  pieds 
lorsqu'il  secouait  la  tête  ! 

me  doDDei  des  wniimnits  du  suIUd  Sélira ,  votre  maître,  ronl  à  mon  taux.  Va  d«s 
^us  gTtnds,  des  plus  précieux  aTinttges  que  je  Tnii  retirer  des  succès  qu'ont  obie- 
mw  mts  armes,  c'est  de  soutenfret  d'tider  le  plus  utile  comme  le  plus  ancien  de 
■W8  Mits.  Je  me  plais  àvous  eu  donner  publiquemeui  et  soIcDDellenieni  l'assurance. 
Teui  ce  qui  arrivera  d'heureux  au  de  malheureux  aux  Ottomans ,  sera  heureux  ou 
malheureux  pour  la  France.  Monsieur  l'ambassadeur,  iranemeltex  ces  paroles  an 
sultan  Sélim  ;  qu'il  s'en  souvienne  toutes  les  fois  que  mes  ennemis,  qui  sont  au^si 
les  den*,  Tondront  arrïver  jusqu'à  lui.  Il  ne  peut  jamais  rien  iTOlr  ï  craindre  de  moi  ; 
U  n'auia  jamais  à  redouler  la  puissance  d'aucun  de  ses  ennnnia.  • 


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gffT&MB  TÈDÈBÀXIW  ST  fAoDAL 


caiiPiTiUE:  V. 


nsTbvK  rtotatTiF  st  rtoDU.  dm  l'impiu  fkâhçiu. 


Créaii 00  des  grands  fleh.  —  Les  dDcbte  de  DrimaUe,  —  dlsliie,  —  de  Frioul,  ~- 
deCidore,  —  deBdlsm,  —  de  Cob^um,  —  d«  TrériM,—  d«  FdCn,  —  d* 
BesssDo,  —  deTiceoce,  —  dePadome,  —  deBorifo,  —  deMuuet  Carnn,  — 
de  Panne  et  Pttisuice.  —  Principautés  de  NeufcUtd ,  —  de  Guutalla ,  —  de 
Bénévent,  —  de  Ponte-Corro.  —  Kojautés  de  Neples  et  de  Hollande.  —  Le  Mf- 
dinal  Feseb ,  coadjalenr  du  iniace  primat.  —  Cféalion  de  h  confUératlon  da 
Khia.  ~  pnMier  projet  d'uBiarsuaiede  Weslfifadie.—  Idée  g^étaledaiTEtèiiM 
fédéretirdeNapolicD. 

Kan  1  ■i>Al  IBOS. 

L'édifice  toDt  entier  de  Tempire  français  avait  jusqu'alors  reposé 
Bur  la  personnalité  de  Napoléon  ;  il  n'y  avait  aucune  institatioa  pa- 
rallèle, aucune  force  politique  de  nature  à  perpétuer  ta  vaste  créaticm 
du  génie  et  de  la  victoire;  l'établissement  des  dignités  princières 
telles  que  les  sénattu-consultes  de  1804  les  avaient  proclamëes  et 
recoDDues,  la  fondatioD  même  des  aénatoreries  étaieat  'de  siBoptet 
décorations  personnelles  sans  racines  dans  le  sot.  L'empire  ne  comptait 
que  des  fonctionnaires  dont  le  titre  servait  de  cortège  k  la  majesté  de 
Napoléon  ;  rien  ne  consolidait  l'oeuvre  dans  les  rapports  avec  le  terri- 
toire  et  la  propriété.  L'empereur  conçut  alors  d'autres  pensées  ;  il  ne 
voulait  pas  fonder  des  institutions  sans  bases  ;  après  la  paix  de  Pres- 
bourg,  il  résolut  hardiment  et  k  vol  d'aigle  le  problème  immense 
d'ane  nouvelle  féodalité. 

Deux  idées  le  préoccupent  exclusivement  :  à  l'extérieur,  le  sys- 
tème fédératif  qui  devient  la  force  et  la  destinée  de  ses  relations  di- 
plomatiques ;  k  l'intérieur,  une  ot^anrsation  de  fiefs  et  de  tenures 
qni  pût  remplacer  l'ancienne  féodalité ,  vivement  atteinte  par  les 
Bourbons  et  que  la  constituante  abolit  dans  la  première  effervescence 
de  la  révolution  française.  Par  système  fédératif  à  l'extérieur,  Napo- 
léon entend  une  certaine  existence  coordonnée  entre  les  divers  Étals 


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Mt  LBJfPIBE   FRANÇAIS.  83- 

qvi  entourmt  le  territoire  de  l'empire  français,  de  manière  qu'au 
cas  de  guore,  tous  ces  États,  sous  l'influeace  de  la  France,  puissait 
BHdier  4  la  suite  de  l'empereur,  adopter  sa  politique,  recruter  ses 
Mmbes  et  réaliser,  sous  sa  bannière  déployée,  les  vastes  projets  qu'il 
a  c«Bçu8.  Far  système  féodal,  Napoléoii  entuKl  la  création  d'un  cer* 
tain  nombre  de  vastes  tenures  militaires  on  civiles  pour  récompenser 
les  services  rendus  à  sa  personne  ;  ce  système  rattacherait  i  sa  dj- 
■iatie,  cemme  u»  réseau  lié  au  centre  commun,  une  organisation  de 
familles  avec  des  devoirs  spéciaux  et  des  obligations  directes  à  l'égard 
de  la  majesté  suzeraine.  Ce  plan  se  réalise  pen  è  peu  et  se  couronne 
par  les  majorats,  réaction  la  plus  complète,  la  plos  hardie,  contre  les 
décMnes  de  1789  et  le  code  civil  tout  entier. 

Les  cessitns  territoriales  stipulées  dans  tes  traités  conclus  à  Prea- 
boui^  avec  la  maison  d'Autriche,  et  les  négociations  accomplies  par 
le  comte  de  Haugwitz  au  nom  de  la  Prusse,  permettaient  la  réalisa- 
tion de  cette  double  pensée  de  grandeur  pour  l'empire  français;  le 
traité  conclu  avec  l'Autriche  cédait  tous  les  États  de  Venise  en  terra 
ferme,  provinces  qui  entourent  l'Adriatique  et  forment  de  somptueux 
domaines  dont  les  revenus  depuis  la  convention  de  Campo-Formio 
araient  largement  dédommagé  l'Autriche  de  la  cession  des  Pays-Bas. 
Les  arrangements  faits  avec  l'Allemagne,  la  cession  de  Clèves  et  de 
Nenfch&t^  par  la  Prusse,  de  Bei%  par  la  Bavière  *,  et  la  cooquéls 

■  IMjà  Iw  iBcieni  sonfaniocdcs  iwica  cMies  à  rsD^aresr  des  ^ancais  imvUrat 
k«c8  nij«H  i  h  DOUTelle  «AéisMDce  Mvin  HapoMoa. 

«  Noos,  MaiiRHlien-JaMpli,  pir  la  grioe  de  Dieu,  roi  de  Bavière,  électeur  du  MiM 

■  Bo  toaaiepeatt  d'an  arrangement  «aodu  eolre  S.  U.  l'empereur  des  Fraacaia 
et  Mri  d'itaiîe  et  nous,  le  duché  de  Berg ,  poseédi  par  nom  et  noire  naisMi  royale, 
pMNi  S.  M.  l'empCTEnr  des  Français.  Noos  eo  faisons  part  i  nos  cî-derant  fidèlet) 
états,  findatalrM,  nasan,  seiTiicura  et  corpontions  médiates,  et  i  tous  les  sujets 
ém  AmW;  MDi  les  ddUons  formeHeneat  des  liras  qoi  les  aUechaient  à  noua  M  i 
notre  maisoii  rojile,  el  IranEiuettoas  toas  nos  droits  sans  reslriclion  k  S.  M.  l'ent-- 
pcrcarda  Français.  Nous  nous  bisons  vn  deroir  particulier  de  («rmiiiar  nos  actes 
et  govrentement  dans  le  dncbé  par  des  Temerclmenls  ijne  Qoas  adressons  aux  sujets 
fovt  les  prMtne  mtdtiidiéfs  qu'ils  nous  ont  données  de  leur  fidélité  et  de  leur  att». 
ebement  lBTtol«bl«e,  et  nous  ks  assorons  ici  de  notre  reconnaissance  paletpeUe. 

»  Donné  en  notre  résidence  rojale  de  Uimich,  le  IB  mars  de  l'année  1806,  la  pro- 
inière  de  notre  empire. 

s  S^fW.-HAxmiusir-Jomra.  X 

Le  rt^  de  Prusse  écririt  aussi  unnaerit  «ui  habitants  des  TJIka  et  priocipautés  da 
Xeufcbitel  et  Va'angin  en  Sotaso,  pow  leur  faire  part  do  la  cession  qu'il  avait  bite 


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84  SYST^HB   FÉDÉEATIF   ET   FÉODAL 

da  r07aume  de  Naples  avaient  également  mis  i  la  disposition  de 
l'empereur  des  domaines  opulents  ;  leurs  revenus  pouvaient  être  nti- 
lement  répartis  comme  récompense  des  servie*»  rendus  par  l'armée 
et  ira  dignitaires  du  nouvel  établissement  impérial.  Jusqu'alors  il  j 
avait  eu  un  si  beau  dévouement  à  la  majesté  de  Napoléon  I  tout  s'était 
fait  pour  lui,  et  on  aurait  blâmé  cet  égoïsme  qui,  renfermant  toute 
bt  gloire  dans  une  seule  personne ,  n'aurait  pas  Tait  participer  ses 
nobles  compagnons  de  périls  et  de  travaux:  à  quelques-uns  des  rayons 
éclatants  de  cette  magnifique  fortune. 

Au  moment  même  où  l'empereur  promulguait  les  statuts  consti- 
tutifs, le  livre  d'or  de  sa  propre  famille,  il  adressa  au  sénat  le  message 
qui  fondait  les  fiefs;  on  voit  poindre  et  se  développer  dans  ce  doca- 
ment  historique  les  idées  puissantes  de  Napoléwi.  A  l'époqoe  de 

de  CE  pays  i  remprreur  NapolfoR.  Cette  procbmitian ,  datée  de  Berlin  le  18  (é- 
jïïiet  ISOe,  fut  publiée  le  11  mars  A  Neufcbéiel.  En  voici  un  eitrait  : 

a  Frédéric-Guillaume,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  de  Prusse,  eic.  Àmés  et  (cavx, 
ului.  Le  dévouemeDl  paleroel  que  depuis  notre  aTéDemnit  au  trdne  nous  avons  pria 
i4àche  de  témoigner  en  toute  occasion  au  pajs  de  Neurchltel  et  Valangin,  doit  tous 
bire  juger  des  seotlmeols  qu«  nous  éprouTons  en  toub  adressant  la  présente.  Elle 
cet  demioée  i  vous  annoncer  un  ehangemeni  que  les  cireonsianccs  ont  rendu  inévi- 
table. Des  considérations  de  la  dernière  importance,  prises  de  l'intéréLle  plus  pres- 
sant de  notre  monarchie  entière,  nous  ont  obligé  d'acquiescer  i  remettre  entre  les 
ntains  de  S.  M.  l'empereur  des  Français  le  soin  du  bonheur  futur  de  ces  fitats. 
Quelque  dé^r  que  nous  eussions  de  continuer  à  y  travailler  nous-méme»,  et  quelqae 
peine  profonde  que  nous  ressentions  de  nous  séparer  de  sujets  estimables,  dont  nouj 
avons  toujours  ^nlemenl  approuvé  la  loyauté  et  l'attachement,  nous  ne  pouTions 
nous  dissimuler  combien  cette  résignation  volontaire  a  été  préférable  pour  vous  au 
ebrtd'un  pays  de  conquête,  dont  sous  d'antres  rapports  vous  étiez  menacés.  D'ail- 
leurs, la  distance  où  votre  paya ,  par  sa  position  géographique,  se  trouve  du  caoln 
de  noa  États,  ne  permettant  pasdelefaireiouird'uneproteetion  suffisante  et  directe, 
et  cette  situation  le  faisant  nécessairement  dépendre  de  l'empire  français,  tant  pour 
flOD  approvisionnement  que  pour  ses  relations  de  culture,  de  commerce  et  d'iodut- 
liie,nousdevonspenserquelesliens  les  plus  étroiisqui  vont  l'attacher  i  cet  empire 
pourront  devenir  pour  ses  habitants  une  nouvelle  source  de  bien-être  et  de  pros- 
périté. 

n  Aussi  notre  Intention  est-elle  de  contribuer,  autant  qu'il  dépendra  da  nous,  par 
aotre  Intercession  et  nos  bons  offices  auprès  du  gouvernement  français,  à  lui  offrir 
les  avantages  qu'il  peut  désirer.  Vous  devei  éire  convaincus,  en  général,  et  nous 
tous  chargeons  de  témoigner,  en  toute  occasion,  que  nous  prendrons  toujours  il  ce 
pays  et  à  ses  habitants  un  vif  et  sincère  intérêt,  et  que  la  mémoire  de  leur  déroue- 
ment  et  de  leur  Bdélité  ne  s'effacera  jamais  de  notre  cteur.  La  sagesse  du  puissant 
souverain  auquel  leur  sort  est  uni  permet  d'espérer  en  toute  cooDance  l'accomplisse- 
ment des  vceui  ardents  que  nous  formons  pour  eai. 

■  FEiniKic^GuiLLAnu.  » 


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VB   l'empire   FBAAÇAI9.  6S 

Chariemagnc,  qui  préoccupe  si  rivement  son  ardente  imaginatioD» 
H  j  avait,  autour  de  l'empereur  d'Occident,  des  rois  ses  tributaires» 
des  ducs  qui  conduisaient  les  masses  guerrières,  et  formaient  la  spleiK 
dear  de  sa  couronne  comme  les  escarboucles  autour  du  diadème  :  on 
comptait  les  rois  lombards,  les  ducs  de  Bénévent,  de  Bavière,  de 
Gascogne,  les  seigneurs  de  Montauban  et  toutes  les  familles  féodales» 
cortège  de  l'empereur  germanique  lorsque  dans  les  coun  pléniërca 
i\  vidait  sa  vaste  coupe  remplie  de  Tîn  du  Rhin  ou  de  la  Ueuse. 

La  fondation  décrétée  par  Napoléon  se  ressentait  de  cette  idée  du 
mojen  Age  sptendide  et  pourprée;  il  établissait  des  âefs,  distribués 
à  cens  de  ces  fidèles  dignes  de  ces  nobles  récompenses  ;  tous  ces  QeU^ 
il  les  jetait  dans  les  provinces  éloignées,  au  centre  d'États  plus  consi- 
dérables, de  manière  À  ce  qu'en  aucun  cas  les  vassaux  ne  posent 
devenir  dangereux  pour  le  suzerain  dont  ils  tenaient  leurs  titres  et 
leurs  domaines.  Les  premiers  fiefs  de  l'empire  durent  comprendre 
les  provinces  illyriennes,  autour  des  possessions  de  Venise,  récemment 
noies  au  royaume  d'Italie.  Si  le  prince  Eugène,  comme  vice-roi, 
recevait  en  dép6t  la  couronne  de  fer  au  nom  de  son  glorieux  père 
adoptif  ;  si  à  ce  royaume  le  traité  de  Predwurg  ajoutait  Venise  et 
les  Etats  de  la  terre  ferme,  on  séparait  de  ces  domaines  douze  fiefs,. 
à  l'imilaUon  des  douze  barons  que  les  romans  de  chevalerie  donnaient 
à  Charlemagne  : 

La  Dalmatie,  vastes  terres  peu  civilisées,  population  mélangée  de 
races  slavonne,  turque,  italienne  ;  brave  peuple  qui  pou>1iit  fournir  des 
régiments  exercés  ;  sujets  indomptables,  les  Dalmates  étaient  durs 
sur  un  champ  de  bataille;  l'Istrie,  qui  environne  Trieste,  ces  richea 
pays  que  l'on  traverse  lorsque  de  Klagenfurth  et  de  Laybach  on  des-» 
cend  de  Vienne  pour  saluer  l'Adriatique;  le  Frioul,  terres  mon- 
tuenses,  oà  se  voit  Palma  Nova,  la  gracieuse  ville,  jusqu'à  Villach» 
célèbre  par  les  marches  de  Masséna  ;  Cadore,  position  militaire  qui 
sépare  l'Italie  des  montagnes  du  Xyrol  ;  Bellune,  Conégliano,  Padoue. 
Trévise,  Feltre,  Bassano  et  Vicence,  cités  heureuses  autrefois  de  sa> 
luer  le  lion  d*or  du  la  république  de  Venise  ;  Vicence,  où  se  voient 
encore  les  peintures  de  Paul  Véronèse,  les  chefs-d'œuvre  d'Andrû 
Vïcentin,  et  le  théâtre  olympique,  construit  sur  les  ruines  du  vieux. 
cirqne  romain.  Dans  le  fief  de  Bassano  fut  compris  l'établissement  des 
Sept>Communes,  république  de  montagnards  qui  se  préserve  intacte, 
sur  le  sommet  des  rochers,  dans  les  conditions  de  l'indépendauco. 


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80  STSTiHB  FÉDiKATIF   KT  FÉÛOAL 

primitlTe,  comme  la  république  de  Stn  Huïdo  dans  les  Apennins. 
Enfla,  Horigo,  1«  porte  de  terme,  à  quelques  lieues  de  la  Uaotoue 
de  Virplfi  H  de  la  Vérone  ronuine;  Vérone  tvec  son  immraae 
cirqoe  où  100,000  specUtaurs  s'owejeieat  dsns  les  re^ésenUUoM 
BcéQÎqDCS  *,  quand  le  {^dialeur  offrait  sa  large  ^trina  ruÏMBlante 
de  sang  et  de  tueur. 

Je  répète  que  le  nombre  des  grands  fitfs  primiUvement  oonstltués 
s'élevait  à  douie,  en  m^noire  des  pairs  de  Philippe-Auguste  ,  on  des 
chevaliers  de  la  Table  ronde  :  niHBbra  mystique  que  le  pieux  mojai 
ftge  avut  étatii  comme  la  règle  et  la  base  de  toute  oMOciation  ;  pti- 
mitivonent  il  y  mt  donc  doute  feudataires  ;  mais  bi«it6t  le  nombre 
a'auementa  par  la  réunions  succestivea  d'antres  fiefs  qat  ntamt 
s'ajouter,  par  la  conquête,  à  l'empire  de  Napoléon.  La  Pruase  avait 
cédé  la  principauté  de  Neufdiitel  et  la  dudé  de  Qèves  ;  la  Bavière 
dmnaBng  comme  un  hase  QeufoaÀlaoonrtmne.  Les  douaefieftprtmi- 

'  Dierat  impérial  dafi  d^  30  mon  1806, 

B  Article  1".  Les  ËtatsY«niiiens,  tels  que  nous  les  «cédés  8.  H.  l'empereur  d'jU- 
Ifinagne  par  la  traiié  de  Presbourg,  sont  déBoItlvemeot  rtunts  i  notre  royanMC 
d'IUUf ,  pooTM  Mm  fpitie  Uégnate,  k  oMamoicw  dn  t"  mti  prothaiu,  et  mi 
dure**  ft  unditioQs  Rt^ulte  pu  lea  artielN  ci-aprèi, 

■  A».  2.  Le  codé  Napoléon,  le  sjstème  moDétaire  de  notre  «npire,  elle  concordat 
coDchl  entre  nous  et  S.  S.  pour  notre  royaume  d'Italie .  Ecront  lois  fondunentales  A» 
notre  royaume,  et  il  ne  pourra  f  être  dérogé  sous  quelque  prétexte  4pM ce  Mit. 

B  An.  3.  Nous  >T«a8  érigé  H  éri(eoiis  es  ivcUa  eftad«-fie&  de  nom  empire  l«t 
proTinces  ci-aprts  désiggées  :  1°  la  Oalnutie,  3°  l'Istrie,  3°  le  Frioal,  4°  Cadore, 
i'  Bellune,  6°  Conégliano,  7°  Trévise,  8"  Feltre,  9°  Bassano,  10"  Vicence,  if  Padooc, 
lt>EoTt8«. 

■  Art.  4,  neM  ■on*  TéMrron*  d«  4onHr  ViBTctfititre  deHUu  fltb,  pour  Mr« 
transmis  Urédilairemcnt,  par  ordre  de  primogéniture,  aui  descendants  miles  légi- 
ttmes  et  naturels  de  ceux  en  faveur  de  qui  nous  en  surons  disposé  :  et  en  cas  d'ei- 
tlBetion  de  teiu  deKendance  niscnllM  UgltiiM  et  natarelle,  kaditc  Mb  anM 
t^vmfUes  k  BCtn  couniBfie  wtpMitt,  peur  m  tut  diapoeé  pu  nous  bu  bw  «le^ 
ecMeun, 

D  Art.  S.  Nous  entendons  que  1s  quiimime  du  ruTcnu  que  noire  royaume  d'IuHt 
retire  ou  retirera  desdites  protinces,  soit  «itacbé  snidits  fieb  pom  étr«  possédé  par 
eaui  que  KHueBaiiKiwi«v<itJi;  nousiisemat  «n  eatre.et  peur  la  mtee  4«e- 
tiniUon,  U  dispoiUioa  de  30  millioH  de  domuDoS  nationaiu  situés  iws  lesdiie* 
provinces. 

a  An.  6.  Des  inscriptions  sont  créées  sur  le  Honte-Napoleone  Jusqu'i  U  ceneuv- 
rence  de  1,IW,M0  ft«n«i  de  famua  eaniieBei ,  Monnaie  de  France,  en  fkTenr  àm 
iéaéiua,  offlcieia  et  soldais  <fai  ont  tmào^  les  plu  gruds  services  &  la  patrie  et  à 
notre  couronne,  et  que  nous  désignerons  i  cet  effet;  leur  imposant  la  condition 
cipresse  de  ne  pouvoir,  lesdlls  généraux ,  officiers  et  soldais,  avant  l'expiration  de 
dix  annAee,  vendre  en  tMMr  leedHea  lentee  sont  noire  auterisetlon.  • 


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i«  l'bhpibb  français.  87 

tffs  tenaient  Â  l'Italie,  è  son  sol ,  à  ses  tnstitatEoiis  ;  Clirefl  et  Berg  se  rat- 
tadiaient  à  r Allemagne  et  à  l'idée  fédératÏTe  qui  déjà  germait  dam  la 
censée  de  Napcrtéon.  Le  titre  de  duc  de  Glèrn  était  retentissent  dow 
i'histoira  chevaleresque  ;  ces  comtes  et  ducs  apparaissent  avec  leurs 
armores  de  fer  dans  les  fastes  de  l' Allemagne.  Puis  un  nxnan  arait 
mis  ce  nom  à  la  mode  ;  qui  ne  savait  les  beaux  dira  de  la  Princose 
de  Oèves?  Enfin  NeofeliAt^,  la  ville  «i  lati  bleu ,  avec  son  chéteaD  k 
pic  sur  k  hauteur,  où  ae  voit  toute  la  loegue  lignée  dw  aires  A 
bourgmestres,  avec  leurs  oasqoea ,  leurs  armoiries  au  griffon ,  au  Uoa 
é^toat,  h  la  langue  da  feu  i  Neufchfttel  pouvait  former  l'origine  d'une 
iMw  piiaciyauté  daot  l'ensemble  féodal  dont  les  anneaux  se  liaient 
kVonpire;  et,  par  oe  moyen,  Napoléon  avait  un  pied  dans  la  confé- 
dération suisse;  non-seulement  il  s'en  proclamait  le  médiateur,  mais 
encore  il  faisait  entrer  MeufchAtel  dans  les  cantons  qui  se  fédéraieU 
pour  le  gouvernement  politique  des  moatagnards^  Oèva  et  Berg  lui 
donaateot  vois  dana  la  confédération  germanique  ;  NeufchAtel , 
daiB  la  omntitutioa  bdvétique  :  ses  vassaux  faisaient  ainsi  partie  des 
corps  souverains  en  Allemagne  et  en  Suisse  ;  ta  jx^itique  de  Pjapo- 
léoo  ne  cevait  de  m  développer  dans  les  conditions  de  sa  puiaance 

Au  centre  de  l'ItaliË ,  quelques  principautés  aussi  restwent  éparses 
dans  les  fim  opulentes  contrées.  Autrefois  l'Autriche  et  la  maison  de 
BoarboQ  trouvaient  dans  ces  terres ,  riches  de  leur  sol  et  de  leurs  re- 
venus, OBI  moyen  de  donner  des  apanages  i  leurs  cadets  et  à  leurs 
pdtaés  aana  cbai;ges  pour  l'ËUt.  Si  l'atné  de  la  race  possédait  k  ooo- 
roone  dans  tout  son  éclat ,  on  donnut  aux  antres  frires>  avec  la  con- 
dition de  retour,  de  belles  terres,  soit  en  Italie,  soit  sur  leBhin,  at 
cette  ptuée.  Nappera  voulut  la  réaliser  pour  les  siens  :  il  y  eut  donc 
dee  fiefs  dans  les  pays  d'Italie.  Le  royaume  d'Ètnirie  existait  encore 
soos  UM  fitie  infants  qui  était  souveraine  des  nobles  cités  de  la  Tos- 
cane, Uvoume  et  FlOTonce  avec  Son  d^e,  son  palrà  ducal ,  ses 
bdlea  galeriesque  domine  la  tribuee  aux  vitraux  éclairés  par  le  sol^l 
qui  dore  l'Amo.  Autour  de  la  Toscane ,  Napoléon  créa  des  fiefs  : 
Haasa  et  Carrera ,  au  pied  des  carrières  de  marbre  que  GaaOva  ciss- 
lait  pMr  en  faire  des  cbeftd'œttvre  i  Parme  et  Plaisance ,  oes  deux 
joyaux  que  l'on  traverse  au  milieu  des  jardins  et  des  vignes  suq>en~ 
dues  aux  peuf^iers,  semblaUes  aux  ba»-rdiefs  antiques;  Guastalla, 
dans  la  vallée  ombrée  où  les  pAtres  rappellent  les  bergeries  de  Tempe . 


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88  SYSTiHB   FÉDÉBATir  XT  FÉODAL 

EnBn ,  poor  compléter  ce  système  de  fiefs ,  Femperenr  détacha  de 
■a  conquête  de  Naples  deux  priocipaut^  indépendantes ,  l'une  sous 
le  nom  de  Béoévent,  l'autre  sous  le  titre  de  Ponte-Gorvo.  On  trouvait 
dans  l'histoire  des  antiques  ducs  ou  princes  de  Bénévent ,  Grecs  d'ori- 
gine ,  qui  avaient  survécu  à  l'invasion  normande  ;  ducs  déjà  terribles 
WU3  Charlemagne,  vassaux  redoutables  qui  agitaient  les  contrées 
d'Italie.  La  seconde  principauté,  celle  de  Ponte-Corvo,  pays  agreste» 
fut  désignée  comme  un  poste  militaire  en  avant  pour  défendre  la 
royauté  napolitaine.  Napoléon  remuait,  avec  sa  vive  imagination,  lea 
temps  anciens  et  les  époques  modernes  ;  le  présent  n'était  pour  lui 
qu'un  instrument  immense  pour  lier  la  chaîne  des  périodes  historiques. 

Ainsi  fut  fondé  le  système  féodal  dans  la  pensée  de  l'empereur  ;  il 
était  la  conséquence  d'un  empire  militaire  établi  sur  la  vaste  échelle 
de  la  conquête  et  de  la  défense.  La  préoccupation  du  souverain  ne 
s'étendait  pas  seulement  à  sa  vie  ;  il  fondait  une  dynastie ,  c'es^t-dire 
une  race  qui  ne  serait  réellement  affermie  que  dans  ses  petita^b  :  de 
là  une  nécessité  absolue  d'établir  autour  d'elle  des  vassaux  assez  forts 
pour  la  défendre,  et  jamais  assez  puissants  pour  l'embarrasser;  il 
fïillait  des  leudes  aux  pieds  de  l'empereur,  des  images  de  barons  au- 
tour  de  celte  figure,  suzeraine.  Tous  les  fiefs  furent  établis  dans  les 
contrées  lointaines','  tellement  encadrées  par  les  terres  voianea  plus 
puissantes  et  plus  étendues  ,  qu'en  aucun  cas  les  nouveaux  féodaux 
ne  pourraient  prendre  les  armes  contre  leur  seigneur.  Le  décret 
parut  comme  un  jalon  posé  et  le  fondement  d'un  puissant  édifice  ; 
-peu  de  dispositions  furent  faites  encore  en  faveur  des  dignitaires.  Lea 
douze  premiers  fiefs  ne  furent  pas  donnés  après  la  campagne  d'An- 
sterlitz  ;  il  fallait  s'attirer  des  dévouements  plus  chauds,  il  fallait  pou- 
voir dire  :  «  L'empereur  vous  contemple;  servez-le  avec  zèle,  et  de 
riches  domaines  vous  seront  donnés  ;  vous  serez  prince ,  duc,  en  rai- 
son de  vos  services  ;  allons,  nobles  féodaux,  à  l'œuvre  de  la  conquête  ; 
fêtez  le  suzerain ,  et  vous  aurez  la  brillante  émeraude  sur  votre  cou- 
ronne ducale ,  et  vous  viendrez  au  banquet  de  l'empereur  k  cheval 
pour  lui  donner  la  coupe ,  comme  aux  vieilles  cours  plénières  de 
(iermanie.  » 

Les  premières  dispc^tions  de  Befs  furent  faites  au  profit  des  maré- 
chaux Murât  et  Berthier  ;  Murât  obtint ,  avec  le  titre  de  grand-duc, 
Clèves  et  Berg  *  ;  le  brave  soldat  au  panache  flottant  dans  une  ba- 

'  L'acte  qui  iaont  le  gnnd-dncbé  de  B«f  t  Hurat  est  ainsi  conca  : 


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DB  L'eMMBE    FBAKÇAIS.  S9 

UiDe ,  celui  qui  distribuait  si  bien  des  coups  de  sabre  dans  la  mêlée , 
dut  succéder  à  ces  ducs  de  Glèves,  quelalégende  comparaît  au  comte 
de  la  Marck,  le  Sanglier  des  Ardennea ,  si  redouté  sur  les  bords  de 
la  Meuse  et  du  Rhin  aux  temps  féodaux.  Désormais  le  maréchal 
Muret  fut  graniMuc  et  confédéré  germanique  ;  son  fils  dut  porter  te 
titre  de  duc  de  Glèyes ,  comme  prince  souverain  allemand.  Bertbier, 
l'ami,  le  confident  de  l'empereur,  le  dief  d'état-major  de  la  grande 
armée ,  le  fidèle  qui  exécutait  les  plans  de  campagne  avec  zèle ,  le 
CMOpagnon  du  général ,  du  consul ,  de  l'empereur,  depuis  Arcole* 
Berfhier  fut  cr^  prince  indépendant  de  NeufchAtel ,  beau  lot  pour 
un  soldat  de  fortune ,  et  désormais  dans  ses  ordres  du  jour ,  par  le 
même  orgueil  qui  faisait  signer  Murât  :  «  Joachim ,  grand-duc  de 
Berg.  B  Berthier  se  donna  le  titre  d'Alexandre,  prince  de  Neuf- 
châtd,  comme  le  czar  signait  :  «  Alexandre,  empereur  de  toutes  lea 
Ronies.  » 

Déjà  commencent  les  soucis  de  Napoléon  pour  doter  sa  famille  ; 
Caroline ,  la  femme  de  Morat,  est  grande-duchesse  de  Bei^ ,  sœur  et 

a  LL.  HU.  les  rois  de  Prusse  et  de  Bavière  douh  «jtnt  cédé  mpecliTcmeot  k» 
duchés  de  Clèyeg  et  de  Berg  dsDS  toute  leur  souversinelt ,  généralement  eTec  tous 
dTMts,  titres  et  prérogstires  qui  ont  été  de  tout  temps  attachés  à  la  possession  deccf^ 
deux  dvcbés,  aiDSi  qu'ils  ont  été  possédés  par  eui,  pour  en  disposer  en  bveur  d'ui 
prince  ànotre  cboii,  nous  aroDS  transmis  lesdits  ducbéa,  droits,  titres  et  préroga lires, 
avec  la  pleine  souveraÏBelé,  ainsi  qu'ils  nous  ont  été  cédés,  et  tes  transmettons  par  la 
préseole  au  prince  Joacbim,  notre  tris-cher  besu-rrére,  pour  qu'il  les  possède  plelna- 
ment  et  dans  tonte  leur  étendue,  en  qualité  deduede  Clives  et  de  Berg,  et  les  Iraos- 
melte  héréditairement  k  ses  descendants  miles,  naturels  et  légitimes,  d'après  l'ordre 
de  primogéniture,  avec  eiclusioD  perpétuelle  du  seie  féminin  et  de  sa  de&ccndsnea. 

»  Hais  si,  ce  que  Dieu  veuille  prévenir,  il  n'eiistait  plus  de  descendant  mtle  na- 
larel  et  légitime  dudit  prince  Jouchim,  notre  beau-fïire,  les  duchés  de  CEèves  et  de 
Berg  p*GseroDt  avec  tous  droits,  titres  et  prérogatives,  t  ao»  descendanls  mites,  nato- 
tels  el  Ufiitimes,  et,  s'il  D'en  eiiste  plus,  aux  descendants  de  notre  frère  le  priDï* 
Joseph,  et  i  défaut  d'eux,  aux  descendants  de  notre  frère  le  prince  Louis,  sans  que, 
dans  aucun  cas,  lesditsdachés  de  Clèvesetde  Berg  puisscniétre  réunis  t  notre  co»~ 
ronne  impériale. 

>  Comme  nous  avons  été  particulièrement  déterminé  au  cboli  que  nous  avoua  lUi 
de  la  peisonne  du  prince  Joacbim  notre  beau-frère,  parce  que  noua  connaissons  ses 
qualités  distinguées  et  que  nous  étions  assuré  des  avantages  qui  doivent  en  résulter 
pour  les  babitanis  des  duchés  de  Clives  elde  Berg,  nous  avons  la  ferme  conflanM 
qu'ilsee  montreront  dignes  de  la  grtce  de  leur  nouveau  prince,  en  continuant  de  jouir 
de  !•  bonne  réputation  acquise  sous  leur  ancien  prince  par  leur  BdéliiéEl  leur  aitach*- 
ment,  et  qu'ils  mériteront  par  là  notre  grâce  et  protection  impériale. 

a  Doruié  dans  notre  paUis  des  Tailcriea,  le  30  du  mois  de  mars  1M6. 

>  Sifné  :  HAPOLioit.  » 


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90  STSTÉm  MÉDiSATIF  M   WÈaOÂL 

Item-frère  rentrent  àam  1«  syst^oe  fédéraUf  dot  priocea  «Ueaunds , 
Ptuliae,  priacewa  Bwghèse,  ne  te  contente  plus  de  u  bdto  vills 
4e  U  place  du  Peuple  à  Borne ,  avee  sea  pins  et  ses  cyprès,  de  ses 
merveillenseB  coUectiofis  de  camées  antiques  ou  de  ses  raagn^aes 
JbriUants  qui  scintillait  dans  les  f&tes  publiques,  il  lui  faut  d'antres 
tiers ,  et  la  voluptueuse  princesse ,  qui  n'eiiste  qu'au  milieu  dea  psr- 
funu  et  des  rcses ,  reçoit  la  principauté  de  Guastalla  des  maint  de 
s«n  frère ,  elle  veut  régner  dans  cette  Italie ,  dont  le  climat  ai  doux 
careue  son  frêle  teint  et  h  santé  affaiblie,  die  a  bflMiin  de  vivra  daas 
le  calice  d'une  Qeur.  Napoléon  résene  une  belle  dotation  à  ÈUm  ,  sa 
Wur  «tnée ,  plus  tard  la  Toscane  entière  lui  reviendra  :  l'amie  de 
Fantanes,  la  protectiiee  des  poètes  pourra  parler  la  pure  langue  ita- 
Umbo  sur  les  coteaux  embaumés  qui  entourent  Flor^bce  ,  au  milieu 
des  chefft-d'œuvre  de  marbre ,  des  tableaux  du  Cwré^,  de  Raphaël , 
et  des  fresques  du  palais  ducal.  Enfin,  et  pour  compléter  le  systàmc 
de  la  féodalité ,  U.  de  TaUeyrand  et  Bemadotte  reçurent  plus  tard  , 
l'on  la  principauté  de  Bavent  * ,  l'autre  cdle  de  Ponle^Corvo.  Les 
anciens  ducs  de  Bénévent  durent  s'agiter  sous  leurs  tombeaux,  eux  si 
f^FS ,  si  ranuants  contre  leurs  sui^ains ,  lorsqu'ils  virent  apparaître 
dans  leurs  châteaux  de  la  montagne  l'image  du  nouveau  prince  l^r 
successeur,  le  plus  souple  et  le  plus  élégant  des  diplomates  *.  Quant 
aux  paysans  de  Ponte-Corvo,  on  leur  donnait  pour  prince  un  des  ma- 


t  Le  telle  du  incMagc  de  Nipoléon  au  sénat  pour  instituer  MM.  de  TaHefrand  r( 
Btmadotte  grands  leuâiiaire»,  est  ramarquable  : 

•  Sénateurs,  les  duchés  de  Béncventet  de  Paate-Corro  étaient  un  sujet  de  litige 
eolK  le  roi  de  Napks  et  la  cour  de  Rome  :  nous  avons  jugi  convenable  de  mettre  un 
tetioe  à  ces  diBculiés,  en  érigeaol  ees  da^és  en  fieb  )mn>édiats  de  noire  enptte. 
Nous  avons  saisi  celta  ctceesiuo  de  récostpcnser  les  sertices  qni  nous  onl  été  rendu:! 
pu  notre  grand  chambdlan  et  minisitc  des  relations  citéiieures,  TallesTand,  et  par 
natre  cousin  le  maréchal  de  l'eanpire,  BemsdoUe.  Nous  n'enlendoi»  pas,  cepeadaDr, 
pvces  dispwiliona, porter  aucune atleialaaui  droits da  roideltapteset  delà  c*ur 
de  Borne,  notre  iaieolion  étant  de  les  indemniser  l'un  et  l'autre.  Par  cette  mesarr, 
ce»  deux  gouverBements,  sans  éprouver  aucune  perle,  verront  disparaître  les  causes 
d»iQéûnteUigence  qui  en  différents  tempa  ont  compromis  leur  iranquilliié,  et  <iui  «n- 
rere  aujouid'liui  sont  un  sujet  d'inqutétado  pour  l'un  et  pour  l'autre  de  ces  Étais  el 
si»rto«i  pour  le  ro  jaufli«  de  Nqiles,  dans  le  territoire  duqàri  tes  deui  priudpaHlés  ^e 
itwvent  eodatiM.  » 

*  a  Nspoléon,  etc.,  voulant  donner  à  notre  ^nd^amMlsn  et  mlnista-edMrela- 
tions  eitérieures,  TaUeyrand,  on  témoignage  de  notre  bleaveillance  pour  lesservicas 
qu'il  s  rendus  k  notre  couronne,  BMHSTODsréiolu  de  loi  tmisRrer,  comnwea  effet 
Itou»  lui  tranateous  par  ks  prèswtes,  la  principauté  de  Bénéveol,  avec  le  titre  de 


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Mi  L  Hipn«  vBàmçjoÊ.  9t 

richanx  de  l'empire  du  MKiTeaa  Ghartemagne,  ud  Béarnais  à  l'esprit 
âa  et  à  l'haMIe  conduite. 

AiiBi  se  fonniitait  )e  ifstàme  féodal  t«l  que  l'avait  coeça  Napoiéos 
pour  te  présent  «t  t'sTenir  ào  son  aarre  si  vole.  Son  idée  fédératira 
dans  l'appllctition  à  VËorope  se  fondait  sur  des  bases  non  moins  lai^ 
et  paissantes ,  rempire  français ,  géograpbiquement  pariant,  embras- 
sait an  midi  depais  Gènes ,  le  Piémont  et  la  Savoie,  jusqu'aux  Pyré- 
nées ;  au  nord  il  avait  poar  limite  le  Rbin  qui  enlaçait  la  Beïgiqoe 
jasqu'à  Anvers ,  puis  î)  s'étendait  josqn'k  la  âvisse  ;  teUe  était  sa  fwce 
que  j'appeHerai  territM-iale  et  intrinsèque.  Mais ,  d'i^rès  la  tiiéorie 
de  Napoléon  exposée  dès  le  consulat  dm»  le  livre  de  M.  d'Hautcrive, 
la  Frviee,  placée  vis-^vl»  de  l'Angleterre,  de  l'Allemagne,  de  la 
Bmie  et  de  la  Prusse ,  devait  se  BBaintenir  par  bu  s]ntènM  fédératif 
qni,  «'appuyant  sur  les  Étals  necrtres  eu  vaSKox,  pourrait  en  tonte 
cifewtancc  repooner  une  coalition  de  ton»  ks  cabinets  européens, 
Cest  n  vertu  de  ce  principe  que  Napoléon  avait  placé  sur  sa  tète  la 
cottronne  f  Italie  ;  te  riee-rorauté  en  était  conâée  à  Eogéne ,  et  par 
suite  du  traité  de  Preritourg ,  la  meilleiirv  partie  des  États  vénitio» 
était  a^omérée  h  ce  royaume  dltaHe^  ses  limites  touchaient  la 
Grèce ,  la  Hacédoine  et  l'Ëpire ,  poste  avancé  pour  envahir  an  jour 
Constantinople  ;  dans  cette  télé  active  de  N^oléon  toot  était  avenir, 
il  n'y  avait  pas  d'idée  sur  laquelle  il  se  reposât,  pas  de  conception  qui 
ne  fût  le  principe  d'un  système  plus  vaste  ;  toat  ce  qu'il  possédait 
n'était  qu'un  avant-poste  de  ce  qu'il  voulait  conquérir  encore  ;  ses 
pensées  étaient  comme  un  jalon  pour  courir  à  d'autres  pensées. 

Dans  le  royaume  d'Italie ,  au  midi ,  Napoléon  ajoutait  un  antre 
royaume;  c'était  Naples  arraché  à  la  maison  de  Bourbon.  Par  un 

ftittee  ie  Bénércnl,  poar  la  posséder  cb  ioum  propriété  et  sonm-alneté,  et  comme 
fief  immédiat  de  noire  couronne. 

■  Nousentendonsifu'ilIrMwnMtlnlfldtUpiliMipMitéiMsenhattmlIWilrfiHmes 
n'iwtnrels,  par  ordre  ds  prlmogénitnre,  noss  riaervonl,  al  h  dewewiMn  mucnlino 
■«wHIe  et  îégiliflM  renaît  i  a'tleladre,  eeque-DieniM  Tenille,  de  tranMBClm  ]bi1IIi< 
pitotîpatilé  sai  moitiés  tilrea  et  chargea,  i  notn  ebott  et  aiiiai  qu«  un»  le  eroiroiu- 
M«Teii*6le  poar  le  bien  de  nos  pevple*  H  l'îirtMl  de  nMre  eonroDM. 

■  Wotre  grand  chambeHtn  et  militaire  de»  rtkll»«a  «ilétiewea,  TalLejraDd,  priteri 
en  aos  maiM,  en  sadiie  qualité  de  piinee  et  due  de  Bénérent,  le  Miment  de  nova 
■er^  en  bon  et  loyal  sujet.  Le  même  seraieDt  atn  prêté  à  chaque  TMtnee  par  «ea 

Le  décret  qui  nomme  le  maréchal  BernadoUe  prince  de  Pont»-Ck>rTO,  nt  corfit. 


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'^  STSTÈHB  FtoteAIIF  ET   PâODAL 

shnple  message  au  sénat ,  l'empereur  annonça  «  qu'il  avait  déféré 
«ette  couronne  à  son  frère  Joseph  Napoléon.  »  La  conquête  était 
accomplie ,  la  résistance  des  laziaroal  se  briiuiit  devant  les  armées 
r^iulières  conduites  par  Masaéna  '.  Au  corps  léf^islatif,  Napoléon 
déclarant  que  la  maison  de  Bourbon  avait  cessé  de  régner  sur  Maples, 
que  restait-4li  faire?  Il  donnait  cette  couronne  à  Joseph  Bonaparte, 
par  un  ^mple  acte  de  sa  volonté  *  ;  on  ne  garda  même  aucune  forme  ; 
on  ne  prit  aucun  ménagement;  le  peuple  ne  fut  point  consulté; 
c'était  une  conquête,  un  vainqueur  disposait  de  la  couronne  par  la 
seule  force  de  sa  puissonce.  Ici  commençait  la  réalisation  du  pacte  de 
famille,  imitation  de  la  politique  de  Louis  XIV;  ce  que  le  grand  roi 
avait  fait  pour  ses  petits-fils.  Napoléon  l'accomplissait  pour  ses  frères; 
un  coup  de  baguette,  et  Joseph  était  transformé  en  roi  !  Qu'était-il 
besoin  d'une  autre  forme  constitutionnelle  que  la  volonté  de  l'empe- 
reur? Au  fond,  le  royaume  de  Naples  n'était  qu'une  annexe,  qu'une 
vassalité  de  l'empire  ;  Napoléon  disait  À  l'Europe  :  u  Ce  n'est  pas  moi 
t|Ui  règne  à  Naples,  c'est  Joseph  mon  frère,  indépendant  de  ma  cou- 
ronne. »  Son  système  fédératif  se  soutenait  en  Italie  par  l'État  de 
Venise  sur  l'Adriatique,  et  par  Naples,  non  loin  de  la  Sicile,  de  la 
Grèce  et  de  Malte  ;  plus  tard  il  placerait  l'Espagne  sous  sa  main,  afin 
d'eniacer  la  Méditerranée  sous  une  seule  dominatiou. 

'  Toici  comment  on  annoofut  b  ripression  d(»  iasurgés  montagnards  : 

NnpiM,  20  msi  1800. 

n  On  ■  fuslUi  hier,  sur  )■  place  du  CbAtcau,  deux  ofDciers  de  [a  bande  de  Vn~ 
biavolo.  H 

'  Avant  mime  i'tUe  Jlevé  i  la  royauté,  Joseph  agbsait  en  souverain.  Un  de  ses 
•ctes  constitue  le  gouvernement  napolitB[i)  : 

■  Au  nom  de  l'empereur  des  Français,  roi  d'Italie,  mon  très^ugnste  flrère  et  sou- 
Venia,  nous,  Napoléon-Joseph  Bonaparte,  prince  franfais,  grand  électeur  de  l'empirr, 
Ijeutenaot  de  sa  majesté,  commandant  en  cher  l'armée  de  Naples,  touIbdi  rendre  à 
■'■dnùnisiralion  son  activitéaccouiumée,  ordonnons  ce  qui  suit  ; 

M  Les  Tonctions  exercées  par  les  secrétaires  d'État  qui  ont  abandonné  leur  poste 
seront  provisoirement  remplies  par  des  directeurs,  ainsi  qu'il  suit  : 

»  PourlaseerélatreriedesgriMsetjustice.parH.  Hicbel-AngeCianciulli,  chef 
Ht  h  rote  du  «ocro  regio  coruiglio;  pour  celle  des  Snanees,  par  H.  le  prince  de  Bisi- 
(oano;  pour  celle  de  la  guerre,  parli.  François  Hiot,coDsàller  d'État  de  S.  U-l'em- 
jMVur  et  roi,  et  l'im  des  commandants  de  la  Légion  d'honneur;  pour  celle  de  la  marine 
par  H.  le  commandeur  PignatellI  ;  pour  la  police  générale  du  royaume,  par  U.  Sali- 
Mtti,  ci-devant  ministre  plénipeientûire  de  B.  M-  l'emperenretroiï  Gènes;  pour  les 
-affaires  ecclésiastiques,  par  M.  le  duc  de  tjassano;  pour  la  maison  et  domaines, 
ïoyaui,  par  M.  le  duc  de  Campochiaro. 

»  Fait  h  Naples,  le  32  février  1800.  »  JoaspH  Bonafaktb.  » 


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DB  L'BMPDtE  FB&HÇ&U.  A3 

Au  non)  il  fallait  créer  quelque  chose  de  semblable;  ta  puissance 
territorïale  s'étendait  jusqu'à  Anvers  ;  la  république  bataveétait  comme 
partie  inhérente  du  système  fédératif  de  Napoléon  ;  ces  formes  d'état* 
généraux,  d'assemblées  représentatives  et  délibérantes,  ne  donnaieot 
pas  une  sufOsaote  garantie  i  Napoléon  ;  il  voulait  plus  d'unité ,  plus 
d'obéissance,  et  ta  main  d'un  roi  tributaire  lui  était  indispensable  en 
Hollande,  comme  À  Naples.  Dès  lors  ce  qu'il  avait  fait  pour  l'Italie 
méridionale,  JI  l'accomplit  également  an  nord  ;  la  mission  de  l'amiral 
Verhuel,  son  voyage  i  Paris  pour  offrir  la  couronne,  les  votes  hAtive- 
ment  recueillis,  étaient  de  ces  formulés  que  l'empereur  savait  im- 
poser quand  il  voulait  arriver  h  un  résultat  indispensable  à  sa  poliUqoe. 
Toute  délibération  populaire  fut  un  jeu  joué,  un  mensonge  ;  Vemperrar 
n'eut  qu'à  déclarer  sa  volonté  souveraine  de  créer  un  royaume  de 
Hollande  en  faveur  de  son  frère  Louis  *  ;  le  même  jour,  la  république 


'  L'empereur  «DDonca  le  même  jour  l'tiectjon  du  prince  Louis  t  la  couroone  di 
Hollande,  ei  l'edoplion  du  eardînal  Fesefa  par  le  prioce  primat.  > 

*  Sénateurs,  nous tbaigeoDsnoiTe cousin  l'arcbiebtncelierderemiriredevonalUn 
counslire  qu'adhérant  aui  vwux  de  LL.  BU.  PP.,  nous  avons  proclamé  le  prîoM 
Louis  NapoléoD,  notre  bien-aimé  frire,  roi  de  Hollande,  pour  ladite  couronne  éln 
hérédiisire  en  tonte  sourerainelé,  par  ordre  de  primogéiiiiure ,  dans  sa  descendance 
natuteUe,  légitime  et  masculine,  uolre  Intention  étant  en  même  temps  que  le  roi  de 
Hollande  et  ses  descendants  conservent  la  dignité  de  connétable  de  l'empire.  Noire 
détermination  il:iiis  cette  circonstance  nous  a  paru  conforme  aux  intéiiUa  de  niMi 
peuples.  Soua  le  point  de  vue  militaire,  la  Hollande  possédant  toutes  les  places  fortes 
qui  garantissent  notre  Cronlièie  du  nord,  il  importait  h  la  aùrelé  de  nos  États  que  la 
garde  en  tttl  confiée  à  des  personnes  sur  l'attachement  desquelles  nous  ne  pussions 
concevoir  aucun  doute.  Sous  le  point  de  vue  commercial,  la  Hollande  étant  située  è 
l'emboucfaure  des  grandes  rivières  qui  arrosent  une  partie  considérable  de  noire  terri- 
toire. Il  fallait  que  nous  eussions  la  garantie  que  le  traité  de  commerce  que  nous  con- 
clurons avec  elle  serait  Sdélemeut  exécuté,  afin  de  concilier  les  intérêts  de  nos  manu- 
factures et  de  notre  commerce  avec  ceux  de  ces  peuples.  Enfin,  la  Hollande  est  le 
premier  intérêt  politique  de  ta  France.  Une  magistrature  élective  aurait  eu  l'incon- 
vénient de  livrer  fréquemment  ce  pays  aux  intrigues  de  nos  ennemis,  et  chaque  é1e«- 
tion  serait  devenue  le  signal  d'une  guerre  nouvelle. 

■  Le  prince  Louis,  n'étant  animé  d'aucune  ambition  personnelle,  noue  a  donné  um 
preuve  de  l'amour  qu'il  nous  porte,  et  de  son  estime  pour  les  peuples  de  la  HoDanda, 
en  acceptant  un  tréne  qui  lui  Impose  de  si  grandes  obligations. 

D  L'srcbi chancelier  de  l'empire  d'Allemagne,  électeur  de  Hatisbonne  et  primat  da 
Germanie,  nous  ayant  fait  connaître  que  son  intention  était  de  se  donner  un  coadj»- 
teur,  et  que,  d'accord  avec  ses  ministres  et  les  principaux  membres  de  son  cbapllr^ 
il  avait  pensé  qu'il  était  du  bien  de  la  religion  et  de  l'empire  germanique  qu'il  Dona- 
mit  à  celle  place  notre  oncle  et  cousin  le  cardinal  Fesch,  notre  grand  lumAnier  et 
archevêque  deLjon,nou£  avons  acc^é  ladite  nomination  au  nom  dudilcardiiwk 


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9i  SYSTÈMB  wiaàBÀJtm  n  féodal 

bataw  abdiqua  sob  ftjitèae  de  présideace,  et  briu  la  ooutittiUiOD 
qv'^le  svait  réGeanneat  [KoautlgHèe.  Quand  il  y  avait  aoe  i^tubliqBe 
€•  Fraaee,  tout  »'était  forawJé  autour  d'elle  dans  les  idées  démoas- 
tli)«c».  Na|»oléoa  fondait  ud  grand  empire,  lorsqu'il  plaçait  la  couioaae 
sar  sa  Mb,  alor»  t«ut  se  raoBarcluM  :  l'Italie,  la  HaUaade,  Nazies; 
il  m'-y  eut  ai  intervcoUoe  du  peuple ,  ni  asseoUskents  des  caluiwta  ; 
Lsnis  BoD^wrte  se  ptaça  dans  le  palai»  de  la  Haye  en  v«itu  tlu  ffàa- 
clp»  v*>  i"ii  ^t  Jttsepb  roi  de  Naples.  LXarope  dut  aï^raodre  ainsi 
qâeUe  lorte  d'indépendance  Napoléon  laiffiait  aui  État»  qu'il  appelait 
fédératifs  ^,  préfectaves  pourprée»  wu»  la  saaia  absolue  du  «'">■•!» n 
debrNMca. 

A  Feat,  NapoUsa  arail  son  système  de  défense  assuré  par  la  Suiase; 
les  cantons  l'avaient  déderé  soleaadlanieoi  leur  néidiateur  en  reoou- 

Si celte détennintiioli  del'élMtcur,  HchidMoceliErderemiHregeTiDaiiiquc  esiuiileà 
l'AJItmagne,  elle  n'est  pis  moios  coDronne  i  U  politique  de  la  FrioM. 

bonheur  et  les  prospérités  di  m«  ^copies  compocent  aussi  nos  pltu  cUra^affeciMos. 

»  Bd  HotrepBWsdaSaMk-CliNtd,  leSjuiuiSoa.  ■  Signé  :  NAKnÈa».  m 

■'  Lath  Bowpwle  wlnKail  mu  Hollandais  ud  uscrii  de  sa  mai». 

-■  Lawi  NapolèuB,  pM  la  giAee  d»Di8u  eL  las  lMaGOBStituiio(uwllea,dft  l'État,  roi 
de  llBHamda;itoaKCcmq«iiapriawtolitMHou.6Ptendtoiitlite,  salut. 

»  SavoirfliisoosijMilftpréHoWpnKUiBaUoDiibBuaea^éoéral.et&caaGuaeaBw. 
tKuKw,  que  nous  avoâi^  accapti  el  acceptoDS  la  couiooDa  de  UoUaode,  coiilbrm&~ 
nenl  ni  yaui  d«  paya,  aiiKlns  ewotkutiMaeHaa  etau  traité  muni  desruificuioiis 
réaiprofu»,  lequel  boiu  •  «t»  pitetMi  aujeuid'ltui  pai  le»  députés  de  k  BMiou 


■  A  aoln  avéHneot  au  trdnei  MtnMiD  le  plus  cher  sera  de  tailler  aua  intéiâtït 
de  notim  poaplat  Noua  prandnma  iMiiMVS  à  cœw  de  bù  dnowi:  des  preuves  cqb- 
sUdUb-m  anliipUéeo  de  nom  aMow  el  da  ootrosoUieitude;  nouG  nutniieudrons  U 
Iitlei4é  ds  no»  sg}eta  et  loivs  droite,  ek  noua  mhu  occupeiviis  sans,  cesaa  de  Uui 

»  a'bidépRidaiice  dn  raTMone  est  ganMie  par  l-«i^ereur  notie  frère;  les  toia 
coBstttutioDDfAtegvrHiliiaentt  cl»cii*»eacFéaKeft9nrl'^M«,  saltwité  penwuaUe 
et  sa  liberté  de  coneeieBoe.  CeM  aprèscetu  déeluMioiique  nous.awiw.dMnâlé  K 
décrétons  ce  qai  suit  : 

■  !■>£«(  ministres  de  b  rotrine  etdei  Boancee,  par  déoM  de  ce  jour,  eMieroBt 
«afoneriens;  hs  autres  ministres  ei>ntiaiiefOntltaleitnJnB<|u'iMav«l  eidm, 

>  3°  Toutes  les  autorités  comlituée»  qoellee  qn'eUn  soient,  eivilee  ou  milit^^e», 
e^ntiBBCf^Bt  leurs  fonctions  jusqu'à  ce  qu'il  es  soi  t  aatreoMol  ordonné. 

»  3*LeBlaiscoBsiitutionndlesderËtat,  le  traité  «hkIu  à  Paris  entre  la  Fraav 
et  la  HoIUnde,  sersnl  immédiatemeat  publtés,  ainsi  que  le  prient  dieret,  de  L, 
manière  la  pins  anikentique. 

•  Donné  à  Paris,  le  8  juin  1806,  et  do  noirertgweltpt^iu. 


■  afM!  MnN>  •  I 

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m  L'KKPftt  FRAHÇAU.  93 

vdtnt  k9  ancleiuies  capitubtfons ,  et  l'on  voyait  phis  de  3&«000  de 
ces  dignes  montaguards  dans  le»  régiment»  français.  L'empereur  n'i- 
nit  pas  ces  petits  scrupules  de  Ratiunalitâ  qui  appelteat  de»  afméea 
eiclasivemeat  françaises  ;  tomme  il  avait  besoin  de  la  conquête,  peu 
lu  impwtait  avec  quelles  bonpes  il  l'obtenait,  pourvu  qu'il  fixAt  la 
victoire  sous  ses  drapeaux  ;  peut^tre,  si  son  système  s'était  complète- 
ment réalisé,  il  aurait  manarchisé  la  Suisse,  comme  les  autres  parties 
de  VEurepe,  pour  la  donner  à  quelqu'iai  de  ses  Ueuteitanls  Iwureox  ; 
qui  Ait?  à  Masséoa,  le  vainqueur  de  Zuridi.  Le  tempe  n'était  pas 
veau,  et  il  ttomait  son  impulsion  souverame  k  dominer  les  caatOM 
psr  les  notes  de  sa  diplomatie  ;  il  avait  le  passage  des  montagnes  par 
le  mont  Genis  et  le  Simplen  ;  la  Suisse  n'entrait  qu'indirectement 
dnu  la  défense  territoriale. 

L'attentiom  la  plus  vive  de  l'emperenr  »e  fixa  sur  l'Alleougne , 
après  le  traité  de  Pre^urg  spécialement  ;  l'Italie  pouvait-elle  l'in- 
qoiéter?  VAutricbe  avait  commencé  la  dernière  guerre  par  l'invasion 
Mbite,  rapide  de  la  Savièce  ;  elle  avait  montré,  précisémeat  même 
par  cette  conquête  au  pas  de  ceurse,  combien  était  dangereuse  la  ai- 
tttatioo  de  l'AUemagne  ea  face  de  la  Prusse  et  de  l'Autriclie  tout  à 
!■  foi^  qui  pouvaient  se  liguer  contre  la  France.  C'est  dans  ce  but 
que  Nap^éoH  avait  créé  les  royautés  de  Bavière  et  de  Wiutemberg, 
eo  donnant  à  cbacun  de  ces  royaumes  des  accroïsMments  tcrrîtoriaux 
qui  pussent  en  Caire  une  twrriére  fonnidable  contre  l'Autriche  et 
la  Pnnse.  Si  l'on  parvenait  à  déterminée  la  Saxe  à  se  placer  daat 
re  système^  la  fédération  allemande  serait  rétaUie  sur  des  baaea 
ieuB»  et  fortes. 

Depuis  le  traité  de  Presbourg,  M.  de  Talleyrand  s'occupait  à  fixer 
\&  indemnités  territoriales,  et  À  régler  d'une  manière  positive  le  be- 
Incement  des  islérète  germaniques.  Quelques  nouveaux  princes  se 
posent  au  sein  de  cette  nationalité ,  et  par  exemjde  le  grand-doc  de 
liera  et  de  Glèves,  Mvirat,  dont  nous  avons  parlé  ;  on  avait  la  pro- 
mené de  l'archiduc,  électeur  de  Wurt^tourg ,  que  l'empereur  réoer- 
vait  à  de  plus  vastes  desseins.  L'influence  française  était  si  dédsivo 
alors  en  Allemagne,  que  le  prince  primat  choisit  pour  coadjuteur, 
et  par  conséquent  pour  son  successeur  immédiat,  le  cardinal  Fesch, 
l'oncle  même  de  l'empereur.  Dans  sa  correspondance  intime  avec 
H.  de  Talleyrand,  Napoléon  lui  recommande  surtout,  dans  les  divi- 
sions et  les  partages  qui  pourraient  être  faits  en  Allemagne,  de  ré-- 


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^  STSTÈHB  FÉDÉSATIF  ET  FÉODAL 

server  un  cercle  *  ta^ritoriiil  de  1,000,000  à  1,200,000  ftmes,  pour 
«n  faire  un  royaume  ou  uire  [vincipauté  ;  il  ne  dit  pas  encore  h  quel 
but,  mais  depuis  la  récouciliation  de  l'empereur  avec  son  jeune  frère 
Jérâme,  on  pouvait  deviner  que  cette  principauté  serait  donnée, 
sous  le  titre  de  royaume  ou  de  grand-duché,  au  putné  de  Napoléon, 
aBn  de  le  créer  de  plein  droit  membre  du  corps  germanique,  et 
de  placer  un  nouveau  prince  français  dans  le  sein  de  l'Allemagne. 

Tout  ce  trafic  de  princes  et  de  principautés,  cet  échange  de  peuples, 
cette  confusion  de  tous  les  droits,  fut  et  dut  être  l'occasion  d'une 
multitude  de  transactions  intéressées  et  d'indemnités  pécuniaires  ;  les 
petits  princes  d'Allemagne  venaient  tendre  la  main  è  Paris  ou  k 
Mayence  pour  conserver  leurs  privilèges  et  leurs  fiefs  dans  leur  inté- 
grité. Mul  ne  put  éviter  certaines  transactions  scandaleuses  qui  re- 
tentirent alors  sur  le  Rhin.  La  pensée  de  Napoléon  était  politique  : 
en  Bavière,  il  donnait  pour  gendre  au  nouveau  roi  le  jeune  de  Beau- 
hamais,  son  fils  adoptif,  vice-roi  d'Italie,  il  préparait  dans  la  famille 
de  Wurtemberg  l'alliance  de  Jéréme,  créé  roi  d'un  territoire  que 
M.  de  Talleyrand  devait  régler;  Stéphanie  de  Beauhamais  devenait 
princesse  de  Bade  ;  Murât,  grand-duc  de  Berg  et  de  Oèves  ;  le  car- 
dinal Fesch,  héritier  du  prince  primat  ;  il  y  avait  donc  un  mélange 
de  sang  vieux  et  nouveau,  des  intérêts  de  l'empire  français  et  de  ceux 
de  l'Allemagne  ;  tout  cela  avait  un  but  politique  précis.  A  cdté  de 
cette  pensée  se  réfugiaient  des  intérêts  sordides  ;  des  bénéfices  con- 
^dérables  furent  obtenus  dans  le  règlement  de  principautés  ;  des  di- 
gnitaires de  l'empire  se  posèrent  comme  protecteurs  des  princes 
allemands  ;  ils  les  prenaient  sous  leur  patronage,  comme  à  Borne  les 

'  IVola  rwniiB  par  Napolion  à  M.  da  Talltyrand,  le  21  avril  1908. 

■  Faire  un  noUTel  Ëlat  au  nord  de  l'Allemagne ,  qui  soit  dtua  les  inliréM  de  II 
ïrance,  qui  garantisse  la  Hollande  H  la  Flaudrc  contra  la  Prusse,  et  l'Europa  eaaiit 
la  Bussie  ;  le  moyen  serait  le  duch*  <!e  Berg,  Hcsse-Darmstadt ,  elc.  Chercher  en 
outre  dans  les  entours  lout  ce  qui  pouiraîi  y  être  Ineurporé,  pour  pouvoir  fonner 
1,000,000  ou  l,300,0001nies;7iaîDdTe,  ai  l'ou  veut,  le  Hanovre;  y  joindre,  daoBla 
perspective,  Hambourg,  Bremen,  Lubeck;  donner  la  statistique  de  ce  nouvel  ËUI. 
Cfli  Tait,  considérer  l'Allemagne  comme  divisée  en  huit  Éiata  :  Bavière,  Bade,  Wnr- 
Umberg  et  le  nouvel  État,  dans  l'intérêt  de  la  France;  l'Autriche,  la  Prusse,  Hessc- 
Casselet  laSaie,  dans  l'intérêt  opposé.  D'après  celte  division,  supposi  qu'on  détnilia 
la  constitution  germanique,  et  qu'on  annule,  au  profit  des  huit  grands  États,  Itt 
peliles  souverainetés,  il  faut  faire  un  calcul  statistique  pour  savoir  si  les  quatre  grand* 
Giats  qui  sont  dans  les  iniéréis  de  la  France  perdront  ou  gagneront  plus  k  cette  d«^ 
fraction  que  le*  quatre  Éiais  ijui  n'y  sont  pas.  » 


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DE  L'BMPIHB  niAKÇAIS.  97 

sénateurs  qai  avaient  pour  dients  les  rois  de  Syrie,  les  villes  de  la 
Grèce  ou  les  princes  d'Asie  ;  od  se  permit  des  exactions  inouïes,  les 
florins  Turent  donnés  par  millions  aux  négociateurs ,  et  l'Allemagne 
rappelle  dans  ses  annales  les  iniquités  de  cette  époque,  qui  ne  fut 
grandiose  que  dans  la  pensée  de  l'empereur.  On  exploita  le  triomphe 
avec  une  cupidité  indicible,  à  ce  point  que  tel  général  ou  tel  digni- 
taire se  fit  escompter  sa  faveur  auprès  de  Napoléon  par  des  masses  de 
vins  do  Rhin,  rachetées  ensuite  à  des  prix  fous,  cooune  dans  les 
transactions  usuraires  avec  les  fils  de  famille. 

L'empereur  voulut  mettre  un  peu  d'ordre  dans  le  diaos  que  la 
guerre  avait  fait  au  sein  de  l'Allemagne;  son  but  fut  tout  à  la  fois  mili- 
taire et  administratif.  La  vieille  confédération  germanique,  instituée 
par  la  bulle  d'or,  avait  été  successivement  détruite  par  les  trois  traités 
de  Campo-Formio,  de  Lunéville  et  de  Presbourg  ;  ce  dernier  traité, 
surtout,  devait  amener  comme  conséquence,  l'abdication  formelle 
du  titre  impérial  de  la  part  de  François  II  *  ;  la  charte  constitutive 


■  L'acw  oDciel  de  reDoncUUon  de  l'^mpcrenr  François  11  aa  titre  d'emp«rear 
d'Allemagne  Mt  ua  peu  piisiérieur  : 

■  Depuis  la  paii  de  Pieahourg,  toute  noitr  iiltcnlian  et  tous  nos  soins  ont  été  em- 
lilojés  à  remplir,  ayec  une  Ddélité  scrupuleuse,  les  engaf  eœenis  contractés  par  celle 
|i«ii,  i  consolider  partout  les  rapporta  amicaux  heureusement  établis,  et  k  attendre 
pouttroiTsileschaDgenicnisMas^par  lapaiinouspermeUraienide  satisfaire  t  nos 
dcTCirs  impartants  ki  qualité  de  chef  de  l'empire  geimanique,  couformes  k  la  capitu- 
lation d'éleciiou. 

■  Ma'islea  snites  de  quelques  arlides  du  traité  de  Presbourg,  iitiinédiatemenlaprte 
la  publication  et  Encore  k  présent,  et  les  é^  énrmeaiB  généralement  connus  qui  ensuite 
ont  eu  Leu  dans  l'empire  germaulque,  nous  ont  convaincu  qu'il  sera  impossible,  sous 
cea  circonstances,  de  continuer  les  obligalions  contractées  par  la  capitulation  d'élec- 
tion :  et  si,  en  réfléchissant  sur  les  rapports  politiques,  il  était  même  possible  de 
^imagiaer  un  changement  de  choses,  la  convention  du  12  juillM,  signée  i  Paris  et 
apfirouTéi  ensuite  par  les  parties  conbuctanies,  relativement  k  une  séptr«tion  en- 
tière de  plusieurs  Bats  considérables  de  l'empire.  Et  leur  confMérttîon  paTiieulière-, 
•  cniièreineDi  détruit  toute  espérance. 

»  £tani  par  là  convaincu  de  l'imposaibllité  de  pouvoir  plus  longtemps  remplir  les 
dnoirs  de  nos  Tonctions  impériales,  nous  devons  k  nos  principes  et  k  notre  devoir  de 
raMmcer  k  one  couronne  qui  n'avait  de  valeur  k  nos  jeux  que  pendant  que  nous 
étloB*  k  même  de  répondre  i  la  confiance  des  élecleura ,  princes  et  autres  Était  de 
l'einpiie  germanique,  et  de  satisfaire  aux  devoirs  dont  nous  nous  étions  chargé.  Noua 
déclarons  donc  par  ta  présente  que  nous  eonsidéions  comme  dissous  les  liens  qui 
jnsqu'k  présent  nous  ont  attaché  au  corps  d'État  de  l'empire  germanique ,  que  nous 
considérons  comme  éteinte,  par  la  confédération  des  ïlsts  du  Bhin.  la  cba^  de  chef 
de  l'aspire ,  M  que  aova  lions  considérons  par  Ik  acquitté  de  tous  devoirs  enveia 
I  «H^rc  gemiaiiiqae,  en  déposant  In  cooionne  impériale  et  legouvenKmect  Impérial, 


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08  STSTÈHB  PÉDÉBATir  H  piODAI. 

était  déchirée  r  H  n'f  avait  jrfos  d'empereur  de  la  Gemaole  et  de 
roi  des  Romsiits;  titna  osés,  hérituge  de  la  niaisoa  de  Hababoarg. 
L'empereur  François  II,  limitant  à  l'Aatriche  Is  dignité  des  Césan, 
avait  abdiqué  la  couronne  germanîqBe  que  ne  loi  recMoaisuient 
pfus  les  rois  âe  Bavière  et  de  Wurtemberg  ;  l'édifice  brisé  croolaitea 
ruine.  De  cette  abdication  résultait,  comme  conséquence,  la  plus 
étrange  confusion  dans  les  intérêts  nouveaux  et  tes  intérêt»  aïK^a» 
de  l'Allemagne  :  allait-on  laisser  dans  l'isolement  toutes  ses  forees 
éparses?  Ne  fallait-il  pas  un  ^Y>tectorat  qui  ne  tia  {rtus  l'empire,  et 
qui  pAt  donner  assez  de  puissance  pour  se  défmdre  contre  rAotridie 
et  la  Prusse,  les  deux  gran^  États  allemand? 

Lldée  d'une  confédération  du  Rhin  était  née  dans  la  tète  babile 
du  cardina^  Mazarin  après  la  paix  de  Munster  (24  ocU^h^  1648)  ; 
l'empereur  romain-germanique  ayant  retardé  l'évsciiation  présents 
par  la  conrention  dn  4  juillet  t^O,  pour  ^voriser  Gtwrles  lY,  d«e 
de  Lorraine,  devenu  nue  espèce  d'aventurier  dévastateur,  deux 
ligues,  l'une  catholique,  l'autre  prolestante,  s'étaient  formées  le 
âl  mars  1651  poor  prévenir  dea  maux  incalculables;  la  France, 
protectrice  alors  de  l'Allemagne,  parvint  à  les  réunir  en  1653  ;  te 
fruit  de  cette  réunion  fut,  sous  les  auspices  du  cabinet  françaû, 
une  capitulation  »lgée  de  L'empereur  Léopold  à  son  avénemeot , 
le  18  juillet  1658.  Cette  ligue,  ainsi  triomphante  de  l'ambitioo  a»* 
trichienne,  avait  pris  la  qualification  de  ligue  du  Rhin,  et,  quoiqu'elle 
eAt  pour  objet  de  balancée  la.  puissance  im^riale ,  elle  lui  deviot 
utile  dans  la  guerre  ciHitre  les  lurcs  ;  car  ce  fut  le  etKitiageBiÀ  celle 
ligue ,  promis  par  la  Firance ,  récihmé  par  fempire'  et  fourni  par 
Louis  ÎIV„  qui  vainquit  les  Ottomans  eu  1664,  i  Saint-Godard,  sur 


Ht)tiaabMdMM«>iiiA««i(nip»lE*élaet«in,  piliKcset  filMs,  el-tnat'MqiiiaiiiMr- 
tîeDt  à  l'empire,  porticulièrement  les  membre»  dalriUiiial  (apttoMet  MHcat  m»- 
gtslratt- de  t^empire,  d«  leM  deroire,  p»t  iMythi  ils  «ni  été  lit»  i  nou»  comiie 
clier  légal  de  l'empire  d'afirlBbcoMtituticin. 

n  Noos  dl»olvon»éga)emenlisuteano9 provinces >llraiHiila»-et  pays d«  l'enipire, 
dMniradeToiraréctpToqatseaTtn  l'empire  gmnanique,  et  nfmc  técberoM,  estct 
tiKorpoTtnt  i  nos  États  «iirichiem,  comme empemr  d'Antridie,  àaimfontr,  dans 
I»  rapports  amicaui  snbsistaDts  atec  tontes  les  pussancM  K  AlMs  ivtelos,  à  eetl« 
hauiear  de  prospérité  et  de  bonheur  qui  est  le  but  de  tont  nosdéiin  el  l'objet  de  a<m 
ptns  doux  9mD8. 

•  Ftiidiosnotrerésideiice,  sotuiNCnscoiniiKpérial.  Yiwne,  leAaoAtlSM. 


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loi  rifes  et  Raib.  Pim  eUe  tmàm,  faMto  d'iitîKté.  ^mU  l'KCord  ri- 
tabti  cnire  ks  someraiBa  gcnnaaiqwes  «(  te  pux  twe  U  Turquie 
eoKBt  rendu  l'AUaiag^  à  un  état  i»  ^futetnuiaiiUté.  Sa  diwo- 
luiioB  fut  mteie  biotdt  wneuée  pat  tes  crwatet  q/t'im^itm  l'ambîtioa 
<hi  awBaniiie  fraaçiif;  elle  inil»  tes  esprits  à  une  époque  où  lei 
cœurs  conservaient  encore  une  énergie  que  réyBÏiDW  actiMl  •  bâk 
pteai|oe  eatièieineid  di^onUra  '. 

L'histotre  ivait  été-  profoodéBeot  étudiée  par  Napoléoa,  et  M.  dt 
TaUeyrand  ébaucha  le  ]MOjat  d'uoe  eoafédératwa  du  Abu ,  dirigé* 
contre  le  caMnet  de  Yieoae,  et  pour  awurer  la  prépaadéEaace  de  la 
PraKc.  kfuA  la  pns.  de  Preabow^  VluOttcaoe  de  la  PruiM  et  de 
l'Autriek»  était  tcap  coasidéiBble  pâor  qiie  le»  petit»  Étata  ostMttt 
atm  affranchir  ;  H  wlj  «mit  pas  encore  de  roèt  de  B«iîire  ^de  Wuiw 
temitteg.  Laricloire  <f  Aaateriita  yulil  daaatout  soB,édallapuifr< 
«■ce  de  Napotéon ,  ci  en  pet  akas  diacBler  les  baiea  de  cette  fëdé- 
letiga  qui  avait  pen-  objet  de  lier  le»  no»  aux  autres  tes  Était 
atievaeds  de  pfoaier  et  du  seeoad  ordre  ;  par  use  unple  dëda- 
reliea  de  vol^é ,  ils  s'eagagenaieet  i  bire  partie  d^uee  nott\eU* 
mrporetim  territeffiale  qui  preadrait  pour  tâtre  la  C»mfédéralian  du 
Hkin,  en  souvem-  de  la  ligee  dont  les  bases  avaient  été  jetées  par  le 
CM£eal  Alazaria.  Les  articles  doreot  reposer  aai  les  priscipea  flie» 
d'une  garantie  politique  et  militaire  :  1°  association  mutuelle  pour 
la  défense  des  intérêts  commuos;  9"  haMon  de  «oetingeet  que 
4^acuD  des  confédérés  devrait  apporter  dans  la  ligue,  tontes  les  M» 
qee-  les  feaces  de  la  confédération  géraient  convoquées  pour  une 


u  I*  ligH  de  ]faf«iw«,  TriMB,  CakfM 
MtM  AUmu  d'iniUklM;  nMTCBt  tnsnUa  uUo  im  uwb  im  ttaclun, 
àirtib>4»BitintMirkniHi*t4inalinHBiM  falMiu  «n  133S.  tt  l&  li(^  coatn 
WncatiMM  1380.  VastulUecicBi,  «^«l^uwpfÙKHeiika  viUes  li'uaiiMU  en  UOQ 
pMipiUbii^DkimdroiU'PNiié*,  e(  i|ùat>»  ■■■  aj^tès  aue  icnUabU  umlcdénlioii 
AéOmm  fo'an  «Hait,  droit  de  rMMM  i.  t'aapvuw  «m  mi  rai.  d»  Komaù»  qui  •»- 
fliiHfciii;  la»  kria  d»  «arpa  «uKMiqM.  bt»  ticcUuH  s'aluimnt.  ea  UU  et  1446, 
cmM  taille  Intai»*  dvdéifeiDfareiMnt  de  ttmfiMi  U  fnmiin  ligue  du  Hbla  eut 
ltc»ea  lSHi(aKc««taMieciDeBi  du règae de  Chute-Quint. 9a poomil citer  encore 
orile  àe  MUS-  contre  la  c*teti*n  d'an  nentiita»  életlont,  M  celle  de  1803  COBtn 
Vtimtimi^Mwmmt ««««heidckéi erfn,neibde NacHthwf,  eiklOM,  iwr It tMp, 
MrratioD  dta  droite  de  l'empite.  ■ 


DiclzedbyCoOglC 


100  STSTÈn  FiDÉtAnr  bt  féodal 

guerre  allemaDde  *  ;  3*  mode  de  délibération  qui  mettrait  ca  jeu  les 
forces  de  la  confédération  bous  la  protection  de  l'empereur  des  Fraa- 
çtis,  le  chef  naturel  de  toutes  ces  principautés  ;  Napoléon  apporterait 
une  masse  imposante  de  forces  pour  la  défense  de  la  patrie  commune, 
si  l'un  d'entre  les  États  fédérés  était  attaqué  dans  ses  possessicms  ou 
menacé  dans  ses  droits. 

Les  premiers  signataires  de  cette  association  furent  la  Bavière,  le 
Wurtemberg,  Bade,  et  autour  de  ces  États  de  premier  ordre,  les 
princes  plus  ou  moins  médiatisés,  t^  que  l'archichancelier  à  Frimc- 
fort,  Hesse-Darmstadt,  Aremberg,  Salm-Salm,  Clèves  et  Berg,  qui, 
placés  au  bords  du  Rhin ,  devaient  requérir  avec  plus  d'instance  la 
protection  de  l'empereur  Napoléon.  Entre  eux  ainsi  se  cimenta  le 
premier  lien  de  la  confédération  du  Rhin ,  dont  la  charte  fut  écrite 
par  M.  de  Tallejrand  sur  la  rédaction  de  M.  de  Dslberg.  Nul  n'eut 
le  temps  de  réfléchir;  il  fallait  ugner  sans  observation,  &  la  hftte; 
M.  de  Talleyrand  déclara  que,  tout  ayant  été  réglé  par  l'empereur  avec 
maturité,  il  fallait  se  déclarer  pour  ou  contre  son  alliance  et  son  pro- 
tectorat sans  Iiésiter.  Dès  que  ce  principe  en  fut  posé ,  l'ancienne 
constitution  germanique  fut  détruite,  et  M.  Racher,  l'envoyé  de 
France  h  la  diète  de  Ratisbonne,  s'empressa  de  notiGer  à  la  sérénis- 
sime  diète  que,  d'après  les  changements  survenus  dans  la  situation 

'  On  écrivait  de  Froncrort,  4  todt  IBOa  : 

••  La  confédération  du  midi  de  l'Allemagae ,  mus  la  protection  de  la  France,  est 
maintenant  déclarée,  et  prendra  le  nom  de  eonfidération  du  Rhin,  Suivant  )e  bruit 
répandu,  l'Allemagne  sera  ainsi  partagée  :  !<>  la  monarchie  autrichienne;  2° la  mo- 
narchie prussienne;  3°  la  coorédéralion  duRbia.  Les  États  invités  i  la  former  sont  : 
la  Bavière,  l'électeur  archichancelier,  Wurtembei^,  Bade,  Hesse,  la  Saie,  Wniti- 
bourg,  Hesse-Oannsttdt,  Nassau- Usingen,  Nassau- Weilbourg,  Salm-Salm,  Salm- 
Kirbonrg,Aremberg,  Hoheolohe-Sî^inaringen,  CltvesetBerg,  IscmbourgglaLajeo, 
Les  seuls  États  qui  n'ont  pas  encore  accédé  sont  :  Wurlibourg,  l'électorat  de  Saxe 
etcelnide  Hesse,  Le  prince  Frédéric  de  Nassaa-V^Dgen,  tant  en  son  nom  qu'au  nMD 
du  prince  Nassau- Wcilbourg ,  a  déjà  déclaré  son  indépendance  de  la  eonetitalion 
germanique,  par  une  patente  publiée  le  31  Juillet  dans  tous  ses  États ,  et  dont  let 
moli&sonten  tout  semblables  aui  motifs  de  la  note  communiquée  ila  diète  au  ■hmd 
du  gouvernement  bançala.  En  conséquence  des  changements  territoriaui  qui  vont 
■voir  lieu,  il  a  été  notifié  ani  comtés  d'Isembourg-BadÏDgen,  Meeriioh  et  Wachter- 
bach,  dont  les  possessions  sont  dans  les  eUTirons  de  Haaau,qtie  leurs  maisons  seront 
réunies i l'avenir  i  la  maison prineière  du  prince  d'Isembourg-Bierstein.  Il  en  eside 
méipe  de  la  maison  de  Nassau,  dont  le  chef  prendra  la  dignité  ducale.  Ainsi  le  aji- 
léme  de  la  confédération  du  Bhin  est  de  former  un  ensemble  imposant  d«  tous  les 
fttata  du  midi  de  l'AUcmagne,  ei  d'f  birc  entrer  chaqut  maison  sous  la  protection, 
de  «on  chef.» 


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Iffi  LBUPIBB   FRA5ÇAIS.  101 

lenitorule  et  pi^ncière  de  rAltemagne,  il  n'y  avait  plus  de  constitu- 
tion  germanique,  et  par  conséquent  de  diète.  En  notifiaot  le  traité 
de  la  confédération  du  Bhin,  M.  Bâcher  ajoutait  *  «  qu'il  cessait  sei 

'  JVota  de  M.  Baehtr  à  ia  dtitt  de  BeUMonne. 

•  Le  souaiigiii.  chargé  d'iffaires  de  S.  H.  l'empereur  des  Frenfais ,  roi  d'Iulie, 
près  U  dJèle  générale  de  l'empire  gemtgDiqae,  ■  ttça  de  S.  M.  l'ordre  de  Taire  à  li 
dièie  Im  déeUritions  suivanies  ; 

»  LL.  MH.  les  rois  de  Baiière  «  de  Wurtemberg,  les  princes  soaverains  de  R*tis- 
bcniit,  de  Btde,  de  Berg,  de  DamisUdt,  de  Nassau,  et  les  autres  priacipaui  prioces 
ilu  midi  et  de  l'ouest  de  l'Allemagne,  ont  pris  la  résolution  de  former  entre  eui  udp 
conrrdmtion  qui  les  mcllc  k  l'abri  de  toutes  les  incertiludes  de  l'avenir,  et  Ils  ont 
ce»sé  d'élre  Ëlats  de  l'empire. 

■  La  situation  daui  laquelle  le  traité  de  Presbourg  a  placé  directemeot  les  cours 
alliées  de  la  France,  eliadirectemcnlles  princes  qu'elles  entourent  et  qui  l'aToisInent, 
riant  inrompaliblc  arec  la  condition  d'un  Ëlat  d'empire,  c'éLail  pour  elles  et  pour 
MS  princes  une  nécessite  d'crdonncr  sur  un  nouveau  plan  le  système  de  leurs  rap- 
ports, et  d'en  faire  disparaître  une  contradiction  qui  anrailété  une  source  permanenle 
d'agitation,  d'inquiétude  et  de  danger. 

»  De  son  cAté,  la  France,  si  essentiellement  intéressée  au  maintien  de  la  paix  dans 
k  midi  de  l'Allemagne,  et  qui  ne  pouvait  pas  douter  que,  du  moment  où  elle  aurait 
lilil  repasser  )«  Bhin  à  ses  troupes ,  la  discorde ,  cooséquence  Inévitable  de  relatioDS 
coBtradicioires  ou  ineertaines,  mal  définies  ou  mal  connues,  aurait  compromis  de 
nouveau  le  repos  des  peuples  et  rallumé  peut-être  la  guerrcsur  le  continent;  obligée 
d'ailleurs  de  concourir  au  bien-ttre  de  Ma  alliés  et  de  les  faire  jouir  de  tousIesavan- 
Ugcs  que  ie  traité  de  Presbourg  leur  assure,  et  qu'elle  leur  a  garantis,  la  France  n'a 
pa  voir  dans  la  eanfédéralion  qu'ils  ont  farmie  qu'une  suite  naturelle  et  le  complé- 
■Bent  nécessaire  de  ce  traité. 

>  Depuis  longtemps  des  sllérations  successives,  qui,  de  siicle  eu  siècle,  n'ont  été 
qn'en  «ugnientant,  avaient  réduit  la  constitution  germanique  ï  n'être  plus  qu'une 
ombrt  d'dle-méme.  Le  temps  avait  changé  tous  les  rapports  de  grandeur  et  de  force 
qui  eiJstaicnt  primitivement  entre  les  divers  membres  de  ia  confédération ,  et  entre 
ducund'eni  elle  tout  dont  ils  faisaient  partie. La  diète  avait  cessé  d'avoir  une  volonté 
qui  lui  fdt  propre  ;  les  senieocea  des  tribunaui  suprêmes  ne  pouvaient  être  mises  à 
nêcuiion.  Tout  attestait  un  affaiblissement  si  grand,  que  le  lien  fédéra tif  n'offrait 
plus  de  garantie  i  personne,  et  n'était,  entre  les  puissants,  qu'un  moyen  de  dissension 
et  de  discorde.  Les  événements  des  trois  coalitions  ont  porté  cet  affaiblissement  k 
«OD  dernier  terme.  Un  clectorat  a  été  supprimé  par  U  réunion  du  Hanovre  i  la  Prusse; 
DU  roi  du  Nord  a  incorporé  i  ses  autres  États  une  des  provinces  de  l'empire  ;  le  traité 
de  Presbourg  a  attribué  i  LL.  MH.  les  rois  de  Bo>ière  et  de  Wurtemberg  et  k  8.  À.  S. 
Véleclcor  de  Bade,  la  plénitude  de  la  souveraineté,  prérogstive  que  les  autres  êlec- 
leors  réclameraient  sans  doute,  et  seraient  fondés  1  réclamer,  mais  qui  ne  peut 
s'accorder  ni  avec  la  lettre  ni  avec  l'esprit  de  la  constitution  de  l'empire. 

>  a.  U.  l'empereur  et  roi  est  donc  obligé  de  déclarer  qu'il  ne  reconnaît  plus  reit6< 
icncedela  constitution  germanique,  eu  reconnaissant  néanmoins  la  souveraineté  en- 
tière et  absolue  de  chacun  des  princes  dont  les  Ëuts  composent  aujourd'hui  l'Àll&- 
magne,  et  conservant  avec  eui  les  mêmes  relations  qu'avec  les  autres  puissances 
indépendantes  de  l'Europe. 


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t02  SYSTtMl  FÉDiBATIF  Vt  FtODAL 

pouTtriss,  attendu  qu'il  ne  poanit  pw  7  aTtrir  d'ambassadevr  ooprè» 
fan  cerps  dont  l'eiistcnce  B'eatnût  p)>a  déacHUMiit  âsat  te  droit 
pabiic  européen,  n  D'tprès  ht  pensée  de  Nl{K>léaa,  l'AHemagne  de- 
vait se  diviser  en  trois  parts  :  la  Prusse  au  nord,  l'Autriche  à  l'est,  la 
confédération  du  Rbin  an  midi.  Cliaque  État  pourrait  ainsi  choisir 
ses  alliances  ;  il  fallait  se  prononcer  :  voulaient-ils  entrer  dans  la  con- 
fédération du  Rhin,  une  simple  déclaration  devait  suffire ,  pourvu 
qu'elle  fût  précise  et  formule  ;  préféraieot-ila  le  iHroteetont  de  la 
Prusse  ou  de  rAntriche,  ils  étaient  libres,  alors  fis  subisaient  le!< 
chances  d'une  guerre.  Ainsi  Brunswick  et  la  Hesse  s'étant  prononcées 
pour  la  Prusse,  ces  deux  États  s'exposaient  à  toutes  les  conséquences 
de  leur  choix  ;  toute  liberté  avait  ses  chances  de  réusnte  comme 
ses  causes  d'abaissement.  Si  Ton  s'affranchissait  du  protectorat  de 
r«npereuT,  on  n'aurait  pas  l'appui  de  sa  grande  épée  au  jour  des 
conquêtes. 

La  confédération  du  Rhin  s'accrut  successivement  sous  la  mam  de 
Napoléon  ;  les  contingents  devaient  lui  servir  d'auxiliaires  dam  ses 
campagnes  d'Allemagne  et  méraedansies  expéditioii3loiataînes<pi  ne 
touchaient  en  aucun  point  airx  intérêts  germaniques  ;  pour  loi  la  con- 
fédération ne  fut  qu'un  instrument  militaire;  on  vit  des  régiments 
de  Wurtembei^eois,  Bavarois  eu  Badois  en  Espagne;  plus  tard  iU 

■  s.  M.  l'empereur  el  roi  r  accepté  le  litre  de  prottcUW  dt  la  Conpàiraliim  da 
Ah{n.  Une  l'a  hit  que  dans  des  mes  de  pali,  elponrqnesaméifiatioB,  coDstammeni 
Inlrrposée  ealre  1rs  plus  faibles  et  les  plus  Torts,  prérlcnne  toute  espèce  de  di?s«ision 
et  de  (rouble. 

»  Ayant  ainsi  setisfaït  aux  pins  ebcn  intérêts  de  son  peuple  et  de  ses  Tobins; 
fifant  paurru  autant  qu'il  était  en  lut  i  h  trampilKlè  ftitnre  de  TEurope,  et  en 
{lariiculier  i  la  tranquillité  de  l'Anemagne,  qui  ■  itt  eottstammert  le  théilre  de  h 
iperre,  ta  Taisant  cesser  la  contradiction  cfnf  plaçait  les  peuples  et  les  princes  sous  ta 
protection  apparente  d'un  système  réelletneot  ctmtrarre  à  letirs  Intérêts  politiques  ei 
k  leurs  traités ,  9.  M.  l'empereur  et  roi  espère  qu'enfin  les  nations  de  rSnrope  fer- 
meront l'oreille  aux  insinuations  de  ceui  qui  Tondraient  entretenir  sur  le  ronlinrnl 
une  guerre  étemelle;  que  les  armées  (ïan taises  qui  ont  passé  Icltliin,  l'auront  pas^ 
pour  la  dernière  Tols ,  ei  que  les  peuples  d'Allemagne  ne  verront  plus  que  daiis 
l'histoire  du  passé  l'horrible  tableau  des  désordres  de  tout  {Relire,  des  d'érastalions  et 
des  malheurs  que  la  guerre  enlrelne  toujours  avec  elle. 

D  S.  H.  a  déclaré  qu'elle  ne  parteralC  jamais  les  Hmites  de  Is  France  au  dclt  du 
Rhin.  Elle  a  été  Bdèle  k  sa  promesse;  maintenant  son  unique  désir  est  de  potivoir 
employer  les  moyens  que  lit  Provfdence  lui  s  confiés,  pour  affranchir  les  mers,  rendrri 
■a  commerce  sa  liberté,  et  assurer  ainsi  le  r^os  et  k  bonheur  du  monde. 
>  Batisbonne,  lel"  août  1S06. 


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ni  L'nmBi  rRAUfus.  109 

Mwchalwt  tm  Ugne  dau  Is  cani|nf{ne  àe  Rune ,  vaste  movraniMt 
cûDtre  W  DatioM  slaves.  C'est  dooc  mons  sou  le  poiot  de  nw  de  la 
natienalité  germaoiqiw  que  poor  l'aecroùtemeot  et  le  développe- 
iDeot  de  tm  forces  militaire  qœ  la  coofédérstion  du  Ablu  fut 
établie.  Le  système  fédérattf  de  Naptriénn  avait  plutAt  un  bat  ofTen- 
iit  qa'ane  pensée  de  préserratiDB  :  diaque  Batioo,  ehaqae  fou- 
vernement  sllîé  lui  servait  comme  d'avant-poste  pour  préparer  de 
nouvelles  conquêtes  ;  du  haut  des  rochers  de  la  Calabre ,  il  contem- 
plait la  Sicile,  la  Grèce,  la  Thessalie,  la  Macédoine,  ces  pays  fabu^ 
)eux  qui  avaient  vu  naître  Alexandre.  L'Adriatique  le  faisait  soupirer 
uprès  les  belles  eaux  de  Constantinople  et  la  mer  de  Marmara  qui 
baigne  les  Sept-Tours.  Du  sommet  des  Pyrénées ,  il  voyait  le  Gui- 
puzcoa,  Burgos,  la  ville  antique  des  évèques,  Barcelone  avec  sa 
rambla  si  gaie  et  sa  bourse  de  marbre,  Valence  avec  ses  jardins.  L'Ëbre 
avait  servi  de  limites  à  l'empire  de  Charlemagne  ;  pourquoi  ses  soldats 
ne  visiteraient-ils  pas  Séville,  Cordoue  et  son  Alhambra,  comme  les 
légions  de  Rome  avaient  salué  l'Espagne  ?  Du  Zuyderzée  et  de  la  Hol- 
lande, il  jetait  les  yeuK  sur  Hambourg,  sur  les  villes  libres  et  hanséa- 
tiques,  si  riches ,  si  peuplées,  où  les  marchandises  anglaises  trouvaient 
des  débouchés  actifs  et  favorables  au  développement  des  manufactures. 
Le  détroit  du  Sund  était  la  clef  de  la  Baltique ,  Napoléon  en  souhai- 
tait la  suzeraineté ,  comme  il  rêvait  la  domination  des  Dardanelles ,  la 
clef  de  la  mer  Noire ,  la  bouche  de  l'Asie. 

Sur  le  Rhin ,  d'autres  pensées  venaient  k  lui  -,  il  avait  vingt  fois 
déclaré  dans  ses  notes  diplomatiques ,  «  qu'il  prendrait  ce  fleuve  pour 
limites ,  »  et  tout  en  se  tenant  à  la  lettre  de  ses  promesses ,  il  inven- 
tait ce  système  fédératif  qui  le  créait  le  protecteur  de  toute  l'Alle- 
magne. Le  vieil  édifice  était  brisé,  l'œuvre  des  siècles  tombait  en 
poussière ,  le  conquérant  dirigeait  tout  de  son  épée  ;  il  jetait  des  cou- 
ronnes comme  des  principautés  et  des  duchés  ;  immense  édifice ,  mais 
fragile ,  car  ce  qu'il  donnait  ne  créait  pas  une  possession  antique  et 
incontestée  ;  il  distribuait  les  trdnes  comme  des  grades,  des  royautés 
comme  des  galons  de  caporaux ,  et  ce  qui  défiait  mieux  que  toute 
autre  expresion  le  caractère  mobile  de  tout  cet  édifice,  c'est  le  dicton 
des  vieux  soldats ,  lorsqu'ils  voulaient  désigner  la  fortune  merveil- 
leuse d'un  général  appelé  à  une  souveraineté,  ils  disaient  :  «  Murât 
ou  Bemadotte  est  passé  roi.  »  Poswz  m,  mot  profond  t  pemé  roi, 
comme  si  l'on  était  pasêé  Btrgmt!  Dans  cette  multitude  glorieuse 


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104  STSTtMB   pAdÉBATIF  ET  FÉODAL,    ETC. 

toat  était  grade  sous  un  chef  suprême ,  et  voilèi  en  quoi  toute  cette 
lignée  de  l'empereur  se  trompa ,  lorsque ,  se  séparant  follement  de 
lui ,  elle  s'imagina  qu'elle  était  quelque  chose  indépendamment  de  la 
pourpre  de  Napoléon.  L'empire  n'était  qu'un  grand  centre ,  une  puis- 
sante personnalité  se  résumant  dans  l'égoïsme  d'une  seule  force,  d'une 
■eule  renommée;  quand  elle  disparut,  tout  s'évanouit  avec  elle. 


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nifiOClATlOIfS  DIPLOBUTIOins,  RTC. 


CHAPITRE  VI. 


■taoa&TIOIH  MPUMUTIQrU  ATMT  LA  OVIUI  COHTSK  I 


Idée  «ngUise  de  H.  de  TtllefraDd.  —  IMrir  de  la  pali.  —  Prétette  pour  l'unenn. 

—  Correspondance  de  H.  Foi  et  de  H.  de  TaUeTnod.  —  SiiuatioD  respective  de 
lii  Prusse,  de  l'Angleterre  ei  de  la  France,  —  QuesUon  dv  Hanotre.  —  Hcinjte  de 
H.  de  Hardenbeif.  — Calomnies  de  Napoléon. —  Triomphe  du  comle  de  Haugwili. 
Eapprechemen lavée  le  France.  —  Guerre  de  la  Grande-Bretape  contre  la  Prus<e. 
— Lord  Tarrnonth  i  Paris.  —  OuTrriure  des  néfoclaiioni.  —  Bases  d'un  traité. 

—  Lti  France  et  la  Russie.  —Arrivée  de  H.  d'Oubdll.  —  Traité  séparé.—  Uisaion 
de  lord  Landerdale.  —  Hupture  et  demande  de  pisse-ports.  —  Traité  secret  sur 
Isa  tles  de  Baléares  communiqué  à  l'Espagne.  —  Amemenla  et  levées  d'hommes. 

—  Le  prince  de  la  Paii. 

rtrtia  1  KptombrclSOa. 

L'idée  fondamentale  de  M .  de  Talteyrand ,  la  base  de  tonte  sod  édu- 
cation diplomatique ,  reposait  sur  les  avantages  incontestables  et  même 
snr  l'impériense  nécessité  d'une  alliance  entre  la  France  et  l'Angle- 
terre ,  tes  deux  nations  'puissamment  civilisées.  Dès  le  début  de  sa 
carrière  politique ,  H.  de  Talleyrand  n'avait  caché  ni  ses  affections,  ni 
see  entraînements  pour  les  formes  de  la  constitution  britannique  ; 
l'évéque  d'Autun  eu  fut  un  des  zélés  partisans  k  la  constitaante  ;  il  se 
lia  aux  opinions  de  MM.  Mounier,  de  Lally-Tolendal  ',  et  dans 
l'effervescence  de  ses  convictions,  il  aurait  voulu  donner  à  la  France 
le  gonvemementpariementaire,  appuyé  sur  une  révolution  semblable 
à  celle  de  1688.  Lorque  M.  de  Talleyrand  fut  envoyé  à  Londres  avec 
des  instructions  intimes  des  girondins,  il  se  posa  comme  l'un  des 
chauds  partisans  de  l'alliance  anglaise ,  et  si  la  Grande-Bretagne  avait 

-'  Le  système  anglais  de  M.  deTaHejTand  Inivintde  la  société  de  Mirabeau,  de 
MAinier,  de  Lallr-Tolenda].  Quand  il  partit  pour  Londres  avec  M.  de  ChauTrlin , 
M.deTallenend  reçut  une  double  insinicilon  de  Louis  XVI  et  du  comité  de  l'as- 
semblée législative  ;  c'est  une  circonsiance  qu'il  ne  Taut  pas  oublier  dans  la  vie  si 
■Loi^e  et  si  complète  d«  cet  homme  d'État. 


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106  iriâOCUTIOKS  DIPLOKATlVmS 

Toula  r^fer  neutre  au  moment  où  la  législative  déclarait  la  guerre  à 
U  Prusse  et  i  l'empereur  d'Allemagne,  M.  de  Chauvelia  et  M.  de  Tal~ 
leyrand  proposaient  de  céder  l'tle  de  France ,  Tabago ,  et  de  dé- 
truire le  port  de  Cherboui^,  qui  inquiétait  l'Angleterre  :  circonstance 
curieuse  dans  l'histoire  diplomatique  de  la  révolution  française. 
Arrivé  sous  le  directoire  à  la  tète  des  relations  extérieures ,  M.  de 
Talleyrand  ouvrit  une  négociation  avec  l'Angleterre  ;  sous  le  consulat, 
il  fut  un  des  grands  promoteurs  du  traité  d'Amiens  ;  et  quoi  d'étoD- 
nant  qu'a|H-ès  Austeiiitz ,  où  la  couronne  se  consolide  sur  le  front  de 
l'empereur ,  M.  de  Talleyrand  veuille  tenter  une  pacifique  démardie 
auprès  de  la  Grande-Br^agne ,  et  réaliser  ainsi  nr  d'autres  bases  la 
pensée  de  saJeunesseT 

M.  de  Talleyrand  en  saisit  le  premier  prétexte  ;  on  était  au  mois 
de  février ,  l'empereur  arrivait  k  peiae  de  sa  campagne  d'Austerlitz , 
lorsque  M.  Fox  adressa  an  tnintstre  français  une  d^>ÔGbe  intime  fort 
remarquable  MJn  homme  s'était  présenté  à  M.  Fox  pour  loi  pr<^NW« 

'  Je  donne  ici  le  texte  anglais  de  WUe  dépêche  ImparLante  : 

£«(f«r  /Vom  Mr.  StertUtry  Fox  to  Mr.  Talleyrand. 

*  Downing-slreel,  aoih  Febr.  1806. 

B  Sir,  1  ihink  il  m;  duty  «s  en  lionest  man  lo  commun kate  to  jou ,  as  soon  as 
poGiible,  a  Ttxj  ntraordlaary  ctrcomnance  yrtnék  ta  cotne  to  m;  kuiwMg*.  The 
tkoTteU  «if  will  be  ta  relaie  to  jom  tke  hct  duplr  ••  il  hapfeMd. 

a  À  feir  dajB  ogo ,  a  penoa  iofannai  me,  Uiat  he  vu  jusL  arclved  at  Graveeend 
Vithout  a  passport,  requcsting  me  at  the  same  time  ta  seod  bim  one,  as  he  had  tct^ 
litely  lett  Paris,  and  had  someihlng  to  communlcatr  to  ne  wbfck  votrid  gin  me 
MUehcdoD.  I  «est  for  Um;  he  came  to  ny  booie  thafi&iwfaft^asr.— irecrived 
Um  alwe  la  n;  cImm  |  vIimi,  «ftcr  tome  winporlant  eoaver«ali«H(  tiiis  liUûn  bed 
Ibe  audtcitr  to  lell  ne,  that  it  vas  Deceasaiy  for  ihe  ireDqaillitf  of  ail  crowned 
heada  to  put  ta  deatb  the  Buler  of  France;  and  thaï  for  this  purpOM,  a  hoaoe  had 
been  Mred  al  PasÊj,  trota  vhkh  ibi»  detmtabh  prafad  cMld  be  earrM  iaio  cfltM 
«iUi  oertMnt j.  *nd  «ithevt  rnh.  1  éid  Bot  perfMtlj  wdcrMna  If  it  WH  M  ba  lUiM 
kf  »  eominon  miuket,  or  hj  flre  aima  upon  a  oew  principle. 

•  I  tm  not  ashaned  to  coafeaaiojon,  sir,  who  know  me,  tbat  m;  consistait  wae 
ntreme,  In  thnt  llading  myself  ted  into  a  eonrcnatioa  wKb  n  «nwed  aiaeaaba  ; 
IbisUBlIr  MderadbtaitoleaTemr,  gJTl»B,allbe  semé  time,  orécn  to  Un  pMoa 
elBcer  vho  accompanled  bim,  lo  aend  hin  out  ot  tbe  kiDfdom  as  «ood  es  poaaUit*. 

B  AJter  baving  tnare  attentivel;  rcDected  upon  wbai  I  had  done,  I  saw  mj  error  in 
hiTing  sufTered  hlin  la  départ  witbont  baving  prerionsly  informed  you  of  tbe  cir- 
etUHtwee,  and  I  ordeted  him  lo  be  dettfned. 

a  It  Is  probable  ihat  ail  tWs  f>  Mroniideâ,  and  tbat  tbe  «t«tcb  had  DHhl*|  »«r» 
la  tltir  Aan  to  make  bimaeirar  «nMequeoee,  by  promiRiBg  «hat,  acoordiag  to  bis 
Mmb,  nnU  afford  me  aettelheiioa. 

•  Al  ail  erents,  I  Uioaght  it  right  to  aeqMiat  yon  wltb  what  htd  h^ipaood,  beCarr 


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AVANT  LA  GDl&KE  COKTBE  LA.   PttDSSG.  107 

un  complot  coatra  Napoléon;  sAr  de  l'atteindre  aa  cœur,  il  avait 
pour  cda  loué  use  maison  k  Passy ,  et  il  demandait  à  l'Angleterre 
d'appuyer  son  projet  pour  ie  faire  servir  anx  intérêts  de  ia  nation 
dans  la  guerre  si  acharnée  entre  deux  peuples  rivaux  depuis  tant  de 
lièdes.  M.  Fox  avait  senti  sa  délicsteese  s'irriter  de  telles  ouvertures; 
et,  sindignant  qu'on  eût  osé  s'adresseràun  ministre  britannique  pour 
on  t^  dessein ,  if  se  htta  d'en  informa*  Sf.  de  Talleyrand.  c  Je  trois 
de  mon  devoir,  en  qualité  d'honnête  honune,  écrivait  U.  Fox,  de 
vous  tairt  part  le  plus  lét  possible  d'une  circonatance  assez  étrange 
qui  est  vennei  ma  connaissance.  Le  plus  courtsera  de  tous  narrer  le 
fattcomne  llestarrivé.  Ily  a  quelques  jounqu' un  homme  m'annonça 
qu'U  venait  de  débarquer  à  Grafeiead  sans  passe-port ,  et  qu'il  mo 
pria  de  lui  en  envoyer  un ,  parce  qu'il  venait  récemment  de  Paris,  et 
qdll  avait  des  dioses  &  m'apprendre  qui  tns  feraunt  piaitir.  Je  i'en- 
tretlm  tout  seul  dans  mon  caUnet ,  où ,  après  quelques  discours  peu 
Importants ,  ce  scélérat  eut  l'audace  de  me  dire  que ,  pour  tranquil- 
liser toutes  les  couronnes ,  il  fallait  faire  mourir  le  chef  des  Français  ; 
et  que  pour  cet  objet  on  avait  louéuoe  maison  à  Passy,  d'oà  l'on  pou- 
vait k  coup  aâr  et  sans  risque  eiécutw  ce  projet  détestable,  le  n'ai 
pas  bien  entendu  si  ce  devait  être  par  le  moyen  des  fusils  en  usage , 
ou  Uen  par  des  armes  à  feu  d'une  construction  nouvelle  Je  n'ai  pn 
honte  de  vous  avouer,  k  vous,  H.  le  ministre,  qui  me  connainei , 
que  ma  eooftarion  était  extrême ,  de  me  trouver  dans  le  cas  de  eo»- 
▼ereer  avec  un  asstnin  déclaré.  Par  une  suite  de  cette  confusion ,  }e 
la]  ordonnai  de  me  quitter  (nstantanémoit ,  donnant  en  même  lempa 
des  instructions  à  l'offlcier  de  police  qui  le  gardait ,  de  le  faire  sortir 
du  royaume  au  plus  tôt.  Après  avoir  réfléchi  plus  mûrement  sur  ce 
qae  je  venais  de  faire ,  js  reconnus  la  faute  que  j'avais  commise  en  le 
laiftant  partir  avant  que  vous  en  Autiez  informé,  et  je  le  fis  retenir. 

I  ttmà htei  swa;.  Oiir  lawi  do  Mt permit  n*  m  dttatn  bim long ,  bat  he  shall  Mlbt 
MBt  mnj  m  lAer  jon  dwll  lure  htd  [nll  time  lo  Uke  prMknUoM  i^êiaM  Ue 
■RcBiftt,  nppadns  hin  itiU  lo  aHeruin  b»d  de^foa;  mA  wbm  he  pws,  I  iball  l^ 
cwitohateMtu  Undad  u  aieaport  ■amnote  MpowlbU  froa  Fraoce. 

■  Ha  eàSk  Umsalf  hsra,  GuUlM  de  la  GerrilUwc,  bat  1  tUnk  it  is  a  fobe  Muw 
wliidi  be  bas  assuined. 

a  Al  Ub  Int  cntmiea,  I M  hlm  tbe  faonooT  ta  belinc  Un  ta  ba  a  apy . 

•  I  bai«lli«b(Minirtoba,«libilLem<wtpecfect>tt«cluiiait, 
>  SlT,7oiirBotl»bedimtserT«Dt. 

»  C-J.  Fox.  « 


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106  niGorjATiONS  diplomatiques 

II  y  a  apparence  que  tout  ceci  n'est  rieo ,  et  que  ce  mitérable  n'a  eu 
autre  chose  en  vue  que  de  faire  le  fanfaron ,  en  promettant  des 
choses  qui ,  d'après  sa  façon  de  penser ,  me  feraient  pîmêir.  En  tout 
cas  j'ai  cru  qu'il  raliait  vous  avertir,  de  ce  qui  a'est  passé ,  avant  de  le 
renvoyer.  Nos  Ioîb  ne  nous  permettent  pas  de  le  retenirplus  longtemps; 
toutefois  11  ne  partira  qu'après  que  vous  aurez  eu  tout  le  temps  de  vous 
mettre  en  garde  contre  ses  attentats,  supposé  qu'il  ait  encore ~de 
mauvais  desseins;  et  lorsqu'il  partira,  j'aurai  soin  qu'il  ne  débarque 
que  dans  quelque  port  le  plus  éloigné  possible  de  France.  Il  s'est  ap- 
pelé ici  Guillet  de  la  Gevrillière ,  je  pense  que  c'est  un  faux  nom.  II 
n'avait  pas  un  chiffon  de  papier  à  me  montrer,  et  à  son  premier  abord 
je  lui  fis  l'honneur  de  le  croire  espion.  » 

Cette  dépêche  était  à  peine  parvenue  à  Paris,  que  M.  de  Talley- 
rand  se  hftla  de  répondre  à  M.  Foi  dans  les  termes  les  plus  empressés, 
M  rapportant  une  conversation  bienveillante  qu'il  avait  eue  à  ce  sujet 
avec  l'empereur  ;  Napoléon  s'était  exprimé  en  termes  pleins  de  con- 
venance sur  M.  Fox,  sur  sa  probité,  sur  les  souvenirs  profonds  que 
pendant  son  séjour  à  Paris  il  avait  laissés  dans  son  6me  ;  M.  de  Tal- 
leyrand  St  même  entrevoir  dans  les  termes  de  cette  conversation  le 
désir  vif,  pressant ,  d'en  finir  par  une  paix  stable  sur  les  différends 
soulevés  entre  l'Angleterre  et  la  France,  deux  nations  faites  égale- 
ment pour  s'estimer  '.  N'y  avait-il  pas  dans  ces  ouvertures  un  com- 
mencement de  négociation,  une  tendance  secrète  vers  la  paÎ!(?  M.  de 
Talleyrand  en  exprimait  le  désir  le  plus  empressé  ;  or  il  faut  dire  que 
.toute  l'affaire  du  complot  était  une  manoBuvre  de  police,  concertée 

■  Lellrt  daM-d«  TaUeyrand  à  M.  Fox, 

«  S  mars  1806. 
s  Monsieur,  j'ai  mis  la  leUre  de  T.  E.  sous  les  jcui  de  S.  M.  Son  premier  mot, 
■près  en  avoir  achevé  I>  lecture,!  Aie  :«  Je  connais  laies  principes  d'bonneur  et  de 
vertu  de  H.  Foi.  »  Eile  a  ajouté  :  a  Remercicz-ic  de  ma  pari,  cl  dites-lui  que,  soil 
que  la  politique  de  son  souYCrain  nous  Tasse  rester  encore  ioni^emps  en  ^erre,  soil 
qu'une  querelle  aussi  inutile  pour  rhumeDitc  ait  uu  Icrme  aussi  rapproché  qur  les 
deui  nations  doivent  le  désirer,  je  me  rrjouis  du  nouveau  ccratiére  que,  par  celte 
démarche,  la  guerre  a  déjt  pris,  et  qui  est  le  présage  de  eu  qu'un  p«ut  attendre  d'un 
cabinet  dont  je  me  plais  i  apprécier  les  principes  d'après  ceui  de  H.  fo\ ,  un  des 
hommes  les  plus  faits  pour  sentir  ta  toutes  choses  ce  qui  est  beau,  ce  qui  est  vrai- 

■  Je  ne  me  permettrai  pas,  monsieur,  d'ajouter  rien  aux  propres  expressions  da 
S.  M.  I.  et  R.  Je  tous  prie  seulement  d'agréer  l'assurance  de  ma  plus  Imulc  consi- 
dération, a  Cd.-Madk.  TALLEmAnn, 

s  {HincedeBénùvciit.  B 


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AVANT  LA   GrSBBE  CtfSTKS  LA  PRUSSE.  lOft 

entre  M.  de  Talleyrand  et  Fouché ,  tous  denx  parUuns  de  la  paix  ; 
un  agent  était  parti  de  Paris  avec  la  misdou  expresse  de  proposer  à 
M.  Fox  la  complicité  dans  une  action  infime  :  par  ce  moyen  on  (Atait 
le  ministre  ;  s'il  acceptait  les  offres  d'un  vil  assassin ,  on  pourrait  àé- 
clamer  contre  l'Angleterre,  et  reoouvder  dans  les  journaux  les  accn- 
salions  jetées  en  d'antres  temps  à  M.  Pitt  et  au  cabinet  tory  ;  si  an 
contraire  M.  Fox ,  avec  ses  principes  d'honnêteté ,  s'indignait  d'une 
telle  proportion,  alors  on  s'adresserait,  par  la  flatterie,  h  l'honorable 
chef  du  cabinet  whig ,  très^ensible  à  l'éloge  ;  on  pourrait  essayer  les 
propositions  d'un  traité  sur  des  bases  suscÊptibles  d'assurer  la  paix 
gépérale  de  l'Europe.  Ainsi  avait  raisonné  M.  de  Talleyrand  ;  soit 
que  M.  Fox  eût  deviné  le  piège,  soit  qu'il  f&t  aise  d'entrer  dans  une 
négociation ,  il  fut  assez  charmé  de  cette  ouverture  de  M.  de  Talley- 
rand pour  la  communiquer  immédiatement  à  son  cabinet. 

A  partir  de  ce  moment  une  correspondance  dïplomaUqne  assidue 
est'  échangée  entre  M.  Fox  et  le  ministre  des  relations  extérieures  en 
France  ;  toute  cette  correspondance ,  signée  de  JU.  de  Talleyrand , 
^•crite  sous  la  dictée  de  Napoléon,  se  ressent  d'un  certain  vague  d'Idées 
qui  laisse  à  part  les  questions  positives  ;  on  échange  plutôt  des  voeux 
pour  une  pacification  qu'on  ne  trace  les  conditions  d'un  traité  réel  ; 
c'est  plus  encore  un  cours  de  philanthropie ,  l'expression  d'un  dé»r 
politique  pour  que  les  deux  grandes  nations  entrent  dans  les  voies 
d'une  alliance  intelligente,  qu'une  négociation  sérieuse  sur  des  bases 
matérielles  et  des  cessions  réciproques;  on  y  traite  les  questions  de 
commerce,  d'industrie,  d'humanité;  M.  de  Talleyrand  rappelle  les 
merveilles  que  l'industrie  française  a  faites  dans  une  époque  où  elle  a 
été  obligée  de  se  replier  sur  elle-même,  et  M.  Fox  répond  :  a  Qu'un 
traité  de  commerce ,  désirable  peut-être ,  n'est  pas  le  dernier  mot  de 
l'Angleterre ,  dont  les  opérations  ont  pris  une  marche  nouvelle  par 
l'immense  développement  de  ses  débouchés  depuis  dix  ans.  » 

Sur  des  ouvertures  plus  précises ,  en  termes  moins  généraux , 
H.  Fox  répond  k  M.  de  Talleyrand  *  :  «  Le  roi  d'Angleterre  a  dé- 
claré plus  d'une  fois,  au  parlement,  son  désir  sincère  d'embrasser  la 
première  occasion  de  rétablir  la  paix  sur  des  bases  solides  conciliables 
avec  les  intérêts  et  la  sûreté  de  son  peuple.  Ses  dispositions  sont  tou- 

'  Cette  n^[odiiioii  se  conliaue  entre  M.  Foi  ei  H.  de  Talleyrand.  J'ai  remarqué 
qucUMAt  les  dépitbcs  sont  en  lïancais  et  (anl6lcn  anglil*.  Volt!  qurfqucs-UDes  de, 
«es  ^tcei  écrite»  delà  main  de  M.  Foi  : 


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itO  HÉGOCUTIONS   DlPLOilATIQUBS 

joun  pacifiques  ;  inaisc'estè  une  paix  sùre  et  durablequesa  majesté 
vise,  DOD  k  une  tràve  incerUine,  et  par  là  même  inquiétante,  tant 
poor  les  parties  contractantes  que  pour  le  reste  de  l'Eiuope.  Quant 
aux  stipulations  du  traité  d'Amiens  qui  pourraient  être  regardées 
comme  bases  de  la  négociation,  on  a  remarqué  que  cette  transaction 
est  interprétée  de  trois  ou  quatre  différentes  manières ,  et  que  par 
conséquent  des  eiplications  ultérieures  seraient  nécessaires  :  ce  qui 
ne  manquerait  pas  de  causer  un  grand  délai ,  quand  même  il  n'y 

•  MoDsitur,  je  n'ai  reçu  qu'hier  bu  soÎTTotre  dépêche  du  1"  courant.  ATautd'y 
tépoodre,  permetln-mai  d'assurer  T.  E.  que  la  iVauchise  ei  le  ton  obligeant  qu'on 
jTtmarque  ont  fait  ici  le  plus  grand  plaiGir;  un  esprit  eondllaloire,  manifwU 
d«  part  et  diautre,  est  déj&  ud  grasd  pas  vers  la  paix. 

a  Si  ce  que  V,  E.  dit  par  rapport  aux  affaires  inlcrieurea  regarde  les  affaires  poli- 
tiques, une  réponse  n'est  guère  nécessaire  ;  nous  ne  nous  y  immisçons  pas  eu  temps 
de  guerre,  à  pins  forts  raison  nous  ne  le  hrons  pas  en  temps  de  paii  ;  ei  non  n'est 
llhiailolgoé  des  idéesquiprevalcnicbn  nous  que  de  vouloJr  auuouainilerdeslois 
intérieures  que  tous  jugerez  propres  à  régler  vos  douanes  ot  soutenir  les  drùls  de 
votre  commerce,  ou  d'insuller  i  votre  pavillon. 

D  Quand  i  un  traité  de  commerce,  l'Angletem  croit  n'avoir  aucun  intérêt  i  It 
délirer  plus  qne  les  autres  nations.  Il  jr  a  beaucoup  de  gens  qui  pensent  qu'an 
pareil  traité  entra  la  France  et  la  Grande-Bretagne  serait  paiement  utile  ani  dcui 
parties  centraclautes  ;  mais  c'est  une  question  sur  laquelle  chaque  gouvenkcmuit 
doit  juger  d'après  ses  propres  aperçus,  et  celui  qui  le  refuse  n'offense  pas,  ni  n'a 
ancuD  compte  k  rendre  k  celui  qui  le  propose. 

a  Ce  n'est,  monsienr,  pas  moi  seulement,  mais  tout  homme  ntGoniMUe  deil 
recDimallre  que  le  véritable  intérêt  de  la  France  c'est  la  paii.  et  que,  par  consé- 
quent, c'est  sur  sa  conservation  que  doit  éira  fondée  la  vraie  gloira  de  ceux  qui  la 
gDuTtrnent. 

»  n  est  vrai  que  nous  nous  sommes  mutaelleiBait  accusés  :  mais  II  ne  sert  1 
Tien,  dans  ce  moment-ci,  de  discuta-  les  arguments  aur  lesquels  ces  accosiiiona 
ont  été  fbndées.  Nous  désirons  comme  vous  l'égalité.  Nous  ne  sommes  pas  assuré- 
ment comptables  l'un  à  l'autre  de  ce  que  nous  bisons  cbei  nous,  et  le  principe  de 
réciprocité  k  cet  ^rd,  que  V.  E.  a  proposé,  parait  juste  et  raisonnable. 

»  On  ne  peut  pas  diseouvenir  que  vos  raisonnements,  surl'ineonvénientqn'aoraii 
pour  la  France  une  paix  sans  durée,  ne  soient  bien  fondés  ;  mais  de  notre  eàté. 
celui  que  nous  éprouverions  serait  aussi  très-considérable.  11  est  peut-être  naturel 
que,  dans  de  pareils  cas,  chaque  nation  exagère  ses  propres  dangers,  ou  qn'au 
moins  elle  les  regarde  de  plus  près  et  d'un  «il  plus  clairvoyant  que  ceux  o'aulmi. 

u  Quant  à  l'intervcnlion  d'une  puissance  étrangère,  il  faut  d'abord  remarquer  qw, 
pour  ce  qui  regarde  la  pan  et  la  guerre  entre  la  France  et  l'An^eterrc,  la  Russie  ne 
peut  être  censée  puissance  étrangère,  vu  qu'elle  est  actuellement  en  alliance  avec 
l'Angleterre  et  en  guerre  avec  la  France.  C'est  pourquoi  dans  ma  lettre,  c'àuii 
comme  partie,  non  comme  médiateur,  qu'on  a  proposé  de  faire  intervenir  i'empc- 
raur  Alexandre. 

a  V.  E.,  dans  la  (iemièrc  clause  de  la  dépèche,  reconnaît  que  la  paix  doit  être 
honorable,  tant  pour  la  France  et  l'Angleterre  que  pour  leun  alliés  respettife.  Si 


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AVAITT  LA   GDEBRE   CO^fTRE   LA  PBrsSB.  lil 

aurait  pas  d'autres  objections.  La  féritable  base  d'une  telle  négocia- 
tion entre  deux  grandes  puissances  qai  dédaignent  également  toute 
idée  de  chieane ,  devrait  élrc  une  reconnaissance  réciproque  de  part 
et  d'antre  du  principe  suivant,  savoir  :  que  les  deux  parties  auraient 
pour  objet  une  paix  lionorable  pour  elles  et  leurs  alliés  respectifs ,  et 
en  méihe  temps  de  nature  k  assurer,  autant  qu'il  est  en  leur  pouvoir, 
le  repos  futur  de  l'Europe.  L'AngleleiTc  ne  peut  négliger  Fintérét 
tf  aucun  de  ses  alliés,  et  elle  se  trouve  unie  à  la  Russie  par  des  lieAs  si 

fda  eu,  il  Dous  ptrah  Un  impossible,  vu  FétroiM  tlliuiM  qui  subsiste  «ntre  Hm 
deai  gourernementa,  que  relui  de  l'ADglelerre  puisse  commeactr  une  n^eiitloo, 
sinOD  protîso[re,MnsIt  conearTencc,outou(tu  molDsle  coosenieiïieDtpréeJihleifc 
MB  «tllé. 

•  Ponr  Mqol  est  dsriodépciukncedereinpin  oitomM,  »£□»«  difficnllé  se 
p«at  s'offrir,  c«s  objets  étaM  Clément  chera  à  loutes  le*  parties  intéressées  d«ns 
i«  discussion  dont  il  s'agit. 

■  II  «<l  peut-être  Trai  que  la  pulssinre  de  la  Frince  sur  terre,  comparée  à  ceffe 
du  Toiv  de  l'Europe,  iTest  pas  égalo  k  la  supériorité  que  dous  possédons  sur  nef, 
tBtîMgée  s*iu  le  méPM  polM  de  vue  ;  mais  il  ne  ftut  plus  se  diasiniulm'  que  le  projet 
lie  combiner  toute  l'Europe  contre  la  France  est  chimérique  au  dernier  point.  Au 
reste,  c'nt  en  vérité  pousser  un  peu  trop  loin  les  appréhensions  pour  l'afenir  que 
fntyimget  l'alliance  entre  la  Sussie  et  f  Angleterre  [les  deux  puissances  de  l'Eu- 
nfC  les  mopwfsiiespoUT  attaquer  la  France  par  terre}' comuMieadanie  k  prod«itie 
un  résultat  pareil. 

»  t'iutcTTcntioD  de  la  Russie  h  la  négociation  ne  peut  non  plus  être  regardée 
n'RinM  la  rormaiîoif  d'un  etRifris,  ni  pour  la  forAie,  ni  pour  la  ebese,  d'antant  quH 
H*;  aura  qae  deux  parties,  la  Rassie  et  l'Aaghlerre  d'un  cAlé,  et  ia  Frmce  de 
l'antre.  Un  congrès  pourrait  élre  bon,  k  beaucoup  d'égards,  après  la  signsture  des 
préliminaires,  en  cas  que  loutes  les  pectiescontractanies  soient  de  ce(avJs;maib 
c'est  un  prc^  k  dtscuter  librement  et  amioalemcM  apris  que  l'affaire  ptiiKipafc 
awa  él^  amngéa. 

•  Dis  que  vous  cooseotirei  que  nous  traitions  provisoirement  jusqu'k  ce  que  la 
Bnssie  puisse  inlerrenir,  et  dis  lors  conjointement  avec  elle,  nous  sommes  prêts  t 
commencer,  sana  difféivr  d'un  seal  jour,  la  n^oelation  an  tel  Ifeu  et  es  telle  forme 
que  les  dem  parties  jageront  ke  plus  propres  k  conduire  à  bon  esclmt  l'objet  de 
nos  trtrain  le  pins  pronptement  possible. 

■  C.-J.  Fox.  r 
Oownlog-slTcet,  Aprii,  W,  1S06. 

m  Sir,  I  received  the  dây  before  yesierda;,  jour  eicelienejs  dispareb. 

»  After  having  repestedly  read  it  nitfa  ail  possible  atientiOD,  I  do  noi  Hnd  io  it 
■nj  argument  suffieicnt  Io  induce  our  government  to  change  Ibe  opinion  nhich  it 
bas  dcclered  .  nemeir ,  Ihal  an;  negotialion  in  vrhich  Hussia  is  not  included  as  a 
partj,  is  aiKolntely  inadmissible. 

"  We  niïh  for  peace  :  but  we  eannot  wish  for  any  thing  whif h  msy  be  injurious 
elthcr  10  the  dignii;  of  onr  sovereign,  or  Io  ihe  hooour  and  thc  inleresls  ofihe 
nation.  But  if  weoegotiaie  ni  [bout  Russie,  considering  Ibe  iLtinute  tiesb;  wbich 
ve are  uiùtrd  «iih  tbat  ponc r,  ne  should  toi  cciyc  oursclvcs  opeu  to  the  rc | roarli 


îdbyGoOgIc 


112  KÉGOaATIOKS   DIPLOXATIQCES 

étroits  qa'elle  ne  voudrait  rien  traiter,  rien  conclure,  que  de  concert 
avec  l'empereur  Alexandre.  En  attendant  l'intervention  actuelle  d'un 
plénipotentiaire  russe,  on  pourrait  toujours  discuter  et  même  arranger 
provisoirement  quelques-uns  des  points  principaux.  11  semblerait  que 
la  Russie,  k  cause  de  sa  position  éloignée,  ait  moins  d'intérêts  immé- 
diats que  les  autres  puissances  à  discuter  avec  la  France  ;  mais  cette 
cour,  à  tous  égards  si  respectable,  s'intéresse ,  comme  l'Angleterre , 
vivement  à  tout  ce  qui  regarde  le  sort  plus  ou  moins  indépendant  dea 
différents  princes  et  États  de  l'Europe.  Vous  voyez,  monsieur,  ajoute 
M.  Fos,  comme  on  est  disposé  ici  k  aplanir  toutes  les  difficultés  qui 
pourront  retarder  la  discussion.  Ce  n'est  pas  assurément  qu'avec  les 
ressources  que  nous  avons ,  noua  ayons  h  craindre ,  pour  ce  qui  nous 
regarde,  la  continuation  de  la  guerre;  la  nation  anglaise  est,  daiu 
toute  l'Europe,  celle  qui  souffre  le  moins  de  sa  durée;  nous  n'en 
plaignons  pas  moins  les  maux  d'autrui.  Faisons  donc  ce  que  nous 
pouvons  pour  les  détruire,  et  tâchons ,  s'il  se  peut ,  de  concilier  les 
intérêts  respectifs  et  la  gloire  des  deux  pays  avec  la  tranquillité  de  l'Eu- 
rope et  la  félicité  du  genre  humain.  » 

A  celte  dépêche  M.  de  Talleyrand  se  hAte  de  répondre  en  termes 
très-empressés:  «A  l'heure  même  où  j'ai  reçu  votre  lettre,  je  me 
suis  rendu  auprès  de  S.  M.,  etje  me  trouve  heureux  de  vous  informer 
qu'elle  m'a  autorisé  à  vous  faire  la  réponse  suivante  :  «  L'empereor 
n'a  rien  à  désirer  de  ce  que  possède  l'Angleterre.  La  paix  avec  la 
France  est  possible  et  peut  être  perpétuelle  quand  on  ne  s'immiscera 
pas  dans  ses  affaires  intérieures,  et  qu'on  ne  voudra  ni  la  contraindre 
dans  la  législation  de  ses  douanes  et  dans  les  droits  de  son  commerce, 

of  bsving  falUd  ia  tfait  scrupulous  Bdelilj  lo~  our  engtgemenls  on  wliicb  we  pride 
«urs«Wïs  :  whilst,  on  tbe  olber  faand.  b;  persUtiDg  in  dur  demand  Ihat  Bussia  be 
•dmitted,  we  do  nol  conceive  tbatwe  do  aay  tbïng  contrarf  to  Ibat  priocipleor 
equaliiy  to  whîcbboUi  of  uslay  cUiin.  Whpjiibe  three  plenlpoleniiariesareassem- 
b)ed,  bow  can  it  be  ibougbt  that  any  questiun  could  be  carried  by  ibc  inajority  of 
Toices  ;  or  «ven  Ibnt  'surh  an  assembly  could  bave  any  tbing  in  commoa  wilh  a 
général  congress  î  Tbcrc  irould  be  in  Ikct  bul  two  parties  in  it  ;  on  one  side,  France, 
on  tbe  olber,  tbe  two  aliied  powers.  HOTeover,  if  it  is  tbougbt  so  advantageous  in  an 
affair  of  tbis  nature,  to  bave  iwo  againsl  one,  do  objection  wouid  Le  madc  lo  your 
inlroducing  wbjcb  cver  oF  your  allies  you  may  judge  most  expédient. 

»  Sineerely  desirous  of  aroiding  useless  disputes,  I  do  Dot  ailow  myseKlo  ealer 
Inloa  discussion  of  tbe  code equences  vhich  jour  etcellency  drawsfrom  lbee>cnis 
of  ibe  last  campaign. 

a  C.-J.  Fox.  • 


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AVANT  LA   GCEBBE   CONTRE   LA   PBUSSB.  113 

ni  faire  supporter  aucune  insulte  à  son  pavillon.  Ce  n'est  pas  vous,  qui 
avez  montré  dans  un  grand  nombre  de  discussions  publiquesune  con- 
naissance exacte  des  affaires  générales  de  l'Europe,  qu'il  faut  convaincre 
que  la  France  n'a  rieo  à  désirer  que  le  repos,  et  une  situation  qui  lui 
permette  de  se  livr^  sans  aucun  obstacle  aus  travaux  de  son  indus- 
trie. L'empereur  ne  pense  pas  que  tel  ou  tel  article  du  traité  d'Amiens 
ait  été  la  cause  de  la  guerre.  II  est  convaincu  que  la  véritable  cause 
a  été  le  refus  de  faire  un  traité  de  commerce  nécessairement  nuisible 
aux  manufactures  et  à  l'industrie  de  ses  sujets  ;  vos  prédécesseurs  nous 
accusaient  de  vouloir  tout  envahir  ;  en  France ,  on  accuse  aussi  l'An- 
glelerre.  Eh  bien!  nous  ne  demandons  que  i'égalilé.  Nous  ne  vous 
demanderons  jamais  compte  de  ce  que  vous  ferez  chez  vous,  pour  qu'à 
votre  tour  vous  ne  nous  demandiez  jamais  compte  de  ce  que  nous 
ferons  chez  nous.  Ce  principe  est  d'une  réciprocité  juste,  raisonnable 
et  respectivement  avantageuse.  Vous  exprimez  le  désir  que  les  négo- 
ciations n'aboutissent  pas  à  une  paix  sans  durée.  La  France  est  plus 
intéressée  qu'aucune  autre  puissance  à  ce  que  la  paix  soit  stable.  Ce 
n'est  point  une  trêve  qu'elle  a  intérêt  de  faire  ;  car  une  trêve  ne  ferait 
que  lui  préparer  de  nouvelles  pertes.  Vous  savez  très-bien  que  les 
nations,  semblables  en  ce  point  à  chaque  homme  considéré  individuel- 
lement, s'accoutument  à  une  situation  de  guerre  comme  à  une  situa- 
tion de  paix.  Toutes  les  pertes  que  la  France  pouvait  faire,  elle  les  a 
faites,  elle  les  fera  toujours  dans  les  six  premiers  mois  de  la  guerre. 
Aujourd'hui  notre  commerce  et  notre  industrie  se  sont  repliés  sur  eux- 
mêmes  et  se  sont  adaptés  à  notre  situation  de  guerre.  Dés  lors  une 
trêve  de  deux  ou  trois  ans  serait  en  même  temps  tout  ce  qu'il  y  aurait 
de  plus  contraire  à  nos  intérêts  commerciaux  et  à  la  politique  de  l'em- 
pereur.  Quanta  l'intervention  du  cabinet  étranger,  l'empereur  pour- 
rait accepter  la  médiation  d'une  puissance  qui  anrait  de  grandes  forces 
maritimes  ;  car  alors  sa  participation  k  la  paix  serait  réglée  gar  les 
mêmes  intérêts  que  nous  avons  i  discuter  avec  vous  ;  mais  la  mëdiati(m 
russe  n'est  pas  de  cette  nature.  Vous  ne  voulez  pas  nous  tromper  et 
vous  sentez  bien  qu'il  n'y  a  pas  d'égalité  entre  vous  et  nous  dons  la 
ganmlie  d'une  puissance  qui  a  300,000  hommes  sur  pied,  et  qui  n'a 
pas  d'armée  de  mer.  Du  reste,  monsieur,  votre  communication  a  un 
caractère  de  franchise  et  de  précision  que  nous  n'avons  pas  encore 
vu  dans  les  rapports  de  votre  cour  avec  nous.  Je  me  ferai  un  devoir 
de  mettre  la  même  franchise  et  la  même  clarté  dans  mes  réponses. 


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i  H  NÉGOCIATIONS  DIpLOMATIQCBS 

fipw  sommes  prêts  à  Taire  la  paix  avec  tout  le  monde,  nous  ne  vou- 
loqs  eo  imposer  i  personne  ;  mais  noos  ne  voulons  pas  qu'on  nous  en 
iinpow,  et  nul  n'a  la  puissance  ni  les  moyens  de  le  faire.  Il  n'est  au 
youvoir  de  personne  de  nous  faire  revenir  sur  des  traités  qnt  sont 
es^utës.  L'intégrité,  l'indépendance  enti^,  absolue,  de  l'empire 
4Uoman  sont  non-seulement  le  désir  le  plus  vrai  de  l'empereur,  mais 
Le  point  le  plus  constant  de  sa  politique.  Deux  nations  éclairées  ti 
voidoes  l'une  de  l'autre  manqueraient  k  l'opinion  qu'elles  doivent 
«voir  de  leur  puissance  et  de  leur  sagesse ,  si  elles  appelaient  dans  la 
discussion  des  grands  intérêts  qui  les  divisent  des  interventions  étran- 
gjïres  et  éloignées.  » 

le  but  de  M.  de  Talleyrand ,  dans  cette  note  confidentielle ,  est 
4'élaigner  toute  médiation  de  la  Bussie  ;  il  veut  traiter  avec  l'Angle- 
terre séparément;  Af.  Fox  objecte  alors  son  alliance  avec  le  cabinet 
de  Saint-Pétersbourg,  et  M,  de  Talleyrand  réptmd  :  «  Vous  êtes  les 
mattres  des  mers,  vos  forces  maritimes  égalent  celles  de  tous  les  sou- 
terains  du  monde  renies.  Nous  sommes  une  grande  puissance  contî- 
qantate  ;  mais  il  en  est  plusieurs  qui  ont  autant  de  forces  que  nous 
sur  terre,  et  votre  prépondérance  sur  les  mers  mettra  toujours  notre 
commerce  à  la  disposition  de  vos  escadres  dès  la  première  déclaration 
ie  guerre  que  vous  voudrez  faire.  Pensez^vous  qu'il  soit  raisonnable 
d'attendre  que  l'empereur  consente  jamais  à  se  mettre  pour  les  affaires 
du  continent  à  votre  discrétion  7  Si,  mattres  de  la  mer  par  votre  puis- 
siince  propre ,  vous  voulez  l'âtre  aussi  de  la  terre  par  une  puissance 
combinée,  la  paix  n'est  pas  possible;  car  alors  vous  ne  voulex  pas 
nriver  à  des  résultais  que  voua  ne  pourrez  jamais  atteindre.  L'empe- 
rwr,  toutaccoutuméqu'il  est  à  courir  touteâ les ctisncesqui  présentent 
àt»  perspectives  de  grandeur  et  de  gloire,  désire  la  paix  avec  l'An- 
gleterre. Il  est  homme  ;  après  tant  de  fatigues ,  il  voudrait  aussi  du 
repos.  Père  de  ses  sujets,  il  souhaite,  autant  que  cela  peut  être  com- 
patible avec  leur  honneur  et  avec  les  garanties  de  l'avenir,  leur  procurer 
les  douceurs  de  la  paix  et  les  avantages  d'un  commerce  heureux  et 
tranquille.  Si  donc,  monsieur,  S.  M.  le  roi  d'Angleterre  veut  réelle- 
ment la  paix  avec  la  France,  elle  nommera  un  pl^ipotentiaire  pour 
se  rendre  à  Lille.  J'ai  l'bonneur  de  vous  adresser  des  passe-ports  pour 
qet  objet.  Aussitêt  que  S.  M.  l'empereur  aura  appris  l'arrivée  du 
ministre  de  votre  cour,  elle  en  nommera  et  en  enverra  un  sans  délai. 
L'empereur  est  prêt  à  faire  toutes  les  concessions  que ,  par  l'étendue 


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AVAIIT  LA  6UEBSE   CONTRE  tA  PKDBSB.  115 

de  W(B  forces  navales  et  votre  prépondérance ,  vous  pocvei  désirer 
nbteDÎr.  Je  ue  crois  pas  que  voiffl  puissiez  refuser  d'adopter  aussi  le 
{ffincipe  de  lai  faire  des  propositions  coofonnes  à  l'hoonear  de  sa  cou- 
ronoe  et  aux  droits  du  ecmimerce  de  ses  États.  Si  tous  êtes  justesi  si 
Yoas  De  foukz  que  ce  qu'il  vous  est  possible  de  faire,  la  paix  sera 
bientât  eoncloe.  » 

H.  de  Talleyrand,  toujoun  dominé  par  one  vieille  idée  de  la  paix 
avec  rAngleterre,  son  système  depuis  1789 ,  manifeste  des  répugnances 
poar  la  Russie  ;  il  croît  que  tes  deux  grandes  nations  civilisées  doivent 
ae  tendre  h  main  dans  un  intérêt  commun,  tandis  que  M.  Fox  hésite 
devant  un  traité  séparé.  Cette  sitostion  réciproque  des  deux  gouver- 
nemrats  de  France  et  d'Angleterre  était  motivée  parla  marche  rapide, 
înceaBaDte  des  évteements  ;  H.  Fox,  appelé  k  la  direction  des  affaires 
anglaises  après  la  chute  du  système  de  M .  Pîtt ,  avait  été  fi»-cé  d'adoptor 
les  idées  diplomatiques  de  son  illustre  prédécesseur  k  regard  du  con- 
tinent ;  le  système  de  M.  Pitt  était  tellemeet  indiqué  parla  situation, 
que  son  adversaire  le  plia  implacable,  celui  qui  l'avait  si  souvent  com- 
battu par  la  parole,  était  obligé  d'en  suivre  les  errements ,  comme 
le  point  invariable  d'une  politique  nationale.  L'honneur  de  TAngle- 
terre  semblait  attaché  au  système  de  M .  Pitt,  et  il  faut  dire  à  l'éloge 
de  M.  Fox  que,  dans  son  court  ministère,  il  apporta  une  énergie  aussi 
vigonreuse  que  celle  de  son  adversaire  du  parlement ,  pour  l'honneur 
de  la  Grande-Bretagne  ;  il  abdiqua  ses  idées  de  puériles  déclamations 
pwr  le  genre  humain  ;  H  se  fit  Anglais,  et,  déployant  la  majesté  de 
l'esprit  britannique  dans  les  questions  européennes ,  il  sacrifia  son 
amour-propre  à  l'honneur  de  son  pays. 

C'était  particuli^ment  à  l'égard  de  la  Prusse  i^e  cette  énergique 
volonté  était  imp^ative  ;  le  cabinet  de  Beriin  avait  agi  avec  un  décousu, 
une  inconcevable  tergiversation  depuis  Austerlitz  :  lorsque  M.  de 
HM-deDbergprenait,àrégarddelaGrande-Bretagne,  des  engagements 
piécis  pour  la  coalition  année  de  la  restitution  du  Hanovre  à  l'An- 
gleterre, M.  de  Haugwitz  signait  à  Vienne,  avec  Napoléon,  on  traite 
^i,  en  échange  de  Clèves  et  Neufcliàtel,  donnait  le  Hanovre  en  posse*. 
Moa  déBnitiveà  la  Pruase.  A  son  arrivéei  Beriin,  le  comte  de  Hougwita 
fut  désavoué,  et  le  traité  ne  reçut  pas  de  son  cabinet  la  ratification 
néce^aire  ;  maisNapoléon,  toujours  attentif  aux  moindres  événements, 
avait  depuis  attaqué  de  toutes  manières  la  politique  et  le  crédit  du 
baron  de  Hardenbei^,  pour  assurer  le  triomphe  du  comte  de  Haugwitz 


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llfi  XÉGOCUTIONS  DIPLOMATIQBBS 

et  la  rolifloition  du  traité  de  Vienoe  ;  il  n'y  eut  sorte  de  calomoie» 
qu'oit  n'cssayit  contre  le  ministre  prussien,  qui  voulait  donoCT  à  f» 
patrie  une  indépendance  de  nation,  une  vie  politique  grande  et  forte 
va  la  retirant  d'une  situation  abaissée.  Napoléon  accusa  le  baron  de 
Uardenberg  d'être  Anglais ,  sujet  de  l'Angleterre  *  ;  et ,  pénétrant 
même  dans  la  vie  du  ministre ,  il  flétrit  son  toit  domestique. 

M.  de  Hardenberg  n'avait  fait  que  son  devoir ,  en  adressant  une 
note  précise  et  explicite ,  le  22  décembre  1805 ,  à  lord  Harrewb;-, 
pour  se  lier  au  système  européen  ,  et  faire  connaître  les  intentions 
définitives  de  la  Prusse  sur  la  coalition  ;  l'empereur  Napoléon  fit 
déclarer  que  cette  note,  complètement  désavouée  par  leroidePnisset 
avait  été  écrite  sans  sa  volouté.  Cétait  mentir  à  toute  la  négociation 
anglo-prussienne  :  M.  de  Hardenberg  n'avait  agi  que  d'après  l'ordre 
de  son  souverain  ;  toutes  ses  démarches  avaient  été  résolues  dans  )e 
cabinet,  le  ministre  avait  voulu  faire  prendre  une  altitude  décidée  & 
la  cour  de  Berlin,  et  c'était  là  le  crime  dont  Napoléon  l'accusait.  A 
cette  occasion  M.  de  Hardenberg  crut  nécessaire  de  se  justiQer  :  il 
adressa  aux  feuilles  d'Allemagne  une  lettre  dignement  écrite  et 
sérieusement  pensée  *  :  il  en  appelait  à  l'honneur  des  nations,  à  l'es- 

'  Tolcl  la  note  insolente  dictée  par  Hapoléon  sur  H.  de  Hardenbet^  : 

1  Nous  douions,  disait-il,  que  u  qualité  do  sujet  du  roi  d'Angleterre  puisse  la 
porter  è  approuver  la  publication  que  Tient  de  raire  le  gouvemcmeot  anglais.  Apria 
■voir  lu  une  pareille  note,  il  n'est  personne  qui  ne  juge  qu'il  ne  peut  y  avoir  en 
Europe  un  homme  plue  complètement  déshonoré  que  M.  de  Hardenberg.  Le  nom 
prussien  n'en  peut  reeeToiraufune  atteinte,  puisque  M.  de  Hardenberg  n'est  pas 
Prussien  ;  le  militaire  ne  peut  non  plus  s'en  aflliger  ,  puisque  M.  de  Hardenberg 
n'est  pas  soldat.  S'il  l'était,  il  saurait  que  tes  soldats  du  grand  Frédéric  se  battent 
pour  EOuteulr  les  principes  de  la  politique,  mais  ne  sont  pas  traîtres  ni  parjures,  n 

>  H.  de  Hardenberg  s'exprimait  avec  dignité  en  réponse  i  cette  note  ; 

■  Le  MoniUaT  du  21  mars,  b"  §0,  en  imprimant  une  lettre  adressée  par  moi  te 
21  décembre  180S  è  lord  Harrowby,  alors  minisire  de  S.  U.  B.,  me  somme  de  dire  si 
ïUe  est  véritable  ou  supposée,  et  l'accompagne  de  plusieurs  remarques.  Ce  qui  rend 
Jes  devoirs  et  la  situation  d'un  homme  d'État  parti  eu  litreroeni  pénibles,  c'est  l'oUf- 
galion  oCi  il  se  trouve  le  plus  souvent  de  se  renrermer  dans  le  silence  lors  même  qu'il 
est  méconnu  et  calomnié.  Cependant  je  dois  bu  roi  et  i  moi-même  de  déclarer  que  la 
'lettre  en  question,  quoique  altérée  dans  plusieurs  expressions  essentielles,  ait  o/JieieU* 
«I  ieriU  par  oTdrt  dt  la  majttlé;  je  le  dois  au  roi,  parce  que,  è  la  cour  de  Berlin, 
quel  qucsoil  le  protocole  cité  par  le  ifontfsur,  les  ministres  n'osent  pas  se  permettre 
des  démarches  de  cette  nature  è  l'insu  du  souieminji  moi-même,  parce  que  je  ne 
puis  voir  avec  indilTérenec  qu'on  me  croie  capable  de  manquer  i  mes  deVoirs  et  de 
la'ciposcr  t  être  désavoué  après  a>oir  agi  en  son  nom.  Le  S9  décembre  le  rnl  et  tout 
la  monde  ignorait  i  Berlin  qu'un  traité  aTslt  tié  signé  le  IS  i  Vienne  par  M.  le  eont* 


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ATAKT   LA   GUERRE   CONTRE   LA   PRESSE.  117 

pril  germanique  noblement  inspiré.  Il  régnait  dans  cette  lettre  du 
baron  de  Hardenberg  une  mélancolique  fierté,  une  voix  mystérieuse 
et  retentissante  qui  se  fait  entendre  comme  les  vibrations  d'une  harpe 
céleste  dans  l'homme  indignement  calomnié;  il  eut  beaucoup  de 
peine  à  la  faire  insérer  dans  les  gazettes  allemandes,  parce  que  la 
puissance  de  l'empereur  s'étendait  loin  :  lui  déplaire,  c'était  se  placer 
BU  ban  des  nations. 

Le  coup  était  porté  vif  et  profond  ;  M.  de  Hardenberg  se  retira 
(les  aiTaires.  Le  parti  de  la  faiblesse  et  de  l'hésitation  domina  de  nou- 
veau le  cabinet  de  Berlin  ;  on  vit  reparaître  l'inilueDce  du  comte  de 
Haogwilz ,  de  Lombard ,  de  Behmer ,  de  tout  le  parti  français  en  un 
mot,  et  telle  fut  la  tendance  irrésistible  de  cette  situation  nou- 
velle, dominée  par  M.  deLaforest,  que  non-seulemeut  le  traité  signé 
i  Vienne  fut  ratifié ,  mais  on  ajouta  à  la  cession  de  Cléves  et  de  Neuf- 
clijlel  d'autres  sacrifices  territoriaux  en  échange  du  Hanovre  donné  à 
la  Prusse  comme  possession  définitive,  avec  la  promesse  intime  que 

iIïHiugwiU;  celui-ci  ajiut  réservé  (outeinrorination  sur  ce  sujeli  son  rapport  DrsI. 
M  a'éltDt  arrivé  i  Berlin  que  le  2S  décembre,  on  se  trouvait,  comme  il  est  eiprlmé 
dus  ma  IcUre  à  lord  Harroirb; ,  dans  une  incerliludelolsle  sur  les  intentions  de 
S.  JS.  l'empereur  des  Français.  De  part  et  d'autre  les  armées  étaient  fa  campagne  el 
sur  le  pied  de  guerre  :  U.  le  général  major  de  Prulh  fut  envoyé  au  quartier  général 
Inn^is  et  i  H. le  comte  daHaugwitipours'eipliquer  sur  l'arrangemeni  intermédiaire 
quifaitlesujet  delà  lettre  i  lord  Harrowby  et  qui  avait  été  proposé  par  H.  lo  comte 
dcHaugwiti.  M.  dePruJh  rencontra  ce  ministre  en  chemin  retournant  i  Rcriinavet 
UD  traité  définitir,  et  naturellement  l'arrangement  intcrmédiBirc  dut  tomber,  VoiU  la 
bit  aTec  la  plus  a&Bcte  iérité;uD  jugement  impartial  saura  apprécier  la  remarque  du 
UoniUitr.  Je  m'honore  de  l'estime  et  de  la  confiance  de  mon  souverain  et  de  la  nation 
prassieflue;  je  m'honore  des  sentiments  des  étrangers  estimables,  et  c'est  avec  salis- 
^lion  que  je  compte  aussi  des  Français  parmi  eux.  Je  ne  suis  pas  né  Prussien,  main 
je  ne  le  cédeeo  patriotisme  à  aucun  indigène,  et  j'en  ai  obtenu  les  droits  tant  par  mea 
services  qu'en  y  transférant  mon  patrimoine  et  en  j  devenant  propriétaire.  Si  je  nesuis 
pas  stddat,  je  sens  que  je  n'aurais  pas  été  indigne  de  l'élre  si  le  sort  m'avait  destiné  k 
'défendre  lesarmesi  la  main  mon  souverain  et  ses  droits,  la  dignité,  la  sDreté  et  l'hOD- 
tMur  de  rfitat.  Ceci  répond  aux  remarques  du  Jlfonirnir;  au  reste,  ce  ne  sont  ni  deo 
bulletins  de  gazette,  ni  des  remarques  de  leurs  rédacteurs,  qui  pourront  jamais  me 
(lésboDorer.  Tel  est  le  véritable  texte  de  ma  lettre  du  22  décembre  i  lord  Horrowbj. 
En  le  comparant  à  celui  insérédansleifonifaur,  on  observera,  entre  autres,  qu'il  n'; 
est  question,  oî  de  confédération  i  former  qui  puisse  s'adapter  aux  événements,  mais 
*lu  défaut  de  concert  adapté  aux  circonstances;  ni  degagner  du  temps  pour  prendre 
des  mesures  plus  décisives,  mais  de  l'avantage  qui  résulterait  d'un  plan  intermédiaire 
qui  lui  lui  présenté  pour  empêcher  que  rien  ne  Iroubllt  les  négociations  dont  on  a« 
promettait  le  maintien  de  la  pait  entre  la  Prusse  cl  la  France,  et  peut-être  un  acb»- 
miDïDnl  à  la  paix  générale.  •  BAHORNane.  > 


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lis  NB60CIAT10NS   DIPLOUATIQDBS 

la  Poméranfe  suédoise  lui  serait  également  cédée  dam  un  Irailé  pos- 
térieur. On  peut  s'imaginer  la  juste  indignation  qu'un  tel  mnnque- 
ment  de  foi  sur  les  engagements  de  Berlin  excita  en  Angleterre. 
Ouoi  !  BU  moment  môme  où  la  Prusse  déclarait  k  qu'elle  ne  déliendraii 
^e  Hanovre  que  pour  le  restituer  k  la  Grande-Bretagne,  >  elle  en 
acceptait  la  possession  définitive  par  un  traité  solennel  !  C'était  là  plus 
que  de  la  faiblesse;  la  déloyauté  la  plus  insigne  avait  présidé  k  une 
telle  résolution.  M.  Fox ,  avec  sa  franchise  habituelle,  s'en  plaignit 
aux  communes  en  des  termes  Qétrissants  pour  l'itooneur  prussien  :  il 
demanda  i  ses  amis  politiques,  aux  wbigs  comn^p  aux  torys,  des 
moyens  vigoureux  pour  contraindre  la  Prusse  À  garder  la  foi  des  con- 
ventions. Le  parlement ,  à  l'unanimité ,  vota  les  subsides  de  guerre , 
et  M.  Fox  ii'ltéaita  point  dans  le  dàfeloppement  des  énergiques 
mesures  que  la  Grando-Bretagne  emploie  toujours  contre  ses  enoemis; 
la  guerre  fut  déclarée,  un  embargo  jeté  sur  tous  les  uavlre»  prusieos; 
les  whigs  entrèrent  absolument  dau  les  idées  de  M.  Pitt. 

L'habileté  de  Napoléon  avait  ainsi  mis  la  Prusse  dans  une  étrange 
position  vis-à-vis  de  l'Angleterre,  M.  de  Laforest  en  prc^ta  ;  il  avait 
pressé  le  roi  Frédéric -Guillaume  de  se  prononcer  pour  l'alliance  de 
la  France  ;  l'occupation  militaire  du  Hanovre  n'avait  pas  un  sens  assez 
précis ,  on  pouvait  la  croire  provisoire,  et  l'interpréter  par  une  équi- 
voque; M.  de  Lafore^  engagea  le  roi  à  signer  un  manifeste  qui 
déclarait  formellement  la  réunion  du  Hanovre  h  la  monarchie  prus- 
wenno  :  l'empereur  des  Français  verrait  U  le  gage  d'une  bonne  har- 
monie. Le  but  de  la  négociation  de  M.  de  Laforest  était  d'amener 
une  rupture  ouverte  et  des  hostilités  Immédiates  entre  Londres  et 
Berlin  ;  la  Prusse  obéit  :  le  roi  Frédéric  -  Guillaume  publia  une  pro- 
elamation  pour  déclarer  que  le  Hanovre  était  définitivement  uni  aux 
lEtats  héréditaires  de  la  maison  de  Brandebourg ,  et ,  en  vertu  de  la 
coDventioi)  signée  k  Paris ,  on  fermait  tous  les  ports  prusiens  aux , 
marchandises  et  aux  navires  de  la  Grande-Bretagne, 

Alors  M.  Fox  porta  au  parlement  un  message  vigoureux  ;  les  whigs 
se  prononçaient  pour  la  politique  fière  et  hautaine  des  torys.  «  Geo^e, 
roi ,  y  était  ^  il  dit  ;  S.  M.  juge  convenable  d'annoncer  à  la  chambre 
qu'elle  s'est  vue  dans  la  nécessité  de  rappeler  son  ministre  près  la  cour 
de  Beriin ,  et  d'adopter  les  mesures  provisoires  d'une  juste  récrimi- 
nation contre  le  commerce  et  la  navigation  de  la  Prusse.  S.  M.  regrette 
profondément  de  se  voir  forcée  d'augmenter  et  d'aggrayer  ainsi  les 


DidiIzedbyCoO^IC 


AVANT  lA  ODISKB  COIfTUE  tA  PBV3SB.  11^ 

malbrara  déjà  si  vivement  sentis  par  les  nations  du  contîncnt,  dont 
die  a  toujours  considéré  rindépenditnce  et  la  prospérité  comme  étrol- 
looent  liées  avec  les  intérêts  de  son  peuple.  Mais  des  mesures  dltos» 
tiltés  directes ,  adoptées  contre  elle  avec  réflexion ,  ne  lui  ont  pa:) 
laissé  d'alternative.  Dans  un  moment  où  des  relations  confidentielles 
avaieDt  lieu ,  sans  aucune  cause  ni  aucun  prétexte  qui  pussent  motiver 
des  plaintes,  la  Prusse  s'est  emparée  de  vive  force  des  possessions 
èlectonilcs  de  S.  M.  Qaoiqne  cet  événement  affectât  extrêmement  les 
intérêts  de  son  royaume,  S.  M.  s'était  d'abord  abstenue  de  recourir, 
dans  cette  fâcheuse  occasion ,  à  l'attachement  inatlêrable  et  éprouvé 
de  ses  sujets  britanniques.  £lle  s'était  bornée  à  faire,  par  la  voie  des 
nfigociations ,  des  remontrances  amicales  contre  l'injustice  qu'on  lui 
faisait  éprouver  ;  elle  fondait  ses  réclamations  et  ses  demandes  en 
r^aralion  sur  la  modéralîOD  de  sa  conduite ,  sur  la  justice  de  ses 
remontrances  et  sur  nntérèt  même  de  la  Prusse,  qui  doit  sentir  le 
danger  de  ce  système  destructear  de  toute  sàreté  et  de  tonte  po9se&< 
siOB  légitime.  Lorsque  S.  M-,  au  lieu  de  recevoir  des  assurance»  con- 
formes à  sa  juste  attente ,  fut  informée  qu'on  avait  pris  la  résolution 
d'exclure  les  marchandises  et  les  bâtiments  de  ses  sujets  de  tous  les 
ports  et  de  tous  les  lieux  qui  sont  sous  la  domination  légitime  oa  sous 
■Influence  inévitable  de  la  Prusse ,  il  hiî  devint  impossible  de  différer 
davantage  d'agir  elle-même  d'une  mauière  confarme  à  ses  devoirs 
envers  son  peuple.  La  dignité  de  sa  couronne  et  l'intérêt  de  ses  sujets 
«'opposent  également  à  ce  qu'elle  se  soumette  à  ces  agreasiong 
oavertes  et  non  provoquées.  Elle  ne  doute  pas  que  son  parlement  ne 
s'empresse  de  concourir  à  venger  l'hoDoeur  du  pavillon  et  de  la  navi'- 
gation  britannique.  » 

Ce  message  habile  s'adressait  aux  sentiments  et  aux  intérêts  les  plus 
psefonds  du  peuple;  M.  Fox  parlait  spécialement  du  tort  fait  ou 
«■«mmeice;  la  questùa  du  Hanovre  n'était  qu'accidentelle,  parce 
qu'elle  était  toute  royale  et  de  maison  souveraine;  la  nation  ne 
«armait  pas  seulement  pour  recouvrer  Théritage  de  ses  rois,  mais' 
«score  pour  venger  le  pavillon  du  pays  '.  L'indignation  éclata  à 

'  Ktt$ag*  froBi  hii  inajMltf  (o  fh»  paHiameM,  on  hoitUitin  toith  Pruttia, 

«  G,  K.  His  majesty  Ihinks  il  proper  lo  ecquaint  [bc  housc  of  commons,  IhM  fcr 

Ims  Found  himself  und»  ihc  nctessity  of  withdrawing  bis  minisK^r  ttam  the  court 

uf  Berlin,  uià  of  adopllog  provisionallj  measurcs  or  jusl  relallalion  agalnsl  it]i> 

X  and  uvigsUoD  of  ftnssii.  His  mnJKt;  decplf  nfrets  thts  euenstoa  in\ 


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120.  MÉGOaATIONS  DIPLOHATIQOBS 

Londres;  un  nouvel  ordre  du  conseil  mit  un  embargo  sur  tous  les 
navires  prussiens  ;  des  lettres  de  marque  furent  délivrées  ;  de  riches 
prises  vinrent  bientôt  signaler  la  présence  des  escadres  britannique» 
sur  toutes  les  cdtes  de  la  Prusse.  Fox  se  comporta  en  digne  Anglais; 
il  décréta  les  mêmes  mesures  contre  la  Prusse  que  Pitt ,  son  adver- 
saire d'opinion  ,  avait  arrêtées  contre  le  Danemarck  ;  l'esprit  anglais 
dominait  tout;  on  en  était  arrivé  à  ce  point  que  l'Iionneur  national 
faisait  oublier  les  antécédents  d'opinions  et  la  mobilité  des  principes; 
il  n'y  eut  plus  de  partis  en  Angleterre .  tout  fut  k  la  guerre  contre  la 
Prusse. 

Gustave-Adolphe,  ce  prince  chevaleresque  qui  régnait  sur  la  Suède, 
n'hésita  point  à  suivre  M.  Fos  dans  une  démarche  belliqueuse  contre 
In  Prusse.  Le  roi  Gustave,  tout  petit  prince  qu'il  était,  avec  ses  faible» 
armées  et  ses  quelques  mille  hommes,  manifesta  son  indignation 
contre  la  déloyauté  du  cabinet  de  Berlin  ;  il  n'ignorait  pas  le  traita 
secret  qui  cédait  à  la  Prusse  la  Poméranie  suédoise  ;  Gustave  ne  con- 
cevait pas  une  perfidie  aussi  profonde,  une  déloyauté  aussi  grande; 
que  lut  importait  le  résultat?  Ce  prince  jouait  son  tréne  À  chaque 
événement;  il  s'impatientait  toutes!^  fois  qu'il  n'avait  pas  en  face  de 
lui  desgensd'honneuret  de  devoir;  il  n'appartenait  pas  h  une  époque 
d'égoïsme  et  d'habileté ,  il  périt  à  l'œuvre  ;  il  ne  savait  que  tenir  une 
épée,  et  ce  n'était  pas  assez  '. 

oggnTiiioB  of  ciUmities,  aiready  so  Mverel;  Tell  b;  tb«  nations  or  (fae  coiiilneni, 
«liose  independcnce  «nd  prosperiiy  he  has  nev«r  ceased  la  consider  as  intimatel; 
coniiecled  wilh  Ihosc  DFhis  own  peoplc.  But  roeasures  of  direct  hostilily,  délibéra^ 
tclj  adoiited  sgainst  him,  bave  IcTt  him  no  alleniatiVF. 

a  In  a  moment  of  confldential  intercoursr,  vilhoul  even  the  prelence  otuij  muïs 
•i(  complainl,  foictbie  possessLon  bas  been  laken  by  Prussin  oF  bis  majesif  s  clix- 
toral  dominions.  Decplj  os  Ihis  e\eiit  aiTecled  Ihc  inleresl  of  tbis  kingdom,  hi* 
majfstj  cbose  neverlhele^s  ta  forbear,  on  tbis  painful  octasion,  ail  recoursc  ta  th* 
iried  and  aiTectiDDaie  aliachment  oF  bis  British  subj«cis.  He  remoDslrated,  bj  ami- 
cable  negoliatiOD,  against  Ibe  Injury  hc  had  sustaiued,  and  Tested  bis  daim  toi  rrpt- 
ralion  on  Ibe  modération  of  his  cooduct,  on  thc  justice  of  his  représentations,  and 
on  tbc  cammon  iutcrest  wbich  PruEBia  herseirinusl  ullimately  feel,  to  resist  a  System 
destructive  of  tbe  secnrity  oFall  legitlmale  possession.  But  «hen  .  inslead  ofrccei- 
Vmg  assurances  conformable  lo  ihis  just  eipectation,  bis  majesty  was  informed  ihal 
thc  détermination  had  been  lalicn  of  excluding  by  force  (he  vcssels  and  tbe  comm(h 
dities  of  Ibis  kingdom  fram  ports  and  countries  under  the  lawful  dominion,  or  For- 
cible  controul  of  Prussia,  etc.,  etc.  n 

'  Déclaration  de  guerre  du  roi  d»  Suède  contre  la  Pmuê. 

«  Dis  le  premier  moment  où  S.  H.  suédoise  s'était  décidée  i  prendre  une  pan 


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AVAHT  LA   GDEBHE   COMBB   LA  PEUSSB.  121 

Napoléon  était  ainsi  parvenu  aa  résultat  de  sa  politique  habile  : 
après  avoir  imposé  la  pai&  à  l'Autriche ,  Il  avait  brouillé  la  Prusse  et 
l'Anglelerre  de  manière  à  rendre  désormais  tout  rapprochement 
impossible ,  et  à  ce  même  moment ,  lui  qui  séparait  si  invinciblement 
les  cabinets  de  Londres  et  de  Berlin ,  poussait  avec  une  activité  remar- 
quable les  premières  négociations  entamées  entre  M.  Foi  et  M.  de  Tel- 
ieyrand;  l'empereur  restait  mettre  à  Berlin  :  le  demeurerait-il  égale- 
tnect  à  Londres?  Parmi  les  prisonniers  détenus  à  Verdun  par 
l'indicible  mesure  de  violence  adoptée  après  la  rupture  du  traité 
d'Amiens;  il  se  trouvait  un  pair  d'Angleterre  lié  à  M.  Fox  par  des 
intimités  de  famille  et  aux  premières  races  anglaises  par  son  lignage  ; 
il  se  nommait  lord  Yarmouth;  ce  n'était  pas  un  esprit  étendu,  ou  une 
intelligence  profonde  ;  mais  îl  avait  ces  grandes  manières  que  M.  do 
Talleyrand  appréciait  au  plus  haut  point,  et,  d'après  ses  informations 
personnelles  à  Verdun ,  le  ministre  fit  appeler  lord  Yarmouth  et  le 
chargea  d'aller  à  Londres  pour  recueillir  et  préciser  d'une  manière 
positive  les  premières  propositions  de  paix ,  vaguemen  t  échangées  par 
correspondance  entre  M.  Fox  et  le  cabinet  français. 

Lord  Yarmouth  accepta  volontiers  cette  mission  qui  le  rappr  ochatt 
«l'Angleterre  ;  sûr  qu'il  était  de  se  rendre  agréable  à  M.  Fox  et  à  son 
gouvememeot  * .  il  partit  après  avoir  vu  deux  fois  M.  de  Talleyrand, 

•ciivr  i  !■  coalition  contre  les  usurpations  de  Napoléon,  s»  majesté  avait  S\é  son 
atlcnlion  sur  la  conscrvatiou  des  possessiona  électorales  du  roi  d'Angleterre  sur  Ib 
roatioent,  qui  venaient  d'être  évacuées  par  les  troupes  flrantaises.  Prél  i  y  entrer 
iTfc  une  armée  suédoise  et  russe  réunie  sous  ses  ordres,  le  roi  se  hita,  sur  la  pre- 
mière Douvelte  qu'un  corps  prussien  se  dirigeait  sur  ce  pajs,  de  connaître  i  cet  égard 
bs  intentions  de  9.  H.  prussienne,  et  de  lui  demander,  avec  nne  entière  confiance , 
M  la  marche  de  ses  troupes  avait  le  même  but  que  celui  de  l'année  combinée,  savair, 
de  rendre  l'électuvt  à  son  possessenr  légiiiitie ,  et  en  ce  cas,  de  se  concerter  avec. 
S.  U.  sur  les  mesures  commnDes  i  prendre. 

■  Le  roi  de  Prusse  évita  dès  lors,  d'une  manière  peu  amicale,  d'entrer  dans  aucun 
^laircisseraent  sur  cet  objet  important.  L'irrésolution  que  ce  souverain  maDifesta 
depais,  pour  se  joindre  i  la  cause  des  alliés,  ne  pouvait  qu'augmenter  la  défiance  du 
roi,  et  sa  majesté  n'bésita  point  de  prévenir,  pour  ainû  dire,  les  événements,  en  Tii- 
sanl  connaître  publiquement,  K  une  époque  où  on  ne  pouvait  que  supposer  encocK 
lainieniions  de  la  cour  de  Bussie  par  rapport  aui  Étais  de  9.  U.  britannique  d  anï 
l'empire,  que  le  pays  de  Lsuen bourg  resterait  sous  la  protection  des  troupes  suédoises 
jusqu'à  ce  qu'une  convention  i  cet  égard  Tût  conclue  avec  le  roi  d'Angleterre  ;  c'était 
il  ce  monarque  seul,  comme  maître  du  psySi  qu'il  appartenait  de  décider  du  sort 
de  ses  Étais  hérédilaires;ettoutarrangcmentï  relatif  entre  la  France  et  la  PrusB« 
n'était  point  admisable.  C'est  pourquoi,  etc.,  etc.  » 

'  Je  doBBC  le  (elle  original  de  toute  cette  correïipondtDce  i 


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Iâ2  m£G0CIATI0}(S   BlPLOMATIffUSS 

nt  revînt  à  Paris  avec  des  pouToin  limités  et  comfiUoDncls  du 
ministre.  Alors  s'ouvrit  une  négociation  dans  des  termes  plus  précis 
que  les  ouvertures  Taites  à  la  suite  de  ta  première  communïcatîoo  de 
M.  Fox.  Tout  fut  plein  de  bienveillance  ;  les  dépêches  échangées 
demeurèrent  dans  les  termes  d'ime  estime  réciproque ,  sans  récrimi- 
nations et  sans  haine.  M.  de  Talleyrand  établit ,  avec  son  habileté 
accoutumée ,  que  l'intérêt  des  deux  peuples  étant  de  se  rapprocher , 
la  base  la  plus  simple  était  Vuii  possidetù.  L'Angleterre  voulait  recou- 
vrer le  Hanovre ,  on  lui  rendrait  ce  pays  et  l'on  ^ea  faisait  fort  ;  die 
occupait  la  Sicile ,  Majorque  ;  oti  lui  laisserait  ces  possessions  comme 
indemnité ,  avec  Halte  dans  la  Méditoranée  ;  Napoléon  allait  ainsi  au 
delà  du  traité  d'Amiens.  En  échange ,  l'Angleterre  restUuant  ks  colo- 
nies conquises  sur  la  France ,  reconnaîtrait  Napoléon  empereur  des 
Français,  Joseph  roi  de  Na^es,  et  Louis  roî  de  Hollande.  La 
famille  Bonaparte  prendrait  en  Europe  la  place  de  la  dynastie  des 
Bourbons. 

Communteofion  moib  by  Iht  Earl  of  Yanunah  to  Jfr.  Mcrtlory  F»x ,  datad 
JiUMl3,  1§06. 

a  A.  fe«  daj's  aller  my  arrivai  al  Paria  Trom  Ihe  depol  al  Verdun,  Mons.  Tallej- 
rand  dcaired  iik  lo  call  upon  hira  ;  haviiig  donc  so,  be  told  me  (bat  Uia  Frciicli  go~ 
Veronni  had  b«Mi  laolusg  oui  for  sove  ncuia  bf  wUch  a  sacral  «ad  oodIMcmûI 
rom mua ica lion  raight  be  made,  eiptinBiorTortbeKnttmenisand  «îevsorFranre, 
■s  traitas  ihe  ouUines  of  tha  umu  «a  which  peace  miglu  be  reslond  belveon  Um 
iwu  coiuitciBS. 

u  Having  menlianed  ihe  extreoM  dcsixe  of  maklng  tUa  coDunuiiictUon  io  sach 
a  uianuer  Ihal  no  publicity  mighlia  anf  casecusue,  ahcujd  Ihaobjeclof  Unol  Ir 
oblaÙMd,  lb)aB.TaltejTBiuliiroi:eedad  tasiateinaloiigargmiienl,  whicfaiiis  nseltM 
Iv  B»pe*t,asilf«iiinslbe&ubsLaiic8  of  severalof  IheFrencb  govaroraeul'a  dispalchci, 
ibe laasoiis «biah  preveutUieJruaaiUiiglijragenBnlpeacc  joiuil|  wiib  Riuaia.a 
£MTtu)tfroai»di»palAfromthtEaHofranmouA,  le  Jfr.  «aerataiy  Fox,  iau4 
Paru,  Junt,  U,  ISM. 

n  Mr.  TaRCTTBndoftenrepettcdtliBtlfce«mperarhadeaquîr«4«kglhcrIhadBaj 
^«ers,  addfng ,  s  qu'eo  politique  on  ne  paut  parler  la  laéme  langue  h  oo  n'y  cet 
Clément  autorisé  ;  n  apd  bas  (V^uentl;  said  lliat  tliey  conaidorad  tfaat  Haoover  fw 
Ihe  bonour  of  ihe  crowD ,  Malta  for  Ihe  bonour  of  Ihe  nav}',  aad  Ibc  cape  of  Good 
Hope  for  Ihe  bonour  of  British  commerce,  ta  be  snBcieol  indnMments  lo  fnduea 
bis  majesiy's  ministers  to  make  peace.  > 

■  Paris,  Jul7tt,lS0e. 

'  Sir,  I  saw  Mr.  Talleyrand  lo-day.  1  raii  perceive  thaï  ihe  terms  of  Friace  arp 
Inrreascd,  but  slill  ncl  sù  much  as  ttie  suddcn  defccLion  of  Rusajo  hsd  led  me  tu 
apprehend.  Ilanover,  Malta,  Ihe  Cape,  and  lodia,  remain  pure  aiid  unsullied  ;  aod  I 
look  an  opjwrlaDilj  in  conversation  lo  protest,  Ihat  comc  what  corne  mighl,  tbr^a 
yrtrt  pointa  I  never  irould  soffer  U  be  mentioned  but  as  poinls  t^ned  upon. 


_   DiclzedbyCoOglC 


AVANT  LA  GUBRBK  C05TBB  LA  PBOSSB.         1S3 

Ces  bases  ne  pouvaient  déplaire  h  l'Angleterre,  qui  convoitait 
depuis  longtemps  la  Sicile,  toste  grenier  de  blé,  comme  le  Fcntugal 
était  son  coteau  de  vignes.  Ces  établissements  dans  la  Méditerranée 
lui  assurant  une  immense  prépondérance ,  elle  pourrait  plus  tard  n 
donner  l'Egypte ,  la  clef  de  l'Inde.  L'Angleterre  n'avait  pas  foi  dans 
le»  royautés  éphémères  que  Napoléon  créait  par  des  coups  de  force , 
tandis  qu'elle  resterait  mattresse  définitive  de  possessions  réelles  dani 
la  Méditerranée.  Fox  pouvait  justifier  un  semblable  traité  devant  le 
parlement ,  aveo  l'assentiment  de  la  nation.  Ou  remarquera  que  daw 
toutes  ces  négociations  de  cabinet  il  n'est  pas  question  une  seule  fois 
de  la  Prusse  ;  Napoléon ,  qui  vient  de  lui  céder  le  Hanovre,  l'offre  i 
l'Angleterre  sans  en  dire  un  mot  à  Berlin  ;  il  dcHine  ainsi  des  deuK 
mains,  sur  qu'il  est  avec  ses  armées  de  réduire  ta  Prusse  au  silaoce; 
il  l'a  compromise ,  et  c'est  tout  ce  qu'il  lui  faut  ;  il  la  traite  désormais 
on  puisfance  secondaire.  L'empereur  ne  s'inquiète  que  de  la  Grande- 
Dretagne. 

A  ce  moment  arrivait  de  Saint-Pétersbourg  un  négociatetir  pour 
easajer  directement  un  traité  avw  Napoléon  qui  annonçait  i  l'Europe 
ses  intentions  pacifiques  ;  ce  n'était  point  un  homme  de  grande  nat»< 
ciDce,  de  maison  illustre,  cowrae  la  Buwie  sait  en  dôsigoer  quand  elle 
Mul  frapper  les  yeu&  ;  négociateur  Ivbile  et  délié ,  H.  d'Oubrill  avait 
des  pleins  pouvoirs  signés  de  l'empereur  pour  traiter  aveo  le  chef  du 
geuvernement  français  sur  des  bases  raisonnablea  *,  La  Bussio,  sans 

■  Mr.  Tiltef rsnd  deminded  m;  p«w«rs.  1  did  not  Ihink  m'jatit  Butboiiwd,  ID  tbo 
jrMtat  circunstaoces,  la  wiibhold  tbem. 

■  GMcral  CUtke  is  D(in«d  ta  ttnl  wilh  ne.  ■ 

'  Il  wiincontesiBblequeM.  d'Oubiillneii  des  pleins  pouvoirs;  en  voici  bleue: 

a  Nons  AleiBiiilre  1",  empereur  et  aatocrste  de  loutes  les  Bussies  (suivent  ton» 
lwlitr«sd«S.H.I.}: 

•  pnriint  oonsumioMl  doIk  sollicitu4e  k  la  conaenaDoD  on  Europe  du  «atœ 
ci  <jc  I»  Iranqulllité,  et  étanl  niô  par  un  disir  sincère  de  meure  fin  à  la  méàntiltU 
gcfiM  el  de  rétsblir  l«  bonne  barmonle  avec  la  France  sur  de«  bases  solides,  DOUi 
■vous ]ut(i  bon  de  comoHUK  ce  soin  i  un«penoDii«  Jouissant  do  Helr«  eaoflancr, 
A  rel  elTet,  nous  avons  cboisi,  nninm^  et  autorisé  notre  amé  ri  Tcfll  Pierre  d'OubrlJt, 
■Mire  cBDaellhr  d'Ëiai  et  rhevilier  dM  ordres  de  Saiiii-VVIadimir  de  ta  Uelaline 
liasse,  de  Sainte-Anne  de  la  seconde  el  de  Salni-Jean  de  Jérussleni ,  caaiae  loua 
le  cfaolaiMeiis,  nâmmain  et  aulorisons  par  les  prétenies,  )i  l'clfbt  d'aUeludre  et  but, 
4'eiilrrr  eo  pourparier  avet  celui  ou  ceui  qui  y  seront  suffisamment  auioriséa  de  la 
part  du  gou^crnenenl  Tranfais,  de  conclure  et  signer  avec  eux  un  acte  ou  GOUTenUon 
kur  des  bases  propres  i  affermir  le  psU  qui  sera  rétablie  entre  la  Bussle  M  la  Fnnec, 
comme  à  la  préparer  entra  le*  autres  puissance*  bell^érantes  de  l'Europe. 

a  Pronwtipna  uir  notre  parole  împttiale  d'avok  pour  bon  el  d'eitculei  BiUl«ilHa\ 


DidiIzedbyCoO^IC 


134  RÊGOOATKHrs   DIPLOMATIQUES 

iatérftt  immédiatement  compromis  par  la  guerre,  ne  toucliaît  la 
Fituice  par  aucun  point  ;  Austerlitz  n'ovaît  été  pour  elle  qu'un  acci- 
dent ,  qu'une  défaite  partielle ,  dont  elle  s'était  bientôt  relevée.  L'em- 
pereur d'Autriche,  en  séparant  sa  cause  de  celle  de  la  Russie ,  l'avait 
dégagée  de  tout  lien  commun  ;  la  Prusse  avait  également  fait  sa  pai\ 
avec  la  France.  Dans  cette  situation ,  la  Bussie  n'avait  plus  d'engage- 
ment qu'à  l'égard  de  l'Angleterre  ;  et  ici  l'habileté  de  M.  de  Talleyrand 
devait  consister  à  séparer  les  deux  négociations.  S'il  parvenait  à  obte- 
nir un  traité  spécial  pour  la  Bussie ,  il  pourrait  proposer  des  condi- 
tions plus  dures  à  l'Angleterre.  M.  Fox  avait  déclaré  qu'il  ne  traite- 
rait jamais  que  de  concert  avec  la  Bussie  ;  le  chef-d'œuvre  de  la 
diplomatie  de  M.  de  Talleyrand  devait  donc  être  d'opérer  la  séparation 
par  la  volonté  de  la  Bussie  même. 

C'est  dans  ce  sens  que  la  négociation  s'ouvrit  avec  M.  d'Oubrill , 
entouré  et  fêté  à  Paris  par  l'empereur  et  sa  cour.  Une  seule  question 
militaire  existait  vivace  et  puissante  entre  le  cabinet  de  Saint-Péters- 
bourg et  celui  de  Paris  :  elle  se  rattachait  k  l'occupation  des  bouches 
du  Cattaro ,  k  la  révolte  des  Monténégriens,  aux  possessions  des  Sept- 
Iles.  Là  les  Busses  se  trouvaient  en  présence  de  l'armée  française ,  il 
y  avait  eu  même  des  engagements  à  main  armée  ;  les  bouches  du 
Cattaro  avaient  été  remises  par  le  général  autrichien  à  l'armée  russe 
et  ces  troupes  s'y  maintenaient  avec  fermeté.  L'empereur  Napoléon 
désigna  pour  traiter  avec  M.  d'Oubrill  le  général  Clarke,  qui  com- 
mençait il  jouir  de  toute  sa  confiance  ;  le  général  Clarlie ,  courtisan 
un  peu  olfôéquieux,  avec  des  manières  hautaines  et  tout  dévoué  à 
l'empereur ,  se  faisait  fort  d'obtenir  la  paix  i  des  conditions  favo- 
rables. 

Tout  restait  néanmoins  sous  la  haute  direction  de  M.  de  Talley- 
rand.  Le  général  Clarke  s'entendit  avec  M.  d'Oubrill  sur  les  diffi- 
cultés militaires  et  sur  la  question  diplomatique  ;  par  un  traité  posi- 
tif ',  il  fut  arrêté  que  les  bouches  du  Cattaro,  étant  une  dépendance 

tout  ce  qui  lun  été  arrêté  et  signé  par  ootredit  plénipateniiaire  ;  de  même  de  donner 
notre  KliBcalion  impériale  dans  le  terme  auquel  elle  aura  été  promise. 
>  Donné i  SuDl-FélcrstKiui^,  le  30  avril  1806,  et  de  uoire  règne  lesiiièmc. 
•  Alkianorb. 
B  Contre-iigtté  :  prioee  Adah  Czabtobbst.  > 
I  L'cxùloice  de  ce  traité  est  incontestable,  l'original  eiitie. 
Traité  dtpaix  tutn  la  Franee  *i  la  Suttii. 
•    «  Ajllcle  1".  A  dater  de  ce  jour,  il  y  aura  pour  tonjonra  pali  et  bonne  amitié 


DidiIzedbyCoOglC 


AVANT  LA  GDEHBS  COMTBB  LA  PRDSSB.        125 

de  la  Dalmatie,  rentraient  dans  cette  province,  cédée  à  la  France  par 
le  traité  de  Presboui^  ;  la  Russie  s'obligeait  donc  à  l'évacuer.  Ed 
échange ,  Napoléon  consentait  à  l'indépendance  de  la  république  de 
Raguse ,  sous  la  protection  de  la  Porte  ottomane  ;  les  Monténégrlens 
étaient  eux-mêmes  déclarés  indépendants  dans  leurs  agrestes  mon< 
tagnes;  la  république  des  Sept-Iles  était  reconnue,  4,000  Russes 
devaient  rester  dans  les  tles  illyriennes  comme  garnison  ;  on  garanti»< 
sait  l'intégralité  de  la  Turquie  dans  ses  possessions  actuelles.  Les 
troupes  russes  quittant  les  twuches  du  Cattaro ,  Napoléon  s'engageait 
à  éfocner  l'Allemagne;  on  emploierait  toute  influence  réciproque 

tniie  s.  H.  l'empereur  de  Rasste  et  S.  H.  l'empereur  des  Franctia,  roi  d'IUlie,  leurs 
UtitiETS  et  successeurs ,  leurs  ÉIils  et  sujels. 

a  Art.  3.  En  eifcution  du  premier  arlicle,  Im  boslilités  lanl  par  mer  que  par  lenre 
reaseront  anaaitM  enire  les  deai  nations.  Les  ordres  nécesaaires  pour  cet  effet  seront 
en  ennséqucDee  eipédiés  dans  les  vingt-quatre  heures  qui  suiTTcnt  la  algnalure  do 
ce  tiaiié.  Tous  nisseauT  de  guerre  ou  autres  bitiments  appartenant  Jil'unedes  deux 
puissances  ou  aut  sujets  de  l'une  d'elles,  qui  seraient  pris,  dans  quelque  partie  du 
mondeqne  ce  puisse  être,  seront  restiluésaux  propriétsires. 

•  Art.  3.  Lrâ  troupes  niesos  remettront  lai  Français  le  pays  connu  sous  le  nom 
de  JTqiicAu  du  Ca(iaro,qui,  comme  dépendance  de  la  Dalmoiie,  oppartienl  t  S.  U. 
l'empereur  des  Français  eo  sa  qualité  de  roi  d'Italie,  d'après  l'art.  4  du  traité  de 
Prtsttoarg.  Il  g«a  fourni  aui  troDpes  russes  toutes  les  facilités  possibles  pour  leur 
sortie  tant  des  bouches  du  Cattaro  que  du  territoire  de  Raguse,  dupais  desMonlé- 
ut^ieuseldela  DalmaUe,  obles  circonstances  do  la  guerre  peuvent  les  avoir  con- 
duites. Aussitôt  que  ce  traité  sera  connu ,  les  commandants  de  terre  et  de  mer  des 
dcui  utiora  feront,  de  coDcert,  les  dispositions  nécessaires,  tant  pour  la  retraite  des 
troupes  que  pour  la  remise  du.  territoire. 

■  An.  4.  S.  M.  l'empereur  des  Français,  roi  d'Italie,  voulant  donner i  S.  H. l'em- 
pereur de  Russie  une  preuve  de  son  désir  de  lui  Ctre  agréable,  consent  :  1°  1  ce  que 
U  république  de  Raguse  conserre  son  indépendance  précédente,  k  condition  qu'elle 
■en,  comme  par  le  passé,  souslaprotectiondelaPorteottomane;2'>i  ce  qu'aucune 
bosiilité  n'ait  lieu  1  dater  de  la  signature  dv  présent  traité,  contrelesMonténégriens 
tant  qu'ils  se  tiendront  paisibles  comme  sujets  de  la  Porte.  Ils  seront  obligés  de 
tenirtT  aussitôt  dans  leurs  foyers,  et  l'empereur  Napoléon  promet  de  ne  pas  les 
inquiéter,  et  de  ne  faire  aucune  lecberche  en  raison  de  la  part  qu'ils  ont  prise  aui 
hiistilités  contre  Raguse,  ses  dépendances  et  les  pays  eircoa voisins. 

•>  An.  S.  L'indépendance  de  te  république  des  gcpt-lles  est  reronnue  par  les  deux 
puisfances.  Les  troupes  russes  qui  se  trouvent  maintenant  dans  la  Uéditerranée  sa 
réviiifODt  Bui  tles  Ioniennes.  8.  M.  1.  russe,  pour  donner  une  preuve  de  ses  inten- 
Uena  pacifiques,  n'y  tiendra  au  plus  que  4,000  hommes  de  ses  troupes,  quienrepac- 
tiraat  même  lorsque  S.  U.  I.  le  jugera  nécessaire. 

•  Art.  B.  On  se  promet,  de  part  et  d'autre,  de  ne  porter  aucune  aiieinW  à  l'indé- 
lendencedete  Porte  ottomane,  cl  les  deux  hautes  parties  contractantes  s'engagent 
nciproquement  i  maintenir  celte  puissance  dans  l'intégrité  de  ses  possessions. 

a  Àn.7.  AuasitAtqn'eo  coufoimllè  de  la  présente  convention  de  pait,  l'ordre 


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It6  MteOCUTIOItS  DIPLOHATIQCBS 

(lOttr  anener  un  traité  entre  la  Prnsse  et  ïa  Saède  ;  la  Rossîe  slnter- 
poeerait  aBo  de  décider  la  paix  marîtime  aux  rarîlleures  condttioDs 
|KHir  toutes  les  parties  en  guerre. 

La  signature  de  ce  traité  fut  pour  Napoléon  un  grand  sujet  de 
Joie,  car  un  résultat  immense  était  obtenu;  séparent  la  Rusne  de 
l'Angleterre ,  il  n'avait  plus  autant  à  ménager  le  cabinet  de  Londres 
dont  le  plus  puissant  allié  venait  de  traiter  avec  la  France  ;  on  arait 
une  convention  définKive  en  portefeuille.  Dès  lors  les  négociations 
i«ec  M.  Fox  prenoeut  us  caractère  plus  exigeant ,  plus  impératif  ; 
Napoléon  ne  part  plus  des  bases  d'une  cesrion  de  la  Sicile ,  de  Halte 
et  du  cap  de  Bonne-Espérance ,  c'est  trop  :  la  seule  compensation  de» 
sacrifices  faits  par  l'Angleterre  est  le  Hanovre;  on  l'ofFre  encore; 
l'empereur  revient  à  son  thème  obligé  du  traité  d'Amiens  et  de  l'exé- 
cution des  clauses  stipulées  en  1800  ;  il  ne  fait  pas  un  pas,  ne  comp- 
tant ni  les  aofuisitions  tcoritoriales  sur  le  continent ,  ni  la  royauté 
dltalie,  l'Espagne  et  la  Hollande  dans  les  mains  de  ses  frères  ;  il  veut 
même  oublier  le  combat  de  Xrafalgar ,  qui  a  brisé  sa  marine  ;  Napo- 
léon dit  :  «  Je  suis  maître  d'un  traité  avec  la  Bussîe,  je  modifie  nies 
conditions  à  raison  des  avantages  nouveaux  que  je  viens  d'obtenir  ; 


peur  l'éracuitioB  deakouchc*  du  Cntlaro  par  lee  mi^es  rnsws  nra  M  dMD^,  Ira 
IraupM  friDfiiMs  se  Ktireroat  it  VAUtma^^.  S.  M.  l'iMpmeiiT  N«p«)oaB  déobr» 
que  iims  moins  de  trois  mois,  après  la  (i|Miure  du  [wtiwi  titité,  les  troupes  fran- 
TBiscB  MTonl  toQtrs  rentrées  ta  Frtnce. 

o  Att.B.  LesdcDX  coutsproinetteBld'iuerpoaerlEiirsbBiiioOiocepouTpreeureT 
Il  paii  eolre  la  PrwEsed  h  Suède. 

■  4rt.  0.  Les  dnii  hauicc  ptHies  contnckatcs  Hmnnt  accepter  aount  qu'A 
dépend  d'elles  le  retour  de  la  paii  mariUme,  %.  U.  l'mpereur  des  Français  accepi* 
les  bons  oŒces  de  S.  M.  russe  à  cM  ^ird. 

u  An.  10.  Les  rHitioiiB  de  eamoKTce  entre  les  ngsls  des  deux  puissances  seront 
r^blies  sur  )e  mfwe pied  où ellw  étaient  iMsqueles  hosUUiis «)(  mnmencé. 

»  Art.  11.  AussiiAt  après  l'échange  des  relifications.Ies  prisonniers  des  dcni 
nations  seront  remii  sai»  exception  aux  agents  respectifs  de  leur  nation. 

»  Art.  12.  Les  relalious  diplomatiques  et  l'étiquette  entre  les  deui  cours  fieront 
les  tnéues  qu'aranl  la  guerre. 

»  Art.  13.  Les  ratiâcatinns  de  la  présente  cnnveniion  aeronl  échangées  i  Pélers- 
tourg,  dans  l'eqMce  de  99  jours  entre  deux  pléaipoientiaire»  iha^és  pur  leur  cour 
respective  de  pleins  pouvoirs  k  cet  dht. 

■  Cenelu  et  «igné  i  Paris  le  S  T.  8.  (M)  juillet  tSM. 

»  Sigaé  ;  Piuuu  d'Ocuull. 


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AVANT  LA  QOBUB  CONTBB   U    PRDSSB.  187 

}'«i  ooe  meiHeare  poùtion ,  j'en  profite,  ne  oomptez  plus  sur  In  basa 
que  j'ai  d'abord  posées  ' .  m 

H.  Fox  a  compris  qu'avec  ce  cluDgeaieDt  dans  U  politique  du  ca- 
binet français ,  lord  Yarmoutb  o'a  pas  assez  de  capacité  pour  uiivre 
iieul  une  négociation  aussi  in^tortante;  il  désigne,  pour  le  seconder, 
lord  Lauderdale ,  diplonute  qui  ai^iurtiect  au  parti  GrenvUle  ;  plus 
ferme ,  pK»  tenace,  celui-ci  ne  se  laisse  plus  amuser ,  comme  lord 
VamiouUi,  pu:  des  paroles  ;  il  a  un  système,  et,  comme  il  vient  avec 
des  pleins  pouvoirs,  il  demande  qu'on  s'explique  catégoriquement  : 
«  Sur  qudies  bases  veut-on  traiter?  »  H-  de  Talleyrand  donne 
d'abord  des  pleins  pouvoirs  au  général  Clarke  ;  rien  n'erapèche  qu'on 
ne  traite;  puis  la  négociation  devenant  plus  importante,  M.  de 
(Jbampagny  est  désigné  pour  la  diriger  au  nom  de  la  France.  U.  de 
Talleyrand  veut  qu'on  fixe  une  ville ,  comme  Amiens,  Bruxelles,  afla 
d'ouvrir  des  conférences.  Lord  Lauderdale  répond  toujours  :  «  Pour 
négocier  il  faut  des  préliminaires;  quelles  bases  admettez -vous?  Il 
est  inutile  que  nous  restions  à  Paris ,  si  nous  ne  nous  entendons  pas 
sur  les  conditions  fondamentales,  pourquoi  se  réunir  en  conférences? 
Admettez-vous  ooa  préliminaires?  s  Ici  commencent  les  demandes 
réitérées  de  passe-ports ,  comme  une  fols  déjà  la  chose*  est  arrivée  à 
l'époque  de  l'ambassade  de  lord  Wbitwortb  i  la  rupture  du  traité 


*  Psoduit  ce  temps  oo  se  donnait  réciproquemut  dw  témoigntgM  d'uM  boum 
iatclUgMCC  :  TOici  ce  que  diclaît  NtpeKon  sur  cesrapporU  avec  l'Angletem. 

■  Quoique  la  possibiliti  d'une  paix  prochiiua  avec  l'Anglelcrre  occupe  lous  Ira 
Fsprits,  le  EKrei  des  Dégociaiions  resta  entre  les  deux  cabinets;  mais  11  eil permis 
iu  moins  de  eiter  les  faiu  qui  sniionceut  de  part  et  d'autre  une  bienveilluice  qu'avait 
*rvtée  le  ton  tranchant  du  ministère  de  M.  Pitt.  On  dit  que  JU.  Foi,  en  accordint 
au  génénl  Lepoype  et  &  deui  autres  militaires  de  marque  k  faveur  de  rentrer  eu 
France  SUT  leur  parole,  a  demandé  i  S.  H.  I.  la  mèmegrAcc  pour  cinq  prisonniers 
■iflaia  auxquels  il  s'intArease ,  et  qu'il  n'a  pas  été  refusé.  On  dit  également  que  le 
dacteurJeniier,  si  célèbre  parla  dicouvertedela  vaccine,  s'était  directement  adresei 
■  l'eniperfur  pour  obtenir  la  liberté  du  docteur  Windham  et  de  H.  fViUiami,  tous 
deui  ses  amis,  et  prisonniers  i  Verdun.  La  requête  du  docteur  Jenner  a  été  long- 
temps égarée  ;  ausslidt  qu'elle  a  été  mise  sous  les  jeux  de  &.  H.,  l'ordre  de  liberté  a 
été  accordé:  ces  deai  Anglais  psrt«il  sons  peu  de  jours  pour  Horlaii,  où  ils  doivent 
k'rmbarqueri  enfin,  on  cite  un  autre  prisonnier  anglais,  fils  d'un  habile  astronome, 
et  lui-même  livré  nilièrcmeat  i  l'étude  des  sciences,  qui  vient  d'obtenir  la  liberté  de 
rentrer  dans  sa  patrie.  On  ajoute  que  plusieurs  membres  de  l'Institut  sa  sont  vlve- 
menl  intéressés  i  ce  jeune  savant  anglais ,  et  que  leurs  sallicitatloos  ne  lui  ont  p«s 
iié  inutiles.  Ces  faits,  qui  ne  prouvent  rieu  en  faveur  d'une  paix  générsle,  pourraient 
peut-fire  servir  i  montrer  dans  quel  esprit  les  négociations  ont  été  eutanéei.  a 


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138  nicocuTiOHS  diflohatiquks 

d'Amieiu.  Lord  Lauderdole  est  un  esprit  feme  qui  ne  veut  pu  se 

laisser  jouer  * . 

D'ailleurs,  un  événement  se  prépsroit  alors  en  ADgleterre,  suscep- 
tible de  donner  une  direction  plus  unie  et  plus  énergique  i  la  poli- 
tique du  cabinet.  Charles  Fox  avait  éprouvé,  dès  le  mois  de  juin,  des 
symplémea  d'une  maladie  aiguë  qui  faisait  d'épouvantables  ravages; 
son  court  ministère  avait  été  vigoureui  et  véritablement  anglw;  sa 
conduite  si  nette  avec  la  Prusse  avait  reçu  les  applaudissemails  de 
tous  ;  quel  que  fût  le  patriotisme  de  cette  politique ,  Fox  était  otdigé 
de  sacrifier  aux  nécessités  de  sa  patrie  les  convictions  de  sa  vie  entière. 
Que  faisait-il  en  ce  moment?  Il  suivait  les  errements  de  Pttt,  son 
adversaire  ;  il  donnait  un  démenti  à  toute  son  existence  d'homme 
d'État  ;  whig ,  il  devait  tendre  la  main  à  ta  France ,  se  séparer  de  la 
coalition ,  et  rester  dans  le  cabinet  le  Charles  Fox  de  l'opposition  ; 
eh  bien  !  il  était  obligé  de  sacrifier  son  passé ,  de  se  lier  avec  le  conli- 


'  Le  langage  des  lords  Ltuderdale  et  Tannoutb  devient  plus  ferme,  plus  diplon»- 
tiquc.  Ils  écriTileDi  simultsuément  i  U.  de  Telleyrsod  : 

■  Les  comtes  de  Laudetdale  et  de  Yarmoulh  ont  l'honoeur  de  réitérée  k  S.  Ek. 
le  ministTe  dts  ulations  eil^ieures  U  demande,  qu'ils  ont  eu  l'honneur  de  lui  f(ii* 
hier  i  sii  heures  et  demie  iprès  midi,  des  passe-porls  nâcessaires  |iour  eui  et  pour 
leur  suite,  ainsi  que  d'un  passe-port  pour  un  courrier  qui  les  attend  pour  partir. 

■  Ils  ont  l'honneur  de  renouveler  les  assurances  de  leur  haute  coDsIdéntlon. 

"    I.AeDESDALE,  YaBHODTH. 

D  Paris,  le  10  août  1800,  il  heures  a.  m.  » 

«  Slonsieur,  il  est  de  notre  devoir  de  réitérer  la  demande,  déji  deux  fois  ftiu, 
d'un  passe-port  de  courrier,  et  «n  mime  temps  celle  des  passe-porlsnteessaircspour 
notre  retour  en  Angle Lerre. 

u  Nous  croyons  devoir  aussi  Taire  remarquer  i  V.  Etc.  que  ces  demandes  fiiml 
failes  jBmedi  i  6  heures  du  soir  ;  qu'elles  dirent  renouvelées  auprès  de  V.  Eic.  hirr 
matin,  ill  heures,  et  que,  jusqu'à présenl,  nous  n'avons  refo  aucune  répooseàrr» 
demandes, 

u  LorsqueV.Eic.se  rappelle  qu'il  s'est  passé  près  de  21  heures  depuis  que  nous 
nous  sommes  adressés  pour  la  seconde  TolsiT.  Etc.,  et  que,  sans  parler  de  n») 
propres  passe-ports,  nous  nous  sommes  vus  privés  dans  l'intervalle  des  mojeusd'cn- 
vojer  un  courrier  en  Angleterre ,  elle  ne  peut  qu'être  entièrement  persuadés  que  ^i 
nous  nous  abstenons  de  toute  remarque  sur  un  procédé  aussi  eitraord Inaire,  et  coa- 
Iraire  tui  usages  refus,  c'est  par  le  désir  d'éviter  autant  et  aussi  longtemps  qu'il  erra 
possible  tout  ce  qui  pourrait  occasionner  de  l'aigreur,  et  changer  la  nature  et  lefauJ 
des  communications  qui  ont  eu  lieu  jusqu'à  présent  entre  les  deux  gouvememoils. 

■  Noua  prions  V.  Eic.  de  vouloir  hien  agréer  les  assurances  de  la  haute  coDsMé- 
niionaveclaquetlenous  sommes,  etc. 

n  LArOERDALE,  Yaruolts, 

a  Paria,  le  il  août  1800,  iO  heures  a.  m.  ■ 


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AVANT  LA  GCSaSB  COMRB  LA  PBDS8K.  129 

jient,  de  payer  des  subsides,  de  remiieF  le  monde  contre  la  France , 
et  cda  lai  déchirait  tes  entrailles.  Pitt  mourut,  jparce  qu'Austerlitz 
brisB|,la  coalition ,  l'cenvre  de  sa  vie  ;  Fox  mourut,  parce  que  lui,  qui 
arait  combattu  le  système  de  coalition  contre  la  France,  fut  obligé , 
comme  Anglais ,  d'appeler  les  cabinets  du  continent  à  une  croisade , 
et  d'adopter  en  tout  point  les  principes  hostiles  à  sa  primitÎTe  et 
grande  conviction  du  parlement.  Souvent,  en  Angleterre,  les  hommes 
meurent  avec  la  chute  de  leurs  idées  ;  pour  eux ,  les  afTaires  sont  an 
devoir  et  une  mission. 

Lorsque  la  vie  de  Fox  s'en  allait ,  le  parti  Grenville  dut  prendre  la 
direction  immédiate  du  cabinet;  il  était  franc,  décidé,  antirrauçais, 
et  différait  peu  du  système  de  Pitt  dans  ses  haines.  Lord  Lauderdale 
re^ut  l'ordre  de  demander  une  explication  à  H.  de  Talleyrand, 
sinon  on  devait  exiger  les  passe-ports  dans  vingt-quatre  heures,  et 
la  rupture  absolue  des  négociations  entamées  *.  On  voyait  qu'une 

'  Lord  Lauderdale  dimaDde  hiuieincnt.ses  passe-ports,  il  écrit  i  H.  deTtl- 
Ir;i«id: 

a  Paris,  X  septembre  1806. 

•  Uonsienr,  je  ne  perds  pas  un  momcDl  è  faire  conosttre  i  V.  E.  que  le  réttultal 
da  U  eoaUteact  que  j'ai  eue  aujaurd'hui  «tcc  S.  E.  U.  de  Champagnj  ae  ne  lais» 
ntlbenreuseinent  aucun  espoir  de  pouvoir  amener  les  néBOciationa  de  la  part  de  la 
Grande-Breisgoe  et  do  la  Russie  k  une  issue  favorable. 

>  Dans  cet  état  de  choses,  et  d'après  mes  instructions,  il  ne  me  reste  d'antre  parti 
à  prendre  que  de  m'tdresser  à  V.  E.  pour  les  passe-ports  oécessaires,  afin  que  je 
puisse  retourner  auprès  de  mon  souTerain. 

■  En  disant  ainsi  cette  demande  i  Y.  Eic.,  je  ne  saurais  me  refuser  au  plaisir 
«lue  je  ressens  à  témoigner  ma  reconnaissance  de  toutes  les  alteti lions  personnelles 
queV.  Sic.  abieoToulu  me  marquer  pendant  mon  séjour  t  Paris,  etieiprimereii 
mène  temps  les  senlimcDis  d'estime  que  j'ai  toujours  ressentis,  et  que  je  ressentirai 
dans  tous  les  temps  pour  V.  Eic. 

»  Laddbbdau.  • 
Extraa  from  a  ditpaUK  from  th»  Earl  ofLmidwdaU  to  Earl  Spmew,  dattd  Farit, 
Stptember  36,  IBOS. 

•  ATter  the  usual  interchange  of  civUities,  he  proceeded  to  sa]',  thaï,  to  aecure 
pcace,  ihc  emperor  had  delermined  to  mske  great  sacrifices. 

■  Ist.  Thatfianavervilli  ils  dependencies  should  berestoredlohismajesty. 

>  Zd.Thattho  possession  ofïlslta  should  beconOnned  10  Great  Britaln. 

>  3d.  Tbat  Frsince  would  inierTere  wiib  Kolland  to  couBrm  to  his  DMJestjr  ihe 
«bsolule  possession  of  the  Cape. 

■  4tli.  Tbst  the  emperor  would  conflrm  (o  bis  majestj  the  iiossession  of  Pondi- 
•  taerj,  CbandcniagOTe,  Mahee,  and  the  otber  dqiendent  comptoirs. 

B  5ib.  That  as  Tabago  was  originaUj  seliled  bj  the  En^i^,  it  was  meant  aiso  to 
fiTC  that  ifUnd  t«  ibe  ctovn  of  Gresl  Britain. 


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130  irÉGoaATioiis  diplomatiqcbs 

main  plus  vigoureuse  prenidt  le  gOQTerneineat  politique  de  l'An< 
gletenrc. 

Ce  qui  conSrmatt  lord  Grenville  dans  ses  idées  de  fenneté  et  de 
coalition ,  c'est  que  les  nouvelles  do  continent  étaient  bonnes  ;  il  j 
avait  tout  espoir  de  recommencer  la  gnerre  avec  une  indicible  éner- 
gie ;  les  nations  se  réveillaient  I  A  Saint-Pétersbourg  le  traité  signé 
par  M.  d'Oubrill  venait  d'exciter  la  plus  vfve  indignation  ;  commu- 
niqué à  Alexandre ,  il  refusa  de  le  ratiflcf  ;  on  doit  même  croire  qae 
la  négociation  de  M.  d'Oubrill  n'avait  été  qu'un  moye»  de  retarder 
les  hostilités  ;  on  se  donnait  le  temps  de  constituer  un  jAm  puissinl 
état  militaire ,  et  les  éléments  d'une  plus  formidable  campagne  ;  le 
cabinet  de  Saint-Pétersbourg  était  aise  aussi  de  constater  aux  yeui 
de  l'Europe,  par  la  tendance  des  négociations,  que  Napoléon  faisait 
partout  des  promesses  et  trompait  tout  le  monde  à  la  fois;  M.  (TOa- 
brill  reçut  comme  témoignage  de  mécontentement  un  ordre  d'élu  ; 
le  ciar  Alexandre  déclara  ;  s  Qu'en  aucun  cas  il  ne  ratifierait  ce 
traité,  parce  que  M.  d'Oubrill  avait  outrepassé  ses  pouvoirs,  et  com- 
promis la  dignité  et  les  intérêts  de  l'empire  '.  »  La  Russie  se  rap- 
prochait du  cabinet  Grenville ,  fortement  constitué  ;  et,  comme  elle 
trouvait  cba  les  torys  des  garanties  plus  considérables  que  dans  la 
whigs  et  M.  Pox ,  la  Russie  rompit  tout  rapport  avec  la  France,  et  se 
prépara  plus  que  jamais  aux  batailles  ;  elle  devint  l'àme  et  le  mobile 
de  la  Douvelle  coalition.  L'Angleterre  s'engagea  pour  de»  subsides , 
mois  avec  précaution  encore. 

La  Prusse  elle-même ,  si  abaissée ,  si  démoralisée  par  son  Inconce- 


»  To  ail  ihis  he  addcd,  i&atwbtt  hebadnow  Mid,  proCMdtd  on ifie sujipotlUoii, 
that  Slcilj  wu  to  be  ccded,  md  tbat  ibe  Frencb  goverament  prcpoaed  that  hia  Siei- 
tian  majcsty  «hould  bare,  as  indsmDJtjr,  not  onl;  the  Balearic  islands,  but  shoald 
itso  THclre  an  tonnil]'  IVom  tbe  court  or  Spain  lo  euable  btm  to  support  hi» 
dipitr.  • 

'  napoléon  dictait  ranlclcsairantstir  H.  d'OabrlII;il  le  meiultsousladaiedc 
Saint-Pétersboui^  : 

n  M.  d'Oubrill  est  disgracié.  Il  rleni  d'être  enrojé  en  etil.  Que  tul  reprocbe-t-«n 
cepcpdantT  il  a  agi  avec  des  pouvoirs  en  rtgle;  et  STSat  son  départ ,  l'empertni 
Alexandre,  dans  une  audience  de  Irofs  heures,  lui  avait  donné  ^es  instructions  par- 
ticulières. Aussi,  dans  le  conseil  qui  ■  prononcé  sa  disgrâce, l'empereur l'c-t-il 
Mulenu  pendant  très -longtemps  avant  de  le  livrer  i  ce  que  nous  appelons  Ta  fhnion 
anglaise.  Les  Kurakîn,  les  RomanmlT,  les  personnages  enfln  les  plus  coosidèrés  et 
les  plus  dignes  d'oicrcer  quelque  ioDucncc  dans  îes  conseils,  sont  aussi  d'un  senti- 
dHDt  hvorablc  i  V.  d'Oubrill  et  à  sa  mission,  n 


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AVANT  U.  GDBBBB  CONTRE  LA   PBUSSE.  13t 

Tsbie  conduite  depuis  six  mois,  sembla  se  réveiller  d'un  long  sommeil 
poor  se  rapprocher  de  l'Angleterre.  Plusieurs  fsita  contribuèrent  i^ 
lui  révéler  les  périls  qui  menaçaient  sa  politique  otermoyantc  :  dès 
qu'elle  avait  appris  les  négociations  de  lord  Yarmouth  à  Paris,  la 
Prusse  avait  envoyé  plusieurs  agents  pour  connaître  les  bases  diS" 
cutées  entre  les  deux  grandes  puissances;  le  général  Kalkreuth  ,  la 
mtrquîs  de  Lucchesinï ,  étaient  successivement  arrivés  à  Paris  pour 
pénétrer  quelques-uus  des  articles  secrets  alors  en  contestation  ailr« 
rÂng)eten«  et  la  France.  Qu'allait-il  être  décidé?  L'instinct  sofiSt 
poor  lui  indiquer  que  nécessairement  il  s'agirait  du  Hanovre  dans  de 
telles  négociations,  car  l'Angleterre  y  tenait  essentiellonent  ;  on  ne 
sut  rien  de  précis  tant  que  lord  Yarmouth  et  H.  Fox  domioàrent  les 
tnuiMcttons  secrètes  ;  mais  dès  que  lord  Lauderdale  s'aperçut  de  la 
toannae  louche  et  incertaine  que  praiaient  ses  rapports  avec  la 
Fraace,  il  D-eut  rien  de  plus  empressé  que  de  communiquer  à  la 
Prosse  les  notes  de  M.  de  Talleyrand ,  et  les  préliminaires  échangés; 
on  vit  qu'au  mépris  de  la  convention  arrêtée  pour  la  cession  du  Ha-> 
Dovre  à  la  Prusse,  en  échange  de  Clèves  et  de  Neurchàtel,  M.  de  Tal- 
leyrand offrait  U  restitution  de  ce  même  Hanovre  à  l'Angleterre  *. 


'  Cette  démoralissiion  de  la  Prusse  devait  être  d'autant  plus  complète,  qu'en  ce 
moment  Frédéric-fiuillauniB  anii,  par  un  édil,  rënnl  déSniiivemeut  le  IlanoTre  à  sa 
DiDDirchie. 

■  Nona,  Frédérie-Ovtllaume  III ,  roi  de  Pratse ,  etc.,  hSsona  sarolT  ce  qui  suit  : 
>  Ledésird'MBnnriiiosBdUeBsuiets.^iisiqii'aiiiitatsvoiiliiadeDOspnivineea 

du  nord  de  l'AlInnagna,  les  bitnhiis  de  la  paix  pendant  la  durée  de  cette  guerre ,  a 
àé  l'unique  objet  de  nos  soins.  Nous  noua  flattions  d'atteindre  ce  but  désiré  par  la 
parti  que  nous  primes ,  i  la  suite  de  ces  derniers  éfénemeDU,  et  qui  nous  Hmea 
unoallre  par  notre  patente  du  2Ï  janvier  1806,  d'après  laquelle  les  Étala  de  la  maison 
éleclorala  de  Bninswick-Lunebouif  en  Allemagne  seraient  occupés  par  nos  troupen 
Hpraotis  par  nous.  Mais,  connue  depuis  la  cession  de  trois  provinces  de  notre 
Bwmrehie.  faite  dans  l'intention  d'assurer  une  tranqullliié  durable  k  nos  sujets  ainsi 
qn'aoi  Étals  limitropbes,  ddub  avoua  conclu  une  eonvenlioD  avec  S.  M.  l'empereui 
des  Français  et  roi  d'Italie,  par  laquelle,  eu  cédant  trois  de  nos  provinces,  et  en  vertu 
de  garant iea  lécifffoqucs  et  solennelles,  S.  M.  1.  nous  a  cédé  les  droits  légitime* 
qu'elle  a  sar  les  Élats  de  Brunswick-Lunebourg  eo  Allemagne,  et  qui  lui  étaient 
ilëTolnapar  droit  de  conquête  ; 

■  Bn  coDséqoence,  nous  déclarons  par  la  présente  que  dès  ce  momenllcs  Étals  de 
la  maison  éleetocale  de  Brunswick-Luneboui^  en  AUcmagn  e  sont  considérés  comma 
nous  appartenant  et  comme  soumis  à  notre  autorité.  A  dater  de  ce  jour,  ces  Etats 
u>nt  gouvernés  et  administrés  en  notre  nom.  Noua  enjoignons  k  toutes  les  autorité»! 
du  pajs  de  continuer  leurs  fonctions  eu  notre  nom  et  bous  la  direction  suprf  me  de 
notre  commissaire  administrateur,  le  général  de  cavalerie  comte  de  Schulenbouin-. 


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132  Nfa:ociATio:iS  diplomatiques 

Cette  circonstance  irrita  au  dernier  point  le  cabinet  de  Berlin  contre 
Napoléon  ;  non -seulement  on  démoralisait  sa  politique,  mais  on  le 
trompait  ;  on  le  faisait  rompre  violemment  avec  rAnglcterre,  et  sous 
main  on  traitait  avec  M.  Fox  pour  restituer  le  Hanovre. 

FlusieuTS  circonstances  vinrent  encore  irriter  le  Prusse  :  elle  avait 
cédé  le  duché  de  Clèves  ii  Napoléon ,  qui  s'était  engagé  à  le  conférer 
comme  indemnité  è  uo  des  princes  allemands  dépouillés,  et  Tempe* 
reur  en  donnait  l'investiture  à  Murât,  sorte  de  commandant  d'avant- 
poste  pour  menacer  la  maison  de  Brandebourg.  La  confédération  du 
Bhio  était-elle  autre  chose  qu'un  moyen  d'envelopper  la  Prusse  dans 
un  cercle  de  principautés  indépendantes?  11  est  vrai  que  M.  de 
Laforest  avait  dit  à  M.  de  Haugwitz  :  «  Faites  une  confédération  an 
nord  comme  nous  en  faisons  une  au  midi,  nous  n'y  mettrons  pas  ob- 
stacle  '  ;  »  et  pendant  ce  temps  mille  intrigues  étaient  jetées  pour  empê- 
cher ce  résultat.  Ou  savait  que  NapoléiHi  négociait  avec  la  Saxe ,  la 

Eehet,  et  de  la  commission  éublie  par  lui.  Nous  espions  que  la  aoblcsK,  les  préists. 
les  bou^eoia  et  loua  les  sujets  du  pays  se  soumeUroot  volontairemeni  i  un  ordre  de 
choses  qui  sera  pour  cm  une  Douvelle  ^que  de  tranquillité  et  de  prospérité,  ei 
qu'ils  prouveront  l'amour  qu'ils  ont  pour  la  patrie  eD  nous  lémo^naDt  Its  seutimenU 
qui  doivent  les  attacher  k  notre  personne.  De  notre  côté,  nous  ne  négligerons  aucune 
oceasloD  de  leur  prouier  notre  sollicilude  paternelle  et  le  dêsir  que  nous  avons  dr 
les  reiidre  beureui. 

u  Berlin,  1"  avril  ISOO.  ■  FninÉBic-GmLLArMB. 

H  Du  Hacgwitz.  ■ 

■       Dépéehi  dt  M.  TalUyrand  àM.di  Laforut,  arttbauadtur  à  Barlin. 

«  Après  avoir  présenté  au  monarque  prussien  copie  du  traité  de  conTédération  entre 
les  lËtsts  du  Bhio  et  t'emperEur  Napoléon,  meUei  tout  en  ceuTre  pour  que  les  ministrea 
ne  puissent  conserver  le  temps ,  ni  m  ménager  les  moyens  d'éclairer  l'esprit  de  Inir 
maître  sur  sa  position ,  sur  la  nature  et  l«s  elIMs  de  l'alliance.  Faites  en  sorte  que 
8.  M.  consente  à  déclarer  publiquement  n'avoir  aucune  répugnance  à  se  joindre  au 
nouveau  système  politique  introduit  en  Allemagne  par  celte  conrèdération  ;  c'est- 
à-dire  qu'elle  se  montre  disposée  k  reconnaître  et  à  honorer  sous  leurs  nouvcaui 
titres  tous  les  membres  delà  ligue,  en  renonfant,  pour  ss  part,  aux  dignités  et  ani 
alliances  qui  ne  pourraient  être  conciliables  avec  l'existence  de  cette  confédération; 
qu'elle  reconnaisse  Clément  l'autorité  des  confédérés  sur  les  Étals  qu'ils  vicnneni 
de  joindre  i  leurs  domaines  bérédilaires,  l'origine  de  cette  acquisition  fUt-clle-méroe 
lllégaleet  arbitraire,  â'ilsrrivait  que,  vu  quelque  considération  de  rang,  ou  en  raison 
des  relations  par  lesquelles  il  est  lié  dnna  l'empire,  le  monarque  semblit  hésiter  à  se 
rendre  au  désir  de  l'empereur,  vous  devrez  alors  déclarer  que  l'empereur  est  t  jamais 
éloigné  de  tout  dessein  de  s'arroger  sur  d'autres  États  de  l'Allemagne  l'autorité  qui, 
en  qualité  de  prolecteur,  lui  est  courcrée,  par  le  vote  libre  de  la  ligue  du  Bhin  ;  qu'en 
conséquence,  si  le  roi  veut  former  dans  l'Allemagne  seplcnlrionale  une  réunion  des 
États  qui  dans  tonles  les  circonstances  se  sont  montré»  plus  ou  moins  attachés  à  U 
Prusse,  la  France  ne  s'y  opposera  point.  ■ 


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AVAKT  LA   fifTERRE  CONTRE  LA  PRUSSE.  133* 

Hesse,  pour  rattacher  même  ces  puissances  h  la  confédération  du 
Rbin»  et  dès  lors  quelle  garantie  restait-il  à  la  Prusse?  Dans  cette 
sJtuatiOD,  il  était  facile  à  l'Angleterre  et  à  la  Russie  de  se  rapprodier 
da  cabinet  de  Berlin  pour  un  intérêt  commun.  Il  fallait  défendre 
l'Allemagne  et  sa  force  de  nationalité. 

Déterminerait-on  l'Autriche  à  une  prise  d'armes ,  cette  Autriche 
que  le  traité  de  Presbourg  avait  si  profondément  humiliée  î  Sis  mois 
tétaient  k  peine  écoulés  depuis  la  signature  d'une  convention  diplo- 
matique dont  les  clauses  si  dures  avaient  flétri  l'&me  de  François  II  ; 
les  plaies  étaient  saignantes  encore,  le  sceptre  de  l'Autriche  était  dé- 
pouillé de  ses  fleurons  ;  mais  je  l'ai  dit  :  au  cas  d'un  succès  glorieux: 
pour  la  coalition,  l'Autriche  se  serait  relevée  de  ses  ruines.  Les  traités 
Inuniliants  ne  peuvent  arracher  à  un  État  ce  qu'il  a  de  force  et  de  vie; 
laisseï  venir  la  première  circonstance,  il  la  saisit  ;  il  relèvera  sa  tète 
pour  conquérir  son  indépendance  de  nation.  Ainsi  fut  l'Autriche, 
déjï  repentante  du  traité  de  Presbourg  ;  elle  n'attendait  qu'un  pré- 
texte pour  reprendre  les  armes  et  combattre.  Quant  À  la  Suède ,  elle 
a'avait  jamais  cessé  de  lutter  contre  la  France  de  Napoléon.  Dès  que 
la  Prusse  se  déclarerait  pour  la  coalition  armée,  la  Suède  mêlerait  ses 
soldats  aux  régiments  exercés  qui  s'avanceraient  sous  l'aide  noire  de 
Brandebourg  en  invoquant  les  souvenirs  de  Frédéric  le  Grand;  la 
guerre  entre  ces  deux  cabinets  ne  résultait  que  des  rapports  intimes 
de  la  Prusse  et  de  la  France  ;  le  roi  de  Suède  presserait  la  main  de 
Frédéric-GuillBume  dès  qu'il  serait  hostile  à  Napoléon. 

L'incident  le  plus  remarquable  de  cette  prise  d'armes  de  toute 
l'Europe,  c'est  d'y  voir  paraître  une  puissance  qui  jusqu'alors ,  dan» 
u  torpeur,  était  restée  fidèle  à  l'alliance  française  :  je  veux  parler  de 
l'Espagne,  tout  à  coup  réveillée  de  son  long  repos.  Quelles  causes 
Teoirainaientà  une  démonstration?  Était-elle  le  résultat  d'un  caprice» 
d'an  de  ces  coups  de  tète  que  rien  que  la  colère  motive  en  politique? 
L'Esp^nc,  restée  fidèle  au  directoire,  au  consulat  et  à  l'empire,  avait 
donné  son  argent,  ses  troupes,  ses  flottes ,  jusqu'à  ce  point  de  provo> 
quer  les  hostilités  de  l'Angleterre  avec  une  résignation  de  souffrance 
inimaginable  ;  elle  subissait  la  tète  baissée  une  situation  si  coûteuse 
pour  elle  ;  le  prince  de  la  Paix  n'avait  résisté  à  aucune  des  volontés 
de  Napoléon.  Et  pour  tout  cela  quelle  avait  été  la  récompense  de  la 
branche  cadette  des  Bourbons  ?  Un  fait  vint  tout  à  coup  éclairer  l'Es- 
pagoe  :  ce  fut  la  chute  de  la  maison  royale  de  Naples  ;  un  décret  de 


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191  kAgouations  diplomatiddbs 

Napoléon  avait  suffi  pour  renverser  ane  dynastie ,  et  c'était  effrayant 

pour  l'avenir  de  Charles  IV  ;  fallait-il  ainâ  se  laisser  briser? 

'  Une  communication  de  la  Russie  fit  une  Impression  bien  autrement 
■loistre  sur  le  cabinet  de  Madrid  ;  à  c6té  des  articles  publics  du  traita 
conclu  par  M.  d'Oubrill  avec  M.  et  TaDeyrand ,  ii  y  avait  une  stipu- 
lation secrète  qui  blessait  profondément  les  ivtéréta  espagnols  ;  la 
Huasie  exigeant  une  indemnité  pour  le  roi  de  Nn^es .  Fwdioand , 
dépossédé  de  les  États,  Napoléon  sans  consulter  l'Espagne ,  sws  le 
consentement  de  son  allié,  aviât  cédé  an  roi  de  Naj^  les  tles  Baléwas, 
Majorque,  Hinorque,  riches  possessions  de  l'Espagne  *.  Qad  était 
doac  ce  pouvoir  étrange  de  Napoléon  qui  di^Htsait  des  territoires  sang 
favea  des  •Mverainet^?  Lors  de  la  rupture  des  n^ociatioos  de 
H.  d'Oubrill,  la  Russie  s'était  bâtée  de  communiquer  ces  artida 
lecrets  à  l'Espagne,  et  l'on  conçoit  dès  lors  comment  l' Angl^rre  put 
eairatnM-tcroi  CbariesIVct  le  prime  de  la  Pus.  à  use  prise  d'armes 
pMr  iocoader  la  coaUtieâ.  On  se  prépara  dans  la  Péninsule,  et  cette 
^odanattOB du prioce  delà  Paix,  qu'on  a  dit ioe^iquaUe ,  lors- 
qu'elle arrifalt  sur  te'diamp  de  bataille  d'Kna,  coDunence  k  se  juali- 
fler  par  les  faits  diplomattques  qu'on  vient  d'exposer.  Le  priaco  de  li 
Paix  cherchait  h  se  mettre  k  la  tète  du  mouvement  national  et  à  rea- 
laisir  ira  pea  de  f»iédit  an  railiea  d'an  pénale  dont  il  avait  0étii  l'hii- 
Mre  <lt  abaissé  les  destinées. 

De  tous  les  faits  exposés  il  résnite  donc  que  les  tentatives  de  paix 
échouaient  mcore  parce  que  rien  n'était  siDcàre  et  par&item«it  des- 
•loé  dsas  la  pohtiqne  de  lïlurope.  Napoléon  trompait  avec  an  grand 
«rt  ;  aussi  habile  que  fort,  son  système  consistait  à  diviser  pour  ré- 
gner, comme  l'avait  dit  Machiavd  ,  le  coo^iagnao  de  ses  ancêtres  les 
Bonaparte  k  Florence.  A  \&  Prusse  il  avait  dit  :  «  Prenei  le  Hanovre, 
U  Poméraoie  suédoise,  n  et  par  ce  moyen  il  U  brouillait  avec  F Aaf^ 

'  K  La  TBDité  de  Godoï  ataii  souffert  de  ce  que  Napoléon  avait  exclu  les  pUpipo~ 
'tetitlairaa  de  Charles  IT  des  oonfêTeDcesdaDB  lesqudles  la  TraKce  iTailparu  rouloir 
UftiMrdela  paii  avec  l'Angleterre.  Mais  ce  quil'irrila  plus  viTuneiit  encore,  ccFai 
d'apprendre  que,  dans  les  articles  secrets,  signés  avec  l'envoyé  russe  d'Oubrill ,  il 
avait  éié  arrêté  que  les  Iles  Baléares  seraient  enlevées  k  l'Espagne ,  pour  les  donoer 
au  Dis  du  roi  Ferdinand,  propre  frète  du  monarque  eapagnol,  en  fdiafige  de  la  Sicile, 
dont  les  deux  puwsaBCes  l'auraient  aAitnJremeot  privé.  Choqué  de  tant  d'oolnfts 
U  ne  respirait  que  la  vengeance,  et  cnit  que  la  continuation  de  la  guerre  maritime, 
le  refus  de  ratider  le  traité  de  d'Oubrill,  la  guerre  qui  semblait  s'engager  au  nord  de 
l'Allemagne,  allaient  lui  fournir  les  moretis  delà  satisTaire.a  [Note  de  H.  deHarde*. 
bncnpluibielSM.) 


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AVANT  LA  6VBBHI   CONTKB  U  nUSSB.  13ft 

terre.  A  la  Grande-Bretagne  il  avait  dit  :  a  Je  tous  rends  le  Hanovre  ; 
vous  le  voyez,  la  Prusse  vous  a  jouée.  »  U  traitait  séparément  avec 
la  Russie  et  l'Angleterre  ;  il  tendait  la  main  à  l'Espagne ,  puis  il  lui 
enlevait  les  ties  Baléares.  Ces  négociations  bien  menées  ne  conservaient 
pas  assez  de  loyauté  pour  arriver  à  une  situation  nette  ;  Napoléon 
n'en  tirait  aucun  avantage  pacifique;  il  voulait  traiter  avec  trop  de 
monde  à  la  fois  et  les  tromper  tous;  ea  politique  ce  jeu  réussit  quelque 
temps,  il  s'use  à  la  fin.  Quand  vinrent  les  jours  de  malheur  ces  alliances 
lui  échappèrent  et  il  subit  encore  la  loi  terrible  du  talion. 

Cependant,  par  ]ei  négociations  de  Vienne,  de  Vtj'v  et  de  Berlin . 
l'empereur  dénoraliBBit  laPmsse,  lui  enlevait  son  caractère  de  nation» 
et  lonqull  coamt  la  chercher  sur  les  champs  de  bataille,  elle  était 
déjà  abaissée  et  vaiocue  dans  l'esprit  de  l'Europe. 


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LA  PBOSSB  BT  LA  VUMOt, 


CHAPITRE  Vn. 


ik  niJHK  n  u  niKGB. — Bsnir  s»  ran  aiméis. 


4nneineDts  de  la  PrusM.  —  L«  taciiqne  ia  gnitd  FrMctic.  —  Débris  de  son  école. 

—  Le  duc  de  BrDDswîck.  —  Le  inaridiit  de  M oUeodotff. — Kilkreath.  —  Blacbcr. 

—  Les  princes  LouU  ei  Henri.  —  L*  rdae  Louise  d«  Pnuse.  ~  DIscigdiiiB  da 
l'arméeprussieiiDe.— SitualioD  des  esprits  CD  AUemtgne.— La  Saie.  — LaHesse. 

—  Les  villes  de  l'universilé,  —  OccupalioD  fran(tiM.  —  Despalisme  da  Berthier. 

—  Exrculion  du  libraire  Palm.  —  CompDBition  de  l'araiterraiitaise.— Le  général 
KnobeiadorlT  i  Paris,  —  Moles  k  Napoléon,  —  Départ  pour  l'armée. —  VUimatum 
de  la  Prusse. 

AoAl  i  ocMbrc  laoe 

Depuis  la  campagne  d'Austerlitz ,  la  Prusse  s'était  spécialem«it 
occupéeàdevelopperson  état  militaire  si  puiaaaat  depuis  lexvin*  siècle; 
son  système  de  pais  médiatrice  ou  de  neutralité  année  exigeait  l'ap- 
pareil d'une  force  qui  pût  apporter  un  poids  décisif  dans  la  balance 
d'une  guerre  ;  la  Prusse  parlait  incessamment  de  son  armée ,  de  sa 
discipline ,  de  ses  moyens  de  recrutement ,  qui  la  plaçaient  si  haut  ; 
tout  était  constitué  pour  une  entrée  en  campagne  immédiate.  11  y 
avait  un  an  déjà  que  )a  Fnuse  se  trouvait  eu  état  de  répondre  i  toutes 
les  chances  de  bataille ,  et  la  situation  pacifique,  imposée  par  la  poli- 
tique timide  de  son  cabinet,  ne  pouvait  longtemps  convaiir  à  l'eBer- 
vcscence  d'une  jeune  et  forte  génération. 

L'organisation  donnée  à  la  Prusse  par  le  grand  Frédéric  permettait 
de  lever  un  homme  sur  six  dans  les  villes  et  les  campagnes  ;  son  code 
contenait  toutes  les  obligations  du  service  militaire  :  la  constitulioo 
du  pays  n'avait  qu'un  but,  former  des  soldats  et  les  exercer.  Dans 
toutes  les  <!^mpagae8  du  xvui'  siècle ,  l'armée  prussienne  avait  brillé 
d'un  vif  éclat  ;  presque  toujours  die  était  restée  maîtresse  du  champ 
de  bataille,  elle  rappelait  l'époque  de  ces  braves  lansquenets ,  hugue- 
nots h  la  large  arquebuse  ;  tout  possesseur  de  le  terre  pouvait  devenir 
oDIcier  ;  la  noblesse  y  entrait  par  les  cadets ,  et  passait  par  tous  les 


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BSPUT  DBS  I«DX   AkU^KB.  137 

gndes.  Les  troupes  roanœuTraieDt  avec  une  précision  et  une  rou- 
lante remarquables;  Frédéric,  tout  philosophe  qu'il  était,  avait  doimé 
une  extension  au  régime  rigoureux  de  la  achiague  ;  Vofflcier  était 
inatrait  dans  des  écoles  spéciales  ;  le  soldat,  passif,  obéissant,  et  d'ail> 
leurs  tellement  ployé  aux  habitudes  de  la  guerre,  qu'il  subissait  aveu- 
cément  tous  les  ordres  supérieurs  ;  il  était  machine.  Cela  avait  un 
avantage  et  un  inconvénient  :  le  général  pouvait  opérer  ainsi  de 
grandes  mancenvres  ;  mais  quand  il  s'agissait  d'un  mouvement  d'in- 
stinct, que  les  circonstances  mobiles  des  batailles  nécessitent,  les 
Prussiens  étaient  trop  disciplinés  et  trop  roides  pour  conserver  l'in- 
telligence libre,  spontanée,  qui  fait  du  Français  le  premier  soldat  du 
monde ,  car  il  sent  de  lui-même  le  défaut  d'un  ordre  et  le  rectifie. 
Les  Prussiens  manœuvraient  comme  une  masse  inerte,  l'œil  fixé  sur 
le  commandement  de  l'officier  ;  bien  conduits ,  ils  faisaient  des  mer- 
veilles; mal  dirigés,  ib  devaient  se  rendre  comme  les  Autrichiens. 

entendant  cette  arméeavait  une  grande  confiance  en  elle-même  ; 
fl  eo  est  ainâ  de  tons  les  corps  militaires  qui  ont  une  histoire ,  une 
tradition  héroïque  ;  l'ombre  de  Frédéric  planait  sur  les  rangs  pressés 
de  cette  noble  génération  militaire,  et  les  titres  de  ses  victoires  étaient 
ioscrits  sur  ses  étendards;  généraux ,  officiers  et  soldats  semblaient 
dire  :  «  Nous  sommes  les  enfants  et  les  élèves  de  ce  roi  si  ferme  à  ta 
guerre,  qui  refoula  devant  lui  les  Français  et  les  Autrichiens,  témoin 
la  colonne  deRosbach,  qui  s'élève  fièrementsur  le  champ  de  bataille.  » 
Ils  avaient  quelque  raison  dans  cet  orgueil ,  car  jamais  armée  n'eut 
uiie  meilleure  artillerie,  un  personnel  d'hommes  mieux  choisis;  la 
cavalerie  était  magnifique ,  sur  de  beaux  chevaux  du  Hanovre  et  du 
Hecklembourg  ;  l'infanterie  comptait  cinq  bataillons  par  régiment  ; 
l'artillerie  se  vantait  de  tirer  avec  une  justesse  telle ,  qu'die  touchait 
It  cible  à  tout  coup  * . 

■  Au  commeDccnrait  4e  18M,  la  Pnusa  anit  déjà  roobUisA  an  grand  nombre  de 
corps  d'année. 

■  Corps  d'armée  rassemblé  dans  la  basse  Saie ,  avec  la  dénominaiion  A'Armét  du 
rai.  L'aile  droite  esl  commanaée  par  le  licuienaiil  géoénl  de  Rocbel.  —  L'aile  gaucba 
par  le  ^iart  de  Bohenlohe.  —  Le  centre  par  le  duc  de  Brunsvirk.  —  Un  corpa  pa^ 
liculier  atlacbé  à  cette  annce  est  commandé  par  le  lieuienani  gniéral  de  BlUcber. 

■  Corps  combiné  de  troupes pruasienoesethessoises,  sons  les  ordres  du  ilcaleiWDt 
Kènéral  comte  de  Schmettau. 

D  Troisième  corps,  commandé  par  le  général  comte  de  Kalkreuth. 

■  Premier  corps  de  rt8erTe,wiu  les  ordres  du  msTéchalde  HoIleDdorlT.  Le  quartier 
gCBitjl  ttt  k  Ltlpilg.  —  Deuxième  corpe  de  réserve  commandé  par  le  duc  Ejjèja 


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VSt  lA.  MNWSB  n  LA  FMAKS. 

Si  ces  tradiUoDs  do  fm  Frédéric  dosnaieiit  de  ta  coBfltnoe  un 
toidats,  elles  af  aient  aussi  leurs  incâDTéDieuts,  car  c'était  de  la  vieillesM 
et  de  l'histoire  ;  une  année,  pas  ^lus  qu'une  nation,  ne  vit  da  pawé  ; 
1«  «Uques  générati(Hu  l'élaguent,  les  jeunes  arriveot  ;  la  Torce  n'ert 
pas  dan»  ce  qui  ttuabe,  mais  dans  ce  qui  s'élève  ;  or  l'école  de  Fràd^ic 
avait  fait  son  tenif»  ;  tà  elle  avait  rempli  ie  svar  siècle  de  ses  gloires, 
l'art  avait  fait  des  progrès  depuis  la  république  française,  et  le  pins 
gr*td  tacticien  de  tous ,  Napoléon ,  avait  donné  une  impulsion  im- 
mense i  la  belle  rintégie,  à  l'improvis^ion  sur  le  champ  de  bataille. 
La  faiblesse  de  l'armée  prussienne  résultait  de  ce  culte  do  passé  ;  la 
vie,  c'est  le  présent  ;  on  ne  marche  pas  avec  les  morts,  s'abriteraient- 
îl>  WKM  loi  vastes  tombes  de  Potsdara  on  de  Sainte-Hélène  I 

n  se  trouvait  que  cette  armée  prussienne ,  si  forte  de  discipline ,  si 
remarquable  de  tenue,  était  conduite  par  de  vieux  généraux  qui , 
tout,  représentaioit  l'école  de  Frédéric.  Le  duc  de  Branswidt ,  qui 
c«mmandait  en  dief  les  Prussiens,  avait  alors  soixante  et  orne  am,  et 
il  servait  depuis  l'ège  de  dix-neuf ,  première  époque  de  la  gnttre  de 
Sîlésie.  U  n'était  pas  un  champ  de  bataille  qui  ne  f&t  marqué  do  sai^ 
du  duc  de  Brunswick,  le  Mentor  des  armées,  vitillard  fenne  et  ro- 
buste qui  demeurait  dix  heures  à  cheval  sans  fatigue  ;  biessé  deux 
fois  duis  la  guerre  de  sept  ans,  il  avait  toujours  porté  les  armes  avec 
enthousiasme  ;  c'était  sa  pntfesrion ,  sa  vie ,  i  ce  ptùnt  de  ne  pouvoir 
dormir  que  sous  la  tente  et  au  bruit  du  tambour  ' .  Qui  n'avait  sou* 

4e  Warlamberg.  Le  qumtiw  ffMiéral  «t  tCustiin.  —  TroliltiM  eorp*  derAserra, 
MUS  les  ordres  du  lieutenant  f  énical  de  Thiol.  Le  quartier  général  eit  à  Glofau  et 
ûrosseu. 

-1  Corps  psKIculler  ntsemblé  dans  la  haute  Silésie,  mus  les  «rdres  du  llcutenam 
fteéral  de  OraTcnk.  Le  quartier  gteértl  cet  t  Grau.  » 

*  Charles-Guiilaume-FenliQand,  duc  de  BruBswick-Luoebourg,  était  «é  i 
Brunswick  le  9  octobre  1739.  Le  conseiller  de  Walmoden  fut  sou  gouverneur,  et  il  rat 
^nr  pr^pteurs  JknHle»,  Hirctanann  et  Gttrtner.  SaprogrtoftuwtnpideadanE 
taules  les  sciences,  et  principalement  dans  les  lingues  modernes  et  daiwUKit  c«qui 
Mt  relatif  i  la  fuerre;  Il  obtint  de  grands  succès  dès  son  dibut  dans  cMte  carrière. 
&  l'âge  de  t9ariB,il  emporta,  l'tpAe  à  U  main,  une  batterie  française  ilabatallte 
4'Hastembeck  ;  en  17SS,  fl  passa  le  Weser  t  la  tète  d'un  Mbie  dilacbemeni  deranl 
l'armée  fltai>c*tM  tout  entière,  el  outrii  par  e«t  exploit  la  campagne  du  bas  Bbin,  ofa 
H  hi(  toujours  trBraai.gaTd«.  An  passage  du  Hhin,  à  Crevelt,  eo6n  dans  toutes  les 
occasions  importantes,  le  prince  héréditaire  de  Brunswick  signala  son  counge  et  Mm 
habileté.  Et  1740,  il  eommandtit  encore  l'avaut-garde ,  lorsqu'il  rencontra  prés  de 
Korbachrarmiedu  maréchal  deBroglie;  obligé  de  se  retirer  devant  des  forces  cnpé- 
riMres,  il  fut  Ueaié  en  assurant  U  retraite  de  ats  troupes.  Ba^jMMaprts,  il« 


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Bspatr  DBS  DStrx  iMÊÈm.  189 

forir  da  duc  àe  Broinwick  dms  les  carapagnes  de  li  Heuw  lus  pre* 
mien  jeun  de  la  république  fraoçaiie  ?  Le  manifeste  qa'oo  lui  avait 
attribué  n'était  point  sod  œuvre  ;  le  général  éclairé  que  Mirabeau 
cnit  jugé  «i  favorablement  n'était  pas  l'auteur  de  cet  expofié  d« 
guerre,  ouvrage  d'un  réfugié  (discar ,  et  qui  eicita  une  rive  indigna* 
lion  en  France.  Nui  ne  pouTait  refuser  au  duc  de  Branswick  nos 
certaine  connaissance  de  l'art  militaire,  une  aptitude  qu'il  devait  i 
l'étude ,  k  la  pratique  qu'il  en  avait  faite  dans  quioxe  campagnea  en 
Allemagne.  Mais  que  peut  un  vieillard  de  soixante  et  onie  ans?  Si 
le  «eur  était  chaud ,  le  bras  avait-il  la  force  de  supporta*  l'épée  7  11 
faut  une  mde  main  sar  le  champ  de  guerre  ;  le  père  du  Gid  castUIaD 
invoque  en  vain  ses  mranbres  glacés  par  l'Age  ;  k  chaque  tiède  sa 
gtoération. 

A  cdté  de  lui  était  un  vieillard  bien  {das  avancé  encore  dons  la  vie, 
te  comte  Henri-Joachim  de  Moll«idorff,  feld-maréchal  proaslen, 
afrivé  alors  èi  sa  qualre-vïQgtHieuiJème  année  ;  il  avait  accompagné 
Frédéric  11  dans  la  première  guerre  de  Silésie,  ctnune  porte-drapeau 

^tageh  de  e«t  écb«c  en  aiUquuit ,  aupris  d'BiRsd«rfr,  on  corps  naanil  «ngacl  H  St 
3,000  prisoDoiers.  Enfin ,  le  nom  du  prince  héréditaire  de  Bruimrick  est  tonjonn 
4cTJt  glorieusement  dans  hmies  les  pages  de  l'hisioire  de  la  guerre  de  sept  ans.  Dèt 
que  û  paix  fut  coDclae,  il  vojsfea  dans  diltéreiiles  contrées,  et  riot  d'abord  en 
France  sons  le  nom  de  comte  d*  Blanekmbmirg.  Il  séjoama  peedut  deux  moisi 
Paris,  parcourut  ensuite  l'Iialie,  et  ce  foi  aTec  le  saraat  Winckelmas  qu'il  tIsIU  le* 
monnments  de  Rome.  En  1770  et  1771,  il  flt  différents  Tojriges  milliairee  avec  le 
gnaà  Frédéric  en  Moratie,  enSilésieit  tu  Westpbilîe.  En  1778,  la  gnerre  que 
Tallimia  un  insisnt  la  succession  de  Baviéie,  donna  au  prince  héréditaire  une  doo- 
TeUe  occasion  d'ajoaier  encore  t  es  gloire  militaire.  En  1780,  il  sue«éda  à  son  fht 
dans  le  gouTemement  de  son  duché.  Le  roi  Frédéric-Guillaume  H  ta  le  ■ommant 
frand  miréchal  ne  lui  donna  cependaDlaucDiK  autorité,  et  le  dnc  se  rtliradnetCi 
Atais.  Aux  troubles  de  la  Hoflande,  en  1787,  il  fiit  cbargi  du  cvmmaodcmeiit  da 
M,000  Prussiens  en  Westphalie,  Il  s'aranca  peu  i  peu  jusqu'aux  frontières  de  la 
f^mbiique,  et  Toyant  que  1rs  Fnnïsls  ne  hlssient  attcuo  moaTeraent,  Ê  entra  hms- 
^Mment  en  Hollande ,  s'empara  d'Dlreefat  et  de  La  Hvjc  sans  eoap  férir,  et  après 
tliift  jours  de  siège,  re^ul  la  capitulation  d'AiDBlerdam.  Lorsque  la  révolution  tt»a~ 
faise  arriva  et  quïl  fut  question  de  guerre,  tous  )esr«fards  se  portèrent  sur  leduc  de 
Bmnswich.  En  1792,  Il  Prnsse  et  l'Autriche,  alliées  par  le  Iraitéde  Plldtti,  donnèrent 
kvommandement  général  de  leurs  «imées  an  duc  de  Bmnswick;  après  les  rerera  d« 
la  campagne  de  Champagne  et  la  capitulation  pour  la  retraite  de  l'amiée  prussienne, 
la  duc  de  Brunswick  se  Wt  obligé  deresier  sur  k  Bbln;  il  obliges  les  Français  i  se 
ffdrer  sur  la  rive  gauche,  et  s'empara  de  Mafence  après  trois  mois  de  siège.  Quelques 
différends  qu'il  ent  arec  legénéral  an  trichienWurmser,  et  plusieurs  échecs  qu'cproo- 
T^reDilesalliés.porlèrenlIeducdeBrunswickà  demander  sa  dèmis5ioD(janTlerl794)t 
Jl  qnitUiCiieffct, te comrotodanent  jusqu'en  ISOO. 


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110  U  ntDMB  ET  LA  FBAHOI. 

«u  i"  balnilloD  de  la  garde  ;  le  roi  en  avait  parlé  favonblenient  dans 
ses  mémoires,  comme  d'un  officier  plein  de  distinctioa  ;  il  était  eu 
siège  de  Prague,  fait  d'armes  qui  retentit  si  longtanps  en  Allemagne. 
MollendorfT  commandait  plus  tard  en  Polt^e  lors  du  fatal  démenk- 
ttrement  ;  comme  le  duc  de  Brunswick,  il  avait  dirigé  les  Pruasiena 
contre  la  France  et  il  se  trouvait  aux  faits  d'armes  de  la  campagne 
de  1792.  Esprit  modéré,  l'un  des  auteurs  du  traité  de  B&le,  partisan 
de  la  paix  et  de  la  neutralité  allemande,  Mollendorlf  fut  néanmoins 
chargé  d'no  commandemeDt  en  chef  dans  l'armée  prussienne*.  Ainsi, 
deux  vieillards  octogénaires  dirigeaient  ces  jeunes  bataillons  prussiens 
avec  un  système  plus  vieux  encore  que  leur  &ge.  La  victoire  pouvait- 
dle  venir  à  eux ,  pauvres  invalides,  un  bAtOD  blanc  à  la  maiu  ?  Pou- 
vaient-ils diriger  une  jeunesse  pleine  de  courage  et  de  force?  Qu'est- 
ce  que  l'enthousiasme  dans  des  tètes  chenues? 

Un  des  hommes  distingués  de  cette  année  qui  se  déployait  alors 

'  Riehard-Joachlin-Henri,  comte  de  Mollendotff,  étailDicnl724,  dans  une  terre 
de  la  marche  de  Prigniti,  ab  son  pire  avait  la  cbatge  de  capilaine  des  digues.  Après 
a'iître  préperé  i  l'état  miliuire  dans  l'académie  équestre  de  Brandebourg,  il  fut  pimcé 
-en  qualité  de  page  (1740]  auprès  de  Frédéric  11,  qu'il  accompagna  dans  Ib  première 
guerre  de  Silésie,  et  notamment  aui  batailles  de  Moiwitz  cl  Chotusitz.  Trois  ans 
«près,  il  fui  porte-drapeau  an  premier  bataillon  de  la  garde  ;  et  en  1744,  le  roi  le 
nomma  adjudant.  Dans  la  seconde  guerre  en  Silésie  il  assista  au  siège  de  Prague,  et 
fut  blessé  assez  grièvement  au  comlut  de  Carr.  Nommé  capitaine  en  1746,  il  obtint 
une  compagnie  de  la  garde.  Il  se  IrouTa  au  siège  de  Prague,  en  17S7,  ainsi  qa'k  la 
bataille  de  Rosbach,  et  è  celle  de  Leuthen,  o£i  sa  manœuvre  brillante  décida  la  vic- 
toire, et  lui  valut  l'ordre  du  Hérite.  Après  avoir  assisté  au  siège  de  Breslau,  il  eut, 
«n  17S8,  le  grade  de  major  et  de  commandant  du  3*  bataillon  de  la  garde.  Deux  ans 
après  il  obtint  celui  d'un  régimcDi  de  la  garde.  Élevé  immédiatemeni  après  au  grad« 
de  lieutenant-coloDcl,  il  acquit  de  Douveaui  titres  à  la  bataille  de  Toigau,  puis  il 
4omba  dans  les  mains  des  Autrichiens,  cl  resta  quelques  mois  prisonnier  de  guerre. 
Échangé  en  1761,  et  Tait  colonel,  il  mérita  bienlAt  après  le  grade  de  major  général. 
Dans  la  guerre  de  la  succession  de  Bavière,  il  commanda  comme  lieutenant  général 
un  corps  de  l'armée  du  prince  Henri,  en  Saie  et  en  Bobéme  ;  une  expédition  qu'il 
dirigea  avec  succèa,  lui  inériu  la  décoration  de  l'Aigle  noir.  Depuis  1783,  il  fut  gou- 
verneur de  Berlin.  Après  la  mort  de  Frédéric  11,  il  fVit  élevé  à  la  charge  de  géuénl 
ile  l'infanterie,  et  le  seul  commandement  qu'on  lui  confia  fut  celui  des  troupes  qui 
-allèrent  effectuer,  en  1793,  le  démembrement  de  la  Pologne.  Alors  il  fut  nommé 
Md-maréebal,  puis  gouverneur  de  la  Prusse  méridionale.  Lorsqu'en  1794  le  due  de 
fimnswickse  démit  du  commandement  de  l'arméepTussicune  SUT  leRhin,  le  cabinet 
de  Berlin  ne  trouva  que  le  vicoi  compagnon  d'armes  de  Frédéric  11  qui  fût  digne  de 
lui  succéder;  Hollendorlf  accepta.  Il  fut  un  de^  principaux  auteurs  du  iraiié  de 
-Bile.  Pendant  les  douie  ans  de  repos  qui  suivirent  ce  traité,  UuUendorff  avaii  joui 
«n  paU  de  sa  gloire  et  de  ses  emplois. 


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BSPBIT  DBS  DBCHE    ABHÉES.  141 

dans  la  Prusse  pour  marcher  en  avant  était  le  'général  KaUtreutb, 
négociateor  aiwi  remarquable  que  militaire  instruit  et  éclairé  ;  son 
aptitude  était  grande.  D'une  année  plus  jeune  que  le  duc  de  Brunswick, 
il  s'était  éclairé  par  les  nouvelles  combinaisons,  et  son  activité  donnait 
à  SB  tactique  un  caractère  plus  moderne  et  mieux  en  rapport  avec  la 
belle  année  de  France  devant  laquelle  les  Prussiens  allaient  se  trouver. 
Le  général  Kalkreuth  avait  une  renommée  de  loyauté  et  de  fermeté; 
seul  peut-être  dans  les  jours  de  revers  il  ne  désespéra  pas  de  la  Prusse  ' . 
Le  prince  de  Hobeololie,  qui  commandait  un  corps  de  bataille,  n'était 
pas  sans  intelligeace  dans  l'art  de  la  guerre,  où  il  déployait  un 
courage  remarquable.  La  Prusse  avait  appelé  auprès  d'elle  tous  les 
princes  allemands  qui  servent  avec  distinction  comme  officiers  6upé- 
rienrs  chex  les  puiasonces  du  premier  ordre,  telles  que  la  Prusse  et 
l'Autriche  ;  en  Germanie,  il  n'est  pas  d'autre  état  pour  les  seigneuni 
territoriaux  que  de  se  mettre  au  service  des  cabinets  :  la  plupart  de 
ces  petits  suzerains  ne  sont  point  riches;  ils  ont  besoin  de  dépenser 
leur  vie  à  la  guerre  ;  ils  passent  par  tous  les  grades  des  camps  ;  plus 
d'un  fils  de  prince  commence  par  le  rang  modeste  d'enseigne  pour 
s^élever  ensuite  au  titre  de  feld-maréchal.  Ainsi  étaient  le  prince  de 
Hohenlohe  ',  le  grand-duc  de  Hesse,  i  la  figure  si  militaire  ;  et  parmi 
eux  se  faisait  déjà  distinguer  le  duc  A'GEls  (Brunswick),  caractère 
d'énergie,  remarquable  partisan,  qui  souleva  plus  tard  l'Allemagne 
au  nom  de  la  vengeance  et  de  In  liberté.  Bien  de  plus  dramatique 
que  cette  vie  du  jeune  prince  d'OEIs,  passée  d'abord  sur  le  chomp  de 
bataille,  puis  s'oubliant  dans  toutes  les  délices  et  les  débauches  d'une 
jeunesse  ardente  au  sein  des  universités  d'iéna  et  de  Halle  ;  lorsque  la 
Prusse  se  lève  pour  son  indépendance ,  le  duc  d'OEts-Brunswick 
ressaisit  alors  son  épée  pour  délivrer  sa  patrie  d'une  ruine  inévitable 
et  de  l'abaissement  que  lui  réservait  la  France  ;  physionomie  drama- 

'  Le  comte  deKalkreulh  éult  né  en  173S.  et  6t  avec  distinction  h  guerre  de  sept 
us  en  qiulité  â'edjudsot  général  du  prince  Henri  de  Prusse.  En  178V,  il  Tut  nommé 
poQT  commander  l'tumée  de  Pologne.  11  Si  les  campapes  de  1703,  1703  el  17U 
Gonlre  les  Frantais,  et  <nip«cli*  de  loui  son  pouTOir,  en  1701,  l'npêdlUon  de 
Holliode,  lorsque  ceui-ci  se  disposaient  k  en  faire  la  conquête.  En  1805,  le  comie 
deKilkreuifa  Tut  nommé  commandant  des  troupes  prussiennes  rassemblées  da»s  la 
Poméranie,  et  au  mois  de  mai  180S,  geuTeraeur  de  Tbom  et  de  Danliick,  colonel 
on  chef  dn  régiment  de  dragons  de  la  reine,  et  ioq^ieur  général  de  toute  1« 
cavakrie. 

'  Le  prince  de  Bohenlobe-lDgclGageD,  après  avoir  accompagné  le  roi  de  PnuM 


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14e 

ttqae  au  mfMtia  de  la  monotonie  de  estte  gaerra  d'ÀHenngne.  O 
«sractàre  d'intrépidité  se  troQVBit  auw  su  fdus  haut  degré  dm  le 
géDérnl  Blât^er  ;  hardi,  aventureux  partisan  *,  arec  cet  esprit  iiitré> 
fpide  qo6  ScliUier  «  mis  en  sctee  dans  son  WiAUnttnn,  Hûclier,  bon 
offlcira  de  «anierie,  était  capable  de  œs  coups  de  main,  de  ets  rwsee 
4e  guerre,  de  ces  bardiesses  de  maBOBuvres  qoi  peuvent  oompromdttre 
une  armée  on  la  uuver,  parce  que  les  gwrr»  de  parUsoni  sortent 
dea  principes  d'une  tactique  régulière. 

Indâpenrtuimeat  de  tous  les  officiers  généraux ,  la  maisoD  de 
Vrandebeurg  elle-tnéme,  si  militaire  d'origine,  «nit  payé  sa  dette  oi 
filaçant  i  la  tête  de  ses  armées  les  princes  de  sa  toiilia.  Um  de  flbat 
eheraleresque,  de  pli»  dévoué  i  la  caose  alleaaa&de,  que  le  prince 
l/oais,  coQsin  du  roi,  l'idole  des univenités :  îl^fiaiticinDme  ieprmee 
é»  la  jemruBÊi  4  Borne,  avec  tout  le  brillant  qui  ^distJngQe  IktOcier  né 

«a  MBgrès  4e  PBmU  en  1?H,  comiMiida  mne  diTiKton  dtu  U  ■■■ir*r^  de  1793. 
An  commencera  est  de  t7BS,  il  eut  le  commandement  de  Ja  ligne  de  nentralitË  sur 
l'Ems,  el  Fui  Dotnmé  inspecteur  des  troupes  en  SitéEie,  puis  gouverneur  de  Breslan, 
<«i  n  ISM,  lenqw  \\  gnem  éclata  itm  U  Fnnce,  Il  comiMad»  lie  wrfi  d'annte 
frwHlcn  M  MUM  qui  dmalt  se  rawambUr  à  bâirili  pov  pénAuer  Uani  la  Pesd- 
eoBÎe. 

'  Gebharl  Lebrechi  de  BlUdker  éull  né  k  Rostoek,  dans  le  duAé  de  Hecklen»- 
iMnrg-Sirfairerhi,  le  16  Séecmbre  174S,  d'une  famille  tnciganc^  M  son  p(rt  pewéMl, 
t  Grou>4t«ntoT,vne'teRe  oiiîl  WMitM  réeMence  haUuielle.  Lonqaeb  fiNfWede 
«cpt  MU  éotaia  (IIW),  il  CBTOja  »es  évax  flls  chez  une  pannu,  madaiu  de  Krak- 
witz,  dans  l'Ile  deRugeo,  l'éducation  de  ces  enranla  j  fui  fort  obligée.  En  revanclie, 
les  deux  frères  eurent  et  saisirent,  snrterte  et  sur  ner,  de  nonbraisn  Mcasiiim  de 
-Se  perhcHenner  ftam  lei  nercims  4ii  c«rpe.  Le  tégineat  dea  hHMvds  aoUida  de 
■BMrMrÉnanrtont  leur  atleltliiD,  el  ils  8'«ng^^Bt  en  1781,  L«ir«BCle  K«ak~ 
Irtti  fit  d'Inutiles  efforts  pour  les  détourner  de  cette  résolution.  Bltictwr,  enseigne, 
fut  fait  prisonnier  h  l'aCTaiTe  de  Suckow  par  les  hussards  de  Belllng  ;  sa  jeunesse  et 
son  caractère  Inspirèrent  de  l'iDIcrtt  au  colonel,  ([ni  le  preesa  de  prendre  du  gnvK.e 
#nHl'kniiAR'dcPraMe.  aiarber  rMaltit  dépits  ho  «n,lor«qa'Mi  Mdicida,paBr 
r«TOJr  au  service  sans  qu'il  put  passer  pour  dèEcrteur,  i  renvoyer  un  lieutenant 
auAdois  prisonnier,  Cornette  dans  le  régimenldcs  hussards  noirs  (20  décemb.  1760); 
il  fkit  fait  sous-ilcutensnt  et  lieutenant  dis  Tannée  suivante.  Ce  riment  prit  tane 
part  très-Bciive  i  la  guerre  de  sept  ans.  Bllicber  se  fit  remarquer  tm\  batailles  de 
Kunersdorff  et  de  Freiberg,  et  fui  blessé  au  pied  i  ta  dernière.  La  longne  pair  qui 
régna  en  Europe,  k  partir  du  traité  d'Hubertsbovrg  (  1763} ,  ne  lui  procura  pas  nn 
«vancemeat  rapide,  sept  ans  se  passèrent  ainsi  pendant  lesquds  Bliiehcr  deriol 
capitaine.  En  1770,  commencèrent  les  événements  de  Po)(^[Be.  Les  hussards  noirs 
Jlrent  partie  du  cordon  que  l'on  établit  sur  les  frontières  de  re  pays.  Les  fausserds 
•jent  arrtté  un  prêtre  catholique  soupçonné  d'être  nn  des  mobiles  secrets  de  rin- 
■urreciion  polonaise,  Blûcher  décida  qu'il  passerait  par  les  armes, et  Bt  (Mre«n 
jcéseocc  du  tremblant  ecclésiastique  tous  les  préptroiib  de  son  aup|ilice.  L'eiécu- 


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«ntiT  vKs  wnrz  AraÉsa.  143 

dans  la  rmigsstipérieDrs.  Priocipal  imtigateur  de  la  ^em,  le  priocQ 
Louis  savait  qu'il  eo  portait  la  responsabilité,  et  dès  lors  H  se  donna 
Bùsûon  de  raîncre  ou  de  mourir  ;  à  la  première  défaite  il  devait  offrir 
sa  poîtrioe  &  l'ennemi  ;  il  oe  pouvait  être  prisonnier,  parce  qu'il 
aurait  porté  au  front  )a  tache  indéléMIe  d'une  guerre  qu'il  aurait 
nacitée,  et  dans  laquelle  il  ne  trouverait  pas  un  moyen  de  mourir  ; 
BoMecaractèrequ'iDToqueencore  l'Allemagne,  tout  d'enthousiasme  et 
de  dévouement.  Le  prince  Henri,  frère  du  roi,  était  Clément  un  bon 
eotonel  de  régiment  ;  capable  de  charger  avec  énergie  sur  des  masses 
«anémies,  il  devait  prendre  rang  dans  l'armée  à  côté  de  Frédéric- 
Gaillafime.  Le  raïde  Fnnse  avait  la  mémoire  des  devoirs  de  sa  race  ; 
B  savait  que  daos  la  maison  de  Brandebourg  le  champ  de  bataille 
crt  une  habitude;  la  Prusse,  monarchie  militaire,  ne  ponvait  se  sou- 
teair  sans  garder  sa  supériorité  daos  les  combats  ;  le  jour  où  cet 
«cendant  lui  échapperait,  die  devait  être  effacée  de  la  carte  générale 


tUm  n'ent  pas  lieu;  Il  plaisanterie,  lie'm  était  une,  ne  rémiil  pas  auprès  du  ginéral 
4t  Lmsov,  m  U  ae  cnU  foBdé  i  fnfouK  au  roi  ëe  ne  painl  le  oonipraodre  dans  le 
frocbaia  aianceBant  ;  et  Je  premier  eacadroB  qui  Tint  à  vaquer  fut  donné  i  un  de 
acs  caileis  ;  BlUcher  se  plaignit  de  ce  passe-droit  au  général  qui  n'en  Ust  compte. 
Alors  il  ècriTÎi  au  ministre  de  la  guerre,  pour  solliciter  son  congé  dcBniiir.  Fridéric, 
ftf  «Tsit  déjl  nfa  «n  rapport  défavorable ,  Tépandh  en  erdoiwaBl  de  meure  1«  tur- 
baleM  capiiainc  en  prison  et  de  l'j  garder  juaqu'à  ce  qu'il  derlat  plus  iiiaoïueble. 
Hais  il  s'obstina ,  ei  le  monarque  impatienté  finit  par  accepter  sa  démission  en  ces 
■ennes  :  al^  rapilslne  BlUcher  est  congédié  et  peut  aller  au  diable  [1773^.  b  Biacber, 
fai  était  prta  de  se  marier,  fut  pria  de  recevoir  Mieal  son  congé  de  la  famille  oC)  tl 
in^iii  totrer.  Haie  des  amie  s'intarpoeèreat  et  détMMrènat  eu  futur  beavpire, 
H.  de  HeUing,  que  la  destitution  était  iniiute;  ce  qui  fut  tréHieureui  pour 
Blficher,  car  M.  de  Mehling,  colonel  Mïon  et  fermier  général,  était  fort  riche.  Peo- 
dam  quaiorre  années  sa  forUne  alla  sans  cesse  s'améfîorant.  Cependant  la  carrière 
«s'a  MMt  BbMdDDDéc  se  paésenlak  à  lai,  M  sMveM  il  avait  Ba»U  h)  éêsir  de  r«- 
pwdrc  d«  swvice.  En  178S,  à  la  mort  du  grand  Frédéric,  il  se  Tendit  à  Berlin,  oii 
■bciioffswerder  le  fit  renim  presque  aussiiût  eu  qualité  de  major  dans  le  même 
régiment  qu'il  avait  quitté  capitaine.  L'année  suivante  SO.IKK)  Prnasiens  afant  été 
Airlpssui  laHoIlaDde.BlUcher  fit  partie  de  cette  armée.  En  1788,  il  fut  promu  au 
gi^t  de  lieuteunt  cottœl,  ei  après  avoir  obtenu  l'ordre  du  Hérite  il  devint  colonel 
As  houards  noirs  en  1790.  Deui  ans  après  Bliiclicr  Bt  partie  de  l'armée  destinée  à 
UTahir  la  France  ;  et  il  joua  an  des  premiers  rdles  dans  le  petit  nombre  d'affaires 
tarant-postœ.  Par  le  changement  de  destination  du  général  Knobelsdortf,  Il  se  vh 
à  la  tête  de  l'afaot-garde.  Le  4  JWD  1794  il  fut  fait  gitiértl  major,  Frèdéric- 
fiuillaame  III  le  nomma,  eu  ISOi,  lieuleuani  général,  et  le  10  février  1S03  il  devint 
gonvemeoT  de  Hunsier.  En  1806,  dans  la  guerre  contre  la  France,  BIQGher  eut 
d'abord  U  commandement  d'une  avant-garde  sous  Euchel. 


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-141  LA   PEUSSB  BT  hk   FRAHCE. 

(le  l'Europe  ;  splendide  par  la  guerre,  la  monarchie  du  grand  Frédéric 
doait  tomber  par  ia  défaite. 

Dans  cette  galerie  de  nobles  portraits  et  de  chevaliers  bardés  de  fer, 
faudra-t-il  oublier  la  céleste  figure  de  la  reine  Louise  de  Prusse,  belle 
et  noble  femme  qui  sentait  si  profondément  la  situation  humiliée  de 
son  pays?  Allemande  par  le  cœur,  elle  avait  toutes  ces  passions  de 
patrie  et  d'admirable  dévouement  que  les  jeunes  Tilles  de  la  Germanie 
conservent  sous  des  apparences  froides  et  craintives  ;  l'enthousiasme 
est  au  cœur  des  Allemandes  ;  elles  aiment  avec  entraînement,  sem- 
bliibles  à  ces  divines  créations  de  Schiller,  à  cette  Amélie  de  Moore, 
qui  préférait  la  forêt,  le  pillage,  avec  son  bien-aimé,  à  la  vertu  sainte 
et  aux  plaisirs  de  famille,  dans  le  vieux  ch&teau  de  ses  pères.  L'insulte 
et  le  sourire  de  pitié  purent  être  jetés  par  quelques  pamphlets  de 
police  et  des  bulletins  de  colère  sur  la  noble  reine  Louise;  elle  n'en 
l'estera  pas  moins  sainte  pour  la  nation  allemande.  Cette  femme  qui, 
aprèsavoirsoulevéunenationpourl'iodépendance,  meurt,  les  entrailles 
déchirées  par  la  douleur,  devant  la  Prusse  anéantie,  cette  femme 
sort  de  l'ordre  vulgaire,  et  l'on  s'explique  les  touchants  et  poétiques 
souvenirs  qu'elle  a  laissés  partout  dans  l'Allemagne  du  nord,  et  qui 
retentissent  enoore  dans  les  chants  nationaux  et  les  ballades  des  unï- 
■veràtés. 

L'armée  prussienne  se  composait  donc  de  jeunes  hommes  à  l'imagî- 
nation  vive,  ardente,  passionnée,  et  de  vieillards  au  bras  fatigué  et  à 
l'inteUigence  affaiblie  ;  il  y  avait  ainsi  les  deux  principes  de  décadence 
et  de  ruine  pour  cette  armée;  on  y  trouvait  l'intrépidité  imprudente 
des  partisans,  et  la  décrépitude  des  invalides  ;  un  mélange  de  hussards 
et  de  ces  vétérans  aux  figures  fatiguées,  aux  cheveux  blancs,  au  front 
ridé,  qui  gardent  le  tombeau  de  Frédéric  à  Potsdam.  Si  les  uns  se 
précipitairat  en  dignes  chevaliers  sous  la  mitraille  française,  les  autres, 
retenus  par  l'âge  et  par  les  infirmités,  ne  secondaient  en  rien  cette 
ardeur  belliqueuse,  de  sorte  qu'il  y  avait  deux  actions  en  sens  con- 
traire qui  se  neutralisaient  mutuellement  :  trop  d'énergie,  trop  de 
prudence  ;  un  sang  bouillonnant,  et  un  sang  glacé.  Ainsi  était  l'armée 
prussienne  :  admirablement  disciplinée,  obéissante,  elle  vivait  trop 
dans  le  passé,  pas  assez  dans  le  présent  ;  efie  formait  comme  un  corps 
dissemblable,  une  armée  pleine  de  vie  et  des  chefs  sans  activité,  et, 
pour  tout  dire  en  un  mot,  une  tète  d'invalide  sur  des  jambes  de 
:|)arlisan. 


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B9PUT   DES  DECX   AKMÉES.  145 

L'esprit  de  l'AHemagne  da  nord  secondait  cette  levée  de  boucliers 
de  la  Prusse  ;  on  trouvait  dans  la  Saxe,  daos  la  Heste,  ua  Bentimeot 
de  résistance  et  de  nationaiité  exalté  alors  à  un  haut  point  ;  si  l'Alle- 
magne méridionale,  ramollie  par  mille  causes  diverses  ,  avait  subi  le 
joug  ;  si  le  Wurtemberg,  la  Bavière,  Bade,  s'étaient  liés  à  la  coafé- 
dératîoD  du  Bhin,  à  cepointmémequelegrandHluc  de  Wurtzbourg, 
le  frère  de  l'empereur  d'Autriche,  avait  signé  le  pacte  fédératif,  il 
n'en  était  pas  de  même  de  la  Saxe,  de  la  Hesse  et  des  populations 
pruaàennes jusqu'à  la  Baltique.  Lessoldatede  la  vieille  Prusse,  depuis 
les  campagnes  de  Frédéric,  professaient  un  grand  mépris  pour  l«s 
Autrichiens  ;  il  y  avait  des  antipathies  nationales  ;  ib  ne  se  croyaient 
pas  de  la  même  lignée.  La  campagne  d'Ulm  et  d'Austerlitz  avait 
encore  fortifié  ce  sentiment  :  les  Autrichiens  étaient  l'objet  de  tous 
leurs  sarcasmes;  mélange  de  la  race  italienne,  on  ne  les  considérait 
pas  comme  Allemands  ;  il  y  avait  dans  les  universités  de  la  Prusse  et 
de  la  Saxe,  à  Leipzig,  à  léna,  h  Erfurth,  une  fermentation  indicible  ; 
on  s'indignait  du  joug  des  Français.  La  poésie  colorait  tous  les  pam- 
phlets lancés  contre  ces  conquérants  insatiables  qui  débordaient  sur 
la  Germanie  pour  lui  imposer  des  lois  étrangères. 

Des  publications  circulaient  dans  les  cités  et  les  campagnes  pour 
appeler  les  vieux  Germains  à  l'indépendance  * .  Kotzebuë,  l'auteur 

■  H.  de  L«roicst  cherclwit  k  déiournn  une  Buene  d«  codition,  en  eiciUDt  Ue 
rivalités  de  l'Aulricbe  et  delaPrass«;TOicî  canunent  il  explique  lU.  de  HaugviU 
l'esprit  de  U  confèdirt^on  du  Hhin  : 

a  Le  sueceaseur  de  Bodolphe  de  Habsbourg  doit  oe  voir  qu'avec  peine  la  dignité, 
1b  coDsidéraLon  de  M  maison  affaiblies  par  la  perle  de  ta  couronne  impériale  et  par 
la  Bnppression  de«  juridictious  qu'il  cxefçait  eu  qualité  de  chef  de  l'empire  romaIi>- 
gerroaDique.Ilest  naturel  que  l'union  de  tant  de  princes,  dont  les  anciennes  olTeiises 
et  les  nouvelles  conquêtes  font  des  ennemis  irrécouciliables  de  la  cour  de  Vienne, 
fasse  concerolr  au  monarque  dépouillé  d'un  grand  lustre,  des  sentiments  haineui, 
des  Eoupfons  <(  des  craintes;  mais  qn)  pourrait  inspirer  au  roi  de  Prusse  de  la  jalou^ 
ou  des  ombragea?  La  confédération  n'a  eu  pour  but  que  d'enlever  k  l'empereur 
d'Autriche  les  moyens  de  s'ingérer  dans  les  affaires  des  différents  Étals  gvmaniques, 
et  de  mettre  le  dernier  sceau  à  rouTTSgeconiniencé  avec  lant  de  soins,  de  sollicitude 
et  de  peisévéraoce  par  le  cabinet  prussien,  et  puissamment  favorisé  par  la  destrac- 
tion des  sonverainelés  ecclésiastiques.  Chacun,  pour  consolider  cet  ordre  de  cbosea, 
ne  doit-il  pas  se  prêter  à  ce  qui  peut  seul  contribuer  désormais  an  reposetàlasdreié 
commune?  Frédéric -Guillaume  n'a-t-U  pas  d'ailleurs,  par  l'alliance  récemment 
conclue  à  Paris,  pris  enveis  Napoléon  l'engagement  formel  de  garantir  toutes  ïea 
fitipulaiions  du  traité  de  Presbonrgl  La  confédération  du  Rbin  en  est  le  complément, 
et  c'est  sur  eeUe  base  qu'elle  repose.  Sou  excellence  peut  être  assurée  qu'sulaDi 
ccue  confédération  esl  disposée  à  assurer  et  k  mainlenii  au  besoin  par  les  armai 


îdbyGoOgIc 


146  LA  nnssB  et  la  fkakci. 

popalaire,  publiait  de  reiDarqnables  liiTCS  contre  les  Fraocaïi  et 
l'empereur  Napoléon  ;  la  mbcae  plume  qui  écrivait  iliêantkropie  tt 
repmiir,  ce  drame  qui  arradiait  tant  de  larmes,  raiaait  battre  les 
poitrines  allemandes  aux  noms  de  patrie  et  de  liberté.  Si  Goëtiw, 
homme  paisible  et  doux,  se  résignait  à  des  distractions  ée  théâtre, 
comme  Schiller  à  Weimar,  Gentz,  Kotiebuë  faisaient  une  polémique 
ardente  pour  démontrer  les  misérables  conditions  que  les  Français 
avaient  faites  h  ces  peuples  Qers  et  généreux.  «  Le  tem^  était  venu 
de  secouer  le  Joug  :  aux  armes  pour  la  patrie  allennnde,  noble  vierge 
dout  la  couche  était  souillée  par  l'étranger  \  »  La  PniSGe,  A  la  tète 
de  ces  exaltations  patriotiques,  entraînait  les  popuUttions  de  ta  Saxe 
et  de  la  Hesse  ;  l'union  germanique  se  formait;  die  avait  vonh 
opposer  une  digue  par  les  électorats  du  nord  à  la  confédération  dn 
Bhin  qui  n'embrassait  que  le  midi  ;  sa  politique  se  résumait  en  ceci  : 
«  Nationalité  allemande,  >  et  ces  mots  devaient  trouva  de  Técho 
dans  les  imaginations  ardentes  des  universités;  Is  Prusse  avait  pour 
die  le  peuple;  Napoléon  dominait  quelques  ministres  aSnUis  ou 
corrompus,  les  rois  et  les  électeurs  qui  avaient  brisé  leur  ^>ée. 

Il  était  vrai  que  Toccupation  française  devenait  de  jour  en  jour  jim 
pesante  en  Allemagne.  Après  le  traité  de  Presbonrg,  l'amée,  sous 
ses  glorieuses  aigles,  aurait  dû  repasser  les  frontières  du  Rhm  pour 
venir  prendre  ses  garnisons  en  France  ;  les  ordres  de  Napoléon  l'arr^ 
tèreot  dans  son  mouvement  rétrograde.  Au  moindre  prétexte  l'empe- 
reur faisait  séjourner  ses  armées  sur  le  territoire  étranger  ;  il  les  f 
laissait  pour  épargner  son  trésor  ;  et  d'ailleura  le  cabinet  des  l'uileriâi, 
avecflesDottoiueiactessiirlaPniflBe,8avaitque  la  guerre  éclateraitavec 
violence,  et  les  corps  d'occapotion  étaient  disposés  pour  onentrée  m- 
médiate  eu  campagne  ;  Berthiercommandaït  la  belle  armée  de  France 
âef)uis  Bade  jusqu'à  DuHeldortT,  et  de^is  Francfort  jasqu'i  Nurem- 

IfndT'pendWCT ,  frnlt  précieni  de  ce  twil* ,  lotent  les  conKdérèa  unit  éloigna  de 
TOoIoh-  porter  «teiuW  k  ceHe  des  amm  peuples.  Quant  i  l'ewiperew,  qu[  povmA 
lui  supposer nmcntion  d'eboser  del'aulerilé  que  cm  mém«s  coRrMM«hu  au  libre- 
ment  et  HpontaDément  accordée  T  Protiger  lenra  ËUt»  est  son  unique  drsir,  ettl 
n'étendra  pas  cette  protection  plus  loin,  tant  que  d'antres  someniiiB  d'AiiemagM 
■e  h  Eoll[cileront  pas,  L«  roi  de  Frum  stt  donc  libre  d'orgamaer,  ti  etla  lui  eon- 
vitra,  tme  etmfideration  dei  ÈtaU  upttnirionaux  dt  l'ÂHemagiie,  4j  tiHnpKain> 
■es  princes  qui  suivcol  la  mOmc  direction  pcdltiqtie  que  lui,  d'en  devenir  le  cbef  de 
ravea  de  ses  alliés  ;  rtmpenur  IfapoUon  ny  mttlrait  aucun  obamU.  »  (QniHiii- 
■tntion  de  H.  de  Lahrest  an  comte  de  Baug«jw.j 


îdbyGoOgIc 


UT 

kerg,  observant  tons  les  monvemeats  de  l' Alleraagne  ;  fMmr  la  premlèn 
fois  les  contingents  de  la  confédération  ia  Rhin  furent  appelét  comme 
•Dxiliaires  ;  ib  denùent  opérer  au  nord  contre  la  Prussiens,  et 
NapoIèoD  écrivit  de  sa  main  A  l'électwr  de  Bavi^  pour  l'ioTïter  i 
rtanir  ses  divisions  * . 

Les  géoénax  et  l'armée  vîTaot  comme  eu  pays  conquis,  frappalait 
arbitrairemeiit  des  contributions  soas  prétexte  de  faire  vivre  les  bo)> 
dats,  et  Francfort,  la  ridie  cité  de  tanqoieis  et  de  juib,  se  souvient 
encore  de  la  présence  da  maréchal  Augerean  ;  4,000,000  de  florins 
,  durent  étee  psy^  avant  huit  joun,  et  <3et  ordre  fut  donné  avec  ce 

•  IMmi»S.M.Vimpmit^4tPrançait,iioid-ltatU.àS.M.Unié»MaeiiM, 
<  MonsifBT  moB  tArt,  il  ;  ■  plus  d'un  rooig  que  It  Fruwe  amiB,  et  11  est  conoit 

4a  lont  le  monde  qu'elle  arme  contre  la  confédirttion  du  Rhin.  Nous  cbercboni  lea 
aollb  nos  pouvoir  les  pénélreT.  Les  lettres  que  S.  H.  prussieoDe  dois  icijt  N>nt 
«■IcMhK,  MB  ulnlcire'des  lirait»  Arangéns  a  HttiUi  notre  MtToj^ettrMinUMire 
«1  ■iwiniin flénipaUntiaire qu'elle McaBoaicHU la  eaDTédératioD au  RUn, et tu'dk 
■'mit  rim  i  ohiectcr  contre  les  anangemenle  fûts  dans  le  midi  de  rAllomagoet 

■  Les  amemeols  de  It  Prusse  sont-ils  le  rèsulttt  d'une  coaliiiou  avec  la  Busale, 
«BScnlemat^es  Intiigncs  éet  dMKrenls partis quieiimna  à  Berlin,  M  dcrirriBtxlon 
4u  talHii«tOM-ilepaaT«bj«dei(arceTlaB«Hae,  Uteust  la  rWea  basfialiqatt 
i  ceniiaciar  des  liens  que  ces  itai  deiniires  pnlBstuces  paraissent  ne  pas  vouloir 
famieTT  La  Prusse  voudrait-elle  nous  obliger  nous-mêmes  à  nous  départir  delà  di- 
dantiini  que  nous  avons  Taiie  :  que  les  Tilles  huBéatiques  ne  pourront  entrer  daaa 
«■BaaeeoBlièdérailm)particallin;-4éclK«SlMi  findée  wr  l'iuiMt  du  eomnjbmâe 
la  Fnaceet  «ha  midi  de  ].AIkmafiH,«i  sur  ce  quel'AogleterK  mus  a  fak  Donaalue 
qw  l«at  changement  dans  la  silustion  présente  des  vîUee  hanséatiquce  serait  un 
«beiacle  it  plus  k  ta  paix  généraleT 

•  ffon*  avens  aussi  dédbrt  que  les  priDcea  de  l'ampire  garmaniqne  qui  n'élalast 
peint  can|>iB  àm»  la  coHiiMéraaiag  du  Uiin  <devaiwl  tin  malUes  da  ne  cMsullar 
qne  leurs  inl^réls  et  leurs  convenances;  qu'ils  devaient  se  Tarder  comme  parfotte- 
m«it  libres;  que  nous  ne  rerions  rien  pour  qu'ils  entrassent  dans  la  conrédération  du 
■Un  ;  mais  que  -nous  ne  «nilTririODa  point  que  qai  qne  ce  lui  les  Torcât  de  ftlre  ce 
^■i  mnU  centraire  i  lew  volanié,  à  tear  ^Uiique.,  ant  tuMts  de  Icun  pe^Ue. 
Cette  déclaulion  ai  juate  auniv«Uc  bteisi  lacaliiiict  deSerlin,  et  voudrait-Il  nass 
oUgtr  i  la  rétraclerT  Eau«  tous  ces  moUb ,  quel  peut  £tre  le  véritable!  Nous  ne 
•mrioos  le  deviner ,  et  l'avenir  seul  pourra  rin-tter  le  secret  d'ttnc  condalle  anaii 
étrange  qu'elle  était  inauendue.  Nous  avons  été  un  mois  sans  j  Taire  alteiiliou.  Noire 
incessibilité  «'a  lait'qu'enlMirdir  ions  lesibnii>iUonS'qui«eiileatpr^i[rit*r  la  BMr 
ém  Aeriiu  dans  la  latte  la  plus  inconsidérée. 

B  TOBtefbialesermemettlsde  la  Prusse  (Oit  amené  le  cespréni  par  l'uadeaartldM 
4b  mité  du  ii  juillet,  ei  nous  croyons  néceaatice  que  tous  les  aouveralna  qui  cem- 
posent  la  eonfèdéralioB  du  Rhin  arment  pour  défandre  na  btéf^  pour  garantir  hd 
territoire  et  en  maintenir  l'inviolabiliié.  Au  lieu  de  200,000  hommee  qna  la  Fraaca 
«atdiHgée  de  rroralr,  elle  en  Itnmiira  300,000,  et  nous  vewHia  d'ordonner  qne  Ita 
troupes nttoaolinn  paur  compléter  ce  nombre  soient  transportées  en  posie  sut  le  bw 


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148  u  raossB  nr  la  fhakcz. 

commandement  impératif  du't«nps  de  la  répablique,  quand  Htalie 
était  dépouillée  des  monuments  des  arts.  Le  pouvoir  militaire  le  plus 
oppressif  fat  celui  du  maréclial  Bertliier,  alors  prince  de  Neufcbftlel, 
qni,  de  son  quartier  général  de  Nuremberg,  se  chargea  en  Allemagne 
d'une  triste  et  fatale  inquisition;  je  répète  que  l'esprit  national  s'était 
réveillé  dans  toute  la  Germanie;  la  presse,  toujours  en  avant  des  idées, 
avait  admirablement  servi  cette  répulsion  contre  les  Français,  les  op- 
presseurs de  l'Allemagne  ;  les  protestations  poétiques  et  les  pamphlets 
ardents  circulaient  partout;  les  journaux  de  Berlin, de  Dresde, i)e 
Leipzig,  étaient  remplis  de  chants  nationaux  inspirés  par  l'esprit 
républicain  et  par  le  vieux  patriotisme  allemand  ;  on  invoquait  los 
souvenirs  d'Arminius,  dontlesbaliadescélèbrentrantiqueet  forte  résis- 
tance; ici  les  gémissements  de  l'Allemagne  en  pleura  se  faisaient 
entendre,  là  Gentz  faisait  vibrer  toutes  les  souffrances  de  la  nation 
abaissée.  Il  n'était  pas  un  professeur  d'université ,  il  n'était  pas  une 
gazette,  qui  ne  s'indignftt  de  l'oppression  cruelle  que  Voccupatton 
française  faisait  peser  sur  elle,  la  presse  libre  réveillait  l'esprit  public, 
et,  comme  toutes  ces  gazettes  étaient  envoyées  k  Napoléon,  le  violent 
empereur  prit  sur-le-champ  une  résolution  impitoyable,  ce  fut  de 
faire  traduire  devant  une  commission  militaire  six  chefs  des  princi- 
pales librairies  de  l'Allemagne,  où  se  publiaient  les  chansons  et  les 
pamphlets  patriotiques.  Le  maréchal  Berthier  exécuta  avec  la  ponc- 
tualité militaire  les  ordres  de  son  mattre  ;  une  commission  de  sept 
colonels  fut  formée  à  Braiinau,  et  le,  par  un  étrange  abus  du  droit  des 
gens,  ces  chefs  respectables  des  grandes  maisons  de  librairie  furent 
condamnés  à  la  peine  capitale,  et  cela  au  sein  d'une  ville  libre,  en 
violant  toutes  les  règles  de  la  juridiction. 

Cinq  de  ces  nobles  victimes  eurent  une  commutation  en  des  peines 
infamantes.  Le  sixième  avait  nom  Palm,  père  de  famille,  à  peine  égé 
de  quarante  ans;  il  fut  exécuté  impitoyablement  trois  heures  après 
la  sentence,  sur  l'ordre  exprès  de  Napoléon.  La  lettre  de  l'empereur 

BhÎD  ;  les  ironpes  de  V.  U .  étani  tonjours  restées  sur  le  pied  de  gaem,  dcus  iniiioEi* 
T.  H.  à  ordonner  qu'elles  soient  mises,  sans  dilsi,  en  ^t  de  marcher  vite  tous 
leura  ^nipages  de  cunpagoe,  et  de  eoncouTir  h  la  défense  de  la  cause  cominiuit, 
dont  1e  Bnccèt,  nous  osodb  le  croire,  répondra  h  la  juaUee ,  si  lontefiris,  contre  du 
désirs  et  même  contre  nos  «apérancra,  la  Prusse  nous  met  dans  la  néceseité  de  re- 
pousser l«-force  par  la  toiet, 
»  Sur  ce,  nous  prions  Dlao,  mon  Mrt,  qu'il  tqus  ait  en  sa  sainte  et  digne  gudt> 

*  îlAFWâoN.  a 


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BBPSIT  DBS  DEUX   ARMiSS.  149 

k  Bertbier  était  inflexible  ;  d'après  lui ,  il  fallait  un  exemple  ponr 
comprimer  les  gazetiers,  et  saiu  retard  Bertbier  dut  faire  condamner 
le  libraire  Palm  *.  Napoléon  lui  portait  une  haine  particulière ,  cor 
Palm  était  républicain,  et  le  propagateur  le  plus  zélé  de  toutes  ces 
brocbures  qui  soulevaient  l'esprit  de  l'Allemagne  :  il  agit  avec  lui 
comme  avec  Ceracchi ,  Topino-Lebrun ,  martyrs  de  ta  foi  démocra- 

'  Ptlm  fnt  fosilli  le  35  «o6t,  d'apris  un  jugement  dont  le  d^but  portait  :  ■  Con- 
sidcraul  que,  partout  où  il  j  a  une  armée ,  lo  premier  et  le  plus  puissant  devoir  du 
cher  e^I  de  veiller  i  ea  sûreté  et  i  sa  conservation;  que  la  circulation  d'écrits  provo- 
guani  à  la  révolte  et  à  l'assassinai  menace  non-seulement  la  sAreié  de  l'armée,  mab 
même  celle  des  nations;  que  rien  n'est  {dus  urgent  que  d'arrêter  les  progrès  d'une 
doctrine  altenlatoire  au  droit  des  geni,  au  respect  dA  aux  tètes  couronnées,  iotu- 
rieasc  aui  peuples  soumis  à  leur  gouTerneraent,  eu  un  mot  subversive  de  tout  ordre 
et  de  toute  subordÎDStion;  la  commission  a  nnanimement  déclaré  et  déclare  que  tous 
auteurs,  imprimeurs,  colporteurs  ou  distributeur»  de  libelles  portant  les  caractères 
ci-dessuii  énoncés  doivent  Un  r^ardés  comme  atteints  et  convaincus  du  crime  de 
haute  trahison.  En  conséquence,  etc.,  etc.  o 

On  publia  à  HuDÎch  l'avis  suivant  : 

■  Par  ordre  de  S.  H.  l'empereur  Napoléon,  il  a  été  établi  le  2S  aoAt ,  à  Brattoan, 
une  commission  militaire  lïançalse,  pour  juger  les  auteurs  et  distributeurs  d'écrits 
i«ditieui.qui  tendent  titrer  les  esprits  des  habitants  du  sud  de  l'Allemagne ,  klet 
«ici ter  i  t 'insurrection  contre  les  troupes  françaises,  et  principalement  à  porter  les 
troupes  ellK-mJmes  i  la  désobéissance  eli  l'oubli  de  leurs  devoirs  envers  leur  sou- 
versia  lépttme.  Plusieurs  Individus  Turent  arrêtés,  convaincus  et  condamnés  imiMrt. 
La  propagation  de  tels  écrits,  dans  un  pajs  où  une  armée  étrangère  cantonne ,  fut 
toujours  coDSidérée  comme  une  action  crimindle  et  éminemmcut  punissable  :  un 
tribunal  militaire  ordinaire  cAt  dans  tout  autre  temps  fait  mettre  k  mort  les  cod- 
pnble!.  S.  A.  le  prince  de  Neufchàtel,  voulant  donner  à  ce  procès  toute  la  solennité 
pœihle,  ordonna  aui  marèchaui  de  l'empire  qui  commandent  en  Allemagne  de 
cboisir  dans  leurs  différents  corps  les  colonels  les  plus  recoramaDdebies  par  leur 
pToUié  et  équité,  pour  former  cette  commission  militaire,  laquelle  fut  composée  de_ 
sept  colonels,  et  d'un  adjudant-général  de  la  première  division  du  quatrième  corps 
de  la  grande  armée. 

•  Quoique  sii  individus  eussent  été  condamnés  h  mort,  coarorméroent  aux  lois 
générales  de  la  guerre  et  au  code  militaire  de  l'empire  franfais ,  un  seulement  a  été 
(léculé;  c'est  le  libraire  Palm  de  Nuremberg,  qui  depuis  longtemps  était  connu  pour 
répandre  les  écrits  qui  avaient  pour  but  de  soulever  les  peuples  contre  leurs  sou- 
verains et  contre  les  Français, 

>  Comme  il  j  avait  des  circonstances  atténuantes  en  faveur  des  autres  personnes 
impliquées  dans  ce  procès,  l'eiécution  de  leur  jugement  fut  diCTêrée,  et  la  sen- 
tence de  la  commission  militaire  fut  envojée  k  9.  M.  l'empereur  Napoléon  par  un 
courrier  parti  de  Uunicb  le  27  août.  Nous  apprenons  aujourd'hui  [10  septembre^ 
que  S.  H.  l'empereur  et  roi,  considéraoi  que  ces  personnes,  nommÉmenl  UU.  Jo> 
>cph  Schuderer,  de  Doaawerth  ;  Uerket,  de  Ncckerse-Ulm  ;  et  Frédéric  Jeuiscli, 
t  iHBmis  d«  la  veuve  Staage,  libraire  k  Augabourg,  ont  plutAl  répandu  des  écrits 
lé^gés  contre  sa  penonne  que  des  écrits  qui  excitent  le  peuple  au  meurtre,  n'* 


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]&0  LA   PairSSE   BT   LA  FBAKCR. 

tique  sous  le  consulat.  Cette  exécution  terrîMe  fit  voir  à  ce  peuple 
son  abaiœemeot,  et  il  étsit  inouï  qu'une  armée  d'occupation  en  pays 
neutre  frappât  de  mort  un  libraire  dont  le  crime  était  d'avoir  publié 
quelques  brochures  politiques.  Le  léveil  vînt  plus  tard;  l'esprit  patrio- 
tique triompha  en  1813,  et  une  des  causes  de  la  ruine  de  Napoléon 
fat  précisément,  en  Allemagne,  llndignation  qu'avaient  excitée  contre 
lui  les  exécutions  militaires  des  époques  victorieuses  ;  l'image  san- 
glante de  Palm  fut  portée  sur  les  étendards  des  hussards  de  la  Hort, 
levés  par  le  prince  de  Brunswick-t^Slâ  ;  les  universités  jurèrent  de  le 
veng^. 

Une  ballade  allHoande  fut  écrite  sur  le  digne  libraire  Jean-Phi- 
lippe Palm,  martyr  de  la  liberté  ;  je  l'ai  lue  encore  à  Nurembei^,  en 
f«ce  de  la  poétique  ^lise  de  Saiot-Sebald  ;  voici  ce  que  dit  le  poëte  : 
«  Enfant  de  l'Allemagne,  quel  était  ton  crime  ?  Pourquoi  l'empereur 
des  Français ,  au  panache  sanglant,  t'a-t^l  jeté  son  suaire  de  mort 
■ur  la  tète  ?  Quoi  1  les  enfants  des  Gaules  n'ont  pas  eu  piUé  de  toi  ! 
quoi  1  leurs  yeux  ne  se  sont  pas  couverts  (te  larmes,  lorsque  nos  jejoes 
mères  allemandes  aux  cheveux  d'or,  tenant  leurs  enfants  dans  lean 
bras,  se  sont  agenouillées  devant  l'impitoyable  gouverneur  I  Palm,  la 
charrette  où  tu  fus  ignoblemeot  traîné  est  plus  belle  que  le  char  d'or 
de  ton  assassin,  tu  es  le  martyr  de  l'Allemagne,  et  le  sang  qui  l'a 
régénérée  '.  » 

Si  Napoléon  proscrivait  avec  tant  d'acharnement  la  presse  patrio- 
tique de  l'Allemagne,  il  laissait  les  caricatures  parisiennes  poursuivre, 
avec  leurs  crayons  spirituels  et  moqueurs,  les  souverains  et  les  peu- 
ples de  la  Germanie.  Déjà,  lors  de  la  guerre  d'Autriche,  les  vendeurs 
d'images  avaient  tourné  en  ridicule  l'empereur  François  II  et  son 
jeune  et  brillant  allié,  Alexandre  de  Bussie  :  on  les  représentait 

«faille  dans  celte  occMion  que  la  *oîi  d«  as  clémence.  En  conséquence,  sa  mBJesté 
a  ordonné  que  ces  personnes  seraient  etTranchies  de  la  peine  pronone^  contre  elles 
|i8r  la  commission  militaire,  et  remises  à  leur  gouvernement  respectir,  pour  icre- 
voiries  corrections  queleors  souverains  croiront  devoir  leur  inSiger.  b 

'  Le  crime  de  Palm  surtout  était  d'avoir  publié  et  répandu  la  brochure  de  U.  de 
Ocnt2  sous  le  titre  de  :  L'AUemagne  dam  Mon  profond  abaïMatnmt.  Des  souscrip- 
tions furent  ouvertes  en  Allemagne,  en  Russie  et  en  Angleterre.  Pour  des  détail.^ 
sur  Palm,  lisci  l'eiceUentE  brochure  da  c«mte  de  Soden,  sous  le  titre  :  Jean-Phi- 
Uppt  Palm,  libraire  à  IfttTtmbarg ,  exieuU  par  ordrt  dt  PfapoUon,  1814,  en 
allemand,  i  la  librairie  de  Stein.  C'eal  le  nom  da  la  maison  que  Palm  avait 
dirigée. 


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151 

comme  de  gros  enfants,  soos  la  tutelle  de  t^tt.  qui  leur  Jetait  dei 
bounes  d'or;  !a  reine  de  Prusse  était  reproduite  soos  les  traits  de 
madame  Ai^t;  Alexandre  avait  na  booirelet  en  tète  ;  l'armée  russe 
s'ayançait  k  cheval  sur  une  tortue,  et  le  roi  de  Prusse,  bléme  comme 
la  mort,  recevait  le  fouet  de  sa  femme  * .  Napoléon,  écrivain  si  Terme, 
si  émineot  lorsqu'il  le  voulait,  n'avait  pas  dédaigné  de  rédiger  dei 
pamphlets  contre  l'Earope  coalisée,  et  les  souverains  qu'il  devait  pliu 
tard  traiter  comme  des  frères  et  des  alités  les  plus  intimes.  Ces  écrits, 
ces  caricatures  avaient  en  France  plus  d'importance  qu'en  Angleterre, 
où  la  presse  est  libre  et  le  gouvernement  sans  responsabilité;  il  n'en 
était  pas  de  même  à  Paris,  oà  tout  s'imprimait  par  l'ordre  de  la 
police.  L'empereur  était  donc  politiquement  responsable  des  insultes 
de  la  presse,  et  dès  1806  elles  CMameDcèrent  avec  vigueur  contre  la 
Prusse  et  les  alliés  qui  lui  prêtaient  appui.  Sans  doute,  le  crayon  mo- 
queur pouvait  se  rire  de  ces  vieux  généraux  et  de  ces  troupes  si  roides, 
ai  compassées,  qui  avaient  encore  conservé  les  méthodes  du  grand 
Fl^déric  ;  mais  ce  qu'il  j  ent  d'indigne  dans  ces  productions  de  police, 
c'est  qu'elles  s'attachaient  avec  nn  indicible  acharnement  i  la  jeune  et 
patriotique  reine  de  Pmase ,  à  cette  noble  Loulse-Augnsta ,  l'idole 
populaire  de  l'Allemagne.  Qu'on  pût  l'attaquer  comme  l'ennemie 
implacable  de  la  France,  c'était  le  drtHt  de  la  guerre  ;  la  polémique 
légitime  pouvait  bien  briser  son  système,  bouleverser  ses  Idées  ;  mala 
qu'on  saitt  par  d'inf&mesimages  la  réputation  d'une  reine.d'nnefemme, 
dont  le  tort,  aux  yeux  de  Napoléon,  était  de  rester  Prussienne  et  n»< 
tionale,  c'était  là  une  de  ces  tristesses  du  caiTiclérede  la  police  impériale, 
qui  formait  un  contraste  avec  la  grandeur  de  Napoléon  et  la  magni- 
ficence de  ses  œuvres.  Après  avoir  employé  ces  calomnies  contre 
François  II,  on  les  renouvela  contre  la  reine  de  Prusse,  sans  respect 
pour  le  caractère  saint  d'une  héroïne  qui  mourut  de  douleur  en  face 
de  sa  patrie  abaissée. 

Indépendamment  de  ses  moyens  militaires  en  Allemagne,  l'empe- 
itnir  ne  renonça  point  k  la  méthode  d'un  grand  espionnage  habllo- 
ment  organisé  par  Berthier  et  Foucfaé.  Les  juifs ,  si  nombreux  au 
■delà  de  l'Elbe ,  jouèrent  on  réle  actif  et  très-utile  à  Napoléon  ;  Ils 
étaient  en  btise  aux  populattons  dirétiennes,  on  les  humiliait  par- 

'  Ces  cariutuns  eiiatent  encore  dans  la  collection  dca  nUmpM  [Blbllothèqu 


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15S  LA  PRDSSE  ET   LA   FSAKCB. 

tout;  en  AUemagne,  l'israélîte  itait  considéré  comme  une  ctwe 
proscrite  et  soumise  h  la  servitude  ;  chez  ies  juifs  allemands  il  n'y  a 
aucun  instinct  généreux,  ils  pressurent  le  peuple  comme  dans  le 
moyen  Age,  et  le  peuple  les  poursuit  de  ses  répugnances  et  de  ses 
mépris,  d'où  il  résulte  une  certaine  bassesse  de  caractère  chez  l'israé- 
lile;  gogner  de  l'argent,  c'est  son  but,  il  s'enrichit  de  toutes  les  ma- 
nières, comme  au  xui°  siècle  et  au  temps  des  croisades.  Dus  les 
premières  campagnes  de  Pichegru  et  de  Moreau,  les  juifs  furmties 
auxiliaires  de  l'armée  française;  ils  visaient  it  l'émancipation,  et  on 
leur  donnait  de  l'argent.  Napoléon  ne  les  oublia  point;  il  futadmin- 
blemeut  aidé  par  La  synagogue  ;  sous  prétexte  d'interpréter  le  droit 
mosaïque,  l'empereur  avait  convoqué  à  Paris  le  grand  sanhédrin,  qui 
tint  ses  séances  dans  l'année  1806.  et  cette  assemblée  fut  pour  lui  un 
moyen  de  communication  en  Allemagne.  Les  juifs  sont  tous  en  cor- 
i-espoiidance  ;  il  en  était  venu  de  toutes  les  rives  du  Rhin  ;  l'empereur 
s'occupait  beaucoup  d'eux,  moins  pour  moraliser  leur  caraclëre  que 
pour  l'exploiter  au  {H-oGt  de  ses  années.  Dès  que  la  guerre  fut  réso- 
lue, il  mit  les  juifs  en  campagne,  depuis  Strasbourg  jusqu'à  Berlin  ; 
l'espionnage  fut  bientdt  organisé  sur  une  taste  échelle  et  dans  uoe 
silencieuse  unité ,  à  Dresde,  &  Leipzig,  à  léna;  et  tandis  que  l'élu- 
diant  d'université,  libre  et  moqueur,  insultait  l'israélite,  celui-ci 
pénétrait  dans  les  secrets  de  tous  les  mouvements  militaires,  et  Ten- 
dait pour  des  nap(déons  d'or  les  résolutions  des  cabinets  et  les  plans 
de  campagne  des  armées. 

Depuis  le  mois  d'août  Napoléon  avait  jugé  la  guerre  avec  la  Pnisc 
inévitable,  et  dans  cette  pensée  il  avait  écrit  k  Berthier  pour  con- 
centrer les  corps  militaires  restés  en  Allemagne,  de  manière  i  écraser 
l'armée  prussienne.  Quels  que  fussent  ses  engagements  pris  enven 
l'Autriche,  l'empereur  s'était  gardé  d'évacuer  les  bonnes  positions 
prises;  il  voulait  être  prêt  dans  toutes  les  hypothèses  d'une  campagne. 
Les  rrançais  étaient  alors  sept  corps  au  grand  complet  sur  diveis 
points  en  Allemagne.  Le  maréchal  Augereau,  qui  n'avait  pris  qu'une 
part  très-incertaine  dans  les  dernières  opérations,  tenait  la  clef  àe 
cette  occupation  militaire  à  Francfort.  Il  avait  olors  sous  lui  tto» 
divisons,  formant  20,000  hommes;  son  quartier  général  s'étoidait 
de  Francfort  à  Wurtzbourg,  et  en  moins  de  cinq  jours  la  concen- 
tration pouvait  s'opérer.  Bemadotte  soutenait  le  corps  d'Augcreau, 
en  occupant  le  vaste  territoire  de  Nuremberg  et  la  principauté  de 


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ESPftIT  DBS  DEETX   ABHÂBS.  153 

Bamberg;  il  e.Ytit  fixé  son  quartier  général  à  Anspach.  Le  maréchal 
Lannes  manœuvrait  dans  la  Francoaie,  se  liant  au  maréchal  Auge- 
reau  par  Wartzbourg  ;  il  tenait  son  quartier  général  avec  somp- 
iDonté  dans  le  palab  du  commandeur  de  l'ordre  Teatonique. 
Davonst  surveillait  la  rive  gauche  du  Danube,  tandis  que  Ney  gardait  la 
rive  droite,  s'élendant  jusqu'au  Tyrol,  en  face  de  l'Autriche.  Le  mai^ 
chai  Soult  protégeait  la  basse  Bavière  et  le  cercle  de  Fassau  ;  beau 
centre  d'opérations  pour  se  porter  sur  toutes  les  lignes.  Napoléon, 
qai  voulait  contenir  l'Autriche,  avait  ordonné  de  ne  point  livrer  la 
place  de  Braûnau,  si  importante;  le  maréchal  Lefebvre  devait  la  sou- 
tenir par  Augsbourg  et  la  haute  Bavière.  Dans  le  cas  d'une  guerre 
avec  la  Prusse,  ces  corps,  évidemment  trop  dispersés,  opéraient  un 
mouvement  de  concentration,  et  Berthier  reçut  les  ordres  de  prési- 
der h  cette  marche  régulière  de  l'armée  française,  entourant  la  Prusse, 
par  un  mouvement  des  extrémités  au  centre.  Plus  de  160,000 
hommes  de  troupes  d'élite  entraient  en  pays  ennemi. 

Dans  la  prévoyance  d'une  guerre  considérable.  Napoléon  avait 
ordonné  la  formation  d'un  camp  de  manœuvre  à  Meudon  ;  il  se 
composait  de  la  garde  et  paraissait  destiné  à  servir  de  noyau  à  une 
réserve  que  l'empereur  dirigerait  en  personne  au  milieu  de  la  pro- 
chaine campagne.  Ces  belles  troupes  se  mirent  en  marche,  après 
avoir  salué  la  Saint-Napoléon;  toutes  se  rapprochèrent  dU'  haut 
Rhin,  Mayence  devint  le  point  central  vers  lequel  cette  division 
d'élite  dut  converger;  la  vieillegarde  fut  augmentée  de  quelques  nou- 
veaux r^ments.  L'empereur  prévoyait  qu'il  aurait  à  combattre  la 
garde  royale  de  Prusse,  et  un  peu  plus  tard  la  garde  impériale 
d'Alexandre.  Qui  ne  se  souvenait  du  choc  impétueux  entre  les  deux 
gardes  qui  avait  fait  trembler  le  sol  d'Austeriitz?  Il  mit  au  grand 
complet  les  chasseurs  et  les  grenadiers,  environ  4,500  hommes;  il 
forma  de  plus  des  escadrons  de  dragons  d'élite  incorporés  dans  la 
garde.  Cette  arme  n'était  point  encore  représentée  dans  ce  magni- 
fique résumé  militaire  de  l'armée  de  France ,  appelé  à  veiller  sur  la 
personne  de  Napoléon.  Des  lettres  pressantes  adressées  aux  rois  de 
Bavière,  de  Wurtemberg,  au  grand-duc  de  Wurtzbourg,  au  prince 
primat,  i  tous  tes  associés  de  la  confédération  du  Rhin,  les  invitaient 
h  presser  la  mise  en  activité  de  leurs  contingents  ' .  Augereau  et  Lc- 

'  Kapoléon  dicitil  les  piroln  sninnies  pour  ricapUukr  les  lorU  de  U  Pnuse  : 


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151  LA  PIOSSB  BT  U  nUMCI. 

ld)TTe  ânrent  les  incorporer  dam  leurs  proprea  divisions  pour  op^ 
eosaite  de  concert  mr  les  troupes  prussiennes  qui  se  form&ieutr^ 
dément  axa.  frontières  de  la  Saxe  et  de  la  Hesse. 

Cependant  rien  n'avait  encore  annoncé  officielleoiait  uoe  déctar»- 
tion  de  guerre  ;  comme  dans  la  campagne  d'Autriche,  les  amboasadeuis 
respectifs  demeuraient  dans  lescspitales.  M.  de  Laforest,  parfaitonrat 
traité  à  Berlin,dtnait  avec  le  roi  alors  même  que  tout  retentirait  du 
bruit  des  armes,  et  l'on  remarqua  que  le  vieux  marédial  de  MoUen- 
dorCT  but  è  la  santé  de  Napoléon,  le  15  août,  à  la  table  cki  minîstie 
de  France.  Le  dtner  de  H.  de  Laforest  fut  qplendîde ,  «t  l'on  y  rit 
M.  de  Haugwitz  et  les  ministres  prussiens.  A  Paris  également,  si  le 
marquis  de  Lucchesini  quittait  son  poste,  l'arrivée  du  géu^^l  Kbo- 
belsdorff  avait  rassuré  la  amis  de  la  paix  ;  il  pwtsjt  une  iettre  iuit&- 
graphe  du  roi  de  Prusse  adressée  k  Napoléon  ,  dans  laquelle  il  lui  té- 
moignait des  intentions  bienveillantes  :  «  On  faisait  la  guerre  malgré 

R  La  paix  aTK  U  Russie  conclue  et  signée  le  30  juillet,  des  négocUtians  «Tec 
l'AngleMire,  entamées  et  presque  eondaim  i  leur  malnrilé,  araient  port^  l'alarair. 
i  Berlin.  Les  bniiis  vtgam  qui  tt  multipIliMDt,  at  la  unsdenee  daa  torts  i»  « 
cabinet  eavcra  toutes  ks  puissances  qu'il  arajt  Buecessivemeiit  trabioa,  les  p«i' 
tarent  i  ajouler  crOTance  aux  bruîta  répandus  qu'un  des  articles  secrets  ds 
irallc  cooduaveclaSussie  donnait  la  Pulogne  au  prince  CoMlsntin,  née  le  Hua 
de  roi  ;  la  Sllérie  i  rAatridie  «n  étrange  de  te  partion  swiihhiwnt  de  la 
Pologne,  et  le  Hanovre  i  l'An^etlcnaj  que  ces  trois  pwMuees  étaient  d'acMrd 
avec  la  France ,  et  que  de  cet  accord  résultait  on   danger  immiiiwit  pour  il 

■  LestoftadehPirossaaM^ualarraptewMMMtrieiitàdesjpsqBSBtifttioignéw. 
La  previière  elle  avait  armé  peur  pr»0Mr  de  nas  desacastons  inlealiBBS.  On  la  «ii 
«isuLte  courir  aux  armes  bu  moment  de  l'jnvasiou  du  duc  d'Yodk  en  HolUode  ;  H 
lors  dee  étéDements  de  la  dernière  guMre,  quoiqu'elle  n'eût  aucun  motif  de  mêcao- 
Kaitemaateoati«laFra«ec,  rile«T«a  de  noweaa,  et  sigaa,  kf  oetabrelSOB,  (* 
foneui  traité  de  PoladaB,  qui  fol  un  snois  s^às  ra^leeé  par  le  traité  de  Yieinr. 
Elle  avait  des  torts  envers  la  Russie,  qui  ne  peut  onUier  l'ineiécKtioa  du  toailé  di 
Potsdam,  et  U  conclusion  subséquente  du  traité  de  Tienne.  Ses  torts  coveis  I'ob- 
pereur  d'AIIensgne  et  le  corps  gemanlque,  plus  noiribreui  et  plus  Baciens,  ont  éié 
coow»  de  tous  les  temps.  Gtle  se  tint  toajoars  en  op^oaHiau  avec  la  diète.  QiHBd  \t 
corps  germanique  était  en  guerre,  elle  était  ea  paii  avec  tes  euuamte.  Jamais  ai# 
traités  avec  l'Autriche  ne  recevaient  d'ciécution,  et  sa  constante  élude  était  d'eiciier 
les  puissances  au  combat,  afin  de  pouvoir,  su  moment  de  la  paii,  venir  recaeitl[rl«< 
ftnitsde  son  adresse  et  de  leurs  suoeès. 

»  Ceux  qui  supposeraient  que  laai  de  versatilité  tieU  i  un  dé&ut  de  mwaUlé  dt 
la  part  du  prince,  seraient  dans  une  grande  erreur. 

u  Depuis  quinze  ans  la  cour  de  Berlin  est  une  arène  où  les  partis  se  combatlcat 
et  Iriompiicni  tnur  à  tour  :  l'un  veut  la  guerre,  et  l'autre  veut  la  paii.  Le  moindrr 
événement  politique,  le  phu  l^er  iutiieal,  donne  l'avanlica  à  l'un  ou  i  l'autre  ;  d 


îdbyGoOgIc 


BSPBIT  BBS  MtTX    ABMÉBS.  J55 

Iiv^eoté  do  cabinet;  l'empereur  connaissait  le  caraclire  pacifique 
du  roi ,  tout  pouvait  a'arraoger  par  l'évacuation  de -l'Allemagne  ;  la 
confédération  du  Rhin,  en  donoaut  une  trop  gronde  importance  k 
Napoléon  sur  la  nationalité  germanique ,  menaçait  l'Autriche  et  te 
PniflM  ;  la  paix  était  le  vœu  de  tous,  il  fallait  arrêter  l'effusion  de 
tng  qae  les  hommes  trop  ardents  sollieitaient  comme  un  acte  de 
latriotitme.» 

Le  général  Knobelsdorff  se  faisait  illusion  sur  le  parti  des  jeunes 
fa(HiuBes<|ai,  àBerliu  commeàParis,  sollicitaient  vivement  la  guerre; 
si  en  Prusse  une  jeunesse  ardente  et  patriotique  désirait  la  délivrance 
de  l'AUenagne,  si  une  belle  reine  pasMÎt  la  revue  i  cheval  en  invo- 
qMot  les  mines  da  grand  Frédéric,  k  Paria  aua^,  tout  à  cAté  de  Napo- 
léon, il  s'était  formé  une  opinion  b^liqoeuse  qui  le  poussait  ince»- 
«laent  à  la  gneiTe;  eUe  avait  potv  chef  Murât,  alon  eatouré  d'aides 

It  roi,  au  milieu  de  ce  DiouTemeni  des  pasafoiu  opposées,  au  seio  de  ce  dédale  d'in* 
irigues,  flotte  incertain,  sans  cesser  un  momenl  d'élre  honnEle  homme. 

•  le  11  aoAt,  on  ennrrier  de  M.  le  marquis  de  Lneclieaiai  ■rrin  i  Berlia,  el  j 
parti,  dsas  k<  temei  les  pins  pvaliife,  l'arnsmics  de  eas  prtleadues  diaposili«n 
par tesqndles la  Fiaoca et  la  BiHEie  senieatconTeDuea,  parle  traiii  du  SO juillet, 
■le  rétablir  le  royaume  de  Polo^e,  et  d'enlever  la  Sllèsie  à  la  Prusse,  Les  parlisans 
de  la  guerre  s'enflammèreot  lussilât  ;  ils  firent  violence  aux  seutimeats  personoelti 
dn  roi  ;  quarante  eoiirrien  partirait  dans  um  aede  naît,  et  l'on  conrrit  aai  mm**. 
La  aonvelle  de  cette  ei[dosion  sondaine  parrhtt  à  Paris  ta  Sa  4a  tntaia  mois.  O» 
plaignit  vn  allié  si  crodlonant  abnsé  ;  «■  lut  drana  sarJe-champ  des  eipii  cations, 
des  asaunMaa  ptéeiMa;  cl  comma  ose  aiTeot  mutibsle  était  le  seul  motif  da  ces 
«Meacua  inijpténta,  an  eapéca  que  tes  céOexiaos  calmeraieu  une  effervoGeoea 
■■Mi  pe«  iBMifie. 

■  Ceiwadwila  trakéaiBiiéi  Pvi*  ne  Aitpat  ratïBé  àSaiai-Pélersbourg;  eldes 
KMMigMaMMa  de  tonte»  aspècei  ne  Wd^roat  pas  i  faire  connaître  i  U  Prusse  qnf 
H.  le  maniuis  de  Laecliwai  «nil  poM  ceanasaignamenta  dans  las  Téuoions  le* 
pin»  BMpaclea  de  la  capitale,  et  parmi  lea  luaunes  d'intrifne  qni  eonposaieiit  sa 


■  En  conséquence  il  toi  i^pdé  ;  on  uMOKa  pov  Isl  socc^der  M.  la  baron  dr 
KMbtisdorff,  homne  d'un  eamciéra  pléiade  droiture  et  de  IraDcbiM  et  d'nne  mora- 
lité parfaite.  Cet  envoyé  ntnardiuire  arriva  binatdt  i  Paris  porteur  d'une  lettre  dn 
roidePniMe,datéedB  St  aoAL  Celle  lettre  était  remplie  d'expressiass  obligeant» 
ei  de  dédwations  paeiSquea,  et  l'empoeur  j  répondit  d'une  manière  franche  « 
raasiB«Die.  l*  lendemain  dn  jour  ûii  partit  la  courrier  porteur  de  cette  réponse,  on 
apprit  ^oe  dea  dwnaens  oulngunue  pour  la  France  avaient  été  chantées  sur  k 
■bédtre  de  Bertiu  ;  qu'ausaiiAi  après  le  départ  de  M-  de  Enobelsdorff  les  armemeotoi 
araient  redoublé,  et  que,  quoique  les  huainea  demeurés  de  aang-frold  eussent  rouft 
de  ces  ftossea  alarmes,  le  parti  de  la  pierre,  soufflant  la  discorde  de  tous  cAtéa,  aiait 
ai  bien  eiallé  toutes  les  télés,  que  le  roi  se  ironvait  dans  l'impuissance  de  résistrr 


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156  LA   PRCSSB  ET  LA   FRANCE. 

de  camp ,  rêveurs  enthousiistes  de  fortunes  raeireilleuses  ;  Mont, 
grand -duc  de  Berg,  avait  vu  l'Allemagne  avec  des  yeux  avides;  il  était 
demeuré  quelque  teraps  à  Dusseldorff ,  sa  capitale ,  et  là  il  lai  avùt 
pris  la  glorieuse  fantaisie  de  devenir  roi.  Josepli-Napoléonrétaitbiea 
déjà;  Louis  avait  la  royauté  de  Hollande;  on  résorait  à  JérAnK, 
réconcilié  avec  son  frère,  un  veste  territoire  dans  la  West[Aalie  pour 
lui  créer  une  royauté  ;  et  pourquoi  lui ,  Murat ,  u'avrait-îl  pat  ce 
même  titreT  Nel'avait-il  pas  mérité? Caroline,  la  sœurdeNapotéos, 
ambitieuse,  ardente,  caressait  aus^i  l'idée  d'une  suzeraineté  dont  le 
si^  serait  placé  au  centre  de  l'Allemagne.  Elle  ne  se  contentait  pai, 
elle,  pauvre  fille  de  Corse  aux  cheveux  tressés  d'herbes  marines,  à  U 
ceinture  de  corail  on  de  coquillages  de  mer,  du  titre  de  grand&ducbesw 
de  Berg  et  de  Clèves ,  illustre  nom  qu'avaient  porté  les  premières  fa- 
milles de  l'Europe.  La  manie  de  se  faire  roi  el  reine  avait  pris  tout  le 
monde;  il  ne  leur  suiSsait  pas  défaire  partie  de  la  dynastie  de  Napo- 
léon, ils  voulaient  en  fonder  d'autres. 

Qui  pouvait  donc  empêcher  ce  choc  de  deux  générations  jeunes  et 
fortes  que  des  vieillards,  à  Berlin  et  à  Paris,  voulaient  retenir  en  li- 
n^  '  ?  II  arrive  souvent ,  aux  époques  d'effervescence,  que  les  gon- 

'  À  ce  moment  s'ouvre  la  eormpondaace  diplomatique  entre  H.  de  Tallejnnl 
et  M.  de  Knobelsdorff,  minislre  pruasieB. 

WoU  daU.da  Talltyrand. 

«  Le  soussigné,  ministre  des  relitions  eitérieum,  est  chargé,  par  ordre  eipiis  it 
S.  M.  l'empereur  et  roi,  de  Taire  connaître  i  S.  E.  H.  de  Knobelsdorff,  que  de  non- 
veaui  Tcoseignemenisvenus  de  Berlin,  sous  la  date  des  premiers  jours  de  Bepiembie, 
ont  appris  que  la  garaison  de  cette  ville  en  était  sortie  pour  se  rendre  aai  fhinlièrts, 
que  tous  tes  annements  pariissaienl  avoir  redoublé  d'activité,  et  que  publiquemenl 
on  les  présentait,  k  Berlin  même,  comme  dirigés  contre  la  France. 

B  Les  dispositions  de  la  cour  de  Berlin  ont  d'auUnt  plus  vlreinent  surpris  8.  U. 
qu'elle  était  plus  éloig:née  de  les  présager  d'après  la  mission  de  M.  de  Knobelsdorff, 
et  la  lettre  de  S.  H.  le  roi  de  Prusse  dont  il  était  porteur. 

■  S.  H.  l'empereur  et  roi  a  ordonné  l'envol  de  nouveaux  renfons  i  son  armée;  la 
prudence  lu!  commandait  de  se  mettre  en  mesure  contre  un  projet  d'agression  aussi 
inattendu  qu'il  serait  injuste.  Hais  ce  ne  serait  jamais  que  mal^  lui  et  coDlrt  son 
vœu  le  plus  cher  qu'il  se  verrait  forcé  de  réunir  les  Torces  de  son  empire  contre  une 
puissance  que  la  nature  même  a  destinée  i  être  l'amie  de  la  France,  puisqu'elle  avait 
lié  les  deui  Étals  par  une  communauté  d'Intérêts  avant  qu'ils  Tussent  unis  par  dn 
traités.  U  plaint  t'inconsldération  des  agents  qui  ont  concouru  à  Taire  adopter, 
comme  utiles  et  comme  nécessaires,  les  mesures  prises  par  la  cour  de  Beriin  ;  mais 
ses  sentiments  pour  S.  U.  le  roi  de  Prusse  n'en  ont  été  ni  changés  ni  afTaiblls,  cl  ne 
le  seront  point  aussi  longtemps  que  sa  majesté  ne  sera  point  Torcée  i  penser  que  les 
•rmemenis  de  la  Prusse  sont  le  résultat  d'un  système  d'agression  eomblné  avec  U 


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SS^OT  DBS  DEUX   ABHÉES.  15T 

Tcruements  s'efforcent  de  contenir  les  principes  ou  les  pu^os  qui 
débordent  en  Tace  les  uns  des  autres  ;  tAt  ou  tard  un  grand  hearte- 
ment  éclatera,  c'est  la  loi  des  destinées.  Ce  n'est  que  dans  les  fables  de 
TArioste  que  les  lions  sont  retenus  par  des  lacets  de  soie,  et  les  aigles 
par  de  frûes  réseaux. 

Napoléon  réunit  à  Paris,  au  commencement  de  septembre,  les 
priocipaax  chefs  de  corps  qui  devaient  prendre  le  commandement 
des  armées  françaises,  il  les  consulta  tes  uns  après  les  autres,  AngereaUt 
Soolt ,  Bemadotte  particulièrement ,  sur  t(Hi  plan  de  campagne ,  sur 
les  portions  à  prendre,  sur  le  coup  de  tonnerre  qu'il  roulait  frapper; 
la  pais  lui  paraissait  impossible,  il  fallait  donner  une  leçon  aux  Pm^ 
siens,  ansn  sévère  que  celle  que  l'on  avait  appliquée  aux  Autrichiens 
i  Ulm  et  k  Austerlitz.  Il  ne  leur  dissimula  pas  non  plus  queles  Russes 
avançaient;  ils  arrivaient  lentement,  mais  enfin  il  ne  fellaît  pas  leur 
laisKT  le  temps  de  paner  la  Vistnie  et  de  se  réunir  aux  Prussiens  dans 
nne  campagne.  On  devait  opérer  par  les  mêmes  combinaisons  que 
dans  la  guerre  de  1805  contre  l'Autriche  en  Bavière  ;  malheureuse- 
ment on  ne  serait  pas  à  temps  pour  empêcher  les  troupes  hessoiscs 
et  saxonnes  de  se  réuniraux  Prussiens,  ainsi  qu'on  avait  eu  le  bonheur 

KttHte  eoDin  U  FruM,  et  lonqn  rinlrigne  qui  ptralt  >'4(n  «gUi«  4t  tut  de 
Kunièrcs  Cl  sons  tant  de  toimta  poai  inspiittr  an  cabinet  de  Berlin  des  pr^eotioKS 
contre  son  nMÎlkar  et  son  pins  Sdèle  «Ilic,  aura  cessé;  loisqu'oo  ne  menacera  ^ui 
par  d«  {véparatirs  une  oelioii  que  jusqu'à  celte  heure  il  n'a  pas  paru  facile  d'in- 
tîmidcT.  S.  H.  l'enipnear  regardera  ce  moment  eomtne  le  plus  heureux  pour  Inl- 
iBtaie  et  ponr  S.  Bf .  le  roi  de  Pruste.  Il  sera  le  premier  i  coniremander  les  mouT«- 
■aenis  de  troupes  qu'il  a  dA  ordoDoer,  à  interrompra  des  armements  nilneui  pour 
son  trésor,  et  les  rdations  estra  le*  deux  Ëtats  seront  rétablies  dans  toute  lenr- 
laiimitê. 

m  C'est  sans  doute  une  chose  satJsfaisaDte  pour  le  ccenr  de  sa  majesté  de  n'avotr 
Aoiwé,  ni  directeroeat,  ni  indirectement,  lieu  i  la  mésintelligence  qui  paraît  prèle  4 
éclater  entra  les  deux  itais,  et  de  ne  pouvoir  jamais  être  responsable  des  réanltalK 
de  cette  singulière  el  étrange  lutte,  puisqu'elle  n'a  cessé  de  hire  consianmeni,  par 
l'organe  de  son  enrojé  extraordinaira  et  par  l'or^ne  du  soussiBoé,  tontes  tes  décla* 
rMions  propre*  i  déjouer  les  intrifues  qui,  malgré  ses  soins,  ont  prtTalo  i  Berlin. 
Hais  c'est  en  même  temps  pour  8.  M.  I.  un  grand  sujet  de  réDeilon  et  de  doulenr 
^M  de  songer  que  lorsque  l'alliance  de  )•  Prusse  semblait  devoir  lui  permettre  de 
diminuer  le  nombre  de  ses  iroupM  et  de  diriger  toutes  ses  forces  contre  l'ennemi 
coniBtuB,  qni  est  lusei  celui  du  contineot,  c'est  contre  son  allié  même  qu'dle  a  de* 
précanlions  i  prendra. 

>  Les  dernière*  nouvriles  de  Berlin,  diminuant  beaucoup  l'espoir  que  l'emperenr 
■valt  fondé  sut  la  mission  de  U.  de  KnobelsdorfT  et  sur  la  leltra  d«  S.  M.  le  roi  de 
Fraite,  et  semblant  confirmer  l'opinion  de  ceui  qui  pensent  que  l'armeoenl  de  I^ 


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158  U  NUSSB  et  U  FRAHCB. 

de  l'obt^r  pour  les  BaTorois  dans  la  campagne  de  1805,  qui  fiait  k 
Austerlitz.  Dans  toutes  Les  hypothèses,  il  fallait  se  fa&ter,  et  Napoléoa 
lui-in£ne  se  rendrait  sur  le  Shùt  quand  le  mouvement  de  conceii]i»> 
tioD  se  serait  régulièrement  opéré.  Des  ioitructioBs  précises  furent 
envoyées  sur  tous  les  points  de  la  ligne ,  et  le  mùùstre  de  la  giierre 
demanda  la  levée  de  la  conscription  de  i^l  :  les  gftfde^  iwtionales 
furent  partout  vve*  w  réquisition.. 

U  y  avait  cel4  d'admirable  daus  cette  campagne^que  l'armée  fras- 
CQise  réiwù  sw  le  territoire  allemand  ne  coûtait  rien  pour  sa  solde  : 
die  vivait  m  pa^  alliés  ou  ennemis  ;  il  ne  fallait  pas  des  ressources 
flDaacièrM«litinoFdiaaires.  Les  villes  de  Francfort,  Nuremherg.  Han^ 
bourg,  AnttwdaiB,  coDUibuèrent  à  la  première  mise  de  campagne  ; 
i\  edX  M-  difficile  de  recourir  k  des  ofératioo»  de  banque  dam  la 
tituetion  pénible  où  se  trouvait  le  trésor  :  on  c'avait  pas  dis  mille 
lUVoUoMdîsfonibles.  nanftleapiemiers  jours  de  septembre,  des  com- 
iniuiicatii«na  d'une  nature  plu»  péremptoire  s'établisaeat  entre  L'ambas- 
■adeur  eitf  aordioaire,  le  général  liiwbelsdorS,  et  M.  de  Talleyrand  ; 
leinJi)istre4e^  relation  extérieures  demande  des  explications  sur  !«■ 
anneqtentsquetwtls  Fthbs^:  «U  4  a^ris  que  U  garnison  de  BerUn 


ïmu,  Mua  MWttQft  MflÎMlMii  DfèiMiiei  o'ett  qu*  It.  cûiu4quMiee  K  h  prtwiîw 
diveio^çetireni  duo  gnuèm  cnabiné  «vac  les  «oiiemù  de  la  Fruce,  u  tnajoli  m 
vok  Mifi»  4a  dDiMr  i  aea  fÊif*,ntit»  w  c«i«clèr«  ^énitj  puUic  et  Htiotwl. 
TauldUi,  eUe  ■  vMtlu  que  h  «tu^Mgaé  c|MUi4t  (p^  même  après  U  publjcilâ  dw 
■aura*  «inardinairas  auiqueUafi  sa  a^njesii  a  4A  recouiU,  elle  n'en  «et  paa  mwm 
dtapoaéc  àcMln  que  L'anneiRaqt  de  la  ogur  de  Berlie  s'est  que  l'cl&t  i'ua  nul«D- 
teB4U)  produit  lui-Briwe  par  4aa  rimporU  veomuigeni,  al  i  se  replacer,  lorsque  cai 
uaemcat  auM  ccasé,  4aqa  la  me»»  ^vJoat  de  boaiiB  iuUlligeDce,  d'allianM  a( 
d'amitié  qui  unissaitles  deui  Étais.  ■  CB.-Uita.  Talletbiu». 


i,  aentant  oombieB  U  eat  de  1«  plus  haute  impoctance  de  répeadra 
UutdaauttatlaBoMqueS.  X.  k  prince  de  BéniTeut,  ministre  des  reUiions  aué- 
lieurM,  lui  a  £itt  l'hauew  da  lui  adreMor  oe  soir,  sa  roii  forci  de  se  b«iier  à  nprt- 
HBier  lee  ohsenalioua  suivaHMa.  Les  motiË  qui  ont  engagé  k  [Ai  mou  mal  tre  i  Aura 
daeamiemantsoatéié  l'eSeid'uua  irame  des  Nmemisde  le  France  et  de  UPnuse, 
<pil,  Jalaui  del'inlimiléquiTigBe  euUv  ces  deui  puluances,  ont  Gùtl'iDiposaiUe  pour 
aJanMrpw  de  bus  nppoiU  veuasi  la  fois  de  tous  cdiés.  Mais  surioui,  ce  qui  prouva 
l'esprit  de  cette  mesuïe,  c'est  que  sa  laaieBté  ne  l'a  concertée  avec  qui  que  ce  suit,  e^ 
que  la  KHiwUa  en  eai venue  plua  tdi  àPaiis  qu'à  Vienne ,  Pélei^oui^  ei  Londrea^ 
Xfaisleroi  mon  maître  s  fait  faire  à  l'ecivojé  de  S.  H.  l'emperour  des  Français  A  nu 
d'Italie  une  CDfliaiuniealion  ajBûeale  au  snjei  de  ces  mesures.  Ce  minisire  u'avail  pu ini 
ncDredcnnéde  repouMsur  cette  communisation.La  relation  desio  léressanlsentretï  nu» 
gne  &•  IL  1.  a  daigné  iToir  arec  le  sousaigné  ei  le  marquis  de  Lucchesinî  ne  pouvait 


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Bsran  mu  mdx  AMtéis.  159 

e  Bux  frontières  ;  que  signifient  ces  boBtffités  et  qne  de- 
mande ce  cabinet  ?  L'emperear  ne  Isi  a-t-il  pas  généreuBecoeat  donné 
desgagesdesa  loyauté  et  de  sa  sincérité  ?»  M.  de  TaHeyrandse  résa- 
naîtRi  exigeant  des  explications  fonnelles  sur  les  armements  :  «  Cook 
ment  In  interpréter  qnand  on  les  mettait  en  regard  avec  la  lettre  do 
roi  de  Prasse  à  Napoléon.  » 

Le  général  KnobeMorff  répond  Immédiatement  h  cette  communi- 
tratioD  du  ministre  :  11  croit  a  que  les  bruits  répandus  sur  les  deseins 
hostiles  de  la  Prusse  sont  l'oeuvre  des  ennemis  communs,  et  il  espère 
iTu'en  se  tenant  aux  formes  des  communications  faites,  la  paix  aen 
entièrement  maintenae.  Les  bronlHons  seub  veulent  la  briser,  »  Dans 
rette  négociation  se  reproduisent  les  mêmes  termes  et  les  mêmes 
ménagements  qa'eatre  H.  Philippe  de  Cobentzel  et  M.  de  Talleyrand 
avant  la  campagne  contre  l'Autriche  en  lS05.Legoavemement^ii9- 
4ea  sonèlalt  m^ré  lui  entrerdans  les  batailles  et  se  laisser  entratoer 
par  l'opinion  psbllqoa ,  sons  la  fetalité  htstariqoe  qui  menaçait  h 
maison  de  Braodeboui^. 

Le  25  septembre ,  Napfdéon  qettta  Paris  ;  H  ne  communiqua  ses 
s  ni  an  sénat ,  ni  au  corps  léglsIaHf  ;  an  coos^  d'État  il  s'cx- 


ntrore  ttn  anif^  t  BctIIb.  Vaprîs  cet  e^ati,  le  wmsîpi*  ne  pem  qne  ttiwtlgMr  i 
H.  E-  Icminiure  des  relations  cilérieures  le  laa  leplus  ardent  qne  les  actes  pubTi» 
restent  eueore  suspendus  jusqu'au  retour  d'un  coorrier  dipéché  i  Berliji. 

■  La  général  KnoBKLSDoHrr. 
1  Prïb,  13  d«cem1)re  IMS.  * 
»  l«  soiM^gDé,  mlaMre  de  8.  H.  T.,  pw  le  inhne  courrier  porteur  fc  la  leUre  ( 
tt.  H .  I .  qui I  a  en  nionneur  de  transmettre  au jourdltoi  à  S.  E.  H.  le  prince  de  Béné- 
vent,  a  refu  l'ordre  de  a'icqnitter  des  communlcatioBS  satraoïes.  teur  but  e^t  de  ne 
plus  laisser  en  suspens  UrdatloD  des  deui  cours.  Cbar  une  d'elles  est  ai  éDifnemmeat 
iMéressfetneplasrester  dans  ce  donte  sur  le  sentiment  de  f  autre,  que  le  roi  s'est 
Balte  de  Toir  S.  M.  l'empereur  applaudir  i  sa  ^nchise. 

R  S.  TK.  P.  a  déposa  dass  h  lettre  snsmenllonnëe  sa  pensée  tout  entière,  et  l'en- 
MBiUe  des  sujets  de  plainte  qui,  d'un  allié  fidèle  et  loyal ,  ont  hit  d'elle  un  voisin 
alarmé  sur  son  eiisience,  et  nécessairement  armé  pour  la  déhnse  de  s^es  tniérêts  les 
pins  cbers.  Cette  lecture  aura  rappelé  1  S.  U.  I.  etB.  ce  que  la  Prusse  fut  depuis  1ong~ 
'empa  t  h  Franee.  Le  ïonvenir  du  passé  ne  pourrait-il  pas  être  pour  elle  le  gage  àe 
l'areoirT  Et  quel  juge  Bsseï  aveuglé  pourrait  croireque  le  roi  eût  élé  neuf  aus  envers 
la  France  si  conséquent  ei  pent-éire  si  partial,  pour  se  placer  volontairement  avec  elle 
dans  un  rapport  dlStreit,  lui  qui  plus  d'une  Ibis  a  pu  la  perdre  peut-être,  et  qui  ne 
connaît  que  trop  aujourd'hui  les  progrès  de  sa  puissanceT 

a  Mais  si  la  France  a  dans  ties  souvenirs  et  dans  la  nature  des  choses  le  gage  de» 
senllmcnts  delà  Prusse,  Il  n'en  est  pas  de  m^rdecette  dernière:  ses  souvenirs  sont 
faits  pour  l'alarmer.  Elle  a  élé  inutilement  neutre,  amie,  alliée  même.  Leebonlevetsi^ 


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160  I^  FBOSSB  ET  LA   FRANd. 

prima  vaguement  sur  les  chances  de  paix  et  de  guerre  ;  et  commes'il 
voulait  donner  un  caractère  pacifique  à  son  vo]rage,  il  emmena  ai  ce 
lui  à  Majence  l'impératrice  Joséphine  ;  il  établit  là  sa  résidence,  car 
il  ne  pariait  point  encore  de  quartier  général  et  d'une  campagne 
vigoureusement  conduite  ;  il  voulait  faire  croire  i  la  paix.  Ses  notes 
pressantes  continuent  à  demander  des  explications  à  la  Prusse.  EnSa 
elles  furent  données  dans  une  note  que  le  général  Knobelsdorffadressa 
à  M.  de  Talleyrand  par  les  ordres  de  sa  cour  ;  elle  Frappa  vivement 
l'empereur  par  la  fermeté  de  langage.  «Pendant  neuf  ans,  ydisait-on, 
le  roi  de  Prusse  a  été  l'ami  même  partial  de  la  France  ;  quels  fruib 
a-t-il  retiré  de  cette  constante  alliance  T  La  Prusse  avec  son  bti  état 
militaire  se  voyait  entourée  par  des  vassaux  de  l'empereur,  par  ses 
ajmées:  aucune  démonstration  n'était  faite  pour  rassurer  le  cabinet 
de  Berlin  ;  on  armait  partout  dans  l'empire ,  tandis  que  les  journaux 
français  déversaient  les  risées  sur  un  monarque  qui,  pour  avoir  mé- 
prisé les  infamies ,  n'en  sentait  pas  moins  l'injure  ;  la  France  pouvait 
être  forte  sans  cesser  d'être  juste.  Dons  cette  vue  le  roi  de  Prusse 
demandait  l'évacuation  de  l'Allemagne  par  les  Français  qui  devaient 
repasser  le  Rhin,  et  Napoléon  ne  mettrait  désormais  aucun  obstacle 


inenis  qui  l'eDlouniit,  l'accroisSMneDt  gigantesque  d'une  puissance  esseatiellement 
mililaire  et  conquéranit,  qui  l'a  blesste  successivemeut  diDS  ses  plus  grands  iDi6rèt« 
et  la  menace  dans  lous ,  la  laissent  aujourd'hui  sans  garantie.  Cet  état  de  choses  ne 
peut  durer.  Le  roi  ne  voit  presque  plus  autour  de  lui  que  des  troupes  rraucaises,  ou 
des  THsaux  de  la  France  prélsi  marcber  avec  die.  Toutes  les  déclarations  de  S.  M.  L 
annoncent  que  celte  altitude  ne  cliaiigeTa  pu.  Loin  de  là,  de  nouvelles  troupes  s'é- 
branlent de  l'intérieur  de  la  France.  Déjl  les  journaui  de  sa  capitale  se  permcllent 
eontrelaPrusse  un  langage  dont  un  aouverain  tel  que  le  roi  peut  mépriser  l'inramie, 
nais  quin'en  prouve  pas  moins  ou  les  intentions  ou  l'erreur  du  gouvernement  qui  le 
aouOte.  Le  danger  croit  chaque  jour.  Il  hut  s'entendre  d'abord,  ou  l'on  ne  s'enten- 
drait pi  ui. 

»  Deui  puissances  qni  s'estiment,  et  qui  ne  se  craignent  qu'autant  qu'elles  le 
peuvent  sans  cesser  de  s'estimer  elles-mJmea,  n'ont  pis  besoin  de  détour  pours'ei- 
pllquer.  La  France  n'en  sera  pas  moins  forte  pour  ftrc  juste,  et  la  Prusse  n'a  d'autre 
ambition  que  son  indépendance  et  la  sûreté  de  ses  allié».  Dans  la  position  actuelle  des 
choses,  elles  risqueraient  tout  l'une  et  l'autre  en  prolongeant  leur  incertitude-  Le 
soussigné  a  refu  l'ordre  en  conséquence  de  déclarer  que  le  roi  attend  de  l'équité  de 
S.  M.  L  : 

■  !•  Que  les  troupes  IHnf  aises,  qu'aucun  tiln  fondé  n'appelle  en  Allemagne,  re- 
passent incessnmmeDt  le  Bbin,  toutes,  sans  nception,  en  commentant  leur  marckr 
«lu  jour  raérae  où  le  roi  se  promet  la  réponse  de  B.  H.  l'empereur,  et  en  la  poursuiitnt 
MOI  s'arrêter  ;  car  leur  retraite  instante,  complète,  est,  m  point  où  en  sont  les  chDXS, 
h  seul  gage  de  sûreté  que  le  roi  puisse  admettra; 


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BSraiT  DB9  DEUX   ABIliBS.  Iftl 

à  ce  que  la  Pnisse  accompltt  la  confédération  du  Nord,  suite  naturelle 
de  la  confédération  du  Rhin  ;  un  congrès  serait  réuni  pour  discuter 
toutes  les  questions  en  litige.  »  Cet  ultimatum  n'avait  rien  d'exorbi- 
tant s'il  eât  été  imposé  à  une  naUon  sans  victoire,  car  il  se  réBumeit  en 
ce  seul  point  :  ala  France  n'a  pas  de  titre  pour  occupa  rAUemagne; 
elle  doit  l'évacuer;  le  Bhïn  est  sa  limite  natur^le.» 

Mais  des  troupes  braves  et  glorieuses  comme  celles  de  Napoléon 
pouvaient-elles  se  rendre  à  une  sommation  impérative,  faire  retraite 
devant  des  ultimatum ,  sans  s'essayer  au  préalable  contre  les  Prussien^ 
En  invoquant  le  sentiment  d'honneur  et  de  gloire,  l'empereur  était 
sûr  de  parler  au  ctear  de  ses  soldats  ;  il  fallait  donner  une  le^on  à  la 
Prusse  ;  la  guerre  était  inévitable,  et  c'est  de  Mayence  que  Napoléon 
l'annonça  au  sénat  en  termes  solennels  ;  il  semblait  dire  :  «  Ce  n'est 
pas  moi  qui  l'ai  provoquée  :  les  Prussiens  me  somment  de  repasser  le 
Rhin  ,  j'ai  une  tête  de  fer  et  je  ne  cède  pas  aussi  facilement  ;  ils  me 
donnent  un  rendez-vous  pour  un  grand  duel,  ils  m'ouvr«it  un  champ 
clos,  et  je  dois  j  paraître  :  rien  ne  manque  à  celte  scène  de  chevalerie, 
une  reine  ddt  présider  au  tournoi  :  Français  !  vous  seconderez  votre 
empereur,  car  11  faut  briser  la  colonne  de  Rosbach  I  n 

a  2°  Qu'il  ne  sera  plut  mis  delà  jmtI  de  la  France  •ncuDobiiaclc  quelconque  k  la 
rormation  de  la  ligue  du  Nord,  qui  embrassera,  sans  aucune  cxcepLloD,  tous  les  ËtaU 
non  nommés  dans  l'étal  fandameotal  da  \keonfadèration  du  Bhin; 

B  3°  Qu'il  s'ouvrira  sans  délai  une  négociaiioD  pour  Qiereu&n  d'une  manière  d»- 
rable  tous  les  iniéréis  qui  lont  encore  en  litige,  et  que  pour  la  Prusse,  lea  bases  préb- 
mioaires  ta  seront  la  Mparation  de  Wesel  de  l'empire  français,  ei  la  rioccupailon  dci 
trois  abbayes  par  Jes  troupes  prussiennes. 

B  Du  moment  où  sa  majesté  aura  la  cwtïtude  que  cette  base  est  acceptée,  elle  re- 
prendra l'attitude  qu'elle  n'a  quittée  qu'i  regret,  et  redeviendra  pour  la  France  ce 
voisin  lofsJ  et  paisible  qui  tant  d'Rnnée:t  a  tu  sans  jalousie  la  gloire  d'un  peuple  bran, 
et  dé^ré  sa  prospérité.  Mais  les  dernières  Douf  elles  de  la  marche  des  troupes  fran- 
çaises imposent  au  rai  l'obligation  de  connaître  incessammeot  ses  devoirs.  Le  sous- 
signé est  chargé  d'insister  aiec  force  sur  une  réponse  prompte,  qui,  dans  tous  les  cas, 
arrive  au  quartier  général  du  roi  le8octobre;sam^est6cDpservant  toujours  l'eapoir 
qu'elle  ;  sera  assez  tdt  pour  que  la  marche  inattendue  et  rapide  des  éfénemenu,  et  la 
présencedes  troupes,  n'aient  pas  misl'une  ou  l'autre  partie  dans  la  nécessité  de  pour- 
voir Isa  sûreté. 

»  Le  soussigné  a  l'ordre  surtout  de  déclarer  de  la  manière  la  plus  solennelle  quel* 
paix  est  le  t«u  sincère  du  roi ,  qu'il  ne  dnusnde  que  ce  qui  peut  la  rendre  durable. 
Les  motirs  de  ses  alarmes,  les  titres  qu'il  ataili  attendre  de  la  France  une  antre  cM- 
iluite,  sont  développés  dans  la  lettre  du  roi  i  5.  H.  I.  et  sont  faits  pour  obtenir  de  ec 
monarque  le  dernier  gage  durable  d'nn  nouvel  ordre  de  cbosee. 

B  Le  soussigné,  etc.  ■  KnonuDOKFF. 

>  Paris,  le  1»  octobre  1800.  ■ 


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tM  U  IWI8SB  ET  U  FUMCl. 

Ce  langage  était  digne  d'un  grand  pevple  ;  il  y  knit  nae  neine 
hiine  contre  ks  Ptusskiis;  les  |H%miers,  Hs  étaient  apparus  «w  le 
frontières  en  cooifa^aats  après  les  trouUei  de  U  rèv<d«tien  fran- 
faibe  ;  oo  s'en  scaYcmît  dans  les  canqa  ;  os  arait  de  vieux  ccmptes 
è  relier;  la  gn^e  cMnptait  pins  d'un  soldat  cbevroiiRé  d«  traofs  de 
l'armée  de  Sambre-et-Meuse  ;  la  plupart  des  officiers  rattaekaient 
le«n  états  de  serrtce«ux  campagnes  de  1793  coatre  les  PnUNens; 
NspoléoR  Id-mtote,  dans  ses  méditations  bjstwiqaes ,  rêvait  avec 
«cgaflU  k  jOHT  <w  il  senit  aax  prises  avec  la  graiwle  tadïqae  dt 
VtMtno. 


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CAMPACNB  DB  VltfiSSB.  — ■  HtmirrHE  PÉaiODS.  169 


CHAPITRE  YIH. 


UMpiain  M  nom,  —  nuntM  ptiioDB. 


nNihempmnedaBPniaBteM.— Force  «ta  Imir  •met.  —  Lwr  liirirlorM  Buné" 
riiiM.  —  les  Saiona.  —  Le»  Rnaml*.  —  IslMierta.  —  CaYtlwlê.  —  InMrtiiadfl 
fctpremtwBiiiBmeBieiiu.— HardtetBa.— DéBwJw.— Op*rtilongdBr«pptfmrÉ 
''ChBngMienide  fhmt.  —  Bngag«m«l d'vnoit-gtrdc  à  BeUilB  «kSulMd. 
—  Sibutlon  des  *rmée*  tNnc«ise  et  prvMlflaiw.  — -  Bittilla  d'AucMadi.  —  Ls 
■Mréebtl  Dtvovst.  —  Le  maréelnl  BemadMie.  '-  'Mémoire  eipliratir.  ~  BaUllIfl 
dlàia.  —  Bégulutdelajonnite.  —  Le  baUvUo  f«el  du  datn  IwicUIn, 

Jamais  époque  n'avait  tu  chca  un  peuple  uo  enthonslasme  plui 
▼if,  plus  national,  que  les  t«B|ia  qui  pr^iédènmt  i  lUrUo  l'ouvertare 
de  la  campagne.  La  vi^e  Allemagne  du  nord  semblsH  se  réveiller 
«Tune  longue  léthargie  ;  on  aurait  dit  que  la  Prusse  donnait  le  signal 
d'une  fi^  iDdépendance,  et  que  l'ombre  de  Frédéric  se  levait  debout 
de  son  Hnceul,  pour  guider  les  fih  valeuretiK  de  la  guerre  de  sept 
ans  et  venger  leurs  outrages.  Quand  les  troupes  défilèrent  à  travera 
Ifls  cités  &  Spandau,  Potsdam,  Bradenbourg,  des  cbants  d'enthoa> 
liMne  ae  firent  noblement  entendre  ;  des  jeunes  filles  aerniient  des 
fleurs  sur  le  passage  des  soldats  ;  les  flancées  naïves  attachaient  âci 
niltans  aux  drapeaux  ;  dans  les  lieux  oid  se  réunissaient  les  étudiants, 
les  plos  fières  chansons  étaient  récitées  pour  la  patrie,  et  on  lisait 
partout  les  manifestes  et  les  proclamatiotM  an  peuple  et  k  l'armée, 
oeuvres  de  Gentz  et  de  Kotzebiie,  les  prosateurs  politiques  de  l'Alle- 
nwgoe'. 

'  X,  de  Gtntianit  publié  une  remarquable  broehim  sur  la  coalllIoD  de  ISOB. 

•  La  guerre  qu'on  a  folte,  disall-tl,  a  été  juate ,  nécenaine  et  aage  dans  aon  origine, 
tentaUve  obligatoire  contie  an  poatolr  cohMeal  ;  si  elle  a  écboui  par  de  huena 
HifsureB ,  Lont  esi-tl  donc  perdu?  L'Allemagne  devlendra-l-elle  ce  que  la  Boltande, 
h  Soiaac,  l'Espagne,  lllalieiont  derenuesT...  Mais  comment  opérer  notre  aalulT  Bn 
naae^iknt  ce  qui  «l  dispené,  en  ralennt  ce  qui  ea(  abaun,  en  nsauKitmt  <«  qnl 


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16i  CAMPAGNE  DB  FIttSSB. 

Cet  enlboiisiasrae  A  vif,  si  ardent,  avait  précisëmeat  enlntné  le 
cabinet  de  Berlin  à  des  imprudences  ;  il  se  croyait  si  fort  de  lui- 
même  en  commençant  la  guerre,  il  avait  tellement  foi  dam  la  disci- 
pline et  le  courage  de  ses  troupes,  qu'il  avait  négligé  de  lever  h 
landwehr,  sa  milice  nati(Hiale  ;  les  officiers,  les  étudiants,  les  femmes 
entraînaient  les  hommes  d'État.  Par  une  drconstance  ÎDexplicable, 
l'armée  pruaaenne,  qui,  pendant  la  neutralité  d'Austerliti,  aurait  pu 
mettre  en  campagne  180,000  hommes,  n'en  avait  pas  alors  plus 

estmortJ  Tout  cela  doit étrel'albLre  deSKOuTernemeDls;  la  ndlrc,  i  nous.tudg 
leur  donner  celle  ToTcc  qu'on  éDioussep«r  d'indignes  (rsfcurs.Qaaod  les  MDTnaini 
ne  voienl  que  désespoir  mnet,  qu'indifférence  coupable ,  il  feudreLt  qu'ils  possé- 
dassent une  énergie  plue  qu'humaine  pour  assurer  k  salut  de  leurs  peuples.  Sd  tSa, 
«omnient  servir  eeui  qui  nesaayirenl  pas  après  des  secours,  qui  préCèreatiuieKli' 
vage  paisible  à  la  dérense  de  leur  liberté?  Les  coriupleurs  d'uD  siècle  abltirdi  ont 
cmplojé  tous  les  goures  d'artifices  pour  rendre  su!l>ect  le  petit  nombre  de  ceui  qui 
ont  le  courage  de  leur  peindre  leur  avenir.  «  Nouiavotu  dà,  disent-ils,  nit«r 
tmaqttiUtë  ;  la  lorrenl  ail  r«nlr#  don*  ton  lit ,  la  daminatio»  untuanalla  Ml  «m 
chimire;  l'tmpir»  françaii  a  atteint  tu  lûnifai  natanUtt  ;  ion  nouv*av  r^nt  ot 
trop  lagt  pour  vouloir  ta  port» plu*  loin,  n  Les  peuples,  les  cours  avaieul  prélé 
l'oreille  &  ces  Tausses  idées  ;  de  là  les  bérues  politiques  et  militaires  de  la  demtère 
tempagne,  et  l'on  peut  k  peine  trouver  trois  princes  Indépeadants  des  rires  du  Tigt 
à  celles  du  Tolga.  Le  voile  de  l'avenir  est  enSn  déchiré,  mais  les  sources  delà  décep- 
lion  ne  sont  pas  encore  épuisées.  Les  TabricaniB  de  paroles,  riches  en  consuliationa 
désolantes ,  osaient  représenter,  comme  inévitables  les  maux  dont  on  est  aiteiai  : 
«  Xaùtltnanl ,  disent-ils,  l'amparaur  ayant  dimoniri  qut  tout*  itnlativé  pour 
vrrtlar  h  mal  n'a  produit  qu'un  tfftt  eontrain ,  la  lagatM  commande  de  capHi^f 
au  li«u  de  défendre  (ai  demien  rafranchanunii.  a  Ce  serait  perdre  temps  et  parolei 
que  de  eombattre  un  tel  système.  Une  génération  est-elle  assez  dépravée  parTégotinM 
pour  r^arderla  perle  de  l'honneur  comme  indilTérenLGÎ  Le  temps  d'en  appeler  nu 
«etitimenlB  nobles  est-il  i  jamais  p&asé  ?  La  servitude  existe  avant  que  l'oppresaeur 
•il  parut  L'empire,  dans  lequel  l'Europe  se  voit  i  la  veille  d'éire  absorbée,  a,  jusqu'à 
CE  jour,  noD-scutement  renversé  deslr6nes,  des  gouvenieraenls,  des  lois,  maistncote 
amène  avec  lui  la  misère,  le  vol,  le  pillage  pour  ks  riches,  la  fkim  pourlepaunt, 
l'absence  de  sécurité  pour  toute  espèce  de  propriété;  des  entraves  è  l'industrie  et  m 
■commerce,  l'avilissement  des  capiiaui  el  du  crédit,  un  pouvoir  arbitraire  et  terrible. 
Quiconque  se  rappelle  comment  tel  ou  tel  écrivain  s'est  étudié  i  excuser  lei  mille  et 
une  formes  que  le  Prêtée  de  la  révolution  a  successivement  revêtues,  nedoitpasfire 
larpris  que  son  despotisme  scluel  soitl'objet  de  leur  vénération.  Les  gouvetoenteais, 
écries,  ont  beaucoup  Tait  pour  empirer  leur  sort;  mais  c'est  nous  qui  avons  pris  la 
jwrllaplus  décisive  à  l'ceuvre  de  dévastation  qui  nous  ruine.  I.es  méprises  des  gou- 
^rernemcnts  auraient  été  moins  nombreuses,  pins  courtes,  plus  susceptiUes  de 
remèdes,  si  l'aveuglement  des  nations,  la  perversion  de  l'esprit  publie,  l'eitinclion 
île  louisentimcnt  généreux,  l'inDuence  des  motifs  les  plus  vils,  n'avaient  tout  inrecié, 
tout  dévoré.  11  n'est  pas  de  siècle  on  de  nation  qui  n'aient  pn  avoir  i  souffrir  it 
quHques  erreurs  politiques;  mais  quand  nous  voyons,  durant  unclonguesuilc  d'aa- 
kées,  s'offrir  à  nos  ;eua  le  m£me  spectacle  de  petitcsM  et  d'oppression ,  de  pba* 


îdbyGoOgIc 


PRBinÉBB  PâBIODB.  1^ 

de  155,000  dans  ses  cadres,  en  y  comprenant  les  réserves  divisée^ 
dans  la  vieille  Prusse.  Ainsi,  la  puissance  qui  eQlrait  imprudemmeot 
eo  campagne  k  la  face  de  Napoléon  n'offrait  pai  d'abord  en  ligne  an 
d^  de  90,000  hommes  sous  les  ordres  du  duo  de  Brunswick  et  du 
maréchal  de  MolIendorfT;  U  fallait  que  cette,  armée  eût  une  con- 
fiance aveugle  en  elle-même,  an  étrange  culte  de  sa  force,  puisqu'elle 
allait  avoir  ft  combattre  de  grandes  masses  conduites  par  l'empereur 
des  Français  en  personne,  et  s'élevant  à  180,000  hommes,  divisés  en 
sept  corps,  sans  y  comprendre  les  contingents  de  la  confédération 
du  Rhin  qui  marchaient  sur  la  convocation  de  leur  puissant  pro- 
tecteur. 

Une  des  fautes  encore  des  Prussiens  fut  d'entrer  en  campagne 
impétoeusemeot,  isolés,  comme  des  gentilshommes  fous  de  gloire, 
sans  attendre  l'appui  et  le  secours  des  Busses,  troupes  Fermes  et 
solides;  ils  commirent  la  même  imprudence  que  les  Autrichiens  à 
Ulm,  lorsqu'ils  s'exposèrent  seuls  aux  premiers  coups  de  l'armée  fran- 
çaise et  à  la  belle  tactique  de  Napoléon.  Si  les  Prussiens  avaient  opéré 
leur  retraite  en  bon  ordre  sur  leurs  renforts,  en  défendant  pied  à 
|Hed  les  grands  fleuves  qui  couvrent  la  Saxe  et  la  Prusse,  ils  auraient 


Diis^itbles ,  d'tctions  plui  misénbles  «ncore,  le  nul  dont  on  souffre  n'est  pas  dam 
des  (Donialits  teddcntdies,  mais  dans  le  taai  des  cœurs  qiii  son!  ■tiaqués,  desa^ 
rké»,  gangrenéi,  corrompus  1  Ou  dil  que  1«  prince  imprime  son  cuacUre  t  st.  nation  ; 
nub ,  dans  un  sens  plus  «act,  ce  sont  les  peuples  qui  influent  sut  le  caractère  du 
prÏDte.  Les  rois  sont  ce  que  les  foDt  les  objets  environnants.  Après  la  peinture  des 
raolcs  de  leurs  chefs ,  offrons  donc  celle  que  présentent  les  nalions  dans  leurs  pr^ 
jugés,  leure  Tceui,  lenrs  erreurs,  leur  dégradation  politique  et  morale,  leur  areufl*- 
neot ,  et  l'on  s'aperceira  que  tes  moiMrques  sont  en  quelque  sorte  les  fidiles  rcpré- 
sentanls  de  leur  siècle.  Il  ne  nous  reste  donc  plus  qu'une  seule  ressource  :  que  les 
bon»  itesbraTess'insIraiscDt,  s'unissent,  s'encon  ragent  les  uns  les  autres;  qu'une 
nîate  ligue  se  forme  ;  c'est  la  seule  condition  qui  puisse  défier  la  Torce  des  armes, 
rendre  la  liberté  ani  nations  et  le  repos  au  monde.  Vous  donc  qui,  dans  le  nauTrsge, 
avez  conseTTinn  esprit  libre  et  éclairé,  un  cœur  honnête,  le  courage  de  tout  saciifier 
•u  bw  de  tous.  Allemands  dignes  de  votre  nom,  TOfei  votre  pays  foulé  aux  pieds, 
décbÎTé,  profané;  ajei  assez  d'élévatiou  dans  l'tme  pour  ne  pas  vous  manquer  4 
Tons-mémes ,  il  n'j  a  rien  de  tombé  qui  ne  paisse  être  relevé.  Ce  n'est  ni  la  Russie 
nifAnglelerrequipourraientaceomplir  ce  grand  (suvre  delà  délivrance  européenne. 
Quelque  désirable  qu'il  soit  d'j  voir  concourir  cesdeui  puissances,  c'est  i  l'Alle- 
magne que  l'honneur  en  est  réservé  ;  c'est  l'Allemagne  qui  a  été  In  principale  cause 
de  la  mine  de  l'Europe,  c'est  l'Allemagne  qui  doit  relever  les  ruines,  qui  doit  opérer 
l'affranchissement  général.  II 7  a  plue,  notre  lustre  sera  de  rétablir  la  France  elle- 
même  ;  nous  lui  resUtuerous  une  nistence  tranquille  et  harmonique  qui  la  réconcL- 
Htrs  avec  tous  les  peuples  et  avec  dle-méme-  ■ 


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*6uDi  toutes  lews  reasoarces,  et  eo  mtete  temps  les  BnssM  tgrtàai 
anifés  sur  la  Vistok  et  l'Oder  pour  lei  Bouteeir  ei  la  prot^jer.  Hiia 
de  telles  combinaisoiu  ne  pouvaient  entrer  dans  des  tètea  ortbou- 
flitsta;  on  les  eAt  ccnsidérées  conine  des  lAcbetés;  la  pBlrie«Ue- 
mande  fenneitait  au  cour  des  officien,  des  étudiants,  des  taMts; 
c'était  une  guerre  aalioiiale,  et  les  poêles  eatOBOuent  les  ebaots  de 
guerre,  les  ballades  da  combat,  pour  célébrer  d'aTSUce  les  ti<ion|te 
d'une  cause  si  éminenineat  gerBanicfue  ;  on  cowait  au  cbÊÊHf  de 
bataille. 

Les  manoeuvres  prmaptes,  rapides,  de  l'amée  prussienne,  aiaieit 
produit  comme  résultat  de  faire  décider  pour  la  cause  commune  ks 
gouvernements  de  SAke  et  de  Hesse,  avec  leu»  trahies  «guenies, 
leur  caviterie  non^voase  sur  les  cbevanx  mi  lafge  pottfail.  Les  Pnis- 
Ustm  avaient  opéré  dans  la  mtee  peauie  que  les  Atitricbiens  es  Ba- 
■^èn,  seulement  avec  plos  de  bonheur  ;  ils  avaieat  «Menu  ud  traitË 
decoditioa  avectesSaxons  et  les  Hassols.  La  sntrcfae de  Hack nr 
MunicK  et  Aagsbeurg  n'avait  pu  décider  l'éleclew  de  Bnièn  à 
prendre  parti  pour  les  Astrichiens,  et  c'est  ce  qui  avait  ooaqn'oails 
la  position  d' Uln .  Ici,  an  contraire,  la  Saxe  tl  la  Hesae  s'avaient  poiol 
hésité  &  joindre  leurs  troupes  aux  enthousiastes  régiments  qui  s'avan- 
cent de  Berlin  pour  délivrer  la  patrie  allemande.  L'armée  saxonae 
cMnptatt  près  de  25,000  boBines,  l'année  heswise  12,000;  euxi- 
lentes  troupes,  commandéies  par  des  oiBciers  de  mérite,  le  dac  de 
Saxe-Weimar  et  le  prince  de  Hesse,  Gers  militaires  qui ,  menant  leun 
sfridata  avec  une  grande  énei^,  rappelaient  tànsi  tes  ducs  et  les 
barons  de  l'époque  cartevingienne.  Toutefois ,  ï«  Saxons ,  dignes 
Allemands,  ne  marchaient  pas  sans  répugnance  avec  les  Prussiens; 
l'électeur  savait  les  vieux  desseins  du  grand  Frédéric  sur  les  provioce^ 
de  Saxe,  qB'll  appEJait  le  ventre  de  m  monartAie.  II  serait  facileà  v.m 
dîplolnatie  aussi  habile  que  celle  de  Napoléon  de  diviser  les  dent 
cMises,  et  d'amener  la  séparation  de  la  Saxe  à  la  première  victoire 
décisive  remportée  sur  les  Prussiens^  les  Hewois  étaient  presqoe 
Anglais  et  Hanovriens;  la  fïance  n'aorait  aucune  iaftaence  sur 
le  prince  de  Hesse ,  l'un  des  hommes  les  plus  fermes ,  les  plus 
nationaux  de  to«s  ceux  qui  aHaient  se  présenter  au  champ  de 
gueire*. 

'  On  écriTiit  d«  Berlin,  7  septembre  IMS,  sui  le  monTemcnl  4m  Pruwiew  : 


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Le  pays  sar  lequel  Rllalt  opéra*  l'armée  prânieDoe  était  cetts 
piinble  conti^  qui  s'étaid  depuis  Ëigenach  jusqu'à  Laptig,  peyi 
heureux,  ceotre  des  fort«s  étadea,  qui  voit  fleurir  les  riaatea  cit^ 
âe  Gotha,  d'Erfurtfa,  de  Weimar  et  d'Iéna,  belles  univoiités; 
Weimar,  la  résidence  de  prédilection  de  Goethe,  de  Schiller,  de 
KIopatodt,  où,  soui  les  lois  de  ut^iee  «ouveraios,  la  poésie  et  la  pbi- 
laM>i^ie  se  d^loyaieot  dans  leur  magni&ceace  ;  c'était  dans  ces  villes 
9b  naguère  se  inurniuraieDt  les  beaux,  vers  du  drame  de  Goïti  et 
tm'litMngta ,  véritables  poésies  nationales  de  l' Allemagne,  sur  ce 
tkéAtre  où  se  iHootraient  les  tentes  de  W<dlenatn»  et  les  Foràts  de 
Hoor,  qu'aUait  se  faire  uitendre  le  bruit  des  ormes  et  l'éclat  de 
(pKlques  mille  piècee  d'artillerie.  L'armée  prussienne  se  déployait 
dans  la  Saxe  pour  c^rer  sur  Fuldo,  et  délivrer  tout  à  la  fois  Franc- 
fort et  Wurtzbourg,  désignés  comme  points  d'avant-garde  dans  Is 
■•rche  des  régiments  prussiens. 

-On  aurait  dit  que  toute  la  maison  militaire  du  grand  Frédéric  avait 
pris  Ira  armes;  le  roi  et  la  reine  de  Prusse  quittaient  Berlin,  tous  let 
officiers  enthousiaste»  étaient  allés  baiser  respectueusement  l'épée 
mspendne  sur  le  tombeau  de  Potadsm  ;  on  avait  montré  aux  régi- 
ments les  vieux  drapeaux  conquis  dans  la  guerre  de  sept  ans,  et  In 
canons  de  Rosbach,  saintes  dqwuilles  dans  les  annales  de  la  Prusse. 
La  reine  passa  des  revues,  ouvrit  des  enrousets,  où  elle  parut  comme 
le  spnbole  de  la  patrie  allemande  *.  Puis,  un  manifeste  exposa  les 

m  II  n'Mt  resUlciMiPeUéam,  dflto«i>terégbDMUqBi]rétaiMitnginiiHD, 
foe  les.^rdcs  du  GOips,  le  premier  bataillon  de8gardesiptei),etler^imenttnTOl, 
de  Potsdtni,  t  Ir  Kle  desquels  S.  M.  inareliAa  en  {MrsOime.  Toutes  J<s  troupe*  te 
porierii  encore  TPn  Balle  et  Hagdeboarg,  06  elles  eltemlroiii éea  enlrts  ultMean. 
L«  corpa  d'année  commsDdé  par  la  prince  de  HoIwdIoIm  narcbe  de  la  SUé&ie  Ton 
l«asiitz,  et  les  régimeota  de  U  PrasM  «ecidenHle  se  rassemblent  provisa iremcat 
prts  de  CdstHfii 

»  Toutes  le*  tnmpes  qui  se  trouTaient  dans  la  Poméranie  en  aoat  parties  racco- 
sÎTemenl,  la  bonne iotelligeace  itaut  eotikeinent  rétaUie  entra  nouecouf  etle  roi 
d«  Suède. 

■  On  annoDCe  COmne  certahi  que  notre  cour  a  conclu  un  arraugeinent  avec  la 
a«se,  au  snjei  delà  confèdéniiwidn  Nord.  On  dit  même  que  nos  troupes  sont  dtji 
eatrtesdans  ce  pays  pour  opérer  leur  jonction  arec  l'aroiée  saxonne,  rendue  mobllt 
-smislesordreadw  ducdcSaie-Wtfnar,  comnundanten  chef,  a 

'  0>4cTiTaltdeBarreath,f*'octobrelSM: 

«  L'armée  saio-prossleune  sous  lee  ordres  dn  géuéral  prince  de  Hohaalohe ,  qui 
s'était  nssemUée  dans  le  Voigtland,  conunmcei  défiler  par  Hoff,  dans  la  principauté 
4e  Bijrentb.  L'a*utfard«  M  commandée  par  te  prince  Louift-Ferdinand  de  ProasQ 


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168  CAMPACm  Dl  PRUSSE. 

griefs  de  la  maison  de  Brandebourg  ;  il  était  conçu  en  termes  bautaiiu 
et  impérieui.  On  voyait  que  cette  armée  avait  f(H  en  eUe-mènie, 
"que  cette  nation  était  fière  de  sa  gloire,  ivre  de  son  passé.  Le  mani- 
feste était  plus  imprudent  que  les  notes  diplomatiques  ;  il  sortait  de 
ces  termes  mesurés  imposés  aux  gouvernements;  les  pouvoirs  ne 
doivent  jamais  parler  comme  les  masses  ;  ils  sont  plus  haut  et  ^os 
conservateurs;  mais  qui  pouvait  résister  &  l'enthousiasme  entratnsnt 
de  toutes  les  Âmes?  le  torrent  débordait,  nul  ne  pouvait  l'arrêter;  la 
monarchie  militaire  du  xviii*  siècle,  orgueilleuse  par  le  souvenir  dn 
grand  Frédéric,  allait  lutter  avec  l'empire  du  xix*  siècle  sous  le  génie 
de  Napoléon  ;  le  passé  essayait  une  lutte  contre  le  présent. 

L'empereur  en  effet  partit  de  Mayence,  où  il  tenait  sa  cour  {dé- 
nière ,  et  dès  le  6  octobre ,  il  se  trouvait  de  sa  personne  à  Bamberg  ; 
dans  une  proclamation  fière  et  antique,  il  avait  excité  le  courage  de  ses 
soldats  pour  préparer  une  rapide  campagne.  Les  Prussiens,  insultant 
à  l'honneur  du  drapeau ,  menaçaient  les  aigles  ;  il  fallait  répondre 
Comme  é  Auslerlitz ,  par  un  coup  de  tonnerre  ' ,  il  fallait  dore 

T  fils  du  prince  Fcrdioand,  «eul  Trère  encore  viviat  du  griiid  Frédéric].  Le  régimtal 
protincial  de  Bajrreuih  et  les  bussards  de  Bila,  qui  ^ient  eantonnés  dai»  le  ptjs 
d'ADspacfa,  se  sonijoinUi  cette  arDiée.  Il  paraît  qu'elle  marchera  en  avantaudelide 
BsjieuLb  pour  Taire  face  su  corps  d'armée  du  maricfaal  Souli. 

1  On  écrit  d'Einbek  qu'on  y  a  établi  un  parc  d'arillerle  considérable,  et  qn'oa 
N'occupe  i  j  Tonner  un  camp  retranché.  On  a  rassemblé  sur  les  bords  du  Wesci 
beaucoup  de  bateaux  et  de  radeaux,  d'oii  l'on  conclat  que  plusieurs  corps  de  iroopM 
prussiennes,  qui  sont  en  roule  par  Paderbom  rt  Munster,  sont  des^DÉs  i  paswf  te 
Weser  ea  cet  endroit.  On  élèTe  «usai  des  Torlificatlons  dans  le  itomté  de  Bois,  situé 
vntre  Brème  et  Hinden. 

B  Le  général  Leslocq,  qui  commande  le  bataillon  des  grcnadien  de  la  garde  du  roi, 
■  pa&aé  par  Bameln  pour  prendre  le  commandement  général  des  troupes  en  Wk'- 
phalie,  1  la  place  du  liEutenanl  général  de  Brusewii.  » 

'  Proclamation  dt  l'tnpenur. 

m  Soldats,  l'ordre  pour  votre  rentrée  en  France  était  parti  ;  tous  tous  en  éliei  déjà 
npprochés  de  plusieurs  marches.  Des  Têtes  triomphales  vous  attendaient,  et  les  prc- 
ynratife  pour  tous  recevoir  étaient  commencés  dans  la  capitale. 

a  Mais  lorsque  nous  nous  abandonniomi  cette  trop  couBantesécurité,  de  nou- 
velles trames  s'ourdissaient  sous  le  masque  de  l'amitié  et  de  l'alliance.  Des  cris  de 
^erre  se  sont  Tait  enteodre  t  Berlin  ;  depuis  deux  mois  nous  sommes  provoqués  tous 
les  Jours  daTtnlage. 

>  La  même  faction,  lemjme  esprit  de  vertige  qui ,  à  la  Taveur  de  nos  dissension  i 
intestines,  conduisit,  il  y  a  quatorze  ans.  In  Prussiens  au  milieu  des  plaines  de li 
QMinpsKiie,  domine  dans  leurs  conseils.  Si  ce  n'est  plus  Paris  qu'ils  veulent  brAler 
et  renverser  dans  ses  fondements,  c'est  aujourd'hui  leurs  drapeaux  qu'ils  se  vauieru 
-déplanter  dans  les  capitales  de  nos  alliés;  c'est  ta  Saxe  qu'ils  veulent  obliger  i 


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PUHIËHB  PiUODE.  169 

l'aunée  1806  comme  («i  avait  fini  la  glorieuse  période  de  U  campagne 
d'Autriche;  puiti,  et  avec  cette  promptitude  de  coup  d'œil  qui  carac- 
térisait Napoiéou ,  il  avait  rapidement  jugé  le  cAté  Tiible  de  cette 
armée  qui  s'avançait  pour  easafer  ses  manœuvres  contre  les  sennes  : 
la  cavalerie  prussienne,  il  le  savait,  était  excellente  et  passait  pour  la 
première  du  monde  ;  l'artillerie  était  parfaitement  servie  ;  l'infan- 
terie, moins  bonne,  raide  dans  ses  mouvemmts,  était  vieille  dans  sa 
lactique  ;  les  beaux  régiments  de  France  auraient  une  incontestable 
supériorité  ;  leurs  feux  étaient  prêtes  et  mieux  nourris  ;  si  cea 
niasses  d'infanterie  pouvaient  lutter  dignement  poidant  de  grandes 
batailles,  il  y  avait  dans  l'armée  française  quelque  chose  de  plus  alerte, 
de  plus  vif,  de  plus  léger,  de  piiu  spontané;  aa  comptait  dans  les 
deux  camps  des  officiers  instruits,  un  état-major  plein  de  capacité  ;  la 
force  des  corps  était  également  répartie;  les  grenadiers  prussiens 
avaient  une  vieille  renommée.  Mais  où  trouver,  dans  les  rangs  ea-< 
nemis,  ces  voltigeurs  si  activement  intelligents,  ces  troupes  légères, 
ces  tirailleurs,  parfaitement  en  rapport  avec  l'esprit  national  ;  enfin 
l'armée  française  avait  cette  immense  supériorité  qne  donne  l'émula^ 
tion,  l'égal  et  libre  avancement  à  tout  grade? 

renODcer,  pir  une  transaclion  honteuse,  i  ton  indépendance,  en  U  range^ttt  •■) 
nombre  de  leun  ptoYinc es  ;  c'est,  eoBn,  to«  lauriers  qu'ils  veulent  ■rncherdavolrq 
front.  Ils  Tcnlent  qu«  nous  évacuions  l'^Ulemafoe  H'Mpect  de  leur  •rméelll  Qu'il* 
sachent  donc  qn'il  sérail  mille  foia  plus  facile  de  détruire  la  grande  capitale ,  que  do 
flélTiT  l'honneur  des  enfants  du  grand  peuple  et  de  ses  alliés.  Leurs  projets  furent 
confondus  alora;  ils  irou\trent  danalee  [daines  de  Champagne  la  délaite,  la  mort  et 
la  houle  :  mais  les  leçons  de  l'expérience  s'effacent,  etil  est  des  hommes  cheiIeaquaU 
le  Eentinieol  de  la  haine  et  de  la  jalousie  ne  meurt  jamais. 

B  SoldstsI  il  n'est  aucun  de  tous  qui  TCuiUe  retonnier  en  France  par  un  autro 
chemin  que  par  celui  de  l'honncnr.  Noua  ne  devona  j  rentrer  que  sous  des  arcs  de 
triomphe. 

>  Eh  quoi  t  aurions-nous  donc  bravé  les  saisons,  les  mers,  lea  déserta  ;  vainca 
l'Europe  plusieurs  fais  coalisée  contre  nous;  porté  notre  gloire  de  l'orient  à  l'occi» 
dent,  pour  retourner  aujourd'hui  dans  notre  pairie  comme  des  trausAiges,  spréa  avoir 
abandonné  nos  alliés,  et  pour  ttilendre  dire  que  l'aigle  française  a  fui  épouvantée  k 
l'aspect  des  années  prussien  nés  T. ..  Mais  déji  ib  sont  arrivés  sur  nos  avant-postes.., 

s  Marchons  donc,  puisque  la  modération  n'a  pu  les  faite  sortir  de  cette  étonnante 
ivresse.  Que  l'armée  prussienne  éproare  le  même  sort  qu'elle  éprouTa  il  ;  a  quaton^ 
ansl  Qu'elle  apprenne  que  s'il  est  facile  d'acquérir  un  accreisaemeni  de  domaines  et 
de  puissance  avec  l'amitié  du  grand  peuple,  son  inimitié  [qu'on  ne  peut  provoquer 
que  par  l'abandon  île  tout  esprit  de  sagesse  ;et  de  raison)  est  plus  terrible  que  lt« 
tempêtes  de  l'Océan. 

B  Donné  en  notre  quartier  impérial,  i  Bamberg,  l«  0  octobre  1806. 

■  Signi  .■  KAFOLioH.  > 


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170  CAmAANB  W  »M»sft. 

L'empereur  se  procara  l'étet  ntiKtrire  4»  la  Pnuw,  «t  il  tH  qœ 
la  mpénorilé  do  nombre  était  du  cAté  de  la  France;  b  h  Go 
4e  Mptembre  il  devait  porter  mr  le  champ  4e  bataille  180,000 
i  tiO0,000  boiomes,  et,  par  me  manonme  habîtemetit  exëcntée,  Il 
pouvait  séparer  les  Saxons  des  truMeo»,  préparer  la  dèfecHoB  de 
l'électeur ,  comne  celle  des  Bavarois  et  des  Wartemberneois  es 
1405.  Pourquoi  ne  créerait-il  pas  ur  roi  de  Saxe ,  eonme  fl  avait 
créé  d'autres  wniTerains  pour  C  AllMita^pte  méridiaaaie  ?  D'après  les 
mtioBs  exactes  sur  les  ennemis  qu'il  avait  devaat  tui*  Napoléoi  q)én 
toutes  ses  grandes  manœavres  ;  eHcs  dur«at  reposer  anr  la  atew  stra- 
tégie qu'il  aviât  si  admirableneat  improvisée  dans  tMites  ses  BBardM 
BulitairescD  Aotriche  :  lescorpsdela  grande  armée  ce  concentrenient 
par  Francfort,  Wurtzbonrg,  Bamberg,  Bayreutfa,  vers  le  point  cen- 
tral d'UoGT  et  de  Gobonrg  ;  te  quartier  général  de  l'empereur  fat  i 
Sambo^,  d'où  toutes  la  instructions  durent  être  dirigea  '  ;  lei 

'  C'est  de  Bambetg  que  Napoléon  adresM  un  message  au  lénat  sur  la  guore, 
«  Sénateurs,  nousatona  quitté  notre  capitale  pour  nous  rendre  au  milieu  de  nolrt 
armée  d'A-Flemagne,  dès  l'tMUDtque  Dom  avens  su  avee  certitude  qu'elle  était 
menacée  sur  ses  flancs  par  des  MOBvcnmis  inopinée.  A.  pe)*«  mttlyé  aor  Tes  fren- 
tièrra  de  nosïlata,  nous  avons  eu  lieu  dereconnattre  combien  notre  présence  Tétait 
ftéeessaire.etdenousapplaadirdes  tiMsuies  déftoHMTesqiwiiotisattonRfTMsaTiBt 
de  quitter  le  eeMK  de  notre  empire.  Déjà  les  «méea  pruasieM»,  portées  h  gttnd 
«om^et  de  gueirc ,  s'étaient  ébtaaMes  de  tontes  parts;  ettw  avadent  dépeité  lens 
frontUrcs  ;  la  Ban  était  envabte;  et  le  aag*  prlooe  qui  la  gouvmie  était  forcé  d'tgic 
Mfiire  M  viHoaté,  co«tre  l'Mértt  de  mi  peu[d«.  L«  •rméd  ftuirie«MB  étataei 
MTîTétt  devant  les  eaBCMMMerta  daiiositaB]>m;  dw  pfOToostians  et  l— W  wpéw. 
«tmtrM  des  ▼«^M  de  fait,  avaient  algnalé  l'esprit  de  haine  ^airiiMiiawenaeniiF, 
et  la  modération  de  nDSsoldBis,qul,  tranqulUeekl'aapeet  deMiisc«*  moavannw. 
éaonnèaieulement'de  ne  rerevoir  MKkB  ordre»  aenlposalaMduisladouUeeMAiMr 
^e  dmoent  te  eown^  et  te  bon^rolt.  NompreBlerdcvolTaélédepMser  lellbia 
noua-mêmes,  de  former  nos  camps,  et  de  Taire  entendre  le  cri  de  guerre.  11  >  MmII 
ml  eeenn  de  10HS  vos  giMnina.  IMi  marches  MmMnéea  «t  rafMen  tes  ont  ponés  en 
un  ejln  d'œil  Bu  Keu  que  nma  iMr  »lona  imUttsé.  Tous  nos  eaatpe  sont  tumtn 
nma  tKoiie  «wrcber  contre  les  amiées  prasslemes,  et  repMMMr  la  fttree  par  11  farte. 
Vootefols.  MBS  devons  le  dire,  notre  cour  eu  péniMement  affecté  de  ceue  prép*** 
dérinoe  conHanMqa'obtienten  Bnrope legMedu mil,  occupé lansteBseàiravaMi 
les  dessdm  que  ness  himtoim  pour  la  tranquillité  de  I'Em^c  ,  te  rapos  et  le  bon- 
feeiir  de  la  génératlm  présente;  aaaIégeaRt  tons  lee  e«Mnets  par  tmu  les  genres  de 
sédoetlmn,  et  égarant  ceni  qn'U  n'a  pu  corrompre;  les  aveaf^aMsnrleivB  véritabln 
■tiiéréls,  et  les  luttant  au  milieu  de*  partis,  sans  antre  guida  que  la  passions  qu'il  a 
sa  leur  inspirer.  Le  cabinet  de  Berlin  lai-mémen's  point  choisi  avec  dêlibératHRlc 
l>arti  qu'il  prend;  il  y  a  été  jeté  avec  art,  et  avec  une  malicieuse  «drcwe.  Lerols'c^ 
trouvé  tout  i  coup  i  cee  t  lieoea  de  »s  capitale,  an  fTentiéreB  de  la  c4»tMérstIon  du 
Kfain,  au  milieu  de  sod  année;  et  vis-à-vis  des  troupes  rtaotalses  dispersées  dans 


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m 

Aangus  se  ptocèreM  derrière  ces  épaisen  twéU,  oàlèknB  bu  moyea 
tge,  où  se  voient  le»  vieux  monastères  et  les  vwtee  coUtodes  ;  là, 
l«  Saxons  coBvertis  par  Charlemagoe  allaient  pleurer  la  patrie  et  mi 
dieux. 

Une  nurche  en  avast  fut  ordonnée  ;  les  corps  <ie  Mwat,  de  Ber- 
nante, de  Davoust,  de  Lannes  et  d'Augereau  s'Ébranlèrent  slmi^ 
UnéflKnt,  offrant  des  masses  considérafales  d'infanterie  et  de  cavt* 
lerie;  Murât  toojours  à  l'avaat-garde,  se  trouva  sur  la  Sa^  la  beUa 
rivière  qui  coule  au  milieu  des  prairies  et  des  bois  touffus  ;  et»  conuoe 
«n  AntTt(^«  le  premier  il  eut  rtuMuiew  de  4^oiser  le  fèr  avec  t'en- 
■esH.  QoeiqiKs  escadrons  de  hussards ,  ua  ré^mest  d'ittlaot^le 
légère  passèrent  la  Saale,  que  défendaient  trois  batsUons  prussiens  ; 
m  même  teoifs  BeraadoUe  attai}asdt  une  division  de  6,000  prusûew 
«t  de  3,000  Saxens  ^ui  Bout«nHDt  leur  pentioa  dans  la  petite  vlUe 
de  Schlciti  ;  ta.  mêlée  ftit  chaude,  la  cavalerie  saxonne  St  une  adnj- 
rable  contenance ,  les  bussards  français  furent  ramenés  au  pu  de 
course  sur  l'infanterie  ;  il  y  eut  bientAt  un  combat  de  cavalerie  ;  on 
vit  apparaître  l'aigrette  de  Uurat  sdntillante  au  vent;  il  chargea 
l'ennemi  avec  ses  ré^teesta  légers  ;  Its  ri«Bsieai«t  les  Saxons  se  bat- 
tirent en  braves  gens  ;  ils  firent  leur  retraite  après  avoir  dignement 
répondu  au  feu. 

À  Saalf^d,  DOHvd  eagaguseitt  aussi  briUaot;  les  Prua^eos  le 
eédérent  encore  aux  masses  foeHiqueuses.  C'étaient  lea  grenadleTa  du 
corps  du  maréchal  Lannes  et  la  division  Suchet  qol  en  Tinrent  aux 
IKiscs  avec  l'avant^arde  du  prwce  de  Hohealohe,  dirigée  par  le  plus 
impétueux  des  ofHcien  prmsieiis,  le  prince  Lonîst  le  noble  ceear  qui 
avait  excité  une  si  magnifique  émulation  dans  toute  ta  jeunesse  des 
écoles.  Ce  fut  encore  une  mêlée  de  hussards  et  de  cavalerie  légère  ; 

M,  Mqai  crojàMl  dmslr  tM»fUr  aur  ha  Mena  ^  ■■iNBl«Bt  In 


Ans  tuts,  M  B«r  ha  frottsUUMi  pradigniM  an  toute*  circOBriMices  pir  la  cour  4« 
Bofai.  Dana  une  guxnt  aatai  jusic,  où  oou  ne  pruaas  les  aimea  fais  pow  noua 
Mmin,  que  mus  n'avoes  pruvo^n^  pw  ancan  acte,  par  auwm  pTétealko,  ei  doM 
n  nmiB  ■erail  impoafiUile  d'aaatgnar  la  YérUablacaue,  aonacooifton*  MUènnCBliw 
l'afptf  4e9  lob  «1  aM  ealui  de  noa  pavp^  V  >*•  alrcoaalancas  ajifiellMit  à  now 
éanser  de  nouTeHca  pmives  de  teur  amoar,  de  leur  détoueraaat  cl  de  leiir  cawap, 
>•  noire  tàiK  aucua  lamflce  penoimal  ne  noua  sera  pénible,  aucun  dangw  na  bous 
anMns,  Wutea  l«a  r^qu'il  s'agira  d'aasunrles  drotia,  rkooneur  et  la  piMfMié  4t 
noapottplea. 
•  DoBoi  M  noua  qiuMiw  ûapérM  4e  BanAecg,  la  20  oelobre  1886. 

a  Sipti  :  NAroatoff.  a 


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1*79  CÀMI>A6KB  DB  PBDSSB. 

le  prince  Lonû  combattit  avec  la  plus  ^aode  iotrépidité  ;  deux  de 
ses  aides  de  camp  tombèrent  k  ses  cdtés  ;  c'était  une  de  ces  rencontres 
glorieuses  où  les  sabres  se  crotsaient  sur  des  poitrines  palpitaDle» 
d'hooneur.  Le  prloce  Louis,  l'épée  &  la  main,  cherchait  h  rallier  ses 
régimeota,  lorsqu'il  Fut  abordé  corps  i  corps  par  un  sous^Iflcier 
du  10°  de  hussards,  brave  de  sa  personne,  impétueux  comme  cette 
génération  d'hommes  forts;  un  combat  singulier  s'engage  :  a  Bendei- 
vous,  colonel,  lai  dit  le  hussard  français,  »  et  pour  toute  réponse  le 
Taleureux  prince  lui  lance  un  coup  de  sabre  sur  la  face ,  belle  belarre 
que  le  sous-officier  porta  longtemps.  Guindé,  c'était  le  nom  du  hus- 
sard, plonge  son  sabre  k  plusieurs  reprises  dans  le  corps  du  prince 
Lonb,  et  cette  ftme  si  noble  et  si  fière  alla  rejoindre  la  glorieuse 
galerie  de  ses  ancêtres,  tous  morts  en  combattant ,  et  rangés  autour 
de  Frédéric  son  aïeul  :  illustre  destinée,  pour  un  cœur  si  haut  ;  il 
n'eût  pas  résisté  à  l'aspect  des  humiliations  de  la  Prusse  ;  il  fallut 
mourir  *. 


'  L*  mort  du  prince  Louis  fil  nne  vive  et  grande  imp^stlon, 
DépSehe  d«  M.  IhAm  auntide  Su»(U. 

«  Tienne,  le  22  octobre  1M6. 
B  Sire, 

>  Depuis  ms  dernière  dfpjche  du  ISconnnt,  nous  nonoéU joanidlein»t  iiHndéf 
de  Douvellesduthéttre  delà  guerre,  qui  se  contredisent  pour  U  plupart,  et  dont  lu 
ministres  de  Prusse  et  de  Saie  ne  peuvent  te  plus  souvent  garantir  r«ulhen(iciti.  Ce 
qu'on  en  peut  ioduire  de  vrai,  c'est  (pie  le  prince  lonis  de  Prusse  est  mort  dus  h 
première  affaire,  oli  le  gi^nèral  Tiuenzien  GODimandait.  Après  BTOir  attaqué  sU  fait 
l'enuemi  avec  un  corps  de  cavalerie  à  la  tète  duquel  il  se  trouvait,  il  tomba  à  la  Bn 
victime  de  sa  valeur,  et  mourut  delamort  d'un  liéros  dans  le  champ  d'honneur.  Celte 
perte  paraît  irréparable  pour  l'armée  prussienne,  et  est  regardée  par  plusieurs  per- 
sonnes coninie  plus  grande  que  si  l'on  avait  i  regretter  la  mort  de  10,000  bommts. 
On  dit  qu'il  a  été  tué  par  un  chasseur  bavarois.  ■ 

Napoléon  s'exprime  ainsi  sur  la  mort  du  prince  Louia  de  Prusse  : 

n  Voyant  ainsi  h  déroule  de  ses  gens,  le  prince  Louis  de  Prusse,  en  brave  et  lajil 
soldat,  se  prit  corps  i  corps  avec  un  maréchal  des  logis  du  10°  régiment  des  hussards, 
s  Jlnufei-cnuicolonat,  lui  dit  le  hussard,  oucouttiMmorl.  sLepriDcelui  répondii 
par  UD  coup  de  sabre  ;  le  maréchal  des  logis  riposta  par  un  coup  de  pointe,  et  le  princ* 
tomba  mort.  Si  les  derniers  instants  de  sa  vie  ont  été  ceui  d'un  mauvais  tltùjtn,  sa 
mort  est  glorieuse  et  digne  de  regrets.  H  est  mort  comme  doit  désirer  de  mourir  tout 
bon  soldat.  Deux  de  ses  aides  de  camp  ont  éiè  tués  i  ses  cAiés.  On  a  trouvé  sur  M 
des  lettres  de  Berlin  qui  font  voir  que  le  projet  de  l'ennemi  était  d'attaquer  IncontiDeDl, 
et  que  le  parti  de  la  guerre,  i  la  tète  duquel  étaient  le  jeune  prince  et  la  reine,  er«i- 
gnsui  tonjours  que  les  intentions  pacifiques  du  roi,  et  l'amour  qu'il  porte  i  sessiqets. 
De  lui  Bssentadopler  des  tempéraments  et  ne  déjouassent  leurs  cruellM  espémnen. 
On  peut  dire  que  les  premiers  coups  de  b  guerre  ont  tué  un  de  ses  auteurs.  > 


îdbyGoOgIc 


nBMlteB  péKIODB.  173 

Dans  ces  divers  engagements  on  s'était  comporté  bravement  da 
part  et  d'autFe  ;  mais  telles  étaient  les  admirables  disporitiona  da 
Temperear  que  sur  fous  les  points  tes  soldats  s'étaient  trouvés  en 
nombre  considérable  ;  cette  tête  d'organisation  était  merveilleuse  ; 
partout  des  masses  :  à  Scbleitz  et  k  Saalfeld,  les  Françflls  comptaient 
un  effectif  de  plus  d'un  tiers  au  delà  des  Prtusieos.  Hattresse  dea 
déBlés  de  la  Thuringe  et  de  tout  le  cours  de  la  Saaie,  la  grande  arméa 
pouvait  manœuvrer  librement  pour  couper  la  ligne  ennemie;  Murât 
jetait  des  partis  de  cavalerie  de  manière  A  les  tourner,  Jt  ce  point  qua 
le  général  Lasalle,  avec  ses  hussards  et  ses  chasseurs,  vint  jusqu'aux 
portes  de  Leipzig  ;  ces  mancenvres  de  l'empereur  avaient  déjà  séparé 
les  Prussiens  de  leun  renforts.  L'armée  française  les  avait  entourés 
par  la  même  stratégie  que  Napoléon  avait  exécutée  contre  le  général 
Maclc  A  (Jim  ;  la  grande  armée  bordait  la  SaaIe  et  l'Elbe ,  tandis  que 
les  ennemis  cherchaient  k  (^>érer  sur  les  routes  de  Francfort,  Wurti- 
bourg,  et  par  leur  centre  sur  Bamberg. 

Les  renseignnneots  recueillis  Brent  voir  au  conseil  de  guerre  du 
roi  Frédéric-Guillaume  que  Napoléon,  au  lieu  d'attaquer  de  face, 
avait  opéré  un  mouvement  de  gauche  avec  sa  promptitude  merveil- 
leuse ;  dès  lors  maître  de  la  Saxe,  il  pouvait  marcher  de  Dresde  sur 
Berlin.  Quand  cette  manœuvre  fut  bien  connue,  le  duc  de  Brunswick 
rappela  les  avant'gardes  qu'il  avait  imprudemment  jetées  dans  toutes 
les  directions  ;  comme  il  fallait  offrir  bataille  il  mit  quatre  jours  h 
se  concentrer  avec  un  ordre  si  parfait  que  nul  corps  ne  s'égaro.  Napo- 
léon  suivit  ses  traces  sans  l'atteindre;  les  troupes  prussiennes  étaient 
bonnes  manœuvrières  et  connaissaient  le  terrain  ;  tout  se  fit  par  une 
conversion  vers  la  SaaIe,  et  dés  ce  moment  léna  devint  le  centre  des 
manœuvres  de  l'empereur  '. 

■  Luirt  J'tm  of^Ur  pnutim, 

m  Niumburg,  le  12  octobre  1800. 

a  Le  conunaictnieDt  des  hoBtilitéa  contre  tes  Frutais  n'ai  passé  d'une  manliri 
lrès-tri*te  pour  les  iroupea  ■lleniandea;  ilsanl  forcé  ud  poste  de  l'iile  gaucbe  du  corpi 
d'année  de  Hohentofae  ;  et  un  combat  neartrier  ■  eu  lieu  an  corps  de  Taueaiieo,  et 
te  prince  Louù-Ferdinuid  de  PnuM  est  resté  mort  aur  U  place.  Non- seulement 
te  rëgiBMDta  Zastram  et  un  bataillon  de  Bdlet,  les  bussards  verts  et  bruns,  etc.,  mats 
encore  les  régiments  saions  Prince  Jean,  Xaviei  et  Rechien  ont  terriblement  soulTeTt 
depuis  hier  après  midi,  et  toute  celte  nuit  nous  n'avons  tu  que  des  [ujards  qui  cou* 
ruent  après  leurs  régimoits  ;  on  croit  que  les  Fraocais  se  portent  en  force  su) 
notre  gaucbe  pour  couper  la  commaaicaiion  de  Leipiig.  Leur  force  doit  être  dt 


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174 

'  Dqwri»  i'cOTertare  de  U  cj^mpg,  Napaiée»  <*«<*»}>  fawwiî; 
lai«ntiTC«MtNiri«r  biUiUc;  oBCSMFebsgiaéraleM^étiééenii 
Mot  et  Anentadt  par  dIk  Kpw  ds  six  à  hsft  tteuM.  Le  pMnu 
4'léiia  f «t  eiwùi  par  NapelioB  «Hune  qm  fioBitieB  rewKtii  ^  fer 
MettAit  le  déveteppenent  secceMif  4cs  ctrioonsi  dm  ttalea  tn  di- 
MDtieM,  pear  naroher  i  ta  face  da  AvnieDi  oa  la  tooratr.  Li 
■ft—tioB  da  deux  midAm,  au  13  oetabtt,  foamA  mem  se  i^suner  ; 
l'cmperaiir  était  de  a  penoBoe  à  léba,  Toaeeiilré  ««■  «a  pMesa 
lirtiU  (ta'MCupait  depui» la  vaifie  la  dhimn  d«  tntrédMl  iMwes;  il 
■ttmdait  la  deux  oorpi  deaaiavéfdmx  Swtlt  et  Nejr,  TteiBa  troupes, 
pmaica  troitdiYMoiB  d'Augereau;*»  améeiarce  point,  y  corn- 
Iprii  Ja  garde  ton  1m  ordres  de  Lefekvre,  Goeqtonit  60,030  bemna 
MiriroD.  Parnae  nwrdwaimHanèef  ks  nsFéciinu  Davoust  et  Bem»- 
dottese  portaient,  Ton  swKaanbarg,  l'astre  ■■r  Apelda.  Veatfermr, 
jnqn'alon  mal  rensngtté,  igoeiant  4eB  nouTCaHMa  àa  dtw  de  flnM- 
vick,  croyait  l'ennemi  ea  maïae  à  la  faoe  d'Iiiia,  tandi»  ^oe  te  gra 
de  l'amiée  pruirienne  mansBayrait  A  4kt  liawoft.  liÎBS^iaMBttrayws 
OoqpB,  Nap^doo  ks  exposait  tMri  ;  ai  les  PnuBieBB  réiwit  par  fnitdn 
aaaNs  A  Ërfuth  et  Weimar  «'étaient  perte»  à  Aaewtadt,  UtaunM 
pà  Itfiser  les  corps  isidét  de  fiofoust  «t  de  Sernadette,  siaS)r6adr« 
Bbvat,  puis  reveair  sur  iéaa  <t  aMa^oer  HafMaa  -avec  êm  foras 
■apèrieures  avant  rarrMe  de  Soalt,  tiej  «t  Anfenm». 

Dam  rhnpatience  de  eaaibMn^  lA  nruatieee  se  eéptr^Mst  am- 
nànes,  et  se  déployant  d'Ëiliirtfa  et  da  W4iiBM',  Us  se  portèrent  *v 
MawriHiig  et  léna,  peur  asMBw  te»  oo»lP«iiîg»tiong  par  la  Saale.  11 
ee  trouva  doac  que,  dans  la  DUit  du  13  ootobre,  la  situation  de  l'anaét 
{miBûcoBe  Atait  pres^M  pandlàle  k  o«Ue  de  l'emperettr,  mais  daat 

400,000  hommes  commindés  pir  l'empereur,  qui  daiia  ce  momeol  doit  ttra  i  Gen, 
â  quatre  milles  d'ici.  Nous  apercevons  d^  quelques  patrouilles.  Nous  avoDsici  d» 
magasins  immenses  sans  trouver  moyen  de  les  sauver;  od  est  dans  des  iuquittodes 
affreuses.  Dieu  veafTIe  que  le  rai,  qui  ne  peut  menquer  d'être  attaqué  sous  peo,  ne  u 
Wtnpas  battre,  car  ee  maNmir  serait  irréparabivl 
*  D'^irè9leademièn»letttes,leeorp*d'iTMf(-{;«rdeâenflclwr>'«lporléR[rl< 

M  L'étal-majoT  dn  Corp*  de  Kuobel  lY  en  rendu  etMsi,  de  intnftrt  qua,  nceplé  1 
Hamein,  il  n'ja  plusun  sent  séldat-damle»  ÉtMa  lianAvriem.  AetuelleiMnt  fl m 
mes  reste  d'amrvreMODrm  (pie  la IttltlHa décide  qu'il  ftiut  livrer  à  Napelrtm.  IM* 
cette  triste  situation  mon  sort  ne  tient  I  rien,  pcrurTnqfne  l'imie  de  la  crise  actuelle 
kalt  beoreuse  ;  je  le  répète  encore,  mon  ami,  noire  sitoatioti  est  des  plus  tristes  «<  if> 


îdbyGoOgIC 


dei  ^vportioBt  diOérMtet.  Devwt  Uat,  le  vieux  feM«M«Mwl  de 
M oUcfHkHiT,  avM  lecorpsdeWes^Mte,  ■ouslM«rdmdugéair«l 
ttûchel,  composi  de  Uente-troîa  bstHllea»,  qaantate-cïDq  «tcadroM 
avec  fc^  batteries  d'artillerie,  «t  la  4Miioii  Hotentote  de  viaffi* 
qÊttn  bataiHow  pnwieM,  ykiftoaq  batiàHon»  amau,  pm  ffuttn» 
viogt^ois  eBeadram  a¥ec  s^hi  battoriea.  Cette  améa  fort  keHe  M 
canptait  pas  plw  de  36.000  hmonei  d'iafairterie,  et  a,000  booMN 
daesialerie.  U  rénrite  dee  étotade  p^SMceqoeleBMrpadMniacé» 
chata  SeuU,  Laanes,  Àvgeretu  et  N«f,  sueceaiivenent  engagés  dcu 
la  journée  da  1 4 ,  formaient  47 .000  h«Bnua,  8t«s  compter  la  garde* 
qai  composait  le  centre  ;  en  tout  bi  à  ^OOCbeaiiBes.  L'kqpnidflnu 
4»  Pru^ens  le*  avait  étmgemeBt  ecMopremis  ;  conuseat  osaieit» 
ib,  dasi  HD  nombre  inférieur  d'uo  ti»8  m  mwDS,  eogi^er  une  ha.' 
taille  avec  de  vieilles  trCHipcs  ai  ranarquablee  et  si  exereées,  et  oon- 
duites  par  Napoléeu  eu  penonoe  *  ?  C'était  iwe  de  ces  bardioeei 
^ue  l'art  de  la  guerre  n'explique  pu;  feUe  bnmde  ^  letur  ooAla 
cber. 
À  rix  lieues  de  li ,  la  position  était  toute  différente  ;  la  masse  des 

■     eut  «xael  d*  ioDRé*  pntMianM  «mnW  la  iotaiHs  AtUmitoinlSOft. 

Le  corps  da  général  BlQcher  en  VFeMphalla. 
Le  «0^  te  pays  de  H«MTN. 


LcB  lrou|>es  de  Berlin,  de  PoUdam  et  de  k  Huche. 

I4  t«tf*  dn  fénérel  KtUiteath. 

Les  iTMifes  da  SilMe  et  de  Je  ^logpe. 

CcHm  de  la  Prnwe  occidenule. 


Total. 
<:oirliiigeai  saxon. 


Le  14  octobre  tt  a  fkUu  fkift  la  dédMiiOD  anirame  : 

Lee  iro«pes  de  Pruaee,  parée  qu'elles  oont  enivtes  sur  l'BIba  trop 
lard  et  qu'elles  n'éuient  à  Hille  que  te  IS. 

On  petU  eeips  q«î  éuk  aa  Waatphalie. 

&  Miiiihi  et  à  Nleaboarg. 

à.mmmi-M. 

Vu  eoife  d'et)aef«altoo  comiiMDdi  par  le  dnc  da  W^aar  et  le  sénécsl 
Wisiag,  po«r  swveiUa  las  neuf  emeiiia  de  renoeml  «  Franconie  at 
sw  le  Hein.  iX«0 


U7.S0il 

13,130 
4,080 

MO» 


Tota.        83,7W 
rwcerMle  de  l'armée.  M|U8 


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176  cAHPAflin  DR  ravssB. 

troapes  pniniennes,  commandée  par  le  duc  de  Brunswick ,  la  garde 
royale  sous  les  ordres  du  général  Kalkreutb,  les  gardes  du  corps,  le 
roi,  la  reine  Louise,  a  cheval  en  amazone,  comme  la  Clorindedu 
TasK,  s'étaient  portés  en  masse  sar  le  corps  du  maréchal  Davoust,  qui 
opérait  par  Auerstadt.  Les  Prussiens  comptaient  sur  ce  point  pitu 
de  50,000  hommes,  presque  tous  d'élite,  avec  une  cavalerie  magni- 
fique, forte  de  12,000  hommes,  se  pressant  à  marches  forcées  sur 
Davoust.  Le  maréchal  n'avait  avec  lui  que  26,000  hommes,  dont 
1,500  de  cavalerie ,  et  il  pouvait  être  acculé  et  brisé.  Le  maréchal 
Bemadotte,  en  communication  avec  lui,  avait  reçu  les  ordres  fonn^ 
de  Napoléon  de  se  tenir  i  Naumburg ,  dans  une  position  intermé- 
diaire, pour  obsener  le  corps  du  prince  Eugène  de  Wurtemberg  qui 
s'avançait  de  Halle  ;  puis  Bernadette  devait  se  porter  par  Camburg  et 
Apolda  sur  léna  afin  de  tourner  les  Prussiens,  en  secondant  l'attaque 
de  Napoléon,  qui  croyait  avoir  en  face  les  masses  de  l'armée  ennemie 
et  avait  commandé  au  maréchal  ainsi  qu'à  Murât  de  se  tenir  à  sa 
portée  *. 

'  Avant  de  se  porter  nir  léna,  Napoléon  Bt  une  démirche  officielle  auprès  du  nt 
d«  Prusse  ei  lui  eavoja  H.  dcHonlesquiou,  capitaine,  officier  d'ordonnance;  ptitl 
de  Gara,  le  13  octobre  ISOfl,  à  dii  heures  du  matin,  ilarrira  au  camp  dugéainl 
Hohenluhe  à  quatre  heures,  avec  la  letlresuiTanie: 

«  Monsieur  mon  frire,  je  n'ai  reçu  que  le  7  la  lettre  de  votre  majesté  du  2S  tep- 
lembre.  Je  suis  fiché  qu'on  lui  ait  tt\t  signer  cette  espèce  de  pamphlet.  le  ne  lui 
réponds  que  pour  luiprotrsterque  jamais  je  n'attribuerai  i  elle  les  choses  qui  jsonl 
contenues;  toutes  sont  contraires  i  son  caractère  et  k  l'honneur  de  tous  drut.  Jl 
plains  et  dédaigne  les  rédacteurs  d'un  pareil  oarrage.  J'ai  reçu  immédiatement  spris 
ïanote  de  son  minisire,  dul"  octobre;  elle  m'a  donné  rendei-vous  le  8  :  en  bon  che- 
valier, je  lui  ai  tenu  parole;  je  suis  an  milieu  de  la  Saie.  Qu'elle  m'en  croie,  j'UdtS 
.  forces  [elles  que  toutes  ses  farces  ne  peuvent  balancer  longtemps  la  victoire.  Hù* 
pourquoi  répandre  tant  de  sangT  à  qud  but?  Je  tiendrai  1  votre  majesté  le  mèm.t 
langage  que  j'ai  tenu  i  l'empereur  Alexandre  deux  jours  avant  la  belaille  d'AusteriiU. 
Fasse  le  ciel  que  des  hommes  vendus  ou  bnaiisés,  plus  les  ennemis  d'elle  et  de  son 
r^nequ'ilsue  le  sont  de  moi  etde  ma  nation,  ne  Int  donnent  pas  les  mêmes  conseils 
pour  la  faire  arriver  an  même  résultat  I 

H  Sire,  j'ai  été  votre  ami  depuis  sii  ans.  Je  ne  veut  point  profiler  de  celle  csple* 
de  Terlige  qui  anime  les  conseils  de  8.  M.,  qui  lui  ont  taii  commettre  des  etrenci 
politiques  dont  l'Europe  est  eocere  tout  étonnée,  et  des  erreurs  militaires  de  l'énor 
mité  desquelles  l'Europe  ne  tardera  pasàreteniir.  Si  elle  m'eût  demandé  des  tliosts 
postibles  par  sa  note ,  je  les  lui  eusse  accordées  :  elle  a  demandé  mon  déabonaair> 
elle  devait  être  certaine  demaréponee.  Laguerre  est  donc  faite  entre  nous,  l'alliuM 
rompue  pour  jamais.  Hais  pourquoi  faire  égorger  nos  sujelsT  Je  ne  prise  point  une 
victoire  qui  sera  achetée  par  la  vie  d'un  bon  nombre  de  mes  enfants.  Si  j'étais  à  mou 
début  dans  la  carrière  militaire,  et  si  je  pouvais  craindre  les  hasards  des  combats. 


îdbyGoOgIc 


FKBIllàU  piUOBB.  177 

11  est  inutile  de  bien  résamer  cette  sitoation  reipectiTe  des  ooTpa, 
pour  rendre  à  chacun,  dans  les  événranents  du  leodenMiD,  la  part  qui 
lui  est  due  ;  or,  voici  la  véritable  statistique  des  champs  de  bataille  : 
à  Auentadt,  les  Pruauens,  troupes  d'élite,  étaient  au  moips  le 
double  du  corps  du  maréchal  Davoust  ;  h  léna,  la  supériorité  d'no 
tiers  était  aux  Français,  concentrés  sur  le  plateau,  avec  la  garde 
aoufl  les  ordres  de  l'empereur.  Les  deux  armées  étaient  k  six  lleoei 
de  distance;  an  milieu  de  ces  deux  points,  Bemadotte  opérait  dans 
le  but  de  se  porter  du  centre  aux  deux  extrémités  sek»i  les  beB(rinf 
de  la  bataille.  Les  ordres  de  l'empereur  étaient  précis  ;  Bemadotte 
devait  se  rapprocher  d'Iéna.  car  NapoléoD,  je  le  répète,  trompé  par 

ce  lingage  sertit  tout  à  fait  ièfiact.  Sire,  TOtit  mijetté  «en  vaiocue  ;  die  aura  com- 
|«omis  le  repos  de  sesjoun.l'eiistence  de  Ms  sujets  sans  l'ombre  d'un  prétexte.  Elle 
est  aujuuTil'bui  Intacte  et  peut  tniler  «Tet  moi  d'ane  maDière  conhrme  i  md  nng, 
elle  traiifra  avant  no  mois  dans  une  slUalionbleD  différeiiie;  elle  s'eai  laisaie  allet 
■  des  irritations qu'oD  a  calcula  et  prépara  avec  art;  elle  m'a  dit  qu'elle m'aiait 
BOuvenl  rendu  des  services;  eh  bien  I  je  TeuiluidooDer  la  plus  grande  preuve  du  sou- 
voiir  que  j'en  ai  :  elle  est  maltreaae  de  sauTer  1  ses  sujets  les  ravages  et  In  malheurs 
de  la  guerre  ;  i  peine  commeacée,  eUe  peut  la  tenniaer ,  ei  die  Ter*  udb  chose  ào«t 
TBorope  lui  saura  gré.  Si  elle  écoute  les  faribonds  qui,  U  y  a  qaaiom  ans,  voulaient 
prendre  Paris,  et  qui  aujourd'hui  l'ont  embarquée  dans  une  guerre,  et  imnédiatc- 
menl  après  dans  dw  plans  offeoMfs  également  inconcevables,  die  fera  i  son  peuple  un 
niai  que  le  reste  de  savienepourra  guérir.  Sire,  je  n'ai  rien  à  gagner  contre  vol» 
majesté;  je  ue  veux  rien  et  m'ai  rien  voulu  d'elle:  la  guerre  actudie  est  nnegnerre 
impolilique.  Jesens  que  peut-être  j'irrite  dams  cette  lettre  une  certaine  susceptibilité 
naturelle  à  tout  souverain  ;  mais  les  circonstances  ne  demandent  aucun  ménage- 
ment; je  lui  dis  les  choses  comme  je  les  pense.  El  d'ailleurs,  que  votre  majesté  ne 
permette  de  le  dire,  ce  n'tst  pas  pourl'Emope  une  grande  découverte  que  d'apprendre 
que  la  France  eal  du  trlfrie  plus  popnleuM  et  aussi  brave  et  aussi  aguerrie  que  les 
États  de  votre  majesté.  Je  ne  lui  si  donné  aucun  sujet  réel  de  guerre.  Qu'elle  ordonne 
à  cet  essaim  de  melveillsmts et d'incoHidMs dose taireil'tipeclde son  irAne dans 
le  respect  qui  lui  est  dû,  et  qu'elle  rende  la  tranquillité  à  die  et  1  ses  itats.  Si  die 
ne  retrouve  plus  jamais  en  moi  un  allU ,  elle  rdronvera  un  homme  désireDi  de 
ne  faire  que  des  guerres  Indispcncableaila politique  de  mes  peuples,  et  de  ne  point 
répandre  le  sang  dans  une  lutte  avec  des  sonverains  qui  n'ont  avec  mot  aucune 
opposition  d'industrie,  de  commerce  et  de  politique.  J«  prie  votre  majesté  de  ne  voir 
4aiis  cette  lettre  que  le  désir  que  j'ai  d'épargner  le  sang  des  hommes,  et  d'éviter  à  une 
nation  qui,  géographiquemeot,  ne  saurait  être  ennemie  de  la  mienne,  l'amer  repentir 
d'avoir  trop  écouté  des  sentiments  éphémères  qui  s'excitent  et  se  cdment  avec  tant 
de  facilité  parmi  les  peuples. 

»  Sur  ce,  je  prie  INeu ,  monsieur  mon  Mre,  qu'il  tous  ait  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 
»  De  votre  majesté  le  bon  Mre, 

•  HAKiLfioir. 
a  De  mon  camp  impéiial  de  Gers,  la  tl  oclobn  1806.  a 


îdbyGoOgIC 


171  aanKem  m  kobsb. 

1m  im%  r^Hrigstmeots,  eperaK  que  ks  eosps  décWfs  m  peiteraieDl 
■ur  ce  polat  ;  K  tenait  pea  de  e«fBpte  de  ce  qôt  te  pâmait  i  Aaerstsdt: 
et  poBrtaat  %  M  la  ^olre  de  la  jonmée. 

Le  13  M  soir,  veille  des  armes,  les  erAFCe  fbrent  expUih  par 
BettUer  a¥ee  m  pr6eMon  liabttaeMe.  L*enpepeiu-  Napcrféoo  écrinit 
M  neréchal  Davoust  deseporter  «or  ApoMa  parledéfllédeEiNHi. 

BertMer  se  croyatt  puqa^n  y  eAt  pTos  de  t8,000  fnsOfm  estre 
Aweratadt  et  Apolda,  et  il  pensait  qa'lb  senleirt  fet^lemeot  btieh  par 
det  forces  supérienrea.  Les  !■fass^ens  cuIlKitéa ,  le  ntrtebctt  deralt 
■ureher  sar  les  derrières  de  ramée  que  Nap<rféoB  alMt  mAr  k  h 
face  à  léna.  Des  ordres  ferent  expédiés  aux  maréchaux  Hwat  «A  Bo^ 
DBdotte  pour  opérer  le  même  mouvement  vers  le  centre  de  commu- 
nication entre  les  deux  armées ,  en  suivant  les  plateaux  de  la  Saaie , 
qui  divise  Navnbuy^etGambnrg,  et  en  vmant  faite  leur  joDetuaHU 
ApoMa,  clef  des  denx  pohtts  de  bâtantes  entre  Anerstadt  et  léns.  L'en- 
pereur  niait  toujours  que  Tarmée  prussienne  fût  réunie  en  masses 
vers  Auerstadt  ;  le  nerécba).  OerauloUe,  mieux  iolerioé ,  vint  dau 
le  canp  dtt  mirédial  DavMMt  pour  hii  faire  KMarquer  sa  politioB  dif 
•eHe:  ■  Vous  êtes  compromis,  lui  dlt-îl  ,laissei-mof  passer  lesdêfllés 
de  Kosea ,  vous  o'Ètes  fss  en  nombre  pow  combattre  les  Prussiott , 
qui  soBt  i  la  foee  de  vras  au  nui»  5û,00aiwmnei  ;  eweadile  aou 
ponrroM  iei  culbuter.  »  Le  naréchal  Davoost ,  trempé  lot-mtoesor 
les  masses  qui  lui  étaient  opposées ,  ne  voulut  point  de  cet  appui  de 
Bernadotte ,  qui  déaintt  «HBowncer  l'attaque  ;  peut-être  étsjt-ce  unt 
MMe  ÀnalatioB  de  gMre  !  BwmHt  vmMt-it  qM  les  koBWun  fc  W 
Journée  lui  appartinssent  complétcmentt  Ces  jalousies  de  la  victoire 
se  trouvèrent  plus  d'une  bi»  inu»  la  tente.  Bepousséa^  par  Davoust.  la 
MBiécluiixBeraad«tteetNufate«ée«tèfeatpMui|iidlegieotlesocdra 
de  fempereor ,  qtd  leur  commaftdait  d'opérer  sar  Apolda  par  Can>- 
burg,  mouvement  de  centre  combiné  par  Napoléon  dans  sa  prévision 
d'uB  éebec  ;  Benwdûtte  à  Aptida  pouvait  également  porter  secoun 
a&  corps  concentré  sur  te  plateau  d'Iéna ,  et  &  Devonrt  ea  face  d« 
Prussiens  à  Auerstadt  ;  il  allait  former  la  réserve  au  milieu  de  deui 
batailles  qui  se  livraient  à  six  lieues  de  distance,  et  doot  il  aswnit  la 
eomnMMcation. 

Il  y  eut  donc  quelque  chose  d'incertain  et  d'indécis  dans  toutes  le» 
opérations  de  la  nuit  du  13  au  IJ;  i  léna  l'empereur  conceotrail 
toutes  ses  forces  sur.  le  ^taui ,  et  des  efforts  inouïs  amenaient  de 


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i'aititlefie  à  tnrsn  InnnoBetlw  sratien  inabotdttMes;  osTklît 
ïlaeroyabfe  activité  de  Nt^oléoD  quand  il  avait  eooçuus  plan  et  qu'il 
laàait  le  nenw  èi  bout.  La  suit  était  profonde ,  le  général  de  l'artil» 
Inie  n'était  pnot  prêt  ;  on  vk  l'enpereiur ,  un  Eaiot  à  la  main ,  pfé> 
céder  ks  pièe«s  de  eampagne  et  éetairar  ta  aiarche  des  artiHeers  *; 
oa  ooopalt  les  rentes  à  coops  de  In^e,  os  traçait  des  cbemiM  ame 
hploche.  QoenepoiiTaltKmoserqiiaadlni-niâraeétaNlk^NapoMoii 
aviM  Mstaapda  M  tes  géoérausles  phn  intrépides  et  tes  plusdéwaéa  : 
le  inaréolal  Laféitvre,  qsi  conaundait  la  garde;  le  ^akni  Victor, 
qaiwrîvaitalondeBoaaMbaasadedeDMaiBaKlEpoarMreeanpagBe: 
c'était  un  de  ces  braves  de  l'armée  d^llalto,  blessé  toujo«rs  à  la  taoe , 
oar  fl  »'bviM  jamai»  m  l'iemeflai  autrement  ;  h  ms  oétés  se  plaçaient 
SMd  Oadinat,  Lannes;  oo  aurait  dit  que  las  coBipagMii3.da8  pps* 
niièM»anBes  da  Bonaparte  et  de  Momau,  am  époques  da  la  sépu* 
UfiM,  étaiMst  féoaissar  la  plateau  d'Iéoa  peur  mnouvaler  tas  prodi0es 
des  fampagam  du  Bfaiii  et  d'Italie.  La  veillée  d'Iéaa  fiit  aussi  bcdl* 
fi»b  veiUée  d'Auatarlita. 
Jl  l'auke  estrénité.  w4'«is  Naanbmcs,  Oeaoast,  avec  saténacUé 

'  «  IfapoléoD  coucha  au  biiac  at|  milita  do  «es  troupes,  11  fliaouper  vite  lui  ton» 
1«  gteénai  q«j  étaioit  M.  Avant  de  m  emuhor,  H  àneta^t  k  pied  I»  momtt^t 
tUm»,  paw  l'iWTtr  «u'smmm  nttw*  4»muiiliMi  n'éuit  mMm  e» kai;  •'«■tla 
fu'U  trouTi  loue  l'artiUrrit  dunu^hal  Uuiaes  engigét  dans  uoe  n.MDt  que  l'oth- 
Murtlè  lui  avait  bit  prendre  pour  un  cbemin,  et  qui  était  tellemeut  resserrée,  que  lei 
fttséei  dea  essieux  portaient  des  deux  cAiés  sur  le  rocher.  Sans  cette  position,  elle  M 
HttHUntMaatw,  alMcnler,  pwM^'H}  awitIdMietaUYaliniMàkiaitat'iHB 
iel'aiilw  <hwi  s»  détlè.  CeifrtahM^t^twMayd  dwaltaewii  h  gwmièwi  «tfj« 
des  autres  coq^  éitU  derrijfe  elle. 

■  L'enpereur  entra  dans  une  colère  qui  se  Rt  remaripier  par  un  silence  froid.  H 
da^  d»  fcMWMMf  leg^Béirt  oemMrfant  llaKMMie  de  ttMméé,  ^a-M  faUbri  étww* 
éa  M  las  laMWa  Ut  tK  nmtae  ijfdrimwfwi*'!!.  UfiilunitBQ  I'QaciMd:an. 
UUirie,  riuail  In  Moomiîen,  et  après  leoi  «veii  Giit  prendre  les  outils  du  pare  « 
■Ituner  les  falots,  il  en  tint  un  lal-Diême  dans  la  main,  dont  il  ccleira  les  canonniem 
qui  ImaiBaleBt  ««n»  sa  dtreetfoB  à  élarffr  la  ntIm  ,  jvaqvï  ee  que  ha  fbstes  de* 
«Mtant  M  poaMMBt  ^u.Mir  le  rcM.  J'ai  loaj«in«  préMat  dei«au  les  Tou  M  qui  «e 
pMstitiur  la  figure  des  cauoontcrs,  en  voyant  l'empereur  éclairer  lui-mdme.  un  (Uot 
i  laitkain,  tes  coupa  redoublés  dont  ils  frappaient  le  rocher.  Tous  élaient  épuisés  de 
lUigw,  et  pas  nn  ne  pnfïra  une  plainte,  sentant  bien  l'imporlMoe  du  serriee  qu'ik 
iiiilliwil,  et  BB  M  fteanl  pas  poar  léMiigner  leur  surprise  de  ce  qu'il  bU«i  que  ee 
Ut  l'eBperMir  loi-inéme  qui  doonit  cet  eiemple  à  ses  olQciera.  JL'empereuc  m  as 
retira  que  lotsqae  la  première  voilure  fut  passée,  ce  qui  n'eut  lieu  que  fort  avant  dans 
tm  nuit.  11  revint  ensnilc  k  son  bivac,  d'où  il  envoya  encore  quelques  ordres  avant  ds 
fwaiiadmepw.» 

(Mémoires  du  général  Savnj^ 


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IM  cAHFAcm  M  nusu. 

biM  tuellc ,  passait  la  Saaie  au  déSIé  de  Koseo  et  s'emparait  ainsi  d'une 
position  forte  etdominante.  Le  maréchal  avait  sons  ses  ordres  la  divi- 
sion Gudin ,  vieilles  troupes  qui  s'étaient  couTerles  de  gloire  dans  li 
campagne  d'Austerlitz ,  soldats  fennes  au  feu  ;  la  divinon  Priant, si 
reteotissanle  daos  les  fastes  militaires ,  et  le  corps  eoBn  du  géDénl 
Moraod ,  où  se  voyaientdes  compagnies  entières  de  grenadietSi  vété- 
rans des  campagnes  de  Marengo.  Toutelaonit  fut  employée  prendre 
position  dans  le  déûlé  où  il  était  ditflcile  de  reconnaître  l'ennemi  i 
travers  les  ténèbres  ;  un  brouillard  épais  dérobait  k  l'œil  attaitif  des 
généraux  les  mouvements  de  stratégie;  on  ne  se  voyait  pasàdispas; 
les  feux  mêmes  n'étaient  pas  aperçus. 

La  grande  armée  prussienne  s'était  pourtant  ébmniée  ;  te  corp 
commandé  par  le  duc  de  Brunswick  était  arrivé  le  soir  k  cinq  beom 
sur  les  hauteurs  d' Aucrstadt  avec  une  grande  précision  de  manœuvre 
LÀ  fut  établi  le  quartier  général;  leroidePrusseoHnmaadsiteDpa- 
sonne,  au  milieu  de  sa  garde;  la  reine  Louise,  à  la  veillée  sooi  ti 
lente  comme  le  dernier  cavalier ,  excitait  les  troupes  &  une  bataille 
gkHÎeuse.  Tout  le  mouvement  vers  Anerstadt  s'était  opéré  avec  no 
ensemble  et  une  précision  remarquables  :  Auerstadt ,  boui^  d'environ 
1,500  Ames,  entouré  de  hauteurs  boisées  et  d'admirables  positions, 
ol^It  à  ce  moment  un  spectacle  animé  ;  toute  l'armée  {HiissiNiiui  y 
était  concentrée,  sauf  le  corps  dn  maréchal  de  Mollendoiff,  oppost 
&  l'empereur  an  pied  dn  plateau  d'Iéna.  La  matinée  dn  14  octobre 
parut  encore  couverte  d'un  brouillard  épais  ;  le  maréchal  Davoost  es 
profita  pour  déployer  ses  avant-gardes  au  défilé  de  Kosen  ;  les  tronpa 
marchairat  dans  une  nuée  atmosphérique  tellement  obscure  qu'ella 
ne  se  recranaissaiwit  pas  k  trois  pas  de  distance  ;  ce  défilé  était  long, 
étroit ,  et  il  fallut  plus  de  deux  heures  pour  que  la  division  Gudin  p&t 
le  franchir  en  se  déployant.  Tout  à  coup  elle  se  trouve  face  à  face 
avec  l'avant-garde  prussienne  ;  il  était  hait  heures  du  matin  et  Vm  m 
se  voyait  pas  encore.  Français  et  Prussiens  était  à  une  demi-porté  de 
fusil  ;  ce  fut  seulement  le  bruit  des  pas  et  l'échange  de  quelques  moti 
qui  firent  voir  qu'on  était  en  présence.  Le  feu  s'engage  sur-le-chainpi 
vif  et  soutenu  ;  on  tira  d'abord  en  aveugle,  et,  lorsque  les  premiers 
rayons  du  scdeil  eurent  un  peu  dégagé  les  brouillards ,  tes  aigles  d'or 
parurent  en  face  de  l'aigle  noire;  les  Prussiens  qui  n'étaient  pas  ea 
force  opérèrent  leur  retraite  sur  leur  masse.  C'était  un  engagement 
d'avant-garde. 


îdbyGoOgIC 


HRBinÈBB  PÉKIOIIB.  181 

A  ce  moment  la  chai^  »e  fait  entendre  bruyante  dons  les  carrés 
eonemù ,  les  trompettes  sonnent  ;  ]e  général  Schmettaa  déploie  quel- 
ques régiments,  culbute  l'avant^arde  française,  et,  comme  le  brouil- 
lard se  dissipe  de  plus  en  plus,  on  magnifique  corps  de  cavalerie 
prosnenne ,  au  bmit  d'une  batterie  d'artillerie  légère ,  tourne  la  divî- 
sioD  Gudin  ;  toutes  ces  manoeuvres  se  firent  avec  la  précision  et  la  rec- 
titude qui  distinguaient  l'armée  de  Frédéric ,  troupe  d'élite  exerce. 
La  dirision  Gudin  n'eut  que  le  tempe  de  se  former  en  carré ,  baïon- 
nette au  bout  da  fusil  ;  elle  reçut  la  cavalerie  par  un  de  ces  beaux  feus 
de  vieilles  troupes  ;  les  chaires  furent  à  fond ,  et  les  carrés  les  sou- 
tinrent avec  une  grande  intrépidité  ;  les  pertes  furent  énormes  de  part 
et  d'antre.  Le  champ  était  disputé ,  lorsque  les  tambours  et  les  trom- 
pettes se  firent  encore  entendre  ;  le  maréchal  Davoust  parut  à  la  tète 
de  sa  cavalerie  et  de  la  division  Priant  ;  il  remit  un  peu  d'ordre  dans 
les  rangs  ébranlés  ;  un  feu  de  mitraille  laboura  les  colonnes  commeun 
champ  de  blé  sous  la  grêle;  l'ennemi  couronnait  les  hauteurs  d'Ane» 
stadt  ;  sans  calculer  le  danger ,  le  général  Friant  l'attaque  avec  une 
intrépidité  indicible.  Sa  division,  formée  en  colonne,  s'avance  tandis 
que  le  canon  ennemi  y  fait  de  larges  trouées.  Ce  mouvement  s'opérait 
pour  dégager  le  général  Gudin ,  brisé  sous  l'artillerie,  et  qui  se  main- 
tenait en  p(»ition  depuis  quatre  heures  ;  Gudin  cédait  le  terrain  devant 
les  corps  prussiens  dn  duc  de  Brunswick ,  lorsque  cette  infanterie  sf 
ferme  fut  soutenue  par  une  charge  du  général  Morand.  Les  feux 
s'étendirent  alora  sur  toute  la  ligne  où  l'ennemi  déployait  ses  masses. 
Ainsi  était  la  bataille  d'Auerstadt  i  midi  ;  la  terre  était  jonchée  de 
morts  ;  trois  divisions  soutenaient  avec  une  intrépidité  héroïque  toute 
l'armée  prussienne  qui  se  déployait  autour  d'elle  ;  le  sol  était  ébranlé 
lous  le  canon  ;  h  cette  heure  de  feu ,  quand  le  soleil  reluisait  sur  les 
baïonnettes,  où  se  trouvaient  les  maréchaux  Mnrat  et  Bernadotte? 
Chargés  de  se  porter  de  Gambui^  sur  Apolda  ' ,  les  deux  maréchaux 
devaient-ils  changer  leur  direction  indiquée  par  les  ordres  de  l'empe- 

*  ToicIceqDCJeliBdansun  document  que  je  crois  communiqué  : 
■  Divousl  iTiU  refu  l'ordre  de  se  por(«r  le  14  au  malin  sur  Apolda,  où  il  Iron- 
verail  18,000  Prussiens,  commtndte  par  le  duc  de  Brunswick.  L'empereur  avait  eu 
de  nannises  Enrennetions  sur  tes  mouvements  de  l'ennemi  :  aussi  Davoust  ne  tardu 
pBt  i  être  conTaiiMU,  par  les  renBcignements  positira  que  lui  donna  Bernadotte,  qu'il 
auraîll  combattre  une  grandeparlic  de  l'armée  prussienne,  cl  non  pas  19,000  Prus- 
siens seulement  annoncés  par  le  maJor-géDéral.  a  Tranquillisci-vou»,  lui  dit  le  ma- 
rtial Beroadolle;  laiBsez-moi  passer  au  milieu  de  lolre  camp,  je  vais  lea  attaquer,  el 


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rear ,  le  jeter  *  par  un  moaTeme&t  en  arrière ,  lor  AuosUdt  ;  oa 
Ueo  dercieaMIi  exécater  poDcbidlemeat  les  instrot^ioDs  de  Botbiet 
^i  déiignaient  A  Bernadotte  la  perition  ceatrale  d'Apidda  conmt  m 
firint  de  ralliement? 

J'«i  dit  q«e  la  veiUe  de  la  tntaiHe  le  ■anéehil  BeinadsUe,  qtieoa- 
MisMit  paifaUemeat  les  pontions  de  l'araiée  pnmmtoBe,  ea  hdob- 
Cantaa  tnarèclnl  DeTOustqu'il avait  en  face  de  hule  ducdeBnionrick 
avec  50,000  hommes,  lui  demanda  s'il  pourrait  résister  ;  qudteiiiae 
hmeot  les  fMtractionfl  de  l'emperenr  qui  lui  enjoignaieat  de  se  perter 
nr  Ap(Ma,  le  maréchal  offrit  A  Davoast  le  cmcovn de  tes  troupes; 


»  DiieaM.  atuen*  qu'élau  poilé  i  l'colréedu  déBU  de  Kown, 
11  Bcnit  pénible  pour  lui  de  Toir  Truicblr  ce  défilé  par  no  aulte  corps  que  le  «ieu.  U 
pCTsisIa  i  garder  son  défilé  et  i  marcher  le  premier, 

»  Cepfndini  Baivast  RYiltreça  da  msjar-géttén!  mtetrtlreéatis  ItqmHtiléuil 
dUï«...fii1epria«tdeP«nlM:oTv»éiMtdMs*MCd>*iro«,et^u'ila'Mtpai«c*i« 
MCU  la  ordres ,  tous  pouiriei  muciirr  ensemble.  Uiis  l'nnpereur  espire  qu'il  su» 
déjà  to  marche,  avec  la  caTalerie  du  gr«nd-duc  de  BerR,  sur  Dornburg  et  Cam- 
btiTg..,  ■  Vers  trois  heures  du  matin,  le  H,  le  prince  dePot)Ie-CaTTO,nereenaDi 
ncme  hnttnMIoii,  «uesn  «flktpr  ida  «fHiiiw  ft^néraJ ,  fil  CMiUaiwr  le  iMMTCBMi. 
L«caM*fl  •elt(BMadt«((iIrec<«|et  sii  heures;  la  marebedcs  trou^  Tul  ptes»rr. 
Anivé  i  Domhurg,  il  trouva  la  cavalerie  de  Hurat  qui  n'avait  pas  encore  commeDCé 
ton  mouvement,  et  qui  mit  prés  de  sit  heures  pour  ft^nehir  le  d^lé  de  la  Suie  et 
pour  nuronner  )n  hameun.  La  division  SlviDd  et  la  earaterie  léfère  do  pranSfr 
«wy  BWdlem|i<le-»<l«,  ■ind'irriverplMYit».  BMwwiet^ii'eUeaftirewfaf- 
nies,  ellee  se  trouvaitml  sur  les  derri^es  des  troupes  prussiennes  qui  avaient  allti|iH 
le  miréchat  Davousl.  S  )  10,000  chevaui,  qui  auraient  décidé  Te  succis  de  la  jouméi 
c«iitf e  BaTOnst,  Ibreat  etiTOjés  pone  tecoYmallwle*  eorps  q«i  cmrHHMfeat  tes  hn- 
teuM;  M,  4èi  c«t  InstavI,  ceUapirtie  de  l'«iMie  pTU«ii(mi«se*ill«ii  retraite  sur 
Butteltudt,  Kslebeo  et  KordtiauBcn.  Bernadotte  arriva  sur  les  bauleura  d'AfiuIiia 
>Tcc  M  cavalerie  I^ère  et  la  division  Rivaud  seulement,  1rs  généraux  Beltiard,  La- 
tmtr-HaulKrarg.  BÛamont  et  Wnhaud  ayant  reçu,  dans  l'intenane.  l'ordreffidR 
JdDdrcavcclrvn  oifelK^rtmi-^càeSa^  ^  ac  trawratt  aaprtedelaptnaM* 
de  l'eniperear.  Dais  le  rap^rl  oScid  dufrioce  de  Ponle-Corvo,  daté  d'Apoldi, 
le  14,  àonrebcuresdu  soir,  il  est  dit:  «  ...Nuus  nous  trouvions  absolument  surit* 
derrières  del'enneml  et  débordant  toutes  les  Troupes  que  le  tnarédial  DavotiA  aval)  1 
«embMIre ,  de  maaitre  qu'il  «  été  défa^é  de  trtt4)eBae  kaan:  par  notre  mtmm- 
ment...  u  Huratacertiliéla  parfaite  exactitude  des  mouvements  du  corps  qu'il  cun- 
mandait  et  du  corps  du  maréchal  Bernadotte,  iris  qu'on  vient  de  les  énoncer, 

n  Le  maréchal  Davoust  ayant  refusé  de  se  concerter  avec  le  maréchal  BeroiduLW 
pour  lllaquer  les  Prussiens,  celui-ci  suivit  la  direction  qui  lui  avait  été  donnée  par 
les  premiers  ordres  du  major  général,  et  St  une  diversion  qui  fut  iris^avorable,  et  en 
qudque  sorte  décisive  pour  te  succès  de  Davousl.  Il  elTcctua  ce  mouvement ,  pet» 
ainsi  dire,  de  lui-même,  ne  recevant  point  d'ordre  du  quartier  général,  non  plus  que 
Uurat  qui  se  concerta  avec  te  maréchal  pour  aller  prendre  position,  après  le  dcElê. 
■UT  les  hauieura,  ainsi  qu'on  )'a  expliqué  plus  haut.  » 


DiclzedbyGoOglC 


pMnnB>B  PtiiuoDB.  IBS 

Saroast,  se  croTmt  anei  fort ,  les  refnSB ,  et  Bnnadotte  ,  c«nnn4 
Horat,  dot  exécnter  l'oritre  qaelui  syait  transmisBerthier  de  se  porter 
TmApoldBffiir  h» derrièresdel'eimemî.  Quand  la  bataille  fut  engage 
ehsoâemeat.  le  maréchal  Davoust,  qui  vit  bien  alors  sa  sitoation 
diOidIe,  envoya  -on  de  ses  aides  de  camp  m  maréchal  fiemadotte 
poor  tnf  demander  *ppu);  et  sur  cet  avis  la  division  Dupont,  détadiée 
par  l«  maréchal,  pamtà  CambnrgpDur  observer  la  batrilled'Auerstadt 
et  tomber 'Sor  reammi  aa  beaohi  avec  des'traupes  fratcfaes.  Beima- 
dotte  DC  pouvait  quitter  sa  position  d'ApoIda ,  si  importante  poar 
oi^fer  l'emperear  i  lérn  ;  eHe  formaft  eomme  la  clef  de  toute  la 
•tratégie  de  deux  bataflles  données  h  six  lienes  de  distance. 

Pour  comprendre  toute  l'importance  decette  portion  du  maréduri 
Bemadotte  k  Apolda ,  il  faut  se  transporter  sur  le  terrain  d'Iéna ,  oà 
fffl  sutre  eombat  s'engageait.  Napoléon  avaH  passé  la  nuit  k  coocBO- 
trertoutes  ses  divisions  sor  le  plateau;  le  général  Victor,  ehef  del'étatr 
major  général ,  désigna  pour  chacune  de  ces  oohmnes ,  avec  tme  haute 
intelligence ,  la  place  qu'elle  devait  occuper ,  Suchet  prit  la  droite , 
Cuan  la  gauche,  Lefebvre  se  mit  an  centre,  l'artillerie  était  placée 
dans  l'interralie  de  chaque  corps  ;  Augereau ,  arrWé  en  toute  hâte , 
flaiMiDatt  la  pontion  par  ses  masses  profondes  d'infanterie;  le  plan  de 
Napvjléon  était  de  reTeoter  l'ennemi  par  un  déploiement  de  colonnes 
descendant  du  plateau,  de  le  couperde  ses  réserves,  et  alors  Bemadotte 
devait  le  recevoir ,  et  ramener  6  Apolda ,  sur  la  pointe  de  ses  baïon- 
nettes, 10  ou  12  mine  prisonniers  par  rra  simple  monvement  de 
front.  A  six  heures  du  matin ,  Atraversun  brouillard  ansi  épaff  que 
celin  qui  dominait  Auerstadt ,  les  Français  prirent lesartnes  avec  cette 
ooMe  allégresequirayonnatt  sur  tonsleslroots  te  matin  des  batailles. 
L'enpereur'penuninit  les  rangs;  il  disait  à  chaqne  soldet  quelques- 
ans  de  ces  mots  heureux  qu'il  savait  Jeter  dans  sa  belle  et  grande 
langue  bistoriqne;  Il  allumait  nn  noble  fen  au  cieur  de  l'armée  : 

«  Soofene&-TOU8 ,  répétaft-II ,  de  la  prise  d'Ulm  et  de  la  bataille 
d'Aasterlitz;  les  Prussiens ensont  réduits  k  la  même  extrémité.  Ils  ont 
perdu  leurs  lignes  d'opérations.  Ils  se  trouvent  cernés,  fls  ne  com- 
battent plus  que  pour  assurer  lenr  retraite.  Soldats ,  s'écrialt-il ,  les 
PnsiieDS  veulent  tenter  une  troaée ,  le  corps  qui  les  laisserait  passer 
«orait  perdu  d'honneur;  reniendez-roUBÎ  perdu  d'honneur  I  »  C« 
mots  excitèrent  le  plus  vff  enfbonsiesnw.  Ensuite  fîapotëon  donna 
quelques  conseils  ponr  résister  k  la  cavalerie  prussienne,  dont  la 


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ISâ  CAMPACRE  DE   nCSSB. 

reDommée  était  grande  :  «  C'est  ici  où  l'honneur  de  l'infanterie  doit 
■e  montrer  ;  les  Français  sont  une  nation  année.  >  Alors  les  liraii- 
leurs,  se  déployant  au  bas  du  plateau ,  engagèrent  hardiment  une  tite 
fu^llade ,  à  travers  les  ténèbres  du  brouillard ,  plus  épûa  que  la  fumée 
de  l'artillerie;  les  colonnes  ainsi  protégées  descendirent  du  plateau 
dans  un  ordre  magnifique,  et  prirent  leur  rang  de  bataille  dans  Ii 
plune,  tel  qu'ilélaitassignépar  le  général  Victor,  en  facedel'srBiée 
prussienne ,  qui  elle-même  se  déployait  avec  la  précision  des  vieui 
manoeuvriers. 

A  neuf  heures  seulement  le  soleil  se  leva ,  dissipant  le  brouillard, 
et  les  deux  armées  se  trouvèrent  à  une  demi-portée  de  canon  ;  oo 
voyait  reluire  les  casques ,  les  cuirassés  scintillant  au  solàl  i  et  les 
longues  baïonnettes  de  l'infanterie  :  on  aurait  dit  une  parade  ;  c'éUït 
par  de  grandes  manœuvres  que  le  combat  allait  s'engager.  Les  Pnu- 
siens  se  déployèrent  par  la  droite  sur  la  gauche  de  l'armée  française 
que  commandait  le  maréchal  Angereau.  Ce  déploiement  se  fit  comme 
dans  une  revue ,  avec  le  même  ordre  qu'au  vaste  pré  de  Potsdam  ou 
de  Sans-Souci ,  et  avec  la  même  fermeté  d'action  ;  è  dix  heures  déjà 
on  s'était  chargé  avec  une  admirable  intrépidité;  cavalerie,  infanterie 
avaient  fait  leurdevoir.  A  onze  heures,  on  vit  poindre  diuis  le  lointain 
les  réserves  du  maréchal  Ney  qui  s'avançaient  à  marches  forcées; 
quelques  instants  après  se  déplment  les  dragons  et  les  cuiraSMers  de 
Murât,  arrivant  sur  le  champ  de  bataille. 

Murât  exécutait  le  mêmes  ordres  que  Bernadette  ;  tout  ponr  léot. 
rien  pour  Auerstadl  ;  ainsi  était  Napoléon  :  tous  les  moyens  se  coo- 
«eptraimit  vers  la  position  qu'il  avait  choisie;  là  où  il  commandait  les 
éléments  de  victoire  étaient  rassemblés.  Cette  cavalerie  de  Munt  fit 
des  charges  à  fond  sur  les  Prussiens  ;  ainsi  qu'à  Austerlitz,  il  y  eut  des 
«ngagements  de  cavalerie  corps  à  corps ,  comme  dans  ces  tableam 
du  XVI*  siècle  où  les  chevaux  et  les  cavaliers  tombent  refoulés  les  un) 
sur  les  autres.  L'infanterie  prussienne  voulut  soutenir  sa  >ieille  répu- 
tation du  temps  de  Frédéric  ;  les  cuirassiers  brisèrent  ses  rangs 
pressés,  enfont^rent  les  bataillons  et  les  carrés  ;  le  maréchal  de  Mol- 
lendorfffut  blessé;  ledésordrecommençaitàse  mettre  dans  les  rang; 
de  l'ennemi ,  qui  fit  sa  retraite  un  peu  confuse  sur  Weimar.  L'amwf 
prussienne,  un  tiers  moins  nombreuse  que  les  Français,  avait  attaqué 
avec  présomption,  et  le  vieux  maréchal  de  Mollendorff  fut  obligé  de 
courir  au  pas  précipité  de  son  cheval,  pour  éviter  d'être  pris  dans  uoe 
ctiarge  de  cavalerie. 


îdbyGoOgIC 


PBBHIÉBB   PÉRIODE.  185 

La  fatale  nouvelle  de  cette  retraite  du  maréchal  de  Hollendorff 
inr  Weimsr  fat  apportée  à  deux  heures  par  un  orOcier  prussien  an 
quartier  général  de  Frédéric-Guillaume,  qui  pressait  si  vivement  le 
maréchal  Davoust,  et  l'entourait  de  forces  supérieures  ;  le  champ  de 
bataille  était  terriblement  disputé  par  26,000  Français  réduits  alors 
à  18,000  sous  le  feu  meurtrier  de  l'artillerie  prussienne  ;  le  vieux  due 
de  Brunswick,  blessé  d'un  éclat  de  mitraille  avait  perdu  la  vue,  et, 
comme  par  un  effet  de  la  Providence  qui  maintenait  son  honneur,  H 
ne  vit  pas  la  niiae  de  cette  infanterie  qu'il  avait  contribué  à  eiercer. 
Plusieurs  généraux  pnusims  h  la  tête  de  leurs  troupes  étaient  ansd 
tombés  blessés  ;  la  noblesse  allemande  payait  de  sa  personne  ;  et  c'est 
à  ce  moment  que  Frédéric-Guillaume,  s'euposanl  comme  un  simple 
soldat ,  apprit  la  marche  rétrograde  de  Hollendorff  sur  Weimar. 
L'instant  était  décisif,  il  fallait  passer  sur  le  ventfe  du  maréchal  Da- 
voust et  porter  aide  i  Hollendorff;  le  roi  ordonne  une  attaque  géné- 
rale de  tous  les  corps  de  réserve  pour  briser  l'armée  de  Davoust,  et 
refouler  la  division  Morand,  qui  se  défendait  avec  sang-froid  contre 
toute  l'infanterie  prussienne.  La  charge  fut  magniOque  et  bien  sou- 
tenue; mais,  par  une  fatalité  indicible,  le  prince  Henri  de  Prusse,  blessé 
presque  immédiatement,  fut  forcé  de  se  retirer  du  combat  ;  le  général 
Schmettau  reçut  une  balle  dans  la  poitrine  ;  le  général  Kalkreutb 
dirigea  seul  les  dernières  manœuvres ,  moins  fermes  et  plus  désor- 
données. 

Le  roi  de  Prusse,  présent  partout,  eut  deux  chevaux  tués  sous  lui. 
C'était  un  combat  de  noblesse  allemande  contre  les  Francs  du  Rhin, 
comme  les  anuales  les  rappellent  ;  le  roi,  fils  de  la  maison  de  Brande- 
bourg, devait  donner  l'exemple,  et  le  fit  avec  une  incontestable  intré- 
pidité contre  les  Français  qui  se  comportèrent  héroïquement  h  Auer- 
stadt.  Les  nouvelles  du  champ  de  bataille  d'Iéna  devenaient  de  plni 
en  plus  mauvaises  pour  les  Prussiens;  au  milieu  de  l'acbarnement  du 
combat,  quand  le  maréchal  de  Hollendorff  réslsta.t  avec  son  infanterie 
aux  brillantes  charges  de  Hurat,  le  maréchal  Bemadotle,  exécutant 
les  prévoyances  de  Napoléon,  débouchait  avec  deux  divisions  de 
troupes  fraîches  par  Apolda  sur  les  derrières  de  l'armée  prussienne  k 
léna,  et  ce  seul  mouvement,  jmnt  aux  charges  de  Hurat,  fit  plui 
pour  le  gain  de  la  bataille  que  les  premières  opérations  de  la  matinée; 
car  le  vieux  maréchal  de  Hollendorff  dut  détacher  sa  meilleure 
infanterie  et  une  partie  de  sa  cavalerie  pour  obsener  Bernadotte. 


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L'apparition  du  miétHui  wr  lea  bautenn  d'Apolda  fat  Mcidve;  les 
divùioaB  de  ce  (xaye  firent  tes  première  prisoDoien,  elles  arriTaieDl 
Iratcbes  et  l'anne  au  bras  ;  les  bataillons  prowenB  cernés  minot  b» 
les  armes  devant  18,000  hommes  qui  n'avaiaot  pas  été  engegéib 

toulB  cette  stratégie  a  besoin  d'être  résumée.  Il  y  a  eu  deux 
batailles  le  14  octobre  à  six,  lieues  de  distance;  l'une  à  Auentidt, 
l'uitre  à  léna.  Dansla première,  26,000 Français,  sous  lesordresde 
Davoust,  ont  réasté  i  l'élite  de  l'armée  prussienne,  presque  double 
en  nombre  ;  dans  la  seconde,  à  léna,  Napoléon ,  avec  un  tiers  de  pim 
que  le»  corps  prussien  et  saxon  de  Molleodorff,  brisa  facilmunit  la 
colonnes  ;  léna  fut  im  combat,  Auerstadt  la  bataille.  Au  centre  de 
la  position  se  trouvait  Bernadotte  ;  à  midi  il  apprit  que  Davoust  ternit 
bien  ;  dès  Ion  les  charges  de  Murât  à  léna  et  la  présence  da  corps  de 
Bernadotte,  donnèrent  À  la  défailo  des  Prussiens  un  caractère  décinf; 
dk»  rendirent  la  terreur  dans  leurs  rangs  ;  qu'on  s'imagine  18,000 
bommee  de  troupes  intactes  arrivant  sur  les  derrièros  d'une  armée 
battue  *.  A  quatre  heures  la  retraite  des  Prussiens  était  confuse,  et 
les  deux  batailles  d'Auerstadt  et  dléoa  entièrement  remportées  pour 
l'honneur  et  la  gloire  de  la  France;  les  pertosde  part  etd'aotre  furent 
considérables  ;  on  s'était  battu  avec  acharnement'.  H  y  eut  deux  fata- 
lités pour  l'armée  prusueune  :  la  première,  c'est  quQ  le  vantMmtQn 
constamment  le  brouillard  à  sa  face  ;  elle  ne  put  s'apcercevoir  de  toutes 
les  manœuvra  des  Français,  qui  s'exécutèrent  avec  une  rare  intii- 
pidilé.  La  seconde  fatalité  fut  que  tous  ses  généraux  furent  bleesés  el 
hon  de  combat  presqueeu  comroenC'tntIa  bcdaille  :  le  duc  de  Bnins- 
vick,  le  prince  Henri  de  Prusse ,  huit  lieutenants  généraux  ;  les  bslles 
semblaient  porter  sur  les  chetï  de  corps ,  et  cela  jetait  le  désordre 
dans  les  rangs  de  l'armée  prussienne.  An  contraire,  le  brouillanl 
faforisa  le  déploiement  des  ooloanes  de  Napoléon,  et  un  seul  géoéral 
fut  frappé  è  mort,  le  brave  Debilly^  dont  la  mémoire  est  aujourd'hui 
encore  conservée  auprès  du  pont  qui  porte  le  sodvenlr  d'Iéna. 

Il  y  eut  des  traits  indicibles  de  cette  partialité  de  la  mort  :  teiidi) 
que  tous  les  généraux  prussiens  étaient  blessés  grièvement,  Oudlnot, 
4ui  fiU  presque  toujours  frappé  au  champ  de  guerre ,  eut  son  babil 
et  son  chapeau  criblés  de  baltes  et  ne  fut  point  atteint  ;  il  n'y  eut  donc 
wicun  désordre,  aucun  vide  dans  l'armée  française  ;  elle  ne  fut  point, 


îdbyGoogIc 


187 

comme  l'année  pnnsienBe,  veaw  de  k»  dtef.  H  faut  le  Are,  le  pUm 
deNipoiéoB,  tracé^'ahord  d'ime  minière  confose,  parce  qu'il  ignorait 
la  maaTemeats  de  Vanaée  pnuùeime,  prit  enniite  on  admlraUe 
dèrdoppemeot.  Ce  fut  uoe  hnte  sans  doute  de  laisser  le  naaréchal 
Davouat  écraeé  seus  une  mane  de  50,000  honmMs;  si  (e  narécluj 
avait  montré  naoÉBs  de  femeté ,  un  «Nira^B  moioa  liéroïque,  si  sei 
Iroà  divisions  s'éUieat  mains  e^wsées,  A  m  corps  «ifin  n'avait  pu 
laissé  le  tiers  de  son  inonde  sur  la  place ,  l'armée  pruasieone  aurait 
passé  par-dessus  Davoust  et  serait  venue  se  joindre  au  maréchal  de 
SfoHeodorff,  crise  fatale  pour  Napoléon  retranché  k  léna.  C'est  dans 
cette  prévojauce  que  l'empereur  avait  donné  l'ordre  au  maréchal 
fienutdotte  de  se  tenir  i  Apolda,  entre  les  deux  batailleN,  pour  por> 
ter  appni  h  l'un  ou  l'autre  oorps  menacé  et  assurer  les  commu- 
nications ,  tandis  que  Murât  conduisait  la  réserve  de  cavalerie.  La 
position  de  Bernadottc,  à  Apolda,  était  donc  parfaitement  choisie 
dans  la  prévoyance  de  l'empereur  :  Bemadotte  rétaUisBaJt  les  affaire! 
en  se  partant  sur  les  derrières  des  Prussiens,  et  le  maréchal  de  Mot- 
lendorff  était  obligé  de  détacher  sa  meilleure  cavalerie  et  son  infanterie 
pour  le  contenir;  si  au  ccnitraire  Da>oust  avait  fiécbà,  fieroadotte  H 
serait  porté  &  son  aide. 

C'est  en  quoi  les  batailles  de  cette  époque  ftirent  toujours  marquées 
du  génie  de  Napoléon.  Ceux  qui  ont  attribué  à  sa  magnanimité ,  le 
prétendu  pardon  accordé  à  BÔnadolte  afoès  léna  et  ioierstadt,  ne 
savent  pas  qu'au  contraire  Napoléon  félicita  le  maréchal  de  ses  manoBo- 
vrei  à  travers  les  déûlés  et  les  sentiers  escarpés.  Comme  tout  était 
prévu  dans  sa  pensée,  il  savait  bien  que  dans  une  défaite  de  l'ennemi, 
18,000  hommes  de  troupes  fraîches,  arrivant  dans  la  confusion  d'aa 
mouvement  rétrograde,  devaient  ameaerune  sorte  de  terreur  panique 
dans  les  rangs  prussiens. 

A  ces  deux  batailles  cliacun  lit  son  devoir,  Bemadotte  ecHome 
Davoost;  garder  son  poste  de  réserve  était  l'obligation  d'un  général 
d'élite.  11  faut  se  méiler  de  ceux  qui,  se  plaçant  derrière  Napoléon  à 
SùDte-Hélène,  lui  ont  fait  juger  à  tort  ou  à  travers  les  répulatiom 
militaires ,  avec  Vétroitesse  et  les  passions  du  jour  ;  le  génie  du  grand 
capitaine  avait  donné  à  chacun  sa  mission  sur  le  champ  de  bataille, 
et  chacun  l'accomplit.  Le  maréchal  Bemadotte  joua  un  rôle  aaseï 
décisif  dans  la  campagne  de  Prusse  et  de  Pologne,  pour  qu'on  puisse 
dire  qu'il  ne  manqua  point  alors  à  l'estime  de  l'empereur  et  À  Ui 


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188  CIMPAGIIB  DB  PBDISE.  — PlSHltKB  PÉUOItB. 

conGaoce  de  son  pays.  Quant  k  Davoust,  sa  gloire  fut  mémorable; 
les  hooncurs  de  la  grande  journée  rurent  à  lui  ;  si  Napoléon  i  peine 
le  cita  dans  son  bulletin,  comme  il  avait  k  peine  rappelé  le  nom  du 
maréchal  Soult  k  la  journée  d'Austerliti ,  il  faut  attribuer  ces  omi»- 
tàom  à  des  jalousies  *.  Napoléon  ne  relevait  jamais  ses  rivaux  de  gloire; 
il  ne  louait  que  les  médiocrités  militaires  ou  les  hommes  qui  s'incar- 
naient en  lui.  Nul  oe  devait  paraître  quand  l'empereur  rayonnait  en 
sa  gloire. 

'  Il  Doosf  érable  que  quand  l'cmpereiir  diNft  le  leademaia  de  U  bttwlle  :  «....St- 
Tousl  faisait  d«s  prodiges....  Non-scDlenieiit  il  coDtini,  mais  nwua  ballant  pendaBt 
plus  de  trais  lieues,  le  gm  des  troupes  ennemies  qui  devait  diboncher  du  dlé 
de  Kosen....  Ce  marécbal  a  dipleji  une  bravoure  disliDgaée  et  de  la  Tennett  i% 
carïclère,  première  qualité  d'un  homme  de  fjuerre....  »  il  semble,  dJsons-DOus,  qu'il 
D'y  avait  guirt  11  une  omiition  dictée  par  la  lAUirsiB.  fit  serait-OD  pas  leaté  d< 
croire  que  l'auteur  n'a  point  lu  le  bulletin  auquel  il  fait  allusion.  (V*  Bulletin  de  11 
grande  armée.)  L'empereur  ne  sanetionna-l-il  pas  ses  paroles  lorsque ,  an  IMS,  I 
créa  Davoust  duc  d'Auerstadt  T...  Il  faut  au  moins  du  boa  sens  dans  c«  qu'ca 
avança,  même  dans  la  partialité  la  plus  avouée. 

L'auteur  dit,  i  ta  page  1B7,  que  ce  hit  une  grands  fiule  de  la  part  de  l'emperenr 
que  de  laisser  écraser  le  corps  de  Bavonsl  i  Auersiadt  par  cinquante  mille  eonmis: 
«r.  i  la  page  174,  ii  a  dit,  qne  Napoléon  ignorait  complètement  la  marche  du  due  dt 
Brunswick  sur  Kosen,  et  qu'il  crut  avoir  devant  lui  toute  l'armée  prussienne;  teni- 
ment  alors  H.  Cape6guc  peut-il  faire  un  reproche  k  l'empereur  d'avoir  eoncfnlré, 
autant  que  possible,  se*  propres  forces  k  léna,  comme  il  le  fait  pages  184  et  187. 
Nous  ne  comprenons  gutee  un  système  aerablable  :  c'est  plus  qu'inconséquent. 

Dans  le  chapitre  suivant,  M.  Capeflgue  se  pose  plutét  eu  pamphlétaire  prvssia 
qu'en  historien  ;  je  ne  sache  personne  parmi  tous  les  écrivains  allemands  qui  ait  mil 
plus  de  soin  que  lui  à  tronquer  les  faits  relatif^  I  la  défaite  cl  k  la  démoralisatioa  it 
l'armée  prussienne.  A  l'en  croire,  les  résultats  de  la  bataille  d'iéna  étaient  une  chou 
prévue,  toute  naturelle,  malgré  la  grand»  bravomt  des  soldats  de  la  monarchie  da 
grand  Frédéric  :  aussi  l'auteur  est~il  loin  de  les  attribuer  aoi  armes  françaises,  miit 
bien  aux  intrigues,  k  la  séparation  des  Saions,  etc. 

Quant  k  ce  que  H.  Capefigue  qualiBe  tout  simplement  de  ruse  k  la  page  IVT,  il 
devient  inutile  d'y  répondre,  car  la  déception  de  l'auteur  est  ici  trop  ironique.  Oa 
ne  justiBe  guère  la  bassesse,  la  fausseté.  Lorsque  BIticher,  cerné  et  coupé  de  loui 
cAtés  par  les  Français,  jura,  pour  se  tirer  de  ce  mauvaûpai,  sur  son  honneur,  soi 
son  épée  et  sa  foi  de  général,  qu'il  y  avait  armistice  entre  les  deux  armées,  ce  n'«t 
point,  ereyoDS-DOns,  une  action  pareille  qu'on  qualiBe  par  le  mot  banal  de  acii.... 
le  dictionnaire  des  gens  d'honneur  a  d'aulrea  eipressigns  pour  une  pareille  aclioo, 
M.  CapeBgne.  {t.  W.) 


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GITBKBB   DB  FRCMB.  —  BBCOMDB   PÉMIOI». 


CHAPITRE  IX. 


CDBmBB  DB  PIOHI.  —  ■■CONDB  rÉIIODB. 


Cinfct  qui  rMdtiit  déeislYcs  les  batiillo  d'AuersUdt  ti  A'iim.  —  DéTecUoD  d« 
Saionc.  —  DèmonliHtEan  de*  PnusieDi.  —  La  ragoarchie  militaire.  —  Aciivilt 
des  généTaus  Avncaia.  —  Offres  de  U  Saie.  —  Fiojet  d'alliance  intime.  —  Marebe 
sur  Berlin.  —  Napoléon  et  Ira  généraui  prussiens.  —  Tieitc  à  Polsdïin.  —  La 
UMnbeaa  de  Frédéric.  —  Parallèle.  —  Gouvememeat  de  Berlin.  —  La  reine.  — 
La  DoUesw.  —  Les  princes  allemands.  —  La  vérii  j  sur  la  srtce  du  prince  d« 
BaUfdd.  —  CapilulaliooB  des  places  fortes.  -~  Les  derniers  géoéraui  prusslent. 
—  Proportion  de  paii.  —  La  Prusse  enlièrcment  occupée. 

Odobn  M  DSKBbR  ISOe. 

Les  deux  batailles  d'Aueratadt  et  d'Iéna  n'avaient  psa  été  tellement 
décisives,  qu'une  monarchie  dât  tomber  par  de  tels  échecs  militaires; 
l'histoire  a  présenté ,  dans  ses  phases  diverses  et  mobiles ,  des  cata- 
strophes plus  sanglantes  qui  ont  laissé  néanmoins  à  des  États  de  second 
ordre  des  ressources  pour  se  relever  plus  puissants,  ou  au  moins  pour 
contiouer  une  campagne  sans  terreur;  la  guerre  de  sept  ans  avait 
offert  des  situations  aussi  périlleuses  pour  la  Prusse.  D'où  vient  que 
la  monarchie  du  grand  Frédéric  croula  pour  ainsi  dire  bu  premier  échec 
militaire?  Quelles  furent  les  causes  qui  eutratnèrent  cette  ruine 
presque  fabuleuse,  et  commmt  se  fit-il  qu'une  armée  d'une  aussi 
robuste  oi^anisation  disparut  tout  à  coup?  Les  terrains  d'Iéna  et 
d'Aueistadt  avaient  été  vigoureusement  défendus ,  plus  de  14,000 
Fruiçais  avaient  été  mis  hors  de  combat  ;  les  pertes  étaient  balancées, 
lorsque  tout  h  coup  une  indicible  terreur  s'empara  de  la  monarchie 
et  de  l'armée  prussienne.  C'est  au  pas  de  course  que  l'empcrcot 
s'avance  sur  Berlin  ;  un  mois  suffit  pour  détruire  l'œuvre  du  génie  et 
de  la  persévérance  ;  l'État  militaire  le  plus  fort,  le  plus  énergique, 
^qnralt  de  ta  carte  de  l'Europe. 

II  y  a  ici  une  série  de  causes  qu'il  est  important  de  développer 
pour  l'intelligence  des  événements  ;  car  il  se  manifeste  moins  d« 


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caprices  qu'on  ne  croît  dans  la  desliDée.  Les  Prussieas,  en  entrant  en 
campi^e,  avaient  estrataé  avec  &ul  l'amée  ■axomw  ^  «aiptoit 
encore  après  léna  un  effectif  de  18,000  hommes.  Les  Saxtms,  troupes 
excellentes,  avaient  prêté  leurcoucours  militaire  avec  un  remarquable 
dévouement  ;  leurs  rangs  s'étaient  pressés  aotour  de  l'étendard  d'Alle- 
magne. Napoléon  saiait  bien  la  large  trouée  que  ferait  dans  les  rangs 
de  l'armée  prussienne  l'absence  des  Saxons,  et  toute  sa  pensée  fut  de 
séparer  le  vieil  électeur  de  la  cause  de  Frédéric-Guillaume,  défection 
première  qui  pouvait  en  entraîner  d'autres  encore.  A  son  bivac  d'IÉna, 
l'emp^ear  fit  venir,  après  la  bataille,  les  of&cters  saxons  quele  sort  de 
k  guerre  avatt  mis  du»  ses  mains,  leur  déclarant  :  «  Qa'il  n'en  vouliit 
point  à  leur  digne  et  brave  électeur,  que  ta  contrainte  avait  mis  Eede 
dans  la  nécessité  de  se  Joindre  aux  Prussiens;  Napoléon  voulait  faire 
pour  lui  oe  qu'il  avait  déjà  accempli  pour  l'électeur  de  B««ière.  Les 
Saxons  étaient  Kbres  ;  une  grande  destinée  ^rait  ainsi  réservée  h  leoi 
patrie  :  elle  pouvait  ^affranchir  de  la  Prusse ,  et  Frédéric-Auguste 
marcher  à  l'égal  des  anciens  électeurs  de  Brandebourg,  roi  pour  roî, 
car  ils  étaient  anciennement  électeur  pour  électeur.  »  Un  olBcier 
aasoB  (W  chargi  de  fMrter  ces  pwoles  i  ao«  souvarain '. 


«  tJKW  Suons  et  g^ua  ds  300  oflicUn  oat  été  UUs  prisuniiitrs.  L'eaifercur  t  Ait 
rtunir  les  officiers,  et  leur  a  dit  qu'il  Tojait  tvec  peine  que  leur  armée  lai  blsaith 
Client  ;  qnlT  n'avait  pris  tl»  armes  que  pour  assarer  riadèpendance  fie  l«  ntini 
Mnnuie,«ts'*ypMcr'iMiiii>'*1fcBliMor^**4e41ftnaurcliiapu«kiine;qMMÉ 
)MeBtio«  tuit  deScsnaT^trUueclku  •vx.s'UftdMinaiMU  leurptrok  ■'nniawtft 
servir  contre  la  France;  (iieleur  souveram,  doiU  il  recoonaisMil  les  qualités,  avait 
iti  d'une  eilrime Faiblesse,  ea  cédant  ainsi  aux  toenaces  deaTtasslens,  et  ai  Its 
iaiMmt  caM«r  str  sm  «ttHoIk  ;  brIs  qo*U  ftllilt  <qiie  t«M  cela  bit,  qtse  1w  Fnt- 
aiHS  rcsUBMVt  M  rruasa,  etqn'iUM  aeaiHw—a  «■  litn  dce  «Imm  de  l'IHa- 
nagne;  qaelaeâaiou  devaient  se  tiouver  réunis  dans  la  conrédétallon  du  Rbiasout 
lafTOIectioD  de  la  France,  protection  qui  n'était  pas  nouvelle,  puisque  deuicenu 
«maiani,  sansh[Vi«ice,lls  enssenlité  envahis  yrl'Amridie,  ou  pat  h  frwti 
ywriwjWMuTBiwaa  pria  toi  ataieB>|»elowqaehf»maaaavalt<iirrrtiita.awtji"'''' 
fallMt  ■MUieiia  Mrm»à  Boa  f ioleocea; que  le  <(»tîntat«iait  beseimde  i«|mw,«( 
que,  malgré  les  ialrigues  elles  basses  passions  qui  agiteni  plusieurs  cours,  il  lUlaii 
fue  ce  rq)os  eiistM,  dût- il  en  coAter  la  chute  de  quelques  irAnes. 

•  SStMi«cnent,  toiasies  prisoMiîers  saaonsnM  été  rcuTafésebeiMn,  «tac  la 
pwdaBaMîoM  da  rcn^ien(auiSno«s,et4te«aew»ueea  ^u'enn'coTtMjMtfofat 
à  leur  nation.  ■ 

DéelaratioH  tigni*  par  l»i  af^eiv»  taxoni, 

a  Kous  soussignés,  généraux,  coloneb,  tteatenanls-colonel s, majors,  capitalMs 
•l  oBders  wxons,  joroiis  sur  aotre  parole  d'haoïMur  d*  ne  iwlM  forttr  ta  anus 


îdbyGoOgIc 


SBCOKDS  ptUODK.  191 

La  tactique  de  l'empereur  était  habile,  il  brisait  les  rangs  de  l'année 
pnsBienne  cd  la  privant  de  tels  anxiliairea.  Les  Bavarois  avatent  coOK 
proiuB  la  campagne  de  la  coalition  en  sbandooDBnt  Hack  dans  Ulm  ; 
les  Saxons  perdaient  la  cause  prostienne  en  défectkMmant  ea  pleine 
guerre  ;  triste  exemple  qui  retonbera  sur  la  tête  de  Napoléon  dam 
la  naDienreuse  campagne  de  1S13  :  ces  habitudes  de  désertions  dans 
k»  années  alleniandes  se  retjoavèrent  aux  joars  de  fatalité.  Àussitdt 
des  ntgociations  Turent  ouvertes  avec  Frédértc-Augiwle ,  le  prince 
fénéfaUe  qui  r^pnît  sur  la  Saxe  ;  Napidéon  lui  prc^tasait  le-tib«  ds 
roi,  comme  il  l'avait  fait  à  l'égard  de  la  Bavière  et  dv  Wurtemberg, 
■(  arec  ce  titre,  son  ««Uté^ioa  à  i»,  coDféfjll^iration  du  Bt^a-  En  suivant 
cette  DégociatioB)  U  obtenait  deux  résvilt^ts  :  les  a)n^i)gents  saxoui 
pessenient  dans  ses  armées ,  conime  chef  fit  protecteur  4ç  la  confé- 
it^ation;  les  meilleures  troupes  quittaient  iiqaiédiateat^t  le  c^mii 
pmssieii,  laissant  une  large  trouée  daçs  les  rangs.  11  résultait  de  cet 
défections  un  but  certain  pour  la  campagne,  la  délivrance  du  terri- 
toire saxon  depui»  Leipzig  jusqu'à  lén^^  Weinjar  et  Qresde,  £q 
Bavière,  Napoléon  avait  excité  les  aa^pathies  d^  deux  iiations  autri- 
diienne  et  bavaroise  pojir  les  ^pttrer  violemment  ;  il  ^ploitajt  es 
Sus  les  Diéntee  paiwioi^  enfr,e  deiix  gq^vernenieat^  et  d^iu  FWPlV 
qai  éprouvaient  l'un  pour  l'autre  une  indicible  méfiance.  Par  le  fait, 
on  peut  s'imaginer  quel  doit  être  l'état  de  démoralisation  d'une  armée 
en  retraite  qui  G<e  trouve  privée  de  18,000  hommes  d'auxiliaires  qui 
passent  dans  les  rangs  ennemis  ;  ainsi  furent  les  Prussiens  après  léna. 
Qui  ne  sent  combien  la  défection  d£S  troupes  aUÙlùûres  peut  affaiblir 
une  armée  déjà  démoralisée  par  une  défaite  toute  récente  ? 

T^le  est  la  dffstinée  d^  mooarcbies  militaires  ;  elles  ne  se  main» 
tiennent  que  par  la  victoire  et  l'opiupn  qu'elles  ont  de  leur  armée. 
Frédéric  avait  constitué  la  Prusse  dans  des  conditions  exclusivement 
guenlères  ;  il  y  avait  peu  d'institutions  civiles  ;  la  nation  campait  sur 
le  territoire  ;  pour  eUe  la  guerre  était  un  besoin,  1«  succès  une  coDdl- 

(«atre  S.  H.l>nipeteuT4esFraiic>iB,  toi  d'ItaMe,  et  ses  *lliéa;  et  noiu  ptenou  le 
ntme  Eiigagement  M  bisoDsUioftmescRiieiiliuiianideuiuslesbBS  officiera  et  tol- 
dets  qui  ODt  été  foits  prisonniErs  avec  nous ,  et  dont  l'éUt  «fit  ci-joinl,  mime  si  owu 
«a  reeevioM  fordie  fotiml  d«  oolre  souverain,  l'électeur  de  Sue. 
»  léo»,  le  le  octobre  1806.  » 
(SaitlasignaliiTeduberODdeNiesemeuschd,  ILeuteuiit  gioinJSAtoa,  eimllc* 
de  IW  officier»  miods  de  tout  grade.  'J 

•  utldlcImdelapUHleHiBis.  (F.  W.) 


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mi  «CntSB  DE  PRDSSB. 

Uon  de  vie  ;  il  n'y  avait  pas  d'autres  forces ,  d'autre  puitsanœ  qoc 
.l'armée  ;  or,  ce  txrps  de  soldats  une  fois  battu,  cette  orgaDisatioa 
brisée,  que  dëvait-il  rester  k  une  nation  privée  de  puissance  vitale  T  Dei 
magistrats  secondaires ,  une  population  démoralisée  et  abattue.  Il 
su flbiait  de  souffler  pour  faire  disparaître  l'œuvre  fondée  avec  tant  de 
persêvéraiice  par  le  roi  dont  la  vieille  épée  était  suspendue  à  Potsdim. 
Ajoutez  cet  enthousiasme  éteint  par  ta  défaite ,  cet  élan  militiire 
brisé  parla  pluscruetle  déception,  l'oi^eil  abattu,  le  deuil  de  paraître 
çït  vaincu  devant  ceux  qu'on  s'était  représentés  naguère  agenouillés 
devant  une  vieille  gloire'. 

Que  de  tristesse  dans  l'armée  prussienne  I  Tous  ses  vieux  géoéram 
ble^g  mortellement,  le  duc  de  Brunswick  atteint  d'un  éclat  de 
mitraille  dans  les  yeux  en  regardant  fixement  l'ennemi  ;  le  marécfail 
^e  Mollendorif,  vieillard,  ble^  dans  la  poitrine  ;SchmettaupoaTaDl 
k  peine  atteindre  Weimar,  où  il  expire  ;  l'armée  prussienne  sau 
chefs,  sans  direction,  divisée  en  petits  corps;  le  roi,  le  désespoir  au 
ctenr  :  la  reine,  fière  et  orgueilleuse,  ayant  excité  la  campagne  par 
une  généreuse  détermination,  puis  obligée  de  fuir,  la  mort  au  cœur, 
le  visage  inondé  de  larmes  ;  le  prince  Louis  de  Prusse,  mort  :  le  prince 
Henri,  blessé  dangereusement  1  N'y  avait-il  pas  dans  ce  spectade  de 

'  A  et  moment  Napoléon ,  Indiquani  les  cuscs  qui  iTti^nt  ■ineDÉ  la  gaerre,  dieu 
les  paroles  suivBiitea  : 
■  Voici  les  renseignements  qu'on  a  pu  recueillir  sur  les  luoUf^  de  cette  étnngi 

«  Le  général  Schmetlau  [mort  prisonnier  h  Weimir)  fit  nn  mémaire  écrit  iTee 
beaucoup  de  force,  et  dans  lequel  il  établissait  que  l'armée  prussienne  dertitM 
re^rder  comme  déshonorée,  qu'elle  était  cependant  en  état  de  battre  les  Fraii;«is, 
et  qu'il  fallait  faire  la  guerre.  Les  généraux  Ruchel  (tué},  et  BiQcher  (qui  nes'Kt 
sauvé  que  par  un  subterfuge  eteo  abusant  de  la  bonne  foi  lirançaise),  souscrivirent  ce 
mémoire,  qai  était  rédigé  en  forme  de  pétiLon  au  roi.  Le  prince  Louis-Ferdinand 
de  Prusse  (tué)  l'appnja  de  toutes  sortes  de  sarcasmes.  L'incendie  gagna  toutes  Its 
léles.  Le  duc  de  Brunswick  (  blessé  trés-grièvemcnt},  bomme  connu  pour  i>tre  saBi 
volonté  et  sans  caractère,  fut  cnrAIé  dans  la  faction  de  la  guerre.  Enfin,  le  mémoire 
ainsi  appuyé,  on  te  présenta  au  roi.  La  reine  se  chargea  de  disposer  l'esprit  de  cl 
prince,  et  de  lui  faire  connaître  ce  qu'on  pensait  de  lui.  Elle  lui  rapporta  qu'on  disait 
qu'iln'élait  pas  brave,  et  que,  s'il  ne  fkÏMit  pas  la  guerre,  c'est  qu'il  n'osait  pas  si 
mettre  h  le  tète  de  l'armée.  Le  roi ,  réellement  aussi  brave  qu'aucun  prince  de  nmKc, 
se  laissa  enlratiicr  sans  cesser  de  conserver  l'opinion  intime  qu'il  &isait  une  graoïlt 

D  II  faut  signaler  te  hommes  qui  n'ont  pas  partagé  lesillusionsdes'pBrtisansdeli 
^erre.  Ce  sontlerespec table  reld-maréchaldcUolIendoriret  le  général  Kalkreuib.'' 

*  EilnildaiM  BulldiDdetigripileariBte,  ilalfdaWiUnbïrjlcISocIgbnsieM.   (P.  *-) 


îdbyGoOgIC 


HCONQB  pâuODh^  193 

quoi  porter  le  découragement  parmi  cette  génération  belliqueuse  qui 
avait arimré  l'étendard  de  l'iadépendance  allemande  à  Berlin?  Enfin, 
il  faut  le  dire,  l'immense  activité  des  généraux  de  Napoléon,  l'admi- 
rable précision  des  manœuvres  qui  les  faiseient  tronver  partout  en 
nombre,  porta  le  désordre  le  plus  inQoi  dans  les  rangs  de  cette  armée. 
Le  grand  art  de  l'empereur  était  moins  de  gagner  une  bataille  qu^ 
d'en  exploiter  les  résultats  avec  une  inraUgable  puissance  ;  quand  il 
avait  devant  lui  l'ennemi,  il  le  poursuivait  i  outrance,  il  ne  lui  lai»- 
sait  aucun  repos,  il  le  harcelait.  Il  devinait  d'avance  le  résultat  de 
toute  opéraUon  militaire  ;  et,  quand  une  armée  était  accablée,  c'était 
par  des  marches  savantes,  une  terrible  poursuite,  qu'il  l'empêchait 
de  se  relever  de  sa  terreur  ;  la  cavalerie  de  Hurat  était  pour  cela 
d'un  précieux  secours  ;  continuellement  à  la  poursuite  de  l'ennemi, 
on  voyait  de  tous  cAtés  des  panaches  flottants,  par  toutes  les  roules 
cette  cavalerie  arrivait  pour  cerner  et  briser  les  ba taillons  éperd  us.  Qua 
faire  quand  à  chaque  point  un  corps  était  atteint,  refoulé,  comme 
les  flots  que  la  tempête  secoue  avec  violence? 

Maître  d'Iéna,  de  Gotha,  de  Weimar,  les  premières  opérations  de 
l'empereur  eurent  pour  objet  de  délivrer  la  Saxe  des  Prussiens,  comme, 
il  avait  délivré  la  Bavière  des  Autrichiens  après  Ulm.  Les  sept  corpt 
d'armée  qui  brillaient  autour  de  lui  manoeuvrèrent  dans  cet  objet. 
Les  dispoûUons  étaient  si  bien  prises,  l'activité  si  grande ,  que  lei 
Prussiens  tombaient,  régiment  par  régiment,  dans  les  bivacs  français. 
Alors  le  système  des  capitulationa  commença,  exemple  si  contagieux 
eo  campagne  ;  lonque  le  découragement  vient,  ce  qu'il  faut  redouter, 
ce  sont  les  défections  par  masses,  comme  cela  s'était  vu  en  Autriche. 
Les  Prussiens  s'étaient  moqués  de  la  facilité  avec  laquelle  les  AIIe< 
mands  du  Midi  s'étaient  rendus  par  milliers  ;  la  fortune  leur  fai^t 
subir  les  mêmes  échecs  :  il  ne  faut  jamais  se  rire  de  ces  entraînements 
que  la  fatalité  jette  même  dans  les  Ames  fortes  ;  il  est  pour  tous  des 
instants  de  faiblesse.  Chaque  jour  voyait  des  actes  de  désespoir  ; 
lorsque  ces  temps  arrivent,  il  faut  plaindre  les  peuples,  au  lieu  de  les 
bl&mer  impitoyablement.  Il  est  des  intervalles  d'abattement  pour  les 
plus  m&les  %ractères  ;  qui  aurait  l'orgueil  de  se  dire  toujours  fort? 
Quand  l'empereur  était  encore  à  léna.  Murât  se  précipitait  sur 
Erfurth  et  Weimar ,  séjour  délicieux ,  jardin  de  science ,  d'études 
douces  et  poétiques.  Les  Prussiens  s'engagèrent  è  quitter  les  cités  de 
la  Saxe,  conservant  par  capitulation  armes  et  bagages,  sous  la  condi- 


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191  GDEKBI  DB  PKMM. 

tion  expresse  quHs  se  retireraient  sur  le  territcnre  de  lear  roonarahie. 
A  Erfurtb,  l'on  trouva  de  gnncb  approviiionnements  et  de»  magasiu 
considérables.  Le  16  octobre,  Napt^on  était  à  Weiinar  ;  l'armée 
opérait  son  mouvemenl  avec  régularité  ;  les  maréchaux  Seult,  Bm» 
dotte,  Augereau,  Ney,  Davoost,  harc^aieat  tous  les  corps  enoemù, 
qui  se  rendaient  bataillon  par  bataillon,  régiment  par  ré^meot.  Lei 
Prussiens  n'avaient  plus  d'ordre,  plus  d'écrit  de  corps,  aucun  point 
de  ralliement  ;  ils  vaguaient  pour  ainsi  dire  épars,  privés  de  chef  ;  la 
cavalerie  les  ramasaaît  à  la  course  comme  le  gibier  dans  la  fbrét.  Lei 
paysans,  partout  si  nationaux  en  Prusse,  accablaient  les  officiers  d'in- 
jures de  se  conduire  ainsi  en  l&olies  ou  en  fous  ;  la  démoralisatiiHi  étui 
au  cœur  de  l'année. 

Enfin  un  ordre  du  roi  Frédéric^Guillaume  fixa  le  point  de  rallie- 
ment sur  Magdebourg  en  se  groupant  sous  les  ur^^s  du  prloce 
Eugène  de  Wurtembei^,  le  seul  général  qui  conservAt,  dans  cetta 
déroute  inouïe,  un  corps  de  réserve  suffisammentoi^irisé  pour  servir 
de  centre  i  une  opération  de  retraite  ;  le  rot  de  Prussa  lui.  écrivit  de 
sa  main  pour  lui  confier  la  direction  du  mouvement  militaire  dans 
les  malheurs  de  sa  monarchie.  Tout  se  fit  conrusémeirt,  Isa  négioMirii 
n'avaient  plus  dedrapeam.  Napoléon,  fier  de  si  grands  résultats,  «wit 
établi  son  qnertler  général  À  Weimar,  ^c'astliqu'UttateapNotière 
cour  pléuière  et  suzeraine.  Il  vit  accourir  les  petite  princes  4o  l'Alle- 
UMigne  du  Nord,  ses  vassaux,  ^  venaient  lui  reodve  honnnage;  il 
traitait  bien  les  uns,  il  reAnoit  de  recevoir  les  autres  ;  la  paisible  cour 
de  Weiraar  devint  bruyante,  et  l'erapereur  ^y  moutBa  daMtent  son 
faste.  Pour  quelques  princes  il  fut  implacable  ;  c'sst  ehose  triste  k 
dire  qu'une  ime  puissante  comme  la  aJeine  prit  plaisir  i,  iltiimiir 
cette  armée  prussienne  que  le  grand  Frédéric  avait  liwniée  poiv  ta 
gnerre  ;  ne  crsignait-41  pas  la  loi  inflexible  du  wtour  que  prodigwi 
la  deetinée?  Ne  voyait-il  pas  cas  coups  du  sortqoi  vieoDMit  à  1^^ 
pom-  briser  les  monarchies?  Lui  aussi  tendait  uo  étnMtasemeot  odlt- 
taire  sur  les  mêmes  bases  que  la  monarchie  du  grand  Frédéric,  sC  il 
Toyait  ce  qu'était  devenue  cette  œuvre,  emportée,  par  les  fais  d'uac 
génération  nouvelle.  Pourquoi  blessa-t-H  l'orgueH  de  la  «ttion  aile- 
mande?  Pourquoi  laisser  échapper  ces  tristes  paroles  :  «Qu'il  rédui- 
rait la  noblesse  à  ce  point  qu'elle  irait  mendier  s(U)  pain?»  Vainqueur 
orgueîHeux,  n'avait-il  aucune  pitié  pour  ceux  qu'il  av«t  jetés  sur  la 
poussière?  Comme  un  dieu  impitoyable,  o'avait-il  que  la  foudre,  et 


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UOODRH!  I>ÉK1I»C.  198 

jHMts  ce  n^TMi  de  benté  que  la  PreYklencfr  répand  dus  sa  UBJesté 
nutenine? 

le  vieux  duc  de  Bninsvi^  noarait  preequa  sur  le  chunp  é» 
bdaille;  àsoixtnte  et  onae  aaa,  U  avait  Tbonoear  d'avair  roQu  um 
lùtraille  à  la  taze,  et  Napoléon  la  faisait  iosulter  dans  Bes  tutUetioa  * , 
Mieux  qae  penoone  l'empereur  «avait  bien  que  Is  fannux  manifeite 
a'Était  pas  l'œuvre  du  duc  de  BruBswick,  raaû  bien  l'écrit  dédaouh- 
teJre  d'iui  réfugié  ;  il  n'ignoeait  pas  qœ  lui  aussi  avait  plus  d'une  foJi 
insulté  les  peuples  et  laacé  des  menaces  pour  tsaurer  le  succès  d'uM 
caaipagve.  Savait-il  le  so«t  qua  \ai  réservait  la  deetimée  ?  Atteiodrait-i) 

'  «  Le  dw  daBuuswiek^it  était  alors  blessé  à  mort  tu  uMge]  t  «avoyésoa 
ntréchtl  du  paliis  à  l'impareur.  Cet  officier  était  chargé  d'une  lettre  ptr  laquelle  1< 
4k  rttommandait  tes  "États  k  fi.  U. 

■  L'oipttMThkadU  :*Si  ja  MHl»tUnDailftiiHerieBnioi«kk,  •trijtn'y 
WaNbpMpicMt  SMC  pteH«,que  duailvAlrt  friucet  LalaiduldiaBin  neptcmet- 
depwdeEHreàBrHDSwick  ce  qu'il  vouImI  hire  dans  ma  capitale?  Ad  nonce  r  la 
prcqet  de  démolir  des  vîTlfs,  cela  peut  Jtre  ioseasë;  lUMS  touIoIt  4ter  Itoiiiieur  k 
BWe  uM  Mmée  de  bratea  gaw,  ■»  pn^oMC  d«  «rdtier  rAUena^u  yar  JDHratM 
d'«i^aiiU«c«l*  samaaMioHtb  l'affe  yrri—g ,  vaHà  ea^MJapoAtéiiléAim 
peineàcToïK.  i.e  ducde  Bruneviclc  n'eût  i&mais  dû  seperueltre  un  tel  Diitra|Bi 
Isrtqu'on  a  blanchi  sous  les  armes,  on  doit  respecter  llionneur  miniaire  ;  et  ce  n'est 
p«,  d'tiHeiire,  AaDsJes  plaines  deCfaaBip«gM4«wc»géfférala)«atfuMTtvdnfl 
it  nitw  las  dnfcawi  frn^ato  «veean  Ni  «épris.  Une  ftaMt  mmiMtààmi  m 
WbMwicnque  bniilitaireqiii  t'apuEaire>  Cen'esipasauaoidePruaaequerwioa 
ce  déshonneur;  c'est  au  général  iqai,daDscesGirconstaucesdiffic[leg,iI  aialtreinli 
leuia  dee  affaires,  c'est  enfioTe  duc  de  Brausvkh  que  la  France  et  la  PnnsF  peuvent 
Hcusn  seul  de  la  guerre.  La  flrénésie  dont  ce  vieux  général  a  donné  r«UB^B  t 
•MNJsé  Hw  JBWwsM  tiubulaate.  et  aataiiié  le  roi  CMiln  »a  gtagtt  pansée  tt  «on 
iniine  omvieiiaa.  Touierois,  monsieur ,  dîtes  aux  habitijitg  du  pa;rs  de  Bruasvick 
faTb  ironveroDt  dans  les  Français  des  ennemis  géDétent,  que  je  désire  adouclT  k 
Imt égard l«s  ripieuradefagucfre,  «t  que  le  Mal  foe  poottaitoewaiMiOMle  p«». 
^  àm  imwfta  Mraât  «outre  aMO-grè.  JDttas  au  f  éiarai  MnÈ»makk  qa'U  Maa  tnlté 
tnc  tous  tes  ésarda  dus  à  un  «fBsier  prussien ,  mais  que  je  ne  puis  reconnaître,  dan* 
■n  féoéral  prussien,  un  souverain.  51i  arrive  que  la  miisoii  da  Brunswict  pndeb 
*ii«*er^U*<le«e9ancétW3,rfteacp«qrr»*'^mit<antea«itt'>rattieurd»at«agwnii, 
VU  ^ual'^c  vautut  saper  iui«Mfi  daa^  sa»fMidanMil»la.(;r«nde  cv)tal«,^idaat 
l'antre  prétendit  déshonorer  200,000  braves  qu'on  parviendrait  peul-étro  à  vaincre, 
Bais  qu'uB  BaGUTUendra  i^inus  hors  du<:t)eD)ia  de  i'honueur  et  de  la  gloire.  Beai^ 
CMp  de  sang  a  clé  vaisé  en  p*u  de  jours,  de  pauds  désastres  pèsent  sut  La  moatl- 
ckw  rmfiirimnn  Qu'il  est  di^e  de  bUme  cet  homme  ^ui  d'un  mot  pouvait  les  pcé> 
vcair,  ai,  ca»nia  Nestor,  élevant  la  parole  au  milieu  des  conseils,  ii  avait  dit  : 

■  JcuMBWinc«iiùdérée,4ais«i-«'oua;  Eamiaes,telourau  k  vas  fuseaux,  etrcntm 
daaa  t'jniérieai  de  voe  ménages;  et  vous,  sire,  crojei-eu  le  compagnon  du  plut 
illustra  4a  voa  prâdécaHaun;  puùsqua  l'empereui  Napoléon  ne  veut  pas  b  gucitei 
Mle^accxpa3eDtrBlaguerrectl«déstMMBeur;Mvou9eo|agetpaadan3  uM  liUI« 


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196  CCmiU   DB   PBDSH. 

cette  belle  vieillesse  militaire  ?  Aurait-il,  lui  Veinpereiir,  le  bonheur 
de  mourir  li  la  face  de  l'ennemi,  comme  le  duc  de  BniDswidi,  d'ua 
magnifique  coup  de  mitraille?  Il  eât  été  beau  à  NapoléoD  de  se 
montrer  généreux,  de  ne  point  insulter  aux  cheveux  blancs  easao- 
glaolés.  Que  resta-t-il  de  cela?  Une  haine  puissante,  invétérée,  tu 
sein  de  la  nation  allemande  ;  haine  qui  plus  tard  éclata  n  formida- 
blement ;  lui-même  l'empereur,  en  d'autres  temps,  eut  aussi  b  subir 
des  outrages.  Napoléon  méprisa  trop  les  Prussiens,  et  plus  tard  kl 
Prussiens  insultèrent  à  son  malheur. 

Les  généraux  de  l'empereur  rendirent  plus  de  justice  aux  effortj 
de  l'armée  ennemie;  Murât  surtout  gagna  l'aETection  populaire  par 
ses  manières  chevaleresques,  et  il  voulut  qu'au  convoi  du  génénl 
Schmettau  des  colonels  français  portassent  le  drap  funèbre  pour 
rendre  un  dernier  hommage  au  courage  malheureux,  au  compagnoD 
du  grand  Frédéric.  Napoléon  fut  dur  pour  le  duc  de  Bninswick  ;  il 
le  proscrivit  par  des  paroles  cruelles,  ne  l'appelant  que  le  général 
BmnBwick  dans  sa  cour  pléniëre  de  Weimar  ;  il  lui  enleva  la  cou- 
ronne ducale  comme  il  la  brisa  au  front  du  prince  de  Hesse,  qui  iea 
souvint  en  traînant  sa  vengeance  sur  tous  les  champs  de  bataille  de 
l'Europe.  L'imagination  ambitieuse  de  Napoléon ,  remaniant  déji 
l'Allemagne,  songeait  au  royaume  de  Westidialie,  qu'il  destinait  i 
son  frère  Jéréme;  JérAme,  alors  jeune  général  improvisé,  conduisait 
aux  batailles  de  Prusse  un  corps  d'armée  sous  la  tutelle  du  gëoÈnl 
Vandamme. 

La  grande  opération  de  stratégie  restait  confiée  au  maréchal  Be^ 
nadotte,  qui  attaquait  vigoureusement  la  réserve  du  prince  Eugène 
de  Wurtemberg  avec  les  divisions  Dupont  et  Rivaud  ;  ces  belles 
troupes  débouchèrent  par  Halle,  où  les  Prussiens  s'étaient  concentrés; 
la  défense  fut  vigoureuse,  et  le  pont  de  Halle  franchi;  les  Prussiens 
se  déployèrent  pour  la  dernière  fois  avec  ordre  et  courage  ;  mais  qui 
pouvait  résistera  l'intrépidité  de  ces  divisions  d'Italie  et  d'Allemagoel 

dangereose  avec  une  armée  qui  s'honore  de  quinie  ans  de  triTsui  Kloricui,  et  qu* 
la  victoire  a  accoatumée  i  tout  soumEtire.  >>  Au  lieu  de  lenit  ce  langage  qui  cooit- 
sait  ai  bien  à  la  pradence  de  son  Ige  el  à  t'eipérience  de  sa  longue  carrière,  il  a  M 
le  premier  i  crier  aux  amea.  Il  a  méconnu  jusqu'aux  liens  du  sang,  en  annani  aa 
fils  contre  son  pire;  fia  menacé  de  planter  ses  drapeaux  sur  le  palais  de  StuUgari, 
et,  accompagnant  ces  démarcties  d'imprécations  contre  la  France,  il  s'est  dtclait 
l'auteur  de  ce  manifeste  insensé  qu'il  avait  désavoué  pendant  quatone  ans,  qa«i- 
fu'U  n'osât  pas  nier  de  l'avoir  revClu  de  sa  Mgnatnre.  ■ 


îdbyGoOgIc 


197 

Après  des  flffiarfs  répétés,  l'armée  ennemie  se  mit  prédpitamment  en 
retraite;  des  charges  de  cavalerie  furent  repoussées,  on  ne  put 
eotamer  le  prince  de  Wurtemberg  dans  son  mouvement  rétrograde 
sarUagddiourg,  qu'allait  bientôt  bloquer  le  maréchal  Soult.  L'ordre 
de  l'empereur  était  précis  :  poursuivre  les  Prussiens  sans  leur  laisser 
UD  moment  de  repos  pour  se  reconnaître  ;  et  cet  ordre  fut  si  bien 
eiécnté,  que  le  prince  de  Hoheolohe,  demandant  un  armistice  pour 
CDlerrerses  morts,  ne  put  l'obtenir  :  «  On  trouve  toujours  le  tempi 
pour  cela»,  dit  Napoléon.  Leipzig  devint  le  point  central  des  opéra- 
[ioR!  du  maréchal  Davoust  ;  Bernadette  était  à  Halle,  Lannesà  Dessau, 
et  l'oEt  se  préparait  À  an  mouvement  vers  Torgau  et  Wittemberg, 

£d  avant  !  toujours  en  avant  '.  tel  fut  le  cri  des  colonnes.  Ainsi  se 
développait  la  belle  campagne  de  Napoléon.  Le  roi  Frédéric-Guillaume 
et  la  reine  Louise  de  Prusse  s'étaient  retirés  du  combat,  le  cœur  plein 
de  désespoir  ;  sur  la  route  de  Weimar,  Napoléon  avait  reçu  une  lettre 
pressante  du  roi  qui  demandait  en  suppliant  une  suspension  d'armes 
et  la  pais.  Telles  n'étaient  pas  les  habitudes  de  l'empereur  ;  quand  il 
avait  un  succès,  il  n'était  pas  porté  i  faire  des  concessions  ;  la  vic- 
toire le  caressait,  il  ne  cédait  i  nul  cette  noble  maîtresse;  il  répondit 
i  peine  au  roi  de  Prusse,  et  continua  de  développer  son  mouvement 
militaire  sur  Beriin.  Un  an,  à  pareil  jour,  il  avait  salué  les  hautes  tours 
de  Vienne  ;  il  mettait  son  orgueil  à  figuer  ses  décrets  de  Potsdam, 
tar  la  petite  table  qui  avait  servi  à  Frédéric  le  Grand. 

Les  Prussiens  coupés,  harassés,  avaient  cherché  à  se  reformer  i 
l'abri  des  places  fortes  et  des  positions  militaires  que  la  prévoyance 
de  Frédéric  avait  jetées  dans  sa  monarchie  en  les  hérissant  de  canons; 
quelques  corps  restaient  intacts;  le  prince  Eugène  de  Wurtemberg 
avait  courageusement  résisté  à  Bernadotte,  la  retraite  de  ses  réserves 
tétait  faite  en  ordre.  Bliicher  avec  6,000  hommes  avait  échappé  par 
ruse  k  la  poursuite  des  Français;  le  général  Kalkreuth,  capacité 
remarquable,  cherchait  à  gagner  la  rive  droite  de  l'Elbe,  pour  se 
réunir  au  prince  Eugène  de  Wurtemberg,  afin  de  couvrir  Berlin, 
s'il  était  possible,  ea  se  retirant  par  Postdam  ;  le  prince  de  Hohenlohe 
gagnait  la  haute  Prusse  dans  le  Mecklembourg,  et  le  duc  de  Saxe- 
Weimar  opérait  vers  la  droite  pour  chercher  un  point  d'appui.  Ces 
troupes  étaient  encore  considérables,  sans  compter  15,000  hommes 
du  général  Lestocq  jetés  sur  Textréme  frontière  prussienne,  et  des- 
tinés k  former  un  corps  auxiliaire  pour  l'armée  russe  s'avancaot  vers 


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198  ainnsB  de  punsa. 

Ib  vieille  Prusse  et  la  Poterne.  KfBis  tHte  avait  été  la  jmisssDce  de 
Kapoléon,  l'activité  de  ses  manœuvres,  que  toutes  ces  troopes  étaîeDt 
riparées,  more^éea.  L'armée  française  ressemblait  %  un  torrent  qui 
envahit  des  terres  en  les  séparant  morceau  par  roorcesa  ;  die  opérsit 
comme  une  batterie  k  mitraille  qui  aurait  brisé  des  masses  dlnfon- 
terie,  k  ce  point  d'empêcher  la  jonction  des  unes  et  des  aotra;  la 
roatedeWeiraar&  Berlin,  par  Halle,  Dessau,  WittembergetPostdam 
était  entièrement  balayée  d'ennentis,  et  Napoléon  se  hâta  de  marcher 
en  conquérant  sur  la  capitale  de  la  Prusse,  la  ville  de  Frédéric  le 
firand. 

Dix  jours  k  peine  après  la  bataille  d'Auerstadt  et  d'iéna,  le  maré- 
chal Lannes  occupait  Potsdera.  Lorsqu'il  entra  dans  Berlin,  le  deuil 
fut  public  ;  les  femmes  pleuraient  amèrement,  et  déroulant  leon 
blonds  cheveux,  elles  les  coupaient  pour  témoigner  tes  douieun  de 
1b  patrie.  Les  fténéraux  les  plue  dévoués  k  Napoléon  rendent  témoi- 
gnage de  ce  patriotisme  ;  il  fut  sobte  et  beau  k  la  manière  Bll^ 
mande  ;  sous  les  froids  dehors  on  sentait  profondément  les  pkiei  et 
4'bomilîation  de  la  patrie.  Napoléon  lui-même  arriva  le  soir  k  Pota- 
dam  '  et  visita  le  palais  de  Sana-Souci  avec  un  sealimatt  d'ergocd 
indicible  '  ;  sa  vie  militaire  s^était  résumée  dkiu  une  étude  des  cam- 
pi^es  de  Frédéric  ;  jeune  officier,  il  avait  puisé  là  les  preiriars  èlé- 

'  Tojei  les  Mémoires  de  M.  k  général  Sanrjr. 

>  a  Potsdsm.SSociabrelSOa. 

D  L'empereur  est  arrivé  bîer  k  Potsdsm ,  et  esl  desrendu  au  palais. 

H  Dane  U  soirée  il  cat  iU6  vi«ker  le  Dunveau  palais  de  SBaa-Soad  et  tenlM  1» 
posilioBS  qui  enviroDoent  Pultîdam.  Il  tlrouvéli  cituatiiMtel  la  distribution  du  cU- 
IcBU  de  Sans-Souci  agréoliles.  11  est  resté  qucique  temps  dans  la  chambre  du  gnnd 
Frédéric,  qui  se  trouve  tendue  et  meublée  lelJe  qu'elle  l'était  à  sa  mort.  Le  ptIJiK 
Ferdinand,  Trèrc  du  grand  Frédéric,  est  demeuré  i  Bwlin.  On  a  trouvé  dans  l'ant- 
val  de  Berlin  cinq  ceotspiècesdecaDOD,  pltiBîeursceatalaesde  milliers  de  poudreM 
plusieurs  milliers  de  fujîils.  » 

«  Berlin,  le  28  octobre  1806. 

»  L'empereur  a  Tait,  hier  27,  une  entrée  solennelle  à  Berlin.  Il  éteil  environnééi 
prince  de  Nenfcbilel ,  des  maréchaux  Davonst  el  Aufertau,  de  son  grand  msiéctul 
du  palais,  de  son  grand  écuyeret  deses  aides  de  cuap.  I-e  maréchal  l.el£bvre  onvnil 
la  marche  i  la  létc  de  la  garde  impériale  i  pied  ;  les  cuirassiers  de  la  division  Nid- 
Houly  étaient  en  bataille  sur  le  chemin.  L'empercar  marchait  entre  les  grenadiers  et 
les  chasseurs  k  cheval  de  sa  garde.  11  eK  descendu  au  palais  k  trois  berne  aprb 
aiidi;il;aétére{uparlegrwiidiiHiréehaldupalaisDuroc.  UoeTeulein 


D  L'avenue  dcChirloltenbourgi  Berlin  est  très-belle;  l'entrée  par  cette  porte  (M 
nagniflque.La  journéeéiait  superbe.Tuut  le  corps  de  la  Tille,  pcésenti  par  le  gloM 


DiclzedbyGoOglC 


nentfl  de  l'art  BtintAgique,  dont  il  artit  fait  une  si  belle  et  4  forte 
iI^IictiioB  ;  Frédéric  avait  fondé  une  nonarchie  guerrière,  Inl  pr^ 
ptrait  un  immense  emjHre.  Tout  ce  qui  avait  fondé  une  ceoTre  varte, 
extraordinaire,  était  l'objet  de  l'admir^on  de  remperenr.  En  pamnt 
à  Boibachi  il  avait  brisé  la  borne,  en  forme  de  colonne,  qui  s'élevait 
modestement  i  4  pieds  sur  le  cfaamp  de  victoire  ;  il  y  vit  une  insall« 
pour  la  France,  un  souvenir  de  déCsite  qu'il  fallait  sacrifier  k  l'oi^ueil 
4a  soldat. 

A  Sans-Souci  Napoléon  toucha  comme  des  reliques  quelques-ans 
des  livres  annotés  par  Frédéric  le  Grand  ;  il  n'était  poiiU  dans  1« 
habitudes  de  l'empereur  d'admirer  les  rois  philosophes;  dans  ce 
monarque  il  ne  voyait  que  te  soldat,  l'honune  de  guem  qui  avait 
inventé  la  lactique  de  battre  l'ennemi  avec  des  forces  inférieures  en 
nombre.  11  s'assit  dans  le  vieux  fauteuil  de  cuir  à  Saos-Soocl,  dans 
cette  modeste  chambre  où  le  roi  avait  réuni  tout  ce  que  le  xvm.'  siècle 
avait  de  philosophes  hardiset  de  novateurs  anticbrétiens,  niant  Dieu  et 
blasphémant  contre  leChrist,  trop  peuple  pour  les  encyclopédistes,  Fré> 
déric  s'était  servi  des  philosophes  comme  d'iurtrumeols  i  ses  dasdm  ; 
monarque  tout  nouveau,  il  avait  touIu  changer  les  formes  diploma- 
tiques de  l'Europe ,  jeter  le  monde  dans  des  idées  inconnaes  et  le 
remanier  par  le  protestantiune  ;  de  là  ces  petites  caresses  à  la  philoso- 
phie, qui  lui  donnait  l'appui  du  parti  encyclopédiste,  akiis  maître  de 
l'opinion  en  France.  Tel  fut  Frédéric  ;  Napoléon  n'estimait  point  ce 
caractère  de  roi,  ibats  il  faisait  un  cas  particidier  de  la  science  mili- 
taire d'un  jffinoe  qui  avait  remué  l'Allemagne  et  créé  une  armée 
maoœuvrière.  D'autres  réflesions  pins  tristes  vinrent-elles  k  soncsprit  ? 
Aperçut-il  ce  que  pouvaient  produire  des  Institutions  militaires  dam 
les  mains  d'un  homme  de  génie  et  ce  qu'elles  devenaient  en  dégé- 
nérant après  lui  ?  Plus  d'une  pensée  mélancolique  dut  agiter  son  ce> 
veau  de  feu  en  contemplant  les  causes  de  cette  décadence  rapide  d'une 
forte  monarchie  ;  si  lui ,  Napoléon,  fondait  un  empire ,  son  édifice 
tomberait-il  aussi,  subitement  sous  la  faiblesse  de  ses  successeurs? 
Quel  avenirlui  était  réservé?  Le  sceptre  se  briserait-il  dans  les  mains 
d'un  petit-fib,  et  une  campagne  suffirait-elle  pour  anéantir  son 
omivre?  Quel  suj^  de  fatale  passée  pour  ime  téta  exaltée  et  médl- 
tetlve  comme-  ceHe  de  Napolém  I 

Hullin,  cotDEDBiidant  da  la  plaça,  wt  Tenu  à  la  porte  offrir  iea  det»  d«  la  Tilte  k 


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200  GinUlEB  DE  rSDSSB. 

Cepeodant  l'orgueil  domioatt  cette  Ame  altière  ;  la  larme  ne  restât 
qa'une  minute  à  son  œil  fier  et  sec  ;  bientôt  il  secoua  ces  inédîtationi 
Importunes  pour  songer  &  ses  succès  prodigieux  '.  L'armée  pnu^enne 
alors  brisée,  éparpillée,  courait  éperdue  ao  centre  de  la  mmiarcbie; 
toujours  en  butte  ani  sarcasmes  de  la  population  allemande,  les  offi- 
ciers, presque  tous  cadeto  de  race,  soutenaient  à  peine  le  regard  de  la 
bourgeoisie  qui  les  accusait  d'avoir  trahi  le  drapeau  de  la  vieille 
Prusse,  Peu  de  généraux  restèrent  à  la  hauteur  de  leurs  devoin;  les 
maréchaux  Bernadette,  Soult,  Davoust,  Lannes,  Murât,  les  pour- 
suivaient avec  une  vigueur  inouïe,  employant  la  ruse,  l'audace,  l'a^ 
tivitésurtoutqui  distingue  les  Français  victorieux.  A  l'aide  de  quelques 
paroles  de  paix  et  d'amnistie,  ils  amenèrent  la  capitulation  de  plusieurs 

■  C'rst  de  Potsdam  que  Napoléon  s'adresse  encore  k  ses  soldats  : 

«  Suidais  I  vous  avei  justifié  moD  altenteet  répondu  dignement  i  Isconfiancedn 
peuple  fVancsis.  Tous  avn  supporU  les  privations  et  les  hligues  avec  autant  i» 
courage  que  voua  «vei  inantré  d'iatrépidité  et  de  saog-IVoîd  au  milieu  des  combtu. 
Vous  ilta  les  dignes  défenseurs  de  ma  couronne  et  de  la  gloire  du  grand  peuple  ; 
tant  que  vous  «erez  animés  de  eet  esprit,  rien  ne  pourra  vous  résister.  La  cavalerie 
a  rivalisé  arec  l'artillerie  et  l'infanterie  :  je  ne  sais  désormais  à  quelle  arme  je  dois 
donner  la  préférence...  Vous  êtes  tous  de  bons  soldats.  Taici  les  résultats  dea« 
travaux  : 

D  Une  des  premièrce  puissances  mUitaire!!  de  l'Europe,  qui  osa  naguère  nom 
proposH  une  honteuse  capiiulalion,  est  anéantie.  Les  forêts,  les  défilés  de  la  Fnn- 
COnie,  la  Saale,  l'Elbe,  que  nos  pires  n'eussent  pas  traversés  en  sept  ans,  nonfi  1h 
•TODS  traversés  en  scptjours,  et  livré  dans  l'intervalle  quatre  combats  et  une  grandi 
bataille.  Nous  avons  précédé  k  Potsdam ,  à  Berlin  ,  la  renommée  de  nos  victoires. 
Nous  avons  (kit  60,000  prisonniers,  pris  soiiante-cinq  drapcaai,  parmi  lesquels 
ceui  des  gardes  du  roi  île  Prusse,  sii  cents  pièces  de  canon,  irob  forierencs,  plai 
do  vingt  généraui.  Cependant ,  prés  de  la  moitié  de  tous  regrvtlcnt  de  n'avoir  pai 
encore  tiré  un  coup  de  fusil.  Toutes  les  provinces  delaiDonarchie  prussienne  jusqu'à 
rodet  sont  en  noire  pouvoir. 

H  Cependant,  tandis  que  nous  marcbons  «a.-devant  des  Rosses,  de  nouveild 
armées,  formées  dans  riutédeur  d«  l'empire,  viennent  prtiiJre  notre  place  pou 
garder  nos  conquêtes.  Mon  peuple  tout  entier  s'est  levé,  indigné  de  II  honleuH 
eapilulatlon  que  les  ministres  prussiens,  dans  leur  délire,  nous  ont  proposée.  Nm 
roules  et  nos  villes  frontières  sont  remplies  de  conscrits  qui  brûlent  de  msrelur 
sur  \  os  traces.  Nous  ne  serons  plus  désormais  les  jouets  d'une  paii  tratircKc,  el 
nous  ne  poserons  plus  les  armesque  nous  n'ayons  obligé  les  Anglais,  cesélerodl 
ennemis  de  notre  nation,  i  renoncer  au  projet  de  troubler  le  continent,  cl  i  11 
tyrannie  des  mers. 

a  Soldats,  je  ne  puis  mieui  vous  eiprimer  les  sentiments  que  j'ai  pOBrTont 
qu'en  vous  disant  que  j«  vous  porte  dans  mon  conr  l'amour  que  vous  me  meotm 
ions  les  jours. 

»  De  nom  camp  impérial  à  Potsdam,  le  38  octobre  1806. 

>  NAPOLfaiil.  a 


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SHCMDS   PÉBIODS.  201 

TfHes,  tdies  que  Magdebourg,  SpsndftU,  Stettio,  Custrio  ;  la  terreur 
était  partout  ;  le  prince  de  Hoheolohe  mit  bas  les  armes  par  un  traité 
i  la  façon  du  général  IHack  ;  après  Auerstadt  et  léna  il  était  presque 
eotendu  qu'on  devait  se  rendre  ;  il  n'y  avait  plus  ni  chef  ni  ordres  ; 
c'était  use  grande  déroute. 

Ces  capitulations  si  inconcevables,  dues  sans  doute  à  la  bravoure 
impétaenae  des  Français,  à  cette  audace  qui  ne  calcule  rien  et  i  la 
terrenr  panique  répandue  au  milieu  de  l'armée  prussienne,  étaient 
encwe  favorisées  par  les  bruits  que  l'on  fusait  circuler  d'un  prochain 
traité  avec  le  roi  Frédéric-Guillaume  ;  il  est  incontestable  aussi  que 
de  l'argent  fut  donné  ;  on  vit  des  choses  inouïes  :  à  Magdebourg,  une 
garnison  de  22  mille  hommes  dans  la  place  la  plus  formidable  de 
TEnrope  se  rendit  à  15  mille  Français  ;  les  généraux,  les  officiers  sti- 
pulèrent leur  solde  qui  leur  fut  payée  par  le  trésor  de  Napoléon  ; 
«Hume  les  Autrichiens,  les  officiers  prussiens  n'étaient  point  riches  ; 
tous  avaient  des  arriérés  de  solde,  on  les  leur  acquittait;  conduits  par 
des  chefs  qui  ne  demandaient  que  le  repos,  les  Prussiens  n'étaient  pas 
réduits  à  la  condition  de  prisonniers  de  guerre  ;  lorsqu'un  corps  se 
rendait,  les  généraux  français  avaient  ordre  de  le  dissoudre  et  de  ren- 
voyer les  hommes  et  les  officiers  dans  leurs  foyers  ;  sorte  de  disloca- 
tion régulière  d'une  armée,  naguère. si  formidable;  par  ce  moyen,  les 
recrues  retournaient  dans  leurs  villages,  et  les  officiers  dans  leurs 
cbiteaux.  Le  projet  de  Napoléon  était  de  réduire  la  monarchie  prus- 
nenne  à  n'être  plus  qu'une  province  allemande,  un  électoral  au  niveau 
de  la  Bavière,  de  la  Saxe  et  du  Wurtemberg.  Il  abîmait  cruellement 
l'année  de  Frédéric,  comme  plus  tard  le  temps  dévorerait  la  sienne  : 
l'ordre  du  monde  est  une  grande  destruction  ! 

An  milieu  de  cet  abaissement  militaire  des  Prussiens,  il  y  eut 
cependant  quelques  intrépides  exceptions  :  si  Magdebourg  se  rendait 
avec  sa  garnison  de  22,000  hommes,  si  des  officiers  recevaient  de 
l'argent  de  France  dont  ils  étaient  avides  ;  Blilcher,  avec  6,000  hommes 
déterminés,  usant  de  ruse,  de  force  et  de  courage,  en  vrai  partisan, 
le)  que  la  poésie  nous  les  a  reproduits,  traversait  des  pays  entiers  pour 
se  réunir  au  corps  de  réserve  du  duc  de  Saxe-Weimar,  et,  poursuivi 
par  les  trois  maréchaux  Bernadette ,  Soult  et  Davoust ,  Blùcher  se 
retirait  jusqu'aux  extrémités  nord  de  la  monarchie  prussienne.  Ce  fut 
une  véritable  campagne  de  partisans  que  celle  de  Bliicfaer  et  du  prince 
de  Saxe-Weimar,  origine  et  mobile  de  ce  soulèvement  qui  plus  tard 


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va  GOraW  DE  PBirasB. 

neo&cs  la  domination  Awiçaise  en  Allemagne  ;  lorsque  l'année  pnu- 
rienoe  était  anéantie,  lea  peuples  le  TéveiHèrent,  et  cet  esprit  fot  plot 
dangereux  pour  Mapoléot)  que  les  troapes  régulières.  Trois  bommeg 
forent,  i  cette  époque,  les  véritables  re^irésentants  da  peuple  fier  A 
indigné  en  Prusse  :  Blijcher ,  Schill  et  le  dac  de  Bninswick-OEb. 
Btiicher  n'était  point  un  général  de  distinction,  mais  un  chef  d'une 
grande  intrépidité  ;  marchant  au  pas  de  course ,  sans  s'arrêter  aox 
obstacles ,  il  faisait  une  retraite  avec  non  moins  de  vigueur  qu'une 
pointe  impétueuse.  H  fuyait  tour  i  tour  et  se  retrouvait  partout; 
ViouT  d'âge  déjà.  Il  avait  conservé  néanmoins  cette  force  de  corpsqni 
•e  développe  chei  les  hommes  d'énergie  et  redouble  avec  le  péril. 

Ferdinand  de  Scfalll  avait  le  grade  de  capitaine  ;  né  on  Sllésie,  d'âne 
famille  noble  et  origînah-e  de  Hongrie,  il  fit  ses  études  au  collège  de 
Breslau,  où  dominait  déjà  cet  esprit  des  étudiants  de  l'Allemagne,  s 
flers,  si  excentriques,  depuis  le  Charles  Moor,  dont  le  portrait  se  voyait 
dans  la  salle  d'étude  [Moor  changea  les  habitudes  de  toute  la  jeunesse 
allemande] .  Depuis  cette  époque ,  la  génération  des  écoles  avait  pris 
les  mœurs  belliqueuses  :  les  reins  serrés  d'une  ceinture  de  cuir,  on 
rêvait  des  entreprises  périlleuses  dans  les  forets  de  la  "niuringe  oq  de 
la  Bohême,  au  bruit  retentissant  de  la  mousqueterie.  La  destinée  de 
Moor  remuait  les  imaginations,  et  l'idée  de  se  faire  chef  de  partisans 
était  commune  dans  les  universités.  Schill  fut  présent  i  ia  bataille 
d'Iéna  comme  oÉRcier  dans  les  dragons  de  la  reine  ;  profondément 
épris  de  sa  souveraine,  dont  la  Prusse  était  ivre,  il  se  comporta  ft  I^ 
Comme  an  vaillant  soldat ,  et  tomba  grièvement  blessé  pour  ne  plai 
>e  relever  que  comme  chef  de  bande ,  è  l'untrorme  noir ,  aui  idées 
exaltées;  il  seconda  l'expédition  de  Bliicher  dans  la  Poraénnie 
•oédoise. 

La  destinée  du  duc  de  Bninswick-OEts  fat  plus  curiense  et  jrfni 
dramatique  encore  ;  il  était  le  quatrième  fils  de  ce  duc  de  Brunswick 
frappé  sur  le  diamp  de  bataille  d'Auerstadt.  Presque  enfant,  il  avait 
lervi  comme  capitaine  dans  un  régiment  prussien  ;  colonel  lors  de  ii 
paix  de  Bâie,  il  se  précipita  dans  la  débauche  comme  une  âme  désa- 
busée. Quand  on  a  éprouvé  tin  grand  déboire,  on  se  jette  avec  fré- 
nésie dans  tous  les  plaisirs  afin  de  s'oublier  soi-même  ;  souvent  on 
inédite  de  puissantes  destinées  dans  l'ivresse  du  monde  ;  on  contrefait 
le  licencieux,  le  libertin;  comme  Brutns,  on  se  donne  pour  fou  ;  te 
étudiants  de  Halie  comparèrent  ce  prince  d'OEis  au  Faual  de  Goethe, 


îdbyGoOgIC 


BBCOHDB  PÉlUOSa.  aOft 

lédoctair  «OrÀBé  de  Is  divine  Marguerite,  portant  partout  la  dé^ 
bauche,  les  licences  et  les  enivrements.  Quand  la  guerre  éclata  entre 
la  Prusse  et  la  France,  le  jeune  duc  de  Brunswick  se  sépara  des  cour- 
tisanes couronnées  de  (leurs  ;  il  dit  adieu  à  ces  rendez-vous  d'étu- 
diants, où  le  punch  s'élevait  en  flammes  bleues  dans  de  vastes  chau- 
dières d'ai^ent,  comme  le  dit  l'historien  de  sa  vie,  pour  se  lever  fier 
et  glorieux  de  la  patrie  allemande.  A  Auerstadt,  Guillaum^^rédéric, 
duc  d'(Ms  (c'est  ainà  qu'il  se  nommait),  vit  mourir  son  père  repoussé 
impHofddement  par  Napoléon  ,  et  il  jura  de  le  venger.  Parmi  les 
notes  de  M.  de  Hardenberg  se  trouve  une  curieuse  circonstance  pmir 
la  vie  du  duc  de  BruBswi<:l[-<]£l8  '  :  c'ertquedanslanuitoù,  la  main 
éteodue  sur  le  corps  de  son  père,  il  jura  de  le  venger,  ses  cheveux  et 
ta  Inrbe  bUscliirent;  dramatique  sujet  des  ballades  nationales.  Le 
duc  de  BrnDSwick-OEJs  «fia  joindre  Bliicber  et  la  petite  armée  du 
doc  de  Saxe-Weimar,  les  seuls  généraux  qui  soutinrent  l'honneur  de 
bProae,  aTecE^lkreutbr  qui  se  retira  vers  Dantzîg  pour  en  défendre 
ie  iiége,  fait  d'armes  remarquebl^Bent  cooduit  et  aussi  remarquable» 
ffleotaouteou.  Depuis,  Frédéric,  duc  d'^Ms,  commanda  les  hussards 
de  la  Mort,  aux  effrayants  symboles,  si  redouté  pendant  les  guerres 
de  délivHjice. 

Le  duc  de  Saxe-Weinur  et  les  débris  du  cor|»  de  Blucti»'  conti- 
nuaient d'<^rer  vers  le  nord  de  la  Prusse.  Poursuivis  par  des  forces 
sqiérieum,  cernés  et  coupés  tour  à  tour  ils  se  défendirent  partout 
■vec  vigueur  ;  acculés  sur  Lubedi,  ils  opposèrent  une  vigoureuse  dé- 
fense. Napoléon  avait  ordonné  qu'on  brisAt  cette  armée,  et  iju'on  lui 
infKx&t  uue  dure  capitulation.  Lubsck  serait  anéantie,  qu'importe? 
La  hataiUe  «'engage  donc  dans  les  mes  avec  le  plus  vif  acharnement 
Qoi  n'a  la  les  tristes  récits  sur  la  prise  de  Lubedc  par  les  Français,  les 
lanentables  histoires  où  l'on  raconte  le  pillage  et  les  horreurs  d'une 
lugubre  «emaitte?  Pendant  deux  ans  les  jeunes  vierges  de  Lubeckm 
portèreotle  deuil  ;  elles  avaient  vu  égorger  leurs  pères,  leurs  parents 
înoS'eiisi&  ;  elles-mêmes  furent  victimes  de  toutes  les  brutalités  des 
soldats  victorieux.  On  ae  battait  dans  les  rues,  on  enleva  poste  à  poste  ; 
les  Français  déployèrent  un  brillant  courage,  c'était  leur  noble  c6té; 
mais  la  victoire  ne  pat  se  contenir  ;  comme  la  résistance  avait  été 


'  l'ii  eu  des  lenseignemcDts  précii 
un  «i  grand  rdle  en  illemtgne  ;  je  sui 


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M4  GDBBBK  DB  PSUSSB. 

vigourense ,  le  succès  fut  implacable  ;  des  excès  iDouts  marqa^fitit 
cette  occapation  de  Lubeclc.  La  ville  libre  et  hanaéatique  déplore 
encore  ces  fatales  journées  dans  un  patriotique  anniversaire ,  jour 
néfaste  où  l'enfant  et  le  vieillard  furent  immolés  sans  pitié.  Le  corfa 
de  Bliicher,  de  6,000  hommes  ',  mit  bas  les  armes,  et  lui-même  fat 
fait  prisonnier.  Dès  lors,  cette  armée  prussienne  du  nord  ne  fut  plm 
qu'un  composé  de  partisans  dispersés  dans  tous  tes  coins  de  l'Alle- 
magne ,  et  toujours  poursuivis  par  des  corps  français.  Le  patriote 
Schill  fit  des  conps  de  main  incroyables  ;  il  enleva  le  gén^  Vidor 
dans  une  course  vagabonde,  et,  pour  le  rendre,  il  exigea  qu'on  l'échao- 
geât  contre  Bliicher,  son  ami  et  son  propre  général.  Ainsi,  qutni 
l'armée  régulière  disparaissait  en  Allemagne ,  l'esprit  militaire  se 
réveillait  dans  les  partisans;  c'est  que  la  guerre  devenait  nationale. 

A  Berlin,  l'empereur  Napoléon  suivait  les  opérations  de  guerre  et 
d'administration  ;  considérant  la  Prusse  déjà  comme  ses  propres  Ètati, 
il  l'organisait  par  départements  ;  tous  ses  actra  semblaient  révélerunt 
occupation  permanente,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  une  rénaim 
déBnitive  au  vaste  empire;  la  facilité  que  Napoléon  avait  trouvée  i 
briser  les  Étals  de  la  vieille  Europe  devait  lui  faire  croire è  quelque 
chose  d'infini  qui  se  révélait  en  lui.  L'année  précédente,  en  l'espace 
d'un  mois,  il  avait  humilié  la  puissance  autrichienne  et  daté  sesdécreU 
de  Vienne  et  de  Schœnbriinn  ;  dans  un  espace  de  temps  moins  long 
la  Prusse  était  conquise  ;  il  était  paisiblement  à  Berlin,  et  Sens-Souci 
était  son  palais  ;  il  dépendait  de  lui  de  détruire  cette  royauté  abaissée. 
Quel  obstacle  pourrait  s'opposer  au  développement  de  son  amtntionT 
Quel  État  pourrait  lui  rénsterT  Les  césars ,  les  Romains,  Alexandre, 
Charlemagne,  tontes  ces  grandes  images  revinrent  à  sa  pensée,  e( 
comment  faire  entendre  des  paroles  de  modération  k  une  telle  iiotl 
Cela  n'était  pas  possible  ;  à  Berlin,  il  traite  la  Prusse  de  la  hauteur  de 
SB  souveraineté  ;  un  simple  décret  lui  impose  cent  millions  de  contri- 
bution ;  il  la  divise  en  quatre  départements  avec  l'administrationd'nne 
province  de  France  '.  M.  Daru,  l'exact,  le  rigoureux  conunissaire.est 

'  Les  buUclinB  de  Nipolioo  l'élevèrent  plus  haul. 

*  Le  àicKl  suivaai,  rendu  le  3  novembre  par  S.  M.  l'enipemir,  Tieal  d'cV 
publié  : 

■  Les  £tais  de  H  majesté  le  roi  de  Prusse,  conquis  pn'ruinér&'n)ï«ise,E<Mitdivi)^ 
en  quatre  déparumciits,  savoir  ;  !<>  le  déparlement  d<  Berlin;  2«  ledépaHemoildi 
Custrin  ;  3°  de  Sietiîn,  el  i"  le  dépaneraeni  de  Uagdebourg. 

>  L'adminiElratlon  générale  des  quatre  dépanemeoU  est  con&é^  tous  raoKM^ 


îdbyGoOgIc 


SECONDE   piBIOK.  SOK 

thêigè  de  l'organisation  :  on  désigne  des  intendants  pour  administrer 
les  cercles;  le  généra)  Clarke,  nommé  goavenieur  de  la  Prusse,  7 
exerce  sa  puissance  souTeraine.  Homme  d'un  caractère  inOexible, 
il  poursuit  avec  fermeté  tout  ce  qai  s'oppow  aux  volontés  du  maître. 
A  Berlin,  Napoléim  se  montre  comme  un  souTerain  dans  ses  États  ; 
sa  police  lui  indique  quelles  sont  les  familles  ennemies,  il  les  proscrit  ; 
la  GazeUe  de  Berlin,  rédigée  par  Mubler,  parle  de  Napoléon  comme 
du  successeur  de  Frédéric.  Un  décret  pourra  dire  :  «  La  maison  de 
Brandebourg  a  cessé  de  régner,  »  comme  un  autre  décret  l'a  dit  de 
la  maison  de  Bourbon  à  Naples.  Avec  son  habileté  ordinaire,  l'em- 
pereur a  bientôt  distingué  ses  amis  et  ses  ennemis.  Quand  un  partisan 
de  Frédéric  lui  est  désigné ,  il  loi  tend  des  piégea  et  le  fait  pour- 
suivre ;  il  accueille  aiec  bienveillance  tout  ce  qui  peut  relever  sa  puis- 
sance morale  à  Berlin  ;  il  distingue  parmi  les  princes  allonands  ceux 
4|ui  sont  pour  lui,  et  ceux  qui,  par  leur  caractère,  peuvent  être  un 
obstacle  au  développement  de  son  autorité.  Ainsi  le  prince  de  Hessc 
ne  peut  parvenir  jusqu'à  lui  ;  il  le  dépouille  et  le  repousse  ;  ïl  l'ap- 
pelle le  général  de  Hease,  comme  il  a  nommé  le  général  Brunswick. 
Le  prince  de  Uatzfeld,  ami  personnel  du  roi  Frédéric-Guillaume, 
4tait  resté  à  Berlin  ;  c'était  au  temps  où  l'on  parlait  d'armistice,  de 
paix,  et  Napoléon  faisait  Burvtiller  avec  la  plus  vive  attention  toute  la 
noblesse;  il  avait  besoin  de  frapper  un  exemple  pour  contenir  :  Il 
saisit  l'occasion  d'une  lettre  interceptée  du  prince  de  Hatzfeld  au  roi 
Frédéric-Guillaume,  pour  effrayer  tons  ces  nobles  Prussiensqui  cor* 
reqKHidaient  avec  leur  souverain.  Le  prince  de  Hatzfeld  avait  mis  i 
la  poste  sa  lettre  au  roi  ;  elle  décrivait  l'entrée  des  Français  k  Berlin, 
la  triste  impression  du  peuple,  les  pleurs  qu'avaient  versés  les  femmes 
si  patriotiques  ;  les  Français  mêmes  s'étaient  aperçus  de  ces  visages 
baignés  de  larmes  ;  le  [urince  de  Hatzfeld  décrivait  indicativement  les 
corps  de  cavalerie,  infanterie,  qui  étaient  ratrés  è  Berlin  sous  les 
ordres  de  Napoléon,  et  la  position  de  ces  corps  dans  la  capitale. 
C'était  là  une  simple  correspondance  respectueuse ,  un  hommage 

•de  l'InlcndaDt  génént  de  l'inné ,  M.  Dtrn,  à  M.  Estèv«,  ■dminisinleur  géa^ral 
4«9  finances  M  des  domaiiies,  et  1  un  raeeveoT  gtaènl  des  contribulions,  Û.  La- 
Jwnillerie. 

»  Sont  DOmiiiés  Gororolsssim  tmpériaui  pour  lei  cfaeb-lieux  des  départemenlr, 
MM.  Kgnon,  pour  le  départeraenl  de  Berlin;  Sabtlirr,  pour  le  d^rrieme  .t  de 
CuMrin;  Lalglc,  pour  le  dépirlement  de  SlMtin;  el  Chailons,  pour  le  déparleroent 
4elUgd«è0D^.  » 

T».  10 


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908  «TBRRB   m  PBUSSB. 

da  snjet  aa  roi ,  an  gage  de  fidélité.  Napoléon  détestait  le  prince  d« 
Hatrfeld,  fan  des  plus  patriotiques  enfants  de  la  vieille  Prusse;  et 
qaand  sa  lettre  tat  interceptée,  il  dicta  i  Berthler  un  de  ces  ordm 
impérstifs  qui,  quelques  moiS'adparavaDt,  avaient  préparé  l'exéention 
da  libraire  Palm  :  il  ordonnait  au  inaréelwi  Btfruuit  «  de  tmwtt  une 
commission  militaire  composée  de  sept  colooeh,  piMttée  par  Itai',  afia 
dejngerleprtncedeHatzfeld,  convaincu  d'espionnage  et  de  trsltison.» 
Le  Jugement  devaM  être  rendu  et  exécuté  avant  sis  benresdttioir'. 
Bemarqae»  bien  ces  mots  :  oonvoiiKuet  atécuté;  convahicn  «tant 
d'être  Jugé;  exécuté,  comme  s!  Napoléon  dtctfeiC  le  jugement  d'avance, 
et  sa  col^  flfl  demandait  pas  do  retard.  H  y  eut  cela  de  noble  dans  kt 
officiers  qui  entouraient  cet  esprit  absolu,  qu'ils  hésitèrent  b>m  à  m 
prêter  k-  an-  tel  acte  de  violence  souveraine  ■ .  M .  dé  Hatafsld:  éMt-S 
règlement  coopaUe?  Il  avait  hit  pour  son  roi  ea  que  la  Sdélité  iTeui 
t«u,  oSaten  d'benneur,  anrait  accompli  envers  Mapotéon.  Ikepiû 
qnand  la  rwrespondanee  du  sujet  an  souvent  ser^t-^e  an  uJmeT 
Qnel  engagement  avait  pris  le  prince  de  Hatefeld,  Prussien,  eaven 
Napoléon  T  Quel  était  ce  mode  nouveau  d'ouvrir  les  lettres?  El  si  le 
prince' de  Hatifeld  avait  cm  commettre  un  crime,  aurait-il  écrit  pa: 
k  poste  régulière?  M.  de  Hatrfeld  appartenait  aux  grandes  ramiUcs 
de  BerHn  ;  n  avait  connu  Dtaroc,  Bapp,  et  ce  f^t  par  leur  inteniié- 
diaire  blenveiHaot  que  madame  de  Hatifeld  pat  obtenir  la  grice  de 
■on  mari.  On  entoura  de  dramatique  la  scène  delà  lettre  br<t1ée;Bnr 
copie  en  ftste,  et  certes  elle  n'offre  rien  que  lertémoi^fnege  de  M&\té 
envers  un  prince  malheweux,  et  c'est  ce  que  Napoléon  panissiA. 

Le  pardon  vint  par  l'admirable  et  noWe  dévouement  Je  Dutw  et 
de  Bapp ,  qui  dirent  à  remperenr  la  triste  impression  de  cet  événr- 

'  >  Notre  emstn  le  mnrêclnl  DkTOnst  nommen' UM  ««minfasion  DiflfuireMliK 
potée  de  BCft  colonels  de  son  corps  d'onnfe,  dont  il  mm  le  préaldNit,  efia^de  ^qv, 
«emma  cmvaftxu  d*  froAimn  et  ifatpitmnagt,  le  prince  de  Hiufeld. 

■  Le  jugement  sera  ranJu  «I  txécvté  avaul  kïi  heares  du  soir. 

»  Vi.rvckm.  > 

'  ■  Ctallnconrt  et  Duroe  quittèrent  l'eppartemeai.  Napoléon,  resté  seul  vif 
Berihier,  Lui  dit  de  t'iaseolr  pou  écrire  1-orilre  «i  vertu  duquel  H.  do  Botiftai 
devait  étte  traduit  devant  une  eommiMiao  nilhaire.  Le  Diijar.géBfa«l  awaia 
qtielques  représentations.  «  Tolre  majesté  ne  peut  pas  faire  fusiller  ud  hantae  qâ 
appartient  sui  premières  bmilles  de  Berlin,  pour  aussi  peu  de  chose  ;  la  ouf^aeiiioi 
Mt  impossible,  vous  ne  le  voulei  pas.  >  L'empereur  s'emporta  davasloit;  le  pHoM 
U  NeurcUtel  insista  ;  Napoléon  perdit  patlmce;  Bertliier  senil.  ■ 

[If  émoires  du  eéuérdl  Btpp.) 


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sBCOMitB  pikiûoi.  307 

mest  pamii  les  notules  de  Berlin.  On  foadftit  de  graodes  espérancop 
sur  cet  acte  de  déHenee  destiaé  à  relea tir  en  ^u9se.  Oa  voulait  eibcor 
la  amuiae  impiesaioD  ciuaée  par  l'affaire  de  Palm  ;  cruelle  CEséeutiw 
qui  xKatrait  hmz  cooment  rentpereur  agissait  dans  aa  politique- 
Pois  Nqmléon  était  BatKreltemrat  pwtë  à  paittouoec  aux  gientil»- 
koDBMt  ;  il  avait  fait  buiUer  PaliB,  parce  «{ue  ce  n'était  qu'un  aiBiple 
Kbniie;  il  gracia  le  prrince  de  H^feU,  par  1q  moUf  qui  Lui  avait  fait 
acGsnhrla  grtee  an  ijatqm  de  Risière  et  au  prince  de  Pdiguc» 
tandiiilie  les  tâtes  éa  paysans  et  de  âeorga  tmoitaient  «or  la  pltce 
pobliqut.Le'priiioadeiEatzfeld  se  montra  pénétré  d«  rcconuiaaiWK 
pour  Dwec  et  Rapp  *;  mais ,  gardant  sa  fidélité  au  loi  dePruae^U 
conserva  dignement  son  honneur  ;  sa  lettre  même  indique  qu'il  se 
posait  avec  la  fierté  d'un  homme  innocent. 

Tandis  que  Napoléon  organisait  la  Pnuse  comme  soa  propre  eo^ 
pire,  avec  imcertaiDeq)rit  de  durée,  lespropositioiiB  d'une  suspensûiD 
d'armes  et  d'un  traité  lai  étaient  adressées  par  le  roi  Frédéric-6all~ 
tiume  à  des  conditioDS  luimiliées.  La  tactique  de  l'empereur  était 
toujours  d'accepter  des  armistices  qui  le  mettaieat  en  possession,  saiw 
coup  férir,  des  places  fcrtes  et  des  positions  militaires  denatoMàreodre 
meilleure  sa  situation  de  campagne.  Une  suspension  d'armes  ne  l'ea- 
gageait  pas  ;  seulement  elle  lui  donnait  des  places  de  sûreté  '  et  le 

'  Tofcl  ce  que  le  prince  de  Hatifeld  écrivcit  l  Itapp  ;  ce  n'est  p«a  le  lettre  d'un 
hDimiK  eonpalile  : 

>  VoD  génértl,  n  milieu  dn  «entineDti  de  tonte  espèce  qae  fak  èprewréa  àam 
b  joarnée  dliîer,  hs. iiwn]ues  de  Totra  Knstftllhi,  de  Totrt  Intérêt,  n'ont  pw 
Mitppéàn»  reconnilsstnce  ;  nais  hier  au  saiTfappeTlenits  tout  entier  raboslieiir 
de  nn  bmine,  et  je  ne  puis  m'acquitter  qn'anjouid^n!  enrers  roni. 

■  Cnjez  «n  reste,  non  général,  qu'il  eit  dnmoinenta  dimlaitedrat  fcM«- 
«nilr  est  inelhcable  ;  et  si  la  profonde  raeomiaisaaiiee,  t'esUiM  ihui  konnwde  Mm 
pniTeM  Ctre  de  qntiiiue  pris  i  tos  jeui,  tous  derei  être  récompense  4e  ItBtérét  ifm 
Toos  tn'ora  montié. 

■  Agréa  l'aMunnee  de  ma  hante  conaldérition  et  de  tous  les  stniinenis  qgi 
n'attachent  à'votre  soutenir. 

»  l'ai  llionDenr  d'être,  mon  général,  TOtre  tri»4umble  et  Iréft-obéissaM  servltoer. 
>  Le  prince  de  HatxTetd. 

■  Berifn,  le  80  octobre  I80S.  > 

■  Napoléon  dietail  les  parole*  tohanles  nt  U  eiinaïkm  des  slTaina  : 

a  Deasau,  le  31  octobro  MM. 

•  Le  maninia  de  Locehcrini  •'eat  ftis»té  ani  sTant-pMtes  avec  »e  lettre  du 
roi  de  Prusse.  L'emperetir  a  eavwjé  de  son  psieie  ie  grand  maréchal  Duroc,  pour 
roBférer  a>ee  Ini. 

»  Uagdebovrg  eu  bloqné.  Le  général  de  di^  ision  Legrand,  dam  se  myrrhe  aar 


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208  fionBB  mPRDssB. 

mellait  dans  le  cas  de  commencer  une  campagne  plus  vigoureuse, 
•vec  de  meilleuis  points  d'appui ,  si  l'ennemi  n'accqrtait  pas  les  cofv- 
4itions  de  paix  honteuse  qu'il  dictait  lui-même.  Ainsi  avait  agi  Napo- 
léon k  l'égard  de  l'Aubiche  :  l'armistice  qui  suivit  la  bataille  d'Au- 
sterlitz,  si  désavantageai  pour  les  Autridiiens,  avait  amené  le 
traité  de  Presbour^ ,  et  ce  traité  la  ruine  de  la  monarchie.  Napoléoo 
voulait  suivre  les  mêmes  conditions  avec  la  Prusse,  et,  lorsque  le  m)^ 
qois  de  Lucchesini  et  le  général  BasU-ow  arrivèrent  au  camp  impé- 
rial avec  des  propositions  d'une  suspension  d'armes,  Napoléon  exigea, 
avant  de  commencer  une  négociation,  qu'on  lui  livrftt  toutes  les  plaça 
fortes  de  la  monarchie  '  qui  restaient  au  pouvoir  des  Prussi^os. 

Hagdebonrg,  ■  fhit  quelques  priionniers;  le  nisréchti  Sealt  ■  ses  postes  antoDr  de 
Il  ville.  Le  grand-duc  de  Berg  j  a  envoie  .son  eberd'étal-mnior,  ]e  général  Belliard. 
Ce  général  y  a  vu  le  prince  de  Hohciilohe.  Le  langage  des  officiera  prussiois  eliil 
liien  cbsnaé.  Ile  demandent  la  pali  i  grands  cris.  «  Que  Teut  votre  empemirTatu 
disent-ils.  Nous  peursuivra-l-iJ  toujours  l'épéedtns  les  reins?  Nous  n'avons  pasna 
■nomeot  de  repos  depuis  la  balaille.  »  Ces  mesaieurs  étaient  sans  doute  accoulum» 
■ui  manteuvres  de  la  guerre  de  £epl  ans.  Ils  Toulaienl  demander  trote  jours  pour 
'Mterrer  les  morts.  «  Songez  aux  vivants,  s  répondu  l'Hupereur,  et  laiswMHrai  le 
«oin  d'enterrer  lee  morts;  il  n'y  a  pas  besoin  de  trêve  pour  cela.  ■ 

'  11  Taut  voir  quel  soin  piennciit  les  plénipotentiaires  pour  justifier  la  néccïSili 
imposée  k  la  Prusse  de  Taire  de  grands  sacriBces. 

Noté  d»  MM.  Duroctt  d*  TalUyrmtd  aux  pUnipolintiaint  pruitiem. 

■  Une  loi  antérieure  i  toutes  tes  lois  écrites,  le  salut  commun,  et  qui,  gratée  k 
première  dans  l'esprit  de  tous  lea  souverains,  le  dégage  (Xapolcon)  des  promesse» 
|wécédemment  faites,  l'oblige  k  user  de  rigueur  pour  abaisser  la  puissance  d'oi 
(Milice  qui  dans  l'espace  de  quelques  mois  a'uuit  d'intention  aux  desseins  hoslilesdts 
ennemis  de  la  France,  et  les  réalisa  de  son  propre  mouvemeat,  les  armes  à  la  maie... 
Les  armées  TraDtaises  sont  lassées  de  vaincre;  mais  elles  ne  veulent  plus  laisser  am 
fcuplca  subjuguée  assez  de  Force  pour  contraindre  la  France  k  reprendre  les  armes- 
L'empereur  n'a  jusqu'ici  recueilli  de  sa  générosité  que  des  fruits  amers  d'ingraii' 
tudc  et  de  perBdie.  Après  avoir  pénétré  les  causes  des  mouvements  qui  citent  It 
nord  de  l'Europe,  il  s'occupe  des  moyens  de  les  détruire.  Des  agents  cnglajs  stmeal 
Jt  discorde  avec  l'or  que  la  domination  des  mers  leur  fournit  ;  ils  trafiquent  du  sang 
des  nations  et  tienneuti  leur  solde  l'avarice  et  l'ambition  des  gouvernants.  La hiint 
implacable  de  Pitt  entretient  l'incendie  éteint  i  Auslerliti  dans  le  sang  de  l'élite  i» 
armées  russes.  Par  eux,  dans  l'esprit  de  l'empereur  Alexandre,  prévalu!,  sur  la  rna- 
•idération  de  son  propre  intérêt,  la  détermination  de  ne  point  raiiflrr  un  traitr 
conclu.  Les  séditieuses  instigations,  promotrices  descalamltés  actuelles  de  la  Pniïsr, 
oc  sont  venues  que  d'eux  ;  car  i  peine  les  desseins  bosiiles  du  czar  i-t  les  préparatif» 
île  guerre  sur  la  Sprée  eurent  été  connus,  que  Lauderdale  montra  une  exigence  si 
insolente,  qu'il  Tallut  rompre  des  négociationB  qui,  sans  ces  circon.'iaucp»,  auraieoi 
pacifié  l'Europe.  C'est  un  but  vers  lequel  l'empereur  Napoléon  ,  rassasié  de  glwie. 
M»  cesse  de  tourner  ses  vues  pour  l'intérêt  général;  il  compte  j  parvenir  eu  réglant 


îdbyGoOgIC 


SBCOKDE  FÂBIODB.  30ft 

Liynqne  de  rapides  conquêtes  eurent  briw  les  corps  de  Blûcber  et 
du  due  de  Sa\e-Weiniar,  l'empereur  Napoléon  se  montra  plus  exigeant 
encore  :  l'esprit  des  négociations  reste  vague,  iocertaiii  ;  on  voit  que 
l'empereur  a  des  desseins  pour  retarder  indéfiniment  la  restitution  des 
conquêtes;  il  pose  les  tmsefl  d'un  traité  sur  les  clauses  les  plus  équi- 
voques ;  il  fait  au  roi  de  Prusse  la  condition  d'amener  la  Russie  k 
respecter  l'indépendance  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie ,  comme 
si  le  roi  de  Prusse  pouvait  s'engager  sur  ce  point  ;  il  impose,  comme 
seconde  condition ,  la  restitution  par  l'Angleterre  des  colonies  h  la 
France  et  à  la  Hollande,  comme  si  la  Prusse  encore  pouvait  s'engager 
pour  l'Angleterre.  Ces  propositions  cachaient  donc  dans  l'esprit  de 
l'empereur  la  volonté  d'une  possession  indéfinie  des  Ëtats  conquis  en 
Prusse  :  on  les  a  pris,  on  les  garde;  tant  pis  pour  la  maison  de  Bran- 
debourg si  elle  s'est  jetée  dans  une  guerre  malheureuse  ;  il  faut  lui 
donner  une  leçon  de  laquelle  elle  ne  se  relèvera  plus;  il  Tant  morceler 
cet  État ,  et  imprimer  ainsi  une  nouvelle  crainte  h  l'Autriche.  À  un 
empereur  nouveau ,  il  faut  des  dynasties  nouvelles  ;  il  comm^Ke  k 
dire  :  «  que  dans  dix  ans  sa  famille  sera  la  plus  ancienne  de  toutes 
celles  qui  régneront  en  Europe  ;  *  mot  imprudent  et  qui  fut  retenu 
par  les  cabinets.  Il  remanie  le  droit  public  ,  il  remue  tous  les  terri- 
toires, dépasse  toutes  les  conquêtes  du  dernier  siècle;  il  lui  faut  main- 
tenant des  souverainetés  qui  se  rattachent  à  lui  seul. 

Le  roi  de  Prusse  a  jugé  la  portée  déQnilive  de  c«fl  propositions;  il 
était  disposé  à  traiter  avec  l'empereur,  il  le  désirait  vivement;  mais 
depuis  il  comprend  que  c'est  la  fin  de  sa  monarchie  que  Napoléon  lui 
impose ,  et  la  maison  de  Brandeboui^  ne  tombera  pas  sang  se  dé- 
fendre. Frédéric -Guillaume,  de  toute  son  armée,  n'a  plus  que 
25,000  soldats  ;  que  fera-t-i!  î  Si  Napoléon  le  repousse  avec  une 
inflexible  hauteur ,  un  traité  d'alliance  l'unit  h  la  Russie  ;  des  masses 
nouvelles  s'avancent  sur  la  Vislule;  Alexandre  les  conduit;  les  Rosses 

le  sort  fuiur  de  1*  monarchie  pruEiieniie,  conrannémenl  à  U  modéntion  qne  mettra 
l'Angleterre  i  restituer  k  ses  ennemia  une  partie  de  ses  conqufiief .  • 

«  Ne  perdez  pas,  disait  le  général  Duroc  au  marquis  de  Luccheslnl,  en  ptatntca, 
CD  prières,  eD  représenta  rions  ([ui  aéraient  vaines,  un  temps  prévieui  et  Tiigilirpour 
tous  assurer  une  poii  nécessaire.  De  nouveaui  sjccès  pourraient  rendre  remperenr 
ticancoup  plus  exigeant  et  tonle  n^ociation  plus  difficile.  Ce  traité  rerréieratt  eur 
les  borda  de  l'Elbe;  tremblei  qu'il  neTrancbisse  ce  Qeuvel  Conservu  cequeTow 
possédez  encore;  ne  le  jouci  pas  au  hasard  d'une  lutte  inégale  et  probahlefflem 
funeste.  • 


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in  GrEBBE  DE  PSmSB.  —  SKOJtSB   PÉRIODE. 

oomptent  ponr  lain  ^néranx  Bemindci,  ]e  prince  SagratioB ,  Ben- 
iiigBeo  ;  îb  veulnti'emnrer  encore  contre  la  foitsne  de  Napgtion, 
ftéééïki-GpahgMe m  jeUm &aic cUm Its  brnde  la  Sie^,fltaBR 
aoaveUe  caE^aigne  'mtonmencar  T^^oureon  rt  «u^teite. 


îdbyGoOgIC 


TÀHU  PSIOIAKT  i.AB9Bl(G|E  |)E 


CHAPITRE  X. 


r««n  VniKAHT  LAMBMX  DK  CKHPHin. 


Utwwfuif  wt — X-'opinioD  poWqoc —  IiwiptMie.  —-La  boarM.  —  Jugement 
iw  1>  cuniMgiie.  —  B«miii  de  Ja:PUK.  —  jr(Hi,ebé.«t  JH- de  Tall«jruid>  —  Uépu- 
Ulion  duséoBti  Berlin.  —  Comniunicalian  intUne  avec  Napoléon  pourlapali,— 
BépODSebButainc  de  Napoléon.  —  Décret  de  Berlin  pour  le  blocus  continental.— 
CfinWdu  comflHTce.  —  Dteadeoea  de  la  marise.  —  'NeuTdks  de  Kaplei,  ^ 
4'illamgDe.  —  GuemcoB^Jespeit^es.  — Jjwée  d'une  nouvelle  conacr^tlon. 
—  OrgaDisation  des  gardes  nationales.  ~  Oi^>o$i(ioii  à  h  guerr«.  —  Xs^i  d'op- 
fRs5i«n  et  de  conquête.  —  Paris  dans  l'hiver  de  J806. 


La  Franqe  ne  doatait  janaais  àv  mnà»  iesoa  piopeKur  ;  qaand 
MapotéoQ  quittait  Paris  pour  :8e  placer  h  la  tète  de  te»  :ariBéea ,  on 
«ttHtdût  aiec  impaUeiice  les  bulletins  cédigés  au  bivac;;  ,toui  aunon- 
taient  d!immeases  succès-C'était  coutume  pour  la  paltte.  il  n'y  avait 
pas  d'interYalle  entre  le.d^wrt  et  le  tiMOtpbe;  les  buUetini  d'An- 
atcrliU  avaieot  préparé  les  esprits  aux  étononatea  aouveUes.qui  aixi- 
*aieat  si  rapidement  des  tW^ps  de  batwlle  de  la  Fniwe  ;  rieo  ne 
paraiagait  impossible  i  l'Juanme  «ipédeur  qui  disposai  de  ai  braves 
troopes  ;  pour  la  France,  la  .victoire  était  ,oomme  im  coop  de  tbéétre  : 
Uareogo,  AuiterliU,  lèna,  étaitut  jetés  dtuisun  moule.giguiteiqae; 
le  drame  se  déployait  dans  les  mêmes  proportions  :  Napoléon  parlait, 
UD  mois  ai^às  tout  était  Qni,  les  ennemis  tt^baiei^t  brisés  aouacette 
main  puissante  qui  de  la  pointe  .tleaa'6i)iuu  Joyeme  comoiMidait  à  la 
Tictoire. 

En  L'absence  de  Napoléon  ,  le  gouvememeat  fut  confié  à  rarchi- 
chancelier  Cambacérès  ;  Joseph-Napoléon,  le  grand  électeur,  à  qui  la 
dliectioD  desalTaires  avait  été  donnée  lors  de  la  campagne  d'Auaterlitz, 
alors  élevé  i  la  royauté  de  Naples,  gouvernait  un  pays  à  peine  pacifié; 
il  n'y  avait  aucun  prince  de  la  famille  Bonaparte  è  Paris  ;  Louis  était 
en  Holluide,  Jéréme  à  l'armée;  l'impératrice  Joséphine  même,  par-< 


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2t3  PABIS  PBNDAKT  l'aBSEKCB  DE   L'BMPBBEIIB. 

couraot  les  bords  du  Bhin ,  plaçait  à  Miyence  le  siège  de  sa  cour  '. 
L'archidiancelier ,  ref ètu  d'une  Bou?eraine  puissance  et  des  pleins 
pouvoirs  du  gouvernement,  présidait  le  sénat ,  le  conseil  d'État,  et 
comme  d'habitude  Gambac^is  prenait  avec  une  gravité  remarquable 
toutes  ses  positions ,  il  se  croyait  prince  au  même  titre  que  Napoléon 
se  disait  souverain.  Tel  était  alors  le  prestige  attaché  &  la  puissance 
militaire  de  l'empereur,  que  Paris  obéissait  par  la  seule  impulsion  du 
gouvernement;  presque  toute  la  garnison  avait  marché  en  poste  sur 
le  Bhin  ou  dans  la  Prusse  ;  cette  immense  cité  n'avait  plus  comoK 
surveillance  que  quelques  dépôts  des  régiments  de  la  garde ,  et  deux 
ou  trois  bataillons  de  troupes  sédentaires,  les  vétérans  et  les  invalides; 
tout  se  gouvernait  dans  cette  allure  habituelle  qu'un  pouvoir  fort 
imprime  à  toutes  les  parties  de  l'ordre  social.  Lorsque  la  puimnce 
morale  de  l'autorité  est  bien  établie ,  la  présence  du  soldat  n'est  plos 
qu'un  auxiliaire  inutile  ;  c'est  quand  un  pouvoir  est  faible  qu'il  liù 
fautuo  grand  déploiementde  troupes,  car  on  n'a'plus  confiance  en  lui. 
L'arcbichancelier  Gambacérès,  chargé  surtout  de  la  partie  politique 
du  gouvernement  et  de  la  correspondance  générale,  dirigeait  le  con- 
seil des  ministres  et  l'administration  du  pays  ;  la  plupart  des  grandes 
affaires  étalait  envoyées  au  quartier  général  ;  des  courriers  partaient 
tous  les  jours  avec  des  portefeuilles  que  l'empereur  avait  à  examiner 
et  k  signer.  Les  ministres  &  département  venaient  travailler  avec  l'ar- 
chichancelier,  excepté  Foucbé  qui,  se  donnant  une  mission  d'exam» 
et  de  contrôle  directs ,  envoyait  ses  rapports  à  l'empereur.  Si  Gamba- 
cérès abdiquait  tout  esprit  de  critique  pour  ne  plus  faire  qu'admira, 
il  n'en  était  pas  de  même  de  Fouché,  qui  jugeait  et  appréciait  loat 
avec  discernement  ;  pour  lui,  l'empereur  n'était  pas  tellement  éblouis- 
sant qu'il  ne  pénétrAt,  avec  son  intelligence  habituelle ,  les  mobiles 
de  sa  grandeur  et  de  sa  décadence  ;  pour  le  ministre ,  Napoléon  n'é- 
tait ni  un  dieu ,  ni  un  mystère  ;  il  savait  les  causes  qui  le  faisaient 
vivre  et  les  causes  qui  le  feraient  tomber;  Fouché,  souriant  quelquefoii 
i  la  lecture  des  bulletins,  les  commentait  avec  ce  caractère  épigram- 
matique  qui  dominait  ses  paroles.  Le  ministre  avait  des  nouvelles 
.particulières  du  quartier  général  ;  sa  correspondance  l'informait  avec 
exactitude  de  ce  qu'il  y  avait  de  réel,  d'exagéré  ou  de  faux  dans  les 
documents  dictés  par  l'empereur  sur  le  champ  de  bataille;  le  grand 

'  On  lui  Bi  de  grande*  tUti  à  Fnncrort,  elle  fui  accueilUe  en  souverri'n». 


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PARIS  PENDADT  l'aBSENCB  DE   L'BUPEBSDI.  213 

magideo  afsit  un  art  mnreilleux  pour  les  balletîns ,  une  belle  et 
habile  manière  d'annoncer  et  de  grandir  le  succès.  Au  fond  il  y  avait 
des  assertions  inouïes ,  en  style  dramatique  et  théâtral ,  et  Foucbé 
remarquait  en  plaisantant  que  sur  l'armée  prussienne ,  qui  en  com- 
mencsnt  la  campagne  s'élevait,  d'après  l'aveu  des  bulletins,  h 
l.SOiOOO  hommes  effectifs,  on  avait  fait  déjà  185,000  prisonnier^  : 
c'était  l  une  de  ces  étourderies  impardonnables  que  la  puissance 
seule  se  permettait  dam  ses  caprices  et  dans  ses  moqueries  jeléec 
h  la  crédulité  publique. 

Toutefois,  à  travers  l'encens  prodigué  anx  beaux  faits  d'armes  et  i 
la  gloire  de  l'armée  française ,  il  y  avait  un  senUment  profond ,  un 
besoin  irrésistiblement  senti  d'une  paix  générale.  On  pouvait  voir 
aisément,  par  l'aspect  de  la  société,  qu'il  y  avait  déjà  fatigue  de  la 
guerre;  après  la  victoire  d'Austerlitz  on  croyait  tincèrement  à  la 
sigoature  de  la  paix  définitive  ;  le  traité  conclu  par  H.  d'Oubrîll  an 
nom  de  la  Russie  avec  la  France ,  ta  convention  arrêtée  avec  le  comte 
de  Haugwitz  au  nom  de  la  Prusse  faisaient  espérer  une  paix  au  moins 
actuelle  et  acquise  ;  le  ministère  de  M.  Fox,  les  négociations  h  Pari« 
des  lords  Yamouth  et  Lauderdale  laissaient  également  croire  an 
renouvellement  des  stipulations  d'Amiens  :  les  porls  ouverts  à  la 
grande  navigation,  l'industrie  éprouverait  son  développement  naturel. 
la  pro^iérité  publique  reviendrait  à  Paris  et  dans  les  villa  intérieures, 
accablées  sous  le  poids  des  impAts  et  des  privations  commerciales. 
Hélas!  ces  espérances  étaient  alors  déçues  ;  il  y  avait  beaucoup  de 
gloire  pour  l'armée  et  la  patrie,  mais  peu  de  prospérité  à  l'intérieur  ; 
ri  l'on  pouvait  être  fler  de  ce  que  faisait  l'armée  ,  le  peuple  était  sans 
travail,  la  bourgeoisie  inquiétée,,  les  transactions  d'argent  anéanties. 
Sous  ces  impressiom  vives  et  profondes,  un  parti  considérable  pour 
le  paix  s'était  formé  à  Paris,  nv^ne  dans  les  corps  politiques  ;  le  sénat, 
le  coi^  législatif,  le  tribuoat,  tout  ce  qui  était  encore  rexpression 
des  sentiments  publics  partageait  cette  nécessité  impérieuse  de  la  paix 
générale.  ^  dans  les  assemblées  publiques  on  ne  parlait  que  de  la 
gloire  et  des  miracles  opérés  par  le  génie  de  l'empereur ,  dans  dee 
conversations  plus  intimes  on  s'inquiétait  delà  toumureque  prenaient 
les  opérations  de  la  guerre. 

L'empereur  avait  vaincu  i  Austerlitz,  et  cela  n'avait  rien  accompli! 
maintenant  il  venait  d'achever'  un  beau  fait  d'armes  ;  la  bataille 
d'Auerstadt  et  d'Iéna  brisait  la  monarchie  de  Frédéric  ;  il  datait  ses 


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234  PARIS   PENDANT   l' ABSENCE   DE   L'BHPEIiraK. 

décrets  de  Berlin ,  et  cela  ne  finissiit  rien  encore  I  fadépeaduKKDt 
des  stcrîGcesénormes  que  le  guerre  imposait,  ces  impIficaUeelustiHtig 
mettaient  toujours  en  question  et  en  péril  l'ordre  de  cfaoKs  fondé 
par  le  18  bnimùre.  L'empereur  était  victorieux:,  nuns  II  potnit 
éprouver  Ses  rerers-;  des  systèmes  atiUes  ne  se  fondent  pas  par  ta 
guerre  et  les  conquêtes  ;  la  paît  seule  les  consolide  :  «ette  «fdnïao 
était  générale ,  surtout  dans  le  sénat  ' ,  le  minisW  de  ia.  pallie  le 
fliTorisait  paiticulièrenunt.  Gomme  M.  de  Talleyrandl,  Foh^  pB^ 
tisan  de  la  paix,  voulait  enlever  à  Napoléon  l'empreiate  Ae  lavalau 
et  de  €1101169  Xn  ,  pour  hii  substituer  le  caractère  ^ue  nwfpiiSque 
de  foDdflbear  d'iule  dynastie  et  d'organisateur  tattUigent  d'un  vaite 
empire.  La  oorrespandance  de  M.  deTalleyrandetodAede  Fbuch£, 
les  deux  homnus  véritaUement  ipt^itiques  du  ten^,:8aat  toutes  dasx 
à  la  paix  ;  Ils  déôreiit  l'-étabUesMieBt  d'wn  système  «un^péen  vaste  et 
pondéré- qui  maintienne  l'édi&ce  pendaitf  'mie  longuediiréei  ^>  pour 
bire  eirtrer  ces  idées  dans  la  pessée  de  l'empereur^  il  fallait  des 
«ffortB  proviens  ;  on  vonlait  aivâter  la  foudre  iltni  I«s  maiDs  du 
dieu  qni  se  plaisait  i  la  lancer  ;  on  votriait  comprioMr  èeloirrat  -qui 
versait  «es  nappes  écameuses  du  haut  des  Aipei. 

Le  ^at ,  cepoidant ,  crut  devoir  taire  une  démivcbe  >idb»dle 
auprès  del'cmperewr.flt,  senBB&uae'dftpAtatiiOBfatMweyée  àfinUa 
pour  le  TéKcîtw  «nr  ses  vioteires  A  le  reneroier  dn  drapeaux  qa'il 
«vstt  devinés  à  sa  ibonat  TiUe.,-on  prit  ce  prétexte  four  rap^iBrle 
iDBgnaafne  emperear  de  «^pendre  le  noues  de  -ses  nctoiMS ,  et  ik 
donner  à'I'Eflrope  une p^gfaéreeseqoi  fdt  lasiunr'tDHS'laB loli- 
r^ts.  Vt«pc4éen,  alors  m  milieu  de:ie» triomfAea,  rêvant  •ss.inDHBt» 
proj^;'ta  brAIante  ônteHigaice  iBDibmsait  l'avBBirùuléini  deœ 
^jB'flappcflBitflaD'EïsC^nc;  ilneseoeaqwetaitpas,  lu,  cm— ^aiyawr 
  fa  7>oùr';  ïoiifoois  inquiet  deenint  l'spinion  puUiqae ,  il  \-ealait  )i 
«aBfr>hK6ssaBm«Bt«nha)«ie,  kpouiaer^ila  domtaBrfar^'éUoai»- 
sant  ^teetfde  de  ses  victiriras.  Napoléon  ne  s'exidiquattipes  UB«aM- 
«eraiu  wix  Tniteriee ,  pasiant  mte  wie-palaiMe-au jnilisK  de  sea  a^^ 
I>Mirfeîre  pardonner  le  pouvoir  «i  i''raiio«  il-fentéUaiiir  Icsmanei  ; 
tflUe  étaU:  «a  pmsfe  haUtnelle.  il  BGcuetUit  fort  miJ  les  députés  da 
aénat;  il  les  traita  tous  avec  cette  brusquerie  d'expression  ipi'il  en- 


'  La  députation  du  sénat  se  composait  de  MSI.  François  de 'Neuréhttetu,  d'Aran- 


îdbyGoOgIc 


pAfllS  PBIWANT  L'ABBCNCE  DE   L'sUPEIiqW-  215 

ployait  toujours  lorsqu'il  voulait  abattre  les  eoueniis  âe>6es  Idées  ; 
il  déclara  aux  sénateurs  :  «  qu'il  y  avait  presque  félonie  ^lans  cette 
préteatioD  de  venir  se  placer  entre  la  pensée  du  souverain  et  les  bc- 
Mins  du  peuple  :  seul  il  comptenaït  ce  qu'il  fallait  à  la  France,  ]e 
sénat  devait  se  convaincre  que  nul  n'empêcherait  la  réalisation  de 
la  grwide  destinée  qu'il  résemait  la  nation  ;  »  et  il  leur  tourna  brus- 
quement  le  dos.  La  démarche  des  sénateurs  ne  produisit  donc  aucun 
^et ,  et  bienti^t  Napoléon  développa  son  système  de  diplomatie  dans 
des  proportions  effrayantes  *. 

A  cette  époque ,  dans  son  implacable  orgueil,  il  refusait  de  traiter 
avec  la  Prusse  vaincue  et  humiliée.  Il  avait  d'abord  désii-é  l'armisUcei 
afin  de  s'assurer  les  places  fortes;  quand  il  fallut  traiter  déGnitivement, 
il  Bt  des  conditions  tellement  dures,  tellement  inflexibles,  que  la 
Prusse  ne  pouvait  les  accepter  sans  abdiquer  complètement  le  sceptre 
de  la  maison  de  Brandebourg;  et,  pour  témoigner  encore  qu'il  ne 
eoncevait  d'autre  systèoie  que  la  soumission  absolue ,  on  se  rappelle 
que  Bonaparte,  divisant  la  Prusse  en  départements ,  nomma  des  pré- 
fets, comme  s'il  était  résolu  d'en  finir  avec  la  monarchie  de  Frédéric. 
Enfin,  par  une  déclaration  diplomatique  étrange  dans  son  teitecïMDme 
dans  sa  pensée ,  l'empereur ,  je  le  répète,  prononça  BOlenncUraieDt 
comme  un  oracle  :  «  qu'il  ne  traiterait  jamais  de  la  paiif,  avant  que  la 
BDSiie  eût  complét^iMat  évacué  la  Moldavie  et  la  Valacbie ,  et  que 
rAnglelerre  eûtrestitué  lescoloniesà  laiFranceetè  la-Hollande'.  » 

Cette  déclaration  personnelle  &  l'empereur,  dictée  par  lui  à  M.  de 
Talleyrand,  éloignait  à  tout  jamais  la  conclusion  de  la  pais;  die 
DOBunaDdHit  des  campagnes  indéfinies,  car  la  Russie  était  assez  forte 
pour  soutenir  l'indépendance  de  ses  annements  et  la  puissance  de  ws 
volonlés^avecun  personnel  militaire  de  600,000.  hommes,  et  un  ter- 
ritoire couvert  par  uqe  population  de  50,000,000  d'iliues.  Le  second 

'  L'emp«r«ur  Qt  liapsmetLrc  par  les  sénaieurs  Jes  drvpeaux  enlciù  aui  FruirisDS. 

■  Les  dépuiÉs  du  Scnat  s'étant  retirés,  ont  clé  accompagnés  à  leur  duneurc  par 
340  grenadiers  de  U  garde  impériale,  qui  portaient  les  trois  cent  quarante  drepeaui 
r(  étendards.  ■ 

'  Des  oomioalions  civiles  Turent  faites  pour  l'admiaistration  de  la  Prusie  i 

«  H.  de  Chaillon,  auditeur  au  con&ell  d'État,  est  nommé  intendant  de  GlogM  eu 
Silceie>  D'antres  auditeurs  sont  chargés  chacun  d'une  braDchedel'adminisirailoD  en 
«hrf  des  rercDos  de  la  Prusse  :  M.  Dupont  Delporte,  des  sels,  niin«s  «t  usiMs; 
H. Cuopiui,  despostes;M.Lafond, delà  loterie;  M. Perregaui,  du  timbre; H. Ta- 
twureau,  delacoDlribulJonfoDGièreieltl.  d'Boudetot,  des  accises.» 


îdbyGoOgIc 


s  16  TàMK  PEHiiAinr  i.'ABSBitcB  DB  L'RMmunm. 

«clc  qui  indiqaa  la  tendance  impIac«Me  de  Napoléon  et  la  guerre 
qu'il  déclarait  même  au  commerce,  fut  le  décret  de  Berlin  prononçant 
ie  blocus  des  Iles  Britanniques  *  ;  il  y  avait  de  la  puérilité  folle, 
inexplicable,  dans  un  acte  qui  déclarait  bloquée  une  si  vaste  étendue 
de  cétes,  lorsque  pas  un  vaisseau  ne  pouvait  sortir  des  ports  de 
France  sans  être  aussitôt  pris  et  capturé  par  la  marine  anglaise;  on 

'  Voici  le  iMle  curicui  ti  si  colore  du  décret  de  Berlin;  jamiis  la  vicloire  n'aviii 
vi  profondément  «TCDgléNapol^ii  : 

■  En  noire  comp  impérial  de  Berlia,  le  31  novembre  1806. 

•  Napoléon,  emperenr  desFranfais  et  roi  d'Halle,  considérant  : 

u  1°  Qud'Anglelerren'admetpointledroildca gens autfinmversdltmcatpar tons 
les  peuples  policés; 

»  2°  Qu'elle  réputé  ennemi  tout  individu  ipparleDint  à  l'Eut  ennemi,  et  fait,  ee 
ronséquence,  prisonniers  de  guerre,  non-seulement  les  équipages  des  vaisseaui  armés 
'en  guerre,  mais  encore  les  équipages  des  vtissrtui  de  commerce  et  desDariresmtr- 
-rhands,  et  même  lea  facteurs  de  commerce  et  les  négociants  qui  voja^^i  pour  Im 
ufTaires  de  leur  négoce; 

n  3°  Qu'elle  étend  aui  bâtiments  et  marcbandises  de  commerce  et  ani  propriétés 
des  particuliers  le  droit  de  conquête,  qui  ne  peut  s'appliquer  qn'i  ce  qui  appartient  i 
l'État  ennemi; 

■  4*'  Qu'die  étend  aui  villes  ei  pans  de  commerce  non  TortiBés,  aui  hants  et  aui 
rmboucbures  de  rivières,  ledroit  de  blocus,  qui  d'aprèsle  raison  ell'usage  dcspenplec 
policés  n'est  applicable  qu'aux  places  fortes; 

u  K»  Qu'elle  déclare  bloquées  des  placesdevant  lesquelles  elle  n'a  pasmémenn  seni 
bitiment  de  guerre,  quoiqu'une  place  ne  soit  bloquée  que  quand  elle  est  lelloneni 
investie  qu'on  ne  puisse  temer  de  s'en  approcher  sans  un  danger  imminent; 

D  6*  Qu'elle  déclare  même  en  étal  de  blocus  des  lieuique  toutes  ses  forces  réunie* 
seraient  incapables  de  bloquer,  descdtes  entières  et  tout  un  empire; 

B  7°  Que  cet  abus  monstrueui  du  droit  de  blocus  n'a  d'autre  but  que  d'empéchei 
les  communications  entre  les  peuples,  el  d'élever  le  commerce  et  l'iudostrie  de  l'An- 
);1cterrr  sur  !b  ruine  de  l'industrie  du  continent; 

n  B°  Que  tel  étant  le  but  évident  de  l'Angleterre,  quiconque  fait  sur  le  contbieut 
le  commerce  de  marchandises  anglaises,  favorise  par  1i  ses  desseins  et  s'en  r»d 
complice; 

B  9°  Que  celle  conduite  de  l' Angleterre,  digne  en  tout  des  premiers  ifes  de  la  bar- 
barie, a  profité  i  cette  puissance  au  di-lriment  de  toutes  les  autres; 

»  10°  Qu'il  est  de  droit  naturel  d'opposer  i  l'ennemi  les  armes  dont  il  se  sert ,  ei 
de  le  combattre  de  la  manière  qu'il  combat,  lorsqu'il  méconnaît  toutes  les  idées  de 
justice  et  tous  les  sentiments  lihéraui,  résultat  de  la  civilisation  parmi  les  hommet: 

■  Nous  avons  résolu  d'appliquer  à  l'Angleterre  les  usages  qu'elle  a  consacrés  dans 
sa  législation  maritime. 

B  Les  dispositions  du  présent  décret  seront  constamment  considérées  commeprin- 
tlpe  fondamental  de  l'empire,  jusqu'à  ce  que  l'Angleterre  ail  reconnu  que  le  droit  dr 
'îa  guerre  est  un  et  le  même  sur  terre  que  sur  mer;  qu'il  ue  peut  s'étendre  ni  aui  pro- 
priélés  privées,  quellct  qu'elles  foient,  ni  k  la  personne  des  individus  étrangers  é  ii 


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PABIS   PBNDAIfT  L'ABSBNCB   DB  L'EHPBHBUS.  217 

secouait  les  principes  do  droit  des  gens ,  poar  proclamer  une  absur* 
dite.  L'emperenr  iaterdisait  tout  commerce ,  toute  correspondance 
entre  l'Angleterre  et  la  France  ;  tout  Anglais  trouvé  sur  le  continent 
était  prisonnier  de  goerre,  toutes  marchandises  de  l'Angleterre  étaient 
déclarées  de  bonne  prise  ;  enfin,  aucun  navire  ne  pouvait  toucher  au 
rivage  de  la  Grande-Bretagne  ou  de  ses  colonies  sans  être  aussitôt 
déclaré  ennemi  ;  les  corsaires  ou  les  bâtiments  de  l'État  pouvaient 
courir  ssr  ces  vaisseaux  qa'on  déclarait  dénationalisés. 

prolKsioD  de>  «nocs,  et  que  le  droit  de  blaciu  doit  être  restreiat  aux  places  fortes 
réelJftnciit  iareslics  par  des  Torces  suffisaules. 

■  Nous  avons  en  eonséquence  décrété  et  décrétong  ce  qui  suit  : 

B  Art.  1".  Les  II»  Britaaniqaes  sont  dieUrées  ta  état  de  blocus. 

>  Art.  3.  Tout  eoniiDerce  et  toute  coneqtondiDce  BTec  les  Iles  Britanniques  sont 
i;iiei;4>'^-  ^  conséquence,  les  lettres  ou  paquets  adressés  ou  en  Angleterre  ou  i  un 
inglais,  ou  écrits  en  langue  anglaise,  n'auront  pas  cours  aux  postes,  et  seront  saisis. 

■  An.  3,  Tout  individu  de  lAngletem,  de  quelque  état  ou  condition  qu'il  soit, 
qulsera  tKHtTédanBles  pays  occupés  par  nos  troupes  ou  par  celles  de  DOi  aillés,  sera 
tiil  prisonnier  de  guerre. 

■  Art.  4.  Tout  msgasiu,  toute  marchandise,  toute  propriété,  de  quelque  nature 
qu'elle  puisse  être,  appartenant  k  un  sujet  de  l'Àngleierre,  ou  proTcnant  de  ses  fa- 
briques ou  de  ses  colonies,  est  déclarée  de  bonne  prise. 

■  An,  S.  LacommereedesroaichandisesanglaiBesest  défendu,  et  toute  marchan' 
dise  «pparlMiani  i  l'Angleterre,  ou  provenant  de  ses  fabriques  et  de  ses  colonies,  est 
déclai^  de  bonne  prise. 

■  Art.  8.  La  moitié  du  produit  de  la  confiscation  d«s  marchandises  et  propriétés 
anglaises  déclarées  de  bonne  prise  par  les  articles  précédents,  sera  employée  i  mdem~ 
niser  les  négociants  deapertesqn'lb  ont  éprouvées  parla  prise  des  bltimeuts  de  coin» 
■nare  qui  ont  été  enlevés  par  les  croisières  anglaises. 

■  Art.T.Aucnnbétimaitvensntdirectementdet'AnglelerrBoudescoIonlesaDglsises, 
ouyaytntiiAdcpuis  la  publication  du  présent  décret,  ne  sera  retu  dans  aucun  port. 

•  Art.  8.  Tout  bitiment  qui,  an  moyen  d'une  fausse  déclaration,  contmiendrs  i 
ladisposiiion  ci-dessus,  sera  saisi,et  le  navire  et  la  cargaison  seront  confisqués  comme 
kII»  étalent  propriété  anglaise. 

•  An.  9.  Noire  tribnnal  des  prises  de  Paris  est  chargé  du  jngemoit  définitif  de 
tontes  les  contestations  qui  pourront  survenir  dans  notre  empire  ou  dans  les  pays 
occupés  par  l'armée  franfalse,  relativement  h  l'eiécnilon  du  présent  décret.  Notre 
tribnnal  des  prises  à  Hllan  sera  chargé  du  jugement  définitif  desdites  contestations 
quiponrronl  survenir  dans  l'étendue  de  notre  royaume  d'Italie. 

B  An.  tO.  Communication  du  présent  décret  sera  donnée,  par  notre  ministre  des 
relations  eslérleuies,  aux  rois  d'Espagne,  de  Naples,  de  Hollande  et  d'Ëtrurie,  et  k 
nos  antres  alités  dont  les  sujets  son  t  Tîetimes,  comme  les  nttres,  de  l'injustice  et  de  la 
barbarie  de  la  législation  maritime  anglaise. 

•  An.  11.  Nos  ministre*  des  rekiionaeitérteures,  de  la  guerre,  de  la  marine,  dr« 
finances,  de  la  police,  et  nos  directeurs  généraux  des  postes,  sont  chargés,  chacun  «u 
ce  qui  le  concerne,  de  t'eiécution  du  présent  décret. 

«  Signé  ;  NamiJor.  b 


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ttS  pjAis  PBNDAnr  l'amhccb  db  l'bmpbbwb. 

Ce  n'était  plus  jei  de  la  guerre ,  nttîs  qutique  cheK  .d'étnoge. 
d'inouï,  en  ddiors  des  prioci^  habituellement  Appliqués.  Les  motib 
écrits  pour  ei4»lîquer  ce  décret ,  le  rapport  du  ministre,  re^jinieiit 
«tcere  [rfuala  fureur  que  les  dispositions  eUes^nèmes  ;  Napoléon  jetait 
■uatbème  à  la  GFaade-Bretagoe.;  iosultaot  à  soc  droit  pubiic,  iiteat- 
blait  U  mettre  en  dehors  des  nations,  elLe  pourtanlqulétaitle  caitre 
du  Gommerce  du  monde  ;  il  sortait  de  toutes  les  bornes  dttdomatiqttes 
par  l'espressioD  colère.  K'était-.ce  point  ici  une  faute  conaidénble, 
immenseîCommentdésormaisespérerlapaix  après  de  tels  manifestes? 
Its  irritaient  la  nation  britannique  ;  on  ne  faisait  pas  seulement  la 
guerre  au  gouvernement,  mais  aux  intéréu  et  à  l'industrie.  L'empe- 
reur mettait  eonb«lui  le  eoioiaerce  du  monde  :  folie  du  vainqueur 
oi^ueilleux,  du  conquérant  contrarié,  etFouché  l'aperçut  avec  une 
certaine  sagacité  ;  en  recevant  le  décret  de  Berlin,  ce  ministre  dit  à 
quelques-uns  de  ses  amis  :  «  L'empereur  ne  fait  plus  seulunent  Is 
guerre  aux  rois,  il  n'en  a  pas  assez  ;  il  la  fait  encore  aux  peui^es  et 
aux  intérêts  ;  et  cela  lui  portera  malbeur.  s 

Si  M.  deXaUeyrand  coosantità.faire  précéder  .le. décret  de  Beriio 
d'un  exposé  de  principes,  il  n'en  partageait  pas  moiasIesofiniMBde 
Fouèhé  sur  les  dangers  de  cette  politique  qui  se  fermait  tontes  Ies 
voies  de  la  paix.  M.  de  Talleyrand ,  toujours  partisan  du  sjstème 
«iglais,  voyait  .avec  douleur  lesiYeies.daQslwqiielits  4Mi  s'eagageail. 
Oîi  Toulatt-(m  en  venir?  Comment  espérer  encore  un  arrangement? 
N'était-ce  pas  rendre'la  guerre  interminable? 

ËDvertudu  décrétée iBeriiq,  luksystème  deptUw^etilecoBfiso- 
iion  s'éteodit'sur  tout'ie  cotttineiit ;  bous  préteste  de  cbareber ito 
marchandises  anglaises,  on  se  saisissait  de  la  fortune  des  commerçants, 
on  brisait  les  portes  des  magasins  ;  on  s'emparait,|i  la.poste.des  lettres 
de  clMnge,<oD  ne  permettait  f  lus  le»  libres  rektioos  ;  les  douases  deve- 
naient une  police' inquiète,-vesatoîre;  QU'lrouraftpartoat  des  oppo- 
sitions, le  développement  de  toute  industrie  était  enjpéché.  Les  villes 
hanséatiques ,  AUaoa,  Hambourg;  l«s  cités commerciales„telI«qiK 
Leipzig,  Amsterdam,  flubissaient  laptus  forte  crise- que.  l'indvs^e 
pût  éprouver^,  et  cette  inquisition  s'étendit  sur  tonlle  littoral  de 
l'Océan  et  de  la  Méditerranée.  Le  décret  de  Berlin  était  un  acte  de 
ftirenr  irréfléchie,  le  résultat  et  la  cause  du  despotisme  le  plus  vloient; 
rien  de  semblable  n'avait  paru  depuis  le  maximum  du  comité  de  uàfA 
public  ;  ces  deux  idées  étaient  corrélatives  dans  le  système  commerciil 


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PMcis  wmÊtDurt  l'àmbuce  de  l'^hkessou.  319 

de  !■  révolutiM)  trançaise  ;  le  maxiiawit,,  c'était  la  violeaoe  dans  la 
fixation  ^u  prix  des  deoFées  ;  le  d&aét  de  Berlia ,  c'était  la  violence 
poor  cMnprimer  la  liberté  d'éclMugw  ,les  produita  de  la  terre;  l'an 
disut  aui  producteun  :  «  Veus  oe  pouvez  veadre  au  d^  du  taux 
légal  ;  »  l'autre  disait  aus  commerçants  ;  a  Vousjk  pou?ez  {dus  liea 
échanger;  vous  aouSres?  qu'importe,  je  vous  lie  les  bras  *.  o 

Lofsque  ces  actes  furent  coDmuoiijués  au  séoat  conservateur  à  la 
suite  de  l'exposé  des  ^priocipes  par  M .  de  Talleycand ,  ils  produisireut 
une  tmpressfOQificfaeuse^  lefroratems  eurentbeau  les  justifier,  le  coup 
était  porté;  l£  commerce  en  vit  toutes  les  coofiéqueaces,  et  un  gémia^ 
waentprofiiaid{»rtit-desplaoesaiBritiiees,,p«ar  aonoocer  la  ruine 
de  toiles  les  transaotioBB.  iLte  wateuaB  du  conseil  d'État  déclamaient 
betoooupide  aophîsmes,  mais  gui  cuvait  jgoorer  la  vérité  ?  La  guerre 
ffenit  vu  aspect  d'àteritUé  année;  la  paix  qu'on  avait  espérée 
comme  le  prix  de  tant  de  sacrifices ,  était  retardée  indéBaiment  ; 
PbpoléoD  se  Jetait  déplus  en  jilus  dans  les  voies  hostiles  et  eu  dehors 
pour  ainsi  dire  de  la  civilisation  du  monde. 

Ce  qui  inquiéta  (lus  vuiemettt  Aiicore  l'qpimon  publique,  ce  furent 
den  ordres  énmée  de  renper«ur,>etjetés'de  Berlin  avec  la  rapidité 
d'an  coup  de  tonnerre  ;  l'mi'poQrdemander  la  levée  dela-conaoriptioa 

'  U  lUcfM  4eB«rilD  nniiM*dwHm«iii<>é6utÉ.  Voici  ce  qu'on  liult  dans  In 
JNaan  allMBuds  : 

«  D'âpre»  on  m4m  mpte*"".  towKa  J»  matiJiwidiMa  logUÎMe  qui  m  trvuvnit  1 
l'ipug ,  quels  que  »oi«nl  leurs  propriéuires,  doivBal;ilie  uanifcrées  à  Mfjeucei  ■ 

(ABMyv»i,  l'éioÈ^n  sma.) 

JC  <le  Bimrfiimnr  igiitiii  irtifi  riTilifrrniTnt  i  HMuboutg,  fille  libre  poartuit  ; 

ÀiL.  t.  TaMttlwaiMliaHdiiM-iDgUiaegaaiuuouvm  daiiBla  ville>  duule  ^ct 

«nrte  MnJÉoiw  et  Hwnbauig,  u'inpoiu  i  .gui  ailes  aHAtLienueut,  leront  con- 

Jfft. S.  Tmu  Aailkis  onnt>Et  raiteixinise iFoaTedaDE.U  ville,  dunlejoilttsur 
lHhlMiUaiw,  (M  pÙDHie(-4&|UHr». 

éiUë.  TnamjnpntUmMtiim  »u  ■mMObiiiitegui  wpulienl  A 4m  Ànf^iii 

w  è  dca  kiqeie  in^ùa  dn*  la  vile  ■'-  "•-r' 1.  aoujMii  ou  aoii  teniialrc,  eeia 

ronfisquée. 

Art.  4.  Tout  wiaoaaa  iwwot  d'Anghteiroy^a-^mj  aura  leUché,  ne  pourra  mtnr 
4Ba  ladifpMt,  ntappmoter  de  Jadita  filk. 

An.H.ltmt  vataaeanqH,  aujaftjaod'uiieikiKBedécUntiou,,  teoieiaitdeaoïUr 
dadit  iml  e(  do  ladite  ville  ponr  se  leodre  ea  Jugletarie,  sera  tooGïquÉ. 

AjL  •.JhuKo  courrier  ao^ais. ni  nMlledeMue&Biiglaiae  ue  poutia  entra' dans  la 
TîUe,  dans  le  port  et  sur  le  territoire  de  Hanibourg,  ni  m6me  j  passer. 

I^MHUBîgai.a  rboNtear  do  reDoaveler.auaénat  les  assurances  de  nabautocoDsU 
déttfuB,  SiffU  ;  AODUUMNa, 


îdbyGoOgIc 


220  PÀftis  PsnoAitT  l'absence  de  l'biipebbdb. 

de  1807,  la  génération  qai  avait  à  peine  atteint  dix-neuf  ans;  Vsntre 
pour  l'organisation  générale  et  la  mise  en  activité  delà  garde  nationale, 
non  point  pour  la  conservation  paisible  de  la  cité  et  de  l'ordre,  mai» 
pour  la  défense  des  places  fortes,  et  même,  au  besoin,  ponr  la  préser- 
vation des  frontières  sur  la  ligne  si  étendue  de  Hambourg ,  de  la 
Dalmatie,  jusqu'à  Baronne  ;  cette  mobilisation  de  gardes  naUonales 
indiquait  suffisamment  latendanceexclusivementmîlitaire  du  système 
de  Napoléon  :  la  guerre  c'est  son  élément,  la  conquête  son  but,  \t 
voulait  moins  une  nation  agricole  et  commerçante  qu'un  peuple  camp^ 
sur  le  territoire  ;  il  afipelait  des  masses  d'hommes  sous  la  tente  ;  et  le 
système  de  la  conscription,  appliqué  sur  une  si  vaste  échelle,  com- 
mençait à  dessécher  tous  les  éléments  de  la  prospérité  publique,  les 
corps  politiques,  dévoués  dans  leur  témoignage  officiel,  voyaient  avec 
inquiétude  cet  amour  infatigable  de  la  guerre  *,  et  les  bulletins  de 


'C'esi 

Mtuagt  dt  S.  M.  l'*iitp«nur  au  ténat. 

■  Sinateors,  dous  voulons,  dans  les  cirtODsUnMa  où  MirouveiitlcsairairesgiM- 
riles  de  l'Europe,  faire  couiialtTe  à  vous  et  &  la  natioD  les  principes  que  nous  ivom 
adoptés  comme  règle  de  notre  politique. 

u  Noire  citrfme  modération,  apr^  chacune  des  trois  premières  guerres,  a  ilè  la 
MUSC  de  relie  qui  leur  ■  succédé.  C'est  ainsi  que  nous  arons  eu  i  lutter  contre  une 
quatrième  coaliliou  neuf  mois  après  que  la  troisième  avait  été  dissoute,  neuf  moii 
après  ces  t ictoires  éclatantes  que  nous  avait  accordées  la  Providence,  et  qui  denini 
assurer  un  long  repos  au  continent. 

B  Mabun  grand  nombre  de  cabinets  de  l'Europe  est  plus  tôt  on  plus  tard  inDuenté 
par  l'Angleterre,  et  sans  une  solide  paii  avec  cette  puissance,  notre  peuple  ne  saurtlt 
jouir  des  bienfaits  qui  sont  le  premier  but  de  nos  iraraui,  l'unique  objet  de  notre  vit. 
Aussi,  malgré  notre  situation  triomphante ,  nous  n'avons  été  arrêté,  dans  nos  Aa- 
nièrirs  négociations  avec  l'Angleterre,  ni  par  l'arrogance  de  son  langage,  ni  parles 
sacriGces  qu'elle  a  voulu  nousimposer.  L'Ile  de  Halte,  k  laquelle  s'attachait  pour  ainsi 
dire  l'honneur  de  celte  guerre,  et  qui.  retenue  par  l'Angleterre  au  mépris  des  tnitéa, 
en  était  la  première  cause,  nous  l'avions  cédée;  nous  avions  consentii  ce  qu'è  lape»- 
n  de  Ceyian  et  de  l'empire  du  H^sore,  l'Angleterre  joignit  celle  du  cap  dt 


B  Mais  tous  nos  eCForts  ont  dû  échouer,  lorsque  les  conseib  de  nos  ennemis  oni 
cessé  d'être  animés  de  la  noble  ambition  de  concilier  le  bim  du  monde  avec  la  prot- 
périté  présente  de  leur  patrie,  avee  une  prospérité  durable  ;  el  aucune  prospérité  nr 
peut  être  durable  pour  rAngleterre,  lorsqu'elle  sera  fondée  sur  une  politique  ciagé' 
rcc  et  injuste,  qui  dépouillerait  Boisante  millions  d'habitants,  ses  voisins,  ricbcii 
braves,  de  tout  commerce  et  de  toute  navigation. 

>  Immédiatement  après  la  mort  du  principal  ministre  de  l'Angleterre,  il  nous  fiii 
facile  de  nous  apercevoir  que  la  continuation  des  négociations  n'avait  plus  d'auin 


îdbyGoOgIc 


PARIS  PENDANT  l'aBSBNCB  DB   d'ehpbBEDB.  221 

Nipoléon  sur  ses  plus  glorieuses  victoires  étaient  suivis  avec  un  teil 
inquiet  par  la  génération  craintive  des  mères ,  par  les  sœurs  et  les 
■maotes  ;  lorsque  l'encens  s'élevait  pendant  le  Te  Deum  de  la  victoire, 
ks  pleurs  domestiques  faisaient  contraste  avec  ces  cbants  et  ces  illumi- 
nations des  monuments  publics  ;  pour  les  Ames  afDigées,  ces  lampions 
des  coupoles  étaient  comme  des  lampes  funèbres  sur  le  tombeau  d'un 
Bis;  on  ne  se  faisait  pas  illusion,  ou  savait  que  les  bultelins  de  Napoléon 
ne  disaient  jamais  que  la  moitié  de  la  vérité  ;  les  pertes  étaient  soigneu- 
semait  dissimulées ,  les  échecs  dérobés  avec  une  habileté  de  phrases 
pompeuses  ;  les  morts,  i  demi  dévorés  par  les  oiseaux  de  proie,  ne  se 
levaient  plus  debout  du  champ  de  bataille. 

oliJM  que  de  couvrir  les  Irunes  de  celte  quatriime  coatitinn  6lDuiré«  dis  et  iiBift> 

•  Dans  cette  nouYelle  position,  dous  avons  pris  pour  priocipes  invariables  de 
Ddirc  coDduite  de  ne  point  évtcuer  ni  Berlin,  ni  Tarsorie,  ni  les  prOTinces  que  la 
(one  dei  armes  a  fait  tomber  en  nos  mains,  avant  que  la  paix  générale  soit  conclut, 
qae  Its  colonies  espagnoles,  hollsodaises  el  franfaises  soient  rendues,  que  les  fon- 
dtmfDis  de  la  puissance  ottomane  soient  raffermis,  et  l'indépendance  absolue  de  ce 
tisie  empire,  premier  intérêt  de  notre  peuple,  irrévocablement  consacrée. 

•  Nous  avons  mis  les  Iles  Britanniques  en  état  de  blocus,  et  nous  avons  ordonné 
roucrc  elles  des  dispositions  qui  répugnaient  à  notre  ctsur.  11  nous  en  a  coAté  de  faire  ■ 
t'ipcailn  les  intérêts  des  particuliers  de  la  querelle  des  rois,  et  de  revenir,  après  tant 
d'années  de  civilisation,  iui  principes  qui  caractérisent  la  barbarie  des  premiers 
Iges  des  nations  ;  mais  noos  avons  été  contraint,  pour  le  bien  de  nos  peuples  et  de 
aasaiiiés,  k  opposer  à  l'ennemi  commun  les  mêmes  armes  dont  il  se  servait  contre 
Ddiis.  Ces  déterminations,  commandées  par  un  juste  seiilimcnl  de  réciprocité,  n'ont 
été  inspirées  ni  par  la  passion  ni  par  la  haine.  Ce  qae  nous  avons  offert  après  avoir 
dissipé  les  trois  coalitions  qui  avaient  tant  contribué  à  la  gloire  de  noa  peuples,  nous 
l'altrons  encore  anjourd'liui  que  nos  armes  ont  obtenu  de  nouveaux  triomphes.  Nous 
MmnKs  prit  à  faire  la  paii  avec  l'Angleierre,  nous  sommes  prêt  k  la  faire  avec  la 
Bus»e,at  ce  ta  Prusse;  mais  elle  ne  peutétre  conclue  que  snr  des  bases  telles  qu'elle 
ne  permette  i  qui  que  ce  soit  de  s'arroger  aucun  droit  de  suprématie  i  notre  égard, 
qu'elle  rende  les  colonies  k  leur  métropole,  et  qu'elle  garantisse  à  notre  commerce 
tt  k  notre  industrie  la  prospérité  à  laquelle  iU  doivSDl  atteindre. 

•  El  si  l'ensemble  de  ces  dispositions  éloigne  de  quelque  temps  encore  le  réta- 
bliïicment  de  la  paii  générale,  quelque  court  que  soit  ce  relard,  il  paraîtra  long  1 
notre  cœur.  Hais  nous  sommes  certain  que  nos  peuples  apprécieront  la.  sagesse  de 
nos  motifs  politiques,  qu'ils  jugeront  avec  nous  qu'une  poit  partielle  n'est  qu'une 
trêve  qui  nous  Cail  perdre  tons  nos  avantages  acquis,  pour  donner  lieu  k  une  non- 
relie  guerre,  et  qu'enfin  ce  n'est  que  dans  une  paix  géniale  que  la  France  peul 
trouver  le  bonheur . 

>  Nous  sonmies  dans  un  de  ces  inalanls  importants  pour  la  destinée  des  nations, 
et  le  peuple  (tanfais  se  montrera  digne  de  celle  qui  l'attend.  Le  sénatus-consulta 
que  Dons  avons  ordonné  de  vous  proposer,  et  qui  mettra  i  notre  disposHion  dans  lea 
preDwrs  jours  de  l'ouiéa  la  conscription  de  IWl,  qui,  dans  les  circotulaiKefl  or- 


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PourWabKrvatcBniDfiaei  la  gMneiaaibhit  prendre  an  caiac- 
tère  pactîodier  d'achareanfid  ;  ce  n'était  péx  aBatemeMt  4m  amtéet 
qa'mt  avait  i  «■abattie,  maia  1«>  peuple*  ;  à  Mapta,  pac-eKHinin ,  te 
fini  gcand  afartaele  qu'avaH  Ummi  lîétabliManeBt  -de  .fcaeffc-Mapo- 
Uan,  c'était  le  renide,  teaM>iila«utdaftdèl«.tebaiiHii;«tee 
Ih*«w*oki,qiialiié4ebf!i0ui4pw  la  WlalwB.  farillé  k^itoya- 
MaMBtt  n!élait^H'w«er'at  ftWn inirt^iiarl.  Ôbnmé  i  lac«iae 
Gvoliiief  oooraM  -fim  iaiA  mem  verrMw  W  ^■ébUa  d'&pagnc  h 
iBMr  an  cri  de  l'indépeadapM-;  «Mai  ilamée  fi—çaiic  BFait^Uf: 
éprMi\idaédiecirMti  btfaaedufeiqiie.  DawleTyrol.lenèfne 
esprit  de  résistance  se  mapifcrtaît^  les  foféktmaé  étaieat  ou  armes 
contre  la  Bavière  et  ses  agaits  ;  en  Allemagne ,  Schill ,  le  duc  de 
BniBswick-CEIs  ;  soûleraient  les  nasses  au  nom  de  la  liberté  germa- 
nique, en  rappelant  les  souvenirs  glorieux  d'Arroinîus.  Cette  circon- 
fltaoce  changeait  J'e^it  et  la  direction  de  la  guerre  ;  on  fiouvait 
vainere  les  annéea ,  mais  lesipepulatieas  jamais  ;  on  se  créaH  des  dif- 
ficultés inonïes  pour  l'avenir ,  on  préparaît  des  causes  de  cbute  pour 
Napoléon;  les  peuples  pouiraieut-Us  subir  longtemps  pe  sjstème  de 
«aoqaéte  qui  les  -dwimit  ooname  dea  troapeaus  taotât  k  un  prînca , 
tantât  &  un  autre ,  sans  tenir  compte  des  nationalité ,  des  alTectioDS 
et  de  la  patrie?  On  divisait  inceesamment  Iqs  .territoires  ;  tes  bords 
du  Rhin  et  de  l'Elbe ,  la  Westpbalie  étaient  jBoroelés.  et  tout  cda 
par  un  caprice  de  traité  et  une  exigence  de  vainqueur.  Est-ce  que 
lAt  ou  tard  ces  têtes  abaissées  ne  devaient  pas  se  réveiller?  Dans  la 
narcbe  du  monde  tout  se  maaileste  pw  adion  et  par  réaction  ;  Na- 
poléon avait  Tait  trop  peu  de  ces  des  masacs  ;  eNes  se  levèrent  contre 
lui  en  1813  ;  les  peuples  veulent  qu'on  respecte  leur  nationalité;  on 
ne  les  méprise  pas  en  vain. 

Paris  était  fort  triste  pendant  la  campagne  de  Pruase  et  l'hiver 
de  1806;  l'empereur  absent  de  sa  capitale,  les  fMesse  trouvaient  sus- 
pendues; l'impératrice  Joséphine,  comme  on  l'a  dit,  toujours  k 
Hafeuee,  viutait  les  bords  an  Rhin.;  la  mèie  de  l'empereur  avait  des 

dinaira$,.De  devrait  ètrckvie  qu:au>mpi&(k  Mpienhrc,  Mn«iieiilè  b>k  cmpio- 
seminl  par  les  pères  comme  par  les  cnfanls.  Et  dtns  quel  phia  beau  ommimiiI 
pMvrloaMiouB  ap^CT  aui  anMalw  jeuBcs  Fnnc«s  1  Ils  auroat  i  Inverser,  pour 
ae  rendre  à  leurs  drapeaux ,  les  tapèlales  de  noa  eaneinia  et  les  cbarapR  de  bkiailla 
ilfaMré»  par  laa  vicurina  de  leurs  aînés.  »  Napolbon, 

■  Au  palai»  de  BvIîd  ,  ie  21  novembre  1801.  » 


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haUtudes  d'écoBomJe  trop  iimkmtA»  -piar  deaner  l'édit  et  la  «hh 
^OesBce  aux  pompes  et  aux  Ates  de  Paris;  n  mabon  était  bm 
retraite  bourgeoise  où  ïam  s'enBity ait  far  ia  Mo««t»ide  des  haUtoda 
et  le  vide  de  la  convfswtwn  et  des  mnoièroB.  Les  sœon  de  NqmIéMi 
amient^uB  d'intimité  q^ede-faito;  eonne  leapancanes,  dleine 
aongeriimt  qo'k  dlcMnéta;  racMast  ont  Sus  far  aemafae,  loot 
cecféwderlauiBtoHBtto^  de  leurs  praprwfefswaes,  isipriètiNite 
lesr  beaalé,  avides d'Anjouir'vite;  Pmjior  était  naïade ,  le«Uauit 
d'ttalie  loi  oeofenait  ;  il  o'étsit^usde  joie  ^faMreUeqse  ta  mité, 
le  caqœtage,  et  qoeiques  anoius  pa»agèrfl»'<|id-diB^)riMt  «t  tour- 
muit^eDt  sa  vie  ;  tèle  capdciawe ,  cerfs  seaffrant,  elle  éWt  le  bjto- 
bi^  de  la  doidoir  da»  le  plaisir ,  de  la  (ilaie  loiu  la  cfaair  rose  ,  «t 
de  «e  seasaalîBnie  qui  ne  rapide  rien  et  ne  .«'arrête  pas  néMa  devant 
la  tnorf  qui  sourit  d'une  fa««>  étraiige.  JËJiaa ,  «ym  des  panioiu  ploi 
gaves,  un  goât  d'arts  et  de.Ieltres,  s'entourait  de  poètes,  de  geot 
d'«sprit,  qui,  sons  la  directiita  de  FoBiuMS,  veaùent  brAlsr  de 
reDcms  aux  pieds  de  cette  divinité  nouvelle,  en  rappelait  'que  k 
soswd'AagnaleuBitaiBtféOride;  Ji-wfféaoisBtit  tiHitoe  qtnlaljt- 
téreture  avait  de  plus  ^égaat  ;  c'était  un  sgdoo  «vec  ncrins  de  ponpe 
que  de  goût ,  junt  à  un  peu  de  pédasUsoM.  Afadame  Marat ,  la 
gnnde-^uchesse  4e  Becg ,  la  jeuae  Guiotta  Bon^arte ,  donnait  de 
f^itaUes  fêtes  dans  son  bel  bétel  des  ClianfB^lygées  ;  eUe  y  étalait 
beaucoup  défaite,  on  certsàn  tact  dans  le  choix  des  coavives;  elle 
avait  des  manières  aisées ,  avec  un  laisser  aller  de  petite  narquise 
d'éventail,  toujours  dans  un  lit  de  soie-rose  et  denudines,  pow 
cacher  sa  taille  et  taire  ressortir  -son  tant  *. 

Si  Pauline  aimait  k  étaler  sas  obevaliers  d'honneur,  i  se  vanter  de 
la  beauté  et  des  grftces  de  M.  de  FqiJhd  ,  Caroiioe  faisait  gloire  des 
aides  de  camp  de  Murât,  de  Juoot  tout  couvert  d'or  ;  et  plus  tard,  le 
désespoir  au  cœur ,  NapcJéon  put  a^irendre  qne  plus  d'un  seoret  de 

'  V«{d  coauMMt  MB  KtM  éuiflat  uiDoiicéca  i 

«  Il  }  a  fu  hier  «u  sb\t  cercle  chez  S.  A.  1.  nadinie  It  gnnde-dudiaae  de  Berg  ; 
c'est  lepremicr  qu'elle  ait  donné  dans  son  nouvel  hdtel,  nieduFauboui^5eint-Ho< 
Ooré.  CétBtt  undes  plus  beiuT  de  9titiB ,  et  h*  chngements  qa'im  7 1  «lécutAi  en 
font  un  ptkU  TMiutu^le  par  u  riebasse  M  aa  noble  élégance. 

H  Plusieurs  étrangers  de  marque ,  ainsi  que  tous  les  ambaasadeura  et  miniltres 
qal  sont  k  Paris,  oni  paru  au  cercle  de  madame  la  grande-duchesse.  H.  l'ambasu- 
dMir  d'Bspagne  a  eu  Ibanneur  de  piéunter  à  ft.  A.  i.  M.  le  nufiila  de  Ciè**-Omr, 
mdBIb,  et  quelques  autres  Espagnols  distingué».  > 


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22i  PABIS   PBMDART  L'ABSBNCB  DB   L'SftVREDB. 

diplomitie  arrivait  aux  cabinets  par  ses  sœura,  tendres  et  faibles.  In- 
dépendamment de  la  famille  impériale,  les  grands  dignitaires  avaient 
ordre  de  receveur  avec  un  certain  faste  ;  le  salon  de  l'archichancriier 
était  des  plus  curieux  à  observer,  parce  qne  Gambac^^,  prenant  au 
sérieux  sa  dignité,  se  croyait  prince  de  race  à  la  vingtième  généra- 
tion ;  ses  réceptions  avaient  lieu  en  habit  habillé ,  Tépée  au  cAlé,  le 
jabot  de  dentelle  et  le  claqne  à  plumets  ;  Cambacérès,  avec  perruque 
poudrée ,  habit  de  soie,  plaques,  cordons ,  boudes,  dentelles,  n'en 
paraissait  que  plus  commun  et  plus  blême  ;  ilétait  fort  disgracieux  sous 
cet  appareil  de  cheval  empanaché.  Qui  aurait  reconnu  là  le  membre 
du  comité  de  sûreté  générale ,  l'ami  de  Gouthon  et  de  Bobespierref 
On  ne  traitait  jamais  Cambacérès  qu'avec  les  titres  de  monseignenr 
et  d'altesse,  et  il  recevait  cela  avec  un  sang-froid  et  un  calme  ranir- 
quables  ;  tout  ce  qui  se  présentait  au  salon  de  l'arebichancelier,  au 
reste  fort  bon  homme  et  fort  obligeant ,  lui  devait  trois  saluts  pro- 
fonds ;  nul  n'y  était  admis  qu'en  habit  à  la  française,  et  les  femmes  en 
costume  de  cour. 

C'était  fortune  pour  les  costumiers ,  les  épées  d'acier  étaient  h  la 
hausse,  les  boucles  hors  de  prix  ;  son  salon  ressemblait  ainsi ,  non 
point  à  ces  belles  et  gracieuses  assemblées  de  marquis  sous  Louis  XV, 
mais  à  ces  scènes  de  valets  des  Précieuse»  ridicules,  ou  MaseariUe 
tend  son  jarret  et  secoue  son  pourpoint  ;  c'était  de  la  comédie  de 
Molière  ' .  La  tradition  veut  qu'on  célèbre  les  dtners  de  Cambacérès, 
longs,  lourds,  mal  choisis;  avec  un  aspect  homérique,  ilsétaient  com- 
posés de  mets  indigestes  qu'on  ne  comprendrait  plus  aujourdlnii, 
qu'inspirés  par  DriUat-Savarin,  on  compose  de  si  délicieux  meaua. 
J'ai  lu  un  de  ces  menus  par  Cambacérès.  Qui  le  croirait?  on  y  voit 
inscrit  l'ignoble  poulet  èi  la  Harengo,  et  l'affreuse  tète  de  veau  en 
tortue,  ou  l'anguille  k  la  tartare,  mets  grossiers  et  inexplicables  pour 
des  gens  d'esprit  ;  et  l'on  mêle  k  ces  festins  de  Cambacérès,  comme 
ordonnateur  des  fêtes ,  un  nom  respectacle  de  magistrature  qne  l'a- 
baissement de  fortune  avait  jeté  dans  la  cour  de  l'arebichancelier  :  je 
veux  parler  de  M.  d'AigrefeutlIe,  d'une  famille  honorée  du  parle- 
ment; c'est  une  des  tristesses  qui  seirent  le  cœur  que  cette  faillite 
des  jours  de  révolution ,  qui  traîne  un  beau  nom  de  famille  parte- 


'  Le  Monitntr  tunioiiE«it  (iissi  que  S.  A.  S.  monsrijneur  le  prince  ortliicbaDcrtin' 
•ntsUitilamcBM  toiules  diuunchnèM  paroisse. 


îdbyGoOgIc 


?âKU   PKirpjUIT  l'aBSBHCB   de  L'BHPEBniB.  SSt5 

menUire  jusqu'à  descendre  «i  titre  de  outtre  d'hAtel  d'un  ancien 
tTocat  à  la  cour  des  aides. 

Cimbacérès  était  aise  d'avoir  derrière  loi  le  cortège  de  deux  gen- 
lilsboimnes  de  bonoe  famille  ;  il  daignait  les  admettre  dans  sa  fami- 
liarilé;  rarcbichancelier  était  bon  prince  ;  on  citait  de  lui  des  moto 
4'uDe  naïveté  charmante  ;  ces  traditioas  plus  ou  moins  exactes  mar- 
quant l'esprit  d'une  époque,  l'histoire  ue  doit  pas  tes  dédaigner.  Un 
jour  Cunbacèrès  ne  disait-il  pas  au  marquis  de  Villevieille  :  «  Mon 
cher  ami,  entre  nous  sofons  familiers,  point  de  façons,  dites-mm 
seulement  monatignear.  »  Une  autre  fois ,  comme  on  lui  reprochait 
de  te  montrer  dand  les  galeries  du  Patais-Boy al  avec  ses  décorations , 
M9  crachats,  ses  deoteiles  et  ses  habits  brodés,  il  répondit  avec  un 
inimaginable sang'froid  :  «Laissez  faire,  je  connais  les  Français; 
ils  aiment  tant  i  voir  leurs  princesl  »  Ces  plaisanteries  étaient-elles 
niiesîÊtaient-ce  des  moqueries  populaires?  Tant  il  y  a  que  Gamba- 
cérèi,  un  peu  grotesque  personn^e  avec  ses  faiblesses  de  vanité , 
était  néanmoins  serviable,  bon  protecteur  pour  tous  ceux  qui  s'adres- 
aient  i  lui  ;  esprit  droit  et  capable,  il  pouvait  conduire  dans  des 
temps  calmes  un  gouvernement  régulier,  et  ces  puérilités  ne  tou- 
chaieot  qu'à  l'écorce  de  l'homme.  Il  faut  au  peuple,  dans  cliaque 
gonvemonent*  un  personnage  un  peu  ridicole  comme  pour  se  venger 
de  ses  doulems,  et  l'archichancelier  Cambacérès  fut  ce  type  de  cari- 
cature princière,  L'ardiitrésorier  Lebrun,  arrivé  i  Paris  de  sa  mis- 
sion de  Gènes ,  était  un  homme  plus  grave,  et  son  salon  se  ressentait 
<ic  sa  peisoDoe  ;  autour  de  lui  se  groupaient  les  fonctionnaires  et  les 
*dmiaistrateun.  H.  Lebrun ,  alors  un  peu  en  disgrâce,  ne  s'occupait 
<n>e  des  affaires  administratives  ;  philosophe  pratique  ,  il  recevait  les 
dignités  en  souriant  et  s'exprimait  souvent  sur  les  fortunes  de  l'em- 
pire avec  une  liberté  moqueuse  qui  témoignait  de  son  esprit  un  peu 
plus  avancé  que  celui  des  autres  protégés*^  la  fortune. 

Un  salon  fort  brillmit  fut  alors  celui  du  gouverneur  de  Paris  ;  1c 
gûtéral  Junot  ;  sa  maison  était  somptueuse ,  il  tenait  tout  des  bontés 
de  Napoléon,  et  ianot  portait  son  cnlte  jusqu'à  l'idotàtrie  *.  Après 


«  Au  ptlaiB  de  SÛDl-Cloud,  le  19  juillet  1S06. 
I,  cmpcrear  des  FranftU,  roi  d'Italie,  nons  avoDB  dictéié  et  dkrélons 


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Mt  VUIW  raOïlKT  L  A 

b  CMiptgM  f  AutCTlIti  U  n'awU  p^Bt  Mcomftgaé  rempffmr  n 
PruMe  ;  il  fallait  un  général  sur  à  Paris,  «t  ool  ne  poavaM  le  dis- 
potCT  »■  gWTanwor  poar  te  dèwmemeot  :  de  lui  d^jendait  te  Béieté 
do  ponniv  dans  la  eapltate,  et  Jmet,  e^nt  ««  P»  1*8".  »«»«' 
gnod  trais  de  matoflii.  Les  b«aiKun  étaleot  bits  par  ane  feniae  40e 
Dont  a¥eM  vats  triste,  désefwhSRtée,  après  «ne  vie  si  pleine;  eDe 
n'était  poiat  jolie,  sa  Bgan  ara»  qwdqw  chose  de  mêle,  on  «ralt 
presque  de  comman ,  ^ue  relevaient  des  yem  »ifc  d'origine  an  pe« 
Hriiemne:  elle  se  diuil  de  la  œaisoB  de  GomnèBe,  comme  Permea  ; 
et  Louis  XVIII,  afee  son  esprit  fln  et  smiTcat  railleur,  atait  coofimé 
cette  prétention  dans  oa  bocotne  i|u'il  ahnâit ,  r^bé  de  CenoèBe. 
Au  total ,  madame  Jnnot  n'avait  pia  kesoio  de  cette  généalogie 
antique  :  femme  d'esprit ,  awc  do  cœur,  de»  entraxes  |due  enewe 
qoe  de  l'esfvit,  die  s'était  jetée  dans  le»  dstractions  d'une  jamc 
femme  qui  dépense  tout,  sans  pemé  et  sans  avenir,  insouinte  c^Me 
ces  tétcs  qui  avaient  foi  dans  la  tartane  de  l'emperenr  et  jouaient  tort 
ior  un  naméro  de  bataille.  J'aime  ce»  caractères  de  femme  exaltés 
qni  swtt  tantime,  et  tMfqw  liotortUBa  «int  abusser  leur  faoBt, 
BVppertent  les  malheurs  du  priwnt,  c»  songeant  tpi'dles  fupstf 
bOKMB,  géoéreosn,  aimantes  ;  eHcs  Bniwent  en  Dieu  U  lie  qu'efitt 
ont  dépenrte  M  mWea  de»  panions  vives,  irréfléiUei.  Lesalaoda 
général  ianot était  plnamilitaire  qwcNil  ;  cependant,  eoinnie  chef 
éa  cerp»  municipal,  it  y  ««ail  ane  compagnie  boorgeote.  U  régnnit 
dans  ce  soion  nne  manière  aiaée,  soMatesque.  tin  ton  mty^ficalev 
qnl  s'emparait  des  ridfciries  avec  la  légèreté  insolente  d^ue  année 
<pd  étidt  tont  danarËtal,  et  le  savsH.  On  mettait  sans  cerne  M.  des 
Chalometax  su  scène,  et  en  vérité  tes  sslon»  de  booK  cnmpaKHe 
d'aujoartfboi  lepunast'iattnt  cammedesiBcenrcn— cesceyisefan- 
Mit  klafeMedHgénérrifcnot,  «t  ce  que  sa  tenine  nous  a  conté 
comme  espiègterte  dn  temps.  Pnis  on  jonait  comnw  da  entant»  ;  il  j 
avait  dans  cette  seeiété^  un  caractère  de  jennesse  et  dTiBBoadaDce  qui 
ne  va  jiat  à  notse  époque  épofsèe  et  langoianale  ;  c'était  de  i'e^fit 
k  coops  de  sabre  ;  farmée  Malt  nuMMsarda  pays.  M  n'y  avait  pas 
d'autre  fortune  que  celle  de  l'épée  ;  la  bourgeoisie  était  conquise  et 
envahie  par  les  canqn. 

»  Le  g^n^ral  de  dtriston  InMM,  pind  oflfcier  de  l'empiTe,  colonel  général  dishM»- 
Mrdt,  Ht  nommi  guuieinem  àt  Piric. 

>  SijpM .- Napolém,  » 


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Partoat  où  était  Napeléon  l'intérêt  se  portait  avec  spontanéité; 
c'était  le  UaH  de  la  seine,  le  grand  théibce  de»  événements  ;  on  ab- 
tendait  un  bulletin  à  Paria ,  comme  ta  plus  immense  ootneDe.  La 
correapondancede  l'empereur  jetait  la  joie  on  la  tristesse,  lacoufionce 
ou  la  terreiw  ;  on  s'inquiétait  sa  moindre  levsn»  an  s'exaltait  aux 
victoires.  Psrtoat  des  Te  Hmm  at  des  fMes.  La  poU(«  exploitait 
avec  an  tact  infini  le»moiBdres-circoBal«nces  :1e  soir,  loraqoe  le  spec- 
tacle était  animé,  an  milieu  d'one  pièce  k  efltf ,  Tidnu  s'avin^t  sur 
laseène,  l'œil  étiacelant  de  bonheur,  et  lisait  avec  sa. magnifique 
T«s  un  bulletia  ou  une  dépèche  télégraphique  arrivée  comme  ua 
beau  déooAment.  C'étaient  alws  des  trépignements,  des  salve»  ctt- 
tbeusiastes,  et  le  nom-  de  Venpenesc  était  salué  par  les  applaudieia- 
neals  d'une  assemblée  pleine  d'ivaeise  ;.  U  fallait  des  joies  bruyante 
à  cett«  société,  et  Napoléon  ateent  avait  bewla  de  montrer  sns  «este 
91'il  était  an  mHien  de  »  caytaie  par  l'esiwitr  et  sor  le  champ  de 
fotrarper  la  victohv. 

Le  salon  de  Foodié  anit  me  autre  tenue  que  cdoi  de  l'archi» 
chancelier  ou  du  gouveraev  de  Pavii,  l'un  tout  officiel,  l'autre  t»at 
•nnlilaire.  Chez  Fouehé  «tétait  de  la  causerie  poUtlqve  et  d'inToP- 
wilenu  ;  ce  ctf  nistoe  reeewdt  ïee  homme»  Jeyinioas  le»  plus  direcses; 
OB  trouvât  chn  lui  nno  foiloo  eom^ite  :  des  chouan»  et  des  toro- 
rintea,  detémigiéeef'ieieowentieninab.  On  anmof^an-Laroeke^ 
CaMeaQldefcOBTattieB;  et  Fouobé,  ea  hoaaBse  d'observation,,  ainait 
h  faite  ciwfcyei  teat  le  monde  par  nn  e^trit  da  gvande  raHlerie 
pi^ltiqae  ;  il  n'sTail  f  iiii  iln  nnhlii  hnfcstndri .  mnifi  un.  ton  facile,  une 
iMNifère  innoeiBiite'  de  dise  eu  chon»  qui  donnaient  k  ta  causaria 
uo  chaisK  psriiealler;  ttpciHHril  ctaBfa»  hMKoe  de  parti  juqa'&sM 
devBÎerrepK,  poHmvotoilflai-tbui>ce!qufil  pouvait  en  tiisr^c'était 
■B  manie  de  police  ;  il'  savait  tfoli  j  avait  ében  fa  plupart  des  cbafe 
d'opiniatt  mn  eertaiBe  eonsktiH  qol  leur  M*  révéler  avec  naïveté 
toutes  leurs  pensées,  quand  on  les  met  sur  le  chapitre  de  leurspri»* 
dpe»  et  de  kor  dévouement.  Tel  étuit  l'eaprit  de  F«k^  d'autant 
aàemx  e»  rappoct  avee  les  opiniona  difittreates,  qi^it  n'avait  paada 
{winsipci  arrMési;  son  sbIod  était  on  ptio-mélie,  image  de-s»  fraidi 
et  îBpwtiide  manier»  de  joger  les  hommes  et  kacfaoMS;  ta  pécepttsa 
était  te  reflet  de  sa  natara  aaïqaeaie  et  eyniqae. 

Le  corps  diplomatique  voyait  peu  de  monde  à  Paris,  si  ce  n'est  le 
comte  deMettenikh  qiû  venait  d'arriver,  jewie  et  briUuitdipIoiaBte, 


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fiS8  PABM  PBRDAIST  tAHBlKB  DE   LtBPBHB0S. 

avec  la  mission  d'observer  cette  société.  Le  comte  de  Hetternicb 
n'avait  que  trente  ans  ;  d'une  Bgure  distinguée,  avec  ces  manièrei 
d'aristocratie  qui  plaisaient  aux  femmes  de  cette  cour  ;  il  portait  ud 
bel  uniforme  autrichien  de  fantaisie  blanc  et  or ,  avec  la  plaque  da 
ordres  de  Son  souvaaia  ii  la  poitrine  ;  il  se  montrait  avec  de  11 
poudre,  qui  rajeunit  tant  une  jeune  tète.  Sa  causerie  était  spirituelle; 
élevé  auprès  de  son  père,  il  avait  déjà  été  ambassadeur  à  Berlin,  puii 
désigné  pour  Saint-Péterriioui^,  et  il  arrivait  enfin  à  Paris.  U  fsM 
connaître  ce  monde,  et  avec  son  tact  infini,  le  comte  de  Metteroîch 
avait  compris  la  politique  mystérieuse  qu'il  fallait  suivre  avec  cette 
cour,  composée  de  femmes  indiscrètes  et  causeuses,  la  plupart  mé- 
diocrement élevées.  Homme  comme  il  fout,  et  de  plus  gracieux  et  à 
la  mode,  Il  paraissait  sémillant  avec  de  somptueux  équipBge§;  sa 
fêtes  étaient  magniâques;  il  dépensait  l'argent  à  pleines  mains  au 
jeu,  en  chevaux  ;  partout  on  oe  parlait  que  du  comte  de  Hettemich. 
Ain»  au-dessus  du  vulgaire,  se  distinguant  de  la  société  soldatesque, 
il  plut  aux  femmes,  justes  appréciatrices  de  tous  ces  mérites  qn'dia 
regardent  avec  un  instinct  qui  leur  est  propre.  Le  comte  de  Metter- 
nich  laissa  de  profondes  atteintes  dans  le  cœur  de  plus  d'une  dame 
de  l'empire  ;  elles  en  conservèrent  un  long  souvenir.  11  y  avait  dau 
le  jeune  ambassadeur  des  intrigues  de  conir  et  des  missions  politiquei; 
il  ne  les  séparait  pas ,  menant  les  affaires  par  le  plaisir,  et  le  plaisir 
au  milieu  des  aGTaires  ;  plus  d'une  fois  il  connut,  par  des  indtscrétion 
de  l'amour,  les  secrets  de  la  politique.  Ce  fut  l'ambassadeur  le  mieui 
informé,  parce  qu'il  aima  beaucoup  et  haut  ;  il  renouvela  Fiesque, 
et  sa  misnon  avait  quelque  chose  d'une  viulle  ambasmde  de  VeoiK 
avec  ses  gondoles  de  soie  rose  et  de  riches  dentelles  ;  il  sut  réunir 
les  conditions  de  gravité  et  de  dissipation  souvent  indispensables 
au  diplomate  actif.  Pour  élre  bira  informé  il  faut  beaucoup 
voir  le  Jnonde,  et  beaucoup  méditer  sur  le  monde  sans  se  séparer 
de  lui  '. 

Ainsi  étaient  les  salons  et  l'opinion  publique;  le  gonv^nemenl 
marduût  par  sa  propre  vigueur ,  ne  trouvant  d'obstacle  que  sur  quel- 
ques points  pour  la  levée  des  conscrits,  et  l'archichancelier  employiit 
toutes  ses  forces  pour  arriver  au  résultat  d'un  recrutement  com- 
mandé par  l'empereur.  Les  préfets,  les  évéques  même,  agissai«il 

'  L'him  de  18M  à  1607  tui  irès-dis«ipi  en  l'ahieaM  de  1' 


îdbyGoOgIc 


PABia  pncDAirr  l'absbitce  db  l'bhpebbob.  8Sft 

stmaKanémcnt  '  ;  des  lofs  implacables  poursuivaient  les  pères,  les 
pannts  des  réfracUires  ;  les  communes  étaient  responsables,  les  con- 
seils de  recrutement  se  montraient  ioDexibles,  et  la  gendarmerie  tout 
entière  était  occupée  à  poursuivre  les  conscrits.  Souvent ,  dans  \m 
longues  routes,  on  rencuitrait  des  files  de  jeunes  hommes  la  chaîne 
ni  eoo,.  les  fers  bux  pieds,  comme  des  troupeaux,  que  des  brigade» 
de  geodannerie  conduisaient  à  leurs  corps.  Les  travaux  publics  étaient 
remplis  de  condamnés  au  boulet  ;  les  monlAgnes  comme  les  cAtet 
escarpées,  les  landes  désertes  du  Horiilhan ,  éUient  envahies  par  des 
réTractaires  qui  ne  voulaient  point  se  livrer  aux  boucheries  de  la 
gloire  ;  on  levait  l'impAt  d'une  manière  non  moins  pesante  ;  villes  et 
campagnes  étaient  entourées  d'un  réseau  d'employés,  douaniers,  gtr- 
nlsaires,  comnnis  des  droits  réunis,  qui  se  précipitaient  comme  une 
miée  d'oiseaus  de  proie  sur  le  pauvre  paysan.  La  conscription  ex- 
cessive privait  la  terre  de  bras  vigoureux  ;  l'impôt,  des  ressources  de 
la  grande  et  petite  culture  ;  voilà  pourquoi  nn  cri  de  paix  se  raisalt 
partout  entendre  en  France  ;  mais  c'était  en  vain,  l'empereur  le  re-- 
ponssût. 

'  U  préoccupation  ■dministntlTc  se  résumait  i  presser  !•  eonscrlption.  On  biHil 
arfaw  intemnir  les  évAqnos  connue  iuslrumenls  d'acllTilè  : 

S,  «XG.  U  tninittrt  dti  eaUti  vitnl  iaànu»r  la  Uurt  tuivanlt  à  MM.  lu 
archevtqvtt  a  ivtquei  4i  l'tmpm. 

■  Uonsiear  l'évéque,  les  commuaicttions  impoTianles  Imites  an  sénat,  le  3  du  am- 
rtnl,  de  la  part  de  S.  H.  l'eropcreur  et  rai,  allestcnt  i  son  peuple,  &  l'EuTope  et  i  la 
IKstériié,  les  motifi  généieui  de  m  conduite.  An  milieu  de  ses  trEomphes,  il  n'aspire 
^'la  rétablissement  de  la  ptlx  générale.  1!  noua  révèle  les  sacrifices  qu'ils  s'Im— 
posait  pour  écarter  la  nouYcllo  guerre  qui  a  éclaté  ccUe  anoée ,  et  dans  laquelle  aoa 
«éoie  s'est  signalé  par  tant  de  prodiges  noureani.  Il  annoncr  qu'il  est  prêt  à  Inlm 
■TFc  nos  ennemis,  mais  sur  des  bases  qui  puissent  faire  renaître  la  conGancc  des  na- 
tions, garantir  lenr  indépendance,  et  les  dérendre  contre  les  entreprises  et  les  yEoU-- 
lions  d'un  gomemement  dont  l'alTrense  politique  est  le  fléau  de  l'univers. 

■  Pour  atteindre  ce  but,  il  appelle  autour  de  ses  aigles  triomphantes  l'henrcuse 
jeunesse  destinée  à  vaincre  sous  ses  ordres.  Il  vous  appartient,  monsieur  l'évéque, 
de  présenter  aux  hommes  confiés  à  votre  sollicitude  pastorale  les  raisons  imposantes 
d'une  KïEure  qui  devance  seutement  de  qneltpie  moisis  marche  ordinaire  delà  cod- 
ecription,  et  dont  les  rréultnis  infaillibles  seront  le  bonheur  de  la  France  et  le  repos 
du  monde.  Il  tous  appartient  de  manireaier  les  dispositions  paternelles  et  bienfai- 
santes de  l'einporeur,  et  d'appuyer  de  toute  l'autorité  de  la  religion  les  devoirs  sacrés 
qui  litai  si  étToiiement  les  sujets  k  leur  prince  et  à  leur  patrie.  Il  vous  appartient 
«nflu  d'iDSpÎTcr  par  vos  instructions  CM  sentiments  uoblcs  et  élevés  qui  son  t  la  source 
de  tontes  1rs  vertus  militaires  et  civiles,  et  qui  constituent  le  vTJi  courage,  ce  dévoue» 
■Beoi  généreai  des  Imes  fortes. 


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930  MBIS   FBHDAHT  l'abSBKCB   DB   l'BMPSUDB. 

Le  gooTQrnraieDt  chercbait  à  dissiper  les  préoccupations, et  un 
des  spectacles  qui  à  cette  époque  tinrent  l'atteulicHi  éveillée,  ce  fut  la 
convocation  du  grand  saobédriu  à  Paris  ;  idée  qui  appartient  encore 
à  Napoléon.  Tout  ce  qui  était  oriental  allait  à  S(m  esprit  ;  il  préteo- 
tlaît  réveiller  de  son  suaire  cette  uatiuD  que  l'hi^oire  semble  avoir 
marquée  d'un  caractère  indélébile.  Il  voulait  amener  successivement 
les  Israélites  k  une  fusion  complète  avec  le  corps  social  ;  tentative 
impuissante,  car  la  loi  de  Moïse  s'y  oppose.  Dans  l'hiver  de  eetle 
amiée  le  grand  sanhédrin  commença  ses  séances  ;  on  vit  là  les  rabbin 
de  toutes  les  portions  de  l'empire  :  les  juifs  de  Bordeaux,  si  écltités 
Ipit  le  contact  de  l'Espagne  et  du  Portugal;  la  race  hoUandaise,  si 
riche  :  ia  race  allemande,  plus  sordide  et  plus  abaissée,  proscrite  pir 
le  peuple  ;  on  vit  tous  les  docteurs  de  la  loi  se  grouper  comme  dans 
ime  grande  synagt^ue.  Trois  mattres  des  requêtes, MM.  Porttlis, 
Mole  et  Pesquier,  furent  chargés  de  suivre  les  séances  du  grand  sut- 
hédrin.etilsyapportèrentunzèleattenlifrils'agissaitde  faire  décida 
ht  questions  qui  se  rattachaient  à  l'état  civil  des  juifs  et  à  leur  socia- 
bilité, afîii  de  les  mettre  en  rapport  avec  les  lois  du  pays  et  le  code. 
Comment  entendaient-ils  la  polygamie  ?  Quel  sens  dounaient-ils  i 
l'usure  et  à  l'obéissance  au  souverain  '  ?  Ces  réunions  solennelles  de 

n  Dites  lui  j«unc3  braver  :  Le  Dieu  de  nos  ptres  conduit  dos  bsUitloos  ;  Il  ■ 
béni  les  listes  et  magnanimes  projets  de  l'auguste  monarque  qui  a  relevé  ses  tMlth. 
Nos  armées  comptent  autant  de  htros  que  de  soldats.  Les  drapeaux  sous  Ie»qiidK 
TouBallextaincresautlesdrapeauide  iapsii.Vansne  parler  que  pour  la  conquérir. 
Les  espérances  publiques  ne  seront  plus  trompées  par  des  trêves  perSdu.  L'tnpt- 
rcur  veut  que  voua  rapportiez  dans  vos  cités  et  dans  vos  Amillesune  paiisolidret 
durable.  C'est  alors  qu'il  pourra  réaliser  tous  les  grands  bleus  qu'il  a  risoln  d«w 
aon  cceuc  d'accomplir  sui  jours  de  son  repos.  Sacbons  tous,  par  notre  ttie,  f*' 
moire  dévouement,  par  noire  amour,  nous  montrer  dignes  des  hautes  dcetiaét» 
•Uiquelles  la  Providence  nous  a  appelés,  en  nons  donnant  un  sonverain  devint  qni 
la  terra  se  tait ,  et  qui,  dans  les  combats,  est  toujours  prteédé  de  l'anga  de  h 
victoire. 

B  Becevez,  monsieur  l'évoque,  les  assurances  de  ma  considératioD  distingnét. 
a  Paris,  S  décembre  1806. 

•  Signé  !  PuBTius.  ■ 

'  Tuici  quelle  Tut  la  déclara  ti  on  du  grand  sanhédrin  juif.  «Après  un  Intemllrd* 
qujnie  siècles,  soixante  et  onze  doelears  de  la  loi  et  notables  d'rsraïls'éiaDtcoasiiiiM 
en  grand  sanhédrin,  afin  de  trouver  en  eus  le  mojcn  et  la  force  des  ordoninN'» 
religieuaes  et  conformes  aui  principes  de  leurs  lois,  et  qui  serrent  d'etemple  1  lo** 
les  Israélites,  Ils  déclarent  que  leur  loi  contient  des  disposition!  rdigicnsa  eidc» 
dispositions  politiques;  que  les  premières  sont  absolues  ;  mais  que  les  dernier». 
dCMioics  k  rpgir  le  peuple  d'Israël  dans  la  Palestine,  ne  sannicni  élr«  sifUcali'»' 


îdbyGoOgIc 


PiRH  PENDANT  l' ABSENCE  DE  L'EIfFEEEDR.  231 

rabbins  aui  vêtements  noirs,  à  ta  face  judaïque,  tels  que  Léonard  de 
Viitd,  on  Raphaël,  ou  Bubeos,  ont  su  les  reproduire  dans  les  belles 
peintures  de  Borne  ou  de  Florence,  se  tinrent  dans  un  vaste  local,  en 
prés«icE  d'une  multitude  avide  de  les  contempler.  Ils  délibéraient  là 
comme  les  scribes  et  les  pharisi«i3  docteurs  de  la  loi  dans  les  syna- 
gogues ;  la  curiosité  publique  fut  vivement  excitée  à  Paris,  on  ne  par- 
lait que  du  grand  sanbédrin. 

Napoléon  se  proposait  un  autre  dessein  :  les  juifs  n'avaient-ils  pas 
Été  ses  plus  utiles  instruments  pour  répandre  la  corruption  militaire 
et  diplomatique  en  Allemagne?  En  ce  moment  il  entrait  en  Pologne, 
c(  la  Polc^e  comptait  3,000,000  d'Israélites;  il  avait  besoin  que 
l'infloence  du  sanhédrin  se  fit  sentir  à  Posen  et  h  Varsovie  ;  il  voulait 
avoir  des  auxiliaires  sur  la  Yistule.  Les  juifs  étaient  les  banquiers  de 
toute  l'Allemagne,  les  émissaires  les  plus  secrets;  en  I^logne,  mattres 
ilefillsges  tout  entiers,  ils  formaient  le  peuple;  on  pouvait  les  employer 
à  toutes  les  négociations  secrètes,  k  toutes  les  trahisons  ;  Napoléon 
s'occupait  moins  de  les  moraliser  que  de  les  employer.  Comme  Yes- 
pasieu,  il  s'inquiétait  moins  du  sort  de  Jérusalem  que  des  légions 
romaines  au  milieu  des  cités  de  la  Judée  t 

ilppuis  qu'il  B<  forme  plus  ud  coipê  de  nitlon.  Le  polfgsmia,  pcnnÏM  par  ■■  loi  de 
UoïM,  a'étuit  qu'une  simple  faculté  et  bùrs  d'usage  en  Occident,  œt  interdite. 
L'acte  ciril  du  maringe  doit  précéder  l'acte  religieui.  Nulle  répudiation  ou  dîTOrce 
M  peut  avoir  lieu  que  suivant  les  Tonnes  touIum  par  les  lois  civiles.  Les  mariages 
Mire  israâites  ei  chritjèas  sont  valables.  La  loi  de  Hoîm  oblige  de  rtgHder  conme 
riéres  kl  iadiTidiu  des  natioiu  qui  reconnaissent  un  Dieu  créateur.  Tous  les 
inaéliLés  doivent  exercer,  comme  devoir  essentiellemeiil  religieux  et  inliérent  i 
Ifur  croyance,  la  pratique  habituelle  et  constante,  envers  tous  les  hommes  recon- 
utissant  un  Dieu  créaieor,  dea  actes  de  justice  et  de  charité  prascrlia  par  les  livres 
Niais. Tout  israèlile,  traité  par  les  lois  comme  citajen,  doit  obéir  aux  lois  de  la  patiit, 
ti  se  conformer,  dans  toutes  les  Iransacliona,  aux  dispo^tions  du.  code  civil  qui  y 
(91  tn  usage.  Appelé  au  service  militaire,  il  est  dispensé,  pendant  la  durée  de  ce 
senrice,  de  tontes  les  observances  religieuses  qui  ne  peuvent  se  concilier  avec  lui. 
Les  iaiaélitvs  doivoit,  de  préférence,  exercv  les  professions  mécaniques  et  libérées, 
et  acquérir  des  propriétés  foncières,  comme  autant  de  mojeas  de  s'etlacber  i  leur 
patrie  et  d'j  trouver  la  considération  générale.  La  loi  de  Holse  n'autorisant  pas 
l'usure,  et  n'admettant  qae  l'intérêt  légitime  dans  le  prêt  entre  Israélites  et  non 
Israélite?,  quiconque  transgresse  cette  loi  viole  un  devoir  religieux  et  pèche  notoire* 
ment  contre  UTolantè  divine.  > 


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LES  SUSSES,   LA   POLOGin. 


CHAPITRE  XI. 


tM  UMU,  %.k  VeUMW,  RAMlftM  A  TAIMT». 


AleuDdre  iprès  AnunUti.  —  Levto  d'hommca.  —  OrginiMtion  de  l'armée  nnst. 

—  Son  personnel.  —  Bennigsen,  Be^rilioD,  Gtlitiiii,  Sieken,  le  tîcut  KamenslLoi. 

—  Li  Pologne.  —  8t  litoation.  —  Esprit  de  M>  hiUtama.  —  Trialeve  « 
dteour^irmenl  de  l'Irma  fraocaiie.  —  Atpett  du  climat.  —  Napoléon  i  Posco.  — 
Encoungementa  donaés  «ai  iroup».  —  GraiIflcatioDi.  —  Idée  pour  relever 
l'armée.  --  Tirsovic.  —  Séjoar  de  l'empereur.  —  La  cour.  —  Le  travail.  — 
M.  Haret.  —  M.  de  Tallcyraud.  —  LAulrlcfae.  —  Le  baron  de  Vincent.  — 
I>é»e£poir  de  quelques-nns  4»  corps.  —  Désordrea.  —  Insubordlnaiian.  —  La 
bin.  —  Ney.  —  Bemadoiie.  —  Harehe  dea  Rusaea.  —  Pnltusk  et  Golfmia. 


Les  Busses  n'avaient  pas  conridéré  la  bataille  d'Austerliti  comme 
un  de  ces  combats  décisifs  qui  imposent  la  paix  aux  nations  éner- 
giques. Alexandre  avait  refusé  de  voir  l'empereur  victorieux  k  son 
Ihtbc;  les  rapports  militaires  des  généraux  du  czar  et  db  Kutusoff 
attributJeot  la  retraite  de  l'armée  russe  i  l'abandon  des  troupes 
autrichiennes,  è  la  faiblesse  de  François  II.  Le  czar,  en  déclarant 
qu'il  se  trouvait  dégagé  de  tout  engagement  envers  le  roi  des 
Romains  depuis  la  paix  de  Presbourg ,  annonçait  k  son  peuple  que  la 
guerre  était  nationale.  L'armée  russe  s'était  considérablement  ren- 
forcée depuis  une  année  ;  les  corps  s'étaient  recrutés  dans  toutes 
les  provinces  de  l'empire.  Alexandre  avait  ordonné  une  levée  de 
400,000  hommes ,  afin  de  commencer  une  vigoureuse  campagne  ;  el 
si  M.  d'Oubrill  était  envoyé  ii  Paris,  c'est  qu'on  voulait  se  donner  le 
temps  de  développer  les  immenses  ressources  de  l'empire  ' .  La  domi- 

'  A  Saint-Pétersbou^,  une  publication  ofBcielh  annonçait  la  rupture  de  tenir 
négociation  arec  lu  France  ;  la  TOicï  : 

a  Pèlorabourg.  28  aofti  1806. 

■  La  conseiller  d'fitat  d'Oubrill,  tnroji  dans  les  premiers  jours  du  mob  (3  mai) 
4  Paria,  pour  le  soulagement  des  prisonniers  rosses,  rcfut  en  même  temps  des 


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KÀtÙtÂOS  A   ViBSOTIB.  233 

Dation  des  Français  en  Allemagne  ne  pouvait  être  tolérée  par  la 
Russie  ;  k  plusieurs  reprises  elle  s'en  était  expliquée  ;  toutes  lea 
mesures  étaient  prises  k  Saint-Pétersbourg  et  à  Moscou  pour  réveiller 
les  vieilles  sympathies  du  peuple  russe  ;  le  général  Kutusoff  avait 
publié  son  bulletin  de  la  bataille  d'Ansterlitz ,  célébrant  la  belle  con- 
tenance des  troupes  sous  ses  ordres.  Ce  bulletin  lu  dans  toutes  les 
églises ,  des  ukases  Turent  adressés  à  ia  noblesse,  pour  accélérer  le 
recrutement  d'une  armée  considérable.  Ou  maudit  Napoléon  dans  les 
cathédrales  russes  en  face  ia  images  de  saint  Serge.  «  Bonaparte ,  y 
disait-on ,  après  s'être  emparé  de  la  couronne  de  France ,  après  avoir, 
à  force  ouverte,  par  fourberie,  par  artifice,  étendu  son  pouvoir 
sur  des  contrées  qu'il  dévaste ,  menace  la  Russie ,  que  le  ciel  protège. 
C'est  h  itous  d'empêcher  que  ce  destructeur  de  la  pais ,  de  la  foi  et 
du  bonheur  des  peuples,  ne  séduise  les  chrétiens  orthodoxes.  Il  a 
foulé  aux  pieds  tout  principe  et  toute  vérité  ;  il  a  prêché  en  Egypte 
le  Coran  de  Mahomet ,  proclamé  son  mépris  pour  les  ministres  de  la 
sainte  église  de  Jénu-Chrtst ,  convoqué  en  France  des  synagogues 
juives.  Vous  aimez  vos  semblables,  fuyez  le  p^^uteur  des  chrétiena; 
vous  désirez  être  sauvés,  opposez  des  obstacles  insurmontables  k 
l'exécution  de  ses  desseins.  Il  ose  s'élever  contre  Dieu  et  contre  la 
Russie  ;  prouvez  que  vous  êtes  les  défenseurs  du  Très-Haut  et  de  votre 
patrie.  Chassez  le  monstre;  punissez  sa  barbarie  contre  tant  d'inno- 


Instruelions  pour  le  eu  où  udc  occasion  se  présentn'tit  d'opérer  des  repprocbe- 
ments  entre  la  France  et  11  Riueie;  il  revint  stcc  une  diligence  eiirRordiDaire, 
parlant  un  Iraité  de  paii  qu'il  avait  conclu  h  cet  effet,  le  20  juillet,  btcc  le  génértl 
Clarkr,  plénipotentiaire  du  go avemeraent  français. 

»  Autant  un  Id  événement  cAt  été  agréable  pour  l'emperenr,  ai  celte  eonveotlon 
avait  élé  eoDfoTine  1  la  dignité  de  S.  M.,  i  set  enBogenienta  avec  ses  alliés,  1  la 
sAreii  de  sas  injeta  et  au  repos  général  de  l'Europe,  autant  il  a  été  désagréable  pour 
elle  de  voir  qu'elle  ne  répondit  en  aucune  manière  i  ses  vues  utiles  et  bicnveil- 
loDtes. 

>  11*  plu  i  S.  H.  de  soumettre  cet  acte  de  paeiGceUon  à  son  consel,  couvoqui 
expressément  i  cet  effet.  O  mité  agrint  élé  romp^ré  avec  les  insIructioDS  da 
U.  d'Oubrill,  il  en  résulte  que  celui-ci  a  non-seulement  dévié  des  ordres  qu'on  lui 
avait  donnés,  mais  qu'il  a  agi  mtme  eonlre  la  lettre  et  l'esprit  de  la  mlssloa  dont  11 
éiaïl  chai^. 

D  Le  consul  impérial,  inspiré  par  un  sentiment  commun  pour  l'honneur  de  ta 
patrie,  et  suivant  les  principes  connus  de  S.  M.  1.,  a  dérlnré  unanimement  que  cet 
acte  PC  pouvait  pas  obtenir  la  ratification  suprCmc;  S.  H.  a  donc  ordonné  de  faire 
coonatlre  cette  décision  au  gouvernement  français,  ainsi  que  la  dispositiOD  où  elle 
est  de  reprendre  les  n^ociations  de  paîi  sur  d'autres  bases,  s 


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984  LES  KDS6BS,    LA  MtOfiin. 

cents,  dout  la  voix  crie  et  s'élève  veis  le  ciel.  Dieu  entendre  la 
prière  de  ses  fidèles  ;  il  vous  couvrira  de  son  pouvoir ,  il  vous  covi- 
roBoera  de  sa  gr&ce>  et  vos  e&ploits  seront  célébrés  par  l'Église  et 
par  la  patrie;  des  couronnes  immortelles  ou  un  séjour  d'éternelle 
félicité  vous  attendent  ' .  » 

Tous  les  cadres  de  l'armée  rosse  furent  remplis.  L'en^iereur 
Alexandre  publia  un  manifeste  politique ,  non  point  dans  le  langage 
brillant  et  Qer  qu'employait  li«poléDU  lorsqu'il  commeaçait  une 


'  Vn  oklM  de  rmpereiir  de  Sunla  eipllqtuit  on  t«naa  modMs  sa  politiqw 
depuis  l'origine  de  hs  différends  svec  la  France  : 

a  AucommencemeDldeceUeenn^legouTernenieiilfraDtiisaDiLciiittildndis- 
poRltions  paciDqucs  :  nous  donnâmes  ordre  sur-le-chatnp  d'entrer  en  négociaiieii 
iTcc  lui.  Lespremiène  ouTertures  étaient  d'établir  une  pak  compatible  incii 
dignité  cl  la  sAreté  de  notre  empire,  l'iotèrél  de  nos  alliés,  et  qui  rendit  b  inii' 
luUlUé  générale  h  l'Europe.  A  notre  grand  rt^rel,  les  conditions  de  paii  né|[ciCLéc^ 
arec  la  France  ne  convenaient  ni  t  la  dignité  de  notre  empire,  ni  aui  intérêts  de  ikt- 
tllita,  et  nous  dûmes  leur  reruser  noire  sanclion. 

■  Pour  prouver  cependant  l'immutabilité  de  nos  prina^ea,  toqjoun  dbigis,  su 
miUeu  de  tant  d'événements,  vers  le  nfime  but,  nous  avons  aussi  ciposi  la  Use 
d'aprialesqueilesnous  étions  prêta  entrer  de  nouveau  en  négociation  avec legouirr- 
nnnent  français.  Ces  bases  sont  si  modérées,  qu'elles  ne  peuvent  être  mises  itzi\' 
•ans  que  la  sûreté  ^nértle  tu  soit  compromise;  et  elles  sont  d'aillears  tellencil 
lié»  il'ioléréL génial  de  tontes leepuissan ces,  que,leur adoption  ne  peut  que  prodnlit 
une  ptii  des  plus  durables.  Le  rétablissement  de  la  paii  ou  la  continuatiao  de  \' 
guerre  doit  donc  être  ta  Bulle  de  ces  mesures.  Nous  désirons  la  paii,  mais  oonsla 
voulons  durable  et  A  l'avantage  réciproque  de  tous,  rejetant  toutes  conventions  if 
paii  plus  ou  moins  avantageuses  qui  ne  s'allieraient  point  avec  l'honneur  du  noix 
russe,  la  sûreté  de  notre  pairie,  la  sainteté  de  nos  allianees  et  la  tranquillité  gcnr- 
rale  de  l'Europe  :  c'est  pour  j  parvenir  que  nous  sommes  forcé  de  réunir  touieî  If* 
forces  de  no  tre  empire. 

«  Non*  sommes  convaincu  que  la  divine  providence,  qui  protige  et  sonlicni  It 
vérité,  protégera  avec  toute  la  force  de  son  bras  la  justice  de  notre  cause.  Noe- 
sommes  convaincu  que  nos  Gdèles  sujets,  animés  dans  tous  les  temps  d'aroouc  pour 
U  patrie,  toujours  guidés  par  l'honneur  et  la  bravoure,  entourés  de  grands  eiempici 
de  lèle  patriotique,  réuniront  leurs  forces  aux  nâtres,  lorsque  la  sûreté  de  l'empire, 
la  voii  de  la  gloire  et  nos  ordres  réclameront  leurs  services  pour  le  bien  pul»1ic< 
Avec  une  ferme  conSance  dans  l'aide  de  Dieu  et  le  lèle  de  nos  fidèles  sujei.'. 
nous  avons  jugé  nécessaire  de  les  prévenir,  par  la  présente,  de  nos  desseins,  poui 
leur  donner  par  li  une  nouvelle  preuve  que,  dans  aucune  de  nos  entreprises,  m' 
Tagrandisscment  de  notre  territoire,  ni  une  gloire  frivole  ou  des  victoires  p>S»- 
gères,  ne  sont  l'objet  de  nos  vues,  mais  que  nous  désirons  et  travaUlons  à  l'affennis- 
semenldela  sûreté  générale,  au  maintien  de  nos  traités  d'alliance,  et  isouLeoirl' 
dignité  de  notre  couronne. 

»  Donné  k  Saint-Pétersbonrg,  le  31  août  IBOS  (II  septemlie),  de  notre  régich 
siiièine.  ■ 


îdbyGoOgIc 


HAfOtéOS  A  TABSOTIS.  M 

guerre  ;  la  parole  du  czar  arait  qoelqae  chose  de  grave ,  de  rdiglein, 
bien  en  harmoDÏe  avec  l'esprit  d'une  nation  easentiellement  dévouée 
k  soa  foyer  et  à  ses  incitations  ;  la  guerre  fut  comme  un  devoir  de 
conscience;  chacun  dut  y  porter  le  contingent  de  ses  forces.  Le  bot 
de  la  Russie  était  de  seconder  l'armée  prussienne ,  comme  elle  s'était 
engagée  dans  la  campagne  de  1805  pour  appuyer  l'armée  autri- 
chienne ;.  et ,  par  une  fatale  circonstance,  les  retarda  furent  W 
mêmes  :  les  Autrichiens  de  François  II  étaient  déjà  démoraliiAt 
lorsque  les  Russes  vinrmt  en  Moravie ,  et  il  n'y  avait  plus  d'armée 
prussienne,  lorsque  les  premiers  corps  de  Bennigsen  psiièreat  le 
Niémen  pour  prendre  position  en  Pologne.  Ces  retards  étaioot  It 
cause  permanente  des  échecs  de  toutes  les  coalitions  ;  rien  n'arrivait  i 
temps  :  tandis  que  Napoléon  courait  avec  d'immenses  moyens, 
déployant  l'activité  française  et  son  bouillant  courage  d'avant-garde , 
les  Russes  se  remuaient  pesamment  avec  une  méthode  et  un  ordre 
trop  régulier  pour  répondre  à  toutes  les  improvisations  glorieuses  de 
Napoléon  dans  une  campagne. 

La  guerre  déclarée  nationale ,  Tempire  russe  se  trouva  menacé  par 
son  centre  en  Pologne ,  et  ao  midi  dans  les  jH-ovinces  de  Moldavie  «t 
de  Valachie.  Dès  le  début  de  la  campagne ,  Napoléon  avait  envoyé 
auprès  de  Sélim  III  le  général  Horace  Sëbastlani,  militaire  distingué, 
vif,  Epirîlucl  comme  un  Coise,  avec  des  instructions  très-étendues 
pour  exciter  le  divan  h.  prendre  tes  armes  contre  la  Ruade.  Tout  était 
réfléchi  et  médité  dans  la  pensée  de  l'empereur ,  et  lorsque ,  dans  son 
message  au  sénat,  il  disait  que  la  paii  ne  serait  pas  faite  que  les 
Busses  n'eussent  évacué  la  Moldavie  et  la  Valachie ,  c'est  qu'alors  il 
voulait  parler  aux  sentiments  et  k  l'ambition  de  Séllm  III ,  afln  de  le 
pousser ,  au  moment  de  sa  campagne  contre  la  Pologne  i  à  une 
guerre  contre  les  Russes.  Le  sultan  était  porté  vers  Napoléon  par  des 
causes  intimes  :  d'abord  l'entraînement  qui ,  dans  les  imaginations 
orientales ,  se  jette  y&rs  tous  les  hommes  de  génie ,  de  fatalité  et  de 
fabuleuses  opérations  militaires  ;  et  puis  les  conquêtes  de  Napoléon  na 
rauraient-elles  fait  considérer  dans  l'esprit  de  Sélim  que  comme  un 
nouveau  Charles  XII ,  il  eût  encore  trouvé  là  un  mobile  pour  se  pro-> 
noncer  contre  le  successeur  de  Catherine  II  ! 

Les  Busses  d'ailleurs  cherchaient  à  soulever  les  populatîras  grecques 
et  les  MontënËgriens ,  race  de  la  vieille  Albanie ,  redoutablei  k  la 
Porte.  Le  général  Michelson  occupait,  par  les  ordres  d'AtexandlQt 


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^B  LB8   BDSSBS,   LA   POLOGKB. 

tine  partie  de  la  Moldavie  et  de  ]a  Valachie  ;  dès  Ion  Sélim  n'ent  pu 
■ie  [teiae  à  écouter  favorablement  les  propositions  du  général  Sébas- 
tian! ,  qui  déployait  toutes  les  ruses  de  l'esprit  italien ,  comme  fjapo- 
léon  ,  pour  entraîner  le  sultan  à  une  déclaration  de  guerre  solennelle 
contre  la  Russie.  Le  général  Sébastiani ,  Tastueus  et  brillant ,  plaisait 
par  ses  formes  orientales  :  le  divan  leva  l'étendard  de  la  gu^re  sacrée, 
fil  les  Turcs  coururent  aux  frontières  comme  pour  seconder  la  C8m< 
pagne  de  Napoléon.  Sélim  se  montra  si  favorable  à  la  France,  que 
l'ambassadeur  anglais  quitta  immédiatement  Constantinople  '. 

La  Russie ,  ainsi  menacée  par  ses  deux  grandes  portes  orientale  d 
'Ocddentale ,  ne  recula  pas  ;  le  général  Michelson  prit  le  commaude- 

■  Au  sujet  de  rambawtâe  tnglaiM  la  Porte  St  publEer  la  notiSraiion  sDinnlt  : 
la  SubliiM  Port»  a  fait  rtattiin  aux  minûlrM  4a  puiuanctt  Uran^rtt 

la  aote  luivanli  tur  U  dépari  du  minUtn  d'Angleierre  : 

■  Quoique  les  rapports  siocéres  qui  ont  ciisté  sans  cesse  entre  la  Sublime  Fon* 
<t  la  cour  d'Angleicire  n'aienl  pu  donner  lieu  k  aucun  relhiidisseniciit  calie  elln; 
quoique  la  Sublime  Porte,  jusltment  offensée  dtt  étranges  propositions  que  l'tn- 
\0]é  d'Angleterre  a  faites  il  j  a  quelques  jours  dans  une  canférencc,  se  suit  cdD' 
tentée  d'jr  répondre  qu'elle  était  actuellement  en  guerre  avec  la  Russie  et  en  paii 
■Tfc  l'Angleterre  ;  au  momenl  ob  l'on  se  Itatlait  encore  qu'après  de  pins  mAra 
TéOeiions,  l'entayé  anglais  se  désisterait  de  préteotions  aussi  contraires  i  l> 
dignité  des  nations  et  i  l'bonneor  des  puissances,  cet  enrojé  les  a  rcnoaTclèts,  aa 

'contraire,  dans  une  note  qu'il  a  déclaré  vouloir  rcmcilre,  en  conséquEOce  dclt 
conrércnce,  à  laquelle  il  demandait  une  réponse  écrite  ;  ensuite,  sans  annoncer  sot 
départ  et  tans  qu'on  en  sût  la  cause,  11  s'est  embarqué  subitement  arec  ta  px» 
et  une  partis  des  négociants  de  sa  nation,  sur  une  fcëgiile  anglaise  qui  était  au  pcrt, 
El  qui  partit  i  minuit  en  coupant  ses  cibles.  Ce  n'est  que  dans  un  billet  qu'iU 
laissé  pour  être  remis  après  son  départ  k  la  Sublime  Porte,  qu'il  a  déclaré,  comme 
(tincipale  cause  de  son  mécontentement,  le  refus  d'un  passe-port  pour  un  cooiria 
qu'il  voulait  cnToyer  aux  Dardanellea.  Comme  il  n'a  point  re^u  à  cet  égard  it 
réponse  négative,  ce  refus  ne  pouvait  être  le  mo^f  de  son  départ  ;  et  tout  le  moadt 
sait  que  ni  lui  ni  les  autres  sujets  anglais  n'ont  i  se  plaindre  de  la  moindre  chase 
qui  aurait  pu  compromettre  leur  sûreté. 

»  Quoiqu'une  telle  conduite  eût  suffisamment  autorisé  la  Sublime  Porte  1  tê* 
d'une  manière  confomie  i  la  provocation  de  l'envoyé  anglais,  elle  n'a  cqiendanl  pu 
Touïu  se  départir  des  principes  d'équité  dont  elle  est  eonslaminent  animée,  et,  dstK 
la  ferme  peisuasion  que  la  cour  d'Angleterre  est,  de  sou  cAIé,  incapable  de  st 
conduire  d'une  manière  contraire  aux  régies  de  la  justice,  die  a  remisa  lagardedc 
H.  HUbch,  chaigé  d'affaires  danob,  et  procureur  dudît  ministère  britannique,  t<m 
les  effets  et  meubles  appartenant  i  ce  dernier;  en  outre,  sa  hautesse,  en  accordtDi 
sa  bienfaisante  protection  aut  familles  et  aux  individus  anglais  qui  sont  restés  dvK 

-  te  pays,  a  donné  des  ordres  précis  pour  qu'ils  fussent  en  sûreté  dans  tout  lempiie 
ottoman  ;  elle  a  aussi  ordonné  aux  préposés  de  la  régence  de  faire  respecter  les  ^«^ 

'  seaui  et  propriétés  des  sujets  an^nis ,  et  de  les  laisser  dans  l'état  orlurl  jusiu'i 

>«onvel  ordre.  La  Sublime  Porte  «  fait  rédiger  la  présenta  note  olDcIvtle,  c  iinme  u» 


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BAPOliO.^  A  TABSOTIB.  S37 

mcDt  de  Tannée  qui  se  formait  sar  le  Danube  cootre  les  Turcs,  tandis 
que  le  corps  auxiliaire  marchant  au  secours  des  Prussiens  était  mis 
BOUS  les  ordres  du  vieux  général  Kamenskoi ,  à  qui  l'ancienneté  don- 
nait la  direction  de  la  campagne.  Mais ,  dans  la  réalité ,  Kamenslioi 
n'était  que  le  porteur  des  paroles  d'Alexandre ,  l'homme  d'une  vieille 
confiance;  l'armée  russe  comptait  alors  des  généraux  plus  capables 
et  plus  actirs  :  il  faut  placer  parmi  eux  Bennigsen ,  cette  tète  flère 
et  forte,  qui  prit  une  part  si  active  à  la  fatale  nuit  du  palab  de 
Michaëloff;  l'armée  russe  avait  confiance  en  Bennigsen ,  caractère 
d'activité  et  d'énergie  jusqu'A  la  bravade  ;  il  y  avait  dans  cet  officier 
la  promptitude  d'un  hussard ,  la  force  presque  sauvage  des  vieux 
Moscovites,  quoiqu'il  fût  Allemand  d'origine  et  bien  élevé;  Bennigsen 
était  partisan  des  coups  d'audace  capables  de  dérouter  Napoléon , 
habitué  aux  manœuvres  lentes  des  Prussiens  et  à  la  tactique  métho- 
dique de  l'armée  autrichienoe. 

A  câté  de  Bennigsen,  je  citerai  le  prince  Bagration ,  un  des  géné- 
raux les  plus  remarquables  de  l'armée  russe,  celui-là  même  qui  avait 
mérité  l'estime  des  hommes  tels  que  Lannes,  Ney,  Soult,  dans 
la  campagne  d'Ansterlitz.  Le  prince  Bagration  était  admirable  k 
la  tète  des  grenadiers,  muraille  d'airain  devant  laquelle  s'étaient 
iH'isées  les  baïonnettes  mêmes  des  soldats  d'élite  d'Oudinot  ;  il  com- 
mandait et  payait  tout  fa  la  fois  de  sa  personne  dans  un  jour  de  ba- 
taille. Buxhowden  était  aussi  un  général  de  premier  ordre  ;  on  l'avait 
vu  constamment  manœuvrer  avec  habileté  k  la  bataille  d'Austerliti , 
où  il  protégea  la  retraite  en  Moravie.  Buxhowden  avait  ordre  de  se 
réunir  au  général  prussien  Lestocq  du  cdté  de  Dantzigetde  Tbom, 
pour  empêcher  le  siège  que  déjà  méditaient  les  Français.  Puis  on 
voyait  parmi  les  généraux  les  Galitzin,  si  considérables  en  Russie; 
Sacken,  officier  de  mérite  dans  de  plus  récentes  campagnes,  et  qui 
devait  voir  un  jour  son  état-major  sur  la  place  VendAme.  Ces  troupee 
étaient  bonnes,  les  officiers  instruits  ;  cette  nuée  de  Cosaques  qui 
^éparpillaient  autour  des  camps  ennemis,  donnait  6  l'armée  russe 
des  avantages  considérables.  Chaque  jour  des  officiers  étaient  enlevés; 
les  Cosaques,  se  précipitant  dans  les  intervalles  des  corps,  s'em- 

nouTcDe  pnuTc  deU  modération  et  de  la  juglice  qui  ont  toujours  dirigé  Ba  cooduite, 
cl  l'a  un  rerocUre  à  tous  les  miDiUrea  des  puissantes  «mies,  pour  qu'ils  la  coinniu- 
niqucDl  i  leurs  cours  respeciivts. 
»  JWt  le  as  du  mois  de  Zvlkade,  Van  de  l'hégire  122L  (i  ti^Tkt  iWl).  ■ 

11. 


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328  LES  aassBit  la  pologiib. 

piTAient  des  ordonnaDces  et  des  dépèches,  de  mamàre  i  ioformer  la 
oéoérBux  russes  des  moindres  mouvements  de  l'armée  française  ; 
]dus  d'une  fois  cette  activité  tumultueuse  et  sauvage  des  Cosaques 
dérouta  la  pensée  militaire  de  Napoléon. 

Deux  plans  de  campagne  avaient  été  présentés  au  czar  Alexandie; 
l'uD  coaastait  i  se  retirer  incessamment  devant  l'empereur  Ki^w- 
I60D,  aBn  de  l'eatratiier  jusque  daiis  les  grandes  solitudes  de  la  Rns»e, 
oik,  privé  de  toute  communication,  il  serait  bientôt  abîmé  par  les 
Inées  ee  masse  de  toute  la  vieille  nationalité  slave  ;  plan  de  pru- 
danoe  qni  fut  réalisé  depuis  en  1812.  S'ii  avait  des  avantages,  il  avait 
auMÏ  de  graves  inconvénients,  et  surtout  un  caractère  d'abandon  el 
de  dése^Mir  qui  ne  convenait  point  encore  aux  Russes.  NapoléoB 
avait  eevabi  la  Prusse,  le  roi  Frédéric-Ouillaume  n'avait  plus  que 
Ms  provincee  du  nord.  Daatzig,  Kmnigsberg  qui  servaient  de  point 
central  À  ses  opérations  ;  fallait-il  le  livrer  k  sa  nouvaise  forUuie? 
(■Hait-il  lainer  l'empereur  des  Français  maître  de  la  Prusse,  oppayé 
mr  des  places  fortes  et  pouvant  se  porter  à  son  gré  sur  la  Pologue? 
Et  la  Pologne,  dons  cet  abandon,  ne  pourrait-elle  pas  seséparenio- 
knHaeat  de  la  Russie  et  proclamer  son  indépendance  '  7  Le  sectad 

'  Leci»,  en  partant  pour rinné«,idi>fB9*lt  un  mitre  akafle««XM0K«T[te*. 
a  tfoDs,  par  h^ctde  Dieu.  Ateaadral",  Mc.,hisaHp«tè  lonMSMiia: 

■  Par  moue  manifeste  du  30  août  (11  s^temlire)  nons  avons  dooiié  conuimBcc 
4e  la  ^uatloo  des  choses  entre  nous  et  le  gouveraement  français. 

■  Dans  une  position  aussi  peu  amicale,  la  Prusse  ftirmalt  seule  encore  no  ninpin 
«ntitnoasetlesPraiicate(iuis'èbi«t^bUa4aiB  lesdlféraMesfRtw»  ètrUk- 

■  Maia  biealAt  le  feu  de  la  guerre  ajant  éclate  de  nouveau,  et  s'itaot  réfindu 
dans  les  Étais  prussiens,  par  suite  de  dilTéreDles  affaires  malheureuses,  nos  propie 
ftonlitrcsse  trouvenl  aujourd'hni  meDicéesparrtmKioi. 

«  9i  l'homieanr  noos  a  fuidAs  en  iktBt  Viptt  poor  ta  défaut  de  «m  «RHa,  i 
MVbien  plus  foru  raisoa  ne  devans-naua  pas  itmr  le  glûve  pou  la  conservatioii  it 
■otre  prapre  ciisleneeT 

B  Nous  afonsdebonneheure  pris  toutes  les  mesures  nétessairea  pour  ^re  en  Jui 
d'aHer  au-dcmt  des  enneniis,  m'aie  avant  «ju'ib  aient  pn  s'approcher  de  m* 
(rentièns. 

■  Apiis  avoir  donné  k  Botre  armée  l'ordre  de  passer  les  rronlières,  noue  ca  aTODi 
confié  lo  commandement  i  notre  raarécJial  comiB  Kanieoïkoi. 

B  Nous  sommes  persuadé  que  tous  nos  fidèles  sujets  se  joindront  à  nom  dans  ha 
prières  qu'Us  adresseront  i  celui  qui  dirige  les  empires  et  les  succès  des  gufttts  ; 
eapérans  que  le  Seigneur  prendra  aoiis  son  égide  notre  propre  canse,  el  que  sa  puis- 
sasee  ainsi  que  sa  bénédiction  acunnpagaetoni  les  coImhks  russes  araaécs  tcaut 
l'ennemi  commun  de  l'Europe. 

■  Nous  tommes  égritnMDtconTaincu  qno  les  déptrteueBts  fimMiiiW  s^aapr*»- 


îdbyGoOglc 


«AFOLtoK  À   TAB80T1S.  SM 

plan  de  campagne  m  ratUchait  k  la  joncLion  de  l'année  nun  arec 
les  débrîi  des  Prussiens  «ur  la  Vistule  ;  on  viendrait  au-devant  dai 
Français ,  pour  les  diercher  eo  bataille  rangée  ;  n'eurait-oD  pai  tou- 
joars  le  temps  de  recourir  au  système  qui  entratoerait  l'armée  de 
Napoléon  dans  les  vastes  plaines  entre  le  Niémen  et  la  Moscovie?  Il 
fallait  d'abord  appuyer  les  débris  des  Prussieus,  défendre  le  territoire 
menacé,  si  les  Français  arrivaient  joeqa'aux  fiootières.  C'est  en  couA- 
queoce  de  cette  dispoeition  que  le  corps  je  Buxhovdea  avait  pris  posl' 
tion  dans  la  vieille  Prusse,  tandis  que  Bennigsen  opérait  sur  la  Vjatole 
et  Varsovie  pwir  souUsiir  cette  poûtlon ,  la  clef  de  la  Pologne. 

Pendant  ce  temps  Napoléon  ,  toujours  à  Berlin ,  organisait  de  at 
Bimn  vigoureuse  l'administration  prussienne  ;  seul  méditatif,  il  wvcU 
tons  les  périls  qu'il  avait  i  redouter  dans  une  aouvdle  guerre,  et  11 
bat  attrtiraer  à  la  présence  redwitabie  des  Susses  sur  la  Vistule  lai 
nouvelles  levées  de  cosscrits  qu'il  avait  demaodéea  au  sénat  dona 
l'hiver  de  cette  année.  La  Prusse  était  conquise  ;  mais  à  la  faoe  de 
eelte  population  allemande  se  trouvait  la  Pol<^De  doat  Tbiskilfe 
retentissaDte  était  mêlée  à  toutes  les  grandes  affaires  dqtlomatiqBa 
du  dernier  aiècle.  Lorsque  Nopi^n  quitta  Paris  pour  la  «ainfMgoe 
de  Praese,  il  avak  pi«sientiiqae  ses  armes,  pour  él»  i^ctoriewes, 
aaraient  besoin  de  plHS  A'tm  auxiUake;  les  puissancee  qui  uUilait 
pris  part  au  partage  de  la  Pologne  étaient  la  fiuwie,  la  Praaae  et 
l'Autriche,  les  adversaires  de  sa  politique.  C'était  se  donner  une 
inmenae  fM«e  que  de  révciUm-  la  Pologne  es  pratégeant  l'éoeilgie 
nationale  de  ce  peuple  ^  brave ,  si  ardent ,  contre  les  ojqpresseurs  de 
la  patrie;  une  insurrection  polonaise  préparerai  une  diverdoe  beu- 
reose  au  moment  où  uœ  campafpie  alkit  s'ouvrir  ;  la  Pologne  avait 
qu^ue  chose  de  chevaleresque  ;  sa  loyauté  militaire  devait  f^iie 
à  fttrmée  française  :  on  avait  si  souvent  présenté  ces  deuK  mUow 
romiDe  le  type  de  la  tnienM  dans  la  vidlle  poUtitpM  dei  Ëtatol 

M«a« ,  daaa  les  circcngtaiKes  «étudies,  i  nous  doaiier  de  nouTclIee  pcenvM  d«  leur 
KltacliemeDt,  et  que,  sans  se  laisser  ébranler  ni  par  la  crainle  ni  par  les  illiulooE 
frirolc?,  ils  poursuivront  tranquillement  leur  carrière  sous  un  gou>crnenieat  paternel 
ri  demi,  Cl  sens  la  protection  4eB  lois. 

D  Enfin,  noDs  ne  doutons  fas  que  tvHSksflls  de  la  patrie,  ge  cooSant  dan*  Ja 
puissance  itiiiue,  sur  la  râleur  de  nos  troupes  et  sur  l'expérience  conataite  de  teur 
Krnêral,  se  prêteront  Tolontiers  aui  sacrifices  que  pourront  eiigcr  ta  sûreté  de  l'em- 
pire d  l'amour  de  la  patrie. 


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S40  LES  BUSSES,  LA  VOLOCMB. 

La  Pologne  se  composait  de  deux  classes  Yéritablement  patriotes: 
les  nobles  et  le  clergé  [le  catholicisme  et  le  blason].  En  dehors  de 
cela,  il  n'y  avait  pins  que  du  bas  peuple  et  des  juifs,  des  paysans  serf» 
ou  une  bourgeoisie  ab&tardie  et  soumise  aux  riches;  la  TéritaUc 
nation,  c'était  la  noblesse  ;  et  voilà  pourquoi  la  Pologne,  si  brillante, 
«e  divisa,  se  morcela  comme  dans  le  moyen  ige  dont  elle  avait  gardé 
l'empreinte.  Napoléon  avait-il  le  dessein  de  relever  la  Pologne  de  ses 
ruines?  Rien  ne  porte  k  le  croire  ;  le  caractère  polonais  était  antipa- 
thique à  celui  de  l'empereur  ;  il  n'aimait  pas  les  peuples  k  révoltes  A 
les  nations  turbulentes.  Tout  ce  système  de  royautés  électives ,  d'as- 
semblées presque  républicaines  sur  on  champ  de  manœuvres,  tout  c^ 
n'allait  pas  à  ses  idées,  è  ses  habitudes,  à  son  dogme  d'obéissance  pas- 
sive. Peut-être  Murât,  Bemadotte,  ou  quelques-uns  des  compagnons 
de  fortune  de  Napoléon  avaient-ils  la  pensée  de  relever  l'Indépendance 
du  royaume  de  Pologne  pour  le  placer  ensuite  sous  leur  sceptre; 
jamais  Napoléon  n'eût  embarrassé  ses  négociations  et  ses  desseins 
avec  la  Prusse,  l'Autriche  ou  la  Russie,  par  l'idée  généreuse  de  recon- 
struire les  Polonais  comme  peuple  indépendant.  L'empereur  avait 
peu  de  ces  idées  enthousiastes  et  romanesques  qui  font  battre  le  cœur 
pour  l'idéalisme  politique  ;  lui ,  n'aimait  dans  ses  projets  que  des 
résultats  d'utilité  éminemment  pratique  et  réalisables.  Que  les  Polonais 
fussent  corps  de  nation,  cela  ne  lui  importait  guère  ;  il  ne  faisait  pas 
de  chevalerie  en  faveur  des  peuples  ;  s'il  aimait  la  force ,  c'était  pour 
son  pouvoir  ;  les  croisades  pour  les  Idées  n'entraient  pas  daos  son  des- 
sein ;  il  pouvait  se  servir  des  Polonais  dans  ses  projets  de  conquête,  et 
deleurglorieuse  noblesse  pour  l'accompagner  àlaguerre,  la  faire  terer 
tout  entière  à  cheval ,  mais  il  ne  prenait  aucun  engagement  enven 
ce  peuple  brave  et  justement  fier  de  lui-même  ;  pour  lui  les  Polorais 
ne  furent  jamais  que  des  auxiliaires  formant  des  régiments  d'élite, 
dont  la  bravoure  senait  la  gloire  de  l'empereur,  et  rien  au  deiï;  il 
employait  leur  sang,  la  patrie  viendrait  ensuite  si  Dieu  le  permetlait. 
La  campagnedePrusse  n'était  pas  encore  commencéequeNapoléoir. 
invoquant  les  souvenirs  de  la  Pologne,  préparait  une  insurrection  qui 
pouvait  lui  être  si  utile  dans  cette  campagne.  La  police  à  ses  ordres 
inventa  une  proclamation  de  Kosciusko  aux  braves  enfants  delà 
Pologne  ',  Kosciusko  avoit  joué  un  si  grand  r61e  dans  l'iusurrection 

■  Mapolêm  hlMil  puUifr  de  Paris,  eous  la  dale  da  1"  novnnbre,  une  prel»ili» 


DiclzedbyGoOglC 


KAPOL^N   À  VABSOVK.  211 

de  1793,  SOD  Dom  était  retentissant  en  Pologne,  et  pouvait  réveiller 
rentbousiasme  de  ces  populations.  Dans  la  vérité ,  Kosciusko  s'avait 
faitaucane  démarche,  il  vivait  pai«ble,  recevant  une  pension  de  la 
Rosùe  &  laquelle  il  avait  juré  fidélité,  et  il  y  tenait  scrupuleusement  * . 
Tons  les  moyens  étaient  bons  h  l'empereur  pour  arriver  à  son  dessein 
d'insurrection  et  créer  une  sorte  de  Vendée  polonaise,  laquelle  ponr- 
rait  se  placer  sur  les  derrières  de  l'armée  russe  et  de  l'armée  prussienne 
opènuitsur  l'Elbe.  Après  léna,  et  quand  l'empereur  se  trouvait  encore 
i  Beriia  pour  méditer  sur  sa  campagne.  Il  fit  venir  de  l'Italie  et  de 
toas  les  points  où  ils  servaient  militairement,  les  officiers  polonais, 
afin  qu'ils  pussent  l'aider  dans  l'œuvre  d'une  insurrection  de  la  patrie  ; 
elle  lui  était  nécessaire  alors ,  et  il  fixa  pour  lien  de  rendez-vous  aux 
Polonais ,  Posen ,  la  première  station  désignée  pour  sa  compagne 
cmtre  les  Russes, 

Le  principal  instrument  qu'employa  Napoléon  fut  le  général 
Dombrowski,  qui  avait  servi  dans  les  guerres  de  la  révolution  et  qui 
vint  le  rejoindre  à  Berlin  ;  il  lui  adjoignit  Joseph  Wibinsky,  un  des 
représentants  inconnus  des  villes  libres  à  la  diète  de  1791  ;  Napoléon, 
uns  leur  dire  aucun  de  ses  desseins  réels  sur  la  Pologne,  leur  demanda 
de  s'adresser  à  leurs  compatriotes  pour  être  secondé  dans  la  campagne 
qui  allait  s'ouvrir  sur  le  territoire.  Dombrowski  consentit^  tout  et  Qt 
une  proclamation  déclamatoire  aux  Polonais  pour  grandir  et  glorifier 
l'empereor  *.  Napoléon  ne  prenait  aucun  engagement  formel,  le 

IcUn  de  Kosciusko  k  «ce  eomptlriotes  :  Kosciusko  la  désavoua  hautement;  il  Toulait 
âne  npabîiqne  polonaise  sans  Is  sonmctire  h  Napoléon;  c'étaii  l'ami  de  M.  dt 
Labyctie.  Voici  au  ratte  la  procUmalioD  inventée  par  la  police  : 

«  Kosciusko  se  rend  parmi  tous...  Ici  ce  ne  août  point  des  congnérants  avides.,. 
Polonais  I  la  grande  nation  est  devant  vous;Napoléon  vous  attrad  et  Kosciusko  vous 
ippclle...  Je  m'attache  à  vous  pour  ne  m'en  séparer  jamais.  Digne  du  grand  homme 
Boni  le  bras  est  étendu  vers  nous...  je  contribuerai  k  vous  relever...  Les  temps  do  la 
PoUgne  sont  revenus.,.  Nous  lomines  sous  l'égide  du  monarque  qui  dompte  le* 
diOcultcs  par  des  miracles,  n 

'  ■  Le  noble  Kosciusko,  fidèle  an  serment  qu'il  avait  prit*  k  feu  l'empereur  Paol, 
l'éUit  refusé,  dès  le  début  de  la  guerre,  aui  solliciutions  de  l'raipereur  des  Français, 
et  avait  méprisé  les  oSVes  brillantes  comme  les  menaces  de  ses  agents,  d 

(NotedeM.  deHardenberg.j 

*  Toiei  le  UM  de  celte  proclamation  fastueuse  : 
J«in-Benri  DimbrouiM,  giniral  de  dicitioa,  décoré  du  Grand-Àislt  de  la  Légion 
■    flumnnirreommandtUT  deVordreroyaldtUt  couronné  d»  f«T;JoiephWAiruky, 

TtpntentatU  dtt  vilUt  iibru  à  la  diite  de  1791  ; 

>  Polonais,  Napoléon  le  Grand,  l'invincible,  entre  en  Pologne  avec  une  aimée  d« 


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343  LES  BDHH,  I^  MIMm. 

général  disait  :  k  Que  l'empereur  it'avuiçait  avec  dOOf-OûO  hommes; 
les  Potonabdevaient  bien  mériter  de  sa  magoanimité  pour  attirer  sw 
<iu  sa  protection  auguste.  A  Posen,  on  jugeraitsi  les PoloDaii étaient 
une  Dation  digne  de  l'être.  »  Dombrovakî  les  invitait  donc  à  accourir 
vers  Napoléon  comme  les  eofauts  vers  leur  père ,  et  on  Termit  alon 
la  Pologne  renaître  i  son  ancîeDDe  sfriendeur  ;  des  mîrades  se  teaient 
sous  l'égide  du  grand  Napoléon. 

A  Poses ,  l'empereur  réunit  en  effet  beaucoup  de  PoIodmi  aalooi 
de  lui;  les  caressant  par  l'amour-pn^tre.  il  leur  fit  espérer  la  fatrie, 
«t  les  engagea  à  combattre  vigoureusement.  Le  but  priDtàpd  ^t  la 
guerre  ;  «près  on  vecrait  bieo  de  les  constiUier  en  nation,  s'iU  le  méri- 
taient ;  l'empereur,  alors  txès-ifféoccupé  de  l'état  moral  de  son  année, 
jpouvait  être  inquiet  de  son  avenir  ;  il  avait  vaincu  les  Frussicos  avec 
une  grande  activité  ;  la  victoire  avait  couronné  ses  aigles ,  l'année  se 
fortifiait  chaque  jour,  tous  ces  faits  étaient  incontestabUs  ;  os  vaut 
de  signer  à  Posui  un  traité  déOettif  avec  la  Saxe;  le  roi  entrait  éui 
la  courédératien  du  Bhiii,  et  promettait  son  contingent  de  valeureux 
.-soldats  *  ;  mais  un  sentiment  d'inquiétude  et  de  fatigue  se  a 


3W,0QI>  hoDHDCs.  fisDS  muleir  approftndir  ks  n^BtirM  de  Me  tuw,  tidieiM  il 


»  Je  verni,  nous  a-l-il  dit,  je  verni  si  vous  méritez  i'&ite  unenatioD.  Jem'n 
vais  i  Posen  ;  c'est  là  que  mes  premières  idées  se  formeront  sur  votre  compte. 

»  Poloaaîsl  il  dépend  éonc  de  ««us  d'eiisier  M  d'avoir  une  patris  ;  vHreveqtw, 
votre  créateur  est  11. 

i>  Aceoureideiottscjnéaeiidewnt  delwi,  comtBeactwwwit  lese^aMiéjdatési 
l'apperhioB  de  leur  père.  Apportez^ul  vos  cawrs ,  vos  bras,  jigiseï,  «t  pronvei4u 
que  vous  âtes  prêts  A  verser  votre  sang  pour  iiocMHvertairefatrtB.  Ilstitqne  vsu 
4t«e  disarméa,  H  tous  fouroirs  des-uawe. 

■  Et  vous ,  Folonais ,  forcés  par  dos  oppTCBaears  de  cembattrc  poai  emi  et  coati* 
Toire  propre  iotérét,  veoeit  IlalUei-voussoaslesdr«|>eauideBoiM  pairie. 

■  BienMl  Kosciosko,  app^é  par  Hapolton  le  Gtand,  vous  pcdeca  far  ses  orbw. 
Sn  attendant  recevea  m  gafc  de  ea  haute  proteetiMi.  Beuvenei'Vow  sue  la  pracfc- 
malioD  par  laquelle  on  vous  appela  pour  former  des  légiooB  «o  baliene  voosapai 
trshis;cesont  ces  légions  qui,  méhianl  les  suffrages  de  l'iavinctble  héros  del'EU' 
Tope,  lui  ont  donné  )c  premier  indice  de  l'esprit  el  du  caractère  polonais. 

B  Fait  au  quarUer  impérial  de  Beiiin,  ce  3  oOTembre  1886. 

B    DOHBROWSKI,    WlBIKSXT.  » 

^  Traili  dt  paix  rijn^  à  Potta  U  11  d^camire  1806,  «ntra  la  FratuM  M  la  SoM. 

Art.  1.  A  compter  de  la  signature  du  préscol  traité,  il  f  aura  paie  «t  amitié  fcr- 
failccntreS.  M.  l'empereur  d«sFraD(ais,  roi  d'Italie,  et  la  confedéraUoo  dvKhiii, 
d'une  part  ;  et  S.  A.  S.  l'électeur  de  Saie. 

AjI,  i.  è.  A.  i.  B.  accède  au  traité  de  confédération  el  d'alliasca  conclu  àPaiit,  le 


îdbyGoOgIc 


KAPoiiQK  A  rÀMSOva.  343 

dtas  lei  rangs;  oo  marchait  en  plcia  mois  de  décembre  soos  un  ciel 
suHBoleil;  la  gelée  n'était  pas  venue,  les  chemins  étaient  aCTreux, 
couverte  de  boue ,  la  pluie  presque  toujours  battante  ;  on  quittait  la 
beiu  pays  d'Allemagne  pour  se  concentrer  dans  les  marais  de  U 
Pologne;  l'artillerie  s'embourbait,  la  pluie  tombait  par  twreQts  aa 
«lieu  de  ces  longues  colonnes  déniant  mornes  et  silencieuses  sur  les 
routes  défoncées  ;  l'eau  fouettait  d^uis  un  mois  le  visage  basané  des 
grenadiers  :  le  manque  de  vivres ,  cette  langue  qu'on  ne  comprenait 

iSjuillK  de  la  présenle  année,  ci  jwr  son  accwsioo  elle  entre  dans  toata  les  obli- 
gitîMisderiIliance  delà  même  miDitre  que  sî  ene  eOt  été  partie  principale  contrac* 
unie  eadit  traité. 

An.  3.  S.A.  S.  "E.  pmtin  le  titre  de  roi,  «t  riégcni  daas  le  coU^  etau  tug  in 
nii,  fuivant  l'ordre  de  son  inlroduction. 

An.  t,  11  ne  pourra,  sans  le  consentement  préalable  de  la  eonfédératlon  du  Rhin, 
dnsnican  cas  «t  pour  quelque  cause  que  ce  sett,  donner  passage  par  h  njenme  At 
Sntà  iBCoM  tt«it^  i  aucMi  corps  ««  ditKbeinnt  4e  tMiipea  d'ancMM  puftMSW 
KfiBSère  k  ladibe  conliédénUon. 

Art.  B.  Les  1  eis  el  aclcs  qui  dnLerroincnt  le  droit  réciproque  des  dirers  cullea 
«taUis  en  Anemagne,  ayant  été  abolis  par  l'elfet  de  la  dissolution  de  l'ancien  corpt 
IMBatriqne,  et  B'étaM pas  4'ailtevrs  comptlttiles  avec ke principes  ««rlwfMlalii 
endedéntien  •  été  forme,  l'eierdce  du  culte  cMfcoliqiie  wra ,  dans  h  totalité  du 
rajannedeSaiB,  pleinement  assimilé  i  l'oercke  du  culte  luthérien,  et  les  sujets 
des  deni  rdlgîons,  jouiront,  sans  restriction,  des  mîmes  droits  civils  et  poBtlqoes, 
S.  H.  l'anpereur  et  roi  faisant  une  condition  particulière  de  cet  objet- 
Art.  S- 9.  U.  l'empereur  dto  Français,  rai  d'Italie,  s'enga^àfairecéderiS.  H.le 
roi  deSeie,  par  le  futur  traité  de  ptisavec  laPrasscle  KoUwsBer-Creiss,  ou  cerde 
daleibw. 

Art.  1.  S.  II.  le  roi  de  Saxe  cède  au  priaee  qni  sera  désigné  far  8.  U.  reapMtar 
dts  Français,  roi  d'Italie,  et  daas  la  partie  de  la  Thartnge  sitvée  entre  le«  pitac^ièatés 
d'Bichsftjd  et  d'Erfarib ,  un  territoire  égal  en  rapport  et  en  poputatMB  A  odui  4w 
nrdc  de  Kotbits;  lequel  terriuirc  servMt  k  lier  lesdtles  priAcipautéi,  Mnposaéàé 
parledil  prince  en  toute  propriété  et  souveniaeté.  l>esliimieade  ce  territoire  lerut 
filées  par  dea  coMttissaires  respectivement  «•«nés  1  cet  efet,  ÎNmédiatameat  apcés 
TMaà^  des  ntifieaiiODS. 

An.  fl.  Le  coatiagent  du  rejanme  de  Saie,  poui  le  eas  de  guerre,  Hn  4« 
WiMShaniKea,  de  loatee  armes,  préeais  bom  les  annea. 

An.  9.  Four  la  présente  campagne,  et  m  les  événemeats -qui  ont  eu  lien,  k 
MWiBgcM  Am  rofiune  de  Sau  een  de  1,0M  tionimes  de  cavalerie,  1,300  koHotea 
d'inbnterie.  300  Iwwimes  d'artillerie  et  d«aze  pièces  de  canon. 

Ar.  10.  Tonte  coBtribntlon  cessera  du  naonMst  de  la  slgaataK  du  frtami 
traité. 

An.  U.  Le  présMH  tr^té  sera  ratifté,  et  les  ratifications  es  feront  khtio^  k. 
Bresde,  dans  le  délai  de  huit  joars. 

Fait  k  Peecn,  le  11  dn  noLs  de  déeesibre  de  l'année  ISOft. 

Signé  :  le  coBle  Ckuu.»  m  Bmmu, 
Micm.  Btnwc^ 


DiclzedbyGoOglC 


âl4  LES  KDSSBS,  LA  POLOGITE. 

pas,  ces  villages  à  l'aspect  triste,  tout  cela  serrait  les  cœurs.  Le  soldat 
même  de  la  vieille  garde  murmurait ,  et  c'est  de  cette  campagne  de 
Pologne  qu'est  venu  le  mot  traditionnel  de  grognard  donné  aus  vieus 
prétoriens  qui  servaient  Napoléon  depuis  dis  ans,  et  mouraient  pour 
lai  avec  Berté.  Ceux-là  avaient  le  privilège  de  dire  leurs  plaintes  en 
termes  énergiques ,  et  Napoléon  se  gardait  bien  de  punir  ces  vieilles 
moustaches  au  milieu  des  privations  de  la  campagne.  Souvent  on  le 
voyait  à  la  tète  des  colonnes  en  marche ,  la  pluie  dégouttant  sur  son 
chapeau  déformé ,  mangeant  du  pain  noir  comme  eux ,  couchant  au 
bivac  comme  eux  ;  ses  soldats  lui  disaient  des  moU  d'une  dure  frui- 
cbise  :  Quel  pays  !  quel  ciel  I  quelle  terre  I  où  allait-on  ? 

La  tristesse  assombrissait  le  visage  de  ces  vieux  soldats;  arrivé  à 
Posen,  Napoléon  dut  rdever  le  moral  de  l'armée,  et  à  cette  oeuvre  il 
s'y  entendait  grandement.  Il  Qt  annoncer,  dans  une  de  ses  proclama- 
tions à  la  manière  antique  :  «  Que  bientôt  ou  trouverait  les  Rosses 
pour  les  combattre  et  les  vaincre.  »  Quand  l'empereur  voyait  le  sol- 
dat bien  démoralisé,  il  lui  promettait  la  victoire,  et  ce  moyen,  tou- 
jours efficace,  ramenait  une  ardeur  puissante  et  vigoureuse  dans 
l'&me  de  ces  glorieux  enfants  qui  couraient  h  la  conquête  sons  les 
yeux  de  leur  empereur  *.  Des  gratîBcations  extraordinaires  fuieot 

*  Proclamatitm, 

«  Au  quartier  général  {mpérial,  à  Posen,  le  2  décembre  1806. 

>  Soldats,  il  7  a  aujourd'hui  un  an,  k  cette  heure  même,  que  tous  éiiei  sur  le 
cbamp  mémorable  d'Ansterlitz.  Les  baiaiUoDS  russes  épouYantés  fuyaient  en  déntuu, 
ou,  euveloppéa ,  Tendaient  les  armes  k  leurs  Tainqueurs.  Le  leudemaln ,  ib  firtat 
entendre  des  paroles  de  paii;  mais  elles  étaient  IrompeuEcs.  A  peine  ôcbappéspar 
l'effet  d'une  générosité  peut-être  condamnable,  aui  désastres  de  la  troisième  coililitg, 
Usen  ont  ourdi  une  quatrième.  Mais  l'allié  sur  la  lactique  duquel  ils  fondaim  kar 
principale  espérance  n'est  déjà  plus.  Ses  places  Tortes,  ses  capitales,  ses  magt^M, 
tes  arsenaux,  deux  cent  quatre-vingts  drapeaui,  sept  cents  pièces  de  bataille,  cinq 
grandes  places  de  guerre  sont  en  notre  pouvoir.  L'Oder,  la  Wartha,  les  déserts  delà 
Pologne,  les  mauvais  temps  de  la  saison  n'ont  pu  TOUS  arrfter  un  moment,  Vousavet 
tout  bravé,  tout  surmonté  ;  tout  a  fui  i  votre  approche. 

»  C'est  en  vain  que  les  Busses  ont  voulu  défendre  la  capitale  de  celle  ancienne  <i 
illustre  Pologne  ;  l'aigle  buicaise  plane  sur  la  Vistute.  Le  biave  et  infortuné  Tnïo- 
nais,  en  tous  vojaut,  croit  revoir  les  légions  de  Sobieski  de  retour  de  leur  mémorable 
npédition. 

B  Soldais,  nous  ne  déposerons  point  les  armes  que  la  paii  générale  n'ait  aOïnni 
et  etsurf  la  puissance  de  nos  alliée,  n'ait  restitué  i  notro  commerce  sa  liberté  et  st* 
colonies.  Nous  avons  conquis  sur  l'Elbe  et  l'Oder,  Fondichcry,  nos  établissement 
des  tndcs ,  le  cap  de  Bonne-Espérance  et  les  colonies  espagnoles.  Qui  donnerait  le 
droit  de  faire  espérer  aux  Busses  de  txltiicer  les  destins  ?  Qui  leur  dmaer^^it  le  dreit 


îdbyGoOgIc 


MAFOliOIf   À   VASSOTIB.  2i5 

distribuées  comme  encouragement  ;  les  maréchaux  reçurent  jusqu'à 
10,000  fr.  par  mois,  et  jusqu'aux  sous-lteuteuants  tous  obtinrent 
double  paye.  Enfin,  par  on  décret  impérial,  le  souvenir  de  la  graade 
année  dut  être  perpétué  jusqu'à  la  postérité  la  plus  reculée. 

Voici  quel  fut  le  ^gantesque  projet  de  Napoléon,  rêvé  dans  une 
de  ses  nuits  de  la  lente.  Sur  une  des  grandes  places  de  Paris,  on  élè- 
verait un  temple  i  la  Gloire  ;  après  Austerlitz,  une  colonne  triom- 
phale avait  été  décrétée  à  la  manière  des  Romains  ;  après  la  cam- 
pagne de  Prusse,  ce  fut  un  temple  dédié  au  souvenir  de  tant  de 
braves  qui  se  dévouaieut  à  la  patrie  et  à  la  fortune  de  leur  souverain. 
Ce  temple  aurait  son  portique,  ses  colonnades  de  marbre,  comme  le 
Parthéoon  d'Athènes;  dans  son  enceinte,  seraient  représentés  tous 
tes  beaux  faits  d'&rmes  de  fiers  et  braves  soldats.  Des  statues,  œuvres 
des  grands  maîtres,  en  marbre  blanc,  devaient  être  consacrées  i 
chaque  maréchal  chef  de  corps  ;  les  généraux  seraient  représentés 
sur  des  bas-reliefs  de  grandeur  naturelle  à  la  tète  de  leurs  divisions, 
les  colonels  k  la  faco  de  leurs  régiments,  et  les  noms  des  officiers  et 
des  soldats  devraient  être  inscrits  en  lettres  d'or  sur  des  tables  de 
marbre  noir  et  blanc.  Celte  idée  si  grandiose  serait-elle  eicécutée? 
Le  temps,  ce  mattre  implacable,  permettrait-il  de  réaliser  une  pensée 
d'art  si  mAIe,  si  romaine?  Gomme  toutes  les  œuvres  trop  grandes* 
peu  se  finissaient  ;  conçus  sur  un  trop  vaste  plan,  l'empereur  n'avait 
ni  le  loisir  ni  les  forces  nécessaires  pour  exécuter  ces  immenses  pro- 
jets, décrétés  comme  la  foudre  pour  relever  l'enthousiasme  du  bivoc 
le  lendemain  d'une  bataille  '. 

de  renTerser  de  ei  justes  desseiiiBf  Eux  et  naos  ne  sommes-novs  pts  lee  soldiU 
d'AnsCcrlibT 

>  Signé  :  Napoléon,  b 
■  Orindujottr. 

■  Do  notre  camp  impérial  de  Posen,  le  S  décembre  1806. 
•  Nipoléaii,  empereur  des  Fraotds  et  roi  d'Italie,  tToiudétriié  et  décritoosea 
qui  suit  : 

>  Art.  1".  Il  sera  établi  sur  l'emplacement  de  la  Madelainc  de  noire  bonne  vïlla 
de  Paris,  aux  (Me  du  trésor  de  doItc  couroone,  on  monument  dédié  à  lagnndo 
amét,  poriaot  sut  li  frontispice  :  L'Empvrtur  NapoUon  aux  loldau  d»  ta  grande 

>  Art.  3.  Dans  l'intérieur  du  monnmenl  seront  Inscrits,  snr  des  tsbJM  de  marbre, 
les  noms  de  tons  les  hommes  par  corps  d'armée  et  par  régiment  qui  ont  assisté  eus 
bouilles  dlJIm ,  d'Austerliiz  et  d'Iéna  ;  et  sur  des  tables  d'or  massif,  les  noms  do 
lous  tetii  qai  sont  moils  sur  les  champs  de  bataille.  Sur  des  tables  d'a^eoi  sera 


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â4<i  LU  Roa«a ,  u  pouoen. 

Depuis  l'apparition  da  Buases  les  <q>ératioiu  militaires  prirent  un 
isanctëre  plus  opini&tre  ;  ob  evançait  avec  précautioD,  les  flaocade 
l'année  étaient  entourés  de  nuées  de  Cosaques  qui  s'empanùrat  dei 
officiers  et  des  dépêches.  L'enqwreur  faisait  insuUeT  dus  sa  boHe* 
tins  ce  qu'il  appelait  une  méprisable  caTalerie  ;  cela  pwivoit  être  ^Tti, 
fit  pourtant,  cavaliers  hardis,  tumultueux,  les  Cosaques  faïaiieDt 
beaucoup  de  mal  À  l'armée;  ils  chargeaient  en  poussant  des  hautra! 
On  n'était  point  encore  habitué  à  ces  coups  de  lance,  dirigés  d'uBC 
ntaio  de  fer;  les  CoasqueB  s'emparaient  des  convois,  de  l'artillerie, 

gravée  la  récepltulalion,  par  dtjwriMiieiit,  du  aoldtu  que  cbaqa*  diptnemeUt 
founilB  i  la  gruide  armée. 

B  An.  3.  Àulout  de  la  salle  seront  sculpUs  dei  hts-rdicfa  oli  seront  repr^ntfa 
les  colonels  de  chacun  desr^imenis  delà  grande  arniée,  avec  leurs  noms.  Cnbu- 
nlieb  Eeroni  faits  de  manière  que  ks  colonela  eotent  groupés  aalour  de  lenrefteé- 
nux  de  div[sioD  ei  de  brigade  par  corps  d'année.  L«a  statues  eu  mtriire  d«s  bm6- 
cbaui  qui  ont  conmandé  des  corps,  ou  qui  ont  fait  partie  de  la  grande  année,  Moai 
placée  daos  l'intérieur  de  la  salle. 

■  Art.  4.  Les  armures,  statues,  mon  umenis  de  toute  espèce  enkvés  par  h  grult 
année  dans  les  deua  campagnes;  lei  draptani,  étendards  et  tiinbalet  conqaUpvli 
grande  armée,  avec  les  noms  des  rameau  enDemis  luiquels  Ua  «(^rienuml,  McoU 
déposés  dans  l'intérieur  du  monument. 

D  Art.  S.  Tous  les  ans ,  aui  aunlversaires  des  balsllles  d'AusIcrlIti  el  dléaa,  Il 
tHonoment  sera  illuminé  et  il  sera  donné  un  concert,  précédé  d'un  discoun  sor  les 
V«nns  nécessaires  au  soldai,  el  d'un  éloge  de  ceux  qui  périrent  sur  la  cbaiaf  i» 
bataille  dans  ces  journées  mémorables.  Un  mois  aranl,  un  concours  sera  outert  pour 
recevoir  In  mci  Heure  pièce  de  musique  analogue  aui  circonstances.  Une  médaille  d'or 
«le  cent  cinquante  doubles  napoléons  sera  donnée  aui  auteurs  de  ebacune  de  CE: 
pièces  qui  auront  remporté  le  prix.  Dans  les  discoun  et  od«s  il  est  aiprcGaénnl 
défendu  de  faire  aucune  mention  de  l'empereur. 

■  Art.  6,  Notre  ministre  de  rintcrieur  ouïrira  sans  délai  un  concours  d'archiwc- 
ture  pour  choisir  le  meilleur  projet  pour  l'eiécuiien  de  ce  monument.  Une  des  rav- 
«liiiODS  du  prospeclus  sera  de  conserver  la  partie  du  bttiment  de  la  Madeiaine,  qai 
viisie  aujourd'hui,  et  que  la  dépense  ne  dépasse  pas  3,000,000.  Une  commis^on  de 
la  classe  des  beaui-arts  de  noire  Institut  aéra  ehaigée  de  faire  ud  rapport  i  mIk 
ministre  de  rintcrieur,  avanile  mois  de  mars  1B07,  sur  les  projets  soumis  au  nn- 
«0 un.  Les  travaux  commenceront  le  1"  mai  et  devront  élreaclievés  avant  l'aBlSM, 
Kotre  ministre  de  l'inlcrieur  sera  chargé  de  tous  les  détails  relatifs  k  la  constniction 
du  monument,  et  le  directeur  général  de  nos  musées,  de  tous  les  détails  des  bat- 
reliefs,  statues  et  tablcaui. 

u  Art.  7.  Il  sera  acheté  100,000  francs  de  ^nte  en  inscription  sur  le  grand-Irne, 
|Mur  sertir  k  la  dotation  du  monument,  et  à  son  entretien  annuel. 

*  Art.  8.  Une  fois  le  monument  construit,  le  grand  conseil  de  la  Légion  d'boB- 
Mur  sera  spécialement  chargé  de  ta  garde,  de  sa  conservation  el  de  tout  ce  qoi  tsi 
relalif  au  concours  annuel. 

■  Stgni.-KxvpLtoa.» 


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KAVOliOH    A   VAmSOV».  U7 

des  muDÏtiODS  ;  l'aide  de  camp  Philippe  de  Skgax,  tut-mème.  fut 
enlevé  par  un  pluck  de  celte  cavalerie  active  et  légère  ;  les  ejf  rad- 
iions méprisantes  de  l'empereur  indiquent  souvent  toute  la  colère 
qu'il  éprouva  à  l'aspect  de  ces  Tartares,  à  la  Hguie  étrange,  qui  n 
déployaient  en  campagne;  les  Cosaques  étaient  dangereux  surtout, 
parce  qu'ils  n'avaient  pas  les  mêmes  besoins  que  les  soldats  réguliers  ; 
ils  couchaient  dans  la  hoxte,  sur  la  terre  gelée,  aux  pieds  de  leur 
cheval,  avec  le  même  charme  qu'un  soldat  dans  uu  lit  de  gamisoo  ; 
pour  eux  la  nourriture  la  plus  simple  est  suffisante,  un  peu  de  mau 
broyé  et  détrempé  dans  l'eau,  voilà  leur  vie  ;  c'était  l'Arabe  du  Nord. 

L'empereur  pressa  le  mouvement  en  avant,  et  après  quelques 
échanges  de  balles  et  de  boulets,  il  porta  son  quartier  général  à  Var- 
sovie. Le  cri  de  l'armée  était  alors  le  repos  ;  le  découragement  était 
venu  ;  les  vivres  manquaient,  les  vents  violents  brisaient  les  tentes 
et  rendaient  le  terrain  impraticable  ;  une  boue  noire  couvrait  toutes 
les  routes,  l'artillerie  mettait  une  journée  pour  faire  une  lieae,  les 
caissons  et  les  pièces  restaient  embourbés,  la  faim  brisait  les  entrailles 
du  soldat  ;  triste  spectacle  que  ces  plaines  de  Pologne,  ces  bords  de 
la  Vistule  s'étendent  comme  une  nappe  de  sable  noir,  fatal  linceul 
jeté  partout  sur  la  terre  ;  &  quelques  lieues  on  ne  voyait  que  boue  ; 
l'armée  comptait  presque  un  cinquième  de  malades  -,  Murât  était  au 
lit  avec  la  fièvre;  l'officier  était  pâle,  les  yeux  caves,  le  regard  sinistre; 
les  quartier  d'hiver  étaient  donc  indispensables,  et  Napoléon  résolut 
de  fixer  sa  cour  à  Vanovie,  pour  reprendre  au  printemps  le  mouvo- 
iQcnt  d'une  belle  campagne. 

Cette  cour  plénière  fit  dès  lors  contraste  avec  la  misère  de  ramée 
et  la  privation  des  camps  :  l'empereur  portait  tout  avec  lui,  jusqu'è 
sa  vaisselle  plate  ;  installé  dans  le  palais  des  vieux  rois  de  Pologne  k 
Varsovie,  il  se  montra,  comme  à  Saint-Cloud,  avec  son  faste  et  sa 
grandeur  impériale'.  La  nation  polonaise,  enthousiaste  des  Français, 

'  L'empereur  Ntpolcon  M  fit  campliisenier  k  Tanorie  par  U  nobiMM  polouiM 
«n  tcnnes  caihousiastes. 
Dwcouri  prononcé,  m  lalin.par  S,  Ext.  le  comte  BadiiMitAi/,  paUM»  d*  Gmim, 

ekêvalUrdu  onlrude  Pologtu,  priteitliàS.  M.  aotc  lu  HNaMind<(a(raii4t 

a  Tits-&ugasie,  Bériuissime  et  inTiaeible  emptieur  I 
n  Sire,  l'uniTcn  enlier  connaît  tos  eiploiu  et  vos  Iriomphtf. 
n  L'Occident  a  TU  le  premier  développementite  votre  génie* 
•  Le  Midi  fut  la  récompense  de  voa  travaux. 


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S48  us  SUSSES,  LA  POLOGHB. 

espérait  sa  nationalité  dans  ud  remaniemeut  général  de  l'Europe. 
Les  hantes  classes  de  Varsovie  accueillaient  partout  les  officiers  gèiié- 
raux  :  il  règne  dans  ces  salons  un  ton  parfait,  ane  science  qui  s'hâta 
Jusqu'aux  femmes  ;  l'éducation  est  iuGniment  soignée,  les  manières 
choisies  ;  la  présence  de  brillants  officiers  anima  tous  ces  salons  qd 
peu  déserts  depuis  le  triste  partage  ;  Napoléon  recevait  chaque  soir  ; 
deux  fois  par  semaine  il  donnait  des  concerts  avec  la  même  m^i&- 
cence  qu'à  Paris  ;  on  parla  beaucoup  alors  [car  il  y  avait  des  courU- 
sans  pour  toutes  choses]  d'une  passion  née  dans  le  cœur  de  l'homme 
qui  n'avait  d'autre  amour  que  la  gloire  ;  celle-ci  fut  assez  publiqae 
pour  provoquer  tous  les  petits  partages  du  palais  et  les  révélatioas  de 
Talt;is  de  chambre  ;  l'empereur  ent  une  favorite,  comme  Louis  XV, 
Il  vécut  avec  elle  ;  le  vatet  de  chambre  Constant  les  servait  tousdeu 
&  leur  lever  dans  sa  propre  chambre  à  coucher,  et  ce  scandale  d'aSai- 
blissement  et  de  torpeur  morale.  Napoléon  le  donna  pendant  tant 
son  séjour  k  Varsovie  *.  Il  correspondait  soigneusement  avec  Jos6- 

■  L'Orimt,  ptr  vous,  est  deveDu  an  objeL  d'admlntion. 

■  LeNord  Ecrt  le  terme  de  vos  glorieuses  vifloires. 

i>  La  Dttion  polomlM,  qui  tti  comprise  dins  ses  limites,  vous  salue,  pu  nw 
organe,  voua  faonon  et  vous  lérire  comme  soD  libérateur. 

u  Avc«bien  pins  de  raison  que  lesutclensRomsiasledisaiCDt  de  leursanpCRars, 
Mus  ei  notra  postérité  nous  E«ronB  fondés  h  dire  ; 

«  Lo  grand  empereur  Napoléon  I"  a  paru  sur  la  surface  de  la  terre,  aia,âi 
vaincu  l'uniTcra. 

>  La  nation  polonaise  présente  devant  V.  M.,  ([émissanio  rncore  sous  le  joug  dei 
nationsgcrmaniqaes,  prie  humblement  et  implore,  parlatoiid'un  desesséoatHti, 
le  Irès-augnste,  lesérénissime  empereur  Napoléon,  notre  ttis-grecieux  seigneur,  qu'il 
daigne  faire  renaître  la  Pologne  de  ses  cendres,  a 

'  Le  témoignage  du  valet  de  cbsmbre  Constant  indique  le  situation  affaiblie  ill 
l'empeieur  et  la  cgmplaiuince  déplus  d'un  eourtisao. 

■  A.  Varsovie,  DUS.  H.  passa  tout  le  mois  de  janvier  1807,  elle  babitail  le  graaJ 
palais.  La  noblesse  polonaise,  empressée  i  lai  hirelacour,  lui  donnait  des  (cUs 
niBgiiiGques,  des  bats  Irfts-farillanls,  auxquels  assistait  tout  ce  que  Varsovie  mfa- 
miit  i  cette  époqne  de  riche  et  de  distingué.  Dans  une  de  ces  réunions,  l'enipnesr 

remarqua  une  jeune  Polonaise,  madune  V ,  Igéede  22  ans,  et  nouvellemaU 

roarièe  i  un  vieux  noble,  d'humeur  séTèrc,  de  mmirs  extiAmemenl  rigides ,  plof 
amoureux  de  ses  titres  que  de  sa  Temme,  qu'il  aimait  pourtant  beaucoup,  mais  dont, 
en  reranehe,  il  était  plus  respecté  qu'aimé.  L'empereur  vit  celte  dame  avec  plaisir, 
et  se  sentit  entraîné  vers  elle  tu  premier  coup  d'ceil.  Elle  était  blonde,  elle  avait  if 
jeui  bleus  et  la  peau  d'une  blancheur  éblouissante;  elle  n'était  pas  ^nde,  niU 
parfaitemcot  bien  faite  et  d'une  tournure  charmante.  L'empereur  s'élant  approdie 
d'elle,  entama  aussilOtune  conTcrsation  qu'elle  soutint  avec  beaucoup  de  grice  tl 
d'ttprlt,  laissant  voir  qu'elle  avait  rec<itine  brillante  éducation.  Uue  teinte  l^èredt 


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NAPOLÉO:!  A   VABSOTIB.  249' 

|iUm,  il  r^Kît  dans  ses  lettres  une  certaine  confiance  et  un  aban* 
don  ;  il  voulait  peut-être  se  faire  pardonner  ;  toat  fut  public  et  le» 
complaisants  ne  manquèrent  pas.  Il  résulta  de  cette  situation  une 
iQollease  dans  les  idées  de  l'emperenr;  à  Varsovie  il  n'est  plus  le 
même  ;  le  repos  lui  devimt  nécessaire  ;  il  manifeste  un  décourage- 
ment dont  les  Russes  surent  profiter  un  peu  plus  tard  à  Prussiscli- 
Eylau,  surprise  sanglante  après  le  séjour  de  Varsovie,  la  Capoue  da 
nouvel  Annibal. 

D'après  les  ordres  de  l'empereur,  le  travail  gouvernemental  de 
Paris  était  régulièrement  envoyé  au  quartier  général  de  Varsovie, 
tm  auditeur  l'apportait  dans  une  voiture  de  poste  ;  chaque  porte- 
feuille ministériel  était  déposé  dans  le  cabiaet  ;  le  voyage  de  l'audi- 
teor  se  faisait  à  trois  ou  quatre  lieues  l'heure  ;  que  le  messager  fAt 
souffrant  et  malade,  peu  importait,  il  n'était  qu'un  coun-ier,  un  die- 
val  de  poste  même  ;  les  portefenilles  étaient  ouverts  par  H.  Maret, 
préparés  en  quelques  heures  et  signés  par  l'empereur  qui  voulait 

■tétancolie  rèpendne  sar  toute  sa  penoDoe  U  rendaii  plus  sAdalunle  cocora.  8.  H. 
cnit  voir  tn  elle  une  femme  ncriflée,  malheureuse  en  ménage,  et  l'iDiérêtqueceKe 
Ué»  loi  inspira  le  rendit  plus  amoureux,  plus  passionné  que  jamais  il  ne  l'avait  iii 
pour  aucune  remme.  Elle  dnt  s'eu  apercevoir. 

B  Le  lendemain  du  bal.rcmpereurmeparut  dans  une  agitation  inaccoutumée.  Il 
M  lerail,  marcliait,  s'asseyait  et  so  relevait  de  nouveauj  je  croyais  ne  pouvoir  jamais 
veoiràboaldese  toilette  ce  jour-là.  Aussitôt  après  son  déjeuner  il  donna  missinD  i 
un  grand  personnage  que  je  ne  nommerai  pas,  d'aller  de  sa  part  rendre  une  visite  k 

nadame  V ,  et  de  lui  présenter  ses  hommages  et  ses  vonix.  Elle  refusa  fièrement 

des  proposiUons  trop  brusques  pcut-^tre,  ou  que  peut-être  aussi  la  coquetterie  nstu- 
rdle  k  toutes  les  femmes  lui  caramandait  de  repousser.  Le  héros  lui  avait  plu  ;  l'idée 
d'un  amant  tout  resplendissant  de  puissance  et  de  gloire  fermentait  sans  doute  avec 
violence  dans  sa  tète,  mais  jamais  elle  n'avait  eu  l'idée  de  se  livrer  ainsi  sans  ccra- 
bau  Le  grand  personnage  revint  tout  confus  et  bien  étonné  de  ne  pas  avoir  rénssi 
dans  sa  négociation.  Le  jour  d'après,  au  lever  de  l'empereur,  je  le  trouvai  encore 
préoccupé.  Il  ne  me  dit  pas  un  mot,  quoiqu'il  eût  l'habitude  de  me  parler.  Il  avait 

écrit  plusieurs  fois  la  veille  k  madame  V qui  no  lu)  avait  pas  répondu.  Son 

«IDOnr-propre  était  vivement  piqué  d'une  résistance  à  laquelle  on  ne  l'avail  pas  habi- 
tué. EoBnil  écrivit  tant  de  lettres,  et  si  tendres,  si  louchantes,  que  madame  V 

t-éàa.  Elle  consentit  à  venir  voit  l'empereur  le  soir  entre  dix  et  onie  heures.  Le  grand 
personnage  dont  j'ai  pailé  reçut  l'ordre  d'aller  la  prendre  en  voilure  dans  un  endroit 
dMgnc.  L'empereur,  en  l'attendant,  se  promenait  à  grands  pas,  et  témoignait  autant 

d'émotion  qne d'impatience;  k  chaque  instant  il  me  demandait  l'heure.  Madame V 

arriva  enSn,  mais  dans  quel  étal  1  pAIc,  muette  et  les  yeux  baignés  de  brmes.  Aussi- 
t61  qu'elle  parut,  jel'introduisisdansla  chambredcrcmpcreur;  elle  pouvait  èprliio 
»«  Eoulcnir  et  s'appuyait  en  tremblant  sur  mon  bras.  Quand  je  l'eus  fait  entrer,  je 
joc  retirai  avec  le  personnage  qui  l'avait  amenée.  Fendant  son  téle-è-l£to  avec  l'em- 


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550  1E8  BDS8BS  ,   LA   POLOGSB. 

gouverner  h  deux  cent  cinquante  lieues  des  frontières.  Cest  ce  qui 
créait  l'omnipotence  de  M.  Maret  ;  il  avait  des  notes  personnelles, 
des  amitiés,  des  répugnances  peu  réfléchies  et  vulgairement  appli- 
quées ;  rarement  le  travail  des  ministres  &  Paris  sur  les  choix  peison- 
nets  ou  administratifs  était  approuvé  par  fempereur.  M.  Maret  n'a- 
vait pas  une  capacité  a^ei  éminente  pour  ce  réie  ;  l'empereur  était 
aise  de  faire  autre  chose  que  ce  que  loi  indiquaient  ses  ministres  i 
département,  et  il  prenait  M.  Haret  comme  instrument  dans  et 
rAle;  quelquefois  ou  expédiait  deux  ou  trois  auditeurs  par  semaiae, 
et,  le  travail  fait,  chacun  d'eux  était  renvoyé  à  Paris  avec  la  mime 
promptitude.  Les  ministres  étaient  tout  étonnés  de  trouver  des 
changements  dans  leurs  portefeuilles  ;  ils  en  savaient  la  source,  et 
rarement  ils  étaient  en  bon  rapport  avec  le  secrétaire  d'État.  Et  com- 
ment voulait-on  que  M.  de  Talleyrand  ou  Fouché  ne  fussent  pas 
plus  qu'étonnés  de  subir  des  corrections  de  la  part  de  H.  Maret? 
Tous  deux  hommes  politiques,  à  vue  sérieuse  de  gouvernement  et  de 
diplomatie,  ils  ne  pouvaient  subir  ce  joug  d'une  capacité  très-con- 
testable ;  cette  position  leur  paraissait  intolérable,  ils  s'en  plaignaient 
dans  leur  correspondance. 

L'empereur  cependant  manda  M.  de  Talleyraod  de  Bo'lin  à  Yar- 
Bovie  :  depuis  le  commencement  de  Is  camp^^e,  le  minista«  i» 
relations  extérieures,  partisan  chaud  et  actif  de  la  paix  européenne, 
avait  néanmoins  subi  la  volonté  de  Napoléon ,  et  ceux  qui  appro- 
prient de  sa  personne  pouvaient  voir  que  M.  de  Tatlejrand  étnt 
très-affecté  des  dernières  mesures  de  l'empereur;  le  décret  de  Beriin 
Bar  le  blocus  de  l'Angleterre  lui  paraissait  un  acte  inconciliable  aver 
les  éléments  d'une  paix  nécessaire  k  l'Europe  ;  tes  mesures  iiriliDte» 
n'allaient  point  à  ses  idées;  il  voulait  profiter  de  ta  victoire,  matssaK 

pereur,  madame  T pleurait  et  sanglotait  tellement,  que,  malgré  la  disUiM.jt 

l'enieodais  de  manière  i  me  fendre  le  cour.  Il  est  probable  qoeduaceftaoït 
enlrelien  l'empereur  ne  put  rien  ohienir  d'elle.  Vers  deuï  heures  du  malin  9.  ■■ 

m'appela.  J'accourus  et  je  vis  sortir  madame  T le  mouchoir  sur  les  jetii  (> 

pleurant  encore  il  chaudes  larmes.  Elle  fut  recouduite  chez  elle  par  le  mtim  peiso"- 
DBgc.  Je  crus  bien  qu'elle  ne  reviendrait  pas. 
»  Deui  ou  trois  jours  après  néanmoins,  k  peu  pris  à  la  mèmt  heure  qae  la  ft*- 

mitre  fois,  madame  T revint  au  palais:  ^le  paraissait  plus  tranquille.  La  p'*' 

>iTe  émoUon  se  peignait  encore  sur  son  charmant  visage;  mais  ses  jeui  au  oHiia^ 
éMeui  secs  et  ses  joues  moins  plies.  Elle  se  relira  le  matin  d'assez  bonne  benrt  tt 
eoniiDUB  ses  villes  jusqu'au  moment  du  départ  de  l'cnipereuT.  e 

[Mémoires  de  Constant.) 


îdbyGoOgIc 


KAPOLÉON   À.  VASSOTIB.  S5} 

«xcè«.  Les  conditions  imposées  par  l'emperear  h  la  Prusse  loi  parais- 
nieat  un  mouvement  de  colère  irréfléchi  ;  il  avait  tout  signé,  tout 
q>prouTé  officiellement  ;  mais  le  ministre,  gardant  son  opinion  per- 
sonnelle, ne  pouvait  s'empêcher  de  bl&mer  cette  politique  inilesible  ; 
oàconduisaït-eUe  l'emperear  7  M.  de  Talleyrand  avait  pris  en  dégoût, 
comme  l'armée,  ia  terre  de  Pologne  ;  il  arrivait  h  Vanovie  par  l'invi- 
tation de  l'empereur,  et  dans  la  route  sa  voiture  s'était  cassée  ;  M.  de 
Tjrileynnd  resta  plus  de  douze  heures  dans  la  boue  noire  et  trempé 
de  plate,  et  on  peut  bien  s'imagiuerqne  lui,  l'homme  des  salons  et  de 
ta  vie  élégante,  dut  prendre  en  haine  cette  terre  maudite  du  ciel.  ]l 
renoavela  tous  ses  effOTta  pour  amener  un  traité  qui  devait  en  finir 
avec  tant  de  privations. 

A  voir  même  d'un  peu  près  la  sitnalion  de  l'empereur  k  Varsovie, 
eHe  n'offrait  aucun  principe  de  sécurité  ;  il  avait  traversé  la  Prusse, 
■ansdoote;  les  vieux  bataillons  de  Frédéric  avaient  fui  à  sa  présence; 
mais  airivé  &  la  Vistule,  l'empereur  avait  trouvé  de  plus  fermes  adver- 
siires  dans  les  Russes  :  ceui~lè  se  battaient  bien  ;  ils  opposaient  une 
rénstance  tenace  et  remarquablement  forte  aux  attaques  des  envahi»- 
aeim.  Dans  le  centre  de  l'Allemagne,  s'il  n'existait  plus  d'ennemis, 
il  se  fcHinait  des  partis  conduits  par  des  chefs,  tels  que  Schill  et  le 
prince  de  Brunswick-<S!ls;  en  cas  d'échec  sur  la  Vistule,  les  popu- 
lations se  levant  en  masse  contre  les  Français,  quelle  retraite  serait 
assurée  *  ?  On  n'était  pas  non  plus  sans  inquiétude  sur  l'Autridie. 
Le  traité  de  Presbourg  n'était  qu'une  trêve,  par  cela  seul  qu'il  restait 


'  Oa  commit  slois  des  crusuléa  Inouïes  ea  Allemagne.  Taie i  un  ordredu  jourde 
DsToust  : 

■  Les  babiluits do  village  de  Weidorff(kl'ciception  des  femmes,  desenflmisel 
dn  Tidlluds)  ont  él^  tous  ponts  de  mort.  Toos  cmi  qal  pourraient  Imiin  cen 
réfadlesterantiraités  delà  mtotemuit^.  Hais  en  [HmiusDi  aiec  U  plus  grand» 
rigueur  toutes  les  actions  contnires  au  droit  des  gens  cl  de  la  guerre,  on  pcomei 
sûreléetpraleclioni  tous  les  habitants  paisibles.  Habilants  de  la  Saie  I  laissez  aux 
miliUins  la  soin  de  terminer  les  diSéraida  qui  pourraient  subsister  entre  le«  demt 
Dations; sojet^ctaleurs  tranquilles  de»  combats,  et  ne  vous  en  mêlez  point,  puisque, 
d'apris  les  principes  tiablis  chei  tous  les  peuples  civilisés,  c'est  un  crime  qui  sa 
restera  jamais  impuni, 

>  Mobanrg,  le  10  octobre  1S06. 

»  D^Tooai.  • 

On  pillait  même  les  villes  libres. 

K  Les  villes  hanséaiiqucs,  Hambourg,  Brfme  et  Lubcck,  Tont  être 
coBtribntion  de  30  millions  de  firancs.  »  (Hambonrg,  30  novembre  1808  ) 


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M3  LES  BUSSES.  LA  POLOCRB. 

inOexible  ;  on  avait  tn^  exigé  du  cabinet  de  Vienoe  ;  il  devait  nUr 

la  première  circonstance  pour  repreodre  les  armes. 

Sous  prétexte  de  neutralité,  l'Autriche  avait  nioliiliBé  une  armée  de 
50,000  hommes  dans  la  Silésie.sur  le  flanc  droit  de  Napoléon  ;5up- 
posez  un  grand  revers  dans  l'armée  fraoçuse,  l'Autriche  lui  tnvtài 
barré  le  passage  sans  tenir  compte  du  traité  de  Presbourg  qui  l'anit 
trop  abaissée.  Le  baron  de  Vincent  était  arrivé  à  Varsovie  comn» 
envoyé  extraordinaire  auprès  de  Napoléon  et  pour  le  complimentef. 
Personne  n'était  plus  propre  que  lui  à  remplir  une  mission  tout  à  It 
fois  militaire  et  diplomatique;  le  baron  de  Vincent  appartenait  h  cette 
armée  intelligente  qui  suivait  avec  la  même  aptitude  les  opërationa 
stratégiques  et  les  négociations  de  cabinet  :  un  moment  destiné  à 
l'ambassade  de  Paris,  on  lai  préféra  M.  de  Hetternich.  Comme  on 
savait  que  Napoléon  lui  portait  une  estime  particulière,  on  l'eivoji 
sous  sa  tente,  car  là  réellement  se  négociaient  les  affaires.  Le  beron 
de  Vincent  dut  manifester  quelques  craintes  sur  la  tournure  des  opé- 
rations qui  semblaient  menacer  le  territoire  autrichiw  ;  ensuite, 
commell  était  question  de  créer  une  Pol<^e  indépendante,  le  cabinet 
de  Vienne  voulait  examiner»  cette  tentative  ne  s'étendrait  pas  h  11 
portion  de  la  Gallicie  échue  k  l'Autriche  dans  le  dernier  partage.  Sur 
ce  point,  le  baron  de  Vincent  était  chargé  de  demander  uue  explica- 
tion précise  ;  que  voulait  faire  l'empereur  Napoléon?  Allaït-il rec«i- 
Struire  le  royaume  de  Pologne  et,  en  enlevant  une  nouvelle.protitiœ 
àla  maison  d'Autriche,  agrandir  lessacriQces  déjà  imposés  par  le  trailé 
de  Pre^urg?  Napoléon  déclara  que  cela  était  si  peu  son  intealiou, 
«  qu'il  repoussait  avec  énergie  toutes  les  prières  et  tous  les  vœux  do 
seigneurs  polonais  ;  il  pourrait  disposer  de  la  Pologne  prussienne 
pour  en  faire  un  grand-duché  ;  mais  quant  aux  autres  portions  du 
partage ,  elles  resteraient  sous  la  domination  de  leurs  possesseuis 
actuels.  »  Si  cette  déclaration  ne  rassura  pas  complètement  te  baron 
de  Vincent,  au  moins  put-il  écrire  à  sa  cour  les  dispositions  sbaté- 
giques  des  Français  et  l'état  moral  de  cette  armée  qu'il  ne  crojûl 
pas  dans  une  position  militaire  très-favorable. 

Au  mois  de  décembre ,  l'armée  française ,  en  effet ,  était  dans  mt 
rituation  morale  toujours  plui  abattue.  Ce  commencement  d'hiver, 
sous  un  si  déplorable  climat ,  l'avait  frappée  d'un  indicible  malaise  ; 
pas  un  seul  jour  de  gelée,  des  monceaux  de  sable  ou  de  bouc,  peu  de 
vivres ,  presque  pas  de  pain.  De  1&  mille  actes  d'insubordination  ;  \a 


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HAPOUON   A  VABSOm.  SS3 

ewps  yagaaient  de  droite  et  de  gauche,  et  le  inaréclMl  Ne7  lol-nième, 
habitaellement  »  soumis  aux  vcriontés  de  l'empereur,  s'était  porté  en 
arant  mds  ordres,  pour  cberclier  des  vivres,  ou  soit,  comme  on  le  diti 
dans  un  dessein  plus  étendu  de  royauté  qui  s^nblait  préoccupw  plu 
d'un  maréchal  dans  la  Pol<^e.  La  politique  de  l'empereur  Mesult 
■onYent  ces  hmea  capitaines  soumis  à  sa  voix.  A  Naples,  en  HollandOi 
déjà  deux  princes  de  se  famille  avaient  été  nommés  rois ,  et  Jérdmft 
était  destiné  au  royaume  de  Westphalie.  Cette  p<4itique  égoïste,  si 
lavor^le  à  la  famille  de  Napoléon,  devait  déplaire  à  tous  cxt  glorienx 
maréchaux  exposant  chaque  jour  leur  vie  ;pourqao4  euxne  seraienUli 
pas  rois  ausû?  De  belles  conronnes  restaient  à  tresser,  pourquoi  ne 
pas  tes  distribuer,  par  un  principe  d'égalité,  aux  maréchaux  qui  ter- 
vaîent  sous  la  tente  ?  A  Berlin,  il  n'y  avait  plus  de  roi  ;  la  Pologne  ne 
demandait  pas  mieux  que  d'élire  pour  souverain  un  brillant  capltaloe  { 
Murât ,  Bemadotte ,  Soult ,  Ney,  Laones,  n'étiieat-ils  pas  digoei  de 
porter  un  sceptre?  Ne  valaient-ils  pas  un  frère  de  l'empereur,  IncoiiDii 
aux  vieux  bataillons,  général  imberbe  de  troisième  ordre? Le  manque 
de  vivres  et  ces  idées  de  royauté  jetaient  de  l'insubordination  dâna 
l'année.  Les  maréchaux  allaient  ci  et  là  sans  ordre,  afin  de  remporter 
des  avantages  sur  les  Busses,  pour  mériter  la  couronne  qu'un  peuple 
leur  donnerait  tét  ou  tard. 

Ney  surtout  s'était  porté  i  plus  de  vingt  lieuee  du  quartier  général^ 
avide  de  dire  peut-être:  «A  moi.  Polonais,  voici  votre  souverain.  & 
On  se  battit  sur  le  Bug,  sur  la  Wartha,  toujours  avec  un  certain 
désordre;  lesoldatétaitméconteatdemarcheraumilieudela  Pologne 
déserte  ;  l'empereur  fut  forcé  de  venir  au  milieu  d'eux,  toujours  i 
cheval,  et  ne  s'épai^nant  ni  à  la  boue,  ni  i  la  fatigue,  ni  aux  dangen  : 
aussi  les  soldats  l'accueiliaient-ils  avec  plaisir.  11  causait  avec  eux  i 
souvent  ils  lui  disaient  des*choses  les  plus  singulières;  un  jour  qu'il 
faisait  un  temps  affreux,  l'un  d'eux  s'écrit  :  a  11  faut  que  vous  ayet 
an  fameux  coup  dans  la  tête,  pour  nous  mener  sans  pain  par  des  ^le* 
mins  comme  ça.  o  L'empereur  répondit  :  «  Encore  quatre  jours  de 
patience,  et  je  ne  vous  demande  plus  rien  ;  alors  vous  serez  cantonnés.» 
Et  les  soldats  de  répondre  :  «  Allons ,  quatre  jours  encore  ;  eb  bien  ! 
ce  n'est  pas  trop,  mais  souveneir-vous-en ,  parce  que  nous  nous  can- 
tonnerons tout  seuls  après.  » 

Les  Russes,  parfaitement  instruits  de  tout  ce  qui  se  passait  i  Var- 
sovie, conaaissaient  l'ahoisseracnt  et  le  décousu  de  l'armée,  l'ambition 


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S34  LSI  BDSSBS  ,    LA   POLOCHl. 

il«t  mvéchaox,  l«  pénurie  des  vivres  ;  ils  s'aperçurent  de  tout  ceqallt 
pouvaient ea  tirer.  Toute  coap  le  général  Bennigsen  Uuo  meave- 
meot  rapide  pour  couper  l'aile  gauche  du  maréclul  Ney,  si  compromis. 
Bemidotte  vole  à  son  appui  et  le  sauve.  Le  général  Bennigseï  se  re- 
tonnie,  et,  par  no  mouvement  rapide  de  flanc  droit,  il  se  porte  sur  la 
route  de  Vaiwvie,  où  campait  le  corps  do  maréchal  Laones  sodteiHi 
d'une  division  du  maréchal  Davoust.  La  bataille  de  Pnltusk  s'eoga^ 
eorpa  k  corps  ;  eHe  fut  très-disputée,  il  7  eut  des  morte  par  miUien  ; 
l'artillerie  joua  peu  ;  tout  se  passa  entre  de  bons  soldats,  à  la  baïonnette  ; 
Ie«  aiglefl  f ucnt  de  part  ^  d'autre  enlevées ,  on  chanta  la  vicloîre 
dans  les  états,  camps  '  ;  Pultu^  fut  un  grand  carnage. 

La  même  jour  nouvel  engagement  entre  les  Russes,  avec  le  cône 
d'AugereaUjUne  partie  de  celui  de  Davoust  et  la  cavalerie  de  Mont- 
Journée  néfs^  encore  !  A  Pultudt  c'était  le  général  BenmgMn  en 
personne  ;  &  Golymln,  c'est  Boxhowden ,  remarquable  tacticien.  D  a 
enfoncé  tes  carrés  du  vî^l  Augereau  et  les  escadrons  de  Munt ,  » 
briUant  à  la  tête  de  la  cavalerie  ;  le  combat  fat  aus»  meurtrier  ;  des 
rangées  de  norls  tombèrent ,  et  l'ordre  fut  si  admirablement  ganlè 
de  part  et  d'autre  par  les  mourants,  qu'on  aurait  dit  qu'iladormaieot 
en  conservant  leurs  rangs,  comme  des  ombresdebout  sur  leur  s^mkre. 
Triste  et  sanglant  spectacle  qui  se  reproduit  dans  cette  campagne;  le* 
caps  avaient  agi  un  peu  à  l'aventure  comme  des  fourrageurs.  La  dis- 
cipline n'était  plus  régulière:  on  allait  an  hasard. 

De  t^  combats  signalaient  une  résistance  o[Mniàtre  ;  on  devvt 
mADoeurm'  en  face  des  Russes  avec  des  précautions  infinies;  infas- 


'  L'empereur  cmanenta  dora  son  arstime  de  loul  chaîner  en  Tktoiradiwl'' 
bnlletiiia  «t  de  labe  chaoïn  des  r«  Bnm  k  disque  moawnt.  C'était  od  ■»>](•  * 
poil-  : 

BM.l'BreheTêquefouéïéque),  les  nouvetui  succèsqucnosarménonlrtinpon'' 
nrksbordsdnBogetdelaNireir,  oùen  cinq  jours  detemps  dlesonlmfsm''' 
loaie  l'«nBé«  russe,  iTtc  perte  de  son  irtillerie,  de  ses  bagnes,  «t  d'wa  gnoi  Bonkn 
de  prisonniera,  en  l'obligeant  h  évacuer  toutes  les  positions  importaales  où  àk 
s'était  rdrancliée.  nous  portent  à  désirer  que  notre  peuple  adresse  des  remercîmmO 
m  cid ,  pour  qu'il  continue  i  nous  être  ravorable,  et  pour  que  le  Dieu  des  ami*» 
MCMide  nos  justes  «iirepri^es ,  qni  ont  pour  but  de  donner  enBa  à  nos  peoplts  n** 
paii  stable  et  solide,  que  ne  puisse  troubler  le  génie  du  tnal.  Cette  lettre  n'étant  pui 
antre  fin,  nous  prions  Dieu,  M.  l'archevêque  (ou  évéque),  qu'il  vous  ait  en  sa  siioK 

•  De  iMtre  camp  impérial  de  Pultnsk,  h  31  décembre  DMA. 

B  Signt  ititroiÂorn,  ■ 


DiclzedbyGoOglC 


HAPOtioil  A  T&BMTIB.  86S 

lerie,  caralerie ,  tous  étaient  digocs  de  croiser  le  fer  avec  les  soldats 
(le  la  {grande  armée  :  on  ae  pouvait  plus  douter  des  forces  considé- 
rables qai  seraient  opposées  à  une  campagne  dans  ta  Pologne.  Napo- 
léon bUma  les  opérations  militaires  de  Ney,  de  Lanoes  et  de  Murât  ; 
ils  s'étaient  engagés  imprudemment  ;  jusqu'ici  ils  avaient  eu  pour 
ndversaires  les  Prussiens  et  les  Autrichiens  qu'ils  avaient  sabrés  par 
grandes  masses,  et  ils  croyaient  ainsi  agir  avec  les  Russes.  Lannes, 
mécontent  ou  malade ,  dut  se  retirer  :  le  cinquième  corps  fut  donné 
au  général  Savary  :  on  attribua  la  fièvre  de  Murât  au  faux  engagement 
<pii  lui  avait  fait  perdre  une  partie  de  sa  cavolttie.  Tous  ces  corps 
furent  concentrés  Mm  Varsovie,  et  les  bulletins  annoac^^nt  i  Paris 
que  Napoléon  avait  pris  ses  quartiers  dliiver.  C'était  la  première  fois 
dans  l'histoire  de  la  grande  armée  t 


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CAMPAGNE   DB   POLOGIfB. 


CHAPITRE  XU. 


ciMrtflifi  Di  voLoein.  sBuukvi  rtiioDi. 


l'hWer  pour  les  Iroupes  russes.  —  La  Polf^e  *n  juiTler  et  février  19OT.  — T»(soTie 
et  Capoue.  —  ADDibal  ei  NapoléoD.  —  Cericière  ptrticuUtn  de  la  guerre  de  Po- 
logne.—  Désordre.  — Confusion.  —  Ifouvement  du  général  Bcntiigseï]. — Bataille 
de  Prus&isch-Ejlau.  —  Trisie  effet  produit  sur  l'opinioD.  —  H.  de  Tallejnnd  i 
Tsrsovie.—Nrgorlations.  —  Offre  de  niédialion  de  l'Autricbe.  —  Proposition  d'aa 
conpès  i  CopcDhafue.  —  Houvcnicnl  de  Croupes.  —  ConsariplioD.  —  To]V|(s  (9 
poste.  —  Illutian  de  l'empereur  sur  la  Perse  et  la  Porte.  —  Siège  de  Dantiig.  — 
HouvemeDtdDBennigseD.  — Bataille  do  Friedland,  —  Caraclire  général  de  cdtt 
campagne. 

JuTierljuiUellSOT. 

La  Pologne,  je  l'ai  dit  déjà,  pendant  la  dure  saison  d'hiver,  offre  un 
aspect  de  tristesse  et  de  désolation  ;  les  terresqai  s'étendent  de  la  Yis- 
tuleau  Niémen  subissent  tour  à  tour  les  variations  d'une  atmosphère 
de  glace  ou  d'un  dégel  humide  ;  le  thermomètre  descend  quelquefois 
à  vingt  degrés;  la  terre  glissante  se  prend  alors  comme  un  miroir 
poli  ;  tout  est  blanc,  la  terre  est  comme  un  vaste  linceul  de  mort  ;  ci 
et  là  quelques  arbres  dépouillés,  des  villages  épars  ;  des  clochers  noiis 
s'élancent  comme  les  pyramides  qui  couvrent  les  tombeaux  dans  les 
cimetières. Lorsque  le  dégel  arrive,  tout  devient  une  merde  boue, 
des  ouragans  de  neige  battent  le  visage,  des  vents  immenses  bruissent 
à  travers  les  champs,  et  jettent  la  tristesse  sur  tout  ce  vaste  tableao. 

Le  soldat  russe  est  habitué  à  ce  climat ,  qui  dure  huit  mois  de 
l'année  dans  ces  contrées  froides  et  délaissées  du  soleil  ;  les  chevaux 
de  sa  cavalerie  courent  sur  la  glace  comme  le  chevreuil  qui  bondit  eo 
laissant  la  trace  de  son  pied  sur  la  neige.  Son  artillerie  manoMine 
dans  les  fondrières  ;  il  posse  les  rivières  glacées  ;  il  est  accoutumé  i 
bivaqner  i  l'abri  des  sapins  et  à  dormir  sur  une  terre  fendue  par  les 
frimas.  Ce  qui  est  an  obstacle  pour  l'étranger  est  pour  le  Russe  un 
avantage  ilesquartiersd'hiversontlasatson  favorable  d'une  campagne; 


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DEmClftHB  PÂBIODB.  '    257 

quand  les  autres  troupes  sont  enfermées  dans  les  villes  ou  &  l'abri  de 
quelques  tentes,  lui  opère  ses  marches  et  ses  contre-marches  comme 
tà  c'était  sa  température  ordinaire  ;  ain«  que  le  chamois  des  Alpes,  il 
se  plaît  sur  les  pics  de  glace  ;  son  corps  est  dur  comme  le  fer,  et  le 
froid  ne  traverse  pas  sa  peau  durcie  par  les  bivocs  de  Sibérie,  de  la 
Finlande  ou  du  Kamtschatka. 

Le  soldat  français,  au  contraire,  devait  èlre  tristement  affecté  par 
l'aspect  de  cette  nature  morte  ;  s'il  était  né  aux  belles  villes  d'Italie,  à 
Rome,  à  Gènes,!  Nice,  les  cités  aux  orongersetoux  citronniers,  ou 
bien  si  sa  première  enfance  s'était  passée  dans  la  Provence,  le  Lan- 
guedoc, villes  de  soleil,  de  gaieté  et  de  Tètes,  quelle  tristesse  ncdevait 
pas  serrer  son  coeur  à  l'aspect  de  la  Pologne,  contrée  de  juifs  et  de 
châteaux  dans  les  forêts  ?  En  supposant  même  les  soldats  nés  en  Cham- 
pagne, en  Flandre  ou  en  Belgique,  l'aspect  était  également  morne, 
car  la  comparaison  était  incessamment  à  leur  esprit  entre  les  tableaux 
que  Teniers  a  reproduits  dans  les  kermesses  de  Flandre,  ces  villages 
gais,  ces  fêtes  attrayantes,  et  ces  malheureuses  contrées  où  l'on  trou- 
vait épars  quelques  villages,  asiles  des  juifs  ou  de  pauvres  paysans 
couverts  de  vermine.  Généralement  l'impression  de  la  Vistule  au 
Niémen  fut  triste  et  profonde,  et  Lannes  lui-même,  avec  sa  liberté  de 
parole,  dit,  en  voyant  ce  pays,  que  sa  possession  ne  valait  pas  la  mort 
d'un  caporal. 

La  gelée  rude  était  venue,  et  Napoléon  restait  à  Varsovie  au  milieu 
des  réceptions,  des  concerts,  de  toutes  les  fêtes  et  pompes  d'une  cour 
délicate; ceux  qui  approchaient  sa  perwnne  semblaient  s'apercevoir 
qu'un  changement  caractéristique  s'était  opéré  en  lui;  il  était  devenu 
mou,  un  peu  insouciant  de  ses  troupes  ;  il  avait  délaissé  le  bivac  pour 
le  palais,  le  froid  semblait  l'engourdir.  Ce  n'était  plus  le  générid 
d'Austerlitz  couchant  le  2  décembre  sous  un  pavillon  de  bois  de  sapin  : 
Varsovie  était-elle  destinée  k  devenir  la  Capoue  du  nouvel  Annibal? 
Il  travaillait  dans  son  cabinetpour  les  affaires  civiles  de  sou  empire', 

■  C'est  de  TirsoTle  qn'il  adrosa  lu  sénil  un  me-<s*ge  qui  ludiquiil  ses  Inlenlioiw 
Indéfinies  de  gncrre  et  les  id^es  de  st  politique  générale  : 

n  Nous  iTODS  ordonné  K  notre  ministre  des  rcliiions  eitérirartf  de  tou*  commu- 
niquer Ica  traités  que  noasavona  faits  itcc  le  TOi  de  8aie  et  arec  les  différents  prinfes 
Bouvcrsios  de  cette  maison. 

M  La  nation  Mionnc  RTtit  perdu  son  indépendanre  le  14  octobre  17H  ;  elle  l'a 
recanvrèc  le  14  octobre  1808.  Xprèa  cinquante  aonées,  la  Saïc,  gaianiie  par  le  traita 
<|«  Fosca,  i  cessé  d'ttre  province  pruatienne. 


îdbyGoOgIc 


■^  CAMPAAHE   DE  POL0««E. 

«t  l'idDHoistratioD  pii^iique  l'absorbùt,  ea  foce  des  Russes  qu'il  (xojiit 
aussi  ea  ]deinfl  quarUers  d'hiter  ;  c'était  déjà  ud  changement  remar- 
quaUe  dam  Napoléon  qoe  ce  besoin  de  s'abiiter  derrière  les  manille  ! 
VtùUiasail^t  déjà?  L'empereur,  avee  son  cwps  de  fer,  atût  Bêaumoins 
prdé  les  aouTeairs  de  son  chaud  cUniat  d'Ajaccio  et  de  Gcaie  ;  ce  froid 
si  vif  semblait  lui  Ater  le  libre  usage  de  ses  facultés  ;dereaa  pares- 
seux, il  préférait  le  bûcher  ardent,  ou  le  bob  de  sapii  pétillait  de 
lamme,  i  cette  actiiilé  du  cbtaip  de  bataille  couvert  de  neige. 

De  là  résultait  une  sorte  de  confusion  dans  les  mouvements  de 
l'année  ;  ehaque  maréchal  agissait  un  peu  selon  son  caprice,  les  ordres 
éteient  mal  (sécotés  ;  taatdt  Ney  ae  portait  en  avant»  et  compromet- 
tait le  sort  de  l'année  par  un  coup  de  tête  ;le  lendemain  c'était  Muni 


>  Le  duc  de  Saxe-WtlBMr,  s«Bâ  dédwaUoB  préslRble,  B  embrassé  1>  cmse  de  no* 
(wwiBia.  Ssa  sori  deYwLMrYir  de  ri^e  va.  petite  princca  qui .  noa  ttre  kis  pu  dr> 
lois  fondamentales,  se  Bêlent  des  querelles  des  gnaies  nalioDS  ;  mais  doos  arans 
eédf  au  désir  de  Toit  notre  réconciliaiiOD  avec  la  maison  de  Saxe  enlikc  ti  sau^ 

m  Le  prince  de  Saie^trimirg  est  mort  :  sob  Sb  se  WMT«at  dans  le  camp  de  ut» 
«wemEs,  nous  ktom  fait  naUra  la  séquestra  sni  sa  frincipaMl^ 

a  Nous  avons  aussi  ordonné  que  le  rapport  de  notre  ministre  des  rdatiras  olè- 
Tfeuressiir  les  dangers  de  la  Forte  otiomanc  fût  mis  sous  ses  jeu.  Témoin,  dtelr^ 
prcaaieis  leafw  de  Doira janiiene,  de  tons  les  maui  que  produit  la  gaerre,  notre  b«n 
beuT,  notre  gloire,  notre  ambition,  nous  les  avons  placés  dans  les  conqoétasctttf 
tniMU  de  la  paii.  Mais  la  (brce  des  circDnalances  dans  leaqaelks  nous  aons  ttoa- 
vons  mérite  notre  principale  sollicitude.  Il  ■  ralln  quinze  ans  do  victoire  pour  donner 
à  la  Fraiica  des  équivalents  de  ce  partage  de  la  Pologne,  tpi'une  seule  campagne,  laiu 
wlT»,aiuBii(npéeU. 

B  Bh;  I  qui  pourrait  calcukr  la  durée  des  guerres ,  le  sambia  des  cMnpagnsa  qal 
Ekudiaii  ftire  un  jour  pour  réparer  les  malheurs  qui  résulleraient  de  la  perte  de  r«>>- 
^n  de  eonstanlinople,  si  l'amour  d'une  liche  repos  et  des  délices  de  la  graadr  <iD( 
f  CMSponaieaA  aur  les  codscIIb  d'ive  sage  prévojaneeï  Nous  laisserions  k  aaa  ncvrai 
va  long  héritage  d«  guams  et  de  maUeuts.  La  tiare  grecque  idevée  et  triMu^iB 
depuis  la  Baltique  jusqu'à  la  Héditerranée,  on  verrait  de  aos  jours  nos  provinces  tiu- 
qnées  pw  une  nuée  de  barbares  et  de  ftnatiques  :  et  si  dans  cette  lutte  trop  Utdi'i 
l'EOMpe  cbrifiséc  venait  i  périr,  notre  ceupaMe  indifférence  ncitenùt  jaslrmenl  \» 
plaintes  de  la  postérité  et  serait  un  tilrc  d'opprobre  dans  l'histoire. 

«  L'empereur  dePerse,  tourmenté  dansTinlérieurde  ses  Étais,  commeletutpni- 
dant  plus  de  soiianle  ansk  Pologne,  comme  l'est  depuis  vingt  ans  la  Turquie,  pv  I* 
politique  du  cabinet  de  Pélacsbourg,  et  animé  des  mêmes  sentiments  que  la  Porie.  > 
pris  les  Btimcs  résobUiAus,  et  marche  eu  personne  sur  le  Cancaae  pour  délèndrt  sn 
frontières. 

»  Haisdéiil'anhUlondeMseuBeMisaétÉcontbfldue.lenrarméeàélidéaiitl 
Pukuak  et iGolimin,«l leurs  baUUIona épouvantés  biieniauLoinàL'aï^et  itei» 

•leio. 


DiclzedbyGoOglC 


raoxiÈm  pisiODK.  S59 

<|ai  cancofaùt  en  Tou  latour  de  la  Vistute.  C(Hnine  il  «rriTe  toujours 
lon^  la  volonté  du  mattre  ne  se  manifeste  pas,  chacun  allait  h  l'ft- 
ventore;  on  grattait  le  sol  pour  trouver  quelques  pommes  âe  terre; 
les  cbevaux  mangeaient  la  paille  des  chaumières  pour  le  nourrir. 
Les  bords  de  la  Vlsttile  étaient  sans  végétation  et  les  magasins  vides  ; 
l'abondsoce  n'était  qu'au  palais  de  Varsovie ,  où  rien  ne  manquait  & 
Napoléon,  même  iea  riches  pelisses  de  l'Asie  du  Nord,  enchâssées  de 
fourrures  éclatantes.  Il  avait  alors  quitté  la  redingote  grise  traditloo- 
•eile  pour  se  revêtir  d'une  polonaise  de  velours  vert  à  brandebourgs 
d'or,  tout  enridùe  de  petit-gris  de  Sibérie  ;  le  soldat  soil  moonùt  de 
froid  et  de  faim. 

Cependant  les  Russes  ne  restaient  point  inactifs  ;  pour  eux .  leun 
«inartins  d'hiver  étaient  la  plaine,  ils  se  complaisaient  à  l'atpect  de 
cette  terre  gelée  ;  ils  caracolaient  autour  des  quartiers  d'hiver  de  rem" 
perenr.  Bennigsen  connaissait  parfaitement  la  démoralisation  de 
farmée  française  à  Varsovie,  et,  avec  sa  promptitude  et  son  Intréph 
dite  de  hussard,  il  résolut  un  mouvement  en  avant  pour  la  sorpraidra. 
Le  plan  d't^ration  des  Russes  s'appuyait  sur  deux  places  du  premier 
ordre^Kœnig^rgetDantzig;  l'empereur,  avec  son  înstinei  des  grandes 
cbcsn,  avait  vu  qu'aucune  opération  sérieuse  ne  pouvait  être  entre- 
prise avant  qu'il  n'eût  en  possession  ces  deux,  places  de  guerre,  se 
tenant  l'une  à  l'autre.  Il  avait  déàgné  d'abord  le  général  Victor  pour 
suivre  le  siège  de  Dantzig  ;  il  fut  pris  par  un  parti  de  troupei  légèras 
prusuennes,  et  le  maréchal  Ld'ebvre  fut  diargé  d'essayer  le  li^  de 
Dentiig  et  le  blocus.  Avant  le  siège ,  Kœnigsberg  était  également 
menacé  par  un  mouvement  de  gauche  de  l'armée  impériale,  et  l'on 
espérait  qu'au  printemps  ces  places  seraient  au  pouvoir  des  Français. 

La  marche  de  Bennigsen  eut  donc  pour  hase  Kœnigsherg  et  Dant- 
ng;  puis,  s'appuyant  sur  ces  deux  points,  il  devsdt  surprendre 
l'amée  française  et  lui  faire  quitter  Varsovie ,  où  ^le  ètaH  absorbée 

•  Dus  de  pareille»  poeiiions ,  k  paix ,  p«WT  Atre  sAre  pour  nous ,  doit  girutir 
l'iDdépendaoce  entière  de  ces  deoi  graods  empires.  Et  si ,  par  l'iDJusIlce  el  l'ambl- 
tioQ  démesurée  de  nos  eancrais,  la  ^etrc  doit  se  continuer  encore,  nos  peuples  m 
iwMRroat  consiBmmenl  dignes ,  par  leur  énergie ,  par  leur  aniaiir  pour  votre  per- 
•Mae.des  hantes  destioées  qui  coarwineroDi  tous  DO»  irtTsui,  et  alors  senleoMnl  ma 
paii  stable  et  longue  Un  succéder  pour  nos  pwiplM,  à  ces  jours  de  gloire,  des  jonn 
twdreui  et  paisibles. 

■  Donné  en  notre  cunp  impérial  deVarsoiie,  le  SB  isDvierlSOT. 


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'    360  CAUPAGffE  DB   POUKIfE. 

dftns  ses  quartiers  d'hiver.  Ce  mouveroeat  était  de  la  plus  grande  har- 
diesse. Les  Bosses,  pleins  d'ardeur ,  espéraient  atteindre  lears  enneinii 
engourdis  par  le  froid ,  et  la  campagne  finirait  ainsi  par  un  déssrtre. 
Le  général  Bennigsen  s'appuyait  sur  des  troupes  solides  ;  les  généraux 
Miclielson  et  Elsen  avaient  détaché  des  corps  d'élite  de  l'armée  de 
Moldavie  et  de  Valachie ,  vieux  soldats  durs  au  Teu  et  à  la  fatigue. 

Les  Russes  devaient  tomber  d'abord  sur  le  maréchal  Ney  impru- 
-demment  engagé,  toujours  en  avant  comme  un  brave  et  digne  che- 
valier ;  ils  ne  purent  le  couper  ;  Bernadette  le  soutint  avec  son  émi- 
nenle  capacité  militaire.  Sans  Bemadotte .  Ney  aurait  été  écrasé  dam 
celle  marche  des  Russes,  si  vive,  si  hardie,  ces  deux  maréchaux 
■opérèrent  lenr  relraîte  en  bon  ordre ,  se  battant  partout  avec  intrépi- 
dité. Bemadotte,  bien  informédu  mouvement,  écrivit  à  l'empereor 
à  Varsovie;  sa  dépêche  portait  :  a  Toute  l'armée  de  Bennigsea 
s'avance,  hâtei-vous,  sire,  il  faut  l'arréterparane  bataille'.  »  L'em- 
pereur Napoléon,  grand  organisateur,  si  puissant  sur  un  champ  de 
bataille ,  se  préoccupait  souvent  de  certaines  idées  ;  ne  voulant  pas 
"Croire  aux  rapports ,  il  écoutait  mal  ;  il  jugea  donc  que  ce  n'était 
point  l'armée  russe  qui  s'avançait,  mais  qudques  partisans  isolés  : 
comment  supposer  que ,  dans  cette  rigueur  de  la  saisou ,  des  troupes, 
si  ce  n'est  de  Cosaques,  étaient  en  pleine  marche?  De  nouvdtes 
informations  ne  laissèrent  plus  aucun  doutesur  la  vérité  desdépêches, 
et  l'empereur  quitta  Varsovie  le  22  janvier  par  un  froid  de  dïxdegrés. 
Tout  fut  en  mouvement  le  1"  février;  l'armée  passa  la  Vistule  pour 
se  porter  à  la  face  de  l'ennemi  qui  s'avançait  plein  de  sécurité  pour 
surprendre  le  quartier  de  Napoléon.  La  marche  de  l'empereur  fat 
«dmirabte;  le  général  Bennigsen  s'étant  trop  avancé,  Napoléon,  à 
-son  tour,  le  tourna  par  un  mouvement  de  flanc  gauche.  Les  Rosses 
surpris  dans  le  développement  de  leurs  colonnes,  le  général  Bennigsen 
«rdonna  la  retraite  ;  elle  se  fit  avec  un  ordre  parfait  f  tous  gardèrent 
leurs  rangs  et  on  ne  put  les  entamer.  Chaque  jour  des  combats  ou 
'  da  engagements  de  cavalerie  ;  des  cuirassiers  et  des  dragons  aux 
'  prises,  la  latte  et  l'épée  croisées  ;  c'étaient  des  combats  d'arriëre-^rde 
russe  ^  d'avant-gorde  française ,  et  ces  croîsemmfs  de  fer  durèieat 
Jusqu'à  ce  que  les  ennemis  eurent  pris  position  à  Eylau.  Ici  viurent  de 
lamentables  et  glorieuses  funérùlles. 

'  Uèinolre  cooimunl^. 


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.  nBVxjim  PÉRIODE.  261 

^nssiidi-Eylaa  est  un  grand  bourg  que  Ib  oature  ■  fortifié,  il  est 
jeté  àaaa  ks  bois  de  sapins ,  arbres  mélancoliques  qui  forment  commt 
une  retraite  profonde  dans  les  déserts  de  n^ge.  Un  plateau  domine 
le  bourg  et  défend  le  débouché  d'une  vaste  plaine  ;  les  Russes  avai^t 
pris  li  position.  Tout  à  c6té  était  un  cimetière  à  l'aspect  allemand , 
où  l'on  b-ouve  des  croix  noires  sur  les  pierres  sépulcrales ,  avec  des 
armoiries  de  noblesse  ;  ce  cimetière  fut  occupé  par  une  portion  de  la 
garde  russe,  cadavres  vivants  qui  allaîenl  bientôt  engraisser  cette  terre 
et  donner  une  ample  pâture  aux  tombeaux.  Napoléon  ne  donnait 
aucun  répit;  le  soir,  l'attaque  est  ordonnée,  la  charge  retentit  déjà  ; 
coflune  i  Austerlitz,  c'est  le  maréchal  Soult  qui  commence  à  heurter 
lescoloones  pressées;  deux  régiments  s'élancent  labaïonnette  au  fusil, 
pour  enlever  aux  Russes  la  position  du  plateau  *  ;  une  charge  de  cava- 

'  Napoléon  Hntit  le  hmutiû  effet  d'opinion  de  la  bataille  d'Ejlan;  indépaidain- 
meot  du  bullelin  oIDcIel,  il  fit  rédiger  une  niuUilude  de  rebtions  particuiières  des- 
tioées  k  raffennÎT  les  esprits. 
SelaUon  d»  la  balaillt  d'Eykui,  par  un  Umoia  otulairt.  {Traduiî*  de  l'alltmanà.) 

•  Pendant  I*  nuitdu  Aan  7  février,  l'armée  russe  avsil  évacué  Landsberg.  Ellerm 
poursuivie  jusque  vis-i-vis  Ejlau.  Le  grand-duc  de  Bcrgel  le  maréchal  Soult,  qui 
faisaient  l'avant-garde  de  rarmée  française,  arrivèrent  i  deux  heures  apre»-midi,  H 
eitofèmit  le  beau  plateau  en  avant  d'Eflan. 

■  Les  dispoellione  fkiles  pour  tourner  l'arrièr»-garde  ennemie  ne  devaient  plna 
avoirUendumonieotquel'arrière-garde  avait  rejoint  le  corps  d'armée.  L'emperenr 
donna  ordre  qu'on  resttt  en  bataille  sur  le  plaleau  d'Eylau.  Mais  la  brigade  Vivien, 
qui  avait  été  dirigée  pour  tourner  la  gauche  de  l 'arriére-garde  russe,  se  porta  sur  le 
efaietiète  d'Eylau,  et  se  trouva  engagée. 

■  AprèsuDcombaidenuit  assez  meurtrier,  le  cimetière  et  l'église  d'Ejlaa  furent 
culcvéa,  la  ville  prise,  et  les  rues  jonchées  de  cadavres  eonemis. 

■  Le  maréchal  Davoust  avait  pris  position  i  une  lieue  d'Eylau,  sur  la  route  de 
HeilstMTg  :  mais  instruit,  la  nuit,  que  la  ville  était  prise,  il  manceuvra  le  lendcmalB 
pour  loumer  l'ennemi. 

>  A.  la  pointe  du  jour,  l'armée  russe  parut  en  eolonnes ,  à  une  demi-portée  di 
canon  du  village,  hérissée  de  pièces  d'artillerie,  et  occupant  avec  80,000  hommes  dm 
espace  qu'aurait  pu  occuper  uue  armée  de  30,000  hommes. 

>  Hle  commenta  une  effroyable  canonnade  sur  la  ville.  Celle  manœuvre  extraor- 
dinaire parut  manifester  l'intention  de  vouloir  reprendre  le  village.  L'artillerie  dee 
corps  des  maréchaux  Soult  et  Augereau  et  celle  de  la  garde  prirent  position,  et 
ISO  bouches  1  feu  françaises  portèrent  la  mort  an  milieu  des  masses  serrées  de  l'armét 
russe. 

>  L'ampeteor  anivait  i  l'élise  d'Bjlan  au  momenl  où  les  tirailleurs  ennemis 
voulaient  s'en  emparer.  Les  diapo^itiona  qu'il  ordonna  rendirent  nulle  cette  attaqua 
de  l'ennemi,  qui,  pour  se  soustraire  k  quelque  prii  que  ce  fdt  à  l'effroyable  mal  que 
lui  fkîsaient  les  batteries  ftaocalses,  voulut  ae  jeter  sur  sa  droite  pour  enlever  la  ville 
par  la  position  du  moulin  k  vent,  c'eat-ï -dire,  par  notre  gauche.  Qnarania  milb 

12. 


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Isri*  nwt  en  désordre  ms  braves  «stUbat»,  Ueoitt  laatuwu  «x- 
■èmespK'leseBcsdroiisdu  gtetnlKteioiÀtoDtprix,  Stateolercr 
oitle  positioa ,  Ntpoléon  l'a  coauaandé,  «t  nul  m  résiste  è  âc  Ms 
•fdm;  le  plateaa  est  touraé;  mais,  arrivée  aux  deux  titn  de  la  pssi- 
tioo ,  la  «ofawBt  d'attaque  se  trouve  en  présence  de»  Bime»  Manéa 
diBS  le  ciineUère;  as  combat  dans  les  ténèbres  s'en^nge  k  la  baion- 
aette,etE|lau  est  occupé  parles  Française  tnUea  des  feox  retoi- 
Musiirti  de  l'artiHerie. 

Col  donc  ea  {rieine  mût  que  l'ariaée  rraaffiw  te  fonne  fonr 
l'tMparer  da  poeilifpas;  le  corps  do  maré<^  Augereau  se  place  a 
■rrière  de  la  petite  viRe  d'Eylao  à  ganche  ;  Ik  se  BOBtrent  les  caafoa 
dw  dragons  da  générd  Hiihaud,  ■outemispattea  hmes  du  gémtral 
SaiBt-HUaire,  puis  les  diviiiots  ée  dnmxbif  et  dfrKleÏD,  et  la  garda 

ftMoiIaMNi(iM«Mtali>n1echocdetoal«rinDéem9H.  DMawN^irMBalMevaussi 
MMque,  l«  généiBl  IVMfais  II  1m  dlspatllioiu  nriMBles  : 

■  Il  ordonna  i  la  division  Ssinl-BilkiTC,  qui  éuit  i  la  dralU,  à»  arpMtar  «ur  Fm- 
•rinil^gaaclwdoraniniii.pourréutiirsBSiflMti  «m  éa  mifahil  DiTOt  ;  U 
lu  corps  du  raiTtchal  &tiger«au,  dectrai^fr  IwUniHeuravHiwiiBqiii  <MMaieM jus- 
qu'au pied  du  monticule  du  rJmelièTe;d'appii7*r)agMidtedng<iiérUSdnl-HJWni 
«lie  fiKHKT ainsi  viM ligne obliqnftdttiill*g«  thi  posltioa  dunat^M  D«t«iisC 

■  Le  commencement  de  ces  mouvements  d^gea  sar4e~diaiiip  la  e«aeberini(  h 
tète  de  colanne  da  maréchal  Augereau ,  au  milieu  d'an»  ii«g«  épaisse  al  d'uu 
bnralDard  qui  «nrvint  pendant  une  dmi^ieura,  prit  sa  dInctioM  trop  1  gaurhe.  A  la 
freroitre  Maircie  de  la  nelp,  l'empenur,  s'apercerant  de-la  dlKoiion  qu'avaini 
prian-lM  dIKrenles  «ettmnes,  rat  Teeoureède  nsuTeani  nwjvns.  Il  oràattmmtm 
innd-ducdeBergdesemetircàlaiétedcioutelkcamkrie,  etaunaréabitlUNèfat 
de  te  mettKkh  (Ae  delà  garde  iobetal,  et  de  lïireun  rbai^  générale. 

■  EUb  fuieiècuiée  arec  autant  d'audace  que  daiaknt.  L'Inhulcrienistenitcat- 
bnlée,  la  moitié  de  rarlillrrie  ennemie  enleréa.  et  les  affaira  prirent,  per  eetle  ma- 
nxuTre  inattendue,  nneauln  dtrectian. L'ennemi,  accnMà  deftbels,  futobllgédest 
déployer  et  de  s'éli^ndte. 

■  Une  calDmiedt;  4  le.OOO'RDfses.s'élint  égarée  de  soBcdté  pendant  ToAscarité, 
■ratt  SIè  sur  le  Banc  de  la  coltHnw  du  merérbat  Augcnnu ,  nt  se  présenta  dnanbte 
dmetière  pour  enlcTer  le  village  par  ce  cAté.L'enpmur  ordonna  eu  généfal1>araeMe 
dtM  porter  en  avant  avec  un  twtaillon  de  sa  gsrde.  Ce  baïaJHen  s'avança  l'arme  au 
kras;  la  colonne  russe  s'arrêta  court;  ce  Ibt  l'effet  do  la  télé  de  Héduie. 

»  llest  i  remarquer  que  les  grenadiers  de  la  garda  ne-Taulnreirt  janHis  tirer,  dé- 
etarant  qu'ils  m  devaient  aller  qu'i  la  balonneiie,  et  demandant  à  aTcncer. 

■  L'escadron  de  la  garde  qui  se  trouvait  près  de  l'empereur  charge*  ensuite-celte 
colonne  avec  une  Indicible  intrépidité;  et  le  duc  de  Berg,  an  milieu  de  la  plusftwir 
mêlée  du  champ  de  bataille,  ayant  aperçu  la  (busse  direclioa  de  cette  celonne  déjt 
poureuivic,  déiacba  le  générai  dcfarigadC'Brujéreevee  deux  rcgimentsde  chasseur*, 
^i  la  chargèrent  eu  queue.  De  ces  4,D00  peu  sa  sauvèraiL 

■  Pendant  ce  temps,  le  maréchal  Dévouât  arrivait  i  la  btuMvrdu  boit,  ^is-A-ns 


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bepérWe,  reoDasaiss^te  h  »  haute  stature  ;  derrlèra  ee  ansKOt  ta 
eairanen  ia  général  d'Hantpoalt  à  celé  des  greoadiers  h  cbeVBl , 
taBdb  que  te  cavalerie  légère  caracolait  sous  les  bridants  imifonnea 
de  ébamean ,  lanciers ,  bosurd).  Bant  cette  nuit  gi  profoode ,  et  A 
méetorabla ,  le  maréchal  DsTOust  fit  od  notiremefit  pour  attaquer 
renoemi  mr  la  gauche,  et  Ney  le  soutint.  Quant  à  rempersnr,  U  M 
IfloaH  sur  le  plateau  d'EyIfHi;  les  feux  du  bivac  éclairaient  an  to(a;eft 
sfiit  Jeté  des  inasns  de  bols  de  sairin  dans  ces  flatHues  pénHuiteB, 
«>r  le  frtrid  était  rif  pendant  les  ouila  de  Pologne. 

Le  leDdemain  fut  une  jonrnée  de  grande  bataille.  Dès  que  le  jour 
pafOt,  c'était  le  8  férricr,  les  Rnsses  se  déployèrent  en  coloDae»ser* 
r^;  leurs  fronts  étalent  hérissés  d'une  formidable  artflleriedoirt  les 
eoopa  portaient  en  plebi  ;  ces  masses  d'hommes  do  N<»il  étaient  bellea 

k  lOle,  bMiM»  teojoura  rcnaeni  dsTMil  hd.  Il  enleta  U  pIttUn  qn'oemplb  h 
IMKte  de  ramée  (asse,  at  couKtiaM  cette  posiliiM  i  trois  heures  d«  soir.  L'Mimrt 
•lUqus  Irais  fois  et  trois  fois  l'eiuienii  (ut  repoussa.  L'année  fnnfalse  appuja  la 
gauelie  à  la  tille  d'Eylnu,  et  b  droite  à  ces  liois  et  à  ce  plateau  qui  ivaieBt  été  la  poil- 
ti«D  fc  l'ennenri  peixiaiii  loate  la  jeirniée,  «  p«r  li  se  trDnta  EBafketm  du  cbamp  dQ 
fetUilte.  Ma  lors  la  vlctatre  IM  décidée.  L'eaneml  se  mît  en  leWaUe  i  et  le  Aue  4a 
Beif ,  à  U  pointe  du  jour,  poursuivi!  l'ennemi  e\\  lieues,  sans  trouver  même  ud 
h^Dine  de  cavalerie,  et  pista  ses  grand'gardes  à  une  demi-lieue  do  Knnigsberg.  » 

Le  30  fèrrier  IStn,  qoelqnes  cavaliers  frsQfats  ont  enleti  sa  courrier  ((«1  portrit 
des  dèpfabes  b  Péiersbeorg.  La  plupart  des  Mires  interceptées  parlent  des  pertes 
éamaies  et  du  découragement  de  l'armée  russe  ;  mais  on  renmrqae  surtoot  la  nAr- 
«•■te,  datée  de  Brtansbci^,  et  adressée  11  H.  Cordrer  de  Laànay,  aecréutrt  da 
S.  ■.  l'empereur  de  Hussie,  i  Pétersbourg  : 

■  Nous  continHODE  nos  succès ,  mon  ami.  Des  elrcov&tanees  impréroee  nona  «M 
«apCebés  de  profltpr  de  h  victoire  d'Ejisn  pour  exécuter  le  beaa  plan  ((cw  mm  airion 
formé  de  pénclier  à  Berlin  et  de  coerpwaiMM'nmée  française  ;  mais  nous  marchons 
■la  DOuveaa  iwft le  néne hu{,  «tvowverrei,  par  la  date  de  ma  lettre,  quelesFran* 
fM>  M  OatUnt  en  vain  de  now  rtienw  derrièie  H  Viégà^  CoaMm  notre  position 
wÉinHn  serak  AnoraMe  peur  opérer  notre  réanien  stcc  l'tf  née  aHghiae ,  qui  d<tL 
vMir  noD*  joindre  per  la  BritiquelLft  saisofts';  oppose;  mais  m*  pthMvpsvM 
ABtMfoimidaUevieBdraappsTer  nMOancsetiM^itéter  eenideranoeni.  NÔu  tm 
aPMS  reçu  depuis  peu  de  jours  «ne  nomcHe  aesmraaee.  Je  n'ai  pee  besoin  dévot» 
dlM«|uvte«te<e9  lie  loiresoM  été  cbirameM  achetées.  J'ai  perAt  Mon  UrireÂle^; 
a  «1  Horf  en  bra>re,  at  je  m'en  consA  ;  DMis  ee  qui  m'aflKge  d«v*n(aee,  c'est  de  Tolr 
M4re  armée  telIcmeM  affaiblie,  svaMle  commeacemeDt  dek  eampa^aa,  «pi'uBpnn^ 
DWttfcn  de  nos  bataiUone  sent  rédiUsk  90O  bMnmes. 

m  ha  Timcais  sa  vantent  d'avoir  baUn  le  généra]  Essen  à  Oeuolenke  ;  Us  disent 
Mdniu  qne  cette  partie  de  notre  armée  ne  s'est  pas  feK  honneur  ;  mais  nous  satadu 
u«9  qu'elle  n'est  composée  que  de  reemes.  Tous  les  bons  régiments  étaient  à  bheHe 
hMaiHe  d'EyIan.  Cependsni,  je  me  sais  bien  donné  de  garde  de  cotMmnlqoer  votK 
dernière,  par  Itqnclle  vous  m'annonces  qu'il  ne  reste  pas  de  troupes  en  Rint)e,eiçit 


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S64  CUtPJUiSB  SB  rOUtSBB. 

i  voir ,  grenadiers  à  la  colossale  stature ,  cavalerie  montée  sur  de beini 
chevaux  de  la  Livonie ,  l'artillerie  avec  son  feu  terrible ,  partout  de 
telles  troupes  devaient  faire  trouée.  Napoléon  aperçut  le  danger  ;  il 
vppose  à  ces  fortes  cdonnes  les  deux  corps  des  maréchaux  Soult  et 
Augereau  ;  il  faut  faire  taire  ce  feu  meurtrier;  60  pièces  d'artillerie 
de  la  garde  se  mirent  en  position;  le  danger  devait  être  grand,  puisque 
l'engagement  commença  par  la  garde.  Le  cimetière  d'Ejlau  devint 
le  centre,  les  morts  du  sépulcre  devaient  bientAt  donner  on  froid baiset 
à  d'autres  morts  qui  tombaient  sous  le  feu  de  la  mitraille  ;  le  ùel  éfaùt 
•ooir ,  la  neige  tombait  si  épaisse  qu'on  se  voyait  k  peine  k  quelques 
4»s,  l'artillenequibrisait  ces  ténèbres  ressemblait  à  la  foudre  pendant 
l'orage.  Des  bouffées  de  vent  glacé  poussaient  la  neige  au  visage  des 
Français  et  favorisaient  les  Russes.  Le  corps  d'Augereau  s'égara  par 
un  faux  mouvement,  et  ces  vieux  régiments  furent  foulés  sous  la 
pieds  des  chevaux  de  la  cavalerie  russe.  Toute  la  division  Desjudini 
-fut  sabrée  ;  les  braves  soldats  tombèrent  après  une  défense  héroïque. 
Telle  compagnie  qui  se  composait  décent  vingt  hommes,  à  l'appel  du 
soir  n'en  comptait  plus  que  cinq  ;  les  autres  étaient  tombés  et  ne 
"devaient  {dus  répondre  qui  la  trompette  solennelle  an  jugement  de 

dfeormaU  nous  ne  pouvons  attendre  que  des  recrues  qui  n'ont  jamais  va  le  fsu. 

»  Mais,  malgré  ces  précauiiona,  l'esprit  de  l'armée  n'est  pas  bon.  An  lieu  de  l'en- 
Uiousiasme  qne  devraient  eiclier  nos  victoires,  je  vois  avec  douleur  le  nombre  itt 
mtcontenls  s'augmenter  chaque  jour.  Nous  avons  contre  nous  un  général  habile  et 
«ntreprenant,  Noua  nous  attendons  k  une  attaque  générale  et  vigoureuse,  dès  que  II 
saison  le  permettra.  Hais,  quel  que  soit  l 'événement,  vous  savez  que  votre  amirai~ 
pIiraBoadeToir,etmouTTaà  son  poste  s'il  le  faut.  >  Signé  :  Ài,aBorr.» 

ProeUanatùM. 

■  1.  Pntssiseh-Eyiau,  te  M  février  ISOT. 

»  Soldats,  lona  commeneions  i  prendre  un  peu  de  repos  dans  nos  qiiattitn 
d'hiver,  lorsque  l'ennemi  a  attaqué  le  premier  corps,  et  s'est  présenté  sur  la  baSH 
Tistule,  Nous  avons  marché  à  lui,  nous  l'avons  poursuivi  l'épée  dans  les  reins  pcD- 
dant  l'espace  de  quatre-vingts  lieues.  Il  s'est  réfugié  sous  les  remparts  de  ses  plaect, 
«ta  repassé  la  Prégel.  Nous  lui  avons  enlevé  aui  combats  de  Bei^fHed,  de  Depfxn, 
4e  Hoff,  i  la  bataille  d'Ejlau,  soixante-cinq  pièces  de  canon,  seize  draptsui,  et  loé. 
'blessé  ouprisplusde4O,000hommcs.  Les  braves  qui  de  notre  cdié  sont  restés  surit 
cbamp  d'honneur  sont  morts  d'une  mon  glorieuse  :  c'est  la  mort  des  vrais  soldait- 
Leurs  ramilles  auront  des  droits  eansianis  k  notre  sollicitude  et  k  nos  faienfails. 

a  Ajanl  ainsi  déjoué  tous  les  projets  del'etmemi,  nous  allons  nous  rapprocher  dt 
la  Tislule,  et  rentrer  dans  nos  canloosements.  Qui  osera  en  troubler  le  repos,  s'en 
repentira  ;  car  au  delà  de  la  Vistule,  comme  au  delà  du  Danube,  su  milieu  des  ft'imas 
de  l'hiver  comme  au  commencement  de  l'automne,  nous  serons  toujours  les  soldali 
ftaafais,  et  les  soldats  fraotais  de  la  grande  année.  ■  NAPOLioN.  ■ 


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DBOXlillE   PERIODE.  965 

Dieu  ,  qaaod  lear  empereur ,  mort  aussi ,  les  appuierait  k  la  grande 
revue  des  glorieux  faotâmea ,  à  la  Tace  de  Kléber ,  de  Ney ,  de  Haa- 
aéoa,  secouant  le  linceul  du  sépulcre.  Aagereau,  le  général  des 
guerrei  d'Italie,  reçut  un  coup  de  feu  à  la  figure  ;  on  remporta  griève- 
ment blessé  du  champ  de  bataille. 

Cet  échec  fut  aperçu  par  l'empereur  :  il  fallait  porter  un  de  ces 
coups  qui  changent  les  destinées  d'un  combat ,  et  Napoléon  savait  les 
improviser;  il  dit  &  Murât  :  «  Chargez  cette  cavalerie.  »  Alors  on  en- 
tendit dans  la  plaine  le  pas  redoublé  des  cfaevaus.  hennissants ,  h  la 
crinière  pendante  ;  cuirassios  et  carabiniers  percèrent  les  carrés  russes, 
mais  telle  était  la  puissance  passive  de  ces  soldats ,  murs  d'airain , 
qu'après  avoir  fléchi  devant  la  cavalerie,  ils  reformaient  leurs  rangs 
comme  si  la  lame  de  damas  ne  les  avait  pas  ouverts.  Ces  beaux  cuiras- 
siers furent  ramenés  vigoureusement  :  presque  tons  les  généraux  qui 
les  commandaient  restèrent  sur  le  champ  de  bataille.  Pour  la  première 
fois  peut-être  on  vit  une  double  charge  en  avant  et  en  arrière  ;  les 
euirassieis  furent  obligés  de  rompre  les  rangs  pour  pénétrer  au  milieu 
des  carrés  et  de  les  rompre  pour  en  sortir. 

Enhardis  par  cette  bi^  défense ,  les  Busses ,  prenant  l'offensive , 
attaquent  à  leur  tour  le  cimetière  occupé  par  ûx  bataillons  de  la 
vieille  garde  ;  l'empereur  s'était  établi  sur  un  dppe  en  forme  de 
colonne ,  surmonté  d'une  urne  funéraire ,  afin  de  voir  les  accidents 
de  la  bataille  ;  Us  colonnes  russes  se  développent  autour  des  murs,  une 
forte  division  se  détache,  et,  la  baïonnette  au  bout  du  fusil,  se  dis- 
pose à  pénétrer  dans  le  cimetière  ;  Napoléon ,  très-agité ,  tire  l'épée 
et  ordonne  à  l'escadron  de  service  de  charger  cette  colonne  ;  un  fort 
batailloo  de  la  vieille  garde  doit  le  soutenir.  A  cet  aspect ,  la  colonne 
russe  s'arrête  ;  le  bataillon  de  grenadiers  détaché  du  cimetière  soutient 
l'escadron  de  service.  L'issue  de  la  mêlée  allait  devenir  redoutable , 
les  six  bataillons  de  la  garde  s'ébranlaient  déj&  sous  tes  yeux  brillants  de 
Napoléon ,  lorsque  Muret  accourut  pour  chargw  l'infanterie  russe 
qui  se  déployait  sous  les  feux  de  droite  et  de  gauche. 

Au  soleil  de  midi ,  le  succès  de  la  bataille  était  compromis  ;  l'em- 
pereur, sa  lorgnette  braquée  sur  la  droite,  attendait  le  maréchal 
Uavoast  pour  dégager  l'armée  d'une  p<Hitioo  si  diiBcile;  Davoust  avait 
promis  d'arriver  à  onze  heures ,  mais  il  s'était  trouvé  face  k  face  des 
.  brigades  d'élite  de  l'armée  russe  qui  l'avaient  arrêté  tout  à  coup;  il 
«'était  battu  deux  heures.  Enfin  on  aperçut  sur  la  hauteur  quelques 


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KS  CAMFAAflE  DE  KMLOOIB. 

■igtesderégtnenrs  qDi  s'tvancalentaupa»de  eosne,  feTootaBt  dmAt 
«des  des  corps  entiers  de  grenadîen  Fmses.  BeonigMn  voit  ce  nu» 
Tement  rétrograde  ;  la  défaite  d'Aiigereas  s  renda  dltj^Ue  an 
«orps  Tfme  ;  plein  de  fenthouiitsme  de  la  vickHire ,  BeoMfijwn  le  Itan 
sur  le  maréchal  Davoust.  Accablé  parte  nombre,  le  raaréeM  se  net 
m  retraite  ;  ses  régiments  sont  briséi ,  r^alé»  à  raie  11^  ia  ehmp 
de  IwtaHle;  il  est  reçu  parles  baïonaettra  du  général  prameaLeitoeq; 
■Igrn  le  marécM  al  obligé  de  se  ce«ceiilrer  sur  Ici  bautews  q«i  mb- 
roment  Eylau. 

Ainsi  était  la  bataille  il  qsxtre  heares,  q«nd  Tiej,  ■wawimt 
BB  hasard ,  arriva  sur  le  dtamp  fanèbre  d'Eylan  ;  la  onU  ap^acbA , 
et  Ton  D'enteBdait]dn8que9«ebi(ie»coiipadecanoBécbtQgéidelni 
entre  les  deia  arméM.  On  était  ^isé  êfth  bi  san^aate  joanée; 
1»  C8rp9  de  Ney  n'étaieet  pas  capaMts  de  dosnei;  1»  cmp  fiBCOt 
«npeadns  aptiataDénHiit.  Os  vit  aio»  les  armées  cewr  le  Ico  par 
épiBfleDKBt  ;  N^»oléoa  et  Benaigseti  datèrent  leurs  b^eti»  danfene 
clnMpde  eaniage ,  pour  constater  (pie  le  luccès  leur  était  rnté  égd. 
Prussisch-Eylau  fut  une  grande  toerie ,  tans  anciB  réfoHst  ;  nr  ai 
tenaiD  serré,  plus  de  30,0ODbomBM9  restèrent  cowMa  nr  le  duni» 
^hataiBe;  le  succès  ne  fut  acquis  i  penooae;  le  giaéndVcairiBiei 
fat  veçD  avec  Teneur ,  et  il  attaqua  intrépideawnt.  Qw^  honira! 
({■(ttes  tronpes  !  Toute  la  jmimée  on  te  cammoa  k  portée  de  loti, 
(des  dèclw^^  ébraalèMHt  te  iri ,  et  tort  «la  9an»4ea  auoMi  AeMîgCt 
fm  -m  froid  vif  de  db:  degrta.  B  y  eut  pea  de  atratégle-dni  caltt 
bataille.  Napoléen  n'y  dé|doya  pas  m  capacHé  ds  gmmi  BmnKaytkc; 
«efiuest  deaattaqaespRMées,  corps  k  corps,  et,  >e  le  r^Me,  poat 
BOBBlater  tort  le  dat^er  delapoaWoa  »  rcacadroadegetrioe  WaWii 
*  dmner  ;  1«apcrié«n  mit  répée  k  hmia; ,  è  I«  tètedc  sei  vienfie- 
mdiers  d«  la  gnite  ;  les  boulets  pteuraieot  eotoardeM,  tanittt^ 
slHoimail  le»  rangs;  si  1»  colonne  rgnsequiae  potlatt  aar  le  dmetiin 
v^mit  pasété  arrêtée  par  leroouveneat  de  ti  Tieiltegaide  ètladorgo 
de  Murât ,  le  sort  de  ren^erear  même  anratt  été  compronia. 

Le  lendetBaia  le  soleil  était  à  peine  levé  ,  roa^ct  naa^ox,  que 
remptwiB  visita  le  ckamp  de  bataille  d'EylaD.  pintade  ^oe  la  pot- 
tare  a  elrercbé  a  reproduire  sone  de  poétiques  caedeu».  H  était  b  > 
Napoléon ,  le  front  réreur ,  l'œil  morne ,  sar  an  cherat  de  batalICi 
tfouTant  passée  à  peine  aa  trareis  des  cadavres;  lec^mp  était  coo- 
vert  de  neige ,  rougi  par  de  longuts  traces  de  sang  sur  an  eq>ace  ifoM 


îdbyGoogIc 


set 

lieoe  et  tanie  ;  pv  ndetvtUes,  des  M(naȈ  la  fei^e  ao^  qolj'jia- 
nknt  cenune  des  lumen  funéraires  ;  pais  de»  nuée»  de  eorbMux  ^ 
MtUaient  mr  ce  stA  coitrert  de  cadavres  »  avec  àm  cioasseiDeato  4^ 
jm.  L'Mpect  de  ce  elkainp  de  eoroage  disait  aaseï  ^oe  éat  troofCl 
d'élite  en  élut  venms  aux  prisas  ;  des  rangs  eiUien  tiuabés  ions  la  m^ 
toaSe,  étaient  gisants  avec  IftnèawferBNtéat  la  anânetuiae  fiw 
i^bcombattaieuteDeore  debout.  Il  7  avait  <}ueLE|ae  diosede  gnadiMe 
0t  i'affreiix  k  l'aspect  de  catte  ^aine  d'fijlati.  -QiuJ»  hamme»,  tpak 
fiBdiatear9élaieBltoiid>é»  dans  le  cirque  en  proelaaant  Ifeg^oitede 
Cénr!  NapaléoG  ^nb  aawtaiir  dece  speetaclc,  et,  daw«M  boUefiB, 
iinipradiBt  em  style  figiwé  l'aspectde  la  plaioe  d'£ylM>  :  il  dit  coa- 
bioa  de  cadaiees  étaient  étendu»  su*  la  terie  oauneitte  d'<ri)Bi,  de 
taoielset  deniterill«;Lle3'Caaa«Hers  tués  en  défen^DtlflHrajà^cit 
temtNimotnicbésàtsraeaoM  la  poitrail  de  lews  sbeviot,  ei  tMt 
«ria  lanuart  sor  on  tenwn  resereé.  Toi».,  par  «ae  enueUe  at  fimide 
expression  artistique ,  Napoléon  ajoutait  daas  son  balleUn  :  «  ïout 
cela  avait  plus  de  relief  sur  un  fond  de  neige  *  ;  w  il  fallait  être  habitué 
ieespectoole,  porter  m  awur  inflesîlde^,  pour  faire  de  l'art  à  l'ooca- 
»on  de  cette  sanglante  bataille  d'EyiiHi,  où  septgénéraosfnrsnttnés 
à  la  tète  de  leur  glorieux  cortège  de  fières  troupes.  Depuis  la  bataille 
de Nevi ,  amioB  conbat  plusMaglant ae  s'était  Uvxé  av«c  un  courage 
(tas  adiamé  et  pfns  inrincible. 

Aussi  la  bfdaille  d^Eylau  laissa-t-elle  de  longues  traces  ;  eUefltdans 
laimée  une  imptesaisB  de  tfiatesse  iad^cible.  Aanes  et  Françafa 
reprirent  d'eux-mimes  leurs  quartier» d'hiver,  plein»  de  ht^n»et 
d'épuisement.  De  part  et  d'autre  une-  dêsorganisBeioD  déplondile  w 
nanfrail  dans  l'armée  ;  des  ctwps  entiers  avaient  disparu  ;  Tes  quatre 
*Bsionft  <iue  conduisait  le  maréchal  Augsraau  ne  paient  pas,  e&n 
réunissant,  composer  une  brigade;  il  7  est  telta  oampa^eS'de'vt^ 
tigenrs  et  de  grenadiers  qui,  sur  cent  hommes,  en  eurent  quatre^ 
viagtciaq  de  tué»;  tein  ces  détails  luFent  cooiuia  à  Tarsovle  et  Jt 
VhiB;  k  Vagsofie,  on  H.  de  lUleyvaad  coatinaait  alars  m  ewir 
diplomatîqDe  :  partisan  de  la  paix,  il  fut  preféodéineQl  trSbcté'  de  f( 

'  •  Qn'onaflgaTenirun  esptoe  d'um  liaua  carcfa  0'(m.10jOOO  cadm«9.4m 
Met  cheTMi  isés,  de»  lignn  de  sacs  nmtOt  At*  débris  de  fusils  el  de  sabre*,  Ik 
lem  couverte  de  boideu,  d'obus,  de  manilioH,  ilagi^queiie  pike»de  canon  eupria 
dieqijkj'wi  TOfait  les  cadanes  des  coodncleurs  tués  eu  memeat  ob  ili  hiaeleot 
des  clTorlspour  lesrnlercr;  tout  cela  sTait  plus  de  reliaT  sur  us  fond  d*  Belge*  % 
;Ss(i«tt  da  bUT*  bvSetiu- de  U  giandc  anoétt) 


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868  CÂMPAfiim  DB  poumue. 

toornare  déplorable  que  prenait  la  campagne  ;  il  avait  fw  dans  le 
g^ie  de  l'empereur,  mais  il  ne  ponvait  se  dissimuler  sa  maimi» 
position  sur  les  bords  de  la  Vistule,  à  quatre  cents  lieues  de  Kl  tron- 
Uères,  en  Tace  de  la  Busne,  qui  pouvait  très-radlemeot  se  recruter; 
rAutriche,  mêcoutente  de  Presbourg,  continuait  d'armer,  et  sous 
prétexte  de  médiation,  elle  se  tenait  en  Gatlîcie  avec  trois  corps  de 
bataille,  dont  les  cadres  complets  s'élevaient  à  60,000 hommes. D'tin 
aatre  cété,  une  armée  anglo-suédoise  était  annoncée  comme  dennt 
prendre  part  à  la  campagne  dès  le  mob  de  mars  on  d'avril  ;  on  en 
évaluait  lechiffre  à50,000  hommes,  excellentes  troupes  qui  pouvaienl 
exciter  une  insurrection  générale  en  Prusse  couverte  de  partisatu 
innés  et  en  campagne.  M.  de  Talleyrand  voyait  dans  la  paix  une 
solution  définitive  à  tons  ces  dangers  ;  sa  correspondance  avec  Nqw- 
léon  constate  un  esprit  de  modération  qni  devait  souvent  déplaire  k 
l'homme  qui  ne  comprenait  d'autre  voie  que  la  soamisBîOD  ateolM 
de  la  part  du  roi  de  Prusse  *. 

>  Cependant,  iprès  là  bauflle  d'Eylan,  le  ton  de  l'emperear  derÎMit  ^ns  moàM  : 
ttttn  de  IfepoUon,  datit  dOtUrod»,  It  29  féoritr,  adrutéa  à  Frédtrie-GnUlata* 

tt poriét par It  gtaênH Btrtrtmd,  enréponu  àwu  leitrô  d* e§ ntonar^ tniaU 

du  17  d«  M  moii. 

H  MonsiEUT  mon  frère,  j'ai  refti  la  lettre  de  votre  majesté,  du  nfén'iet,  qoenUt 
aide  decamp  le  colonel  Kleist  m'a  apportée,  ellni  ai  cotniBUDiqui  mes  idées  Mik 
ailnalioD  actuelle  de  vos  alTaires.  Je  désire  mettre  des  beniea  au  malheur  de  v«(K 
famille  et  organiser  le  plus  prompteinent  possible  la  monarchie  prussienoe,  donlli 
puissance  IntennèdiBire  est  nécessaire  pour  la  tranquillité  de  toute  l'Eure^,  li 
déaire  la  paii  tvec  la  Itusaie,  et,  pourvu  que  le  gouvememeot  russe  n'ait  pas  dt 
desseins  contre  la  Turquie,  il  me  paraît  qu'il  sera  facile  de  s'eDieodre.  La  paix  btm 
l'Angleterre  n'est  pas  moins  nécessaire  pour  la  tranquillité  de  toutes  les  naiEoDS,  tt 
je  ne  Terai  point  de  difQculté  d'enTOjer  un  ministre  à  Hemel,  pour  prendre  put  à  na 
congrès  entre  la  France,  la  Sutde,  l'Angleterre,  la  Bnseie,  la  Prusse  et  la  Torqoie. 
Mais  votre  mqesté  sera  peranadée  que,  ainsi  que  l'eipérjoiee  des  temps  l'a  démoolréF 
un  tel  congrès  pourrait  Tacitement  durer  plusieurs  années  ;  celui  de  Weslphilit 
dura,  je  crois,  dii-hail  ans.  Hais  la  longueur  de  temps  qui  serait  nécessaire  pour 
«aminer,  peser  et  déterminer  l'intérêt  réciproque  des  puissances  néfociatriccs  ei 
l'éiat  indéterminé  et  ineertain  qui  en  résulterait,  ne  conviendrait  pas  1  la  sitotlioa 
actuelle  de  la  Prusse.  Je  pense,  en  conséquence,  que  votre  majesté  me  fera  bientdi 
■avoir  qu'elle  a  pris  le  parti  le  plus  simple  et  le  plus  prompt,  qui  est  en  même  tonp* 
celui  qui  répond  le  mieui  au  bien-être  de  vos  peuples.  Mais,  dans  tons  les  cas,  j( 
prie  votre  majesté  d'être  convsincne  que  je  sois  sincèrement  dlapasii  renouer  bm 
'  anciens  rapporta  et  qne  je  souhaite  un  arrangement  avec  la  Buasie  et  l'An^elene,  B 
elles  le  veulent  en  effet.  J'aurais  horreur  de  moi-même  >l  j'étais  la  cause  de  tant  de 
■ang  répandu  ;  mais  que  puis-je  y  ftire7  a 

Napoléon  écrivait  le  19  awil  isn  à  Frédéric-Quillaïune  :  t  U  «t  ai 


îdbyGoOgIc 


DBOxiËMB  vitmoB.  209 

U  pensée  de  M.  de  Talleyrand  était  celle  d'un  coogrès,  il  s'ent^k- 
daitsurce  point  avec  le  général  baron  de  Vioceot,  envoyé  par  l'Au- 
triche k  Vanovié  ;  l'ambassadeur  oGfrait  la  médiation  de  son  cabinet 
pourunrapprocheinenlBvec]aRussieetrAnglelerre,&  des  conditions 
raisonnables  ;  on  reconstruirait  la  Prusse  dans  de  justes  limites  ;  la 
Sau  trouverait  ses  indemnités  pour  ses  frais  de  guerre  dans  la  création 
d'un  grand-duché  de  Varsovie  aux  dépens  de  la  Prusse  ;  et  comme 
M,  de  Talleyrand  était  intimement  persuadé  qu'il  n'y  aurait  jamais 
de  paix  solide  sans  le  concours  de  l'Angleterre,  il  proposait  d'admettre 
dans  nn  congrès  tenu itCopenbaguedesplénipotentiairesbritanniques; 
Copenhague  était  un  lieu  miste,  un  état  qui  avait  véritablement  gardé 
u  neutralité.  Ce  congrès  déciderait  ainsi  toutes  les  affaires  politiques, 
en  partant  d'une  base  de  pacification  générale;  M.  de  Talleyrand 
croyait  que  si  l'Angleterre  voulait  intervenir  dans  un  congrès,  l'em- 
pereur Napoléon  se  montrerait  plus  facile  dans  les  concessions  faites 
à  la  Prusse  et  à  l'Autriche. 

Cette  idée,  M.  de  Talleyrand  la  poursuit,  quoique  la  bataille 
d'EyUu  eût  un  peu  changé  les  projets  pacifiques  du  baron  de  Vincent 
et  de  l'Autriche,  on  voyait  à  quelle  cause  tenait  la  puissance  de  Napo- 
léon !  un  coup  de  dés  suffisait  pour  lui  6ter  les  chances  dans  le  jeu 
(erriblequ'ilessayaità  chaque  campagne.  L'empereur  hasardant  tou< 
jours,  les  cartes  pouvaient  toumercontre  lui,  et  c'est  ce  que  l'Europe 
n'oublia  pas;  la  fortune,  divinité  capricieuse,  ne  s'abandonne  jamais 
i  UD  seul  amant.  A  Paris,  la  bataille  d'EyIau  Ht  une  impression  plus 
ftiale  encore  qu'à  Varsovie  ;  les  bulletins  avaient  déguisé  avec  beau- 
coup de  soin  le  véritable  caractère  de  ce  carnage  ;  Napoléon  avait 
poétisé  le  champ  de  bataille,  sou  style  si  coloré  avait  donné  un  aspect 
de  triomphe  à  ce  qui  n'était  qu'un  choc  sanglant,  une  mêlée  épou- 
vantable :  mais  des  lettres  intimes  des  généraux  et  des  ofBciers  avaient 
donne  une  lamentable  idée  de  ce  heurtement  du  funèbre  cimetière 


que  jiwte  qne  la  paU  Mit  accordée  i  l'Europe,  k  la  PotU  oitomane  el  i  d'aolrcs 
alliés  de  U  France  impliqués  dans  la  guerre  ■eiuelle.  Je  ne  balance  pas  à  déclarer 
qua  la  France  a  toujours  regaidilt  liaison  entre  la  Russie  et  l'ADglelcrre  conune  eu 
oppositioa  aiec  les  principes  de  sa  politique.  Ou  s'intéresse  à  elle;  pourquoi  reTu- 
serait-oo  la  roteie  chose  1  lézard  de  la  Turquie  î  je  me  llaUe  que  votre  msjeat*  sera 
convaiocoB  de  la  farce  des  matib  qui  me  décident;  et  si  elle  admet  que  toutes  les 
puiMances  belligéiantes  des  deui  cAtés  preonent  pan  au  prochaiu  congiia,  ella 
4ttîa  b  Mol  obstacle  qui  s'opposa  cffecltYemeDt  k  l'ouverture  des  négociations.  « 


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JfîO  CAIVAGMB  DB  POLOORE. 

d'Eylao  et  des  sombres  résultats  qu'il  avait  eus.  NapolêoB,  forci  de 
Tevenirdanssesquaiiiersd'htveridemandaitigninds  cm  des  noyem 
poar  recruter  tes  armées;  un  message  secret  an  sénat  appdala 
levée  de  la  conscription  de  1808,  c'est^-dire  de  jeunes  ge»  qui 
«Tiient  dix-huit  ans  et  demi  à  peine  ;  la  conscription  de  1807  BTiit 
été  appelée  depuis  six  mois  ;  tous  les  dépAts  de  corps  étaient  partb  en 
poste  poar  rejoindre  ;  la  garnison  des  villes  se  coniposaK  de  tétArans 
et  de  gardes  nationaux  ;  toutes  les  ressources  de  l'État  étaient  ram 
en  réquisition  pour  soutrair  cette  année  i  quatre  cents  lieoes  des 
frontières,  et  qu'on  disait  pourtant  victorieuse  * . 

'  Ce  Tôt  du  cuip  d'Osieiode  que  Napoléon  duaioda  U  lerée  de  b  coRHriptioa 
de  1808. 

Mesiagt  ât  S.  Jf.  I.  »l  R.  ou  $tital. 

I  Sénatears,  nous  avons  ordonné  qu'un  projet  de  aéoatua-roiuuKe  iyaptpon 
Dbiet  d'appeler  dis  ce  moment  iBeonMriptioD  da  1808,  tous  aoil  piiieDl^. 

B  Le  rapport  que  nous  a  Tail  noire  in[n[stre  de  la  guerre,  voua  donnert  a  coa- 
naître  les  avantages  de  loulc  espère  qui  résulteront  de  celle  mesure. 

B  Tout  s'arme  autour  de  nous,  L'Anglelerre  Tient  d'ordonner  nne  levée  atnm- 
dJBafie  de  300.000  hommes;  d'auires  puissances  ont  recoars  également  i  de*  iwr«- 
teawBts  considérables.  Quelque  rormidables,  quelque  ■ombceuKs  qne  Mi»t  W* 
■rméea,  les  dispositions  contenues  duis  ce  projet  de  sénalus-eonsalte  nom  ptrab- 
aent  sinon  nécessaires,  du  moins  utiles  el  convenables.  II  faut  qu'à  la  vue  de  ceU« 
triple  barrière  de  camps  qui  enrironnera  notre  territaire,  comme  k  l'aspeet  du  triph 
nu$  de  (dates  fortes  qui  jisraniieeait  nos  plus  inportaMcs  frostièiei,  dm  emrais 
ne  conçoivent  l'espérance  d'aucun  succis,  se  décmu-agent,  et  soient  ramesés  oia. 
par  l'impuissance  de  nous  nuire,  k  la  justice  et  k  la  raison. 

B  L'empressement  avec  lequel  nos  peuples  ont  exécuté  les  sénatus-eonsulies  dn 
U  septenlm  180»  et  du  4  décembre  laoft,  •  vivemaM  etcité  en  naos  le  «cbUdm» 
de  la  recoAMiisMace.  Tout  Frantais  se  moBtieratgaktneBl  digne  d'uasibeaawHi. 

■  Nous  avons  appelé  k  commander  et  1  diriger  celte  întéressaule  jeunesse,  dn 
sénateurs  qui  se  sont  distingués  dans  1>  carrière  des  armes,  et  nons  désirons  que 
Voue  reeonnaissiei  dans  cctia  dttecmiaatioD  la  coofiaoee  sus  bornes  que  noaimei- 
tous  en  vou».  CessénaieuraeaeeigBeroDtaui  jeni)cscoi)scrii8queladisci[diiMtllt 
patience  i  supporter  les  fatigues  et  les  travaQi  de  la  guerre,  sont  les  premiers  girsnlt 
de  la  victoire.  Ils  leur  apprendront  à  tout  .'sacrifier  pour  la  gloire  du  irApf  d  if 
bonheur  de  la  patrie,  eui,  membres  d'un  corps  qui  en  est  le  plus  ferme  appni. 

»  Nous  avons  été  victorleui  de  tous  nos  ennemis.  En  six  mois,  uùus  avons  pus' 
le  Keio,  la  Saaie,  l'Elbe,  l'Oder,  la  Vistule  ;  bous  avons  conqnia  le*  place*  les  pin) 
fannldables  de  l'Enrape,  Magdebonrg,  Haneln,  Spandan,  Stellin,  Cuatria,  Giogae, 
Bresin,  Sehweidnitz,  Brieg  ;  nos  soldats  ent  trionpM  dans  on  grand  nonbn  di 
conba»  et  daos  plosieuTS  grandes  hataillee  rangées  ;  Us  OBt  pais  phis  de  buit  ceiO 
|)4iees  de  canon  sur  le  chsntp  de  bataille  ;  ils  ont  dirigé  vers  la  Fr*Bc«  quatre  nlSt 
^èees  de  si^,  qmlre  cents  drapeaai  pruasiens  ob  luaees,  et  pins  de  9t>fi0t  f^ 
SBoniers  de  guerre  ;  les  sables  de  la  Prusac,  les  uKtadei  da  la  Polagae,  le*  plnia  dt 
l'anloKM,  les  frin»s  de  rbiver,  rien  n'a  ralenti  leur  udeat  désir  de  parwair  1  h 


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mrxitm  péuovb.  Kl 

L'inqHiétude  éttit  eitréme  dans  les  familles  en  deuil,  les  ét&t»- 
majeis  «Toient  tant  fait  de  pertes  que  la  cour  elle-même  en  sablai 
It  tn^esse  :  de  brillants  officiers  étaient  t<mibés  soos  la  mitraille,  des 
géniaux  restaieat  couchés  sur  le  champ  de  bataille,  et  bien  que 
Nap^éoQ  fit  réloge  d'uiie  si  glorieuse  mort,  les  mères,  les  épouses, 
les  sosun,  trouvaient  cruel  de  voir  tonber  au  printemps  h  peine  de 
)a  fie,  ces  jeunes  hommes  quiauraieQtpu  fournir  une  si  belle  carrière. 
Aussi  le  eri  de  paix  se  faisait-il  entendre  à  Paris  comme  à  Varsovie, 
l'oiHnioa  publique  suppliait  Napoléon  de  terminer  ces  guerres  ]olit< 
Uioes  qui  le  portaient  à  cinq  cents  lieues  de  la  capiltde,  eu  moissoi»» 
mot  la  géfiération  entière. 

Pour  soutenir  les  opérations  militaires  sur  un  plan  sûr  et  large» 
Napoléon  avait  jugé  importaot  de  s'appuyer  au  nord  sur  deux  places 
coondérables,  Stralsoud  et  Dantzig  ;  par  Stralsund  on  voulait  maîo- 
teoîf  la  Poméranîe  suédoise  et  empêcher  tout  débarga^nent  d'une 
armée  auglo- suédoise;  Gustave- Adol^die  s'était  vigooreosemeiit 
défendu,  le  secouis  des  Anglais  n'arrivait  pas.  L'empereur  chargea 


pu  par  U  ^ctoire,  et  de  se  toIt  nmener  sur  1b  territaire  de  la  piblc  pu  dM 
iriomphes.  Cependant  nos  années  d'Italie,  <te  DalmaUe,  de  Naples,  nos  camps  de 
■osla^c,  de  Breugne,  de  NomuiQdie,  du  Uiin,  MU  restés  iulaeia. 

■  Si  BOUS  déni*  ndoDS  aujourd'hui  à  nos  peuples  de  nouTeaus  sacrfflces  pour  raa^ 
■Dlonr  de  nous  de  nouveaux  moyens  de  puissance,  nous  D'bésitons  pas  é  le  dire,  tn 
D'est  pofDt  pour  en  abuser  en  prolongeant  la  guerre.  Notre  politique  eat  Bie  ;  aoua 
■Tons  oSen  la  paix  k  rAngletcrre  avant  qu'elle  eflt  fait  éclater  )a  qnatriènecoalitieD; 
cette  mém*  paix,  nous  la  lui  offrons  encore.  Le  prlKipai  nainisire  qa'ellt  a  empleTi 
dan»  ECS  uégaciiUoDs  a  déclaré  aulhfnUtiuenient  dans  ks  assemblées  publiques  qu« 
cette  paii  pouvait  être  pour  elle  honorable  et  avantageuse;  il  a  ainsi  mis  en  évldenee 
la  iostice  dr  notre  cause.  Nous  aonmies  prêts  k  condnre  avec  la  BussJe  aux  mèma 
eenditfMS  que  son  négociateur  arut  signées,  et  que  les  intrigues  cl  l'IiAuiKe  da 
l'Angleterre  l'ont  conlTaint«  à  repousser.  Nous  sommes  prjis  i  rendra  à  Ma  bub 
millions  d'habitants  conquis  par  dos  armes,  la  iranquiliitr.,  et  au  roi  de  Pruue  n 
capitale.  Heia,  si  tant  de  preuves  de  modération  si  souvent  renouvelées  n«  peurent 
tien  caotre  les  aiusionB  que  la  passion  mggért  k  rJUi^eUrra,  si  eetle  paissanes  sa 
ftwL  croavcT  1»  paii  que  dans  notre  abaissement,  il  ne  nous  reste  plM  q«'à  gémir  sur 
les  malheurs  de  la  guerre,  et  à  rejeter  l'opprobre  et  le  blâme  sur  cette  naUon  qui  aU- 
menie  son  monopole  avec  )c  sang  du  continent.  Nous  trouverons  dans  notre  énergie, 
dvM  la  dévauement  et  k  pntewice  de  nos  potées,  des  mofeos  assuré»  pavr  rendra 
vaima  les  caaïtiou  qn'ant  cimentées  l'iiqnstice  et  la  haioe,  et  pour  les  hire  tannm 
à  U  confnsioa  de  leurs  auieun.  Franijais  I  nonshraTiroiis  toua  les  périla  paui  la  ghlit 
etponr  le  repos  de  nos  enhnts. 

•  Donné  en  notra  camp  impérial  d'Osterode,  le  M  mare  18OT. 


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87S  CAHPAGKE  VE  POtOGlIE. 

les  maréchaux  Mortier  et  Brune  de  diriger  les  opératioDs  de  cette  cam- 
pagne ;  ils  le  firent  avec  une  indicible  vigueur,  les  troupes  suédoises, 
abandonnées  à  elles-mêmes ,  firent  retraite  devant  des  forces  supé- 
rieures. Au  siège  de  Straisund,  ou  saneilla  tout  mouvemeot  de  l'année 
tDgIaise  dans  la  haute  Allemagne  ;  en  même  temps  le  vieux  maréclial 
Lefebvre,  le  général  républicain  de  Sambre-et-Meuse,  dut  assiéger 
Dantzig,  investissement  beau  et  long ,  à  la  manière  de  l'ancteone 
école,  avec  toutes  les  phases  des  fascines  et  des  épaulemetits  réguliers  ; 
on  entoara  la  place,  la  tranchée  fut  ouverte,  comme  sous  Louis  ÎIV 
lorsqu'on  assiégeait  BergM)j>-Zoom  ou  les  formidables  citadella  it 
Flandre.  Le  siège  de  Dantzig  fut  un  épisode  aux  opérations  de  b 
grande  armée  ;  le  maréchal,  aidé  du  corps  du  génie,  toujours  û 
remarquable,  pressa  les  fortifications  de  Dantzig ,  défendu  par  k 
général  Kalkreuth,  de  l'école  de  Frédéric.  Après  trois  mois  de  siège 
régulier,  Dantzig  se  rendit,  et  le  maréchal  put  en  donner  la  bonne 
nouvelle  àNapoléon  ;  une  récompense  alors  inconnue  lui  fut  décetnée 
eu  milieu  des  camps. 

Jusqu'ici  Napoléon  avait  fait  des  fendataires,  mais  il  n'avait  pas  fait 
de  nobles  ;  il  avait  créé  des  fiefs  sans  donner  de  titres  ;  or  le  premier 
duc  fut  le  maréchal  Lefebvre  :  idée  politique  et  hardie  tout  à  la  fois: 
choisir  pour  premier  duc  de  son  empire  l'homme  d'une  fortune  si 
inouïe,  faire  duchesse  la  bonne  et  excellente  femme  qui  avait  suiîi  la 
carrière  de  son  mari  depuis  les  gardes  françaises,  cette  madame 
Lefebvre,  dont  les  propos  naïfs  égayaient  les  grandes  dames  de  la 
cour  1  l'empereur  faisait  commencer  la  noblesse  bien  peuple,  aGn  de 
prouver  que  pour  lui  elle  devait  avoir  un  sens  démocratique  ;  c'était 
une  récompense  pour  un  service  rendu,  une  obligation,  une  nouvelle 
dette  envers  la  patrie.  Puis  il  y  avait,  dans  ce  choix  de  Lefebvre,  le 
sentiment  d'une  puissance  absolue  :  prendre  ce  qui  était  si  petit 
d'origine,  en  faire  le  premier  de  ses  gentilshommes,  comme  à  Con- 
Btantînople  le  sultan  fait  d'un  gardien  de  troupeaux  un  vizir  ou  un 
pacha  ;  transformer  un  ancien  sergent  aux  gardes  en  duc,  dignité  la 
plus  élevée  du  vieux  régime,  c'était  dire  assez  que  l'empereur  avaitle 
don  créateur  ;  il  y  a  de  la  raison  en  toute  chose,  il  ne  faut  pas  cnnre 
àla  folie  des  pouvoirs,  et  lOTsqne  Caliguta  fit  son  cheval  consul,  ilavait 
en  lui  une  idée  :  d'abord  l'exaltation  de  sa  propre  autorité,  une  cer- 
taine manière  de  constater  qu'il  pouvait  tout,  même  satisfaire  ks 
capdces  les  plus  étranges  de  sa  volonté  :  «  Je  suis  tout-puissant, 


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je  réalise  l'impossible;  par  ma  volonté  un  cheval  est  consul  '.  » 
Une  suspension  d'armes  naturelle,  spontanée,  avait  nivi  la  funèbre 
bataille  d'Eylau  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  mai  ;  les  deux  armées 
étaient  comme  épuisées  partout  ce  sang  répandu.  L'empereur  Napo- 
\ha  avait  fixé  son  quartier  général  soit  à  Ostrolenka,  soit  à  Finken- 
stein,  petite  ville  près  de  Daobiig,  d'où  il  pouvait  suivre  toute»  les 

<  Le  teite  dn  moaage  qui  crée  le  dncbé  d«  D«att%  «t  plein  de  Dobicase  et  de 
hauU  BCDiimeola  politique». 

Meswge  de  l'emperear. 

a  UntleuTS,  pu  nos  décret*  du  30  mirs  de  l'tDnée  IBM,  noua  avons  institué  des 

dnchés  pour  récompeDser  les  grands  services  ctrili  et  militaires  qui  nous  ont  élé  ou 

qui  nous  seront  rendus,  et  pour  donner  de  nooTeaui  appuis  t  notre  irAne ,  et  enTi- 

roDDer  notre  couronne  d'un  nourel  fclel. 

B  C'est  1  nous  k  songer  à  assurer  l'étal  et  la  fortune  des  ramilles  qui  se  dévouent 
entièrement  k  notre  service,  et  qui  sacrifient  constamment  leurs  intérêts  aux  nAtrrs. 
Les  bonneuTs  permanents,  la  fortune  légitime,  bonorafale  et  ^orieuse  que  nous  vou- 
lons donneri  ceux  qui  nous  rendent  des  services  éiniocats,  soit  dans  la  carri^  civile, 
soit  dans  la  carrière  militaire,  cooirasieronl  avec  la  fortune  ill^ilime,  caebée,  bon< 
teuse,  de  ceux  qui,  dans  l'exercice  de  leurs  fonctions,  ne  cberchcraieni  que  leur 
intérêt,  au  lieu  d'avoir  en  vue  celui  de  nos  peuples,  et  le  bien  de  notre  service.  Sans 
donte  la  conscience  d'avoir  fait  »an  devoir,  elles  biens  atlaebéii  notre  estime,  inJBsent 
pour  retenir  un  bon  Français  dans  la  ligne  de  l'bonneur;  mais  l'ordre  de  notre  société 
est  ainsi  constitué,  qu'i  des  distinctions  apparentes,  à  une  grande  fortune  sont  atta- 
chés une  considération  et  un  éclat  dont  noua  voulons  que  soient  environnés  ceux  de 
nos  sujets  grands  par  leurs  talents,  par  leurs  aenices  et  par  leur  caTactère,  ee  premier 
don  de  l'homme. 

»  Celui  qui  nous  a  le  plus  secondé  dans  cette  première  journée  de  notre  règne,  cl 
qui,  après  avoir  rendu  des  services  dans  toutes  les  circonstances  de  sa  carrière  mili- 
taire, vient  d'attacher  son  nom  k  un  siège  mémorable  oh  il  a  déploie  de*  talents  et  un 
brillant  courage,  nous  s  paru  mériter  une  éclatante  distinction.  Nous  tvc«s  aussi 
voulu  consacrer  une  époque  si  honorable  pour  les  armes;  et  par  les  lettres  patentes 
dont  nous  chargeons  notre  cousin  l'archichancelier,  nous  avons  créé  noire  cousin  le 
marécbal  et  sénateur  Lefebvre,  duc  de  Dantilg.  Que  ce  titre ,  porté  par  ses  descen- 
dants, leur  retrace  les  vertus  de  leur  père,  et  qu'eux-jnèmes  ils  s'en  recuDnaisseul 
indignes,  s'ils  préfèrent  jamais  un  lèche  repos  et  l'oisiveté  de  la  grande  ville  aux  périls 
rt  i  la  noble  poussière  des  camps,  si  jamais  leurs  premiers  sentiments  cessaient  d'être 
pour  la  patrie  U  pour  noua.  Qu'aucun  d'eux  ne  termine  ea  carrière  sans  avoir  versé 
son  sang  pour  la  gloire  et  l'honneur  de  notre  belle  France  :  que  dans  le  nom  qu'ila 
porieci,  ils  ne  voient  jamais  un  privilège,  mais  des  devoirs  envers  nospeuples  et  envers 
nous.  A  ces  conditions ,  notre  protection  et  celle -de  nos  successeurs  les  distinguera 
dans  tous  les  rangs. 

n  Sénateurs,  nous  éprouvons  un  sentiment  de  satisfaction  en  pensant  qne  les 
premières  lettres  patentes  qui,  en  conséquence  de  notre  sènatus- consulte  do 
14  août  1806,  doivent  être  inscrites  sur  vos  registres,  consacrent  les  sct>  ices  de  votre 
•prêteur. 

n  Donné  en  noire  camp  impérial  de  FinkenMeiD,  le  98  mai  IMT. 

»  Siçné  :  NtfOtioH.  ■ 


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t7A  CÂ1IPA6KB  DB  fOVOSKB. 

opéralîonfl  du  siège  ou  de  l'année.  A  Finkensteio  remperenr  reçut 
reuToyé  du  schsh  de  Pêne,  arabasude  somptueuse  qui  retentit. 
L'activité  de  Napoléon  n'avait  pas  de  bornes;  ce  qu'il  voulait  il  Yah- 
entait  sur  Uteare,  dès  le  commencemeat  de  la  campagne  cesire  la 
Russie,  il  anit  compris  toute  l'importauce  de  soulever  contre  les 
Ruœes  le  divan  et  la  Perse,  leurs  antiques  ennemis ,  comme  one 
diversion  essentielle  à  son  plan  de  campagne  en  Pologne.  Aleuodre, 
obligé  de  diviser  ses  forces,  ne  pourrait  plus  employer  qu'une  fruti» 
de  troupes  sur  le  Niémen  ;  à  cet  effet,  l'empereur  envoya  des  instrw- 
tlons  précises  au  général  Sébastiani,  pour  engager  le  divan  à  com- 
meocer  une  guerre  vigoureuse  contre  reaoemî  commun,  Alexaodre, 
le  petit-fils  de  Catherine  II. 

Des  nouvelles  d'un  haut  intérêt  venaient  donner  de  puisanttf 
espérances  à  l'empereur  à  son  camp  de  Finkenstan.  Une  d^cbe  da 
g^éral  Sébastiani  fut  conçue  en  ces  termes  :  «  Silim  III  i  ««>- 
mencé  les  hostilités.  »  Le  sultan  était  un  de  ces  mahométans  à  demi 
Oiropéais  qui  contribuaient  k  tuer  l'eminre  ottoman ,  en  lui  oiievuit 
l'empreinte  énergique  et  refigieose  de  l'islamisme,  sans  lui  donau 
la  force  des  institutions  chrétiennes.  Rien  n'est  plus  faibleqn'nn  Ètit 
dans  cette  tran^tion  des  coutumes  anciennes  à  une  civilisstioa  doo- 
velle.  Le  traité  de  Jassy  régularisait  les  rapports  de  la  Rnsie  cA  de  h 
Porte  ;  d'après  ce  traité ,  les  deux  hospodars  de  Moldavie  et  de  Y^ 
chie  devaient  être  nommés  sous  l'influence  du  ctar.  Sélim ,  pv  qb 
acte  hostile  aux  clauses  du  traité,  destitua  les  deux  hoqxxlsn,  d 
l'ambassadeur  de  France ,  le  général  Sébastiani ,  parvint  k  désigKr 
deux  princes  dévoués  au  système  de  Napoléon .  La  Russie,  après  nnf 
note  impérative ,  donna  ordre  au  général  MicbeUoa  d'occuper  nûli- 
taireraent  la  HoldaTie  et  la  Valachîe ,  et  en  même  ten^  ime  Ek^ 
Ug^se  se  montra  aux  eaux  du  Bosphore  &  cMé  de  celle  de  l'aniinl 
Siotavio. 

'  Dans  cette  circonstance  pkillense  pour  la  Porte ,  le  gàiéral  Sétif- 
tieni  développa  une  grande  énergie  de  caractère;  des  officim  d'»r- 
tillerie  et  du  génie  détachés  du  corps  de  Marmont,  alors  dans  les  pn)- 
Vinces  niyrieones,  préparèrent  une  belle  défense  de  CoostantiDOple. 
La  flotte  anglaise  se  déploya  en  vain  devant  le  cbAtean  des  Sept 
Tours  ;  elle  mit  toute  voile  dehors  en  saluant  par  des  volées  de  canw 
les  jardins  embauo^  du  s^ail.  Cet  appui  que  donnait  la  France  à 
SéUm ,  et  le  caractère  earopéen  du  sultan ,  devaient  h&ter  sa  roioc^ 


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MDXiAm  pteioMi.  SfTS 

les  nations  ne  couservent  une  forte  destinée  que  tant  qu'dies  restent 
d'accord  nec  leurs  principes;  lorsqu'elles  veulent  emprunter  des 
HUBurs  étrangères ,  elles  se  perdent.  Le  Turc  est  marqué  d'une  em- 
preinte indélébile  que  Mabomet  imprima  aux  peuples  conquérants 
qu'il  avait  élevés  ai  haut  ;  les  mœurs  chrétieimes  le  gênent  et  l'en- 
lacent comme  l'habit  européen  ;  il  lui  faut  les  Institutions,  les  lois , 
les  abus ,  la  croyance  aveugle  ;  tout  ce  qui  faisait  son  énergie  aux 
XVI*  et  X.T1I*  siècles.  La  présence  du  généra!  Sébastiani  put  bien  ré- 
veiller i  Ckmstantinople  un  désir  momentané  de  résister  auxAnglab; 
on  vit  des  batteries  sur  le  rivage ,  des  boulets  rouges  furent  chauETés, 
les  bombardiers  du  sérail  obéirent  au  général  Foy  et  aux  artiUeun 
français;  mais  ce  n'était  là  qu'un  accident,  et  tdt  ou  lard  là  Russie 
et  l'Angleterre  dominant  le  divan,  Sélim  succomberait  dans  ses 
tentatives  pour  «Utardir  l'esprit  de  l'islamisme.  La  révolution  était 
prâte. 

A  Finkenslein ,  i'anpereur  promena  l'envoyé  de  Perse  sons  les 
tentes,  puis  imitant  le  faste  et  la  grandeur  de  Louis  XIV,  il  lui  fit 
Totr  son  armée  dans  de  somptueuses  parades.  Ces  sortes  d'hommages 
Isi  plaisaient  ;  il  causa  pendant  deux  jours  des  forces  merveiUensM 
de  la  Perse  * ,  qui  pouvait  mettre  80,000  cavaliers  en  campagne  nr 
des  chevaux  aux  housses  d'or  ;  les  contes  des  MUle  et  une  Ntiili  an 
présoitèrent  à  son  imagination  vive  et  «dorée.  L'Orient  avait  ton- 
jours  ttvpfé  Napoléon  ;  il  aimait  le  faotastique  des  villes  aux  ceet 
portes ,  les  pyramides  de  quarante  ûëcles ,  le  soleil  des  mages ,  les 
temples  «bx  mille  cdoanes.  £u  résultat ,  la  Pêne  et  la  Turquie 

■  On  po^iM  la  riceptioD  de  l'eavaji  de  Perse.  An  reste  leaAogltiiODt  nié  que* 
Mt  BU  véritaUe  unbwMdeDr;  on  le  diuit  un  snbelierne  intrigent. 

«  LtebaoMdeor  penan  «h  BRiTé  le  SO  «Tril  (1807)  «u  chitean  de  FiokenUaïn.  U 
âoecopé  hkeMBCBtnierqiiëpourleiHiKeliérédiiairedeBade,  quicHaaiUgeila 
DwUtck.  Le  IendeBaiB,iiBci>soBaDdlence.L'enipeTeur  lui  ■Ciit  voir  vingt  bataiDiMB 
d'inhnterie  de  m  garde  k  pied,  ei  «  (kit  hire  diffénDtea  nanonviaB  dent  ui  imliw 
ttdcar  ne  ponnli  avoir  ridée, 

■  LeS&.t'NnpeTenrrafaitappelerdsDalejaTdin  et  a  canaé  longiemp*  avec  lui  gui 
U  liU^ralnre  de  la  Perse,  el  anr  les  aniiquilés  de  ce  pays.  C'est  un  homme  fort  in- 
airnit  :ila  assuré  qn'D  j  avait  en  Perse  des  mtoioires  suris  guerre  des  Farlhes  avec 
ht  Romains ,  qui  ne  sont  pas  cmuns,  et  mène  nne  histoire  d'jilexandre  qal  n'est 
pas  csnfomM  ans  nAties.  L'interprète  a7ant  dit  i  rerapereur  que  cetie  bislolre  était 
k  U  bibliotbique,  sa  msjesli  a  ordonné  qu'on  la  flt  (ndaire. 

B  Lel"  mai  l'ambsrâadeur  persan  a  eu  l'honneur  d'accompagner  l'empereur, qnl 
a  fWIt  manœuvrer  devant  lui  iTCnte  efcadroes  de  sa  garde  k  efaeval  avec  une  Irentains 
da  pUces  d'artillerie  légère.  Ces  vunmivrrB  ont  paru  fortennt  l'inlérener.B 


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fTft  cAiirAsm  ra  folmsb. 

pooraient  faiie  diversfon  à  la  guerre  de  Pologne  en  attaquant  le  vaste 
empire  nmt  sur  deux  points,  et  c'est  ce  qui  explique  les  ciresws  qne 
Napoléon  prodigua  à  rambanadeur  du  schah  ;  il  le  mena  v<rir  le  siège 
de  Dantzig  ;  il  fit  exécuter  de  grandes  manœuvres.  Le  général  Gar- 
danne,  de  bonne  naissance,  ofBcier  distingué  des  guerres  d'Italie, 
né  ious  le  soleil  méridional,  et  tout  plein  des  projets  qui  animent 
toujoun  les  cadets  de  Provence,  se  chargea  d'une  mission  k  Ttiiéras  ; 
il  ;  eut  une  légation  complète  envoyée  en  Perse  ;  on  faisait  ainsi  de 
grands  projets  pour  l'avenir ,  lorsque  tout  h  coup  la  trompette  se  fit 
entendre ,  et  le  champ  de  bataille  se  rouvrit  par  un  mouvement  de 
l'armée  nnse,  rapide  et  fortement  conçu. 

Le  soleil  du  mois  de  juin  ralTermissBit  la  terre  ;  on  était  au  tempa 
des  longues  journées  et  des  nuits  de  six  heures  ;  Dantzig  était  pris, 
Kœnigsben;  menacé,  qui  pouvait  donc  expliquer  la  torpeur  de  Napo- 
léon? lui  si  actif,  si  vigilant,  comment  se  faisait-il  que  la  campagne 
ne  fût  pas  commencée  en  plein  été  7  Dans  son  camp  de  parade  de  Fîn- 
kenstein ,  il  se  berçait  dans  ses  projets  sur  l'Orient  ;  on  disait  qu'à 
cette  époque  Napoléon  désirait  la  paix  ;  Prussisdi-Eylau  l'avait  vive- 
ment affecté  ;  la  dissipation  et  les  amours  l'avaient  suiti  à  Finkenstein. 
Napcriéon.  si  ferme,  si  sévère  sur  la  discipline,  conduisait  une  femme 
dans  les  camps,  il  vivait  avec  toute  la  mollesse  d'un  prince  pacifique  ; 
comme  Louis  XV,  il  avait  une  nouvelle  madame  de  ChAteauroux 
MUS  sa  tente  ' .  Cette  guerre  énergique  avait  laissé  une  profonde  em- 

'  Le  \«1m  de  chambre  CamiantMt  Tort  uaTfsnr  les  amours  d«  PTapoléoi)  - 

a  Deui  mois  après,  l'emperciir,  de  son  qaarlîer  général  de  Fiakeiistein,  ëcriTit  i 

madame  T qui  s'empressa  d'accourir  auprès  de  lui.  Sa  majcsié  luiDt  préptrcrim 

appartement  qui  communiquait  iTee  le  sien.  Madame  V....  s';  établit  et  ne  quitta 
plus  le  palalsdeFinkeDSlein.laisBaDtl  Varsovie  wn  vieil  épouK  qui,  blessé  dans  son 
faonncur  et  dans  sesaffeciioDS,  neioulut  JRmaksrevDirla  femme  qui  l'avûtibaDdonDé. 
MadameV....  demeura  tToissemainesBvecrempcreur.jusqu'i  son  dèparl,  et  iPtouma 
ensuite  danssa  famille.  Pendant  louicelempsellenccessa  de  témoignera  sa  majesté 
la  tendresse  ta  plus  vive,  comme  aussi  la  plus  désinléresaée.  L'empereur,  de  son  cAtê, 
paraissait  parfaitement  comprendre  tout  ce  qu'avait  d'intéressant  cette  femme  angê- 
lique.  dont  le  caractère  plein  àe  douceur  et  d'abnégation  m'a  laissé  un  souvenir  qui 
nes'effacers  jamais.  Ils  prenaient  tous  leursrepss  ensemble;  je  les  servais  seul;  ainti 
i'Étaia  1  même  de  jouir  de  leur  conversation,  toujours  aimable,  vive,  empressée  de  la 
part  de  l'empereur,  toujours  tendre,  passionnée,  mélancolique  de  I«  part  de  madame 
V....  Lom|uc  sa  majesté  n'était  point  auprès  d'elle,  madame  V....  passait  tout  soa 
temps  i  lire,  ou  bien  i  regarder,  k  travers  les  jalousies  de  ta  chambre  de  t'cntpereur, 
les. parades  et  les  évolutions  qu'il  faisait  néculcr  dans  la  cour  d'tionneur  du  cbltesn 
etquesouvetii  il  commandait  en  personne.  Toili  quelle  était  sa  vie,  comme  son  hu- 


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DBDXltalE  piRlOM.  977 

preÎDte  dans  son  esprit  ;  il  n'était  pas  à  l'aise  h  la  face  des  Basses ,  it 
souliaitait  un  congrès.  Que  signifiaient  ces  quartiers  d'hiver  prolongés 
jusqu'au  commencement  de  juin  7  Gela  entrait-il  dans  les  habitudes 
militaires  de  Napoléon,  dans  sa  première  manière  des  guerres  d'Italie? 
Ce  furent  les  Russes  qui  tout  à  coup  débordèrent  sur  le  champ  dQ 
bataille.  Le  5  juin  les  hostilités  étaient  reprises ,  la  terre  tremblait 
sous  80,000  assaillants ,  grenadiers  à  la  haute  taille,  chasseurs,  cul- 
rasùers  et  Cosaques. 

Pour  expliquer  les  événements  militaires  de  cette  courte  et  san-^ 
glaate  campagne  qui  commence  le  5  juin  et  finit  le  14,  il  est  essentiel: 
de  connaître  le  terrain  sur  lequel  les  grandes  masses  vont  manœuvrer; 
c'est  dans  le  nord  de  la  vieille  Prusse,  au  delà  de  Dontzig  et  près  da 
Kœnigst>erg ,  au  milieu  de  ce  terrain  qui  s'élend  de  la  petite  rivière 
de  la  Passarge,  jusqu'à  l'Aile  ;  cet  espace  n'est  pas  de  vingt  lieues  car- 
rées, il  est  couvert  de  petites  villes  allemandes  de  500  à  1 ,000  habitants, 
avec  uo  clocher,  un  presbytère,  une  fontaine  :  Gutstadt,  la  gradense 
cité  verte  et  blanche  ;  Heilsberg ,  le  grand  bourg  ;  Friedland ,  sur 
l'Aile,  et  le  funèbre  Prussisdt-Eylau;  la  Passarge  couvrait  le  quartier, 
général  de  Napoléon.  Au  6  juin,  l'armée  française  étendait  son  front 
■de  bataille  k  près  de  vingt  lieues  ;  les  quatre  maréchaux  Davoost  „ 
Ney,  Soult  et  Bemadotte  se  tenaient  en  première  ligne ,  déployant 
une  force  de  80,000  hommes  sur  un  espace  trop  étendu,  La  ma-^ 
nœurre  de  Bennigsen  consistait  à  surprendre  chacun  de  ces  corps 
séparément  ;  l'Aile  et  la  Passarge  sont  couvertes  de  grands  bois  do 
sapins  noirs  et  profonds  ;  à  l'aide  de  ces  ombres  épaisses ,  Bennigieit 
développa  un  corps  d'élite  de  40,000  hommes ,  pi^cédé  d'une  formi- 
dable artillerie.  Le  voilà  en  marche  ;  il  attaque  Ney  imprudemment, 
avuicé  jusqu'à  Gutstadt;  deux  divisions  du  maréchal  sont  abîmées  « 
et  perdent  leur  parc  d'artillerie  ;  bientAt  toute  la  ligne  est  attaquée 
par  les  Russes.  A  Spanden ,  c'est  Beruadott«  qui  soutient  la  charge^ 
de  doute  régiments  russes  ;  son  corps  résiste  avec  fermeté.  A  I/unit- 
ten ,  Soult  est  lui-même  vigoureusement  pressé ,  tandis  que  Ney  fait 
SB  retraite  sur  la  Passarge  sous  les  feux  redoublés  de  la  mitraille  *. 


inenr,  loujoun  t^e,  toujours  DDiforme.SDD  caractère  cbirmall  l'cmpemir  et  lalaE 
ûisait  cbn-ir  tons  les  jour»  d'avanlige.  (Mémoires  de  Constant.) 
'  Il  faut  sâïoir  qu'à  ce  momeni  tout  espoir  àe  négociation  était  évanoui, 
Dana  un  Irailé,  sign*  le  26  avril  180T  i  Barlenstcin  par  le  baron  de  Budbe^  (pour 
la  Russie]  etie  btron  deHardenlierg  (pour  lo  Prusse)  qui  venait  de  reinplaect  le  ««DénL 

TU.  J3 


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ST9 

Benttdolte  l'âiipiie  avec  use  grude  énergie  ;  il  est  bleui  d'iB  eaati 
de  feu  qui  l'atteint  à  l'oreilie. 

Au  mUieu  de  réto&DODeat  d'une  attaque  si  prompte  et  û  bno^, 
Napoléon  ordonna  un  mouvement  de  concentratioa  pow  opérer  troc 
plui  d'ordre  et  de  raéttiode  et  de  réorganiaer  l'arnée  derrière  kPas- 
air^  ;  il  danne  le  cMamandemeot  du  coips  de  Beroadotte  Mené  i 
un  des  vieux  compagnons  de  l'arnée  d'Italie,  au  général  Tictor, 
récemment  pris  et  échangé  contre  Bliicher.  Victor  est  de  la  race  des 
iottépidei,  i  la  maBière  de  Luines  et  d'Oudioot.  Le  %  juio ,  l'empe 
ïenr  prend  k  toa  tour  l'offenàve  :  il  dévek^pe  ses  divisions,  tefasa  ii 
Vuurffi  et  marche  sur  Gotstadt  ;  Mwat  charge  impétueuseagi^  et 
arec  aeccis  i'infantwie  enneaaie  ;  les  Russes  mis  en  déroute  se  oob- 
cefitrent  à  Heâsberg. 

ktKMw,  1m  deui  pirties  coniractintce  ■'«ogageuait  k  coDUnoer  U  goart  ta  ne 
Cwne  paii  juste,  bonorabie  et  solide;  à  combatlre  et  i  négocier  cotqointcmenl,liw 
poinl  i'jngérer  dans  les  glTaires  intérieures  de  la  France,  maisi  mettre  un  rreioàfOD 
anbilfon,  k  assurer  el  garantir  aui  différents  Étals  tears  dtoils  et  indépendance  IH- 
iMvts ptrcetlectrafédéralleadu Rhin,  despotique daost'iniériear.eKlaTe an dtibon, 
wwrpalHM  d«a  contrées  loisiMcs  et  soumise  i  luahitioD  de  son  protecieurj  i  ia- 
Mndre  cette  caurédération  pour  en  former  une  autre  libératrice  et  conserratriH  ik 
rÀllemagne.fious  la  direction  de  l'Autriche  et  de  laPrusse.  Ce  traité  stipulait  CD  OBI» 
^e  II  Piasse  recouvrerait  les  États  qu'elle  poMédtii  en  iSW,  iine  l'A-otilcl»  snii 
InrWe  1  aceider  k  ce  tnlli  et  i  coopérer  avec  les  aUiés,  afin  de  rentrer  dans  li  p<»- 
scssiOB  du  TjToI  et  des  proTioces  vénitiennes,  et  de  porter  ainsi  ses  limites  jusqu'iu 
toursduMincio.euréoccupant  la  Tortcresse  deHanioue.Enfin,  Il  était  conreouiiiit 
l'on  pnpoaerail  an  mîniBtère  ao^als  de  seconder'  ces  afrangemeoti  par  des  mnOT 
d'ucBBt.d'arntei,  demunitians,  (inuque  par  ledibarquemeiitkSiraliWidd'iiM 
Uikée  brilaDuquc  qui,  avec  l'armée  tuédoise,  agirait  sur  les  derrières  de  l'omcmi. 
tandis  qu'il  serait  attaqué  de  Tronl  par  les  Russes  et  les  Prussiens,  et  que  les  Aulri- 
«biens  l'Inquiéteraient  sur  ses  flancs;  ce  qui  délïrrerail  l'électorat  de  Hanovre,  rw- 
w4ndt  au  comMcree  angkia  les  Oeavea  de  l'Allemagne  GepicDlrioiiale  et  ponmit 
dMHUrlieii  iiuacartùsseineDt  de  U  domination  britannique  dans  ces  cootrée&IW 
ouvertures  semblables  devaient  être  faites  au  roi  de  Suède,  d'autant  que  le  cetoatl 
suédois  d'BngelbT«chIen  avait  déjk  signé,  dès  le  20  avril,  à  Btrienstein,  avec  le  ban* 
et  WirtMihCTg,  un  traité  en  vtrtn  duquel  un  corps  de  doiue  mille  fcoromcs  devait  ia* 
réttni  i  l'armée  suédoise.  Quant  au  roi  de  Danemarck,  l'on  différait  de  oégocieravcc  bî 
avant  d'avoir  délibéré  en  commun  sur  IcE  mojcns  deTobliger  i  s'expliquer.  A  Vipri 
des  souverains  d'Italie,  ou  pensait  qu'il  appartenait  principalement  kl' Aniricheeit 
l'ADgleterre  d'en  décider,  sous  la  condition  toutefois  que  le  nouveau  rojaumelon- 
bard  ttU  k  perpétuité  séparé  de  la  couronne  de  France,  et  que  les  rois  de  Sardaigne  tl 
de  Naples  reçussent  de  convenables  indemnités.  Le  prince  d'Orange  devait  recoaiTff 
Ëcs  domaines  d'Allemagne  et  ce  qui  lui  avait  été  alloué  en  compensation  de  ses  periM 
en  Hollande.  EnCn,  si  les  alliés  devenaient  les  arbitres  des  conditions  de  la  paii,  il* 
déclaraient  d'aï ance  qu'aucune  vue  d'intérêt  propre  ne  les  guideraîL.qu'H  uefavorife- 


îdbyGoOglC 


I>EUTlillB   PÉmiODB.  270 

Ici  oouvelle  bataille  presque  aussi  meartrière  qu'à  Prussisch-Eylan. 
Murat,  tonjoursen  tète,  charge  encore;  mais  il  se  fait  mitrailler; 
(a  cavalerie  nian  s'^aoïce,  profile  da  désordre  et  brise  les  deui  diri- 
sions  de  Murat ,  Napoléon  a  vu  la  faute.  <i  Murat  fait  le  fou  !  s'écrie- 
t-il  ;  allorts ,  Savary ,  rétablissez  ce  combat ,  prenez  les  fusiHers  de  la 
garde ,  arrêtez  le  désordre.  »  Les  Tusilieis  de  la  garde ,  jeune  troape 
nouveHemeot  formée,  tn^lent  de  se  distiaguer;  le  général  SaTary 
les  condnit  ;  9s  outrent  un  beau  fen  qui  donne  i  Murat  le  temps  ds 
mettre  un  peu  d'ordre  dans  ses  ranp.  Bient6t  eux-mêmes  sont  ^ti- 
ques par  l'infanterie  ra»e ,  et  ils  auraient  été  refoulés  à  leur  toar,  li 
deux  divisiODS  de  Lannestl  de  Soult  n'étaient  Tenues  i  lenrappnï.La 


laieni  qui  que  ee  TAt  idi  dépeiu  d'un  autre,  et  qne  lenr  seul  but  était  d'usurer  l'in- 
Jppendance,  l'honocuT,  la  prospérité  ducantinent,  soilpar  des  n%ocialions,  soit  par 
les  arme?.  Telle  avait  été  prétédemmenl,  (elle  fut  alors,  et  teUe  se  montra  généreoM- 
mcDi  plus  lard  la  penaée  fondamentale  de  la  politiqne  rone. 

L'ambassadeur  pruasleo  i  Vieane,  le  comte  de  Fiakensieia,  ^1  à  Tienne  dani  le 
sens  d'une  nooTelle  coalitioD.  Il  disait  dans  une  note  au  comte  de  Stadion  :  ■  Les 
maux  résuhant  da  traité  de  Preiboarg  sont  si  cruels  que  l'empereur  doit  néeesMlre- 
menl  avoir  la  (ferme  inleiuion  de  réparer  et  de  dcatrisrr  les  plaies  bites  h  Be>  Étala 
par  la  dernière  guerre.  La  perte  du  Tjrol  est  d'une  d  grande  Importance  que  8.  H. 
allpnd  sans  doute  la  premltre  occssion  pour  le  reprendre  sur  la  Baviire,  en  réveillant 
la  ndélité  de  ses  belliqueuK  habitants  si  attachés  h  leurs  anciens  maîtres.  Napatéon 
n 'a  que  trop  fourni  de  Jastes  roatffe  pour  rompre  an  traité  qu'il  a  lui-même  «ohalnt. 
N'a-l-il  pas,  bous  de  vains  prétextes,  eonlinuA  k  Mcaper  indûmeut  des  tsTitairea  ^'il 
aurait  dû  éracaerîNe  conserve-t-il  pas  encore,  contre  tout  droit,  la  forteresse  de 
Braonan,  poste  propre  à  fac0iter  ou  à  empêcher  le  passage  de  l'InnT  Comment  donc 
on  sage  monarque  ne  profiterait-il  pas,  pour  llntértt  de  ses  anjets,  do  l'occasion 
offerte  par  anegnem  ptéu  t  échttr  centre  l'enaenl  puissant  qal  l'aiipriMtr  Llio». 
ncur  de  sa  couronne,  le  salut  de  son  peuple,  l'impossibiliié  de  conaerver  la  paix, 
forcent  le  roi  de  Prusse  k  lutter  seul  d'abord;  mais  une  puissante  arm^e  russe  et  la 
générosité  du  Kouvemement  anglais  laremlrimt,  cette  hKte,  nolna effrayante.  Les 
divisions  excitées  entre  les  deoa  couronnes  par  la  eonqnéta  de  la  Silésie,  des  diSi- 
rends  sur  les  limites  respectives  dans  les  provinces  polonaises ,  des  prétentions  mu- 
tuelles dansl'aiTaire  des  indemnités,  n'ont  plus  d'objet  aujourd'hui.  Le  renversement 
(le  la  CDDStitulioD  germanique  a  détruit  l'usage  de  se  diviser  en  partis,  aail  par  esprit 
de  secie,  soit  par  le  désir  de  dombier.Lesmotibdeialousie.les  soupçons,  les  défi-mcw 
réciproques  qui  existaient  se  sont  évanouis,  il  leur  succède  nn  double  et  paissant  in- 
térêt de  s'unir  contre  l'ambition  effrénée  de  l'empereur  des  Français  et  la  lurbulenin 
cupidité  de  la  confédération  du  Rhin.  Celle-ci,  élevée  sur  les  ruines  du  trAiie  impé- 
rial, enricble  des  dépouilUa  de  l'Autriche  et  des  alliés  de  la  Prusse,  asserrie,  par  la 
crainte  d'une  juste  vengeance,  au  pouvoir  de  celui  quicherchei  tout  dominer,  devient 
un  instrument  de  destruction  dans  la  main  de  Napoléon,  et  exige  nécessairement  que 
les  deux  puissances  germaniques  non  encore  soumises  h  son  joug  réunissent  leurs 
forces  et  leurs  conteib  contre  ua  danger  procbein  qui  leur  est  commun,  a 


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MO  CAMPAGNE  DE   rOLOGRE. 

Journie  fut  chaude  et  sanglanle  :  à  Hcilsberg,  le  jeune  H.  deSégnr 
«it  le  bras  brisé  par  un  boulet  ;  le  général  des  vieux  de  la  garde , 
Boussel,  eut  la  tète  emportée.  Ce  Tut  «icore  un  combat  sans  résultat  : 
les  Russes  prirent  position  derrière  l'Aile ,  et  l'empereur  suspendit 
son  mouvement  pour  attendre. 

Qu'allait  Taire  alors  l'armée  mase  ?  Le  czar  AJexandre  et  le  roi  de 
Prusse  avaient  assisté  en  personne  à  la  bataille  de  Heilsbei|;  :  par 
leurs  ordres  Bennigsen  avait  mis  l'Allé  entre  Napoléon  et  l'armée 
nuse  ;  cette  armée  était  donc  en  pleine  sûreté  ;  mais  ce  mouvement 
découvrait  Kœnigsberg  ;  l'empereur  Napoléon  pouvait  se  porter  en 
force  et  s'appuyer  sur  cette  grande  place  comme  il  s'était  appuyé 
sur  Danizig  pour  ouvrir  une  nouvelle  campagne.  Dans  un  brâ  sys- 
tème stratégique ,  Bennigsen  devait  se  déployer  à  droite ,  suivre  l'Aile 
pour  se  rapprocher  de  Kœni^berg ,  ainsi  le  croyait  Napoléon ,  et 
c'est  dans  ce  but  qu'il  fit  marcher  toute  la  cavalerie  de  Murât,  et  tes 
corps  des  maréchaux  Soult  et  Davoust ,  dans  la  direction  de  Kœnig»> 
berg  ;  croyant  que  là  se  trouverait  l'armée  russe ,  il  n'avait  jeté  que 
les  corps  d'avant-garde  vers  Domnau  et  Friedland ,  c'est-A-dire  les 
grenadiers  d'Oudînot ,  le  corps  de  Lannes,  la  cavalerie  de  Grouchy  ; 
Mortier  devait  joindre  au  plus  tdt ,  tandis  que  la  réserve  de  Victor  et 
la  gauche  se  tenaient  à  Pnissiscb-Eylau  ;  l'empereur  avait  fixé  sa 
tente  sur  le  champ  funèbre  ;  il  ne  put  s'empêcher  de  remarquer  dans 
son  bulletin  (encore  une  fois  en  artiste)  combien  l'aspect  de  celte 
campagne  avait  changé.  Naguère  Napoléon,  grand  coloriste,  avait 
dit  que  c'était  du  sang  sur  un  fond  de  neige  ;  aujourd'hui  c'étaient 
de  beaux  blés  et  de  vastes  travaux  ;  hélas  1  depuis,  la  terre  s'était  bien  - 
engraissée  1 

Tandis  que  l'empereur  cherchait  Bennigsen  sur  la  route  deKœnigs- 
berg ,  le  général  russe ,  passant  tout  à  coup  l'Aile ,  tombait  sur  les 
avant-postes  français  à  Friedland  et  occupait  la  ville  en  s'emparant 
d'un  régiment  d'avant-^arde  ;  des  partis  de  cavalerie  légère  se  répan- 
dirent dans  la  campagne  comme  un  torrent  et  annoncèrent  la  pré- 
sence de  l'ennemi,  l'alerte  fut  donnée;  était-ce  toute  l'armée  rosse? 
Des  aides  de  camp  furent  envoyés  à  l'empereur  qui  se  trouvait  à 
8  lieues,  à  Prussisch-Eylau ,  80,000  hommes  passaient  l'Aile ,  ils 
n'avaient  en  face  que  tes  grenadiers  d'Oudinot  et  trois  divisions  d'in- 
fanterie. Si  Bennigsen  avait  connu  la  faiblesse  numérique  de  ses 
advN^ires,  il  aurait  pu  les  écraser,  mais  il  avait  en  face  une  belle 


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DBVXliME  pÉBiora.  381 

Ironpe  d'élite,  elle  Bt  des  prodiges  d'intelligence  et  de  courage,  on 
se  serrit  de  tout  pour  masquer  ce  petit  nombre,  tantôt  c'était  un  bote 
qui  serrait  de  rideau  h  des  nuées  de  tirailleurs,  tantAt  une  artillerie 
qui  labourait  les  colonnes  russes  par  la  mitraille.  Lannes  et  Oudinot 
furent  magnifiques  sur  ce  champ  de  bataille  depuis  cinq  heures  jus- 
qu'i  trois  heures  après  midi ,  ils  achetèrent  ce  résultat  par  des  pertes 
énormes  qui  permirent  à  l'armée  de  se  déployer,  les  corps  arrivai^it 
successivement  sur  le  champ  d'honneur  :  Mortier  k  huit  lieures. 
Dupas  i  neuf,  Yerdier  à  dix,  et  l'ennemi  avait  le  temps  d'écraser 
l'un  après  l'autre  tons  ces  corps  séparés  ' . 

Dai»  la  matinée  du  14,  jour  glorieux  de  la  bataille  de  Friedland , 
Vapoléon  ne  montra  pas  son  activité  accoutumée ,  il  demeura  dans 
riaaclioo  è  Prussisch-Eylau  sans  données  précises  sur  la  direction  de 
l'ennemi  *.  S'il  fât  arrivé  le  matin  même  sur  l'Aile ,  les  Russes  n'an- 
lamt  pas  échappé  k  sa  poursuite ,  la  bataille  n'eut  pas  commencé  k 
cinq  heures  du  soir  pour  ne  finir  qu'en  pleine  nuit ,  il  n'y  aurait  pas 
eu  une  effroyable  elTusiou  de  sang  et  l'on  eût  fait  de  grandes  masses 
de  prisonniers.  A  chaque  minute  le  général  Oudinot  envoyait  des 
aides  de  camp ,  six  dans  la  seule  matinée  furent  expédiés  à  l'empereur 
pour  lui  annoncer  que  80,000  Busses  se  présentaient  en  bataille  : 
«  Dites  à  l'empereur,  avait-il  répété,  que  mes  petits  yeux  y  voient  bien, 
c'est  toute  l'armée  deBennigsen,  et  je  ne  pourrai  tenir.  »  Le  général 
Mortier  fit  les  mêmes  instances ,  et  l'empereur  demeurait  toujours 
incrédule ,  enfin  Lannes ,  plus  heureux,  appela  l'aide  de  camp  Saint> 
Mars,  et  lui  dit  :  «  Tu  crèveras  ton  cheval ,  Saint-Mars ,  s'il  le  faut  ; 
mais  va  dire  à  l'empereur  que  c'est  l'année  russe  tout  entière  que 
nous  avons  sur  les  bras.  »  Saint-Mars  ensanglanta  à  coups  d'éperons 
les  flancs  de  son  cheval ,  la  distance  qui  le  séparait  d'EyIau,  quartier 
général  de  l'empereur,  fut  franchie  en  deux  heures. 

'  Rapport  de»  nuréchani  I«nn«s,  Mortier  «t  Gronch;  i  l'empereur.  DépAt  de  H 
gamt,  lomes  XXTII,  XXXII  et  XXXIII  de  la  colIcctiOD  des  pièces  aatographai 
pourlesannécsIBOSetlSO?. 

'  'Hais  où  donc  est  Napoléon ,  tandis  que  depuis  tant  d'heures  od  s«  batlalt* 
Alors  que  Bennigsrn  offrait  une  occasioa  si  belle,  pourquoi  n'éteit-il  pas  arrivé  avec 
)t  reste  de  ses  tronpesT  Toilà  ee  que  plus  d'uu  lecteur  s'est  demandé;  ce  que  répète 
encore  aajoiird'hni  plue  d'un  officier  général,  avec  la  pensée  peai-éirc  que  nos  corps 
narcheicnt  cejour  trop  éloignés  les  ans  des  autres,  lendisqueramiée  russe  cooceo- 
iréc  plus  tAt  qo'eai  teaaii  en  maiDlaehancB  d'accabler  noire  avanl-garde.s  [NdutcIIc 
reUtioB  de  Ubtuille  de  Friedlud,  par  M.  Derode,  1830.) 


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ttl  CAUrAGRE  »B  POLOfiHI. 

Au  iBoment  où  il  arrivait ,  l'oopaeiir  qaiUait  Eylui  ao  petit  trot 
de  son  cheval  pour  le  rendre  sur  le  champ  de  batwlle,  où  le  caiHm 
K  faisait  eotendre  à  ébranler  le  sol  ;  il  interrogea  M.  de  SainV-Hars  : 
«  Que  Be  peaae-t-il?  Crojez-vous  que  les  Busses  soient  en  nombre! 
Quoi  t  vous  pensez  que  Bennigsen  a  passé  l'Aile ,  et  s'est  mis  ainà  une 
rivière  à  do6?  a  L'empereur  mardiait  toujours  au  trot  de  son  (^evil. 
A  moitié  diemin,  à  Domnau,  Napoléon  trouva  le  premier  corps  saos 
les  ordres  de  Ticlor  et  de  Maison.  «  Votre  corps  est  admirable,  > 
dîl-il  ;  et  faisant  appeler  le  général  d'artillerie ,  il  dit  :  «  SénarnioDl, 
combien  de  pièces  avez- vous?  —  Trente -six,  sire.  — EhUcDlil 
ftodra  chauffer ,  les  Busses  aiment  les  boulets.  » 

Ëo  effet,  dles  aimaient  les  boulets  ces  troupes  russes,  car  t 
laeMire  que  Napoléon  s'approchait  du  champ  de  bataille  les  échos 
xépétaieDt  mille  coups  d'artillerie.  L'empereur,  prenant  la  maio  du 
C&iéral  Dupont ,  lui  dit  :  «  Vous  savez  que  je  compte  sur  votre  difi- 
akHi,  elle  est  pour  moi  comme  la  garde.  »  Alors  Napoléon  piqua  son 
«beval  ;  puis  s'élançaut ,  il  se  perdit  au  milimi  des  nuées  de  pouoièie 
qui  s'élevaient  autour  de  lui  ;  il  avait  à  ses  cAtia  les  généraux  Victor 
«t  Slaison.  Quand  il  arriva  en  face  de  l'Aile,  la  mêlée  était  ardente, 
les  feux  de  l'artillerie  se  croisaient  ;  tout  fut  oublié ,  fatigues ,  bles- 
sures, et  des  cris  de  «l've  Vempertur  partirent  des  rangs  ;  puis  i!  lit 
approcher  le  marédial  Lannes  :  «  Tu  as  été  admiraUe  depuis  ce 
matin ,  Lannes ,  lui  dJt-il ,  te  voili  un  grand  capitaine.  »  Il  fit  ensuite 
a^pàei  Oudinot  :  «  Général ,  je  vous  amène  l'armée ,  die  me  suit.  Où 
est  donc  l'Aile?  »  continoa-t-il ,  en  portant  sa  longue  vue  de  tous 
«Mes.  Les  accidents  de  terrain  ne  perraettaîrat  pas  de  l'aperceroic. 
4>udiuot  répondit  :  «  U ,  derrière  l'ennemi  ;  si  je  n'avais  pas  usé  m« 
■groiadiers,  je  mettrais  les  Russes  le  cul  dans  l'eau.  »  Expression 
pittoresque  qui  Ût  sourire  Napoléon.  «  Comhieo  sootrils?  dit  eosuil>' 
l'empereur.  —  Quatre-vingt  mille,  sire.  —  Ils  semblent  plus  nom- 
breux, »  répliqua -t- il,  et  il  s'approchait  de  l'ennemi  pour  le  miein 
distinguer.  «  Sire,  ce  n'est  pas  votre  place,  r^ta  Oudinot  avec  un 
mftle  courage ,  j'y  vais ,  moi  ;  je  ne  veux  pas  que  vous  attrapez  leiuf 
balles ,  voyez  comme  ils  ont  arrangé  mon  cheval.  » 

Quand  il  eut  parcouru  la  ligne  des  grenadiers  d'Oudinot ,  l'oniK- 
reur  s'approcha  du  noble  général,  et  lui  dit  :  a  Vous  vous  èlef 
Jurpassé ,  Oudinot  ;  partout  où  vous  êtes ,  je  n'ai  h  craindre  que  pour 
TOUS  ;  patience ,  el  dans  quelques  heures ,  si  l'ennemi  reste  dans  oà\t 


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MinitinE  pÉBiou.  1tg3 

portion,  fl  est  perdu.  »  NapolécHi,  en  effet,  «vec  son  MtfnMque  eoap 
4l*<B{l  militaire ,  avait  aperça  la  faute  commise  p«r  le  çénénl  Ben- 
nigsea  ;  les  Russes  n'avalent  pas  au  Ma  de  80,000  bomniM  ;  Hs 
avaient  en  leur  prisenee  Napoléon  «vee  une  amée  (Tim  lien  pi» 
erasidérable  ;  Bennigsen  avait  nits  derrière  lui  la  rivière ,  de  nanièi« 
i  être  acculé;  les  Ruwes  avaient  voulu  starprendie  qo^qaes  eorpe 
détachés  de  l'année  ftançaise,  et  ils  avtient  trouvé  là  dee  forces 
réunies  et  la  garde  ea  masse.  Maintenant  les  choses  étaient  teUemeot 
avancées  qu'il  fallait  offrir  et  dcHiner  la  bataille  de  benne  grAce. 

Napoléon  achevait  è  peine  sa  reconnaissance  du  terrain ,  qa^t  vK 
4iue  le  village  de  Friedtand  était  tout  le  centre  de  la  position.  Ney 
reçut  l'ordre  de  s'en  emparer  avec  ses  divisions  :  FrieAnd  m  peave^ 
des  Français ,  les  Russes  n'avaient  plus  de  retraite.  Les  greoadlm  de 
Ifej  s'y  précipitèrent  la  baïonnette  ao  bout  du  fosil  '.  Il  était  chu 
heures  de  l'après-midi ,  le  soleil  était  chaud  et  brillant  oorome  dans 
une  journée  de  juin  :  beau  contraste  avec  le  diamp  de  battlUe  (fErtsa 
couvert  de  neige  ;  une  bataille  de  printeaqis  réjouissait  l'isBe  ;  toutes 
les  montres  furent  réglées  sur  celle  de  revpereor.  tJn  coop  de  canon 
donna  le  signal ,  et  les  roulements  de  l'artillerie  se  dirigèKDt  sur  la 
gaudie  des  Rosées  pour  protéger  l'attaiiue  da  maféekal  Ney  ;  ces 
magniQqnes  troupes ,  l'arme  au  bras ,  s'avançaient  vers  le  eloeber  de 
Friediand  se  détachant  au  bout  de  l'horbon  et  couvert  jusans-là  par 
des  accid^ts  de  terrain ,  des  tertres  couverts  de  beaux  Ués  enduMa 
par  le  vent.  La  division  Marchand  se  développait  sur  li  gaudw  de 
l'ennemi  en  masses  épaisses  et  profsndes.  Tout  à  coip  tme  grMe  de 
mitraille  viat  l'arrêter;  nne batterie  masquée  par  la  rivière  brfie  le 
69"  régiment ,  son  colonel  (  Fririon  ]  est  tnppé  d'na  biscaïen  ;  lute 
colonne  de  cavalerie  russe,  lancée  dans  ce  désordre,  flracine  les  rangs 
pressés  de  baïonnettes;  la  cavalerie  bondit  au  miUeu  des  batail- 
lons carrés  ;  une  charge  des  dragons  de  Latour-  Hanbooi^  rétablit 
l'ordre. 

Pendant  ce  temps  la  divisiiHi  de  Ney  <^p^mt  son  monvenait  sur 
Friediand ,  que  femperenr  av^t  désigné  «Hnnte  la  clef  de  la  poslUoQ, 
Parvenues  sur  la  hauteur ,  ces  belles  troupes  aperçurent  l'armée  russe 
rangée  en  bataille;  un  feu  redoutable  de  mousqueterie  s'engage,  «t 

■  roy«ilBript)ortmanvacritdiin»rtclMlNeT,tUté  deFrMlind.lSjnliitaor, 
I.  XXXIV  in-rolio  da  piicM  antt^apbi»  pour  180B  at  1807,  cliMiw  lu  dépôt  d« 
la  cuerre,  mus  te  soins  dn  lieutenant  Bénénl  Pelet. 


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'%!  uMPAGin  DE  pOLoen. 

Cause  des  ravages  affreux  dans  les  rangs  * .  Ney  fut  admirable  ;  plog 
île  2.000  des  »ens  étaient  tombés  sur  )e  champ  de  bataille ,  et  oo 
le  voyait  sur  son  cheval  parcourant  ventre  à  terre  toute  Véleadue  de 
la  ligne ,  encourageant  les  soldats  le  sabre  à  la  main  et  lançant  det 
mots  soldatesques.  Quelque  hésitation  se  manifeste;  alors  Nap(4Èoo 
le  fait  soutenir  par  la  division  Dupont  :  elle  court  aux  cris  de  nut 
l'empereur}  ces  flers  régiments  sont  eux-mêmes  ramenés  en  désordre 
.par  la  garde  imp^iale  russe,  chargeant  comme  à  Austerliti ,  avec  11 
même  intrépidité.  La  fumée  s'élevait  en  vastes  nuages  sillonnés  par 
]es  édairs  de  l'artillerie.  Dupont  reforme  ses  colonnes  l'épée  i  li 
main.  Il  voit  la  garde  impériale  russe  se  déployant  contre  les  troupei 
■de  Ney  qui  commencent  à  plier. 

Jamais  spectacle  ne  fut  plus  brillant  et  plus  magnîQqae  tout  i  li 
fois;  nulle  bataille  ne  présenta  un  feu  plus  terrible ,  plus  vif;  la  terre 
tremblait  au  loin.  Le  général  Mouton ,  aide  de  camp  de  l'empereur, 
envoyé  près  le  général  Dupont,  lui  dit  :  «  Général,  prenez  garde, 
on  ne  résiste  pas  longtemps  &  un  tel  feu ,  les  Russes  en  profitenmt, 
voyei  cette  nuée  qui  vient  à  vous.  »  A  peine  avait-il  achevé  ce 
paroles ,  qu'une  charge  de  cavalerie  met  le  désordre  dans  les  ran^, 
deux  régiments  perdent  leurs  aigles  ;  le  général  Marchand ,  les  che- 
veux épars,  parcourt  les  rangs  en  criant  :  a  Arrêtez  1  vous  fuyeil 
arrêtez  !  »  La  division  Bisson  ,  avec  son  chef  à  la  haute  stature ,  était 
aussi  en  pleine  retraite.  Alors,  par  un  dernier  effort  de  courage,  le 
général  Dupont  fait  battre  la  charge  ;  ses  grenadiers  te  reformait  es 
opposant  un  mur  d'airain  à  la  garde  russe;  des  bruits  sinistres  se 
répandent  :  Pjey,  dit-on,  a  péri,  ou  l'a  vu  tomber;  la  cavalerie 
russe  charge  jusque  dans  les  batteries;  les  dragons  de  Latour-Mau- 
bourg  reprennent  le  champ  de  bataille  ;  les  régiments  se  forment  eu 
carrés ,  la  mêlée  est  générale. 

Alors  on  vit  se  déployer  hi  belle  manoeuvre  de  la  journée,  le  véri- 
table trait  de  chevalerie.  Le  général  d'artillerie  Sénarmont  s'était 
-souvenu  que  ^Napoléon  avait  dit  :  «  Les  Russes  aiment  les  boulets.  » 
Par  un  vaillant  coup  de  tête,  il  réunit  toutes  les  pièces  des  divisions, 
formant  deux  batteries  de  quinze  pièces  chacane  avec  ùx  bouches  à 
feu  en  réserve,  et  il  se  place  avec  son  formidable  parc,  qui  roulait 

'  Ifalhim  Dumu,  t.  XIX  ^rappandu  major  prussien  Boih. 
IV^ctt  du  ^irationt  du  prtmiar  eorpi  depuU  le  S  juin,  tui  mains  de  M.  !• 
varéchal  VkUr;  U.  k  m&rcchtl  Haison,  alors  son  chef  d'étal-msjoT.  j  n  icavail)^- 


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DBOXI&KB  péuODB.  285 

hardiment  sur  le  champ  de  bataille,  en  avant  è  la  face  des  colonnes 
ennemies.  Les  Russes  opposèrent  h  ce  fea  redoutable  quelques  batte- 
ries éparses,  elles  furent  éteintes.  Ce  coup  de  hardiesse  du  général 
Sénarmont  pouvait  compromettre  l'artillerie  ainsi  placée  i  cent  toiies 
au  devant  de  la  ligne  de  bataille;  les  Russes  pouvaient,  par  une 
charge  h  fond,  s'emparer  des  batteries.  Le  général  Victor ,  fit  soutenir 
le  brave  Sénarmont  par  les  dragons  de  Lahoussaye  et  quelques  troupes 
d'élite  ;  les  charges  russes  vinrent  expirer  sous  les  ba'ionnettes  des 
grenadiers.  Napoléon ,  un  moment  inquiet  sur  la  mancBuvre  du  géné- 
ral Sénarmont,  en  jugea  bientAt  l'heureux  elTet.  «  Ce  sont  de  mau- 
vaises têtes,  Idasons-les  faire,  *  s'écria-t-il  en  souriant.  Elle  faisait 
merveille ,  cette  batterie  à  peine  à  soixante  toises  de  l'ennemi  ;  elle 
brisait  les  rangs  sous  la  mitraille  ;  les  colonnes  russes  se  rompaient 
comme  les  flancs  d'une  montagne  qui  s'abaissent  et  s'abtment  sous  les 
déchirements  convulsifs  d'un  tremblement  de  terre  '. 

Un  dernier  elTort  est  commandé  par  Ney  et  Dupont  ;  le  village  de 
Friedland  est  en  leur  pouvoir  t  victoire  !  la  position  df  s  Russes  devient 
dès  lors  des  plus  critiques  ;  le  pont  de  Friedland  est  aux  Français ,  les 
masses  ennemies  étaient  décomposées  après  une  si  terrible  journée  ; 
on  pouvait  refouler  les  corps  de  Rennigsen  et  de  Bagration  dans  les 
eaux  du  fleuve  :  le  coup  d'œil  de  Napoléon  avait  aperçu  le  résultat  de 
la  bataille  ;  comme  à  Austerlîtz ,  il  avait  apprécié  le  terrain  avec  une 
admirable  aptitude.  Mais  la  nuit  était  venue ,  onze  heures  sonnaient 
à  l'horloge  de  Friedland.  Heureusement  pour  l'armée  russe,  elle 
trouva  un  gué  pour  passer  l'Aile ,  et  sa  retraite  pnt  s'opérer  avec 
quelque  désordre ,  mais  pourtant  avec  honneur  ;  on  ne  la  poursuivit 
pas;  dans  la  nuit  profonde  il  eût  été  imprudent  de  s'engager  au  delà 
de  l'Aile  ;  l'empereur  n'avait  pas  sous  sa  main  la  cavalerie  de  Murât 
détachée  vers  Koenigsberg  ;  on  ne  put  ainsi  profiter  du  résultat  de  hi 
bataille. 

La  journée  de  Friedland  fut  belle  ;  jusqu'à  trois  heures  l'bonneur 
en  fut  au  maréchal  Lannes  et  an  général  Oudinot  ;  seuls  ils  soutinrent 
l'attaque  de  l'armée  russe ,  et  ce  fut  une  faute  du  général  Bennigsen 
de  ne  pas  avoir  écrasé  ces  divisions  en  marchant  avec  plus  de  prompti- 
tude et  de  hardiesse.  Ce  n'est  qu'A  trois  heures  que  Napoléon  arriva  sur 


■  IhinoLlMlrote  heures  que  cetlearlinerie  fut  eneagie,  elle  Un  trois  mille  rii 
«CDU  Hups  de  UDon,  donl  quatre  ccdU  coups  de  mitraille.  {Tktor,  Prttit.) 


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2M  CAHTAfiME  DB   POLOfim. 

ie  diamp  de  bataille  ;  il  jugea  les  accideots  de  terrain ,  aperçât  la 
JiBoles  de  BeDoigsen,  et  dès  tore  il  put  répondre  que  la  journée  semt 
-J>eUe.  La  bataille  réelle  oe  commeaça  qu'à  cinq  heures;  si  elle  a\ùt 
été  donnée  le  matiD ,  tout  était  dit  ;  l'armée  russe  n'aurait  pu  opéra 
•a  retraitedeouit,  la  bataille  eût  été  décisive.  L'histoire  raj^keltera  ie 
Jkeau  courage  de  Ney ,  cet  amour  du  duunp  de  bataille  qui  donnait  ï 
la  tête  de  ce  général  une  expresuon  si  belle  et  si  gruidiose  ;  après  Ncy, 
Laiwes  fut  aussi  intrépide  avec  des  principes  d'une  .tactique  pluesAre 
«t  plus  raisonaée.  A  Friedlaod  le  général  Victor  se  couvrit  de  gloire; 
compagnon  des  campagnes  d'Italie,  illustré  à  Marengo ,  il  re^ut  bot  le 
dump  dlionneuf  ie  bàlon  de  maréchal;  belle  réowapense  que  ce  Uiton 
couvert  d'aigles  donné  après  un  de  ces  grands  combats  qui  décident  h 
4esUDée  des  empires.  Nul  ne  pouvait  le  disputer  au  nouveau  maré- 
chal pour  les  services  rendus  &  la  patrie  ;  soldat  à  dix-huU  ans ,  il  avtût 
passé  par  tous  les  grades  pour  arriver  à  cette  belle  distinction.  Li 
division  Dupont  se  couvrit  de  gloire  eu  soutenant.le  choc  de  la  garde 
oroose ,  véritable  titre  d'honneur  depuis  Austerlita.  Oudioot  aussi  M 
grand  de  courage  k  la  tète  de  ses  grenadiers,  c'était  pour  loi  habî- 
tade  *  ;  de  S.OOO  hommes  qu'il  conduisait  le  matin  de  la  bataille  de 
fkiedlaod ,  il  en  ramena  3.000  a  peine  ;  «on  chevsd  et  ses  h^ta  étaient 
couverts  d'écbts  de  biacaïens  et  de  mitraille. 

L'année  mase ,  quoique  battue ,  eut  sa  part  de  ^ire  et  de  valeor; 
^IC'général  Bennigseu  fut  inbépide  comme  toujours ,  hardi  comme  un 
général  de  partisans  :  il  eut  l'honneur  de  cr<Hser  le  fer  trois  fois  avec 
napoléon ,  à  Eylau ,  à  Heilsberg  et  i  Friedland ,  et  c'est  an  souvenir  i 
«weerver  dans  les  archives  militaires;  legéu^l  Bagratioo  fut  aussi 
Jlgae  de  lui  -  soéne ,  il  demeura  ferme  bot  ie  champ  de  bataille  tt 
-résista  jusqu'au  soir  k  des  charges  de  toute  l'aimée  de  Napoléon,  il  put 
paiement  ae  rappeler  Friediand  comme  luie  de  ses  belles  jotuuées. 
Ainsi,  dans  les  deux  camps ,  les  armées  étaient  restées  dignes d'dles- 
jnéiDes,  aucune  n'avait  compromis  sa  réputation  ;  si  les  Autrichiens 
-étaient  abaissés  depuis  AusterllU,  si  les  Prusaieus  avaient  disparu 
comme  force  militaire  depuis  Aueistadt  et  léna,  les  Busses  avaient  au 
OMitraire  grandi  leur  réputation  de  guerre  dans  les  deux  campagnesde 
JPologoe;  de  là  cette  tendance  de  Napoléon  et  d'Alexandre  à  se 


'  Tojet  le  rapport  du  nuréchal  Lanaes  à  l'enipereuT,  l.  XXYII  d«  jiitts  sulo- 
inplies  peuf  iS06  et  1807,  au  ilrpAt  de  ia  yaerre. 


îdbyGoOgIc 


987 

rapprocha'.  Quand  deux  peuples  ou  deux  gouvememenb  conservent 
festjme  d'eux-mêmes*  la  fierté  de  leur  courage,  ta  paix  vieet  bleaMt, 
et  l'allJaDce  est  facile. 


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MTBBTIiB  n  PAIX  DB  TlUITT. 


CHAPITRE  Xin. 


BHTXBTDK  ET  PAIX  DB  TlUITT. 


Slttuiion  des  années  iprès  Friedliod.  —  Petit  nambra  de  pTisonniera.  —  Muses  dt 
blessis  et  de  inslides.  —  Esprit  et  ressources  de  l'armée  rrancaise.  —  RenfonsN 
cunp  russe.  —  Premiers  pourparlers  d'armistice.  —  Edvoï  du  ^pd  unréebil 
Duroc.  —  Prépiratifs  de  l'entrevue  sur  le  Niémen.  —  Première  conTcrsetion  it 
Napoléon  et  d'Aleiaudrc.  —  Choix  de  Tiisitt.  —  Neutralité  d«  U  Tille,  —  H.  it 
Tallejrrand  à  Tiisitt.  —  Le  mlnislre  russe  baron  de  Budberg.  —  Le  miDiWa 
«Dtricbieu  général  Stutterheim.  —  Parti  de  la  paix.  —  Parti  de  la  gnerre.  — 
Question  suédoise.  —  Espagne.  —  Reconnaissance  des  faita  accomplis.  —  Le  ni 
de  Prusse.  —  La  reine  Louise.  —  Restitution  des  ^is.  —  NouTcUe  organisatiMi 
politique  de  l'Europe.  —  Traité  de  Tiisitt.  —  Esprit  de  ce  traité, 

ISjiiiB  »  10iDilIc(1807. 

La  bataille  de  Friedland,  engagée  et  soutenne  aux  premières  luean 
du  soleil  levant  par  Lannes  et  Oudiaot,  reprise  par  Napoléon  à  trois 
heures  du  soir ,  n'avait  fini  qu'A  onze  heures  dans  les  ténèbres  de  la 
nuit  sous  les  mille  feux  de  l'artillerie  retentissante.  Le  lendemain,  It* 
troupes  harassées  reposèrent  eu  bivac  jusqu'au  milieu  de  la  matinée. 
Napoléon ,  le  premier  levé ,  h  l'aurore ,  ne  voulut  pas  qu'on  mUt- 
romptt  ce  noble  sommeil  des  légions  ;  les  soldats  avaient  tant  fatigni 
la  veille  !  Ce  n'était  pas  seulement  la  bataille  qui  avait  exigé  des  efforts 
inouïs  de  persévérance  et  de  courage,  mais  la  plupart  des  tronpei 
avaient  fait  huit  ou  dix  lieues ,  toujours  sous  les  armes ,  le  sac  sur  le 
dos ,  et  les  derniers  feux  de  l'eanemi  ne  s'étaient  éteints  qu'à  miauit. 
Le  champ  de  bataille  était  couvert  de  morts  ;  les  chevaux  hennissaient 
d'une  manière  plaintive  à  cété  de  leurs  mattres ,  et  les  cris  des  blessés 
se  mêlaient  au  dernier  soupir  des  mourants.  Les  pertes  respectires 
n'étaient  pas  moins  grandes  :  des  compagnies  entières  avaient  dispain; 
des  régiments  étaient  réduits  è  moins  de  la  moitié ,  et  une  remarque 
que  les  états  -  majtH'S  ne  manquèrent  pas  de  faire  le  lendemain ,  c'est 
que  la  masse  des  prisonniers  russes  de  Friediand  se  com[)osait  presque 


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IKTBEVOE  BT  PAIX  DE   TIUITT.  2S9 

tout  entière  de  blessés;  à  peine s'était-on  emparé  de  1,500  de  ces 
fiers  ennemis  sans  blessures  ;  tout  le  reste  était  maliié  :  les  liApitaoz 
regorgeaient  de  malades.  Certes,  l'armée  rraoçaise,  après  sod  brillant 
succès,  pouvait  continuer  la  campagne,  mais  travowr  le  Niémen 
n'était  point  une  opération  militaire  qui  piût  au  soldat  français;  il 
avait  pris  en  dégoût  la  Pidi^e,  après  un  hiver  trop  désastreux; 
l'empereur  Napoléon  lui-mèote  sentait  la  nécessité  de  finir  une  cam- 
pagne qui  le  tenait  hors  de  France  depuis  près  d'une  année.  N'allait- 
on  pas  s'habituer  à  gouverner  sans  lui?  C'était  dangereux  *. 

Cependant  la  reddition  de  Kcenigsberg  vint  jeter  un  peu  plus  d'as- 
surance dans  les  résolutions  de  l'empereur  ;  on  y  trouva  des  magasina 
considérables ,  des  moyens  de  soigner  les  blessés ,  des  munitions  pré- 

■  rtapol^D  «DtretfDtit  l'cnihoiuiasma  d«  ses  soldiis  ;  il  leur  ptrltii  de  la  cim- 
pigne  qu'on  veosit  d'iceomplir. 

•  Soldats ,  noDS  «tous  ëlé  sUsqnés  dans  dos  caDlonneincDls  par  l'armce  russe. 
L'anoemi  s'est  mépris  sar  les  causes  de  notre  inactivité.  Il  s'est  aperfu  trop  lard  que 
notre  repoa  était  celui  du  lion  ;  il  se  repent  de  l'sToir  troublé. 

B  Dans  les  journées  de  Gutstadt,  de  Heilaberg,  daos  celle  à  jamais  mémorable  de 
Friedlend ,  dans  dix  jours  de  campagne  enfin ,  dods  aTona  pris  cent  Tingt  pièces  de 
canon,  sept  drapeaux  ;  tué,  blessé  ou  fallpriaonuieis  80,000  Russes;  enlevé  i  l'armée 
ennemie  tous  ses  magasins,  sesUpiiaui,  ses  ambulances;  la  place  de  Koenigsberg, 
les  trois  cents  bilim«ils  qui  étaient  dans  ce  port ,  ebergés  de  toute  espèce  de  muni- 
lions,  160,000  fusils  quel' ÀDglaterre  enTo^ait  pour  armer  nos  eonemis. 

D  Des  bords  de  la  Vistale,  nous  aommes  arrivés  sur  ceux  du  Niémen  avec  la 
rapidité  de  l'aigle.  Tous  célébrités  )i  Auslerliti  l'anniversaire  du  couronnement;  Toua 
avei  cette  année  dignement  célébré  celui  de  la  bataille  de  Marengo,  qui  mit  fin  i  ta 
tCGOade  coalition. 

a  Signé  iJiAKtLittii.  ■ 

L'empereur  n'ouMiait  pas  non  plus  de  rendre  grlce  au  Dieu  des  Jutailles. 

Lettre  de  S.  M.  I.  et  R.  t  MH.  les  arcbavtqnes  et  évéques. 

a  Monsieur  l'évéque,  la  victoire  éclatante  qui  vient  d'être  remportée  par  nos  armes 
sur  le  cbnmp  de  bataille  de  Friediand,  qnl  a  confondu  les  ennemis  de  notre  peuple, 
et  qui  a  mis  en  notre  pouvoir  la  ville  importante  de  Kœnigsberg  ei  les  magasina 
eonsidérables  qu'elle  contenait ,  doit  être  pour  nos  snjets  un  nouveau  motif  d'actions 
de  grâces  envers  le  Dieu  des  armées.  Celte  victoire  mémorable  a  signalé  l'anniver- 
saire de  la  bataille  de  Marengo,  de  ce  jour  où,  tout  couvert  encore  de  la  poussière  du 
champ  de  bataille,  notre  première  pensée,  notre  premier  soin  fut  pour  le  ritabliaae- 
ment  de  l'ordre  et  de  la  paix  dans  l'figlise  de  France.  Notre  intention  est  qu'eu  rcfn 
de  la  présente  vous  tous  concerliei  arec  qui  de  droit,  et  vous  réunissiei  nos  sujets 
de  votre  diocèse  dans  vos  églises  cathédrales  et  paroissiales,  pour  j  chanter  un 
Ta  Daum  et  adresser  an  ciel  les  antres  prières  que  tous  jugerez  convenable  d'ordonner 
dans  de  pareilles  circonstances.  Celte  lettre  n'étant  à  d'autre  Qn,  monsieur  l'évtqve 
de...,  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  garde. 

■  ficritennotrecamp  Impérial  de  Friedland,lelltjuinl8OT. 

>  Signé  !  NivoLtoN.  > 


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990  BnSBTVB  ET   FAIX  DB  TILSITT. 

iKirées  pour  l'aimée.  Napoléon  paraîseaît  alora  s'occuper  ^ctalemest 
des  bApitaux;  on  y  comptait  près  de  30,000  malades.  Les  recmcs 
levées  en  France ,  compceées  de  G(»ucrits ,  remplaçaieiit  i  peine  la 
vides  affreux  laissés  par  la  goerre  et  la  maladie.  Le  caractère 
qu'avaient  pris  les  hostilités  depuis  la  bataille  d'Ëyian  était  fatal  ;  par- 
tout un  grand  carnage,  au  milieu  d'une  mer  de  ssng.  Avec  les 
Autrichiens  et  les  Prus^eoB ,  un  pouvait ,  par  des  coups  de  stnftégie, 
(ïîre  des  masses  de  prisonniers ,  flnir  une  campagne  par  ces  marcha 
déclives  qui  mettaient  dans  les  mains  de  l'empereur  la  moitié  d'une 
«rmée  captive  ;  mais  avec  les  Bosses ,  il  fallait  tuer  ,  être  tué ,  briser 
les  rangs  jusqu'au  dernier  homme  à  coups  de  boulets ,  ei  cela  bhh 
aucun  résultat  considérable.  Ea  gén^l ,  les  armées ,  quand  dies  m 
sont  point  barbares,  n'aiment  pas  à  multiplier  les  morts;  elles  désirent 
une  victoire  la  moins  sanglante  possible  et  la  plus  proBtable;  lea 
iKmcheries  (ont  peur  aux  s^dats  même  les  plus  aguerris. 

L'armée  russe,  après  la  bataille  de  Friedland,  avait  opéré  sa  retraite 
derrière  le  Niémen,  coupant  tous  les  ponts  aBn  de  marcher  pai^lement 
aur  ses  réserves  ;  die  fut  jointe  par  15  &  20,000  hommes  d'infanterie, 
suivis  d'une  multitude  de  troupes  asiatiques,  des  Beriùrs  aux  cM^es 
dorés,  à  l'arc  et  au  carquois,  comme  les  chevalien  des  croisades  dans 
les  peintures  du  xiu*  siècle.  Ces  bordes  de  Tartares-Mantcboux  appa- 
raissent pour  la  premiers  ftus  ;  ces  auxiliaires  étaient  sans  doute  peu 
redoutables  pour  Tannée  française,  et  les  vieux  grenadiers  désign»ent 
les  Tartares  aux  traits  larges  et  épatés ,  avec  leurs  flèches  et  leon 
carquois,  sous  le  nom  pittoresque  i'Amourt.  Mais  cela  indiquait  au 
moins  qu'en  passant  le  Niémen,  on  allait  toucher  k  un  pays  inconnu, 
A  UB  territoire  qui  s'étendait  à  la  grande  muraille  de  la  Cbioe,  et  toat 
en  ddiors  des  habitudes  de  la  civilisation  ;  l'armàe  française  annit 
donc  passé  le  Niémen  avec  répugnance,  et  une  certaine  manlfestatkn 
éclatait  daos  les  rangs  pour  une  paix  prompte  et  sérieuse.  On  av^t 
assez  de  gloire.  Qu'avaitHM  è  gagner  dans  des  pays  pauvres  et  dépoumu 
de  moyens  d'exîstenceT... 

Les  premiers  pourparlers  d'un  armistice  se  firent  comme  spontané- 
Iment  entre  les  avant-postes  de  l'armée  française  et  t'arrière-garde 
russe,  dans  Tilsitt  même.  Une  correspondance  sTétablit  entre  Mtntt, 
le  général  Bennigsen  et  le  prince  Bagration.  Qui  fit  la  première 
démarche  dans  ce  mutuel  désir  de  hi  paix?  Les  venions  sont  ici 
opposées  :  I»  aB'aires  étrangères  russes  constatent  que  ce  fut  Napo- 


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SITSBVCB  ET  PAIX  VE  TIUnT.  SVl 

Jéoa;  au  contraire,  les  rédts  franfais  v«i)eat  que  les  pnmibn»  pr*- 
jxtnUoni  soieat  venues  d'Aleiaodre'.  Napoléon  rapporte  lai-mêniti 
qu'un  offlder  lusse,  avec  uœ  lettre  à  l'adixese  du  géâéral  eu  chrf  de 
l'année  frantaise ,  viot  prcqwser  un  armistice ,  et  ^œ  c'eat  d'aprèi 
cette  décoarche  que  Duroc  partit  pour  aller  demander  aaecontâreBce 
à  Alexandre,  he  récit  des  archives  russes  diffère  complétemeat  ;  ellei 
disent  que  le  grand  maréchal  Duroc  fit  la  [ffemière  démarche  au  Doni 
de  Napoléon,  par  une  lettre  intime.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  grand  mat^ 
cbai  fat  reçu  avec  empressement  par  le  prince  LabanofT  Bostoski,  qui 
transmit  immédiatement  k  rempereur  Alexandre  la  proposition  d'une 
eatrevoe  qui  lui  était  faite  par  Napoléon. 

Le  besoin  de  la  paix  était  mutuel  ;  iiuand  les  «sprila  en  soet  là,  les 
ponrpariers  arrivent  tout  seuls.  Alexandre  déclara  :  «  Qu'il  recerralt 
avec  plaisir  le  maréchal  Duroc,  a  et  le  jour  même  le  prince  Labanoff 
le  conduisit  en  présence  du  czar.  Ici,  une  conveisatii»  vague  sur  ob 
déû  commun  de  la  paix  fut  engagée  eatre  Duroc,  officier  desi  bonnes 
manières,  et  l'empereur  Alexandre  qui  Taccueillit  avec  la  coquetterie 


'  AbluDteiirdeTilsiu,  deuibilleufurtnt  remis  bu  maréchal  Mural. 

■  HomienT  le  général , 

■  UoDsieuT  le  général  coiDDiandanl  en  chefvieni  de  m'idrcsser  une  letUe  relatif 
inneolauiordresqueson  eicelleacea  recusdeS.U.  l'empereur,  en  ma  cbugMBt 
deinus  TairE  part  de  son  conlcDu,  Je  De  crois  pas  poaroÎT  mieux  répondrai  aefl  liil«- 
tiens ,  qn'en  vous  la  Taisant  tenir  en  originel.  Je  vous  prie  en  nêiiie  leinpa  de  me 
bire  parveuii  votre  réponse  et  d'agréer  l'assurance  de  la  conûdération  diaUagiièe  avec 
Jafuelle  j'ai  rbonneur  d'^Lre, 

a  Toire  tris-humble  et  très-obéïssaul  serviteuc. 

»  Signi  :  RkSBATlOK.  • 
Le  6  (IS;  juin. 

X«  giaèral  m  dttfBmtnigttn,  d  S.  £.  la  frinat  Bagratiom. 
a  Koo  prince , 

■  Après  les  Qots  de  sang  qui  ont  coulé  ces  JDursdrrDiErs  dansdes  corahaMaMii 
MMiruiers  que  sovvent  i^tés,  je  déairwaia  Mulagcr  les  maui  de  cette  fiuem  de»- 
biwtiie,  en  proposaBt  un  armistice,  avant  que  d'entrer  dans  une  Uti«,  dana  niie 
guerre  nouvelle ,  peulr4tre  plus  terribk  encwe  quel*  première.  Je  tMB  prie,  nm 
fcincc,  de  fûfc  cooDalUE  aux  cbels  de  l'armée  française  «eUe  iuUuitaa  de  ma  part, 
doMles  auiktt  pounaieiit  peui-èue  avoir  des  effets  d'auUal  plus  saliitaiata  qu'il  «M 
d^  question  d'un  congrès  générai,  et  pourraient  prévenir  une  elTusloniDUtiladc 
aaag  kumaiD.  Taus  voudrci  bien  ensuite  me  fiiii«  parvealr  les  réniHaU  de  vaire 
déraarcke,  et  me  voire  avec  la  considération  la  plus  distinguée,  mM  frinea,  <ta  VOMl 
etcdkace, 

■  Le  trèa^wmUe  et  tièa^béiatant  serviteur. 


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293  BMTiBViiB  rr  paix  rat  rnsm. 

d'une  politesse  inhéreate  k  sa  personne.  Ils  ne  jetèrent  aucune  btse; 
on  reprit  la  conversation  sur  le  pied  où  l'avait  laissée,  pour  ainsi  dire, 
le  général  Saviry  avant  et  après  la  bataille  d'Austerlitz  ;  l'empereiu 
Alexandre  se  trouvait  è  peu  près  dans  la  même  situation  :  en  1805, 
il  venait  au  secours  de  l'Autriche  ;  les  Russes  avaient  fait  leur  itioa, 
ils  se  retirèrent  ;  en  1807,  ils  étaient  accourus  au  secours  des  Prns- 
Eâens,  ils  avaient  encore  fait  leur  devoir,  et  maintenant  ils  repassaient 
le  Niémen  ' .  Après  le  vaste  fleuve  seulement  la  question  deveiwl 

■  Pendint  eeiempa  dd  trmiui»  fut  ligaé  pour  Mupeodre  lea  hoslililtsdiaila 
dcui  armées  : 

a  S.  H.  rempereur  des  Français,  etc.,  et  S.  M.  rempereur  d«  Eussie,  wiûai 
mettre  un  terme  à  la  guerre  qui  diiise  les  deui  nations,  et  conclure,  en  attendant,  ua 
annislice,  ont  Donmi  et  muni  de  learspldns  pouvoirs,  savoir:  d'une  part,  le  printe 
de  Neurchttcl,  major  général  de  la  grande  armée;  eldel'autie,  le  lieuienaoi  général 
prince  Labanoff  de  Bosloï,  cfaevalier  des  ordres  de  Sainte-Aune,  graind-croii,  etc., 
tesquels  sont  convenus  des  dispositions  suivantes  : 

»  jirl.  1*'.  Il  y  aura  armistice  entre  l'armée  fraoçaiie  et  l'armée  nuse,  afin  it 
pouvoir  dans  cet  intervalle  négocier,  conclure  et  signernne  paix  qulmelte  Bstiiiii 
effusion  de  sang  si  contraire  à  l'huinsnité. 

s  Art.  S.  Celle  des  deux  parties  contractantes  qui  voudra  rompre  l'armis^ct ,  te 
que  Dieu  ne  veuille,  sera  tenue  de  prévenir  an  quartier  génial  de  l'autre  année,  H 
ce  ne  sera  qu'après  un  mois  de  la  date  des  uolificatioos  que  les  hostilités  poumot 


a  Art.  3.  L'armée  française  et  l'année  prussienne  concluront  un  armistice  stfui, 
•t  i  cet  effet  des  officiers  seront  nommés  de  part  et  d'autre.  Pendant  les  quiue  m 
cinq  jours  nécessaires  à  la  conclusion  dudit  armistice, l'anoée  française  ne  coraneun 
aucune  hostilité  contre  i'anné^  prussienne. 

«  Art.  4.  Les  limites  de  l'armée  française  et  de  l'armée  russe,  pendant  le  lempsdc 
l'armisUee,  seront  depuis  le  Curisehc-hsff,  le  thalvregduHiémen,  et  en  remonlui 
la  rive  gauche  de  ce  fleuve  jusqu'à  l'embouchure  de  Lorasna  i  Scbaim ,  et  n»>- 
tant  cette  rivière  jusqu'à  l'embouchure  du  Bobra,  suivant  ce  ruisseau  par  Bi^, 
Lipsh,  Slabin,  Dolislowo,  Goniondi  et  Wizna,  jusqu'à  l'embouchure  du  Bobra  dut 
laNarew,  et  delà,  remontant  la  rive  gauche  de  laT^arcw,  parT;koctin,Suns-N«KV, 
jusqu'à  ta  rrontiire  de  la  Prusse  et  de  la  Russie  ;  la  limite  dans  le  Frich-Herungsoa 
àNidden. 

g  Art.  S.  S.  H.  l'empereur  desFrancais  et  8.  H.  l'empereur  de  Russie  nomnaMii, 
dans  te  plus  court  délai ,  des  plénipotentiaires  munis  des  pouvoirs  nécessaires  pour 
B^cier,  conclure  et  signer  la  pais  entre  ces  deux  grandes  et  puissantes  nalions. 

H  Art.  6.  Des  commissaires  seront  nommée  de  part  et  d'autre,  à  l'effet  de  procéder 
■nr-le-cbimp  à  l'échange,  grade  par  grade,  homme  par  homme,  des  prisonniende 
pnerre. 

B  Art.  7,  L'échange  dee  ratiScationa  du  présent  armistice  sera  tait  au  quartier 
général  de  l'armée  russe  dans  quarante-huit  heures,  et  plus  tAt  si  faire  se  peuL 
s  FaitàTiltitt,le21juinia07. 

»  Sigtti .-  le  prince  de  NeufchlKI,  maréchal  Aleundkb  Brav ■»>• 
>  le  prince  LiBAHorPDsRotTorr.» 


îdbyGoOgIc 


BHTSEVirB   ET  PAIX   DB  TIUITT.  393 

russe  et  frençaise  ;  elle  poofait  ainsi  devenir  fort  longue  et  Tort  grave. 
A  Austerlilz  on  avait  parlé  d'une  entrevue  ;  Duroc  la  sollicitait  aussi 
après  Frîedland ,  et ,  dans  ces  drconstances,  Alexandre  ne  flt  aucune 
difficnlté  de  l'accepter.  Duroc  accomplit  un  second  voyage  au  delà  da 
Niémen  ponr  régler  toutes  les  conditiousde  cette  entrevue  solennelle; 
les  empereurs  y  parattraient  snr  le  pied  d'une  parfaite  égalité,  de 
souverain  à  souverain.  Le  programme  en  fut  fixé  avec  une  certaine 
forme  d'étiquette  ;  Napoléon  y  tenait,  et  Duroc  vint  prévenir  son 
souverain  qu'Alexandre  était  prêt  à  se  jeter  dans  ses  bras  de  frère  à 
frère.  L'empereur  ne  se  contint  pas  de  joie  ;  le  bat  de  la  guerre  était 
atteint. 

Le  parti  de  la  paix  se  fortifiait  dans  le  camp  de  Napoléon;  M.  de 
Talleyrand  arrivai  t  de  Varsovie,  et  ses  paroles  étaient  toutes  paciSqoes; 
assez  de  sang  avait  été  versé,  assez  de  gloire  acquise  ;  il  fallait  en  finir 
avec  une  situation  qui  compromettait  à  l'intérieur  la  prospérité  de 
l'empire  ;  les  sacrifices  de  conacrita  avaient  épuisé  la  France  :  le 
ministre  était  trop  éclairé  pour  ne  pas  savoir  que  rien  n'était  plus 
rapide  que  la  conquête,  torrent  impétueux  ;  mais  que  rien  aussi  n'était 
pins  difficile  que  la  consolidation  d'un  tr6ne  sur  le  granit  des  âges  ; 
il  y  avait  une  énorme  différence  entre  le  fondateur  d'une  dynastie  et 
AtlilaouTamerlan.  Ces  considérations  portaient  M.  deTalleyrandi 
dé^rer  une  paix  solide  et  forte  ;  alors  déjà  il  avait  conçu  le  projet  de 
réaliser  ponr  la  famille  Bonaparte  la  même  puissance  d'ascendant 
que  Richelieu  avait  tracée  pour  la  famille  des  Bourbons  ;  les  projets 
sur  l'Espagne  datent  de  la  campagne  d'Iéna  et  de  Frîedland,  et  il  faut 
bien  remarquer  que  M.  de  Talleyrand  eut  la  première  idée  d'une 
dynastie  napoléonienne  prenant  la  couronne  de  Naples  et  d'Espagne 
et  signant  :  Moi  U  roi,  dans  l'Escurial  ou  Aranjuez.  Y  avait-il  sio- 
eérité?  ou  bien  M.  de  Talleyrand,  ennuyé  de  la  guerre  de  Pologne, 
voulait-il  amener  une  prompte  paix  au  nord ,  par  l'idée  d'une  facile 
conquête  au  midi  ?  Tant  il  y  a  que  le  ministre  s'exprimait  haut  sur  la 
nécessité  immédiate  de  faire  la  paix,  pourvu  qu'on  ofTrtt  de  bonnes 
conditions  ;  partisan  le  plus  chaud  de  l'entrevue,  il  ne  fut  tranquille 
que  lorsqi^e  les  conditions  en  furent  réglées  entre  Alexandre  et  Napo- 
léon par  l'organe  et  l'intennédiaire  du  maréchal  Duroc  et  du  général 
Bennigseo*. 

'  Le  prince  Labinolf ,  qui  n'avait  pu  d«  pomoir  pour  trtiter  l'objet  de  U  ini»ioB 

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t29i  ENTEETCI  ET  PAIX  Dl  TILSTIT. 

Toiit  ce  qui  se  rattnchftit  aux  vieuit  souvenirs  historiques,  tont  ce 
qui  rappelait  à  Napoléon  les  rois  de  dynastie  uitî(|ae  aHail  i  son  e^rlt 
cti  son  imagÏDatioD  entliousiaste  ;  l'idée  d'une  entrevue  sur  un  radeau 
•u  milieu  du  Nitmen  lui  fdut ,  parée  qu'die  était  uoe  irailatton  de 
ces  pourparlers  de  ta  Bidassoa,  de  ces  mariages  à  Itle  des  Faisans  sous 
Louis  XIII  et  Louis  XIV;  il  y  avait  dans  cette  cérémosie  soteanelte 
Un  respect  motuel,  une  égalité  entre  monaniues  qui  caressait  Napo- 
léon ;  elle  lui  créait  une  puissance  morale  dans  sou  ormée  et  en 
France.  H.  de  Talleyrand  Iw  sucera  les  idées  de  cérémonial,  aBn  de 
flatter  son  amour-propre;  l'empereur  régla  tout  avec  un  soin  minu- 
tieux :  un  pavillon  simple,  mais  élégant,  fut  fixé  sur  un  radeau  «a 
milieu  du  Niémen  ;  on  étudia  les  anciennes  formules  ;  on  construisit  uu 
salon  commun,  deux  petites  pièces  d'attente  ;  et  pour  cela  on  emplt^ 
les  toiles  rayées  blanches  et  bleues  qui  servaient  au  campement  de 
l'empereur  dans  ses  jours  de  bivac.  Au  signal  donné  par  deux  coups  de 
canon,  Napoléon  et  Alexandre  devaient  quitter  en  même  temps  les 
rives  oi^Kisées  pour  arriver  simultanément  dans  le  pavillon  d'attente. 
Là  on  se  verrait  pour  la  première  fois,  et  on  pourrait  jeter  les  bases 
^nérales  d'un  traité  dans  une  de  ces  vastes  conversations  bistoriqaeB 
qui  remuaient  le  présent,  le  passé  et  l'avenir. 

Par  une  belle  journée  de  juin ,  soi»  les  feux  re^lendisBants  du 
soleil,  on  vit  se  ranger  en  bataîHe  sur  les  deux  rives  du  Niémen  aux 
«aux  larges  et  noires,  des  masses  con»dérables  de  troupes,  iafanterie, 
artillerie  et  cavalerie.  A  la  belle  tenue  de  tom  ces  corps ,  on  aurait 
dit  que  la  bataille  de  Friedland  n'avait  pas  été  donnée  à  dix  jours  à 


du  maréclul  Duroc,  en  référa  1  l'emperear  de  Russie,  qui  était  trè$-près  et  con- 
nandatlsonarméE;!!  [KOpoSB  au  maréclial  Duroc  de  le  voir,  Celui-ci  répondit  que 
»i  l'empereur  de  Bussie  témoignait  le  désir  d'aroir  des  eiplications  sur  l'objet  de  si 
mission  ou  de  l'entendre  de  lui,  il  ne  faisait  uOD-seulement  aucune  diflirullé  dcse 
rendre  prts  de  lui ,  mais  qu'il  saisirait  avec  empressement  cette  occssioa  pour  lui 
rendre  ses  hommages.  Celte  disposition  du  marécbal  Duroc  sotiffit  tant  le  prince 
Labancff ,  qu'il  l'eAi  IiientAl  ameué  chez  l'cmpcmu  de  Bus^e.  Je  crois  bien  que  le 
Iniréclial  Duroc  n'avait  pas  camDÙssion  de  proposer  uoa  enircYue  ;  mais  il  «tait  au 
moins  l'ordre  de  uc  pas  la  refuser,  si  on  la  désirait,  c'est-4-dire  de  se  bumerà 
répondre  que  cela  n'avait  pas  été  préru  lorsqu'il  avait  été  dépéché,  mais  que  si  c'était 
llniention  dcl'empereurAleiaBdre,  il  allait  vetouraer  en  faire  parti  l'eiDpcrear,  cl 
lui  rapporterait  sa  réponse.  Je  le  crois  d'autant  mieui  que  le  maréchal  Diuot  est 
Kvenu  &  Titsiit,  et  est  retourné  uneseconde  fois  prés  de  l'empereur  de  Russie,  et 
que  c'est  i  la  suite  de  cette  seconde  mesure  que  l'on  a  préparé  tout  i  Tilsiti  pour  cette 
célèbre  entrevue,  a  (Mémoire*  du  giotnl  Savar;.; 


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BMTBBVOB  BT  PAIX  DB  nUITI.  tM 

peïned'iotervBlIe.  Le  canon  retentit  et  des  barques  simples  reçurent  1« 
deux  empereurs;  Napoléon  était  suivi  de  Murât,  des  mitrécbtux 
Berthier  et  Besaières,  du  grand  maréchal  Duroc  et  du  grand  écuyer 
Caulineourt.  Les  marins  de  la  garde,  troupes  ù  agiles,  si  bsbltuéesi 
conduire  sur  les  fleuves  et  les  ners,  dirigeaient  la  barque  et  ramaJeat 
avec  vigueur.  La  barque  d'Alexandre  était  conduite  par  de  simpln 
pécheurs  russes  du  fleuve  du  Niémen,  vêtus  de  blanc  ;  il  avait  avec 
lui  le  grand-duc  Constantin,  le  général  eo  chef  Bennigseo,  qui  ne  le 
quittait  plus  ;  chef  du  vieux  parti  russe ,  il  n'avait  cessé  d'être  l'homme 
de  la  nuit  sanglante  au  palais  de  MicbaëtolT;  ensuite  le  prince  Laba- 
noff,  le  général  OuvaroS*,  et  l'aide  de  camp  g^ral  comte  de  Ltevcn. 
qui  depuis  fut  appelé  à  de  boutes  Tonctions  diplomatiques. 

Napoléon ,  avec  sa  promptitude  habituelle,  arriva  le  pranier  ao 
pavillon  ;  il  aimait,  même  dans  les  petites  dioses,  marcher  à  pas  de 
géant  *.  II  se  montra  fort  poli,  fort  prévenant,  car  il  ouvrit  lui-même 

'  Au  reste,  des  renseigoements  autheniiques  eiiitetit  sur  celle  eolnvue. 
cTihiit,  leSf  jufnlSOT. 

H  Demkin  les  deux  empereurs  de  France  et  de  Russie  daJTeat  avoir  uns  eotreruc. 
On  a  A  cet  effet  élevé  au  milieu  du  Hiémea  uo  ptTiUoD,  obles  deux  monarqiuan 
readraaide  chaque  rive. 

•  Peu  de  speciaclej  seront  aussi  iuléressants.  Les  deai  cAtés  du  flean  smilt 
Ikordès  pn  les  deui  amiéES ,  peodaDt  que  les  chefs  csnféreTOM  lur  tes  mofeu  it 
rétablir  l'ordre,  cl  de  donner  le  repos  k  la  géuératioa  présente. 

■  Le  grand  maréchal  du  palais  Duroc  esl  allé  hier,  à  trois  heurea  apria  midi , 
fsmplimealer  l'empereur  Aleiaudre. 

•  Le  maréclial  comte  de  Kalkreutli  a  été  priseuté  aujourd'hui  ilempenur  ;  Il  «h 
resté  une  heure  diDB  le  cabinet  de  S.  H. 

■  L'empereur  a  passé  ce  matin  la  revue  du  corps  du  maréchal  Laonea.  U  >  hit  dlf> 
férentes  pramctions,  •  récomprasé  les  braves,  et  Irmoigné  sa  saHsbcUoD  «ux 
«uirassicis  saxons  *. 

»  LeaSjuJD,  aune  heure  après  midi,  l'empereur,  accompagné  du  grand-duc  de 
Bog,  du  prince  de  Neurchltel,  du  maréchal  Bessières,  du  grand  marèclitl  du  palais 
Duroc  et  du  grand  écuyer  Caulineourt ,  s'est  embarqué,  sur  les  bords  du  Niémen , 
(Uns  un  bateau  préparé  h  cet  effet;  il  s'est  rendu  au  milieu  de  la  rire,  ob  le  géninl 
Lariboissière,  commandant  ratlilierie  de  la  garde,  avait  fait  placer  un  large  radeau, 
«t  élever  un  pavillou.  A  câté  était  im  autre  radeau  et  un  pavillon  peur  la  suJie 
deLL.UH.  Au  même  moment  l'empereur  AUiandre  est  parti  delà  rivedroUe,  sur 
UD  bateau  avec  le  graud-duc  Constantin,  le  général  Ouvaroff,  le  prince  LabanoS^  «t 
MtopTEmierBidede  camp  le  comte  de  Liaven. 

a  Les  deui  bateaux  sont  arrivés  en  même  temps;  les  deux  empereun  se  sont 
embrassés  en  mettant  pied  sur  le  radeau ,  ils  sont  entrés  ensesible  dam  la  uUe  4{ni 
avait  été  préparée,  et  y  sont  restés  deux  heures.  La  conlïrence  finie,  kl  penooDes 

•  Ca  lijna  rarment  le  luin  biillslin  <lc  11  gnait  iriafa.  ^.  V.) 


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296  EimBruB  et  paix  de  tilsitt. 

la  porte  du  pavillon  pour  tendre  la  main  à  l'empereur  Alexandre  ;  ils 
K  saluèrent,  s'embrassèrent  tous  deux  avec  une  courtoisie  eitréme. 
A  cette  ^toqae  Napoléon  avait  trente-huit  ans  ;  un  peu  gros  déjà,  s> 
taille  était  épaisse,  ses  épaules  hautes,  nais  avec  cela  une  tête  m»- 
gniflque,  le  front  chauve,  l'œil  beau  et  pénétrant,  le  nez  bien  fait,  U 
bouche  gracieuse,  et  un  ensemble  de  médaille  antique  qui  dut  frapper 
d'une  curiosité  respectueuse  l'empereur  Alexandre,  esprit  enUian- 
liaste,  car  enBo  c'était  une  fortune  bien  phénoménale  que  cette  qui 
entourait  la  grande  physionomie  de  Napoléon.  Alexandre  était  piut 
jeune  que  l'empereur  des  Français  ;  à  l'entrevue  de  Tilsitt  il  atteignait 
sa  vingt-neuvième  année  ;  sa  physionomie  était  gracieuse,  son  froot 
haut  et  bombé,  srs  yeux  bleus  et  charmants,  son  «ez  petit  avec  une 
empreinte  de  la  race  tartare  modiGée  par  le  beau  sang  allemand  ;  il 
était  élancé  de  taille,  mince  comme  les  Busses  de  noble  maison;  il 
s'exprimait  bien,  et,  quoique  la  disproportion  d'Age  ne  tàt  pas  consi- 
dérable entre  les  deui:  empereurs,  Alexandre  ne  cessa  de  témoigner 
une  sorte  de  déférence  filiale  et  des  formes  de  respect  capables  de 

de  la  suite  de  l'empereur  ont  iti  introduites.  L'emperenr  Aleiaudie  a  dit  des  tboM 
agréables  aui  miliinires  qui  accompagnaient  l'empereur  qui,  de  son  cdic,  s'est  enir»- 
tenu  longtemps  avec  le  grand-duc  Constantin  et  le  général  Bcnnîgscn. 

B  La  conrérence  Snie,  les  deux  empereurs  sont  montés  chacun  dans  leur  barque. 
OnconjcclurequelacoiiréTeDceaeu  le  résultai  le  plus  satisfaisant.  ImiDédialeBinl 
après,  le  prince  LabanolT  s'est  rendu  au  quirlier  général  Trautais.  On  est  conyen 
que  la  moitié  de  la  ville  de  Tilsitt  serait  nculraliséc.  On  y  a  marqué  le  logement  de 
l'empereur  de  Russie  et  de  sa  cour.  La  garde  impériale  russe  passera  le  fleuTC,  et  son 
eantonnée  dans  la  partie  de  la  Tille  qui  lui  est  destinée. 

a  Le  grand  nombre  de  personnes  de  l'une  el  l'autre  armée,  accourues  sur  l'uMM 
l'autre  rive  pour  étrelémoius  de  cette  scène,  rendaient  le  spectacle  d'autantplM 
intéressanl,  que  les  spectateurs  étaient  des  braves  des  eitrémitcs  du  moude  '.  » 
c  Tilsitt,  le  26  juiD  iWl, 

a  Aujourd'hui,  i  midi  et  demi,  sa  majesté  s'est  rendue  au  pavillon  du  Kiémoi- 
L'empcreur  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse  y  sont  arrivés  au  même  momeoU  L(S 
trois  souverains  sont  restés  ensemble  dans  le  salon  du  pavillon  pendant  une  iani- 
heure. 

a  A  cinq  heures  et  demie,  l'empereur  Alciandre  est  passé  sur  la  rive  gancbt. 
L'empereur  Napoléon  l'a  re{u  i  la  descente  du  bateau.  Ils  sont  moni^  à  cheval  l'ua 
et  l'autre,  ils  ont  parcouru  la  grande  rue  de  la  ville,  où  se  trouvait  rangée  la  garde 
impériale  franfaise  i  pied  et  à  cheval,  et  soni  descendus  eu  palais  de  l'emperair 
Napoléon.  L'empereur  Alexandre  7  >  dtné  avecTempcreur,  le  grand-duc  CoDsianlii 
H  le  gnnd-due  de  Be^  ".  ■ 

•  LuintbnlklindcU  craBdora.'i,  diU  de  TiUiU  le  »  jain  IGOT.  (F.  W.) 


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BKTBETUB  BT  PAIX   DE  TILSITT.  297 

frapper  vivement  un  esprit  ami  impres^onableque  celui  de  Napoléon . 

Lb  conversation  du  radeau  du  Niémen  se  tint  toujours  dans  les 
gén^ités  ;  aucune  des  questions  diplomatiques  ne  fut  traitée  à  foud; 
OQ  se  fit  des  compliments.  Alexandre  en  fut  prodigue,  parce  que, 
eatbousiaste  comme  un  jeune  liomme,  il  se  sentait  pénétré  d'un  rayon 
de  cette  gloire  si  brillante  alors  et  de  cette  destinée  si  merveilleuse. 
Hapoléon  a  dit  plus  tard  de  l'empereur  Alexandre,  à  l'occasion  de 
cette  entrevue  du  Niémen  :  «  Qu'il  était  faux  comme  un  Grec  du 
Bas-Empire,  a  C'est  là  un  de  ces  mots  qu'on  a  prêtés  h  Napoléon 
comme  d'autres  encore.  Je  crois  qu'en  effet  Alexandre  fut  habile , 
comme  le  digne  petit-fils  de  Catherine  la  Grande  ;  mais  à  cette  époque 
il  fut  éminemment  sincère  dans  son  expression  ;  il  pouvait  tirer  de  sa 
position  tout  ce  qu'elle  lui  offrait  d'avantages,  c'était  son  droit  et  sa 
pc^tique;  mais  jusqu'à  la  guerre  de  1812,  Alexandre  ne  se  démentit 
pas  :  Il  fut  l'admirateur  de  Napoléon,  et  s'exposa  plus  d'une  fois  aux 
fiotences  des  boyards  pour  conserver  ses  dignes  et  loyaux  rapports. 
A.  cette  époque,  il  faut  bien  distinguer  les  nations  des  souverains  ; 
ceux-ci  voulaient  rester  en  paix  avec  Napoléon  ;  les  peuples  seuls  se 
levaient  contre  lui  et  emportaient  les  couronnes  dans  la  résistance 
patriotique  qu'ils  opposaient  aux  volontés  dudespote.  Alexandre  avait 
d'ailleurs  déjà  ce  mysticisme  qui  s'agenouillait  devant  les  superstitions 
glorieuses,  et  cette  fortune  de  Napoléon,  si  pleine  de  merveilles,  le 
jetait  dans  un  monde  d'admiration  rêveuse. 

Les  affiùres  réelles  ne  devaient  point  se  traiter  dans  cette  entre- 
vue ;  on  convint  qu'on  neutraliserait  Tilsitt,  partiellement  occupé 
par  des  détachements  des  gardes  françaises  et  russes  ;  les  empereurs 
se  verraient  là  avec  une  extrême  liberté,  sans  faste,  sans  cérémonies, 
tandis  que  les  ministres  traiteraient  les  affaires  générales,  soumises 
ensuite  à  la  sanction  des  empereurs.  M.  de  Talleyrand  était  déjà 
installé  à  Tilsitt  ;  l'empereur  le  chargea  de  pleins  pouvoirs  pour  la 
forme,  et  il  dut  s'aboucher  avec  le  baron  de  Budberg,  ministre  en 
nom  des  affaires  étrangères  de  Rus»e  ;  Alexandre  dirigeait  personnel- 
lement son  cabinet.  H.  de  Talleyrand,  se  posa  immédiatement  à 
Til^tt  comme  l'homme  de  la  paix  ;  il  la  désirait  vivement,  et  il  ne 
dépendait  pas  de  lui  qu'elle  ne  fût  prompte  et  durable.  Le  baron  de 
Budberg  n'était  pas  de  force  à  lutter  avec  le  ministre  de  Napoléon  ; 
aussi  restait-il  sur  la  négative  ;  les  affaires  furent  conduites  par  l'em- 
pereur Alexandre,  le  {ffince  Kourakio  et  le  prince  Labanoff. 


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SM  IWTMVIJK  ET  PAIX  VB  TItSnT. 

Void  l'aspect  qu'avait  le  séjour  de  TMXJt,  dan§  la  première  senuine 
de  rentrerae  :  le  matin,  après  la  toilette,  oa  déjeaDait,  pois  des 
promenades  à  dieval  ;  k  deux  heures,  des  causeries  et  des  Oum 
Jusqu'il  cinq  ;  comme  les  journées  d'été  étaient  fort  longues,  après 
itner,  des  revues,  où  se  passaient  des  scènes  pittoresqaes,  un  échange 
de  nobles  dtoses  entre  les  deux  empereun  et  leurs  armées.  Va  jour 
Napoléon  détachait  sa  croix  pour  la  donner  au  plus  brave  des  greoi- 
dlers  de  l'armée  russe;  le  lendemain,  c'était  au  t<Hir  d'AIeiaodrf, 
mais  seulement  pour  la  croix  du  troisième  ordre,  destinée  aux  sol- 
dati  ;  il  ne  pouvait  Ueseer  la  ncAlesse.  On  vivait  en  parfaite  inteUi- 
gence,  les  deux  gardes  impériales  russe  et  française  changèrent  d'uni- 
forme en  signe  d'amitié  ;  un  soir  il  y  eut  concert  de  Basliirs,  un  tir 
k  l'arc,  comme  chez  les  barbares.  Alexandre  fut  aise  de  montrer  n 
puissance  asiatique  ;  Constantin  et  Hurat  s'étaient  épris  l'un  ponr 
l'antre  d'une  loyale  amitié  ;  les  généraux  échangeaient  des  politenes 
eïquises  ;  la  guerre  n'avait  point  altéré  le  caractère  chevaleresque 
de  ces  hommes  si  braves  qui  naguère  crdsaient  le  fo*  à  Friedtand. 

Ainsi  était  la  vie  extérieure  k  TilâU.  Mais  les  afhires  diplonu- 
tiques  avaient  une  autre  Importance  ;  pour  bien  comprendre  tout  ce 
qui  Ee  passa  dans  ces  conférences  diplomatiques,  il  est  essentiel  de 
tes  diviser  en  plusieurs  phases  :  1°  les  conventions  publiquement 
Hipuléea  ;  2"  les  articles  secrets  ;  3"  l'échange  de  simples  ponrpariers, 
qui  se  succédaient  avec  ane  si  ^ande  rapidité,  dans  l'imagination  a 
vive,  si  orientale  de  Napoléon  ;  on  discuta  tout,  on  prévît  d'immenses 
changements,  on  remua  le  monde  des  deux  moins,  on  bonlerersa 
l'Asie,  l'Amérique.  Toat  fut  dit  à  Tilsitt,  par  un  honune  k  la  pensée 
ardente  comme  Napoléon  ;  il  a  été  puéril  de  prendre  comme  conven- 
Uon  po^tive  les  idées  qui  purent  être  jetées  dans  une  convenation 
Imagée,  k  la  manière  de  l'empereur.  Alexandre  demenra-t-il  sons  le 
charme  de  cette  prodigieuse  conversation,  ou  bien,  observateur  atten- 
tif de  tout  ce  qu'il  voyait,  abandonna^-il  le  cdté  romanesque  de  sa 
pensée,  pour  s'en  tenir  aux  conces^ons  positives  que  son  nouvel  ami 
hii  avait  faites  sur  la  Turquie  et  ta  Finlande?  La  phis  dramatique 
phase  des  n^ociations  se  rattache  à  ta  Prusse.  Ici  c'est  une  royanté 
renversée,  le  petit-fils  du  grand  Frédéric  brisé  par  Tor^;  une  renie 
lappliaote,  mais  Sère  encore.  Ces  diverses  phases  des  conférences  de 
Tilsitt  doivent  être  enfin  racoirtées  en  détail,  pour  que  l'histoire  sache 
k  quoi  l'en  tenir  sarim  événement  jusqu'ici  ébangement  déSgur^. 


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EmBVDB  KT  PAIX   DE  TIUlrT.  SM 

Que  fut-il  ré()IIeiD«it  convenu  entre  Alexandre  et  l'empereur  NapcK 
léon?  Quels  sont  les  engt^emeots  qui  furent  urèt^?  Quelles  aGTairea 
védies  furent  alors  discutées,  et  dans  quel  sena  ? 

La  première  question  sérieusement  agitée  cotre  ks  deux  cours  de 
France  et  de  Ruaûe,  se  rattacha  aux  intérêts  et  i  la  destinée  de  U 
Porte  ottomane  qui  occupait  tiès-vivement  l'empereur  Alexandre, 
parce  qu'elle  était  pour  lui  territoriale  et  historique.  Dans  toutes  Jea 
transactions  diplomatiques,  la  Russie  a  toujours  suivi  la  marche  et  I« 
dévdoppcment  de  sa  force  et  de  sa  puissance  politique.  D^nit  le 
commencement  de  la  guerre  de  Pologne,  l'empereur  Napoléon  s'était 
aussi  préoccupé  des  destinées  de  la  Turquie  ;  dans  ses  messages  au 
sénat,  dans  ses  communicatious  diploauitiqaes,  il  parlait  de  la  néces< 
site  de  maintenir  l'empire  ottoman  dans  son  iotégralilé  territorUle  ; 
ses  ooumuBications  (dficielles  affirment  même  hautemeat  :  <  Qu'il 
lie  traitera  Jamais  avec  Alesandre  si  les  Russes  n'évacuent  la  Molda- 
vie et  la  Valachie,  ak»s  ocoipées  contre  la  foi  des  traités  ;  b  c'était  là 
une  fière  a  veine  menace  contre  le  cabinet  de  Saint-Pétersbourg. 
Les  d^èches  du  général  S^iaatiani,  ambassadeur  i  Gonstantinople. 
avaient  indiqué  i  Napoléon  la  résolution  de  Sélim  de  s'affranchir  de 
toate  sujétion  divers  la  Ruwe  et  l'Angleterre  ;  le  sultan  avait  pria 
les  armes,  l'étendard  du  prophète  était  levé  ;  la  vigoureuse  résistance 
de  Gonstantinople  contre  une  escadre  anglaise  avait  exalté  la  pensée 
de  Napoléon  k  ce  point  de  croire  qu'il  pouvait  compter  sur  une  diva>« 
sion  favorable  de  la  Porte  ottomane  sur  le  Danube. 

L'empereur  connaissait  mal  le  divan;  les  Turcs  voyaient  avec  indi- 
gnation des  Francs  établis  dans  les  batteries  des  Dtfdanelles  avec  les 
bombardiers  et  les  janissaires.  Le  sultan  Sélim,  dans  une  émeute  reli< 
gieose  soutenue  par  le  mufti  au  nom  du  Coran,  fut  déposé  et  étran- 
glé ;  1b  guerre  se  continuait  dans  les  provinces  de  Moldavie  et  de 
Valacbie,  favorable  aox  Russes,  lorsque  la  question  se  présenta  anx 
conférences  de  Tilsitt.  Ce  fut  une  chose  curieuse  et  très-étrange  h 
dire  :  Napoléon,  qui  avait  soutenu  si  vivement  la  Porte  ottomane  et 
déclaré  an  sénat  qu'aucun  traité  ne  serait  fait  avant  l'évacuation  de 
la  Moldavie  et  de  la  Valachie  ',  consentit  par  un  article  secret  à  ce 

'  Dans  ane  de  ses  conTersatloDS  piétenduefi  amicales  et  IViiiches,  Napoléon  disait 
i  l'enipemir  Alexandre  :  «  Je  ne  liens  pas  à  celte  éracuation  des  deui  provinces 
(celles  de  Valachie  et  d«  Moldavie]  ;  qa'oa  la  traîne  en  longueur.  Il  n'est  pas  posaibls 
de  ■oun'ir  plus  longtempsles  Turcs  en  Europe;  \ous  ^ics  le nallre  de  les  rejeter  eit 


Diclzedby  Google 


800  BRTiunrcB  et  paix  ns  tilsitt. 

que  la  Russie,  évacuant  les  provinces  ou  les  gardant  provisoirraieiit, 
pût  en  nomnier  les  hospodars.  Si  le  traité  public  stipulait  réracoAtitm 
de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie,  par  le  fait,  la  Russie  les  gardait 
'  dans  ses  mains  ou  sous  son  înQuence  ;  l'habileté  d'Alexandre  vint  à 
son  but  :  on  comprend  alors  comment  il  se  rapprocha  de  Napoléon 
par  des  conditions  si  avantageuses  pour  son  cabiuet.  Où  cberchiit-41 
des  conquêtes?  Quel  était  le  vœu  de  son  agrandissement?  La  Russie 
n'avait  pas  de  vues  alors  sur  l'occident  de  l'Europe;  elle  se  bornait  à 
suivre  et  à  développer  le  plan  de  Catherine.  Napoléon  y  prêtait  la 
tnain  :  le  czar  dut  caresser  son  amour-propre  ;  ses  avances  lui  élaieot 
largemait  payées. 

Après  la  Moldavie  et  la  Valachie ,  Alexandre  tourna  son  attention 
sur  la  Finlande.  Le  roi  de  Suède,  Gustave-Adolphe,  chevaleresqne- 
ment  dévoué  à  la  coalition ,  lui  avait  fourni  des  secours,  des  soldats, 
des  armements ,  et ,  dans  un  dernier  traité  avec  la  Russie,  il  s'était 
engagé  même  à  donner  des  armes  pour  soutenir  Alexandre  dans  la 
grande  querelle  contre  les  Français;  Gustave  remplît  loyalement  sa 
promesse.  Il  y  eut  ce  sentiment  égoïste  dans  les  articles  secrets  de 
Tilsitt,  que  ce  noble  roi  fut  sacrifié  par  la  Russie,  qui  profita  de  ses 
dépouilles  * .  Le  plan  de  Catherine  reposait  sur  daix  grandes  idées  qui 

Asie;  mtis  je  liens  àceqac  KonslintEnople  n'appartienne  à  aaeune  des  puissanecs 
aaropéennes.  a  (Propos  ofQrieUement  rappelé  par  le  czar,  sans  avoir  été  offlcidknml 
démenti.) 

'  s  C'est  ici  l'occasion  d'eiamiDcr  s'il  ■  jamais  eiisté  des  traita  écrits  sur  les  t«ù' 
TCDtioDssecrèiegdeTilsiitjon  n'en  trouTe  pas  de  (races  ofScielles. 

s  II  j  eut  évidemment  des  articles,  ou  plutAt  des  traités,  car  ceui-ci  étaient  an 
nombre  de  trois,  que  l'indiscrétion,  l'inBdélilé  ou  des  discussions  diplomaliqaci 
ultérieures  firent  connatire,  quoique  jamais  on  ne  les  ait  avoués  officidiemcal  et 
qu'ils  D'aient  pas  même  été  déposa  dans  des  archives  publiques. 

»  Le  premier  était  un  traité  d'alliance  offcDsive  et  dérensire,  si|^é  le  même  jour 
que  le  traité  patent,  et  principalement  desimctit  des  articles  21  et  22  de  cdui-d,  ea 
faveur  de  la  Porte  ottomane  ;  d'une  part ,  il  engageait  dans  la  guerre  de  la  France 
contre  l'Angleterre  ou  toute  autre  puissance  européenne,  la  Russie,  qui  gannlissail 
toutes  les  conquêtes  faites  et  i  faire  par  Napoléon,  qui  stipulait  la  fermeture  de  ses 
.  ports  lu  commerce  britannique,  qui  promettait  en  outre  d'emplojer  son  inflatuce 
pour  lui  tïirefermer  tous  ceux  delà  Baltique-  »  D'autre  part  il  était  dit  :  ■  Si,  par  suite 
des  ctiangtments  arrivés  iConstantinople,  la  Porte  p'acceplait  pas  la  médiation  de  la 
France,  ou  si,  après  l'avoir  acceptée,  les  uégociations  n'amenaient  pas  au  boDl  de 
trois  mois  un  résultat  saiisfaisaut,  la  France  ferait  cause  commune  avec  Ta  RuSBir 
contre  la  Porte  ottomane,  et  les  liautcs  parties  coniraclantcs  s'entendraient  pour 
distraire  de  l'empire  ottoman  toutes  ses  provinces  en  Europe,  Constantinople  et  la 
BoméLe  seules  eiceptées.  a 


îdbyGoOgIc 


■HTBBVDB   ET   PAIX   DE    TILSITT.  301 

lonchaient  au  comioerce  et  à  la  vie  territoriale  de  la  Russie  :  la  domt- 
naticHi  'de  la  mer  Noire  et  la  poeses»on  du  goITe  de  Finlande.  Sans 
ces  deux  débouchés ,  la  Russie  ne  pouvait  être  qu'uu  corps  ioerte , 
qu'une  masse  informe  de  terres  sans  issues.  Ce  plan  s'était  développé 
sDcceasivemsit  sur  la  mer  Noire;  Napoléon  consentait  à  l'occupation 
de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie  ;  puis  il  fallait  développer  la  seconde 
partie  de  ce  système ,  et  s'assurer  la  Finlande  en  pleine  et  entière 
souveraineté.  Dans  les  conférences  de  Tilsitt,  Napoléon  consentit  à  ce 
que  la  Russie  s'emparftt  d'une  double  influence  sur  la  mer  du  Nord  «t 
la  Baltique.  La  politique  russe  arriva  pleinement  &  ses  fins  ;  Alexandre 
reccHiQut  à  Napoléon  la  faculté  de  di^weer  de  la  Poméranie  suédoise  ; 
il  accota  aus»  comme  compensation  la  légitime  possesùon  de  la  Fin- 
lande qu'il  devait  conquérir  sur  Gustave~Adolpbe  et  lui  arracher  dans 
une  prodiaine  campagne.  Ainsi  d'une  part,  la  mer  Noire,  le  Danube, 
de  l'autre,  la  Baltique  :  le  résultat  était  large  pour  la  Rusne;  elle 
aurait  traité  k  moins. 

Ces  deux  points  arrêtés,  Alexandre  passa  sans  dilflculté  sur  la  recon- 
naissance des  faits  accomplis  par  l'avènement  de  Napoléon  au  tréne. 
Il  reconnut  le  titre  impérial  que  Napoléon  glorifiait  si  haut  ;  il  le  salua 
comme  roi  d'Italie,  comme  protecteur  de  la  confédération  du  Rhin, 
QQ  liù  recommaudaDt  quelques  intérêts  particuliers  de  famille  en 
Allemagne ,  et  le  duc  d'Oldenbourg  particulièrement.  Alexandre 
reconnut  aussi  Joseph  roi  de  Naples,  Louis  roi  de  Hollande  ;  et  quoique 

>  fax  un  second  irtité  secret,  les  deui  puisMnces,  se  considérant  déjk  comme  les 
wols  et  suprêmes  arbitres  de  l'Europe,  coarenûcnt  entre  elles  que  la  Russie  élen- 
draili  son  gré  ses  conquftesenEuropeeten  Asie,  que  les  maisons  de  Bourbon  et  de 
Bragiaee  seraient  remplacées  en  Espagne  et  en  Portugal  par  des  princes  delà  famille 
de  Napoléon  ;  que  la  dominatloa  temporelle  du  papa  cesserait  ;  que  la  Russie  tecoo- 
dersit  la  France  dans  l'atlnque  de  Gibraltar  ;  que  la  France  S'emparerait  de  Tunis, 
d'Alger  et  du  littoral  africain,  qui,  lors  de  h  paix  générale,  serviraient  i  Indemniser 
les  rois  de  Sicile  et  de  SBrdaigne;que  Malle  appartiendrait  aux  Frantais;  qu'ils 
oeeuperaieDl  l'Egypte  ;  que  la  navigation  de  la  Uédilerranée  ne  serait  permise  qu'aux 
navires  frantais,  russes,  espagnols  et  italiens;  que  le  Danemarck  remettrait  son 
armée  ti«TBle  i  Napoléon  et  en  serait  indemnisé  par  l'acquisition  des  villes  hans^a- 
tiquts,  et  que  les  deux  puissances  régleraient  la  nombre  des  vaisseaux  de  guerre  que 
les  Dentres  auraient  le  droit  de  mettre  en  mer.  Ce  traité,  que  l'ambition  la  plus  eitra- 
ngante  pouvait  seule  croire  réalisable,  et  que  l'Angleterre  parvint  i  se  procurer  par 
leseoins  du  comte  d'Entraigues,  fut,  je  le  répète,  plutAt  un  échange  de  propos,  un 
brouillon  d'Idées  sur  le  papier  qu'une  convention  véritablement  diplomatique;  j'ai 
eolcndndireàH.  deTallepUDd,  avecson  ton  niUcur,  que  tout  fut  conclu  iTilsiti, 
ticepté  le  poatible.  • 

TU.  M 


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dUB  HtnuvirB  bt  pjjx  m  thjut. 

tas  Umittt  (TuD  royaiuae  de  WestffaaUe  ne  CusKot  pas  ancon  M», 
et  ifue  JàiAm*  oe  Tût  pas  oCBcidleiDeDt  désigné  roi,  AleundR  Tadiut 
(L'tvancs  pour  âoauer  uag^gs  d'estima  à  l'empareur  des  Few^ 
Cm  Rortes  de  témaigmff»  «ùstmat.  NainUea  ;  ils  lui  fiiiiiat 
SMvaatoubUei  le  iHit  politisas  «ttanUiriBLdMtpifrFi».  iJmaate 
MdiBBDait  nm.qaedB  ilénlesi«c()Ba«aaDcw,taBdis9i'ili)b(raiit 
pour  la  Kiwi»  iappaieiHu»  réelle  da  lkfiBlaiid«rtd«sprQBQG«du 
Daiuibe.  Im  KCODDriauBces  ptnoat,.  Uft  doBUÙMft  réels  ae  tniiBiiKt' 
teot  diH  la  paBKNioD  gésérale  des  Étais.  Que  smit  devcaus  cas  Mit 
qa'MeMpdiB  rMoatnib  abnsï  (wdiftque  laBiisBe  eat  eapownim 
dw  praviae»  qa'eite  »'eifa  aeniGéefl  A.  ïUsitt. 

Il  esH  QMMtBBt  que,,  dao»  ees  oonCÈFonees,  Napcriéoa  caouBOBiii» 
sas  plaw  sur  rE>|»giie  i  l'eapereur  Ateiawlcei  ;  U  lui  parla  àa  sa 
psoiits BHT tout*  la  P^insuletde  la  oécesaité  da  r«fiMl«c ea Atné- 
ritufl  la ramille des BondiQBSt  eas^Mranti  les  varie» Iode» delà ni- 
tropole  espagnole.  M.  de  Talleyrand  développa  le  premier  ca  projett 
de  ilguutie  i  Mi^Uqui  voulait  sutatituer  sa  fiunille  à  celle  des  Boar- 
bou  dRDftto  dnïit  paMic  «uropéeD.  A  tout  cela,  Alexandre  ne  fit 
«H£iwe  (dijectioa';.  tlj  nacoannt  ntow  pacTeitemait  la  pasihUité  de 
créer  au  nMi  hd-  enpipe  giguiteaqoe  son»  le.  scept/e  de  Napelèei, 
et  qtU>  serait  séparé  de  la  Huirie  pac  lai  natioQi  ««maQique,  Kdoiu 
itos  à  un  État  întenaédiBire  et  de  saoond  ordre  ;  oa  réveiUowt  k 
titee  d'aaiparew  ^OoeidmU.  Alexandre  a'abeadonnait  axa.  lèvena 
poétiques  de  Napoléon,  ponrru  qu'on  laiss&t  s'accomplir  pour  li 
Ruiaie  ses  projeta  sur  la  Perse,  la.  Suède  et  la  Turquie,  et  testroê 
grands  déboudiés  :  la  mer  Baltique,  la  mer  Gaspiemie  et  b  mr 
Noire.  Les  hommes  habiles  du  cabinet  de  S^nt-Pétersbouig  voyaiot 
dans  les  projeta  de  Napt^éou  quelque  chose  de  momentané,  un  poème 
épique  improvisé  par  un  grand  homme  ;  tandis  que  la  Bunie  aMt 
droit  à  UD  plan  très-matériel  et  bien  réfléchi  ;  elle  ne  se  tenut  pat 
dans  les  nuages  historiques  ou  dans  la  poésie  d'un  système  ;  diest 
servait  de  Napoléon  pour  acquérir  positivemmt  et  déSnitivemeat 

Les  conférences  premières  portèrent  ainsi  sur  des  faits  définis  ft 
constants,  la  réalisation  de  la  grande  pensée  de  Catherine  II  ;  il  ï 
sut  UQ  échange  de  prt^els  plus  vastes,  plus  imaginaires,  profondé- 
ment  en  rapport  avec  le  caractère  de  Napoléon  et  l'enUiousiasaie  phi 
ou  moins  sincère  d'Alexandre.  Empereur  comme  consul,  NapolËon 
caressait  avecivresscce  plan  de  campagne  dans  l'Inde,  que.Paul  I" 


DiclzedbyGoOglC 


■VnBVDB  ET  MIX  IW  TIL8RT.  M3 

snît  tracé  sveo-  lui  deas  «s  actives  correspondances  :  m  pimagA  de 
100,000  hommtB  à  travers  les  pays  fabuleux  qu'avait  saluas  le  héim 
macédonieB  r  poor  tomber  tout  à  coup  sur  les  établissemeats  anglais 
dana-ia-praHgi'ne  da  Gange»  était  de  natura  ivjvemeat  séduire  l'im»- 
ginatioa  du  cur.  Napoléon  lirrait  la  Perse  L  la  Roisîe,  )•■  Turquie 
d'Europe,,  s'il  le  Callaît,,  pour  réaliser  ce»  Jfi'U»  el  wns  JVuiM  de  sa 
politit^e  ;  11  atmait  ces  images  d'Orimtt.ces  gigantesques  o«Kiep> 
ttons,  etceaxquiontconnuM.de  TiUleyrand  peuvent  se  fsppder 
l'impression  qu'avaient  laissée  dans  sa  tète,  Inen  calme  pourtant^'  les 
admimbles  causeries' de  Napoléou  en  présence  d'Alexandre,,  ce  Au 
qui  brillait  dans  ses-  regards,  et  qu'il  savait  communiquer,  k  oe  Jii^w 
prince  poli,  mw  souvent  froid  observateur,,  élevé  dans  les-prineipes  de 
Catherine  n<.  Napoléon  cachait  souvent  beaucoup  de  dissimidatimi 
dans  ses  paroles  chaudes  ;  il  restait  Italien  ;  c'était  le  geste  de  l'impro- 
visateur, un  grand  po^  armé.  Alexandre  d^bait  aussi  beanoeap 
d'iiabileté  dans  les  témoignages  d'une  sensibilité  expressive  et  d'usé 
loyauté  cfaevaleresque;  On  divisa  le  monde  en  deux  grands  empisei  : 
l'Occident  et  l'Orient,,  les  Latins  et  les  Grecs,  Giarlemagne  et  les 
successeurs  de  Gonstantin»  Napoléon.  et>  Alexandre;. Ces  idéesfumit 
pIutAt  fonnulées  dans  une  conversation  qu'écrites  dans  untraité. 

EnSn  arriva  la  question  réeUe,  territoriale  et  poulive,.  ocUe  du 
sort  de  la  Prusse  ;.  qu'«^aît-on  décider  sur  no  royaume  afetolument 
conquis  depuis  la  prise  de  Kcenigsberg  7  Allait-on  l'effacer  de  la  carte 
d'Europe  comme  les  duchés  de  Brunswick  et  la  Besset  Napoléon  en 
ferait-il  un  lot  pour  l'un  de  ses  généraux,  le  dépèoerait-il  en  princi- 
pautés indépestdantes?  Le  roi  Frédério-C^Uaumeétsit'arriv^i  111- 
sllt  dès  le  tri)isièsse  jour  des  confërence?,  sans  qu'il' fût  M^dé  par 
Napoléon  ;  l'empereur  ne  se  souciait  pas  d'avoir  là  gène  d'un  tiers 
dans  ses  transactions  de  souveraio  k  souverain  ponr  le  développement 
de  ses^istes  projets.  On  dit  qu'Alexandre  n'avait  point  bit  appeler 
Frédéric-Guillaume  à  Tilsîtl  ;  le  Fait  est  inexact,  la  leftiv  autographe 
existe  '  ;  les  traités  entre  les  deux  couronnes  étaient  trop  intimea 
ponr  qu'Alexandre  pût  traiter  séparément  de  son  allié. 

Le  roi  de  Prusse  n'avait  aucun  attrait  dans  sa  personne;  (ïoid'et 
toujours  digne,  comme  un  roi  malheureux,  il  ne  portait  en  lui- 
même  aucun  de  c«e  caractères  qui  entraînent  les  e^ts-  vers  ub 

■  J'en  poseUe  une  copie. 


îdbyGoOgIc 


301  Bl(TItB>TB   ET  PAIX  DB  TILSITT. 

prioce,  même  batta  par  l'infortane.  Hais  alors  on  attendait  i^  Tilntt 
une  femme  fière  et  noble,  la  belle  reine  Louise  de  Pnuse,  la  nouvelle 
Marie-Thérèse,  qui  avait  voulu  sauver  la  monarchie  par  son  dévoue- 
ment et  son  noble  feu  de  gloire.  Il  dut  en  coûter  k  cette  reine  de 
venir  implorer  l'homme  qui  l'avait  si  outrageusement  insultée.  Napo- 
léon, vainqueur  implacable,  mit  néanmoins  une  vive  attention  k  la 
traiter  avec  une  politesse  d'autant  plus  cruelle  qu'elle  ne  concéda 
rien.  Voyez-vous  une  femme  outragée  s'agenouillant  devant  le  soo- 
verain  qui  l'avait  flétrie?  Le  grand  maréchal  Duroc  et  l'officier  d'or- 
donnance,  H.  de  Talhouet,  forent  chargés  d'aller  au-devant  de  c^le 
Boble  reine  '  ;  Duroc  l'avait  vue  à  Berlin  ;  cette  majesté  de  la  beauté  et 
du  malheur,  cette  double  couronne  rayonnant  k  son  front,  frappèrent 
vivement  tous  ceux  qui  accompagnaient  cette  ambassade  de  politesse. 
Louise  de  Prusse  était  belle ,  majestueuse ,  l'œil  doux ,  le  r^ard 
fier,  la  plus  caressante,  la  plus  gracieuse  expression  de  la  bouche  ;  ses 
lèvres  étalent  roses,  ses  yeu\  grands,  bleus,  expressifs,  son  cou  un  pra 
fort  comme  la  race  allemande.  Louise  de  Prusse  ne  cessa  pas  un 
moment  d'être  reine  ;  elle  sollicitait  l'ceil  humide,  mais  le  front  haut  ; 
elle  s'agenouillait,  mais  en  implorant  plutôt  la  justice  de  Dieu  que  la 
muniflcence  de  l'homme.  Elle  trouva  dans  Napoléon  une  politesK 
froide  et  prévenante,  railleuse  comme  le  sourire  du  fort  quand  11  cou- 
ronne de  fleurs  sa  victime  ;  la  reine  demandait  son  héritage,  Napoléon 

'  U.  de  Talboacim't  dit  h  TWe  et  proronde  tmpmsiociqii'sTBithlte  sur  MDeBprii 
l'aspect  de  !■  nine  de  Prusse.  Quelle  grlce,  quelle  nujesit  I  Je  ne  puâ  résister  tn 
désir  de  faire  connallre  l'origine  de  celte  noble  reinr. 

LouiRe-Augusit-Wilbdmliie~Amrl[e  éi«ii  né«  lelO  mrslTTfl,  du  duc  de  Meckleo- 
boni^-SIreliLz,  et  de  Carulinc  de  Hesse-Dannslad  k  Hanovre,  où  son  père  était  gou- 
TcmeuT  de  i'électorat.  Ayant  perdu  sa  mère  à  l'ige  de  sii  ans,  elle  Tut  confiée  aui 
soins  de  mademoiselle  de  Gèlieui,  réfugiée  rTançaise.  Les  événements  de  It  gnem 
In  conduisirent,  dansie  mois  de  mars  1773,  à  Francfort,  qui  était  alors  le  quartier 
général  du  roi  de  Prusse,  et  elle  parut  avec  une  de  ses  soursà  la  cour  de  ce  mgnarque. 
Le  prince  royal  et  son  frire  Louis  en  furent  également  frappés  d'admiration,  et,  après 
avoir  oblcnu  le  consentement  de  leur  père,  les  deui  frères  furent  fiancés  avec  le* 
d(ui  snuTs.  le  20  avril  suivant.  Le  mariage  du  prince  bérédilaire  fut  célébré  k  Berlin, 
le  a  décembre  de  la  même  année.  La  princesse  Louise  avait  donné  deui  béritiefs  au 
Irdne  de  Prusse,  Isrsqu'ctli'  devint  reine  te  16  novembre  17V7,  par  la  mon  de  Frédt- 
ric-GuilIaume  II.  Ai^ès  avoir  reçu  le  serment  de  leurs  sujets,  les  nouveaui  souve- 
rains Breni  plusieurs  voyages  dans  leurs  États;  la  reine  cbarma  tous  lesyeui  par  sa 
beauté,  et  pgna  tous  les  caoïs  par  ses  actes  multipliés  de  bonté  et  de  bienfaLsancc. 
Ayant  eu  le  malheur  de  perdre  un  de  ses  enfants  en  ISOS,  sa  santé  en  fut  très-alléréc, 
M  pour  la  rétablir,  die  alla  ana  eaut  de  Pjmiont.  A  son  retour  la  guerre  de  PrvsK 
commenta. 


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■RTMVDB   ET  PAIX   m  TIUITT.  '  305 

lui  oBïait  des  roses  dins  de  beaux  vases  de  porcelaine  ;  elle  implorait 
pour  rendre  à)a  Prusse  un  système  politique ,  l'implacable  empereur 
lui  perlait  des  bagatelles  des  modes  et  des  cliîQbns  de  Paris.  Là,  Napo- 
léoQ  manqua  peut-être  un  peu  de  dignité  ;  il  Bt  asseoir  la  reine  de 
Prusse  à  seà  banquets  pour  la  montrer  k  tous,  la  traînant  h  son  char 
comme  la  reine  Zénobie  des  triomphes  romains;  il  semblait  dire: 
«  La  YMlà,  cette  reine  qui  m'a  bravé,  cette  femme  que  mes  bulletioB 
ont  flétrie  ;  je  hii  ai  arraché  son  sceptre,  je  la  fais  asseoir  à  ma  table, 
je  suis  courtois  avec  elle,  je  lui  donne  la  main,  je  fais  le  souverain 
galant  à  la  manière  de  Louis  XIV,  et  je  lui  arrache  la  moitié  de  ses 
États.  »  Mieux  valait  lui  dire  :  «  Reine,  je  vous  dépouille  et  ne  voos 
reçois  pas.  » 

Louise  de  Prusse  resta  digne  dans  une  position  si  embarrassée  ; 
IH^Dcesse  fort  instruite,  parlant  le  français  avec  une  élégance  remar- 
quable, elle  employa  tout  le  charme  d'une  causerie  attrayante  pour 
obtenir  quelque  chose  du  vainqueur  ;  tantét  elle  invoquait  te  sou- 
venir du  grand  Frédéric,  qu'elle  comparait  à  Napoléon,  en  plaçant  sa 
grandeur  au4e3Sous  de  celle  du  souverain  de  la  France  ;  elle  disait  de» 
mots  mélancoliques  ;  son  sourire  était  amo-,  sa  grftce  si  triste  qu'elle 
brisait  les  Ames  ;  elle  prenait  Napoléon  par  tous  les  cétés  du  cœur  et 
de  l'écrit;  et  cette  rose  tant  citée  que  le  vainqueur  lui  offrit,  et  cettt 
réponse  si  bien  jetée  :  «  Sire,  avec  Magdebouig,  ■  et  la  froide  réplique 
de  l'empereur  qui  parla  de  chiffons,  tout  cela  fit  dire  au  barwi  de 
Hardeoberg  dans  un  moment  de  dépit  :  <  Cet  homme  est  impitoy^le 
envers  les  malheureux,  et  je  me  tromperais  beaucoup  s'il  savait  lui- 
même  supporter  le  malheur  avec  dignité.  »  Enfin ,  pour  achever 
l'humiliation.  Napoléon  fit  expressément  stipuler  par  les  clauses  préli- 
minaires du  traité  de  Tilsitt,que  c'était  en  conndération  de  l'empe- 
reur Alexandre  qu'il  restituait  au  roi  de  Pnuse  la  moitié  de  sesÈtats  ; 
c'était  dire  :  «Je  n'ai  point  été  touché  de  vous,  prince  malheureui « 
je  n'ai  point  été  touché  de  vous ,  rdne  inf(»1unée  qui  vous  sacrifies 
pour  la  nation  prussienne  ;  si  je  vous  restitue  quelque  chose, 
c'est  ma  pcrfitiqne  qui  veut  que  je  m'unisse  à  l'empereur  Alexandre, 
votre  protecteur  ;  je  hii  cède  ce  que  je  ne  vous  donne  pas.  »  On 
comprend  que  les  Prussiens  durent  garder  au  cœur  cet  outrage 
fait  à  l'héritier  du  grand  Frédéric,  et  à  leur  reine  si  populaire  dans  le 
parti  national  et  les  universités.  Qu'elle  dut  souffrir  cette  reine  !  qu'elle 
dut  dévorer  de  douleurs  1  Les  officiers  de  l'empereur  qui  avairait  coft* 


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Mwé  -dei  «■faaîBat,  <HMwwatont  tw  traite  queMnient  mille  ssoti- 
mwti  iatiaiei  ;  aile  dnugetit  de  couleur  i  tout  Instast;  tes  paretet 
éMMt  tour  i  tour<MMiMitei  et  AèfitiM,  «Oe  dévorait  kb  4mDe9: 
eMe  ^egltrit  oomoe  UM  AoM  ^i  sait  M  gnode-mMon,  Mtrf  i  girâer 
SQiMiHntiiiMuta  eux  jonn  de  11  «eageMice;  Éte  mortnel'eâtfn 
bvMe  elle  eAt  -Hrirté-iaplacrtite  è  la  cltule  de  remperenr,  terrftie 
tdieB';-eie«'«B«ilt'pM«a-dflfittéi»ear  <|utfflMHsi  prtffeBdimcrt 
b)eMte.4r-eflt  t'«Blm  4e  la  rrine  qa!  egltaH  BiiiOher  lonqae,Yaiii- 
queorl«piteyal>lc,U«'^ciMteat815ewpMiMrtdefleaBp»rte«càMfe 
perlewxuhfe:  nfii'jel'tttnpe.jtJelaiipflBdrefteoratMlireiiHmMiiifie 
iimudlaute  pelrtctei.  »  Toua  m? akait  alew  que  «eWcTeioe  était  laorte 
d'un  polype  m  coear,noble  iofirmité  qui  dit  aaei  la gonffraneo deta  Ht. 
fc-ddia  pewlant  dire,  è  tai  joalitartiMi  de  r^eperenr  Tietorieas, 
qiM  iwit  «6«rtifci«D  parti  piAaBBtdaMr«ntf6e'q(ti-Toatait  le  eoB- 
ttuui^lou  de  h  gueii«^4eparlagedei  coBq«Ates.£e  parti  de  jeanw 
oArien,  oaeduK  par  Mwat ,  avait  détermiaé  la  eampagae  oootre  la 
Itoune  par  eooestboufliaarae;  Mont  n'était  paa  omteot-da  4ot^M 
luiwaitifrtt-dugraBd  duché  4e  fierg  ;  il  rèwdt  «■  «oyaume  eoeoMe 
IoMphetLMiiBàMap]«>flt«aBoUaode.M«Mait  que  la  Wea^^wlie 
était  daatiuée  i  léiAnc  ;  pourquoi ,  lui ,  «'««nftil  p«4e  frAoede 
^■■ic  <u  4e  Wi^ue?  La  pafK«Qotcurtait«es4aBflîaB,  il  oepanvaK 
dUffiir -cette  courouae  ^çft'A  «ARait-depuie  rwéuetM^  de  hë  beauK- 
Mraa  ;  il  y  avait  alon  une  naMie  4'<ètffeTYd  ;  le  tjtre4e  graud^duc  de 
BMgpe  JeMfirfKiitlt4iaa;J«oillatt4i  ■atoque4ueHleajMAer  laceu- 
BOMM  ■inaotitée4el'«ea(hoHdeet  de  quelque» farodkaMueduta 
4b  Imui  diaaMOt  de  la  fortune  4e  Kapoléoo*  qui  rayoBBait  i . tes  yeux. 
Cette  .fl^niMl>eUiqueHBe  de  Muni  ^Uit  iMaMasue;  ^exprinaat 
dm  les  salons  wec  la  jutn^  bwte.  il«e  vodiit  plue  «Bteudie  parier 
du  Bai-depBBite  et  deioetleawuwae  eu  japon  ;  iiXaU«itleeuHiri»er 
4eia  «aile  ;  ai  biea  ^ue  IL  de  i:alle7ra^  s'deda  ivut,  «n  lortaut  du 
«doBtdei  eenfërenoei  delà  pdx:  «UGma^acurk  grasd-duc  deBcrg, 
cJait  vous  iqui  «tus  jwec  fait  faire  la  fuerre*  je  foe  V.  A.,  i.decnûic 
«wœa'etf  fas<eUe  qui  euipàeherade  Caire  ia^^^AQuiudll.  4e 
llllernBd  parut  aiaai,  il  M«aU  bKoee  qu'y  diMit:  ^a|tfdéaa,^«oâqBe 
S$A  «ppréeîateiu'  du  «punife  de  JiMrat,  «rait  (pi^ouia  Mme  cette 
ipptowsité  duchwap  de  hjdaiHe.  QuiipluBieu(9i^viies.fvjBt  aifB> 
imiiwa  )•  wrt  d'uM  nampagae  pMir  un  «laneu»  «aup  de  «^bne.  A  ce 
mmttitie  {larU  de  la  j«ix  était  coDsidéraMo  «•  fuma  et  daoi 


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BimiVfVB  TT  -nrc  vb  'i  iLmi  ■  Sot 

ranii(o;1e'Sdldrt  naHuiHavaH  amwewide  felwmnflr  fcMMpatrig; 

ipris  «M  «  lengoe  eihteiK»,tiint'de^)éri)s  et  fleTaligaeB.fl  commeQ- 
cait  k  a'enDayer  de  faire  des  empereurs  et  des  rois  so  prk  de  son  sang 

Bw  mHle  Biftimue  deTlMtt,  rAwhkfce  wa(t-<hBrdbt4  prendra 
yhreponrosnutaterssncrïstsim'A'fBlWoe  A|rtMHti(foo;^)e  trott* 
Mit  dngofDin  ide  icÉlcv  im  Mnrs  Ae  tniiuw^ons  d^sne  mlniv  il 
oonBCFHnCa  JK^  oc  ^HRwynBfl  wflit  tomtbb  Tmrcn  oes  ^MDK6'4n'n9 
mgfeérallffrM'de  TiBceiift,deineBréiTsn(rrie:  îliTélritptt  «Un 
fVCi  WnnOK  nftCf^ln'flMH  RS  O^gOCIiniOIIS  xk  I^Unt  'A  (fQ^HM  V/vX 
maétnia  détrih  des  tmiMtfHom  Mrètfies.<CepeiidsiA,«nni»^ 
l8Klfl4c  cMB^Anenter  KopoiMB ,  AKKnnre  tA  te  rai  4c  ptiuBOp  M 
oAiwl  4e  Tieme  svA  varsrji  nm  iwiileraiees  le  'gonnil  butm  ^' 
Stalerheiin,  chargé  d'observer  et  de  pénétrer  les  différentes  phases 
de  la  D^ociation  qui  secoBtiiwaitiXilsitt;rAatridie,dftt8lecoRlit 
RMÉes^M  tcrviné  i  nitdtand,  Mitt  M  «M  offert  sa  nédMeH  « 
Ttrsovîe;  ti  maintenant  que  ces  deux  puissances  se  rapprochalenfl 
ffue  ces  deux  colosses  se  pressaient  la  main,  que  pouvaît-elle  donnn  Y 
Quelle  place  pouv^t-dle  {H«Bdi»t«Ue>t  puteaace  de«aMid<ocdn 
éefuiê  le  tnâté  ée  Pn^cm^?  Li  tmnm  et  SAftUsthéim m  hmewiom 
t  olueiKi,  n  ne  fat  admis  à  antune  nfegodation  en  nom  p^vomnl  ; 
Kulement  il  putumoncer  i  sa  cour  :  «  Que  dans  les  transactions  arrê- 
tées à  Tilsitt  OD  ne  touchait  pas  &  la  CaMoiatit  à  cette  pntte  -de  la 
Pologne  qui  était  échue  en  partage  k  l'Autrnte.  *  Toiftefols  te  cdilliet 
de  Tjeone  ne  se  dissimula  pas  que,  dans  les  tcansactioBs  actuenes, 
l'tveair  de  l'Antridie  était  complètement  menacé  ;  h  rdHaMe  fece* 
ftit  le  développement  naturel ,  l'Autriche  cmnne  la  Ttrmt  itaft  ré- 
duile  à  n'être  plus  que  le  satdiite  d'Alexandre  ou  de  Niyiol&oa  :  H 
bUait  tourner  autour  de  l'un  ou  de  l'anitM  de  ces  astrct. 

EbSd  ,  deux  traités  furnit  le  résultat  de  l'entrevue  d«  THM  ;  le 
premier  fat  conclu  directemeut  avec  TempReur  Alexandre  d'égal  & 
égaL  Par  ce  traité,  une  portion  de  la  Prusse»  par  ^ard  pour  Alexandre, 
Mt  netituée  à  FiMéric-Guillaane  ;  «o  7  «onrtMm  «1  grand-duché  de 
Tanwie,  le  roi  de  Sne  en  a  h  mprînntie.  Dantclg  devient  Mlle 
iod^iendante.  Napoléon  accepte  la  médiation  de  la  Hussie  pour  une 
paix  arec  l'Angleterre  ;  Alexandre  reconnaît  les  royautés  de  Naples, 
de  HoQandeet  de  WestphaUe,  dansU  penoBoe  des  frères  de  NapoléoD  ; 
a  s^oB^ge  publiquemeat  4  éracaer  la  ValacUe  «t  ta  Motdiitt,  poac 


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SOS  mKTMni»  R  PAIX  m  nuirr. 

nUlftire  les  exigences  d'opialw»  et  tes  promesses  de  l'emperearait 
sénat  ;  un  article  secret  fautoriie  i  les  garder  sous  les  hospodara 
nommés  par  elle'. 

Le  second  traité ,  directement  concla  mtre  l'emperear  et  le  roi 
Fridéric-Gaillaume  III, est  dur,  implacable.  La  Prusse  renonçante 
tous  ses  territoires  entre  le  Bhin  et  l'Elbe,  et  à  la  totalité  de  la  Pologne 
prussienne, oQvre  des  routes  militaires  dans  ses  États  pour  le  libre 
passage  des  Saxons  jusqu'au  grand-duché  de  Varsovie  ;  ua  article  Tormei 
engage  le  roi  de  Prusse  k  fermer  ses  ports  aux  Ajiglais  et  à  saine 
exactement  les  conditions  du  décret  de  Bertin  sur  les  marchandîsm 
britanniqaes.  C'était  la  mort  physique  et  morale  de  la  Prusse  *  ;  on  loi 
impose  des  contributions  exorbitantes, partout  des  masses  d'argent, 
des  florins, des  frèdèrics  d'or,  des  fournitures  de  toute  espèce.  La 

'  L'MBpercar  Alexandre  obtint  qndquas  conceulou  penonndl«  et  de  bmflle  <■ 
AlleinifDe.  Toid  la  lettre  que  l'oiipemir  de  Bntsie  icririt  en  prince  héréditaire  de 
HecUcmbaurg,  pour  lui  anooDcer  qae  le  duc  régnant  allait  et»  réin^^i^  dau  M> 
fttala: 

■  Mon  cher  frère,  à  la  lulte  de  rbenreux  rapprochement  qui  vient  d'avoir  lien  entra 
l'empereur  dea  Franc*Ie  et  moi,  nu  de  mes  preroien  loiua  a  été  de  m'occnper  des  in- 
térêude  Totre  maison.  MesTin»  sont  entléremeni  remplis,  et  je  m'empresse  devoas 
earojer  copie  des  ordres  «dressés  ani  eouMiandnts  Trantsis  dans  le  MecUenttMHUf. 
le  me  réjoaii  d'aroir  pu  vous  être  utile,  et  tous  donner  ainsi  une  nonvriie  pnatc  di 
l'tmiiié  sincère  que  je  rons  ai  rouée  pcisonutnemeat. 

•  Signé  :  ALsrunWB.  ■ 
*  Les  p«T*  cédés  par  la  Fniaae  étaleal  : 
1*  Sur  b  rire  droite  de  l'Bbe  : 
LaeercledeKotibui.  33,nM 

—      de  la  Prusse  oecidenUle  et  du  district  de  la  Nctze.  9aX,3SS 

Pmase  méridiontle.  1,383,189 

Nouvelle  Prusse  orientale.  VUfiU 

S>  Sur  le  rire  gsuche  de  l'Elbe  : 

Le  eereU  de  la  Vieillc-Mercbe  elde  U  Prdgnlti .  11S,000 

Dudié  de  MsgdebourB  et  dépendance».  300,099 

Prlnc^ulé  d'Hilberstadt,      U.  148,233 

—  d'Hildesheim,        jd.  130,0W 

—  d'Eischreld,  Erfùrth,  etc.  1M,690 

—  dcMeindoietRarensberB.  ISViTIS 

—  de  PaderiMrn,  Hunstcr,  Lingen,  et  Tecklembonig.  968,013 
Comté  de  la  Marche,  abbajca  d'Bsseo,  Eltea  et  Werden.  10,101 
Principauté  d'Ost-Frlse.                                                                                119,803 

—  deBâjreuth.  aa8.B0l> 

TDUtgrnéral.    4,339,309 
Si  l'on  7  ajoutait  Anapaeb,  NeuFchltel  et  C1é*ea,  les  pertes  de  la 
PnuM,  depuis  la  Bn  de  l'en  ISOS,  monteraient  i  4,t39,9(tt 


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BKTEBTIIB  ET  PAIX  I>B  HLSITT.  300 

DoUe  re^  ne  put  rien  obtenir  ;  sa  fierté  s'ea  indigsa  ;  Napoléon  ne 
l'ivait  pis  çomiHrise,!)  n'aimait  autour  de  lui  que  la  Boumision  ; 
tout  canctire  noble  et  digne  l'importunait  ;  obéir  était  la  première 
loi  qu'il  imposait,  le  monde  oe  devait  pas  avoir  d'autre  idée  que  la 

En  réniltatrles  conventions  de  Tllsitt  Turent  de  deux  natures. 
LiHfqa'on  consultait  H.  de  Talleyrand,le  prlncipel  acteur  de  ces  traités, 
sur  leur  esj^it ,  sur  leur  tendance,  il  aimait  à  dire  :  «  Comme  dans 
toutes  les  choses  conçues  par  Napoléon,  on  trouvait  du  positif  et  des 
rêves  :  le  positif,  pour  l'empereur  des  Français,  était  de  se  voir  saluer 


Èm  itt  «onirftHtiMU  it*  ditwn  ganm  impcwJM  au^fogi  conquit  dont  la 
em^pagM  di  Frutw. 

tnnct.-     cent. 

CoDlrilration  nlnoTdiuire  de  guerre.  311,661,96&  7S 

iD^ttOM  ordimlret.         '  76.670,960  66 

BririedwnlMM.  lfl,17i,(»T  63 

Vmia.  e6,S4VlV  M 

CtrcUde  TFwfpAatû. 

CoMribntionsdegDerre.  7,065,137  63 


S,917,6»S  61 

CoDtribDtioiudegiiare.  1,S2»,6U  14 

lotéréu  dea  obligtiioQi.  3,446,360  16 

ComttdelUiuB.  2,428  08 


CoolriboUancdAgiime,  1,638  SS 

hurles  domaines,  Roivrot  le  traité  du  U  octobre.  18,000,000  00 

Us  roumitura  pour  l'annte.  3,000,000  00 

Poméniiie  suédoise,  coniribatloiu  de  gnene.  1,73S,B59  07 

T>llMluiiis«all<iaes,           id.                id.  3,000,600  00 
ApercD  «limttir  de  le  nlear  dei  fouraEtam  priM*  tor  rcnnenii 

00  feltes  pu  le  pijs  non  Imputées  sur  les  cootribuliou. 

BabBfHencee.  60,333,036  44 

HApUmx.  18,177,907  00 


Cbereiu.  6,840,030  00 

JrttHm<. 

6,000  pièces  d-arbrei  k  76  fr-,  230,000  Cr.  des  dip6u  des  minca, 

813,706  h.  06  e.  1,037,706  OS 

Bob  de  dualheet  Berlin.  1,773,030  49 

FomlalBe.  68.880  00 

Hélaui  trouvés  kltHoDiuie.  16,206  OO 

Total  «inénl.  001,337,022  09 


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310  Ufl'ABVBK  KT   PftrZ  SS  TH91TT. 

«oiperenr  «t  r»!  fltaKe  psr  Alexandre,  AeMre  8am(MrHhi«^  AnK 
ptAKc  enropéen  hh  frères  Jeeepfa ,  IJmfis  «t  lér&me,  caonae  nis, 
^dosiquelesyatème  Ae^acmri&KrsâonâiiIRMii  «b  AUeengie;^ 
^  fgine  concoarir  Alexandre  k  ses  dess^f»  -mr  TBapapte  fK  k^- 
ti^.  Il  y  avait  là,  répétait  M.  de  TalleyraDd,  des  idées  poritiit8,«i 
systëme  tel  qu'un  homme  d'fHat  poirviôt  Ie9odtanir-;c'6Wt1aiW- 
mSKta  en  grand  de  la  pensËe  <de  t^nUs  %fV ,  4tt  pstAe  4e  TsnfHe ,  1t 
BiâaDgedes  idées  de  Henri  IV  «tdeffidielini,  letiat«IMDtfaih 
i^Dce  aprte  une  hitte  dedetix^è(to«oalrer«nipre  deCSnricMÎHiiit 
fit  la  maison  d'Autridie.n 

Le  positif  pour  Alexandre ,  c'était  d'acqaérir  une  influ«ice  iacoo- 
testée  4aRR  la  MoMMiectte  V«bckie,  «t  id'«Aew  wac  ^reté  kcoix 
qu&te  des  dernières  possesiïhnu  jpn  4niiienieot  à  la  Busne  une  pré- 
yondéraoce  absolue  sur  la  mer  Noire  ;  c'était  d'obtenir  le  complémoit 
4t  B»e  système  sur  la  Baltique  par  la  Finlande  :  enAn  la  Géoitfta  et  h 
Verse  itiôent  de  riches  proies  qui  pouvaient  dédommager  «B^hant 
la  Bus^e  des  sacrifices  d'amour-propre  qu'elle  avait  faits  à  TiWtf.  Si 
Bbpoléon  réalisait  sur  une  vaste  échelle  les  idées  de  Henri  IV,  de 
Vicbeiieuet  de  Louis  XIV,  Alexandre  accomplittail  las  jtn^^  in- 
meuses  de  Pierre  I"  et  de  GathotiM  II .  Il  y  avait  là  deux  grands  syv' 
tèmes  qui  se  tenaient  la  main. 

Q«aBt  à  la  partie  fantastique  et  rêveuse,  M.  deTalleyraiid  eofi 
la  part  à  Napoléon ,  il  le  fallait  IwjaMrs.  Cet  esprit  ardent ,  ce  p 
•rntéije  le  répète,  ne  s'arrêtait  jamais  sur  une  iàhe  i 
un  monde  derrière  lui  ;  diaqne  prc^ct  n'Ststt  ^vn  p 
«niven  ieconnu,  avenir  mystérieux  de  jp'andeurs  etdesoage>;i 
bamme  renuait  le  passé  et  le  junésent  ;  soi  cerveani  -était  mm  ci 
agité  par  la  vue  gigantesque  de  tontes  tes  usâtes  omlires -dtt  passèl 
torique; il  revenait  d'Alexandre  à  César,  de  Cësar  i  Tamei 
ttengis-Kaa,  à  Mahomet  ;  il  suivait  les  Romains  du  fond  de»  lies  1 
tannîqttes  dans  l'Egypte  et  la  Syrie ,  il  saluait  les  croisés  «b  C 
pour  lui  le  monde  était  un  optique  devant  lequel  s'agitaient  les  g 
rations  de  héros,  de  conquérants,  de  législateurs. 

Eo  résultat,  le  traité  deTliSîttêtabritnn  système  égoïste  anp 
4e  deux  grandes  souverainetés  :  la  France  et  la  Aussie.  11  n'y  eut  y 
dEsonnais  de  puissance  intermédiaire;  on  sacrifia  les  allioBOesO 
«milles  à  la  prépondérance  universelle  des  deox  veah  États  qui  I 
Ment  Mwatsnrle  oootiBeot.  La  lutte  devait  bient6t  recommencl 


îdbyGoOgIC 


BKTBBTOB  BT  PAIX  DB  TIL8IIT.  Slt 

^husqu'il  De  reste  plus  dans  le  système  de  l'Europe  que  des  pofa- 
^  Bins  intermédiaire,  elles  se  heurtent.  Il  faut  des  Tallées  entra 
'''^' 1,  et  de  l'espace  entre  les  géants. 


I  DD  sBPTiiiat  rounnt* 


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TABLE 

DES  CHAPITRES 

DU  SEPTIÈME  VOLUME. 


CHAPITRE  I. 

(  Vtgn  S  1  U. } 

u»  scmats  bt  m  mos-iin. 

19DS  —  IBM. 

AppUeatloD  de  It  TapCDi.  ■—  Théorie  de  la  luniin,  ~  Le  gai.  —  Le  magnétianu.  — 
GtlTanlame.  —  La  pile  de  Tolia.  —  La  chimie  appliquée  aux  arta.  —  Lea  aocrea.— 
La  tcdBtnre.  —  Lea  sciences  matbéma  tiques.  —  Boianique.  —  SciencMhietoilqim. 

—  L'inidttiOD.  ~  La  numismatique.  —  Histoire.  —  La  cbrooique.  —  Pobllct- 
lion  des  moDumenls.  —  Les  beaui-arts.  —  Le  musée  Napoléon. — Tiansport  des 
objeia  d'art  de  Rome.  —  Dépouillenirat  de  la  Tilla  Bor^itee.  —  La  peimiue.  — 
La  sUluaire.  —  Les  écoles.  .-  Daiid.  —  Gros.  --  Gimdet.  •-  Ginid.  —  Lea 
Mdons.  —  La  mnsiqne.  —  Les  grands  maîtres.  —  L'opéra.  —  L'ait  de  la  danse. 
—Les  modes, 

CHAPITRE  U. 
(Pagea  la  à  38.  ) 

t  tCOHOMB  MUTIQUB ,  COMXBBGB  n  ÂAUCDLTmB. 

IBOI  —  I80S. 

éon  Bt  les  blaenra  de  théories.  —  Lea  économlates.  —  L'école  d'Adam  Bmitii. 

-  M.  Say.  —  Sjatéme  prohibitif.  —  Idée  de  liberté  anglûse.  —  Idée  pratique.  — 
atda  commefce.  —  Colonies. —  NiTigatioD.  —  Canaui.  —  Roulages.  —  Agri- 

-  Méthode  DOUTelle.  —  La  grande  culture.  —  La  division  des  propriétés. 
k  Lm  céréales.  —  Lespètnrsges.  —  QuesUon  des  approTisiounements.  —  Impéts 
-  Les  droits  réunis.  —  Les  douanes.  —  Les  forêts.  —  La  loterie.  — 
ectioa  fénénie  des  postes.  —  L'enregistrement.  —  Favase  idée  de  KapeHoa 
Ir  les  Suanecs, 

CHAPITRE  UI. 
{ Pagea  30  i  SC  ) 

UTOUB  DB  UPOLtOH  k  FABIS,  ACTKS  Bt  FBMtfeS  ÂBUfOCUTIQnil 

DD  OOOTBBHBHBHT. 

JlBiier  1  mai  I»«. 

■  corps  poliliquei.  —  Tote  du  sénat,  du  tribunal.  —  Érection  d'un  monument 

*  pnUic.  —  Changement  dans  le  eaiactére  de  Napoléon.  —  Aristocratie.  —  Idée  des 

grands  Be&.  —  Premier  projet  de  noblesse.  —  Fieb  de  Daimatie ,  d'Istrie,  de 

(PlaiasBce,  de  Parme,  de  Massa  et  de  Carrera.  —  Statuts  sur  la  famille  impériale, 
—  Sépultnre  des  empereurs,  —  Églises  Saint-Denis  et  Sainte-Gennlève.  — 
PoDdBUon  de  l'uniTCnité.  —  Actes  de  gouTHnement,  —  Code  de  procédure.  — 
Prépuation  da  coda  da  comneree.  —  La  banqaa.  —  Disgrâce  de  H.  BaiM- 


I 


I 


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)U 


Vvbota.  —  IJB  dHi  ndkte.  —  La  répdliqM  at  le  rojaliBM. — ■anioMBt  te 
-•— rft^ii      Miiln m lu  ifT    'l'iiir   infÉiii  TaMili 

L'nmon  uifci  u  batulli  ■'uwnuitt. 

iHTicr  i  j^D  IKM. 

L'ADgIeUm.  —  OuTerliin  iu  pÉrtamu  —  Mm  àt  H.  Pitt.  —  Hinistèn  de  ee*- 
lition  GrMiTDIe  et  Tox.  —  E^U  du  noaTeen-cablnet.  —  Eapporta  née  la  Pnuea. 
—  Situation  du  eabiiiet  de  Berlin.  —  QueiLon  du  HanoTre.  —  HM.  de  Harde»- 
barg  el  de  Hangvili.  —  Ee*  den  ajtUmtB.  —  Ce-  Kusde.  —  L'empcrew 
Âleuadn.  —  Oempalion  de«  boacbe»  d>  Cattaro.  —  Lm  MonténifriBs.  — 
L-.telri(b«  efri»  b  paU  de  Tre^awfg.  —  fc  imiOnÊim.  —Ia  riMiM  <■ 
eant*  da  Stodha — BénHvHMl  de  U  cwiUre  dlfdeHUifw  du  eeMi  de 
-  Atiiwdede  rJUHTieha. - 


CHAPITRB  Y. 

(  PaiW*  n  i  IM.  }.' 

■snftia  rtutaiTip  rt  rtooiL  ni  l'impiib  njMÇâtt. 

Crfaiion det greuds  fleh.  —  Lee  dOiMs  de  Sdinalle,  — d'Urie,  — de  Friovl,  — 
deCadore,  —  deBellune, —  de  Coo^Una,  ~  de  Triviae,—  de  Feltre,  —de 
BeataDO,  —deTicence,  —  dePadoue,  —  deBoYi^o,  — de  HaMaetCtmn, — 
de  Peine  et  Plaisance.—  PriDcipeulée  de  Neufchâtel,—  de  Guastalta,— de 
Bénérent,  —  de  Ponte-Corro.  —  Bojautfa  de  NaplM  et  de  HbOnnle.  —  toctt- 
dtnal  Fescb,  coadjuinr  du  prince  primat.  —  Crtatloti  de  là  eonfUérailok  fa 
SUn.  —  Premlet  projet  d'un  rojaume  de  WesipluJie.  —  Idée  {tllénle  dmjMtea 
fMéntirdeHapolioii. 

CHAPITHE  TI. 

(  Pagea  IW  i  13S. } 


M4»aasUB»  de  IL  deTaUe^nad.  —  Désir  de  le  i^i».  —  Pi^texta  iw  r«iDner. 

—  Corre^Mindance  de  H.  Vav  el  de  H.  de  TaUerraud.  —  Situation  respectife  de 
la  PruMt,  de  l'Angleterre  ei  de  la  France.  —  Questiou  du  HanoTre.  —  Betrùte  de 
U.  de  Hardeobe^.— Cilomnies  de  Ntpoléon.— Triomphe  du  comte  de  Haugviti. 
Rtl^echemeDlaTcc  la  France.  ~  Cruerre  de  la  Grande-Bretegae  contre  la  Prutsc. 

—  Cofd  Tarmoutb  i  Paria.  —  Ourerlnre  des  négocialioDS.  —  Base*  d'un  tfvhé. 
•-  La  France  el  la  Russie.  —Arrivée  de  H.  d'Oubrill.  —  TraiU  séparé.— HiseiM 
delôrdLiuderdale.  —  Bupture  et  demande  de  passe-ports.  —Traité  secret  sut 
les  Iles  de  Baléares  communiqué  i  l'Espagne.  —  AnnemeoU  et  levées  d'hoiUBe*. 

—  Le  prince  de  la  Psii, 


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CHAPITRE  VIL 
(  FsfM  las  à  in. } 


Amemcnts  de  h  PmMe.  —  La  tMtiqn*dagraiutVridéfta. — Dftirts  de»(M  Amk, 

—  Le  dnc  de  Bhuinriek.  — Le  martehal  de  HcUendwir. — EalknoUi.  — Bneker. 

—  Les  pTincM  L«m{»  et  Wtaii.  —  t*  leioa  EiwriMi  ds  Prass»  —  EHseipliM  d* 
PWméepmMienBe. — 3Iu»tie»dcvee|intseii  jUlOingBa. — LaBeav.  — LaSsKr. 

—  LWTllUsderaDiTcmiti.  —  Omnpallmi  nVBfSlM.  —  DKpQttMBidvIeRliier, 
— -  Btiemion  du  Itbnin  Frim.  —  Coinporitton-  de  l'anote  ftviKtise.  —  L«gtntral 
nMMsdorff  mriB.  —  IfolM  à  ÏNpolton.  —  Mptitponel'amée. —  CUimahMk 
d«)ftPntM«. 

CBATITRE  Yllf. 
(  Pub»  tsï  11  iw  ) 

CAMPiatlX  Dl  lUMl.  ^  rmSMlfcKK  FttlODB. 

Octobre  lOOS. 

Plan  dg  campagne  des  Prussiens.  —  Force  de  leur  annfé.  —  Leur  infïrîorité  num»^ 

rliptt.  —  Las  SHOna.  —  Les  Hessois.  —  Infanterie.  —  Cavalerie.  —  Incertiuide 

deapremiers-mouveineiiU.— Hardiesse.— Désordre.  —Opérations  de  l'emperenr, 

—  Changnnent  de  ftont.  —  Engagenient  d'avant-garde  k  Schleiti  et  à  SaalTeld. 

—  SiioatioD  de*  arinies  fïanfaiM  et  prussienne.  —  Bataille  d'AuersIadl.  —  La 
■BaréchaLUavousi.  —  Le  maiécbal  Beniadotle.  —  Himoira  eipticatif.  —  Batailla 
d'Uoa.  —  R^ullal  de  la.  journée.  —  Le  bulletin  réel  des  deux  liatailles. 

CBAprrRE  m. 

(  Page*  tS9  i  SM.  î 

«IIKIB  DB  PIOSSS.  —  BECODDB  rtBIODB. 
OetabR  «I  ■•nsbra  IBO*. 

Canaes  qui  rendent  décisives  les  batailles  d'Aotntadt  et  d'Iéna.  —  DétectioD  Am. 
Saxons.  — '  Démoraliaaciao  das  Pruaiiensi  —  La  monareliie  militaire.  —  Activité 
des  généraux  français.  —  Offres  de  la  Saxa.  —  Projet  d'alliance  intime.  —  Marcha 
mi  Bariio.  —  TfapcMon  H  lea  géoénai»  pnudMn.  —  Viiiia  k  PMsdmi.—  1« 
tMrtwn  de  VrWéric— •  Parallèle.  — fiannnnanideBeriln.  —  La  raine.  — 
ta.  noUaaa*.  —  Lea  piineta  aUonande.  —  La  vérité  aur  I»  grioe  àa  prinee  da 
■uaMd.  — CapitvlatioBs.de» places  fnnm  liw  itârninmQiWinni  pmiëiiia. 
•>  VrepoaWon  dapais.  —  La  PmMa  antliifwan t-occapéa. 

CHAPriKF  X. 
(Pages  SU  i 331.  ] 

PÂBU  PBIfDlMT  L'iBiaKCB  DK  L'BmilBDB. 

Seflcoibn  à  .l^cmbrci  ISOS. 

Legonveroement.  —  L'opinion  publique.-  Lea  iniérêts.  —  La  bourae.  —  Jugenteni 
sur  la  campagne.  —  Beaoia  de  la  paii.  —  Fouché  et  H.  de  lallejrand.  —  Oépn- 
talion  du  sénat  à  Berlin.  —  Communication  intime  avec  Napoléon  pourlapaii. — 
Béponse  bautaine  de  Napoléon.  —  Décret  de  Berlin  pour  le  blocus  cautiDental.  — 
Crainlea  du  commerce.  —  Détadfeuee  de  là  marine.  —  Nouvelles  de  Naples,  — 
d'Allemagne.  —  Guerre  contre  les  peuples.  —  Levée  d'une  nouvelle  conscription. 

—  Organisation  des  gardes  nationales.  —  Opposition  à  la  guerre.  —  Esprit  d'op^ 
pression  el  de  conquête.  —  Paris  dans  l'hiver  de  1806. 


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Slfi  TABLB  ras  CHAPmtBS. 

CHAPITRE  X!. 
(  Pagts  sn  à  SBI.  ) 

LU  BOSSU,  Ll  VOLOGNK,  nAPOLtOR  A  TÂMOni. 

HoTCmbH  cl  décaiibn  100). 

Ahmiln  Apris  AuMcrliti.  —  Lavées  d'hommes.  —  O^anUalion  de  l'imée  nuM. 

—  Son  personoel.  —  Bcnnlgsen,  Bagnlion,  Gtlitiio,  Stekna,  lo  fieui  KancnU. 

—  La  Pologne.  —  Sa  situaiion.  —  E«pril  de  ms  hibluals.  —  Trisusu  d 
décourmemeot  de  l'armée  Ainçaise'.  —  Aspect  du  climat.  —  Napolf  db  h  Pom.  — 
Bvcoungements  donoés  aui  troupes.  —  Gratifications.  —  Idée  pour  idnv 
l'armée.  —  Tersovle.  —  Séjour  de  l'empereur.  —  La  cour.  —  Le  tniaîL  — 
H.  Mare).  —  M.  de  Tallejrand.  —  L'Aatricbe.  —  Le  btran  de  Yinceni.  - 
Désespoir  de  quelques-uns  des  corps.  —  Désordres.  —  Insubordiiulion.  —  U 
bim.  —  Nej.  —  BKnadoiia.  —  Marche  des  Rosses.  —  Pnlinsk  et  GoIjiûb. 

CEAPITHE  XII. 
(  Pagea  VUiWÎ.) 

CUVlfiHB  DK  nOMMt.  OlDXlfeMK  rtUODI. 

JiaiicrlJQlUMlBffT. 

L'hiter  pour  les  Uonpes  russes.  —  La  Pologne  enjantier  et  février  IMT.—Tacsarii 
et  Capouc.  —  ÂDoibal  et  Napoléon.  —  Caractère  particnliire  de  bgoene  de  Po- 
logne. —  Désordre.  —  Confusion.  —  UouTrmenl  du  général  BennlgseB.— BilaOli 
de  Prussiscb-Eflau.  —  Triste  effet  produit  sur  l'apiDian.  —  M.  de  TaIle]TWé  à 
Varsovie.— Négodeiions,— Offre  de  médislioii  de  l'Aulriche.  — PropositioD  d'w 
eoDgiès  à  Copenhague.  —  Mouvement  de  troupes.  —  Conscription.  — TofagciH 
poste. —  Illusion  de  l'empereur  sur  la  Perse  et  la  Porte.  — Siège  de  DaDtii|.— 
MonveroenldeBeDDigsen.— Bataille  de  Friedland.- Caractèn  général  de  eeiH 


CHAPITRE  XÏU. 

(  Pages  3»  i  311.  ) 

KKTunn  BT  rtn  m  tilhtt. 

10  JBin  in  U  juillet  180?. 

Situation  des  armées  après  Friedland.  —  Petit  nombre  de  prisonniers. — Massa  i» 
blessés  et  de  malades.  —  Esprit  et  ressources  de  1  srmée  française.  —  Benfbtls  M 
camp  russe.  —  Premiers  pourparlers  d'armistice.  —  Envoi  du  graud-naiéchil 
Duroc.  —  Préparatib  de  l'entrevue  sur  le  Niémen.  —  Première  conversatioa  il 
Napoléon  et  d'Aleiandre.  —  Choix  de  Tilsiit.  —  Le  ministre  tusse  ban»  ds  lul- 
berg.  —  Le  minisire  autrichien  général  Stuterheim.  —  Parti  de  lapait. —  PMli 

'  de  ta  guerre.  —  Question  torque.  —  Question  suédoise.  —  Espagne.  —  Eeconaais- 
sance  des  fslla  accomplis.  —  Le  roi  de  Prusse.  —  La  rdne  Louise.  —  BestiloliN 
d'États.  —  Nouielle  organisation  politique  del'Europe.  —  Trmité  de  TilsiU.— 
Bspril  de  ce  (niii. 


Fin   DE   LÀ  TULI. 


îdbyGoOgIC 


L'EUaOPE 

[iLdiEt  le  ccnsiiijt  et  l'empila  de 


NAPOLÉON 


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L'EUROPE 

pendaiit  le  aimln  gt  l'eipire  ds 

NAPOLÉON 

H.  CàPEFIGUE 


lom  ' 


BRUXELLES 

WOUTBI8.  RASPOBT  ET  C-,  IHPBIHBURS-LIBIIAIRES 

a,  ne  d*4mnl 


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L'EUROPE 

NAPOLÉON 


CHAPITRE  I. 

UTODK  SI  HAMLtOH  1  Flin.  —  ICTU  D(  «OK  aODTUminNT. 


Paris  ei  l'empereur.  —  CbtDgeiaeiiiduisIecanetiTedcNapoIéon.  — Idée  de  l'infini. 

—  AduIstÎDi».  —  Les  corps  politiques.  —  PerallUe  iTec  les  empereurs  roDuins. 

—  Cbengement  dens  le  ministère.  —  U.  de  TiUeTnad  Tlce-gnnd  électeur.  — 
M.  de  Chinipegny  sui  relations  eitérieuies.  —  Berthier  vice-grand  connétable.  — 
Le  général  Clarke  k  la  guerre.  —  Crétet  k  l'mlérleur,  —  Le  ministre  de  la  police, 
Feaché.  —  Mort  de  H.  de  PorUlis.  —  Les  cultes,  simple  direction.  —  Suppressiou 
in  tribunal.  —  OuTerturs  du  corpa  législatif.  —  Esprit  iponarclilque.  —  Effigie. 

—  Hoiuiaies.  — Formule  Impériale. —  MsrUge  de  JérAme.  —  InsUtntion  des  ma- 
jorais.— Idée  de  noblesse.  —  Les  ducs.  —  Leseomtes.  — Les  barons.  —  Blasons. 

—  Préoccupations  de  Cambacérèa  et  de  H.  Uaret  sur  la  noblesse.  —  Qnolltwts  et 
moqueries.  --  Pamphlets  étrangers.  -^  Uvil^es  des  nonnani  nobles.  --  La  mo- 
narcbie  de  Napoléon. 

X?  jalHcl  1  aotmbn  1807. 

Le  S7  juillet,  à  cinq  heares  du  matin ,  les  cloches  des  églises  de 
Psris  se  firent  entendre  à  pleine  volée  ;  le  canen  des  Invalides  salua 
de  soixante  coups  le  passage  d'une  berline  qui  traversait  rapidement 
les  Bvennes  du  parc  de  Saint-Qond  ;  l'étendard  sous  l'aigle  fut  arboré 
sur  le  pavillon  du  centre;  Napoléon  montait  l'escalier  du  péristjle, 
salué  p9r  les  acclamations  des  fonctionnaires  du  dj&teau  qui  l'atten- 
daient depuis  la  veille.  L'raiperear  Qt  fjoelques  saluts  de  tête ,  causa 
qudques  instants,  et  reotrn  dans  son  cabinet  :  absent  depuis  huit  mois, 
sa  taille  s'était  un  peu  épaissie,  son  ventre  avait  pris  de  l'embonpoint , 
son  teint,  habituellemeat  jaune  et  plombé,  s'était  encore  hAlé  par  les 
feux  du  soleil,  le  vent  et  la  poussière  f  une  longue  campagne  ;  sa  tète, 


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6  RBTOtlB   DB  HAPOLÉON  A  PAKIS. 

presque  chauve,  restait  dominée  par  son  lar^e  front  ;  ses  yeui  afaient 
toojoun  cette  pénétration  intime  qui  remuait  les  âmes,  et  Babouche 
avait  pris  dans  l'habitude  du  commandemeat  un  caractère  fortemoit 
marqué  de  fierté  et  de  dédain.  Quelque  chose  de  fantastique  se  ntU- 
Cbait  i  cette  grande  pcrsonDalité  ;  ce  n'était  plus  seulement  le  con- 
quérant qui  trafersait  comme  la  foudre  le  champ  de  bataille,  mais 
encore  le  pacificateur  qui  apportait  un  traité  immense  dans  ses  réniJ- 
tals:  OD  voyait  en  lui  le  vainqueur  d'Austerlitz,d'Iéna,deFried)aad, 
et  plus  encore  l'ami  d'Alexandre,  le  czar  de  toutes  les  Rnsries.  Les 
récits  avaient  poétisé  l'entrevue  de  Til^tt  ;  ce  radeau  placé  soi  le 
Niémen,  ces  conférences  qui  avaient  eu  le  monde  pour  théâtre,  les 
circonstances  jetaient  sur  la  physionomie  de  Napoléon  un  prestige 
inouï,  et  désormais  cet  homme  allait  exercer  sur  ses  conteroporsiu 
une  fascination  immeme. 

L'empfflvur,  avec  son  activité  accoutumée,  reçut  le  même  joor  sa 
ministres  et  les  corps  de  l'État  qui  vinrent  le  complimenter  ;  il  y  eut 
là  des  harangues  qui  épuisèrent  toutes  les  formes  abaissées  de  F^ 
quence  louangeuse  ;  quelques-uns  furent  de  bonne  foi  ;  la  tête  devant 
laquelle  ou  s'agenouillait  était  si  supérieure,  elle  avait  produit  de 
û  grandes  merveilles,  qu'il  n'est  pas  étonnant  que  sous  l'éblouissemeot 
de  G«tte  gloire  il  y  eût  des  prosternations,  la  face  contre  terre; 
ensuite  l'adulation  entre  dans  le  cœur  humain,  et  quelques  imes 
d'élite  seules  se  placent  dans  l'ombre,  pour  ne  pas  être  trop  ébloùes 
par  les  rayons  de  la  puissance  *.  Dieu  a  placé  une  terrible  réactioa 
i  cdté  de  ces  concerts  d'éloges  qui  s'adressent  à  un  homme  pour  Im 
faire  croire  &  sa  nature  divine  ;  ceux  qui  ont  été  trop  loués  seront 
trop  calomniés;  le  Panthéon  s'ouvrit  pourTibère,  Néron  etDomitien, 
et  il  se  trouva  des  historiens,  comme  Tacite  et  Suétone,  pour  exagérer 
les  rumeurs  publiques,  les  jugements  des  contemporains  contre  les 
maîtres  du  monde  ;  à  c6té  de  la  couronne  d'or,  la  (wuronne  d'éptnea. 

'  H.  dcLacépède,  prtsidcDtdu  s^t,  s'écrigiU:  *0a  ne  peut  plus  lonar  dlgM- 
ment  T.  If.,  Totre  gloire  rat  trop  haute  ;  11  faudrait  être  placé  i  la  distance  de  la  fCf 
itrité  p«ar  découvrir  md  iimnenge  élévation.  Élolgoê  de  400  lieues  de  U  capiub, 
Napoléon  aseulgoavmié  son  faste  empire,  seul  imprimé  k  mouvement  1  hms  k* 
ressorti  de  l'administration  la  plus  étendiw.  ■ 

Le  premier  président  de  la  cour  de  cassation,  M^  Uuraire,  ajoutait  :  «  Le  sen)  â«8* 
possible,  le  seul  digne  de  S.  H.,  c'esirtUsioirela  plussimpledesonrigMic'esilt 
aécit  leplus  DB  de  ce  qu'elle  a  voulu  et  de  ce  qn'dle  a  exécuté,  des  causes,  des  BieT«ni 
et  des  effets,  des  intentions  et  des  vésoltsts.  > 


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ACTES   DB  S05   GOCYlRKBMSItT.  7 

Touter(A,  ceux  qui  approchaient  de  Napoléon  durent  s'apercevoir 
alors  qu'il  ^opérait  en  lui  un  changement  inonï  dans  la  manière  de 
se  poser  et  de  se  jnger  ;  aux  jours  de  plus  grande  audace,  l'empereur, 
tout  en  consenant  son  caractère  de  fermeté  poisonnelle,  avait 
manifesté  une  certaine  modestie  ;  il  parlait  du  peujde,  de  ses  besoins, 
de  ses  destinées;  quelque  chose  d'intime  lui  disait  que  tout  est  limité 
dans  la  puissance  de  l'homme.  Depuis  l'entrevue  de  Tilsitt,  couronne- 
ment de  la  campagne  de  1807,  ses  habitudes  changent  ;  déjà  on  s'en 
était  aperçu  après  Austerlitz  ;  il  était  devenu  plu»  fier,  plus  hautain  ; 
maintenant  il  se  croit  et  se  dit  Ytnfini  ;  son  imagination  n'a  pins  de 
limites  ;  sa  parole  n'est  pas  seulement  brusque  et  saccadée ,  elle  est 
Impérative,  fongueuse;  il  a  foi  dans  sa  prédestination  ;  ses  pieds  tou- 
chent h,  peine  la  terre  ;  quand  il  caresse,  c'est  le  maître  qui  gratifie 
l'esclave,  c'est  le  dieu  qui  élève  un  mortel.  Il  n'écoute  plus  aucune 
observation  ;  ce  qu'il  veut,  c'est  l'obéissance  absolue  à  la  manière 
orientale  ;  il  a  vu  les  pachas  entourés  d'eunuques  et  d'esclaves  pro- 
sternés, et  ces  formes  lui  plaisent  ;  comme  tous  les  eaptUs  supérieurs 
qui  ne  placent  >as  leur  force  dans  la  foi  religieuse,  il  ne  croit  qu'es 
lui  ;  l'infini,  c'est  sa  devise. 

Cependant,  lorsque  ces  pensées  superbes  dominaient  son  Ame,  Na- 
poléon éprouvait  un  malheur  demestiqae  qui  lui  montrait  à  quel  point 
sont  fragiles  les  œuvres  de  l'homme  ;  un  enfant,  l'espoirdesa  dynastie, 
était  né  de  la  reine  Bortènse;  comme  la  calomnie  remuait  tout,  cet 
enfant,  disait-on,  était  de  la  lignée  de  Napoléon,  son  sang  bouillcm- 
naît  eu  lui,  sa  fête  était  chaude  comme  (a  sienne  ;  né  sous  le  consulat, 
au  parc  de  la  Malmaison,  son  berceau  s'était  orné  des  lauriers  de 
Blarengo  ;  sa  mère  était  la  propre  fille  de  Joséphine,  et  l'on  ne  man- 
quait pas  de  ces  annales  qui  rappelaient,  à  la  manière  de  Suétone,  les 
amours  intimes  de  César  et  les  mystères  de  Caprée.  Napoléon-Charles, 
noble  enfant,  était  l'orgueil  de  l'empereur,  la  pensée  de  sa  race  ;  et 
hii,  chez  qui  un  si  rare  sourire  efileurait  les  lèvres,  s'abandonnait  aux 
jeux  de  cet  enfant,  dont  il  voyait  avec  fierté  le  caractère  impérieux  et 
lescapricessouverains.  Napoléon-Charles  fut  enlevé  par  lecroupi  cinq 
ans,  et  l'homme  qui  voulait  bfltir  sur  l'infini  putapercevoir  à  quoi  tenait 
cet  édifice  de  granit  jeté  sur  le  sable  mouvant  de  la  vie  humaine.  11 
ordonna  les  pompes  de  Saint-Denis  k  ces  funérailles  royales  ' . 

'  Le  JMiaB  prince  éuil  monaTinil'anltée  de  Napoléon  à  Puis. 

«  S.  U.l'cmpCTcur  elroi,  ptru  )etm  du  S  juin  «u  prince  •rchicbuicelier,  «nii 


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8  tSTOra  m  MAfOLiOM  A  PAAU. 

Et  fiUait-il  faire  an  crime  k  Napoléon  de  cet  orgatSl  de  sa  propre 
DBture,  lonque  aatonr  de  lui  il  voyait  tant  d'abaiisement  et  de  cmu- 
plaiMDce  îDUmeT  Ce  n'est  pas  an  pouvoir  qu'il  faut  reprocher  la 
tyrannie,  mais  aux  peuples  qui  la  souffrent  ;  le  despotime  est  comme 
le  faisceau  de  toutes  les  Uches  pwioos  qui  pour  s'aliter  abdiqnmt 
dans  les  mains  d'un  bomme.  La  vieille  histoire  nous  a  laiué  le  souvenir 
de  Babylone,  d'Assyrie  et  de  Perse,  où  les  peuples  jetaient  aux  satrapes 
leun  vases  d'or,  leurs  jeunes  Slles  et  leurs  parfums.  L'abaissement  i 
la  cour  de  Napoléon  fut  au  comble  ;  si  quelques  Ames  fières  secouaient 
un  joug  qui  les  Uessait  profondément ,  la  plupart  des  courtisans 
fléchirent  le  front  ;  il  faut  le  dire  à  la  rougeur  peutrètre  de  beaucoup 
d'olBciers  qui  entouraient  ta  personne  de  Napoléon,  ils  s'abaîasaient  1 
ce  point  de  remplir  des  fonctions  domestiques  qui  n'étaient  point  en 
nq)port  avec  la  haute  destinée  d'une  armée  victorieuse.  Lorsque  l'em- 
pereur leur  ordonnait  de  prendre  une  batterie,  d'enlever  un  drapeau, 


crdotiDi  que  le  ci>rpi  de  S.  A.  1.  Nipoléon-Chtriei,  prince  rojtl  de  HolUnde,  décédé 
à  11  a»je,  le  S  nui  dernier,  Mnit  déposé  dus  une  cbipelle  de  l'ègliM  de  Nolre- 
Dime,  pour  y  être  gardé  Jiuqu'tnmomeol  oii  l'église  Impériale  de  Stint-Denis.cn- 
tièrement  réparée,  elpourniasi  dire  Mconstruile,  permetlnildal'j  transporter.  lia 
eooHéquencc  de  ces  ordres,  que,  sur  l'inTitâtioudeS.  A.  S.  Mgr,  le  prince  arcbichan- 
celiei  de  l'empire,  le  miBiUre  de  l'iniérienr  avait  uansmia  k  M.  de  CauliucMurl, 
grand  écu  jer  de  la  couronne  de  Hollande,  chargé  de  la  conduite  de  ce  précieux  dépôt, 
le  corps  du  prince  dérnni  a  été  conduit  i  Saiot-Leu.  Hier,  ^  juillet,  il  est  parti  de 
8*ini-t.eu  dans  one  dea  Toituree  de  S.  M.,  où  se  trouvait  un  aumAnier  de  S.  V.  le 
roi  de  Hollande,  toujours  sous  la  garde  de  H.  de  Caulincourl,  qni  suivait  dans  une 
autre  voilure.  Le  convoi  étailescorlé  par  un  piquet  de  la  garde  impériale  à  cheval;  il 
est  arrivé  i  deui  heures  et  demie  à  la  grande  porte  de  l'église  méûropolilaine,  qu'oc- 
cupait un  détachement  de  la  garde  impérialeàpîed.Làs'éiaientrendusS.  A.  S.Mgr. 
le  prince  archichancelier  de  l'empire,  assisté  des  deux  ministres  de  l'intérieur  et  des 
colles,  ainsi  que  de  B.  Ém.  le  eardinal-arcbevéïpie  accompagné  de  son  clergé. 

»  S.Eic.legrandécufer  de  HoUande,  en  Ikisant  la  remise  du  corps,  s'est  adressé 
au  prince  archichancelier,  et  lui  a  dit  :  «  Uonseigneur,  par  les  ordres  de  S.  U.  le  roi 
de  Uoliande,  je  remets  entre  les  mains  de  V.  A.  S.  le  corps  de  S.  A.  1.  Napoléon- 
Charles,  prince  royal  de  Hollande,  lequd  est  contenu  dana  cette  Uére.  Dans  cesdem 
bottes  de  plomb,  que  jerunels  également  à  V.  A.,  sont  renfermés  le  Cflntr  et  les  en- 
trailles de  ce  prince.  • 

■  S.  A.  S.  a  répondu  :  ■  Monsieur,  je  retois  de  vos  mains  le  dépdt  précieux  dont 
VODS  avez  été  chargé,  ■  et  se  retournant  vers  S.  Ëm.  te  csrdioal-irchevéque ,  il  lui 
dit:  a  Par  les  ordres  de  S.  M.  l'empereuret  roi,  je  remets  entre  les  mains  de  T.  £m. 
le  corps  de  S.  A.  I.  Napoléon-Charles,  prince  rojal  de  Hollande,  qui  doit  être  gardé 
dans  votre  église  jusqu'à  sa  trandalion  dans  ceUe  de  Saint-Denis.  ■  S.  Ëm.  ■  ré- 
pondu :■  qu'elle»  son  chapitre  veilleralat  avec  soin  à  la  conservation  du  précieux 
dépAi  doDi  S.  U.  voulait  bien  les  honorer.  » 


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ACTES  I>E   SOK  GOOVBHNKHBirr.  0 

ils  deraieDt  abëinnoe  ;  mais  fB]lait-il  se  soumettre  à  ce  point  d'aller 
oégoeKi  l'sjnour  d'une  femme,  le  prix  d'une  prostitution?  et  c'est 
poortcDt  iqnoi  se  destinèrent  quelquefois  des  courtisans  à  épée,  et  ils 
l'tToaent  eux-mènàes  sans  rougir  dans  leurs  mémoires.  Napoléon  ne 
C0DiI»«iait  pas  l'indépendance  dans  le  devoir,  le  respect  qn'un  homme 
doit  à  sa  propre  podtion  ;  l'obéiasance  ne  devait  point  raisonner ,  et 
il  tint  toujours  i  l'écart  les  c^Bciers  qui  conservaient  la  dignité  d'eux- 
mjms. 

A  peine  toucbaitjl  Saint-Clond,  que  l'empereur  s'abandonna  au 
tniTfltt  avec  son  énei^e  de  volonté  habituelle  ;  il  préparait  alors  un 
cbingement  dans  son  ministère.  Depuis  l'entrevue  de  Tiisitt,  M.  de 
Tslteyiand  croyait  que  toute  la  politique  de  l'empeïeur  devait  se  rat- 
tacberÀ  nue  paix  maritime  ;  il  ;  avait  fatigue  dans  cet  esprit  ;  M.  de 
Talleyrand  avait  fait  deux  campagnes,  suivi  le  quartier  général  comme 
DD  iJDiple  auditeur,  et  cela  l'avait  ccmsidéfablranent  ennuyé  ;  il  voyait 
grandir  l'iaQuence  de  M.  Maret  à  ce  point  que  toutes  les  affaires  réelles 
passaient  par  ses  mains.  A  Tilsitt ,  Alexandre  l'avait  traité  froidement  ; 
il  »Tùt  que  le  système  de  M.  de  Talleyrand  était  anglais  et  autrichien 
pintét  que  russe  ;  le  ciar  avait  connu  les  projets  de  M.  de  Talleyrand 
avant  Ansterlitz,  projets  qui  donnaient  la  Valacbie,  la  Moldavie  et  la 
Bosiie  k  l'Autriche,  et  cela  avait  perdu  le  ministre  dans  son  esprit  : 
comme  g^e  de  l'alliance  entre  le  czar  et  l'empereur,  un  sacrifice 
paraissait  indispensable,  c'était  le  renvoi  de  H.  de  Talleyrand,  et  il  en 
fat  déji  question  à  Tilsitt.  Ajoutez  à  cela  certaines  transactions  finan- 
f^ins  trop  publiques  qui  avaient  accompagné  les  n^ociatioos  aile- 
mondes  sur  la  confédération  du  Rhin  ;  M.  de  Talleyrand  ne  se  ména- 
geait pas  assez  dans  ces  questions  d'argent. 

Il  a'eat  point  exact  que  l'afiaire  d'Espagne  soit  entrée  le  moins  du 
monde  dans  les  motifs  qui  firent  renvoyer  M.  de  Talleyrand  après 
Tibitt  ;  l'idée  du  pacte  de  famille  s'adaptait  aux  vues  et  aux  projeta  du 
ininisbe  ;  il  existe  même  un  mémoire  parfaitement  écrit  sur  cette 
^Krtfam,  et  tout  porte  à  croire  qu'il  fut  l'œuvre  des  sAaires  étrangères 
sons  11  pensée  dominante  du  ministre.  En  récapitulant  les  motifs  qui 
entratD^«nt  le  renvoi  de  M.  de  Talleyrand,  on  peut  indiquer  :  1*  le 
diangonent  qui  s'opéra  à  cette  époque  dans  le  caractère  de  Napdéon 
empereur ,  après  lllsitt  ;  il  ne  tolérait  plus  la  moindre  observation  ; 
les  hommes  ne  devaient  plus  être  pensées,  mais  machines  ;  ce  n'était 
pas  seulement  une  dictature  souveraine,  mois  encore  la  toutfr-pais- 


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10  BKTOmt  DB  VÂfOtMn   1.  PUIS. 

■ance  intellectuelle;  or,  M.  de  TalleyinDd  avait  fat^  Vempemir 
dorant  les  campagnes  d'Auslerlitz ,  d'Iéna  et  de  Friedkuid ,  par  des 
rappoiis  iDcenamment  répétés  sur  le  besoin  de  faire  la  paix  avec  les 
cabinets  même  Tsincns.  2°  M.  de  Talleyrand  avait  pour  adveisùre. 
H.  Maret,  qui,  dans  sa  médiocrité  d'h(mime  d'État,  était  bkasë  des 
allures  indépendantes  que  prenait  M.  de  Talleyrand  à  son  ifsard; 
M.  Maret  était  trop  bien  dans  les  coodiUons  d'une  abnégation  poson- 
nelle  envers  l'empereur  pour  comprendre  un  peu  de  liberté  dans  11 
pensée  d'un  homme  politique.  3*  Enfin,  le  système  russe  qni  avait 
prévalu  i  Tilritt ,  et  les  menaces  violentes  jetées  contre  l'Angleterre 
par  le  décret  de  Berlin,  ne  pouvaient  plus  convenir  à  la  situation  de 
M.  de  Talleyrand.  Le  ministre  avait  toujours  rêvé  la  pux  avec  la 
Grande-Bretagne  ;  c'était  sa  puisée  k  l'assemblée  législative ,  et  il  la 
conservait  intacte. 

M.  de  Talleyrand  fut  rranplacé  par  M.  de  Cbampagny,  alon  an 
département  de  l'intérieur.  Le  nouveau  ministre  plaisait  par  les  con- 
ditions tout  à  fait  opposées  an  caractère  de  H .  de  Talleyrand  :  c'étaient 
des  formes  également  polies,  tous  deux  étaient  bien  nés  et  parftile- 
ment  élevés  ;  mais  ce  qui  distinguait  M.  de  Cbampagny,  c'était  prêcl- 
sément  une  3oumisei(Hi  absolue,  une  abnégation  de  foi  indicible  ;  si 
politique  n'était  que  la  dictée  de  l'empereur  ;  il  n'avait  pas  pli»  de 
personnalité  queM.  Maret,  seulement  avec  plus  de  Bnesse  dans  l'esprit, 
une  présomption  moins  grande ,  sorte  de  caractère  qui  plaisait  à 
Napoléon. 

Le  ministère  de  la  guerre  fut  aussi  enlevé  à  Berlhier ,  non  point 
que  l'empereur  ne  trouvât  en  lui  une  obéissance  assez  complète; 
Berthier  était  un  second  lui-même;  compagnon  fidèle,  il  l'avait  suivi 
sur  tous  les  champs  de  bataille  depuis  la  république;  mais  Berthier 
venait  d'être  élevé  è  une  des  grandes  dignités  de  l'empire  :  prin» 
indépendant  de  Neufchâtel,  comment  serait-il  ministre  de  Napoléon^ 
Son  mattre  créa  donc  pour  lui  la  dignité  de  vice-grand-conoétable, 
comme  il  institua  pour  M.  de  Talleyrand  celle  de  vice-grand-élec- 
teur  ' ,  fonctions  k  riches  traitements ,  consolations  données  k  des 
disgrâces  plus  ou  moios  apparentes.  Lorsque  Napoléon  enleva  M.  de 

■  L'empereur  aanoDc^t  celte  double  nomlDition  au  sénat  : 
Mutag»  âi»  S,  M.  Vtmptrair  au  tétuu. 
«  SénsUuTS,  nou£  nons  jugt  cODTcnabledenoinnieTàla  pUcc  de  Tiee-frinil- 
élccleuT  le  pince  de  Béuéveni;  c'est  une  miique  éclatiote  de  notre  Hti^ctira  fw 


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ACTES   DE   BON    GODYBBKBMKIIT.  11 

TnUejraod  des  afbires  étreogères,  c'est  qu'il  le  »vait  trop  fin,  trop 
h^ile,  etqu'enauite  le  ministre  avait,  dit-oo,  un  peu  oublié  le  respect 
de  lui-même  dans  les  tranSBcUoos  allenuuides  ;  et  quand  il  enleva  le 
portefeuille  à  Bertbier ,  c'est  qu'il  le  croyait  sans  activité  jeune  et 
féconde  pour  l'organisation  matéridle  d'une  armée  ;  il  le  remplaça 
par  le  général  Clarke,  officier  d'une  certaine  distinction,  parfaitement 
au  couraut  du  personnel  de  l'armée ,  dur  dans  la  discipline ,  cour^ 
tisan  eavers  le  pouvoir ,  et  tellement  dévoué  qu'une  seule  parole  de 
l'empereur  l'aurait  déterminé  à  l'abandon  de  toutes  ses  convictions 
peisonoelles.  Le  général  Garke  avait  donné  des  preuves  de  son  activité 
administrative  dans  le  gouvernement  de  la  Pnuse  ;  inflexible  avec  les 
habitants,  il  fit  rentrer  des  contributions  avec  ud  z^e  inouï,  et  cette 
bonne  volonté,  Napoléon  ne  l'avait  point  oubliée  * . 

nous  viom  tooIo  loi  dimner,  pour  la  nuBitre  disthigute  dont  II  notu  >  constainiiimt 
aecondi  dans  1«  direction  des  aHuieB  extérieures  de  l'empire. 

B  Nous  avons  nommé  vicc^and-coiiDélable  noire  cousin  le  prince  de  Neufcbllcl  : 
en  rélerant  il  celte  haute  dignité,  nous  avons  voulu  reconnaître  son  atlachemeot  1 
notre  penonpe,  et  les  serrices  réels  qu'il  nous  a  randos  dans  tontes  les  ùreonstuces, 
par  sou  lèlo  et  son  talent.  >  Sigtti:  Nafoléoh.  * 

'  Henri-Jacques-Guillauitie  Clarke  était  né  le  17  octobre  170B,  à  Landredes,  d'une 
famille  Irlandaise  TéFugiée  en  France.  Son  pète,  officier  subalterne,  le  laissade  bonne 
heure  orphelin;  Iln'enfuipis  moins  bien  élevé  parson  oncle,  le  colonel  Shée,  alors 
aeerétaûe  des  commandements  du  due  d'Orléans.  Le  17  septembre  1781 ,  il  entra 
comme  cadet  gentilbomme  à  l'école  militaire  de  Paris,  et  sorUt,  le  11  novembre  17S3, 
sous-lieu  tenant  au  régiment  de  Berwick;  devint,  le  S  septembre  1784,  cornette  de 
hussards,  avec  le  rang  de  capitaine  dans  le  régiment  colonel-général  de  celte  arrar, 
el  Alt,  le  11  juillet  l'TM,  commisrionné  capitaine  de  dragons.  La  mjme  année,  il 
donna  sa  démission  pour  passer  en  AngleiMTc  comme  fenliUuHume  d'ambuwde.  A 
son  retour  en  France,  il  redemanda  du  service  et  fut  nommé  capitaine  de  première 
classe,  et.IeO  fèrrier  179S,  parvinl  au  grade  de  lieulenant-colonel  de  cavalerie. 
L'aOUre  d'Horeheim,  prte  Landau  ftT  mal  17V3] ,  lai  valut  le  grade  de  général  de 
brigade,  qui  lui  ftat  conféré  sur  le  champ  de  batallie,  et  quelque  tempe  apcèa  il  eiei^ 
cait  à  l'armée  du  BMn  les  ronctions  de  chef  d'état-mqor  général.  Lorsque  (12  oe- 
lobre  1703]  les  commissaires  delà  convention,  en  vertu  d'un  décret,  le  destituèrent 
comme  noble,  ses  biens  furent  séquestrés,  et  il  ne  recouvra  son  grade  qu'après  la 
chute  de  Robespierre;  protégé  alors  par  Camot,  il fnt  misila  tAied'nn  Iraretude 
lop<^T*phie  militaire,  et  détint  général  de  dÎTlHOn  le  17  décembre  IIBO;  peu  après 
il  ftiteDvojéi  Vienne  pour  préparer  la  paii  entre  le  cabiaet  impérial  et  la  France,  et 
fut  chargé  d'observer  ce  qui  se  passait  à  l'armée  d'Italie,  et  principalement  Bonaparte. 
Mais  biealdt  se  rapprochant  de  Bonspane  par  l'intermédiaire  de  H.  de  Bomrlenne, 
il  ne  donna  dans  ses  rapports  que  des  éloges  eu  général  en  cher  de  l'armée  d'Italie. 
Après  le  IS  fhictidor,  Clarke  fut  destitué;  Bonaparte  prit  sa  défense,  le  garda  en 
Italie,  et  l'employa  de  diverses  manières.  Durant  l'eipédiiion  d']f^pie,  Clarke  vécut 
dans  la  retraite,  e>  ne  recouvra  quelques  emplois  qne  sons  le  consulat. 


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13  UTOUR  bU  MAPOliON  1  »AtIS. 

Comine  te  puasage  de  M .  de  Champagny  aux  relations  extérinures 
laissait  vacaot  le  miaistère  de  l'intérieur,  l'empereur  désigna  pour  ce 
département  UD  conseiller d'ÉtstpresqueiDconna,  H.  Grétet,  ancien 
membre  des  Ciuq-Cents,  et  qui  avait  pris  ane  part  active  au  ISlmi- 
maire.  M.  Grétet  avait  été  un  moment  gouverneur  de  la  Banque, 
puis  directeur  des  ponts  et  chaussées;  maladif  de  corps,  il  toit 
néanmoins  fort  actif  pour  tout  ce  qui  tenait  aux  grands  travaux,  objet 
principal  du  ministère  de  l'intérieur  d'alors ,  sorte  de  protectorat  du 
monvemrait  matérid  de  la  société.  Les  idées  |de  Golbert  reveatieDt 
sans  cesse  à  la  pensée  de  Napoléon,  et  il  avait  essayé  des  savants,  de 
ingénieurs,  pour  en  faire  des  ministres  ;  Laplace,  Qiapta),  hnt 
avaient  mal  réussi.  L'empereur  ea  reveuut  k  un  fonctionnaire  simple 
instrament  de  ses  desseins. 

Quand  la  volonté  de  Napoléon  appelait  en  quelque  sorte  tous  les 
départements  ministériels  sous  son  inBuenceperscHindle,  que  devenait 
le  ministre  de  la  police,  Fouclié,  qui  avait  conservé  nne  certaine 
allure  d'indépendance,  une  manière  d'envisager  d'un  peu  haut  la 
situation  politique  du  pays?  Avec  un  instinct  émioent,  Fouché, 
quoique  ennemi  de  M.  de  Talleyrand,  avait  bien  vu  que  le  coop  qui 
Frappait  l'homme  d'État  aux  affaires  étrangères  l'atteindrait  tdt  oa 
tard,  car  Napoléon  en  voulaità  tout  ce  qui  pensait  endehoiadelui; 
le  minisbv  avait  son  franc  arbitre,  et  plus  «icore  son  franc  parier  ; 
la  poKce  des  aides  decamp  allait-elle  se  substituer  k  celle  d'un  ministre 
intelligent  et  fort?  le  sabre  tiendrait-il  lieu  de  l'habileté?  la  seule 
sauvegarde  de  Fouché  pour  son  portefeuille,  c'était  la  crainte  qu'il 
inspirait  k  l'empereur  ;  répondant  de  sa  personne,  il  l'avait  complète- 
ment garantie  contre  les  poignards  et  les  conspirations,  il  lui  en  Giùsait 
peur,  et  un  arrêt  du  ministre  ordonna  que  nul  désormais  ne  i'tffro- 
cherait  de  l'empereur,  même  pour  lui  présenter  une  pétition  '.  Dans 


■  Tofci  ]■  DOtiflcttlon  de  )■  police  : 

Ptris,  31  Mptcmhra  ISOT. 

«  Plosienn  perwntiM  croient  obienir  le  wccèa  de  leurs  demandes  en  ttimai  des 
cfforUindiscrels  et  même  coDdBiDiwblcs  pour  s'approcher  de  l'empcrear,  et  hiire- 
meltre  dts  péiîUons.  On  les  a  mes  quelquefois  chercher  k  s'onnir  an  pusage  i  u»- 
Tcrs  le  cortège  de  S.  M.,  s'annoncer  par  des  cris  et  des  actes  qui  témoignent  on  ptB* 
oubli  des  coaTcnances.  Dimanche  dunler,  jour  où  rempereur  et  l'impétalrice  obi 
honoré  de  leur  présence  l'Opéra-Comique,  le  public  «  été  scandalisé  de  l'aclion  d'M 
jeune  homme  qui  s'est  précipité  k  travers  les  personnes  do  la  suite  de  LL.  MM.  pew 
présenter  no  placet.  Il  a  été  arrêté  pendant  quelques  iao«ents;  coma»  ta  rioknctde 


îdbyGoOgIc 


ACTES   DE   son   GOCTSKinElIBKT.  13 

UD  monvemeot  d'hésitation  craiaUTe,  NapoléoD  n'osa  pas  le  destilnor 
encore,  et  Fouché,  voulant  payer  sa  dette  au  commun  enthousiaune 
et  témoigner  en  quelque  sorte  sa  soumission  aveugle  ou  son  délire  de 
courtisan,  commanda  au  poète  Esmérard  un  opéra  tout  entier  k 
Vé\oge  de  son  maUre.  Ancien  professeur  de  l'Oratoire,  Fouché  se 
souTint  de  Pline  le  jeune,  et  indiqua  le  Triomphe  de  Trajan  comme 
un  l>eau  thème  lyrique.  La  littérature  à  cette  époque  dépendait  de  la 
police  ;  les  eucouragemeots  n'avaient  pasnne  source  plus  hante.  L'em- 
pereur n'éievaît  pas  l'esprit  humain,  ill'at>sorbait,  le  remuait  à  schi 
proflt;  jamais  il  ne  l'ennoblit.  Il  payait  les  éloges;  tout  l'honumir 
littéraire  se  résumait  en  pensons  sur  les  fonds  de  la  police. 

Parmi  les  jeunes  poètes  qui  alors  «^étaient  distingués,  on  citait 
M.  Esmënard ,  déjà  connu  par  son  poëme  de  la  Navigation ,  esprit 
d'une  grande  facilité,  né  en  Provence,  avec  toute  la  chaleur  du  soleil 
méridional  ;  Fouché  l'avait  fait  chef  de  l'un  de  ses  bureaux  ;  puis  il 
l'attacha  comme  rédacteur  aux  journaux  politiques  ;  le  ministre  et  le 
poëte  tracèrent  à  eux  deux  le  plan  d'un  opéra  qu'ils  consacraient  à  la 
gloire  de  l'empereur.  Le  régicide,  le  vieil  ami  de  Bobespierre ,  le 
proconsul  sanglant ,  ne  craignit  pas  le  sujet  allégorique  de  Trajan 
vainqueur  des  Dacea  ;  et  comme  si  l'allusion  n'était  pas  encore  com- 
plète, on  dut  placer  sur  la  scène  presque  un  bulletin  de  la  grande 
armée,  le  pardon  accordé  au  prince  de  Hatxteld.  L'éloge  était  à  bout 
portant ,  le  ministre  savait  la  réalité  sur  l'événement  de  Berlin  ;  le 

son  prarédé  ne  lui  iTiit  été  iDspirée  que  p«riin  motif  digne  d'etcusc,  tl  a  élé  mit  en 
liberté.  Cas  imprudents  pétitionnaires  croienl-îls  qu'une  audace  insensée  mérile  plus 
de  faveur  que  des  pièces  qui  s'adressent  à  lajuslice  calme  et  vigilante  dumonarquef 
J'ai  vu  louTcnt,  et  qui  ne  l'a  pas  vu  comme  moiT  des  personnes  qui,  après  avoir 
obtenu  UD  emploi  ImpoTiani,  ou,  ce  qui  était  plus  heureui  encore,  des  bienfaits  pour 
leurs  parents,  pour  leurs  amis,  ne  pouvaient  eipliquer  nu  succis  dont  ils  étaient  eux- 
mêmes  surpris,  que  par  ces  mots: /'ai  acril  dl'«m}i#reur,  el  leurs  lettres  STaienl  été 
adressées  au  camp  de  Pultusk,  d'Ejlau,  de  Friedland.  Combien  une  toucbsnie  el 
juste  iutercassion  ne  trouve-t-elle  pas  d'organes  auprès  du  souverain  qui  eut  jamais 
le  plus  de  malheurs  à  réparer,  et  que  les  plus  grandes  entreprises  n'ont  pas  un  seul 
moment  détourné  de  cette  lAche  I  11  n'j  a  Jamais  une  lettre,  ni  une  prière  adressée  k 
l'empereur,  qui  s'égare.  Toutes  les  requêtes  sont  examinées,  toutes  les  plaintes  lui 
parviennent. Une  commission  est  chargée  de  cet  objet  spécial. L'ei posé  leplus  simple, 
le  langage  le  plus  ingénu,  celui  même  qui  manquede  correction,  maisoù  la  véri lé  du 
coeur  se  bil  senlir,  sont  sArs  d'intéresser  un  monarque  que  (ous  les  opprimés,  que 
tous  les  ennemis  iTOuvent  également  infatigable.  Lorsque  de  telles  Tcssourcess'offrcnt 
au  malbeur,  ost-on  pardonnable  de  recourir  i  celles  dont  la  violence  pourrait  éirt 
imitée  par  le  crimcî  » 


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11  KETODK  m  IfAPOUÉOK   A   PÀKU. 

prit-jl  au  sérieux?  ÈUft-ce  Ib  une  de  ces  moqueries  qui,  par  l'eiagé- 
ration  même,  deraieDt  être  un  sujet  de  risée  pour  les  contemporains 
et  la  postérité  7  Tant  il  y  a  que  le  trarail  de  l'opéra  de  Trajan  fut  une 
véritable  atToire;  il  ne  devait  être  représenté  que  dans  le  mois  d'oc* 
tobre,  et  déjà  Fouchè  en  faisait  lire  des  fragments  dans  les  salons  de 
Paris,  pour  que  cela  parrtnt  jusqu'au  pied  du  trAne  ;  il  payait  son 
tribut  pour  se  sauver  d'une  disgr&ce. 

A  ce  moment,  comme  pour  compléter  le  remaniement  ministérid, 
mourait  M.  Portails,  qai  depuis  le  concordat  avait  le  titre  de  mioistre 
des  cultes.  Et^rit  religieux  et  probe ,  mais  sanacaractère  politique,  il 
avait  pris  part  aux  deux  grandes  œuvres  de  législation ,  au  code  civil 
et  au  concordat.  S'il  était  nu  peu  janséniste  et  snlpicien,  il  anit 
pour  lui  la  fol  chrétienne,  et  c'était  un  moyen  de  traiter  avec  le  clergé, 
dont  les  opinions  étaient  alors  alarmées  par  les  derniers  actes  de  l'em- 
pereur envers  Rome  *.  On  savait  à  Paris  que  déjii  des  dtssideiicei 
existaient  entre  Nqwléon  et  Pie  VII  ;  et  dans  ce  but ,  après  la  mort 
de  H.  Portalis,  oit  se  contenta  d'établir  une  directioD  générale  det 
cnltes,  au  lieu  d'un' ministère  ;  direction  qui  fut  confiée  au  fik  du 
ministre,  H.  Portalis,  alors  niattre  des  requêtes.  BientAtles  adirés 
de  ce  département  prirent  une  activité  considérable  ;  lés  qnestioof 
ecclésiastiques  furent  un  embarras  de  gouvernement. 

Ce  sentiment  qui  repoussait  toute  résistance  politique  avait  déter 
miné  l'empereur  à  une  mesure  qu'alors  Q  osa  accomplir.  La  tète  et  le 
sang  ne  s'abdiquent  pas  ;  né  Corse ,  on  reste  Corse,  et  le  besoin  de  la 
vtndttta  survit  à  tons  les  autres.  Napoléon  n'oubliait  rien  ;  il  pati«iUit 
souvent,  mais  le  cœur  ne  pardonnait  pas  :  le  Corse,  aprèsvingt  années, 
attend  dans  le  creux  d'un  rocher,  un  fusil  h  la  main ,  le  meurtrie  de 
son  père,  et  H  ne  le  manque  pas.  L'empereur  avait  à  vmger  une 
vi^le dette  du  consul;  h  stm  avènement,  le  tribunat,  s'imagiiiant 
qu'il  était  quelque  chose  après  le  18  brumaire ,  voulut  faire  de  l'op- 
position ;  11  crut ,  au  moyen  de  quelques  phrases ,  arrêter  la  pensée 
dictatoriale  du  consul  ;  il  échoua.  Déji  deux  mesures  avaient  rÛoil  le 
tribunat  à  une  nullité  politique,  en  lui  enlevant  même  ce  caractère  de 
publicité  et  de  discussion  qui  marquait  son  existence  ;  le  tribunat  ne 
fut  plus  qu'une  superfétation  dans  la  mat^ine  gouvernementale  qw 


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ACTES  DE  SON  eOOVKUmiBNT.  15 

l'empire  conservait  comme  un  vain  souvenir  de  la  république.  Après 
Tilsilt,  il  n'hésita  plus  à  le  détraire  ;  les  tribuns,  réduits  à  cinquante, 
coûtaieut  encore  750,000  f  r.  k  l'État  ;  l'empereur  prit  le  préteste  de 
la  dépense  et  de  rinutilité,  il  le  supprima,  et  il  avait  raison  '.  Que 
pouvait  être  une  tribune  à  cAté  d'une  dictature,  une  discusion  eu 
face  de  la  volonté  d'un  chef?  Quand  les  corps  politiques  ont  déféré 
la  suprême  puissance ,  ils  abdiquent  leur  pouvoir ,  et  c'est  logique. 
Le  corps  tégùbtîf  ne  fut  désormais  qu'un  conseil  ;  tout  se  fit  par  com- 
missions; tous  les  vestiges  de  souv^vineté  du  peuple  s'effaçaient, 
les  effigies  de  l'empereur  prenaient  le  type  qui  distinguait  les  César 
et  les  Auguste.  Jusqu'à  ce  jour,  les  monnaies  portaieut  le  titre 
mensonger  de  RépMiqw  françaiêe.  Napoléon  n'était  ainsi  que  l'em- 
pereur de  la  république,  et  ces  formules  plaisaient  encore  à  quelques 
débris  de  la  révolution;  bientôt  tout  cela  fut  abandonné;  puisqu'il  j 
avait  un  empereur,  il  y  eut  aussi  un  empire.  On  ne  parla  que  de  son 
pouvoir  et  de  sa  gloire  ;  lorsque  l'encens  s'tievait  dans  les  cathédrales, 
le  vivat  imptralor  éclatait  bous  les  ogives;  l'orgue  accompagnait  le 
Domine Bdlvum  foc;  les  évéques,  les  prêtres,  durait  présmterNaptdécHi 
comme  le  chef  et  la  source  de  toutes  les  forces  natioDBles  ;  Dieu  fat 
soD  seul  mattre ,  comme  l'épée  son  droit. 

Dès  que  l'empereur  touche  Paris ,  on  le  voit  s'occuper  avec  inquié- 
tude  de  tout  ce  qui  tient  au  toit  domestique.  Pendant  son  absence  les 
rapports  de  police  ont  pris  soin  de  l'informer  des  licences  de  la  nonvdle 
cour;  il  a  su  les  amours  de  ses  sœurs,  le  scandale  public  de  ces  jeunes 
femmes ,  nées  sous  le  soleil  du  Midi ,  qui  se  croyaient  protégées  par 
l'éclatdeia  puissance.  Napoléon  se  proclame  le  pontife  des  moeurs  de 
famille  ;  tout  lui  est  permis,  à  lui,  parce  que,  comme  César,  le  sénat 
l'a  placé  dans  une  spbàre  presque  divine;  mais  pour  les  pauvres  Èlisa, 
Pauline,  Carlotta,  il  reste  inflexible  à  toutes  leurs  faiblesses  ;  il  n'ignore 
rien ,  et  les  saturnales  des  nuits  sombres ,  et  les  licences  des  bals ,  ^ 
les  inquiétudes,  et  les  amoun  déçues;  il  parle  et  veut  être  obéi;  il 

*  5^aiu«-cofwuIU  conentHmi  l'orycmitotion  iu  corpi  UgUlatif  M  dot»  du 
18  OMUISOT. 
«  Article  1".  Jl  l'avenir  M  i  compter  de  U  fin  de  la  stasioa  qui  va  l'ouTrir,  U 
discussion  prétlable  des  lois,  qui  esl  faile  par  les  seciions  du  tribunal,  le  ecTe  pen- 
dant la  durïe  d<  chaque  stesioD,  par  trois  commisaions  du  corps  l^islatiT,  sous  le 
titre,  U  première,  de  commiSNOD  de  législation  ciTile  et  criaineHe;  la  deoiUme, 
de  cominbaion  d'adminiitntJoD  intérieure;  le  troMte*>  de  conniMÎon  des 
BnaDCes.  ■ 


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16  RBTODB  DE  NAPOLÉON  A   PA&IS. 

faut  briser  sar  l'heure  avec  les  plus  tendres  affecttoDS  ;  les  cœuit  et 
les  sens  doiveat  ployer  sous  sa  main  de  fer. 

Alon  BB  famille  grandit  :  en  passant  à  Stnttgard ,  Napoléon  a  fini 
Ee  mariage  de  JérAme  son  frère  avec  une  princesse  de  Wurtemberg, 
dtaste  et  sévère  femme  qui  subit  avec  résignation  la  dettioée  qae  lui 
impose  la  loi  politique  ;  elle  obéit  à  son  père  ;  sans  amour  d'abord  pour 
Jérdme,  dans  sa  Berté  abaissée ,  elle  vient  s'asseoir  avec  répugnance  à 
la  table  de  la  famille  Bonaparte  ;  mais ,  résignée  comme  une  jeune 
Allemande,  elle  oCTrit  l'exemple  des  mœurs  les  plus  sévères  et  du  res- 
pect au  devoir.  Napoléon  traita  la  royale  Gancée  avec  beauconp 
d'égards  * .  Très-préoccupé  de  ces  mariages  de  famille,  il  voulait  ainsi 
lier  sa  race  à  tous  les  princes  d'Allemagne. 

Ce  mélange  de  sang  correspondait  avec  ses  idées,  d'avenir  et  de 
grande  fondation  ;  lui-même  déjà  marchait  &  de  plus  vastes  desseins; 
son  union  avec  Joséphine  commençait  à  lui  peser;  homme  dem^age, 
il  avait  conservé  jusqu'aux  premiers  temps  de  l'empire  les  babitudes 
domestiques  avec  Joséphine  ;  il  se  séparait  difficilement  d'elle, et  plu- 
sieurs fois  il  la  conduisit  dans  ses  voyages.  Après  Austerliti ,  l'imp^ 
ratrice  était  venue  à  Munich  pour  asaster  an  mariage  d'Eugène  de 
Beaufaarnais  ;  pendant  la  campagne  de  Prusse ,  ellevisita  les  bords  du 
Bhin  ;  de  son  quartier  général,  Napoléon  avait  entretenu  avec  elle  une 
correqKMidance  tonte  bourgeoise  *  ;  il  lui  écrivait  de  petits  billets  pour 

'  Taris,  sa  aoAt  iscrr. 

0  $.  A.  I.  la  prinusM  Calberine  de  Wurtemberg  est  arrivée  bUx  aui  ToilniH. 
à  buii  beuresdu  soir.  Le  prince  son  époux  était  allé  àsarencoatre.CettepriDN^ 
a  éi^  reçue  par  l'empeTcuT  avec  beaucoup  d'affection.  Elle  >  ensuite  41u^  ■'W  ^ 
hmille  impériale. 

.  •  Aujourd'hui  i  7  heures  du  soir,  le  mariage  civil  sera  célébré  daas  la  pitM  it 
Diaon.  S.  A.  S.  la  prince  «rchichancelier  de  l'empbv  unira  les  deux  auguste»  époU' 
conformément  k  ce  qui  est  prescrit  par  les  lois. 

a  Simenche  prochain,  à  huit  heures  du  soir,  la  bénédiction  nuptiale  sera  donarf 
devant  l'église  aux  deux  époux,  par  S.  A.  E.  le  prince  primat.  11  y  aura  iUamîDilJ'ii 
dans  les  Tuileries,  feu  d'ariifice  et  cercle  i  la  cour,  m 

'  Toici  quelques  fragments  de  cette  correspondance  : 

£eRre  de  Napoléon  à  JotiphiM,  du  Ift  janvier  1807. 

«  Ma  bonne  amie,  j'ai  refu  la  lettre  du  S.  Tout  ce  que  tu  me  dis  de  ta  doolm 
me  peine.  Pourquoi  des  larmes,  du  ch^rin  T  n'os-lu  donc  pas  de  coarageT  ''  ^ 
▼errai  bieniAl.  Ne  doute  jamais  de  mes  sentiments,  ei,  si  tu  veux  m'étre  |das  cWt 
encore,  montre  du  caractère  et  de  la  force  d'Ime.  Je  suis  humilié  de  penMX  1*' 
ma  femme  puisse  se  méfier  de  mes  destinées.  Adieu,  mon  unie,  je  l'aime,  dMin 
de  le  voir,  et  veux  te  savoir  contente  et  heureuse,  s 


îdbyGoOgIc 


ACTES   m   SON  GOtTEEmmiTT.  17 

aaooQcer  les  événements  de  la  campagne  ;  mais  il  ne  disait  pas  tout 
lorsqu'à  Varsovie  il  se  laissait  dominer  par  une  maîtresse  qui  aETaibli»' 
sait  son  ftme  et  lui  tressait  de  pAlea  couronnes  avec  les  cyprès  de  Pul- 
tusk  et  de  Prussiscti-Eyiau;  on  voit  déjà  que  Joséphine  le  Fatigue.  A 
son  retour,  il  songe  à  se  débarrasser  de  ce  souvenir  des  premiers  temps 
de  fortune;  il  veut  le  secouer  comme  sa  cape  et  son  épée  d'aventurier; 
plus  grand  que  cela ,  une  double  ambition  fermente  ;  il  désire  tout  k 
la  fois  une  princesse  de  sang  royal  et  un  héritier  ;  ce  qu'il  a  fait  pour 
sa  famille ,  il  veut  l'accomplir  pour  lui-même ,  il  a  d'autres  devoirs 
que  ceux  d'un  ménage  bourgeois ,  sa  destinée  s'ouvre  devant  lai 
iaflajc;  son  empire ,  sa  dynastie,  voilà  ce  qui  remue  profondément 
désormais  son  Ame  ambitieuse. 

S'il  a  marché  droit  au  pouvoir  au  18  brumaire ,  maintenant  il 
cherche  à  l'organiser  pour  le  présent  et  l'avenir.  Que  peut-il  craindre 
après  Tilsitt?  Quelle  fortune  oserait  s'opposer  à  la  sienne?  Quel  parti 
est  assez  grand  pour  lui  résister?  Dès  lors  les  idées  de  noblesse  qu'il 
médite  depuis  si  longtemps ,  il  peut  les  réaliser  comme  complément 
de  son  organisation  des  flefs.  Jusqu'ici  il  n'a  fait  que  des  rois,  quelques 
princes  improvisés  ;  un  seul  duc  a  été  créé  après  la  prise  de  Dautzig, 
et  il  a  conféré  cette  dignité  â  un  vieux  sergent  des  gardes  françaises, 
le  maréchal  Lefebvre.  Le  voici  k  l'œuvre  dans  un  sens  régulier  et  plus 
complet  :  c'est  une  noblesse  qu'il  va  faire  par  décrets  ;  idée  fausse  et 
bizarre,  car  on  ne  fait  pas  des  gentilshommes,  serait-on  empereur  ou 
roi  :  la  noblesse ,  pour  être  quelque  chose ,  doit  nattre  avec  les  rochers 
du  sol  et  les  conquêtes  Idstoriques.  Napoléon  fait  des  nobles  comme 
il  fait  des  préfets  ou  des  lieutenants,  tout  cela  doit  venir  delà  même 
poussée  ;  il  divise  sa  hiérarchie  en  ducs ,  comtes ,  barons  et  chevaliers; 
point  de  marquis  et  de  vicomtes,  il  croit  ces  titres  vieux  et  usés, 
comme  A  la  noblesse  n'était  pas  quelque  chose  précisément  à  cause  de 

L'impératrice  ijual  eiprimé  le  disir  da  venir  à  l'armée.  Napoléon  lui  lépoodii 
le  21  janvitT. 

■  Je  rtçola  (a  lettre.  Il  est  impossible  que  je  permeue  k  des  femmes  un  Tojap 
comme  celui-ci  ;  mauvais  chemins ,  chemins  fangeux  et  peu  sors.  Helourne  k 
Paris,  sois-j  gaie,  contente.  Peut-être  j  serai-je  aussi  bienlAl.  J'ai  ri  de  ce  que  la 
me  dis  que  lu  as  pris  un  mari  pour  être  avec  lui  ;  je  pensais,  dans  mon  Ignorance, 
que  la  femme  était  bile  pour  lo  mari,  le  mari  pour  Is  patrie,  la  famille  et  la  gloire. 
Pardon  de  mon  ignorance,  on  apprend  toigonrs  a* ec  nos  belles  dames.  Adieu,  mon 
amie,  crois  qu'il  m'en  coôte  de  ne  pas  te  laisser  venir.  Dis-toi  :  C'est  une  preuTc 
«>mht«njeluisutsprécteaH.  > 


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18  BCTMm  Di  it4Poj.Ao:(  a.  pabu. 

m  vétusté  ;  cette  noblesK  nouvdle  est  nttichée  à  des  [oactiou ,  elte 
ke  décore  ;  les  sénateurs  et  les  trchevâques  sont  comtes,  faulra 
4j(^t*ires  sont  barons ,  tout  cela  tiré  aa  cordeau  comme  une  déco- 
ratiOD  d'Opéra  ' .  Puis  od  crée  un  blason ,  des  signes  hénldiqsei ,  tou- 
jfturs  par  décret;  on  ne  paraît  plus  que  bariolé  de  toute  espèce  d'éaun; 
le  Tieox  blason ,  comme  les  titres,  n'est  plus  on  symbole,  on  bérilage 
de  famille  et  d'alliance;  tout  naît  dans  la  nouvelle  ncd)le£e  par  dn 
signes  méthodiques  en  dehors  de  toute  traditioo ,  et  pour  acbew  le 
dMtos,  l'empereur  qui  crée  une  noblesse,  en  bouleverse  les  titrsaii- 
ciens  :  ainsi ,  tel  duc  de  l'andeu  régime  est  comte  aoua  le  doutci»; 
tel  marquis  est  baroa  :  le  duc  de  Brîsaac,  par  exemple,  a'tstpliB 
quecomte;  lesPérigord  également,  les  Bausaetn'aot  plusleiriUT- 
^isat;  les  Mortemert,  lesTalhouet,  les  Ségur,  subiaentaDelraiis- 
formation  de  titres.  Et  cette  confusion  est  ce  qu'on  ^pdlem  ordre 
ftobiliaire  I 

Pour  consolider  cet  MabiiEsaneut,  pour  lui  donner  une  rsciiie 
êans  le  sol,  Napoléon  institue  plus  tard  les  majonts,  cooipMie  déro- 
gation aux  principes  de  1789  et  au  codedvil.  Tont  «st  boulevenè; 
ee  code,  qui  prend  désormais  le  titic  de  Code  Napoléon ,  est  mieat- 
atentéèranlé  par  la  volonté  môme  de  celui  qui  »  glorifie  d'en  étrele 
l^ncrpa!  fondateur  :  le  majorât,  c'est  l'aristocratie  du  système;  oo 
revient  aux  terres  privilégiées,  aux  titres  attachés  à  un  toi,  )i  b 
«mdHion  féodale,  m  dratt  d'atneaae,  i  la  tianmknw  foDoèfe,! 
Texclusion  des  putnét,  enGn  &  la  perpétuité  dans  ia  propriété  du  sid. 
L'estessim  swMxssive  des  mt^jerats  démolit  pièce  à  pièce  l'égditéde 
partagea,  la  liberté  de  testament,  le  drmt  do  tous  à  la  saoMSBka du 
pire  commun  ;  innovation  la  jAta  hardie  qui  wt  été  fiiile  dan  la 
idées  eï  les  dispositions  politiques  depus  l'Assemblée  constituule' 
Nap^éon  détruisait  le  |»»cipe  Biéme  du  coda  civil  pour  cenfldtd* 
«on  oeuvre  ;  il  savait  que  rien  ne  se  stabilise  que  par  le  sol,  et  il  voulait 
à  cAté  d'une  noblesse  à  titres,  une  propriété  réelle,  des  prince  à 
souverainetés ,  des  ducs  à  Befs ,  des  comtes  et  des  barons  k  mqoials- 

Dans  toutes  ces  créations ,  il  se  mêlait  un  peu  de  ridicule  et  de 
busses  idées  :  il  se  St  d'étranges  bizarreries  pour  le  blason  ;  \fs  ps»' 
Très  mcrlettes  de  la  croisade  durent  être  étonnées  de  se  trouver  «> 
compagnie  des  abeilles  du  manteau  impérial;  les  griObns  et  M 

'  Le  décTclsurles  majorais  neparuiqu'ca  1808. 


D,„l,z.dbyG00glC 


àCrSS  Vt   son   GOtrVESfTBHBin'.  16 

ticomes  des  supports,  oiseaux  fabuleux  de  la  chevalerie,  darent  s'agiter 
à  l'aspect  de  quelques  blasons  de  fourDJsseurs  ou  d'anciens  légistes 
réformés  ;  les  vieux  féodaux  durent  s'inquiéter  de  voir  tant  de  méfai^es 
dans  leun  émaux  ;  eux  couverts  de  fer  sous  la  rouille  du  temps ,  ne 
reconnurent  pour  véritables  Mrea  d'armes  que  ces  bmves  et  dignes 
généraux  qui,  comme  eux,  avaient  versé  leur  «ng  pour  la  patrie;  k 
ceux-là  ils  tendaient  loyalement  leurs  gantelets,  et  la  fusion  fut  faite, 
i  condition  pourtant  que  leura  81s  suivraient  la  même  profesrion  de 
guerre  :  les  Sfonfmorenof  avaient  eu  trois  connétables  et  vingt-dna 
générations  mortes  aux  champs  de  guerre  ;  si  les  premiers  fib  (tes 
Burchart  de  Montmorency  avaient  renoncé  eu  n<^le  maniement  de 
l'épée ,  ils  auraient  été  dépouillés  comme  vilains  et  jetés  hors  da  flef 
et  du  titre. 

Cette  noblessefut  la  préoccupation  dellI.Mtret,  Phomme  easentM 
de  la  hiérarchie  impériale.  Dans  son  indiciUe  ardenr  de  titres ,  H  fit 
dessiner  les  costumes ,  les  manteaux ,  les  blasons,  il  s'occupa  de  ces 
puérilités  avec  on  bonhear  d'enfant.  Si  i'archidiancelier  Cambacérèa 
avait  foi  dans  ses  dignités  prhicières ,  Bf .  Maret  se  renfermait  éaw 
l'orgueil  des  nouvelles  dignités  :  il  croyait  ({ne ,  tout  étant  chai^ 
par  un  coup  de  théAtre,  la  société  ne  devait  plus  avoir  de  souveatra  ; 
ceux  qu'on  avait  vus  si  bas,  il  faHait  les  voir  t4en  haut;  on  n'entendait 
]Au9  que  le  perpétuel  vocabnlan^  à'excellenee,  de  monêtigneur,  Ae 
«enMe  et  ffaltease  *  ;  c'était  à  M  pin  m  finir  :  H  fallait  sahier  k 
cooronne  ducale  sur  la  XHe  de  tel  jaixAin  nagn^e  en  bonnet  nogt  ; 
le  rédacteur  de  la  loi  des  suspects  était  comie ,  tel  proconsul  éteft 
-Aie;  que  sais-je  encore?  et  ce  coup  de  tbéMre,  on  dwait  l'admettre 
eemme  la  vérité.  QudleimportsneeMdonaaienftsotFverit  ces  parvenu! 
fis  prenaient  les  talons  rouges  avec  nne  indicible  6erté  ;  peu  baMteét 
atn  salons,  aux  ctmvensnoes,  à  la  politesse  facile,  ite  vous  aeeueiltaienf 
da  haut  de  leur  supériorité.  Bêlas  I  les  porvenos  veulent  souvent  se 
faire  admettre  par  un  certain  tonqai  seTCSseot  d'âne  vanité  satlafaJIe. 
Tarft  il  y  a  que  cette  nouvelle  noblesse,  A  glorieuse  qnaod  die  M 
rattachait  aux  armes ,  si  respectable  quand  elle  venait  des  services , 
fut  exposée  aux  sarcasmes,  parce  qu'elle  était  théâtralement  à  la  face 
du  public  sur  de  grands  tréteaux  oà  eRe  déployait  ses  magniEceiices. 


'  sien  n'est  plus  curieux  ilire  qne  le  petil  livra  des  formules  1  la  courISK 
pérIaU. 


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SO  BETODK  &B   RAPOLÉOH  A   PABIS. 

Que  voulies-TOUS  qu'on  pens&t  de  certaines  femmes  sorties  de  U 
classe  travailleuse ,  ou  d'artisans  hoonètes,  devenues  si  délicates,  si 
^ïensibles,  que  le  pli  d'une  rose  les  aurait  Ueœées  depuis  qu'elles 
avaient  pris  blason  ÎVouliez-vous  qu'on  ne  gardât  pasquelques  moque- 
ries pour  tel  fils  de  bon  procureur  ou  d'uo  manouvrier,  qui,  devenu 
comte  ou  baron,  repoussait  avec  dédain  la  pétition  bourgeoise  comme 
venant  de  petit  lieu  7  Nobles  du  soir,  tout  diamarrés  de  croix ,  ils  ne 
pouvaient  plus  poser  leurs  pieds  que  sur  ces  tapis  soyeux  au  nùlies 
des  tentures  et  des  astragales.  Ils  portaient  leur  tète  comme  uo  sùot- 
sBcrement,  ainsi  que  le  disait  si  spirituellement  de  Saiot-Just  le  mal- 
heureux Camille  Desmoulins. 

Si  la  France  ne  pouvait  exprimer  ses  sensations  railleuses,  para 
que  la  presse  n'était  point  libre,  en  Angleterre,  la  cour  de  Napoléon 
itait  devenue  un  objet  de  moqueries  capables  d'inquiéter  plus  d'ime 
fois  ces  fortunes  nouvelles.  Quand  le  silence  est  partout  imposé ,  Il 
caricature  prend  une  extension  et  une  poputari(éindîcibles;Ia  calomnie 
même  est  admise  comme  une  vérité.  Il  se  ût  donc  en  Angletetie  des 
pamphlets  d'une  nature  odieuse  sur  la  cour  de  Napoléon ,  sur  les 
personnages  qui  la  composai^t  ;  l'aristocratie  de  l'Europe ,  à  fatale- 
ment poursuivie  par  les  victoires  de  l'empereur,  se  vengeait  par  l'esprit 
sur  l'aristocratie  nouvelle.  On  ne  peut  lire  sans  rougir  ce  que  le  Tima, 
le  Momiftg-Pott  et  lea  journaux  tories  d'Angleterre  imprimaient  sut 
les  sœurs  de  l'empereur ,  ses  courtisans ,  et  sur  la  vie  même  de  celui 
qui  venait  d'accomjdir  de  si  grandes  choses.  Lorsque  tout  s'abaéuU 
devant  cette  magnifique  intelligence ,  lorsque  tant  de  gloire  était 
acquise  par  ses  armées,  les  journaux  anglais  discutaient  l'origine  de 
chaque  nouveau  dignitaire,  la  conduite  qu'il  avait  tenue  dans  la  révo- 
lution ;  ils  arrachaient  les  plaques  et  les  décorations  brillant  sur  It 
poitrine,  pour  montrer  la  vie  primitive  de  chacun,  et,  quand  les  di^ 
taires  faisaient  les  aristocrates  on  les  nobles  Sers  et  hautains,  la 
pamphlétaires  anglais  se  bfttaient  de  rappeler  les  antécédents  de  tout 
ces  gentilshommes  de  nouvelle  souche  *,  l'alliage  à  cAté  de  l'or. 
Cela  devait  bien  flétrir  des  joies,  et  contenir  un  peu  l'arTOgance. 

*  Alon  commeDC  1b  funtui  pam[dilet  de  Goldsmilli,  I«  Cabinet  d«  Saittt-Gviti- 
11  eut  un  prodEgleui  succès  '. 

•  C«t,  je  cniii,  l(  pimpliUt  le  plu  ardnrkr,  le  pin  vil,  le  pin  ignoble  que  la  pHÛmu  a  U- 
|1r  de  l'ni 'rit  liniiiiln  lient  cuftnti.  S'il  j  «lil  de  inKiniKin-  ù  acqiiérir  pu  l'idim  11  l-l»  ■»- 
■«UutMC,  Il  ptBi  Ucfae,  ce  tenil  uni  Joule  1  llnHaK  GsUmillKiite  reiKadrailli  pelioe  iainli» 


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ACTES  DE   SON   GOOTEmKEinilT.  SI 

Ces  pamphlets  étaient  pnscrita  en  France.  Si  on  les  saisissait  sur 
tontes  les  frontières,  ils  avaient  coors  néanmoins  dans  les  capitale^ 
de  l'Europe  ;  on  les  lisait  à  Saint-Pétersbourg,  à  Vienne,  &  Berlin, 
comme  une  compensation  anx  hommages  qu'on  était  obligé  de 
rendre  à  tant  de  fortunes  inouïes.  Lorsqu'un  ambassadeur  français 
arrivait  dans  une  grande  capitale,  presque  toujours  l'Angleteire  se 
h&tait  d'envoyer  un  petit  pamphlet  pour  le  déprécier  aux  yeux  de 
l'aiistocratie;  les  journalistes  s'empressaient  de  dire  quel  était  son 
pire,  son  éducation,  ses  mceurs,  son  état  antérieur;  et  ces  notice* 
auraient-elles  élé  des  calomnies,  des  faussetés  indignes,  qu'elles  pro- 
duisaient encore  leur  effet  sur  la  haute  société  ;  elles  faisaient  fermer 
toutes  les  portes  à  l'ambassadeur,  excitaieut  des  préventions  contre 
Jui,  h  ce  point  que  souvent  les  affaires  en  elles-mêmes  étaient  sacri- 
fiées :  on  le  verra  lors  de  l'ambassade  du  général  Savary  &  Saint- 
Pétersbourg  *.  Quand  la  hasse  calomnie  se  rattachait  k  Napoléon, 
elle  ressemblait  à  ces  voix  isolées  qui,  se  plaçant  an  milieu  de  la  foule 
pressée  autour  du  char  triomphateur,  jetaient  quelques  injures  sur 
le  consul  montant  au  Gapitole, 

Cependant  la  préoccupation  de  l'empereur  était  toujours  les  af^ 
foires.  A  peine  arrivé  an  palais  de  Satnt-Cloud,  il  avait  présidé  le 
conseil  d'État  avec  cette  supériorité  qu'on  lui  savait  ;  ses  opinions 
étaient  devenues  plus  tenaces,  plus  fixes;  l'empereur  entendait  le; 
observaUoDS  avec  plus  d'impatience,  et  quand  il  avait  une  pensée  po- 
litique, il  y  tenait,  ne  laissant  la  libre  discussion  que  pour  les  projets 
d'organisation  administrative.  Le  conseil  d'État  n'était  pour  lui  qu'un 
corps  destiné  aux  détails  du  gouvernement;  la  véritable  politique 
était  dans  sa  tête  ;  il  n'associait  personne  à  ses  desseins  ;  les  hommes 
n'étaient  que  des  instruments,  et,  dans  son  immense  égo'isme,  il 
moissonnait  les  intelligoices  et  les  lumières  k  son  profit.  Il  assistait 
régvU^tment  aux  séances  du  conseil  d'État  pendant  trois  ou  quatre 

■  LegénértlSavtrjeiiEiitl'avn. 

■  nnlniicr,  tII  Inirigiat,  il  naàH  wplomep«ar  olOBnlcr  l'AnflcIcrnu  pilrie,  dini  hhi  jouthI 

dt'imt  Intenli,  pur  ouUchcUqiii  n'a  pu  de  noa,  kt  crins  la  plu  r<<ahiDli  Hr  la  aar  «t 
la  (^Éran  de  rcmpcmr.  Ce  n*at  qn^voe  la  nwgciir  lu  front  qo^on  pcvt  lire  ce  IriTiit,  Téri* 
table  pnKlnrlioii  d'un  ^Ijrien,  car  n  n^^  a  qo^en  brigand  qû  poevalt  aâTelr  nne  Ungoe  parvUle, 
Le  aoB  de  CoMutth  lenit  «ne  cetni  du  tblre  Bndacin  l>n>a  la  lunle  do  (aaRRieiiieat  briUii< 
nique  qui  le  pnUfca,  coome  l'ajeralion  de  l'Earopt,  ai  «m  »»,  «nTcrl  de  bme,  derell  puac) 
ilipoêlfriU.  — EloiilHtyaeikp*Ri1la<Briniet!!I (F.  W.) 


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s  VETOTB  DE  ITAPOLtoK  A   PA«B. 

heures  sans  se  fatiguer;  on  jour,  il  tenait  un  conseil  de  aubsîslaBCe  ; 
l«  lendemain,  il  s'occupait  de  travanx  publics,  déKbérant  sortootarec 
la  même  rectitude  d'esprit.  II  avait  ordonné  de  grands  travaux,  i  It 
Haddeine,  h  ITotrepdt,  au  canal  de  l'Ourcq  ;  son  exercice  contirtait 
à  les  visiter  i  cheval,  et  il  encourageait  les  travailleurs  par  sa  présence. 
C'est  h  ce  moment  qu'il  se  montra  plus  souvent  au  peuple  ;  les  craîntts 
dHin  attentat  s'éloignaient  de  son  esprit  ;  les  murmures  s'apaisiieot; 
l'enthousiasme  était  trop  général  pour  qu'un  coup  de  révohrtlon  pAl 
Hre  tenté  contre  lui.  Quand  une  tète  est  populaire,  rarement  11 
Itensée  d'un  assassinat  vient  an  cœur. 

Napoléon  voulut  de  sa  personne  ouvrir  le  corps  l^islatif,  la  mdIc 
institution  qui  restât  debout  avec  un  caractère  d'élection.  H  necoo- 
tnunîquoit  au  sénat  que  par  messages  ;  quand  il  avait  de  vasUs  pro- 
;)ets,  il  adressait  an  acte  impérial  aux  sénateurs,  les  pères  coDscrits 
de  la  patrie.  Le  sénat  était  la  solemielie  retraite  qu'il  accordait  au 
sentces  éminents  '  ;  il  augmentait  le  nombre  des  sÉnateors,  un  i od, 
flvec  une  précaution  dans  les  choix  qni  seule  peut  constituer  un  corps 
aristocratique  ;  il  parlait  au  sénat  un  langage  ferme  et  d'une  grarité 
remarquable  ;  sa  phrase  était  toujours  mâle  et  romaine;  on  aarail 
dit  que  SB  vie  entière  s'était  passée  dans  les  études  de  l'antiquité;  il 
s'exprimait  avec  un  ton  tmpMeux  devmt  le  corps  l^slatif,  et  dios 
cette  circonstance  où  tant  de  gloire  rayonnait  ï  son  front,  Tempe- 

**  la  forme  de  message  de  N*poléoD  au  sèntt  éiaii  brtve  ei  utique  : 

a  Sénaieurs,coaraniiéinentirBrt.S7de1'aetedeseoiistJUil:oosdereHfpineidUe 
4u  SS  Dorsal  an  xh,  nous  avons  wtami  ntmlirea  du  UaM  : 

>  UM.  Klein,  génfeal  de  divisiAu;  Bmhdhmi,  ffMial  de  dMaioa;  et  BéfoiBol, 
-^nénl  d«  dmaion. 

B  A'ous  dÉsirons  que  l'arinfe  voie  dans  ces  cboii  l'jntentloa  où  nous  sommes  àt 
^hllnguer  ronMammcnl  ses  services. 

»  MH.  Fbbve  (de  l'Aude),  ptMd«ntdii  trilmBat;  M  Corée,  monArc  du  trftooat. 

B  Nous  désirons  que  Its  loembres  du  tribunal  (rouTent  dans  ces  nomioations  un 
témoignage  de  noire  EalisfaciioD  pour  la  manière  dont  ils  ont  concouni,  aT«c  notn 
conseil  d'État,  à  ri^Lahlir  les  grandes  bases  de  la  législation  civile. 

n  M.  !'iircheï*quc  de  Turin. 

H  Nous  ssisissons  avec  plaisir  celle  occasion  de  témoigner  noire  aatisraclioa  M 
cletgé  de  uolre  empire,  et  partie uliâremem  i  celui  de  nos  dépulements  au  diU  dn 
Alp<-8. 

•  M.  Bupont,  maire  de  Paris. 

•  Notre  bonne  ville  de  Paris  vrtb  dans  le  cboii  d'un  de  fts  mtikta  le  iMr  ^' 
nous  avons  de  lui  donner  constammcni  deaprMves  de  notre  affeclion. 

a  Sigiti  ;  HArraJHHT.  a 


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■BUT  pot  dire  les  puâiantes  choses  réalisées  par  son  tigm  «t  k«  Of^ 
mtca  de  «m  iveoir  *.  U  ctOMiUit  ses  Irioispbes  :  la  pdx  cd  était 
le  résidtat;s'U«v«itpanloiniéàlBiBaiiOB  de  Dnadebourg»  c'était  1 
cause  de  la  ùncère  amitié  que  lui  avait  in^îrée  le  (toiHSiiit  enperear 
<«  Nord.  Vm  prince  fran^  allait  régaer  sur  i'Ettw;  la  Saxe  «t  le 
imité  de  Varsovie  recouvraient  iaur  iDdépendaBce.  L'Aagletem 
devait  mtoacer  à  md  ïnQueDce  malCoiuBte  sur  ie  coBtineot  ;  le  sy»< 
tème  fédératjf  8*80000111118811  dans  une  rue  de  boDheur  po«r  le  peuple. 
L'enqieicar  déiânit  k  paix  mariUme,  mais  il  »e  voulait  poirt  l'acheter 
par  (to  sacrifices  déahcuoraots;  ilétaiteoBteut  et  fievdesanpeoi^ 

Bimtvn  4*  NmfMtm  a*  torpt  UgMaUf, 
«  HnsUara  les  dfputé»des  d^rtemeiUB  au  corps  légiflttlf ,  mccaJMra  In  trlbuM 
41  Im  BMnibKE  de  mon  CMisen  d'Etal  : 

•  St^otovetradenrièMNaiM,  d«Aovnlle>emnci,deB<niv«nntrleiDpb(ii|do 
*<ai  WM'twiriB  da,  p«ti  ontokaaiAlt  fosad*  I31«npi  poliiiqM. 

■•  SilamaisondcBraiidebon^,  qui  la  première  conjuTi  contre  notreindépenduic*, 
lïgtis  encore,  die  le  doit  4  )a  ^cère  amitié  que  m'a  Inapirie  le  paluaDterapeTenrda 

»  fa  prl— a  frwifti  rtgnw  mn  i'Mfce  ;  il  wuw  tatcSigt  te  inUrti»  de  tel  umt- 
TMOK  sujets  aTee  ses  premieis  «t  se»  plus  luris  devoirs. 

•  La  maison  de  Saie  ■  recouTri,  «prie  SO  ans,  l'indépendance  qu'elle  arait  perdue, 

■  Les  peuplée  du  duchi  de  Tntovie,  de  ta  Tille  de  Danulg.oni  recouni  Ivqt 
patrie  el  leurs  droiu. 

■  Ttmtw  ka  eaUeu  att^wiiniim  l'on  eoMBaiMaard  de  Tofar  ftaOneiMe  nul» 
tUsaote  qnel'AnjletEire  eicreaii  sur  le  eontinent  diirulie  «ana  retour. 

»  La  France  est  unie  lui  peuples  de  TAnemagne  par  les  lois  de  la  confédtethm 
ta  Miin  ;  i  ceni  des  BipBgi]«t,  de  la  HoUuide,  de  h  SulsM  et  des  lUicB,  p«r  ha  loi! 
ia—tta  ^>taie  WÉhiiKf.Wea  nevneai  rappettsaMcURuiteMatoimMéapar 
reatinM  réc^ioqua  de  cm  dcai  graBàis  DaliMs. 

>  Dans  tout  ce  que  j'ai  fait,  j'ai  eu  uniquemeat  enroeleboabeuidemMpeupleii 
phB  etier  à  mes  jmi  qne  ma  propre  gloire. 

»  Je  désire  la  paii  maritime.  Aucun  ressentiment  n'inOuera  jamais  sur  net  délK- 
minatiOQS;  je  n'en  saurais  Toir  contre  une  nation,  jouet  ei  victime  des  partis  qnl  la 
déchirent,  et  trompée  sur  la  siination  de  ses  affaires,  comme  sur  celle  de  ses  voulus. 

•  Mais  quelle  que  soit  l'issue  que  les  décrets  de  la  Providence  aient  assignée  h  la 
gneire  maritime,  mes  peuples  me  (rouveroot  toujours  le  même,  et  je  trouverai  tou- 
jours mes  peuples  dignes  de  moi. 

■  Fronçais,  votre  conduite  dans  ces  derniers  teinps,o(i  voire  empereur  était  éloigné 
de  plus  de  ttOOlieues,  *  augmenté  mon  estime  el  l'opinion  que  j'avais  conçue  de  votre 
caraclère.  Je  me  suis  !>cnli  lier  d'être  le  premier  parmi  vous.  Si,  pendant  ces  diiL 
mois  d'absence  et  de  périls,  j'ni  été  pré^nt  k  votre  pensée,  les  marques  d'amour  que 
vous  m'avez  données  ont  excité  constamment  mes  plus  vîtes  émotions.  Toatn  mes 
soUiciindes,  tout  ce  qui  pouvait  avoir  rapport  même  k  la  conserriliOD  de  ma  personne, 
ne  me  touchaient  que  par  l'intérit  que  vous  ;  portlei  et  par  l'importance  dont  dle^, 
pouvaient  ttre  pour  vos  TuCurea  destinées.  Vous  êtes  un  bon  et  grand  peuple  Iw 


îdbyGoOgIc 


S4  wrrora  db  nAPOiioR  a  pabis. 

le  bon  et  le  grand  peoide.  Enfln,  rempereur  anoonçait  la  créatloB 
des  titres  nobiliaires,  et  an  moment  où  il  rétablissait  la  féodalité,  il 
disait,  par  un  mensonge  politique,  qae  «tontes  ces  institutions  étaient 
dirigera  contre  la  féodalité.  » 

Dans  l'enthounasme  des  écrits,  Napoléon  pouvait  tout  oser;  une 
belle  époque  de  victmres  et  de  conquêtes  venait  de  se  réaliser  aux 
yeux  du  peuple  ébloui  ;  la  nation  croyait  à  la  paix  sur  le  continent 
pacifié  ;  l'Angleterre  ne  devait-elle  pas  réOédiir  sur  les  résultats  d'une 
guerre  indéfinie  7  II  serait  beau  de  voir  Napoléon  appliquer  alors  bob 
génie  à  prospérité  publique  et  aux  travaux  întérieun.  Supposes  cette 
intelligence  magnifique  se  préoccupant  des  ressources  nationales  : 
que  n'aurait-il  pas  produit?  les  montagnes  se  seraient  abtûssËes;  la 
Meuse,  le  Rhin,  le  RhAne,  la  Gironde  et  la  Loire  n'auraient  plus 
fait  qu'une  vaste  nappe  d'eau,  unie  par  une  canalisation  féconde  ;  les 
routes  auraient  rassemblé  toutes  les  fractions  de  l'empire ,  le  com- 
merce se  serait  agrandi ,  les  monuments  auraient  illustré  son  règne. 
C'est  un  malheur  pour  l'avancement  des  générations  que  le  vaste 
esprit  de  l'empereur  ne  se  soit  pas  emparé  des  éléments  immenses  qai 
vont  dominer  la  civilisation  nouvelle  :  la  vapeur,  les  chemins  de  fer, 
le  gaz  ;  c'était  alors  que  sa  protection  eût  été  féconde  et  que  le  monde 
te  serait  renouvelé. 

Mais  la  paix  était  importune  à  cette  existence  agitée  ;  il  avait  be- 
soin du  champ  de  bataille  pour  respirer ,  comme  les  vieux  marins  de 
l'Océan  ne  peuvent  vivre  qu'aux  vents  de  la  tempête.  Ainsi  la  vie 
aatière  est  faite  pour  une  oeuvre;  bonne  on  mauvaise,  il  faut  l'ac- 
complir. Les  anciens  appelaient  fatalité  cette  nécessité  terrible  qui 
B'ranpare  de  l'homme  et  domine  toutes  les  phases  de  son  existence. 


îdbyGoogIc 


LETTRE 

LA  SECONDE  ÉPOQCE  DE  L'EMPmE. 

(IBOT-IDll.] 


Le  temps  qai  s'écoale  depuis  la  solennelle  entrevue  de  Tilsitt  Jus- 
qu'à la  naissance  de  cet  enfant  qui  fut  salué  du  nom  de  roi  de  Rome, 
est  l'époque  où  le  pouvoir  matériel  de  Napoléon  s'élève  à  son  phjs 
haut  degré  de  magniUcence  et  de  splendeur.  L'Europe  paraît  domptée  : 
nu  midi  les  armées  victorieuses  font  le  siège  de  Cadix,  les  aigles  appa- 
raissent aux  colonnes  d'Hercule  ;  l'Espagne  lutte  encore  avec  patrio- 
tisme, mais  du  haut  de  la  Sierra-Moréna  s'élancent  les  vieilles  divi- 
sions de  la  grande  armée.  Le  Portugal  résiste;  un  peu  de  patience, 
vt  Napoléon  accomplira  de  fatales  menaces.  La  confédération  du 
Rhin  ne  forme  plus  qu'un  auxiliaire  qui  marche  comme  un  grand 
vassal  derrière  l'empereur,  nouveau  Gharlemagne.  La  Prase  est 
militairement  occupée,  comme  si  l'on  avait  juré  de  prolonger  rbumî-> 
liation  de  ses  défaites!  L'Autriche  se  montre  une  fois  encore  sur  la 
champ  de  bataille  avec  une  flère  et  généreuse  persévérance  ;  vaincue^ 
elle  se  hâte  de  traiter  aux  plus  dures  conditions.  Napoléon  peut  se, 
dire  l'allié  de  la  Russie,  le  czar  lui  e  pressé  la  main  sur  le  Niémen; 
et  si  l'Angleterre  résiste,  on  peut  voir  qu'elle  lutte  par  des  efforts 
inouïs,  contre  un  adversaire  qui  l'attaque  par  l'industrie  et  les  pro- 
hibitions. 

A  l'intérieur,  les  partis  sont  affaissés;  plus  d'opinion  indépeo-^ 
dante  ;  l'adoration  vient  au  pied  du  trAne  comme  l'encens  à  la  Divi- 
nité; nulle  critique,  nul  contréle  des  actes  de  la  dictature,  tous  Ic!ï 
pouvoirs  sont  abîmés  et  le  sénat  à  genoux.  Le  conseil  d'État  se  borne 
à  des  discussions  de  détail  sur  les  objets  d'utilité  publique  ;  le  tribunal, 
est  supprimé;  le  corps  législatif  ose  à  peine  une  faible  résistance  de 
boules  noires,  et  un  ordre  de  l'empereur  le  replace  violemment  ao. 


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dernier  degré  de  la  hiérarchie  ;  Napoléon  ne  reut  aucune  représenta- 
tlon  politique  du  pays;  le  seul  représentaot  de  la  nation,  c'est  loi  qui 
doit  la  couronne  à  Dieu  et  i  son  ^>ée  :  les  sceaux ,  les  mounaies 
même,  sont  privés  des  derniers  vestiges  de  la  république,  qui  pourtaDt 
fut  la  mère  de  Napoléon  I 

Mattre  k  l'intérieur  et  i  la  face  dfi  l'Europe  ^  il  s'occupe  d'une 
grande  consolidation  de  sa  dynastie.  Lni,  enfanté  dans  le  travail  de 
la  démocratie,  reçoit  sur  sa  couche  la  fiUe  des  Césars;  il  désire  nn 
fils,  Dieu  le  lui  donne  la  première  année,  comme  si  la  Providence  u 
le  lassait  pas  de  lui  jeter  ses  dons  ;  pauvre  enfant  I  accablé  de  ha- 
rangues et  de  fleurs  dans  son  berceau  d'or.  Tout  réussit  i  son  g^iie 
créateur;  ses  vastes  projets  sur  sa  famille  vont  à  souhait  :  il  a  de» 
royautés  pour  ses  frères,  pour  ses  sœurs  des  aHiances,  des  conroiUKs 
pour  tous  ;  sa  sauté  robuste  lui  prépare  une  longue  vie  ;  il  a  des  palais 
arec  d'immenses  parcs,  des  arcs  de  triomphe,  des  caves  pleines  de  ri- 
chcBses,  des  armées  immortelles  qui  portent  orgueilleusement  la  cou- 
ronne de  victoire  sur  leurs  nobles  enseignes. 

La  foule  empressée  vient  i  ses  désirs  :  des  milliers  de  courtJstie 
épient  ses  volontés,  étudient  ses  regards  :  veut-il  que  des  matsee 
d'hommes  se  sacrifient?  César  n'a  qu'à  parler  ;  ces  visages  m&Ies  et 
noircis  par  le  soleil  donneront  leur  vie  pour  un  sourire  de  Napotéoa. 
Bien  ne  manque  à  cette  puissance  sur  la  France  et  l'Europe  ;  la  i^m 
énergique  des  administrations,  l'obéissance  partout  parmi  les  tto 
abaissées.  Ainsi,  dans  l'ordre  matériel,  le  pouvoir  de  NapoléoB 
s'élève  &  son  plus  haut  degré  d'énergie  :  comme  grand  capitaine,  il 
accomplit  sa  campagne  d'Autriche  eo  moins  de  trois  mois  ;  conune 
diplomate,  il  a  traité  h  Ërfurth  d'égal  à  égal  avec  Alexandre,  et  signé 
le  traité  de  Vienne  qui  rattache  tant  de  provinces  et  d'intérêts  k  wo 
empire.  Le  conquérant  réunit  sans  cesse  de  nouveaux  États  à  sa  mo- 
narchie :  la  Hollande,  le  Valais,  les  villes  hanséatiques.  Homme  de 
gouvernement,  il  absorbe  tous  les  pouvoirs  ;  administrateur  suprèiBe, 
ft  règle  les  destinées  de  ces  mille  peuples  divers  et  les  assouplit  i 
l'unité  de  ses  œuvres. 

A  ce  moment  où  tant  de  splendeur  et  de  force  éclate  autour  de 
lui,  la  puissance  morale  lui  échappe.  C'est  une  transition  qu'il  faal 
suivre  dans  l'histoire  des  gouvernements  :  souvent  on  voit  un  pou- 
voir armé  de  toute  l'énergie  politique  ;  il  se  permet  tout  ;  il  gou^'ene 
CD  BouveraÏD  suprême  ;  il  a  de  l'argent,  des  armées  ;  le  bonheur  lui 


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SCS  LA  SECO:(DB  £roQCE  DE  l'bhpibe.  27 

•Durit  ;  il  reoTene  tons  les  obstsdes.  Eh  bien  1  cette  antorité  que 
l'on  croit  si  forte  est  précisément  à  la  veille  de  sa  décadence.  Bfe 
pourquoi  T  C'est  qu'il  n'y  a  rien  de  durable,  lorsque  l'action  morale 
échappe  au  ponvoir,  lorsqu'il  Messe  trop  de  consciences  et  d'îotérto  : 
il  peut  être  dur  comme  l'acier,  mais  il  pèse  comme  nne  chatoe;  il 
peut  s'armer  d'un  gantelet  de  fer,  mais  il  trouve  des  résfstancea  dana 
les  Ames  qui  t6t  ou  tard  en  finissent  avec  lui  ;  la  résistance  est  aJor» 
la  goutte  d'eau  sur  le  granit. 

C'est  à  cette  situation  que  la  dictature  de  l'empereur  est  arrivée  à 
la  fîndelapériodequeîevaisécrire.  La  France  est  fatiguée  des  sacri- 
fices qu'elle  fait  ;  elle  a  tout  donné  k  la  dictature  ;  le  pouvoir  a  ttvp 
d'énergie,  Is  liberté  humaine  n'a  pas  assez  d'Issues  pour  respirer.  Son» 
le  consulat,  tout  est  venu  à  Bonaparte,  parce  qu'il  reconstituait  l'u- 
torité  morale  et  politique  violemment  abrutie  dans  les  mauvais  jour» 
du  directoire.  La  société  s'est  f^acée  dons  ses  mains,  parce  qu'il  étidt 
destiné  à  la  sauver;  le  peuple  a  des  instincts  merveilleux;  il  sait  et 
choisit  les  hommes  A  sa  taille. 

Napoléon,  empereur,  abuse  des  reports  ;  à  force  de  briser  les  oppo< 
sitions ,  il  a  touché  les  cordes  senubles  qui  vibrent  puissamment  au. 
eœur  des  multitudes.  Dans  une  telle  lutte,  les  résistances  se  mul- 
tiplient ;  à  mesure  qu'on  fncaHe  un  obstacle,  un  autre  surgit.  C'est 
l'hydre  à  mille  tètes  qui  se  transforme  et  apparaît  sons  des  faces  neuve» 
et  étranges.  Les  oppositions  qni  prennent  leur  origine  dans  les  senti- 
ments des  masses  sont  étemelles  comme  elles.  Voyez  d'abord  commeid 
agit  le  grand  empereur  ;  il  ne  respecte  aucune  nationalité,  il  »nida 
les  peuples  1  Quoi  d'étonnant  que  ces  peuples  se  lèvent  en  masse  contr« 
Int?  Quel  est  l'esprit  de  la  résistance  des  Espagnt^?  D'où  vlennint 
ces  sociétés  secrètes  qui  partout  se  manifestent  en  Allemagne ,  en 
Italie?  La  liberté  ne  fait-elle  pas  irruption  contre  l'empereur  qni 
constitue  une  vaste  dictature?  C'est  en  Invoquant  les  saintes  lois  de 
la  nationalité  que  le  major  de  Schill  apparaît  à  la  tête  de  ses  par- 
tisans en  Allemagne  ;  les  étudiants  des  universités  se  groopest  et 
s'entendent  par  les  puissantes  idées  de  patrie  et  de  liberté  ;  Taulmim 
et  Germania  sont  inscrits  sur  leurs  bannières  comme  deux  grandes 
images.  En  Espagne  l'esprit  religieux  s'unit  au  sentiment  de  l'indépe»' 
dance,  et,  chose  curieuse,  lescompagniesd'étudiantsdeSalanMnqueea 
d'Oviedo  prennent  la  dénomination  de  Catsiua  et  de  Scavola.  Puisque 
Mapolcon  veut  être  l'empereur  victorieux  sous  des  lauriersda  triomphe, 


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pourquoi  n'invoqueraît-on  pas  contre  lui  lasouTeniTsdelarëpuUiqae 
romaine?  A  César  il  faut  des  Brutus. 

A  cette  époque  de  puissaace  dictatoriale,  Napoléon  ne  respecte  plot 
rien  :  la  force,  la  ruse,  tout  lui  est  bon.  S'il  y  avait  dans  l'esécotion 
du  dnc  d'Enghien  quelque  chose  de  sauvage ,  au  moins  ce  jugement 
rapide,  implacable,  témoignait  d'une  sorte  de  cruauté  franche  qui 
souvent,  «i  politique,  est  du  courage  et  de  la  force;  dans  l'affaire 
d'Espagne,  à  la  suite  des  transactions  de  Bayoune  avec  Ferdinand  VU 
et  Charles  IV,  il  n'y  a  plus  que  de  la  trahison  et  de  la  déloyauté; 
comment  agit  l'empereur?  Corse  rusé ,  il  dédaigne  d'aller  franche- 
ment ;  il  ne  fait  aucun  cas  de  la  loyauté,  il  agit  par  des  commérages 
de  police  ;  il  veut  conquérir  une  couronne,  non  plus  sur  un  champ  de 
bataille,  mais  avec  des  chicanes  de  légiste,  des  arguties  indignes  de  lui. 
Ce  n'est  pas  une  famille  dégénérée,  ce  ne  sont  pas  des  princes  abaissés 
par  l'infortune  seulement  qu'il  trompe,  c'est  une  nation  entière  brave 
et  fière  qu'il  trahit  ;  en  pareil  cas,  le  jeu  est  rude. 

Combien  ce  gnet-apens  de  Bayonne  lui  fait  tort  aux  yeux  de 
l'Europe  1  Elle  s'abaisse  encore  devant  lui,  parce  qu'il  paraît  toujoun 
à  ses  yeux  armé  du  glaive  Qamboyant  ;  mais  au  fond  des  cœurs  il  y  a 
une  protestation  sourde  et  triste,  un  murmure  immense  qui  bouil- 
lonne. Au  moyen  Age,  lorsqu'un  baron  armé  de  fer  spoliait  la  veuve 
et  l'orphelin,  on  s'abaissait  devant  lui  tant  que  l'armure  était  impéué- 
trahie  ;  bientôt,  disent  les  légendes,  s'élevait  ud  jeune  et  beau  dieva- 
lier  à  la  chevelure  flottante ,  au  casque  d'acier  reluisant  ;  il  entrait 
dans  la  lice,  et,  après  des  elTorts  courageui,  il  perçait  d'outre  en  outre 
le  baron  discourtois.  Ce  noble  chevalier,  c'était  dans  la  chronique,  le 
aymbole  de  la  justice,  de  la  liberté  ;  il  figurait  la  lutte  constante  des 
■entiments  généreux  contre  l'oppression.  Et  pourquoi  les  idées  de 
Tertu,  de  justice  et  de  droit  seraient-^les  données  au  monde,  si  tin 
jour  elles  ne  devaient  pas  triompher  ? 

Napoléon  ose  plus  encore.  Il  s'est  puissamment  servi  du  sentiment 
religieux  pour  constituer  sa  puissance  sous  le  consulat.  Le  concordat 
a  préparé  le  sacre  à  Notre-Dame  ;  Pie  VII  est  venu  vers  lui  ;  vieillard, 
il  a  placé  ses  mains  sur  le  front  du  jeune  héros  qui  commençait  « 
-  magnîBquement  sa  carrière.  Que  rend  l'empereur  une  fois  couronné, 
ea  récompense  de  ce  zèle  ?  A  mesure  que  son  despotisme  devient  plus 
éD«gique,  il  se  montre  capricieux,  exigeant  euvers  le  catholicisme  ; 
rien  ne  l'arrête  :  ce  vieillard,  il  le  foule  aux  pieds,  il  lui  prend  Borne, 


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SVK  tÂ.  SBCONDB   ÉPOQOR  DB  l'eHFIBB.  30 

il  veut  séparer  la  basilique  de  saint  Pierre  de  celui  qui  se  proclaine 
6(Hi  successeur  ;  cet  anneau  si  vaste,  qui  embrasse  le  monde  catliolique. 
Napoléon  veut  le  briser.  Eh  bien!  ce  pauvre  vieillard,  après  une 
patience  et  une  résignation  héroïque,  saisit  cet  anneau  et  l'applique 
comme  un  stigmate  brûlant  sur  le  front  de  l'empereur. 

De  ce  moment,  le  conquérant,  comme  avenglé,  court  de  ruine  en 
ruine.  L'eicommunication  n'était  plus  de  cet  ftge,  sans  doute,  mais  le 
sentiment  religieui  est  de  toutes  les  époques.  Napoléon  le  Messe;  il 
veut  se  faire  le  dictateur  des  consciences,  mais  ce  n'est  pas  possible  ; 
il  peut  bien  briser  les  corps ,  fracasser  les  crftnes,  mais  les  opinioiM 
sont  en  dehors  de  lui.  En  vain  veut-il  bouleverser  les  convictions 
républicaines,  les  dévouements  royalistes,  les  croyances  religieuses; 
ces  violences  lui  portent  malheur  :  avec  la  stratégie  et  des  soldats,  on 
bal  les  armées  ;  mais  on  ne  tire  pas  des  coups  de  canon  aux  idées;  et 
cependant  :  Guerre  aux  convictiras,  aux  grandes  croyances  politiques, 
telle  est  la  pensée  de  Napoléon. 

Voici  maintenant  qu'il  heurte  les  intérêts.  L'onpereur  conçoit  le 
s]'8t^e  continental ,  idée  vaste ,  impossible  dans  son  exécution. 
Comment  supposer  qu'on  va  remanier  la  balance  naturelle  et  com- 
merciale des  nations?  Dieu  k  réparti  è  chaque  peuple  ses  trésors,  et 
c'est  par  l'échange,  sorte  de  mise  en  commun  de  toutes  les  facultés, 
que  les  peuplesparviennentiuD  haut  degré  de  civilisation.  Ces  prin> 
cipes  de  l'ordre  naturel ,  l'empereur  les  dédaigne  ;  sa  haine  contre 
l'Angleterre  l'aveugle ,  il  croit  anéantir  le  puissant  ressort  du  com- 
merce en  accumulant  les  restrictions  et  les  douanes.  Il  en  devient 
puéril  ;  il  est  transporté  de  joie  lorsqu'on  lui  apprend  qu'avec  du  raisin 
on  fait  du  sucre  ;  il  se  pose  douanier  jusque  dans  ses  propres  satone, 
où  il  poursuit  les  robes  d'Angleterre,  les  linons  et  les  étoffes  de  l'Inde 
sur  le  cou  de  frêles  femmes. 

Napoléon  fait  la  guerre ,  gagne  des  batailles ,  verse  des  torrents  de 
sang  pour  son  système  continental  :  il  le  cherche  partout,  et  l'impose 
comme  condition  des  traités  ;  et  puis,  après  tant  d'efforts,  lui-même, 
par  une  de  ces  contradictions  que  la  dictature  seule  peut  se  permettre, 
il  s'affranchit  du  système  continental  par  la  création  des  licences  ; 
c'est-à-dire  qu'il  se  fait  le  seul  commerçant ,  le  seul  dépositaire  des 
franchises  pour  les  échanges,  comme  cela  se  praUqne  en  Orient.  A 
ce  moment,  la  liberté  du  commerce  est  l'objet  d'un  trafic,  il  faut 
acheter  une  licence  ;  on  brûle  partout  les  marehandises  anglaises  ;  1cm 


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M  ucrTBS 

plus  bdiea  étoffes  volent  an  vent ,  et  ce  système  odieui  devieiit  ridl- 
«lie  k  ce  point  que  la  pronière  cboee  que  fait  Marie-Louiae  dans  m 
voya^  en  Hollande,  c'est  de  se  procurer  des  robes  et  des  colificbets 
Swàtaa  par  les  maouractures  anglaises.  La  corde  trop  tendue  4evait 
se  rompre  :  arracber  au  monde  la  liberté  de  la  pensée  et  du  con- 
meKe,  la  tidie  était  trop  rude  même  pour  un  géant  ! 

Aëa  que  le  seotimeot  moral,  la  liberté  et  les  inlérAts  des  peuplei 
float  menacés  par  le  ^rstème  de  Napoléon,  la  guerre  change  de  cane- 
tire.  Ce  ne  sont  plus  seulement  les  armées  reliera ,  les  goovenie- 
■Mila,  qui  se  moutreot  sur  les  champs  de  itataitle;  les  peuples  y 
vimieBt  en  aimes  ;  on  voit  qu'il  s'agît  de  leurs  {dus  précieix  intérâs. 
Quel  est  donc  le  droit  de  cet  homme  de  reouier  le  genre  bumaioT 
Be  qm  tieot-il  la  misaion  d'ébranler  ce  que  Dieu  a  fait?  Les  nati<Hts 
»  doB^ttées  sous  sa  main  éprouvent  mille  sympathies  pour  cet 
)  des  martyrs  qui  préparent  la  régénération  aoci^e.  De  là 
cette  attention  vive,  proronde,  qui  se  rattache  à  l'E^agne,  k  sa  lutte 
fldianiée.  Le  triomphe  d'un  principe  est  long,  il  Teat  beeunonp  d'ho- 
taaustes  avant  que  l'idée  lurvienne  à  sa  aaturité  :  l'E^Mgne  et  la 
^snnaBie  cHit  leon  saintes  victimes  qui  payealpoor  toin;  le  progrès 
fle  -h  réâstasoe  «'en  est  pas  iw^ds  rapide  et  proCond. 

L'empereur  en«coii^iris  toute  la  portée,  ^c'estidqne  son  génie 
^paraît  dan  oe  qu'il  a  de  puisunt  et  d'orgmaateur  :  à  mesan 
mtCaae  réûatance  arrive,  il  se  h&le  de  la  renveiMT,  et  pour  cela ,  il  a 
rsoaun  k  la  constitution  encore  plus  énergique  de  sa  dictature  ;  il 
aoBt  qn'il  lui  faut  des  garanties  contre  ces  intérêts  et  ces  opÀDioai 
qa'H  «  Bonlevôea.  C'est  un  cercle  vicieux  :  phu  îi  est  absolu,  pins  il 
nrécoBtente;  tt  plos  il  méooatente,  phu  il  a  hesoia  de  force  pcnr 


Tout  se  lie  et  s'enchatne  dans  la  période  qu'embtBSBml  ces  deo 
iwlaroes  ;  «'est  un  systàme  con}riet  :  en  légiriatiim  il  produit  le  «ode 
ferai,  si  cruel,  si  imjriacable  pour  les  attentats  «pablicB  ;  le  code  d*!»- 
atniction  criminelle,  qui  ciHnprime  la  liberté  et  restreint  les  gaiHt- 
tin;  pais  la  cimstitution  régnlière  des  prisons  d'État,  la  dtrectïM 
(Anérale  de  l'imprimerie  et  de  la  librairie,  le  ayatàme  ^es  douanes 
fmsr  le  cMumerse ,  la  cenaive  sur  les  jouraauK ,  le  monopole  absolu 
4e  l'univerûté.  Napoléon  se  proclame  le  seul  dl^Moaiteiir  delà  force 
et  de  la  puissance  dans  l'État  ;  il  en  devient  m£»e  le  théologien ,  h  ce 
pMDt  de  t^\a  l'enaeigoemoit  «xléaiastique  ;  il  dmche ,  par  f «agsr 


îdbyGoOgIC 


sus  LA   SECOnDR   ttWiVB   DE  l'eMPIHB.  81 

nisatioD  i'aœ  dietoture  miîreneUe ,  &  répondre  iiax  résistances  qnl 
se  maoïresteiit  dins  tontM  les  foroes  morales  de  la  société. 

Cette  psiesante  dictatore  que  crée  le  génie  de  l'emperenr,  il  te 
htte  de  la  brillanter  par  de  grandes  créations  ;  il  op^nliBe  la  pensée , 
■nais  il  établit  des  prix  décennaux  pour  faire  mandter  Fart  et  les 
sciences.  Il  monopolise  l'édacation  publique ,  mais  il  vent  que  ses 
oolléges  soient  l'expreasion  de  tout  ce  qœ  la  société  oEfre  de  lumi^ 
«t  de  science.  S'U  abuse  Ettalement  de  la  conscription,  l'avancemeit 
-dn  soldat  est  rapide  et  prodigieux  ;  il  en  fait  un  état.  Il  6te  la  vie  ta 
commerce,  mais  il  trace  de  somptueux  pelins  pour  la  bourse,  il  vient 
au  secours  des  industries,  leur  omre  des  canaux  et  des  voies  de  com- 
ninicatioB  ;  son  administration  absolue  est  la  plus  édairée  de  toutes 
celles  qui  aJstent  en  Europe.  Pour  loi  la  capacité  est  une  conditioD  , 
il  prend  sons  sa  responsabilité  tous  les  éltoents  d'un  système  i  grands 
réâulfarts  et  à  vastes  lumières.  Cest  de^nos  Fentrevoe  d'Erfurth  que 
ecs  Idées  sorgissent  paissantes  dans  la  pensée  de  l'emparear  ;  les  peo- 
Toin  sont  bien  abiisBés  et  cette  abjectini  ne  lui  sufHt  pas  :  fl  n'y  « 
jim  de  tribunal  ;  le  corps  législatif  est  omet  ;  les  légfilitean  M 
parlent  pas,  mais  ils  votent ,  ib  pensent ,  et  la  dictrtnra  n'aime  pa 
qu'on  pense  en  dduns  d'elle  ;  aucun  pouvoir  ne  doit  «voir  le  droit 
-d'arrêter  ses  dessins  quand  il  les  a  conços.  Chose  singuMie ,  ti  onint 
iDoins  le  sénat  que  les  autres  pouvirin ,  et  «'eat  ponrtaot  le  «énat  -qttl 
prononcera  sa  déchéance  en  1814. 

Comme  événements  militaires,  cflsndnmei  cnrlwasBent  ka  deux 
campagnes  d'Espagne  et  la  guerre  allemande  de  1809.  2e  dis  la  gtMm 
•HenuDde,  parce  que  la  campagne  ne  fut  pas  seulement  dirigée  contra 
la  maison  d'Autriche  ;  elle  prend  un  autre  caractère,  une  eipmaian 
ée  nationalité.  L'Autriche,  se  plaçant  k  la  tête  de  la  cause  coi«mme. 
perle  aux  sympathies  du  peuple  germanique;  elle  devient  rexprealoo 
des  sociétés  secrètes  qui  se  donnent  la  mission  noble  de  délivrer  ta 
IMtrte.  Voilà  te  drapeau  qu'élève  la  gén^lien  des  oBtversitéa,  con- 
duites pa-  MM.  de  Stadios,  de  Stein  ,  Genta  ,  le  major  de  Schill ,  le 
]iriDce  de  Brungwick-Œls ,  Bliicher  et  -Goeisenau.  L'Aotriclie  joue 
dans  cette  guerre  de  1809  m  réle  actif ,  {vovoeateur ,  en  ddim  de 
ses  habitudes  régulières  ;  elle  est  k  la  tête  d'une  însnrreotion  intio- 
'Bde  :  de  là  l'énergique  caractère  de  sa  résistence. 

Des  révélations  curieuses  prouvavnt  les  relations  intimes  qoï 
«estaient  entre  l'insurrection  allemande,  U  gnarre  d'Ë^wgae,  la 


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^9  UTTRB 

conjuration  de  l'armée  du  Portugal ,  l'eipéditioD  anglaise  de  Wil- 
chcren  et  .la  levée  des  gardes  natiouales  en  France  par  les  otim  de 
Fouclié  et  sous  le  commandement  de  Beroadotte.  Il  y  a  ici  nu  projet 
de  résistance  morale  contre  l'empereur,  projet  tout  à  la  fois  empreint 
d'an  caractère  religieux  et  politique.  Les  catholiques  s'indigneDl  de 
la  manière  dont  on  traite  le  pape  ;  les  penples  invoquent  leur  liberté, 
*«t  tout  ce  mélange  de  mécontentements  prépare  la  guerre  soarde  et 
implacable  qui  plus  tard  éclatera  contre  Napoléon.  Il  serait  impossiUe 
d'expliquer  les  événements  de  1813  et  1814  sans  avoir  d'abord  pro- 
fondément étudié  cette  première  époque  d'opposition  parmi  les 
-peuples.  En  ce  monde,  il  ne  faut  pas  croire  que  les  catastrophes  snr- 
^gissent  tout  à  coup  ;  les  faits  s'enchaînent,  et  les  résultats  provienoeot 
de  symptômes  antérieurs  qui  souvent  échappent  au  vulgaire. 

A  mesure  que  les  périodes  du  grand  drame  de  l'empire  se  déve- 
loppent, la  pensée  de  ce  livre  doit  se  révéler  dans  de  \Aas  simples  et  de 

-plus  larges  proportions.  L'auteur  a  voulu,  par  un  récit  imparlioli 
«xaminer  les  causes  qui  ont  préparé  les  merveilleuses  fortunes  de 
Napoléon  et  les  causes  qui  ont  précipité  sa  ruine  ;  les  pouvoirs  ne 
tombent  pas  sans  motifs,  et  les  grandes  ruines  n'arrivent  jamais  toat 
d'un  coup  ;  les  décadences  se  préparent  de  longue  main,  elles  vienneot 
de  loin  :  bien  avant  la  fatale  campagne  de  Russie,  l'empire  de  Napo- 
léon était  menacé  par  des  principes  et  des  faits  qui  éclatèrent  à  h 
première  catastrophe. 
On  trouvera  de  nombreuses  révélations  dans  ces  volumes  ;  les  évéïw- 

'  ments  y  paraîtront  sous  un  jour  nouveau  et  en  dehors  des  vulgarité 
qui  ont  trop  souvent  dominé  tons  les  travaux  faits  jusqu'ici  sur  celle 
héroïque  époque  de  notre  histoire.  La  correspondance  diplomatique 
du  duc  de  Wellington,  si  remarquable,  peut  servir  &  expliquer  les 
campagnes  d'Espagne  et  du  Portugal  ;  et  c'est  aux  communications  de 
M.  le  prince  de  Metternich  que  je  dois  l'intelligence  de  la  politique 

-de  l'Autriche  après  la  campagne  de  1809,  et  le  sens  des  causes  véri- 
tables qui  préparèrent  le  mariage  de  Napoléon  avec  l'archiduchesse 
.Marie-Louise.  Depuis  cette  époque,  le  système  autrichien  a  été  tout 

-entier  placé  dans  les  mains  du  chancelier  d'État,  et  l'on  sait  k  qvtHe 

-puissance  il  l'a  élevé. 

Dans  une  boute  et  récente  conversation  an  Johannisberg,  le  prince 
de  Metternich  a  bien  voulu  m'expliquer  les  bases  de  la  politique  qui 

.  le  domina  dans  ses  rapports  avec  Napoléon.  Je  les  fais  connaître ,  saiw 


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SDK  L'A  SECONDE  ÉFOQtB  DB  L^PISE.  33 

abdiquer  ce  droit  de  critique  et  d'eiantea  qui  appartieot  à  l'histoire  : 
je^Buis  trop  fîer  de  ma  nationalité  pour  ne  pas  la  conserver  pure  et  libre 
dans  mes  rapports  même  avec  les  intelligences  diplomatiques  qui 
dirigent  le  sort  du  monde. 

J'arrive  À  une  époque  plus  rapprochée  de  nous  ;  je  vais  là  trouver 
des  événements  que  tous  nous  avons  touchés,  et  des  noms  propres  qui 
tienn^t  «icore  aux  afiàires  publiques  de  notre  paya.  Une  haute  dis- 
crétion est  ici  commandée  ;  je  n'écris  pas  un  pamphlet,  je  n'aime  pas 
ces  bic^raphies  passionnées  qui  se  plaisent  Â  détruire  les  réputations 
et  les  hommes,  triste  travail  de  démolition  qui  semble  dominer  les 
générations  actuelles.  Hélas  1  dans  des  temps  'tà  agités,  qui  n'a  pas 
commis  de  fautes?  Quel  est  le  nom  propre  qui  peut  se  poser  comme 
affranchi  de  toute  faiblesse  et  de  toute  erreur? 

Je  vais  parcourir  le  temps  de  la  grande  splendeur  de  l'empire  ;  c'est 
le  dernier  et  beau  reflet  de  rhistmre  de  Napoléon.  J'éprouve  un  serre- 
ment de  cœur  indicible  qnand  je  touche  ainsi  l'apogée  respJeDdiasante 
de  la  destinée  d'on  homme  et  d'une  ceuvre;  k  câté  du  progrès  la 
décadence,  après  les  joies  le  deuil  ;  seraitrce  la  loi  fatale,  la  malédiction 
que  Dieu  a  ^te  au  front  de  l'humanité  ? 


Pwia,  1«  MpKmbri  1S«0. 


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chahtm:  h. 


WritotM.—  DtptrUMcota  réuiiis.— Béptrumenls  ucieBa.—DirâionBraDiukfL 

—  VttttOaTt».  —  Cours  d'appel.  —  ArcbevAchësd  éfAcU*.  —  Sjilème  Bdmi- 
alstnitr.  ■—  Les  commuon.  —  Bojauine  d'ItoDe.  —  La  vice^oyiuté.  —  Min. 

—  ToUae.  —  SoOTfrHUMols  géoénui  de l'Hiipln  te»  IwprMtecnTéMriw.— 
Fiefs  dan»  la  Dalimtie,  le  Fiioul  cl  la  iwule  Jtalie. — LesScf  v-lks.  —  Lcgialalka 
géoéMla.  —  CenlnlisalioD.  —  Lois  poUiîgaesetjudtciaiKB. 

nat. 

I/tnqne  te  postérité,  attentire  aux  grandei  choses,  praitera  sa 
TegBrdsfliH-r-eBipireBcaiicais,  apcësle  tnHé  âeXâùtt,idle-adnit«ra 
furtoot  le  vaste  ensemble  de  ceUe  BAnioiffaatiDD  poldi^iw.  iics  oqb- 
quétes  de  l'empereur  paraîtront  moins  prodigieuses  que  la  puissante 
création  d'un  gouvernement  fort  s'étendant  uniformément  sur  une 
masse  immense  de  territoires  et  de  peuples.  Jamais  autorité  ne  fut 
{dus  respectée  et  ne  s'exerça  avec  plus  d'unM  et  (PeneaiUe':  -le  sys- 
tème des  départ^nenls ,  conception  révolutionnaire  d'une  grande 
énergie ,  fut  couronné  par  la  création  des  préfets  sous  le  consulat  ;  les 
divisions  militaires  et  les  cours  d'appel  embrassaient  des  démarcations 
plus  étendues ,  et  tout  désormais  dut  marcher  sous  la  seule  impul- 
sion de  l'empereur ,  la  pensée  dominante  de  cette  étonnante  machine 
politique. 

Le  puissant  édîGce  de  l'empire,  après  la  pacification  européenne, 
comptait  cent  dix  départements,  sans  y  comprendre  les  colonies, 
alors  exposées  à  tous  les  coups  de  l'Angleterre.  La  révolution  avait 
légué  à  l'empereur,  comme  un  témoignage  de  ses  victoires,  les  fron- 
tières du  Rhin,  la  Belgique  et  le  Piémont  ;  Bonaparte ,  premier  con* 
8ul ,  trouva  ces  conquêtes  accomplies ,  el  la  flatterie  pour  le  souverain 
ne  doit  point  effacer  les  services  rendus  par  les  fières  armées  démo- 
cratiques avant  le  18  brumaire.  Napoléon  avait  juré,  à  son  sacre,  de 
maintenir  dans  leur  intégralité  les  territoires  qu'il  avait  re^us  des 


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imIds  de  ta  rép^Hque,  ^  il  sratt  don  teaa  laiygMft  M  parafe* 
CM-  uM  raultitiiëe  de  iéputeatetHs  remis  s'étaient  groupés  aOtoof 
de  ranoiemie  France.  A  l'ertrémité  nord,  les  Seni-Nèâm  *  t  enehi»- 
aant  une  partie  de  la  Hottasde,  aviôent  pour  frontièK  Breda  «t  Ber> 
fea-op-Zoam  ;  Malines  en  fomait  le  dKf-liea  avec  son  bel  évéché  dci 
«feos  temps.  A  ses  cMés «'^tendait  le  département  de  l'Escaot,  00K« 

'  ie  prends  ici  la  stalbtiqneqiit  fut  publiée  parle  miolatK  de  rhuérlenrenisni 
pl«a  ttrd  les  AipMtuameaia  s'agnndinBt  de  toute  la  ToMane,  de  BoKie,  de  h  ■<  ' 
linde  et  dea  villes  banséa  tique*.  D'^irte  celte  sUttstique,  k«  udaniMi  prarlBOW 
gtnéraiiiés  de  la  France,  les  colonies  traotaises,  les  divers  pajs  t^uoia  i  la  Fonc* 
ftiFinaient  1X9  départements,  «aToIr  : 

ProTcnce,  territoire  d'AvIgnin  et  cotatat  TraaiasiD,  «putre  :  taittt-Âtfn, 
BpMftu-du-iUdna,  Var,  VauclMW. 

Dauptaioé,  trois  :  Bouitt-Alpu,  DràtM,  Itèn. 

n-anche-CoDité,  trois  :  Doubi,  Jura,  BavieSaiiu. 

Alsace,  den  :  ffmtf-JtAm,  Bm*-IMn. 

Comioe,  Tnit»-&TéebéB  elBafveb,  quatre  :  jraurl**,  JTsim,  M**M4,  Yo*)»», 

Clian>ptf!iie,  priocipaulé  de  SedtD,  Bouilkn,  PliilippeTiHe,  Sf>ri»boiii(, 
-Givel  et  Churlemont,  quatre  :  Ardennet,  Aubt,  Marne,  BavU-Manu. 

Den  neBdre^  Halnant,  Csmbréiis,  Artois,  BoDlonoiS,  Calafsls,  ArdrislB, 
<d««i  :  JVand,  Peu-黀idaù. 

Ile-de-France,  Paris,  Bolwwmah,  Beauvoisis,  Aniénois,  Tnln  francaii. 
GSUiiBks,  six:  ^itng,  Oiu , Seint, Stm«-a-Ou« ,  Sommt,  Sein»-tt-Mar7tt. 

Normandie  et  Perche,  cinq  ;  Caleodoi,  £ur«,  Marehi,  Onu,  Snne-/nfV* 

Bretagne,  cinq  :  Côttt-d^-Nord,  FinUièn,  IlU-tt-Tiiaint,  Loirt-tnfiTieun, 
JUorbilian. 

Haut  et  Bas-Maine,  Anjou ,  Touraine  et  Saumurois,  quitte  :  Inàn-tt-tatrti 
Vaynme,  MIaytnn»-»t-Loire ,  Sanha. 

Poitou  et  partie  des  Harchn  conmnnes,  trois  :  Dtux-Sivnt,  Tmdéi, 
Vûttn». 

Ortcaneis,  Blsîsois  et  pays  Cbartralu,  trois:  Eurt-si-Loir,  Lair-il-Ch4r , 

Btrrj,  deui  :  Indre,  Cher. 


Bourgogne,  Auierrois  et  ScnoDols,  Bresse,  Buge;  et  Talmorej,  Bombes, 
quatre  :  Aim,  CAa-d'Or,  Yonne,  Sadntf-et-fofrv, 

Lyonnais,  Forei  et  Besujolal?,  deui  :  Loir»,  BMnt. 

Bourbonnais,  nit  :  JUt«r. 

Marche,  Dorât,  Baat et Bas-Limouf f n, trois:  Corrètt,  CrtMU,  HauteiVimae^ 

Aiigoumols,  un  :  Cltarentt. 

Aonls  et  Saintonge,  un  ;  Charmte-Inftrieiin, 

Pértgord,  «n  :  Voréogne. 

Bordelais,  Bizadais,  Agénois,  Condomois,  Armagnac,  Chsloste,  faja  d« 
Karsin  et  Landes,  quatre  :  Girond»,  Landn,  i.ol'tl-GarûivM,  Gtn, 
•    Quercj,  un  ;  £ot. 


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,36  STAT1STI<ÎDB  ET  L^SISUTIOX 

posé  d'une  partie  de  la  Bdgiqne  ;  Gand,  la  grande  ville  des  oarrios, 
-était  sa  capitale  ;  il  avait  dans  sa  dépendaDce  Anvers ,  arec  son  ane- 
jaà  et  son  port,  que  l'empereur  réservait  Jt  de  »  hautes  desUoècs,  et 
Audenaerde ,  population  manufacturière  des  Pays-Bas.  Le  départe- 
ment  de  la  Lys  comptait  Bruges ,  aussi  anti(|ue  que  Gasd  dans  Hw- 
Xmre  des  corporations  et  des  métiers.  Bruxelles  était  le  àège  de  la 
Syle  comprenant  des  villes  acUves ,  Louvain  ,  Jemmapes,  que  les 
chroniques  ont  célébré.  A  ses  côtés  était  la  Meuse-Inlerieure  avec 
Alaestricht;  le  département  de  la  Roer,  si  remarquable  par  Aix-4i- 
Chapelle,  la  cité  de  Charlemagne;  l'Ourthe,  où  se  voient  Li^, 
vieillie  et  enfumée ,  fière  de  son  hôtel  de  ville  et  de  ses  BouveniTS  des 
évèquea  ;  les  eaux  de  Spa ,  renommées  alora  pour  les  cures  merreil- 
leuses ,  repos  chéri  des  dames  de  l'empire.  Le  département  de  Jeoi- 
mapes  avait  pour  métropole  Mous;  Sambre~et-M^ise ,  de  grande 
mémoire  au  temps  de  la  république ,  comptait  Namur  ;  Namur  sur  la 
Meuse ,  si  retentissante  par  le  siège  soutenu  sous  Louis  XIV  et  cél^ 
bré  par  Boileau.  Puis  venaient  le  département  des  Forêts,  ei^obè 
dans  le  vieux  duché  de  Luxembourg  ;  Rhin-et-Moselle,  avec  Co- 
blentx ,  la  plus  gaie  des  villes  du  Rhin  ;  le  Mont  -  Tonnerre ,  qui 
comptait  Mayence,  Spire,  Worms,  et  les  vignobles  dorés  dujohin- 


Tous  ces  départements  étaient  au  nord  ou  sur  la  fnmliëre  allemaDd^ 


Roucrgue,  ua  :  J««yren. 

Bksque  et  Bésra,  ud  :  BauM-Pyrinéu. 

Bigorre  el  Qudlre-TsUéeB,  un  :  HauUt-Pyrénit$. 

t.ROgucdoc,  CommiDges,  Niboiutn  et  Riyiire-Tcrdaii,  sept  :  ArdiiAe,  Ani*, 
'Gard,  Hautt-GaroimB,  HirauU,  Loièn,  Tarn. 

CouseransetFoii.  un  :  Ariégê, 

lloussillan,  un  :  Pyrinéit-OrinuaUi, 

Belaj,  Hiuie  et  Basse- Auvergne,  trois  ;  Canlàl,  HaïUt-Loirt,  Pu^t-Dimt, 

Corse  el  De  de  Cipnja,  deus  :  Golo,  Itomone, 

S>voi«,  comté  de  Nice,  territoire  de  Genève,  trou  :  Monl-Blame,  Aljm- 
STaritintti,  Liman. 

Pjrtle  du  Heioaut  et  de  la  Flandre  cî-devaut  euirichîenne,  Brabanl.pajsde 
liige,  neuf  :  Dr/h ,  Eieavt,  Forfli,  Jtmmapti,  Lyi,  Mtun-Infériian,  D*!ts- 
Xitli«i,Ourt)\f,  Sambrf-et-Maitt, 

Rive  gauche  du  Rhiu,  quatre  :  Roir,  Sam,  tthin-et-UoielU,  Jfom-TOMMrra. 

Piémont  et  territoire  delà  ci-derant  république  ligurienne,  huit  :  JjMtmnUf 
2Mr«,  Ginti,  Manngo,  Jtfon(Men#,  P«,  S**ia,  Slura. 

V»  colonies  (ïancalsea.  ' 


DiclzedbyGoOglC 


DE  l'BHPIKB  F1AKÇA1S.  37 

au  midi ,  l'empire  avait  acquis  des  pays  noo  moins  remarquables  par 
leur  situation  et  leurs  produits ,  ils  formaient  comme  des  frontî^es 
f<HtiIlées  au  cas  d'une  invasion.  Autour  du  magnifique  lac  de  Génère, 
an  pied  des  glaciers ,  se  groupaient  les  départements  du  Léman ,  avec 
son  sol  fertile,  ses  coteaux  de  vignobles  et  ses  vallées  de  pâturages  ;  i 
ses  cAtés  le  département  du  Mont-Blanc  et  Chambéry,  Saint-Jeao  de 
Maurienne,  Moutiers,  et  la  route  du  Mont-Cenis,  tant  de  fois 
glorieusement  traversée.  La  Doire  embrassait  une  partie  du  Piémont; 
lepréfet  résidait  àivrée,  où  s'étaient  faits  les  préparatifsdeMarengo;  la 
Sésia  formait  les  frontières  du  royaume  d'Italie,  la  préfecture  était 
h  Verceil.  En  s'étendant  plus  au  loin  on  trouvait  le  département  de 
la  Méditerranée  jusqu'à  Livoume  si  commerçante ,  l'Ombrone  se 
glOTifiait  de  Sienne,  sa  métropole ,  remplie  des  chefs-d'œuvre  des  arts 
municipaui  de  l'Italie,  de  ses  horloges  et  de  ses  tours;  les  Apennins, 
avec  Gbiavare ,  Gènes  éclatante  de  marbres ,  brillait  riche  souveraine 
dans  son  beau  territoire  ;  puis  le  département  de  Montenotte  avec 
Savone  ;  la  Stura ,  dont  Coni  était  le  chef-lieu  ;  les  Alpes-Maritimes  ; 
le  Va ,  qui  comptait  Turin ,  capitale  régulière  et  un  peu  monotone  ; 
les  départements  jetés  sur  le  littoral  de  la  Toscane  avec  Livourae,  pays 
ani.  délicieux  amphithéâtres ,  quand  le  voyageur  les  aperçoit  sur  le 
bateau  qui  fend  les  eaux  du  canal  de  Piombino. 

Ainsi  étaient  les  territoires  réunis  à  l'empire ,  tous  soumis  à  une 
commune  administration;  la  vieille  France,  comme  la  nouvelle,  était 
placée  sous  un  même  niveau.  Le  consul ,  puis  l'empereor,  avait  orga- 
nisé de  grandes  bi^archïes  le  formulant  chacune  dans  un  ordre  d'idées 
pour  le  gouvernement  de  la  société  :  la  première  embrassait  la  pensée 
de  guerre,  qui  dominait  toutes  les  autres  dans  la  tétedu  cbef  de  l'État; 
la  France  fut  partagée  en  vingt-buit  divisions  militaires ,  adaptées 
80US  plus  d'un  rapport,  aux  anciens  gouvernements  des  provinces. 
Napoléon  s'était  aperçu  que  le  système  des  départements  était  trop 
morcelé  ;  si  uneépoque  pacifique  avait  succédé  à  ces  temps  de  levées 
actives  d'impAts  et  de  conscrits,  peut-être  l'empereur  eût-il  réuni  plu- 
sieurs départements  dans  un  seul ,  afin  d'obtenir  le  double  résultat  de 
centralisation  et  d'économie.  Les  divisions  militaires  étaient  habitua 
lement  confiées  à  des  généraux  fatigués  du  service  actif ,  ou  quelque- 
fois en  disgrâce  '  ;  cependant ,  lorsque  les  campagnes  s'ouvraient ,  la 
plupart  de  ces  généraux  avides  de  guerre  et  de  gloire ,  se  précipitant 

■  Les  documents  du  ministère  de  la  guerre  portent  le  nombre  des  dh  itions  ea  IWl 


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n  STATISTIQCE  ET  liSBUTIOIt 

w  combat,  lBi»ai(ait  à  desimpies  intérim  le  «HmuDdenHBt  patttqn 
da  territoire;  od  comptait  parmi  lee  généraux  remarqasdilesqid  con- 
onnâaient  les  divisiona,  quelques-ans 4e8  vieai  idBcimB  répnWcidtt 
de  l'armée  d^talie  ou  de  Horeau  :  tels  étaient  Cenmri ,  ChabitD, 
Trsvot,  Canad,  Meiiou.  Les  généraux  commandante,  chai^  i» 
•urveiiler  toutes  les  parties  mîlitiùres  da  service,  donnaient  riiB|Hd- 
■ion  aux  troupes  sédentaires ,  aox  dépdts,  aux  régînei^  de  gandiOD; 
chefe  naturels  des  forces  de  l'intériear,  ils  correqraiidaieDt  seala  avec 
le  ministère  de  Is  guerre.  Paris  formait  nue  exception  comme  gon- 
Ternfflient  militaire ,  et  on  l'avait  placé  ,  ainsi  qu'on  l'a  dit ,  sous  li 
nain  de  Jnnot ,  l'homme  de  confiance  de  NaptMoD  ;  gonvemeor  dt 
I*Bris  était  un  beau  titre ,  renoovelé  des  fastes  de  la  Tieille  monarcbifl. 
La  hiérandiie  si  énergique  des  pràrets  se  déployait  à  cAté  de  ceUt 

4TiBgt-holt;natoilr  BTaUu  cwiata  nattbe  4VHMriM;  |ln>  l«d  inafin  M 

Inule-deui  divisions  militajru. 
pÉrïB  —  1"  divition  —  Le  général  de  division  Junol. 
Méiièrcs  —  i^  divition  —  ... 
Heu  —  3*  HvitUrn  -<■  RooMtn. 
tUncj  —  4*  dûntion  —  GUoi, 
StntboMT^  -~  S'  dtcinon  —  Desbiueaui. 
Besançon  —  B>  divïMion  —  Talelle. 
Grenoble  —  7*  divition  —  DaiSMa. 
NancUe  —  S*  dwiritm  —  CemnL 
MoDtpeUier  —  0*  divinon  —  Quesnel. 
Toulouse  — 10*  divition  —  Chabran. 
Sordeatn  -~  11*  divition  —  Barboa. 
Hante*  —  IS*  dwirion  —  Trawt. 
Bennes  — 13°  diottitm  —  Delaborde. 
Caen  — 14°  divition  —  Laroche. 
Kouen  —  IS*  dimtion  —  Sosaier. 
Cflle  —  ItcdivêHm  —  Merfot. 
DtjoB  —  (Mc)  18°  dieiiion  —  gioRTflle. 
I^on  — 19°  divition  —  Jomard. 
Périgueu»  —  ÏO"  divition  —  Olivier. 
Poitiers  —  ai"  divition  —  DuFonr. 
Tonre  —  3S*  divition  —  BeuDard. 
Beslia  —  23°  diiiuion  —  Morand. 
Bruxelles  ~-  24°  divition  —  ChamberlliK. 
Liéf  e  —  28°  divition  —  Cenuel. 
CoblentE  — H*  dieirûm  —  .  ,  . 
TurlD  — Ttï' divition  —  Uenou. 
G(nes  ~  28°  divition  —  Montcboisj. 
Le  génèrel  Durutlc,  eoromaDdant  l'Ile  d'Elbe. 
■    La  maréchal  Pérlgnon,  gouTemeiu  général  d«  Ëiau  de  PanM  M  detUinBC- 


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•B  L'BVniB   PKANÇAM.  M 

du  dinsîoH  nilitMres;  en  ne  peot  te  fsire  l'idée  m^urd'Jrai  de  u 
qu'était  un  préfet  en  ce  temps  où  les  foncUonnaireB ,  parlast  su  iHHn 
de  l'eupereur,  faieiient  exécuter  les  lus  de  l'État  '.  Gomme  l'adinl- 
nidxatioo  publique  était  la  force  du  goovemenieDt,  Na|»léoa  avait 
voulu  qu'elle  agit  dans  toute  sa  puissance  tons  la  main  dei  préfet!  i 

'  Ritn  de  plus  iiable  que  Im  prrfels  mus  l'empire;  Im  cbiDgcments  tMlcDt  de» 
«icepiiDDSonTésultainitde  l'tTaneemcnt  régulier  dans  l'ordre  idiiiiiitstKlir;  l'opt» 
nion  de  l'entpertur  était  :  tpa  la  permapeace  d«i  foneitMisfabllqiiti  tlibllMilt  ém 
rapports  plus  riguiiers  enlre  les  admiaistraUuts  et  les  adminisirés.  Les  doeumenla 
du  minislère  de  l'inléneur  poncut  les  noms  suivants  pour  les  prérets  en  1807. 

Am,  Bossi.  —  Jùns,  Héchia.  —  Allitr,  GnilloDardet.—  Àlpu  CBchw»-],  DavBl. 

—  A^tt  {.BaaHÊ-),  LataieeMe.  —  Atpm-MmriUmm,  tabooctage.  —  ^piiwilw, 
Roland  de  Villa*ecaui.  —  Ardèekê,  BruBeteau-âaltue-SuniiBa.  —  ArdtmtM,  Frais. 

—  ArrUg»,  Bruu.  —  ^uËi,  Brusl^.  — Aude,  J. Trouvé.  —  Avtyrtm,  Saint-Florent. 

—  Boveh«i-dii~llhine ,  Tbibeudeaa.  —  Calvadot,  'CilTarellI.  —  ConMl,  Blou.  -« 
IMartUa,  Buâiai.  —  Chamtl^Ji^ifimm.,  J.-K.  Blcbard.  —  CJwr,  le  ntntn}  àt 
Sanal.  —  Urréu.  le  iéutral  de  dWaUn  lUat-Murcu.  —  CiM«-d'«r,  KÎmA,  -« 
€iUt-du-Nord,  Boulin.  —  Cnui»,  J.-L.-C.  Lasaleelte.  —  Doin,  de  Plancy.  —  Dtt* 
dogn*, Bivel.  —  DaiAi,  )ean  Debry.  —  Drdm«,  Descorcbes.  —  Vylt,  Chaban. -^ 
CvcoM,  Fajpeult,  —  Bon ,  HoIIbihI  Chambaudoiii.  —  E*ir»-«t~t,oir ,  DtlatiK.  >• 
riHiain ,  HioUis.  —  FarU»,  Lacoste.  —  Gard,  Da^hrase.  —  fiwwMM  {Mmàh»), 
Deanousseaui.  —  GAm,L*touneiie.~G«ri,  Balgueiie>  — fifiwnde, JaaepbFnt. 
ebeU  —  GoIo.Piélri.— HcTtiuIl.NogaTel.  — IIle-il-T'aaiM.BonDiire,  — /ndra. 
ftoorenr.  —  indrv-«t-£(rfn,  Lambert.  —  Jtèn,  Poorier.  —  Jammapn,  de  ConlDck> 
Oalerive. — Jura,  Poneet.—  Landes,  ValemiDJlBpUnlt«T. — Z^miM,  deSarmlc.— • 
XMin«ne,  Arriglii.— J.otr>:M-Chn-,CorbifDj. — /.oirs,  Imbcct. — Lové  [0aMt-],  Lft> 
motbe.  —  Loir«-InfiTitiire  iWischa  de  Celles.  —  Lotret,  Plejre.  — £ol,  hiÛ;.^ 
l.iM-ef-'Caranne.'VïlIciieuTe-Bai'geniont.  —  fos^.flarens.  — £]fa,Chav*dlÂ.>* 
Makiftl-Loira ,  Bourdon  de  Tatij.  —  Jfandt*,  Cosiai.  —  Mmrmtga,  Koben. 

—  jronu.BourKeois-Jessainl.  —  Jlfamefflaut»'],  Jerpbanioa.  —  Jf^ymiM,  Bar* 
mard.  —  Jf«urlA«,  Marquis.  —  lfauf«,  Leclerc.  —  Mtutê-IitfériaitrA,  BogglerL  ^ 
Mont-Blanc,  Poitevin -Maissemy.  —  JV^nlffioNe, de'Cbabrol.  —  Xant-Tonntrrt , 
«ean-Boii-Saini-André.  —  Mfrbiha».  lefénéral  de  bciga^e  SalUea.  ~  MontH, 
Vanblanc.  —  NèthM  [  Bmix-)  ,  Cochoa.  —  Xiion,  AdeL  —  ATonf ,  le  §iménl  da 
dÎTision  PonuneTeul.  —  Oiw,  C.  Belderbuscb.  —  Otnt .  LtraagdcliiDe.  —  OwlAa^ 
■Icoud'dTmons.  Piu-d»-Cataù,  le  ginéral  de  brigadeXacbslBC.  —  Pd,  Loysel.  -• 
JPujf-ée-Dim»,  Ramon.  —  PyrAisu  (Biumi-),  le  général  de  brlgideCasIetlane.  >« 
■PyrtitUM  {Hatuu-j,  Cbaul.— Pyr^M^M-OrimMi**,  le  gânéral  de  brigade  llirDli.<« 
AMn  (Bat),  ^ée.  —  Shin  [Uaul'),  Félix  Deaporics.  —  Shin-el-Moultt.  Adrlta 
l.ezeydeHarneBïa.  — A/i4ne,  dUerbouvilU.— Âo«r,  le  gênerai  Alexandre  Lameib^ 

—  Sambrt-el-Bfu**,  PérËs.  —  Saônt  {Bout»-),  Hiisirc.  —  Saône-it~Linre,  Eoujon, 

—  Sam,  Keppler.  ~ SaHha.  Aurray.  —  Seins,  Frocbot.  —  SsttM-W-Jfanu^ 
l.«garde.  —  5ein8-«(-Oùe,  Laumooi.  —  Stine-InftTieure,  Savoye-Rollin.  —  SMa, 
Tiiulo.  —  Sivnt  (Deux-],  Dupin.  —  Sommt,  QuiacUe.  —  Slura,  Arborio.  —  Tam^ 
Garjr.  —  Yar,  d'Aiemar.  —  Tauehtti ,  Delaltre.  —  yendee,  Uerlet.  —  Fienna^ 
Vheron.  —  Klenna  (BauW-),  Teiiei^Oliviet.  —  Fiuget,  HÎDibwt.  —  FeNm.ftoiK 
akr  ta  Bergerie,  —  lU  i'Bib»,  Galoaiini,  coumlssalre  gteéral. 


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40  nATUTIQDB  ET  Ucm^TlOIt 

pietque  toos  bommei  d'action  et  d'inleDigCDce.  Le  personnel  en  était 
choisi  arec  une  attenlion  et  une  sollicitude  indicibles  :  dans  les  grandes 
prérectures ,  c'étaient  presque  toujours  des  hommes  qui  déjà  avaient 
donné  des  gages  à  la  révolution  ou  i  l'ordre  politique  créé  par  l'em- 
pire; peu  importaient  leurs  antécéd«tts.  Marseille,  par  exemple^ 
comptait  te  conventionnel  H.  Thibaudeau,  caract^  inflexible,  pro- 
consul pour  la  conscription  impériale,  comme  il  l'était  sous  le  comité 
de  salut  public  ;  son  nom  inspirait  une  sorte  de  terreur ,  nul  ne  ré- 
sistait à  sa  volonté,  bras  de  Terpour  exécuter  la  pensée  de  l'empereur. 
A  Bordeaux,  c'était  M.  Fauchet,  révolutionnaire  éclairé,  dans  les 
opinions  de  Camille  Desmoulins,  homme  d'intelligence  et  de  fermeté, 
rallié  sous  l'étendard  impérial  ;  on  lui  reprochait  seulement  de  {vo- 
Donccr  avec  une  sorte  de  joie  indicible  ces  mots  :  BonpottrUBerviee^ 
qui  jetaient  des  milliers  d'hommes  aux  armées.  A  Lyon ,  c'était  an 
contraire  un  homme  de  mœurs  douces  et  à  Vesprit  conciliant, 
H.d'Herbouville,  capable  de  rattacher  la  société  aristocratiquede  ta 
place  de  Bellecour.  Les  prérectures  étaient  une  fusion  de  toutes  les 
époques;  Jean-Bon-Saint- André,  Cochon,  Sbée,  Thibaudeau,  Qui- 
nette,  Jean  Debry,  rappelaient  la  convention  et  les  régicides; 
MH.  Dubouchage,  defiarante,de  Villeneuve,  de  Chabrol,  un  tonps 
et  une  société  sous  l'impulnon  d'autres  idées.  On  comptait  parmi  les 
préfets  plusieurs  généraux  en  retraite  ;  quand  ils  ne  pouvaient  plus 
servir  de  l'épée,  on  leur  donnait  des  positions  administratives  ;  les 
préfectures  n'étaient  qutin  vaste  moyen  d'action  sur  les  masses  pour 
l'impôt  et  la  conscription  militaire. 

L'ordre  judiciaire  avait  son  organisation  et  sa  hiérarchie ,  qni  se 
formulait  en  dehors  des  départements  et  des  divisions  militaires;  l'em^ 
pereur  en  était  revenu ,  bous  quelques  rapports ,  aux  circonscription 
étendues  des  parlements  ;  ainsi ,  sur  cent  dix  départemaits  qui  for- 
maient l'empire  français ,  il  n'y  avait  que  trente  cours  d'appel ,  dont 
le  siège  était  placé  presque  sans  changement  dans  les  cités  parlemen- 
taires. Toutes  ces  cours,  bous  la  domination  du  grand  juge,  exerçaient 
dans  l'ordre  de  supériorité,  une  juridiction  spéciale  sur  les  tribunaux 
civils  :  dans  certaines  cours  judiciaires ,  il  y  avait  douze  juges  ;  dam 
d'autres,  le  nombre  s'élevait  jusqu'à  trente  ;  le  choix  des  magistrafs 
avait  été  presque  entièrement  indiqué  par  Cambacérès,  et  il  faut  dire 
i  son  éloge ,  qu'en  faisant  la  part  aux  nécessités  du  temps ,  l'arcbi- 
cbaocelier  avait  appelé  un  grand  nombre  de  m^^strats  capables  et 


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M!  L'BHPUE  raiNÇAU.  41 

beaaconp  de  membres  des  aociens  pariemrato  et  de  l'ordre  judi- 
.  ciaire  *  ;  on  y  comptait  les  noms  de  d'Haubereaert ,  de  Vergniaud  , 
de  Gerbier;  et  Cambacérès  se  proposait,  par  des  épuraUons  succes- 
sives ,  de  donner  encore  plus  de  force  et  de  moralité  à  la  magistra- 
ture. Le  système  des  cours  de  justice  criminelle  spéciales  existait 
depuis  le  consulat ,  et  bien  que  le  gouvernement  ne  fût  autorisé  qu'i 
les  établir  facultativement ,  elles  s'étendaient  presque  sur  toute  la 
superQcîe  de  l'empire  ;  les  cours  spéciales  étaient  comme  un  mélange 
du  système  militaire  et  de  la  pensée  de  justice,  souvenir  des  anciennes 
cours  prév6tale3 .  appelées  k  juger  les  crimes  et  les  délita  qui  trou- 
blaient l'ordre  public  ;  de  cette  manière ,  le  jury  n'était  applicable 
qu'aux  affaires  complètement  privées.  Ce  que  voulait  l'empereur 
avant  tout ,  c'était  la  force  de  son  gouvernement ,  les  garanties  poli- 
tiques n'étaient  qu'un  accessoire  dans  le  mouvement  général  des 
institutions  ;  il  n'était  pas  le  partisan  du  jury  ;  la  justice  devait  frap* 
per  vite  et  fort. 

L'épiscopat  recevait  son  organisation  religieuse  en  dehors  des  idées 
administratives.  Napoléon  avait  secoué  les  formules  adoptées  par  la 
constituante  sur  les  évéchés  par  départements  ;  le  concordat  créait  des 
archevêchés  et  des  diocèses  eu  conservant  presque  partout  les  anciennes 
formules  de  l'Église.  Les  archevêchés,  au  nombre  de  douze,  étaient  ; 
Paris ,  sous  le  vénérable  cardinal  de  Belloy  * ,  vaste  métropole  qui 

'  Présidents  de  cours  d'appel. 

Agen,  Laruée  tint,  —  Àix ,  Befller.  —  Jjaceio ,  Boerio.  —  Amîmi ,  Tarlel.  — 
.  AngtTtfWtaui-Lagroje.  —  Buançon,  Louvot.  — Bordtaax,  Braets.~  Buurgtt, 
Salie.  —  BntrtUtt ,  Latleur.  —  Ca«n ,  Lemenuei.  —  Cotiaar,  Louis  Schirmer.  — 
Dijon,  Lnrrbé.  —  Doaai,  d'Haubersirl  père.  —  Ginet,  Carbonars.  —  Grettohlt, 
Barrai.  ~  Liège,  Dandrimonl.  —  Limogtt,  Vergniaud  pire.  —  Lgon,  Vouly, — 
Mets,  Pécheur.  —  MonlpiUisr,  Perdrix.  —  f/anet),  J.-A.  Henry.  —  JVitmet,  TUtj- 
neaud.  —  OrUani,  Petil-Lafosse.  —  Parii,  Hatbieu  S^uitr.  —  Pau,  Claverie.  — 
Poitiers,  Thibaudeau.  —  Amn»,  Desbois.  —  Biom,  Redon.  —  Bouen,  TbiEulien.— 
Toulouie,  Desaiars.  —  TrèotÊ,  Garrcflu.  —  Turin,  Peyrelli-Condoic. 

'Il  est  aussi  à  remarquer  combien  l'empereur  mettait  depriii  choisir  des  trèquet 
d'um  grande  tenue  et  d'un  zèle  remarquable  ;  ces  choix  furent  si  puissants  dans 
l'esprit  de  l'Église  que  lorsque  Napoléon  rompit  avec  Rome,  l'épiscopat  frantais, 
dévoué  k  l'empereur,  refusa  pouriant  de  servir  sa  querelle  et  ses  pciiies  passioua 
conirtie  chef  sacré  du  catholicisme. 

akchbvAdubs  Tt  trtQvn. 
Âmhwiehi  dt  Parti, 

Le  cardinal  de  Belloy. 

Èvfehii. 

Troytt,  La  Tour-da-Pin-UonltubBn.  —  Jmi'etu,  Demandoli. —  fpiMon*,  Le 


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il  SUIiniQim  ET  idDBUTIOn 

cmnpnnait  les  évéchés  de  Troyes,  d'union,  de  SoisBOW,  d'An*»,  de 
Gmbny,  de  Vemilles.  de  Itleaux  et  d'OrléiDS,  villa  de  Flwce  i 
«élëbresduBlesaïuiBles  de  l'Église.  Un  Boquetaorc  avait  fMxhertdié 
de  Halines,  nnbrusant  presque  toas  les  départements  de  rradeoM 
Belgique;  si  ces  deuK  métropolitains,  le  cardiml  de Bdof  «t  M.  de 
RoqoetniTe,  obéïHBÎeDt  arec  on  Temurniable  dévoaement  i  la  cow 
4e  Rome,  il  a'ea  était  pas  de  même  de  l'sMJieTAqoe  de  Vesançw, 
M.  Lecoi,  janséniste  très-preBoncé,  nn  des  grands  obstades  aa  COD- 
oerdat  pritoHif  conclu  entre  Pie  VII  et  l'empereor.  H.  LecoK,  métro- 
politain, avaitsooslai  cinqsuffraguices,  Aotun,  la  ville  romaine,  Heb, 
Stradmorg  à  la  vieîlte  cathédrale,  Nancy  et  Dijon.  Le  cardiod  Fetdi 

Muc-Beulieu.  —  Arrat,  Liloui-d'AuTngiw-Liitngùs.  —  CoMhvy,  BelMOt. 

—  TinailUi,  Cborriet-Laroche.  —  Muuae,  Fodoas.  —  Orliatu... 

Archevédii  dt  JlalinM. 
ll.d«RoqiieIaare. 

ÈvicM*. 
JVamwr,  Pistnî  de  la  Gaude.  —  rounwy,  Uirn.  —  Aixia-Chapiil;  Bfrdttkl. 

—  Trèntt,  Utaay.  -~  Gand,  F allot-Beaumont.  —  Liégi,  ZacpCTd.  ~  Jtqimre. 
Cohnir. 


ÈvieM*. 
Avtm,  Imbertics.  —  M»tx,  JauAet.  —  Straibovrs,  Siurine.  —  Kawf  SOt- 
maaA.  —  Dijim,  Eejmoiid. 

Anhtritehi  de  fyotl. 
Le  cardinal  Fesch. 

ÈvéeMi. 
Mtnif,  Mohel  de  Hons.  —  GrfhMt,  Shnon.  —  falMMt,  B6*anl,  —  OM- 
térj,  de  SoDe. 

Arehâuécki-â-Aix. 
H.  Champion  de  Cicé. 

Èvéchéi, 
Nia,  Colonna  d'islria.  —  Avignon,  Ferrier.  —  Ajaeeio,  fHihallMil  Tnfti  — 
■m^t»,  MioUia.  —  rmKtniUa,  Gerolanw-Oreiigo. 

AnànoHM  de  Tovloitt». 
■.Primat. 

ÈvM>êt. 
Cakan,  Coiufn  de  Gnarille.  —  MinapOliar,  7«tniier.  —  Cmtëmmf,  * 
4.tpane.  —  Âgm;  Jacoupy.  —  Bayonna,  LotsMu. 

Arckevichi  d»  Bardamic, 
Bl.  d'Àviau-da-Boig-de-SamaT. 

Pmtian,  de  Pradt.  —  La  KociMÏU,  Paillou.  —  A<ng<nMm9,  LSM^t. 
AfehntA»  i»  Bourgtt. 


îdbyGoOgIC 


M  L'BMHU   FE&nÇAU.  4S 

idmiDisbait  rsrcberècbé  de  Lyon  avec  un  zèle  indic&Ie,  coraervant 
de  bons  rapports  avec  Rome  ;  le  concordat  reconnaissait  phuteun 
Mitres  métropoles,  cellesd'Aix,  de  Bordeaux,  de  ToulouK,  de  Bourges, 
de  Tonrs,  de  Rouen,  de  Turin  et  de  G^tes.  On  comptait  parmi  \a. 
archevêques  deux  sénateurs  ;  l'empereur  avait  respecté  Fancienne  cir* 
conspection  des  Gaules  chrétiennes  ;  les  archevêques  étaient  pria  indis» 
tlnctement  parmi  les  classes  noMes  et  populaires  ;  Vépiscopat  fut  géné- 
ralement bien  composé,  l'empire  y  trouvait  du  dévouement,  la  relîgln 
un  Eèle  éclairé,  et,  chose  merveilleuse,  le  cl«^é  de  France,  relevé  à 
p^ne  depuis  six  ans,  d^oyait  toute  la  q>lendeur  de  son  origine; 
quatre  cardinaux  brillaient  dans  le  clergé,  MM.  de  Belloy ,  Fesch , 
Cambacérès  et  Spina,  tous  quatre  grands  dignitaires  de  l'empire  ;  et. 
lorsque  l'encens  s'élevait  sous  les  ogives  de  ta  catbédrale.  Napoléon 
aimait  A  voir  lespriDces  de  l'Église,  revêtus  de  leor  vêtement  pourpré, 
accourir  au-devant  de  loi,  comme  cela  s'était  vu  en  tous  les  Umft 
pour  les  empereurs  et  les  rois.  Napoléon  ne  s'adressa  jamais  au  car- 
dinal de  Belloy  sans  lui  témoigner  une  profonde  vénération  ;  cfl 


Oarmoni,  Davalk-Daropiem.  —  Samt-Flnir,  Monlanln-BelnioiiU  —  Limogm, 

AnlmttckéaaToim. 
H.deBcml. 

Èv4ehét. 
L»  Man$.  de  Pidoll.  —  Ângtrt,  UoDtauli.  —  JVonfw,  DotoUb.  —  Xmmiw, 
Ifeuoch.  —    FamnM,  Hajnctud  de  PwmbioM.  —  SatM-Britui,  CtbnUi.  — 
(><HM|>«r,  Dombideiu  de  CioiueiUes. 

AreluiieeU  da  fioiMn, 
I>e  cardinil  Cimbicéris. 

Èviehi. 
ComiOÊKêM,  RoQBMsii.  —  foiMME,  JBraiiU.  —  Sétt,  Cbevigné  de  loiNboM.  « 
Évnax,  BoniUe. 

AnlmUhi  d*  TiiTw. 
H.  de  Litonr. 


Âéfn,  de  Bre^ie.  -~  Àtii,  Arborw  fisUiBan.  —  Cotai.  TUtaret.  —  r«r4t, 
CrinwUi.—  Moitdovi,  TiUle.  —  Salvcu,  ferrere  delh  Humon.  —  YtntU, 
Caïunery. 


Le  endktel  Spini. 

tviiAéi. 

Albutaa,  Denii.  —  Borgo  Sa»  Donrno,  Gerimberti.  —  Bn^MlU,  SoUfl.  ^ 

raniw.  Le  cardinal  CaMlU.— ffawBiwe,  Cénti.~-$ar«ann«,  PalliTlcint.—  SavoM^ 


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44  aTÂTisnoDE  et  légulatioh 

vieillard,  presque  centenaire,  lui  parlait  un  langage  de  douceur  et  de 
dignité  ;  il  avait  assisté  k  la  vieillesse  de  Louis  XIV ,  et,  après  avoir 
traveraé  la  régence  et  Louis  W,  le  vénérable  archevêque  de  Paris  avait 
succédé  h  Beluince,  l'évéque  de  Marseille  au  t»nps  de  l'épouvantaUe 
calamité  de  1720.  Tout  cela  remuait  une  Ame  aussi  poétique  que 
celle  de  Napoléon. 

D'autres  organisations  administratives  venaient  se  rattacher  i  cet 
moyens  d'action  gouvmieraentale  ;  dans  l'ordre  primitif,  les  prérefj 
devaient  être  chargés  de  toute  la  police  de  leurs  dépertcments;  soiu 
le  consulat,  à  mesure  que  l'action  des  partis  devint  plus  vive,  Booa- 
partc  crut  indispensable  d'avoir  sous  sa  main  des  ronctioansîres  spé- 
ciaux qui  s'occuperaient  de  la  police  comme  d'un  ressort  essentiel 
au  milieu  de  l'elTervescence  des  opinions.  Dès  que  Fouché  reprit  la 
suprême  direction  de  l'esprit  public,  l'empire  Tut  divisé  en  quatre 
arrondissements,  confiés  à  des  conseillers  d'État  ;  sous  ces  conseiilen 
on  créa  des  commissaires  généraux  de  police  qui  eurent  chacun  un 
but  spécial  de  surveillance  ;  ils  ne  furent  point  répartis  par  diaque 
département  ;  on  leur  donna  la  direction  de  certaines  villes  qui ,  par 
leur  position,  pouvaient  être  plus  spécialement  soumises  à  l'actiou 
des  complots  ou  h  des  correspondances  criminelles  :  ainsi,  il  y  eut  des 
commissaires  généraux  de  police  dans  tous  les  grands  ports  maritimes, 
parce  qu'il  fallait  surveiller  les  trames  criminelles  des  Anglais,  em- 
pêcher toutes  les  relations  qui  pouvaient  s'établir  entre  l'ennemi  et 
certaines  villes  de  France;  à  Marseille,  à  Bordeaux,  au  Ham,  à 
Cherbourg,  k  Brest,  on  nomma  des  commissaires  généraux  de  police. 
Les  frontières  du  Rbîn  furent  placées  dans  ce  même  système  :  on  en 
institua  k  Cologne,  h  Strasbourg,  partout  enfin  ou  il  fallait  suneiller 
les  rapports  avec  l'extérieur  ;  ils  avaient  également  mission  d'entre- 
tenir des  agents  pour  donner  tous  les  renseignemenis  sur  les  mouve- 
ments des  étrangers,  sur  le  but  des  voyages.  Ces  bulletins  de  police, 
analysés  par  les  conseillers  d'£tat  chargés  du  service  auprès  du 
ministre,  étaient  ensuite  groupés  en  statistique,  pour  être  mis  sous 
les  yeux  de  l'empereur.  Curieuse  anomalie  dans  un  esprit  aussi  életé  ! 
Napoléon  était  l'homme  des  petits  rapports,  des  petites  polices,  un 
caractère  qui  se  laissait  impressionner  par  tout  le  parhige  domes- 
tique; la  délation  venait  à  lui  pour  tourmenter  sa  vie,  comme,  uns 
Borne  dégénérée,  elle  allait  aux  empereurs  ' . 

■  Fonchi  disait  de  Napolfos  :  ■  II  voudrail  faire  1j  cuisino  do  (out  le  no^-it-  • 


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i»B  l'esifirb  français.  45 

Si  l'on  joint  Jt  ces  formes  diverses  d'enquêtes  et  de  renseignements 
l'action  des  douanes,  des  droits  réunis,  des  inspections  des  finances, 
se  rattachant  toutes  également  i  un  centre  commun ,  on  trouvera 
sans  contestation  que  le  gouvernement  impérial  était  le  plus  ferme, 
le  plus  fortement  organisé.  Rien  n'échappait  à  cette  centralisation , 
l'empereur  pouvait  connaître  et  recueillir  la  plus  petite  parcelle  du 
grand  édifice.  Dans  cet  ensemble  d'institutions,  la  forme  militaire 
dominait  toutes  les  autres  ;  la  puissance  du  sabre  ne  permettait  pas 
le  développement  moral  du  bien-être  des  classes  sociales  ;  l'esprit  de 
révolte  ne  se  manifestait  plus ,  mais  la  société  paraissait  fatiguée  de 
la  pesanteur  de  ce  bras  de  fer.  Que  de  sacrifices  n'avait-on  pas  faits  à 
la  force  du  gouvernement,  à  la  sûreté  de  l'édifice  impérial  !  L'impul- 
sion venait  d'en  haut,  jamais  d'en  bas  ;  on  étudiait  l'opinion  publique, 
mais  le  pouvoir  seul  s'en  réservait  la  direction  ;  en  vain  on  aurait 
cherché  un  peu  de  liberté ,  une  expression  soudaine ,  spontanée ,  de 
l'esprit  public  ;  tout  cela  avait  disparu  ;  comme  il  y  avait  eu  anarchie 
antérieure,  on  aurait  dit  que,  pour  en  éviter  le  retour,  le  pays,  abdi- 
quant tous  ses  sentiments  intimes,  avait  donné  à  Napoléon  la  dictature 
des  intérêts  de  la  famille  et  même  des  Ames;  on  n'osait  respirer.  Les 
préfets,  secondés  par  une  forte  organisation  de  sous-préfeta  et  de  con- 
seillers de  préfecture ,  ne  s'occupaient  que  de  conscription  et  d'im- 
pôts ;  celui-là  était  le  meilleur  administrateur  qui  donnait  les  plus  forts 
contingents,  avec  les  jeunes  hommes  les  mieux  constitués,  les  plus 
capables  de  manier  les  armes;  le  zèle  était  mesuré  par  les  services;  le 
gouvernement  était  tout,  les  garanties  rien  *. 

On  se  fait  à  peine  l'idée  aujourd'hui  de  ce  qu'était  l'administration 
sous  l'empire;  il  y  avait  une  telle  obéissance,  que  toute  la  hiérarchie 
marchait  comme  an  seul  homme,  sans  s'inquiéter  des  obstacles,  des 
résistances  individuelles  :  les  lois  les  plus  crudiea  existaient  sur  les 
réfractaires  ;  les  pères  et  les  mères  étaient  responsables  de  la  désertion 
du  fils,  jusqu'à  ce  point  d'imposer  1,500  francs  d'amende  à  de  pauvres 
paysans  pour  avoir  conservé  un  bras  h  la  terre,  un  enfant  &  leur  amour. 
Les  ganilsaires  étaient  partout  :  telle  chaumière  était  à  la  discrétion 
de  deux  ou  trois  gendarmes  assis  au  chevet  d'un  vieux  père  et  dévorant 

'  La  corrrspondBiiee  des  préfets  «Ttc  It  minlMn  de  l'iatérieur  oITre  eou9  le  np- 
l>'iTi  d'une  fmne  administration,  uoe  grande  curiosité;  1rs  prérets  donnent  des 
l'Oiiiingcnts  de  coQ^crits  plus  forts  que  ceux  qu'on  leur  demande  ;  lu  ministre  If* 
tclicite  de  leur  lèlc  :  ■  C'est  ainsi,  dit-il,  qucrempereur  veut  âtre  servi.  • 


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tt  STAlUriQITB  BT   liciSLATtOIf 

ion  pstrimoine,  comme  les  prétoriens  et  les  vétéraDsdeSrtlaTinieBt 
i  discrétion  dans  les  métairies  enftiméesl  Hélas!  il  n'y  avait pesAde 
Virgile  pour  taire  entendre,  sur  le  chalumeau  rustique ,  les  pteùle 
de  la  campagne  éplorée  et  du  pasteur  dépouillé.  Les  préfets  lisent 
poursuivre  les  conscrits  devant  les  tribnnanx  aTCc  une  impitoyable 
autorité  ;  chaque  jour  des  jugements  condamnaient  des  réfractaîre 
au  boulet;  la  statistique  de  1807  présente  plus  de  1,500  jecnes 
hommes  qui  trafaillaient,  nue  cbafne  an  pied,  sur  les  grandes  n>nt« 
ou  dans  les  bagnes,  mêlés,  pour  ainsi  dtre,  aux  repris  de  justice,  i 
Toulon,  h  Bochefort  ou  à  Brest.  C'était  bien  autre  chose  quand  il 
s'agissait  de  l'impAt!  On  ne  respectait  rien,  ni  la  misère,  nilessneon: 
le  préfet,  comme  le  préteur  sur  son  trilHinel,  n'écoutait  aucune  récla- 
mation; il  fallait  servir  l'empereur  avant  tout;  le  paiple  n'avait-il  pu 
abdiqué  la  souveraineté  dam  ses  mains  ?  Il  avait  un  monarque  ;  conrae 
les  Israélites  qui  n'avaient  pas  écouté  les  imprécations  de  S8inuêt,il 
fUlait  donner  au  roi  les  plus  beaux  de  ses  fils,  la  charrue,  les  bœufs, 
r&ne,  et  tratner  son  char  d'or  aux  jours  de  pompe. 

Telle  était  cette  vaste  réunion  de  départements  que  la  répuUiqnc 
avait  agrandie,  et  que  l'empire  avait  accrue  plus  encore  que  la  répu- 
blique. Napoléon  ne  régnait  pas  seulement  sur  l'empire  ;  roi  d'Italie, 
tl  portait  la  couronne  de  fer  ;  enfin  les  traités  lui  avaient  laiaié  im 
grand  nombre  de  terres  érigées  en  fiefs  dans  l'intérêt  de  sa  puiaBaoee. 
L'uniforme  était  la  loi  invariable  de  l'empire  français,  la  condition 
de  vie  pour  tout  ce  qui  se  rattachait  au  sceptre  de  Napoléon.  Quiad 
Un  pays  saluait  l'aigle,  il  recevait  dès  lors  un  code  unique,  une  odaii- 
nistralion  uniforme  :  même  système  de  poids  et  mesures,  mime 
Cadastre,  même  langue,  le  gouvernement  était  comme  l'imité  matM- 
matique  qui  s'applique  h  tous  les  nombres,  et  partout  où  il  y  avait  m 
peuple,  il  y  avait  une  commune  loi,  sans  tenir  compte  de  la  mAHiti 
incessante  des  habitudes.  La  constitution  du  royaume  d'Italie  sent- 
tachait  aux  lois  fondamentales  de  l'empire  frimçaia;  la  sépantioo 
n'était  qu'une  formule  de  mots,  une  variation  de  langage  ;  l'empeteur 
avait  séparé  la  royauté  d'Italie,  seulement  pour  complaire  à  l'Europe. 
et  montrer  qu'il  existait  une  distinction  entre  les  deux  souverainetés  : 
le  royaume  d'Italie  formait  donc  un  tout  à  part,  dont  la  capitaleéuit 
Milan,  résidence  du  prince  Eugène  et  de  sa  cour,  si  respectueusonent 
soumise  aux  volontés  de  Napoléon.  Le  territoire  du  royaume  d'I(alie, 
contidérablement  agrandi  par  l'empereur,  «obrassait  d'abord,  dansU 


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BB  l'bmpub  rkiitçAi».  47 

Lombardie,  les  villes  qui  s'étendent  depuis  l'Adige  jusqu'au  PA,  ainsi 
que  l'svaient  réglé  Les  traités  de  Compo^Fumio  et  de  Lunéville  ;  la 
cooTention  de  Presbourg  réunit  au  royaunae  d'Italie  les  Etats  véni- 
tiens «A  la  terre  ferme,  de  sotte  qu'il  put  avoir  deux  capitales  : 
Uilan  au  centre,  et  Venise  h  l'extrémité  sur  l'Adriatique.  Celte  cou- 
ronne d'Italie  était  un  beau  joyau ,  et  Napoléon  ne  dissimulait  pas 
que  par  le  mouvement  naturel  des  temps  et  de  la  politique  les  autres 
États  indépendants ,  tels  que  Parme ,  la  Toscane  et  Home  même , 
devaient  se  réunir  k  la  nationalité  qu'il  avait  décrétée  *.  L'empereur 
voulait  créer  l'unité  pour  le  peuple  italien,  comme  la  révolution  l'avait 
fait  pour  la  France,  sans  tenir  compte  de  ces  rivalités  de  ville  à  ville, 
de  ces  divetaités  de  langues,  d'arts  et  de  chefs-d'œuvre  qui  constituent 
un  état  permanent  de  séparation  au  sein  du  plus  beau  pays  du  monde. 

Napoléon  pouvait  beaucoup,  sans  doute ,  mais  il  était  impuissaot 
pour  donner  un  esprit  de  nation  à  ceux  que  l'histoire  nous  montrait 
si  coostammeot  partagés.  L'Italie  subirait  peut-être  un  seul  gouver- 
nement, mais  formerait-elle  jamais  un  seul  peuple?  Le  Toscan,  le 
Lombard  et  le  Romain  ont  des  caractères  indélétnles  et  séparés  ;  ce 
n'était  pas  mus  motif  que  l'histoire  du  moyen  ftge  nous  reivéseotait 
les  rivalités  de  ville  à  ville  ;  qui  pourrait  jamais  apaiser  les  nobleÉi 
jalousies  des  Florentins  et  des  Milanais  ,  de  Sienne  et  de  Ferrare  de 
Venise  et  de  Gènes?  Ce  royaume  d'Italie  devait  donc  éclater  et  se 
dissoudre  è  la  première  commotion  politique.  La  beauté  et  le  charme 
de  l'Italie  résultent  prëcisémeiit  de  cette  divMsité  de  peuples  et  de 
gouvernements  qui  en  font  comme  un  diamant  à  facettes. 

La  vic&HCoyauté,  avec  son  siège  splendide  h  Milan,  n'était  qu'une 
préfecture  de  Napoléon.  On  voit  ^en^lereur  suivre,  avec  une  soUict^ 
tode  toute  particulière,  les  actes  des  eonsultes,  asaemUées  pour  donner 
oiH)  coQStitutioo  à  l'Italie  ;  il  établit  que  dans  cette  constitution,  riot 
ne  doit  différer  de  ce  qui  existe  en  France  ;  le  pouvoir  est  tout ,  les 

<  Cm  aotUà  de  réunions  s'opéraient  avec  une  eittéme  rBCUilé.  En  voici  defi 


«  Art.  1.  Lta  durhés  di  Parme  et  d«  naisancs  sont  rtunia  k  l'eraplro  fVancals, 
MUS  le  titre  de  département  du  Taaaro;  Us  feroat  partie  int^anle  du  territoire 
fiMçtts,  k  dater  de  la  publioalion  du  présent  sénatus-coneulie  organique. 

1  %  Les  États  de  Toscane  sont  réunis  K  l'empire  frinçais,  sous  le  titre  de  dépar- 
temenl  de  l'Amo ,  département  de  la  Hcditcrranée  el  département  de  l'Ombrone  ; 
ils  broDi  partie  intégrante  de  l'empire  français,  i  dater  de  la  publication  du  préstni 
■éutus-coiuulteoTganiiue.  > 


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4S  STATISTIQOB   ET  LÉGISLATION 

assemUées  ne  sont  et  ne  peuvent  être,  dans  son  système ,  que  àt» 
moyens  pour  éclairer  le  gouvernement ,  et  jamais  susc^tîbles  d'en 
«Téter  la  marche  et  la  volonté.  Napoléon  manifeste  même  àé^ 
quelques  mécontentements  sur  l'esprit  de  la  constitution  Italienne; 
il  a  créé  des  collèges,  espèces  d'assemblées  légidatives  divisées  en  troi! 
classes  :  dans  la  première  il  a  mis  des  commerçants,  la  seconde  se 
compose  de  propriétaires,  la  troisième  de  gens  de  lois  et  de  sciences. 
Quoique  ces  assemblées  soient  très-assouplies.  Napoléon  en  est  Dean- 
moins  mécontent  ;  les  commercianti  sont  vivement  inquiets  des  soites 
du  décret  de  Berlin  qui  proscrit  les  marchandises  anglaises;  c'estk 
ruine  des  cités,  l'atTaiblissement  de  toute  négociation  :  des  plaintes 
partout  s'élèvent ,  et  il  n'est  pas  étonnant  que  Napoléon ,  si  absolu 
dans  ses  idées,  voie  avec  quelque  dépit  ce  mouvement  d'opinion  qui 
éclate  ;  il  menace  les  commercianti  d'une  répression  sév^  par  les 
douanes  :  «  Ce  sont  des  hommes  à  petites  idées,  des  juifs  qui  sacri- 
fieraient tout  A  quelques  gains  sordides  ;  »  tes  intérêts  du  commerce 
doivent  céder  devant  sa  pensée  politique.  Les  propriétaires  [pojtt- 
demi)  sont  plus  paisibles;  Napoléon  a  tendance  pour  eux;  composés 
de  nobleset  de  propriétaires  dusol,  il  rêve  de  former,  avec  leur  secoun, 
un  sénat  h  l'imitation  de  celui  de  la  France  ;  Milan  serait  le  cbef-lîeu 
d'an  pouvoir  aristocratique  :  on  aurait  une  assemblée  de  patricieDs 
et  un  corps  législatif  comme  cela  existe  en  France.  C'est  pour  les 
savants  et  les  avocats  [doiti)  que  l'empereur  réserve  ses  paroles  les  plas 
ardentes  *  ;  il  sait  qu'ils  ont  des  idées  libérales,  et  que  l'esprit  d'Alfieri 
vit  dans  plus  d'un  poëte  qui  chante  la  patrie  italienne.  Les  savants 
ont  pris  à  la  lettre  la  promesse  de  nationalité  ;  ils  s'imaginent  que  la 
souveraineté  des  rois  lombards  doit  renaître  pour  assurer  une  grande 
existence  au  peuple;  Napoléon  les  détrompe  bientôt;  l'ItaUe  n'est 
qu'une  préfecture  de  son  empire  ;  la  vice-royauté  un  mode  de  gouvM- 
nement;  il  veut,  grand  empereur,  parcourir,  comme  Charlemagne, 
les  vastes  terres  depuis  Trieate  jusqu'à  Hambourg  ;  il  ne  comproid  ni 
les  intelligences  hautaines,  ni  les  intérêts  commerciaux  ;  il  les  déprécïn 
et  les  comprime  par  tous  les  moyens;  il  ne  les  voit  jamais  en  dehors 
des  choses  qu'il  a  conçues  et  des  idées  qui  sont  les  siennes. 

Le  vice-roi  n'a  pas  de  volonté  à  lui,  il  marche  à  tAtons,  te  r^ard 

'  J'ii  doDDc  les  principes  de  la  coDstiiution  JUlicniic  dans  le  4*  voliimo  dt  c* 
ouyngc;.  C'est  à  ce  moment  que  Napoléon  régularise  l'ordre  de  la  Couronne  d»ftr, 
qai  était  encore  un  principe  d'unii^  politique  pour  l'Italie. 


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DB   l'eHPIBE   rBAKÇAIS.  49 

tourné  incessamment  vers  Paris;  on  ne  lui  laisse  pas  plos  de  liberté 
qu'à  an  simple  ronctionnaire  ;  il  lient  à  Milan  la  cour  de  l'empereur, 
ne  parlant  jamais  qu'en  son  nom  et  sons  l'inspiration  de  sa  grande 
image  ;  te  gouvernement  de  l'Italie  est  un  calque,  une  imitation  de 
fa  France.  Autrefois  affranchie  de  tontes  redevances  onéreuses  sous 
les  autorités  paternelles  de  ses  grands-ducs,  protecteurs  des  arts,  la 
Toscane  subit  de  tristes  humiliations  ;  depuis  la  révolution  française 
on  n'a  pas  cessé  de  la  dépouiller  ;  la  vierge  de  l'Amo  avait  ses  taber- 
nacles, ses  nobles  joyaux  de  Raphaël  et  du  Corrége  ;  maintenant  que 
lui  reste-t-il  ?  Ses  chefs-d'œuvre  sont  au  Musée  de  Paris  ;  on  lui  donne 
en  échange  la  conscription  et  les  droits  réunis  :  la  conscription  qui 
transforme  les  Italiens  paisibles  en  soldats  infatigables  ;  on  force  cette 
génération  douce  et  heureuse  h  po^er  les  armes  sous  de  stériles  cli- 
mats. Les  droits  réunis,  impût  inconnu  dans  l'Italie,  viennent  des- 
«lécher  le  pampre  qui  pend  en  riche  guirlande  sur  le  peuplier  ;  les 
douanes  deviennent  inflexibles,  plus  de  commerce,  plus  de  vie  en 
dehors  pour  l'Italie  ;  elle  a  ses  départements,  ses  préfets  ;  on  lui  im- 
pose le  code  civil  ;  le  peuple  qui  transmit  le  Corpia  juriê  et  les  Paa- 
dectes  &  l'Europe  au  moyen  6ge,  est  ainsi  obligé  de  subir  l'œuvre  des 
jurisconsultes  français.  Qu'importe  à  Napoléon?  La  montagne  doit 
s'abaisser  au  niveau  de  la  plaine,  le  Pft  et  le  Tibre  doivent  se  régir 
l>ar  tes  mêmes  lois  que  les  Alpes,  les  baies  si  chaudes  de  Naples  et  de 
Toscane  doivent  se  gouverner  par  les  mêmes  principes  de  vie  que  les 
glaciers  du  Mont-Blanc  et  du  Simplon. 

L'unité  administrative  s'étendait  à  d'autres  territoires,  obéissant  i 
la  domination  française  sans  être  groupés  encore  en  départements  ; 
tels  étaient  les  fiefs  constitués  par  les  décrets  impériaux,  dans  le 
Frioul  et  les  États  vénitiens.  Parme  et  Plaisance,  territoires  réservés, 
que  l'empereur  plaçait  sous  la  maie  des  gouverneurs  généraux  *  ;  les 
lois  françaises,  les  codes,  les  imp&ts,  la  conscription  étaient  en  vi- 
gueur dans  tous  les  lieux  où  brillait  l'aigle.  La  république  des  Sept- 
Iles  elle-même ,  à  la  face  du  golfe  de  Tarente ,  venait  d'être  cédée 
par  la  Russie  à  la  France  ;  Napoléon  jetait  une  forte  garnison  à  Cor- 
fou,  parce  que  ce  point  fortifié  commandait  tout  à  la  fois  à  l'Adriatique 

'  Les  gouTcrneura  génératii  ivaient  dn  ponToin  plua  êUndas  que  les  préfets  ; 
leurs  privil^es  étaient  de  correspondre  direcMnent  vtk  l'empereur.  Après  l'oi^- 
àJMtion  d'un  pays ,  ou  le  réduisait  toujours  i  l'oniié  inaUlémalique  et  gouverne' 
mentale. 


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et  à  la  Grèce  ;  (m  pouvait,  en  B'appuyut  sur  les  Se{^>lles,  pr^wer 
une  exp^tioD  contre  la  Thessalîe  et  la  Hootélie.  preodre  au  cceut 
i;ampire  ottoman  ;  Nqxdéoo  n'avait  jamais  perdu  de  vue  ComUn- 
tinople  et  Ja  Grèce  ;  les  idées  wientales  allaieat  i  son  imagiattiQa  û 
vive.  En^tereur,  il  ne  s'était  point  écarté  des  coDcepUous  du  gén^ 
Bonaparte,  chef  de  la  grande  expédition  d'Egypte.  Xtans  la  ^tiitique 
de  ion  vaste  eo^iire,  il  avait  compris  des  peuides  de  vingt  uitioiB 
diverses  :  Allemands,  Its^ens,  Grecs,  Ottomans,  et  k  tous  ce»  peuples 
il  voulait  douoer  une  commune  législation,  des  lois  Urées  au  cordeiu 
pour  tous,  comme  s'il  s'agissait  d'aligner  des  soldats. 

Dès  qu'U  a  toucbé  Paris  après  le  traité  de  Til&itt,  l'empereur  ^oo 
Giqie  surtout  de  lois  et  d'admioistratioD  publique  *  ;  les  corps  redoiH 
Ueot  de  xèle  pour  impriner  ji  son  gouvernement  la  vie  et  l'actioa  ;  le 

'  3»  dooM ici  ktoDunaire  du  acteiUgUlMib rendus  dmoûidloAti Dons- 
linlBOT. 

V  loAt.  —  Décret  tpii  délennine  l'emploi  da  boni  de  la  caisse  d'unorlisemeii 
troUiime  it  qiulriime  strie*. 

U.  —  Décret  «AactiDâDt  Icg  buu  i  iisnDe  dn  hospicefi  et  dos  éulkliiMW*I> 
d'ioslruciioo  puMique. 

13.  —  Décret  SUT  le  mode  d'icceptation  des  dons  et  l^hitaani  fibriqan,)u 
tublissements  d'instruction  publique  et  sut  CMnmuiiei. 

i$.  —  Avis  du  coiiMil  d'£tat  mit  U  rug  fmelw  ptéEtts  awrilimes  doinatiHit 
dus  les  ctiémonies  publiques. 

12. — Avis  du  conseil  d'État,  portaot  que  l'on  peut  former  opposition  nu  les [«b^ 
des  cotamones  déposés  dans  les  odsses  d'amortissement. 

IB.  ~  Décret  qui  prescrit  les  formes  à  suine  pour  les  saisies-airAla  el  oppoiiliM* 
mue  les  mains  des  receveurs  ou  administnieurs  de  caisses  ou  de  deniers  publi<*> 

18,  —  Al  ts  du  conseil  d'Ëtat  sur  l'exécution  de  l'ati.  K4S  du  code  civil. 

18.  —  Avis  du  conseil  à  'filât  sur  les  renies  pour  concession  de  bancs  sou»  10 
halles. 

18.  —  Ails  du  conseil  d'ËUt  sur  les  eipéditioDS  d'actes  émanés  des  isunUf 
administratives. 

18.  —  Décret  sur  la  manière  de  constater  les  enlèvements  d'eanx  salées  dassli* 
d^arlsmaatsdelaUeurthe,  delellossile,  etc. 

18.  ~  Avis  du  conseil  d'Éiat  relatifaui  redevances  dues  surlBsbienF-fosdsM»- 
cédés  originairement  i  titre  de  Leibgewin,  dans  les  départements  de  la  rive  puch* 
dufthin. 

IV.  —  Bénntus-consulte  concerauit  l'arganisaiion  du  corps  légirialtf. 
[8q>lembiB0 

2.— Décret  qui  règle  l'ordre  i  observer  pour  les  payements  qui  s'effectuerooi»" 
les  bons  de  la  caisse  d'amortissement,  formant  le  cam^ilément  de  la  iroisiéiBe  h** 
"at  tonte  la  qualrièmc. 

8.  —  Loi  SUT  le  taux  de  l'intérêt  de  l'argent. 

8.  —  Code  Napoléon. 


DiclzedbyGoOglC 


BB  l'bvpisb  FRÀKÇAIS.  SI 

sénat,  le  corps  l^idatff,  ces  vastes  branches  de  Tordre  poétique, 
donnent  h  l'envi  des  gages  de  leur  dévouement  ;  le  sénat,  toujoun 
grave  dans  la  fomte  de  son  langage ,  proclame  des  di8|KMit{ons  solea- 
ndles  qai  montrent  qn'en  lui  seul  repose  la  comptèt«  sonveraineté  : 
le  méffle  jour  qnll  abolit  le  tribanat,  dernier  débris  des  institutions 
républicaines,  il  réorganise  le  corps  législatif  sons  des  formes  ptns 
soumises,  pins  silencieuses  ;  tout  doit  se  fbire  désormais  par  commis» 
àons  :  point  de  disnesions  bruyantes  ;  on  débat  secrètement  dam  le 
sein  des  commissions  ;  celle-ci  peuvent  se  mettre  en  communication 
avec  les  ministres  ;  ta  tribune  ne  doit  s'ouvrir  que  pour  les  conseillers 
d'État  qui  viennent  exposer  la  projets  de  loi  et  les  rapporteurs  dn 
c(Hnmismns  qai  litefit  leurs  opinions  écrites  ;  le  corps  législatif  vole 
ensuite  sans  débat.  Un  antre  sénatus-consulte  bouleverse  forganisa- 
tton  de  l'ordre  jnificieire  ;  l'inamovitnlité  des  juges  était  un  des  carac- 

3. — Loi  nbtJT*  Mil  înseiiptioDs  hypothécaires  en  nrtndejt^tnMDtsroidiusiii 
les  denandes  eo  rccoiuiuaMac«  d'obligation  sons  sdng  ptivt. 

4.  —  Loi  qui  détennine  le  scds  et  les  effeis  de  l'irticle  314S  du  code  clTil ,  wr 
l'inscriptiim  des  créuns  hypothéMlres. 

5-lK.  ~  Loi  rdaliT*  ■«  mode  de  reeovvranat  dei  tnlt  dejdsUe»  »  pMflt  da 
trésor  publie,  en  mitiire  crimimelle,  correetioonelle  el  de  police. 

5.  —  Loi  qai  léuait  I«s  ctnioos  de  jusiice  de  psli  d«  Cuid-Jalont  et  de  0 
i  rairondissement  deNtrec. 


?.  —  Loi  i^ni  autorise  des  aliénations,  icquisItiODS,  coocessions  à  renie*,  éclungea 
et  tnipMitions  eilrtordinairts. 

Q'19.  —  Loi  relatÎTO  i  la  constraction  d'un  blttanent  ponr  y  placer  la  conhnioD 
des  soies  de  !■  riUe  de  Lyon, 

10-90.  —  LoinlatfTe  i  U  cootninte  par  corps  contre  les  élnngtn  non  domicilith 
M  France. 

10.  —  Code  de  commerce. 

11-31.  —  Lai  relatÎTe  aux  pensions  des  grands  fanctionnaires  de  l>mpire. 

IS-n.  —  Loi  relatlTC  an  budget  de  l'État. 

15.  —  Loi  qui  fiM  «Q  l"  janrieT  1608  l'époijoe  4  laqodh  le  code  de  ummetce 
sera  eiécutoire. 

18-M.  —  Loi  qui  détennine  le  cas  ob  deui  arrêts  de  la  cour  de  cassation  peavtnt 
donner  lieu  i  l'interpréuiioD  de  la  loi. 

16-2S.  —  Loi  relatitc  i  l'orf  anîsalion  de  la  cour  des  comptes. 

1S-9S.  —  Loi  relative  an  deaséthemcnt  des  marais. 

17.  —  Loi  qui  proroge  l'exécution  des  lois  par  lesquelles  la  connaissance  du  crime 
de  faux  aTait  été  atliiboée  aa  tribunal  criminel  et  t  la  coar  de  justice  erlmiiMlla 
spéciale  du  département  de  la  Seine. 

18.  —  Loi  qui  défend  la  mendicité  dans  le  déparlement  de  la  CAle-d'Or. 

18.  —  Décret  qui  proroge  le  délai  flié  pour  le  dép4t  det  actes  H  bMtantetii  refus. 


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53  STATISTIOOK   BT   iMlSLKTlOS 

tères  essenUels  de  la  magistratare  telle  que  la  constitution  l'avait 
fondée;  le  sénat,  voulant  donner  une  plus  forte  action  au  poavûr, 
déclara  que  l'inamovibilité  ne  s'appliquerait  aux  juges  qu'après  ctaq 
•DS  d'exercice,  depuis  leur  iostitution  :  «  11  fallait  avant  toute  chose 
un  temps  d'épreuve  pour  apprécier  la  capacité  des  magistrats.  »  Ainsi 
parlait  le  sénat  ;  mois,  dans  la  vérité,  on  réservait  à  remperenr  li 
puissance  absolue  sur  les  tribunaux,  complément  de  la  dictature: 
c'était  lui  douner  le  droit  de  remanier  les  diverses  cours  de  l'empire, 
et  Napoléon  en  usa  largement.  Alors  disparurent  la  plupart  desji^ 
et  des  conseillers  qui  s'étaient  montrés  indép^danta  dans  les  procès 
politiques  de  George,  de  Pichegru  et  de  Moreau  ;  l'empereur  gaidùt 
mémoire  des  actes  qui  avaient  blessé  son  pouvoir  ;  il  avait  une  grande 
œuvre  à  réaliser,  le  sénat  servait  ses  desseins. 

Le  conseil  d'État,  haut  tribunal  administratif,  multipliait  les  réso- 
lutions pour  les  cas  de  jurisprudence  contentieuse  :  un  premier  atis 
régla  le  rang  que  les  préfets  maritimes  devaient  avoir  dans  les  céré- 
monies publiques  ;  les  fonds  d'amortissement  furent  le  sujet  d'autres 
résolutions  ;  comme  les  communes  étaient  des  personnes  morales,  dd 
put  saisir  les  fonds  qu'elles  déposaient  dans  la  caisse  d'amortisaenieot  : 
quelle  forme  suivrait-on  en  ce  cas  pour  l'opposition?  D'autres  ans 
du  conseil  d'État  jugent  des  questions  administratives  d'une  certaÎQe 
gravité  :  ici,  sur  des  rentes  données  en  échange  de  concessions;  li, 

dus  l«a  ËttU  de  Panne  et  de  Plaisince,  avtnt  la  piiUicaiion  de  l'édit  du  4  man  1790- 

18.  —  Dicret  cODCernaoi  les  pasae^ris. 

18.  —  Avis  du  eoaseil  d'Étal  sur  te  njctd'uoe  demande  en  remise  oumodiraiwn 
d'une  amende  proDOncée  pour  coutraveolion  aui  lofs  coucemanl  les  arbits  deslis^ 
■n  serrice  de  la  marine. 

SI.  —  Décret  contenant  règlement  pour  la  fabricttion  des  draps  desUoit  au 
commerce  du  Levant. 

27.  —  Dkrct  concernant  le  magasin  de  sauvetage  des  navires  eiisianl  auHivn. 

88.  —  Décret  coalenanl  oi^nisation  de  la  couc  des  comptes. 

30.  —  Décret  qui  augmente  le  nombre  des  succursales. 

30.  —  Décret  qui  autorise  l'associstiaD  religieuse  des  dunes  cLarjiables  diia  da 
nfugt  dt  Saint-itûihcl. 

Octobre. 

l.^Décreteoncemanllesofflciers  de  justice  auxquels  les  infirmités  donnent  <)e<nI 
k  une  pension  de  retraite. 

'7.  —  Décret  qui  casse,  pour  excès  de  pouvoir,  un  arrêté  par  lequel  le  prtTcl  '" 
département  de  lAnbe  avait  ûié  U  répartition  des  dépenses  relatives  aui  réparation'' 

iS.  —  Sénatus-consulte  concernanl  l'ordre  judiciaire. 


îdbyGoOgIc 


SE  l'bupire  fbarçais.  53 

sur  les  expéditions  des  actes  émanés  des  antorit^  administratives.  Le 
conseil  d'État  est  un  véritable  tribunal  qal  procède  en  vertu  des 
formes  judiciaires  ;  ses  avis  ont  force  de  loi ,  et ,  lorsqu'ils  sont  ap- 
prouvés par  l'empereur,  ils  dominent  l'esprit  et  la  tendance  de  la 
législation. 

Le  corps  législatif,  sous  la  présidence  de  M.  de  Fontanes,  déploya 
plus  d'activité  encore  que  le  conseil  d'État  et  le  sénat.  L'empereur 
avait  ouvert  la  session  par  une  de  ces  harangues  qui  remuaient  les 
masses,  en  annonçant  les  choses  accomplies  pour  la  France.  Plusieurs 
projets  de  lois  furent  présentés  pour  établir  l'ordre,  que  l'empereur 
voulait  fortement  constituer;  M.  de  Fontanes,  dans  une  élégante  et 
respectueuse  réponse ,  avait  remercié  Ee  prince  des  honneurs  qu'il 
faisait  au  corps  législatif  en  l'associant  h  ses  puissantes  méditations  ; 
et,  après  Vesposé  brillant  et  un  peu  mensonger  du  ministre  de  l'in- 
térieur sur  la  situation  de  l'empire,  le  corps  législatif  commença  ses 
travaux  qui  embrassèrent  une  session  considérable.  Si  l'acte  émané 
directement  de  l'empereur  portait  le  nom  de  décret,  si  la  volonté  du 
sénat  prenait  le  titre  de  sétiofus-consulte,  si  les  interprétations  du  con- 
seil d'État  s'intitulaient  mis,  tous  les  actes  du  corps  législatif  avaient 
le  titre  de  Iota  ;  or,  cette  session  s'ouvrit  par  des  dispositions  du  pins 
haut  intérêt.  Durant  le  gouvernement  directorial,  la  pénurie  de  l'ar- 
gent l'avait  fait  considérer  comme  marchandise,  de  sorte  que  l'intérêt 
n'avait  point  de  limites  fixes;  les  conventions  pouvaient  le  porter  à 
des  taux  usuraires;  il  y  eut  da  stipulations  à  20  et  30  pour  cent, 
sous  prétexte  de  favoriser  la  circulation.  Une  telle  liberté  dans  les 
stipulations  favorisait  l'usure;  une  loi  en  Gsa  donc  le  taux  k  5  pour 
cent  (le  vieux  denier  vingt  des  anciennes  ordonnances),  et  en  matière 
commerciale  à  6  pour  cent.  Rien  ne  put  être  stipulé  au  delà  dans  les 
conventions  privées  ou  publiques;  les  tribunaux  durent  poursuivre, 
comme  usure,  tout  ce  qui  s'écartait  de  cette  règle  générale.  En  même 
temps,  le  système  hypothécaire  reçut  des  interprétations  et  un  déve- 
loppement; l'écrit  sous  seing  privé  ne  put  grever  la  propriété  par 
hypothèque  ;  il  n'était  pas  assez  solennel,  et  il  fallait  un  jugement 
pour  constater  le  titre  ;  toute  inscription  dut  désonnais  indiquer 
l'époque  de  l'exigibilité.  Des  lois  plus  importantes  fixèrent  les  privi- 
lèges du  trésor  sur  les  biens  des  comptables;  législation  à  part,  code* 
inflexible,  qui  mettait  le  trésor  au  rong  des  créanciers  les  plus  privi- 
l^iés  :  tel  était  le  système  adt^té  par  la  révolution  française  ;  le  fisc 


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ftl  STATISTIQOB  BT  L^GISLÀnOIt 

était  le  créancier  le  pfais  sacré»  oo  le  ptaQtit  a 
nifwivft  et  des  Fraïaies. 

Un  système  général  de  douanes  fat  également  voté  par  le  corps 
légîslatU  qui  s'associa  coaqiléteDieat  aux  idées  prohibitives  de  l'em- 
pereur ;  puis ,  dans  l'enthousasme  qo'iiispirait  le  souverain  ;  le  oorps 
VifljflpHf  coa&rmi  le  nom  de  NapoUon,  inacril;  en  lettres  d'or  soi  le 
fronti^ice  du  code  civil ,  qoi  était  pourtant  l'œuvre  de  la  r^uUiqin 
cwsulaîre.  Le  code  de  commwce,  discuté  dans  cetle  session,  adopté 
«sec  <{iMlqu«8  amendements  plus  en  rapport  avec  les  besoins  et  kt 
BécessîLésdestransactioDsmercaotiles,  dut  être  proraulgné  le  premier 
jaDvîer  de  Vannée  1808.  Toutes  ces  dispositioas  étaient  •votiss  au 
lendin  secret  ;  nulle  résistance  ne  vint  du  corps  légi^atif ,  et  on  de 
ses  afites  témoigne  hautement  du  progrès  des  idées  gouvernementaks. 
11  fnt  décidé  «  que,  lorniue  plusieurs  arrêts  de  la  cour  de  ca»Btiou , 
leodus  dans  un  sens  différeat,  forceraient  &  l'interprMation  da  la  loi, 
GflUe  explication  aurait  lieu  par  le  conseil  d'État,  »  On  allait  droit 
BÎBSi  à  une  réaction  absolue  contre  les  doctrijua  de  l'aasnnblèe  cob- 
situante  ;  ceUe-ci  wvait  appelé  le  corps  légishUf  à  interpréta  k  loi  ; 
Kapoléon  ne  voulid  point  subir  l'application  d'un  tel  principe  ;  la 
poavuvineté  ne  peuvait  se  déplacer  :  il  fut  donc  dit  que  l'eraperenr, 
en  conseil  d'Etat,  pr«aoncerait  sur  le  seis  d'une  disposition  légiB* 
bitiTO. 

La  session  fut  encore  profitable  à  la  régularité  du  système  admi- 
nistratif. Une  loi  organisa  la  cour  des  comptes,  institution  ancienne, 
souveraine  et  gardienne  en  matière  ds  finances  ;  la  cour  des  comptes, 
ouvre  de  l'architrésorier,  M.  Lebrun,  porta  cette  empreinte  de  sage 
retenue  qui  marquait  tous  les  actes  émanés  de  l'architrésorier.  La 
cour  se  divisa  eu  trois  catégories  :  présidents,  maîtres  et  référen- 
daires; les  traitements  furent  fixés  ou  répartis  selon  le  travail,  et 
riDomovibilité  donnée,  comme  pour  la  magistrature ,  après  cinqans 
d'exercice  i  les  agents  du  trésor  durent  recoonattre  la  jurîdiclioa  de 
la  cour  des  comptes,  dans  la  vérification  de  tous  les.  actes  qui  tenùeet 
à  radmioistrotion  des  finances.  Le  corps  l^islatif  promulgua  uoe  loi 
sur  le  dessèchement  des  marais  ;  de  grandes  facilités  furent  données 
k  la  propriété  pour  r^idre  à  la  culture  le  sol  de  plusieurs  d^sarte- 
SHuts  presque  toujours  inondés  ;  le  défrichement  des  landes  et  ites 
narais  était  tout  à  la  fois  une  opération  d'hygiène  publique  ei  d'ogri- 
cuUure.  Un  système  d'extiactitm  de  la  mendicîtà  fut  adopté  par  le 


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va  l'bHPUIS   PRAKÇAn.  M 

corps  lëfpriatif,  i  l'knitstion  des  États-Unis  et  die  rAng1eterr«;  oïl 
Mablit  en  principe  :  a  que  la  société  doit  un  asile  et  dn  trarall  à  ceux 
qui  sonffteat  ;  »  la  mendkité  est  une  injure  k  )a  civilisation  ;  elle  loi 
olAre  le  spectacle  hideux  de  ses  misères  ;  nul  ne  doit  mourir  de  fafan, 
totH  doivent  travailler  ;  ce  double  principe  amena  le  système  des  dè^ 
pAts  de  mendicité,  sorte»  de  maisons  de  travail  ouvertes  k  la  truan- 
derie  ;  on  porta  des  dispositions  pénales  contre  ceux  qui,  méprisant 
rasile  gratuit  que  1»  société  leur  offre,  prèléraiait  le  vagabondage  et 
Ijr  misère  paresseuse. 

Ces  actes  de  légi^Uon  réfléchie  furent  appuyés  par  les  décrets 
personnels  de  l'empereur,  dont  l'activilé  dminait  une  juste  impuMon 
îh  toutes  les  pensées  d'adminirtratlon  poMîqae  ;  Napoléon ,  de  son 
palais  de  Saint-Cloud,  pronaïgurit  in  décret  sur  l'organisitiOD  des 
théâtres  *  ;  chose  curieuse  k  noter,  les  deux  actes  qui  règlent  H 

'  Uaécr«tnirlMihéltna«MdMédnaM»AtiaBr. 

■  NapoUoD.empeiEurdesFranoitetroid'Julie,  proiMteur  de  II  conflUiniltt& 
duBIÛD, 

H  Sur  h  nppoTt  de  notre  mlntstre  de  l'Intiricw,  noln  eoiuetl  d'Atat  Wtoidii , 
«m  aom  dtciM  et  dicrttou  m  qni  nit  : 

Titre  1".  —  Ditpotiiionë  gininàét, 

H  Atticle  1".  AucuDS  reptéwiilatloD  k  béoéfice  ne  pourn  eToir  lieu  que  lur  le 
tfaéAtre  mime  dont  l'administration  ou  les  entrepranenn  auront  eecordé  le  hèaéSn 
de  ladite  r«ptésentalion.  Lm  acttan  de  oos  tbMtres  impérltui  ne  pourront  janalt 
paraître  dans  ces  repréeentatlons  que  rar  le  ihé&ln  auquel  Ils  apparticHnenl. 

•  Art.  2.  Les  prifeis,  sotis-prérei*  et  maires  sont  tenus  de  ne  pas  souffrir  que.  Mua 
aucun  préleite,  les  scieurs  des  quatre  grands  théâtres  de  Is  capitale  qui  auront 
obtenu  un  congé  pour  aller  dans  les  départeroents,  j  prolongent  leor  séjour  an  deik 
Al  tenps  filé  par  leur  coi^;  en  cas  de  eontmention,  les  directeurs  des  tpcetach» 
seront  condamnési  verser  Aie  caisse  des  piuvres  te  montant  de  la  recelte  des  repré- 
sentations qui  auront  eu  lieu  après  l'eipirailou  du  congé. 

B  Art.  3.  AuGDne  nouvelle  salle  de  speciecle  ne  pourra  être  conMrulte,  ancnn 
dtploeeneni  d'une  Iroupe  d'une  salle  dans  une  autre  ne  pourra  avoir  lieu  dans  notre 
bonne  ville  de  Paris,  sans  une  autorisation  donnée  par  nous,  sur  le  rapport  de  notre 
ministre  de  l'inlérieur. 

Titre  II*.  —  Oanombn  dBttUùtrm,  «tdu  righ*  mutquHht ^  nml OM^fHHt. 

Art-  4.  Le  mo^tmiM  du  nombre  des  Ikéilrcs  de  noire  bonne  vUle  de  Paris  est 
Siéà  huit.  —  Bn  conséquence,  sont  seuls  autorisés  i  ouvrir,  alBcher  et  Teprèeenter, 
indépendamment  des  quatre  grands  ibéitres  mentionnés  dans  l'atlicle  i"  dn  rigle^ 
ment  de  noire  ministre  de  l'intérieur,  en  date  du  SB  avril  dernier,  les  entrqirenenn 
on  adiBinistnMun  des  quatre  tMltres  suivants  :  l' le  Ihéltre  de  la  Gsleié,éiablf 
es  1700;  celui  de  l'Ambigu-Gomlqne,  établi  eu  ITTS,  boulevard  dn  Temple,  lesquds 
joueront  concurremment  des  pièces  du  même  genre  désignées  ani  paragraphes  3  et  4 
de  l'article  3  du  ré^ement  de  uolre  ministre  de  l'inlérieur  ;  ï>  le  ibélire  des  Variélé*, 
boulevard  Ifonlmartre,  élaUi  en  1T77,  et  le  théâtre  du  Vaudeville,  élabU  m  1791. 


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56  STATISTIQUE   ET  LÉGISLATION 

forme  et  les  conditions  des  spectacles  publics  furent  conçus  le  len- 
demain de  batailles  :  le  premier  après  Friedland,  le  dernier  à  Moscou. 
Serait-ce  que  Napoléon,  se  posant  toujours  ea  scène  en  face  de  la 
postérité  aimait  h  reporter  ses  idées  sur  ces  représentations  du  tbèUre 
où  il  serait  un  jour  traîné  lui-même?  Peut^reaus»  la  source  de  ces 
idôcs  n'était-elle  pas  si  haute  ;  aculemeat  il  voulait  constater  qu'at- 
teulif  aux  petites  et  aux  grandes  choses,  au  milieu  des  camps,  il  pen- 
sait même  à  des  comédiens.  Voici  ce  que  décida  l'empereur  :  le 
nombre  des  théâtres  était  trop  grand  à  Paris  ;  la  libre  coacunence 
ayant  créé  des  abus,  il  en  résultait  une  sorte  de  confusion  dans  les 
sociétés  d'argent  qui  constituaient  les  théâtres  ;  des  faillites  nom- 
breuses compromettaient  les  fortunes  privées  ;  or  l'empereur  ne  s'il' 
rétait  pas  devant  les  considérations  de  droits  acquis,  quand  ils  bles- 
saient sa  pensée  ;  il  réduisit  donc  les  théâtres  comme  il  avait  réduit 
les  journaux,  et  tout  cela  par  un  simple  acte  de  police  :  le  décret 
n'admit  que  quatre  grands  théâtres  impériaux  :  l'Opéra,  qui  prit 
pompeusement  le  titre  d'Académie  impériale  de  musique  ;  les  f  ran- 
çais,  alors  si  retentissants ,  le  théâtre  de  Vlmpéralric* ,  qui  passait 
sous  la  direction  de  M.  Duval  ;  l'Opéra-Comique,  la  scène  des  beaux 
chanteurs  et  des  musiciens  k  la  mode.  Ces  grands  théâtres  recevaient 
un  privilège  concédé  pour  un  temps  ;  le  décret  admettait  comme 
tbé&tres  secondaires  la  Gaieté  et  Y  Ambigu-Comique ,  pour  y  joua 
des  pièces  de  genre  limité  ;  les  Variétés  et  le  Vaudeville  se  sauvaîait 
également  du  naufrage  par  leur  antiquité  scénique;  tous  les  théâtres 
nouveaux  étaient  supprimés  sans  aucune  indemnisation  ;  on  ne  re* 
connaissait  que  les  privilèges  antérieurs  h.  la  révolution  française.  H 


lesijucJs  joucroni  dos  pièces  da  même  genre  désignées  4ui  paragraphes  3ct4de 
VatlEcle  3  du  règlement  de  noire  ministre  de  l'intérieur. 

u  An.  S.  Tous  les  tlicâlres  dod  autorisés  par  l'article  précédent  seront  fennts 
BT*nt  le  IS  soAt.  En  eonséqucDce,  on  ne  pourra  représenL^  aoeune  pièce  sur  d'aairc* 
thèilres  dans  narre  bonne  ville  de  Paris,  que  ceux  ci-desaus  désignés,  aousiucun 
préteite,  ni  y  admcltre  le  public,  même  grsiuilcnient,  faire  aucune  aCBcbe,  distribuci 
aucun  billet,  imprimé  on  k  la  main,  sous  la  peines  perlées  par  les  lois  et  r^lemenU 

B  An.  0.  Le  règlement  susdalé,  fait  par  notre  minisire  de  Tm  térieur,  est  approuvé, 
pour  tire  exécuté  dans  toutes  les  dispositions  tniquellts  il  n'est  pas  dér<^  p*i  t* 
présent  décret. 

a  An.  7.  Nosminisires  de  l'intérieur  et  de  la  polie*  gfnérilesontch»^  del'eié- 
cttliou  du  préseriL  décret.  »  Signé  :  Nafolkom.  • 


DiclzedbyGoOglC 


DE  i.'bmpibb  fbahça».  57 

y  eat  des  marmures  ;  les  volontés  de  Napoléoo  s'étaient  manifestées, 
et  il  faUut  obéir. 

Cette  période  active  est  féconde  en  actes  de  gouvernemeut.  Napo- 
léon organise  tout  ;  il  a  promis  de  donner  au  clergé  une  grande 
existeoce,  et  partout  il  fonde  des  bourses  dans  les  séminaires  pour 
l'éducation  des  prêtres,  et  dix  raille  succursales  sont  établies  dans  les 
départements  ;  comme  l'ardeur  de  son  esprit  ne  peut  plus  s'exercer 
sur  UD  champ  de  bataille,  il  l'applique  à  la  force  et  à  l'éclat  de  son 
gouvernement;  il  veut  que  la  vie  soit  communiquée  sur  tous  les 
points  de  l'empire  ;  les  préfets  sont  les  instruments  les  plus  forts,  les 
plus  souvent  employés,  parce  qu'ils  unissent  tout  à  la  fois  un  caractère 
civil  et  militaire;  ils  exécutent  avec  intelligence  et  dévouement; 
toujours  agenouillés  devant  l'image  de  Napoléon,  ils  le  représentent 
partout,  ne  pensent  et  ne  vivent  que  par  lui  ;  les  préfets  s'occupeut 
moins  du  peuple  qu'ils  ont  à  gouverner  que  des  instructions  qu'ils 
reçoivent  du  ministre,  organe  de  l'empereur;  ils  en  étudient  les 
moindres  inspirations  :  ceux  qui  les  exécutent  le  plus  vite  et  le  pitis 
fortement  sont  récompensés  :  qu'ils  donnent  beaucoup  de  corocrits 
et  d'impAts,  et  ils  ont  bien  rempli  leur  devoir.  La  justice  et  l'admi- 
nistration publique  sont  également  sous  la  main  du  maître;  rien 
n'échappe  à  sa  dictature  ;  il  veut  régner  sur  les  consciences  par  l'épi»- 
copat,  sur  la  justice  par  les  tribunaux,  sur  l'Europe  par  les  armées, 
Bor  les  intérêts  par  l'administration. 


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COUTflUnUBEIT  DB9   ÉTATS  uis 


CHAPITRE  m. 


MDVIlKElUirT  DSS  AliTS  USl  10  mUaU  VÊDftUTir  DE  KiPOLftON. 


faa  loyBuite  de  famille.  —  Nsple*.  ConsUiutioD.  —  Peuple.  —  Année.  —  Jovidt 
Napoléon  et  ac«  scies.  —  HoUaDde.  —  ImpAu.  —  Commerce.  —  UBrlnc.  —  Cmft 
politiques.  —  Weslphalje.  —  La  régence.  —  Coutitutim.  —  Son  territobr.  — 
Tilles.  —  ïtats.  ~  Caraclire  de  JérAme.  —  Grand-âuEhé  de  Berg.  —  Hnnl.  — 
Actes  de  son  gouitenietnenl.  -~-  Prioclptulé  deNeufcUlel.  —  BerUiicr.  —  ConSt- 
déralioD  du  ÛiiD.  ■~-  Bavitre.  —  Satc.  —  Worlanbatg.  —  Bide.  —  Popidllioas 
allemudee.  —  Domination  nbsoluede  Napoléoa.  —  ^setigcoees.  — CooKripliw. 
—  ImpAts,  —  Destioie  de  ces  gouTernementB. 


L'empereur  avait  proclamé  la  tendance  hautolDe  de  s<hi  système 
diplomatique  ;  sa  pensée  ne  devait  poiat  se  limiter  à  la  Frmce ,  et , 
poor  alleindre  le  vaste  but  do  son  ambition,  Il  répartit  les  souverai- 
■etée  de  manière  à  seconder  U  marofae  et  le  développement  deson 
idée  militaire  et  politique.  Nul  des- eouvcfwoB  attackés  à  son  em- 
pire  ne  pouvait  se  dire  indépendant,  tous  devaient  suivre  son  impul- 
sion, soit  qu'elle  s'appliqu&t  à  un  mouvement  de  guerre  ou  au  con- 
tingent de  troupes,  soit  qu'il  s'agtt  de  son  idée  prohtbitire,  de  son 
décret  de  Berlin,  si  fatal  au  commerce  du  monde.  Il  résultaitde  celte 
obligation  mille  ditScultés  dans  la  situation  des  gouvernements  ;  s'ib 
accédaient  à  toutes  les  volontés  de  Napoléon,  ils  se  rendaient  odieux 
à  leurs  sujets  qu'ils  opprimaient  par  des  exigences  trop  dures;  »,  ao 
contraire,  ils  faisoient  quelque  chose  pour  leurs  peuples,  comme  des 
rois  paternels  et  prévoyants,  ils  se  mettaient  en  opposition  avec  l'em- 
pereur, leur  force  et  leur  protection  militaire.  C'est  ce  qui  rendait 
ces  souverainetés  fédératives  si  pesantes  pour  les  princes  qui  en  étaieul 
revêtus  :  la  couronne  marquait  leurs  fronts  de  stigmates,  le  sceptre 
pesait  à  leurs  mains  ;  ils  fléchissaient  sous  l'immense  poids  de  leuis 
engagements. 

La  première  garantie  et  la  plus  naturelle  que  l'empereur  avait 


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AO  STSTËME   PÉDÉBATIP  DE   NAPOlJOK.  59 

cherchée  pour  imprimer  l'unité  ii  son  système  politique,  était' dsiu 
m  Tamille;  ces  intelligences  seraient  soumises i  son  empire;  11  pour« 
rait  exercer  sur  elles  une  domination  absolue  ;  ses  frères  lui  devaient' 
tout,  et  pourquoi  ne  trouTerait-^il  pas  en  eux  ce  dévouement  qu'Q 
devait  attendre  de  ceun  qui  ne  rraplendissaient  que  par  lulT  It  avalE 
hit  Tessai  de  sa  tonte-puisance  en  créant  Joseph-Napolëon  roi  de 
Naples  ;  Joseph,  caractère  doux,  conciliant,  d'une  capacité  limitâei 
avait  suivi  le  mouvement  militaire  qui  lui  mit  la  couronne  au  front; 
lorsqu'il  pénétra  dans  le  royaume  de  T^aples,  son  étude  première  Alt 
de  connaître  les  peuples  dont  l'empereur  lui  avait  conflé  le  gouTeN 
nement.  Naples,  ce  magnifique  pays  sons  un  magnifique  soleil,  comp- 
tait plusieurs  races  de  peuples  ;  les  montagnards  d'abord  qui  vivaieot 
dans  les  Abruzzes  et  la  Calabre,  habitaés  h  la  rude  existence  du  Tot 
et  de  la  contrebande  ;  les  Calabrais,  revêtus  de  leurs  peaux  de  chèvre» 
vivaient,  la  carabine  en  main,  sur  la  cïmedes  rochers  escarpés;  cette 
population  des  montagnes,  brave,  tumultueuse,  facile  k  la  révottCt 
devait  être  dangereuse  pour  les  Français,  parce  qu'elle  était  natio- 
nale, dévouée  au  sol  et  à  ses  habitudes.  Les  lanaroni,  peuple  des 
villes,  avaient  poor  palais  le  ciel,  et  pour  lit  les  dalles  de  la  rue  dfi 
Tolède  ;  ardents  comme  le  Vésuve,  les  lazzaroni,  sans  posséder  Ifl 
fier  courage  des  montagnards,  prenaient  feu  d'amour  ou  de  haine 
ponmn  prince;  Joseph  pouvait  les  attirer  6  lui  par  des  dëmon8tra> 
tions  religieuses  et  par  des  distributions  bien  faites  de  quelques  car- 
Hns  *  :  montagnards  et  latzaroni  formaient  la  niasse. 
-  Les  antres  classes  du  royaume  se  divisaient  en  plusieurs  fiBCtlona 
encore  ;  les  nobles,  princes  napolitains,  marquis  du  royaume,  pres- 
que tous  rattachés  aux  idées  de  philosophie  révolutionnaire,  avalent 
participé  aux  mouvements  favorables  aux  Français,  et  l'on  doit  con- 
stater dans  les  annales  d'Italie,  que  la  noblesse  surtout  se  rattacha 
aux  idées  de  la  révolution.  La  bourgeoisie,  telle  que  les  avocats,  les 
médecins,  s'était  également  prononcée  pour  le  gouvernement  nou- 
veau, par  esprit  d'opposition  contre  les  corporations  religieuses;  tan- 
dis que  le  commerce ,  poussé  par  ses  principes  aux  idées  de  réforme, 
était  profondément  affecté  de  ces  prohibitions  des  marchandises 
anglaises  interdites  à  l'échange  et  à  la  consommation,  sorte  de  contre'- 


'  Les  grands  ornements  d«  Mint  Janvier  ftatcnt  donojs  ta  partie  pgr  Joseph  Boit& 
parte.  C'était  r«ïlitution  après  le  déponUIcmenl  rèpublicBin. 


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60  GOCVEBHEUEKT  DBS   ÉTATS  LIÉS 

bande  de  guerre.  Si  quelques  membres  du  clergé  régulier  se  ratts- 
chaient  également  au  système  nouveau,  les  moines,  les  religieux  qiû 
servaient  l'Église  dans  les  monastères,  brisés  dans  leur  vocation  mo- 
rale, avaient  conçu  des  desseins  de  délivrance  qui  plus  tard  éclatèrent. 
Ainsi,  pour  bien  résumer  cette  situation  du  royaume  de  Naples,  tout 
ce  qui  était  peuple,  montagnard  ou  lazzarooe,  se  moDtrùt  impatient 
du  joug  des  Frani;ais  ;  tout  ce  qui  était  noble  servait  le  gouveraemciit 
et  la  monarchie  de  Joseph  ;  la  bourgeoisie,  les  professions  libérsla 
aimaient  aussi  le  système  français,  parce  qu'il  servait  leuis  idées 
philosophiques,  tandis  qtie  les  moines  et  le  peuple  protégeaient 
«icore  les  derniers  débris  de  la  nationalité  napolitaine. 

Au  milieu  de  ces  éléments  d'une  opposition  hostile,  Joseph  dut 
néanmoins  chercher  la  consolidation  de  son  pouvoir;  dans  cette 
œuvre,  il  devait  se  proposer  plusieurs  résultats  :  délivrer  le  territoire 
de  la  présence  des  ennemis,  apaiser  les  montagnartb  et  s'attira'  le 
peuple;  le  premier  objet  était  atteint  par  l'intrépidité  de  l'amièe; 
les  troupes  anglaises,  les  auxiliaires  allemands,  avaient  été  repousste 
du  territoire  napolitain  ;  ce  n'était  pas  sans  efforts  ;  on  avait  éprouvé 
des  échecs  ;  le  général  Grenier  ne  fut  pas  toujours  heureux  diu 
cette  campagne  contre  les  troupes  siciliennes  et  anglaises  ;  Jose^ 
Bonaparte  dut  sa  couronne  aux  vieilles  divisions  Masséna,  qui  le 
menèrent  en  triomphe  à  Naples.  La  guerre  contre  les  montagnirds 
fut  plus  longue  ;  on  fut  contraint  à  de  sanglantes  expédilicws  dam 
la  Galabré  ;  des  commissions  militaires  impitoyables  frapperait  de 
mort  les  paysans  qui  avaient  pris  les  armes  pour  la  reiae  Caroline; 
on  ne  pardonna  aucun  de  ces  dévouements  sauvages  ;  la  sévérité 
extrême  des  mesures  amena  la  pactOcation  momentanée  du  royaume; 
si  elle  ne  fut  point  absolue,  elle  permit  i  Joseph  Bonaparte  l'admi- 
nistration  libre  de  ses  États  ;  il  y  eut  encore  des  rebelles,  mais  on 
ne  vit  plus  de  ces  insurrections  armées  qui  soulevaient  un  royaume. 

Joseph  Bonaparte  dut  s'efforcer  à  plaire  i  la  masse  du  peuple; 
élevé  dans  les  idées  philosophiques  du  xvm*  siècle,  le  frère  de  rem- 
pereur  se  montra  néanmoins  catholique  ardent;  les  populations  de 
Naples  aiment  les  processions^  somptueuses,  les  longues  traînées  de 
jwèlres  et  de  moines,  sous  leurs  bannières  flottantes  ;  les  jeanes 
filles  vêtues  de  blanc  marchent  sur  des  fleurs  et  suivent  les  riches 
dénombrements  de  la  cité  ;  Joseph  y  assista  pieusement,  il  fit  de* 
dons  magnifiques  6  saint  Janvier,  patron  de  Nnples,  le  protecteur 


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AD   STSTËUE   FÉoéSATIF   DE  NAPOLÉOU.  61 

des  matelots  et  des  affligés.  Partout  il  témoigna  de  son  zèle  pour  le 
principe  religieux  ;  né  en  Corse,  il  parlait  facilement  la  langue  i(4- 
lienoe  ;  il  se  Qt  aimer  des  classes  bourgeoises  ;  son  gouvernemeut 
fut  simple  et  paternel  ;  l'empereur  lui  en  avait  tracé  la  marche  et  la 
formule  ;  il  composa  son  ministère  mi-partie  de  Napolitains  et  de 
Français  *.  L'administration  du  royaume  marclia  avec  facilité;  à 
l'impAt  se  perçut  dans  les  villes,  dans  les  campagnes  il  oe  put  l'être 
régulièrement.  Le  système  continental  à  Naples,  comme  dans  tous  les 
lieux  de  la  domination  frauçaise,  obligeait  à  fermer  les  ports  aux 
Anglais,  ce  qui  ruinait  les  dernières  espérances  du  commerce  napoli- 
tain et  de  cet  actif  cabotage,  la  richesse  de  Naples  et  de  ses  longues 
câtes  qui  embrassent  la  Pouille  et  Tarente.  Partout  Napoléon  impo- 
sait la  mort  au  commerce,  et  ce  fut  une  des  causes  de  sa  ruine. 

A  l'extrémité  nord,  le  royaume  de  Hollande,  soumis  à  des  condi- 
tions de  gouvernement  presque  sembl^Ies,  subissait  également  le 
système  prohibitif,  bien  plus  déplorable  pour  ce  pays  créé  par  le 
commerce.  Les  populations  de  ces  riches  marais,  de  ces  verts  herbages 
où  se  volait  tant  de  villes  florissantes  depuis  Maestricht  jusqu'à 
Amsterdam ,  de  l'Escaut  jusqu'à  l'Elbe,  ces  populations  abritées  par 
les  digues,  ne  ressemblent  en  rien  aux  multitudes  d'Italie  agitées 
comme  les  Dots  de  la  mer,  ardentes  comme  le  feu  du  Vésuve.  Le 
Hollandais  était  grave,  méditatif,  tout  occupé  d'intérêts,  de  balance 
commerciale,  sans  aucune  sympathie  pour  ce  caract^e  léger  du 
peuple  et  de  l'administration  en  France  ;  la  vie  hollandaise  se  com- 
posait du  travail,  et  de  ces  distractions  de  famille  au  soir  lorsque  le 
thé  inonde  i  grands  flots  les  bob  de  porcelaine  du  lapon  et  les  tasses 
de  la  Chine  ;  assis  au  milieu  des  nuages  de  fumée,  le  Hollandais  parlait 
de  ses  fleurs,  de  ses  belles  tulipes  payées  au  poids  de  l'or,  et  de  ses 
riches  spéculations  avec  les  colonies  de  Batavia  et  de  l'Inde.  Bien  de 


'  Voici  quelle  Ibl  la  conposition  dv  minisUre  napoKiaiii. 

M.  Ciuicialli,  miDistre  de  !■  jusiice. 

U.  le  marquis  de  Gallo,  des  affiires  èLnngèra. 

U.  Hiot,  de  l'inlétieur. 

H.  le  prince  Bisignano,  dcK  finances. 

M.  le  doc  de  Cainpo  Cliiero,  du  trésor. 

H.  le  géoéfal  Mathieu  fiunias,  de  la  guerre. 

M.  le  commandetir  Pignalelli,  de  la  nurine. 

M.  le  duc  de  CesHno,  des  lOairts  ccclésiasliqucs. 

V.  Salicetii,  de  la  police  générale. 


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63  GODVEBNBHEirr  DBS   ÉTATS  LIÉS 

plus  difficile  que  de  remuer  ces  masses  pour  une  idée  è  grande  [bnne, 
pour  un  système  de  génie  à  la  minière  de  Napoléon. 

La  république  batave  était  devenue  monarchie  par  la  seule  volonté 
de  l'empereur  '  ;  le  peuple  s'en  était  moins  inquiété  que  du  changement 
que  le  système  continental  avait  imposé  dans  les  relations  commer- 
ciales. Napoléon  avait  entrepris  un  remaniement  du  commerce  do 
monde  :  priver  la  Hollande  des  rapports  arec  ses  colonies,  l'obliger  k 
des  sacrifices  inouïs  daos  ses  transactions  mercantiles,  c'était  enleva 
la  mer  aux  vaisseaux,  l'Océan  aux  cétacés,  les  marais  aux  cygnes  qui 
se  déploient  sur  les  canaux  d'Amsterdam  et  de  La  Haye.  La  HoUaade, 
comme  Venise,  ne  pouvait  exister  que  par  le  commerce,  et  pourtant 
l'inilexible  politique  de  l'empereur  imposait  le  système  continentil 
sur  toutes  les  cAtes  *.  Certes,  il  importait  pen  aux  commerçants 
d'Amsterdam  ou  de  Rotterdam  d'être  gouvernés  en  républiqne  ou  en 
monarchie,  par  un  génie  sublime  et  vaste,  ou  par  un  prince  médiocre, 
Tesprit  mardiaud  n'y  regardait  pas  de  si  haut;  ce  qui  les  inquiétait 
jdus,  c'était  la  suppression  de  tonte  transaction  avec  le  monde.  Que 
dire  dans  la  Bourse  d'Amsterdam,  quand  on  ne  pourait  pins  annoncer 
l'arrivée  des  cargaisons  de  Batavia  ou  de  Geylan,  du  JApon  on  de  la 
Chine? 

La  couronne  de  Hollande  était  confiée  h  Loais  Bonaparte,  esprit 
mou,  mélancolique,  très-incapable  de  ces  fermes  idées  qn'imposait 

'  Louis  Bonaparte  appela  pris  Je  lui  des  Hollandsisd'aa  mérite  dfsiiDgaéctponr 
lesquels  il  avait  confu  iMaucodp  d'estime:  MU.  Moleras,  Gogel,  IVeoi  en  BoAl  lui 
ftnvDt  d'une  trèt-gtamde  ndllté;  ie  ptcmicar  au  mioisijm  d«  l'istérieur,  b  Mcoad 
nufinuices,  letcoisiimtkl'eiliiiiiiistrcUaadesdieujes,  et  le  deraier  comme  minisu* 
•ecrélùre  d'ËLau  M.  Vaa  dei  Goes,  placé  au  ministère  des  afTaires  ctrangèrcs,  quoi- 
qu'il se  rùi  d'abord  ouvertement  déclaré  rennemi  du  régime  monarebfque,  «qu'il 
«ftt  les  opinions  et  W  ctract^  répuMicttn,  donna  i  Lonh  BSnaparte  touM  )n 
marques  d'un  déTonemenl  alisolu.  Il  appela  au  ministère  de  la  justice  et  de  la  police 
M.  Vanbof.  i  celui  des  colonies,  H.  Van  der  Heim,  cl  Je  général  Boniiomme  au  mi- 
nistère de  la  guerre. 

'  L'année  de  terre  n'avait  rien  d'imposant  ;  on  la  disait  forte  de  30,000  bomnies, 
mois  on  aurait  eu  beaucoup  de  peine  a  en  rassembler  10  à  11,000.  Le  corps  de  l'ar- 
tillprie  et  du  génie,  qui  ne  manquait  pas  d'officiers  instruits,  se  réduisait  h  fort  pende 
chntie,  parrc  qu'on  ne  pouvait  pas  compter  sur  le  soldai,  dont  on  ne  prenait  pas  ts^n 
de  soin,  La  marine  élaît  dans  une  situation  plus  Torle  ;  elle  avaitdeux  Itottllles,  l'une 
i  Boulogne- sur-Mer,  et  l'autre  pour  la  garde  des  cfltw  et  des  ports.  II  t  arail  »n 
Heldcr,  à  Botterdam  et  i  Amsterdam,  un  8B5ei  grand  nombre  de  vaisscaai,  quelqne» 
frégates  et  plusieurs  bâtiments  légers.  Les  chefi  de  la  marine  élatcnl  MM.  DewiBW-, 
Wcrhuel,  Kikkert,  Bloys  van  Treslong,  Haruinck  et  Lemmers, 


îdbyGoOgIc 


AD   STSTËHB  FÉDÉBATIF   DE   HAPOtÉOn.  63 

le  système  de  Napoléoa  ;  appelé  à  la  coaronne  dès  vingt-huit  ans, 
^tÀ  une  vie  très-distraite,  il  la  prit  avec  ioBoaciance  ;  rnilitaire 
médiocre,  il  avait  à  peine  paru  sur  quelques  champs  de  bataille  ; 
Louis  portait  néanmoîna  le  beau  titre  de  connétable  dé  France,  chef- 
de  l'armée,  lorsqu'il  dut  régner  sur  La  Haye  et  Amsterdam  ;  cœur 
flétri  et  réûgné  à  toutes  les  volontés  de  son  frère,  on  lui  avait  proposi 
le  mariage  d'Hortense,  et  il  avait  accepté  avec  amertume  ;  s(m  ime, 
profondément  aigrie,  avait  conservé  une  empreinte  de  tristesse  d'un 
bruit  affreux  qui  courait  alors;  les  grandeurs  ne  peuvent  compenser 
les  affliction»  que  viennent  d'un  sentiment  frcMSsé,  la  pourpre  ne 
couvre  pas  la  plaie  saignante  :  on  disait  tant  de  choses  d'Hortense  de 
Beauharnais  !  Les  annales  dures  et  inOexibles  ne  racontaient-elleg  paa 
les  nuits  de  laMalmaison?  Et  cetteJignée,  mystérieusement  conçue, 
s'était  à  peine  éteinte  dans  le  jeune  enbnt  légué  à  Saint-Denis  par  la 
mort  !  Rien  n'e^  plus  cruel,  lorsqu'on  a  le  cœur  haut,  qu'une  récom- 
pense donnée  à  un  sacrifloe  d'bcmneur  domestique.  La  flétrissure  se' 
lit  même  au  front  couronné  du  diadème. 

Qu'on  joigne  à  ces  pleur»  intimes,  les  difBcultés  de  gouveroMiient  et 
l'application  inflexible  des  principes  que  l'empereur  imposait  aux 
aiens  quand  il  leur  donnait  une  couronne  ou  un  gouvernement  ;  H 
volonté  était  hautaine,  capricieuse,  il  se  croyait  seul  insfriré  par  la 
gloire  et  ht  fortune.  Jamais  il  ne  laissait  en  repos  sa  Rimllle  qu'il 
affligeait  d'une  mission  de  roi  ou  de  prince  ;  plus  on  était  rapproché 
de  lui,  plus  il  exigeait  de  vous.  Les  difficultés  qui  environnaient  les 
premiers  pas  du  système  de  Louis-Napoléon  étaient  considérables;  W< 
constitution  '  arrêtée  par  l'amiral  Weiiiuel,  M;  Schimmelpenninck , 
les  commissaires  hollandais,  et  l'empereur  Napoléon,  n'était  qu'une 

'  Voici  les  principales  disposiiions  de  l'acta  conslitutlonBcl  de  la  Hbltendo. 

B  L'admiiiLsiraiion  des  colonies  hollaDdaises  esi  réglée  pur  des  lois  psrliciUltm. 
Les  revenus  el  les  déptinses  des  colonies  secoal  r^aidés  comme  Taisant  pariie  des 
revenus  et  des  dépenses  de  l'Élal. 

M  La  detle  publique  de  l'ÉIat  esl  gnmnlie  par  les  prétentes. 

»  I.a  liDguc  hollandaise  continue  h  (Ire  cmplojée  eielusiTemeDl  pour  les  loto,  les 
pulilJcatioDs,  les  ordoumnces,  les  jugements  et  tous  les  actes  publics  nos  iHl^ 
Une  lion. 

»  Il  ne  sera  TbIi  aucun  changemcDi  dans  le  litre  et  le  poids  des  csp6ces  moDiiayéeSt 
i  moins  que  ce  lie  soil  en  vertu  d'une  loi  parllcnlike. 

»  L'ancien  pavillon  de  l'Étal  sera  conservé. 

-  Le  conseil  d'Ëiat  sera  composé  de  treiie  membres.  Les  miaistrcs  auront  nn^^ 
«^nnco  ei  voti  délibéralive  aa  conseil  d'État,  h 


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64  GODTEBNEMBKT  DKS   ATATS   UÉS 

forme  ;  les  états  généraux,  pas  plus  que  le  corps  l%islatif  en  France, 
ou  les  divers  collèges  eu  Italie,  n'étaieat  une  garantie  d'iudëpendince 
et  de  liberté  pour  un  peuple.  Toute  opposition  e&t  été  impuisswte  ; 
Louis  Bonaparte,  sous  l'épée  de  son  frère,  avait  la  plénitude  des  pov- 
voirs,  ft  la  condition  de  faire  exécuter  les  ordres  de  NapoIéoD  et  de 
réaliser  les  idées  et  les  intérêts  de  son  système.  Les  finaDces,  très- 
oltérèes,  se  ressentaient  des  levées  d'argent,  des  eropraots  que  II 
France  avait  faits  à  son  allié  depuis  l'origine  de  la  révolutioa;  da 
millions  de  florins  avaient  èlé  demandés  aux  villes  commerçantes,  et 
le  budget  de  l'État  en  était  profondément  affecté,  car  en  Hollande  le 
système  de  la  dette  publique  était  largement  conçu . 

Louis  Bonaparte  prit  au  sérieux  sa  posiUon  de  roi  ;  il  ne  voehit 
pas  que  les  finances  de  son  royaume  fussent  à  la  dispoûtion  des  géné- 
raux français;  il  ee  posa  comme  un  prince  indépendant,  tandis  <]a'Q 
u'était  qu'un  commissaire.  Napoléon  voulait  que  la  Hollande  sdmtt, 
sans  restriction  aucune,  le  système  continental  et  la  saiae  des  mtt- 
chandises  anglaises  ;  il  ne  considérait  la  royauté  de  son  frère  qw 
comme  une  haute  préfecture,  pour  réaliser  ses  deax  idées  FondameD- 
tales ,  l'armement  des  flottes  et  l'exécution  inQexible  du  décret  de 
Berlin,  par  une  ligne  de  douanes  s'étendant  sur  toutes  les  càtes  du 
TexeL  Pour  la  Holluide,  c'était  la  mort  que  celte  existence  étoafKe  ; 
elle,  dont  les  larges  navires  couvraient  naguère  l'ardiipel  indien,  pou- 
vait à  peine  s'élever  k  un  cabotage  de  troisième  ordre .  La  conespoo- 
dance  de  Napoléon  avec  le  roi  porte  un  caractère  pressant  et  aigre  '  ; 
Louis  n'est  pas  heureux  sous  cette  oppression,  et  il  l'exprime  haute- 
ment ;  il  o'a  ni  l'énergie ,  ni  ht  résignation  suffisante  pour  mettre  ei 
activité  les  idées  de  Napoléon  ;  sa  capacité  bornée  n'a  pas  vu  d'abord 
le  triste  réalité  du  rAle  qu'on  lui  a  fait  ;  il  doit  le  comprendre  par  la 
termes  impératifs  dans  lesquels  s'explique  son  frère.  L'empereur  a  on 
système,  la  situation  qu'il  a  créée  est  une  guerre  violente,  éneif  iqne; 

'  Voici  anede  ces  fonnnlfs  de  leUrei  : 

■  HoD  frère,  je  ntois  votre  leUre  da  1"  juillet.  Voua  voua  pitignei  d'an  uticle  i' 
foaiDMiUlKonitmtr:  c'est  UFnncequi  *  sujti  de  m  plaindre  du  nauvais  esprit  qn 
r^ne  chei  ydub,  SI  tous  Toulei  que  je  vous  cite  toutes  les  inaiaoïis  boDandaûts  qui 
sont  les  trompettes  de  l' Angleterre,  ee  sera  fort  aisé.  Tos  riglements  da  douw* 
sont  si  mal  eiécutés  que  toute  la  corresponduice  de  l'ÀDgietore  aiec  le  eoBtiocat 
se  Tait  par  la  Bollande.  La  Hollande  est  une  proTÎnce  aogtaise. 

•  ToUv  affectionoi  tttn , 
»  Mafolboh.  ■ 


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AV   SYST&MB  FÉDÉRATIF  DE  NAPOLÉON.  65 

nul  de  ses  rois  ou  de  ses  lieutenanU  De  doU  lui  désobéir,  et  c'est  pour 
bien  leur  inculquer  cette  idée  de  soumission  absolue  qu'en  donoant 
la  couroDue  et  la  pourpre  à  Joseph  et  à  Louis,  il  leur  a  conservé  les 
titres  de  grand  électeur  et  de  grand  connétable  de  France;  il  semble 
leur  dire  :  «  Souvenez-vous  que  vous  n'êtes  que  mes  grands  officiers.  » 
La  royauté  de  Westphalie  n'a  pas  un  caractère  plus  indépendant 
et  d'une  sécurité  plus  haute  dans  l'avenir;  groupe  d'États  et  dépopu- 
lations diverses ,  elle  compte  des  Uanovriens ,  des  Westphalieos,  des 
Ilessois,  des  sujets  du  duc  de  Brunswick  et  du  roi  de  Prusse  '  ;  rien  de 
plus  bizarre  que  cet  amalgame  irréQéchi  que  la  volonté  de  Napoléon 
a  groupé  pour  en  faire  un  royaume.  Ces  populations  allemandes,  si 
calmes,  payent  régulièrement  l'impAt,  mais  elles  conservent  chacune 
leur  nationalité  :  le  sceau  de  Dieu  ne  s'eiface  pas  ainsi  ;  elles  gardent 
leur  répugnance  instinctive  contre  une  Torme  de  gouvernement  qui 
eOace  d'un  trait  de  plume  leur  histoire.  Le  royaume  de  Westphalie 
fut  improvisé  comme  s'il  s'agissait  d'une  préfecture  ;  Jérâme,  h  22  ans, 
fut  créé  roi  par  un  décret ,  et,  pour  témoigner  qu'il  n'aurait  qu'un 
pouvoir  limité  sous  l'influence  de  Napoléon,  on  lui  donna  une  sorte 
de  régence  appelée  h  organiser  le  royaume  de  Westphalie,  et  &  servir 


■  C'est  ptr  un  Rimple  d^rel  que  la  eoD«titutian  du  Taquine  de  W«ainh«Ue  »a[t 
été  r^Uc 

Le  royaume  de  Westphalie  est  composé  des  Élais  ci-après  ;  tes  Élsts  de  Bruns- 
wick-Woirenbultel ,  1*  partie  de  l'Ai  (mark  située  sur  larivegauebe  île  l'Elbe, la 
partie  du  pa^s  de  Hagdebourg  située  sur  la  rive  gaucLc  de  1  Elbe,  le  territoire  d« 
Hollc,  le  pejs  de  Hildesheim  et  la  ville  de  Geslar,  le  pa;s  de  Halberstadl,  le  pa|s  de 
Hohcnslein,  le  territoire  de  Qjedlinbourg,  le  comté  de  Hanarcld,  Eicbsfdd  avec 
XrefTurtli,  Hulhiusen,  Nordhausen,  le  comlé  de  Solberg-Wernigerode,  les  Étals  de 
Hcsse-Casgel  avec  Rinlcln  et  le  Schaum bourg,  non  compris  le  territoire  de  Hauau  et 
le  Kaizenelenbogeu  sur  le  Rhin  ;  le  territoire  de  Corvejr,  Gotttngeo,  et  Grubenhtgea, 
avec  les  enclaves  du  Uohenstein  et  Elbin|^rode,  l'évèché  d'Osnabriick,  l'évâclié  ds 
Fadcrborn,  Mindcn  et  Baoensberg.  le  comté  de  Reilberg-Kaunilz. 

Nous  nous  réserroDS  la  moitié  des  domaines  allodiaui  des  prince?,  puur  être  em- 
ployés BUi  récompenses  que  nous  avons  promises  aut  ofGciers.de  nos  armées  qui 
uous  ont  rendu  le  plus  de  services  dans  la  présente  guerre.  La  prise  de  possession  de 
ces  biens  sers  reile,  sans  délai,  parnosintendants,  et  le  proci^-verbal  en  sera  dressé 
eODlradicloirement  avec  les  autorités  du  pays,  avant  le  l"  décembre. 

Les  contributions  eitrsordiosires  de  guarte  qui  ont  été  mises  sur  lesdits  pays 
seront  payées,  ou  des  sûretés  seront  données  pour  leur  payement,  avant  le  1"  dé- 
cembre. 

Au  1"  décembre  le  roi  de  Westphalie  sere  mlaat  possession,  par  des  commis- 
saires que  nous  nommerons  i  cet  effet,  de  la  pleine  jouissance  et  EOuvcrsineté  de 
son  terriloire. 


D,t„db,  Google 


60  eOCTBflintHBHT  H»   ÈTATi   tifiS 

de  prernière  base  i  un  ministère  formé  par  le  roi  JëWAne.  C'était 
rhaUtade  de  Napoléon ,  procédant  toujoun  par  commissaires  dans  le 
gomemement  des  Ëtats  ;  petits  ou  ^nds,  rois  on  andlteun  an  tm- 
Kil  d'État,  peu  importait,  tous  étaient  pour  lui  des  commissaires.  La 
Fégence  deJérflmcMiWestphalie,  composée  dTiommesgraves,obéîs- 
nit  ft  l'empereur,  et  ces  ministres  correspondaient  moins  avec  le  roî, 
leur  souverain  nominal,  qu'avec  le  véritable  monarque  qn!  réaidait  i 
Saint-Cloud;  ils  géraient  unetutdie,  etilsen  rendaient  compte'.  Un 
•impie  décret  impérial  avait  créé  le  royaume  de  Westphalie  et  fixé» 
eonstitution  ;  avec  cette  manie  d'aniformité.  Napoléon  avait  inposi 
k  division  par  départenHnts,  comme  si  plus  tard  tout  devait  ^en- 
glober dans  l'empire  fï-ancai»  par  un  coup  de  son  sceptre.  La  Wtsl- 
phalie  eut  ses  préfets  comme  la  France  ;  et  qne  devraient  les  tradi- 
tions allemandes,  les  habitudes,  les  goûts  du  peuple  7  tout  dut  céder 
devant  la  volonté  de  composer  ud  Taste  ensemble  de  ces  parcelles 
Kdératîves*. 

■  La  régence  dn  roTaume  de  Weatpliatie  étati  compote*  des  coradDen  d'ÉW 
Imi^t,  ftniteii,  Jontret,  «t  du  gtaénJ  Jostpb  LafraBga. 

'  Un  décret  rojtl  réptriit  le  rojauniB  de  Westphalie  en  huit  départemeiili  '. 

l"  Le  département  de  l'Elbe,  cbeMEeu  Mtgdebou^. 

S*  Le  dépirtement  de  Fulde,  cbeMtea  Casse). 

3"  Le  départemeat  de  Han,  ctief-Iieu  Heiligoistadt. 

4>  Le  dipartement  de  la  Letor,  cheMifu  GoHtlngne. 

!(■  Le  département  de  rOcker,  chef-lien  Brunswick. 

(t*  Le  département  de  la  Saaie,  cher-lien  Halberaladt. 

T>  Le  déparlemeni  de  ta  Wem,  oheMleu  Harboorg. 

H°  Le  département  du  Weeer,  chef-lieu  Osnabrttek. 

V(^i comment  s'eiprimait  an  homme d'£lat  allemaDd  sur  la  compo^tiondcM 
rojanmo  de  Westphalie. 

n  Le  royaume  de  Westpballe,  composé  de  provinces  sans  rapports  entre  «Rh. 
fbrtnant  un  territoire  de  flSS  milles  cerr^  d'AlIemagrie,  était  peuplé  de  2,0IKI.MI 
dîmes  et  donnait  un  rareou  de  tV.OOO.OM  de  Hmix.  Le  Douvean  roi,  writiMr 
vassal  de  l'empereur  son  frère,  était  tenu,  par  le  décret  de  création  de  I'£t«t  qui  lui 
était  conBé,  de  tenir  à  la  disposition  du  monariine  français  qui  l'intronisait  11  ta'»''* 
des  terres  sUodialw  (art.  11)  du  royaume:  une  régence  fut  chargée  d'oiftai^er  re 
nouTd  Ëtai.  dont  Jean-George  Millier  brocha  k  la  fatie,  et  en  quatre  articles,  li  foit- 
Btituiion.  Celte  régence,  composée  en  mqorité  d'hommes  plus  s)Hrituels  qu'adni- 
nistraleurs,  ne  connaissait  ni  la  langue,  ni  lee  lois,  ni  le  caractère  des  peuples  qu'cHt 
■rait  i  gouverner  ;  en  conflit  aveo  les  intendants  provinclani  qui  s'étaient  eni[«* 
des  rcveaos  et  les  retenaient  encore  sans  satisfaire  aux  charges  publiques,  elle  11  ^ 
ce  malbeureui  paya  un  chaos.  Pour  sutctoIi,  arriva  H.  Daru,  ce  finanefer  inprri)! 
st  habile  i  étendre  la  voi«  dea  spoHationa  ordonnées  par  son  maître.  Il  n>P* 
St(,O00,000  d'un  trésor  vide,  ce  qui  éuil  supérieur  aux  re\'(»us  aonnels  da  l'huit  ^ 


îdbyGoOgle 


DsDB  les  trofs  royaiuaefl  doot  je  virai  de  parler,  Niples ,  Hellude 
et  Weatpbslie ,  les  rois  dorent  appHquer  la  trilogie  du  «ystème  frUH 
çsis:  la  drcoescriptioD .  les  droits  ,réuats  et  le  système  proUbltlf; 
9a  rmeontrùt  partout  ces  plaies  de  la  génération  impériale ,  ce  ré* 
-sumé  de  la  pensée  gouvememeiUale  de  Napoléon .  Quant  au  caractère 
persannd  des  trois  princes  qui  gouvernaient  au  nom  de  leur  frère , 
ils  étaient  d'une  nature  différente  :  Joseph  à  Na]^,  excellent  tiomine, 
plein  de  foi  dans  l'empereur,  se  croyait  destiné ,  avec  une  béatitude 
particidière ,  à  fonder  une  dynastie  durable  ;  atné  de  Napoléon ,  il 
reconnaissait  néanmoins  sa  suprématie  ;  s'il  avait  nn  gros  bon  sens 
pour  les  idées  usuelles ,  il  n'en  avait  pas  assea  poor  comprendre  la 
fantasmagorie  de  ces  fortunes  et  de  ces  grandeuss  qui  s'agitaient  pa^ 
sagères  autour  de  loi  ;  Louis ,  roi  de  HoUande ,  portait  un  sentiment 
mélancfllique  qui  lui  faisait  {vendre  en  dégoAt  les  grandears  de  ion 
rang  ;  il  sentait  sa  podtkm  abaissée ,  sa  résignation  de  préfet  ;  11  était 
eonme  nn  milieu  entre  Lucien  et  Jom^  ;  ^11  n'avait  pas  la  fermeté 
aigre  de  Fexilé ,  il  n'avut  pas  non  plus  la  fattlene  de  l'atné  de  sa 
race ,  le  plus  patient  de»  hMinnea.  Quant  &  lérAme ,  ébloui  par  st 
fortune ,  il  se  livrait  à  tous  les  plaisirs ,  à  tous  les  enivrements  que  la 
Toyanté  peut  donner,  il  ^occupait  k  peine  d'affaires  ;  pour  hii  la  cou- 
roaas  était  un  moyen  de  distraction ,  une  certaiDe  manière  d'avoir 
de»  palais  de  plaisance  bien  oadH^s,  des  maîtresse»  ceuroBoéei  de 
fleurs  et  des  meutes  féodales;  habitant  la  charmante  ville  de  Hesao- 
Cassel ,  ou  ses  résidences  princièrea .  il  se  soulageait  par  de  folle» 
joies  des  fiatigues  de  gouvemunent,  qui  consistaient  k  signer  des 
décrets  et  À  promulguer  les  lois.  Les  trois  royautés  de  Naples,  de 
Hollande  et  de  Westphalie,  nées  de  la  conquête ,  devaient  être  ren- 
versées par  elle  ;  on  ne  pouvait  les  prendre  au  sérieux  ;  Napoléon , 
disparaissant  de  la  scène  du  monde,  devait  engloutir  dans  sa  vaste 
ruine  tons  ces  établissements  éphémères.  Lui  seul  était  la  grande  tète, 
le  reste  devait  obéir. 

Hnrat,  dans  son  duché  de  Bng,  jouait  tout  &  fait  le  réle  d'un 
seigneur  suzerain ,  nid  n'avait  pris  plus  sérieusement  sa  putnance ,  st 
ce  n'est  Gambacérès,  prince  de  Parme  ;  avec  toute  la  naïveté  de  la 
foi ,  il  se  croyait  destiné  &  de  plus  grands  desseins ,  Dieu  n'avait  pas 

de  plui,  en  TntD  de  l'article  11,  d^  cit^,  It  remise  ds  donuiiM  rojnts  juifu'^ 
concoiTeoce  de  7,000,000  de  revenu,  ce  qui  tu  absarbtit  k  presque  toullti.  Il  (Ùlut 


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68  GOUTEKIfBHBNT  ms   ÉTATS  Ltig 

èpaisk  ses  feveun ,  raremeat  Harat  Tenait  à  Dusseldorff,  sa  ca|riUie, 
mais  il  écrivait  à  ses  bons  sujets  ' ,  ses  lettres  se  ressentent  de  ta  foi 
qu'il  avait  en  lui-même ,  il  avait  pris  toutes  les  manières  des  grands- 
ducs  allemands ,  affable  ,  indulgent ,  il  pariait  de  suzerain  i  tkmui 
avec  la  bienveillance  des  races  princières  de  Germanie.  Bertbier  cd 
agissait*de  même  avec  ses  bons  amis  delà  prindpautédeNeufcUtel; 
anrait-il  été  prince  féodal  &  la  vingtième  génération,  qu'il  n'aurait 
pas  pris  SB  dignité  plus  au  sérieux  ;  ne  signait-il  pas  AhxtmdTt  toat 
court ,  comme  les  autres  rois  signaient  Maximilien  ou  Frédéric? 
Au  reste,  grand- duché,  électoral  ou  principauté  étaient  r^ 
d'après  les  lois  françaises,  avec  la  conscription  et  les  droits  réunis, 
ces  deux  blasons  de  l'aigle;  et  tout  cela  sans  tenir  compte  des 
nationalités,  sans  s'inquiéter  des  idées  personnelles  du  peuple;  uq 
«mple  décret  de  l'empereur  aur^t  pu  réunir  toutes  ces  soaveni- 
netés  &  la  France ,  sans  qu'il  y  parât  dans  la  forme  de  gooier- 
nement  ;  Joseph  ,  Louis ,  Jéréme ,  Hurat ,  Beri.hier ,  seraient  alors 
effacés  de  la  carie  des  souverains ,  la  marche  générale  des  choses 
n'en  éprouverait  aucune  altération.  Celaient  des  pions  déplace  sur 
on  échiquier. 

Napoléon  avait  entendu  le  protectorat  de  la  confédération  du  Bhin 
à  sa  grande  et  forte  manière  ;  il  ne  supposait  rien  d'indépendant,  toat 
devait  servir  d'instrument  à  ses  vastes  desseins;  il  n'y  avait  désonnais, 
en  Europe,  aucune  situation  libre,  si  ne  n'était  celle  de  la  Russie  et 
de  l'Angleterre  ;  la  confédération  du  Rhin  ne  lui  paraissait  qo'unt 
forme  de  son  système  fédératif  ;  il  la  traitait  avec  la  même  volonté 
impérative  que  la  France  et  l'Italie  ;  il  appelait  l'Allemagne  i  ses 
levers  ;  ses  lettres  impériales  étaient  des  ordres  ;  voulait-il  entreprendre 
une  guerre  ?  Des  chartes  scellées  de  son  scel  suffisaient  pour  convo- 

■  Dès  la  camptgDc  de  Tilsitt,  Uuni  taii  m  litiUhh  eouvenia  «ux  minislrH  dt 
son  grand- duché. 

L»  grand-due  de  Birg,  à  ion  minisln  ds  Vintérieur,  à  DuMitlderf, 
a  Après  d[i  jours  de  combate  et  de  Tictoires,  l'armé*  russe,  complélcineiil  billue, 
dispersée  et  poursuivie,  s«  vil  forcée  de  passer  avec  précipitation  le  Niémni,  et  it 
Tecourir  i  la  nodéradon  du  vainqueur.  Une  cession  d'armes  sera  probabloveol 
conclue  sous  peu  de  jours,  et  on  peut  espérer  que  U  psii  s'ensuiTra  immédiaicmait. 
Faites  part  de  cette  bonne  nouvelle  1  mes  sujets.  Je  désire  qu'il  soit  chanlé  nu  Ti 
Deum  solennel  dans  toutes  les  villes  de  mon  grand-duché,  en  acliooB  de  grlcts  put 
les  victoires  de  sa  majeslé. 

■  Tilsitt,  le  22  juin  1807. 

»  Signé  :IoAcnai.» 


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AD   SYSTÉHB   FâDÉBATIF  DE  HAFOLÉON.  63 

'quer  les  vaasaax;  qtumdun  officier  d'ordoonaoce  était  envoyé  pnr 
l'emperear,  comme  les  miati  dominici  de  Charlemagoe ,  il  était 
accueilli  avec  respect  ;  princes,  ministrea,  conseillers,  tous  s'empres- 
saient d'obéir  avec  un  dévouemrat  absolu  ;  jamais  nul  ne  manquait  i 
l'appel  ;  les  Temnaes,  Ûères  allemandes,  opposèrent  quelque  résistance, 
les  princes  jamais.  Dans  l'histoire  de  l'empire,  il  faut  aussi  distinguer 
les  peuples  des  gouvernements  ;  quand  les  électeurs  baissaient  la  tète, 
les  multitudes  murmuraioit  haut,  et  i  cAté  de  la  confédération  du 
fihini'organisBit  une  coalition  des  sociétés  mystérieuses,  confédération 
plus  profonde  et  plus  fière ,  car  elle  se  formait  pour  la  vertu  et  la 
Uberté. 

Le  prince  primat,  le  premier  des  électeurs  dans  la  confédération 
du  Bhin  s'était  montré  ardent  admirateur  de  Napoléon ,  jusqu'i  ce 
point  d'adopter  le  cardinal  Fescb  pour  son  coadjuteur.  Le  prince 
primat,  vieillard  déjà,  voulait  finir  paisiblement  sa  vie  dans  ses  belles 
cités  de  Ratisbonne ,  d'AscbaSembourg  et  de  Francfort  l'opulente  ; 
jamaisil  n'osa  la  moindrerésistance,  les  ordres  des  générau^L  français 
étaient  pleinement  exécutés  ;  on  levait  des  millions  de  florins  dans 
Francfort, on  opprimait  le  commerce,  et  il  ne  disait  rien.  Presque 
toujoun  à  Paris,  le  prince  primat  était  un  des  convives  assidus  de 
Cambacérès  qui  le  traitait  d'égal  avec  une  familiarité  ri^ble,  et  souvent 
même  l'archictkancelier  prenait  le  pas,  comme  prince  de  Panna,  sur 
le  primat;  amalgame  singulier  que  de  voir  accouplé  un  vieux  prince 
allemand,  d'origine  carlovingienne,  avec  Cambacérès,  régicide  et  con- 
veutionnel,  tous  deux  princes,  tous  deux  graves,  et  se  regardant  sans 
rire  ;  tant  Napcrféon  avait  opéré  de  prodiges  I  II  était  impossible  qu'une 
telle  situatioD  ne  tournât  pas  la  tète  mùne  k  va  esprit  aussi  bien  fait 
que  c^ui  de  l'archicbanchelier Cambacérès*. 

La  Bavière  tenait  la  seconde  place  dans  la  confédératio»  du  Bhin  ; 
^e  avait  donné  des  preuves  d'attachement  i  l'empereur  Nap(déon 
dans  la  campagne  d'Austeriitz,  et  depuis  elle  s'était  entièrement  réunie 
au  système  français.  Maximilien-Joseph,  prince  faible  et  sans  volonté, 

'  Le  priDce  primat  aTaiiaonminisière;  il  w  f  ompMiil  de  ; 

H.  te  baron  d'Albiol,  mmûfr*  (f^tol  et  j^MOtrawr. 

H.  deWBlmenich,«(m*nIIm-d'/:r[K. 

M.  le  comte  de  Bcozel,  eorutilltr  d'Étal. 

M.  1«  baron  de  Deei ,  miniâtre. 

U.  le  comte  de  Deusi ,  mmitlrt  dai  Bon/'^rmeM  t(  Arwttttr  ibi  lalùMi. 


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àeiait  n  couronne  de  roi  &  l'emperear.  La  Bavière  gardait  one  vive 
racODnaiaBBDee  pour  le  haut  protactew  de  la  confédération  du  BIub 
qui  lui  donnait  un  agrandineBent  A  coosidérable  de  territure,  mk 
alTkwichiaKiBent  de  l'Autriche,  et  mémo  la  poasenion  Aa  Tyral  ;  et 
<|uoiquerc^t  des  montagnard!  ftttplulAt  un  embarras  qu'une  con- 
quête, la  Baviire  avait  gagné  un  revenu  de  plus  de  5,000,000  de  Awios 
et  une  population  de  1300,000  taaea.  Le  rai  de  Bavière  était  donc  i 
Il  disposition  de  Napoléon  ;  le  suurain  n'avait  qu'i  parler  pour  qoe 
to  vassal  olbètt  :  situation  abai»6e  qui  avait  Meaié  proroodément  r«i- 
denne  électrice  de  Bavière  devenue  reine,  Frédérique-Caroliae  de 
Bade.  Je  le  répète,  ks  femmes  en  Allemagne  contribuèrent  puinaM- 
BMnt  i  maintenir  l'eaprit  de  la  oatiouUté  ;  l'tiectriee  était  deveoiie 
reioe,  et  pourtant  elle  lentait  qa'a  j  avait  dans  aa  position  quelque 
dma  de  plus  précaire,  de  plus  humUe  ;  elle  eût  préftré  le  simple  titre 
de  cbaiKunesBe  d'un  vieil  ordre  de  noUesM  dans  la  Tburisge  ou  la 
Fraoconle,  h  l'aflUctioa  de  s'aswolr  k  côté  des  reines  de  Naptes,  de 
Htdiande  (  Clari  ou  Beauharnaiti  ],  sœurB  et  nièces  de  la  Camille  Botm- 
parte.  Cette  fierté  aBemande  se  rencoatrait  dans  plusieurs  femmes 
de  la  confédération  du  Bhin.  Mariaime ,  la  priocene  palatiae ,  tam 
du  roi ,  était  encore  une  ennemie  du  système  français  et  de  es 
fiHiunes  magiques  contre  leiqueUes  la  vieille  n^>te9ee  protestait  es 
nia*. 

Le  roi  de  Wurtembei^ ,  si  remarquable  par  ta  fMte  corpulea», 
par  son  esprit  dur  et  inflesible,  était  t'admirateiir  assidu  de  Napoèéoo, 
DU  des  princes  les  plus  zélés  de  ta  confédération  dn  Rhin  ;  on  le  voyait, 
comme  le  prince  primat,  «lusi  souvent  à  Paris  qn'à  ^ottgaid  ;  il  ans- 
tait  aux  dluers  de  famille,  partout,  à  Saint-Cloud  et  aux  Tuileries,  et 
Napoléon  était  aise  de  montrer  la  différeoce  entre  lui  intc^igent  et 
actif,  et  ce  monuque  allemand  anx  habitudes  domestiques,  nourri  de 
foie  d'oie  et  de  pilé  de  venaisoo,  comme  les  féodaux  du  Bhin  sons  les 
carlovingienSiprinces  humiliés  qui  suivaient  alors  son  char  de  triomphe. 
La  volonté  de  l'empereur  ne  trouvait  pas  plus  d'obstacles  i  Stuttgard 
qu'à  Munich  ;  ces  cours  étaient  unies  par  les  doubles  alliances  de 
famille,  d'intérêt  et  de  territoire.  Eugène  avait  épousé  une  princesse 
bavaroise,  et  Jéréme  une  fille  de  Wurtemberg.  Quelles  que  fussent 

'  Le  ministère  de  Bavière  n'avait  point  cliaiigé.Toyex  tomeTI,  cb.  ri,  de  cetouTnge; 
teulemeDi  il  hii  augmenté  d'un  départemeui  des  flnincei,  confié  i  M.  le  baron 
Sompetck, 


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AD  STSI&MB  FÉDéaATIF  DB  HAPOLÉON.  71 

M»  alIiaDces  polîtiqaeH,  les  femmes  restaient  toujoura  dans  leur  fierlA 
de  rsce.  Lareine  de  Wurtemberg  était  Anglaïae  d'origine  ;  Charlottfr- 
Auguste-Mathilde,  née  dans  la  famille  régnante  en  Angleterre,  m 
plagait  k  Stultgard  sur  la  même  ligne  que  l'électrice  de  Bavière, 
comme  uue  oppositiou  au  système  français.  Cette  race  du  Wurtent- 
berg ,  si  considérable,  avait  des  alliances  dans  toutes  les  cours  :  en 
fiussie,  en  Angleterre,  avec  les  Saxe-Cobourg  ,  avec  les  princes  de 
Nassau  ;  tous  les  intérêts  et  toutes  les  opinions  étaient  représentés  à 
Sattgard  ;  c'était  habile  à  un  prince  qui  se  trouvait  ainsi  protégé 
QCHitre  tous  les  coups  de  la  fortune  * . 

La  Saxe  n'étant  entrée  dans  la  confédération  du  Rhin  qu'après  U 
canqtagne  d'Iéoa,  Napoléw  l'avait  placée  dans  la  iiiérardûe  i  la  suite 
du  Wurtemberg,  bien  que  le  contingent  des  troupes  saxonnes  fAt 
plus  cousidécable.  Frédéric-AufiuBte  devait  un  accroisKment  de  ter- 
rUiHre  et  de  revenus  à  son  alliance  intûae  avec  la  France,  comme  le 
Wurtembeif  et  la  Bavî^.  Sa  conroone  était  devenue  royale  ;  le 
traité  de  Tikitt  lui  donnait  des  possessions  nombreuses  en  Prusse,  et 
de  phw,  le  grand-duché  de  Varsovie,  tombé  dans  le  dernier  partage 
au  pouvoir  des  Pruaûens.  Le  grand^ucbé  de  Varsovie,  encore  occup6 
par  les  Français,  et  destiné  dans  l'origineà  servir  de  noyauà  la  Pologae 
indépendante,  fut  aus»  donné  en  indemnité  à  la  Saxe  ;  l'histoire  avait 
montré  plus  d'une  foia  Les  princes  de  cette  lignée  qipelés  k  la  couronne 
de  Pologne  par  Le  choix  libre  des  palatins  dans  les  diètes  ;  l'ouperear 
voulut  réaliser  cette  forme  timide  et  tfompeuse  d'une  émancipation 
de  la  Pologne  ;  U  noble  nation  était  venue  à  lui  et  Napoléon  n'avait 
den  osé  pour  elle.  Le  roi  de  Saxe»  prince  de  loyauté  et  d'hoBneur, 
visita  pluaieun  fois  Paris  pour  rendre  lioDunage  i  son  80ierain;iJse 
distinguait  du  roi  de  Wurtemberg  par  un  air  de  douceur  et  de  dignité 
perstHinelle;  iL  portait  lecostame  de  l'ancienae  cour,  la  vieiUe  coif- 
fure du  temps  de  Frédéric ,  sans  faste  comme  toute  la  noblesse  alle- 
mande, en  «'asseyant  à  c6té  de  tant  de  récentes  fortunes,  il  s'en  sépa- 
rait par  les  manières  et  Les  formes.  La  maison  de  Saxe  était  alliée 


'  Le  miDistira  dn  rgi  da  Wurtembc^  comptiil  : 

V.  le  comte  de  WiDsingeTode,  minûln  d'Étal  et  da*  confénneêt,  myaat  là  difr> 
l«in«nl  du  affttinr  étrimgirt*, 

tt.  le  btron  de  Taube,  miniilrt  de  l'intérieur, 
U .  le  duc  Guillaume,  tainieira  de  la  guerre, 
H.  le  baiDu  d'Eode,  miniitredi  lajuttite. 


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72  GOtVEBNBHENT  DBS   ÉTATS  Ll£s 

tout  i  la  fois  à  l'empereur  Napoléon,  è  l'Aulrit^  et  h  la  BaTiërs; 
elle  se  soutenait  ainsi  par  l'appui  des  vieilles  et  des  nouvelles  dynasties, 
lorte  de  balancement  dans  la  situation  générale  de  l'Europe  ' . 

Bade  avait  maintenu  sa  neutralité  pendant  toute  la  lé^ololioii 
française  ;  le  successeur  des  margraves  s'était  jeté  dans  les  br»  de 
Napoléon  et  depuis  le  consulat  lui  avait  gardé  une  fidélité  exemplaire; 
le  prince  Charles  de  Bade,  si  peu  mêlé  à  la  politique  dans  sa  cour  de 
Carlsruhe,  s'était  résigné  k  toutes  les  idées  de  son  terrible  v(»sîn,  ee 
protecteur  aux  larges  et  fortes  pensées;  il  lui  devait  le  titre  de  grand- 
duc  avec  une  augmentation  coitsidérable  de  territoire  ;  il  venait  de 
donner  son  pctit-fllR,  le  prince  héréditaire,  à  la  gracieuse  Stéf^nie- 
Louîse-Adrienne  Napoléon  de  Beauhamsis,  et  par  là  il  s'était  assaré 
la  protection  de  l'empereur.  L'électeur  de  Bade  s'était  aussi  rattacbé 
la  Russie  par  le  mariage  d'une  de  ses  petits-Biles  avec  le  grand-doc 
héréditaire,  tandis  qu'une  autre  des  jeunes  princesses  allemandes, 
élevées  à  Carlsnihe,  épousait  le  roi  de  Suède,  cet  ardent  Gustave- 
Adolphe,  chevalier  des  idées  monarchiques.  Ces  familles  électorale, 
intimement  unies  les  unes  aux  autres,  se  croisaient  incessammeDt  pU' 
des  alliances,  de  manière  à  s'appuyer  mutuellement;  elles  avaieot 
des  parentés  dans  toutes  les  cours  et  des  protecteurs  parmi  tons  les 
cabinets  *. 

Le  système  de  la  confédération  du  Rhin  comprenait  des  princes 
de  second  et  de  troisième  ordre  ;  la  masse  en  était  con»dérable,  car 
l'Allemagne  conservait  le  système  féodal,  dernier  débris  de  cet  arbre 
immense  qui  couvrit  le  moyen  âge  de  ses  rameaux  :  Louis,  X*  do 
nom,  grand-duc  de  Hesse-Darmstadt,  vassal  fidèle  de  France,  car  sel 
terres  touchaient  le  Rhin  ;  Ferdinand-Joseph,  grand-duc  de  Wnrti- 

'  En  Sne  on  complaît  un  cibinct  plusnombrcui  : 

H.  k  comte  de  Base,  mininre  du  affairei  éO'angèrei. 

M.  le  comie  de  Hopfgarten,  minittr*  du  cabinet  et  acrilaire  d'État,  arigtaulU 
dtpaHement  domntiqua  et  vne  partie  du  dipartement  militaire. 

H>  de  Loss,  dirigeant  l'autrt  partie  du  département  ffltltlatrw. 
Conseil  privé. 

Minittret  du  tonftreneu  : 

M,  de  Bourgsdorff. 

H.  1«  comte  Hohenthal. 

H-  de  Csriovitz. 

M.  de  Zedlwii. 

*  Voici  l'élAt  euct  tant  de  la  population  que  du  territoire  des  peuplr^  nu«'* 
dau  la  conlëdération  du  Ehin  : 


îdbyGoOgIc 


AD  SYSTÈME   FioéBATIF  DB   NAPOL^O^t.  73 

boarg,  archiduc  d'Autriche,  que  remperetirNapo1é<Hi  protégeait  de 
toute  sa  force,  pour  l'opposer  h  son  frère  atn6  l'empereur  ;  projet 
blEarre  et  sans  exécution,  comme  si  en  Autriche  la  loi  hérétUtalre 
pouvait  être  modifiée  en  face  de  sujets  fidèles  depuis  des  siècles  aux 
atnés  de  la  maison  souveraine.  Denx  branches  des  Nassau  étalent 
conservées  dans  la  confédération  du  Rhin  ;  deux  branches  également. 


PTtmitn  mtmbm  d»  ettté  fkmféd*nUio». 

10  BavUrc, 

l.TBO       mUles  cairia. 

a-  Wurlemberg, 

an 

1,189,000 

3»  Prince  PriiMl, 

« 

174,000 

4*  Bade, 

lOS 

800,000 

B-Berg, 

IM 

00.000 

m 

400,000 

7"  Nissau-Osmeeii, 
»>  Nusaa-WeiÛMiirB, 

1.0. 

ro,ooo 

0°  Hobeozolleni-HeeUo- 

.O.Hofc.>en.*e,. 

n 

44,000 

mtriDgea. 

Il"  Salm-Sdni, 

S3  1/9 

30,000 

12°  Stlm-Kirbourg, 

11 

17,000 

U 

80,000 

W  Areobcrg. 

«  Ht 

48,000 

S 

6,000 

16*  Lejen, 

S 

B,000 

Tottl. 

a.MB 

e,»si,Boo 

VmbrM  Miiré*  aprte  la/lrnitoMoMiti  la 

AMpotWr. 

S,3W 

8,0Ï1,B00 

!•  Sue, 

71S 

1,010,000 

a.  WumbOBTB, 

100 

SM,000 

3»  Sâje-Weimir, 

ÏT 

109,000 

40  Stie-Gotba, 

«1 

180,000 

B*  Baie-MeiouDgu, 

14 

84,000 

4*  Siie-Coboiirg, 

1» 

M.000 

11 

33,000 

8*  Anlult-DesMU, 

17 

83,000 

ISl^ 

3B,000 

10*  Anhalt-Kvthen. 

14  1/3 

33.000 

hausen. 

U 

48,000 

Bladt, 

11 

40/100 

l*-  Waldeck. 

» 

49,000 

i¥  B«us  (Plmnen-Creig}, 

1 

».000 

U*  Lippe  (Deunoldj, 

9» 

70.000 

Toul. 

3,98» 

9,960,000 

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74  GOOVEBHEHENT   DBS   ÉTATS   LIÉS 

des  Hobenzoltern  ;  une  des  Salm-Saltn,  dans  la  personne  du  prince 
CoDstanlio-iJeiaDdre,  si  spirituel  et  ù  causeur  ;  on  j  trouvait  égale- 
ment les  Isenbourg,  de  si  vieille  souche  ;  Prosper-Louis,  duc  d'Areo- 
berg,  jeune  et  brillant  alors,  ÎJ  avait  à  peine  23  ans  :  sa  famille 
B«rtBÎt  des  chevalien  de  Souabe  ;  les  [K-ÎBces  de  Lichteosteiii  ùàsùaA 
•uSH  partie  île  la  confédération  ;  les  Saxe-Got^  les  Saxe-Weimar  d 
trois  autres  branches  de  la  même  famille  marchaient  sous  le  protec- 
torat de  Napoléon  ;  puis  les  Anbait,  les  ^ncesde  Lippe,  les  Meck- 
Icmbourg-Strélii  ;  les  Mecklembourg-Schwerin  ;  nombreuse  lignée, 
alors  représentée  par  Frédéric-François,  qu'un  mariage  réunissait  au 
duc  de  Stxe-Gotha,  les  Beuss  et  les  Waldeck,  Gers  hommes  d'armes 
aui:  vieux  temps,  faisaient  aussi  partie  de  la  confédération  du  Bhia  : 
chacun  devait  fournir  son  contingent  de  troupes  au  premier  appel  de 
l'empereur  ;  tous  cherchaient  à  s'allier  même  à  ses  collatéraaiou  à 
ses  généraux  les  plus  fidèles  ;  c'est  ainsi  que  Berthier  époosut  une 
fille  du  duc  Guillaume  de  Bavière  ;  le  duc  d'Arenberg  obtenait  la 
main  de  mademoiselle  de  Tascher,  nièce  de  l'impératrice,  gracieuse 
élève  de  madame  Campan  ;  enfin  un  prince  de  Hohenzollern  se  tenait 
fier  d'épouser  mademoiselle  Antoinette  Murât,  nièce  du  nouveaa 
grand-duc  de  Berg  '. 

Tous  ces  princes  obéissaient  par  dévouement  ou  par  crainte  à  ti 
politique  générale  de  la  France;  c'était  le  système  de  Richelieu 
agrandi  ;  on  ne  leur  payait  ^us  des  subsides  de  guerre,  et  pour  iei 
faire  marcher,  il  suffisait  d'un  ordre  dn  cabinet  impérial.  Lcscoo- 
tingents,  proportionnés  et  réglés  par  l'acte  solenuel  de  la  confédért- 
tion,  devaient  être  au  premier  signal  sur  le  pied  de  guerre;  les  UDd 

■  ■  Paris,  13  fKrrierlBOS. 

a  Le  mariage  de  S.  A.  le  due  d'Arenberg  avec  mademoiselle  de  Taschr,  lâf 
ûe  l'impératrice,  a  eu  lieu  aujourd'hui  chei  la  reine  de  HollandG.  S.H.Ianiat 
donne  t  cetteoccasioB,  dansson  hdiel,  ruede  Céroiti,  uDeKteetanrqwsda»»» 
de  600  couverts,  que  LL.  MM.  II.  «t  RR.  honoreront  de  leur  pr^senee.  ■ 
«  7  février  IMS. 

»  Jeudi  dernier,  S.  A.  Anioinetie  Murât,  nièce  du  grand-dnc  de  B«^,  cl  iMut' 
)>rinccsBe  la  veitte,  épousa  le  pi^nec  de  Hahenzonem.  11  j  eut  k  celte  oeeasiHi.  N 
palais  du  grand-duc,  un  bal  magnifique  que  LL.  HM.  l'empereaT  et  l'impénui'* 
ont  honoré  de-leur  présence.  » 

X  13  mars  1S08. 

a  Mercnai  dernier,  9  de  ce  mois,  S.  B.  Ma^  le  cardinal  Feaeh  a  donné  lai'*^ 
diction  nuptiiile  k  LL.  AA.  SS.  le  prince  de  Neurehâiel  eiib  pilnccne  Utn'- 
Elisabeth,  fille  du  duc  Guillaume  de  Bavière,  ei  sceur  du  prince  Pii-Aiifusu.' 


îdbyGoOgIc 


AD  STSTiME   PÉDÉRATIF   DB  NAfOLÉOH.  75 

tels  que  la  Bavière  et  la  Saxe,  devaient  deux  dinsiooa  cTinfantciie, 
ime  de  cavalerie  ;  d'autres,  une  simple  brigade,  un  ré^raeat,  an 
bataillon ,  et  quelqueroîs  même  une  compagnie  ;  le  contingent  ét«tt 
en  rapport  avec  la  force  territoriale  et  financière  de  chaque  Ètiit, 
mais  il  le  fallait  «ir-le-dump.  Quelquefois  Napoléon  appelait  cas 
vassaux  à  son  palais  ou  sous  la  tente  pour  leur  dicter  des  ordres  «a 
pour  te  suivre  dans  les  cérémonies  publiipies,  afin  <te  constater  sa  sou- 
veraineté ;  l'empereu,  plein  de  confiance  dans  la  noblesse  allemandet 
connaissait  sa  bravoure  et  il  l'employait  ;  la  plupart  de  ces  jeuace 
princes  étaient  coIoiHb  de  régiments,  amples  ofBci«B  d'ordonnance. 
quefqoefsfB  même  auprès  de  sa  personne  avec  des  grades  inférieun  ; 
il  leur  donnait  les  levons  et  Tcxemple  ;  Napoléon  se  servait  de  la 
noblesse  allemande  pour  ses  desseins  ;  il  semblât  lui  dire  :  <c  C'est  i 
vous  qn'i)  appartient  de  garder  les  frontières  du  fihin,  voos  êtes  les 
avant-postes  du  grand  empire  !  a  Tous  ces  princes  servirent  avec  lèle  ; 
nul  ne  manqua  au  feu  ;  ils  se  souvenaient  de  la  glorieuse  époque  de 
leurs  ancêtres  sous  Cbarlemagne.  Le  contingent  saxon  était  magni- 
fique, l'artillerie  admirablement  servie;  en  campagne,  on  l'incor- 
porait dans  des  corps  d'armée  mi-partie  français  et  italiens,  et  souvent 
le  commandement  en  était  déféré  à  un  maréchal  d'empire  :  ainsi, 
Bemadotte  mena  souvent  la  noblesse  saxonne.  Les  Bavarois  étaient 
d'excellentes  troupes,  et  le  souvenir  des  généraux  de  Wrède  et  Deroi 
se  mâle  aux  beaux  faits  d'armes  de  l'armée  de  France,  surtout  pen- 
rfant  la  campagne  de  1809  ;  les  Wurtembergcois,  les  Badois,  furent 
moins  brillants,  on  ils  demeurèrent  plus  obscurs,  parce  qu'ils  étaient 
en  plus  petit  nombre,  et  moins  souvent  cités  dans  les  bulletins  de 
campagne. 

Maître  de  si  nobles  auxiliaires,  ta  faute  de  Napoléon  fut  d'assouplir 
les  peuples  au  niveau  de  l'esprit  français  ;  il  ne  respecta  aucune  cou- 
tume. Pour  être  durable,  la  confédération  du  Kbin  devait  rester  alle- 
mande, avec  ses  privilèges  ;  le  haut  protecteur  devait  conserver  les 
lois,  les  habitudes  de  la  patrie  ;  l'empereur  comprit  mal  ce  rAIe  ; 
Charlemagne  s'était  usé  à  la  peine  en  réalisant  en  vain  un  système 
(l'unité  ;  Napoléon  voulut  imprimer  le  caractère  français  non-seule- 
ment à  la  forme  militaire,  mais  encore  à  toutes  les  administrations 
civiles;  les  peuples  furent  gouvernés  durement;  les  exigences  de 
Napoléon  étaient  grandes;  il  fallait  sans  cesse  lever  des  hommes  et 
des  impôts  afin  d'entretenir  les  contingents  de  guerre.  Il  résulta  de 


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78  eODTBBNBMBMT  DBS  iTATS  Uts,  WK. 

là,  je  le  répète,  une  situaUoD  dUBcile  pour  tous  les  États  soumii  lu 
système  fédératif  de  l'empereur  des  Français;  ils  dureut  se  faire 
oppresseurs  pour  remplir  les  conditions  de  l'alliance,  faire  incenuii- 
ment  de  nouvelles  leiées  de  conscrits,  et  prendre  moins  à  ccearde 
soulager  leurs  peuples  que  d'obéir  aux  ordres  qui  arriraieot  des  Tui- 
leries. 

Or,  que  résulta-t-il  de  1k?  C'est  que  les  peuples  s'organiaèreat  en 
dehors  des  gouvernements  germaniques;  les  princes  pouvaient  s'ab- 
diquer, les  nations  jamais  ;  quand  les  joun  de  réaction  commencèrent, 
ce  ne  farent  pas  les  gouvernements  allemands  qui  se  levèrent  contit 
Napoléon,  la  plupart  restèrent  fidèles  ;  mais  il  y  eut  an  esprit  de 
patriotisme  qui,  secouant  les  chaînes,  tenta  de  rendre  à  diaque  penplc 
«on  caractère,  et  i  chaque  nationalité  son  origine  et  son  dr<Àl  Le 
génie  d'Arminiu*  se  réveilla  au  sein  des  «Diversités  contre  le  nnureiii 
Qiarlemagne. 


îdbyGoOgIC 


SlTOÀTIOn  DBS  eBANDBS  FmSMMCU»  BTC. 


CHAPITRE  IV. 


■ITUITIOH  DIS  aUNDH  PDlflMGU  ÂTtkS  U  f  UX  DI  TILSTTr. 


1*  L'Ai^lelrire.  —  Décadeoceduiniatstre  Grenville.  —  Sa  faiblesie  et  ses  faute*. 

—  Sn  eipéditiODs  milJUirM HioUière  CaDDlog,  Castleresgh ,  Perceval.  — 

Dissolution  du  pirieroenl.  —  NoiM  de  H.  CaDDiog  1  la  Bussie.  —  NégociatioDS 
de  lord  Goirer.  —  Eipéditlon  noglûse  i  Copenliague.  ~  Ses  molib  secrets.  — 
Système  militaire  de  Castlercagh.  —  Le  major  général  Arthur  Wellesle;  (Wat- 
ï'mgtaa),  —  S<>IaBusaie«prèslB  paix  deTilsItt. — Esprit  d'AlexaDdre.—Prépart- 
tUs  deguerre  contre  la  Finlande.  ~  La  cour  et  l'opinion  en  KDSsie.  —  Lesconcnils 
de  Napoléon.  —  Le  colonel  Pouo  di  Borgo.  —  If  ission  du  général.  —  Bupture 
avec  1  Angiciene.  —  Ses  conséquences.  —  3°  L'Autriche.  —  Esprit  public.  — 
Ses  armements  sucrcsriTs.  —  Application  de  ses  finance».  —  Augmentation  de 
ses  cadres.  —  Le  prince  Charles.  —  4°  La  Prusse.  —  Eigucur  de  l'occupatioD 
française.  —  DépAt  des  places  fortes.  —  Séduction  de  son  armée.  —  Humilia- 
tions. -~  ImpAls.  —  Fermentation  des  esprits. 


L'Angleterre,  l'ennmiie  implacable  du  système  impérial,  D'était 
point  restée  spectatrice  immobile  des  grands  événements  qui  agitaient 
l'Europe  continentale  ;  le  cabinet  de  lord  Grenville  semblait  un  pro- 
grès dans  les  Termes  opinions  ;  le  noble  lord  avait  appartenu  à  l'école 
antifran^aise  ;  on  pouvait  espérer  ainsi  des  mesures  d'une  certaine 
force  politique  ;  mais  le  frottement  de  lord  Grenville  avec  le  comte 
Grey  et  le  parti  wfaig  avait  ramolli  l'esprit  et  la  tendance  de  sod 
cabinet.  Tout  avait  été  faiblement  conduit  ;  aucune  expédition  n'avait 
produit  de  sérieux  résultats  :  partout  l'Angleterre,  engagée  k  paraître 
en  force  pour  seconder  le  mouvement  européen,  n'avait  tenu  que 
lentement  ses  promesses.  L'empereur  Napoléon  frappait  comme  la 
foudre,  et  lord  Grenville  ne  remuait  les  armées  britanniques  qu'après 
que  la  victoire,  si  Sdèle  aux  aigles  de  France,  avait  rendu  inutile  leur 
concours  :  c'est  ce  qui  était  arrivé  en  Suède ,  en  Prusse  ;  et  tout  ré- 
cetnment  encore  les  expéditions  contre  BuénoS'Ayres,  les  tentatives 
contre  la  Porte  ottomane,  avaient  complètement  échoué,  à  cause  dei 


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73  srrcATioK  sn  gkakdbs  fcissmou 

Imteurs  et  des  incertitudes  du  ministre;  GretiTille  s'était  osé  '. 

Il  euste  hH^otus  ea  Angleterre  un  seDtiueDt  public  et  national 
qui  fait  justice  des  mauvais  systèmes  ;  si  les  portis  politiques  se  divisent 
dsDS  les  questions  de  l'intérieur,  il  n'eo  est  pas  ainsi  quand  il  s'agit 
de  l'honueur  et  de  la  puissance  anglaise  dans  ses  rapports  avec 
l'étranger  ;  alors  se  réveille  l'orgueil  et  l'esprit  du  pays.  Quand  les 
ministres  ont  méconnu  la  tendance  des  opinions,  l'Angleterre  lei 
proscrit  et  les  brise  ;  et  c'est  ce  qui  arriva  précisément  au  ministère 
Grenville  :  il  ne  put  résister  au  mouvement  qui  se  prononçait  contre 
lui  avec  une  grande  énerve  au  sein  de  la  nation;  dans  le  parlement, 
le  parti  Pitt  refusa  de  le  seconder ,  on  ne  lui  pardonnait  pas  son 
alliance  avec  les  vhtgs  ;  Canning  et  Casticreagh  l'accablèrcot  de  leurs 
sarcasmes,  et,  lorsque  l'Angleterre  résolut  de  poursuivre  avec  énergie 
te  lutte  engagée  contre  la  FraDce,  elle  dut  chercher  des  hommei 
d'État  d'une  plus  Terme  capadté  et  réunis  sous  un  drapeau  plus 
éminent  et  plus  national. 

Ud  nouveau  cabinet  fut  donc  formé  dans  de  meilleures  condittoDs, 
an  face  du  parlement.  Grenville  se  démit  de  ses  emplois  ,  et  le  parti 
Rtt  reprit  so  puissante  politique  ;  l'image  du  grand  homme  d'Étal 
fut  replacée  sur  son  piédestal,  et  ses  principes  reçurent  solennelle- 
ment leur  application  dans  une  administration  tory.  M.  Perceval, 
riostrumcnt  actif  qui  prépara  la  formation  du  nouveau  cabinel, 


'  ITipoIéon  discutait  avec  violence  les  derniires  npédilioi»  anglaises  ;  H  disul  -. 

«  L'Anglelfire  a  fait  plusieurs  «ipédilions  :  la  preiDJère  d«vtirt  Consiantiueplr- 
SU*  a  louméàsahonte;  elle  lui  a  valu  la  perte  de  pinsieurs  vai$seini,  la  con&sta- 
tion  de  toutei  ses  marcban dises  el  l'eipulaioD  de  son  commeree  de  loutn  les 
^belles  du  Levant.  Lord  Duckwarih  et  son  escadre  ont  éié  heureui  de  pouvorr 
trouver  leur  salut  dans  la  fuite. 

•  La  seconde  eipéditioD  de  l'Anf^etcTre  a  été  contre  l'Egypte.  Elle  a  éié  pin 
konteose  encore,  plus  funeste ,  plus  déshonorante.  Sod  aimée ,  buttac  i  Rosciie, 
cernée  dans  la  route,  a  perdu  plus  de  400  liomiaes  d'élite,  qui  ont  été  tués  ou  Uuls 
prisonniers.  En  vain  les  Anglais  ont  coupé  des  digues,  ronrpn  des  fananx,  inovil' 
ce  nelbeureui  pays  pour  se  mettre  i  l'abri  dans  Aletandiie  ;  l«  22  septembre,  )t 
fâcha  du  Caire  arrive,  les  bal  et  les  oblige  i  lui  remettre  Aleiandric  où  le  paeha  faii 
aaa  entrée  le  2i.  Il  en  difficile  de  ciier  une  cipédition  plus  humifiante. 

«  Lu  Iroisiime  eipédiiion  de  l'Angleterre  a  été  cefle  de  Slonievidée  et  de  Boéae^ 
Xjna.  Dix  mille  Anglais  écbDHÈrent  devant  une  ville  miTtrte  I  II  est  mi  qw  la 
iMine  que  ce»  enaeniis  de  la  leligion  inspirent  aux  calboliqucs  espagnols  avait  doniir 
de  nouveaux  moyens  contre  eui,  avait  animé  d'une  nouvelle  ardeur  la  popuïaiioii 
tout  entière  ;  et  10,(X>0  bommes  ont  été  bcureui  qu'on  leur  accordât  la  permission 
4e  ee  retirer.  » 


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APmftS  LA  PAIX   DE   TILSRT.  T9 

n'éWt  point  une  capacité  d'an  otite  supérienr  ;  mais ,  le  premier,  Il 
avtit  senti  l'impérieuse  Bécewité  de  dooner  une  extension  ^us  éner- 
gique et  une  tenue  plus  ferme  à  la  politique  anglaise ,  quand  il  s'agis- 
sait de  hitler  avec  en  adversaire  de  la  stature  de  Napoléon  ;  H  travailla 
coMtamment  à  renverser  lord  Grenville,  quoiqoe  son  ceHègue,  et 
(tétait  un  titre  pour  prendre  place  dans  le  nouveau  ministère.  Le 
parti  Pitt  fut  penonoiSé  dans  M.  Caniting  et  lord  Gastlereagli ,  tooB 
deux  élèves  fervents  de  la  forte  école  :  lord  Castlereagh  n'avait  pu 
derant  lui  ce  vaste  borizon  qui  s'illamniait  par  le  génie  du  ffis  de 
Chatam  *  ;  les  questions  ne  se  présentaient  pas  h  son  esprit  par  masse»; 
il  les  suivit  une  à  une,  il  s'exprimait  difficilement  devant  les  com-' 
munes  ;  son  accent ,  fortement  écossais ,  le  rendait  quelquefois  disgra- 
cieux ;  mais  il  possédait  un  caractère  très-ferme ,  une  indicible  téna- 
cité pour  les  idées  conçues;  et  durant  les  crises,  l'entêtement  dam 
une  bonne  ligne  est  souvent  du  génie.  Lord  €ast1ereagh  ne  désespéra 
jamais  de  sa  conviction  profonde ,  qui  était  la  chute  inévitable  de 
rempereur;  il  en  suivait  la  réalisation  sans  détourner  la  tète,  et  c'était 
une  force  en  face  du  découragement  de  l'Europe.  Son  collègue, 
M.  Canning ,  avait  les  qualités  et  les  défauts  contraires;  nul  ne  par- 
lait avec  plus  d'élégance  dans  le  parlement ,  c'était  un  orateur  Reuri, 
classique  ,  ainsi  que  le  disent  les  Anglais  ;  on  l'écoutaît  avec  faveur  ; 
invoquant  tour  à  tour  les  souvenirs  mythcrfogiques,  Horace  et  Vii^île, 
comme  on  écolier  d'Oxford ,  M.  Canning  soutenait  des  thèses  rhéto- 
riques plutôt  que  des  théories  d'homme  d^tat  ;  élève  chéri  de  Pltt,  il 
s'était  rattaché  fortement  à  ses  idées  ;  plein  de  prévention  contre  Ta 
France,  il  servait  l'antique  rivalité  avec  un  patriotisme  digne  d'élogea 
pour  un  Anglais.  Si  Castlereagh  avait  le  sentiment  tenace  de  ses 
idées  militaires ,  Canning  s'était  donné  pour  mission  de  conduire  les 
affaires  étrangères  dans  le  sens  ferme  et  haut  de  M.  Pitt. 

'  I.B  liste  des  Diembres  du  nouveau  miaistère  anglais  était  ainsi  composée  ;  «  La 
duc  de  Portlaod,  premier  lord  d>!talrcsoreriE,'lord  Eldon,  lord  cbanceTict;  le  comte 
de  Cimbden,  président  du  conseil;  le  comle  de  Wcslmoreland  .  garde  du  sceau 
ptiré  ;  lord  Hawkesbnry,  ministre  de  l'intérieur  ;  lord  Castlereogh,  mlnislre  de  >■ 
gatrre;  M.  Cauning,  minisire  des  affaires  étrangères;  le  comte  de  Chatam,  grasil 
nultre  de  l'aitilleiie  ;  lord  Hulgrave,  premier  lord  de  l'attilranté;  M.  PcrGeva1,cban^ 
éviter  de  l'échiquier  ;  lord  Bathnrst,  mettre  de  la  monnaie.  Ces  onze  minisirei  com- 
pesajent  te  cabinet.  Les  autres  nominnlioas  étaient  celles  de  sir  James  Paltnej,  eecré^ 
'  (aîM  de  ta  guerre;  M.  Loi^  et  lord  Charles  Sommerseï,  tous  les  deux  payeurs;  lo 
comte  de  ChicLesier,  adjoint  au  grand  mettre  des  postes  ;  Robert  Dundas,  président 
dn  cODttAle,  et  M.  Lovalne,  membre  du  bureau  des  Indes,  n 


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'^  SrrUATIOlf  DBS   GSANDB9   POIftSAKCBS 

Le  nouveau  minUtàre ,  Taible  devant  le  parlement ,  crut  nécessaire 
de  dissoudre  les  communes  pour  se  donner  une  plus  grande  force  ;  la 
majorité  vint  à  lui  d&os  les  élections  générales  bruyantes  et  animées. 
L'Angleterre  avait  la  conviction  profonde  qu'il  fallait  engager  one 
lutte  puissante  contre  la  prépondérance  de  Napoléon  '  ;  la  partie 
Qoble  du  pays  portait  cette  liaine  jusqu'à  l'exaltation ,  et  le  système 
politique  de  Canning  et  de  Castlereagh  obtint  une  majorité  de  {dus  de 
cent  quatre-vingt-neuf  voix  dans  les  élections  générales;  dès  lors,  le 
«abinet  put  se  résoudre  i  des  mesures  plus  vigoureuses  ;  la  fierté  du 
|>oiivoir  soutint  la  fierté  dans  la  nation.  Les  résolutions  du  ministère 
se  rattachèrent  à  deux  natures  d'idées  :  Napoléon  menait  la  pré- 
jtondérance  politique  et  commerciale  de  l'Angleterre  par  le  décret  de 
Berlin,  il  fallait  répondre  aux  vastes  plans  de  conquête  que  le  génie  de 
l'empereur  avait  conçus. 

Les  mesures  du  nouveau  cabinet  furent  commerciales  et  politiques. 
Napoléon  avait  préparé,  par  son  décret  de  Berlin,  uae  guerre  à 
outrance  contre  les  intérêts  commerciaux  de  l'Angleterre  ;  il  était 
puéril  de  bloquer  les  ports  et  les  c6tes  d'un  pays ,  quand  aucun  navire 
oe  pouvait  sortir  de  France  sans  être  pris  par  des  croisières  anglaises. 
Le  cabinet  CasUereagh  répondit  par  des  actes  d'une  nature  bien  plus 
efficace;  la  France  ne  pouvait  obtenir  les  denrées  colooiales,  et  pré- 
parer le  débouché  de  ses  propres  produits  en  vin  et  en  denrées  que 
par  le  moyen  des  neutres.  Les  Anglo- Américains,  les  Danois  et  les 
Suédois  servaient  d'intermédiaires  au  commerce  de  la  France,  de 
sorte  qu'elle  éprouvait  peu  de  gène ,  même  dans  les  temps  les  plu 
violents  de  la  guerre  ;  il  ne  s'agissait  que  de  substituer  un  pavillon  et 
un  connaissement  neutres. 

L'Angleterre  savait  les  fraudes,  et  elle  avait  soutenu  d'abord  avec 
énergie  son  droit  de  visite  des  neutres;  le  ministère  vigoureux  da 

'  L'empneuT,  quinecompreDiitiieDaui  libres  ilectioDs,  faisait  écrire  les  phiua 
•aivtntes  par  Bsrère  : 

«  En  AnglfLerre,  les  él(  ctiooa  sont  précédées  et  flccomp^ttécs  d'eic^de  tons  les 
genres.  Les  moicns  de  eéduciiOD  les  plus  buDleui  sont  employés  pur  les  campéll- 
teura  ;  ils  se  dccliirenl  réciproquemenl  avec  une  fureur  ÏDetprimable  ;  ils  eiciieal  et 
UeitcDl  en  mouTcment  des  passions  tellement  violenira ,  qu'il  ue  se  forme  pas  ta 
nouTcau  parlement  dont  les  élfctious  n'aient  été  souillées  dusgng  de  quelques  élec- 
teurs. Le  ministén:  qui  se  croirait  perdu  s'il  eiislail  un  parlement  qui  ne  f&l  pH 
coirempu,  commence  toujours  i  déshonorer  la  majorité  de  ses  membres  H  ks 


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IPAtS  LA  FAIX  m  TItSITT.  81 

:  et  de  Castiereagh  prit  une  résolution  bien  plus  déciave 
encore ,  en  déclarant  que  les  neutres  seraient  tous  de  bonne  prise,  s'ib 
pwtaient  des  marchandises  ou  s'ils  touchaient  À  un  port  de  France; 
par  ce  moyen ,  les  dernières  ressources  du  commerce  ennemi  étaient 
éteintes;  il  n'y  avait  plus  possibilité  de  se  servir  du  pavillon  neutre 
pour  le  négoce  de  port  i  port,  tous  réellement  bloqués  par  les  escadrei 
britanniques.  Si  le  décret  de  Berlin  était  puéril  parce  qu'il  n'obtenait 
aucun  résultat,  l'acte  du  consul  britannique  était  sérieux,  il  tuait  d'un 
seul  coup  le  commerce  de  France  ;  c'était  une  des  représailles  let 
plus  efficaces  que  l'Angleterre  se  fût  permises  contre  l'empire.  Qu'elle 
fût  hors  du  droit  des  gens ,  c'était  possible  ;  là  n'était  pas  la  question  ; 
l'Angleterre  ne  gardait  pas  plus  que  Napoléon  les  principes  de  justice. 
La  vieille  querelle  de  Carthage  et  de  Bome  s'était  renouvelée;  il  fallait 
se  briser  l'une  ou  l'autre.  Annibal  ne  respecta  pas  plus  le  droit  publie 
de  Bome  que  le  consul  romain  ne  respecta  le  droit  maritime  de 
Carthage  *. 


■  Hjlords  uid  gCDilemen,  «  His  mtjesij  commtnds  na  to  isuirc  jou  Uiat  ht 
deeplr  dcplDTc*  Ihe  unfOTtuattc  issue  ottbt  yiai  npoo  Ibe  C0D[[a«ot. 

>  The  immense  eiteoaion  orihe  power  snd  influence  orFrioce,  and  theuDdlssut- 
s«d  deinrniniiioiioftfae  enDemy  toemplo;  themnDs  indresonrces  ot  ihosecouB- 
uiea  whieb  be  possesscs  or  conU-ols,  for  the  pafpose  of  elfeeting  tbe  ni[ii  ot  hU 
nMJraty's  kjngdoro,  undoubledly  présent  •  rormidtble  Tiew  of  the  daogen  and  diffi- 
cnllies  whieb  the  couairf  bas  to  encounter. 

■  But  his  roajesii  trusts  ibat  the  loyal  tnd  brave  people  over  whom  he  rcigna  arc 
not  la  be  daunled  or  disbeartened. 

a  From  the  recalleclioD  of  ibose  difflcnllies  nnder  «hich  bis  people  bave  sncces- 
shely  straggled,  andoribosc  dangers  which  Ihey  baYehappilj  sunnonnied, bia  ma- 
j«st7  dérives  ihe  eonsolation  of  bclieviog,  that  ihe  same  spirii  and  peiGevcrance  whieb 
Imtc  hjiherio  remained  uDbrokeo  will  coDtlnue  to  be  eiciled  witb  onabaied  vigonr 
and  success. 

*  And  wbile  his  majestj  comuaods  na  to  repeat  ibe  assurances  of  his  conaunt 
TCadiness  to  entertain  any  proposais  wbich  maj  lead  lo  a  secure  and  boDounble  peaee, 
bfl  comoiands  us  at  Ibe  same  lime  to  eipress  bis  confidence  ihal  bis  parliement  and 
his  people  «ill  rrel  with  him  the  necessii;  of  pcise>'eriDg  in  thosa  vigorous  efforts 
vhicb  alone  can  gîve  Ihe  characler  of  honour  to  anj  negocialioD,  or  ihe  prospect  e' 
securiif  or  permaneDcj  to  aoy  peace.  His  majcsijr,  ibererore,  irusia  tbat  his  parlia- 
mcDt  and  his  people  «ill  always  be  readj  lo  snppori  him  in  erer;  meesure  wUch 
may  be  nccessar;  to  defeat  tbe  designs  of  bis  enemies  agaiosi  tbe  independeoce  of 
bis  najesiy'B  dominions,  and  to  maiolaln  against  any  hostile  coDfederacy,  those  jnst 
rig^ts  whieb  Us majesijisalvajsdesirousto  exercise,  wilhumpcr  and  moderatiou, 
buiwbirh,  asessentlal  totheboDoororhis  crovn  tod  truc  inlcresla  of  his  people, 
lie  i>  dctennined  nerer  lo  surrindcr.  a 


D,„l,z.dbyG00gIC 


Si  situation  des  GBAKDBS  PD1SSM<CE9 

Les  mesures  militaires  du  ministère  Casllereaghfureatdïcigéaaiec 
toote  réaergie  de  sod  caractère  vers  le  but  de  préserver  et  de  gnndtr 
MB  pays;  rien  n'arrêta  le  cabinet  dans  ses  résolutions.  L'ADgJeterre, 
iwissance  toujours  la  mieux  iuformée ,  sut  pénétrer  les  secrets  des 
cabùiets  ;  aucune  des  clauses  da  traité  de  Tilâtt  n'avait  écha|>pé  i  « 
nireatigations  ;  elle  s'était  sen  ie  de  la  vieille  noUesse  moscovite  pour 
cnonattre  tout ,  même  ce  qui  se  passaK  dans  les  secrets  intimes  du 
cur.  Les  dépêches  de  lord  Gower  avaient  sign«Ié  à  H.  Ganuing  iwe 
des  résolutions  du  traité  de  Tilsitt,  Tatale  pour  l'Angleterre;  a  les 
Sottes  portugaise  et  danoise  seraient  mises  h.  la  diqtositioD  de  l'empe- 
rear  des  Français,  et,  se  concertant  avec  l'amiral  russe  Siniafin, 
toutes  ces  forces  navales  devaient  se  joindre  à  la  mariae  de  Freace 
pour  attaquer  fièrement  la  Grande-Bretagne.  »  Le  ministère  Gsnuing 
délibéra  dès  lors  sur  la  nécessité  de  prendre  un  parti  dans  une  ciise 
aussi  menaçante  ;  iord  Gower ,  tout  c»  caressant  le  vieux  porli  mos- 
covite, si  haineux  contre  Napoléon ,  dut  demander  impérativement 
des  explications  au  czar  sur  les  articles  secrets  du  traité  de  Tilsitt  : 
«  Ces  articles  ne  pouvaient  pins  se  déguiser;  ils  étaient  connus 
presque  par  tous  les  cabinets  de  l'Europe ,  pourquoi  l'Angleterre  n'en 
aurait-elle  pas  la  conomunication  oIBcielle?  Seraient-4ls  une  menace 
contre  la  Grande-Bretagne?  La  Russie  voulait-elle  préparer  une 
rupture?  En  ce  cas,  mieux  valait  s'expliquer  nettement,  v  Lord 
<iower  ajoutait  :  «  Qu'en  supposant  toutes  les  bypoUièses ,  l'Angle- 
terre se  croyait  autorisée  h  prendre  des  mesures  indispensables  ponr 
sa  sûreté  personnelle  ;  si  elle  n'avait  pas  satisfaction  sur  ce  point ,  die 
l'obtiendrait  par  tous  les  moyens.  >•  Lord  Gover  déclarait  :  a  Que  son 
gouvernement  connaissait  l'intention  de  la  France  de  s'aider  contre  la 
Suède  de  la  flotte  danoise.  »  M.  Canning  en  se  résumant  demanda 
par  une  dépêche  Tormelle  :  a  1°  une  communication  fraitcbe  ia 
«rtictes  du  traité  de  Tilsitt ,  tant  secrets  qu'avoués  ;  2°  ane  explicatioii 
sur  les  bases  proposées  par  la  France  pour  traiter  de  la  paix  ;  3*  une 
déclaration  des  vues  de  l'empereur  de  Russie ,  une  preuve  claire 
,  de  la  bonne  intelligence  subsistant  entre  S.  H.  et  son  auguste 
allié  '.  » 

'  M.  CanDJng,  d'après  les  résuluts  d'un  grand  conseil  tenu  k  Windsor,  adressa  I) 
«Ole  suiranie  au  minUlK  russe  i  Londr&i  ; 

■  S.  H.  oiicnd  avec  la  plus  vive  sotliciiudc  l'envoi  du  mité  de  Tilsitt  et  Viaem- 
ciaiioa  des  équilaiiics  ptiiicitcs  tur  Ic.'^queU  S.  lU.  1.  appuie  s»  conHaoce  que  11 


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ÀPD&9   LA   rÀIX   DE  TILSITT.  Q 

Cette  note  reçat  immédlalemeot  une  terrible  exécation.  Députa 
deux  mois  environ  les  arsenaux  de  Londres  étaient  dans  la  ptui 
grande  activité;  il  s'agissait  d'équiper  une  flotte  formidable;  lei 
ordres  de  l'amirauté  portaient  de  réunir  vingt-deux  vaisseaux  de  ligne 
avec  un  nombre  proportionné  de  frégates  et  de  navires  de  transport 
destinés  à  une  armée  de  terre  ;  les  régiments  d'élite ,  les  gardes  eux- 
mêmes  devaient  se  tenir  prêta  k  partir ,  avec  leur  artillerie ,  leur  bat- 
terie de  fu»éea  a  la  congrève.  Cette  flotte  était  placée  sous  les  ordres 
de  l'amiral  Cambier  * ,  qui  depuis  Nelson  avait  conquis  une  réputa- 
tion brillante  dans  la  marine  britannique  ;  l'amiral  Gambier  avait  cette 

France  désire  faire  la  p«ii  avec  la  Grsnde-Brplagiie  ;  elle  se  pisll  à  f  roiro  que  la  pilx 
deTtlsIll  et  les  principes  sur  lesquels  la  France  est  prête  à  négocier  sont  de  DStureà 
inspirer  i  S.  M.  B.  un  juste  espoir  de  parreair  i,  une  paii  lionorable  el  sûre.  Ella 
uccplera  la  médiation  de  la  Russie  après  avoir  regu  ces  impurlantes  communiOBUonk 
H  ne  peut  Taire  une  réponse  plus  explicite  ï  la  note  de  If.  d'AInpceus,  n 

Coorormément  k  cette  acceptation  conditionnelle  de  la  médiation  russe,  lord 
Lewison-Gotrer,  ambassadeur  anglais  i  Saint-Pétersbourg,  se  rendit  chez  te  biToa 
de  Sudbei^,  rainisire  des  affaires  éirangèrcs,  le  3  septembre,  et  lui  demanda  l>  corn- 
municaiioti  des  articles  secrets  de  TJIslii  et  l'aveu  sincère  des  intentions  de  sa  court 
n  lit  observer  que  le  terme  (ii6  i  racceptoilon  de  la  médiation  avait  produit  un  md- 
Ument  dérarorable  à  l'intervention  de  S.  M.  I.;  bien  que  S.  M.  B.  eût  lieu  d'jlre 
affectée  des  termes  de  l'art.  13  du  Iraiic ,  tel  était  cependant  son  désir  de  eoncluie 
une  paix  Iianorable  qu'elle  no  réiraclerail  point  l'accepLaiioa  condiiionnelle  de  Is 
nédiation.  M.  de  Budberg  avoua  l'existence  d'articles  secrets,  mais  protesta  qu'ils 
ne  tuuchaîentcn  rien  les  intérêts  de  rAngleterre;  qu'il  n'j  en  avait  aucun  qui sttpulit 
b  fermeture  des  ports  russes  bu  commerce  anglais.  Lord  Go-ver  perslSlBideiliMLa 
der  la  communie  ai  ion  de  ces  articles,  ne  ftkt-ce  que  comme  une  marque  do  le  conll- 
ntulion  de  cette  coaQance  mutuelle  propre  à  donner  un  heureux  résultat  à  la  média- 
tioa  de  l'esipereur  de  Bussie.  Le  ministre  russe  promit  d'en  référer  i  son  souverita, 
M  ne  répoDdil  posiiivcmeal  que  par  la  donande  d'une  eiplication  sur  les  intentions 
dei'AngleterreArégard  du  Danemarck.  ■ 

'  Comme  l'eipédition  de  Copenhogue  tient  une  large  place  dans  celte  époque, |e 
rrois  essentiel  d'en  faire  connaître  toutes  les  pièces  les  plus  intimes  : 
Sommation  adretsee,  It  1"  uplembrt,  au  gouverneur  de  Copenhague,  for  Içrd 

Cathcart  el  l'amiral  Gambier,  eummandanti  en  chef  des  forcée  brilanniguM  (ta 

terre  el  de  mer. 

s  Uons leur,  nous,  commandants  en  cbefdes  forces  de  terre  et  de  mer  de  S.  H.  B, 
devant  Copenbague,  avons  jugé  convenable  de  vous  sommer  de  rendre  la  place,  afiik 
d'éviter  une  nouvelle  effusion  de  sang  eu  aliandounant  une  défense  qu'il  eat  évidem- 
ment impossible  de  continuer. 

•  Le  roi  notre  maître  s'est  efforcé  de  concilier  les  différends  qui  font  l'objet  da 
la  querelle  actuelle,  par  le  moyen  de  ses  agents  diplomatiques. 

i>  £1  pour  convaincre  S.  H.  danoise  et  le  monde  entier  de  ta  répugnance  avco 
laquelle  S.  M.  brilanniquea  pris  le  parti  d'avoir  recours  aux  armes,  nous  sous^és, 
nous  renouvelons  i  cet  instant  où  dos  troupes  sont  aui  portesdeCopenha|^etDO\ 


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^  BITCATIO!!   DBS   GBARDBS   PD138AKCIS 

intré[Hdité  indispensable  dans  les  expéditions  où  il  faot  en  fait  |«r 
va  coup  de  main  ;  le  choix  était  bon  pour  une  opération  militaire  de 
cette  importance.  Les  troupes  de  terre  furent  mises  sous  les  ordres  de 
lord  Catbcart ,  esprit  distingué  dans  la  dipl<Hnalie ,  un  des  géuéram 
les  plus  remarquables  des  armées  anglaises  ;  négociateur  habile  dans 
les  camps ,  comme  il  s'en  trouve  souvent  au  sein  des  cabinets  de  l'Eu- 
Tope ,  lord  Cathcart  avait  commencé  sa  carrière  sons  le  duc  d'York  ; 
il  avait  une  de  ces  flmes  froides,  méthodiques,  qui  distinguent  ks 
^néraux  anglais. 

batmies  prèles  h  1«  foudrajcr ,  nous  vous  rencuTEloiiB  l'offre  d'aceéd«r  auï  temct 
«Tiotagf  ui  et  cou  cil  [noires  proposés  i  votre  cour  psr  les  ministres  de  S.  H. 

»  Si  vous  consentez  i  livrer  la  flotte  danoise,  et  i  ce  que  nous  l'emmenions,  db 
sera  conservée  en  dépdt  et  renduei  8.  H.  danoise  avec  tousses  équipages  et  dans  le 
■ntme  état  qu'elle  aura  été  prise,  dés  que  1e«  arrangements  d'une  paii  générale  lève- 
ront les  causes  qui  ont  nécessité  cette  demande.  Les  propriétés  de  toute  espèce  qui 
ont  été  capturées  depuis  le  commencement  des  bostlliiés  seront  rendues  à  qui  dite 
■ppirticnneni,  et  l'union  qui  eiistait  entre  les  rojaumes  unis  de  la  Grande-BreU^ 
'Ctd'Irlaiideetle  Dsnemtrck  pourra  étrerenouvelée.  Cette  propositionune  fois  rejetée, 
nous  ne  pourrions  plus  la  Taire  une  seconde  fois.  Les  propriétés  publiques  ou  parâ- 
*culières  appartiennent  de  droit  à  ceax  qni  s'en  sont  emparés  ;  et  U  viile,  une  td* 
prise,  devra  subir  le  sort  de  tout  pajs  conquis. 

a  Nous  vous  demandons  une  décision  prompte;  la  position  de  nos  troupes,  avan- 
cées jusque  sous  vos  glacis,  rend  l'ailaqoe  indispensable,  et  un  délai  dons  celte  tir- 
constance  serait  tout  à  Tait  déplacé. 

■  Nous  avons  l'honneur,  c(c, 

•  Signé;  Gahiub,  amiral. 

B  Catbcàbt,  liantenant  génmi.  a 
Réponu  du  gtfnAvt  Pej/ntatm. 

•  Copenhague,  le  1"  septembre  lt01. 

»  Milords,  nowsMimiiies  intimement  convaincus  que  notre  flotte,  dont  il  est  impôt- 
Bible  de  nous  disputer  la  propriété,  est  aussi  en  sûreté  dans  les  mains  deS.  M.  danoïM 
qu'elle  pourrait  l'être  dans  celles  du  roi  d'Angleterre,  notre  souverain  n'ayant  jamais 
agi  hostilement  contre  le  v4lre.  Si  vous  êtes  assez  barbares  pour  tenter  la  desinictii» 
d'une  Tille  qui  ne  vous  s  pas  donné  le  moindre  sujet  de  la  traiter  indignement,  elle 
se  soumettra  au  sort  qui  l'attend  ;  mais  l'honneur  et  le  devoir  nous  font  une  loi  de 
"rejeter  une  proposition  injurieuse  pour  une  puissance  indépendante.  Nous  somme* 
résolus  i  repousser  de  toutes  nos  forces  les  attaques  que  l'on  fera  contre  nous,  et  à 
défendre  jusqu'i  la  dernière  citrémité  la  ville  et  notre  bonne  cause;  nous  samoM 
prêts  i  verser  tout  notre  sang  pour  l'une  comme  pour  l'anlre. 

•  La  seule  proposition  qu'il  sait  en  moD  pouvoir  de  faire,  dans  le  désir  de  préve- 
nir dennuveauimalbeurs.cst  de  demander  è  mon  rojal  maître  sa  dernière  résolu- 
tion au  sujet  du  contenu  de  votre  lettre,  si  vous  m'envojei  un  passe-port  pour  la 
personne  que  j'eipédierai  k  cet  effet. 

»  Sign4  :  Vnmikifv ,  commandant  en  chef  du  foren  4*  U"* 
tl  de  mer  de  S.  Jf .  D.  a 


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mis  LA  PAIX  DB  TILSITT.  85 

La  division  de  réserve ,  composée  des  gardes  et  des  soldats  d'élite , 
fut  donnée  k  sir  Wellesley ,  depuis  si  célèbre  sous  le  nom  de  duc  de 
Wellington  ;  sir  Arthur  «vaitpassé  ses  jeunes  années  dans  l'Inde,  où 
son  frère  le  marquis  de  Wellesley  tenait  le  poste  de  gouverneur  géné- 
ral ;  témoin  de  toutes  les  grandes  campagnes  dans  ces  pays  au  climat  si 
doux ,  au  milieu  de  «es  pagodes  d'or  sur  les  bords  du  Gange ,  sous  le 
mangrove  et  les  roses  blanches  du  Bengale ,  sir  Arthur  auista ,  comme 
lieutmant  colonel ,  à  la  chute  de  l'empire  de  EMysore  ;  parmi  les  plus 
jeunes  olSciers ,  il  fut  témoin  de  cette  scène  lamentable  d'une 
dynastie  qui  croule  ;  quand  Tippoo-Saëb  succomba  percé  d'une  balle 
au  milieu  de  ses  Indous  Qdèles,  Arthur  Wellesley  conduisait  les 

JVoHCfUi  IttlTs  lit  lord  Catheart  M  da  l'amiral  GambUr. 

«  Au  quartier  géaéral  devant  Copenhagur. 
a  Uoniieur,  c'est  avec  beaucoup  de  regrets  que  nous  vous  farormona  qu'il  noua 
est  impotsible  du  suapendre  dm  opérations  combinées,  pcndaul  l'espace  de  tempa 
oécessaire  poui  consulter  votre  gauTernement.  Nous  avons  Ikit  tout  ce  que  les  pou- 
voirs qui  nous  sout  cdD&rsnoua  permeltaîEnt  de  faire  en  vous  proposant,  dans  la 
position  acludle,  des  mofCDS  d'accommodement  aussi  aiaDtageus  que  ceux  qui 
TOUS  ODt  été  offerts  pour  prévenir  une  rupture  absolne. 

>  Noua  gémirons  de  la  destruction  de  Copenhague,  si  elle  éprouve  quelque  dom- 
mage ;  mais  nous  avons  la  satisfaction  de  penser  que,  tous  ajaDt  renouvelé  uih 
dernière  fola  l'offre  Ae  %oiea  de  conciliation ,  nous  svooa  mis  tout  en  usage  pour  pré- 
venir l'effusion  du  sang  et  les  borreuTS  de  la  guerre. 

B  Nous  avons  l'honncvr,  etc. 
»  Cathcamt,  liaulanatit  général,  aie. 
Signé:Gx]t*iMA,  amiral,  Hc.  ■ 
£altre  au*  eonutuutdarUi  «n  chef  du  fanu  dt  («m  et  d«  mtr  i§  S.  U.  B.  dteant 
Coptnhagvt, 

■  Copenbague,  le  S  septembre  1807. 
D  Milorda,  pour  éviter  une  pins  longue  effusion  de  sang  et  pour  ne  point  eipmer 
la^lle  aui  suites  d'un  plus  long  bombardement,  je  propose  un  armistice  de  vingt- 
quatre  beuTts,  afln  de  donner  le  temps  de  s'entendre  sur  un  arrangement  propre  à 
amener  les  préliminaires  d'une  capitulation.  C'est  avec  les  sentiments  de  la  plui 
haute  consitoation  personnelle  que  j'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

■  Signé  !  Pbtkanm,  eomfnarulanl  en  ehefdeifonn  de  (em 

el  de  mer  de  S,  M.  danoit*.  » 
Lord  Catheart  au  général  Piymann. 

■  Quarlier  généra)  devant  Copenhague,  6  septembre. 
■  Honaieur,  ayant  communiqué  i  l'amiral  Gambier  la  lettre  que  j'ai  reçue  ce 
matin,  ainsi  que  celles  d'hier,  je  dois  vous  informer  que  noua  consentirons  à  traiter 
avec  vous  de  la  capitulation  de  Copenhague,  en  prenant  la  remise  de  la  QoUe  danoise 
entre  nos  mains  poor  base  de  la  négodaiion.  Hais  comme  vous  n'avez  point  propoù 
d'articles  de  capitulation,  des  officiers  de  marque,  tant  de  la  marine  qne  des  iroupM 
de  terre  de  S.  H.  B.  seront  envoya  pour  convenir  des  articles,  conjointement  avec 
voua  au  avec  les  officiers  que  vous  désignerei,  et  (iaire  accorder,  s'il  est  possible,  Iw 


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B6  SITOATIOK  DBS  GAAHDBS  NIMANCES 

grenadiers  à  l'aMut  de  Séringapatam  ;'  gouverneur  de  cette  ii^  dté. 
il  avait  vu  les  fils  de  Tippoo  agenouillés  implorent  la  protection  ta 
IwviUon  britannique.  Sir  Arthur .  nommé  è  bod  retour  en  Eun^ 
maJM*  général,  devait  cooMnander  ime  brigaée  dans  le  BinoTre, 
lorsque  le  bataille  d'Austerlitz  vint  mettre  fin  à  la  anlition  et 
détruire  ses  espérances  de  guerre  ;  élu  membre  de  la  cbaiid)ie  ta 
communes ,  il  fut  désigné  comme  secrétaire  pour  l'Irlaiide  ;  puii  ii 
reçut  de  lord  Cathcart  le  «Humandonent  de  la  diviûoo  ée  réserve 
destinée  à  l'expédition  de  Copenhague.  Sir  Arthur  Welleilejiies'étiit 
fait  remarquer  que  par  une  bonne  direction  donnée  aux  troupes  sus 
Bon  commeadement;  il  n'avait  rien  de  ce  qui  commande  l'entliaD- 
siasme  ;  froid ,  grave ,  sir  Arthur  ne  communiquait  aux  soldats  que  le 
sentiment  de  l'honneur  et  de  la  dignité  britannique  ;  l'ofilcier  angtai) 
se  bat,  parce  que  telle  est  la  fierté  du  gentleman,  il  ne  peut  fuir  devant 
le  feu  ;  un  officier  doit  tenir  son  rang  jusqu'à  la  mort ,  la  recetur  et 
face,  tout  cela  froidement,  comme  un  devoir;  il  ne  connaît  pcMt 
entretoement  de  gloire ,  noble  enthousiasme  qui  éclate  au  cceut  do 
soldat  français. 

L'expédition  formidable  {véperée  dans  les  ports  de  la  Grande-Bre- 
tagne  sortit  vers  le  milieu  d'aràt  et  cingla  rapidement  vers  les  aen 
du  Nord  ;  le  1"  septembre  au  matin,  elle  parut  dans  les  eam  de 
Copenhague;  le  pavillon  britannique  se  déployait  à  peine  sur  celte 
vaste  flotte,  que  lord  Cathcart  et  l'amiral  Gambier  adressèrent  oiK 
sommation  tmpérative  au  général  Peymann,  qui  commandait  en  cbeC 
les  forces  de  terre  et  de  mer  du  royaume  de  Danemarck.  Cette  soninu- 
tion,  fière  et  dure,  n'éteit  point  dirigée  contre  la  politique  du  Daoe- 
ntarck;  l'Angleterre  demandait  seulement  le  dépAt  de  la  Hotte  danoise 
jusqu'à  la  paix  :  «  Comme  elle  savait  que  celte  Qotte  devait  s'unic  «ii 

difTérents  objets  que  vous  avez  eo  TuerelaUvementi  l'occupation  de  GopedlMP)'' 
•>cc  la  iciaM  eiéciUioii  des  grdtcs  qui  nous  odi  6ié  coiifiéb. 

»  SigHi  :  Cathcart,  limtmanl  génifah  > 
Ripimu  du  géniral  Peffmatut. 

a  Copenhtgue,  6  septembre  1807. 
■  J'accepte  la  projinsitiaQ  que  Tons  me  faites  de  prcudre  laroraisedelaflMUilt 
S.  H.  danoise  eniie  vos  maios  pour  base  fondamentale  des  négoeiatione;  Butilh 
londiiioD  expresse  que,  pendant  la  durée  dcsdiies  n^ociaiioits ;  il  a'atUtftf'*^ 
d'autres  troupes  anglaises  dsns  la  tIDo  que  Itô  commissaires,  officiers  M  miliiai'*' 
dont  le  nombre  aura  éLc  stipulé  et  couteau. 
A  J'ai  l'houQcur  d'être,  etc. 

■  Signé:  PBTitAHN,  commandant  «n  th*fduforvei  i»  S.  V.  datuli''  * 


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M»i»  LA  PAIX  I»  TiLtrrr.  ST 

forces  natales  de  fem^i  commun,  elle  se  eroyatt  HiOhMimeat 
«utorisée  à  eo  demauder  le  dépdt,  afui  d'empëcber  que  la  Frtoce  m 
a'en  emparât  poursesdesseioa  hostiles.  LasùretédelaGraBde-BretagM 
imposait  cette  dure  obligation,  il  fallait  donc  une  r^tonae  imnédiate  t 
>ingt-quatre  heures  devaient  suiGre  ;  autrement  tous  les  moyeu  mil)* 
taires  seraient  pris  pour  s'emparer  de  la  Botte.  » 

La  réponse  fut  digne  de  la  brave  aatioa  dauoise  ;  le  prince  royal  m 
montra  ferme  et  Ger ,  et,  dès  ce  moment,  les  An{[lais  débaniuèreat 
division  par  diviâon;  le  feu  le  plus  meurtrier  commença;  fatalo 
journée  pour  Copenhague ,  après  une  nuit  plus  terrible  encore  ;  lei 
bombe»  et  les  fusées  è  la  eongrève  ailoanaieut  l'ak  comme  la  foudre 
dans  l'orage  ;  un  tiers  de  la  ville  fut  incendié  ;  les  Dwkms  se  défendU 
rent  bravement,  et  ce  ne  fnt  qu'après  avwr  ^ouvè  des  pertoi 
ÎBcalculables  que  le  général  Peymaso  se  trouva  forcé  de  proposer  um 
capitulaftioa ;  l'amiral  Gaiabier  luiréponditeatermesauœîinnexiblei 
que  l'avait  été  la  sommation  première  :  «  Point  de>  capitulation 
expresse  avant  que  lo  (lotte  danoise  ne  fût  livrée  ;  il  faUait  exécuta 
les  ordres  du  cabinet.  »  Le  général  Pe^niann  fut  obligé  d'accepter 
les  articles  imposés  par  la  Grande-Bretagne  et  l'on  vit  alors  vingt 
vaisseaux  de  ligne  danois  baisser  tristement  pavillon  :  le  Chriation  vli 
marchant  k  la  tète,  portait  quatre-vingts  bouches  à  feu,  puis  la 
A'orwége,  le  Dattemarck ,  la  Prùaceue-JtoyaU-Marit,  CKri$iian-Fri^ 
(/â>ic,  magnifiques  vaisseaux  doatleséquipagesattrîstésabandonnaieat 
le  bord;  puis  seize  frégates,  «ix  chaloupes  canonnières.  La  flott« 
britannique,  maîtresse  de  plus  de  deux  mille  canons,  put  arm»  treiie 
vaisseaux  de  premier  rang ,  qui  portaient  naguère  Je  pavillon  dunoit 
«u  grand  mAt. 

L'expédition  de  Copenhague  fut  célébrés  comme  um  des  glorieux 
faits  d'armes  de  la  marine  anglaise.  C'était  sau  doute  un  étr-inge 
droit  public  que  celui  qui  permettait  de  s'emparer  des  forces  maritimea 
d'un  neutre  en  pleine  paix  ;  mais  la  saisie  de  la  Botte  danoise  parât 
indispensable  pour  préserver  la  sûreté  des  cÀtes  britanniques.  L'amirid 
Gambier,  lord  Calbcart ,  sir  Arthur  Wellesley,  exécutùr-eiit  les  ordres 
avec  un  dévouement  absolu;  ils  avaient  des  instructions  sévèrei, 
rédigées  par  lord  CaatlereaghetM.  Canning  pour  que  la  flotte  danoise 
ne  pût  se  réunir  aux  expéditions  que  l'empereur  des  Frmçais  méditait 
«ontre  la  Grande-Bretogne  ;  les  conventions  secrètes  de  Tllsitt  U 
mettaient  k  la  dj^ositlon  de  l'ennemi  ;  vingt  vaisseaux  joints  à  U, 


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88  smATiON  DU  GftAinns  pomamcis 

flotte  hollandaise,  aux  escadres  de  Brest  et  de  Rocbefort,  éfnenf 
fonnidabks  ;  l'Angleterre  ne  pouvait  souffrir  cette  réunion  :  com- 
mençant slcHS  un  système  nouveau  de  sécurité,  elle  prenait  en  dépAt 
les  flottes  des  nations  neutres  jusqu'à  la  conclusion  de  la  paix,  sous 
prétexteqoel'en  nemi  pouvait  s'en  empBrer;princJpe  fatal,  sans  doute, 
mais  que  CMnmandail  la  sAreté  du  gouvernement  britannique.  L'em- 
pereur des  Français,  pour  arriver  k  ses  grands  et  glorieux  résultats , 
n'en  appelait-il  pas  souvent  k  la  violmce  T  L'état  de  guerre ,  quand  il 
est  poussé  k  ses  dernières  extrémités,  impose  ces  n^xssités  ;  le  salut 
public  est  une  divinité  terrible  1 

Dans  le  parlement,  l'expédition  de  Copenhague  fut  le  sujet  de 
vives  attaques,  cela  devait  être  :  l'oppoûtion  des  vbigs  invoqua  le  droit 
des  gens  et  le  privilège  des  neutres  ;  M.  Canning  et  lord  Castlereagfa, 
expliquant  par  des  communications  diplomatiques  le  danger  de  l'An- 
gleterre, prirent  sur  eux  la  responsabilité  de  ces  mesures  de  violence; 
ils  avouèrent  hautement  les  fermes  résolutions  des  généraux  britan- 
niques, l'amiral  Gembier,  lord  Catbcart  et  sir  Arthur  Wellesley;  ils 
demandèrent  que  leur  conduite  fût  approuvée  par  le  pariement  avec 
éclat  :  «  Ce  qu'ils  avaient  fait  était  commandé  par  le  salut  de  l'An- 
gleterre ;  le  pavillon  était  menacé ,  il  fallait  le  sauver.  »  —  «  Mieux 
valait ,  s'écria  lord  Erskîne ,  laisser  la  flotte  aux  mains  des  Fraoçaii 
que  de  donner  un  tel  ex^nple  au  monde.  »  ■  D'ailleon ,  qui  vous  a 
dît,  ajouta  Hutchinson,  que  les  Français  avaient  un  tel  dcssetn? 
Pensez  k  la  triste  impression  que  cet  événement  produira  sur  l'empo- 
reur  Alexandre  t  »  H.  Canning  justifia  hautement  l'expéditioa  contre 
Copenhague  par  le  grand  principe  de  !a  sâreté  de  l'Angleterre.  Alors 
le  comte  de  Galloway  se  leva  dans  la  chambre  des  lords  pour  proposcr 
l'adresse  :  «  Milords,  dit-ïi ,  écoutez  les  faits  :  bient/lt  après  que  le 
traité  de  Tilsitt  eut  fait  connaître  que  la  Russie  abandonnait  la  canse 
qu'elle  avait  défendue,  les  ministres  de  S.  M.  furent  informés  d'nne 
manière  positive  de  l'intention  où  étaient  nos  ennemis  d'obliger  les 
cours  de  Copenhague  et  de  Lisbonne  i  renfiH-cer  de  leura  vaineaax 
la  coalition  qoi  devait  être  formée  contre  nous.  Les  ministres  s'occo- 
pèrent  sans  relard ,  et  avec  une  activité  qui  leur  fait  houneur,  des 
moyens  de  s'opposer  k  l'exécution  de  ce  projet.  Vos  seigneuries  savent 
qu'i  l'^rd  du  Danemarck,  on  s'est  trouvé  dans  le  cas  de  recourir  à 
la  force  des  armes;  les  sentiments  hostiles,  manifestés  k  plusieurs 
reprises  par  la  cour  de  Copoibague,  rendaient  inutile  toute  autr« 


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APBte  LA  PAIX  DR  TILSIIT.  89 

manière  de  procéder.  J'avoue  que  la  position  des  vaisseaux  danois 
au  centre  de  ]a  capitale  devait  causer  des  malheurs  dont  l'humaoïté 
gémissait  d'avance  ;  mais  il  est  glorieux  pour  nos  offlcien  et  pour  nos 
soldats  d'avoir  Tait  tout  ce  qui  leur  était  possible  pour  les  adoucir.  Le 
résultat  de  cette  expédition  vousa  mis  è  portée,  milords,  d'en  apprécier 
l'importance  et  de  reconnaître  la  vérité  des  prédictions  faites  par  le 
gouvernement.  Des  matériaux  d'équipement  dont  l'arsenal  danois 
était  encombré ,  des  munitions  navales  achetées  par  des  agents  fran- 
çais, une  flotte  que  l'on  allait  équiper  et  mettre  en  état  de  sortir,  sont 
aujourd'hui  dans  nos  ports  et  garantissent  l'indépendance  de  la 
Grande-Bretagne  '.  Je  conclus  que  le  devoir  indispensable  de  S.  H. 


'  Voici,  d'apris  no  documeot  authentique,  les  navires  et  eanoDS  pris  par  l'Angle* 
itrre  : 

Vingt  Tiissesui  de  ligne  : 

Le  Ckritlian  Yll,  I«  WaUemarAletftplunt,  de  qnalre-Tiugts  canons;  la  Nor- 
loégt,  desoiianie-huii;  Ii  Datuynarek,  décollante  et  qualone;  t«  Prinet-RoyalH 
U  Prinet-nérêdilairt,  desoiianle  etquatoriR;  la  Prineeue-Boyale-Mariê,  la  Ju*- 
ttee,  U  TrekontT,  la  Skold,  Odin,  FTiru:etit-Sophi«-Frédtriqut  et  la.Fionie,  toue  de 
Boitante  et  quatona;  la  Princa-CliriMlian- Frédéric  et  la  Prinrtut-Caroliaê,  de 
soiianle;  Seinn,  la  Pnrteu4»~Lmiû>-Âugu*lt  et  U  Dilhmanch»» ,  cbacuD  ds 
soii  s  nie- quatre,  tiUMart,  deBoiianteet  quatorze. 

Seize  finies  [les  ftégaies  avaient,  outre  leurs  canons,  des  obus  et  des  caronadea)  : 

£a Perla,  de  Irente-buit;  la  Kola,  de  trente-quatre;  (7rti,  de qnaranie-deui; 
fV^'a  et  Hart/Vuen,  de  quarante;  ta  JVaiWa,  de  trente-sii;  FrtdtridinBatm ,  de 
trente  ;  le  Trilaa,  de  ringt-huit  ;  la  Ténu*,  de  trente-huit;  Frtdarickileen,  de  vingl- 
quatre;  (a  Pe(il-S«l(,  FjfUa  et  la  iNona,  de  vingt;  lEUit,  l'EiderelGliickutadt.ée 

Neuf  bricks: 

LtFactear,  Fa*natiFelanem,  de  quatorze  canons;  Sarpen  et  A'isifalvan,  de  dix* 
huit;  Glommen,  Longen,  U  Dauphin  et  le  PoiMm  volant,  de  vingt. 

Un  Bcbooner  :  Oeman,  de  dii  canons. 

Dii-hait  chaloupes  du  roi  : 

Sffunan,  Sagwftyaio  et  JIogehMn,  dediicaoODB;  ifaJirsten,  dehuit;  Jfoagan,  de 
.dii;  Vitdanden,  de  huit;  Egeliykke.At  six;  la*  Dtnc-Friret ,  Oddertn,  Snaglar, 
Slaimar,  U  JtWM^acob,  le  J«un»-Jtan,  Dvik,  Htnri,  Speculaxewiat,  Andrtai  et 
Aalborg  Vare,  toua  de  sii  canons. 

DouxB  barques  canonnières  : 

Odmiie,  Chrùtianiand ,  Nykiobmg,  Lani^eauniJ,  Ifaikovi,  Arendal,  Tiborg, 
Aalborg,  Sitgt  cl  Fleutbourg,  de  dix  canons  ;  Slavvm  et  Tardoliuni,  deïix. 

Six  chaloupes  canonnières  : 

Slienaur,  Roikildë,  Corner,  Pntito,  Ttrdinborg  et  Frtdtriktttni,  de  Six  canons. 

Huit  chaloupée  de  pilote  : 

Tetner,  Allart,  Gnirutadt,  TeUgrafm,  taurrigtr,  Boger  et  FeiMalobaren,  de  sii 
tanens;  Stiolier,  de  deux. 


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W  SITUATMX   tK  GBAMIES  PDISSMCKI 

èMt  d'empëclier  que  les  vaisseaux  portugais  el  danois  ne  tombisKiit 
RU  pouvoir  de  nos  ennemis.  » 

L'adresse  votée  i  nne  majorité  immense,  les  mêmes  primipc) 
furent  exposés  dans  un  manireste  adressé  aui  cours  ia  conlineat 
par  le  cabinet  de  Londres  ;  les  journaux  français  avaient  excité  l'in- 
dignation du  monde  contre  l'expéditioa  de  Copenhague ,  car  Napo- 
léon s'aperçut  que  le  coup  portait  ferme  et  empêchait  ses  dessein; 
fl  avait  donc  proclamé  la  fatale  violation  des  neutres  pn-  rAngteterre, 
cpi'U  accusait  aux  yeux  de  l'Europe.  Le  cabinet  Canning  et  Castte- 
reagh  dut  ainsi  se  justiSer,  en  invoquant  le  droit  de  dérense,  le  plus 
wcré  de  tous.  «  Si  le  Danemarclc  était  neutre ,  il  avait  perdu  ce  pri- 
vilège du  jour  où  il  voulait  servir  d'apjiui  è  la  marine  française; 
Napoléon  était  raattrc  à  Copenhague ,  tout  se  faisait  en  Danemaid 
par  sa  volonté;  l'Angleterre  n'ignorait  pas  les  conventions  secrète 
de  Tilsitt  :  cette  flotte ,  que  l'on  voulait  protéger  avec  le  grand  mol 
de  neuiraîité,  n'était ,  à  vrai  dire ,  qu'un  auxiliaire  de  la  France  ;  il 
était  convenu  qu'elle  serait  mise  à  la  disposition  du  chef  de  ce  ((Ott- 
temement ,  et  c'est  pourquoi  la  vigilance  de  U  Grande-ltelagM 
s'était  réveillée  pour  frapper  un  coup  décisif ,  autorisé  par  un  dml 
de  juste  défense.  Au  reste ,  la  flotte  n'était  qu'en  dépât  ;  on  la  itsli- 
tuerait  lorsque  le  Danemarck ,  proclamant  ma  indépendance  ridle, 
rentrerait  dans  le  droit  commun. 

M.  Canning  mit  un  soin  infini  à  justifier  son  cabinet  :  «  S.  M..  &■ 
sait-il ,  doit  h,  l'Europe  d'exposer  franchement  les  motife  nvi  Ini  ODl 
prescrit  ses  dernières  opérations  dans  la  Baltique.  S.  SI.  avait  diStn 


Telle  fut  h  flolle  smenée  pH  rnpédition  anglaise,  oa  bien  coulée  à  bas  par  tu  trt 
de  dji  jours.  Copcnbogue  élait  déreudue  pai  des  ouvrages  arancés. 

La  ballerle  llodante  n°  1  avait  vingl-qua Ire  canons:  la  fr^tc  qui  nep«uvifll«> 
«ouler,  aUlftrer,  avait  s^ie  cinoos;  la  IvÉgate  de  déTense,  Saint-TKotM»,  ^W' 

On  peut  encore  ajouter  aui  forces  de  la  marine  la  batterie  SKduide  quanalr4ni 
canons  de  trente-sii  et  dcui  mortiers  de  cent  cinquante;  la  batterie  Tt^tnf^ 
neuf  canons  de  Irenle-siictcinquanle-neurde  vingt-quatre,  et  trois  morliera  de  Mil 
cinquante;  la  batterie  Proveifenm,  assise  sur  trois  vaisseaux  rasf)>,  de  80  (W^ 
de  2t. 

Le  total  des  canons  de  défeose  s'élevait  donc  i  deux  mille  cent  qnaire-vltgi-<'^'^ 
les  earoDadfi  t  deux  eent  deai,  les  obus  à  deux  cent  vingt-deux.  Lu  tn»)  fi'"' 
batteries  avaient  109  canons  de  gros  calibre  et  II  mortiers.  La  noBbre  des  ia>sM*°< 
^guerre,  tant  grands  que  petits,  qu'on  pouvait  mettre  en  mer,  était  de  quatr^vi■^' 
trois,  outre  ceux  qui  n'étaient  pas  encore  montés,  et  encore  •uTkebantkf. 


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&n£S  U   PAIX  DB  TILBITT.  91 

(le  fftire  otX  exposé ,  parce  qu'elle  avait  l'espérance  de  coDCtore  ftveO 
Is  coor  de  Danemarck  des  arrangements  plus  désirables  ;  airaDgemaati 
pour  lesquels  S.  M.  était  disposée  à  faire  de  grands  sacriQcea  et  qu'^e 
n*a  jamais  perdus  de  vue ,  même  d^uis  le  commencement  des  hos- 
tilités. Le  roi ,  profondément  affligé  d'avoir  tu  s'évanouir  Vespoir 
qu'il  avait  conçu ,  trouve  cependant  des  motifs  de  consoiatioa  dans 
la  pensée  que  tout  a  été  foit,  de  son  c&té,  pour  obtenir  d'autres  résul» 
tata.  Et  tandis  que  S.  M.  déplore  la  cruelle  nécessité  qui  l'a  forcée 
de  recourir  à  des  actes  d'hostilité  contre  une  nation  avec  laquelle  il 
était  vivement  k  désirer  d'établir  des  relations  d'intérêt  commun  t^ 
«l'alliance,  S.  M.  est  persuadée  qu'aux  yeux  de  l'Europe  et  du  moDâe* 
sa  conduite  sera  justifiée  par  le  devoir  impérieux  et  indispensable  de 
pourvoir  à  temps  à  la  sûreté  de  son  peuple.  S.  M.  avait  été  ioformée 
de  la  manière  la  plus  positive  de  la  résolution  oii  était  le  c^f  actud 
de  la  France  d'occuper  avec  une  force  militiure  le  terTit(rire  da 
Holstein ,  à  l'effet  de  fermer  i  la  Grande-Bretagne  les  canaux  ordi- 
naires de  ses  communications  avec  le  continent  ;  d'engager  ou  ds 
forcer  la  cour  de  Danemarck  à  fermer  également  le  passage  du  Sunil 
an  commerce  et  à  la  navigation  de  rAngleterre,  et  de  s'assnrer  alnil 
de  la  marine  danoise  pour  opérer  des  débarquements  sur  le  territoire 
britannique.  Persuadée  de  l'authenticité  des  sources  dans  lesquellei 
cette  Donvelle  avait  été  puisée,  S.  H.  la  voyait  confirmer  de  plus  ea 
plus  p«r  les  déclarations  notoires  et  réitérées  de  l'ennemi,  par  l'occu- 
pation récente  des  villes  et  territoires  des  autres  États  neutres ,  ainsi 
que  par  les  préparatifs  faits  pour  rassembler  des  forces  hostiles  mit 
les  frontières  du  territoire  continental  de  S.  Mj  danoise.  Le  roi, 
malgré  la  certitude  de  ses  informations ,  se  serait  abstenu  volontien 
d'agir  en  conséquence  jusqu'à  ce  que  le  projet  de  l'ennemi,  découvert 
aux  yeux  du  monde  entier,  rendit  universeltement  manifeste  la  néce^ 
site  indispensable  de  prendre  les  armes.  S.  U.  n'y  a  point  en  recoun 
aussi  longtemps  que  Timminence  des  dangera  a  pu  être  révoquée  en 
doute ,  et  que  l'on  a  conservé  l'espoir  que  le  Danemarck  aurait  les 
moyens  ou  la  volonté  de  résister.  Après,  on  a  dû  agir,  n 

Ce  manifeste,  oeuvre  de  M .  Cannîng,  était  surtout  destiné  à  éclairer 
l'opinion  publique  en  Europe  sur  les  desseins  de  la  Grande-Bretagne. . 
Il  se  faisait  en  ce  moment  parmi  les  cabinets  une  révolution  remar- 
quable que  les  hommes  d'État  suivaieut  avec  une  sollicitude  attentive  ; 
toute  l'Europe  marchait  contre  Napoléon  en  1805i  lors  de  la  campagne 


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92  SITDATIOn  DBS   GBANDB9   HUSSANCBS 

d'Austerlitz ,  et,  par  ud  de  ces  coups  de  fortune  que  le  génie  savait 
préparer,  ces  mêmes  cabinets  semblaient  s'unir  it  Napoléon  pour 
assurer  le  triomphe  de  ses  projets.  Toutefois  on  se  fût  trompé  sur 
l'esprit  et  )b  tendance  réelle  de  ce  mouvement,  si  l'on  n'avait  aperçu 
que  les  cabinets  subissaient  par  répugnance  plutAt  que  pardévouenent 
Tolontaire  les  idées  napoléoniennes  sur  le  monde.  En  Russie,  après 
le  traité  de  Tîlsitt ,  l'empereur  Alexandre  revit  Saint-Péter^KHii^ , 
conservant  dans  son  ftme  enthousiaste  an  sentiment  d'admiration  pour 
cet  homme  prodigieux  caressé  par  la  destinée,  auquel  il  avait  pressé 
la  main  sur  le  Niémen.  Mais  le  czar  était  le  seul  peut-^lre  de  sa 
famille  qui  éprouv&t  cet  entraînement  pour  le  chef  de  la  nation  fran- 
çaise; toute  la  cour,  et  particulièrement  les  impératrices,  gardèrent 
une  indicible  répugnance  pour  ces  parvenus  de  la  gloire,  cesbéroïqaes 
enfants  qu'une  révolution  immense  avait  créés  sur  le  continent  ;  ces 
sentiments,  on  les  dissimulait  à  peine ,  et  lorsque  le  général  Savary 
futenvoyéen  mission  auprèsd'Alesandre  comme  ambassadeurextraor- 
dioaire,  i)  put  s'apercevoir  de  cet  esprit  qui  dominait  dans  les  sociétéa 
élégantes  de  Saint-Pétersbourg  et  de  Moscou  *. 

Napoléon  avait  recommandé  à  son  aide  de  camp  de  caresser  toates 
les  Qbres  les  plus  sensibles  de  l'orgueil  russe,  de  donner  une  juste  et 
grande  opinion  de  la  France  et  de  son  empereur.  «  Étudies  bien,  loi 
avait  dit  Napoléon,  l'esprit  de  ce  peuple,  et  montrez  la  nécessité  d'nne 
alliance  intime  entre  la  France  et  la  Russie,  contre  l'ennemi  commun» 
l'Angleterre.  »  Le  système  continental  fut  l'objet  d'une  instnicttOD 
secrète  que  Napoléon  donna  au  général  Savary  ;  il  voulut  en  faire  con- 
naître la  portée  commerciale  :  le  nouvel  ambassadeur  avait  plus  de 
formes  que  d'étendue  dans  l'esprit  ;  quel  que  fût  son  dévouement 
aveugle  pour  l'empereur  et  les  illusions  qu'il  pouvait  se  faire,  ils'aper- 
çut ,  dès  le  premier  moment ,  combien  la  vieille  Russie  échappait  à 
tout  système  d'alliance  permanente  avec  Napoléon,  le  dictateur  de 
la  révolution  française  *  ;  la  légation  fut  comblée  de  politesses  et  de 

'  Note  du  géDéral  Sitar)- 

*  L'empereur  De  dissimuUEtpasl'eiistence  d'un  parti  angliis  ai  Russie; 

a  II  reste  encore  i  la  cour  de  Dussie  ud  petit  parti  anglais,  parmi  \eqaé  ta  ve- 
narquela  ramiiledesStrogoDoff,  M.  Czartoriakyet  M.  dcNovosiliolT.  Lesprinripaux 
cbera  du  parti  français  aont  \e  prince  de  Kouraliin,  et  les  comtes  de  Roinaniaf  M  te 
Tolaloy .  On  sait  aussi  que  les  Nsriskin  ont  un  pencbiDl  décîdèpour  ia  Fianu-* 

Le  général  Savary  éfrlvoit  de  Saint-Pétersbour;,  C  Bfplcmbrc  1807  : 

■  M.  lecointedeRamanzolT,  luinislrc  ducominerce,  n'a  point  tctrpii  la  posts 


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APRÈS  LA   PAIX   DE  TILSITT.  93 

prévenances  par  te  czar  qui  mit  an  soin  et  une  délicatesse  extrêmes  à 
distraire  l'ambassadeur  et  les  jeuoes  officiers  de  sa  suite  ;  tous  ont 
gardé  le  souvenir  de  ces  belles  fêtes  de  Saînt-Féterebourg ,  de  ces 
jardins  de  Petershoff  dans  lesquels  les  solennités  de  famille  furent  si 
brillantes,  h  ce  point  que  le  maréchal  de  cour  assigna  un  appartement 
impérial  pour  le  général  Savary  et  sa  suite  *.  Alexandre  mit  de  la 
coquetterie  auprès  de  toute  l'ambassade  française  ;  il  parlait  incfls- 
eamment  du  génie  de  Napoléon  ;  il  avait  des  paroles  enthousiastes, 
toutes  ses  phrases  étaient  admiratives  ;  il  montrait  un  air  gracieux  & 
la  légation,  ordonnant  h  sa  cour  de  voir  le  général  Savary  et  de  le 
distraire.  Eh  bien  1  quelle  que  fût  cette  auréole  de  politesse  délicate, 
l'ambassadeur  ne  piit  s'empêcher  d'écrire  i  Napoléon  :  c  Que  l'esprit 
de  la  Bussie  était  entièrement  hostile  à  la  France  ;  »  la  plupart  des 
salons  lui  étaient  fermés  ;  des  pamphlets  anonymes  partout  rëpjindas 
jetaient  d'étranges  calomnies  sur  l'empereur,  sur  sa  famille,  et  sur 
l'ambassadeur  même  ;  on  ne  le  voyait  que  par  l'ordre  du  czar  ;  rieo  de 
spontané,  rieo  de  favorable,  on  agissait  sous  mille  préventions.  L'aris- 
tocratie n'abandonnait  ni  sa  prétmtion  ni  sa  fierté  ;  elle  ne  pordonnaït 
pw  de  si  puissantes,  de  si  nouvelles  fortunes. 

Le  vieux  parti  nuse,  implacable  ennemi  de  l'empereur  Nqwléon, 

d'avbwHdaur  kP>ii».  On  daigne  pourlemnplBMr  H.Ie  comte  de Tobtoy,  qaiu 
trouve  en  ce  momeal  i  Moscou.  UH.  le  prince  GagiTiii ,  le  comie  de  Nesselrode, 
H.  de  Benkendorff  et  le  prince  Ltpouchin-Narlskin.qiildDneatraccoinpkgnn',  font 
déji  Itatt  préptratift  de  déptrt,  H.  de  Budberg  s'esi  retiri  du  minigiire  pour  talion 
de  santé. 

»  Le  prince  Aleiandre  de  Konrakia,  aciuellenieDt  ambusideuT  de  Riwie  i 
Vienne,  qui  ■  négocié  et  signé  le  traité  de  piii  de  Tilsill,  vient  de  Teceroir  de  (on 
•ouveriin  la  marque  la  plus  éelatanie  de  son  approbation  et  de  M  bienveillance. 
L'empereur  Alexandre  l'a  élevé  i  la  première  eiaHe,  c'est-k-dire  au  rang  de  hld- 
raaréchal.  Il  ;  a  eu  pea  d'eiempies  d'une  pareille  illuBlration.  Oa  Mil  que  le  prince 
de  Kourakin  a  été  pendant  aept  ans  vice-chancelier  de  l'empire  et  ministre  des  affaires 
étrangère*  eo  Eussie. 

•  Voici  la  iraduclien  de  l'ukase  par  leqiielS.  M.  I.  lui  a  conTéré  cette  nouvelle 
dignité: 

Av  MiixU  dirigeant. 

»  Le  tèle  émîQent  pour  le  service,  les  travaux  cl  le  dévouement  k  nos  intérêts  du 

cooseillar  prlvéactuel,  prince  Alexandre Kourakin,  ont  âxé  notre  iotention;  pour  lui 

donner  une  marqac  éclatante  de  noire  bienveillance  particulltre,  nous  l'élevons  an 

rang  de  la  première  classe. 

•  Petershoff,  le  22  juillet  180T.  »  Si^  :  Albuhdh.  ■ 

'  M.  deXalhouet,  offlcicr  d'ambassade  du  général  Savarj,  m'a  raconté  tous  les 
aoiu  délicats  de  l'empereur  Alexandre  même  pour  les  simiJes  officiels  frantais. 


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M  SITCAnOIl   DBS   GBAKDBS  PUUSAKCBS 

ftyait  beutement  désapprouvé  Tentrerue  de  Til^tt,  et  des  mémoires 
eiJstent  eoeore  érnsoés  dea  hommes  d'État  les  plus  fennes  du  cdiioet 
de  Saint-Péta^bourg  pour  signaler  tout  ce  qu'il  y  avait  de  déplorable 
pour  ta  Russie  dans  la  signature  de  ce  traité  sur  le  Niémen.  Leisûce 
CiartoridLT,  en  quittant  son  senice  lors  de  ta  paix  de  Tilsilt,  eipo- 
aoit  au  ciar,  dans  un  mémoire  confidentiel,  les  graves  incoov^iîe&te 
da  traité  actuellement  conclu  :  «  Ce  traité  nuit  i  la  eptendeur  de 
l'fiiiiptre  ;  les  enrauts  de  la  Russie  auraient  vereé  jusqu'à  la  demi^ 
goutte  de  leur  sang  pIutAt  que  de  plier  d'une  manière  aussi  bon- 
teaae.  »  Et  après  avoir  récapitulé  tous  les  biens  dus  k  Alexamfre  et 
«eux  qu'il  pourrait  faire  encore,  après  avoir  exposé  l'inquiétude  nui- 
wnelle  et  les  dangers  de  l'État,  il  j  peignait  l'année  humilue,  la 
milice  trompée,  le  clergé  compromis  par  un  anatbème  ordonné  et 
révoqué  ;  la  Rnssie  sans  tUliég,  parce  qu'elle  a  abandonné  sans  meta- 
gonent  l'Angleterre,  l'Autridie,  la  Suède,  la  Pnuse,  la  Sardaigne, 
N^lei,  les  Sept-Iles,  les  Bourbons  ;  que  cependant  la  guerre  n'est 
pas  terminée  en  Turquie  et  qu'elle  est  allumée  en  Perse  :  que  l'An- 
gleterre et  la  Suède  inspirent  des  inquiétudes,  tandis  que  Napolém, 
travaillant  méthodiquement  à  la  désorganisation  de  la  Bus^,  daneare 
'  prêt  k  l'attaquer  à  force  ooverte,  avec  des  moyens  toujours  croisssnls, 
qui  nécessitent  pour  elle  tous  les  frais  d'une  résistance  pasàfe,  en 
renonçant  h  ses  dliés,  aux  chances  de  la  guerre,  à  l'e^Mrir  de  la  vic- 
toire. » 

A  Saint-Pétersbourg  on  se  nourrissait  des  brochures  du  vieux  Do- 
mouriez,  si  haineux,  sijaloux  de  Napoléon.  Puis  il  y  avait  là  un  jenoe 
et  ferme  colonel,  d'un  esprit  actif  et  d'une  haine  nationale  contre 
Bonaparte,  alors  parvenu  à  une  si  haute  fortune  :  c'était  le  coiood 
Pouo  di  Borgo,  dont  la  vie  première  s'était  attachée  k  Padi  dus  te 
montagne;  Pozio  d!  Borgo  avait  parcouru  l'Enrope  entière  en  pa^ 
tant  partout  son  ressentiment  de  Corse  contre  Napoléon,  qui  le  poor- 
luivaitaosst  du  haut  de  sa  puissance.  Dès  l'adolescence,  Pozxo  s'était 
dévoué  k  Paoli  le  patriote;  Bonaparte  avait  suivi  Salicetti,  l'anù  du 
parti  français  ;  l'un  était  resté  Corse  indépendant,  l'autre  avait  cher- 
ché fortune  eu  France  et  l'avait  gagnée  de  son  épée  ;  jamais  esprit 
plus  vif,  plus  saillaot,  plus  imagé  que  celui  de  Poxzo  ;  tes  homiMS 
d'État  de  l'Europe  l'écoutaient  avec  la  plus  vive  attention  et  un  sen- 
timent de  curiosité  incessamment  renouvelé,  quand  Pozio  disait 
ivec  BOQ  accent  italien  quelles  causes  ferairat  vivre  le  système  de 


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tfBiS  LA   PAIX  DE  TIUITT.  95 

Napoléon,  et  quelles  causes  le  feraient  tomber  ;  il  savait  le  défaut  de 
la  cuirasse  du  géant;  comme  il  avait  nourri  une  longue  haine,  ries 
ne  lui  échappait  ;  le  montagnard,  la  carabine  en  main  au  creux  d'un 
rocher  de  Corse,  ajuste  longtemps  son  ennemi  avant  de  l'atteindre, 
mais  il  ne  le  manque  pas  ' . 

La  politique  d'Alexandre  n'était  pas  alors  de  suivre  t'aveugle  ini- 
mitié des  vieux  Russes  ;  il  avait  ses  projets  sur  la  Finlande  et  i«  Tur- 
ipiie,  et  ses  plans  ne  pouvaient  réussir  qu'avec  l'appui  de  Napoléon, 
ou  au  moins  avec  sa  neutralité.  A  quoi  l'engageaient  quelques  témoi- 
gnages  d'amitié  doonés  k  l'homme  qui  gouvernait  la  France?  L'al- 
liance n'était  pas  «m  but,  mais  un  moyen  ;  il  fallait  que  cet  homme 
lui  permit  d'accomplir  et  de  réaliser  les  plans  de  Catherine  II  sur  la 
Turquie  et  la  Snède.  Napoléon,  es  ce  moment,  servait  avec  une  atten- 
tion remarquable  la  politique  d'Alexandre  ;  on  aurait  dit  qu'il  se 
mettait  k  la  discrétion  des  idées  russes.  Les  armées  françaises  enva* 
hissaient  la  Poméraoie  suédoise  ;  le  maréchal  Brune,  au  siège  de 
Straisund,  déployait  l'activité  merveilleuse  des  beaux  jours  de  la 
république.  Stralsund  baissait  ses  vieux  pont-levis,  et  le  chevale- 
resque Gastave-Adolpbe,  en  déplorant  la  ruine  dn  Irène,  voyait 
encore  lui  échapper  une  belle  province  ' .  Était-ce  la  faute  de  ce  noble 
roi,  s'il  avait  pris  au  sérieux  les  dernières  lueurs  de  gloire  et  de 
loyauté  qui  brillaient  sur  les  diadèmes?  Il  avait  foi  dans  les  vieilles 
monarchies,  et  tour  &  tour  abandonné  par  la  Prusse,  par  la  Buseie, 
n  avait  pour  la  dernière  fois  tiré  son  épée  et  combattu  de  chevalier  à 
chevalier  cwib%  Ng4>oléon  ;  il  succomba  dans  la  lutte,  cela  était  natu- 
rel. Que  pouvait  la  Suède  après  Tilsitt,  les  vieilles  idées  contre  les 
jeunes  forces  de  la  génération?  N'était-^  pas  insensé  de  vouloir  lut- 
ter contre  l'immense  pr^ndérance  de  l'empereur?  Mais  les  folies 
de  l'honneur  sont  respectables,  et  les  débris  des  Ages  de  loyauté 
doivent  être  honorés  comme  ces  monuments  gothiques  que  les  tempa 
épargnent. 

Ainsi  plus  que  jamais,  le  czar  Alexandre  avait  besoin  de  caressa' 
le  système  français.  Les  armées  rosses  se  disposaient  k  marcher  sur  la 
Hnlande,  et  le  général  BoxhovrAen  était  placé  &  la  tète  de  cette  expé- 

'  Toyei  mon  article  sur  H.  Pono  ai  Borgo,  Stmia  det  Dmix-Hondtt,  >Tri1  1830. 
Htiasl  depuis,  la  fondre  a  passé!  travers  celle  vive  intelligence. 

*  Je  domieni  plus  tard  U  curieuge  conrersalion  poliiiijue  du  maréchal  Bruac  avcv 
fimuve-Adolphe. 


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96  SlTCATtOX   DU  GRAND»  MmaARCU 

dition,  injuste  cxprewion  du  droit  du  Tort  contre  le  faiMe;  laFiaUoda 
Hsaraît  un  débouché  indispensable  à  la  Boasie  sur  ta  Baltique. 
Alexandre  désirait  ausa  s'assurer  carte  blanche  sur  la  question  turqu; 
convoitant  la  possession  déBnitive  de  la  Moldavie  et  de  la  Vslachie,  il 
ne  voulait  pas  être  gêné  dans  ses  conventions  particulières  avec  le 
divan.  Le  czar  mettait  un  grand  prix  h  rester  mettre  de  ses  rapporis 
avec  le  divan  ;  il  ne  voulait  point  é>'8caef  la  Moldavie  et  la  Vatadiie. 
Toutes -les  fois  que  le  général  Savary  lui  parlait  de  médiation  offerit 
par  la  France,  Alexandre  répondait  que  la  question  avait  cbai^dc 
face.  Le  général  Savary  vit  plusieurs  fois  le  comte  Nicolas  Romaniof, 
le  chancelier  d'Etat,  pour  se  plaindre  ;  il  lui  fut  répondu  :  ■  Qu'aos- 
Ht6t  après  la  signature  du  traité  de  Tilsitt  on  avait  envoyé  au  gènéni 
Micbelson  des  pouvoirs  pour  traiter  d'un  armistice  *  ;  mois  que,  ce 

■  Le  traité  d'armistice  avec  la  Porte  fut  conclu  en  effet,  mais  il  ne  Tnl  poiM  ntifii 
Traité  itarmiiHeitntn  la  Ruuùtt  la  Porte  oUotiumttignéU  12  aotUiêOt  [T.  S.] 

34  août  (If.  S.) 

■  La  Sublime  Porte  et  la  cour  impériale  de  Russie,  désirant  muludlementet)»- 
cireroent  mettre  On  à  la  guerre  qui  divise  actuellement  les  deux  empires,  etrétaUir  b 
pait  Cl  la  bonne  barmouie,  avec  la  médiatioa  de  S.  M.  l'nnperenrdeaFraDtilietrH 
d'Italie,  que  les  deux  hautes  parties  contractantes  ont  également  acceptée,  soai  coa- 
Teaues  qu'il  j  aura  sur-le-champ  armistice  :  elles  ont  nommé  pour  cet  effet  leorafK- 
nipotantiaires  icapecli&,  c'e»^-dire,  la  Sublime  Porte,  S.  E.  Saïd-Hdwmed4iliF- 
effeodi,  ci-deTBut  reiB-eBendi ,  et  aclueUeoMot  neihaDdd;  et  la  cour  de  Kaai* 
S.  B.  U.  le  général  Serge  Lascaroff,  conwilter  prité  de  S.  M.  l'empereur  de  tentts  hi 
Ruaaiee,  et  chevalier  de  plusieurs  ordres;  lesquels,  eu  préaence  deM.le  col  .-ad],  coma. 
GniUaniuol,  envoyé  par  S.  H.  l'empereur  des  Français  el  rai  d'Italie  pour  iMtiUt 
aux  aTraugemeDtareUiifail'armiBiice,  août  couTeaus  des aTtidMsuiTaats: 

B  Art.  1.  AuasMt  après  la  aignature  de  l'armistice,  les  génkanx  en  chef  dca  dm 
armées  impériales,  saioir  :  S.  A.  le  grand  viiir  el  S.  E' le  général  HicbelsoD,  enweat 
des  courriers,  pour  que  les  hostilités  cessent  tout  i  Tait  de  part  et  d'autre,  tant  ht 
Mire  que  eut  mer,  dans  les  rifiércs,  en  un  mot,  pulonl  ob  il  se  tropTe  dca  troapM 
des  deux  puissances. 

■  3.  Comme  la  Sublime  Porte  et  la  Ruaaie  désirent  Clément,  de  la  maniln  il  |i* 
sincère,  le  rétablissemeut  de  la  paix  et  de  la  bonne  harmonie,  les  hautes  paitincM- 
Iractaotes  nommeront,  aussilAt  aprèa  la  signature  du  présent  armistice,  des  plcn?*- 
teoliairea  pour  traiter  et  conclure  la  paix,  le  plus  lAt  poeuble,  danstdendroil^'li 
auront  jugé  convenable.  Si,  pendant  Itt  négociations  pour  la  paix,  il  s'élève  ouitt*' 
nusement  des  dilBcullés,  et  que  les  affaires  ne  puissent  s'arranger,  l'armistice  h >n 
rompu  que  le  printemps  prochain ,  c'esv-i-dire  le  1*'  de  U  tune  de  Sarer,  l'w  4e 
l'bégire  1223  et  le  21  mars  (V.  8.)  ou  lo  3  arrU  {N.  S.]  iSOSde  l'ère  ctarétienne. 

>  3.  AutsiiAi  après  la  aignature  du  présent  armiatice,  les  troupes  rosses  coiaM*' 
ceront  k  évacuer  le  Talachie  et  la  Uoldavie,  qu'elles  ont  occupées  pendanl  cMM 
guerre,  et  à  se  retirer  k  leure  anciemies  frontières,  de  manière  que  l'éncuatlon  hH 
entlèremeat  terminée  dana  l'espace  de  trente-doq  joon.  Las  troupes  mstas  laiastnat 


îdbyGoOgIc 


APSËS  I.A   PAIX   DE  TILSITT.  97 

{[éoÉral  étant  mort,  celui  qui  lai  succédait  comme  le  plus  ancien  en 
grade  (le  général  MayendorlT)  s'était  ingéré  de  négocier,  sans  y  être 
autorisé,  et  avait  signé  des  articles  inconvenants  qui,  sous  aucun 
rai^rt,  ne  pourraient  être  ratifiés  ;  qu'arant  le  refus  de  ratiBcationt 
il  avait  fait  un  mouvement  rétrograde ,  et  que ,  poursuivi  par  les 
Turcs  qui  avaient  repassé  le  Danube,  il  s'était  vu  contraint  &  les  rejeter 
au  delà  de  ce  fleuve  ;  que  les  Turcs,  ayant  ainsi  rompu  l'armistice 
avant  qu'on  y  apportât  des  changements ,  s'étaient  refusés  ensuite  à 
ces  modifications ,  fondées  sur  de  justes  motifs  ;  que  la  Forte  otto- 
mane ae  pouvait  d'ailleurs  garantir  à  la  Russie  qu'aussitAt  après  l'éva- 
cuation  des  deux  provinces,  ses  troupes,  soit  en  vertu  de  ses  ordres, 
wit  en  les  méconnaissant ,  ne  viendraient  pas  occuper  les  places, 
évacuées  par  les  Busses  ;  qu'ainsi  il  avait  été  indispensable  de  rester  en 
possession  des  deux  bospodarats.  » 

Le  miuistre  ajoutait  que  des  nouvelles,  simultanément  arrivées  de 
Vienne  et  d'Odessa,  annonçaient  que  la  France  avait  considérablement 
perdu  de  son  influence  &  Constantioople  depuis  le  retour  de  lord  Paget, 

dins  les  paji  el  rortcTesces  iiui  dotTeol  être  évacués  par  elles,  tons  les  elTets,  ranons 
<l  mnoltiona  qui  9'f  irtniTaieDt  avant  l'occupation.  La  Snblinie  Porte  nommera  des 
conmissairts  qui  Tecevront  lesdil»  forteresses  d«  officiera  russes  désignés  i  cet  cffci . 
Les  troupes  ottomanes  sortiront  d«  mémo  de  la  Talachio  et  de  la  HoldSTie  eodéan» 
tes  Tingt-clnq  jours,  pourrepasserleDanube.  Biles  ne  laisseroot  dans  les  ToTieresses 
d'Isntïl,  Braïlow  et  Giargin,  que  ks  garnisons  suffisantes  pour  les  garder.  Les 
troupes  Tusses  correspondront  avec  les  troupes  ottomanes,  a&n  que  les  deui  arniévs 
commencent  i  se  retirer  en  même  tem^  de  la  MoldaTie  et  de  U  Vaiachie.  Lm  dcui 
parties  conlractaotes  ne  se  mêleront  nullement  de  l'administration  des  deux  princi- 
paatés  de  laMoldaile  et  de  la  Vaiachie  jusqu'à  l'arrivée  des  plénipotentiaires  cbai^éii 
deiiaiterde  la  paii.  Jusqu'ils  conclusion  delà  paii,  les  troupcsottomanes  ne  pour- 
ront occuper  aucunedes  forteresses  qui  seront, eu  conséquence  du  présent  armistice, 
éracnées  par  les  troupes  russes.  Les  habitants  eeuls  pourront  j  entrer. 

B  4.  Conformément  à  l'articlo  précédent,  l'Ile  de  Ténédos,  ainsi  que  tout  autre  en- 
dioit  dans  l'archipel  qui,  avant  que  la  nouvelle  de  l'armistice}  soit  parvenue,  aura 
étéoccupéparlea  troupes  russes,  sera  évacué.  Les  vaisseaui  russes  qui  sont  mouillés 
devant  Téaédos  ou  quelque  autre  endroit  de  l'Archipel,  Telourncront  à  leurs  ports, 
■Sn  que  1«  détroit  des  Dardanelles  soit  tout  à  fait  ouvert  et  libre.  Si  les  vaisseaux, 
mssa,  en  se  rendant  i  leurs  porta ,  sont  obl^  de  s'arrêter  i  quelque  endroit  de, 
l'archipel,  k  cause  d'une  tempête  ou  de  quelque  autre  besoin  indispensable,  les  oIR^ 
ciers  turcs  n'y  niettronl  aucun  obstacle,  et  leur  prêteront,  tout  au  contraire,  les 
secoun  néceesaires.  Tous  les  vaisseaui  de  guerre  ou  autres  vaisseaux  ottomans  qui, 
pendant  k  guerre,  seraient  tombés  entre  les  mains  des  Rosses,  seront  rendus  avec 
leurs  équipages,  ainsi  que  les  vaisseaux  russes  qui  seraient  tombés  au  pouvoir  des 
forces  otiomanes.  Les  vsissciDX  russes,  en  se  rendent  i  leurs  ports,  ne  prendront  fc 
bord  nneap  sujtt  de  la  Sublime  Porte,  n 


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M  SITUATION  DBS  «UJrDEfl  PDHSUCBS 

ambusadour  aoglus  ;  que  sa  médiation  ne  serut  pas  aasex  puisaute 
pour  faire  exécuter  les  stipulations  d'an  armistice  noavean.  «  Vout 
n'empêcherez  jamais  des  bandes  d'insurgés  tares  de  passer  le  Daaube 
et  de  reconunencer  le  pillage  dans  ces  proTioces;  les  ordres  de  la 
-Porte  ne  siwt  rien  À  un  mill&de  CttMtf  tin^ple.  »  Ainsi  rempcfeiv 
des  Français  s'exprimait  à  Tilsitt,  en  paiiaatÀ  l'<nipœur  Alexmdic, 
ce  qui  était  pariaitenwnt  exact  :  le  minietie  nuse  ajoutait  habap. 
ment  «  qœ,  sur  cet  objet,  la  condesoendance  de  Napoléon  p««r  le 
dar  serait  du  plus  grand  prix  et  de  la  fixa  grande  utilité  ;qae,  surtaot 
depuis  BB  déclaration  contre  l'Angleterre,  il  serait  vraiment  malbea- 
reuz  que  l'on  ajoutât  aux  i^aintes  qui  vieuDeot  de  toutes  parts,  les  cris 
que  l'évacuation  de  la  Moldavie  et  de  la  Valechie  ne  manquerait  pas 
de  faire  jeter  ;  que  l'empereur  des  Français  n'avait  cessé  de  dire,  k 
Tilsitt,  qu'il  ne  tenait  point  à  cette  évacuation;  qu'on  pouvait  la 
traîner  en  longueur  et  qu'il  fallait  rejti^r  les  Turcs  en  Asie,  s 

Dans  cdte  dîqtosition  d'esprit  et  d'habileté,  il  ne  faut  donc  pas 
s'étonner  si,  après  l'expédition  anglaise  contre  Copenhague,  le  cabinet 
de  Saint-Pétersbourg,  exagérant  le  sentiment  d'indignation  qu'il 
éprouvait  de  la  violation  du  droit  des  neutres,  dédara  l'adhésion  de 
la  Russie  an  système  contin«ital  de  Napoléon  ;  c'était  ici  un  jeo 
joué  plutAt  qu'une  résolution  ferme  et  définitive.  L'adoption  d'un 
système  prohibitif  équivalait  à  la  destruction  entière  des  revenus  de 
la  noblesse  russe  ;  son  luxe  s'alimentait  par  l'Angleterre,  et  le  eont- 
merce  britannique  lui  assurait  des  débouchés  pour  ses  vastes  pro- 
duits territoriaux.  Alexandre  promettait  donc  ce  qu'il  ne  pouvait 
tenir  ;  s'il  donnait  satisfaction  monentuée  à  la  France,  c'est  qn'il 
avait  besoin  qu'on  ne  le  troubiftt  point  dans  son  mouvement  de  con> 
quête. 

L'empereur  Alexandre  marcha  plus  avant  encore  dans  les  idées  de 
Napoléon,  et,  par  un  ukase  adressé  au  comte  de  Romanioff,  il  ordoBos 
qu'un  embargo  serait  mis  sur  tous  les  navires  anglais  :  on  saisrait 
toutes  les  propriétés  des  sujets  de  la  Grande-Bretagne.  Puis  une 
déclaration  solennelle  fut  promulguée  contre  l'Angleterre  comme  we 
Justification  des  dernières  mesures  si  impopulaires  en  Russie.  «  Plus 
l'empereur,  était-il  dit,  attachait  de  prix  à  l'amitié  de  S.  M.  britao- 
nique,  plus  il  a  dû  voir  avec  regret  que  ce  monarque  s'«i  titùgaait 
tout  à  fait  * .  Deux  fois  l'empereur  a  pris  les  armes  dans  une  cause  où 
'  ll.CuiDingrÉ(«DdilàcetuluseparuaicUducabiBellemMDeoindi|t  : 


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.APBiB  LA   PAIX  DE  TILSITT.  9& 

VîDtérèt  le  plus  directétait  celui  de  l'Angleterre  ;  il  s  sollicité  eo  -nln 
qu'elle  coopérât  an  gré  de  son  propre  intérêt  :  il  ne  lui  demsndilt 
pas  de  joindre  ses  troupes  aux  «ennas,.!!  définit  qu'elle  ftt  une  dinr- 
siau  ;  il  B'étounaît  de  ce  que,  dans  «a  propre  cause,  elle  n'agissait  pas 
de  mn  càté.  Maie,  froide  spectatrice  du  sanglant  thë&b«  de  la  guerre 
qui  s'était  allumée  k  ton  gré,  elle  envoyait  des  troupes  atttqim' 
.Buénos-Ayres.  Une  partie  de  ses  armées,  qui  paraisait  destinée  à 
faire  une  diversion  «n  ItaUe,  quitta  Qnal^ii^it  la  Sicile  où  elle  s'était 
esBeniblée.  On  avait  litti  de  croire  que  c'était  poar  se  porter  sur  les 
cétes  de  Naples  ;  l'tm  apprit  qu'elle  était  occupée  à  essayer  de  s'ap- 
proprier l'EgTpte.  Sbis  ce  qui  toucha  sensiblement  le  eorar  de 
B.  M.  I.,  c'était  de  v(»r  que,  contre  la  foi  et  la  parole  expresse  «t 
précise  des  traités,  l'Angleterre  tourmentait  sur  mer  le  commerce  de 
ses  sujets.  Et  k  quelle  époque  ?  lorsque  le  sang  des  Busses  se  versait 
dans  des  combats  glorieux  qui  retenaient  et  fttaient  contre  les  armées 
de  S.  M.  I.  toutes  les  forces  militaires  de  S.  H.  l'empereur  des 
Français,  avec  qui  l'Angleterre  était  et  est  encore  en  guerre.  Lorsque 

■  La  «Uclmlion  j^bliée  è  Biini-PiienlMDig  par  S.  M.  l'caiperenr  d«  toaiM  hs 
Bossies  B  c*u«é  k  S.  M.  la  pina  grande  surprise  et  les  plus  Tib  r^ets, 

»  S.  H.  n'Ignorait  pas  la  nature  des  cDgagements  secrets  auxquels  la  Russie  tTtti 
è-lé  forcée  de  souS4;rfre  pendant  les  conKrencee  de  Ti1»ll;  inaU  elle  «sptralt  qu'en 
jetant  un  noureau  coup  d'ail  sur  lealrsnwcliansde  celle  nalbeoreuge  nésociatJon  et 
en  appréciant  conventibleineni  les  effeta  qu'elle  doit  produire  sur  la  gloire  du  nom 
rus&e  el  sur  les  intéritsdel'empiredeRosaie,  8.  H.  I.  aurait  chercht  i  sesoustrair* 
aui  DOUTeaui  conseils  et  ans  liaisons  qu'elle  avait  adoplfedansun  moment  d'alarme 
et  d'aballement,  et  aérait  rerenue  i  des  principes  politiques  plus  tnalogues  i  ecux 
qu'elle  avait  si  inrahabhnieDt  pro renie,  «t  plna  propres  i  assurer  l'honHaar  de  sa 
cooronne  et  la  prospérité  deaes  fitals. 

a  C'est  i  est  espoir  qa'U  faut  auribuar  k  paUence  et  la  nodération  af^ortée  par 
S.  H.  B.  dans  toutes  am  reUlions  diploualiqBas  avec. la  cour  de  Stiat-Pétenbotirg 
depuis  k  poil  de  Tilsitt. 

»  S.  M.  Buit  de  fortes  nisons  do  eonceroir  des  souptoas  et  de  justes  sujets  do 
plaintes;  maisrlle  s'est  abstenue  de  tout  reproche.  S.  M,  s  cru  occessaire  de  demendcr 
des  eiplicstioos  relativenuaii  certains  arrangemuits  conclus  arec  la  France,  et  dont 
lesecrelqu'onenfaisaitiS.  M.  nepouvait  cpielaconflrinerdanslesBOuptoiiB  qu'ello 
avait  déjà  conçus  snr  leur  caractère  et  leur  objet.  8.  H.  n'en  voulut  pas  moina  qna 
cette  demande  d'expIicatiOD  fût  faite  uon-seulement  sans  aigreur  ou  sans  démonstra- 
tious  hostiles,  mais  encore  qu'elle  fât  accompagnée  d'égards  pour  les  sentim^ts  ei 
la  siluaiion  de  l'empereur  de  Enssîe ,  égards  que  commandai!  le  souvenir  d'une  an- 
cienne amitié  et  d'une  confiance  interrompue,  mais  non  déiruiie. 

j>  La  déclaration  deTempereurdeBussie  prouve  que  le  but  delà  patience  et  de  la 
modération  de  S.  M.  a  été  manqué  ;  elle  prouve  malheureusement  que  l'inQuencc  d» 
celle  puissance,  également  et  essentietlement  l'ennemie  de  la  Grande-Bretagne  et  d« 


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100  SITUATION  DES  GRAHDBS  PCISSAHCES 

les  deos  empereurs  firent  la  psii,  le  czar,  malgré  ses  justes  gricTs 
contre  l'Angleterre,  ne  renonça  pas  encore  k  lai  rendre  service  ;  la 
Bussie  stipula  dans  le  traité  même,  qu'elle  se  coostitueratt  médiatrice 
entre  elle  et  la  France  ;  ensuite  elle  fit  l'offre  de  sa  médiation  au 
roi  de  la  Grande-Bretagne  ;  elle  le  prévint  que  c'était  afin  de  lui 
obtenir  des  conditions  honorables.  Mais  le  ministère  brilanniqQe, 
apparemment  fidèle  à  ce  plan  qui  devait  reUtcher  et  rompre  les  Iteas 
de  la  Bussie  et  de  l'Angleterre,  rejeta  la  médiation.  La  paix  de  Ii 
Russie  avec  la  France  devait  prépara  la  paix  générale  :  alors  l'An- 
gleterre quitta  subitement  cette  léthai^ie  apparente  à  laquelle  die 
t'était  livrée  ;  mais  ce  fut  pour  jeter  dans  le  nord  de  l'Europe  de  nou- 
veaux brandons  qui  devaient  rallumer  et  alimenter  les  feux  de  la 
guerre  qu'elle  ne  désirait  pas  voir  s'éteindre.  Ses  Bottes,  ses  troupes 
parurent  sur  lescAtesduDanemarck  pour  y  exécuter  un  acte  de  vio- 
lence dont  l'histoire,  si  ferUle  en  exemples,  n'en  offre  pas  un  seul 
pareil.  Une  puissance  tranquille  et  modérée  qui,  par  une  longue  et 
inaltérable  sagesse,  avait  obtenu  dans  le  cocle  des  monarchies  une 
dignité  morale,  se  voit  saisie,  traitée  comme  si  elle  tramait  sourde- 
ment des  complots,  comme  si  elle  méditait  la  ruine  de  l'Angleterre  ; 
le  tout  pour  justifier  sa  totale  et  prompte  spoliation.  » 

ïd  le  cabinet  de  Saint-Pétersbourg,  ra{)pelant  l'expédition  de 
Copenhague,  manifestait  son  Indignation,  a  Le  czar  se  sentait  blessé 
en  sa  dignité,  dans  l'intérêt  de  ses  peuples,  dans  ses  engagements  avec 
les  cours  du  Nord,  par  cet  acte  de  violence  commis  dans  la  mer  Bal- 
la  fiussie,  s  pris  un  BScendant  décidi  dans  les  conseils  du  cabinet  de  Stinl-Tclcn- 
bourg,  et  a  pu  eicilei  une  inimitié  sans  cause  eaire  deux  nations  dont  les  ancirano 
liaisons  et  rinLÉTiH  mutuel  leurprcscriTaient  l'union  et  la  coopération  les  plus  inlinO' 

s  S.  H,  déplore  vivement  l'eileDEion  des  calamilés  delà  guerre;  mais,  tortétcenau 
elle  l'est  de  se  défendre  contre  un  acte  d'hostilité  non  prOToqué,  elle  désire  foHtiMtl 
de  réfuter  Btu  yeui  du  monde  entier  les  prétextes  par  lesquels  on  cbercbeijoslito 

B  S.  H.  rend  volontiers  justice  ■uinioli&  qui  ont  originairemetit  engagé  tiBossit 
dans  la  guerre  conlre  la  France;  9.  H.  aTone  tout  aussi  Tolontiers  l'iatérit  qu<  h 
Grande-Breiagne  a  toujours  pris  au  sort  et  i  la  prospérité  des  puissances  du  coulinat^ 
msis  il  Hrait  sûrement  difficile  de  prouver  que  la  Grande-Bretagne,  qui  éUJt  cUc- 
mf me  en  état  de  guerre  avec  la  Prusse  lorsque  les  hostilités  ont  commencé  enn  i* 
Prusse  ei  la  France,  avait  un  intérêt  et  des  obligations  plus  directes  que  l'eniMW 
de  Rus:  ic  A  épouser  la  querelle  de  la  Prusse,  surtout  lorsqu'on  considère  que  l'm- 
pereur  de  Bussie  était  l'allié  do  S.  U.  prussienne,  leprotecteurdunord  del'Europ'i 
«t  léguant  delà  coDStitulioD  germaniqne.a 

•  Signé  :  CiiraïKd.  • 


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APBiS  U   PAIX   DE   TILSITT.  101 

tique ,  qui  est  une  mer  fermée ,  dont  la  tranquillité  avait  été  depuis 
longtemps,  et  au  8u  du  cabinet  de  SaÏDt-James,  réciproquement 
garantie  par  les  puissances  riveraines  ;  le  czar  ne  dissimula  pas  son 
ressentiment  à  l'Angleterre,  et  la  fit  avertir  qu'il  n'y  resterait  pas 
insensible.  S.  M.  ne  prévit  pas  que  lorsque  l'Angleterre ,  ayant  usé 
de  ses  forces  avec  succès ,  touchait  au  moment  d'enlever  sa  proie , 
elle  ferait  un  nouvel  outrage  au  Danemarclc,  et  que  S.  M.  I:  devait 
le  partager.  De  nouvelles  propositions  furmt  faites,  les  unes  plus 
insidieuses  que  les  autres ,  qui  devaient  rattacher  à  la  puissance  bri- 
tannique le  Daoemarck  soumis ,  dégradé,  et  comme  applaudissant  k 
ce  qui  venait  de  lui  arriva.  Le  czar  prévit  encore  moins  qu'on  lui 
ferait  l'offre  de  s'associer  à  cet  abais»meot ,  et  de  répondre  que  cette 
violence  n'aurait  aucune  suite  fâcheuse  pour  l'Angleterre.  Son  am- 
bassadeur crut  qu'il  était  possible  de  proposer  au  ministère  de  l'em- 
pereur que  S.  M.  I.  se  chargeât  de  se  faire  l'apologiste  et  le  soutien 
de  ce  qu'elle  avait  si  hautement  blAmé.  L'emp«'eur  ne  donna  à  cette 
démarche  du  cabinet  de  Saint-James  d'autre  attention  que  celle 
qu'elle  méritait,  et  jugea  qu'il  était  temps  de  mettre  des  bornes  à  sa 
modération.  Le  prince  rojal  de  Danemarck»  doué  d'un  caractère  plein 
d'énergie  et  de  noblesse,  et  ayant  reçu  de  la  Providence  une  diguilé 
d'àme  analogue  à  la  dignité  de  son  rang ,  avait  fait  avertir  les  cabi- 
nets que,  justement  outré  de  ce  qui  venait  de  se  passer  à  Copenhague, 
il  n'en  avait  pas  ratifié  la  convention.  Dans  ces  circonstances ,  le  car 
déclare  qu'il  annule  pour  toujours  tout  acte  conclu  précédemment 
entre  la  Grande-Bretagne  et  la  Russie ,  et  notamment  la  convention 
faite  en  1801,  le  5  (17)  du  mois  de  juin.  Il  proclame  de  nouveau  les 
principes  de  la  neutralité  armée ,  ce  monument  de  la  sagesse  de  l'im- 
pératrice Catherine ,  et  s'engage  à  ne  jamais  déroger  à  ce  système. 
Il  demande  à  l'Angleterre  de  satisfaire  complètement  ses  sujets  sur 
toutes  leurs  justes  réclamations  de  vaisseaux  et  de  marchandises 
saisies  ou  retenues  contre  la  teneur  expresse  des  traités  conclus  sous 
son  propre  règne.  Le  ctar  prévient  qu'aucun  rapport  ne  sera  rétabli 
entre  la  Russie  et  l'Angleterre  que  celle-ci  n'ait  satisfait  le  Dane- 
marck.  » 

Cet  ukase ,  rédigé  en  tomes  aigres  et  impératif ,  devait  amener 
une  réponse  du  cabinet  anglais  ;  elle  ne  se  fit  point  attendre.  M.  Gan- 
ning  déclara  :  a  Que  l'Angleterre  se  voyant  forcée  &  regret  d'user  de 
représailles»  les  bàlimHits  russes  seraient  de  bonne  prise.  »  Toutefois^ 


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168  SlTDATlOn   DBS  GRANDES  PUIMAIKB3 

le  cabinet  de  Londres  ménageait  la  Ruane  ;  ses  ageato  secrets  l'infor- 
niaient  du  moindre  petit  accident  qui  arrivatt  dans  la  politique  du 
cabinet  de  Saint-Pétersbourg.  D'après  leurs  rapporte  :  la  paix  de 
Tibitt  lerait  momentanée ,  le  système  de  Napoléon  n'avait  aucune 
popularité  en  Russie;  si  le  czar  y  persistait ,  il  lui  arriverait  quelqne 
catastrophe  k  la  manière  de  Paul  I".  Tdt  ou  tard  une  rupture  avec  la 
France  se  manifesterait  par  la  force  même  des  choses.  Ce  fut  dans 
cette  pensée  que  l'Angleterre  dirigea  ses  mesures  hostiles  contre  la 
Russie-;  tout  fut  marqué  d'uo  cachet  provisoire  ;  ses  flottes,  ses  biti- 
nents  ne  furent  pris  que  comme  dépôt.  Alexandre  se  trouva  dans 
M»  États  le  prince  le  plus  embarrassé  après  le  traité  de  Tilsitt  ;  seul 
il  demeura  du  parti  de  Napoléon  ;  il  dut  tmir  tète  À  sa  famille ,  k 
ta  proches ,  k  ses  armées  ;  témoignant  toujours  la  ^u»  vive  affection 
pour  l'empereur  des  Français,  il  échangeait  des  ordres  militaires,  des 
pellnea  d'honneur ,  et  Napoléon  lui-même  répondait  à  ces  témot- 
gnages  par  des  porcelaines  de  Sèvres  et  des  statuettes  de  bronie. 

On  dé»gnaît  déjà  les  ambassadeurs  permanents  auprès  des  déui 
cours.  Napoléon  n'avait  donné  au  général  Savar;  qu'une  mission  pro- 
vismre;  il  destinait  à  l'ambassade  définitive  de  âaint-Péteisbourg 
H.  de  Caulîncourt,  d'une  famille  de  bonne  origine  :  mauvais  choix  à 
cause  du  souvenir  du  duc  d'Enghien.  Le  ciar  avait  d'abord  nommé 
M.  de  Romantoff  pour  l'ambassade  de  Paris;  sur  sim  refus,  il  desi- 
gn le  brillant  comte  de  Tolstoï ,  un  de  ses  aides  de  camp  favoris  '. 

■  c  Siint-Pttenboutg,  9  «eptembre  IWT. 

•  H.  le  géDénl  Svnrj  «st  loujoun  du*  ceUe  capiUle.  H.  la  llmiiuMat  t/tabà 
camte  de  Tolstaï  «st  dé&nitiremmt  aomni  à  l'MnbuMds  de  ïaris.  Le  comte  i» 
Kesselrode  l'accompagnera  comme  geoiilbomme  d'ainlNSfiaide.  u 

Toiei  l'ukase  ptr  lequel  l'empf  reur  Alexandre  ordonnait  de  mettre  sous  l'embargo 
lei  UUmeiits  nqileis  et  les  propriétés  de  celle  neUon  : 

Au  eamu  Nùelài  BHnxoUx  SomoKioff. 

■  Ib  confléqurace  dat  ciiconsUnCBS  poliilquea  qui  nous  ont  oblige  de  nmftt 
lOtttcB  liaîEOiu  avec  la  Grande-Bretagiie,  nous  ordonaooi  : 

■  1.  Dd  embu^  sera  mis,  dans  nos  ports,  sur  loualfesnisseauianslalseiiar 
loaie  ftoptiMi  M^^laiset  borddesdilsTaissctiu,  comme  aiuù  surcdia  d^pesétdn» 
In  maggains  de  la  bourse  M  de  l'hAtcl  des  danaues. 

*  S.  Leur  propriété  immobilière,  et  celle  qui  ne  corniste  point  m  marehandiin. 
aéra  laissée  en  leur  possession ,  comme  auparavant ,  meU  ne  pourra  être  lendat. 
lij^Aéqiiée  on  tranaltrée  en  d'autres  mains.  Ces  mesures  procédant  uniquenwt 
4e  notre  Indulgence  enTera  eux,  noua  espérons  que,  pendant  la  durée  de»diltnf«^ 
^  se  sont  élevés,  ils  ue  Tlolemnt  point  leurs  deroim  par  des  aetiona  qui  poumini 
porter  préjudice  k  la  Russie,  eileur  faireeucourir  noire]uBtedipUisir;maiiqa'i'' 
«imwt  en  paii  et  tran^Ulé. 


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AffnB»  LA   PAIT  DB  TllSITT.  103 

L'amitié  et  le E^d«  la  France  Bllaimt'à  ce  point  que  le  général  Savary 
M  peniùt  d'ofR-ir  aa  czar  lesserrices  de  sa  police  è  Saiot^Pétenbourg; 
ndéeoBta  des  conepirations  tramées  contre  Atesandre;  Jeu  joué 
sans  dente  par  Napoléon ,  afifa  de  montrer  son  atlachement  à  l'ai* 
lisBoe.  U  fallait  le  déterminer  à  prendre  des  mesures  contre  les  enne- 
mis du  système  français  :  un  rapport  »lste  dans  lequel  le  général 
Siwy  signale  des  conjurés  qui  en  venlënt'  à  la  vie  de  l'empereur 
Atèssndre;  le  génèrri  indiquait  les  moindres  circonstances  de  ce 
complot ,  et  appelait  la  vigilance  du  souverain  de  toutes  les  Hnssieit 
Cet  état  de  choses  ne  pouvait  durer;  tout  faisait  croire  que  la  crise 
militaire  une  rois  passée,  et  le  système  du  czar  accompli  sur  la  Mol- 
davie et  la  Finlande ,  la  Bnssïe  reprendrait  les  aimes  contre  les  idéfiB 
ef  les  projets  gigantesques  de  l'empereur  dès  Français.  La  coalition 
n^élait  pas  dissoute. 

Si  tout  était  provisoire  dans  les  démonstrations  amicales  de  la 
Ruane  envos  la  France ,  il  en  était  de  même  des  actes  du  cabinet 
autrichien  que  la  paix  de  Fresbourg  avait  tant  humilié.  Un  empire 
ne  tomlw  pas  dans  une  seule  campagne';  il  se  relève  tét  ou  tard. 
L'entrevue  de  lllsitt  fut  connue  à  Vienne  dans  son  esprit  et  ses  ré- 
Mdtats  ;  le  général  baron  Vincent ,  dans  sa  remarquable  correspon- 
dWKe ,  avait  écrit  tous  les  événements  de  la  campagne  de  1807 ,  et 
les  conventions  intimes  qui  ea  avaient  été  la  suite  :  on  n'ignorait  pas 
que  la  Russie  subissait  un  système  d'alliance  passager  avec  Napoléon, 
snB  autre  fondement  que  le  désir  de  faire  réussir  les  guerres  actuel- 
lement engagées  avec  la  Suède  et  la  Turquie  :  ooe  fois  l«s  conquêtes 
effectuées,  la  Russie  pourrait  entrer  dans  une  nouvdle  coaHlIon. 
L'Autriche,  avec  sa  persévérance  habituelle,  armant  àpetit  bruit  et  dé* 
y^jkrppaA  son  système  militaire,  voulait  atteindre  son  bat  d'écoDomie 


■  3.  CoDcenMDtrcmbargo,  un  comité  sera  fbnné  dans  ce  port,  compost  do*  n^o- 
cHots  russes  les  plus  considérés,  et  d'na  membre  du  collège  de  commerce.  If  oiu  vout 
■Moriflons  i  choisir  et  mellre  en  ToBctions  les  membres  de  ce  comité,  et  i  nons  rendre 
•MBpte  des  mesures  que  tous  snrez  prises  k  cet  effkl. 

>  4.  De  semblables  comités  seront  formés  i  Biga  et  i  Arcbaiïgel,  sons  U  dépcn- 
dtneede  cdoi-ci.  Lecboii  de  ceui  qui  les  composeront  et  leur  misa  en  activité, 
•l^riinidra  bu  cbe&  militaires  qui  sont  aussi  chargés  du  déparlement  ciTil,  et 
olrflti'fanra  point  de  semblables  chers,  anigouTemeurs  civils, 

■  S.  Il  sera  pourvu  aux  flrsis  de  ces  mesures,  snr  les  revenus  des  dootma  rtspto- 
tives,  et  la  dépeose  sera  portée  au  compte  des  vaisaeaui  et  marchand  iMssé4[iieairéa. 


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lot  SITBATIOH  DES   GBANDBS  PUISSANCES 

et  <Ie  force,  dans  le  cas  d'une  campa^e  tôt  ou  tard  ÎDévitable. 

La  monarchie  autrichienne,  pour  le  département  de  la  guore, 
ùlait  alors  dirigée  par  l'archiduc  Charles;  les  malheurs  de  la  patrie 
avaient  fait  renoncer  à  toutes  ces  jalousies  qui  naguère  divisaient  le 
conseil  aulique  ;  l'archiduc  Charles ,  revêtu  d'une  sorte  de  dictature , 
s'occupait  de  l'organisation  de  l'armée  autrichienne  sur  de  mdlleures 
bases  ;  l'artillerie  était  entièrement  remontée,  de  nouveaux  bataillons 
îijoutés  aux  régiments.  En  pleine  paix  on  comptait  déjà  une  année  de 
210,000  hommes ,  l'Autriche  adoptait  le  système  de  la  conscription 
vt  des  landwehrs,  la  régularité  des  levées  et  les  insurrections  des 
mosses ,  on  exerçait  les  troupes  avec  une  grande  activité  en  Hongrie, 
en  Slyrie ,  tandis  que  des  agents  parcouraient  le  Tyrol  afin  de  pré- 
parer un  mouvement  de  peuple  contre  les  Bavarois  qui  avaient  re^n 
celle  province  des  mains  de  Napoléon.  Si  l'Autriche  n'était  pas  encore 
décidée  à  la  guerre,  si  elle  la  redoutait  même,  ses  armements  répétés, 
Kon  système  de  réforme  militaire  et  financière ,  constataient  la  réso- 
lution absolue  de  profiter  du  premier  échec  des  armes  françaises  pour 
entrer  de  nouveau  dans  la  lice  des  batailles  ' .  Tilsilt  ne  lui  paraissait 
pas  sérieux ,  ce  traité  ne  unissait  rien ,  sorte  de  trêve ,  elle  serait 
rompue  par  l'irruption  nécessaire  des  intérêts  et  des  nationalités  en 
Europe  ;  on  savait  d'ailleurs  le  caractère  exalté  des  vieux  boyards  ;  on 
forcerait  la  main  à  l'empereur  Alexandre. 

Tel  était  le  sens  des  dépêches  du  général  Andréossy,  rambasBadeor 
français  &  Vienne.  En  1807,  déjà,  il  ne  comptait  plus  sar  le  nuio- 
tien  de  la  paix;  l'Europe  subissait  une  trêve;  elle  reprendrait  les 
armes.  La  mission  de  H.  de  Metternich  k  Paris  ne  consistait  qu'i 
détourner  les  yeux  de  ces  armements ,  et  à  calmer  les  craintes,  les 
Français  n'évacuaient  pas  l'Allemagne  ;  ils  élaieot  prêts  à  commença 
'une  campagne,  à  marcher  sur  Vienne  dans  quelques  journées;  ik 

'  Ob  verri  que  l'Aulriche  tniUil  néeDmoiDS  encore  i  Paris  ; 

«  L'^bange  dcsratiGcitioDS  d'une  conveatioa  qui  a  étf  cODClue  entre  laFranct  H 
l'AulrIcbea  eu  lieu,  le  10  novembre  1807,  h  FonuLacbleau,  entre  H.  deChampipT 
«tH.deHettrniicb. 

B  Par  celte  coavenUoD,  la  place  de  Bniloau  sera  évacuie  par  1m  troupes  rraiKtiM* 
•ViDlIelOdfceDibre,  etTeodueàl'Autrkbc.  La  province  de  UouteralconeecicMc* 
^Y  l'empereur  i  l'Autricbe,  et  laliolie  d«  royaume  d'Italie  avec  I»  ÉuUiaUi' 
cbier,s  sera  le  thalweg  de  l'Isonio. 

t  Par  CM  arrangeiDeals,  toutes  les  difflcnllésqui  subsisUienteDCore  surl'ncciiii** 
4tt  traité  de Presbourg  soat  cniièremeiit  levé.s.  « 


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APBÈS  LA   PAIX  DB  TILSITT.  iQ6 

cemaient  l'Autriche  de  tous  calés,  par  la  Silésie,  par  le  grand-ducbé 
de  Varsovie  qu'occupait  le  maréchal  Davoust.  Quoi  d'étonnant  que 
l'Autriche  prtt  ses  précautions  en  augmentant  son  état  militaire? 
Ainsi  parlait  H.  de  Mettemich  à  Paris.  On  venait  de  signer  un  traité 
pour  la  remise  de  la  place  de  Braùnau  à  l'Autriche ,  moyennant  une 
cession  territoriale  en  Italie  ;  et  les  négociations  s'étaient  suivies  dans 
des  termes  très-empressés. 

Bien  de  comparable  à  la  situation  abaissée  de  la  Prusse  après  la 
pais  de  Tilsitt  ;  elle  était  écrasée  par  des  contributions  de  guerre  et 
une  formidable  occupation.  Les  stipulations  publiques  et  avouées 
n'étaient  rien .  comparées  aux  conventions  secrètes  et  aux  exigences 
occultes  des  vainqueurs;  la  Prusse  devait  non-seulement  céder  le 
grand-duché  de  Varsovie ,  mais  encore  ouvrir  une  route  militaire 
aux  Saxons.  Le  roi  Frédéric-Guillaume  s'était  séparé,  en  termes  tou- 
chants, de  ses  sujets  dont  le  territoire  se  fractionnait  de  la  grande 
monarchie  de  Frédéric  ;  ii  leur  parlait  de  sa  douleur  de  père  et  de 
roi  *.  On  avait  vu  des  paysans  prussiens  travailler  à  façonner  un  che- 
min de  guerre  qui  devait  livrer  passage  aux  Saxons  leurs  ennemis , 
dont  la  grandeur  humiliait  leur  monarchie  ;  comme  les  contributions 
de  guerre  n'étaient  pas  entièrement  payées,  Napoléon  avait  ordonné 
de  maintenir  l'occupation  avec  rigueur  ;  on  pressurait  le  paysan  et  le 
bourgeois;  les  avant-postes  français  étaient  restés  dans  le  grand- 
duché  de  Varsovie. 

<  Voici  la  procUmalioD  que  le  roi  a  adinaée  aux  habitants  des  proTînces  cédera 
par  la  Irailé  de  TUgiii  : 

■  Tons  connaissez,  bieD-aimèshiibitaDUidesfldèlespTOTiiices,  lerriloires  M  villcft, 
mes  sentiments  et  les  cvénements  de  ranoée  dernière.  Mes  umta  furent  malbeo- 
reuses.  Les  efforts  du  dernier  Teste  de  mon  armée  Turent  vains.  Bepoussé  jusqu'aux 
dernières  bornes  de  l'empire,  et  mon  puissant  allié  forcé  lui-même  de  conclure  «a 
armistice  et  de  signer  ia  paii,  il  ne  me  restait  d'autre  parti  que  de  rendre  Is  iran- 
qoillili  i  ce  pays,  aprts  les  calamités  de  la  guerre.  La  paii  dut  être  conclue  telle  qur 
les  circonstances  la  prescriTaieot.  Elles  imposaient  i  moi  et  t  ma  maison,  elles  lmp«- 
saient  au  paja  même  les  plus  douloureux  sacrifices.  Ce  que  des  siècles  et  de  braTts 
ancêtres,  ce  que  des  traités,  ce  que  l'amour  et  la  couDuce  avaient  lié,  deraitttK 
désuni.  Ce  sort  prononcé,  le  père  se  sépare  de  ses  enfkntsl  Je  vous  dégage  deiowi 
devoirs  de  sujets  enrers  moi  et  ma  maison.  Les  vieux  les  plus  ardents  pour  TOtre 
prospérité  vous  accorapagnerool  auprès  de  votre  nouveau  souverain  ;  sojea-lul  te 
que  vous  m'étiez.  LcGorlDiaucunepuissancenepourrontcITaeer  votre  aoBveiilr  <• 
mon  coeur  et  de  celui  des  miens, 
>  Memd,leUiaiUetia07. 

I  FaioÉuc-GciixAiiMi.  * 


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Vn  siroATHMf  DES  ^umss  pimuscu 

Sous  prël^te  db  làorganîser  ce  pind-duché,  le  nuréobel  fisvoost, 
ce  caractère  infleiible ,  m  permettait  des  actes  d'une  nature  o£em 
CAntre  Isa  habit&atâ  ;  en  vain  le  roi  de  Saie  s'adrenait  à  ses  snjeb 
polonais  et  leur  promettait  leur  ancirame  indépendance  ;  la  Poli^ 
itait  jusipi'ici  réduite  à  n'être  plus  qu'une  simple  province ,  proTbai- 
reraeat  rattachée  à  la  Saxe.  Les  Français  occupaient  toute  la  Prusse, 
et  Berlin  même  voyait  le  drapeau  de  l'empereur;  le  soldat  vivul 
partout  à  discrétion  ;  on  levait  des  chevaux,  des  vivres;  la  Prusse  était 
gouvernée  en  pays  conquis  par  des  intendants  et  des  préfets.  Qtà  oe 
savait  Te  caractère  de  Af.  Dam,  llntendant  de  l'armée?'  H  laissa  des 
ttaces  ineffaçables  en  Prusse  ;  un  général  peut  expliqaer  ces  rigneure, 
car  il  a  besoin  de  faire  vivre  sa  troape  et  de  saâ^Wre  ses  soldat!; 
mats  an  intendant,  puremeut  financier,  ne  compense  pis  ses  violeacei 
par  un  peu  de  glDire:  M.  Dam  fbt  dévoué  à  l'empweur,  on  n'ai 
doute  pas;  mais  la  pauvre  Prasse  ne  fut  p8S  ména^;  on  irrita  le 
paysan ,  on  le  brisa.  Les  intendances  firent  une  des  causes  de  cea 
soulèvements  d'opîaiou  dans  le  pays  conquis  ;  quelques  administra- 
teurs Airent  modérés,  d'autres  se  montrèreut  implacables;  on  mol- 
tipliait  les  réquisitions  de  chevaux ,  de  matdas ,  de  draps ,  d'équipe- 
ments ;  une  ville  riche ,  opulente ,  était  accolée  d'uoB  impositioii 
payable  en  vingt-quatre  heures;  Francfort,  Hambcnirg-,  Lnbeck, 
Berlin,  ces  riche»  cités  furent  dépouillée»;  jetant  leur  or  è  ^am 
mains ,  elles  n'acquïreut  rien  et  donnèrent  tout.  Le  roi  de  Prusse  fut 
obligé  d'accéder  d'une  manière  absolue  au  décret  de  Berlin  sur  la 
prohibition  des  marchandises  anglaises  ;  tout  commerce  fut  interdit 
«vec  la  Grande-Bretagne,  même  aux  villes  libres  ' . 

Dans  cette  homitiation  de  la  patrie,  le  roi  et  la  reine  de  Prusse 

'  a  Vetncl,  90  octobre  IBOT. 

■  IlTieiitdaptrtItrelciltpTOciBinatioliBulTilDtesurrinierdIctioli  du  conmitR* 
«ngUis: 

»  S.  H.  le  roi  de  Prusse  fait  savoir  k  l'aulorîté  roilllaïre  ds  Heniel  qnc  te  dtS- 
-culUsil'epr&slesquelIes  elle  STaiiordoDDéd'uècuter  sans  bruit  la  défense  eocniiaï 
par  le  traiij  de  paii  de  Tilsiti,  de  permeitre,  même  dans  te  port  de  cette  >itle,  I* 
navigation  et  le  cominerce  anglais,  sont  acluellement  levées.  Ed  conséi^eiice,  S.  M. 
donao  i  l'aotori té  maritime  l'ordre  le  plus  pr^is  de  fermer,  de  la  iniBière  1*  pli» 
rigoureuse,  ce  porL  i  la  navigailon  et  su  coramerce  anglais  ;  de  n'j  recevoir,  son»  sa 
respansabilit^ ,  ni  bitimenls  ni  marchandises  anglaises,  et  de  n'eu  laisser  partie 
ascuoe  eipédltioD  pour  l'Angleterre. 

"  Memel,  le  t"  octobre  1807. 


îdbyGoOgIC 


A.nÈs  u  PAIX  m  TiLsirr.  107 

n'étaient  point  rerenus  à  Berlin  ;  qu'auralent^b  f;^t  k  la  faca  de  leart 
sujets  si  itnpitojablraient  traités?  Comment  auraient-ils  tenu  leur 
cour  au  milieu  de  ce  deuil  puUic  T  Comment  le  successeur  de  Fré* 
délie  auraitil  hiMté  Potsdun  aux  beaux  jardins,  lorsqne,  des  fenêtres 
de  son  palais,  il  vernit  manœuvrer  dans  les  plaines  de  Sana>Sonci  les 
masses  d'infïinterie  «nu  les  (ûgles  et  le  drapeau  de  France?  Gela  eût 
brisé  son  cœur  ;  le  roi  Frédéric-Guillaume  vécut  donc ,  avec  sa  ch^ 
Angusta-Louise ,  la  fière  et  noble  reine ,  dans  les  villes  les  plus  reti- 
rées, et  à  Breslau  particulièrement.  Là,  sans  faste ,  sans  dépenses ,  11 
pleurait  les  malheurs  de  son  pays  et  les  humiliations  de  sa  couronne; 
il  était  le  premier  à  subir  la  volonté  inflexible  des  généraux  français. 
Par  un  traité  secret.  Napoléon  avait  déclaré  que  la  Prusse  n'aurait  pat 
plus  de  20,000  hommes  de  troupes  régulières  sous  les  armes,  un  hui- 
tième environ  de  l'état  militaire  avant  la  bataille  d'Iéna.  Cette  condl- 
tioa  abaissée ,  la  Prusse  la  tenait  en  gémissant  ;  un  roi  soldat  devait 
vivre  sans  armée  ;  le  descendant  de  Frédéric  ne  devait  plus  avoir  da 
régiments  k  commander  !  Des  circulaires  avaient  imposé  aux  olBciera 
de  réduire  le  personnel  des  corps ,  et  d'ailleurs  les  finances  si  abîmées 
de  la  Prusse  ne  permettaient  pas  d'entretenir  une  armée  plus  consid6> 
rable;  tous  les  revenus  allaient  s'englouUr  dans  les  caisses  de  l'intendant 
M.  Dam;  on  levait  10  millions  par  mois  sans  compter  les  réquisitions. 
Dans  son  inflexible  vengeance,  Napoléou  n'avait  pas  prévu  un  résultat, 
c'est  qu'en  réduisant  l'état  militaire,  il  ne  détruisait  pas  l'esprit  patrio< 
tique  ;  les  armées  régulières  n'étaient  plus  rien  depuis  qu'elles  avaient 
perdu  leur  force  morale  è  lèna  ;  il  n'avait  plus  à  les  combattre.  Àvalt^ 
également  détruit  l'esprit  allemand?  On  pouvait  arracher  les  armes 
aux  vieux  grenadiers  de  Frédéric ,  aux  bataillons  de  Potsdam ,  mais 
on  ne  pouvait  empêcher  le  soulèvement  des  peuples  pour  l'indépen- 
dance et  la  nationalité  germanique ,  car  à  cette  époque  commencent 
lea  sociétés  secrètes,  dont  l'histoire  trouvera  une  large  place  dans  ce 
livre  ;  grand  duel  entre  les  peuples  et  la  domination  brillante  et  dure 
d'un  génie  militaire  ;  combat  de  géants  dont  je  dois  écrire  l'épopée. 
Ainsi,  après  Tilsitt,  l'Europe,  qu'on  croyait  pacifiée,  n'était  qu'en 
expectative.  C'étaitune  balte  ;  la  querelle  n'était  point  terminée  entre 
les  vieilles  royautés  et  les  royautés  nouvelles ,  entre  la  dictature  que 
la  révolution  avait  mise  dans  les  mains  d'un  homme  et  l'esprit  des 
vieilles  sociétés  ;  tout  paraissait  calme,  et  cependant  l'océan  des  peu- 
ples était  agité  ;  une  coalition  était  dissoute,  une  autre  se  préparait; 


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108  BITDATION  DES  GRANDIS    PDISSAMCIS  >   BTC. 

t>u  baisBail  la  tète  pour  ta  relever  plus  fièrement.  Napoléon  avait  besoin 
d'assouplir  l'Europe  qu'il  voulait  conquérir  ;  il  ne  pouvait  se  tenir  un 
moment  eu  repos,  la  destinée  avait  prononcé,  il  devait  nurdier  en 
avant;  entre  lui  et  les  cabinets,  jamais  il  n'y  aurait  qu'une  trfte; 
il  menait  les  générations  haletantes  vers  ce  but  inconnu  queson  ima- 
gination avait  rêvé  ;  l'énigme  de  son  histoire  n'était  point  expliquée, 
«t  une  guerre  finie  au  nord  se  réveillait  sanglante  su  midi. 


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LUSPACRE  BT  LE  POBTUGil. 


CHAPITRE  V. 


L  «MSim  n  LE  POITDUL. 


SiluittiaD  de  la  Péninsule.  ~  Chartes  IV.  —  Ls  reine  Louise-Harie,  ~  Les  tarants 
Fernando,  Carlos  et  FriDcisco.  —  Les  inrantea.  —  Le  prince  de  Ib  Paii.  —  Négo- 
cialions  de  l'Angleierre  et  de  U  Russie.  —  Correspondance  avec  Naples  et  la 
Si'ile.  —  Proclamai  ion  d'Ara  njuei.  —  Le*  conMiU.  — Le  peuple. —  ÀbaiasenienI 
de  l'Espagne.  —  Dispcrsian  de  Tsmiée.  —  OffsHIl  en  Toscane.  —  Le  marquis  de 
la  Bomana  en  Dsoemarck.  —  Les  scinea  de  l'EscnTial.  --  Projeis  du  prince  des 
Asturies.  _  Son  jugement.  —  Correspondance  avec  l'empereur.  —  laquierdo  à 
Paris.  —  H.  de Bcauhsrnals  i  Madrid.  —  Trailé  départage.  —  LePortu^,— 
Esprit  de  la  Féolusule.  —  Composition  des  devi  arroées  françaises.  —  Junot  aux 
Pf rénfct.  —  Unrat,  généralissime  des  armées  d'obsefYation  lu  midi. 


Depuis  la  première  campagne  de  1793  mus  le  général  Dugommier, 
à  la  forte  époque  démocratique,  la  Péuiosule  était  demeurée  étran- 
gère aux  mouTemeols  arméa  de  l'Europe  ;  les  villes  d'extrême  fron- 
tière seules  avaient  aperçu  le  drapeau  tricolore  sur  le  sommet  des 
Pyrénées  ;  quelques  cités  de  la  Catalogue ,  avec  leur  beau  territoire 
d'oliviers ,  leur  population  active ,  travailleuse ,  gardaient  souvenir 
des  légions  allobroges  ou  des  grenadiers  républicains,  pauvres,  sans 
souliers ,  sous  leurs  uniformes  usés  par  la  victoire ,  au  temps  de  la 
convention  nationale.  L'Espagne  était  un  territoire  vierge;  les  villes 
gardaient  leurs  richesses  ;  les  églises ,  les  monastères  possédaient  des 
trésors,  desautels  d'orfèvrerie,  derïches  reliquaires  ornés  des  diamants 
du  Pérou  et  du  Mexique  ;  plus  d'une  fois,  du  haut  des  montagnes, 
les  soldats  avaient  rêvé  la  conquête  des  ex-voto  d'or  de  Compostdie  ou 
de  Galice  ;  l'Allemagne  était  épuisée,  la  guerre  se  portant  sans  cesse 
entre  le  Rhin  et  le  Danube  ;  on  avait  mis  k  contribution  toutes  les 
villes  depuis  Bfayence  jusqu'à  Kœnîgsberg;  l'Italie  elle-même  était 
soumise  et  appauvrie;  la  conquête  de  l'Espagne  offrait  un  appftt  nou- 
veau ,  et  il  n'était  pas  étonnant  qu'après  avoir  foit  des  guerres  sans 


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110  L'npAcm- ET  iB  pomrGAC 

Midi  et  des  campagnes  sans  pillage,  l'esprit  de  plus  d'un  gèafral  se 
sait  rèveilM  par  Veepéraoce  d'une  proie  lid»  et  facile,  car  on  se  fu- 
sait une  fausse  idée  du  caractère  espagnol. 

L'Espagne  obéissait  toujours  i  ce  don  Charies  IV,  le  descendantde 
Philippe  Y ,  le  fils  et  l'héritier  de  Charles  III  qui  couvrît  la  Péaiosole 
de  vastes  routes ,  de  beaux  ponts  et  de  monuments  publics  ;  Charies  lY 
touchait  à  sa  cinquante-Deuvième  année;  vieil  époux  de  Louise-Morie- 
Tfaérèse  de  Panne ,  aux  passions  vives  encore ,  bien  qu'elle  n'eût  que 
trois  ans  de  moins  que  son  mari.  Les  habitudes  du  roi  d'Espagne 
l'étaient  enracinées,  son  gotit  de  chasse  ne  le  quittait  point,  et,  comme 
les  infirmités  étaient  venues  avec  l'Age,  Use  plaçait  sur  un  ^mple  pa- 
villon à  i'Escnrial ,  au  Buen-Betiro ,  à  Aranjuez  ,  et  Ik  le  gibier  da 
Tage,  rassemblé  à  grands  frais,  tombait  sous  la  carabine  rojale, 
Eabriquée  aux  manufactures  d'Alcantara.  Charles  IV ,  bon  muâdeo, 
passait  savîei  jouer  du  violon;  les  célébrités  pour  lui  èt&ient  Rode  et 
Boucher;  que  lui  importaient  ses  États,  lorsqu'il  pouvaitréunir  quelques 
virtuoses  pour  faire  eoteudre  les  airs  d'Italie?  Le  roï  vi^lUsaut 
dans  une  décadence  profonde,  et  avec  lui  la  reine  Louise-Maiie, 
femme  fatiguée  d'intrigues,  et  qui  eût  tout  sacrifié  pour  quelques 
pages  aux  yeux  noirs  qui  baisaient  la  main  Délrie  de  leur  souveraine. 
'  Trois  inf&nts  étaient  nés  sous  les  ombrages  d'Araojaez  ;  le  premiei 
du  nom  de  Femand ,  jeune  homme  encore ,  car  il  atteignait'  à  peine 
sa  vingt-troisième  année  ;  à  six  ans ,  Femand ,  selon  l'usage  des  Cai- 
titles ,  fut  proclamé  prince  des  Asiuries ,  héritier  d6  la  counmne  ;  sa 
Sgure  n'était  point  belle ,  ses  traits  n'avaient  rien  de  noble  ;  il  se  dis- 
tinguait seulement  par  cet  esprit  actif  qui  bouillonne  toujotin  dim 
la  poitrine  d'un  prince  de  Castille  qui  voit  son  héritage  livré  net 
-désordres  de  la  faiblesse  et  de  l'intrigue.  Ses  deux  frères ,  Caries  et 
Francisco  de  Paula ,  étaient  enfants  encore  :  Francisco  n'avait  qœ 
quatorze  ans;  Carlos,  plus  âgé  de  six  années,  triste,  méloncoUqne, 
semblait  prévoir  une  destinée  de  captivité.  Trois  infantes  étaient  é^ 
lement  nées  du  mariage  de  don  Charles  IV,  le  roi  des  Espsgnes  : 
Gharlotte^oacbime ,  unie  à  l'infant  de  Portugal  ;  Marie-Louise ,  qui 
parut  à  la  cour  du  consulat  sous  le  titre  de  reine  d'Ëtrurie,  spiritodh 
et  impérieuse  Espagnole  ;  enfin ,  Marie-ËIisabeth ,  qu'un  reçoit 
mariage  venait  d'unir  à  l'héritier  des  Deux-Siciies.  La  race  méridio- 
nale ne  sortait  pas  de  ces  alliances  ;  Naples ,  le  Portugal  et  l'Eqi^M 
étaient  unis  dans  une  commune  famille  qui  r^nait  sur  ces  pays  de 


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itaapkom^  et  le  ponvui..  ttt 

Bléditemnée ,  aux  orangera ,  aux  citronniers ,  où  la  grenade  appa« 
ratt  sous  sa  fleur  de  pourpre  et  le  jasmin  dans  son  calice  de  nacre* 
ti'infantdon  Antonio  >  Ilrère  du  roi,  était  le  [dus  Qer,  lAplnstemoe 
des  princes  d'Espagne,  noble  Castillan  dans  la  vieille  exprearion  du 
mot'. 

Chacun  des  membres  de  cette  royale  tbmille  avait  son  pirU,  M 
ministres,  ses  favoris  :  quand  il  existe  un  palais,  il  faut  qu'il  -j-tit  dei 
Sommes  qui  le  conduisent  ;  et  quand  ce  palais  est  un  oouventi  toat 
prend  un  caractère  sombre  comme  les  drames  de  riDqnlsttiOD  nus 
Philippe  n.  Le  favori  de  la  rdne  et  du  roi  était  toujours  Manuel 
Godoï,  prince  de  la  Paix,  duc  d'Alcudta,  le  garde  du  ecHpi  vieilli, 
dbut  les  cheveux  noirs  ne  bouclaient  plus  sur  les  ^nle»,  comme  aux 
beaux  jours  de  la  jeunesse.  L'esprit  paresseux  de  Chartes  FV  aimait  k 
SB  reposer  sur  H&nuel  Godoï,  le  ministre  dirigeant,  te  chef  dncmaeik 
et  de  l'armée  ;  le  roi  ne  voyait  que  par  lui  ;  quand  Haooel  se  retlniti 
on  ne  savait  comment  agir  et  se  déotdiar,  il  le  bllait  tonjours  présent, 
lorsqu'on  sollicitait  le  roi,  il  tépondâit  :  a  Voyez  Manuel,  s  11 
rappelait  de  sa  voix  rauque  sous  les  longues  voûtes  de  l'Escurial,  là  oà 
nûiippe  n  avait  rêvé  de  si  grandes  ciMses  :  «  Mamul  !  MtmueUto  !  » 
tel  était  son  cri  d'habitude,  et  la  reine  le  désignait  sous  le  oom  d« 
«  notre  pauvre  ami*;  »  qoel  pauvreami  qu'un  garde  ducorpaiwétQ 
de  toutes  les  dignités  de  Castille  ! 

Le  prince  de  la  Paix,  ministre  actif,  souvent  dévoué  au  bien  publie 
de  TEspagne,  était  le  maître  du  royaume  ;  il  avait  des  agent!  dini 
toutes  les  cours  ;  on  ne  voyait  que  lui  dans  la  monarchie.  Les  Infants, 
et  particulièrement  don  Femand,  avaient  awA  quelques  conaelUen 
intimes,  et  il  le  fallait  bien  dans  l'abandon  où  on  laiiBait  l'bérltlerdei 
Cutilles.  Fernand  avait  une  extrême  vigueur  de  eorps,  qui  falnR 


'  Lei  infanU  h  nomBiinit  :  Terdlnmd-lIirle-FnDçoia  de  Ptnlo,  prince  d«  A»- 
tnries.  Dé  le  14  octobre  1784. 

Cbarlcs-Herie-Isldore,  infant  d'Esp^DC,  ni  le  29  mira  <789> 

François  de  Paule-Anloinc-Marie,  labDt  d'Espagne,  né  1b  10  man  17M. 

Charlotta-JoBchime,  ÎDlante  d'Espagne,  née  le  25  avril  177S,  mariée  le  9  junler 
mo  k  Jcui-Harie-Joseph -Louis,  infant  do  Fonugal,  prince  du  Drécil. 

Harie-Louiae- Joséphine,  n^e  le  6  juillet  1T8%  reine  régenie  d'fiinirie. 

Uarie-Isabellc,  née  le  S  juilloi  1780,  mariée  le  e  octobie  1803  k  Fnntoia-Jmvitca 
Joseph,  prince  héréditaire  des  Deui-Sieiles. 

*  Je  donnetaf  pins  tard  une  leUn  cnrienso  «t  luiagtspbe  de  la  rrin  krite  e^ 
franfais  sur  le  couvre  tfonufl. 


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lia  VtSPAGKt  KT  IX  POITOGiX. 

fermenter  son  imagination  ardente  ;  il  savait  que  le  prince  de  U  Paii, 
craignant  la  réaction  de  son  avènement,  avait  conçu  le  projet  de  le 
déshériter  en  reportant  la  couronne  sur  don  Carlos,  ou  même  tor 
don  Francisco  ;  par  ce  moyeo,  la  vengeance  du  prince  des  Asbirtes 
serait  empêchée,  et  Manuel,  après  la  mort  de  Charles  IV,  pouirait 
jouir  pleinement  de  toutes  ses  dignités.  Que  faire  dans  une  pareille 
crainte,  surtout  depuis  la  mort  de  la  princesse  des  Asturies,  frêle 
fleur  de  Sicile,  arrachée  par  une  maladie  violente  i  dix-huit  uuY 
Femand  avait  pour  conseiller  un  bon  chanoine  du  nom  d'Escoïqoii, 
d'un  sens  remarqualde,  avec  une  finesse  d'aperçu  peu  cwnmune;  il 
exerçait  sur  le  jeune  prince  un  ascendant  d'éducation.  Le  duc  de 
llnfantado,  grand  d'Espagne  distingué,  vivait  auprès  de  Femand  et 
représentait  l'armée.  Les  antres  infants  étaient  trop  jeunes  pour 
prendre  part  &  un  mouvement  politique  ;  ils  assistaient  au  drame  en 
se  jouant  dans  les  cascades  et  les  prairies  ombrées  du  Buen-Betiro  et 
du  Prado.  Quant  aux  jeunes  filles,  disséminées  dans  les  cours  soutc- 
raines,  l'une  &  Lisbonne,  l'autre  sous  le  beau  soleil  de  Païenne,  elles 
n'avaient  que  de  faibles  et  lointains  rapports  avec  leur  père  ;  Marie- 
Louise  occupait  encore  le  trAne  d'Ëtrurie,  cette  Toscane  magnifique 
qui  se  glorifie  de  Florence,  sa  capitale. 

Ainsi  étaient  les  princes.  Le  peuple  espagnol  présentait  une  phy- 
^onomie  à  part  dans  la  statistique  de  l'Europe  :  la  noblesse  était  là 
peu  de  chose  au  milieu  des  masses  ;  de  vastes  terres  formées  en 
majorais  composaient  son  patrimoine  ;  il  existait  peu  de  ces  glorieux 
ricoâ  kombres  du  xv*  siècle.  La  plupart  des  grands  d'Espagne,  peUts, 
rachitiques,  étaient  l'expression  d'une  race  dégénérée  ;  lesseiitimeoti 
patriotiques  y  étaient  une  exception  ;  la  Toison  d'or  couvrait  pen 
d'Ames  fières  et  généreuses.  Par  contraire,  rien  n'était  magoiOque 
comme  le  clergé  régulier,  ces  moines,  ces  hiéronymites,  au  front  si 
haut  et  tonsuré,  tels  que  Velasques  et  Murillo  les  ont  reproduits  dans 
leurs  belles  toiles.  Le  moine  espagnol,  c'était  la  nation  robuste, 
paMotique  ;  le  couvent,  citadelle  construite  au  milieu  de  l'invason 
des  Mores,  était  le  signe  de  la  nationalité  ;  le  moine  pouvait  va 
besoin  manier  l'escopette  pour  une  défense  de  territoire.  Paysaus^ 
fraylta,  telle  était  la  nation  *  ;  muletiers  des  Asturies,  Catalans,  mi- 
quelets,  Navarrais,  Castillans,  Biscayens,  voilà  le  peuple  ;  et  mainte- 

.  '  Je  fus  (tippé,  ea  Tintant  l'Espagne,  de  ce  bel  Mpf  ei  des  moines,  dea  Uènfj 
nitee  iiirloul  ;  c'est  l'tlite  de  la  démocratie,  la  plupart  fili  delaboureun. 


îdbyGoOgIc 


l'eSPAGNB  et  le  PORTUGAL.  113 

nant  joignez  à  cela  la  démocratie  des  villes,  les  étudiants  de  Sala- 
manque  au  manteau  troué,  les  manouvriere  de  Séville,  les  confréries 
de  Madrid,  pénitents  et  ouvriers  de  Tolède,  et  l'on  s'eipliquera 
comment  le  parti  national  trouva  en  Espagne  de  si  forts  et  de  si  puis- 
sants défenseurs.  Si  la  bourgeoisie,  presque  toute  d'origine  étrangère 
et  marchande,  pouvait  oublier  la  patrie  comme  de  vieux  juifs  con- 
vertis, les  moines  et  le  peuple  en  gardaient  mémoire  précieusement  ; 
ceux-là  se  souvenaient  des  mœurs  antiques,  des  processions  des  villes 
uù  se  déployaient  toutes  les  corporations  de  la  cité  ;  ils  se  rappelaient 
les.ronctions  royales  du  taureau,  quand  l'animât  fougueux  soulevait  de 
son  pied  la  poussière  de  la  plaza  Mayor;  ]k  était  encore  le  peuple 
espagnol  avec  ses  chants  nationaux,  ses  tcagna  d'amour  plaintif,  ses 
rembla  si  gaies,  ses  aragonaiau  aux  mille  couplets  lascifs  ;  là  se  trou- 
vaient les  femmes,  dignes  et  fières  Espagnoles  qui  poussent  des  cris  de 
joie  dans  le  cirque  lorsque  les  chevaux  haletants  traînent  leurs  entrailles 
sanglantes  et  déchirées  d'un  coup  de  corne  du  taureau  victorieux. 

Le  Portugal,  si  voisin  de  l'Espagne  et  qui  en  formait  comme  un 
fragment,  était  toujours  sous  le  sceptre  de  la  maison  de  Bragance; 
don  Jnan  VI ,  qui  le  gouvernait  à  titre  de  régent ,  était  un  prince 
sans  capacité  politique ,  prêt  à  subir  toutes  les  chances  de  la  fortune. 
L'infante  safemmeluî  avait  donné  plusieurs  Qls,  alors  enfants,  autour 
de  la  couronne  royale  :  don  Pedro,  l'atné,  atteignait  neuf  ans, 
Miguel  cinq;  puis  trois  infantes,  Marie-Thérèse,  Isabelle-Marie, 
Anne-Joséphine  ;  et  cette  famille  nombreuse ,  marquée  au  coin  de  la 
race  berbère,  conservait  un  caractère  un  peu  africain  sous  son  teint 
cuivré  *.  La  population  de  Portugal ,  quoique  d'une  origine  frater- 
nelle avec  celle  d'Espagne,  ne  voulait  pas  avouer  une  même  famille  ; 

'  MBrie-FrancoiM-ËlisabeiIi  de  PariQgtt,  née  le  17  décembre  173f,re[oe  dePor- 
lugel  Je  24  réTiier  17T7,  veuve  le  26  mai  1786  de  dOD  Pedro  lU,  son  oncle,  roi  d» 
Portugal. 

Jean-Uario-Jostph-Louia,  prince  du  Brésil,  prince  régCDl,  né  le  13  nui  1707, 
marié  à  Charlotic-Joaehime,  infante  d'Espagne. 

De  ce  mariage  : 

Von  Pierre  d'AlcanUra,  prince  de  Beira,  Dé  le  U  août  1796, 

Don  Michel,  né  le  H  octobre  1803. 

Harie-ThériK,  née  le  »  avril  17S3. 

Isabellc-Maric-Francisque,  née  le  19  mal  ITSV. 

Uuie-Fraocoite-d'Assise,  née  le  22  avril  1800. 

iMbclle-Harie,  née  le  4  jaillel  1901. 

UarifrADDe-Jcaiine-Joiéphine,  ko  le  S5  juillM  IBM. 


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l'14  l'upasks  bt  lb  rawtnsGKL. 

les  dear  races  n'araient  pM  les  mêmes  babifades,  lésntétmsmann; 
une  haioe  instinctive  [es  distinguait;  le  Portugais  se  croTttlt  hnit  de 
£x  coadées  à  oMë  de  l'Espagnol. 

Lee  vieux  Portugais  étaieot  pea  nombrenx  ;  tes  pâjwni  CQltiraieat 
la  ferre  d'une  manière  noble ,  les  habitants  des  grandes  villes  se 
livraient  au  commerce  et  à  la  navigation.  Bemicoap  d'étrangeR  et 
d'Anglais  sortout  habitaient  les  oAtes;  Porto  était  le  vignoble  de 
l'Angieterre  ;  le  Portugal  avait  des  colonies  depuis  GoS  dans  llnde 
Jusqu'à  Madère,  bdlle  plantation  de  vignes  jetée  sur  l'Océan.  L'Es- 
pagne et  le  Portugd  étaient  des  terres  magnifiques  pour  la  conquête; 
•u  milieu  des  deux  nations  ilj  avait  vingt  peuples  divers  ;  le  Catalan 
ne  ressemblait  pas  aux  paysans  des  Gastilles ,  l'Andalou  à  l'Aragosais, 
l'Asturien  aux  Valeociens ,  tous  attaeMs  i  leur  sol  ;  l'Espagne  a  tant 
d'attrait!  Lorsqu'on  l'a  vue  une  Tôis,  on  voudrait  la  parcourir  encore; 
c'est  une  terre  à  part ,  un  peuple  è  part ,  st  attachant  qu'on  abandon- 
neniit  tout  pour  la  toucher  du  bfttou  voyageur. 

Que  se  passait-il  cep«idant  dans  Aranjuez  habituellement  si  paisible, 
où  iHindissent  les  daims,  où  les  perdrix  du  Thge  s'agitent  sons  la 
feuillée?  Pourquoi  tant  dé  mouvement  dans  ce  palais,  le  Vemilka 
de  Philippe  Y?  L'Espagne,  demeurée  fidèle  ji  l'alliance  française 
depuis  le  traité  de  Bile,  va-t-eUe  secouer  ces  traditions?  Elle  a  tout 
sacrifiée  la  France,  ses  trésors,  ses  Bottes;  àTraftiIgar,  elle  avait  vu 
sa  marine  abîmée  sous  les  mille  ^canons  de  l'escadre  anglaise  ;  toutes 
les  fois  que  le  directoire,  le  consul  ou  remperear  avait  demandé 
un  sacrifice ,  l'Espagne  s'était  empressée  de  16  faire ,  et  l'ambassadeur 
de  France ,  M.  de  Beauhamais ,  avait  pu  imposer  k  Madrid  bien  des 
volontés  impératives.  Depuis-  la  dbnio  de  la  maison  dé  Bourbon  à 
Naples ,  le  prince  de  la  Paix  aurait-il  enfin  ouvert  les  yeux? 

Ceci  appelle  quelques  explicaUoDS  historiques  :  le  catûnet  de  Madrid 
n'avait  cessé  de  correspondre  avec  Naples  et  Palerme  ;  c'étaient  deux 
rameaux  d'une  même  bnndie;  le  glaive  de  l'empereor  avait  eoBpt 
l'un,  l'autre  s'en  ressentait;  comme  dans  la  fable,  les  arbres  généa- 
logiques éprouvent  une  sensibilité  instinctive ,  et  leur  tige  s'^taim 
sous  le  soallle  des  révolutions  qui  leur  enlève  quelques  rameaox.  La 
diplomatie  de  l'Europe  entourait  les  Bourbonsi  d'Espagne  ;  le  conte 
StrogonofT,  ministre  de  Russie,  de  concert  avec  le  ministre  engUISi 
avait  démontré  les  excès  decette  politique  de  Napoléon  qui,  méconnais- 
Bant  tous  les  droits,  secouant  tons  les  principes,  renrenait  uneroyanU 


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L'WP&GNE   KT  LE'  PORTOBAI..  IfÔ' 

par  on  siniide  décret  :  c'était  l'époqae  de  la  codtion  fonnée  pir  U 
Prusse  et  )a  Rone  arant  léaa  ;  il  eaxtnAt  dans  le  plan  de  l'Augletenc, 
accompli  en  1S12 ,  de  réunir  une  messe  de  tnrapes  pour  la  porter 
dans  Ig  midi  de  la  France  :  80,000  hommes,  Portugais,  Espagnols 
ou  Anglais ,  devaient  opérer  simultanément  sur  les  Pyrénées ,  tandis 
que  le  grande  année  des  puissances  du  Nord  marcherait  sur  l'Elbe  et 
sur  le  Rhin.  Pour  l'exécution  de  ce  plan ,  conçu  à  Madrid  par  le 
comte  Strogonoffet  les  agents  de  l'Angleterre,  le  prince  de  la  Paix 
s'était  h&té  de  lancer  une  proclamation  pompeuse,  sorte  d'appel  au 
patriotisme  espagnol  *.  Cette  proclamation,  suivie  d'une  circulaire  du 
cabinet,  ne  d^it  pas  l'objet  pour  lequd  cette  levée  était  demandée; 
mais  les  dépêches  de  M.  de  Beanbamais,  ne  laissant  plus  aucun  doute, 

'  La  tntede  It  proclamation  dn  prince  de  !■  Paii  p«ul  tinsi  m  iradnire  ; 

■  Dans  des  circonautiMa  moins  dangereuses  que  celles  oh  nous  nou  tronvona 
anjourd'hui,  leabonaetlojaax  snjetsse  sont  empressa  d'aidn  leurs  souvenloipar 
des  dons  lolODiaires  ei  des  secours  propartiODDto  ni  besoins  de  l'fiiat.  C'est  dont 
dans  la  circoostaace  actuelle  qu'il  est  urgent  de  M  monircr  génireux  eovera  b  ptlrit. 
Le  raf  aume  d'Andalouaie,  brorlsé  par  la  nature  dana  la  reproduction  des  ebeniis 
propres  K  la  cavalerie  légère,  la  province  d'Bstramadure,  qui  rendit  en  ce  genre  dM 
serrices  si  importaots  au  roi  Philippe  V,  Ycrraieot-ellee  avec  IndilFrreiicfl  la  oaTalerlo 
du  roi  réduite  et  incompUte  faute  de  clwvaui  t  Non  I  je  ne  le  crois  pas  ;  j'espère,  au 
conirsire,  qu't  l'exemple  des  illustres  aieui  de  la  géDération  présente,  qui  aidèrent 
l'aïeul  de  notre  roi  actuel  par  des  levées  d'hommes  et  de  cheveui,  les  petils-eohntt 
de  ces  braves  s'empresseront  aussi  de  fournir  des  régiments  ou  des  comp^nlet 
d!bommeshabilcs  dans  le  maniement  du  cheral,  pour  être  em^ojéa  an  asrvlceett 
U  défense  de  la  patrie,  tant  que  durera  le  danger  actuel.  Une  fois  passé,  ils  rwtienmt 
plsins  de  gloire  au  selo  de  leur  famille,  chacun  se  disputera  l'honneur  de  la  victoire  I 
l'bn  aitribuen  k  son  bras  le  salut  de  sa  fliniEIle,  l'autre  ceIuI  de  son  ebef,  de  ion 
parent  ou  de  son  ami  ;  tous,  ouBd,  s'attribueront  le  salut  de  la  patrie.  Tenet,  met 
cHers  compatriotes,  veoei,  venei  vous  ranger  Mos  les  bannières  dn  melUenr  dei 
.■•onverains.  Tenez;  je  vous  accueillerai  avec  reconnaissance;  je  tous  en  offrvdès 
•ujonrd'bui  l'hommage,  si  Dieu  nous  accorde  une  paii  heureuse  et  durable,  Doiqne 
-«tijet  de  nos  vxui.  Tenei,  tous  ne  céderu  ni  i  la  crainte  ni  è  la  perfidie  ;  vos  «Burs 
se  fermeront  i  toute  espèce  de  séduction  étrangère;  venei,  et  si  noua  sommes  (brtés 
de  croiser  nos  aimes  avec  celles  de  nos  ennemis,  vous  n'encourrei  paa  le  dango- 
d'Slre  notés  comme  suspects,  et  vous  ne  donnerez  point  une  fausse  idée  de  votre 
lojputè',  de  votre  honneur,  en  redisanl  de  répondre  è  l'appel  qoc  je  tous  fUs. 

■  Hkis'si  ma  voix  ne  peut  réveiUer  en  vovs  les  sentiments  de  votre  gloire,  soyet  toi 
propresinstigalenrs,  dennei  les  pères  du  peuple,  au  nom  duquel  je  voua  paile;  qus 
ce  que  vous  lui  derez  vous  tbsse  souTODir  de  ce  que  vous  dern  i  vous-mêmes,  k  voir* 
honneur  et  è  le  religion  que  tous  profkssei. 

»  Palais  rojal  de  Saint-Laurent,  5  octobre  ISHi 

»  Stgiti  :  le  prince  de  la  Faix,  b 
Cette  ^eelanstloB  fut  aceunpagoée  d'une  drevlaite  adressés  par  le  ptlnes  ^jinh^ 


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116  L'BWAfiNB  BT  LB  PORTUGAL, 

donnaient  &  l'empereur  Napoléon  la  clef  de  ce  my^re  :  le  priDce  de 
la  Pak  entrait  dans  la  coalition  ;  l'Espagne  traitait  pour  des  sabrides 
avec  l'Angleterre ,  si  des  échecs  au  Nord  étaient  subis  par  l'emperenr, 
la  guerre  commencerait  aux  Pyrénées.  Ces  dépêches  et  la  prodanu- 
lion  arrivèrent  à  Napoléon  la  veille  de  la  bataille  d'Iéna  ;  it  dissimula 
tout ,  gardant  mémoire  néanmoins  d'un  acte  qu'il  considérait  comme 
une  hostilité  de  la  maison  de  Bourbon  contre  sa  propre  dynastie; 
il  y  vit  une  jusliCcation  de  ses  desseins  pour  réaliser  le  vaste  [dan  de 
Louis XIV.  Charles  IV  lui  en  donnait  un  motif  et  un  prétexte. 

Lorsque  les  gouvernements  faibles  ont  osé  un  acte  de  viguenr,  à 
cet  acte  échoue,  ils  tombent  dans  un  abaissement  inouï  ;  telle  fut  la 
maison  d'Espagne  après  la  proclamation  du  prince  de  la  Paix  ;  la 
campagne  de  Prusse  l'avait  atterrée;  elle  voulut  apaiser  le  vainqueur 
en  redoublant  les  témoignages  de  son  dévouement.  Le  prince  delà 
Faix  consentit  à  toutes  les  concessions  qui  furent  demandées  parH.  de 
Beauhamais.  Voulait- on  les  trésors  et  les  armées  d'Espagne,  ilt 
étaient  à  la  disposition  de  l'empereur  des  Français ,  l'auguste  protec- 
teur de  ses  voisins.  Celte  situation  abaissée  et  servile  ,  Napoléon  sut 
l'exploiter  au  profit  de  sa  couronne  et  de  ses  projets  de  dynastie. 

La  France  avait  déjà  dévoré  les  flottes  d'Espagne.  Trafalgar,  saa- 
glante  catastrophe,  avait  vu  disparaître  les  derniers  débris  de  la  grande 


nlis^me  aux  intendants  des  provinces  et  sut  corrégidoTS  de  tontes  les  yiOa  da 
rojauDM.  En  voici  la  traduction  : 
■  Uonsieur, 

B  Le  roi  m'ordonne  de  vous  dire  que,  dans  les  circooslanees  présentes,  il  attonl 
de  voua  un  effort  de  lèlc  et  d'acilTÏlé  pour  son  service,  et  mai,  en  son  nom,  je  tous 
recommande  la  plus  ^ande  activité  dans  le  Iira|:e  au  sort  qui  doit  avoir  lieu,  toi» 
faisant  obsencr  que  nous  ne  nous  contenterons,  ni  sa  majesté  ni  moi,  de  ces  elTocu 
éphémères  qu'on  a  coutume  de  faire  dans  les  cas  ordinaires.  Vous  pouvanoiiGcr  lui 
curés,  BU  nom  duioi,  qu'ils  seront  secondés  par  les  évéqucs  pour  porter  le  peuple  à 
se  réunir  sous  les  dnpeiui,el  les  riciies  i  faire  des  sacrifices  nécessaires  pour  les  Gat> 
tie  la  guerre  que  nous  serons  peut-être  forcés  de  soutenir  pour  le  bitti  de  tous;  rt 
rommc  elle  exigera  de  grands  efforts,  les  magisiraïadoivent  sent  t  qu'il  est  ploSpU' 
ticulièrement  de  leur  devoir  d'emplojer  tous  les  moyens  propres  à  exciter  l'eBtkw- 
ritsme  nstioDal  afin  de  pouvoir  entrer  dans  la  lice  qui  va  s'ouvrir.  Sa  majesti  a  la 
confiance  que  vous  ne  négligerez  aucun  de  ceui  qui  peuvent  procurer  un  plus  grand 
nombre  de  soldats  dans  votre  province,  et  jr  exciter  le  courage  géocrcui  de  la  nobl«aM 
(car  il  s'agit  de  ses  privilèges  comme  de  ceux  de  la  couronne),  et  que  vous  ferei  tout' 
ce  qui  sera  en  votre  pouvoir  pour  atteindre  l'un  et  l'autre  but. 

»  Uadrid,  14  octobre  leoe. 

>  Signé  :  le  généralissime,  priLce  de  U  Paix,  a 


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l'espagsb  et  le  pobtog&l.  117 

armada  ;  on  ne  pouvait  ploB  demander  à  l'E^gne  que  ses  années , 
composées  de  vieux  régiments  des  gardes  Tallonnes  et  d'une  cava- 
lerie parfaitement  montée  ;  plusieurs  camps  étaient  formés  dans  la 
Catalogne ,  la  Navarre  et  l'Andalousie  ;  l'empereur  exigea  que 
25,000  hommes  des  meilleures  troupes  fussent  mis  k  sa  disposition 
en  vertu  de  l'alliance ,  pour  servir  d'auxiliaires  i  ses  projets  au  nord 
de  l'Europe.  Les  vues  de  Napoléon  étaient  simples  ;  it  acquérait 
d'abord  un  corps  de  braves  soldats,  infanterie  solide,  sobre  et  patiente; 
pais  il  affaiblissait  les  forces  militaires  de  la  Péninsule ,  au  cas  où  il 
entreprendrait  une  expédition  sérieuse  centre  ce  gouvernement. 
Tout  ce  que  Napoléon  demandait  fut  accordé  par  le  prince  de  la  Paix 
et  la  cour  d'Espagne  ;  deux  corps  d'armée  furent  mis  à  sa  disposition  ; 
l'un,  sous  les  ordres  d'Offarill,  olGcier  général  de  mérite,  qui  avait 
commencé  sa  carrière  aux  Pyrénées  contre  la  république  et  Dugom- 
mier ,  fut  destiné  pour  la  Toscane.  L'autre ,  formant  près  de 
14,000  hommes ,  dut  traverser  la  France  sous  les  ordres  du  marquis 
de  la  Ro'mana ,  noble  physionomie  de  cette  époque. 

C'était  une  eiistaice  pleine  et  curieuse  que  celle  de  don  Pedro 
Caro-y-Sureda,  marquis  de  la  Romana;  ii  était  né  dans  l'tle  de 
Majorque ,  à  Palma ,  la  belle  capitale,  dans  ce  pays  jeté  comme  une 
corbeille  de  fleurs  sur  la  Méditerranée  ;  son  père  commandait  les  dra- 
gons d'Almenza,  et  à  quatorze  ans  le  jeune  la  Romana  le  vit  tomber  sous 
une  balle  anglaise  au  siège  de  Gibraltar.  Sa  première  éducation  fut  faite 
en  France,  chez  les  oratoriena  de  Lyon  ;  puis  il  vint  terminer  ses 
études  i  l'uaiversité  de  Salanunque,  la  ville  aux  frayles,  le  front 
caché  sous  leurs  larges  sombreros.  Le  marquis  de  ta  Romana ,  jeune 
garde^marine,  se  consacra  aux  sciences  naturelles  dans  Valence,  au 
milieu  des  canaux  et  des  riantes  prairies  ;  grand  amateur  de  riches 
collections,  artiste  distingué,  il  peignait  et  encourageait  toutes  les 
productions  de  l'intelligence.  La  Romana  visita  Vienne  et  Berlin,  et 
lorsqae  la  révolution  française  éclata ,  il  prit  du  service  dans  l'armée 
du  Guipuscoa  que  commandait  son  oncle,  don  Ventura  Caro,  il  s'y 
comporta  en  brave  officier.  A  l'époque  où  Bonaparte  exerçait  son 
influence  sur  l'Espagne ,  le  marquis  de  la  Romana  avait  J5  ans  ; 
capitaine  général,  officier  du  premier  ordre,  antiquaire  savant,  il 
aimait  tout  ce  que  l'art  grec  et  romain  nous  a  laissé  ;  sa  figure  belle 
laissait  voir  une  empreinte  de  mélancolie  qui  semblait  révéler  l'asser- 
vissement de  la  patrie. 


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116  l'BCTAGin  BT  LE  POKTOGAL. 

Ijë  marquis  de  la  Homana ,  travenaot  la  France  arec  sa  dÎTision, 
fat  partout  accaefUi  dam  les  banquets  publia,  dans  les  Tètes ,  la  trir 
tesse  était  sur  son  front  ;  il  w  soulageait  par  l'étude,  et  {dus  d'une 
fois  11  témoigna  le  désir  d'émanciper  son  pa^s.  Il  fallait  voir  cette 
division  espagnole ,  calme,  patiente,  réognée  comme  leurs  ancêtres 
■oiB  Philippe  JI ,  lorsque  les  Tieilles  bandes  castillanes  traversaient  la 
Einadie-Comté  pour  aller  réprimer  la  Flandre  ;  pu  une  plainte,  pas 
on  murmure  parmi  ees  hommes  qui  quittaient  l'Estramadure ,  k 
Catalogne,  Valence,  pays  si  diauds,  pour  aller  jusque  dans  le  Hol- 
Itein ,  au  del  toujours  brumeux.  La  Bomaoa  obéit ,  parce  que  «on 
premier  devoir  était  d'eiécuter  les  ordres  de  son  gouvememeot. 

L'ambassadeur  français  h  Madrid  était  tonjours  H.  de  Beanhsr- 
Hais,  capacité  d'un  ordre  secondaire,  mais  parfaitement  au  coûtant 
des  desseins  de  Napoléon  sur  la  famille  des  Bourbons-;  ses  iœtructioDi 
étaient  précises  ;  il  avait  intéréti  les  seconder,  car  ce  trAoe  d'E^iagm 
viendrait  à  quelqu'un  des  siens ,  k  Eugène,  à  Louis ,  époux  d'Hor- 
tense  Beauhamais ,  et  l'envie  de  la  royauté  avait  séduit  toutes  les 
tètes.  L'ambassadeur  savait  les  divisions  intestines  nées  entre  le  prince 
de  la  Paix  et  Ferdinand  ,  l'héritier  des  Castilles  ;  loin  de  les  calmer, 
Kl  ordres  étaient  de  les  irriter  :  il  prtoit  l'oreilie  aux  uns  ei  aui 
autres.  Les  moindres  détails  enroyésà  l'empereur  indiqaaient  les  pro- 
grès deces  haines;  d'unepart,  le  princedesAsturies,  entouré  du  doc 
de  rinfantado  et  du  dianoine  Escoïquiz ,  ciierchait  k  s'appuyer  oir 
ta  protection  de  l'empereur  par  des  lettres  reqiectueuses*.  Le  chaBDÎoe, 

'  La  IcUie  du  prince  des  AstuiiMin«poléoii,qu'oD  valira,  wticrîladcsafluiBi 
•llenit  co}HteBurroTigiail,  ixoTTe  d'Escoïquii. 

a  La  crainle  d'JDComnioder  T.lU.  I.  el  R.  au  milieu  de  s«9  eiplotls  et  de  iffkirc* 
Bajeut«8  qui  l'eaioorent  sans  c«s£e,  m'a  empécfaé  jusqu'ici  de  Mliafaire  directaMM 
lepltra  virdemesdéaiis.  nlui  d'ai))TÎi>i«r,  au  molas  pufrrit.  tnn  nrntiimitfritrrr- 
pect,  d'estime  et  d'attachenieiilque  j'ai  touèsà  un  héros  qui  «ITacc  tous  ceux  qui  l'oot 
précédé  et  qui  a  éié  envoyé  par  ta  Providence  pour  mutct  VEoropc  du  bouleTcrseacai 
Iota)  quilamenatait,  pour  aircnnir  les  iTAneeébraDléa  et  pour  rendre  auinalisDska 
piii  et  le  bonheur. 

>>  Les  Tcrtua  de  T.  M.  I.,  sa  modération,  u  bonté  ménie  cnfen  ses  injustes  et  pi»* 
implacables  ennemis,  tout  me  fïitespérer  que  l'expression  de  ces  smtiineatsensaa 
accueillie  comme  l'effusion  d'un  cœur  rempli  d'admiration  et  de  l'amitié  la  |ria' 
Sincère, 

B  L'ttateù  je  me  trouTe  depuiaIoiigtemp9,et  qui  ne  peut  échapper  i  la  rue  perfanit 
d«T.  U.  I.,  aéléinsqu'à  présent  no  second  obstacle  qui  a  arrêté  ma  plume  piétei 
toi  adresser  mes  tosui;  mais  plein  d'espérance  de  trouver  dans  la  magnanime  groén- 
■Ité  de  T.  U.  I.  la  protection  la  plus  puissante,  je  me  suis  déterminé  oon-^euloBtii' 


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L'BtPAfiNB  n  LB  VO&TOOAL.  ±t9 

écrivaÏD  actif,  traçait  des  plans,  rédigeait  des  sappliques;  sorte  4le 
secrétaire  d'Etat ,  il  préparait  ainsi  le  r^e  de  don  Fernaad  VII, 
taadis  que  le  duc  de  l'Iiifaatado  était  destiné  &  devenir  le  cher  mili- 
taire d'un  mouvement  iiisurrectioDoel  qui  pourrait  enlever  la  pui»- 
aaace  au  prioce  de  la  Paix.  Don  Femand,  condamné  à  la  retraite, 
recevait  néaamoias  ces  deux  cwiseiUm^  iatimes  qui  agissaient  sur  le 

AluitémaigncrtBSseatimenisdemoDetMr  (iiTeHWDaii^MepeTMMDajBHiaàl'é- 
ptDchn' dans  son  sein  comiDe  dans  celui  du  père  le  plus  tendre. 

»  Je  suis  bien  malheureai  d'Éire  obligé  par  lea  cireonsiances  k  cacher  comme  un 
crime  une  action  Eijoateet  si  louable;  mail  ulles  sont  les  coiiséi]neDees  (ùnestee  d« 
l'nlréme  bonlA  des  melHemB  rolt. 

D  Bempli  de  respect  cl  d'amour  filial  pour  celui  i  qui  je  dois  le  jour,  et  qui  est  dont 
d'un  cœur  le  plus  droit  «t  le  plus  g^néTcni.jen'osnais  jamais  dire  àT.U.I.  ce  qu'elle 
connaît  mieux  que  moi,  que  ces  mimes  qualités,  ai  estimables,  ne  servent  que  trop 
aouTeat  d'JRMmmenis  aui  pnvoiiMS  trti&cieuMS  et  ntiehantes  pour  obscurctr  la 
lirUé.  ani  reni  des  souTeraios,  quaiç(iie  si  «Dalogue  k  des  caraeières  cosme  celui  4e 
mon  respectable  père. 

n  Si  ces  mjmes  bommes  qui,  par  mslbeur,  eilslenl  !cf ,  lui  laissaient  connaître  k 
toai  cehiide'V.  H.  I.  commejelecotmais,  afec  quelk  ardeur  ne  aowhaileraii-il  pas 
de  wrrer  les  ucMids  qui  duifeot  unir  nos  deui  mai  wne  t  Et  quel  mojen  plus  propre 
pauretl  objetque  celui  de  demander  iV.  H.  I.rbonneuT  dem'allicrk  une  princesse 
de  son  ausnsie  familier  C'est  le  vteu  de  tous  les  sujets  de  mon  père,  ce  sera  aussi  la 
sien,  je  n'en  doutepas,  malgré  les  efforts  d'un  petit  nombre  de  malveillants,  aussiUt 
qull  aura  comu  les  iateniions  deV.  M.  I.  C'eat  loat  ee  que  mon  e«niT  désire;  mua  e« 
a'«si  pas  le  compte  de  ces  ègo'iales  perfides  qui  l'aasiégent,  et  ils  peuTenl,  dans  m 
premier  moment,  le  surprendre.  Tel  est  le  motif  de  mes  craintes. 

s  Iln'faquelerespecIdeT.  M.  I.  qui  puisse  déjouer  lenrs  complots,  ouvrir  lea 
TCux  i  mes  bnns,  à  mes  biea-aiméa  ptmtG,  iM  rendre  beomix  et  ikire  en  iDtaMtcnif  ■ 
le  bonbeoT  de  ma  nation  et  le  mien. 

>  LeiDOBdacfltierBdiDireradeplusfnplaBlabantédeT.  M.  ^letelletuatoa- 
joarsenimii  un  fils  le  plus  reconnaissant  et  le  plus  dévoué. 

>  J'implore  doncavec  la  plusgiwide  confiance  la  protection  pateiueDe  deV.  H.  I., 
«loiiae  noa-«enleiHnt  elle  daigM  m'acoocder  l'iuttaenr  de  m'dlier  i  sa  bmiHe, 
maisqu'clleaidaDisse  tontes  les  difflcullés,  el  Tasae  diïparsltre  tous  tes  obstacles  qut 
peuvent  s'opposera  cet  objet  de  mesvieui.  Cet  effort  de  bonté  do  la  partdeV.U.l. 
m'estd'autanInécesSBire,  quejene  puis,derooncâli,  en  faire  le  moindre,  puisqu'gu 
k  ferait  passer  peut^re  pour  une  insulte  bite  II  rauiorité  paternelle,  et  que  je  suis 
réduit  k  un  seul  mojen,  k  celui  de  me  refluer,  comme  je  le  ferai  avec  une  inviodUe 
constance,  k  m'sllier  k  toute  personne  que  ce  soit,  sans  le  consentement  et  l'appro- 
balion  de  T.  U.  I.,  de  qui  j'attends  uniquement  le  choii  d'une  épo  use. 

a  Cest  un  bonheur  que  j'espèredela  bonté  de  V.  H.  f.,  en  priauL  Dieu  de  consenar 


■  Écrit  et  signé  de  ma  propre  main  et  scellé  de  mon  sceau,  i  l'Escurial,  le  11  o»« 
lobre  1807. 

■  De  V.  M.  I.  ei  R.  le  Iréa-affectionoé  serviteur  et  frère. 


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130  L'ESPA6NB   et  le  PORTtlfiAL. 

peuple  et  l'armée  ;  telle  était  la  situation  de  l'Espagne,  que  rien  ne 
pouvait  se  faire  sans  la  protection  de  l'empereur. 

Le  duc  de  l'Infantado  et  le  chanoine  Escohiuix  virent  donc  ram- 
basssdeur  français,  M.  de  Beauharnais  ;  il  résulte  des  dépêches  que 
celui-ci  ne  Tut  point  étranger  aux  démarches  que  préparait  Femaod 
afin  d'arracher  le  pouvoir  au  (H-ince  de  la  Paix.  Napoléon,  mécontent 
cle  Godoï  depuis  la  proclamation  d'Aranjuez ,  voulait-il  faire  tomber 
le  favori ,  ou  bien  poussait-il  &  cette  insurrection  afin  de  broniller 
profondément  le  père  et  le  fils?  Tant  il  y  a  que  M.  de  Beauharnais 
écouta  leducdet'InfaDtadoetlechaaoineEscoïquiz,  les  encourageant 
dans  leur  oppo^tion,  et  que  ce  fut  d'après  les  insinuations  de  l'am- 
bassadeur que  le  prince  des  Asturies  demanda  en  mariage  une  des 
nièces  de  Napoléon  comme  un  gage  de  son  système.  L'on  ne  songei 
jamais  k  une  des  filles  de  Lucien ,  alors  en  disgrftce.  M.  de  Beaubar- 
nais  travaillait  un  peu  pour  les  intérêts  de  sa  famille;  il  aurait  rn 
avec  plaisir  une  des  Tascher  revêtue  du  beau  litre  de  reine  d'Espagne 
qu'avaient  porté  les  filles  de  France  ;  l'orguàl  avait  perdu  les  tètes, 
et,  comme  au  temps  de  la  chevalerie,  chacun  cherchait  de  grandes 
fortunes.  Pendant  ces  négociations,  don  Fernand  copiait  de  sa  main 
dans  San-Lorenzo  les  mémoires  du  chanoine  Ëscoïquiz  adressés  an 
roi  son  père  en  forme  de  remontrances,  pour  le  renv<H  du  prince  de 
la  Paix ,  et  il  écrivait  respectueusement  i  l'empereur  Napoléon , 
pour  lui  demander  l'honneur  d'unir  sa  vie  k  une  princesse  da  sang 
impérial  ;  démarches  toutes  connues  et  favorisées  par  H.  de  Beas- 
hamais. 

D'un  autre  cAté,  le  prince  de  la  Paix ,  fortement  inquiet  de  li 
chute  inévilaMe  de  son  pouvoir  si  les  plaintes  de  Fernand  étaient 
écoutées ,  crut  indispensable  de  prendre  une  mesure  déciâve  pour 
détourner  la  crise  menaçante.  Maître  de  l'esprit  du  roi  Charles  IV  et 
de  la  reine  Louise-Marie,  les  notes  de  la  police  lui  avaient  a[fri> 
les  démarches  du  prince  des  Asturies  auprès  de  Napoléon ,  et  le) 
projets  concertés  entre  ce  jeune  prince,  le  chanoine  Escoïqoiz  et  le 
duc  de  l'Infantado  ;  il  résolut,  dès  ce  moment,  de  traiter  comme  coo- 
spiralioo  les  tentatives  de  l'héritier  du  Irâne  ;  il  les  présenta  comme 
on  dessein  de  frapper  le  roi ,  et  dans  une  seule  nuit  le  prince  et» 
conseillers  furent  arrêtés  dans  leurs  palais  comme  rebelles. 

Il  se  passa  ainsi  à  San-Lorenzo  de  l'Escurial,  sous  les  longues  gale- 
ries  monastiques,  quelque  chose  qui  ressemblait  (moins  la  puissmc^ 


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L'BSPAGNB   et   le   PORTtIGAL.  121 

des  temps  et  l'énergie  des  caractères)  à  la  fatale  scène  de  Philippe  II 
et  de  don  Carlos  au  xvi'  siècle.  Philippe  II  avait  un  vaste  plan  dans 
la  tète  comme  une  conviction  ;  Carlos  était  le  chef  d'un  parti  de 
réformateurs  des  Pays-Bas ,  préparant  la  chute  de  la  monarchie  ; 
ainsi  le  dit  l'histoire  ;  tandis  que  Charles  IV,  roi  faible  et  sans  de»* 
sein,  laissait  Qotter  les  rênes  de  l'Etat  aux  mains  d'un  favori  '  ;  doQ 


'  Charles  IT  déoonft  son  fils  ;  Totci  md  àicitt  plein  de  coltre  : 
Déertt  du  roi  noire  lei^ntur  : 

m  Dieu,  qui  TelUeBur  tons  ses  eobnU,  ne  permet  pm  H  cooMmBUtloB  des  btls 
■traces  diriges  contie  des  vicliniea  ionaceiiies.  C'est  par  le  secours  de  st  toule-puis- 
eanee  que  j'ii  été  sauvé  de  la  plus  graDde  catastrophe.  Mes  peuples,  mes  sujets,  tout 
le  monde  connaît  ma  relipau  et  la  régularité  de  ma  conduite;  tous  me  cbérieseal  cl 
me  donnent  ces  marques  de  Ténéralionqu'ciigenl  le  respect  d'un  père  et  l'amour  de 
ses  enfants.  Je  vivais  tranquille  au  sein  de  ma  ramille  dans  la  confiance  de  ce  bon- 
heur, lorsqu'une  main  inconnue  m'apprend  et  me  dévoile  le  plus  énorme  plan  al  la 
plus  inattendu  qui  se  tramait  dans  mon  propre  palais  et  cooire  ma  personne.  Ha  vie, 
qni  a  été  souvent  en  danger,  était  une  charge  pour  mon  successeur,  qui,  préoceupO, 
■veugic  et  abjurant  tous  les  principes  de  religion  qui  lui  étaient  imposés  avec  le  soin., 
et  l'amour  paternel,  avait  adopté  un  plan  pour  medélrdner.  J'ai  voulu  m'ei  imposit 
SUT  la  vérité  de  ce  fiait;  l'ayant  surpris  dans  mon  appartement,  j'ai  mis  sous  ses  jeui 
les  chiffres  d'intelligence  et  circonsiances  qu'il  recevait  dea  malveillants  :  j'ai  appelé 
i  l'eiamen  le  gonvemeur  lui-même  du  conseil ,  je  l'ai  associé  aux  autres  miiiistrcH, 
pour  qu'ils  prissent  avec  la  plus  grande  diligence  leurs  inrormations.Toul  s'est  Tall. 
Il  en  est  résultéla  connaissance  des  difTérents  coupables,  dont  l'arrestation  a  été  dé- 
crétée. Celle  de  mon  fils  est  dans  son  appartement.  Celte  peine  est  venue  accrotlre 
cellesqaim'afBisent;maisaussi,  comme  elle  est  la  plus  sensible,  elle  est  aussi  la  plua 
Importante  k  purger.  En  conséquence,  j'ordonne  que  le  résultat  en  soit  public.  Je  ne 
veai  pas  cacher  i  mes  sujets  l'authenticité  d'un  chagrin  qui  sera  diminué  lorsqu'il 
sera  accompagné  de  toutes  les  preuves  acquises  avec  loyauté. 

a  HOI  LB  KOI.  V 
iMtrt  44  CKarUt  IT  à  Napoléon. 

«  Hansieur  mon  frère,  dans  le  moment  oà  je  ne  m'occupais  que  das  moyens  de 
roopérer  i  la  destruction  de  notre  ennemi  commun  ;  quand  je  croyais  que  tous  les 
complots  de  la  ci-devant  reine  de  Nsples  avaient  été  ensevelis  avec  sa  fille,  je  vois 
avec  une  horreur  qui  me  Tait  frémir  que  l'esprit  d'intdgue  le  plus  borrlble  a  pénétré 
jusque  dans  le  sein  de  mon  palais.  Hélasl  mon  eceur  saigne  eu  faisant  le  récit  d'un 
attentat  si  aifreui  I  mon  fils  aîné,  l'héritier  présompLf  de  mon  trdne,  avait  formé  le 
complot  horrible  de  me  détrâner;  il  s'était  porté  jusqu'à  l'excès  d'attenter  contre  la  vie 
de  sa  mère!  Un  attentat  si  affreux  doit  être  puni  avec  la  rigueur  la  plus  exemplaire  de» 
bis,  La  loi  qui  l'appelait  ï  la  succession  doit  être  révoquée;  un  de  ses  frères  sera  plus 
digne  de  le  remplacer  et  dans  mon  cteur  et  sur  le  trAne.  Je  suis  dana  ce  moment  k  la 
recherche  de  ses  complices  pour  approfondir  ce  plan  de  la  plus  noire  scélératesse;  et 
je  ne  peux  perdre  un  seu' moment  pour  en  instruire  T.  M.  I.  et  B.,  en  la  priant  de 
m'aidcr  de  ses  lumières  et  de  ses  conseils. 

»  Sur  quoi  je  prie  Dieu,  mon  bon  frère,  qu'il  daigne  avoir  T.  M.  I.  et  B.  en  M 
sainte  et  digne  garde.  ■  Curlbs.  > 


DiclzedbyGoOgle 


lÂi  L'EaPÀfiMB  ET  U  POBTVOAL. 

Femand  n'avait  pas  non  pins  celte  nature  ferme  et  dramatique  de 
don  Carlos.  Le  prince  des  Asturies  était-il  coupable?  afait-it  conspiié 
contre  le  roi  son  pèreT  II  est  des  tempe  où  tout  coospire  :  les  homno. 
lei  évéoements.  Le  crime  de  dm  Feroaad  était  d'avoir  râvé  itàiek 
de  Hanod;  il  avait  pour  Jtà  la  faveur  d«  mawee;  les  Espigook 
aimaient  lesuocesKur  de  Charles  IV,  ils  THraientMOteno  acu-iei- 
lement  de  leur  amour ,  mais  encore  de  leurs  imprécations  contre  k 
garde  du  corps,  le  cortéjo  vieilli  de  la  reine. 

Le  prince  de  la  Paix,  qoi  connaissait  oéttu  situation  populaire  df 
don  Fernando,  crut  indispensable  de  mettre  an  terme  i  la  conjun- 
tien.  Des  lettres  solennelles  émanées  du  roi  pour  les  cooununesdt 
Castille  annoncèrent  que  le  prince  des  Asturies  avait  conspiré  cMn 
la  vie  de  son  père,  par  la  plus  in^me  trahison  ;  les  alguarits  de  cour 
parcouraient  les  rues  de  Madrid,  et  Charles  tV  s'empressa  d'anoon- 
cer  i  son  bon  ami  N^>oléoo  les  troubles  qui  agitaient  l'intérieur  dt 
la  famille.  £n  réptmse ,  M.  de  Beeuhamais  reçut  l'ordre  d'entreteoii 
les  divisions  qui  servaient  les  desseins  de  l'empereur  :  «  Laissei-le 
l'arranger  entre  eux  et  s'affaiblir.  »  Telles  furent  les  paroles  dw 
dépêches.  Tout  dépendait  ainsi  de  Napoléon  ;  Godoï  avait  à  se  faire 
pardonner  la  proclamation  d'Aranjuez  ^  et  dans  ce  but  i!  i^a^ 
un  de  ses  confidents  intimes .  le  conseiller  Isquierdo ,  savant  naturt- 
liste,  esprit  actif  et  habite,  d'aller  traiter  à  Paris  les  atTaires  d'Espignr 
•ur  de  laides  proportioRS  ;  rien  ne  fut  dit  de  cette  mis^OD ,  ni  sa 
■ecrétaire  d'État  don  Pedro  Cevaltos,  ni  au  conseil  de  Castllie. 
Isquierdo  connaissait  les  pensées  de  Godoï  ;  dï^tositaire  de  ses  dcf- 
selns,  il  dut  ke  mettre  aux  pieds  de  Napoléon.  L'empereur  vit  ains 
que  tout  arrivait  h  ses  souhaits,  et,  maître  du  secret  de  diacnD,iI 
pouvait  profiter  de  toutes  les  plaies  de  la  Péninsule;  il  ordonna  eaff*^ 
maréchal  Duroc,  lié  avec  l'Espagne  par  son  mariage  avec  mademai' 
Mlle  Hervas,  de  suivre  une  négociation  très-hardie  avec  Isquierdo, 
pour  lui  donner  moyeu ,  à  lui  Napoléon,  d'en  finir  plus  aisémeat  avtf 
la  dynastie  des  Bonrfwns  ec  Espagne. 

Les  principales  hases  de  cette  négociation  curieuse  portaient  wr 
un  ensemble  d'intérêts  dans  la  Péninsule  * .  L'empereur  voulait  îai» 

■  Tolcil'origiDtl  du  traité  8MretdeFuiiUiBab)HU,le37oi:tirf(reJS(l7  : 

I.La  province  En Irc-MinhA-e-Duno,  U  ville  d'Oporto  j  rampriK,  scn 'wM' 

«I  louM  propriéiG  et  louveHiDeté  i  S.  M.  kfoi  d'Éiruric,  «rcc  le  litre  de  i«i  d<  ^ 

lA^uiùe  Mfleiiliiciittle. 


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i:B8Pie!(B   ET  LB   PORTOGJX.  133 

-cesEer<rrtord  cette  falUe  royaHté  de  ToMane,  que  le  c<Miaul  avait 

établie  sous  le  nom  A'Êtrvri»  ;  il  lui  paraissait  impoœible  que  lorsque 
touteTItalie  obÉissaft  à  son  système,  la  Tosceae  formit ,  comme  une 
souTeraineté  étrangère,  use  terre  féodale  séparée  de  son  royaume. 
Ha  échange,  on  doBusK  ati  roi  d'Étnn le  la  provinee  portugaise  EdU»- 
lMitib6-e4)uero ,  dont  la  capitale  était  OportO';  cette  terre  se  Bom- 
nerait  le  royaume  de  la  'LHsHsoie  septentrtMiale.  Un  autre  royaueae 
ou  ptlno^MOté  des  Algams  lenlt  érigé  au  ^olit  du  prince  de  la  Paix . 

2.  Lt  province  d'AIent^jo  et  le  rojtume  des  Algarres  seroDl  donnas  en  toute  pn>- 
prîéié  cl  souTcnineté  au  prince  de  la  Paii,  qui  ea  jouira  STec  le  titic  de  prince  de» 
AljçirTfs. 

3.  Les  pTOvfnees  de  Beflt,  Tris-os-MoiiIee  et  de  l'Estfumkdure  poiiugaiae,  reste- 
roiit  en  dépdt  jusqn'A  la  pait  générale,  et  slore  on  disposera  d'elles  selon  les  eire«p- 
>iances,  ei  coarormétnent  à  ce  qui  sera  convena  «Me  les  deni  btutas  parties  cod- 
iractantes. 

I.  Le  To^aume  de  It  LviUanie  septcnlrionale  sera  fuméii  pai  las  deMendanis  de 
S.  U,  le  roi  d'Étrurie ,  bérédttairement  et  suivant  le»  lois  de  ancocaeioB  qui  sont  an 
ueagc^aiM  b  âmiUe  régMDM  de  B.  H.  le  roi  d'£s(itgiM. 

3.  La  principauté  des  Algarves  sera  possédée  pur  les  descendants  du  prince  i&la 
Paii ,  liélédiiMnflMat  M  d'apris  Us  lois  de  wecession  qui  sont  an  uaage  dans  !■ 
foniHe  régnante  de  S.  H.  le  roi  d'Espspie. 

C.  À  déGMt  de  desceadafite  ou  bériiiers  lé^ilmos  do  roi  de  la  Lusitanie  septeo- 
irionale  ou  du  prince  desAlgarves,  ces  payS'Seioiit  doonte  sojcnnant  l'inTCGUtv» 
pBrS.  ■.Icvoi  d'Bspagie.'paunrn  qa'îbae  puisMnt  jasiats  être  ritaii»  sous  un* 
ïcule  personne,  ai  i  la  eovrooae  d'B^gae. 

I.  LeroTaamede  la  Lusitanie  septeatrioDotc  et  la  priaeipaatédca  Algwrca  racon- 
aallroBtoMi)ineprolec(awfi.M-i«roi<l'Bs|MgH,  et  lee  sonTCraloa  deetBpaysva 
pouTTDBt  Janaii  faite  b  paix  ni  la  «uerre  eana  le  «ooaentenent  du  roi  MdHliqtie. 

8.  Silca  pra<i**eaée««ira,  d|9  ïrw-os-ManlM  et  de  l'EstraniMiine  pcrtàfijae. 
f«staDien<UpAt^élait«trand<Mseaieinpsdelapaixgéaécalcilainai8w4cSn^Me, 
eoéch»Bg«dêGibial|af,laTrioité,«td'auUf«t«oloaieBqnelesAagtai«opteeinuiips 
«HT  rBsfAgaeat  sas  alMs.fa  uhkcmi  soawnto  de  «b  {Meviacaseumit,  k  l'égiàd  4» 
S.  M.C.  le  roi  d'Espagae,  les  Mêmes  wwBiBetoai-qae  te  Bride  l»L<Mii«i>i6eepW- 
trionaleMlepfÎDcedeaAlKHwes,  etHpoesMcrasoNa  lesntBaacMdilioM- 

V.S.  H.  leToid'ÉlTarieeèdeenloutepro^iéléctaouveraipalélcniTaanMd'âUwie 
à  S.  M.  l'ampereur  des  Fraafais  roi  d'itabe. 

10.  QNand  l'occnpatiaa  déSaiUvedes  prerlnees  du  Poriu^ri  sera  cffest«éc,  les 
diOërcols  princes  qui  doivent  les  posséder  waHneroal  d'kccord  les  ceaiBiasain» 
pour  Ssrr  laaKaltes  aaturdles. 

II.  6.  M. l'anpmw  des VctfKais,  Tri d^ialie ,  «aramh i«. «. lerai  d'EapapH 
la  paMiaion  deact  Ëtato  du  coaliMat  d'BaMpa,  aitoie  au  nidi  des  P^énies. 

12.  «.  K.  f  WÉperanr  das  FiaptaU,  roi  d'Italie,  s'oblige  i  lecouualire  S.  M,  C.  le 
Toi  d'EBpagaecoimeenycreardeBdauiAwcTiqiiea  quand  tout  sera  pidt,  afin  qu» 
S.  li.puias«p(«Bdrace4ttr«,  «e4|iii  pourra  arriver  au  lemps  delà  paii  générale,  ou 
le  plus  tard  d'ici  i  trois  ans. 

13. Les  hautes puissaDcescontracianiesaocoTJcrontksaiojeiis de hir^Araniabli.' 


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124  l'bSPAGMB   et  tB   POBTOGAI.. 

Ainsi  d(m  Maouel ,  qui  craignait  les  chances  de  l'avéïiement  de  Fcr- 
oend  VII  en  Espagne,  devenait  prince  indépendant  ;  le  reste  da  ?(»<■ 
tDgal  demeurait  en  dépdt  aux  mains  de  l'empereur  pour  en  di^Miser 
dans  Tavenir.  D'un  trait  de  plume  la  maison  de  Bragance  était  eSacée 
de  la  carte,  ni  plus  ni  moins  que  la  maison  de  Naples  ;  le  royaume 
d'£sp«^ne  était  maintenu  dans  soo  intégralité  par  Napoléon,  et  le  roi 
catholique,  le  neux  Charles  IV,  prenait  tout  joyeux  et  tout  fier  \t 
titre  d'empereur  des  deux  Amériques ,  puérile  satisfaction  que  le 
fovori  donnait  au  vieux  monarque. 


tuM division  ^le  destin,  coloDiesel  autrts  propriétAi  d'outre-nwr  du  Porlu|«L 
14.  Le  prisent  inité  twslen  s«cr«,  il  sera  ralîBé,  et  U»  ratiBeatiom  ivont  érblo- 

(ées  k  Madrid  dins  Ttngt  joun. 

Fait  i  FoDUinebleau,  le  27  octobre  lBff7. 

Coiwtnlion  têerile,  nialiv*  au  traité  fr4eid»nl. 

1.  Va  corps  de  troupes  impirioles  fraocilses,  de  30,000  hommes  d'infaulffrle  H 
de  3,000  decavslerie,  entrera  en  Espagne  ;  il  Tera  sa  jonclion  arec  un  corps  de  Iroupei 
upagnoles  composé  de  8,000  hommes  d'inrtnterie,  3,000  de  csTalerie  et  30  plica 
d'artillerie. 

2.  Au  mênia  temps,  une  division  de  iToupcs  espagnoles  de  10,000  bommespruidr* 
possession  de  la  province  d'£Dire-MinhA-e-Duero,et  de  la  ville  d'Oporto;  et  une  autre 
division  de  6,000,  composée  pareillenient  de  troupes  espagnoles,  prendra  posKssioB 
de  l'Alenléjo  et  du  royaume  des  Atgarvea. 

3.  Les  troupes  françaises  seront  nourries  et  entretenues  par  l'Espagne,  et  leur  solde 
{Mfée  par  la  France,  pendanl  tout  le  temps  de  leur  passage  en  E^iagne. 

4.DepuislemomenioùlestrDupeacDmhlnéee8  seront  entrées  en  Portugal  les  pro- 
vinces de  Beiri,  Tras-os-Monteaet  l'Eatrainadure  portugaise  [guidoivui  rester  ra 
dépAt)  seront  administrées  ei  gouvernées  par  le  général  commandant  des  troapca 
françaises,  et  les  cantrihutions  qui  leur  seroDtimposé«9  seront  au  proGide  UFruire. 
Les  provinces  qui  doivent  composer  le  rojaume  de  la  Lusiianie  sepicDlrionaie  et  h 
principauté  des  Algarves  seront  administrées  et  gouvernées  par  les  généraui  coai' 
mandant  les  divisions  espagnoles  qui  en  prendront  possession,  et  les  conlribuiian 
qui  leur  seront  imposées  resteront  au  bénéliccde  l'Espagne. 

it.  Lecorpsduccntie  sera  sous  les  ordreadn  commandant  des  troupes  franfaÎNl 
aussi  bien  que  les  troupes  espagnoles  qui  lui  seront  réunies.  Cependant,  si  le  rti 
d'Espagne  ou  le  prince  de  la  Paii  trouvaient  convenable  et  jugeaient  i  propos  di  ij 
rendre,  le  général  commandant  des  troupes  rraufalses  et  elles-mêmes  seront  sonmiM 
aux  ordres  du  roi  d'Espagne  ou  du  prince  de  la  Psh. 

0.  Un  autre  corps  de  40,000  hommes  do  troupes  TraDtaises  sera  réuni  i  DsJMH 
le  30  norembre  proebaÎD  ou  avant  celemps-U,  et  il  divra  être  prêt  i  marrlicrsiirl) 
Portugal,  en  passant  par  l'Espagne,  si  les  Anglais  envoient  des  renforts  et  mnanfl 
d'attaquer  le  premier.  Cependant,  ce  nouveau  corps  de  troupes  n'enlrera  que  q«ad 
les  deux  liautrs  [larties  contractantes  ae  seront  mises  d'accord  pour  cet  effet. 

7.  La  présente  convention  sera  TBiiSée ,  et  l'àcbange  des  raiiScaiioiu  sera  bH  sa 
même  temps  que  le  traité  d'aujourd'hui. 

Fait  i  Fontainebleau,  le  37  octobre  1807. 


îdbyGoOgIc 


l'bspagnb  bt  le  pobtdgal.  125' 

Ces  bises,  jusqu'alors  éventuelles,  reposaient  sur  les  chances  d'une 
conquête  et  d'un  partage  du  Portugal  ;  le  dernier  mot  de  Napoléon 
n'était  pas  le,  toutes  ces  clauses  n'étaient  qu'une  ruse  pour  arriver  h 
desarliclessecretsqui  préparaient  l'occupation  du  royaume  d'Espagne 
par  les  armées  françaises,  car  après  l'envahissement  viendrait  l'usur- 
pation de  la  couronne.  Un  corps  de  28,000  hommes  devait  entrer 
en  Espagne,  et  servir d'avant-gardeà  un  autre  corps  de  40,000  homme» 
réunis  à  Bayoune  ;  tous  deux  devaient  agir  immédiatement  contre  le 
Portugal.  Le  but  de  cette  convention  militaire  était  donc  de  jeter  une 
masse  de  troupes  dans  la  Péninsule ,  afin  de  la  faire  servir  à  un  des- 
sein de  conquête  définitive  ;  le  premier  traité  n'était  qu'un  prétexte 
pour  la  signature  du  second.  Isquierdo  fut-il  de  bonne  foi?  trompé 
par  les  habiles  causeries  de  l'empereur,  fut-il  séduit  par  ses  promesses 
et  ses  engagements?  Le  traité  immédiatement  ratifié  par  Charles  lY 
et  le  prince  de  la  Pais ,  l'Espagne  déclara  qu'elle  était  prête.  Dans 
une  dépêche  de  M.  de  Champagny  à  M.  de  Beauharnais,  le  ministre 
recommande  d'apaiser  pour  le  moment  les  différends  entre  Charles  IV 
et  le  prince  des  Asturies  ;  on  les  ferait  renaître  au  besoin  ;  en  attendant, 
il  fallait  organiser  un  bon  système  pour  l'occupation  militaire  du 
Portugal. 

Aussi,  d'après  les  çonseïb  de  M.  de  Beaubarnais  et  l'action  intime 
des  agents  de  Napoléon,  une  réconciliation  au  moins  passagère  fut 
accomplie  entre  le  roi  et  son  Gis,  entre  Godoï  et  Femand.  Il  en  était 
temps  ;  les  choses  en  étaient  venues  à  un  point  extrême  ;  Charles  IV 
et  la  reine  avaient  songé  h  déshériter  le  prince  des  Asturîes,  et  les 
alguazils  de  cour  l'avaient  violemment  arrêté  i  San4/>rMzo  de  l'Es- 
curial.  On  nomma  une  commission  de  onse  membres  du  conseil  de 
Castille,  et  là,  comme  au  temps  de  Philippe  II,  le  prince  fut  inter- 
rogé devant  une  sorte  d'inquisition  d'État  :  h  Qu'avez -vous  fait 
et  queb  étaient  vos  desseins  sur  le  roi  votre  père  ?»  Le  prince,  pld- 
nement  justifié  par  ses  réponses,  fut  acquitté  ;  mais  Manuel  Godoï 
no  le  laissa  pas  paisible;  il  lui  imposa  une  humble  supplique  :  Fer- 
nand  agenouillé,  se  reconnaissant  coupable,  demandait  pardon  à  son 
père  et  à  sa  mère  de  son  crime  irrémissible,  et  bientôt  parurent  des 
lettres  royales  qui,  sur  l'aveu  du  prince,  lui  remettaient  l'attentat  de 
conspiration  contre  lo  couronne  ;  ces  lettres  royales,  très-froides,  lais- 
baient  percer  la  haine  du  favori  qui  les  avait  dictées  ;  Manuel  Godoï 
resta  le  maître,  et  il  Cl  annoncer  par  Charles  IV,  dans  une  lettre 


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VtSt  l'HPMMB  BT   LB  POSTCOàk 

intine  à  Napoléon,  la  ratification  da  trailâ  de  Fonteinebleso,  et  l^ 
pardon  qu'il  accordait  à  son  flla  pour  un  cxime  abominable  :  «  Il 
^it  indulgent  à  cause  de  son  protecteur  le  ^ndSiapoléon;  ■>  te 
laUies  étaient  à  peine  ligaées  d'uae  main  lieablaDter  car  la  goutte 
tourmentait  le  roi  des  Eapagnes,  le  seuverain  des  deux  mondes  ;  Ma- 
niMl  EaiBBit  tout  ;  le  roi  continu*  sa  sieste,  et  peut-être  ca»  falales 
flaèM*  de  palais  s'accAmplirent  entre  une  chuMe  et  un  solo  de  violon 


■  CesmeSum  de  pSrdantojil  prirent  Dlicn^ctireofflelddeiAdrilcité. 

•  Aujonrtf'bu),  S  noTsnfbre,  le  roii  tdTMBéktUaMtfaivut.wgwmnienrpr 
Ulétte'du  eraii?il  de  Ccsiille  : 

■  I«  voit  deU  nstuFedéurme  lebrss  de  U  veDgceace;  etlorsque  l'iaedTerUiirc 
récleme  h  filit,  un  père  lendie  ne  peul  s'y  reruser.  Mon  fils  •  Aé]i  djclari-  les  eulGur? 
d«  plan  borriblff  que  hii  «Tsient  (hit  eimcewir  det  mvireiUantc  :  H  i  (ont  éèaimué 
<■  fMinededroii,  eI  *teo  rmclitnde  tequiie  par  lu  loi  pouf  d«  telles  yMOTe^.Soti 
i^rtatir  et  bod  étoDoement  lui  ont  dicté  les  remoutTanMe  qu'il  m'a  adressées  H  doui 
voici  le  texte  : 

»  Sire  et  mon  pèr«,  je  me  sulftitudu  coupable  en  awitpimfà  V^.  H.  m  imhhi»^ 
4aionpèTee(inoDni);Éi«ie^n'enrFpe>»,etjepraael«l  V.M'la  pluebnmbla 
«UlsiaBee.  Je  ne  demii  rien  faire  sans  le  eodstnlcment  de  T.  U.;.  mais  j'ai  étésaf- 
pris:  j'ai  déDoncéles  coupables,  ctjepricT.  M.  de  ma  pardonner  et  de  penneiirc  de 
baber  vos  pieds  i  votre  fils  reconnaissant, 

■  Balni-LMrent,  leliUTeinbretnT.  •' TinrAin.  • 

«-  Madame  et-mère,  je  me  repeni  bira  de  lapuide  Taule  que  j'ai  commiu  conice 
la  roi  et  la  reine ,  mes  pèic  el  mère;  ausai,  avec  la  plus  grande  soumission,  je  vi>ii> 
en  demande  pardon,  ainsi  que  de  mon  oplDiUircié  i  vous  nier  U  rrrité  l'autre  soir  ; 
«'est  pourquoi  je  enppUe  T.  H.,  fu  (dus  profond  de  mon  ettwr,  4e  daigner  Inlcrpo^ 
eamédiatieaanwrt  iBonpère,  afin  q|i'il  veuille  bien  peimeUTCi'alterbaiiM  les  pkd» 
deB'U.  i  son  fils  reconmiseauL 
>  Saint-Laurent,  leSnoicmbrelttff.  ■  Psbnanb.  ■ 

«  Cncooséquence  de  ces  lettres,  crkla'prtèrt  delà  relM,  mon  ^powe  trien-iiiM. 
je  pvdoDiiei  mon  Bis,  «t  il  rentrera  dHs  ma  grlce  dès  que  s» conduite  me  domno 
4w  preuvea  d'un  véritable  emendement  daus  ses  precédÉs.  J'ordonne  aussi  que  les 
mêmes  juges  qui  ont  entendu  dans  cette  cause  depuis  le  commencemeui,  la  tifn- 
tinuenl,  et  ja  leur  pennets  de  s^ad] oindre  d'auiies  colTèg^iee,  s'ilsm  ont  besoin j  ]> 
lk«r«)join«,  dès  qu'elle  Mraiennlaée,  dl  me  soumettre  b«  jugement  qui  den*  tH 
«•nforme  i  la  loi,  selon  la  ^vlti  des  doliu  et  la  qualité  des  personnes  qui  les  luroni 
«ommia.  Ils  devront  prendre  pour  base  dans  U  rËdaciioo  des  chefs  d'accusatioo.  1k 
«^nscs  données  pnr  le  prince  dans  l'InlerTogatafre  qn'il  a  Subi;  elles  sont  para|AM 
4l9igaAe«deaatnaia,BlDBi  que  les  papiers,  écrits  «ugsi  de  sa  main,  qui  ont  été  saisi) 
4nsee»fc«re«ui.  Cette  décision  sera  eomiMiDiifuéei  mes  conseils  etimeslribuiuat. 
«t  on  la  fera  circuler  k  mas  peuples,  afin  qu'ils  y  reconnaissent  ma  pitié  et  ma  justice, 
•1  pour  soulager  l'afflictioD  oii  ils  ont  été  jetés  par  mon  premier  décret,  car  il^l 
voyaient  le  danger  de  leur  aooTeniii  «t  de  leur  pèrè,  qai  les  aime  eomoM  sapnpn* 
«Anu,  •idoat'Ueslaimé.  •  Hmlbum.  ■ 


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L'nrAOïfS  rr  im  rmnm»L.  IST 

L'empereur  Napoléon  araît  ses  desseins  ;  il  marcluitt  feof  entier  k 
son  plan  d'invasion  militaire;  H  w  servAit  des  clauses  du  traité  de 
Fontainebleau  pour  préparer  rmcupMîon  de  la  Pénnsale;  ce  traité 
obligeait  la  France  è  la  formation  de  deui  grands  corps  d'armée  ; 
le  premier  pénétrant  en  Portugal,  marchait  sur  Lisbonne  en  toute 
hâte  ;  le  second,  plus  considérable,  devait  entrer  par  Rayonne  jns- 
qu'an  centre  de  l'Espagne,  afin  d'attendre  les  événements.  Toute  la 
sollicitude  de  l'eniperenr  se  porta  sur  la  composition  de  ces  deux  corpi 
d'armée  ;  il  faut  remarqoer  que  les  benne»  troupes  encore  en  Alle- 
magne ne  l'avaient  pas  évacuée  ;  peu  de  régiments  avaient  repassé  te 
Rhin,  tous  occupaient  l'espace  entre  POder,  FEIbe  et  le  Niémen;  lei 
premiers  corps  destinés  au  PfMtugal  et  i  FEspagne  se  composaient  du 
cinquième  bataillon  de  conscrits  en  dépAt  par  chaque  régiment,  et 
des  troupes  qu'on  appelait  r^gimmu  de  marche,  organisés  dans  la 
route  par  de  nouvelles  levées. 

Bien  de  plus  médiocre  que  les  premières  divitdons  qui  furent  em- 
ployées en  Portugal  et  en  Espagne  ;  à  p«fie  comptaient-elles  10,000 
hommes  des  vieux  régiments  d'Allemagne  et  d'Italie  ;  cette  mauvais» 
composition  des  cadres  expliquera  les  événements  rnilîtaires  qui  vont 
m  déployer.  La  correspondance  du  général  Glarke,  ministre  de  ta 
guerre,  indique  avec  quelle  peine  on  parvint  &  réunir  ces  premières 
masses  d'hommes  destinés  à  la  Péninsule.  Par  une  circonstance  digne 
de  remarque,  le  commandement  de  ces  muées  k  peine  ei^nlsées  fut 
confié  à  deux  généraux  les  moins  propres  h  conduire  des  opérations 
d'une  certaine  importance.  Junot  fut  mis  Ji  la  tête  du  corps  d'Invasion 
du  Portugal;  c'était  uu  brave  olBcier,  Iiabile  pour  un  coup  de  main, 
haché  de  coups  de  sabre,  mais-  une  pauvre  tète  pour  un  commaodCK 
ment  en  chef;  plein  d'ardeur  et  se  décourageant  tour  à  tour,  sans 
tenue  et  sans  fermeté  surtout  dans  radministration  de  la  gueire. 
L'empereur  avait  des  motib  pour  préférer  iunot  :  ce  général  cou- 
naissait  le  Portugal,  où  it  avait  été  plus  f  unan  ambassadeur  extraor» 
dinaire  ;  puis  il  voulait  è  tout  prix  l'éloigner  de  Paris-  à  la  suite 
d'un  amour  de  femme  dans  la  famille  même  de  l'empereur.  On  en 
revenait  un  peu  aux  habitudes  de  Louis  XV  ;  les  jourt  austères  de 
la  convention  étiûent  passés  ;  Junot  devait  commettre  des  fautes  par 
son  dévouement  trop  absolu  et  par  ses  imprudences  dans  un  pays 
grave,  sombre  et  tout  à  fait  en  opposition  avec  les  haintudes  fran- 
çafees. 


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^28  l'bspagioi  bt  lb  pobto&u.. 

Le  second  corps  d'armée ,  destiné  h  pénétra  cd  Espagne ,  était 
également  remis  h  un  des  généraux  les  plus  brillants,  mais  ausù  des 
plus  incapables  de  forte  stratégie ,  à  Hurat ,  le  grand-duc  de  Beig  ; 
s'il  avait  Tallu  en  Dnir,  après  une  bataille  accomplie,  par  une  charge 
fougueuse  de  cavalerie ,  Hurat  était  admirable,  nul  ne  Filait  ;  miÀs 
n'élait'il  pas  imprudent  de  confier  à  une  tête  aus»  impétueuse  la 
«induite  d'une  opération  qui  denoandait  autant  de  sagesse  et  de  fer- 
meté que  de  courage  individuel?  Une  autre  faiblesse  dans  le  caractère 
de  Murât,  c'est  que,  comme  tous  ces  gens-là,  il  rêvait  des  couronnes; 
le  trAne  d'Espagne  lui  tournait  le  cerveau  :  il  voulait  en  être  le  roi, 
il  aurait  tout  sacriBé  à  ses  dessdns;  des  notes  secrètes  indiquent  que 
cette  couronne  lui  fut  promise  par  Napoléon  avant  qu'il  eût  jeté  les 
yeux  sur  Joseph  ;  Murât  avait  manqué  la  Pologne  ;  pour  celte  fois  la 
couronne  de  Charles-Quint  formerait  une  compensation. 

Ainsi,  Murât  dansie  centre  de  l'Espagne,  Junot  sur  les  frontiferes 
du  Portugal ,  tels  étaient  les  généraux  qui  allaient  commencer  des 
opérations  diplomatiques  autant  que  militaires  ;  ils  avaient  &i  face 
des  populations  fières  et  décidées  ù  défendre  leur  nationalité.  On  con- 
naissait mal  l'Espagne  :  on  croyait  avoir  affaire  k  des  peuples  soumis 
et  paisibles  comme  les  Allemands  ;  Junot  et  Murât  ne  tenaient  compte 
que  des  arméea  régulières  et  ils  espéraient  justement  que  celles-ci 
seraient  facilement  vaincues.  Ensuite  les  divisions  placées  sous  leun 
ordres  étaient  composées  en  majorité  de  mauvaises  troupes ,  de  con- 
scrits sans  valeur ,  désertant  sous  les  armes ,  et  qui ,  d'après  les  rap- 
ports au  ministre  de  la  guerre,  laissaient  un  centième  de  malades  à 
chaque  marciie  militaire. 

Les  pays  dans  lesquels  ces  années  allaient  s'engager  étaient  le  plus 
souvent  des  landes  sauvages,  des  sierras  incultes,  ou  des  gaines 
immenses  dans  lesquelles  on  ne  voyait  ni  habitants  ni  villages  pendant 
>ingt  lieues  :  en  dehors  des  grandes  routes  tracées  par  Charles  lU, 
il  n'y  avait  que  quelques  posadas  désertes  où  l'on  trouvait,  A  grands 
frais,  un  peu  d'eau  pour  se  désaltérer.quelquesoutresdemauvaisnn 
dans  des  peaux  de  boucs.  L'armée  devait  donc  s'épuiser  avant  d'ar- 
river à  son  but.  Napoléon  n'avait-il  pas  ordonné  de  marcher,  et  qui 
pouvait  résister  à  cette  volonté  impérative?  Sa  vois  rcssemUait  i 
l'immense  trompette  du  jugement  dernier  ;  elle  brisait  les  crânes.  U 
avait  dit  à  Junot  et  h  Murât  :  «  Allez  sur  Lisbonne  et  sur  Madrid, 
«t ,  coûte  que  coûte,  il  faut  m'avoir  ces  capitales.  »  Et  les  arméa 
obéirent. 


îdbyGoogIc 


FOirrAINEBLEAU ,   VOYAGE  D ITALIE,   ETC. 


CHAPITRE  VI. 

VOHTÀIKBB(.UD,  T0TÀ8B  b'niUB,  Pltll  KHDllCT  L'HITKI  BK   1807  à  l! 


La  cour  &  FonUineblMU.  —  Les  chisses.  -~  Coutumes  de  Lonb  XIT.  —  Réception 
Ji'SBmbassBiIeurs.  —  Arrivée  du  corolc  deToUtoy.  ~  Ivresse  de  U  gcnéraiion.  — 
Représentations  scénique:.—  Triomphe  de  Trajan,  —  Départ  de  l'empereur  pour 
rildlie.  —  MilBD.  —  VentKC.  —  Souvenirt  del'aDliquiLé.  — Premiers  prujels  d'au 
empire  en  OccidenE.  -~  Uantoue.  —  Eairevue  avec  Lucien.  —  L'esprit  public  « 
Paris.  —  Fêle  militaire  pour  Ir  retour  de  Ja  f^rde  impériale.  —  Atc  de  triomphe. 
—  Idée  romaiae.  —  Napoléon  i  Paris.  —  Fêles  de  cour.  —  Bals  masqués.  — 
Tfaéltres.  —  Liilénture. 

Sc).l(ml>re  ISD?  i  Kfiicr  1B06. 

NapoIéoD ,  mettre  de  la  victoire  et  de  la  paix  après  l'entrevue  de 
Tîlsîtt ,  vint  habiter  le  chftteau  de  Saint-Gloud  ,  belle  résidence  qui 
avait  vu  le  18  brumaire.  Quels  changements  s'étaient  opérés  dans  la 
merveilleuse  fortune  de  Bonaparte!  Que  d'événements  accomplis 
depuis  que  le  conseil  des  Cinq-Cents ,  agitant  ses  toges ,  avait  menacé 
le  général  audacieux  de  le  mettre  hors  la  loi  1  Ce  général ,  porté  snr 
l'aile  de  la  destinée,  avait  pris  son  vol,  et  le  voilà  l'égal  des  empereurs, 
maître  des  rois,  brisant  les  empires,  élevant  des  trônes  comme  des 
vassalités,  changeant  la  face  de  l'Europe:  Napoléon  avait  résumé  en 
lui  toutes  les  forces  de  la  révolution  française ,  il  avait  absorbé  tonte 
la  puissance  vitale  du  mouvement  démocratique.  Aujourd'hui  sou- 
verain ,  il  prenait  les  grandes  manières  de  cour  à  Saint-Cloud  ;  des 
flots  d'adulation  venaient  battre  les  pieds  de  son  trdne  ;  le  sénat ,  le 
conseil  d'État ,  la  justice ,  le  corps  législatif ,  tous  se  précipitaient  i 
l'envi  pour  exalter  cette  intelligence  supérieure  qui  de  sa  mai» 
remuait  le  monde. 

Saint-Cloud  devint  bientôt  trop  étroit  pour  les  plaisirs  de  la  nou- 
velle cour  ;  il  n'y  avait  ni  parc,  ni  forêt  séculaire  ;  Napoléon  consacra 
SCS  épargnes  h  la  réparation  de  ses  bAtiments  somptueux  ;  l'orangerie 
s'embellit  de  fleurs  suaves  que  le  consul  cultivait  de  sa  main  b,  la  Mal- 


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130  PONTAWMUAOy  TÂTAOB-  »'lUU». 

uaisoD  ;  les  cascades  jetaient  leurs  eaux  bouUlonnaDtes  siir  la  moasse 
iwte  qpi  datait  de  ^£poq^e  de  HoDsieur,  le  frère  de  Louis  XIV  ;  ks 
dryades  répandaient  leure  flots  d'argent  sur  la  pelouse  touffue;  les 
«liées  de  tilleuls  artistemeot  taillée  se  façonnuent  en  berceaux, 
les  vieux  arbres  des  coteaux  de  HeudM  et  de  Ville-d'Avray  voyaient 
les  cavalcades  de  j^nes  femmes  dans  leure  wiskis  et  leure  calèches. 
Toitures  de  mode  alora  ;  l'empereur  se  perdait  quelquefob  h  choil 
xna  cette  magnifique  nature.  Mais  les  tiarites  eo  étaient  fearnécs; 
rhorizon  n'était  point  assez  vaste;  Saint-€loud,  le  produit  de  l'art, 
n'était  pas  assez  royal  ;  te  parc  un  peu  bourgeois,  n'avait  rien  de  sau- 
tage  et  de  contemporain  des  premières  dynasties  ;  YersaiRes  plaisait 
davantagii  à  Ni^x^éon  :  ses  vastes  b&timeots,  se&  gBuwres  gigantesques 
4a  grasid  roi  l'aviient  plus  d'uos  Eoi»  entratoé  À  euniaer  par  tm- 
aAbk  si  Versailles  ne  devait  pas  un  jour  deroiir  »  rfisidence  impê- 
tUfe  ;  cet  proportions  étaient  dignes  de  loi  ;  ses  poumons  respiraimt 
dans  ces  parcs  *  où  Louis  XIV  avait  promené  sa.rafautéf  il  rAvait  le 
temps  où,  suivi  d'un  cortège  souveraÏD,  il  descendrait  cet  escali^  de 
marbre ,  et,  comme  le  roi  de  France ,  une  canne  à  pomme  d'or  i  la 
■Mis*  il  verrait  des  gentilshommes  fiocipetés  de  rvbans  atteadrvn 
fMoie  coiUM  la  voix  de  Dira  néne.  Cm  images  M  faisaient  :  n- 
laver  Vatsaillcs  iL'él«itpa»l'<aiivn  d'us  sral  jsnrrla  tramil  de  qael- 
^•»jouuiéas-;.iiy  >MiBeaitGoaiBeiuitampfrda  Npoapeurw  vieil- 
laiK  „  SM  Paris  et  1»  loileries  lui  paiaiwaiaat  trop  pf^olaîrcsi  il 
•Wlaàt  dtt  l'éloignemeat  cid»  mystère  pour  aatoutor  dese^ect  l'inuiee 
(ta  isiivenîa.  La  raU^oa  da  poav«ir  devait  avoir  ses  tabemacles  et 
«S'VOiksiacfés. 

Cefadaat.  1*  atiaoB  avançait;  o»ftait  &  la  Ba  d'août,  et  l'eaperew 
fftsehit,  à  t'initatioB  des  anciens  rois,  de  paaser  le  temps-  des  clwses 
4  FsataineUeau.  Cette  FÂsideace  convenait  i  sa  gratudeur;  dix-^ept 
Ueucsd'JiMâBCft  forêts,  avec  des  ulwesaoifciBpw  le- temps,  secoués 
|«r  l'wirag&B  des  A^.  FontaiaebleBaa'awil  rieadeval^ire, sorte 
de  eréetioB  vierge,  telle  ^m  Dieu  avait  pu  la  jeter  sur  la  tem;  pri- 
Mtire  ;  partout  restait  debout  le  ténoignage  des-  révolutions  da 
^be,  ces  roches,  ces  granits,  répartis  çà  et  là,  comme  »i  ta  sMin 
des  géants  les  avait  remués  dans  un  jour  de  catertrophe.  LechAteso 
4tait  vaste,,  on  y  voyait  des  silks  d'armes  comme  aux  temps  féodaui 

'  Si  reoipeniir  mh  vicilU  dus  k  pouvoir,  H  «lirait  htUiÀ  TaraiUes. 


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PABH  nmAin  t'mvwa  bb  itm  a  hm.  f9t 

rfe  la  dleralerie  ;  les  benix  appartements  étaient  décorés  por  les  peln* 
tares  du  Primatice;  ahwl  qu'à  Saint-GermaÎD,  lecMteau  n'était  pu 
toDf  f  un  seul  jet,  il  y  avail  de  l'archîtectare  de  plosieurs  époqms  ; 
li  main  des  siècles  s'y  DMrqMït  d'usé  manière  indélébite.  Pcls,  mr 
ce  perroD,  il  était  beau  d'entendre  les  fanfares  da  cor,  les  aboiements 
de  la  meute  impaUente;  on  rappellerait  tt  les  belles  diaiies  de 
Senri  II  ou  de  Louis  XIII  :  toat  c^  parlait  aux  idées  sovreraines 
ée  Napoléon,  et  il  décida  on  voyage  impérial  à  Fontaineblem, 

Plusieurs  motifs  le  déterminèrent  k  ce  faste,  à  «ette  osteatatitm 
ihs  anciens  monarques  ;  il  attendait  à  Paris  le  comte  de  TtMoy,  l'am- 
bMBadeur  rtuse,  saîT)  de  gentitshommes  appArtenant  à  l'aristMratie 
4t  Saio^-Pétersbourg  et  de  Moscou  * .  Craignant  les  moqueries  et  les 
sarcasmes  du  vieux  parti  nuée,  il  Torint  déployer  toutes  les  h^tidei 
<ln' anciennes  cours.  FontaineMeaii  ressemblait  aux  antiques  chàtaÉtn 
A»  rUkraine  ou  de  Novogorod  sous  le  noir  ombnige  ;  on  y  poorr^ 
ctasser  le  sangler,  le  oherreoil  bondissant,  le  daûn  et  le  tôt.  A, 
œfte  occasion.  Ions  les  uasges  de  l'ancienne  cour  fuient  reprwMts  ; 
te»  marédiaux  des  logis,  les  foarrins  dor  pitaù,  renonelèreot  !• 
coutume  des  appartements  marqués  k  la  craie  et  de  Faristocratfqae 
ptmr  ■ ,  dont  parle  taet  Saint-Sinon.  Les  invitations  k  FentaioAleni 
durent  être  expresse»  et  émaner  du  grand  ebandMltan  et  du  irsMl 
«wréchal  ;  on  adopta  un  BnMorme  de  chasse,  une  veite  vert»  qiM 

■  TtdciconmnitrsmbMHidedeir.'fcT^rtojcstMnMnicie  ; 

Piris,  7  novembre  ISOT. 

•  HUr,  Teadrcdi,  4  Bowaln^  S.  M.  l'empereuc  •!  roi  a  reçu,  à  VodIsIikUmq 
9.  eic.  M.  le  général  comte  de  Tolsloy ,  qui  t  préseDié  4  9.  U,  W9  lettre»  ds 
créance  en  qualUé  d'amtMssideuT  RtnonHotire  de  9.  H.  Tentpereur  deRosalc.  Cet 
Mabanadenr  ■  M  «ondsK  an  piliie  dtn  Iw  ferdKS  McoDtamég»,  par  na  nwttn 
et  BB  aide  d«t  eérémoniei,  qui  Mot  déa  le  chatcber  iTec  tni»  voiuirea  de  la  coor. 
U  a  élé  iniroduil  dans  le  cabinet  de  S.  U.  [ur  S.  Eic.  le  graod  maître  dea  titi- 
noDies,  et  présenté  par  S.  A.  S.  monseigneur  le  prince  Tice-grand-éleclsur,  blMIlt 
la»faociioiisd'arcMdMice)icrd'£iaL  ■ 

Tarit,  13  novembre  laOT. 
E  Dimanche,  B  de  ce  mois,  U.  le  comte  de  Nesseirode,  conseiller  d'ambaaudc, 
M.  le  prince  Gagarin,  secrétaire  d'ambassade,  H.  de  fieurielf,  gentilhomme  de  h 
chambre,  cavalier  d'ambassade,  et  ■■  deBeukendnrff,  aide  de  camp  de  9. M.  l'em- 
pcmnr  Aleiandte,  tous  attachés  i  l'anhaastd*  eUraordinaira  de  Euaaie,  ont  été 
fréaentAt  i  9.  U .  l'emperenr  et  roi. 

•  S.  U .  a  fait  inscrire  -6.  eic.  U.  U  comte  de  Talstoj  sur  la  liste  dn  tot^s  à 
Footaineblean,  et  lui  a  liait  donner  un  appartement  au  palais.  • 

•  Une  de»  prérogatina  de»  pvadei  eatréas ,  soaa  l'ancteane  coar,  c'était  l'avoit 


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133  PONTAINEBLEAtl ,   VOYAGE   d'iTALIK. 

vieux  et  jeunes  durent  endosser,  k  ce  point  que  M.  de  Talleynnd  et 
Fouché  durent  se  revêtir  de  ce  singulier  costume  qui  contrastait  A 
élrangen]«it  avec  les  habitudes  de  leur  vie.  On  vit  des  anciou 
membres  du  comité  de  salut  public  avec  le  couteau  de  chasse  «u- 
fcndu  i  un  ceinturon  de  daim,  comme  les  marquis  de  Louis  XV  ;  et 
tout  cela  parce  que  Napoléon  le  voulait  *. 

A  Fontainebleau,  la  légation  russe  fut  officiellement  présentée  i 
l'empereur  ;  son  chef,  le  comte  de  Ti^toy,  ne  devait  occuper  ce 
poste  que  provisoirement.  Le  général  comte  de  Tolttoy,  un  des 
gentilshommes  russes  les  plus  dévoués  à  l'emp^eur  Alexandre,  Va- 
pression  de  sa  pensée ,  possédait  cette  finesse  de  caractère ,  cette  ha- 
lileté  de  vue  qui  distinguent  l'aristocratie  du  Nord;  poli  de  manières, 
il  parlait  le  français  avec  élégance,  et  Napoléon ,  le  comblant  de 
prévenances,  lui  donna  un  vaste  hAtel  à  Paris.  M.  de  Tol^oy  était 
accompagné  du  jeune  comte  de  Nesseirode,  qui,  sons  le  titre  de 
conseiller  d'ambassade,  commençait  sa  carrière  intelligente  de  dé- 
vouement au  czar  Alexandre  ;  le  comte  de  Nesseirode  était  emplojÉ 
dans  les  aOaires  étrangères  depuis  sa  plus  extrême  jeunesse.  L'am- 
bassade russe  comptait  encore  le  prince  Gagarin,  M.  de  Gourieff  et 
M.  de  BenkendorlT;  on  avait  mis  un  soin  particulier  à  Saint-Pélerï- 
bouig  dans  le  choix  de  celle  légation,  la  première  que  l'on  voyait  en 
France  depuis  le  consulat.  M.  de  Tolstoy  reçut  un  appartemoili 
Fontainebleau  ;  il  y  fut  traité  avec  une  distinction  qui  effaça  toutes 
-les  autres  ambassades,  même  celle  du  comte  de  Metteroich,  l'honuDe 
à  la  mode. 

A  F(mlainebleau,  ce  beau  corps  diplomatique  prit  part  à  tous  Itf 
plaisirs  de  la  saison  :  le  comte  de  Mettemich,  dans  toute  la  fleuv  et 
la  grâce  de  la  jeunesse;  le  prince  de  Masserano,  l'ambassadeur  de 
Charles  IV ,  déployant  le  magnifique  étalage ,  le  faste  que  l'Espagne 

le  pour  dans  levojige,  c'cst-i-dire  que  les  marécfatux  du  pela»  faisaioit  inscrira 
pour  M.  le  duc...  pour  madame  la  nurquiae...  C'était  comme  un  appartaaeni 
wiswré. 

'  a  Toutes  les  remmes  avaieut  on  uoirortne  ;  il  fui  d'abord  alTreni,  mais  alora  i< 
fuit  chaimant,  en  casimiT  chemois,  avec  le  collet  et  les  paremaits  de  l'amaione  w 
4nf  vert,  brodé  en  argent.  Le  chapeau  était  ta  velours  noir,  avec  un  grand  bouqMi 
de  plumes  blanches.  Les  hommes  avaient  un  fort  bel  uniforme  de  ctuisse  :  c'était  un 
tkabil  à  U  franfEisc  vert-drai^on,  avec  des  galons  d'or  et  d'argent,  posés  en  liraode- 
bouTg  sur  la  poitrine  el  eux  poches,  et  dont  les  parements  étaient  en  ycIouis  amt- 
=lwile,  avec  culolle  de  Casimir  blauc  et  bottes  i  t'écufire  lana  rercn.  » 


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PARIS   PENDANT  L'SITBU   Iffi   IBOT   A   1808.  191 

mit  toujours  dans  ses  légations  ;  M.  de  f  etto  pour  la  Bavière  ;  H.  de 
Dreyer  pour  le  DaDemarck  ;  de  Maïardoz  pour  la  Suisse  :  ambassa- 
deurs et  ministres  Turent  invités  è  cette  noble  résidence  oà  parut  un 
moment  Mouhib-efTendi,  ambassadeur  extraordinaire  de  la  Turquie, 
dans  son  costume  national;  puis  le  marquis  de  Ferrette  portant  fière^ 
ment  son  titre  de  l'ordre  de  Malte  qu'il  ne  quittait  pas  plus  que  sa'  loge 
aux  Italiens ,  sa  résidence  habituelle.  On  fit  là  des  chasses  au  courre , 
au  tir  ;  l'empereur  y  prit  plaisir  avec  l'ardeur  d'un  roi  de  la  première 
race;  toujours  à  cheval,  il  pressait  te  cerf  toute  une  journée;  les 
hommes  le  suivaient  à  cheval,  les  dames  en  calèche  *  ;  on  y  parla 
(l'intrigues  d'amonr,  de  bonnes  fortunes,  de  diplomatie;  on  prit 
toutes  les  habitudes  de  Louis  XIV  :  les  grands  levers  d'apparat,  les 
bals  et  les  fêtes  ;  l'empereur  voulut  donner  aux  Russes  une  bonne 
idée  de  sa  cour  ;  il  y  eut  plus  d'une  légende  de  bonne  fortune  pour 
l'empereur  à  Fontainebleau,  comme  cela  se  faisait  aux  temps  de 
ta  vieille  monarchie  pour  les  fêtes  royales  de  Marly  et  de  Ghoisy-le^ 
Roi. 

Cependant  Napoléon  ne  perdait  point  de  vue  la  direction  politique 
de  son  gouvernement  ;  depoisson  retour  de  Tilsitt  il  avait  décidé  uo 
Yojage  en  Italie,  pour  revoir  ce  royaume  abandouné  an  vice-roi 

'  Void  dn  gtan  Louis  XT,  seulemcni  avec  moins  d'tsprlt  c(  de  bonne  compi.< 
^ie  :  ■  Une  dame  belle,  spirituelle,  de  la  compagnie  des  princesses ,  aiiira  le^ 
regards  de  l'empereur.  Il  y  eut  d'abord  quelques  billola  daui  d'échangés;  enfiu, 
un  soir,  l'cmpeTcur  m'ordanna  de  porter  une  nouTelle  lettre.  Dans  le  palais  de 
Fonlaioebleau  est  un  jardio  intérieur  appelé  le  jardin  de  Diane,  on  LL.  MH,  seules 
a\aieot  accËa.  Ce  jardin  est  entouré  des  quatre  cûlés  par  des  bâtiments.  A  gaucbe, 
It  cbapcllc  avec  sa  galerie  sombre  et  son  archileclure  galbique  ;  à  droite ,  ta 
grande  gnlcrie,  autant  que  je  puis  m'en  souTenlr.  Le  bitimeiit  du  milieu  contenait 
lesapparicmenlsdeLL.  MÛ.;  enfin,  en  face  et  fennant  ce  carré,  de  grandes  arcadeq 
derrière  lesquelles  étaient  des  bitimenia  destinés  à  diTerses  personnes  attachées  soit 

aai  princes,  soiti  la  maison  impériale.  Madame  de  B la  dame  que  1  eDipc- 

rcuT  avbit  remarqué,  logeait  dans  un  appartement  mlué  derrière  ces  arcades,  au 
rez-de-chaussée.  S.  M.  tne  prévint  que  je  trouverais  une  fenêtre  ouverte,  par  laquelle 
j'enirerats  «Tcc  précaution;  que  dans  les  ténèbres  je  remettrais  sou  billet  i  uueper^ 
ionoe  qui  me  la  demanderait.  Celte  obscurité  était  nécessaire ,  parce  que  la  fenétru 
ouTerte  derrière  les  arcades,  inBissurlejardîn,auraitpu  être  remarquée  s'il  7  eût  eu 
de  la  lumière.  Ne  connaissant  pas  l'iatéricur  de  ces  appartements,  j'arrivai  et  j'entre) 
par  la  fenêtre;  crojant  alors  marcher  de  plain-pied,  je  fia  une  chute  broyante,  occa'> 
aioaaée  par  une  haute  marche  qui  était  dans  l'embrasure  de  la  croisée.  Au  bruit  que 
îe  Ss  en  tombant,  j'entendis  pousser  un  cri  et  une  porte  se  fermer  brusquement.  J« 
m'étais  Ifitcrcment  blessé  au  genou,  au  coode  etila  téie.  •  (Uèmoircs  du  valet  dg 
chambre  Constant.} 


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•pris  le  sacre  As  MHnt  ;  de  vastes  terra  étaient  rimMi  ;  Tentae  0t 
TAdrMtiqie  ebétoiient  à  soo  sceptre  ;  il  vonlut  eiammer  pw  hd- 
■Aae  II  vAritiMe  natare  de  ces  conqoMes,  et  le  parti  qs'oe  poarrant 
•n  tirer,  toit  poar  la  dtfewe  territoriale,  soit  pour  )e  cooiBeFoe  ex- 
tArienr.  L'eHperearnéditaitdesmodiAcationtesBratidletdaoBlBbare 
delacoQStitutlMd'ltaliczIflBpaiiroirBluiparaiMaiefltnalcoaiMnés.le 
goavemenwBt  treavait  des  réshUiKes  ;  il  Toalait  ftMiBaler  nne  coo- 
atitDlion  de  telle  nature  qu'eHe  pAt  prAter  aide  k  son  tfltime  mm 
Jamais  rembarrasser  dans  sa  marche  ;  songeant  k  imprimer  plm  de 
stabilité  et  d'unité  k  la  forme  néme  de  radninfstnrilton  Ai  roysDilM, 
déjà  il  BTiàt  donné  l'adoption  ao  prince  Eugène  qui  gouTemait  avec 
m  dérooement  remarqsable  :  soi  ne  pooTait  dispoter  ranoor  qo'il 
portait  à  son  père  adoptîf  ;  Napoléon  dMrait  constater  par  tt  pré* 
Mnee  que  l'Italie ,  unie  an  ayiÛBie  fimcaîs  n'en  serrit  JaiMds  dfr* 
tachée. 

DoM  cette  pensée,  le  16  noreabre  n  matin,  IVapoléon  ^étança 
dans  sa  voiture  de  voyage,  et  prit  la  direction  de  Milan  *;  les 
Alpes  fnrent  trareraées  sar  la  neuveRe  route  dn  8impkM  que  aoa 
génie  avait  improvisée.  A  Milan,  ce  fnt  une  ponpe  IndleAte  :  le 
Tfce-nri  s'agenouilh  devant  SM  père  adoptK  et  son  proteeteor,  1b( 
baisa  la  main  avec  enthou^asme;  les  acclamations  furent  grandes, 
rivrease  fat  an  coiiri)le ,  et  le  7e  Dtvm  entonné  dans  la  cathédrale  de 
marbre  de  Saint-Ambrotae.  Napoléon  réponfit,  toajoon  ea  italien  : 
<  que  Milan  était  la  capit^e  chérie  de  soo  royaume  ;  il  la  sidsait 
<*ec  l'oifueil  ds  Qurlemegae.  »  Il  tn^a  de  sa  main  des  ares  de 
triomphe,  des  monaments  qui  devaient  décorer  cette  grande  cfté. 
Réunissant  autour  de  Tul  les  conseils  législatifs  ,  il  leur  parla  no  lan- 
gage sévère  i  ik  devaient  eeoqnérir  par  lenr  dévonemeat  une  patrie 

*  hifc,  fïOTnoknMGT. 

•  S.  H.  wt  partie  hier,  lé,  iqMlrtbaMwduiU»,  pont  pwtgrqiwlq— jtwi 
*  Wlm  a(i  TwiM.  BUe  len  de  reloar  dant  le*  pnmfert  jwn  d*  dtetmbn. 

■  VMdutribMmcedffS.  M.,  I«  eonsell  deamlDMm  «leeMttild'ÉttlMfMtt 
«l-Mk  rtMdtepOT  S.  M.  ê.  l'aKbkrtnriv  d«  1  «>pir«. 

*  LacDTi^edel'etnpeKur  cMiiDiquMMiitconpo«4ded«ui  T0itorn>On  dHqM 
S.  M.  ■'Mt  Kuompignta  qM  dti  grand-duc  de  Berg  et  dn  prince  de  Nrafehàtd.  Oa 
mean  cepeDdant  que  Its  ministres  d'ildie  qui  tésldcM  anprto  de  S.  H.  dotreM  11 
•alvreprcaque  immédiatement. 

>  On  annonceaDMl  Je  procluiD  départ  de  8.  eie.  Mgr.  da  Chaaip^Bf ,  miaUn 
des  relations  nidrienrts, 

•  B.  ne.  le  ministre  secrétaire  d'Ëiat  est  eiriTé  lundi  soir  t  Paria. 


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PAU*  PBKBAIfV   L'nVEB  Bft  MSV  A  MM.  i|5 

qo'ils  aTsient  bvp  bmitcdI  psrdua  pu-  Iran  diviiioiis  iatoUnei  j 
ntalie  ne  devait  jamais  se  sépvw  de  la  France  ;  îi»  ftmMieut  drat 
prajdes  dÏTers,  mai»  obib  d'iatÀiAti,  qui  dewwat  mutueUenwt  t$ 
soutenir  iaxa  la  conquête  de  leur  ÎBdéyoodaace  * . 

Duraot  ce  séî»ur  k  Milan»  Napotéeu  dévek^w  l'iaititathMl  dt 
l'ordre  de  la  ceoroBue  de  fer».  sjBbole  de  l'Italie  ;  Napoléon  s'en  dlh 
ctarfût  le  grand  naattrer  tt  le  prince  ËugèiM  en  était  le  jM-emiBr  grand 
ofBcier;  afin  <|m«  smi  Dom  et  sa  lignée  u  révélaBsent  partout,  U 
aoQuna  Value  de  la  famille  Beaubaroais  prince  de  Ycdïh,  et  prio" 
oeaw  de  Bologne  ugtacteusefiUe»  qui  vint  le  caresMr  de  ses  brts» 
«t  offrir  son  front  à  ses  baiier»  *.  Enfin,  M.  de  MdxL,  le  ohaoccUw 
dn  royauBe,,  l'iiomBie  dévoué  aux  intérêts  de  l'empereur,  fut  nonm^' 
doc  de  Lodi ,  en  souvenir  de  celui  qui,  le  premier,  lui  parla  loi  cMt 
da Milan  sur  le  ctump  de  bataille  de  Lodi  '. 

'  Diteoun  d«  yi^Uenaux  troU  toUégt»  ritmit  à  MUatt,  l>  90  lUeimin  UOtt 

•  mt'  les  p«9eideali,  doUi  el  comBuciuli, 

■  Je  TOUS  vois  avec  pl«lsir  eoTiTonnei  mon  IrAne. 

■•  Me  ittaat  après  trois  mm  d'ataMne*,  ja  me  pIMs  ironntfaa  la  pnpèl  ^'en| 
MomespcnplH;  art«yi»d»eht»U  mwaaaawàMwitof  aftioUilwWiik 
aMpkti(t«oiMteadn(li((aad«»d«ttiot«HJaToua  prépwal 

>  Les  dlviûons  iDlnline*  de  noa  enc£lres ,  leur  misérable  égolsmc  da  fUle,  pré> 
parèrent  la  perte  de  tous  nos  droits.  La  patrie  M  déshjrttte  ifC  MO  rang  et  da  sa  tS- 
f>M,  die  qui  dans  im  slèelR»  ptns  élotgtié»  arait  pané  d  Ma  nomamt  4a  lea  ttntt. 
4iréclat  desa»MMus.ecià«la*.  cal  vaata,  jeMs  conaiMaa  aMiiairaA  tcaaaa^HÉrk. 

•  Ciio]ens  d'Italie,  j'ai  beaucoup  [ait  pour  vous;  jp  ferai  plus  eoeore.  Mala  dt 
votre  cAtÉ,  unis  de  mur  comme  vous  l'êtes  d'intérêt  nec  mes  peuplas  da  Francf, 
couidéreE-Ies  comme  des  frères  alars.  Vojn  constamment  b  source  de  notre  pniB> 
périté,  la  garantie  de  DOS  insli lu Uooa,  celle  de  notre  indèpcDdance,  dans  l'iillloa  4* 
4ma  couronne  de  fer  ma  ma  counnae  ImpèrMa.  > 

•  DéenlâdiUé4dtMilmn.Uiû<Ue*mbmi«n. 
s  Toulanldonoef  n] 


«im*flb  le  prince  Engtai 
le  titre  de  prinoa  4l  WmÛH,  s 

*  Toatast  dMoar  rnia  pcmn  paattcuMn  da  Mtra  aaUshcilaa  *■•»<  heoM  TlHa 
de  BoI<^ne, 

■  MouKOTowa  cwféfé  a«  conférow  parle»  pc4a«Mea  te  Wiadaprfaawaa  4*  Jobjfm 
à  Mira  bJMi  aimée  patlM-flUe  la  priKCMe  JaJié^M.  > 

*  Dati  de  lUUan,  30  déetmbn  ISOT. 

a  TooIaM  reeonBaltra  ha  sarricei  qua  la  siear  Melii,  chaasaliar,  garda  dca  KMtaa 
4fl  aMn  TOjuuM  dltaKa,  now  a  randuadiM  touiet  laa  airMUtaseat,  dut  l'ads^ 


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136  FONTAIlf EBLKAD ,   TOTAGS  p'iTALlK. 

Napoléon  voulut  saluer  Venise,  U  cité  des  mers.  Son  cortégeim- 
périal  le  suivit  jusque  dans  cette  ville  désolée,  dont  les  p&tih  sont 
vides  et  les  canaux  silendeux.  Venise  se  para  de  ses  halùts  de  fête; 
elle  renouvela  pour  l'empereur  des  Français  les  pompes  de  ses  doge;; 
le  Bucentaure  d'or  remua  ses  mille  rames  et  pavoisa  ses  mfits  épais  ; 
la  basilique  de  Saint-Harc,  dépouillée  de  ses  omemenls,  fit  entendre 
sa  grosse  cloche  qui  retentît  jusqu'au  Ltdo  ;  les  gondoliers  oublièrent 
les  chants  du  Tasse  et  de  Godefroid,  pour  réciter  les  hymnes  en 
l'honneur  de  Napoléon.  Mais  Venise  était  frappée  de  mort  ;  elle  rev 
semblait  à  ces  terres  d'où  la  mer  s'éloigne,  à  ces  rivages  désolés  où 
Turent  jadis  des  villes  qui,  comme  Carthage,  ne  sont  plus  que  ruines. 
Venise  pouvait-elle  saluer  Napoléon ,  lorsque  le  décret  de  Berlin  lui 
enlevait  toutes  ses  ressources? 

A  Milan  encore,  quand  l'Italie  l'entourait  de  Tètes,  le  souverBia 
lançait  un  autre  décret  f^us  effrayant  pour  le  commerce  du  moDde  : 
le  coup  portait  sur  les  neutres  ;  le  panllon  ne  fut  plus  respecté  ;  dès 
qu'ils  avaient  subi  la  visite  d'un  navire  anglais ,  les  neutres  se  trou- 
vaient dénationalisés  ;  ib  n'avaient  plus  ni  droits  ni  privilèges  ;  placé 
en  dehors  de  toute  protection,  le  pavillon  qui  sulnssait  l'odieuse  visite 
était|de  bonne  prise,  et,  par  ce  seul  décret,  tout  le  commerce  fut  ms 
en  interdit.  Malheureuse  Italie,  avec  tes  villes  de  Gènes,  de  Livoume, 
de  Venise,  qu'allais-tu  devenir  quand  le  commerce  du  monde  était 
arraché  è  tes  comptoirs ,  k  tes  ports,  à  tes  vastes  lazarets  ;  quand 
l'étranger  ne  pouvait  plus  jetw  sur  tes  arts  l'or  de  ses  loisirs  '7 


inpubliqueoùiJid^plojé,  ponrlc  bien  de  nos  peuples  ei  de  DoUTCourODMr 
Us  plus  bauls  tKlenlsetU  plus  sévère  inlégrlté; 

»  Nous  souvenui  qu'il  tUl  le  premier  Italien  qui  nous  ports,  sur  le  champ  de  bi- 
UllIedcLodl.les  clefs  elles  vceui  de  notTebonoe  ville  de  HiUii; 

D  NousaTODSréaoiadeluI  conrfrer  le  litre  de  duc  d#  Lodi,  pour  f ire  possMépn 
lui  ou  par  ses  héritiers  masculins,  soit  naiurels,  soit  sdoplife,  pur  ordre  de  prinaii^ 
nhure,  eotendaDt  que  le  cas  d'adoption  ajtnt  lieu  par  le  Utulsire  H  ses  deacenduis 
cUe  sera  «oumise  à  notre  approbation  au  i  celle  de  nos  successeurs.  > 

'  Le  texte  du  décret  prohibitif  de  Milan  cMincrojable  comme  sTsièmed'écoïKiBi* 
jrali  tique. 

■  IBn  notre  p*lais  iroptrlsl  de  Milan,  le  17  décembre  1S07. 

■  Napoléon,  empereur  de*  Frantais,  roi  d'Italie,  et  prMMteui  de  la  confédérattw 
au  Rhin. 

u  Vu  les  dispositions  arrâites  par  legoavernemeDtbrilanDique,  eudaledsll  n«- 
\erobre  dernier,  qui  assujeiiisseot  les  bâtiments  des  puiwinces  neutres,  nuits  rt 
tnérae  allltes  de  l'Angleterre,  non-eeulcffient  i  une  visite  pH  les  croiseurs  aa|^^ 


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PARIS  PBNDAITT  l'bITKB  DB   II»   A   INS.  137 

Dans  ses  courses  du  Milanais  à  traven  l'Adriatique ,  Napoléon  eut 
an  souvenir  ;  lorsqu'il  faisait  des  rois,  lorqu'il  plaçait  toute  sa  famille 
sur  des  trônes,  eu  parquant  les  peuples  sous  des  lois  arbitraires, 
Napoléon  se  rappela  qu'il  avait  un  frère,  le  plus  capable ,  le  plus 
habile  de  tous,  et  qui  lui  avait  rendu  des  services  éminents  au  18  bru- 
maire ;  une  querelle  de  famille  les  avait  séparés,  un  mouvemmt 


niais  encore  à  une  sialion  obligée  en  Angleterre  et  i  une  imposition  irbitraire  de  tant 
pour  reni  sur  leur  chargemeat,  qui  doit  dire  réglée  par  la  légiïlalion  anglaise; 

u  Copsidcranl  que,  par  ces  actes,  le  gouvernement  anglais  a  dé  as  lion  ni  isè  les  blti~ 
mcnls  de  toutes  les  nations  de  l'Euiope;  qu'il  n'est  aa  pouvoir  d'aucun  goiiYerncment 
de  transiger  sar  son  indépendauce  et  sur  ses  droits ,  tous  les  souverains  de  l'Etirop» 
élcnt  solidaires  de  la  souveraineté  et  de  l'indépendance  de  leur  ptrilion  ;  que,  si  par 
une  Tuiblesse  ineicusable,  et  qui  serait  une  laclie  ineffaçable  aux  ycui  de  la  postérité, 
on  laissait  passer  en  principe  et  consacrer  par  l'usage  une  pareille  tjrannic.  les  Anglais 
en  prendraient  acte  pour  l'établir  en  droit,  connue  ils  ont  profilé  de  la  tolérance  des 
faoYcrnemeiits  pour  établir  l'inrirae  principe  que  le  patillon  ne  coone  pas  le  mar* 
ibindise,  et  pour  doniicr  ï  leurs  droits  de  blocus  une  extension  arbitraire  cl  attenta- 
taire  ils  souveraioeié  de  tous  les  États, 

■  Nous  avons  décrété  et  décréloits  ce  qui  suit  : 

•  1.  Tout  biliment,  de  quelque  nation  qu'il  Gott,  qui  aura  soollert  la  visite  d'un 
uisseau  anglais,  ou  se  sera  aonmis  h  un  toyage  eu  Angleterre,  ou  aura  payé  une  im- 
position quelconque  au  gouvernement  anglais,  est  par  cela  seul  déclaré  déDalionalisé, 
a  peiilu  la  garantie  de  son  papillon,  et  est  devenu  propriété  anglaise. 

1  3.  Soit  que  Eesdits  bltiments  ainsi  dénationalisés  par  les  mesures  rirbitraires  du 
gouvernement  anglais ,  entre  dans  nos  ports  ou  dans  ceni  de  nos  alliés ,  soit  qu'ils 
tombent  au  pouvoir  de  nos  Taisseaui  do  guerre  ou  de  nos  corsaires,  ils  sont  déclarés 
de  bonne  et  valable  prise. 

■  3.  Les  Iles  Britanniques  sont  déclarées  en  état  de  blocus  sur  mer  comme  sur 
KiTC.  Tout  bitifflent,  de  quelque  nation  qu'il  soit,  quel  quesoit  son  chargement, 
eipédié  des  ports  d'Angleterre  ou  des  colonies  anglaises,  ou  des  pays  occupés  pat 
des  troupes  anglaises,  ou  allant  en  Angleterre,  ou  dans  les  colonies  anglaises  ou  dans 
les  pays  occupés  par  les  troupes  anglaises ,  est  de  bonne  prise,  comme  contrevenant 
au  présent  décret  ;  il  sera  capturé  par  nos  vaisseaux  de  guerre  ou  par  nos  corsaires , 
et  adjugé  au  capteur. 

a  4.  Ces  mesures,  qui  ne  sont  qu'une  juste  réciprocité  pour  le  système  barbare 
adopté  par  le  gouvernement  anglais,  qui  assimile  sa  législation  à  celle  d'Alger,  cesse- 
ront d'avoT  leur  effet  pour  toutes  les  nations  qui  sauraient  obliger  le  gouvernement 
tiit;l3is  k  respecier  leur  pavillon.  Elles  eontinucronl  d'être  en  vigueur  pendant  tout 
le  temps  que  ce  gouvernement  ne  reviendra  pas  aui  principes  du  droit  des  gens,  qui 
règle  1rs  relations  des  États  civilisés  dans  l'état  de  guerre.  Les  dispositions  du  pré- 
sent décret  seront  abrogées  et  nulles  par  le  fait  dés  que  le  gouvernement  anglais 
sera  revenu  aux  principes  du  droit  des  gens,  qui  sont  aussi  ceux  de  la  justice  et  de 
l'honneur. 

■  B.  Tous  nos  ministres  sont  chargés  de  l'nécntion  du  présent  décret,  qui  sera 
inséré  au  bulletin  des  lois. 


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f39  KtNTAmni.eAu ,  totaor  ifnMJK. 

tTimpatience  avait  rotttpa  les  ntpporfâ  de7fa]mlconeetâc  Incbno. 
Qo^étalt  devcmi  ce  Prère  ?  ATait-il  cherché  h  conspirer  contre  sa  puis- 
sance? Aucunement;  tncfen  s'était  retiré  paisiblement  dam  les 
fetats  du  pape,  aux  campagnes  de  Rome  ;  arec  une  colossale  fortiroe; 
il  avait  presqne  rapporté  deux  milHons  de  son  amtMraade  &  IMadrld; 
H  tenait  grande  maison  dam  une  de  ces  villas  de  Rome  déserte,  soos 
les  cyprès  et  les  pins,  solitudes  brûlées  oii  la  salamandre  se  joue  sur 
tn  ruines  bItneliAtm  ;  Lucien  vivait  an  milien  des  arts,  de  la  mu- 
nque  qu'il  aimait,  de  la  poésie  dont  il  s'était  phts  d'une  fois  épris, 
«u  murmure  des  cascades  de  Tivoli  avec  les  vers  d'Horace  et  de  Vir- 
gile. L'emiweur  voulait  sabatituer  la  dynastie  des  Bonaparte  k  celle 
des  Bourbons,  et  dans  cette  ceavre  n'avait-il  pas  besoin  de  s'aider  de 
celui  de  ses  frères  dont  ta  pensée  était  la  plus  éminente?  Il  lui  in- 
diqua donc  pour  rendez-vous  Mratoue,  lieu  de  passage  pour  se  rendra 
è  V«iise. 

L'entrevue  fnt  secrète ,  mystérieuse.  Duroc ,  Murât  et  Eugène 
durait  accompagner  l'empereur;  Eugène  était  vice-roi  d'Italie, 
Murât,  grand-duc  de  Berg;  Doroc,  le  favori  de  Temperenr.  Le  cor- 
tège de  Lucien  était  plus  modeste  :  it  avait  avec  lui  on  coiBïn  ger- 
main de  sa  première  femme  (la  Bile  de  l'aubergiste  de  Saint-Maximin] 
du  Dom  de  Boyer  ;  puis  deux  sinqries  ato»,  qui  hrilitaient  la  campagne 
de  Rome.  Lucien  recommanda  de  ne  pas  détder  ses  chevaar,  parc» 
-que  peut-être  il  repartirait  le  soir  même  ;  il  monta  hâtivement  h  la 
résidence  de  l'empereur,  qui  vint  À  lui  en  tendant  la  main  avec 
émotion  ;  Lucien  la  baisa,  pais  les  deux  frères  s'embrassèrent.  Sur  sn 
signe  de  Napoléon,  les  officieTs  se  retirèrent,  et  il  se  trouva  face  à  face 
dans  un  entretien  avec  le  tribun  du  18  briimaire.  L'empereur  ne  se 
fit  point  alli»on  sur  la  nature  tenace  de  son  frère  ;  avec  Lucien  on 
ne  pouvait  employer  de  petits  détours,  pas  plus  qu'avec  Fouché  et  tel 
hommes  qui  avaient  assisté  à  l'origine  de  sa  fortune;  il  fallait  aller 
droit  au  but,  etNapidéon,  adressant  brusquement  la  parole  en  italien 
A  son  frère,  lui  dit  :  «Lucien,  veux-tu  enfin  entrer  franchement  dans 
ma  route?  —  Quelle  est-elle?»  répondit  le  fier  président  da  conseS 
des  Cinq-Cents,  comme  si  c'étaitlegéo^l  Bont^rte  qu'il  eàtencon 
devant  lai  ;  «  quelle  est  cette  route  ?  £xp)ique-toi ,  et  je  verrai  si  die 
me  convient.  »  Alors  l'empereur,  avec  un  geste  italien  mêlé  d'un  peo 
d'ostentation ,  jetant  une  carte  sur  ta  table,  répéta  cette  phrase  da 
démon  tentatenr  au  GtarM  transporté  par  l'esprit  sur  une  montagne  : 


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PABI»  PENDANT   l'WTBR  DK   ISOT   Jk   MSB.  13ft 

«  ChaieiSf  qœl  est  le  royaume  que  tu  dérives  ?  Foi  de  frère,  ta  i'MfMi 
les  rois  n'obéissent,  il  Tout  que  mes  prachei  me  secondeat,  ef  l'empirB 
du  Monde  est  Ik  noos;  Lotit»  et  JérOme  sontineapsMes,  me*  espérancn 
sont  eH  tm,  veoX'-ta  les  seconder?  » 

Eb  achevant  ces  mots,  l'emitereDr  regarda  son  frère  poor  pénétrer 
tf  réponse  dans  aes  trait»,  viTenaent  tDimés.  «  C'est  là  ta  route?  dit 
LiHtieD ,  ài  bien  I  elle  est  mauvaise:  je  ne  croi»  pas  que  ta  pulsseï 
aller  jusqu'au  bout.  Tu.  le  sais,  j'ai  Mcondé  ton  eonaulat,  toa  empire 
mtaie  8u>  des  bases  hérédUsirca  ;  m^  le»  roiasoui  ta  main  ne  wDt 
i|ne  des  préfets  ;  il  n'est  pour  eux  ni  indépendance  ni  volonté  ;  si  tu 
me  donnes  un  royaume,  je  se  veui  pas  qu'«Q  maudiaie  mm  nom  ; 
vois  la  Toscane  et  l'Italie,  qu'en  iMu  fait?  Plus  de  commerce,  plua 
de  preqiérit^  ;  être  roi  comme  ceUt  je  o'en  veux  pas. — Si  voosétei 
twijoars  entêté,  dit  l'empereur  en  regardant  Lucien,  saciiei  bien  qua 
je  le  suis  autant  qua  vous.  Vous  êtes  donc  comme  Joseph,  qui  m'écrit 
qu'on  doit  lui  laisser  faire  sa  besogne  de  roi  à  Naines?  Il  vent  matgré 
moi  rétablir  ses  relations  avecle  pape.  —  Eb\  pourquoi  non?  dit 
Lucien  ;  si  cela  est  utile  aux  intérêts  do  pays,  Joseph  a  très-bien  fait 
(flnsister.  »  L'empereur  changeant  de  couleur  marcha  dés  lors  h  pal 
précipités  ;  sa  voix  forte  et  accentuée  retentissait  dans  les  longuea 
galeries,  n  Monsieur,  dit-il  à  Lucien,  voua  deves  m'4ri>éir  comme  aq 
chef  de  votre  famille  ;  oiosi  roos  ferez  ce  qae  je  veux.  •  Loden  à  son 
tour  s'échauffa.  «  Prenez  garde,  dit-il  k  Napoléon,  toujours  en  Italien  ; 
je  ne  sois  pa»  votxe  sujet.  Vous  croyez  me  faire  peur  :  rappelé»- 
vwiB  qu'an  18  brumaire  ce  n'est  pas  moi  qui  ai  tremblé;  je  suis 
ferme,  voyez-vous  !  A  la  Halmaison,  je  vous  ai  dit  :  a  Ce  qui  s'élève 
par  la  violence  tombe  par  la  violence  '.  »  Napoléon  ne  se  contenait 
plus  ;  on  dit  même  qu'il  menaça  de  la  main  Lucien,  et  Lucien,  toa» 
jours  ferme,  toujours  tenace,  voulut  faire  cesser  cette  scène  en  se 
retirant  ;  Napoléon  lui  dit  alors  :  «  Adieu ,  Lucien  ;  la  nuit  porte 
conseil  :  à  demain.»  Ce  lendemain,  le  frère  ne  l'attendit  pas,  ladiaiie 
de  p«Bte  était  préparée,  il  partit  à  l'instant  de  Maotoue.  Ainsi  l'oeuvre 
4e  tanilie  ne  put  être  accomplie  ;  l'empereur  ne  put  avoir  aous  n 
main  Ik  seuïe  tête  capable  de  sa  race  ;  c'est  que  tout  ce  qui  est  haut  ne 


■  Toicl  quelles  furent  les  paroles  letluella  de  Lucien  k  la  HaliniiMn:  aCetan* 
pire  que  vous  élcTei  par  la  foTce  ,  qua  Youa  MMiendrei  pcr  la  violMC«,  ek  him  I  H 
fera  abaLtu  par  U  violaoca  et  la  farce...  et  lous-meme  >oui  mei  MU  aiiM)...  m 


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140  FOn'AINEU.HAD  ,   TOTAGK   D'iTAUE. 

gTabaisse  pas;  il  y  a  uae  certaine  Gerté  dans  la  valeur  de  soi,  ce  qui 
est  petit  demeure  petit,  ce  qui  est  fort  reste  fort. 

Tandb  qu'une  simple  volonté  résistait  à  Napoléon  dans  l'antique 
Mantoue ,  h  Paris  l'adulation  se  déployait  dans  tout  ce  qu'elle  avait 
de  pompes  et  de  retentissements;  Napoléon  n'avait  point  encore 
quitté  sa  capitale ,  lorsqu'on  annonça  l'opéra  du  Triomphe  de  Tra~ 
jan  * ,  œuvre  d'Esmenard  et  commandé  par  Fouché  ;  c'était  plus 
qu'un  drame  lyrique  ;  on  y  considérait  moins  la  musqué  et  les  pa- 
roles que  le  vaste  triomphe  romain  ,  et  l'encens  jeté  au  chef  du  nou- 
vel et  vaste  empire  ;  les  chevaux  parurent  sur  la  scène ,  ils  firent  des 
évolutions  comme  dans  le  cirque  ;  ils  traînèrent  le  char  d'or  de  l'em- 
pereur romain ,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  les  bas-reliefs  de  la  villa 
Borghèse  ;  les  chants  de  triomphe  furent  entonnés  au  milieu  des 
acclamations  et  des  guirlandes  de  fleurs ,  il  y  eut  un  ballet  i  la  forme 
antique  :  des  artistes  aujourd'hui  vieillis ,  ou  que  la  mort  a  fait  dispa- 
rsttre,  représentaient  des  femmes  romaines,  de  jeunes  vierges,  et 

'  «  Ptris,  23  octobre  imi. 

u  11  est  difficile  de  se  Un  une  juste  idée  de  tous  les  genres  de  luagniScoice 
di'-ploj'Cs  dans  l'opéra  de  rrajon,  donL  li  première  repréaenUtîoQ  iviit  nuire,  ce  soir, 
une  aflluence  prodigieuse.  La  pompe  des  décorations,  la  richesse  des  coslumrs,  l'inù- 
talion  Qdéle  des  mOEiumenlt  historiques,  réunis  ila  beauté  des  vers,  à  l'intérêt  da 
déDoftmCDt,  à  la  variété  de  la  musique,  rormeot  uo  spectacle  qui  satisfait  Clément 
les  ]'GUi,  l'esprit  et  J 'imagina lie .i.  Nous  donoerons  inceesammcnt  l'analfse  de  cet 
ouvrn^c ,  qui  auro  sans  doulc  un  grand  nombre  de  représeo talions.  Le  succès  a  (lé 
complet ,  et  touies  les  allusions  soisies  avec  enthousiasme.  On  a  remarqué  l'art  avec 
■•quel  l'auleuT  b  rejeté  la  conjuration  qui  forme  l'intrigue  de  la  pièce,  parmi  le* 
esclaves  dsees,  Scythes  et  germains.  En  effet,  Trajsn,  adoré  de  Rome  et  le  l'empire, 
ne  peut  iTouier  des  ennemis  personnels  que  parmi  les  ennemis  de  l'État,  ab,  commt 
l'a  Iri^-bien  dit  le  poète  : 

Tu»  allichenl  leur  uki  i  est  Aosnls. 

•  L'onnage  est  écrit  avec  une  noblesse  et  une  élévation  de  stjle  qui  rappdleat 
Bouvcnt  le  poëmc  de  la  Navigation.  La  musii^ue ,  sourdement  décriée  avant  d'ftre 
entendue,  n'avait  besoin  que  de  l'être  pour  obtenir  un  succès  brillant.  Elle  est  rco'  - 
plie  de  morceaux  d'un  grand  ctTet.  Tous  les  airs  ebantés  par  T.ays,  mademoiselle  A^. 
mand  et  madame  Brancha  ;  tous  les  chœurs,  tous  les  morceaux  d'ensemble,  ootéié 
vilement  applaudis.  M.  Persuis  a  paru  digne  d'unir  son  talent  icdui  de  l'auteur  dn 
'Barda,  et  cet  ouvrage  lui  donne ,  parmi  nos  compositeurs  les  plus  ùisilngués,  lu» 
place  que  l'envie  et  l'esprit  de  parti  pourraient  seuls  lui  contester.  On  doit  ejoDler 
que  la  mise  en  Ecène  de  cet  opéra  ftit  le  plus  grand  honneur  i  radminisiraiioD,<> 
prouverait  seule,  au  besoin,  que  le  théttre  de  l'Académie  impériale  de  musique  tft 
au-dessus  de  toute  compamiion  et  de  toute  rivalité,  s 

(Bccil  officiel.; 


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PABI9  PBKDANT  l'hIVBB  DR   1807   A   laM.  141 

ces  papillons  brillants,  Clotilde,  Bigottini,  que  sont-ils  devenus? 

te  Triomphe  de  Trajan  eut  un  succès  d'enthousiasme ,  partout  OQ 
y  vit  l'empereur  Napoléon  :  le  temps  et  la  mode  étaient  alors  aux 
triomphes ,  on  ne  songeait  qu'à  ces  coups  de  théâtre  éclatants  qui 
reproduisoient  des  scènes  antiques ,  la  ville  éternelle  était  dans  Paris, 
Gère  d'un  empereur  à  la  taille  des  Césars.  La  Valait  parut  au  théAtre 
de  l'Opéra ,  la  musique  en  était  pompeuse,  les  décorations  aussi  belles 
que  dans  Trajan  ;  on  y  vit  Licinius  vainqueur  comme  Trajan,  comme 
Napoléon ,  on  y  exprima  des  chants  de  gloire.  Sous  un  système  qui 
Tait  de  grandes  choses ,  quand  ou  parle  d'antique  grandeur  on  saisît 
les  allusions ,  le  peuple  était  si  préoccupé  de  son  empereur ,  qu'il  le 
voyait  partout  et  en  tout. 

Paris  devenait  une  seconde  Rome.  Napoléon  avait  décrété  un  im- 
mense arc  de  triomphe  &  la  ttarrière  de  l'Étoile  :  au  milieu  des  tro- 
phées d'armes,  on  y  graverait  les  victoires  des  armées  françaises  sur 
des  masses  de  garnit  telles  qu'on  en  voit  en  Egypte  ou  au  Cotisée , 
parmi  les  ruines  des  cirques  :  deux  vastes  rues  devaient  s'élever  au- 
tour des  Tuileries ,  rappelant ,  par  leurs  noms  de  Bivoli  et  de  Casti- 
glitme,  les  souvenirs  d'Italie,  au  milieu  de  la  place  Vendàme,  une 
colonne  en  bronze  s'élevait  comme  la  colonne  Antouine,  et  sur  l'em- 
placement de  la  Madeleine,  le  cimetière  de  Louis  XVI,  se  traçait 
«lors  le  temple  de  la  Gloire.  Tout  était  ainù  dédié  à  l'armée,  la  force 
et  le  bras  de  Napoléon.  A  ce  moment,  l'élite  de  cette  armée,  la 
garde  impériale,  faisait  son  entrée  dans  Paris  ainsi  que  les  prétoriens 
dans  Rome ,  leurs  enseignes  étaient  décorées  d'une  couronne  d'or 
que  la  ville  leur  avait  décernée.  Cette  vieille  garde  qu'on  n'avait  pas 
vue  depuis  deux  ans,  après  Austerlilz,  léna  et  Friediand ,  passa  sous 
des  arcs  de  triomphe  de  chênes  et  de  lauriers.  Le  corps  municipal 
accourut  au-devant  de  ces  nobles  fils  de  la  France  ,  jonchant  le  che- 
min de  fleurs.  M.  Frochot,  préfet  de  la  Seine,  porta  la  parole  ;  car 
Paris  était  fier  de  ses  soldats  '.  Le  maréchal  Bessières  répondit  au 
nom  de  la  garde  en  se  félicitant  des  honneurs  que  la  première  ville 

■  DiteovTi  da  M.  Freehol,  priftt  dt  la  Sein». 


H  C'est  pour  U  jnirie  que  ïous  «ïm  vsincii,  la  patri*  iicroiseri  le  souvenir  de  ^•i 
triomphes;  vos  noms  seroni  légués  par  elle,  sur  le  bioDueisurle  marbre,  kl*  postf- 
rilé  It  plus  reculée,  et  le  récU  de  tos  tiploits  enOammant  l«  connge  de  nos  deroîe» 


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du  monde  fftiadt  k  )a  troupe ,  fidèle  compagne  de  fempetew.  Il  j 
•rait  dam  tout  c^  une  forme  aotique ,  uoe  imilatioo  de  li  fïUe 
éterncflte  an  temps  de  César  et  d'Augnate  :  prétoriens ,  ceotiuion) , 
<Mban8 ,  tous  durent  <B9Beo{r  dans  un  banquet  que  It  TiUe  de  Viris 
^onua  aux  Champs-Elysées  ;  lea  tentes  étaient  dressées.  Tout  se  fim 
•vec  ordre ,  (1  y  eut  de  la  joie  sens  ivrease  ;  la  garde  fit  tio&neur  k  ion 
uniforme;  elle  se  gtorifisit  de  l'algie  qtri  partisBait  brillante  Hir  ta 
Atendarda. 

Ainsi  élsit  le  peuple,  loraqae  ffapolémi  anlTtsidHteneBtifan 
4e  «on  Toyage  d'Italie';  il  av«R  ganié  ridée  de  ae  faire  ptoiSsmer 
empereur  d'Occident  ;  on  Atffiftmeqoe  tel  était  letHit8eefet4eMn 
voyage.  Parvenu  à  la  hauteur  de  Charlemagne,  K  pouvait  en  reien- 
dlquer  le  titre  pour  se  faire  couronner  k  Rome ,  et  nul  pontife  m 
refuserait  de  le  revêtir  de  ta  pourpre  carlovingienne.  Après  pins  àe 
rénexions,  II  crut  que  le  temps  n'était  pas  venn  ;  srec  la  pensée  qu'il 
avait  sur  rEspagne,  il  ne  pouvait  Messer  T Autridie  i  ee  ptriot  de  m 
tenir  aucun  compte  de  la  Âgnité  de'Vempereur  lYançofs  II  ;  il  léKra 
Un  projet  pour  d'autres  époques  plus  mares.  'Bien  n'était  préparé 
pour  un  empire  dXïceldent,  ni  les  peuples,  niles  rofs;  M'IuJ  blWl 
d'aatrcs  gloires  et  soumettre  d'autns  vassalités  ' . 

dtstcndrau,  longtemps  encore  aprte  ntos-inCinM,  tous  prvUgttn  fu  Teaumpl" 
c<  vMtaanpbc  «i  ghrieBtNDcnt  Jéfarf*  par  vain  iiimt. 

»  Brav<60NinMs,ici»4ncuD«retrianpb*ldédiéilagni>4e*nnéfs'élèTeOT 
Votre  passage;  il  vousuiend  :  vegei  recevoir,  sous  ses  voûtes,  U  pan  qai  tous  wi 
due  des  lauriers  votEs  parla  capitale  de  cette  tnvfncftie  armée.  Qu'ainsi  coBunaMEt 
ttte  de  vetic  rMoar  :  tcmi,  eKiaeee*  laorien,  treaaés  en  ««woa>ea.parla  rMoaMl*- 
MBCe  pyUiqu0,4<iBmr«  wô^w  cbéHamaitMix  «igb»  iM^értata  ipiijlmrt»' 
Voa  tiles  vicUrjeusee.  a 

Le  maréchal  Bessières  répondît  ; 

•  Lwaioéa  de  aeWe  grande  hmWtBMlliWhc^oimeiKirsmwwecplalMfdaMk 
lein  d'iuw  TUi«  doDl  les  habltaflU  ont  coHUameM  avalisé  nec  w  d'MiMr.^' 
dévouement  et  de  fidélité  pour  notre  illuttre  raoDarquc.  Animés  des  mit»  f'"'' 
meols ,  la  plus  parfaite  barmonie  existera  toujours  cnire  les  babilsots  de  ta  pimi» 
Tille  el  les  soldais  de  la  garde  impéiiolc.  Si  nos  aigles  roarcbafent  eocofc,  en  Mosra^ 
pelant  le  serment  que  nous  avons  Taii  de  les  défendre  jusqu'à  le  mort,  nous  nnut 
rappellerons  aussi  que  les  eoiirwiiusquiieedécereiit  souseu  jmposent  douliiew' 
l'obllgatioti.» 

*  Les  demlera  actes  de  l'eiapuwjr  eu  Italie  soat  datés  4e  Milaa  ;  las  voici  ■ 

a  S.  M.  a  ordonné  par  un  décret  que  la  section  des  eanaultaisri  eesHiait  de  fù' 
l^rtie  du  conseil  d'État,  et  premifait  le  nom  de  sénat  (Senafo  cMutilaNle].  Sa  pr^ 
iMlet  attributions  seront  l'enregtstrefneat  destola,  el  la  répression  de  lousltsdrli'» 
taUUh  ili  libaté  eivlk.  —  Var  na  a«U«  Htm  de  mène  date,  t'aapeftur  «  »■>■"'' 


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PAmu  remàin  l  hivbb  t»  an  a  ibos.  hs 

Napoléon  viat  babiter  les  Tuileries;  l'hiver  commençait  avec  ses 
Uvam;  in  cutv  était  brillante,  le  corps  diplomatique  nombreux.  A 
Fontainebleau,  il  avait  donné  le  q>ectacle  des  chasses  ;  aux  Tuileries, 
il  Toolot  qu'on  multipliât  les  bals,  et  que  rien  ne  fût  négligé  pour  U 
tfdflfldeur  de  sa  cour.  Il  venait  d'Italie,  tout  ému  encore  des  spectacles 
et  des  fêtes  vénitiennes;  il  voulait  poursiUvre  et  pénétrer  quelques 
intrigues  au  milieu  do  libre  caquetage  des  hais;  il  donna  l'imputeioB 
à  sa  coar.  Sous  le  masque  chacun  pouvait  dire  sa  pensée  ;  la  ga^ob 
àMt  reiUer  à  la  sûreté  de  l'empereur  ;  au  milieu  de  ces  bals  ne  pouvait-il 
pusegUsserun  assassin?  £t  la  scène  serait  ainistrement  finie.  Comme 
(Uns  ia  ouït  de  Gustave,  au  milieu  des  masques,  ne  pouvait-il  pas  se 
tFoawr  uneouin  ferme  et  un  poignard  aiguisé?  Fouché  mit  toos  ses 
soins  à  suivre  ces  fêtes;  l'empereur  y  venait  avec  Duroc  en  domino  ; 
H  toiiiDDre.et,fla  ouircbe  étaient  telles  qu'on  pouvait  le  reoûBoattre; 
ilae  déguisait  oisesgestesiiisa  voix.  Quand  une  femme  recevait  une 
liasole  d'anour,  un  bomme  un  r^roche  ou  un  sarcasme,  tous  savaient 
la  beadie  fiui  les  proa<wçaÂt  '.  Les  prisucessea,  sœurs  de  l'empereur, 
se  Uaûeiit  tà\er  h  ieur  seasiuliame  ennuyé  et  désespérant  ;  £llw 
I^Tûeutun  amant  perdu,  use  conqvète  anJevée.  U  y  eut  plus  d'une 
aventure  de  nobles  dames,  plnp  d'ujoe  fureur  jalouse  de  grands  digoi- 
tâires  de  l'empire.  Isa  «SÎoierB  généraux  n'avaient  rien  de  galiuU, 
d'emprenét,  et  leurs  jeuaes  femmes  préférèrent  sowvent  les  étraogen 
du  Mord,  si  polis ,  k  la  obevelive  blonde,  ou  M.  de  JUetternioh  à  la 
l^ysiODraÙB  si  aimable  sous  ses  cheveux  poudrés  à  trente  ans. 

on  sut  bien  des  secrets  dans  les  bals  masqués,  on  surprit  phis  d'une 
confidence  d'amour  dans  les  sachets  roses-et  ambrés  ou dansce^'on 
ai^Mlaît  alors  les  b9nheare  du  jour.  L'empereur  môme  se  tut  parce 
fueluianiaieulbim  des  choses<i  cacher- Certaines  aventures  de  JmI 
prirait  ou  oanwt^  plos  grave  et  .plw  siniAre  ;  un  raconta  qu'un 
masque  avait  abwdé  Cambacérèft,  «t  lui  avait  dit  :  «  Beau  prince , 
viens,  j'ai  quelque  diose  à  te  révéler  !  »  Et  U  avait  poussé  l'archiciiaiii^ 
celiar  jiugu'Bu  fond  d'une  pièce  écartée  ;  Ul,  il  lui  raconta  sa  vie  intime, 

dmeuristants  prie  k  eensdl  d'ËlM  dn  ro^auiM  d'iulie,  deot  les  «tirtbutioBs  «•- 
rant  les  mêmes  que  cdlM  des  «uditeun  pris  1«  eoDMil  d'ËUt  de  France.  —  Par  on 
MMUt  décret,  ont  élé  créée  IK  Dotmaiu  dignilAirM  de  la  ceuroaDo  de  fer,  SO  «om- 
nMDdtnia  et  300  cbeTilien.  ' 

'  Il .  de  Kelteraich  m'a  dU  M  JotieoBisbcrf  a  qu'aucun  des  membres  du  caq« 
iipleauiique  ne  s'éiail  jamais  Irompé  sut  la  présence  de  l'empereur  A  un  bal.<ji 


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144  FOHTAimiLIAD ,    YOVIGB  d'iTALH. 

le  comnwnunient  de  »n  eiiitence,  ses  mesam  lei  {rioi  BeerètCf  de 
h  coDvention ,  ses  actes  les  plus  effrayants  ;  et  comme  CandwoMi, 
étonné  et  presque  friasonnant,  lai  disait  :  a  Enfin,  qui  es  tn?  >  l'ioconna 
■e  démasquant  mmtra  un  second  masque  de  cire  avec  tous  les  tnib 
de  Loub  XVI,  et  lui  dit  :  «  Altesse  Sërénissime,  régicide  de  la  con- 
veotion,  me  reconnais-tu  T  »  Pub  il  disparut  et  se  perdit  dans  la  Toale, 
laissant  le  fastueux  archtchancelier  dans  des  transes  mortelles.  Gea 
•cènes  se  multiplièrent,  et,  comme  elles  ne  furent  point  répriméet 
par  la  police,  on  en  accusa  Foucbé  lot-méme,  qui  était  aise  de  rappder 
i  toute  cette  foule  de  gentilshommes  de  nouvelle  espèce  qu'ils  n'étaient, 
comme  lui,  que  d'origine  révolationnaire.  Cambacérès  en  maudietles 
oubliait  un  peu  trop  la  carmagnole  ;  il  fallait  lui  donner  une  bonne 
leçon,  et  le  ministre  n'y  manquait  pas. 

Ces  bals  et  ces  fêles  jetaient  une  grande  joie  dans  Paris.  A  l'Opéra, 
c'étaient  encore  les  beaux  jours  de  madame  Gardd,  de  mesdemoisdles 
Bigoltini  et  Clotilde ,  avec  leurs  pas  de  caractère  qu'elles  avaient 
dansésdans7'ra;aiiet  la  Valait;  on  joua  aussi  tu  Bardude  M.  Baour- 
Lormian,  qui  devaient  plaire  à  Napoléon,  si  entbounaste  de  poésies 
oflsianiques  ;  tout  l'encens  ne  brûlait-il  pas  pour  lui  T  Et  quelle  idée 
avait  assez  de  hardiesse  pour  s'opposer'k  la  sienne?  A  l'Opéra ,  ani 
Fiançais,  tout  retentissait  de  son  nom  ;  Talma  prenait  ses  inspiralicHa 
dans  le  génie  de  l'empereur,  la  poésie  et  l'histoire  se  résumaient  en 
hii.  Un  surintendant  des  théâtres  fut  nommé  pour  donner  une  direc- 
tion plus  hautaine,  plus  impériale  i  toutes  les  compositions  scéuiques; 
H.  de  Rémusat.  d'une  bonne  famille  méridionale,  esjMÎt  poli,  fut 
DOTumé  surintendant  des  théâtres'. 

La  musique  avait  glacialement  brillé  dans  la  Vesttde;  on  reprit  U 
Mariage  de  Figaro,  de  Mozart,  partition  si  grave  et  si  gracieuse,  si 
folleet  si  savante.  M.  Etienne  donnait  sa  jfJie  comédie  ffrH«y««tP0- 
laprat,  sorte  d'innovation  aux  Français*  ;  car  on  parlait  d'une  pièce 
et  d'un  vaudeville  comme  d'un  fait  politique.  Ce  fut  l'époque  de» 
qiirituelles  créations  pour  les  Variétés,  il  y  eut  des  types  admirables  : 
on  développa  les  Jocrisaet,  les  CadttM  RousteU  ;  il  fallait  se  moquer  du 
peuple';  hélas  !  on  avait  bien  raison,  quelles  folies  ne  subissait-il  pas  ! 

'  C'ctait  M  npprochCT  de  U  dignité  d«  prcnin  gMtiUwmme  de  la  chambre,  aoire- 
fois  chaigÉ  des  Ihrâlm  el  menus  plaisirs. 

*  Plus  tard  on  verra  qur  les  disputa  sur  Cotuuca  M  (m  Dtux  Gtmfm  émoreK 
(Ml  Pari*. 


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PARIS  PBIRtAlTT  l'HITBH  BE    1(0T   A   )GOt.  t4& 

M.  Renault  de  SainWeao  d'ADgel;  se  mêla  plus  d'une  fois  k  la  com* 
portion  de  ces  Jocriues,  et  il  ne  fut  pas  étranger  k  Cadet  Rmuttl 
Eiturgeon ,  qai  déridait  le  soir  Cambacérës,  lorsque  son  oeil  fanie 
«lifait  les  formes  matérielles  de  mademoiselle  Cuizot.  On  eut  poor 
aecood  type  M .  Vautour,  l'image  de  la  bonne  bourgeoisie  de  Paris ,  le 
propriétaire pai^leduHaraîs;  Ua  Innocents,  où  Brnnetétait  si  adml~ 
rable,  n'étaient-ils  pas  aussi  le  symbole  de  ce  pauvre  peuple  que  les 
dignitaires  plumaient  k  qui  mieux  mieux  ;  de  ces  conscrits  arrachés 
au  village  qui  se  sacrifiaient  pour  la  gloire  de  leur  empereur  ? 

Que  dire  de  monsieur  tt  madame  Dénia,  expression  de  ces  rieux  ma> 
riages  bourgeois  qui  naissent  et  s'éteignent  sous  un  bonnet  de  coton , 
fidèles  à  tous  les  pouvoirs,  égoïstes  k  deux,  limitant  le  monde  à  leurt 
potsÀ  fieurssurla  croisée,  etlesdestinéesde  l'humanité  aux  portées  do 
leur  petit  chien  7  Désaugîers  commençait  sa  vogue,  et  il  jeta  dans  ses 
chansons  bien  des  ridicules  sur  cette  cour  impériale  si  fastueuse.  Bien 
de  plus  spirituel  que  celte  parodie  de  la  Valide,  véritable  expression 
du  peuple  parisien  qui  raille  tout  ce  qui  est  solennel  et  graudioae- 
Dans  ces  vaudevillistes  paraissait  alors,  pour  la  première  fois,  un  jeune 
homme  bon,  spirituel,  qui  devait  laisser  trace;  né  à  Montpellier,  la 
ville  si  gaie,  neveu  du  tribun  Albisson,  M.  Herle  blessait  si  douce- 
ment que  nul  ne  put  s'offenser  de  sa  verve.  Martainville  donnait  aus» 
son  Pitd  de  Mouton,  féerie  à  grand  spectacle,  où  l'on  voyait  des 
changements  à  vue,  des  miracles  bien  moins  grands  que  les  réalités 
qui  s'opéraient  sous  les  yeux  du  monde.  Qui  pouvait  s'étonner  de& 
talismans  lorsque  tant  d'existences  ignorées  portaient  des  couronnes, 
lorsqu'on  voyait  les  vieilles  familles  s'éteindre,  de  nouvelles  s'élever^ 
Quels  jeux  de  la  fortune  inouïs  I  et  comme  Gusman  :  «  Nui  ne  pou- 
vait plus  trouver  d'obstacles  ;  »  il  semblait  «  que  les  dieux  guidaient 
les  pas  B  de  tous  ces  acteurs  du  drame  de  l'empire  ;  tout  s'explique 
par  ces  fortunes.  Les  temps  expriment  les  œuvres,  les  œuvres  expri- 
ment les  temps. 

Peu  de  place  restait  k  la  littérature  sérieuse  ;  qui  pouvait  s'occuper 
des  époques  historiques,  lorsque  la  libre  pensée  n'existait  plus  au 
monde?  Gomment  juger  les  époques,  lorsque  la  censure  non-seutc- 
ment  effaçait,  mais  imposait  encore  des  phrases  dans  l'intérêt  du 
système  impérial?  Jugeait-on  le  commerce  des  anciens,  il  fallait 
penser  aux  décrets  de  Berlin  et  de  Milan.  Faisait-on  l'histoire  deBome, 
malheur  k  qui  n'abaissait  pas  Garthage,  car  il  fallait  servir  les  haines 


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146  FONTAINEBLEAU,    VOTAGB   d'ITALIS,    ETC. 

de  Napoléon  contre  rAngleterre.  Parlait-on  d'Auguste  et  de  César, 
on  devait  se  garder  de  répandre  quelques  larmes  sur  la  statue  de  la 
Liberté  V(^ée.  Si  l'on  touchait  l'Iiistoire  moderne,  c'était  plus  dif- 
ïldte  encore  ;  il  ne  tous  était  point  permis  de  parler  du  peu[/le,  de 
•e«  principes,  de  ses  grandeurs;  il  MlsH  considérer  sa  sou*enoiie(^ 
comme  un  mystère,  et  le  18  brumaire  comme  un  tabernacle  oà  tout 
s'était  fait  par  la  voloaté  de  Dieu,  eu  phitdt  par  ta  grandeur  d'un  soil 
homme.  De  là,  la  platitude  des  histoires  contemporaines  ;  des'plDina 
même  élégantes  s'asservirent  aux  injonctions  de  la  police.  H  ne  faut 
point  faire  de  reproche  aux  tristes  œuvres  de  ce  temps  ;  ce  n'est  pa5 
toujoars  le  'talent  qui  manquait,  mais  la  liberté  ;  il  n'y  a  pas  de  génie 
sans  indépendance;  sous  l'empire,  la  censure  fnt  tout  entière  dirigée 
vers  le  but  politique  que  se  proposait  l'empereur.  Napoléon  Toolalt 
alors  une  dictature  absolue  sor  les  limes,  sur  les  esprits  et  sur  le» 
onpg  ;  legoorernement  lui  donmft  ta  matière,  il  n'étsit  pas  na 
foa  poar  lafsBer  rintélHgence  libre,  il  savait  que  cette  terrible  souve- 
raine Taorâit  brisé  ;  et  pourtant  11  était  de  broioe  1 


îdbyGoogIc 


imTB  ENTRE  LA   PCI8SASCB   HATÉBIBLLB   ET  MORALE.       1A7 


CHAPITRE  VU. 


LDTTB  BKTB£  Ll  PVISSINCE  MITÉBIKLLB  BT  MOBALB.  —  L'EMPEBBOB  KT 


nclouT  de  -Vit  Vil  -i  Rome.  —  Le  urdintl  Gonuia.  —  .Le  cardioal  FMcii,  r— 
Premirrs  différends  eoire  Napoléon  ei  Pie  VII.  —  Volonté  impéralive.  —  Faïc* 
(le  la  réaignaiion.  —  Occupiiion  d'Aacône.  -.-  Lucieo  dans  lIÉtat  ronata.  — 
Sfslème  coDtiBenlal.  -.-  Prétcnlion  lui  droits  de  ChatlenMgne.  —  SouTcrainiiUF 
fim-  Rome.  —  Le-TicA-coi  d'Italie.  —  DémissîMi  de  G*i)uln.  —  Le  cardioal 
Caaoni.  —  AmbaaMdede'lI.  AlqiùiT.  — Fiebde'Béi>éTaniet4ePoBl»-Corm.< — 
NégocialiondiiotrdinBideBaTaiM  à  Paris.  — Séjour  des  IroB^frtDcaiswdwiK 
les  IcgatioM.  —  Oeeapation  Tielenta  de  %»me  et  du  «Utaau  gaint-Ange  ptnlc 
génénl  HioUis.  —  Vit»  Vil  au  QuiriM],  _  Baprit  du  peuple.  —  Lm  Trauté- 


Un  deftspectaclw.las  jdmioleDDâls  qii'pffi»  rbtstoire  dans  ses,vistFs 

annales ,  c'est-laluU&entre  le  puissenee  morale ,  patiente  ,  résignée, 
et  l'autorité  matériéne  usant  tiu  glaive  et  'de  1a  violence  ;  fl  y  a  dans 
la  protestation  du  faible  i]ui.<Ufead^P  dfoitt  M  Uberté,  une  énergie 
qu'on  ne  peut  définir  :  la  patience  en  TacetleB  tourments,,  la  douceur 
vis-à-Tis  la  colère,  h;  sang-froid  oppo^'Â'la'tîTaCifé  impétueuse;  ce 
mot  :  «  Ma  conscience  me  le  défend  !  »  cette  espressïon  angéllque 
d'un  bomme  qui  «ouffre  pour  la  liberté,  pour.laireligioQ,  tout  cel» 
est  empreint  d'une  force  inconnue,  mystère  des  grandes  Ames,  sainte 
passion  du  Christ  sur  la  terre  ;  le  martyr  qui  meurt  pour  une  iiée 
religieuse,  le  démocrate  qui  monte  sur  l'échafaud  pour  sa  foi  répu- 
blicaine, le  royaliste  pour  la  chevaleresque  idée  de  son  suzerain, 
portent  en  eux  un  caractère  silblime  que  nul  ne  peut  mécoonattre. 
«  Que  voulez-vous  de  moi?  moD  corps?  il  est  ici  ;  ma  tétti?  je  vous 
r<^re  ;  mais  mon  opiniau^  raa  conscience,  jewpeux  vtHisiadonoer.  a 


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118     LOTTE  XirntB  LA  PtlSSARCI  MATÈMmUM  KT  MOBALB. 
Cest  ici  que  plus  l'opprevear  domine,  plu  il  grandît  sa  Tictime  ; 
I^us  il  devient  cruel,  plus  11  est  petit  ;  plus  U  tounnente,  plus  il  se 
rabaisse,  et  se  noierait-il  dans  le  sang,  qu'il  n'en  serait  pas  {dus  fort 
ai  plus  grand  *. 

■  La  corrtqMniduce  da  ptpe  et  de  Mipoléon  peot  noUament  tùn  eoBiultit  h 
nature  de  cette  latte  enin  la  puiManee  nonle  et  la  poiMiMe  Batiridle. 

lMlr»4t  Hê  TII. 

lottte  l'ingtanité  de  notre  caract^, 
^OC  l'ordre  qu'elle  a  donné  an  Bènéral  Si int-Cjr  d'occuper  AncAnetTeeles  troopei 
Àantaises  et  de  la  taire  approvisioDSCr,  nous  a  causé  non  moïm  de  surpriie  que  de 
douleur,  tant  pour  la  cboM  en  dJe-mtine  que  pour  la  ntaniira  dont  die  a  été 
eiécui^. 

■  VrritcblemCDl  noua  ne  pouvons  dissimuler  que  c'est  avec  une  vive  senaibiliir 
que  nous  noua  vojoni  traiit  d'une  maaièrs  qu'i  aucun  titre  nous  ne  croyons  avmr 
mériiéc.  Notre  neutralité,  reconnue  par  votre  majesté  comme  par  toutes  les  autres 
puissances,  ri  plEmemeoi  re^ectée  par  elles,  nous  donnait  on  motif  particulier  de 
croire  que  les  seDtiroenisd'amiiié  qu'elle  professaiti  notre  égard  nous  aaraïeat  pré- 
servé de  cet  amer  déplaisir;  nous  nous  apercevons  que  nous  nous  sommes  tnmpc. 

■  Nous  le  disons  (rancbement  :  dcpuia  l'époque  de  notre  retour  de  Paris,  nous 
n'avons  éprouic  qu'amertumes  et  déplaisirs,  quand  au  contraire  la  connaissancr 
personnelle  que  nous  avions  Tiite  avec  votre  majesté  et  notre  conduite  invatîabk 
nous  promettaient  tout  autre  chose.  En  un  mot,  nous  ne  trouvons  pas  dans  votrr 
majrtic  la  correspondance  de  sentiments  que  nous  étions  m  droit  d'attendre. 

■  Nous  le  sentons  f  ivement,  et,  i  l'égard  de  l'invasion  prcseaie,  nous  disons  avec 
sincérité  que  ce  que  nous  noua  devons  i  nous-mêmes,  et  les  obligations  que  nous  avom 
contractées  envera  nos  sujets,  nous  forcent  de  demander  k  voire  majesté  l'évieuation 
d'AncAoe,  au  refus  de  laqudle  noua  ne  verrions  pas  comment  pourrait  se  cancitier 
la  continuation  des  rapports  avec  le  minislre  de  votre  majesté  à  Eonc  ;  ces  rapport» 
étant  «I  opposition  avec  le  traiiemeni  que  nous  coniinuerlont  k  recevoir  de  voirr 
majesté  dans  AncAne. 

u  Celte  lettre  est  on  devoir  pénible  poar  notre  cteur.  mais  nous  ne  pouvons  dissi- 
nulcT  !■  vérité. 

■  Nous  voulons  donc  eapérer  qu'au  milien  de  toutes  les  amertumes  qui  nous  acca- 
btcDl,  votre  majesté  voudra  bien  nous  délivrer  du  poids  de  cdies-ci  qu'il  dépwd  den 
seule  volonté  de  nous  épargner. 

a  Novaflniasona  en  lui  accordant  de  tout  notre  caur  la  paternelle  béaéJieilon 
apostolique. 

■  Donné  k  Rome,  prè$  Sainte-Marie  Majeure,  le  13  novembre  de  l'an  IBW. 

P.  P.  Tii.  ■ 

Kifimi»  4»  Icayaraur. 

■  TrèE-Mint  père,  je  re fois  une  lettre  de  votre  sainteté,  sous  la  date  du  13  no- 
vembre; je  n'ai  pu  qu'être  très-tivemeni  affecté  de  ce  que,  quand  toutes  les  puissances 
à  la  solde  derAngleterre  s'élaieot  coalisées  pour  me  Ikire  une  guerre  injuste,  votre 
aainlelé  ait  prêté  l'oreille  ani  mauvais  consuls,  al  sa  Mit  portée  k  m'écrire  une  lettre 


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L'BHPBKEOt  ET  L8   PiPB.  14f^ 

Les  annales  du  moyen  tge  ont  rappelé  la  persécotion  de  plus  d'un 
pontife  ;  i  Borne,  on  avait  vu  les  Othon  de  Germanie,  les  hommes- 
sensuels  de  l'Allemagne  couverts  de  fer,  déployer  leurs  tentes  autour 
de  Saint-lean  de  Latran  et  faire  pattre  leurs  chevaux  sur  le  rivage 
jauni  du  Tibre  ;  des  papes  avaient  été  arrachés  des  autels,  d'autres 
tratoés  par  les  cheveux  dans  les  rues  de  Borne.  £b  bien  1  toutes  ces- 

si  p«u  ménage  :  eUe  esi  parTuiemcDt  mallresse  de  garder  mon  minisiie  à  Bome,  oïl 
de  le  renvojer.  L'occupation  d'AncAne  est  une  suite  immédiate  et  nécea&aire  de  la 
mauvaise  organisatiOD  de  VéM.  militaire  du  saint-siége.  Votre  saiateli  aTafl  iutérét 
à  voir  celte  forteresse  plutAt  dans  mes  mains  que  dans  celles  des  Anglais  ou  de» 
Turcs.  Votre  saintelé  se  plaint  de  ce  que  depuis  son  retour  de  Paris  elle  n'a  eu  que 
des  sujets  dépeins;  la  raison  en  est  que  depuis  lors,  tons  ceni  qui  craignaient  mon. 
pouvoir  et  me  témoignaient  de  l'amiliÈ  ont  changé  de  sentiments,  s' j  crofani  autoriste 
par  la  Torce  de  la  coalition,  et  que  depuis  le  retour  de  votre  Bainlelé  à  Bome,  je  n'ai 
éprouvé  que  des  refus  de  sa  part  sur  tous  les  objets,  même  snr  cent  qui  étaient  d'un 
intérêt  du  premier  ordre  pour  la  religion,  comme,  par  exemple,  lorsqu'il  s'agissait 
d'empécber  le  protestantisme  de  leier  la  tête  en  France.  Je  me  suis  considéré  comme 
le  protecteur  du  saint-siége ,  et  iice  titre  j'ai  occupé  Ancttee.  Je  me  suis  considéré, 
ainsi  que  mes  prédécesseurs  de  la  deuxième  et  de  la  troisième  race,  comme  fils  aîné 
de  l'Eglise,  comme  ajant  seul  l'épée  pour  la  protéger  et  ta  mettre  i  l'abri  d'être 
souillée  par  les  Grecs  et  les  musulmans.  Je  protégerai  constamment- le  saint-siége, 
malgré  les  fausses  démarches,  l'ingratitude  et  les  msuvaiaes  dispositions  des 
hommes  qui  se  sont  démasqués  pendant  ces  trois  mois.  Ib  me  croyaient  perdu  :  Dieu 
a  ftit  éclater, par  les  succès  dont  il  a  favorisé  mes  armes,  la  protection  qu'il  a  accordée 
à  ma  cause.  Je  serai  l'ami  de  votre  sainteté  toutes  les  fois  qu'elle  ne  consultera  que 
son  c(eurelles\rsisamis  delà  religion.  Je  le  répète  :  ai  votre  sainteté  veutrenvojer 
mon  ministre ,  elle  est  libre  d'accueillir  de  préférence  et  les  Anglais  et  le  calife  de 
Conslanlinople;  mais  ne  voulant  pas  exposer  le  cardinal  Fesch  il  ses  avenies,  je  le 
ferai  remplacer  par  un  séculier  :  aussi  bien  la  haine  du  cardinal  Gonialvi  est  telle , 
qu'il  (la  cardinal  Feschj  n'a  constamment  éprouvé  qne  des  refus,  tandis  que  les 
préférences  étaient  pour  mes  ennemis.  Dieu  est  juge  qui  a  le  plus  fait  pour  la  religion, 
do  tous  les  princes  qui  régnent. 

B  Sur  ce,  je  prie  Dieu,  tré&.saint  pire,  qu'il  tous  conserve  longues  années  au  régime 
et  gouvernement  de  noire  mère  sainte  Église. 

D  L'emperear  des  Français,  roi  d'Italie. 

»   NAPOLiON.   ■ 

>  AUunich,le7Jantier  ISOe.a 
«  Très-saint-père,  j'ai  reçu  la  lettre  de  voiresaintetè,  du  39  janvier.  Je  partage 
toutes  ses  prines;  je  conçois  qu'elle  doit  avoir  des  embarras  ;  elle  peut  tout  éTîler  en 
marchant  dans  une  roule  droite,  et  en  n'entrant  pas  dans  le  dédale  de  la  politique  et 
dos  eo&tidérations  pour  les  puissances  qui,  sous  le  point  de  vue  de  la  religion,  sont 
hérétiques  et  hors  de  l'Église,  et,  sons  celui  de  la  politique,  sont  éloignées  de  ses 
États,  incapables  de  la  protéger,  et  ne  peuvent  lui  hire  que  du  mal.  Toute  l'ItaLe 
sera  soumise  sous  ma  loi.  Je  ne  toucherai  en  rien  à  l'indépendance  du  sainl-siége. 
Je  lui  ferai  même  payer  les  dépenses  que  lui  occasionnent  les  mouvements  de  mon 
armée.  Hais  nos  conditions  doivent  être  que  T.  S.  aura  pour  mol  dans  le  temporel 


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t3ft      LUTTE   snTKB   LA   PD1B8ANCB   SUT^IHCB  BT   MOÏALB. 

violences  n'avaient  pu  afTaibNr  1«  puîssance  morale  de  la-p«pauté, 
les-  races  de  Souabe  étaient  éteintes ,  les  empereurs  étaient  pasés, 
le*  gauvernements  avaient  croulé  les  uns  sur  lot  autres  ;  qu'étaient 
«leveaoB  les  dynasties  et  les  blasons  de  Lorraine  et  de  Thuringe!  Et 
le»'papes  demeuraient  encore  dons  la  basilique  de  Saint-Pierre,, les 
vlwîe  de  la  croyaBoe  ;  l'-enoeiu  s'élevait  à  longs  tourbillons,  el-  des 

les  mîmes  ^srds  que  je  luipoile  pour  le  spirituel,  et  qu'elle  cc^er*  des  mcntgt- 
rofiits  jtnitiles  eriTers  les  bcréiiques  ennemis  de  l'ÉgliM  et  enTers  des  pvlsssnm 
tfUf  ne  pcovenl  Ini  f^lrv  ancun  bien.  Voire  silntelé  est  smneraim  de  HonK',  mth 
j'en  sols  l'emperenr.  Tous  mes  enaernis  doivent  ^treies  siens.  Il  n'est  dolM  |ns 
cmyenable  qu'oucun  ssent  du  roi  de  Sardaigne,  aucun  Anglais,  BUsse  ni  Snédeis. 
rMide  t'Romeou  dans  vnsËlalS,  ni  qu'aucun bltiflieotapparletianVàcespalsEMiK' 
«dire  dans  \0B  parts.  Comme  chef  de  notre  religion,  j'aurai  toujours  pour  V.S.  Ii 
déftTeneefiliateqneje  lui  ni  montrée  dans  toutes  lescircoMtaBces;  mais  je  sais 
comptable  enveis  Dieu  qui'  a  bien  voulu  se  scrvii  de  mon  bras  pour  rétablir  I* 
religion  :  et  comment  ptiis-Je,  sans  gémir,  la  voir  compromise  par  les  lenteurs  de  la 
cour  de  Rome,  oii  l'on  ne  finit  rien,  oh,  petir  des  intérêts  mondains,  de  ysioM  préro- 
gHfTes  delatiatf,  on  laisse  périr  les  âmes,  le  vrai  rondement  de  la  religionf  Ilsen 
répoadront  deraniDIen,  (M»(ioiJaBsentrAlltmBgDedaD»l'aniiichi6i  ilsenrépon- 
diônt  devant  Dieu,  eeuiqulomtent  lantdez^à  protéger  des  ntriagee  pntatMi!:, 
ct'vealent  m 'obliger  i  lier  ma  (tmillé  avec  des  princes  prottMaDtsjits  eu  répendtoat 
donni  Dieu,  ceui  qui  i«lardeiit  l'eipédilion  des  bulles  de  mes  érAques  elqtti  liTtent 
tneS' diocèses  à  l'atiarctile.  Il  faut  sii  mets  povrqnelevért^tnB  pulsscst  entrer  e» 
«lAreice,  et  cela  peut  être  ntit  en  huit  jours.  Quant  eoi  afltires d'Italie,  j*aMont  bit 
poOrles  évéques,  j'ai  consolidé  les  inlMts  de  l'Église;  jen'al  touché  en  rien  an 
spirituel;  ce  que  j'ai  fait  à  Uilan,  je  le  ferai  il  Naplcs,  et  partout, où  mon  pouvoir 
s'étendra  je  ne  refuse  pas  d'accepter  le  concours  d'hommes  doués  d'un  vrai  zélé  pour 
laMigion,  etdem'eotendreavec  eui;'maissiè  Rome  on  passe  IffijournéesàneTini 
fain  eidaos  une  coupable  inertie,  poisqUe  Dieu  m'a  commis  après  dé  si  grands  bos- 
ieretsemonts  pour  veiller  au  malntiea  de  la  religion ,  je  ne  pais  devenir,  iri  ne  puis 
rester  indiffèrent  à  tant  ce  qui  peut  nuire  au  bien  et  au  salut  de  mes  peuples.  Tr^  - 
sabft-père,  je  sais  que  T.  8;  veut  ce  blerr;  mats  elle  est  environnée  d'kommes  qnl  w 
le  veulent  pas,  qui  ont  de  mauvais  principes,  et  qui,  an  lien  de  travaUlér  dans ns 
moments  critiques  à  remédier  aux  maux  qui'sc  sont  ïnlrodnits,  ne  Itsvnillent  qn'à 
les  a^raver.  Si  V.  S.  voulait  se  souienir  de  ce  que  je  lui  ai  dit  à  Paris,  la  retlgion* 
l'AUemagne  serait  organisée,  et  non  dans  le  mauvais  état  ob  rile  est.  Bans  («pan 
et  en  Italie,  tmit  se  seralt'fait  de  concert  avec  T.  S.  et  convenablement.  Usis  jeM 
puis  laisser  languir  un  an  ce  qui  doit  être  fait  dans  quinze  jours.  Ce  n'est  pos  m 
donnant  que^'aiporlèsi  baut  l'état  ducleigé,  la  publicité  dii culte,  et  rèorpn^lt 
religion  en  France,  de  telle  sortequ'il  n'est  pasdepajsoùellefïsse  tant  de  bien,  nii 
elle  soit  plus  respectée,  etob  ellejouissedepliisde  considémllDH.Cetnqiilparlbitl 
V.  3.  un  autre  langage,  la  ttompeni  el  sont  sei  ennemis;  ils  ttUreront'des-mslbnrs 
qitl  flniront  par  leur  être  funestes. 

»  Sut  ce,  je  prie  Dieu,  très-saint-père ,  etc. 
■  Voire  dévot  Bis, 

»  NwTCiémr: 
•■Paii»,»  lévrier  1806.  > 


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L'HHWEEtlR  BT  Ul  VAVE.  151 

millieis  d'bonuoes  restaient  agenouillés  sur  les  dalles  de  la  plice  d« 
Saint-Pierre  lorsque  le  pontife,  vàtu  de  lin,  jetait  sa  bénédiction  auk 
flots  de  peuple.  U  j  avait  ici  un  caractère  de  perpétuité  iudépendant 
des  Ages  et  des  gëaéraUoos. 

Pie  VU  aA/ait  témoigné  une  douce  et.  reconnaissante  piété  pour 
Napoléon  ;  ne  l'avait-il  pas  couronné  à  Paris  dans  la  cathédrale  de 
Notre-Dame,  lui  vieillard  aux  cheveux  blancs?  Pouvait-il  faire  moins 
pour  le  génie  puissant  qui  avait  relevé  les  autels  et  grandi  le  sentiment 
moral  de  la  natioo  ?  Lorsqu'il  quitta  Paris,  Pie  VU  fut  accueilli  À 
Rome  avec  cet  enthousiasme  des  populations  transtéverïnes  ;  on  détela 
la  voiture  du  saint-père  ;  les  acclamations-  vinrent  de  tous  c6té(  glorl- 
tier  cette  tête  vénérable  ;  la  multitude  accourait  baiser  ses  pieds  ;  et 
lui,  toujours  si  doux,  reoterciait  ce  peuple  qui  remplissait  le  Corso, 
la  place  du  Vatican  et  le  Monte-Cavallo.  Le  pape  ne  se  tenait  plus 
de  joie  de  revoir  sa  capitale  chérie,  il  avait  trouvé  en  France  des 
témoignages  de  piété  ;  mais  Bome  était  sa  ville  bien-aimée,  le  Tibre 
son  fleuve  de  prédilection  ;  le  chAteau  Saint-Ange  avec  sa  tour  ronde 
laissait  Qotter  le  drapeau  pontifical  blanc  comme  l'aube  des  prêtres, 
avec  les  clefs  de  saint  Pierre  et  la  tiare  des  pontifes.  Pie  VU  aurait 
tout  donné  pour  Bome,  la  ville  desarts  qu'il  aimait,  la  sainte  capitale 
(Uui  avait  vu  son  eialtation. 

Pie  VU  vint  habiter  le  Moute-Cavallo,  et  à  peine  entré  dan»  son 
cabinet  il  écrivit  une  lettre  de  reconnaissance  à  son  très-cher  fila 
Napoléon,  «  pour  le  remercier  de  l'accueil  que  la  France  lui  avait 
fait.  »  Son  langage  était  doux,  persuasif;  il  lui  parlait  des  iotéréta 
de  la  religion  dans  son  empire  et  son  royaume  d'Italie  :  «  Beaucoup 
de  choses  restaieut  à  faire;  il  suppliait  le  souverain  que  Dieu  avait 
donné  à  la  France  de  protéger  la  sainte  religion  qui  faisait  le  bien  des 
peuples  et  des  sujets  ;  ainsi  avaient  parlé  les  Anastase  et  les  Adrien 
aux  empereurs  Constantin  et  Chorlemagne,  >  comparaison  qui  flattait 
ai  vivement  l'orgueil  de  Napoléon.  Cette  correspondance»  presque 
toujours  autographe,  était  dirigée  par  le  cardinal  Goazalvi,  secrétaire 
d'État,  esprit  distingué,  un  des  hommes  le  plus  justement  f^préciés 
par  M.  de  Talleyrand  ;  le  cardinal  Gonzalvi  avait  fait  une  étude  pro- 
fonde de  la  papauté,  de  ce  caractère  de  perpétuité  qui  la  sépare  des 
institutions  humaines  ;  le  cardinal  professait  le  principe  de  l'école 
catholique,  à  savoir  :  que  le  pape  n'étant  cpi'usufruitier,  ne  peut  rieo 
céder,  rien  donner  ;  comme  il  régit  le  patrimoine  de  rËglise»  il  doit 


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152     Uym  BKTBB  U  PCISSAMCE  HATÉBIKLLB  BT  IIOIUE. 

le  rendre  intact  à  son  niccesseur;  de  ]h  résulte  comme  consfqneDce 
i|ue  si  Borne  subit  la  violence,  elle  proteste  incessamment;  si  ud 
pape  cède  une  terre,  ane  possession,  une  prérogative,  son  saccesseor 
recouvre  ce  que  la  faiblesse  a  donné  ;  immense  force  que  ce  prindpe  \ 
rien  n'est  puissant  comme  l'idée  de  perpétuité  A  cdté  des  s^stimei 
mobiles  qu'agitent  les  passions  humaines  ;  le  gouvernement  de  Rome 
est  admirablement  constitué  ;  le  pape  est  l'élu  du  collège  des  cardi- 
naux ;  ce  collège  est  pris  dans  tous  les  ordres,  pauvres  comme  riches; 
le  pape  n'a  ni  famille  ni  intérêts  ;  la  liberté  la  plus  absolue  règne  dans 
ses  États  ;  l'infortune  s'y  réfugie,  les  souverains  tombés  y  trouvent 
un  asile  ;  oo  y  voyait  alors,  à  cAté  du  dernier  des  Stuarts,  le  cardinal 
d'York,  dans  sa  villa  de  Frascati  aui  fratches  cascodes,  Lucioi  Bona- 
parte cbercbaot  un  abri  dans  les  États  de  Rome,  contre  les  peisècu- 
lions  d'un  frère  revêtu  de  la  puissance  impériale;  les  dynasties  dou- 
relles  comme  les  anciennes  avaient  leurs  proscrits,  et  Rune  leor 
-senait  d'asile. 

Le  caractère  de  Napoléon  pouvait-il  souffrir  un  tel  ordre  d'idées 
pacifiques  et  tolérantes,  en  opposition  avec  l'énergie  et  l'impétoosité 
de  ses  sentiments?  Lui,  l'homme  impératif,  pouvait-il  comprendre 
cette  douce  mansuétude  ?  que  devait-il  se  passer  dans  son  ime 
emportée  lorsqu'il  trouvait  tant  de  patience  et  de  résignation^  U 
aurait  brisé  le  fer,  il  le  cherchait,  et  il  trouvait  sans  cesse  le  roseau 
faible  qui,  ployant  sous  ses  paroles,  se  relevait  toujours  après  l'ou- 
ragan  et  la  tempête.  La  tempérance  et  l'humilité  étaient  en  face  de 
l'ivresse  de  la  force  et  de  l'orgueil  du  pouvoir  ;  Napoléon  estinwil 
Pie  VII,  mais  ce  caractère  devait  lui  être  insupportable  ;  ronpereut 
avait  anëauti  des  armées,  vaincu  des  coalitions,  et  il  ne  pouvait  venir 
i  bout  (l'un  simple  prêtre  qui  n'avait  que  son  anneau  pastoral  pour 
défense  I  Cette  lutte  est  curieuse  à  voir,  elle  prend  l'espace  des  dii 
années  brillantes  de  Napoléon  ;  elle  l'use  plus  que  .cent  batdlles;  ce! 
deux  hommes  s'estimaient,  le  pape  et  l'emperenr  se  tendaient  la  main, 
«Icependant  ils  furent  amenés  à  agir  l'un  contre  l'autre  par  des  coups 
d'autorité. 

Telles  furent  les  causes  premières  de  ces  différends  qui  rai^tdaiest 
les  vieilles  querelles  des  Othon  de  Sonabe  et  des  Grégoire,  de  I%>* 
lippe  le  Bel  (l'homme  de  chicane  et  de  judicature)  et  de  Boniface 
(l'esprit  universel  el  moral).  L'empereur  partait  de  plusieurs  idéa 
«D  ce  qui  touche  Rome  ;  toujours  préoccupé  de  la  fortune  de  Cbsr- 


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l'bmpkbzcr  et  u  papb.  15S 

lemagne,  il  croyait  que  la  puissance  temporelle  des  papes  D'élajt 
qu'une  concesBion  de  u  volouté  ;  successeur  du  grand  empereur  ' 
d'Occideot,  U  devait  régner  sur  Rome  et  les  États  de  l'Église  '  ;  le 
jour  qu'il  plairait  i  l'empereur  de  révoquer  la  doDstiou  pourprée,  il 
pourrait  faire  cesser  cette  puissance  temporelle;  ce  que  Ctiarlemagoe 
avait  donné.  Napoléon  pouvait  le  retirer,  c'était  l'acte  d'un  succes- 

'      Lêltrt  de  Napoléon  au  vk»-roi ,  m  iat»  da  Dmdê ,  I«23juiU«{  1807. 

a  MoD  fils,  j'uTuduis  Is  lettre  que&BMiDleté  TOUS!  adressée,  et  que  cerlaine- 
mentelle  D'à  pas  écrite,  j'ai  vu  qu'elle  me  menace.  Croirait-elle  donc  que  les  droits 
du  irAac  sont  moins  aacrès  aux  jeux  de  Dieu  qat  ceui  de  la  tiare  ?  1)  y  avait  des  rois 
■Tint  qn'il  j  eût  des  papes.  Ils  veulent,  disent-ils ,  pubLer  tont  le  mal  que  j'ai  fait  à 
ItreliBiDD.Lesliiseasésl  ilsDesaventpasqo'iln'f  a  pasuucoin  du  monde,  en  Aile- 
magne,  en  Italie,  en  Pologne,  oli  je  n'aie  fait  encore  plus  de  bien  à  la  religion  que 
le  pape  n'y  Tait  de  mal,  non  par  de  mauvaises  iolentions,  mais  par  les  conseils  iras- 
cililes  de  quelques  hommes  bornés  qui  l'entoureni.  Ils  veulent  me  dénoncer  à  la  chré- 
tienté; celte  ridicule  pensée  ne  peut  appartenir  qu'à  une  profonde  ignorance  du  siècle- 
oii  nous  aornincs  :  U  j  a  une  erreur  de  mille  ans  de  date.  Le  pape  qui  se  porterait  i. 
nDeteliedémBrchecesseraild'éirepapei  mesjeui;  je  ne  le  considérais  que  comme 
l'BDtechrist  envoyé  pour  bouleverser  le  monde  et  faire  du  mal  aui  hommes,  cl  j« 
remercierais  Dieu  de  son  impuissance.  Si  cela  était  ainsi,  je  séparerais  mes  peuples 
de  tonte  comnivnion  avec  Rome,  et  j'établirais  une  telle  police  qu'on  ne  verrait  plus 
circuler  ces  pièces  mystérieuses,  ni  provoquer  ces  réunions  souterraines  qui  ont 
Ulligé  quelques  parties  de  l'Ilalie,  et  qui  n'avaient  été  imaginées  que  pour  alarmer 
les  tmes  timorées.  Que  veut  fkire  Pie  VII  eu  me  dénonçant  à  la  chrétienté?  Uettre 
mon  trAne  en  interdit,  m'eicommunierï  Pense-t-il  alors  que  les  armes  tomberont 
desmainsde  mes  soldalal  Pense- l-il  mettre  le  poignard  aui  mains  de  mes  peuples 
pour  m'égorgCïT  II  ne  lui  resterait  plus  alors  qu'i  essayer  de  me  hitt  couper  les  chp- 
vtuietdem'en(erfaier  dans  un  monastère...  Le  pape  actuel  s'est  donné  la  peine  de 
venir  à  mon  couronnement  é  Paris.  J'ai  reconnu  é  celle  démarche  un  saint  prélat  : 
mais  Q  voulait  que  je  lui  cédasse  les  légations,  jen'ai  pu  ni  voulu  le  faire.  Le  pape 
actncl est  trop  puissant;  les  prêtres  ne  sont  point  faitaponr  gouverner...  Pourquoi 
le  pape  ne  veut-il  pas  rendre  k  César  ce  qui  est  i  César,  et  est-il  sur  la  terre  plus  que 
Jésn>.ChristTPeul-étre  le  temps  n'est  pas  loin,  si  l'on  veut  continuer  à  troubler  les 
affaires  de  mes  Étals ,  oit  je  ne  reconnaîtrai  le  pape  que  comme  évéque  de  Rome , 
comme  égal  et  au  même  rang  que  les  évéques  de  mes  JËtats.  Je  ne  craindrai  pas  de 
réunir  hs  églises  gallicane ,  italienne,  allemande,  polonaise ,  dans  un  concile,  pour 
Ikire  mw  affaiies  sans  pape...  Dans  le  fait,  ce  qui  peut  sauver  dans  un  paye,  peut 
■anter  dans  un  autre;  les  droits  delà  tiare  ne  sont,  au  fond,  que  des  devoirs  :  s'humi- 
lier et  prier.  Je  tiens  ma  couronne  de  Dieu  et  de  mes  peuples;  je  n'en  suis  rcspon- 
eable  qu'A  Dieu  et  k  meis  peuples.  Je  serai  toujours  Charlemagne  pour  la  cour  de 
Some,  et  jamaLs  Louis  le  Débonnaire...  Jésus-Christ  n'a  pas  institué  un  pèlerinage 
à  Rome  comme  Mahomet  k  U  Mecque.  Tels  sont  mes  sentiments,  mon  fiU,  j'ai  jugé 
important  de  vous  les  faire  connaître,  je  n'autorise  plus  qu'une  seule  lettre  de  voa'^ 
i  sa  sainteté,  pour  lui  faire  connaître  que  je  ne  puisconsmLr  iceque  lesévêques 
italiens  aillent  chercher  leur  Institution  à  Rome. 

■  HapolAok.  ■ 
8. 


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ISC     LUTTB  BirrBB  Ut  mSMNim  KUNnStU  ET  MOKAU. 

saur.  Ghsrtnnagne,  l'ëDneinl  de  Blëter  le  flonabaidv  vmt  AisffAiB- 
rihlie  oomiïie  d'un  fief;  ttAnit  donné  Home  au  p^Mv^ùQ  doue 

La  secMide  peuée  de  Napt^èon  résaltattde  sm pfëoeoii{»tiaBiha- 
bltMlles,  de'  son  sjrstème-  politique  et  oômnenial-  :-  l'eselosieB^  ia 
Anglais  de  tcUfe  H  ptoinwle  italique..  Ji  voulait  faire  entrai-  Ro» 
dans  ses  idées,  dans  ses  passions,  comme  une  des  provinces  de  sm 
«n|Hre  :  peu  tiii  importait  le  caractère  d'universalité'  qui'  comUtoe 
râtùllsseuent  pspKl;  k  Rome  il  ne  pouvait  y  avoir<Veiclu)ieor  nen 
igû  ttnt  à  un  pavillon,  à  une  idée  politique,  te  pape  n'a  parde  piéin- 
tioa  iadividueUe  contre  un  peuple  ou  nn  souverain  ;  il  doit  les  traita' 
toa»égalettwnt,  il  ne-peut  pas  eiclare  cow  qui  Tiwnant.  i>  luir  pfé- 
fSrer  nn  système  de  gouvernement  à  un  autre,  pearra  qiti'ii»  seint 
chrétiens;  il  ne  peut  prohiber  une  idée  politique,  eC  ces  principes 
dtfvalâit  blesser  proEondéiBent  lesidée»etleftpanioBs.d0raivere)ir. 
Jfphls  forte  raison  quMld  il  s'agissait  des'penoHnea;  Napaléon  pré- 
tendait  faire  la  police  de  fiome,  exclure  tel  réfugié,  se  sidsirdetel 
vttm  ;  cm  grand  ^tâme  de  toléranca,polilique  du  pape.  Napoléon 
M  le  contprenait  pas  ;  il  voulait  que  Kome  froppM  eem  qu'il'av^t 
signalés.  La  cité  étemelle  n'était  plus  an  asifti: 

Enfin,,  ce  qni  (neila  au  phis  haut  point  les  violences  du  sonvoatn 
impétueux,  ce  fntlifcré^stancepanive  de- Borne  à- tout  «e  qui  tonsit 
nix  quêtions  morales  et'  de  religion  ;  Napoléon  n'appelait  mtmrde 
lui  que  des  iiutrumeots;  toute  résistance  était  comme  la  digne  qtii 
fait  UaMilir  d'éconn  le  tovrent  impétueux;  quand  il  avait  décidé 
ipl'un  divorce'  aurait  lieu,  il  fallatt  qu'en  1er  demandut  an  pape  il 
trouv&t  sanction  de  sa  volonté;  or  sur  tous  ces  points  db  morale  lé 
souverain  pontife  étaitinflexible;  les  questions  de  dogme  et  de  disci- 
pline lui'  paraissaient  inattaquable»;  ev  ses  miAtm-  c'était  m  d^t; 
gardien  suprême  des  saints  liens  die  la  société,  le  pape  préservait  les 
«iMttes  rapports  de  l'homme  et  de  la  femme,  la  pureté  de  TuDion 
<»njugale  contre  ces  nouveaux  féodaux  qui  ne  nénageaient  pas  U 
pauvre  épouse  délaissée  pour  une  rivale  plus  heureuse. 

Si  l'on  vent  bien  résumer  toutes  les  difficultés  qui  s'élevèrent  entre 
Napoléon  et  Pie  VII,  il  faut  reconnaître  que  Rome  défendait  1« 
idées  de  perpétuité,  de  liberté,  d'asile,  tandis  que  l'orgneiHeaK  em- 
pereur  voulait  soumettre  les  inflexibles  dogmes  à  des  nécessités  passai 
^ères;  il  djsaitaufape  :  «Voici  un  divorce,  il  faut  votre  sanctiou 


DiclzedbyGoOglC 


L'SMfBBm  WX  UE  VAPB.  SES 

Moarefard,  sans  oppoôtion  ;  voici  taon  ^Btèow  politiqoe  qal  pnblte* 
]e  commerce ,  il  faut  y  adhérer  ;  voici  te!  proMrît  qnt  biUte  Tot 
Etats,  qu'il  porte  la  couroime  ou  qu'il  tratoe  sa  miséraU*  exiiteùct, 
qu'il  soit  moD  frère  ou  lui  franger,  il  Eut  me  le  Uvrei.  »  Le  papa 
répoadait  :  k  Que  suîs-je?  TJa  pauvie  prfttte  que  vous  pooiEeE  dé- 
pooiUer,  siais  il  oe  m'est  pa»  permis  de  donoer  un  seul  ponce  de 
terre,  je  dois  les  remettre  intactes  &  mon  successeur  ;  je  m  nia  qua 
le  symbole  d'une  idée  reli|jeuBe,  votre  système  passera  el  la  morale 
est  éternelle  ;  je  suis  le  pèie  dea  oatioas^  je  dob  admettre  tout  ce  qui 
e«t  chréliea;  vos  iotéréis,  vos  paasioas  vous  portent  à  répudlei  nue 
pauvre  femme,  votre  politique  vous  commande  de  briser  une  saioto 
union  dans  la.  coucke  de  votre  frère,  moi  je  oe  dois,  ni  partage!  vos 
idées,  ni  servir  vos  projets  puremeid  bamaias;  vous  me  dites  : 
Livrez-moi  tel  proscrit  parce  ^'il  est  républicain^  roy^iste  ou  An> 
gtais;  qu'importe?  il  esthamme  et  ehrétieo,  ta  grande  baalUqoe  M 
sera  ouverte,  les  portes  ne  se  femeitmt  que  poar  les  méchanto  et  les 


Td  fut  le  sens  moral  de  la  querelle  de  Napoléon  et  de  Pie  VII  { 
eUe  se  développe  dans  une  longue  et  attentive  correspendance.  Déjà, 
sous  l'ambassade  du  cardinal  Fesch,  Napoléon  avait  demandé  l'extra- 
dition de  quelques  Italiens  rebelles  à  son  gouvernement,  ou  bien  la 
répreeaiOB  de  tum\yt«s  à  Roma.  L»eardiMl  Fesefa  draunUt  Ïei4> 
cation  sous  huit  joant  des  coopables,  et  ron  retonaatt  ir  son  langag* 
la  dictée  de  Napoléon  *.  L'ambassadeur  de  F^nce  s'^prime  imp4n'> 

JIMedueamImtfartmU. 
a  L«-nt£kalF«seb,  KinistreplétiipMcMiair«fcS.  H.  t'ewianvT dn  Frufak, 
reid'Iialie.a  liMides'étoaaer  qna,  depeiSTa^betm«tBTir(i«,oaak'ciMUila4*H 
Raii»dMmeunn»4Mitlc  p«Ùi(*ctMehKitMMDt  MnMM«cHiin4w]itnMBrt 
partMt  U  cotitda  ftM|MM,  wo»  i^d  m  a>il  tntti  par  k  ffouviriiMl  it  ■Me*' 
mwlyw  pu  la  TwawiiT  publifM. 

■  Le  eeussigni  Tepraid  les  dMMS  d'm  pca  loin  :  il  eoninh  les  ialMitlaw  part» 
flqnes  im  gouTemoMeal  ronuia,  et  set  propre»  totététs  ijnt  hi  «oanoMidnt  d«  t(»i 
UraUachéè  la  France.  Le  siMMigaè,  dnts  sa  Mt«ân  OaaAtiaH,  écOMMUtim 
l'w  inintt  lous  cen  qui  poruient  la  cocarde  français*  smu  btow  ee  *ott,  pntr 
i|u'i1  prévoyait  dès  lors  que  les  indvdSMits  se  swyJTsieiU  de  ce  moyerpottr  aUlïM* 
le  feu,  et  inetii«peut-£(re  la  poignard  dan*  1m  mains  de  ceux  qtii  sent  to«)4()rspr^^ 
i  renouveler  des  scènes  sanglaales  par  l'appli  du  gain  et  de  l'impuDii»  1  D'après  ces 
d«HBées ,  le  soassJgnÉ  se  croit  autorM  à  den«>éer  si  les  circoustMicn  du  lempa  ito 
resscrabletit  pas  à  celles  qui  ameDèrent  les  massacres  de  BosscriUc et  duf^lértt 
Iluphot. 

■  Les  conemis  de  la  France  roudraient-ib  encore  eeMLi«r  leurs  aUaclevHS  nut^ 


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156      LVTTB  BKTBB  LA   PCISSAHCB  UATÉHIBUE   BT  MOEALB. 

Uvement  ;  quoique  revAtu  de  la  pourpre  du  cardinalat,  il  n'en  sert  pas 
moins  la  politique  de  son  neveu.  Le  cardinal  Fesch  n'aime  pas  Gon- 
zaKi;  ses  dépêches  sont  précises;  ses  rapports  avec  le  secrétaire 
d'État  sont  froids  ;  ils  révèlent  une  véritable  rivalité  ;  le  cardinal 
Fesch  espérait  la  papauté  après  la  mort  du  pontife.  Napoléon  écrit  an 
saint-père;  il  se  plaint  sans  cesse;  avant  Austerlitz  il  est  modéré,  il  n'a 
pas  vaincu  l'Europe,  il  se  tient  dans  les  termes  de  convenance;  en 
respectant  le  caractère  du  saint-père,  il  lui  répète  :  «  Qu'il  est  mal 
entouré  ;  son  secrétaire  d'État,  le  cardinal  Gonzalvi,  Inl  parait  déplo- 
rablement  disposé  pour  la  France  ;  tous  les  griefs  sont  contre  lui.  s 
Le  cardinal  Fesch  est  rappelé  et  remplacé  à  Rome  par  H.  Alquier, 
caractère  impérieux,  qui  déjà  s'est  montré  tà  tranchant  dans  sa  léga- 
tion de  INaples  ;  mais  M.  Alquier  s'est  modifié;  il  sait  qu'il  traite  avec 
une  cour  habile,  on  n'obtient  rien  d'elle  par  violence;  il  se  moalre 
très-respectueux  pour  le  saint-père;  ses  dépèches  indiquent  qa'ila 
apprécié  avec  une  certaine  justesse  le  véritable  caractère  de  Pie  VII. 
«  On  croit  généralement,  dit-il,  que  le  saint-père  se  laisse  condaire  : 
c'est  une  erreur  ;  le  pape  est  d'une  douceur  inaltérable,  mais  d'une 
grande  ténacité  de  principes;  qu'on  se  le  dise  bien,  il  n'en  cédera 


pour  «llnmer  le  Teu  contra  les  Francis  m  eiciUnt  le  peuple  et  en  préperuit  des 
iDEUTrecIiooa?  Les  gruidH  etnbraBcmenis  ont  eu  des  commencemenU  moins  mir^ti^ 
H  le  soussigné  connaissant,  saus  pouvoir  en  douter,  que  dans  les  p«js  limitrophes 
de  rËiBiponlilIcal,  tout  se  prépare,  sans  garder  aucune  mesure,  à  rormer  des  bandes 
pour  les  diriger  contre  les  Franfais,  ne  peut  pas  s'aveugler  au  point  que  les  DtciiT- 
tres  de  cette  nuit  ne  lui  paraissent  des  essais  de  scèléraU  qui  veulent  sonder  l'api- 
tiion  du  peuple,  pour  le  porter  i  des  scènes  qui  se  sont  déji  ripéiées  i  Rome.  Sod 
éminence  H.  le  cardinil  secrétaire  d'État  doit  bien  connaître  qa'il  se  trouve  des 
hommes  capable*  de  nouer  de  semblables  intrigues,  et  le  sous^niestconrai*cu 
qu'ils  eiisieni  encore,  et  qu'ils  espèrent  de  réussir  une  troisième  fois  avec  iraptuùté. 

B  En  consiqueDce,  le  soussigné  demande  rormellement  que  les  coupables  soient 
rusillés  dans  la  huitaine  ;  qu'on  livre  k  la  pins  sévère  punition  les  penoones  qui  ont 
crié  aujourd'hui  contre  les  Fonçais,  elque,  si  les  coupables  ne$«  trouvent  pu,  les 
personnes  qui  doivent  surreiller  soient  eiemplaircment  piuiies,  et  qu'on  prame  des 
tnesuKS  telles  que  le  nom  français  ne  soit  plus  exposé  i  des  outrages.  Les  cireoD- 
siances  actuelles  n'admettent  plus  la  raison  d'ignorance  dans  ceux  qui  gouvcineait , 
«t  il  n'est  pas  pennis  que  dans  Rome  on  soit  tous  les  huit  jours  menacé  par  des  bri- 
gands. 

»  Le  soussigné  renouvelle  è  son  éminmce  l'assorance  de  sa  respectueuse  C)n^ 
aération. 

■  LecftrdinalFBSCB. 
»  Rome,  13  septembre  ISOS.  • 


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l'bmpbrbcr  bt  le  pape.  157 

aucun.  K  on  le  presse  trop  il  éclatera  ;  qu'on  ose  donc  de  grands 
ménagements,  it  moins  de  rompre  absolument  avec  lui  V  » 

A  cette  époque,  pourtant,  Napcdéon  ordonne  les  mesures  mili- 
taires qui  peuvent  seconder  ses  idées  d'agrandissenient  et  de  con- 
quête ;  quelques  jours  avant  Austerlitz,  il  prescrit  l'occupation  d' An- 
cône,  la  clef  des  légations  papales,  sous  prétexte  de  dérendre  la 
neutralité  pontificale  contre  les  Napolitains  et  les  Anglais.  Serthier 
écrit  h  M.  de  Talleyrand  pour  en  prévenir  Sa  Sainteté  :  «  Il  n'y  a  pas 
d'intention  de  conquêtes  ;  c'est  un  mouvement  militaire  commandé 
par  les  circonstances  ;  Ancéne  sera  rendue  lorsque  Naples  sera  soumis  ; 
le  pavillon  papal  flottera  sur  les  murailles  conjointement  avec  l'aigle 
de  l'empire  ;  deux  régiments  occuperont  AncAne.  »  La  cour  de 
Rome  proteste  en  vain,  la  victoire  a  prononcé  ;  quand  Napoléon  s'est 
emparé  d'une  place,  il  ne  la  cède  pas  :  ce  que  la  force  a  pris,  la  force 
le  garde. 

M.  Alquier  explique,  dans  une  note  diplomatique,  les  motifs  de 
l'occupation  d'Ancéne  et  des  marches  ;  il  faut  défendre  le  pape  contre 
les  Anglais  hérétiques.  Puis  Napoléon,  dans  un  caprice  de  muniS- 
cence,  crée  M.  de  Talleyrand  prince  de  Bénévent,  et  Bernadotte 
prince  de  Ponte-Gorvo  ;  ces  terres  ont  toujours  été  revendiquées 
OHDme  propriétés  pontificales,  comme  des  Befs  dépendants  de  la  clef 
de  Saint-Pierre  ;  Napoléon  les  donne  h  ses  officiers,  il  ne  Uent  compte 
ni  du  droit  de  propriété  ni  du  droit  de  souveraineté  ;  que  lui  im- 
portent ces  idées  du  juste  dans  la  répartition  des  territoires?  Il  lui  - 
parait  curieux  de  mettre  M.  de  Talleyrand  en  dispute  avec  le~pape  ; 


■  W.  AlqnJfT  écrivail  à  U.  do  TallcTTiDiI  : 

■  T.  A.  ne  p«ut  avoir  oublié,  monMigoeur,  ce  que  j'ii  dit  consummenl  de  la 
rétistance  opiDiltre  dn  pipe  et  de  rimposElbilIté  que  je  trouvais  à  le  vaincre.  On  s'est 
étrangement  trompé  sur  le  caractire  de  ce  souverain,  si  l'on  a  pensé  que  m  flexibi- 
lité apparente  cédait  i  tous  les  mouvemeots  qu'on  voulait  lui  imprimer.  Cette  nw 
irièrede  le  juger  n'est  vraie  que  sur  les  objets  d'administration  et  de  détail  de  gou- 
•ememeni ,  oii  le  pape  a'en  remet  A  la  volonté  de  ceux  qui  en  sont  chargés  ;  main 
dans  tout  ce  qui  tient  k  l'autorité  du  chef  de  l'Église,  U  ne  s'en  rapporte  qu'à  lui 
aeol.  Le  pape  a  un  caractère  doux,  mais  très- irritable,  et  susceptible  de  déplojer  une 
fermetfi  k  toute  épreuve.  C'est  un  fait  constant  qu'il  ne  verra  pas  sans  une  satlsTac- 
tion  très-vlvo  que  sa  résistance  produise  des  changements  politiques  qu'il  appellera 
pnsécuiiOD.  Comme  tout  les  ultramontalns,  il  pense  que  les  malheurs  de  l'Eglise, 
suivant  leur  expression,  doivent  ameuer  des  temps  plus  prospires  et  des  jouis  de 
triomphe,  et  dé>  ils  disent  hautement  :  s  5t  Vtrnpenur  notu  nnvtrt»,  lo»  iwcm- 
MUT  nous  reUvfni.» 


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198      LDTTE  ENTBB  L4   PDISSÂlfCI  MÂTJmiÊXJX  El  MOEALI. 

OB  ancien  évoque  est  créé  priBce  d'une  lé^oa  eu  dépit  de  HMt. 
Pie  VU  proteste  encore;  Napoléon  ne  r^lKHid  plu»  au  saiat' yJM,  il  le 
dédaigne;  lui, ai  fort,  4u'«4-il  besoia  de  B'«ccapw  d'un  faxmt  vUA- 
lanl  9BB9  armée,  aras  bataille  k  Vnett  II  nnàfeste  toute  m  coHn 
par  le  sileace  ;  elle  s'exhale  de  temps  à  autre  dai»  bs  tettni  91'il 
éorit  «u  vice-roi-;  il  élabltt  m  théorie  lor  )•  soaTffiaîmtâ  da  Bons  : 
«LuseuleBCStrempereur,  le  pape  ea  est  révoque.*  Teat  rhinf, 
tout  se  modtBe  ;  mais  seloa  Napeléou,  il  est  ud  droit  mpracripttle 
qu'il  tient  de  son  prédécesKur,.  le  |nnd  Gharics,  ck  il  se  le  oUara 
pas  phis  qoesoB  épée  '. 

Dans  cet  cicOMStauees  délicBtes,  Pie  TU  croit  néeeesaire  de  aof- 
fier  le  cardinal  Gootalvi  ;  il  veut  mAotrer,  en  suivant  ie  ntoe  ijt- 
t^ne,  que  ce  n'est  pes  le  eardioaU  luia  sa  couscienoe  ^  Fiaapire. 
Il  BB  faut  pu  que  la  Fiaace  »'tnugtne  que  le  saiot-pève  sani  ferâeti 
est  le  jouet  de  quelques  prélats,  et,  comme  il  le  dît  lui-même^  qrï 
aaftunesortB  da^aMoMtna  que  le»  cardinaux  font  Monroirk  lear 


<  yotificatoH  ainnét  aw  emrékul  fiwualw'ptwif.  iilyri»r,  IrOjwfc  mt. 

a  MoDscigncur,  S.  H.  l'empereur  dea  Français,  roi  d*Italie,  vl«ii  d'MCMdal 
St  lit.  M.  de  lUtarnod,  mm  gimni  ehtnbettaa  «t  aon  nlobtte  As-nMm  «ité- 
riNnft,  )•  tttrn  <i  piiiii  fit  rtai  iteKaiTiM  liiifliu  tfiiMiiilMMliniiili|ilii« 
r«nur^S.Eu.leiMrécl)tl(lereiiipireBeri>«lotU^ii|vJ  Su  M.  acoaCMli  lit» 
de  prince  et  duc  de  Ponle-Corro. 

■  S.  ■.  avili  soaTent  itmsrqDé  que  ces  dem  pa]^ ,  enekvésim  Iproyaogeie 
•fll)les,ét«icMBiHqetfaabiiiMldbdiaeulUae«U««eiM«oiirctl«fl>iat-syikllql» 
•'«■  Auit  emparée  dans  pluckaci  g^lttnt^>■  It'anciMDea  o«uae&  Ae  iiiiiJiilMHi|infi 
pouvaient  H  produire,  ei  S.  U-,  occupée  de  pacl&flrl'Iialie,  n'a  pas  voulu  In  UliW 
subsister.  Borne  et  Napics  sont  les  États  suiquels  elle  prend  le  plus  d'iotMt,  ad 
entre  lesquels  elle  désire  le  plus  de  voir  ^'établir  laboDaeinlelligaiceetl'BKiité^ 
le  toisioa^B  da  kun  paestsaions  leur  reud  habitnellement  nécessaires,  l»  cov  da 
knmSTMirait  si  peu  d'avantage  de  ces  po»essions  séparées,  l'éleigocouot;  reodalt 
■on  adminisUation  si  ftible,  etlttreveousi  étaient  d'ailleurs  si  peu  coDSidénbl», 
que  le  léger  saciificeqa'oB  lut  demande  sera  aisément  réparé  par  les  dédommgfr- 
menls  que  S.  U-  se  propose  de  lui  offrir,  et  qui  seront  beaucoup  plus  k  la  cravemc* 
du  Hinl-ai^.  11  est  Impassible  que  le  souverain  ponlire,  constamment  animé  dn 
désir  de  la  paii,  ne  douve  pa»  dans  son  cceui  et  dans  sa  baule  sagesse  les  moliâ  <ti>l 
doivent  lui  (aire  a[f  rouver  les  dispositions  de  prévoyance  que  S.  H>  vient  de  pnndit 
pour  la  Irasquillilé  de  l'Italie ,  et  qu'eUe-méme  n'a  adoptées  qu'avec  une  maturité 
de  réflciion  qui  les  rend  irrévocables.  Je  ne  crois  pas  avoir  besoin,  en  conséquenft, 
de  faire  observer  &  V.  £ic.  queles  détermina tioDs  que  la  cour  de  Borne  prendra  diu 
cette  lOaire  ioDueront  oéces^airement  sur  la  nature  e(  la  valeiu  des  dédommage- 
ments que  S.  M.  sera  disposée  à  accorder  au  pape,  coDrarniément«usiiileotien« 
qu'elle  a  ciprimécs  dans  son  message  au  aénat.  • 


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L'iPHiTim    BX  IX  SiPB.  ISft 

gcét.  Voar  giouver  qee.le  saiot-ptea  agit  pu  lui-mâme,  iLpreodpour 
«ecrétaire  d'État  le  cardinal  CasoDi,  vieillard  de  74  ans,  qui,  certet. 
nlaïuaaucua  aBcandaiit;.et.4uaiidil  a-désigpé  ce  oardioal,  Pie  VU 
devient  pbu  ferme  eucors  '.  Napoléon  visite  l'Italie  après  léoa  et 
TilsiU  ;  il  est  à  l'apog^  de  sa  puissance.  Venise  et  Milan  l'ont  accablé 
deli&tea et-dagrandeuEs ;  le souvecaio. est  dans  l'ivresse  au  milieu  de 
l'eoceDsqiii  fume,  partout  à  ses  pieds;,  qui  peut  lui  résister?' Toujours 
ce  faible  pràtre,.  ce  vieillard  ;  pour  un  vainqueur  orgueilleux,,  cela 
nlert.pas  suppaiiable..  On  dit  même  qu'à  Tilsitt  il  a  {tris  conseil  de 
l'autocrabo-  nuse  ;,  cbef  de  la  religion  dans  son  vaste  empire , 
Alexandre  Ini  a.  dit  q|ki'en.BuBsie  la  religion  n'est  jamais  un  embarraa; 
là  il  n'j  a  gai  de  pi^».  le  cior  est  le  pontife  suprême,  on  n'a  pas  de 
rqigorlaavec  Bonu  ;.pûuiqui)i  n'en  serait>il  pas  de  même  en  FcauceT 
NlfioUon  a  releva  les  autels,  il  peut  se  dire  le  protecteur  et  le  centre 
de  la  eelig^n,  «Ile  lui  doit  tout;  e.'est.  ce  qu'on  lui  conseille;  de 
MiloB  il  peat- venir  k  Rome  à  travârs  les  voies  de  le  ville  éternelle,  k 
llmitaticHi  de».César&;  là  il.  peut  se  proclamer  tout  à  la  fois  empereur 
d'OccidentH  ^  pontife  de  la  CEOjaace  politique.  Quelle  résistance 
pourra  lui  f  ùc.  un  collège  de  prêtres  aux.  cheveux  blancs  ?'  Quelques 


'  Leptpc'diMftt'lf.  AlqnierBusujéVdt  la-ra 

dHf^Inrs  ^foMlfwrl'aiwhaMailMF,  mwfctimafaU  jjMqil'IoI  Mlt.n  l^'t  TOItlt» 

■'«■ptcMU,  el&  U.  d:*  pH  cru dtxoii  observer  la  pT«ineMes  qu'elle  nous  •  donoéw, 
9i  «sus  cédions  aujaurd'hui  i  ce  qu'on  demande  en  son  Dom,  nous  n'échapperlotia 
F» ani dangers  duni nous Bommes  mcnach  Kvwtrojona-dàmiâtt kOtm ptMlmi- 
lAtide  S-.  se,  et  dus  ptusteuispltee»  elBdtUea-,.qii(Di)'M  doh»  ngvdtra- plbt- 
inuMi  aouTenln ,  si  nous  n'accédons  au  BT^iime  fêderatif ,  eb  bL  nous  M  coDHDtou* 
pu  1  ttn  compris  dans  l'enclave  de  l'empire.  Un  inculpe  i  torl  le  cardinal  QouulTI  j 
il  parait  qu'on  croit  à  Paria  que  nous  avons  la  ftibleaee  d«  nom  IkÉKvrdirlgwpir 
M  volboté,  et  que  nom  ne  sommes  qu'un  mi  /ïmuvaina.  Ww»<hit'dtMwtâ*B ' m 
■■iiiMiiui.  etBotn  of^mon  na vatitn p«..IoBs.les  points  inajjjoriauia  de  dos  KuI* 
MDt  ancccssivement  occupes  par  les  troupes  de  l'empereur,  que  noas  oe  ponven 
plus  faire  subsister  même  en  mettant  de  nuuveaui  impAts.  IfousTous  prérepwiaqag 
M  DU  veut  s'emparer  de  Home,  nous  refuserons  l'entrée  du  château  Stainl-Anso.  Koua 
M  ttnBa  aucune  i^lstaoee,  mais  vos  soldat*  d«woM  iwiaw  lae  puitts  i  coitpi  d« 
caoon.  L'Europe  venv  comniQ  mt  noua  traite  ;  et  iMW«uf«B*.d«  mku  prouvé  (^ 
nons  avons  agi  canformémeat  k  notre  lioaMur  ut  à  naire  aouMiMM..  SI  m  iMus  4W 
lavie, la  tombe  noue  hononmi.et  nous  serons  justiBéaui  f«wi>d« IHau  MdMula 
mémoire  des  homnira.  s  M.  Alquier  ajoutait  ;  «  Celt«  lépoÎMe  t  été  bU*  du  (00 1« 
{dos  ferme  et  avec  un  mélsnfe  de  résignation  rdigionse  et  d'un»  vaniti  proftind^ 
meni  blessée.  Je  crois  pouvoir  usurtr  que  l'opiniitnté  dnpkpa  est  déMiâiiB  lavtai* 
cible.* 


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160      LDTTB  BKTBB  LA  PDISSANCB  HATÉBIBtXB  ET  MOUU.' 

grenadiers  de  sa  garde  feront  frissonner  la  populaUon  trtiiité- 
verine. 

Tandis  qu'il  s'abandonne  à  ces  fières  idées,  l'opposition  du  sùDt- 
siége  k  ses  desseins  continue  avec  plus  de  fermeté  ;  le  pape  u'i  p« 
voulu  prononcer  le  divorce  de  JérAme,  il  a  refusé  de  livrer  Lncira, 
il  le  protège  comme  proscrit  politique  ;  la  famille  du  cardioal  God- 
xaivi  est  prête  à  s'unir  avec  le  frère  de  Napoléon  ;  cela  irrite  l'empe- 
reur, il  ne  peut  obtenir  tes  résultats  que  sa  politique  lui  désigne,  il 
ne  peut  vaincre  l'obstacle  du  plus  chétif  des  rois.  Une  ré^sUnce 
s'organise  dans  les  ports  de  la  légation  contre  le  système  continental; 
Napoléon  vient  de  rendre  le  décret  de  Milan,  le  pape  doit  fennn 
sur-le-champ  ses  Étals  aux  Anglais  ;  Ancdne  est  aux  mains  des  géné- 
raux de  France  ;  mais  Civita-Vecc^a  avec  son  bon  port,  Ostie  à 
l'embouchure  du  Tibre,  sont  encore  ouvertes  au  commerce  britao- 
nique  ;  l'empereur  veut  que  l'Italie  entière  obéisse  à  son  tmpobioD. 
Civita-Yecchia  est  un  lieu  de  dépdt  pour  toute  l'Italie  ;  le  les  neotra 
peuvent  se  mettre  à  couvert,  la  contrebande  peut  s'accomplir  sans 
opposition  ;  peut-il  y  avoir  un  coin  de  terre  qui  échappe  à  la  soDve- 
raineté  de  l'empereur?  Naples,  la  Toscane,  tout  lui  obéit  ;  et  poor^ 
quoi  GiviUi-Veccbia  servirait-elle  de  dëpàt  aux  marchandises  tn- 
glaisest  Le  pape  répond  :  o  Que  l'empereur  lui  demande  la  ruine  de 
ses  sujets,  l'anéantissement  de  l'industrie  ;  il  est  neutre,  et  l'Earope 
entière  a  reconnu  sa  neutralité.  Sans  doute  les  Français  peavent 
s'^nparer  par  la  force  de  toutes  ses  possessions;  il  n'a  pas  la  pos^bi- 
lité  de  résistance;  une  armée  peut  en  quelques  jours  de  marche  con- 
quérir  ses  Etats,  il  le  sait;  mais  s'il  le  faut,  il  se  retirera  dans  un  coÎd 
de  terre,  même  dans  les  catacombes,  comme  les  premiers  cfarétieni; 
tout  cela  ne  {HDuverait  qu'une  chose,  c'est  que  la  (otce  aurait  triom- 
phé *  ;  le  pape  protesterait  en  face  de  l'Europe,  et  il  trourerait  appui 
moral  dans  tous  les  cœurs  et  les  esprits,  a 

'  «  A.  cette  époque,  il  s'^lcTB  oii  noaveau  difftreii4.  Le  prince  Cimillc  Borghè», 
cédint  i  UD  besoin  d'iifent  on  ans  coltidlations  de  son  beau-frère  qui  équiTdùnt 
à  des  ordres,  lu!  avait  Tendu  les  objets  d'ari  de  U  tIIU  Boifhèse,  qni  fonnaicsiiu 
des  plus  beaux  omcmenls  de  Rome,  aui  portes  de  laqueDe  cette  magniAiiie  tUI* 
est  située.  Au  mois  de  norembre  ISOT,  l'ordre  de  Napoléon,  d'enlever  tous  ta  tatùtr 
ments,  irriTi  i  Home.  La  traosaction  que  le  prince  Bo^jfaèse  avait  conclue  ftait  SU- 
gale,  sous  un  double  rapport  :  les  objets  THidas  ne  fonnaleot  pas  sa  propriéli; 
c'était  un  fidéiconunis  de  famille  dont  il  ne  pouvait  disposer .  Une  loi  défend  la  sortit 
des  ]Ëial8  du  pape  de  logs  les  monumenta  de  l'antiquité  ;  et,  quoiqu'on  l'cAt  loaTttf 


îdbyGoOgIc 


L'BHPBBBOm  ET  LE  9AVB.  ]6i 

De  leïXet  protestations  da  souveraÏD  pontife  ne  foat  qu'aigrir  l'im- 
périeux souverain  de  la  France,  il  paraît  décidé  k  s'emparer  des  États 
romains  ;  c'est  une  pensée  à  lui  trës-arrètée  :  aoas  prétexte  qu'on 
refuse  de  fermer  les  ports  aux  Anglais,  il  veut  réunir  &  son  onpire 
Rome,  son  cirque,  son  Capitole  ;  15,000  hommes  sont  déjà  dans  les 
marches  d'AncAne,  Givita-Vecchia  est  occupée,  les  rerenus  perçus  au 
pi-ofitdela  France;  les  généraux  font  la  police  comme  dans  les  villes 
conquises  ;  diaque  jour  des  plaintes  viennent  au  pape  sur  les  exigences 
de  ces  hommes  de  guerre  qui ,  semblables  aux  Allemands  sensuels 
du  xn*  siècle,  opprimaient  les  Italiens  et  les  clercs  de  Lombardie. 
Un  jour  on  saisit  le  consul  anglais,  le  lendemain  on  arrête  les  voyageurs 
de  cette  aristoo^tie  bretonne  qui  parcourt  incessamment  l'Italie,  sa 
terre  de  prédilection.  On  ne  reconnaît  plus  de  cargaison  neutre  ;  tl 

éludée  h  l'tid«  de  dispenses,  les  pertes  que  Bome  avait  HnBertes  en  ce  genre  ptr  !■ 
paii  de  Tolcntlno  traient  engagé  le  geaTernemeiit  à  tenir  la  main  A  ton  eKécullon. 
Cependant  on  arail  plaej  des  gardiens  ftancais  i  l'entrée  de  la  villa  pour  prol^et 
l'enlèi émeut  des  marbres.  Le  saini-pére  réclama  contre  celle  atteinte  en  tliMot 
adresser  la  lettre  que  l'on  va  lire,  par  le  cardinal  Casoni,  tut  cardinani  Caprira  et 
de  Ba  jane  i  Paria. 

»  Des  appailcments  du  Qnirinal ,  le  14  novembre  1807. 

s  II  7  a  trois  jours  qu'on  vil  paraître  subitement  deui  commissaires  français.  lia 
se  portèrent  à  la  villa  Borghèse,  inventorièrent  et  visitèrent  toutes  les  statues  an- 
tiques, tous  les  bas-relleb  niitant  eu  cette  maison,  disant  qu'ils  avaient  tté  vendua 
au  gouvernement  français.  Douze  gardiens  j  furent  placés,  et  l'on  dit  que  l'ordre  a 
été  donné  d'emballer  tous  les  objets  d'art  et  de  les  envoyer  jk  Paris.  Tout  cela  s'est 
fait  sans  qu'on  en  ait  préalablement  averti  le  gouvernement  qui,  tous  les  jours, 
reçoit  quelque  nouvel  outrage,  et  les  reçoit  dans  le  moment  où  il  est  en  droit  de  s'y 
attendre  le  moins.  La  ville  de  Home,  regardée  par  toute  la  terre  comme  le  siège  des 
beaus-ans,  après  avoir  été  dépouillée  des  plus  rares  monuments  de  l'aotiquilé,  Ee 
voilavecpeineprivéeencore,  par  la  force,  de  ces  restes  qui  lui  servaient  d'ornement, 
etconlrilinalcntà  l'instmctlon  de  ceux  qui  cultivent  les  arts.  9a  sainteté  voit  avec  la 
plus  vive  douleur  qu'à  la  perte  de  ces  monuments  ou  joigne  le  mépris  de  toutes  tes 
convenances  et  de  tous  les  égards.  Sans  la  pauvreté  de  chefs-d'œuvre  i  laquelle 
Borne  avait  été  réduite  par  des  événements  déplorables,  une  loi  avait  renouvelé  la 
défense  d'exporter  les  monuments.  Celte  loi  a  été  généralement  observée  par  tout  le 
monde,  et  le  saint-pire  s'est  vu  dans  le  cas  de  refuser  des  permissions  d'eiporlaiion 
à  la  Russie,  k  l'Autriche,  i  l'Espagne.  La  France,  plus  riche  que  toute  autre  nation 
en  objets  de  ce  genre,  qui,  pendant  quelque  temps,  faisaienl  la  gloire  de  Bome,  est 
enlièremant  Insensible  k  l'avilissement  de  cette  ville  qui,  certainement,  n'est  pas 
une  ville  ennemie...  Elle  vent  enlever  de  force  ces  objets  d'un  sol  où  les  arts  sont 
indigènes;  die  eiéeutc  ce  dessein  an  mépris  des  lois  et  sans  égard  pour  le  aouveralD. 
Le  saint.pire,  justement  irrité,  enjoint  k  TV.  EE.  de  s'en  plaindre,  en  son  nom,  k  la 
inslice  du  gouvemcmcai  Drantais,  en  le  prianl  qu'il  permette  que  tes  lois  aient  leur 
effets 


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102      LCTTE   EKTBE  Li.  POISSAHCE   UATJÛUSLLE  ET  HOBALB. 

n'y  a  plus  ni  privilège  de  souverain  y  oi  dnapeau  ponlificaL;  le  pq>e 
écrit  de  nombreuses  lettres  à  Napoléoe  et  au  vice-roi ,  on  ne  lui  is^oâd 
plus  '  ;  de  teii4)S  à  autre,  H.  Aiquier  vient  juslîGer  dang  uac  \aafgm 
douce  et  mesurée  la  conduite  des  généraux  français ,  il  dit  :  a  €e 
système  passager  cessera  aux  premiers  et  inévitables  turaageiQeBtc 
avec  le  pape  ;  il  faut  négocier  pour  se  réunir  franchement  h  xn 
HjsIÂme.  » 

L'Nupereur  désirait  alors  sérieusement  s'occuper  &s&  afiak»»  de 
Kome  ;  la  guerre  était  terminée  »  la  coalition  dissoute  ;  le  cardlnd 
Gapraia,  légat  à  lo/ere  auprès  de  Napoléon,  était  sans  pouvoirs  pour 
traiter.  A  ce  moment  aussi,  M.  de  Tallejrand  cédait  le  porteEeoille  A 
M.  de  Champagny,  si  souple  de  volonté  sous  la  grande  pensée  ;  l'^n- 
pereur  lui  ordonna  de  suivre  les  afioires  avec  Biune  et  d'en  finir  sur-le- 
champ.  M.  de  Champagny  écrivit  au  cardinal  Casoni,  secrétaire 
(l'État,  l'invitant  à  désigner  un  cardinal  revêtu  des  plein»  poHVoin  du 
uint-père,  et  qui  pût  terminer  les  diSérends  dusaint-siége.  La  lettn» 
de  M.  de  Champagny  sont  dures  et  pleines  de  prétentions  extraor- 
dinaires. Pie  VU,  qu'un  indicible  attachement  pour  IVapoléon  domine 

'  /.«(Ira  du  papi  mdrtuia,  U 11  M^anteaian,  àJjaftUan, 

1  Quoique  T.  U.  ail  laL^sé  sans  réponse  quelqu»-unfa  de  DOileUres.néuiiBobHk 
nous  entreprenons  de  lui  écrire  encore  une  fois.  Nous  n'svens  pu  eppicndte  sus 
(leioe,  par  noire  cardinal  légat,  que  V.  M.  croit  que  notrecœur  lui  est  aliéoi,  ei  qa« 
nous  nous  opposons,  par  la  seule  enTie  de  la  contrarier,  ^  ce  qu'elle  désire  de  DOvs. 

1  Majesté  I  Dieu  nous  est  témoin  ;  il  sait  que  nous  ue  meotoQs  jamais.  Ce  ii'ot 
pas  l'envie  de  la  coolredire,  c'est  le  senlimeol  de  nos  devoirs  qui  nou«  a  foreé  i» 
nous  refuser  k  quelques-unes  de  ses  demudes. 

«  BicD  ne  nous  est  plus  agréable  que  de  seconder  ses  vieux  de  tout  oolre  pouTotr. 

»  Nous  lui  ea  dounoos  uae  preuve  par  notre  condescendance  ï  lui  envoyer  le  car> 
dinaJ  de  Bajane  que  nous  ferona  partir  au  premier  iovr.Houso^iéianeqtM  es  digH 
Ktijet  dissipera  dans  l'ime  de  V.  U.  tout  doute  sur  notre  constante  et  loyale  «fftc- 
lioD,  et  que  noire  «eui  sera  retnpU  de  joie  en  appretianl  que,  par  soa  mcjenetcdiii 
de  notre  cardinal- légat,  tous  les  différends  existant  ont  été  aplanis. 

B  Le  bruit  s'est  répandu  que  V.  M.  pensait  venir  dans  ce  paja  :  ainsi,  à  la  salis- 
rsctionque  nous  éprouverons  parVartangcmenl  tant  désiré,  ^e  joindrait  encorecells 
de  recevoir  V.  H.  Dans  ce  cas,  nous  ne  céderons  k  perscone  l'iiouncvr  de  TMOTOir 
un  haie  si  illustre  :  notre  droit  i  cette  piéréreuce  ne  saurait  être  contesté  I  Le  priais 
du  Vatican,  que  nous  ferons  arraogei  pour  le  mieui,  seradestinéi  recevoir  V.  IL  et 
H  suite.  Toutes  las  affaires  ayant  été  conciliées  k  Paris,  nous  pourrons ,  i  Benw, 
travailler  à  faire  jouir  la  religion  catholique,  dont  V.  U.  doit  être  U  défenseur,  de 
tous  les  biens  qu'elle  lui  a  promis.  Qu'en  attendant  V.  M.  soit  persuadée  d«  nom 
affection  constanle  en  gage  de  laquelle  nous  lui  donnons,  avec  toute  raflcetioti  da 
noire  cœut,  la  bénédiclion  apostolique.  •  PiCS ,  PP.  TU.  s 


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l'ehpekeci  et  lb  pape.  109. 

toujours,  accepte  les  propositions  de  M.  de  ChampBgny  et  charge  de 
ses  pleins  pouvoirs  un  des  cardinaux  les  plus  agréables  à  la  France, 
M.  deBayane. 

Français  d'origine,  M.  de  Bayane  avait  été  créé  auditeur  de  rota 
pour  la  France ,  sous  Louis  XVt ,  poste  qui  mène  au  cardinalat  ;  il 
fut  appelé  à  toute  la  confiance  de  Pie  YII,  par  son  érudition,  sa 
science  et  une  douceur  de  caractère  évangélique  ;  AL  de  Bayane 
«levait  plaire  à  Napoléon  ;  il  fut  accepté  par  JIS.  de  Cltampagny  ;  et, 
se  dirigeant  vers  la  France,  comme  au  vieux  temps  de  M.  d'Ossat,  le 
cardinal  habita  l'archevêché  de  Paris.  Napoléon  l'accueillit  bien  ; 
o  Voyez,  lui  dit-il,  M.  de  Champaguy  ;  il  faut  en  flair,  car  ces  sortes 
d'affaires  me  pèsent,  a  Au  mois  de  novembre  les  conFérences  s'ou- 
vrirent ;  l'empereur  demeura  dans  toute  l'exigence  de  son  système  ; 
il  voulait  bien  admettre  la  souveraineté  du  pape ,  mais  à  condition 
qu'il  entrerait  dans  ses  idées.  La  correspondance  du  cardinal  de 
Bayane  avec  Pie  VII  révèle  «  l'indicible  cliagrin  qu'il  éprouve  de  fulre 
connattre  les  conditions  qu'impose  Napoléon  '.  »  L'empereur  veut 

'  Prt}*t  du  traili  enmn/é  de  Parii  par  U  «anUnol  d»  Bayant, 

«  Ce  saiDl-sl^c  s'oblige  i  Mn  caase  cammno<  avec  m  imjisti  et  à  réanir  Sf% 
fortet  At  iMTB  et  de  dut  à  crilts  de  m  majeatèdsot- toutes  leifueme  qu'elh  aat% 
i  soutenir  ctmire  les  iufidtles  et  les  Anglua.  &.  H.  s'oblige  k  dcfeadre  les  ËliU  dtt. 
saint-siège  doos  toutes  les  guerres  contre  les  iafidèlts  et  les  Anglaii,  et  s'engage  k 
faire  respecter  par  les  Barbamques  le  pavillon  de  sa  sainteté,  et  i  garantir  Br»riiiU 
de  teuts  incursions,  trois  mois  après  le  rèLablitsctnent  de  la  paii  matltinw, 

»  Dans  taules  les  guerres  avec  1  Angleterre,  le  saintn^iége  e'oMIge  i  ttttatt  ut 
ports  aui  bilimeuls  cl  au  commerce  de  cette  puiâsaacc.  et  à  ne  permettre  i  aucun 
Anglais  d'entrer  et  de  résider  en  ses  Étals  ;  enQn  à  confler  aux  troupes  de  S.  U.  U 
garde  des  ports  d'Anedae,  O&lie  et  Civila-Yecchia. 

»  Le  saint- siège  s'oblige  i  recevoir  à  Aucàna  2,0D0  homnie»  de  IroufMftvDfiiMti 
et  à  se  charger  de  leur  entrelien. 

u  Toutes  autres  troupes  de  S.  M.  stationnées  dans  les  États  du  saÎDMi^,  ou  qui 
dnroDt  les  traverser,  recevront  lenr  entretien  de  sa  majesté. 

D  Sa  sainteté  reconnaît  le  roi  de  N<iples,  Joseph  Napoléon  ;  le  roi  de  HolUndo, 
Louis-NaRoléoD  et  le  roi  de  Westphal.c,  Jérdme  ?lapblèon  ;  elle  reconnaît  S.  À.  I.  la 
grand-duc  db  Berg,  et  LL.  AA.  I.  et  S.  les  piinces  de  Lucques  et  de  Plombino,  EUa 
reconnaît  tous  les  arrangements  faits  par  sa  majesté  en  Allemagne. 

■  Sa  saiulelé  renonce  h  toutes  les  prélenllons,  ainsi  qu'k  toutes  les  prolestallOM 
contraires  aux  droits  de  S.  M.  le  roi  de  flapies,  à  sa  pleine  et  entiftre  souTeraiDsté  cl 
n  la  dignité  de  sa  couronne.  Cette  même  renoociaiion  s'étend  aui  principautts  al 
BUi  souverainetés  de  Béaévent  et  de  Ponte-Corvo ,  érigées  eu  grands  Sttt  d( 
l'empire. 

■  Le  nombre  des  cardioaui  de  l'empire  (tançais  sera  porté  au  tiers  du  nombiQ 
total  des  membres  du  sacré  coll^.  Seront  considérés  comme  cardinaux  Itan^ait 


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IM  Lum  KHims  u  pdisurcb  uàTkaatLE  et  moêmm. 
d'abord  que  le  pape  s'oblige  à  fenner  immédiateiDHit  tous  ses  porte 
aux  Anglais,  et  cela  sani  exception,  même  poar  les  neutres  ;  le  décret 
de  Beriin  sera  exécuté  dans  toute  sa  rigueur.  À  cet  effet,  les  ports 
d'Ancéoe,  d'Ostieet  de  Gvita-Veccfaia  serwit  codO^  aux  troupes 
françaises  ;  aucun  Anglais  ne  pourra  entrer  sur  le  territoire  ponti- 
fical ;  le  pape  doit  reconnaître  tous  les  frères  de  l'empereur,  même 
Joseph,  rm  k  Na|des,  sans  exiger  jamais  les  droits  de  baquenée  et  de 
pallium,  puis  sanctionner  tous  les  arrangements  faits  en  Italie  et  en 
Allemagne.  Le  pape  devait  renoncer  également  à  toute  souveraineté 
sur  Bénévent,  Ponte-Corvo,  et  rentrer,  pour  la  puissance  temporelle, 
dans  le  système  fédératif  de  Napoléon.  Enfin,  et  pour  qu'à  tout  jamais 
l'élection  du  pope  se  fit  sous  l'influence  presque  exclusive  de  r«npe- 
reur,  il  serait  convenu  que  le  tien  des  cardinaux  serait  pris  parmi  les 
sujets  français,  qui  tous  auraient  le  droit  plein  et  entier  d'assister  an 
conclave.  Cette  dernière  clause  était  destinée  h  assurer  la  papauté  au 
cardinal  Fesch. 

Pie  VII  reçut  avec  douleur  cette  dépêche  du  cardinal  de  Bayane  ; 
il  ne  pouvait  pas  accepter  le  traité  que  lui  proposait  Napoléon,  sans 
abdiquer  sa  souveraineté.  Retiré  dans  le  palais  du  Quirinal ,  le  saint- 
père  ne  sortait  plus  que  rarement,  et  le  peuple  ardent  de  Rome  l'ai- 
tourait  d'une  muette  douleur.  Partout,  dans  les  légations  pontificales, 
Toccupation  française  devenait  violente  ;  les  attentats  se  multipliaient  ; 
on  ne  respectait  ni  la  propriété,  ni  les  personnes  ;  les  régim^ts  de 
marche  s'étendant  sur  le  territoire,  les  troupes  s'emparaient  des  posi- 
tions les  plus  dominantes  afin  d'accomplir  plus  facilement  la  spoliation 
du  saiiit-siége.  Tel  étaillesystèmequeparaissaitadopter  Napoléon  pour 
tous  les  États  du  continent;  il  allait  l'onployer  en  Espagne,  il  l'es- 
sayait sur  le  sainl-siëge  ;  les  craintes  étaient  vives  à  Rome,  les  car- 
dinaux entouraient  le  pape ,  et  l'on  voyait  dans  les  larges  galeries  du 

ceux  qui  soDt  net  daoi  les  ci-devint  Étals  de  Piémonl,  de  Panne  et  deGdDcs.  la 
eardinaui  Iratic*!*  ne  poarronl,  dans  aucoo  cas,  tUe  privés  du  droit  d'usisler  an 
consistoire  ;  il  n'y  aura  entre  eut  et  les  cirdinani  italiens  aucune  distinction. 

B  Le  coDCordat  établi  pour  l<  royaume  d'Italie,  recevra  son  ciécutiDD  dans  l'iD- 
cien  Ëtat  de  Venise,  et  dans  tous  les  États  de  LL.  AA.  I.  et  S.  les  princes  de  Lurqna 
M  de  Piombino.  Aucun  de*  évèques  d'Italie  ne  sen  obligé  d'aller  à  Rome  pour  se 
bire  consacrer. 

a  II  srrainnnédlalementBégoeié  eteoncluà  Paris  un  concordat  entre  sa  majesiè 
Et  le  saÎQt-siégc  pour  tous  les  États  d'Allemagne  compris  dans  la  confédération 
daUiia. 


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L'BIfPSKBm   ET  tB  PAPI.  165 

Quiriiul  nne  longue  file  de  vieillards  autour  d'un  antre  vieillard  fêta 
de  blanc,  tin  courrier  venait  d'arrÎTer  et  annonçait  qu'une  forte  divi- 
sion d'infanterie  et  de  cavalerie  s'avançait  vers  Rome  sous  te  général 
Miollis,  militaire  décidé,  exécuteur  aveugle  des  ordres  de  Napoléon, 
Que  venait-il  faire?  Lea  paysans,  les  eontadiiii  aux  chapeaux  larges  et 
pointus,  avaient  quitté  leurs  champs  pour  accourir  sous  les  portiques 
des  palais  de  Rome,  ils  annonçaient  que  ces  troupes  venaient  occuper 
la  ville  sainte  au  nom  de  l'empereur  des  Français. 

En  face  de  tels  actes,  Pie  VII  ne  pouvait  rester  paisible  ;  le  car- 
dinal Casoni  adressa  une  note  très-vive  à  H.  Alquier;  à  mesure  que 
le  danger  devenait  plus  pressant ,  la  parole  du  pape  prenait  aussi  un 
accent  plus  mftle.  Ainsi  agissent  les  puissances  morales,  par  contraste 
avec  les  puissances  matérielles  :  dans  le  danger,  ce  qui  tient  au  droit 
devient  fier ,  ce  qui  tient  à  la  force  devient  faible  ;  alors  le  juste  est 
hautain,  car  il  porte  sa  tête  jusqu'aux  cienx.  Dès  ce  moment.  Pie  VII 
ne  dissimule  pas  qu'il  pourra  se  servir  des  armes  spirituelles  contre 
celui  qu'il  a  aimé  de  toutes  ses  entrailles  pontificales  ;  il  sait  que  des 
troupes  vont  envahir  Rome,  une  division  s'avance  avec  de  l'artillerie 
et  de  la  cavalerie.  Que  vient  faire  le  général  Miollis?  Va-t-on  ren- 
verser  le  souverain  légitime?  H.  Alquier  se  hftte  de  répondre  an  secré- 
taire d'Ëlat  :  «  Si  le  général  Miollis  vient  h  Rome,  c'est  quesa  division 
demande  passage  comme  à  un  allié  *  ;  les  troupes  vont  h  Naples,  elles 

>  BiU*t  dt  M.  Alquitr  au  cardinal  Caioni,  U  %j(mvUr  190S. 

a  HoaBelgnmr,  j'ti  l'hoDoeur  de  transmetire  à  T.  im,  copie  de  l'itlnérBLre  que 
auiTTODt  deux  colonnes  de  iroupes  composées  de  6,000  bommes,  qui  doiTcot  inces- 
samiDent  trirerser  Yitat  romiin.  M.  le  génial  Miollis,  en  m'envoyant  «on  ordre  dr 
mirclie,  m'assare  que  les  troupe»  dant  leur  puuge  par  les  différentes  eommanea  de 
l'6ut  TORiain,  cODseTTerool  le  meîllear  ordre  possible,  et  !■  réputation  deU.Ic 
fénéral  Miollis  est  il  nniTersrilemcBi  connue,  que  je  ne  crains  pis,  monieigDcur  In 
cardinal,  de  ne  rendre  garant  de  l'obserralion  de»  promesse. 

■  J'ai  l'bonneuT  de  renouveler  k  V.  Ëm.  les  assurances  de  ma  respectueuse  con- 
&idéralia;i.  ■  ÀLocm.  • 

llùtirairt  d*  la  pmnt^  eolonti»,  parla  d'Ànetn*,  loui  l«i  ordre»  du  ^niral 
Dutntii,  forte  dt  4,000  hommM. 

Janvier  28  à  Spolttlo.  —  39  i  Terni.  —  30  à  HonglUno.  —  31  i  Nefii.  —  Fémrr 
i"  k  Bacceno.  —  Si  Ponte-Molle.  —  3  séjour.  —  4  i  Albano.  —  Si  Velictri.  —  «  à 
SermonelB.  —  1  i  Pipemo.  —  8  séjour  1  TerrtrJiM,  oit  elle  recevra  de  nouvraui 
ordres  de  S.  M.  le  roi  deNaples. 

Itinéraire  dt  (a  deuxiénu  colonn«,  partit  dt  Flortiui  laut  (m  ordiM  du  gtnéral 
Hrrbin,  forte  de  3,000  hommet  (I  MO  chevaux. 

JanvicrSSà  Siltgno,  —  39  à  Spoletlo.  —  30  à  Narnl.  —  31  k  Ciiiia-Castellana.  — 


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1A6      ItTTB   BimS  LA    POISSANCB   UATÉRIBLLE  ET  MORALE. 

traversent  les  Étals  pontificaux  comme  amies ,  elles  ne  resteront  à 
Rome  que  pour  se  reposer ,  leur  itinéraire  est  fixé  ;  l'ambassadenr 
le  hftte  de  rassurer  au  secrétaire  d'État.  M.  Alquier  demande  une 
audience  au  pape ,  et  on  l'accorde  sur-le-champ  ;  le  saint-père  lui 
parle  un  langage  si  Terme,  si  froid,  qu'en  rentrant  à  l'ambassade. 
M.  Alquier  écrit  une  lettre  inquiète,  soucieuse,  humble  même  :  •  Il 
voit  qu'il  a  perdu  la  confiance  du  saint-père  ;  il  n'a  point  mérité  cette 
disgrAca  ;  qu'il  daigne  donc  lui  rendre  ses  bénédictions  * .  m  Le  papp 
garde  le  silence  sur  la  question  générale  et  politique,  il  reste  plein  de 
grAce  personnelle  pour  M.  Alquier. 

Pendant  ce  temps,  des  fanfares  de  cavalerie  se  'faisaient  entendrr 
lur  la  jAa(x  du  Peuple  ;  la  muMque  jouait  :  La  victoire  eat  à  noui  au 

TéTfier  i ••  i Bcllino.  —  2 séjour.  —  3  i Podic-HoMc.  —  ik  Albano.  —  Si Tellctii. 
~  8  à  SemimM*.  —  7  séjour  k  ripcrao.  —  Si  TchmCd»,  oAieUe  recena  d«-*M- 
V«n  Mdm  de  B.«.  le  Mi  deNaplM. 

■  IMIn  iê  m.  Âl^Ur  aamku  firt. 

m  Bome,  le  l"  fémerisn. 

•  TVès-s4lDt-pèTC,  j'èproavelf'bes^bd'npriBwr  iT.  6.  ladoaleurprttfoBdequ 
M'a  Mwit  l'iccMfU  li  «untrdiaait»  «mJ'u  ncu'd'tUe  du»  nw  dwniire  •odHMr. 
J'«lledioUdepeBi«r,lTèf-Mia(-^ir«,qBejea'aipoint  mirilé  d«  perdre  icstint. 
U  hoali ,  ei  i'Merai  mtiM  dira  la  confiiAce  doni  T.  S.  m'a  dooaé  ai  souvent  des 
ptCQTM  qui  m'honorent 'Ct  qui  aonl  la  récompense  ta  plus  cMre  Ve  m»  camluilt 
toujours  fraocbe  et  ouverte.  J'ai  (m  juger  asseï  de  la  sensibililé  de  votre  cœur,  trif- 
Hlnt-pire,  pour  eapérer  ([ne  lafroMeor  que 'V,  S.  m'a  Kaaotgwée  ae  àixifin 
U«Btél,ct  que  je  ■ecaralplupritédeananiiies  pcé«àanaea.de  ht— TtUtowedom 
VMM  m'am  eambié  jnaqu'i  m  jour.  Hh  coafiavce  dans  la  haiiie  nagaatr  du  aau- 
«•nla  poBtire  M  me  <la(sae  aMun  doute  aur'la  pnidcace  qui  diiigna  éta  anke» 
MlMlft  auifaaaaga  dw-traupaa  f— taJsaaMBWttApouridwaaÉi.  Catfcrtaïawt.qai 
«Bqvliu  ai  «NUge  peat-ém  T.4.,  n'a  ikn -d'aUmaDt;  je  itraads-Mir-Niri  4c  le 
imBUr.  J'Mcraia  ptanaettra  fltw  encore. 

•  Si,  commeV-S.  m'a  para  lecT0ire,l«Btroupeide8.''H.iI.deTCieatTaaterfes- 
dutqaelqMa  joaneè  Rome,  celte  aaaaareiieMMltiqaeTfaaaRgiTeiallea'Affnrait 
■UMUe  «ppaieBce  de  danger,  ni  pour  le  présent  ni  pour  l'aTeoIr;  die  «e  madrak 
usa  eoDcilialion  nlmoiDs  p«aeibl»i)l  iBoins  facile. 

•  Je  conjure  T.  S.  d'ajouter  roi  i  ee  que  j'ai  l'bMUioiT  de  lui  dire.  J'ai  de  non- 
VCUas  auUrîsaiJoiis  pour  déclarer  que  B.  M.  souhaite  viremeat  de  tenniner,  par  des 
voies  conciliantes.  les.diseu3elons  qui  uisieni  entre  la  Fian«  et  Rome,  ei  qu'ui 
uraDgcmeat  ei  désirable,  en  resacTraDl  plus  étroitement  que  iamals  les  liens  qw 
ttnicaent  depuis  isnt  de  siècles  les  deux  puissances,  serait  uue  garantie  nouTcTIe,  H 
tenes  bien  efficace,  de  la  souveraineté  de  V.  S.  et  de  la  conserration  pleine  et  m- 
Utre  de  ses  possessiong. 

»  Jeaupplie  V,  S.  de  Tecevolr  arec  bonté  llioiDiDage de  mon  tris-profond  respect. 
a  Sifné:  AMtoiu.  > 


îdbyGoOgIC 


IBHPBREDR  ET  LE   PAPE.  Ufï 

pied  de  la  villa  Borghèse;  c'était  l'avant-garde  du  général  Miollis-si! 
déployant  aux  portes  de  Rome.  La  garde  pontificale  fut  immédiote- 
ment  désarmée,  et  quelques  régiments  marchèrent  en  toute  hite  au 
château  Saint-Ange  avant  qu'on  eût  eu  le  temps  de  baisser  les  ponts- 
levîs;  le  château  que  couronne  le  grand  saint  Michel  fut  immédiate- 
tnent  occupé  ;  le  commandant  fles  troupes  papales  protesta  sans  se 
défendre.  Les  ordres  de  l'empereur  furent  ainsi  exécutés  dans  toute 
leur  étendue  ;  les  ponts,  les  lieux  fortifiés  furent  garnis  de  canon  ;  le 
général  Miollîs  vint  s'aboucher  avec  M.  Alqnier  à  l'ambassade  'fran- 
çaise, en  ce  moment  trèw)ccupée  de  justifier  les  actes  accomplis  par  ïa 
vdlonté  du  souverain  :  il  fut  convenu  que  le  général  IffioHis  deman- 
derait  audience  au  pape  pour  lui  présenter  l'hommage  de  sa  piété 
fllhlle  et  lui  expliquer  le  motif  de  l'occupation  provisoire  du  chftteau 
Saint-Ange  ' ,  indispensable  pour  maintenir  dons  l'ordre  ie  peuple 

'  *  BUltt  di  V.  É.  Iquier  au  oarMwà  Cammi. 

«  EmineDce,  M.  le  ginéral  Uialljs  désire  «Toir  l'honneur  de  rendre  ses  devoirs  k 
*.  B.  n  prie  V.  Ém,  de  vonlofr  bien  prendre  les  ordne  dn  «ouveraÎD  ponlib,  et  de 
nsAire  «Tvir  i  qadte  heure  S.  fi.  dugnara  permetlre  qae  j'ah  IlwiUMur.ileloi 
..préMDter  H-lefénéral. 

*  Je  prie  S.  Ëtn.  de  recevoir  te  assurances  de  ma  haute  considératiOD. 
>  Ces  Kvtitr  1808. 


MponM  du  eorAnatSavoftl. 

■  Des  appariemenU  du  Quirinal,  le  3  février  1808. 

n  Le  eardinal  secrétaire  d'Ëist  a  retu  ei  mis  «ons  les  jeui  de  9.  S.  la  note  d* 
'V<  Ek.  par  hipielle  elleeiprime  le  désir  tl'avoir  une  tnidlenee,  pour  présatcr  le 
général  Hiollis. 

m  V.  Bic^peul  bien  s'jmagia«r  quels  aoot  lea  scutinieiils  de  surprise  et  de  douleur 
doDt  le  saini-père  est  pénétré.  Plein  de  confiance  et  de  candeur,  après  l'isaurancc 
que  T.  Sic.  lui  anit  donnée ,  par  sa  lettre  d'hier,  que  la  troupe  n'était  que  passa- 
gère,  et  n'avait  pas  d'intention  hostile.  Il  ne  s'attendait  pas  qu'elle  entrerait  dans  la 
iflle  ma^  lui,  désarmerait  la  garde  de  la  porte  du  Peuple,  entourerait  son  habita- 
tion par  des  quartiers  de  soldats,  et  placerait  de  l'artiUerie  braquée  contre  la  portée 
•OD  palais. 

s  U  ne  croyait  pas  qu'on  pousserait  si  loin  les  injures  canireunprince  sans  armeN 
et  TiranI  en  psit,  conlre  un  souverain  qui  n'est  pas  en  guerre  avec  l'empereur  dn 
Français,  conlre  le  chef  de  l'Éj^ise  catholique. 

«  Humble  et  doux  par  caractère  et  par  principes,  accablé  de  donleur  par  dei  trû. 
teni«Dtesidnrs,ilm'a,  pour  donner  une  preuve  de  sa  modération,  chargé  de  répondra 
qu'il  recevra  demain,  à  midi,  H.  le  général  Hiollis  accompagné  par  T.  Bic. 

»  Enluiadressant  cette  réponse,  le  soussigné  lui  réitère,  etc. 

•  PsiLiPPE,  cardinahCAsom.  • 


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168      LUTTE   B2(TBE  LA   PUISSANCE  MATiunXB   ET  MOUU. 

transtévcrin  ;  il  fallait  prévenir  une  révoKc  sanglante  contre  lesFnuh 
çais ,  une  répétition  des  Bcènes  de  désordre  sous  le  général  Dii]ihot, 
révolte  capable  de  c<Hnpromettre  les  bons  rapports  du  gouYeniement 
français  avec  le  saint-siége. 

Alors  l'afllîction  continuait  i  être  profonde  au  Quirinal,  et  Pic  TU 
prenait  dans  la  force  de  son  droit  une  énergie  peu  commune.  Poot 
la  première  fois,  il  songeait  à  excommunier  l'empereur  des  Fran^tis, 
oa  au  moins  i  lui  donner  une  admonition  paternelle  qai  lui  rapp^ 
lerait  que  la  force  n'était  pas  tout  dans  ce  monde  ;  Famour  in^able 
qu'il  portait  k  Napoléon,  le  restaurateur  du  culte  en  France,  rarrtti 
dans  ce  moment,  il  voulut  temporiser  encore.  Quand  le  pape  recul 
la  lettre  de  M.  Aiquierqui  demandait  une  audience  pour  legénénl 
Miollis,  il  répondit  :  «  Qu'il  le  recevrait  avec  tonte  paternité,  puce 
que  tous  devaient  approcher  de  lui,  et  qu'il  ne  voulait  pas  nStea  s 
bénédiction  à  un  chrétien  déposant  ses  hommages  aux  i»eds  du  pni- 
tife.  B  L'audience  fut  donnée  le  soir  même,  et  le  général  Miollis  U 
parfaitement  accueilli  ;  le  pape  lui  rappela  en  italien  les  vertoideson 
frère,  évèque  consacré.  Aliollis,  vieux  démocrate,  fut  étonné  de 
trouver  des  idées  très-avancées  dans  Pie  VII,  pontife  essentieUement 
populaire  ;  ie  pape  répéta  a  que  la  république  l'avait  mieux  traita 
que  l'empire,  le  consul  que  l'empereur,  n  Htollis  sourit  à  cesaven; 
puis,  d'après  les  instructions  de  son  gouvernement,  il  déclara  qae 
l'occupation  ne  serait  que  passagère  et  seulement  destinée  è  prévenir 
les  émeutes  des  Transtéverins  '. 

'  A  ce  moment  de  violeoce  ei  de  faniUliti  le  pape  crat  Dicamire  d'eaToyn  W 
pTOlcMalioD  h  tous  les  gonTernemeiita  de  l'Europe. 

Noit  einulair»  adnui»  par  U  tardinal  Catoni  aux  mtnittrej  éfraajen  fiit 

$a  lamttli. 

m  Des  apparlemenb  do  Qjjrioal,  le  S  février  1SS6. 

B  Le  cardioalsectéiaire  d'État  a  reçu  l'ordre  eiprès  de  sa  sainteté  de  f*iRp«flt 

V.  E.  qac,  ie  9  janvier  dernier,  le  gouvernement  rranceis  a  proposé  i  H.  le  ardin'- 

lègat  sii  articles  renfermant  l'ultimaluin  de  ses  prélenlions,  avec  la  déelanlioD  q«' 

e[,  cinq  jours  après  l'arrivée  de  Ib  dùpdche  du  l^at  k  Borne,  le  sainl-père  n'a^ùl  t" 

annoncé  k  l'ambassadeur  de  France  San  adbé.'ion  abwluc  i  ces  articles,  loDlebHi*' 

tioD  franfaife  ptrlirail,  et  que  non~çculemenl  tes  provinces  delà  Marche  scnia'pt^ 

dues  déQnitirement  et  k  perpéluiié,  mais  aussi  que  le  Férugia  serait  incorporé  1 1* 

Toscane,  la  moitié  de  la  tampaguc  de  Rome  au  royaume  de  Napks;  enta  qa'H 

prendrait  possession  du  resir  des  Élats  du  pape,  et  placctait  une  garnison  i  Ronw. 

■  Après  l'cipira  lia  u  du  délai  derinqjours,  lesaint^ièrercmilàM.  rniubassaiM 
la  déclaration  demandée,  dernier  effort  de  sa  condescendance  e(  de  sa  lojaoïtii' 


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L'EHPEHECn   ET  LB  PAPE.  16^ 

Elle  murmarait  en  effet  cette  multitude  du  Tibre,  si  artistique  àa 
fbnnes,  si  belle  de  traits,  qui  habite  ces  quartiers  qu'on  aime  tant  h 
parcourir  lorsqu'on  visite  la  basilique  de  Saint-Pierre  ;  population  si 
curieuse  à  étudier  :  là  se  voient,  bous  les  haillons,  ces  traits  fiers  qui 
rappellent  les  souvenirs  de  Borne  ;  ces  belles  femmes  qui  ressemblent 
aux  cariatides  de  Pompeta  ;  ces  enfants  que  l'on  trouve  maiUottés 
comme  l'enfant  Jésus  des  Vierges  de  Raphaël  ;  ces  hommes  aux 
membres  forts,  à  la  stature  hautaine;  ces  paysans  de  la  campagne 
qui  jonent  aux  osselets,  comme  les  Romains  dont  parle  Horace,  dans 
tes  tavernes  eofumées,  semblables  auxcouponudu  Voyage  àBrinde^. 
Ce  peuple  traostéverin  s'^eut  facilement,  le  pape  est  pour  lui  commo 
le  symbole  du  consul  au  Fomm  ;  il  s'arme  de  la  faucille,  du  couteau  ; 
il  jette  sur  ses  épaules  le  manteau  brun,  le  chapeau  pointu,  et  ces. 
groupes,  comme  dans  les  toiles  magnifiques  de  Léopold  Robert, 
s'agitent  sur  la  place  du  Peuple,  au  Vatican,  en  souvenir  des  comices 
de  Rome.  L'émeute  est  alors  terrible  ;  en  plusieurs  circonstances  elle 
avait  éclaté  avec  fureur  ;  le  peule  aurait  demandé  le  pape  comme  les 
vieux  Romains  demandaient  leurs  tribuns. 

Les  précautions  du  général  étaient  donc  dictées  par  la  prudence 
la  plus  sévère;  il  fallait  empêcher  les  assassinats  des  Français. 
M.  Alquier  n'était  pas  sans  crainte,  et  ceci  explique  la  mesure  et  !a 
douceur  de  son  langage  ;  il  exécutait  les  ordres  de  l'empereur,  mais 

T  miDifesU  sod  adhésion  à  ceux  des  tnides,  quoiqae  trte-oiiéreui,  dans  lesquels  st; 
canscience  ne  trouvait  aucun  obstacle,  et  démontTa  l'impossibiLiéd'adhéreràcequt 
lui  éuitàéfeadu  par  ses  obligations  sacrées. U.  rembassadeorn'apaB  trouvé  cette  dé- 
datation  aatlsbisaiiie,  quoiqu'elle  renténne  toutes  les  racllités  possibles.  II  a  dit^ 
dans  sa  note  du  S9,  qu'il  s'attend  à  rccetoir  iocessaininent  des  ordres  qu'il  devr^ 
exécuter  dans  les  Tiogl-quaire  heures. 

»  Fidtle  à  ses  devoirs,  et  prêt  h  souffrir  les  dernières  eitrémités,  plutâl  que  d'im- 
priiner  une  lâche  k  sa  eonseienfc,  le  saint-péfe  voit  avec  une  sainte  résignation  so- 
cDDsominer  tout  ce  dont  il  avait  été  meoacé. 

>  Ce  matïD  k  treize  heures  et  demie,  les  troupes  fïaocaises  soot  entrées  dans  Eome, 
ant  désarmé  la  garde  de  li  porte  du  Peuple,  se  sont  mises  en  possession  du  château 
SaÎDi-Ange,  etsesooi  présentées  en  nombre  au  portique  du  palais  Quirinal  avec  huit 
pièces  d'artillerie. 

■  Sa  Sainteté  remettant  son  sort  entre  las  mains  de  Dieu,  et  prolestant,  comme  ics, 
deroirs  le  lui  prescrivent ,  contre  toute  occupation  de  son  territoire,  a  ordonna  an 
aonsaignéd'iorormerV.K.  de  cet  événement  Ires-affligeant,  a6n  qu'elle  puisse  en 
Nodre  compte  i  son  tour. 

a  Kn-  obéiauDt  aux  ordres  que  le  saint^^  lui  a  doonés,  il  renouvalle  à  V.  K 
l'aMoiancc  de  la  considération  la  plus  distinguée. 

»  PniLiPM,  cardinal  CisoNt.  » 


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170     UJTTE  BNTBE   LA  PDISSÀNCE   HATÛlUiB  ET  HOKUE. 

svec  inquiétude  ;  Rome  ne  pouvait  être  occupée  que  par  une  armer 
de  10  â  12,000  hommes,  le  général  Hiollis  n'eu  avait  pas  5,000,  il 
temporisait  ;  l'étendard  papal  se  déployait  encore  ;  l'archange  vin 
Michel  balançait  sur  le  cfaAteau  Saiot-Ange  la  couleur  blanche  «a 
clefs  pontiOcaleB;  la  garde  noble  et  les  Soiiaes  entouraient  lewHTe- 
raÏD  pontife,  les  portes  étaient  ferntées  ;  on  s'admettait  les  be^en 
de  la  campagne  que  Le  soir,  lorsqu'au  son  monotone  du  pipeaa  tït- 
gilien  ils  ramnaieat  leun  troupeaux  ébbs  la  dté  étemelle  ;  oi  awt 
f  Dlerdit  l'entrée  à  ces  vigoureux  conducteurs  de  buffles  qui,  la  piqDe 
à  la  main,  dirigent  le  fougueux  aninalsous  les  portiques  en  mioe. 
MioUis  veillAit  sur  Rome  comme  sur  une  ville  prête  à  s'émouToir,  li 
diane  é>'eill*it  Le  soldat  dès  que  l'aurore  puaissait  sur  les  collines  qoi 
bornent  l'horiaon  de  Borne  ;  le  loir  de  nombreuses  patrouilles  circu- 
laient dès  que  Les  litanies  se  EaisMenbeDtendFC  vis-Jt-vtslesmadoB« 
dans  leurs  nidie*  grillées. 

Ainsi  Navoléwi  commençait  an  midi  de  l'Europe  no  systéne  dr 
force  et  de  violence.  A  Atuterlits,  à  léna,  &  Friediand,  il  avait  légiti- 
mement conquis  la  victoire;  l'homme  puissaiit  n'avait  paseo  besoin 
de  dissimulation  ;  il  menait  l'enDani  de  défaites  en  défaites,  il  restait 
grand  ;  la  luse  pouvait  être  un  auxiliaire,  mais  elle  n'était  pss  le 
mobile  de  ses  succès;  s'il  trompait  L'ennemi,  il  ne  développait  pas  ce 
Bysttoe  étroit  et  de  guet-^pens  que  désormais  il  emploie  ris-i-v s  le 
pape  et  l'Espagne.  Avec  le  souverain  pontife  la  victoire  matérieUe 
n'était  pas  dîffidie,  un  régiment  sufflsaitpour  cela;  on  pouvait  désu- 
mer  les  gardes  papales,  s'emparer  du  chftteau  Saint-Ange,  tenir  )« 
pape  captif,  comme  les  infants  d'EqiBgne  avec  Charles  IV;  il  n'y 
avait  k  cda.  aucune  gloire  :  c'était  comme  s!  la  maison  de  Hanovre  sr 
fût  emparée  du  cardinal  d'York,  vieillard  affaibli  et  solitaire  du» 
Borne  ;  quel  bénéfice  pouvait-il  acquérir  de  toi»  ces  actes  ?  Un  gW' 
vemement  se  perd  lor^u'ÎI  lutte  contre  noe  idée  morale. 

Napoléon  se  jette  ici  dans  un  faux  système  ;  il  prépare  une  carrièrf 
de  réaction  contre  lui,  la  république  s'est  abdiquée  avec  sa  puissnow 
de  démocratie,  c'est  bien  assez  de  sacrifices  pour  un  peuple  ;  miinte- 
nant  il  va  plus  loin  :  par  les  décrets  de  Berlin  et  de  Milan,  il  a  lù 
contre  lui  les  intérêts;  l'industrie  et  le  commerce  gémissent  éplorét: 
en  Espagne  et  en  Allemagne  il  insulte  aux  nationalités,  il  brise  l(s 
rapports  de  peuples,  et,  changeant  les  démarcations  naturellei.  il 
remanie  l'œuvre  de  la  création  ;  à  Rome,  non-seulem«it  il  foule  b 


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l'EHtERBra  ET  LE  PAPB.  17t 

faiblesse  aux  pieds,  mais  encore  il  met  contre  lui  le  catholicisme  ;  il 
croit  trop  aax  flatteries  de  ceux  qui  l'entourent,  il  se  dit  le  tout- 
puisant,  il  se  rit  d'être  excommunia,  comme  si  rexcommunication, 
lorsqu'dle  atteint  la  tête  d'un  spoliateur,  n'était  pas  comme  le  glaive 
de  Dieu. 

A  ce  moment  donc,-  IHapoléoD,  qui  sow  le  consulat  s'est  rendu 
fort  en  protégeant  les  idées  morales,  commence  sa  décadence  en 
suivanf  une  autre  carrière  ;  il  attaque  tout  à  ta  fois  la  liberté  da 
monde,  l'indépenrhnœ  du  genre  hnmafn,  la  religion  catholique,  le 
rommerceet  les  intérêts  matériels.  Là  se  trouve  la  véritable  cause  de 
sa  décadence  et  du  succès  de  la  coalition.  Après  Tilsitt,  Napoléon  est 
à  son  apogée,  il  brflle  dans  sa  splendeur,  et  à  ce  moment  commence 
son  hostilité  oi^eillense  contre  les  éléments  de  l'ordre  européen. 
On  ^etpKqne  Is  ruine  da  monument  élevé  par  son  géniel 


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INVASION  DD  rO&TCGAL  ET  DS  l'eSPAGITS. 


CHAPITRE  Vin. 


INTUtOIf  DO  niTOaiL  KT  01  L'UV&CHX. 


Composition  de  l'snnée  du  gtniral  lunot.  —  Instraeiions  «Mixtes  de  Napolten.  — 
Marche  à  tnvcn  l'Esptgoe.  —  AspMt  du  Portugal.  —  Négociaitooa  de  H.  df 
Eajneval  t  Liibonuc.  —  Pfapolion  H  1b  maison  de  Bragance.  —  Le  prince  régni 
et  les  Anglais.  —  Sir  Kdne;  Smilh.  —  Blocus  du  Tage.  —  Fuite  du  prince  régent 
au  Brésil.  —  Juoot  i  LiBbonoe.  —  Organisation  du  gouvernement.  —  Formtiioii 
de  l'arroie  d'obserration  d'Espagne.  —  1"'  corps,  le  général  Dupant. — 2°,  Monee;. 

—  3M>uhesme.— Instructions  secrètes  desgénéraui.— Surprise  des  forteresMS. 

—  U.  de  Beaubamais  i  Madrid.  —  Mouvement  naUonal  en  Espagne.  —  Insurrec- 
lion  d'Aranjuez.  —  Aspect  deMadrid.  — Premières  mesures  du  système  débosiT. 

—  Idée  anglaise  sur  l'Amérique.  —  Projet  de  se  retirer  k  Séviile.  —  Abdication  de 
Charies  IT.  —  Avènement  de  Ferdinand  rU.  —  La  cour  de  Murât  k  Madrid. 


ObI^ir  I80T  1  iTrJ  IBM. 


L'armée  française  destinée  h  Vinvasioii  de  la  PéDinsule  se  réani^ 
sait  en  toute  hftte  autour  de  Bayoune  ;  l'aapect  n'eu  était  pas  impo- 
Mnt  et  martial  comme  celui  des  vieilles  troupes  de  la  grande  année; 
l'œil  exercé  pouvait  voir  dans  ces  rangs  pressés  d'une  manière  tumul- 
tueuse, la  mauvaise  composition  de  ces  régiments,  presque  tous  for- 
més de  conscrits  de  la  dernière  levée  ;  on  ne  comptait  pas  quatre 
vieux  soldats  par  compagnie,  même  d'élite  ;  deux  seuls  régiments  de 
bonnes  troupes  ronnaieot  comme  le  centre  de  ces  24,000  bcHnmes 
réunis  confusément  par  les  ordres  de  l'empereur  ;  la  cavalerie  sur- 
tout, qui  se  composait  du  quatrième  escadron  des  dépôts,  offrait  des 
cavaliers  qui  n'avaient  pas  quatre  mois  d'exercice  ;  l'on  mit  tant 
d'imprévoyance  dans  la  manière  de  rassembla  ces  trois  divisioos, 
que  les  chevaux  du  train  d'artillerie  furent  achetés  sur  place  quelques 
jours  avant  l'entrée  en  campagne  ;  et  le  service  de  l'artillerie,  confié 


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UTASIOM  DD   PORTUGAL  ET   DE  l'eSPAGITE.  173 

h.  une  eotreprise  particulière ,  fut  mis  dans  la  mala  des  traitants  ' . 

Cependant  Junot  venait  d'arriver  au  quartier  général  à  Bayonne  ; 
l'empereur  lui  avait  donné  pour  lieutenants  des  officiers  d'uu  mérite 
distingué  :  le  général  Delatiordc,  qui  avait  fait  les  campagnes  de  la 
grande  armée  ;  Loison  et  Travot,  d'une  grande  fermeté  de  caractère  ; 
enfin  le  général  Kellermaon,  le  même  qui  exécuta  la  charge  de  cava- 
lerie si  décbive  à  Marengo,  devait  commander  ces  quatrièmes  esca- 
drons formés  en  régiments  de  marche,  conscrits  qui  se  tenaient  & 
peine  à  cheval.  Mais  l'empereur  avait  commandé  de  marcher  vite, 
d'arriver  à  Lisbonne  surtout,  et  Junot,  si  profondément  dévoué  à  son 
souverain,  ne  calculait  rien  ;  quand  Napoléon  avait  parlé,  il  exécu- 
tait ses  ordres  sans  murmures  ;  ni  les  montagnes  escarpées,  ni  les 
torrents  impétueux,  ne  pouvaient  l'arrêter,  et  ce  dévouement,  que 
l'empereur  appréciait  avant  toute  chose,  pouvait  compromettre  le 
résultat  d'une  campagne,  lorsque  surtout  il  se  plaçait  dans  un  esprit 
aussi  peu  étendu  que  celui  de  Junot. 

Ces  divisions  passaient  la  Bidassoa  tandis  qu'on  négociait  i  Lis- 
bonne auprès  du  prince  régent  ;  après  le  départ  de  Junot,  les  affaires 
diplomatiques  furent  confiées  à  un  simple  chargé  d'affaires,  le  jeune 
de  Bayneval,  fils  d'un  diplomate  distingué  de  la  cour  de  Louis  XVI, 
et  lui-même  déjà  très-avancé  dans  la  carrière  diplomatique.  A  un 
esprit  très-facile,  M.  de  Rayneval  joignait  des  études  profondes  et 
l'habitude  des  affaires;  mais  avec  l'empereur,  il  s'agissait  moins  d'un 

■  Le  général  Foy  en  fait  lui-même  l'aveu,  11  dit  ; 

«  Le  corps  d'oteemiion  de  la  Gironde  ne  fut  pas  Tonné  aux  dépens  des  années 
françaises  d'Anemagne,  de  Pologne  et  d'Iialie.  Onlecomposa  de  troupes  rrslécs  dans 
l'intérienT  pour  la  garde  des  cd  tes  de  laNannaudie  et  de  la  Bretagne,  savoir:  les  70*  et 
86*  tégimenis  d'inraulerie,  deui  corps  qni,  n'ajant  pas  fait  les  dernières  campagnes 
avec  l'empereur,  conserteienl  dans  les  rangs  un  grand  nombre  d'anciens  miliisires; 
plusieurs  troisièmes  bataillons  où  il  n'y  avait  que  de  jeunes  soldais,  des  batailloDS 
suisses,  et  deux  légions  formées  l'une  de  Piémontais,  l'autre  de  Hanovriens.  Les  ba- 
laillons  étaient  de  1,000  41,900  hommes.  La  cavalerie  consistait  en  quatrièmes  esca- 
drons fournis  parla  conscription  de  l'année  courante,  et  rassemblés  en  régiments 
provisoires.  Dans  cette  orgaalsaiion ,  bommes,  chevaux,  babils,  équipements,  tout 
était  neuf,  moins  les  officiers,  sous-offlciers et  trois  ou  quatre  cavaliers  par  compagnie, 
les  seuls  qui  eussent  bit  la  guerre.  Cinquante  pièces  d'artillerie  de  bataille  furent 
attachées  an  corps  d'armée.  Comme  les  batsillons  do  train  d'artillerie  étaient  tous 
employés  au  service  extérieur,  on  eut  recours,  pour  atteler  le  parc,  i  une  entreprise 
particulière  t  laquellelegouvemcmeDt  confia  des  soldais,  et  qui  se  cbargea  de  fournir 
des  chevaux  équipés  pour  entrer  en  campagne.  ■ 

{Bitttnn  dt  la  jtwrra  di  la  Pénimule.) 


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174  mvàMOK  vu  roBTtJGAL  >T  jiK  x'saFiuni. 

système  de  négocûlioas  À  saîvre  régalièRmeot  que  d'une  volonté  k 
eiécuter  ;  M.  de  Bay aeval  fut  chargé  de  notifier  fomidkaHnt  tu 
prioce  régent  It  volcHité  de  sod  souver&in  *  ;  il  denwndût  impéwti- 
vcment  que  Je  Portugal  feraUt  ses  ports  lu  Anglaù  et  les  expnlslt 
même  de  (od  territoire.  Dans  un  délai  trët^mité,  le  prince  ridait 
devait  déclarer  la  guerre  it  la  Grande-Bretagne,  livrer  m  Sotte  aos 
FxaDjcais,  saisir  toutes  les  propriétés  anglaises,  et  détruire  ces  te- 
Uissements  de  vignobles  de  Porto  qui  font  la  lidiesK  de  la  coidtée. 
En  tentant  d'expulser  Ferdinand  de  la  Sicile,  Nai^oléoa  voulait  s'ea- 
parer  du  grenier  des  .Anglais  ;  en  saisissant  Porto,  il  s'eSbrçmt  de 
détruire  leur  vignoble  ;  toujours  la  même  haine  et  le  dévet<^ipaiiMBl 
4e  la  même  idée.  U.  de  Rg^yneval  déclarait  que,  Etute  d'obéir  k  cette 
note  impérative.  il  était  obligé  de  demander  st»  pasie-parts  et  de 
quitter  Lidwnne. 

la  Htuation  de  Jean  VI  ae  trouvait  trës-difflciie  :  espolaer  les 
Anglais,  c'était  la  ruine  du  Portugal,  et  l'ablmo'  aous  les  plus  cmeUei 
exigences  en  le  privant  de  la  vie  commerciale;  puis  n'avait-oo  pas  à 
oaiodre  les  terribles  représuUes,  comme  oaguèce  l'Angteterre  en 
avait  usé  à  CopeDhague  ?  Toutefois.,  comme  le  prisce  avait  appris  le 
pavage  de  la  Bidaawa  par  l'armée  de  Junot,  il  >e  vit  contraint  de 
prononcer  l'expulsion  des  Anglais  du  Xage  et  d«  viUn  comna'ciaks 
de  la  cAte.  Un  décret  parut,  dicté  en  quelque  sorte  pat  H.  de  B^- 
iwal  lui-même  ;  le  malboiieux  don  Juan  y  mit  son  scd  ;  la  peaaéc 

■  Nota  remua  au  gouvernement  portugaù  par  la  premierucrilaire  dtl^fotitm,  fa:- 
eant  fonction*  it  minittre  pUnipoUnIvaira  da  franta. 

a  Le  Musaignt  ■  reçu  l'ordre  de  déclarer  que  si  lu  1"  Kptembre  pro^in  S.  A.  K. 
k  prince  régent  de  Porlugil  it'i  pw  mnnifnt^  Ir  ilififirin  rif  nf  nniinuiirr  i  l'inflMinT 
anglais,  en  dccUrant,  sans  délai,  la  guerre  i  rAnglelerre,  eu  reoToyaol  le  niaislre 
de  S.  31.  B-,  en  rappelant  de  Londres  son  propre  ambassadeur,  en  an^tanl  coiute 
otages  les  Anglais  établis  en  Portugal,  e»  confisquant  les  marcbandues  ai^iMa,  en 
fermant  ses  ports  au  commerce  aagjais,  etenfin  en  réuniasaotses  escadres  aux  cseadt» 
des  puissances  continentales,  S.  A.  B.  le  prince  r^eat  de  Portugal  aoa  conwdéié 
commeajsnt  renoQcéi  la  cause  du  continent,  et  dans  ce  cas  le  sousHgoé  aura i' ordre 
de  denuDder  des  passe-ports,  et  de  se  retirer  en  déclatant  la  guerre. 

■  Le  soussigné,  en  pesant  les  inotiCi  de  la  détermioation  qae  la  cour  de  Portngal 
4oil  prendre,  dans  la  circonUaDce  présente,  se  livre  i  l'etpénoce  ^'idawéc  par  d« 
sages  consuls,  elle  entrera  francbeineot  et  complètement  dans  le  sjsième  poUiïqM 
qui  est  le  plus  conrorme  à  sa  dignité  ainsi  qu'i  ses  intérêts,  et  qu'elle  se  décidera  nGa 
i  Ikire  ouvertement  cause  comtuiinB  avec  tous  tesgouTcnemeats  du  eoniinant  canite 
1rs  oppresseurs  des  mers,  et  l'ennemi  de  k  uvigaiion  de  tous  les  pe^^fc*. 

•  Lisbonne,  12  août  ISOT.  >  KandTai..  • 


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IltVASIOK  Dt   POWTCGAt  Vt   DE  t'ESPAGint.  175 

française  dominait  tout  entière  ses  actes.  S'il  ne  tfédarait  point  la 
guerre  h  la  Grande-Bretagne,  il  adoptait  an  moins  l'idée  du  système 
continental  *  :  les  ports  étaient  fennés  &  l'Angleterre.  A.  ce  moment, 
paraissait  dans  le  Tage  une  flotte  formidable  sous  la  conduite  de  sir 
Sidney  Smith  ;  TAngleterre  venait  d'accomplir  son  expédition  de 
Copenhague;  elle  avait  tratné  à  sa  suite  les  vingt  Taisseaux  de  ligne 
ilanoîs  ;  fier  de  ce  triomphe ,  le  ministère  Percevat,  Cannîng,  Castle- 
reagh ,  se  hâta  d'exécuter  la  seconde  partie  de  son  plan  militaire  et 
maritime.  Le  cabinet  avait  eu  communication  des  stipulations  secrètes 
du  traité  de  Titsitt  par  tesquefles  on  livrait  les  flottes  danoise  et  por< 
tngaise  à  Napoléon  ,  pour  grandir  sa  marine  ;  c'était  même  pour 
accomplir  cet  engagement  que  le  ciar  Alexandre  avait  envoyé  à 
Lisbonne  une  escadre,  sous  les  ordres  de  l'amiral  Siniavin,  destinée  à 
manœnvrer  de  concert  et  à  seconder  la  flotte  de  NapcJléon  contre 
l'Angleterre.  Dans  ces  circonstances  décisives,  oàil  était  si  important 
de  frapper  fort,  le  cabinet  de  Londres  crut  indispensable  de  prendre 
l'initiative  contre  le  Danemarck  et  le  Portugal  ;  la  flotte  danoise  était 
en  son  poavoir  et  la  marine  de  Copenhague  réduite  6  Hmpnissance  : 
il  fallait  maintenant  ^emparer  de  la  flotte  portugaise,  et  tenir  même 
en  dépôt  la  flotte  russe  de  Taminil  Siniavia'*. 

•  Èdit  du  prioM  rigmt  i»  ftinu^a. 

n  Ayant  tonjouTS  en  te  plus  grand  Boin  de  conserrer  i  ims  ttsts,  penittiitia  prt> 
■cote  gaerrc,  la  plus  parbile  nenlrallté,  i  cftoac  dnamiiifCB  nouUaqnl  n  rtnt. 
uiest  pour  les  sujela  de  cette  couroime;  se  pouvant  upcadani  te  eoDNrrar  plut 
loiTgtemps,  et  considérant  e[i  outre  combien  la  pacification  géorrale  convient  i  Yba- 
moniié,  j'ai  dû,  pour  le  bien,  iccfder  h  la  cause  du  continent,  en  m'uirisMUl  4 
fi.  M.  l'empereur  des  Françaia  et  rai  d'itafie,  età-S.  M.  C,  afin  decoDtrtbttflrutMt 
f  u'il  sera  en  mon  pouvoir  à  l'accéléraiion  de  hi  paâ  (éBèraie. 

•  A  celte  Bn,  Il  n'a  plu  d'ordonner  que  les  parts  de  ce  rojaume  aeiODt.,  dis  ce 
momcnl,  fermés  i  l'entrée  des  navires  de  la  Grande-Bretagne,  tant  deguernqne  de 
eoiBffleree. 

»  Bonnéan  palais  delfiffra,  le  Woetobre  MOT. 

K  Li  Pbikcb,  » 

'   Dédaralion  officielle  nr  la  mtM  en  état  de  bloeai  à*  l'emboitchitn  du  TVlft. 

a  Je  Tais  savoir  par  la  présente,  à  qui  il  appartiendra,  qu'étant  notoire  que  les  porta 
duPoriugel  sont  ferniés  au  pavillon  de  la  Grande-Bretagne,  et  que  le  ministre  pléoU 
polentiaire  de  S.  H.B.  près  la  cour  de  Lisbonne  a  quitté  celle  capitale,  conformément 
aux  iustruciions  remises  par  le  soussigné  vice-amiral  dn  pavillon  bleu,  commaDdaDI 
rn  chef,  l'embouchure  du  Tage  est  dèelarée  en  état  de  blocus  rigoureui.  J'intbnM 
par  la  présente  le  gouvernement  portugais  que  les  ordres  sont  donnés  pour  que  catl^ 
mesure  sait  strictement  eiécutée,  tant  que  dureront  les  aqjets  de  mésiDtejliQenc^ 


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176  DtTASiOll  MI  POKTTGAL  BT  1M  l'eSPAGITI. 

A  cet  dTet,  un  cooMil  le  réoBÎt  i  Wiotbor  ;  H.  CumiDg  expoM  sa 
Idées  di[ri(Miiitiqacs,cociuDe  lord  Cwlera^son  plan  de  gvene;]e 
f  jstème  de  H.  Cuotog  reposait  nr  une  double  pensée  :  <  Patsqae 
Napoléon  allait  port«-  ion  attentioD  sur  la  Péniusule  et  en  teaterli 
conquête,  il  était  indispensable  que  la  Grande-Bretagne  prti  ses  pré- 
cautions à  l'égard  de  la  Hotte  et  des  colonies  :  la  flotte,  <ki  s'en  empare' 
rait,  rien  de  {dus  probable;  pour  cela,  il  fallait  agir  vigoureusemeDl, 
et  se  confier  au  courage  des  marins  sous  le  pavillon  britannique  ;  quant 
aux  colonies,  M.  Canning  avait  déjà  songé  à  leur  séparatiOQ  d'afecli 
métropole  :  des  agents  habiles  parcouraient  l'Amérique  du  Sud,  pooi 
.prépara-  son  indépendance.  Le  mojen  le  plus  facile ,  le  plus  lêgil, 
était  d'engager  les  rois  de  Portugal  et  d'Espagne  à  quitter  leurs  Êtsts 
d'Europe,  pour  habiter  les  Amériques  sons  la  protection  de  l'Angle- 
terre  :  par  U,  on  s'assurerait  d'un  grand  débouché  :  des  trans^Uioiii 
postérieures  douoeraient  le  monopole  de  l'or  avec  les  colonies,  en 
échange  de  produits  manufacturés  :  si  l'on  perdait  le  coctineot  de 
l'Europe,  on  aurait  le  continent  américain,  et  cela  remplacerait,  pour 
l'industrie  des  grands  districts  manufacturiers  de  l' Angleterre,  ce  qne 
la  France  leur  avait  fait  perdre  par  la  conquête*.  • 

Cette  vaste  idée  développée  par  M.  Canning  fut  suivie  de  réquisi- 
tion simple  du  plan  militaire  de  lord  Castlereagh  :  «  Si  l'ADgletme 
n'uTait  pas  réussi  dans  l'appui  qu'elle  avait  prêté  aux  puissuices  dn 
Nord,  c'est  que  parmi  ces  peuples  il  n';  avait  pas  encore  d'énn^e  et 
de  passions  vives  ;  on  n'avait  pas  trouvé  un  point  d'appui  dans  lo 
populations.  Il  n'en  était  pas  de  même  en  Espagne  ;  on  aurait  derrière 
soi  le  peuple,  qui  défendait  son  indépendance;  le  Portugal,  avec  ses 
montagnes  et  ses  torrents,  comme  le  territoire  espagnol  avec  ses  d^ 
serts,  présentait  d'admirables  moyens  de  défense  ;  les  flattes  aginient 
sur  les  côtes,  dans  les  grands  fleuves,  comme  dans  le  Tagc  ;  Gibraltar 
était  un  magasin  formidable,  on  pouvait  s'emparer  de  Saint-Sébsstiea 
et  de  Cadix  ;  Majorque  et  Hinorque  seraient  une  compoisation  des 

actuelle.  liée  consuls  des  Ëiels  oeuties  BTi»cront  leur  gouTernemcnt  a  t^P 
«pportUD  que  le  flcuTC  cet  en  tltl  de  bloens;  qu'il  serail  pris  contre  )ei  Uliœ*"'* 
^1  essajcriient  d'j  entrer  toutes  lea  mesures  d'ciécution  eutori^ées  pu\ai))iii^ 
bitioDS  et  par  les  (rtUés  respcclifo  entre  S.  M.  B.  et  les  puissences  neutrN. 

»  Donné  i  bord  du  raisseiu  rBibemia,  k  le  heuteur  du  Tege  le  O  ««^ 
bielMT. 

•  Sijn^.-W.SnJKiïSmtB.» 

*  BocamcDls  diplomatiques. 


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IKTASIOR   DO   rOKTDGAL   BT   DB  L'eSPASKE.  177 

sacrifices  qu'on  pourrait  faire  dans  la  pensée  du  triom^e  de  la  cause 
commune,  n  En  conséquence  de  ce  plan  ,  la  station  maritime  de  sir 
Sidney  Smith  dans  le'Tage  avait  reçu  de  nombreux  renforts  en  vais- 
seaux, et  en  frégates  ;  sir  Sidney  Smith  se  trouvait  là  une  fois  encore 
pour  contrarier  la  fortune  de  Napoléon,  comme  il  avait  arrêté  celle 
du  général  Bonaparte  à  Saint- Jean-d' Acre.  Lord  Castlereagh  demanda 
que  les  forces  militaires  d'une  expédition  destinée  k  la  Péninsule 
fussent  portées  à  50,000  hommes,  avec  une  puissante  artillerie  et 
tout  l'attirail  qui  suit  les  armées  anglaises  sur  le  continent.  Tout  se 
disposait  à  Londres  ;  on  y  désignait  sir  Arthur  Wellesley  et  le  lieute- 
nant géaéral  sir  Hev  Dalrymple,  pour  leur  confier  cette  expédition  * . 

Pendant  ce  temps ,  Napoléon  préparait  d'autres  desseins  ;  dans  sa 
pensée ,  il  avait  arrêté  la  mine  de  la  maison  de  Bragance.  Si  M.  de 
Bayneval  agissait  h  Lisbonne  avec  plus  de  modération ,  s'il  ne  quittait 
la  capitale  du  Portugal  qu'après  avoir  calmé  les  craintes  de  Jean  IV, 
l'empereur  déclarait  par  un  simple  décret  :  a  Que  la  maison  de  Bra- 
gance avait  cessé  de  régner.  »  On  parlait  de  la  conquête  du  Portugal 
comme  d'un  fait  accompli  ;  l'ambassadeur  À  Paris ,  le  marquis  de 
Lima,  n'avait  eu  qu'une  connaissance  fort  indirecte  des  résolutions 
de  l'empereur  à  L'égard  de  son  mattre.  Quoique  M.  de  Talleyrand 
ne  fût  plus  au  mintelère  des  relations  extérieures ,  il  conservait  néan- 
moins beaucoup  de  rapports  avec  les  ambassadeui-s ,  et ,  le  premier , 
it  fit  connaître  à  M .  de  Lima,  dans  une  causerie  intime ,  les  desseins 
de  Napoléon  à  l'égard  de  la  maison  de  Bragance.  L'Angleterre  en  fut 
également  informée  par  ses  agents  secrets  ;  elle  se  procura  en  toute 
b&te  le  fameux  article  du  Moniteur  qui  frappait  la  maison  de  Bra- 
gance ;  cet  article ,  transmis  par  courrier  à  M.  Canning,  fut  expédié 
également  par  un  paquebot  k  sir  Sidney  Smith,  alors  mouillé  dans  le 
Tage,  avec  ordre  de  le  communiquer  sur-le-champ  à  don  Juan  VL 

A  ce  moment  Napoléon  espérait  que  Junot ,  par  une  marche  pré- 
cipitée sur  Lisbonne,  se  serait  emparé  du  prince  régent  et  de  la 
famille  régnante  * ,  comme  otage  de  ses  volontés  ;  on  prendrait  la 
flotte  ,  le  trésor  ;  ne  faisait-on  pas  des  récits  merveilleux  surles  dia- 

'  Documents  publias  dans  Th«  DitpaUhM  o[  fitld  mariftaJ  At  dttto  of  Wt\r- 

'  Junot,  en  entrant  en  Portugal,  adressa  une  proclanutioD  aux  habitants.  On  ; 
voit  le  langage  habituellement  Infleuble  de  ces  années  enTahiasantes  ; 
«  Forlugaifi  1  l'empereur  NnpolÉon  m  envoie  dans  votre  pays  i  Is  tOte  d'une  année. 


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178  niTASION  UJ  POBTtOAL  ET  DE  i/ESHCML 

nuats  du  Brésil  7  Les  instructioiu  secrète»  qne  l'eia^eraiir  «vait  ^tn- 
ota  à  80D  aide  de  camp  lui  impouieat  l'obligation  de  marcJMr  auv 
ratard  ni  repos  ;  l'itioéraire  était  fixé  jour  par  jour  ;  arrivé  i  Lk- 
bOBBe ,  Jimot  devait  gardar  la  famille  royale ,  et .  tout  en  la  traitant 
avec  respect ,  proclamer  les  formes  du  goaiBsoeaeat  impérial  et 
hiver  le  drapeau  à  l'aigle  sur  la  tour  de  Bdem.  LoBsque  NapoUon 
donnait  ces  ordres  impératifs ,  il  avait  nul  étudié  les  cartes  du  Por- 
tugal ,  aoit  qu'il  n'en  eustAt  pas  d'exactes ,  soit  que ,  selon  son  habi- 
tufe ,  il  tint  peu  de  compte  des  obstacles  ;  il  n'avait  paa  calculé  les 
dificultés  d'une  campagne  au  travers  de  montagnes  h  pic,  de  landei 
sauvages.  Ces  difficulté  se  rencontraient  à  chaque  pas  ;  uœ  armée 
4b  21,000  hommes  fut  obligée  de  ^'échelonner  en  seiie  petitea  eo- 
loooes  qui  marchaient  à  une  jouroée  de  distanos  :  aocuna  resHiuree 
■'était  préparée ,  on  mourait  de  faim  dans  ces  taras  «nsii  lâuvages 

foat  Taire  tmvst  commuDeaTec  rolre  bien-aint  souverun  cmtraUa  tjnn  des  mas, 
«I  ponr  sauver  lotre  capitale  du  sort  de  Coptobague. 

■  HabliaBta  patlfl^pH»  de  la  cinpafne ,  «e  naigiMi  Tien  ;  mm  a 


OB'elle  buirve  parmi  toiu  l'accueil  d A  aux  aoldals  du  gaad  Ktpoléoa,  qu'dle  traare 
fas  Tirres  dool  elle  a  besoin,  maU  surtout  que  rhabitanl  des  campagues  nstc  ttau- 
^ottte  dans  m  ntiion . 

•  Te  TBMilttaconwUrefcaMKanrMpd— y»r  i— learflaiiMii^M  pwMlf . 
J«  lieodnU  au  parole  : 

■  Tout  soldat  qui  ECU  trouvé  pillant,  sera  puni  Bur-In-champ  avec  la  plus  gnab 

•  Tout  tadlTtda  fut  M  pcmeilra  de  lercr  me  contribuiaii  swa  tndvft  i  n 
«WNil  <la«Mn«.  pourétre  jugéMiMBLla  tipuar  des  leii. 

•  Toot  bslHtant  du  rftjrsume  d«  Porli^  qui ,  n'élanl  pas  soldat  de  tronpes  de 
Ii|»e,  sera  trouvé  hisani  partie  de  qudque  rassemblement  armé,  sera  hisillé. 

■  Toat  iMKvidn  eonnhiea  d'être  chef  d'un  attraupemeai  «n  d'une  coasplraU— 
Tidiulnii  sniiirln  liirijrm  ninlii  l'ami^r '-|~rTii'«  nrii  fafilllf 

•  Toute  ville  ou  village  dans  le  territoire  duquel  un  asusaiuat  aura  tii  coamia 
cODtre  un  individu  appartenant  à  l'armée  fraDcaise,  pajen  une  contribulioD  qui  ne 
ponra  pas  #tre  moindre  que  le  triple  de  sa  contribution  annuelle  ordinaire.  l.ea 
fusttc  piindpaaa  faakiiaais  serviront  d'otagas  paor  le  payaut  de  la  aMi^wi  M , 
peur  que  b  justice  soit  eiemplaire,  la  premièn  ville  on  le  pruilar  viflipi  04  ob 
.Frantaisauraété  assas^nf ,  sera  br6lé  et  rasé  entièrement. 

>  Mais  je  veni  me  persuader  que  les  Portu^is  Gonnsltront  lams  vrais  latMIs, 
que,  secondaut  les  vues  pacifiques  de  leur  prince,  ils  dous  recevront  en  amis,  et  que 
panàcDliÈrtinent  la  ville  de  Lisbonne  ma  verra  avec  plaisir  entrer  dans  ses  mnn,  kh 
tête  d'une  armée  qui  peut  seule  le  préserver  de  devenir  la  proie  des  élemela  i  iiiiwiili 


•  Au  quartier  général  d'Ucantaia,  le  17  oovmbre  1807. 

■  Sqni  ;  Jntgr.  a 


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wrésmn  m  'pokttoal  bt  de  L'BSpActnt.  T7^ 

qae  les  déserts  dn  nouveau  monde;  on  tnraTait  quelques  cbèYrea 
•maigries  iHnidîssaRt  sur  les  rotthere  aigus ,  des  torrents  gronh  par 
les  phiies  ;  ces  régiments  fle  maHieureux  conscrits  marchaient  &  )« 
dSbendade  ;  des  jeunes  hommes  qtli  n'avaient  jamais  quttté  ta  cbau- 
mière  ou  la  maison  de  tenrs  parents,  étaient  obligés  de  se  nourrir  de 
gfands  qui  pendûeirt  aux  arbres ,  ou  Men  d'écorce  de  }iége  comme  le 
«hameau  d'Afrique.  La  mottïé  de  ces  conscrits  restèrent  malalleB  au 
ndlien  des  populations  inconnues  de  padteurs  qui  les  regardaient  avec 
effroi  et  commeocëreirt  contre  eux  un  s^rstème  de  vengeance,  ÏM 
troupes ,  pour  se  nourrir  et  se  vôtir,  -furent  obligées  de  pitter,  «t  le 
pRlage  amena  1^  coups  de  «t^et  ;  les  gnérDIss  se  fomiaîent  défi  ,  it 
inalheor  aux  traînards  qui  restaient  à  quelques  marches  de  l'armée  1 
fis  succombaient  sous  la  main  des  hommes  agrest»  et  fanatisés,  leurs 
corps  n'étaient  même  plus  retrouvés  par  leurs  frère»  d'armes.  En  vthi, 
Jiinot  diercfaBÎt-Hl  à  fake  croire  i  ce  peopie  qu'il  venatt  porter  secours 
au  prince  régent  contre  les  Anglais  et  les  hérétiques;  le  paysan  S'en 
inquiétait  peu ,  car  quelle  était  cette  espèce  de  secours  qui  commen- 
çait par  un  affreux  pillage  et  la  plus  déplorable  indiscipline?  Jnot 
perchait  à  imiter  Tiapoléon  dans  sa  marche  rapide  :  il  pailatt  sans 
cesse  i  tes  soldats,  multipliant  les  proclamations  dans  lesquelles  U 
«'«Déliait  jamais  le  titre  de  «  gouverneur  de  Paris  et  de  preroler  aide 
de  camp  de  l'empereur  *.  s 

Cette  armée  épu'isée  arriva  par  détachements  aux  portes  d'Abrantès, 
la|ircmière  ville  un  peu  opuleatequ'on  saluait  sur  cette  longue  route  ' . 

*  H.  Otfcigae  MnbkbHnMm  iMîvato  k  «aaduHe  de  JmM.  Ifcn  enjvtfs 
^'U  «  dm!  coMpito  te  siiMUMt  de  ce  fénéral  )tan*  M  nwrclN  aawi  tMtfta  ^  {^ 
rlense  sur  le  PoTtugal.  S'il  aT*ll  donné  It  leiire  qmdnoM  écriTlt  i  M'fcmM  tsr  he 
pctraiioiu  et  te  MMc  posUion  deion  carpe  d'artete,  ses  lecteais  7  MmleHl  tTonvé 
«Mc  ioMififttiftn  ntflMiite  de  ta  coMlattt  4n  général  ;  naifi  il  ne  pneUe  pM  «tMi 
pw  te  qni  rooccme  l'cmptra.  Les  ■uteun  de  l'AtHoiFetlu  ParlMjal,  MM.  J.  Chm- 
■Mil  4t  Sieik  Cl  AuBOMede  Saoteill,  ont  perlé  de  cette  nerctn  arec  plmdocDaMlS- 
«Hce  decauM  #t d "imper lialité,  cui  qui,  partcnrqnllté  de  Pangsate, ■ntlciit  pu 
«•plaindra  dr  (ctie  iim^on. Voici  coMoiMil  1)3M)  parimi  ;  «  JuimI  reinpMt  adml- 
lébteineittHinisaian. L'on  Beaauralt, Mnainjusliee.  leprirer  d«  rhDnMiirqttll y 
acquit...  U  eut  i  lutter  contre  les  éUmams  Turiewi  et  tes  prlratioDs  de  touBenrOs 
tfat  ta  Boireei«o«rde  tnhnoii  du  ctbinel  de  Madrid  lui  atiit  préparés ,  «iD  de  Mn 
périr  l'armée  Tranciise  dans  le  trajet  de  Bajonne  i  Ushonne...,  etc.  •  Bn  rendui 
justice  àun  ennemi  de  leur  pa]'a,cesé(TiTalasn>Dt  apprécier  te  bonne  fol  d'UD  auteur 
quel'oB  croirai!  quelqucfota  soudojé  pour  vilipeader  ses  compalriolait.    (F.W.] 

■  A  ce  moroeDl,  on  coosMérait  i  Paris  te  cimiiaéie  du  Portugal  comme  tecot»-    . 
fHe.  Néanmoîna,  00  tarait  wm  conediptiOD ,  et  ta  géaéni  Clsriu,  mtetaln  ds  1^ 


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180  nVASlOIf  DO   POKTDfilL   ET  DE  l'eSPAGMB. 

11  s'était  passé  des  choses  inouïes  dans  l'itinéraire  depuis  SaUminqoe 
jusqu'à  Abrantès  ;  comme  Napoléon  avait  écrit  ■  qu'une  armée  de 
24,000  hommes  pouvait  se  nourrir  même  dans  uu  désert,  s  Junot 
s'était  avancé  en  aveugle;  quand  la  réalité  vint,  quand  le  dénAment 
se  montra  hideux,  les  chefs  se  permirent  tout  pour  suppléer  à  ce  qui 
leur  marquait,  et, chose  inouïe, dans  la  ville  d'Alcaotara,  les  soldais 
n'ayant  pas  de  papier  pour  faire  des  cartouches,  déchirèrent  les  archives 
du  noble  ordre  de  chevalerie  qui  avait  son  origine  dans  l'expulsioo 
des  Mores.  Il  y  avait  là  quelque  chose  de  la  vieille  barbarie  ;  les  Fran- 
çais imitaient  ces  peuples  du  Nord,  qui  sous  la  conduite  d'Attila  fou- 
lèrcnt  au^L  pieds  les  monuments  de  la  civilisation  *  :  croyaient-ib  1 

euerre,  adressait  )i  l'empereur  un  rapport  eur  raugineiitsiioii  des  forces  tniliuins. 

■  Voire  mijestj  m'a  ordonné  de  former  le  premier  et  lesecoDd  corps  d'obsoTtiion 
de  U  Gironde.  Le  premier  de  ces  corps ,  que  commaude  le  g^értl  Juuot,  a  cosquii 
le  Portugal,  ha  tdte  du  deuiièmc  est  déji  i  portée  de  suivre  le  premier,  si  les  cii- 
coostances  l'exigent. 

»  Votre  majesté ,  dont  la  prévoyance  n'est  jamais  en  défaut,  •  touIu  que  le  corps 
'd'observation  de  l'Océan,  qu'elle  a  confié  i  H.  le  laaréchsl  lioaevj,  fOt  en  troisiimt 
ligne. 

»  La  nécessilé  de  fermer  les  ports  du  coDtiueui  1  notre  irrécoDciliable  eDDemi,  d 
d'avoir  sur  tons  lea  points  d'attaque  des  moyens  considérables,  afin  de  profiler  dtt 
'CircODSiances  heureuses  qui  se  présenteraient  pour  porter  la  guerre  au  sein  del'Aa> 
gleterre,  de  l'Irlande  et  des  Indes,  peuvent  rendre  nécessaire  la  lerée  de  la  consnip- 
tioo  de  1809. 

n  Le  parti  qui  domine  k  Londres  a  prortamc  le  principe  de  la  guerre  perpétiielte, 
et,  quoique  dans  aucune  époque,  la  France  n'ait  eu  des  armées  aussi  nombreoECs,  ce 
n'est  point  asset  encore  ;  il  faut  que  rinflaencc  anglaise  puisse  élre  attaquée  fvtsiit 
oii  elle  eiisle,  jusqu'au  momeotoù  l'aspect  de  tant  de  dangers  portera  l'Angictent 
à  tioigner  de  ses  conseils  les  oligarques  qui  les  dirigent,  et  1  conBer  l'admiaistratioa 
i  des  bommes  sages  et  capables  de  concilier  l'amour  et  l'intérêt  de  la  patrie  ate> 
rinlérâi  et  l'amour  du  genre  bumain. 

»  Une  politique  rulgorre  aurait  pu  détomlner  V.  U.  1  désarmer;  mais  celle 
politique  serait  un  Déau  pour  la  France  ;  elle  reudrail  imparfaits  les  grands  résultats 
que  vous  aver  préparés.  Oui,  sire,  V.  H.,  loin  de  diminuer  ses  armées,  doit  i<* 
accroître  jusqu'à  ce  que  l'Angleterre  sit  reconnu  l'indépendance  de  toutes  les  pui^ 
sauces,  et  rendu  aux  mars  cette  tranquillité  que  V.  M.  a  assurée  au  ciHilineat.Sai» 
doute  V.  M.  doit  souffrir  d'eiîger  de  ses  peuples  de  nouveaux  sacrifices,  de  Imr 
imposer  de  nouvelles  obligations;  mais  elle  doit  aussi  se  rendre  i  ceeri  deimsks 
Français  :  r  Point  de  repos  jusqu'à  ce  que  les  men  soient  affranchies ,  et  qs'iar 
paix  équitable  ait  rétabli  la  France  dans  le  plus  juste,  le  plus  utile  et  le^usnèccs- 
ï^re  de  ses  droits,  a 

a  Je  suis  avec  un  profond  respect,  etc. 

a  Signi  :  Clabeb.  » 

'  Aflndepouvoir  comparer  les  troupes  de  Junot  aux  hordes  d'Attila,  Ii.Cape6^i 
^tgliye,  i  dessein,  d'établir  la  catise  réelle  de  ce  vandalitme.  On  conioil  facilenitBt 


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nVASIOH  VD   POBTDGAL  BT  m   L'ESPAONB.  181 

rimiUtioQ  d'Omar,  qu'ib  D'auraieat  besoin  un  jour  d'aucuns  titres 
pour  leur  propre  histoire?  Les  chevaliers  d'Aicantara  avaient  été  de 
braves  soldats  comme  eux,  ils  durent  gémir  et  s'agiter  dans  leurs 
tombes  quand  ils  virent  ainsi  leurs  titres  jetés  au  vent  ;  les  oificiers 
de  Junot  s'exposaient  à  de  solennelles  représailles  ;  hélas  !  ils  auraient 
aussi  une  postérité  ingrate  qui  méconnaîtrait  les  litres  de  leur  gloire 
et  de  leur  passé  victorieux  ;  les  vivants  oublieraient  les  morts  ! 

Lorsque  cette  armée  souffrante  de  tant  de  privations  se  réunissait 
à  Abrantès,  sir  Sidney  Smith  venait  de  recevoir  le  Moniitur  et  les 
pièces  diplomatiques  du  cabinet  de  Napoléon  ' ,  qui  déclaraient  :  «  Que 


que.  iToinpé,  IndEgnemeot  abiadonn^,  trafat  par  l'ambiiicni  prince  de  la  Paii,  qui 
STait  juié  assistance  à  l'armée  française,  qui  s'Alail  engagé  sut  son  honneur  à  réunir 
lies  magasins d'approvisio nncment  de  T[rres,  de  munitions  et  d'habillemcntsiAlraD- 
(are,  Junat  n'ait  pu  conserver,  dans  te  premier  moment,  ceUe  discipline  aiwin  qui 
incita  eui  armées  ftançaises  l'estime  des  peuples  ennemis.  N'ayant  ni  plomb,  ni 
papier  pour  cooreetionner  ies  cartouches,  faut-il  le  taier  de  barbarie  parce  qu'il  em- 
ploya à  cet  usage  d'anciens  documents?  Lor^u'on  déplore  de  pareilles  p'erlcs,  il 
spraitjufie,  ce  nous  semble,  d'en  cberchcr  la  cause,  (F.  W.) 

'  h  donne  le  (eitesi  cnrieui  des  pièces  de  toute  cette  négocialioD  du  Portugal. 
Dépteht  dt  lord  Straftgford  à  M.  Canning, 

■  A  bord  de  rHihemia,  le  SB  novembre  1S07. 

«  HoDsieur,  j'ai  l'honueui  de  loua  annoncer  que  le  prince  régent  de  Portugal  a 
eOcctué  le  projet  de  se  retirer  d'un  rojsume  oix  il  ne  pouvait  demeurer  plus  long- 
temps que  comme  Tasseldela  France,  etqueS.  A.  B.  etsafamillr,  accompagnés  de 
la  plupart  des  Taisseaui  de  guerre  et  d'une  multitude  de  si^ets  et  de  partisans  fidèles, 
sont  partis  aujourd'hui  de  Lisbonne,  et  qu'ils  sont  actuellement  sur  la  route  du 
Brésil,  sous  l'escorte  d'une  Dette  britannique.  Ce  grand  et  mémorable  événement  ne 
doit  pas  être  attribué  Beulement  i  l'alarme  soudaine  excitée  par  l'apparition  d'une 
année  française  en  Portugal;  aile  a  été  le  résultat  naturel  du  système  eooHamnicut 
adopté  pat  sa  majesté  à  l'égard  du  Portugal,  pour  le  succès  final  duquel  je  m'étais 
rendu  moi-même  en  quelque  sorte  rei^nsable,  et  que,  conformément  à  vos  iii&tniC' 
tlons,  je  m'étais  uniformément  attaché  i  maintenir,  dans  les  circonstances  mi-mv 
qui  paraissent  les  plus  décourageantes. 

B  J'avais  fréquemment  et  disiinctemenl  déclaré  au  cabinet  de  Lisbonne  que  sa 
majesté  avait  paaeé  toutes  les  bornes  de  la  modération  en  cmisentaut  i  ne  peint 
ressentir  l'outrage  du  commerce  britannique  eiclu  dea  ports  du  Portugal  ;  que  par 
une  semblable  coucesaion,  motivée  sur  les  circonstances  dans  lesquelles  le  prince 
régent  se  trouvait,  sa  majesté  arait  fait  tout  ce  que  l'amitié  el  le  souvenir  d'une 
ancienne  alliance  pouvaient  justement  exiger;  maia  que  si  les  ebosee  allaient  ptua 
loin,  la  guerre  entre  les  deui  nations  deviendrait  alors  Inévitable. 

B  Cependant,  le  prinee  régent  se  permit  lui-même  d'oublier  pour  nu  moment  que. 
dans  l'éiat  actuel  de  l'Europe,  nul  pays  ne  pouvait  impunément  se  déclarer  l'ennemi 
de  l'Angleterre,  el  que  mB%ré  la  disposition  de  sa  majesté  t  montrer  de  la  condes- 
cendance, eu  égard  k  l'impaissance  oJi  m  Irouviîl  la  PorlDgal  de  résister  su&  efforts 


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la  maison  de  Bnguice  avait  cessé  de  régner,  nefntoion  eMrïeiiM 
le  T^e,  l'unirHl  avait  entamé  une  négodation  avec  la  ■wat  de  Lb- 
bonne  d'après  lee  ordrei  de  ma  gouvememeut.  I.es  dépédn  (te 
M.  CanDÎDg  étaient  fomelles  ;  sifSidDef  Snrith  devait  propoin  i  II 

dek  FiWKC,dleMtwiRnitBèmBoiH,sifl»cwnpr«itiMire«£gBM«tlHittt- 
lAta  de  MB  peuple,  pcimetue  qu'on  m  toiimtt  um  réserre  i  toutes  les  deMode  dt 
U  FraDCC.  Le  8  du  courtnl,  S.  A.  R.  se  laUs*  sller  1  signer  ud  ordre  pour  11  dtto- 
lion  du  petit  nombre  de  sajetsaDglsfs,  et  pour  )e  séquestre  de  ce  qni  rcndt  cann 
4e  IcdTS  pTOfiritifa  k  LIeIhmbc.  Sbt  U  poMiulMW  de  eet  orAre,  jelseilamhi 
•nues  d'ARghterre  de  U  porte  de  au  Mid.  je  doMndii  «M.pMtinwilB  w  pn- 
lesiaal  conire  la  conduite  récente  de  le  cour  de  Lisbonne,  et  je  me  readii  kberddi 
l'escadre,  quiarriveile  hauteur  du  Portugal  queli^ues  jouis  après  que  j'tmnp 
m»  puae-pons. 

■>  Je  fixerai  IramédistMHMàsirgMaerBttiUil'expédieiUd'éitflrleUieiile 
yhs  rigourem  k  l'embmMfaov  d«  'hge;  «t  «'est  «rec  la  [dos  «ne  wiliheHwi  ^ 
ï'aniriB  eosuiie  qoe  je  «'«Tai*  Ckit  ptr  U  que  deiKKer  les  iutentMH  d«  N  ■•ja4t. 
Je  recns  en  effet,  le  SV,  tm  AiçMMê,  qai  ne  pnecriTiieot  d'ant«ri(M  celtt  aenn 
dans  le  cas  où  le  gMiveriienMBt  portugAis  ptsseiaii  les  bornes  et  prwdnitdtf  ■»- 
nrcsinjaneasesk  l'boiuiMiret  aniiniMte  de  la  Grande-Bratapw. 

•  Cee  dépêches  avaient  été  écrites  dans  la  sw^oaition  que.  j  éuîs  eacon  tMM 
i  LiiboMie;  et,  pow  ne  cenronBcr  sntièreineBt  A  iM  insiructiaus,  je  reriu  àm 
cette  Tille  pour  connatlre  l'effet  qu'j  arait  produit  le  mesure  du  bjccus,  H  pnr 
proposer,  selon  vos  instructions,  au  gauTenieinniT  portugais,  comme  senle  eondiiiw 
de  la  cessetion  duHlocus,  raltnmtlve,  on  deremetire  la  flotte  à  sa  majesté,  on  dt 
t'employn  sur-le-champ  à  tranqjtorter  teprtnee  fffem  etsaftintlle  an'BiiMI.  hpi) 
snrmol'lt  responsabilité  de  renoner  ée»  Ttégoelatlons.  m^^ffé  la  eesMtleB  de  u» 
tbnctîoDs  publiques,  convaincu  que  fêlais  qu'indépendamment  4e  le  HurminiUn 
de  samajestt  de  ne  pas  souffrir  que  h  Balte  pOTingala»  IwUltttwitre Teille*^ 
ses  ennemis,  elle  aveit  nénnnoh»  eneoit  plw  à  CTMir  qn'on  Femptoyll  à  m^ii  h 
premier  objet  qu'on  s'était  propoM,  celui  Ae  sotutralre  h  linnfHe  rafrie  delragfff* 
ila  tyrannie  de  la  France. 

■  Je  demandai  en  eonséqnmice  mre  audience  du  prinee  logeai,  M  ■ftnl  rtci  i* 
B.  A.  B.  uneréponeersTorable,  jemenvdisA  LlsA>mnc  le  ÏT,  Abord  de  la  Ow- 
fante,  portant  papillon  parlemenutn.  J'evs  cnuite  avec  la  eoar  de  UabMiM  In 
eommunications  les  plus  Importantes,  el  famvl  l'bMHMnt  deTOM  en  fiirept 
ilans  une  dépêche  subséquente.  Il  suffit  d'obacrrer  ici  que  le  prince  rdgeol  dhip 
sagement  toutes  ses  creintfs du  cDié de  l'armée  fVvncaJse,  ettMit-soncepefrnnli 
Hotte  anglaise  ;  quH  refUt  de  mi>{  l'assurance  h  phis  posUHc  q»  sa  tàiimi  «^ 
Uicrait  généreusement  ces  actes  dlioatniié  momentanée,  tmipiAk  S.  A.Â-b'*^ 
donné  qu'un  eonsenlemeni  forte,  et  «pie  je  promis  A  8.  A,  B.,  auris  M  dt  ■* 
HBuverain,  que  l'escadre  britanniqae  devant  h  Tage  anaii  amptnTéeè  (lOt^* 
retraite  de  Lisbonne  et  son  voyage  au  Brtsfl. 

»  On  a  publié  bter  un  décret  où  le  régent  anuonee  son  Intention  deratarlK*- 
de-Jsnôro  jusqu'à  la  conclusion  d'une  paix  générale,  et  deiMnimiK  «Mté|aci 
pour  administrer  les  affaires  pendant  son  abance  d'Europe. 

■  La  flotte  portugaise  a  mis  ce  matin  k  la  voile,  et  j'ai  en  l'honniiir  d'aecoM' 
pagner  le  prince  dans  sonpnsB^w  dslidelaBam.  La  Houe  coMM«U«h«H 


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HfTASIAK  VU  POHUCUL  AT  BE  IJUTtUM.  M8 

fusille  de  Bjagaace  ua  «sile  royal  i.  bord  des  oavin»  aaglal»,  et  me 
fvotectioo  contre  les  forces  françaiseB  :  il  se  pn^rawit  de  coodulre  U 
famille  exilée  au  Brésil,  où  ^e  recournerait  toute  Bon  ind^ModuM, 
Cette  négociation,  activement  conduite,  ^nmvait  da  difficoltés,  et 
la  volonté  de  l' Angleterre  rencoBtrait  de  ta  résiriance  dans  le  princq 
r^^t,  et  surtout  au  cœur  d'une  femne  fière,  la  vieille  reine,  qui 
liabitait  le  vaste  palais  de  Mafra,  avec  tes  beaux  jardins  d'orangen, 
de  citronniers,  autour  de  ses  mille  clochers  monastïgues  ;  Mafia  était 
la  réaidenoe  cbérie  des  rois  de  ^agance.  MaridFraB^iie-ËUwbetti 
de  Portugal,  restée  vcove  de  don  Pedro  III  depuis  vingt  ans  déJA, 
▼ivait  dans  la  solitude  du  couvent  ;  cette  altière  priaceffo  ne  pouvidt 
c(»iiivendre.4u'oBabandoiiaAt  le  Pi»iagal  sus  tenter  uae  réiistaace 


iHÎMMiu  it  ligM,  fH*(n  grudes  ft^atcs,  pluticnre  bricks,  alMpa  M  wrreUN 
^^léee,  M  des  h*iiw«nis  du  Brésil ,.  montaal  «Bsenibfe  à  enviMii  tMMe^ls  VOUei. 
Us  passèrenl  i  travers  l'escadre  anglaise,  et  les-vaisceMU  de  S.  H.  saluènat  devinit 
«tMD  coa^dacHMD,  MuiakUkwftUtondude  U  mèMe  muiire. 

Dicnt  du  yrine»  régna, 
■  A[ris  sfitr  matikiDent  fait  tous  mes  efforts  pour  conserrei  la  DsatnIIij  ( 
l'tTBitt^e  de  mes  vassaui  Sdilce  et  cbéris  ;  après  avoir  fait  ponr  obleolr  ce  but  \t 
McriDce  de  lotis  mes  trésors,  m'èire  niAme  porté,  au  grand  préjudice  de  mes  suJaM, 
àliKmttiiie«))oii$imaaajicleiietlojtl*Uiéleruite  U  Gruide-SieUgM,  J«  nti 
s'aTsaeer  vers  l'intérieur  de  mes  États  les  troupes  deS.  31.  l'impEreur  de»Fr>Df>U, 
HtoDt  le  territoire  ne  ia'ituipas«onligu,ie  eufaisétreà  l'atiridc  twta  auup4e4« 
M  part.  Les  tMNipes  se  dirigent  tar  ma  capitale.  Considérant  l'iouillUi  d'uoe  dé~ 
fmse,  et  Toulant  éfiier  une  effusioo  de  sang  sans  probabilité  d'auoin  ténlUt  util*. 
ycteuDant  que  mes  fidèles  lassaiu  soulTtirsiit  inoina  dans  te*  drcoMUncw,  al  ^ 
n'absente  de  ce  royaume,  je  me  suis  déierminé,  pour  leur  aTiBlage,  i  pustr  tnc  U 
raûe  et  toute  ma  EaniiUedaa»racs  États  d'Amért|ae,  U  è  m'étabnr  dans  ia  tUIc  de 
Bio -de- Janeiro,  jusqu'à  la  paii  géuérale.  Comâdéiant qu'il  est  demoo  devalr  CMUn 
de  l'iniérét  de  mes^iHCls  delaisseti  ce  paje  un#)uvernBmeot  jipii  vailleà  leur  bl«D> 
t»n,  j'ai  iiiiipiui'  pour  gauvanuara  «hi  rvjaume  naou  UeD^iraé  cousin. la  nMiquts 
d'Abrantès;  le  lieutenant  général  de  mes  armées,  François  da  Cunba  de  HeaaMi  ] 
le  pfîBcipal  Castro,  <lc  non  caasell.qui  sera  cbef  de  la  justice  ;  Pedro  deMdlo 
liujuw,  de  mon  conseil,  qui  seta  présideut  du  trésor  roxalj  d«a  J^aaclKO  4« 
Montoha,  lieutenant  giuérsl  de  mes  armées,  qui  sera  iiréadcut  Jln  trlbiuul  dei 
•fdres  et  de  la  cwwcieuce.  Dans  le  caso^l'undessuBDommés  viendrait  tnMaqmri 
a  aon  lauj^é  par  legraod  veneur  du  royaume,  vuj'ai  nunnié.gonTencur  du 
sénat  de  Lisbonne.  Le  conseil  sera  assisté  par  le  comte  de  Sampaio  et  ^  la  pnw 
r«ra«r  de  la  couronne,  Jean-An toineSaller  de  Ueodooca,  que  je  Donunefecrtuins, 
L'iudasdeuiBecrétairesveaanlimanquerMnircmpUcËpar  don  lUguel  Fcnlnta 
Foija*.  D'Inès  la  ctmfiaoce  que  j'ai  eu  eux  tous,  et  le  longue  eipérience  qu'ils  ent 
des  aStires,  je  li«u  pour  certain  qu'Us  rerapUroirt  leur  devoir  avec  ciacUtllde,  ^'11( 


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184  nTKlOll  DO  POETOGAL  BT  DB   l'bSPÀGMI. 

contre  les  enTahisseun,  comme  aax  grands  joars  des  AlbuqDerqoEs, 
elle  montrait  son  sceptre  pour  témoigner  qu'elle  avait  accordé  la  ré- 
gence à  son  flb  et  non  point  la  couronne. 

Sir  Sidney  ^ith  lui  eavoya  le  Monitew,  pour  la  déterminer  k 
quitter  sa  retraite  ;  elle  devint  furieuse  ;  on  croyait  à  Lisbonne  qu'aoe 
aimée  considérable  marchait  à  pas  redoublés;  dans  huit  jours  on 
verrait  reluire  cinquante  mille  baïonnettes  de  France;  les  Anglais 
offraient  un  asile  dans  le  Brésil ,  sous  le  même  climat  que  le  Portugal  : 
Lisbonne  et  Rio-Janeiro  étaient  deux  sœurs  étroitement  ealacécs, 
deux  couleurs  dans  un  même  blason.  Tout  fut  donc  convenu  entre 
Sidney  Smith  et  la  maison  royale  de  Bragance,  et  l'on  vit  alors  \a 
palais  de  Hafra,  ces  solitudes  d'or ,  se  dépouiller  de  leurs  omemeDli 

•ilmîiiisireronl  la  justice  née  imptriùlili,  qu'ils  distriburronl  les  récompeases  H 
^^s  cbitimrnis  uÎTint  les  mtrites  de  cbacun,  et  qne  mes  peuples  wront  gonTCni'i 
d'unr  minière  qui  d^-hir^e  ma  coDacieocr. 

■  Les  gouTerneurg  le  tiendront  pour  dit.  Ib  k  coDformeroDt  tu  présent  àknt, 
■insi  qu'aui  iosiructions  qui  j  seront  jointes,  et  ils  teont  les  participations  H«t- 
saires  tui  autorités  compéleoles. 

B  Donné  «a  palais  de  NoIre-SaDW-d'Ajuda,  le  M  novembre  ISOT. 

■  Ls  PMmn.* 

IntlTvtlions  auxqutUu  m  rapport*  U  diertt  royal  du  26  nevettAr*  iW- 

«  Les  gouverneurs  du  roj'aume,  nommés  par  mon  décret  de  ce  jour,  pi^im»'  ^ 
srrnient  d'ussge  cnlie  les  mains  du  cardinal  patriarche. 

»  Ils  maintiendroat  la  rigoureuse  obserrance  des  lois  du  royaume. 

D  Ils  garderont  aut  nationaux  tous  les  privilèges  qui  leur  ont  été  accordes  par 
moi  et  mrs  ancêtres. 

B  Ils  décidcroDl  k  la  pluralité  des  vo»  les  questions  qui  leur  seront  seûmi^a  î" 
les  (ribunsui  respectif^. 

•  lispourvoiront  aux  emplois  d'admiDistratioQ  et  de  Bnanceet  laiofflMsdejiK' 
lice  dans  la  fonne  pratiquée  par  moi  jusqu'i  ce  jour. 

D  Ile  défendront  les  personnes  et  les  biens  de  mes  fidèles  sujets. 

■  llsreronl  ckoli,  ponrlesamplois  militaires,  de  penonnes  dont  ilicaoniK""" 
les  bons  services. 

n  Ils  aoTOnt  soin  de  conserver,  autant  qne  possible,  la  paix  d»ns  ce  piJ^  ï"  "^ 
troupes  de  l'empereur  des  Français  aient  de  bons  logements,  qu'elles  soient  j»»'™'' 
de  tout  c«  qui  leur  sera  nécessaire  pendant  leur  séjour  dans  ce  royaume  ;<I<i'' 
leur  wii  fait  aucune  insulte,  et  ce,  sous  les  peines  les  plus  rigonreuses.  eonsf""^ 
toujours  la  bonne  harmonie  qui  doit  exister  entre  nous  et  les  armes  de  ttOOTS  ■ 
lesquelles  nous  nous  trouvons  unis  snr  la  continent.  . 

I  En  cas  de  vacance  par  mort  ou  autrement  d'une  des  charges  de  gouveraei'^ 
royaume,  il  sera  pourvu  au  remplacement  i  la  pluralité  des  voix.  Je  ""  J^"" 
leurs  sentiments  d'honneur  et  de  vertu.  J'espère  que  mes  peuples  ne  soulfriw"  P 
de  mon  absence,  et  que,  rerenant  bienlOt  parmi  eux  «Tec  la  permisno"  de  W*  - 


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INVASION  DD  PORTUGAL  ET  DE  l'eSPAGHE.  185 

et  les  sousbiure  i  l'aridité  des  Français.  Don  Jaan  de  Portugal,  ta 
mère,  sa  femme  et  ses  Gis,  prirent  avec  eux  leurs  trésors,  leurs  dia- 
mants, leurs  crusades,  toutes  les  richesses  des  mines,  pour  les  embar- 
quer sur  la  flotte  immense  pavoisée  aux  couleurs  britanniques.  Les 
quais  de  la  grande  ville  de  Lisbonne,  remplis  par  la  multitude  émue, 
retentirent  pour  la  dernière  fois  des  cris  de  la  fidélité.  Don  Jnan 
s'éloignait,  avec  une  douteur  vive ,  de  cette  Lisbonne,  riche  amphi- 
tiiéétre  du  Tage,  où  se  mirent  tant  de  voiles  blanclies,  tant  de  pavil- 
lons nationaux.  Qui  n'a  vu  Cadix  et  Lisbonne  n'a  pas  la  juste  idée 
lies  trésors  de  la  Péninsule  ;  ces  rives  chantées  por  Camoëns,  illustrées 
par  Colomb,  furent  délaissées  par  la  royale  famille  qui  avait  donné 
au  Portugal  des  rois  glorieux  :  les  Juan,  les  Pedro,  sauveurs  de  la 
patrie.  La  flotte  anglaise,  contrariée  pendant  quelques  jours  par  le 
mauvais  temps,  salua  le  roi  Joan  de  cent  coups  de  canon  ;  enfin  elle 
quitta  le  Tage  pour  cingla-  vers  le  BrésiL  Hélas  t  le  régent  reverrait^il 


i  consUnU,  utiafiiu  el  animéa  du  même  taptit  qui  les  rend  si  di^es  de 
mes  MiDS  paternels. 

»  Doaaé  au  palais  de  Kobe-Dame-d'Ajuds,  le  aS  noTembre  1807. 

>  Signi  :  Lb  Pkikci.  ■ 

L'escadre  portugaise  qui  parlit  pour  le  Br^^,  était  composée  des  vaisseaui  de 
ligne  It  PTirte9-It»yal ,  de  90  canons;  l«  Comia-Henri,  it^^;  U  Prince  du  fr^tît, 
de  74;  la  R»in»-d«-Ponujial,  de74;  iAlphomc-d'Àlhuqvtrqu»,  de74;[al>(m- 
/uai»-CajlrM,  de74;  la  Jf  AIum,  de  74  ;  l»  JKarltn.de-J'rMKM,  de  64  ;  de  trois  tth- 
gates,  la  Minervt,  de  44;  laSoljinko,  de  36;  l'Vrania,  de  2S;  puis  quatre  bricks 
de  18.  Od  évalnaii  à  2S0  millions  de  cruiadee  les  trésors  du  prioce. 

IlrestaitencoredansleponMeFiuetMfc-Gama,  de 74;  It ÎUaria-Frimura,  de74; 
\tSan-Sehattian,ieH',  la  Prinwtt-dt-Btira,  de  64;  un  «aisseau  sur  le  chantier, 
de71;sii  frégates,  la  CwloUa,  de  44;  la  Ptrola,  de 44;  l'^miuona,  de  44 ;  I« 
Phénix,  de  44;  ta  yenui,  de  35;  plusieurs  bricks  el  corvettes  en  état  de  pouToir  étra 
armés,  douie  Tories  goëleltes,  quatre  chaloupes  caDonnitret ,  une  batterie  flotianle. 

£n  entrant  à  Lisbonne,  Jnnot  s'adressa  de  nouveau  aux  Portugais.  Voici  sa  pro- 
ctamatioa  : 

»  Habitants  de  Lisbonne,  mon  armée  ya  entrer  dans  tos  murs.  Elle  ;  vensit  pour 
sauver  loirepori  et  votre  prince  del'inOuencede  l'Angleterre. 

1  Mais  ce  prince ,  si  respectable  par  ses  Tcrlus,  s'est  laissé  entraîner  aux  conseils 
de  quelques  méchants  qui  l'enlouraicnt,  et  il  est  allé  M  jeter  dans  les  bns  de  ses 

a  On  l'a  fait  trembler  pour  sa  propre  personne  ;  ses  sujets  n'ont  été  romptés  pour 
rien,  el  vos  intéréla  ont  été  sacrifiés  i  la  llcheté  de  quelques  courtisans  ! 

■  Habitants  de  Lisbonne,  soyez  tranquilles  dans  vos  maisons;  ne  craignnni  mon 
armée,  ni  moi;  nous  ne  sommes  k  craindre  que  pour  nos  ennemis  et  pour  les  mé- 
chants. 

B  L*  grand  Napoléon,  mon  maître,  m'envoie  pour  tous  proléger,  je  vous  protégerai , 

■  JCKOT.  ■ 


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ISS  iinrA9io<(  *r  fortcgal  rr  be  i.'bspagke. 

Jamais  cette  lerre  de  Portugal,  que  la  rorfune  jalonse  1c  formait  alors 

A  délaisserT 

Liritonne  pleurait  don  Jaan  et  ses  fih  ;  nafra,  sa  Tieflle  sonre- 
raine,  et  Junot  continuait  sa  marche  forcée  ;  comme  im  rouirier 
haletant  que  le  cavalier  presse  de  ses  éperons,  il  sautait  les  haies*  fran- 
ChiHaH  les  torrents,  car  le  mattre  avait  indïqné  i  jonr  fixe  l'iDstaot 
oA  ses  légions  deraient  entrer  h  T.isbonne.  lunot  avait  obéi  ;  mais 
qa^le  armée  conduisait-il  avec  lui  T  34,000  hommes  araient  fraocbi 
la  Bida!«oa,  et  Junot  entrait  dans  Lisbonne  avec  des  détachements 
pargroopes  de  1,500  hommes,  pâles,  épuisés  de  fatigue,  presque 
sans  tenue  militaire  ;  la  ville  sur  laquelle  il  allait  dominer  contenait 
me  population  de  180,000  ftmes  mal  disposées  ;  le  reste  de  Tarmée 
de  Junot  était  épars  dans  des  chcmhis  impraticables,  et  arrivait  par 
bataillons  séparés  ;  tous  réunis,  on  pourrait  avoir  14,000  hommes 
de  divers  régiments. 

Les  Espagnols  avaient  à  peine  secondé  les  Français  dans  leur 
marche;  un  mouvement  national  commençait  à  se  manifester;  il 
deviendrait  terrible  contre  les  envahisseun.  Janot  était  h  Lisboiuie, 
k  la  face  d'une  flotte  anglaise  qui  attendait  une  armée  de  débarque- 
ment. Ëtait-il  possible  de  garder  le  Portugal,  même  lorsqu'on  Mirait 
ea  S0,000  hommea?  Qu'importe  !  Napoléon  l'Avait  ordonai,  «t  II  n^ 
■vait  pas  i  hésiter  avec  un  pareil  souverain.  Junot  fut  frappé  de 
stupeur  lorsqu'il  apprit  le  départ  de  la  famille  royale  de  Portugal  ;  le 
bat  était  manqué  ;  la  Qolte  et  les  forces  actives  avaient  quitté  le  Tage  ; 
la  ville  seule  tombait  au  pouvoir  des  Fnmi;ais.  Le  général  se  hftta 
d'arrêter  un  plan  pour  l'organisation  du  pays  ;  aidé  de  MM.  Herman 
et  du  chef  de  police  Lagarde,  il  commença  radminifitalioa  du  Por- 
tugal dans  les  conditions  de  la  conquête;  M.  Herman,  homme  ferme, 
dut  faire  exécuter  les  ordres  de  l'empereur  ;  un  simple  décret  imposa 
cent  millions  au  Portugal,  et  c'est  par  cette  mesure  inflexible  que 
l'aigle  fut  inaugurée  sur  les  tours  de  Lisbonae.  Dans  son  gonveme- 
n)«»t  ri  difficile,  Junot  s'éclaira  des  généraux  Delaborde,  Traiiot, 
Loison  et  Kellermann  ;  Junot  connaissait  Lisbonne,  où  pendant  plus 
d'un  an  il  était  resté  ambassadeur  ;  il  se  comporta  avec  ce  ton  ii^ié- 
rieux  et  tranchant  qui  distingaaH  alora  les  chefs  des  occupations  ftan- 
vaises  à  l'étranger.  Fastueux  à  l'excès,  Junot  s'était  installé  dans  le 
palais  des  rois  ;  il  parlait  en  maître,  agissait  comme  un  souverain  ;  et 
cependant  devait-il  être  sans  crainte?  Pouvait-il  se  maintenir  îsoli 


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TXVASIOX  -BU  POftTCCAL   ET  SB  l'bSPACKI.  ttT 

daosc^e  portion  de  la  Péninsule?  La  flotle  anglaise  pouf  lit  opéiw 
un  débarquenicnt  ;  et  resterait-on  en  Portugal  sans  appui  de  l'Es- 
pagne? 

NapoléoD  n'avait  pas  séparé  les  deax  occupations  militaires  da 
UsboDBe  et  de  Madrid  ;  son  vaste  plau  avait  son  uoitè  ;  lorsque  Junot 
frandûfiSBit  la  Bidassoa,  le  second  corps  d'observation,  ainsi  qu'on  le 
nommait  afaus,  se  groupait  à  Bayonne  sous  Dupont.  Le  géBërel  nfl 
conduisait  pas  les  braves  régiments  couverts  de  gloire  h  Friedland  ; 
Dupont  n'était  plus  &  la  tête  de  cette  division  immortalisée  qui  croisa 
la  baïonnette  avec  la  garde  russe  ;  ces  troupes  étaient  restées  en  Aile- 
magne  ;  l'empereur  lui  avait  donné  des  recrues  à  peine  exercées  ;  sur 
les  28,000  hommes  de  son  corps,  il  comptait  à  peine  3,000  hommes 
de  troupes  d'élite  ;  le  reste  était  des  conscrits  de  la  levée  de  1808.  Le 
général  s'appuyait  sur  un  autre  corps  de  32,000  hommes  conduit  par 
le  maréchal  Moncey,  tandis  que  15,000  soldats,  sous  les  ordres  da 
général  Duhesme,  se  réunissaient  aux  Pyréoées-Orïeatales  près  de  lu 
Catalogne,  champ  de  guerre  illustré  par  les  campagnes  du  maréchal 
de  Noailles  et  de  Dugoœmier.  Ainsi,  en  réunissant  toutes  cee  troupet 
qai  alors  pénétraient  dans  la  Péninsule,  y  compris  l'armée  de  Junot, 
OD  pouvait  compter  80  k  85,000  hommes,  sans  y  comprendre  une 
arrière-garde  destinée  à  soutenir  les  opérations  ;  elle  partait  de  Parla 
pour  Poitiers  et  se  composait  de  deux  régiments  de  ftuUien  de  h 
garde,  quelques  corps  de  vieilles  troupes,  tirées  d'Allemagne,  et  da 
garnisons  de  la  Bretagne  et  de  la  Normandie,  sous  les  ordres  de  Bca* 
sières.  J'ai  déià  dit  que  Uurat  était  désigné  par  l'emperear  comme 
son  lieutenant  chargé  de  diriger  toutes  les  forces  qui  marchaient  en 
Espagne. 

Chacun  des  chefs  de  corps  avait  reçu  des  instructions  particulier» 
et  un  tracé  de  campagne.  Le  général  Ottpont  devait  passer  la  Bidasaoe 
et  s'avaucer  sur  Valladolid  ;  le  maréchal  Moncey  s'appuyait  sur  Burgoi 
et  donnait  la  main  au  général  Darmagnac  qui  occupait  Fampelune, 
et  lui-même  appuyant  sa  gauche  sur  le  gén^l  Dubesaie  en  Catth 
h)gne  ;  par  Valladolid,  l'armée  d'Espagne  se  mettait  en  communica- 
tion avec  Junot  dans  le  Portugal.  Ce  mouvement  n'offrirait  quelque 
sécurité  que  par  la  poeseasion  des  fort^^sses  qui  forment  une  grande 
ligne  sur  les  frontières  de  la  France  ;  on  devait  donc  s'en  emparer  :  h 
Parapelune ,  le  général  Dannagnac  trompa  singulièrement  le  com« 
mandant  espagnol ,  avec  lequel  cependant  on  était  ea  bonne  luu^ 


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188  INVASION   DD  POBTIIGAL   ET  DE  l'eSPAGNE. 

monie  :  100  greaadîers  se  précipitèrent  dans  la  citadelle  m  moment 
de  la  distribution  des  Tivres,  et  la  bonne  foi  de  la  garnison  fut 
trompée  :  à  Barcelone ,  à  Figuières ,  à  Saint-Sébastien  ,  oa  emplofi 
des  stratagèmes  indignes  des  lois  de  la  guerre,  lorsque  surtout  il  ^s^t 
d'une  nation  en  pleine  pais,  et  jusque-là  notre  alliée  fid^  On 
essayait  ainsi  la  patience  des  Espagnols;  il  ne  faut  pas  abuser  da 
caractère  d'un  peuple  ;  il  se  tait  pendant  un  temps ,  il  éclate  Tiolem- 
DKut  ensuite  *. 


'  Voici  les  alraïasèmes  employés  par  les  Fnnfais  pour  s'emparer  de  Pimpdunt: 

Tous  les  jours  les  portes  de  la  ciiadelle  étaient  ouTerlcs  il  des  soldats  franfabjc 
corvéi',  quiveuaient  chercher  la  distribution  des  Tivres.  Le  généra]  Darnugnac  éiiit 
logé  dens  une  maison  de  la  ville  qui  faisait  face  i  la  porte  principale  de  la  ciladrilf. 
Dans  [a  nuil  du  16  au  1?  réiTier,  100  grenadiers  fiireni  cachés  dans  celte  nuisoD;  ta 
hoDiuics  de  corTée,  qui  furent  choisis  parmi  les  Yolllgeurs  les  plus  déterniinêi,  poi- 
taient  leurs  sabres  bous  leurs  capotes;  quelques-vins,  feignant  de  jouer,  s'arr^lirail 
sur  le  pODt-levis  afin  qu'on  ne  pât  pas  le  fermer.  À.  un  signal  convenu  les  uas  se 
jciérent  sur  le  faisceau  d'armes  de  la  garde  espagnole,  les  autres  mirent  Ir  sabrtih 
niaiii;alora  les  greuadiers  cachés  dans  la  maisan  du  général  Darmagoac  ensorURat 
précjpiiammeut,  et  s'emparèrent  de  la  porte  de  la  citadelle. 

Pendant  c«  temps  le  général  Duhesme  se  rendait  maître  aussi  par  ruse  de  BuH- 
lone.  II  avait  fait  demander  au  capitabe  général  espagnol  que  les  troupes  tnafaists 
gardassent,  conjointement  avec  la  garnison,  les  portes  principales;  le  géofnl  e6(a- 
gnol  ne  crut  pas  devoir  refuser  une  telle  proposition,  et  une  partie  des  trtiupts  Fna- 
Caises  entrirent  dans  Barcelooe.  Une  compagnie  de  voltigeurs  fut  placéel  II  porte 
principale  de  la  citadelle,  au  lieu  de  20  hommes.  Le  28  février,  le  général  Dubtane 
annonça  qu'il  passerait  le  lendemain  une  revue  générale  de  see  troupes;  un  btuilloe 
des  vciites  de  la  garde  italienne,  sous  le  général  Lccchi ,  s'appuyait  i  la  palissade 
d'cRIrée  de  la  citadelle  ;  le  général ,  après  avoir  fait  l'ini^pection  ,  s'avança Ttrt  ceU» 
porie,  comme  pour  visiter  l'intérieur,  accompagné  des  officiers  de  son  état-mijor  « 
de  quelques  ordounanccs;  les  deux  gardes  franfaise  et  espagnole  se  mirent  sous  Is 
armes  pour  rendre  les  honneurs.  Pendant  que  le  général  Lecchî,  resté  surlepool' 
levii,  feignait  de  donner  quelques  ordresau  capitaine  des  voltigeurs  frantaiïdeprif, 
le  bataillon  des  véiries  défila ,  couvert  par  le  ravelin  qui  défend  la  porte,  et  enle«  h 
première  sentinelle  espagnole.  Le  général  Lecchi,  pénétrant  alors  dans  lintérieuf,  hl 
suivi  par  les  vélites  ;  puis  quatre  autres  bataillons  entrèrent  après  et  acberèreat  Hu- 
va^ton  de  la  place. 

AFigaitres,  le  colonel  Pio,  commandant  800  bonmea  que  le  général  DahesK  mit 
laissés,  Yonloi  s'emparer  du  fort  San-Femando  par  la  même  ruse  qu'i  BarreloM. 
Hais  le  commandant  espapol,  qui  s'en  aperçut,  fit  baisser  le  pont-levis.  Tootefoi». 
le  colonel  Pio  obtint,  deui  jours  après,  de  renfermer  200  conscrits  dans  la  plate.  " 
tulieudeceui-ci,il  envoya  300  soldats  d'élite,  qui  lui  assurèrent  la  possàsfoa  d> 
fort. 

Dans  les  premiers  jours  de  mars,  le  général  Thonvenot  fit  demander  au  gou  venKur 
de  Saint-SébasticD  la  permission  de  faire  entrer  dans  la  place  les  bilpitaui  du  eor^ 
d'année,  et  quelques  dépôts  de  cavalerie.  Le  gouvcrneor,  ayant  consulté  le  mioistèiF 


îdbyGoOgIc 


HÏTASIOlt  DIT  POBTTfiAL  BT  DE  LBSPAfilfS.  1S9 

Au  c(HnmeDcemeDt  de  janvier ,  l'Espagne  voyait  près  de  80,000 
Français  répartis  sur  son  territoire,  mattres  des  places  fortes  du 
royaame  comme  point  d'appui ,  de  manière  à  pouvoir  agir  avec  sécu- 
rité dans  les  opérations  d'une  campagne.  Ainsi  le  rusé,  le  puissant 
empereur  était  arrivé  à  ses  fins;  il  démoralisait  le  gouvernement 
espagnol ,  en  le  privant  de  ses  ressorts  militaires  ;  la  Bomana  étwt 
envoyé  dans  le  Holstein ,  les  corps  disséminés  dans  toutes  les  pro- 
vinces ;  c'était  comme  uoe  surprise.  Mais  le  peuple  de  la  Péninsule  a 
un  instinct  profond  de  ce  qui  convient  à  son  honneur  national ,  de  ce 
qui  le  blesse  ou  de  ce  qui  l'exalte;  les  populations  de  la  Catalogne, 
de  la  Biscaye ,  de  la  Navarre ,  de  Vittoria  à  Valladolid ,  partout  enfin 
où  les  troupes  françaises  avaient  pénétré,  s'aperçurent  bientôt  que 
ces  prétendus  alliés  avaient  des  desseins  de  conquête  et  d'invasion , 
car  ils  blessaient  toutes  les  lois  de  l'alliance,  tous  les  principes  de 
nation  à  nation.  Que  venaient  donc  faire  ces  étrangers?  Qui  leur 
avait  ouvert  les  portes  de  l'Espagne?  N'était-ce  pas  le  prince  de  la 
Paix,  Godo'î;  nouveau  comte  Julien,  il  avait  appelé  les  Mores?  Les 
Français ,  sans  respect  pour  ies  principes  et  les  coutumes  catholiques, 
transformaient  tes  couvents  en  casernes,  les  presbytères  en  écuries.  Ce 
traître  Godoï  avait  livré  les  Dottes ,  les  armées ,  et  maintenant  il 
vendait  à  bons  deniers  comptants  le  peuple  espagnol,  ce  noble  peuple, 
à  des  étrangers  sans  foi  et  sans  croyance.  Une  fermentation  commen- 
çait parmi  les  masses  :  une  nation  marche  vite  quand  son  bonueur 
est  blessé.  L'Espagne  préparait  une  immense  lutte. 

A  Madrid  même,  la  cour  n'était  pas  sans  inquiétudes  sur  le  carac- 
tère menaçant  que  prenait  l'invasion  française  ;  le  traité  de  Fontai- 
nebleau, qui  partageait  le  Portugal  avait  sans  doute  autorisé  Ventiéo 
d'un  corps  auxiliaire  en  Espagne ,  mais  ce  corps  ne  devait  se  composer 
que  de  ^,000  bommes  ;  et  au  cas  où  les  Anglais  auraient  des  forces 
en  Portugal,  on  relèverait  à  40,000  ;  c'était  tout  et  rien  au  delà.  Kl 
encore  était-il  stipulé  :  que  le  roi  d'Espagne  pourrait  commander, 
en  personne,  toute  l'armée  d'invasion,  alors  même  que  Murât  vien- 
drait comme  lieutenant  de  l'empereur.  Au  lieu  de  40,000  hommes 
on  en  avait  envoyé  ]rius  de  80,000;  ces  corps  auxiliaires,  au  lieu  de 


eaptgnol ,  reçut  pour  réponse  qu'il  a'j  in'H  pts  d'iDconvinient;  le  géoéril  francaN 
une  fois  dtDB  la  place,  l'occupa  bienidt  milfUirMnent,  tloil  que  le  cllteaa  de  Sut  i- 
Crni,  qui  en  «si  la  ciladelle. 


îdbyGoOgIc 


190  »TASIOIf   D0  PORTUGAL  ET  DB    l'bSPAGSB. 

pénétrer  du  cAté  du  Portugal,  s'étaieut  étendus  sar  toute  la  Sgrie  de 
rebre  ;  h  ce  moment  même,  ib  occupaient  par  surprise  les  (praire 
places  priDcipales  do  nord  de  TEspa^ne.  Il  y  avait  donc  16  un  dcasein 
hostile,  inexplicable,  ou  peut-être  trop  bien  expliqué  par  la  chntr 
des  Bourbons  de  Napics  et  le  décret  qui  déclarait  la  maison  de  in- 
gance  indigne  du  trAne  :  Toalait-on  dépouiffer  le  roi  d'Espagne  de 
ion  royaume  et  éteindre  la  racedesBourbons?  Une  grande  perplexité 
existait  partout  ;  le  prince  de  la  Paix  voyait  bien  qn'il  ftllait  rendre 
compte  au  peuple  de  sa  politique  ;  un  partî  restait  à  prendre,  et  k; 
conseils  intimes  de  Godoï  e*  de  Charles  IV  se  réunirent  ponr  arrête 
an  plan  de  conduite  qui  ne  manquait  pas  d'une  certaine  intelligence. 

Le  prince  de  la  Paii  désirait  d'abord  que  des  explications  russoit 
demandées  au  cabinet  de  Paris  ;  Isquierdo,  qui  avait  signé  avec  Dofw 
le  traité  de  Fontainebleau,  fut  désigné  pour  cette  nouvelle  misEJoD, 
Afin  de  solliciter  Hinterprétation  simple  et  naturelle  de  ce  traité;  il 
devait  (^adresser  directement  à  fempereur  pour  obtenir  satisfactioc 
de  la  conduite  des  généraux  français  dans  la  Péninsule  :  si  la  con- 
descendance du  roi  avait  été  à  ce  point  d'antoriser  foccupalion  d*iuie 
OU  deux  places  Fortes,  elle  ne  pouvait  aller  au  delà  sans  exciter  les 
Inquiétudes  de  la  nation.  Isquierdo  alla  prendre  également  les  iœtrac- 
tions  de  Charles  IT,  qni  lui  (Kt  avec  son  ton  de  fl^noiliarité  habituelle  ; 
t  Manuel  est  ton  protecteur  ;  Ms  ce  qn'il  fa  dît,  par  ce  moyen  li 
me  serviras  '.  »  Le  conseiller  Isquierdo  partit  en  toute  bfite,  taa& 
que  le  prince  de  îa  Psix,  réuni  à  la  reine  d'Étraric,  au  roi  do 
Espagnes  et  à  Marie-Louise,  délibérait  sur  les  résoTatîons  ddà^t* 
à  prendre  dans  la  crise  qui  menaçait  le  favori  bien-aim£. 

Don  Manuel  Godbï  n'avait  januns  cessé  d'être  ea-  TVpfSit  a^ 
l'Angleterre,  bu  temps  même  où  il  était  le  plus  rapprodié  de  Nqn- 
téon  ;  Tes  agents  de  Ht.  Canning  s'étaient  multipliés  depuis  nn  radis  i 
Armjuez  et  k  MadKd  ;  les  uns  travaillaient  le  penpTfe,  les  autres  b 
eour  ;  l'Angleterre  ftvorisait  parmi  les  masses  l'idée  d'une  abdicalim 
de  Chartes  IV  au  profit  dii  prince  des  Asturies,  Fernnnd  ;  le»  Angt*» 
Ifldnuaient  i!i  don  Manuel  Godoï  le  projet  que  déjà  M.  Canning  sfnit 
réalisé  pour  le  Portugal,  c'est-it-dîre  la  retraite  du  rur  dan»  lïs  ptw»- 
■tons  d'outre-mer,  afin  de  séparer  l'Amérique  espagnole  de  la  métro- 
pole :  le  Mexique  était  une  terre  aussi  brillante,  aussi  fertile  H^ 

'  aHanuelcs  tupTotcctor;lrasquandoledJga;  porimdlo  sdo  debtsïenbBit'' 


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IHVASION  DD  POBTCGAL  ET   DB  l'eSPAGME.  191 

l'Espagne  ;  tes  possessions  du  oouieau  monde  étaient  les  beaus  di»- 
mants  de  la  couronne  catholique  ;  l'abandon  de  la  Péninsule  ne  devait 
pas  coûter  i  Cbarles  IV  après  taat  de  trouble»  et  d'agitations.  Cette 
idée  souriait  au  prince  de  la  Paix,  d'autant  qu'il  craignait  tât  ou  tard 
les  vengeances  du  peuple  contre  sa  fortune  et  sa  personne  ;  don  Juan 
de  Portugal  était  parti  pour  le  Brésil,  don  Carlos  IV  irait  habiter 
Mexico,  la  Venise  de  l'Ainériiiue  sur  ses  dix-sept  lacs  ;  le  plan  com- 
mercial de  l'Angleterre  pourrait  trouver  soa  application,  elle  pnrfé- 
gerait  l'Espagne  d'outre-mer  et  l'inonderait  de  ses  marchandises.  £n 
tous  les  cas,  la  retraite  provisoire  de  Charles  IV,  daus  l'Andalousie,  ne 
pouvait  souffrir  le  moindre  obstacle;  on  mettrait  la  Sierra-Moreua, 
le  Guadalquivir,  le  Tage,  entre  les  Bourbons  et  l'armée  Française  ; 
lii  on  verrait  si  on  pouvait  se  défendre  avec  l'aide  des  Anglais,  ou 
bien  si  l'on  passerait  en  Amérique,,  selon  le  désir  de  M.  Canniog. 

Ce  qui  déterminait  don  Manuel  Godoï  &  cette  résolution,  c'est  que 
la  mission  d'Ia^ierdoi  Paris  ne  prenait  pas  une  tournure  favorable; 
le  conseiller  intime  du  prince  de  la  Paix,  avait  trouvé  l'empereur  dea 
Français  dans  des  dispositions  inflexibles  contre  la  maison  de  Bour< 
bon.  Tout  était  changé  depuis  la  signature  du  traité  de  Fontaine- 
bleau pour  le  partage  du  Portugal.  L'empereur  savait  que  son  année 
était  en  pleine  poaseasiOD  des  forteresses  du  nord  de  l'Espagne;  il 
disposait  de  ^ès  de  100,000  hommes  répartis  entre  Lisbonne  A 
Vafladolid  ;  puisque  le  Portugal  était  tombé  dans  ses  mains,  il.  fit 
tttendre  à  Isquierdo  que  rien  n'était  plus  simple  que  de  modifier  les 
articles  du  traité  de  Fontainebleau  :  on  douterait  èi  l'Espagne  le  Por- 
togal  tout  entier,  cela  lui  mawiuait  comme  complément  de  terrw 
tofare;  l'armée  fraocaise  briserait  la  séparation  qui  existait  entuc  1« 
deux  peuples.  Or,  en  compensatio»  d'ua  si  beau  lot  donné  à  l'Es-r 
psgne,  Napoléon  lui  donandait  me  part  de  conquête  pour  la  France 
10  delà  des  Pyrénées;  on  prendrait  l'Ëbre  pour  limite;  ce  fleuve 
Miaît  la  s^aratioQ  des  deux  royaumes;  on  tirerait  ub  cordeao 
iepaâA  Bilbao  jusqu'à  Tortose  en  passuit  par  Vittoria,  Tud^,  Sara- 
pMse,  Mequinenia  ;  c'était  la  fr(mtière  de  l'ancien  em^re  de  Cbar- 
leœagne,  soa  successeur  la  désirait  comme  complément  à  son  vaste 
ijstème;  on  devait  donc  Cermuln  un  nouveau  traité  dans  le  sens  des 
volontés  de  l'empereur. 

Lorsque  la  cour  reçat  cas  dépêches  d'Isquierdo,  elle  se  confirma 
duu  la  résolution  d'une  retraite  précipitée  derrière  la  Sierca-Morena, 


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192  llfVASIOH  Mt  POKTDGAL  KT  DB  L'BSrACn. 

poar  se  mcUre  k  l'abri  d'un  coup  de  main  :  des  ordres  furent  expé* 
diéi  aux  troupes;  on  cbcHsit  Séville  pour  siège  futur  du  gooierae- 
meot  ;  des  envoyés  seraient  expédiés  &  Londres  pour  solliciter  ctHneil 
et  appui  au  cas  où  l'on  serait  forcé  de  prendre  une  résolution  sem- 
blable k  celle  de  la  famille  de  Bragance.  Le  roi  Charles  IV  écritit  aox 
chefs  des  gardes  du  corps,  aux  subses  de  sa  maison,  aux  régiments 
wallons  qui  avaient  leun  quartien  k  Madrid,  pour  les  appeler  k 
Aranjuez,  afin  d'entourer  sa  personne.  En  Espagne,  tout  se  fait  avec 
solennité  et  grarité,  la  royauté  ne  se  remue  qu'avec  un  appareil  im- 
mense ;  de  inreils  ordres  devaient  exdter  une  inquiétude  générale, 
c'était  de  l'activité  au  milieu  d'une  cour  immobile,  le  mouvement 
dans  le  repos,  le  réveil  dans  la  sieste  ;  le  peuple  murmura  donc  tout 
haut.  11  y  eut  d'indicibles  rumeurs  dans  la  multitude,  on  menaça 
d'une  sédition.  Celte  sédition  avait  des  causes  profondes. 

Le  prince  des  Asluries,  depuis  son  procès  criminel  de  San  Lorenzo, 
avait  tenu  une  conduite  plus  réservée  ;  le  chaitoine  Escoïquiz,  le  duc 
de  rinfantado,  l'un  et  l'autre  exilés  ne  l'aidaient  plus  de  leun  con- 
seils ardents.  La  reine  d'Ëtrurie  avait  même  essayé  un  rapprocfaonent 
entre  don  Manuel  Godoï  et  le  prince  ;  il  était  question  d'un  mariage 
de  famille  ;  ils  s'étaient  serré  la  main ,  et  FemaDd  dit  k  Manuel  : 
«  On  m'avait  Utimpé  sur  toi  :  je  vois,  tu  es  un  bon  s»Titeur.  »  Le 
{Hrince  des  Asturies  n'en  restait  pas  moins  le  chef  des  mécontents  ;  le 
peuple  a  toujours  besoin  de  formuler  les  griefs  et  de  les  personnifier 
en  UD  homme  qui  devient  l'objet  de  son  amour  ou  de  sa  haine  ;  pour 
lui  tout  est  passion  ;  or  don  Femand  était  son  ami  naturel ,  son  pro- 
tecteur ;  don  Manuel  Godoï,  son  ennemi.  Ajoutei  à  cette  circonstance 
les  instructions  venues  d'Angleterre ,  quelque  aident  jeté  parmi  des 
hommes  ardents,  et  l'on  s'expliquera  les  scènes  qui  se  préparent  au 
vaste  palais  d' Aranjuez.  Dans  la  journée  du  18  mars,  la  fermentation 
^accrut  i  Madrid ,  la  cité  du  peuple  ;  on  voyait  les  casernes  de  U 
Fuerta  del  Sol  s'agiter  d'une  façon  étrange  ;  les  officiers  parlaient 
entre  eux  à  haute  voix  contre  Manuel  Godoï  ;  les  soldats  espagnols 
abandonnaient  leur  caractère  grave  et  silencieux  pour  se  communiquer 
leurs  griefs  contre  le  favori  ;  une  multitude  de  peuple  :  mdnes, 
alguaiib,  muletiers  d'Oviédo,  Asturiens  aux  membres  forts,  à  h 
démarche  fière,  Aragonais  à  la  culotte  de  velours  noir,  à  la  crépine 
{tendante ,  se  mêlaient  dans  les  rangs  des  soldats  :  on  se  demandait 
ce  qu'il  était  avenu  au  seigneur  roi  ;  tout  le  mmide  savait  que  les 


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INTASION  DIT   POBTUGAL  ET  DE   l'bSPAGNE.  193 

ordres  da  prince  de  la  Paii  appelaient  les  gardes  wallonnes,  les  troupes, 
proTinciales ,  les  régiments  de  ligne,  la  garde  du  corps  même  à 
Aranjaez;  que  signifiait  cette  résolution?  Est-ce  que  le  roi  allait  fuir 
en  laissant  isolée  sa  bonne  ville  de  Madrid?  Manuel  Godoï  voulait-it 
l'enlever,  comme  les  Mores  traînaient  en  captivité  les  comtes  de  Léon 
et  de  Gastille?  Est-ce  que  la  ville  de  Madrid  serait  privée  de  ses  sou- 
verains? Est-ce  que  le  Buen-Betiro  ne  verrait  plus  les  infants  jouet 
mus  ses  frais  ombrages  ?  Aranjuez ,  veuve  de  ses  nobles  h6tes ,  n'en~ 
tendrait^IIe  pins  le  cor  de  la  chasse  royale  ? 

Ainsi  perlait  le  peuple,  se  groupant  autour  des  soldats  appelés  à 
Aranjuez  par  les  ordres  royaux.  Quand  les  tambours  donnèrent  I« 
signal,  la  foule  suivit  les  troupes  qui  se  rendaient  à  cette  belle  rési- 
dence des  Bourbons  espagnols.  Aranjuez  *,  le  Versailles  d'Espagne  ^ 
oGTre  une  population  de  14  à  15,000  Ames;  la  ville  est  découpée  en 
rues  larges  à  la  façon  de  Louis  XIV,  car  Philippe  V  avait  passé  son 
enfance  k  Versailles  et  il  voulait  reproduire  là  cette  création  merveil- 
leuse que  son  aïeul  avait  jetée  au  milieu  d'un  désert.  Le  palais  d'A- 
ranjuez  était  grand,  bien  abrité  par  une  verte  feuillée;  leTage  arrosait 
le  pied  du  château  ;  d'immenses  écuries,  des  casernes  aux  bâtiments 
blancs,  composaient  les  alentours  du  palais  construit  sans  défense, 
comme  Versailles,  car  Versailles  fut  la  résidence  des  temps  pacifiques, 
comme  Saint-Gerniain  fut  celle  des  époques  de  guerre  civile.  Dans 
cette  Aranjuez,  habituellement  si  paisible,  la  foule  se  pressait,  pous- 
sant des  cris  tumultueux  ;  si  elle  respectait  le  roi  Charles  IV,  de 
gros^ères  injures  étaient  jetées  à  la  face  de  la  reine  Maria-Luiia  et 
surtout  de  Godoï ,  l'objet  de  la  haine  publique.  Les  soldats ,  sous  le 
vaste  palais,  au  lieu  de  réprimer  ces  manifestations  séditieuses  dans. 
les  cours  d'Aranjuez,  hésitaient  devant  toute  répression  ;  les  gardes 
du  corps  mêmes,  plus  dévoués  à  Manuel,  leur  vieux  camarade,  sem- 
blaient prendre  part  à  la  sédition  commune.  BientAt  le  tumulte  devint 
tellement  grand  que  les  dalles  du  palais  en  étaient  ébranlées  :  le  sang 
coula  ;  des  paroles  de  mort  furent  prononcées  contre  le  favori  en 
même  temps  que  des  cris  d'enthousiasme  et  d'amour  pour  Femand  ; 
le  peuple  est  toujours  dominé  par  cette  double  expression  d'amour  et 


'  J'ai  visité  Anfljaei  dans  nu  bd  et  chand  élé  d'Espagne;  je  foulais  des  gaions 
verts  au  milieu  des  ehtnts  de  mille  oiseani  rates  :  malheureusement  le  bmicMment 
At  la  cigale  domine  sous  ces  fcui  ardents.  Laa  bords  du  Tage  sont  admuable». 


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104  ÏMVjISION   DD  rORTCGAL  BT  BB   t'ESPAGHI. 

de  haine.  Le  prince  dea  Asturies  paraisait  le  symbole  de  la  aatioinlé 
espagnole  :  lui,  aa  moins,  n'était  pas  vendu  aux  François,  il  u'offmit 
pas  les  portes  aux  Mores  ;  il  régnerait  en  roi  cattioliqae ,  espijtid, 
BBBS  trattres  et  sans  trafiquants  (tu  royaame  de  CastiIIe. 

Lorsque  la  fureur  thi  peuple  demandait  i  grmds  cris  la  t£te  de 
Manuel  Godoï,  Charles  IV^  la  reine  Maria-Luiïa  paraissaient  aoa- 
blés  de  ht  disgrâce  qu'éprouvait  leur^iaucre  ami;  3Êcmiul,  MmauHta, 
était  tovte  knr  pensée;  qu'on  le  sauvAt,  et  h  couronne  Êtaitia 
prix  *  ;  que  leur  Taisait  le  pouvoir  rïl  n'était  plus  secondé  par  lenr 
pauvre  ami^  Aranjuex  pour  eux  serait  désert  comme  l'EscuriiIel 
Saint-lldefbnse.  Cependant  Godoï,  en  entendant  ces  cris  de  furenr. 
s'était  déïoM  à  la  multitude  ;  quand  on  deroantiaK  sa  vie,  it  se  ctdnl 
SOUB  des  matelas  amoncelés  dans  un  grenier.  Étranges  caprices  qu 
la  fortune  réserve  aoi  favoris  t  Cehii  dont  ïea  ordres  étaient  Bago*Tf 
Kspectés  dans  les  deux  mondes ,  celui  qui  comnoandait  k  toutes  h 
justices  de  CastiIIe,  ne  trouvait  pas  un  asile  ;  sur  sa  tête  grooiUt  w 
de  ces  revirements  de  destinée  qui  doivent  effrayer  les  puissants.  Pen- 
dant trente-«x  heures,  Manuel  Godoï  resta  dans  s»  cacheté  ;  mourut 
de  soif,  H  s'adressa  à  an  garde  du  corps  pour  le  secourir ,  et  celoi-a 
dénonça  le  traître  à  ht  onritHude  *  ;  de»  eris  de  mort  fiirent  eacsR 
proférés. 


*  le  doonenl  plus  urd  uoe  Utde  inBnimeiit  ciuieuse  de  1»  reine  tu  '^it<tii> 
de  Berg  sur  son  pauvre  ami. 

'  Vokl  le  premia  récil  qui  ftit  atrojt  p»r  famlisHMde  frençeise  1  MapeK»  '■ 
CL  Amdjvcz.  19  mMS  1808. 

B  Ce  que  paraisuieDl  se  propvGer  Ws  dicEt  de  l'iMurrection  vient  d'ilre  caunv 
de  succès. 

j»  CemilJD.àneufhcures,  un  garde  vlal  prévenir  qa'il  aveli  eru  mmiiufw'' 
prlneedebPiii.qailuiBTait  deBemK  k  boire.  Le  grend  eminl,  ceeUbV 
chuabra  obeeure  de  sa  maieoD,  el  étant  naU  tfeB(e-sii  heures  san&boiKi***' 
demandé  à  ce  garde  un  peu  d'eiu.  Les  chers  du  rassemblement  qui  se  ttnucui  lui""' 
de  la  maison  donnéreui  aussitdt  le  signal,  et  une  foule  considérable  se  p)(i*  '  " 
■Mison  dn  prince.  La  reine  conjura  le  prince  des  Asturies  de  s«o¥ei  le  priK**" 
^ix.  Le  prince  des  Asluncsvintham^oM  les  mutina,  et  arrache  lapri>M«^ 
Paix  à  leur  fureur.  J'ai  TU  de  ma  fendue  le  grand  amiral,  blessé  àrwlclcM*"'' 
S«ng,  marcher  entre  deu»  gardes  du  corps  qui  le  tenaient  au  collet  ;  illrouiisftw 
dans  la  caserne  des  gardes  du  corps.  Le  prince  des  Asturies  fut  obligé,  F"' 
■Burer,  de  s'engager  à  lui  faire  faire  son  procès. 

»  A  iTOis heures  après-midi.  Te  même  rassemblement  se  reporta  devant  la  mt^ 
son  but  paroissdii  Otre  plus  sérieui.  Il  se  tenait  des  propos  affrcui.  Oo  dmiM*' 
des  litrs  et  du  sang  ;  on  accusait  les  personnages  les  iJns  augustes  de  tonloir  w»*- 


D,„l,z.dbyG00glC 


IKTAtlOn  DD  FOBTDGU.  KT  DB  L'ISPAGR.  195 

Alors  la  reine  éperdue  et  Qiarles  IV  consterné  s'adressèreat  à  leur 
fils  Fernand,  qu'enTironnait  l'uoour  du  peuple  :  «  Lui  seul  pouwt 
sauver  le  ptmvre  ami  ;  aucun  sacriike  ne  coûterait  ;  la  conroane  était 
pesante  dès  que  le  prince  de  la  Paix  n'en  partageait  pas  le  faii. 
Fernaoïl  voulait-il  ttte  rai  7  eb  bien  I  l'abdication  aurait  lUo  ; 
Cliarles  IV  allait  le  letirer  daas  t'Andolouaie,  h  Badajoz,  à  G«dix, 
pourra  qu'on  lui  laiss&t  Maend  Godoï  ili  son  service.  »  Et  le  prioee 
des  Aiturits,  obéissant  ainsi  à  son  père,  vint  ao-deiaot  du  favori  %m 
la  multitude  tratoaît  déjà  dans  la  pousaiire.  Plus  d'un  caiUoa  rammé 
dans  le  Tage  vint  frapper  celui  que  la  foreur  da  peuple  éerasatt; 
Hanuel  était  blessé  à  l'œil  ;  son  corps  était  tout  meurtri  ;  FernaBd 
s'approcha  de  hii,  le  prît  sens  9oa  bras,  te  couvrit  de  la  personne,  st, 
haranguant  la  foule,  il  engagea  sa  pan^  :  «  Que  le  procès  serait  fUt 
À  Godaî  jeté  dans  lesprîsonsdn  palais;  H  fallait-ua  eiemple solennel, 
il  serait  donné  par  le  «»!eil  des  Castille»;  et,  si  Manuel  était  déclaré 
eeupable,  le  peuple  pourrait  danser  aotoor  de  son  cadavre  pendu  sur 
îe  Plaia  Mayor  8  MadrM.  »  Le  resçcH  que  la  fonJe  portait  à  Femaad 
arrêta  les  fureurs  meurtrières  ;  des  acdamations  partirent  autour  de 
ce  jeune  prince,  Tespoir  de  l'Espagne  ;  on  se  borna  pendant  ce  ten^ 
k  jeter  mille  imprAesAions  contre  Manuel  Godoi  ;  on  répéta  des  épi- 
tl^les  sales  et  ignobles  que  les  mntetienr  des  Asturies  appliquient  au 
vieox  page  de  la  reine,  «a  eortejo  de  HBii»>LDizB  ;  il  fut  condirit 
dans  les  prisons  d'Aranjuez,  et  les  gardes  du  corps  dorent  vailarsar 
sa  personne. 

Dès  que  Charles  IV  et  la  reine  Maria-Luîza  eurent  appris  que  leor 
pauvte  ami  était  en  sûreté,  ils  sougèrent  à  réaliser  le  vœu  de  cette 
multitude  énnie.  Le  setr  l'abdication,  déjà  discutée  au  conseil,  fat 
résohie  par  le  roi  ;  était-elle  la  suite  d'une  conjuration  positive  ?  les 
ressorts  eu  étaient-ils  préparés  par  le  prince  des  Asturies  et  ses  com- 
plices de  la  grandcssa?  Le  moavem«tt  d'Aranjuez  fut-il  prévo  et 
arrangé  d'avance,  ou  vint-ït  spontanément  comme  le  résultat  de  la 


iraire  le  prince  de  It  Paix  i  I»  TÏndicte  pnWîque,  pour  le  foire  passer  en  Grnnde. 
Les  iiïtes  s'échauITsienl  ;  beaucoup  de  soldats  se  joignaient  k  ces  rossemblemcnts. 

»  Le  roijugeai  propos,  sur  ces  entrefaites,  d'envoyer  dire  qui!  se  démettait  d«la 
couronne.  Le  peuple  poussa  des  cris  de  joie.  Le  prince  des  Asiaries,  dCTenu  roi  par 
celle  abdication,  a  promis  de  poursuivre  juridiquement  lo  prince  de  laPaii.  La 
décret  d'abdication  part  k  l'instant  pour  Madrid,  où,  dans  la  situation  actuelle  des 
tttcs,  i)  sera  •ccudlll  avec  empiwsfnent.  • 


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196  WVASIOH  DU   P0KTU6AL  BT  DE  l'eSPÀCNB. 

aituatiofl?  Dans  les  évéoeineiits  politiques',  il  7  a  noitu  deconjit- 
ralions  qu'où  ne  croit  ;  quand  uue  situation  est  faite,  les  coDséqucncn 
en  découlent  naturellement  :  ainsi  le  prince  Femand  n'ent  pas  beann 
de  s'entendre  avec  les  conjurés  pour  arriver  à  la  couronne  ;  elle  \m 
vint  par  la  force  des  circonstances.  Le  peuple  proclama  FeroaDdYIl 
comme  une  espérance  de  sa  nationalité  ;  Charles  IV  ne  lui  panisEiil 
plus  un  roi  digne  des  Caslilles;  don  Manuel  Godoî  était  uu  tnttre; 
AO  voyait  l'avènement  d'un  nouveau  prince  comme  un  retour  toi 
l'iodépendaitce  espagnole  ;  Femand  se  laissa  porter  par  les  flots,  il 
n'eut  pas  besoin  de  les  commander.  Quant  à  Chartes  JV  et  i  la  reine, 
ils  furent  frappés  par  le  coup  qui  atteignait  le  prince  de  laPui;it 
étaient  tout  par  lui,  incarnés  en  lui  ;  ils  cessèrent  d'être  soureraK 
quand  leur  pauvre  ami  fut  captif.  , , 

Le  soir  du  19  mars,  en  présence  de  quelques  grands  d'Espagne, 
Charles  IV,  vieillard  couvert  de  rhumatismes  et  de  goutte,  déclanqull 
voulait  abdiquer  une  couronne  dont  le  poids  le  fatiguait,  lui,  épuise 
et  malade  ' .  Le  secrétaire  d'Etat  Cevallos  dut  rédiger  la  cédole  royale 
de  renonciation.  «  Pedro,  fais-la  bonne  et  formelle,  lui  dit  le  Tient 
roi  ;  je  ne  veux  plus  de  mon  pouvoir  ;  d  et  tant  il  était  emprasid'i^ 
complir  celle  abdication,  que  lui,  qui  ne  signait  plus  par  suite  àens 
douleurs  et  de  sa  paresse  ',  voulut  apposer  au  bas  de  l'acte  ces  parole 
sacramentelles  Moi  le  roi,  qui  constituent  la  forme  de  la  volonté 
royale  dans  la  Péninsule. 

'  L'acte  officiel  de  cetle  «bdication  est  tin^  contn  : 
Décnt  roj/al. 

*  Comme  mes  iufimiitéa  btbiiQcUei  ne  mepermelienlpcsdeMipporierphtikint 
lemps  le  poids  imporUDl  du  gouvernement  démon  royaume,  et  ajeDilNMÙipw 
rHablir  ma  E«Dté,  de  jouir  dans  ua  elimat  plus  inopéré  de  la  vie  priTée,j'lid^>'^' 
•près  la  plus  mùrc  délibération,  d'abdiquer  ma  rouronoe  en  TaTeur  de  DwaUiilin, 
mon  iris-aimé  fils  le  prince  des  Astaries. 

■  EDConséquCDce,  ma  volonté  royale  est  qu'il  soit  reconnu  et  obéi  cemat  ni  <* 
leit^eur  naturel  de  tou6  mes  royaumes  et  Eouyerainelés;  et  pour  quecedécrHr<J;il 
•le  roa  libre  et  spontanée  abdication  scit  etaclement  et  dûment  accompli,  tou^'' 
l'nnuDuniquem  au  cooseil  et  i  tous  autres  i  qui  il  appartiendra. 

■  Donné  i  Aranjuei,  le  19  mars  1808. 

>  A  don  Pedro  CeTslloa.  >  lo  kl  rei.  t 

'  Il  envoya  officidlement  la  lettre  miiTante  à  l'empereur  pour  annoncei  son  >!>''' 

LeKn  de  CharUi  ira  PfapeUott. 

H  Uensleur  mon  frère,  ma  santé  ■•  trouvant  chaque  jour  pins  déhbcée.i'ii''' 

néccsaalre,  pour  la  rétablir,  d'aller  chercher  un  dlntt  pigs  dout  que  celui-ci ,  «>  ■■' 


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INVASION  DIT  POSTOGAL  ET  DE  l'eSPAGNS.  197 

Dès  ce  moment ,  Cbarles  lY  cessa  de  régner  ;  il  n'abdiqua  pas 
comme  Charles-Quint ,  fatigué  d'une  grandeur  sans  limite  ;  ce  ne  fat 
pas  le  roi  philosophe  allant  finir  ses  jours  dans  un  monastère  pour 
méditer  sur  les  choses  humaines,  après  avoir  accompli  son  œuvre  ;  ce 
ne  fut  pas  Philippe  V  quittant  le  trAne  avant  la  mort  pour  assurer 
les  droits  de  son  Gis  :  Charles  IV  fut  un  roi  qui ,  s'étant  incarné  dans 
un  farori ,  ne  comprenait  pas  le  pouvoir  sans  lui  ;  le  sceptre  était  de 
fer,  la  couronne  d'épines.  Le  jour  où  tomba  Godoï ,  tout  fut  dit  pour 
le  roi  et  le  reine  des  Espagnes;  Maria-Luiza ,  préoccupée  de  Manuel, 
voulut  le  sauver  è  tout  prix  :  spectacle  de  faiblesse  et  de  décrépitude, 
expression  de  la  vieillesse  luxurieuse  d'une  reine  qui  avait  tout  sacrifié 
pour  le  cortejo  de  ses  jeunes  années. 

Le  prince  des  Asturies  fut  proclamé,  le  même  soir,  roi  des  Espagnes 
cf  des  Indes ,  sous  le  nom  de  Feroand  VU .  Ce  fut  un  triomphe  d'opi- 
nioD  publique ,  une  manifestation  bruyante  de  la  multitude  ;  on  vit 
la  foule,  ruisselante  dans  les  jardins  d'Axanjuez,  saluer  le  nouveau 
monarque  par  des  acclamations.  Jamais  cri  d'amour  des  sujets  et  vas- 
saux ne  fat  jeté  avec  plus  d'enthousiasme  ;  ce  peuple  semblait  pres- 
sentir que  dans  le  nouveau  souverain  était  le  symbole  de  la  nationa- 
lité espagnole  ;  il  l'aima  de  toute  la  haine  qu'il  portait  à  Godoï  ;  le 
soir  le  baîsement  de  main  eut  lieu.  La  nouvelle  de  l'avènement  del 
rty  nuestro  aegnor  Fernando  VII  se  répandit  &  Madrid  ;  et  l'on  vit  des 
illuminations  aux  cierges  blancs,  des  tapisseries  jaunes  et  rouges  ten- 
dues aux  fenêtres,  comme  dans  les  jours  de  réjouissances  publiques, 
ou  quand  le  saint  corps  passe  aux  processions  de  la  Fèle-Dieu  dans 
les  calUa  d'AIcala  ou  de  San-Geronimo. 


reiiraDt  des  affaires  de  mon  rojaunie.EacoDséqaence,  j'ai  jugé  conTenible,  poar  le 
JMabent  de  mes  peuples,  d'abdiquer  en  faveur  de  mon  fils  bieQ-aimé,  le  prince  de» 
Asiuries.  Les  liens  qui  unUsent  dos  deux  royaumes,  et  l'esUme  toute pariiculitee 
qnej'aitonjonrs  eue  pour  la  personne  de  T.  M.  I.  et  R.,  me  fonl  espérer  qu'elle  oe 
pourra  qu'applaudir  à  ceUe  mesure,  d'aulani  plus  que  les  seutiments  d'eslime  et  de 
moD  tffeclion  pour  T.  H.I.  et  S.,  que  j'ai  tlché  d'inspirer  i  mon  fils,  se  sont  si 
profondéraentgraTésdansBon  cœur,  que  Je  suis  SÛT  des  soins  qu'il  se  donnera  pour 
resserrerdepIuseuplusIesdeuiÉtals.  Je  m'empresse  d'en  faire  part  àT. H.I.  et  R,, 
ta  lai  raiouTelani  i  cette  occasion  les  assurances  de  mon  attachement  sincère  et 
les  Torax  que  je  ne  cesserai  de  tkm  pour  la  proipéril^  de  V.  H.  I.  et  R.  et  de  toute 
son  auguste  lamille. 

'  Je  suis,  avec  ces  sentimenta,  de  V.  U.  I.  et  R.,  e(e. 

>  Chablis.  » 

A  Aru^na,  ce  aD  man  1908. 


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ttS  muia  Di  uiaon. 


CHAWTREIÏ. 


I  St  MLTtMVK,  JOIKPH  tOf  D  SI 


llviatk  Madrid.  —  Ses  rapports  politiques  mrt  Charlet  IT  «t  la  reine  U*rte-Le<ii». 
—  La  reine  tTfttnuie.  —  ÂbdteatioD  et  ChnrhsITtiiraclte.  —  iHtradnui 
H.  de  Beaubarnais  et  à  Murât.  —  NigodaUokS  ée  FerdiMnd  TU  «*ee  l'cafimii- 
— LfgMnl  Sarsnr  1  Madrid.  —  Sa  nitaioii.  —  iM^art  de  FfnUaand  poorti 
froatiire.  —  Séjour  à  Viltoria.  —  HapoUon  i  Bajonnc.  —  iBStances  »prèsd( 
Vadlnand  pour  l'abdication.  —  L'empertnr  et  le  chanoine  EMCïiiali.  —  U- 
graMls  d'BsptfDe  k  Bajanne.  —  Voyage  de  Charles  IT.  —  DéreloppeiHot  di 
4raiiM.—  HouvMMot  popalaire  d«  2  mai  i  Madrid.  acJWM  «MRCkatlM iV. li 
nina  et  FvdiDand.  —  Les  traités  de  Bafonne.  —  Ordrei  Joseph  d'ar^lrersu[-t^ 
cJwtnp.  —  Son  en ^vue  avec  Napoléon.  —  Simulacre  de  jnnte.  —  ronnnltdeli 
«onslituUon.  —  Imlla^adu  baise-main  de  Philippe  T.  —  LesdorniersBeiirtioD- 


Lorsque  le  drame  â'Aranjuet  se  développait  dans  les  proportions 
d'une  émeute  en  Espagne ,  Murât ,  grand-duc  de  Berg ,  s'avantaili 
tiarches  Torcées  sur  Madrid.  Les  ordres  de  l'empereur  étaient  i^écis: 
ménager  les  populations  espagnoles ,  afin  de  leur  donner  one  grande 
et  noble  idée  des  Français  ;  tout  devait  être  payé  avec  eiacliludc 
par  l'armée ,  aucune  réqui^tion  ne  serait  faite  sur  les  villes,  on  détail 
agir  comme  des  alliés  jusqu'au  moment  où  l'empereur  se  pronoDCCiail 
sur  la  desUaée  de  la  Fèuinsole.  Dès  Burgos,  Murât ,  imiUi^  ^'^ 
jours  la  putie  pempeuse  et  dramatique  de  Napotéos ,  s'étût  tirf^ 
anx  Espagnols  dans  une  proclamation  bienTCillante  et  souveraine  '. 

'Cinvlaire  ttdreuée  parS.À.I.etB.U gmnd-d^cdtBcrgàUM.Ui  HiUMbaK 
gouctmtun  el  députéi  dtt province»  de  Burgot,  de  la  YitOU'CaitQie,  itla»t- 
«a)f*,  dt  Gtiipiucoo,  etc. 

«  Messieurs  les  députés,  parti  de  Paris  d^ubnDeqtùnraine  dejowa  pevr  pns^ 
le  commandement  des  troupes  deS.  M.  l'aiapareur,  j'aiftpyris,  km»  eaiK^" 
Bapagne ,  que  v«s  prvif  oces  avaient  fait  des  avances  consdérables  pour  les  ironpr 
françaises,  e(  que  tontes  ces  dépenses  étaient  i  ta  cha^  de  ces  oàtiMS  pratinn^ 


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la.  matùe  d'être  roi  «'avait  pat  qatiié  le  grand-duc  de  Becg;  U  avait 
rêvé  la  couronne  de  Pologne  et  de  Prusse  ;  maHiteaant  ctUle  d'Es- 
pagne flattait  son  amoar-prqpre  ;  lui ,  né  pauvre  en  Quercf ,  som  le 
soleil  méridional,  rêvait  la  souveraineté  des  belles  villes  d'Espace , 
de  Burgos,  Alcantara.Séville  et  Cadix. 

A  fiuytrago.  Murât  connut  les  événunente  d'Ara«jaez  ;  il  se  h&ta 
d'accourir  i  Madrid,  m  l'année  française  fit  aoin  entrée  avec  toutes  les 
pompes  militaires,  le  23  mars.  Le  sois  de  Murat  fut  d'oi;{[atiiser  un 
bon  système  de  défense  ;  les  troupes  acci^rrait  les  casernes  vacantes  ; 
iJ  ne  restait  plus  que  quelques  bataillons  de  gardes  espagnoks  ;  Murat 
prit  contre  eux  d»  précautions  de  défense  sans  les  désanner  racore. 
Sa  pensée  n'était  pas  de  se  montrer  hostile  k  l'Espagne  ;  comme  il  w 
croyait  appelé  &  régner,  il  ménageait  l'oiigueil  du  peuple  castillan  ; 
cette  saUon  lui  fdaisait;  ^e  était  pleine  d'ostentatlt»  ;  lui  n'avait-It 
jpas  aussi  tontes  les  manies,  tous  les  clinquants  d'un  ècuyer  du  cirque 
ou  d'un  toréador  dans  une  belle  lutte  de  taureau  de  la  Plaça  Mayor7 
Dès  que  la  cour  d'Arai^uec  aj^rït  l'airivée  de  Murat ,  le  beau-frère 
de  l'empereur,  tous  les  partis  s'adressèrent  spootanéneat  à  lui  pour 
attendre  leur  destinée  :  aucun  des  princes  d'Espagne  ,  auc«n  des 
homneB  d'État  ne  pensait  triompher  aans  le  secours  et  l'appui  de 
l'empereur.  Si  secrètement  on  s'adressait  au  comte  de  Strogonoff, 
ministre  de  Russie ,  ou  au  nonce  Gravins ,  afin  de  tâter  l'opinion  des 
cabinets,  on  savait  bien  que  le  seul  moyen  d'arriver  h  une  solution 
pour  les  affaires  d'Espagne ,  c'était  d'obtenir  la  protertion  suprême 
de  Napoléon ,  et  par  conséquent  de  Murat ,  qui  était  son  image  : 
Otaries  IV,  la  reine,  Ferdinand  lai-même ,  tous  s'étaient  bâtés  de  se 
mettre  en  rapport  avec  le  généralissime  des  armées  franfaises  qui 
fixait  son  quartier  général  à  Madrid.  Aucune  opinion  ne  pouvait 

S.1H.  m'a  efairgi  4«  Toas  Ikfn  «rniBittre  qu>H«  rmdionraira  iTee  )b  phR  MrnpalmM 
MMtlnâe  tout  ce  qui  a  M  ptjt  tifovnii  povr  ses  WonpoB.  ie  ve«s  fanHeca  <«■- 
9A4«cn«  d'en remeltre  les tiMOTelhetlMtè  l'imw><«Bt^el'«nlk. 

■  Drputs  que  je  suis  a«  mflien  de  voas,  je  ne  pais  qat  me  ttWtlMt  4m  boBovs 
dispoïtûons  qui  voas  MHomil ,  et  je  me  mis  tntpnssé  d'en  nndre  compte  à 
g.  M.  l'emperrar,  qui,  plein  d'cBiime  et  d'affecttM  pour  la  oatim  taptgatAt,  a  h 
désir  de  contribuer  de  toutsoncanir  au  bieD-^tredavepeya. 

»  Sur  ce,  je  prie  Weii  qu'il  tous  ait  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

■  Danné  k  Burgos,  au  fnKé  qiwrtier  gtménl  des  arm^  d'Bspagn ,  le  lA  mira 

•  Ixgraad'diNdeAeiig,  UeataMMdel'enpctear. 

»  JoAcaiM.  ■ 


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^00  DRAME   DS  BATOim. 

triompher  sans  lui;  on  courait  prendre  ses  ordres,  etMunt.doQt 
1a  vanité  grandissait  en  raison  de  sa  situation  élevée ,  accueillait  ta 
sollicitations  en  véritable  suzerain,  donnant  à  tous  des  espérances  qui, 
'par  la  suite,  favoriseraient  sa  propre  élévation  à  la  conroune. 

Dès  le  lendemain  de  son  abdication  ,  le  roi  Chartes  lY  avait  envoté 
un  de  ses  confidents  les  plus  intimes  à  l'ambassade  de  France  i 
Madrid.  M.  de  Beauharnais,  qui  attendait  alors  M.  deLaforest,aTait 
(les  instructions  doubles  ;  le  but  de  Napoléon  était  de  favoriser  la 
dissensions  au  sein  de  la  famille  d'Espagne,  afin  de  démoraliser  le 
pouvoir  de  la  maison  des  Bourbons.  H.  de  Beauharnais  déclin  ; 
-«  que  les  événements  d'Aranjuez  lui  paraissaient  avoir  uu  candèit 
de  violence ,  et  il  conseillait  à  Charles  IV,  au  nom  de  son  souvefaiii, 
-de  préparer  une  protestation  contre  un  acte  évidemment  arraché  pu 
Ma  tumulte  irrégulier  ;  »  d'après  ce  conseil ,  le  roi  Chartes  IV  rédigea 
une  protestation  en  espagnol ,  écrite  de  la  main  du  secrétaire  d'Ëlal, 
-revêtue  du  scel  royal  ;  elle  fut  déposée  À  l'ambassade  pour  l'oi^ioser 
aux  droits  de  Ferdinand  VII*  ;  il  y  disait  en  quelques  lignes:  «qa'il 
protestait  et  déclarait  que  tout  ce  qui  était  contenu  en  son  décret 
du  19  mais,  abdiquant  la  couronne  en  faveur  de  son  fils,  avait  été 
forcé  afin  de  prévenir  de  plus  grands  maux.  »  H.  de  Beauhanuii 

'  Ltiirt  durai  Charltt  IV  à  l'eoiperew  Napoléon. 

a  HoosteuT  moD  frère,  votre  majesté «pprcadra  sans  doate  avec  peine  ^tséii» 
menls  d'Aranjuez  el  leur  résulut  :  elle  ne  verre  ]ies  sbds  quelque  intérêt  on  roi  pi' 
-forcé  d'abdiquer  la  courouDe ,  vient  se  jeter  dans  les  bras  d'un  graod  mODËrquc  !»> 
-allié,  seremettanien tout  isa  dispositioD,  qui  seul  peut  Mn  son  boi^enr,  cdv 
de  toute  sa  famille  et  de  ms  Sdèles  et  aimés  sujets.  Je  n'ai  déclaré  m'en  démeliR  <<> 
faveur  démon  Sis  que  par  la  force  des  circonsiances,  et  lorsque  le  bruit  des  innt» 
elles  clamears  d'une  garde  insurgée  nie  faisaient  assez  counaltre  qu'il  ralliii  (boisir 
entre  la  vie  el  la  mon,  qui  eût  été  suivie  de  celle  de  la  reine.  J'ai  ëlé  fbrcé  d'aMiqDer; 
mais,  rassuré  aujourd'hui  et  plein  de  confiance  dans  la  magnanimité  et  le|àiiedu 
-frand  homme  qui  s'est  toujours  montré  mon  ami,  j'ai  pris  la  résolution  de  n'en  it- 
mettre  à  lui,  en  tout  ce  qu'il  voudra  bi«i  disposer  de  nous,  de  mon  sort,  de  fi"!  <^ 
la  reine,  et  de  celui  du  prince  de  la  Pali.  J'adresse  k  V.  M.  I.  et  K.  une  proteliti*»! 
«outre  les  événements  d'Aranjuei  et  contre  mon  abdication.  Sur  ce,  je  prie  Km^'" 
vousaiicnsasainteeidignegarde.  «  Ckabui. 

B  AranjauileSlmarslSOS.  > 

■  91  meno. 

B  Proiesto  ;  detlaro  que  todo  lo  que  manifiesto  en  mi  decrelo  del  19  de  OMm, 
-«bdicando  la  corona  en  mi  faijo,  fue  foraadopara  precaver  majoits  mtlcs  ;.U  cAi^ 
detla  sangre  de  mis  queridos  vasallos,  j  por  lauto  de  ningun  valar. 

0  lo  M.  «IT.  ■ 


îdbyGoOgIc 


JOSBPB  ROI  d'B8PA6NB.  301 

prit  copie  de  celte  protestation ,  et  l'envoya  immédiatement  h  l'em- 
pereur. A  peine  Murât  était-il  à  Madrid,  que  Charles  IV  lui  écrit  en 
italien  non-seulement  pour  protester  contre  les  événements  d'Aran- 
juez ,  mais  pour  recommanda  &  son  bon  Frère  le  grand-duc  de  Berg, 
son  pauvre  ami ,  le  prince  de  la  Paix  *.  Le  roi  craint  qu'on  ne  lai 
fasse  son  procès  ;  il  n'a  donc  d'autre  ressource  que  dans  la  protectico 
impériale  et  royale.  La  correspondance  de  la  reine  est  plus  pressante 
encore;  Maria-Luiza  écrit  d'une  manière  abaissée  au  grand-duc  de 
Berg  pour  solliciter  la  liberté  de  Manuel  ;  sa  lettre  est  en  français  : 
«  Sauvez  le  prince  de  la  Paix ,  l'ami  des  Français,  c'est  un  service  que 
nous  vous  demandons  tous;  ne  laissez  pas  l'Espagne  aux  mains  des 
ennemis  de  la  France  *.  o  L'intermédiaire  actif  de  toutes  ces  négo- 

'       L«ttnenUàli«aduroiCharUtavgrand-dued«B«Ty,du^niartiB06. 

a  Hansieurellris-cbcrrTère,«7sniparlé ivoire  ■djudant-commtndaoi,  etl'ajiiil 
iDfbrmé  de  [Qut  ce  qui  s'est  ptBsé,  je  vous  prie  de  me  rendre  le  service  de  fslre  con- 
naître k  l'empereur  la  prière  que  je  lui  fois  de  dilivrn'  le  pauvre  prince  de  la  Paîi, 
((ui  ne  souffre  que  pour  avoir  été  i'ami  de  la  France,  et  de  nous  laisser  aller  avec  lui 
dans  le  paya  qui  cDoviendra  le  mieai  i  ma  santé.  Four  le  présent,  nous  allons  à 
BadaJDi.  J'espère  qu'avant  que  nous  parlions  tous  noua  ferti  réponse,  si  vous  ne 
pouvei  pas  absolument  DOua  voir;  car  ]e  n'ai  confiance  qu'en  voua  et  dans  l'empereur. 
En  attendant,  je  suis  voire  très-affectionné  frère  et  ami  de  tout  cour. 


)         LeUra  de  la  reine  d' Eipagne  au  grand-due  dt  Merg  {éerùe  en  f^anfaU)- 

a  MouBieurmonTrère,  jcn'aiaucunaroisinonT.  A.  I.;  mon  cher  mari  vousécril, 
el  vous  demande  votre  amitié  :  seulement  en  tous  et  en  votre  amitié  nous  nouscon- 
GoDB,mon  mari  et  moi.  Nous  nous  naissons  pour  vous  demander  que  tous  nous 
donniez  la  preuve  ia  plus  forte  de  votre  amitié  pour  nous,  qui  est  de  faire  que  l'em- 
pereur connaisse  notre  sincère  amitié,  de  même  que  nous  avons  toujours  eue  pour 
lui  et  pour  vous,  de  même  que  pour  les  Français.  Le  pauvre  prince  de  la  Paix,  qui  se 
trouve  emprisonné  et  blessé  pour  être  notre  ami ,  et  qui  vous  est  dévoué,  de  mjme 
qv'i  toute  la  France,  se  trouve  ici  pour  cela,  et  pour  avoir  désiré  vos  troupes.  De 
même,  parce  qu'il  est  ootre  unique  ami,  il  désirait  el  voulait  aller  voir  V.  A.  I.,  et 
aciueliemeni  il  ne  cesse  de  le  désirer  et  l'espérer.  V.  A.  I.,  obienez-nous  que  nous 
puissionsfinir  nos  jours  tranquilles  dansuu  endroit  convenableàlassmé  du  roi,  ipii 
ot  délicate,  de  même  que  la  mienne,  avec  notreami,  unique  ami,  l'ami  de  V.  A.  ■., 
le  pauvre  prince  de  la  Paix,  pour  finir  nos  jours  iranquillemuit.  Ha  fille  sera  mon 
interprète,  si  je  n'ai  pas  la  satisfaction  de  pouvoir  connatire  et  parler  i  T.  A.  I.;  poor- 
raii-elle  faire  tous  ses  efforls  pour  nous  voir,  quoique  ce  fût  un  instant,  de  nuit, 
comme  elle  voudrait? 

B  L'adjndant-commandant  de  V.  A,  I.  vous  dira  tout  ce  que  nous  lui  avons  dit. 
J'espère  que  V.  A.  I.  nous  obtiendra  ce  que  nous  désirons  et  demandons,  el  que 
V.  A.  1.  pardonne  mes  griffonnages  et  oubU  de  lui  donner  de  l'eliesse,  car  je  ne  sais 


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SOâ  mXMB  iOS  BATOIOIB. 

ciltionB  «uprès  de  Unrst  étùt  h  reine  <f  Étnine,  riuTaBie  qu'cmn-ut 
vue,  flOQS  le  eonaulat ,  k  Paris  auprès  de  sob  fr^  éfoux  ;  princoBe 
9iritiuille,  elle  parlait  le  rraocsis  et  l'italieo  arec  facÛité  ;  qnoiqii'dle 
ne  fia,  plus  très-jeune ,  elle  avait  encore  cette  grâce  du  monde,  cet 
mfiTU,  cette  suavité  de  tournure  que  l'Espagne  eeule  donne  k  ses 
oniiDts  ;  elle  avait  séduit  Murât ,  si  facilement  entratuË  ;  on  parlait 
de  rascendaut  qu'elle  exerçeit  sur  le  grand-duc  de  Berg  et  des  longues 
CHiseriei  sous  les  arbres  de  Mançanarez.  Le  cberaleresque  Mont 
aimait  à  le  montrer  tout  chamarré  d'or  avec  la  reine  d'Ètrurie,  n^m 
«u  Prado,  <m  se  voient  les  grandes  statues  mytbolt^ques ,  les  àms 
«t  les  nappes  d'eau  qui  tombent  à  gros  bouillons  sw  ces  allées  sablon- 
UBOses.  Charles  IV  se  trouvait  ainsi  assuré  pu  la  reine  d'Ètrurie  de 
l'appui  de  Uurat;  il  ne  s'inquiétait  plus  da  son  abdication  :  qn'OB 
HuvAt  Manuel  Godoï ,  c'était  son  unique  voeu. 

Pénitent  ce  temps,  don  Ferosnd  Vfl ,  prochnnft  i>ar  Te  iRuple, 
noDonn  par  les  grands,  se  h&tait  à'eatKjti  i  bo«  tou  qu^qoes  dé- 
marches pour  obtenir  l'appui  de  Napoléon;  il  avait  annoncé  son  avé- 
neneot  royal  i  Murât  et  à  H.  de  Beauharnus  ;  tous  deux  se  bD^ 
■éretit  à  des  paroles  vagues;  ils  ne  denuèrent  «neore  que  le  tilR 
d'dIfMse  royale  à  celiù  qui  n'était  peur  eux  que  le  prinoe  des  Asto- 
ries.  M.  de  Beaubarnais,  pour  s'excuser,  prit  un  prétexte  diptom- 
tique  ;  et ,  sans  se  prononcer  sur  la  question  d'Aranjuez ,  il  déclan  : 
«  qa'il  attendait  les  ordres  de  son  gouvernement  sur  une  crise  ausi 
délicate;  il  avait  écrit  à  l'empereur ,  il  espérait  recevoir  des  instmc- 
tiooB  postérieures,  et  alors  H  se  ferait  joie  de  saluer  pour  roi  des 
Espaces  le  prinoe  que  le  peuple  avait  proclamé ,  eooseillaul  niâiDe 
m  prtnce  des  Asturies  de  s'adresser  à  Napoléon  pour  lui  dire  (es  M- 
nsments  accomplis,  et  son  désir  de  rester  Bdèle  à  ràlliance  francsisf^-i 
Ttâle  était ,  an  reste,  l'inteotiOD  du  nouveau  roi  ;  comme  Charles  !>', 
m  sa¥Btt  qoe  rien  ne  pouvait  se  faire  alors  saw  la  volonté  de  ]iafo- 
léon.  Bon  FemandVII  venait  d'envoyer  trois  grands  d'Espsgneilw 
U  mission  officielle  de  noti&er  k  Napoléon  l'abdicalion  du  roi  CliirkSi 
«t  l'avéoement  d'un  nouveau  prince  à  la  «Hnoone  ;  Hucat  ififomt 

«fc  je  suis,  ei  crojei  que  co  n'esi  pas  pour  tai  msnqun,  et  tecerw  rass»ifwie«  dt Kw» 
MOU  amitié. 
•  Je  prie  Dieu,  etc. 

•  Toirc  trii-airettiannér, 
■  Lonsr.  • 


îdbyGoOgIc 


Mi 

onUe  dékMcbe,  afio  àe  toat  «eporter  à  la  pefMwwMatéa  de  l'«a|»- 
reiH- ,  «t  d'attendre  4e  lui  h  dMtioée. 

La  évéDenentftd'Araojaei^rtooci^iwt  4rè»^iveiBeiit  l'flrapweu 
riwFraavais;  rœuTre^4pwéeptrflaf(4itiqiH«ttait-«Ue4tnaTrétéQ7 
ATCcCbtrleslVetlepciowdelaPùx,  Uf»euvait  tout  idaspriscfli 
faibles  et  un  Tavori,  une  nation qai  méprisait  et  son  roi  et  son  ministre, 
tout  cela  servait  admiraUement  les  desseios  de  Napoléon  pour  a'em- 
.parer  de  la  couronne  i'Bsftgoe  i  il  arriverait  à  la  chute  .profeode, 
irrévocable  de  la  maison  de  Bourbon  ;  on  laûserait  è  Gharies  IV  te 
sceptre  du  Pérou  et  du  Heiique,  comme  on  avslt  laissé  le  Brésil  à  don 
Juan  de  Portugal  ;  quant  k  rfspagoe ,  elle  reviendrait  de  plein  droltii 
1«  famille  Bonaparte.  Les  événements  d'Aranjoet  chaageaieat  toute 
la  nature  de  Cette  situation  :  un  princ«  Jeune ,  entouré  de  la  conBaiH» 
nationale,  se  posant  au  sein  du  peuple  comme  soti  bras,  sa  ft>rce  6t 
M»  ^>ée ,  devenait  un  grand  obstacle  aux  idées  de  Napoléon  ;  ooe 
ftree  allait  se  présenter  hostile ,  une  nation  s'armait  iterrière  m  roi 
p<^)ulaire  ;  comment  songer  dès  lora  à  une  abdication  volontaire,  & 
mie  renondatioa  de  droits  <pâ  touchait  tout  k  la  fois  le  prince  et  la 
jMrtrie  esimgnole  ?  L'empereur ,  vivement  coAtnrié  de  «et  incidmt , 
réTIéchit  dans  sa  puissante  tète  au  moyen  de  sortir  d'une  situation  si 
«iBbarrassée  ;  Mn  génie  fertile  en  expédients  lui  suggéra  une  Idée 
f^nde  en  résultats  :  Charles  lY  et  Ferdinand  le  trouvaient  soqb  1m 
roups  d'une  vive  querelle  de  famille  et  de  couronne;  tons  deok 
s'étaient  adressés  k  lui  cwnme  k  leur  juge  naturel ,  k  leur  suieraln , 
iteur  arbitre.  Il  était  tout  simple  que  danseelte  situation  rein(>er«ur 
intervint' dans  la  question  espagnole  :  c'était  son  droit  et  9m  devoir. 
S'il  allait  à  Madrid  pour  ge.pronoocer  en  souverain  ,  n'était-ce  pas  se 
ttvfer  h  un  mouvement  d'toeute  ou  a  un  caprice  de  peuple  ?  mieux 
vataît  donc  appeler  les  princes  d'Espagne  dans  une  ville  frontière  de 
France ,  à  Bayonne  par  exemple  :  il  \t>n-att  et  jugerait  ik  les  qoe^ 
relies  de  famille  ;  puisqu'il  y  avait  procès,  il  était  naturel  que  les  par- 
tics  vinssent  oà  siège  le  juge,  lorsque  ee  juge  était  l'empereur  des 
Français.  SU  attirait  une  fois  les  princes  d'Espagne  k  Beyonne ,  il 
jKrait  maître  de  tout ,  et  prononcerait  ensuite  souverainement  * . 

Pour  arriver  i  ce  résultat,  ilMlait  dioisir  un  bjunme  de  conOancet 
m  esprit  dévoué ,  qui  pût  et  dût  agir  comme  l'empereur  lnl-mtee 

■  CfttcHtt.NapttliwrtifriiudaiiBMnBuifeBte, 


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S04  DBAHB  SE  BATOim. 

'Clans  une  affaire  aussi  délicate.  Napoléon  fit  appeler  le  génkil  Sinry, 
à  peine  alors  de  retour  de  sa  mission  intime  auprès  de  l'emperear 

'  Alexandre  à  Saint-Pétersbourg  ;  il  pouvait  compter  sur  lui ,  Saviry 
était  parfaitement  capable  de  le  comprendre  et  d'eiécuter  ses  ordret 
ponctuellement  *.  Ses  instructions  secrètes  furent  celles-ci  :  «  dèter- 


'  Legéoinl  SararyD'thiiconniUre  que  les  instructions  offldellesdercinpnwri 
celait  «on  devoir  :  les  initructions  secrèles  éttient  de  B«ture  i  ne  peiol  étrarCTâw. 
Voici  les  pirolca  de  Napoléon  : 

D  Vous  allez  partir  pour  Madrid.  Oo  me  mande  decetteiillequelflroiChiriKlT 
a  abdiqué  et  que  son  61s  lui  succède,  et  en  même  tempsTon  m'apprend  que  cdiM 
arrivé  à  la  suite  d'une  livolu lion  dans  laquelle  le  princede  la  Fali  paraît  aroir  eu- 
tombé,  ce  qui  me  donne  à  penser  que  l'abdication  dn  roi  n'a  pas  été  toIwIûi. 
J'étais  bien  préparé  i  quelques  changements  eu  Espafcne,  mais  je  crois  Talt,il> 
tournure  des  affaires,  qu'elles  prennent  une  marche  tout  autre  que  je  necronia. 
Voyez  notre  ambassadeur,  et  diies-moi  ce  qu'il  a  fait  de  tout  cela.  Comment  n't-t-i! 
pas  empêché  une  révolution  que  l'on  ne  manquera  pas  de  m 'attribuer,  el  dans  Itqadlf 
je  suisTorcé  d'inIciveDirî  Avant  de  reconnaître  le  fils,  je  veux  Aire  instmiidusenii- 
inenls  du  pire  :  c'est  lui  qui  e£i  mon  allié,  c'est  avec  lui  que  j'ai  des  engagements;  a 
H'il  réclame  mon  appui,  je  le  lui  donnerai  tout  entier,  et  le  remettrai  sur  h  irdMtB 
dépit  de  toutes  les  intrigues.  Je  vois  muntaiani  qu'il  avait  raison  d'accuser  sm  Bi 
d'avoir  tramé  contre  lui  :  c«t  éi  énemeni  le  décèle  ;  et  jamais  je  ne  donnerai  mou  bmd- 
liment  i  une  pareille  action,  elle  déshonorerait  ma  politique  et  tournerait  im  jour 

»  Hais  si  l'abdication  du  père  est  Tolontaire,  et,  pour  qu'elle  le  soit,  il  faQtqn'dk 
en  porte  les  caractères,  au  lieu  que  celle-ci  n'a  que  ceux  de  la  vielcDce,  alors  je  tmi 
si  je  puis  m'srranger  ovec  le  fils  comme  je  m'arrangeais  avec  le  père. 

D  Lorsque  Charles-Quint  abdiqua,  il  ne  se  contenta  pas  d'une  déclaration  tenu,  il 
1a  rendit  authentique  par  les  cérémonies  d'usage  en  pareil  cas,  il  la  renouidt  flii- 
sieure  fois,  et  ne  remit  le  pouvoir  seulement  qu'après  que  tout  le  inonde  fat  cM- 
>aincu  que  rien  autre  chose  que  sa  volonté  ne  l'avait  porté  i  ce  sacrifice., 

»  Cette  abdication  avait  un  bien  autre  caractère  que  celle  d'un  souverain  dooi  oi 
viole  U  ministère,  el  que  l'on  met  entre  la  mort  el  la  signature  de  cet  acte. 

»  Rien  ne  pourra  me  le  faire  reconnalire  avant  qu'il  soit  revêtu  de  toutelal^u 
'qui  lui  manque;  autrement,  il  suffira  d'une  troupe  de  traîtres  qui  s'intioduin,  l> 
uuit,  chex  moi,  pour  me  faire  abdiquer  et  renverser  l'État. 

»  Si  le  prince  des  Asiuries  règne,  j'ai  besoin  de  connatlie  ce  prince,  de  shhi  i'U 
est  capable  de  gouverner  lui-même,  et  dans  ce  cas,  quels  sont  sas  principes, 

»  S'il  doit  gouverner  par  ses  ministres ,  je  veui  savoir  par  quelle  intrigue  il  »i 
Xlominé,  et  si  nos  affaires  pourront  rester  i  celte  cour  sur  le  pied  oii  elles  étai«il  t  k 
Cour  du  roi  son  père. 

u  Je  ne  le  croiv  pas,  parce  que  les  eilrémes  se  touchent  en  rérolnUon;  ilestini- 
Umblable  qu'un  des  grands  mojens  de  popultrilé  du  nouveau  roi  aura  été  l'inteatiN 
manifestée  de  suivre  une  marche  opposée  i  celle  de  son  père,  qui  lui^Hnéme  aitn* 
d^  donné  de  l'inquiélude  après  léna. 

■  Sansdoutelesalcnlours  duprincedesAsiuriesserontdifféreiits,et  il  fenbie'' 
tda  m'importe  peu.  Le  lol  son  pire  trouvait  bien  la  manière  dont  il  s'itoit  ctaUi,  " 


îdbyGoOgIc 


iOSBPH  KOI  d'bspaghe.  SOS 

miner  les  princes  d'E^gne  à  venir  li  Bayonne  pour  attendre  le  juge- 
ment souverain  de  l'empereur.  »  On  ajoute  que  quelques  autres 
paroles  furent  dîtes  au  général  Savary  sur  la  possibilité  d'un  enlève- 
ment de  ces  mêmes  princes  au  cas  de  résistance  ;  sous  ce  rapport ,  la 
politique  de  l'empereur  se  faisait  peu  de  scrupule ,  l'affaire  du  due 
d'Ettghien  avait  constaté  que  lorsque  les  iatéréts  de  dynastie  com- 
mandaient une  résolution  de  violence,  il  ne  s'inquiétait  pas  de  la 
moralité  de  l'action  :  comme  il  avait  une  pensée  vaste,  il  y  allait  droit 
sans  détourner  la  tète  par  des  motifs  purement  humains.  Il  arrive 
toujours  ainsi  quand  la  tête  de  l'homme  dépasse  les  proportions  de 
la  commune  nature  ;  il  est  simple  que  celui  qui  se  propose  un  grand 
dessein  ne  reste  pas  dans  les  conditions  de  la  vie  ordinaire. 

Le  général  Savary  fit  à  franc  élrier  le  voyage  de  Paris  à  Madrid  ; 
il  avait  intérêt  à  ce  que  nul  ne  prévint  Ferdinand  et  ses  conseillers 
du  but  secret  de  sa  mission  ,  qui  était  de  déterminer  le  voyage  des 
infants  k  Bayonne  auprès  de  l'empereur  ;  partout,  sur  son  passage,  le 
général  Savary  répandait  le  bruit  que  Napoléon  viendrait  jusqu'à 
Burgos,  et  que  ce  serait  là  qu'aurait  lieu  son  entrevue  avec  les  princes 
espagnols  î  Ferdinand  VII  y  serait  reconnu  roi .  C'était  une  nouvelle 
jetée  habilement  afin  de  préparer  les  infants  au  voyage  ;  puisque 
l'empereur  reconnaissait  le  frère  atné  Ferdinand ,  le  peuple  espagnol 
rendait  son  amour  au  magnanime  souverain  de  la  France;  des  arcs 
de  triomphe  se  dressaient  sut  la  route  ;  les  capitaines  généraux ,  les 
intendants ,  tous  se  préparèrent  i  recevoir  dignement  Nappléon.  A 
Madrid,  le  générât  Savary  vit  peu  le  grand-duc  de  Berg  ;  sa  mission 
principale  était  de  décider  le  prince  Ferdinand  à  faire  le  voyage  : 
dans  ses  dépêches  secrètes ,  le  général  Savary  blAme  la  conduite  de 
Murât  et  rend  compte  A  l'empereur  des  démarches  qu'il  a  faites 

n'itait  pas  à  moi  iU  désapprouver  .-J'avais  fini  par  m'en  accommodei  et  par  m'en 
trouver  très-bien. 

»  Je  voudrais  pouvoir  m'élablir  sur  le  mtme  pied  avec  le  âls,  et  finir  d'une  ma- 
niire  honorable  avec  le  père. 

>  Si,  comme  je  te  crains,  le  fils  a  donné  dans  une  marche  opposée,  il  se  sera  entouré 
de  tout  ce  que  le  roi  Charles  IT  avait  éloigné  de  sa  coar  et  de  ses  affaires;  alors  je  dois 
m'atlendrei  avoir  des  embarras,  parce  que  les  hommes  se  gouverneal  le  plus  souvent 
par  leurs  passions,  et  que  ceux-ci ,  ajanl  attribué  leur  disgrâce  i  l'influence  de  la 
France,  ne  laisseront  échapper  aucune  occasion  de  s'en  venger,  si  je  leur  en  laîsee  te 
temps  elles  moyens,  a 

(  Instructions  de  l'empereur  au  général  Savarj.) 


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JOB  BftAlft  Bl  BâTMIMK. 

«u^dcM.  deCefalka«tdudMHiMtlineï(]wi,«HiilenBh 
liaa  deferdiaaMl.  M.  de  Uforcst,  «p(oM«e4u  proBieroHn, 
i<éiM»tMat  Ktfvé  •  Madrid,  suivait  la  «éat  oanduile  ;  il  «obaMt 
¥ei4ioÊmà  Vil  i  an  voyage  royal  ww  h  iidiiwoa  paar  7  renoirier 
te  pacte  de  famille. 

Le  géaéral  Sa^-ary  alla  phia  lois.  Ferdioand  s'était  pM  recom 
dijdomatiqueBeDt;  H.  de  Bdaahamah  «t  MunA  mt  l'appeliMt 
ifïmUuie  nyaU  ;  eh  btea  !  paur  mieux  te  convaiacve  dei  iotMiimi 
de  l'ampeNor ,  k  géoinl  Savary  lui  dooaa  le  titre  de  tw  et  de  a» 
/Mtf  ;  cea  Anmai  d'étMiaette  «e  ceAtaient  ne»  ;  c'était  |wii  de  dnw 
a'il  arrivait  i  l'ebjet  de  sa  miwion  :  eatiatasT  lee  iHisees  a^igaol!  i 
l'entrevue  de  hyonoe.  Le  gioAtil  Savary  iasiata  :  «  Que  S.  M. 
Tienne  KulooMit  jusqu'i  Burgoi;  l'empereur,  d^  parti  de  Fuis, 
arrivera  en  même  tampa  aiir  la  freotiàre  pour  recoaoattoe  et  nkMt 
•odImki  lière  doa  FerMod  VU,  le  roi  dei Eapagnes et de> Indfl. > 

C'mt  au  murmure  de  ce  langage  flatteur  que  le  jeune  rot  u  aut 
es  marclK  i  travers  la  grande  route  de  Bayonne,  avec  cattepm^ 
n^ale  de  l'Eieurial  et  d'AraigimE  ;  partout  le  peupla  eqwgnol  vaniil 
aaluer  «on  seigMor  avec  dee  démouBtrations  du  ploa  gnod  eetboa- 
«iairae  :  lee  vieux  régimeato  de  Caetille,  ies  proviruiaUt ,  \aguia 
wrilasBes,  ae  riaotaaaieat  wr  la  roate;  le»  cris  populaire  ^'(« 
«t'avait  pai  SBtwidua  depuia  langues  amiém  éclataient  autiwr  ta 
voitures  royalaa.  A.  Buytrago,  i  Annda  del  Duero,  à  BucgoSi  te 
peu^  ealicr  ae  lava  ai  nom  de  ce  roi  (|ue  le  gâBéral  Sarar;  «i^ 
avec  un  tsil  inquiet ,  pour  épier  ki  desswBS.  Toutes  les  dïTiaioii 
françaises  le  mireat  auigi  sew  les  armes  ;  l'eovojé  de  l'emperear  dé- 
clarait aux  ^teéxaus  qu'iliUlaitse  tenir prAtÀtautévàDaaiaitiwii 
juitextc  da  faire  cortïge ,  on  gardait  Fentand  VII  ;  les  difèiM  k 
concentraient  entra  Vittoria  et  Burgos,  point  central  où  ledui^B 
«Uait  avoir  ses  développements.  Il  n'est  pas  douteux  qu'une  fww 
milieu  des  troupes  françaises ,  te  général  Savary  n'aurait  pas  li^'^' 
«ateverle  rotsi  la  mofndrerMstance  avait  été  apportéeà  ses  voloitis- 

On  arrivait  à  Vittoria  sans  qu'on  vit  apparaître  le  moindre  signe 
annonçant  l'approche  de  Tempereur.  Ici  commençait  le  danger  ds  U 
Mtuation  pour  Fernand  ;  lesministres  Gevallaset  Eaevïqtii*,  lesg'*'''' 
d'Espagne,  dévoués  au  système  national,  commentaient  à  s'inquièW 
des  résultats  d'un  TOjage  aussi  imprudemment  entrepris  ;  le  géDétîI 
Savary  pressait  toujours  de  coatiouer  la  route  sans  i«pH  :  *  Vvivp^ 


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J08BFS  un  d'bspackb.  MMT 

l'emperent,  absorbé  jiar  sa.graiide  administration,  n'avait  pu  se  rendre 
iusqu'à  Vittoria ,  il  était  fort  simple ,  tout  naturel ,  qua  rerdioand 
vint  à  Baronne  ;  l'empereur  y  serait  tout  prochaÏDemeat  ;  on  ue  maiK 
queralt  en  rien  aux  égards,  aux  loisdel'étiquette:  Napoléon  n'était-U 
pas  l'atné  de  Fcrdisaiid  et  souverain  d'un  plus  puissant  empira? 
a'était-ce  pas  le  roi  des  Eapagnes  qui  voulait  se  faire  reeoDaattre?  il 
devait  donc  la  première  démarche.  »  Dans  cette  perplexité,  Ëscoîquii 
conseilla  au  roi  d'écrire,  de  Vittoria,  une  lettre  directe  à  Napoléon  ; 
cODfiue  en  tsnoes  respectueux  * ,  eUe  annonçait  olBcielleraent  l'abdi- 

<  Laar»  ât  Terdinand  TU  à  NapoUon. 

«  TitiDria,lel4miHB08. 

m  lIonsHVnon.frir*,,  éleré  iii  Irânepar  l'abdicAUtui  libu  «(«poauaée  démon 
— giMte  fkn,  je  >'•!  fn  vair  tus  un  lirilabb  ngret  que  S.  A.  R.  le  (MWl-diic  de 
>«|,«inBi  que  l'evibeuideui  de  V.  H.  I.  etR.,  n'aient  pas  cru  deroir  me  féUcUer 
c«inBH  ssKTWiin  d'Bsp^gae,  tandis  que  lei  r^résenlanis  d'autres  coure,  aveo  lu- 
quelles  je  n'ai  point  de  liaisons  si  inlimes  ni  si  cbèrts,  se  sont  empressés  de  lefeJn, 
Ne  pounat  en  atuibuar  la  ca«£e  qu'au  défanl  d'ordre  poeitiT  de  V.  M.,  die  me 
foriBeUra  deJuieipoeer,  ncc  louicla liacërilé  demoucixur,  qoa,  illiii  limiiiliii 
OMHBeoia  de  mes  rAgm.jeD'aiceaudedaïueri  V.  ]f.  I.  ei&,  )ea  timolgugca  In 
plus  marquants  et  les  moins  équivoques  de  me  loyauté  el  de  mon  altacbcmMtilt 
personne  ;  que  l'objet  du  premici  onJxe  a  été  de  rsnTOfcr  i  l'armée  du  Porlugel  les 
troupes  qui  l'aTlieut  d^  quittée  pour  se  rapprocher  de  Madrid  ;  que  mes  première 
aoios  ont  eu  pour  but  l'approvisionnement,  le  logement  et  les  founiiluTes  defts 
troupes,  malgré  l'eilréme  pénurie  dans  laquelle  j'ai  trouvé  mes  Dnances,  elle  peu  de 
ressourcée  qu'offraient  les  provinces  od  eltes  ant'eéjoarné ,  et  que  je  n'ai  pas  héalt» 
UB  moment  i  donnet  k  V.  H.  le  plua.graode  preuve  de  conBance,  en  biMntsortlT 
(BOB  troupes  de  ma  capitale  pour  y  recevoir  une  partie  de  son  armée.  J'ai  cherché 
pareillemeatiparles  lettres  que  j'ai  adressées  i  V.  U.,  ila  convaincre,  auienl  qu'il  a 
Ole  eu  mon  pouvoir  de  le  faire,  du  désir  que  j'ai  loujoure  nourri  de  resserrer  d'unr 
nuRière  in ditso lubie-,  pour  le  bonheur  de  mon  peuple,  les  Tiens  d'amitié  eid'alliance 
qui  eiislaicni  entre  S.  H.  1.  et  mon  auguste  père.  Ces!  dans  les  mêmes  vues  que  j'ai 
envoyé  auprès  de  V..U.  une  députation  de  trois  grands  de  mm  royaume,  pour  aller 
■u-devant  de  T.  M.,  auseildl  que  son  intention  de  se  rendre  en  Espagne  me  fui 
connus,  et  pour  lui  démontrer,  d'une  manière  encore  plus  solainelle,  ma  btule 
considération  pour  son  auguste  personne ,  je  n'ai  pas  lardé  i  Taire  porlir,  avec  Un 
égal  ot^et,  mon  Irés-cher  Trére  l'inranl  don  Carlos,  déjà  arrivé  depuis  quclqaea  jours 
à  Bajonne.  J'ose  me  Qaller  que  V.  H.  aum  reconnu  dans  ces  démarches  mes  vérita- 
bles sentiments. 

■  A  ccsiniplc  eiposé  des  Aiils,  V.U.  me  permettra  d'ajouter  l'eipression  desvlA  re- 
peis  que  j'éprouve  en  me  voyant  privé  de  ses  lettres,  surtout  après  la  réponse  flranctw 
rtloyole  que  j'ui  donnée  à  la  demande  que  !e  général  Ssvaryvjut  me  faire  i  Madrid  au 
nomde  V.  M.  Ce  général  m'assura  que  Y.  IH.  désirait  seulement  savoh:  si  mon  ivéne- 
nieot  au  irùnepourraiiamener  quelque  changcmentdaos les  rapports  politiques  de  no» 
Ëitu.  J'y  répondis,  en  réitérant  ce  que  j'avais  eu  l'honneur  de  manifester  par  écrit  t 
V.  U.  ;  et  je  me  suie  rendu  volontiers  à  l'invîtatitm  que  te  minu  général  me  Dl  44 


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SOS  DHIHB  DE  BAÏOMNE. 

cation  du  père  et  l'avènement  du  fils  à  la  couroune  :  «  L'esprit  du 
roi,  y  disait-on ,  était  français ,  son  système  demeurerait  en  rapport 
avec  les  volonté  de  son  auguste  allié  ;  il  avait  tout  fut  pour  donotr 
des  gages  de  ses  bons  sentiments;  des  troupes  impériales  étaient  à 
Madrid  ;  l'infant  don  Carlos  était  parti  pour  aller  au-devant  de  m 
allié  ;  lui-même  se  trouvait  à  Vittoria  malgré  les  soins  qu'eiigeail  son 
royaume  à  son  récent  avènement;  depuis  son  arrivée,  il  u'anH 
aucune  nouvelle  de  l'empereur,  il  le  suppliait  de  s'expliquer  : 
comment  serait-il  reçu  t  le  traiterait-on  en  roi  ?  »  Cette  lettre,  confiée 
au  général  Savary,  fut  portée  i  Bayonne,  et  l'aide  de  camp  de  l'em- 


Tcnir  su-deTant deV.U.ipour m'anticipera U utisftctioD  de  U  connallcc pmoiml- 
Innent,  d'autant  plu»  que  j'avsisd^jl  tnanifcsté  iV.H .  mes  intentions  à  e«i  tgird.  En 
cons«|ucnK,  je  me  suis  rendu  i  ma  ville  de  Vitloria,  sans  ^rd  aui  MÛns  iuii^ii- 
sablee  d'un  nouieau  règne,  qui  aartient  eiigé  ma  rfeidence  au  centre  dt  dh 
ËUts. 

u  Je  pricdoncinsUmmentV.H.I.  etR.de  vouloir  bien  faire  cewer  la 9iuiiU«i 
pénible  à  laquelle  je  suis  réduit  par  son  silence,  et  de  dissiper  par  une  tifnut 
favorable  les  vites  inquiétudes  qu'une  trop  lon^  lacertilude  pourrait  octasitoiict  i 
mes  Gdèles  sujets. 

u  Sut  ce,  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa  Minte  garde. 

»  DeT.U.I.etR.1ebanMrt, 

»    FBKniMAKD.  a 

JI^onM  44  KapoUtm  au  frmct  du  ÂtlttrUt, 
"  MoDrrère.j'aireculaleilredeV.  A.R.  EUedDitaToiracquislapreuTe.diatl» 
papirrs  qu'elle  a  eus  du  roi  son  père,  de  l'intérêt  quejeluiai  loujoure  porté.  Etlr  n» 
permettra,  dans  ta  circonstance  actuelle,  de  lui  parler  avec  francbise  et  lojautr.  £a 
arrivautà  Madrid,  j'espérais  porter  mon  illustre  ami  i  quelques  réformes  aéccssiirs 
dans  ses  États,  et  è  donn«'  quelque  satisfaction  ï  l'opinion  publique.  Le  reniûi  àt 
prince  de  la  Paij  me  paraissait  nécessaire  ponr  son  bonheur  et  celui  de  ses  s»jMs. 
Lefi  affaires  du  Nord  ont  relardé  mon  voyage.  Lcsévrncmeuisd'AranjuefoalcuUeti. 
Je  ne  suis  point  juge  de  ce  qui  s'est  passé,  el  de  la  conduite  du  prince  de  liP>il<' 
mais  ce  que  je  sais  bien,  c'est  qu'il  est  dangereux  pour  les  rois  d'accoutuma la  pw- 
plea  il  répandre  du  sang  et  i  se  faire  justice  1  eux-mêmes.  Je  prie  Dieu  que  T.  A<  i- 
n'en  fasse  pas  unjouri'eipérïeuce.  Il  n'est  pas  de  l'intérêt  de  l'Espagne  de  fiin  du 
mal  i  un  prince  qui  ■  épousé  une  princesse  du  sang  ro;al ,  et  qui  a  si  loofttapi 
r^i  le  royaume. 

a  Le  princen'a  plus  d'amis  :  T.  A.  R.  n'en  aura  plus  si  jamais  elle  est  millieoKUM. 
Les  peuples  se  vengent  volontiers  des  hommages  qu'ils  nous  rendent.  Comment  pDU^ 
rait-on  faire  le  procès  au  prince  de  la  Paii,  sans  le  faire  à  la  reine  et  au  roi  votrepén' 
Ce  procès  alimentera  les  haines  et  les  passions  factieuses  :  le  résultat  en  sera  fiueM 
pour  votre  couronne,  T.  A.  R,  n'y  a  de  droits  que  ceux  que  lui  a  transmis  sa  toitt- 
Si  le  procès  la  désboDOre,  V.  A.  B.  déchire  par  le  ses  droits.  Qu'elle  ferme  l'oreille  1 
des  coDseils  faibles  et  perfides.  Elle  u'ft  pas  de  droit  de  juger  le  prince  de  la  F'Ii' 


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lOSBPB   BOI   DESPAGHB.  209 

pereur  en  rapporta  sur-le-champ  la  réponse;  elle  dut  convaincre 
Ferdinand  qu'un  piège  était  tendu  À  rinexpérience  de  bod  6ge;  et 
pourtant  la  fatalité  l'entraînait.  La  lettre  de  Napoléon ,  conçue  en 
termes  graves  et  d'une  remarquable  grandeur,  pariait  à  Fernand  qd 
langage  paternel ,  avec  une  magniScence  d'aperçus  et  de  vues  peu 
commune  ;  il  traitait  le  prince  des  Asturies  de  frère,  mais  il  ne  l'appe- 
lait qu'o^imm  royale;  «il  lui  portait  de  l'intérêt;  à  plusieurs  reprises 
il  en  avait  donné  des  témoignages;  il  n'était  point  juge  des  événe- 
ments d'Aranjuez,  seulement  il  était  dangereux  d'habituer  le  peuple 
à  verser  )e  sang,  «  car,  ajoute  l'empereur,  les  peuples  se  vengent 


Ses  ctimes,  si  oo  lui  en  reprocbe,  se  perdent  dans  la  droils  du  WVne.  l'ai  Mavnt 
nUDifestë  le  désir  que  le  prince  de  la  Pais  Tût  éloigné  des  aflaïres  ;  l'amiiiè  du  roi 
Charles  m'a  potté  souTenl  K  me  taire  et  à  détouraer  les  jeui  des  faiblesses  de  son 
allaebenieDl.  Misérables  bammes  que  nous  sommes  I  faiblesse  et  erreur,  c'est  notre 
devise.  Hais  tout  cela  peut  se  concilier  :  que  le  prince  de  la  Paix  soit  eiilé  d'Espagoe, 
et  je  lui  offre  un  refuge  en  France.  Quant  k  l'abdication  de  Charles  IV,  elle  a  eu  lien 
dans  un  moment  ofi  mei  armées  couvraient  l«a  Espagnes ,  et  aux  jcui  de  l'Europe 
et  de  la  postérité  je  paraîtrais  n'avoir  envojé  tant  de  troupes  que  pour  précipiter  du 
IrAne  mon  allié  et  mon  ami.  Comme  souverain  roiain,  il  m'est  permis  de  vouloir  con- 
naître, avant  de  reconnaître  celle  abdicatiou.  Je  le  dis  à  V.  A.  B.,  aui  Espagnols, 
au  monde  entier  ;  ai  l'abdicaliOD  du  roi  Charles  est  de  pnr  mDUV«ineut,  s'il  n'y  a  pas 
été  forcé  par  l'insurrection  et  l'émeute  d'Aranjuei,  je  ne  fais  aucune  difficulté  de 
l'admettre,  etje  reconnais  T.  A.  B.  comme  roi  d'Espagne.  Je  désire  doDC  caoseravec 
elle  sur  cet  objet.  La  citcoospection  que  je  porte  depuis  nn  mois  dans  ces  affaires 
doit  lui  être  garante  de  l'appui  qu'elle  trouvera  en  moi,  ii,  k  son  tour,  des  factions  de 
quelque  nature  qu'elles  soient  venaient  à  l'inquiéter  sur  son  trAne.  Quand  le  roi 
Charles  me  Bt  part  de  l'événement  du  mois  d'octobre  dernier,  j'en  fus  douloureuse- 
ment affecté  ;  et  je  pense  avoir  contribué ,  par  les  iDsinualioDS  que  j'ai  faites ,  i  la 
bonne  issue  de  l'affaire  de  l'Escurial.  V.  A.  B.  avait  bien  des  torts  ;  je  n'en  veux 
pour  preuve  que  la  lettre  qu'elle  m'a  écrite,  et  que  j'ai  constamment  voulu  ignorer. 
Boi  à  son  tour,  elle  saura  combien  les  droits  du  trdne  sont  sacrés.  Toute  démarche 
pria  d'un  souverain  étranger  de  la  part  d'un  prince  hérédiudra  est  crimiodk. 
V.  A.  R.  doit  se  défier  des  écarts,  des  émotions  populaires.  On  pourra  commettre 
quelques  meurtres  sur  mes  soldats  isolés,  mais  la  ruine  de  l'Espagne  en  serait  le 
rësulial.  J'ai  déjk  vu  avec  peine  qu'à  Madrid  on  ait  répandu  de»  lettres  du  capitaine 
général  de  la  Catalogne,  et  lail  tout  ce  qui  pouvait  donner  du  mouvement  aux  tétas. 
V.  A.  B.  connaît  ma  pensée  tout  eatière.  Elle  voit  que  je  Qotte  entre  diverses  idées 
qui  ont  besoin  d'être  fixées.  Elle  peut  être  certaine  que  dans  tous  les  cas  je  me  com- 
porterai avec  elle  comme  avec  le  roi  son  père.  Qu'elle  croie  i  mon  désir  de  l«at 
concilier  et  de  trouver  des  occasions  de  Itil  donner  des  preuves  de  mon  affaetieu  et 
de  nu  parfaite  estime. 

>  8uT  ce,  je  prie  Dieu,  etc.,  etc. 

•  NatolAor.  • 

>  Bajonne,  le  1«  avril  1808.  ■ 


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S14  BBAIU  DE  UTOn». 

facilement  des  hoaunagcs  qu'ils  bmu  mdeot.  »  Le  procès  da  priou 
delà  Paix,  contiDuait  Napoléon, senitoéiMXjilnifSsait de l'ékiigur 
des  alEuras  ;  l'eaqieraur  lui  oâhut  un  «siie  eu  France.  H  m  ^Tùt 
pas  décider  aor  les  carictères  de  l'insurrection  d'AiBojui  avut  âc 
lea  connaître  ;  si  i'abdicatian  élut  de  pur  mouvement,  il  a'hèMlenit 
jtas  i  le  proclamer  roi  des  £«piV{aes  j  FenuBd  VU  tnwTcrùt  twison 
en  lui  un  «si  et  un  pretacbNir.  » 

Cette  lettre,  si  fortement  peasée,  si  habiieraeBt  écrite^  Montrût  li 
néceiHté  de  presser  le  voyage  de  Bayonae,  «t  c'est  daw  ce  aeos  que 
puiait  toujours  le  général  Sav«ry  ;  tsa  vaia  Escoïquizet  M.  de  Cercla 
flrent  obsmer  qu'au  lieu  d'aller  à  fiayonne,  on  pourrait  fixer  un  lieu 
sur  la  Bidassoa  où  les  deux  souverains  se  verraient,  selon  le  vieil  osige 
tobK  entre  les  deux  monsrchies,  mène  au  temps  4e  leor  ptas  fmit 
totimité.  Le  général  Savar;  insista  pour  le  voyage  à  Bajonoe;  il 
parla  un  langage  de  fermeté  mêlé  peut-être  d'un  peu  d'ironie.  M.  de 
Cevslles  répétait  sans  cesse  :  w  Hcis^  fCnéml,  l'emperear  se  s^  m 
peu  trop  des  affaires  dTEspaigne. — Apparemment,  répliqua  te  génènl 
Savary,  que  mon  souverain  a  le  droit  de  s'en  mêler.  »  A  \1ttori^ 
Benimd  ne  fut  ^os  ïe  tnattre  de  sa  volmlié  :  l'anafe  (oMjiiat  iM 
•échtslonnée,  des  mesnres  de  police  et  de  sorvdltance  étaient  prises: 
M.  de  Cevallos  et  le  chanoine  Escoujuù  pensèrent  qu'il  n^élait  plus 
yoaaibk'de  reculer. 

Dès  qu'il  s'était  décidé  &  pwer  k  Bnrgtis,  <flMi  Fernand  TH  était  à 
la  disposition  de  la  France  ;  Tatlltude  des  troupes  de  Napoléon  était 
visible,  elles  paraissaient  déterminées  &  se  saisir  da  prince  si  la  moiadie 
résistance  était  faites  h  pcJice  du  général  Savary Teiltait  atteiBtJTe,«t 
nul  ne  pouvait  échapper  à  ct^  œil  inquisiteur  de  Vaide  de  camp  dp 
l'empereur.  Les  Espagnols  restèrent  trais  jours,  pour  ce  voyage,  eattf 
Vittoria  et  la  BidRSsoa;  ils  traversèrent  la  rivière  cétètwe  dns  les 
«nnales  de  France,  sur  le  pont  de  bois  qui  fut  témoin  de  rentrerae 
dans  rtle  des  Faisans.  Plus  d'un  Espagnol  dut  gémir  lorsque,  quittant 
le  dorais  poste  des  dotmes ,  il  aperçut  le  drapeau  tricotiHV  sar  Ifi 
rives  opposées.  Fernand  allait  demeurer  captif  comme  les  comtes  de 
€ostiTie  sous  les  rois  mores  ;  le  triste  drame  marchait  à  son  dèiioA- 
Ineat,  il  n'était  plw  d'filpagac  iadjpaodaate  :  ki  BmirboBB  «vaieal 
wssé  de  régner  *  * . 

'  Le  général  Savary  5«  préscnle  toujours  coinm*  ua  kM 


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CjBfmimi  NapoléoD,  depuis  trois  jours  i  Bayome,  a'iftieHiit 
d'atieedre  les  princes  ie  la  nuùon  d'£^i«giw  ;  il  avùt  tranni  «d 
seuranio  la  Veodée,  la  provinoc  et  Ghmuk  ,  nagaira  >i  TVfcdiBt*. 
oNHne  l'il  vofageut  dans  une  rae  de  dbtncticMi  et  de  pWrir  ;  im 
garde*  d'honneur  s'étaient  partoat  formées  à  ion  pavaga;  dan 
rhreon  de  la  pais,  le  peuple  saluait  cette  gloire  merveUleuM, 
Bayoaae  fut  fixée  comme  la  liflBïte  de  MO  voyage;  il  anwiDta  qu'il  ; 
aurait  de  grandes  affaires  diplomatiquaià  trùttc,  ^  daoA  cet  o^et  H 
«nxtt  aupràs  de  lui  des  biHMieB  capaUes  de  seconder  sa  pensée,  H 
avnt  cDTdyé  M.  de  Laforest  k  Maifatd,  Sur  Je  tUttre  nttone  des  évéoe* 
méats  ;  il  était  aise  d'avoir  une  t£te  lubite  auprès  de  M.  de  BeaubaN 
nais  et  de  Murst.  L'enpereur  s'était  fattauÎTre  k  Bayonno  de  M.  â« 
Onn^pagay,  ministre  d^  reMions  «xlérisores  depws  la  retraite  da 
M.  de  Talleyrand.  M.  de  Cbanvagny  avait  trop  de  dévouemrat  et 
pas  assez  de  lumières  :  Â  Bayonoa  M  eût  éié  utile  k  l'empereur  d'avoir 
un  bouMe  d'affiina  et  d'inteHigCMce  de  la  portée  de  M.  de  Talley- 
rand; il  aurait  peat-^tre  amœé  un  neiUeiir  résultat  sam  «oandalè. 
En  passant  à  Peiliers ,  l'enperettf  invita  H.  de  Prodt  é  le  «ulvre  k 
BayoDne,  perce  ^'il  pourrait  laiétn  utile;  esprit  vif,  p^étiant, 
M.  de  Pradt  rendrait  service  dans  les  aiéigociaâoBs;  et  puis^  comne 
il  auraititraiterdes questions cathoUqoesarec des coBseUlcnppesquf 
tous  appartemnt  i  l'ordre  du  clergé,  l'abbé  de  Pradt,  évéque  de  Pah' 
tiers ,  lui  paraissait  très^iropre  k  discuter  avec  les  docteurs  de  Sida« 
manque  ou  d'Alcala,  toutes  les  affaire  qui  tenaient  aux  idées  et  aoK 
intéfto  dndergé  e^agutri.  H.  de  Pradt  accompagna  donc  l'empereiir 
i  BayoBDe  «nrec  le  simple  titre  d'anmAmer,  ce  qui  im{Rimait  uo  carats 
tére  religieoK  k  la  négocktiaa  '. 

BftyoDM ,  ville  demi  -  espagnole],  aux  formes  si  gaies ,  s'unit  k  la 
Kscaye  par  ses  moenn  et  ses  habibides;  elle  dépend  de  ta  Iragm 
chaîne  des  Pyrénées  ;  il  y  a  peu  de  différence  entre  Vittoria  et 
Bayonne ,  sœurs  d'origne ,  si  pleines  de  soleil  et  de  vie.  Napoléon  la 
choisit  comme  centre  des  négociations  ;  il  paftageaft  «on  temps  entre 
la  ville  et  le  chfiteau  de  Marne ,  simple  manoir  k  une  d^tance  trés- 
repprodiée.  Les  princes  d'Espagne  venaient  lentement ,  -et  l'activité 

h  l'enlendre,  (tout  fui  jusie,  rien  de  concerté.  Mat  iÊKftén'i  »  k  poliMMt  BMchMa 
Yîerge. 

■  M.  de  Pcidt  n«tuit  beaucoup  de  chtleur  dins  le  ifclt  qu'il  aimait  k  fairt  dei 
«TiDemenls  d'Eipagne,  même  aui  derniers  leiDpi  de  u  lie. 


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213  DBAHB  DE  BATONHE. 

prodigieuse  de  l'onpereur  supportait  impatieminrat  toos  dâû,  il 
lisait  chaque  jour  les  dépêches  de  Madrid ,  de  Burgos ,  il  écrirait 
rapidemrait  aux  différents  corps  d'armée,  à  Hurat,  à  M.  de  Laîorttt, 
il  répétait  à  chaque  moment  :  «  Les  princes  d'Espagne  ne  Timwnt 
donc  pas?  »  Les  courriers  succédaient  aux  courriers.  11  étùt  i  II 
gène,  ses  gestes,  ses  yeux,  tout  témoignait  de  l'inquiétode;  le 
drame  n'allait  pas  à  sa  fin.  Trràs  jours  se  passèrent  aînà ,  lorsqu'une 
voiture  attelée  de  quatre  mules  parut  à  la  porte  de  BajMoe.  pré- 
cédée d'un  courrier  ;  il  en  descendit  un  tout  jeune  homme  de  dii- 
neuf  ans  à  peine,  trës-frèle  de  corps,  d'une  physionomie  fatigoèe; 
il  se  fit  annoncer  comme  l'infant  don  Carlos ,  le  second  des  Gb  de 
Charles  IV  ;  il  venait ,  d'après  les  ordres  de  son  frère ,  le  roi  FoA- 
nand  VII ,  au-devant  de  S.  M.  l'empereur ,  pour  le  recevoir  et  I'k- 
compagner,  s'il  désirut  visiter  l'Espagne.  Napoléon  accueillit  ce 
prince  avec  une  grâce  parfaite ,  a  l'assurant  qu'il  recevrait  don  Fa- 
nand,  son  atné ,  avec  tous  les  égards  dus  à  on  bon  et  fidèle  lUié.  > 
Carlos  s'empressa  d'écrire  au  roi  la  bonne  et  douce  réception  que  loi 
avait  faite  l'empereur.  La  lettre  n'arriva  pas  i  sa  destination. 

A  ce  moment  la  Bidassoa  était  franchie  par  don  Femand  VU  et 
ses  fidèles  conseillers  don  Pedro  Gevallos ,  le  chanoine  Escoïqoii  ti  le 
comte  Labrador  ' .  Le  général  Savary  ne  quittait  plus  le  prince,  el 
lorsqu'il  vint  annoncer  à  Napoléon  que  le  pont-levis  de  Bayoniie  était 
levé  sur  don  Feraand,  il  ne  put  contenir  sa  joie  :  le  prince  était  doocen 
France  ;  il  pouvait  en  disposer.  L'empereur  l'embrassa  cordialemait, 
en  évitant  toutefois  de  lui  donner  encore  lej  titre  de  majesté;  od  a- 
pliqua  devant  ses  conseillers  qu'il  fallait,  avant  tout,  la  fonnalità  de  la 
reconnaissance  :  le  soir  ils  dînèrent  ensemble ,  et  l'empereur  employs 
toujours,  en  lui  parlant,  la  troisième  personne  pour  ne  point  pr^Qger 
une  question  qui  serait  traitée  en  conseil.  NapoléoD  suivait  des  jeai 

'  LetiTt  da  Ferdinand  fil  à  WapoUon. 

a  Monsieur  mon  frère,  en  conséqutQce  de  ce  que  j'ai  eu  l'honnenr  i'éain  k 
y.  M.  I.  et  B-,  eu  date  d'hier,  je  vieos  d'irrirer  i  Iruu,  et  je  me  propose  de  eonlr) 
buit  heures  du  malin,  demain,  pour  avoir  l'avantage  de  faire  la  connaisniiK  il 
V.  y.  I.  eiB.,  en  la  maison  de  Harac,  ce  que  j'ambitionne  depuis  longtcnfCiii 
touiefois  elle  veut  bien  me  le  permettre.  En  attendant,  je  suis,  avec  les  Moti'  '" 
de  1*  plus  haute  estime  et  considération, 
•  DeT.  H.I.etR.lebonrr«ra 

>  FaviAX». 
■  ÀIrnn,leieiVTillS06.» 


îdbyGoOgIc 


JOSEPH  BOl  d'bspacnk.  213 

les  moindres  mouvemeots  du  prince  ;  il  cherchait  i  pénétrer  son 
cœur,  à  lire  dans  sa  physionomie  ;  pinceurs  portraits  de  don  Femand 
lui  avaient  été  envoyés  de  Madrid;  on  le  trompait  sur  le  véritable 
caractère  de  ce  jeune  homme  ;  on  le  disait  mou ,  irrésolu  ;  Napoléon 
s'imaginait  rester  maître  du  prince  des  Astaries  sur  trois  points  *  : 
l'abdication  de  la  couronne  d'Espagne,  son  acceptation  du  frêle 
trdne  d'Etnirie  en  échange ,  puis  le  mariage  de  ce  prince  avec  une 
de  ses  nièces.  Don  Femand  oserait-il  une  résistance?  L'empereur 
croyait  vaincre  l'oppositioa  dans  un  jeune  prince  déjà  fatigué  d'une 
lutte  trop  violente  pour  son  tempérament. 

Le  même  jour  qu'il  recevait  avec  one  expression  si  cordiale  don 
Femand  de  Casttlle ,  l'empereur  donnait  mission  h  Savary  d'exposer 
à  ce  prince  sa  volonté  impérative  d'une  abdication  ;  il  n'y  avait  pas  à 
hésiter,  car  cette  résolution  était  définitive  ;  rien  ne  pourrait  la  chan- 
ger. On  vit  dans  ce  moment  à  Bayonne  tous  les  caractères  d'une 
triste  surprise ,  d'un  guet-apens  :  on  faisait  venir  Fernand  VII  sous 
la  promesse  de  le  reconnaître  roi ,  on  l'attirait  sur  un  territoire 
étranger  par  l'ascendant  d'un  esprit  aussi  supérieur  que  celui  de 
Napoléon ,  et  là  le  général  Savary,  le  chef  de  la  gendarmerie  d'élite, 
venait  lui  intimer  l'ordre  d'abdiquer  la  couronne  ;  Napoléon  l'avait 
embrassé  pour  l'étoutTer.  Il  était  bien  possible  que  le  prince  qui  pre- 
nait la  couronne  en  fût  indigne  ;  on  peut  ajouter  même  que  l'intérêt 
de  la  France  voulait  que  la  maison  de  Bourbou  cessât  de  régner  en 
Espagne  ;  alors  il  fallait  aller  droit  au  but ,  l'empereur  était  assez 
fort  pour  déclarer  la  guerre  à  la  maison  d'Espagne  ;  s'il  avait  à  se 

'  Dis  son  ■rrJTée  on  put  se  conTalocre  des  Irism  impicasions  qne  Ferdiotnd  iTiit 
dft  rec«voir  à  l'aspecl  de  u  uplirilé  : 

lêOrt  dt  Ferdinand  à  «m  frin  Antonio-Framtoit  d»  Paul*. 

«  Mon  cher  Anionio, 

»  J'ei  KÇM  ta  lettre  du  M,  «t  j'ai  lu  la  copie  de  la  lettre  de  Hurat,  et  ta  réponse, 
dont  je  suis  salisTail.  Je  n'ai  jamais  douté  de  ta  prudcDce  et  de  ton  allacbement  h 
ma  personne,  et  je  ne  Mis  commeat  l'en  TécompenseT.  J'ignore  eammeot  tout  ceci 
finira  ;  je  dteirc  que  ce  soit  bientôt,  eisurtoui  i  la  salisfnclion  de  tous.  Je  te  préviens 
que  Napoléon  a  entre  ses  roains  une  lettre  de  Harie-Louise  qui  porte  que  l'atidica- 
lion  de  mon  père  a  été  forcée.  Fais  comme  si  lu  l'ignorais  ;  mnis  conduis-toi  en 
conséquence,  et  Ucbe  que  ces  maudiu  Franfoù  k  te  hsseni  aucun  trait  de  leur 
médunceté. 

s  Je  suis  ton  affectionné  frire,  etc. 

•    FlUTAHB. 

»  Baronne,  le  38  arril  1806,  • 


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914  tmAMB  »B  uromn. 

phindre  de  Chariea  IV»  de  sob^QIs,  des Esiugnols,  th  bïMl  it'mitil 
pu  alon  ses  aigles  vktiHieMn  Y  et  aa  prenier  sigiml,  son  anoés  mu- 
A^t  av  Hndrid  ;  de  qoi  amt  conials  le  rnoode ,  pouTait  bmbn- 
cher  1»  cofaoïMS  d'Horcule.  Twit  était  ki  loyal  et  lort  ;  pouifui 
ttnptoTcrla  rase  itaUeMeT  poorqooi  ees«d)terfugesde  la  fàtioK, 
C0  petit  nMehiarélisaie  Acte  par  Tesprit  tane  1 

Ce  qm  mrprit  reraperanr,  t'est  qae  Scfary  trouTa  ane  rêiialiBtf 
tr^vlve  dans  don  Fernand  YII  «  qot  ne  Tenait,  dîMut-i),  i  Baywne, 
qM  pour  être  reconnu  roî  ;  »  le  génAnl  le  bâta  d'en  rendre  caafit 
à  Napoléon  Tort  avant  dans  ta  nnît.  Sur-le-champ,  reiapereur  mutai 
•u  ftitàs  le  chanoine  E^ïqu»  *,  le  conseiller  sérieux,  ïtsfiii  lool- 

'  le  donne  tcitneUnwat  ca  cBiieui  dialogw  da  chinoise  Escoiquix  et  (Ltr»- 
penuT,  cher-d'<envre  d'habileté  de  part  et  d'auue  : 
«  KapoUon.  ~  Chanoine,  comment  eipliijuez-TOusrétneate  d'AranjoeiT 

>  Xfeoïfuir.  —  L'émeute  du  peupla  i  ArMJuex  D'eat  d'aato*  caose  ^tt  Vké- 
gutienjuUk|ueportéeaapIashMapi>bitpwl«DMv«lle  positiTe  de  U  réstlatioi 
prise  par  k  roi  de  se  retirer  avec  toute  m  bmille  en  Andalousie,  et  lacrtiateqi'i 
l'exemple  du  MuTcrainde  Portugal,  [lu'abaodonnlt  aussi  son  peuple  et  n'alUls'itt- 
MIt  dans  une  de  ses  calantes.  TOitI,  en  effet,  nait  été  tranqaDIe  juscp'aa  WMM 
•b  hs  préiumli&de  ce  Oiat  MTagc,  llvi»  vri  a»  rw  <iaM«  oBeiellfBeDt  aa  Mtfd 
4e  CaitUle,  et  L'ordre  parti  au  Iroapea  de  Madrid  <le  ae  porter  ca  tonte  Ute  I 
AreDJnei,  pour  protéger  le  départ  des  souverains,  eurent  Tait  cooDattre  qw  ria 
n'ftaltphis  certain  que  eetie  résolution.  Pounlt-on  penser  que  eepcoplesiiilan 
deI'kl•new^  de  «m  fKp,  al  UN*  i  aan  ni.  Tenait  sans  bAgoMiaa  oM  cMCffin 
decegannTLes  tieupea  oAraespowraietit-alIaB  s'empâcher  depaElaga  ce  xUt- 
ineat  ta  voyant  que  l'un  voulait  se  servir  d'elles  comme  d'an  instrument  néussuff 
ponr  fkTOrlsrr  unprojetslhouteuiet  st  rbnesieàla  nation  T 

>  QNBt  an  gardas  *•  corps  e*  antres  troupes  qui  éiaieM  à  AMnjoB,  ttwt  k 
kionde  cait  que,  loin  de  prendre  part  h  cette  émeute,  ils  aceounirent  pour  protigrr 
Il  BNiflon  dn  ptlnce  tel*  Pats  cantre  la  violanee  du  peupla;  et  ^'ifriit^K^ 
garantie,  ils  s'unirent  aux  autres  corps  qui  étatni  iéj/k  aMMahUa  devant  h  ftliMih 
roi,  pour  réprimer,  s'il  éUtii  néc^saire,  les  efforts  de  la  populace  et  détodre 
LL.HM. 

a  Napoléon,  —  Quelle  que  soit  la  couleur  que  vous  essayen,  ehanoiae,  dtdnxf 
ta  aouKvemeat  d'Aranjuei  et  à  ses  réenliats,  il  est  certain  que  tous  ne  ponnn 
>0DS  empêcher,  au  moins,  d'avouerque  les  apparences,  et  particatlèreoieat  la  piec*- 
UtlOB  foite  par  le  roi  Charles,  le  jeor  mdme  de  1»  aignatun  de  s<hi  abfcatieo, 
prouvetH  que  cette  abdication,  loin  d'avoir  été  libre  ei  vahmiaioe,  fbt  le  (hiit  d»  I» 
crainte.  Ainsi,  cet  acte,  rmlgré  loos  vos  effbrts,  sera  généralemeat  ttgei' 
comme  arraché  au  roi  Charles,  dans  h  crainte  qui  lui  inspirait  va  dangv  tié»- 
pre^sant. 

n  Eteoïquii.  ~  Je  rerai  observer  à  V.  M.  que  le  changement  soudain  derésela- 
Uan  auquel  pourrait  faire  croire  la  protestation  du  même  jour,  quoique  je  sois  "'■' 
persuadé  qu'elle  n'eut  lieu  que  deux  jours  après,  c'est-i-dire  au  moment  où  tC* 
Alt  adressée  h  V.  M.  1.,  n'étonnera  que  ceux  qui  ne  coooidsMnt  poiat  l'eicaian 


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JOSEPH  SOI  I»B9PA6flE.  SIS 

puissant  auprès  de  FemuMt,  sou  élève;  il  v«fllaU  le  gagner  à  luf,  ff 
TeuIsithiiâëToiter,  en tenaes  précis, teate»seffidée9sur  l'Espagne,  eC 
fentratner  sous  le  prestige  de  son  système.  Dans  ces  sortes  de  coaf6< 
rences  intimes ,  Napoléon  était  adraintbte  de  Botsse  et  de  dextérité , 
employant  touràtoor  la  Torce,  la  douceur,  ht  sonpiesse.  Il  savait  toute 
h  puissance  qu'Escoiqniz  awaR  sur  te  priitce^  si  donc  it  ponvaPt  oMe- 
nir  une  Tictoire  sur  ïa  conscience  du  digne  dianoîne ,  it  était  certain 
d'arriver  an  résultat  de  sa  politique. 

L'empereur  aborda  la  question  par  des  paroles  cftao^  et  près- 
sitntes  :  a  11  y  a  longtemps,  dit-il,  chanoine,  qn'en  raison  de  la  bonne 
idée  qu'on  m'a  donnée  de  vous,  je  désirais  ra'eotretenir  sur  les  aKtîreis 

fMMttse  de  ce  maRienrmui  mI'.  BscIm«  è»  ta  T«iM,  qoi  mit  loala  s«  <niiiia*«e,  H 
tftt  signé  et  signenii  taeort,  nt  moin<h«  dtsir  qu'eHa  hn  en  térooignenit,  l'iele  )• 
pfns  opposé  1  ses  propres  idées  ;  ei  voili  peortiaoi  il  coaseutit  à  celte  q>[Kiue  h  uat 
pni(eslali(ni  dictée  par  la  préteetion  de  «elta  STengle  s«flT*i«iiio  contre  son 
propre  Bis. 

B  JV«paUon.  —  Je  n'ignore  potat^  chaDome,  tonl  ce  que  l'n  »  raeonté  de  la 
(kibtcsse  de  Charles  IV;  mais  il  y  a  dans  sa  reoeneiation  des  pariicalariiés,  outre 
celles  dont  je  vous  si  déji  parlé,  qai  à  raes  jeux  «n  eoBirment  ta  noHité.  On  acte 
conraie  cdni-Ià,  sur  lequel  i^  fallait  loBgiMBeat  iMécUr  avant  qm  da  le  TaÎK,  at 
dont  tons  les  élétneals  avaient  besoin  d'étM  discutés  svesles  repiéscntautadeta 
nation;  nn  BCle  qui  devait  être  eiéeulé  avec  la  laolenr  at  la  aolcBBité  nétassaicM,  «t 
dans  une  iranquilHié  psrftite  d'esprit  et  de  corps,  qai  malgré  eeU  a  été  accoBipil 
et  médité  d'une  manière  st  subite  dans  db  jour  de  eéditioii  ;  qui,  e«  jour-U  mimm, 
on  si  vous  le  voulei  quaranie-hnit  heures  après,  a  été,  par  celid  même  qui  l'avait 
consenti,  révoqué  comme  lui  ayant  été  arradié  par  la  forée;  nu  aot«,  dis-je,  de  cette 
wtnrone  paseera  jamais,  aui  jeui  deshonmie»  aeaséa,  pour  avoir  été  Kbre  et  i9l»m~ 
taire.  Bappelez-vouslesoïemplesque  l'hisioireda  votre  paya  tous  fbumit,  at  voh 
verrei  si  les  Cliarles  T,  les  PhîKppe  T  n-obaetvèreot  pas  ea  |Mreillea  «tacoaslattces 
lonies  les  Ibrmalltéa,  ne  prirent  pastootesles  prtcaaaoM  dont  je  voua  ai  pailé. 
Quelle  différence  ne  trouver-vous  pas  wtre  «es  a«t«  et  aelui  d-Aïai^Dei  î 

"  EKOïquix.  —  La  renoneialion  qne  le  Bonaaqne  Bt  apite  e>  lavaut  dfl  son  fila 
ne  ftit,  si  on  peut  le  dire,  qno  la  répéadoB  d»  e«!h  qu'il  aacsjt  4^  faite  depuis 
longtemps  en  faveur  du  prince  de  k  Paiï,  avac  eeUe  diflérenee  eepeadam  que,  par 
h  dernière,  e'est-i-dfre  cdie  par  laquelle  rhérilier  légkiBa  de  la  couroan*  él«l 
placé  sur  ïe  trine.  Chéries  IT  ne  se  débarrassa  pas  seulement  de  Imilorité,  mai« 
encore  du  Utre  qui  rendait  cette  aulorilé  légitime. 

a  Ifapolion.  —  Halgré  toutes  vos  raisons,  cbanoine,  je  m'tai  tiendrai  toiqoura.i 
ma  presnière  idée  ;  mais  laissons  cela,  pour  un  momant.  do  côté,  et  dile»-moi  si  >  plia 
perdre  de  vue  que  les  intérêts  de  ma  maison  et  de  mon  empira  eiigent  que  les 
Bourbons  ne  régnent  plus  en  Espagne?  (Napoléon  lui  tirant  roreille.)  Quand  bi«n 
même,  chanoine,  vous  auriez  raison  dans  tout  ce  que  vous  ro'avei  dit,  je  vous  téfotk- 
drals  :  afauvaiie  politique.  (Après  avoir  beaucoup  ri.)  Mais  revenons  h  notre  objet, 
chanoine  ;  il  est  impossible  que  tous  no  voyla!  pas,  comme  moi,  que  taoi  que  les 
Bourbons  régneront  en  Espagne,  je  ne  pourrai  point  m'attcndf  c  à  avoir  avec  o«|M 


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216  MIAllE  DE  BAYO:(MB. 

de  votre  prince.  Je  ne  saurais ,  dans  ma  po^iiui ,  ne  pas  m'intéreser 
au  sort  malheareux  do  roi  son  père.  Il  réclama  ma  protection,  et 
l'Europe  entière  a  les  yeux  sur  moi.  L'abdication  de  Charles  IV, 
faite  au  milieu  d'une  garde  séditieuse  et  d'un  peuple  révolté,  indique 
lufBsammeDt  qu'elle  fut  forcée.  Je  ne  puis  la  regarder  coinine  réelle 
que  lorsque  le  roi ,  qui  m'a  adressé  une  protestation ,  abdiquera  de 
nouveau  et  sans  contrainte.  D'ailleurs ,  les  intérêts  de  mon  emiHre 
exigent  absolument  que  la  maison  de  Bourbon ,  ennemie  implacable 
de  la  mienne,  p^e  le  tràne  d'tlspagne.  Ce  changement  est  dun 
l'intérêt  de  Yob«  nation.  La  dynastie  que  j'établirai  vous  doQaen 
une  bonne  constitution ,  et  son  alliance  avec  moi  assurera  le  bonheur 

putSMDM  une  lUiinceBincire  ;  Uk  reindrom  bien,  jele  Mi*,  lant  qn'ils  se  iraannti 
§eub  de  i«ur  c4té,  d 'en  Iretenir  celle  alliance  arec  moi,  parce  qu'ils  ne  MnntpK 
assez  forts  pour  me  Duire  ;  mais  leur  haine  éclatera  aussilâl  qu'ils  ma  Temot  en- 
barrasse  dans  quelque  guerre  du  Nord,  ce  qui  peut  avoir  lieu  d'un  momeal  i 
l'autre,  cl  alors  tous  les  verrei  se  réunir  avec  mes  ennemis  pour  m'atUqm.  Qdi 
puis-je  Taire  demieui,  pour  jusliBeri  vos  yeui  celte  opinion,  que  de  nffàait 
perBdic  avec  laquelle  Charles  IV  lui-même,  malgré  sa  prétendue  fidélité  ïmiiainiir 
eoD  alliance  avec  moi,  voulut  me  hire  la  guerre  peu  de  temps  avant  la  bouiik 
d'Iéna,  c'est-^-dire  dans  le  moment  même  où  il  me  croyait  le  plus  occupé  i  (dk 
que  je  disais  alors  k  la  Prusse  f  Ne  profila-t-il  pas  du  danger  qui  semblait  mt 
menacer  pour  répandre,  comme  vous  le  savei,  dans  tout  son  rûj anme,  une  prodi' 
nation  qui  ne  tendait  pas  moins  qu'i  armer  tous  ses  sujets  conire  moiT  Jannii. 
non,  jamais,  je  le  répète,  je  ne  pourrai  compter  sur  l'Espagne  tanl  que  les  Bowlw» 
en  occuperont  le  trAne;  et  tes  forées  de  cette  na lion,  qui  de  tout  temps  ont  été  taa- 
sidérablcs,  peuvent  un  jour,  s'il  se  trouve  un  homme  de  mérite  à  la  tèle  da  goavtr- 
nement,  le  devenir  au  point  de  troubler  mon  repM.  Ne  vous  élonnei  pas,  cbaBDiK, 
si  je  voua  répète  :  Mauvaiu  politiqu». 

>  Eteoiquû.  —  Perroeitei,  sire,  que  je  fasse  obserrer  i  votre  majcsli  ip>  !■ 
branche  des  Bourbons  qui  règne  en  Espagne  en  ce  moment,  séparée  depuis  longio^ 
des  autres,  ci  ne  tenant  à  elles  que  par  les  liens  d'une  pKreDté  Iris-éloignée,  ot  fK» 
pas  avoir  pour  les  dernières  un  grand  degré  d'affection;  c'est  ce  qui  d'aîllennaéu 
bien  prouvé  sous  le  règne  de  Ferdinand  VI,  puisqu'elle  ne  touIui  pas  coniracla  l> 
moindre  alliance  avec  la  branche  de  France.  Non-seulement  elle  se  re(n^  1  !•  >«■' 
tenir  dans  ses  guerres  contre  l'Angleterre  et  la  Prusse,  mais  encore,  même  dis)  11* 
temps  qu'elle  avait  l'air  de  garder  la  plus  exacte  neutralité,  elle  manifesU,  laui*^ 
les  fois  qu'elle  put  le  faire,  sans  cependant  manquer  à  celle  neutralité,  sa  prcdîlM- 
tion  pour  les  ennemis  de  la  France. 

a  Quelles  seront  les  raisons,  sire,  qui  pourront  faire  craindre  à  voire  najeslé'* 
la  pari  de  Ferdinand  la  moindre  inimitié ,  la  moindre  opposition  conire  lolt 
augusie  famille  et  votre  empire,  dont  l'alliance  est  sons  tons  les  rapports  pour  l*!^ 
pagne  le  premier  bilérélpolitiqucTEt  si  l'union  qua  votre  jeune  roi  a  le  désir  (le  (M* 
Iracter  avec  une  princesse  impériale  •  lieu  ,  ne  tiendr«-uil  pas  de  pins  prb  1  b 
maison  de  son  èpouiet  N'sura-t-il  pas  nalurellemenl  pour  cette  maison  plus  d'iiu- 
«bcmcnl  que  pour  qudqoes  parents  éloignés  aniquels  il  a  toujours  témoigni  b""' 


îdbyGoOgIc 


JOSETH   ROI  VE9PAGNE.  S17 

de  la  péninsule.  Cependant ,  j'estime  Ferdinand  ;  il  est  venu  me 
trouver  avec  conûance  à  Bayonne ,  je  veux  traiter  cette  affaire  avec 
lui ,  et  le  dédommager,  autant  qu'il  est  possible ,  ainsi  que  ses  frères, 
de  ce  que  ma  politique  m'oblige  de  leur  enlever.  Proposez  donc  à 
Ferdinand  de  renoncer  à  tous  ses  droits  sur  la  couronne  d'Espagne , 
de  recevoir,  en  échange,  l'Étrurie,  avec  le  titre  de  roi,  et  une  en- 
tière indépendance  pour  lui  et  ses  héritiers.  Dites-lui  que  je  lui  ferai 
compter  en  pur  don ,  pour  son  établissement ,  une  année  des  revenus 
de  son  nouveau  royaume.  Lorsqu'un  traité  aura  été  signé  à  cet  égard, 
je  lui  donnerai  ma  nièce  en  mariage,  pour  l'assnrer  de  toute  mon 
amitié ,  et  nos  convenUons  seront  signées  de  suite .  avec  la  solennitû 

coup  d'indiCrérencBÎ  n'«imera-t-[l  pas  mieDi,  enfla,  avoir  pour  votre  majesté  Ic^t 
sentimeoisd'uD  bon  fils,  et  pour  votre  famille  ceui  d'un  prince  dévoué  t 

J>  flapoUon.  —  Vous  me  faites  là  des  contes,  clianoine,  tous  Aies  trop  instruit 
pour  ne  |ws  saroir  qu'une  femineest  loujoun  un  lien  trop  faible  pour  fiier  la  conduiie 
politique  d'un  prince,  et  que  ce  lien  n'est  en  rien  comparable  à  celui  qui  existe  entre 
parenla  sortisde  la  même  tige.  Et  qui  pourrail  me  répondre,  d'ailleuis,  que  t'ëpouçt 
(le  Ferdinand  prendrai!  de  l'ascendant  sur  l'esprit  de  son  mari?  Tout  cela  n'est-il  p3s 
subordonné  au  hasard  et  aux  circonsteucesT  Au  reste,  la  mort  peut  rompre  un  jour 
lous  ces  liens  entre  la  maison  d'Eepagneet  la  mienne,  et  alors  cetlebaine,qui  n'aurait, 
été  qu'assoupie  momenlanément  pgr  l'influence  de  cette  souveraine,  se  rétcilleraii 
•près  elle  avec  plus  de  force  que  jsmais.  Allons  donc,  cbanoine,  vous  me  présente/  li 
de  véritables  cUteaui  en  Espsf^e.  PenBei-TousqDejepourrai,  tanlqneles  BouTl>o:ts 
sfTOnlsur  le  trdne,  avoir  sur  le  compte  de  l'Espagne  la  même  sécuiili  que  si  le  scep.rn 
est  entre  les  mains  d'un  prince  de  ma  famillel  Celui-ci,  il  est  vrai,  pourra  avoir,  soit 
avec  moi,  soit  avec  mes  successeurs,  quelques  différends,  mais  ce  ne  sera  jamais  nu 
point  d'être  un  ennemi  déclaré  de  ma  maison;  loin  d'en  désirer  la  ruine  comme  les 
Bourbons,  il  fera  au  contraire  tous  ses  efforts  pour  la  soutenir  lorsqu'il  verra  foii 
existence  réellement  menacée, 

»  Eicoiqvi*.  —  L'Europe,  les  jeux  fixés  sur  Bayonne,  attend  avec  impatience  I» 
résolut  du  voyage  du  roi  Ferdinand.  SI  voire  majesté  ne  consulte  dans  cette  sffalro 
que  son  fœar  noble  et  magnaoimc,  nul  doute  que  l'Europe  ne  lui  rende  une  jusikiï 
éclftUnie  et  n'applaudisse  généralement  i  s»  générosité.  Lea  puissances  ennemies,, 
jalouses  de  votre  gloire,  seront  alois  forcées  d'avouer  que  vous  êtes  aussi  équilable 
envers  vos  alliés  que  terrible  pour  vos  adversaires.  Cette  preuve  que  tous  leur  don- 
nerez de  votre  modération  diminuera  leur  jalousie,  reftvidirt  leur  hsine,  dissipera  ta 
crainte  qu'elles  ont  de  perdre  à  leur  tour  leur  indépendance,  crainte  que  l'Angleterre 
ne  cesse  de  répandre  parmi  elles,  et  déjouera  toutes  les  trames  que  cette  implacablo 
ennemie  de  la  France  ourdit  pour  réunir  de  nouveau  toute  l'Europe  contre  votre 
majesté. 

•  Si,  an  contraire,  voire  majesté  lient  toujonis  an  projet  d'un  changement  de  dj- 
oastte,  elle  me  permettra  de  lui  assurer  qu'elle  portera  par  ce  moyen  k  on  degré 
eclréme  l'envie  et  la  haine  des  puissaneea  même  les  plus  indilférenles.  La  crainte  de 
perdre  è  leur  tour  leur  indépendance  s'emparera  â'ellea,  surtout  en  voyant  le  sort 
•ffreui  que  vous  avm  réservé  i  votre  ph»  fidèle  allié,  et  vous  anrei  en  mtme  temps 

TIU.  It 


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SIS  DRaMB  de  BAYONint. 

nécessaire.  Si  Ferdinand  rejette  mes  propositions,  je  m'enteodrei 
avec  son  père  :  oi  lui  ni  ses  frères  ne  seront  admis  h  aucune  n^nt- 
tioD.  Ils  perdront  tout  sans  indemnité.  Si  le  prince  fait  ce  que  je 
désire ,  je  conserverai  k  l'Espagne  son  intégrité  territoriale ,  son  io- 
dépendaoce ,  ses  lois ,  sa  religltm ,  ses  nsages  ;  fc  ne  veux  pas  qd  seul 
village  pour  moi.  »  Ensuite  l'empereur  déclara  «  que  si  cela  ne  un- 
venait  pas  au  prince  des  Asturies ,  il  était  libre  de  Ven  retotmwr.  > 
Paroles  malbenreusement  trompeuses ,  car  ii  safBsait  de  voir  ks 
gardes  pressés  autour  de  la  maison  du  prince  pour  Juger  qn'H  étdt 
captif. 

A  cette  bnuque  et  inattendue  communication ,  le  front  àx  du- 
Qoioe  se  plissa ,  ses  yeux  témoignèrent  une  douloureuse  surprise: 
a  Puisque  vous  me  permettez ,  sire ,  de  vous  parler  francbemeot ,  je 
ne  vous  cacherai  pas  combien  je  suis  étonné  d'un  projet  que  biod  roi 
et  ma  nation  sont  bien  loin  de  soupçonner ,  vu  l'étroite  alliaBce  qui, 
depuis  plus  d'un  siècle ,  subsiste  entre  les  deux  États ,  le  rraonTeil» 
ment  qui  en  a  été  fait  sous  votre  empire  et  qui  l'a  rendue  biea  phB 
étroite  encore,  les  efibrlA  continuds  de  l'Eqiagne  depuis  cette  êpoqw 

fourni  i  l'Angleierre  de  DOwellM  armes  pour  eieiter  et  éteraiser  ks  efforts  de  lOvHf 
ces  puiauoeea  pour  fsinU  guerre  ivoire  empire.  AjonUii  eda,  aircqueltsEs)*- 
gnols  voueront  à  lotre  m^jcBté  use  biiue  implacable,  et  plusieurs  siieles  s'ieoilcM 
avant  qu'elle  Mit  tieinie.  L'eipérience  vient  à  l'appui  it  ce  que  je  dis.  Il  j  s  plus  ^ 
cent  ans  que  la  guerre  de  la  succenioD  a  eu  lieu,  et  ce  D'à  Até  cepeadaut  qn'ir^px^" 
ducouranoemeDtdei'eTdinaDdqaeraDimMiiédeeproviaccsd'Atagoii.deCiialiip'' 
et  de  Valence,  contre  la  France.  coDtre  la  maison  dePLillppa  d'Àojoi^eliiilae  f^" 
les  Castillans  qui  l'oTaient  soutenue,  s'est  véritablement  assoupie. 

9  iVapoUon. — Vous  eiagérez  las  difficultés,  chanoine.  Je  ne  <rains  rien  de  ïasiV 
pu lEcance  qui  pourrait  aie  donner  qurique  inquiétade.  L'imperenr  de  Russie,  Iqij 
Je  communiquai  à  TiMlt  mas  projeta  BurlEspagM,  qui  dateol  de  cette  ip*q<i(>''^ 
approuva  at  me  donna  m  parole  d'iionneurde  ne  point  s'y  oppaMi.  Quaal  «oiiMn* 
puissances,  elles  se  garderont  bien  de  remuer.  Dans  tous  les  cas,  la  rtei&itoft  ^ 
Espagnols  ne  sera  jamais  redoutable.  Las  grands  et  les  riekes,  dans  la  ertiaU  ^ 
perdre  lenr  fortune,  reaurant  tranquilles  et  em^oienAt  toute  hu  laQMMe  i  e^^" 
le  peu  pie.  Le  clergé  et  les  moioei,  que  j'aurai  aoin  de  rendre  teapoasablaa  dadcavdn. 
tnetireot  aussi  eu  usage  leur  inOuenee^et  voussavei  qu'ils  en  ont  baaucoiip.LiT'^ 
laceseule  excitera  peut-être  quelquesoulèVNnentdaïuquelques  points,  mais qudiiB' 
chttimencs  sévères  l'iuroni  bieotAi  rappelée  i,  son  devoir.  Croyei-moi,  chaDoiDi,  k» 
paja  où  il  ï  a  beaucoup  de  moines  sont  Cactles  à  subjuguer  ;  j'en  ai  l'eipérienct.  C  est 
ce  qui  arrivera  avec  les  Espagnols,  surtout  quand  ils  verront  que  je  iMU  pcMM 
l'ini^irité  et  l'indépeadancc  de  leur  monarcfaie,  an*  constitution  plus  libMleetp* 
raisonnable,  et  la  conservation  de  leur  religion  et  de  lents  usages.  •  (On  wit  caauii* 
étaient  bwns  les  idèai  de  N^olèoD  m  l'K 


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MSËra  loi  d'bspasre.  219 

imqa'k  ce  mataeàt  pow-sonteoir  la  FraDce  daos  tontes  ses  goerrei , 
môme  dans  ce4te  que  V.  M.  I.  a  eotreprisepour  détrAner  la  branck^ 
des  BouriHHM  de  Na^  ;  effort  dens  lesqatrfs  l'Espagne  a  sacrifié-  sa 
narine ,  épumé  se»  trésors ,  et  a  flnî  par  se  rainer  ;  la  remise  de  nos 
{riaeei  frontièrw,  l'entrée  l^tre  de  vos  troupes  jusque  dans  la  cour  de 
notrrMOTeraiD,  et  (ont  œta  avec  la  confiance  que  peut  seule  inspirer 
famitié  la  pla>  aveofle.  Permettex-moi  seulement ,  sire ,  dans  la  per- 
snasiMoù  je  sois  qtie  cerefos  et  ce  projet  d'ôter  an  roi  et  à  sa  dy- 
nastie ta'  courOTrae  #£spBgBe  ne  peavent  être  qoe  le  résoltat  de  fan 
renseignements  (|ui  TOosMioQt  été  donnés snr  tes  affaires  duroyaumer 
de  prendre  la  liberté  de  vous  opposer  te  véritable  état  des  choses ,  et 
deTOuapVDaverquece  refus  et  ce  proiet  sont  auni  contrwres  à  vo» 
întèrètB  poKliques  qu'à  ceux  de  l'Espagne  et  de  mon  souverain.  » 

Le  coneiller  fidèle  de  Ferdinand  VII  développa  les  fatales  eonaè- 
^aenees  d'une  guerre  nation^e  contre  l'Espagne  et  la  conduite  loy^e 
<fe  son  prince,  a  VoH  vous  trompez ,  chanoine  1  décria  Napoléon  ; 
iMt  I  été  violent  josqolci  dans  vos  palais.  Et  la  conspiration  de  l'Ës- 
mrial ,  exptiqaez-la.  »  —  «  La  conspiration  de  l'Escnrial ,  reprit 
HsooKpiix,  ne  fat  qu'une  accusation  atroce  et  calomnieuse  contre  le 
roi  Fernttnd,  alors  prince  des  Asturies ,  et  n'exista  jamais  que  dans  la 
malignHé  de  Godoï,  secondé  par  la  préoccnpation  de  la  reine  et  Ift 
pnrfRiininiNé  de  Charles  TV.  Personne  ne  pent  parler  plus  pertinem- 
ment qne  miri  de  ces  faits,  puisque  ^'en  fu9  le  principal  actear.  Ces 
démareTies,  sire,  se  réduisirent  aux  conférences  que  j'eus  an  nom  du 
prince  Ferdinand  avec  rambasmdeur  Beadhomais,  et  à  1»  lettre,  qa'k 
sa  demande ,  je  lui  remis  de  la  part  du  prince  peur  Y.  H.;  lettre  par 
laquelle  le  prince  tatidorait  TOtre  appui  auprès  des  vieox  souverains  , 
ton  tibteràr  qalto  approtnasBent  B«n<  union  avM  lae  pniDcesae  de 
TQtna(^;uatefniiMl8,C8quiétaltpourâ.A.B.  nn.ma]realttCaUlible 
de  dfoORCMter  les  projets  du  prince  de  la  Paix ,  en  se  mettut  sous 
Ib  pukMote  protectfaM  de  V.  M.  » 

KapoMcm  mirebait  A  grands  pw.  «  Vraiffienl  Beauhamais  a  fait 
cela?  Dans  ce  cas,  chanoine,  moa  ambaeadeur  outrepassa  debeau- 
coop  ses  pooroirs,  puisque  je  ne  Ini.araia  pas  ordonné  de  traiter  avec 
le  prince  des  AsturitB ,  et  mcore  moins  d'eiiger  de  lui  une  semUable 
lettre,  qoi,  dans  toateauttc  circonatance,  eAtétèuœ  désobéissance 
crinineHe  enven  son  père.  »  Eicoïquit  s'aperçut  de  la  tendance  que 
l'empereur  voulait  deins  à  la  conjuratioik  de  l'Eacarial  :  «  ^re^ 


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S20  BBASB  M   UTMtlB. 

tout  fut  commandé  à  Stn  Lorenzo  pw  !■  jwte  crainte  qoe  nous 
inspiratent ,  aa  prince  et  à  hmh  ,  ramlntioa  effrénée  du  prince  de  ta 
Paix  et  les  trames  qu'il  oordimit  sourdeinent  pour  o[qirimer  i'a- 
dinand  an  moment  où  le  roi  Charles,  qui  était  alois  dangereasenmit 
malade ,  viendrait  à  mourir.  Noos  ne  nous  dianmiilons  pas,  en  effet, 
que  son  intention  était  d'usurper  le  trAne ,  ou  de  conserver  contre  le 
gré  du  légitime  héritier ,  sous  un  titre  quelconque,  l'autorité  absirine 
dont  il  jouissait.  »  —  «  Je  suis  parfaitement  instruit  de  tout  cda , 
reprit  Napoléon.  Je  sais,  à  ne  pas  en  douter,  que  tout  ce  que  l'on  a 
imputé  comme  délit  ivoos,  chanoine,  an  duc  de  l'infantado,  eti 
plusieurs  autres  personnes  compromises  dana  l'affaire  de  l'Eficurial, 
ne  fut  qu'un  effet  de  votre  fidélité.  Je  sais  que  vous  n'aviez  ea  vne 
que  de  vous  opposH* ,  par  des  moyens  que  dictait  alors  une  juste  pm- 
dence ,  aux  projets  que  vous  croyiei  concertés  contre  le  prince  Fer- 
dinand pour  l'époque  présumée  de  la  mort  de  son  père ,  et  que 
vous  ne  manquâtes  jamais  à  la  fldélité  ni  au  respect  que  vous  de- 
viez à  ce  dernier.  Je  suis  instruit  de  tous  les  détails,  je  connais 
l'innocence  da  prince  et  de  toutes  les  personnes  qui  ont  6guré  duis 
cette  circonstance  ;  mais  révénement  odieux  d'Aranjuei,  la  renoocia- 
lion  da  roi  Charles,  faite  au  milieu  d'un  peuple  irrité  ;  la  désertion 
de  ses  gardes ,  qui ,  au  lieu  de  soutenir  leur  maître,  ne  contribuèrent 
pas  peu  à  l'opprimer  et  k  le  forcer  de  se  prêter  k  ce  qu'on  exigeait  de 
lui;  l'empressement  de  Ferdinand  &  profiter  de  cette  renonciation, 
sa  conduite,  celle  de  ses  partisans  dans  cette  occasion,  tout  cela  n'estn'l 
pas  de  nature  k  faire  croire  &  l'Europe  entière  et  i  moi  qoe  Charles  IV 
fut  contraint  de  renoncer  k  sa  couronne  ?  » 

Ces  préliminaires  sur  les  événements  d'Espagne  amenèrent  la  dis- 
cussion des  projets  de  l'empereur.  Souverain  impérieux ,  Napoléon 
demandait  k  Ferdinand  une  abdication  pure  ,  simple ,  immédiate. 
I.e  chanoine ,  fidèle  k  son  prince ,  discuta  une  à  une  toutes  les  objec- 
tions ;  il  mit  en  préEence  la  justice ,  la  politique ,  les  difficultés  même 
puisées  dans  le  caractère  espagnol,  et  la  vive  indignation  qu'il  éprou- 
verait à  l'aspect  des  événements  de  Bayonne. 

Cette  conversation  historique  de  l'empereur  et  du  chanoine  Escoï- 
qiiii  se  continua  pendant  deux  heures  dans  les  mêmes  termes,  et 
Napoléon  put  se  convaincre  que  la  résistance  de  Ferdinand  sertût 
plus  ferme  qu'il  ne  l'avait  cru  d'abord.  Il  s'était  imaginé  qu'une  fois 
i  Bayonne,  il  exercerait  sur  un  prince  de  vingt-deux  ans ,  éïevé  dans 


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JOH^  moi  d'bspagne.  231 

les  monastères  d'E^gne,  une  iniluence  décisive;  et,  tout  au  con- 
traire ,  i)  vit  que  le  prince  ,  entouré  de  ses  conseillers  habiles ,  M.  de 
OevaUos ,  Labrador ,  le  duc  de  l'Infantado ,  le  chanoine  Escoïquiz  et 
le  duc  de  San  Carlos,  résistait  avec  une  grande  persévérance  à  toutes 
les  volontés  sur  l'abdication  de  la  couronne.  Gomme  il  croyait  que 
cette  résistance  tenait  à  des  intérêts  particuliers ,  l'empereur  voulut 
que  les  hunmes  politiques  qu'il  avait  conduits  à  Bayonne  se  missent 
en  rapport  avec  les  conseillers  de  Ferdinand.  Les  formes  trop  brus- 
ques, trop  soldatesques  de  Savary  ,  avaient  profondément  déplu  aux 
grands  d'Espagne;  Napoléon  changea  de  négociateurs;  l'abbé  de 
Pradt  dut  discuter  les  questions  espagnoles  avec  le  chanoine  Ekoï- 
qniz  :  «  Entre  gens  de  robe,  comme  le  dit  en  plaisantant  l'empereur, 
il  croyait  qu'on  pourrait  s'entendre.  »  M.  de  Champagny  se  mit  en 
rapport  avec  M.  deCevallos,  le  secrétaire  d'Ëlal  de  don  Fernand  VII, 
tandis  que  lui,  l'empereur,  se  réservait  l'action  directe  et  immédiate 
sur  l'esprit  du  jeune  prince. 

Pressé  de  toutes  parts,  il  faut  dire,  à  l'éloge  du  nouveau  roi  des 
Espagnes,  qu'il  résista  avec  une  grande  fermeté  de  caractère.  Les 
infants  montrèrent  une  certaine  énergie;  ils  entretenaient  une  cor- 
respondance intime  avec  la  junte  de  Madrid  et  leur  oncle  don  Anto- 
nio, qui  la  présidait;  et  ces  princes  d'Espagne  ne  cessèrent  de  s'exprimer 
sur  le  guet-apens  de  Bayonne  avec  un  sentiment  indicible  de  colère 
et  de  mépris.  Ils  parlaient  déjà  des  ■  maudits  Français  »  à  leur  jeune 
frère  Francisco  de  Paolo,  et  ce  sentiment  de  faaine  éclata  plus  tard 
dans  les  insurrections.  Gomme  rien  ne  s'arrangeait  à  Bayonne, 
M.  de  Cevallos  demanda  «  s'il  serait  libre  aux  infants  de  retourner 
en  Espagne.  »  H.  de  Champagny  répondit  que  «  certainement  oui , 
mais  qu'il  fallait  prendre  les  ordres  de  l'empereur  ;  »  et  ces  ordres 
forent  de  les  retenir  À  Bayonne.  On  put  voir  les  précautions  redou- 
bler; des  gardes  furent  placées  &  toutes  les  issues;  la  police  du  géné- 
ral Savary  devint  plus  active,  il  fut  destiné  k  garder  les  princes  d'Es- 
pagne :  exécuteur  Odèle  des  ordres  de  Napoléon ,  le  géuéral  Savary 
n'avait  qu'une  pensée,  qu'une  volonté  :  répondre  À  la  confiance ,  aux 
exigences  même  les  pins  arbitraires  de  son  souverain. 

Rien  n'avançait  à  Bayonne ,  le  plan  conçu  par  Napoléon  s'arrêtait 
tout  à  coup  par  la  résistance  des  infants,  il  ne  lui  restait  jusque-là 
qne  l'odieux  du  rAle.  On  avait  déterminé  les  princes  d'Espagne  k 
venir  i  Bayonne  ;  le  bruit  circulait  déjà  que  l'abdication  était  exigée, 


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Sai  nUlU  DS  BAVOMB. 

et  r«mpereur  n'olitenùtnea  de  positif  :  ^oe  Caire  dèi  Ion  peu  inrer 
jiB  but  proposé?  Nflpoléoa  savait  toute  l'inflaeuce  que  h  seule pande 
exerçait  sur  le  vieux  roi  Charles  IV  et  jur  la  reijw  SI aiîa>L^:  il 
«•Boaissait  lenr  tristesse,  leur  affliction  ,  parsoite  de  la  capUvîUda 
prince  de  la  Paix  ;  à  l'on  Tendait  k  la  reioe  Haouel  Godoï ,  itAeH  i 
Madrid  sous  uae  accuaatioQ  «apit^  ;  si  l'oa  donnait  à  Maria-  Luia 
san^pamTe  anai,  «ob  corleja,  il  n'est  pas  douteux  quela  lecwMrtiiiKe 
4a  Charles  IV  lerait  k  «on  comble,  et  que  tous  viâDdxatesi  à  Ba;«>M 
p«ur  jetw  aux  pieds  de  l'empereur  leur  couronne  «t  lew  sceptre. 
Nai^oléDDicmaitdoBcÂAIurat  pour  qu'il  eût i  exiger  eor-le^haiDit, 
dela^te,  laramiiie  du  {triace  de  La  Paix;  os  le  conduirait  i  Bajoaoe 
âouela  sauvegarde  impériale.  Ia  janle  n'osa  césisterau  grand-doc  de 
Bacg,  et  Manuel  Codoii  rendu  à  la  liberté,  n'eut  jus  deplusgrude 
aQaire  <|ue  .de  venir  en  toute  liàtcse  concerter  k  Bajoaue  avec  Napo- 
iéoB  pour  suivre  et  accaoïplii' sesdasseios.  Le  tn^  de  Madrid  i  II 
frontière  fut  fait  en  deux  jours  ,  à  travers  Jes  ctffps  français  quis'é- 
chsloBneieat'SurtlaTOiiteje  Vittoria;dafisla  joiejle  UdéliviweB, 
Manuel  Godoï .éccività<Ctw:lesIV,téntoigiiaB;tlaaatiBfactionQutaarait 
l'evpeieur  4e6  Staayùe,  son  b«o  ami ,  de  le  voir  k  St^mta  ;  et 
Cbvls  rv,  ee  aanarque  Eaitde,  acCDunit  aux  pFusa&tes  soUicitatioiii 
■de  Godai  ::  le  roi  et  tainmae  étaient^!  aises  4'<evbns8er  tear  ami. 
de  ie  savoir  asarvé  de  oeox  ^^u'ils  appelaient  les  iratlcea,  tes  aéeha>lll 
Bayonse  ¥it4)oK  Oiarles  IV  après  don  fsEdiBand  VU.  et  da 
tnases  de  peuple  entouraient  «es  voitures  goUuvKS..  ces  canocses  i 
la.Loius  XIV,  trônes  pac  huit  laules  de  la  Bisca^  :  ■i'tmfeKvt-,  ^ 
n'iMit  jamais  vu  Charles  IV  >  l'aecueillM  avec  une -effusion  1tràMo^ 
diafe  ;  la  i^yfiîontsaie  de  ce  monarque  était  foitemeait  naarquÉe  des 
tHûts  Boiu-bons .dégénérés,  avec  ce  aez  t;radiUonnel.dawlesEaGBsdu 
Béom,  une  iioache large,  les  lèvrosépaifises ;  la  stature  de £harlei IV 
-étiit  haute,  8ODpiirte)s}estu0ux;btett  qu'accablé  de  rltiuDAtiHna  M 
deigoutte,  il  isarchait  droit,  et  l'aisaacesténeâeia  posecoBStalait 
qm  «e  priDoe  était  habitué  aux  commaiiddemente  et  «kk  boÊamtt» 
qae  detoutes  parte  on  lui  rendait.  Le  batse-main  ait  lieu  à  Ba^se 
comme  si  le  souvârato  eût  encore  été  à  Axaajoea  ;  chaque  £apa(pol 
dHt  s'ogeDOuiUer,  selon  l'usage  des  Castilles,  et  le  roi  les  «omaia  tons 
par4euFs  norasavacun  aoceot  de  grande  familiarité  :  «  Toi,  Kuaet, 
4ai  Bedre,  toi  José,  Gencalo,  Gomet.  »  La  reine  Duntnit  s«a  oiigiiifi 
iDUt  jtaUeone  et  uapolitaioe  :  sa  peau  était  brone  et  aSiwMfliMBt 


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joHtpB  Boi  BesrJksn.  333 

ridée  ;  arec  aài  éa  yeux  très-exiweaMfs ,  une  fiMve  de  riigard  indi- 
cible, une  pénétration  pea  coouiuiiw  pour  jager  les  événfimeats. 
I/empereur  avait  d'avance  [H^paré  le  prince  de  la  Paix  i  ses  idées  ; 
TabdicatioD  lui  paraisiaît  indispensable.  L'Espagne  n'était  phis  à 
Charles  IV  depuis  les  évépements  d'A.rwijuez  ;  nul  du  peu[de  ne  lui 
anrait  obéi  ;  Fernand  sent  pouvait  être  roi  ;  le  prince  de  la  Paix  u'o- 
serait  jamais  rentrer  sur  le  territoire  sans  s'exposer  h  un  procès  cri- 
nuoel  ou  même  à  l'assassinat  :  roi  d'Espagne  ou  Manuel  Godoï,  il 
n'était  i^DS  d'autres  ressources  pour  eux  que  de  demander  un  asile 
ea  France;  l'abdication  devenait  une  mesure  indispensable;  elle  fut 
convenue. 

Mais  ce  résultat  ne  finissait  rieo  ;  il  n'arrivait  pas  au  but  que  l'em- 
pereur se  proposait,  c^ui  de  s'emparer  da  trAne  des  Espagnes  ;  si  l'on 
n'obtenait  l'abdication  formelle  de  don  Fernand,  tout  était  manqué , 
car  il  était  le  seul ,  le  véritable  roi  pour  la  nation  ;  la  renonciation 
de  Charles  IV  était  un  fait  accompli  depuis  Aranjuei  ;  si  donc  on 
voulait  réaliser  le  plan  de  Napoléon ,  il  fallait  employer  toute  l'auto- 
rité de  Charles  IV  et  de  la  reine  sa  femme  sur  leur  Sis  et  leur  héri* 
lier  *  ;  à  cet  effet,  dès  que  Charles  fat  à  Bayonne ,  tocte  équivoque 

■  Cette  n^ciailoii  du  père  et  du  Sta  se  sulralt  eossi  «ctiTement  pu  leUn*  uto- 
fraphes. 

Lettn  de  Ftriinand  TU  à  ion  pèrt. 

s  Mon  cber  et  honoré  père,  votre  majesté  est  convenue  que  je  n'tt  pu  en  la 
moindre  pert  dsns  les  mouTcmenle  d'Aranjuei ,  dont  le  but  était,  eiusi  que  cela  eat 
Ttconnu  et  que  V.  U.caa  lapreuTe,  non  delà  dégoûter  de  la  royauté,  mais  pour 
l'engager  à  garder  le  sceptre,  ei  jine  pas  abandonner  ceox  dont  l'eiletenea  dépend 
dn  trdneméme.  V.  H.  m'a  égaleiaeni  déclaré  que  son  abdication  avait  été  spontanée, 
et  que,  quand  même  quelqu'un  assurerait  le  contraire,  je  ne  devais  pas  le  eroire,  car 
Hle  D*avait  jamais  donné  de  Kignature  avec  pins  de  plaisir.  V.  H.  m'a  dit  aujourdïui 
({DC.  qiwiqu'ilfAt  eeruin  qu'elle  lU  son  abdication  avec  touteUliltaftépoaaiUe,  die 
se  laserva  le  pouvoir  de  reprendie  les  rênes  du  gouveraerncut  qoand  elU  le  jagtnit 
i  propos.  En  craséquenee,  j'ai  d^nandé  à  V,  M.  iâ  «Oe  voulait  régner  de  nouveau; 
eHe  n'a  répondu  qu'elle  ne  vauUit  pu  régner,  cl  «nuire  moins  retourner  en  Espagne. 
Halfré  ccta,  V.  M.  m'ordonne  de  réaiguer  en  h  faveur  une  couronne  qui  m'eat 
dérdue,  snivant  les  lois  fondaaieoiales  dn  rorannae,  dès  le  nomeot  de  son  abdlea- 
tioa.  Comme  eucone  épreuve  n'est  difficile  pour  un  Bis  qui  s'est  tonj ours  distingué 
pu-  l'anaur ,  le  respect  et  l'obtissance  qu'il  doit  i  ses  parents,  quand  il  s'agit  de 
mettre  au  jour  ces  qualités ,  principalement  quand  ces  devoirs  de  Bis  ne  sont  pu  en 
eoniradiciion  avec  les  obligations  que  les  devoirs  de  souverain  m'imposent  envers 
neasnjeifi,  et  aflnqueeesuqeta.qw  ont  le  premier  droit  à  mes  attentions,  ne  soient 
point  Usés,  el  que  V.  M.  n'ait  pu  lieu  de  se  plaindre  de  mon  obéiuance,  jg  auis  ptél^ 


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224  SRAWI  DB  BATOns. 

oeisa  sur  les  rapports  de  la  France  et  du  toi  d'Espagne  ;  il  ne  Tut 
plus  question  de  la  reccnnaissaoce  de  don  Feroand  Vil;  l'empe- 
reur ne  salua  d'autre  majesté  que  celte  du  vieux  roi  ;  U  le  remit 
sur  le  trône,  aSu  que  ce  sceptre,  maaié  par  des  mains  faibles, 
tombÀt  de  la  maison  de  Bourbon  dans  la  ^enne.  Préoccupé  da  ce  des- 

vu  les  cJTCODSlaiKts,  à  rcDoncer  i  n»  coufosM  m  hveur  de  T.  H.  aux  condEtioBS 

a  Première  :  Que  V.  H.  rciiendra  k  Madrid ,  ob  je  l'accompaganral  «t  U  senint 
ra  Sis  respeciueni.  —  Deaiiime  :  Que  les  corlès  seront  assemblées  à  Madrid;  et, 
dans  le  cas  que  V.  U.  ail  de  la  ripagnance  pour  une  assemblée  si  nombreuse ,  on 
[laurnJt  conToqoer  tous  les  tribunaux  et  lesdrputès  durojaunie.  — Troisibne: 
Que  ma  renonciation  sera  faite,  et  lea  moiirs  qui  m'7  engagHit  seront  déclarés» 
piéscace  de  cette  assemblée.  Ces  moti&  sont  l'amour  que  j'ai  pour  messujets,  êSa 
de  pBjer  de  retour  celui  qu'ils  ont  pour  moi ,  en  leur  procurant  la  tranqnillilé  et  eu 
écartant  d'euilesborreursd'uue  guerre  civile,  psTlemajea  d'une  renonciation  qui 
ii'd  d'autre  but  que  celui  d'engager  T.  H.  i  reprendre  le  sceptre  et  i  gouToncr  des 
sujets  dignes  de  son  amour.  —  Quatrième  :  V.  M.  n'amènera  point  avec  elle  des  per- 
sonnes qui  méritent,  à  juste  litre,  la  haine  de  la  nation.  —  Cinquième  :  Que  si  V.  H. 
perdste  dans  ce  qu'elle  a  avancé,  de  ne  pas  revenir  en  Espagne,  et  de  ne  pas  régner 
une  autre  tois,  je  gouvernerai  en  son  nom,  comme  son  lieutenant;  car  personne  De 
peut  m'élTB  préréré  :  j'ai  pour  moi  les  lois,  le  vœu  de»  peuples  et  l'amour  de  me 
sujets  ;  personne  ne  peut  cbercher  leur  prospérité  avec  autant  de  lèle,  et  ne  s'j  crMi 
plus  obligé  que  moi.  Après  avoir  Tiil  rna  renonciation  avec  ces  restrictions,  je  con- 
paratlrai  devant  les  Espagnols  pour  leur  faire  voir  que  je  préRre  l'ioiérCt  de  leur 
conservation  ila  gloire  de  les  commander,  et  l'Europe  me  jugera  digne  de  com- 
mander dea  peuples  i  la  tranquillité  desquels  j'ai  su  sacriGer  ce  que  les  hommes  oal 
de  plus  Datlcur  et  de  plus  séduisant.  Dieu  ait  l'imporiaDie  vie  de  T.  M.  ensasainie 
garde.dela  manière  qu'il  est  prié  par  son  alTectionné  et  soumis  fils,  qui  se  meliui 
pieds  de  V.U. 

u    FEBNANn. 

a  Pbdko  Cet  au.  os. 
>  Bayonne,  le  !•'  mai  1806.  > 

Héponit  d9  OuitIu  IV  à  F*Tiiaand. 
[Elle  fut  dictée  par  Napoléon  ;  on  ;  reconnaît  son  slile.) 
n  Mon  fils ,  les  conseils  perfides  des  bommes  qui  vous  environocnl  ont  placé  l'E»- 
IMgne  dans  une  situation  critique;ellene  peut  plus  être  sauvée  que  par  NapoléoB. 

■  Depuis  la  paii  de  Dile,  j'ai  senti  que  le  premier  intéréidemespeuplesétaitde 
vivre  en  bonne  intelligence  avec  la  France.  11  n'y  a  pas  de  sacrifice  que  je  n'aie  jt^é 
devoir  faire  pour  arrivera  ce  but  important;  même  quand  la  France  était  en  proiei 
des  gouvernements  éphémères,  j'ai  fait  taire  mes  inclinations  particulières  peur 
n'écouler  que  la  politique  et  le  bien  de  mes  sujets.  Lorsque  Napoléon  eut  rtiabli 
l'ordre  en  France,  de  grandes  craintessedi&gipèren(,el  j'eus  de  nouvcllesnisonsde 
rester  fidèle  k  mon  système  d'alliioce. 

■  Lorsque  l'Angleterre  déclara  la  guerre  i  la  France,  J'eus  le  bonheur  de  rester 
neutre  et  de  conserver  k  mes  peuples  les  bienfaits  de  la  paix.  L'Angleterre  saisit  pot- 
Uricuremcct  quatre  de  mes  frêles  et  me  fil  la  guerre  avant  même  de  me  l'avei/ 


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JOSEPH  BOI   DBSPA61TB.  225 

sein,  Napoléon  s'ouvrit  à  Manuel  Godoï  ;  le  favori  détestait  don  Fer- 
nand  et  il  enveDÎma  les  griefs  du  vieux  souverain  contre  son  fils. 
L'empereur  secondait  les  efToris  de  Manuel  Godoï,  il  fut  présent  k  la 
première  scène  dramatique  entre  Cliarles  IV  et  don  Femand ,  à  ces 
premiers  reproches  que  le  père  et  la  mère  adressèrent  à  l'atné  de  leur 

<Iécltrie;il  me  fallut  repousser  li  force  par  la  force.  Les  nutlheurs  de  la  guerre 
atleignaicnt  mes  sujets. 

u  L'Espaguc,  envlronoée  de  cAtes.devantuntgnDdepanle  dosa  prospérité  i  se* 
possessions  d'outre-mer,  souffrît  de  la  guerre  plus  qu'un  autre  État.  La  cessation  du 
commerce  et  les  calamité  suaehêes  k  cet  élat  de  choses  s«  firent  seutir  à  mes  sujets. 
Plusieurs  furent  assra  injustes  pour  les  attribuer  k  moi  et  k  mes  minisirea. 

J'eus  la  consolstioD  du  moins  d'être  assuré  du  c6lé  de  la  terre  et  de  n'aToir  aucune 
inquiétude  sur  l'intégrité  de  mes  provinces ,  que  moi  seul ,  de  tous  les  rois  de  l'Eu- 
rope, j'avais  maintenue  sui  jeui  des  or^es  de  ces  derniers  temps.  Je  jouirais  encore 
de  cette  tranquillité  sans  les  conseils  qui  vous  ont  éloigné  du  droit  cbemin.  Tous 
vous  êtes  laissé  aUer  trop  facilement  à  la  haine  que  votre  première  femme  portait  i 
la  France,  et  bienldt  vous  avei  partagé  sesiDJustes  ressentiments  contre  mes  ministres, 
contre  votre  mère,  contre  moi-même. 

■  Jai  dû  me  ressouvenir  de  mes  droits  de  fin  et  de  roi  :  je  vous  fis  arrêter  :  je 
trouTsi  dans  vos  papiers  U  conviction  de  votre  délit;  mais  sur  la  fin  de  ma  carrière, 
en  proie  è  la  douleur  de  voir  mon  fils  périr  sur  l'échafaud,  je  fus  sentible  eui  larmes 
de  votre  mire,  et  je  vous  pardonnai. 

»  Dans  celte  situation,  mes  droits  sont  daits;  mes  devoirs,  davantage  encore  : 
je  dois  épargner  le  sang  de  mes  sujets,  et  ne  rien  faire  sur  la  fin  de  ma  carrière  qui 
puisse  porter  le  ravsge  et  l'incendie  dans  les  Bspaigaes,  elles  réduire  k  la  plus  hor- 
rible misère.  Ah  1  certes,  si,  fidèle  è  vos  devoirs  et  aui  sentiments  de  la  nature,  vous 
aviez  repoussé  des  conseils  perfides;  si,  constamment  assis  i  mes  cAiéspour  ma 
défense,  vous  aviez  attendu  le  cours  ordinaire  de  la  nature  qui  devra  marquer  voir» 
place  dans  peu  d'années,  j'eusse  pu  concilier  la  politique  et  l'intérêt  de  l'Espagne 
avec  l'intérêt  de  tous.  Sans  doute,  depuis  sit  mois,  les  dernières  circonstances  ont^ 
été  critiques;  mais  quelque  critiques  qu'elles  fussent,  j'surais  obtmn  de  la  conte- 
nance de  mes  sujelsi  des  faibles  moyens  qui  me  restaient  encore,  et  surtout  de  cette 
force  morale  que  j'aurais  eue  en  me  présentant  dignement  i  la  rencontre  de  ngon 
allié,  auquel  je  n'avais  jamais  donné  de  sujet  de  plainte,  un  arrangement  qui  eàt 
concilié  les  intérêts  de  mes  sujets  et  ceui  de  ma  famille.  En  m'arrachant  la  con- 
ronne,  c'est  la  vêtre  que  vous  avei  brisée ,  vous  lui  avez  6tè  ce  qu'elle  avait  d'auguste 
et  qui  h  rendait  sacrée  à  tous  les  hommes.  Votre  conduite  envers  moi  et  vos  lettres 
interceptées  ontmis  une  barrière  d'airain  entre  vous  elle  tréne  d'Espagne;  tl  n'est 
ni  de  votre  intérêt,  ni  de  celui  des  Espsgnes  que  vous  j  prétendiez.  Gsrdez-voun 
d'allumer  un  feu  dont  voire  ruine  lotslc  et  le  malheur  de  l'Espagne  seraient  le  seul 
et  inévitable  effet.  Je  suis  roi  par  le  droit  de  nos  pères;  mon  abdication  est  le  résultat 
de  la  force  et  de  la  violence.  Je  n'ai  donc  rien  i  recevoir  de  vous,  etje  ne  puis  adhérer 
è  aucune  réunion  ni  assemblée;  ce  conseil  est  encore  une  faute  des  hommes  sans 

■  Donné  i  Bajonne,  dans  le  palais  impérisl,  appelé  du  ^owiemonsnl ,  le 
3  mai  1806. 

■  CBAU.n.  » 
U. 


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228  mUtV  DB  UïOHBlE. 

race:  il }['ffr-tu pw cooUmt «dU  Charles IV  àF^OEuad,  d'ATo!r«illsi 
préparé  ma  AffliclioDs  ?  Tu  vois  dAos  guel  état  tu  .m'as  jéduit  ! 
Atidique  le  jtouvoir  que  tu  m'as  arrache  ;  remets-moi  la  coarDane , 
jeJareuK;âi  toa'obéis,  je  te  traiterai  toi  et  tes.ti£AS.C(UiuQeny^ 
r«helle«,  eotends-tui,  EeaiaQd?  » 

NapoléoQ  était  là,  suivant  des  yeux  le  prince  des  Asturies,  ijai 
répondit  avec  émotioD  :  et  Je  De  «uis  pas  un  traître  ;  la  cowvdk  «st 
i  moi,  vous  l'avfz  abdiquée,  mon  père,  et  jwr-dessus  tout  j'ai 
MBvé  JUanuel  qui  toc  poursuit.  »  —  «  Reads-:moi  jo»  wuroone, 
répliqua  Charles  IV,  rouge  de  colère.  »  Et ,  comme  .le  prieee  s'y  <«- 
fusait,  00  vit  alors  un  spectacle  triste  et  afUigetiiit  :  le  -vieux  roi  per- 
«lus.dejoullese.leva  de  SDB  siège,  et  prenant  sa  camiei  0  en  meiutca 
Femaiid.  Charles  IV  ne  savùt  pm  se  contenir  :  il,étaUJiniiBl,  colère. 
«vecsesenfants,  ses  domestiques  ;  et  r«npereurlui*nil6meiiit'éai«i 
«et  aspect  ;  une  indicible  impression  se  peignit  sur  sa  figure  :  luj, 
rempli  des  souvenirs  classiques,  se  représenta  le  vieux  Pciam.  .tel  que 
mus  le  peint  Homèfie.  Un  ^ectacle  eoeore  pluBiûAaus  alon  se 
montra  aux  yeux  de  'Napoléon  :  la  vieille  Haria-Liâca ,  qtiî  anùt  au 
«CBur  un  ressentiment  profond  des  injures  que  son  cort^o  avût  reçues 
de  f^emaeil,  lai  jetaA  ïa  face  loiUe  insultes.;  -et  l'afiCiiUB.d'iépitfaàtes^ 
pids  se  tournant  vera  l'empereur,  elle  le  Bopplia  de  ^Birele  pr«cèa  à 
MU  .fils;  .«carjl  avait  mérité  l'échaTaud.  oIJsemanîfestaguAlqae 
cheee  4IftfEraHx  «dans  ^aette  «udfaeiueuie  scène  de  XuniUe  ;  iAxeax.-^ 
fm^t  bien  coupables  qui  eiftralnèrefit  l'empereur  à  -préparer  wi 
spectacle  Aussi  aŒi^eant  pour'la  dignité  du  foyer  domestique,  fer- 
Mnd,  .u>  omottit  miftet,  rqiùtisesEeaprits  :  Kjtfon^rQ,  Kâgiuear^ 
râi,-voHs4entandeE'nRt  reHOBCietio*;  j'y>oon§en8,-nBisjeHWicMflraJ 
leM^pIxe  que  J'ai  acquis  dansnotre  bonne-vifle  deUfadrtd,  qtfï  eon- 
dilioDi.QHe  V.  JU..-11'ifflièaera  aucune  des  jtersgnnes  qui  .sont  odieuses 
àiVipa8ne.-^.|e  roi  ne>peutigouKeraer'à  eauBe:de4a<sutfé,>(^est  nai 
qui  .prendrai  les  rênes  du  gouvememeitt  ;  qaant  &  l'aMication ,  €Êe 
-wnB.«)umise  à  une  convocation  extraocdinaire  dfs  cortès  ou  bien  su 
«oiaeîl  4e8  Castillee  ;  ilsenjugeront.-» 

'Kapoféon  fronça  les 'sourcils  ;  5on  plan  étsit  détruit;  poar-Mn 
utile,  L'abdication  devait  avoir  lieu  h.  Boyonne,  il  ne  roulait  point  ren- 
voyer les  princes  d'Espagne  ou  les  laisser  partir  .pwir  Madrid  :  oeo- 
Toqner-les  certes,  c-'était  perdre:l«u8  les'StSns.que  joaqu'alors  il  svtàt 
donnés  pour  l'accomplissement  de  son  drame.  Que  voulait-il?  Disposer 


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str 

HbrenieDt  de  la  connMme  ;  Qiarles  IT,  don  Fflisasd  et  don  Carloi 
n'étaient  à  Bayonse  que  pour  cela.  Les  laiaKrait-U  écbtpper?  La 
captivité  était  pour  tous;  il  fallait  attiser  le  Ceu  des  dissensiODi  et 
famiUe;  ce  spectacle  le  remuait  profoodéniMt,  il  y  avait  quelque 
ehase  d'antique  qui  lui  représentait  la  tragédie  grecque,  la  CaMiBe  dei 
Alrides  qu'il  avait  étudiée  dans  la  belle  diction  de  Tatoa  am  FtUh 
çais.  U  rdiak  eeleadre  H.  de  Pradt  raeontor  avec  la  chaleur  de  si 
yarole  U  scène  du  vieux  roi  acc^ant  «on  fils  de  reprocbes.  N^io- 
léen  fut  magnifique  en  rapportant  les  paroles  de  Cbarles  IV,  le  aolr* 
à  BayoBoe  ;  il  en  dit  les  ammire»  incidents,  il  construirit  te  fim  beau 
diane  que  l'ima^DatioD  humaine  |ni«e  concevur  ;  aon  exprassloo 
mène  avait  qoelqoe  cboee  de  pioétiqoe  ;  il  parajasait  on  JBaproviiataaf 
italieai  sur  te  trépied,  jHaot  des  pmisées  grandioses  sow  des  exfrea* 
aiona  le  plus  ardëaiBiait  colorées, 

Cquodaut  les  événements  de  Baf  onne,  la  captivité  des  prince^  ki 
mauvais  desseina  de  Ki^oléon ,  comm^tçaient  i  cateatir  dans  tonte 
fE^ugne  ;  les  pfécautwos  prises  pour  surveiller  la  ci^vïté  de  F>cr- 
nand  n'empêchaient  pas  que  des  émissaires  l»Bcay£au,  basques,  ar»< 
g^is,  ne  vinssent  jasqu'i  lui  ;  ^lutad  ils  avaient  m  leur  leigaair, 
ils  repawaieat  la  frontière  pour  raciimter  le  guetrapeos  de  Bay<H)iie. 
La  correspondance  des  généraux  français  d^iuia  Viltoria,  Boègoi  et 
Madrid  constate  qu'tm  s'attendait  &  un  mouvement  populaire  ;  le  f/^ 
mbni  Bessières  emploie  même  l'expression  des  F^«  Sicilùanaa  pour 
iadiquer  le  vérMable  caraclëieque  poivrait  prendre  une  iasorMction. 
A  Madrid,  l'effervescence  bouillonnait  comme  les  dalles  de  la  rue 
d'Âicala  sous  les  feux  de  juillet;  il  ne  JblUit  qu'une  étinceUe  jwor 
qw  l'inoendie  s'étendit  4quùs  Vittoria  ;usqu'Â  Cadix-  Lorsque  le 
vajrage  de  fiafouoe  avait  ité  décidé»  don  Femaïul  VU,  en  quittant 
Uadrid,  avait  établi  onc  junte  centrale  ;  un  gouvememeot  par  intérim 
qois'orgwiisaÀt  en  Espagae  en  l'absence  du  monarqae  ;  elle  fut  [dacée 
IDUB  la  directitm  de  don  JUitonio.  l'oode  du  roi,  alors  veste  an  Bum- 
Betiro  avec  l'infant  don  Francisco  de  Paolo  et  la  reine  d'Èbnuie  <f» 
Mwat  aimait  tant  à  suivre  sous  les  ombrages  du  Atanzanarès.  Toutes  les 
fois  que  le  grandnduc  de  Berg,  gouverneur  militaire  de  JUadrid,  avait 
reçu  désordres  de  l'empereur,  c'était  k  don  Antonio  qu'il  les  adreesait 
pourlescommuoiquerà  la  junte.  Don  Antonio  était  un  vrai  Espagnol, 
et  seul  peut-être  il  avait  prévu  le  résultat  du  voyage  de  Bayonne  ; 
prince  actif,  il  avait  écrit  à  tons  les  capitaines  généraux  des  province^ 


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32S  DBAUB  0B  BATORIB. 

de  Valence,  de  Biscaye,  d'Andalousie,  de  Catalogne  «quelesàgoear 
roi  était  réellement  captif  à  Bayonne ,  et  qu'il  fallait  se  prépara  à 
prendre  les  armes  comme  su  temps  des  Mores.  » 

L'inguirection  n'attendait  plus  qu'un  prétexte  :  c'est  ceque  la  p(^ 
du  général  Savary  avait  prévu ,  et,  d'après  son  consril ,  l'empereur 
invita  impérativement  don  Antonio,  don  Frandsco  et  la  reine  dTtnirie 
à  quitter  Madrid  pour  se  rendre  à  Bayonne  ;  il  voulait  avcûr  «m 
sa  main  tous  les  membres  de  cette  famille ,  afin  qu'il  n'y  eût  }diB 
aucun  chef  du  mouvement  à  Madrid;  quant  au  cardinal  de  Bocrbcn. 
on  avait  peu  k  le  craindre.  L'empereur  ignorait  que  ce  peuple  éoer- 
gique  ne  s'abandonnerait  pas  luî^nème,  qu'il  se  lèverait  en  masse  poor 
protester  contre  l'indigne  traitement  qu'on  faisait  &  son  caractère  de 
nation  et  à  sa  conroane.  La  première  insurrection  d'Aranjuez  arail 
accoutumé  les  masses  au  tumulte  des  armes  ;  et  lorsque  te  peaptedr 
Madrid,  cette  multitude  si  active,  les  Asturiens,  les  Castillans,  le 
Valenciens ,  les  Andalous ,  les  frayles  des  grands  couvents ,  les  mule- 
tiers, les  toréadors  counmaés  dans  les  luttes,  aux  membres  forts,  nu 
muscles  énergiques,  s'aperçurent  qu'on  leur  enlevait  leur  demie» 
espérance,  don  Antonio  et  don  Francisco,  un  cri  de  :  Mort  aux  Fra- 
çaiél  se  fit  entendre,  et  les  Vêpres  Siciliennes  commracèreat. 

Cétait  le  2  mai,  k  cette  époque  de  l'année  oîi  le  sang  monte  au 
cerveau  avec  le  parfum  des  fleurs ,  le  jasmin  du  Prado  ,  la  rose  (fn 
Buen-Retiro  et  les  orangers  des  espaliers  du  Toge  :  tout  à  coupuw 
irrésistible  fureur  s'empare  de  la  population  :  «  Ou  veut  nous  enlever 
don  Antonio  !  s'écrie-t-on  de  toutes  parts  ;  on  tient  captif  le  roi  don 
Femand ,  on  veut  tuer  toute  sa  famille.  »  Des  masses  immenses  « 
portent  à  la  cota  del  Campo  habitée  par  Murât  ;  dans  les  rues ,  des 
soldats  français  sont  insultés  et  la  guerre  au  couteau  est  proclamée. 
La  générale  bat  dans  les  quartiers ,  on  prend  tumultueusement  le» 
armes  ;  tout  k  coup  on  voit  apparaître  un  officier  qui  porte  des  ordres 
pressants  de  Murât  pour  que  les  canons  soient  braqués  et  que  ^8^ 
tillerie  retentisse.  L'insurrection  éclate  ;  on  se  porte  à  l'arsenal  ;  I» 
cloches  de  San-Geronimo  et  des  quatre-vingt-deus  églises  de  Madrid 
sonnent  le  tocsin  ;  partout  où  la  foule  rencontre  un  militaire  francui, 
il  est  frappé  de  mort  ;  c'est  le  réveil  du  peuple  avec  ce  caractère  d'ori- 
gine africaine  qui  le  distingue.  Point  de  pitié!  la  mitraille  sillonne  1« 
rues,  la  multitude  se  jette  sur  les  canons  ;  la  mêlée  devient  sanglanle, 
CD  poursuit  les  insurgés,  et  le  soir  seulement  la  populace  s'apaise  à 


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JOSBPB  KOI  DBSPAONB.  2319 

la  voir  de  qadques  magistrats.  Cent  trente  citoyens  de  Madrid  suc- 
combèreot  dans  cette  fatale  lutte,  et  le  soir,  dans  les  casernes,  l'appel 
fut  assombri  par  l'absence  de  plus  de  500  soldats,  cavaliers ,  faotas- 
àta,  qui  manquèrent  aux  régiments;  la  plupart  furent  assassinés  an 
à  un  dans  les  raes  isolées. 

D'impitoyables  b<»tilitéi  avaient  ensanglanté  la  capitale  des 
Espagnes,  l'orgueilleuse  Madrid  avait  vu  sa  population  soulevée. 
Murat,  réveillé  de  son  sommai  de  volupté,  fut  terrible,  à  la  manière 
des  rois  d'Orient  qui  passent  du  sérail  aux  exécutions  des  muets,  et 
des  baisers  d'une  femme  à  ceux  du  bourreau.  Quelques  centaioes  de 
prisonniers  avaient  été  faits,  parmi  les  notables  de  Madrid  ;  Murat, 
la  nuit,  sans  jugement,  les  fit  fusiller  au  Prado,  au  mépris  d'une 
amnistie  qu'il  avait  lui-même  proclamée  *.  Le  graud-duc  de  fierg.  à 
l'aigrette  de  diamants ,  se  souvint  ici  des  jours  de  la  convention 
natJCHiale  où  il  signait  du  nom  de  Murat  :  les  habitudes  ne  se  perdent 
pas,  même  sous  les  ornements  de  roi.  Les  Espagnols  conservèrent  un 
long  sentiment  de  vengeance  au  souvenir  de  cette  journée  fatale 
du  2  mai  1808  ;  et  ce  qui  frappa  le  jdua  ce  peuple,  natureUement 
[»eux  et  catholique,  ce  fut  que  Hurat,  le  gouverneur  de  Madrid,  au 
nom  de  l'empereur ,  e&t  fait  fusiller  de  vieux  chrétiens ,  ennemis  des 

'  Hnnt  fit  publinr  l'ordre  dv  jour  qu'on  va  lire  peur  nHurer  les  hibitaiiU  de 
Hidrïd. 

Proclamation, 

■  Boidata ,  le  3  mai  tous  fûtes  contraints  de  courir  aux  armes  et  de  repousser  la 
force  par  la  force. 

»  VoDS  TOUS  âtes  bien  conduite,  je  suis  coolent  de  vous;  j'en  ai  rendu  compte  k 
l'empereur. 

■  Trois  soldats  w  sont  laissé  désarmer  :  il»  sont  déclarés  indignes  de  serrfar  dans 
l'armée  lïançaîM. 

»  Uainlenajit  tout  est  rentré  dans  l'ordre  ;  le  calme  est  rétabli  ;  les  bommM  cou- 
pables ou  égarés  sont  punis  ou  reconnaisMiii  leur  erreur  j  un  voile  doit  être  tiré  sur 
le  passé,  la  cooSance  doit  renahre. 

■  Soldats,  Teprenei  avec  les  babitanU  vos  anciennes  liaisons  d'amitié. 

B  La  conduite  des  troupes  espagnoles  mérite  des  éloges  ;  elle  doit  cimenter  déplus 
en  plus  rbarmonie  et  la  bonne  iotelligence  qui  régnent  entre  les  dcui  années. 

>  Babiiauta  de  Uadcid,  habitanU  de  l'Espagne,  n'a;»  plus  d'Inquiétude;  disslpri 
les  alarmes  que  la  malveillance  a  voulu  lépendro  ;  reprenei  vos  bobitudes,  le  cours 
de  vos  affaires,  et  ne  voyez  dans  les  soldats  du  grand  Napoléon,  proteeteur  des  Es- 
pagnes, que  des  soldats  omis,  que  de  fidèles  alliés. 

»  Les  babitants  de  toutes  les  classes,  de  tons  les  ordres ,  peuvent  porter  k  l'ordi- 
naire leur  manteau;  ils  ne  doivent  plus  être  arrêtée  ni  inquiétés. 

•  JOACHIII.  > 


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330  muam  ■«  ■in— 

lofiéèki,  nns  le»  piépKer  A  la  wott  pm  la  cc«feKioa;  1*  *k  ttaté- 
rWle  a'éUit  rieo  pour  ces  martyrs  eo  édxugfi  de  la  vie  dea  eéetu; 
a  kt  Français,  tans  cniola  d«  Dieu,  avaient  refusé  k  ce  peuple  te 
OMSoUUoB  et  l'eapéraoce  de  la  vie  éterneUe.  »  La  iouroèe  da  2  mai 
laissa  des  traces  profondes  ;  aujourd'hui  encore,  à  travea  les  asoées 
et  les  changements  pc^itiques,  de»  mewe»  sont  partout  récHiia  pour 
ce>«îcUme34e  l'occupation,  et  l'on  prie  le  Dieu  des  années  d'anacber 
Ml  purgatcàie  ces  otartyrs  qui  moururent  pour  la  patiie  e^tagaole, 
aaiu  avoir  eu  le  temps  de  se  ricoBcilieravecle  CbristetaessaiMs  *. 
Cette  nouvelle  fua^re  d'une  insurrection  où  âOO  soMida  étaieat 
to*b^  fut  dipèchée  en  toute  Ule  à  ren4iereur,  suivant  alon  avec 
sa  hayle  soUtritude  tous  les  moavemeste  qui  se  raUachaient  i  l'Es- 
pagoe  et  i  SOI  esprit  national,  Cette  maDifestatioa  le  frappu  A- 
gHlièMBteot  ;  le  «ang  avait  caulé,  et  quand  deux  pevptes  ou  deux 
partis  sont  depuis  loBgtemfs  «u  présence,  la  première  goutte  crème, 
pénàtre  et  fait  lacbe;  la  guerre  civile  vient  au  premier  coup  d'ar- 
quebuse. N«p(déoa  avait  immédi^ewent  jugé  la  fatale  p«tée  de  cet 
éaéiwwirtde  Madrid  ;  il  aperçut  l'imparUDce  d'en  fiair  aar-W«baogf 
wec  U  famîUe  «les  JBourlwaB  en  E^egae.  La  lapidîti  seule  powalt 
mettw  vn  terne  iM»  désoUioiis.  U  vit  le  aoir  mène  Mâmud  GodM. 
s  Demain,  dit-il,  saus  plus  tarder  il  me  faut  l'abdication  pure  et  simple 
«teFeiidiiMnd;  c'est  ùap^isBx*  wfci  et  peosea-f .  Sâraté  «t  Iwtaae 
pour  vous.  Les  stipulations  sont  prêtes  ',  30,000,000  de  réaox  c4  le 
château  de  Gompiègne  pour  Charles  TT  ;  une  belle  chasse,  la  solitude, 
les  arts,  un  site  admirable,  te  repos  et  la  paix  après  une  vie  tour- 


'  l'iii5siatftJI»dridàr«Wf«aiintm«ffHiwiaa3«»i;l«je^iledmiipillirtrid 
bM  r«eardail  d'an  «Bil  faroacbc  et  insaluit  encore  le  Fnaçais. 

'  SiatfuekiniiicntnClMrlesIVetnapdéaiiforuuDeduadejfndqaninn 
ftMttkaxe,  c'Mt  i  ce  monuBtqn'Ufiit  •nWjcanûcileabucs  : 

■  Art.  1".  S.  H.  lerolChaTjesD'aTanteaenTu^lpuMatiie,  fpu  JelxMihmit 
■wsnjeto,  «taaiMMdTOPtrtwnilayÎKiyguetoiiahBWleid'iinwtitveMûoMAoiwat 
élnUbif/uifoiiT  uTÎvtr  1  ce  but,  Iw  circonstascea  ftclueUeane  poHTutl  iue  qn'oM 
•ouTM  de  dissensions  d'autant  plus  fooestes  ^e  ks  factions  ont  diTisé  sa  fnfnt^ 
Bille,  a  lèaolu  Ae  cUer,  conuae  il  cide  par  k  prisent,  t  S.  H.  l'appffoir  N^Mtè», 
wm  «es  droits  sur  le  trdnc  des  Espace  a  des  Indes,  comme  le  sntl  fui,  au  point 
où  en  sont  atriTées  1rs  choses,  peut  rétablir  l'ordre;  entendant  Que  ladite  cession  n'ait 
lieu  qu'a&Q  de  faire  jouir  ses  sujets  des  deux  conditions  Euivanies  : 

•  Art.  3. 1'  L'int^ité  du  rojiumc  sera  mafatenue;  le  prince  fuc  S.  M.  l'empereur 
napoléon  jugera  devoir  placer  sur  le  trdne  d'Eapagne  sera  iod^endant. 

■  3°Lareiigioncatiialique,  apostolique  et  romaine  sert  la  senle  en  JB^a^e.  Une 


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mentée  par  l'e^t  det  lévolutions.  Avant  tout  raMiCBtiiHi  de  Fer- 
disond ,  et ,  s'il  refuse,  il  faut  que  le  xoî  le  nenace  de  M  faire  un 
pFOoèscriDlaelcomaieiraltredaiisiesévéaenieDtsd'AjnL^iuez.  Voua 
saves  que  je  o'béàte  pas  :  condamoez,  frappez;  je  suiriai  en  tout« 
chose  la  voloati  de  Charles  IV,  le  seul  souveraÎD  que  je  recoDuaiise  ï 
qu'il  parle  et  le  procès  eomiaeDcera,  dàt  la  mort  être  au  bout,  a 

Le  lendemaÎD,  la  ^cène  iout  arrangée  par  le  prince  de  la  Paix  n 
manifesta  sous  de  pénibles  au^ces  ;  au  fond  d'usé  pièce ,  le  roi 
Charles  IV,  assis  sur  «n  Jauleuil,  son  jonc  d'Amérique  .à  Je  main;  la 
reine  également  assise,  les  pommettes  couvertes  de  rouge,.à  la  manière 
eçagnole,  jueque  sous  «es  yeux  noirs  et  brillants;  à  ses  cAtés  l'euH 

ptuira  7  ttre  \oJéti  sucnDc  n!tI|ioii  rHbnnie  et  enoorc  mdliB  infldHt,  sujnnt  l'vMgQ 
éMSrii  nqDard'kui. 

«  iVil  II  gmniirlnnliilifnriiriinrfidiilrniijrmrfiiiili  rfTnliilinni'AMiiiiinr 
Mot  nuls  et  jde  nulle  valoir,  et  leurs  jinpriélés  leur  seront  leadua. 

>  Art.  4.  S.  M.  le  rai  Charles  Bysiil  ainîl  asnifé  la  prospérité,  nmégrlté  et  rindè^ 
|MDd«Ke  de  ses  sujets,  fi.  M.  TewiyarwirA'einige  à  donper  r^ftige  <■—  «n  Attem 
r(ii£barIes,lJcreiM„à«B  faBaUe^au jiriiim  A»i»  Piivimi  w*-^'**»'  àaiMitUÊf 
Titeurs  qui  voudraient  les  luivre,  lesquels  jouiront  eu  France  d'un  UUg  éflnlTlkatk 
celai  qu'ils  possédaient  en  Espagne. 

>  AtuH.  Le  priais  nupérial  deCsm^Rfoe,  les  pwee  et'fMêtsqriloi  Mpenéent 
■«MHiàia  lUspoHUon  d»  roi'CbadM,-iB^te<dMH>t> 

»  Au.  e.  S.  M.  J'empereur  doone-el  eaunUt  i  S.  M.  le  raiCb»^  uiieiiHe.ciiil« 
de  trente  mUlioiisde  réaux^  qife  9.  U.  l'empereur  Napoléon  luif en  payer  dlteciement 
tons  lea  mois  par  leirésordelacouronm.  A  h-mortdn  roi  Charles,  desx  Billions  d« 
mHi>  famMrsDttedMialrsrieJB  MiM. 

•  iin.7.8.iLl'Nnpeieai](valioB.«leafa^i.WCM4erAt««si«s:laiIuU«d'A- 
pfgoe  une  renie  annuel  le  deguntre  cent  mille  trsinct,  pour  en  jouir  ijierpélaiti  eux 
et  leurs  descend  an  is,  sauriaréverslblliiédeladite  rente  d'une  brancb*  kl'autre,  en 
en  de  l'eilinetioa  4e  l'une  d'ttiae,  et4ti«dfsat<le*M*cliU«.  an4MidirariMMM 
d«  iwtetiM  lnnciM>laNliteaireaUs«eniWrréTc«8ll)tt»à  la^OONWAde  AaMh 

4M-£..S.  H.  llenijpertBr  Jfapoléen /era  tel  «iTaiigeinait  qu'il  ji)g)^  GOuvenaU* 
•Tepleftitiir  roid'E^agnepour  lepajement  delalisieciiUe  etdesTeoMflCOiqpriees 
danles  artlelee  pricédanu;  oMfB-fl.'H.le-TOl'Cfatflea'IV-a'entcBfl  tvth-  tta  «daUon 
paar  MKtbirt  qu'a*»  Is  tièiarjiaiFnaee. 

jr  ArUB.  8.  H.  rcayMMrK||MUih«,diipite.wèalMigGÀâ.  JLto.rAl  ClHrlM  la 
cUteau  de  Cbanbord,  aiec  Ita  parcs,  forêts  et  fermée  qui  en  d^pdent,  pour  eo.jouir 
enlonte  propriété  et  disposer  cotnaneboa^  Ini  semUcra. 

»  Ah.  10.iBneaB«équante,e.ll.'leroiCliarleBMM«eaaiiafaarlleai.-|ljra». 
panarNapoléonA  Vwtai  les  prttpBéiteailodialesct  iwLienljèiw»wn^HaTtap»nUa4 
la  caunume  d'Espagne,  mais  qu'il  possède  en  propre.  Les  iofaots  d'Espogoe  aontU 
nueronti  jouir  du  revenu  des  coromanderies  qu'As  posaUent  enïspagne, 

•  ATt.ll.LaprteBtecoaMBtionseiarBlilUe,.aileafaUa«liaaai«aa«ta«lichaA* 
■4m  daaaAnit  joua  «u  le^varlib  ^'U  aara  paaplbk. 

«  faitiBajonae,  leSmailSOS.  ■  iSi^n^  .'Danocileprinea  delaPAix.4 


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232  MAMB  Dl  BAYOIfflB. 

pereuT  asùs,  pftle,  pensif,  la  tète  découverte,  quoiqu'il  simât  & 
paraître  en  soDverain,  l'œil  fii^  sur  le  vieux  roi.  Au  devant  d'eux  le 
prince  des  Asturies ,  don  Femand ,  avec  ses  dieveux  noirs  bouclés  i 
l'espagnole,  la  physionomie  fatiguée,  l'œil  taciturne,  et,  à  ses  cAlés,  doa 
Carlos,  fréle  alors,  avec  ses  jeunes  traits  prononcés  de  Bourbon  et 
dltalie.  «  As-tu  des  nouvelles  de  Madrid  ?  »  s'écria  Charles  IV  d'une 
voix  rauque  et  colère.  Le  prince  répondit  :  «  Non,  sire,  mon  seigneur 
et  père.  »  —  «  Eh  bien  !  je  vais  t'en  donner,  moi,  »  répliqua  le  vieux 
roi  ;  et  il  raconta  tout  ce  qui  s'était  passé  à  Madrid  dans  la  fatale 
jouniée  du  2  mai.  «  Crois-tu  me  persuader  que  tu  n'as  eu  aucune 
part  à  ce  êaccage  (ce  fut  son  expression]?  Est-ce  pour  faire  égorger 
mes  vassaux  que  tu  t'es  empressé  de  me  faire  descendre  du  trdoe? 
Quel  est  le  misérable  qui  t'a  conseillé  cette  coupable  frénésie?  N'as-tu 
de  gloire  è  acquérir  que  celle  d'un  assassin?  Parle  donc,  parle  donc!  v 
Femand  gardait  le  silence,  les  yeux  baissés  vers  la  terre ,  car  la  pré- 
sence de  l'empereur  le  gênait.  «  Ne  te  l'avais-je  pas  dit?  continua  le 
vieux  roi  ;  voilÀ  dans  quelle  position  tu  te  mets  et  nous  aussi  !  Parle 
donc  !  parle  donc  !  » 

En  disant  ces  mots,  Charles  IV  leva  encore  sa  canne  comme  pour 
frapper  son  fils.  Toujours  même  silence  de  don  Fernand  :  «  Tu  nous 
aurais  donc  fait  périr,  si  nous  avions  été  i  Madrid?  Comment 
l'aurais-tu  empêché?  Parle  donc  I  »  Alors  la  vieille  reine  se  leva  à  wa 
tour  et  s'approcha  de  lui,  comme  pour  lui  donner  un  soufflet  :  «  Par- 
leras-tu enfin?  Voilà  comme  tu  as  toujours  fait  À  tontes  tes  sottises, 
tu  n'en  sais  jamais  rien.»  Et  don  Fernand,  toujours  immobile,  ne 
répondait  pas.  L'empereur,  qui  goûtait  un  secret  plaisir  à  cet  abais- 
sement des  Bourbons ,  prit  la  parole  avec  un  ton  grave  et  mesuré  : 
«  Prince ,  jusqu'à  ce  moment  je  ne  m'étais  arrêté  à  aucun  parti  sur 
les  événements  qui  vous  ont  amené  ici  ;  mais  le  sang  répandu  à  Madrid 
fixe  mes  irrésolutions.  Ce  massacre  ne  peut  être  que  l'œuvre  d'un 
parti  que  vous  ne  pouvez  désavouer,  et  je  ne  reconnaîtrai  jamais  pour 
roi  d'Espagne  celui  qui  le  premier  a  rompu  l'alliance  qui ,  depuis  si 
longtemps,  l'unissait  &  la  France,  en  ordonnant  le  meurtre  des  soldats 
français,  lorsque  lui-même  venait  me  demander  de  sanctionner  l'action 
impie  par  laquelle  il  voulait  monter  au  tréne.  Voilà  le  résultat  des 
mauvais  conseils  auxquels  vous  avez  été  entraîné  ;  vous  ne  devez  vous 
en  prendre  qu'à  eux.  Je  n'ai  d'engagements  qu'avec  le  roi  votre  père  ; 
c'est  lui  que  je  reconnais ,  et  je  vais  le  reconduire  à  Madrid  s'il  fe 


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JOSEPH  KOI  d'espashb.  233 

désire.  »  Le  roi  Charles  IV  répliqua  Tivemeat  :  «  Moi ,  je  oe  veux 
pas.  Eh  !  qu'irais-je  faire  dans  un  pays  où  il  a  anné  toutes  les  passions 
contre  moi?  Je  De  trouverais  partout  que  des  sujets  soulevés  :  et, 
après  avoir  été  assez  heureux  pour  traverser  sans  jperte  un  bouleverse- 
ment de  toute  l'Europe,  irai-je  déshonorer  ma  vieillesse  eu  faisant  la 
guerre  aux  provinces  que  j'ai  eu  le  bonheur  de  cooserver,  et  conduire 
mes  sujets  è  l'échafaud?  Non,  je  ne  veux  pas;  il  s'en  chargera  mieux 
que  moi.  u  Regardant  son  fib,  il  lui  dit  :  a  Tu  crois  qu'il  n'en  coûte 
rieu  de  régner?  Vois  les  maux  que  tu  prépares  à  l'Espagne;  tu  as 
suivi  de  mauvais  conseils,  je  n'y  puis  rien  ;  tu  t'en  tireras  comme  tu 
pourras,  je  ne  veux  pas  m'en  mêler  :  va-t'en.  » 

Cette  scène  était  censée  secrète;  mais  comme  il  arrivait  souvent  à 
l'empereur,  qui  aimait  à  se  faire  écouter  par  ses  officiers,  les  apparte- 
ments furent  distribués  de  manière  Jl  ce  qu'on  pût  voir  autour  de  lui  ; 
tout  était  police ,  et  l'on  avait  pratiqué  à  cdté  de  la  salle ,  témoin  de 
cette  triste  scène  ,  des  jours  trè&-bien  répartis  pour  que  le  général 
Savary,  le  prince  de  la  Faix  et  quelques  autres  officiers  pussent  en- 
tendre ce  qui  se  passait  dans  la  pièce  voisine.  Napoléon ,  sûr  de 
Charles  IV,  ne  s'inquiétait  plus  que  de  la  renonciation  de  don  Fer- 
nando VII  ;  l'on  brisa  l'Ame  du  jeune  prince  par  toutes  les  tortures 
morales  et  par  les  terreurs.  Le  général  Savary  vint  encore  lui  dé- 
clarer :  ■  Que  s'il  n'abdiquait  pas  le  seul  droit  que  l'insurrection  d'A- 
ranjuet  lui  avait  donné,  on  lui  feraitson  procès  criminel,  et  Napoléon 
exécuterait  inflexiblement  la  sentence  d'un  père  irrité,  prononçAt-olie 
la  captivité  étemelle  ou  la  mort,  o  L'intercession  de  quelques  grands 
détennina  enfin  l'abdication  pure  et  simple  de  Ferdinand  en  faveur 
de  son  père  '  ;  Charles  IV  en  remit  l'acte  dicté  &  don  Pedro  Cevallos, 

'  Toici  «a  quels  termes  U  rcDOnciaiioD  de  Ferdiasnd  TII  fut  formulée  : 
L«art  dt  Ferdinand  VU  à  OtarUê  IV. 

■  MoD  Tiocrable  père  el  seigneur, 

■  Pour  donner  i.  voire  msjeâté  une  preuve  de  mon  amour  et  de  ma  soumission,  et 
penr  céder  aux  désirs  qu'elle  m'a  ra[t  connaître  plusieurs  fois,  je  renonce  k  ma  cmi- 
ronueenfaTeur  de  Tolre  majesté,  désirtntqu'elle  en  jouisse  pendant  delongu  es  annéts- 

»  Jereeommandei  votre  majestélespersonnee  qui  m'ont  servi  depuis  le  19  mars; 
je  me  eoofle  dans  les  aasuTances  qu'elle  m'a  données  à  cet  égard. 
B  Je  demande  i  Dieu  de  conserver  h  votre  majesté  des  jours  longs  et  heureni. 
D  Je  me  mets  aux  pieds  de  votre  majesté. 
■  Le  plus  humble  de  ses  fils. 

B  Fbkbinans. 
a  Fait  à  Bayonne,  le  6  mal  1808.  • 


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asA 

poil  le  éouùa,  aa  prince  ée  la  Ptix,  chet  de  11  jsttice  de  Caitilk,  qui, 
le  trouvant  en  boane  forme,  le  treBsoût  k  l'eiiipcreiir. 

Dès  cet  instsBttout  fst  fini.  Letnttéentre.CharlM  IVetNipoléan, 
pfiéparé  depuis  loagtmiiH  per  M.  de  Chcmpagny  et  discati  nec 
Manoel  fiodoï,  fut  signé  le  5  nai  1S08  ;  U  était  laconiqM  d  écrit 
seul  la  dictée det'empereur  :  le  roi  Gfaariea  cédait  pareneatetunple- 
aent  le  tràse  des  E^agnes  «t  des  Indes  à  NapoiéoB ,  pronâUiil 
'  d'en  maintenir  l'intégrité  :  l'empereur  afipdienit  à  cette  ctuffom» 
tm  prince  selon  son  gré  ;  die  serait  indépendante  de  la  France  ;  li 
reKgiaa  catWique  dfHninante,  nulle  réforme  ne  posmit  être  ailmise; 
restitution  des  propriétés  à  tons  ceux  qtà  lei  avaient  petdaa  par  tuito 
des  érénements  d'A.ranjua ,  ce  qui  assurait  ua  beau  lot  au  prince  de 
la  Paix.  On  donnait  an  roi  CfaarteslV.sa  vie  dorant,  lechètoode 
Gompiëgne  avec  30,000,000  de  réan;  400,000  francs  âataotu- 
cordés  k  cfaecafl  des  infants  :  le  cbltleeu  de  Gbambord  était  asairé  es 
ét^oge  contre  les  biens  allodiaux  que  Cbsries  tV  ponMut  «s 
Espagne.  On  s'avait  discuté  que  aur  la  qaatité  de  la  Utte  citile 
anoueHe. 

Cinq  jours  après,  un  aotni  traité  étaft  osKln  avec  le  pibm  dn 
Aatories,  ou  phitM  il  lui  fut  imposé  par  la  vlalanoe  *.  Don  FecMi' 

'  TrailiuunXmfoléMttUjprimudttAitwim. 

m  àtt.  i".  6.  A.  ft.  le  priace  des  Aftturiea  adhèn  i  !•  «m^mi  ùia  pr  k  ni 
ChHles  de  ses  droits  au  Irène  d'Esjngae  et  des  Iodes  en  faveur  de  S.  H.  l'tmfW 
des  FraDcais,  roi  d'ItatLe,  et  renoace,  ea  lanl  que  de  besoin ,  aux  droits  qoi  lui  su» 
Mqnh,  «omme  prJBce  dee  Aaivriei,  IUco«NM«dw  EipagMcet  dailadM. 

»  S.fi.  H.  l'UBpnMTdefFraBfM*.  rai  d'Halte, auMfdiai  FraneeiB.l.K-l' 
pTJDCt  des  Asturies  le  lilre  d'allesse  rojale,  arec  tous  las  hoaneurs  et  pctn^'i"^ 
dont  Jouissent  les  princes  de  son  rang.  Les  descendiDls  de  S.  A.  B.  le  priDK  ^ 
Asluries  conservèrent  Je  lilre  de  prince  et  celui  d'altesse  sérénissime,  elMwallM- 
joura  le  tnéme  rang  en  France  que  les  princes  dignitaires  de  remplre. 

"  3.  8.  H.  l'empereur  dea  Français,  roi  d'Italie,  cidaet  donne  parles  prtwnie^ 
en  toute  propriété,  i  S.  A.  R.  le  prince  des  Asturies  et  ji  ses  descendants,  le  pilii^ 
jiarcs ,  fermes  de  Navarre  et  les  bois  qui  en  dépendent ,  juaqu'i  la  concunna  ic 
ringuauLe  mille  arpeuts,  le  tout  dégrevé  d'bjpoUièques,  et  pour  eo  joair  (B  tout* 
propriété,  \  dater  de  la  signilure  du  pr^nl  traité. 

"  4.  Ladite  propriété  passera  aux  enfants  héritiers  de  S.  A.  B.  le  prian  in 
Asturies  ;  k  leur  défaut  aux  eofaots  et  héritiers  de  l'infani  don  Charles;  i  débni  d' 
reui-ci,  aui  descendants  el  héritiera  de  l'infant  don  Francisque,  et  eDGD,ilM 
défaut,  aui  enfants  et  bériliers  de  rinfant  don  Antonio.  Il  SNa  expédié  des  letim 
|«ienles  et  particulières  de  prince  i  celui  de  ces  baillera  auquel  rerïendrB  laiti" 
propriété. 

■  S.  3.  H.  l'empereuT  des  Pranctis,  roi  d'Italie,  accorda  à  &  A.  B.  le  prinn  à'' 


îdbyGoOgIc 


jomH  HM  ammàSÊÊt,  SMS 

cnuemôt  ie  titre  d'altaae  foyde  ;  i«e  cnfaeto  portenieat  m1uI4'«I* 

tesse  sérénissine,  oi  1^119  umoiiu^ae Ctabaoévè» (les  BuccHMonde 
OiarieB^^nt  fia  étaient  Jii);reiBper«ttr  dsaoait  à  Fenud  VU  les 
palai»,  fKta  et'fenaw»  <le  Kavarre,  dùponot  d'uD  biaii  qui  ne  tui 
appwleout  pis  (il  venait  de  b  Buccettion  du  BouiUaB).IiBiBftiDe 
artlcLe  était  apfJicable  am  infants  don  Aotonie,  don  £arlM  et  don 
FnwMjiaco  ;  on  leur  accordait  sae  rente  da  iOO.OOO  fr.  Boi  et  prioui 
deraiMt  trouver  asile  eo  Fraoce,  et  protection  dans  les  lois  et  te .gfto- 
yttaaaeat  de  N^wléon.  Ce  s'était  pas  ius  peiae  que  ce  liailtat 
était  obteau  ;  eofio  l'empereur  était  mattre  de  lafouronne  d'Etpagse, 
ouLtpoiar  mieux  dire,  des  titras  de  la  maiioA  de  fiourboo.  Pourrait-U 
escore  diqwseT  d'un  peuple  cf^icieuBeiiieDtdoiiBé  7  Ce  peuple  était-Il 
à  lui  comme  sa  cbaee?  Si  les  AUenuiada  avaient  paiaUdeawotwuffert 
la  fonoatioo  d'un  Foyatune  de  Weatpiialie,  «  ces  poiMlalioai  tran- 
qmtiea  araient  k  peàoa  BWMuré,  ii  u'ea  était  ]Mb  de  oiâne  des  fien 
EipagMds  :  les  BoarbaBS-affalHit  pu  abdiqiuf ,  Baais  rgipagae,  n'ab- 

AdnriH,  WeiOM!&wKS4lBreBtej*vtntg^«urtetri«vii«I'nBm.«ipajiUMfar 
duiiièBe  diaqtie  loois,  jfOiti  en  jouir  lui  Et  ses  deacoodauts;  et  venant  i  miLDqiur 
Ift  descendaDce  directe  de  S.  A.  n.  le  prince  des  Asturies ,  cette  rente  ipuiagèrs 
passera  à  l'infant  don  Charles ,  k  ses  enfants  et  héritien,  et  à  leur  déTsui,  k  l'infont 
dM  ftwcietfae,  i  m*  dMMa4aBta«t  hirkUns. 

■  a.  InAéptBdamueat  de  ce  q«i  eM  sU^lé  daiki  ha  bcUcIm  piMdeirii^  &.  M. 
l'onpereur  d£s  Frantais.,  roi  d'Italie,  accorde  1  3.  A.  H.  le  prince  des  Asturiet  una 
somme  da400,DOO  francs,  égslcinent  sur  le  trésor  de  France,  pour  en  jauir  sa  vie 
dunmt.  La  mottii  de  hdHe  vente  sera  rérerailile  sitr  la  têle  de  la  priHeease  son  épouse, 
si  rile  lai  sarvît. 

0  7.  Si.  IL  l'emperew  des  Français  accorde  etijsniotu  aux  infimtsdon  Antonio, 
oncle  de  S.  A.  H.  le  prince  des  Aslnrîcs,  don  Ourles  et  don  Francisque,  lïèresdudit 
prisée  : 

a  1»  Le  titre  d'altesse  royale,  avec  tous  les  hoatMurscl  pr^rogatiree  daatfsaisBtnt 
les  fcincee  de  leur  rang  :  lea  descendants  deleursalUMcs  rojales  consenaroRl  le 
titre  de  pTtace,c«lui  d'altesse  séréai&sime,  etauronitoiyours  le  même  rang  en  France 
que  les  princes  dignitaires  del'empire. 

<■  3*  LajouissBace  dnTavMiH  detontcalcs  c«Hvati4arias.M  B^agae,  Inir  tte 

9  3"  Une  rente  apinagire  de  400,000  Fr.,  pour  en  jouir  eux  et  leurs  héritiers  k 
perpétuité ,  entendant  S.  H.  I.  que  les  inrinia  don  Antonio ,  don  Chartes  et  don 
FraDeisqae  venant  à  anourïr  sans  lalaser  d^iriiîera.  ou  iews  postérMa  vaaaat  k 
K'éiùBdf  e ,  leadites  rentes  ^aiagèiee  appaïUendcMil  i  lu  A.  A.  îe  prtua  4cb  Jm»~ 
ries,  .ou  à  sea  descendants  ou  héritiers,  le  ilout  aux  conditione  que  LL.  AA^  SR,, 
don  Charles,  don  Francisque  et  don  Antonio  adhtrent  au  présent  traité. 
»  DcRoc;  fuM  iM  Escafgun. 
>  BajOBDt,  leiemai  180B.  » 


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386  -imAiiB  m  bavomb. 

diqoant  pas,  pouvait  opposer  sa  grandeur  eu  face  de  rabaissement  ;  la 

notion  aurait  du  courage  quand  la  royauté  en  manquait. 

La  couronne  d'Espagne  était  à  terre  ;  maintenant  qui  la  ramasaeiait? 
Napoléon  manquerait-il  de  roisîDës  le  commencement  de  ce  drame 
d'Aranjuez  et  de  Bayonne,  Murat  avait  élevé  ses  prétentions  jusqu'à 
désirer  pour  lui-même  le  tr^ne  de  Charles-Quint  et  la  succession  des 
petits-GIs  de  Louis  XIV  ;  c'était  un  beau  lot  de  chevalerie  dans  la  roue 
de  fortune  ;  il  avait  agi  en  ce  sens  i  Madrid,  et  peut-être  cette  circon- 
stance n'avait  pas  peu  contribué  à  la  fatale  séditioo  du  2  mai.  Horat 
voulait  être  maitre  des  événements,  et  le  généralissime  désirait  poisrr 
roi.  Napoléon  avait  d'autres  desseins  :  il  ne  croyait  pas  Murat  capable 
de  gouverner  un  peuple  nouveau  avec  un  caractère  si  prononcé,  d  de 
le  conduire  fermement  dans  le  sens  de  sa  politique  ;  il  fallait  de  Ib 
prudence,  de  la  modération,  un  système  pacifique  capable  d'attirer  tes 
cœurs  ;  Murat,  roi  d'Espagne,  toujours  impatient  de  conquêtes,  aurait 
rêvé  la  domination  de  l'Afrique  et  des  Mores;  sa  vie,  comme  une 
grande  romance ,  avait  besoin  è  chaque  campagne  d'un  nouvean 
couplet  à  fanfare.  Napoléon  ne  pouvait  pas  compter  sur  lui  ;  si  l'&k- 
trevue  de  Mantoue  avait  abouti  è  bonne  Bn,  l'empereur  aurait  donné 
l'Espagne  à  Lucien  ;  deux  ans  son  frère  avait  été  ambassadeur  à 
Madrid  ;  il  en  counaissait  les  mœurs  et  la  langue ,  presque  toute  la 
grandesse  avait  eu  des  rapporta  avec  lui  ;  Lucien,  tenace,  avait  refusé 
des  grandeurs  asservies  ;  il  préférait  être  propriétaire  indépendant 
dans  les  États  de  Rome,  au  titre  de  préfet  couronné.  Alors  l'empereur 
jeta  les  yeux  sur  ses  autres  frères  et  sur  Joseph,  qui  s'était  fait  aimer 
par  la  douceurde  son  caractère  h.  Naples  ;  tout  en  obéissant  aux  ordres 
dej'empereur,il  1k  avait  adoucis;  la  mollesse  de  Joseph  serait  sup- 
pléée par  des  généraux  capables. 

La  pensée  d'une  abdication  de  la  maison  d'Espagne  préoccupait 
tellement  l'empereur,  qu'il  avait  écrit  dès  le  mois  de  mars  à  Joseph, 
pour  qu'il  vtnt  le  joindre  à  Bayonne  ;  un  nouvel  aide  de  camp  lui  fiU 
expédié  le  15  avril,  et  l'atné  des  Bonaparte  arriva  au  ch&teau  de  Harac 
dans  les  premiers  jours  de  mai.  L'empereur,  dans  une  longue  coufé- 
renccavecson  frère,  lui  expliqua  ses  desseins  sur  l'Espagne.  Napoléon, 
nourri  des  instructions  de  Louis  XIV  au  duc  d'Anjou.avait  médité  sur  ie 
moyend'asseoirsadyuastieen  faced'une  population  mobile;  il  se  résuma 
en  quelques  phrases  :  u  Ménagez  la  religion,  réformez  peuÀ  peu  les  cou- 
vent8,appuyez-vous  sur  la  bourgeoisie;  la  grandesse  sera  pour  laFraoce; 


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JOSEPH  SOI  d'bspagkb.  337 

elle  est  dégénérée,  le  peuple  tous  viendra  par  la  pradence  et  les  démon- 
strations catholiques;  Hurat  m'a  un  peu  compromis  les  affaires  ;  à  tous, 
il  appartient  de  les  mener  à  meilleure  fin  ;  au  reste ,  ma  volonté  est 
impératÏTe ,  l'Espagne  doit  marcher  dans  mon  système.  * 

Joseph  quitta  Naples  avec  regret,  et,  comme  les  rois  de  vieille  dy- 
□astie,  il  écrivit  une  lettre  souveraine  à  ses  anciens  sujets  pour  leur 
annoncer  ses  destinées  nouvelles  '  :  Napoléon  l'avait  voulu.  A  peine 

'  ProelamaCion, 

«  Bsjonne,  23  juin  1808. 
B  Joseph-Napoléon,  roi  de  Nnples  et  de  Sicile. 

■  Peuples  du  rojiume  de  Nsplcs ,  la  Proridence ,  doni  les  desseins  nous  sont 
inconnus,  nous  ayant  appelé  au  iiAoe  des  Espagnes  et  dta  Indes,  nous  nous  sommes 
TU  dans  la  cruelle  nécessité  de  nous  éloigner  d'un  peuple  que  nous  avions  laot  àe 
raisons  de  chérir,  et  dont  le  bonheur  èUit  noire  plus  douce  espérance  et  l'uoique  but 
^e  noire  ambition.  Celui  qui  seul  lit  dans  les  cteurs  des  hommes,  peut  seul  juger  de 
la  sincérité  de  nos  scnlimeots .  malgré  lesquel*  nous  aTons  cédé  k  d'autres  impul- 
sions, et  afODS  accepté  un  nouTCau  rojanme  dont  le  gouvernement  nous  est  donné 
en  Teriu  de  la  cession  qui  nous  a  été  faite  des  droits  acquis  sur  k  couronne  d'Es- 
pagne par  notre  auguste  Trére  S.  U>  l'empereur  des  Français  et  roi  d'Italie. 

»  Dans  cette  circonstance  solennelle,  coDsidéraot  que  ce  sonllea  institutions  seules 
qui  demeurent,  nous  STonsTU  avec  peine  que  votre  organisation  sociale  n'était  pas 
encore  achevée;  et  nous  avons  pensé  que  plus  nous  nous  éloignions  de  tous,  plus 
nous  devions  assurer  et  garantir  par  tous  les  moyens  qui  sont  en  notre  pouvoir  voire 
félitilé  présente  et  Itature.  Ea  conséquence,  noos  avons  mis  la  dernière  main  h  noire 
(Buvre,  et  avons  terminé  le  statut  constitutionnel  du  rojaumc  d'aprts  tes  bases  déjA 
établies  en  partie,  et  plus  conrormes  au  temps  ob  nous  vivons,  à  la  situation  réci- 
proque des  nations  voisines ,  et  au  caractère  de  la  nation  que  nous  nous  soromew 
appliqué  ï  connaître  parti  cul  iéremeol  dés  que  nous  avons  été  appelé  t  la  gou- 

*  Les  vues  principales  qui  nous  ont  dirigé  dans  noire  travail,  sont  : 
>  1°  La  conservation  de  notre  sainte  religion  ; 

■  S°  la  création  d'un  trésor  public  distinct  et  séparé  du  patrimoine  de  la  cou- 

■  3°  La  création  d'un  corps  intermédiaire  et  d'un  parlement  oational,  capable 
d'éclairer  le  prince,  et  de  lui  rendre,  ainsi  qu'à  la  nation,  de  précieui  services  ; 

■  4°  Une  organisation  judiciaire,  qui  rendrales  jugements  des  tribunaux  indépen- 
dants de  la  volonté  du  prince,  et  tons  les  citoyens  égaui  devant  la  loi  ; 

•  S*  Une  administration  municipale,  qui  ne  sera  la  propriété  de  personne,  et  i 
laquelle  tous  pourront  étrt  appelés  sans  distinction  ; 

■  6°  La  conservation  des  établissements  que  nous  avions  formés  pour  assurer  It 
payement  des  eréanciers  de  l'Atal. 

■  S.  M.  l'empereur  des  Français  cl  roi  d'Italie,  notre  auguste  rrère,  ayanl  bien 
voulu  donner  i  cet  acte  sa  aulS&ante  garantie ,  nous  nous  sommes  assuré  que  nos 
espérances  pour  le  bien  de  nos  cbers  peuples  du  loy  a  une  de  Naples,  reposant  aur 
son  immense  gloirp,  ne  seront  fas  trompées.  • 

(Suit  raof««on«tilulMmtMl.} 


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S38  BKJUDE  M  UTOmm. 

la  conférence  étaft-cHe  finie ,  qne  le  loir  feniperear  aoitcHiçaît  k 
qDetqaes  graadesRS  réanles  k  Bifeone  qnH  awtt  désigné  mm  trin 
loseph  pour  roi  des  Eïpagnfs  et  des  Indes  :  on  arait  appelé  anc  Pyré- 
nées un  simdacre  de  jante  ;  quelques  dépvtés  des  provinces  éMeat 
Tflntn  arec  les  inrants,  kms  si  parÂiftement  dtoisis,  qiill  était  impos- 
■lUe  d'attendre  h  moindre  résistance.  Queponvait  être  nae  jonte  aav 
élections,  convoquée  à  Tétninger?  Qurile  légalité,  quelle  liberté  po«- 
vait-elle  avoir  en  dehors  du  pays,  et  captive  elle-même  T  Tout  était 
marqué  d'an  caractère  singulièrement  Torcé  :  des  abdications ,  des 
renonciations  faites  au  milieu  d'une  place  forte, soui  la  sorveSlIanoe 
ds  Napoléon  ;  une  junte  enSn  illégalanteot  convoquée  et  déUbémit 
■umn  territoire  ennemi. 

Ce  mensonge  fut  pourtant  pris  pour  la  réalité  :  la  junte  appda , 
dans  u  n  simulacre  d'assemblée,  don  Jcseph ,  frère  de  Napotéon,  comme 
roi  d'Espagne  et  des  Indes  ;  Hle  le  supplia  d'accepter  la  coaronne  de 
Charles-Quint;  oo  rédigea  quelques  articles  constitutionnels,  non  point 
dans  les  grandea  limites  des  anciennes  cortès.  avec  les  prÏDcipessi 
laides  des  assemblées  représentatives  d'Aragon,  de  Catalogne  oo  de 
Castille  ;  on  répéta  quelques  formules  des  fueros  ;  tout  fut  calqné  sur 
U  constitution  de  l'empire  français  ;  conune  dans  les  royaumes  d'ItaUe, 
deNapIes.de  HoHandeoade  Westphalie.  LesœavmderemiiefeBr 
avaient  un  caractère  d'unité,  une  formule  politique  ;  don  Joseph  1^»- 
léon  fut  roi  des  Espagnes  par  un  coup  de  ta  volonté  soavaaioe;  ce 
qui  natt  ri  vite  menrt  aussi  vite,  c'est  la  loi  de  la  nature.  Quand  la 
Junte  vint  présenter  l'acte  constitutionnel  h  Joseph ,  le  nouvean  rn 
avait  appris  un  peu  d'espagnol  et  répondit  avec  une  ^fflculté  remar- 
quée'. Le  sair  l'enqurnir  fit  rédiger  en  bon  fraoçsis  le  petit  diiconn 


^BBllM 


n  Le  roi  Jmcpb  étant  t«ti  mr  son  trtnr,  et  Km»  tesmcnikmaymtpttelnr 
pae«,8.  M,  B  prononcé,  cnlmgDenp^nole,  led'rseounMlvHit  : 

«  MM.  les  députés,  j'ai  voulu  me  rendre  m  ratllni  de  Tomiwm  ntn  stftaHm. 
■tank  ptr  raiie  d'un  deceséTénemenbeitrBordiDalrestniijaets  u«iMleïB«tiaw 
onl  été  tour  t  tour  assujeltics à  différenlcsépoqan,  etpar  (m  diapoAioBsaBriV- 
ptrfor  NtpaHoD,  nol»  engoste  frère;  v«  opinions  ont  été  crilw  de  Ma  tUMt. 

»  Vou  en  iTOuTem  1«  résahst  ronslgné  «ins  l'aciv  ewtlftlo—i  4iwt'«>« 
•tiei  entendra  li  lecture.  Il  éfiitn  à  rE^gne  les  longs  déeUrcMents  i|m  Matk 
tu»  prévoir  l'inquiétude  sourde  dont  h  nation  éUit  toormcntée  dqmis  laagtmpt. 

■  l>'efliiesi«ic«  quIrAgiM  Hicoredsos  quelques  proTioMs  cessera  dis  qne  les 


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HMBPH  BOI  DBSPAGinE.  239 

de  Josepb  et  l'envoya  par  un  courrier  au  sénat,  h  Paris,  pour  témot- 
goer  que  l'affaire  d'Espagne  était  finie. 

TrMe  ^isode  dan»  la  vie  de  Nap(déoD  que  cette  entrevue  4e 
BayoDoe  ;  comment  tut ,  l'empereur ,  l'homme  fort,  put-il  descendre 
Ânn  rAie  d'intrigues  et  de  machiavélisme,  et  ne  valait-il  pas  mient. 
Taire  une  guerre  ouverte  en  Esp^ne?  Les  veilles  qu'il  consacra  à  dos 
négociations  si  petites  auraient  pu  digneikent  se  donner  un  vaste  ]^wi 
de  ctnqnéte  ;  tout  fut  préparé  d'avance  ;  l'affaire  d'Espagne  oe  fut  pas 
une  improvisation  du  génie  ;  il  y  eut  de  la  perfidie  froide  en  tout  point  ; 
le  projet  de  détrAoer  les  Bourbons  datait  de  loin ,  et  pour  en  faire 
nattre  te  prétexte,  l'empereur  explmta  ka  passions  d'une  rdne  vieilUe, 
les  complaisance  d'un  favori  tremMant,  la  fnUesse  d'un  roi  en  grande 
âécidence,  prince  fainéant,  sous  les  douleura  de  rhumatisme ,  pUe 
reSet  d'une  grande  maison  ;  il  profita  de  l'ioespérience  d'an  infant, 
des  haines  d'une  mère  contre  son  fils,  des  colères  brutales  de  ce  rei 
Cliarles  IV,  qui  menaça  de  briser  la  tète  de  ratné  de  sa  lignée  ;  Napo- 
léon,enfin,  amena  cette  scène  i  Bayonne,  pour  mieux  l'avoir  sousles 
yeox  pour  en  conduire  tous  les  ressorts,  pour  en  manier  tous  les  élé- 
menta  ;  quand  il  eut  bien  abàtaidi  cette  dynastie ,  quand  il  eut  bien 
brisé  les  os  i  ce  colosse  légué  par  Charles-Quint  &  sa  postérité,  it  se 
crut  maître  de  l'Espagne  et  des  Iodes  ' . 


peuples  stnnial  que  II  rtligion,  l'Indépendsnu  et  l'intégrité  de  leur  pays  soDt  garan- 
tie»,  leurs  droit!  les  plus  précieui  recounus;  qu'Us  verrou  t  dans  les  nouvelles  Institu-. 
lions  les  germes  de  la  prospérité  de  leur  pairie,  bienbits  que  les  Dations  Toisinea 
n*oiit  acquis  qu'au  prii  de  tant  de  sang  et  de  malheurs. 

H  Si  tous  les  Espagnols  étalent  lei  réunis,  n'ayant  tous  qu'un  mime  Intértt,  Us 
n'auraient  tous  qu'une  même  opinion  ;  nous  n'aurions  ploa  i  déplorer  les  malbears 
de  ceux  qui,  séduits  par  des  suggestions  étrangères,  devront  élre  réduits  par  la  Torea 
désarmes. 

B  L'ennemi  du  continent  doit  espérer,  kla  faveur  des  troubles  qu'il  excite  dani 
l'Espagne,  de  noua  dépouiller  de  nos  cotoniea.  Tout  bon  Espagnol  doit  ouvrir  loe 
yeni  et  m  réunir  autour  du  irine. 

*  Noua  j  portons  avec  nous  l'acte  qui  établit  les  droits  et  les  devoir*  réciproques 
du  roi  et  des  peuplée.  S'ils  sont  disposés  aui  mêmes  saeriHces  que  noua,  l'Espagna 
ne  tardera  pas  à  être  Iranqnille  et  heureuse  au  dedans ,  forte  el  puissante  au  dehors, 
Noos  en  prenons  avec  eonSauce  l'engagement  au  pied  de  Dieu  qui  lit  dans  le  conr 
des  hommes,  qui  dispose  d'eux  à  son  gré,  et  qui  n'abandonnejamais  celui  qui  aima 
BODpaya  elne  craint  que  sa  conscience.» 

'  Tolei  qnelques-uns  des  articles  principaux  de  la  constitution  espagnole  : 

*  !■  La  religion  catholique,  apostolique  et  romaine  est  la  seule  religion  admise  ev 


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24t)  DBAHE   DB  UVOHHE. 

Eh  bien!  en  Espagne,  il  se  trouva  un  peuplequiselera  tout  entier 
pour  donner  une  leçon  aux  rois  ;  la  guerre  au  couteau  fut  la  repose 
de  la  Péninsule,  et  en  Amérique  le  mot  d'indépendance  retentît  pour 
amener  des  millions  d'hommes  à  une  séparation  de  la  mère  pairie. 
S'il  est  des  temps  où  les  rois  s'abdiquent,  les  nations  ne  s'oublient  pts 
ellesHuèmes;  et  Napoléon,  ce  grand  traGquantdessouveraiœtés.ne  pot 
ployer  l'Espagne  aux  pieds  de  son  frère.  Il  y  eut,  i.  Bayonne,  un  Im- 
main  de  cour  pour  le  roi  don  Josejdi,  une  imitation  ridicule  de  h  b^ 
scène  où  Philippe  V,  enfant,  se  montra  au-dessus  de  la  grasdesK 
pour  se  faire  reconnatlre.  Don  Joseph  eut  beaucoup  de  signatare9,le9 
félicitations  lui  vinrent  pendant  son  séjour  à  Bayonne  ;  mais  l'Ësp^ne 
n'était  pas  là.  Cette  nation  patiente,  qui  secoua  le  joug  des  Hores,se 
levait  h  la  voix  des  cortès,  et  la  grande  insurrectiOD  fut  sonnet  an 
caUiédrales  patriotiques  de  Buifos,  de  SéviUe,  de  Madrid  et  de  Bar* 
celone. 

D  S°  Le  prince  Joseph-Napoléon ,  roi  de  Niples  ei  de  Sicile,  esl  roi  d'B^ilMft 
des  Indes. 

B  3°  La  eouTonoe  sera  héréditaire  de  roile  en  mile,  par  ordre  de  primogéaitnrc 
i  l'eiclusion  perpélaeJIe  desTemmes.  A  défaut  de  desrendant,  eIlcreiieDditiS.lt. 
l'empereur,  dansées  héritiers  naturels  et  légitimes;  à  lenr  défaut,  k  ceui  daTDidt 
HoUande;  h  leur  défaut,  i  ceux  du  rai  de  Westphalie. 

a  4°  La  couronne  d'Espagne  oc  pourra  jamais  être  réoiiie  à  une  autre  cemiiK 
sur  la  même  tête. 

«  Bo  Le  roi  est  mineur  jusqu'à  dix-huit  ans  accomplis. 

B  6'  LespBlaiadeMadrid,del'Bscuri«1,de  Saint-Ilderonse,  d'Anmjaei,deIVari*. 
et  tous  autres  qui  toni  partie  des  hïens  de  la  couronne ,  en  forment  le  patiiiulK 
jusqu'à  concurrence  d'un  million  de  piastres;  le  trésor  public  versera  en  oaUaaBOHt- 
leraCDl  dans  celui  de  la  couronne  une  somme  de  deux  millioDB  de  piastres. 

B  7°  Les  chefs  et  grands  officiers  de  la  maison  rojale  sont  an  nombre  dilb-l" 
inioislret  au  nombre  de  neuf,  etc.  ■ 


DiclzedbyGoOglC 


l'opinion  PDBLIQDB  APBËS  les  iTÉIfBHEMTS  DE  BATONNE.       24t 


CHAPITRE  X. 


L'OPimOH  mUQOB  APlfeS  LBS  iTÉnBHBim  DE  UTOHHI. 


La  société  i!«  Paris.  —  L'esprit  d'opposllioii.  —  Ocigioe  da  salon  de  H.  de  Tallsj- 
rtnd.  —  Foucbé.  —  La  iii[Dorité  du  sénat  conserrsteur.  —  Garât.  —  Cabanis.  ~ 
Volnej.  —  Lanjninais.  —  Groupes  de  mécoDlenls  nu  corps  li%ialaUr.  —  L'armée. 

—  Générai»  srreiés.  —  Premier  projet  de  Malet.  —  Uaréchaui  opposants.  — 
Brune.  —  Beraadotte.  —  Masséoa.  —  La  société  et  les  partis.  —  Hadamc  de  Slaf  t 
et  SCS  amis.  —  Voyage  en  Allemagne.  —  L'eiil.  —  L'hdtel  de  Luynes.  —  Madame 
de  CheTreuse.  —  Faubourg  Saint-Germain.  —  Retour  de  Napoléon  i  Paris.  — 
Bntbousiasme  des  provinces.  —  Création  des  premiers  dues.  —  TraTsil  sur  le 
blason.  —  Décret  hiérarchique.  —  lascription  sur  les  hûtels.  —Formules  de  cour, 

—  Munificences  k  l'armée. 


Juin  1  tott  IBM. 


Les  événements  de  Bayoone  furent  présentés  par  tous  les  journaui: 
de  l'empire,  alorssoumis  h  une  censure  rigoureuse,  dans  le  gensîndiquë 
par  Napoléon  lui-même;  il  avait  mis  un  soin  particulier  k  rédiger  sous 
sa  dictée  tous  les  actes,  tous  les  incidents  du  drame  fatal  qui  venait 
de  s'accomplir  contre  la  maison  de  Bourbon.  Depuis  un  mois  la  police 
travaillait  l'opiniou  publique  pour  lui  donner  le  change  sur  le  caractère 
de  l'abdication  des  princes  d'Espagne;  on  déguisa  les  violences  et  les 
tristes  manœuvres  que  la  diplomatie  avait  employées  pour  amener  les 
infants  sur  le  territoire  de  France  :  un  rapport  rédigé  à  Bayonne  par 
H.  de  Cbampagny ,  sur  les  notes  de  Napoléon ,  fut  destiné  à  justiGer 
aux  yeux  de  l'Europe  cette  négociation  si  machiavéliquement  con- 
duite ;  M.  de  Champagny  sut  donner  une  couleur  favorable  aux  évé- 
nements ;  on  eût  dît  que  la  dynastie  d'Espagne  avait  consenti  avec 
enthousiasme  i  céder  la  couronne  au  frère  de  l'empereur,  et  que  le 
vœu  des  Espagnes  appelait  don  Josepb-Napoléon  au  tr6ne  des  Ueux- 
Indes,  Ainsi  se  faisait  l'Iiistoire  ;  dans  ce  mémoire ,  antidaté  comme 


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242  l'opinioh  pobliqob 

s'il  avait  précédé  l'abdication ,  le  ministre  exposait  les  liens  intimes 
qui  avaient  uni,  h  toutes  les  époques,  l'Espagneà  la  France;  Louis  XIV 
avait  détruit  l'œuvre  de  Charles-Quint,  il  fallait  continner  cette 
peosée  dans  l'auguste  dynastie  que  Dieu  avait  donnée  à  la  France;  et 
tel  était  le  but  du  traité  codcIu  entre  Pempereur  Napoléon,  Charles  IV 
et  Ferdinand  VII  * . 

'  Rapport  deM.de  Ckcanpagny. 

n  Sire,  de  tous  les  Ëuis  de  l'Europe,  il  n'en  est  aucnn  dont  le  sort  saillis 
néccsfeireiDent  lié  è  celui  de  la  France  que  l'Espagne.  L'Espagne  esl  poarla  Fddw 
ou  une  amie  utile,  ou  une  ennemie  dangereuse.  Une  alliiDce  iDiJme  doit  unit  It! 
deux  Dations,  ou  une  inimitié  implacable  les  séparer.  Ualbeureusenient  U  jiloafit 
et  la  déOance  qui  eiislenl  entre  deui  nations  voisines  ont  Tait  de  cette  inimitié  Ifal 
k  plus  habituel  des  choses.  C'est  ce  qu'attestent  les  pages  sangUnles  de  l'UUoirt. 
La  rivalité  de  Charles  V  et  de  Frta{ois  1"'  n'était  pas  moins  la  rivaliié  An  dmi 
■aliotu  que  celle  de  leur^aouverains,  elle  Fut  continuée  sous  leurs  successeurs.  L» 
troubtea  de  la  Ligue  furent  suscités  et  fomentés  par  l'E^tagne  :  elle  ne  fut  ptséine- 
gère  aui  désordres  de  la  Fronde,  et  la  puissance  de  Louis  XIV  ne  commenc*  i  ^^ 
ver  que  lorsqu'après  avoir  vaincu  l'Espagne,  il  fonna  avec  1*  maison  alors  réunir 
dans  le  royaume  nne  alliance  qui,  dans  la  suite.  Gt  passer  celle  couronne  surlalA' 
de  son  petil-fîls.  Cet  acte  de  sa  prévoyance  politique  a  valu  aux  deui  conlréeso 
siècle  de  paii,  après  trois  siècles  de  guerre. 

B  Hais  cet  état  de  chosesacesaéaveclacausequiravaitfait  naître.  La  rérohiiiu 
française  a  brisé  le  lien  permanent  qui  unissait  les  deui  nations.  Et  lors  de  II  Irn- 
sième  coalition,  lorsque  l'Espagne  prodiguait  à  la  France  les  protestations  d'iiaili*- 
elle  promettait  secrète  ment  son  assistance  aux  coalisés,  comme  l'ont  fait  coniuiln 
les  pièces  communiquées  au  parlement  d'Aoglelerre.  Le  minisl^  anglais  se  ddn- 
minapor  ce  motif  à  ne  ricD  enlrepreodre  contre  l'Amérique  espagnole,  rrgudiil 
déjà  l'EqMgtie  comme  son  alliée,  et  l'Espagne,  ainsi  que  l'Angleterre,  ptésagttnili 
défaite  de  vos  armées.  Les  événements  trompant  cette  atlenie,  et  l'Espagar  n» 
■raie. 

»  A  l'époque  d«  la  quatrième  coalition,  l'Espagne  montra  pIusouTertHM'*" 
dispositions  hostiles,  et  trahit  par  un  acte  public  le  secret  de  ses  engagemceB  ■*''' 
l'Angleterre.  On  ne  peut  oublier  celte  fameuse  proclamation  qui  préridiil'  '■"' 
Joun  la  bataille  d'Ién,  par  laquelle  toute  l'Espagne  éUlt  appelée  aui  annei.lstS*' 
aucun  ennewi  Mlanenacail,  et  qni  fut  suivie  de  mesures  promptementdlKtiiW. 
puisque  l'établissement  militaire  de  ce  roraume  fut  porté  de  IJS.OOO  bomaM 
il40.0W.  Alors  le  brnits'éuii  répandu  que  l'armée  de  voire  majesté  éttii  ra*ée, 
que  l'Autriche  allait  se  déclarer  impunément.  La  victoire  d'Iéna  vint  eonfon^t  cm 
projets. 

>  Le  moment  est  arrivé  de  donnera  la  France,  du  côté  des  Pjréaées,  m»  ^' 
rllé  invariable.  Il  fliui  que  si  jamais  elle  se  trouve  «posée  i  de  nouveau»  dteio». 
elle  puisse,  loio  d'avoiri  craindre  l'Espagne,  attendre  d'eDe  de*  secours,  et  q*» 
besoin  les  année*  espagnoles  marckeol  pour  la  débadre. 

■  Dans  son  état  actuel,  l'E^iagne  mal  gouvernée  se»  mal,  onplutAtneHrtp°<*' 
contre  la  cause  commune,  contre  l'Angleterre.  Sa  marine  est  négligée;  i  fx» 
toinpte-t-oii  que^uu  vaisseaux  dans  ses  ports,  et  Us  sont  dans  h  ^  BMsnIs  à«i 


îdbyGoOgIc 


ATRËS  LES   ÉVÉNBUBIfTS  BB   BAYONNB.  243 

BientAt  on  apprit  qae  lesprinces  espagnols  de  la  maison  de  Bourbon 
QTaient  quitté  Bajonne  pour  se  rendre  aux  résidences  qui  leur  étaient 
destinées  ;  Charles  IV  vint  sous  les  grands  ombrages  de  bois  de  Com- 
piègne ,  palais  impérial  préparé  à  la  hâte  ;  il  y  trouva  le  duc  de  Laval- 
Montmorency,  d&igné  pour  gouverneur  :  dernier  honneur  rendu  am 
Bourbons  que  de  mettre  au  vieux  chùteau  de  la  deuxième  race ,  ud 
descendant  des  connétables  ;  le  duc  de  Laval ,  grand  d'Espagne ,  por- 
tait la  Toison  d'or,  et  Charles  IV  pouvait  se  croire  encore  h  Aranjuei, 
i  l'Escurial  ou  au  Baen-Reliro,  au  baise-main  royal  Les  infants,  à 
qui  le  traité  promettait  les  terres  de  Kavnrre,  arrachées  h  la  famille 
de  Bouillon ,  furent  provisoirement  placés  dans  le  château  de  Valen- 
çay ,  acquis  par  M.  de  Talleyrand  ;  Ferdinand  VII  était  là  tout  à  fait 
dans  les  solitudes  du  Berry ,  non  loin  de  Bourges ,  où  avait  résidé  en 
d'autres  temps  un  roi  de  France  malheureux  aussi.  Le  séjour  de  Va- 
lençay  élait-il  une  épigramme  contre  M.  de  Talleyrandî  Napoléon 
voulait-il  associer  le  ministre  aux  événements  accomplis  Jt  Bayonne , 
et  mettre  un  Périgord  pour  gardien  à  Valençay  comme  un  Montmo- 
rency à  Gompiègne?  À  grande  race  royale ,  il  fallait  grande  race  de 
noblesse.  Tant  il  y  a  que  les  journaux  publièrent  tous  les  témoignages 
de  la  rœonnaissance  des  Bourbons  d'Espagne;  non-seulement  on  leur 
imposait  la  captivité,  mais  encore  l'obligation  de  s'en  dire  heureux  et 
fiers. 

Ces  précautions  actives  et  vigilantes  pour  tromper  l'opinion 
publique  n'empécbaient  pas  pourtant  la  vérité  de  se  faire  jour  ;  les 
événements  de  Bayonne  avaient  partout  retenti ,  le  corps  diploma- 
tique en  était  instruit;  un  envoyé  russe  était  ofScieltement  à  Bayonne-, 
le  comte  de  Strogonoff  n'avait  point  quitté  Madrid;  des  ^ents  secreis 
de  l'Autriche  avaient  assisté  à  tous  les  actes  du  drame;  les  ambasa- 
deurs  en  possédaient  les  détails,  et  ils  les  communiquaient  A  tona. 

tes  niBgnsîns  ntanqueni  d'appTOTis[onnenients  ;  Ira  onTricrs  et  les  matelots  ne  sont 
ptts  pt;és;i]  M  se  (ïtt  dans  ara  ports  ni  radoubs,  niconstruclione,  ni  annemeDtt, 
U  régne  dans  toutes  Ira  braoches  de  l'admiDislnlian  le  plushonible  dèsardre;  tout» 
les  ressources  de  la  monarchie  sont  dilapidera;  l'Eut,  chaîné  d'une  dette  énorme, 
est  sans  crédit;  les  produits  de  la  venle  dra  biens  du  clergé,  destinés  ■  diminuer 
cette  deue,  ont  une  antre  destination;  enSa,  dans  la  pénurie  de  ses  mejens,  l'Es- 
pagne, en  abandonBani  totalement  sa  marine,  s'occupe  cependant  del'tugmeuta 
lion  de  ses  iroapes  de  tene.  De  s!  grands  maux  ne  peunnt  <tre  gaéris  que  par  d* 
grands  rbargcments,  etc. 


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34i  l'opikion  pcbliqde 

L'effet  de  ce  guet-apens  Tut  iocalculable  :  Napoléon  pouvait  accom- 
plir des  conquêtes,  l'Europe  s'en  alarmait;  mats  elle  ne  pooTsitea 
accuser  que  la  gloire  de  l'empereur.  Sa  conduite  machisTé^qoe  i 
Bayonne  était  en  opposition  formelle  avec  le  droit  des  gens;  locaii 
souverain  ne  pouvait  désormais  répondre  de  sa  vie  et  de  sa  coaronw. 
'  Bientét  tous  les  incidents  et  tous  les  faits  furent  commutés;  oo  en 
exagéra  le  caractère,  on  tes  vît  sous  un  jour  déplorable  ;  et,  comme  il 
arrive  lorsqu'une  opposition  vive  et  profonde  existe  dans  un  pays, 
l'opinion  s'empara  des  moindres  circonstances  pour  se  fortifier  el 
grandir  ;  on  fit  circuler  des  protestations ,  des  actes  faux ,  des  mint- 
festes  qui  jamais  n'avaient  existé ,  et  une  indicible  aigreur  se  répan- 
dit dans  tous  les  esprits  ;  on  ne  parla  plus  que  des  violences  de 
Bayonne  et  des  fatales  conséquences  d'un  système  qui  ne  ropecUll 
plus  rien. 

A  cette  époque  se  formaient  à  Paris  déjà  quelques  salons  poUtiqiiei 
avec  une  nuance  impérialiste  encore,  mais  qui  se  permeUiit  do 
examen  plus  élevé  des  actes  de  l'empire.  Le  premier  de  tooa  était 
celui  de  M.  de  TallejTand  ;  le  prince  avait  reçu  des  faveurs  de  Napo- 
léon en  se  retirant  du  ministère  des  relations  extérieures  :  il  étiitTict 
grand  électeur ,  grand  chambellan ,  créé  prince  de  Bénéveot ,  iTCc 
un  revenu  de  180,000  francs  et  une  fortune  très-arrondie  pst  ka 
dernières  transactions  d'Allemagne.  Hais  H.  de  Talleyraud,  connue 
toutes  les  intelligences  politiques,  avait  un  besoin  d'activité  et  d'af- 
faires; il  avait  subi  en  murmurant  la  disgrâce  qui  l'en  éloignait  II 
n'aimait  pas  M.  de  Champagny,  comme  caractère,  et  par-dessus  ti»it, 
comme  son  successeur,  le  nouveau  ministre  lui  était  antipathique;  il 
le  critiquait.  Avec  un  tact  infini ,  M.  de  Talleyrand  cherchait  à 
prendre  une  position  de  popularité  politique  ;  quoiqu'un  des  preœien 
partisans  du  système  qui  fondait  une  dynastie  napoléoniemie -e" 
l'Ispagne ,  il  avait  eu  l'art  de  se  poser  comme  adversaire  des  éTéiw- 
mcnts  de  Bayonne.  Sa  retraite,  contemporaine  de  ces  transactions, 
avait  fait  croire  au  vulgaire  qu'il  s'était  retiré  des  relations  extérieures 
à  cause  précisément  de  la  résolution  prise  par  Napoléon  *■  M.  de 

'  Au3s)  Napoléon  RM)  immédiaiement  publier  la  Icllre  suirante  : 

«  Paris,  14  mai  ISOB. 

>  On  annonce  que  les  princr»  de  la  maison  d'Espagne  voDt  incesfaDmejilanii" 
dan»  nos  contrées:  le  roi  et  la  reine  U'Espsgnc,  la  reine  d'I^truric  el  VattuAi^ 
ï'Miiciseo  sont  altendus,  le  20  de  et  moi)>,  au  palais  de  Fonuinebieau.oii  ccsiufusl» 


DiclzedbyGoOglC 


APBÈS  LES  ÉVÉNBIIBNTS  »B  BATONNB.  245 

Talleyrand  propageait  fermemeDt  cette  opinion  ;  trop  habile  pour 
faire  une  opposition  directe,  il  n'en  agissait  pas  moins  dans  un  Bens 
défavorable  k  MH.  Maret  et  Champagny.  Si ,  avec  ses  amis  de  con- 
fiance ,  tels  qae  le  duc  d'Alberg ,  on  avec  quelques-uns  de  ses  agents, 
tels  que  MM.  de  Montron  et  d'Arbelle ,  il  s'exprimait  sur  Napoléon 
en  tenues  aigres  et  durs ,  dans  son  salon  on  n'entendait  qu'une 
louange  profonde  et  admirative  pour  l'homme  de  la  destinée  et  le 
génie  pacificateur  ;  le  soir  quelquefois ,  chez  les  vieilles  duchesses ,  ses 
anciennes  amies,  dans  la  chaleur  du  whist,  M.  de  Talleyrand  se 
permettait  de  jolis  mots  sur  quelques-uns  des  ridicules  du  palais,  sur 
la  vanité  importante  de  M.  Maret,  sur  la  diplomatie  des  gendarmes 
du  général  Savary ,  sur  les  grandes  homélies  de  M.  de  Champagny  ; 
c'étaient  là  des  mots  jetés  dans  une  société  d'élite,  qui  ne  compromet- 
taient ni  lui ,  ni  ses  amis  ;  par  sa  haute  position ,  M.  de  Talleyrand 
était  resté  en  rapport  avec  le  corps  diplomatique,  se  posant  toujours 
comme  le  partisan  de  la  paix  et  de  la  modération  auprès  du  comte 
de  Tolstoy ,  ou  du  comte  de  Mettemich.  Comme  il  avait  des  fonds 
placés  dans  toutes  les  banques ,  h  Hambourg ,  à  Amstersdam ,  à 
Londres  même ,  il  se  trouvait  en  relation  avec  les  hommes  d'Ëtat  de 
l'Angleterre ,  et  se  préparait  dans  l'avenir  pour  une  négociation  de 
paix  avec  les  whigs ,  fondée  sur  des  bases  solides  et  sur  l'intervention 
de  la  Grande-Bretagne. 

Foudié ,  resté  ministre  de  la  police  après  Hlsitt ,  survivait  i  la 
disgr&ce  de  M.  de  Talleyrand.  Trop  important  en  politique ,  il  devait 
bientAt  céder  la  place  k  des  commis  plus  dévoués  ;  par  conviction , 
Fouché  n'avait  jamais  cessé  d'appartenir  à  la  révolution ,  culte  de  sa 
première  jeunesse  ;  s(m  salon  n'était  pas  d'une  convenance  aussi 
parfaite  que  celui  de  M.  de  Talleyrand ,  on  s'observait  et  II  observait, 
en  se  raillant,  les  événements  et  les  hommes.  Foucbé  avait  conservé 
quelques  agents  intimes  qui  seuls  connaissaient  son  dernier  mot; 

pcraoDoes  séjoDnieroDt,  k  ce  qu'on  assure,  jnsqu'A  ce  qoe  les  embdliwemenls  qui 
H  font  au  cbàieaii.de  Corapiègne  loiect  achevés.  Ces  travaut  doivent  élre  terminis 
pour  lepremicT  juin  prochain,  et  rendront  ce  séjour  magniBque.  On  dit  que  le  prince 
des  Aaturies  résidera  dans  la  belle  lenre  de  Valençaj,  appartenant  au  prince  de  Béné- 
veni,  lice-grand  électeur.  On  ajoute  que  S.  A.  S.  part  demain  de  Paris  pour  aller 
recevoir  le  prince  des  Asluries.  La  princesse  de  Bénévenl  est  déjà  partie  pour  Talen- 
taj.  Quant  au  prince  de  la  Faîi,  on  varie  sur  le  lieu  de  sa  résidence.  Va  journal  dit 
qu'il  habitera  le  palais  de  Compiègne  avec  le  roi  et  la  reine  d'Espagne;  d'antres 
assurent  qu'il  résidera  i  Bordeaux.  > 


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346  l'opinion  pobuqde 

espèces  de  porteurs  de  paroles  auprès  des  consciences  faciles  de  tom 
les  partis ,  afin  de  les  préparer  aux  éventualités  de  l'avenir.  Oa  ne 
pouvait  dire  que  Fouché  fit  de  l'opposition  ouverte  et  qu'il  prèparit 
tm  renversement ,  mais  il  n'était  pas  dévoué  à  l'empereur,  il  aggn- 
«ait  les  torts  de  la  politique  arbitraire  ;  paraissait-il  ud  acte\rig(Hima 
contre  les  personnes  et  les  institutions ,  Foucbé  s'empressait  de  i^ 
ter  :  a  Ce  n'est  pas  moi ,  mais  c'est  lut  qui  le  veut  ;  je  n'ai  pas  wq 
de  force  pour  lutter  contre  ce  caractère.  »  Il  se  posait  comme  Fad- 
versaire  le  plus  hardi  de  toute  violence  en  diplomatie  ;  dans  m  aa- 
séries  il  exagérait  plut6t  les  griefs  contre  l'empereur  qu'il  n'en  iffii- 
bUssait  la  portée;  il  s'était  fortement  élevé  contre  les  tSûrci 
d'Espagne  ;  selon  lui ,  c'était  un  drame  monstrueux  :  a  Cet  homme- 
Ut  ne  s'arrêterait  donc  jamab?  »  Avec  ses  fidèles,  les  agents  nr 
lesquels  il  pouvait  compter ,  Fouché  allait  plus  loin  ;  prévoyant  toutes 
les  chances  de  l'avenir  * ,  un  gouvernement  provisoire  même,  ii 
passait  en  revue  Murât ,  Bernadette ,  Masséoa ,  comme  les  élimadï 
indispensables  d'une  révolution  qui  aurait  amené  la  chute  des  Bodi- 
parte.  Foucbé  ne  pi-enait  pas  l'empereur  comme  le  dernier  mot  et  le 
seul  espoir  de  la  France. 

Ce  qu'il  faut  bien  remarquer ,  c'est  que  cet  e^rit  d'une  tqipoàlioii 
déjà  fortement  marquée,  trouvait  son  écbo  dans  quelques-uns  de 
corps  politiques.  Certes ,  le  sénat  était  bien  servile,  bien  abaissé  du» 
ses  actes  ;  les  ministres  faisaient  à  peine  une  demande  qu'elle  était 
votée ,  accordée  avec  eotbousiasme;  le  sénat  donnait  des  cosscrïlspv 
masses,  sacrlGantune  à  une  toutesleslibertés,  l'inamovibilité  des  jugei, 
la  protection  du  jury,  détruisant  ainsi  les  idées  de  1789  qu'il  était 
chargé  de  conserver  ;  et  pourtant  au  sein  de  cette  masse  d'huBoes, 
quicourait  se  prosterner  aux  pieds  de  César,  il  se  formait  une  oppo- 
sition silencieuse  contre  son  despotisme.  À  chaque  scrutin,  l'on  comp- 
tait dix  à  douze  voix  hostiles  «  et  l'empereur  informé  de  tout  par  ^ 
police,  connaissait  le  nom  des  membres  de  cette  opposition  ou  {dotât 
de  cette  petite  église  dans  la  grande  société  française.  Sur  cette  liste 
était  M.  DestuttdeTracy,  undes représentante derécoleécoDoaiiqiK' 
commentateur  de  Montesquieu ,  idéologue  dans  le  sens  qae  NapoMoa 
donnait  à  ce  mot;  e^rit  théorique  qui  avait  rêvé  un  système  de 


'  Fouch  j  biatil  reposer  toutes  ses  combiniiaoïts  sur  la  peasée  da  !&  mort  de  N>p(>' 
Kl  ;  c'élait  la  base  et  l'éTenloalîti  de  ses  projelS. 


îdbyGoOgIc 


APBÈS   LB9  KVÉNBHBNTS  BB  BAYOSNB.  24T 

garanties  en  dehors  de  la  force  du  gouvernement.  M.  de  Tncy  avatt 

posé  les  conditions  poliliques  des  pouvoirs  à  priori  dans  un  pays  tout 
organisé  avec  ses  mœurs  et  ses  habitudes  bonnes  au  mauvaises.  A  ses 
côtés  s'asseyait  Garât,  prosateur  académique,  pâle  copie  de  M.  de 
Fontanesdans  ses  harangues  à  l'empereur ,  et  néanmoins  très-opposé 
à  la  pensée  de  sou  gouvernement,  ami  de  Moreau  et  protégeant  son 
souvenir  militaire.  M.  Garât,  qui  avait  eu  le  malheur  de  lire  la  sen- 
tence de  mort  au  roi  Louis  XVI ,  se  trouvait  dans  une  position  gênée 
en  face  de  Napoléon  qui  n'aimait  pas  les  jugeurs  de  rois.  M.  Destutt 
deTracy  étaitic  philosophe,  l'économiste,  et  M.  Garât  le  littérateur. 
Celte  minorité  avait  aussi  son  évéque,  M.  Grégoire,  qui  depuis  la 
signature  du  concordat  était  en  opposition  avec  l'empereur ,  le  par- 
tisan si  ferme  des  doctrines  d'autorité;  quoique  M.  Grégoire  eût 
accepté  le  titre  de  comte,  il  n'en  était  pas  moins  resté  républicain, 
__  avec  un  ineiTable  amour  des  nègres  et  des  juifs  ;  au  fond,  excellent 
homme,  naïf,  instruit,  il  fallait  l'accepter  avec  ses  manies  d'une 
église  cooslitutionnelle.  Il  y  avait  plus  d'élégance  et  une  plus  grande 
bauteur  de  vues  dans  Cabanis,  le  seosualiste  intelligent  qui  avait 
expliqué  le  mécanisme  de  l'existence  humaine  par  les  nerfs  et  le  sang; 
Caï>anis ,  maladif  déjà ,  n'était  point  un  esprit  terre  k  terre  comme 
l'abbé  Grégoire,  un  érudit  sans  poésie;  il  savait  orner  ses  théories  des 
■pluA  riches  couleurs  et  portait  l'imagination  vers  les  idées  de  désespoir 
et  de  doute.  Cabanis ,  dans  le  sénat ,  restait  fermement  décidé  à  qq 
point  associer  ses  principes  à  ceux  d'un  despotisme  trop  outrageant 
pour  cette  grande  humanité  dont  il  avait  rêvé  l'émancipation  avec 
Mirabeau  son  ami.  Parmi  cette  opposition  sénatoriale  se  distinguait 
le  remarquable  auteur  des /tuineSfVolney,  rêveur  poëte  qui,  remuant 
le  monde  égyptien  et  aœyrien  sous  sa  baguette  d'or ,  avait  plané  sur 
les  pyramides  en  ruine  et  les  temples  en  poussière  ;  l'érudit  qui  in- 
voquait les  imprécations  de  Samuel  contre  les  rois,  ne  devait  pas  se 
dévouer  corps  et  âme  à  la  tyraunie  impériale  ;  il  protestait  comme  le 
conventionnel  Lambrecht,  comme  M.  Lanjuinais,  esprit  aigri,  crâne 
aux  formes  jaœénistes.  Si  jamais  l'église  constitutionnelle  avait  triom- 
fibé,  l'abbé  Grégmre  en  serait  devenu  le  pape  et  JU.  Lanjuinais  le  mar- 
guillier. 

Cette  opposition  du  sénat  n'était  point  considérable ,  l'empereur  la 
bissait  libre,  comme  un  instrument  utile  pour  constater  la  liberté 
des  délibérations;  sons  main,  M.  de  Talleyrand  la  careasait  par  le 


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"âtS  l'opinio:*  publique 

noyeo  de  Sieyès,  plus  taciturne  que  jamais;  elle  servît  plus  tardait 
instauration  de  1814.  Fouché  voyait  beaucoup  les  influents  dasèut, 
et  c'était  avec  cette  petite  opposition  qu'il  se  déshabillait  un  pen  pour 
reprendre  ses  allures  hostiles  contre  le  système  de  Napoléon.  Sans 
doute ,  en  temps  ordinaire ,  il  y  avait  peu  de  chances  de  succès  pour 
une  minorité  imperceptible  et  sans  action  sur  les  masses;  mBisil'side 
des  mécontentements  publics,  la  minorité  pouvait  appuyer  un  mou- 
vement d'opposition  d'autant  plus  redoutable  alors  que  ces  mèiaes 
principes  prenaient  une  certaine  consistance  au  sein  du  corps  iégù- 
lalif. 

Les  constitutions  nouvellement  rédigées  par  le  sénat  avaleol 
imposé  silence  aux  corps  politiques  ;  la  liberté  s'était  couverte  d'nii 
voile  de  deuil  ;  on  n'entendait  à  la  tribune  que  la  parole  fleurie  de 
~M.  Regnault  de  Saint-Jean-d'Angely  ou  d'autres  conseillers  d'État 
qui,  sur  l'eiposé  des  projets  du  gouvernement,  appelaient  un  vole 
immédiat.  Mais  le  corps  législatif  avait  un  moyen  derévéler  son  oppo- 
sition :1e  scrutinservaitlafaiblesse  des  uns  et  le  reasentimentdesiDtiTS. 
Déjà  l'on  s'était  aperçu  qu'en  plusieurs  circonstances  une  opposilkn 
d'un  tiers  de  voix  s'était  manifestée  dans  le  corps  légidatif  contre  les 
projetsdu  pouvoir;  on  minait  secrètement  l'action  gouvememeotêle, 
-l'empereur  s'en  était  inquiété  avec  quelque  raison,  parce  qu'il  voyiU 
bien  que  la  France  n'était  point  étrangère  à  cet  esprit.  Le  corps  lé- 
■^slatif  se  renouvelant  par  séries ,  il  était  entré  dans  les  dernière 
élections,  des  membres  qui,  tout  en  observant  le  germent  d'obéb- 
sance  à  l'empereur ,  conservaient  néanmoins  un  caractère  d'indépen- 
dance et  de  valeur  personnelle  :  tels  étaient  les  économistes,  le 
littérateurs ,  un  grand  nombre  de  propriétaires,  fatigués d'impAls et 
■  de  conscrits,  et  cette  minorité  qui  comptait  de  trente  à  quaraote  nii 
dans  le  corps  législatif  * ,  correspondant  à  la  petite  église  du  sénat, la 
secondait  de  sa  force  morale.  Or,  dans  la  position  mécontente  où  se 
trouvaient  M.  de  Talleyrand  et  Fouché ,  tous  deux  devaient  étudier 
-attentivement  cette  opposition  qui  un  jour  pourrait  sanctionner  leurs 
Tœux  et  leurs  espérances  ;  Fouché  savait  le  nom  de  tous  les  oppo6«iits. 
«t  ses  notes  étaient  précises  ;  dans  l'intimité  il  leur  serrait  la  maio 
-comme  pour  encourager  leur  résistance ,  il  échangeait  avec  eux 
iquelques  regrets  sur  le  passé  ;  tandis  que  M.  de  Talleyrand ,  prenant 

*  Ce  Tut  ptrk série  de  1807  que  l'oppofiitkiDemiditdKDS leçons léjislilir. 


îdbyGoOgIc 


APRÈS   LES   ivÊlSHBNTS  DB   BATOHNB.  249 

prétexte  de  sa  dignité  de  vice-grand  électeur ,  invitait  dans  ses  salons 
la  plupart  des  membres  inquiets  du  sénat  et  du  corps  législatif;  et 
ces  politesses  souvent  répétées  étaient  l'aveu ,  ■  qu'un  jour  ils  pour- 
raient se  comprendre  et  s'appuyer  mutuellement  pour  le  cas  d'une 
décadence  du  pouvoirimpérial;  fallait-il  rester  accablé  sousies  ruines?» 

Dans  un  système  militaire  comme  était  celui  de  l'empire,  un  parti 
n'avait  rien  s'il  ne  comptait  pour  lui  quelques  fractions  de  l'armée, 
l'un  de  ses  ciiefs,  ou  des  généraux  mécontents.  Depuis  le  18  brumaire, 
plusieurs  officiers  généraux  compromis  étaient  à  la  retraite  ;  Saint- 
Domingue  n'avait  pas  tout  dévoré  ;  d'autres  étaient  arrêtés  ;  souvent 
les  rapports  de  la  police  indiquaient  les  complots  secrets  essayés  au  sein 
de  l'année,  et  le  lendemain  des  officiers  supérieurs  étaient  jetés  à 
Vincennes  ou  à  la  Force  :  tels  étaient  Malet,  Guidai,  Lahorie,  com- 
promis dans  des  complots  qui  nécessitaient  des  répressions  immédiates  ; 
ceux-là  étaient  les  intrépides,  et  ceux  qu'on  appelait  les  cagêe-cou 
militaires;  et  une  remarque  qui  témoigne  de  l'esprit  de  l'armée,  c'est 
que  Malet,  la  véritable  inlelligencedeceparti,  avait  tonjours combiné 
ses  plans  sur  l'action  du  sénatus-consulte  prononçant  la  déchéance  de 
I4apoléon  ;  le  sénat  était  le  grand  mobile  de  ses  conjurations,  trop 
avancées  dans  la  pensée  républicaine  pourètre  parfaitement  comprises. 
Bien  avant  sa  vaste  conspiration  de  1812,  il  y  eut  un  complot  qu'un 
appela  dans  les  intimités  la  conspiration  sétuitoriaU  *,  et  Malet  y  fut 
compromis  comme  un  des  hauteurs  les  plus  hardis.  Les  hommes  de 
parti  savent  d'avancequels  seront  les  opinions  et  les  mécontentements 
qui,  au  cas  d'un  succès,  aideront  leur  plan  politique.  Dans  un  com- 
plot, il  y  a  toujours  les  complices  de  la  veille,  du  jour  et  du  lende- 
main. 

A  cdté  de  la  faction  des  intrépides  et  des  imprudents,  et  dans  une 
r^on  supérieure,  on  pouvait  compter  des  maréchaux,  des  chefe  de 
corps,  fortement  républicainsou  jaloux  du  rang  immense  que  prenait 
Napoléon  etsafamillesurtout  :  Brune,  BemadotteetMassénaméme, 
admettaient  la  supériorité  politique  de  l'empereur,  parce  qu'enSn  ils 
l'avaient  vu  sur  le  champ  de  bataille  ;  ils  pouvaient  s'honorer  d'être 
maréchaux  sous  un  tel  empereur,  comme  ils  avaient  été  généraux  de 
division  sous  le  vainqueur  de  Lodi  et  de  Castiglione.  Mais  quand  Na- 


■  Ce»  par  luite  de  cette  cODSpIntiOD  qae  le  géDéral  Hilet  fat  jeté  1  Tinccnnes, 

«nieoe. 


îdbyGoOgIC 


%0  l'opinion  fdbuqdb 

poléon  fit  de  M  famille  une  grande  pépinière  de  rots  ;  Iwsqae,  en 
«lettors  de  sa  personnalttét  il  vouli^  fonder  des  dynasties  fédératÎTcs 
pour  ses  frères,  alors  ces  vaillants  hommes  de  guerre  yurent  se  dire 
blessés  de  ces  préférences.  Qu'avaient  de  si  grand  JérAme^  JoaeiA  et 
Lwiis,.  pour  qu'on  les  saluât  du  titre  de  majesté?  Et  Murât  lui-même, 
si  intrépide»  D'étaît-U  pas  considéré  à  l'année  comme  us  sabreor 
d'avant-garde?  Et  pourtant  on  le  destinait  à  la  royauté  de  Naples  I 
N'y  avail-il  pas  de  quoi  soulever  une  vive  et  profonde  opposition  ?  Ces 
marédiaux  ne  se  gênaient  pas  dans  leurs  expressions  de  mépris  ;  ils 
avaient  leur  franc  parler  :  Brune  venait  d'accon^Ur  l'expéditioQ 
contre  la  Pomérauie  suédoise  :  il  avait  eu^  k  l'occasion  de  la  capitula- 
tion de  Stralsund,  uoelongue  conférence  avec  le  roi  Gustave-Adolpbe  *  ; 
le  prince  s'était  ouvert  à  Brune ,  il  lui  avait  parlé  des  Bourbons, 
des  garanties  libérales  qu'offrùt  Louis  XVIII,  de  la  France  et  de 
Bonaparte,  et  Brune  avait  conservé  une  contenuice  ptarbite  et  di»- 

■  CelH  eoflftmee  de  Bruoe  net  1«  roi  de  Sotde  n'a  jtiMis  M  dowés  mtMBe- 
«•Di  eu  butaU  ;  ell*  fut  conuDuniqu^  bu  cabinet  uglaù,  en  wià  le  leUe  ; 

a  Geucral  Brune  bcgsn  to  speak  «bout  Ihe  aocient  sUiuice  between  Sweden  and 
France,  and  about  an  uoion  belween  ibe  two  diiIods. 

■  TbahiDgaaswered.  —  Tes,  ecrtainlj.  I  wisb aa muek  h  jwt,  ibat  ihin  aHiaf  r 
OJghtbe MyiTed;  bvi. iha  FreuehnalioD isoe  longer  ^same;  andlbose htpfff  tinta 
Mt  paaaed ,  vhea  a  cIok  atliaoce  coatributed  to  tbe  poUlUal  advantage  of  tbe  tvo 
kiDgdonu.  The  présent  siate  of  atfairs  prévenu  It. 

a  GeM«ra1.— Tourmajesty,  thé  French  nattoa  U  ahyaja  the  *umo.  B  hM  ac^^nJ 
weli  heawr  aod  powei.  Franee  baa  made  gteat  profitas,  àbt  bas  iBpmait  hn 
a^icultureiuidbar  resoiucas;aod  if  in  other  limes  jour  majestjhad  an  opportoniLT 
orgoing  tbitber,  it  «ould,  perbaps,  be  inieresUng  to  your  majest;  u>  see  and  knov 
Uiat  eountiy. 

>  King.  —  I  look  upon  France  now  as  being  tbe  sconrge  of  Europe. 

■  Geneaal.  —  Yes,  «e  liave  bew  mucb  eo^aged  in  wufUe.  Tlû  emgmt  hua 
freat  charactec. 

•  King.  —  I  do  not  kno*  of  anj  empcior  orFnnee. 

[Ceaecal  ïïtiinn  fliil  mit  iiiiiiinii  lu iiiii  ibiii  iitaili  ) 

«  King.  —  Bftvejou  ti»g4l,gaiwral,  iluAjaubavea.l>wfullujtgT 

■  General.  —  I  do  not  eren  koow  «helber  such  a  ona  eiisls. 

»  King.  —  How  !  If  he  eiisIsT  he  is  ciiled,  unbappy:  but  ha  is  jout  lawrul  Ub|, 
and  bis  rtghls are nnquestionablj secred.  He  onl;r  vUhes  to aaseBiMebîs  >nfMd sab- 
jitts  nwuid  Us  atandard. 

>  Geoeral.  —  Wbere  is  tbat  atudardf 

>  Kiog.  —  If  DO  where  else,  jou  «ill  always  find  it  wîth  me. 

■  General.  —  lamtold  tbat  be  bas  abdicBtedbisHghtsiotbedukeof  AAgouIcme. 
H  King.  —  I  bave  Dcver  beard  ihel  roentioued.  On  tbe  contrarj,  ihe  king  bas 

iaaued  a  proclamation  ;  a  picdge  of  bis  seniiraents  towards  bia  people,  to  vbicbMMr 


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APRiS  LES  ÉVÉMÙIEKTft  BB  BAYO:«IÏE.  XI 

cuté  cb»qae  opiniOD  ;  ses  priocipes  républicains  aveàrai  penÉ  dans 
quelques  phrœes,  il  ne  les  avait  pas  dissimulés  au  roi,  et,  choM 
curieuse  è  observer,  bistiue  la  conveatiou  fut  siguée  pour  une  Bus- 
pension  d'année ,  Bniae  ne  ^pula  pas  au  nom  des  années  de  l'anpcmt 
rvur,  mais  au  nom  de  l'armée  française,  ce  qui  fut  remarqué  par 
Napoléon  ;  il  eu  garda  mémoire.  Berttiier  aikessa  dea  reproches  au 
maréchal  et  lui  écrivit  :  «  Qu'un  tel  exemple  ne  se  trouvait  pas  dana 
l'histoire  depuis  Clovis.  » 

Bernadotte  était  daus  les  mêmes  opinions  que  Braae  ;  l'homme  de 
si  vive  opposition  au  18  brumaire  ne  s'était  point  effacé  ;  dans  sea 
proclamations  il  faisait  quelquefois  de  l'enthousiasme  pour  l'empereur 
avec  sa  phrase  méridionale  :  ii  y  développait  des  idées  toutes  favo* 
tables  au  système  impérial  ;  mais  au  fond  du  coeur  la  haine  restait. 
Quand  Bernadotte  parlait  de  Napoléon  dans  des  conversations  intimes» 
il  slexprimût  avec  les  généraux  et  les  officiers  de  coaûance  en  de& 
tannes  très-duis  sur  sa  persouoe.  Napoléon,  à  son  tour,  cherchait  & 
compromettre  Becuadotte  ;  toujours  de  mauvaise  humeur  contre  IiU, 
jamais  il  ne  lui  rendait  justice  dans  ses  bulletins;  c'était  guerre  entra 
6ascon  et  Corse  ;  l'un  &d  et  fanfaron,  l'autre  rusé  et  vindicatif,  tous 
deuK prêts àse  séparer  violemment.  Bien  d'étonnant,  dès  lors,  qufl'op» 
position  du  sénat,  Fouchéet  M.  deTalleyrand,  fussent  très-empressés 
4'user  de  ménagements  avec  te  prince  de  Ponte-Gorvo  ;  ils  avaient 
une  confidence  à  faire,  ils  n'y  manquaient  jamais  ;  ne  s'adressaient-ila 
pw  bien?  Foucbé  et  Bernadotte  étaient  toujours  d'accord  sur  le  mal 
qa'oo  pouvait  dire  de  cet  homme4à,  sur  les  causes  qui  pourraient  le 
faire  vivre,  sur  les  causes  qui  pourraient  te  faire  tomber  ;  tous  deux 
s'uit^ideient  parfûtement  sur  la  nécessité  de  prévoir  d'avance  tous 
les  événement»  capables  de  compromettre  sou  autorité  ou  sa  vie. 

siouT  tod  aH  ihe  princes  of  the  blood  bâte  gtren  thelr  conseet.  Do  jou  bwv  lliai 
proclamatioiT 

a  GeiMral.  —  No.  Yoor  imjwtj  (Iku  voâ  taid  i*i(h  mony  oMurancM  on  hit 
lumour). 

B  KEng.  —  The  duke  oF  Pitone  maréchal  des  camps  in  the  serrice  of  the  Ung  il 
hcre.  It  i3  possible  ihet  he  bas  brought  thls  pubUcatioD  with  him.  I  wlU  lei  Um  be 
ctHed,  Ifyouwishil. 

(Whcn  hU  majestj,  in  the  coniitmunce  of  ihe  genenl,  pernine^  Ma  dlaqolatude 
■tid  uneasiness  at  thls,  he  added. 

»  But  pcrhaps  this  would  cause  loo  much  obsertatlon. 

■  General.  —  If  jour  majestïhadbcen  la  ihe  place  ofLoniaXTI,  the  mohidou 
hid  never  bappeued.  • 


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^3  h'ùnmùn  ptnuooB 

Les  mécoDtents  avaient  moins  d'abandoD  k  Végard  de  Manéna,  qat 
pourtant  restait  au  fond  républicain  de  principes  et  d'intérêts;  1r 
ennemis  de  l'empereur  savaient  que  ri  Masséna  était  admirable  sor 
les  champs  de  bataille,  il  manquait  de  tftte  et  de  courage  dans  les  rap- 
ports  habituels  de  la  vie.  L'homme  civil  faiblissait  ;  puis  il  avait  tue 
si  grande  avidilé  dans  le  caractère  1  on  pouvait  toujours  le  prendre 
par  la  rapacité  ;  Napoléon  savait  son  faible,  et  il  lui  livrait  un  pays  i 
discrétion  ;  k  Masséna  les  diamants,  les  ch&sses  de  saints,  les  aotdi 
d'or  ;  l'Italie  dépouillée  s'en  souvenait.  Avec  ce  besoin  de  ricbesws. 
iin  général  se  fût  difficilement  placé  dans  une  situation  délicate  i 
l'égard  de  Napoléon  qui  le  comblait  de  biens  ;  au  cas  d'une  rënssitF 
du  parti  républicain,  Masséna  se  serait  dévoué  à  un  nouvel  ordre^ 
d'idées  avec  enthousiasme.  Et,  qui  l'aurait  dit?  Murât  aussi  était  une 
espérance  pour  les  mécontents;  non  point  qu'on  pût  le  séduire  par 
les  principes  d'un  républicaninne  austère,  chaste  divinité  sans  or«- 
ments,  sans  aigrette  scintillante  ;  mais  souvent  Napoléon  avait  blesic 
Murât,  susceptible  et  vaniteux.  Roi  de  Naples,  Murât  conservait  ivec 
Fouché  des  correspondances  intimes,  dans  lesquelles  on  se  plaîgiiflil 
mutuellement  de  l'empereur.  Murât,  faut-il  le  dire  ?  se  croyait  appelé 
dans  l'avenir  i  succéder  À  Napoléon  dans  le  gourem^nent  de  la 
France. 

Au  sein  même  de  l'armée  active,  il  y  avait  une  oppoiitioo  vive  ^ 
profonde  contre  Napoléon  ,  surtout  dans  les  officiers  des  rangs  de 
capitaine  à  colonel.  Si  l'on  excepte  quelques  jeunes  élèves  des'écolo 
militaires,  ces  braves  et  dignes  ofDciers  regrettaient  les  idées  répu- 
blicaines, ils  avaient  sucé  le  lait  de  cette  forte  nourrice,  die  lesanit 
pris  au  berceau,  pour  ne  les  quitter  qu'à  la  mort  sur  le  champ  de 
bataille  ;  non  point  qu'on  doive  ajouter  une  foi  entière  aux  rfcifs 
exagérés,  h  la  légende  de  la  société  mystérieuse  des  Pkiladelfha, 
sous  le  colonel  Oudet  ;  cette  légende  exprime  plutôt  une  situation  des 
teprits  dans  l'armée  qu'une  association  active  et  con^iratrtce  '  ;  il 
existait  une  opposition  vigoureuse,  un  parti  républicain,  qui  voyait 
avec  un  sentiment  chagrin  l'esprit  et  la  direction  de  l'empire  ;  on  se 
communiquait  ses  idées  ;  les  officiers  supérieurs,  les  colonels  du  temps 
de  Sambre-et-Meuse,  d'Italie  et  d'Allemagne,  désiraî^t  voir  dispa- 

^  Pluskurs  brochures  ont  été  écrites  sur  les  philedelphes  et  te  ^néral  (Judct.  Au 
^OomeciccmcDt  delà  rtsiauraiionoaH  permit  Lien  des  romans  en  hiswire. 


îdbyGoOgIc 


APKÈS  UBS    ÉVÉIŒHBNTS    DE   BATORSE.  253 

rattre  ces  {déférences  accordées  par  Napoléon  aux  jeunes  hommes  de 
famille  entrant  à  peine  dans  la  carrière  ;  les  vieux  capitaines  qui 
avaient  conquis  ]es  épaulettes  d'or,  et  cette  croix  attachée  à  leur  poi- 
trine et  baptisée  par  leur  sang,  devaient  prouver  de  la  douleur 
loreque  de  jeunes  pages  arrivaient  avec  la  même  épaulette,  le  même 
grade.  Mais  td  était  l'ascendant  de  Napoléon,  que  lorsqu'il  paraissait, 
ofSciers  de  fortune,  nobles  jeunes  hommes,  tousse  groupaient  égale- 
ment autour  du  drapeau  pour  le  saluer  et  en  défendre  les  aigles.  La 
police  militaire,  très-bien  faite,  savait  trier  les  bons  et  les  mauvais 
régiments  moins  dévoués  h  l'empereur;  les  uns,  en  dehors  de  la 
grande  armée,  se  battaiait  loin  de  César  dont  ils  n'adoraient  pas 
l'image  :  qu'importe?  ili  cueillaient  des  palmes  pour  la  patrie,  l'idole 
de  la  forte  génération. 

Cette  opposition  de  l'armée  était  plus  redoutable  pour  l'empereur 
que  les  caquetages  de  salon  et  les  mouvements  intimes  de  l'opinion 
publique,  auxquels  pourtant  il  prétait  une  attention  mécontente  ;  la 
statue  de  bronze  s'inquiétait  des  coups  d'éventail.  Les  partis  étaient 
presqne  usés  ;  la  république  avait  encore  quelques  partisans  secrets, 
ses  Gis  les  plus  exaltés  étaient  exilés  loin  du  théâtre  des  événements 
politiques  ;  la  police  les  survâtlait  avec  une  ténacité  fatigante,  eUe 
n'épargnait  personne  ;  grand  nombre  de  démocrates  ralliés  siégeaient 
dans  les  conseils,  et  les  incorrigibles  étaient  dispersés  au  loin  dans  les 
provinces.  Barras,  le  plus  hardi  de  tous,  quittait  Bruxelles ,  et  pour 
toute  grâce  il  obtenait  de  Fouché  d'aller  résider  au  midi  de  l'empire  ; 
il  acquit  alors  le  ch&teau  des  Eygalades,  douce  demeure  à  deux  lieues 
de  Marseille,  admirable  résidence  aux  belles  cascades  de  Provence 
qui  coulent  sur  la  montagne  ;  là,  vieil  épicurien,  il  vivait  entouré  de 
sa  meute  bruyante,  comme  à  Groshois  ;  proconsul,  directeur,  exilé, 
c'était  toujours  le  gentilhomme  aux  mœurs  faciles  du  xtiii*  siècle  ; 
haineux  contre  Bonaparte,  il  était  le  centre  secret  de  beaucoup  de 
mécontents  qui  venaient  écouter  les  invectives  du  directeur  blasé 
contre  Bonaparte  et  Joséphine.  Barras  avait  peu  de  mesure  deiw  ses 
mots  ',peude  précautions  dans  ses  souvenirs;  le  conventionnel  Ilii- 
baudeau,  préfet  des  Bouches-du-BbAne,  son  ancien  collègue  au  temps 


>  U  tnt  soaTient  d'avoir  éié  conduit  tnbat  bu  cbiteau  des  EjgalidN  ;  ua  de  mM 
parents,  imi  de  Britbs,  7  porta  un  toist  du  sonTerain,  ce  que  je  ne  comprenais  pas 
Irèe-bicD  alor^;  pour  eux,  ce  Gouverab,  c'était  le  peuple. 


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354  l'oMMioa  KSUQirB 

de  Bobeq>ierre  »  le  iDéiiBgeait  un  peu  dusses  npports.et,  exée»- 
Unt  les  ordres  de  l'empereur,  il  bc  disait  pas  tout  ce  qu'os  lui  np- 
portiit  des  propos  imprudents  de  Berrss.  En  résumé,  à  Paru ,  dus 
rtraiée  comDK  eu  proviDce,  il  eAt  été  difficile  de  troaver  au  point 
d'eppui  pour  un  mcavement  jacobin  de  qudqoe  importance  ;  les 
branches  de  ce  gr^nd  arbre  étaient  vivemeot  secouées  ;  la  vaste  aaso- 
dation  étendait  néanmoins  ses  rameaux  partout,  on  tntuvait  debout 
les  témoi^iages  <ta  sa  Torce  ;  les  mmun,  les  fonnes  jacobines,  se  reo- 
contraient  dans  le»  basses  claeKS  de  la  société  ;  chaque  prorioce  arait  les 
rq)ré3entanta  de  cette  énergique  opinion  qui  se  retrou¥erait  à  t^npe. 

Les  royalistes  n'avaient  j4us  que  quelques  sskms  k  Paris  qui  leur 
restaveot  fidèles  ;  les  nouveaux  (mncipes  que  Napoléon  faisait  péné- 
trer dans  son  gouvernement  caressaient  leurs  idées;  le  voyant  créer 
nae  monarchie  forte,  la  plupart  y  veoaieut  de  grand  cœur,  parce 
qu'Us  avaient  toujoun  besoia  d'un  gouvernement  [^otecteur  ;  l'aris- 
tocratie graadissait  bous  son  impulsion,  la  {vopriété  se  groupait  en 
masM  dans  les  maiM  des  anciens  tibilaires ,  les  poMeaseurs  de  fieb 
recouvraieBt  leurs  biens,  leurs  domaines,  et  quand  un  gouveroraKut 
se  trouve  ceoHntruit  sur  de  fortes  bases,  rarement  les  classes  Anées 
font  de  l'opposition.  Que  pouvaient  désirer  les  royalistes  7  Les  idéfs 
de  Louis  XIV  :  et  Nap(déon  avait  reconstruit  le  Veiuilles  de  leun 
jeunes  années,  la  cour  SMOptueuse,  l'étiquette  du  palais  dans  tout 
ce  qu'elle  avait  de  pompes  et  de  cérémonies.  ScuIemMit  la  païUe 
moqueuse  des  g^itilsbommes  sa  déclarait  contre  les  parvenus;  en 
s'était  conservé  cette  eousolatioa  après  tant  de  dii^4ces  :  c'était 
ntoies  de  la  raillerie  contre  l'empereur  que  contre  ces  races  arrivées 
de  loin  ou  de  bw  qui  eiUouraient  aa  penonne.  La  bonne  comp^nie 
Taisait  la  guerre  à  la  mauvaise,  quoi  d'extraordinaire  T  et  tout  cela 
hmocemmoit,  par  da  mots,  par  des  épigiamnee,  qui,  jetés  par  %urt- 
quee  bouches  de  joUes  femmes,  rrtmliwnirnl  àat»  le  faubourg  Saiutr- 
G«main  et  nu  dehors. 

L'bfttel  de  nuMlame  de  Luynes,  où  brillaient  madame  da  Cbevrense  * 
et  M.  de  Narbonne  alors  à  la  mode,  recevait  quelques  personnes  delà 
société  impérialiste.  M.  de  Narbonne,  intermédiaife  entre  l'ancienM 

■  Hadame  Junol  ne  peu!  se  dissEmuler  que  madame  de  Laynis,  tout  cd  !■  Iraitsni 
tniee  une  eiqulse  polilessc,  jela  uu  petit  sourire  quand  M.  de  NarboQne  la  prCarnla 
romme  gouvernante  de  Paris;  je  suis  sût  que  madame  de  Luja^  duii  ses  nicui 
Muvcnirs,  prtt  madame  Junot  pour  maduie  de  BrisMc. 


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APBÈa   LES  iTÂHBHBlCIS   DE  BATONNB.  255 

et  la  nouvelle  cour,  senait  d'introducteur  ;  il  u'avait  pas  pris  de 
senice  oicore  suus  Napoléon  ;  il  vi?ait  à  Paris  dans  la  meilleure 
compagnie  ;  un  peu  compromis  par  la  constituante  et  la  légi^tive,  il 
était  UD  des  gentilshommes  amis  de  madame  de  Staël,  ^ui  se  couso* 
laient  de  la  perte  de  leur  rang  par  quelques  mots*  légères  piqûres, 
mais  cuisaotca  pour  de  si  incroyables  fortunes.  Le  duc  de  Narboone* 
Lara,  officier  disliogué  déjà  sous  Louis  XV,  avait  été  ministre  sous 
Louis  XYI  ;  &  plusieurs  reprises  M.  de  TaUeyraod  avait  voulu  l'asso- 
cier i  l'empire,  et  le  duc  de  Narlwnoe,  jusqu'alors,  comme  le  vicomte 
Mathieu  de  Montmorency  et  le  comte  de  Sabran,  restait  fidèle  h  la 
société  de  madame  de  Staël  ;  plus  tard  il  suivit  l'entrataerneot,  et 
officier  d'ordonnance  de  l'empereur,  il  Qt  campagne  à  56  ans.  Lui, 
duc  àe  Narbonne-Lara,  reçut  le  titre  de  comte  de  l'empire  d'après 
le  nooreau  statut  de  Napoléon  *,  objet  de  faut  de  nuiqueries  de  h 

'  Ce  fol  1  celte  époque  qu'on  Su  pu  un  déerel  les  maionts  ;  ntd>me  de  StaSI  sa 
moqua  du  nouYcan  DoMts  et  êe  hnr  stttat.  Une  multitude  d'^graimncs  Tinrent 
de  Coppet.  Au  Teste  il  ;  BT«U  sujet  k  raiHHiCk  Voici  la  boM  de  cette  nonvdle  ooblesw, 

«  1.  Le*  titulaires  des  grandes  dignités  de  l'onpire  porieront  1«  titre  de  princ»  et 
i'alteu»  lérénUiimt. 

■  S.  Les  flb  alnis  des  grands  dignitaiMa  anrant  de  droit  le  titra  de  litie  de  Vtmpirw. 
lorsque  leur  pèra  aura  institué  en  leur  fareur  un  majorM  ptoduiWBt  MO.OOO  fr,  do 
raremi.Ce  litre  el  ce  majorai  seroM  traMmlssiblee  k  leur  descendance  directe  et 
Ugitime,  naturdle  ou  adopllf  e,  de  mâle  en  mile,  et  par  ordre  de  primogteiture. 

>  3;  Lci  grands  dignitaires  pourront  instiUier ,  pour  leur  fib  atai  ou  polnè,  des 
niaiorata  aniqoelsseroirt  attachés  des  titres  de  eoMt»  ou  de  toroa,  eulTOMlts  eoi^ 
ditioBi  déterminées  ci-après. 

•  4.  Nof  ministres,  les  sénateura,  nos  conseiners  d'£t«t  k  Tie,  hn  préaidenls  du 
corps  lé^slalif,  les  archeTéques,  porleronl  pendant  leur  tIc  le  titre  de  comte.  Il  len* 
sera  à  cet  effet  déllrré  des  lettre*  psteutes  seetîées  de  notre  grand  sceau. 

>  S.  Ce  titra  sera  Iransmissible  k  la  deseendance  directe  et  Mf  Iiîbm,  naturelle  o« 
adoptive,  de  mile  eo  mile,  par  ordre  de  primogéniinre,  de  cdul  qui  en  aura  été  M- 
Téta;  et  pour  hs  archeviques,  kedui  de  leurs  neveux  qu'ih  auront  choisi,  ensepri- 
senlXDl  deranl  le  prince  BrcbichanceKer  de  l'empin,  aln  d'obtenir  k  cet  effet  nos 
lettres  patentes,  et  en  outra  aui  conditions  suivantes  : 

■  S.  Le  titulaire  justiBera,  dans  les  formes  que  nous  réservons  de  déteminer,  d'an 
terenn  net  de  30,000  fr.,  eu  biens  de  ta  nalura  de  ceni  qui  dtrront  entrer  dans  h 
forma  lion  des  majorais.  Un  tiers  desdits  biens  aéra  affecté  k  la  dotation  du  titra  meit- 
lioDBé  dans  l'article  4,  et  passera  avec  lut  sur  toutes  les  tètes  où  ce  titra  se  htn. 

>  7.  Les  titulaires  mentionnés  en  l'article  i  pourront  inaUtner,  en  Faveur  de  ionr 
t3s  «Iné  ou  puîné,  un  majorai  auquel  sera  attaché  le  titra  de  taron,  suiTant  fn  condi^ 
tions  déterminées  ci-aprée  : 

D  8.  Les  présidents  de  nos  collèges  électoraux  de  dépertemenl,  le  premier  pré^-. 
dent  et  le  procureur  général  de  notra  cour  de  cassation,  le  premier  président  et  Iq 
procureur  général  de  uotra  cour  des  comptes,  les  prendeisprésidenU  U  les  proeu^ 


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2M  l'OPUIOH  rCHJQDK 

part  de  nuidame  de  Staël.  Ce  changement  si  nouveau  dans  fesprit 
des  blasons  de  noblesse,  Louis  XVIII  ne  pouvait  se  l'expliquer;  on 
doc  qui  devenait  comte  était  pour  lui  l'imposable. 

C'était  curieux  à  voir  que  cette  lutte  entre  la  police  de  Napoléon 
et  l'esprit  de  madame  de  Staël  ;  Corinne,  à  peine  imprimée ,  avait 
produit  une  vive  et  proronde  sensation  ;  en  vain  l'empereur  tout-puis- 
sant avait-il  cherché  k  obtenir  quelques  phrases  d'éloges  dans  le  tivre 
de  madame  de  Staël,  il  avait  subi  un  rerus  obstiné  ;  aussi  Corinne  fnt- 
etle  vivement  attaquée  par  tous  les  journaux  qui  exprimaient  les 

reun  géuéraui  àt  nos  codts  d'appel,  les  ivCqnea,  les  maim  des  irenu-Mpi  bonne 
Tiilrs  qui  ont  droit  d'assisttT  i  noire  couronnemeDl,  porteroni,  peodaDt  leur  lïe,  If 
titre  de  baron,  HToir  :  1m  présidents  des  coll^fta  élecioT*ai,  lorsqu'ils  surout  pré- 
sidé le  collée  peDdmt  Irois  mmIods  ;  le*  premiers  présidents,  proenram  généraui 
et  msires,  lorsqu'ils  «uront  dit  ans  d'eiercicc,  et  que  les  uns  et  les  salies  nront 
rempli  leurs  fooetions  à  notre  MtiBfsctloD. 

B  0.  Les  dispositions  des  articles  0  et  6  seront  applicables  i  ceux  qui  portaoni. 
pend«Dt  leur  vie,  le  litre  de  baron;  uévonioins  ils  ne  seront  tenus  de  justiGcr  que 
d'un  rtienu  de  IS.OOO  tt.,  dont  le  tiers  sera  affecté  i  1»  dotation  de  lenr  titre,  M 
pasfcr*  avec  lui  sur  toutes  les  léleaoii  ce  titre  se  Siéra. 

B  10.  Les  membres  de  nos  coUégis  électoraux  de  département  qui  auront  asàsté 
i  trois  sessions  des  collèges  et  qui  auront  rempli  leurs  fonctions  i  notre  satisfaction, 
pourront  se  présenter  devant  l'arehicbancelier  de  l'empire,  pour  demander  qu'il  nous 
[iltife  de  leur  accorder  le  titre  de  toron;  mais  ce  titre  ne  pourra  être  transmissiUr 
i  leur  descendance  directe  et  Itfitime,  naturelle  ou  adopiire,  de  mile  en  mile  tt 
par  ordre  de  primogéniture,  qu'autant  qu'ils  justlBeronl  d'un  menu  de  IS.flOO  b. 
de  rente,  dont  le  tiers,  lorsqu'ils  auront  obtenu  nos  lettres  patenta,  demeuren 
affecté  i  la  dotation  de  leur  titre ,  et  passera  arce  lui  sur  toutes  les  Xèin  où  il  se 
Biera. 

B  11.  Les  membres  de  la  L^ion  d'honneur  et  ceux  qui,  i  l'aTenir,  obtioidroot 
celle  dîilincliOQ,  porteront  le  titre  de  chevatitr. 

»  13.  Ce  litre  sera  transmissible  à  la  descendance  directe  et  légiiime,  natureUr 
ou  adoptite  de  mtle  en  mile ,  par  ordre  de  primogéniture,  de  celui  qui  en  aura  été 
rcTétu,  en  se  présentant  devant  l'archichancelieT  de  l'empire,  afin  d'obtenir  k  tel 
effet  no*  lettres  patentes,  et  en  justifiant  d'un  revenu  net  de  3,tN]0  fr.  au  rooins. 

>>  13.  Nous  nous  réservons  d'accorder  les  titres  que  nous  jugerons  convenablv 
aui  généraux,  olBciers  civils,  préTets  et  militaires,  et  autres  de  nos  sujets  qui  se 
«M'ont  distingués  par  les  services  rendus  k  l'État. 

B  14.  Ceux  de  nos  sujets  k  qui  nous  aurons  conféré  des  titras,  ne  pourront  porter 
d'autres  armoiries,  ni  avoir  d'autres  lirrées  que  celles  qui  seront  éooncéesdaostts 
lettres  patentes  de  création. 

>  15.  Défendons  à  tous  nos  sujets  de  s'arroger  des  titres  et  qualiGcations  que 
nous  ne  leur  aurions  pas  conférés  ;  et  aux  oDiclers  de  l'état  civil,  notaires  et  antres, 
de  les  leur  donner  ;  renouvelant,  atilant  que  besoin  serait,  contre  les  coatrerenanl!, 
h*  1<^  actaelleineni  «n  viguenr. 

>  NATOLéon.» 


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APRiS  LES   BViNEXENTS  DS   BAXONNB.  357 

opinious  du  gouvernement  impérial  ;  le  succès  de  l'œnvre  n'en  fut 
que  plus  étendu  ;  madame  de  Staël  devint  le  poiat  de  mire  de  la  presse 
européenne.  Elle  s'était  posée  à  Rome  au  sein  du  corps  diplomatique  ; 
visitant  Vienoe  dans  l'biver  de  1S07,  elle  assista  à  ce  carnaval  autri- 
chien ,  si  fou  toujours,  triste  un  peu  cette  année .  car  la  monarchie 
avait  tant  perdu  après  Austerlitz  1  Madame  de  Staël  réveilla  les  espé- 
rances ;  elle  promit  de  faire  conoattre  l'Allemagne  au  monde ,  avec 
ses  poètes,  ses  prosateurs;  Schiller,  Goethe,  Wieland,  Kotzebiie, 
l'avaient  si  puissamment  grandie  !  B^le  se  lia  avec  tout  ce  que  la  patrie 
allemande  avait  d'esprits  généreux  ;  pleine  d'admiration  pour  la  reine 
de  Prusse  et  ces  princesses  Qères  qui  osaient  résister  à  Bonaparte,  ce 
fut  à  Vienne  pour  la  première  fois  qu'elle  donna  à  cet  empereur, 
devant  lequel  l'Europe  s'agenouillait,  le  titre  de  Robespierre  à  ckevtU, 
mot  profond  qu'on  peut  interpréter  dans  un  sens  mystique  pour  expli* 
quer  cette  grande  vie.  Robespierre  fut  le  symbole  du  comité  de  salut 
public,  l'expression  la  plus  énei^que  delà  dictature,  et  Napoléon 
mit  le  premier  cette  révolution  &  cheval  pour  lui  assurer  la  domination 
du  monde.  La  dictature  de  Robespierre  reposa  snr  la  terrible  loi  du 
salut  public,  celle  de  l'empereur  sur  la  conquête. 

Le  voyage  de  madame  de  Staël  en  Allemagne,  nouveau  triomphe, 
ne  fut  point  étranger  bu  mouvement  qui  ébranlait  le  sol  contre  la 
domination  française  ;  dans  le  bel  été  de  1808,  elle  vînt  habiter  Coppet, 
sur  le  lac ,  où  elle  reçut  grande  compagnie  ;  on  y  jouait  la  comédie , 
le  drame,  et  chacun  s'empressait  &  plaisir  d'y  prendre  un  rAle  pour 
plaire  à  la  ch&telaine  ;  Benjamin  Constant,  époux  alors  d'une  parente 
du  prince  de  Hardenberg ,  vivait  au  milieu  de  cette  société  d'élite  ; 
issu  d'une  excellente  famille  de  réfugiés ,  plein  de  douceur  et  de 
faiblesse  de  caractère ,  Benjamin  Constant  s'était  voué  à  madame  de 
Staël  ;  son  récent  mariage  avait  un  peu  affaibli  les  liens  qui  l'unissaient 
à  Corinne  ;  il  n'en  fut  pas  moins  parmi  ses  plus  chauds  amis  et  ses 
admirateurs  les  plus  ardents.  Là  venaient  toujours  le  vicomte  Matfaieu 
de  Montmorency,  Schlegel  qui,  expliquant  l'AUemogne  par  la  critique 
la  plus  élevée ,  commençait  son  cours  de  littérature  enthousiaste. 
M.  de  Sabran  restait  fidèle  à  la  société  de  Coppet,  qu'il  réjouissait  de 
ses  madrigaux  à  pleins  d'esprit;  l'historien  M.  de  Sismondi,  qui 
achevait  son  travail  sur  les  républiques  d'Italie  ;  puis  quelques  anciennes 
amies  de  madame  de  Staël,  et  parmi  toutes  madame  Récamier,  célé- 
brité h  la  mode  sous  la  fin  du  directoire  et  pendant  le  consulat;  sa 


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25&  L'onnion  pviliqob 

beauté  faisait  M  paisunce,  et  tTcc  cela  une  bonté  de  eœnr,  m 
déToneraent  de  caractère  et  le  ton  rare  de  la  botuie  compagnie,  qai 
souvent  remplace  l'esprit;  madaBte  de  Staël  disait  qu'elle  svaittrooTé 
cmnine  Voltaire  sa  belle  et  bonne.  Or  l'empereur  a'aimgit  pas  la  bui- 
tfme,  et  M.  Kécamier  était  banquier  ;  il  s'aimait  pas  les  feraoKS  gui 
faieaieot  parler  d'elles,  et  la  renommée  célébrait  madame  Béumier. 
Elle  appartenait  à  cette  société  de.  madame  Tallieo,  que  Kapoléon 
avait  prise  en  antipathie  ;  elle  s'était  placée  i  la  suite  de  madaioe  df 
Staël ,  dans  les  salons  opposaDte,  avec  Daunoa ,  Gin^wiié ,  Chéaier, 
Benjamin  Constant  au  temps  du  tribunat.  et  après  l'exil  de  h  ooblr 
ch&t^ne ,  madame  Récamier  avait  conser>'é  la  supériorité  d'un 
femme  gracieuse  entmirée  d'hommages.  Son  saloo  fut  nue  sorte  de 
succursale  de  celui  de  madane  de  Staël,  une  succession  rapetîssée  ;  oa 
venait  voir  madame  de  Staël  pour  son  esprit,  madame  Kécamier  pour 
ses  souvenin  de  femme  et  ses  manières  d'un  t«nps  historique  :  autoar 
de  madame  de  Sta^  il  y  avait  nne  société,  avtour  de  madanie  Hia- 
iBier  des  coteries  ;  telle  est  un  peu  la  décadence  de  toute  chase  dn 
grand  au  petit  *. 

A  Goppet  c'était  un  cliquetis  de  mots  brillants,  d'épigninmct 
acérées  ;  chaque  jour  oa  attendait  le  réveil  de  l'oracle,  des  diseertatioœ 
Utléraires,  des  compositions  lues,  des  fragmeota  récités;  piss  des 
jugements  sur  l'Europe,  sur  les  bcHomes  d'État  des  cabioeta  ;  td  éuit 
le  passe-temps  au  bord  du  beau  lac  ;  madame  de  Staël  conftibui, 
I^us  qu'on  ne  croit,  à  donner  un  caractère  européen  à  lasociétéd'alors; 
elle  Qt  connaître  les  nations  et  les  peuples  de  l'Italie  et  de  rAllenuene; 
eimentant  la  frateniisetiofi  des  iatelligences ,  elle  prépara  le  noute- 
ment  de  1813 ,  et  en  ceci  l'empereur  vit  une  f^te  oppositioo.  L'en- 
thousiasme  de  la  liberté  respirait  daus  les  ouvrages  de  nidiDie  de 
Staël ,  aile  de  >ecker,  sorte  de  madame  Roland  pour  le  diiectoiie 
qu'elle  avait  quelquefois  dominé.  On  doit  remarquer  le  rapprocliement 
qui  s'opéra  dès  lors  entre  le  parti  royaliste  et  les  opinions  de  la  consti- 
tuante que  représentait  madame  de  Staël.  Louis  XYill  avait  tesdancc 
pour  ces  idées  ;  il  avait  l'instinct  que  par  dles  la  restauraliou  s'opére- 
rait ;  et  c'est  un  point  d'histoire  qu'il  ne  faut  pas  omettre.  Madainp 
de  Staël  travaillait  avec  iotdUgence  à  la  deatroctioa  de  Booaparte; 


'  Madime  Bécamier  était  etle-iDême  som  la  surTeiDance  de  hfotice;\'tttiV' 
liera  était  ud  crimo,  an  nolif  de  s 


îdbyGoOgIc 


Anis  LES  ÈvÉrmmsins  m  batosiœ.  359 

«t  te  reetmstnictieD  des  idées  constitutîniDeDes  était  na  thème  qol 
plaisait  k  Louis  XVIII.  Dès  lore  on  se  rapprocha,  par  des  correspoiH 
dances  ;  le  vicomte  Mathieu  de  Hootmtveiiey  se  chargea  de  Gommu- 
oiquer  avec  le  roi  ;  M.  de  Taileyrand  hiï-méiDe,  toujours  en  rapport 
stec  DMdame  de  Staël,  se  servit  de  l'intermédiaire  desm  salon  poar 
se  mettre  eu  rapport  avec  le  grand  aumAnier  H.  de  Talleyrand-Péri- 
gord,  son  oncle  ;  on  jeta  les  premières  bases  d'un  plan  qui  pourrait 
préparer  les  chances  de  la  maison  de  Bourttou  par  ta  restauration  et 
use  diarle  CMistitutionnelle  fondée  sur  les  |Mincipes  de  1791; 
Louis  XVllI  écrivit  bien  des  billets,  de  sa  tonte  petite  écriture,  à  lu 
société  de  madame  de  Staël  ;  on  discuta,  iHi  disserta  sur  la  possibilité 
d'une  restauration  libérale  par  un  sénat  et  le  corps  législatif  :  ou 
opposerut  ainsi  la  liberté  à  la  dictature,  une  constitution  anglaise  au 
despotisme,  le  peuple  anx  prétoriens,  la  paix  à  la  guerre,  le  crédit  à 
la  violence,  un  parlement,  une  tribune,  à  des  pouvoirs  muets,  un 
système  européen  et  commercial,  aux  décrets  de  Berlin  et  de  Milan, 
«a  bkKnw  coatioental. 

Tontes  ces  négociations  prirent  oo  aliment  nouveau  à  k  suite  des 
événements  de  Bayonne  ;  il  y  avait  là  de  justes  sujets  de  déclamation. 
Après  Aosterlitz  et  léna  on  cherchait  en  vain  à  flétrir  la  gloire  si  pore 
de  l'empereur  ;  l'opposition  était  difficile  ;  mais  ici  comUen  de  sujets 
doi  plainte  t  combien  de  motifs  pour  justifier  l'irritation  des  espritsi 
Napoléon  sait  la  portée  que  peuvent  avoir  ces  mécontentements  ;  aussi 
revient-il  à  Paris  pour  donner  plus  d'énergie  à  son  gouvernement 
politique.  Rien  ne  fut  plus  spontané ,  plus  beau ,  que  son  retour  de 
Bayonne  à  la  capitale  ;  quel  prestige  dans  cette  puissante  physionomie, 
il  avait  fait  de  si  grandes  choses  ;  les  événements  de  Bayonne  étaient 
à  pdne  connus,  les  arcs  de  triomphe  marquèrent  sa  route.  Bordeaux 
même ,  qui  avait  tant  perdu  par  le  système  continental ,  voulut 
témeigaer  toutes  ses  joies ,  toutes  ses  espérances  ;  à  Périgueux ,  è 
Tours,  dans  la  Voidée  même ,  dea  gardes  d'honneur  furent  sponta- 
nément formées,  et  les  familles  les  plus  riches,  les  plus  dévouées  aux 
BourtH>B8  prirent  part  à  ces  fêtes  militaires  offertes  au  souvemtn. 
Napoléon  avait  beaucoup  fait  pour  la  Yeudée  ;  le  se  levaient  des  villes 
oA  naguère  tout  était  en  ruine  ;  des  routes  s'ouvraient  au  milieu  des 
campagnes  ravagées  ;  la  Vendée  avait  ses  preritytères ,  ses  prêtres , 
ses  autels.  Ces  bienfaits ,  elle  les  devait  à  un  seul  homme  ;  Napoléon 
se  montra  partout  digne  de  lui-même,  et  ses  harangues  courtes  et 


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360  L'opiinoH  FtnuQVB 

rigniBcatires  annonçaient  des  grandenn  inelTables  pour  li  pitiîe 

commune. 

A  PaiïB,  l'empereur  trouva  l'oinnion  plus  gâtée;  c'était  le  centre 
des  intrigues,  et  les  partis  viraient  dans  une  8[riière  mieux  instruite 
de  ses  desseins  et  sous  l'impression  des  mécontentements  publics.  Soit 
qu'il  étudiât  sa  propre  cour,  soit  qu'il  pénétréit  l'esprit  de  l'année  ou 
du  peuple,  il  vit  qu'il  fallait  le  rattacher  les  opinions  et  les  osais  par 
des  mesures  populaires,  par  un  plus  grand  éclat  jeté  snr  les  services 
rendus.  Un  des  actes  qui  avaient  le  plus  blessé  ses  compagnons  de 
gloire ,  c'était  l'élévaUon  de  Murât  à  la  royauté  de  Naples  ;  le  beau- 
frère  de  l'empereur  allait  prendre  un  sceptre  que  les  vieux  maréchaux 
méritaient  plus  que  lui  ;  qu'aliait-on  faire  pour  les  braves  troupes  qui 
avaient  accompli  tant  de  merveilleuses  choses  et  pour  ces  généraux 
qui  avaient  servi  avec  tant  de  dévouemeut?  Les  oubliera-t-oa  après 
Austerlitz,  lénaet  Friedland? 

Par  la  circonscription  des  nouveaux  États,  l'empereur  s'était  résené 
dans  l'Istrie,  la  Dalmatie,  l'illyrie,  la  disposition  de  grands  6^  et  de 
menus  allodianx  dont  il  put  créer  des  majorata  pour  récompensa 
les  services.  Or  ce  fut  au  retour  de  Bayonne  que  l'empereur  Napoléon 
disposa,  en  faveur  de  ses  généraux,  de  ses  titres  de  duché ,  de  Cfflnté 
on  de  baronnie';  dès  la  campagne  d'Jéna,  il  avait  créé  le  viem 
Lefebvre  duc  de  Dantsig  ;  maintenant  tous  les  maréchaux  reçurent 
le  titre  d'un  duché,  excepté  Brune  et  Jourdan  qui  gardèrent  l'emprunte 
républicaine  *.  Moncey  fut  duc  de  Coo^liano;  Masséna,  doc  de 

'  Ces  pronoiions  de  rois,  de  princes,  de  gouTcrneurs  généraui,  de  ducs,  se  tû- 
nient  par  de  simples  messages  ;  voici  des  exemples  de  ce  saDB-racon  iinpMil  : 

s  Sénateuis,  nous  avons  jugi  conTcotble  de  nommer  noire  beaa-rrtre,  le  prince 
Borghése,  i  la  dignité  de  gottuemnir  gtnéral,  érigée  par  ie  séntlus-^osulle  orga- 
nique du  3  du  présent  mois.  Xos  peuples  des  déparlemenls  audelàdesAFpes  recon- 
naîtront dus  la  création  de  cette  dignité  et  dans  le  choix  que  nous  aiOBS  tut  pour  la 
rempHr,  ootre  désir  d'être  plus  immédiatement  insimlt  de  tout  ce  qui  peut  Us  in- 
léresser,  et  le  sentiment  qai  rend  toujours  présentes  il  notre  pensée  les  parties  nfaiie 
les  plus  éloignées  de  noire  empire. 

»  En  noire  palais  impérial  des  Tuileries,  le  iS  firrier  1808. 

>  NapolAoh.  > 

t  S.  M.I.  etE.  acoDféréàS.A.  S.  le  prince  arehichancclierCanubacéTis,  )«>■»« 
de  duc  de  Parme,  el  celui  de  duc  de  Plaisance  t  S.  A.  S.  I«  prince  archilréscrier 

(Paris,  14  août  IMS.) 
'  Les  atlribnts  cl  le  coatame  des  nouveaux  nobles,  immédialement  fixés,  citi- 
laient  le  soarire  des  anciens  gentilshommes  :  leï  roici  : 
■  Lt  rorme  eilérieure  des  éctwone  el  des  on  emtcls  obliges  dont  se  compc  scrcnt 


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APBâS  LES   ivéKBHEBNS  DE  BATOKNB.  261 

Rivoli;  Aogereau,  dac  de  GastiglioDe;  Soult,  duc  de  D^matie; 
Mortier,  duc  de  Trévise;  Ney,  duc  d'Elchingen;  Davoust,  duc 
d'Auerstadt  ;  Bessières,  duc  d'Istrie  ;  Yictoir,  doc  de  BeRune  ;  Keller- 
mauD,  duc  deValnif .  Désormais  ces  illustres  cheK  des  armées  répu- 
blicaines dur^t  quitter  les  noms  plébéiens,  nobles  noms  qu'ils  avaient 
grandis  aux  temps  héroïques  et  pauvres  de  la  république  ;  ils  furent 
défigurés  par  les  titres  ;  il  fallut  une  étude  du  blason  pour  reconuattre 
ces  fils  de  la  démocratie  si  glorieux  lorsqu'ils  combattaient  les  rois  en 
Italie  ou  sur  le  Rhin.  Napoléon  fit  aussi  Harmont,  son  aide  de  camp 
chéri,  duc  de  Baguse  ;  legrand  écuyerCaulaîncourt ,  duc  de  Vicence; 
le  général  Junot,  duc  d'Abrantès  ;  le  grand  maréchal  Duroc ,  duc  de 
Frionl  ;  le  général  Savary,  duc  de  Bovigo  ;  et  le  général  Arrighi,  duc 
de  Padoue.  La  vanité  de  Cambacérès  dut  être  satisfaite ,  car  il  reçut 
le  titre  de  duc  de  Parme,  et  H.  Lebrun  subit,  en  souriant  d'une  rail- 
lerie philosophique,  celui  du  duc  de  Plaisance. 

Ces  titres  de  nouvelle  noblesse  furent  donnés  h  l'infini  ;  une  multi- 
tude de  généraux  de  division ,  les  archevêques ,  les  sénateurs  furent 
ccHDtes  ;  les  généraux  de  brigade ,  bariHis  ;  les  noms  furent  tellement 
défigurés  qu'on  n'y  reconnaissait  plus  rien,  i  ce  point  que  Monge ,  le 
6er  et  austère  membre  de  la  convention  aux  jours  difficiles ,  se  fit 
nommer  le  comte  de  Palute,  souvenir  de  la  campagne  d'Egypte.  A 
chacun  de  ces  fiefs  était  attachée  une  dotation  d'argent,  l'empereur 
en  était  prodigue  ;  la  conquête  avait  mis  dans  ses  mains  de  riches 
domaines  privés,  il  s'en  était  réservé  dans  le  Hanovre,  en  Westphalic, 
à  Naples ,  en  Italie ,  et  il  donnait  ces  revenus ,  ces  terres ,  ces  Qefs , 
aux  généraux  les  pins  distingués  par  leur  dévouement  ;  les  uns  obtln- 

f(«  anno  des  nouveiui  tiluUim,  Tient  d'Aire  arrêiée.  En  voici  Is  description 

•  Pattr  lei  due».  —  Toqoe  de  velours  uoir,  retrousséB  d'hcnnine,  avec  porle- 
«icccetle  d'«r,  soTOiontée  de  sept  plumes,  accainpafaées  de  sii  lambrcquias  d'or,  le 
tuut  entouré  d'un  manleau  d'aïur  doublé  de  vair. 

■  Pour  let  eomtu.  —  Une  bxpie  de  velours  noir ,  retroussa  de  contre-hermine 
■lec  poTie-iigrcue  d'or,  surmontée  de  cinq  plumes,  accompeB;néB5  de  quaire  Itm- 
hrequins,  les  deux  supérieurs  en  or,  les  deux  autres  ta  argeol. 

>  Pour  lei  barom.  —  Une  toque  de  velours  noir,  retroussée  de  eonire-vair,  avec 
porte-nigretie  eu  argent,  surmoDlée  de  trois  plumes,  aeconipagnvi.-$  de  deui  laitt- 
t  requins. 

M  Pour  Ut  ckevaliert.  —  Une  loque  de  velours  noir,  retroussée  de  sinople,  avcr 
'  p'>rle-Bigrelle  d'argent,  el  aigretl'^  de  m^me  mêlai,  a 

C«ci  tenait  nn  pen  au  cirque  et  aux  tLélLres  du  boulevard. 


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fiftS  L'oninoN  rcBUQxm 

rsDt  jusqo'À  140,000  francs  *  pris  sor  les  dépouilles  des  Gefk  et  des 
ibbayes  en  Allemagne  ;  sorte  de  dépoaiUement  du  clergé,  comme  «u 
moyen  ftge  quand  Charle&-Martel  donna  les  terres  cléricales  aux 
hommesd'armes.  La  friupart  des  marédtaux  reçoreat  un  bAtel  h  Paris, 

'  Èlat  du  domaine*  d«  Branour»  dùtrUntit  par  Hapolion  aux  gintram:i  m 
granât  fonctiotmaireâ  d*  l'empire. 

1°  Au  msTécbal  B«rlhicr,  prioce  de  Neufchitcl,  les  bailliages  de  Bla- 
tneiMa,  Coldeugen,  Ndbatg,  NicUingen ;  rerenn,  140,0M 

2°  Ào  prince  de  Ponte^kno,  Aoieo,  Grokiidv,  I^dein,  Oteeo, 
PoUe ,  iOO,0M 

3°  Ao  niBréchsl  Uorlier,  duc  de  Trévise,  partie  de  Blumenau,  Calcm- 
bCTg,  Coldengen ,  100,000 

4°  Au  grind  marédol  4u  pnliis  Duroc,  dac  deFrioal,  paitiedaKilie- 
bourg  «  SleinhorU,  M.OOO 

8°  Au  maréchal  Ney,  duc  d'Elcbiogen ,  Lauenboui^,  partie  de  Bine- 
bourg,  83.oai 

i'  Au  maréchal  Augerean,  doc  de  CaatiglloDe,  Keuham,  Bremoi», 
Wisclilafcn  on  KedkJDgCo ,  80,000 

7°  Au  maréchal  JUasséoa,  duc  d«  Rivoli,  partie  de  Hoga  et  de  Nien- 
bourg,  8M0O 

S°  A  M.  de  CaulaiDcouTt,  duc  de  Ticeoce,  partie  de  Harbourg  et  de 
Wlnseu  sur  la  Lube,  tl,O0a 

9°  Au  maréchal  DaToosi,  duc  d'Auerstadt,  partie  de  Hoga  et  da  Hien- 
bourg ,  00,Ue 

10°  Au  neréchal  BouH,  duc  de  Dalmatie,  partie  de  Hoga  et  de 
WtUcn,  SMM 

11°  Au  maréchal  LefehTre,  duc  de  Danixig,  Bergco,  Celle,  'Winscn  sor 
l'Aller,  SO,oa« 

12°  Au  prince  Lebran,  Wilbemsboni^,  autre  partie  de  Harboutg  et  de 
Wineea  sur  la  Lube,  m,Otm 

13<>  Au  maréchal  Lauoes,  duc  de  Hoolebelb,  aO^MO 

14°  Au  maréchal  Bessièrea,  80,000 

1S°  Au  général  Sébastiani,  40.000 

10°  Au  géuéral  Junot,  duc  d'Abtantès,  31,000 

17°  Au  général  Friant ,  90,000 

18°  Au  général  Bisson .  90,00» 

10°  Aux  géDéraui  Tleti»,  OudJLOt,  Salnt-Hilaire,  Girdine,  Guan , 
Caffarelli,  Dupas,  Lasalle,  Klein,  Boules,  Dorsenne,  Bapp,  Hnllia,  Drouet, 
Compans,  Gudin,  Verdier,  Bonnier,  Lacoste,  Morand,  Loison,  Wattier, 
Sainl-Bulpice ,  DvTosnd,  comte  Daru,  intendant  général,-  i  chacun 
2S,ÛOO,  «B&,oia 

48°  Au  neréchal  Uannant,  duc  de  Bagnae  ;  au  comte  Maret,  isiaiatre 
et  accréiaire  d'Ëiat  ;  au  conte  Fouché,  ministre  de  la  police;  an  comte , 
Dccrès,  minisLre  de  la  marine  ;  au  comie  Bégnier,  grand  ji^e  ;  au  eomle 
IfolUen,  ministre  du  trésor;  an  comte  Gandin,  ministre  des  fiances;  an 
comte  deChampagny,  ministre  desrelatioaGeitériKimB;  au  général  L*- 
taanois;  au  géuéral  Clarke,  miiôtra  de  la  guerre;  a«  ewita  Gralet, 


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APRÈS  VBS   ÉVÉNBHBNTB  DE  BATOHNE.         268 

dont  l'empereur  faisait  presque  toujours  les  frais  sur  sa  cassette  ;  il  le 
donnait  avec  les  manières  de  bon  maître  à  serviteur  Gdèle  ;  quand  i( 
savait  un  général  mécontent,  désintéressé  ou  pauvre,  avide  ou  avare , 
il  trouvait  aussitôt  un  moyen  de  le  calmer  ou  de  l'attirer.  Paris  vit 
reparaître  les  livrées  de  toute  espèce,  les  voitures  de  luxe ,  les  blasons 
de  mille  couleurs  ;  et  puis  dans  chaque  rue ,  sur  la  façade  d'un  grand 
hûtel.on  voyait  inscrit  en  lettres  d'or  :  HàUlde  M.  le  duc  de...  hôtel 
du  prince  de. . ,  avec  une  affectation  de  propriété  et  de  noblesse  qui 
avait  besoin  de  se  faire  connaître  et  constater.  Napoléon  mettait  par- 
tout ses  armes,  l'aigle,  les  abeilles,  à  Versailles,  à  Saint-Qoud  :  et 
cette  lettre  N  qui  entourait  tous  les  monuments  où  sa  main  avait 
passé  ;  ce  qui  tît  dire  spirituellement  &  Louis  XVIII  :  «  Que  Napoléon 
aurait  inscrit  volontiers  sur  son  chapeau  le  vera  de  la  Fontaine  :  Ceat 
moi  qui  mit  Guiîlot,  berger  de  ce  troupeau,  u 

Les  serviteurs  imitaient  le  suzerain  ;  peut-être  y  avait-il  un  motif 
dans  l'ordre  moral  :  quand  tel  fonctionnaire  nouveau  ou  tel  seigneur 
du  régime  impérial  habitait  l'ancien  hôtel  de  Montmorency ,  de 
Lnynes,  de  Luxembourg,  il  avait  besoin  de  faire  inscrire  sous  soa 
péristyle  qu'un  autre  propriétaire  était  venu  après  la  tempête  ;  I4 
révolution  française,  comme  une  des  grandes  invasions  du  vii°  siècle, 
avait  changé  l'état  de  la  propriété  en  France,  et  le  vieux  mattre, 
comme  le  pasteur  dépouillé  de  Virgile ,  s'asseyait  sur  le  sem"l  du 
manoir  de  ses  pères ,  un  bâton  blanc  i  la  main,  en  poussant  le  Aeu 
miser  t  des  lamentables  églogues  du  poêle  mantouan. 

mhriMre  de  l'iotMcor;  ■«  général  comte  Bwtnod  i  H  maréchalllMWvr. 
doc  de  CoaégBiBo  ;  au  maréchal  Périgoon  j  au  maréchal  Scrnuier  ;  au 
géaénl  HarcbanI,  au  comte  de  Ségur,  grand  maître  des  cérémaiiKS,  et  au 
général  Doponi,  tehacDD  20,000,  3M,O0O 

69*  An  général  Mouton,  au  général  BeflÎM^,  an  géoéral  SiTary,  an 
général  Lawisum,  i  chacun  U,000 ,  60,000 

tn<  Au  général  Becker,  U.OOt 

68°  Au  comte  fiegnault  de  9slnt-Jean^'Aogelr<  ministre  d'État,,  k 
H.  Beferamn,  k  M.  Laenée,  sa  général  Groochy,  au  général  Nansootf,  •« 
«omte  BigMde  Préameneu,  minisUe  de*  cultes;  à  chacun  lO^OOD,  100,000 


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HOOrBHBNT  INSUBMCnOnKEL 


CHAPITRE  Xï. 


■omiMKin  imuiiKCnonirai.  dk  i.  upuki  kt  en  roiTcau. 


Canclire  des  jantes  espagnoles.  —  Édit  de  Ferdinand  VII  pour  Ifnr  conTMitiai.— 
Premiers  mouTementsiasutrectionnels.  —  Tolède. — Sévillc  — Sj'sUnKdtjntui 
générales  el  panicalièree.  —  Forcée  militaireB.  —  ConTocatios  da  peupir.  - 
Démocratie  el  pair  ioiisme  des  roaines.  —  OrgaoimtioDdel'innirreciiaa.— Défin 
de  Josvph  de  Bajonne.  —  Composilion  de  son  miaisière.  —  Premiin  tatiillc 
contre  le  peuple  i  Médina  d«l  Rio-Sccco.  —  Entrée  à  Madrid.  —  VardwiniltUàr 
du  généra]  Dupont.  —  Plan  de  campagne  tracé  par  le  général  Savar;.  —  Inpi- 
den ces  et  fautes.  —  Pillage  de  Cordoue.  —  Cipilulalion  deBajIcn.  —  RtMili^ 
Joseph  sur  Vitloria.  — Junoti  Lisbonne. —  Pasilion  difficile,  -~  L'amiral  Sinii^. 

—  Refus  des  Russe».  —  Gouvernement  de  Jnnot.  —  Premiers  prèpVBlJ&  i1'>uk 
expédition  anglaise  contre  le  Portugal.  —  Ses  généraai.  —  Sût  Artbnr  WrDnItt. 

—  Hew  Dalrpople.  —  Débarquement.  —  BalaiUedeTimeiro.  —  ConMM^' 
Cintra.  —  Effet  moral  sur  les  armées. 


■ai  1  Hplinitin  1(08. 

L'oi^nîution  politique  de  l'Espagne  avait  cela  de  reourquable 
et  de  prévoyant,  que  lorsque  le  stigoeur  roi  s'absentait ,  il  se  fonnait 
immédiatement,  en  vertu  des  lois  fondamentales,  des  juntes  ooirïeu- 
lement  à  Madrid,  le  point  central,  mais  encore  dans  toutes  les  pro- 
vinces. C'était  là  un  des  avantages  de  ce  vaste  groupe  d'Etals;  le 
royaume  n'était  pas  tout  i  Madrid ,  et  la  monarchie  s'organiœil 
même  en  l'absence  du  monarque.  Cette  idée  venait  du  temps  difficile 
des  Mores  ;  alors  les  provinces  étaient  obligées  de  se  déreodre  ell^ 
mêmes,  de  saisir  le  glaive  pendant  la  captivité  de  leur  roi  i  Cordonf 
ou  i  Grenade  ;  ainsi  le  pouvoir  central  pouvait  disparaître  et  chaque 
localité  néanmoins  prendre  les  armes  pour  la  patrie.  ]1  y  avait  vingt 
nations  en  Espagne,  toutes  avec  leurs  privilèges,  leurs  coutume^, 
leurs  souvenir?,  leurs  couvents,  leurs  pèlerinages,  qui  semélaienll 
l'atTranchissement  du  sol. 


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DE  l'bSPAGNE   et   du  PORTUGAL.  205 

Ferdinand  VII  encore  à  Bayonne  avait  écrit  secrètement  à  des 
agents  chargés  de  répandre ,  sur  toute  la  surface  de  l'Espagne ,  ks 
fatales  résolutions  de  ces  maudiu  Français  envers  le  seigneur  roî  ; 
captif  aux  mains  de  Napol^n,  il  avait  exposé  aux.  Gdèles  provinces  * 
les  afflictions  de  leur  seigneur,  et  celles^:!  avaient  répondu  à  cet 
appel  en  s'organisent  pour  défendre  leurs  fueros.  Les  Français,  d'ail- 
leurs, étaient  déjà  devenus  antipathiques  à  la  nation  ;  accueillis  en 
amis,  en  alliés,  ils  s'étaient  emparés  par  ruse  de  toutes  les  forteresses, 
sans  rien  respecter  de  ce  que  vénérait  l'Espagne  ;  les  couvents  se 
transformaient  en  casernes,  les  églises  étaient  livrées  an  pillage  ;  les 
régiments  français,  comme  les  sauterelles  dont  parle  l'Écriture,  ne 
laissaient  pas  un  brin  d'herbe  sur  terre,  pas  un  peu  de  paille  à  la 
chaumière.  A  ce  moment  le  mot  insurrection  fut  prononcé  ;  ce  mot 
immense  allait  aux  mœurs  des  Espagnols;  presque  toutes  leurs  vieilles 
guerres  s'étaient  manifestées  par  l'insurrection  ;  fiers  Àragonais , 
nobles  Valencieos ,  Andalous ,  habitants  de  la  Sîerra-Morena ,  tous 
avaient  souvenir  en  leurs  annales,  de  ces  cris  d'armes,  tumultueux, 
dans  la  montagne  :  a  Quand  le  comte  dira  :  Le  More  vient,  toutes 
les  communes  doivent  obéir  èi  la  parole  du  seigneur,  »  ainsi  parlaient 
las  partidas,  les  fueros  d'Aragon.  On  dompte  an  moment  les  peuples 
mais  ils  triomphent  toujours,  car  ils  ont  pour  eux  les  rochers  qui  tes 
abritent,  les  haies  qui  les  cachent,  les  sentiers  qui  les  guident  dans  la 
marche  ;  l'insurrection  est  le  grand  glaive  des  multitudes  lorsque 
arrive  ce  jugement  solennel  qu'dlei  portent  sur  tes  pouvoirs  injustes 
ou  usés. 

Les  lettres  secrètes  de  Ferdinand  VII  avaient  été  apportées  avec 
peine  à  travers  les  Pyrénées  par  des  messagers  particuliers,  répandu» 
dans  les  provinces.  Sur  la  nouvelle  que  le  roi  était  captif  des  maudits 
Français,  les  juntes  s'étaient  formées  à  la  hète,  à  l'imitation  de  celle 
de  Madrid  que  Ferdinand  Vil  avait  oi^auisée  h  son  départ.  Cette 
grande  junte,  sous  la  présidence  de  don  Antonio ,  avait  donné  l'im- 
pulsion à  toutes  les  provinces  ;  dans  quelques  villes  elles  se  formèrent 
par  le  choix  libre ,  spontané  du  peuple  ;  dans  quelques  autres,  par  la 
volonté  des  capitaines  généraux;  seulement  chacune  de  ces  juntes 
resta  séparée  et  indépendante  :  le  difficile  n'était  pas  de  soulever  les 
masses,  mais  de  leur  donner  un  esprit  commun  ;  l'Espagne  ainsi 

'  Falafoi  fui  CD  cette  circonfllaacc  un  destgent»  1»  plus  fictifs  de  FndiiiuidVUL 


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3HM>  HOOVEUENT   INSUEBECTIONNKL 

morcelée,  chaque  provÎDce  voulait  avoir  des  gouTernements  partico- 
liers  sans  rapport  les  uns  avec  les  antres.  L'insurrection  se  manitesta 
même  avant  la  journée  du  2  mai  ;  i  Tolède  le  peuple  prit  les  arme 
et  reconnut  sa  junte  ;  &  Valence,  &  Saragosse,  à  Séville,  partout  do 
gouvernemait  populaire  s'établit  ;  le  roi  fut  considéré  comme  captif, 
les  actes  venus  de  Bayonue  furent  frappés  de  nullité,  comme  le  fruit 
de  la  contrainte  et  de  l'obsession  ;  le  roi  des  GastiDes  était  aux  maies 
des  infidèles,  comme  au  temps  du  moyen  Age. 

Au  milieu  de  cette  organisation  insurrectiouDelle  de  la  PéoÎDSule, 
deux  forces  eutrèrent  dans  des  proportions  ditTérentes,  l'armée  ré- 
gulière, et  le  peuple  soulevé  par  masses;  indépendamment  du  corpi 
de  vieilles  troupes  du  marquis  de  la  Romana ,  que  la  politique  de 
Napoléon  avait  jeté  sur  les  cdtes  de  la  Baltique,  et  qu'un  coup  de 
hardiesse  devait  ramener  dans  la  patrie,  il  y  avait  encore  en  Espagne 
60.000 hommes,  infanterie  ou  cavalerie,  commandés  por  des  capitaine» 
généraux  répartis  dans  les  camps  ou  dans  les  garnisons  de  provinces; 
quelques-uns  des  officiers  avaient  hésité  à  prendre  la  cause  du  peuple, 
ils  furent  destitués  ;  d'autres  furent  massacrés  dans  de  vives  émotions, 
comme  on  en  vit  en  France  aux  démocratiques  époques  où  il  fallait 
sauver  la  patrie  et  d(mner  de  L'énergie  aux  timides.  Il  y  avait  des  capi- 
taines généraux  d'une  grande  expérience,  Castai^os,  Cuesta,  Palafoi, 
Blake;  puis  en  sous-ordre  Beding ,  colonel  des  régiments  suisses ,  le 
marquis  de  Coupigny,  don  Joao-Manuel  de  la  Peyna.  L'armer 
espagnole  ne  s'était  pas  d'abord  associée  &  l'insurrection  ;  mais  le 
peuple  est  si  puissant  quand  il  exprime  sa  volonté  ;  il  y  a  une  énei^e 
si  profonde  dans  la  souveraineté-  des  masses,  que  les  soldais  pacti- 
saient avec  la  multitude  pour  marcher  en  commun  contre  l'ennemi 
de  la  patrie.  Bien  ne  peutsecompareràl'Espagne  alors, si  ce  n'est 
le  mouvement  révolutionnaire  de  1792  en  France,  quand  le  drspeu 
fut  déployé  au  bruit  sinistre  du  canon  d'alarme. 

La  seconde  force  de  l'insurrection  e^gnole  vint  de  la  population 
des  campagnes ,  et  de  l'organisation  démocratique  des  couvents  : 
paysans  et  moines  s'entendaient  pour  l'héroïsme  ;  là  se  montraient  le 
vieux  sang  espagnol,  l'énergique  dévouement  à  la  cause  nationale  : 
c'est  du  couvent  et  de  la  campagne  que  sortirent  ces  braves  chefs  qui, 
sous  le  nom  de  VEmpacinado,  du  Maaeko,  de  Jfina,  soulevèrent  la 
nation  tout  entière  au  nom  de  l'indépendance.  Avec  eux  marchaient 
les  écoliers,  d'universités ,  jeunes  hommes  aux  études  grecques  et 


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DB  LESPAUn   ET  DU   POBTCQAL.  M? 

romaùes  ;  ceux-là  se  groupèrent  en  compagnies  militaires  sotu  le 
nom  de  Casâiut  et  de  Bruttu;  il  se  fit  un  grand  soulèvement  d'onî- 
«eiaitaiies  invoqu&ot  les  iouvenirs  de  Borne.  Dans  ke  dénombrement 
des  Asluriens  ou  de  San  Yago,  de  San  Phelipe,  de  Salamaoque, 
d'Ovicdo,  de  Girooe ,  se  trouvent  les  compagnies  d'étudiants  sous  le 
litre  de  Cirtdier,  de  Mueiua  Scœvêla  ;  ils  quittaient  le  manteau  noir 
pooT  s'armer  de  l'esc«pette  ou  du  coateau  espagnol  ;  les  lames  d'AI- 
baceta  s'aiguisèrent  sur  les  pierres  de  liberté  que  les  juntes  placèrent 
dans  chaque  ville  *. 

Gomme  dans  toutes  les  insurrections,  il  y  eat  un  moment  de  coa- 
fusion  étrange  et  de  guerre  civile  agitée,  on  ne  se  reconnaissait  plus; 
les  années  vonlaient  marcher  sous  le  commandement  et  la  discipline 
de  leur  chef,  tandis  que  les  premiers  guérillas  voulaient  rester  indé- 
pendants sous  leur  capitaine  élu  ;  quand  le  paysan  avait  élevé  i  sa 
tête  un  moine ,  un  tterger ,  un  curé ,  un  toréador  valeureux ,  un 
eofltr^andier  intrépide,  il  y  tenait  comme  è  son  roi  élu  ;  il  se  sou- 
mettait avec  peine  à  la  discipline  d'un  général.  Les  esprits  habitués 
aux  formes  d'un  gouvernemeal  régulier  traitèrent  d'établir  une  junte 
centrale  à  laquelle  ils  voulaient  soumettre  les  juntes  partielles  : 
elTorts  impuissants  ;  les  juntes  restèrent  ce  qu'elles  étaient,  des  pou- 
voirs à  part,  des  organisations  portielles  qui  refusèrent  de  reconnaître 
une  autorité  supérieure;  l'énergie  voulait  rester  elle-même  et  ne  rien 
perdre  de  sa  puissance  en  se  cînlisaot.  Il  se  présenta  alors  en  Espagne 
ce  qui  se  vit  en  France  à  la  révolution  de  1793.  il  y  eut  des  troupes 
régulières  et  des  votooloires,  des  capitaines  glorieusement  improvisés, 
et  des  généraux  qui  transmirent  les  vieilles  traditions  de  discipline. 
Tout  se  produit  semblable  dans  les  mouvements  populaires  :  il  y  a  j;e 
ne  sais  quoi  de  prodi^ux  et  d'ardeat  qui  éclate  dans  les  mêmes  coa- 
di  lions. 

Cette  vaste  insurrection  se  manifesta  en  Espagne  avant  même  que 
le  nouveau  rm,  don  Joseph-Napoléon^  eût  passé  la  Bidateoa  ;  l'em- 
pereur s'était  imaginé  que  tout  se  ferait  à  Bayonne  régulièrement 
comme  k  son  conseil  d'État  à  Paris;  la  junte  ridicule  qu'il  avait  réu- 
nie autour  de  lui  ne  représentait  rien ,  et  encore  ces  grands  et  ces 
bourgeois  qui  la  composùeot  n'avaient  pris  que  des  engagements 

■  Les  hullelins  de  Napoléon  ivouenl  tu  ntobis  ce  soulàreineDt  et  ckeiclieDl  à  jeier 
duiDPpi'UturlagrBDdeinsurreciloD  du  peuple. 


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368  HOVVBUBNT   IHSnRBBCTIOMHBL 

ctHiditionnelB,  subordonnés  k  de  secrètes  protestaUcoa,  '.  Y  STUl-il 
liberté  dans  une  ville  étrangère  sous  la  domination  de  la  force  ?  Dou 
Joseph-Napoléon  ',  pile  imitatenr  de  Philippe  V,  cherchait  è  pacifier 
}'£ipagne  ;  son  esprit  coDciliant  et  sans  portée  a?alt  roulu  fondre  ks 
miuistres  de  Charies  IV  et  les  conseillers  de  Ferdinand  VII  dans  on 
commun  gouveniemeat,  et  ce  fut  de  cette  maoière  qu'il  compost 
son  conseil.  On  vit  donc  réunis  simultaûémeat  don  Pedro  Cerallôs  \ 

'  PraiestatioBS  de  la  grandnM,  18  juin  180S. 

>  On  verra  un  peu  d'ottcotation  dans  U  pTcmMre  rormulc  du  décret  de  Josepb  m 
tafgnt. 

Don  Joifph-flapoUoti,  «le. 

a  E^Bgnola,  en  entrant  sur  Itlerritoirc  de  ia  nation  dont  la  PtovideOMIB'scoiifé 
le  gouTernemeot,  je  dois  vous  manirosler  mts  ^entimenla. 

■  En  monlanisur  lelrAne,  je  compte  sut  des  Imes  géDéreuses  qui  me  seeondail 
pour  faire  recouvrer  i  cette  nation  son  antique  splendeur  :  la  constitution  que  to«s 
allez  juTerd'obserfer  assure  l'exercice  de  DOtre  sainte  rdigiou,  U  hhtxti  cifile  et  po- 
litique; elle  tlabiit  une  leprisentaiion  nationale ,  (kit  rciitre  vos  anciennes  cotiés 
mieux  oTpniséeapnslilueun  sénat,  qui,  devenant  le  garant  de  la  liberté  individatlle, 
et  iesoullen  du  IrAnedans  les  circonstances  les  plus  critJques.Mra  encore  l'at" 
raUe  et  la  récompenae  des  plus  éminenla  seiTiees  rendus  à  l'Élai, 

•  Les  tribunaux,  oi^anes  de  la  loi,  impassibles  comme  elle,  jugeront  lïl 
dans  l'indépendance  de  tout  autre  pouvoir. 

■  Le  mérite  et  la  vertu  seront  les  seuls  titres  pour  obtenir  des  emplob  pablics. 

u  Si  mes  désirs  ne  me  fonl  pas  Ulnsïon,  votre  africullure  et  votre  commerce  Beuii- 
ront,  délivrés  pour  toujours  des  entraves  qui  s'opposaient  à  leur  prospérîié- 

u  Voulant  régner  par  les  lois,  je  serai  le  premier  i  donner  l'eiem|^  du  rc&pwi 
qu'on  leur  doit. 

n  J'entre  au  milieu  de  vous  avee  la  jdus  grande  confiance,  entouré  d'hommes  re- 
commandables  qui  ne  m'ont  rien  cacbé  de  ce  qu'ils  ont  cru  utile  à  tob  latMia. 

H  D'aveugles  passions,  des  bruilsmensongers,  les  intrigues  de  l'ennemi  commoa 
du  tuntinent,  qui  ne  désire  que  la  séparation  des  Indes  et  de  l'Espagne,  ont  prênpiiê 
quelques-uns  de  vous  dans  la  plus  affreuse  anarchie  :  mon  cceur  se  décfaïre  k  M 
■Kpeci,  mais  ce  mal,  quelque  grand  qu'il  soit,  peut  cesser  en  uu  instant. 

u  Espagnols!  réunissez-vous  tous  :  enTirounei  mon  trdne;  faites  quelesdissai- 
aiuiiâ  intérieures  ne  m'enlèvent  pas  un  temps  que  je  voudrais  employer  i  fan  votre 
hnnlieur,  et  ne  m'i'ttcnt  pas  les  mojens  de  l'opérer.  Je  vous  estime  assez  pour  croiie 
que  vous  ferez  vos  efforts  pour  obtenir  et  mériter  cette  félicité,  qui  est  le  plus  cher  d* 
mes  vteui. 

■  Vitioria,le12juiUetl808.  •  Moi  u  koi.  ■ 
'  S.  M.  catholique  (Joseph}  vient  de  faire  les  nominations  suivantes  : 

Don  Louis  Hariano  de  Urquijo,  ministre  secrétaire  d'État; 
Don  Pedro  Ccvallos,  ministre  des  affaires  étrangères; 
Don  Higuel  José  de  Azania,  ministre  des  Indes; 
L'amiral  don  José  Uaiaredo,  ministre  de  la  marine; 
Le  général  don  Gonzalo  Offsril.  ministre  de  la  guerre; 
D<»i  Craspatd-Melchior  de  JovcUanos,  minblre  de  l'intérieur  ; 


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DB   L*BSPA6NB  ET  DU  POBTCGAL.  369 

si  déroné  h  Ferdinand  VII  et  son  secrél^re  d'État  ;  Urqaijo,  le  con- 
seiller intime  do  prince  de  la  paix  ;  don  Joge  de  Azansa,  l'ami  per> 
soDnel  de  Chartes  IV.  Joseph-Napoléon  confirma  les  capitaines  des 
gatdes  qui  portaient  les  beaux  noms  du  duc  del  Parque ,  de  l'In- 
Fantado  et  de  Castel-Franco  ;  on  vit  parmi  ses  grands  ofBciers  le 
duc  de  Hijar,  de  Castel-Florida,  et  ce  Soto-Ma^or  dont  le  nom  est 
si  retentissant  et  rî  e^»^nol  dans  sa  fierté  et  sa  hauteur  castillane. 
Cette  réunion  des  vieux  titres  de  Castille  n'était  qu'une  auréole 
mensonge  que  don  Joseph  voulait  imprimer  autour  de  sa  récente 
couronne  ;  la  junte  de  Bayonne  se  considérait  en  paya  étranger  et 
captive. 

En  tons  les  cas,  la  grandesse  n'était  pas  l'énergique  Espagne  ;  le 
paysan,  c'était  la  nation,  et  le  peuple  voulait  se  délivrer  des  mauditt 
Français  ;  Joseph-Napoléon  n'était  pas  son  roi  national.  Et  pourtant, 
k  l'imitation  de  son  frère  l'empereur,  en  pénétrant  sur  le  territoire ,  il 
faisait  des  proclamations  solennelles,  comme  si  depuis  dessièclessa  race 
gouvernait  les  Espagnes.  L'insurrection  grondait  autour  de  lui,  et  don 
Josejdi  parlait  aux  Espagnols  un  langage  pacificateur  ;  était-ce  igno- 
rance du  caractère  de  ce  peuple  et  de  cette  énergie  qui  se  déployait 
chez  les  masses  indignées?  l'empereur  connaissait  mal  l'Espagne  et  f>a 
Serté  nationale  ;  il  confondait  les  moines  espagnols  avec  le  clergé  ita- 
lien doux  et  assoupli.  Toutes  les  fois  que  Napolé»n,  dans  ses  actes 
publics,  s'exprima  sur  l'Espagne,  sur  ces  moines,  sur  ces  paysans,  fières 
races  qui  se  sacrifiaient  pour  la  patrie,  il  le  St  avec  mépris;  il  ne  croyait 
pas  que  ces  masses  pussent  résister  &  quelques  coups  de  canon  de  sa 

Le  comie  de  Cibamu,  miuisire  At»  finantes  ; 

Don  StbuiieD  Pinuela,  ministre  île  la  jastice; 

Le  duc  del  Parqne,  gnnd  d'Espsgne,  upllaine  des  gtrdes  du  corp«  ; 

Leduc  de  Salnt-Gninain,  grand  d'EBpagne,  capitaine  des  gardes  du  corps; 

Le  duc  de  l'Inranudo,  colonel  des  gardes  espagnoles,  colonel  des  gardes  ; 

Le  prince  de  Castellïinco,  colond  des  gardes  wallonnes,  colonel  des  gardes; 

Le  marquis  d'Arba,  grand  chambellan; 

Le  duc  de  BijaT,  grand  maître  des  cérémonies; 

Le  comte  de  FeraaDd-Nunès,  grand  veneur; 

Le  comte  de  Santa-Colonna,  chambellan  [tous  les  quatre  grand  d'Espagne]; 

Lee  dumbellans  ci-aprts  ont  été  déugnés  pour  sviTre  S.  H.  dans  soD  Jajtgt  : 

Le  comte  d'Orgai,  grand  d'Espagne. 

Le  marquis  de  Santa-Crai,  id. 

Le  duc  d'OAiiw,  id. 

Le  eonte  de  Castel-Florida,  id. 

Le  duc  de  Soto-Major,  M. 


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3Fld  ■OUVBIURT  nmABBCnOMIEL 

gtfide.L'emperear, esprit deiJOUTeniement,  ne compreDait riment 
hen  de  la  force  régulière  de  l'adimiiistrBtioD  ;  il  croyait  tua.  artaies , 
wmt  il  ne  croyait  paa  au  peuple  anni;  il  appdait  cda  de  la  eonatllr;  fl 
MUT^  pas  qn'eii  Espagne  le  nwine,  c'estlepaytari  robnste,  le  démo- 
ctBte  «X  bras  aer* etu  ;  H  avait  mal  étudié  cette  nation  qnl  passa  lis. 
alèelefl  i  se  détÏTrer  da  Mom. 

Odd  Joseph-Napoléon  marchait  sur  Burges,  précédé  du  betn  corps 
d'armée  de  Bcasières,  le  seul  qui  fût  composé  de  régiments  d'élite, 
tandis  que  Murât,  trooUé  par  les  récentes  instnictiflns  tmnnîses 
pH  le  général  Savary,  tambait  gravement  malade  ;  le  vote  de  la  joste 
espagnole  avec  l'élévation  de  Joseph  l'avaient  blessé;  il  était  triste df 
a»  voir  arracher  la  couronne  d^pagne,  bm  de  ses  feHes  préleetioiis. 
Mont  menait  vie  ik  roi  au  Buen-Retiro  et  dans  les  belles  réûdeoces 
de  la  Caaa  del  Campo  ;  il  De  ménageait  ni  son  temps,  ni  ses  pirisirs  ; 
Aevalier  brillant,  il  se  trouvait  au  milieu  d'un  peai^e  an  beau  san^ 
de  Castiile  «1  se  livrait  avec  beaucoup  d'ostentation  aux  douceon  ic 
la  poissBDce.  L'empereor,  d^uis  loBgtenfS  à  Baymne,  savait  lent, 
•t,  sans  lui  retirer  le  conamandement,  il  avait  confié  des  pleins  pOD- 
mirs  an  général  Sovary,  chargé  de  prépara  la  police  et  le  gonvenie- 
■ent  de  Hadrid  «■  moment  où  l'on  allait  recerôir  don  Jos^i-Nqpo- 
léon.  IPar  sn  înstnictfoni,  le  g^ral  Savary  devint  sorreiller  et 
leotifier  les  opérations  militaires  commandées  par  Murât,  afin  d'a- 
■eaer  la  pacification  plus  active  de  l'Ë^tagne  ;  Savary  était  bien  an- 
denout  d'nne  tâche  de  cette  importance  ;  quand  il  s'agisatt  ifob- 
sarver  et  de  faire  la  police,  il  y  était  très-apte  ;  penonne  n'était  phn 
capable  que  lui  de  cette  besogne  d'examen  ;  mais  conGer  à  un  gé- 
néral secondaire  la  direction  d'un  mouvement  politique  et  nililairc 
tout  k  la  fois,  c'était  une  faute.  Napoléon  préféra  souvent  le  déroite- 
ment  aux  lumières.  Que  fit  alors  le  général  SavaryT  Au  liea  de  se 
pénétrer  du  véritable  esprit  des  populations,  il  remplit  Madrid  de 
pamphlets  en  l'honneur  de  la  majesté  impériale  ;  il  fit  hire  des  bro- 
chures espagnoles  contre  la  dynastie  qui  tombait  * ,  et  attaqua  Fcr- 
nand  que  le  peuple  adorait.  On  se  moqua  dans  Madrid  de  ces  bro- 
chures» on  lui  répondit  par  des  placards  en  langue  pcqwlaire  et 

■  «  Il  >  ptni,  disait  la  GaxeUa  dt  Madrid,  un  écrit  fol  •  hit  la  {rfas  gmde  wrvs^ 
tioD  dam  cette  capilsle.  Ils  pour  titre  :  £(  JïielammçiM/bmuiMiapMfffrMajDh'r 
to(  anmtoi  da  Eipajna;  par  un  Etpagnol  imparuM;  arec  cette  épigraphe  : 

<  Quando  m  iina  monarguia  eanetn  dt  Uttm  toi  Itf*i,  «I  JtMarfo  m  rmitmtt 


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DE  L'eSPAfiSlB  ET  DU  PÔRtr&AL.  $71 

eastmane  ;  Joseph-Napoléon  y  fut  mal  traité  ;  on  lui  appliqua  plus 
d'une  expression  ordurlère  si  fréquente  dans  ]es  chants  des  muletiers 
d'Oviedo  et  de  la  Sietra-ÎHtorcna  :  «  L'Espagne ,  disait-oo,  dans  un 
de  ces  chants  populaires,  ne  pouvait  pas  reconnaître  un  roi  qui  ne 
savait  pas  dire  carajo  *. 

Alors  fut  récité  dans  toute  la  Péninsule  le  remarquable  catéchisme 
de  l'insurrection ,  écrit  dans  une  forme  religieuse  et  populaire  ;  on 
entretenait  les  femmes,  les  enfants,  les  vieillards  dans  les  sentiments 
de  cette  irritation  profonde  contre  les  Français  ;  ces  Français  étaient 
pour  eux  les  Mwes,  les  étrangers,  les  oppreseurs  de  la  patrie  *,  les 


49  lai  fMfto  fiM  M  intoitabU  tu  deeadtneia.  •  (Bmpn$nu  poIilKM  da  Saavtiin 
»  JugmutU  »w  ItÊ  affairti  d' EMpagnt,  1*1  quthpmtra  lapoitétité.parMnBi' 


»  Lorsque  dans  une  monarchie  les  cheb  mtoquent  d'énergie, l'Ëttt  s'mnMnt 
teitment  que  st  déudence  est  inénuMe.  a 

■  Toicl  ces  ven,  un  peu  trop  Ucendeai  pour  Aw»  nfirodaiU  : 

En  II  pltu  lui  an  «rUl, 
Que  nn  din  m  cjulclljiao, 
QiieJoK[>h,rrjltiliano, 
Urid>  I  Madrid  ta  dowl. 

niniinimijilniiiiiiol 
■ihIb  PwI*  ■»  tbijô , 

Que  DO  i|iuu«iiiga  iqii  nj 
Que  DD  ubg  decir  canj^ 

«  J'ai  dit  que  Napoléon  ne  connaissait  pas  TEspagné,  11  eitsle  une  InatrucUcR 
enToyêe,  dit-on,  par  l'empereur  à  Mural.  Je  la  dortne,  mais  dans  Ma  convlctiou  elle 
est  apocryphe  el  Taile  après  coup.  Napoléon  méprisait  trop  l'Insurrection  espagnole 
pour  s'exprimer  ainsi,  et  ses  actions  seraient  au  moins  le  contraire  de  ses  parolel. 

n  S.  le  grand-duc  de  Berg,  je  crains  que  vous  ne  me  trompiez  sur  la  situation  do 
l'Espagne,  et  que  tous  ne  tous  trompiez  Tous-m#me.  t'affaire  du  20  mars  a  aingullè* 
lemeni  compliqué  les  événements. 

»  Rb  croyez  pasquevousellaquirauncnation  désarmée  et  que  tous  u'arex  que  dn 
troupes  à  montrer  pour  soumettre  l'Espsgne.  La  réTotullon  du  20  mars  prouve  qu'il 
y  a  de  l'énergie  eh«  les  Espagnols,  Tous  avez  à  faire  1  un  peuple  neuf  :  il  aura  tout 
le  coutage,  il  aura  tout  l'enthousiasmequeron  rencontre  chez  les  hommes  que  n'ont  . 
>)inl  usé  les  pasûons  politiques. 

i>  L'aristocratie  et  le  clergé  sont  les  maîtres  del'Espagne;  s'ils  craignent  pour  leurs 

prirUéges  et  pour  leur  existence.  Ils  feront  contre  noua  des  levées  en  masse  qui 

pourraient  éterniser  h  guerre;  j'ai  des  partisans,  si  je  me  présente  en  conquérant,  je 

n'en  aurai  plus. 

•  Le  prince  de  la  Paii  est  délesté,  parce  ^'on  l'accuse  d'avoir  livré  l'Espagae  i  1% 


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272  HODVEHSirr  insukrechonnel 

hérétiques,  les  méchants,  les  antechrist.  «Dit^s-moi,  mon  enfant, 
qui  étes-vouBÎ — Espagnol.  — Que  veut  dire  Espagnol?  — Homme 
de  bien.  —  Combien  a-t-il  d'obligations  à  remplir  et  quelles  sont- 
clies? — Trois  :  être  chrétien,  catholique,  apostolique  et  romain; 

France;  TOilà  le  grief  qui  ■  seiri  à  l'usurpation  de  Ferdinind  :  le  parti  popokitc  est 
le  plus  faible. 

D  Le  prioce  des  Âsiuries  n'a  aucune  des  qualîtis  qui  sont  nkessaires  au  elirr 
d'une  naKoB  ;  cela  a'etupècbera  pas  que,  pour  nous  l'opposer,  ou  n'en  ftsse  ub 
héros.  Je  ne  veui  pas  qu'on  use  de  violence  envers  les  personoages  de  cette  bmïlle  : 
il  n'csi  jamais  utile  de  se  rendre  odieni  et  d'enSammer  les  haines.  L'Espagne  a  plus 
de  cent  mille  hommes  sous  les  armes.  C'est  plus  qu'il  n'en  faut  ponr  soutenir  avec 
avantage  une  guerre  intérieure  ;  diTisés  sur  plusieurs  polnis,  ils  peuvent  senîr  de 
sonlivement  total  à  la  monarchie  entière. 

B  Je  >ous  présente  l'ensemble  des  obstacles  qui  sont  inévitahles.  il»  est  d'antres 
que  1  DUS  sentirez  :  l'Angleterre  ne  laissera  pas  échapper  cette  occasion  de  moliiplier 
nos  embarras,  elle  eipédie  journellement  des  avis  aui  (brces  qu'elle  tient  SUT  les cAles 
du  Portugal  et  dans  la  Méditerrinée  ;  elle  fait  des  enrôlements  de  SidlieDS  et  de 
Portugais. 

■  La  famille  n'ayant  pas  quitté  l'Espagne  pour  aller  s'établir  aux  Indes,  Un'; a 
qu'une  révolution  qni  puisse  changer  l'état  de  ce  pays  :  c'est  peut-être  cdni  de  l'Bo- 
rope  qui  j  est  le  moins  préparé.  Les  gens  qui  voient  les  vices  monstrueux  de  ce  gon- 
vernement  et  l'anarchie  qui  a  pris  la  place  de  l'autorité  légale  font  le  plus  petit 
nombre,  le  plus  grand  nombre  profile  de  ces  vices  et  de  celte  anarchie. 

»  Dans  l'intérêt  de  mon  empire,  je  pais  faire  beaucoup  de  biNi  k  l'Bspagoe.  Quels 
sont  les  meilleurs  moyens  ï  prendreT 

D  Irai'je  k  Madrid?  Eiercerai-je  l'acte  d'un  grand  protectorat  en  prononçant  entre 
le  pire  et  le  fils  T  II  me  semble  ditBcîle  de  faire  r^er  Charles  IT.  Son  gouverne- 
ment  et  son  favori  sont  lellcment  dépopularisés ,  qu'ils  ne  se  soutiendraiesi  pie 
trois  mois. 

■  Ferdinand  est  l'ennemi  de  la  France,  c'est  pour  cela  qu'on  l'a  fait  roi.  Le  placer 
sur  le  IrAuG  serait  servir  les  hctlons  qui  depuis  vin^t-ciiiq  ans  veulent  l'anéanlisEe- 
mcDt  de  la  France.  Une  alliance  de  (Emilie  serait  un  bien  faible  lien  :  la  reine  ÏSiea- 
heth  et  d'autres  princesses  franfiises  ont  péri  misérablement,  lorsqu'on  a  pn  fe> 
immoler  impunément  t  d'autres  vengeances.  Je  pense  qu'il  ne  faut  rien  préapuri 
qu'il  convient  de  prendre  conseil  des  événements  qui  vont  suivre.  Il  faudra  Tonifier 
les  corps  d'année  qui  se  tiradronl  sur  les  frontières  du  Portugal  et  attendit. 

»  Je  n'approuve  pas  le  parti  qu'a  pria  V.  A.  I.  de  s'emparer  aussi  précipitanuneBl 
deHsdrid,  il  rallait  tenir  l'armée  h  dii  lieues  delà  capitale.  Vous  n'aviei  pas  l'assu- 
rance que  le  peuple  et  la  magistrature  allaient  reconnaître  Ferdinand  sans  coutesta- 
tion.  Le  prince  de  la  Paii  doit  avoir  dans  les  emplois  publics  des  partisans,  il  y  a 
tl'ailleurs  un  altachemeni  d'habitude  au  vieux  roi,  qui  pourrait  produire  des  lésnl- 
lais.  Votre  entrée  h  Madrid,  en  Inquiétant  les  Espagnols,  a  puissamment  acni 
Ferdinand.  J'ai  donné  ordre  i  Savar;  d'aller  auprès  du  vieux  roi  voir  ce  qui  s'y  pave: 
Il  se  concertera  avec  V.  A.  I.  J'aviserai  ultérieurement  au  parti  qui  serai  prôdie; 
«n  attendant,  voici  ce  que  je  juge  convenable  de  vous  prescrire  ; 

u  Vous  ne  m'engagerez  i  une  entrevue  en  Espagne  avec  Ferdinand  que  si  vaut 
jugei  la  aiiuaiion  des  choses  telle  que  je  doive  le  reconnallrc  comme  roi  d'Espagn. 


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DE  L'ESPAGNE   ET  DU   POSTDGAL.  273 

défendre  sa  patrie ,  sa  religion ,  ses  lois,  et  modrir  platât  que  de  se 
laisser  vaincre.  — Qui  est  votre  roi?  FerdiDaod  VII. —  Comment 
doit-il  être  obéi? — Avec  l'amour  que  ses  vertus  et  ses  malbeurs  lui 
ont  mérité.  —  Quel  est  l'ennemi  de  notre  bonheur?  —  L'empereur 

Tons  usera  de  bons  procédé*  envers  le  roi,  la  reine  et  le  prince  Godât;  tous  exigera 
pour  eux  et  tous  leur  rendrei  les  mêmes  tiooneuTS  qu'autrefois.  Vons  ferez  en  sorte 
que  les  Espagnols  ne  puissent  pas  soupçonner  le  parti  que  je  prendrai  :  cela  ne  sera 
pas  difficile,  je  n'en  sais  rien  moi-même. 

»  Tous  ferei  entendre  i  In  noblesse  et  au  clergé  que  si  la  France  doit  intervenit 
dans  les  atTaires  d'Espagne,  leurs  privilèges  et  leurs  immanilés  seront  respectés^ 
Vous  leur  direz  que  l'empereur  désire  le  perfeclionnement  des  institutions  politiques 
de  l'Espagne  .  poor  la  mettre  en  rapport  avec  l'étal  de  la  civilisation  de  l'Europe , 
pour  la  souGb-aire  au  régime  des  favoris.  Vous  direz  aux  magistrats  et  aux  bourgeois 
des  villes,  aux  gens  éclairés,  que  l'Espagne  a  besoin  de  recréer  la  machine  de  Eon 
Komemement,  et  qu'U  lui  faut  des  lois  qui  garantisaenl  les  citoyens  de  l'arbitraire  ei 
des  usurpalioDS  de  la  féodalité,  des  iosiituiians  qui  rnoîmeDi  l'industrie,  l'agricul- 
tare  et  les  arts;  vous  leur  peindrez  l'état  de  irenquilliié  et  d'aisance  dont  jouit  la 
France,  malgré  les  guerres  où  elle  s'est  toujours  engagée;  la  sidendeur  de  la  religion, 
qui  doit  eon  établissement  au  concordai  que  j'ai  signé  avec  le  pape.  Tous  leur  démon- 
Irerez  les  avantages  qu'ils  peuvent  tirer  d'une  régénération  politique.  L'ordre  et  la 
paix  dans  l'intérieur,  la  considération  et  la  puissance  é  l'exlérienr  :  lel  doit  élre 
l'esprit  da  vos  discours  et  de  vos  écrits.  Ne  brusquez  aucune  démarche,  je  puis 
attendre  é  Rayonne,  je  puis  passer  les  Pyrénées,  et,  me  foriiBant  vers  le  Portugal, 
aller  conduire  la  guerre  de  ce  cM. 

B  Je  songerait  vos  intérêts  particuliers,  n'y  songez  pas  vons-méme...  Le  Portugal 
restera  à  ma  disposition...  Qu'aucun  projet  personnel  ne  vous  occupe  et  ne  dirige 
votre  conduite  :  cela  me  nuirait  et  vous  nuirait  encore  plus  qu'A  moi. 

B  Vous  allez  trop  vile  dans  vos  Inslructions  du  14  ;  la  raarcbe  que  tous  prescrivez 
au  général  Dupont  est  trop  rapide,  k  cause  de  l'événement  du  19  mars;  il  y  a  des 
changements  k  faire;  tous  donnerez  de  nouvelles  dispositions,  vous  recevrez  des 
instmctioDS  de  mon  ministre  des  alfoirss  étrangères. 

■  J'ordonne  que  la  discipline  soil  maintenue  de  la  manière  la  plus  sévéïe  :  point 
de  grtce  pour  les  plus  petites  fautes  ;  l'on  aura  pour  l'habitant  les  plus  grands 
égards  ;  l'on  respectera  principalement  les  églises  et  les  couvents. 

B  L'armée  évitera  toute  rencontre,  soit  avec  des  corps  de  l'armée  espagnole,  soit 
avec  des  détachements  :  il  ne  faut  pas  que,  d'auisun  ztli ,  il  soit  briUé  une  amorce. 

>  Laissez  Solano  dépasser  Badajoz,  faites-le  observer  ;  donnez  vous-même  l'iudi- 
cation  des  marches  de  mon  armée,  pour  la  tenir  toujours  à  une  dislance  de  plusieurs 
lieues  des  corps  espagnols  :  si  la  guerre  s'allumait,  tout  sérail  perdu. 

B  C'est  i  la  politique  et  aux  négociations  qu'il  appartient  de  décider  des  destinées 
de  l'Espagne.  Je  vous  recommande  d'éviter  des  explications  avec  Solano,  comme 
avec  les  autres  généraux  et  les  gouverneurs  espagnols. 

D  Tons  m'enverrei  deux  eslafeties  par  jour  ;  en  cas  d'événements  majeurs ,  tous 
m'expédierez  des  ofBciers  d'ordonnance  :  vous  me  renverrez  sur-le-champ  le  cham- 
bellan de  Tonrnon,  qui  vous  portera  cette  dépêche;  vous  lui  remeltrei  un  rapport 
fétsillé. 

>  Sur  ce,  etc.  ■  Nafoléon.  b 

13. 


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374  MAimsKirr  ancBBacnojrKiL 

'teFraoçais Quel  est  cet  hofome? — UDBouTeansiMra 


it  méchant  et  enibiUewz ,  le  principe  de  tons  ta  ■nnx ,  le  dei- 
tractew  (te  tout  bien  ;  enfia ,  c'est  lui  composé  de  vices  et  de  métk»- 
cetfr,  —  Combien  a-t-il  de  natures?  — Deux  :  l'uae  ditbdiqiie, 
l'autre  iabumaioc.  —  Combien  y  a-t-i!  d'empereurs? —  Il  y  en  a  un 
en  trois  personnes  Tauases.  —  Quelles  eoot-elles?  —  PAipidéM, 
Bfnrat  et  Godoï.  — L'une  est-elle  pins  méchante  que  TaotreT  — 
Non ,  mon  révérend ,  puisqu'elles  sont  égales.  —  De  qm'  procède 
Nifoléon  T— De  l'eafer  et  du  péché.  —  Et  Marat?  —  De  MapeléaB. 

—  Et  GodoîT  —  De  fintrigue  des  deux  autres.  —  Quels  sont  les 
attribut»  do  prenùer  ? — L'orgueil,  la  méchanceté  et  le  despotisme, 
-~-  Et  du  secoDd  7  —  La  rapine ,  l'infamie  et  la  cruai^.  —  Et  du 
tnisième?  —  La  trahison  ,  la  débauche  et  l'ignoraBce.  —  Que  sont 
ka  Français? — D'anciens  chrétiens  et  de  nouveaux  hérétiques.  — 
Qui  ka  t  ainsi  perdus?  —  La  rarusse  philosophie  et  la  déprHation 
de  leun  mœurs.  —  A  qum  les  Français  serveot-ils  à  ce  despote  7  — 
Les  uns  3  augmenter  son  orgueil ,  les  autres  serrent  dTnstmments  a 
aoo  iniquité ,  et  le  reste  &  esterminer  le  genre  humain.  — Ce  régne 
d1u*qnité9  doit-il  tinte  bientdt?  —  Suivant  les  sentiments  des  pbis 
sages  politiques,  ittoucheàsa  ruine. — D'où  présageï-Tons  cefaî— 
Des  dispositions  de  Botre  sage  mère  patrie. — Qaelle  est  notre  patrie? 

—  La  réuaion  ou  l'assemblage  d'un  grand  peuple  r^i  par  us  rvi  ^ 
gouverné  par  les  mêmes  lois.  —  Nos  intérêts  sont-ih  ceta  Se  tout  Je 
je  peuple? — Oui,  par  l'obligation  naturelle  où  nous  nousttonvons 
taos  de  nous  protéger,  de  nous  eatr'aider  et  de  nous  défendre  réci- 
proquement. —  De  quelle  peine  rEspag:not  qui  manque  h  ses  justes 
devoirs  est-il  passible?  —  Des  peines  infamantes ,  de  la  peine  de 
mort  naturelle  comme  traître ,  et  de  celle  de  mort  civile  comme  obii- 
qvantavxtois. — Qu'appetez-vonsnortnatoreHe? — Laprmtioade 
la  vie. — Et  mort  civile  ?  —  La  perte  de  ses  biens ,  et  la  privation  des 
avantages  et  des  honneurs-que  la  patrie  accorde  à  ses  braves  et  géné- 
reux citoyens.  ■ —  Qui  est  venu  en  Espagne?  —  L* seconde  personne 
d&Iatrinité  endiablée.  —  Quels  sont  ses  principaux  offices?  —  Ceux 
de  tromper,  voler,  assassiner  et  opprimer.  —  Quelle  doctrine  nous 
enstigne-t^e? — L'infidélité,  la  corruption  des  mœurs  et  l'irréli- 
gion.— Qu'est-ce  qui  peut  nous  délivrer  d'un  tel  envoyé? — L'union, 
la  constance  et  les  armes.  —  Est-ce  pécher  qne  de  tuer  des  Français? 

—  Non,  c'est  au  contraire  bien  mériter  de  la  patrie,  si,  par  ce 


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PB  l'ÈSTA^IB   et  DC  POBTtlOftt.  3^3 

mdyen ,  on  ta  déthre  des  initaltes,  du  tdI  et  des  tnftipeties.-^^QellQ 
doit  £tre  la  polittqne  et  la  conduite  des  Espagnols?  —  D'oEnerrer  lea 
maximes  de  Jésus-Christ  et  de  rËvangile.  —Quelles  sont  céRei  de 
notre  adversaire. — Celles  dé  Moebiavel.  —Sur  quoi  se  (ondrat- 
«IlesT  —  Sur  l'égoïsrae  et  l'arnoor-propre.  —  Quel  est  leur  but  î  — > 
De  rapporter  tout  A  son  avantage  et  au  préjodice  de  ses  semblables. 
—  Comment  met-il  ses  principes  en  usage  7  —  En  présentant  tes 
crimes  et  les  délits  pour  des  vertus.  -^  Quels  moyens  nos  eoDeitals 
ont-lis  employés  pour  nous  tromper  î  —  La  supercherie  t  la  trahison , 
la  bassesse  et  la  perOdie.  —  Est-ce  par  de  semblables  moyens  qu'on 
peut  obtenir  une  couronne  qtû  appartient  k  un  autre?  —  Non  ,  aa 
contraire ,  ces  tyrans  se  sont  rendus  i»dignes  de  notre  condescm- 
dance ,  et  nous  devons  résister  de  toutes  nos  forcés  h  un  roi  qbl  veut 
commencer  son  règne  par  des  moyens  aussi  Injastes  et  aussi  abomt- 
fiables.  —  Quel  bonheur  detons-nous  chercher?  -^  Géhil  qu'Ifs  ne 
lieuvent  nous  donner.  —^  Quel  est-il  ?  —  La  sâreté  de  nos  droH»,  le 
Hbre  exercice  de  notre  sahite  rdigSou ,  le  rétaMissement  d'un  goO- 
Tentement  conforme  aux  mœurs  actndles  de  l'tspagne  «t  à  nos  rela- 
tkns  avec  l'Europe.  — '  Mdntenuit  nom  n'aToas  dooe  pas  ce  gon- 
Tememént?  —91,  mais  désorganisé  par  l'nidotence  iki  autorités 
npérleures  qui  nous  ont  gouvernés.  —  Qui  doit  le  rétablir  ? — VY&- 
figae,  h  qui  seule  appartient  ce  droit  etcturif,  avec  inhibition  de 
toof  étranger. — Qui  autorise  ces  droits,  ces  disporitions? — Fer- 
dloand  VII ,  que  Dieu  veuille  rendre  à  notre  amour  qui  sera  éttimel, 
Aidri-witrit.  »  Cette pieoseetardéDte  prière*  poar  sauver  la  nationa- 
lité espagnole ,  cette  profession  de  foi  patriotique  était  lue  dans  toutes 
les  églises ,  propagée  dans  tous  les  esprits  ;  les  chants  nationaux  appe- 
laient les  souvenirs  de  la  délivrance ,  l'époque  de  la  prise  de  Cordoue 
et  de  Grenade  sur  les  Mores  ;  du  biet>  remontant  pluS  hatrt  encore , 
les  gardeun  de  chèvres ,  Ies  Navarrais ,  racontaient  comment  ftirent 
frappés  dans  la  vallée  de  Roncevaux  les  preux  de  Charlemagne  ; 
Roland  et  son  cousin  Olivier  firent  en  vain  entendre  le  cor  des  bsh 
failles  !  «  Et  toi ,  Remard  de  Carpio ,  tu  n'étais  qu'un  pastear  de 
Navarre,  et  pourtant  tu  brisas  la  fière  armure  des  chevalierat  » 

Elles  apparaissaient  encore  les  armées  de  cheTsIiers  au  panache 

rouge  et  flottant  ;  Bessîères  s'avançait  pour  ouvrir  les  portes  de  Sladrid 

Ji  don  Joseph-Napoléon.  Les  Français  avaient  quitté  Burgos  pour 

'  SstDte  prière  en  effet,  que  celle  qui  ordonne  et  aaioriserasBusinatlII.,,  {F.W.} 


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276  HOOTEHEICT  UISUSKECnOICHEL 

marcher  cootre  U  première  armée  du  peuple  insurgé  réuni  k  Medini 
de)  fiio-Secco  k  quelques  lieuea  de  Valladolid ,  la  plaine  aux  lieiux 
oliviers.  Guesta  et  Blake  commandaient  l'armée  espagnole  composée 
de  vieux  régiments  wallons  et  des  troupes  de  nouvelles  levées  ;  les 
walloDs  se  battirent  bien  et  ne  cédèrent  qu'aux  charges  brillantes  de 
la  cavalerie  Laasalle.  La  bataille  de  Médina  del  Bio-Secco  ouvrit  la 
route  de  Valladolid  à  Madrid.  Quand  Joseph  franchit  la  puerta  d'Aï- 
cala,  l'Ë^tagne  était  en  complète  insurrection.  Dans  la  principauté 
des  Asturies ,  le  drapeau  fut  levé  le  2  mai ,  la  Galice  et  ies  province 
de  Santaoder  formèrent  leur  junte  à  Oviedo,  la  ville  des  vieux  chré- 
tiens. Un  simple  moine  souleva  tous  les  paysans  de  la  campagne  de 
Valence,  si  pleine  de  canaux,  ouvrages  des  Mores:  une  junte  prit  Ifî 
gouvernement  de  la  province.  A  Carthagène,  ii  Guença,  on  poussa 
le  cri  de  haine  contre  les  Français  ;  le  royaume  de  Jaen  fut  envahi 
par  les  paysans  de  la  Sierra-Morena  ;  à  Sévîlle  une  junte  oeatnie 
s'établit  :  dans  chaque  ville,  dans  chaque  village  des  comités  se  for- 
mèrent ,  comme  en  France ,  à  l'époque  de  l'invasion  de  1793  ;  ion 
José  de  Palafox ,  noble  nom ,  prit  le  commandement  de  l'Aragon. 
La  guerre  ainsi  déclarée  tumultueusement ,  la  première  hostilité  fut 
la  capture  immédiate  de  cinq  vaisseaux  de  ligne,  obligés  de  se  rendre 
à  une  insurrection  éclatante  dans  le  port  de  Cadix  même  ;  la  marine 
de  France  souffrit  ce  grave  échec.  Tout  fut  armé,  et  les  villes  et  les 
citadelles,  les  couvents ,  les  montagnes ,  et  lorsque  lord  Byron  par- 
courut l'Espagne  en  poëte  pèlerin ,  des  piles  de  boulets  élairail  amon- 
celées dans  les  défilés  de  la  Sierra-Morena ,  et  Cbilde-Harold  trouva 
Séville  et  Gadix,  Sèrea  cités,  soulevées  en  armes  contre  l'empereur 
des  Gaules. 

£o  face  de  cette  guerre  haatainement  déclarée,  il  faut  voir  main- 
tenant quelles  forcerpouvaient  opposer  les  divisions  françaises  eatrèes 
en  Ëepague.  Quel  était  leur  personnel,  leur  moral ,  leur  matérid 
militaire?  quelle  espérance  restait-il  pour  une  conquête  de  la  Pénin- 
sule? L'armée  d'invasion  opérait  en  quatre  corps  ;  k  l'appel  du  1"  juin 
le  général  Dupont  compta  28,475  hommes;  le  maréchal  Mon- 
cey.  33,200  ;  le  général  Duhesme ,  12,495  ;  enfin  le  maréchal  Bes- 
aièrcs  avait  réuni  20,975  hommes,  l'armée  formait  donc  un  total 
de  95,000  hommes  bizarronent  composés  :  on  comptait  »x  batail- 
lons polonais,  huit  régiments  italiens,  trois  régiments  suisses,  la  garde 
de  Paris,  les  fusiliers  de  la  garde  qui  avaient  débuté  à  Friedlaad,  et 


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DB  L'BSPAGHB  BT  00   POBTUtiAL.  277 

le  bataiUoD  des  marins.  Toat  le  reste  était  composé  de  conscrits, 
condaits  par  des  ofDciera  sortis  récemment  des  écoles  militaires  et  qui 
n'avaient  qu*une  connaissance  imparfaite  de  la  guerre  pratique.  Le 
maréchal  Beasières  tenait  la  grande  route  de  Madrid  k  Vittoria  par 
Valladolîd  ;  le  général  Dupont  s'avançait  sur  l'Andalousie  par  Tolède 
cl  la  Sierra-IHorena  ;  Duhesme  avait  èi  combattre  dans  la  Catalogne 
le  peuple,  et  s'étendait  vers  l'Aragon;  Moncey  agissait  dans  leroyaume 
de  Valence  soulevé.  Gomme  l'insurrection  était  partout,  il  fallait 
disperser  les  années  :  b.  vrai  dire,  elles  n'étaient  plus  que  des  colonnes 
mobiles ,  ruisseaux  perdus  dans  un  océan  de  peuple. 
.  Murât,  resté  malade  &  Madrid,  avait  laissé  la  direction  du  gouver- 
nement politique  et  des  troupes  d'expédition  au  général  Savary  qui 
arrivait  au  nom  de  l'empereur.  Savary  était  une  capacité  bien  limitée 
pour  des  opérations  d'une  si  grande  importance.  >  D'après  les  ordres 
venas  de  Madrid ,  le  général  Dupont  opéra  son  mouvement  sur 
Tolède,  pour  débarrasser  l'Andalousie  des  troupes  insurgées;  son 
but  était  de  se  porter  à  marches  forcées  sur  Cadix ,  par  la  Sierra- 
iMorena  :  ce  mouvement  au  midi  de  l'Espagne  était  une  faute  au 
moment  oîi  le  centre  n'était  pas  encore  délivré.  L'année  du  général 
Dupont  comptait  à  peine  un  tiers  de  bonnes  troupes,  parmi  des 
masses  de  conscrits  et  d'étrangers  ;  sauf  le  batailloo  des  marins  de  la 
garde ,  il  lui  était  impossible  de  composer  un  corps  de  réserve  capable 
de  donner  un  vigoureux  coup  de  main  dans  une  affaire  sérieuse  :  rien 
n'était  plus  pitoyable  que  les  régiments  provisoires  formés  à  la  h&te; 
et  avec  eux  des  Suisses  incertains,  des  Italiens,  des  Polonais ,  des 
Aliemands. 

Le  général  Dupont  ne  rencontra  aucun  obstacle  jusqu'au  pied  de 
la  Sierra-Horena ,  au  delà  même  des  montagnes  il  ne  vit  que  quel- 
ques insurrections  partielles  qui  interceptèrent  plutôt  sa  marche 
qu'elles  ne  purent  l'arrêter.  Dupont  refoula  devant  lui  ces  masses 
d'hommes  ;  les  Espagnols  furent  culbutés  jusqu'aux  environs  de  Cor- 
doue ,  où  les  flots  de  peuple  et  de  soldats  s'accrurent  ;  une  bataille 
s'engagea  ;  Gordoue ,  la  merveilleuse  ville  des  Mores ,  prise  et  reprise, 
fut  livrée  au  pillage  des  Français  ;  il  s'y  passa  des  horreurs  :  une 
seagna  plaintive  se  récite  encore  sur  ce  passage  des  Français  à  Cordoue, 
et  le  chant  des  filles  de  Cadi:^  et  de  Séville  rappelle  les  tristes  funé- 
railles de  la  veille  de  la  Saint-Jean  :  une  troupe  disciplinée  se  défend 
des  excès ,  le  mauvais  soldat  pille  et  dévaste  ;  on  prit  à  Gordoue  des 


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!27ft  MOOTRumrT  nffîTBSBCnoinwL 

yfeheases  immenses  ;  les  officiers  cbergèretit  leon  fomnotia  ;  les  géitê- 
mut,  contmeen  Italie,  ne  respectèrent  fil  lea  chftaaes saintes,  ni  lesU- 
jousdesautefa.jamaisai-mfe  n'avait  présenta  onemaaseanari conriilér»- 
ble  de  f oui^ona;  pins  de  six  cents  voitures  pesamnient  chargées  saivaient 
Tétat-major  ;  elles  appelaient  la  sarveiltance  de  presque  ane  division. 
Après  la  prise  de  Cordoue ,  finsarrection  s'étendit  ;  les  peaplcs  se 
levaient  devant ,  derrière,  par  tous  les  flancs  de  l'armée  française;  \a 
ordonnances  étaient  interceptées  ;  on  ne  pouvait  avoir  aucune  nou- 
velle de  Madrid ,  et  la  guerre  au  couteau  était  proclamée  Skia  les 
nÎDles  et  patriotiques  harangues.  Il  faut  se  représenter  Ift  Sierra- 
Morena  an  mois  de  Juin ,  lorsque  les  eaux  du  GuadsJqaivir  boail- 
hmnent  comme  un  bain  d'été  ;  puis  cette  armée  d'ADemands,  dit»- 
liens,  de  Polonais,  de  conscrits ,  mourant  de  soif,  avec  trois  odccs 
de  pain  pour  nUon  chaque  Jour.  Les  nouvelles  de  riusarrecfloo 
^ient  terribles  ;  l'ranemi  était  sans  i^é  ;  en  avùt  trouvé  des  aides 
de  camp  hachés  en  morceaux  ;  les  malades,  les  blessés,  étaient  hnpi- 
loyablement  massacrés  ;  des  officiers  rMis  à  petit  feu,  if  autres  em- 
palés ;  qneHes  atfi^ases  nouvelles?  le  moral  de  Tannée  était  petdo. 
Dupont  n'avait  plus  avec  hil  les  troupn  de  Friedland  '.  tes  vigonreaz 
«nfaots  de  la  victoire  restaient  en  Allema^^e  ;  son  armét  de  conscritt 
^it  sans  énergie  ;  il  s'empressa  de  signaler  à  Madrid  sa  fatale  porf- 
Uou  ;  et  comme  11  ne  pouvait  plus  tenir  Cordoae,  il  résolut  de  rereotr 
sur  Baylen  et  Andujar,  afin  de  retrouver  appui  au  pied  de  la  Siern-- 
Horena.  Les  dépêches  de  Dupont  parvinrent  au  général  Snaff  ;  i 
les  reçut  au  moment  oà ,  inquiet  sur  le  sort  de  la  capHate ,  il  la  fai- 
Mit  fortifier  contre  une  irruption  inévitable  de  toutes  ces  bandes  qui 
le  cernaient  comme  d'un  réseau  de  Ver  r  Monce;  Ivi-mâme,  «itooré 
de  guérillas  et  if  années ,  opérait  sa  retraite  de  Valence.  Sanrf  pmi- 
vait  disposer  d'une  seule  division ,  celte  du  génénrt  Tedel ,  don  i 
Tolède  ;  les  commonications  entre  Madrid  et  Boylen  étobt  interrom- 
'  pues ,  il  fallait  au  plus  vite  les  rétabKr  en  peTtuit  une  masse  consi- 
dérable de  troupes  sur  la  grande  route  de  la  Sierra-Morena  pour  em- 
pêcher surtout  que  Dupont ,  attaqué  de  face  par  les  Misées  r^idlèra 
du  camp  de  Saint-Roch  sous  Gastoik»,  ne  fût  pressé  sur  ses  flancs  et 
ses  derrières  par  l'Insurrectiou  :  concentrer  les  masses  sor  Madrid , 
rappeler  tous  les  corps  détachés  ;  telles  devaient  être  les  manoeuvres 
pour  rétablir  les  communications. 
Le  général  Savary  n'osa  prendre  sur  lui  ce  mouvement  rétrograde  ; 


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DB  l^tSUMim  BT  BIT  POBTfMK.  SfTS 

ffapoléon  n'tiniait  pu  qu'on  recuMt  denot  rcwiemi,  et  cet  ordre 
eèt  sauvé  l'ariaée  de  Dupont.  Une  faale  ea  itralégie  est  i'wnit  m 
tons  le»  points  des  corps  détachés  uns  lies  de  commooication ,  m 
ipii  change  une  année  en  coiounes  mobilea.  Savary  us  disposa  qu«  de 
la  dÎTision  Vedel,  en  bataUteà  Tolède  ;  cettedivisi(Hi,de4,000boinmeK 
earÏTon ,  devait  Uter  sa  marcbe  pour  apiHijer  Dupont  ;  la  chalear 
était  si  forte,  les  privations  si  grandes,  qu'dle  aiqwrta  de  la  mollessa 
dans  son  moavnaeiit ,  taadis  que  Dupont  avec  ses  régiments  italieni, 
suisses,  si  bizarrement  composés,  était  obligé  de  tenir  face  aux 
troupes  rëguUàrcs  du  géaér&I  Castaûos ,  deux  fois  plus  nombreuses , 
et  de  soiUenir  l'insurrection  qui  grondait  violeate  autour  de  lui.  La 
qnaatilé  immcMe  de  four;goDs  eoqilis  à  Cordoue  et  rc^rgeant  dQ 
IHlhge,  emjMwcasBait  les  mouventeuts;  la  garde  du  butin  emido;ait 
une  divisiok ;  lesoffîciersy  veiltaiestpbis qu'à  leurs  soldats,  iwtuietai 
déooiiragés ,  soua  vingt-buit  dt^rés  de  (Aalear. 

Qni  peut  dire  ce  qu'une  iii«irEectjoa.a  d'eSJraTBnt  pour  une  armée? 
Quand  le  peuple  gronde  comme  un  ouragan ,  les  stddals  ff^iBseat 
deranl  loi;  le  géant  a  miUe  bras,  milk  têtes»  mille  vois  qui  reten- 
tiaieDt.  Le  général  Dupont  ne  conserva  pas  la  fermeté  qu'il  montrai! 
grande  à  Friedbad  ;  sans  arrêter  sa  retroite  à  Bayleo,  il  devait  mettre 
la  Sierra-H oreoa  entre  lui  et  l'ennemi ,  et  pour  cela  socriSer  ses 
bagages ,  ses  fourgons,  son  or  ;  il.  &llaîtaauver  l'armée.  Les  généraux 
Dt^iont,  Tedel,  devasent  évacuer  l'Andalousie  pour  atteindre  le 
point  central ,  Madrid  ;  ou  était  toujours  ita  de  faire  une  trouée  ; 
33,000  bommes  ne  doivent  jamais  mdtre  bas  les  armes  en  rase  coak- 
po^te;  il  y  eut  donc  faute,  découragement  p  ou  peufrétre  un  aenll- 
mait  plus  sordide  dans  l'&me  da  général  Dupont! 

La  KtuatiOD  de  l'armée  était  ^trayante  ;  n'avait^n  pas  à  craiMÙlQ 
qoelque  chose  de  plus  affreux  qu'un  né^  à  travers  k»  murûlles  ?  Le 
s^dat  était  réduit  à  trois  ouces  de  pain  par  jour ,  on  manquait  d'eau , 
de  viande ,  et  à  vingt  Heues  autour  de  ta  campagne ,  les  pays«is  arméa 
d'cacapette»  faisaient  uœ  guerre  à  mort  aux  Françai».  La  faim  et  la 
soif  sont  de  terribles,  advereaîres  ;  le  général  Dupont  a  écrit  :  «  Qu'il 
n'aurait  pu  se  frayer  un  passage  à  travers  la  Sierra  -  Morena  ;  sea 
instructions,  d'ailIeuTs,  ne  l'autorisaient  pas  à  cette  retraite  moins 
qae  sûre  et  sans  subnstance  ;  l'ordre  reçu  de  Madrid  portait  seulement 
qu'il  eât  à  se  concentrer  d'Andujar  à  Baylen  pour  surveiller  et  empê- 
cher ]p  soulèvement  de  la  Manche.  »  On  doit  répondre  au  général 


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280  HOVTBMBNT   INSDaiECnONHEL 

Dupont  :  a  Qne  lorsque  le  salut  de  l'armée  tient  à  une  démarche,  [| 
faut  l'accomplir ,  même  sans  ordre  et  sans  instruction.  »  Le  général 
Dupont  pouvait-il  douter  de  l'approche  de  Castafios  et  des  troopesda 
camp  de  Saint-Roch ,  et  devait-il  les  attendre?  Elles  parurent  bienlAt 
ces  troupes  ;  l'attaque  fut  rapide ,  les  Espagnols  passèrent  le  Guadal- 
quivîr,  les  bataillons  français  de  l'avant-garde  du  général  Vedel  furent 
rejetés  sur  la  Caroline;  cet  officier  eut  au  moins  l'instinct  de  garder 
les  communications  avec  Madrid.  Toute  la  tactique  devait  se  concen- 
trer dans  cette  pensée. 

C'était  le  17  juillet  ;  sous  le  soleil  de  l'Andalousie ,  partout  la  ctni- 
pagne  desséchée ,  les  rochers  de  la  Sierra-Morena  roogeâtres  et 
dépouillés  de  verdure  ;  le  camp  de  Dupont  offrait  une  co&fusion  de 
mille  langues;  on  y  parlait  polonais,  allemand,  italien  et  fraocaii, 
sorte  de  Babel  armée  :  des  masses  de  fourgons  entouraient  le  camp; 
les  officiers  y  veillaient  attentifs  ;  le  général  s'en  inquiétait  beancoop. 
A  chaque  moment  des  combats  à  outrance  ;  Bayleo  fut  le  tbéitre 
d'une  bataille  régulière;  les  Espagnols  se  firent  hacher  jusqu'i  la 
mort  ;  il  y  eut  encore  parmi  les  Français  des  traits  de  bravoure  admi- 
rables ;  partout  se  manifestait  un  grand  découragement  et  presque 
de  l'insubordination.  Le  cœur  commençait  à  manquer  à  toute  celle 
année  ;  que  faire ,  au  milieu  de  cette  nuée  de  guérillas  I  la  désertioa 
se  mettait  parmi  les  régiments  étrangers  ;  les  Suisses  passèrent  ani 
Espagnols  et  reprirent  leur  rang  dans  la  brigade  Bedding.  La  uuit  do 
18  juillet  fut  terrible ,  et  après  une  longue  délibération  prise  dans  le 
conseil  de  l'armée ,  il  fut  arrêté  qu'on  entrerait  en  pourparlers  r^- 
liers  avec  le  général  Castaiîos.  Ces  pourparlers  eurent  une  origioe 
singulière;  les  instructions  secrètes  du  général  Dupont  portaient-' 
«  Qu'il  eût  À  détacher  autant  que  possible  les  troupes  espagnoles  pour 
les  amener  au  serment  à  don  Josepli-Napoléon.  »  A  cet  effet,  il  de\>it 
s'entendre  avec  les  capitaines  généraux,  et  Castaûos  était  complu 
parmi  les  plus  anciens  et  les  plus  sûrs  * .  Une  correspondance  com- 
mença donc  entre  les  généraux  français  et  les  ofBciers  insurgés;  «t 
une  circonstance  qui  n'est  pas  assez  remarquée ,  c'est  que  Castanos 
n'était  pas  entièrraneut  éloigné  d'une  soumission  à  Joseph.  II  fu' 
entraîné  par  l'insurrection  ;  et  qui  pouvait  y  rester? 

Castaiîos  suivait  l'impulsion  nationale  ;  il  devait  capituler  avec 
Joseph  et  il  obtint  la  capitulation  de  Dupont  ;  changement  étrange  de 

■  La  ginirtl  Daponl  aTail  encore  ces  instniciioiu  eut  Cistuioe  en  ocigiMli 


îdbyGoOgIc 


DB  L'BSPAGNB   ET  DC  PORT1I6JU,.  881 

fortune  I  Pir  une  circonstance  curieuse,  il  se  trouvait  dans  le  camp 
deux  officiers  qui  ponvaient  juger  et  apprécier  la  nécessité  de  la 
capitulation  ;  le  premier  était  Marescot,  général  du  génie  d*UQe 
grande  science,  et  revêtu  de  la  confiance  de  l'empereur  ;  il  avait  eu 
l'occaûon  d'être  en  rapport  avec  le  général  Castaiios  lors  de  la  cam- 
pagne de  Dugommier  en  1793.  et  après  la  paix,  Marescot  put  dcHiner 
au  général  espagnol  les  témoignages  d'une  haute  estime.  Avec  le 
général  Marescot,  se  trouvait  également  un  otQcier  d'ordonnance  de 
l'empereur,  M.  de  Villontray,  et  comme  rien  ne  se  faisait  alors  que 
sous  les  auspices  de  la  majesté  impériale,  le  général  Dupont  crut 
essentiel  de  donner  à  la  capitulation  *  l'assentiment  de  ces  deux  offi- 

'  Le  leite  exact  de  la  eapiiulallonde  Bajlmest  peiieannu*;  il  est  éctEtcD  fr«D- 
çaiî.  On  remarquera  avec  un  sourire  de  pillé  que  dios  celle  capiiulalion ,  aucun  des 
litres  du  général  Dupont  n'est  oublié. 

«  Leun  eicellences  le  comte  do  Cas*-Till;  et  le  général  Casiaaos ,  commaDdant 
«a  clief  l'armée  d'Espagne  en  Andalousie ,  Touiant  donner  une  preuve  de  leur  liauia 
eetime  i  S.  E.  H.  le  général  Dupont,  grand  aigle  de  la  Légion  d'honneur,  commaa- 
dont  en  chef  le  corps  d'obserTaiion  de  la  Gironde,  ainsi  qu'A  l'armée  sous  ses  ordres, 
pour  la  belle  et  glorieuse  défense  qu'ils  ont  faite  contre  une  armée  infiniment  supé- 
rieure en  nombre  et  qui  l'enTeloppait  de  toutes  pans,  sur  la  demande  de  H.  le  géDé* 
ralCIiabert,  commandant  de  le  Légion  d'honneur,  et  cbargé  de*  pleins  pouToirs  de 
S.  E.  le  général  en  chef  de  l'armée  française,  en  présence  de  S.  E.  U.  le  général  Ha» 
reccot,  grand  aigle  de  la  Légion  d'honneur  et  premier  inspecteur  du  génie,  sont 
convenus  des  articles  sulvanu  : 

B  Arijclc  t".  Les  troupes  françaises  sous  lesordresdeS.E.  H.  le  général  DnpoDt 
sont  prisonnières  de  guerre,  la  dirision  Vedel  eiceptée. 

>  Art.  2.  La  diTJsion  de  H.  le  général  Vedel  et  les  autres  troupes  qui  ne  sont  pas 
dans  la  portion  de  celles  comprises  dans  l'art.  !•',  évacueront  l'Andalousie. 

B  Les  troupes  comprises  dans  l'arUcle  précédent  conserveront  généralement  tous 
leurs  bagages ,  et,  pour  ériter  tout  sujet  de  trouble  pendant  la  marche,  elles  remet- 
tront leur  ariillerie,  Irain  et  autres  armes  ji  l'armée  espagnole,  qui  s'engage  à  les  leur 
rendre  au  moment  de  l'embarquement. 

.  a  Art.  4.  Les  troupes  comprises  dans  l'article  1"  du  traité,  sortiront  de  leur  camp 
avec  les  honneurs  de  la  guerre,  chaque  balailion  ayant  deux  csnons  en  tête,  les  sol- 
dats armés  de  leurs  fusils, 'qui  seront  déposés  k  quatre  cents  toises  du  camp. 

D  Art.  S.  Les  troupes  de  H.  le  général  Tedel  «antres,  ne  devant  pas  déposer  les 
armes,  les  placeront  en  faisceaux  snr  leur  front  de  bandiérc;  elles  j  laisseront  aussi 
leur  artillerie  et  leur  train;  il  en  sera  dressé  procès-verbal  par  desofflcien  des  deux 
années,  et  le  tout  leur  sera  remis  ainsi  qu'il  est  contenu  dans  l'article  3. 

»  Art.  6.  Toutes  les  troupes  françaises  en  Andalousie  s«  rendront  t  San-Luctr  et 
i  Bail  psr  journées  d'étape,  qui  ne  pourrimt  excéder  quatre  lieues  de  poste,  stm 

■  Elle  u'niBiilbcgniucmenlqHtnpIikiiriHiiiM.  —  Elle  M  (ivan  ciitn  «Dira  >ui  fvttin* 
.t  CfxjWtH,  I.  XVlIt,  p.  IG0-10«,  Iniiil  i|ai!  l'iuleiir  ■,  il  «t  ini,  qulifij  ât  umm  eoni- 
UTM» i  uuii icli  D-cmpJdw point  ■. Clpcfisn d';  paiw.  [V.  VI.) 


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«82  MOVrKUVST  INSmBBCriOXNKL 

df  n  de  confiance  en  lear  faisant  juger  sa  propre  bastion  ;  ils  forent 
chai^  de  n^ocier  auprès  du  général  Castaftos.  On  ne  parla  pas 
d'abord  d'une  capiUilation,  mais  seulement  d'une  convenUon  parfi- 
calière,  dans  laquelle  il  serait  convenu  :  que  le  général  Caatofios 
tablerait  le  Kbre  passage  par  l'Andaloasie  aux  troopes  fFtoçaiaes, 

ktMJouranécesMirM,  pour  être  embarquées  sur  des  vtlBseaui  «Tecéqaip^[«se^ia- 
fnoU,  et  trvnportfes  en  Prsnre  ta  pan  de  Rocfaerort. 

>  Art.T.Lei  troupe*  SnacaltM  mnin.  eKb«rfat«Hla«1carHTivée,  «i  l'année 
ftg— h  ■snwe  leur  travcnte  conure  Uwie  npMiiioB  liMUle. 

■  Art.8.Mll.ltsofliciersginéraui,Mipérieiirsctiutre*,MnserTerMitleuis«nBe!, 
«t  le*  uUais  leurs  s«cs. 

■  An.  9.  Les  k>gea««t«,  Tims  et  fonnrn  pendcM  la  lanAt  et  U  travenée 
MroDt  (burnia  i  UH.  les  officiers  génénu i  et  autres  ay lois  droit,  ainsi  qu'i  la  troupe, 
4aM  b  propOTiian  de  leur  grade,  M  mu  le  pkd  dea  Uvupeeufigaalee  en  UmpE  dr 

fMTN. 

■  Art.  10.  Les  chcTaui  de  HM.  les  officiers  géatrau»,  Mpérieurs  et  d'êtat-majar. 
4iBa  la  pTOporiioa  de  >etiT  grade,  «traat  IraafMite  «■  France,  al  noorria  sor  le  pied 
defoerre. 

•  Art.  11.  HM.  ha  oOcicn  généiaut  coasarreroal  cfaaeaa  aue  Toitwe  et  «a 
borgoB  ;  MM.  lea  oflciers  supMeurs  et  d'état-major  ue  raiture  aentemeat,  saas 
Mnaaumiak  BMcna  eianien. 

»  AH.  IS.  Soal  eieepties  de  l'artieta  prk^éeni  ha  To4i«na  friMS  ea  Andrioa^ 
M  dont  l'euBiea  een  Tait  pae  H.  le  géaént  ChafctH. 

■  An.lS.PoatéTlter  ladiBcaltéd'M»hanp«leiebetiaid«ac«>rps4eeaTdoie 
«  d'artWcrie  ccwfris  dans  l'artkle  1,  leadits  ebenat  stroat  Msaés  en  Esp^ae 
d'après  resilmaiioD  de  deux  cominiSMÎres  français  et  eapagaala^  et  acqaiuéa  pu  k 
«omiBiasaiR  espagnol. 

■  An.  14.  Les  blessés  et  lea  naïades  de  l'arméa  fraacalaa  Wséa  àm»  les  bApiiaat 
«roM  mité*  avec  le  plna  graad  aoia  <t  seloat  Iramponés  en  Fraan  sous  boone  et 
aflre escorte,  auaaiUilewgaMaoD. 

«  Art.  IS.  Connue  dans  plniJean  mdraita ,  n  HotaHraeM  i  l'aataai  de  Cardoac, 
plmlears  soldats,  «Mlgté  lea  ordres  de  MHi  les  ofiefera  généraai  et  la  seios  de 
MM.  les  offiners,  se  sont  portés  à  dea  eicie  qui  soat  nne  saile  iaétMrtle  da  rilln 
prises  d'as&sut ,  MM.  les  offlders  généraux  et  aatras  aflciers  prcndroal  lonles  les 
me^nres  nécessalrca  pour  déectaTTir  le*  lasaa  aacrte  qui  peaveat  aveir  été  eolnés, 
et  les  rendre  s'ils  csistent. 

■  Art.  U.  Tons  lea  e(npl«7ée  eirils  alUebés  i  l'armée  fraataiae  se  aont  pas  conEi- 
dériacoBitDe  prisonaiers  de  guerre,  etjoulraatcepeadaat,  durant  lear  tran^torlca 
ïrance.  de  tous  les  aTantagea  de  la  Uoupe,  dans  la  praportien  de  leur  grade. 

•  Art.  17.  Les  troupes  françeises  connaenceront  i  éTSCuer  l'Andalcmsie  k  S3  jail- 
let  k  quatre  beures  du  matin;  piMir  éviter  la  grande  ehakar,  la  aiarehe  des  troupes 
a'eScetueta  de  nuit,  et  se  confiwniera  aui  jouruéea  d'étapes  qal  aèrent  réglées  par 
MM.  lea  aflciers  d'éui  ■liar  buafêia  et  espagnols,  «a  «riunt  le  paasaga  dea  tîHm 
île  Cordoue  et  de  Séville. 

a  Art.ao.LaprésentecepilnlationsenponéedesnlteiS.E.H.IedacdeBOTïgc, 
«vmmandantencbef  les  troupes  frantafses  en  Espagne,  par  un  officier  français  qui 
devra  être  escorté  par  des  troupa  de  Ugne  espagnoles. 


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DU  t'BSPAGire  ET  DC  POttTtTGAI..  283 

s'eagageant  h  évacuer  la  province  comree  on  quittait  une  ville,  une 
place  forte,  avec  les  honneurs  de  la  guerre. 

Deax  àrconstances  changèrent  la  tendance  particulière  de  cetl6 
n^jocîBtiOD  ;  la  défection  d'dtord  des  régiments  misses,  qui  vinrent 
grosir  les  nuigs  de  Gastaffos  ;  puis  l'influence  des  Anglais  attisant 
dor»  l'insurrection  dans  toutes  tes  parties  de  l'Espagne.  Le  général 
Castres  ne  fut  plus  raattre  des  fails  et  de  k  transaction,  les  insurgés 
ne  Toulaient  pas  que  Farmée  Mnçaise  en  fût  quitte  à  si  bon  marché  ; 
oo  SBTaK  combien  elle  était  démoralisée,  pourquoi  ne  point  en  pro- 
6ler  ?  Après  des  difflcuttés  inouïeï,  la  fatale  capitulation  de  Baylen  fut 
signée  ;  Cifitafios  eût  accordé  de  plus  larges  conditions,  mais  les 
insurgés  le  dominaient  sans  lui  Insser  la  liberté  d'être  généreux.  La 
capitulation  portait  un  préambule  très-solennd,  an  milieu  des  cir> 
con^nces  si  tristement  choisies  :  «  Le  général  comte  de  Cassa-Tilly 
et  le  général  Castanos,  commandant  en  dief  l'armée  d'Espagne  en 
Andslousie,  donnaient  une  preuve  de  lenr  haute  estime  au  général 
Dupont,  grand  aigle  de  la  Légion  d'honneur  [lorsque  l'aigle  était  d 
abaissée,  pourquoi  étaler  FaigleT)  pour  la  belle  et  glorieuse  défenie 
que  l'année  et  lui  avaient  faite  contre  nneormée  infiniment  supérieurfi 

ÀriMt*  ntpplinuttlaim, 
»  Art.  1*.  n  s«Ti  tttvni  deui  cliarretiss  p»  bitiilloD  pour  urrir  lu  transport 
dM  iffels  *t  HBI.  les  offlclars. 

k  ÀiU  %  MM.  lu  offlcien  de  caTtlerie  umHmronl  kun  ebenm  pom  !■  rooM 
HeiiJeineDl,et  lesUisscroati  Bou,  lieu  d'embarquement,  au  coimnissalre  espagnol, 
ijiri  sera  chargé  de  les  recevoir  :  la  gebdarmerie  fonnaot  la  garde  de  8.  E.  M.  lo 
gjMni  ftapOMt  jouira  de  b  mtnie  bcullé. 

.  B  Art.  3.  Lee  naïades  qui  aoai  dans  la  Uancke,  ainsi  que  ceux  qnipoomient  n 
irvurer  en  Andalousie,  seroni  conduits  dans  les  hûpiuux  d'Andujar  eiauircs  qui 
païahronlpluscoDïeaBblesà  la  convalescence  ;  à  mesure  de  guérison,  ils  seront  con- 
duits t  Beta,  eft  ils  seront  embarqua  pour  Jtre  transpartés  ta  Fiance  sous  la  même 

liaaMiiiiiiainii fn  dans  i'attide  14  de  la  eapUnlailen. 

>  Alt.  4,  Leurs  eieellences  M.  le  comte  de  Till]'  et  M.  le  ginéral  Caatanoa ,  com- 
mandant  en  chef  l'armée  d'Espagne  en  Andalousie,  promettent  d'employer  leura 
bons  ollces  pour  que  H.  le  général  Eicdmans,  H.  le  colonel  Lagrauge  et  U.  le  Ueu^i 
tmat-colMiel  Koattii,  prisoraien  de  gwire  à  TalMce,  soieni  mis  en  Kberti  h 
tiBB^rtés  «n  Ftaoce  sous  la  nèmaianBtMBeiilioBDéedaa*  l'article  pcécédcM, 
a  FabàAnduJBT.IeSajailletlSOS. 

a  Signi  ;  le  comte  na  TiixT  ;  le  général  Caitànos  ,  eomnuméant  M 
c)t«/l'onnted'£fi?sjiia*nJiHl«Ioujie;le  général  Uauscot, 
eomma  témoin,  ei  le  général  Cbaibmt,  ehargi  d*  pl«M« 


I 


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26k  HOnVBHBNT  INSOBBECTtONREL 

en  nombre  et  qui  l'enveloppait  de  toutes  parts.  Cette  ca^tolatitHi 
était  coDclae,  disait-on,  sur  la  demande  du  général  Ghabert  et  en 
présence  du  général  Marescot.  On  y  stipulait  que  foutes  les  troopej 
sous  les  ordres  de  S.  Ë.  léguerai  Dupont  (aucun  titre  n'était  oublié) 
seraient  prisonnières  de  guerre,  la  division  Vedel  exceptée  ;  c^e-d 
devait  évacuer  l'Andalousie  ;  on  devait  remettre  momMitanémtitlIa 
amies  et  l'artillerie  aux  Espagnols  qui  devaient  les  rendre  au  montent 
où  les  Français  seraient  embarqués  à  San-Lucar  et  &  la  Rota  pour  se 
rendre  au  port  de  Rochefort  ;  les  ofHciers  conservaient  leurs  épées, 
les  soldats  leurs  sacs  ;  de  plus,  les  officiers  généraux  gardaient  une 
voiture  et  un  fourgon,  les  officiers  supérieurs  la.voiture  seulement, 
sans  examen  (remarquez  bien,  une  voiture  ou  un  fourgon).  Les 
chevaux  d'artillerie,  laissés  jt  l'Espagne,  seraient  payés  d'après  l'esti- 
mation ;  puis  on  rendrait  les  vases  sacrés  pris  è  Cordoue  [on  aroaiit 
ce  vol)  ;  les  commissaires  espagnols  pourvoiraient  è  tout  ce  qui  était 
nécessaire  pendant  la  route,  et  la  convention  serait  immédiatement 
envoyée  k  l'a[^robatîon  du  général  Savary.  » 

Ainsi  fut  le  texte  réel  de  la  convention  de  Baylen  ou  d'Andnjir 
jusqu'ici  mal  connu  ;  eu  examinant  ces  clames  écrites,  on  voit  qu'elles 
diffèrent  peu  des  conditions  stipulées  dans  la  plupart  des  capitulations 
militaires  ;  elle  était  calquée  sur  le  modèle  du  traité  conclu  pour  l'éra- 
Guation  de  l'Egypte ,  ou  de  Malte  ;  elle  ne  se  distinguait  que  par  les 
réserves  sur  les  fourgons  et  les  bagages.  Que  stipulait-on,  en  effet, 
dans  cette  convention  de  Baylen  :  •  Que  l'armée  serait  transportée 
en  France;  on  lui  rendait  ses  armes  au  lieu  de  l'embarquement,  elle 
évacuait  l'Andalousie,  mais  par  mer;  on  ne  voulait  pas  qn'dle  pât 
combattre  de  nouveau  contre  les  Espagnols;  on  se  servit  de  l'expres- 
sion de  prisonniers  de  guerre ,  afin  de  placer  l'armée  française  soos  la 
IHï>tectioo  du  droit  des  gens ,  à  travers  les  guérillas  insurgés;  à  Cadix 
on  convenait  de  la  transporter  en  France  ;  là  elle  serait  libre  siiB 
pouvoir  combattre  l'Espagne.  Seulement  des  articles  déplorables 
constataient  l'esprit  dé  ce  traité  ;  et,  par  exemple,  on  stipulait  qoelt* 
foutions  ne  snaîent  pas  visités  par  les  Espagnols;  n'était-ce  pas  U  une 
trop  grande  préoccupation  du  général  Dupont  et  de  son  état-major? 
Chacun  emportait  son  butin ,  lorsque  plus  d'un  olBcier  perdait  sou 
honneur. 

La  faute  des  négodateurs  fut  de  croire  que  la  convention  serait 
exécutée  ;  il  y  eut  de  la  part  des  généraux  une  ignorance  complète 


DiclzedbyGoOglC 


DE  LBSPaGKB   BT   du   PORTUGAL.  285 

des  caractères  d'une  insurrection ,  mouvement  tumultueux  qui  ne 
respecte  rien  :  comment  croire  que  les  habitants  de  Gordoue ,  pillé» 
à  quelques  jours  de  distance,  laisseraient  passer  une  année  prisonnière 
et  chargée  de  leurs  dépouilles?  Comment  croire  qu'une  armée  qui 
venait  de  commettre  des  eicès  serait  protégée  par  les  Espagnols ,  si 
portés  eux.'mèmes  aux  eiicès?  Quand  le  cheval  tratne  ses  entrailles 
béantes  dans  l'arène ,  lorsque  le  toréador  est  brisé  par  la  corne  du 
taureau  vaillant,  l'Espagnol  applaudit;  il  n'épargne  pas  les  vaincus. 
Pouvait-oo  s'autoriser  de  l'exemple  de  l'évacuation  d'Egypte?  le 
général  Mraou  négociait  avec  un  pouvoir  régulier;  il  donnait  sa 
parole  aux  Anglais  et  la  recevait  d'eux  ;  c'était  une  convention  de 
guerre.  Rien  de  semblable  dans  la  capitulation  conclue  par  le  g^iéral 
Dupont  ;  c'était  un  acte  signé  sans  doute  par  le  général  Castaîios,  chef 
des  forces  militaires  ;  mais  le  général  était-il  maître  du  peuple?  S'il 
commandait  la  guerre  au  canon ,  au  fusil,  la  guerre  au  couteau  était 
en  dehors  de  lui. 
La  convention  de  Baylen  ne  fut  pas  exécutée  par  les  insurgés  '  ;  ils 

■  Quand  le  génénl  Dupont  récUmB  l' exécution  du  Inilé  à  Ctdii,  le  gouverneur 
lui  écrivit  la  leltic  suivante  : 

■  Cadix,  le  10  aoûl  IMS. 
■  HoDiieuT  le  général  Dupont, 
»  Ni  la  capitulation ,  ni  l'approbation  de  la  junte,  ni  un  ordre  exprès  de  notre  (ou- 
Y«raln  cbéri,  ne  peuvent  rendre  possible  ce  qui  ne  l'est  pas;  il  a';  a  point  de  bili- 
meols,  ni  de  moyens  de  s'en  procurer  pour  le  transport  de  votre  armée.  Quelle  plus 
grande  preuve  que  celle  de  retenir  ici  iriit-dispendieusunent  les  prisonniers,  pour 
n'avoir  point  de  quoi  les  tranaporter  sur  d'autres  points  bon  du  continent. 

•  Lorsque  le  général  Caslanos  promit  d'obtenir  des  Anglais  des  passe-ports  pour 
le  passage  de  votre  armée,  il  ne  put  s'obliger  à  autre  cbose  qu't  les  demander  av<!i- 
instance,  et  c'est  ce  qu'il  a  fait.  Hais  conunenl  V.  E.  peut-elle  croire  que  la  nation 
britanaiqueaccédetait  ils  laisser  passer,  certaine  qu'elle  allait  lui  faire  la  guerre  sur 
un  aulre  point,  ou  peut-être  sur  le  mémo. 

B  Le  raracière  national  ne  permet  d'en  user  avec  les  Franfais  que  d'après  celte 
loi,  et  non  d'après  celle  des  représailles.  V.E.  m'oblige  de  lui  «primer  des  vérités 
qui  duiicnt  lui  être  amères.  Quel  droit  a-t-elle  d'exiger  l'eLécution  impossible  d'une 
ropitulalioii  avec  une  armée  qui  est  entrée  en  Espagne  sous  le  voile  de  l'all'iancc 
intime  et  de  l'union,  qui  a  emprisonné  notre  roi  et  sa  bmille  royale,  saccagé  ses 
palai:^,  assassiné  et  volé  ses  sujets  *,  détruit  ses  campagnes  et  arraché  sa  couronneT 

*  Morli.ii  arrogint  cnicn  la  Mld^Uile  Dupmt  pM«  qn'ila  luH'iil  l'on  d'£Ut  da  diUior 

K  fat  gmtn  violé  comine  cdic  do  bsjlm,  do  ec 

reijuHj  ^i.  Capcfiguc  lie  dilpoiul,  parce  que  celo  regarde  b  Fnncen 
jc  [ijilc  atioie  juids  Heila  lertile  li  ujiUnlitioii  de  Midrid.  —  Il 


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ZBS  MOUVEMENT  INSOEBECTHUlIia. 

n'eurent  aucun  respect  des  priaonDÏefs ,  insultés,  frappés ,  pcndut  It 
route  sur  les  bords  du  Guadalquivir  ;  «i  les  dirige«il  snr  Sao-Lnctret 
la  Rota  ;  (|iMi  lameatable  spectacle  qae  ces  masses  de  soldats  fcantak, 
pAles»  l'œil  morne,  le  front  bumilié,  traversant  )a  nuit  les  ntlages de 
l'AndakHiûe,  depuis  Bayleu  jusqu'à  Cadix  !  te  peuple  les  arracfai  loi 
•oldato  de  Caslaôos  ;  il  fallait  les  emltarquer,  et  les  Anglais  laisseraienl- 
lll  passer  en  France  une  maase  aussi  considérable  de  troupes  sans  s'en 
emparer,  comme  d'une  bonne  prise?  Si  une  flotte  espagnole  les  tni» 
portait  eo  France,  rAiq;leterre  les  attaquerait  de  vive  force;  seeon 
général  anglais  n'était  intervenu  dans  la  convention,  il  n'avait  lieo  i 
respecter;  l'amiral  anglais  considérerait  les  Français  commeprisoBnien 
de  guerre.  Je  le  répète  :  la  haine  des  habitants  de  Cordoae,  la  colère 
des  juntes ,  ne  permirent  pas  l'exécution  de  la  convention  ;  lorsque  le 
général  Dupont  en  demanda  Fexécntion  à  Cadix,  on  lui  répondit ,  en 
K  raillant ,  «  qu'il  n'y  avait  pas  de  bètimeuts  pour  le  transport  de  toi» 
ces  hommes  ;  n  celte  armée  llétrie  de  douleur  et  de  boute,  eut  dès  loffi 
les  pontons  pour  patrie. 

Ainsi  disparut  la  division  Dupont.  Pourtant  le  général  en  chef  était 
un  brave  de  In  vieille  armée,  et  sa  conduite  était  sans  excniel  ï 
aurait-il  dans  les  événements  malheureux  un  décourogeraent  quiaffffl- 
blit  les  âmes  les  mieux  trempées,  celle  de  Marescot  même  î  Qu'on  se 
représente  ces  divisions  de  conscrits,  poursuivis,  harassés  par  des  gué- 
rillas intrépides  ;  rien  ne  terrifie  l'armée  comme  une  guerre  à  coup* 
de  faux,  c'est  une  lèpre  qu'elle  a  sur  le  corps.  Puis  quand  les  soldats 
meurent  de  faim,  sans  l'espoir  d'être  secourus,  sous  les  feux  da  s^. 
trempés  de  sueur,  quel  d^espoir  ne  saisit  pas  les  ftnies  I  un  loomnl 
de  faiblesse  arrive  ;  ils  ont  le  fol  espoir  d'être  transportés,  avec  annes 
et  bagages,  en  France  ;  et  ce  fut  la  iȎoccupatioD  de  ces  soldab  qai 
n'en  pouvaient  plus  sous  leurs  souffrances.  La  pensée  qui  ifieta  l» 
convention  de  Bayleo,  j'ose  le  croire,  fut  plutAt  faiblesse  que  trahison, 

ftl  V.  E.  ne  veut  s'attribuer  de  pins  ta  plus  la  juste  IndigoalioD  its  peupleqMJr 
IravaUla  tant  i  riprimcr,  qu'elle  ceaat  de  leioblables  et  d'aussi  iolalénbles  iMt- 
inatioDS,  et  qu'elle  cherche,  par  sa  ccnduiLe  et  as  résigualioD,  i  affaiblir  Lavivcsen- 
Ullon  des  horreurs  qu'elle  a  commises  récemment  k  Cordoue.  Quel  giimuluil  f^ 
ià  popokce  de  saTojr  qu'un  wal  saldai  était  porteur  d«  a,tM  liv-  lournols) 
>  SigtU  !  itomLk. 
■  XÎMtfMMM  général  joHtmtuwr  d(  CWts.  • 


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DE   L  ESPAGNE   ET  DD   POBTDGAL.  28!7 

découragement  que  perfidie  :  des  conscrits  ne  valent  pas  les  vieux 
prétoriens;  l'armée  d'Espagne  ne  comptsit  pas  5,000  vétérans  des 
vieilles  années.  Hélas  1  j'ai  besoin  de  chercher  des  molifs  et  des  e]icuges 
à  la  fatale  conduite  d'un  général  si  glorieusement  sabré  à  la  bataille 
de  Friedland. 

Dupont  a  capitulé  !  Ce  bruit  retentit  comme  ta  voix  de  la  délivrance 
parmi  les  £q>agiiols.  Oo  apprit  cette  triste  nouvelle  à  Madrid  où 
Joseph  venait  &  peine  d'arriver  ;  22,000  hommes  captifs  laissaient 
une  vaste  trouée  aux  insurrections  de  l'Andalousie,  de  la  Manche  et 
de  la  Vieille-Castille.  Le  général  Savary  cherchait  en  vais  &  fortifier 
Madrid  avec  des  palissades;  en  supposant  la  disposition  pleine  et 
euUère  du  corps  de  Bessières,  le  seul  solide  dans  toute  cette  campagne 
et  composé  de  vieilles  et  bonnes  troupes,  20,000  hommes  étaient-ils 
suJBsants  pour  donner  la  main  à  Moncey  refoulé  du  royaume  de 
Valence,  et  à  Duhesrae  dans  la  Catalogne,  aux  prises  avec  les  moo- 
tagnards  et  les  vaillants  miquelets?  La  position  de  don  Joseph-Napo- 
léon était  ainsi  menacée  à  Madrid  ;  déjà  le  conseil  de  Castille  mettait 
de  l'hésitation  dans  le  serment  ;  les  hommes  qui,  sous  l'influence  do 
la  force  militaire,  avaient  suivi  la  fortune  de  Joseph,  revenaient  k 
leur  roi  légitime,  Fernand  VII,  le  prince  chéri  du  peuple  ;  le  général 
Savary  avoua  qu'il  n'avait  pas  les  moyens  de  défendre  Madrid,  une 
fois  la  ligne  d'opération  débordée  ;  la  terreur  augmenta  ;  il  n'était 
plus  possible  de  protéger  la  ville  et  tes  provinces  méridionales  de 
l'Espagne;  nulle  sécurité  pour  les  Français  s'ils  ne  jetaient  un 
immense  espace  entre  eux  et  l'insuiTCCtion.  La  résolution  fut  prise 
de  se  retirer  sur  l'^re  ;  le  soii  rien  ne  fut  dit  :  on  donna  des  ordres 
pour  que  le  départ  se  ftt  dans  la  nuit,  et  le  cortège  royal  se  déploya 
silencieusement  dans  te  Frado.  L'armée  abandonna  successivement 
Madrid,  les  Castilies,  Burgos,  pour  placer  le  siège  du  gouvernement 
dans  VIttoria;  Vittoria,  c'était  presque  la  France,  on  touchait  la 
fh)ntière;  des  renforts  pouvaient  venir  en  quelques  journées  de 
marche  :  on  préviendrait  Napoléon  par  des  dépêches  immédiates;  de 
nouvelles  arméef  seraient  dirigées  sur  la  Péninsule,  il  fallait  dompter 
fEspsgne  par  de  grandes  forces.  La  retraite  se  fit  avec  ordre,  le  corps 
de  Bes^ères,  troupe  solide,  protégea  le  monvemeat  rétrograde  de  la 
cour  de  don  Joseph  ;  cour,  hélas  !  bien  amoindrie,  car  la  plupart  des 
grands,  fortement  poussés  par  le  peuple,  avaient  adopté  la  cause 
nationale  ;  la  majorité  resta  fidèle  à  la  patrie,  un  petit  nombre  suivit 


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&8S  VOOTBHBIfT  IKSHBBBCnOiraEL 

le  frère  de  Napoléon  ;  ils  furent  désormais  désignés  bous  le  nnn  de 
jotephinos,  titre  odieui  qui  devint  pour  les  Gastillans  comme  lésina- 
Dyme  de  trahison  et  d'infamie.  La  cour  de  Joseph  fut  reportée  i 
trente  lieues  des  frontières  de  France. 

Le  mouvement  rétrograde  des  Français  sur  l'Ëbre  ne  rendait  phi! 
tenable  la  position  déjà  si  dilBcile  de  Junot  dans  le  Portugal  ;  la  dàuh 
ralisation  de  son  armée  avait  été  remarquée  et  ses  soldats  arrivikot 
à  Lisbonne  bande  par  bande,  homme  par  homme,  à  pdne  t^ 
JuDOt,  aidé  des  généraux  Travot,  Delaborde,  Loison  et  KellerniiDD, 
avait  réoi^anisé  arec  une  fermeté  remarquable  toutes  les  parties  de 
l'administration  militaire  et  civile  ;  on  doit  rendre  justice  à  ces  géné- 
raux ;  ce  fut  une  sorte  de  phénomène  qu'un  corps  de  24,000  hommei 
qui  dompte  tout  un  peuple,  et  avec  cela  il  fallait  exécuter  les  ordres 
impératifs  de  Napoléon  *,  lever  des  contributions,  frapper  lesdlvers 
États  :  l'esprit  de  l'insurrection  espagnole  avait  franchi  les  frontière); 
les  sympathies  étaient  les  mêmes,  l'amour  du  pays  brûlait  lei  In». 
et  les  guérillas  s'organisaient  dans  toutes  les  parties  du  Portapt. 
Junot  ne  trouvait  que  mollesse  et  inaction,  mauvais  vouloir  parmi 
les  autorités  portugaises  ;  il  avait  demandé  l'appui  des  équipa^  ^ 

'  En  Toici  un  exemple  dans  ce  décret  : 

«  NtpoléoD,  elc. 

>  1.  H  sera  imposé  sm  le  Porlu^  uoe  eonlribution  de  gncnv  dg  100  millinsdt 
pesatas  (SDO  milliops  de  A'ancsJ,  laquelle  sera  lerée  sur  toutes  Its  propriété  ri  do- 
naiDcs  apptTtFDant  nui  particuliers. 

■  2.Legénéral  en  cberdenotTeeriDée  répaiUra  ceil«  contiibutiaapirpni'iBW 
et  ville,  selon  les  racultés  de  chacune. 

■  3.  Tous  1(8  biens  appartensnll  la  reine  de  Portugal,  au  prince  réfeai  H  •">*> 
les  princes  apanages,  scroat  mis  sous  le  séquestre  ;  seront  cgalemeot  wqatsirH  1» 
biens  de  tous  les  grands  du  royaume  qui  ont  accompagné  le  priuce  dans  sa  fiâX.  ^ 
moins  qu'ils  ne  soient  de  retour  en  Portugal  avant  le  IS  février  prorbain. 

■    Ff  APOLSON.  • 

■  Tous  les  bieos  tant  mobiliers  qu'immobiliers,  de  quelque  qualité  qu'ils  iomi' 
qui  oppar  Lien  lient  t  des  individus  sujets  du  roi  d'Angleterre,  el  qui  se  irtHita'  " 
Portugal,  doivent  être  confisqués.  Toutes  les  marchandises  anglaises  de  qnciqn^ 
nature  qu'elles  soient ,  doivent  dire  confisquées.  Il  Mt  eipressèment  ordmiM  i 
chaque  individu,  de  quelque  rang  qu'il  soit,  de  remettre  dans  l'espace  de  tnils]*"!^ 
au  bureau  de  M.  de  Goj,  tous  les  objets  et  marchandises  qui  apparLicDatal  i«^ 
sujets  anglais.  Dans  l'inléticur  du  Portugal,  ces  objets  doivent  Cire  reniis  su  luiin 
du  lieu.  Quiconque  n'aura  pas  cïncirmcnt  délivré  les  objets  qui  sont  entre  s« 
mains,  payera  le  diiiéme  de  la  valeur  des  objets  qui  seront  trouvés  ch»  lui,  cl  sOT 
de  plus  puni  corporellement.  L'administra leut  général  des  Gnauccs  et  ic  l'on^il*" 
régence  sont  cbar^  de  l'eiécutiou  de  la  présente  ordoonurc. 

■  SigM  :  iBsn-  • 


DiclzedbyGoOglC 


DB  LBSPA6NB  >T  DO  POBTUGAL.  299^ 

l'amiral  russe  Siniavin,  qui  pouvait  disposer  de  3,000  matelots  et 
tourner  ses  canons  sur  la  ville;  en  vain  lunot  invoqua  l'alliance  de 
Tilsitt,  et  quoique  l'amiral  Siniavin  se  moutrAt  très^mpressé  en 
dévoaement,  il  témoigna  néanmoins  l'impossibilité  de  seconder  le 
général  ionot,  n'ayant  pas  d'instructions  précises  de  son  gourerne- 
ment  sur  le  but  de  sa  mission  en  Portugal  ;  sa  flotte  resta  pavoisée  au 
port  de  Lisbonne  dans  une  sorte  de  neutralité. 

L'énergie  des  troupes  françaises  aurait  peut-être  servi  k  réprimer 
les  guérillas,  et  ces  21,000  hommes  sous  Junot  auraient  fait  des 
miracles  ;  mais  on  apprit  alors  qu'une  année  anglaise  était  débarquée 
h  Porto  et  dans  l'embouchure  du  Tage  ;  sur  quel  point  allait-elle 
opérer  ?  Dès  le  printemps  de  1808  des  forces  considérables  s'étaient 
réunies  à  Coiï,  l'Europe  en  igDoraitencore la  destination  :  lordCastle- 
rcagh  eu  avait  fait  un  mystère  ;  le  bruit  courait  qu'elles  seraient 
dirigées  vm  les  colonies  espagnoles,  lorsque  sir  Arthur  Wellesley 
reçut,  le  14  juin,  un  ordre  du  duc  d'York,  commandant  en  chef 
l'armée  britannique  ' ,  pour  lui  annoncer  qu'il  eût  à  prendre  le  com- 
mandement d'un  corps  d'armée  destiné  pour  le  Portugal. 

'  Tolei  l'ordre  du  due  de  Wellington  : 

Bii  foyal  hi^n*$$  A«  tommander  tn  eMi^  (o  (fmx.-jMtral  A*  ho»,  tir 
À.  WMtiU]/.  S.  B. 

a  Horae-Guards,  141b  June,  1808. 
«  Sir,  Us  majeMy  baving  beca  gnciouslj  picaaed  lo  appoint  you  lo  Ibe  com- 
mind  «radeitthment  ofhis  armf,  to  be  emplojed upon  a pulicular  Bervf ce,  1  havp 
tu  it^n  ihtt  joa  wUI  be  pleised  lo  take  tbe  earlîest  opponuoîlj  M  assume  Ihft 
commaud  of  bis  force,  and  carrj  inio  effecl  sucb  inilruciions  ts  jou  Biaj  ^ecei^(t 
from  bis  majestj's  mlniBien. 

B  Aad  tbe  slaff  eppoinitd  lo  Ibis  force  is  composed  as  rollowB  ;  major^enerst 
^Dcer,  major-geneTal  Hitl,  m^or-general  Ferguscn,  brigadier-général  NightingBll. 
brigadier-geoeralFaDe,  brigadier-geDeralCallinCrauturd. 

■  On  «Il  subjccts  relating  lo  jour  commsnd  you  -will  be  plessed  lo  correspond 
«ïlh  me,  and  y  ou  will  regulariy  communicaie  to  me  ail  military  tnnsaclions. 

•  His  majeslj  bas  furtber  beeo  pleascd  lu  direct,  Ihat  lieutenaDt-^oeral  sir  Hew 
DalrjnipleBiiklIhaTetberhiefcoinmandtheTeof,  aDdlhatlieuteDint-geiieralEiiHirrj 
Burrardbe  second  io  commaDd,  wben  ihestsETarariDj  will  coasist  as  fallows,  TÏi  : 

■  Lieulenanl-generBl  sir  Hew  Dalrrinple,  commander  of  tbe  forces. 
>  Lieulenent-geoeral  sir  Harry  Burrard,  second  In  command. 

■  Lieutenanls-generals  sir  John  Uoorc,  tbe  Hon.  John  Hope,  Hackeotie  Fraser, 
lord  Fsget,  sir  Aribur  Wclleslej. 

B  Hsjors-generals  J.  Murray,  lord  W.  Beniiock.  Hon.  Edward  Pagel,  Spencer, 
Hiil,  Ferguson. 

a  Biigadiers-gentrals  Àcland  ,  Nightingall,  R.  Stewtrt,  tbe  Hon.  C.  Slewart^ 
H.  Fane,  H.  Ansinittaer,  Callin  &aufurd. 

Tiu.  14 


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£30  HOUVEUENT  IKSUKaKCIlONNEL 

Le  Portugal,  le  Portugal  !  tel  fut  le  iew  de  toutes  les  dépèdiee; 
lîr  Arthur  Wellesley,  qui  veoait  d'être  promu  au  grade  de  Ueutenaat 
général  à  son  retour  de  rexpéditioa  de  Copeabague,  devait  aTojr  cous 
ges  ordres  les  majors  généraux  Siteucer,  HiU,  feiguson.  Ce  corys 
d'arioée,  composé  de  quiniw  batailloiiB  avec  quelques  escadren»  de 
cavalerie  et  d'artillerie,  défait  «e  r&uûr  i  ue  autre  corjs  (wti  de 
Gibraltar  sous  le  commaademeot  du  gboéniBm  Didrynapte,  ^kkt- 
war  de  l'inpéoétrable  fort^reiie,  et  qui  preout  le  comawaéement 
en  chef  par  ascienueté  de  grade  ;  lea  forces  qui  B'endmrquaiaat  son 
Ifll  tvdraB  d«  m  Artbur  WeUede^  s'élevaieut  k  9,500  homMua  qui, 
joîals  wix  corps  de  sir  Jobn  Moore  et  du  major  général  ^paocer, 
réuDto  eu  Wltre  au  reofort  de  sir  Hew  DEdrymide  et  à  la  réserve  de 
Stevart,  ikortaieut  l'année  aogliiie,  destiaéei  agir  dans  le  Portugal, 
de  35  i  40,000  hommes. 

Ifi  13  juJUet,  un  débarqaement  des  troupes  hritaooiqMG  eut  lieu 
k  Oporto,  «t  sir  Arthur  Welksley  eu  donna  sm  au  vicomte  CaaUe- 
resgb.  socréUtre  d'État  de  la  guerre  *.  Au  commeocemeat  d'aoAt, 

B  Brigadier-général  B.  ClinloD,  kl  tood  guards,  acting  adjudant-genoal. 
g  Lieuicnant-coloiiel  Murray ,  3d  Toot  gutrds,  acting  quarter  master  gCDeral. 
s  Bt.  )i«Vt«Blnl-col(itiel  Torrens,  MHh  Toot,  nilltary  stcrettry. 

■  His  majest;  has  furLher  been  pleaied  to  comniaiid  that  Qie  follawiiig  sboald  bt 
theoalUoeof  the  disloealion  of  Uie  Iroo)^,  subjeci  to  Uie  discrétion  oftittgaetû 
eommandiDg. 

>  The  reserve,  under  the  eommand  of  linileniiit-geiieTal  dr  John  Hoore  aod 
majoT'gmeral  ibe  Bon.  Edirard  Peget.  ■ 

'  Ceii  à  tord  Casdereagh  que  sir  AtUiut  Wifiester  ■nnoDC*  It  eMmoiion 
de  Cintra. 

■  Mjdear  Lord,BeonTentlon,  signedbygeaeralKettermuHiaiidcoloDdHiuraî. 
Ibr  ibe  waeiMtioD  o(  Ponugri  b j  the  Trenefa  troopa,  v*3  brought  hcre  jeaterdaf 
tnorning  ;  but  it  wasnotratified  bj  the  gênerai,  ia  coBi«qaeaee  of  bis  flodlngsone 
butt  wlthit.  It  wasiltered,  butnoiasllhougblasiioagfai  to  bave  beea,  and  «as 
Ktuned  tofunotyesierdayaflemoon.  Id  the  »««□  tlma,  thearmjhasfariieiiaits 
positioD  ;  irlth  the  oaly  différence  that  we  havc  a  coips  in  Torres  Tedra,  inatnd  ot 
thre»  mika  fro»  that  toiro.  In  tèort,  in  den  daya  ifler  On  acLion  of  the  21«t,  «r 
■reiwt  &rther  adTSnced;  or,  indeed,  asf  beliere,  so  fkr  adranced  asweihaïkL 
ought  to  hâve  been  on  the  night  of  Ae  Hat. 

u  I  assure  you,  m;  dear  lord,  natters  are  not  prospering  hen;  and  I  tM  a 
eameat  désire  to  quk  Ae  arniT.  I  hare  been  1«o  successful  vith  Ais  ann?  cier  le 
terra  irlth  it  in  a  subordinate  situation  ,witb  sttlsbctian  to  (beperwn  vho  shalt 
eommand  it,  and  of  course  notto  mjMlf.  Howenr  1  idisll  do  wfait  ers  Ae{0- 
Vernmenl  may  vish. 

■  Bdiere  me,  etc.  »  AnhnrWdledej.  • 


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TX   L'ESPAGNE  BT  DO   PORTDGAL.  291 

t'amée  anglaise  m  pleine  campagne  opérait  contre  le  général  Junot, 
qui  eut  ainsi  désormais  A  se  dèrendre,  tout  à  la  fois,  cootre  l'insurrec- 
tion des  provinces  et  un  corps  d'élite  remarqoable  sous  la  conduite  de 
lir  Afthur  Wellesley  et  dn  major  général  Spencer.  Le  plan  des 
Anglais  eut  pour  point  d'opérations  les  cAtes  et  la  mer  ;  iU  s'avan- 
cèrent vers  Goinftbre  en  manœuvrant  avec  cette  discipline  attentive  ' 
4}ui  constitue  les  corps  d'élite;  le  général  Del^orde  eut  le  premier 
l'honneur  de  croiser  le  fer  avec  les  troupes  régulières,  combat  inc^ 
tain  qui  signala  qu'on  avait  à  sa  face  de  dignes  s^dsts.  Lee  Anglais  ne 
s'éloignaient  pas  de  la  mer,  pour  attendre  les  renforts  d'artillerie  et 
de  tronpes  nouvdies  ;  \e  plan  de  sir  Arthur  Welle^ey  était  de  telle- 
ment eBvelo{^r  tes  Français  sous  la  double  enceinte  de  l'insurrection 
etd'uneannéeféguKèreipi'ils  fusseotcontrMntsdemettrebas  les  armes. 

La  position  de  Junot  devenait  de  {dus  en  plus  mauvaise  ;  sans 
appui,  en  effet,  sur  l'Espagne,  isolé  dans  un  pays  insurgé,  elle  était  k 
peu  près  semblable  à  cette  de  Dupont  en  Andalousie  :  amènersit-elle 
le  même  résultat  ?  Le  général  Travot  commandait  k  Lisbonne,  d'im- 
menses iHrécautions  furent  prises  ponr  défendre  la  cité  si  vivement 
menacée;  on  arma  la  tonr  de  Belem,  les  canons  braqués  menacèrent 
la  rade  ;  Junot,  impatient  de  combattre,  avait  quitté  Lisbonne  pour 
se  porter  avec  sa  réserve  au  secours  des  généraux  Delaborde  et  Loison , 
si  vivement  pressés  par  les  Anglais.  A  Vimeiro,  toutes  les  dispositions 
furentprisespourunebataille,  car  il  fallait  un  engagementdécisif  ponr 
sortir  d'une  crise  militaire  ;  sir  Arthur  Wellesley  avait  adopte  une 
bonne  position  retranchée, et  attendait  Junot,  imprudentet  courageux 
ofBder,  responsaUe  de  ses  soldats  aux  yeux  deremperear.  L'armée 
française  comptait  alors  19,200  hommes  parfaitement  commandés 
par  dee  génésaux  tels  ^ue  Kellânoauii*  Lfùioii,  Delaborde;  l'artil- 
ierie  était  sous  les  ordres  du  général  Xaviel,  et  sous  lui  brillaieat  dmx 
jeunes  officiers,  d*AbouTîlle  et  Foy,  dont  la  renommée  est  depuis 
deveoue  retentissante. 

A  Vimàro,  la  journée  fut  cbnide,  rbonnesr  brilla  pour  totu  ; 
mais  la  victtÂre  ne  fut  point  k  Junot  déployant  sa  phis  grande  intré* 
pidité;  les  troupes  faiblirent  parce  qu'elles  dése^raient  d'elles- 
m&Des;  la  gaudie  des  Français  fut  entamée;  un  feu  à  mitraiUe 
laboura  ses  rangs.  La  réserve  changea,  maïs  impuissante  ;  la  cavalerie 
voulut  protéger  la  retraite.  A  deux  heures  toute  l'armée  françaùe 
fut  brisée  par  des  forces  bien  supérieures  ;  les  efforts  du  fbiéral 


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393  HOUTBHENT  IMSURBECriONHEt 

KetlennaDD,  si  intrépide  au  moment  décisif,  comme  à  Harengo,  ne 
purent  préserver  Junot  d'un  mouTement  rétro^de  devenu  difficile 
même  sur  Lisiionne.  En  stratégie,  quand  l'insurrection  gronde,  tout 
est  perdu  après  le  premier  échec,  ou  n'a  plus  la  resonrce  da  peaple, 
la  possibilité  des  secours  et  de  faciles  communications  ;  on  est  comme 
une  colonie  d'étrangers  proscrits  au  milieu  du  peuple  qui  bouilloune 
et  TOUS  brise  dans  sa  fureur.  Le  soir  de  la  bataille  de  Vimeiro,  uo 
conseil  de  guerre  se  réunit  pour  savoir  quels  étaient  les  moyens  & 
prendre.  Fallait-il  se  rendre  aux  Anglais,  livrer  une  seconde  bataille 
ou  retourner  à  Lisbonne?  Livrer  une  bataille  c'était  s'exposer  à  une 
imminente  défaîte,  les  forces  anglaises  s'accroissaient  avec  une  indi- 
cible rapidité?  Y  avait-il  moyen  de  retraite?  Si  l'on  retournait  i  Lis- 
bonne, comment  tenir  une  si  grande  capitale  avec  des  forces  si  infé- 
rieures? L'avis  du  conseil  fut  qu'il  fallait  traiter  par  une  ca|Htulation, 
comme  Dupont  en  Andalousie,  et  le  général  Kellermann  se  diargea 
de  porter  des  propositions  aux  Anglais  ;  on  prit  pour  prélecte  un 
échange  de  prisonniers  et  de  blessés  ;  Kellermuin,  reçu  avec  di^inc- 
tion  par  sir  Arthur  Wellesley  et  lesofBciersde  l'état-major  de  l'armée 
anglaise,  convint  des  bases  d'une  convention  aussi  célèbre  qaecellede 
Baylen  *.  L'armée  française  évacuerait  le  Portugal  et  les  places  fortes, 

■  Le  teite  de  la  convention  de  CIntr»  est  un  moDuinenl  fort  cuiieui  ;  je  tn  In- 
duit sut  l'origintl  anglais. 

Convention  iMn  l'aTw4a  fnmçaite  tt  wtgUtùe  pour  Vinaewuion  du  Port^igal. 

■  1.  Les  places  et  rorts  occnpéa  par  l'annte  fraDctiae  dus  le  Tojaume  dt  Porto^ 
seront  remis  à  l'armée  anglaise. 

D  3.  L'armée  fran taise  se  retirera  avec  armeset  bagages;  elle  ne  sera  point  prisoB- 
nière  de  guerre,  et,  rendue  en  France,  elleseralilKedecombBUre. 

H  3.  Le  guuYernemeDt  anglais  lui  roumirt  des  Usnsporis  pour  être  embvqnée 
et  conduite  dans  un  des  ports  de  l'Ouest,  entre  Bocbefort  el  Lorienl  ioehut- 

B  L'armée  française  emporiera  toute  l'artiltcrie  du  ealltm  français  attdie,  et  les 
ciissoiia  garnis  de  soixante  coups  par  pfke. 

■  S.  L'année  franfaise  emportera  tout  son  matériel,  et  tout  ce  gui  s'appelle  pro- 
priété d'année;  c'est-inlire  son  trésor,  ses  caissons  d'éqi^pigei  et  d'ambolaDCe.  Oa 
\rndra  i  son  profit  tout  ce  que  le  général  en  chef  ne  jugera  pas  i  propos  d'ent- 
barquer. 

■  6.  La  cavalerie  embarquera  see  cbevsux,  ainsi  que  les  oOlciers  géoéraui  et 
antres  de  tout  rsng.  Il  sera,  d'ailleurs,  accordé  à  l'armée  toute  facilité  pour  di^Kisa- 
des  cheraui  qui  ne  seraient  pas  embarqués. 

>  7.  Pour  la  facilité  de  l'embarquement,  il  aura  lieu  en  trois  divisions,  dont  h 
dernière  sera  particulièrement  composéedes  garnisons  des  places,  de  la  cavalo'ie,  de 
l'artillerie,  des  malades,  des  éqnipsges. 


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DE   l'BSPAGNB   et  DU   POSTDGAL.  293 

on  Ift  tran^rteraît  par  mer  en  France  avec  ses  armes,  ses  munitions 
et  ses  bagages,  aux  frais  de  l'escadre  britannique  ;  enfin  les  Français 
établis  en  Portugal  pourraient  suivre  l'armée  avec  leur  fortune.  » 
Aucun  autre  engagement  n'était  pris. 


a  8.  Les  garnisons  d'Elvas  el  des  forts  de  Péniche  el  Pdmela  seront  «nbtrquées 
i  Lfsboaae  ;  celle  d'Alineida  k  Oporto,  ou  aa  port  le  plus  reisln. 

>  9.  Tous  les  malades  et  les  bleaste  qui  ne  pourraient  pas  être  embarqufa  avec 
l'armée  seronl  confite  i  l'année  SD^aise,  et,  pendant  leur  e^our  dans  ce  pays, 
Mignis  aux  Trais  du  gouTCmement  anglais,  sous  la  condition  que  ses  dépenses  lui 
serODt  remboursés  k  l'évacuation  Bnale. 

a  10.  Dn  moment  que  les  transports  auront  débarqués  les  troupes  dans  les  pons 
de  France  convenus,  ou  dans  loul  autre  port  de  France  où  le  mauvais  temps  les 
forcerait  de  reitcher  el  d'aborder ,  il  leur  sera  accordé  touiea  les  facilités  pour 
retourner  en  Angleterre  sans  délai,  sans  pouvoir  être  inquiétés  par  aucun  bitimeiit 
de  guerre  dans  leur  retour. 

>  11.  L'armée  ftantalse  se  concentrera  k  Lisbonne,  et  dans  un  rajon  de  deux 
lieues  environ  de  circonférence  de  cette  capitale.  L'armée  anglaise  pourra  en  apprc- 
ehn  à  trois  lienes,  de  manière  qu'il  y  ait  une  lieue  d'intervalle  entre  les  deux  armées. 

»  19.  Les  forts  Saint-Julien,  Bugio  et  CascaEs,  seront  occupés  par  les  troupes 
anglaises  apris  l'échange  des  ratificalious.  La  ville  de  Lisbonne,  le  chlteau ,  les  fcrls 
et  batteries,  jusqu'au  laxaret  ou  Traf^rla  d'une  part,  et  jusqu'au  fort  Saini-Josepb  de 
l'autre  inclusivement  :  le  port,  ainsi  que  tous  les  bliimenta  armés  de  tout  genre  qui 
s';  trouvent,  avec  leur  gréement  et  munitions,  seront  remia  à  l'embarquement  de  la 
seconde  division. 

e  La  remise  des  forts  d'Elvas,  Almeida,  Péniche,  Palmela,  aura  lieu  dès  que  les 
garnisons  en  seront  relevées  par  les  troupes  anglaises. 

B  13.  Il  sera  nommé  de  part  et  d'autre  des  commissaires  pour  régler  et  arrêter  tons 
res  détails  d'exécution. 

a  14.  S'il  favall  quelque  article  douteui.  Userait  expliqué  en  faveur  del'armée 
français. 

■  10.  À  dater  de  la  rotiScation  de  la  présente  convention,  tons  arrérages  de  con- 
tributions ne  seront  point  perçus,  el  tout  séquestre  apposé  sur  les  propriétés  mobi- 
lières et  immobilières  sera  levé  et  la  libre  disposition  remise  aux  propriétaires. 

>  16.  Tous  les  sujets  français  ou  des  puitstmces  amies  et  alliées  de  la  France,  do- 
miciliés dana  le  royaume  de  Portugal,  ou  s'jirouvant occasionnellement,  seront  pro~ 
tégés  dans  leurs  propriétés  de  toute  nature. 

»  17.  Nul  Portugais  ne  pourra  être  recherché  pour  la  conduite  politique  qu'il  aura 
tenue  pendant  l'occupation  du  Portugal  par  l'armée  française;  et  lous  cent  qui  ont 
continué  i  eiercer  des  emplois,  ou  qui  en  ont  reçu  du  gouvernement  franfals,  SODI 
mis  BOUS  la  sauvegarde  spéciale  de  l'armée  anglaise. 

D  18.  Les  troupes  espagnoles  détenues  h  bord  des  vaiSBcaui  en  rade  seront  emme~ 
nées  en  France,  OU  remises  i  H.  le  général  en  chef  de  l'aimée  anglaise,  kaon  choii. 

>  19.  Les  prisonniers  de  tout  grade,  faits  par  les  deux  armées  depuis  l'ouvennre 
des  hostilités,  seront  échangés  de  suite. 

■  SO.  Il  sera  fourni  des  otages  de  grade  inférieur  de  la  part  des  années  française*, 
pour  la  garantie  réciproque  de  cette  convention.  Celui  de  l'armée  de  terre  anglaise 


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âU  HOnVElONT 

A.  les  euminer  daos  leurs  tésultato ,  ces  bases  diffénieDt  peu  de  h 
coDve&tioD  coDcUie  à  Baylen  par  le  général  Dupont;  dks  éuieiitjalèes 
dans  le  Boâme  moule  qœ  l'évacuation  de  l'Egypte  pu  Menon  Km  Is 
consulat.  Seulement  la  convention  de  Cintra  étùt  eoBclne  mt  m 
pouvoir  régulier  et  des  chefs  responsables  ;  sir  Hew  Dalrymple  et  sir 
Arthur  Wellesley  pouvaient  garantir  son  exécution  ;  les  mBlheuiem 
Français  ne  seraient  pas  entassés  sur  des  pontons  ou  dans  des  lies  dé- 
sertes ;  U  parole  donnée  serait  tenue.  D'après  les  articles  da  Bijlen, 
Dupont  et  ses  régiments  devaient  être  rendus  k  Rochefort  avec  amta 
et  bagages  ;  d'après  les  articles  de  Cintra,  Junot  dut  être  coodiiil 
eotre  Kochefort  et  Lorieot,  en  conservant  aussi  armes  et  bapgts: 
m  l'an  ni  l'autre  ne  contractent  l'obligation  de  ne  plus  servir;  iiicoD- 
sententi  évacuer  le  Portugal  et  FEspagoe,  voilà  tout.  La  différence 
vint  de  l'exécution  et  non  point  de  la  pensée  et  des  termes;  lesAugUi) 
tiarent  la  ttÀ  donnée,  les  insurgés  la  violèrent,  et  c'est  ce  (pie  Pi^l 

sen  midn  aprè»  l'exécution  dM  irtlclea  qni  !■  regardent  ;  celui  de  rannte  nndi, 
après  te  âébirquement  toist  des  troupes  dans  tes  porU  de  France.  lien  sen  deiAiK 
pour  l'amiie  ft^nçaise. 

»  81.  Le  géDére)  en  thet  de  l'armée  Itancatse  aora  In  hcnlU  d'mToj^  m  oidrr 
en  Trance  pour  7  porter  nne  etpédition  du  traité.  L'escadre  anghise  lui  (bnminni 
aviso  ou  antre  bltimetil  léger,  pour  le  débarquer  k  Rochefbrt  ou  i  Bordcm. 

■  23.  H.  l'amiral  anglais  sera  iuyilé  de  fournir  des  Taisseaux  de  guerre  od  frfplK 
pour  le  transport  de  son  eic.  le  généralen  cbefde  l'armée  fninttise,  e(  des  oOcim 
généraux,  supérieurs  el  premières  tulorllés  de  l'armée. 

»  Fait  et  arrêté  doable  entre  nous  soussignés,  monts  de  pouvoirs. 
■  A.  Lisbonne,  le  30  août  1808.  d 

JrltclM  additionneU  à  la  eonvtntion  du  30  aoxU  iSOS. 

«  Art.  1".  Les  non- combattants  de  l'armée  pris,  soit  par  les  troupes  anglifei  sflli 
parles  tnrapes  portugaises,  dans  loutv  rétendue  dn  Portugal,  seront  reniho  «s 
échange  ainsi  qu'il  est  d'ussge. 

»  3.  L'armée  Tivra  de  ses  magasins  JDsqn'iu  jour  derenihaTr|nement,etlatn' 
iiisotisjusqn'BnJDur  de  la  remise  des  places.  Le  reste  des  magasins  sera  dfllTTJ^»" 
les  Cormes  accoutumées  à  l'année  anglaise,  qui,  dès  ce  moment,  se  cbarge  Jeta  f  *■ 
sfstancB  des  hommes  el  des  cheranx  jusqu'i  leur  débarquement  en  France,  llxo** 
«Utlon  d'être  remboursée,  par  le  gouventement  français ,  de  la  dépense  qui  eicMw" 
l'estimation  qui  sera  ftite  conlradictoirement  des  susdits  magasins,  L'approrislaxw* 
ment  des  bàlimenls  armés  sera  pris  en  compte  par  Tannée  anglaise ,  de  méOK  (JK 
cdnldesplacesdeguerre,  ainsi  qu'il  est  statué  pour  les  susdites  places, 

B  3.  AussitAt  après  l'échange  des  ratiGcalions,  H.  le  général  ui  cbeT  de  l'aRii^ 
anglaise  i^a  toutes  les  dispo^tions  nécessaires  pour  rétablir  la  libre  drtuIUiaa  dn 
subsistances  nécessaires  k  la  capitale. 

■  Failet  arrêté  double  entre  nous  soussignés,  munis  de  pouvoirs, 
a  A  Lisbonne,  le  90  aoAt  iSOB,  ■ 


DiclzedbyGoOglC 


aurait  dû  prévoir.  Junot  fut  débarqué  à  la  Rochelle  avec  son  armée , 
taïklis  que  les  soldats  de  Duptuit,  insultés  par  les  EspagDok ,  indigne- 
meot  traités  par  le  gouvernear  de  Cadis,  furent  conduits  dans  l'tla 
de  Cabrera  ou  daos  les  pontons  de  marine.  Triste  histoire  que  celle  des 
prisonniers  de  l'Ile  de  Câlfera  ;  qoe  âe  souffrances  !  que  de  tortures 
pour  de  jeunes  hommes  jetés  sous  les  feux  du  soleil  dans  une  tie  h  pic 
de  rochers  sans  végétation  !  Ils  vécurent  là  pourtant ,  les  nobles  et 
malheureux  enfants  de  la  France  ! 

L'impression  morale  des  deux  conventions  de  Cintra  et  de  Baylen 
fut  k  même  ;  on  vit.  en  Andalousie  comme  dans  le  Portugal,  de 
longues  fflea  de  prisonniers  qui  marchaient  tête  baissée  devanl  les 
armées  espagnole  ou  an^ise  ;  les  aigles  étaient  Rétrles;  l'opinion  que 
l'armée  française  était  hivincible  n'allaît-elle  pas  s'effacer  dans  Tes- 
prit  des  peuples?  22,000  hunmes  passaient  h  Bayleo  sow  les  foarches 
Caudioes;  en  Portugal,  18,000  demaadatent  la  protecthm  dn  pavillon 
britannique  :  quel  effet  fatal  tout  cela  ne  devait-il  pas  avoir ,  et  la 
faute  était-elle  tout  «itiëre  aux  générauifles  années  qu'on  leur  avait 
données  étaient  mauvaises,  composées  de  conscrits ,  d'étrangers  et  de 
régiments  provisoires  :  Dupont  était  nu  vieux  général  de  l'armée 
républicaine;  qui  pouvait  lui  contester  le  courage?  è  Friediand  il 
s'était  couvert  de  gloire;  À  Baylen  l'énergie  morale  lui  manqua,  il  fut 
mal  dirigé  par  Murât  et  Savary  ;  et,  comme  beaucoup  des  généraux  em- 
ployés en  Espagne  après  le  siège  de  Cordoue  ^  il  songea  plBt6t  à  ses 
foargons  qu'à  son  armée.  Cordoue  la  Moresque,  avec  ses  palais  et  sea 
jardins  délicieux,  avait  été  dépouillée,  et  ,  par  uti  terrible  talioii, 
ceux  qui  avaient  pillé  les  églises  furent  obligés  d'ouvrir  leurs  sacs  pour 
faire  voir  qu'ils  n'étaient  pas  des  voleurs,  humiliation  dont  il  n'y  avait 
pas  d'exemple  dans  l'histoire. 

En  Portugal,  Junot  lit  tout  ce  qu'il  put,  mais  il  n'avait  nt  la  capa- 
cité ni  les  forces  snflDgantes  pour  résister  à  une  armée  anglaise  qui  le 
débordait  de  tous  cAtés,  et  à  une  violente  insurrection  qui  ébranlait 
les  messes.  Baylen  et  Cintra  furent  les  deux  événements  lee  plus  gravea 
de  cette  époque;  ils  bris^eat  le  prestige  de  victoire  qui  eavironiKit 
les  Français;  ils  affaiblirent  le  sentiment  moral  de  leur  supériorité 
militaire;  l'ennemi  prit  plus  de  confiance  en  lai-nème.  Sous  cedotiblQ 
point  de  vue,  les  événements  de  l'Espagne  et  du  Portugal  attachèrent 
»n  crêpe  de  douleur  aux  drapeaux  si  glorieux  oîi  brillaient  les  aigles 
de  l'empire. 


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L'bOKOPB  ArKiB   LES  ÉvâtEMEHTS  d'eSPACIIB. 


CHAPITRE  xn. 


l'bubofb  AFKte  u>  tf  ÉHUoiin  a'amanm. 


IropressioD  produite  tu  ÂB^Htm  par  l'ioBurrcciion  CBiwgnolc.  —  Esprit  de  lîbetic 
«tdedMTTaiiGe,  — Brochure  de  Dumonrici  bot  la  guerre  des  jiuriUtu.  —  Poisfe 
d'o^niBeilmd'ancTêgence.—LedDcd'OTltaDa.— Mission  du  cheralier  de  Pranl. 
— SiBtèmedajunles opposait! régence.  ~  Idée aidliepne.  —  L'ÀlleDuBne t 
respect  de  l'Espigue.  —  Sociétés  Mcrius.  —  Associtlion  pour  h  Tcria.  —  ÂnÛL 
—  Slein.  —  SlidîoD.  —  Embarquement  de  I*  Bomana.  —  Préparatib  de  I'Ad- 
uicbc.  —  Premier  échange  de  notes  avec  Napoléon  sur  les  armements.  —  La 
cabinet  de  Tienne.  —  Parti  «pagnol  pour  l'archiduc  Charles.  —  Offre  itrigaKt. 
— Secours  aux  inaurgés.— La Bussie.— Effet  produit  par  ]'insurrecLionespago<de. 
~-  Accroissement  du  parti  d'opposition  contre  la  paii  de  Tilsiit.  —  Situation 
d'Aleiandre. 


Les  événements  de  Bayonne,  riosurrectioD  espagnole,  lescai^ta- 
lationsde  Baylen  et  de  Cintra,  avaient  produit  sur  l'Europe  uo  effet 
profond  et  universellement  senti  ;  les  gouvernements  et  les  peuples 
s'en  étaient  «muHanément  émus  ;  les  rois  avaient  vu  par  quel  triste 
machiavélisme  l'empereur  des  Français  brisait  la  couronne  d'E^gne 
sur  le  front  de  Charles  IV  et  de  Ferdinand  VU.  Bien  n'avait  été  res- 
pecté ;  était-ce  là  le  sort  réservé  aux  vieilles  dynasties?  La  mtison 
d'Espagne  sans  doute  n'inspirait  pas  une  grande  considération,  elle 
avait  agi  si  faiblement  durant  la  période  révolutionnaire ,  en  s'ailiant 
à  la  convention ,  au  directoire ,  au  consulat  et  à  l'empire  I  die  sobis- 
sait  les  conséquences  de  sa  faiblesse  '.  Néanmoins,  n'était-ce  pas  un 

'■  Un  agent  de  la  Prusse  donne  au  baron  de  Bardeabng  les  notions  suitanies  sur 
]e  mouTemeat  espagnol  et  le  caractère  de  ce  peuple  qui  occupait  û  TivMnenl  FEn- 
fope.       ^ 

«  Votre  eicellenee  désire  connaître  le  caractère  du  peuple  espagnol  ;  j'obéis  1  sn 
-^trdres,  en  remarquant  combien  il  est  dilDcile  de  saisir  eiacltmenlles  traits  d'hommes 


îdbyGoOgIc 


l'bdsopb  apmès  us  Avéhemeicts  d'espagnb.  297 

fatal  exemple  que  de  voir  une  royanlé  souveraine  misérablement 
trompée  par  un  guet-apeos  dont  l'histoire  n'avait  pas  d'exemple  ?  On 
pouvait  se  défendre  de  la  conquête  par  les  armes  ;  qui  pouvait  résister 
k  une  perfidie  ai  profondément  calculée  ? 

A  ce  moment  une  impression  d'espérance  et  de  courage  se  mani- 
festa parmi  les  peuples  :  les  Espagnols  donnaient  un  grand  exemple  ; 
dans  l'abaissement  de  toutes  les  nations,  ils  se  levaient  en  masse  contre 
les  oppresseurs.  Lorsque,  l'Europe  fléchissant  la  tète,  toutes  les 
nations  agenouillées  subissaient  les  lois  de  l'empereur  des  Français,  il 
se  trouvait  un  peuple  assez  fier ,  assez  puissant,  pour  s'armer  comme 
un  seul  homme  contre  une  domination  odieuse.  Le  grand  mot  d'in- 
surrtclion,  une  fois  prononcé,  retentît  partout,  et  des  sympathies 
profondes  furent  acquises  aux  Espagnols,  à  cette  nation  qui  se  levait 

qui  offrent  un  consUnt  niélsngc  de  la  férocité  africaine  et  de  la  ooblesse  cherale- 
retqnc  ;  qui  louchent  par  leurs  souTenirs  aui  idées  du  moyen  Ige  ;  qui,  plus  guerripr* 
iinemiliiaires  aujourd'hui,  n 'on  1  conservé  deleur  glûre  passée  que  celte  présompiioii 
que  donne  la  fbrce,  sans  la  puissance  que  la  science  perfectionnée  a  Imptimèe  aux 
armées  europé«DDes;  peupla  chei  lequel  les  arts  n'éfalent  pcinl  le  génie,  quoique 
l'cuK-lï  aient  depuis  quelques  années  fait  de  sensibles  progrès.  Ces  progrès  son)  dus 
principalement  bui  sociétés  palriotlques  dont  le  Biscaye  a  donné  le  premier  eiemple, 
suivi  bieotAt  par  Valence,  Madrid  et  d'autres  villes  ou  provincn.  On  en  compte  déji 
plus  de  quatre-vingts  et  le  nombre  s'en  accroît  chaque  jour  ;  leur  objet  est  de  favo- 
riser le  perfectionnement  de  l'agriculture,  de  l'induttrie  et  des  arts,  d'introduire  «Iki 
méibodes  utiles,  de  fonder  des  prix  pour  tontes  les  inventions  favorables  bu  bien  du 
pays,  de  procurer  enfin  des  seconra  à  (oos  ceux  qui  le  méritent  par  leur  zélé  et  lenrs 
travaux.  Le  gouvernement,  les  grands,  le  cleigé  les  aident  et  les  prot^ent,  et  leur 
espoir  est  de  faire  reroonier  la  patrie  auj'ang  dont  elle  est  descendue.  H  était  brillant 
jadis  dans  la  carrière  héroïque,  la  lltlératore  et  les  beeux-aris.  Vélasquei,  Hnrillo, 
Ribeira,  ont  parlenncheb-d'mivTe  égalé  ce  que  l'Italie  offrait  de  plus  remarquable. 
Hariana  est,  sans  contredit,  le  premier  des  historiens  modernes.  L'impiimerie  royale 
n'est  plus  surpassée  par  l'Italien  Bodoni,  et  les  cartes  topographiques  de  Carlos  l'em- 
portent sur  le  plupart  de  celles  des  antres  nations  européennes.  L'Espagnol  est  enfin 
un  peuple  bien  au-dessus  de  ca  qu'on  le  croit,  mais  bien  inférieur  i  ce  qu'il  se  croit 
lui-même  :  livré  avec  toute  l'eialtatlon  de  l'amour  k  sa  religion,  il  est  aveuglémeoi 
dévoué  i  ceux  qui  la  lui  enseignent,  et  qui,  dans  les  monastères  principalemeol, 
offrent  l'éliie  de  la  population.  Dans  le  catholi-iisme  qu'il  professe  avec  une  crédulité 
Miu  exemple,  mais  propre  à  ^ever  son  Ime  alors  même  qu'elle  abaisse  son  esprit  par 
de  minutieuses  pratiques,  il  se  regarde  comme  la  seule  nation  strictement  orthodoxe 
et  ne  voit  que  àte  hérétiques  qu'il  hait,  parmi  ses  eoreligionnairea  étrangers.  Ce  sen- 
timent de  répulsion  pour  ce  qai  n'est  pas  espagnol  est  profondément  enraciné  dans 
son  âme;  et  en  résulte  chei  ce  peuple  une  fierté  dédaigneuse  qu'on  retrouve  jusque 
dans  les  mendiants,  très-nombreux  dans  la  Péninsule,  «t  qui  n'y  contractent  cepen- 
dant pas  cette  abjection  généralement  remarquable  alUcofs.  L'Espagnol  est  capable, 
non  de  e<(  esprit  public  qui  calcule,  mais  de  ce  patriotisme  qui  dévoue  sol  et  )e^ 

il. 


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298         L'nmora  Apais  us  ivfanMKm  n'esMcm. 

vflle  par  TïIIe ,  proTînce  par  province ,  lox  cris  de  rdijfiom ,  t^erli , 
patrie.  Enfin,  pour  dentier  retentissement,  cette  ésergie  nrait  pra- 
ddit  ce  qoe  l'Europe  innée  n'avaK  pa  obtenir  encore ,  h  optteUfion 
des  troupes  de  l'empereur  des  Français,  jusqn'alon  innucIMes  :  la 
conTcntioD  de  Baylen  n'était-elle  pas  le  résultat  et  le  froH  de  llasar- 
rectionT  elle  avait  fait  paner  sous  tes  fourches  Caodines  le»  ai|^ 
impériales.  Quoi  d'étonnant  qu'après  les  actes  de  Cintra  et  de  BfejleB, 
les  insurgés  espagnols  aient  excité  la  plus  vive  sollieitudt  es  EvropeT 
Touta  les  correspondances  des  ambassadeurs  téntoigneat  qoe  c'est  sur 
ce  terrain  qne  se  place  la  question  politique  et  miHtaire  :  ce  réveil  da 
peuple  qni  va  remuer  le  monde  ,  cette  puissance  démocralMius  pot 
devenir  rinstmment  de  délivrance.  Il  faut  lire  In  dépèches  écrites 
sur  la  catastrophe  de  Bayonne  et  les  événements  d»  la  p 


sins,  aT«eh  liolMMqni  atMlérlM  cclltvmu  pwcwnQl  aaiiyw  et  m 

Iwliwi   llwil  !■ Il  in'miljiillii,  III  iii[iiin  niii  lifiriilif  iipiniiii  liliiiwiiiii 

dr«B  ÉtMdH»  m  nlrs  an*  Imt*  faâiUMct  tc«f  brliiiM,  benlU  MCMdtewi  MT- 
ttuon  de  U  rébmatioD  tmgtiiqiu  par  k  paii  de  WtMfbtiie.  mU  tmi  imdiau 
tentes  les  nations  niropéanNS  vers  l'unibniUië'e^Bioiuei  de  BSMfs,  eaawdw- 
mctive  de  la  dMlMction  im  aeiioiMliUs,  l'BipasM  cmmcit»  Mnla  aa  tkfdatiimit 


htokenr.  Cau  qui  BaépriawH  l'Eapagae  sort  cb—  toi»  d«  le  ca—riMa;  aowftiJe 
pMgiMM  ne  le  jufm  {•■  nient.  L'oa  n'eu  jamais  peuna  «Tes  fa»  4e  baioiu,  a 
raspegMol  Mt  koIhv;  m  ne  iialrt  pu  de  aui  etislance  saeiate  quand  a«  e»j««ii 
«WCT— iife.tàe«naae»ap^|WidM»ali,twpe«wewd'an>w«wmfc*a%di  ~ 
«t4-Jgatiri;  l'uae  vit  «•  EapàgM  éa  la  ■odéaaiiea  de*  déaicat  l'ai 
darait  elle  tue  tHfe  voie,  en  d^it  des  inigalitta  de  raag  et 
h  de  lenrs  chefc,  des  d 

kt»seatréi 

s  gnwjk  dsM  MO  viU^B.  Cw  alMdeak  ^w^  de 
la  police,  sont  MBinéasait  an  sort,  sait  poi  l'àquiiabk  ceassl  de  Cstaie,i»e«  le 
eoiBrild«lapmfiDc«,  an  pu  le  seigneur  dwli  en,  s««l«*McaadidetSfiessr«(éii.l'Js- 
psfaa  jovlt  ainsi  dta  fcnre  de  Uberii  et  d'^gaticj  le  ploa  aoUde ,  ceW  qni  stodta  de 
l'»>awiced'«nW<enetd»lapsBiisaiiride»frm<Éd»PMMHàpya«.8ainkastiidini 
mlinwiw  teMCHM  des  geamnaasols  n'oat  jim  fUa  péaitt<iei*Mn  l«»aBM* 
popalaiw»  qu'ga  Raila  et  ea  AUewigae.  On  n'en  i  iMiigin  garigoes  feaa^aedMS 
les  hantn  dassea  loeieies,  ei,  ea  qni  ètann  beancea^  la  wjegMU  étnnfv,  dsas  fc 
rhi^,  sortant  ehai  les  nwinM  qui  en  h— wd  l'éKlv,  et  paiHi  II  igiiriii  aatehdsii 
lesMqocs.  OMvdeBtechwitd,  Mnpiiiii  ijfiitnrniiiweiiiiniHiiifnisstiwsidflig 
ceu-d  à  des  opiniens  ^lenopMggw  da  la  ^aalMaie  portée.  Snân,  eeqa'Uint 
etyaM»  fDceire,  po«  donnef  oneidèe  insts  de  In  stabRité  du  paaplc  eefagnol  camoe 
ration,  et  d«  rnnion  qni  s'yvoftemn  lesdiffénsilee  classes  delà  aoci^  e'eat^-din 
de  n  véritable  et  bndaiMHtala  eeMtilntie«r  c"**  qna,  *«  une  pspahtiim  de 
iO.nèfint  indlvMvs,  il  se  tronTc  IT^MM  faraUln  vaaéas  k  l'apicultate,  doat 
360,000  en  qnlW  dapiafrittaiRs,  ei  «2,001}  ea  qnaUlé  de  fosko;  ce  «m  «On, 


DiclzedbyGoOglC 


l'EtBûPB  Apnés  iss  ifiasMEfm  d'espagKE.  2^9 

pngne  d'Espagne,  pour  se  faire  ane  Juste  et  ferme  idée  de  l'impression 
qu'ils  produisirent  sur  le  continent  ;  elles  expliquent  tes  éTénemeotS 
p()stérieurs. 

Un  Aoglélerrâ,  cefatuneridéjolie;  on  avait  trouvé  enfin  la  partie 
faible  du  colosse ,  il  n'était  pas  invulnérable.  L'expédition  de  Copen- 
tiague ,  avec  ses  succès  de  quelques  mille  pl^àces  d'artillerie,  n'était 
rien  comparativement  aux  résultats  obtenus  d'un  double  échec  de 
l'année  française ,  c'était  une  sorte  d«  revanche  de  là  cEipituIatloQ 
^'Ulm  :  40,000  hommes  environ  avaient  mis  bas  les  armes  à  Cintra  OU 
à  ftarfen ,  rien  ne  pouvait  se  comparer  &  ces  événements  accotdpns  ^ 
à  ces  revers  éprouvés.  Aussi  M.  Cannîng  en  exprime-t-il  sa  joie  dans 
le  parlement;  le  ministère  de  lord  Castlereagh  se  fortifie,  l'assenti- 
ment de  la  nation  vient  à  lui;  l'Angleterre  a  obtenu  le  résultat  désiré; 
elle  a  cherché  nn  chaibp  de  bataille  au  milieu  des  insbrrectlonf,  & 
tapies,  en  Italie;  maintenant  le  voilà  tout  trouvé  ;  elle  s  ane  naflou 
derrière  elle,  un  pedple  qui,  la  baïonnette  au  bout  du  fusil,  t'esco- 
pette  et  le  poignard  i  la  main,  va  soutenir  son  indépendance  ;  les^Ius 
belles  villes  d'Espagne  sont  insurgées,  tes  Français  en  pleine  retraite 


comme  inlimonent  ettaclii  au  sol,  plus  de  U  moitié  de  la  popalslton  giDéAls,  UDI 
rominet'  lfi;Slfi  jatAnts  ritheneiit  dints,  48,149  tnolnes  raenAsMii,  iMst  qttfl  d'opu- 
lente trêqaw  dont  le«  rernn»  sont  rMtoBiMt  h  {ntrhnolM  du  pnfm.  Ccu«  pofo- 
laiiou  géoirale  est  répartie,  indépendainineDt  des  gnodea  cités,  dans  29,463  TlUagec, 
bourgs  ou  filles ,  dont  12,0TI  sont  iudépeadsntâ  de  toute  suprématie  féodsle,  et  1« 
TestepartBgé  entre  ftjWflsri^eanla't'qnes  et  9,924  tbefS-eCclésfgstl^eï.Klft  est  s4n> 
miMknirclereéRvqdelh  religtoii  donoe  iiae  iatnmM  tris-siipMearo  i  o«B«  71I 
résuit»  de  la  mimbisnod  leodale,  de  la  riclMsse  dea  nublaa,  du  pouvoir  des  alcadei  et 
de  l'autoTité  administrative.  Sous  ce  régime,  l'Espagnol  se  sent  libre,  cro:roi"  n'obéir 
i]u'i  Dieu,  ce  qut  ennobUl  son  oMissntce.  Dto  trnibea  religieusemem  eonsfirriea 
^einoMla  ptyt,  «t\nnê  M  e€HtM,  oji'loat  sboiult,  jwqn-'am  pntincwdoM  lesprt- 
Tllégesi'oppoaentfcloatfliBDOvalian.  Aussi,  qudque  éUndueque  soit  la  puiaMiiu 
d'un  seul,  die  est  eoistammcot  balancée  par  tant  de  droits  ou  d'usages  coasacrés, 
par  tant  de  formes  respectées,  quoBon  action  D'est  iiDilementoppressite,  ni  contestée, 
Enlb  ce  pcople,  StaThmlrire  et  potWr,  RottMIs  avec  êetit,  ItdépendHtl  arec  rwpetlt 
ei  étranger  aneoM  dan*  n  aÉase  la  pins  nombreuse  ani  idées  qut  apUnt  l'Buropï, 
IdolàlraDtson  ottUe,  ses  prêtres,  searois  et  la  patrie,  estimant  ses  magistrats,  si  simples 
4lans  leurs  mceurs,  si  intègres  danS  des  emplois  faiblement  rétribués;  peu  jsloni 
d'nnenoMesBeqnlaapéaepoirilsvrltri,  TaleDKm,irasel)llfl,  pMta  AMOflaiKetin 
lui-même,  s'eiagérant  sa  force  et  baïssant  l'étranger,  est  impossible  i  subjuguer  par 
les  armes  et  i  séduire  par  l'idée  du  mieux;  car  ce  mieui,  Toulôi-il  j  croire,  11  lere- 
hiserait  d'une  main  ennemie.  J'ai  dit  à  T.  E.  ce  que  je  sais,  ce  que  je  pense;  leaér^ 
nemenls  qui  marchent  lui  en  apprendront  sans  doute  darmage.  ■ 


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300  L'eITEOPB  APBËS  les  tTÉNBMDtTS   d'kSPAOHI. 

sur  l'Èbre  ;  nr  Arthur  Wellesley ,  Hoore ,  Dalrymple ,  Toot  soutenir 
une  expéditioD  anglo-portugaise  et  espagnole.  Au  milieu  des  événe- 
meots  militaires ,  le  commerce  britaunique  n'est  point  oublié ,  l'Es- 
pagne ouvre  ses  ports  ;  les  juntes  des  Asturies  et  de  l'Andalousie  se 
mettent  en  rapport  avec  le  cabinet  de  Londres;  une  activité  merveil- 
leuse règne  partout;  les  colonies  sont  déjà  indépendantes ,  l'Espagne 
secoue  le  système  continental  ;  quels  mobiles  pour  vivifier  les  brandies 
diverses  de  son  industrie  !  L'Angleterre  grandit  dans  la  guerre  ;  die 
prend  sa  vie  dans  la  mort  industrielle  des  autres  peuples. 

Comme  les  ennemis  de  Napoléon  se  réjouissent  de  ce  qui  se  passe 
dans  la  Péninsule  !  les  hommes  qui  ont  conçu  de  la  jalousie  pour  son 
système  militaire  s'agitent  d'une  activité  haineuse.  Parmi  les  généraux 
républicains  qui  n'avaient  point  adhéré  à  sa  dictature  militaire ,  il  s'en 
trouvait  un  surtout  qui  avait  marqué  au\  premiers  temps  de  la  révo- 
lution française  avec  une  certaine  distinction  :  le  vieux  Dumoimei 
n'était  point  mort  ;  partout  où  les  cabinets  s'étaient  déclarés  contre 
Napoléon ,  Dumouries  avait  porté  ses  idées ,  ses  plans  de  résistance  ; 
vétéran  des  conquêtes  de  la  Belgique ,  il  travaillait  alors  pour  la  cauM 
européenne  ;  partant  de  l'idée  que  Napoléon  était  le  plus  violent  op- 
presseur des  peuples  * ,  Dumouriez  en  avait  conclu  qu'il  pouvait  s'as- 
socier à  toutes  les  coalitions  pour  renverser  son  ennemi. 

Cette  école  prenait  de  la  consistance  parmi  les  républicains  d'uae 
grande  énergie  ;  il  fallait  en  finir  par  une  insurrection  européenne  ; 
tous  cherchaient  à  briser  ce  despotisme  de  l'empereur  par  les  moyens 
les  plus  extraordinaires  ;  le  caractère  actif  de  Dumouriez  donnait 
téta  baissée  dans  le  soulèvement  de  l'Europe  :  on  le  disait  lié  àquelques 
intrigues  pour  une  restauration  constitutionnelle  :  tant  il  7  a  qne  sa 
haine  contre  Napoléon  était  poussée  jusqu'à  la  fureur;  en  1805 on 
l'avait  vu  en  Allemagne,  en  1807  avec  Gustave-Adolphe  tentant  une 
résistance  contre  les  Français.  Dès  que  Dumouriei  vit  un  principe  de 
force  et  d'énergie  dans  le  peuple  espagnol,  il  voulut  seconder  cette 
levée  de  bouclierB  ;  il  cbercba  dans  l'insurrection  des  provinces  de  la 
Péninsule  un  dur  levier  contre  le  système  impérial .  Comme  il  avait 
des  idées  étendues  sur  l'art  de  la  guerre,  Dumouriez  écrivit  une  disser- 
tation sur  les  moyens  de  donner  à  l'insurrection  espagnole  un  carac- 


'  Toyei  l'onnige  de  Dumourici  sjins  t:  titre  :  Jugemmi  rar  Bonapart*  adnu* 
ir  vn  milita  Jn  à  lu  noiion  frantaiu  u  à  l'Europe  (P«ris,  10  anil  18Q7J. 


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l'bDBOPB   après  les   âvÉKEMBNTS  d'eSPAGKB.  301 

tère  universel  et  terrible  contre  les  armées  impériales  ;  il  publia  un 
traité  Sur  tes  guérilUu  * ,  c'est-à-dire  sur  ces  troupes  d'hommes  armés 
qui,  évitant  les  batailles  r^Uères,  attaqueraient  rapidement,  à  l'im- 
proviste,  ainsi  que  les  mameloks  et  les  Cosaques  du  Nord,  les  détache- 
ments isolés  ;  terribles  adversaires  dans  les  campagnes  difficiles.  Ce 
livre  fit  une  grande  impression  en  Espagne  ;  on  le  traduisit  pour  l'usage 
du  soldat  ;  il  fut  une  des  causes  actives  de  la  direction  que  prit  la  dé- 
fense de  la  Péninsule. 

Lorsque  Dumonriez  oEfrait  de  passer  en  Espagne  pour  prendre  un 
commandement  militaire,  le  gouvernement  anglais  agrandissait  la 
guerre  de  la  Péninsule,  considérée  comme  la  cause  active,  inévitable, 
de  la  chute  de  Napoléon.  Lord  Castlereagh  développa  au  parlement 
■sQTi  système  militaire  :  un  surcroît  de  forces  lui  paraissait  indispra- 
sable  pour  ejipulser  les  Français  de  l'Espagne  ;  tout  le  peuple  était  en 
armes  depuis  Vittoria  jusqu'à  Cadix,  il  fallait  multiplier  les  envois  de 
canons*, de  munitions  de  guerre.  Les  tours  de  Londres  se  d^amirent: 

'  Ce  livre  strai^qne  de  Dumonrlet  a  ^é  traduit  m  espignol  comine  un  manuel 

iious  ce  litre  :  Partidiu  de  GuerilUu.  Sérille,  ISIW. 

>  État  du  teeoMTt  «nvoyét  par  VAngleterrt  dont  la  Féniniuti,  «n  argent,  armtt 

«I  f^ipMMfUi,  jutqUf'aa  eomnunetmênl  de  IBW. 

Ed  argeol,  trtju»,  7e,000,000 

Pièces  de  canon,  98 

Gargousses  et  bouleta,  31,060 

Obosiers,  38 

Cbarges  dee  obusiers,  7,aon 

CatonadM,  80 

Chaires,  4,000 

Futib.  300,177 

Cmbinaa,  3S0 

Sabres,  01,300 

Piques,  79,000 
Cartouches,                                                                                                   23,471,000 

Balles  de  ptonb,  600.000 

Barils  de  poudre,  19,400 

Gibcnes,  240,000 

Accoulrements  d'inhnterie,  39,000 

Tentes,  40,000 

Équipages  de  campagne,  10,000 

Auacs  de  toile,  113,000 

Id.  de  drop,  125,000 

Id.  de  cotonnade,  82,000 

Pliccs  dedrap,  4,000 

Piicesdc^e^,  6>40a 


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302  l'ecbopk  afbés  les  ivÉstme!(n  h'tsPktun. 
plus  de  200,000  ftisfli  hrent  jetés  sur  les  cultes  ;  l«s  habtts,  les  fonr- 
niments,  les  nnmitlons,  tout  fut  donné  avec  une  profusion  témoi^ant 
rimporlance  que  mettait  l'Angleterre  &  le  nbtr  de  ce  ebamp  de 
bataille.  Des  ordres  furent  envoyés  poat  imprimer  une  ^recHon 
meilleure  au  monrement  militaire.  La  discussions  qu'amem  la  cod- 
Tention  de  CIntn  aidèrent  mène  lord  GasQereagh  k  gnaûtt  le  pou- 
voir de  |tir  Arthur  Wellesley ,  le  etwr  capable  de  cette  campagne  et 
momentanément  rappelé  en  Angleterre.  H.  Cannlof  crut  îoifispeii- 
Mble  de  donner  use  pins  grande  unité  an  systèoM  des  jnotes  et  des 
mnniclpalîtÉs  en  rtgBhrismt  teCOTctère  énCTgiqiw  âe  llnsmrcction 
espagnole.  L'esprit  de  rEspsgM  était  nnantme,  la  haine  contre  Josepk 
et  les  Français  pénétrait  tow  les  etmn  ;  seHleoaent  il  j  avait  k  cnindrr 
qu'avec  im  A  grand  nombre  de  juDtes ,  lorsque  chaqne  vile,  <Aaque 
municipalité  voulait  avoir  un  sj^tèmeii  elle,  il  en  naqtttt  des  niom)- 
lements  et  des  dlvisioas  qui  pouvtJent  servir  l'ennemi  connon  ;  ii 
était  OT^nt  de  donner  une  impubioa  vlgoareuae  9»  granâissant  les 
pouvoirs  de  la  junte  centrale  de  Cadix  ou  de  Séville. 

L'Angleterre  pensa  même  ua  moment  k  l'Idée  d'imtf  eréatiofl  de 
régence.  Tous  les  princes  d'Espagne  étaient  captifs  ;  lies  Bourbons  de 
la  branche  aînée  se  souciaient  peu  de  se  plae»  à  la  tête  d'oae  ïMor- 
rection  ;  ils  avaient  Uop  les  yeux  axés  sur  la  France,  at<lè9^c«nomait 
Tatteation  du  cabinet  anglais  se  porta  sur  un  prince  habile  qne  depuis 
longtemps  les  écrits  de  Dumouriei  sigualaient  comme  un  priacipeet 
ane  espérance  pour  les  monarchistes  dans  le  sens  àm  idée»  de  1791  ; 
je  veux  parler  de  M.  le  duc  d'Orléans.  Ce  prince ,  après  Sa  longt 
Tojtges  au  nord  de  l'Europe  et  dans  l'Amérique,  avait  habité  I'Ad^- 
terre  ;  il  s'y  était  lié  avec  les  membres  principaux  du  parti  wli^,  aVFc 
la  société  de  lord  Grejetdu  prince  deGalles;  on  reconoeissaitJiM.  le 
ducd'Orléans  une  sagacité  extrême  dans  l'esprit,  une  halntude  d'eu- 


P  lices  de  toile  de  coton, 
Ptircs  d«  souliers. 
Semelles  de  wulien, 
Csntloes, 
BaTTe~sacs, 
Chapeiui  «t  boonela. 
Pièces  de  toile  i-drape. 


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L'm«n  JEfKÈS  us  ÉVÉHSHBNTS  b'bsmchk.  903 

miner  et  de  juger  tes  ériBcmeDts,  une  certaine  Açon  de  ctraiyarGr  !ei 
faits  et  de  manier  les  hoiniiie»et  tes  partit;  ce  prbkceétsat  BonrlioB, 
et  le  pea^e  espagiMl  «rait  coatené  trajour»  on  gnmd  respect  pour 
cette  dyDastie. 

Oa  espérait  doue  qu'on  prince  son  habUe  que  le  dm  d'Orléans 
^orrait  donner  une  impolaion  forte  à  une  cauM  éminemment  na- 
tion^. S.  A.  S.  sTait  quitté  l'Angleterre  depuis  deux  ans  pour  cher* 
cber,  arec  un  frère  qu'il  aimait  tendremeot,  le  oomte  d«  Beaujolala, 
ua  climat  plus  doux ,  une  vie  phis  iwureuse.  G'étaieBt  troia  tendres 
frère»  que  Ie»fib  de  la  aoblo  héritière  desPeuthièfro  :  mélancolique 
histoire  k  lacoatei  que  leur  jfuime  via  ;  que  de  giéce  dans  ce  duc  de 
afootpea^r  enlevé  par  la  mort,  sacctHabànt  aoua  one  maladie  dQ 
poitrine  à  vingt  anal  et  ee  comte  de  Beai^Iaia,  si  o^oué,  si  aimable, 
l'osiàègle  des  prfwM ,  le  Ivrtin  âe  la  tour  Saiat-Jeui  de  Marseille ,  si 
a8D5Q>leetBi  douxquandilavaità  consoler  le  vieux  duc  de  Bourbout 
^csque  répnliUoaîn  par  pefw  *  1  Mantpensier  était  mort i  Londres, 
et  les  sombres  voûtes  de  Westatinstar  avaient  recueilli  ses  cendres  ; 
Beaujolais  portait  eiMi  avec  loi  uoe  maladie  d«  poitrine ,  coatractée 
peut-être ,  hélas  !  au  milieu  de  tant  de  souffrances  ;  il  y  succomba  k 
aMte,el  son  ftrère ,  triatemcnt ému ,. a&  réfugiait  em  Sietle ,  denrier 
abridala  raaisoD  de  Bourbon.  Ge  n'était  poiat  uoe  idée  nouvelle  de 
la  tasache  tf Oriéans  que  la  ceoalittttioB  d'uoe  régence  es  Eqwgoe  } 
Moa  Milii^  V  d^ ,  avant  k  mort  de  Lous  XiV ,  le  duc  d'Or» 
léaos  avait  voulu  m  faire  ua  parti  daas  la  Péainsule  * ,  et  l'on  sait 
qodles  furent  les  négociatioas  de  l'aUié  Dubois  et  le)  causes  qui  lut 
voguèrent  la  cenfianee  du  régent.  Ea  général  une  grande  position  ne 
Bilt  qiK  de  grands  services  ;  l'aU>é  Duboi»  ae  montai  si  eonsldérablo- 
meat  dans  sa  hsMte  situatioa  d'affaires  q»e  parce  qa'U  avait  aidé  r«B»< 
bitioada  {HÏBceqni  le  créa  premier  miaittreetlai  dons»  les  so<vett 
dem  viepaUi^M. 

Le  duc  d'Orléans  avait  doue  dans  ai  fhmiUe  des  sonveairs  de  l'Es- 
pagne ;  il  ne  leS'  avait  jamei»  oïdtliés,  et  knsquo  VAnglaterre  iMi- 
geait  à  OD  prince  sicilien  peu*  lui  canin  la  négenee  d'EspagnQ , 
S.  A.  S.  avait  eavojé  à  SéviUe  un  homme  entièismeat  daot  sa  cou- 

'  Rien  depIuSDBïreldeplusepiriluelilueleDiimDire  du  jeuneducdeHoDlpcu-i 
sier  SUT  la  captivité  do  fort  Saint-Jean. 

'  Tojei  mon  liTie  :  Philippt  ifOrUanj,  rig»iu  dt  JiVanM;  je  doDiw  toutes  les  ptèWf 
île  la  mîMion  de  l'abbi  Doboia. 


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304  l'nfbopb  àrtàa  les  étémbmbhts  n'ESPAtua. 
Bance,  le  chevalier  de  ProTal,  habile  négociateur,  qui,  chargé  de 
pleins  pouvoirs ,  s'était  abouché  avec  les  {H-încipaux  chefs  de  l'ioair- 
reclion;  le  prince  voulait  faire  une  guerre  régulière  et  nationale  à 
l'homme  qui  alors  opprimait  l'Europe  de  son  glaive ,  et  ici  le  duc 
d'Orléans  restait  fidèle  à  ses  principes  ;  les  patriotes  regardaient  Napo- 
léon comme  la  main  qui  abaissait  les  nationalités  et  la  liberté  ;  dès 
lors ,  le  prince ,  qui  était  resté  fidèle  aux  principes  de  Dumouriez  et 
de  1791 ,  pouvait  se  poser  comme  l'ennemi  de  l'empereur,  le  sym- 
bole de  la  dictature  militaire  ;  le  dnc  d'Orléans  se  présentait ,  d'ail- 
leurs, comme  Bourbon,  et,  en  l'absence  des  princes  d'Espagne,  la 
régence  devait  lui  appartenir.  Jnsque-là ,  l'insurrection ,  trop  désor- 
donnée pour  adopter  un  chef,  voulait  conserver  son  caractère  eqta- 
gnol  sans  prendre  parti  pour  aucune  des  maisons  souveraioes  de 
l'Europe.  Les  juntes  populaires  de  Séville  et  de  Cadix ,  dès  que  le 
drapeau  fut  levé,  envoyèrent  des  agents  dans  toutes  les  cours  de 
l'Europe  ;  les  ambassades ,  qui  conservaient  hautement  le  cœur  espa- 
gnol, oSrirent  de  servir  la  patrie  ;  les  consuls,  les  agents  dîpliHna- 
tiques  demandèrent  les  secoure  des  cabinets  auprès  desquels  ils  ren- 
daient. 

Si  l'Angleterre  favorisât  l'idée  d'une  r^ence ,  même  pour  le  duc 
d'Orléans  on  pour  un  prince  ncilien ,  l'Autriche  pensait  à  de  plus 
vastes  pro^ts  ;  puisque  la  maison  de  Bourbon  était  brisée  en  Espagne, 
pourquoi  ne  songerait-on  pas  A  reconstruire  l'empire  de  Qiaries- 
Quint,  la  fusion  intime  de  l'Autriche  avec  la  monarchie  espagnole 
par  l'avén^nent  d'un  prince  de  la  maison  de  Habsbourg?  N'était-ce 
pas  renouveler  contre  Napoléon  la  guerre  engagée  contre  Philippe  T  7 
Les  armées  anglaises  et  banovriennes  n'avaieotrelles  pas  déjà  com- 
battu contre  les  soldais  français  dans  la  guerre  de  succession  ?  Ce  qui 
s'était  produit  pendant  le  xvi*  et  le  xviii*  siècle,  pourquoi  ne  pœnt 
l'essayer  encore?  L'armée  de  Napoléon  envahissait  l'Espagne,  comme 
autrefois  les  soldats  de  Louis  XIV  ;  Hnrat  avait  l'orgueil  de  se  ccnn- 
parer  au  duc  de  VendAme ,  Savary  au  duc  de  Bervrick  *  ;  a  donc 
le  peuple  appelait  un  archiduc  à  la  couronne ,  il  rétablirait,  par  un 
mouvement  naturel,  l'œuvre  antique  de  la  grande  monarchie.  Les 
Bourbons  régnaient  en  Eqwgne  par  droit  de  conquête  ;  l'archiduc 
Cliarles ,  prince  ardemment  catholique ,  viendrait  y  rappeler  les  rois 

■  TojumoDllTrenirXwii  JITMsoreltiionsdiploDuitquM. 


îdbyGoOgle 


L'eCSOPE  UlRÈS  les  £vÊM£1IBHTS  d'bspa6nb.  305 

de  CasUlle ,  les  flb  de  Ferdinand  et  d'Isabelle.  Une  négocietion  s'ou-» 
vrit  ainsi  concurreminent  avec  les  propositions  faites  au  duc  d'Or- 
léans ,  afin  d'assurer  la  couronne  espagnole  au  frère  de  l'empereur 
d'Autriche ,  lé  digne  et  brave  archiduc  Charles. 

Si  les  cabinets  suivaient  comme  une  affaire  de  famille  riiisurre&- 
tion  qui  éclatait  en  Espagne ,  les  peuples ,  taquiets  de  leur  indépen- 
dance ,  saluaieut  avec  enthousiasme  l'énergique  protestation  de  la 
nation  espagnole.  En  Allemagne ,  sartout ,  le  retentissement  fut 
profond  et  universel  ;  quelle  leçon  et  qnel  exemple  donnait  l'Espagne  ! 
Quelle  belle  manière  de  résister  aux  oppresseurs  !  un  peuple  entier 
en  armes,  avec  deux  seules  paroles:  Patria  et  Fernando!  l'Alle- 
magne resterait-elle  en  arrière  et  n'avait^Ue  pas  aussi  des  oppres- 
seurs? Puisque  les  gouvernements  s'oubliaient ,  les  nations  devaient 
penser  elles-mêmes  h  leur  indépendance  et  à  leur  liberté.  La  Prusse 
était  occupée  presque  tout  entière  par  l'armée  française ,  qui  vivait  k 
discrétion  dans  les  cités  ;  sous  prétexte  de  la  levée  des  contributions 
de  guerre ,  l'administration  des  provinces  était  aux  mains  des  Fran- 
çais ;  on  l'avait  confiée  à  des  auditeurs,  sous  la  direction  de  M.  Dam  ; 
ces  jeunes  hommes,  tels  que  HM.  Mounier  et  de  Toumon,  cher- 
chaient k  apporter  des  formes  polies ,  k  adoucir  les  exigences  qui 
accablaient  les  populations  allemandes  ;  l'impét  était  si  dur,  les  ten- 
dances de  l'empereur  si  despotiques  !  l'étranger  n'était-il  pas  au  seia 
de  la  population  nationale  ?  Un  drapeau  odieux  flottait  sur  les  forte- 
resses de  Spandau ,  de  Kœnigsberg ,  de  Madet>ourg ,  et  pouvait-on 
voir  sans  rougir  l'humiliation  de  la  patrie?  Il  y  avait  répandu  sur  la 
Prusse  comme  une  crêpe  de  douleur  ;  l'Allemagne  éplorée  faisait  en- 
tendre ses  gémissements  ;  on  soupirait  après  la  délivrance. 

Uélaa!  il  n'y  avait  plus  d'armée;  il  restait  un  peuple  au  cœur 
fttiissé,  plein  d'une  agitation  sourde  contre  l'oppresseur  :  un  travail 
intellectuel  remarquable  partait  du  sein  des  universités  ;  la  presse 
l'aidait  de  toute  sa  puissance.  Parmi  les  journalistes,  il  faut  compter 
Kotzebiie,  que  l'empereur  faisait  attaquer  avec  une  si  grande  violence  ; 
Kotzebne  fut  le  premier  qui  jeta  les  idées  de  Teutonia  et  de  Germania, 
mots  sacrés  qui  retentirent  plus  tard  avec  tant  de  patriotisme.  Le  pro- 
fesseur Amdt,  le  plus  hardi  de  tous,  osa  proposa-,  au  nom  de  la  patrie, 
une  insurrection  générale  pour  la  liberté  et  la  vertu.  Mordant  et  spn 
rituel  écrivain,  il  peignit  dans  son  ingénieux  pamphlet  de  la  Cigogne 
et  fa  fmàlte  la  situation  de  l'empereur  Napoléon  en  face  de  1&  confé- 


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306  L'EtIBOPE  APRÈS  LUS  ÉVéNeMEBTS  D'eSPACW. 

dérafion  da  Rhfn'  ;ridée  de  nationalité  fat  partout  prodamée.  H 
existait  autrefois  des  antipathies  entre  les  dîfférentes  fraclions  de 
rAnemagne  ;  au  milieu  de  ces  mystères  d'Initiation,  toutes  ne  dorent 
pins  former  qu'une  famille,  noble  et  sainte  union  (font  la  patrfotlgoe 
histoire,  récitée  par  les  professeurs,  devint  si  populaire,  et  qnll  faut 
lire  dam  les  pamphlets  du  temps.  A  Berlin  même,  au  sein  des  oni- 
Tersités,  Il  se  fit  des  cours  en  allemand ,  Tangue  i  peine  connue  des 
officiers  français  ;  ces  coun ,  tout  en  restant  dans  la  mesort  pIiUoso- 
phîqne  de  l'intelligence,  maintenaient  Fesprit  de  patrie  dans  ce  qui 
portait  une  Ame  héroïque  et  dévouée.  La  jeune  génération  se  portait 
en  fouie  anz  leçons  de  ces  professeurs  enthousiastes  qui  les  premig^ 
firent  vibrer  la  haine  profonde  dans  les  coeurs.  Germania,  Teutonia, 
symboles  chéris  comme  la  fiancée  de  leurs  jours  d'espérance,  derinretit 
alors  le  principe  de  toute  fénergSe  des  université. 

Ce  qui  s'exprimait  comme  de  noagenses  théories  dans  la  chaire 
devînt  tout  bas  une  mystérieuse  association  pour  affranchir  matéilel- 
tement  la  patrie  alIemaDde  du  joug  des  Français.  Toute  la  Profte, 
même  pendant  l'occupation  ,  fat  couverte  de  sociétés  secrètes  qal 
empruntèrent  aux  annales  germaniques  du  moyen  Age  Tes  sfgaes  et 
les  symboles  précurseurs  de  la  délivrance.  L'association  de  la  Terlu, 
Tugendbtmd,  naquit  au  milieu  des  maux  et  de  rafitiction  de  la  Prusse. 
Stein,  nom  patriotique  en  AHemagne  et  dont  la  mémoire  est  chère, 
Stein  donna  partout  une  vive  et  forte  impulsion  :  il  écrivait  au  prince 
de  AVittgenstein  :  «  L'exaspération  augmente  tous  les  jours  en  Alle- 
magne ;  il  faut  la  nourrir  et  chercher  à  travailler  les  hommes.  Je  vou- 
drais bien  qu'on  pût  entretenir  des  liaisons  dans  la  Hesse  et  dans  la 
Westphalie,  et  qu'on  se  prépar&t  à  de  certains  événements  ;  qu'on 
cherchftt  à  maintenir  des  rapports  avec  des  hommes  d'énergie  et  bien 
intentJonnés,etque  Ton  pût  mettre  ces  gens-là  en  contact  avec  d'autres. 

'  Arndt  (Ernesl-Mauricc).  Son  ouvrage  întEtulé  l'Eiprit  du  lemp$,  publié  en  1806, 
fli  un  grand  tltel;  il  proposait  but  ABnnHiida  meoMcés  ana  InsurrectloR  nationale, 
«domine  Jmdt4fi(iIiei]dci;(«l>di«Iere«tiiainentdeIhpoKoD,  ItnminptM- 
piUinmcnt  en  SuUe,  continDant  d'aBlrUeair  des  corrasiMHulaBeK  aTCC  1>  SotUti 
laùt  pour  la  propagation  de  la  verlu,  dont  il  élaîl  \e  chef,  et  qui  agit  si  puissammNit 
BUr  resprit  public.  Arndt  avait  êit  professeur  de  pbilomphfe  k  Gr«tf^«-a1d,  en  Pomé- 
nnie.  n  a  publié  :  un  Diteaun  tur  la  UbtrU  âtt  dMcfannat  Tépvbliq<ut(t9in);  Toyayi 
«B  JUamâ^tw,  m /loKa  fl  m  J>wiM  (1800-1W3}  !  la  ««ivtani»  ><(  (-JGw-opa  (1»3I; 
la  Cigogna  al  $a  fim4lU  (  salin  soua  la  forme  d'uM  ttafédie  en  trois  actes ,  cooRf 
Napoléon  (180S);  Toyagt  m  Suidt  (1809). 


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L'nnton  après  les  JT^NKiiBim  d'bspaghb.  30T 

Dai»  le  cas  où  V.  A.  poorrait  me  donner  des  renseignements,  je  la 
prie  de  Touloîr  bien  me  tearojer  M.  Koppe  on  an  autre  hcrmrae  da 
confiance.  Les  affaires  de  l'Espagne  font  one  ^pression  trës-vîTe; 
elles  proavest  ce  que  depuis  longtemps  on  aurait  dû  entrevoir  ;  il  serait 
très-uttle  d'en  répandre  les  noarelles  d'une  manière  prudente.  On 
considère  Ici  la  guerre  avec  l'Autriche  comme  Inévitable.  Cette  lutte 
décidera  do  sort  de  l'Europe,  et  par  conséquent  du  nAtre.  Quel  est  le 
succès  que  V.  A.  en  attendîtes  projets  que  l'on  avait  au  printemps 
de  1807  pourraient  aujourd'hui  se  réaliser.  »  Stein  mérita  par  ces 
patriotiques  paroles  toute  la  colère  de  Napoléoa  ;  il  fut  proKrît  par  w 
décret  solcooel  * . 

L'esprit  rêveur  des  Allemands  semblait  renouveler  les  annales 
secrètes  du  vieux  temps  ;  tout  fut  ténébreux,  et  le  but  et  les  moyens  ; 
le  mot  Teutonia  devint  un  symbole  de  délivrance.  En  vain  le  gouTe^ 
nement  ^nçaîs  chercbait-il  k  dissoudre,  par  des  mesures  sévères,  lee 
premiers  mouvements  de  cet  esprit  national,  il  était  partout  ;  seule- 
ment l'heure  de  l'affranchissement  n'avait  pas  encore  sonné.  TVapoléoo, 
{riein  de  colère  contre  le  patriotisme  et  la  liberté,  dictait  aux  jooruaox 
allemands  des  paroles  de  mépris.  «  On  ne  peut  s'empêcher,  dlsait-il, 
de  remarquer  qu'une  certaine  espèce  de  petits  écrivains  redouble  d'ac- 
tivité, de  turlioleDce  et  de  calomnies.  Quekiue»-Qns  ont  même  porté 
l'impudence  jusqu'à  parier  peu  convenablement  des  tètes  couronnées, 
II  y  a  lieu  de  croire  qu'on  leur  répondra  autrement  que  perdes  arliclea 
de  journal.  On  cite  un  conseiller  de  guerre,  nommé  Cœln,  qai.dan» 
un  epp^  patriotique  adressé  aux  Silésiens ,  disait  ;  «  Descendez  vos 
s  cloches  et  fondez-les  en  canons  ;  prenez  l'or  et  l'argent  de  vos  ar- 
>>  moires,  et  envoyez-les  k  la  monnaie.  »  Il  ne  manque  à  cette  tirade 
qae  d'inviter  les  prêtres  et  les  moines  è  quitter  lenr  état,  à  se  croiser 
et  h  devenir  de  dignes  énmles  de  ceux  qui  soufflent  le  feu  de  la  révolttj 
en  Espagne.  Ou  ne  peut  s'empêcher  de  former  le  vœu  de  voir  l'auto* 
rlté  sévir  contre  de  tels  brouillons.  » 


'  OaapnbUéàla  têtedermnéel'ordremriTnit  : 

«  !•  Le  Dommé  Stein,  cherchant  k  eieitei  des  troubles  en  Allcmtgne,  est  d4clu4 
caoeml  de  la  France  «(  de  la  conrédétattim  dn  Rhin. 

>  t°  Les  bici»  que  ledit  Stein  pomédenii,  sort  en  Preoce,  sett  dam  lespSTs  de  h 
confidératloD  du  Rhin,  seront  séquairis.  Ledit  Stein  sera  saisi  de  sa  persoiue  paT*> 
tout  o{i  il  poona  ttre  atteint  par  nos  troupes  ou  celles  de  nos  alUts. 


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806         l'bdbopb  APRis  les  évânbhekts  d'espagmb. 

BleaUt  les  associatiODS  pour  la  vertu  passerai  dans  l'armée  pros- 
sienae,  si  abattue  après  léna  ;  tes  officiers  appartenaient  presque  tous 
à  des  familles  allemandes  qui  soupiraient  après  un  mouvemoit  na- 
tional. La  reine  favorisait  cet  esprit  secret  ;  le  baron  de  Hardeaberg 
en  était  le  diplomate,  Bliicber  et  Gneisenau  les  plus  fermes  adeptes  : 
Biiicher,  le  vieux  patriote;  Gneisenau,  l'ardent  admirateur  de  Ii 
liberté  * .  Le  Tugmdbmut  eut  donc  des  ramiScatious  dans  les  ré^ 

>  U.  de  Hinlenberg,  qui  avtit  été  initié  dans  les  Eociétés  seCTiies,  en  ntoDlt 
l'origine  avec  quelque  détail  : 

«  Dés  que  Napoléon  eut  subjugue  les  princo  piT  l'ambiiion,  les  cburlisans  par  II 
cupidité,  les  iigLlateura  par  de  vaulteuses  Mpértaces,  et  que  loul  cela  eut  ibonlii 
rhumiliatioD  des  rois  et  à  U  ruine  des  peuplée,  tout  ce  qu'il  ;  aTail  de  puisMocr 
dans  riUuminisme ,  cl  de  noblesse  dans  les  «rois  de  la  vertu,  fit  explosion;  nous  tn 
•TOUS  déji  vu  les  effets  dans  des  insurrecUoDspanielles,  sans  unité,  sans  linj.II 
Allait  doQC  régler  ces  mouvemeots  subits  et  incoDsidérès,  les  calmer  métneja^qn'in 
temps  favorable  i  leurs  succès.  Voilà  ce  que  pensèrent  «t  eiécutèreat  dem  bra^mes 
supérivurs,  Stein  et  Sladion  :  celui-ci  avec  la  prudence  qui  le  caractérisait  et  qui  eùl 
voulu  laisser  s'user  sou  ennemi,  celni-ll  avce  une  verve  de  hsine  qui  ambiiioiiiiiii 
delefra^terdans  sa  force.  Stdn  j  travailla  donc  sans  rellcbe,  et  c'est  pour  cehqa'il 
avait  cherché  i  satisraire  les  intérêts,  les  passions  et  les  vanités  de  l'ordre  iamw- 
diaire;  c'est  pour  cela  aussi  qu'il  ne  cessa  de  réchauffer  le  patriotisme  de  lonUtlH 
clSfSet  sociales.  Mais  11  fallait  un  centre  d'union  qui  n'évdlIAt  pas  un  enneâii  wap- 
tonneux.  L'illarainisme  était  déshonoré.  La  fTane-maçannerie  avait  rioconTéaim 
d'offrir  nombre  d'individus  étrangers  h  la  Ugue  teutooique ,  suspects  el  peat-éire 
nuisibles  ;  cependant,  fïnte  de  mieux,  on  la  choisit  d'abord,  car  il  fallait  na  dii]id, 
et  clic  le  procurait.  Le  fougueui  BlUcher  fut  un  des  premiers  adeptes,  son  inDuMM 
sur  l'armée  l'en  rendait  un  membre  précieux;  le  général  Gneisenau,  officier  des^i» 
distingués,  et  le  ministre  de  la  guerre  Scharnborst  s'j  afDlièrent;  le  prince  de  Wiii> 
genslcin,  malgré  sa  timide  prudence,  en  Gt  également  partie  ;  l'eiallé  docteur  liln, 
avec  &oa  aspect  cynique  et  son  éloquence  agreste,  lui  faisait  des  partisans  dtnt  !V 
cour:-es  vagabondes  k  travers  la  forêt  de  Thuringe,  les  montagnes  escarpées  tthc 
recoins  les  plus  obscurs  de  ces  contrées;  le  major  Schill  ne  fut  pas  des  deraietsk 
s'y  réunir,  liais  comme  le  roi  craignait  de  compromettre  lui  et  sou  pesplr.  fw'' 
cour  était  partagée  entre  des  créatures  de  Napoléon .  des  conseillers  timides  et  us 
partisans  lélés  du  Tugtndbiawl;  que  ceui-ci  avaient  é  redouter  et  les  preniieis,ct 
même  certains  fidèles  serviteurs  du  monarque ,  tels  que  H.  de  Schuekiaaiui ,  qui 
s'elTraynit  de  tout  ce  qui  pouvait  nuire  è  une  sage  temporisation;  enfin,  eoiDnH,d>iK 
le  premier  choix  des  initiés,  l'on  n'avait  pas  élé  sssm  sévère.  Il  fallut  recourir  a  use 
oi^nisalion  modelée  sur  celle  des  sociétés  secrèiea  d'Irlande  en  1791.  Le  Taj"^- 
bund  eut  alors  un  comité  central  et  des  comités  provinclaui.  Ces  derniers  n'avaient 
eulre  eux  aucuns  rapports  ;  ils  ne  reconnaissaient,  dans  leur  sphère  d'acli>iK  •«* 
dessous  d'eux,  que  des  associations  particulières,  et  au-dessus  que  le  comité  ceainl- 
La  nohlrsMs  immédiate ,  dont  la  confédération  du  Rhin  avait  anéanti  fe  puunjir,  (■ 
tout  ce  qui  existait  de  petite  démocratie,, ennemie  invétérée  de  Napoléon,  s'y J<|°~ 
rent,  ainsi  que  la  faction  anglaise,  recrutée  des  négociants  irrités  du  décret  de  ilrrUJi- 
Les  jeunes  gens  s'y  portèrent  avec  toute  l'ardeur  de  leur  ége  et  B'eialtèrent  dans  » 


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L'SCHOPB   APHËS  les   événements  D'BSPAGm.  309 

ments  parmi  les  oittciers  et  les  sous-otSciers  ;  ses  deux  chefs  les  plus 
actifs  furent  toujours  le  colonel  Sctiill,  qui  préparait  sa  levée  de  bou- 
cliers avec  ses  hussards,  si  redoutable  aux  Westphaliens  ;  puis  le  duc 
de  Bninswick-Œls,  dépouillé,  voyageant  en  Allemagne  de  cité  en  cité 
sous  la  protection  mystérieuse  des  sociétés  secrètes.  Ces  deux  chefs  de 
partisans  n'attendaient  que  le  signal  ;  il  y  avait  de  la  fermentation 
partout;  les  bandes  que  les  journaux  français  appelaient  du  nom  de 
brigand*  n'étaient  autre  chose  que  de  patriotiques  jeunes  hommes, 
qui,  sous  le  commandement  de  chefs  valeureux,  préludaient  è  l'in- 
dépendance de  TAIIemagne.  En  temps  de  violence,  tous  ceux-là  sont 
traités  de  brig&ndsqui  nesubissentpas  le  joug  du  parti  vainqueur. 

Dans  cette  noble  acUon  des  esprits,  il  était  important  de  fondre  les 
populations  du  midi  et  du  nord  de  l'Allemagne  en  affaiblissant  les 
antipathies  des  Prussiens  et  des  Autrichiens  ;  c'est  h  quoi  travaillaient 
les  hommes  d'État  d'une  certaine  portée  politique,  les  écrivains  d'in- 
telligence et  de  nationalité,  tels  que  Stadion,  Stein  et  Gentx,  qui 
remplissaient  alors  la  Germanie  de  brochures  et  d'écrits  d'une  remar- 
«luable  valeur.  Ce  qui  avait  fait  manquer  les  événements  militaires 
de  1805,  c'était  précisément  la  haine  des  Autrichiens  et  des  Prus- 
siens ;  cette  séparation  de  l'Allemagne  du  nord  et  de  l'Allemagne 
méridionale,  admirablement  exploitée  par  la  diplomatique  française. 
L'empereur  Napoléon  avait  morcelé  le»  peuples  ;  l'acte  de  la  confé- 
dération n'avait  pour  objet  que  de  briser  lesliens  intimes  qui  unissaient 
l'ancienne  association  germanique;  l'œuvre  de  Stein  et  de  H.  de 
Stadion  fut  de  travailler  les  multitudes  en  dehors  des  gouvernements, 
et  de  préparer  les  armées  à  ce  point  que  si  les  cabinets  étaient  assez 
faibles  pour  ne  pas  suivre  l'impulsion  donnée,  les  nations  pussent  agir 
toutes  seules;  et  c'est  ce  qui  explique  comment  les  sociétés  secrètes 
s'organisèrent  en  Bavière,  en  Wurtemberg,  en  Saxe,  contre  la  domi^ 
nation  de  l'empereur,  quoique  les  gouvernements  fussent  ses  alliés  : 
circonstance  qui  ne  doit  pas  être  oubliée  ;  elle  expliquera  les  événe- 
ments soudains ,  les  défections  rapides  qui  marquent  la  campagne 
de  1813.  L'Allemagne  s'y  préparait  depuis  quatre  ans. 

Dès  la  capitulation  de  Baylea ,  l'Autriche  n'bé»te  plus  dans  ses 
annements  ;  elle  sait  qu'en  prenant  une  attitude  hostile  à  la  France, 


discustion  des  questions  les  plue  épineasc*  sut  le  droit  politique  des  mUoh*,  et  co 
pirticulln  sar  celui  d'Àllenugne.  ■ 


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810  l'bdkopb  apbës  les  évÉïiEHENTS  d'bspàgik. 
fille  va  se  placer  à  la  tête  du  mouvement  DaUooal  eu  Altemagiie,  elle 
sortira  doDc  de  cette  lutte  pluB  putsiaDte  d'opiaioD ,  plus  forte  de 
prÏDcipes;  elle  attire  vers  eUe  tous  les  écrivains,  tous  les  hommes  de 
guerre,  tous  les  diplomates  hostiles  k  Tempereur  d«  FraoçaîB  ;  die 
accueille lecoloDclPouodiBorgo.  capacité  active, retmeau  persoonel 
de  Bonaparte;  Pozeo,  après  le  traité  de  Tilsitt,  a  momentaoémcot  quitté 
le  service  de  Bussieparce  que  l'alliance  du  czar  avec  le  Corse  d'Ajacdo 
ne  permet  plus  la  vendetta;  [es  levées  se  poursuiveut  avec  vigueur  ;  il 
i^agit  de  relever  la  sationalité  allemasde  ;  la  cause  de  la  patrie  est  en 
Jeu,  et  Bul  citoyen  ne  peut  l'ouUier.  Aussi  Napoléon  s'en  alarme;  l'am- 
bassadeur Andréossy  écrit  des  dépêches  très-inquiétaotee  ;  par  trahison 
11  s'est  procuré  les  états  nUlitaires  de  l'Autiicbe  ;  les  napoléons  d'or 
oiit  gagné  à  Vienne  l'iotendant  général  de  l'armée  Fa^nder  *  ;  oo  ne 
peut  plus  douter  des  grands  armements  ;  l'habile  espion ,  Charles 
Schulmeister,  annonce  de  toutes  parts  la  guerre  immédiate  Napolétw 
s'en  plaint  une  fois  encore  i  M.  de  Hetlemich,  et  on  lui  répond  qu'il 
ne  s'agit  pas  de  l'Occident,  mais  de  l'Orient  * ,  et  que  la  question  turque 
demande  un  déploi^neot  de  forces  considérable.  M.  de  Mettenûch 
ajoute*:  «  Que  son  cabinet  veut  le  maintien  de  la  paix  ;  oa  arme  par 
simple  mesure)de  précaution.  »  L'Autriche  se  tient  prête  à  prt^ter  des 
éventualités  ;  des  agents  dans  le  Tyrol  préparent  le  soulèvement  des 
braves  montagnards;  Baylen  et  Cintra  retentissent,  lorsqu'on  reçoit 
encore  des  Espagnols  ho  bel  einnple  pour  apprendre  à  servir  la  patrie. 
On  se  rappelle  avec  qodle  résif^tion  le  marquis  de  la  Romana 
avait  conduit  tes  troupes  castillanes  à  travers  les  provinces  de  la  Fraace  : 
ces  divisions  fièfèa  et  braves  avaient  assisté  avec  lea  Français  au  si^ 
de  Str^und  contre  le  ro!  Gustave-Adolphe.  Après  la  cawpae»e,  ks 

'  Voie!  une  frenvt  BSEei  cuiieuH  de  coite  tnhisoB  «j  KÛi  de  l'MiMe  wilri- 
ebienite  : 

v  Ftabender  étatt  un  tnhre  ;  Il  communiquait  toos  les  plans  et  les  ordres  qu'il 
teeewiiit  i  l'anbaaskâenr  fraaçals ,  qui  ae  readaH  de  niitt,  mnsti  «a  dMMMiqat. 
daj»  la  OuiaoD.  Un  greiudler  Hvéla  le  sacret  à  l'arcUduc  Cbitles  ;  celui-ci  Toûlnt 
eo  aToir  la  preuve  matérielle,  il  se  cacha,  el  lorsqu'il  vit  que  l'ambtssadear  Teoeiiei 
était  prit  à  entrer  dans  la  naisoo,  n  se  montra  totA  k  coup,  et  hil  dit  atukMat: 
a  Bonna  Buil,  M.  l'ambassadevr.  ■  IkadriMET  stupifeit  tai«M»*a  Aea  loi.  Alors  «l 
uma  It  melson  d«  Faebeoder,  wi  fltmetlMleseadUBsurBeepBpiefBMil  Tnlgard* 
à  TUF.  Le  jonr  siÛTant  on  le  fit  étrangler  dans  sa  chambre  tndme.  L'ambassadrac 
putli  irinstsnt,  craignant  d'être  assassiné  parle  peuple  de  Tleone.  > 

(CorrespwidaBGe  particuliè»  duterasdeBjintabffgJ 

*  le  donnerai  plus  tard  cette  correspoDdtDce. 


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L'bCROPB   ÈPBÉS   LE3   ÉVÉNEUEKT3   d'bSFAGNE.  311 

Espagnols  fureot  conSnés  dans  l'tle  de  Fionie ,  dans  la  Séelaod  et  le 
Holstein,  sous  le  ciel  brumeux  ;  ils  formaieat  une  partie  du  corpe 
d'armée  sous  les  ordres  du  maréchal  Beroadotte,  qui  opérait  contre 
la  Suède.  Lorsque  le  drapeau  tricolore  flottait  ainsi  sur  les  étendards 
espagnols,  le  maréchal  Beroadotte  se  hâta  de  communiquer  au  marquis 
de  la  Bomana  un  mémoire  rédigé  dans  le  cabinet  de  l'empereur  pour 
expliquer  aux  divisions  castillanes  les  événements  de  Bayonne  et  l'ab- 
dication des  vieux  souverains.  Le  maréchal  envoyut  au  marquis  de  la 
Bomana  une  formule  de  serment  a  à  don  José  Napoléon ,  roi  des 
Espagnes  et  des  Indes.  »  La  situation  où  se  trouvaient  les  Espagnols, 
tout  entourés  de  Français,  força  le  marquis  de  la  Romana  à  souscrire 
à  ce  serment,  en  ayant  soin  d'ajouter  :  «  Qu'il  obéirait  au  gouveme- 
ment  de  Madrid  et  à  la  volonté  nationale ,»  car  la  Bomana  était 
surtout  patriote.  Le  maréchal  Beroadotte,  par  d^  négociations  noU" 
Telles,  obtenait  enfin  une  formule  d'obéissance  pure  et  simple  ' ,  quand 
le  marquis  de  la  Bomana  reçut  un  émissaire  de  la  junte  insurrectiwi- 
nellfi  de  Séville.  Déjà  le  général,  instruit  des  événements  de  Bayonne, 
savait  la  captivité  de  Ferdinand  VII  par  la  voie  du  clergé  catholique 
en  Allemagne  ;  un  officier  patriote  de  Séville,  don  José  Labo,  vint  sur 
l'escadre  anglaise  pour  lui  annoncer  l'héroïque  résolution  de  la  patrie 
et  le  soulèvement  contre  les  Fran^ab.  Dès  ce  moment  le  marquis  de 
la  Bomana  se  décida,  par  tous  les  moyens  que  lui  offrait  la  fortune,  à 
aller  rejoindre  la  nobte  nation  qui  montrait  au  monde  l'exemple  de 
tout  ce  que  peut  un  peuple  fier  et  valeureux  contre  les  oppresseurs. 

Dans  les  eaux  de  l'tle  de  Séelaud  se  trouvait  l'escadre  anglaise  du 
vice-flmird  Keals  :  la  facilité  de  communiquer  avec  la  mer  sons  cee 
brumes  pouvant  aider  une  évasion,  la  Bomana  fit  connaître  à  l'amiral 

'  Ltttr»  du  marquis  de  la  Romana  au  roi  Joteph-NapoUon. 

■  la  dlvition  Mfwgooli  dau  le  StDemarck ,  que  j'ai  l'honneur  de  commaDder, 
«'oïlprcsaedatéaioigiur  kTeVe«ai«lté,P>rBiiiD4irgiKe,  w  grande  Mtiafietiofl  da 
MToir  qu'an  Ikire  du  grand  Napoléon,  du  héros  incomparable  qu'apwduit  le  «ièda. 
a  éii  ncowu  lOi  d'Espugae.  Sop  ématioo  «  été  phis  vive  en  apprenant  nue  c'était 
Totro  DMiJaaté,  dont  il  aûlSt  de  pioDoncw  le  nom  pour  désigner  la  réunion  de  toutes 
les  «aiwa;  que  c'était,  di»-je,  voUe  isajestiqui  allait  pMOittr  sut  la  trAna.  QueTotie 
m^eaU  me  pcnueUa  de  loi  adieswr,  aw  mur  de  tout*  la  diviaU»,  l'honuaace  4e 
ooK*  «Ktiire  Boumiaaion  fil  de  notre  in<t<riable  dévovenem  asTert  M  peraonnc.  C'est 
l'eipreseion  de  nos  «eu»,  et  particoliirenent  de  celui  qui  ce  dit,  de  votre  majesté , 
k  tris-hanble  et  fidèle  pi^tt , 

B  Le  mar^oia  Di  t^  Komiu. 

a  Au  quartier  g^iéral  de  Niebourg,  en  Fionie,  le  14  juin  i806.  » 


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312  l'edbofe  après  les  ÈvivsMKîm  d'espâgnk. 
H  résolution  invariable  de  se  joindre  aux  patriotes  e^gnob.  Le 
secret  le  plus  profond  Fat  gardé,  comme  il  se  tient  en  Espagne  dans 
les  nuits  de  l'Alhambra  ou  du  Prado  ;  la  division  de  la  Romana  se 
composait  de  10,000  hommes  de  vieilles  troupes,  sans  comprendre 
quelques  bataillons  qui  se  trouvaient  séparés  *  ;  l'amiral  Keats  se  UtU 
d'apprêter  des  bâtiments  de  transport  et  les  mit  à  la  disposition  de 
l'armée  espagnole.  Dans  une  chaude  nuit  de  juillet ,  tandis  que  b 
division  donnait  un  bal  en  l'honneur  de  don  José  Napoléon,  le  seigneur 
roi,  au  milieu  des  lustres  et  des  bougies,  les  officiers  se  retirëreot 
silencieusement;  les  régiments  étaient  en  ligne  sur  le  rivage;  rien 
n'avait  transpiré,  nul  ne  savait  ce  qui  se  passait  su  moment  d'un  bal 
et  d'une  agitation  broyante.  A  un  signal  donné ,  l'emberquemoit 
commença  ;  chaque  compagnie  défila  sur  les  bâtiments  de  transport, 
et  à  cinq  heures  du  matin  l'armée  espagnole  était  à  la  disposition  des 
Anglais  :  10,000  hommes  de  bonnes  troupes,  et  le  marquis  de  I» 
Romana,  pouvaient  servir  encore  la  patrie.  Ainsi  Gastaôos  (usait 
mettre  bas  les  armes  i  Dupont;  Juuot  s'embarquait  sur  une  flotte 
anglaise  après  Cintra ,  et  un  corps  tout  entier  d'Espagnols  quittait 
l'aigle  impériale  pour  servir  la  patrie  *. 

'  ■  Ces  corps  qui  tttient  prisoonEets  de  pierre  dus  l'arsenal  de  Copenhagiie , 
éuleni  composés  de  six  bataillons  des  Tigimenta  dw  Asturies  et  de  Gnadalaiara,  an 
nombre  de  près  de  4,000  hommes ,  canloBoés  i  EoskiMe  et  dans  les  environs,  «t 
plscéa  sous  les  ordres  dagénéral  fonçais  Frtrion,  cbirgéde  les  exercer  ;  ils  amcM 
rcfiui  obsiinémeEt  de  préler  serment  de  Bdèlité  à  Joseph ,  s'èuiimt  mis  en  pMaa 
insurrection,  ei  evaient  mime  nHsncré  nn  adjudant  français;  on  psrrinE  cependant 
à  calmer  leur  irrilalion  cli  les  disarmer.  Outre  leurs  sentimals  do  fidélité  pour  le 
sourerain  légitime,  qui  les  empêchaient  de  prêter  serment  à  l'usurpateur  de  mb 
trAne,  ils  étaient  singulièrement  cboquée  que  l'ordre  de  prAter  le  serment  leur  fltl 
parvenu  par  l'intermédiaire  d'un  offlcier  irentais,  et  non  par  celui  du  marquis  de 
la  Romana,  leur  général  en  chef.* 

(Noie  du  prince  de  Bardenbeig-} 

*  Le  dépit  perce  dans  la  publicatioR  suivante  que  fit  faire  Napolén»!  conirc  le  mav- 
quls  de  la  Bomana  : 

■  La  nation  danoise  apprendra  avec  l'étonncment  le  plus  vif  et  llndignation  la 
plus  juste  que  les  troupes  espi^oles  qu'elle  avait  tetnes  evec  une  ho^itaUté  ^  cor- 
diale et  de  qui  elle  était  tn  droit  d'attendre  du  secours,  viennent  de  démnlir  la 
réputation  de  lojauté  et  de  fidélité  qui  les  avait  précédées,  de  trahir  leurs  devoirs 
envers  leurs  frères  d'armes  les  Français,  et  de  compromettre  les  intérêts  et  la  sAreté 
du  DanenisTck,  en  formant  une  liaison  hostile  avec  l'ennemi  commun  ,  et  en  lai 
ouvrant  les  ports  des  provinces  confiées  k  leur  farde.  Cette  trahison  a  èlt  projetée , 
conduite  et  eiécutée  par  le  chef  de  ces  troupes,  le  marquis  de  Irt  Bomana.  De  la  ma- 
nière la  plus  nuée  et  en  invoquant  des  ordres  supposés  du  prince  de  Ponie-Gomi, 


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l'kdkopb  APBis  us  iviinMBirrs  d'bspagnb.  313 
On  ne  pent  dire  qael  eothonsiasme  salua  cette  belle  résolotioD  du 
tnarquis  de  la  Rontma  panai  les  populations  allemandes  ;  tons  les 
héroïques  exemples  venaient  donc  d'Espagne  I  Ces  peuples  avaient 
vouin  ;  et,  par  la  seule  action  de  la  volonté,  ils  avaient  secoué  te  joug 
qu'imposait  Napoléon  !  L'Allemagne  ne  pouvsût-elle  pas  imiter  cet 
exemple?  Était-elle  donc  û  d^énérée?  L'Europe  venait  d'apprendre 
un  double  secret  pour  arracher  la  puissance  à  Napoléon  :  réuster 
avec  constance  et  faire  une  guerre  de  masses  ;  cette  le;oa  donnerait 
de  nobles  imitateurs  k  l'E^gne  dans  les  sociétés  secrètes,  parmi  les 
amis  de  la  vertu.  La  confidératioD  du  Rbin  avait  aussi  des  contingents 
sous  les  armes;  et  des  régiments badois,  saxons,  bavarois,  n'étaient-ils 
pas  en  Espagne  ?  Le  système  de  Napoléon  était  de  déplacer  les  peuples 
et  les  armées,  de  porter  au  nord  ce  qui  était  au  midi,  et  au  midi  ce 
qui  était  an  nord,  afin  que,  dans  ce  brisemait  de  toute  nationalité, 
la  résistance  des  peuples  ne  trouvftt  plus  d'appal.  Dès  ce  moment 
l'Angleterreprit  pour  système  d'offrir  de  l'argent  et  des  moyens  ponr 
attirer  è  elle,  par  la  désertion,  toutes  les  troupes  auxiliaires  qui  n'ap- 
partiendraient pas  Jk  la  France  ;  elle  paralysa  plusd'nne  fois  les  moyens 
de  Napoléon  ;  ces  hommes  venaient  grossir  les  légions  allemandes  on 
italiennes  an  sorice  de  l'Angleterre.  En  Prusse  sartoat  ces  idées 
fermentaient  ;  il  fut  publié  à  cette  époque  des  livres  d'une  remarquable 
hardiesse  ;  la  police  française  fat  bien  trompée  si  elle  n'aperçut  pas 
les  terribles  démonstrations  qui  se  firent  sur  TAllemagne  transformée 
en  volcan  politique  * .  Ou  ne  pouvait  en  retarder  l'explosion. 

Dès  que  l'insarrection  éclata  en  Espagne ,  il  fut  presque  partout 

il  B  a«  BC  mMtn  en  powesaioD  nclvaive  de  U  forUiesH  de  Niebourg,  et  livrer  celle 
pleceai  importante  pour  la  sArelé  de  It  France  BDiAD^eis,  toujoura  prêts  à  profiter 
des  trahisons,  des  sarprises,  et  i  se  montrer  paKout  où  ils  Eonlsdrs  de  De  pu  trooTer 
de  résistuee. 

■  BioitAt  il  parat  qoe  l'iDlenllon  des  Espagnols  était  de  s'embarquer  sons  la 
protection  des  bitlmoila  de  guerre  anglais,  qu'ils  aTaient  appelés,  et  de  quitter  le 
Danemarck.  Cet  embarquement  a  effectJTement  eu  lien  i  Niebonrg  et  k  Stenbei^ , 
oii  ils  se  sont  emparés  de  tous  les  bltimen  18  de  transport.  Avant  de  quitter  NidMn^, 
ils  oDt  eneloQÉ  les  canons,  et  détruit  ce  qu'ils  ont  trouvé  de  munitions  et  attiraQ  de 
guerre.» 

'  Tolci  en  quels  termes  étalent  babitaellement  proscrits  les  livres  qui  pr^Mnioit 
la  nailonallté  allemande  : 

■  S.  li.  le  loi  de  Wurtemberg  vient  de  prohiber  dans  ses  Ëtata  la  fameuse 
Théori*  du  eiprilt,  de  Jung  StiUing,  comme  va  onnage  dangereoi  de  toutes  ma- 
nières. Les  exemplaires  en  circulation  ont  été  recherchés  et  saisis,  et  il  est  dit,  dans 
la  dédaiatlon  du  roi,  qne  les  coQlrevenants  seront  rigoureusement  punis.  » 

TMI.  18 


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314  l'bobopb  apbès  ibs  ÉrémniBirrs  d'espashe. 
coDVeDu  que  les  cabinets  lui  prëteraieDt  appui  et  protection  ;  l'Au- 
triche admit  un  agent  secret  de  la  junte  de  Sérïlle  ;  si  die  oe  put 
donner  bucud  secours  effectif,  elle  déclara  :  a  qu'elle  ne  reconnattrait 
pas  Josepb-Napoléon  pour  roi  des  Espagnes  en  l'absence  dn  monarque 
légitime  Ferdinand  VII.  »  M.  de  StadJon  ne  dissimula  même  pas  : 
«  que  son  dessein  étant  de  faire  la  guerre  très-procbainemeot,  l'AOe- 
ma^é  espérait  le  concours  et  l'appui  des  forces  equ^oles.  »  l]n 
autre  agent  de  la  junte  fut  envoyé  auprès  du  roi  Frédéric-Guillaume, 
mais  la  Prusse  était-elle  encore  quelque  chose  dans  le  mou?emait 
européen?  Pouvait-Mj  la  compter  comme  auxiliaire  quand  le  roi  était 
presque  captif  et  la  reine  dans  uoe  forteresse  '?I1  y  a  pourtant  progrès 
quand  une  cause  trouve  sympathie  parmi  les  peuples,  et  on  peut  dire 
que  jamais  mouvementinsurrectionnel  ne  fut  plus  moralement  protégé 
qiie  le  soulèvement  espagnol  ;  cabinets  et  nations  voyaient  bien  que 
ce  noble  héroïsme  de  l'Espagne  leur  profiterait  à  tous  contre  le  pou- 
voir conquérant  de  Nftpoléon  ;  la  dictature  éprouvait  un  édtee,  et 
c'était  le  premier.  Dans  l'abaissement  universel  une  résistance  est 
fortement  et  hautement  appréciée. 

En  Russie  même,  le  soulèvement  de  l'Espagne  fit  une  impresrioD 
profonde  ;  le  traité  de  Tilsitt  n'avait  engagé  en  quelque  sorte  que  b 
personne  d'Alesandre  ;  tout  ce  qui  était  grand,  puissant  en  Russie,  à 
Saint-Pétersbourg,  à  Moscou  :  clergé,  noblesse,  était  resté  en  dehors 
des  traifôactions  conclues  par  le  czar,  et  c'est  bien  ce  que  le  général 
Savary  avait  rapporté  à  l'empereur  au  retour  de  sa  mission.  Il  y  avait 
h  Saint-Pétersbourg  un  consul  général  d'Espagne  tout  &  fait  dévoué  i 
Ferdinand  VII  et  à  la  cause  nationale,  M.  de  Zéa,  capable  et  modéré; 
les  juntes  députèrent  vers  lui  afin  qu'il  eût  à  pressentir  la  Rossie  sar 
l'éventualité  d'une  guerre  ou  d'une  insurrection  victorieuse.  On  était 
alors  trop  rapproché  de  Tilsitt  pour  qu'Alexandre  osAt  en  violer 


'  l,e  roi  Frédéric  éuil  alors  forcé  de  traiter  de  brigands  et  de  proscrits  ses  plus 
fidèles  sujets. 

«  Ud  ordre  de  la  poLce  du  royaume  noas  informe  qu'il  j  a  dans  la  Noarelle- 
Horcbc  et  dans  la  PoméraDie ,  «n  deçà  de  Colbei^,  une  bande  de  brigands  de  130  i 
ISO  hommes ,  ajast  i  leur  tète  un  dragon  du  ré^raent  de  S.  A.  R.  le  prince  Gtûl- 
launia ,  nommé  Holler,  pillant  les  Tojageurs  et  commettant  d'autres  crimes  de  et 
genre.  En  conséquence,  tousleaTOïageursetlcsliabitailtssontinTilèsi  se  tenir  sur 
leurs  gardes,àsurveiI]ertousles  gens  sans  aveu  qui  parcourent  le  pajs,  et  i  signala 
ceui  qu'ils  Teconoaltraient  pour  tels  Bill  autorités  compétentes.!  (  Il  s'agissait  des 
affiliés  de  la  Soeiéti  de  la  vertu.) 


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h'xVKOPK   APRES   LES  ivÉNBMEIiTS  d'eSPAGMB.  315 

ouvertement  les  conditioas  :  les  deux  empereurs  avaient  stipulé  dans 
les  conférences  du  Niémen  :  «  que  Napoléon  agirait  librement  dans 
la  Péninsule,  tandis  qu'Alexandre  s'assurerait  la  Finlande  contre 
Gustave-Adolphe;  »  possession  injuste,  conquête  en  dehors  du  droit 
des  gens .  Les  insurgés  ne  trouvèrent  pas  un  protecteur  personnel  dans  le 
czar  ;  il  répondit  par  des  paroles  équivoques  et  le  souvenir  de  ses  enga- 
^raents  personnels  ;  Alexandre  avait  besoin  qu'on  le  laissât  accomplir 
sa  campagne  de  Finlande  et  qu'on  abandonnât  à  ta  Russie  la  Moldavie 
et  la  Valachie;  ces  deux  intérêts  étaient  si  pressant»  qu'il  ne  pouvait 
pas  les  délaisser  pour  une  question  aussi  éloignée  que  l'insurrection 
espagnole.  Alexandre  ne  voulait  point  alors  se  séparer  de  Napoléon  '. 

Si  les  envoyés  des  juntes  furent  privés  de  la  protection  personnelle 
du  czar,  ils  furent  parfaitement  accueillies  dans  les  hautes  sociétés  de 
Saint-PéterdKturg.  cliez  l'impératrice  mère,  si  dessinée  contre  Napo- 
léon ;  ou  peignit  sous  les  plus  poétiques  couleurs  la  résistance  des 
Espagnols  ;  on  promit  appui  secret  à  l'insurrection,  et  des  collectes 
furent  publiquement  faites  à  Saint-Péterstiourg,  dans  les  salons  de 
Faristoaatie,  pour  soutenir  cette  nation  qui  donnait  un  si  bel  exemple 
&  l'Europe;  il  ne  fut  plus  question  que  de  t'^agne  dans  toutes  les 
transactions  des  cabinets,  le  monde  eot  les  yeux  sur  elle.  Singulière 
destinée  que  celle  de  l'Espagne  ;  haute  ou  abaissée,  cette  nation  depub 
Charles-Quint  a  occupé  toujours  l'Europe  ;  c'est  d'elle  que  sont  venus 
les  exemples  d'énergie,  les  périls,  les  dangers,  les  difScultés  dans  les 
transactions  ;  le  caractère  exceptionnel  de  ce  peuple  le  place  à  part 
dans  le  mouvement  des  idées  :  il  heurte  la  mollesse  des  autres  nations, 
il  les  réveille  et  les  excite. 

D'aillenrs,  la  fortune  de  Napoléon  avait  soulevé  tant  de  jalousies 
et  de  haines  I  quand  un  homme  porte  la  tète  si  haut,  le  monde  entier 
le  contemple  avec  enthousiasme  ou  avec  effroi  ;  si  ses  actes  sont 
grands,  ils  le  grandissent  encore  ;  si  ce  sont  des  fautes  ou  des  impro- 
dences,  des  attentats  ou  des  crimes,  ils  le  compromettent  et  le 
perdent.  Un  homme  immense  ne  peut  être  impunément  ni  faible  ni 
petit. 

'  !•«■  dépêches  d<  M.  de  CinlincourtiiidlqneDtipdBe  t»  mooTcninit  d'ojMBJoii; 
(Um  MDl  «n  géaénl  BtJ  latofmie». 

FI»   DO  HUmÈMB   TOLUHB. 


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TABLE 

DES  CHAPITRES 

DU  HUITIÈME  VOLUME. 

■ 

CHAPITRE  I. 

(  Pig«s  B  à  M.  ) 

iBTocB  Bi  MiPOLton  A  puh.— icTEi  DK  ION  floiTTiiiinairr. 

37  jilllcit  i  nonmbn  IBDT. 

faria  et  l'empereor.  —  Quagemeni  duisle  ureclire  de  Napoléon.  — ■  Idée  de  l'infinU 

—  ÀdulttioDS.  —  Les  corps  poLtîquw.  —  Ftrillèle  arec  les  empereurt  romains. 

—  Cliutgcineiit  dsnB  le  mlustère.  —  U.  de  Talleyrand  Tke-grand  électeur.  — 
Bl.  de  ChampapiT  eni  relalioDS  •iiârieurcs.  —  BerQiicr  tice-grand  conoétable.  — 
Le  général  Clarke  k  la  guerre.  —  Crétet  h  l'intérieDr.  —  Le  ministre  de  U  police, 
Fouché.  —  Hori  de  U.  de  Portalis.  —  Les  cultes,  simple  direction.  —  Suppression 
du  tribnnat.  —  Oamiure  du  eorpa  législatîT.  —  Esprit  monarchique.  —  BlRgie. 

—  Uonnaies.  —  Formule  impériale.  —  Hallage  de  JérAme.  —  Institution  des  ma 
jorala.  — Idée  de  noblesse.  —  Leaduca.  — Ltscomtes.  — Les  barons.  —  Blasons. 

—  PréoccDpationa  de  Cambacéris  et  de  H.  Uaret  sur  la  noblesse.  —  Quolibets  et 
moqueries.  —  Pamphlets  étrangers.  —  Manières  des  nouveaux  nobles.  —  L«  mo- 
narchie de  Napoléon. 

CHAPITRE  II. 

(Pages»  kSl.) 


Térritotre.—  Départaments  réunis. — Diépartetnents  anciens. — DMif oi»  nOitaires. 

—  Préhctnres.  —  Coure  d'appel,  —  Àrdievêchts  et  érêcbés.  —  Système  admi- 
nistratif. —  Les  coAmann.  —  Boyanme  d'Italie.  —  La  Tice^tijauté.  —  Utlan. 

—  Tenise.  —  GoaTernementsgénérauidel'emplrt  dans  les proTîncast^tmles.— 
na»  dans  la  Dalmatie,  le  Ftiou]  et  U  haute  Italie.  —  Les  Sept-Des.  —  Lë^riation 
générale.  —  Centralisation.  —  Lois  politiques  et  judiciaires. 

CHAPITRE  m. 
(  Pagea  m  à  70.  ) 

«WTnitKMIIlT  Ma  tlATI  UAS  AU  SrSTfcm  FtDtaATir   DB  tCAPOLtoll. 

laos-iaoT. 
Laa  royautés  de  fiunEUe.  ~  Ha^es.  ConstitiMioB.  —  Peuple.  ~~  Armée.  —  JoaeiA-- 
Napôléon  et  ses  actes.  —  Hollande.  —  ImpAta.  —  Commerce.  -~  UariM.  ~  Corps 
politiques.  —  Wesli^alie.  —  La  régenee.  —  CoasUtutioB.  —  S«  territoire.  — 
TUlea.  —  États.  —  Caractère  de  JérAme.  —  Grand-duché  de  Berg.  —  Murât.  — 
Actes  de  son  gouTemament.  —  Principauté  de  NeoTchltel.  — Berthier.  —  Conré- 


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