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L'EUROPE
pendait It coiisiilat et l'tispiie de
NAPOLÉON
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L'EUROPE
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NAPOLÉON
H. CJIPEFIGIIE
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BRUXELLES
WOOTEBS, USPOn ET C*. IHTOmBUBS-UBlUIRES
S, rue iTAiMDl
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L'EUROPE
NAPOLÉON
CHAPITRE I.
IMÈ 8CnnCI« KT LU BElCX-AITa.
AjiplicaiioD de la vaptw, — Théorie de la Inmiiie. — Le gaz. — Le magnéiiinif . —
GalTanisme. — La pile de Tolta. — La chimie appliquée aui ans. — I^ea sucres.—
La teinture. — Les sciences mathématiques. — Botanique. — Sciences historiques.
• L'érudition. — La numismatique. — Bisieire. — La chronique. — Publica-
tion des moDUiiKDls. — Les beaui-arts. — Le musée Napoléon, — Transport des
objets d'art de Borne. — Dépouillement de la villa Borghèse. — La peinture. —
La statuaire. — Les écoles. — David. — Gros. — Girodet. ~ Gérard. — Les
salons. — La muâque. — Les grands maîtres. — L'opéra. -- L'art de la danse.
— Les modes.
ISOS -. inoo.
L'universalité formait le caractère de Napoléon; c'était là son type,
et j'oserai dire son affectation. Sous la tente, lorsque les plus hautes
conceptions de guerre viennent occuper et inquiéter sa pensée, l'em-
p«*eur met un grand prix à se montrer au monde conune un esprit
occupé d'arts futiles, de science et d'administration publique. Quel-
quefois un décret minutieux, sur un détail inconnu, estdatédu champ
de bataille la veille d'une victoire * ; il semble que ces détails l'inté-
ressent au milieu des pluâ glorieuses distractions; rien ne peut échap-
per à son œil d'aig e, comme pour dire aux derniers de ses fonction-
naires que l'empereur suit leurs actes, qu'il récompensera le bien et
' Sx 1812 le grand décret sur les ifaéitres fut daté de Moscou.
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6 LES SCIEHCE9 ET L£3 BEACX-AATS.
punira le mal. Lorsque tant de préoccupations politiques l'agiteot,
il suit encore avec sollicitude les progrès de la littérature et des arts.
Plein des idées romaines du siècle d'Auguste, Napoléon voudrait avoir
le sien ; les médailles rappelleraient soa règne , les moaumeuts en
attesteraient lagrandeDr; la peinture reproduirait ses traitsantiques,
et la statuaire les léguerait aux âges reculés ^ec le manlj^u impé-
rial, à cAté des césar et des auguste.
Les sciences méritaient alors l'attention sérieuse de la génération
par des progrès utiles et féconds et des découvertes destinées h chan-
ger la face du monde. La théorie de ia vapeur n'était pas une nou-
veauté dans SOD idée primitive ; depuis le xvi' siècle on savait la force
de la compression éclatant comme la foudre ; il n'était pas un écolier
de physique qui ne fit l'espérience de l'impétuosité avec laquelle
s'agite l'eau bouillante dans une chaudière. L'application de cette
théorie avait été faîte déjà & des machines, et sous le vieux, nom de
pompes à feu on avait employé ce levier puissant. Dès le commence-
ment de ce siècle , il apparut tout k coup une théorie d'application
plus vaste sur l'usage matériel de la vapeur; si les machines s'agitaient
par la puissance de cet immense mobile , les barques et les vaisseaux
pouvaient recevoir de cet agent une impulsion régulière. Avant même
que les Anglais et les Américains, et que Watt eût apporté en Amé-
rique SB découverte , quelques Français avaient essayé l'emploi de la
vapeur sur de simples barques au canal de l'Ourcq ' , elles avaient
complètement réussi ; l'action s'était produite avec une force et une
précision remarquables.
Le gouvernement ne prêta qu'une faible attention k une décou-
verte qu'il traita de folie et de charlatanisme*. Le défaut de l'empe-
reur était malheureusement de ne pas comprendre les idées qui n'étaient
pas sienneâ. Ce génie , trop habitué h se replier sur lui-même et à
méditer ses propres conceptions, ne croyait pas à la grandeur des
pensées en dehors de lui. Cette puissance motrice de la vapeur, qu'il
dédaigna, aurait pu l'aider à accomplir son système d'agression contre
l'Angleterre ; si les petites barques de Boulogne s'étaient mues par la
' Ed 1802. Vais l'époqneéuit trop dislraîie.
' Il eu bon d'ajouier, en ce qui louche riadifTcrence qu'on mit sous l'empire i
l'application de la vapeur, que FuIiod vint à Paris pour offrir cette découtertc; elle
fut repouasée par le conseil de marine, comoie peu applicable ou au idoïds inutile;
en m'aisure que la délibcraiioo eiisie cucore.
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LES SCIENCES BT LES BEACX-ABTS. 7
mécaniqae de Watt , l'armée de débarquement aurait opéré sans ob~
stacle sur le littoral de la Grande-Bretagne ; il n'y aurait plus eu de
mer entre les deux cAtes, la science aurait jeté ce pont gigantesque,
que l'imagination de l'empereur avait rêvé plus d'une fois, comme le
pont de l'Enfer du Dante. Dans l'histoire de Napoléon c'est une fâ-
cheuse circonstance qne ce dédain pour la plus puissante création des
temps modernes; lorsque les générations futures, par le double déve-
lo|^ment de la vapeur et des chemins de fer , verront s'accomplir
les destinées illimitées, lorsque le monde changera de face avec ses
villes merveilleuses, ses vaisseaux sillonnant les mers, ses raille lieues
franchies en quelques jours, il sera triste et fatal que le nom de Napo-
léon ne se mêle en rien à cette civilisation nouvelle, et qu'il ne paraîase
aux générations futures que dans cette famille de conqu^nnts qui
ont fait mardier les siècles par leur épée.
L'école physique fut plus heureuse pour sa théorie de la lumière
et ses éludes pour déterminer la réflexion des corps. On eut des in-
stmiDents pour préciser l'action chimique de la lumière et delà cha-
leur dans les rayons solaires ; on fixa l'effet des surfaces sur le rayon-
nement; par-dessus tout on parvintàmesurer la capacité delà chalair
par le calorimèh-e. La chimie Clément s'efforça de détacher les gat
avec une précision remarquable; on St l'essai de ce magnifique éclai-
rage, imparfait encore, et qui devait se purîBer par l'usage. Il se fai-
s^l alors un avoiir mervdlleux pour les générations : la phyriqne
tendait k faire revivre les splendeurs des villes et des empires de Syrie
et de Babylone. Viendrait un jour où les vastes cités resplendissantes
de mille jets de lumière se déploieraient k travers les larges rues k
colonnes, les places à portiques, les monuments, les temples, les jar-
dins suspendus ; quand viendrait ce temps, les villes seraient réunies
les unes aux autres par des chemins de fer transportant les populations
entières ; la vapeur jetterait comme un pont sur les vastes mers entre
les condnents éloignés ; temps fabuleux, que les générations noa-
vdles verront, comme un héritage de nos peines, jusqu'à ce qu'il arrive
quelques-unes de ces catastrophes qui brisent les cités et ne laissent
plus debout que quelques tronçons de colonnes ou quelques frag-
ments de temples, comme on en trouve au désert parmi les ruines
de Paimyre.
Si Napoléon avait dédaigné l'application de la vapeur et du gaz,
il s'était épris comme d'une passion enfantine pour les effets du g«l-
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O LES SCIE5CES ET LES BBA.UX-ASTS.
vanistneetdetapilede Volta; tout ce qui paraissait étrange, fantas-
tique, était adopté par son imagination avec cet eatratnant mysti-
cisme qui le dominait; l'homme qui croyait À la destinée s'était jeté
eu enthousiaste sur les théories du magnétbme et de la pile de Volta
qui semblait rendre un instant la vie aux corps inanimés; elle parais-
sait comme une certaine manière de résoudre le grand problème de
la mort, et de pénétrer dans cette nuit sombre du tombeau. L'empe-
reur établit un prix énorme pour la réalisation des doctrines du galva-
nisme ' . Quelles causes donnent la vie? quelles causes en privent l'être
créé? Étrange problème qui brise le cerveau toutes les fois que l'ima-
gination s'y arrête pour en soulever le voile mystérieux. Napoléon
ne vit dans les inventioos physiques que des résultats fantastiques,
extraordinaires ; l'aérostat, le galvanisme *, marcher i travers les
nuages, remuer la tombe ; tandis que les trois grands éléments de la
civilisation future, la vapeur, te gaz et les chemins de fer, lui res-
taient encore inconnus dans les ténèbres de l'avenir, pour dommer
une société qui ne serait plus à lui.
La véritable gloire scientifique de l'époque, parce qu'elle contribua
puissamment à grandir les ressources du peuple, ce fut la chimie ap-
pliquée aux arts. Ici, des progrès réels furent accomplis; M. Chaptal *
opéra des prodiges; il parvint surtout à perfectionner la confection
des sucres dans l'analyse de toutes les plantes. Il fallait remplacer le
produit de la canne des Antilles; on chercha dans le raisin, dans la
figue, la substance sucrée, et on parvint h. la cristalliser avec quelque
bonh^r; il fallait épurer la betterave, pénétrer dans les produits qui
contiennent le plus de sirop, et ce fut là la gloire de M. Chaptal;
ses théories utiles au peuple grandirent ses moyens d'eiisteoce; on
eut du sucre de betterave, de l'eau-de-vie de pommes de terre, des
substances nutritives pour les masses. De la vie de l'homme, yi. Chap-
tal passa aux vêtements; les produits de la teinture manquaient à la
France : elle n'avait plus la cochenille, ce beau vermillon, et cet ad-
mirable bleu que donne l'indigo : il fallait suppléer à tout par la chi-
mie. On essaya d'abord la culture des plantes du tropique, l'essai
échoua ; la chaleur douce des Antilles manquait à cette famille si fra-
' Un prix de lO.OOafTaacs lut d'abord proposé.
' Tojei Hiiioin du galvanitm», par M. Sue; Paris, 4 volumes lu-S'.
* Toje* Voumge de H. Chaptal, la Chimie appl^uét aux arU, traduit dans
lontCB les langues de l'EuTope, 4 volumes, Paris, 1B06.
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LES SCIENCES ET LES BBAUX-ARTS. 9
gile que le moindre froid brise et tue', comme Te corps frêle d'une
jeune Ûlle poitrinaire sous le dur dîmat du Nord. La chimie appli-
quée aux arts fit des merveilles: elle permit les belles teintures, et
remplaça ces colonies que la rivalité maritime nous avait enlevées;
prodiges des temps exceptionnels de la guerre, ces produits devinrent
un embarras pour le temps de paix; les industries qui suppléaient à la
soude d'Espagne et de Sicile, au sucre des colonies, à la cochenille
et k l'indigo, durent être frappées d'impuissance le jour où les mers
furent ouveries; il fallut alors les protéger par des prohibitions, aul
dépens des consommateurs * .
La' physique s'occupa de l'analyse des acides et de la décomposition
du sel marin, travaux considérables qui tuent l'homme; on eut la
théorie des poudres fulminantes; on perfectionna le crayon et l'aàer,
les sulfures en les combinaisons gazeuses ; dans les recherches sur les
carbures, on voulut même découvrir le diamant par l'analyse. M. de
Morveau en Gt l'expérience et n'obtint, en le brûlant, que de l'acide
carbonique. Ce fut une vive dispute de science entre MM. Berthollet,
fiiot et de Morveau que cette analyse du diamant. M. Berthollet son-
tint que l'hydrogène dominait dans sa substance; M. Biot appuya cette
doctrine en la modifiant; tandis que M. de Morveau TOtfluty trouver
l'acide carbonique seul, et M. Clouet l'acier pur. H y eut des analyses
profondes sur les fermentations, sur les vins, sur les éthers. On me-
sura l'atmosphère. L'histoire des minéraux s'agrandit, car les savants
pénétrèrent jusque dans les entrailles de la terre pour découvrir ces
palais de cristal, cesvetnes de porphyre, ces volcans qurjettent le feu,
les sels, les charbons, les terrains primftifs; et c'est ce quf grandît les
études géologiques. Cuvier se posa le premier à la tête d'une grande
école qui sépara les terrains primitif et les terrains secondaires; on
disserta sur les volcans, sur les fossiles. Vinrent aussi les théories et
les hypothèses sur la création; l'esprit philosophique avait jeté mille
préjugéssurla géologie delà Genèse, et ces préjugés existaient encore
trop puissants pour que le théorie entière pAt naître et se dévdopper.
Il y eut des études imparfaites jusqu'à ce que Cuvier osAt donner h
l'histoire de la création cette démonstration religieuse et scientifique
qui ouvrit une voie féconde et nouvelle.
' TouB l«s eiposés de la siUiatîMi de l'empire par les aioisirea disent cependint
le ceè mojtas niufirent presque enlièremeiit ; cela était ineuci.
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10 LB8 SaSNCBS BT LES BEArX-ABTS-
De la formation de )a terre on pana aux sciences naturelles, aux
étudesderéfreaniioi. Peu de découvertes avaient été faites depuiales
résuméside Buffon; cependant on put décrire quelques nouvelles es-
pèces de gibier de l'Australie, qu'on avait répandues dans les bois d'Eu-
rope ; l'expérience avait réussi. Des études spéciales venaient de s'ac-
complir sur diverses familles d'animaux; l'abeille avoit été étudiée par
un modeste naturaliste ' ; un savant italien découvrait un instinct mer-
veilleux dans la chauve-souris : privés du sens de la vue, ces animaux
■e dirigeaient te jour par le sens du toucher répandu sur leurs oreilles
et leurs ailes. On venait également de définir la faculté qu'avaient les
polypes i bras de reproduire leurs parties coupées; cette faculté s'é-
tendait aux écrevisses, aux salamandres et à la limace. De plus larges
études avaient expliqué la léthargie profonde de certains aaimanx,
s que les marmottes , les loirs , passant la saison froide dans les
mm)l3nclL9ous la neige ', léthargie qui suspendait la resiùration, la
•ensibilité etnî^V lt> digestion. L'académie des sciences venait d'étu-
dier et de définir U(aaidî£ qu'a'S'ent les vipères et les serpents i son-
nettes d'étourdir et d'altii^-teft petits animaux dont ils font Imr
proie. M. de Humbohlt et M. Geoffrôy^int-Hilaire avaient mesuré
l'âectricilé de certains poissons qui engdNi;disient ". M. Geoffroy
commençait alors ses théories sur les monstr^ >1 diasertait sur les
animaux de la nouvelle Zélande , sur ce kangurotft «l^*'*^ P"* '^
capitaine Cook, haut de six pieds, si disgracieux et ilL*ltenUf pour ses
petits.
M. de Humboldt avait parcouru le continent amérîaain, et il don-
nait aux musées de Paris et de Beriin le résultat de seXlongs et pé-
nibles voyages; Undis que MM. de Jussieu. Jaume SainVHilaîre *,
de Gandolle, étendaient la botanique au ddà des limiteslpiées par
Linné. Jamais les sciences naturelles n'avaient présenté de pVus belles
collections de sujets dans toutes les dmes de la science : la btfitanique
aidait l'agriculture ; on introduisait de nouvelles plantes. laYp*****
doocede Malaga, le topinambour, le navet de Suède; la culturaT ^ ^
' HéinoirMdtl1iistîlut.aMMdes8ci«DCM[180B-lS0SJ.
* TojM E$taU d-obHTvaliom powr nroir à Ihittoin du mnmmifènt *iij\ " *
ww Uthargit pMadiqvt, en jialien, par M. Blingili. s
■ BulUtmd«$ii!i»ncft,anxi;AtuwUiditmti»iamd'hùtmTtnaturM4. \
• M. Jaume Sunt-HUtire venait de publier : Expoaiion dt famitUt naturM«. >■
Hdita gtrminatioti du ptoMM, 4 volumes fn-d*. \
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LES SCIEKCBS BT LSS BBA0K-ABT9. 11
pomme de terre prenait ane immense extennoD et préservait désor-
mais le peuple de la famine : utile et belle découverte, due aux expé-
riences de M. Parmeotier. On essayait la culture du coton, l'acada
déployait ses fleurs blanches et odorantes ; on plantait le pin mari-
time sur les dunes pour les fixer et les rendre productives. L'empe-
reur favorisait toutes ces cultures nouvelles, source de richesse pour
le peuple ; Napoléon aimait k récompenser les savants, autant pour
sa gloire que ponr l'utilité pratique de la science ; il savait que cette
prolectiott serait un fleuron de plus i sa noble couronne.
K les sciences naturelles étaient profondément étudiées, la cliro-
oique morale des hommes l'était également par les travaux histo-
riques. On a vu que le premier consul avait surorîmé, dans sa réor-
ganisation de l'Institut, la classe des sciences morales et politiques;
elle lui paraissait une institution vide de sens, un mot sans applica-
tion, une collection de rêveurs, imitation des théophilanthropes, hé-
ritiers du bavardage ^ientiQque. Cette classe avait été fondue dans
racadémie des inscriptions, qui jetait quelque éclat sur l'érudition et
rhistoire; elle était chargée d'abord de l'étude des écrivains grecs et
latins, recherches trop oubliées pendant les temps orageux de la ré-
lolution française; qu'étaient devenus alors les commentaires des
Etienne, des gcaliger, des Cosauboo? Le présent était trop immense
pour qu'on s'inquiétât du passé ; l'histoire se faisait au jour le jour.
Comme philologie, on distinguait la traduction d'Bérodot» de
M. larcher : Hérodote , le grand chroniqueur .^es temps antiques.
M. de Sainte-Croix venait de puMîer l'examen des historiens d'Alexan-
dre ; on traduisait Slrabon ; M. de Visconti expliquait la sculpture
par les passages des auteurs grecs et latins. M. Gail, plus actif
qu'érudit, donnait un Xénopkon,et M. Clavier, le même magistrat
que nous avons vu siéger dans le procès de Moreau, publiait un Apoh-
lodore remarquable par son exactitude. La philologie grecque comp-
tait aussi deux fervents adeptes, M. Hase et M. Boissonnade, qui
commentaient leur carrière d'hellénistes. Les corps scientifiques,
comme toujours, s'étaient faits courtisans , et un des membres de
['académiedesémditSjU.Petit-Badel, publiait, en inscriptionslatines,
les fastes de Napoléon ', pour attirer sur lui un rayon d'or de I9
puissance souveraine.
■ Ils pOTtenl le titre de FaOi IftapoUoni magni. Paris, 1806.
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12 LES SCISHCE» ET LES BEAIIX-AHTS>
L'étude de l'art chez les anciens , si admirablement décrite par
'Winckelmann, trouvait on élégant interprète dans M. Quatremère
de Quinoy, le théoricien le plus Tort, Hmagination la plus vive,
l'ami de Canova, si capable d'apprécier les arts et les causes qui les
font si grands. M. de ViscontI donnait la main à M. Quatremère de
Quincy dans l'étude de l'art appliijuéà l'érudition; à l'aide deM. Mil-
lin« si re;marquable dans la science des médailles, et de M. Denon,
aussi bon énidit qu'artiste distingué, qui avait suivi le général Bona-
parte sous les pyramides et au désert ', on se familiarisait avec les
antiquités; l'Orient avait été visité par Napoléon, et l'on s'efforçait à
l'envi d'expliquer ses mystères. Les languesorieotales recevaient une
vive impulsion sous un homme émineot, M. Silvestre de Sacy. Les ca-
ractères typographiques de l'Aue sortaient de l'imprimerie impériale,
sous M. Marcel, qui a>^it visité le Nil comme M. Denon. On pu-
bliait les livres des Sabéens, ou chrétiens de Saint-Iean; la littérature
syriaque trouvait quelque développement ; l'arabe vulgaii» était
éclairci par la chrestomathie de M. de Sacy. Un grand travail sur
ks Pruses était aussi achevé par le savant orientaliste; on publiait
Ahoulfeda et des travaux remarquables sur la numismotique arabe*.
Les antiquités persanes devaient beaucoup à Anquelil-Duperroo ;
;les ruines gigantesques de Pecsépolis, ces colonnes brisées, les énigmes
des temps qui ne sont plus., ces débris sur lesquels les siècles ont
passé, étaient aussi Interrogés par H. Silvestre de Sacy avec une
profonde persévérance. L'Orient plaisait trop vivement à l'imagina-
tion de l'empereur, pour que la science ne-s'occup&t pas des anti-
quités bibliques ; l'esprit de critique du xviii' siècle dominait ces
recherches, et la Rvinta de Vfilney, son Yçyage en Egypte, servaient
de mod^e et de type i toutes les productions de cette époque.
La géographie d'érudition trouvait de savants interprètes dans
MM. Walkenaër et Malte-Brun ; on publiait des travaux inédits sur
la topographie du moyen âge, époque alors presque défigurée par une
sorte de dédain superbe professé dans l'école philosophique. On connais-
sait tout, excepté la France; il n'y avait pas alors de travaux historiques
sérieux et élevés ; l'histoire était absorbée par la supériorité de trois
ouvrages publiési la Pu du xvni' siècle : Hume, Gibbon et Robertson;
récolecritique écossaise dominait, et avec elle les esprits sceptiques, qui
> Le cabinet de M. Dcnon offrait une des collectioDS les plus précieuses.
' Vuyei IcE roimoircs delà troisième classe de l'Institut.
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LBS SCIENCES ET lES BEATIX-ABTS. 1&
euminent froidement les faits, les jugent, sans descendre jusqu'à ht
couleur du temps, sans l'empreinte de l'époque que l'on veut décrire;
et il se trouva même que cette érudition si remarquable dans les his-
toriens anglais, et particulièrement dans Gibbon, fut dédai^ée par
les écrivains en France, de sorte qu'il ne resta plus que des travaux
froids et didactiques, dépouillés de tous les feux d'imagination. Rien
de plus vulgaire que les hist(^res écrites à cette époque ; qui se rap-
pelle eDi»re les lourds volumes de Gaillard 7 travaux tout remplis dft
réfiexions froides et sentimentaies, philanthropie ennuyeuse sur dft
poétiques époques. Gbarlemagne, le moyen 6ge, comme François I",
tout était également jeté dans un même moule ; aucune différence no-
distingue les deux temps , aucun caractère ne les sépare. Et le vieux
ADquetil,qui fait delà philosophie et delà politique avec une concep->.
tion terre à terre : il s'imagine qu'il a pénétré dans l'esprit de toutes
choses, dans la Ligue comme dans le mouvement diplomatique de
Henri IV. Une histoire de France pourtant lui fut demandée par les.
ordres de Napoléon * ; M. Anquetil se hAta d'obéir au souverain ; tt
fit on travail dans les proportions d'un abrégé , pAle , décoloré , où
tous les temps sont jetés dans un même cadre ; la chronique n'y est pas,
la philosophie de l'histoire moins encore. M. Anquetil imprima k
son œuvre un caractère mixte; il avait pris à la science de seconde
main les faits sans couleur, et au xviii* siècle les jugements vulgaires,
et superbes des encyclopédistes sur les temps qui sont loin de nous..
L'empereur avait conservé un souvenir profond des études menas*
tiques : élève des minimes à l'école de Brienne, il adopta avec empreï-
■ement tout ce qui pouvait favoriser les travaux des bénédictins , la
corps véritablement émdit du xviii* siècle. Napoléon ordonna de con^
tinuer la riche collection des historiens des Gaules, où se trouvent
réooies les chroniques du moyen &ge * . L'ancienne œuvre des béné-
dictins en était restée è Louis le Gros, l'empereur Qt les frais d'une!
continuation sous dom BriaP, débris de Sainte-Geneviève. On dut
* L'rmpereur confît ce Iravtll k M. Anquetil , septuagénaire.
' La belle et (trande collection d« dom Bouquet.
' J'û beaucoup connu dans sa plus eitrâme vieillesse ce dernier débris de IVcolft
bteédietlne; il me lendit la main , à moi. jeune élire de l'école des chart<s.
Dom MicbcMean-Joseph Briel était né i Perpignan le SO mti 1743. A 18 ans, il
9a la règle de saint Benoit, et prononfa ses tibui en t7U4, dans l'abbayc de lu
e t Toulouse. Surl'inTiution de ses supérieurs. Il vint, en 1771, à ParLi,
T dom dément, resté seul chargé de coniiouer la AkumI dei hitforimi d«
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li LU SCIBIICB3 ET US BEADX-AKTB.
achever les OrdtMnancea dta roi» de Franct, recueil précieux pour la
légùlatioa el le développement des idées historiques ; ii fut confié k
SI. de Fastoret. Puis, l'académie des tuscriptions continua l'Hietoin
liaéraire, où se trouve l'analj'se froide, mais exacte, de tomles mo-
nuDients contemporaios, etaoïeodoaoft U dicecUon àM-Datuuw.
£alin, les chartes et dii^Ames, jéuais d'abord par M. de firéqu^j,
et qui devaieot comprendre jusqu'à l'époque de Lonis XI. ,dur^
s'achever sous U directiw 4e l'Institut. Napoléon., avide ie toute
gloire , saisissait avec emi^essexaent ce qui resseml)lait à la prol£clMw
que la vieille mooacchie donnait à l'histoire du pays- Comme jes pré-
jugés s'opposaient à Ja recooslitution des ordres religieux, l'empereur
voulait au nuitis que les {jéuérations pussent profiter des tcftvajw
commencés à travers les âges par ces savantes fondations.
Dans cette vue d'unir les sueoces aux arist Napoléon connut le
projet d'iUQ vaste musée «ntique où toutes les coUectioos .seraîejst
réunies. U venait de fwe Uan^Kirter en France les .admirables mona-
ueots de la viila Bot;gbèae , riche collection dont on voit encore les
débrisà Borne : cesautel», ces tombcwiiélevés, ces cjppes, ces bronzes
lies emp^eur.', la Venu» divine^ le Jupiter Olympien, les statues d'or
et d'ivoire , Its camées et les médailles , tout ce qui enrichit la villa
Borghèse, qui se d^oie box les hauteurs de la place du Peuple à
Bome. l^ arts recevaient «a développement non moins somptueux
que Jes sciences ; J'école de David, si grave, si romaine, se modifiait
elle-même; df^uis le tableau du Sacre, David n'avait composé que le
portrait du saiot-père. avec sa figure vénérable et son r^iard d'in^-
Aèle caudenr; ce .portrait fut un cbef-d'ceuvre bien au-dessus du
taUeau du Sacr^ ei. le grand mattre se surpassa : spectode curieux
ttDS doute que de voix le pape, la création la plus douce, la plus ao^Â-
lique, à Ja face de David, le régicide exalté. l'admirateur de Maât
•t de BobesiÂcrw 1 Le wiot-jière ne dissimula pas qu'il sentit un cer-
tain frisson en présence de David; il eut peur ' ; et David, à son tour,
franc', cl il eut part i la publication du deuxième et du treiiième volume qui
paruTGiil en 1780. La suppression dca ordres relîgieui inlerrompit tous les Iravaux
littéraires entrepris par les liénédiclins. Lorstju'il fui question de les icprcadie,
D. Brial , iiui n'areit cessé de se livier i l'éLudo de nos anciens monuments, se dut-
gea seul de poursuivre la publication du pricirui recueil de nos historiens, et il mil
au jour le quatorzième volume en 1606; il coopéra aussi i le continualion de VIii*~
loin liiUraire, coramencée par dom Bivci, ainsi qu'aui Hotieet el extraii* du ■
wurnauriti dt la BiblioUUpia du Aoi.
' Le uint-père le dit plusieurs fols i Csdov*.
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%M saWKKB n- L» IRAirx-ABTS. tS
tu» quiâsvé dans l'idée iceptiqae, ne pot ^empêcher ITansetithnflnt
d'ateiralim en reproduisant les tnlte de cette Bgnre si bette -êo
TéngDatioa.Laaésnee de ce portrait du pspe'ne fut-pas un dcsml-
mdes ée fiukin lesnoiaBdineus itérés par -l'enqierear; David pi^
panât alan soa triitem des Sabinea, eà de fortes études «udémiqim
Kuèleiit k oneJMagintîoB phM'vive et vn oolorfs plm pompeax
qae duule tableta des •Bormœs. C'est une belle Mode da as. «ùla
maaitee.da grand «rtlie acTévèle dans ses plus larges prepor^sM.
Gindet acoompymlt oelte année le saàae<du Déluge .■oen polat
qa'il lentM de rtfmàdin J'épooTantaUe catactytiBe que Mart^Bn
«al iM peindceda» fles'proportioas gfgantCBqnes, avec les mmafaes
aaléittlavi«M'qai,)flB7eas finsetlaphyiioiwnie impiiàte, regardent
ce iKHilevcpsament da monde ; Girodet peignit, dam le déluge, nne
«oèoe-isolée d'inondaMm , et eette acéneast «ngnilqae : le vielRanl
fai JMnne à la maio , «et JHMDBte aia forces athlétifoes qoi soirtient
■on père, sa -fenne «tsaa '«nfant , lat-nème -ewiine sospenda «at
l'ab^e; tout «da «OMerre «ne pureté de oontaar, «oavenirde la
gnnde école. GffesaepeaaH féraule 4* Gïrodct dons son tableau '4e
1b BttlmB» ^ÂhovJnr, nélée on les caraetèresde peuple se (fistingnent
coame «a nriîef , sew les feuK étincetants da sotcfl da NH . !.« eiine-
■lerre Mlle , les Tares -se -dresseirt sur lears dwraox wa'bes aux iia-
wairs de feu ; de loin en loin se montrent les étendards an crcïssant
d'ar et les «jnema -ond^antas des pachas. Ici les vieilles dentî-bri-
«ades, tedromadaïKB, troupe 4nipreifeée perle génie deHonaparte;
ces bossards qui diargent sor le saMe l)rAlent ; ces phTsiononâes
noires an feux étiaeelanta ; ees-eeâtunMB demMats qui se resseritent
-de ,1a *îeUie armée de Saaibfe-et-MeuK'SMt rewarqntMes de'coa-
lear; les igroopesaoot parfaitement jotés, etle ai8fti«ae'i4^>èie'd«Bs
'loates les fonnes.
Gérard préparait sea tableau des 7«<ow ;4^M, infèrteor^Ki fraoleaae
Psyché , palpitante sous les baisers de l'Amour. Sa renommée devait
grandir par sa Bataille âAutteriitz , et la gloire de l'empereur devait
laisser un rayon d'or sur la toile de Gérard. Certa, révéoemeut.êtaît
assez magnifique pour cpie plusieurs renommées pussent en garder
l'empreinte. Cette école jeune remplaçait les vieillards ; Vîen était
mort pour l'art *, avec le litre de restaurateur de la bonne école ; et
' Vica avail alon qiulre-vingt-dii ■ot. Le premier consul l'araH appelé >a sénat
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16 LBS SCIENCB3 BT LES BBAUX-ABTS.
Greiue, peintre anx senitmento métaocoliques , tennioait sa carrière
plus qu'octogénaire ' ; comme Vien , il avait rempli la Sn du
. KViu* siècle de ses tableaux aux couleum vives ; la JÛviédiction du
pire, et la Jtwie fille qm a commis un« faute; et cet intérieur pater-
nel, et ces enfants qui ressemblent à des boutons de rose éclos au
pied des Aipes ou des Vo^es. Greuze et Vien étaient l'école qui finja-
Mît ; ils avaient inspiré David , qui lui-même avait produit Gérard ,
Girodet et Gros , alors au milieu de la vie. A. cette époque , on com-
mençait à parler de M. Ingres, dont la mauière supérieure était vive-
ment critiquée. Pour se faire remarquer , il fallait écrire de grandes
. pages de batailles ; le général Lejeune reproduisait en traits rapides
les gloires de l'empire. Al . de Forbiu s'essayait aux genoux de la priu-
cesse Pauline dans son talent gracieux de paysage et de décors^*.
MU. Décret et Thévenin retraçaient souvent, comme daus des bulle-
tins vulgaires, la marche de la grande armée; peintres de circonstance,
ils faisaient des estampes pour être ensuite exposées sur les quais et
les places publiques ; plus tard ils eureot les honneurs de Versailles :
. telles étaient la Reddition <PUlm, la Présentation des généraux autri-
chiens, la Prise de Vienne, le Passage du Danube. Sorte d'imitation
. du genre de Lebrun , moins la bauteur de talent et le génie d'invea-
tion des remarquables victoires d'Alexandre. Que sont devenus tous
ces artistes! que reste-t-il de leurs œuvres? Le génie seul de David ,
. de Girodet, de Gérard et de Gros a survécu à travers ce pèle-méle
de maîtres qui brillèrent alors aux écoles. Le temps est la puissance
qui sait faire la part à chacun.
Les sculpteurs furent biea rares ; Ganova restait à Borne dans son
atelier, le plus beau palais pour lui. On ne comptait parmi les sculp-
teurs remarquables que M. Cbinard et M. Oudon , qui ne produi-
saient que des bustes et quelques statues sans importance. Cependant
on remarquait une œuvre dans les galeries du Louvre : c'était un
conterrateuT; puis, empereur, il lui conféra les litres de comle et de commaudant
de U L^ion d'Iionoeur.
' Greuie mourul Ip 91 mars 180G, dans si qualre-Tingtiime innée.
' Les peintres qui eiposèrenl au salon de IBOO avec quelque succès fur«il
ItlM. Istbcjr, Hinnequin, TbèvcnÎD, Lejeune, Verncl, Granet, de Forbin, Crepîn,
Valencipnncs, Di-rlin, Ingres, Debret, Aparicio, Bertfaon,Roehn, Richard, Vanloo.
Bti^eret, Hcnjcud, Fnbrr, Mon»iau,Taunay, Demarue, Huct, Duperreui. Bidault
atné.Bidautk jeune, Robert Lefètre, Bïrluer, Deauojers, Saint; mesdemoiselles Lo-
rintier et Gérard ; madame Uongez.
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LES SOBKCBS ET LES BEAUX-ABTS. 17
sthlète qai, de ses mains nerveuses, étranglait un lion en lui écartant
les mâchoires ; l'auteur ne s'était point nommé, et son marbre fit une
TÎTe impression. On ne voyait alors dans les arts que la gloire de
Napoléon , tous se disputèrent à l'envi pour dessiner des monuments
triomphateurs, et l'on copia la colonne Trajane, ce beau tronçon que
l'on voit h Rome, dominant la ville éternelle, non loin de la colonne
Antonine. Le sénat conservateur avait décerné une colonne votive
qid devait rappeler Austerlitz , comme le monument de Trajan rap-
p^ait je vainqueur des Germains et des Daces , sur d'admirables bû-
rdiefs.
Les tableaux des artistes, la sculpture des maîtres, occupaient moins
cette génération distraite que les tbéAtres, la muaque et la danse. Le
goât si prononcé de l'empereur pour la musique italienne avait donné
one certaine célébrité aux Bouffes , qui jouaient alors sur le théAtre
de l'Impératrice. La musique italienne était vivement appréciée,
quoique les maîtres ne fussent pas d'une grande renommée. La vogue
de Cimarosa et de Paisiello était aBaiblie, on l'avait usée sous le coD>
snlat. On chantait alon U Cantalrici villane de Fioravanti , la Prova
di un opéra séria de Gnecco. On conservait de Paisiello le joli opéra
de la Fraêcatena, où se peignent les mœurs et les chants de Frascati
et de la campagne de Rome sous les sources murmurantes de Tivoli.
Cimarosa venoit d'achever son Jtîairimonio eegreto , qui rendit la
vogue à la muâque gracieuse, mélancolique et profonde du mettre
qui hrilla si souvent à Son Carlo de Naples , et à 2a Scala de Milan.
La grave académie impériale de musique ne descendait pas de sa
majesté monotone : tantât c'était Hécuhe qui pleurait sur les mal-
bearsde sa race ; Ipkigénie m Auiide arrachait des larmes aux grandes
douairières de Fempire ; puis Castor et Pollux , Nephiali , et , par
exception, comme pour distraire la gravité du lieu , on exécutait la
Caracane du Caire , avec ses pompes du désert , ses chants de vic-
toire, large symphonie de Grétry ; puis le Figaro de Mozart, muMqne
toujours brillante et toujours jeune. A l'Opéra-Gomique on se per-
mettait plus de liberté ; on avait mille productions que faisait valoir
le talent d'Elleviou ou de Martin. Les pièces nouvelles s'épuisaient, et
on eut l'idée de reprendre les anciens opéras, en les faisant jouer par les
célébrités du jour : manie puérile, qui ressemblait à de jeunes visage!
parés de vieilles modes. Alors furent repris Richard Cœur de lion,
où parut le fidèle Blondd , avec la tour obscure ; le tyran, duc d'Ao-
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It LES' aauKB» ET ixa ^uex-Mm^
tiicbe, etle n>i BJohard & la cnûsode avec la ]daù)tive rorasMCe^- On
refît U Roi. el U Fermier: , Rom el. Coiaa, totUw oei bergeries du
siÂcIe de Loaia. XV «t de Louis. XVI , miui([aa teodre et noDotone
quicCKemUe avx son» de ces flûtet de bergersqpe Boucher afitf
dignées dam ses tableaux roses et. blancs^ avec du mnitoBs, , des boa-
leUe& floquetée^de lubaos-bleits.
Goisec, Mébulj.graiidA' maîtres eowit» r.MMtDwid-pou[ la^pÛB-
tucCr. rormaieut- Ir tranùtioD sérieuse pour auivfflr h llécote chuitante
de. Beieldieu ; gracieuse Eeaomœte qui alor&otmmeiMia à m montcait
sur la scène dans les romances Isoguissantes. Si Spontini conservait 1»
nui9i4ti8viveetbrujaate,.à grand eUîet, Boieldîeu daaaailU Calife
«il foj^icuf avaot de partir pour sott triste voyage de BosBîe , où le
poussaient des chagrins intimes et des douleurs poigpaatea. Boieldieu
fut dix. aos perdu dout la. France ; la musique vcsta uitl mains de
Bfébul, le mélodieux artiste, de Chenihini etde Lesuew. 3t. Berlon
écnvit la partiLioa A'Aliae r m'n« de GoUonda , suc les faola»liqQe.<4
mœurs de l'Iode, avec se&psJeis et ses pagodes dfor, et sou. aoble
Français, « qui cei^ui au sein de la gloire et les mjirtes «t In lau-
riers. » La: vogue venait à un artiste inconnu jjusquli ce moment , ce'
^Kcolo d'origine maltaise, d'une imagination moitié arabe et moitié
ïtalteone; ses vives compositions (Alinceot pla» tacd. un. socoè» de.
mode dans les salons de l'empire *.
L'opéra, les comaaces et la danse formaient la base esseatielle de
tontes les distractions du monde , véritable expressioa du caractère
français après la guerre eiviie. La danse professée- comme un art ,
^^cutée comme un des agréments de la société , n'était phia alor»
seulement un spectacle sur une vaste scène ayec les Vestu» et les-
tiardel; la danse entrait dan l'éducation des jeunes filles, dans la vie
des bommes, et l'Opéra n'était pas le seul théAtra où les baUels
fussent exécutés. Chaq^ie selon avait son thé&tie, chaque rëumon ses
<Unses de caractère ; un danseur à- la mode ooEome ua chanteur de
romances était une réputation colossale. Tréai» duiuait son: imm»-'
talité à une contredanse, comme Napoléon, gagnait la bataille d'Aufr-
teilits; une gavotte bien exécutée était un ivénemeot; lorsqu'on
«Btiait dans un salon, le ^-emier mot qti'on adreasaît au. beau monde
AVide d'émotion, c'était qu'il y aurait une contredanse exécutée par
* KcoIb B'aBBociti ptcaque Utajoa» bu SfiiiUnl IL tlknoa poui baf anlct.
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iS3 «niKm vr les neKvr-Avn. ti
M. taCtte, Tr£im e< qoelqaes femmes de Tempire renomma pour
l'art ^ damer une anglaise^ ane aRemande ou une gaTOtte. Un dan-
mir sautait è pertlpe' halBïne ; il derait eontoni ncr ses bras, jeter pa-
eieMnoeot sa jambe * ; une danseuse devait balancer avtoarcusement
«on cMie, dessiner son corps sous » tunique et su robe de crgpe
aonnKrte. Le cosbime était adïnirai^le de singularité; ]ts hommes
fortaient les chereuK m , et ih avaient des milliers de boucles qui
pendaient sur le front. Comme on voit encore ces portnrils de la
premièpeépotiueimpériale, leurs cravates étaient vastes et lear menton
poavait ^ perdre racilement ; te blanc éteit de rigueur * ; pnts venait
■ llaiInnd'AbnuuèB conta tout i»tkvnc&Bneoiipd'eDibou9(Mm«;eIl6 ne peut
^•feBpiMràtaiiMUF-proprede djie aqu'cjla dwniiit bMS. « PaaTrafammel
* Je donne ici la sUiisiique des modes du cDoiineiicemeiil de l'aauée 1806; c'est
un souTcnir qui nedoit point disparaître.
ftoiet du hoatmtr. — s Les spencers sont réputés d'nn meilleur genre qne les
ndi«KolC9. Il &i>t, orée nn tpenear , une cnlotia neuTc et de» bM blanc», tandis
^'avac la lediogote & rotoade boutoaaée, ou peul,iOti^> la v>c<Ue culotte, nieUn
nn mauvais gilet et de gros linge. Point de gilet sans une petite ganse. ]| eat aussi
sévirement pnscrit d'aTofr, à un Uabît, un codetpaTeil, qu'an collet <fe Telonra i
iMV nUagou. La dra^ t||il s'emploie en babiia ê» la dernière taoée, est d'an Tert
Itaei qui différa du tatli-boutatlle. Lea pocha» e«-traTe*» ont i>éad»ftAwam spen-
ccn. Un spcocet doit avoir un coUst d'étoffe. On coraracnce i substituer aux boutons
Hanca des boulons pareils, ouncoUTcrts d'un ruban de soie assorti au drap. Beau-
womp de cfaapcaK parts ontno'plinBrt noir, m )e»eftspem haKfllîs.an plumet
Uaac JL* gasse d'un cbapeau habilM, d'uo chapeau fn«c«*> •*> di^acitr; maia la
gpiat d'un claque est une ganse noire fatounée.
Modtt dtt dama. — * Les dames font faite leurs cbapeaui parés un peu plus
j^nds qn'i l'ordinaire. Il y a de ces chapeaux qui sur le devant portent une irea-
Uine de petites plnmes rolleltes, formant totiffa. Ces plumes sont btaacbea sur toutes
les couleurs de chapeaui.
> On Toit au speetBcIebeauconp de loques en vdonrs de toutes les eooleurs, toutes
sansbard.etsansauire ornement qu'une plume, loDgueè la vérité, et fort belle.
CmepTame, pIuiAt ronde qne plate, est plantée précisément an-dessas du front, et
sa pointe vient loinbeT jusque sur l'épaule gauche.
» A la taille de quelques robes de rdours, on remarque de petites basques car-
iées, comme des coi^ts à la paysanne ; cesrobo sont lacées derrière, et les manches
tréfl-bou AatES , arec des crerés de rubans. Par dn-ant, pour former k tablier,
régnent trois lignes perpendiculairesdebouffettes de satin.
■ Le genre espagnol a loujoursiavogue pour les corsages et les emmanchures.
■ n T a des douillettes grises, des douillettes bortensia. La nuance hortensia , ou
me plie, a toujours la vogue.
» Pour les collerettes, la mode des dents de loup est passée ou se pasK; on In
pmrle en dentelle ordinaire, fort larges et toujours rabattues.
> Presque tantes les Ammea portent nn« montre suspendue k letrr cou ; longtempi
ce fut sons la forme d'un colimaçon et d'une hullri, i spirales on raies de perle)
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^ LES SCIENCES ET LES BEÂOX-UITS.
UD speocer sur l'habit au col monstrueux, qui engloutissait la tète;
le haut des manches était large et à l'espagnole ; l'habit étaitgroa vert,
large des basques; le gilet était long et montant; au-dessus se déta-
chaient d'immenses breloques qui pendaient sur la culotte de casimlr
blanc pour le bal , et en velours à cAtes gris pour la ville; le tout
couronné de rubans qui pendaient sur le mollet; puis des souliers
{tointuB, aussi pointus que le claque dont les élégants ornaient leurs
'. têtes frisottées.
Ainsi étaient costumés Trénis, Garât le chanteur, tous ceux qui
ilonnaîent le ton à la bonne compagnie. Les femmes portaient des
'espèces de tuniques roides et à gorges montantes en formes de spencer,
mélange des formes polonaises et espagnoles; leur coiffure était
presque comme celle des hommes avec des papillotes dispersées par
centaines sur le front ; leurs toques étaient des espèces de casquettes
«vec des plumes qui retombaient sur les épaules ; à la ville , elles
avaient des capotes tellement vastes , tellement longues qu'elles ne
pouvaient se parler qu'à une grande distance ; le cachemire tenait une
large part dans cette toilette, dont faisait aussi partie un sac dit ridt-
■cule avec fermoir d'acier ; broderies en clous également d'acier qui
reproduisaient deux cœurs enflammés percés d'une flèche, et d'autres
symboles de galanterie ardente. Et cette génération que de crudles
'épreuves devaient atteindre, que la tristesse devait flétrir, toute cette
société de femmes jeunes et folles , que les rides ont aujourd'hui
«illonnées, comme de larges ruisseaux de pleurs, toute cette génération
Snes, sur nn fond énuU et or ; aujourd'hui c'œt une hçoa d'élui de loi^etU on
» Les cbatoes de montre en or et les pierres montées en breloques ne sont plu*
•âe bon genre ; un petil-mallre distingué porte un cachet k branches fines, en «dm
de panier, et une clef en trèQe, euspendue tout bonnement à un cordon dévoie rougt
|iDnceBU.
a Parmi les broderies qui distinguent les nouveaui habits de grande parure, en
homme comme en femme, on remarque les jeux d'argus et les queues deptOD,
«rgent et paillettes, sur un fond marron : on brode pour homme sur drap ; pour lea
terames, on u'eroploie que du yelours.
a C'est avecaneculotledepeaude daim, boutons de même, et des bottes irerers,
vu un panliloQ de drap, large et poînlallichésurle bas de soie; c'est avec uDCha*
{wau rond i forme haute, et un habit vert à boulons blancs, sur lesquels est dessint
un chien ou un cheval, la laille très-courte, le collet irës-monté, les bras tris-longs,
ilu'un jeune homme se fait admirer à pied eut la terrasse des Feuillants; ou i cheval,
la bois de Boulogne. L'heure de la promenade est de deux i quatre. • {Uodes da
4tBTicrimarslS00.J
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LES SCIENCES ET LES BBAtTC-ABTS. 21
dansait avec frénésie; les plaisirs et les joies des festins, quelques
lectures frivoles , les dissipations d'un monde jeune et ravissant ; tout
cela secouait leur vie , tout était bonheur parce que tout était ï la
victoire et à l'espérance. Plus tard viendront les fatalités de la dé-
faite , les tristesses du désabusement ; et ce sensualisme couronné de
{leurs subira lui-même les Infortunes et les déceptions de l'avenir.
NapolécH) n'eut pas seul les douleurs de l'exil ; chacune de ces femmes
mondaines porta avec elle-même le ver rongeur d'une jeunesse perdue,
quand le glorieux empereur avait le cœur brisé sur un rocher brftlant.
Que sont devenus tous ces débris d'une génération follement éprise
d'ivresse, étourdie de la fortune? Question qu'on aurait pu adresser
i une pauvre et noble femme qui consacra tes derniers temps de sa
vie i reproduire les époque de joie et de bonheur de la société impé-
riale!
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ÉCQIKUnB. BOLmQpK.
CHAPITRE n.
a«poléon et lu biMun de (béories. — Les iconomisles. — L'écok d'AAm Smitlu
— H. Sij. — Sfstime prohibitir. — rdéc de liberté anglaise. — Idée pratique. —
' ÉCfltdU'comimree, — Cobnies. — NnvigBtloni — CanauE. — BenhgesL — Âgri-
««ltuM^-~ l(âAedrMni«eile, — La grande tmhare^ — LftdlTiskrdnpMpriMs.
— Lcs' oènéaltt. — Les pMnrngBB. — QuealioD des approvisiaBnemcots. — ImpAta
indirects. — Les droits réunis. — Les dbuaaes. — Les far£ls. — La lotcric. —
DirecUon générale des postes. — L'eDr<%i$lTement. — Fausse idée de NapoKon
sur les finances.
IBOS — lettG.
Napoléon n'avait aucune tendance pour l'idéologie; esprit éminem-
ment pratique , il allait droit à la réalisation des idées applicables ; la
société lui paraissait un grand fait qu'il fallait accepter de la Provi-
dence ; on devait la gouverner plutAt par l'étude réelle de ses besoins
que par des systèmes vagues et généraux. De lik, ses antipathies pour
toute philosophie spéculative ; en littérature , il aimait la précision
énergique de Corneille; dans les sciences, les résultats éminemnient
positifs de Monge , de Berthollet et de Chaptal. Tout le reste , il le
confondait avec la science vague, bonne tout au plus pour amuser les
pédantset les niais : k quoi bon disserter sur ce qui ne recevait aucune
application dans le développement des faits sociaux? L'épithète la
plus dure qu'il lançait à un homme était celle d'idéologue. Au conseil
d'Ëlat c'était un brevet d'incapacité. On doit concevoir que lui ,
l'homme de gouvernement fort et positif , devait peu s'abandonner à
«e qu'on appelait les sciences économiques ; il cherchait à bien gou-
Tornerles peuples, sans se jeter dans les nuageuses théories qui ne font
<iue mettre en doute les éléments les plus simples de la vie sociale ' .
Napoléon calculait tout sur les réalités gouvernementales.
' Il fil plus tard en plein conseil d'État une sortie contre leaidéalognes; en poU-
tiiiue il désignait ainsi MU. Cabanis, Volnej, de Tracj et Garât.
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COBJ^KE nr *8Kicïii.TeB£. n
torifae ml bonme fort pril bi difection de» alMies jnMtfifi ,
dimnes écoles é'écMKwaistes s'afitùcnt. L'école écoaMiw avait m
■K certaine inOoeoce en UelMre et dans les sciences ; ^a avait prf-
fÊré, par b pbikwofibie, la rèvalte des idées eaotre l'autorité; Fexa-
■en ^t déeonoais un admirable et terrible levier. Aa svni' sMde
■D efaares ite pcBsées éclate lur h société ; l'école si dure, 81 k^eiU»)»,
des économistes avait eu en France pour cher M. Turgot; sa tliôorie
dTimpAts repoesit sur la terrev (pii seak devait coatribuer à fat Sntune
OMStmc aux ressources de ÏÈiat ; M. ïui^, e^l hardi, bMriererM
kl Tieffle société ; H reiBoa le sot', «n préparant l'abolMoa de ce qu'on
jf^lait le privilège et l'eienptien de la tene ; l'înpAt bncier fut san
idée ocbuive. Par contre, l'écc^ anglaise fit reposer la riehesH ptt-
Uiqoe sot ta etreulatioiv du ntiaéraire, pu l'apy Hcattoa <hs facnttéa
atÂi travail: : travailler ht la loi qa'elle imposa k Imb les-Mmorga'-
■mes ; dans cette iociétà-isa«bine, tent dat {voduire son cMtingent ;
m kl pr»;inlt sappeee fat oonsommalioB, ie traviàt ne se vivifie que par
Fbflaame de loisir, ^est pai )e bdancoMnt des daBsee élevées et âa
etaoneg travaiUewes que la consscarantioa se met e» rapport avec la pro-
4aetion. Par le système de trofr produire, l'Angleterre se eoadamnait
àriocessant beseia de remuer le» peuples peur faveviser la suFatton-
daoce de ses ■anubctores; sa tiléorie do travail par les ntachinea
«■igeait on vaste déf dapperaest de eolomca , et les popirialSou Hu-
meBses de l'Iode ; il fallait jeter partout la eonfnsioQ pmi iooDâer
l'Earope de «s laarcluadises ; ses traités poUtiqawa n'étaient ptas que
4m trailéa de commeKe.
NapotéoACBvisagaait le sysléiae d'Adam SmittrmaBiieuaevb^:
a ne comprenait pas qu'0D>pât écrire des vohMies poor a'arrivw à
aucun résultat matériel. Qu'esb<eà direipie ce mot v^;ue, rtcé«iw
rfn iution$? De quoi se contpase-t-ells? Quels en sont les éléments?
fit l'on poimàt (Ësputer indéÉniment sans s'atteadee. Pour une tête
k résultats, l'écoDomie politique devait être flétrie d'une commune
réprobation avec la philosophie spéculative *. En morale, Napoléou
ne reconnaissait que les religions positives, il voulait des dogmes et
point de disputes ; en politique U voulait gouverner ; en> économie
sociale, il ne connaissait qu'un système pratique immédiatement ap~
pitcable i la propriété, au commerce, i l'industrie et à l'impôt. Aussi
' Touu la Uiéorie d« remperni repon an le sjBlèmo prtWhlur.
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SA teONOMIB POUTIQOB.
)e»premi«r8 livres de M. Say n'eurenWls à ses yeux aucune valeur ; il
le considéra comme un idéologue de l'école écoasaise et genevoise ; il
le conrondait avec H. Necker pour l'administratiou, avec Benjamin
Constant pour la politique ; il portait une répugnance instinctive aux
^les d'Edimbourg et de Genève ; il ne raisonnait pas cette r6-
pugoance ; c'était pour lui une question naturelle, une révélation de
^on esprit*.
• Le génie actiret préoccupé de l'empereur avait deviné que toute la
question de l'industrie résidait dans la rivalité de la France et de
l'Angleterre. Deux nations intelligentes, très-avancées dans les arta
«t la civilisation, devaient être en opposition constante ; toutes deux
■produisaient avec une ardeur égale dans de vastes centres de peuples;
«Iles devaient doue se trouver en umcurrence sur toitf les marchés :
les machines simples et merveilleuses, le bas prix des capitaux, ioa-
aaient une supériorité réelle, incontestable à l'Angleterre; le sol fer-
tile de la France, son vaste territoire, la variété de ses ressources loi
attribuaient un autre privilège ; ces deux nations en face l'une de
l'autre ne pouvaient entrer que dans deux ordres d'idées : se rappro-
cher par une transaction commerciale, dans laquelle les intérêts se-
raient également appréciés et pondérés ; ou bien se jeter dans un
système complètement hostile, c'est-à-dire absolument prohibitif. Des
traités de commerce k plusieurs reprises avaient été essayés; l'Angle-
terre y avait poussé de toutes ses forces, car elle trouvait toujoan
-d'immenses avantages pour ses manufactures. Qui pouvait lutter avec
Il supériorité de ses machines? Dès ce moment elle jetait en avant
les idées : « Laisses faire, laissez passer. » Toute son économie poli-
tique se résumait dans l'«ttrée libre de tout et pour tout. Elle n'avait
rien à prot^er et beaucoup à écouler.
L'empereur Napoléon, avec cet instinct des grands faits pratiques,
jtrodama la théorie contraire ; l'idée prohibitive, adoptée par Yem-
' a H.Necker m'avait déjà livetnent déplu lorsdeUcampafjne de Uirengo.ÀBioii
KMSsige, j'avais voulu le toit, et n'avais trouvé qu'no lourd régent de collège bi»
-boursouOé. Feu de [emps après, cl dans l'espoir mos doute de reparaître avec mon
accoure sur la scène du monde, il publia une brochure dans laquelle il prouvait qui
k Frauee ue pouvait plus élrc répubUcaiue ai monarehiquc. Il m'appelait, dans CM
ouvrage, l'homme nécessaire. Lebrun lui répondit par une lettre en quatre pagea, da
«ou beau stjle, et d'une ta^on irès-mordanie : il lui demandait s'il n'avait pas &tt
•SHI de mal i la France, et s'il ne se lassait pas, après son épreuve de la contli-
tnaotc, de ptétendreà la régenter de nouveau. » [Uémoires de Napoléon.]
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comumcB n* agsicoltdxb. 25
pire, sajet de longues méditations, n'était pas un système, nuis une
guerre * ; elle ne reposait pas sur des principes, mais sur le besoin de
seconder en France le mouvement industriel pour l'opposer au déve-
loppement inouï de l'industrie anglaise. L'empereur avait d'immenses
années, un système d'impâts sévères et Tacilement levés ; l'Angleterre
avait pour elle l'industrie, la marine, les emprunts. La lutte entre ces
éléments hostiles est renurquable dans l'histoire moderne, à mesure
que ce temps-U s'éloigne de nous, cette lutte grandira dans les ftges; *
eUe est un des plus vigoureux spectacles des temps modernes.
Il y a d^ix degrés dans le système prohibitif de Napoléon : d'abord,
organisant les douanes d'après son idée, elles deviennent un instru-
ment dans ses mains; les tarifs sont durs, ils ne permettent l'introduo-
Uoo de certaines doirées qu'è des conditions inflexibles. Dans la
seconde période , la marche progres^ve devient plus vive, plus im-
périeuse : le système prohibitif prend un développement politique
inatteodu ; cnnme c'est une guerre, il devient absolu et oppres^f.
Napoléon ne peut soulTrir les marchandises anglaises , il les proscrit
par B(Hi influence et par ses douanes ; il voudrait étendre cette prohi-
■ Hum lout« h vie Ntpolten • josiifié par dw ndsons plus on moitu pUnaiblM
le blocus coDiinental :
■ NepoIéonnefl'^rapdlQl dans une pessianeveuglc; ilMTiit lebien dont maD-
qiA U Fnnce; le peii evec l'Angteicrre était le but qu'il vouliil atteindre. Hiit
(Ile prodiguait Ma Uisore pour Mudojer contre lui les ennées de l'Europe , et ce
n'it^t que perdes victoires qu'il pouTiiteepérer de domina le baiDeangleise en sou-
Metlaot Ha tlliés. C'est ein^ qu'il fut enlrelné malgré lai k la conquête de l'Earop*
et av blocus eMitlaental. • [Uémoiiesettribuési Napoléon.)
■ Il rant que le eonmerce ui(^is tnare tout le continent tamà, disait Napolten,
M que ces ennemis des nations soient mil hors du droit commun. Uallieur à h ville
qui, cédant à l'éfoïsme du moment, trahirait la cause comraunel... Il ranl seTOir
■ouffrir avec eonrage, prHidre tous les mojeoB de nuire h l'ennemi commun, ei
fMigcT k reconnattre le principe qui dirige tontes tes nations du continent.
a Je me sois trouvé seul de mon avis sur le continent ; U m'a Tallu pour l'insiant
employer partout la violence. Enfin, l'on commence i me eomprradre, déjt l'arLre
porte son Ihiit : le temps fera le reste.
■ Bi je n'eusse succombé, j'aurais changé la face du commerce, aussi bien que la
rOBie de l'industrie ; j'avais naturalisé au milieu de nous le sucre, l'indigo ; j'aurais
■aturallsé le coioo, et bien d'autres choses encore : on m'eAt tu déplacei les colonies,
ri l'on se fttt obstiné à ne pas nous en donner une portion.
■ L'impulsion, cbeinODS, éuit immen^; la prospérité, les progrés croissaient
■tu mesure; et pourtant 1rs ministres anglais répandaient par toute l'Europe que
Moa étions inlsérablea et que nous retombions dans la barbarie. Aussi le vulgaire des
tifiés a-t-il été étrangement surpris à la vue de DoUe intérieur, aussi bien que la
Anglais, qui en sont demeurés déconcertés. >
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iàtkm sar 1«» mCbinfl aMéesi ao amies, ipift tMl«»pM*rt»( ii*«at pif
In mtmts iatèrèl» que ta Franee, les Màmeg mobilei, é» no;«M
nrilfCaires maat èbendus. L'E^wgne pMt-«ll» se paaser des pvodoHi
MfllnsîL'ltofie. I«ipI«9,laSuMe, IkPvMSe, hRossie, netosUaHa
pas impérienaement Botmiises à des Récesstés d'échange qa'M ae peut
pu pies leur crrKhevqaetanBpfratîoB qui Mt vrneT Os idées pn>>
Mbitifes de Xapoléoii soot mdne tro^ avattcées pour TiUA iMtastri^
tiî France; te ooMnerce se compose dedimx âtémeatSy lapfodBctioB
dn sol et les réssttats de nndusMe ; les produits nstuv^ est bestrite
if ètm exportés ; les vins, les cértaies doivent trouwF leun débouchés
à Textérieur, à meii» de condann» la pr^riélé à deveirir stérde ;
eertainea indoBtrica dans tesqneHe» la France a b-sopéfiorHé, teBes
que les msdes, les (bntaisiesckerdieRt dans lesyaUmed^esportatÎM
kiu- issoe naturdle ; elles périssent saiwcsla.
D'un antre eAté, mille denrées sont néesssaires à II mddeeiae, ait
tesntare : les eetoiiB dfOrient, In bais dos lies, les épiceries, ttm ms
objeto CDtreit àoÊ- Tuattuaia Gooeomniation d'oe fea^ de plos dé
36,000^000' dT&raes. Sam deute ie «éoôe de Femptreor pnl fwc dn
nierveilles , mais on n'improvise pas les résultats de l'industrie , suite
de longs eSbrt»et d'expériences ioSaies; la chimie, cette grande ma-
gicienne, ne peut tout transformer sur-le-chaoïp ; il faut des sueun
et de» veilles, un labeur ûoceGsamneDt renouvelé ; et easoie ces pro-
duits factices, impvlatte, brisaient les rdatious haWtaeHe» db com-
merce. Les colonies n'étaient plus une nécessité dtiiB cet ordre d'idées;
et d'ailleurs que pouvaient être les colonies sans une narioe vigA»-
reHse? U n'y avait ^us de aonHuaree d'éehtngef h» aatîoM étaient
obligées de se replier sur eHes-mèmes, tandis que les croisières an-
glaises tenaient toutes les mers ; la navigation était presiuje interdite,
les elTorts iaouïs de l'empereur ne servaiest ^'à- f«vo«iMr quelques
indiffitries heureuses, nrais sans résultats populaires ; les denrées colo-
niales étaient d'un pris exorbitant, le sucre se payait ius<^*à 5 francs
la livre, le café étaithorsde prix. En vaincherchait-oa i faire partout
des teutatirea de culture exotique ; on plantait le ooton dans les pro-
vinces méridionales ; les feuilles se développaient sans donner ces
belles coques blanches qui tombent comme des flocons de neige aux
plaines de l'Egypte. Ou avait essayé les plants de caffer», tes cannes k
sucre secouées par l'ouragan des Antilles ; presque tout avait avorté,
i Naples, même à Cadix, et rien n'avait pu remplacer l'orbu^ à
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COMHBBCK IT AfiSKOUSIlE. 37
poivre, le thé dea iiuuitaga«B de Chine, et le g;iroflier at» OdUM
sfUTes. La votoitté de Napoléoa avait trouvé des obstacles partout
dans les lois éteroelles de la nature, qui assigpe ses produits et K>
richesses à f.hwp'<^ slimat ' •
Au commeocement de l'empire, h c^te époque où tout était gloire
pour le souverain et pour le pa^, on pouvait dire que la navigation
était nulle ; aucun navire n'osait sortir du port sous le pavillon trico-
lore ; tout le commeroe maritime se bornait dans le cabotage de cdte
i côte, ou par de&neutiies;.an échappaîtavec peine aux sroisières qui
ne déplojaieDt devant chaque sade. Une expédition aux Indes était
un phénomène; qpand un navire, parti de Bordeaux, pouvait parve-
oie jmqa'i l'Ile de France, on conservait le souvenir de cette expédi-
tion comme une merveille de découverte, et le pavillon de Christophe
Colomb, danslea. terres d'Amériqpe, ne causa pas plus d'étonnement
qn'un navire revenu de l'Indoustan dans la rivière de Bordeaux. Le
Havre expédiait i peine qpelqjies navires, fins voiliers, pour les colo-
nies ;■ et encore les assurances s'élevaient jusqu'à 30 pour cent, tant
ladanger était menaçant. Il en. était de même à Marseille pour les
expéditions du Levant : ces beaux comptoirs deSm^rne, de Tbessalo-
nique, si riches, si. féconds ,.D'avaiâit plus que de lointains rapports
ivec Slarseilie, l'opulente cité qjii, dans les vieux len^» régnait mal-
tresse de la Uéditerranèe. La France était ainsi comme un cu^ plein
de vie qui ne pouvait respirer; un des éléments lui manquait, ses
guerces n'étaient que dea> ao^jnées qu'elle faisait au genn humain
pour obtenir un peu d'ais h ses larges poumons. Le système continen-
tal fut cette idée appliquée en grand.
Ce qjie. N^;K>léon ne pouvait obtesir par la navigation maatime^ il
* NipolMQ anii de fausses idéra sut les besoioE et les produits coroniaui :
■ I> dniit «fnitvéc sur hs denréos caIbniRits, dfult-il, peut ftre su^nientlé mw
iavBvéaient. flaahjvcWqtierite'aM'dnleBttnip-idwr, ea prenAw Vha)itud»da
cowsoaaaar de 1» pondre de cbicortei et <B)'i ta-paiicelta bràiiudciwira'k It con-
MUDmetioD du café de nos colonies : jp ne suis pas touché de ccUc crainie. Il ; aura
UnijouTs assez de consommaieurs pour les dfenrtes desos colonies d uns mue lespajn
MT lespiel* pasiTfes'ileDdn le gnmd enplre; d'aoluL ^w, qiweDMWiaK hnirai
i^âs la pais a*w l'Ao^etene, j^ proscrirai les denrées élnui|ites, et yroiuulgtMni
t)D acte de natîjgjiau qui ne permettra l'entrée de nos ports qu'aux billinients Cna~
çais construits avec du bois français, le charUon même et les milordâ anglais o<
pourront aborder que sous paTillon français. On eriera beiucanp, parw que 1b eom-
■Mvcc, CD rmtcB; ktrn naw wespriti; luis rix aw >ftw «o aéra dan» laplwgrandi
jroajérilé. ■ tPatar bs la Loibu.)
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38 iCOKOMIB POLinQOË.
cherchait à le remplacer par la multiplicité des canaux, l'établisse-
ment de larges voies, et la faculté des roulages accélérés. L'empire
était vaste, nou-seulement par l'étendue de son territoire, mois encore
par les rapports avec les alliés qui enlaçaient ses frontières ; les cdtes
une fois interdites, il fallait établir une navigation intérieure, un
système de transporta, susceptible de préparer les échanges du nord
au midi, des provinces les plus extrêmes. L'Italie avait de nombreux
produits nécessaires k l'industrie en France ; l'Espagne était dans la
même situation; les huiles de la rivière de Gènes, les laines d'Estra-
madure, entraient easentiellenient dans les éléments primitifs des
manufactures ; tandis que la France dut mser dans les deux pays ,
comme échange, les tissus, les articles de modes et les produits dei
fabriques de Rouen et de Lyon.
Un bon système de navigation intérieure devenait indispensable, et
Napoléon traça lui-même sa vaste division de canaux et de routes.
L'Italie devait ^unir è la France par le passage aérien du Simplon ,
avec ses ponts suspendus, ses grottes percées & vif; on sautait lea
Alpes i pas de géant, comme à d'autres époques on avait traversé le
mont Saint-Bernard. Les canaux durent unir le Bhtn et la Meuse, la
Meuse à la Seine, la Seine à la Loire ; par le canal des mers, concep-
tion de Louis XIV, le Rhdne touchait & l'Océan. D'autres grandes
œuvres durent encore compléter le système de navigation ; on ac^eri
le canal de Boargogne, de Saint-Quentin ; les travaux ordonnés par
Louis XVI furent entièrement achevés à Brïare; les ponts et chaus'
sées reçurent d'iounenses moyens et les employèrent avec une activité
inouïe. Le système de roulage était fort arriéré, on s'efforça de sup-
pléer & la navigation par mer ; des compagnies furent formées : les
marchandises purent être transportées d'une ville à une autre en
quelques jours, au moyen de voitures légères. Les diligences reçurent
aussi une certaine extension ; le courrier mettait cent quatre-vingts
heures de Paris & Rayonne , et les diligences plus de deux cent cin-
quante ; le trajet de la poste fut réduit h cent vingt heures ; on trans-
porta les voyageurs dans des voitures plus larges ; il se fit des arrange-
ments pour que les diligences fussent servies par les mattres de poste
eux-mêmes. Les mers étaient à l'Angleterre, il fallait bien que
Napoléon pût régner sur le continent.
L'agriculture , la force des États dans les idées de Napoléon , fut
largement encouragée. L'empereur ne partageait pas les préjugés sur
:dbv Google
COHItBBGB ET AGSICDL'niKB. 39
l'atililé pratique de la division incessante des propriétés; la ceatrali-
ntioo des terres lui plaisait comme celle du pouvoir ; il savait que si
la terre divisée produit plus dans tout ce qui tient aux récoltes de
jordios , aux v^gers, aux plantes légumineuses dans les environs des
Tilles, la grande culture seule peut fournir à un plus bas prix les
céréales, les prairies artificielles , l'éducation des b^iaux , les haras.
Un ricbe propriétaire peut cultiver en masse ; il a des capitaux , des
instruments perfectionnés, des moyens d'obtenir h peu de îna les pro-
duits du sol ; ses vastes terres lui servent à nourrir les bœufs et lea
moutons ; il peut appliquer les méthodes nouvelles i la culture , faire
des expériences plus larges, plus fécondes; le petit propriétaire n'a
que ses sueurs A donner, que s^ bras pour instrument ; i) dévore le
sol; lui est-il possible d'élever des cbevaux, d'avoir des instrumnits
modèles, des charrues que traînent quelques paires de bœufs on des
chevaux nourris dans la ferme riche et opulente? Le petit proprié-
taire de terres divisées ressemble au possesseur d'un écu , stérile dans
ECS mains, tandis que le ridie Féconde des masses de capitaux.
L'idée de Napoléon était que le morcellement des terres devait
produire tdt ou tard la pénurie des céréales, le manque des bestiaux,
amener l'excessive dierté du pain et de la viande , les deux principes
d'^imentation du peuple; tandis qu'en Russie, en Allemagne, la
méthode de grande culture permet de donner les denrées à moindre
prix.Napoléon traitait avec mépris touteslestbéoriesde l'école agraire,
et le code civil lui paraissait un instrument d'incessantes dissolutions
qu'il allait bientét arrêter par les majorais. Le seul remède , selon
l'empereur , c'était qu'à cété des morcellements on réguIarisAt le
principe d'agglomération inhérent è l'homme. Chaque individu pos-
sède en lui-même un besoin de propriété qui tient k sa natnra , et ce
principe, il fallait le régulariser par l'institution d'une noblesse terri-
toriale. Il y avait cela de remarquable dans l'empereur, qu'ennemi
de la démocratie en principes, il était tout peuple pour le soin qn'il
apportait au bien-être des masses : ainsi les questions dont il s'occupait
avec le plus de sollicitude étaient celles des approvisionnements ; il
aimait à les discuter; plus d'une fois, en plein conseil d'État, il jetait
les jalons d'un vaste système qui s'appliquerût à Paris et à le pro-
vince ; il voulait qu'en aucun cas le peuple ne pût manquer de pain,
ni le payer trop cher. Rome et ses vastes greniers lui venaient à la
pensée; il avait souvenir de l'Egypte etde la Sicile, d'où les consuls
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3ï ÉDOitmm poi.rnoOB.
et tes empereurs tiraient Te» blës poar ts snbststance de la Tille éterneHe.
La iétea de» érononiates surPimpAt n'fifsieDt point âe natore S
dnnhier l'e^rR de rempereur ; Umt ce qui restait TBgue lui étafC
satipathiqne ' ; pour kti l'impAt n'était considéré qne romme nna
Boaree de revenus. Ces questions , il les eunthnit sons un doable
pofat de vue : l* facilité de ht perception, la régalante des rerenos
da trésor et tes resioiirce» du badget. Étranger ma idées Bardies du
erédit public, H ne^tamsiC f rouTer de re»ouree»que dans le payement
tfeetif des cootribidioiis. Depuis son avènement & Fempire; le sjs-
t^ma des dmit9 réunis av^ pris de l'extension. L'bsprR de Napolémi
■%tait pas «a petitS' préjugés ; et, qsand H afiorda dam sou consefT
la âiéorie de l'ImpAt, il idia-dvoit à toos ses^déveh^ipemeuts. Ainsi les
fcoDomistes repousnient le» monopoles ; rempereur les rétablit pour
le sel *. Cette perception était finfle ; oir avait ici un revenu net ;
que loi importail <f interdira Findièpendtuice d^un certain produit on
(faDpéeher la liberté des transRtlMa? L'iuipftl est use g^ne frqnelqn«
branche qu'il a'appbcpie, le-insiUnir syatéiofl consMe & obteatr te plm
pv les plus «îB^es moywi '.
' a Toutesiespuissanccsm'envieiitnionsi5tèmed'iin[|Als,quLCOiisist«ien4Toir
un grand nombre dont le iBuis'crfve(<us'ahaîs9e,suiTantlfes besoins, au moyen des
BaoUatcB addiiiannrii, uxndM la llqwaov s'flSn «UiS-alMBe Ans le Ibrrmoniètre,
«D aorte que je pmx ma suOiM, q^alk qi» aaûM BM» iNaiinB, aan* rcttoiUT i «H'IMI-
Tel impdi dont l'èlablis&emeDt est loi^purs si difficile, u
(Napoléon BU conseil d'État, Pelet delà Loitre.}
' ntoln de Napoléoii a«'c«De«il d^ïtaC
' Hapolfen était iM>.diM pan*- jMiiaaii» Je i:i«yat»l*.sA
B Le droit d'un Eou par livre q^'on proposa d'elaiilic lurle xi a'est point snlBgaK;
if faut porter tout de suite ce droit au taux nécessaire, pourn'âtre pas obiigé à'j re-
tenir et de donner à ce eommerw imc nourcne secousse;
■ 9npaiirraiiélabIird«ae«rep*lsré«iide-wldta»t*tM la tab^ et coamm-
matiou, en se réglant suc la gé^vptiie nautii)Ba d« la ïmnee. C« sjstèiM ttn
craindre, dit-on, le retour de la gabelle : ]e ne sais qu'f faire; on ne gufril personne
de la peur.
>• AnM de sopprimer déRailIfcniEnt le droit dn pUH ann barriitvs, qtit donne
tlUMt,Ma net p»arlc» ponts et ehBMBées,iLiaiidi«âtépranv«c c« (fue ptodulra la
dioit auT le sel qui doit le remplacer.
i> Ce droit, Dié à deux sous par livre, produirait, dit.oo, 40.000,000 ; sll en était
ainsi, on pourrait abandonner SOiOM'.SJOiDipontset chaussées; it IbDdrsit que celle
portian du produit SU veHfe ditte— i par les recnears dau la caisHée c«M
ndrainisiratiOD, an lieu de l'èm a» Isésar puUia.
a Rien n'cni pocherait d'augmenter le droit sut le sel en tenps de guerre, surioul
dans le cas de la perle d'une beisille. La nation a de Pénergie : elle ainierait raienx
pajer ces irapdia chcxUe que de risquer de les payer aui Bosses «a ans Antrk^ie»,
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comnao ex asu^tbbs. M
lootfikt misea f^ie, iln'y eof phiidefennttpowriBBrnèiM'
poor l£* lubûstances H les foureitoire» ée l'anal ; Im eonpBgnle»
farsAt Uqaidéefr et l'État n^Utué aus kénéflccs d» partieuUBn.
M. Mareb, ie fràre éu.werétàre d'État, fat eonné chef da l'adml-
lùstaattoDidtt vnreftebdaiwiB';lH)nmeprobe,.nuù»d'iiM eapacilé
liiBilée, il H»^iMBit]^ d'une f«»t'eiuenM«'de»ttaviees(|uel'ii>'
diMtBMfouraiinit née tatia «ineilé, cette ptofitttadt de Mojan»
que l'iBlérM ft'ai hhiI iaa^, M. FrtBfai» (de Nnt«§] fut nii à.
la tMe de l'admuiistcatioa det' îoidôIs iadiraoli « 90 dat cemfirendie
ladireclioa géoérale de»dcMU Kéiaù»,.c'eib4hdiie la taxABor ks boi»-
iMHkB, iiuk»TOUarea, lea cartes, k» objets ds-luse et de pfemièneoéct»-
sité,. Unitss chMea soumuu àsoacentr&ie.LeS' droits réunis derinrcat
la plU9 vaste admiBiatFatitHi, avec un penosnel inonense , oae année
de«ogHaii quipKssarètentlepei^dedaBaleseampagBas, £ammeae»-
tneat de ce syatème d'emy 107e* <iu'on jeta dao» tous les recoins de
la Fraoee^nndie. Ce tôt pour l'empereur un ■ojen de récM^peaier
oa-d'attirer use £aide d'eùtaocea gairertajeal mds pai* an ■ôUea da
la tourmente publique ; cette edministrattea recvt aat —Mitai»
d'émigréa, de» geas de Lettres, avecaoepositicii phiaou moiae lucra-
tive. Les recettes, les iupecUoiis, kseotoepAts de tabac», forent ea
partie doDuésà nneclMae paaiwe, Huisélef&e;, delà naqait ce peuple
lia aotticitaurs qui vint tendk<e la umIb daoe tous les aântstiies pow
nUenîc BM pa«tioa>adniniBtrative, sous la protection de l'empereuT.
Des mîUioi» de pétittoDs se ceatraUsireut dans les aaleaa de Âultk
Ed matière de deuaaesr Napotéea avait auiri des idéa arrêtées-;
rqwnsiant tous les systèmes de liberté commeFci^e établis par la
éeoioraiel£S, il appli(|ua sa tbèorie du système pr«Mbftif dans touts
s(Hi étendue; sa ligne de deamessi vaste prenait è Anven pour se
s'arrêter que dans la Toscane; le royaume d'Italie n'étaàt qu'uaa
annexe de l'empire. Venise, la iye des men, dut foir l'Adriatique
ss fenoar seus ses pieds. Ce système pQ«vait-il durer ? Le coi»-
B 0D pourrait dire, dans le préambule daialoi qui étaUirB ce droit de deul soaS
par livre sur le Mt, que c'est i cause de la guerre ; qu'en temps de pail le taux ordi-
noim sera de St« Uard», SOO,OOe,0BOdaTBTeniisdoireQisunrekIa FraHca en tem})»
n Si la EupprassioB du droit de pasaa est un paase-poit iiécMsali« poui Etire ad-
mettre le droit des aidea et le droit sur le ael, il faut s'y réslguer. Le fait est qu'on a
tonjauis crié contre ce droit de passe. L« tribunat et le corps législatif ont été d'ac-^
cofd pour «a deMurfir la sapprenion. a (PdM de la Loièce.}
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8SI &C0K011IB POLITIODB.
merce maritime était si peu considérable, que les douanes devinreot
plutât une armée pour arrêter l'introductiou des marchandises qu'un
système de revenus et une source de produits; d'après le relevé de
l'administration des douanes, on comptait plus de 35,000 employés
(20,000 hommes armés) , et les dépenses d'un ItA personnel absor-
baient la presque totalité du revenu. Le système prohibitif avait
besoin de tout ce développement : les douanesprotégeaient les manu-
factores ; elles empêchaient la contrebande, autant que cela était pos-
sible avec un système de droits trop élevés. Quand le contrebandier
trouve son bénéfice, il e*t assez hardi pour tout oser ; les petits droits
sont la meillenre protection contre la fraude , on ne s'espose pas
pour quelques pièces de monnaie. La direction générale des douanes,
toujours confiée à M. Collin de Sucy, formait un véritable ministère,
avec un ensemble de bureaux aussi considérable que les finances;
l'administration avait pour siège l'hAtel d'Uzès, et là commençait déji
le système d'entrepdt qui plus tard prit une certaine extension. Avec
le système prohibitif les douanes devinreot un corps auxiliaire contre
les manufactures anglaises.
Les forêts formaient aussi une administration générale sous
M. Bergon; on avait renoncé i toutes les théories sur le défriche-
ment des vieux parcs et des bois séculaires. Dans un sens limité le
défrichement est utile k l'agriculture ; s'il s'applique au contraire è
une trop grande masse , le résultat est déplorable pour r«isemhle
des produits ; les vastes bois protègent l'humidité des terres, attirent
les pluies fécondantes. L'empereur voulait créer une marine , se
donner les moyens de construction pour ses Qottes, et les forêts lui en
serviraient d'éléments ; les conservations durent embrasser les sapins
des Alpes è la noire chevelure, les frênes dont le bois est à dur et si
propre à la construction, le platane si facilement travaillé, et dont le
bois tendre sert à tous les peUts instruments de la campagne. L'ad*
ministration des forêts devint une pépinière de vieux soldats , im
moyen de récompenser leurs services. Napoléon connaissait ce qu'il
fallait à l'armée ; après l'activité des campagnes , le soldat[ne devait
point se jeter dans l'oisiveté et le repos; la garde des forêts lui pré-
paraît une vie active et salutaire ; il ne quittait point son fusil ou Sk
carabine chérie ; après avoir visité les champs de bataille, il parcourait
comme garde les sentiers épais et les touffes d'arbres des Alpes, du
Jura ou des Apennùis; il y portait l'image et l'amour de son empe-
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COMHBKCE ET AGKICOLTOBB. 33
reor ; on le retrouva aux jours d'adrersité défendant les Tosgn et les
Alpes a?ec ses agrestes habitudes et ses aouvenirs belliqueux.
L'administration de ta loterie offrait une large braoche de revenus
publics pour l'empire. Napoléon n'avait pas plus de tendance pour les
idées philanthropiques que pour les théories économistes ; la loterie
lui paraissait un impôt volontaire; chacun étant libre de déposer si
mise, il fallait laisser une issue aux esprits aventureux qui aiment &
tenter la fortune. Partant de l'idée que le jeu est inhérent k la oatore
humaine, l'empereur en concluait que l'habileté d'un gouvernement
est de le surveiller pour qu'il ne tombe pas sous la main des fripons ;
n n'avait point hésité à permettre les jeux à Paris, sans s'inquiéter de
U moralité ou de l'immoralité d'une telle institution; il prenait la
société par son triste ct>lé , admettant les passions qu'il ne pouvait
empêcher. La loterie, établie sur des combinaisons variées, avait des
tirages à Paris comme à Lyon, à Strasbourg, à Bruxelles, à Gènes, à
Milan, et les. chances pouvaient partout être tentées; c'était un
aliment offert au peuple pour lui jeter à pleines mains les espérances
et les joies , cela l'occupait ; pour quelques peUts lots il pouvait se
faire des illusions dorées, les légendes de son sommeil. Puis, i cette
époque de l'empire , i ce temps de fortune si merveilleuse , tous ne
jouaient-ils pas à la grande roae qui tourne en aveugle ? La loterie
était une sorte de supplément k l'ivrease, une de ces douces boissons
qui endorment le peuple des halles, et Napoléon aimait ces distrac-
tions qui ne p^mettaient pas de s'inquiéter de questions politiques.
A tout prendre, il aimait mieux un peuple occupé à gagner un terne
qn'i discuta les droits de la souveraineté.
L'empire était une vaste machine d'employés sous un centre
commun ; le système des directions générales avait prévalu ; il s'ap-
pliquait aux postes, création de Louis XI. Les postes, s'étendant sur
UD si vaste territoire, étaient devenues une portion considérable des
revenus publics ; les employés étaient nombreux ; on dut à M. Lava-
lette leur organisation presque militaire; les postillons, embrigadés
par divisions, formèrent comme un corps de soldats, de telle sorte que
dans les crises de la patrie on put y trouver plus d'un régiment de
cavalerie, comme les douaniers eux-mêmes servirent è la garde des
frontières et des cAtes.
L« postes intelligentes et développées furent tout à la fois une
utile institution pour le commerce, et uo moyen de police pour l'en-
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84 teoHOMn roLmouB-
KoMe an gDaveroemeat. Si la vigtloMe de fndiiriiiiitritioB «AiUat
une grande -i^BUiarité dww leeervioeet U ffirtiibulKa deelrtlKi,
■«UemDltii4iawMil(snoT«B84'inv€StigattoK«tdefedtercbesae(»<ètes
-que la -poliee «e permet .daas m intérM 4e comervertion ; ce ifrfoo
appela le -cakHotlt noir <ut ioatitné. Sans l'empire toutes tes iettrei
Âaient décachetées, on apportait les pins importantes aax TuHeriei;
l'eaprit de Napoléon était i«iii(^ de petites suaceptibnités, il eianit -i
pâlétfer dans le secret -des famHles, k tout ■roir, h tout connattre -: il
ae se contentait pas des affaires gênéralefl, il «rotifait «neore 'lire 4ans
Jes «entîmente privés. "Tel fat le'MHe deT«nipereur ; le générai Itspp,
HOD ami, nous raconte oonmeat il dot nne <togrftee momentanée kla
<violition honteoBe 4a «ecrot des lettres ' . La police des pestes devint
une habitude ; on dut saivoir q«e lorsqu'on confiait une lettre à fÉttt,
«Ueétakdécadietéeet-oeBmeDtée; i cepoiBtqnerempereur disait,
êtm rougir, i la face d'un fionnie -: « Voue Bvei écrit teiie lettre ;
■ Yoiei le récil du général Rapp ;
H Les génénoi Rejnier et Birtes étaient en ffisf^ln : fêtais lié arec l^n ci
l'autie, et je n'avais pasiI%abitMde'd'ai>awliM)Ber mcsm»!* BMdbmrwi. Jante Mil
Ail pour dissiper kapcéTeniioiude NapoUoo iwDtMccsdeiuaBciars géaéraui, mms
pouvoir ï réussii. JerevinsunjouTÂÛcbHi^auaujet de Sejaier; NapoléoD tmp*-
ticnté pKt de l^unimr et me dit sèchemeat qu'il ne voulait plus entendre parler de
Joi- J'«ctiTis à ce bra^egéiéml que lontea DMS dénarohes aTai«Di4eé'Hifr«ctiMMM;
je l'eihorUi ,i la palieucej el jl^utei gucbpies j^rues dietéeSfpH Je défit. J'«hb
l'im prudence de conGer ma lettre^ la poste; elle fut ouverte et enTojée à l'einpœw
flla lut troll oti quatre fob, se flt apporter démon écriture pour comparer, M ne poH-
laît se pcnuider'qua jel'Mnu éerite.C w mit dans nnftcOKre affreuee, «t n'eiiveja
de Ssiut-Cloud un courrier aui Toiletics, ab j'^irBil<^..JecnisArea|feUpoijrMw
mission etjepariia sur-le-champ. Je irouvaiCaidiDcouridans le salon da service stm
CafTarelli : Je lui demandai ce qu'il y avait de nouveau. Il connaissait déjà raffairc,
il en pBiaisHit peiné; nuTia Hue m'en dit )ms uh mot. l'entrai chez Napoléon.^i, «a
leUreilainaiii, swuit4u.cabiDitici>flHwtiB ]turi»ii. U«ne««inrda aTCCiCWjviR
^ lin celants qui ont fait trembler l«nldc monde. (Conoaissu-vouâ cette écriture? —
Oui, sire. — Elle est de vous? — Oui, sire. — Voua êtes le dernier que j'aurais soup-
çonné. Pouvea-Yous écrire de parelltesborreurs t mes ennemis? Tous, que j'ai tou-
jours si Iwa trailéliwicpouf <pHi'«i tOKtrfutl vous, Icaeui-denesBideadecuifi
que j'aie logé aui Tuileries ! u Lt porte de son cabinet élaii.eiUr'tiuverte ; il s'en t^er-
tut,ct alla l'ouvrir toute Tait, afin queM.Henneval, ud de ses secrétaires, entendit In
•cène qu'il iue faisait. « Allez, me dil-41 en me toisant du haut en bas, vous êtes un
ingrat i — Non, sire ; l'iDgratiiude n'^et jamais entrée dans mon cour. — Reliseï c«ua
lettre (it me la mit sous les yeux], et décidez. — Sire, de tous les reproches que vous
pouvez me faire, celui-là m'est le plus sensible. Puisque j'ai perdu votre conSance, j»
ne puis plus servir.— Oui, f. vous l'avciperduc.» Je le saluai respectueusement,
«t m'en aJlgi. [HémolMs du eénfral Rapp.)
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coioautGE sr acbicbliobs. 36
ooyfiéeilaposteeilea été décachetée, vous parles mal de moi; aortm,
je TQU* exite. »
L'euegistrament, Je timbre et les hyiwUè^w frao^eiit cooùd^
laMemeDt ie reveoa public ; à chaque budget cet ùnpàt recevait ua
«ccroissemeet. fiien de plua tyraBoique que le* droits prélevés ta
linéique Murte wr les dootoin et la jniiànee ; maie aussi rîea de flw
aisé que leur perception qui te ruttaobwt à toutes loi périodes ît ta
vie : la oauBaoce, la mort ; auxlransactiomies pUiBactives ; Téobauge,
]a vente, l'-acbat, le çréi et tout ce qui touche le eommeree. Ces Mi
ii'aw«it rien épargné : le timbre fut doublé; les droits restaleot
inOeiEibles, et le fisc dominait toutes les transaotians ; M. DntdilAel
cooaervut la direction générale de l'enregistrement ; un des auteurs
de la loi sons le directoire, il en dirigeait l'applicatloQ avec fermeté ;
tout droit d'enregistrement privilégié était perçu avant les alimenta
des mineurs et des pères ; on aurait dit que c'était pour cbaqiw
citoyen une dette impitoyable qu'il contractait envers l'État. Les lois
déddaient toujours favorablement pour la régie, et il n'y eutjw
d'administration plus sévère dans la poursuite de ses droils, à ce point
qB'dIe les percevait doubles afvès le délai fixé pour leur exact acqtnt-
tement.
Tous ces revenus publics étaient confondus sous l'expression de
cootribatioos indirectes. L'tmpét direct s'appliquait à la propriété sur
la terre parle fonder, les portes et fenêtres; sur llndividu, par le
personnel, et sur l'industrie, par la patente ; rien n'échappait ainsi as
fiic. et soBE ce point de vue l'empereur donnait à l'impéit une exleB-
rioD Jusque-là inconnue. La révolution dans ses violences , le dtfe^
toire dans ses désordres, s'étaient abstenus de grever le bas peuple ; la
convention avait affranchi le prolétaire de tout impAt, ea putant4e
l'idée qae le laie aeul et le ricbe devaient «UfqKtrter les cbngee puUi-
qoes ; d'où l'abolition de toutes les taxes sur les denrées , le vin , et
les objeta de consommation; on imposait les chiens de luxe, les cbe-
r«ox, les voitures, les domestiques, les hôtels, le propEiétéioocière,
parce que tous ces objets supposaient de l'aisance. L'empire partît de
la base opposée, celle d'une égalité despotique ; on considéra comme
le plus Intime impôt celui qui produisait les revenus les plus oeti
par la perception la plus facile * ; Napoléon ne chargea point trop i«
' X.Gsudin, ministre des finances, a iDi-mJmc résumé les moyens finaociers pour
rtonée 18O0; c'e&tia meilleure pièce juslifiMliTe :
:dbv Google
36 icONOVIB POLITIQUB.
terre; lo foocier resta dans des condilioas raisonnables, il se réserrait
ces ressources pour les guerres à sacrifice ; puis on grandit i'impAt de
centimes additionnels pour les iMsoinsdes départements. Ainsi, qaBnd
il s'agit de faire des offres de navires destinés h la HottiUe de Boulogne,
les conseils généraux votèrent des centimes proportionnés ; ce vote
une fois donné prit un caractère de permanence; le trésor perçât
IHcsqne toujours ce supplément sur les budgets, et le répartit i sa
volonté selon tes nécessités du service ; et lorsque l'empereur, multi-
piiant les levées d'hommes, eut besoin de ressources financières poar
anner et équiper des masses de conscrits, ce fut encore l'impAt fonder
qui supporta le fardeau de l'État.
• Ons'occupBd'aborddel'apureinentdescutcicesdeiS, 10, lletlS. Unfondt
eiltaordliuire de 00,000,000 (porté depuis à 70] fui jugé nécessaire pour en wlder
toutes les dépenses et pour fournir un supplémeni de 16,000,000 à l'an Kin [1S05],
qui avait eu à supporter des frais imprérus pour le mouvement rapide que l'armtt
•Mil dû faire.
■ 11 futcrèé&cet effet, par la loi du 2t avril, pour 00,000,000 de boni de laM^fM
d'amurfuiniunl, à divers intérêts, rem boursables en plusieurs années, i des écbéaoCM
fixes, fur le produit d» ta vent» dt doraavnei nationaux dont cette caisse était derv-
vHiue propriétaire par diverses opérations auiquelles on aurait pu reprocher de d^
Daturer sou institution, si ta modicité de la dette perpétuelle, à cette époque, n'avait
pu justifier le peu d'importance que le chef du gouvernement attachait aui pragrtt
de son extinction. Aussi la caisse d'amortissement ne fut-elle employée, soua son
administration, qu'A mettre le trésor à porrée d'appliquer à ses affaires des valeun
considérables en domaines, situés, soit dans l'ancienne France, soit dans les pays
réunis, et d'autres objets qui ne pouvaient qu'avec ie temps, mais qui étaient propres
à servir de gages i des bons portant intérêt, et remboursables k époques 6ies, sur k
produit dee ventes. Une rente de9,000,000 an grand-livre fut de plus créée en 1808,
au profit de celle caisse, pour ajouter encore i ses moyens. Le suects de cette opéra-
tion fut complet, et las bons dont l'émission avait été autorisée par la loi, et qui sa
furent émis qu'avec b circonspection convenable, n'éprouvèrent presque aucune perta
dans la circulation.
» Le passé ainsi réglé, le gouvernement s'occupa de donner au plan dont les pi^
mières bases avaient été arrêtées l'année précédente, les développements dont 11 était
susceptible.
■ Une taie somptaa ire, quiavaitétéétablle, avant l'an vin, sur lesdomestlqneaM
tuT les chevaui et voitures de luxe, donnait lieu k des recherches fatigantes ponr 1m
contribuables et excitait des réclamatluns multipliées pourvu produit médiocre. Bile
fut supprimée k partir de 1S07.
■ En même temps la contribution foncière éprauta une diminution d'un tnllHon
pour les départements du Piémont, en considération de la omm MdMÎtx du <tl el dn
tabac établie dans ces départements.
» D'un autre râlé, la régie des dmiurAinitretuluneo^aalsation complète par la
loi du it avril.
» La taie i'tntnlitn cbiroulain'avaitpoparveniri se naturaliser en France. Elle
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COMHEKCE ET AGBICDLTUKE. 81
Cependant plus d'une fois la conquête porta ses Tniits, jamais une
guerre n'était terminée sans un subside. Après le traité de Fresbourg
l'Autriche dut payer 150,000,000; ces fonds, répartis d'abord en
gratifications à l'armée, rentraient dans le domaine et dans le trésoi;
IHiré de l'empereur. Gomme les pachas d'Orient, Napolé(Hi avait dci
coffres pleios de lingots qui formaient sa richesse particulière ; Im
caves des Tuileries étaient remplies de pièces d'or, comme le paieiQ
dea califes dans les contes arabes, ressources immenses qui devaient
poiuToir aux nécessités de campagnes nouvelles. C'était encore un
des préjugés de l'empereur ; il ne savait pas que la richesse d'un pays
s'établit par la circulation du numéraire ; un acte du pariement
d'Angleterre suffisait pour un emprunt de 300,000,000, et lui, rem,-
perear, s'imaginait être riche parce qu'il avait quelque 20,0O0,00Q
dans ses caves.
La confiance publique agit sur les écus ; elle seule les domine et les
dirige. Dans les mouvements de commerce et de banque ce n'est pas
l'argmt qui constitue la richesse, mais le crédit, l'eiact acquittement
de toute diaige. En France, avec des impAts considérables, presque
neitait du riiea fréquentes et des phlntes eoatlanellM. Elle prwliiJsatt d'il|]eDr&
i pdne 1S,000,000 tpptiMblM à m destination (qui cooMminiit anuuelteiDcni
30 k 35,000,000) , et l'opinion était frappée de l'idée qu'une somme iafinimem supQ.
lienre était effectivement perçue au profil eiclusil desTermiers.
■ CeUe taxe fut supprimée et reioplacée par un impAt snr le sel, é rniraciion de»
nmtàs lalaols, lequel n'avait rien de commua avec le régime juatemeot abhorré du
l'aneicDM ^«U*, ei laissait k ta tente la même liberté qu'auparavant.
■ Depuis longtemps la taie des lettres n'était plus qu'en proportion avec le prii du.
iraaqiart et tTec les autres frais d'eiploitaiion. Le tarif de ces laies fil! revu et rérié
mr )• base des distances parcourues.
■ EnBn l'eiidoitatioo des salines de l'Est, qui D'a*ait pasjusquft-U répondu aoi.
Cfpéraoces que l'on en avait coofues, refut une Ibrme nouvelle, l* tépt intéressé»
fat remplacée par une compagnie d'aclionnaires Tonnée avec un bail de qnaire-Tingt-
dli-neuraus. Les condtUons de ce bail furent calculées de meniireiannrer augou-
Ttfiicment les cbances d'augmentation qui devaient naturellement snrrenii dans
UM si longne durée. Le canon annuel, éralué en nafwn, pour les cinq praniéres
nuées, k StU.OOO quintaux métriques on en argent k 3,000,000, dut être revu loua
In trois ou cinq ans; et si le prix de vente avait excédé le taui actuel, ouquelalh-
britaiioD edt été an delà de 800,000 quintaux, le gouvernement devait avoir la moitié
it l'ncédut.
a Dn commissaire général fui placé près de l'administraiion de la compagnie, i
Varia, pour suivre, i l'aide d'un commissaire particulier près de chaque saline, les
•pératioDB de cas éiabltesementa et awurer i'eiécution des conditions du bai).
• Tel fut l'ensemble desdisposilionsconsacrées, dans l'intérétdes finances, pat
klolduMavriliBM.*
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38 icovonns POLiTiQim.
aucun service n'était exactement accompli : le corps législatif confec<
tionnaitlebudgetavecuDecertaineaptttude; od balançait les dépenses
par les recettes; puis Napoléon disposait de tous les re*'enus an gré de
ses besoins ; l'intérêt de la dette publiqne n'était acquitté que lente-
ment et successivement ; les fournisseurs n'obtenaient des ordonnance»
que selon le caprice des minstres ; les employés n'étaient payés qu'après
nne longue attente ; la magistrature avait souvent plusieurs mois
d'arriéré, surtout aux dernières époques de Fempire; les classements
et les spécialités étaient arbitrairement bouleversés. Souvent, sans
tenir compte du principe de l'impAt par la loi, l'empereur taxait une
commune, ou bien, comme il le disait lui-même, il faisait rendre
gorge k un fournisseur ; manière orientale de procéder. Quand
Napoléon s'imaginait qu'un homme avait fait des béDéfîces exoiiti-
tants dans une affaire, il tirait sur lui une lettre de change, souvent
dNm million, avec ordre de la payer dans la quinzaine, sorte d'avanie
à la façon des pachas. Une compagnie bien connue fut obligée de '
verser trois millions dans un seul semestre, et sans autre motif qu'on
ordre du cabinet ; et l'empereur s'imaginait que cela était de Téco-
nomieet de la justice : fausse idée, car lorsque des traitants sont soumis
k de telles chances, ib calculent leun bénéfices en pn^rtion;
comme ils sont exposés davantage, ils traitent avec les gouvern^nents
comme les usuriers avec les Gis de famille. Un pouvoir doit bien
choisir, examiner, puis payer ; le crédit est en proportion de l'exact
acquittement de ses obligations bonnes on mauvaises.
Le système financier de l'empire eut donc plusieurs cAtés vici^x ;
oppressif par l'impôt qui s'étendit à tout, il ne procura que des res-
sources matérielles et dures sans inspirer aucune confiance ; on reçut
beaucoup et on paya mal ; ce qui fit que dans les crises on n'eut
d'autres ressources que les levées purement fiscales ; les centimes ad-
ditionna s'accrurent jusqu'aux deux tiers de l'impôt effectif, et
l'arriéré, dans les derniers tonps de Napoléon, s'^eva même, pour
certains employés, jusqu'à dix-huit mois ; situation financière qui
constate encore une fois celte vérité pratique : que la plus grande
richesse d'un État, c'est le crédit; et que le crédit repose sur deux
b«M9 : la confiance et Texactitude.
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ACTES DU GOOVEBNBUEKT.
CHAPITRE III.
unaom dk NAPOblon à
Lm cotps poliliques. — Vole du sénal, du tribua*t. — Érectiaa t
public. — Changemeot dans le caractère de Napoléon. — Arisiocraiie. — Idée dM
giaMls âtft. — PmnitT projet de noblesMî. — Flcft de Dalmatle , dlswle, d«
PUcMiM, de Panne, de Htsst et de Carrara. ~ Slatata un U famille impMdd.
— S-pultare des empereurs. — Églises Soim-Deols et Bainte-GeDeviève. ~
Foodaliou de l'uniïcrsUé. — Actes de gouvetoeraent. — Code de procédure. —
Préparallod du code de commerce. — La bantfne. — Dti^rAce de M. Barbé-
JlariMM. — Les deux soeiéléft. — La rtpubliqtie et le roTall«ine< — Balliemeot dm
Tieilles famillw. — Hariagea «1 alluaces.— L«s euls du fkuboutg Saint-Genuki.
L'empereurqulttait Munich, Tfntant en sonrerain réodal Stutt^^rd,
Carisruhe et Bade aux belles eaux ; il tint sa cour plénière sur sa route
semée f arcs de triomphe ; le canon retentissait partout ; les princek
allemands aocouraient àson lever pour recevoir ses ordres et recueillir
quelques paroles de sa bouche impériale. En France, le même
triomphe rattend&it, l'emperenr, dans les provitices de l'Alsace et de
la Lorraine : ses victoires inouïes, la pais conquise au pas de course,
tout cela Favatt empreint d'un caractère héroïque, capable d'exciter
f enthousiasme ; des cris de joie éclataient ; le peuple se réunissait sur
les ^ndes routes auprès des voitures de son empereur, lui présentant
des conronnes de laurier trcsées et des rwieam d'olivier'; imitant
ainsi la multitude de Rome autour des chars d'Augoste, de Trojan et
de Marc-Aurèle ; c'était comme une de cesscèncs de triomphe repro-
duites dans les beaux bas-reliefs du Vatican ou de la villa Borgttèse.
A l^ris, les corps politiques se prraeèrent avec autant d'ardeur
autour du souverain; plus il y avait eu d'incertitude, de doute et
d'hésitation pendant la campagne, plus on se bfttaît de témoigner son
zèle et son dévouement ; le tribunal, semblant pressentir sa chute,
voulait la prévenir par des flots d'adulations au pied du trône; dauK
son sein des propositioui enthousiastes furent faites ; M. C<irioD de
Nisas, le tribun qui avait inauguré l'empire, avec son caractère méri-
dional, étala les titres pompeux que Napoléon avait conquis pour le
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40 ACTES DD GOUVEKNEHBNT.
Iffésent et la postérité ; il 'demandait donc : « qu'une colonne triom-
phale fàt érigée sur une place publique qui porterait le nom de
Napoléon: là, seraient gravées ses victoires; lui-même, le grand
empereur, paraîtrait dans son costume antique ; on frapperait des
médailles, des jeux seraient institués, une Tête perpétuelle annoncerait
la gloire des années et l'immortalité de leur césar. » Ce fut donc une
pompe à la manière de Borne ; on avait lu Tacite, ses annales, Pline
le jeune dans ion panégyrique de Trajan, et les harangues des corps
politiques en furent le plagiat.
Le sénat ne voulut point demeurer en arrière sur la proposiHon du
tribunst; quelques-uns de ses membres étaient allés remercier le
prince de l'envoi des nobles drapeaux suspendus aux voûtes de Notre-
Dame ; sous la t«ite ils avaient félicité Napoléon de ses victoires, et
de l'honneur qu'il faisait au sénat de l'associer à ses triomphes.
Quand il apprit le retour de l'empereur à Paris, le sénat en corps vint
le complimenter, et la parole de François de Neufch&teau fut plus
adulatrice encore ; l'encens brûlait et s'élevait en long tourbillon
autour de cette cour<mne de lauriers brillante sur un front marqué
par la victoire. Napoléon répondit avec convenance ; sa parole fat
modeste, il parla du peuple et de l'armée; il devait tout à la patrie, et
c'était à la grande nation qu'il consacrait sa vie de pri nce et de soldat * .
Cependant, à travers ses expressions de modestie, les hommes qui
entouraient Napoléon s'aperçurent d'un changement complet dans ses
manières et dans son attitude ; à son départ, on sentait en lui le chef
qui avait besoin de faire ses preuves sur le champ de bataille, et de
gagner son sceptre par d'éclatants succès. S'il donnait dans la forme
extérieure de sa parole quelque confiance i ses années et par l'énergie
de sa volonté une force à l'administration de son empire, ou voyait
■ Od psrli plus urd d'élerer un moDumeni par souscription k l'enipcmir ; Bf . de
ChimpsgD j, DiiDistrc de l'intirieur, écrivit «u roiréchcl Scllemunn i ce sujet; Kipo-
léonn'aimBitpiBlegsouscriptionSiparccquec'ÉtBitunscleeDileliorsdugouTeroement.
■ MoDsieuT le maréchal, conrormément à vos désirs, j'ai enireienu S. M. du mo-
nument que la société dont TOUS êtes membre projette de lui élever. L'empereur i
él* louché de cette preuve d'atlacbement de beiocoup de citoyens estimables, parmi
lesquels U vous t vu avec plaisir, voua, H. le marëcbal, Clément distingué par
votre rang et par les services que vous avei rendus. M«is les principes de S. H. ne
' loi permeltenl pas d'accepter une pareille offre, quoique dictée par un senlimCTil
libre, auunt que pur, d'amour, d'admiration et de reconnaissance. Cet hommage de
atssujtt», l'emper«ar veut le mériter par sa vie entière. 11 ne consentira donc point
i ce que de son vivttil des moDuments lui soient élevés par des particuliers. C'est de
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ACnU Dtl «OOTBSNEHBNT. 41
ponrtaDt qa'il avait le besoio impératif de justifier son pouvoir par
quelques coups de fortune. À son retour, la situation avait changé ;
des prodiges s'étaient accomplis, et Napoléon avait surtout l'art de
tirer d'ua événement tout le parti possible ; il le prenait et le tordait.
On le vit donc plus monarchique, plus hardi , oser des actes qu'il se
fdt bien gardé d'essayer au moment où la victoire était incertaine,
où tous ks périls pouvaient gronder sur sa tète, il était en face des
idées républicaines qui le surveillaient en murmurant ; que pouvait
ce parti après Austerlilz ? quelle force pouvait résister è cet ascendant
d'opinion publique qui entourait Napoléon? Par le fait en pleine
posseaûtui de la plus haute, de la plus absolue des dictatures, le souve-
rain pouvait tout oser , même une réaction contre les formes d'égalité ' .
En Allemagne, Napoléon avait déjà conçu l'idée d'une noblesse
féodale en présence des vieilles familles allemandes, de ces mille
blasons de race princière ; l'empereur avait vu qu'il fallait opposer des
illustrations nouvelles et les faire marcher au niveau. Les maréchaux,
les c^Gcios qui entouraient la tente sous l'aigle d'or, les membres du
corps diplomatique français surtout se trouvaient souvent un peu
humiliés des titres que les étrangers étalaient h leurs yeux ; la Légion
d'houneor avait commencé une noblesse dans l'armée, on devait
la posUrilé qu'il stlend cetle honorable récompCDse de tant de travaux. Après h
mort, les Français pourront recoanatlre, pat un hommage dont l'intenlion ne pourra
être conleslée, le bien qu'il aura fail à la nation qu'il gouTcrnr, et dont la prospérité
et U tfoire, sujet coniinael de se» raédiiationa et de ses veilles , est aussi l'uniqu*
■mbiiioD cl l'objet de toute ^« vie.
B En vous transmettant ces intentions de 8. M., que ie vous prie de faifeconnatire
i TDScoMuscripteura. jeioios.M. le maréchal, mesr^rets sui vitres aurune décision
si conlrsirc i tobvctui, et je vous prie d'agréé rl'assurance de ma haute considération.
» Para, le 12 juillet 1906. » SigiU : CBXitHLOiir. "
' Un premier message fut adressé au ataat; il constatait la disposition d'esprit
de l'empereur :
■ Sénateurs,
■ Houa avons chargé notre cousin rarchichancclicr de l'empire , de vous donner
connaissance, pour être transerits sur vos registres : 1° des statuts qu'en vertu de
l'article U des coosiiiuiions de l'empire , en date du 28 Boréal an xii, nous avon»
jugé convenable d'adopter : Ils forment la loi de notre Tamille impériale ; 2° de U
disposition qae nous avons faite du roïaume de Naples et de Sicile, des duchés da
Bcrg et de Clèves , du duché de Guastalia et de la priocipsuié de Neufchitel, qo*
UiSéreDics transactions politiques ont mis entre nos mains; 3° de l'accroissement de
unitoin que nous avons trouvé à propos de donner tant à notre rojaume d'Italie,
rn r incorporant ions les États vénitiens, qu'i la principauté de Lucques.
> Notis avons jugé, dans cet circansiances, devoir Imposer plusieurs obligations,
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42 ACTES on GODVBBHEHEHT.
l'accomplir par les rangs héréditaires dans les laces. La correspondance
de M. de Talleyraod indique plusieurs projets discutés en présence de
remp«%ur à Schœnbriinn, lorsque les unions princiàres furent réso-
lues, à Munich, par le mariage du prince Eugène avec une Glle de
Maxitnilien, à Bade entre l'héritier du grand-duc et tnademotsellc
Stéphanie de Beauharnais ; Napoléon comprit que le moment appro-
chait où il Tallait tenter l'œuvre. Il lui restait un doute sur les titres
et la hiérarchie : une noblesse lui paraissait indispensable à son éta-
blissement monarchique, et quelles seraient les dénominations accor-
dées à tous ses membres? en ferait-on un corps politique dans l'État,
ou bien la noblesse serait-elle une simple distinction? Tout cela de-
QaDdait & être mûri par l'empereur ; les cessions territoriales que le
traité de Presbourg avait réalisées permettaient de jeter un premier
et large jalon pour l'édifice nobiliaire.
L'idée féodale de la création des fiefs vint d'abord à la pensée de
Napoléon, toujours en souvenir de Charlemagne ; son armée se com-
posait de fiers paladins, de ces douze maréchaux, de ces pairs qui
aa»staient aui cours plénières en y déployant toute la majesté souve-
raine ; ta création de grands fiefs lui parut la première base indispen-
sable pour l'établissement de son ordre nobiliaire ; il fallait des
feudataires à son empire. Les États de Venise avaient été réunis au
royaume d'Italie ; ce fut d'abord dans ces contrées que Na|ioléon
établit ses terres du domaine, assee éloignées pour que jamais leurs
poasesseurspussentètreredoutables. Que seraient lesducs de Daboatie,
«tbin supporter plusicuis cbiTges i notre couronne d'iulie, au ro[ de Naplcs et au
priace de Lucques. Nous avons aia&i trout è mojeu de concilier les iniéri^is et la
difaili de ddIib trâne, el le seatiment de noire reconnaissance pour les services qui
nous ont été rendus dans la carrière civile et dans la carrière mililaire. Quelle que
■oil le puissance à laquelle la divine Providence et l'amour do nos peuples nous ont
^levé , elle est insuffisante pour récompenser tant de braves, et pour reconnalltc 1(5
nombreux témoignages de Gdélité et d'amour qu'ils ont donnés i notre personne.
Vous remarquerez, dans plusieurs des dispositions qui vous feront communiquées,
que MUS ne dous sommes pas uniquement abandonné mt sentiments affectueux
dont noua étions pénitré, etau bonheur de Caire du bien iccui qui nous ont si bien
wrvi; nous avons été principalement guidé par la grande pensée de consolider
l'srdM social et notre trAne qui en est le fondement et la base, el de donner de»
«Dtrw de correspondance et d'appui k ce grand empire; elle se rattache k nos
pensées les plus ehèrea, à celle h laquelle nous avons dévoué noire vie entière i lu
gTHtdeur et la prospérité de nos peuples.
• Donnéen notre palais desTuileries,le30iiMT3dc1'aal8M.
B 5igni.- Napoléon.'
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ACTES no GODVBBBEXEKT- 43
d'Istrie, de Parme, de Plaisance, de Massa et de Carrara, si ce n'est
des vassaux la face abaissée devant la majesté de l'empereur? Il avait
lu dans les vieilles chroniques que ce qui faisait la gloire de Charle-
magne, c'étaient ses leudea, ses barons : >'ayines, duc de Bavière, ^
sage, si Qdèle à son suzerain ; le duc de Gascogne, les châtelains de la
race noéridionale de Slontaubau, Ogier le Danois, Roland d'Angera,
Guérin de Gascogne, et tant d'autres preux qui assistaient k ses cours
plénières et le suivaient dans ses guerres. Napoléon voulant donc
imiter cet exemple, NeufchAtel, d'abord, lui offrit un beau lot de
féodalité; Qèves et Berg, un fief relevant de la couronne, princi-
pautés et duchés fureot les premiers éléments de sa constitution
nobiliaire. Il est curieux de voir avec quelle puissance et quelle
habileté se manifestent les idées de leudes et de barons dans la pensée
de Napoléon, comme dans celle du fondateur de la deuxième race ;
et cela se conçoit, les situations étaient identiques : la féodalité était
aée d'un principe militaire, de la possession d'un territoire et de
l'obligation de le défendre ; la création des fiefs n'était que la hiérar-
diie des rangs stabilisée par la terre, et les possesseurs deviendraient
les plus fermes appuis pour la défense territoriale, comme ils l'avaient
été sot» la grande féodalité, lorsqu'à la semonce du suzerain, ils se
rendaient sur le diamp de guerre.
La hardiesse que donnaient à l'empereur les immenses succès
d'Aufiterlitz le fit passer sur les principes d'égalité dans les statuts
aitut publiés sur la famille impériale. Ici commence le véritable livre
d'or des Bonaparte ; c'est un code complet qui place la race de l'em-
pereur sous une législation particulière; la famille d* auguste n'a pas
les mêmes lois que les citoyens ; elle n'est plus confondue avec la
masse; sa majesté raycHine au-dessus de toutes les familles, même
pourprées. L'empereur est le maître et le tuteur de tous ses proches ;
il ne dispose pas seulement de ses enfants et de ses successeurs, mais
encore de ses frères et de ses neveux, qui ne peuvent se marier sans
son consentement ; et cette clause, que l'empereur insère dans les
statuts, est tout entière dirigée contre Lucien et Jérâme ; l'un et
Tanfre se sont mariés malgré lui, et en le bravant. Jérécoe a fui son
frère, et l'empereur exige qu'il répudie immédiatement sa femme,
car il loi destine une main princière en Allemagne. Napoléon est
tellement préoccupé de cette dissolution du mariage de Jér6me, qu'il
ea écrit une lettre spéciale au pape ^e VII ; il lui dit : « Que Jêrdm«
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-U ACTB9 Dtr GOtrTEBNBMBrrr.
n la tète un peu extravagante, et qu'il a contracté un mariage de
joiDe homme avec une protestante, et il prie le saint-père d'annuler
cette union par les canons de l'Église * . a Lucien reste plus fièrement
tians sa volonté, et son frère n'exerce sur lui aucune action domes-
tique ; il vit h l'étranger, sans rapport avec le chef de la famille. Que
lui importent les statuts impénaux à lui qui a bravé Napoléon? Il conti-
nue à se dire l'auteur de la fortune de son frère; le IS brumaire est son
«euvre, il le fait retentir haut et Napoléon s'en affecte. Par les statuts
^gnés après Austerlitz, l'archichancelierseul est chargé de recevoir les
actesdel'étatcivil de la familleimpériale,désormaisrégléepar le pou-
voir absolu de Napoléon comme l'Etat lai-mème; il est le chef suprême
de tous ceux que la fortune ou la Providence a placés sous sa main.
L'empereur ne s'arrête point dans ces voies aristocratiques ; génie
historique , il embrasse les temps passés et l'avenir d'une même vue ;
comme il veut la postérité , il va fouiller les époques héroïques , et
la basilique de Saiut-Denis s'offre à ses regards ' comme le temple
> H Très-Miiitpère,
« t'ai parlé plii&leurs Tais à vobe saiDteté d'un jeune frère de dii-menf ans que
]'■! eni oji sur une frégate en Amérique, el qui, aprèB un mois de séjour, s'est mnU
i Btllimore , quoique mineur, avec une prolestante, Glle d'an négociant des États-
tIoi$. Il tient de rentrer. Il eent toute s* faute. J'ai renvoyé mademoiselle Palersoo,
saHl-disaot femme, en Amérique. Suixant nos lais, le mariage est nul. Ua prêtre
espagnol a asseï oublié ses deroirs pour lui donner la bénédieiion.
B Je désirerais une bulle de votre ssintcLé qui annulti ce mariage. J'envole à
>otre sainteté pluaieurs mémoires, dont un du cardinal Caseili, dont votre saintcli
recevra beaucoup de lumières. Il me serait facile de le faire casser è Paris, l'élise
Itallieane reconnaiasant (déclarant) ces mariages nuls. Il me paraliraîl mieux que ce
idt k Rome, ne fûl-ee que pour l'eiemple des membres des maisons souveraines qui
-««D tracteront un mariage avec une protestante. Que votre sainteté veuille bien faire
cela sans bruit: ce ne sera que loTaquejeMursiqu'elle veut le faire que je ferai hire
la casMIion civile.
a Ileâtimportanl, pour la France mfme, qu'il n'j ait pas aussi près de moi une fille
pTotOSUnle; il est dangercui qu'un mineur de dix-neufaos, enfant distingué, soit ei-
.|ioBéi uneséduction pareille, contre les lois civiles et toute espèce de convenance».
> Sur ce, je prie Dieu, lrè$-saiotpère,qu'ilvous conserve longues années au régim*
el gouvernement de notre mère ssiote église.
a Votre dévot nis, » NAPOLioiv. •
■ Le décret Impérial, du 20 février 1900, sur les tombes de Saint-Denis, coDtient
l«s dispositions nilvanies :
Art. 1. L'église de Saint-Denis est consacrée à la sépulture des empereurs.
'Att. 2. Il sera fondé un chapitre composé de dix chanoines chargés de desservir
cette église.
Art. 3. Les chanoines d; ce chapitre seront choisis parmi les éréques igés de plus
' de Mtianle ans, et qui se trouveraient hors d'ét&t di continuer rcicrcice des fonc-
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ACTB9 WO fiODTBBHBHBNT. 45
de ta mort destiflé à la sépulture des rois ; il a va en Egypte les pyra-
mides sous lesquelles dorment depuis des siècles les races des Pha-
raons ; il a voulu être couronné à Notre-Dame, et il s'est affranchi de
toos les préjugés philosophiques qui pouvaient le jeter dans des idées
sceptiques et railleuses ; Notre-Dame et Saint-Denis en France lui
semblent deux monuments religieux et natîonaus, parce que lui ne
voit pas l'histoire par quart d'heure. Saint-Denis abrita la fêle de
Charlemagne ; ses vieilles chroniques racontaient les faits et gestes
du grand empereur dans toute leur naïveté. Plus tard lui aussi aurait
ses chroniqueurs, sesTurpin, ses faiseurs de légendes; et, quand les
èges auraient passé sur ses ossements brisés, on viendrait lire dans les'
chartes ses vastes prouesses. Napoléon n'était pas de ceux qui jettent
les cendres des rois aus vents, il n'aimait pas ces représailles du peu-
ple, ces fossoyeurs qui jouent avec les dépouilles du sépulcre. Il or-
lionsépîscopsles; ils jouiront, dans celle reiraftc, des honoeuis, prérogatîTes ettni-
Icmeuis itiachés i l'épiscopai. Notre grand aumdnitT sert chef de ce chapitre.
Art. 4. Quatre chapelles seront érigées dans l'église de Saiol-Denis , dont trois
dans l'eniplaceincDt qu'occnpaient tes tombeaui des rois de la preniière, de la
dcoiiènie et de la troisième race, et la quatrième dans l'emplacement destiné k la
iépuliure des empereurs.
Art. S. Des tables de marbre seront placées dans cbacune des chapelles des troia
races, et coDiiendroot les noms des rois dont lea mausolées eiistaient dans l'églist
de SaÏDt- Denis.
Art. 6. Noire grand aumAoier soumettra h noire approbation un règlement sur lei
acniees annuels qu'il conviendra d'établir dans ladite église.
Art.?. L'églis^Sainte-Gcneviève sera terminée et rendue au cullccoorormémenti
l'inteoIJoadG son fondateur, sous l'invocation de sainte GeDeviève, patronne de Paris.
ArL 8. Elle conserr era la destination qui lui avait été donnée par l'isseml^Ice eao-
stiluante, et sera consacrée à la sépulture des grands dignitaires, des grands officiers
de l'Mnpireetde la couronne, des sénateurs, des grands officiers de laL^on d'bon-
DeuT, et, en vertu de nos décrets spéciaui, des citoyens qui, dans la carrière des
arraes ou dans celle de l'administration et des lettres, auront rendu d'éminents ser-
liceai la patrie; leurs corps embaumés seront inhumés dans l'église.
An. 9. Les to,mbeaui déposés au musée des monuments freo fais seront transporter
dana cette ^lise, pour; être rangés par ordre de siècles.
Art. 10. Le chapitre métropolitain de Noire-Dame, augmenté de siimerabres, sera
chargé dcdaserriT l'église de Sainte-Geneviève. La garde de cette église sera apécia-
letnent confiée h un archiprétre, choisi parmi les chanoines.
Art. 11- Il J sera officié solennellement le 3 janvier, fête de sainte Gcnevière;
lelSaodt, féicdc saint Napoléon, et anniversaire de la conclusion du concordat; le
jonr des Morts et le premier dimanche de décembre, anniversaire du couronnement
et de la bataille d'Austertiti, el toutes les foisqu'il y aura lieu à des inhumations, en
n du présent décret. Aucune autre fonciion religieuse ne pourra être exercé*
is ladite église qu'eu venu de nultc approbation.
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46 ACTES DU GOCVEHNBMBNT.
donna que l'élise de Salnt-J)enis serait désormais consacrée à la
sépulture des empereucs, comme elle l'était autrefois à celle des rois ;
la quatrième dynastie devait trouver là ses tombeaux comme ceux
des trois précédentes races. Quand d*Butres générations seraient
venues, on le verrait couché sur le marbre, avec ses ornements im-
périaux, sa main de justice, comme on y voyait Dagobert, le roi des
Francs, ou bien Pcpin le Bref ou saint Louis le Justicier. Autour de
ces tombes, ii y aurait un chapitre d'évéques, souvenir de ces collèges
de prêtres qui brûlaient l'encens lors des funérailles romaines ; les
évéques prendraient le titre de chanoines de Saint-Denis, sorte de
retraite donnée à l'épiscopat ; leurs fonctions seraient de prier pour
lesempereurs défunts, comme le faisaient dans les monastères, depuis
matines jusqu'à nones, les abbés, les évéques, le savant Alcuin ou
Agobard dont nous parle la chronique, L'imagittation de l'empereur
se complaisait à voir l'encens s'élever sur les autels au milieu de mille
oîeiges, le Pie» ira aux tristes sons de l'orgue, <|aBiid sa grande
ombre parcourait ces vastes caveaux de marbre aoir, an mHieu des
rois couverts de fortes armures et sans rougir des fleurs de lis de
Beiiri IV et de Losis XIV.
Un acte de plus haute hardiesse fut de rendre le Pnathéen au culte
catholique; Na^éwt avait un instinct de répugnance pour toutes
les idées de philosophie spéculative ; il n'avait jamais compris ptéci-
sément ce que signifiait un temple vide élevé aux gnods hommes ;
eo matière de leligion, il ne savait rien en dehors d'un culte posiHf.
Qui pouvait décider les caractères d'un homme immortel ; à quel
3igne le recennatb«it-on, et les contemporains étaîeut-ib appelés à
décider cette question de postérité que le temps seul peut résoudre?
L'enthousiasme populaire élève un homme ou le précipite aux gémo-
nies; la roche Tarpéienne est près du Capitule; qui déceroerak
Panthéon et quel pouvoir est placé assez haut d'intelUgeDce? Cette
idée grecque allait-elle aux mœurs et aux habitudes moqueuses de la
ïïance? Aussi Napoléon attaquant de face ce préjugé philosophi(|ue,
décida que l'église serait de nouveau consacrée à sainte Geneviève ;
innovation hardie en présence du parti philosophique qui souriait de
pitié à l'aspect de ce martyrologe des saints, splendeur du culte catho-
liqae *. Sainte Geneviève était une pauvre fille de paysan^ qui avait
' A cemonieiit l'empereur institua IiSaial-Napoléon.
IfD décret, rendu le 1» révrter 18DG, porte :
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ACIEÎ DO GOCVBSJtUIBHT. 47
délivié Paris des ravages des Huns ; pieuse et touchante légende qui
allait au cœur de toutes les jeunes âmes ; c'était l'eipressioB de la
faiblesse triomphaat des barbares, d'une enfant du peuple arrêtant
le courcotu des rois, et attirant sur Paris les bienfaits d'une protec-
tion divine.^Napoléon, eo rendant au catholicisme l'édiGce du Fan-
tbéeo, le consacra néanmoins À la sépulture des dignitaires de l'em-
^re -, ainsi le cortège des morts revêtus des habits impériaux devait se
déployer k Saint-Denis, et le cortège des courtisans devait se lever
eu suaire sous les pierres froides de l'église Sainte-Geneviève : faa-
■ Art. i". Lft site de Mint Ntpoléan M cdle du TétabliKsenant de la rd%ton m-
Aolîijiiit ea France seroul célébrées, daus toute- i'éLeni! us de l'empire, le 13 aobl de
<Aaqueauncc,jour de l'At scmpliou, et époque de IftcoaflusiOD du coDcordil,
■ AtI. 2. Ily aura, ledit jour, uDc procession hors l'église, dam toutes les con-
BuiMS où l'eiettice extérieur du cntta wt MUonisé ; dasa les suites, la pr«tssi<m
•Bralitudansliolérieur del'égUee.
u Art. 3. Il sccaproDOnct, avaut la procession, et par un miniatTe du culte, UQ
dbcours analogac k h circonstance, et H sera chaulé, immédiatement après la rentré*
4c b proceasioD, ne Ta 0Bwm soIbbmL
• An.4. Les HUerités millitairea, elTllasat tudiciairts, sssisiCTOntà ce» soisonltds.
■ Art. S. Le mânis jour, lit août, il sera célébré, dans tous les temples du culte
réronné, un Te Os um solennel en actious de grices pour l'anniversaire de la naissance
de rcmpereur.
■ Art. S. Lalihedel'aBiuTersairede'Qou* «oaiOBosnsBt, et eells d« la kataUle
d'AïuterliU seront célébrées^ ■
Teiei un eitrtii de l'instruction adressée à ions les évèques de France, par 6. Èm.
le cardinal légal à laten, sur la fSie de saint Napoléon.
1 Le premier dinisnche d'août de chaque année, les réTérendissimeB éréques, soit
par des lettres circulaires, soit par tout aattre moyen comeaabte qu'Us jugeront 4
propos deprradrc, annonceront publiquement, canformément i aoM décret i[ni
commence ainsi : Eximium calholit:a religionû, la Télé de saint Nupoléon, mariTT,
qui est en même temps celle du rétab&ssemeol de ta reltgion caiholiqne, et qoi con-
court avec la «otcnullé de l'Assomption de ta bienheureuse Vie«ge Harie. Ils Indi-
queront de même la procession ou supplication et l'acden de grâces qui doirent avoir
liru suivant le rit usité dans l'Ëglise. Ils publieront enssi l'indulgence plénière attt-
dkée, suivant une grâce très-spéciale du siège apostolique, i la bénédiction papalo qui
doit £tre donnée après la messe pontificale , comme il est dit ei-desaons, hqueHc
îuilulgciicc est accordée, suivant la leneurdu décret cité, nu fidèles qui assisteroni
dêTOteinent à la procession et a l'action de grices.
x L'clogc ou la lefon de saint Napoléon sera comme il suit :
■ SoDS la persécution horrible de Dioclétien et de Sfaiimilien, qui fui la pltunn-
^Dte de (ouïes, les cruautés cicrcées dans tout l'empire romain firent que des
fidèles, cDrajés ou vaincus par la violence des supplices, abandonnèeent la foi, ou
que tous ajant été mis i mort, le nom chrélien parut près d'Ctre détruit.
a Mais taudis que la férocité impie des persécuteurs était vaincue par ses propres
«icés, et que les bourreaux barbares étaient fatigués de leurs aSteui travaux, les
HidMs de Jésus-Christ, foctiSés du secoots du ciel, couraient su combat avec lent,
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4S ACTES DD GOOTESNEIIEHT.
tastique tableau que l'imagÎDaUoD de Napoléon devait river sur plus
d'un champ de bataille. lorsque la mitraille labourait les rangs pressés
de ses braves et dignes compagnons de fortune.
Gomme fondation religieuse, l'empereur grandit et favorisa les
sœurs de l'ordre de Saint-Viucent de Paul pour le' soin des malades,
qu'il plaça déjà sous la protection de sa mère, madame Laetitia ; il eut
Voccasion, au conseil d'État, de s'exprimer sur ces filles, gardes atten-
tives des hôpitaux; il les avait vues dans leur résignation pieuse : plusde
quatre-viDgt-dis. avaient péri en soignant les prisonniers et les blessés.
«Voilà, s'écria-t-il, des institutions utiles ; parlez-moi de tels dévoue-
ments, et non point de vos philanthropes qui bavardent et ne réalisent
rien. > Jamais l'empereur ne manquait l'occasion de déclamer contre
la philosophie spéculative et les institutions vides que le xviii' siècle
avait tenté d'établir en hostilité avec le christianisme. Cette vaste intel-
ligence avait compris toute la puissance d'ordre qui établit l'Église; les
congrégations religieuses ne lui paraissaient pas une organisation fâ-
cheuse pour l'éducation publique et la direction des esprits.
Tout ce qui était autorité et obéissance rentrait dans les idées de
l'empereur ; rien ne devait rester éparpillé dans la société ; il voulait
mettre tous les faits sous sa main pour les diriger fortement , et c'est
dans ce but qu'il prépara l'organisation de l'université. La base prî-
,mitîve de ce vaste établissement se résuma dans un décret de quelques
de forte, et déployaient un sigTandc(UTage,qDe les léméraiTes espérances de leurs
ennemis furent trompées, et que le sang des maTtyrs coulant eo abondance devÎDl une
semence de chrétiens.
n Combien sont dignes d'dtre cités, parmi les confesseurs de la foi, ceuii|uifiou-
Unrciit alors k Aleiandrie en Egypte , aTrc un courage eitraordinaire , un combat
sanglant pour la foi en Jésus-Cbrisil Quelques-uns périrent glorieusemeni au milieu
des supplices; d'autres, oprès «voir été cruellement toumenlés, élaicut rciifermis
dans la prison, ayant les piedstellementécariés parla violence des lourmcuiï, qu'ils
élaient forcés de se tenir couchés sur le dos; ceui-ci étaient étendus par terre, tout
couverts de blessures, et portant sur leurs corps des traces de tortures multipliées;
ccui-Ii étaient jetés t demi morts daiks la prison.
H Parmi ces derniers qui arheTèrent leur course dans leur prison, les miriyrolt^es
et les anciens écrivains citent ai ce éloge Néopolis ou Népole, qui, d'apris la maaière
de prononcer ks noms introduite en UaLe dans le moyen tge, et suivant la langue
«lors usitée, fut appelé Napoléon, cl est nommé communément en italien iVopoleoHe.
■ M^ipoléon donc, célèbre par sa naissance ou par ses emplois, mais plus illustre
«ncorr- par la constance inébranlable avec laquelle il confessa la foi dans Alexandrie.
et par le courage qu'il montra dans les tourments sur la fin de la pccsrcuTiundeD^c-
clét!cnit Je Mciimilien,8yar,lé;éjitéi demi mort dans une priscn, sptùsd'hoir':bIr«
' tortures, y périt des suites de sesblesfurc!', ets'endonnlt en paît pour Jpï'us-Clirisi. a
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ACTfiS DE 60DVEIUIB1UNT. 49
lîgDCS ; on n'était pas d'accord sar ses fonnes , la pensée de Napolë<Hk
était de placer l'éducation publique sous une même impulsion ; il
voulait mener la génération jeune comme ses armées , lui donner
une direction ferme et énergique; il avait souvenir de tout ce que le
droit domestique avait de puissance k Rome ; l'éducation formait les
hommes de la république d'Athènes et de Sparte; elle était pour la
vie M>ciale cette espèce d'huile des oliviers du Parlhénon dont se grais-
saient les athlètes en ^trant dans la lice, afin d'assouplir leurs
membres vigoureux. Le jeune homme serait donc élevé d'après les
pensées de l'empereur , et dans les limites tracées par sa politique.
Dons le but de caresser l'enthousiasme public, Napoléon voulut
ouvrir le corps législatif en personne ; il s'y rendit en pompe, et son
discours fut empreint d'un juste orgudl de lui-même et de la France ;
il parla de ses armées, de la gloire acquise ; elles ne s'étaient arrêtées
qu'à la parole de leur empereur. Napoléon annonçait ses alliances,
ses projets, et surtout ses vengeances contre la cour de Naples qui
avait pris part à la coalition; sa colère devait éclater comme la
foudre ; il parlait à peine de Trafaigar, et, déguisant la catastrophe
de sa marine, il la signalait comme la suite d'un malentendu, d'un
«lire-choc entre quelques navires sans conséquence et sans résultat *.
' Ditcouri de NapoUon à l'ounirlura du eorpt ligittalif, S mari 1806.
« Messieurs lesdépniésdesilépartcmentsaucorpsiigisiclir, messieurs les tribuns
et merobrES de mon {onscil d'Éist, drfiuii Totre deroière session, !• plus grande partie
de l'Europe s'rst coalisée tjre rAnglelerre. Mes armées n'ont cessé de vaincre que
lorsque je leur ai ordonné de ne plus combattre. J'ai vengé les droits des Ëlsis
Ikibles, opprimes par les Torts. Mes alliés ont augmenté en puissance et en considé-
ration ; nies ennemis ont été humiliés et confondus; la maison de Naples a perdu si
couronne sans retour, la presqu'île de l'Italie tout eoliérc Taii partie du grand empire.
J'ai garanti, comme chef suprême, les souverains et les constitutions qui en gou-
verpentles différentes parties.
B La Russie ne doit le reiour des débris de son armée qu'au bienrait de la capi-
tulation que je lui si accordée. Mntlre de renverser le IrAne impérial d'Autriche, je
l'ai ralTenni. La conduite du cabinet de Vienne sera telle, que le postérité ne me re-
prochera pas d'avoir manqué de prévoyance. J'ai ajouté une entière confiance aux
protesta lions qui m'ont été Jailes par son souverain. D'ailleurs, les hautes destinées de
ma couronne ne dêpcodcut pas des sentiments et des di^posiiions des cours étrau-
gires. 3ian peuple maintiendra toujours ce ir6ne à l'abri des efforts de la haine et de^i
jalou>Lei aucun sacriBce ne lui sera pénible pour assurer ce premier intérêt de la patrie.
■ Nourri dans les camps , et dans les camps toujours triomphants , je dois dire
eependanl que, dam ces dernières circonstances, mes soldats oui surpassé monat-
UaU; mais il m'est doui de déclarer sussi que mon peuple a rempli tous ses devoirs.
Au fond de la Moravie, je n'ai pas cessé un insunl d'éprouver les efforts de son amour
Cl it son eiithousiiumcj jamais il ne m'ca a doi;né dci marques qui aient pénétré mon
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^ jUTBS bu GOOVE&MEUBflX.
A. la saîte de dette hanogue bautaitie et impériater le nùnistK de
ttntérieur eiçtesa la situation de la France et les bienfaits qu'eHe
devait fi Napoléon. Cet exposé politique, haUtude dans les umales
de l'empire, n'était ni une enquête ni un rapport ; on pouvait le con-
tndérer comme un meosonge élégant et louangeux, un panégyrique,
dont l'encens derait s'élever jusqu'à l'empeieur. Sien de vrai ni de
naturellement exposé ; toutes les mesures étaient boones, toutes les
résolutions à la hauteur de son esprU. A enteodie M. de Charopa-
^y, ia conscription était un bienfait inappréciable ; au lieu de dimi-
nuer la classe travailleuse, elle l'augmentait ; l'impàt était doux, le
commerce maritime œ recevait pas d'échec5 par la gHure : ou y
parlait de la prospérité des intérêts, des progrès du crédit, de l'aboa-
dance du numéraire, du bonheur et du repos qu'avait donnés le sys-
tème prohibitir. Napoléon, certes, aiait accompli de gcaades choses,
mais cet es^oaè, comne tous ks actes officiels, ne disût que dans
un sens fans W situation de l'empire ; la France » sans commerce
«itérieur , B.'était point pcospère , des couronnes de laurier étairat
tressées. Saturé degloire, le peuple ne recevait ni liberté, nibien-ètre.
Cependant des travaux considérables étaient acconqtlis eatie toutes
les branch£S d'administratioa. Une réunion de jurisconsultes Ouïssait
ctcur de plus douces émolioDS.FrançsisI je n'ai pas éiéUompé dans mon espérance :
votre amour, plus que laTichessc et l'étendue de voire Icrriloire.rniiiua gloire. Ma-
gisirals, praires, cElo^ens, lous se sont montrés dignes des hautes destinées de ceUo
bcUeFrance.quidepuisdeuisièclesesU'olijet des ligueset de la jalousie de ses voisioB.
M MoD ministre de l'iaiérieur tous fera conimltre les événemenis qui se sont
(tassés dans 1c courant de l'année. Mon conseil d'Etat votiï présentera des projets Af
lois pour améliorer les difTêrenles bruncbes de l'adminislralion. Mes ministres des
linancee et du Ltésot puhlii; vous communiqueront les comptes qu'ils m'ont rcudas,
TOUS j verrez l'état prospère de nos Gnances. Depuis mon retour , je me suis occupé
«ans reiàchcde rendre à l'administration ce ressort et cette activité qui porlcutlavie
jusqu'au! eilrèmités de ce vasic empire. Mon peuple ne supportera pas de nouvelles
itboites, mais il tous sera proposé de oouveaui développements nu srstèrae des
finances dont les bases ost été posées l'année dernière. J'ai l'inlention de dimiau»
les impositions directes qui pèsent UDiquemeni sur le len-iloiTc, en remplacanl une
pallie de ses charges par des percepiîous indirectes.
u Les tempêtes nous ont Tait perdre quelques vaisseaux après un combat impni-
deinmeni engage. Je ne saurais trop me louer de la grandeur d'àmc et de l'altaclie-
DMat que le roi d'Espagne a montrés en ces circonstances pour la cause coroiunDe.
Je désire la paii. avec l' Angleterre. De mon cûté je n'tu retarderai jamais le momcnl.
Je serai toujours pri^l à la conclure , en prenant pour base les rtijiulations du troilé
d'Amiena. Messieurs les députés du corps législatiT, l'otischcinci^t que vous m'avei
montré, la manière dont vous m'avez secondé dans les dernières sessions, ne ma
laisse point de doute sur votre assistance. Rien oe vous sera proposé qui ne soit né>
ccssaire pour garanlir la gloire et la sUrelé de mes peuples, a
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ACTES nr GOm'EILNEMZKT. 51
l'cDuTre d'uD code de procédure ; l'empereur avait cette idée de eodt
fication comme une règle pour la marche des affaires, sorte de cei^
tralisation législative adaptée à son système d'administration poli-
tique ; le code civil portait déjà son nom, et. comme Louis XIV, U
voulait avoir aussi son ordonnance de procédure qui était la mise en
action des principes posés par le code civil; l'ordonnance de 1667,
commentée et développée, formait la base des instances de justice :
quelques-unes de ses dispositions avaient surtout reçu des complé-
ments indispensables par suite du système hypothécaire et de l'expro-
prtatiûn forcée, idée nouvelle que la législation avait introduite; et
qu'on appelait le code de procédure, et qui fut i»x>mulgué l'année
suivante, n'était qu'un résumé plus net, plus correct de l'ordonnsnce
de 1667, l'esprit procureur domina ; les vieux praticiens restèrent
maîtres du palais; ils furent aidés, en cela, par les intérêts du fisc qui
multipliait les frais, les paperasses, afin de grossir les recettes ; la cor-
poration des avoués dut être satisfaite. M. Pigean, l'un des auteurs
du nouveau code, avait gardé tous les souvenirs de la pratique du
Cb&telet; déjà le code civil était trop détaillé, la loi de procédure
vint encore compliquer cette législation.
La volonté de l'empereur imposa également la confection d'un
eode de commerce; une commission fut nommée dans cette pensée
de comparer et de modïGer les ordonnances de Louis XrV et de Col-
bert, pour accompGr l'œuvre d'une codiQcotion favorabfe aux intérêts
et aux droits commerciaux. L'empire avait rétabli les vieilles institu-
tions mercantiles, les prud'hommes, les chambres syndicales, les cor-
porations d'agents de change, les courtiers, enfin tout ce que le coa-
aolat avait reconnu et proclamé. Les premiers travaux sur le code de
commerce furent extraits de l'ordonnance de la marine et des confé-
rences qui l'avaient précédée sous la présidence de Colbert; le travail des
jurisconsultes, sous l'empire, fut plus grammatical que nouveau, sorte
de transfusion des vieilles formules et des vieux mots pour en faire
une œuvre rajeunie sous les auspices de Napoléon. Il y eut un travail
de courtisans dans cette rédaction des codes ; on voulut tout placer
aous le sceptre de l'empereur; la législation nouvelle ne fut le plus
souvent qu'une copie des ordonnances qui favaient précédée ; le code
civil fut emprunté aux coutumes , au droit romain et à Pothier ; le
code de procédure dut ses principes aux formulaires du Cb&telet de
Paris, et le code de commerce aux belles ordonnances de la marine,
«tau modeste travail du vieux et digne avocat marseillais Ëmérigoa
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52 ACTES DC GOUVEBNBMEirr.
sur les asEurances. Ainsi les idées , le« faits , reviennent incessamment
dans la marche des âges.
Pendant la campagne d'Austerlitz , l'empereur avait été vivement
préoccupé de la situation financière de la place de Paris ; la première
cause de la crise avait été la manière brusque et impératîve avec laquelle
il s'était emparé du fonds de réserve; les 50 millions de dépât,échangés
violemment contre les valeurs du trésor, avaient manqué comme goge
de circulation aux billets, et la confiance publique s'en était alarmée;
de là une crise déplorable. A cette cause première, toute personnelle
à l'empereur, il fallait ajouter quelques actes hasardeux de M. Barbé-
Marbois, ministre du trésor. L'alliance intime de la France et de
l'Espagne avait fait concevoir k la compagnie Séguin et Ouvrard un
système de perception pour les revenus de la Péninsule, qui donnerait
des bénéfices énormes à la spéculation ; pour cela il fallait des avances
considérables, et, pour les accomplir, la compagnie Ouvrard avait eu
recours BU ministre du trésor , qui employa la plus grande partie
des bons de receveurs généraux à des revirements de fonds ; cette
opération était arrivée au moment où l'inquiétude s'était répandue
sur les UUets de banque, et ces deux causes réunies avaient produit
comme résultat une dépréciation des fonds publics considérable.
?4apoléon prit ce prétexte pour faire tomber toute la faute de l»
crise sur le ministre du trésor; il l'écrasa pour s'épargner; M. Barbé-
Marboîs fut destitué ; on le remplaça par M. Mollien, tète plus sage,
plus ferme, avec les bous principes et les traditions sûres de l'ancienne
finance. Le service du trésor était alors fort difflcîle, même avec la
victoire ; les revenus de 1806 étaient presque entièrement absorbés ;
le budget Bxait exactement les recettes et les dépenses;mais un mi-
nistre pouvait toujours, À l'aide des bons souscrits d'avance par les
receveurs généraux, se procurer des ressources extraordinaires; et
c'est ainsi que M. Barbé-Marbois avait agi lors de la campagne de
1805. La banque de France fut organisée dans des formes plus cen-
tralisées : ses rapports avec le gouvernement furent fixés sur des bases
régulières que le public put connaître, car il fallait rétablir la con-
fiance; on accorda un privilège i labanqueaussi étendu que celui de
l'ancienne caisse d'escompte ; son papier fut considéré comme mon-
nnie, toutefois avec la liberté la plus absolue de le prendre ou de le
refuïer;le gouverneur, désigné par l'empereur, fut en rapport contir^a
avec le ministre du trésor, et la banque fut chargée des payements
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ACTES DC GOVVEEUŒMEirr. 53
k accomplir ; le gouverneur deTait servir d'intermédiaire entre les
intérêts des fondateurs capitalistes et ceux de l'État. Ainsi, k peine
arrivé de sa campagne glorieuse , Napoléon s'occupait de la partie
active de l'admiaistratioD publique, et ne laissant rien en dehors de
sa prévoyance ; il cherchait k raffermir le crédit ébranlé *.
L'esprit des nouvelles institutions, fondées par l'emperear, indiquait
quelle serait désormais la tendance de son gouvernement; il marchait
à la monarchie forte , stabilisée par un vaste système d'aristocratie.
Les slalutssur la famille impériale, l'esprit du décret sur la sépulture
de Saint-Denis, l'établissement des grands fiefs, ces germes d'une
nouvelle noblesse, la Légion d'honneur, distinction sociale et mili-
taire; tout cela signalait l'esprit puissant et fort qui fondait un empire
sur des bases stables. Cette tendance se révèle aussi désormais dans le
choix des fonctionnaires publics ; ce ne sont plus exclusivement les
hommes de la révolution que l'empereur appelle à son gouvernement.
A l'origine du 18 brumaire, Bonaparte semblait distinguer son palais et
lesaffaires;pourlesTuiIeries, sa prédilection s'appliquaitaus noms des
vieilles et bonnes races; pour les affaires, il avait cru jusqu'alors utile
deles laisser dans les mains deshommesdela révolution. AprèsAusler-
litz ses îifêes changent, et l'administration voit une foule de noms par-
lementaires , nobles et gentilshommes dans ses rangs supérieurs.
Sousiecoosulat déjà plusieursjeuneshommes, d'anciennes familles,
sTétaient montrés dans les salons de Paris ; les uns s'appliquaient aux
litres, les autres aux sciences ; quelques-uns, s'éprenant de la gloire
militaire, force et dignité de leurs aïeux, avaient pris place dans l'ar^
mée; beaucoup restaient sans carrière, et dans cette oisiveté inquiète,
triste et malheureuse dont j'ai parlé. Parmi ces jeunes hommes , j'ai
dté M. Mole, distingué par sou livre, et présenté à l'empereur sous le
patronage de son propre nom; M. Fasquier, reçu conseiller au parle-
ment quelques jours k peine avant la révolution de 1789 ; M. de Ba-
rMite, d'une famille également parlementaire de l'Auvergne; le jeune
M. d'Houdetot, célèbre au xviii* siècle par les indiscrétions philoso-
phiques de l'écrivain qui se complaisait à tout dire parce qu'il s'était
tout permis; M. Mounier, Bis du remarquable adversaire de Mirabeau
k l'assemblée constituante; MM. de Tournou, Portalis fils, Lepelletier
d'Aulnay , Angles , tous appartenant k la nouvelle génération, tous
ijsus de familles respectables, avec le besoin de suivre une forte car-
rière d'administration, L'empereur avait trop le désir de se rattacher
■ Les slatuls de Ubanque sont rrglis ptr U loi du 23 avril 1806.
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64 ACTBfi DC eOUTBBXBlWNT.
la génératioD Douvelle, les jeunes hommes de valeur, peiu De pat
s'empresser d'ouvrir la carrière des emplois publics à des noms remar-
qiubles déjà, à des fils de famille qui possédaient une fortune et ud
■ouveoir : et daos cet objet les premières places d'uiditeu» furent
créées; cette époque doit être bien remarquée, car les jeunes liommea
qui entrèrent alors dans l'administration jouèrent tous plus fard un
râle considérable sur la scène politique ; ils se tinrent longtemps la
main dans le gouvernement du pays.
L'un des pruniers appelés parmi les auditeurs de l'unpire fut
M. Uolé ; son Essai de morale cl de politique avait vivement fixé
l'attention de l'empereur, et, à vingt-cinq ans, il fut appelé au conseil
d'État; Napoléon l'avait invité h choisir une place de magistrature dans
la cour royale de Paris, comme le président Séguier et U. de Lamoi-
gnon; M. Mole réponditavec esprit et finesse: « Que la magistrature,
telle que son aïeul l'avait comprime , n'existait point encore , qu'il y
avait des juges et pas de parlement, et que pour lui sa carrière d'affec-
tion serait l'administration publique '. u 11 re^ut , le soir même, le
brevet d'auditeur au conseil d'État ; M. de Barante, du même âge
que lui, obtint un titre semblable, et quelques jouis après H. d'Hoa-
detot ; puis l'empereur prit goût pom' le petit-fils de Mathieu Mole,
qu'il destinait à une grande fortune poMque. SucceasivemeBt Napo-
léon réorganisa le conseil d'État »ur des bases plus monarchiques et
mieux en liarmonîe avec les institutions qu'il avait fondées; il fit
compulser les archives du conseil sous l'aauen régime. Depuis son
institution après brumaire, le conseil d'Etat n'avait compté qnedmx
mogs dans la hiéravchie : les consâllers et les auditeurs; sous l'ancien
régime il y avait un rang intermédiaire , désigné sous le nom de
maitres des requêtes*. Oambacérès, amoureux de toutes les formules
de monarchie, proposa à l'empereur de rétablir le titre de maître des
requêtes au conseil chargé de rapporter les affaires auprès de chaqjUe
section. Cette création fut encore un motif d'appeler au sein de l'ad-
ministration publique des noms anciens destinés plus tard au titre de
■ H. Uolé aime i racon 1er ces premiers déuMsdesajeune carrière.
' Napoléon disoit sur les maîtres îles requêtes : ci 11 serait utile do ctcct nn grade
inlErmédlaire eatre lefi prêrels et les conscillefs d'ËUil, oonnie éuieot par eioupls
\ts inallKs des requAles. Le gouvcroement cbûisirail dans eeui-ci , après deux ou
trois années d'eiErcice, ceui qui se seraient montrés capables d'ilrc conseillers
d'Ë(at,ct le gouvernement ne serait paiS eiposià donner sa eonGance k des ganaches,
comme cela lui est arrivé. » ( Pelet de la Loière.J
:dbv Google
GoaaeîlUr d'État ; M. Mole pasM iiniiiéâiatcnieBt parmi k» miltrOB
des raquâtes en service ordinaire, at avee lui H. Pasqni» qsi, gan
élre iMHDiiié auditeur , fut apiielé au mùne rasg que M. Mole.
M. Piaquier sortait d'une vieille fuaillede robe ; leurs deux aaeàtr^
le ■pùittiel recbercbeor Pasquier et te jvégident Mole, k tenaient
p«r la maio connue deux grandes ombres couvertes de la toge dans
les pa»-verdus dn {«lais de jasUce. Magistrat avant la rérolutioa ,
M. Piiqiùer avait pwdu son père sur l'écbafaud; la jeoDene s'était
passée , comme celle de M. Mole , dans l'étude , la méditation et la
retraile;ils ai^rtenaieut tous deux ausalon de madame d'Hondetot,
h vieille et bmiae causeuse, qui raillait les détwis do xvm'' siècle,
M.Portalis fils compléta cette sorte de triuité politique que noua
verrou toujours unie sur un plue vaste théâtre ' .
Oa distingua, dès ce moment, aucooseit d'État, le service ordinaire
dn service extraordinaire ; un conseiller , un mattre des requêtes, un
aiMbtear, purent être détachés de leurs fonctions pour an emploi
«KlérieDr ; les uns fuient placés daa» les préfectures, les autres
dans la diplomatie, qadques-uns même dans les tribunaux ; ainsi
■ Toici qudle était )a cotoposItioD desnoureaux matins d«s requêtes et luditeun
«■taw:
jr«Unt df* mçHAM.
S«nrin onlinaiie. — UH. Chaddas, Jauet, Lauis, Mole, Pasquier «t Portalia Bla,
Service ciiraordiiiDire. — MM. Chabao, Chabrol, Majoeau-Paueemoiit, Uerlet,
Sigaln at Wiscber de Celles.
Pris 1« 9«Bd j«ce et ta aeclloD de l^iHtalioa^ - HH. Béfoiec BU, Trdthard 11k
«t 0upoDt-I>cl{K)rle.
Pris le mluiBire et la seciioD de l'intérieur. — MM. Gossvin de Stassart, Cbaillou,
Lafond, MouBÎcr, Pépin de Batle-lsle, Canille TonraoD, Baruile et Campen.
Prte k* miaistrcs des fioaices et du trisoi public et'près la section défi Inancea.
— HH . Fenegaui Gis, AuissoD-DupetroD, Maurice. Vincent ilBrniala, Lepellclin-
d'Aulnaj et Taboureau.
Pito le ministn et la section de la gaetre. — Petiet fils, Pelel de la Loière flii,
CtDonTilIc et Dnval de Beanlku.
Prts le ministre cl la secilDn de la marine. — HM. AaglËs, d'Houdetot, Camllla
Jtossel, de ChâieBQbouif ci Redon.
Auditeur* ayant iti fonclioni ou d«t miiiiont hon du eotutil.
HH. Abrial i Venise ; Dooian àNapIes; Dudon, substitut du procuieur iropériat
pris le tribunal de première instance du dcparlcment de la Seine; Bouvier du Holart,
i Dresde ; Gojon, sous-prifet i Honiaigu ; Hdi d'Oissel, secriiaire général de la
préfecture du déparlement de la Seine ; Leblanc Pommard, i Naplcs ; Leconteuh, i
Jitp\ea; Heuilli, aons-prértl à Soissons; Rcederer, à Naplas ; et Laiour-Uaubaurgi
SMréUtre d'ambassade i Conslanlinople.
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58 ACTES DD GOUVBBKEmEÏT.
H. Séguier et M. de Chabrol , présidents de cours d'appd , furent
maîtres des requêtes en service extraordiBaire.M.Dudon, auditeur, fiit
substitut du procureur impérial, tandis que M. de Latour-Maiibourg
conserva ce même titre, quoique secrétaire d'ambassade à Constanti-
nopie. Ce fut là une innovation préparée depuis longtemps ; tout
revenait peu h peu aux idées de vieille monarcbie; ies places ne furent
pas seulement une fonction, maïs encore une dignité. 11 f eut des
honneurs indépendamment du devoir; tout ne fut pas service public ;
et c'est ainsi que Napoléon comprenait la hiérarchie sociale.
L'empereur voulut aussi appliquer son système de fusion aux fa-
milles. A son retour d'Austerlitz, il accomplit l'union de sesgénéraus
avec les Qlles de grandes maisons. Sous ce point de vue, il se montra
despote encore ; mattre des familles comme de l'empire, il s'était fait
donner des listes des héritières riches ou grandement blasonnéea; il
faisait appeler les pères , leur eiprimaît sa volonté impérativement ;
aux uns, il offrait des places de chambellan ; aux autres , des restitu-
tions de forêts; beaucoup acceptèrent, d'autres refusèrent, et è cette
époque on cita même la résistance de M. d'Aligre, qui défendit ses
droits de père ; lui, pouvait bien se sacrifier, abdiquer toute person-
nalité en se faisant chambellan d'une princesse impériale; mais, quant
à sa fille, il voulut en garder la pleine disposition. La pensée de Napo-
léon était d'opérer une double fusion entre la société ancienne et la
société nouvelle, par les idées comme par les personnes * .
L'empereur trouva bien des résistances dans le faubourg Saint-
Germain, et, après avoir tendu la main à cette aristocratie, il la frappa
de son épée par l'esil. Il y eut quelques listes de proscription rédi-
gées par la police; des femmes furent obligées d'habiter leurs ch&teaux
dans la province, d'autres durent quitter la France; plusieurs même
furent enfermées; l'empereur voulait bien fondre les deux sociétés^
mais k condition qu'il les domîiierail; il ne comprenait rien en dehors
de lui, ni indépendance personnelle, ni liberté politique.
' M. )e général Sébastitni épouu mailemoiseUc de Coigoj. UsdemoiBellc dt
Fodoas épousa le général Savarj. Au reste, YoEci une snnoDce plus modeste ; c'esl
pour la première Tojs que je lis ce nom dans les Tastes de l'empire.
u LL. MM. II. et RR. ont signé, le 30 juillet 1800, le conlrsl de mariige da
M. Élîe Decaica, fils de H- Dccaies, anciea magistral, et membre du conseil général
du département de la Gironde, avec mademoiselle Huraire, fille de H. Muraire,
conseiller d'Ëlit, premier président de la cour de cassation et grand onieiet de Ik
Lé)(ion d'honneur.»
M. Decaies araitélé nommé juge suppléant par décret impérial dalé de Brllnn ta
Moravie et sous la lente.
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l'evbope apbès la bataille d'aostbsuiz.
CHAPITRE IV.
L'EUlOn AFlkS LA ItTAtUI B'iVtmLm.
L'An^etcrre. — OnTcnare du pukmeDi. — Mort de H. Pitt. — Hinistire de eoi^
UlioD GreDTille et Foi. — Esprit da Donveau cablnM. ~- Rapporis (tcc la PniMe.
-' KtatiioD du ctbinet de B«1iD. — QueslioD du Hanovre. — MM. de Hardeo-
i>«if et de Haagwlti. — Les deni sjstimes. — La Russie. — L'empereur
AleuDdre. — OccupatioD des I Duchés du Caltaro. — Les MontéDégrias. —
L'Autriche après la paii de Presbourg, — 8t justiGcatioD. — Le cabinet du
(amie de Sudion. — Développeneot de la carrière diplomatique du comte de
Metiemich. — Attitude de l'Auiriclie. — La royauté de Naples. — FerdinaDd el
b reioe Carolioe. — Kipiditîon coDlre Naplea.— La Porte oiloniaiie et Napoléon.
La victoire navale de Traralgar élevait bien haut la force de la
Grande-Bretagne; la tristesse publique produite par la mort de NeleoD
fit place à l'eutbousiasine universel qui saluait le triomphe éclatant
de la marine britannique. L'orgueil national fut toujours vivement
eicïté en Angleterre par les triomphes de sa marine : la mer est son
dément ; elle n'y peutsoufTrir ni supérieur ni égal, et le pavillon des
btHS royaumes, fier de Trafalgar, se déployait sur l'Océan et la Médi'
terranée. Cependant .au milieu de cet enivrement universel, de
tristes nouvelles arrivèrent du continent; M. Pltt avait été leprincipal
instigateur de cette vaste coalition qui armait 500,000 hommes contre
)a domination suprême de Napoléon ; les efforts habiles de sa diplo-
matie, les secours , les subsides largement distribués avaient produit
ce miracle de fusion et d'alliance entre des cabinets si divisés eux-
mêmes de principes et d'intérêts. La coalition de 1805 était l'œuvre -
de H. Pitt ; il la caressait comme un grand résultat, jusqu'à ce point
d'en dresser le plan de campagne ; la capitulation d'Olm avait excité
déjà les vives inquiétudes de l'homme d'État éminent qui dirigeait
tes destinée; de l'Angleterre; bientôt déplus sinistres nouvelles étaient
parreoùes à Londres : l'entrée des Français à Vienne, la merveilleuse
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S8 t'wmowz Apnjs ia bataille d'aosteblitz.
campagne d'Austerlitz , les victoires inouïes , et le traité de paix de
Presbourg qui détadiait ia maisoD d'Autriche de la coalition mus des
conditions humiliantes ; enfin M. Pïtt put apprendre que les subsides
envoyés de Londres, et déposés à la banque de Hambourg , avaient
été cédés, comme contributions de guerre, par le cabinet de Vieaue
à l'empereur des Français.
Ce fut donc uo déchirement de cceur indicible pour M. Pitt , que
ce fatal résultat de l'œuvre laborieuse qu'il avait accomplie * ; les
hommes politiques d'une certaine importance s'attachent à leur sys-
tème , comme à une création ; tout ce qui le conduit à bonne fio est
leur joie , tout ce qui le détruit est leur douleur et leur peine; ils
meurent et vivent avec lui ; nous sommes tous voués à une œuvre,
nous la portons avec nous comme la fatalité de notre destinée ; il n'y
' Les jouroaui anglais Turent remplis des derniers moments de X. Hn.
a Mardi matin, 21 janvier, la maladie de H. Plti ne présentait aucun canctirt
dangereux; laâèvrele quiitapresqueentièremenlelles médecins connurent l'espoir
d'une promple guérison : mais le soir, le médecin qui lui donnait des soins parti-
culiers, lui làtanl le ponis avant de se retirer, s'aperçut que la Gèvre était revenue ;
Il resta une heure auprès du malade. Le Bèrre coniinaa d'augmenter, et fil en peu
d'beures des progrés si alannants, que tout espoir de salut s'évaBoait. U dvvaait
nécessaire que le médecin fil connaître son opinion, et que M. Pitt fût informé du
danger desasituBllon.
B L'évéqne de Lincoln, le plus ancien et le plus assidu de b<s amis, fut appcU
dans la cbambre du malade . et le médecin lui dit : ■ lafonnei rotre boDorabli
ami qu'il n'a plus que quarante-huit heures i vivre. Tous les secours deriennent
iouiilcs. Les moyens qu'on tenterait pour le tirer de l'espèce de létliai^e qu'il
éprouve en ce moment ne Teraient qu'accélérer sa fin. Il est épuisé, et n'a pas astei
de Torca pour supporter l'etfel des remèdes qni poumienl lai éln admiaistria. Bit
Vit plus de deux jours, j'en serai surpris. «
a Alors l'évéque de Lincoln, jugeant qu'il était nécessaire de faire connaître i
H. Pitt l'état dans lequel il se trouvait, s'acquitta de ce triste devoir avec fermeté.
H.Titt parut 11 peine l'entendre. L'arrêt demort prononcé parle médecin ne put l« tirer
dasonaffaiMinemaat. Jiprèsdeui mînutesderecueilleMait, il étendit péDiblenwiit
une do ses mains défaillantes, en faisant signe peur qu'on le laissai seul avec Un-
coin, qui s'assit très-près de son lit, et lui offrit sans doute les consolations de la
religion. Depuis ce moment, les médecins ont ceçsé leurs visites.
■ Dans la matinée du mercredi , la plupart des personnes élevées en d^tlé
CnvoTèrent savoir des nouvelles de M. Pitt. L'avis de l'étal désespéré où les méde-
cins l'avaient laissé fut transmis au roi, aui membres delaTamille royale et aui ami*
de H. Pitt. Ladf Esiher Stanbope, sa nièce, et H. lames Stanhope vinrent le voir,
mercredi malin, restérrat an quart d'heure près de lui, et s'en allèrent après avoir
reçu son dernier adieu. Son frire, le comte de Cbalam, passa plusieurs heuras pris
de lui la nuit suivante, et reçut les denûers épancbemeots de son cœur, o
[Star.)
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LEtmOPB APHÈS LA BATAILLE D'ADSTERLITZ. 59
a qae les esprits rulgaîres qui soient indifférents à une idée conçue.
Le plus profond désespoir pour l'ôme de Napoléon ne Tut-il pas de
hisser ioachevée la vaste réalisation de son empire et de sa dynastie?
Pitt fut frappé de mort par le bulletin d'Austerlitz , car il y a un poi-
son fatal dans cette coupe où s'abreuvent les âmes exalté» pour une
cause. Depuis le commencement de décembre, M. Pitt sentait
quelqaes douleurs de gontte ; les pénibles travaux auxquels il s'êt&it
lÎTrè , les excès même , à côté de ces travaux , avec son ami Dnndss,
excès terribles , parce qu'ils sont comme une débauche attristée , une
bacchanale dont les guirlandes sont des cyprès ; ces nuits de parle-
ment, chaudes de discussions qui embrassaient le monde , toutes ces
causes avùent h&té le développement des infinnités précoces de
M. Pilt. Je le répète, quand la nouvelle de la victoire d'Austerlitz
arma ea Angleterre dans les derniers jours de décembre , lorsqu'on
sot le traité de Fresbourg , la séparation de l'Antriche . la mort fit des
ravages rapides dans cette conscience exaltée ; la tète de M. Pitt devint
brAbote, la fièvre s'empara de lui, et ses médecins annoncèrent qu'il
n'afrait plus que quelques jours h vivre.
Le parlement s'ouvrit néanmoins, et le cabinet que présidait
M. Pitt rédigea par un vote unanime, selon l'habitude, le discours
qne la couronne adressait k ses fidèles communes. L'esprit de Pitt
domina une dernière fob c« document remarquable : il se félicitait ,
avec son pays , des triomphes obtenus par la glorieuse marine britan-
ntqne ; le ministre h son lit de mort dictait , comme testament poli<
lîqae, de nobles phrases pour sa patrie et son pavillon. Les dernières
paroles de M. Pitt furent l'éloge de Neison , qui tombait au pied du
gnad m&t envelo^ du drapeau national. Le discours annonçait :
■ que à les malheurs de la guerre avaient détaché l'empereur d'Au-
triche de l'alliance générale contractée par le continent, l'empereur
de Bustie restait fidèle aux traités , et qu'il remplirait jusqu'au bout
les conditions stipulées ' ; » cette parole disait assez que tout n'était
pas perdu pour la cause commune ; la Russie restait l'intime alliée de
' iNfcottr* du lord* «MinuifatrM aua dtux ehambru du parlement,
I<21j<»Di*rl806.
« HOords « messieurs,
• La eoimiiission munie du grand sceau qui nous a été délivré psr sa majesU
aont antoiiM, entre autres choses, i faire ccmnatire les motifs de celte râuEion d^
ptttoueul. S» majesté nous ■ partindtèRment chargés d'appehr votre ntteniien sur
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60 l'eciope APtiÈa la bataille d'acsteblitz.
l'Angleterre , et le ministre s'eo félicitait comme d'un immense avait'
tagc pour sa Gère patrie.
La mort arrivait pourtant implacable pour M. Pitt, ravageant
d'une manière rapide, inouïe , les dernières Torccs de cette existence;
il mourut le 23 janvier 1806 , en prononçant quelques mots enthou-
siastes pour le bonheur et la force de Ba nation ; homme d'Etat pro-
fondément anglais , il avait compris que le principe conquérant de la
révolution française était un obstacle au développement de la puift-
Ics mccès lea plut déciaib doat !■ Providence i d4igné Haïr M» innies de dmc
depuis la dmiière bmhod du parienient.
» Les Houes de sa majesté ont Tail voir loute leur acliiité El toute leur penévé-
rance dans la poursuite et dans l'aliaquc des différentes escadres de l'enuemi ; les
résultats de ehiquc combat ont été honorables pour le pavillon britannique, et ont
affaibli la puissance maritime des États avec lesquels m majesté est en guerre.
Vais la victoire remportée deviuE Trafalgar sur la flotte combinée de France «t
d'Espagne, amanireslé, plus que tous les eiploils recueillis dsns les annales ratmes
de la marine anglaise, l'habileté et le courage des officiers et malclats de sa majesté;
M la destruction d'uue partie aussi considérable des forces navales de l'ennemi, a
non-seulement confirmé de la manière la plus ^gnalÉe ta supcriorité maritime de
te pajs, mais elle a de plus contribuée esseDiiellemeot k la sAreié des damaines de
sa majesté,
B S» majesté est profondément affectée que le jour d'un triomphe au^i mémo-
rable ait élé malheureusement obscurci par la perle d'un héros. Elle est persuadée
que vous sentirez que celte Du déplorable, mais glorieuse, d'une vie que tant d'ei-
plojts rendent remarquable, ciige que la reconnaissance de ce pays soit manifeetâe
d'une manière aussi durable que disiinguée, Elle espère donc que vous concourrez
i mettre sa majesté en mesure d'ajouter aui honneurs qu'elle a conférés k la famille
du tea lord vicomte Nelson, des marques de la muniScence nationale, qui transmet-
tront jusqu'à la postérité la plus reculée la mémoire de son nom et de ses senicea,
et le bienfait de son eiemplc.
» Sa majesté nous a de plus chargés de vous faire connatire que, pendant que la
•upériorlté de ses forces mariilroeB s'est ainsi établie et maintenue, sa majesté a
trouvé le moyen de placer les fonds qui avaient élé mis si libéralement i sa dispo-
sition pour secourir celles des puissances du continent qui se montraient déter-
minées à résister aui empiétements formidables et lonjours croissants de la France.
Sa majesté a ordonné que les divera traités conclus k ce sujet fussent mis sous vos
yeux; et quoiqu'elle ne puisse que déplorer profondément les évéoemenis de la
fuerre d'Allemagne, événements qui ont trompé ion espérance et conduit i tu
résultat défavorable, elle est persuadée qu'après avoir pris connaissance de ses diffé-
rentes démarches, vous penserei que rien n'a été négligé de sa part pour soutenir
les efforts de ses alliés, et qu'elle s'est conduite conformément ani principes déclarés
par elle et reconnus par le parlement comme essentiels aux intérêts et à la sécurité de
ses domaines, ainsi qu'i la sûreté du continent.
> Il est un grand motlfde consolation pour sa majesté, et elle est persuadée que
vous j prendrez part : quoique l'empereur d'Allemagne ait été forcé d'abandonner
la coalition, m m^esté continue à recevoir de son auguite sllié l'empenur de Hussie
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L'BDBOPB APBfiS LA BATAnXB d'aUSTBBLIR. 6t
aonce biitannique ; il avait deviné toute l'énergie que ce grand mou-
vement imprimait à la France, depuis le comité de salut public
jusqu'il la moDarehie militaire de Napoléon, pouvoirs identiques
igaîemwt constitués pour le développement des forces nationales.
put marqua son système de deux caractères distincts : dans la pre-
mière période, il entreprend l'œuvre d'une restauration de dynastie^
il pa»e que le rétablissement de la maison de Bourbon , en face du
principe révolutionnaire vivace et puissant, doit placer, pendant
quelques années, la France dans une situation délicate qui ne la rendra
pas redoutable à l'Angleterre.
Dans la seconde période , l'idée de restauration est abandonnée ,.
il ue ^agit plus que de la a^Miilé, c'est-à-dire du développement
d'an système qui empëcbe les envahissements et la prépondérance
absolue de la France : progrès habile qui plaçait le ministère dtt
M. Pitt sur un excellent terrain. L'Angleterre ne comprenait pu
l'idée d'une croisade dans laquelle on sacrifierait des millions eu
subsides pour le rétablissement d'une dynastie; au contraire, le pays
soutiendrait avec énergie un système qui aurait pour base la sécurité
des intérêts politiques et commerciaux. C'est en vertu de ce principe
que IHtt agit après la rupture du traité d'Amiens ; i l'aide de ce
levier , il remue le monde ; l'Europe ^arme , parce qu'elle est
menacée ; le parlement vote les subsides , parce qu'il sait bien que le
salut de l'An^eterrc est compromis ; l'art habile des hommes d'État
de la Grande-Bretagne fut & toutes les époques de prendre un mot qui
devient le symbole et la cause d'un grand remuement dans la vie des
nations. Pitt arbora sur son drapeau le mot magique de sécurité ,
comme M. Canning, plus tard, celui de liberté et d'affranchissement^
et c'est à l'aide de cette définition que les ministres anglais conduisent
leur pays dans les voies inûnies d'un système d'agrandissement et de
conquête ; ils font illusion aux gouvernements et aux peuples pour le:
profit de leur politique nationale.
La mort de Pitt laissait un vide profond dans le cabinet dont il était
te chef; aucun de ses membres n'était capable de le remplacer; il
s'était créé dictateur dans son système , et après lui ses amis dén-
ies t^os fortes ■Munnces de son atlachemnit i cctu politique Mgo et généreuse.
dont les principes l'ont guidé jusqu'i piésenl. Sa majesté ne doute pas que vau&
M Hcbiu apprécier les avinlages importants qui résulteol de la durée de nos relB~
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6â Lennon APmfis i-a vatuixb s'ahsivuitz.
nèrent tear démission; crise nooTelIe poar l'ADgleterre, qae œtle
oécfiSHté de composer ud cabinet dans les circonstances ditSciles où
se trooTBit l'Eorope. Quand H- Fift awit la-is la dtrectioD des aflWre»,
00 avait va noment songé à <n catnneXde «oalition oi devaient ae
réaairtoetes les nuances, et M. Fox (Qi^ttèMe. M. Fitt avait rejeté
cette idée de faan« comme incoropatlMe avec une sEtnatron aoasi
dessinée , ausri éoei^iqae ; dans les crises Tunité est indispensable, et
la dictature te premier soin d'un ponvotr; il avait vonln porter à
loi seol la responsabilité de son système , responsabitité fatale ^
car il l'avait payée de sa vie , la bataille d'Austeriitz l'avait frappé en
Après M. Fitt, cette idée d'un ministère de coalition fut encore
reproduite ; vm crut qœ dans des circonstances aussi redoutables
chaque parti devait le sacriice de quelqnes-ones de ses convictions au
s^t ée l'AngletefTe , et que les whigs de H. Fox devaient serrer la
maia au parti Grenvitte et ans amis de IH. Pitt, de teHe manière qu'il
n*y eût phis dans le parlement <]Q'nn seul voen , qn'une seule pensée :
le triomphe île la patrie dans la paix oa dans la guerre. Ce Tut donc
un miDiEtère écbiqoeté que le roi coraentit à fwmer ; lord Grenville
remplaça M. Pitt dam la ^Or^ de premier lord de la trésorerie; FoK
Ini-méme, le wfaig redoutable , l'orateor si puissant d'opposition ,
prit une part active i oe minislère , et remplaça au foreign office *
lord Miflgrave. Le fa^le Addington, le signataire de la p«x d'Amiens,
> Le S fénier 1806, Im nwivcllcs nnnimtioiM fareDl bIdiI mmmcbu : a Lm
lords Havlfubury, UulgraTe, WestmoTeland, Camden ei Caatlereagh oot donné
hier, i s* majesté, la dimissioD de leurs emplois. Ensuite ont été présentés ï S. H.
In lords Vofra, Spencer, 'GrenTOle, Etlenboroiigfa, Sidmonlb, Aaeklard, fiarklng^
hmahire, U. Foi, H. erey, lord Heori Peity, M. WiDdtMm, lord Wmo <t
M. Vansiiurt. Lord EUenbotough a résigné les smaui de l'échiquier , qu'il mît
lenusdepuls la mort de H. Pill, et ils onlété remis ilordBeori Pcttf . Les sceani ont
pareflloDKD't été rtmlfl au eofnie Spencer et i A. Windham , eonnne Bccrélatrea
d'État, el le sceau privé i lord Sidraouih. SosiRte ks doutbmi miolstrts oK étf
ftdmîs à baiser la maia du roi, dans l'ordre suivuit :
n Le comte Spencer el M. Windham, secrétaires d'Étal; M. G rej, premier lord
de l'emlraulé ; lord Henri ¥e(ty, chancelier de l'échiquier ; lord Sidmouth, garda
du iceau privé.
> Les membres suivants seront admis à baiser la main du roi demain : H Erskinc,
lord chancelier i lord Grenville, premier lord de la trésorerie ; M. Foi, secréiair*
pour le département des affaires étrangères; le comte Hoire, grand maître del'ar-
Illleric ; le comte Fili- William , qui est à piésent A la campagne, baisera la maiii,
comme président du conseil, un des jours de la seniDiae prochaine, a
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L'EUHOFE APBÉS la BATAnXB D'ACSTESLnZ. 63
derentt lord SidmoBth , eut le kcbo privé ; Windham , l'ami lélè de
I^tt , eut ta direction de la guerre comme dans les jours les plus
Mdeats de ta hrtte coutre la France ; les vhigs entrèrent en masse
itans celte adntnistrstion. Lord Gre; eut Tamiranté , et Erskine , ta
TÎgoareax avocat de l'indépendance , Tinterprète éloqnent et profond
de ta loi , devint lord chancdiCT.
Ainal fut le nouveao cabinet ; n y watt des hommes persomielle-
ment forts dans ce nrinistère , d tons avaient une valeur individuelle,
ane poaltioB an parlement. Ffrx était un orateur do premier ordre,
intelligence avancée , un des hommes qui comprenaient le mieux les
qaesHoiH politiques dans un sens large; Erskine, avec le don de la
parole va pins lurat degré, avait acquis , par la science , un incontes-
table escendaDt sur les cours de justice ; le comte Grey avait la con-
doite pcAKique de Topinion vhtg. Mats la faiblesse de ce ministère
résultait précisément de ce que des hommes d'intelligence et de partis
fivera « troavaient dans la direction d'une même pensée : que résul-
leniït-4I de ce tiraillement au sdn même du pouvoir? Un décoosa,
■ne faîMeve extrême. Napoléon pootait-il désirer autre chose que cet
■ffaiasGnMnt dans Fénergie britannique? Il avait va avec une indi-
ciMe joie ta mort de Pïtt. Fox était pour Napoléon l'idée augtaise dans
ses rapports avec ta France, et servant son système; lois de la paix
d'Amiens , il avait échangé , avec le chef de Topposition , ses pensées
et ses sentiments ; il espéraK exercer sur le noaveau chef les affaire»
étraogiRB le même prestige que sur quelques hommes importants des
cabiaels eaKq>éeM.
Napoléon se tronpa ; fesprit de nationalité si puissant en Angle-
terre, ta patriotiaBe que Fox , devenu ministre , ne pomait abdiqu«-,
ta iMtible popotarité do système de M. Pitt, tout ceh formait des
obstacles ; nal n'aurait pu suivre une autre ligne. Fox devait, par la
force des choses, vivre des éléments de la politique précédente ; ta
nation anglaise ta voulait ainsi poar se sauver et grandir ; elta avait i
défendre son bonnettr et sa puissance , et ce fut on curieux spectacle
de voir une administration où les vhigs dominaient , tout en aflai-
blisHBt, par leur décousu, ta pensée de Pitt * , suivre néanmoins le
■ La popolarilé de M. Mt ivrit nirféni i n tnorl ; ane lettre de L<nidRs disait :
< OndUqitelainotiMdeX. LMcelles doit arolT pour objet de Totentnesomtne
4cM,e00KT. Bierl. pont iNjer hs dettes de H. Piti. II itsit, caitine premter lord
de la tféâorerie, B,000 Uv.sterl. par an, et, comme chanceUcr de récMquier, 1,S0011t.
D,„l,z.dbyG00glC
61 l'bDBOPB APBËS la BATAIIXB d'ACSTEBLiTZ.
même système de politique extérieure & l'égard de ta Fronce , et Fox
readre ainsi hommage à la pensée de son illustre prédécesseur ; cela
se voit souvent dans la vie des partis et des pouvoirs. Les négociations
qui furent essayées k Paris , corame doub le dirons plus tard , par les
lords Yarmouth et Lauderdale, ne Tureat de part et d'autre qu'un
jeu ; Fox ne pouvait pas vouloir la paix aux conditions proposées
par Bonaparte ; c'est en vain qu'on essayait de renouer les négocia-
tions d'Amiens ; par la force des choses le chef du cabinet whig
fut obligé d'entrer dans la lutte européwne contre le gigantesque
empire français.
Ce fut à l'occasion de la Prusse surtout que cette obligation impé-
rative se fit sentir ; Fox ne manqua point ici à sa mission de ministre
d'Angleterre ; seulement les whigs , comme toujours , apportèrent
leur décousu , leur inconsistance ; ils ne savaient pas imprimer à
l'Europe cet énergique mouvement que Pitt avait partout donné. La
Prusse se trouvait plus spécialement affectée par la situation aouvdle
des affaires ; ou se rappelle que le comte de Haugwitz , arrivant an
quartier général de Napoléon après la glorieuse victoire d'AusterlitE,
s'était laissé dominer à ce point, par la parole de l'empereur, qu'il
Avait «gné un traité avec M. de Talleyrand, sur des bases tout & fait
hostiles à l'Angleterre. Le résultat de ce traité était qu'au moyeu de
certaines cessions en Allemagne (le duché de Glèves, Neufchfttel, les
pays d'Anspach et de Bareuth ) la Prusse devait prendre possession du
Hanovre au préjudice de la maison régnante en Angleterre , chose
ÎDOUÏeaprësavoirreçulessubsidesdeM.Pitt. M. de Haugwitz partit
pour Berlin avec ce traité qui blessait d'une manière si étrange les
engagements pris envers l'Angleterre ; deux idées dominaient toujours
la cour de Berlin : l'une formulée par M. deHardeoberg, le ministre
La dépense d'un pranler ministre ne peut élre moindra que 10,000 liv. sterl.,
mtme «tcc de IVcnnomie.
B H. Pitt a étéaz ans ministre, en trois époques différentes. Son désinléressemmt
CODDU, et son habileté à saisir le jeu oïlriordinaire de nos finance;, l'ont soutenu
contre les clameurs de l'opposition, et mime contre le goAt particulier du roi, qui
avait pour M une espèce d'aversion. Aussi, quoiqu'il soit de bonne politique àe
dire que le roi a montré beaucoup de douleur en apprenant la mort de H. Pitt, on
croit généralement t ces mois qui, dit-on, sont écbsppéa du premier mouvement
i S. M. : « On ne me forcera plus k le prendre pour ministre. » Cette aver^oi) des
TOis faibles pour ceui qui défendent et eiercent leur pouvoir, n'est pas sans eiunple
dans l'histoire , et doit se rencontrer plus souvrat en Angleterre que partant
itUleuTS, a
DiciilizedbyGOOgle
i.*Eint0PB APBis lA BATAnxB d'austbbutz. 65
BatiODsl de la Prusse , la tète éminente et patriotique ; l'autre
exprimée par le comte de Haugwitz dont j'ai tant parlé et si profon-
dément dévoué aux intérêts de là France ; or , pendant que le comte
de Haagwitz signait an quartier général de Napoléon un traité qui
Uessait k nn d^ré si fatal les intérêts de l'Angleterre , M. de Harden-
bei^ , fidèle à l'alliance * , échangeait une suite de notes avec lord
Htrro'ffbj' sur les questions graves que venait de soulever la triste
issue de la bataille d'Austerltlz.
■ Bépicha du baron de Hardeaierg d lord Harrowby, 23 déeembra I80S.
« Hilord, taaforniémeDt i Ib réponse que j'ai déjk eu l'honneur de hire parvenir
à T. E. SUT la qaesiion que vous m'siiet adressée TclaiiTemeDt à la aécurité des
Iroopes de S. 1[. britannique dans le nord de rAlltma{;ne, je m'erapresse de mettre
MHS Tos jcui les assurances posiliies (pie j'ai le plaisir de pouToir vous commn-
Diquer. Votre eieelleuce rsl icistruile de l'èUt aclue) des aSaires, Vous apereeTrea
d'abord qu'au point oix les chos(?s en sont venues, depuis la malheureuse bataillv
d'AusIerlili entre l'Autriche el la France, le retour de la grande armée russe el l'in-
certitude totale dans laquelle nous sommes des intentions de Napoléon envers li
Prusse, nécessitent absolument de uolce part la plus grande prudence ; l'armée ï»
plus brave ne peut pas toujours compter sur des succès , et il est incontestablement
de l'intérêt de la Prusse et de celui du monilc d'empêcher qu'elle ne soit attaquée
daas le moment sctud, où elle aurait h perler tout le poids de la guerre. II n'a été
(ait auciwe conrédéralioD adaptée «ui circonstances , et dans le cas où nos arméei
seraient malheureuses, le dernier rayon d'espoir pour le maintien de la sécurité et da
find^ndaDce du continent serait éteint. Le roi, constamment animé du méma
désir d'établir une paii générale sur un pied permanent, et, s'il est possible, à la sa-
ibfaction de toutes les parties, a dd conséqnemment désirer avec ardeur que sa mé-
diation, stipulée par la convention signée le 3 novembre à Potsdam, Tùt acceptée par
b France. Dans une entrevue que le comte de Hatigwilz eut avec Napoléon le S no-
Taobre, ce monariiuemanireaia des dispositions A accepter cette médiation aux deux
conditions suivantes : 1° que, pendant ta n^ociatîon, aucunes troupes de S. H. bri-
tannique, aucuns Russes el Suédois, ne s'axanccTaient en Hollande pour j com-
ffieicn des opérations militaires nprès leur départ du nord de l'Allemagne ; S» qu'il
sérail accordô nn arrondissement plus étendu à la forteresse de Hamelo, afin de faire
eeaser la détresse de provisions où doit être la garnison. Le roi ne pouvait pas
accepter ces proportions dans les circonstances du moment où elles étaient bltes ;
mais ces circonstances ont totalement changé, et, dans la conjoncture actuelle, S.M.
les a jugées non-seulement admissibles (à condition que l'empereur Napoléon s'en-
gagera de son c6lé i n'envoyer aucunes troupes dans le nord de l'Allemagne aussi
longtemps que dureront les négociations , el qu'il n'entreprendra rien dans l'inter-
Tatla contre le pafs de Hanovre), mais elle lésa même jugées favorables, puisque
l'on gagnera ainsi du temps pour prendre des mesures plus réfléchies , el pour se
préparer i tous les événements, soit dans le cas où la guerre éclaterait, on que cet
iniennédiaiTe des choses mènerait i une négociation définitive. Afin qu'il ne fût pas
perdu de temps, S. M. a envoyé le major Von Pfuhl an quartier général frantaïs pour
qne cet arrangement soit effectué. Le comte de Hougiritz a reçu en même temps les
instructtODs nécessaires, sous la date du 19 de re mois, et le roi a signifie & In France
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66 l'eukope ATKis la. uTutut D'Acsntuin.
Lord Harrowbf avait deniaodé plusieurs explications sa cabinet
de BerliD , sur la sécurité des troupes britaoniques au uord de l'AUe-
loagne. Le baron de Hardenberg répondit a i^e la utuatioa de la
Prusse exigeait une extrême prudence ; seule elle ite pouvait Bup>
porter le poids de la guerre ; » elle se hasardait à une campagne , les
revers auxquels elle s'exposerait pourraieat porter atteinte à l'indé-
peudauce du continent dont elle était le deruier espoir. » Le nûiûstre
insistait donc pour ne rien faire à l'étourdie ; le roi de Prusse ayant
qn'il regardera l'occupation du HanoTre par les troupes francaisea eomme an acte
d'bMtiliié. D'après ce que je vieos d'énoncer, S. M. m'a aulorlaé i ioforoier T. E.,
coiiforiD^ealaui.as$ursDces qu'elle a d^à données, que daoa U cas où les tooupes
de S. M. britannique et les Busses épTouveraJeot des revers, elle garantit la sécurilc
des troupes de 5. H. B. dans le Hanovre, el leur accorde pleine et entière liberté,
«a cas de besoin, de sa replier sur l'armée pruuieiiDe et dans les États du roi, mais
avec les modifications suivantes que les circanstances rendent nécessaires : 1° qu'allée
prendront leurs positions en ariiéic des troupes prussienuea, et qu'elles s'absUen-
droDt, pendant le temps de la négociation intermcdiaire, de tous mouvements et
démarcbes contre U Hollande d'une nature provoquautej 2° qu'en cas que le^
troupes prussiennes soient attaquées par les Français, 8. M. compte avec one par-
faite conliance sut l'appui et la coopérationdei troupes britanniques, aussi longten^
qu'elles resteront dans le nord de l'Allemagne. S. M. a donné des ordres pour faire
avancer un corps respectable de troupes dans la Westpbalie, et elle prendra toutas
les mesures de âAreté et de dérense nécessaires. Lestroupes russes sous les ordres du
général Tolslo; sont déjà k la disposition entière de S. MÙ (l'emperaui Alexaudre
l'afant pleinement autorisée K disposer d'elles selon son bon plaisir, ainsi que de
celles qui sont en Silésie sous le général Bennigsen}. C'est pourquoi je prie T. E.
4'écrire atissiiét que poasible 4 lord Catbcart, commandant en chef dea troupes
de S. H. B., et de l'engager h prendre sans délai les mesures nécessaires pour rem-
pUrces diSrrents objets, et particulièrement de se rendre i rintiiatiou que lui fera,
par ordre du roi, le comte de Kalkieuth, de se concerter avec lui personntUeroenl el
«veGlecomLedeTolsto;f sur les positions que les troupes de S. H. B., les Busses et
les Ftussiena auront à prendre en conséquence des artangctneuts ci-dessus meD~
tioBoés. Comme les troupes suédoises se trouvent dans le même cas que les troupes
de S. M. B., et les Russes, il serait eiliémemeot à désirer qu'on put engager S. H.
suédoise à se conrornier à cet arrangement. J'espère qu'i cet effet T. E. agita de
eoDcert avec le prince Dolgorouski, que S. H. I. de toutes les Russies a clu/gé de
tout ce qui est relatif i la destination de l'armée russe. Dans le cas ob S. U. suédoise
abandonnerait le commandement de ses troupes au général Tolstoy, le roi est ftli à
lui donner la même garantie qu'il offre aui troupes de S. H. B. pendant qu'elles
resteront dans le nord de l'Allemagne. 3° Â. l'égard |de l'approvisionnement de k
forteresse de Hamein , ou pense que la concession d'un certain arrondisBemeu dont
la garnison pourrait Urer des provisions serait suivie de grands inconvinienU, aoït
par rapport aui sujets de S. H. B., soit k cause des collisions qui pourraioit S'en-
suivre entre les troupes ; c'est pourquoi il parait préférabls de iiourvoit aui besoins
de celte garnison par le canal d'une personne intermédiaire t qui le général Barïiou
oiTerrait un état de ce qu'il lui faudrait pMU u consommatloa jouualiète, ^e le
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i.'BeM)MI AVaËS LA. BATAILLE b'ADSTBBUTC. «7
thiré se po§er cxmaie laédiateur , Le baron de Harâeo1»erg perslstatt
i se mÙBteDir dans c«8 m&ioes cooditions ; le nord de rAllemagae ne
.leeevrait oi troepes asg^aises ni troupes françaïBes; peint de com-
.mHkcemeat d'hostilités; l'occupation du Hanovre par les Français
senit OD acte qui déciderait la Prusse à prendre imniédiatemeot les
vmes; si l'armée anglaise ^Kttnverait des revefs, elle pourrait se
relier sur les corps prussiens , à condition que ces troupes se place-
nirot sur les derrières où ellea seraient protégées; si les PrussiMB
étaient attaqués par les Français, les Ang^ws les aoutieudraient ; les
Busses sous les ordres du général Tolstoy seconderaient l'armée profr-
sienne; il en serait de mtoie du géoénd Benoigaen se déployant es
■SUésie; IcB Suédois doraient se conformer à ces arrangements. »
Tout cela était destiné à faire admettre la médiation delà Prusse daae
BB arnwgranent eun^téee.
On voit, dans cette cote, que le baron de Bardenberg se préparait èi
une politique prépondérante et au besoiftarmée ; la défection de l'Au-
triche, par suite du traité de Presbourg, ne l'arrêtait pas ; c'était un
ktGÎdeDt fftcbeuK, mais bob décisif, le miaiitre prenait des engage-
meots formels avec l'Angleterre ; décidé à se mesurer même avec les
Wnaçâs si la neutralité du nord de l'Allemagne n'était pas respectée,
il recevait des subsides de l'An^terre ; et penduit que des promesses
ministre kaDovrien aurait Màn de lui faire délivrer aui endroits qui seraient Biés pour
«et objet, Uais de son cAté Je général Barbou devra s'engager à resier tranquille dans
la tîUe de Hameln. D'après ces idées, le roi a euToyé k Hanovre H. de Krusemark ,
lieaicnant-ealoBd des garde» du corps et adjudaDt-géoéral du feld- maréchal UoUan-
dattt. Jelai ai donné de mon cdli un* lettre pour le miniatie de S. U- B. à Hanovre,
et nue autre pour le génctal fisrbou, afin qu'on puisse prendre et mettre i eiécution
sans délai tes scrangcraents nécessaires pour qu'il soit pourvu sur-le-clianip k la sub'
■istaace de la garnison de Hameln, il ne me reite plus, milord , qu'i me réTérer k la
c«Miinunieation vertMla que j'ai eu l'honneur de voua faire, st à voua prier de prendre
«d général les mesures que tous croirez convenable» pour mettre 1 eiécution l'en-
Mmble des arrangemeols que j'ai eu l'honneuT de vous soumettre. Je vous prie
d'avoir la bonté d'informer le commandant en chef des troupes de 8. M. B,, que te
B'ed que dans le cas qu'U jugcta à propos d'aocMer à eat •rrangemeot et d'adopter
les mesures qui dépendront de lui pour le mettre i exécution, que S. M. prussienne
penira s'engager à garantir la sécurité des troupes de S. M. B. en cas d'attaque de la
part des Français ; il sera pourtant nécessaire que la direction de tout alwutlsse k un
slme centre, et il paratt naturel de confier le cammandement en chef i celui qui
Mrait le plus ancien en grade. Le conmandemaat serait conséquemmenl dévolu au
général comte de Kalkrenth, tant par h raison ci-deisus, que parce qu'éunt dans le
lOiainage de l'ennemi, il serait pins en état de juger des mesures k adopter.
» HAEttEnsM'. »
:dbv Google
%8 L'bDKOFE APEÈS la BATAItLB D'AnSTEBLITZ.
«ossi formelles étaient échangées entre Londres et Berlin, M. de
flaugwitz signait un traité d'alliance et de cession réciproque avec
-Napoléon ! Ainsi M. de Hardenbei^ promettait à l'Angleterre l'ioté-
^té da Hanovre, M. de Haugwitz l'assurait h la Prusse par une con-
ventiOD inouïe ! Cette situation du cabinet prussien , singulière et
fatale , signalait toujours la latte de deux syst^es , de deux écoles
qui se trouvaient en présence è Berlin : le parti national représmté
par M. de Herdenberg, et le parti français mené par le comte de
Haugvitt et M. Lombard. Napoléon, avec sa ruse accoutumée, avait
^ait naître cette situation qui devait amener iavariablement la perte
de la Prusse, en la jetant dans une position inextricable.
Enfin pour qui se prononcerait le roi Frédéric-Guillaume? Rati-
fierait-il le traité signé par le comte de Haugwitz i Vienne , ou bien
tiendrait-il les engagements pris par M. de Hardenbei^ dans ses notesT
A ce point de vue ta Prusse ne pouvait pas liésiter , à moins de se
-compromettre déloyalement avec îord Harrowby , et lorsque M. de
Haugwitz arriva à Berlin porteur du traité souscrit avec Napoléon ,
-il fut entièrement désavoué par sa cour. Dès ce moment la Prusse
fut démoralisée ; M. de Laforest , ambassadeur de France , n'eut
d'autre mission que de demander instamment l'exécution formelle du
traité souscrit avec le comte de HaugwitE , et à ce prix seulement on
obtiendrait la paix. Le système du baron de Hardenberg fut soutenu
par la présence à Berlin du grand-duc Constantin , envoyé au nom
de l'empereur Alexandre pour appuyer de toutes ses forces la coali-
tion. La Prusae allait-elle se déshonorer? L'ascendant de la noble
reine Louise si puissante sur l'esprit national , le patriotisme d'un
peuple qui ne voulait point subir le joug des Français , la noblesse
vivement animée , tant de causes diverses enfin agissaient favorable-
ment pour le système du baron de Hardenberg. D'un autre cdté,
i'esprit'timide du roi, l'influence du comte de Haugwitz, du secrétaire
Lombard, entraînaient à la ratification du traité conclu avec la France.
Les volontés de Napoléon étaient impératives ; à Vienne il avait exigé
■de François II le renvoi dn comte de Gobentzel et de M. de Collo-
-ledo avant de signer le traité de Presbourg ; à Berlin , M. de Lafo-
test imposait aussi le remplacement de M. de Hardenberg et l'exé-
■cution pare et simple du traité de Schœnbriinn pour maintenir ta
Prusse dans son intégrité ; autrement on ferait la guerre.
Le principal appui de tout système vigoureux à Berlin était spécio-
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l'bCROPB APBâS LA BATAILLE D'ADSTEHUTZ. 69
lonent la Roasie, qui poussait aux hostilités; le grand-duc Constantin,
alors i la cour de Potsdam , ranimait l'enthousiasme qu'Alexandre
S(»i frère avait fait nattre dans sou court passage en Allemagne ; les
rfttes et les tournois chevaleresques avaient »gnalé la présence du
grand-duc en Prusse * ; entraînant tout à la guerre : noblesse, bour-
geoisie et peuple , la reine Louise s'était placée comme la dame des
carrouseb , et la jeunesse des écoles se groupait autour de sa souve-
raine pour commencer une lutte nationale et vigoureuse contre la
France. La Busâe offrait un appui direct et puissant à la maison de
Braudeboui^ ; 150,000 Russes paraîtraient sur l'extrême frontière
avant la fin d'août , et la Pologne serait entièrement occupée ; la
défaite d'Austerlitz n'était pas de nature à effrayer l'armée prussienne
qui toujours avait professé du mépris pour les Autrichiens ; les sol-
dats de Frédéric se croyaient appelés k donner un bel exemple à la
DBtioD allemande ; de Berlin devait partir le mouvement régénérateur
qui rendrait l'existence à cette patrie germanique que les poètes alors
c^^raieut dans leurs ballades avec le nom d'Arminius.
Le cabinet de Saint-Péterdiourg ne se disait point atteint par le
défaite d'Austerliti ; après cette grande journée, Alexandre avait
même refusé de recevoir les plénipotentiaires de Napoléon , et de
trûter sur des bases positives avec le glorieux empereur ; les Russes
avaient fait leur retraite en bon ordre ; ils ne se disaient pas battus
par les Français, mais abandonnés par les Autrichiens. Le seul enga-
gement pris était l'évacuation du territoire allemand , et l'empereur
Alexandre en avait donné sa parole ; les récits officiels, publiés i Saint-
Pétersbourg, contestaient les résultats de la victoire d'Austerlits;
' On écriTïitâe Berlin, SjsnTierl806 :
■ LegnDd-dacCoDsiaDtin se plaît beaucoup ici; comme il ■ un geût décidé pour
b diDse, il; a ions lesjoursbal en son honneur, soilàlacour, soit chez Ta princeBM
Ferdinand. On sail que le grand-dnc ne vit point avec son épouse, qai depuis on
ceriain temps est retirée à Weimar. Ou assure que cette prïncesse doit arriver bieoUll
ici , et que notre reine , qui a pour elle une gripde amitié , a conçu l'espoir de !•
récoacilieraTetEonépoui. BousTapparence de la gaieté, du plaisir, on s'aperçoit que
la politiqoe de noire cabinet est tiïa-actiTe, qu'il resserre autant que possible l'aW
liante avec la Rossie, dont le souTerain bit transporter une quantité considérable 6»
blé poDT nos magasins.
B Lord Harrowbf a en son audience de congé du roi et de la famille royale.
Si majesté Itii a fait présent d'une trè»-belle tabatière enrichie de diamants, et en •
donné une de moindre Tslenr au général de Siulierheim, qai accompagne soo eicel-
Incca
DiclzedbyGoOglC
76 l'iUKOPS APBiS lA BATAILLE d'aUSTBELITX.
c'éUit une bataille perdue plutàt par les Autri(jiieu «pM pu les
BU6S46. Les conseils de l'emperau Alexandre le détemùn^ent à
s'engager de nouveau dans une guerre sérieuse ' ; on avait k Saiot-
Pétersbourg une haute o|ÙDioD de l'aptitude militaixe des Prussiena
et M leur capacité sur un champ de bataille ; réunis aux Russes, ils
deraieat venir à bout des Français et de Bonaparte , leur chef. Les
vieux boyards de Moscou la sainte portaient une véritable antipathie
à l'empereur Mapoléco ; ils ne lui pardooDaient pas les merveilles de
la fortune ; l'impératrice mère , qui exerçait une si énergique puù-
sajoce suf l'esprit d'Alexandre, personnifiait ce parti ; tout ce qui était
Busse dans l'Ame, vieux général ou jeune officier , désirait rétablir la
réputation de Vannée et de sa vigoureuse infaaterîQ.
Alexandre, en précipitant la retraite de Moravie, n'avait alors qu'un
birf : c'était de rétablir son état militaire par de vastes recrHtemeals
«t UD ap(iel à sa ucd)lesse. Napoléon se flattait en vain de le ramener &
une pftix séparée ; l'armistice d'Austerlitz n'était pour Us Runes
qu'une véritable suspensioD d'anoeSt lonque les AutricbienaavùeDt
d^erté le champ de bataille et trahi la cause commune. Les hostilités
même s'étaient ranimée sur uo point éloigné du thé&tre de la goerre,
«t «et accident témoignait de l'esprit hostile des deux gouvecoemeuts
' Il ailsteuucarleui rapport présenté pw le prince CiiTtorisk; tv ciuAtetiodre
sortait des reliltons du rontinent btcc la France :
a M*<M^«w dtranoy. dlMtlle ■inirtw, pwnwi itre*Mg»te<»u iMiaiMUi.
l^sfKWjkn dtÛTeoi, îM^ni ft/* d'iB^uièuiLda depuis les dtraUrw MomankatlMs
h'ats l»t pu l'AutrUbt que pec la Prque. L'une et l'Bulre pU^at devant Boaaptrt*:
•cela éloigne tout danger de nos frontières , tes seules exposées. Bonaparte, en aban-
donnant ses projets sur la Pologne, prouve qu'U n'y prenait pas un intérêt bien réel.
Cependant on ne saurait être entièrement iTaaq'tUlJs^ i cet ^aid. Q)iciii)ua le Usité
dft PnsbtMfti; (uraisst Irap désauntageui > l'Aulrlcbe pour qu'on lui sapp*» de
MoiltA inteUigeDces avec la France, et quoique les cammuoioatious du calûnot d»
TieitM aieQlle caractère de ta franchise, on n'est pu assez assuré de le aOB-eilstieiice
4'aiUtles secrets relatifs i laGalUcie et aux fiiAlâ oit«n«ns. arrangement fos la
JRussic ne saurait permettre. Etifin, le relard inexcusable de la Prusse i. noua cob>-
nuniquer le traité signé ^r le comte de Haugwiu doit faire supposer dea stipula-
ilo«s peu coDrormes aui liens qui unisseol les deux £iais. " Le ministre remarquait
^lUdansViDcertitudeoù l'on était de ce que vaudraient ou ^unaient, dans I« cas,
tant de guerre que de paix, les deux grandes puissances germaniques, il serait bon,
lians perdre de temps, de doDoer des ordres éventuels aux généraux Bennigseo,
Tolstoy et Kutusoff; que ce dernier, entre autres, ne devait évacuer ta Gsllick
qu'après avoir refu la nouvelle certaine qiie les troupes fïaQfaises seraient effecU*
vement retirées vers le Danubt.
Diclzedby Google
I.'edB01>S après la bataille D'ArSTBKUtZ. 71
et des deux arméei *. Le traité de Pred>ourg cédait à la France l«
bouches du Cattars, ave partie de la Dalraatie et l'Illyrie joiqu'l
BaguBe; ua corps nuse parti de Coifoii souleva les habitante des
nontagnes ; les Albanais , excdlentt soldats , aux larges troc^dous ,
les Monténégriens, avaient vignureiMeiiient attaqué les détacbemeats
frmnçab qui , par l'ordre de Napdéos . s'étaient portés dMis les pre-
vinces îllyriennes ; les généraux Laoriston et Molilor se disposaient i
venger llKHineur des aigles de France après une pénible réatstanoe h
l'insurrection ; des engagements sérieux embrusèreut plusiean points
deniljTie :Raguse même Fut menacée. La France avaitporté plainte
à l'Autridie de cette infraetien au traité de Presbourg , et le cabinet
de Vienne négociait poos amener les Busses à une cession amiable
des points de la cAte dont ils s'étaient emparés, he cabinet de Saiot-
P^rsbourg, tentant d^ de réaliser l'toumcipation de la Grèc« ,
voulait réveiller les Hellènes contre la puissance musulmane pour
arborer le drapeau de la triple croix des patriarches de Moscou; k cet
effet la positiondes provinces ill yriennes paraissait nécessaireàlaRuBsie.
Au milieu de ces intérêts li compliqués , l'Autriche , abaissée par
le traité de Presbourg, avait sacrifié des territoires considérables, des
masses de sujets et un cinquième de ses revenus; et ce qu'il y avait
de|dus triste encore , c'était le sentiment de rbonoeur perdu;' elle
n'avait plue confiance dans s« probes feaces ; la capitulation de Klndi
' NapoléM cm «icwttire d» nHurer l'opinioa pubUqoa «u l'occupalion des
IwaciiM du Calltro par 1» Hwmi.
« Lt Caxmt iê Mankêitn et les aulraB guAUS du Soti , tmijenn prilw à
MeMllir twic espice de kiu bnûu, fort aiw* iiufoui de tfouvir des occasiam do
coamani^ucr k l'Europe leun opinions buacea et riiicales uw le |i|wleaqve
peteâBcc des Ilusiee, repréceDlent le DttliDetie «Mme eDïtbiE ; et upe année mue
coatidéfaUe toame t^udîc aui bouches du CatUro, on fera probablemest 4e
Meilleurs ^aae de campagne k âaiut-Pilenbourg. Si ce n'éiaît que la France Tegt
J'nicuUoB de* Initia, al tenir de J'Aulricbe la^ twuclies du CMXmo, les RiuKe
awaieni déjà «lusaés, les Uwtëaécrieiis mis à la raisoD, et la tram^uillUf rétablie ;
mmg ceUe prOTioca doit être rembe aiu Fraotais par lea Auiridùens, ei lei Français
H la recevront qna d'eux. Au reste, tes bouches du C*tUn> «ont séparées de la
Dalnuieyat baïtau daBaguae, e'est-i-dire déplus de trente lieutt de pajs, de
■iHîère t/Êt la paaeesaion de Caitaro n'a rien de commiin avec celle de la Dalmallt.
Ces Francak e»at sMttrH de toute la Dalmalie et de l'isttie, où ils ont plus dr
3M,8ao lioBUBts.Les Russes oat eu ca moment, aux bouches du Caitaro, trois batsit-
bMislaniMiitl.SOatwiiimes, et pas un soldat de plue. Lonvie le général Bndj,
par une insigne trabîson, remit la foileiease eut Russes, le tégimeat de Iburo, fort
de 1,600 bomioes, s'; irouTalt, et livra les forts i, 300 Eusse* débarqués de deu(,
frégates.»
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^S l'bDBOPS APBËS la bataille D'ADSTBBLm.
allait un évéoement dont la fatalité pesait sur tout un peuple ; le traité
4de Presbourg lui imposait des conditions intolérables ' : elle cédait
le sixième de ses États, 150 millions de francs lui étaient imposés en
xontrïbutions de guerre. Comment aurait-elle pu dans cette situation
^abaissée prendre une part directe aux événements militaires, et ne
fallait-il pas qu'elle répartit avant tout ses propres forces? Toutefois,
dans la supposition d'un triomphe pour les Busses et les Prussiens,
l'Autriche devait se réveiller de sa situation abaissée ; Napoléon avait
trop exigé d'elle, pour qu'elle ne retrouvât pas un peu d'énergie et de
"vengeance au cas où le succès, divinité capricieuse, échapperait à
celui qui l'avait flétri. C'est souvent une faute de la part du vain-
queur de trop exiger du vaincu ; quand on fait trop flédiir le front ,
' il y a des instants où il a besoin de se relever, et telle était l'Autriche.
-Supposez une défaite de Napoléon en Prusse ou sur un champ de
' Celait ivec une vive douleur que l'empereur FrsDfOiG U se géparait de ses sujcu
' ibandonDés ptr Buiie du lT*il6 de Preebaurg.
ttttr» de iamtguté l'tmptrtur d'Autridie, »n daté du WdéeitnbrtiBOU, adrtiUt
à M. te comte de Bnmdù.
« HoQ cher comte de Enodis,
B J'ai re{u l«s repréieiilitions de mes Sdèles étals du Tyral, sous la date du 14 de
ce mois, eljeious charge de leur faire pari en mon nom de ce qui suit :
■ Lenicment, si douloureux pour moi, eslaiTJv^.oii des circoDSlances impérieuses
'me forcent de Tenoncer k la souveraineté du Tjrol. Les lojaui TfrolieDS satent
combien ce sacrifice a dft coûter k mon cceur. Je c'en dirai pas davantage : mes
-^laralesne feraient que déchirer li plaie qu'une séparalion nécessitée par uae suite de
malheureut événements m'a faite, ainsi qu'à ces sujets si dignes de mon amour. Les
-preuves multipliées de fidélité et d'attachement que le Tjrol m'sdonnées depuis mon
avénemeut an trAne ne s'effaceront jamais de ma mémoire. J'ai la conviction intime
d'avoir feil tout ce qui dépendait de moi pour augmenter le bien-être du pays. S'il
n'a pae été en mon pouvoir de déloumer le coup le plus sensible, je suis du moins
intervenu auisni que j'ai pu le faire pour que le Tyrol ne fût point démembré, et
'^u'ilconarrttt saconslilution, conformément au vceu des états. L'art. 8 du traité de
paii tranquilliswa entièrement les étals k cet égard. En vous chargeant de leur
'eiprimer mes sentiments aussi vivement que je les éprouve, je vous enjoins de ne
rien négliger, en votre qualité de chef provincial, pour que la remise du pays au roi
de Bavière ait lieu dans le terme flié par le traité, et qu'Ni même temps ce qui n'est
pas propriété du pays, mais celle de mon Ose , soit ou renvoyé conformtociit k ce
qui a été convenu respectivement, ou si on le trouve plus avantageux, cédé au
nouveau souverain en rachat ou en échange. Du reste, si parmi les employés il s'en
trouvait quelques-uns qui délirassent me servir k l'avenir, et qui fiasent partie de
'teux qui ont bien mérité de leur souverain, je les recevrai avec plaisir, et j'aurai soju
'de les placer aussitftt qu'il sera possible. Après ta remise du pays j'attends de vous
'Mn rapport détaillé à ce sujet.
B Holitscb, le 39 décembre 180B. ' u Fbançou. «
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l'bdbope apbës la bataille d'adstbrutz. 73
bitaiDe en Pologne, où biestât les aigles devaient paraître, l' Autriche
serait accourue pour profiter du malheur des annes françaises. Le
traité de Presbourg serait déchiré, parce que les clauses en étaient trop
dnres. £n politique, il vaut mieux tuer une nation que de l'humilier.
Le cabinet formé à Vienne, sous la présidence du comte de Sta-
dîon, était plus décidé à la paix que celui du comte Louis de Cobentiel
et de M. deColloredo, txiléa par l'ordre de Napoléon ; mais, dans une
situation que l'on pouvait prévoir, le comte de Stadion aurait lui-
même conseillé la guerre ; le parti fronçais du prince de Lichtenstein
n'était pas en majorité, et le sentiment national protestait. Ici
Napoléon avait cherché à diviser les princes mêmes de la famille
d'Autriche: àl'empereurFraoçoisilapposaitson frère le grand-duc de
Wurfzboarg ; déjà dans ses desseins peut-être destinait-il la couronne
impériale d'Autriche au grand-duc de Wurtzbourg qui paraissait se
lier à son système : diviser, c'était l'art de régner en Europe ; Napo-
léon l'avait appris dans SCS études sur les cabinets faibles et générale-
ment décousus. Le livre du Prince de Machiavel était présent dans
son esprit, h lui d'origine Toscane. Tous ses éloges sont pour le duc
de Wurtzbourg ; tout son blâme poar l'empereur François et ses
mauvais conseillers ; il poursuit de ses sarcasmes le comte Louis de
Gobeatzel qu'il avait lui-même tant loué lors des traités de Campo-
Formio et de Lunéville ; il enlève à l'empereur François l'ami de
son enfance, le comte de Golloredo, le dernier représentant du parti
autrichien dans le cabinet de Vienne *.
■ On éerhait de Vienne, S jenvier 1800 1
■ Il panlt toujours ceruin que notre moDarque ne rentrera pes dans sa capiialo
aTsnt ]e IV de ce mois. On Tait à M. le comte Louis de Cobentiel l'honneur d'im-
primer qu'il a demandé sa démission, i cause du mauvais éiai de sa aanté. Sa pen-
iian de retnile est fliée à 8,000 Dorins. La pensioD du comte de Colloredo est de
3S,000 Qoriiu, compris la retreile accordée i son épouse, qui était gouvernante île
la princesse Looise ; la moitié de cetie somme sera prise sur la cassette particulière
i» l'enperear. On Tarie sur la nouvelle composition du ministère ; c'est, dit^on
maintenaut, M. de ZinzErdorlT qui remplace H. de CoUoredo comme ministre du
eibiDet; M. de Stadion n'ira pas i Saint-Pétersbourg, mais le général comta de
Heerfeldi ; M. de Sladion garde décidément le portefeuille de; alTaiTeB étrangères.
On répète beaucoup, parce qu'on le désire généralement, que le prince Charles va
npreadie toute l'inlluence; mais peut-être n'j- a-t-il plus que ce pays eo Europe ob
Ton puisse trouTer de jeunes princes remplis de courage, de Tues eicelleales, et
tODÏoarâ préis i ae soumelire i leur souverain, même dans les choses qu'ils approu>
v«nl le muins. Si l'ascendant est donné au mérite, le prince Charles deviendra
El ascendant, il faut aeukmeM se donner
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*li l'bubopk apbës la bataillb d'actstskur.
A cette époque commence la fortune diplomatique d'an honnne
d'Èfxt destiné plus tard à jouer na râle décisif dans les dettiaées de la
maison d'Autriche, et à la sauver par ses idéa et la terme directi<ni
ie ses principes ; je veux parler du comte, depuîi priDce de Uettcr-
■ich. Aux évéeh^ des bords du Rhin, dam les villes riastes qui se
déploient depuis Cologne, CoMenli, Haycnce, Wormset Strasbou^,
vivaient autrefois des seigneurs de terrea féodales, avec on chàteni
sur la montagne couverte de vergers et de vignes ; ces villet libres, g«b
seigneuries presqoe Indépendtates, ces populations de boorgeoit et de
seigneurs, faisaient de ce pays un magnifique jardiii brillant de
richesse, avec une tolérance telle qu'on y trouvait cooFondua jiùl^
protestants, catholiques, tous ricbes et heureux, passant leur vie dans
les arts, le commerce, les fortes études d'univeréité, auteur du vaste
foyH domestique où se versait h grands Sots le vin du Bhm ri attrayant,
n coloré.
Au sein de ces bdles provinces tout émaillées, près de CoMeatz,
était né Loai»-Wenceilat, conte de Metternich Winsebourg. Dirigé
dans ses premières années par son pire, puissant corane gouveroflur
des Pays-Bas, le jeune oomte de Metternich avait reçu à ^trasboui^
une éducation forte et variée sons le célèbre professeur ëe Rodi ' ;
te droit public It sitrtoat sa méditation sérieuse comme une pnsGince
de ion esprit; il avait prsfsMdément étudié ce balancmneiit de peuples
et les droits de souveraineté qai constituent l'histoire di^omatiqae.
A peine adolescent, il fut attaehé aux ambassades ; à vfngi^inq ams
ministre à Berlin, il y remplit ses fonctions avec un sens droit, une
connaissance profonde des faits, qu'il devait à ses études premières, et
A un instinct naturel de haute sagacité, H n'avait point approuvé les
ilnoiers évéaements militaires ; son système consistait h ne jamais
feire nne démonstration, k ae jamais engager me guerre sans y
employer tous les moyens, sons la pousser jusqu'au bmit. Pour lai,
les armements devaient être une expression de force et de volonté, il
foltait ^ir i temps, vite, et, après avoir mûrement réfléchi, se déter-
miner avec ardeur et volonté, aller jusqu'aux dernières conséquences.
la peine de combattra les peUtn lotrignes, le priace CharlM M coBUnttn d'obéir M
de remplir leaderoits. ■
' J'ai écrit da» la Setia» 4a Baux Konde» une notice déveUppée sur k pdnee
deHctteralck en 1B36. Elh Cùl coonAre l'homa» d'Blat dans iwUs In pfauct de
M TiepiMfafu.
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l.'ErftON AMiÈS LA iUTAD.LK Bi'ÀDtmUn. 75
Le c<uote de JUetteroich, vprès la piix ia Prwbou^, fat desUoé à
l'ambassade de Russie par le comle de Stadioa * ; bieotât on fit renur*
quer que te théâtre des Dégociatione réelles ne serait {loiot SalnW
Pétersbourg, trop engagé daos la guerre. Pour que l'Autnche fût forte,
elle dewiit prendre une situatioa d'attente et d'obsen^iûB : c'est donc
à Paris, siège de toute aCTaire décisive, qu'il fallait eoToyer un mi-
nistre jeune, habile, d^k habitué aux actives négeciatiou ^ qui pût
rendre compte de.l'a^ct politique du cabinet de Napoléon. À cet
effet, le comte de Mettemich fut désigné ; il ne quitta point Vienne
encore ; quelques questions restaient à résoudre relativement aux
bouches du Cattaro ; l'ambassadeur dut reoCToir des pleins pouvoirs
de M. de Sfadion pour terminer les différends qui {louvaieot résulter
de l'exécution du traité de Presbourg '.
Lorsque la Prusse et la Russie ae préparaient avec lenteur h m
aKHivement militaire, Napoléon ne perdait pas un momaat ; la paix
de Presbourg à peine signée , déjà il manifestait la volonté la plus
impérative de se venger des Bourbons de Naples , dont la perte était
résolue. Au moment où le prince Charles paraissait ea Italie pour
^opposer à Haaséoa, on a dit que l'arahaasadenr ntqx^tain À Paris
^e marquis deGalto) signait untralté de neutralité sansyétre formelle-
ment autorisé par sa cour, de sorte que le roi Ferdinand et la reins
Caroline, se trouvaient, comme la Prusse, engagés par deux traitéf
Afférents ; le premier avec l'Autriche, la BuMie et l'AngMene, dans
les voies de la coalition ; Fautre avec la France, pour garder la neii*
tralité dans le vaste duel qui s'engageait.
Sur le champ de bataille dAusterlîta, Napoléan apprit qut Naples
avait ouvert ses ports à une armée anglo-russe ; dès ce moment II
déclara dans ses bulletins tt que la mmsoD de Naples avait cessé de
légMT *. • L'empereur aimait œs coupa de théMre ; il avait faK des
• L*eaMH«A7*«NMdiMH,klfèii4erl80ai
■ H. k comu 4e HsiUnicb, wb>Midww de votre dsmi * Berlin, • éH memmi
wm^wAeia ptès k «mt ie Biusk ; U. da Buol-Sch««auteUi, aMr« mlwOn prta
b COW- de Sivièic, wi iMWHBé i l'uabasaade de BeiUo. ■
* ■ H. k «unie <k MetiHnicà. cî-devuK miaktre de m MiyiKté i Beriia, vket
4i nccnir k décM inpérkl qui k oMBioe ambafiaukur i^i^ la ewv da Ffmw*.
Lt» appnnd «mm qM U. k comte de Heeikldl. qui m tiouTe depuis quelque
lempa k ëeiDt-PétcntiMiTK, aura le poite d'amhwnideur près 8. M. l'empereui dt
Umtea ks RnHUi. • { GwMU d« Vimm». 18 oui U06.)
■ Uiw|KMiluiuUond*NapoUoD,desQnetiBpdeSebiHitviiDO,«adatadiiUdia
«■■Ér» UOI) aanoaca k déeWaoH d«a Bawbona d« Nt(ka :
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76 l'bdbopb apkés la batadxb d'adstbhlitz.
rois, les électeurs de Bavière et de Wurtemberg devaient leurs jeunes
couronnes & son épée , et , par un coup de sa baguette magique , il
déclarait que la vieille maisou de Napies avait cessé de régner ; il desti-
tuait un roi comme un préfet. Napoléon avait voué une haine profonde
à la reine Caroline , et, dans ses phrases classiquemeot théftivales, il
la dénonçait comme une princesse sanguinaire , une moderne
Athalie*. C'étaient les femmes qui partout résistaient à Napoléon et
soulevaient les nationalités contre lui ; quand le cœur des hommes
se ramollissait, l'Ame des femmes s'empreignait d'un sentiment exalté
de patriotisme. En Prusse, c'était une reine; à Napies, une reine
encore ; en Russie, des impératrices ; et en Bavière même , lorsque
Maximilieo fléchissait devant l'épée de Napoléon , l'électrice seule
avait montré de l'énei^e pour rappeler les vieux droits de sa maison ;
l'électeur écrivait au ministre de France : « Au nom du ciel , ne
parlez pas à ma femme de mon alliance avec l'empereur Napoléon 1 a
n Soldats, depuis dii ans j'ii tout hit pour sauver le roi de Napies, il a tout bit
pour K perdre. Après Ici batgiUes de Dego, de MondOTl, de Lodi, ii ne pouvait
m'oppoEcr qu'une bible rHJslance ; je me fiai aui paroles de ce prince, et ftis
généreui enrers lui. Lorsque la seconde coatilîoD fat dissoute i, Harengo, le roi de
Napies, qui, le premier, avait commencé cette injuste guerre, abandonné à Lunéville
par les alliés, m'implora ; je lui pardonnai une seconde fois. 11 y a peu de mois vous
étîpz aux portes de Napies... Je fus généreux; je vous ordonnai d'évacuer ce
royaume, et pour la troisième fois la maison de Napies ftit sauvée. PardonnerODS-
noos une quatrième fois i une cour sans foi, sans honneur, sans raisonT Non t £•
dynoMtie d» PfapUt a ettii d» régtttr. MtTchez, el mon lYère marchera à votre tète^
il a toute ma confiance; environnez-le de la vAlrc. ■
' Totcl les paroles dictées par Napoléon :
■ S. H. l'empereur aseislaii k une représentatioD i'ÂtkaUt, lorsqu'il apprit 1*
nouvelle de l'entrée de son armée à Napies. Il a chargé le général Mouton, aide de
camp de service près de lui, de faire annoncer par 'Talma, après le premier acte,
cette nouvelle, et ta punition dn parjure de la reine de Napies.
■ Le sceptre de plomb de celte moderne Athalie vient d'être brisé sans retour. Le
plus beau pays de la terre aura désormais un gouvernement ferme, maia libéral.
L'empereoT rétablira le royaume de Napies pour un prince français; mais il le
rétablira fondé sur les lois et l'intérêt des peuples, el eut le grand principe que
l'eiislence du trtne , l'éclat et la puissance dont sont ravirounès les souverains, la
perpétuité du pouvoir et l'hérédité , sont des institutions faites pour le service M
l'organisation des peuples. L'Europe entière verra avec salisfkction eipulsée du
trAne une reine qui a tant abusé de la souveraine puissance, dont tous ks pas om
été marqués par des rérolntions, des parjures et du sang. On la hait et on la méprise
i Vienne, autant qu'on la méprise h Napies ; déji sa mémoire est du ressort de
l'hisioire, car le nouveau royaume de Naplis fait désormais partie des États fédératih
4e l'empire l^ncaia, et il faudra ébranler cet empire dans ses fondemenis avant
qu'on paisse y toudier. On h pourra, dans cette circonsunce, accuser la Franoe
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l'iubopb après la BATAnxB d'adstbhutz. 77
Tons les discoun d'apparat, tous les pamphlets, furent dès ce
moment dirigés contre la reine Caroline de Neples, on accabla aae
femme som mille calomnies ; elle s'était montrée Gère, hautaine,
nationiile au milieu des Napolitains, la reine du peuple, des lazzaroni,
on ne respecta pas son énergique dévouement à l'indépendance de sa
patrie. Napoléon ne la priva pas seulement de la couronne royale,
mais encore il la découronna de ce triste diadème du malheur, que
la force rictorieuse doit toujours respecter. Ce que les spoliateur pai^
donnent le moins, c'est le mai qu'ils ont fait ; ils calomnient ceux qui
soot dépouillés; c'est la règle fatale du ctBur humain. Napoléon
ordonna qu'un corps d'armée considérable marcheraitsur Naples, sons
le commandement nominal de Joseph Bonaparte, le grand électeur
de l'empire. M asséna et quelques vieilles divisions d'Italie furent placés
sous ses ordres; le maréchal seul dirigeait la guerre. Il ne fut pas
difficile à de glorieux régiments , habitués aux belles stratégies de
l'empire , de venir i bout , daus une campagne , de ces populations
bruyantes, mais affaiblies par un doux climat. Les Russes et les Anglais
te rembarquaient à la bâte ; les Napolitains étaient ce peuple qui reste
d'ambition. Qae pounit-elte ftire de plus qae de pardonner trois fois daos l'espace
de pea d'tnnies? Et quel iraiié pounit-ell« Tain itcc une paissance qu[ vcDÙt de
décliirer, Tiii|^-cinq jours apris qu'elle l'avait raliSé , le traité le plus araoUgeux
pour elie, « le plus solennel T
> L'honoeui de la France et la nature des choses ont précipité la ruine du trAne
de Naples, puisqu'il n'y avait plus de possibilité de conclure aucun traîlé. D'ailleurs,
l'occupaiion des IrAnea de Hilao et de Naples par des princes frsntais, est à peine
l'équinlent de l'occupation des trAues d'Espagne et de Naples par des princes Iran-
tais de la troisième dynastie. Quant au royaume de Naples, le moindre de ses avan-
tages sera de jouir de la liberté du eommo^^, et de n'Atre plus soumis aui pirateries
des Algériens ; mais le premier et le plus naturel de tous sera de n'être plus eiposé
à être le théâtre de la guerre, d'tire gouverné par des principes fiies selon le bonheur
et Hntérèt de ses peuples, et non par des passions f\iTibDodes el Insensées. Ce qui
Tait l'éloge de la nation napolitaine, c'est que les principaux i^nts qui ont entraîné
la ruine du (râne étaient des Toscans et des personnes étraDgères dans le pays. On
sait que M. Acion était Anglais d'origine et d'inclination, qu'il avait placé ses Tonds
en Anglclerre, et qu'il ne jugeait jamais dc« intérêts du royaume de Naplea que pu
rÎDiprét del'Angletem.
» Nous pouvons le dire sans être prophètes :1a maison l}uf de nouveau sacriBera
le repos, l'intérêt et le bonheur du continent aui caprices el ani guinées de ces
afides et insatiables spécutaleurs, perdra son trdne aui grands applaudissements de
looB les peuples du continent el de toute notre génération, qui, après avoir été si
longtemps l^lée, a besoin de Ironver la paii et la trauquillilé, et qu'on ne peut plus
■buan- par de nioes pmU». »
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78 l'eCKOPE ANifts LA BATAILLE A'auSTEBLITZ.
multitude lotme dans le< champs de bataille, sous MazanieHo , c«mme
BOUS Fra-Diavolo ; peuple k la tête chaude , au bras faîMe , atmaut le
tumulte, la place publique, et peu la guerre régulière.
La reine resta au milieu des lazzaroni teujoors popvtsire, toujours
Bère ; elle ne quitta sa capitale qu'à la d^wère extrémité ; )e priace
Miilippe de Hesse , seul des généraux au terviœ de Naples , résista
quelque temps, et le si^ de Gaëte mi t fin À la campagne . Ce royaume
au pouvoir des Français, Napoléon eut une couronne de plus Ji dis-
poser; la chute des Bourbei» i Niqites se fit conune par nne option
du Vésuve ; la simple volonté de l'empereur et une campagne de troB
mois suffirent pour briser un trâne ; terrible exemple pour toutes les
tètes couronnées. Que devenait findépntdance de l'Europe si use
telle jurisprudeoce diplomatique était adt^tée? NapoléoB^ par un
décret , avait fait des rois ea Ba^ère, es Wurtemberg, et vn coup
de gantelet du suzerain fracassait les couronnes sur la tète des vieQlee
maisons qui se liaient k l'histoire de' toutes les dynasties. Un tel
exemple devait surtout vivement frapper les Bourixtns d'Espagne,
edietaot par de si lâches complaisances la protection du cabinet des
Tuileries; le roi, dont un simple décret impérial prononçait la dé-
chéance, était lecadet de leur race, leui plus i»time parent : n'était-ce
pas le sort qu'oa réservait t6t ou tard k Charln IV et aux ieraiits
éTe>'és à Saint -Ildephonse ou au Buen-lteliroT Peut-être le temps
n'était-il pas venu; mais l'empereur avec sa ruse habituelle le ferait
naître bientôt ; son dessein se développait alors ; il voulait substituer
sa famille à celle des Bourbons, il avait la couronne de France, l'Es-
pagne subirait le sort de Naples.
Le cabinet de Londres, qui faisait pouisuivre la marine et le com-
merce espagnol avec un vigoureux acbamanmt, ne manquait pas de
répéter celte prédiction de l'avenir au ministère espagnol, afin de lut
rendre un peu d'énergie; ses agents secrets disaient au prince de la
Paix, à la reine et au roi Charles : « Ne voyez-vous pas la perfidie do
Napoléon ? Il vous ménage pour vous perdre ; réveillei-vous avec
l'Europe alarmée! tremblez sur l'avenir de votre monarchie :Naples!
Naplesl c'est un exemple. » On peut déj& remarquer qu'il se fait à
cette époque un léger mouvement de rémstance à la cour de Madrid ;
le prince de la Paix, pour se rendre phjs populaire , se montre anti-
français ; la Bussie, k Pnuse et l'Angleterre l'engagent «multaoé-
ment k ime invasion par le Midi ; l'Angleterfe proBiet de hii rtndre
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L'SDBOn AWKta LA UTÀM.UI B'AOSTHHjn. 79
sa flotte ; tandis que les grandes batatiksseliTTeBtBaNwd.teprince
de la Paix arme. Napoléon, trop préoccupé des éTénemeatade ht coall<
tioB, aperçoit à peine ces préparatifs militaires : il est ataa déBosce,
et il croit k la faiblesse et A la Iftcheté du gouvememeiit espegB«l ; M
}■ compte, jusqu'à la fameuse prodamation du prince de la Paix qu'il
reçut sar le cba^^l de bataille d'Iéoa. Tant il y a que la ruiae de la
nftïBMi de Naples fit ouvrir les yeux aux itoailioBs d'E^jagne ^ ; ils y
Tirent aosù leur arrêt fatal : les Bonaparte devenaient leurs rivaux,
ane jeune dynastie s'oi^Msait à leurs UasMs; ces priaees fnbles et
BwiGlialairis geréfeillèrrat à peine pour reton^r dans leur léthargie.
La politique des. Bourbons d'Espagne est alors comme une grande
sieste ; rien ne peut les déranger ; le moede ébranlé ne réveillerait
pas un Udalgo après l'Àngelus de raidi dans Us rues de Madrid et de
SéviUe.
L'infatigable activité de Tempereor n'avait oublié aucune des l(m-
gaes traditions diidomatiques ; et, puisque la fiossie allait ratrer en
Uce, NapeléoM Ait fixer les yeux sur l'empire ottonan, adversaire-né
de CCS Russes qui menaçaient d'une notrveUe campagne. Lorsque le
aaréchal Brune eut quitté Gonstaotifiople, la Porte ottonane se place
' A c«U« époqoe Joseph BanapiTte ioterreniil déjà dans les alTiirM de Naplee et
Umt uinao{ait sa prochaïoe royauté. Toici une de ses proclamaUoQS :
• JoMfh NapoUoD, jtw* tnaçtia, gnmA ileeuv de l'empire, Uenlenant de
l'empereur, commandant en chef son année de Heyks, govttooeui des m jcumei 4e
lUpkset4e8kile.
> PtiqilM du i«;aaiue de Naidw 1
• L'iufmtm dca Franfais el roi dlialie, vouImiI éloigMT de tous ks calamitia
4» k gwere, arait slgaé avec votr« co«ï «■ traita de MBtrslîié. 11 CNTalt aseiinr
par ii tMtc tranquillité, au naUjen du vaale intendie dont la troisième coalition
■Msiaçiii fBwopc Mais ta eo«r de Naples s'cat engagé* de plein gré paml nos
gnnwsi^ el a ouvert sesÉtalsauiKueseset atu Anglais. L'anjNreur desFraicaia,
dont la justice égale la puissance, veut donner un graod eiemplt, conuDandé par
rbûanav de sa couionse, par Its ÎBiérits ia «on peuple, et par la fttocBsiU do
tHMii ta EuTApe le respect qu'a» doit à k foi publique.
• L'araéa que je conanndc marche pour punir cette perfidi»; waia TOBB, peuplai,
vous B'mi lieo i craindre; ce n'est pas contra vous que sou dirigées ses armas.
Les Mitels, les ministres de votre culte, vos lois, vos propriétés scNot respestés.
Les aoldals français seront tos frères.
• Si, coBtre les Jatentions biei^isates de sa m^esté, vous pranu ks armes, si
la eoui qui tous «cil* vous sacrifia à ses fureurs, l'année française est telle qae
toutes les forces promises k vos princes, fussutt^les sur votre terriMiret ne sau-
raient les défendre.
> Peuples, soyez sans inquiétude ; ceLteguerre sera pour vsnnrépeqned'UDe paît
Mlida et d'une prospérité dunUr. >
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80 L'bCROPB APBiS LA BATAILLA d'aCSTEBUTZ.
dans une sorte de neutralité, favorable néanmoïus h la coalition ; elle
n'envoya point des troupes en Italie comme en 1799, l'état de tet-
mentation de l'islamisme ne le permettait pas. Sélim III s'était placé
un moment sous la protection de l'Angleterre ; l'éclat que jeta la
bataille d'Austerlitz , le retentissement que partout elle produisit ,
l'avait détenniaé à se rapprocher de Napoléon, et un envoyé extraor-
dinaire vint à Paris pour offrir un traité réciproque qui unirait les
deux empires ' . II était important pour l'empereur d'exciter Sélim à
des armements militaires pour essayer une forte diversion sur le
Danube, tandis que lui porterait la guerre en Pologne ; il accueillit
donc l'ambassadeur Mouhib-effendi avec la plus gracieuse attration;
sa réponse fut pleine de gravité ; son imagination orientale lui fournit
les expressions les plus colorées pour frapper vivement l'attention de
Sélim, et, dans une dépêche, il lui montra les avantages d'une guerre
simultanée contre les Russes. Le général Sébastian! fut désigné pour
l'ambassade de Constantinople : jeune et brillant alors, il venait
d'épouser mademoiselle de Goigny, de la vieille race du maréchal de
France ; il partit avec des officiers français dans le dessein d'oi^niser
à l'européenne les troupes destinées à faire diversion & la guerre entre-
prise coutre le czar Alexandre.
■ Monhlb-effeDdi , ambassadeur de la font, s'nprima diDS d«s touM fort
eiallés pour Napolion [5 juin ISOS) :
■ S. M. l'empereur de toutes les Turquies, nutlres sur les deni contlDeots et eut
les deux mers, urtitcur fldtle des deux villes saintes, le sultan Sélira-Han, dooi le
règne £0lt étemel J m'envoie i S. M. I. et R. Napoléon , le premier , le plus grand
parmi les souTeraina de la croyance du Christ, l'astre éclatant de la gloire des nations
occîdintales, celui qui lient d'une main ferme l'épée de la valeur et le sceptre de la
justice, pour lui remettre la présente lettre impériale, qui contient \ta féliciiallons
sur ravénement au IrAne impérial et rojtl, et les assurances d'un aliachemeni put
et parrait.
» La Sublime Porte n'a cessé de hire des vceui pour la prospérité de la FraDce et
pourla gloire que son sublime et immortel empereur vient d'acquérir, et elle avonU
manifester hautement la joie qu'elle en ressentait. C'est dans celte vue, sire, que mon
souverain, toujours magnanime, m'a ordonné de me rendre pr^ du trAne de T. H. I.
elR.. pour la féliciter de votre avènement, et pour lui dire que les communications
ordinaires ne suffisant pas dans une pareille circonsunce, il a voulu envoyer un
ambassadeur spécial pour signaler d'une manière plus éclatante les sentiments de
confiance, d'attachement et d'admiration dont il est pénétré pour le prince qu'il
regarde comme le plus ancien, le plus fidèle, et le plus nécessaire ami de son
Napoléon répondit :
a Monsieur l'ambassadeur, votre mission m'est agréable. Les assurances que tous
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l'bOBOPB AraiS U BAT&HXE D'ACSTBRLtrz. 81
Rien ainsi n'était oublié dans l'imaginatioD exaltée de l'empereur ;
tl signait à peine la paix de Presbourg, et déjà il s'emparait de Naples ;
en démoralisant le cabinet de Berlin, il méditait l'abaissement de la
Prusse et la ruine du roi de Suède. Quant k l'Autriche, il en savait
toute l'impuissance, et n'exigeait d'elle alors que le payem^t in-
flexible des contributions de guerre ; il faisait de l'argent au moyen
de levées arbitraires à Hambourg, h Lubeck, k Vienne ; par un ordre
de l'empereur, 4,000,000 de florins étaient levés sur la seule ville
de Francfort ; il armait la Porte contre la Russie ; puis caressant le
grand-duc de Wurtzbourg, U préparait un rival k François II, même
pour la couronne impériale d'Autriche ; à M. de Hardenberg il oppo-
sait M. de Haugwitz. Tous ceux qui gênaient son système étaient
Bétria, tous ceux qui le servaient recevaient des éloges à pleines mains
dans ses journaux. Infatigable, il distribuait les couronnes, les Sefs,
et, comme le Jupiter des anciens, la terre tremblait sous ses pieds
lorsqu'il secouait la tête !
me doDDei des wniimnits du suIUd Sélira , votre maître, ronl à mon taux. Va d«s
^us gTtnds, des plus précieux aTinttges que je Tnii retirer des succès qu'ont obie-
mw mts armes, c'est de soutenfret d'tider le plus utile comme le plus ancien de
■W8 Mits. Je me plais àvous eu donner publiquemeui et soIcDDellenieni l'assurance.
Teui ce qui arrivera d'heureux au de malheureux aux Ottomans , sera heureux ou
malheureux pour la France. Monsieur l'ambassadeur, iranemeltex ces paroles an
sultan Sélim ; qu'il s'en souvienne toutes les fois que mes ennemis, qui sont au^si
les den*, Tondront arrïver jusqu'à lui. Il ne peut jamais rien iTOlr ï craindre de moi ;
U n'auia jamais à redouler la puissance d'aucun de ses ennnnia. •
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gffT&MB TÈDÈBÀXIW ST fAoDAL
caiiPiTiUE: V.
nsTbvK rtotatTiF st rtoDU. dm l'impiu fkâhçiu.
Créaii 00 des grands fleh. — Les dDcbte de DrimaUe, — dlsliie, — de Frioul, ~-
deCidore, — deBdlsm, — de Cob^um, — d« TrériM,— d« FdCn, — d*
BesssDo, — deTiceoce, — dePadome, — deBorifo, — deMuuet Carnn, —
de Panne et Pttisuice. — Principautés de NeufcUtd , — de Guutalla , — de
Bénévent, — de Ponte-Corro. — Kojautés de Neples et de Hollande. — Le Mf-
dinal Feseb , coadjalenr du iniace primat. — Cféalion de h confUératlon da
Khia. ~ pnMier projet d'uBiarsuaiede Weslfifadie.— Idée g^étaledaiTEtèiiM
fédéretirdeNapolicD.
Kan 1 ■i>Al IBOS.
L'édifice toDt entier de Tempire français avait jusqu'alors reposé
Bur la personnalité de Napoléon ; il n'y avait aucune institatioa pa-
rallèle, aucune force politique de nature à perpétuer ta vaste créaticm
du génie et de la victoire; l'établissement des dignités princières
telles que les sénattu-consultes de 1804 les avaient proclamëes et
recoDDues, la fondatioD même des aénatoreries étaieat 'de siBoptet
décorations personnelles sans racines dans le sot. L'empire ne comptait
que des fonctionnaires dont le titre servait de cortège k la majesté de
Napoléon ; rien ne consolidait l'oeuvre dans les rapports avec le terri-
toire et la propriété. L'empereur conçut alors d'autres pensées ; il ne
voulait pas fonder des institutions sans bases ; après la paix de Pres-
bourg, il résolut hardiment et k vol d'aigle le problème immense
d'ane nouvelle féodalité.
Deux idées le préoccupent exclusivement : à l'extérieur, le sys-
tème fédératif qui devient la force et la destinée de ses relations di-
plomatiques ; k l'intérieur, une ot^anrsation de fiefs et de tenures
qni pût remplacer l'ancienne féodalité , vivement atteinte par les
Bourbons et que la constituante abolit dans la première effervescence
de la révolution française. Par système fédératif à l'extérieur, Napo-
léon entend une certaine existence coordonnée entre les divers Étals
îdbyGoogIc
Mt LBJfPIBE FRANÇAIS. 83-
qvi entourmt le territoire de l'empire français, de manière qu'au
cas de guore, tous ces États, sous l'influeace de la France, puissait
BHdier 4 la suite de l'empereur, adopter sa politique, recruter ses
Mmbes et réaliser, sous sa bannière déployée, les vastes projets qu'il
a c«Bçu8. Far système féodal, Napoléoii entuKl la création d'un cer*
tain nombre de vastes tenures militaires on civiles pour récompenser
les services rendus à sa personne ; ce système rattacherait i sa dj-
■iatie, cemme u» réseau lié au centre commun, une organisation de
familles avec des devoirs spéciaux et des obligations directes à l'égard
de la majesté suzeraine. Ce plan se réalise pen è peu et se couronne
par les majorats, réaction la plus complète, la plos hardie, contre les
décMnes de 1789 et le code civil tout entier.
Les cessitns territoriales stipulées dans tes traités conclus à Prea-
boui^ avec la maison d'Autriche, et les négociations accomplies par
le comte de Haugwitz au nom de la Prusse, permettaient la réalisa-
tion de cette double pensée de grandeur pour l'empire français; le
traité conclu avec l'Autriche cédait tous les États de Venise en terra
ferme, provinces qui entourent l'Adriatique et forment de somptueux
domaines dont les revenus depuis la convention de Campo-Formio
araient largement dédommagé l'Autriche de la cession des Pays-Bas.
Les arrangements faits avec l'Allemagne, la cession de Clèves et de
Nenfch&t^ par la Prusse, de Bei% par la Bavière *, et la cooquéls
■ IMjà Iw iBcieni sonfaniocdcs iwica cMies à rsD^aresr des ^ancais imvUrat
k«c8 nij«H i h DOUTelle «AéisMDce Mvin HapoMoa.
« Noos, MaiiRHlien-JaMpli, pir la grioe de Dieu, roi de Bavière, électeur du MiM
■ Bo toaaiepeatt d'an arrangement «aodu eolre S. U. l'empereur des Fraacaia
et Mri d'itaiîe et nous, le duché de Berg , poseédi par nom et noire naisMi royale,
pMNi S. M. l'empCTEnr des Français. Noos eo faisons part i nos cî-derant fidèlet)
états, findatalrM, nasan, seiTiicura et corpontions médiates, et i tous les sujets
ém AmW; MDi les ddUons formeHeneat des liras qoi les aUechaient à noua M i
notre maisoii rojile, el IranEiuettoas toas nos droits sans reslriclion k S. M. l'ent--
pcrcarda Français. Nous nous bisons vn deroir particulier de («rmiiiar nos actes
et govrentement dans le dncbé par des Temerclmenls ijne Qoas adressons aux sujets
fovt les prMtne mtdtiidiéfs qu'ils nous ont données de leur fidélité et de leur att».
ebement lBTtol«bl«e, et nous ks assorons ici de notre reconnaissance paletpeUe.
» Donné en notre résidence rojale de Uimich, le IB mars de l'année 1806, la pro-
inière de notre empire.
s S^fW.-HAxmiusir-Jomra. X
Le rt^ de Prusse écririt aussi unnaerit «ui habitants des TJIka et priocipautés da
Xeufcbitel et Va'angin en Sotaso, pow leur faire part do la cession qu'il avait bite
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84 SYST^HB FÉDÉEATIF ET FÉODAL
da r07aume de Naples avaient également mis i la disposition de
l'empereur des domaines opulents ; leurs revenus pouvaient être nti-
lement répartis comme récompense des servie*» rendus par l'armée
et ira dignitaires du nouvel établissement impérial. Jusqu'alors il j
avait eu un si beau dévouement à la majesté de Napoléon I tout s'était
fait pour lui, et on aurait blâmé cet égoïsme qui, renfermant toute
bt gloire dans une seule personne , n'aurait pas Tait participer ses
nobles compagnons de périls et de travaux: à quelques-uns des rayons
éclatants de cette magnifique fortune.
Au moment même où l'empereur promulguait les statuts consti-
tutifs, le livre d'or de sa propre famille, il adressa au sénat le message
qui fondait les fiefs; on voit poindre et se développer dans ce doca-
ment historique les idées puissantes de Napoléwi. A l'époqoe de
de CE pays i remprreur NapolfoR. Cette procbmitian , datée de Berlin le 18 (é-
jïïiet ISOe, fut publiée le 11 mars A Neufcbéiel. En voici un eitrait :
a Frédéric-Guillaume, par la grâce de Dieu, roi de Prusse, eic. Àmés et (cavx,
ului. Le dévouemeDl paleroel que depuis notre aTéDemnit au trdne nous avons pria
i4àche de témoigner en toute occasion au pajs de Neurchltel et Valangin, doit tous
bire juger des seotlmeols qu« nous éprouTons en toub adressant la présente. Elle
cet demioée i vous annoncer un ehangemeni que les cireonsianccs ont rendu inévi-
table. Des considérations de la dernière importance, prises de l'intéréLle plus pres-
sant de notre monarchie entière, nous ont obligé d'acquiescer i remettre entre les
ntains de S. M. l'empereur des Français le soin du bonheur futur de ces fitats.
Quelque dé^r que nous eussions de continuer à y travailler nous-méme», et quelqae
peine profonde que nous ressentions de nous séparer de sujets estimables, dont nouj
avons toujours ^nlemenl approuvé la loyauté et l'attachement, nous ne pouTions
nous dissimuler combien cette résignation volontaire a été préférable pour vous au
ebrtd'un pays de conquête, dont sous d'antres rapports vous étiez menacés. D'ail-
leurs, la distance où votre paya , par sa position géographique, se trouve du caoln
de noa États, ne permettant pasdelefaireiouird'uneproteetion suffisante et directe,
et cette situation le faisant nécessairement dépendre de l'empire français, tant pour
flOD approvisionnement que pour ses relations de culture, de commerce et d'iodut-
liie,nousdevonspenserquelesliens les plus étroiisqui vont l'attacher i cet empire
pourront devenir pour ses habitants une nouvelle source de bien-être et de pros-
périté.
n Aussi notre Intention est-elle de contribuer, autant qu'il dépendra da nous, par
aotre Intercession et nos bons offices auprès du gouvernement français, à lui offrir
les avantages qu'il peut désirer. Vous devei éire convaincus, en général, et nous
tous chargeons de témoigner, en toute occasion, que nous prendrons toujours il ce
pays et à ses habitants un vif et sincère intérêt, et que la mémoire de leur déroue-
ment et de leur Bdélité ne s'effacera jamais de notre cteur. La sagesse du puissant
souverain auquel leur sort est uni permet d'espérer en toute cooDance l'accomplisse-
ment des vceui ardents que nous formons pour eai.
■ FEiniKic^GuiLLAnu. »
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VB l'empire FBAAÇAI9. 6S
Chariemagnc, qui préoccupe si rivement son ardente imaginatioD»
H j avait, autour de l'empereur d'Occident, des rois ses tributaires»
des ducs qui conduisaient les masses guerrières, et formaient la spleiK
dear de sa couronne comme les escarboucles autour du diadème : on
comptait les rois lombards, les ducs de Bénévent, de Bavière, de
Gascogne, les seigneurs de Montauban et toutes les familles féodales»
cortège de l'empereur germanique lorsque dans les coun pléniërca
i\ vidait sa vaste coupe remplie de Tîn du Rhin ou de la Ueuse.
La fondation décrétée par Napoléon se ressentait de cette idée du
mojen Age sptendide et pourprée; il établissait des âefs, distribués
à cens de ces fidèles dignes de ces nobles récompenses ; tous ces QeU^
il les jetait dans les provinces éloignées, au centre d'États plus consi-
dérables, de manière À ce qu'en aucun cas les vassaux ne posent
devenir dangereux pour le suzerain dont ils tenaient leurs titres et
leurs domaines. Les premiers fiefs de l'empire durent comprendre
les provinces illyriennes, autour des possessions de Venise, récemment
noies au royaume d'Italie. Si le prince Eugène, comme vice-roi,
recevait en dép6t la couronne de fer au nom de son glorieux père
adoptif ; si à ce royaume le traité de Predwurg ajoutait Venise et
les Etats de la terre ferme, on séparait de ces domaines douze fiefs,.
à l'imilaUon des douze barons que les romans de chevalerie donnaient
à Charlemagne :
La Dalmatie, vastes terres peu civilisées, population mélangée de
races slavonne, turque, italienne ; brave peuple qui pou>1iit fournir des
régiments exercés ; sujets indomptables, les Dalmates étaient durs
sur un champ de bataille; l'Istrie, qui environne Trieste, ces richea
pays que l'on traverse lorsque de Klagenfurth et de Laybach on des-»
cend de Vienne pour saluer l'Adriatique; le Frioul, terres mon-
tuenses, oà se voit Palma Nova, la gracieuse ville, jusqu'à Villach»
célèbre par les marches de Masséna ; Cadore, position militaire qui
sépare l'Italie des montagnes du Xyrol ; Bellune, Conégliano, Padoue.
Trévise, Feltre, Bassano et Vicence, cités heureuses autrefois de sa>
luer le lion d*or du la république de Venise ; Vicence, où se voient
encore les peintures de Paul Véronèse, les chefs-d'œuvre d'Andrû
Vïcentin, et le théâtre olympique, construit sur les ruines du vieux.
cirqne romain. Dans le fief de Bassano fut compris l'établissement des
Sept>Communes, république de montagnards qui se préserve intacte,
sur le sommet des rochers, dans les conditions de l'indépendauco.
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80 STSTiHB FÉDiKATIF KT FÉÛOAL
primitlTe, comme la république de Stn Huïdo dans les Apennins.
Enfla, Horigo, 1« porte de terme, à quelques lieues de la Uaotoue
de Virplfi H de la Vérone ronuine; Vérone tvec son immraae
cirqoe où 100,000 specUtaurs s'owejeieat dsns les re^ésenUUoM
BcéQÎqDCS *, quand le {^dialeur offrait sa large ^trina ruÏMBlante
de sang et de tueur.
Je répète que le nombre des grands fitfs primiUvement oonstltués
s'élevait à douie, en m^noire des pairs de Philippe-Auguste , on des
chevaliers de la Table ronde : niHBbra mystique que le pieux mojai
ftge avut étatii comme la règle et la base de toute oMOciation ; pti-
mitivonent il y mt donc doute feudataires ; mais bi«it6t le nombre
a'auementa par la réunions succestivea d'antres fiefs qat ntamt
s'ajouter, par la conquête, à l'empire de Napoléon. La Pruase avait
cédé la principauté de Neufdiitel et la dudé de Qèves ; la Bavière
dmnaBng comme un hase QeufoaÀlaoonrtmne. Les douaefieftprtmi-
' Dierat impérial dafi d^ 30 mon 1806,
B Article 1". Les ËtatsY«niiiens, tels que nous les «cédés 8. H. l'empereur d'jU-
Ifinagne par la traiié de Presbourg, sont déBoItlvemeot rtunts i notre royanMC
d'IUUf , pooTM Mm fpitie Uégnate, k oMamoicw dn t" mti prothaiu, et mi
dure** ft unditioQs Rt^ulte pu lea artielN ci-aprèi,
■ A». 2. Le codé Napoléon, le sjstème moDétaire de notre «npire, elle concordat
coDchl entre nous et S. S. pour notre royaume d'Italie . Ecront lois fondunentales A»
notre royaume, et il ne pourra f être dérogé sous quelque prétexte 4pM ce Mit.
B An. 3. Nous >T«a8 érigé H éri(eoiis es ivcUa eftad«-fie& de nom empire l«t
proTinces ci-aprts désiggées : 1° la Oalnutie, 3° l'Istrie, 3° le Frioal, 4° Cadore,
i' Bellune, 6° Conégliano, 7° Trévise, 8" Feltre, 9° Bassano, 10" Vicence, if Padooc,
lt>EoTt8«.
■ Art. 4, neM ■on* TéMrron* d« 4onHr ViBTctfititre deHUu fltb, pour Mr«
transmis Urédilairemcnt, par ordre de primogéniture, aui descendants miles légi-
ttmes et naturels de ceux en faveur de qui nous en surons disposé : et en cas d'ei-
tlBetion de teiu deKendance niscnllM UgltiiM et natarelle, kaditc Mb anM
t^vmfUes k BCtn couniBfie wtpMitt, peur m tut diapoeé pu nous bu bw «le^
ecMeun,
D Art. S. Nous entendons que 1s quiimime du ruTcnu que noire royaume d'IuHt
retire ou retirera desdites protinces, soit «itacbé snidits fieb pom étr« possédé par
eaui que KHueBaiiKiwi«v<itJi; nousiisemat «n eatre.et peur la mtee 4«e-
tiniUon, U dispoiUioa de 30 millioH de domuDoS nationaiu situés iws lesdiie*
provinces.
a An. 6. Des inscriptions sont créées sur le Honte-Napoleone Jusqu'i U ceneuv-
rence de 1,IW,M0 ft«n«i de famua eaniieBei , Monnaie de France, en fkTenr àm
iéaéiua, offlcieia et soldais <fai ont tmào^ les plu gruds services & la patrie et à
notre couronne, et que nous désignerons i cet effet; leur imposant la condition
cipresse de ne pouvoir, lesdlls généraux , officiers et soldais, avant l'expiration de
dix annAee, vendre en tMMr leedHea lentee sont noire auterisetlon. •
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i« l'bhpibb français. 87
tffs tenaient  l'Italie, è son sol , à ses tnstitatEoiis ; Clirefl et Berg se rat-
tadiaient à r Allemagne et à l'idée fédératÏTe qui déjà germait dam la
censée de Napcrtéon. Le titre de duc de Glèrn était retentissent dow
i'histoira chevaleresque ; ces comtes et ducs apparaissent avec leurs
armores de fer dans les fastes de l' Allemagne. Puis un nxnan arait
mis ce nom à la mode ; qui ne savait les beaux dira de la Princose
de Oèves? Enfin NeofeliAt^, la ville «i lati bleu , avec son chéteaD k
pic sur k hauteur, où ae voit toute la loegue lignée dw aires A
bourgmestres, avec leurs oasqoea , leurs armoiries au griffon , au Uoa
é^toat, h la langue da feu i Neufchfttel pouvait former l'origine d'une
iMw piiaciyauté daot l'ensemble féodal dont les anneaux se liaient
kVonpire; et, par oe moyen, Napoléon avait un pied dans la confé-
dération suisse; non-seulement il s'en proclamait le médiateur, mais
encore il faisait entrer MeufchAtel dans les cantons qui se fédéraieU
pour le gouvernement politique des moatagnards^ Oèva et Berg lui
donaateot vois dana la confédération germanique ; NeufchAtel ,
daiB la omntitutioa bdvétique : ses vassaux faisaient ainsi partie des
corps souverains en Allemagne et en Suisse ; ta jx^itique de Pjapo-
léoo ne cevait de m développer dans les conditions de sa puiaance
Au centre de l'ItaliË , quelques principautés aussi restwent éparses
dans les fim opulentes contrées. Autrefois l'Autriche et la maison de
BoarboQ trouvaient dans ces terres , riches de leur sol et de leurs re-
venus, OBI moyen de donner des apanages i leurs cadets et à leurs
pdtaés aana cbai;ges pour l'ËUt. Si l'atné de la race possédait k ooo-
roone dans tout son éclat , on donnut aux antres frires> avec la con-
dition de retour, de belles terres, soit en Italie, soit sur leBhin, at
cette ptuée. Nappera voulut la réaliser pour les siens : il y eut donc
dee fiefs dans les pays d'Italie. Le royaume d'Ètnirie existait encore
soos UM fitie infants qui était souveraine des nobles cités de la Tos-
cane, Uvoume et FlOTonce avec Son d^e, son palrà ducal , ses
bdlea galeriesque domine la tribuee aux vitraux éclairés par le sol^l
qui dore l'Amo. Autour de la Toscane , Napoléon créa des fiefs :
Haasa et Carrera , au pied des carrières de marbre que GaaOva ciss-
lait pMr en faire des cbeftd'œttvre i Parme et Plaisance , oes deux
joyaux que l'on traverse au milieu des jardins et des vignes suq>en~
dues aux peuf^iers, semblaUes aux ba»-rdiefs antiques; Guastalla,
dans la vallée ombrée où les pAtres rappellent les bergeries de Tempe .
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88 SYSTiHB FÉDÉBATir XT FÉODAL
EnBn , poor compléter ce système de fiefs , Femperenr détacha de
■a conquête de Naples deux priocipaut^ indépendantes , l'une sous
le nom de Béoévent, l'autre sous le titre de Ponte-Gorvo. On trouvait
dans l'histoire des antiques ducs ou princes de Bénévent , Grecs d'ori-
gine , qui avaient survécu à l'invasion normande ; ducs déjà terribles
WU3 Charlemagne, vassaux redoutables qui agitaient les contrées
d'Italie. La seconde principauté, celle de Ponte-Corvo, pays agreste»
fut désignée comme un poste militaire en avant pour défendre la
royauté napolitaine. Napoléon remuait, avec sa vive imagination, lea
temps anciens et les époques modernes ; le présent n'était pour lui
qu'un instrument immense pour lier la chaîne des périodes historiques.
Ainsi fut fondé le système féodal dans la pensée de l'empereur ; il
était la conséquence d'un empire militaire établi sur la vaste échelle
de la conquête et de la défense. La préoccupation du souverain ne
s'étendait pas seulement à sa vie ; il fondait une dynastie , c'es^t-dire
une race qui ne serait réellement affermie que dans ses petita^b : de
là une nécessité absolue d'établir autour d'elle des vassaux assez forts
pour la défendre, et jamais assez puissants pour l'embarrasser; il
fïillait des leudes aux pieds de l'empereur, des images de barons au-
tour de celte figure, suzeraine. Tous les fiefs furent établis dans les
contrées lointaines',' tellement encadrées par les terres voianea plus
puissantes et plus étendues , qu'en aucun cas les nouveaux féodaux
ne pourraient prendre les armes contre leur seigneur. Le décret
parut comme un jalon posé et le fondement d'un puissant édifice ;
-peu de dispositions furent faites encore en faveur des dignitaires. Lea
douze premiers fiefs ne furent pas donnés après la campagne d'An-
sterlitz ; il fallait s'attirer des dévouements plus chauds, il fallait pou-
voir dire : « L'empereur vous contemple; servez-le avec zèle, et de
riches domaines vous seront donnés ; vous serez prince , duc, en rai-
son de vos services ; allons, nobles féodaux, à l'œuvre de la conquête ;
fêtez le suzerain , et vous aurez la brillante émeraude sur votre cou-
ronne ducale , et vous viendrez au banquet de l'empereur k cheval
pour lui donner la coupe , comme aux vieilles cours plénières de
(iermanie. »
Les premières dispc^tions de Befs furent faites au profit des maré-
chaux Murât et Berthier ; Murât obtint , avec le titre de grand-duc,
Clèves et Berg * ; le brave soldat au panache flottant dans une ba-
' L'acte qui iaont le gnnd-dncbé de B«f t Hurat est ainsi conca :
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DB L'eMMBE FBAKÇAIS. S9
UiDe , celui qui distribuait si bien des coups de sabre dans la mêlée ,
dut succéder à ces ducs de Glèves, quelalégende comparaît au comte
de la Marck, le Sanglier des Ardennea , si redouté sur les bords de
la Meuse et du Rhin aux temps féodaux. Désormais le maréchal
Muret fut graniMuc et confédéré germanique ; son fils dut porter te
titre de duc de Glèyes , comme prince souverain allemand. Bertbier,
l'ami, le confident de l'empereur, le dief d'état-major de la grande
armée , le fidèle qui exécutait les plans de campagne avec zèle , le
CMOpagnon du général , du consul , de l'empereur, depuis Arcole*
Berfhier fut cr^ prince indépendant de NeufchAtel , beau lot pour
un soldat de fortune , et désormais dans ses ordres du jour , par le
même orgueil qui faisait signer Murât : « Joachim , grand-duc de
Berg. B Berthier se donna le titre d'Alexandre, prince de Neuf-
châtd, comme le czar signait : « Alexandre, empereur de toutes lea
Ronies. »
Déjà commencent les soucis de Napoléon pour doter sa famille ;
Caroline , la femme de Morat, est grande-duchesse de Bei^ , sœur et
a LL. HU. les rois de Prusse et de Bavière douh «jtnt cédé mpecliTcmeot k»
duchés de Clèyeg et de Berg dsDS toute leur souversinelt , généralement eTec tous
dTMts, titres et prérogstires qui ont été de tout temps attachés à la possession deccf^
deux dvcbés, aiDSi qu'ils ont été possédés par eui, pour en disposer en bveur d'ui
prince ànotre cboii, nous aroDS transmis lesdits ducbéa, droits, titres et préroga lires,
avec la pleine souveraÏBelé, ainsi qu'ils nous ont été cédés, et tes transmettons par la
préseole au prince Joacbim, notre tris-cher besu-rrére, pour qu'il les possède plelna-
ment et dans tonte leur étendue, en qualité deduede Clives et de Berg, et les Iraos-
melte héréditairement k ses descendants miles, naturels et légitimes, d'après l'ordre
de primogéniture, avec eiclusioD perpétuelle du seie féminin et de sa de&ccndsnea.
» Hais si, ce que Dieu veuille prévenir, il n'eiistait plus de descendant mtle na-
larel et légitime dudit prince Jouchim, notre beau-fïire, les duchés de CEèves et de
Berg p*GseroDt avec tous droits, titres et prérogatives, t ao» descendanls mites, nato-
tels el Ufiitimes, et, s'il D'en eiiste plus, aux descendants de notre frère le priDï*
Joseph, et i défaut d'eux, aux descendants de notre frère le prince Louis, sans que,
dans aucun cas, lesditsdachés de Clèvesetde Berg puisscniétre réunis t notre co»~
ronne impériale.
> Comme nous avons été particulièrement déterminé au cboli que nous avoua lUi
de la peisonne du prince Joacbim notre beau-frère, parce que noua connaissons ses
qualités distinguées et que nous étions assuré des avantages qui doivent en résulter
pour les babitanis des duchés de Clives elde Berg, nous avons la ferme conflanM
qu'ilsee montreront dignes de la grtce de leur nouveau prince, en continuant de jouir
de !• bonne réputation acquise sous leur ancien prince par leur BdéliiéEl leur aitach*-
ment, et qu'ils mériteront par là notre grâce et protection impériale.
a Doruié dans notre paUis des Tailcriea, le 30 du mois de mars 1M6.
> Sifné : HAPOLioit. »
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90 STSTÉm MÉDiSATIF M WÈaOÂL
Item-frère rentrent àam 1« syst^oe fédéraUf dot priocea «Ueaunds ,
Ptuliae, priacewa Bwghèse, ne te contente plus de u bdto vills
4e U place du Peuple à Borne , avee sea pins et ses cyprès, de ses
merveillenseB coUectiofis de camées antiques ou de ses raagn^aes
JbriUants qui scintillait dans les f&tes publiques, il lui faut d'antres
tiers , et la voluptueuse princesse , qui n'eiiste qu'au milieu dea psr-
funu et des rcses , reçoit la principauté de Guastalla des maint de
s«n frère , elle veut régner dans cette Italie , dont le climat ai doux
careue son frêle teint et h santé affaiblie, die a bflMiin de vivra daas
le calice d'une Qeur. Napoléon résene une belle dotation à ÈUm , sa
Wur «tnée , plus tard la Toscane entière lui reviendra : l'amie de
Fantanes, la protectiiee des poètes pourra parler la pure langue ita-
Umbo sur les coteaux embaumés qui entourent Flor^bce , au milieu
des chefft-d'œuvre de marbre , des tableaux du Cwré^, de Raphaël ,
et des fresques du palais ducal. Enfin, et pour compléter le systàmc
de la féodalité , U. de TaUeyrand et Bemadotte reçurent plus tard ,
l'on la principauté de Bavent * , l'autre cdle de Ponle^Corvo. Les
anciens ducs de Bénévent durent s'agiter sous leurs tombeaux, eux si
f^FS , si ranuants contre leurs sui^ains , lorsqu'ils virent apparaître
dans leurs châteaux de la montagne l'image du nouveau prince l^r
successeur, le plus souple et le plus élégant des diplomates *. Quant
aux paysans de Ponte-Corvo, on leur donnait pour prince un des ma-
t Le telle du incMagc de Nipoléon au sénat pour instituer MM. de TaHefrand r(
Btmadotte grands leuâiiaire», est ramarquable :
• Sénateurs, les duchés de Béncventet de Paate-Corro étaient un sujet de litige
eolK le roi de Napks et la cour de Rome : nous avons jugi convenable de mettre un
tetioe à ces diBculiés, en érigeaol ees da^és en fieb )mn>édiats de noire enptte.
Nous avons saisi celta ctceesiuo de récostpcnser les sertices qni nous onl été rendu:!
pu notre grand chambdlan et minisitc des relations citéiieures, TallesTand, et par
natre cousin le maréchal de l'eanpire, BemsdoUe. Nous n'enlendoi» pas, cepeadaDr,
pvces dispwiliona, porter aucune atleialaaui droits da roideltapteset delà c*ur
de Borne, notre iaieolion étant de les indemniser l'un et l'autre. Par cette mesarr,
ce» deux gouverBements, sans éprouver aucune perle, verront disparaître les causes
d»iQéûnteUigence qui en différents tempa ont compromis leur iranquilliié, et <iui «n-
rere aujouid'liui sont un sujet d'inqutétado pour l'un et pour l'autre de ces Étais el
si»rto«i pour le ro jaufli« de Nqiles, dans le territoire duqàri tes deui priudpaHlés ^e
itwvent eodatiM. »
* a Nspoléon, etc., voulant donner à notre ^nd^amMlsn et mlnista-edMrela-
tions eitérieures, TaUeyrand, on témoignage de notre bleaveillance pour lesservicas
qu'il s rendus k notre couronne, BMHSTODsréiolu de loi tmisRrer, comnwea effet
Itou» lui tranateous par ks prèswtes, la principauté de Bénéveol, avec le titre de
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Mi L Hipn« vBàmçjoÊ. 9t
richanx de l'empire du MKiTeaa Ghartemagne, ud Béarnais à l'esprit
âa et à l'haMIe conduite.
AiiBi se fonniitait )e ifstàme féodal t«l que l'avait coeça Napoiéos
pour te présent «t t'sTenir ào son aarre si vole. Son idée fédératira
dans l'appllctition à VËorope se fondait sur des bases non moins lai^
et paissantes , rempire français , géograpbiquement pariant, embras-
sait an midi depais Gènes , le Piémont et la Savoie, jusqu'aux Pyré-
nées ; au nord il avait poar limite le Rbin qui enlaçait la Beïgiqoe
jasqu'à Anvers , puis î) s'étendait josqn'k la âvisse ; teUe était sa fwce
que j'appeHerai territM-iale et intrinsèque. Mais , d'i^rès la tiiéorie
de Napoléon exposée dès le consulat dm» le livre de M. d'Hautcrive,
la Frviee, placée vis-^vl» de l'Angleterre, de l'Allemagne, de la
Bmie et de la Prusse , devait se BBaintenir par bu s]ntènM fédératif
qni, «'appuyant sur les Étals necrtres eu vaSKox, pourrait en tonte
cifewtancc repooner une coalition de ton» ks cabinets européens,
Cest n vertu de ce principe que Napoléon avait placé sur sa tète la
cottronne f Italie ; te riee-rorauté en était conâée à Eogéne , et par
suite du traité de Preritourg , la meilleiirv partie des États vénitio»
était a^omérée h ce royaume dltaHe^ ses limites touchaient la
Grèce , la Hacédoine et l'Ëpire , poste avancé pour envahir an jour
Constantinople ; dans cette télé active de N^oléon toot était avenir,
il n'y avait pas d'idée sur laquelle il se reposât, pas de conception qui
ne fût le principe d'un système plus vaste ; toat ce qu'il possédait
n'était qu'un avant-poste de ce qu'il voulait conquérir encore ; ses
pensées étaient comme un jalon pour courir à d'autres pensées.
Dans le royaume d'Italie , au midi , Napoléon ajoutait un antre
royaume; c'était Naples arraché à la maison de Bourbon. Par un
ftittee ie Bénércnl, poar la posséder cb ioum propriété et sonm-alneté, et comme
fief immédiat de noire couronne.
■ Nousentendonsifu'ilIrMwnMtlnlfldtUpiliMipMitéiMsenhattmlIWilrfiHmes
n'iwtnrels, par ordre ds prlmogénitnre, noss riaervonl, al h dewewiMn mucnlino
■«wHIe et îégiliflM renaît i a'tleladre, eeque-DieniM Tenille, de tranMBClm ]bi1IIi<
pitotîpatilé sai moitiés tilrea et chargea, i notn ebott et aiiiai qu« un» le eroiroiu-
M«Teii*6le poar le bien de nos pevple* H l'îirtMl de nMre eonroDM.
■ Wotre grand chambeHtn et militaire de» rtkll»«a «ilétiewea, TalLejraDd, priteri
en aos maiM, en sadiie qualité de piinee et due de Bénérent, le Miment de nova
■er^ en bon et loyal sujet. Le même seraieDt atn prêté à chaque TMtnee par «ea
Le décret qui nomme le maréchal BernadoUe prince de Pont»-Ck>rTO, nt corfit.
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'^ STSTÈHB FtoteAIIF ET PâODAL
shnple message au sénat , l'empereur annonça « qu'il avait déféré
«ette couronne à son frère Joseph Napoléon. » La conquête était
accomplie , la résistance des laziaroal se briiuiit devant les armées
r^iulières conduites par Masaéna '. Au corps léf^islatif, Napoléon
déclarant que la maison de Bourbon avait cessé de régner sur Maples,
que restait-4li faire? Il donnait cette couronne à Joseph Bonaparte,
par un ^mple acte de sa volonté * ; on ne garda même aucune forme ;
on ne prit aucun ménagement; le peuple ne fut point consulté;
c'était une conquête, un vainqueur disposait de la couronne par la
seule force de sa puissonce. Ici commençait la réalisation du pacte de
famille, imitation de la politique de Louis XIV; ce que le grand roi
avait fait pour ses petits-fils. Napoléon l'accomplissait pour ses frères;
un coup de baguette, et Joseph était transformé en roi ! Qu'était-il
besoin d'une autre forme constitutionnelle que la volonté de l'empe-
reur? Au fond, le royaume de Naples n'était qu'une annexe, qu'une
vassalité de l'empire ; Napoléon disait À l'Europe : u Ce n'est pas moi
t|Ui règne à Naples, c'est Joseph mon frère, indépendant de ma cou-
ronne. » Son système fédératif se soutenait en Italie par l'État de
Venise sur l'Adriatique, et par Naples, non loin de la Sicile, de la
Grèce et de Malte ; plus tard il placerait l'Espagne sous sa main, afin
d'eniacer la Méditerranée sous une seule dominatiou.
' Toici comment on annoofut b ripression d(» iasurgés montagnards :
NnpiM, 20 msi 1800.
n On ■ fuslUi hier, sur )■ place du CbAtcau, deux ofDciers de [a bande de Vn~
biavolo. H
' Avant mime i'tUe Jlevé i la royauté, Joseph agbsait en souverain. Un de ses
•ctes constitue le gouvernement napolitB[i) :
■ Au nom de l'empereur des Français, roi d'Italie, mon très^ugnste flrère et sou-
Venia, nous, Napoléon-Joseph Bonaparte, prince franfais, grand électeur de l'empirr,
Ijeutenaot de sa majesté, commandant en cher l'armée de Naples, touIbdi rendre à
■'■dnùnisiralion son activitéaccouiumée, ordonnons ce qui suit ;
M Les Tonctions exercées par les secrétaires d'État qui ont abandonné leur poste
seront provisoirement remplies par des directeurs, ainsi qu'il suit :
» PourlaseerélatreriedesgriMsetjustice.parH. Hicbel-AngeCianciulli, chef
Ht h rote du «ocro regio coruiglio; pour celle des Snanees, par H. le prince de Bisi-
(oano; pour celle de la guerre, parli. François Hiot,coDsàller d'État de S. U-l'em-
jMVur et roi, et l'im des commandants de la Légion d'honneur; pour celle de la marine
par H. le commandeur PignatellI ; pour la police générale du royaume, par U. Sali-
Mtti, ci-devant ministre plénipeientûire de B. M- l'emperenretroiï Gènes; pour les
-affaires ecclésiastiques, par M. le duc de tjassano; pour la maison et domaines,
ïoyaui, par M. le duc de Campochiaro.
» Fait h Naples, le 32 février 1800. » JoaspH Bonafaktb. »
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DB L'BMPDtE FB&HÇ&U. A3
Au non) il fallait créer quelque chose de semblable; ta puissance
territorïale s'étendait jusqu'à Anvers ; la république bataveétait comme
partie inhérente du système fédératif de Napoléon ; ces formes d'état*
généraux, d'assemblées représentatives et délibérantes, ne donnaieot
pas une sufOsaote garantie i Napoléon ; il voulait plus d'unité , plus
d'obéissance, et ta main d'un roi tributaire lui était indispensable en
Hollande, comme À Naples. Dès lors ce qu'il avait fait pour l'Italie
méridionale, JI l'accomplit également an nord ; la mission de l'amiral
Verhuel, son voyage i Paris pour offrir la couronne, les votes hAtive-
ment recueillis, étaient de ces formulés que l'empereur savait im-
poser quand il voulait arriver h un résultat indispensable à sa poliUqoe.
Toute délibération populaire fut un jeu joué, un mensonge ; Vemperrar
n'eut qu'à déclarer sa volonté souveraine de créer un royaume de
Hollande en faveur de son frère Louis * ; le même jour, la république
' L'empereur «DDonca le même jour l'tiectjon du prince Louis t la couroone di
Hollande, ei l'edoplion du eardînal Fesefa par le prioce primat. >
* Sénateurs, nous tbaigeoDsnoiTe cousin l'arcbiebtncelierderemiriredevonalUn
counslire qu'adhérant aui vwux de LL. BU. PP., nous avons proclamé le prîoM
Louis NapoléoD, notre bien-aimé frire, roi de Hollande, pour ladite couronne éln
hérédiisire en tonte sourerainelé, par ordre de primogéiiiiure , dans sa descendance
natuteUe, légitime et masculine, uolre Intention étant en même temps que le roi de
Hollande et ses descendants conservent la dignité de connétable de l'empire. Noire
détermination il:iiis cette circonstance nous a paru conforme aux intéiiUa de niMi
peuples. Soua le point de vue militaire, la Hollande possédant toutes les places fortes
qui garantissent notre Cronlièie du nord, il importait h la aùrelé de nos États que la
garde en tttl confiée à des personnes sur l'attachement desquelles nous ne pussions
concevoir aucun doute. Sous le point de vue commercial, la Hollande étant située è
l'emboucfaure des grandes rivières qui arrosent une partie considérable de noire terri-
toire. Il fallait que nous eussions la garantie que le traité de commerce que nous con-
clurons avec elle serait Sdélemeut exécuté, afin de concilier les intérêts de nos manu-
factures et de notre commerce avec ceux de ces peuples. Enfin, la Hollande est le
premier intérêt politique de ta France. Une magistrature élective aurait eu l'incon-
vénient de livrer fréquemment ce pays aux intrigues de nos ennemis, et chaque é1e«-
tion serait devenue le signal d'une guerre nouvelle.
■ Le prince Louis, n'étant animé d'aucune ambition personnelle, noue a donné um
preuve de l'amour qu'il nous porte, et de son estime pour les peuples de la HoDanda,
en acceptant un tréne qui lui Impose de si grandes obligations.
D L'srcbi chancelier de l'empire d'Allemagne, électeur de Hatisbonne et primat da
Germanie, nous ayant fait connaître que son intention était de se donner un coadj»-
teur, et que, d'accord avec ses ministres et les principaux membres de son cbapllr^
il avait pensé qu'il était du bien de la religion et de l'empire germanique qu'il Dona-
mit à celle place notre oncle et cousin le cardinal Fesch, notre grand lumAnier et
archevêque deLjon,nou£ avons acc^é ladite nomination au nom dudilcardiiwk
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9i SYSTÈMB wiaàBÀJtm n féodal
bataw abdiqua sob ftjitèae de présideace, et briu la ooutittiUiOD
qv'^le svait réGeanneat [KoautlgHèe. Quand il y avait aoe i^tubliqBe
€• Fraaee, tout »'était forawJé autour d'elle dans les idées démoas-
tli)«c». Na|»oléoa fondait ud grand empire, lorsqu'il plaçait la couioaae
sar sa Mb, alor» t«ut se raoBarcluM : l'Italie, la HaUaade, Nazies;
il m'-y eut ai intervcoUoe du peuple , ni asseoUskents des caluiwta ;
Lsnis BoD^wrte se ptaça dans le palai» de la Haye en v«itu tlu ffàa-
clp» v*> i"ii ^t Jttsepb roi de Naples. LXarope dut aï^raodre ainsi
qâeUe lorte d'indépendance Napoléon laiffiait aui État» qu'il appelait
fédératifs ^, préfectaves pourprée» wu» la saaia absolue du «'">■•!» n
debrNMca.
A Feat, NapoUsa arail son système de défense assuré par la Suiase;
les cantons l'avaient déderé soleaadlanieoi leur néidiateur en reoou-
Si celte détennintiioli del'élMtcur, HchidMoceliErderemiHregeTiDaiiiquc esiuiileà
l'AJItmagne, elle n'est pis moios coDronne i U politique de la FrioM.
bonheur et les prospérités di m« ^copies compocent aussi nos pltu cUra^affeciMos.
» Bd HotrepBWsdaSaMk-CliNtd, leSjuiuiSoa. ■ Signé : NAKnÈa». m
■' Lath Bowpwle wlnKail mu Hollandais ud uscrii de sa mai».
-■ Lawi NapolèuB, pM la giAee d»Di8u eL las lMaGOBStituiio(uwllea,dft l'État, roi
de llBHamda;itoaKCcmq«iiapriawtolitMHou.6Ptendtoiitlite, salut.
» SavoirfliisoosijMilftpréHoWpnKUiBaUoDiibBuaea^éoéral.et&caaGuaeaBw.
tKuKw, que nous avoâi^ accapti el acceptoDS la couiooDa de UoUaode, coiilbrm&~
nenl ni yaui d« paya, aiiKlns ewotkutiMaeHaa etau traité muni desruificuioiis
réaiprofu», lequel boiu • «t» pitetMi aujeuid'ltui pai le» députés de k BMiou
■ A aoln avéHneot au trdnei MtnMiD le plus cher sera de tailler aua intéiâtït
de notim poaplat Noua prandnma iMiiMVS à cœw de bù dnowi: des preuves cqb-
sUdUb-m anliipUéeo de nom aMow el da ootrosoUieitude; nouG nutniieudrons U
Iitlei4é ds no» sg}eta et loivs droite, ek noua mhu occupeiviis sans, cesaa de Uui
» a'bidépRidaiice dn raTMone est ganMie par l-«i^ereur notie frère; les toia
coBstttutioDDfAtegvrHiliiaentt cl»cii*»eacFéaKeft9nrl'^M«, saltwité penwuaUe
et sa liberté de coneeieBoe. CeM aprèscetu déeluMioiique nous.awiw.dMnâlé K
décrétons ce qai suit :
■ !■>£«( ministres de b rotrine etdei Boancee, par déoM de ce jour, eMieroBt
«afoneriens; hs autres ministres ei>ntiaiiefOntltaleitnJnB<|u'iMav«l eidm,
> 3° Toutes les autorités comlituée» qoellee qn'eUn soient, eivilee ou milit^^e»,
e^ntiBBCf^Bt leurs fonctions jusqu'à ce qu'il es soi t aatreoMol ordonné.
» 3*LeBlaiscoBsiitutionndlesderËtat, le traité «hkIu à Paris entre la Fraav
et la HoIUnde, sersnl immédiatemeat publtés, ainsi que le prient dieret, de L,
manière la pins anikentique.
• Donné à Paris, le 8 juin 1806, et do noirertgweltpt^iu.
■ afM! MnN> • I
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m L'KKPftt FRAHÇAU. 93
vdtnt k9 ancleiuies capitubtfons , et l'on voyait phis de 3&«000 de
ces dignes montaguards dans le» régiment» français. L'empereur n'i-
nit pas ces petits scrupules de Ratiunalitâ qui appelteat de» afméea
eiclasivemeat françaises ; tomme il avait besoin de la conquête, peu
lu impwtait avec quelles bonpes il l'obtenait, pourvu qu'il fixAt la
victoire sous ses drapeaux ; peut^tre, si son système s'était complète-
ment réalisé, il aurait manarchisé la Suisse, comme les autres parties
de VEurepe, pour la donner à quelqu'iai de ses Ueuteitanls Iwureox ;
qui Ait? à Masséoa, le vainqueur de Zuridi. Le tempe n'était pas
veau, et il ttomait son impulsion souverame k dominer les caatOM
psr les notes de sa diplomatie ; il avait le passage des montagnes par
le mont Genis et le Simplen ; la Suisse n'entrait qu'indirectement
dnu la défense territoriale.
L'attentiom la plus vive de l'emperenr »e fixa sur l'Alleougne ,
après le traité de Pre^urg spécialement ; l'Italie pouvait-elle l'in-
qoiéter? VAutricbe avait commencé la dernière guerre par l'invasion
Mbite, rapide de la Savièce ; elle avait montré, précisémeat même
par cette conquête au pas de ceurse, combien était dangereuse la ai-
tttatioo de l'AUemagne ea face de la Prusse et de l'Autriclie tout à
!■ foi^ qui pouvaient se liguer contre la France. C'est dans ce but
que Nap^éoH avait créé les royautés de Bavière et de Wiutemberg,
eo donnant à cbacun de ces royaumes des accroïsMments tcrrîtoriaux
qui pussent en Caire une twrriére fonnidable contre l'Autriche et
la Pnnse. Si l'on parvenait à déterminée la Saxe à se placer daat
re système^ la fédération allemande serait rétaUie sur des baaea
ieuB» et fortes.
Depuis le traité de Presbourg, M. de Talleyrand s'occupait à fixer
\& indemnités territoriales, et À régler d'une manière positive le be-
Incement des islérète germaniques. Quelques nouveaux princes se
posent au sein de cette nationalité , et par exemjde le grand-doc de
liera et de Glèves, Mvirat, dont nous avons parlé ; on avait la pro-
mené de l'archiduc, électeur de Wurt^tourg , que l'empereur réoer-
vait à de plus vastes desseins. L'influence française était si dédsivo
alors en Allemagne, que le prince primat choisit pour coadjuteur,
et par conséquent pour son successeur immédiat, le cardinal Fesch,
l'oncle même de l'empereur. Dans sa correspondance intime avec
H. de Talleyrand, Napoléon lui recommande surtout, dans les divi-
sions et les partages qui pourraient être faits en Allemagne, de ré--
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^ STSTÈHB FÉDÉSATIF ET FÉODAL
server un cercle * ta^ritoriiil de 1,000,000 à 1,200,000 ftmes, pour
«n faire un royaume ou uire [vincipauté ; il ne dit pas encore h quel
but, mais depuis la récouciliation de l'empereur avec son jeune frère
Jérâme, on pouvait deviner que cette principauté serait donnée,
sous le titre de royaume ou de grand-duché, au putné de Napoléon,
aBn de le créer de plein droit membre du corps germanique, et
de placer un nouveau prince français dans le sein de l'Allemagne.
Tout ce trafic de princes et de principautés, cet échange de peuples,
cette confusion de tous les droits, fut et dut être l'occasion d'une
multitude de transactions intéressées et d'indemnités pécuniaires ; les
petits princes d'Allemagne venaient tendre la main è Paris ou k
Mayence pour conserver leurs privilèges et leurs fiefs dans leur inté-
grité. Mul ne put éviter certaines transactions scandaleuses qui re-
tentirent alors sur le Rhin. La pensée de Napoléon était politique :
en Bavière, il donnait pour gendre au nouveau roi le jeune de Beau-
hamais, son fils adoptif, vice-roi d'Italie, il préparait dans la famille
de Wurtemberg l'alliance de Jéréme, créé roi d'un territoire que
M. de Talleyrand devait régler; Stéphanie de Beauhamais devenait
princesse de Bade ; Murât, grand-duc de Berg et de Oèves ; le car-
dinal Fesch, héritier du prince primat ; il y avait donc un mélange
de sang vieux et nouveau, des intérêts de l'empire français et de ceux
de l'Allemagne ; tout cela avait un but politique précis. A cdté de
cette pensée se réfugiaient des intérêts sordides ; des bénéfices con-
^dérables furent obtenus dans le règlement de principautés ; des di-
gnitaires de l'empire se posèrent comme protecteurs des princes
allemands ; ils les prenaient sous leur patronage, comme à Borne les
' IVola rwniiB par Napolion à M. da Talltyrand, le 21 avril 1908.
■ Faire un noUTel Ëlat au nord de l'Allemagne , qui soit dtua les inliréM de II
ïrance, qui garantisse la Hollande H la Flaudrc contra la Prusse, et l'Europa eaaiit
la Bussie ; le moyen serait le duch* <!e Berg, Hcsse-Darmstadt , elc. Chercher en
outre dans les entours lout ce qui pouiraîi y être Ineurporé, pour pouvoir fonner
1,000,000 ou l,300,0001nies;7iaîDdTe, ai l'ou veut, le Hanovre; y joindre, daoBla
perspective, Hambourg, Bremen, Lubeck; donner la statistique de ce nouvel ËUI.
Cfli Tait, considérer l'Allemagne comme divisée en huit Éiata : Bavière, Bade, Wnr-
Umberg et le nouvel État, dans l'intérêt de la France; l'Autriche, la Prusse, Hessc-
Casselet laSaie, dans l'intérêt opposé. D'après celte division, supposi qu'on détnilia
la constitution germanique, et qu'on annule, au profit des huit grands États, Itt
peliles souverainetés, il faut faire un calcul statistique pour savoir si les quatre grand*
Giats qui sont dans les iniéréis de la France perdront ou gagneront plus k cette d«^
fraction que le* quatre Éiais ijui n'y sont pas. »
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DE L'BMPIHB niAKÇAIS. 97
sénateurs qai avaient pour dients les rois de Syrie, les villes de la
Grèce ou les princes d'Asie ; od se permit des exactions inouïes, les
florins Turent donnés par millions aux négociateurs , et l'Allemagne
rappelle dans ses annales les iniquités de cette époque, qui ne fut
grandiose que dans la pensée de l'empereur. On exploita le triomphe
avec une cupidité indicible, à ce point que tel général ou tel digni-
taire se fit escompter sa faveur auprès de Napoléon par des masses de
vins do Rhin, rachetées ensuite à des prix fous, cooune dans les
transactions usuraires avec les fils de famille.
L'empereur voulut mettre un peu d'ordre dans le diaos que la
guerre avait fait au sein de l'Allemagne; son but fut tout à la fois mili-
taire et administratif. La vieille confédération germanique, instituée
par la bulle d'or, avait été successivement détruite par les trois traités
de Campo-Formio, de Lunéville et de Presbourg ; ce dernier traité,
surtout, devait amener comme conséquence, l'abdication formelle
du titre impérial de la part de François II * ; la charte constitutive
■ L'acw oDciel de reDoncUUon de l'^mpcrenr François 11 aa titre d'emp«rear
d'Allemagne Mt ua peu piisiérieur :
■ Depuis la paii de Pieahourg, toute noitr iiltcnlian et tous nos soins ont été em-
lilojés à remplir, ayec une Ddélité scrupuleuse, les engaf eœenis contractés par celle
|i«ii, i consolider partout les rapporta amicaux heureusement établis, et k attendre
pouttroiTsileschaDgenicnisMas^par lapaiinouspermeUraienide satisfaire t nos
dcTCirs impartants ki qualité de chef de l'empire geimanique, couformes k la capitu-
lation d'éleciiou.
■ Ma'islea snites de quelques arlides du traité de Presbourg, iitiinédiatemenlaprte
la publication et Encore k présent, et les é^ énrmeaiB généralement connus qui ensuite
ont eu Leu dans l'empire germaulque, nous ont convaincu qu'il sera impossible, sous
cea circonstances, de continuer les obligalions contractées par la capitulation d'élec-
tion : et si, en réfléchissant sur les rapports politiques, il était même possible de
^imagiaer un changement de choses, la convention du 12 juillM, signée i Paris et
apfirouTéi ensuite par les parties conbuctanies, relativement k une séptr«tion en-
tière de plusieurs Bats considérables de l'empire. Et leur confMérttîon paTiieulière-,
• cniièreineDi détruit toute espérance.
» £tani par là convaincu de l'imposaibllité de pouvoir plus longtemps remplir les
dnoirs de nos Tonctions impériales, nous devons k nos principes et k notre devoir de
raMmcer k one couronne qui n'avait de valeur k nos jeux que pendant que nous
étloB* k même de répondre i la confiance des élecleura , princes et autres Était de
l'einpiie germanique, et de satisfaire aux devoirs dont nous nous étions chargé. Noua
déclarons donc par ta présente que nous eonsidéions comme dissous les liens qui
jnsqu'k présent nous ont attaché au corps d'État de l'empire germanique , que nous
considérons comme éteinte, par la confédération des ïlsts du Bhin. la cba^ de chef
de l'aspire , M que aova lions considérons par Ik acquitté de tous devoirs enveia
I «H^rc gemiaiiiqae, en déposant In cooionne impériale et legouvenKmect Impérial,
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08 STSTÈHB PÉDÉBATir H piODAI.
était déchirée r H n'f avait jrfos d'empereur de la Gemaole et de
roi des Romsiits; titna osés, hérituge de la niaisoa de Hababoarg.
L'empereur François II, limitant à l'Aatriche Is dignité des Césan,
avait abdiqué la couronne germanîqBe que ne loi recMoaisuient
pfus les rois âe Bavière et de Wurtemberg ; l'édifice brisé croolaitea
ruine. De cette abdication résultait, comme conséquence, la plus
étrange confusion dans les intérêts nouveaux et tes intérêt» aïK^a»
de l'Allemagne : allait-on laisser dans l'isolement toutes ses forees
éparses? Ne fallait-il pas un ^Y>tectorat qui ne tia {rtus l'empire, et
qui pAt donner assez de puissance pour se défmdre contre rAotridie
et la Prusse, les deux gran^ États allemand?
Lldée d'une confédération du Rhin était née dans la tète babile
du cardina^ Mazarin après la paix de Munster (24 ocU^h^ 1648) ;
l'empereur romain-germanique ayant retardé l'évsciiation présents
par la conrention dn 4 juillet t^O, pour ^voriser Gtwrles lY, d«e
de Lorraine, devenu nue espèce d'aventurier dévastateur, deux
ligues, l'une catholique, l'autre prolestante, s'étaient formées le
âl mars 1651 poor prévenir dea maux incalculables; la France,
protectrice alors de l'Allemagne, parvint à les réunir en 1653 ; te
fruit de cette réunion fut, sous les auspices du cabinet françaû,
une capitulation »lgée de L'empereur Léopold à son avénemeot ,
le 18 juillet 1658. Cette ligue, ainsi triomphante de l'ambitioo a»*
trichienne, avait pris la qualification de ligue du Rhin, et, quoiqu'elle
eAt pour objet de balancée la. puissance im^riale , elle lui deviot
utile dans la guerre ciHitre les lurcs ; car ce fut le etKitiageBiÀ celle
ligue , promis par la Firance , récihmé par fempire' et fourni par
Louis ÎIV„ qui vainquit les Ottomans eu 1664, i Saint-Godard, sur
Ht)tiaabMdMM«>iiiA««i(nip»lE*élaet«in, piliKcset filMs, el-tnat'MqiiiaiiiMr-
tîeDt à l'empire, porticulièrement les membre» dalriUiiial (apttoMet MHcat m»-
gtslratt- de t^empire, d« leM deroire, p»t iMythi ils «ni été lit» i nou» comiie
clier légal de l'empire d'afirlBbcoMtituticin.
n Noos dl»olvon»éga)emenlisuteano9 provinces >llraiHiila»-et pays d« l'enipire,
dMniradeToiraréctpToqatseaTtn l'empire gmnanique, et nfmc técberoM, estct
tiKorpoTtnt i nos États «iirichiem, comme empemr d'Antridie, àaimfontr, dans
I» rapports amicaui snbsistaDts atec tontes les pussancM K AlMs ivtelos, à eetl«
hauiear de prospérité et de bonheur qui est le but de tont nosdéiin el l'objet de a<m
ptns doux 9mD8.
• Ftiidiosnotrerésideiice, sotuiNCnscoiniiKpérial. Yiwne, leAaoAtlSM.
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loi rifes et Raib. Pim eUe tmàm, faMto d'iitîKté. ^mU l'KCord ri-
tabti cnire ks someraiBa gcnnaaiqwes «( te pux twe U Turquie
eoKBt rendu l'AUaiag^ à un état i» ^futetnuiaiiUté. Sa diwo-
luiioB fut mteie biotdt wneuée pat tes crwatet q/t'im^itm l'ambîtioa
<hi awBaniiie fraaçiif; elle inil» tes esprits à une époque où lei
cœurs conservaient encore une énergie que réyBÏiDW actiMl • bâk
pteai|oe eatièieineid di^onUra '.
L'histotre ivait été- profoodéBeot étudiée par Napoléoa, et M. dt
TaUeyrand ébaucha le ]MOjat d'uoe eoafédératwa du Abu , dirigé*
contre le caMnet de Yieoae, et pour awurer la prépaadéEaace de la
PraKc. kfuA la pns. de Preabow^ VluOttcaoe de la PruiM et de
l'Autriek» était tcap coasidéiBble pâor qiie le» petit» Étata ostMttt
atm affranchir ; H wlj «mit pas encore de roèt de B«iîire ^de Wuiw
temitteg. Laricloire <f Aaateriita yulil daaatout soB,édallapuifr<
«■ce de Napotéon , ci en pet akas diacBler les baiea de cette fëdé-
letiga qui avait pen- objet de lier le» no» aux autres tes Était
atievaeds de pfoaier et du seeoad ordre ; par use unple dëda-
reliea de vol^é , ils s'eagagenaieet i bire partie d^uee nott\eU*
mrporetim territeffiale qui preadrait pour tâtre la C»mfédéralian du
Hkin, en souvem- de la ligee dont les bases avaient été jetées par le
CM£eal Alazaria. Les articles doreot reposer aai les priscipea flie»
d'une garantie politique et militaire : 1° association mutuelle pour
la défense des intérêts commuos; 9" haMon de «oetingeet que
4^acuD des confédérés devrait apporter dans la ligue, tontes les M»
qee- les feaces de la confédération géraient convoquées pour une
u I* ligH de ]faf«iw«, TriMB, CakfM
MtM AUmu d'iniUklM; nMTCBt tnsnUa uUo im uwb im ttaclun,
àirtib>4»BitintMirkniHi*t4inalinHBiM falMiu «n 133S. tt l& li(^ coatn
WncatiMM 1380. VastulUecicBi, «^«l^uwpfÙKHeiika viUes li'uaiiMU en UOQ
pMipiUbii^DkimdroiU'PNiié*, e( i|ùat>» ■■■ aj^tès aue icnUabU umlcdénlioii
AéOmm fo'an «Hait, droit de rMMM i. t'aapvuw «m mi rai. d» Komaù» qui •»-
fliiHfciii; la» kria d» «arpa «uKMiqM. bt» ticcUuH s'aluimnt. ea UU et 1446,
cmM taille Intai»* dvdéifeiDfareiMnt de ttmfiMi U fnmiin ligue du Hbla eut
ltc»ea lSHi(aKc««taMieciDeBi du règae de Chute-Quint. 9a poomil citer encore
orile àe MUS- contre la c*teti*n d'an nentiita» életlont, M celle de 1803 COBtn
Vtimtimi^Mwmmt ««««heidckéi erfn,neibde NacHthwf, eiklOM, iwr It tMp,
MrratioD dta droite de l'empite. ■
DiclzedbyCoOglC
100 STSTÈn FiDÉtAnr bt féodal
guerre allemaDde * ; 3* mode de délibération qui mettrait ca jeu les
forces de la confédération bous la protection de l'empereur des Fraa-
çtis, le chef naturel de toutes ces principautés ; Napoléon apporterait
une masse imposante de forces pour la défense de la patrie commune,
si l'un d'entre les États fédérés était attaqué dans ses possessicms ou
menacé dans ses droits.
Les premiers signataires de cette association furent la Bavière, le
Wurtemberg, Bade, et autour de ces États de premier ordre, les
princes plus ou moins médiatisés, t^ que l'archichancelier à Frimc-
fort, Hesse-Darmstadt, Aremberg, Salm-Salm, Clèves et Berg, qui,
placés au bords du Rhin , devaient requérir avec plus d'instance la
protection de l'empereur Napoléon. Entre eux ainsi se cimenta le
premier lien de la confédération du Rhin , dont la charte fut écrite
par M. de Tallejrand sur la rédaction de M. de Dslberg. Nul n'eut
le temps de réfléchir; il fallait ugner sans observation, & la hftte;
M. de Talleyrand déclara que, tout ayant été réglé par l'empereur avec
maturité, il fallait se déclarer pour ou contre son alliance et son pro-
tectorat sans Iiésiter. Dès que ce principe en fut posé , l'ancienne
constitution germanique fut détruite, et M. Racher, l'envoyé de
France h la diète de Ratisbonne, s'empressa de notiGer à la sérénis-
sime diète que, d'après les changements survenus dans la situation
' On écrivait de Froncrort, 4 todt IBOa :
•• La confédération du midi de l'Allemagae , mus la protection de la France, est
maintenant déclarée, et prendra le nom de eonfidération du Rhin, Suivant )e bruit
répandu, l'Allemagne sera ainsi partagée : !<> la monarchie autrichienne; 2° la mo-
narchie prussienne; 3° la coorédéralion duRbia. Les États invités i la former sont :
la Bavière, l'électeur archichancelier, Wurtembei^, Bade, Hesse, la Saie, Wniti-
bourg, Hesse-Oannsttdt, Nassau- Usingen, Nassau- Weilbourg, Salm-Salm, Salm-
Kirbonrg,Aremberg, Hoheolohe-Sî^inaringen, CltvesetBerg, IscmbourgglaLajeo,
Les seuls États qui n'ont pas encore accédé sont : Wurlibourg, l'électorat de Saxe
etcelnide Hesse, Le prince Frédéric de Nassaa-V^Dgen, tant en son nom qu'au nMD
du prince Nassau- Wcilbourg , a déjà déclaré son indépendance de la eonetitalion
germanique, par une patente publiée le 31 Juillet dans tous ses États , et dont let
moli&sonten tout semblables aui motifs de la note communiquée ila diète au ■hmd
du gouvernement bançala. En conséquence des changements territoriaui qui vont
■voir lieu, il a été notifié ani comtés d'Isembourg-BadÏDgen, Meeriioh et Wachter-
bach, dont les possessions sont dans les eUTirons de Haaau,qtie leurs maisons seront
réunies i l'avenir i la maison prineière du prince d'Isembourg-Bierstein. Il en eside
méipe de la maison de Nassau, dont le chef prendra la dignité ducale. Ainsi le aji-
léme de la confédération du Bhin est de former un ensemble imposant d« tous les
fttata du midi de l'AUcmagne, ei d'f birc entrer chaqut maison sous la protection,
de «on chef.»
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Iffi LBUPIBB FRA5ÇAIS. 101
lenitorule et pi^ncière de rAltemagne, il n'y avait plus de constitu-
tion germanique, et par conséquent de diète. En notifiaot le traité
de la confédération du Bhin, M. Bâcher ajoutait * « qu'il cessait sei
' JVota de M. Baehtr à ia dtitt de BeUMonne.
• Le souaiigiii. chargé d'iffaires de S. H. l'empereur des Frenfais , roi d'Iulie,
près U dJèle générale de l'empire gemtgDiqae, ■ ttça de S. M. l'ordre de Taire à li
dièie Im déeUritions suivanies ;
» LL. MH. les rois de Baiière « de Wurtemberg, les princes soaverains de R*tis-
bcniit, de Btde, de Berg, de DamisUdt, de Nassau, et les autres priacipaui prioces
ilu midi et de l'ouest de l'Allemagne, ont pris la résolution de former entre eui udp
conrrdmtion qui les mcllc k l'abri de toutes les incertiludes de l'avenir, et Ils ont
ce»sé d'élre Ëlats de l'empire.
■ La situation daui laquelle le traité de Presbourg a placé directemeot les cours
alliées de la France, eliadirectemcnlles princes qu'elles entourent et qui l'aToisInent,
riant inrompaliblc arec la condition d'un Ëlat d'empire, c'éLail pour elles et pour
MS princes une nécessite d'crdonncr sur un nouveau plan le système de leurs rap-
ports, et d'en faire disparaître une contradiction qui anrailété une source permanenle
d'agitation, d'inquiétude et de danger.
» De son cAté, la France, si essentiellement intéressée au maintien de la paix dans
k midi de l'Allemagne, et qui ne pouvait pas douter que, du moment où elle aurait
lilil repasser )« Bhin à ses troupes , la discorde , cooséquence Inévitable de relatioDS
coBtradicioires ou ineertaines, mal définies ou mal connues, aurait compromis de
nouveau le repos des peuples et rallumé peut-être la guerrcsur le continent; obligée
d'ailleurs de concourir au bien-ttre de Ma alliés et de les faire jouir de tousIesavan-
Ugcs que ie traité de Presbourg leur assure, et qu'elle leur a garantis, la France n'a
pa voir dans la eanfédéralion qu'ils ont farmie qu'une suite naturelle et le complé-
■Bent nécessaire de ce traité.
> Depuis longtemps des sllérations successives, qui, de siicle eu siècle, n'ont été
qn'en «ugnientant, avaient réduit la constitution germanique ï n'être plus qu'une
ombrt d'dle-méme. Le temps avait changé tous les rapports de grandeur et de force
qui eiJstaicnt primitivement entre les divers membres de ia confédération , et entre
ducund'eni elle tout dont ils faisaient partie. La diète avait cessé d'avoir une volonté
qui lui fdt propre ; les senieocea des tribunaui suprêmes ne pouvaient être mises à
nêcuiion. Tout attestait un affaiblissement si grand, que le lien fédéra tif n'offrait
plus de garantie i personne, et n'était, entre les puissants, qu'un moyen de dissension
et de discorde. Les événements des trois coalitions ont porté cet affaiblissement k
«OD dernier terme. Un clectorat a été supprimé par U réunion du Hanovre i la Prusse;
DU roi du Nord a incorporé i ses autres États une des provinces de l'empire ; le traité
de Presbourg a attribué i LL. MH. les rois de Bo>ière et de Wurtemberg et k 8. À. S.
Véleclcor de Bade, la plénitude de la souveraineté, prérogstive que les autres êlec-
leors réclameraient sans doute, et seraient fondés 1 réclamer, mais qui ne peut
s'accorder ni avec la lettre ni avec l'esprit de la constitution de l'empire.
> a. U. l'empereur et roi est donc obligé de déclarer qu'il ne reconnaît plus reit6<
icncedela constitution germanique, eu reconnaissant néanmoins la souveraineté en-
tière et absolue de chacun des princes dont les Ëuts composent aujourd'hui l'Àll&-
magne, et conservant avec eui les mêmes relations qu'avec les autres puissances
indépendantes de l'Europe.
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t02 SYSTtMl FÉDiBATIF Vt FtODAL
pouTtriss, attendu qu'il ne poanit pw 7 aTtrir d'ambassadevr ooprè»
fan cerps dont l'eiistcnce B'eatnût p)>a déacHUMiit âsat te droit
pabiic européen, n D'tprès ht pensée de Nl{K>léaa, l'AHemagne de-
vait se diviser en trois parts : la Prusse au nord, l'Autriche à l'est, la
confédération du Rbin an midi. Cliaque État pourrait ainsi choisir
ses alliances ; il fallait se prononcer : voulaient-ils entrer dans la con-
fédération du Rhin, une simple déclaration devait suffire , pourvu
qu'elle fût précise et formule ; préféraieot-ila le iHroteetont de la
Prusse ou de rAntriche, ils étaient libres, alors fis subisaient le!<
chances d'une guerre. Ainsi Brunswick et la Hesse s'étant prononcées
pour la Prusse, ces deux États s'exposaient à toutes les conséquences
de leur choix ; toute liberté avait ses chances de réusnte comme
ses causes d'abaissement. Si Ton s'affranchissait du protectorat de
r«npereuT, on n'aurait pas l'appui de sa grande épée au jour des
conquêtes.
La confédération du Rhin s'accrut successivement sous la mam de
Napoléon ; les contingents devaient lui servir d'auxiliaires dam ses
campagnes d'Allemagne et méraedansies expéditioii3loiataînes<pi ne
touchaient en aucun point airx intérêts germaniques ; pour loi la con-
fédération ne fut qu'un instrument militaire; on vit des régiments
de Wurtembei^eois, Bavarois eu Badois en Espagne; plus tard iU
■ s. M. l'empereur el roi r accepté le litre de prottcUW dt la Conpàiraliim da
Ah{n. Une l'a hit que dans des mes de pali, elponrqnesaméifiatioB, coDstammeni
Inlrrposée ealre 1rs plus faibles et les plus Torts, prérlcnne toute espèce de di?s«ision
et de (rouble.
» Ayant ainsi setisfaït aux pins ebcn intérêts de son peuple et de ses Tobins;
fifant paurru autant qu'il était en lut i h trampilKlè ftitnre de TEurope, et en
{lariiculier i la tranquillité de l'Anemagne, qui ■ itt eottstammert le théilre de h
iperre, ta Taisant cesser la contradiction cfnf plaçait les peuples et les princes sous ta
protection apparente d'un système réelletneot ctmtrarre à letirs Intérêts politiques ei
k leurs traités , 9. M. l'empereur et roi espère qu'enfin les nations de rSnrope fer-
meront l'oreille aux insinuations de ceui qui Tondraient entretenir sur le ronlinrnl
une guerre étemelle; que les armées (ïan taises qui ont passé Icltliin, l'auront pas^
pour la dernière Tols , ei que les peuples d'Allemagne ne verront plus que daiis
l'histoire du passé l'horrible tableau des désordres de tout {Relire, des d'érastalions et
des malheurs que la guerre enlrelne toujours avec elle.
D S. H. a déclaré qu'elle ne parteralC jamais les Hmites de Is France au dclt du
Rhin. Elle a été Bdèle k sa promesse; maintenant son unique désir est de potivoir
employer les moyens que lit Provfdence lui s confiés, pour affranchir les mers, rendrri
■a commerce sa liberté, et assurer ainsi le r^os et k bonheur du monde.
> Batisbonne, lel" août 1S06.
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ni L'nmBi rRAUfus. 109
Mwchalwt tm Ugne dau Is cani|nf{ne àe Rune , vaste movraniMt
cûDtre W DatioM slaves. C'est dooc mons sou le poiot de nw de la
natienalité germaoiqiw que poor l'aecroùtemeot et le développe-
iDeot de tm forces militaire qœ la coofédérstion du Ablu fut
établie. Le système fédérattf de Naptriénn avait plutAt un bat ofTen-
iit qa'ane pensée de préserratiDB : diaque Batioo, ehaqae fou-
vernement sllîé lui servait comme d'avant-poste pour préparer de
nouvelles conquêtes ; du haut des rochers de la Calabre , il contem-
plait la Sicile, la Grèce, la Thessalie, la Macédoine, ces pays fabu^
)eux qui avaient vu naître Alexandre. L'Adriatique le faisait soupirer
uprès les belles eaux de Constantinople et la mer de Marmara qui
baigne les Sept-Tours. Du sommet des Pyrénées , il voyait le Gui-
puzcoa, Burgos, la ville antique des évèques, Barcelone avec sa
rambla si gaie et sa bourse de marbre, Valence avec ses jardins. L'Ëbre
avait servi de limites à l'empire de Charlemagne ; pourquoi ses soldats
ne visiteraient-ils pas Séville, Cordoue et son Alhambra, comme les
légions de Rome avaient salué l'Espagne ? Du Zuyderzée et de la Hol-
lande, il jetait les yeuK sur Hambourg, sur les villes libres et hanséa-
tiques, si riches , si peuplées, où les marchandises anglaises trouvaient
des débouchés actifs et favorables au développement des manufactures.
Le détroit du Sund était la clef de la Baltique , Napoléon en souhai-
tait la suzeraineté , comme il rêvait la domination des Dardanelles , la
clef de la mer Noire , la bouche de l'Asie.
Sur le Rhin , d'autres pensées venaient k lui -, il avait vingt fois
déclaré dans ses notes diplomatiques , « qu'il prendrait ce fleuve pour
limites , » et tout en se tenant à la lettre de ses promesses , il inven-
tait ce système fédératif qui le créait le protecteur de toute l'Alle-
magne. Le vieil édifice était brisé, l'œuvre des siècles tombait en
poussière , le conquérant dirigeait tout de son épée ; il jetait des cou-
ronnes comme des principautés et des duchés ; immense édifice , mais
fragile , car ce qu'il donnait ne créait pas une possession antique et
incontestée ; il distribuait les trdnes comme des grades, des royautés
comme des galons de caporaux , et ce qui défiait mieux que toute
autre expresion le caractère mobile de tout cet édifice, c'est le dicton
des vieux soldats , lorsqu'ils voulaient désigner la fortune merveil-
leuse d'un général appelé à une souveraineté, ils disaient : « Murât
ou Bemadotte est passé roi. » Poswz m, mot profond t pemé roi,
comme si l'on était pasêé Btrgmt! Dans cette multitude glorieuse
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104 STSTtMB pAdÉBATIF ET FÉODAL, ETC.
toat était grade sous un chef suprême , et voilèi en quoi toute cette
lignée de l'empereur se trompa , lorsque , se séparant follement de
lui , elle s'imagina qu'elle était quelque chose indépendamment de la
pourpre de Napoléon. L'empire n'était qu'un grand centre , une puis-
sante personnalité se résumant dans l'égoïsme d'une seule force, d'une
■eule renommée; quand elle disparut, tout s'évanouit avec elle.
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nifiOClATlOIfS DIPLOBUTIOins, RTC.
CHAPITRE VI.
■taoa&TIOIH MPUMUTIQrU ATMT LA OVIUI COHTSK I
Idée «ngUise de H. de TtllefraDd. — IMrir de la pali. — Prétette pour l'unenn.
— Correspondance de H. Foi et de H. de TaUeTnod. — SiiuatioD respective de
lii Prusse, de l'Angleterre ei de la France, — QuesUon dv Hanotre. — Hcinjte de
H. de Hardenbeif. — Calomnies de Napoléon. — Triomphe du comle de Haugwili.
Eapprechemen lavée le France. — Guerre de la Grande-Bretape contre la Prus<e.
— Lord Tarrnonth i Paris. — OuTrriure des néfoclaiioni. — Bases d'un traité.
— Lti France et la Russie. —Arrivée de H. d'Oubdll. — Traité séparé.— Uisaion
de lord Landerdale. — Hupture et demande de pisse-ports. — Traité secret sur
Isa tles de Baléares communiqué à l'Espagne. — Amemenla et levées d'hommes.
— Le prince de la Paii.
rtrtia 1 KptombrclSOa.
L'idée fondamentale de M . de Talteyrand , la base de tonte sod édu-
cation diplomatique , reposait sur les avantages incontestables et même
snr l'impériense nécessité d'une alliance entre la France et l'Angle-
terre , tes deux nations 'puissamment civilisées. Dès le début de sa
carrière politique , H. de Talleyrand n'avait caché ni ses affections, ni
see entraînements pour les formes de la constitution britannique ;
l'évéque d'Autun eu fut un des zélés partisans k la constitaante ; il se
lia aux opinions de MM. Mounier, de Lally-Tolendal ', et dans
l'effervescence de ses convictions, il aurait voulu donner à la France
le gonvemementpariementaire, appuyé sur une révolution semblable
à celle de 1688. Lorque M. de Talleyrand fut envoyé à Londres avec
des instructions intimes des girondins, il se posa comme l'un des
chauds partisans de l'alliance anglaise , et si la Grande-Bretagne avait
-' Le système anglais de M. deTaHejTand Inivintde la société de Mirabeau, de
MAinier, de Lallr-Tolenda]. Quand il partit pour Londres avec M. de ChauTrlin ,
M.deTallenend reçut une double insinicilon de Louis XVI et du comité de l'as-
semblée législative ; c'est une circonsiance qu'il ne Taut pas oublier dans la vie si
■Loi^e et si complète d« cet homme d'État.
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106 iriâOCUTIOKS DIPLOKATlVmS
Toula r^fer neutre au moment où la législative déclarait la guerre à
U Prusse et i l'empereur d'Allemagne, M. de Chauvelia et M. de Tal~
leyrand proposaient de céder l'tle de France , Tabago , et de dé-
truire le port de Cherboui^, qui inquiétait l'Angleterre : circonstance
curieuse dans l'histoire diplomatique de la révolution française.
Arrivé sous le directoire à la tète des relations extérieures , M. de
Talleyrand ouvrit une négociation avec l'Angleterre ; sous le consulat,
il fut un des grands promoteurs du traité d'Amiens ; et quoi d'étoD-
nant qu'a|H-ès Austeiiitz , où la couronne se consolide sur le front de
l'empereur , M. de Talleyrand veuille tenter une pacifique démardie
auprès de la Grande-Br^agne , et réaliser ainsi nr d'autres bases la
pensée de saJeunesseT
M. de Talleyrand en saisit le premier prétexte ; on était au mois
de février , l'empereur arrivait k peiae de sa campagne d'Austerlitz ,
lorsque M. Fox adressa an tnintstre français une d^>ÔGbe intime fort
remarquable MJn homme s'était présenté à M. Fox pour loi pr<^NW«
' Je donne ici le texte anglais de WUe dépêche ImparLante :
£«(f«r /Vom Mr. StertUtry Fox to Mr. Talleyrand.
* Downing-slreel, aoih Febr. 1806.
B Sir, 1 ihink il m; duty «s en lionest man lo commun kate to jou , as soon as
poGiible, a Ttxj ntraordlaary ctrcomnance yrtnék ta cotne to m; kuiwMg*. The
tkoTteU «if will be ta relaie to jom tke hct duplr •• il hapfeMd.
a À feir dajB ogo , a penoa iofannai me, Uiat he vu jusL arclved at Graveeend
Vithout a passport, requcsting me at the same time ta seod bim one, as he had tct^
litely lett Paris, and had someihlng to communlcatr to ne wbfck votrid gin me
MUehcdoD. I «est for Um; he came to ny booie thafi&iwfaft^asr.— irecrived
Um alwe la n; cImm | vIimi, «ftcr tome winporlant eoaver«ali«H( tiiis liUûn bed
Ibe audtcitr to lell ne, that it vas Deceasaiy for ihe ireDqaillitf of ail crowned
heada to put ta deatb the Buler of France; and thaï for this purpOM, a hoaoe had
been Mred al PasÊj, trota vhkh ibi» detmtabh prafad cMld be earrM iaio cfltM
«iUi oertMnt j. *nd «ithevt rnh. 1 éid Bot perfMtlj wdcrMna If it WH M ba lUiM
kf » eominon miuket, or hj flre aima upon a oew principle.
• I tm not ashaned to coafeaaiojon, sir, who know me, tbat m; consistait wae
ntreme, In thnt llading myself ted into a eonrcnatioa wKb n «nwed aiaeaaba ;
IbisUBlIr MderadbtaitoleaTemr, gJTl»B,allbe semé time, orécn to Un pMoa
elBcer vho accompanled bim, lo aend hin out ot tbe kiDfdom as «ood es poaaUit*.
B AJter baving tnare attentivel; rcDected upon wbai I had done, I saw mj error in
hiTing sufTered hlin la départ witbont baving prerionsly informed you of tbe cir-
etUHtwee, and I ordeted him lo be dettfned.
a It Is probable ihat ail tWs f> Mroniideâ, and tbat tbe «t«tcb had DHhl*| »«r»
la tltir Aan to make bimaeirar «nMequeoee, by promiRiBg «hat, acoordiag to bis
Mmb, nnU afford me aettelheiioa.
• Al ail erents, I Uioaght it right to aeqMiat yon wltb what htd h^ipaood, beCarr
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AVANT LA GDl&KE COKTBE LA. PttDSSG. 107
un complot coatra Napoléon; sAr de l'atteindre aa cœur, il avait
pour cda loué use maison k Passy , et il demandait à l'Angleterre
d'appuyer son projet pour ie faire servir anx intérêts de ia nation
dans la guerre si acharnée entre deux peuples rivaux depuis tant de
lièdes. M. Fox avait senti sa délicsteese s'irriter de telles ouvertures;
et, sindignant qu'on eût osé s'adresseràun ministre britannique pour
on t^ dessein , if se htta d'en informa* Sf. de Talleyrand. c Je trois
de mon devoir, en qualité d'honnête honune, écrivait U. Fox, de
vous tairt part le plus lét possible d'une circonatance assez étrange
qui est vennei ma connaissance. Le plus courtsera de tous narrer le
fattcomne llestarrivé. Ily a quelques jounqu' un homme m'annonça
qu'U venait de débarquer à Grafeiead sans passe-port , et qu'il mo
pria de lui en envoyer un , parce qu'il venait récemment de Paris, et
qdll avait des dioses & m'apprendre qui tns feraunt piaitir. Je i'en-
tretlm tout seul dans mon caUnet , où , après quelques discours peu
Importants , ce scélérat eut l'audace de me dire que , pour tranquil-
liser toutes les couronnes , il fallait faire mourir le chef des Français ;
et que pour cet objet on avait louéuoe maison à Passy, d'oà l'on pou-
vait k coup aâr et sans risque eiécutw ce projet détestable, le n'ai
pas bien entendu si ce devait être par le moyen des fusils en usage ,
ou Uen par des armes à feu d'une construction nouvelle Je n'ai pn
honte de vous avouer, k vous, H. le ministre, qui me connainei ,
que ma eooftarion était extrême , de me trouver dans le cas de eo»-
▼ereer avec un asstnin déclaré. Par une suite de cette confusion , }e
la] ordonnai de me quitter (nstantanémoit , donnant en même lempa
des instructions à l'offlcier de police qui le gardait , de le faire sortir
du royaume au plus tôt. Après avoir réfléchi plus mûrement sur ce
qae je venais de faire , js reconnus la faute que j'avais commise en le
laiftant partir avant que vous en Autiez informé, et je le fis retenir.
I ttmà htei swa;. Oiir lawi do Mt permit n* m dttatn bim long , bat he shall Mlbt
MBt mnj m lAer jon dwll lure htd [nll time lo Uke prMknUoM i^êiaM Ue
■RcBiftt, nppadns hin itiU lo aHeruin b»d de^foa; mA wbm he pws, I iball l^
cwitohateMtu Undad u aieaport ■amnote MpowlbU froa Fraoce.
■ Ha eàSk Umsalf hsra, GuUlM de la GerrilUwc, bat 1 tUnk it is a fobe Muw
wliidi be bas assuined.
a Al Ub Int cntmiea, I M hlm tbe faonooT ta belinc Un ta ba a apy .
• I bai«lli«b(Minirtoba,«libilLem<wtpecfect>tt«cluiiait,
> SlT,7oiirBotl»bedimtserT«Dt.
» C-J. Fox. «
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106 niGorjATiONS diplomatiques
II y a apparence que tout ceci n'est rieo , et que ce mitérable n'a eu
autre chose en vue que de faire le fanfaron , en promettant des
choses qui , d'après sa façon de penser , me feraient pîmêir. En tout
cas j'ai cru qu'il raliait vous avertir, de ce qui a'est passé , avant de le
renvoyer. Nos Ioîb ne nous permettent pas de le retenirplus longtemps;
toutefois 11 ne partira qu'après que vous aurez eu tout le temps de vous
mettre en garde contre ses attentats, supposé qu'il ait encore ~de
mauvais desseins; et lorsqu'il partira, j'aurai soin qu'il ne débarque
que dans quelque port le plus éloigné possible de France. Il s'est ap-
pelé ici Guillet de la Gevrillière , je pense que c'est un faux nom. II
n'avait pas un chiffon de papier à me montrer, et à son premier abord
je lui fis l'honneur de le croire espion. »
Cette dépêche était à peine parvenue à Paris, que M. de Talley-
rand se hftla de répondre à M. Foi dans les termes les plus empressés,
M rapportant une conversation bienveillante qu'il avait eue à ce sujet
avec l'empereur ; Napoléon s'était exprimé en termes pleins de con-
venance sur M. Fox, sur sa probité, sur les souvenirs profonds que
pendant son séjour à Paris il avait laissés dans son 6me ; M. de Tal-
leyrand St même entrevoir dans les termes de cette conversation le
désir vif, pressant , d'en finir par une paix stable sur les différends
soulevés entre l'Angleterre et la France, deux nations faites égale-
ment pour s'estimer '. N'y avait-il pas dans ces ouvertures un com-
mencement de négociation, une tendance secrète vers la paÎ!(? M. de
Talleyrand en exprimait le désir le plus empressé ; or il faut dire que
.toute l'affaire du complot était une manoBuvre de police, concertée
■ Lellrt daM-d« TaUeyrand à M. Fox,
« S mars 1806.
s Monsieur, j'ai mis la leUre de T. E. sous les jcui de S. M. Son premier mot,
■près en avoir achevé I> lecture,! Aie :« Je connais laies principes d'bonneur et de
vertu de H. Foi. » Eile a ajouté : a Remercicz-ic de ma pari, cl dites-lui que, soil
que la politique de son souYCrain nous Tasse rester encore ioni^emps en ^erre, soil
qu'une querelle aussi inutile pour rhumeDitc ait uu Icrme aussi rapproché qur les
deui nations doivent le désirer, je me rrjouis du nouveau ccratiére que, par celte
démarche, la guerre a déjt pris, et qui est le présage de eu qu'un p«ut attendre d'un
cabinet dont je me plais i apprécier les principes d'après ceui de H. fo\ , un des
hommes les plus faits pour sentir ta toutes choses ce qui est beau, ce qui est vrai-
■ Je ne me permettrai pas, monsieur, d'ajouter rien aux propres expressions da
S. M. I. et R. Je tous prie seulement d'agréer l'assurance de ma plus Imulc consi-
dération, a Cd.-Madk. TALLEmAnn,
s {HincedeBénùvciit. B
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AVANT LA GrSBBE CtfSTKS LA PRUSSE. lOft
entre M. de Talleyrand et Fouché , tous denx parUuns de la paix ;
un agent était parti de Paris avec la misdou expresse de proposer à
M. Fox la complicité dans une action infime : par ce moyen on (Atait
le ministre ; s'il acceptait les offres d'un vil assassin , on pourrait àé-
clamer contre l'Angleterre, et reoouvder dans les journaux les accn-
salions jetées en d'antres temps à M. Pitt et au cabinet tory ; si an
contraire M. Fox , avec ses principes d'honnêteté , s'indignait d'une
telle proportion, alors on s'adresserait, par la flatterie, h l'honorable
chef du cabinet whig , très^ensible à l'éloge ; on pourrait essayer les
propositions d'un traité sur des bases suscÊptibles d'assurer la paix
gépérale de l'Europe. Ainsi avait raisonné M. de Talleyrand ; soit
que M. Fox eût deviné le piège, soit qu'il f&t aise d'entrer dans une
négociation , il fut assez charmé de cette ouverture de M. de Talley-
rand pour la communiquer immédiatement à son cabinet.
A partir de ce moment une correspondance dïplomaUqne assidue
est' échangée entre M. Fox et le ministre des relations extérieures en
France ; toute cette correspondance , signée de JU. de Talleyrand ,
^•crite sous la dictée de Napoléon, se ressent d'un certain vague d'Idées
qui laisse à part les questions positives ; on échange plutôt des voeux
pour une pacification qu'on ne trace les conditions d'un traité réel ;
c'est plus encore un cours de philanthropie , l'expression d'un dé»r
politique pour que les deux grandes nations entrent dans les voies
d'une alliance intelligente, qu'une négociation sérieuse sur des bases
matérielles et des cessions réciproques; on y traite les questions de
commerce, d'industrie, d'humanité; M. de Talleyrand rappelle les
merveilles que l'industrie française a faites dans une époque où elle a
été obligée de se replier sur elle-même, et M. Fox répond : a Qu'un
traité de commerce , désirable peut-être , n'est pas le dernier mot de
l'Angleterre , dont les opérations ont pris une marche nouvelle par
l'immense développement de ses débouchés depuis dix ans. »
Sur des ouvertures plus précises , en termes moins généraux ,
H. Fox répond k M. de Talleyrand * : « Le roi d'Angleterre a dé-
claré plus d'une fois, au parlement, son désir sincère d'embrasser la
première occasion de rétablir la paix sur des bases solides conciliables
avec les intérêts et la sûreté de son peuple. Ses dispositions sont tou-
' Cette n^[odiiioii se conliaue entre M. Foi ei H. de Talleyrand. J'ai remarqué
qucUMAt les dépitbcs sont en lïancais et (anl6lcn anglil*. Volt! qurfqucs-UDes de,
«es ^tcei écrite» delà main de M. Foi :
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itO HÉGOCUTIONS DlPLOilATIQUBS
joun pacifiques ; inaisc'estè une paix sùre et durablequesa majesté
vise, DOD k une tràve incerUine, et par là même inquiétante, tant
poor les parties contractantes que pour le reste de l'Eiuope. Quant
aux stipulations du traité d'Amiens qui pourraient être regardées
comme bases de la négociation, on a remarqué que cette transaction
est interprétée de trois ou quatre différentes manières , et que par
conséquent des eiplications ultérieures seraient nécessaires : ce qui
ne manquerait pas de causer un grand délai , quand même il n'y
• MoDsitur, je n'ai reçu qu'hier bu soÎTTotre dépêche du 1" courant. ATautd'y
tépoodre, permetln-mai d'assurer T. E. que la iVauchise ei le ton obligeant qu'on
jTtmarque ont fait ici le plus grand plaiGir; un esprit eondllaloire, manifwU
d« part et diautre, est déj& ud grasd pas vers la paix.
a Si ce que V, E. dit par rapport aux affaires inlcrieurea regarde les affaires poli-
tiques, une réponse n'est guère nécessaire ; nous ne nous y immisçons pas eu temps
de guerre, à pins forts raison nous ne le hrons pas en temps de paii ; ei non n'est
llhiailolgoé des idéesquiprevalcnicbn nous que de vouloJr auuouainilerdeslois
intérieures que tous jugerez propres à régler vos douanes ot soutenir les drùls de
votre commerce, ou d'insuller i votre pavillon.
D Quand i un traité de commerce, l'Angletem croit n'avoir aucun intérêt i It
délirer plus qne les autres nations. Il jr a beaucoup de gens qui pensent qu'an
pareil traité entra la France et la Grande-Bretagne serait paiement utile ani dcui
parties centraclautes ; mais c'est une question sur laquelle chaque gouvenkcmuit
doit juger d'après ses propres aperçus, et celui qui le refuse n'offense pas, ni n'a
ancuD compte k rendre k celui qui le propose.
a Ce n'est, monsienr, pas moi seulement, mais tout homme ntGoniMUe deil
recDimallre que le véritable intérêt de la France c'est la paii. et que, par consé-
quent, c'est sur sa conservation que doit éira fondée la vraie gloira de ceux qui la
gDuTtrnent.
» n est vrai que nous nous sommes mutaelleiBait accusés : mais II ne sert 1
Tien, dans ce moment-ci, de discuta- les arguments aur lesquels ces accosiiiona
ont été fbndées. Nous désirons comme vous l'égalité. Nous ne sommes pas assuré-
ment comptables l'un à l'autre de ce que nous bisons cbei nous, et le principe de
réciprocité k cet ^rd, que V. E. a proposé, parait juste et raisonnable.
» On ne peut pas diseouvenir que vos raisonnements, surl'ineonvénientqn'aoraii
pour la France une paix sans durée, ne soient bien fondés ; mais de notre eàté.
celui que nous éprouverions serait aussi très-considérable. 11 est peut-être naturel
que, dans de pareils cas, chaque nation exagère ses propres dangers, ou qn'au
moins elle les regarde de plus près et d'un «il plus clairvoyant que ceux o'aulmi.
u Quant à l'intervcnlion d'une puissance étrangère, il faut d'abord remarquer qw,
pour ce qui regarde la pan et la guerre entre la France et l'An^eterrc, la Russie ne
peut être censée puissance étrangère, vu qu'elle est actuellement en alliance avec
l'Angleterre et en guerre avec la France. C'est pourquoi dans ma lettre, c'àuii
comme partie, non comme médiateur, qu'on a proposé de faire intervenir i'empc-
raur Alexandre.
a V. E., dans la (iemièrc clause de la dépèche, reconnaît que la paix doit être
honorable, tant pour la France et l'Angleterre que pour leun alliés respettife. Si
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AVAITT LA GDEBRE CO^fTRE LA PBrsSB. lil
aurait pas d'autres objections. La féritable base d'une telle négocia-
tion entre deux grandes puissances qai dédaignent également toute
idée de chieane , devrait élrc une reconnaissance réciproque de part
et d'antre du principe suivant, savoir : que les deux parties auraient
pour objet une paix lionorable pour elles et leurs alliés respectifs , et
en méihe temps de nature k assurer, autant qu'il est en leur pouvoir,
le repos futur de l'Europe. L'AngleleiTc ne peut négliger Fintérét
tf aucun de ses alliés, et elle se trouve unie à la Russie par des lieAs si
fda eu, il Dous ptrah Un impossible, vu FétroiM tlliuiM qui subsiste «ntre Hm
deai gourernementa, que relui de l'ADglelerre puisse commeactr une n^eiitloo,
sinOD protîso[re,MnsIt conearTencc,outou(tu molDsle coosenieiïieDtpréeJihleifc
MB «tllé.
• Ponr Mqol est dsriodépciukncedereinpin oitomM, »£□»« difficnllé se
p«at s'offrir, c«s objets étaM Clément chera à loutes le* parties intéressées d«ns
i« discussion dont il s'agit.
■ II «<l peut-être Trai que la pulssinre de la Frince sur terre, comparée à ceffe
du Toiv de l'Europe, iTest pas égalo k la supériorité que dous possédons sur nef,
tBtîMgée s*iu le méPM polM de vue ; mais il ne ftut plus se diasiniulm' que le projet
lie combiner toute l'Europe contre la France est chimérique au dernier point. Au
reste, c'nt en vérité pousser un peu trop loin les appréhensions pour l'afenir que
fntyimget l'alliance entre la Sussie et f Angleterre [les deux puissances de l'Eu-
nfC les mopwfsiiespoUT attaquer la France par terre}' comuMieadanie k prod«itie
un résultat pareil.
» t'iutcTTcntioD de la Russie h la négociation ne peut non plus être regardée
n'RinM la rormaiîoif d'un etRifris, ni pour la forAie, ni pour la ebese, d'antant quH
H*; aura qae deux parties, la Rassie et l'Aaghlerre d'un cAlé, et ia Frmce de
l'antre. Un congrès pourrait élre bon, k beaucoup d'égards, après la signsture des
préliminaires, en cas que loutes les pectiescontractanies soient de ce(avJs;maib
c'est un prc^ k dtscuter librement et amioalemcM apris que l'affaire ptiiKipafc
awa él^ amngéa.
• Dis que vous cooseotirei que nous traitions provisoirement jusqu'k ce que la
Bnssie puisse inlerrenir, et dis lors conjointement avec elle, nous sommes prêts t
commencer, sana difféivr d'un seal jour, la n^oelation an tel Ifeu et es telle forme
que les dem parties jageront ke plus propres k conduire à bon esclmt l'objet de
nos trtrain le pins pronptement possible.
■ C.-J. Fox. r
Oownlog-slTcet, Aprii, W, 1S06.
m Sir, I received the dây before yesierda;, jour eicelienejs dispareb.
» After having repestedly read it nitfa ail possible atientiOD, I do noi Hnd io it
■nj argument suffieicnt Io induce our government to change Ibe opinion nhich it
bas dcclered . nemeir , Ihal an; negotialion in vrhich Hussia is not included as a
partj, is aiKolntely inadmissible.
" We niïh for peace : but we eannot wish for any thing whif h msy be injurious
elthcr 10 the dignii; of onr sovereign, or Io ihe hooour and thc inleresls ofihe
nation. But if weoegotiaie ni [bout Russie, considering Ibe iLtinute tiesb; wbich
ve are uiùtrd «iih tbat ponc r, ne should toi cciyc oursclvcs opeu to the rc | roarli
îdbyGoOgIc
112 KÉGOaATIOKS DIPLOXATIQCES
étroits qa'elle ne voudrait rien traiter, rien conclure, que de concert
avec l'empereur Alexandre. En attendant l'intervention actuelle d'un
plénipotentiaire russe, on pourrait toujours discuter et même arranger
provisoirement quelques-uns des points principaux. 11 semblerait que
la Russie, k cause de sa position éloignée, ait moins d'intérêts immé-
diats que les autres puissances à discuter avec la France ; mais cette
cour, à tous égards si respectable, s'intéresse , comme l'Angleterre ,
vivement à tout ce qui regarde le sort plus ou moins indépendant dea
différents princes et États de l'Europe. Vous voyez, monsieur, ajoute
M. Fos, comme on est disposé ici k aplanir toutes les difficultés qui
pourront retarder la discussion. Ce n'est pas assurément qu'avec les
ressources que nous avons , noua ayons h craindre , pour ce qui nous
regarde, la continuation de la guerre; la nation anglaise est, daiu
toute l'Europe, celle qui souffre le moins de sa durée; nous n'en
plaignons pas moins les maux d'autrui. Faisons donc ce que nous
pouvons pour les détruire, et tâchons , s'il se peut , de concilier les
intérêts respectifs et la gloire des deux pays avec la tranquillité de l'Eu-
rope et la félicité du genre humain. »
A celte dépêche M. de Talleyrand se hAte de répondre en termes
très-empressés: «A l'heure même où j'ai reçu votre lettre, je me
suis rendu auprès de S. M., etje me trouve heureux de vous informer
qu'elle m'a autorisé à vous faire la réponse suivante : « L'empereor
n'a rien à désirer de ce que possède l'Angleterre. La paix avec la
France est possible et peut être perpétuelle quand on ne s'immiscera
pas dans ses affaires intérieures, et qu'on ne voudra ni la contraindre
dans la législation de ses douanes et dans les droits de son commerce,
of bsving falUd ia tfait scrupulous Bdelilj lo~ our engtgemenls on wliicb we pride
«urs«Wïs : whilst, on tbe olber faand. b; persUtiDg in dur demand Ihat Bussia be
•dmitted, we do nol conceive tbatwe do aay tbïng contrarf to Ibat priocipleor
equaliiy to whîcbboUi of uslay cUiin. Whpjiibe three plenlpoleniiariesareassem-
b)ed, bow can it be ibougbt that any questiun could be carried by ibc inajority of
Toices ; or «ven Ibnt 'surh an assembly could bave any tbing in commoa wilh a
général congress î Tbcrc irould be in Ikct bul two parties in it ; on one side, France,
on tbe olber, tbe two aliied powers. HOTeover, if it is tbougbt so advantageous in an
affair of tbis nature, to bave iwo againsl one, do objection wouid Le madc lo your
inlroducing wbjcb cver oF your allies you may judge most expédient.
» Sineerely desirous of aroiding useless disputes, I do Dot ailow myseKlo ealer
Inloa discussion of tbe code equences vhich jour etcellency drawsfrom lbee>cnis
of ibe last campaign.
a C.-J. Fox. •
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AVANT LA GCEBBE CONTRE LA PBUSSB. 113
ni faire supporter aucune insulte à son pavillon. Ce n'est pas vous, qui
avez montré dans un grand nombre de discussions publiquesune con-
naissance exacte des affaires générales de l'Europe, qu'il faut convaincre
que la France n'a rieo à désirer que le repos, et une situation qui lui
permette de se livr^ sans aucun obstacle aus travaux de son indus-
trie. L'empereur ne pense pas que tel ou tel article du traité d'Amiens
ait été la cause de la guerre. II est convaincu que la véritable cause
a été le refus de faire un traité de commerce nécessairement nuisible
aux manufactures et à l'industrie de ses sujets ; vos prédécesseurs nous
accusaient de vouloir tout envahir ; en France , on accuse aussi l'An-
glelerre. Eh bien! nous ne demandons que i'égalilé. Nous ne vous
demanderons jamais compte de ce que vous ferez chez vous, pour qu'à
votre tour vous ne nous demandiez jamais compte de ce que nous
ferons chez nous. Ce principe est d'une réciprocité juste, raisonnable
et respectivement avantageuse. Vous exprimez le désir que les négo-
ciations n'aboutissent pas à une paix sans durée. La France est plus
intéressée qu'aucune autre puissance à ce que la paix soit stable. Ce
n'est point une trêve qu'elle a intérêt de faire ; car une trêve ne ferait
que lui préparer de nouvelles pertes. Vous savez très-bien que les
nations, semblables en ce point à chaque homme considéré individuel-
lement, s'accoutument à une situation de guerre comme à une situa-
tion de paix. Toutes les pertes que la France pouvait faire, elle les a
faites, elle les fera toujours dans les six premiers mois de la guerre.
Aujourd'hui notre commerce et notre industrie se sont repliés sur eux-
mêmes et se sont adaptés à notre situation de guerre. Dés lors une
trêve de deux ou trois ans serait en même temps tout ce qu'il y aurait
de plus contraire à nos intérêts commerciaux et à la politique de l'em-
pereur. Quanta l'intervention du cabinet étranger, l'empereur pour-
rait accepter la médiation d'une puissance qui anrait de grandes forces
maritimes ; car alors sa participation k la paix serait réglée gar les
mêmes intérêts que nous avons i discuter avec vous ; mais la mëdiati(m
russe n'est pas de cette nature. Vous ne voulez pas nous tromper et
vous sentez bien qu'il n'y a pas d'égalité entre vous et nous dons la
ganmlie d'une puissance qui a 300,000 hommes sur pied, et qui n'a
pas d'armée de mer. Du reste, monsieur, votre communication a un
caractère de franchise et de précision que nous n'avons pas encore
vu dans les rapports de votre cour avec nous. Je me ferai un devoir
de mettre la même franchise et la même clarté dans mes réponses.
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i H NÉGOCIATIONS DIpLOMATIQCBS
fipw sommes prêts à Taire la paix avec tout le monde, nous ne vou-
loqs eo imposer i personne ; mais noos ne voulons pas qu'on nous en
iinpow, et nul n'a la puissance ni les moyens de le faire. Il n'est au
youvoir de personne de nous faire revenir sur des traités qnt sont
es^utës. L'intégrité, l'indépendance enti^, absolue, de l'empire
4Uoman sont non-seulement le désir le plus vrai de l'empereur, mais
Le point le plus constant de sa politique. Deux nations éclairées ti
voidoes l'une de l'autre manqueraient k l'opinion qu'elles doivent
«voir de leur puissance et de leur sagesse , si elles appelaient dans la
discussion des grands intérêts qui les divisent des interventions étran-
gjïres et éloignées. »
le but de M. de Talleyrand , dans cette note confidentielle , est
4'élaigner toute médiation de la Bussie ; il veut traiter avec l'Angle-
terre séparément; Af. Fox objecte alors son alliance avec le cabinet
de Saint-Pétersbourg, et M, de Talleyrand réptmd : « Vous êtes les
mattres des mers, vos forces maritimes égalent celles de tous les sou-
terains du monde renies. Nous sommes une grande puissance contî-
qantate ; mais il en est plusieurs qui ont autant de forces que nous
sur terre, et votre prépondérance sur les mers mettra toujours notre
commerce à la disposition de vos escadres dès la première déclaration
ie guerre que vous voudrez faire. Pensez^vous qu'il soit raisonnable
d'attendre que l'empereur consente jamais à se mettre pour les affaires
du continent à votre discrétion 7 Si, mattres de la mer par votre puis-
siince propre , vous voulez l'âtre aussi de la terre par une puissance
combinée, la paix n'est pas possible; car alors vous ne voulex pas
nriver à des résultais que voua ne pourrez jamais atteindre. L'empe-
rwr, toutaccoutuméqu'il est à courir touteâ les ctisncesqui présentent
àt» perspectives de grandeur et de gloire, désire la paix avec l'An-
gleterre. Il est homme ; après tant de fatigues , il voudrait aussi du
repos. Père de ses sujets, il souhaite, autant que cela peut être com-
patible avec leur honneur et avec les garanties de l'avenir, leur procurer
les douceurs de la paix et les avantages d'un commerce heureux et
tranquille. Si donc, monsieur, S. M. le roi d'Angleterre veut réelle-
ment la paix avec la France, elle nommera un pl^ipotentiaire pour
se rendre à Lille. J'ai l'bonneur de vous adresser des passe-ports pour
qet objet. Aussitêt que S. M. l'empereur aura appris l'arrivée du
ministre de votre cour, elle en nommera et en enverra un sans délai.
L'empereur est prêt à faire toutes les concessions que , par l'étendue
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AVAIIT LA 6UEBSE CONTRE tA PKDBSB. 115
de W(B forces navales et votre prépondérance , vous pocvei désirer
nbteDÎr. Je ue crois pas que voiffl puissiez refuser d'adopter aussi le
{ffincipe de lai faire des propositions coofonnes à l'hoonear de sa cou-
ronoe et aux droits du ecmimerce de ses États. Si tous êtes justesi si
Yoas De foukz que ce qu'il vous est possible de faire, la paix sera
bientât eoncloe. »
H. de Talleyrand, toujoun dominé par one vieille idée de la paix
avec rAngleterre, son système depuis 1789 , manifeste des répugnances
poar la Russie ; il croît que tes deux grandes nations civilisées doivent
ae tendre h main dans un intérêt commun, tandis que M. Fox hésite
devant un traité séparé. Cette sitostion réciproque des deux gouver-
nemrats de France et d'Angleterre était motivée parla marche rapide,
înceaBaDte des évteements ; H. Fox, appelé k la direction des affaires
anglaises après la chute du système de M . Pîtt , avait été fi»-cé d'adoptor
les idées diplomatiques de son illustre prédécesseur k regard du con-
tinent ; le système de M. Pitt était tellemeet indiqué parla situation,
que son adversaire le plia implacable, celui qui l'avait si souvent com-
battu par la parole, était obligé d'en suivre les errements , comme
le point invariable d'une politique nationale. L'honneur de TAngle-
terre semblait attaché au système de M . Pitt, et il faut dire à l'éloge
de M. Fox que, dans son court ministère, il apporta une énergie aussi
vigonreuse que celle de son adversaire du parlement , pour l'honneur
de la Grande-Bretagne ; il abdiqua ses idées de puériles déclamations
pwr le genre humain ; H se fit Anglais, et, déployant la majesté de
l'esprit britannique dans les questions européennes , il sacrifia son
amour-propre à l'honneur de son pays.
C'était particuli^ment à l'égard de la Prusse i^e cette énergique
volonté était imp^ative ; le cabinet de Beriin avait agi avec un décousu,
une inconcevable tergiversation depuis Austerlitz : lorsque M. de
HM-deDbergprenait,àrégarddelaGrande-Bretagne, des engagements
piécis pour la coalition année de la restitution du Hanovre à l'An-
gleterre, M. de Haugwitz signait à Vienne, avec Napoléon, on traite
^i, en échange de Clèves et Neufcliàtel, donnait le Hanovre en posse*.
Moa déBnitiveà la Pruase. A son arrivéei Beriin, le comte de Hougwita
fut désavoué, et le traité ne reçut pas de son cabinet la ratification
néce^aire ; maisNapoléon, toujours attentif aux moindres événements,
avait depuis attaqué de toutes manières la politique et le crédit du
baron de Hardenbei^, pour assurer le triomphe du comte de Haugwitz
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llfi XÉGOCUTIONS DIPLOMATIQBBS
et la rolifloition du traité de Vienoe ; il n'y eut sorte de calomoie»
qu'oit n'cssayit contre le ministre prussien, qui voulait donoCT à f»
patrie une indépendance de nation, une vie politique grande et forte
va la retirant d'une situation abaissée. Napoléon accusa le baron de
Uardenberg d'être Anglais , sujet de l'Angleterre * ; et , pénétrant
même dans la vie du ministre , il flétrit son toit domestique.
M. de Hardenberg n'avait fait que son devoir , en adressant une
note précise et explicite , le 22 décembre 1805 , à lord Harrewb;-,
pour se lier au système européen , et faire connaître les intentions
définitives de la Prusse sur la coalition ; l'empereur Napoléon fit
déclarer que cette note, complètement désavouée par leroidePnisset
avait été écrite sans sa volouté. Cétait mentir à toute la négociation
anglo-prussienne : M. de Hardenberg n'avait agi que d'après l'ordre
de son souverain ; toutes ses démarches avaient été résolues dans )e
cabinet, le ministre avait voulu faire prendre une altitude décidée &
la cour de Berlin, et c'était là le crime dont Napoléon l'accusait. A
cette occasion M. de Hardenberg crut nécessaire de se justiQer : il
adressa aux feuilles d'Allemagne une lettre dignement écrite et
sérieusement pensée * : il en appelait à l'honneur des nations, à l'es-
' Tolcl la note insolente dictée par Hapoléon sur H. de Hardenbet^ :
1 Nous douions, disait-il, que u qualité do sujet du roi d'Angleterre puisse la
porter è approuver la publication que Tient de raire le gouvemcmeot anglais. Apria
■voir lu une pareille note, il n'est personne qui ne juge qu'il ne peut y avoir en
Europe un homme plue complètement déshonoré que M. de Hardenberg. Le nom
prussien n'en peut reeeToiraufune atteinte, puisque M. de Hardenberg n'est pas
Prussien ; le militaire ne peut non plus s'en aflliger , puisque M. de Hardenberg
n'est pas soldat. S'il l'était, il saurait que tes soldats du grand Frédéric se battent
pour EOuteulr les principes de la politique, mais ne sont pas traîtres ni parjures, n
> H. de Hardenberg s'exprimait avec dignité en réponse i cette note ;
■ Le MoniUaT du 21 mars, b" §0, en imprimant une lettre adressée par moi te
21 décembre 180S è lord Harrowby, alors minisire de S. U. B., me somme de dire si
ïUe est véritable ou supposée, et l'accompagne de plusieurs remarques. Ce qui rend
Jes devoirs et la situation d'un homme d'État parti eu litreroeni pénibles, c'est l'oUf-
galion oCi il se trouve le plus souvent de se renrermer dans le silence lors même qu'il
est méconnu et calomnié. Cependant je dois bu roi et i moi-même de déclarer que la
'lettre en question, quoique altérée dans plusieurs expressions essentielles, ait o/JieieU*
«I ieriU par oTdrt dt la majttlé; je le dois au roi, parce que, è la cour de Berlin,
quel qucsoil le protocole cité par le ifontfsur, les ministres n'osent pas se permettre
des démarches de cette nature è l'insu du souieminji moi-même, parce que je ne
puis voir avec indilTérenec qu'on me croie capable de manquer i mes deVoirs et de
la'ciposcr t être désavoué après a>oir agi en son nom. Le S9 décembre le rnl et tout
la monde ignorait i Berlin qu'un traité aTslt tié signé le IS i Vienne par M. le eont*
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ATAKT LA GUERRE CONTRE LA PRESSE. 117
pril germanique noblement inspiré. Il régnait dans cette lettre du
baron de Hardenberg une mélancolique fierté, une voix mystérieuse
et retentissante qui se fait entendre comme les vibrations d'une harpe
céleste dans l'homme indignement calomnié; il eut beaucoup de
peine à la faire insérer dans les gazettes allemandes, parce que la
puissance de l'empereur s'étendait loin : lui déplaire, c'était se placer
BU ban des nations.
Le coup était porté vif et profond ; M. de Hardenberg se retira
(les aiTaires. Le parti de la faiblesse et de l'hésitation domina de nou-
veau le cabinet de Berlin ; on vit reparaître l'inilueDce du comte de
Haogwilz , de Lombard , de Behmer , de tout le parti français en un
mot, et telle fut la tendance irrésistible de cette situation nou-
velle, dominée par M. deLaforest, que non-seulemeut le traité signé
i Vienne fut ratifié , mais on ajouta à la cession de Cléves et de Neuf-
clijlel d'autres sacrifices territoriaux en échange du Hanovre donné à
la Prusse comme possession définitive, avec la promesse intime que
iIïHiugwiU; celui-ci ajiut réservé (outeinrorination sur ce sujeli son rapport DrsI.
M a'éltDt arrivé i Berlin que le 2S décembre, on se trouvait, comme il est eiprlmé
dus ma IcUre à lord Harroirb; , dans une incerliludelolsle sur les intentions de
S. JS. l'empereur des Français. De part et d'autre les armées étaient fa campagne el
sur le pied de guerre : U. le général major de Prulh fut envoyé au quartier général
Inn^is et i H. le comte daHaugwitipours'eipliquer sur l'arrangemeni intermédiaire
quifaitlesujet delà lettre i lord Harrowby et qui avait été proposé par H. lo comte
dcHaugwiti. M. dePruJh rencontra ce ministre en chemin retournant i Rcriinavet
UD traité définitir, et naturellement l'arrangement intcrmédiBirc dut tomber, VoiU la
bit aTec la plus a&Bcte iérité;uD jugement impartial saura apprécier la remarque du
UoniUitr. Je m'honore de l'estime et de la confiance de mon souverain et de la nation
prassieflue; je m'honore des sentiments des étrangers estimables, et c'est avec salis-
^lion que je compte aussi des Français parmi eux. Je ne suis pas né Prussien, main
je ne le cédeeo patriotisme à aucun indigène, et j'en ai obtenu les droits tant par mea
services qu'en y transférant mon patrimoine et en j devenant propriétaire. Si je nesuis
pas stddat, je sens que je n'aurais pas été indigne de l'élre si le sort m'avait destiné k
'défendre lesarmesi la main mon souverain et ses droits, la dignité, la sDreté et l'hOD-
tMur de rfitat. Ceci répond aux remarques du Jlfonirnir; au reste, ce ne sont ni deo
bulletins de gazette, ni des remarques de leurs rédacteurs, qui pourront jamais me
(lésboDorer. Tel est le véritable texte de ma lettre du 22 décembre i lord Horrowbj.
En le comparant à celui insérédansleifonifaur, on observera, entre autres, qu'il n';
est question, oî de confédération i former qui puisse s'adapter aux événements, mais
*lu défaut de concert adapté aux circonstances; ni degagner du temps pour prendre
des mesures plus décisives, mais de l'avantage qui résulterait d'un plan intermédiaire
qui lui lui présenté pour empêcher que rien ne Iroubllt les négociations dont on a«
promettait le maintien de la pait entre la Prusse cl la France, et peut-être un acb»-
miDïDnl à la paix générale. • BAHORNane. >
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lis NB60CIAT10NS DIPLOUATIQDBS
la Poméranfe suédoise lui serait également cédée dam un Irailé pos-
térieur. On peut s'imaginer la juste indignation qu'un tel mnnque-
ment de foi sur les engagements de Berlin excita en Angleterre.
Ouoi ! BU moment môme où la Prusse déclarait k qu'elle ne déliendraii
^e Hanovre que pour le restituer k la Grande-Bretagne, > elle en
acceptait la possession définitive par un traité solennel ! C'était là plus
que de la faiblesse; la déloyauté la plus insigne avait présidé k une
telle résolution. M. Fox , avec sa franchise habituelle, s'en plaignit
aux communes en des termes Qétrissants pour l'itooneur prussien : il
demanda i ses amis politiques, aux wbigs comn^p aux torys, des
moyens vigoureux pour contraindre la Prusse À garder la foi des con-
ventions. Le parlement , à l'unanimité , vota les subsides de guerre ,
et M. Fox ii'ltéaita point dans le dàfeloppement des énergiques
mesures que la Grando-Bretagne emploie toujours contre ses enoemis;
la guerre fut déclarée, un embargo jeté sur tous les uavlre» prusieos;
les whigs entrèrent absolument dau les idées de M. Pitt.
L'habileté de Napoléon avait ainsi mis la Prusse dans une étrange
position vis-à-vis de l'Angleterre, M. de Laforest en prc^ta ; il avait
pressé le roi Frédéric -Guillaume de se prononcer pour l'alliance de
la France ; l'occupation militaire du Hanovre n'avait pas un sens assez
précis , on pouvait la croire provisoire, et l'interpréter par une équi-
voque; M. de Lafore^ engagea le roi à signer un manifeste qui
déclarait formellement la réunion du Hanovre h la monarchie prus-
wenno : l'empereur des Français verrait U le gage d'une bonne har-
monie. Le but de la négociation de M. de Laforest était d'amener
une rupture ouverte et des hostilités Immédiates entre Londres et
Berlin ; la Prusse obéit : le roi Frédéric - Guillaume publia une pro-
elamation pour déclarer que le Hanovre était définitivement uni aux
lEtats héréditaires de la maison de Brandebourg , et , en vertu de la
coDventioi) signée k Paris , on fermait tous les ports prusiens aux ,
marchandises et aux navires de la Grande-Bretagne,
Alors M. Fox porta au parlement un message vigoureux ; les whigs
se prononçaient pour la politique fière et hautaine des torys. « Geo^e,
roi , y était ^ il dit ; S. M. juge convenable d'annoncer à la chambre
qu'elle s'est vue dans la nécessité de rappeler son ministre près la cour
de Beriin , et d'adopter les mesures provisoires d'une juste récrimi-
nation contre le commerce et la navigation de la Prusse. S. M. regrette
profondément de se voir forcée d'augmenter et d'aggrayer ainsi les
DidiIzedbyCoO^IC
AVANT lA ODISKB COIfTUE tA PBV3SB. 11^
malbrara déjà si vivement sentis par les nations du contîncnt, dont
die a toujours considéré rindépenditnce et la prospérité comme étrol-
looent liées avec les intérêts de son peuple. Mais des mesures dltos»
tiltés directes , adoptées contre elle avec réflexion , ne lui ont pa:)
laissé d'alternative. Dans un moment où des relations confidentielles
avaieDt lieu , sans aucune cause ni aucun prétexte qui pussent motiver
des plaintes, la Prusse s'est emparée de vive force des possessions
èlectonilcs de S. M. Qaoiqne cet événement affectât extrêmement les
intérêts de son royaume, S. M. s'était d'abord abstenue de recourir,
dans cette fâcheuse occasion , à l'attachement inatlêrable et éprouvé
de ses sujets britanniques. £lle s'était bornée à faire, par la voie des
nfigociations , des remontrances amicales contre l'injustice qu'on lui
faisait éprouver ; elle fondait ses réclamations et ses demandes en
r^aralion sur la modéralîOD de sa conduite , sur la justice de ses
remontrances et sur nntérèt même de la Prusse, qui doit sentir le
danger de ce système destructear de toute sàreté et de tonte po9se&<
siOB légitime. Lorsque S. M-, au lieu de recevoir des assurance» con-
formes à sa juste attente , fut informée qu'on avait pris la résolution
d'exclure les marchandises et les bâtiments de ses sujets de tous les
ports et de tous les lieux qui sont sous la domination légitime oa sous
■Influence inévitable de la Prusse , il hiî devint impossible de différer
davantage d'agir elle-même d'une mauière confarme à ses devoirs
envers son peuple. La dignité de sa couronne et l'intérêt de ses sujets
«'opposent également à ce qu'elle se soumette à ces agreasiong
oavertes et non provoquées. Elle ne doute pas que son parlement ne
s'empresse de concourir à venger l'hoDoeur du pavillon et de la navi'-
gation britannique. »
Ce message habile s'adressait aux sentiments et aux intérêts les plus
psefonds du peuple; M. Fox parlait spécialement du tort fait ou
«■«mmeice; la questùa du Hanovre n'était qu'accidentelle, parce
qu'elle était toute royale et de maison souveraine; la nation ne
«armait pas seulement pour recouvrer Théritage de ses rois, mais'
«score pour venger le pavillon du pays '. L'indignation éclata à
' Ktt$ag* froBi hii inajMltf (o fh» paHiameM, on hoitUitin toith Pruttia,
« G, K. His majesty Ihinks il proper lo ecquaint [bc housc of commons, IhM fcr
Ims Found himself und» ihc nctessity of withdrawing bis minisK^r ttam the court
uf Berlin, uià of adopllog provisionallj measurcs or jusl relallalion agalnsl it]i>
X and uvigsUoD of ftnssii. His mnJKt; decplf nfrets thts euenstoa in\
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120. MÉGOaATIONS DIPLOHATIQOBS
Londres; un nouvel ordre du conseil mit un embargo sur tous les
navires prussiens ; des lettres de marque furent délivrées ; de riches
prises vinrent bientôt signaler la présence des escadres britannique»
sur toutes les cdtes de la Prusse. Fox se comporta en digne Anglais;
il décréta les mêmes mesures contre la Prusse que Pitt , son adver-
saire d'opinion , avait arrêtées contre le Danemarck ; l'esprit anglais
dominait tout; on en était arrivé à ce point que l'Iionneur national
faisait oublier les antécédents d'opinions et la mobilité des principes;
il n'y eut plus de partis en Angleterre . tout fut k la guerre contre la
Prusse.
Gustave-Adolphe, ce prince chevaleresque qui régnait sur la Suède,
n'hésita point à suivre M. Fos dans une démarche belliqueuse contre
In Prusse. Le roi Gustave, tout petit prince qu'il était, avec ses faible»
armées et ses quelques mille hommes, manifesta son indignation
contre la déloyauté du cabinet de Berlin ; il n'ignorait pas le traita
secret qui cédait à la Prusse la Poméranie suédoise ; Gustave ne con-
cevait pas une perfidie aussi profonde, une déloyauté aussi grande;
que lut importait le résultat? Ce prince jouait son tréne À chaque
événement; il s'impatientait toutes!^ fois qu'il n'avait pas en face de
lui desgensd'honneuret de devoir; il n'appartenait pas h une époque
d'égoïsme et d'habileté , il périt à l'œuvre ; il ne savait que tenir une
épée, et ce n'était pas assez '.
oggnTiiioB of ciUmities, aiready so Mverel; Tell b; tb« nations or (fae coiiilneni,
«liose independcnce «nd prosperiiy he has nev«r ceased la consider as intimatel;
coniiecled wilh Ihosc DFhis own peoplc. But roeasures of direct hostilily, délibéra^
tclj adoiited sgainst him, bave IcTt him no alleniatiVF.
a In a moment of confldential intercoursr, vilhoul even the prelence otuij muïs
•i( complainl, foictbie possessLon bas been laken by Prussin oF bis majesif s clix-
toral dominions. Decplj os Ihis e\eiit aiTecled Ihc inleresl of tbis kingdom, hi*
majfstj cbose neverlhele^s ta forbear, on tbis painful octasion, ail recoursc ta th*
iried and aiTectiDDaie aliachment oF bis British subj«cis. He remoDslrated, bj ami-
cable negoliatiOD, against Ibe Injury hc had sustaiued, and Tested bis daim toi rrpt-
ralion on Ibe modération of his cooduct, on thc justice of his représentations, and
on tbc cammon iutcrest wbich PruEBia herseirinusl ullimately feel, to resist a System
destructive of tbe secnrity oFall legitlmale possession. But «hen . inslead ofrccei-
Vmg assurances conformable lo ihis just eipectation, bis majesty was informed ihal
thc détermination had been lalicn of excluding by force (he vcssels and tbe comm(h
dities of Ibis kingdom fram ports and countries under the lawful dominion, or For-
cible controul of Prussia, etc., etc. n
' Déclaration de guerre du roi d» Suède contre la Pmuê.
« Dis le premier moment où S. H. suédoise s'était décidée i prendre une pan
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AVAHT LA GDEBHE COMBB LA PEUSSB. 121
Napoléon était ainsi parvenu aa résultat de sa politique habile :
après avoir imposé la pai& à l'Autriche , Il avait brouillé la Prusse et
l'Anglelerre de manière à rendre désormais tout rapprochement
impossible , et à ce même moment , lui qui séparait si invinciblement
les cabinets de Londres et de Berlin , poussait avec une activité remar-
quable les premières négociations entamées entre M. Foi et M. de Tel-
ieyrand; l'empereur restait mettre à Berlin : le demeurerait-il égale-
tnect à Londres? Parmi les prisonniers détenus à Verdun par
l'indicible mesure de violence adoptée après la rupture du traité
d'Amiens; il se trouvait un pair d'Angleterre lié à M. Fox par des
intimités de famille et aux premières races anglaises par son lignage ;
il se nommait lord Yarmouth; ce n'était pas un esprit étendu, ou une
intelligence profonde ; mais îl avait ces grandes manières que M. do
Talleyrand appréciait au plus haut point, et, d'après ses informations
personnelles à Verdun , le ministre fit appeler lord Yarmouth et le
chargea d'aller à Londres pour recueillir et préciser d'une manière
positive les premières propositions de paix , vaguemen t échangées par
correspondance entre M. Fox et le cabinet français.
Lord Yarmouth accepta volontiers cette mission qui le rappr ochatt
«l'Angleterre ; sûr qu'il était de se rendre agréable à M. Fox et à son
gouvememeot * . il partit après avoir vu deux fois M. de Talleyrand,
•ciivr i !■ coalition contre les usurpations de Napoléon, s» majesté avait S\é son
atlcnlion sur la conscrvatiou des possessiona électorales du roi d'Angleterre sur Ib
roatioent, qui venaient d'être évacuées par les troupes flrantaises. Prél i y entrer
iTfc une armée suédoise et russe réunie sous ses ordres, le roi se hita, sur la pre-
mière Douvelte qu'un corps prussien se dirigeait sur ce pajs, de connaître i cet égard
bs intentions de 9. H. prussienne, et de lui demander, avec nne entière confiance ,
M la marche de ses troupes avait le même but que celui de l'année combinée, savair,
de rendre l'électuvt à son possessenr légiiiitie , et en ce cas, de se concerter avec.
S. U. sur les mesures commnDes i prendre.
■ Le roi de Prusse évita dès lors, d'une manière peu amicale, d'entrer dans aucun
^laircisseraent sur cet objet important. L'irrésolution que ce souverain maDifesta
depais, pour se joindre i la cause des alliés, ne pouvait qu'augmenter la défiance du
roi, et sa majesté n'bésita point de prévenir, pour ainû dire, les événements, en Tii-
sanl connaître publiquement, K une époque où on ne pouvait que supposer encocK
lainieniions de la cour de Bussie par rapport aui Étais de 9. U. britannique d anï
l'empire, que le pays de Lsuen bourg resterait sous la protection des troupes suédoises
jusqu'à ce qu'une convention i cet égard Tût conclue avec le roi d'Angleterre ; c'était
il ce monarque seul, comme maître du psySi qu'il appartenait de décider du sort
de ses Étais hérédilaires;ettoutarrangcmentï relatif entre la France et la PrusB«
n'était point admisable. C'est pourquoi, etc., etc. »
' Je doBBC le (elle original de toute cette correïipondtDce i
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Iâ2 m£G0CIATI0}(S BlPLOMATIffUSS
nt revînt à Paris avec des pouToin limités et comfiUoDncls du
ministre. Alors s'ouvrit une négociation dans des termes plus précis
que les ouvertures Taites à la suite de ta première communïcatîoo de
M. Fox. Tout fut plein de bienveillance ; les dépêches échangées
demeurèrent dans les termes d'ime estime réciproque , sans récrimi-
nations et sans haine. M. de Talleyrand établit , avec son habileté
accoutumée , que l'intérêt des deux peuples étant de se rapprocher ,
la base la plus simple était Vuii possidetù. L'Angleterre voulait recou-
vrer le Hanovre , on lui rendrait ce pays et l'on ^ea faisait fort ; die
occupait la Sicile , Majorque ; oti lui laisserait ces possessions comme
indemnité , avec Halte dans la Méditoranée ; Napoléon allait ainsi au
delà du traité d'Amiens. En échange , l'Angleterre restUuant ks colo-
nies conquises sur la France , reconnaîtrait Napoléon empereur des
Français, Joseph roi de Na^es, et Louis roî de Hollande. La
famille Bonaparte prendrait en Europe la place de la dynastie des
Bourbons.
Communteofion moib by Iht Earl of Yanunah to Jfr. Mcrtlory F»x , datad
JiUMl3, 1§06.
a A. fe« daj's aller my arrivai al Paria Trom Ihe depol al Verdun, Mons. Tallej-
rand dcaired iik lo call upon hira ; haviiig donc so, be told me (bat Uia Frciicli go~
Veronni had b«Mi laolusg oui for sove ncuia bf wUch a sacral «ad oodIMcmûI
rom mua ica lion raight be made, eiptinBiorTortbeKnttmenisand «îevsorFranre,
■s traitas ihe ouUines of tha umu «a which peace miglu be reslond belveon Um
iwu coiuitciBS.
u Having menlianed ihe extreoM dcsixe of maklng tUa coDunuiiictUon io sach
a uianuer Ihal no publicity mighlia anf casecusue, ahcujd Ihaobjeclof Unol Ir
oblaÙMd, lb)aB.TaltejTBiuliiroi:eedad tasiateinaloiigargmiienl, whicfaiiis nseltM
Iv B»pe*t,asilf«iiinslbe&ubsLaiic8 of severalof IheFrencb govaroraeul'a dispalchci,
ibe laasoiis «biah preveutUieJruaaiUiiglijragenBnlpeacc joiuil| wiib Riuaia.a
£MTtu)tfroai»di»palAfromthtEaHofranmouA, le Jfr. «aerataiy Fox, iau4
Paru, Junt, U, ISM.
n Mr. TaRCTTBndoftenrepettcdtliBtlfce«mperarhadeaquîr«4«kglhcrIhadBaj
^«ers, addfng , s qu'eo politique on ne paut parler la laéme langue h oo n'y cet
Clément autorisé ; n apd bas (V^uentl; said lliat tliey conaidorad tfaat Haoover fw
Ihe bonour of ihe crowD , Malta for Ihe bonour of Ihe nav}', aad Ibc cape of Good
Hope for Ihe bonour of British commerce, ta be snBcieol indnMments lo fnduea
bis majesiy's ministers to make peace. >
■ Paris, Jul7tt,lS0e.
' Sir, I saw Mr. Talleyrand lo-day. 1 raii perceive thaï ihe terms of Friace arp
Inrreascd, but slill ncl sù much as ttie suddcn defccLion of Rusajo hsd led me tu
apprehend. Ilanover, Malta, Ihe Cape, and lodia, remain pure aiid unsullied ; aod I
look an opjwrlaDilj in conversation lo protest, Ihat comc what corne mighl, tbr^a
yrtrt pointa I never irould soffer U be mentioned but as poinls t^ned upon.
_ DiclzedbyCoOglC
AVANT LA GUBRBK C05TBB LA PBOSSB. 1S3
Ces bases ne pouvaient déplaire h l'Angleterre, qui convoitait
depuis longtemps la Sicile, toste grenier de blé, comme le Fcntugal
était son coteau de vignes. Ces établissements dans la Méditerranée
lui assurant une immense prépondérance , elle pourrait plus tard n
donner l'Egypte , la clef de l'Inde. L'Angleterre n'avait pas foi dans
le» royautés éphémères que Napoléon créait par des coups de force ,
tandis qu'elle resterait mattresse définitive de possessions réelles dani
la Méditerranée. Fox pouvait justifier un semblable traité devant le
parlement , aveo l'assentiment de la nation. Ou remarquera que daw
toutes ces négociations de cabinet il n'est pas question une seule fois
de la Prusse ; Napoléon , qui vient de lui céder le Hanovre, l'offre i
l'Angleterre sans en dire un mot à Berlin ; il dcHine ainsi des deuK
mains, sur qu'il est avec ses armées de réduire ta Prusse au silaoce;
il l'a compromise , et c'est tout ce qu'il lui faut ; il la traite désormais
on puisfance secondaire. L'empereur ne s'inquiète que de la Grande-
Dretagne.
A ce moment arrivait de Saint-Pétersbourg un négociatetir pour
easajer directement un traité avw Napoléon qui annonçait i l'Europe
ses intentions pacifiques ; ce n'était point un homme de grande nat»<
ciDce, de maison illustre, cowrae la Buwie sait en dôsigoer quand elle
Mul frapper les yeu& ; négociateur Ivbile et délié , H. d'Oubrill avait
des pleins pouvoirs signés de l'empereur pour traiter aveo le chef du
geuvernement français sur des bases raisonnablea *, La Bussio, sans
■ Mr. Tiltef rsnd deminded m; p«w«rs. 1 did not Ihink m'jatit Butboiiwd, ID tbo
jrMtat circunstaoces, la wiibhold tbem.
■ GMcral CUtke is D(in«d ta ttnl wilh ne. ■
' Il wiincontesiBblequeM. d'Oubiillneii des pleins pouvoirs; en voici bleue:
a Nons AleiBiiilre 1", empereur et aatocrste de loutes les Bussies (suivent ton»
lwlitr«sd«S.H.I.}:
• pnriint oonsumioMl doIk sollicitu4e k la conaenaDoD on Europe du «atœ
ci <jc I» Iranqulllité, et étanl niô par un disir sincère de meure fin à la méàntiltU
gcfiM el de rétsblir l« bonne barmonle avec la France sur de« bases solides, DOUi
■vous ]ut(i bon de comoHUK ce soin i un«penoDii« Jouissant do Helr« eaoflancr,
A rel elTet, nous avons cboisi, nninm^ et autorisé notre amé ri Tcfll Pierre d'OubrlJt,
■Mire cBDaellhr d'Ëiai et rhevilier dM ordres de Saiiii-VVIadimir de ta Uelaline
liasse, de Sainte-Anne de la seconde el de Salni-Jean de Jérussleni , caaiae loua
le cfaolaiMeiis, nâmmain et aulorisons par les prétenies, )i l'clfbt d'aUeludre et but,
4'eiilrrr eo pourparier avet celui ou ceui qui y seront suffisamment auioriséa de la
part du gou^crnenenl Tranfais, de conclure et signer avec eux un acte ou GOUTenUon
kur des bases propres i affermir le psU qui sera rétablie entre la Bussle M la Fnnec,
comme à la préparer entra le* autres puissance* bell^érantes de l'Europe.
a Pronwtipna uir notre parole împttiale d'avok pour bon el d'eitculei BiUl«ilHa\
DidiIzedbyCoO^IC
134 RÊGOOATKHrs DIPLOMATIQUES
iatérftt immédiatement compromis par la guerre, ne toucliaît la
Fituice par aucun point ; Austerlitz n'ovaît été pour elle qu'un acci-
dent , qu'une défaite partielle , dont elle s'était bientôt relevée. L'em-
pereur d'Autriche, en séparant sa cause de celle de la Russie , l'avait
dégagée de tout lien commun ; la Prusse avait également fait sa pai\
avec la France. Dans cette situation , la Bussie n'avait plus d'engage-
ment qu'à l'égard de l'Angleterre ; et ici l'habileté de M. de Talleyrand
devait consister à séparer les deux négociations. S'il parvenait à obte-
nir un traité spécial pour la Bussie , il pourrait proposer des condi-
tions plus dures à l'Angleterre. M. Fox avait déclaré qu'il ne traite-
rait jamais que de concert avec la Bussie ; le chef-d'œuvre de la
diplomatie de M. de Talleyrand devait donc être d'opérer la séparation
par la volonté de la Bussie même.
C'est dans ce sens que la négociation s'ouvrit avec M. d'Oubrill ,
entouré et fêté à Paris par l'empereur et sa cour. Une seule question
militaire existait vivace et puissante entre le cabinet de Saint-Péters-
bourg et celui de Paris : elle se rattachait k l'occupation des bouches
du Cattaro , k la révolte des Monténégriens, aux possessions des Sept-
Iles. Là les Busses se trouvaient en présence de l'armée française , il
y avait eu même des engagements à main armée ; les bouches du
Cattaro avaient été remises par le général autrichien à l'armée russe
et ces troupes s'y maintenaient avec fermeté. L'empereur Napoléon
désigna pour traiter avec M. d'Oubrill le général Clarke, qui com-
mençait il jouir de toute sa confiance ; le général Clarlie , courtisan
un peu olfôéquieux, avec des manières hautaines et tout dévoué à
l'empereur , se faisait fort d'obtenir la paix i des conditions favo-
rables.
Tout restait néanmoins sous la haute direction de M. de Talley-
rand. Le général Clarke s'entendit avec M. d'Oubrill sur les diffi-
cultés militaires et sur la question diplomatique ; par un traité posi-
tif ', il fut arrêté que les bouches du Cattaro, étant une dépendance
tout ce qui lun été arrêté et signé par ootredit plénipateniiaire ; de même de donner
notre KliBcalion impériale dans le terme auquel elle aura été promise.
> Donné i SuDl-FélcrstKiui^, le 30 avril 1806, et de uoire règne lesiiièmc.
• Alkianorb.
B Contre-iigtté : prioee Adah Czabtobbst. >
I L'cxùloice de ce traité est incontestable, l'original eiitie.
Traité dtpaix tutn la Franee *i la Suttii.
• « Ajllcle 1". A dater de ce jour, il y aura pour tonjonra pali et bonne amitié
DidiIzedbyCoOglC
AVANT LA GDEHBS COMTBB LA PRDSSB. 125
de la Dalmatie, rentraient dans cette province, cédée à la France par
le traité de Presboui^ ; la Russie s'obligeait donc à l'évacuer. Ed
échange , Napoléon consentait à l'indépendance de la république de
Raguse , sous la protection de la Porte ottomane ; les Monténégrlens
étaient eux-mêmes déclarés indépendants dans leurs agrestes mon<
tagnes; la république des Sept-Iles était reconnue, 4,000 Russes
devaient rester dans les tles illyriennes comme garnison ; on garanti»<
sait l'intégralité de la Turquie dans ses possessions actuelles. Les
troupes russes quittant les twuches du Cattaro , Napoléon s'engageait
à éfocner l'Allemagne; on emploierait toute influence réciproque
tniie s. H. l'empereur de Rasste et S. H. l'empereur des Franctia, roi d'IUlie, leurs
UtitiETS et successeurs , leurs ÉIils et sujels.
a Art. 3. En eifcution du premier arlicle, Im boslilités lanl par mer que par lenre
reaseront anaaitM enire les deai nations. Les ordres nécesaaires pour cet effet seront
en ennséqucDee eipédiés dans les vingt-quatre heures qui suiTTcnt la algnalure do
ce tiaiié. Tous nisseauT de guerre ou autres bitiments appartenant Jil'unedes deux
puissances ou aut sujets de l'une d'elles, qui seraient pris, dans quelque partie du
mondeqne ce puisse être, seront restiluésaux propriétsires.
• Art. 3. Lrâ troupes niesos remettront lai Français le pays connu sous le nom
de JTqiicAu du Ca(iaro,qui, comme dépendance de la Dalmoiie, oppartienl t S. U.
l'empereur des Français eo sa qualité de roi d'Italie, d'après l'art. 4 du traité de
Prtsttoarg. Il g«a fourni aui troDpes russes toutes les facilités possibles pour leur
sortie tant des bouches du Cattaro que du territoire de Raguse, dupais desMonlé-
ut^ieuseldela DalmaUe, obles circonstances do la guerre peuvent les avoir con-
duites. Aussitôt que ce traité sera connu , les commandants de terre et de mer des
dcui utiora feront, de coDcert, les dispositions nécessaires, tant pour la retraite des
troupes que pour la remise du. territoire.
■ An. 4. S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, voulant donner i S. H. l'em-
pereur de Russie une preuve de son désir de lui Ctre agréable, consent : 1° 1 ce que
U république de Raguse conserre son indépendance précédente, k condition qu'elle
■en, comme par le passé, souslaprotectiondelaPorteottomane;2'>i ce qu'aucune
bosiilité n'ait lieu 1 dater de la signature dv présent traité, contrelesMonténégriens
tant qu'ils se tiendront paisibles comme sujets de la Porte. Ils seront obligés de
tenirtT aussitôt dans leurs foyers, et l'empereur Napoléon promet de ne pas les
inquiéter, et de ne faire aucune lecberche en raison de la part qu'ils ont prise aui
hiistilités contre Raguse, ses dépendances et les pays eircoa voisins.
•> An. S. L'indépendance de te république des gcpt-lles est reronnue par les deux
puisfances. Les troupes russes qui se trouvent maintenant dans la Uéditerranée sa
réviiifODt Bui tles Ioniennes. 8. M. 1. russe, pour donner une preuve de ses inten-
Uena pacifiques, n'y tiendra au plus que 4,000 hommes de ses troupes, quienrepac-
tiraat même lorsque S. U. I. le jugera nécessaire.
• Art. B. On se promet, de part et d'autre, de ne porter aucune aiieinW à l'indé-
lendencedete Porte ottomane, cl les deux hautes parties contractantes s'engagent
nciproquement i maintenir celte puissance dans l'intégrité de ses possessions.
a Àn.7. AuasitAtqn'eo coufoimllè de la présente convention de pait, l'ordre
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It6 MteOCUTIOItS DIPLOHATIQCBS
(lOttr anener un traité entre la Prnsse et ïa Saède ; la Rossîe slnter-
poeerait aBo de décider la paix marîtime aux rarîlleures condttioDs
|KHir toutes les parties en guerre.
La signature de ce traité fut pour Napoléon un grand sujet de
Joie, car un résultat immense était obtenu; séparent la Rusne de
l'Angleterre , il n'avait plus autant à ménager le cabinet de Londres
dont le plus puissant allié venait de traiter avec la France ; on arait
une convention définKive en portefeuille. Dès lors les négociations
i«ec M. Fox prenoeut us caractère plus exigeant , plus impératif ;
Napoléon ne part plus des bases d'une cesrion de la Sicile , de Halte
et du cap de Bonne-Espérance , c'est trop : la seule compensation de»
sacrifices faits par l'Angleterre est le Hanovre; on l'ofFre encore;
l'empereur revient à son thème obligé du traité d'Amiens et de l'exé-
cution des clauses stipulées en 1800 ; il ne fait pas un pas, ne comp-
tant ni les aofuisitions tcoritoriales sur le continent , ni la royauté
dltalie, l'Espagne et la Hollande dans les mains de ses frères ; il veut
même oublier le combat de Xrafalgar , qui a brisé sa marine ; Napo-
léon dit : « Je suis maître d'un traité avec la Bussîe, je modifie nies
conditions à raison des avantages nouveaux que je viens d'obtenir ;
peur l'éracuitioB deakouchc* du Cntlaro par lee mi^es rnsws nra M dMD^, Ira
IraupM friDfiiMs se Ktireroat it VAUtma^^. S. M. l'iMpmeiiT N«p«)oaB déobr»
que iims moins de trois mois, après la (i|Miure du [wtiwi titité, les troupes fran-
TBiscB MTonl toQtrs rentrées ta Frtnce.
o Att.B. LesdcDX coutsproinetteBld'iuerpoaerlEiirsbBiiioOiocepouTpreeureT
Il paii eolre la PrwEsed h Suède.
■ 4rt. 0. Les dnii hauicc ptHies contnckatcs Hmnnt accepter aount qu'A
dépend d'elles le retour de la paii mariUme, %. U. l'mpereur des Français accepi*
les bons oŒces de S. M. russe à cM ^ird.
u An. 10. Les rHitioiiB de eamoKTce entre les ngsls des deux puissances seront
r^blies sur )e mfwe pied où ellw étaient iMsqueles hosUUiis «)( mnmencé.
» Art. 11. AussiiAt après l'échange des relifications.Ies prisonniers des dcni
nations seront remii sai» exception aux agents respectifs de leur nation.
» Art. 12. Les relalious diplomatiques et l'étiquette entre les deui cours fieront
les tnéues qu'aranl la guerre.
» Art. 13. Les ratiâcatinns de la présente cnnveniion aeronl échangées i Pélers-
tourg, dans l'eqMce de 99 jours entre deux pléaipoientiaire» iha^és pur leur cour
respective de pleins pouvoirs k cet dht.
■ Cenelu et «igné i Paris le S T. 8. (M) juillet tSM.
» Sigaé ; Piuuu d'Ocuull.
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AVANT LA QOBUB CONTBB U PRDSSB. 187
}'«i ooe meiHeare poùtion , j'en profite, ne oomptez plus sur In basa
que j'ai d'abord posées ' . m
H. Fox a compris qu'avec ce cluDgeaieDt dans U politique du ca-
binet français , lord Yarmoutb o'a pas assez de capacité pour uiivre
iieul une négociation aussi in^tortante; il désigne, pour le seconder,
lord Lauderdale , diplonute qui ai^iurtiect au parti GrenvUle ; plus
ferme , pK» tenace, celui-ci ne se laisse plus amuser , comme lord
VamiouUi, pu: des paroles ; il a un système, et, comme il vient avec
des pleins pouvoirs, il demande qu'on s'explique catégoriquement :
« Sur qudies bases veut-on traiter? » H- de Talleyrand donne
d'abord des pleins pouvoirs au général Clarke ; rien n'erapèche qu'on
ne traite; puis la négociation devenant plus importante, M. de
(Jbampagny est désigné pour la diriger au nom de la France. U. de
Talleyrand veut qu'on fixe une ville , comme Amiens, Bruxelles, afla
d'ouvrir des conférences. Lord Lauderdale répond toujours : « Pour
négocier il faut des préliminaires; quelles bases admettez -vous? Il
est inutile que nous restions à Paris , si nous ne nous entendons pas
sur les conditions fondamentales, pourquoi se réunir en conférences?
Admettez-vous ooa préliminaires? s Ici commencent les demandes
réitérées de passe-ports , comme une fols déjà la chose* est arrivée à
l'époque de l'ambassade de lord Wbitwortb i la rupture du traité
* Psoduit ce temps oo se donnait réciproquemut dw témoigntgM d'uM boum
iatclUgMCC : TOici ce que diclaît NtpeKon sur cesrapporU avec l'Angletem.
■ Quoique la possibiliti d'une paix prochiiua avec l'Anglelcrre occupe lous Ira
Fsprits, le EKrei des Dégociaiions resta entre les deux cabinets; mais 11 eil permis
iu moins de eiter les faiu qui sniionceut de part et d'autre une bienveilluice qu'avait
*rvtée le ton tranchant du ministère de M. Pitt. On dit que JU. Foi, en accordint
au génénl Lepoype et & deui autres militaires de marque k faveur de rentrer eu
France SUT leur parole, a demandé i S. H. I. la mèmegrAcc pour cinq prisonniers
■iflaia auxquels il s'intArease , et qu'il n'a pas été refusé. On dit également que le
dacteurJeniier, si célèbre parla dicouvertedela vaccine, s'était directement adresei
■ l'eniperfur pour obtenir la liberté du docteur Windham et de H. fViUiami, tous
deui ses amis, et prisonniers i Verdun. La requête du docteur Jenner a été long-
temps égarée ; ausslidt qu'elle a été mise sous les jeux de &. H., l'ordre de liberté a
été accordé: ces deai Anglais psrt«il sons peu de jours pour Horlaii, où ils doivent
k'rmbarqueri enfin, on cite un autre prisonnier anglais, fils d'un habile astronome,
et lui-même livré nilièrcmeat i l'étude des sciences, qui vient d'obtenir la liberté de
rentrer dans sa patrie. On ajoute que plusieurs membres de l'Institut sa sont vlve-
menl intéressés i ce jeune savant anglais , et que leurs sallicitatloos ne lui ont p«s
iié inutiles. Ces faits, qui ne prouvent rieu en faveur d'une paix générsle, pourraient
peut-fire servir i montrer dans quel esprit les négociations ont été eutanéei. a
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138 nicocuTiOHS diflohatiquks
d'Amieiu. Lord Lauderdole est un esprit feme qui ne veut pu se
laisser jouer * .
D'ailleurs, un événement se prépsroit alors en ADgleterre, suscep-
tible de donner une direction plus unie et plus énergique i la poli-
tique du cabinet. Charles Fox avait éprouvé, dès le mois de juin, des
symplémea d'une maladie aiguë qui faisait d'épouvantables ravages;
son court ministère avait été vigoureui et véritablement anglw; sa
conduite si nette avec la Prusse avait reçu les applaudissemails de
tous ; quel que fût le patriotisme de cette politique , Fox était otdigé
de sacrifier aux nécessités de sa patrie les convictions de sa vie entière.
Que faisait-il en ce moment? Il suivait les errements de Pttt, son
adversaire ; il donnait un démenti à toute son existence d'homme
d'État ; whig , il devait tendre la main à ta France , se séparer de la
coalition , et rester dans le cabinet le Charles Fox de l'opposition ;
eh bien ! il était obligé de sacrifier son passé , de se lier avec le conli-
' Le langage des lords Ltuderdale et Tannoutb devient plus ferme, plus diplon»-
tiquc. Ils écriTileDi simultsuément i U. de Telleyrsod :
■ Les comtes de Laudetdale et de Yarmoulh ont l'honoeur de réitérée k S. Ek.
le ministTe dts ulations eil^ieures U demande, qu'ils ont eu l'honneur de lui f(ii*
hier i sii heures et demie iprès midi, des passe-porls nâcessaires |iour eui et pour
leur suite, ainsi que d'un passe-port pour un courrier qui les attend pour partir.
■ Ils ont l'honneur de renouveler les assurances de leur haute coDsIdéntlon.
" I.AeDESDALE, YaBHODTH.
D Paris, le 10 août 1800, il heures a. m. »
« Slonsieur, il est de notre devoir de réitérer la demande, déji deux fois ftiu,
d'un passe-port de courrier, et «n mime temps celle des passe-porlsnteessaircspour
notre retour en Angle Lerre.
u Nous croyons devoir aussi Taire remarquer i V. Etc. que ces demandes fiiml
failes jBmedi i 6 heures du soir ; qu'elles dirent renouvelées auprès de V. Eic. hirr
matin, ill heures, et que, jusqu'à présenl, nous n'avons refo aucune répooseàrr»
demandes,
u LorsqueV.Eic.se rappelle qu'il s'est passé près de 21 heures depuis que nous
nous sommes adressés pour la seconde TolsiT. Etc., et que, sans parler de n»)
propres passe-ports, nous nous sommes vus privés dans l'intervalle des mojeusd'cn-
vojer un courrier en Angleterre , elle ne peut qu'être entièrement persuadés que ^i
nous nous abstenons de toute remarque sur un procédé aussi eitraord Inaire, et coa-
Iraire tui usages refus, c'est par le désir d'éviter autant et aussi longtemps qu'il erra
possible tout ce qui pourrait occasionner de l'aigreur, et changer la nature et lefauJ
des communications qui ont eu lieu jusqu'à présent entre les deux gouvememoils.
■ Noua prions V. Eic. de vouloir hien agréer les assurances de la haute coDsMé-
niionaveclaquetlenous sommes, etc.
n LArOERDALE, Yaruolts,
a Paria, le il août 1800, iO heures a. m. ■
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AVANT LA GCSaSB COMRB LA PBDS8K. 129
jient, de payer des subsides, de remiieF le monde contre la France ,
et cda lai déchirait tes entrailles. Pitt mourut, jparce qu'Austerlitz
brisB|,la coalition , l'cenvre de sa vie ; Fox mourut, parce que lui, qui
arait combattu le système de coalition contre la France, fut obligé ,
comme Anglais , d'appeler les cabinets du continent à une croisade ,
et d'adopter en tout point les principes hostiles à sa primitÎTe et
grande conviction du parlement. Souvent, en Angleterre, les hommes
meurent avec la chute de leurs idées ; pour eux , les afTaires sont an
devoir et une mission.
Lorsque la vie de Fox s'en allait , le parti Grenville dut prendre la
direction immédiate du cabinet; il était franc, décidé, antirrauçais,
et différait peu du système de Pitt dans ses haines. Lord Lauderdale
re^ut l'ordre de demander une explication à H. de Talleyrand,
sinon on devait exiger les passe-ports dans vingt-quatre heures, et
la rupture absolue des négociations entamées *. On voyait qu'une
' Lord Lauderdale dimaDde hiuieincnt.ses passe-ports, il écrit i H. deTtl-
Ir;i«id:
a Paris, X septembre 1806.
• Uonsienr, je ne perds pas un momcDl è faire conosttre i V. E. que le réttultal
da U eoaUteact que j'ai eue aujaurd'hui «tcc S. E. U. de Champagnj ae ne lais»
ntlbenreuseinent aucun espoir de pouvoir amener les néBOciationa de la part de la
Grande-Breisgoe et do la Russie k une issue favorable.
> Dans cet état de choses, et d'après mes instructions, il ne me reste d'antre parti
à prendre que de m'tdresser à V. E. pour les passe-ports oécessaires, afin que je
puisse retourner auprès de mon souTerain.
■ En disant ainsi cette demande i Y. Eic., je ne saurais me refuser au plaisir
«lue je ressens à témoigner ma reconnaissance de toutes les alteti lions personnelles
queV. Sic. abieoToulu me marquer pendant mon séjour t Paris, etieiprimereii
mène temps les senlimcDis d'estime que j'ai toujours ressentis, et que je ressentirai
dans tous les temps pour V. Eic.
» Laddbbdau. •
Extraa from a ditpaUK from th» Earl ofLmidwdaU to Earl Spmew, dattd Farit,
Stptember 36, IBOS.
• ATter the usual interchange of civUities, he proceeded to sa]', thaï, to aecure
pcace, ihc emperor had delermined to mske great sacrifices.
■ Ist. Thatfianavervilli ils dependencies should berestoredlohismajesty.
> Zd.Thattho possession ofïlslta should beconOnned 10 Great Britaln.
> 3d. Tbat Frsince would inierTere wiib Kolland to couBrm to his DMJestjr ihe
«bsolule possession of the Cape.
■ 4tli. Tbst the emperor would conflrm (o bis majestj the iiossession of Pondi-
• taerj, CbandcniagOTe, Mahee, and the otber dqiendent comptoirs.
B 5ib. That as Tabago was originaUj seliled bj the En^i^, it was meant aiso to
fiTC that ifUnd t« ibe ctovn of Gresl Britain.
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130 irÉGoaATioiis diplomatiqcbs
main plus vigoureuse prenidt le gOQTerneineat politique de l'An<
gletenrc.
Ce qui conSrmatt lord Grenville dans ses idées de fenneté et de
coalition , c'est que les nouvelles do continent étaient bonnes ; il j
avait tout espoir de recommencer la gnerre avec une indicible éner-
gie ; les nations se réveillaient I A Saint-Pétersbourg le traité signé
par M. d'Oubrill venait d'exciter la plus vfve indignation ; commu-
niqué à Alexandre , il refusa de le ratiflcf ; on doit même croire qae
la négociation de M. d'Oubrill n'avait été qu'un moye» de retarder
les hostilités ; on se donnait le temps de constituer un jAm puissinl
état militaire , et les éléments d'une plus formidable campagne ; le
cabinet de Saint-Pétersbourg était aise aussi de constater aux yeui
de l'Europe, par la tendance des négociations, que Napoléon faisait
partout des promesses et trompait tout le monde à la fois; M. (TOa-
brill reçut comme témoignage de mécontentement un ordre d'élu ;
le ciar Alexandre déclara ; s Qu'en aucun cas il ne ratifierait ce
traité, parce que M. d'Oubrill avait outrepassé ses pouvoirs, et com-
promis la dignité et les intérêts de l'empire '. » La Russie se rap-
prochait du cabinet Grenville , fortement constitué ; et, comme elle
trouvait cba les torys des garanties plus considérables que dans la
whigs et M. Pox , la Russie rompit tout rapport avec la France, et se
prépara plus que jamais aux batailles ; elle devint l'àme et le mobile
de la Douvelle coalition. L'Angleterre s'engagea pour de» subsides ,
mois avec précaution encore.
La Prusse elle-même , si abaissée , si démoralisée par son Inconce-
» To ail ihis he addcd, i&atwbtt hebadnow Mid, proCMdtd on ifie sujipotlUoii,
that Slcilj wu to be ccded, md tbat ibe Frencb goverament prcpoaed that hia Siei-
tian majcsty «hould bare, as indsmDJtjr, not onl; the Balearic islands, but shoald
itso THclre an tonnil]' IVom tbe court or Spain lo euable btm to support hi»
dipitr. •
' napoléon dictait ranlclcsairantstir H. d'OabrlII;il le meiultsousladaiedc
Saint-Pétersboui^ :
n M. d'Oubrill est disgracié. Il rleni d'être enrojé en etil. Que tul reprocbe-t-«n
cepcpdantT il a agi avec des pouvoirs en rtgle; et STSat son départ , l'empertni
Alexandre, dans une audience de Irofs heures, lui avait donné ^es instructions par-
ticulières. Aussi, dans le conseil qui ■ prononcé sa disgrâce, l'empereur l'c-t-il
Mulenu pendant très -longtemps avant de le livrer i ce que nous appelons Ta fhnion
anglaise. Les Kurakîn, les RomanmlT, les personnages enfln les plus coosidèrés et
les plus dignes d'oicrcer quelque ioDucncc dans îes conseils, sont aussi d'un senti-
dHDt hvorablc i V. d'Oubrill et à sa mission, n
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AVANT U. GDBBBB CONTRE LA PBUSSE. 13t
Tsbie conduite depuis six mois, sembla se réveiller d'un long sommeil
poor se rapprocher de l'Angleterre. Plusieurs fsita contribuèrent i^
lui révéler les périls qui menaçaient sa politique otermoyantc : dès
qu'elle avait appris les négociations de lord Yarmouth à Paris, la
Prusse avait envoyé plusieurs agents pour connaître les bases diS"
cutées entre les deux grandes puissances; le général Kalkreuth , la
mtrquîs de Lucchesinï , étaient successivement arrivés à Paris pour
pénétrer quelques-uus des articles secrets alors en contestation ailr«
rÂng)eten« et la France. Qu'allait-il être décidé? L'instinct sofiSt
poor lui indiquer que nécessairement il s'agirait du Hanovre dans de
telles négociations, car l'Angleterre y tenait essentiellonent ; on ne
sut rien de précis tant que lord Yarmouth et H. Fox domioàrent les
tnuiMcttons secrètes ; mais dès que lord Lauderdale s'aperçut de la
toannae louche et incertaine que praiaient ses rapports avec la
Fraace, il D-eut rien de plus empressé que de communiquer à la
Prosse les notes de M. de Talleyrand , et les préliminaires échangés;
on vit qu'au mépris de la convention arrêtée pour la cession du Ha->
Dovre à la Prusse, en échange de Clèves et de Neurchàtel, M. de Tal-
leyrand offrait U restitution de ce même Hanovre à l'Angleterre *.
' Cette démoralissiion de la Prusse devait être d'autant plus complète, qu'en ce
moment Frédéric-fiuillauniB anii, par un édil, rënnl déSniiivemeut le IlanoTre à sa
DiDDirchie.
■ Nona, Frédérie-Ovtllaume III , roi de Pratse , etc., hSsona sarolT ce qui suit :
> Ledésird'MBnnriiiosBdUeBsuiets.^iisiqii'aiiiitatsvoiiliiadeDOspnivineea
du nord de l'AlInnagna, les bitnhiis de la paix pendant la durée de cette guerre , a
àé l'unique objet de nos soins. Nous noua flattions d'atteindre ce but désiré par la
parti que nous primes , i la suite de ces derniers éfénemeDU, et qui nous Hmea
unoallre par notre patente du 2Ï janvier 1806, d'après laquelle les Étala de la maison
éleclorala de Bninswick-Lunebouif en Allemagne seraient occupés par nos troupen
Hpraotis par nous. Mais, connue depuis la cession de trois provinces de notre
Bwmrehie. faite dans l'intention d'assurer une tranqullliié durable k nos sujets ainsi
qn'aoi Étals limitropbes, ddub avoua conclu une eonvenlioD avec S. M. l'empereui
des Français et roi d'Italie, par laquelle, eu cédant trois de nos provinces, et en vertu
de garant iea lécifffoqucs et solennelles, S. M. 1. nous a cédé les droits légitime*
qu'elle a sar les Élats de Brunswick-Lunebourg eo Allemagne, et qui lui étaient
ilëTolnapar droit de conquête ;
■ Bn coDséqoence, nous déclarons par la présente que dès ce momenllcs Étals de
la maison éleetocale de Brunswick-Luneboui^ en AUcmagn e sont considérés comma
nous appartenant et comme soumis à notre autorité. A dater de ce jour, ces Etats
u>nt gouvernés et administrés en notre nom. Noua enjoignons k toutes les autorité»!
du pajs de continuer leurs fonctions eu notre nom et bous la direction suprf me de
notre commissaire administrateur, le général de cavalerie comte de Schulenbouin-.
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132 Nfa:ociATio:iS diplomatiques
Cette circonstance irrita au dernier point le cabinet de Berlin contre
Napoléon ; non -seulement on démoralisait sa politique, mais on le
trompait ; on le faisait rompre violemment avec rAnglcterre, et sous
main on traitait avec M. Fox pour restituer le Hanovre.
FlusieuTS circonstances vinrent encore irriter le Prusse : elle avait
cédé le duché de Clèves ii Napoléon , qui s'était engagé à le conférer
comme indemnité è uo des princes allemands dépouillés, et Tempe*
reur en donnait l'investiture à Murât, sorte de commandant d'avant-
poste pour menacer la maison de Brandebourg. La confédération du
Bhio était-elle autre chose qu'un moyen d'envelopper la Prusse dans
un cercle de principautés indépendantes? 11 est vrai que M. de
Laforest avait dit à M. de Haugwitz : « Faites une confédération an
nord comme nous en faisons une au midi, nous n'y mettrons pas ob-
stacle ' ; » et pendant ce temps mille intrigues étaient jetées pour empê-
cher ce résultat. Ou savait que NapoléiHi négociait avec la Saxe , la
Eehet, et de la commission éublie par lui. Nous espions que la aoblcsK, les préists.
les bou^eoia et loua les sujets du pays se soumeUroot volontairemeni i un ordre de
choses qui sera pour cm une Douvelle ^que de tranquillité et de prospérité, ei
qu'ils prouveront l'amour qu'ils ont pour la patrie eD nous lémo^naDt Its seutimenU
qui doivent les attacher k notre personne. De notre côté, nous ne négligerons aucune
oceasloD de leur prouier notre sollicilude paternelle et le dêsir que nous avons dr
les reiidre beureui.
u Berlin, 1" avril ISOO. ■ FninÉBic-GmLLArMB.
H Du Hacgwitz. ■
■ Dépéehi dt M. TalUyrand àM.di Laforut, arttbauadtur à Barlin.
« Après avoir présenté au monarque prussien copie du traité de conTédération entre
les lËtsts du Bhio et t'emperEur Napoléon, meUei tout en ceuTre pour que les ministrea
ne puissent conserver le temps , ni m ménager les moyens d'éclairer l'esprit de Inir
maître sur sa position , sur la nature et l«s elIMs de l'alliance. Faites en sorte que
8. M. consente à déclarer publiquement n'avoir aucune répugnance à se joindre au
nouveau système politique introduit en Allemagne par celte conrèdération ; c'est-
à-dire qu'elle se montre disposée k reconnaître et à honorer sous leurs nouvcaui
titres tous les membres delà ligue, en renonfant, pour ss part, aux dignités et ani
alliances qui ne pourraient être conciliables avec l'existence de cette confédération;
qu'elle reconnaisse Clément l'autorité des confédérés sur les Étals qu'ils vicnneni
de joindre i leurs domaines bérédilaires, l'origine de cette acquisition fUt-clle-méroe
lllégaleet arbitraire, â'ilsrrivait que, vu quelque considération de rang, ou en raison
des relations par lesquelles il est lié dnna l'empire, le monarque semblit hésiter à se
rendre au désir de l'empereur, vous devrez alors déclarer que l'empereur est t jamais
éloigné de tout dessein de s'arroger sur d'autres États de l'Allemagne l'autorité qui,
en qualité de prolecteur, lui est courcrée, par le vote libre de la ligue du Bhin ; qu'en
conséquence, si le roi veut former dans l'Allemagne seplcnlrionale une réunion des
États qui dans tonles les circonstances se sont montré» plus ou moins attachés à U
Prusse, la France ne s'y opposera point. ■
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AVAKT LA fifTERRE CONTRE LA PRUSSE. 133*
Hesse, pour rattacher même ces puissances h la confédération du
Rbin» et dès lors quelle garantie restait-il à la Prusse? Dans cette
sJtuatiOD, il était facile à l'Angleterre et à la Russie de se rapprodier
da cabinet de Berlin pour un intérêt commun. Il fallait défendre
l'Allemagne et sa force de nationalité.
Déterminerait-on l'Autriche à une prise d'armes , cette Autriche
que le traité de Presbourg avait si profondément humiliée î Sis mois
tétaient k peine écoulés depuis la signature d'une convention diplo-
matique dont les clauses si dures avaient flétri l'&me de François II ;
les plaies étaient saignantes encore, le sceptre de l'Autriche était dé-
pouillé de ses fleurons ; mais je l'ai dit : au cas d'un succès glorieux:
pour la coalition, l'Autriche se serait relevée de ses ruines. Les traités
Inuniliants ne peuvent arracher à un État ce qu'il a de force et de vie;
laisseï venir la première circonstance, il la saisit ; il relèvera sa tète
pour conquérir son indépendance de nation. Ainsi fut l'Autriche,
déjï repentante du traité de Presbourg ; elle n'attendait qu'un pré-
texte pour reprendre les armes et combattre. Quant À la Suède , elle
a'avait jamais cessé de lutter contre la France de Napoléon. Dès que
la Prusse se déclarerait pour la coalition armée, la Suède mêlerait ses
soldats aux régiments exercés qui s'avanceraient sous l'aide noire de
Brandebourg en invoquant les souvenirs de Frédéric le Grand; la
guerre entre ces deux cabinets ne résultait que des rapports intimes
de la Prusse et de la France ; le roi de Suède presserait la main de
Frédéric-GuillBume dès qu'il serait hostile à Napoléon.
L'incident le plus remarquable de cette prise d'armes de toute
l'Europe, c'est d'y voir paraître une puissance qui jusqu'alors , dan»
u torpeur, était restée fidèle à l'alliance française : je veux parler de
l'Espagne, tout à coup réveillée de son long repos. Quelles causes
Teoirainaientà une démonstration? Était-elle le résultat d'un caprice»
d'an de ces coups de tète que rien que la colère motive en politique?
L'Esp^nc, restée fidèle au directoire, au consulat et à l'empire, avait
donné son argent, ses troupes, ses flottes , jusqu'à ce point de provo>
quer les hostilités de l'Angleterre avec une résignation de souffrance
inimaginable ; elle subissait la tète baissée une situation si coûteuse
pour elle ; le prince de la Paix n'avait résisté à aucune des volontés
de Napoléon. Et pour tout cela quelle avait été la récompense de la
branche cadette des Bourbons ? Un fait vint tout à coup éclairer l'Es-
pagoe : ce fut la chute de la maison royale de Naples ; un décret de
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191 kAgouations diplomatiddbs
Napoléon avait suffi pour renverser ane dynastie , et c'était effrayant
pour l'avenir de Charles IV ; fallait-il ainâ se laisser briser?
' Une communication de la Russie fit une Impression bien autrement
■loistre sur le cabinet de Madrid ; à c6té des articles publics du traita
conclu par M. d'Oubrill avec M. et TaDeyrand , ii y avait une stipu-
lation secrète qui blessait profondément les ivtéréta espagnols ; la
Huasie exigeant une indemnité pour le roi de Nn^es . Fwdioand ,
dépossédé de les États, Napoléon sans consulter l'Espagne , sws le
consentement de son allié, aviât cédé an roi de Naj^ les tles Baléwas,
Majorque, Hinorque, riches possessions de l'Espagne *. Qad était
doac ce pouvoir étrange de Napoléon qui di^Htsait des territoires sang
favea des •Mverainet^? Lors de la rupture des n^ociatioos de
H. d'Oubrill, la Russie s'était bâtée de communiquer ces artida
lecrets à l'Espagne, et l'on conçoit dès lors comment l' Angl^rre put
eairatnM-tcroi CbariesIVct le prime de la Pus. à use prise d'armes
pMr iocoader la coaUtieâ. On se prépara dans la Péninsule, et cette
^odanattOB du prioce delà Paix, qu'on a dit ioe^iquaUe , lors-
qu'elle arrifalt sur te'diamp de bataille d'Kna, coDunence k se juali-
fler par les faits diplomattques qu'on vient d'exposer. Le priaco de li
Paix cherchait h se mettre k la tète du mouvement national et à rea-
laisir ira pea de f»iédit an railiea d'an pénale dont il avait 0étii l'hii-
Mre <lt abaissé les destinées.
De tous les faits exposés il résnite donc que les tentatives de paix
échouaient mcore parce que rien n'était siDcàre et par&item«it des-
•loé dsas la pohtiqne de lïlurope. Napoléon trompait avec an grand
«rt ; aussi habile que fort, son système consistait à diviser pour ré-
gner, comme l'avait dit Machiavd , le coo^iagnao de ses ancêtres les
Bonaparte k Florence. A \& Prusse il avait dit : « Prenei le Hanovre,
U Poméraoie suédoise, n et par ce moyen il U brouillait avec F Aaf^
' K La TBDité de Godoï ataii souffert de ce que Napoléon avait exclu les pUpipo~
'tetitlairaa de Charles IT des oonfêTeDcesdaDB lesqudles la TraKce iTailparu rouloir
UftiMrdela paii avec l'Angleterre. Mais ce quil'irrila plus viTuneiit encore, ccFai
d'apprendre que, dans les articles secrets, signés avec l'envoyé russe d'Oubrill , il
avait éié arrêté que les Iles Baléares seraient enlevées k l'Espagne , pour les donoer
au Dis du roi Ferdinand, propre frète du monarque eapagnol, en fdiafige de la Sicile,
dont les deux puwsaBCes l'auraient aAitnJremeot privé. Choqué de tant d'oolnfts
U ne respirait que la vengeance, et cnit que la continuation de la guerre maritime,
le refus de ratider le traité de d'Oubrill, la guerre qui semblait s'engager au nord de
l'Allemagne, allaient lui fournir les moretis delà satisTaire.a [Note de H. deHarde*.
bncnpluibielSM.)
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AVANT LA 6VBBHI CONTKB U nUSSB. 13ft
terre. A la Grande-Bretagne il avait dit : a Je tous rends le Hanovre ;
vous le voyez, la Prusse vous a jouée. » U traitait séparément avec
la Russie et l'Angleterre ; il tendait la main à l'Espagne , puis il lui
enlevait les ties Baléares. Ces négociations bien menées ne conservaient
pas assez de loyauté pour arriver à une situation nette ; Napoléon
n'en tirait aucun avantage pacifique; il voulait traiter avec trop de
monde à la fois et les tromper tous; ea politique ce jeu réussit quelque
temps, il s'use à la fin. Quand vinrent les jours de malheur ces alliances
lui échappèrent et il subit encore la loi terrible du talion.
Cependant, par ]ei négociations de Vienne, de Vtj'v et de Berlin .
l'empereur dénoraliBBit laPmsse, lui enlevait son caractère de nation»
et lonqull coamt la chercher sur les champs de bataille, elle était
déjà abaissée et vaiocue dans l'esprit de l'Europe.
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LA PBOSSB BT LA VUMOt,
CHAPITRE Vn.
ik niJHK n u niKGB. — Bsnir s» ran aiméis.
4nneineDts de la PrusM. — L« taciiqne ia gnitd FrMctic. — Débris de son école.
— Le duc de BrDDswîck. — Le inaridiit de M oUeodotff. — Kilkreath. — Blacbcr.
— Les princes LouU ei Henri. — L* rdae Louise d« Pnuse. ~ DIscigdiiiB da
l'arméeprussieiiDe.— SitualioD des esprits CD AUemtgne.— La Saie. — LaHesse.
— Les villes de l'universilé, — OccupalioD fran(tiM. — Despalisme da Berthier.
— Exrculion du libraire Palm. — CompDBition de l'araiterraiitaise.— Le général
KnobeiadorlT i Paris, — Moles k Napoléon, — Départ pour l'armée. — VUimatum
de la Prusse.
AoAl i ocMbrc laoe
Depuis la campagne d'Austerlitz , la Prusse s'était spécialem«it
occupéeàdevelopperson état militaire si puiaaaat depuis lexvin* siècle;
son système de pais médiatrice ou de neutralité année exigeait l'ap-
pareil d'une force qui pût apporter un poids décisif dans la balance
d'une guerre ; la Prusse parlait incessamment de son armée , de sa
discipline , de ses moyens de recrutement , qui la plaçaient si haut ;
tout était constitué pour une entrée en campagne immédiate. 11 y
avait un an déjà que )a Fnuse se trouvait eu état de répondre i toutes
les chances de bataille , et la situation pacifique, imposée par la poli-
tique timide de son cabinet, ne pouvait longtemps convaiir à l'eBer-
vcscence d'une jeune et forte génération.
L'organisation donnée à la Prusse par le grand Frédéric permettait
de lever un homme sur six dans les villes et les campagnes ; son code
contenait toutes les obligations du service militaire : la constitulioo
du pays n'avait qu'un but, former des soldats et les exercer. Dans
toutes les <!^mpagae8 du xvui' siècle , l'armée prussienne avait brillé
d'un vif éclat ; presque toujours die était restée maîtresse du champ
de bataille, elle rappelait l'époque de ces braves lansquenets , hugue-
nots h la large arquebuse ; tout possesseur de le terre pouvait devenir
oDIcier ; la noblesse y entrait par les cadets , et passait par tous les
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BSPUT DBS I«DX AkU^KB. 137
gndes. Les troupes roanœuTraieDt avec une précision et une rou-
lante remarquables; Frédéric, tout philosophe qu'il était, avait doimé
une extension au régime rigoureux de la achiague ; Vofflcier était
inatrait dans des écoles spéciales ; le soldat, passif, obéissant, et d'ail>
leurs tellement ployé aux habitudes de la guerre, qu'il subissait aveu-
cément tous les ordres supérieurs ; il était machine. Cela avait un
avantage et un inconvénient : le général pouvait opérer ainsi de
grandes mancenvres ; mais quand il s'agissait d'un mouvement d'in-
stinct, que les circonstances mobiles des batailles nécessitent, les
Prussiens étaient trop disciplinés et trop roides pour conserver l'in-
telligence libre, spontanée, qui fait du Français le premier soldat du
monde , car il sent de lui-même le défaut d'un ordre et le rectifie.
Les Prussiens manœuvraient comme une masse inerte, l'œil fixé sur
le commandement de l'officier ; bien conduits , ils faisaient des mer-
veilles; mal dirigés, ib devaient se rendre comme les Autrichiens.
entendant cette arméeavait une grande confiance en elle-même ;
fl eo est ainâ de tons les corps militaires qui ont une histoire , une
tradition héroïque ; l'ombre de Frédéric planait sur les rangs pressés
de cette noble génération militaire, et les titres de ses victoires étaient
ioscrits sur ses étendards; généraux , officiers et soldats semblaient
dire : « Nous sommes les enfants et les élèves de ce roi si ferme à ta
guerre, qui refoula devant lui les Français et les Autrichiens, témoin
la colonne deRosbach, qui s'élève fièrementsur le champ de bataille. »
Ils avaient quelque raison dans cet orgueil , car jamais armée n'eut
uiie meilleure artillerie, un personnel d'hommes mieux choisis; la
cavalerie était magnifique , sur de beaux chevaux du Hanovre et du
Hecklembourg ; l'infanterie comptait cinq bataillons par régiment ;
l'artillerie se vantait de tirer avec une justesse telle , qu'die touchait
It cible à tout coup * .
■ Au commeDccnrait 4e 18M, la Pnusa anit déjà roobUisA an grand nombre de
corps d'année.
■ Corps d'armée rassemblé dans la basse Saie , avec la dénominaiion A'Armét du
rai. L'aile droite esl commanaée par le licuienaiil géoénl de Rocbel. — L'aile gaucba
par le ^iart de Bohenlohe. — Le centre par le duc de Brunsvirk. — Un corpa pa^
liculier atlacbé à cette annce est commandé par le lieuienani gniéral de BlUcber.
■ Corps combiné de troupes pruasienoesethessoises, sons les ordres du ilcaleiWDt
Kènéral comte de Schmettau.
D Troisième corps, commandé par le général comte de Kalkreuth.
■ Premier corps de rt8erTe,wiu les ordres du msTéchalde HoIleDdorlT. Le quartier
gCBitjl ttt k Ltlpilg. — Deuxième corpe de réserve commandé par le duc Ejjèja
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VSt lA. MNWSB n LA FMAKS.
Si ces tradiUoDs do fm Frédéric dosnaieiit de ta coBfltnoe un
toidats, elles af aient aussi leurs incâDTéDieuts, car c'était de la vieillesM
et de l'histoire ; une année, pas ^lus qu'une nation, ne vit da pawé ;
1« «Uques générati(Hu l'élaguent, les jeunes arriveot ; la Torce n'ert
pas dan» ce qui ttuabe, mais dans ce qui s'élève ; or l'école de Fràd^ic
avait fait son tenif» ; tà elle avait rempli ie svar siècle de ses gloires,
l'art avait fait des progrès depuis la république française, et le pins
gr*td tacticien de tous , Napoléon , avait donné une impulsion im-
mense i la belle rintégie, à l'improvis^ion sur le champ de bataille.
La faiblesse de l'armée prussienne résultait de ce culte do passé ; la
vie, c'est le présent ; on ne marche pas avec les morts, s'abriteraient-
îl> WKM loi vastes tombes de Potsdara on de Sainte-Hélène I
n se trouvait que cette armée prussienne , si forte de discipline , si
remarquable de tenue, était conduite par de vieux généraux qui ,
tout, représentaioit l'école de Frédéric. Le duc de Branswidt , qui
c«mmandait en dief les Prussiens, avait alors soixante et orne am, et
il servait depuis l'ège de dix-neuf , première époque de la gnttre de
Sîlésie. U n'était pas un champ de bataille qui ne f&t marqué do sai^
du duc de Brunswick, le Mentor des armées, vitillard fenne et ro-
buste qui demeurait dix heures à cheval sans fatigue ; biessé deux
fois duis la guerre de sept ans, il avait toujours porté les armes avec
enthousiasme ; c'était sa pntfesrion , sa vie , i ce ptùnt de ne pouvoir
dormir que sous la tente et au bruit du tambour ' . Qui n'avait sou*
4e Warlamberg. Le qumtiw ffMiéral «t tCustiin. — TroliltiM eorp* derAserra,
MUS les ordres du lieutenant f énical de Thiol. Le quartier général eit à Glofau et
ûrosseu.
-1 Corps psKIculler ntsemblé dans la haute Silésie, mus les «rdres du llcutenam
fteéral de OraTcnk. Le quartier gteértl cet t Grau. »
* Charles-Guiilaume-FenliQand, duc de BruBswick-Luoebourg, était «é i
Brunswick le 9 octobre 1739. Le conseiller de Walmoden fut sou gouverneur, et il rat
^nr pr^pteurs JknHle», Hirctanann et Gttrtner. SaprogrtoftuwtnpideadanE
taules les sciences, et principalement dans les lingues modernes et daiwUKit c«qui
Mt relatif i la fuerre; Il obtint de grands succès dès son dibut dans cMte carrière.
& l'âge de t9ariB,il emporta, l'tpAe à U main, une batterie française ilabatallte
4'Hastembeck ; en 17SS, fl passa le Weser t la tète d'un Mbie dilacbemeni deranl
l'armée fltai>c*tM tout entière, el outrii par e«t exploit la campagne du bas Bbin, ofa
H hi( toujours trBraai.gaTd«. An passage du Hhin, à Crevelt, eo6n dans toutes les
occasions importantes, le prince héréditaire de Brunswick signala son counge et Mm
habileté. Et 1740, il eommandtit encore l'avaut-garde , lorsqu'il rencontra prés de
Korbachrarmiedu maréchal deBroglie; obligé de se retirer devant des forces cnpé-
riMres, il fut Ueaié en assurant U retraite de ats troupes. Ba^jMMaprts, il«
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Bspatr DBS DStrx iMÊÈm. 189
forir da duc àe Broinwick dms les carapagnes de li Heuw lus pre*
mien jeun de la république fraoçaiie ? Le manifeste qa'oo lui avait
attribué n'était point sod œuvre ; le général éclairé que Mirabeau
cnit jugé «i favorablement n'était pas l'auteur de cet expofié d«
guerre, ouvrage d'un réfugié (discar , et qui eicita une rive indigna*
lion en France. Nui ne pouTait refuser au duc de Branswick nos
certaine connaissance de l'art militaire, une aptitude qu'il devait i
l'étude , k la pratique qu'il en avait faite dans quioxe campagnea en
Allemagne. Mais que peut un vieillard de soixante et onie ans? Si
le «eur était chaud , le bras avait-il la force de supporta* l'épée 7 11
faut une mde main sar le champ de guerre ; le père du Gid castUIaD
invoque en vain ses mranbres glacés par l'Age ; k chaque tiède sa
gtoération.
A cdté de lui était un vieillard bien {das avancé encore dons la vie,
te comte Henri-Joachim de Moll«idorff, feld-maréchal proaslen,
afrivé alors èi sa qualre-vïQgtHieuiJème année ; il avait accompagné
Frédéric 11 dans la première guerre de Silésie, ctnune porte-drapeau
^tageh de e«t écb«c en aiUquuit , aupris d'BiRsd«rfr, on corps naanil «ngacl H St
3,000 prisoDoiers. Enfin , le nom du prince héréditaire de Bruimrick est tonjonn
4cTJt glorieusement dans hmies les pages de l'hisioire de la guerre de sept ans. Dèt
que û paix fut coDclae, il vojsfea dans diltéreiiles contrées, et riot d'abord en
France sons le nom de comte d* Blanekmbmirg. Il séjoama peedut deux moisi
Paris, parcourut ensuite l'Iialie, et ce foi aTec le saraat Winckelmas qu'il tIsIU le*
monnments de Rome. En 1770 et 1771, il flt différents Tojriges milliairee avec le
gnaà Frédéric en Moratie, enSilésieit tu Westpbilîe. En 1778, la gnerre que
Tallimia un insisnt la succession de Baviéie, donna au prince héréditaire une doo-
TeUe occasion d'ajoaier encore t es gloire militaire. En 1780, il sue«éda à son fht
dans le gouTemement de son duché. Le roi Frédéric-Guillaume H ta le ■ommant
frand miréchal ne lui donna cependaDlaucDiK autorité, et le dnc se rtliradnetCi
Atais. Aux troubles de la Hoflande, en 1787, il fiit cbargi du cvmmaodcmeiit da
M,000 Prussiens en Westphalie, Il s'aranca peu i peu jusqu'aux frontières de la
f^mbiique, et Toyant que 1rs Fnnïsls ne hlssient attcuo moaTeraent, Ê entra hms-
^Mment en Hollande , s'empara d'Dlreefat et de La Hvjc sans eoap férir, et après
tliift jours de siège, re^ul la capitulation d'AiDBlerdam. Lorsque la révolution tt»a~
faise arriva et quïl fut question de guerre, tous )esr«fards se portèrent sur leduc de
Bmnswich. En 1792, Il Prnsse et l'Autriche, alliées par le Iraitéde Plldtti, donnèrent
kvommandement général de leurs «imées an duc de Bmnswick; après les rerera d«
la campagne de Champagne et la capitulation pour la retraite de l'amiée prussienne,
la duc de Brunswick se Wt obligé deresier sur k Bbln; il obliges les Français i se
ffdrer sur la rive gauche, et s'empara de Mafence après trois mois de siège. Quelques
différends qu'il ent arec legénéral an trichienWurmser, et plusieurs échecs qu'cproo-
T^reDilesalliés.porlèrenlIeducdeBrunswickà demander sa dèmis5ioD(janTlerl794)t
Jl qnitUiCiieffct, te comrotodanent jusqu'en ISOO.
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110 U ntDMB ET LA FBAHOI.
«u i" balnilloD de la garde ; le roi en avait parlé favonblenient dans
ses mémoires, comme d'un officier plein de distinctioa ; il était eu
siège de Prague, fait d'armes qui retentit si longtanps en Allemagne.
MollendorfT commandait plus tard en Polt^e lors du fatal démenk-
ttrement ; comme le duc de Brunswick, il avait dirigé les Pruasiena
contre la France et il se trouvait aux faits d'armes de la campagne
de 1792. Esprit modéré, l'un des auteurs du traité de B&le, partisan
de la paix et de la neutralité allemande, Mollendorlf fut néanmoins
chargé d'no commandemeDt en chef dans l'armée prussienne*. Ainsi,
deux vieillards octogénaires dirigeaient ces jeunes bataillons prussiens
avec un système plus vieux encore que leur &ge. La victoire pouvait-
dle venir à eux , pauvres invalides, un bAtOD blanc à la maiu ? Pou-
vaient-ils diriger une jeunesse pleine de courage et de force? Qu'est-
ce que l'enthousiasme dans des tètes chenues?
Un des hommes distingués de cette année qui se déployait alors
' Riehard-Joachlin-Henri, comte de Mollendotff, étailDicnl724, dans une terre
de la marche de Prigniti, ab son pire avait la cbatge de capilaine des digues. Après
a'iître préperé i l'état miliuire dans l'académie équestre de Brandebourg, il fut pimcé
-en qualité de page (1740] auprès de Frédéric 11, qu'il accompagna dans Ib première
guerre de Silésie, et notamment aui batailles de Moiwitz cl Chotusitz. Trois ans
«près, il fui porte-drapeau an premier bataillon de la garde ; et en 1744, le roi le
nomma adjudant. Dans la seconde guerre en Silésie il assista au siège de Prague, et
fut blessé assez grièvement au comlut de Carr. Nommé capitaine en 1746, il obtint
une compagnie de la garde. Il se IrouTa au siège de Prague, en 17S7, ainsi qa'k la
bataille de Rosbach, et è celle de Leuthen, o£i sa manœuvre brillante décida la vic-
toire, et lui valut l'ordre du Hérite. Après avoir assisté au siège de Breslau, il eut,
«n 17S8, le grade de major et de commandant du 3* bataillon de la garde. Deux ans
après il obtint celui d'un régimcDi de la garde. Élevé immédiatemeni après au grad«
de lieutenant-coloDcl, il acquit de Douveaui titres à la bataille de Toigau, puis il
4omba dans les mains des Autrichiens, cl resta quelques mois prisonnier de guerre.
Échangé en 1761, et Tait colonel, il mérita bienlAt après le grade de major général.
Dans la guerre de la succession de Bavière, il commanda comme lieutenant général
un corps de l'armée du prince Henri, en Saie et en Bobéme ; une expédition qu'il
dirigea avec succèa, lui inériu la décoration de l'Aigle noir. Depuis 1783, il fut gou-
verneur de Berlin. Après la mort de Frédéric 11, il fVit élevé à la charge de géuénl
ile l'infanterie, et le seul commandement qu'on lui confia fut celui des troupes qui
-allèrent effectuer, en 1793, le démembrement de la Pologne. Alors il fut nommé
Md-maréebal, puis gouverneur de la Prusse méridionale. Lorsqu'en 1794 le due de
fimnswickse démit du commandement de l'arméepTussicune SUT leRhin, le cabinet
de Berlin ne trouva que le vicoi compagnon d'armes de Frédéric 11 qui fût digne de
lui succéder; Hollendorlf accepta. Il fut un de^ principaux auteurs du iraiié de
-Bile. Pendant les douie ans de repos qui suivirent ce traité, UuUendorff avaii joui
«n paU de sa gloire et de ses emplois.
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BSPBIT DBS DBCHE ABHÉES. 141
dans la Prusse pour marcher en avant était le 'général KaUtreutb,
négociateor aiwi remarquable que militaire instruit et éclairé ; son
aptitude était grande. D'une année plus jeune que le duc de Brunswick,
il s'était éclairé par les nouvelles combinaisons, et son activité donnait
à SB tactique un caractère plus moderne et mieux en rapport avec la
belle année de France devant laquelle les Prussiens allaient se trouver.
Le général Kalkreuth avait une renommée de loyauté et de fermeté;
seul peut-être dans les jours de revers il ne désespéra pas de la Prusse ' .
Le prince de Hobeololie, qui commandait un corps de bataille, n'était
pas sans intelligeace dans l'art de la guerre, où il déployait un
courage remarquable. La Prusse avait appelé auprès d'elle tous les
princes allemands qui servent avec distinction comme officiers 6upé-
rienrs chex les puiasonces du premier ordre, telles que la Prusse et
l'Autriche ; en Germanie, il n'est pas d'autre état pour les seigneuni
territoriaux que de se mettre au service des cabinets : la plupart de
ces petits suzerains ne sont point riches; ils ont besoin de dépenser
leur vie à la guerre ; ils passent par tous les grades des camps ; plus
d'un fils de prince commence par le rang modeste d'enseigne pour
s^élever ensuite au titre de feld-maréchal. Ainsi étaient le prince de
Hohenlohe ', le grand-duc de Hesse, i la figure si militaire ; et parmi
eux se faisait déjà distinguer le duc A'GEls (Brunswick), caractère
d'énergie, remarquable partisan, qui souleva plus tard l'Allemagne
au nom de la vengeance et de In liberté. Bien de plus dramatique
que cette vie du jeune prince d'OEIs, passée d'abord sur le chomp de
bataille, puis s'oubliant dans toutes les délices et les débauches d'une
jeunesse ardente au sein des universités d'iéna et de Halle ; lorsque la
Prusse se lève pour son indépendance , le duc d'OEts-Brunswick
ressaisit alors son épée pour délivrer sa patrie d'une ruine inévitable
et de l'abaissement que lui réservait la France ; physionomie drama-
' Le comte deKalkreulh éult né en 173S. et 6t avec distinction h guerre de sept
us en qiulité â'edjudsot général du prince Henri de Prusse. En 178V, il Tut nommé
poQT commander l'tumée de Pologne. 11 Si les campapes de 1703, 1703 el 17U
Gonlre les Frantais, et <nip«cli* de loui son pouTOir, en 1701, l'npêdlUon de
Holliode, lorsque ceui-ci se disposaient k en faire la conquête. En 1805, le comie
deKilkreuifa Tut nommé commandant des troupes prussiennes rassemblées da»s la
Poméranie, et au mois de mai 180S, geuTeraeur de Tbom et de Danliick, colonel
on chef dn régiment de dragons de la reine, et ioq^ieur général de toute 1«
cavakrie.
' Le prince de Bohenlobe-lDgclGageD, après avoir accompagné le roi de PnuM
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14e
ttqae au mfMtia de la monotonie de estte gaerra d'ÀHenngne. O
«sractàre d'intrépidité se troQVBit auw su fdus haut degré dm le
géDérnl Blât^er ; hardi, aventureux partisan *, arec cet esprit iiitré>
fpide qo6 ScliUier « mis en sctee dans son WiAUnttnn, Hûclier, bon
offlcira de «anierie, était capable de œs coups de main, de ets rwsee
4e guerre, de ces bardiesses de maBOBuvres qoi peuvent oompromdttre
une armée on la uuver, parce que les gwrr» de parUsoni sortent
dea principes d'une tactique régulière.
Indâpenrtuimeat de tous les officiers généraux , la maisoD de
Vrandebeurg elle-tnéme, si militaire d'origine, «nit payé sa dette oi
filaçant i la tête de ses armées les princes de sa toiilia. Um de flbat
eheraleresque, de pli» dévoué i la caose alleaaa&de, que le prince
l/oais, coQsin du roi, l'idole des univenités : îl^fiaiticinDme ieprmee
é» la jemruBÊi 4 Borne, avec tout le brillant qui ^distJngQe IktOcier né
«a MBgrès 4e PBmU en 1?H, comiMiida mne diTiKton dtu U ■■■ir*r^ de 1793.
An commencera est de t7BS, il eut le commandement de Ja ligne de nentralitË sur
l'Ems, el Fui Dotnmé inspecteur des troupes en SitéEie, puis gouverneur de Breslan,
<«i n ISM, lenqw \\ gnem éclata itm U Fnnce, Il comiMad» lie wrfi d'annte
frwHlcn M MUM qui dmalt se rawambUr à bâirili pov pénAuer Uani la Pesd-
eoBÎe.
' Gebharl Lebrechi de BlUdker éull né k Rostoek, dans le duAé de Hecklen»-
iMnrg-Sirfairerhi, le 16 Séecmbre 174S, d'une famille tnciganc^ M son p(rt pewéMl,
t Grou>4t«ntoT,vne'teRe oiiîl WMitM réeMence haUuielle. Lonqaeb fiNfWede
«cpt MU éotaia (IIW), il CBTOja »es évax flls chez une pannu, madaiu de Krak-
witz, dans l'Ile deRugeo, l'éducation de ces enranla j fui fort obligée. En revanclie,
les deux frères eurent et saisirent, snrterte et sur ner, de nonbraisn Mcasiiim de
-Se perhcHenner ftam lei nercims 4ii c«rpe. Le tégineat dea hHMvds aoUida de
■BMrMrÉnanrtont leur atleltliiD, el ils 8'«ng^^Bt en 1781, L«ir«BCle K«ak~
Irtti fit d'Inutiles efforts pour les détourner de cette résolution. Bltictwr, enseigne,
fut fait prisonnier h l'aCTaiTe de Suckow par les hussards de Belllng ; sa jeunesse et
son caractère Inspirèrent de l'iDIcrtt au colonel, ([ni le preesa de prendre du gnvK.e
#nHl'kniiAR'dcPraMe. aiarber rMaltit dépits ho «n,lor«qa'Mi Mdicida,paBr
r«TOJr au service sans qu'il put passer pour dèEcrteur, i renvoyer un lieutenant
auAdois prisonnier, Cornette dans le régimenldcs hussards noirs (20 décemb. 1760);
il fkit fait sous-ilcutensnt et lieutenant dis Tannée suivante. Ce riment prit tane
part très-Bciive i la guerre de sept ans. Bllicber se fit remarquer tm\ batailles de
Kunersdorff et de Freiberg, et fui blessé au pied i ta dernière. La longne pair qui
régna en Europe, k partir du traité d'Hubertsbovrg ( 1763} , ne lui procura pas nn
«vancemeat rapide, sept ans se passèrent ainsi pendant lesquds Bliiehcr deriol
capitaine. En 1770, commencèrent les événements de Po)(^[Be. Les hussards noirs
Jlrent partie du cordon que l'on établit sur les frontières de re pays. Les fausserds
•jent arrtté un prêtre catholique soupçonné d'être nn des mobiles secrets de rin-
■urreciion polonaise, Blûcher décida qu'il passerait par les armes, et Bt (Mre«n
jcéseocc du tremblant ecclésiastique tous les préptroiib de son aup|ilice. L'eiécu-
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«ntiT vKs wnrz AraÉsa. 143
dans la rmigsstipérieDrs. Priocipal imtigateur de la ^em, le priocQ
Louis savait qu'il eo portait la responsabilité, et dès lors H se donna
Bùsûon de raîncre ou de mourir ; à la première défaite il devait offrir
sa poîtrioe & l'ennemi ; il oe pouvait être prisonnier, parce qu'il
aurait porté au front )a tache indéléMIe d'une guerre qu'il aurait
nacitée, et dans laquelle il ne trouverait pas un moyen de mourir ;
BoMecaractèrequ'iDToqueencore l'Allemagne, tout d'enthousiasme et
de dévouement. Le prince Henri, frère du roi, était Clément un bon
eotonel de régiment ; capable de charger avec énergie sur des masses
«anémies, il devait prendre rang dans l'armée à côté de Frédéric-
Gaillafime. Le raïde Fnnse avait la mémoire des devoirs de sa race ;
B savait que daos la maison de Brandebourg le champ de bataille
crt une habitude; la Prusse, monarchie militaire, ne ponvait se sou-
teair sans garder sa supériorité daos les combats ; le jour où cet
«cendant lui échapperait, die devait être effacée de la carte générale
tUm n'ent pas lieu; Il plaisanterie, lie'm était une, ne rémiil pas auprès du ginéral
4t Lmsov, m U ae cnU foBdé i fnfouK au roi ëe ne painl le oonipraodre dans le
frocbaia aianceBant ; et Je premier eacadroB qui Tint à vaquer fut donné i un de
acs caileis ; BlUcher se plaignit de ce passe-droit au général qui n'en Ust compte.
Alors il ècriTÎi au ministre de la guerre, pour solliciter son congé dcBniiir. Fridéric,
ftf «Tsit déjl nfa «n rapport défavorable , Tépandh en erdoiwaBl de meure 1« tur-
baleM capiiainc en prison et de l'j garder juaqu'à ce qu'il derlat plus iiiaoïueble.
Hais il s'obstina , ei le monarque impatienté finit par accepter sa démission en ces
■ennes : al^ rapilslne BlUcher est congédié et peut aller au diable [1773^. b Biacber,
fai était prta de se marier, fut pria de recevoir Mieal son congé de la famille oC) tl
in^iii totrer. Haie des amie s'intarpoeèreat et détMMrènat eu futur beavpire,
H. de HeUing, que la destitution était iniiute; ce qui fut tréHieureui pour
Blficher, car M. de Mehling, colonel Mïon et fermier général, était fort riche. Peo-
dam quaiorre années sa forUne alla sans cesse s'améfîorant. Cependant la carrière
«s'a MMt BbMdDDDéc se paésenlak à lai, M sMveM il avait Ba»U h) éêsir de r«-
pwdrc d« swvice. En 178S, à la mort du grand Frédéric, il se Tendit à Berlin, oii
■bciioffswerder le fit renim presque aussiiût eu qualité de major dans le même
régiment qu'il avait quitté capitaine. L'année suivante SO.IKK) Prnasiens afant été
Airlpssui laHoIlaDde.BlUcher fit partie de cette armée. En 1788, il fut promu au
gi^t de lieuteunt cottœl, ei après avoir obtenu l'ordre du Hérite il devint colonel
As houards noirs en 1790. Deui ans après Bliiclicr Bt partie de l'armée destinée à
UTahir la France ; et il joua an des premiers rdles dans le petit nombre d'affaires
tarant-postœ. Par le changement de destination du général Knobelsdortf, Il se vh
à la tête de l'afaot-garde. Le 4 JWD 1794 il fut fait gitiértl major, Frèdéric-
fiuillaame III le nomma, eu ISOi, lieuleuani général, et le 10 février 1S03 il devint
gonvemeoT de Hunsier. En 1806, dans la guerre contre la France, BIQGher eut
d'abord U commandement d'une avant-garde sous Euchel.
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-141 LA PEUSSB BT hk FRAHCE.
(le l'Europe ; splendide par la guerre, la monarchie du grand Frédéric
doait tomber par ia défaite.
Dans cette galerie de nobles portraits et de chevaliers bardés de fer,
faudra-t-il oublier la céleste figure de la reine Louise de Prusse, belle
et noble femme qui sentait si profondément la situation humiliée de
son pays? Allemande par le cœur, elle avait toutes ces passions de
patrie et d'admirable dévouement que les jeunes Tilles de la Germanie
conservent sous des apparences froides et craintives ; l'enthousiasme
est au cœur des Allemandes ; elles aiment avec entraînement, sem-
bliibles à ces divines créations de Schiller, à cette Amélie de Moore,
qui préférait la forêt, le pillage, avec son bien-aimé, à la vertu sainte
et aux plaisirs de famille, dans le vieux ch&teau de ses pères. L'insulte
et le sourire de pitié purent être jetés par quelques pamphlets de
police et des bulletins de colère sur la noble reine Louise; elle n'en
l'estera pas moins sainte pour la nation allemande. Cette femme qui,
aprèsavoirsoulevéunenationpourl'iodépendance, meurt, les entrailles
déchirées par la douleur, devant la Prusse anéantie, cette femme
sort de l'ordre vulgaire, et l'on s'explique les touchants et poétiques
souvenirs qu'elle a laissés partout dans l'Allemagne du nord, et qui
retentissent enoore dans les chants nationaux et les ballades des unï-
■veràtés.
L'armée prussienne se composait donc de jeunes hommes à l'imagî-
nation vive, ardente, passionnée, et de vieillards au bras fatigué et à
l'inteUigence affaiblie ; il y avait ainsi les deux principes de décadence
et de ruine pour cette armée; on y trouvait l'intrépidité imprudente
des partisans, et la décrépitude des invalides ; un mélange de hussards
et de ces vétérans aux figures fatiguées, aux cheveux blancs, au front
ridé, qui gardent le tombeau de Frédéric à Potsdam. Si les uns se
précipitairat en dignes chevaliers sous la mitraille française, les autres,
retenus par l'âge et par les infirmités, ne secondaient en rien cette
ardeur belliqueuse, de sorte qu'il y avait deux actions en sens con-
traire qui se neutralisaient mutuellement : trop d'énergie, trop de
prudence ; un sang bouillonnant, et un sang glacé. Ainsi était l'armée
prussienne : admirablement disciplinée, obéissante, elle vivait trop
dans le passé, pas assez dans le présent ; efie formait comme un corps
dissemblable, une armée pleine de vie et des chefs sans activité, et,
pour tout dire en un mot, une tète d'invalide sur des jambes de
:|)arlisan.
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B9PUT DES DECX AKMÉES. 145
L'esprit de l'AHemagne da nord secondait cette levée de boucliers
de la Prusse ; on trouvait dans la Saxe, daos la Heste, ua Bentimeot
de résistance et de nationaiité exalté alors à un haut point ; si l'Alle-
magne méridionale, ramollie par mille causes diverses , avait subi le
joug ; si le Wurtemberg, la Bavière, Bade, s'étaient liés à la coafé-
dératîoD du Bhin, à cepointmémequelegrandHluc de Wurtzbourg,
le frère de l'empereur d'Autriche, avait signé le pacte fédératif, il
n'en était pas de même de la Saxe, de la Hesse et des populations
pruaàennes jusqu'à la Baltique. Lessoldatede la vieille Prusse, depuis
les campagnes de Frédéric, professaient un grand mépris pour l«s
Autrichiens ; il y avait des antipathies nationales ; ib ne se croyaient
pas de la même lignée. La campagne d'Ulm et d'Austerlitz avait
encore fortifié ce sentiment : les Autrichiens étaient l'objet de tous
leurs sarcasmes; mélange de la race italienne, on ne les considérait
pas comme Allemands ; il y avait dans les universités de la Prusse et
de la Saxe, à Leipzig, à léna, h Erfurth, une fermentation indicible ;
on s'indignait du joug des Français. La poésie colorait tous les pam-
phlets lancés contre ces conquérants insatiables qui débordaient sur
la Germanie pour lui imposer des lois étrangères.
Des publications circulaient dans les cités et les campagnes pour
appeler les vieux Germains à l'indépendance * . Kotzebuë, l'auteur
■ H. de L«roicst cherclwit k déiournn une Buene d« codition, en eiciUDt Ue
rivalités de l'Aulricbe et delaPrass«;TOicî canunent il explique lU. de HaugviU
l'esprit de U confèdirt^on du Hhin :
a Le sueceaseur de Bodolphe de Habsbourg doit oe voir qu'avec peine la dignité,
1b coDsidéraLon de M maison affaiblies par la perle de ta couronne impériale et par
la Bnppression de« juridictious qu'il cxefçait eu qualité de chef de l'empire romaIi>-
gerroaDique.Ilest naturel que l'union de tant de princes, dont les anciennes olTeiises
et les nouvelles conquêtes font des ennemis irrécouciliables de la cour de Vienne,
fasse concerolr au monarque dépouillé d'un grand lustre, des sentiments haineui,
des Eoupfons <( des craintes; mais qn) pourrait inspirer au roi de Prusse de la jalou^
ou des ombragea? La confédération n'a eu pour but que d'enlever k l'empereur
d'Autriche les moyens de s'ingérer dans les affaires des différents Étals gvmaniques,
et de mettre le dernier sceau à rouTTSgeconiniencé avec lant de soins, de sollicitude
et de peisévéraoce par le cabinet prussien, et puissamment favorisé par la destrac-
tion des sonverainelés ecclésiastiques. Chacun, pour consolider cet ordre de cbosea,
ne doit-il pas se prêter à ce qui peut seul contribuer désormais an reposetàlasdreié
commune? Frédéric -Guillaume n'a-t-U pas d'ailleurs, par l'alliance récemment
conclue à Paris, pris enveis Napoléon l'engagement formel de garantir toutes ïea
fitipulaiions du traité de Presbonrgl La confédération du Rbin en est le complément,
et c'est sur eeUe base qu'elle repose. Sou excellence peut être assurée qu'sulaDi
ccue confédération esl disposée à assurer et k mainlenii au besoin par les armai
îdbyGoOgIc
146 LA nnssB et la fkakci.
popalaire, publiait de reiDarqnables liiTCS contre les Fraocaïi et
l'empereur Napoléon ; la mbcae plume qui écrivait iliêantkropie tt
repmiir, ce drame qui arradiait tant de larmes, raiaait battre les
poitrines allemandes aux noms de patrie et de liberté. Si Goëtiw,
homme paisible et doux, se résignait à des distractions ée théâtre,
comme Schiller à Weimar, Gentz, Kotiebuë faisaient une polémique
ardente pour démontrer les misérables conditions que les Français
avaient faites h ces peuples Qers et généreux. « Le tem^ était venu
de secouer le Joug : aux armes pour la patrie allennnde, noble vierge
dout la couche était souillée par l'étranger \ » La PniSGe, A la tète
de ces exaltations patriotiques, entraînait les popuUttions de ta Saxe
et de la Hesse ; l'union germanique se formait; die avait vonh
opposer une digue par les électorats du nord à la confédération dn
Bhin qui n'embrassait que le midi ; sa politique se résumait en ceci :
« Nationalité allemande, > et ces mots devaient trouva de Técho
dans les imaginations ardentes des universités; Is Prusse avait pour
die le peuple; Napoléon dominait quelques ministres aSnUis ou
corrompus, les rois et les électeurs qui avaient brisé leur ^>ée.
Il était vrai que Toccupation française devenait de jour en jour jim
pesante en Allemagne. Après le traité de Presbonrg, l'amée, sous
ses glorieuses aigles, aurait dû repasser les frontières du Rhm pour
venir prendre ses garnisons en France ; les ordres de Napoléon l'arr^
tèreot dans son mouvement rétrograde. Au moindre prétexte l'empe-
reur faisait séjourner ses armées sur le territoire étranger ; il les f
laissait pour épargner son trésor ; et d'ailleura le cabinet des l'uileriâi,
avecflesDottoiueiactessiirlaPniflBe,8avaitque la guerre éclateraitavec
violence, et les corps d'occapotion étaient disposés pour onentrée m-
médiate eu campagne ; Berthiercommandaït la belle armée de France
âef)uis Bade jusqu'à DuHeldortT, et de^is Francfort jasqu'i Nurem-
IfndT'pendWCT , frnlt précieni de ce twil* , lotent les conKdérèa unit éloigna de
TOoIoh- porter «teiuW k ceHe des amm peuples. Quant i l'ewiperew, qu[ povmA
lui supposer nmcntion d'eboser del'aulerilé que cm mém«s coRrMM«hu au libre-
ment et HpontaDément accordée T Protiger lenra ËUt» est son unique drsir, ettl
n'étendra pas cette protection plus loin, tant que d'antres someniiiB d'AiiemagM
■e h Eoll[cileront pas, L« roi de Frum stt donc libre d'orgamaer, ti etla lui eon-
vitra, tme etmfideration dei ÈtaU upttnirionaux dt l'ÂHemagiie, 4j tiHnpKain>
■es princes qui suivcol la mOmc direction pcdltiqtie que lui, d'en devenir le cbef de
ravea de ses alliés ; rtmpenur IfapoUon ny mttlrait aucun obamU. » (QniHiii-
■tntion de H. de Lahrest an comte de Baug«jw.j
îdbyGoOgIc
UT
kerg, observant tons les monvemeats de l' Alleraagne ; fMmr la premlèn
fois les contingents de la confédération ia Rhin furent appelét comme
•Dxiliaires ; ib denùent opérer au nord contre la Prussiens, et
NapoIèoD écrivit de sa main A l'électwr de Bavi^ pour l'ioTïter i
rtanir ses divisions * .
Les géoénax et l'armée vîTaot comme eu pays conquis, frappalait
arbitrairemeiit des contributions soas prétexte de faire vivre les bo)>
dats, et Francfort, la ridie cité de tanqoieis et de juib, se souvient
encore de la présence da maréchal Augerean ; 4,000,000 de florins
, durent étee psy^ avant huit joun, et <3et ordre fut donné avec ce
• IMmi»S.M.Vimpmit^4tPrançait,iioid-ltatU.àS.M.Unié»MaeiiM,
< MonsifBT moB tArt, il ; ■ plus d'un rooig que It Fruwe amiB, et 11 est conoit
4a lont le monde qu'elle arme contre la confédirttion du Rhin. Nous cbercboni lea
aollb nos pouvoir les pénélreT. Les lettres que S. H. prussieoDe dois icijt N>nt
«■IcMhK, MB ulnlcire'des lirait» Arangéns a HttiUi notre MtToj^ettrMinUMire
«1 ■iwiniin flénipaUntiaire qu'elle McaBoaicHU la eaDTédératioD au RUn, et tu'dk
■'mit rim i ohiectcr contre les anangemenle fûts dans le midi de rAllomagoet
■ Les amemeols de It Prusse sont-ils le rèsulttt d'une coaliiiou avec la Busale,
«BScnlemat^es Intiigncs éet dMKrenls partis quieiimna à Berlin, M dcrirriBtxlon
4u talHii«tOM-ilepaaT«bj«dei(arceTlaB«Hae, Uteust la rWea basfialiqatt
i ceniiaciar des liens que ces itai deiniires pnlBstuces paraissent ne pas vouloir
famieTT La Prusse voudrait-elle nous obliger nous-mêmes à nous départir delà di-
dantiini que nous avons Taiie : que les Tilles huBéatiques ne pourront entrer daaa
«■BaaeeoBlièdérailm)particallin;-4éclK«SlMi findée wr l'iuiMt du eomnjbmâe
la Fnaceet «ha midi de ].AIkmafiH,«i sur ce quel'AogleterK mus a fak Donaalue
qw l«at changement dans la silustion présente des vîUee hanséatiquce serait un
«beiacle it plus k ta paix généraleT
• ffon* avens aussi dédbrt que les priDcea de l'ampire garmaniqne qui n'élalast
peint can|>iB àm» la coHiiMéraaiag du Uiin <devaiwl tin malUes da ne cMsullar
qne leurs inl^réls et leurs convenances; qu'ils devaient se Tarder comme parfotte-
m«it libres; que nous ne rerions rien pour qu'ils entrassent dans la conrédération du
■Un ; mais que -nous ne «nilTririODa point que qai qne ce lui les Torcât de ftlre ce
^■i mnU centraire i lew volanié, à tear ^Uiique., ant tuMts de Icun pe^Ue.
Cette déclaulion ai juate auniv«Uc bteisi lacaliiiict deSerlin, et voudrait-Il nass
oUgtr i la rétraclerT Eau« tous ces moUb , quel peut £tre le véritable! Nous ne
•mrioos le deviner , et l'avenir seul pourra rin-tter le secret d'ttnc condalle anaii
étrange qu'elle était inauendue. Nous avons été un mois sans j Taire alteiiliou. Noire
incessibilité «'a lait'qu'enlMirdir ions lesibnii>iUonS'qui«eiileatpr^i[rit*r la BMr
ém Aeriiu dans la latte la plus inconsidérée.
B TOBtefbialesermemettlsde la Prusse (Oit amené le cespréni par l'uadeaartldM
4b mité du ii juillet, ei nous croyons néceaatice que tous les aouveralna qui cem-
posent la eonfèdéralioB du Rhin arment pour défandre na btéf^ pour garantir hd
territoire et en maintenir l'inviolabiliié. Au lieu de 200,000 hommee qna la Fraaca
«atdiHgée de rroralr, elle en Itnmiira 300,000, et nous vewHia d'ordonner qne Ita
troupes nttoaolinn paur compléter ce nombre soient transportées en posie sut le bw
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148 u raossB nr la fhakcz.
commandement impératif du't«nps de la répablique, quand Htalie
était dépouillée des monuments des arts. Le pouvoir militaire le plus
oppressif fat celui du maréclial Bertliier, alors prince de Neufcbftlel,
qni, de son quartier général de Nuremberg, se chargea en Allemagne
d'une triste et fatale inquisition; je répète que l'esprit national s'était
réveillé dans toute la Germanie; la presse, toujours en avant des idées,
avait admirablement servi cette répulsion contre les Français, les op-
presseurs de l'Allemagne ; les protestations poétiques et les pamphlets
ardents circulaient partout; les journaux de Berlin, de Dresde, i)e
Leipzig, étaient remplis de chants nationaux inspirés par l'esprit
républicain et par le vieux patriotisme allemand ; on invoquait los
souvenirs d'Arminius, dontlesbaliadescélèbrentrantiqueet forte résis-
tance; ici les gémissements de l'Allemagne en pleura se faisaient
entendre, là Gentz faisait vibrer toutes les souffrances de la nation
abaissée. Il n'était pas un professeur d'université , il n'était pas une
gazette, qui ne s'indignftt de l'oppression cruelle que Voccupatton
française faisait peser sur elle, la presse libre réveillait l'esprit public,
et, comme toutes ces gazettes étaient envoyées k Napoléon, le violent
empereur prit sur-le-champ une résolution impitoyable, ce fut de
faire traduire devant une commission militaire six chefs des princi-
pales librairies de l'Allemagne, où se publiaient les chansons et les
pamphlets patriotiques. Le maréchal Berthier exécuta avec la ponc-
tualité militaire les ordres de son mattre ; une commission de sept
colonels fut formée à Braiinau, et le, par un étrange abus du droit des
gens, ces chefs respectables des grandes maisons de librairie furent
condamnés à la peine capitale, et cela au sein d'une ville libre, en
violant toutes les règles de la juridiction.
Cinq de ces nobles victimes eurent une commutation en des peines
infamantes. Le sixième avait nom Palm, père de famille, à peine égé
de quarante ans; il fut exécuté impitoyablement trois heures après
la sentence, sur l'ordre exprès de Napoléon. La lettre de l'empereur
BhÎD ; les ironpes de V. U . étani tonjours restées sur le pied de gaem, dcus iniiioEi*
T. H. à ordonner qu'elles soient mises, sans dilsi, en ^t de marcher vite tous
leura ^nipages de cunpagoe, et de eoncouTir h la défense de la cause cominiuit,
dont 1e Bnccèt, nous osodb le croire, répondra h la juaUee , si lontefiris, contre du
désirs et même contre nos «apérancra, la Prusse nous met dans la néceseité de re-
pousser l«-force par la toiet,
» Sur ce, nous prions Dlao, mon Mrt, qu'il tqus ait en sa sainte et digne gudt>
* îlAFWâoN. a
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BBPSIT DBS DEUX ARMiSS. 149
k Bertbier était inflexible ; d'après lui , il fallait un exemple ponr
comprimer les gazetiers, et saiu retard Bertbier dut faire condamner
le libraire Palm *. Napoléon lui portait une haine particulière , cor
Palm était républicain, et le propagateur le plus zélé de toutes ces
brocbures qui soulevaient l'esprit de l'Allemagne : il agit avec lui
comme avec Ceracchi , Topino-Lebrun , martyrs de ta foi démocra-
' Ptlm fnt fosilli le 35 «o6t, d'apris un jugement dont le d^but portait : ■ Con-
sidcraul que, partout où il j a une armée , lo premier et le plus puissant devoir du
cher e^I de veiller i ea sûreté et i sa conservation; que la circulation d'écrits provo-
guani à la révolte et à l'assassinai menace non-seulement la sAreié de l'armée, mab
même celle des nations; que rien n'est {dus urgent que d'arrêter les progrès d'une
doctrine altenlatoire au droit des geni, au respect dA aux tètes couronnées, iotu-
rieasc aui peuples soumis à leur gouTerneraent, eu un mot subversive de tout ordre
et de toute subordÎDStion; la commission a nnanimement déclaré et déclare que tous
auteurs, imprimeurs, colporteurs ou distributeur» de libelles portant les caractères
ci-dessuii énoncés doivent Un r^ardés comme atteints et convaincus du crime de
haute trahison. En conséquence, etc., etc. o
On publia à HuDÎch l'avis suivant :
■ Par ordre de S. H. l'empereur Napoléon, il a été établi le 2S aoAt , à Brattoan,
une commission militaire lïançalse, pour juger les auteurs et distributeurs d'écrits
i«ditieui.qui tendent titrer les esprits des habitants du sud de l'Allemagne , klet
«ici ter i t 'insurrection contre les troupes françaises, et principalement à porter les
troupes ellK-mJmes i la désobéissance eli l'oubli de leurs devoirs envers leur sou-
versia lépttme. Plusieurs Individus Turent arrêtés, convaincus et condamnés imiMrt.
La propagation de tels écrits, dans un pajs où une armée étrangère cantonne , fut
toujours coDSidérée comme une action crimindle et éminemmcut punissable : un
tribunal militaire ordinaire cAt dans tout autre temps fait mettre k mort les cod-
pnble!. S. A. le prince de Neufchàtel, voulant donner à ce procès toute la solennité
pœihle, ordonna aui marèchaui de l'empire qui commandent en Allemagne de
cboisir dans leurs différents corps les colonels les plus recoramaDdebies par leur
pToUié et équité, pour former cette commission militaire, laquelle fut composée de_
sept colonels, et d'un adjudant-général de la première division du quatrième corps
de la grande armée.
• Quoique sii individus eussent été condamnés h mort, coarorméroent aux lois
générales de la guerre et au code militaire de l'empire franfais , un seulement a été
(léculé; c'est le libraire Palm de Nuremberg, qui depuis longtemps était connu pour
répandre les écrits qui avaient pour but de soulever les peuples contre leurs sou-
verains et contre les Français,
> Comme il j avait des circonstances atténuantes en faveur des autres personnes
impliquées dans ce procès, l'eiécution de leur jugement fut diCTêrée, et la sen-
tence de la commission militaire fut envojée k 9. M. l'empereur Napoléon par un
courrier parti de Uunicb le 27 août. Nous apprenons aujourd'hui [10 septembre^
que S. H. l'empereur et roi, considéraoi que ces personnes, nommÉmenl UU. Jo>
>cph Schuderer, de Doaawerth ; Uerket, de Ncckerse-Ulm ; et Frédéric Jeuiscli,
t iHBmis d« la veuve Staage, libraire k Augabourg, ont plutAl répandu des écrits
lé^gés contre sa penonne que des écrits qui excitent le peuple au meurtre, n'*
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]&0 LA PairSSE BT LA FBAKCR.
tique sous le consulat. Cette exécution terrîMe fit voir à ce peuple
son abaiœemeot, et il étsit inouï qu'une armée d'occupation en pays
neutre frappât de mort un libraire dont le crime était d'avoir publié
quelques brochures politiques. Le léveil vînt plus tard; l'esprit patrio-
tique triompha en 1813, et une des causes de la ruine de Napoléon
fat précisément, en Allemagne, llndignation qu'avaient excitée contre
lui les exécutions militaires des époques victorieuses ; l'image san-
glante de Palm fut portée sur les étendards des hussards de la Hort,
levés par le prince de Brunswick-t^Slâ ; les universités jurèrent de le
veng^.
Une ballade allHoande fut écrite sur le digne libraire Jean-Phi-
lippe Palm, martyr de la liberté ; je l'ai lue encore à Nurembei^, en
f«ce de la poétique ^lise de Saiot-Sebald ; voici ce que dit le poëte :
« Enfant de l'Allemagne, quel était ton crime ? Pourquoi l'empereur
des Français , au panache sanglant, t'a-t^l jeté son suaire de mort
■ur la tète ? Quoi 1 les enfants des Gaules n'ont pas eu piUé de toi !
quoi 1 leurs yeux ne se sont pas couverts (te larmes, lorsque nos jejoes
mères allemandes aux cheveux d'or, tenant leurs enfants dans lean
bras, se sont agenouillées devant l'impitoyable gouverneur I Palm, la
charrette où tu fus ignoblemeot traîné est plus belle que le char d'or
de ton assassin, tu es le martyr de l'Allemagne, et le sang qui l'a
régénérée '. »
Si Napoléon proscrivait avec tant d'acharnement la presse patrio-
tique de l'Allemagne, il laissait les caricatures parisiennes poursuivre,
avec leurs crayons spirituels et moqueurs, les souverains et les peu-
ples de la Germanie. Déjà, lors de la guerre d'Autriche, les vendeurs
d'images avaient tourné en ridicule l'empereur François II et son
jeune et brillant allié, Alexandre de Bussie : on les représentait
«faille dans celte occMion que la *oîi d« as clémence. En conséquence, sa mBJesté
a ordonné que ces personnes seraient etTranchies de la peine pronone^ contre elles
|i8r la commission militaire, et remises à leur gouvernement respectir, pour icre-
voiries corrections queleors souverains croiront devoir leur inSiger. b
' Le crime de Palm surtout était d'avoir publié et répandu la brochure de U. de
Ocnt2 sous le titre de : L'AUemagne dam Mon profond abaïMatnmt. Des souscrip-
tions furent ouvertes en Allemagne, en Russie et en Angleterre. Pour des détail.^
sur Palm, lisci l'eiceUentE brochure da c«mte de Soden, sous le titre : Jean-Phi-
Uppt Palm, libraire à IfttTtmbarg , exieuU par ordrt dt PfapoUon, 1814, en
allemand, i la librairie de Stein. C'eal le nom da la maison que Palm avait
dirigée.
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151
comme de gros enfants, soos la tutelle de t^tt. qui leur Jetait dei
bounes d'or; !a reine de Prusse était reproduite soos les traits de
madame Ai^t; Alexandre avait na booirelet en tète ; l'armée russe
s'ayançait k cheval sur une tortue, et le roi de Prusse, bléme comme
la mort, recevait le fouet de sa femme * . Napoléon, écrivain si Terme,
si émineot lorsqu'il le voulait, n'avait pas dédaigné de rédiger dei
pamphlets contre l'Earope coalisée, et les souverains qu'il devait pliu
tard traiter comme des frères et des alités les plus intimes. Ces écrits,
ces caricatures avaient en France plus d'importance qu'en Angleterre,
où la presse est libre et le gouvernement sans responsabilité; il n'en
était pas de même à Paris, oà tout s'imprimait par l'ordre de la
police. L'empereur était donc politiquement responsable des insultes
de la presse, et dès 1806 elles CMameDcèrent avec vigueur contre la
Prusse et les alliés qui lui prêtaient appui. Sans doute, le crayon mo-
queur pouvait se rire de ces vieux généraux et de ces troupes si roides,
ai compassées, qui avaient encore conservé les méthodes du grand
Fl^déric ; mais ce qu'il j ent d'indigne dans ces productions de police,
c'est qu'elles s'attachaient avec nn indicible acharnement i la jeune et
patriotique reine de Pmase , à cette noble Loulse-Augnsta , l'idole
populaire de l'Allemagne. Qu'on pût l'attaquer comme l'ennemie
implacable de la France, c'était le drtHt de la guerre ; la polémique
légitime pouvait bien briser son système, bouleverser ses Idées ; mala
qu'on saitt par d'inf&mesimages la réputation d'une reine.d'nnefemme,
dont le tort, aux yeux de Napoléon, était de rester Prussienne et n»<
tionale, c'était là une de ces tristesses du caiTiclérede la police impériale,
qui formait un contraste avec la grandeur de Napoléon et la magni-
ficence de ses œuvres. Après avoir employé ces calomnies contre
François II, on les renouvela contre la reine de Prusse, sans respect
pour le caractère saint d'une héroïne qui mourut de douleur en face
de sa patrie abaissée.
Indépendamment de ses moyens militaires en Allemagne, l'empe-
itnir ne renonça point k la méthode d'un grand espionnage habllo-
ment organisé par Berthier et Foucfaé. Les juifs , si nombreux au
■delà de l'Elbe , jouèrent on réle actif et très-utile à Napoléon ; Ils
étaient en btise aux populattons dirétiennes, on les humiliait par-
' Ces cariutuns eiiatent encore dans la collection dca nUmpM [Blbllothèqu
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15S LA PRDSSE ET LA FSAKCB.
tout; en AUemagne, l'israélîte itait considéré comme une ctwe
proscrite et soumise h la servitude ; chez ies juifs allemands il n'y a
aucun instinct généreux, ils pressurent le peuple comme dans le
moyen Age, et le peuple les poursuit de ses répugnances et de ses
mépris, d'où il résulte une certaine bassesse de caractère chez l'israé-
lile; gogner de l'argent, c'est son but, il s'enrichit de toutes les ma-
nières, comme au xui° siècle et au temps des croisades. Dus les
premières campagnes de Pichegru et de Moreau, les juifs furmties
auxiliaires de l'armée française; ils visaient it l'émancipation, et on
leur donnait de l'argent. Napoléon ne les oublia point; il futadmin-
blemeut aidé par La synagogue ; sous prétexte d'interpréter le droit
mosaïque, l'empereur avait convoqué à Paris le grand sanhédrin, qui
tint ses séances dans l'année 1806. et cette assemblée fut pour lui un
moyen de communication en Allemagne. Les juifs sont tous en cor-
i-espoiidance ; il en était venu de toutes les rives du Rhin ; l'empereur
s'occupait beaucoup d'eux, moins pour moraliser leur caraclëre que
pour l'exploiter au {H-oGt de ses années. Dès que la guerre fut réso-
lue, il mit les juifs en campagne, depuis Strasbourg jusqu'à Berlin ;
l'espionnage fut bientdt organisé sur une taste échelle et dans uoe
silencieuse unité , à Dresde, & Leipzig, à léna; et tandis que l'élu-
diant d'université, libre et moqueur, insultait l'israélite, celui-ci
pénétrait dans les secrets de tous les mouvements militaires, et Ten-
dait pour des nap(déons d'or les résolutions des cabinets et les plans
de campagne des armées.
Depuis le mois d'août Napoléon avait jugé la guerre avec la Pnisc
inévitable, et dans cette pensée il avait écrit k Berthier pour con-
centrer les corps militaires restés en Allemagne, de manière i écraser
l'armée prussienne. Quels que fussent ses engagements pris enven
l'Autriche, l'empereur s'était gardé d'évacuer les bonnes positions
prises; il voulait être prêt dans toutes les hypothèses d'une campagne.
Les rrançais étaient alors sept corps au grand complet sur diveis
points en Allemagne. Le maréchal Augereau, qui n'avait pris qu'une
part très-incertaine dans les dernières opérations, tenait la clef àe
cette occupation militaire à Francfort. Il avait olors sous lui tto»
divisons, formant 20,000 hommes; son quartier général s'étoidait
de Francfort à Wurtzbourg, et en moins de cinq jours la concen-
tration pouvait s'opérer. Bemadotte soutenait le corps d'Augcreau,
en occupant le vaste territoire de Nuremberg et la principauté de
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ESPftIT DBS DEETX ABHÂBS. 153
Bamberg; il e.Ytit fixé son quartier général à Anspach. Le maréchal
Lannes manœuvrait dans la Francoaie, se liant au maréchal Auge-
reau par Wartzbourg ; il tenait son quartier général avec somp-
iDonté dans le palab du commandeur de l'ordre Teatonique.
Davonst surveillait la rive gauche du Danube, tandis que Ney gardait la
rive droite, s'élendant jusqu'au Tyrol, en face de l'Autriche. Le mai^
chai Soult protégeait la basse Bavière et le cercle de Fassau ; beau
centre d'opérations pour se porter sur toutes les lignes. Napoléon,
qai voulait contenir l'Autriche, avait ordonné de ne point livrer la
place de Braûnau, si importante; le maréchal Lefebvre devait la sou-
tenir par Augsbourg et la haute Bavière. Dans le cas d'une guerre
avec la Prusse, ces corps, évidemment trop dispersés, opéraient un
mouvement de concentration, et Berthier reçut les ordres de prési-
der h cette marche régulière de l'armée française, entourant la Prusse,
par un mouvement des extrémités au centre. Plus de 160,000
hommes de troupes d'élite entraient en pays ennemi.
Dans la prévoyance d'une guerre considérable. Napoléon avait
ordonné la formation d'un camp de manœuvre à Meudon ; il se
composait de la garde et paraissait destiné à servir de noyau à une
réserve que l'empereur dirigerait en personne au milieu de la pro-
chaine campagne. Ces belles troupes se mirent en marche, après
avoir salué la Saint-Napoléon; toutes se rapprochèrent dU' haut
Rhin, Mayence devint le point central vers lequel cette division
d'élite dut converger; la vieillegarde fut augmentée de quelques nou-
veaux r^ments. L'empereur prévoyait qu'il aurait à combattre la
garde royale de Prusse, et un peu plus tard la garde impériale
d'Alexandre. Qui ne se souvenait du choc impétueux entre les deux
gardes qui avait fait trembler le sol d'Austeriitz? Il mit au grand
complet les chasseurs et les grenadiers, environ 4,500 hommes; il
forma de plus des escadrons de dragons d'élite incorporés dans la
garde. Cette arme n'était point encore représentée dans ce magni-
fique résumé militaire de l'armée de France , appelé à veiller sur la
personne de Napoléon. Des lettres pressantes adressées aux rois de
Bavière, de Wurtemberg, au grand-duc de Wurtzbourg, au prince
primat, i tous tes associés de la confédération du Rhin, les invitaient
h presser la mise en activité de leurs contingents ' . Augereau et Lc-
' Kapoléon dicitil les piroln sninnies pour ricapUukr les lorU de U Pnuse :
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151 LA PIOSSB BT U nUMCI.
ld)TTe ânrent les incorporer dam leurs proprea divisions pour op^
eosaite de concert mr les troupes prussiennes qui se form&ieutr^
dément axa. frontières de la Saxe et de la Hesse.
Cependant rien n'avait encore annoncé officielleoiait uoe déctar»-
tion de guerre ; comme dans la campagne d'Autriche, les amboasadeuis
respectifs demeuraient dans lescspitales. M. de Laforest, parfaitonrat
traité à Berlin,dtnait avec le roi alors même que tout retentirait du
bruit des armes, et l'on remarqua que le vieux marédial de MoUen-
dorCT but è la santé de Napoléon, le 15 août, à la table cki minîstie
de France. Le dtner de H. de Laforest fut qplendîde , «t l'on y rit
M. de Haugwitz et les ministres prussiens. A Paris également, si le
marquis de Lucchesini quittait son poste, l'arrivée du géu^^l Kbo-
belsdorff avait rassuré la amis de la paix ; il pwtsjt une iettre iuit&-
graphe du roi de Prusse adressée k Napoléon , dans laquelle il lui té-
moignait des intentions bienveillantes : « On faisait la guerre malgré
R La paix aTK U Russie conclue et signée le 30 juillet, des négocUtians «Tec
l'AngleMire, entamées et presque eondaim i leur malnrilé, araient port^ l'alarair.
i Berlin. Les bniiis vtgam qui tt multipIliMDt, at la unsdenee daa torts i» «
cabinet eavcra toutes ks puissances qu'il arajt Buecessivemeiit trabioa, les p«i'
tarent i ajouler crOTance aux bruîta répandus qu'un des articles secrets ds
irallc cooduaveclaSussie donnait la Pulogne au prince CoMlsntin, née le Hua
de roi ; la Sllérie i rAatridie «n étrange de te partion swiihhiwnt de la
Pologne, et le Hanovre i l'An^etlcnaj que ces trois pwMuees étaient d'acMrd
avec la France , et que de cet accord résultait on danger immiiiwit pour il
■ LestoftadehPirossaaM^ualarraptewMMMtrieiitàdesjpsqBSBtifttioignéw.
La previière elle avait armé peur pr»0Mr de nas desacastons inlealiBBS. On la «ii
«isuLte courir aux armes bu moment de l'jnvasiou du duc d'Yodk en HolUode ; H
lors dee étéDements de la dernière guMre, quoiqu'elle n'eût aucun motif de mêcao-
Kaitemaateoati«laFra«ec, rile«T«a de noweaa, et sigaa, kf oetabrelSOB, (*
foneui traité de PoladaB, qui fol un snois s^às ra^leeé par le traité de Yieinr.
Elle avait des torts envers la Russie, qui ne peut onUier l'ineiécKtioa du toailé di
Potsdam, et U conclusion subséquente du traité de Tienne. Ses torts coveis I'ob-
pereur d'AIIensgne et le corps gemanlque, plus noiribreui et plus Baciens, ont éié
coow» de tous les temps. Gtle se tint toajoars en op^oaHiau avec la diète. QiHBd \t
corps germanique était en guerre, elle était ea paii avec tes euuamte. Jamais ai#
traités avec l'Autriche ne recevaient d'ciécution, et sa constante élude était d'eiciier
les puissances au combat, afin de pouvoir, su moment de la paii, venir recaeitl[rl«<
ftnitsde son adresse et de leurs suoeès.
» Ceux qui supposeraient que laai de versatilité tieU i un dé&ut de mwaUlé dt
la part du prince, seraient dans une grande erreur.
u Depuis quinze ans la cour de Berlin est une arène où les partis se combatlcat
et Iriompiicni tnur à tour : l'un veut la guerre, et l'autre veut la paii. Le moindrr
événement politique, le phu l^er iutiieal, donne l'avanlica à l'un ou i l'autre ; d
îdbyGoOgIc
BSPBIT BBS MtTX ABMÉBS. J55
Iiv^eoté do cabinet; l'empereur connaissait le caraclire pacifique
du roi , tout pouvait a'arraoger par l'évacuation de -l'Allemagne ; la
confédération du Rhin, en donoaut une trop gronde importance k
Napoléon sur la nationalité germanique , menaçait l'Autriche et te
PniflM ; la paix était le vœu de tous, il fallait arrêter l'effusion de
tng qae les hommes trop ardents sollieitaient comme un acte de
latriotitme.»
Le général Knobelsdorff se faisait illusion sur le parti des jeunes
fa(HiuBes<|ai, àBerliu commeàParis, sollicitaient vivement la guerre;
si en Prusse une jeunesse ardente et patriotique désirait la délivrance
de l'AUenagne, si une belle reine pasMÎt la revue i cheval en invo-
qMot les mines da grand Frédéric, k Paria aua^, tout à cAté de Napo-
léon, il s'était formé une opinion b^liqoeuse qui le poussait ince»-
«laent à la gneiTe; eUe avait potv chef Murât, alon eatouré d'aides
It roi, au milieu de ce DiouTemeni des pasafoiu opposées, au seio de ce dédale d'in*
irigues, flotte incertain, sans cesser un momenl d'élre honnEle homme.
• le 11 aoAt, on ennrrier de M. le marquis de Lneclieaiai ■rrin i Berlia, el j
parti, dsas k< temei les pins pvaliife, l'arnsmics de eas prtleadues diaposili«n
par tesqndles la Fiaoca et la BiHEie senieatconTeDuea, parle traiii du SO juillet,
■le rétablir le royaume de Polo^e, et d'enlever la Sllèsie à la Prusse, Les parlisans
de la guerre s'enflammèreot lussilât ; ils firent violence aux seutimeats personoelti
dn roi ; quarante eoiirrien partirait dans um aede naît, et l'on conrrit aai mm**.
La aonvelle de cette ei[dosion sondaine parrhtt à Paris ta Sa 4a tntaia mois. O»
plaignit vn allié si crodlonant abnsé ; «■ lut drana sarJe-champ des eipii cations,
des asaunMaa ptéeiMa; cl comma ose aiTeot mutibsle était le seul motif da ces
«Meacua inijpténta, an eapéca que tes céOexiaos calmeraieu une effervoGeoea
■■Mi pe« iBMifie.
■ Ceiwadwila trakéaiBiiéi Pvi* ne Aitpat ratïBé àSaiai-Pélersbourg; eldes
KMMigMaMMa de tonte» aspècei ne Wd^roat pas i faire connaître i U Prusse qnf
H. le maniuis de Laecliwai «nil poM ceanasaignamenta dans las Téuoions le*
pin» BMpaclea de la capitale, et parmi lea luaunes d'intrifne qni eonposaieiit sa
■ En conséquence il toi i^pdé ; on uMOKa pov Isl socc^der M. la baron dr
KMbtisdorff, homne d'un eamciéra pléiade droiture et de IraDcbiM et d'nne mora-
lité parfaite. Cet envoyé ntnardiuire arriva binatdt i Paris porteur d'une lettre dn
roidePniMe,datéedB St aoAL Celle lettre était remplie d'expressiass obligeant»
ei de dédwations paeiSquea, et l'empoeur j répondit d'une manière franche «
raasiB«Die. l* lendemain dn jour ûii partit la courrier porteur de cette réponse, on
apprit ^oe dea dwnaens oulngunue pour la France avaient été chantées sur k
■bédtre de Bertiu ; qu'ausaiiAi après le départ de M- de Enobelsdorff les armemeotoi
araient redoublé, et que, quoique les huainea demeurés de aang-frold eussent rouft
de ces ftossea alarmes, le parti de la pierre, soufflant la discorde de tous cAtéa, aiait
ai bien eiallé toutes les télés, que le roi se ironvait dans l'impuissance de résistrr
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156 LA PRCSSB ET LA FRANCE.
de camp , rêveurs enthousiistes de fortunes raeireilleuses ; Mont,
grand -duc de Berg, avait vu l'Allemagne avec des yeux avides; il était
demeuré quelque teraps à Dusseldorff , sa capitale , et là il lai avùt
pris la glorieuse fantaisie de devenir roi. Josepli-Napoléonrétaitbiea
déjà; Louis avait la royauté de Hollande; on résorait à JérAnK,
réconcilié avec son frère, un veste territoire dans la West[Aalie pour
lui créer une royauté ; et pourquoi lui , Murat , u'avrait-îl pat ce
même titreT Nel'avait-il pas mérité? Caroline, la sœurdeNapotéos,
ambitieuse, ardente, caressait aus^i l'idée d'une suzeraineté dont le
si^ serait placé au centre de l'Allemagne. Elle ne se contentait pai,
elle, pauvre fille de Corse aux cheveux tressés d'herbes marines, à U
ceinture de corail on de coquillages de mer, du titre de grand&ducbesw
de Berg et de Clèves , illustre nom qu'avaient porté les premières fa-
milles de l'Europe. La manie de se faire roi el reine avait pris tout le
monde; il ne leur suiSsait pas défaire partie de la dynastie de Napo-
léon, ils voulaient en fonder d'autres.
Qui pouvait donc empêcher ce choc de deux générations jeunes et
fortes que des vieillards, à Berlin et à Paris, voulaient retenir en li-
n^ ' ? II arrive souvent , aux époques d'effervescence, que les gon-
' À ce moment s'ouvre la eormpondaace diplomatique entre H. de Tallejnnl
et M. de Knobelsdorff, minislre pruasieB.
WoU daU.da Talltyrand.
« Le soussigné, ministre des relitions eitérieum, est chargé, par ordre eipiis it
S. M. l'empereur et roi, de Taire connaître i S. E. H. de Knobelsdorff, que de non-
veaui Tcoseignemenisvenus de Berlin, sous la date des premiers jours de Bepiembie,
ont appris que la garaison de cette ville en était sortie pour se rendre aai fhinlièrts,
que tous tes annements pariissaienl avoir redoublé d'activité, et que publiquemenl
on les présentait, k Berlin même, comme dirigés contre la France.
B Les dispositions de la cour de Berlin ont d'auUnt plus vlreinent surpris 8. U.
qu'elle était plus éloig:née de les présager d'après la mission de M. de Knobelsdorff,
et la lettre de S. H. le roi de Prusse dont il était porteur.
■ S. H. l'empereur et roi a ordonné l'envol de nouveaux renfons i son armée; la
prudence lu! commandait de se mettre en mesure contre un projet d'agression aussi
inattendu qu'il serait injuste. Hais ce ne serait jamais que mal^ lui et coDlrt son
vœu le plus cher qu'il se verrait forcé de réunir les Torces de son empire contre une
puissance que la nature même a destinée i être l'amie de la France, puisqu'elle avait
lié les deui Étals par une communauté d'Intérêts avant qu'ils Tussent unis par dn
traités. U plaint t'inconsldération des agents qui ont concouru à Taire adopter,
comme utiles et comme nécessaires, les mesures prises par la cour de Beriin ; mais
ses sentiments pour S. U. le roi de Prusse n'en ont été ni changés ni afTaiblls, cl ne
le seront point aussi longtemps que sa majesté ne sera point Torcée i penser que les
•rmemenis de la Prusse sont le résultat d'un système d'agression eomblné avec U
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SS^OT DBS DEUX ABHÉES. 15T
Tcruements s'efforcent de contenir les principes ou les pu^os qui
débordent en Tace les uns des autres ; tAt ou tard un grand hearte-
ment éclatera, c'est la loi des destinées. Ce n'est que dans les fables de
TArioste que les lions sont retenus par des lacets de soie, et les aigles
par de frûes réseaux.
Napoléon réunit à Paris, au commencement de septembre, les
priocipaax chefs de corps qui devaient prendre le commandement
des armées françaises, il les consulta tes uns après les autres, AngereaUt
Soolt , Bemadotte particulièrement , sur t(Hi plan de campagne , sur
les portions à prendre, sur le coup de tonnerre qu'il roulait frapper;
la pais lui paraissait impossible, il fallait donner une leçon aux Pm^
siens, ansn sévère que celle que l'on avait appliquée aux Autrichiens
i Ulm et k Austerlitz. Il ne leur dissimula pas non plus queles Russes
avançaient; ils arrivaient lentement, mais enfin il ne fellaît pas leur
laisKT le temps de paner la Vistnie et de se réunir aux Prussiens dans
nne campagne. On devait opérer par les mêmes combinaisons que
dans la guerre de 1805 contre l'Autriche en Bavière ; malheureuse-
ment on ne serait pas à temps pour empêcher les troupes hessoiscs
et saxonnes de se réuniraux Prussiens, ainsi qu'on avait eu le bonheur
KttHte eoDin U FruM, et lonqn rinlrigne qui ptralt >'4(n «gUi« 4t tut de
Kunièrcs Cl sons tant de toimta poai inspiittr an cabinet de Berlin des pr^eotioKS
contre son nMÎlkar et son pins Sdèle «Ilic, aura cessé; loisqu'oo ne menacera ^ui
par d« {véparatirs une oelioii que jusqu'à celte heure il n'a pas paru facile d'in-
tîmidcT. S. H. l'enipnear regardera ce moment eomtne le plus heureux pour Inl-
iBtaie et ponr S. Bf . le roi de Pruste. Il sera le premier i coniremander les mouT«-
■aenis de troupes qu'il a dA ordoDoer, à interrompra des armements nilneui pour
son trésor, et les rdations estra le* deux Ëtats seront rétablies dans toute lenr-
laiimitê.
m C'est sans doute une chose satJsfaisaDte pour le ccenr de sa majesté de n'avotr
Aoiwé, ni directeroeat, ni indirectement, lieu i la mésintelligence qui paraît prèle 4
éclater entra les deux itais, et de ne pouvoir jamais être responsable des réanltalK
de cette singulière el étrange lutte, puisqu'elle n'a cessé de hire consianmeni, par
l'organe de son enrojé extraordinaira et par l'or^ne du soussiBoé, tontes tes décla*
rMions propre* i déjouer les intrifues qui, malgré ses soins, ont prtTalo i Berlin.
Hais c'est en même temps pour 8. M. I. un grand sujet de réDeilon et de doulenr
^M de songer que lorsque l'alliance de )• Prusse semblait devoir lui permettre de
diminuer le nombre de ses iroupM et de diriger toutes ses forces contre l'ennemi
coniBtuB, qni est lusei celui du contineot, c'est contre son allié même qu'dle a de*
précanlions i prendra.
> Les dernière* nouvriles de Berlin, diminuant beaucoup l'espoir que l'emperenr
■valt fondé sut la mission de U. de KnobelsdorfT et sur la leltra d« S. M. le roi de
Fraite, et semblant confirmer l'opinion de ceui qui pensent que l'armeoenl de I^
DiclzedbyGoOglC
158 U NUSSB et U FRAHCB.
de l'obt^r pour les BaTorois dans la campagne de 1805, qui fiait k
Austerlitz. Dans toutes Les hypothèses, il fallait se fa&ter, et Napoléoa
lui-in£ne se rendrait sur le Shùt quand le mouvement de conceii]i»>
tioD se serait régulièrement opéré. Des ioitructioBs précises furent
envoyées sur tous les points de la ligne , et le mùùstre de la giierre
demanda la levée de la conscription de i^l : les gftfde^ iwtionales
furent partout vve* w réquisition..
U y avait cel4 d'admirable daus cette campagne^que l'armée fras-
CQise réiwù sw le territoire allemand ne coûtait rien pour sa solde :
die vivait m pa^ alliés ou ennemis ; il ne fallait pas des ressources
flDaacièrM«litinoFdiaaires. Les villes de Francfort, Nuremherg. Han^
bourg, AnttwdaiB, coDUibuèrent à la première mise de campagne ;
i\ edX M- difficile de recourir k des ofératioo» de banque dam la
tituetion pénible où se trouvait le trésor : on c'avait pas dis mille
lUVoUoMdîsfonibles. nanftleapiemiers jours de septembre, des com-
iniuiicatii«na d'une nature plu» péremptoire s'établisaeat entre L'ambas-
■adeur eitf aordioaire, le général liiwbelsdorS, et M. de Talleyrand ;
leinJi)istre4e^ relation extérieures demande des explications sur !«■
anneqtentsquetwtls Fthbs^: «U 4 a^ris que U garnison de BerUn
ïmu, Mua MWttQft MflÎMlMii DfèiMiiei o'ett qu* It. cûiu4quMiee K h prtwiîw
diveio^çetireni duo gnuèm cnabiné «vac les «oiiemù de la Fruce, u tnajoli m
vok Mifi» 4a dDiMr i aea fÊif*,ntit» w c«i«clèr« ^énitj puUic et Htiotwl.
TauldUi, eUe ■ vMtlu que h «tu^Mgaé c|MUi4t (p^ même après U publjcilâ dw
■aura* «inardinairas auiqueUafi sa a^njesii a 4A recouiU, elle n'en «et paa mwm
dtapoaéc àcMln que L'anneiRaqt de la ogur de Berlie s'est que l'cl&t i'ua nul«D-
teB4U) produit lui-Briwe par 4aa rimporU veomuigeni, al i se replacer, lorsque cai
uaemcat auM ccasé, 4aqa la me»» ^vJoat de boaiiB iuUlligeDce, d'allianM a(
d'amitié qui unissaitles deui Étais. ■ CB.-Uita. Talletbiu».
i, aentant oombieB U eat de 1« plus haute impoctance de répeadra
UutdaauttatlaBoMqueS. X. k prince de BéniTeut, ministre des reUiions aué-
lieurM, lui a £itt l'hauew da lui adreMor oe soir, sa roii forci de se b«iier à nprt-
HBier lee ohsenalioua suivaHMa. Les motiË qui ont engagé k [Ai mou mal tre i Aura
daeamiemantsoatéié l'eSeid'uua irame des Nmemisde le France et de UPnuse,
<pil, Jalaui del'inlimiléquiTigBe euUv ces deui puluances, ont Gùtl'iDiposaiUe pour
aJanMrpw de bus nppoiU veuasi la fois de tous cdiés. Mais surioui, ce qui prouva
l'esprit de cette mesuïe, c'est que sa laaieBté ne l'a concertée avec qui que ce suit, e^
que la KHiwUa en eai venue plua tdi àPaiis qu'à Vienne , Pélei^oui^ ei Londrea^
Xfaisleroi mon maître s fait faire à l'ecivojé de S. H. l'emperour des Français A nu
d'Italie une CDfliaiuniealion ajBûeale au snjei de ces mesures. Ce minisire u'avail pu ini
ncDredcnnéde repouMsur cette communisation.La relation desio léressanlsentretï nu»
gne &• IL 1. a daigné iToir arec le sousaigné ei le marquis de Lucchesinî ne pouvait
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Bsran mu mdx AMtéis. 159
e Bux frontières ; que signifient ces boBtffités et qne de-
mande ce cabinet ? L'emperear ne Isi a-t-il pas généreuBecoeat donné
desgagesdesa loyauté et de sa sincérité ?» M. de TaHeyrandse résa-
naîtRi exigeant des explications fonnelles sur les armements : « Cook
ment In interpréter qnand on les mettait en regard avec la lettre do
roi de Prasse à Napoléon. »
Le général KnobeMorff répond Immédiatement h cette communi-
tratioD du ministre : 11 croit a que les bruits répandus sur les deseins
hostiles de la Prusse sont l'oeuvre des ennemis communs, et il espère
iTu'en se tenant aux formes des communications faites, la paix aen
entièrement maintenae. Les bronlHons seub veulent la briser, » Dans
rette négociation se reproduisent les mêmes termes et les mêmes
ménagements qa'eatre H. Philippe de Cobentzel et M. de Talleyrand
avant la campagne contre l'Autriche en lS05.Legoavemement^ii9-
4ea sonèlalt m^ré lui entrerdans les batailles et se laisser entratoer
par l'opinion psbllqoa , sons la fetalité htstariqoe qui menaçait h
maison de Braodeboui^.
Le 25 septembre , Napfdéon qettta Paris ; H ne communiqua ses
s ni an sénat , ni au corps léglsIaHf ; an coos^ d'État il s'cx-
ntrore ttn anif^ t BctIIb. Vaprîs cet e^ati, le wmsîpi* ne pem qne ttiwtlgMr i
H. E- Icminiure des relations cilérieures le laa leplus ardent qne les actes pubTi»
restent eueore suspendus jusqu'au retour d'un coorrier dipéché i Berliji.
■ La général KnoBKLSDoHrr.
1 Prïb, 13 d«cem1)re IMS. *
» l« soiM^gDé, mlaMre de 8. H. T., pw le inhne courrier porteur fc la leUre (
tt. H . I . qui I a en nionneur de transmettre au jourdltoi à S. E. H. le prince de Béné-
vent, a refu l'ordre de a'icqnitter des communlcatioBS satraoïes. teur but e^t de ne
plus laisser en suspens UrdatloD des deui cours. Cbar une d'elles est ai éDifnemmeat
iMéressfetneplasrester dans ce donte sur le sentiment de f autre, que le roi s'est
Balte de Toir S. M. l'empereur applaudir i sa ^nchise.
R S. TK. P. a déposa dass h lettre snsmenllonnëe sa pensée tout entière, et l'en-
MBiUe des sujets de plainte qui, d'un allié fidèle et loyal , ont hit d'elle un voisin
alarmé sur son eiisience, et nécessairement armé pour la déhnse de s^es tniérêts les
pins cbers. Cette lecture aura rappelé 1 S. U. I. etB. ce que la Prusse fut depuis 1ong~
'empa t h Franee. Le ïonvenir du passé ne pourrait-il pas être pour elle le gage àe
l'areoirT Et quel juge Bsseï aveuglé pourrait croireque le roi eût élé neuf aus envers
la France si conséquent ei pent-éire si partial, pour se placer volontairement avec elle
dans un rapport dlStreit, lui qui plus d'une Ibis a pu la perdre peut-être, et qui ne
connaît que trop aujourd'hui les progrès de sa puissanceT
a Mais si la France a dans ties souvenirs et dans la nature des choses le gage de»
senllmcnts delà Prusse, Il n'en est pas de m^rdecette dernière: ses souvenirs sont
faits pour l'alarmer. Elle a élé inutilement neutre, amie, alliée même. Leebonlevetsi^
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160 I^ FBOSSB ET LA FRANd.
prima vaguement sur les chances de paix et de guerre ; et commes'il
voulait donner un caractère pacifique à son vo]rage, il emmena ai ce
lui à Majence l'impératrice Joséphine ; il établit là sa résidence, car
il ne pariait point encore de quartier général et d'une campagne
vigoureusement conduite ; il voulait faire croire i la paix. Ses notes
pressantes continuent à demander des explications à la Prusse. EnSa
elles furent données dans une note que le général Knobelsdorffadressa
à M. de Talleyrand par les ordres de sa cour ; elle Frappa vivement
l'empereur par la fermeté de langage. «Pendant neuf ans, ydisait-on,
le roi de Prusse a été l'ami même partial de la France ; quels fruib
a-t-il retiré de cette constante alliance T La Prusse avec son bti état
militaire se voyait entourée par des vassaux de l'empereur, par ses
ajmées: aucune démonstration n'était faite pour rassurer le cabinet
de Berlin ; on armait partout dans l'empire , tandis que les journaux
français déversaient les risées sur un monarque qui, pour avoir mé-
prisé les infamies , n'en sentait pas moins l'injure ; la France pouvait
être forte sans cesser d'être juste. Dons cette vue le roi de Prusse
demandait l'évacuation de l'Allemagne par les Français qui devaient
repasser le Rhin, et Napoléon ne mettrait désormais aucun obstacle
inenis qui l'eDlouniit, l'accroisSMneDt gigantesque d'une puissance esseatiellement
mililaire et conquéranit, qui l'a blesste successivemeut diDS ses plus grands iDi6rèt«
et la menace dans lous , la laissent aujourd'hui sans garantie. Cet état de choses ne
peut durer. Le roi ne voit presque plus autour de lui que des troupes rraucaises, ou
des THsaux de la France prélsi marcber avec die. Toutes les déclarations de S. M. L
annoncent que celte altitude ne cliaiigeTa pu. Loin de là, de nouvelles troupes s'é-
branlent de l'intérieur de la France. Déjl les journaui de sa capitale se permcllent
eontrelaPrusse un langage dont un aouverain tel que le roi peut mépriser l'inramie,
nais quin'en prouve pas moins ou les intentions ou l'erreur du gouvernement qui le
aouOte. Le danger croit chaque jour. Il hut s'entendre d'abord, ou l'on ne s'enten-
drait pi ui.
» Deui puissances qni s'estiment, et qui ne se craignent qu'autant qu'elles le
peuvent sans cesser de s'estimer elles-mJmea, n'ont pis besoin de détour pours'ei-
pllquer. La France n'en sera pas moins forte pour ftrc juste, et la Prusse n'a d'autre
ambition que son indépendance et la sûreté de ses allié». Dans la position actuelle des
choses, elles risqueraient tout l'une et l'autre en prolongeant leur incertitude- Le
soussigné a refu l'ordre en conséquence de déclarer que le roi attend de l'équité de
S. M. L :
■ !• Que les troupes IHnf aises, qu'aucun tiln fondé n'appelle en Allemagne, re-
passent incessnmmeDt le Bbin, toutes, sans nception, en commentant leur marckr
«lu jour raérae où le roi se promet la réponse de B. H. l'empereur, et en la poursuiitnt
MOI s'arrêter ; car leur retraite instante, complète, est, m point où en sont les chDXS,
h seul gage de sûreté que le roi puisse admettra;
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BSraiT DB9 DEUX ABIliBS. Iftl
à ce que la Pnisse accompltt la confédération du Nord, suite naturelle
de la confédération du Rhin ; un congrès serait réuni pour discuter
toutes les questions en litige. » Cet ultimatum n'avait rien d'exorbi-
tant s'il eât été imposé à une naUon sans victoire, car il se réBumeit en
ce seul point : ala France n'a pas de titre pour occupa rAUemagne;
elle doit l'évacuer; le Bhïn est sa limite natur^le.»
Mais des troupes braves et glorieuses comme celles de Napoléon
pouvaient-elles se rendre à une sommation impérative, faire retraite
devant des ultimatum , sans s'essayer au préalable contre les Prussien^
En invoquant le sentiment d'honneur et de gloire, l'empereur était
sûr de parler au ctear de ses soldats ; il fallait donner une le^on à la
Prusse ; la guerre était inévitable, et c'est de Mayence que Napoléon
l'annonça au sénat en termes solennels ; il semblait dire : « Ce n'est
pas moi qui l'ai provoquée : les Prussiens me somment de repasser le
Rhin , j'ai une tête de fer et je ne cède pas aussi facilement ; ils me
donnent un rendez-vous pour un grand duel, ils m'ouvr«it un champ
clos, et je dois j paraître : rien ne manque à celte scène de chevalerie,
une reine ddt présider au tournoi : Français ! vous seconderez votre
empereur, car 11 faut briser la colonne de Rosbach I n
a 2° Qu'il ne sera plut mis delà jmtI de la France •ncuDobiiaclc quelconque k la
rormation de la ligue du Nord, qui embrassera, sans aucune cxcepLloD, tous les ËtaU
non nommés dans l'étal fandameotal da \keonfadèration du Bhin;
B 3° Qu'il s'ouvrira sans délai une négociaiioD pour Qiereu&n d'une manière d»-
rable tous les iniéréis qui lont encore en litige, et que pour la Prusse, lea bases préb-
mioaires ta seront la Mparation de Wesel de l'empire français, ei la rioccupailon dci
trois abbayes par Jes troupes prussiennes.
B Du moment où sa majesté aura la cwtïtude que cette base est acceptée, elle re-
prendra l'attitude qu'elle n'a quittée qu'i regret, et redeviendra pour la France ce
voisin lofsJ et paisible qui tant d'Rnnée:t a tu sans jalousie la gloire d'un peuple bran,
et dé^ré sa prospérité. Mais les dernières Douf elles de la marche des troupes fran-
çaises imposent au rai l'obligation de connaître incessammeot ses devoirs. Le sous-
signé est chargé d'insister aiec force sur une réponse prompte, qui, dans tous les cas,
arrive au quartier général du roi le8octobre;sam^est6cDpservant toujours l'eapoir
qu'elle ; sera assez tdt pour que la marche inattendue et rapide des éfénemenu, et la
présencedes troupes, n'aient pas misl'une ou l'autre partie dans la nécessité de pour-
voir Isa sûreté.
» Le soussigné a l'ordre surtout de déclarer de la manière la plus solennelle quel*
paix est le t«u sincère du roi , qu'il ne dnusnde que ce qui peut la rendre durable.
Les motirs de ses alarmes, les titres qu'il ataili attendre de la France une antre cM-
iluite, sont développés dans la lettre du roi i 5. H. I. et sont faits pour obtenir de ec
monarque le dernier gage durable d'nn nouvel ordre de cbosee.
B Le soussigné, etc. ■ KnonuDOKFF.
> Paris, le 1» octobre 1800. ■
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tM U IWI8SB ET U FUMCl.
Ce langage était digne d'un grand pevple ; il y knit nae neine
hiine contre ks Ptusskiis; les |H%miers, Hs étaient apparus «w le
frontières en cooifa^aats après les trouUei de U rèv<d«tien fran-
faibe ; oo s'en scaYcmît dans les canqa ; os arait de vieux ccmptes
è relier; la gn^e cMnptait pins d'un soldat cbevroiiRé d« traofs de
l'armée de Sambre-et-Meuse ; la plupart des officiers rattaekaient
le«n états de serrtce«ux campagnes de 1793 coatre les PnUNens;
NspoléoR Id-mtote, dans ses méditations bjstwiqaes , rêvait avec
«cgaflU k jOHT <w il senit aax prises avec la graiwle tadïqae dt
VtMtno.
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CAMPACNB DB VltfiSSB. — ■ HtmirrHE PÉaiODS. 169
CHAPITRE YIH.
UMpiain M nom, — nuntM ptiioDB.
nNihempmnedaBPniaBteM.— Force «ta Imir •met. — Lwr liirirlorM Buné"
riiiM. — les Saiona. — Le» Rnaml*. — IslMierta. — CaYtlwlê. — InMrtiiadfl
fctpremtwBiiiBmeBieiiu.— HardtetBa.— DéBwJw.— Op*rtilongdBr«pptfmrÉ
''ChBngMienide fhmt. — Bngag«m«l d'vnoit-gtrdc à BeUilB «kSulMd.
— Sibutlon des *rmée* tNnc«ise et prvMlflaiw. — - Bittilla d'AucMadi. — Ls
■Mréebtl Dtvovst. — Le maréelnl BemadMie. '- 'Mémoire eipliratir. ~ BaUllIfl
dlàia. — Bégulutdelajonnite. — Le baUvUo f«el du datn IwicUIn,
Jamais époque n'avait tu chca un peuple uo enthonslasme plui
▼if, plus national, que les t«B|ia qui pr^iédènmt i lUrUo l'ouvertare
de la campagne. La vi^e Allemagne du nord semblsH se réveiller
«Tune longue léthargie ; on aurait dit que la Prusse donnait le signal
d'une fi^ iDdépendance, et que l'ombre de Frédéric se levait debout
de son Hnceul, pour guider les fih valeuretiK de la guerre de sept
ans et venger leurs outrages. Quand les troupes défilèrent à travera
Ifls cités & Spandau, Potsdam, Bradenbourg, des cbants d'enthoa>
liMne ae firent noblement entendre ; des jeunes filles aerniient des
fleurs sur le passage des soldats ; les flancées naïves attachaient âci
niltans aux drapeaux ; dans les lieux oid se réunissaient les étudiants,
les plos fières chansons étaient récitées pour la patrie, et on lisait
partout les manifestes et les proclamatiotM an peuple et k l'armée,
oeuvres de Gentz et de Kotzebiie, les prosateurs politiques de l'Alle-
nwgoe'.
' X, de Gtntianit publié une remarquable broehim sur la coalllIoD de ISOB.
• La guerre qu'on a folte, disall-tl, a été juate , nécenaine et aage dans aon origine,
tentaUve obligatoire contie an poatolr cohMeal ; si elle a écboui par de huena
HifsureB , Lont esi-tl donc perdu? L'Allemagne devlendra-l-elle ce que la Boltande,
h Soiaac, l'Espagne, lllalieiont derenuesT... Mais comment opérer notre aalulT Bn
naae^iknt ce qui «l dispené, en ralennt ce qui ea( abaun, en nsauKitmt <« qnl
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16i CAMPAGNE DB FIttSSB.
Cet enlboiisiasrae A vif, si ardent, avait précisëmeat enlntné le
cabinet de Berlin à des imprudences ; il se croyait si fort de lui-
même en commençant la guerre, il avait tellement foi dam la disci-
pline et le courage de ses troupes, qu'il avait négligé de lever h
landwehr, sa milice nati(Hiale ; les officiers, les étudiants, les femmes
entraînaient les hommes d'État. Par une drconstance ÎDexplicable,
l'armée pruaaenne, qui, pendant la neutralité d'Austerliti, aurait pu
mettre en campagne 180,000 hommes, n'en avait pas alors plus
estmortJ Tout cela doit étrel'albLre deSKOuTernemeDls; la ndlrc, i nous.tudg
leur donner celle ToTcc qu'on éDioussep«r d'indignes (rsfcurs.Qaaod les MDTnaini
ne voienl que désespoir mnet, qu'indifférence coupable , il feudreLt qu'ils possé-
dassent une énergie plue qu'humaine pour assurer k salut de leurs peuples. Sd tSa,
«omnient servir eeui qui nesaayirenl pas après des secours, qui préCèreatiuieKli'
vage paisible à la dérense de leur liberté? Les coriupleurs d'uD siècle abltirdi ont
cmplojé tous les goures d'artifices pour rendre su!l>ect le petit nombre de ceui qui
ont le courage de leur peindre leur avenir. « Nouiavotu dà, disent-ils, nit«r
tmaqttiUtë ; la lorrenl ail r«nlr# don* ton lit , la daminatio» untuanalla Ml «m
chimire; l'tmpir» françaii a atteint tu lûnifai natanUtt ; ion nouv*av r^nt ot
trop lagt pour vouloir ta port» plu* loin, n Les peuples, les cours avaieul prélé
l'oreille & ces Tausses idées ; de là les bérues politiques et militaires de la demtère
tempagne, et l'on peut k peine trouver trois princes Indépeadants des rires du Tigt
à celles du Tolga. Le voile de l'avenir est enSn déchiré, mais les sources delà décep-
lion ne sont pas encore épuisées. Les TabricaniB de paroles, riches en consuliationa
désolantes , osaient représenter, comme inévitables les maux dont on est aiteiai :
« Xaùtltnanl , disent-ils, l'amparaur ayant dimoniri qut tout* itnlativé pour
vrrtlar h mal n'a produit qu'un tfftt eontrain , la lagatM commande de capHi^f
au li«u de défendre (ai demien rafranchanunii. a Ce serait perdre temps et parolei
que de eombattre un tel système. Une génération est-elle assez dépravée parTégotinM
pour r^arderla perle de l'honneur comme indilTérenLGÎ Le temps d'en appeler nu
«etitimenlB nobles est-il i jamais p&asé ? La servitude existe avant que l'oppresaeur
•il parut L'empire, dans lequel l'Europe se voit i la veille d'éire absorbée, a, jusqu'à
CE jour, noD-scutement renversé deslr6nes, des gouvenieraenls, des lois, maistncote
amène avec lui la misère, le vol, le pillage pour ks riches, la fkim pourlepaunt,
l'absence de sécurité pour toute espèce de propriété; des entraves è l'industrie et m
■commerce, l'avilissement des capiiaui el du crédit, un pouvoir arbitraire et terrible.
Quiconque se rappelle comment tel ou tel écrivain s'est étudié i excuser lei mille et
une formes que le Prêtée de la révolution a successivement revêtues, nedoitpasfire
larpris que son despotisme scluel soitl'objet de leur vénération. Les gouvetoenteais,
écries, ont beaucoup Tait pour empirer leur sort; mais c'est nous qui avons pris la
jwrllaplus décisive à l'ceuvre de dévastation qui nous ruine. I.es méprises des gou-
^rernemcnts auraient été moins nombreuses, pins courtes, plus susceptiUes de
remèdes, si l'aveuglement des nations, la perversion de l'esprit publie, l'eitinclion
île louisentimcnt généreux, l'inDuence des motifs les plus vils, n'avaient tout inrecié,
tout dévoré. 11 n'est pas de siècle on de nation qui n'aient pn avoir i souffrir it
quHques erreurs politiques; mais quand nous voyons, durant unclonguesuilc d'aa-
kées, s'offrir à nos ;eua le m£me spectacle de petitcsM et d'oppression , de pba*
îdbyGoOgIc
PRBinÉBB PâBIODB. 1^
de 155,000 dans ses cadres, en y comprenant les réserves divisée^
dans la vieille Prusse. Ainsi, la puissance qui eQlrait imprudemmeot
eo campagne k la face de Napoléon n'offrait pai d'abord en ligne an
d^ de 90,000 hommes sous les ordres du duo de Brunswick et du
maréchal de MolIendorfT; U fallait que cette, armée eût une con-
fiance aveugle en elle-même, an étrange culte de sa force, puisqu'elle
allait avoir ft combattre de grandes masses conduites par l'empereur
des Français en personne, et s'élevant à 180,000 hommes, divisés en
sept corps, sans y comprendre les contingents de la confédération
du Rhin qui marchaient sur la convocation de leur puissant pro-
tecteur.
Une des fautes encore des Prussiens fut d'entrer en campagne
impétoeusemeot, isolés, comme des gentilshommes fous de gloire,
sans attendre l'appui et le secours des Busses, troupes Fermes et
solides; ils commirent la même imprudence que les Autrichiens à
Ulm, lorsqu'ils s'exposèrent seuls aux premiers coups de l'armée fran-
çaise et à la belle tactique de Napoléon. Si les Prussiens avaient opéré
leur retraite en bon ordre sur leurs renforts, en défendant pied à
|Hed les grands fleuves qui couvrent la Saxe et la Prusse, ils auraient
Diis^itbles , d'tctions plui misénbles «ncore, le nul dont on souffre n'est pas dam
des (Donialits teddcntdies, mais dans le taai des cœurs qiii son! ■tiaqués, desa^
rké», gangrenéi, corrompus 1 Ou dil que 1« prince imprime son cuacUre t st. nation ;
nub , dans un sens plus «act, ce sont les peuples qui influent sut le caractère du
prÏDte. Les rois sont ce que les foDt les objets environnants. Après la peinture des
raolcs de leurs chefs , offrons donc celle que présentent les nalions dans leurs pr^
jugés, leure Tceui, lenrs erreurs, leur dégradation politique et morale, leur areufl*-
neot , et l'on s'aperceira que tes moiMrques sont en quelque sorte les fidiles rcpré-
sentanls de leur siècle. Il ne nous reste donc plus qu'une seule ressource : que les
bon» itesbraTess'insIraiscDt, s'unissent, s'encon ragent les uns les autres; qu'une
nîate ligue se forme ; c'est la seule condition qui puisse défier la Torce des armes,
rendre la liberté ani nations et le repos au monde. Vous donc qui, dans le nauTrsge,
avez conseTTinn esprit libre et éclairé, un cœur honnête, le courage de tout saciifier
•u bw de tous. Allemands dignes de votre nom, TOfei votre pays foulé aux pieds,
décbÎTé, profané; ajei assez d'élévatiou dans l'tme pour ne pas vous manquer 4
Tons-mémes , il n'j a rien de tombé qui ne paisse être relevé. Ce n'est ni la Russie
nifAnglelerrequipourraientaceomplir ce grand (suvre delà délivrance européenne.
Quelque désirable qu'il soit d'j voir concourir cesdeui puissances, c'est i l'Alle-
magne que l'honneur en est réservé ; c'est l'Allemagne qui a été In principale cause
de la mine de l'Europe, c'est l'Allemagne qui doit relever les ruines, qui doit opérer
l'affranchissement général. II 7 a plue, notre lustre sera de rétablir la France elle-
même ; nous lui resUtuerous une nistence tranquille et harmonique qui la réconcL-
Htrs avec tous les peuples et avec dle-méme- ■
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*6uDi toutes lews reasoarces, et eo mtete temps les BnssM tgrtàai
anifés sur la Vistok et l'Oder pour lei Bouteeir ei la prot^jer. Hiia
de telles combinaisoiu ne pouvaient entrer dans des tètea ortbou-
flitsta; on les eAt ccnsidérées conine des lAcbetés; la pBlrie«Ue-
mande fenneitait au cour des officien, des étudiants, des taMts;
c'était une guerre aalioiiale, et les poêles eatOBOuent les ebaots de
guerre, les ballades da combat, pour célébrer d'aTSUce les ti<ion|te
d'une cause si éminenineat gerBanicfue ; on cowait au cbÊÊHf de
bataille.
Les manoeuvres prmaptes, rapides, de l'amée prussienne, aiaieit
produit comme résultat de faire décider pour la cause commune ks
gouvernements de SAke et de Hesse, avec leu» trahies «guenies,
leur caviterie non^voase sur les cbevanx mi lafge pottfail. Les Pnis-
Ustm avaient opéré dans la mtee peauie que les Atitricbiens es Ba-
■^èn, seulement avec plos de bonheur ; ils avaieat «Menu ud traitË
decoditioa avectesSaxons et les Hassols. La sntrcfae de Hack nr
MunicK et Aagsbeurg n'avait pu décider l'éleclew de Bnièn à
prendre parti pour les Astrichiens, et c'est ce qui avait ooaqn'oails
la position d' Uln . Ici, an contraire, la Saxe tl la Hesae s'avaient poiol
hésité & joindre leurs troupes aux enthousiastes régiments qui s'avan-
cent de Berlin pour délivrer la patrie allemande. L'armée saxonae
cMnptatt près de 25,000 boBines, l'année heswise 12,000; euxi-
lentes troupes, commandéies par des oiBciers de mérite, le dac de
Saxe-Weimar et le prince de Hesse, Gers militaires qui , menant leun
sfridata avec une grande énei^, rappelaient tànsi tes ducs et les
barons de l'époque cartevingienne. Toutefois , ï« Saxons , dignes
Allemands, ne marchaient pas sans répugnance avec les Prussiens;
l'électeur savait les vieux desseins du grand Frédéric sur les provioce^
de Saxe, qB'll appEJait le ventre de m monartAie. II serait facileà v.m
dîplolnatie aussi habile que celle de Napoléon de diviser les dent
cMises, et d'amener la séparation de la Saxe à la première victoire
décisive remportée sur les Prussiens^ les Hewois étaient presqoe
Anglais et Hanovriens; la fïance n'aorait aucune iaftaence sur
le prince de Hesse , l'un des hommes les plus fermes , les plus
nationaux de to«s ceux qui aHaient se présenter au champ de
gueire*.
' On écriTiit d« Berlin, 7 septembre IMS, sui le monTemcnl 4m Pruwiew :
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Le pays sar lequel Rllalt opéra* l'armée prânieDoe était cetts
piinble conti^ qui s'étaid depuis Ëigenach jusqu'à Laptig, peyi
heureux, ceotre des fort«s étadea, qui voit fleurir les riaatea cit^
âe Gotha, d'Erfurtfa, de Weimar et d'Iéna, belles univoiités;
Weimar, la résidence de prédilection de Goethe, de Schiller, de
KIopatodt, où, soui les lois de ut^iee «ouveraios, la poésie et la pbi-
laM>i^ie se d^loyaieot dans leur magni&ceace ; c'était dans ces villes
9b naguère se inurniuraieDt les beaux, vers du drame de Goïti et
tm'litMngta , véritables poésies nationales de l' Allemagne, sur ce
tkéAtre où se iHootraient les tentes de W<dlenatn» et les Foràts de
Hoor, qu'aUait se faire uitendre le bruit des ormes et l'éclat de
(pKlques mille piècee d'artillerie. L'armée prussienne se déployait
dans la Saxe pour c^rer sur Fuldo, et délivrer tout à la fois Franc-
fort et Wurtzbourg, désignés comme points d'avant-garde dans Is
■•rche des régiments prussiens.
-On aurait dit que toute la maison militaire du grand Frédéric avait
pris Ira armes; le roi et la reine de Prusse quittaient Berlin, tous let
officiers enthousiaste» étaient allés baiser respectueusement l'épée
mspendne sur le tombeau de Potadsm ; on avait montré aux régi-
ments les vieux drapeaux conquis dans la guerre de sept ans, et In
canons de Rosbach, saintes dqwuilles dans les annales de la Prusse.
La reine passa des revues, ouvrit des enrousets, où elle parut comme
le spnbole de la patrie allemande *. Puis, un manifeste exposa les
m II n'Mt resUlciMiPeUéam, dflto«i>terégbDMUqBi]rétaiMitnginiiHD,
foe les.^rdcs du GOips, le premier bataillon de8gardesiptei),etler^imenttnTOl,
de Potsdtni, t Ir Kle desquels S. M. inareliAa en {MrsOime. Toutes J<s troupe* te
porierii encore TPn Balle et Hagdeboarg, 06 elles eltemlroiii éea enlrts ultMean.
L« corpa d'année commsDdé par la prince de HoIwdIoIm narcbe de la SUé&ie Ton
l«asiitz, et les régimeota de U PrasM «ecidenHle se rassemblent provisa iremcat
prts de CdstHfii
» Toutes le* tnmpes qui se trouTaient dans la Poméranie en aoat parties racco-
sÎTemenl, la bonne iotelligeace itaut eotikeinent rétaUie entra nouecouf etle roi
d« Suède.
■ On annoDCe COmne certahi que notre cour a conclu un arraugeinent avec la
a«se, au snjei delà confèdéniiwidn Nord. On dit même que nos troupes sont dtji
eatrtesdans ce pays pour opérer leur jonction arec l'aroiée saxonne, rendue mobllt
-smislesordreadw ducdcSaie-Wtfnar, comnundanten chef, a
' 0>4cTiTaltdeBarreath,f*'octobrelSM:
« L'armée saio-prossleune sous lee ordres dn géuéral prince de Hohaalohe , qui
s'était nssemUée dans le Voigtland, conunmcei défiler par Hoff, dans la principauté
4e Bijrentb. L'a*utfard« M commandée par te prince Louift-Ferdinand de ProasQ
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168 CAMPACm Dl PRUSSE.
griefs de la maison de Brandebourg ; il était conçu en termes bautaiiu
et impérieui. On voyait que cette armée avait f(H en eUe-mènie,
"que cette nation était fière de sa gloire, ivre de son passé. Le mani-
feste était plus imprudent que les notes diplomatiques ; il sortait de
ces termes mesurés imposés aux gouvernements; les pouvoirs ne
doivent jamais parler comme les masses ; ils sont plus haut et ^os
conservateurs; mais qui pouvait résister & l'enthousiasme entratnsnt
de toutes les Âmes? le torrent débordait, nul ne pouvait l'arrêter; la
monarchie militaire du xviii* siècle, orgueilleuse par le souvenir dn
grand Frédéric, allait lutter avec l'empire du xix* siècle sous le génie
de Napoléon ; le passé essayait une lutte contre le présent.
L'empereur en effet partit de Mayence, où il tenait sa cour {dé-
nière , et dès le 6 octobre , il se trouvait de sa personne à Bamberg ;
dans une proclamation fière et antique, il avait excité le courage de ses
soldats pour préparer une rapide campagne. Les Prussiens, insultant
à l'honneur du drapeau , menaçaient les aigles ; il fallait répondre
Comme é Auslerlitz , par un coup de tonnerre ' , il fallait dore
T fils du prince Fcrdioand, «eul Trère encore viviat du griiid Frédéric]. Le régimtal
protincial de Bajrreuih et les bussards de Bila, qui ^ient eantonnés dai» le ptjs
d'ADspacfa, se sonijoinUi cette arDiée. Il paraît qu'elle marchera en avantaudelide
BsjieuLb pour Taire face su corps d'armée du maricfaal Souli.
1 On écrit d'Einbek qu'on y a établi un parc d'arillerle considérable, et qn'oa
N'occupe i j Tonner un camp retranché. On a rassemblé sur les bords du Wesci
beaucoup de bateaux et de radeaux, d'oii l'on conclat que plusieurs corps de iroopM
prussiennes, qui sont en roule par Paderbom rt Munster, sont des^DÉs i paswf te
Weser ea cet endroit. On élèTe «usai des Torlificatlons dans le itomté de Bois, situé
vntre Brème et Hinden.
B Le général Leslocq, qui commande le bataillon des grcnadien de la garde du roi,
■ pa&aé par Bameln pour prendre le commandement général des troupes en Wk'-
phalie, 1 la place du liEutenanl général de Brusewii. »
' Proclamation dt l'tnpenur.
m Soldats, l'ordre pour votre rentrée en France était parti ; tous tous en éliei déjà
npprochés de plusieurs marches. Des Têtes triomphales vous attendaient, et les prc-
ynratife pour tous recevoir étaient commencés dans la capitale.
a Mais lorsque nous nous abandonniomi cette trop couBantesécurité, de nou-
velles trames s'ourdissaient sous le masque de l'amitié et de l'alliance. Des cris de
^erre se sont Tait enteodre t Berlin ; depuis deux mois nous sommes provoqués tous
les Jours daTtnlage.
> La même faction, lemjme esprit de vertige qui , à la Taveur de nos dissension i
intestines, conduisit, il y a quatorze ans. In Prussiens au milieu des plaines de li
QMinpsKiie, domine dans leurs conseils. Si ce n'est plus Paris qu'ils veulent brAler
et renverser dans ses fondements, c'est aujourd'hui leurs drapeaux qu'ils se vauieru
-déplanter dans les capitales de nos alliés; c'est ta Saxe qu'ils veulent obliger i
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PUHIËHB PiUODE. 169
l'aunée 1806 comme («i avait fini la glorieuse période de U campagne
d'Autriche; puiti, et avec cette promptitude de coup d'œil qui carac-
térisait Napoiéou , il avait rapidement jugé le cAté Tiible de cette
armée qui s'avançait pour easafer ses manœuvres contre les sennes :
la cavalerie prussienne, il le savait, était excellente et passait pour la
première du monde ; l'artillerie était parfaitement servie ; l'infan-
terie, moins bonne, raide dans ses mouvemmts, était vieille dans sa
lactique ; les beaux régiments de France auraient une incontestable
supériorité ; leurs feux étaient prêtes et mieux nourris ; si cea
niasses d'infanterie pouvaient lutter dignement poidant de grandes
batailles, il y avait dans l'armée française quelque chose de plus alerte,
de plus vif, de plus léger, de piiu spontané; aa comptait dans les
deux camps des officiers instruits, un état-major plein de capacité ; la
force des corps était également répartie; les grenadiers prussiens
avaient une vieille renommée. Mais où trouver, dans les rangs ea-<
nemis, ces voltigeurs si activement intelligents, ces troupes légères,
ces tirailleurs, parfaitement en rapport avec l'esprit national ; enfin
l'armée française avait cette immense supériorité qne donne l'émula^
tion, l'égal et libre avancement à tout grade?
renODcer, pir une transaclion honteuse, i ton indépendance, en U range^ttt •■)
nombre de leun ptoYinc es ; c'est, eoBn, to« lauriers qu'ils veulent ■rncherdavolrq
front. Ils Tcnlent qu« nous évacuions l'^Ulemafoe H'Mpect de leur •rméelll Qu'il*
sachent donc qn'il sérail mille foia plus facile de détruire la grande capitale , que do
flélTiT l'honneur des enfants du grand peuple et de ses alliés. Leurs projets furent
confondus alora; ils irou\trent danalee [daines de Champagne la délaite, la mort et
la houle : mais les leçons de l'expérience s'effacent, etil est des hommes cheiIeaquaU
le Eentinieol de la haine et de la jalousie ne meurt jamais.
B SoldstsI il n'est aucun de tous qui TCuiUe retonnier en France par un autro
chemin que par celui de l'honncnr. Noua ne devona j rentrer que sous des arcs de
triomphe.
> Eh quoi t aurions-nous donc bravé les saisons, les mers, lea déserta ; vainca
l'Europe plusieurs fais coalisée contre nous; porté notre gloire de l'orient à l'occi»
dent, pour retourner aujourd'hui dans notre pairie comme des trausAiges, spréa avoir
abandonné nos alliés, et pour ttilendre dire que l'aigle française a fui épouvantée k
l'aspect des années prussien nés T. .. Mais déji ib sont arrivés sur nos avant-postes..,
s Marchons donc, puisque la modération n'a pu les faite sortir de cette étonnante
ivresse. Que l'armée prussienne éproare le même sort qu'elle éprouTa il ; a quaton^
ansl Qu'elle apprenne que s'il est facile d'acquérir un accreisaemeni de domaines et
de puissance avec l'amitié du grand peuple, son inimitié [qu'on ne peut provoquer
que par l'abandon île tout esprit de sagesse ;et de raison) est plus terrible que lt«
tempêtes de l'Océan.
B Donné en notre quartier impérial, i Bamberg, l« 0 octobre 1806.
■ Signi .■ KAFOLioH. >
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170 CAmAANB W »M»sft.
L'empereur se procara l'étet ntiKtrire 4» la Pnuw, «t il tH qœ
la mpénorilé do nombre était du cAté de la France; b h Go
4e Mptembre il devait porter mr le champ 4e bataille 180,000
i tiO0,000 boiomes, et, par me manonme habîtemetit exëcntée, Il
pouvait séparer les Saxons des truMeo», préparer la dèfecHoB de
l'électeur , comne celle des Bavarois et des Wartemberneois es
1405. Pourquoi ne créerait-il pas ur roi de Saxe , eonme fl avait
créé d'autres wniTerains pour C AllMita^pte méridiaaaie ? D'après les
mtioBs exactes sur les ennemis qu'il avait devaat tui* Napoléoi q)én
toutes ses grandes manœavres ; eHcs dur«at reposer anr la atew stra-
tégie qu'il aviât si admirableneat improvisée dans tMites ses BBardM
BulitairescD Aotriche : lescorpsdela grande armée ce concentrenient
par Francfort, Wurtzbonrg, Bamberg, Bayreutfa, vers le point cen-
tral d'UoGT et de Gobonrg ; te quartier général de l'empereur fat i
Sambo^, d'où toutes la instructions durent être dirigea ' ; lei
' C'est de Bambetg que Napoléon adresM un message au lénat sur la guore,
« Sénateurs, nousatona quitté notre capitale pour nous rendre au milieu de nolrt
armée d'A-Flemagne, dès l'tMUDtque Dom avens su avee certitude qu'elle était
menacée sur ses flancs par des MOBvcnmis inopinée. A. pe)*« mttlyé aor Tes fren-
tièrra de nosïlata, nous avons eu lieu dereconnattre combien notre présence Tétait
ftéeessaire.etdenousapplaadirdes tiMsuies déftoHMTesqiwiiotisattonRfTMsaTiBt
de quitter le eeMK de notre empire. Déjà les «méea pruasieM», portées h gttnd
«om^et de gueirc , s'étaient ébtaaMes de tontes parts; ettw avadent dépeité lens
frontUrcs ; la Ban était envabte; et le aag* prlooe qui la gouvmie était forcé d'tgic
Mfiire M viHoaté, co«tre l'Mértt de mi peu[d«. L« •rméd ftuirie«MB étataei
MTîTétt devant les eaBCMMMerta daiiositaB]>m; dw pfOToostians et l— W wpéw.
«tmtrM des ▼«^M de fait, avaient algnalé l'esprit de haine ^airiiMiiawenaeniiF,
et la modération de nDSsoldBis,qul, tranqulUeekl'aapeet deMiisc«* moavannw.
éaonnèaieulement'de ne rerevoir MKkB ordre» aenlposalaMduisladouUeeMAiMr
^e dmoent te eown^ et te bon^rolt. NompreBlerdcvolTaélédepMser lellbia
noua-mêmes, de former nos camps, et de Taire entendre le cri de guerre. 11 > MmII
ml eeenn de 10HS vos giMnina. IMi marches MmMnéea «t rafMen tes ont ponés en
un ejln d'œil Bu Keu que nma iMr »lona imUttsé. Tous nos eaatpe sont tumtn
nma tKoiie «wrcber contre les amiées prasslemes, et repMMMr la fttree par 11 farte.
Vootefols. MBS devons le dire, notre cour eu péniMement affecté de ceue prép***
dérinoe conHanMqa'obtienten Bnrope legMedu mil, occupé lansteBseàiravaMi
les dessdm que ness himtoim pour la tranquillité de I'Em^c , te rapos et le bon-
feeiir de la génératlm présente; aaaIégeaRt tons lee e«Mnets par tmu les genres de
sédoetlmn, et égarant ceni qn'U n'a pu corrompre; les aveaf^aMsnrleivB véritabln
■tiiéréls, et les luttant au milieu de* partis, sans antre guida que la passions qu'il a
sa leur inspirer. Le cabinet de Berlin lai-mémen's point choisi avec dêlibératHRlc
l>arti qu'il prend; il y a été jeté avec art, et avec une malicieuse «drcwe. Lerols'c^
trouvé tout i coup i cee t lieoea de »s capitale, an fTentiéreB de la c4»tMérstIon du
Kfain, au milieu de sod année; et vis-à-vis des troupes rtaotalses dispersées dans
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m
Aangus se ptocèreM derrière ces épaisen twéU, oàlèknB bu moyea
tge, où se voient le» vieux monastères et les vwtee coUtodes ; là,
l« Saxons coBvertis par Charlemagoe allaient pleurer la patrie et mi
dieux.
Une nurche en avast fut ordonnée ; les corps <ie Mwat, de Ber-
nante, de Davoust, de Lannes et d'Augereau s'Ébranlèrent slmi^
UnéflKnt, offrant des masses considérafales d'infanterie et de cavt*
lerie; Murât toojours à l'avaat-garde, se trouva sur la Sa^ la beUa
rivière qui coule au milieu des prairies et des bois touffus ; et» conuoe
«n AntTt(^« le premier il eut rtuMuiew de 4^oiser le fèr avec t'en-
■esH. QoeiqiKs escadrons de hussards , ua ré^mest d'ittlaot^le
légère passèrent la Saale, que défendaient trois batsUons prussiens ;
m même teoifs BeraadoUe attai}asdt une division de 6,000 prusûew
«t de 3,000 Saxens ^ui Bout«nHDt leur pentioa dans la petite vlUe
de Schlciti ; ta. mêlée ftit chaude, la cavalerie saxonne St une adnj-
rable contenance , les bussards français furent ramenés au pu de
course sur l'infanterie ; il y eut bientAt un combat de cavalerie ; on
vit apparaître l'aigrette de Uurat sdntillante au vent; il chargea
l'ennemi avec ses ré^teesta légers ; Its ri«Bsieai«t les Saxons se bat-
tirent en braves gens ; ils firent leur retraite après avoir dignement
répondu au feu.
À Saalf^d, DOHvd eagaguseitt aussi briUaot; les Prua^eos le
eédérent encore aux masses foeHiqueuses. C'étaient lea grenadleTa du
corps du maréchal Lannes et la division Suchet qol en Tinrent aux
IKiscs avec l'avant^arde du prwce de Hohealohe, dirigée par le plus
impétueux des ofHcien prmsieiis, le prince Lonîst le noble ceear qui
avait excité une si magnifique émulation dans toute ta jeunesse des
écoles. Ce fut encore une mêlée de hussards et de cavalerie légère ;
M, Mqai crojàMl dmslr tM»fUr aur ha Mena ^ ■■iNBl«Bt In
Ans tuts, M B«r ha frottsUUMi pradigniM an toute* circOBriMices pir la cour 4«
Bofai. Dana une guxnt aatai jusic, où oou ne pruaas les aimea fais pow noua
Mmin, que mus n'avoes pruvo^n^ pw ancan acte, par auwm pTétealko, ei doM
n nmiB ■erail impoafiUile d'aaatgnar la YérUablacaue, aonacooifton* MUènnCBliw
l'afptf 4e9 lob «1 aM ealui de noa pavp^ V >*• alrcoaalancas ajifiellMit à now
éanser de nouTeHca pmives de teur amoar, de leur détoueraaat cl de leiir cawap,
>• noire tàiK aucua lamflce penoimal ne noua sera pénible, aucun dangw na bous
anMns, Wutea l«a r^qu'il s'agira d'aasunrles drotia, rkooneur et la piMfMié 4t
noapottplea.
• DoBoi M noua qiuMiw ûapérM 4e BanAecg, la 20 oelobre 1886.
a Sipti : NAroatoff. a
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1*79 CÀMI>A6KB DB PBDSSB.
le prince Lonû combattit avec la plus ^aode iotrépidité ; deux de
ses aides de camp tombèrent k ses cdtés ; c'était une de ces rencontres
glorieuses où les sabres se crotsaient sur des poitrines palpitaDle»
d'hooneur. Le prloce Louis, l'épée & la main, cherchait h rallier ses
régimeota, lorsqu'il Fut abordé corps i corps par un sous^Iflcier
du 10° de hussards, brave de sa personne, impétueux comme cette
génération d'hommes forts; un combat singulier s'engage : a Bendei-
vous, colonel, lai dit le hussard français, » et pour toute réponse le
Taleureux prince lui lance un coup de sabre sur la face , belle belarre
que le sous-officier porta longtemps. Guindé, c'était le nom du hus-
sard, plonge son sabre k plusieurs reprises dans le corps du prince
Lonb, et cette ftme si noble et si fière alla rejoindre la glorieuse
galerie de ses ancêtres, tous morts en combattant , et rangés autour
de Frédéric son aïeul : illustre destinée, pour un cœur si haut ; il
n'eût pas résisté à l'aspect des humiliations de la Prusse ; il fallut
mourir *.
' L* mort du prince Louis fil nne vive et grande imp^stlon,
DépSehe d« M. IhAm auntide Su»(U.
« Tienne, le 22 octobre 1M6.
B Sire,
> Depuis ms dernière dfpjche du ISconnnt, nous nonoéU joanidlein»t iiHndéf
de Douvellesduthéttre delà guerre, qui se contredisent pour U plupart, et dont lu
ministres de Prusse et de Saie ne peuvent te plus souvent garantir r«ulhen(iciti. Ce
qu'on en peut ioduire de vrai, c'est (pie le prince lonis de Prusse est mort dus h
première affaire, oli le gi^nèral Tiuenzien GODimandait. Après BTOir attaqué sU fait
l'enuemi avec un corps de cavalerie à la tète duquel il se trouvait, il tomba à la Bn
victime de sa valeur, et mourut delamort d'un liéros dans le champ d'honneur. Celte
perte paraît irréparable pour l'armée prussienne, et est regardée par plusieurs per-
sonnes coninie plus grande que si l'on avait i regretter la mort de 10,000 bommts.
On dit qu'il a été tué par un chasseur bavarois. ■
Napoléon s'exprime ainsi sur la mort du prince Louia de Prusse :
n Voyant ainsi h déroule de ses gens, le prince Louis de Prusse, en brave et lajil
soldat, se prit corps i corps avec un maréchal des logis du 10° régiment des hussards,
s Jlnufei-cnuicolonat, lui dit le hussard, oucouttiMmorl. sLepriDcelui répondii
par UD coup de sabre ; le maréchal des logis riposta par un coup de pointe, et le princ*
tomba mort. Si les derniers instants de sa vie ont été ceui d'un mauvais tltùjtn, sa
mort est glorieuse et digne de regrets. H est mort comme doit désirer de mourir tout
bon soldat. Deux de ses aides de camp ont éiè tués i ses cAiés. On a trouvé sur M
des lettres de Berlin qui font voir que le projet de l'ennemi était d'attaquer IncontiDeDl,
et que le parti de la guerre, i la tète duquel étaient le jeune prince et la reine, er«i-
gnsui tonjours que les intentions pacifiques du roi, et l'amour qu'il porte i sessiqets.
De lui Bssentadopler des tempéraments et ne déjouassent leurs cruellM espémnen.
On peut dire que les premiers coups de b guerre ont tué un de ses auteurs. >
îdbyGoOgIc
nBMlteB péKIODB. 173
Dans ces divers engagements on s'était comporté bravement da
part et d'autFe ; mais telles étaient les admirables disporitiona da
Temperear que sur fous les points tes soldats s'étaient trouvés en
nombre considérable ; cette tête d'organisation était merveilleuse ;
partout des masses : à Scbleitz et k Saalfeld, les Françflls comptaient
un effectif de plus d'un tiers au delà des Prtusieos. Hattresse dea
déBlés de la Thuringe et de tout le cours de la Saaie, la grande arméa
pouvait manœuvrer librement pour couper la ligne ennemie; Murât
jetait des partis de cavalerie de manière A les tourner, Jt ce point qua
le général Lasalle, avec ses hussards et ses chasseurs, vint jusqu'aux
portes de Leipzig ; ces mancenvres de l'empereur avaient déjà séparé
les Prussiens de leun renforts. L'armée française les avait entourés
par la même stratégie que Napoléon avait exécutée contre le général
Maclc A (Jim ; la grande armée bordait la SaaIe et l'Elbe , tandis que
les ennemis cherchaient k (^>érer sur les routes de Francfort, Wurti-
bourg, et par leur centre sur Bamberg.
Les renseignnneots recueillis Brent voir au conseil de guerre du
roi Frédéric-Guillaume que Napoléon, au lieu d'attaquer de face,
avait opéré un mouvement de gauche avec sa promptitude merveil-
leuse ; dès lors maître de la Saxe, il pouvait marcher de Dresde sur
Berlin. Quand cette manœuvre fut bien connue, le duc de Brunswick
rappela les avant'gardes qu'il avait imprudemment jetées dans toutes
les directions ; comme il fallait offrir bataille il mit quatre jours h
se concentrer avec un ordre si parfait que nul corps ne s'égaro. Napo-
léon suivit ses traces sans l'atteindre; les troupes prussiennes étaient
bonnes manœuvrières et connaissaient le terrain ; tout se fit par une
conversion vers la SaaIe, et dés ce moment léna devint le centre des
manœuvres de l'empereur '.
■ Luirt J'tm of^Ur pnutim,
m Niumburg, le 12 octobre 1800.
a Le conunaictnieDt des hoBtilitéa contre tes Frutais n'ai passé d'une manliri
lrès-tri*te pour les iroupea ■lleniandea; ilsanl forcé ud poste de l'iile gaucbe du corpi
d'année de Hohentofae ; et un combat neartrier ■ eu lieu an corps de Taueaiieo, et
te prince Louù-Ferdinuid de PnuM est resté mort aur U place. Non- seulement
te rëgiBMDta Zastram et un bataillon de Bdlet, les bussards verts et bruns, etc., mats
encore les régiments saions Prince Jean, Xaviei et Rechien ont terriblement soulTeTt
depuis hier après midi, et toute celte nuit nous n'avons tu que des [ujards qui cou*
ruent après leurs régimoits ; on croit que les Fraocais se portent en force su)
notre gaucbe pour couper la commaaicaiion de Leipiig. Leur force doit être dt
Diclzedby Google
174
' Dqwri» i'cOTertare de U cj^mpg, Napaiée» <*«<*»}> fawwiî;
lai«ntiTC«MtNiri«r biUiUc; oBCSMFebsgiaéraleM^étiééenii
Mot et Anentadt par dIk Kpw ds six à hsft tteuM. Le pMnu
4'léiia f «t eiwùi par NapelioB «Hune qm fioBitieB rewKtii ^ fer
MettAit le déveteppenent secceMif 4cs ctrioonsi dm ttalea tn di-
MDtieM, pear naroher i ta face da AvnieDi oa la tooratr. Li
■ft—tioB da deux midAm, au 13 oetabtt, foamA mem se i^suner ;
l'cmperaiir était de a penoBoe à léba, Toaeeiilré ««■ «a pMesa
lirtiU (ta'MCupait depui» la vaifie la dhimn d« tntrédMl iMwes; il
■ttmdait la deux oorpi deaaiavéfdmx Swtlt et Nejr, TteiBa troupes,
pmaica troitdiYMoiB d'Augereau;*» améeiarce point, y corn-
Iprii Ja garde ton 1m ordres de Lefekvre, Goeqtonit 60,030 bemna
MiriroD. Parnae nwrdwaimHanèef ks nsFéciinu Davoust et Bem»-
dottese portaient, Ton swKaanbarg, l'astre ■■r Apelda. Veatfermr,
jnqn'alon mal rensngtté, igoeiant 4eB nouTCaHMa àa dtw de flnM-
vick, croyait l'ennemi ea maïae à la faoe d'Iiiia, tandi» ^oe te gra
de l'amiée pruirienne mansBayrait A 4kt liawoft. liÎBS^iaMBttrayws
OoqpB, Nap^doo ks exposait tMri ; ai les PnuBieBB réiwit par fnitdn
aaaNs A Ërfuth et Weimar «'étaient perte» à Aaewtadt, UtaunM
pà Itfiser les corps isidét de fiofoust «t de Sernadette, siaS)r6adr«
Bbvat, puis reveair sur iéaa <t aMa^oer HafMaa -avec êm foras
■apèrieures avant rarrMe de Soalt, tiej «t Anfenm».
Dam rhnpatience de eaaibMn^ lA nruatieee se eéptr^Mst am-
nànes, et se déployant d'Ëiliirtfa et da W4iiBM', Us se portèrent *v
MawriHiig et léna, peur asMBw te» oo»lP«iiîg»tiong par la Saale. 11
ee trouva doac que, dans la DUit du 13 ootobre, la situation de l'anaét
{miBûcoBe Atait pres^M pandlàle k o«Ue de l'emperettr, mais daat
400,000 hommes commindés pir l'empereur, qui daiia ce momeol doit ttra i Gen,
â quatre milles d'ici. Nous apercevons d^ quelques patrouilles. Nous avoDsici d»
magasins immenses sans trouver moyen de les sauver; od est dans des iuquittodes
affreuses. Dieu veafTIe que le rai, qui ne peut menquer d'être attaqué sous peo, ne u
Wtnpas battre, car ee maNmir serait irréparabivl
* D'^irè9leademièn»letttes,leeorp*d'iTMf(-{;«rdeâenflclwr>'«lporléR[rl<
M L'étal-majoT dn Corp* de Kuobel lY en rendu etMsi, de intnftrt qua, nceplé 1
Hamein, il n'ja plusun sent séldat-damle» ÉtMa lianAvriem. AetuelleiMnt fl m
mes reste d'amrvreMODrm (pie la IttltlHa décide qu'il ftiut livrer à Napelrtm. IM*
cette triste situation mon sort ne tient I rien, pcrurTnqfne l'imie de la crise actuelle
kalt beoreuse ; je le répète encore, mon ami, noire sitoatioti est des plus tristes «< if>
îdbyGoOgIC
dei ^vportioBt diOérMtet. Devwt Uat, le vieux feM«M«Mwl de
M oUcfHkHiT, avM lecorpsdeWes^Mte, ■ouslM«rdmdugéair«l
ttûchel, composi de Uente-troîa bstHllea», qaantate-cïDq «tcadroM
avec fc^ batteries d'artillerie, «t la 4Miioii Hotentote de viaffi*
qÊttn bataiHow pnwieM, ykiftoaq batiàHon» amau, pm ffuttn»
viogt^ois eBeadram a¥ec s^hi battoriea. Cette améa fort keHe M
canptait pas plw de 36.000 hmonei d'iafairterie, et a,000 booMN
daesialerie. U rénrite dee étotade p^SMceqoeleBMrpadMniacé»
chata SeuU, Laanes, Àvgeretu et N«f, sueceaiivenent engagés dcu
la journée da 1 4 , formaient 47 .000 h«Bnua, 8t«s compter la garde*
qai composait le centre ; en tout bi à ^OOCbeaiiBes. L'kqpnidflnu
4» Pru^ens le* avait étmgemeBt ecMopremis ; conuseat osaieit»
ib, dasi HD nombre inférieur d'uo ti»8 m mwDS, eogi^er une ha.'
taille avec de vieilles trCHipcs ai ranarquablee et si exereées, et oon-
duites par Napoléeu eu penonoe * ? C'était iwe de ces bardioeei
^ue l'art de la guerre n'explique pu; feUe bnmde ^ letur ooAla
cber.
À rix lieues de li , la position était toute différente ; la masse des
■ eut «xael d* ioDRé* pntMianM «mnW la iotaiHs AtUmitoinlSOft.
Le corps da général BlQcher en VFeMphalla.
Le «0^ te pays de H«MTN.
LcB lrou|>es de Berlin, de PoUdam et de k Huche.
I4 t«tf* dn fénérel KtUiteath.
Les iTMifes da SilMe et de Je ^logpe.
CcHm de la Prnwe occidenule.
Total.
<:oirliiigeai saxon.
Le 14 octobre tt a fkUu fkift la dédMiiOD anirame :
Lee iro«pes de Pruaee, parée qu'elles oont enivtes sur l'BIba trop
lard et qu'elles n'éuient à Hille que te IS.
On petU eeips q«î éuk aa Waatphalie.
& Miiiihi et à Nleaboarg.
à.mmmi-M.
Vu eoife d'et)aef«altoo comiiMDdi par le dnc da W^aar et le sénécsl
Wisiag, po«r swveiUa las neuf emeiiia de renoeml « Franconie at
sw le Hein. iX«0
U7.S0il
13,130
4,080
MO»
Tota. 83,7W
rwcerMle de l'armée. M|U8
Diclzedby Google
176 cAHPAflin DR ravssB.
troapes pniniennes, commandée par le duc de Brunswick , la garde
royale sous les ordres du général Kalkreutb, les gardes du corps, le
roi, la reine Louise, a cheval en amazone, comme la Clorindedu
TasK, s'étaient portés en masse sar le corps du maréchal Davoust, qui
opérait par Auerstadt. Les Prussiens comptaient sur ce point pitu
de 50,000 hommes, presque tous d'élite, avec une cavalerie magni-
fique, forte de 12,000 hommes, se pressant à marches forcées sur
Davoust. Le maréchal n'avait avec lui que 26,000 hommes, dont
1,500 de cavalerie , et il pouvait être acculé et brisé. Le maréchal
Bemadotte, en communication avec lui, avait reçu les ordres fonn^
de Napoléon de se tenir i Naumburg , dans une position intermé-
diaire, pour obsener le corps du prince Eugène de Wurtemberg qui
s'avançait de Halle ; puis Bernadette devait se porter par Camburg et
Apolda sur léna afin de tourner les Prussiens, en secondant l'attaque
de Napoléon, qui croyait avoir en face les masses de l'armée ennemie
et avait commandé au maréchal ainsi qu'à Murât de se tenir à sa
portée *.
' Avant de se porter nir léna, Napoléon Bt une démirche officielle auprès du nt
d« Prusse ei lui eavoja H. dcHonlesquiou, capitaine, officier d'ordonnance; ptitl
de Gara, le 13 octobre ISOfl, à dii heures du matin, ilarrira au camp dugéainl
Hohenluhe à quatre heures, avec la letlresuiTanie:
« Monsieur mon frire, je n'ai reçu que le 7 la lettre de votre majesté du 2S tep-
lembre. Je suis fiché qu'on lui ait tt\t signer cette espèce de pamphlet. le ne lui
réponds que pour luiprotrsterque jamais je n'attribuerai i elle les choses qui jsonl
contenues; toutes sont contraires i son caractère et k l'honneur de tous drut. Jl
plains et dédaigne les rédacteurs d'un pareil oarrage. J'ai reçu immédiatement spris
ïanote de son minisire, dul" octobre; elle m'a donné rendei-vous le 8 : en bon che-
valier, je lui ai tenu parole; je suis an milieu de la Saie. Qu'elle m'en croie, j'UdtS
. forces [elles que toutes ses farces ne peuvent balancer longtemps la victoire. Hù*
pourquoi répandre tant de sangT à qud but? Je tiendrai 1 votre majesté le mèm.t
langage que j'ai tenu i l'empereur Alexandre deux jours avant la belaille d'AusteriiU.
Fasse le ciel que des hommes vendus ou bnaiisés, plus les ennemis d'elle et de son
r^nequ'ilsue le sont de moi etde ma nation, ne Int donnent pas les mêmes conseils
pour la faire arriver an même résultat I
H Sire, j'ai été votre ami depuis sii ans. Je ne veut point profiler de celle csple*
de Terlige qui anime les conseils de 8. M., qui lui ont taii commettre des etrenci
politiques dont l'Europe est eocere tout étonnée, et des erreurs militaires de l'énor
mité desquelles l'Europe ne tardera pasàreteniir. Si elle m'eût demandé des tliosts
postibles par sa note , je les lui eusse accordées : elle a demandé mon déabonaair>
elle devait être certaine demaréponee. Laguerre est donc faite entre nous, l'alliuM
rompue pour jamais. Hais pourquoi faire égorger nos sujelsT Je ne prise point une
victoire qui sera achetée par la vie d'un bon nombre de mes enfants. Si j'étais à mou
début dans la carrière militaire, et si je pouvais craindre les hasards des combats.
îdbyGoOgIc
FKBIllàU piUOBB. 177
11 est inutile de bien résamer cette sitoation reipectiTe des ooTpa,
pour rendre à chacun, dans les événranents du leodenMiD, la part qui
lui est due ; or, voici la véritable statistique des champs de bataille :
à Auentadt, les Pruauens, troupes d'élite, étaient au moips le
double du corps du maréchal Davoust ; h léna, la supériorité d'no
tiers était aux Français, concentrés sur le plateau, avec la garde
aoufl les ordres de l'empereur. Les deux armées étaient k six lleoei
de distance; an milieu de ces deux points, Bemadotte opérait dans
le but de se porter du centre aux deux extrémités sek»i les beB(rinf
de la bataille. Les ordres de l'empereur étaient précis ; Bemadotte
devait se rapprocher d'Iéna. car NapoléoD, je le répète, trompé par
ce lingage sertit tout à fait ièfiact. Sire, TOtit mijetté «en vaiocue ; die aura com-
|«omis le repos de sesjoun.l'eiistence de Ms sujets sans l'ombre d'un prétexte. Elle
est aujuuTil'bui Intacte et peut tniler «Tet moi d'ane maDière conhrme i md nng,
elle traiifra avant no mois dans une slUalionbleD différeiiie; elle s'eai laisaie allet
■ des irritations qu'oD a calcula et prépara avec art; elle m'a dit qu'elle m'aiait
BOuvenl rendu des services; eh bien I je TeuiluidooDer la plus grande preuve du sou-
voiir que j'en ai : elle est maltreaae de sauTer 1 ses sujets les ravages et In malheurs
de la guerre ; i peine commeacée, eUe peut la tenniaer , ei die Ter* udb chose ào«t
TBorope lui saura gré. Si elle écoute les faribonds qui, U y a qaaiom ans, voulaient
prendre Paris, et qui aujourd'hui l'ont embarquée dans une guerre, et imnédiatc-
menl après dans dw plans offeoMfs également inconcevables, die fera i son peuple un
niai que le reste de savienepourra guérir. Sire, je n'ai rien à gagner contre vol»
majesté; je ue veux rien et m'ai rien voulu d'elle: la guerre actudie est nnegnerre
impolilique. Jesens que peut-être j'irrite dams cette lettre une certaine susceptibilité
naturelle à tout souverain ; mais les circonstances ne demandent aucun ménage-
ment; je lui dis les choses comme je les pense. El d'ailleurs, que votre majesté ne
permette de le dire, ce n'tst pas pourl'Emope une grande découverte que d'apprendre
que la France eal du trlfrie plus popnleuM et aussi brave et aussi aguerrie que les
États de votre majesté. Je ne lui si donné aucun sujet réel de guerre. Qu'elle ordonne
à cet essaim de melveillsmts et d'incoHidMs dose taireil'tipeclde son irAne dans
le respect qui lui est dû, et qu'elle rende la tranquillité à die et 1 ses itats. Si die
ne retrouve plus jamais en moi un allU , elle rdronvera un homme désireDi de
ne faire que des guerres Indispcncableaila politique de mes peuples, et de ne point
répandre le sang dans une lutte avec des sonverains qui n'ont avec mot aucune
opposition d'industrie, de commerce et de politique. J« prie votre majesté de ne voir
4aiis cette lettre que le désir que j'ai d'épargner le sang des hommes, et d'éviter à une
nation qui, géographiquemeot, ne saurait être ennemie de la mienne, l'amer repentir
d'avoir trop écouté des sentiments éphémères qui s'excitent et se cdment avec tant
de facilité parmi les peuples.
» Sur ce, je prie INeu , monsieur mon Mre, qu'il tous ait en sa sainte et digne
garde.
» De votre majesté le bon Mre,
• HAKiLfioir.
a De mon camp impéiial de Gers, la tl oclobn 1806. a
îdbyGoOgIC
171 aanKem m kobsb.
1m im% r^Hrigstmeots, eperaK que ks eosps décWfs m peiteraieDl
■ur ce polat ; K tenait pea de e«fBpte de ce qôt te pâmait i Aaerstsdt:
et poBrtaat % M la ^olre de la jonmée.
Le 13 M soir, veille des armes, les erAFCe fbrent expUih par
BettUer a¥ee m pr6eMon liabttaeMe. L*enpepeiu- Napcrféoo écrinit
M neréchal Davoust deseporter «or ApoMa parledéfllédeEiNHi.
BertMer se croyatt puqa^n y eAt pTos de t8,000 fnsOfm estre
Aweratadt et Apolda, et il pensait qa'lb senleirt fet^lemeot btieh par
det forces supérienrea. Les !■fass^ens cuIlKitéa , le ntrtebctt deralt
■ureher sar les derrières de ramée que Nap<rféoB alMt mAr k h
face à léna. Des ordres ferent expédiés aux maréchaux Hwat «A Bo^
DBdotte pour opérer le même mouvement vers le centre de commu-
nication entre les deux armées , en suivant les plateaux de la Saaie ,
qui divise Navnbuy^etGambnrg, et en vmant faite leur joDetuaHU
ApoMa, clef des denx pohtts de bâtantes entre Anerstadt et léns. L'en-
pereur niait toujours que Tarmée prussienne fût réunie en masses
vers Auerstadt ; le nerécba). OerauloUe, mieux iolerioé , vint dau
le canp dtt mirédial DavMMt pour hii faire KMarquer sa politioB dif
•eHe: ■ Vous êtes compromis, lui dlt-îl ,laissei-mof passer lesdêfllés
de Kosea , vous o'Ètes fss en nombre pow combattre les Prussiott ,
qui soBt i la foee de vras au nui» 5û,00aiwmnei ; eweadile aou
ponrroM iei culbuter. » Le naréchal Davoost , trempé lot-mtoesor
les masses qui lui étaient opposées , ne voulut point de cet appui de
Bernadotte , qui déaintt «HBowncer l'attaque ; peut-être étsjt-ce unt
MMe ÀnalatioB de gMre ! BwmHt vmMt-it qM les koBWun fc W
Journée lui appartinssent complétcmentt Ces jalousies de la victoire
se trouvèrent plus d'une bi» inu» la tente. Bepousséa^ par Davoust. la
MBiécluiixBeraad«tteetNufate«ée«tèfeatpMui|iidlegieotlesocdra
de fempereor , qtd leur commaftdait d'opérer sar Apolda par Can>-
burg, mouvement de centre combiné par Napoléon dans sa prévision
d'uB éebec ; Benwdûtte à Aptida pouvait également porter secoun
a& corps concentré sur te plateau d'Iéna , et & Devonrt ea face d«
Prussiens à Auerstadt ; il allait former la réserve au milieu de deui
batailles qui se livraient à six lieues de distance, et doot il aswnit la
eomnMMcation.
Il y eut donc quelque chose d'incertain et d'indécis dans toutes le»
opérations de la nuit du 13 au IJ; i léna l'empereur conceotrail
toutes ses forces sur. le ^taui , et des efforts inouïs amenaient de
îdbyGoOgIC
i'aititlefie à tnrsn InnnoBetlw sratien inabotdttMes; osTklît
ïlaeroyabfe activité de Nt^oléoD quand il avait eooçuus plan et qu'il
laàait le nenw èi bout. La suit était profonde , le général de l'artil»
Inie n'était pnot prêt ; on vk l'enpereiur , un Eaiot à la main , pfé>
céder ks pièe«s de eampagne et éetairar ta aiarche des artiHeers *;
oa ooopalt les rentes à coops de In^e, os traçait des cbemiM ame
hploche. QoenepoiiTaltKmoserqiiaadlni-niâraeétaNlk^NapoMoii
aviM Mstaapda M tes géoérausles phn intrépides et tes plusdéwaéa :
le inaréolal Laféitvre, qsi conaundait la garde; le ^akni Victor,
qaiwrîvaitalondeBoaaMbaasadedeDMaiBaKlEpoarMreeanpagBe:
c'était un de ces braves de l'armée d^llalto, blessé toujo«rs à la taoe ,
oar fl »'bviM jamai» m l'iemeflai autrement ; h ms oétés se plaçaient
SMd Oadinat, Lannes; oo aurait dit que las coBipagMii3.da8 pps*
niièM»anBes da Bonaparte et de Momau, am époques da la sépu*
UfiM, étaiMst féoaissar la plateau d'Iéoa peur mnouvaler tas prodi0es
des fampagam du Bfaiii et d'Italie. La veillée d'Iéaa fiit aussi bcdl*
fi»b veiUée d'Auatarlita.
Jl l'auke estrénité. w4'«is Naanbmcs, Oeaoast, avec saténacUé
' « IfapoléoD coucha au biiac at| milita do «es troupes, 11 fliaouper vite lui ton»
1« gteénai q«j étaioit M. Avant de m emuhor, H àneta^t k pied I» momtt^t
tUm», paw l'iWTtr «u'smmm nttw* 4»muiiliMi n'éuit mMm e» kai; •'«■tla
fu'U trouTi loue l'artiUrrit dunu^hal Uuiaes engigét dans uoe n.MDt que l'oth-
Murtlè lui avait bit prendre pour un cbemin, et qui était tellemeut resserrée, que lei
fttséei dea essieux portaient des deux cAiés sur le rocher. Sans cette position, elle M
HttHUntMaatw, alMcnler, pwM^'H} awitIdMietaUYaliniMàkiaitat'iHB
iel'aiilw <hwi s» détlè. CeifrtahM^t^twMayd dwaltaewii h gwmièwi «tfj«
des autres coq^ éitU derrijfe elle.
■ L'enpereur entra dans une colère qui se Rt remaripier par un silence froid. H
da^ d» fcMWMMf leg^Béirt oemMrfant llaKMMie de ttMméé, ^a-M faUbri étww*
éa M las laMWa Ut tK nmtae ijfdrimwfwi*'!!. UfiilunitBQ I'QaciMd:an.
UUirie, riuail In Moomiîen, et après leoi «veii Giit prendre les outils du pare «
■Ituner les falots, il en tint un lal-Diême dans la main, dont il ccleira les canonniem
qui ImaiBaleBt ««n» sa dtreetfoB à élarffr la ntIm , jvaqvï ee que ha fbstes de*
«Mtant M poaMMBt ^u.Mir le rcM. J'ai loaj«in« préMat dei«au les Tou M qui «e
pMstitiur la figure des cauoontcrs, en voyant l'empereur éclairer lui-mdme. un (Uot
i laitkain, tes coupa redoublés dont ils frappaient le rocher. Tous élaient épuisés de
lUigw, et pas nn ne pnfïra une plainte, sentant bien l'imporlMoe du serriee qu'ik
iiiilliwil, et BB M fteanl pas poar léMiigner leur surprise de ce qu'il bU«i que ee
Ut l'eBperMir loi-inéme qui doonit cet eiemple à ses olQciera. JL'empereuc m as
retira que lotsqae la première voilure fut passée, ce qui n'eut lieu que fort avant dans
tm nuit. 11 revint ensnilc k son bivac, d'où il envoya encore quelques ordres avant ds
fwaiiadmepw.»
(Mémoires du général Savnj^
Diclzedby Google
IM cAHFAcm M nusu.
biM tuellc , passait la Saaie au déSIé de Koseo et s'emparait ainsi d'une
position forte etdominante. Le maréchal avait sons ses ordres la divi-
sion Gudin , vieilles troupes qui s'étaient couTerles de gloire dans li
campagne d'Austerlitz , soldats fennes au feu ; la divinon Priant, si
reteotissanle daos les fastes militaires , et le corps eoBn du géDénl
Moraod , où se voyaientdes compagnies entières de grenadietSi vété-
rans des campagnes de Marengo. Toutelaonit fut employée prendre
position dans le déûlé où il était ditflcile de reconnaître l'ennemi i
travers les ténèbres ; un brouillard épais dérobait k l'œil attaitif des
généraux les mouvements de stratégie; on ne se voyait pasàdispas;
les feux mêmes n'étaient pas aperçus.
La grande armée prussienne s'était pourtant ébmniée ; te corp
commandé par le duc de Brunswick était arrivé le soir k cinq beom
sur les hauteurs d' Aucrstadt avec une grande précision de manœuvre
LÀ fut établi le quartier général; leroidePrusseoHnmaadsiteDpa-
sonne, au milieu de sa garde; la reine Louise, à la veillée sooi ti
lente comme le dernier cavalier , excitait les troupes & une bataille
gkHÎeuse. Tout le mouvement vers Anerstadt s'était opéré avec no
ensemble et une précision remarquables : Auerstadt , boui^ d'environ
1,500 Ames, entouré de hauteurs boisées et d'admirables positions,
ol^It à ce moment un spectacle animé ; toute l'armée {HiissiNiiui y
était concentrée, sauf le corps dn maréchal de Mollendoiff, oppost
& l'empereur an pied dn plateau d'Iéna. La matinée dn 14 octobre
parut encore couverte d'un brouillard épais ; le maréchal Davoost es
profita pour déployer ses avant-gardes au défilé de Kosen ; les tronpa
marchairat dans une nuée atmosphérique tellement obscure qu'ella
ne se recranaissaiwit pas k trois pas de distance ; ce défilé était long,
étroit , et il fallut plus de deux heures pour que la division Gudin p&t
le franchir en se déployant. Tout à coup elle se trouve face à face
avec l'avant-garde prussienne ; il était hait heures du matin et Vm m
se voyait pas encore. Français et Prussiens était à une demi-porté de
fusil ; ce fut seulement le bruit des pas et l'échange de quelques moti
qui firent voir qu'on était en présence. Le feu s'engage sur-le-chainpi
vif et soutenu ; on tira d'abord en aveugle, et, lorsque les premiers
rayons du scdeil eurent un peu dégagé les brouillards , tes aigles d'or
parurent en face de l'aigle noire; les Prussiens qui n'étaient pas ea
force opérèrent leur retraite sur leur masse. C'était un engagement
d'avant-garde.
îdbyGoOgIC
HRBinÈBB PÉKIOIIB. 181
A ce moment la chai^ »e fait entendre bruyante dons les carrés
eonemù , les trompettes sonnent ; ]e général Schmettaa déploie quel-
ques régiments, culbute l'avant^arde française, et, comme le brouil-
lard se dissipe de plus en plus, on magnifique corps de cavalerie
prosnenne , au bmit d'une batterie d'artillerie légère , tourne la divî-
sioD Gudin ; toutes ces manoeuvres se firent avec la précision et la rec-
titude qui distinguaient l'armée de Frédéric , troupe d'élite exerce.
La dirision Gudin n'eut que le tempe de se former en carré , baïon-
nette au bout da fusil ; elle reçut la cavalerie par un de ces beaux feus
de vieilles troupes ; les chaires furent à fond , et les carrés les sou-
tinrent avec une grande intrépidité ; les pertes furent énormes de part
et d'antre. Le champ était disputé , lorsque les tambours et les trom-
pettes se firent encore entendre ; le maréchal Davoust parut à la tète
de sa cavalerie et de la division Priant ; il remit un peu d'ordre dans
les rangs ébranlés ; un feu de mitraille laboura les colonnes commeun
champ de blé sous la grêle; l'ennemi couronnait les hauteurs d'Ane»
stadt ; sans calculer le danger , le général Friant l'attaque avec une
intrépidité indicible. Sa division, formée en colonne, s'avance tandis
que le canon ennemi y fait de larges trouées. Ce mouvement s'opérait
pour dégager le général Gudin , brisé sous l'artillerie, et qui se main-
tenait en p(»ition depuis quatre heures ; Gudin cédait le terrain devant
les corps prussiens dn duc de Brunswick , lorsque cette infanterie sf
ferme fut soutenue par une charge du général Morand. Les feux
s'étendirent alora sur toute la ligne où l'ennemi déployait ses masses.
Ainsi était la bataille d'Auerstadt i midi ; la terre était jonchée de
morts ; trois divisions soutenaient avec une intrépidité héroïque toute
l'armée prussienne qui se déployait autour d'elle ; le sol était ébranlé
lous le canon ; h cette heure de feu , quand le soleil reluisait sur les
baïonnettes, où se trouvaient les maréchaux Mnrat et Bernadotte?
Chargés de se porter de Gambui^ sur Apolda ' , les deux maréchaux
devaient-ils changer leur direction indiquée par les ordres de l'empe-
* ToicIceqDCJeliBdansun document que je crois communiqué :
■ Divousl iTiU refu l'ordre de se por(«r le 14 au malin sur Apolda, où il Iron-
verail 18,000 Prussiens, commtndte par le duc de Brunswick. L'empereur avait eu
de nannises Enrennetions sur tes mouvements de l'ennemi : aussi Davoust ne tardu
pBt i être conTaiiMU, par les renBcignements positira que lui donna Bernadotte, qu'il
auraîll combattre une grandeparlic de l'armée prussienne, cl non pas 19,000 Prus-
siens seulement annoncés par le maJor-géDéral. a Tranquillisci-vou», lui dit le ma-
rtial Beroadolle; laiBsez-moi passer au milieu de lolre camp, je vais lea attaquer, el
Diclzedby Google
rear , le jeter * par un moaTeme&t en arrière , lor AuosUdt ; oa
Ueo dercieaMIi exécater poDcbidlemeat les instrot^ioDs de Botbiet
^i déiignaient A Bernadotte la perition ceatrale d'Apidda conmt m
firint de ralliement?
J'«i dit q«e la veiUe de la tntaiHe le ■anéehil BeinadsUe, qtieoa-
MisMit paifaUemeat les pontions de l'araiée pnmmtoBe, ea hdob-
Cantaa tnarèclnl DeTOustqu'il avait en face de hule ducdeBnionrick
avec 50,000 hommes, lui demanda s'il pourrait résister ; qudteiiiae
hmeot les fMtractionfl de l'emperenr qui lui enjoignaieat de se perter
nr Ap(Ma, le maréchal offrit A Davoast le cmcovn de tes troupes;
» DiieaM. atuen* qu'élau poilé i l'colréedu déBU de Kown,
11 Bcnit pénible pour lui de Toir Truicblr ce défilé par no aulte corps que le «ieu. U
pCTsisIa i garder son défilé et i marcher le premier,
» Cepfndini Baivast RYiltreça da msjar-géttén! mtetrtlreéatis ItqmHtiléuil
dUï«...fii1epria«tdeP«nlM:oTv»éiMtdMs*MCd>*iro«,et^u'ila'Mtpai«c*i«
MCU la ordres , tous pouiriei muciirr ensemble. Uiis l'nnpereur espire qu'il su»
déjà to marche, avec la caTalerie du gr«nd-duc de BerR, sur Dornburg et Cam-
btiTg.., ■ Vers trois heures du matin, le H, le prince dePot)Ie-CaTTO,nereenaDi
ncme hnttnMIoii, «uesn «flktpr ida «fHiiiw ft^néraJ , fil CMiUaiwr le iMMTCBMi.
L«caM*fl •elt(BMadt«((iIrec<«|et sii heures; la marebedcs trou^ Tul ptes»rr.
Anivé i Domhurg, il trouva la cavalerie de Hurat qui n'avait pas encore commeDCé
ton mouvement, et qui mit prés de sit heures pour ft^nehir le d^lé de la Suie et
pour nuronner )n hameun. La division SlviDd et la earaterie léfère do pranSfr
«wy BWdlem|i<le-»<l«, ■ind'irriverplMYit». BMwwiet^ii'eUeaftirewfaf-
nies, ellee se trouvaitml sur les derri^es des troupes prussiennes qui avaient allti|iH
le miréchat Davousl. S ) 10,000 chevaui, qui auraient décidé Te succis de la jouméi
c«iitf e BaTOnst, Ibreat etiTOjés pone tecoYmallwle* eorps q«i cmrHHMfeat tes hn-
teuM; M, 4èi c«t InstavI, ceUapirtie de l'«iMie pTU«ii(mi«se*ill«ii retraite sur
Butteltudt, Kslebeo et KordtiauBcn. Bernadotte arriva sur les bauleura d'AfiuIiia
>Tcc M cavalerie I^ère et la division Rivaud seulement, 1rs généraux Beltiard, La-
tmtr-HaulKrarg. BÛamont et Wnhaud ayant reçu, dans l'intenane. l'ordreffidR
JdDdrcavcclrvn oifelK^rtmi-^càeSa^ ^ ac trawratt aaprtedelaptnaM*
de l'eniperear. Dais le rap^rl oScid dufrioce de Ponle-Corvo, daté d'Apoldi,
le 14, àonrebcuresdu soir, il est dit: « ...Nuus nous trouvions absolument surit*
derrières del'enneml et débordant toutes les Troupes que le tnarédial DavotiA aval) 1
«embMIre , de maaitre qu'il « été défa^é de trtt4)eBae kaan: par notre mtmm-
ment... u Huratacertiliéla parfaite exactitude des mouvements du corps qu'il cun-
mandait et du corps du maréchal Bernadotte, iris qu'on vient de les énoncer,
n Le maréchal Davoust ayant refusé de se concerter avec le maréchal BeroiduLW
pour lllaquer les Prussiens, celui-ci suivit la direction qui lui avait été donnée par
les premiers ordres du major général, et St une diversion qui fut iris^avorable, et en
qudque sorte décisive pour te succès de Davousl. Il elTcctua ce mouvement , pet»
ainsi dire, de lui-même, ne recevant point d'ordre du quartier général, non plus que
Uurat qui se concerta avec te maréchal pour aller prendre position, après le dcElê.
■UT les hauieura, ainsi qu'on )'a expliqué plus haut. »
DiclzedbyGoOglC
pMnnB>B PtiiuoDB. IBS
Saroast, se croTmt anei fort , les refnSB , et Bnnadotte , c«nnn4
Horat, dot exécnter l'oritre qaelui syait transmisBerthier de se porter
TmApoldBffiir h» derrièresdel'eimemî. Quand la bataille fut engage
ehsoâemeat. le maréchal Davoust, qui vit bien alors sa sitoation
diOidIe, envoya -on de ses aides de camp m maréchal fiemadotte
poor tnf demander *ppu); et sur cet avis la division Dupont, détadiée
par l« maréchal, pamtà CambnrgpDur observer la batrilled'Auerstadt
et tomber 'Sor reammi aa beaohi avec des'traupes fratcfaes. Beima-
dotte DC pouvait quitter sa position d'ApoIda , si importante poar
oi^fer l'emperear i lérn ; eHe formaft eomme la clef de toute la
•tratégie de deux bataflles données h six lienes de distance.
Pour comprendre toute l'importance decette portion du maréduri
Bemadotte k Apolda , il faut se transporter sur le terrain d'Iéna , oà
fffl sutre eombat s'engageait. Napoléon avaH passé la nuit k coocBO-
trertoutes ses divisions sor le plateau; le général Victor, ehef del'étatr
major général , désigna pour chacune de ces oohmnes , avec tme haute
intelligence , la place qu'elle devait occuper , Suchet prit la droite ,
Cuan la gauche, Lefebvre se mit an centre, l'artillerie était placée
dans l'interralie de chaque corps ; Augereau , arrWé en toute hâte ,
flaiMiDatt la pontion par ses masses profondes d'infanterie; le plan de
Napvjléon était de reTeoter l'ennemi par un déploiement de colonnes
descendant du plateau, de le couperde ses réserves, et alors Bemadotte
devait le recevoir , et ramener 6 Apolda , sur la pointe de ses baïon-
nettes, 10 ou 12 mine prisonniers par rra simple monvement de
front. A six heures du matin , Atraversun brouillard ansi épaff que
celin qui dominait Auerstadt , les Français prirent lesartnes avec cette
ooMe allégresequirayonnatt sur tonsleslroots te matin des batailles.
L'enpereur'penuninit les rangs; il disait à chaqne soldet quelques-
ans de ces mots heureux qu'il savait Jeter dans sa belle et grande
langue bistoriqne; Il allumait nn noble fen au cieur de l'armée :
« Soofene&-TOU8 , répétaft-II , de la prise d'Ulm et de la bataille
d'Aasterlitz; les Prussiens ensont réduits k la même extrémité. Ils ont
perdu leurs lignes d'opérations. Ils se trouvent cernés, fls ne com-
battent plus que pour assurer lenr retraite. Soldats , s'écrialt-il , les
PnsiieDS veulent tenter une troaée , le corps qui les laisserait passer
«orait perdu d'honneur; reniendez-roUBÎ perdu d'honneur I » C«
mots excitèrent le plus vff enfbonsiesnw. Ensuite fîapotëon donna
quelques conseils ponr résister k la cavalerie prussienne, dont la
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ISâ CAMPACRE DE nCSSB.
reDommée était grande : « C'est ici où l'honneur de l'infanterie doit
■e montrer ; les Français sont une nation année. > Alors les liraii-
leurs, se déployant au bas du plateau , engagèrent hardiment une tite
fu^llade , à travers les ténèbres du brouillard , plus épûa que la fumée
de l'artillerie; les colonnes ainsi protégées descendirent du plateau
dans un ordre magnifique, et prirent leur rang de bataille dans Ii
plune, tel qu'ilélaitassignépar le général Victor, en facedel'srBiée
prussienne , qui elle-même se déployait avec la précision des vieui
manoeuvriers.
A neuf heures seulement le soleil se leva , dissipant le brouillard,
et les deux armées se trouvèrent à une demi-portée de canon ; oo
voyait reluire les casques , les cuirassés scintillant au solàl i et les
longues baïonnettes de l'infanterie : on aurait dit une parade ; c'éUït
par de grandes manœuvres que le combat allait s'engager. Les Pnu-
siens se déployèrent par la droite sur la gauche de l'armée française
que commandait le maréchal Angereau. Ce déploiement se fit comme
dans une revue , avec le même ordre qu'au vaste pré de Potsdam ou
de Sans-Souci , et avec la même fermeté d'action ; è dix heures déjà
on s'était chargé avec une admirable intrépidité; cavalerie, infanterie
avaient fait leurdevoir. A onze heures, on vit poindre diuis le lointain
les réserves du maréchal Ney qui s'avançaient à marches forcées;
quelques instants après se déplment les dragons et les cuiraSMers de
Murât, arrivant sur le champ de bataille.
Murât exécutait le mêmes ordres que Bernadette ; tout ponr léot.
rien pour Auerstadl ; ainsi était Napoléon : tous les moyens se coo-
«eptraimit vers la position qu'il avait choisie; là où il commandait les
éléments de victoire étaient rassemblés. Cette cavalerie de Munt fit
des charges à fond sur les Prussiens ; ainsi qu'à Austerlitz, il y eut des
«ngagements de cavalerie corps à corps , comme dans ces tableam
du XVI* siècle où les chevaux et les cavaliers tombent refoulés les un)
sur les autres. L'infanterie prussienne voulut soutenir sa >ieille répu-
tation du temps de Frédéric ; les cuirassiers brisèrent ses rangs
pressés, enfont^rent les bataillons et les carrés ; le maréchal de Mol-
lendorfffut blessé; ledésordrecommençaitàse mettre dans les rang;
de l'ennemi , qui fit sa retraite un peu confuse sur Weimar. L'amwf
prussienne, un tiers moins nombreuse que les Français, avait attaqué
avec présomption, et le vieux maréchal de Mollendorff fut obligé de
courir au pas précipité de son cheval, pour éviter d'être pris dans uoe
ctiarge de cavalerie.
îdbyGoOgIC
PBBHIÉBB PÉRIODE. 185
La fatale nouvelle de cette retraite du maréchal de Hollendorff
inr Weimsr fat apportée à deux heures par un orOcier prussien an
quartier général de Frédéric-Guillaume, qui pressait si vivement le
maréchal Davoust, et l'entourait de forces supérieures ; le champ de
bataille était terriblement disputé par 26,000 Français réduits alors
à 18,000 sous le feu meurtrier de l'artillerie prussienne ; le vieux due
de Brunswick, blessé d'un éclat de mitraille avait perdu la vue, et,
comme par un effet de la Providence qui maintenait son honneur, H
ne vit pas la niiae de cette infanterie qu'il avait contribué à eiercer.
Plusieurs généraux pnusims h la tête de leurs troupes étaient ansd
tombés blessés ; la noblesse allemande payait de sa personne ; et c'est
à ce moment que Frédéric-Guillaume, s'euposanl comme un simple
soldat , apprit la marche rétrograde de Hollendorff sur Weimar.
L'instant était décisif, il fallait passer sur le ventfe du maréchal Da-
voust et porter aide i Hollendorff; le roi ordonne une attaque géné-
rale de tous les corps de réserve pour briser l'armée de Davoust, et
refouler la division Morand, qui se défendait avec sang-froid contre
toute l'infanterie prussienne. La charge fut magniOque et bien sou-
tenue; mais, par une fatalité indicible, le prince Henri de Prusse, blessé
presque immédiatement, fut forcé de se retirer du combat ; le général
Schmettau reçut une balle dans la poitrine ; le général Kalkreutb
dirigea seul les dernières manœuvres , moins fermes et plus désor-
données.
Le roi de Prusse, présent partout, eut deux chevaux tués sous lui.
C'était un combat de noblesse allemande contre les Francs du Rhin,
comme les anuales les rappellent ; le roi, fils de la maison de Brande-
bourg, devait donner l'exemple, et le fit avec une incontestable intré-
pidité contre les Français qui se comportèrent héroïquement h Auer-
stadt. Les nouvelles du champ de bataille d'Iéna devenaient de plni
en plus mauvaises pour les Prussiens; au milieu de l'acbarnement du
combat, quand le maréchal de Hollendorff réslsta.t avec son infanterie
aux brillantes charges de Hurat, le maréchal Bemadotle, exécutant
les prévoyances de Napoléon, débouchait avec deux divisions de
troupes fraîches par Apolda sur les derrières de l'armée prussienne k
léna, et ce seul mouvement, jmnt aux charges de Hurat, fit plui
pour le gain de la bataille que les premières opérations de la matinée;
car le vieux maréchal de Hollendorff dut détacher sa meilleure
infanterie et une partie de sa cavalerie pour obsener Bernadotte.
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L'apparition du miétHui wr lea bautenn d'Apolda fat Mcidve; les
divùioaB de ce (xaye firent tes première prisoDoien, elles arriTaieDl
Iratcbes et l'anne au bras ; les bataillons prowenB cernés minot b»
les armes devant 18,000 hommes qui n'avaiaot pas été engegéib
toulB cette stratégie a besoin d'être résumée. Il y a eu deux
batailles le 14 octobre à six, lieues de distance; l'une à Auentidt,
l'uitre à léna. Dansla première, 26,000 Français, sous lesordresde
Davoust, ont réasté i l'élite de l'armée prussienne, presque double
en nombre ; dans la seconde, à léna, Napoléon , avec un tiers de pim
que le» corps prussien et saxon de Molleodorff, brisa facilmunit la
colonnes ; léna fut im combat, Auerstadt la bataille. Au centre de
la position se trouvait Bernadotte ; à midi il apprit que Davoust ternit
bien ; dès Ion les charges de Murât à léna et la présence da corps de
Bernadotte, donnèrent À la défailo des Prussiens un caractère décinf;
dk» rendirent la terreur dans leurs rangs ; qu'on s'imagine 18,000
bommee de troupes intactes arrivant sur les derrièros d'une armée
battue *. A quatre heures la retraite des Prussiens était confuse, et
les deux batailles d'Auerstadt et dléoa entièrement remportées pour
l'honneur et la gloire de la France; les pertosde part etd'aotre furent
considérables ; on s'était battu avec acharnement'. H y eut deux fata-
lités pour l'armée prusueune : la première, c'est quQ le vantMmtQn
constamment le brouillard à sa face ; elle ne put s'apcercevoir de toutes
les manœuvra des Français, qui s'exécutèrent avec une rare intii-
pidilé. La seconde fatalité fut que tous ses généraux furent bleesés el
hon de combat presqueeu comroenC'tntIa bcdaille : le duc de Bnins-
vick, le prince Henri de Prusse , huit lieutenants généraux ; les bslles
semblaient porter sur les chetï de corps , et cela jetait le désordre
dans les rangs de l'armée prussienne. An contraire, le brouillanl
faforisa le déploiement des ooloanes de Napoléon, et un seul géoéral
fut frappé è mort, le brave Debilly^ dont la mémoire est aujourd'hui
encore conservée auprès du pont qui porte le sodvenlr d'Iéna.
Il y eut des traits indicibles de cette partialité de la mort : teiidi)
que tous les généraux prussiens étaient blessés grièvement, Oudlnot,
4ui fiU presque toujours frappé au champ de guerre , eut son babil
et son chapeau criblés de baltes et ne fut point atteint ; il n'y eut donc
wicun désordre, aucun vide dans l'armée française ; elle ne fut point,
îdbyGoogIc
187
comme l'année pnnsienBe, veaw de k» dtef. H faut le Are, le pUm
deNipoiéoB, tracé^'ahord d'ime minière confose, parce qu'il ignorait
la maaTemeats de Vanaée pnuùeime, prit enniite on admlraUe
dèrdoppemeot. Ce fut uoe hnte sans doute de laisser le naaréchal
Davouat écraeé seus une mane de 50,000 honmMs; si (e narécluj
avait montré naoÉBs de femeté , un «Nira^B moioa liéroïque, si sei
Iroà divisions s'éUieat mains e^wsées, A m corps «ifin n'avait pu
laissé le tiers de son inonde sur la place , l'armée pruasieone aurait
passé par-dessus Davoust et serait venue se joindre au maréchal de
SfoHeodorff, crise fatale pour Napoléon retranché k léna. C'est dans
cette prévojauce que l'empereur avait donné l'ordre au maréchal
fienutdotte de se tenir i Apolda, entre les deux batailleN, pour por>
ter appni h l'un ou l'autre oorps menacé et assurer les commu-
nications , tandis que Murât conduisait la réserve de cavalerie. La
position de Bernadottc, à Apolda, était donc parfaitement choisie
dans la prévoyance de l'empereur : Bemadotte rétaUisBaJt les affaire!
en se partant sur les derrières des Prussiens, et le maréchal de Mot-
lendorff était obligé de détacher sa meilleure cavalerie et son infanterie
pour le contenir; si au ccnitraire Da>oust avait fiécbà, fieroadotte H
serait porté & son aide.
C'est en quoi les batailles de cette époque ftirent toujours marquées
du génie de Napoléon. Ceux qui ont attribué à sa magnanimité , le
prétendu pardon accordé à BÔnadolte afoès léna et ioierstadt, ne
savent pas qu'au contraire Napoléon félicita le maréchal de ses manoBo-
vrei à travers les déûlés et les sentiers escarpés. Comme tout était
prévu dans sa pensée, il savait bien que dans une défaite de l'ennemi,
18,000 hommes de troupes fraîches, arrivant dans la confusion d'aa
mouvement rétrograde, devaient ameaerune sorte de terreur panique
dans les rangs prussiens.
A ces deux batailles cliacun lit son devoir, Bemadotte ecHome
Davoost; garder son poste de réserve était l'obligation d'un général
d'élite. 11 faut se méiler de ceux qui, se plaçant derrière Napoléon à
SùDte-Hélène, lui ont fait juger à tort ou à travers les répulatiom
militaires , avec Vétroitesse et les passions du jour ; le génie du grand
capitaine avait donné à chacun sa mission sur le champ de bataille,
et chacun l'accomplit. Le maréchal Bemadotte joua un rôle aaseï
décisif dans la campagne de Prusse et de Pologne, pour qu'on puisse
dire qu'il ne manqua point alors à l'estime de l'empereur et À Ui
Diclzedby Google
188 CIMPAGIIB DB PBDISE. — PlSHltKB PÉUOItB.
conGaoce de son pays. Quant k Davoust, sa gloire fut mémorable;
les hooncurs de la grande journée rurent à lui ; si Napoléon i peine
le cita dans son bulletin, comme il avait k peine rappelé le nom du
maréchal Soult k la journée d'Austerliti , il faut attribuer ces omi»-
tàom à des jalousies *. Napoléon ne relevait jamais ses rivaux de gloire;
il ne louait que les médiocrités militaires ou les hommes qui s'incar-
naient en lui. Nul oe devait paraître quand l'empereur rayonnait en
sa gloire.
' Il Doosf érable que quand l'cmpereiir diNft le leademaia de U bttwlle : «....St-
Tousl faisait d«s prodiges.... Non-scDlenieiit il coDtini, mais nwua ballant pendaBt
plus de trais lieues, le gm des troupes ennemies qui devait diboncher du dlé
de Kosen.... Ce marécbal a dipleji une bravoure disliDgaée et de la Tennett i%
carïclère, première qualité d'un homme de fjuerre.... » il semble, dJsons-DOus, qu'il
D'y avait guirt 11 une omiition dictée par la lAUirsiB. fit serait-OD pas leaté d<
croire que l'auteur n'a point lu le bulletin auquel il fait allusion. (V* Bulletin de 11
grande armée.) L'empereur ne sanetionna-l-il pas ses paroles lorsque , an IMS, I
créa Davoust duc d'Auerstadt T... Il faut au moins du boa sens dans c« qu'ca
avança, même dans la partialité la plus avouée.
L'auteur dit, i ta page 1B7, que ce hit une grands fiule de la part de l'emperenr
que de laisser écraser le corps de Bavonsl i Auersiadt par cinquante mille eonmis:
«r. i la page 174, ii a dit, qne Napoléon ignorait complètement la marche du due dt
Brunswick sur Kosen, et qu'il crut avoir devant lui toute l'armée prussienne; teni-
ment alors H. Cape6guc peut-il faire un reproche k l'empereur d'avoir eoncfnlré,
autant que possible, se* propres forces k léna, comme il le fait pages 184 et 187.
Nous ne comprenons gutee un système aerablable : c'est plus qu'inconséquent.
Dans le chapitre suivant, M. Capeflgue se pose plutét eu pamphlétaire prvssia
qu'en historien ; je ne sache personne parmi tous les écrivains allemands qui ait mil
plus de soin que lui à tronquer les faits relatif^ I la défaite cl k la démoralisatioa it
l'armée prussienne. A l'en croire, les résultats de la bataille d'iéna étaient une chou
prévue, toute naturelle, malgré la grand» bravomt des soldats de la monarchie da
grand Frédéric : aussi l'auteur est~il loin de les attribuer aoi armes françaises, miit
bien aux intrigues, k la séparation des Saions, etc.
Quant k ce que H. Capefigue qualiBe tout simplement de ruse k la page IVT, il
devient inutile d'y répondre, car la déception de l'auteur est ici trop ironique. Oa
ne justiBe guère la bassesse, la fausseté. Lorsque BIticher, cerné et coupé de loui
cAtés par les Français, jura, pour se tirer de ce mauvaûpai, sur son honneur, soi
son épée et sa foi de général, qu'il y avait armistice entre les deux armées, ce n'«t
point, ereyoDS-DOns, une action pareille qu'on qualiBe par le mot banal de acii....
le dictionnaire des gens d'honneur a d'aulrea eipressigns pour une pareille aclioo,
M. CapeBgne. {t. W.)
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GITBKBB DB FRCMB. — BBCOMDB PÉMIOI».
CHAPITRE IX.
CDBmBB DB PIOHI. — ■■CONDB rÉIIODB.
Cinfct qui rMdtiit déeislYcs les batiillo d'AuersUdt ti A'iim. — DéTecUoD d«
Saionc. — DèmonliHtEan de* PnusieDi. — La ragoarchie militaire. — Aciivilt
des généTaus Avncaia. — Offres de U Saie. — Fiojet d'alliance intime. — Marebe
sur Berlin. — Napoléon et Ira généraui prussiens. — Tieitc à Polsdïin. — La
UMnbeaa de Frédéric. — Parallèle. — Gouvememeat de Berlin. — La reine. —
La DoUesw. — Les princes allemands. — La vérii j sur la srtce du prince d«
BaUfdd. — CapilulaliooB des places fortes. -~ Les derniers géoéraui prusslent.
— Proportion de paii. — La Prusse enlièrcment occupée.
Odobn M DSKBbR ISOe.
Les deux batailles d'Aueratadt et d'Iéna n'avaient psa été tellement
décisives, qu'une monarchie dât tomber par de tels échecs militaires;
l'histoire a présenté , dans ses phases diverses et mobiles , des cata-
strophes plus sanglantes qui ont laissé néanmoins à des États de second
ordre des ressources pour se relever plus puissants, ou au moins pour
contiouer une campagne sans terreur; la guerre de sept ans avait
offert des situations aussi périlleuses pour la Prusse. D'où vient que
la monarchie du grand Frédéric croula pour ainsi dire bu premier échec
militaire? Quelles furent les causes qui eutratnèrent cette ruine
presque fabuleuse, et commmt se fit-il qu'une armée d'une aussi
robuste oi^anisation disparut tout à coup? Les terrains d'Iéna et
d'Aueistadt avaient été vigoureusement défendus , plus de 14,000
Fruiçais avaient été mis hors de combat ; les pertes étaient balancées,
lorsque tout h coup une indicible terreur s'empara de la monarchie
et de l'armée prussienne. C'est au pas de course que l'empcrcot
s'avance sur Berlin ; un mois suffit pour détruire l'œuvre du génie et
de la persévérance ; l'État militaire le plus fort, le plus énergique,
^qnralt de ta carte de l'Europe.
II y a ici une série de causes qu'il est important de développer
pour l'intelligence des événements ; car il se manifeste moins d«
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caprices qu'on ne croît dans la desliDée. Les Prussieas, en entrant en
campi^e, avaient estrataé avec &ul l'amée ■axomw ^ «aiptoit
encore après léna un effectif de 18,000 hommes. Les Saxtms, troupes
excellentes, avaient prêté leurcoucours militaire avec un remarquable
dévouement ; leurs rangs s'étaient pressés aotour de l'étendard d'Alle-
magne. Napoléon saiait bien la large trouée que ferait dans les rangs
de l'armée prussienne l'absence des Saxons, et toute sa pensée fut de
séparer le vieil électeur de la cause de Frédéric-Guillaume, défection
première qui pouvait en entraîner d'autres encore. A son bivac d'IÉna,
l'emp^ear fit venir, après la bataille, les of&cters saxons quele sort de
k guerre avatt mis du» ses mains, leur déclarant : « Qa'il n'en vouliit
point à leur digne et brave électeur, que ta contrainte avait mis Eede
dans la nécessité de se Joindre aux Prussiens; Napoléon voulait faire
pour lui oe qu'il avait déjà accempli pour l'électeur de B««ière. Les
Saxons étaient Kbres ; une grande destinée ^rait ainsi réservée h leoi
patrie : elle pouvait ^affranchir de la Prusse , et Frédéric-Auguste
marcher à l'égal des anciens électeurs de Brandebourg, roi pour roî,
car ils étaient anciennement électeur pour électeur. » Un olBcier
aasoB (W chargi de fMrter ces pwoles i ao« souvarain '.
« tJKW Suons et g^ua ds 300 oflicUn oat été UUs prisuniiitrs. L'eaifercur t Ait
rtunir les officiers, et leur a dit qu'il Tojait tvec peine que leur armée lai blsaith
Client ; qnlT n'avait pris tl» armes que pour assarer riadèpendance fie l« ntini
Mnnuie,«ts'*ypMcr'iMiiii>'*1fcBliMor^**4e41ftnaurcliiapu«kiine;qMMÉ
)MeBtio« tuit deScsnaT^trUueclku •vx.s'UftdMinaiMU leurptrok ■'nniawtft
servir contre la France; (iieleur souveram, doiU il recoonaisMil les qualités, avait
iti d'une eilrime Faiblesse, ea cédant ainsi aux toenaces deaTtasslens, et ai Its
iaiMmt caM«r str sm «ttHoIk ; brIs qo*U ftllilt <qiie t«M cela bit, qtse 1w Fnt-
aiHS rcsUBMVt M rruasa, etqn'iUM aeaiHw—a «■ litn dce «Imm de l'IHa-
nagne; qaelaeâaiou devaient se tiouver réunis dans la conrédétallon du Rbiasout
lafTOIectioD de la France, protection qui n'était pas nouvelle, puisque deuicenu
«maiani, sansh[Vi«ice,lls enssenlité envahis yrl'Amridie, ou pat h frwti
ywriwjWMuTBiwaa pria toi ataieB>|»elowqaehf»maaaavalt<iirrrtiita.awtji"''''
fallMt ■MUieiia Mrm»à Boa f ioleocea; que le <(»tîntat«iait beseimde i«|mw,«(
que, malgré les ialrigues elles basses passions qui agiteni plusieurs cours, il lUlaii
fue ce rq)os eiistM, dût- il en coAter la chute de quelques irAnes.
• SStMi«cnent, toiasies prisoMiîers saaonsnM été rcuTafésebeiMn, «tac la
pwdaBaMîoM da rcn^ien(auiSno«s,et4te«aew»ueea ^u'enn'coTtMjMtfofat
à leur nation. ■
DéelaratioH tigni* par l»i af^eiv» taxoni,
a Kous soussignés, généraux, coloneb, tteatenanls-colonel s, majors, capitalMs
•l oBders wxons, joroiis sur aotre parole d'haoïMur d* ne iwlM forttr ta anus
îdbyGoOgIc
SBCOKDS ptUODK. 191
La tactique de l'empereur était habile, il brisait les rangs de l'année
pnsBienne cd la privant de tels anxiliairea. Les Bavarois avatent coOK
proiuB la campagne de la coalition en sbandooDBnt Hack dans Ulm ;
les Saxons perdaient la cause prostienne en défectkMmant ea pleine
guerre ; triste exemple qui retonbera sur la tête de Napoléon dam
la naDienreuse campagne de 1S13 : ces habitudes de désertions dans
k» années alleniandes se retjoavèrent aux joars de fatalité. Àussitdt
des ntgociations Turent ouvertes avec Frédértc-Augiwle , le prince
fénéfaUe qui r^pnît sur la Saxe ; Napidéon lui prc^tasait le-tib« ds
roi, comme il l'avait fait à l'égard de la Bavière et dv Wurtemberg,
■( arec ce titre, son ««Uté^ioa à i», coDféfjll^iration du Bt^a- En suivant
cette DégociatioB) U obtenait deux résvilt^ts : les a)n^i)gents saxoui
pessenient dans ses armées , conime chef fit protecteur 4ç la confé-
it^ation; les meilleures troupes quittaient iiqaiédiateat^t le c^mii
pmssieii, laissant une large trouée daçs les rangs. 11 résultait de cet
défections un but certain pour la campagne, la délivrance du terri-
toire saxon depui» Leipzig jusqu'à lén^^ Weinjar et Qresde, £q
Bavière, Napoléon avait excité les aa^pathies d^ deux iiations autri-
diienne et bavaroise pojir les ^pttrer violemment ; il ^ploitajt es
Sus les Diéntee paiwioi^ enfr,e deiix gq^vernenieat^ et d^iu FWPlV
qai éprouvaient l'un pour l'autre une indicible méfiance. Par le fait,
on peut s'imaginer quel doit être l'état de démoralisation d'une armée
en retraite qui G<e trouve privée de 18,000 hommes d'auxiliaires qui
passent dans les rangs ennemis ; ainsi furent les Prussiens après léna.
Qui ne sent combien la défection d£S troupes aUÙlùûres peut affaiblir
une armée déjà démoralisée par une défaite toute récente ?
T^le est la dffstinée d^ mooarcbies militaires ; elles ne se main»
tiennent que par la victoire et l'opiupn qu'elles ont de leur armée.
Frédéric avait constitué la Prusse dans des conditions exclusivement
guenlères ; il y avait peu d'institutions civiles ; la nation campait sur
le territoire ; pour eUe la guerre était un besoin, 1« succès une coDdl-
(«atre S. H.l>nipeteuT4esFraiic>iB, toi d'ItaMe, et ses *lliéa; et noiu ptenou le
ntme Eiigagement M bisoDsUioftmescRiieiiliuiianideuiuslesbBS officiera et tol-
dets qui ODt été foits prisonniErs avec nous , et dont l'éUt «fit ci-joinl, mime si owu
«a reeevioM fordie fotiml d« oolre souverain, l'électeur de Sue.
» léo», le le octobre 1806. »
(SaitlasignaliiTeduberODdeNiesemeuschd, ILeuteuiit gioinJSAtoa, eimllc*
de IW officier» miods de tout grade. 'J
• utldlcImdelapUHleHiBis. (F. W.)
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mi «CntSB DE PRDSSB.
Uon de vie ; il n'y avait pas d'autres forces , d'autre puitsanœ qoc
.l'armée ; or, ce txrps de soldats une fois battu, cette orgaDisatioa
brisée, que dëvait-il rester k une nation privée de puissance vitale T Dei
magistrats secondaires , une population démoralisée et abattue. Il
su flbiait de souffler pour faire disparaître l'œuvre fondée avec tant de
persêvéraiice par le roi dont la vieille épée était suspendue à Potsdim.
Ajoutez cet enthousiasme éteint par ta défaite , cet élan militiire
brisé parla pluscruetle déception, l'oi^eil abattu, le deuil de paraître
çït vaincu devant ceux qu'on s'était représentés naguère agenouillés
devant une vieille gloire'.
Que de tristesse dans l'armée prussienne I Tous ses vieux géoéram
ble^g mortellement, le duc de Brunswick atteint d'un éclat de
mitraille dans les yeux en regardant fixement l'ennemi ; le marécfail
^e Mollendorif, vieillard, ble^ dans la poitrine ;SchmettaupoaTaDl
k peine atteindre Weimar, où il expire ; l'armée prussienne sau
chefs, sans direction, divisée en petits corps; le roi, le désespoir au
ctenr : la reine, fière et orgueilleuse, ayant excité la campagne par
une généreuse détermination, puis obligée de fuir, la mort au cœur,
le visage inondé de larmes ; le prince Louis de Prusse, mort : le prince
Henri, blessé dangereusement 1 N'y avait-il pas dans ce spectade de
' A et moment Napoléon , Indiquani les cuscs qui iTti^nt ■ineDÉ la gaerre, dieu
les paroles suivBiitea :
■ Voici les renseignements qu'on a pu recueillir sur les luoUf^ de cette étnngi
« Le général Schmetlau [mort prisonnier h Weimir) fit nn mémaire écrit iTee
beaucoup de force, et dans lequel il établissait que l'armée prussienne dertitM
re^rder comme déshonorée, qu'elle était cependant en état de battre les Fraii;«is,
et qu'il fallait faire la guerre. Les généraux Ruchel (tué}, et BiQcher (qui nes'Kt
sauvé que par un subterfuge eteo abusant de la bonne foi lirançaise), souscrivirent ce
mémoire, qai était rédigé en forme de pétiLon au roi. Le prince Louis-Ferdinand
de Prusse (tué) l'appnja de toutes sortes de sarcasmes. L'incendie gagna toutes Its
léles. Le duc de Brunswick ( blessé trés-grièvemcnt}, bomme connu pour i>tre saBi
volonté et sans caractère, fut cnrAIé dans la faction de la guerre. Enfin, le mémoire
ainsi appuyé, on te présenta au roi. La reine se chargea de disposer l'esprit de cl
prince, et de lui faire connaître ce qu'on pensait de lui. Elle lui rapporta qu'on disait
qu'iln'élait pas brave, et que, s'il ne fkÏMit pas la guerre, c'est qu'il n'osait pas si
mettre h le tète de l'armée. Le roi , réellement aussi brave qu'aucun prince de nmKc,
se laissa enlratiicr sans cesser de conserver l'opinion intime qu'il &isait une graoïlt
D II faut signaler te hommes qui n'ont pas partagé lesillusionsdes'pBrtisansdeli
^erre. Ce sontlerespec table reld-maréchaldcUolIendoriret le général Kalkreuib.''
* EilnildaiM BulldiDdetigripileariBte, ilalfdaWiUnbïrjlcISocIgbnsieM. (P. *-)
îdbyGoOgIC
HCONQB pâuODh^ 193
quoi porter le découragement parmi cette génération belliqueuse qui
avait arimré l'étendard de l'iadépendance allemande à Berlin? Enfin,
il faut le dire, l'immense activité des généraux de Napoléon, l'admi-
rable précision des manœuvres qui les faiseient tronver partout en
nombre, porta le désordre le plus inQoi dans les rangs de cette armée.
Le grand art de l'empereur était moins de gagner une bataille qu^
d'en exploiter les résultats avec une inraUgable puissance ; quand il
avait devant lui l'ennemi, il le poursuivait i outrance, il ne lui lai»-
sait aucun repos, il le harcelait. Il devinait d'avance le résultat de
toute opéraUon militaire ; et, quand une armée était accablée, c'était
par des marches savantes, une terrible poursuite, qu'il l'empêchait
de se relever de sa terreur ; la cavalerie de Hurat était pour cela
d'un précieux secours ; continuellement à la poursuite de l'ennemi,
on voyait de tous cAtés des panaches flottants, par toutes les roules
cette cavalerie arrivait pour cerner et briser les ba taillons éperd us. Qua
faire quand à chaque point un corps était atteint, refoulé, comme
les flots que la tempête secoue avec violence?
Maître d'Iéna, de Gotha, de Weimar, les premières opérations de
l'empereur eurent pour objet de délivrer la Saxe des Prussiens, comme,
il avait délivré la Bavière des Autrichiens après Ulm. Les sept corpt
d'armée qui brillaient autour de lui manoeuvrèrent dans cet objet.
Les dispoûUons étaient si bien prises, l'activité si grande , que lei
Prussiens tombaient, régiment par régiment, dans les bivacs français.
Alors le système des capitulationa commença, exemple si contagieux
eo campagne ; lonque le découragement vient, ce qu'il faut redouter,
ce sont les défections par masses, comme cela s'était vu en Autriche.
Les Prussiens s'étaient moqués de la facilité avec laquelle les AIIe<
mands du Midi s'étaient rendus par milliers ; la fortune leur fai^t
subir les mêmes échecs : il ne faut jamais se rire de ces entraînements
que la fatalité jette même dans les Ames fortes ; il est pour tous des
instants de faiblesse. Chaque jour voyait des actes de désespoir ;
lorsque ces temps arrivent, il faut plaindre les peuples, au lieu de les
bl&mer impitoyablement. Il est des intervalles d'abattement pour les
plus m&les %ractères ; qui aurait l'orgueil de se dire toujours fort?
Quand l'empereur était encore à léna. Murât se précipitait sur
Erfurth et Weimar , séjour délicieux , jardin de science , d'études
douces et poétiques. Les Prussiens s'engagèrent è quitter les cités de
la Saxe, conservant par capitulation armes et bagages, sous la condi-
Diclzedby Google
191 GDEKBI DB PKMM.
tion expresse quHs se retireraient sur le territcnre de lear roonarahie.
A Erfurtb, l'on trouva de gnncb approviiionnements et de» magasiu
considérables. Le 16 octobre, Napt^on était à Weiinar ; l'armée
opérait son mouvemenl avec régularité ; les maréchaux Seult, Bm»
dotte, Augereau, Ney, Davoost, harc^aieat tous les corps enoemù,
qui se rendaient bataillon par bataillon, régiment par ré^meot. Lei
Prussiens n'avaient plus d'ordre, plus d'écrit de corps, aucun point
de ralliement ; ils vaguaient pour ainsi dire épars, privés de chef ; la
cavalerie les ramasaaît à la course comme le gibier dans la fbrét. Lei
paysans, partout si nationaux en Prusse, accablaient les officiers d'in-
jures de se conduire ainsi en l&olies ou en fous ; la démoralisatiiHi étui
au cœur de l'année.
Enfin un ordre du roi Frédéric^Guillaume fixa le point de rallie-
ment sur Magdebourg en se groupant sous les ur^^s du prloce
Eugène de Wurtembei^, le seul général qui conservAt, dans cetta
déroute inouïe, un corps de réserve suffisammentoi^irisé pour servir
de centre i une opération de retraite ; le rot de Prussa lui. écrivit de
sa main pour lui confier la direction du mouvement militaire dans
les malheurs de sa monarchie. Tout se fit conrusémeirt, Isa négioMirii
n'avaient plus dedrapeam. Napoléon, fier de si grands résultats, «wit
établi son qnertler général À Weimar, ^c'astliqu'UttateapNotière
cour pléuière et suzeraine. Il vit accourir les petite princes 4o l'Alle-
UMigne du Nord, ses vassaux, ^ venaient lui reodve honnnage; il
traitait bien les uns, il reAnoit de recevoir les autres ; la paisible cour
de Weiraar devint bruyante, et l'erapereur ^y moutBa daMtent son
faste. Pour quelques princes il fut implacable ; c'sst ehose triste k
dire qu'une ime puissante comme la aJeine prit plaisir i, iltiimiir
cette armée prussienne que le grand Frédéric avait liwniée poiv ta
gnerre ; ne crsignait-41 pas la loi inflexible du wtour que prodigwi
la deetinée? Ne voyait-il pas cas coups du sortqoi vieoDMit à 1^^
pom- briser les monarchies? Lui aussi tendait uo étnMtasemeot odlt-
taire sur les mêmes bases que la monarchie du grand Frédéric, sC il
Toyait ce qu'était devenue cette œuvre, emportée, par les fais d'uac
génération nouvelle. Pourquoi blessa-t-H l'orgueH de la «ttion aile-
mande? Pourquoi laisser échapper ces tristes paroles : «Qu'il rédui-
rait la noblesse à ce point qu'elle irait mendier s(U) pain?» Vainqueur
orgueîHeux, n'avait-il aucune pitié pour ceux qu'il av«t jetés sur la
poussière? Comme un dieu impitoyable, o'avait-il que la foudre, et
Diclzedby Google
UOODRH! I>ÉK1I»C. 198
jHMts ce n^TMi de benté que la PreYklencfr répand dus sa UBJesté
nutenine?
le vieux duc de Bninsvi^ noarait preequa sur le chunp é»
bdaille; àsoixtnte et onae aaa, U avait Tbonoear d'avair roQu um
lùtraille à la taze, et Napoléon la faisait iosulter dans Bes tutUetioa * ,
Mieux qae penoone l'empereur «avait bien que Is fannux manifeite
a'Était pas l'œuvre du duc de BruBswick, raaû bien l'écrit dédaouh-
teJre d'iui réfugié ; il n'ignoeait pas qœ lui aussi avait plus d'une foJi
insulté les peuples et laacé des menaces pour tsaurer le succès d'uM
caaipagve. Savait-il le so«t qua \ai réservait la deetimée ? Atteiodrait-i)
' « Le dw daBuuswiek^it était alors blessé à mort tu uMge] t «avoyésoa
ntréchtl du paliis à l'impareur. Cet officier était chargé d'une lettre ptr laquelle 1<
4k rttommandait tes "États k fi. U.
■ L'oipttMThkadU :*Si ja MHl»tUnDailftiiHerieBnioi«kk, •trijtn'y
WaNbpMpicMt SMC pteH«,que duailvAlrt friucet LalaiduldiaBin neptcmet-
depwdeEHreàBrHDSwick ce qu'il vouImI hire dans ma capitale? Ad nonce r la
prcqet de démolir des vîTlfs, cela peut Jtre ioseasë; lUMS touIoIt 4ter Itoiiiieur k
BWe uM Mmée de bratea gaw, ■» pn^oMC d« «rdtier rAUena^u yar JDHratM
d'«i^aiiU«c«l* samaaMioHtb l'affe yrri—g , vaHà ea^MJapoAtéiiléAim
peineàcToïK. i.e ducde Bruneviclc n'eût i&mais dû seperueltre un tel Diitra|Bi
Isrtqu'on a blanchi sous les armes, on doit respecter llionneur miniaire ; et ce n'est
p«, d'tiHeiire, AaDsJes plaines deCfaaBip«gM4«wc»géfférala)«atfuMTtvdnfl
it nitw las dnfcawi frn^ato «veean Ni «épris. Une ftaMt mmiMtààmi m
WbMwicnque bniilitaireqiii t'apuEaire> Cen'esipasauaoidePruaaequerwioa
ce déshonneur; c'est au général iqai,daDscesGirconstaucesdiffic[leg,iI aialtreinli
leuia dee affaires, c'est enfioTe duc de Brausvkh que la France et la PnnsF peuvent
Hcusn seul de la guerre. La flrénésie dont ce vieux général a donné r«UB^B t
•MNJsé Hw JBWwsM tiubulaate. et aataiiié le roi CMiln »a gtagtt pansée tt «on
iniine omvieiiaa. Touierois, monsieur , dîtes aux habitijitg du pa;rs de Bruasvick
faTb ironveroDt dans les Français des ennemis géDétent, que je désire adouclT k
Imt égard l«s ripieuradefagucfre, «t que le Mal foe poottaitoewaiMiOMle p«».
^ àm imwfta Mraât «outre aMO-grè. JDttas au f éiarai MnÈ»makk qa'U Maa tnlté
tnc tous tes ésarda dus à un «fBsier prussien , mais que je ne puis reconnaître, dan*
■n féoéral prussien, un souverain. 51i arrive que la miisoii da Brunswict pndeb
*ii«*er^U*<le«e9ancétW3,rfteacp«qrr»*'^mit<antea«itt'>rattieurd»at«agwnii,
VU ^ual'^c vautut saper iui«Mfi daa^ sa»fMidanMil»la.(;r«nde cv)tal«,^idaat
l'antre prétendit déshonorer 200,000 braves qu'on parviendrait peul-étro à vaincre,
Bais qu'uB BaGUTUendra i^inus hors du<:t)eD)ia de i'honueur et de la gloire. Beai^
CMp de sang a clé vaisé en p*u de jours, de pauds désastres pèsent sut La moatl-
ckw rmfiirimnn Qu'il est di^e de bUme cet homme ^ui d'un mot pouvait les pcé>
vcair, ai, ca»nia Nestor, élevant la parole au milieu des conseils, ii avait dit :
■ JcuMBWinc«iiùdérée,4ais«i-«'oua; Eamiaes,telourau k vas fuseaux, etrcntm
daaa t'jniérieai de voe ménages; et vous, sire, crojei-eu le compagnon du plut
illustra 4a voa prâdécaHaun; puùsqua l'empereui Napoléon ne veut pas b gucitei
Mle^accxpa3eDtrBlaguerrectl«déstMMBeur;Mvou9eo|agetpaadan3 uM liUI«
Diclzedby Google
196 CCmiU DB PBDSH.
cette belle vieillesse militaire ? Aurait-il, lui Veinpereiir, le bonheur
de mourir li la face de l'ennemi, comme le duc de BniDswidi, d'ua
magnifique coup de mitraille? Il eât été beau à NapoléoD de se
montrer généreux, de ne point insulter aux cheveux blancs easao-
glaolés. Que resta-t-il de cela? Une haine puissante, invétérée, tu
sein de la nation allemande ; haine qui plus tard éclata n formida-
blement ; lui-même l'empereur, en d'autres temps, eut aussi b subir
des outrages. Napoléon méprisa trop les Prussiens, et plus tard kl
Prussiens insultèrent à son malheur.
Les généraux de l'empereur rendirent plus de justice aux effortj
de l'armée ennemie; Murât surtout gagna l'aETection populaire par
ses manières chevaleresques, et il voulut qu'au convoi du génénl
Schmettau des colonels français portassent le drap funèbre pour
rendre un dernier hommage au courage malheureux, au compagnoD
du grand Frédéric. Napoléon fut dur pour le duc de Bninswick ; il
le proscrivit par des paroles cruelles, ne l'appelant que le général
BmnBwick dans sa cour pléniëre de Weimar ; il lui enleva la cou-
ronne ducale comme il la brisa au front du prince de Hesse, qui iea
souvint en traînant sa vengeance sur tous les champs de bataille de
l'Europe. L'imagination ambitieuse de Napoléon , remaniant déji
l'Allemagne, songeait au royaume de Westidialie, qu'il destinait i
son frère Jéréme; JérAme, alors jeune général improvisé, conduisait
aux batailles de Prusse un corps d'armée sous la tutelle du gëoÈnl
Vandamme.
La grande opération de stratégie restait confiée au maréchal Be^
nadotte, qui attaquait vigoureusement la réserve du prince Eugène
de Wurtemberg avec les divisions Dupont et Rivaud ; ces belles
troupes débouchèrent par Halle, où les Prussiens s'étaient concentrés;
la défense fut vigoureuse, et le pont de Halle franchi; les Prussiens
se déployèrent pour la dernière fois avec ordre et courage ; mais qui
pouvait résistera l'intrépidité de ces divisions d'Italie et d'Allemagoel
dangereose avec une armée qui s'honore de quinie ans de triTsui Kloricui, et qu*
la victoire a accoatumée i tout soumEtire. >> Au lieu de lenit ce langage qui cooit-
sait ai bien à la pradence de son Ige el à t'eipérience de sa longue carrière, il a M
le premier i crier aux amea. Il a méconnu jusqu'aux liens du sang, en annani aa
fils contre son pire; fia menacé de planter ses drapeaux sur le palais de StuUgari,
et, accompagnant ces démarcties d'imprécations contre la France, il s'est dtclait
l'auteur de ce manifeste insensé qu'il avait désavoué pendant quatone ans, qa«i-
fu'U n'osât pas nier de l'avoir revClu de sa Mgnatnre. ■
îdbyGoOgIc
197
Après des flffiarfs répétés, l'armée ennemie se mit prédpitamment en
retraite; des charges de cavalerie furent repoussées, on ne put
eotamer le prince de Wurtemberg dans son mouvement rétrograde
sarUagddiourg, qu'allait bientôt bloquer le maréchal Soult. L'ordre
de l'empereur était précis : poursuivre les Prussiens sans leur laisser
UD moment de repos pour se reconnaître ; et cet ordre fut si bien
eiécnté, que le prince de Hoheolohe, demandant un armistice pour
CDlerrerses morts, ne put l'obtenir : « On trouve toujours le tempi
pour cela», dit Napoléon. Leipzig devint le point central des opéra-
[ioR! du maréchal Davoust ; Bernadette était à Halle, Lannesà Dessau,
et l'oEt se préparait À an mouvement vers Torgau et Wittemberg,
£d avant ! toujours en avant '. tel fut le cri des colonnes. Ainsi se
développait la belle campagne de Napoléon. Le roi Frédéric-Guillaume
et la reine Louise de Prusse s'étaient retirés du combat, le cœur plein
de désespoir ; sur la route de Weimar, Napoléon avait reçu une lettre
pressante du roi qui demandait en suppliant une suspension d'armes
et la pais. Telles n'étaient pas les habitudes de l'empereur ; quand il
avait un succès, il n'était pas porté i faire des concessions ; la vic-
toire le caressait, il ne cédait i nul cette noble maîtresse; il répondit
i peine au roi de Prusse, et continua de développer son mouvement
militaire sur Beriin. Un an, à pareil jour, il avait salué les hautes tours
de Vienne ; il mettait son orgueil à figuer ses décrets de Potsdam,
tar la petite table qui avait servi à Frédéric le Grand.
Les Prussiens coupés, harassés, avaient cherché à se reformer i
l'abri des places fortes et des positions militaires que la prévoyance
de Frédéric avait jetées dans sa monarchie en les hérissant de canons;
quelques corps restaient intacts; le prince Eugène de Wurtemberg
avait courageusement résisté à Bernadotte, la retraite de ses réserves
tétait faite en ordre. Bliicher avec 6,000 hommes avait échappé par
ruse k la poursuite des Français; le général Kalkreuth, capacité
remarquable, cherchait à gagner la rive droite de l'Elbe, pour se
réunir au prince Eugène de Wurtemberg, afin de couvrir Berlin,
s'il était possible, ea se retirant par Postdam ; le prince de Hohenlohe
gagnait la haute Prusse dans le Mecklembourg, et le duc de Saxe-
Weimar opérait vers la droite pour chercher un point d'appui. Ces
troupes étaient encore considérables, sans compter 15,000 hommes
du général Lestocq jetés sur Textréme frontière prussienne, et des-
tinés k former un corps auxiliaire pour l'armée russe s'avancaot vers
Diclzedby Google
198 ainnsB de punsa.
Ib vieille Prusse et la Poterne. KfBis tHte avait été la jmisssDce de
Kapoléon, l'activité de ses manœuvres, que toutes ces troopes étaîeDt
riparées, more^éea. L'armée française ressemblait % un torrent qui
envahit des terres en les séparant morceau par roorcesa ; die opérsit
comme une batterie k mitraille qui aurait brisé des masses dlnfon-
terie, k ce point d'empêcher la jonction des unes et des aotra; la
roatedeWeiraar& Berlin, par Halle, Dessau, WittembergetPostdam
était entièrement balayée d'ennentis, et Napoléon se hâta de marcher
en conquérant sur la capitale de la Prusse, la ville de Frédéric le
firand.
Dix jours k peine après la bataille d'Auerstadt et d'iéna, le maré-
chal Lannes occupait Potsdera. Lorsqu'il entra dans Berlin, le deuil
fut public ; les femmes pleuraient amèrement, et déroulant leon
blonds cheveux, elles les coupaient pour témoigner tes douieun de
1b patrie. Les fténéraux les plue dévoués k Napoléon rendent témoi-
gnage de ce patriotisme ; il fut sobte et beau k la manière Bll^
mande ; sous les froids dehors on sentait profondément les pkiei et
4'bomilîation de la patrie. Napoléon lui-même arriva le soir k Pota-
dam ' et visita le palais de Sana-Souci avec un sealimatt d'ergocd
indicible ' ; sa vie militaire s^était résumée dkiu une étude des cam-
pi^es de Frédéric ; jeune officier, il avait puisé là les preiriars èlé-
' Tojei les Mémoires de M. k général Sanrjr.
> a Potsdsm.SSociabrelSOa.
D L'empereur est arrivé bîer k Potsdsm , et esl desrendu au palais.
H Dane U soirée il cat iU6 vi«ker le Dunveau palais de SBaa-Soad et tenlM 1»
posilioBS qui enviroDoent Pultîdam. Il tlrouvéli cituatiiMtel la distribution du cU-
IcBU de Sans-Souci agréoliles. 11 est resté qucique temps dans la chambre du gnnd
Frédéric, qui se trouve tendue et meublée lelJe qu'elle l'était à sa mort. Le ptIJiK
Ferdinand, Trèrc du grand Frédéric, est demeuré i Bwlin. On a trouvé dans l'ant-
val de Berlin cinq ceotspiècesdecaDOD, pltiBîeursceatalaesde milliers de poudreM
plusieurs milliers de fujîils. »
« Berlin, le 28 octobre 1806.
» L'empereur a Tait, hier 27, une entrée solennelle à Berlin. Il éteil environnééi
prince de Nenfcbilel , des maréchaux Davonst el Aufertau, de son grand msiéctul
du palais, de son grand écuyeret deses aides de cuap. I-e maréchal l.el£bvre onvnil
la marche i la létc de la garde impériale i pied ; les cuirassiers de la division Nid-
Houly étaient en bataille sur le chemin. L'empercar marchait entre les grenadiers et
les chasseurs k cheval de sa garde. 11 eK descendu au palais k trois berne aprb
aiidi;il;aétére{uparlegrwiidiiHiréehaldupalaisDuroc. UoeTeulein
D L'avenue dcChirloltenbourgi Berlin est très-belle; l'entrée par cette porte (M
nagniflque.La journéeéiait superbe.Tuut le corps de la Tille, pcésenti par le gloM
DiclzedbyGoOglC
nentfl de l'art BtintAgique, dont il artit fait une si belle et 4 forte
iI^IictiioB ; Frédéric avait fondé une nonarchie guerrière, Inl pr^
ptrait un immense emjHre. Tout ce qui avait fondé une ceoTre varte,
extraordinaire, était l'objet de l'admir^on de remperenr. En pamnt
à Boibachi il avait brisé la borne, en forme de colonne, qui s'élevait
modestement i 4 pieds sur le cfaamp de victoire ; il y vit une insall«
pour la France, un souvenir de déCsite qu'il fallait sacrifier k l'oi^ueil
4a soldat.
A Sans-Souci Napoléon toucha comme des reliques quelques-ans
des livres annotés par Frédéric le Grand ; il n'était poiiU dans 1«
habitudes de l'empereur d'admirer les rois philosophes; dans ce
monarque il ne voyait que te soldat, l'honune de guem qui avait
inventé la lactique de battre l'ennemi avec des forces inférieures en
nombre. 11 s'assit dans le vieux fauteuil de cuir à Saos-Soocl, dans
cette modeste chambre où le roi avait réuni tout ce que le xvm.' siècle
avait de philosophes hardiset de novateurs anticbrétiens, niant Dieu et
blasphémant contre leChrist, trop peuple pour les encyclopédistes, Fré>
déric s'était servi des philosophes comme d'iurtrumeols i ses dasdm ;
monarque tout nouveau, il avait touIu changer les formes diploma-
tiques de l'Europe , jeter le monde dans des idées inconnaes et le
remanier par le protestantiune ; de là ces petites caresses à la philoso-
phie, qui lui donnait l'appui du parti encyclopédiste, akiis maître de
l'opinion en France. Tel fut Frédéric ; Napoléon n'estimait point ce
caractère de roi, ibats il faisait un cas particidier de la science mili-
taire d'un jffinoe qui avait remué l'Allemagne et créé une armée
maoœuvrière. D'autres réflesions pins tristes vinrent-elles k soncsprit ?
Aperçut-il ce que pouvaient produire des Institutions militaires dam
les mains d'un homme de génie et ce qu'elles devenaient en dégé-
nérant après lui ? Plus d'une pensée mélancolique dut agiter son ce>
veau de feu en contemplant les causes de cette décadence rapide d'une
forte monarchie ; si lui , Napoléon, fondait un empire , son édifice
tomberait-il aussi, subitement sous la faiblesse de ses successeurs?
Quel avenirlui était réservé? Le sceptre se briserait-il dans les mains
d'un petit-fib, et une campagne suffirait-elle pour anéantir son
omivre? Quel suj^ de fatale passée pour ime téta exaltée et médl-
tetlve comme- ceHe de Napolém I
Hullin, cotDEDBiidant da la plaça, wt Tenu à la porte offrir iea det» d« la Tilte k
Diclzedby Google
200 GinUlEB DE rSDSSB.
Cepeodant l'orgueil domioatt cette Ame altière ; la larme ne restât
qa'une minute à son œil fier et sec ; bientôt il secoua ces inédîtationi
Importunes pour songer & ses succès prodigieux '. L'armée pnu^enne
alors brisée, éparpillée, courait éperdue ao centre de la mmiarcbie;
toujours en butte ani sarcasmes de la population allemande, les offi-
ciers, presque tous cadeto de race, soutenaient à peine le regard de la
bourgeoisie qui les accusait d'avoir trahi le drapeau de la vieille
Prusse, Peu de généraux restèrent à la hauteur de leurs devoin; les
maréchaux Bernadette, Soult, Davoust, Lannes, Murât, les pour-
suivaient avec une vigueur inouïe, employant la ruse, l'audace, l'a^
tivitésurtoutqui distingue les Français victorieux. A l'aide de quelques
paroles de paix et d'amnistie, ils amenèrent la capitulation de plusieurs
■ C'rst de Potsdam que Napoléon s'adresse encore k ses soldats :
« Suidais I vous avei justifié moD altenteet répondu dignement i Isconfiancedn
peuple fVancsis. Tous avn supporU les privations et les hligues avec autant i»
courage que voua «vei inantré d'iatrépidité et de saog-IVoîd au milieu des combtu.
Vous ilta les dignes défenseurs de ma couronne et de la gloire du grand peuple ;
tant que vous «erez animés de eet esprit, rien ne pourra vous résister. La cavalerie
a rivalisé arec l'artillerie et l'infanterie : je ne sais désormais à quelle arme je dois
donner la préférence... Vous êtes tous de bons soldats. Taici les résultats dea«
travaux :
D Une des premièrce puissances mUitaire!! de l'Europe, qui osa naguère nom
proposH une honteuse capiiulalion, est anéantie. Les forêts, les défilés de la Fnn-
COnie, la Saale, l'Elbe, que nos pires n'eussent pas traversés en sept ans, nonfi 1h
•TODS traversés en scptjours, et livré dans l'intervalle quatre combats et une grandi
bataille. Nous avons précédé k Potsdam , à Berlin , la renommée de nos victoires.
Nous avons (kit 60,000 prisonniers, pris soiiante-cinq drapcaai, parmi lesquels
ceui des gardes du roi île Prusse, sii cents pièces de canon, irob forierencs, plai
do vingt généraui. Cependant , prés de la moitié de tous regrvtlcnt de n'avoir pai
encore tiré un coup de fusil. Toutes les provinces delaiDonarchie prussienne jusqu'à
rodet sont en noire pouvoir.
H Cependant, tandis que nous marcbons «a.-devant des Rosses, de nouveild
armées, formées dans riutédeur d« l'empire, viennent prtiiJre notre place pou
garder nos conquêtes. Mon peuple tout entier s'est levé, indigné de II honleuH
eapilulatlon que les ministres prussiens, dans leur délire, nous ont proposée. Nm
roules et nos villes frontières sont remplies de conscrits qui brûlent de msrelur
sur \ os traces. Nous ne serons plus désormais les jouets d'une paii tratircKc, el
nous ne poserons plus les armesque nous n'ayons obligé les Anglais, cesélerodl
ennemis de notre nation, i renoncer au projet de troubler le continent, cl i 11
tyrannie des mers.
a Soldats, je ne puis mieui vous eiprimer les sentiments que j'ai pOBrTont
qu'en vous disant que j« vous porte dans mon conr l'amour que vous me meotm
ions les jours.
» De nom camp impérial à Potsdam, le 38 octobre 1806.
> NAPOLfaiil. a
DiclzedbyGoOglC
SHCMDS PÉBIODS. 201
TfHes, tdies que Magdebourg, SpsndftU, Stettio, Custrio ; la terreur
était partout ; le prince de Hoheolohe mit bas les armes par un traité
i la façon du général IHack ; après Auerstadt et léna il était presque
eotendu qu'on devait se rendre ; il n'y avait plus ni chef ni ordres ;
c'était use grande déroute.
Ces capitulations si inconcevables, dues sans doute à la bravoure
impétaenae des Français, à cette audace qui ne calcule rien et i la
terrenr panique répandue au milieu de l'armée prussienne, étaient
encwe favorisées par les bruits que l'on fusait circuler d'un prochain
traité avec le roi Frédéric-Guillaume ; il est incontestable aussi que
de l'argent fut donné ; on vit des choses inouïes : à Magdebourg, une
garnison de 22 mille hommes dans la place la plus formidable de
TEnrope se rendit à 15 mille Français ; les généraux, les officiers sti-
pulèrent leur solde qui leur fut payée par le trésor de Napoléon ;
«Hume les Autrichiens, les officiers prussiens n'étaient point riches ;
tous avaient des arriérés de solde, on les leur acquittait; conduits par
des chefs qui ne demandaient que le repos, les Prussiens n'étaient pas
réduits à la condition de prisonniers de guerre ; lorsqu'un corps se
rendait, les généraux français avaient ordre de le dissoudre et de ren-
voyer les hommes et les officiers dans leurs foyers ; sorte de disloca-
tion régulière d'une armée, naguère. si formidable; par ce moyen, les
recrues retournaient dans leurs villages, et les officiers dans leurs
cbiteaux. Le projet de Napoléon était de réduire la monarchie prus-
nenne à n'être plus qu'une province allemande, un électoral au niveau
de la Bavière, de la Saxe et du Wurtemberg. Il abîmait cruellement
l'année de Frédéric, comme plus tard le temps dévorerait la sienne :
l'ordre du monde est une grande destruction !
An milieu de cet abaissement militaire des Prussiens, il y eut
cependant quelques intrépides exceptions : si Magdebourg se rendait
avec sa garnison de 22,000 hommes, si des officiers recevaient de
l'argent de France dont ils étaient avides ; Blilcher, avec 6,000 hommes
déterminés, usant de ruse, de force et de courage, en vrai partisan,
le) que la poésie nous les a reproduits, traversait des pays entiers pour
se réunir au corps de réserve du duc de Saxe-Weimar, et, poursuivi
par les trois maréchaux Bernadette , Soult et Davoust , Blùcher se
retirait jusqu'aux extrémités nord de la monarchie prussienne. Ce fut
une véritable campagne de partisans que celle de Bliicfaer et du prince
de Saxe-Weimar, origine et mobile de ce soulèvement qui plus tard
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va GOraW DE PBirasB.
neo&cs la domination Awiçaise en Allemagne ; lorsque l'année pnu-
rienoe était anéantie, lea peuples le TéveiHèrent, et cet esprit fot plot
dangereux pour Mapoléot) que les troapes régulières. Trois bommeg
forent, i cette époque, les véritables re^irésentants da peuple fier A
indigné en Prusse : Blijcher , Schill et le dac de Bninswick-OEb.
Btiicher n'était point un général de distinction, mais un chef d'une
grande intrépidité ; marchant au pas de course , sans s'arrêter aox
obstacles , il faisait une retraite avec non moins de vigueur qu'une
pointe impétueuse. H fuyait tour i tour et se retrouvait partout;
ViouT d'âge déjà. Il avait conservé néanmoins cette force de corpsqni
•e développe chei les hommes d'énergie et redouble avec le péril.
Ferdinand de Scfalll avait le grade de capitaine ; né on Sllésie, d'âne
famille noble et origînah-e de Hongrie, il fit ses études au collège de
Breslau, où dominait déjà cet esprit des étudiants de l'Allemagne, s
flers, si excentriques, depuis le Charles Moor, dont le portrait se voyait
dans la salle d'étude [Moor changea les habitudes de toute la jeunesse
allemande] . Depuis cette époque , la génération des écoles avait pris
les mœurs belliqueuses : les reins serrés d'une ceinture de cuir, on
rêvait des entreprises périlleuses dans les forets de la "niuringe oq de
la Bohême, au bruit retentissant de la mousqueterie. La destinée de
Moor remuait les imaginations, et l'idée de se faire chef de partisans
était commune dans les universités. Schill fut présent i ia bataille
d'Iéna comme oÉRcier dans les dragons de la reine ; profondément
épris de sa souveraine, dont la Prusse était ivre, il se comporta ft I^
Comme an vaillant soldat , et tomba grièvement blessé pour ne plai
>e relever que comme chef de bande , è l'untrorme noir , aui idées
exaltées; il seconda l'expédition de Bliicher dans la Poraénnie
•oédoise.
La destinée du duc de Bninswick-OEts fat plus curiense et jrfni
dramatique encore ; il était le quatrième fils de ce duc de Brunswick
frappé sur le diamp de bataille d'Auerstadt. Presque enfant, il avait
lervi comme capitaine dans un régiment prussien ; colonel lors de ii
paix de Bâie, il se précipita dans la débauche comme une âme désa-
busée. Quand on a éprouvé tin grand déboire, on se jette avec fré-
nésie dans tous les plaisirs afin de s'oublier soi-même ; souvent on
inédite de puissantes destinées dans l'ivresse du monde ; on contrefait
le licencieux, le libertin; comme Brutns, on se donne pour fou ; te
étudiants de Halie comparèrent ce prince d'OEis au Faual de Goethe,
îdbyGoOgIC
BBCOHDB PÉlUOSa. aOft
lédoctair «OrÀBé de Is divine Marguerite, portant partout la dé^
bauche, les licences et les enivrements. Quand la guerre éclata entre
la Prusse et la France, le jeune duc de Brunswick se sépara des cour-
tisanes couronnées de (leurs ; il dit adieu à ces rendez-vous d'étu-
diants, où le punch s'élevait en flammes bleues dans de vastes chau-
dières d'ai^ent, comme le dit l'historien de sa vie, pour se lever fier
et glorieux de la patrie allemande. A Auerstadt, Guillaum^^rédéric,
duc d'(Ms (c'est ainà qu'il se nommait), vit mourir son père repoussé
impHofddement par Napoléon , et il jura de le venger. Parmi les
notes de M. de Hardenberg se trouve une curieuse circonstance pmir
la vie du duc de BruBswi<:l[-<]£l8 ' : c'ertquedanslanuitoù, la main
éteodue sur le corps de son père, il jura de le venger, ses cheveux et
ta Inrbe bUscliirent; dramatique sujet des ballades nationales. Le
duc de BrnDSwick-OEJs «fia joindre Bliicber et la petite armée du
doc de Saxe-Weimar, les seuls généraux qui soutinrent l'honneur de
bProae, aTecE^lkreutbr qui se retira vers Dantzîg pour en défendre
ie iiége, fait d'armes remarquebl^Bent cooduit et aussi remarquable»
ffleotaouteou. Depuis, Frédéric, duc d'^Ms, commanda les hussards
de la Mort, aux effrayants symboles, si redouté pendant les guerres
de délivHjice.
Le duc de Saxe-Weinur et les débris du cor|» de Blucti»' conti-
nuaient d'<^rer vers le nord de la Prusse. Poursuivis par des forces
sqiérieum, cernés et coupés tour à tour ils se défendirent partout
■vec vigueur ; acculés sur Lubedi, ils opposèrent une vigoureuse dé-
fense. Napoléon avait ordonné qu'on brisAt cette armée, et iju'on lui
infKx&t uue dure capitulation. Lubsck serait anéantie, qu'importe?
La hataiUe «'engage donc dans les mes avec le plus vif acharnement
Qoi n'a la les tristes récits sur la prise de Lubedc par les Français, les
lanentables histoires où l'on raconte le pillage et les horreurs d'une
lugubre «emaitte? Pendant deux ans les jeunes vierges de Lubeckm
portèreotle deuil ; elles avaient vu égorger leurs pères, leurs parents
înoS'eiisi& ; elles-mêmes furent victimes de toutes les brutalités des
soldats victorieux. On ae battait dans les rues, on enleva poste à poste ;
les Français déployèrent un brillant courage, c'était leur noble c6té;
mais la victoire ne pat se contenir ; comme la résistance avait été
' l'ii eu des lenseignemcDts précii
un «i grand rdle en illemtgne ; je sui
Diclzedby Google
M4 GDBBBK DB PSUSSB.
vigourense , le succès fut implacable ; des excès iDouts marqa^fitit
cette occapation de Lubeclc. La ville libre et hanaéatique déplore
encore ces fatales journées dans un patriotique anniversaire , jour
néfaste où l'enfant et le vieillard furent immolés sans pitié. Le corfa
de Bliicher, de 6,000 hommes ', mit bas les armes, et lui-même fat
fait prisonnier. Dès lors, cette armée prussienne du nord ne fut plm
qu'un composé de partisans dispersés dans tous tes coins de l'Alle-
magne , et toujours poursuivis par des corps français. Le patriote
Schill fit des conps de main incroyables ; il enleva le gén^ Vidor
dans une course vagabonde, et, pour le rendre, il exigea qu'on l'échao-
geât contre Bliicher, son ami et son propre général. Ainsi, qutni
l'armée régulière disparaissait en Allemagne , l'esprit militaire se
réveillait dans les partisans; c'est que la guerre devenait nationale.
A Berlin, l'empereur Napoléon suivait les opérations de guerre et
d'administration ; considérant la Prusse déjà comme ses propres Ètati,
il l'organisait par départements ; tous ses actra semblaient révélerunt
occupation permanente, ou, pour parler plus exactement, une rénaim
déBnitive au vaste empire; la facilité que Napoléon avait trouvée i
briser les Étals de la vieille Europe devait lui faire croire è quelque
chose d'infini qui se révélait en lui. L'année précédente, en l'espace
d'un mois, il avait humilié la puissance autrichienne et daté sesdécreU
de Vienne et de Schœnbriinn ; dans un espace de temps moins long
la Prusse était conquise ; il était paisiblement à Berlin, et Sens-Souci
était son palais ; il dépendait de lui de détruire cette royauté abaissée.
Quel obstacle pourrait s'opposer au développement de son amtntionT
Quel État pourrait lui rénsterT Les césars , les Romains, Alexandre,
Charlemagne, tontes ces grandes images revinrent à sa pensée, e(
comment faire entendre des paroles de modération k une telle iiotl
Cela n'était pas possible ; à Berlin, il traite la Prusse de la hauteur de
SB souveraineté ; un simple décret lui impose cent millions de contri-
bution ; il la divise en quatre départements avec l'administrationd'nne
province de France '. M. Daru, l'exact, le rigoureux conunissaire.est
' Les buUclinB de Nipolioo l'élevèrent plus haul.
* Le àicKl suivaai, rendu le 3 novembre par S. M. l'enipemir, Tieal d'cV
publié :
■ Les £tais de H majesté le roi de Prusse, conquis pn'ruinér&'n)ï«ise,E<Mitdivi)^
en quatre déparumciits, savoir ; !<> le déparlement d< Berlin; 2« ledépaHemoildi
Custrin ; 3° de Sietiîn, el i" le dépaneraeni de Uagdebourg.
> L'adminiElratlon générale des quatre dépanemeoU est con&é^ tous raoKM^
îdbyGoOgIc
SECONDE piBIOK. SOK
thêigè de l'organisation : on désigne des intendants pour administrer
les cercles; le généra) Clarke, nommé goavenieur de la Prusse, 7
exerce sa puissance souTeraine. Homme d'un caractère inOexible,
il poursuit avec fermeté tout ce qai s'oppow aux volontés du maître.
A Berlin, Napoléim se montre comme un souTerain dans ses États ;
sa police lui indique quelles sont les familles ennemies, il les proscrit ;
la GazeUe de Berlin, rédigée par Mubler, parle de Napoléon comme
du successeur de Frédéric. Un décret pourra dire : « La maison de
Brandebourg a cessé de régner, » comme un autre décret l'a dit de
la maison de Bourbon à Naples. Avec son habileté ordinaire, l'em-
pereur a bientôt distingué ses amis et ses ennemis. Quand un partisan
de Frédéric lui est désigné , il loi tend des piégea et le fait pour-
suivre ; il accueille aiec bienveillance tout ce qui peut relever sa puis-
sance morale à Berlin ; il distingue parmi les princes allonands ceux
4|ui sont pour lui, et ceux qui, par leur caractère, peuvent être un
obstacle au développement de son autorité. Ainsi le prince de Hessc
ne peut parvenir jusqu'à lui ; il le dépouille et le repousse ; ïl l'ap-
pelle le général de Hease, comme il a nommé le général Brunswick.
Le prince de Uatzfeld, ami personnel du roi Frédéric-Guillaume,
4tait resté à Berlin ; c'était au temps où l'on parlait d'armistice, de
paix, et Napoléon faisait Burvtiller avec la plus vive attention toute la
noblesse; il avait besoin de frapper un exemple pour contenir : Il
saisit l'occasion d'une lettre interceptée du prince de Hatzfeld au roi
Frédéric-Guillaume, pour effrayer tons ces nobles Prussiensqui cor*
reqKHidaient avec leur souverain. Le prince de Hatzfeld avait mis i
la poste sa lettre au roi ; elle décrivait l'entrée des Français k Berlin,
la triste impression du peuple, les pleurs qu'avaient versés les femmes
si patriotiques ; les Français mêmes s'étaient aperçus de ces visages
baignés de larmes ; le [urince de Hatzfeld décrivait indicativement les
corps de cavalerie, infanterie, qui étaient ratrés è Berlin sous les
ordres de Napoléon, et la position de ces corps dans la capitale.
C'était là une simple correspondance respectueuse , un hommage
•de l'InlcndaDt génént de l'inné , M. Dtrn, à M. Estèv«, ■dminisinleur géa^ral
4«9 finances M des domaiiies, et 1 un raeeveoT gtaènl des contribulions, Û. La-
Jwnillerie.
» Sont DOmiiiés Gororolsssim tmpériaui pour lei cfaeb-lieux des départemenlr,
MM. Kgnon, pour le départeraenl de Berlin; Sabtlirr, pour le d^rrieme .t de
CuMrin; Lalglc, pour le dépirlement de SlMtin; el Chailons, pour le déparleroent
4elUgd«è0D^. »
T». 10
Diclzedby Google
908 «TBRRB m PBUSSB.
da snjet aa roi , an gage de fidélité. Napoléon détestait le prince d«
Hatrfeld, fan des plus patriotiques enfants de la vieille Prusse; et
qaand sa lettre tat interceptée, il dicta i Berthler un de ces ordm
impérstifs qui, quelques moiS'adparavaDt, avaient préparé l'exéention
da libraire Palm : il ordonnait au inaréelwi Btfruuit « de tmwtt une
commission militaire composée de sept colooeh, piMttée par Itai', afia
dejngerleprtncedeHatzfeld, convaincu d'espionnage et de trsltison.»
Le Jugement devaM être rendu et exécuté avant sis benresdttioir'.
Bemarqae» bien ces mots : oonvoiiKuet atécuté; convahicn «tant
d'être Jugé; exécuté, comme s! Napoléon dtctfeiC le jugement d'avance,
et sa col^ flfl demandait pas do retard. H y eut cela de noble dans kt
officiers qui entouraient cet esprit absolu, qu'ils hésitèrent b>m à m
prêter k- an- tel acte de violence souveraine ■ . M . dé Hatafsld: éMt-S
règlement coopaUe? Il avait hit pour son roi ea que la Sdélité iTeui
t«u, oSaten d'benneur, anrait accompli envers Mapotéon. Ikepiû
qnand la rwrespondanee du sujet an souvent ser^t-^e an uJmeT
Qnel engagement avait pris le prince de Hatefeld, Prussien, eaven
Napoléon T Quel était ce mode nouveau d'ouvrir les lettres? El si le
prince' de Hatifeld avait cm commettre un crime, aurait-il écrit pa:
k poste régulière? M. de Hatrfeld appartenait aux grandes ramiUcs
de BerHn ; n avait connu Dtaroc, Bapp, et ce f^t par leur inteniié-
diaire blenveiHaot que madame de Hatifeld pat obtenir la grice de
■on mari. On entoura de dramatique la scène delà lettre br<t1ée;Bnr
copie en ftste, et certes elle n'offre rien que lertémoi^fnege de M&\té
envers un prince malheweux, et c'est ce que Napoléon panissiA.
Le pardon vint par l'admirable et noWe dévouement Je Dutw et
de Bapp , qui dirent à remperenr la triste impression de cet événr-
' > Notre emstn le mnrêclnl DkTOnst nommen' UM ««minfasion DiflfuireMliK
potée de BCft colonels de son corps d'onnfe, dont il mm le préaldNit, efia^de ^qv,
«emma cmvaftxu d* froAimn et ifatpitmnagt, le prince de Hiufeld.
■ Le jugement sera ranJu «I txécvté avaul kïi heares du soir.
» Vi.rvckm. >
' ■ Ctallnconrt et Duroe quittèrent l'eppartemeai. Napoléon, resté seul vif
Berihier, Lui dit de t'iaseolr pou écrire 1-orilre «i vertu duquel H. do Botiftai
devait étte traduit devant une eommiMiao nilhaire. Le Diijar.géBfa«l awaia
qtielques représentations. « Tolre majesté ne peut pas faire fusiller ud hantae qâ
appartient sui premières bmilles de Berlin, pour aussi peu de chose ; la ouf^aeiiioi
Mt impossible, vous ne le voulei pas. > L'empereur s'emporta davasloit; le pHoM
U NeurcUtel insista ; Napoléon perdit patlmce; Bertliier senil. ■
[If émoires du eéuérdl Btpp.)
DiclzedbyGoOglC
sBCOMitB pikiûoi. 307
mest pamii les notules de Berlin. On foadftit de graodes espérancop
sur cet acte de déHenee destiaé à relea tir en ^u9se. Oa voulait eibcor
la amuiae impiesaioD ciuaée par l'affaire de Palm ; cruelle CEséeutiw
qui xKatrait hmz cooment rentpereur agissait dans aa politique-
Pois Nqmléon était BatKreltemrat pwtë à paittouoec aux gientil»-
koDBMt ; il avait fait buiUer PaliB, parce «{ue ce n'était qu'un aiBiple
Kbniie; il gracia le prrince de H^feU, par 1q moUf qui Lui avait fait
acGsnhrla grtee an ijatqm de Risière et au prince de Pdiguc»
tandiiilie les tâtes éa paysans et de âeorga tmoitaient «or la pltce
pobliqut.Le'priiioadeiEatzfeld se montra pénétré d« rcconuiaaiWK
pour Dwec et Rapp *; mais , gardant sa fidélité au loi dePruae^U
conserva dignement son honneur ; sa lettre même indique qu'il se
posait avec la fierté d'un homme innocent.
Tandis que Napoléon organisait la Pnuse comme soa propre eo^
pire, avec imcertaiDeq)rit de durée, lespropositioiiB d'une suspensûiD
d'armes et d'un traité lai étaient adressées par le roi Frédéric-6all~
tiume à des conditioDS luimiliées. La tactique de l'empereur était
toujours d'accepter des armistices qui le mettaieat en possession, saiw
coup férir, des places fcrtes et des positions militaires denatoMàreodre
meilleure sa situation de campagne. Une suspension d'armes ne l'ea-
gageait pas ; seulement elle lui donnait des places de sûreté ' et le
' Tofcl ce que le prince de Hatifeld écrivcit l Itapp ; ce n'est p«a le lettre d'un
hDimiK eonpalile :
> VoD génértl, n milieu dn «entineDti de tonte espèce qae fak èprewréa àam
b joarnée dliîer, hs. iiwn]ues de Totra Knstftllhi, de Totrt Intérêt, n'ont pw
Mitppéàn» reconnilsstnce ; nais hier au saiTfappeTlenits tout entier raboslieiir
de nn bmine, et je ne puis m'acquitter qn'anjouid^n! enrers roni.
■ Cnjez «n reste, non général, qu'il eit dnmoinenta dimlaitedrat fcM«-
«nilr est inelhcable ; et si la profonde raeomiaisaaiiee, t'esUiM ihui konnwde Mm
pniTeM Ctre de qntiiiue pris i tos jeui, tous derei être récompense 4e ItBtérét ifm
Toos tn'ora montié.
■ Agréa l'aMunnee de ma hante conaldérition et de tous les stniinenis qgi
n'attachent à'votre soutenir.
» l'ai llionDenr d'être, mon général, TOtre tri»4umble et Iréft-obéissaM servltoer.
> Le prince de HatxTetd.
■ Berifn, le 80 octobre I80S. >
■ Napoléon dietail les parole* tohanles nt U eiinaïkm des slTaina :
a Deasau, le 31 octobro MM.
• Le maninia de Locehcrini •'eat ftis»té ani sTant-pMtes avec »e lettre du
roi de Prusse. L'emperetir a eavwjé de son psieie ie grand maréchal Duroc, pour
roBférer a>ee Ini.
» Uagdebovrg eu bloqné. Le général de di^ ision Legrand, dam se myrrhe aar
Diciiiizedby Google
208 fionBB mPRDssB.
mellait dans le cas de commencer une campagne plus vigoureuse,
•vec de meilleuis points d'appui , si l'ennemi n'accqrtait pas les cofv-
4itions de paix honteuse qu'il dictait lui-même. Ainsi avait agi Napo-
léon k l'égard de l'Aubiche : l'armistice qui suivit la bataille d'Au-
sterlitz, si désavantageai pour les Autridiiens, avait amené le
traité de Presbour^ , et ce traité la ruine de la monarchie. Napoléoo
voulait suivre les mêmes conditions avec la Prusse, et, lorsque le m)^
qois de Lucchesini et le général BasU-ow arrivèrent au camp impé-
rial avec des propositions d'une suspension d'armes, Napoléon exigea,
avant de commencer une négociation, qu'on lui livrftt toutes les plaça
fortes de la monarchie ' qui restaient au pouvoir des Prussi^os.
Hagdebonrg, ■ fhit quelques priionniers; le nisréchti Sealt ■ ses postes antoDr de
Il ville. Le grand-duc de Berg j a envoie .son eberd'étal-mnior, ]e général Belliard.
Ce général y a vu le prince de Hohciilohe. Le langage des officiera prussiois eliil
liien cbsnaé. Ile demandent la pali i grands cris. « Que Teut votre empemirTatu
disent-ils. Nous peursuivra-l-iJ toujours l'épéedtns les reins? Nous n'avons pasna
■nomeot de repos depuis la balaille. » Ces mesaieurs étaient sans doute accoulum»
■ui manteuvres de la guerre de £epl ans. Ils Toulaienl demander trote jours pour
'Mterrer les morts. « Songez aux vivants, s répondu l'Hupereur, et laiswMHrai le
«oin d'enterrer lee morts; il n'y a pas besoin de trêve pour cela. ■
' 11 Taut voir quel soin piennciit les plénipotentiaires pour justifier la néccïSili
imposée k la Prusse de Taire de grands sacriBces.
Noté d» MM. Duroctt d* TalUyrmtd aux pUnipolintiaint pruitiem.
■ Une loi antérieure i toutes tes lois écrites, le salut commun, et qui, gratée k
première dans l'esprit de tous lea souverains, le dégage (Xapolcon) des promesse»
|wécédemment faites, l'oblige k user de rigueur pour abaisser la puissance d'oi
(Milice qui dans l'espace de quelques mois a'uuit d'intention aux desseins hoslilesdts
ennemis de la France, et les réalisa de son propre mouvemeat, les armes à la maie...
Les armées TraDtaises sont lassées de vaincre; mais elles ne veulent plus laisser am
fcuplca subjuguée assez de Force pour contraindre la France k reprendre les armes-
L'empereur n'a jusqu'ici recueilli de sa générosité que des fruits amers d'ingraii'
tudc et de perBdie. Après avoir pénétré les causes des mouvements qui citent It
nord de l'Europe, il s'occupe des moyens de les détruire. Des agents cnglajs stmeal
Jt discorde avec l'or que la domination des mers leur fournit ; ils trafiquent du sang
des nations et tienneuti leur solde l'avarice et l'ambition des gouvernants. La hiint
implacable de Pitt entretient l'incendie éteint i Auslerliti dans le sang de l'élite i»
armées russes. Par eux, dans l'esprit de l'empereur Alexandre, prévalu!, sur la rna-
•idération de son propre intérêt, la détermination de ne point raiiflrr un traitr
conclu. Les séditieuses instigations, promotrices descalamltés actuelles de la Pniïsr,
oc sont venues que d'eux ; car i peine les desseins bosiiles du czar i-t les préparatif»
île guerre sur la Sprée eurent été connus, que Lauderdale montra une exigence si
insolente, qu'il Tallut rompre des négociationB qui, sans ces circon.'iaucp», auraieoi
pacifié l'Europe. C'est un but vers lequel l'empereur Napoléon , rassasié de glwie.
M» cesse de tourner ses vues pour l'intérêt général; il compte j parvenir eu réglant
îdbyGoOgIC
SBCOKDE FÂBIODB. 30ft
Liynqne de rapides conquêtes eurent briw les corps de Blûcber et
du due de Sa\e-Weiniar, l'empereur Napoléon se montra plus exigeant
encore : l'esprit des négociations reste vague, iocertaiii ; on voit que
l'empereur a des desseins pour retarder indéfiniment la restitution des
conquêtes; il pose les tmsefl d'un traité sur les clauses les plus équi-
voques ; il fait au roi de Prusse la condition d'amener la Russie k
respecter l'indépendance de la Moldavie et de la Valachie , comme
si le roi de Prusse pouvait s'engager sur ce point ; il impose, comme
seconde condition , la restitution par l'Angleterre des colonies h la
France et à la Hollande, comme si la Prusse encore pouvait s'engager
pour l'Angleterre. Ces propositions cachaient donc dans l'esprit de
l'empereur la volonté d'une possession indéfinie des Ëtats conquis en
Prusse : on les a pris, on les garde; tant pis pour la maison de Bran-
debourg si elle s'est jetée dans une guerre malheureuse ; il faut lui
donner une leçon de laquelle elle ne se relèvera plus; il Tant morceler
cet État , et imprimer ainsi une nouvelle crainte h l'Autriche. À un
empereur nouveau , il faut des dynasties nouvelles ; il comm^Ke k
dire : « que dans dix ans sa famille sera la plus ancienne de toutes
celles qui régneront en Europe ; * mot imprudent et qui fut retenu
par les cabinets. Il remanie le droit public , il remue tous les terri-
toires, dépasse toutes les conquêtes du dernier siècle; il lui faut main-
tenant des souverainetés qui se rattachent à lui seul.
Le roi de Prusse a jugé la portée déQnilive de c«fl propositions; il
était disposé à traiter avec l'empereur, il le désirait vivement; mais
depuis il comprend que c'est la fin de sa monarchie que Napoléon lui
impose , et la maison de Brandeboui^ ne tombera pas sang se dé-
fendre. Frédéric -Guillaume, de toute son armée, n'a plus que
25,000 soldats ; que fera-t-i! î Si Napoléon le repousse avec une
inflexible hauteur , un traité d'alliance l'unit h la Russie ; des masses
nouvelles s'avancent sur la Vislule; Alexandre les conduit; les Rosses
le sort fuiur de 1* monarchie pruEiieniie, conrannémenl à U modéntion qne mettra
l'Angleterre i restituer k ses ennemia une partie de ses conqufiief . •
« Ne perdez pas, disait le général Duroc au marquis de Luccheslnl, en ptatntca,
CD prières, eD représenta rions ([ui aéraient vaines, un temps prévieui et Tiigilirpour
tous assurer une poii nécessaire. De nouveaui sjccès pourraient rendre remperenr
ticancoup plus exigeant et tonle n^ociation plus difficile. Ce traité rerréieratt eur
les borda de l'Elbe; tremblei qu'il neTrancbisse ce Qeuvel Conservu cequeTow
possédez encore; ne le jouci pas au hasard d'une lutte inégale et probahlefflem
funeste. •
:dbv Google
in GrEBBE DE PSmSB. — SKOJtSB PÉRIODE.
oomptent ponr lain ^néranx Bemindci, ]e prince SagratioB , Ben-
iiigBeo ; îb veulnti'emnrer encore contre la foitsne de Napgtion,
ftéééïki-GpahgMe m jeUm &aic cUm Its brnde la Sie^,fltaBR
aoaveUe caE^aigne 'mtonmencar T^^oureon rt «u^teite.
îdbyGoOgIC
TÀHU PSIOIAKT i.AB9Bl(G|E |)E
CHAPITRE X.
r««n VniKAHT LAMBMX DK CKHPHin.
Utwwfuif wt — X-'opinioD poWqoc — IiwiptMie. —-La boarM. — Jugement
iw 1> cuniMgiie. — B«miii de Ja:PUK. — jr(Hi,ebé.«t JH- de Tall«jruid> — Uépu-
Ulion duséoBti Berlin. — Comniunicalian intUne avec Napoléon pourlapali,—
BépODSebButainc de Napoléon. — Décret de Berlin pour le blocus continental.—
CfinWdu comflHTce. — Dteadeoea de la marise. — 'NeuTdks de Kaplei, ^
4'illamgDe. — GuemcoB^Jespeit^es. — Jjwée d'une nouvelle conacr^tlon.
— OrgaDisation des gardes nationales. ~ Oi^>o$i(ioii à h guerr«. — Xs^i d'op-
fRs5i«n et de conquête. — Paris dans l'hiver de J806.
La Franqe ne doatait janaais àv mnà» iesoa piopeKur ; qaand
MapotéoQ quittait Paris pour :8e placer h la tète de te» :ariBéea , on
«ttHtdût aiec impaUeiice les bulletins cédigés au bivac;; ,toui aunon-
taient d!immeases succès-C'était coutume pour la paltte. il n'y avait
pas d'interYalle entre le.d^wrt et le tiMOtpbe; les buUetini d'An-
atcrliU avaieot préparé les esprits aux étononatea aouveUes.qui aixi-
*aieat si rapidement des tW^ps de batwlle de la Fniwe ; rieo ne
paraiagait impossible i l'Juanme «ipédeur qui disposai de ai braves
troopes ; pour la France, la .victoire était ,oomme im coop de tbéétre :
Uareogo, AuiterliU, lèna, étaitut jetés dtuisun moule.giguiteiqae;
le drame se déployait dans les mêmes proportions : Napoléon parlait,
UD mois ai^às tout était Qni, les ennemis tt^baiei^t brisés aouacette
main puissante qui de la pointe .tleaa'6i)iuu Joyeme comoiMidait à la
Tictoire.
En L'absence de Napoléon , le gouvememeat fut confié à rarchi-
chancelier Cambacérès ; Joseph-Napoléon, le grand électeur, à qui la
dliectioD desalTaires avait été donnée lors de la campagne d'Auaterlitz,
alors élevé i la royauté de Naples, gouvernait un pays à peine pacifié;
il n'y avait aucun prince de la famille Bonaparte è Paris ; Louis était
en Holluide, Jéréme à l'armée; l'impératrice Joséphine même, par-<
Diclzedby Google
2t3 PABIS PBNDAKT l'aBSEKCB DE L'BMPBBEIIB.
couraot les bords du Bhin , plaçait à Miyence le siège de sa cour '.
L'archidiancelier , ref ètu d'une Bou?eraine puissance et des pleins
pouvoirs du gouvernement, présidait le sénat , le conseil d'État, et
comme d'habitude Gambac^is prenait avec une gravité remarquable
toutes ses positions , il se croyait prince au même titre que Napoléon
se disait souverain. Tel était alors le prestige attaché & la puissance
militaire de l'empereur, que Paris obéissait par la seule impulsion du
gouvernement; presque toute la garnison avait marché en poste sur
le Bhin ou dans la Prusse ; cette immense cité n'avait plus comoK
surveillance que quelques dépôts des régiments de la garde , et deux
ou trois bataillons de troupes sédentaires, les vétérans et les invalides;
tout se gouvernait dans cette allure habituelle qu'un pouvoir fort
imprime à toutes les parties de l'ordre social. Lorsque la puimnce
morale de l'autorité est bien établie , la présence du soldat n'est plos
qu'un auxiliaire inutile ; c'est quand un pouvoir est faible qu'il liù
fautuo grand déploiementde troupes, car on n'a'plus confiance en lui.
L'arcbichancelier Gambacérès, chargé surtout de la partie politique
du gouvernement et de la correspondance générale, dirigeait le con-
seil des ministres et l'administration du pays ; la plupart des grandes
affaires étalait envoyées au quartier général ; des courriers partaient
tous les jours avec des portefeuilles que l'empereur avait à examiner
et k signer. Les ministres & département venaient travailler avec l'ar-
chichancelier, excepté Foucbé qui, se donnant une mission d'exam»
et de contrôle directs , envoyait ses rapports à l'empereur. Si Gamba-
cérès abdiquait tout esprit de critique pour ne plus faire qu'admira,
il n'en était pas de même de Fouché, qui jugeait et appréciait loat
avec discernement ; pour lui, l'empereur n'était pas tellement éblouis-
sant qu'il ne pénétrAt, avec son intelligence habituelle , les mobiles
de sa grandeur et de sa décadence ; pour le ministre , Napoléon n'é-
tait ni un dieu , ni un mystère ; il savait les causes qui le faisaient
vivre et les causes qui le feraient tomber; Fouché, souriant quelquefoii
i la lecture des bulletins, les commentait avec ce caractère épigram-
matique qui dominait ses paroles. Le ministre avait des nouvelles
.particulières du quartier général ; sa correspondance l'informait avec
exactitude de ce qu'il y avait de réel, d'exagéré ou de faux dans les
documents dictés par l'empereur sur le champ de bataille; le grand
' On lui Bi de grande* tUti à Fnncrort, elle fui accueilUe en souverri'n».
DiclzedbyGoOglC
PARIS PENDADT l'aBSENCB DE L'BUPEBSDI. 213
magideo afsit un art mnreilleux pour les balletîns , une belle et
habile manière d'annoncer et de grandir le succès. Au fond il y avait
des assertions inouïes , en style dramatique et théâtral , et Foucbé
remarquait en plaisantant que sur l'armée prussienne , qui en com-
mencsnt la campagne s'élevait, d'après l'aveu des bulletins, h
l.SOiOOO hommes effectifs, on avait fait déjà 185,000 prisonnier^ :
c'était l une de ces étourderies impardonnables que la puissance
seule se permettait dam ses caprices et dans ses moqueries jeléec
h la crédulité publique.
Toutefois, à travers l'encens prodigué anx beaux faits d'armes et i
la gloire de l'armée française , il y avait un senUment profond , un
besoin irrésistiblement senti d'une paix générale. On pouvait voir
aisément, par l'aspect de la société, qu'il y avait déjà fatigue de la
guerre; après la victoire d'Austerlitz on croyait tincèrement à la
sigoature de la paix définitive ; le traité conclu par H. d'Oubrîll an
nom de la Russie avec la France , ta convention arrêtée avec le comte
de Haugwitz au nom de la Prusse faisaient espérer une paix au moins
actuelle et acquise ; le ministère de M. Fox, les négociations h Pari«
des lords Yamouth et Lauderdale laissaient également croire an
renouvellement des stipulations d'Amiens : les porls ouverts à la
grande navigation, l'industrie éprouverait son développement naturel.
la pro^iérité publique reviendrait à Paris et dans les villa intérieures,
accablées sous le poids des impAts et des privations commerciales.
Hélas! ces espérances étaient alors déçues ; il y avait beaucoup de
gloire pour l'armée et la patrie, mais peu de prospérité à l'intérieur ;
ri l'on pouvait être fler de ce que faisait l'armée , le peuple était sans
travail, la bourgeoisie inquiétée,, les transactions d'argent anéanties.
Sous ces impressiom vives et profondes, un parti considérable pour
le paix s'était formé à Paris, nv^ne dans les corps politiques ; le sénat,
le coi^ législatif, le tribuoat, tout ce qui était encore rexpression
des sentiments publics partageait cette nécessité impérieuse de la paix
générale. ^ dans les assemblées publiques on ne parlait que de la
gloire et des miracles opérés par le génie de l'empereur , dans dee
conversations plus intimes on s'inquiétait delà toumureque prenaient
les opérations de la guerre.
L'empereur avait vaincu i Austerlitz, et cela n'avait rien accompli!
maintenant il venait d'achever' un beau fait d'armes ; la bataille
d'Auerstadt et d'Iéna brisait la monarchie de Frédéric ; il datait ses
Diclzedby Google
234 PARIS PENDANT l' ABSENCE DE L'BHPEIiraK.
décrets de Berlin , et cela ne finissiit rien encore I fadépeaduKKDt
des stcrîGcesénormes que le guerre imposait, ces impIficaUeelustiHtig
mettaient toujours en question et en péril l'ordre de cfaoKs fondé
par le 18 bnimùre. L'empereur était victorieux:, nuns II potnit
éprouver Ses rerers-; des systèmes atiUes ne se fondent pas par ta
guerre et les conquêtes ; la paît seule les consolide : «ette «fdnïao
était générale , surtout dans le sénat ' , le minisW de ia. pallie le
fliTorisait paiticulièrenunt. Gomme M. de Talleyrandl, Foh^ pB^
tisan de la paix, voulait enlever à Napoléon l'empreiate Ae lavalau
et de €1101169 Xn , pour hii substituer le caractère ^ue nwfpiiSque
de foDdflbear d'iule dynastie et d'organisateur tattUigent d'un vaite
empire. La oorrespandance de M. deTalleyrandetodAede Fbuch£,
les deux homnus véritaUement ipt^itiques du ten^,:8aat toutes dasx
à la paix ; Ils déôreiit l'-étabUesMieBt d'wn système «un^péen vaste et
pondéré- qui maintienne l'édi&ce pendaitf 'mie longuediiréei ^> pour
bire eirtrer ces idées dans la pessée de l'empereur^ il fallait des
«ffortB proviens ; on vonlait aivâter la foudre iltni I«s maiDs du
dieu qni se plaisait i la lancer ; on votriait comprioMr èeloirrat -qui
versait «es nappes écameuses du haut des Aipei.
Le ^at , cepoidant , crut devoir taire une démivcbe >idb»dle
auprès del'cmperewr.flt, senBB&uae'dftpAtatiiOBfatMweyée àfinUa
pour le TéKcîtw «nr ses vioteires A le reneroier dn drapeaux qa'il
«vstt devinés à sa ibonat TiUe.,-on prit ce prétexte four rap^iBrle
iDBgnaafne emperear de «^pendre le noues de -ses nctoiMS , et ik
donner à'I'Eflrope une p^gfaéreeseqoi fdt lasiunr'tDHS'laB loli-
r^ts. Vt«pc4éen, alors m milieu de:ie» triomfAea, rêvant •ss.inDHBt»
proj^;'ta brAIante ônteHigaice iBDibmsait l'avBBirùuléini deœ
^jB'flappcflBitflaD'EïsC^nc; ilneseoeaqwetaitpas, lu, cm— ^aiyawr
 fa 7>oùr'; ïoiifoois inquiet deenint l'spinion puUiqae , il \-ealait )i
«aBfr>hK6ssaBm«Bt«nha)«ie, kpouiaer^ila domtaBrfar^'éUoai»-
sant ^teetfde de ses victiriras. Napoléon ne s'exidiquattipes UB«aM-
«eraiu wix Tniteriee , pasiant mte wie-palaiMe-au jnilisK de sea a^^
I>Mirfeîre pardonner le pouvoir «i i''raiio« il-fentéUaiiir Icsmanei ;
tflUe étaU: «a pmsfe haUtnelle. il BGcuetUit fort miJ les députés da
aénat; il les traita tous avec cette brusquerie d'expression ipi'il en-
' La députation du sénat se composait de MSI. François de 'Neuréhttetu, d'Aran-
îdbyGoOgIc
pAfllS PBIWANT L'ABBCNCE DE L'sUPEIiqW- 215
ployait toujours lorsqu'il voulait abattre les eoueniis âe>6es Idées ;
il déclara aux sénateurs : « qu'il y avait presque félonie ^lans cette
préteatioD de venir se placer entre la pensée du souverain et les bc-
Mins du peuple : seul il comptenaït ce qu'il fallait à la France, ]e
sénat devait se convaincre que nul n'empêcherait la réalisation de
la grwide destinée qu'il résemait la nation ; » et il leur tourna brus-
quement le dos. La démarche des sénateurs ne produisit donc aucun
^et , et bienti^t Napoléon développa son système de diplomatie dans
des proportions effrayantes *.
A cette époque , dans son implacable orgueil, il refusait de traiter
avec la Prusse vaincue et humiliée. Il avait d'abord désii-é l'armisUcei
afin de s'assurer les places fortes; quand il fallut traiter déGnitivement,
il Bt des conditions tellement dures, tellement inflexibles, que la
Prusse ne pouvait les accepter sans abdiquer complètement le sceptre
de la maison de Brandebourg; et, pour témoigner encore qu'il ne
eoncevait d'autre systèoie que la soumission absolue , on se rappelle
que Bonaparte, divisant la Prusse en départements , nomma des pré-
fets, comme s'il était résolu d'en finir avec la monarchie de Frédéric.
Enfin, par une déclaration diplomatique étrange dans son teitecïMDme
dans sa pensée , l'empereur , je le répète, prononça BOlenncUraieDt
comme un oracle : « qu'il ne traiterait jamais de la paiif, avant que la
BDSiie eût complét^iMat évacué la Moldavie et la Valacbie , et que
rAnglelerre eûtrestitué lescoloniesà laiFranceetè la-Hollande'. »
Cette déclaration personnelle & l'empereur, dictée par lui à M. de
Talleyrand, éloignait à tout jamais la conclusion de la pais; die
DOBunaDdHit des campagnes indéfinies, car la Russie était assez forte
pour soutenir l'indépendance de ses annements et la puissance de ws
volonlés^avecun personnel militaire de 600,000. hommes, et un ter-
ritoire couvert par uqe population de 50,000,000 d'iliues. Le second
' L'emp«r«ur Qt liapsmetLrc par les sénaieurs Jes drvpeaux enlciù aui FruirisDS.
■ Les dépuiÉs du Scnat s'étant retirés, ont clé accompagnés à leur duneurc par
340 grenadiers de U garde impériale, qui portaient les trois cent quarante drepeaui
r( étendards. ■
' Des oomioalions civiles Turent faites pour l'admiaistration de la Prusie i
« H. de Chaillon, auditeur au con&ell d'État, est nommé intendant de GlogM eu
Silceie> D'antres auditeurs sont chargés chacun d'une braDchedel'adminisirailoD en
«hrf des rercDos de la Prusse : M. Dupont Delporte, des sels, niin«s «t usiMs;
H. Cuopiui, despostes;M.Lafond, delà loterie; M. Perregaui, du timbre; H. Ta-
twureau, delacoDlribulJonfoDGièreieltl. d'Boudetot, des accises.»
îdbyGoOgIc
s 16 TàMK PEHiiAinr i.'ABSBitcB DB L'RMmunm.
«clc qui indiqaa la tendance impIac«Me de Napoléon et la guerre
qu'il déclarait même au commerce, fut le décret de Berlin prononçant
ie blocus des Iles Britanniques * ; il y avait de la puérilité folle,
inexplicable, dans un acte qui déclarait bloquée une si vaste étendue
de cétes, lorsque pas un vaisseau ne pouvait sortir des ports de
France sans être aussitôt pris et capturé par la marine anglaise; on
' Voici le iMle curicui ti si colore du décret de Berlin; jamiis la vicloire n'aviii
vi profondément «TCDgléNapol^ii :
■ En noire comp impérial de Berlia, le 31 novembre 1806.
• Napoléon, emperenr desFranfais et roi d'Halle, considérant :
u 1° Qud'Anglelerren'admetpointledroildca gens autfinmversdltmcatpar tons
les peuples policés;
» 2° Qu'elle réputé ennemi tout individu ipparleDint à l'Eut ennemi, et fait, ee
ronséquence, prisonniers de guerre, non-seulement les équipages des vaisseaui armés
'en guerre, mais encore les équipages des vtissrtui de commerce et desDariresmtr-
-rhands, et même lea facteurs de commerce et les négociants qui voja^^i pour Im
ufTaires de leur négoce;
n 3° Qu'elle étend aui bâtiments et marcbandises de commerce et ani propriétés
des particuliers le droit de conquête, qui ne peut s'appliquer qn'i ce qui appartient i
l'État ennemi;
■ 4*' Qu'die étend aui villes ei pans de commerce non TortiBés, aui hants et aui
rmboucbures de rivières, ledroit de blocus, qui d'aprèsle raison ell'usage dcspenplec
policés n'est applicable qu'aux places fortes;
u K» Qu'elle déclare bloquées des placesdevant lesquelles elle n'a pasmémenn seni
bitiment de guerre, quoiqu'une place ne soit bloquée que quand elle est lelloneni
investie qu'on ne puisse temer de s'en approcher sans un danger imminent;
D 6* Qu'elle déclare même en étal de blocus des lieuique toutes ses forces réunie*
seraient incapables de bloquer, descdtes entières et tout un empire;
B 7° Que cet abus monstrueui du droit de blocus n'a d'autre but que d'empéchei
les communications entre les peuples, el d'élever le commerce et l'iudostrie de l'An-
);1cterrr sur !b ruine de l'industrie du continent;
n B° Que tel étant le but évident de l'Angleterre, quiconque fait sur le contbieut
le commerce de marchandises anglaises, favorise par 1i ses desseins et s'en r»d
complice;
B 9° Que celle conduite de l' Angleterre, digne en tout des premiers ifes de la bar-
barie, a profité i cette puissance au di-lriment de toutes les autres;
» 10° Qu'il est de droit naturel d'opposer i l'ennemi les armes dont il se sert , ei
de le combattre de la manière qu'il combat, lorsqu'il méconnaît toutes les idées de
justice et tous les sentiments lihéraui, résultat de la civilisation parmi les hommet:
■ Nous avons résolu d'appliquer à l'Angleterre les usages qu'elle a consacrés dans
sa législation maritime.
B Les dispositions du présent décret seront constamment considérées commeprin-
tlpe fondamental de l'empire, jusqu'à ce que l'Angleterre ail reconnu que le droit dr
'îa guerre est un et le même sur terre que sur mer; qu'il ue peut s'étendre ni aui pro-
priélés privées, quellct qu'elles foient, ni k la personne des individus étrangers é ii
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PABIS PBNDAIfT L'ABSBNCB DB L'EHPBHBUS. 217
secouait les principes do droit des gens , poar proclamer une absur*
dite. L'emperenr iaterdisait tout commerce , toute correspondance
entre l'Angleterre et la France ; tout Anglais trouvé sur le continent
était prisonnier de goerre, toutes marchandises de l'Angleterre étaient
déclarées de bonne prise ; enfin, aucun navire ne pouvait toucher au
rivage de la Grande-Bretagne ou de ses colonies sans être aussitôt
déclaré ennemi ; les corsaires ou les bâtiments de l'État pouvaient
courir ssr ces vaisseaux qa'on déclarait dénationalisés.
prolKsioD de> «nocs, et que le droit de blaciu doit être restreiat aux places fortes
réelJftnciit iareslics par des Torces suffisaules.
■ Nous avons en eonséquence décrété et décrétong ce qui suit :
B Art. 1". Les II» Britaaniqaes sont dieUrées ta état de blocus.
> Art. 3. Tout eoniiDerce et toute coneqtondiDce BTec les Iles Britanniques sont
i;iiei;4>'^- ^ conséquence, les lettres ou paquets adressés ou en Angleterre ou i un
inglais, ou écrits en langue anglaise, n'auront pas cours aux postes, et seront saisis.
■ An. 3, Tout individu de lAngletem, de quelque état ou condition qu'il soit,
qulsera tKHtTédanBles pays occupés par nos troupes ou par celles de DOi aillés, sera
tiil prisonnier de guerre.
■ Art. 4. Tout msgasiu, toute marchandise, toute propriété, de quelque nature
qu'elle puisse être, appartenant k un sujet de l'Àngleierre, ou proTcnant de ses fa-
briques ou de ses colonies, est déclarée de bonne prise.
■ An, S. LacommereedesroaichandisesanglaiBesest défendu, et toute marchan'
dise «pparlMiani i l'Angleterre, ou provenant de ses fabriques et de ses colonies, est
déclai^ de bonne prise.
■ Art. 8. La moitié du produit de la confiscation d«s marchandises et propriétés
anglaises déclarées de bonne prise par les articles précédents, sera employée i mdem~
niser les négociants deapertesqn'lb ont éprouvées parla prise des bltimeuts de coin»
■nare qui ont été enlevés par les croisières anglaises.
■ Art.T.Aucnnbétimaitvensntdirectementdet'AnglelerrBoudescoIonlesaDglsises,
ouyaytntiiAdcpuis la publication du présent décret, ne sera retu dans aucun port.
• Art. 8. Tout bitiment qui, an moyen d'une fausse déclaration, contmiendrs i
ladisposiiion ci-dessus, sera saisi,et le navire et la cargaison seront confisqués comme
kII» étalent propriété anglaise.
• An. 9. Noire tribnnal des prises de Paris est chargé du jngemoit définitif de
tontes les contestations qui pourront survenir dans notre empire ou dans les pays
occupés par l'armée franfalse, relativement h l'eiécnilon du présent décret. Notre
tribnnal des prises à Hllan sera chargé du jugement définitif desdites contestations
quiponrronl survenir dans l'étendue de notre royaume d'Italie.
B An. tO. Communication du présent décret sera donnée, par notre ministre des
relations eslérleuies, aux rois d'Espagne, de Naples, de Hollande et d'Ëtrurie, et k
nos antres alités dont les sujets son t Tîetimes, comme les nttres, de l'injustice et de la
barbarie de la législation maritime anglaise.
• An. 11. Nos ministre* des rekiionaeitérteures, de la guerre, de la marine, dr«
finances, de la police, et nos directeurs généraux des postes, sont chargés, chacun «u
ce qui le concerne, de t'eiécution du présent décret.
« Signé ; NamiJor. b
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ttS pjAis PBNDAnr l'amhccb db l'bmpbbwb.
Ce n'était plus jei de la guerre , nttîs qutique cheK .d'étnoge.
d'inouï, en ddiors des prioci^ habituellement Appliqués. Les motib
écrits pour ei4»lîquer ce décret , le rapport du ministre, re^jinieiit
«tcere [rfuala fureur que les dispositions eUes^nèmes ; Napoléon jetait
■uatbème à la GFaade-Bretagoe.; iosultaot à soc droit pubiic, iiteat-
blait U mettre en dehors des nations, elLe pourtanlqulétaitle caitre
du Gommerce du monde ; il sortait de toutes les bornes dttdomatiqttes
par l'espressioD colère. K'était-.ce point ici une faute conaidénble,
immenseîCommentdésormaisespérerlapaix après de tels manifestes?
Its irritaient la nation britannique ; on ne faisait pas seulement la
guerre au gouvernement, mais aux intéréu et à l'industrie. L'empe-
reur mettait eonb«lui le eoioiaerce du monde : folie du vainqueur
oi^ueilleux, du conquérant contrarié, etFouché l'aperçut avec une
certaine sagacité ; en recevant le décret de Berlin, ce ministre dit à
quelques-uns de ses amis : « L'empereur ne fait plus seulunent Is
guerre aux rois, il n'en a pas assez ; il la fait encore aux peui^es et
aux intérêts ; et cela lui portera malbeur. s
Si M. deXaUeyrand coosantità.faire précéder .le. décret de Beriio
d'un exposé de principes, il n'en partageait pas moiasIesofiniMBde
Fouèhé sur les dangers de cette politique qui se fermait tontes Ies
voies de la paix. M. de Talleyrand , toujours partisan du sjstème
«iglais, voyait .avec douleur lesiYeies.daQslwqiielits 4Mi s'eagageail.
Oîi Toulatt-(m en venir? Comment espérer encore un arrangement?
N'était-ce pas rendre'la guerre interminable?
ËDvertudu décrétée iBeriiq, luksystème deptUw^etilecoBfiso-
iion s'éteodit'sur tout'ie cotttineiit ; bous préteste de cbareber ito
marchandises anglaises, on se saisissait de la fortune des commerçants,
on brisait les portes des magasins ; on s'emparait,|i la.poste.des lettres
de clMnge,<oD ne permettait f lus le» libres rektioos ; les douases deve-
naient une police' inquiète,-vesatoîre; QU'lrouraftpartoat des oppo-
sitions, le développement de toute industrie était enjpéché. Les villes
hanséatiques , AUaoa, Hambourg; l«s cités commerciales„telI«qiK
Leipzig, Amsterdam, flubissaient laptus forte crise- que. l'indvs^e
pût éprouver^, et cette inquisition s'étendit sur tonlle littoral de
l'Océan et de la Méditerranée. Le décret de Berlin était un acte de
ftirenr irréfléchie, le résultat et la cause du despotisme le plus vloient;
rien de semblable n'avait paru depuis le maximum du comité de uàfA
public ; ces deux idées étaient corrélatives dans le système commerciil
:dbv Google
PMcis wmÊtDurt l'àmbuce de l'^hkessou. 319
de !■ révolutiM) trançaise ; le maxiiawit,, c'était la violeaoe dans la
fixation ^u prix des deoFées ; le d&aét de Berlia , c'était la violence
poor cMnprimer la liberté d'éclMugw ,les produita de la terre; l'an
disut aui producteun : « Veus oe pouvez veadre au d^ du taux
légal ; » l'autre disait aus commerçants ; a Vousjk pou?ez {dus liea
échanger; vous aouSres? qu'importe, je vous lie les bras *. o
Lofsque ces actes furent coDmuoiijués au séoat conservateur à la
suite de l'exposé des ^priocipes par M . de Talleycand , ils produisireut
une tmpressfOQificfaeuse^ lefroratems eurentbeau les justifier, le coup
était porté; l£ commerce en vit toutes les coofiéqueaces, et un gémia^
waentprofiiaid{»rtit-desplaoesaiBritiiees,,p«ar aonoocer la ruine
de toiles les transaotioBB. iLte wateuaB du conseil d'État déclamaient
betoooupide aophîsmes, mais gui cuvait jgoorer la vérité ? La guerre
ffenit vu aspect d'àteritUé année; la paix qu'on avait espérée
comme le prix de tant de sacrifices , était retardée indéBaiment ;
PbpoléoD se Jetait déplus en jilus dans les voies hostiles et eu dehors
pour ainsi dire de la civilisation du monde.
Ce qui inquiéta (lus vuiemettt Aiicore l'qpimon publique, ce furent
den ordres énmée de renper«ur,>etjetés'de Berlin avec la rapidité
d'an coup de tonnerre ; l'mi'poQrdemander la levée dela-conaoriptioa
' U lUcfM 4eB«rilD nniiM*dwHm«iii<>é6utÉ. Voici ce qu'on liult dans In
JNaan allMBuds :
« D'âpre» on m4m mpte*"". towKa J» matiJiwidiMa logUÎMe qui m trvuvnit 1
l'ipug , quels que »oi«nl leurs propriéuires, doivBal;ilie uanifcrées à Mfjeucei ■
(ABMyv»i, l'éioÈ^n sma.)
JC <le Bimrfiimnr igiitiii irtifi riTilifrrniTnt i HMuboutg, fille libre poartuit ;
ÀiL. t. TaMttlwaiMliaHdiiM-iDgUiaegaaiuuouvm daiiBla ville> duule ^ct
«nrte MnJÉoiw et Hwnbauig, u'inpoiu i .gui ailes aHAtLienueut, leront con-
Jfft. S. Tmu Aailkis onnt>Et raiteixinise iFoaTedaDE.U ville, dunlejoilttsur
lHhlMiUaiw, (M pÙDHie(-4&|UHr».
éiUë. TnamjnpntUmMtiim »u ■mMObiiiitegui wpulienl A 4m Ànf^iii
w è dca kiqeie in^ùa dn* la vile ■'- "•-r' 1. aoujMii ou aoii teniialrc, eeia
ronfisquée.
Art. 4. Tout wiaoaaa iwwot d'Anghteiroy^a-^mj aura leUché, ne pourra mtnr
4Ba ladifpMt, ntappmoter de Jadita filk.
An.H.ltmt vataaeanqH, aujaftjaod'uiieikiKBedécUntiou,, teoieiaitdeaoïUr
dadit iml e( do ladite ville ponr se leodre ea Jugletarie, sera tooGïquÉ.
AjL •.JhuKo courrier ao^ais. ni nMlledeMue&Biiglaiae ue poutia entra' dans la
TîUe, dans le port et sur le territoire de Hanibourg, ni m6me j passer.
I^MHUBîgai.a rboNtear do reDoaveler.auaénat les assurances de nabautocoDsU
déttfuB, SiffU ; AODUUMNa,
îdbyGoOgIc
220 PÀftis PsnoAitT l'absence de l'biipebbdb.
de 1807, la génération qai avait à peine atteint dix-neuf ans; Vsntre
pour l'organisation générale et la mise en activité delà garde nationale,
non point pour la conservation paisible de la cité et de l'ordre, mai»
pour la défense des places fortes, et même, au besoin, ponr la préser-
vation des frontières sur la ligne si étendue de Hambourg , de la
Dalmatie, jusqu'à Baronne ; cette mobilisation de gardes naUonales
indiquait suffisamment latendanceexclusivementmîlitaire du système
de Napoléon : la guerre c'est son élément, la conquête son but, \t
voulait moins une nation agricole et commerçante qu'un peuple camp^
sur le territoire ; il afipelait des masses d'hommes sous la tente ; et le
système de la conscription, appliqué sur une si vaste échelle, com-
mençait à dessécher tous les éléments de la prospérité publique, les
corps politiques, dévoués dans leur témoignage officiel, voyaient avec
inquiétude cet amour infatigable de la guerre *, et les bulletins de
'C'esi
Mtuagt dt S. M. l'*iitp«nur au ténat.
■ Sinateors, dous voulons, dans les cirtODsUnMa où MirouveiitlcsairairesgiM-
riles de l'Europe, faire couiialtTe à vous et & la natioD les principes que nous ivom
adoptés comme règle de notre politique.
u Noire citrfme modération, apr^ chacune des trois premières guerres, a ilè la
MUSC de relie qui leur ■ succédé. C'est ainsi que nous arons eu i lutter contre une
quatrième coaliliou neuf mois après que la troisième avait été dissoute, neuf moii
après ces t ictoires éclatantes que nous avait accordées la Providence, et qui denini
assurer un long repos au continent.
B Mabun grand nombre de cabinets de l'Europe est plus tôt on plus tard inDuenté
par l'Angleterre, et sans une solide paii avec cette puissance, notre peuple ne saurtlt
jouir des bienfaits qui sont le premier but de nos iraraui, l'unique objet de notre vit.
Aussi, malgré notre situation triomphante , nous n'avons été arrêté, dans nos Aa-
nièrirs négociations avec l'Angleterre, ni par l'arrogance de son langage, ni parles
sacriGces qu'elle a voulu nousimposer. L'Ile de Halte, k laquelle s'attachait pour ainsi
dire l'honneur de celte guerre, et qui. retenue par l'Angleterre au mépris des tnitéa,
en était la première cause, nous l'avions cédée; nous avions consentii ce qu'è lape»-
n de Ceyian et de l'empire du H^sore, l'Angleterre joignit celle du cap dt
B Mais tous nos eCForts ont dû échouer, lorsque les conseib de nos ennemis oni
cessé d'être animés de la noble ambition de concilier le bim du monde avec la prot-
périté présente de leur patrie, avee une prospérité durable ; el aucune prospérité nr
peut être durable pour rAngleterre, lorsqu'elle sera fondée sur une politique ciagé'
rcc et injuste, qui dépouillerait Boisante millions d'habitants, ses voisins, ricbcii
braves, de tout commerce et de toute navigation.
> Immédiatement après la mort du principal ministre de l'Angleterre, il nous fiii
facile de nous apercevoir que la continuation des négociations n'avait plus d'auin
îdbyGoOgIc
PARIS PENDANT l'aBSBNCB DB d'ehpbBEDB. 221
Nipoléon sur ses plus glorieuses victoires étaient suivis avec un teil
inquiet par la génération craintive des mères , par les sœurs et les
■maotes ; lorsque l'encens s'élevait pendant le Te Deum de la victoire,
ks pleurs domestiques faisaient contraste avec ces cbants et ces illumi-
nations des monuments publics ; pour les Ames afDigées, ces lampions
des coupoles étaient comme des lampes funèbres sur le tombeau d'un
Bis; on ne se faisait pas illusion, ou savait que les bultelins de Napoléon
ne disaient jamais que la moitié de la vérité ; les pertes étaient soigneu-
semait dissimulées , les échecs dérobés avec une habileté de phrases
pompeuses ; les morts, i demi dévorés par les oiseaux de proie, ne se
levaient plus debout du champ de bataille.
oliJM que de couvrir les Irunes de celte quatriime coatitinn 6lDuiré« dis et iiBift>
• Dans cette nouYelle position, dous avons pris pour priocipes invariables de
Ddirc coDduite de ne point évtcuer ni Berlin, ni Tarsorie, ni les prOTinces que la
(one dei armes a fait tomber en nos mains, avant que la paix générale soit conclut,
qae Its colonies espagnoles, hollsodaises el franfaises soient rendues, que les fon-
dtmfDis de la puissance ottomane soient raffermis, et l'indépendance absolue de ce
tisie empire, premier intérêt de notre peuple, irrévocablement consacrée.
• Nous avons mis les Iles Britanniques en état de blocus, et nous avons ordonné
roucrc elles des dispositions qui répugnaient à notre ctsur. 11 nous en a coAté de faire ■
t'ipcailn les intérêts des particuliers de la querelle des rois, et de revenir, après tant
d'années de civilisation, iui principes qui caractérisent la barbarie des premiers
Iges des nations ; mais noos avons été contraint, pour le bien de nos peuples et de
aasaiiiés, k opposer à l'ennemi commun les mêmes armes dont il se servait contre
Ddiis. Ces déterminations, commandées par un juste seiilimcnl de réciprocité, n'ont
été inspirées ni par la passion ni par la haine. Ce qae nous avons offert après avoir
dissipé les trois coalitions qui avaient tant contribué à la gloire de noa peuples, nous
l'altrons encore anjourd'liui que nos armes ont obtenu de nouveaux triomphes. Nous
MmnKs prit à faire la paii avec l'Angleierre, nous sommes prêt k la faire avec la
Bus»e,at ce ta Prusse; mais elle ne peutétre conclue que snr des bases telles qu'elle
ne permette i qui que ce soit de s'arroger aucun droit de suprématie i notre égard,
qu'elle rende les colonies k leur métropole, et qu'elle garantisse à notre commerce
tt k notre industrie la prospérité à laquelle iU doivSDl atteindre.
• El si l'ensemble de ces dispositions éloigne de quelque temps encore le réta-
bliïicment de la paii générale, quelque court que soit ce relard, il paraîtra long 1
notre cœur. Hais nous sommes certain que nos peuples apprécieront la. sagesse de
nos motifs politiques, qu'ils jugeront avec nous qu'une poit partielle n'est qu'une
trêve qui nous Cail perdre tons nos avantages acquis, pour donner lieu k une non-
relie guerre, et qu'enfin ce n'est que dans une paix géniale que la France peul
trouver le bonheur .
> Nous sonmies dans un de ces inalanls importants pour la destinée des nations,
et le peuple (tanfais se montrera digne de celle qui l'attend. Le sénatus-consulta
que Dons avons ordonné de vous proposer, et qui mettra i notre disposHion dans lea
preDwrs jours de l'ouiéa la conscription de IWl, qui, dans les circotulaiKefl or-
Diclzedby Google
PourWabKrvatcBniDfiaei la gMneiaaibhit prendre an caiac-
tère pactîodier d'achareanfid ; ce n'était péx aBatemeMt 4m amtéet
qa'mt avait i «■abattie, maia 1«> peuple* ; à Mapta, pac-eKHinin , te
fini gcand afartaele qu'avaH Ummi lîétabliManeBt -de .fcaeffc-Mapo-
Uan, c'était le renide, teaM>iila«utdaftdèl«.tebaiiHii;«tee
Ih*«w*oki,qiialiié4ebf!i0ui4pw la WlalwB. farillé k^itoya-
MaMBtt n!élait^H'w«er'at ftWn inirt^iiarl. Ôbnmé i lac«iae
Gvoliiief oooraM -fim iaiA mem verrMw W ^■ébUa d'&pagnc h
iBMr an cri de l'indépeadapM-; «Mai ilamée fi—çaiic BFait^Uf:
éprMi\idaédiecirMti btfaaedufeiqiie. DawleTyrol.lenèfne
esprit de résistance se mapifcrtaît^ les foféktmaé étaieat ou armes
contre la Bavière et ses agaits ; en Allemagne , Schill , le duc de
BniBswick-CEIs ; soûleraient les nasses au nom de la liberté germa-
nique, en rappelant les souvenirs glorieux d'Arroinîus. Cette circon-
fltaoce changeait J'e^it et la direction de la guerre ; on fiouvait
vainere les annéea , mais lesipepulatieas jamais ; on se créaH des dif-
ficultés inonïes pour l'avenir , on préparaît des causes de cbute pour
Napoléon; les peuples pouiraieut-Us subir longtemps pe sjstème de
«aoqaéte qui les -dwimit ooname dea troapeaus taotât k un prînca ,
tantât & un autre , sans tenir compte des nationalité , des alTectioDS
et de la patrie? On divisait inceesamment Iqs .territoires ; tes bords
du Rhin et de l'Elbe , la Westpbalie étaient jBoroelés. et tout cda
par un caprice de traité et une exigence de vainqueur. Est-ce que
lAt ou tard ces têtes abaissées ne devaient pas se réveiller? Dans la
narcbe du monde tout se maaileste pw adion et par réaction ; Na-
poléon avait Tait trop peu de ces des masacs ; eNes se levèrent contre
lui en 1813 ; les peuples veulent qu'on respecte leur nationalité; on
ne les méprise pas en vain.
Paris était fort triste pendant la campagne de Pruase et l'hiver
de 1806; l'empereur absent de sa capitale, les fMesse trouvaient sus-
pendues; l'impératrice Joséphine, comme on l'a dit, toujours k
Hafeuee, viutait les bords an Rhin.; la mèie de l'empereur avait des
dinaira$,.De devrait ètrckvie qu:au>mpi&(k Mpienhrc, Mn«iieiilè b>k cmpio-
seminl par les pères comme par les cnfanls. Et dtns quel phia beau ommimiiI
pMvrloaMiouB ap^CT aui anMalw jeuBcs Fnnc«s 1 Ils auroat i Inverser, pour
ae rendre à leurs drapeaux , les tapèlales de noa eaneinia et les cbarapR de bkiailla
ilfaMré» par laa vicurina de leurs aînés. » Napolbon,
■ Au palai» de BvIîd , ie 21 novembre 1801. »
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haUtudes d'écoBomJe trop iimkmtA» -piar deaner l'édit et la «hh
^OesBce aux pompes et aux Ates de Paris; n mabon était bm
retraite bourgeoise où ïam s'enBity ait far ia Mo««t»ide des haUtoda
et le vide de la convfswtwn et des mnoièroB. Les sœon de NqmIéMi
amient^uB d'intimité q^ede-faito; eonne leapancanes, dleine
aongeriimt qo'k dlcMnéta; racMast ont Sus far aemafae, loot
cecféwderlauiBtoHBtto^ de leurs praprwfefswaes, isipriètiNite
lesr beaalé, avides d'Anjouir'vite; Pmjior était naïade , le«Uauit
d'ttalie loi oeofenait ; il o'étsit^usde joie ^faMreUeqse ta mité,
le caqœtage, et qoeiques anoius pa»agèrfl»'<|id-diB^)riMt «t tour-
muit^eDt sa vie ; tèle capdciawe , cerfs seaffrant, elle éWt le bjto-
bi^ de la doidoir da» le plaisir , de la (ilaie loiu la cfaair rose , «t
de «e seasaalîBnie qui ne rapide rien et ne .«'arrête pas néMa devant
la tnorf qui sourit d'une fa««> étraiige. JËJiaa , «ym des panioiu ploi
gaves, un goât d'arts et de.Ieltres, s'entourait de poètes, de geot
d'«sprit, qui, sons la directiita de FoBiuMS, veaùent brAlsr de
reDcms aux pieds de cette divinité nouvelle, en rappelait 'que k
soswd'AagnaleuBitaiBtféOride; Ji-wfféaoisBtit tiHitoe qtnlaljt-
téreture avait de plus ^égaat ; c'était un sgdoo «vec ncrins de ponpe
que de goût , junt à un peu de pédasUsoM. Afadame Marat , la
gnnde-^uchesse 4e Becg , la jeuae Guiotta Bon^arte , donnait de
f^itaUes fêtes dans son bel bétel des ClianfB^lygées ; eUe y étalait
beaucoup défaite, on certsàn tact dans le choix des coavives; elle
avait des manières aisées , avec un laisser aller de petite narquise
d'éventail, toujours dans un lit de soie-rose et denudines, pow
cacher sa taille et taire ressortir -son tant *.
Si Pauline aimait k étaler sas obevaliers d'honneur, i se vanter de
la beauté et des grftces de M. de FqiJhd , Caroiioe faisait gloire des
aides de camp de Murât, de Juoot tout couvert d'or ; et plus tard, le
désespoir au cœur , NapcJéon put a^irendre qne plus d'un seoret de
' V«{d coauMMt MB KtM éuiflat uiDoiicéca i
« Il } a fu hier «u sb\t cercle chez S. A. 1. nadinie It gnnde-dudiaae de Berg ;
c'est lepremicr qu'elle ait donné dans son nouvel hdtel, nieduFauboui^5eint-Ho<
Ooré. CétBtt undes plus beiuT de 9titiB , et h* chngements qa'im 7 1 «lécutAi en
font un ptkU TMiutu^le par u riebasse M aa noble élégance.
H Plusieurs étrangers de marque , ainsi que tous les ambaasadeura et miniltres
qal sont k Paris, oni paru au cercle de madame la grande-duchesse. H. l'ambasu-
dMir d'Bspagne a eu Ibanneur de piéunter à ft. A. i. M. le nufiila de Ciè**-Omr,
mdBIb, et quelques autres Espagnols distingué». >
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22i PABIS PBMDART L'ABSBNCB DB L'SftVREDB.
diplomitie arrivait aux cabinets par ses sœura, tendres et faibles. In-
dépendamment de la famille impériale, les grands dignitaires avaient
ordre de receveur avec un certain faste ; le salon de l'archichancriier
était des plus curieux à observer, parce qne Gambac^^, prenant au
sérieux sa dignité, se croyait prince de race à la vingtième généra-
tion ; ses réceptions avaient lieu en habit habillé , Tépée au cAlé, le
jabot de dentelle et le claqne à plumets ; Cambacérès, avec perruque
poudrée , habit de soie, plaques, cordons , boudes, dentelles, n'en
paraissait que plus commun et plus blême ; ilétait fort disgracieux sous
cet appareil de cheval empanaché. Qui aurait reconnu là le membre
du comité de sûreté générale , l'ami de Gouthon et de Bobespierref
On ne traitait jamais Cambacérès qu'avec les titres de monseignenr
et d'altesse, et il recevait cela avec un sang-froid et un calme ranir-
quables ; tout ce qui se présentait au salon de l'arebichancelier, au
reste fort bon homme et fort obligeant , lui devait trois saluts pro-
fonds ; nul n'y était admis qu'en habit à la française, et les femmes en
costume de cour.
C'était fortune pour les costumiers , les épées d'acier étaient h la
hausse, les boucles hors de prix ; son salon ressemblait ainsi , non
point à ces belles et gracieuses assemblées de marquis sous Louis XV,
mais à ces scènes de valets des Précieuse» ridicules, ou MaseariUe
tend son jarret et secoue son pourpoint ; c'était de la comédie de
Molière ' . La tradition veut qu'on célèbre les dtners de Cambacérès,
longs, lourds, mal choisis; avec un aspect homérique, ilsétaient com-
posés de mets indigestes qu'on ne comprendrait plus aujourdlnii,
qu'inspirés par DriUat-Savarin, on compose de si délicieux meaua.
J'ai lu un de ces menus par Cambacérès. Qui le croirait? on y voit
inscrit l'ignoble poulet èi la Harengo, et l'affreuse tète de veau en
tortue, ou l'anguille k la tartare, mets grossiers et inexplicables pour
des gens d'esprit ; et l'on mêle k ces festins de Cambacérès, comme
ordonnateur des fêtes , un nom respectacle de magistrature qne l'a-
baissement de fortune avait jeté dans la cour de l'arebichancelier : je
veux parler de M. d'AigrefeutlIe, d'une famille honorée du parle-
ment; c'est une des tristesses qui seirent le cœur que cette faillite
des jours de révolution , qui traîne un beau nom de famille parte-
' Le Monitntr tunioiiE«it (iissi que S. A. S. monsrijneur le prince ortliicbaDcrtin'
•ntsUitilamcBM toiules diuunchnèM paroisse.
îdbyGoOgIc
?âKU PKirpjUIT l'aBSBHCB de L'BHPEBniB. SSt5
menUire jusqu'à descendre «i titre de outtre d'hAtel d'un ancien
tTocat à la cour des aides.
Cimbacérès était aise d'avoir derrière loi le cortège de deux gen-
lilsboimnes de bonoe famille ; il daignait les admettre dans sa fami-
liarilé; rarcbichancelier était bon prince ; on citait de lui des moto
4'uDe naïveté charmante ; ces traditioas plus ou moins exactes mar-
quant l'esprit d'une époque, l'histoire ue doit pas tes dédaigner. Un
jour Cunbacèrès ne disait-il pas au marquis de Villevieille : « Mon
cher ami, entre nous sofons familiers, point de façons, dites-mm
seulement monatignear. » Une autre fois , comme on lui reprochait
de te montrer dand les galeries du Patais-Boy al avec ses décorations ,
M9 crachats, ses deoteiles et ses habits brodés, il répondit avec un
inimaginable sang'froid : «Laissez faire, je connais les Français;
ils aiment tant i voir leurs princesl » Ces plaisanteries étaient-elles
niiesîÊtaient-ce des moqueries populaires? Tant il y a que Gamba-
cérèi, un peu grotesque personn^e avec ses faiblesses de vanité ,
était néanmoins serviable, bon protecteur pour tous ceux qui s'adres-
aient i lui ; esprit droit et capable, il pouvait conduire dans des
temps calmes un gouvernement régulier, et ces puérilités ne tou-
chaieot qu'à l'écorce de l'homme. Il faut au peuple, dans cliaque
gonvemonent* un personnage un peu ridicole comme pour se venger
de ses doulems, et l'archichancelier Cambacérès fut ce type de cari-
cature princière, L'ardiitrésorier Lebrun, arrivé i Paris de sa mis-
sion de Gènes , était un homme plus grave, et son salon se ressentait
<ic sa peisoDoe ; autour de lui se groupaient les fonctionnaires et les
*dmiaistrateun. H. Lebrun , alors un peu en disgrâce, ne s'occupait
<n>e des affaires administratives ; philosophe pratique , il recevait les
dignités en souriant et s'exprimait souvent sur les fortunes de l'em-
pire avec une liberté moqueuse qui témoignait de son esprit un peu
plus avancé que celui des autres protégés*^ la fortune.
Un salon fort brillmit fut alors celui du gouverneur de Paris ; 1c
gûtéral Junot ; sa maison était somptueuse , il tenait tout des bontés
de Napoléon, et ianot portait son cnlte jusqu'à l'idotàtrie *. Après
« Au ptlaiB de SÛDl-Cloud, le 19 juillet 1S06.
I, cmpcrear des FranftU, roi d'Italie, nons avoDB dictéié et dkrélons
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Mt VUIW raOïlKT L A
b CMiptgM f AutCTlIti U n'awU p^Bt Mcomftgaé rempffmr n
PruMe ; il fallait un général sur à Paris, «t ool ne poavaM le dis-
potCT »■ gWTanwor poar te dèwmemeot : de lui d^jendait te Béieté
do ponniv dans la eapltate, et Jmet, e^nt «« P» 1*8". »«»«'
gnod trais de matoflii. Les b«aiKun étaleot bits par ane feniae 40e
Dont a¥eM vats triste, désefwhSRtée, après «ne vie si pleine; eDe
n'était poiat jolie, sa Bgan ara» qwdqw chose de mêle, on «ralt
presque de comman , ^ue relevaient des yem »ifc d'origine an pe«
Hriiemne: elle se diuil de la œaisoB de GomnèBe, comme Permea ;
et Louis XVIII, afee son esprit fln et smiTcat railleur, atait coofimé
cette prétention dans oa bocotne i|u'il ahnâit , r^bé de CenoèBe.
Au total , madame Jnnot n'avait pia kesoio de cette généalogie
antique : femme d'esprit , awc do cœur, de» entraxes |due enewe
qoe de l'esfvit, die s'était jetée dans le» dstractions d'une jamc
femme qui dépense tout, sans pemé et sans avenir, insouinte c^Me
ces tétcs qui avaient foi dans la tartane de l'emperenr et jouaient tort
ior un naméro de bataille. J'aime ce» caractères de femme exaltés
qni swtt tantime, et tMfqw liotortUBa «int abusser leur faoBt,
BVppertent les malheurs du priwnt, c» songeant tpi'dles fupstf
bOKMB, géoéreosn, aimantes ; eHcs Bniwent en Dieu U lie qu'efitt
ont dépenrte M mWea de» panions vives, irréfléiUei. Lesalaoda
général ianot était plnamilitaire qwcNil ; cependant, eoinnie chef
éa cerp» municipal, it y ««ail ane compagnie boorgeote. U régnnit
dans ce soion nne manière aiaée, soMatesque. tin ton mty^ficalev
qnl s'emparait des ridfciries avec la légèreté insolente d^ue année
<pd étidt tont danarËtal, et le savsH. On mettait sans cerne M. des
Chalometax su scène, et en vérité tes sslon» de booK cnmpaKHe
d'aujoartfboi lepunast'iattnt cammedesiBcenrcn— cesceyisefan-
Mit klafeMedHgénérrifcnot, «t ce que sa tenine nous a conté
comme espiègterte dn temps. Pnis on jonait comnw da entant» ; il j
avait dans cette seeiété^ un caractère de jennesse et dTiBBoadaDce qui
ne va jiat à notse époque épofsèe et langoianale ; c'était de i'e^fit
k coops de sabre ; farmée Malt nuMMsarda pays. M n'y avait pas
d'autre fortune que celle de l'épée ; la bourgeoisie était conquise et
envahie par les canqn.
» Le g^n^ral de dtriston InMM, pind oflfcier de l'empiTe, colonel général dishM»-
Mrdt, Ht nommi guuieinem àt Piric.
> SijpM .- Napolém, »
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Partoat où était Napeléon l'intérêt se portait avec spontanéité;
c'était le UaH de la seine, le grand théibce de» événements ; on ab-
tendait un bulletin à Paria , comme ta plus immense ootneDe. La
correapondancede l'empereur jetait la joie on la tristesse, lacoufionce
ou la terreiw ; on s'inquiétait sa moindre levsn» an s'exaltait aux
victoires. Psrtoat des Te Hmm at des fMes. La poU(« exploitait
avec an tact infini le»moiBdres-circoBal«nces :1e soir, loraqoe le spec-
tacle était animé, an milieu d'one pièce k efltf , Tidnu s'avin^t sur
laseène, l'œil étiacelant de bonheur, et lisait avec sa. magnifique
T«s un bulletia ou une dépèche télégraphique arrivée comme ua
beau déooAment. C'étaient alws des trépignements, des salve» ctt-
tbeusiastes, et le nom- de Venpenesc était salué par les applaudieia-
neals d'une assemblée pleine d'ivaeise ;. U fallait des joies bruyante
à cett« société, et Napoléon ateent avait bewla de montrer sns «este
91'il était an mHien de » caytaie par l'esiwitr et sor le champ de
fotrarper la victohv.
Le salon de Foodié anit me autre tenue que cdoi de l'archi»
chancelier ou du gouveraev de Pavii, l'un tout officiel, l'autre t»at
•nnlilaire. Chez Fouehé «tétait de la causerie poUtlqve et d'inToP-
wilenu ; ce ctf nistoe reeewdt ïee homme» Jeyinioas le» plus direcses;
OB trouvât chn lui nno foiloo eom^ite : des chouan» et des toro-
rintea, detémigiéeef'ieieowentieninab. On anmof^an-Laroeke^
CaMeaQldefcOBTattieB; et Fouobé, ea hoaaBse d'observation,, ainait
h faite ciwfcyei teat le monde par nn e^trit da gvande raHlerie
pi^ltiqae ; il n'sTail f iiii iln nnhlii hnfcstndri . mnifi un. ton facile, une
iMNifère innoeiBiite' de dise eu chon» qui donnaient k ta causaria
uo chaisK psriiealler; ttpciHHril ctaBfa» hMKoe de parti juqa'&sM
devBÎerrepK, poHmvotoilflai-tbui>ce!qufil pouvait en tiisr^c'était
■B manie de police ; il' savait tfoli j avait ében fa plupart des cbafe
d'opiniatt mn eertaiBe eonsktiH qol leur M* révéler avec naïveté
toutes leurs pensées, quand on les met sur le chapitre de leurspri»*
dpe» et de kor dévouement. Tel étuit l'eaprit de F«k^ d'autant
aàemx e» rappoct avee les opiniona difittreates, qi^it n'avait paada
{winsipci arrMési; son sbIod était on ptio-mélie, image de-s» fraidi
et îBpwtiide manier» de joger les hommes et kacfaoMS; ta pécepttsa
était te reflet de sa natara aaïqaeaie et eyniqae.
Le corps diplomatique voyait peu de monde à Paris, si ce n'est le
comte deMettenikh qiû venait d'arriver, jewie et briUuitdipIoiaBte,
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fiS8 PABM PBRDAIST tAHBlKB DE LtBPBHB0S.
avec la mission d'observer cette société. Le comte de Hetternicb
n'avait que trente ans ; d'une Bgure distinguée, avec ces manièrei
d'aristocratie qui plaisaient aux femmes de cette cour ; il portait ud
bel uniforme autrichien de fantaisie blanc et or , avec la plaque da
ordres de Son souvaaia ii la poitrine ; il se montrait avec de 11
poudre, qui rajeunit tant une jeune tète. Sa causerie était spirituelle;
élevé auprès de son père, il avait déjà été ambassadeur à Berlin, puii
désigné pour Saint-Péterriioui^, et il arrivait enfin à Paris. U fsM
connaître ce monde, et avec son tact infini, le comte de Metteroîch
avait compris la politique mystérieuse qu'il fallait suivre avec cette
cour, composée de femmes indiscrètes et causeuses, la plupart mé-
diocrement élevées. Homme comme il fout, et de plus gracieux et à
la mode, Il paraissait sémillant avec de somptueux équipBge§; sa
fêtes étaient magniâques; il dépensait l'argent à pleines mains au
jeu, en chevaux ; partout on oe parlait que du comte de Hettemich.
Ain» au-dessus du vulgaire, se distinguant de la société soldatesque,
il plut aux femmes, justes appréciatrices de tous ces mérites qn'dia
regardent avec un instinct qui leur est propre. Le comte de Metter-
nich laissa de profondes atteintes dans le cœur de plus d'une dame
de l'empire ; elles en conservèrent un long souvenir. 11 y avait dau
le jeune ambassadeur des intrigues de conir et des missions politiquei;
il ne les séparait pas , menant les affaires par le plaisir, et le plaisir
au milieu des aGTaires ; plus d'une fois il connut, par des indtscrétion
de l'amour, les secrets de la politique. Ce fut l'ambassadeur le mieui
informé, parce qu'il aima beaucoup et haut ; il renouvela Fiesque,
et sa misnon avait quelque chose d'une viulle ambasmde de VeoiK
avec ses gondoles de soie rose et de riches dentelles ; il sut réunir
les conditions de gravité et de dissipation souvent indispensables
au diplomate actif. Pour élre bira informé il faut beaucoup
voir le Jnonde, et beaucoup méditer sur le monde sans se séparer
de lui '.
Ainsi étaient les salons et l'opinion publique; le gonv^nemenl
marduût par sa propre vigueur , ne trouvant d'obstacle que sur quel-
ques points pour la levée des conscrits, et l'archichancelier employiit
toutes ses forces pour arriver au résultat d'un recrutement com-
mandé par l'empereur. Les préfets, les évéques même, agissai«il
' L'him de 18M à 1607 tui irès-dis«ipi en l'ahieaM de 1'
îdbyGoOgIc
PABia pncDAirr l'absbitce db l'bhpebbob. 8Sft
stmaKanémcnt ' ; des lofs implacables poursuivaient les pères, les
pannts des réfracUires ; les communes étaient responsables, les con-
seils de recrutement se montraient ioDexibles, et la gendarmerie tout
entière était occupée à poursuivre les conscrits. Souvent , dans \m
longues routes, on rencuitrait des files de jeunes hommes la chaîne
ni eoo,. les fers bux pieds, comme des troupeaux, que des brigade»
de geodannerie conduisaient à leurs corps. Les travaux publics étaient
remplis de condamnés au boulet ; les monlAgnes comme les cAtet
escarpées, les landes désertes du Horiilhan , éUient envahies par des
réTractaires qui ne voulaient point se livrer aux boucheries de la
gloire ; on levait l'impAt d'une manière non moins pesante ; villes et
campagnes étaient entourées d'un réseau d'employés, douaniers, gtr-
nlsaires, comnnis des droits réunis, qui se précipitaient comme une
miée d'oiseaus de proie sur le pauvre paysan. La conscription ex-
cessive privait la terre de bras vigoureux ; l'impôt, des ressources de
la grande et petite culture ; voilà pourquoi nn cri de paix se raisalt
partout entendre en France ; mais c'était en vain, l'empereur le re--
ponssût.
' U préoccupation ■dministntlTc se résumait i presser !• eonscrlption. On biHil
arfaw intemnir les évAqnos connue iuslrumenls d'acllTilè :
S, «XG. U tninittrt dti eaUti vitnl iaànu»r la Uurt tuivanlt à MM. lu
archevtqvtt a ivtquei 4i l'tmpm.
■ Uonsiear l'évéque, les commuaicttions impoTianles Imites an sénat, le 3 du am-
rtnl, de la part de S. H. l'eropcreur et rai, allestcnt i son peuple, & l'EuTope et i la
IKstériié, les motifi généieui de m conduite. An milieu de ses trEomphes, il n'aspire
^'la rétablissement de la ptlx générale. 1! noua révèle les sacrifices qu'ils s'Im—
posait pour écarter la nouYcllo guerre qui a éclaté ccUe anoée , et dans laquelle aoa
«éoie s'est signalé par tant de prodiges noureani. Il annoncr qu'il est prêt à Inlm
■TFc nos ennemis, mais sur des bases qui puissent faire renaître la conGancc des na-
tions, garantir lenr indépendance, et les dérendre contre les entreprises et les yEoU--
lions d'un gomemement dont l'alTrense politique est le fléau de l'univers.
■ Pour atteindre ce but, il appelle autour de ses aigles triomphantes l'henrcuse
jeunesse destinée à vaincre sous ses ordres. Il vous appartient, monsieur l'évéque,
de présenter aux hommes confiés à votre sollicitude pastorale les raisons imposantes
d'une KïEure qui devance seutement de qneltpie moisis marche ordinaire delà cod-
ecription, et dont les rréultnis infaillibles seront le bonheur de la France et le repos
du monde. Il tous appartient de manireaier les dispositions paternelles et bienfai-
santes de l'einporeur, et d'appuyer de toute l'autorité de la religion les devoirs sacrés
qui litai si étToiiement les sujets k leur prince et à leur patrie. Il vous appartient
«nflu d'iDSpÎTcr par vos instructions CM sentiments uoblcs et élevés qui son t la source
de tontes 1rs vertus militaires et civiles, et qui constituent le vTJi courage, ce dévoue»
■Beoi généreai des Imes fortes.
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930 MBIS FBHDAHT l'abSBKCB DB l'BMPSUDB.
Le gooTQrnraieDt chercbait à dissiper les préoccupations, et un
des spectacles qui à cette époque tinrent l'atteulicHi éveillée, ce fut la
convocation du grand saobédriu à Paris ; idée qui appartient encore
à Napoléon. Tout ce qui était oriental allait à S(m esprit ; il préteo-
tlaît réveiller de son suaire cette uatiuD que l'hi^oire semble avoir
marquée d'un caractère indélébile. Il voulait amener successivement
les Israélites k une fusion complète avec le corps social ; tentative
impuissante, car la loi de Moïse s'y oppose. Dans l'hiver de eetle
amiée le grand sanhédrin commença ses séances ; on vit là les rabbin
de toutes les portions de l'empire : les juifs de Bordeaux, si écltités
Ipit le contact de l'Espagne et du Portugal; la race hoUandaise, si
riche : ia race allemande, plus sordide et plus abaissée, proscrite pir
le peuple ; on vit tous les docteurs de la loi se grouper comme dans
ime grande synagt^ue. Trois mattres des requêtes, MM. Porttlis,
Mole et Pesquier, furent chargés de suivre les séances du grand sut-
hédrin.etilsyapportèrentunzèleattenlifrils'agissaitde faire décida
ht questions qui se rattachaient à l'état civil des juifs et à leur socia-
bilité, afîii de les mettre en rapport avec les lois du pays et le code.
Comment entendaient-ils la polygamie ? Quel sens dounaient-ils i
l'usure et à l'obéissance au souverain ' ? Ces réunions solennelles de
n Dites lui j«unc3 braver : Le Dieu de nos ptres conduit dos bsUitloos ; Il ■
béni les listes et magnanimes projets de l'auguste monarque qui a relevé ses tMlth.
Nos armées comptent autant de htros que de soldats. Les drapeaux sous Ie»qiidK
TouBallextaincresautlesdrapeauide iapsii.Vansne parler que pour la conquérir.
Les espérances publiques ne seront plus trompées par des trêves perSdu. L'tnpt-
rcur veut que voua rapportiez dans vos cités et dans vos Amillesune paiisolidret
durable. C'est alors qu'il pourra réaliser tous les grands bleus qu'il a risoln d«w
aon cceuc d'accomplir sui jours de son repos. Sacbons tous, par notre ttie, f*'
moire dévouement, par noire amour, nous montrer dignes des hautes dcetiaét»
•Uiquelles la Providence nous a appelés, en nons donnant un sonverain devint qni
la terra se tait , et qui, dans les combats, est toujours prteédé de l'anga de h
victoire.
B Becevez, monsieur l'évoque, les assurances de ma considératioD distingnét.
a Paris, S décembre 1806.
• Signé ! PuBTius. ■
' Tuici quelle Tut la déclara ti on du grand sanhédrin juif. «Après un Intemllrd*
qujnie siècles, soixante et onze doelears de la loi et notables d'rsraïls'éiaDtcoasiiiiM
en grand sanhédrin, afin de trouver en eus le mojcn et la force des ordoninN'»
religieuaes et conformes aui principes de leurs lois, et qui serrent d'etemple 1 lo**
les Israélites, Ils déclarent que leur loi contient des disposition! rdigicnsa eidc»
dispositions politiques; que les premières sont absolues ; mais que les dernier».
dCMioics k rpgir le peuple d'Israël dans la Palestine, ne sannicni élr« sifUcali'»'
îdbyGoOgIc
PiRH PENDANT l' ABSENCE DE L'EIfFEEEDR. 231
rabbins aui vêtements noirs, à ta face judaïque, tels que Léonard de
Viitd, on Raphaël, ou Bubeos, ont su les reproduire dans les belles
peintures de Borne ou de Florence, se tinrent dans un vaste local, en
prés«icE d'une multitude avide de les contempler. Ils délibéraient là
comme les scribes et les pharisi«i3 docteurs de la loi dans les syna-
gogues ; la curiosité publique fut vivement excitée à Paris, on ne par-
lait que du grand sanbédrin.
Napoléon se proposait un autre dessein : les juifs n'avaient-ils pas
Été ses plus utiles instruments pour répandre la corruption militaire
et diplomatique en Allemagne? En ce moment il entrait en Pologne,
c( la Polc^e comptait 3,000,000 d'Israélites; il avait besoin que
l'infloence du sanhédrin se fit sentir à Posen et h Varsovie ; il voulait
avoir des auxiliaires sur la Yistule. Les juifs étaient les banquiers de
toute l'Allemagne, les émissaires les plus secrets; en I^logne, mattres
ilefillsges tout entiers, ils formaient le peuple; on pouvait les employer
à toutes les négociations secrètes, k toutes les trahisons ; Napoléon
s'occupait moins de les moraliser que de les employer. Comme Yes-
pasieu, il s'inquiétait moins du sort de Jérusalem que des légions
romaines au milieu des cités de la Judée t
ilppuis qu'il B< forme plus ud coipê de nitlon. Le polfgsmia, pcnnÏM par ■■ loi de
UoïM, a'étuit qu'une simple faculté et bùrs d'usage en Occident, œt interdite.
L'acte ciril du maringe doit précéder l'acte religieui. Nulle répudiation ou dîTOrce
M peut avoir lieu que suivant les Tonnes touIum par les lois civiles. Les mariages
Mire israâites ei chritjèas sont valables. La loi de Hoîm oblige de rtgHder conme
riéres kl iadiTidiu des natioiu qui reconnaissent un Dieu créateur. Tous les
inaéliLés doivent exercer, comme devoir essentiellemeiil religieux et inliérent i
Ifur croyance, la pratique habituelle et constante, envers tous les hommes recon-
utissant un Dieu créaieor, dea actes de justice et de charité prascrlia par les livres
Niais. Tout israèlile, traité par les lois comme citajen, doit obéir aux lois de la patiit,
ti se conformer, dans toutes les Iransacliona, aux dispo^tions du. code civil qui y
(91 tn usage. Appelé au service militaire, il est dispensé, pendant la durée de ce
senrice, de tontes les observances religieuses qui ne peuvent se concilier avec lui.
Les iaiaélitvs doivoit, de préférence, exercv les professions mécaniques et libérées,
et acquérir des propriétés foncières, comme autant de mojeas de s'etlacber i leur
patrie et d'j trouver la considération générale. La loi de Holse n'autorisant pas
l'usure, et n'admettant qae l'intérêt légitime dans le prêt entre Israélites et non
Israélite?, quiconque transgresse cette loi viole un devoir religieux et pèche notoire*
ment contre UTolantè divine. >
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LES SUSSES, LA POLOGin.
CHAPITRE XI.
tM UMU, %.k VeUMW, RAMlftM A TAIMT».
AleuDdre iprès AnunUti. — Levto d'hommca. — OrginiMtion de l'armée nnst.
— Son personnel. — Bennigsen, Be^rilioD, Gtlitiiii, Sieken, le tîcut KamenslLoi.
— Li Pologne. — 8t litoation. — Esprit de M> hiUtama. — Trialeve «
dteour^irmenl de l'Irma fraocaiie. — Atpett du climat. — Napoléon i Posco. —
Encoungementa donaés «ai iroup». — GraiIflcatioDi. — Idée pour relever
l'armée. -- Tirsovic. — Séjoar de l'empereur. — La cour. — Le travail. —
M. Haret. — M. de Tallcyraud. — LAulrlcfae. — Le baron de Vincent. —
I>é»e£poir de quelques-nns 4» corps. — Désordrea. — Insubordlnaiian. — La
bin. — Ney. — Bemadoiie. — Harehe dea Rusaea. — Pnltusk et Golfmia.
Les Busses n'avaient pas conridéré la bataille d'Austerliti comme
un de ces combats décisifs qui imposent la paix aux nations éner-
giques. Alexandre avait refusé de voir l'empereur victorieux k son
Ihtbc; les rapports militaires des généraux du czar et db Kutusoff
attributJeot la retraite de l'armée russe i l'abandon des troupes
autrichiennes, è la faiblesse de François II. Le czar, en déclarant
qu'il se trouvait dégagé de tout engagement envers le roi des
Romains depuis la paix de Presbourg , annonçait k son peuple que la
guerre était nationale. L'armée russe s'était considérablement ren-
forcée depuis une année ; les corps s'étaient recrutés dans toutes
les provinces de l'empire. Alexandre avait ordonné une levée de
400,000 hommes , afin de commencer une vigoureuse campagne ; el
si M. d'Oubrill était envoyé ii Paris, c'est qu'on voulait se donner le
temps de développer les immenses ressources de l'empire ' . La domi-
' A Saint-Pétersbou^, une publication ofBcielh annonçait la rupture de tenir
négociation arec lu France ; la TOicï :
a Pèlorabourg. 28 aofti 1806.
■ La conseiller d'fitat d'Oubrill, tnroji dans les premiers jours du mob (3 mai)
4 Paria, pour le soulagement des prisonniers rosses, rcfut en même temps des
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KÀtÙtÂOS A ViBSOTIB. 233
Dation des Français en Allemagne ne pouvait être tolérée par la
Russie ; k plusieurs reprises elle s'en était expliquée ; toutes lea
mesures étaient prises k Saint-Pétersbourg et à Moscou pour réveiller
les vieilles sympathies du peuple russe ; le général Kutusoff avait
publié son bulletin de la bataille d'Ansterlitz , célébrant la belle con-
tenance des troupes sous ses ordres. Ce bulletin lu dans toutes les
églises , des ukases Turent adressés à ia noblesse, pour accélérer le
recrutement d'une armée considérable. Ou maudit Napoléon dans les
cathédrales russes en face ia images de saint Serge. « Bonaparte , y
disait-on , après s'être emparé de la couronne de France , après avoir,
à force ouverte, par fourberie, par artifice, étendu son pouvoir
sur des contrées qu'il dévaste , menace la Russie , que le ciel protège.
C'est h itous d'empêcher que ce destructeur de la pais , de la foi et
du bonheur des peuples, ne séduise les chrétiens orthodoxes. Il a
foulé aux pieds tout principe et toute vérité ; il a prêché en Egypte
le Coran de Mahomet , proclamé son mépris pour les ministres de la
sainte église de Jénu-Chrtst , convoqué en France des synagogues
juives. Vous aimez vos semblables, fuyez le p^^uteur des chrétiena;
vous désirez être sauvés, opposez des obstacles insurmontables k
l'exécution de ses desseins. Il ose s'élever contre Dieu et contre la
Russie ; prouvez que vous êtes les défenseurs du Très-Haut et de votre
patrie. Chassez le monstre; punissez sa barbarie contre tant d'inno-
Instruelions pour le eu où udc occasion se présentn'tit d'opérer des repprocbe-
ments entre la France et 11 Riueie; il revint stcc une diligence eiirRordiDaire,
parlant un Iraité de paii qu'il avait conclu h cet effet, le 20 juillet, btcc le génértl
Clarkr, plénipotentiaire du go avemeraent français.
» Autant un Id événement cAt été agréable pour l'emperenr, ai celte eonveotlon
avait élé eoDfoTine 1 la dignité de S. M., i set enBogenienta avec ses alliés, 1 la
sAreii de sas injeta et au repos général de l'Europe, autant il a été désagréable pour
elle de voir qu'elle ne répondit en aucune manière i ses vues utiles et bicnveil-
loDtes.
> 11* plu i S. H. de soumettre cet acte de paeiGceUon à son consel, couvoqui
expressément i cet effet. O mité agrint élé romp^ré avec les insIructioDS da
U. d'Oubrill, il en résulte que celui-ci a non-seulement dévié des ordres qu'on lui
avait donnés, mais qu'il a agi mtme eonlre la lettre et l'esprit de la mlssloa dont 11
éiaïl chai^.
D Le consul impérial, inspiré par un sentiment commun pour l'honneur de ta
patrie, et suivant les principes connus de S. M. 1., a dérlnré unanimement que cet
acte PC pouvait pas obtenir la ratification suprCmc; S. H. a donc ordonné de faire
coonatlre cette décision au gouvernement français, ainsi que la dispositiOD où elle
est de reprendre les n^ociations de paîi sur d'autres bases, s
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984 LES KDS6BS, LA MtOfiin.
cents, dout la voix crie et s'élève veis le ciel. Dieu entendre la
prière de ses fidèles ; il vous couvrira de son pouvoir , il vous covi-
roBoera de sa gr&ce> et vos e&ploits seront célébrés par l'Église et
par la patrie; des couronnes immortelles ou un séjour d'éternelle
félicité vous attendent ' . »
Tous les cadres de l'armée rosse furent remplis. L'en^iereur
Alexandre publia un manifeste politique , non point dans le langage
brillant et Qer qu'employait li«poléDU lorsqu'il commeaçait une
' Vn oklM de rmpereiir de Sunla eipllqtuit on t«naa modMs sa politiqw
depuis l'origine de hs différends svec la France :
a AucommencemeDldeceUeenn^legouTernenieiilfraDtiisaDiLciiittildndis-
poRltions paciDqucs : nous donnâmes ordre sur-le-chatnp d'entrer en négociaiieii
iTcc lui. Lespremiène ouTertures étaient d'établir une pak compatible incii
dignité cl la sAreté de notre empire, l'iotèrél de nos alliés, et qui rendit b inii'
luUlUé générale h l'Europe. A notre grand rt^rel, les conditions de paii né|[ciCLéc^
arec la France ne convenaient ni t la dignité de notre empire, ni aui intérêts de ikt-
tllita, et nous dûmes leur reruser noire sanclion.
■ Pour prouver cependant l'immutabilité de nos prina^ea, toqjoun dbigis, su
miUeu de tant d'événements, vers le nfime but, nous avons aussi ciposi la Use
d'aprialesqueilesnous étions prêta entrer de nouveau en négociation avec legouirr-
nnnent français. Ces bases sont si modérées, qu'elles ne peuvent être mises itzi\'
•ans que la sûreté ^nértle tu soit compromise; et elles sont d'aillears tellencil
lié» il'ioléréL génial de tontes leepuissan ces, que,leur adoption ne peut que prodnlit
une ptii des plus durables. Le rétablissement de la paii ou la continuatiao de \'
guerre doit donc être ta Bulle de ces mesures. Nous désirons la paii, mais oonsla
voulons durable et A l'avantage réciproque de tous, rejetant toutes conventions if
paii plus ou moins avantageuses qui ne s'allieraient point avec l'honneur du noix
russe, la sûreté de notre pairie, la sainteté de nos allianees et la tranquillité gcnr-
rale de l'Europe : c'est pour j parvenir que nous sommes forcé de réunir touieî If*
forces de no tre empire.
« Non* sommes convaincu que la divine providence, qui protige et sonlicni It
vérité, protégera avec toute la force de son bras la justice de notre cause. Noe-
sommes convaincu que nos Gdèles sujets, animés dans tous les temps d'aroouc pour
U patrie, toujours guidés par l'honneur et la bravoure, entourés de grands eiempici
de lèle patriotique, réuniront leurs forces aux nâtres, lorsque la sûreté de l'empire,
la voii de la gloire et nos ordres réclameront leurs services pour le bien pul»1ic<
Avec une ferme conSance dans l'aide de Dieu et le lèle de nos fidèles sujei.'.
nous avons jugé nécessaire de les prévenir, par la présente, de nos desseins, poui
leur donner par li une nouvelle preuve que, dans aucune de nos entreprises, m'
Tagrandisscment de notre territoire, ni une gloire frivole ou des victoires p>S»-
gères, ne sont l'objet de nos vues, mais que nous désirons et travaUlons à l'affennis-
semenldela sûreté générale, au maintien de nos traités d'alliance, et isouLeoirl'
dignité de notre couronne.
» Donné k Saint-Pétersbonrg, le 31 août IBOS (II septemlie), de notre régich
siiièine. ■
îdbyGoOgIc
HAfOtéOS A TABSOTIS. M
guerre ; la parole du czar arait qoelqae chose de grave , de rdiglein,
bien en harmoDÏe avec l'esprit d'une nation easentiellement dévouée
k soa foyer et à ses incitations ; la guerre fut comme un devoir de
conscience; chacun dut y porter le contingent de ses forces. Le bot
de la Russie était de seconder l'armée prussienne , comme elle s'était
engagée dans la campagne de 1805 pour appuyer l'armée autri-
chienne ;. et , par une fatale circonstance, les retarda furent W
mêmes : les Autrichiens de François II étaient déjà démoraliiAt
lorsque les Russes vinrmt en Moravie , et il n'y avait plus d'armée
prussienne, lorsque les premiers corps de Bennigsen psiièreat le
Niémen pour prendre position en Pologne. Ces retards étaioot It
cause permanente des échecs de toutes les coalitions ; rien n'arrivait i
temps : tandis que Napoléon courait avec d'immenses moyens,
déployant l'activité française et son bouillant courage d'avant-garde ,
les Russes se remuaient pesamment avec une méthode et un ordre
trop régulier pour répondre à toutes les improvisations glorieuses de
Napoléon dans une campagne.
La guerre déclarée nationale , Tempire russe se trouva menacé par
son centre en Pologne , et ao midi dans les jH-ovinces de Moldavie «t
de Valachie. Dès le début de la campagne , Napoléon avait envoyé
auprès de Sélim III le général Horace Sëbastlani, militaire distingué,
vif, Epirîlucl comme un Coise, avec des instructions très-étendues
pour exciter le divan h. prendre tes armes contre la Ruade. Tout était
réfléchi et médité dans la pensée de l'empereur , et lorsque , dans son
message au sénat, il disait que la paii ne serait pas faite que les
Busses n'eussent évacué la Moldavie et la Valachie , c'est qu'alors il
voulait parler aux sentiments et k l'ambition de Séllm III , afln de le
pousser , au moment de sa campagne contre la Pologne i à une
guerre contre les Russes. Le sultan était porté vers Napoléon par des
causes intimes : d'abord l'entraînement qui , dans les imaginations
orientales , se jette y&rs tous les hommes de génie , de fatalité et de
fabuleuses opérations militaires ; et puis les conquêtes de Napoléon na
rauraient-elles fait considérer dans l'esprit de Sélim que comme un
nouveau Charles XII , il eût encore trouvé là un mobile pour se pro->
noncer contre le successeur de Catherine II !
Les Busses d'ailleurs cherchaient à soulever les populatîras grecques
et les MontënËgriens , race de la vieille Albanie , redoutablei k la
Porte. Le général Michelson occupait, par les ordres d'AtexandlQt
Diciiiizedby Google
^B LB8 BDSSBS, LA POLOGKB.
tine partie de la Moldavie et de ]a Valachie ; dès Ion Sélim n'ent pu
■ie [teiae à écouter favorablement les propositions du général Sébas-
tian! , qui déployait toutes les ruses de l'esprit italien , comme fjapo-
léon , pour entraîner le sultan à une déclaration de guerre solennelle
contre la Russie. Le général Sébastiani , Tastueus et brillant , plaisait
par ses formes orientales : le divan leva l'étendard de la gu^re sacrée,
fil les Turcs coururent aux frontières comme pour seconder la C8m<
pagne de Napoléon. Sélim se montra si favorable à la France, que
l'ambassadeur anglais quitta immédiatement Constantinople '.
La Russie , ainsi menacée par ses deux grandes portes orientale d
'Ocddentale , ne recula pas ; le général Michelson prit le commaude-
■ Au sujet de rambawtâe tnglaiM la Porte St publEer la notiSraiion sDinnlt :
la SubliiM Port» a fait rtattiin aux minûlrM 4a puiuanctt Uran^rtt
la aote luivanli tur U dépari du minUtn d'Angleierre :
■ Quoique les rapports siocéres qui ont ciisté sans cesse entre la Sublime Fon*
<t la cour d'Angleicire n'aienl pu donner lieu k aucun relhiidisseniciit calie elln;
quoique la Sublime Porte, jusltment offensée dtt étranges propositions que l'tn-
\0]é d'Angleterre a faites il j a quelques jours dans une canférencc, se suit cdD'
tentée d'jr répondre qu'elle était actuellement en guerre avec la Russie et en paii
■Tfc l'Angleterre ; au momenl ob l'on se Itatlait encore qu'après de pins mAra
TéOeiions, l'entayé anglais se désisterait de préteotions aussi contraires i l>
dignité des nations et i l'bonneor des puissances, cet enrojé les a rcnoaTclèts, aa
'contraire, dans une note qu'il a déclaré vouloir rcmcilre, en conséquEOce dclt
conrércnce, à laquelle il demandait une réponse écrite ; ensuite, sans annoncer sot
départ et tans qu'on en sût la cause, 11 s'est embarqué subitement arec ta px»
et une partis des négociants de sa nation, sur une fcëgiile anglaise qui était au pcrt,
El qui partit i minuit en coupant ses cibles. Ce n'est que dans un billet qu'iU
laissé pour être remis après son départ k la Sublime Porte, qu'il a déclaré, comme
(tincipale cause de son mécontentement, le refus d'un passe-port pour un cooiria
qu'il voulait cnToyer aux Dardanellea. Comme il n'a point re^u à cet égard it
réponse négative, ce refus ne pouvait être le mo^f de son départ ; et tout le moadt
sait que ni lui ni les autres sujets anglais n'ont i se plaindre de la moindre chase
qui aurait pu compromettre leur sûreté.
» Quoiqu'une telle conduite eût suffisamment autorisé la Sublime Porte 1 tê*
d'une manière confomie i la provocation de l'envoyé anglais, elle n'a cqiendanl pu
Touïu se départir des principes d'équité dont elle est eonslaminent animée, et, dstK
la ferme peisuasion que la cour d'Angleterre est, de sou cAIé, incapable de st
conduire d'une manière contraire aux régies de la justice, die a remisa lagardedc
H. HUbch, chaigé d'affaires danob, et procureur dudît ministère britannique, t<m
les effets et meubles appartenant i ce dernier; en outre, sa hautesse, en accordtDi
sa bienfaisante protection aut familles et aux individus anglais qui sont restés dvK
- te pays, a donné des ordres précis pour qu'ils fussent en sûreté dans tout lempiie
ottoman ; elle a aussi ordonné aux préposés de la régence de faire respecter les ^«^
' seaui et propriétés des sujets an^nis , et de les laisser dans l'état orlurl jusiu'i
>«onvel ordre. La Sublime Porte « fait rédiger la présenta note olDcIvtle, c iinme u»
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BAPOliO.^ A TABSOTIB. S37
mcDt de Tannée qui se formait sar le Danube cootre les Turcs, tandis
que le corps auxiliaire marchant au secours des Prussiens était mis
BOUS les ordres du vieux général Kamenskoi , à qui l'ancienneté don-
nait la direction de la campagne. Mais , dans la réalité , Kamenslioi
n'était que le porteur des paroles d'Alexandre , l'homme d'une vieille
confiance; l'armée russe comptait alors des généraux plus capables
et plus actirs : il faut placer parmi eux Bennigsen , cette tète flère
et forte, qui prit une part si active à la fatale nuit du palab de
Michaëloff; l'armée russe avait confiance en Bennigsen , caractère
d'activité et d'énergie jusqu'A la bravade ; il y avait dans cet officier
la promptitude d'un hussard , la force presque sauvage des vieux
Moscovites, quoiqu'il fût Allemand d'origine et bien élevé; Bennigsen
était partisan des coups d'audace capables de dérouter Napoléon ,
habitué aux manœuvres lentes des Prussiens et à la tactique métho-
dique de l'armée autrichienoe.
A câté de Bennigsen, je citerai le prince Bagration , un des géné-
raux les plus remarquables de l'armée russe, celui-là même qui avait
mérité l'estime des hommes tels que Lannes, Ney, Soult, dans
la campagne d'Ansterlitz. Le prince Bagration était admirable k
la tète des grenadiers, muraille d'airain devant laquelle s'étaient
iH'isées les baïonnettes mêmes des soldats d'élite d'Oudinot ; il com-
mandait et payait tout fa la fois de sa personne dans un jour de ba-
taille. Buxhowden était aussi un général de premier ordre ; on l'avait
vu constamment manœuvrer avec habileté k la bataille d'Austerliti ,
où il protégea la retraite en Moravie. Buxhowden avait ordre de se
réunir au général prussien Lestocq du cdté de Dantzigetde Tbom,
pour empêcher le siège que déjà méditaient les Français. Puis on
voyait parmi les généraux les Galitzin, si considérables en Russie;
Sacken, officier de mérite dans de plus récentes campagnes, et qui
devait voir un jour son état-major sur la place VendAme. Ces troupee
étaient bonnes, les officiers instruits ; cette nuée de Cosaques qui
^éparpillaient autour des camps ennemis, donnait 6 l'armée russe
des avantages considérables. Chaque jour des officiers étaient enlevés;
les Cosaques, se précipitant dans les intervalles des corps, s'em-
nouTcDe pnuTc deU modération et de la juglice qui ont toujours dirigé Ba cooduite,
cl l'a un rerocUre à tous les miDiUrea des puissantes «mies, pour qu'ils la coinniu-
niqucDl i leurs cours respeciivts.
» JWt le as du mois de Zvlkade, Van de l'hégire 122L (i ti^Tkt iWl). ■
11.
Diclzedby Google
328 LES aassBit la pologiib.
piTAient des ordonnaDces et des dépèches, de mamàre i ioformer la
oéoérBux russes des moindres mouvements de l'armée française ;
]dus d'une fois cette activité tumultueuse et sauvage des Cosaques
dérouta la pensée militaire de Napoléon.
Deux plans de campagne avaient été présentés au czar Alexandie;
l'uD coaastait i se retirer incessamment devant l'empereur Ki^w-
I60D, aBn de l'eatratiier jusque daiis les grandes solitudes de la Rns»e,
oik, privé de toute communication, il serait bientôt abîmé par les
Inées ee masse de toute la vieille nationalité slave ; plan de pru-
danoe qni fut réalisé depuis en 1812. S'ii avait des avantages, il avait
auMÏ de graves inconvénients, et surtout un caractère d'abandon el
de dése^Mir qui ne convenait point encore aux Russes. NapoléoB
avait eevabi la Prusse, le roi Frédéric-Ouillaume n'avait plus que
Ms provincee du nord. Daatzig, Kmnigsberg qui servaient de point
central À ses opérations ; fallait-il le livrer k sa nouvaise forUuie?
(■Hait-il lainer l'empereur des Français maître de la Prusse, oppayé
mr des places fortes et pouvant se porter à son gré sur la Pologue?
Et la Pologne, dons cet abandon, ne pourrait-elle pas seséparenio-
knHaeat de la Russie et proclamer son indépendance ' 7 Le sectad
' Leci», en partant pour rinné«,idi>fB9*lt un mitre akafle««XM0K«T[te*.
a tfoDs, par h^ctde Dieu. Ateaadral", Mc.,hisaHp«tè lonMSMiia:
■ Par moue manifeste du 30 août (11 s^temlire) nons avons dooiié conuimBcc
4e la ^uatloo des choses entre nous et le gouveraement français.
■ Dans une position aussi peu amicale, la Prusse ftirmalt seule encore no ninpin
«ntitnoasetlesPraiicate(iuis'èbi«t^bUa4aiB lesdlféraMesfRtw» ètrUk-
■ Maia biealAt le feu de la guerre ajant éclate de nouveau, et s'itaot réfindu
dans les Étais prussiens, par suite de dilTéreDles affaires malheureuses, nos propie
ftonlitrcsse trouvenl aujourd'hni meDicéesparrtmKioi.
« 9i l'homieanr noos a fuidAs en iktBt Viptt poor ta défaut de «m «RHa, i
MVbien plus foru raisoa ne devans-naua pas itmr le glûve pou la conservatioii it
■otre prapre ciisleneeT
B Nous afonsdebonneheure pris toutes les mesures nétessairea pour ^re en Jui
d'aHer au-dcmt des enneniis, m'aie avant «ju'ib aient pn s'approcher de m*
(rentièns.
■ Apiis avoir donné k Botre armée l'ordre de passer les rronlières, noue ca aTODi
confié lo commandement i notre raarécJial comiB Kanieoïkoi.
B Nous sommes persuadé que tous nos fidèles sujets se joindront à nom dans ha
prières qu'Us adresseront i celui qui dirige les empires et les succès des gufttts ;
eapérans que le Seigneur prendra aoiis son égide notre propre canse, el que sa puis-
sasee ainsi que sa bénédiction acunnpagaetoni les coImhks russes araaécs tcaut
l'ennemi commun de l'Europe.
■ Nous tommes égritnMDtconTaincu qno les déptrteueBts fimMiiiW s^aapr*»-
îdbyGoOglc
«AFOLtoK À TAB80T1S. SM
plan de campagne m ratUchait k la joncLion de l'année nun arec
les débrîi des Prussiens «ur la Vistule ; on viendrait au-devant dai
Français , pour les diercher eo bataille rangée ; n'eurait-oD pai tou-
joars le temps de recourir au système qui entratoerait l'armée de
Napoléon dans les vastes plaines entre le Niémen et la Moscovie? Il
fallait d'abord appuyer les débris des Prussieus, défendre le territoire
menacé, si les Français arrivaient joeqa'aux fiootières. C'est en couA-
queoce de cette dispoeition que le corps je Buxhovdea avait pris posl'
tion dans la vieille Prusse, tandis que Bennigsen opérait sur la Vjatole
et Varsovie pwir souUsiir cette poûtlon , la clef de la Pologne.
Pendant ce temps Napoléon , toujours à Berlin , organisait de at
Bimn vigoureuse l'administration prussienne ; seul méditatif, il wvcU
tons les périls qu'il avait i redouter dans une aouvdle guerre, et 11
bat attrtiraer à la présence redwitabie des Susses sur la Vistule lai
nouvelles levées de cosscrits qu'il avait demaodéea au sénat dona
l'hiver de cette année. La Prusse était conquise ; mais à la faoe de
eelte population allemande se trouvait la Pol<^De doat Tbiskilfe
retentissaDte était mêlée à toutes les grandes affaires dqtlomatiqBa
du dernier aiècle. Lorsque Nopi^n quitta Paris pour la «ainfMgoe
de Praese, il avak pi«sientiiqae ses armes, pour él» i^ctoriewes,
aaraient besoin de plHS A'tm auxiUake; les puissancee qui uUilait
pris part au partage de la Pologne étaient la fiuwie, la Praaae et
l'Autriche, les adversaires de sa politique. C'était se donner une
inmenae fM«e que de révciUm- la Pologne es pratégeant l'éoeilgie
nationale de ce peuple ^ brave , si ardent , contre les ojqpresseurs de
la patrie; une insurrection polonaise préparerai une diverdoe beu-
reose au moment où uœ campafpie alkit s'ouvrir ; la Pologne avait
qu^ue chose de chevaleresque ; sa loyauté militaire devait f^iie
à fttrmée française : on avait si souvent présenté ces deuK mUow
romiDe le type de la tnienM dans la vidlle poUtitpM dei Ëtatol
M«a« , daaa les circcngtaiKes «étudies, i nous doaiier de nouTclIee pcenvM d« leur
KltacliemeDt, et que, sans se laisser ébranler ni par la crainle ni par les illiulooE
frirolc?, ils poursuivront tranquillement leur carrière sous un gou>crnenieat paternel
ri demi, Cl sens la protection 4eB lois.
D Enfin, noDs ne doutons fas que tvHSksflls de la patrie, ge cooSant dan* Ja
puissance itiiiue, sur la râleur de nos troupes et sur l'expérience conataite de teur
Krnêral, se prêteront Tolontiers aui sacrifices que pourront eiigcr ta sûreté de l'em-
pire d l'amour de la patrie.
Diclzedby Google
S40 LES BUSSES, LA VOLOCMB.
La Pologne se composait de deux classes Yéritablement patriotes:
les nobles et le clergé [le catholicisme et le blason]. En dehors de
cela, il n'y avait pins que du bas peuple et des juifs, des paysans serf»
ou une bourgeoisie ab&tardie et soumise aux riches; la TéritaUc
nation, c'était la noblesse ; et voilà pourquoi la Pologne, si brillante,
«e divisa, se morcela comme dans le moyen ige dont elle avait gardé
l'empreinte. Napoléon avait-il le dessein de relever la Pologne de ses
ruines? Rien ne porte k le croire ; le caractère polonais était antipa-
thique à celui de l'empereur ; il n'aimait pas les peuples k révoltes A
les nations turbulentes. Tout ce système de royautés électives , d'as-
semblées presque républicaines sur on champ de manœuvres, tout c^
n'allait pas à ses idées, è ses habitudes, à son dogme d'obéissance pas-
sive. Peut-être Murât, Bemadotte, ou quelques-uns des compagnons
de fortune de Napoléon avaient-ils la pensée de relever l'Indépendance
du royaume de Pologne pour le placer ensuite sous leur sceptre;
jamais Napoléon n'eût embarrassé ses négociations et ses desseins
avec la Prusse, l'Autriche ou la Russie, par l'idée généreuse de recon-
struire les Polonais comme peuple indépendant. L'empereur avait
peu de ces idées enthousiastes et romanesques qui font battre le cœur
pour l'idéalisme politique ; lui , n'aimait dans ses projets que des
résultats d'utilité éminemment pratique et réalisables. Que les Polonais
fussent corps de nation, cela ne lui importait guère ; il ne faisait pas
de chevalerie en faveur des peuples ; s'il aimait la force , c'était pour
son pouvoir ; les croisades pour les Idées n'entraient pas daos son des-
sein ; il pouvait se servir des Polonais dans ses projets de conquête, et
deleurglorieuse noblesse pour l'accompagner àlaguerre, la faire terer
tout entière à cheval , mais il ne prenait aucun engagement enven
ce peuple brave et justement fier de lui-même ; pour lui les Polorais
ne furent jamais que des auxiliaires formant des régiments d'élite,
dont la bravoure senait la gloire de l'empereur, et rien au deiï; il
employait leur sang, la patrie viendrait ensuite si Dieu le permetlait.
La campagnedePrusse n'était pas encore commencéequeNapoléoir.
invoquant les souvenirs de la Pologne, préparait une insurrection qui
pouvait lui être si utile dans cette campagne. La police à ses ordres
inventa une proclamation de Kosciusko aux braves enfants delà
Pologne ', Kosciusko avoit joué un si grand r61e dans l'iusurrection
■ Mapolêm hlMil puUifr de Paris, eous la dale da 1" novnnbre, une prel»ili»
DiclzedbyGoOglC
KAPOL^N À VABSOVK. 211
de 1793, SOD Dom était retentissant en Pologne, et pouvait réveiller
rentbousiasme de ces populations. Dans la vérité , Kosciusko s'avait
faitaucane démarche, il vivait pai«ble, recevant une pension de la
Rosùe & laquelle il avait juré fidélité, et il y tenait scrupuleusement * .
Tons les moyens étaient bons h l'empereur pour arriver à son dessein
d'insurrection et créer une sorte de Vendée polonaise, laquelle ponr-
rait se placer sur les derrières de l'armée russe et de l'armée prussienne
opènuitsur l'Elbe. Après léna, et quand l'empereur se trouvait encore
i Beriia pour méditer sur sa campagne. Il fit venir de l'Italie et de
toas les points où ils servaient militairement, les officiers polonais,
afin qu'ils pussent l'aider dans l'œuvre d'une insurrection de la patrie ;
elle lui était nécessaire alors , et il fixa pour lien de rendez-vous aux
Polonais , Posen , la première station désignée pour sa compagne
cmtre les Russes,
Le principal instrument qu'employa Napoléon fut le général
Dombrowski, qui avait servi dans les guerres de la révolution et qui
vint le rejoindre à Berlin ; il lui adjoignit Joseph Wibinsky, un des
représentants inconnus des villes libres à la diète de 1791 ; Napoléon,
uns leur dire aucun de ses desseins réels sur la Pologne, leur demanda
de s'adresser à leurs compatriotes pour être secondé dans la campagne
qui allait s'ouvrir sur le territoire. Dombrowski consentit^ tout et Qt
une proclamation déclamatoire aux Polonais pour grandir et glorifier
l'empereor *. Napoléon ne prenait aucun engagement formel, le
IcUn de Kosciusko k «ce eomptlriotes : Kosciusko la désavoua hautement; il Toulait
âne npabîiqne polonaise sans Is sonmctire h Napoléon; c'étaii l'ami de M. dt
Labyctie. Voici au ratte la procUmalioD inventée par la police :
« Kosciusko se rend parmi tous... Ici ce ne août point des congnérants avides.,.
Polonais I la grande nation est devant vous;Napoléon vous attrad et Kosciusko vous
ippclle... Je m'attache à vous pour ne m'en séparer jamais. Digne du grand homme
Boni le bras est étendu vers nous... je contribuerai k vous relever... Les temps do la
PoUgne sont revenus.,. Nous lomines sous l'égide du monarque qui dompte le*
diOcultcs par des miracles, n
' ■ Le noble Kosciusko, fidèle an serment qu'il avait prit* k feu l'empereur Paol,
l'éUit refusé, dès le début de la guerre, aui solliciutions de l'raipereur des Français,
et avait méprisé les oSVes brillantes comme les menaces de ses agents, d
(NotedeM. deHardenberg.j
* Toiei le UM de celte proclamation fastueuse :
J«in-Benri DimbrouiM, giniral de dicitioa, décoré du Grand-Àislt de la Légion
■ flumnnirreommandtUT deVordreroyaldtUt couronné d» f«T;JoiephWAiruky,
TtpntentatU dtt vilUt iibru à la diite de 1791 ;
> Polonais, Napoléon le Grand, l'invincible, entre en Pologne avec une aimée d«
Diclzedby Google
343 LES BDHH, I^ MIMm.
général disait : k Que l'empereur it'avuiçait avec dOOf-OûO hommes;
les Potonabdevaient bien mériter de sa magoanimité pour attirer sw
<iu sa protection auguste. A Posen, on jugeraitsi les PoloDaii étaient
une Dation digne de l'être. » Dombrovakî les invitait donc à accourir
vers Napoléon comme les eofauts vers leur père , et on Termit alon
la Pologne renaître i son ancîeDDe sfriendeur ; des mîrades se teaient
sous l'égide du grand Napoléon.
A Poses , l'empereur réunit en effet beaucoup de PoIodmi aalooi
de lui; les caressant par l'amour-pn^tre. il leur fit espérer la fatrie,
«t les engagea à combattre vigoureusement. Le but priDtàpd ^t la
guerre ; «près on vecrait bieo de les constiUier en nation, s'iU le méri-
taient ; l'empereur, alors txès-ifféoccupé de l'état moral de son année,
jpouvait être inquiet de son avenir ; il avait vaincu les Frussicos avec
une grande activité ; la victoire avait couronné ses aigles , l'année se
fortifiait chaque jour, tous ces faits étaient incontestabUs ; os vaut
de signer à Posui un traité déOettif avec la Saxe; le roi entrait éui
la courédératien du Bhiii, et promettait son contingent de valeureux
.-soldats * ; mais un sentiment d'inquiétude et de fatigue se a
3W,0QI> hoDHDCs. fisDS muleir approftndir ks n^BtirM de Me tuw, tidieiM il
» Je verni, nous a-l-il dit, je verni si vous méritez i'&ite unenatioD. Jem'n
vais i Posen ; c'est là que mes premières idées se formeront sur votre compte.
» Poloaaîsl il dépend éonc de ««us d'eiisier M d'avoir une patris ; vHreveqtw,
votre créateur est 11.
i> Aceoureideiottscjnéaeiidewnt delwi, comtBeactwwwit lese^aMiéjdatési
l'apperhioB de leur père. Apportez^ul vos cawrs , vos bras, jigiseï, «t pronvei4u
que vous âtes prêts A verser votre sang pour iiocMHvertairefatrtB. Ilstitqne vsu
4t«e disarméa, H tous fouroirs des-uawe.
■ Et vous , Folonais , forcés par dos oppTCBaears de cembattrc poai emi et coati*
Toire propre iotérét, veoeit IlalUei-voussoaslesdr«|>eauideBoiM pairie.
■ BienMl Kosciosko, app^é par Hapolton le Gtand, vous pcdeca far ses orbw.
Sn attendant recevea m gafc de ea haute proteetiMi. Beuvenei'Vow sue la pracfc-
malioD par laquelle on vous appela pour former des légiooB «o baliene voosapai
trshis;cesont ces légions qui, méhianl les suffrages de l'iavinctble héros del'EU'
Tope, lui ont donné )c premier indice de l'esprit el du caractère polonais.
B Fait au quarUer impérial de Beiiin, ce 3 oOTembre 1886.
B DOHBROWSKI, WlBIKSXT. »
^ Traili dt paix rijn^ à Potta U 11 d^camire 1806, «ntra la FratuM M la SoM.
Art. 1. A compter de la signature du préscol traité, il f aura paie «t amitié fcr-
failccntreS. M. l'empereur d«sFraD(ais, roi d'Italie, et la confedéraUoo dvKhiii,
d'une part ; et S. A. S. l'électeur de Saie.
AjI, i. è. A. i. B. accède au traité de confédération el d'alliasca conclu àPaiit, le
îdbyGoOgIc
KAPoiiQK A rÀMSOva. 343
dtas lei rangs; oo marchait en plcia mois de décembre soos un ciel
suHBoleil; la gelée n'était pas venue, les chemins étaient aCTreux,
couverte de boue , la pluie presque toujours battante ; on quittait la
beiu pays d'Allemagne pour se concentrer dans les marais de U
Pologne; l'artillerie s'embourbait, la pluie tombait par twreQts aa
«lieu de ces longues colonnes déniant mornes et silencieuses sur les
routes défoncées ; l'eau fouettait d^uis un mois le visage basané des
grenadiers : le manque de vivres , cette langue qu'on ne comprenait
iSjuillK de la présenle année, ci jwr son accwsioo elle entre dans toata les obli-
gitîMisderiIliance delà même miDitre que sî ene eOt été partie principale contrac*
unie eadit traité.
An. 3. S.A. S. "E. pmtin le titre de roi, «t riégcni daas le coU^ etau tug in
nii, fuivant l'ordre de son inlroduction.
An. t, 11 ne pourra, sans le consentement préalable de la eonfédératlon du Rhin,
dnsnican cas «t pour quelque cause que ce sett, donner passage par h njenme At
Sntà iBCoM tt«it^ i aucMi corps «« ditKbeinnt 4e tMiipea d'ancMM puftMSW
KfiBSère k ladibe conliédénUon.
Art. B. Les 1 eis el aclcs qui dnLerroincnt le droit réciproque des dirers cullea
«taUis en Anemagne, ayant été abolis par l'elfet de la dissolution de l'ancien corpt
IMBatriqne, et B'étaM pas 4'ailtevrs comptlttiles avec ke principes ««rlwfMlalii
endedéntien • été forme, l'eierdce du culte cMfcoliqiie wra , dans h totalité du
rajannedeSaiB, pleinement assimilé i l'oercke du culte luthérien, et les sujets
des deni rdlgîons, jouiront, sans restriction, des mîmes droits civils et poBtlqoes,
S. H. l'anpereur et roi faisant une condition particulière de cet objet-
Art. S- 9. U. l'empereur dto Français, rai d'Italie, s'enga^àfairecéderiS. H.le
roi deSeie, par le futur traité de ptisavec laPrasscle KoUwsBer-Creiss, ou cerde
daleibw.
Art. 1. S. II. le roi de Saxe cède au priaee qni sera désigné far 8. U. reapMtar
dts Français, roi d'Italie, et daas la partie de la Thartnge sitvée entre le« pitac^ièatés
d'Bichsftjd et d'Erfarib , un territoire égal en rapport et en poputatMB A odui 4w
nrdc de Kotbits; lequel terriuirc servMt k lier lesdtles priAcipautéi, Mnposaéàé
parledil prince en toute propriété et souveniaeté. l>esliimieade ce territoire lerut
filées par dea coMttissaires respectivement «•«nés 1 cet efet, ÎNmédiatameat apcés
TMaà^ des ntifieaiiODS.
An. fl. Le coatiagent du rejanme de Saie, poui le eas de guerre, Hn 4«
WiMShaniKea, de loatee armes, préeais bom les annea.
An. 9. Four la présente campagne, et m les événemeats -qui ont eu lien, k
MWiBgcM Am rofiune de Sau een de 1,0M tionimes de cavalerie, 1,300 koHotea
d'inbnterie. 300 Iwwimes d'artillerie et d«aze pièces de canon.
Ar. 10. Tonte coBtribntlon cessera du naonMst de la slgaataK du frtami
traité.
An. U. Le présMH tr^té sera ratifté, et les ratifications es feront khtio^ k.
Bresde, dans le délai de huit joars.
Fait k Peecn, le 11 dn noLs de déeesibre de l'année ISOft.
Signé : le coBle Ckuu.» m Bmmu,
Micm. Btnwc^
DiclzedbyGoOglC
âl4 LES KDSSBS, LA POLOGITE.
pas, ces villages à l'aspect triste, tout cela serrait les cœurs. Le soldat
même de la vieille garde murmurait , et c'est de cette campagne de
Pologne qu'est venu le mot traditionnel de grognard donné aus vieus
prétoriens qui servaient Napoléon depuis dis ans, et mouraient pour
lai avec Berté. Ceux-là avaient le privilège de dire leurs plaintes en
termes énergiques , et Napoléon se gardait bien de punir ces vieilles
moustaches au milieu des privations de la campagne. Souvent on le
voyait à la tète des colonnes en marche , la pluie dégouttant sur son
chapeau déformé , mangeant du pain noir comme eux , couchant au
bivac comme eux ; ses soldats lui disaient des moU d'une dure frui-
cbise : Quel pays ! quel ciel I quelle terre I où allait-on ?
La tristesse assombrissait le visage de ces vieux soldats; arrivé à
Posen, Napoléon dut rdever le moral de l'armée, et à cette oeuvre il
s'y entendait grandement. Il Qt annoncer, dans une de ses proclama-
tions à la manière antique : « Que bientôt ou trouverait les Rosses
pour les combattre et les vaincre. » Quand l'empereur voyait le sol-
dat bien démoralisé, il lui promettait la victoire, et ce moyen, tou-
jours efficace, ramenait une ardeur puissante et vigoureuse dans
l'&me de ces glorieux enfants qui couraient h la conquête sons les
yeux de leur empereur *. Des gratîBcations extraordinaires fuieot
* Proclamatitm,
« Au quartier général {mpérial, à Posen, le 2 décembre 1806.
> Soldats, il 7 a aujourd'hui un an, k cette heure même, que tous éiiei sur le
cbamp mémorable d'Ansterlitz. Les baiaiUoDS russes épouYantés fuyaient en déntuu,
ou, euveloppéa , Tendaient les armes k leurs Tainqueurs. Le leudemaln , ib firtat
entendre des paroles de paii; mais elles étaient IrompeuEcs. A peine ôcbappéspar
l'effet d'une générosité peut-être condamnable, aui désastres de la troisième coililitg,
Usen ont ourdi une quatrième. Mais l'allié sur la lactique duquel ils fondaim kar
principale espérance n'est déjà plus. Ses places Tortes, ses capitales, ses magt^M,
tes arsenaux, deux cent quatre-vingts drapeaui, sept cents pièces de bataille, cinq
grandes places de guerre sont en notre pouvoir. L'Oder, la Wartha, les déserts delà
Pologne, les mauvais temps de la saison n'ont pu TOUS arrfter un moment, Vousavet
tout bravé, tout surmonté ; tout a fui i votre approche.
» C'est en vain que les Busses ont voulu défendre la capitale de celle ancienne <i
illustre Pologne ; l'aigle buicaise plane sur la Vistute. Le biave et infortuné Tnïo-
nais, en tous vojaut, croit revoir les légions de Sobieski de retour de leur mémorable
npédition.
B Soldais, nous ne déposerons point les armes que la paii générale n'ait aOïnni
et etsurf la puissance de nos alliée, n'ait restitué i notro commerce sa liberté et st*
colonies. Nous avons conquis sur l'Elbe et l'Oder, Fondichcry, nos établissement
des tndcs , le cap de Bonne-Espérance et les colonies espagnoles. Qui donnerait le
droit de faire espérer aux Busses de txltiicer les destins ? Qui leur dmaer^^it le dreit
îdbyGoOgIc
MAFOliOIf À VASSOTIB. 2i5
distribuées comme encouragement ; les maréchaux reçurent jusqu'à
10,000 fr. par mois, et jusqu'aux sous-lteuteuants tous obtinrent
double paye. Enfin, par on décret impérial, le souvenir de la graade
année dut être perpétué jusqu'à la postérité la plus reculée.
Voici quel fut le ^gantesque projet de Napoléon, rêvé dans une
de ses nuits de la lente. Sur une des grandes places de Paris, on élè-
verait un temple i la Gloire ; après Austerlitz, une colonne triom-
phale avait été décrétée à la manière des Romains ; après la cam-
pagne de Prusse, ce fut un temple dédié au souvenir de tant de
braves qui se dévouaieut à la patrie et à la fortune de leur souverain.
Ce temple aurait son portique, ses colonnades de marbre, comme le
Parthéoon d'Athènes; dans son enceinte, seraient représentés tous
tes beaux faits d'&rmes de fiers et braves soldats. Des statues, œuvres
des grands maîtres, en marbre blanc, devaient être consacrées i
chaque maréchal chef de corps ; les généraux seraient représentés
sur des bas-reliefs de grandeur naturelle à la tète de leurs divisions,
les colonels k la faco de leurs régiments, et les noms des officiers et
des soldats devraient être inscrits en lettres d'or sur des tables de
marbre noir et blanc. Celte idée si grandiose serait-elle eicécutée?
Le temps, ce mattre implacable, permettrait-il de réaliser une pensée
d'art si mAIe, si romaine? Gomme toutes les œuvres trop grandes*
peu se finissaient ; conçus sur un trop vaste plan, l'empereur n'avait
ni le loisir ni les forces nécessaires pour exécuter ces immenses pro-
jets, décrétés comme la foudre pour relever l'enthousiasme du bivoc
le lendemain d'une bataille '.
de renTerser de ei justes desseiiiBf Eux et naos ne sommes-novs pts lee soldiU
d'AnsCcrlibT
> Signé : Napoléon, b
■ Orindujottr.
■ Do notre camp impérial de Posen, le S décembre 1806.
• Nipoléaii, empereur des Fraotds et roi d'Italie, tToiudétriié et décritoosea
qui suit :
> Art. 1". Il sera établi sur l'emplacement de la Madelainc de noire bonne vïlla
de Paris, aux (Me du trésor de doItc couroone, on monument dédié à lagnndo
amét, poriaot sut li frontispice : L'Empvrtur NapoUon aux loldau d» ta grande
> Art. 3. Dans l'intérieur du monnmenl seront Inscrits, snr des tsbJM de marbre,
les noms de tons les hommes par corps d'armée et par régiment qui ont assisté eus
bouilles dlJIm , d'Austerliiz et d'Iéna ; et sur des tables d'or massif, les noms do
lous tetii qai sont moils sur les champs de bataille. Sur des tables d'a^eoi sera
Diciiiizedby Google
â4<i LU Roa«a , u pouoen.
Depuis l'apparition da Buases les <q>ératioiu militaires prirent un
isanctëre plus opini&tre ; ob evançait avec précautioD, les flaocade
l'année étaient entourés de nuées de Cosaques qui s'empanùrat dei
officiers et des dépêches. L'enqwreur faisait insuUeT dus sa boHe*
tins ce qu'il appelait une méprisable caTalerie ; cela pwivoit être ^Tti,
fit pourtant, cavaliers hardis, tumultueux, les Cosaques faïaiieDt
beaucoup de mal À l'armée; ils chargeaient en poussant des hautra!
On n'était point encore habitué à ces coups de lance, dirigés d'uBC
ntaio de fer; les CoasqueB s'emparaient des convois, de l'artillerie,
gravée la récepltulalion, par dtjwriMiieiit, du aoldtu que cbaqa* diptnemeUt
founilB i la gruide armée.
B An. 3. Àulout de la salle seront sculpUs dei hts-rdicfa oli seront repr^ntfa
les colonels de chacun desr^imenis delà grande arniée, avec leurs noms. Cnbu-
nlieb Eeroni faits de manière que ks colonela eotent groupés aalour de lenrefteé-
nux de div[sioD ei de brigade par corps d'année. L«a statues eu mtriire d«s bm6-
cbaui qui ont conmandé des corps, ou qui ont fait partie de la grande année, Moai
placée daos l'intérieur de la salle.
■ Art. 4. Les armures, statues, mon umenis de toute espèce enkvés par h grult
année dans les deua campagnes; lei draptani, étendards et tiinbalet conqaUpvli
grande armée, avec les noms des rameau enDemis luiquels Ua «(^rienuml, McoU
déposés dans l'intérieur du monument.
D Art. S. Tous les ans , aui aunlversaires des balsllles d'AusIcrlIti el dléaa, Il
tHonoment sera illuminé et il sera donné un concert, précédé d'un discoun sor les
V«nns nécessaires au soldai, el d'un éloge de ceux qui périrent sur la cbaiaf i»
bataille dans ces journées mémorables. Un mois aranl, un concours sera outert pour
recevoir In mci Heure pièce de musique analogue aui circonstances. Une médaille d'or
«le cent cinquante doubles napoléons sera donnée aui auteurs de ebacune de CE:
pièces qui auront remporté le prix. Dans les discoun et od«s il est aiprcGaénnl
défendu de faire aucune mention de l'empereur.
■ Art. 6, Notre ministre de rintcrieur ouïrira sans délai un concours d'archiwc-
ture pour choisir le meilleur projet pour l'eiécuiien de ce monument. Une des rav-
«liiiODS du prospeclus sera de conserver la partie du bttiment de la Madeiaine, qai
viisie aujourd'hui, et que la dépense ne dépasse pas 3,000,000. Une commis^on de
la classe des beaui-arts de noire Institut aéra ehaigée de faire ud rapport i mIk
ministre de rintcrieur, avanile mois de mars 1B07, sur les projets soumis au nn-
«0 un. Les travaux commenceront le 1" mai et devront élreaclievés avant l'aBlSM,
Kotre ministre de l'inlcrieur sera chargé de tous les détails relatifs k la constniction
du monument, et le directeur général de nos musées, de tous les détails des bat-
reliefs, statues et tablcaui.
u Art. 7. Il sera acheté 100,000 francs de ^nte en inscription sur le grand-Irne,
|Mur sertir k la dotation du monument, et à son entretien annuel.
* Art. 8. Une fois le monument construit, le grand conseil de la Légion d'boB-
Mur sera spécialement chargé de ta garde, de sa conservation el de tout ce qoi tsi
relalif au concours annuel.
■ Stgni.-KxvpLtoa.»
Diclzedby Google
KAVOliOH A VAmSOV». U7
des muDÏtiODS ; l'aide de camp Philippe de Skgax, tut-mème. fut
enlevé par un pluck de celte cavalerie active et légère ; les ejf rad-
iions méprisantes de l'empereur indiquent souvent toute la colère
qu'il éprouva à l'aspect de ces Tartares, à la Hguie étrange, qui n
déployaient en campagne; les Cosaques étaient dangereux surtout,
parce qu'ils n'avaient pas les mêmes besoins que les soldats réguliers ;
ils couchaient dans la hoxte, sur la terre gelée, aux pieds de leur
cheval, avec le même charme qu'un soldat dans uu lit de gamisoo ;
pour eux la nourriture la plus simple est suffisante, un peu de mau
broyé et détrempé dans l'eau, voilà leur vie ; c'était l'Arabe du Nord.
L'empereur pressa le mouvement en avant, et après quelques
échanges de balles et de boulets, il porta son quartier général à Var-
sovie. Le cri de l'armée était alors le repos ; le découragement était
venu ; les vivres manquaient, les vents violents brisaient les tentes
et rendaient le terrain impraticable ; une boue noire couvrait toutes
les routes, l'artillerie mettait une journée pour faire une lieae, les
caissons et les pièces restaient embourbés, la faim brisait les entrailles
du soldat ; triste spectacle que ces plaines de Pologne, ces bords de
la Vistule s'étendent comme une nappe de sable noir, fatal linceul
jeté partout sur la terre ; & quelques lieues on ne voyait que boue ;
l'armée comptait presque un cinquième de malades -, Murât était au
lit avec la fièvre; l'officier était pâle, les yeux caves, le regard sinistre;
les quartier d'hiver étaient donc indispensables, et Napoléon résolut
de fixer sa cour à Vanovie, pour reprendre au printemps le mouvo-
iQcnt d'une belle campagne.
Cette cour plénière fit dès lors contraste avec la misère de ramée
et la privation des camps : l'empereur portait tout avec lui, jusqu'è
sa vaisselle plate ; installé dans le palais des vieux rois de Pologne k
Varsovie, il se montra, comme à Saint-Cloud, avec son faste et sa
grandeur impériale'. La nation polonaise, enthousiaste des Français,
' L'empereur Ntpolcon M fit campliisenier k Tanorie par U nobiMM polouiM
«n tcnnes caihousiastes.
Dwcouri prononcé, m lalin.par S, Ext. le comte BadiiMitAi/, paUM» d* Gmim,
ekêvalUrdu onlrude Pologtu, priteitliàS. M. aotc lu HNaMind<(a(raii4t
a Tits-&ugasie, Bériuissime et inTiaeible emptieur I
n Sire, l'uniTcn enlier connaît tos eiploiu et vos Iriomphtf.
n L'Occident a TU le premier développementite votre génie*
• Le Midi fut la récompense de voa travaux.
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S48 us SUSSES, LA POLOGHB.
espérait sa nationalité dans ud remaniemeut général de l'Europe.
Les hantes classes de Varsovie accueillaient partout les officiers gèiié-
raux : il règne dans ces salons un ton parfait, ane science qui s'hâta
Jusqu'aux femmes ; l'éducation est iuGniment soignée, les manières
choisies ; la présence de brillants officiers anima tous ces salons qd
peu déserts depuis le triste partage ; Napoléon recevait chaque soir ;
deux fois par semaine il donnait des concerts avec la même m^i&-
cence qu'à Paris ; on parla beaucoup alors [car il y avait des courU-
sans pour toutes choses] d'une passion née dans le cœur de l'homme
qui n'avait d'autre amour que la gloire ; celle-ci fut assez publiqae
pour provoquer tous les petits partages du palais et les révélatioas de
Talt;is de chambre ; l'empereur ent une favorite, comme Louis XV,
Il vécut avec elle ; le vatet de chambre Constant les servait tousdeu
& leur lever dans sa propre chambre à coucher, et ce scandale d'aSai-
blissement et de torpeur morale. Napoléon le donna pendant tant
son séjour k Varsovie *. Il correspondait soigneusement avec Jos6-
■ L'Orimt, ptr vous, est deveDu an objeL d'admlntion.
■ LeNord Ecrt le terme de vos glorieuses vifloires.
i> La Dttion polomlM, qui tti comprise dins ses limites, vous salue, pu nw
organe, voua faonon et vous lérire comme soD libérateur.
u Avc«bien pins de raison que lesutclensRomsiasledisaiCDt de leursanpCRars,
Mus ei notra postérité nous E«ronB fondés h dire ;
« Lo grand empereur Napoléon I" a paru sur la surface de la terre, aia,âi
vaincu l'uniTcra.
> La nation polonaise présente devant V. M., ([émissanio rncore sous le joug dei
nationsgcrmaniqaes, prie humblement et implore, parlatoiid'un desesséoatHti,
le Irès-augnste, lesérénissime empereur Napoléon, notre ttis-grecieux seigneur, qu'il
daigne faire renaître la Pologne de ses cendres, a
' Le témoignage du valet de cbsmbre Constant indique le situation affaiblie ill
l'empeieur et la cgmplaiuince déplus d'un eourtisao.
■ A. Varsovie, DUS. H. passa tout le mois de janvier 1807, elle babitail le graaJ
palais. La noblesse polonaise, empressée i lai hirelacour, lui donnait des (cUs
niBgiiiGques, des bats Irfts-farillanls, auxquels assistait tout ce que Varsovie mfa-
miit i cette époqne de riche et de distingué. Dans une de ces réunions, l'enipnesr
remarqua une jeune Polonaise, madune V , Igéede 22 ans, et nouvellemaU
roarièe i un vieux noble, d'humeur séTèrc, de mmirs extiAmemenl rigides , plof
amoureux de ses titres que de sa Temme, qu'il aimait pourtant beaucoup, mais dont,
en reranehe, il était plus respecté qu'aimé. L'empereur vit celte dame avec plaisir,
et se sentit entraîné vers elle tu premier coup d'ceil. Elle était blonde, elle avait if
jeui bleus et la peau d'une blancheur éblouissante; elle n'était pas ^nde, niU
parfaitemcot bien faite et d'une tournure charmante. L'empereur s'élant approdie
d'elle, entama aussilOtune conTcrsation qu'elle soutint avec beaucoup de grice tl
d'ttprlt, laissant voir qu'elle avait rec<itine brillante éducation. Uue teinte l^èredt
Diclzedby Google
NAPOLÉO:! A VABSOTIB. 249'
|iUm, il r^Kît dans ses lettres une certaine confiance et un aban*
don ; il voulait peut-être se faire pardonner ; toat fut public et le»
complaisants ne manquèrent pas. Il résulta de cette situation une
iQollease dans les idées de l'emperenr; à Varsovie il n'est plus le
même ; le repos lui devimt nécessaire ; il manifeste un décourage-
ment dont les Russes surent profiter un peu plus tard à Prussiscli-
Eylau, surprise sanglante après le séjour de Varsovie, la Capoue da
nouvel Annibal.
D'après les ordres de l'empereur, le travail gouvernemental de
Paris était régulièrement envoyé au quartier général de Varsovie,
tm auditeur l'apportait dans une voiture de poste ; chaque porte-
feuille ministériel était déposé dans le cabiaet ; le voyage de l'audi-
teor se faisait à trois ou quatre lieues l'heure ; que le messager fAt
souffrant et malade, peu importait, il n'était qu'un coun-ier, un die-
val de poste même ; les portefenilles étaient ouverts par H. Maret,
préparés en quelques heures et signés par l'empereur qui voulait
■tétancolie rèpendne sar toute sa penoDoe U rendaii plus sAdalunle cocora. 8. H.
cnit voir tn elle une femme ncriflée, malheureuse en ménage, et l'iDiérêtqueceKe
Ué» loi inspira le rendit plus amoureux, plus passionné que jamais il ne l'avait iii
pour aucune remme. Elle dnt s'eu apercevoir.
B Le lendemain du bal.rcmpereurmeparut dans une agitation inaccoutumée. Il
M lerail, marcliait, s'asseyait et so relevait de nouveauj je croyais ne pouvoir jamais
veoiràboaldese toilette ce jour-là. Aussitôt après son déjeuner il donna missinD i
un grand personnage que je ne nommerai pas, d'aller de sa part rendre une visite k
nadame V , et de lui présenter ses hommages et ses vonix. Elle refusa fièrement
des proposiUons trop brusques pcut-^tre, ou que peut-être aussi la coquetterie nstu-
rdle k toutes les femmes lui caramandait de repousser. Le héros lui avait plu ; l'idée
d'un amant tout resplendissant de puissance et de gloire fermentait sans doute avec
violence dans sa tète, mais jamais elle n'avait eu l'idée de se livrer ainsi sans ccra-
bau Le grand personnage revint tout confus et bien étonné de ne pas avoir rénssi
dans sa négociation. Le jour d'après, au lever de l'empereur, je le trouvai encore
préoccupé. Il ne me dit pas un mot, quoiqu'il eût l'habitude de me parler. Il avait
écrit plusieurs fois la veille k madame V qui no lu) avait pas répondu. Son
«IDOnr-propre était vivement piqué d'une résistance à laquelle on ne l'avail pas habi-
tué. EoBnil écrivit tant de lettres, et si tendres, si louchantes, que madame V
t-éàa. Elle consentit à venir voit l'empereur le soir entre dix et onie heures. Le grand
personnage dont j'ai pailé reçut l'ordre d'aller la prendre en voilure dans un endroit
dMgnc. L'empereur, en l'attendant, se promenait à grands pas, et témoignait autant
d'émotion qne d'impatience; k chaque instant il me demandait l'heure. Madame V
arriva enSn, mais dans quel étal 1 pAIc, muette et les yeux baignés de brmes. Aussi-
t61 qu'elle parut, jel'introduisisdansla chambredcrcmpcreur; elle pouvait èprliio
»« Eoulcnir et s'appuyait en tremblant sur mon bras. Quand je l'eus fait entrer, je
joc retirai avec le personnage qui l'avait amenée. Fendant son téle-è-l£to avec l'em-
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550 1E8 BDS8BS , LA POLOGSB.
gouverner h deux cent cinquante lieues des frontières. Cest ce qui
créait l'omnipotence de M. Maret ; il avait des notes personnelles,
des amitiés, des répugnances peu réfléchies et vulgairement appli-
quées ; rarement le travail des ministres & Paris sur les choix peison-
nets ou administratifs était approuvé par fempereur. M. Maret n'a-
vait pas une capacité a^ei éminente pour ce réie ; l'empereur était
aise de faire autre chose que ce que loi indiquaient ses ministres i
département, et il prenait M. Haret comme instrument dans et
rAle; quelquefois ou expédiait deux ou trois auditeurs par semaiae,
et, le travail fait, chacun d'eux était renvoyé à Paris avec la mime
promptitude. Les ministres étaient tout étonnés de trouver des
changements dans leurs portefeuilles ; ils en savaient la source, et
rarement ils étaient en bon rapport avec le secrétaire d'État. Et com-
ment voulait-on que M. de Talleyrand ou Fouché ne fussent pas
plus qu'étonnés de subir des corrections de la part de H. Maret?
Tous deux hommes politiques, à vue sérieuse de gouvernement et de
diplomatie, ils ne pouvaient subir ce joug d'une capacité très-con-
testable ; cette position leur paraissait intolérable, ils s'en plaignaient
dans leur correspondance.
L'empereur cependant manda M. de Talleyraod de Bo'lin à Yar-
Bovie : depuis le commencement de Is camp^^e, le minista« i»
relations extérieures, partisan chaud et actif de la paix européenne,
avait néanmoins subi la volonté de Napoléon , et ceux qui appro-
prient de sa personne pouvaient voir que M. de Tatlejrand étnt
très-affecté des dernières mesures de l'empereur; le décret de Beriin
Bar le blocus de l'Angleterre lui paraissait un acte inconciliable aver
les éléments d'une paix nécessaire k l'Europe ; tes mesures iiriliDte»
n'allaient point à ses idées; il voulait profiter de ta victoire, matssaK
pereur, madame T pleurait et sanglotait tellement, que, malgré la disUiM.jt
l'enieodais de manière i me fendre le cour. Il est probable qoeduaceftaoït
enlrelien l'empereur ne put rien ohienir d'elle. Vers deuï heures du malin 9. ■■
m'appela. J'accourus et je vis sortir madame T le mouchoir sur les jetii (>
pleurant encore il chaudes larmes. Elle fut recouduite chez elle par le mtim peiso"-
DBgc. Je crus bien qu'elle ne reviendrait pas.
» Deui ou trois jours après néanmoins, k peu pris à la mèmt heure qae la ft*-
mitre fois, madame T revint au palais: ^le paraissait plus tranquille. La p'*'
>iTe émoUon se peignait encore sur son charmant visage; mais ses jeui au oHiia^
éMeui secs et ses joues moins plies. Elle se relira le matin d'assez bonne benrt tt
eoniiDUB ses villes jusqu'au moment du départ de l'cnipereuT. e
[Mémoires de Constant.)
îdbyGoOgIc
KAPOLÉON À. VASSOTIB. S5}
«xcè«. Les conditions imposées par l'emperear h la Prusse loi parais-
nieat un mouvement de colère irréfléchi ; il avait tout signé, tout
q>prouTé officiellement ; mais le ministre, gardant son opinion per-
sonnelle, ne pouvait s'empêcher de bl&mer cette politique inilesible ;
oàconduisaït-eUe l'emperear 7 M. de Talleyrand avait pris en dégoût,
comme l'armée, ia terre de Pologne ; il arrivait h Vanovie par l'invi-
tation de l'empereur, et dans la route sa voiture s'était cassée ; M. de
Tjrileynnd resta plus de douze heures dans la boue noire et trempé
de plate, et on peut bien s'imagiuerqne lui, l'homme des salons et de
ta vie élégante, dut prendre en haine cette terre maudite du ciel. ]l
renoavela tous ses effOTta pour amener un traité qui devait en finir
avec tant de privations.
A voir même d'un peu près la sitnalion de l'empereur k Varsovie,
eHe n'offrait aucun principe de sécurité ; il avait traversé la Prusse,
■ansdoote; les vieux bataillons de Frédéric avaient fui à sa présence;
mais airivé & la Vistule, l'empereur avait trouvé de plus fermes adver-
siires dans les Russes : ceui~lè se battaient bien ; ils opposaient une
rénstance tenace et remarquablement forte aux attaques des envahi»-
aeim. Dans le centre de l'Allemagne, s'il n'existait plus d'ennemis,
il se fcHinait des partis conduits par des chefs, tels que Schill et le
prince de Brunswick-<S!ls; en cas d'échec sur la Vistule, les popu-
lations se levant en masse contre les Français, quelle retraite serait
assurée * ? On n'était pas non plus sans inquiétude sur l'Autridie.
Le traité de Presbourg n'était qu'une trêve, par cela seul qu'il restait
' Oa commit slois des crusuléa Inouïes ea Allemagne. Taie i un ordredu jourde
DsToust :
■ Les babiluits do village de Weidorff(kl'ciception des femmes, desenflmisel
dn Tidlluds) ont él^ tous ponts de mort. Toos cmi qal pourraient Imiin cen
réfadlesterantiraités delà mtotemuit^. Hais en [HmiusDi aiec U plus grand»
rigueur toutes les actions contnires au droit des gens cl de la guerre, on pcomei
sûreléetpraleclioni tous les habitants paisibles. Habilants de la Saie I laissez aux
miliUins la soin de terminer les diSéraida qui pourraient subsister entre le« demt
Dations; sojet^ctaleurs tranquilles de» combats, et ne vous en mêlez point, puisque,
d'apris les principes tiablis chei tous les peuples civilisés, c'est un crime qui sa
restera jamais impuni,
> Mobanrg, le 10 octobre 1S06.
» D^Tooai. •
On pillait même les villes libres.
K Les villes hanséaiiqucs, Hambourg, Brfme et Lubcck, Tont être
coBtribntion de 30 millions de firancs. » (Hambonrg, 30 novembre 1808 )
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M3 LES BUSSES. LA POLOCRB.
inOexible ; on avait tn^ exigé du cabinet de Vienoe ; il devait nUr
la première circonstance pour repreodre les armes.
Sous prétexte de neutralité, l'Autriche avait nioliiliBé une armée de
50,000 hommes dans la Silésie.sur le flanc droit de Napoléon ;5up-
posez un grand revers dans l'armée fraoçuse, l'Autriche lui tnvtài
barré le passage sans tenir compte du traité de Presbourg qui l'anit
trop abaissée. Le baron de Vincent était arrivé à Varsovie comn»
envoyé extraordinaire auprès de Napoléon et pour le complimentef.
Personne n'était plus propre que lui à remplir une mission tout à It
fois militaire et diplomatique; le baron de Vincent appartenait h cette
armée intelligente qui suivait avec la même aptitude les opërationa
stratégiques et les négociations de cabinet : un moment destiné à
l'ambassade de Paris, on lai préféra M. de Hetternich. Comme on
savait que Napoléon lui portait une estime particulière, on l'eivoji
sous sa tente, car là réellement se négociaient les affaires. Le beron
de Vincent dut manifester quelques craintes sur la tournure des opé-
rations qui semblaient menacer le territoire autrichiw ; ensuite,
commell était question de créer une Pol<^e indépendante, le cabinet
de Vienne voulait examiner» cette tentative ne s'étendrait pas h 11
portion de la Gallicie échue k l'Autriche dans le dernier partage. Sur
ce point, le baron de Vincent était chargé de demander uue explica-
tion précise ; que voulait faire l'empereur Napoléon? Allaït-il rec«i-
Struire le royaume de Pologne et, en enlevant une nouvelle.protitiœ
àla maison d'Autriche, agrandir lessacriQces déjà imposés par le trailé
de Pre^urg? Napoléon déclara que cela était si peu son intealiou,
« qu'il repoussait avec énergie toutes les prières et tous les vœux do
seigneurs polonais ; il pourrait disposer de la Pologne prussienne
pour en faire un grand-duché ; mais quant aux autres portions du
partage , elles resteraient sous la domination de leurs possesseuis
actuels. » Si cette déclaration ne rassura pas complètement te baron
de Vincent, au moins put-il écrire à sa cour les dispositions sbaté-
giques des Français et l'état moral de cette armée qu'il ne crojûl
pas dans une position militaire très-favorable.
Au mois de décembre , l'armée française , en effet , était dans mt
rituation morale toujours plui abattue. Ce commencement d'hiver,
sous un si déplorable climat , l'avait frappée d'un indicible malaise ;
pas un seul jour de gelée, des monceaux de sable ou de bouc, peu de
vivres , presque pas de pain. De 1& mille actes d'insubordination ; \a
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HAPOUON A VABSOm. SS3
ewps yagaaient de droite et de gauche, et le inaréclMl Ne7 lol-nième,
habitaellement » soumis aux vcriontés de l'empereur, s'était porté en
arant mds ordres, pour cberclier des vivres, ou soit, comme on le diti
dans un dessein plus étendu de royauté qui s^nblait préoccupw plu
d'un maréchal dans la Pol<^e. La politique de l'empereur Mesult
■onYent ces hmea capitaines soumis à sa voix. A Naples, en HollandOi
déjà deux princes de se famille avaient été nommés rois , et Jérdmft
était destiné au royaume de Westphalie. Cette p<4itique égoïste, si
lavor^le à la famille de Napoléon, devait déplaire à tous cxt glorienx
maréchaux exposant chaque jour leur vie ;pourqao4 euxne seraienUli
pas rois ausû? De belles conronnes restaient à tresser, pourquoi ne
pas tes distribuer, par un principe d'égalité, aux maréchaux qui ter-
vaîent sous la tente ? A Berlin, il n'y avait plus de roi ; la Pologne ne
demandait pas mieux que d'élire pour souverain un brillant capltaloe {
Murât , Bemadotte , Soult , Ney, Laones, n'étiieat-ils pas digoei de
porter un sceptre? Ne valaient-ils pas un frère de l'empereur, IncoiiDii
aux vieux bataillons, général imberbe de troisième ordre? Le manque
de vivres et ces idées de royauté jetaient de l'insubordination dâna
l'année. Les maréchaux allaient ci et là sans ordre, afin de remporter
des avantages sur les Busses, pour mériter la couronne qu'un peuple
leur donnerait tét ou tard.
Ney surtout s'était porté i plus de vingt lieuee du quartier général^
avide de dire peut-être: «A moi. Polonais, voici votre souverain. &
On se battit sur le Bug, sur la Wartha, toujours avec un certain
désordre; lesoldatétaitméconteatdemarcheraumilieudela Pologne
déserte ; l'empereur fut forcé de venir au milieu d'eux, toujours i
cheval, et ne s'épai^nant ni à la boue, ni i la fatigue, ni aux dangen :
aussi les soldats l'accueiliaient-ils avec plaisir. 11 causait avec eux i
souvent ils lui disaient des*choses les plus singulières; un jour qu'il
faisait un temps affreux, l'un d'eux s'écrit : a 11 faut que vous ayet
an fameux coup dans la tête, pour nous mener sans pain par des ^le*
mins comme ça. o L'empereur répondit : « Encore quatre jours de
patience, et je ne vous demande plus rien ; alors vous serez cantonnés.»
Et les soldats de répondre : « Allons , quatre jours encore ; eb bien !
ce n'est pas trop, mais souveneir-vous-en , parce que nous nous can-
tonnerons tout seuls après. »
Les Russes, parfaitement instruits de tout ce qui se passait i Var-
sovie, conaaissaient l'ahoisseracnt et le décousu de l'armée, l'ambition
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S34 LSI BDSSBS , LA POLOCHl.
il«t mvéchaox, l« pénurie des vivres ; ils s'aperçurent de tout ceqallt
pouvaient ea tirer. Toute coap le général Bennigsen Uuo meave-
meot rapide pour couper l'aile gauche du maréclul Ney, si compromis.
Bemidotte vole à son appui et le sauve. Le général Bennigseï se re-
tonnie, et, par no mouvement rapide de flanc droit, il se porte sur la
route de Vaiwvie, où campait le corps do maréchal Laones sodteiHi
d'une division du maréchal Davoust. La bataille de Pnltusk s'eoga^
eorpa k corps ; eHe fut très-disputée, il 7 eut des morte par miUien ;
l'artillerie joua peu ; tout se passa entre de bons soldats, à la baïonnette ;
Ie« aiglefl f ucnt de part ^ d'autre enlevées , on chanta la vicloîre
dans les états, camps ' ; Pultu^ fut un grand carnage.
La même jour nouvel engagement entre les Russes, avec le cône
d'AugereaUjUne partie de celui de Davoust et la cavalerie de Mont-
Journée néfs^ encore ! A Pultudt c'était le général BenmgMn en
personne ; & Golymln, c'est Boxhowden , remarquable tacticien. D a
enfoncé tes carrés du vî^l Augereau et les escadrons de Munt , »
briUant à la tête de la cavalerie ; le combat fat aus» meurtrier ; des
rangées de norls tombèrent , et l'ordre fut si admirablement ganlè
de part et d'autre par les mourants, qu'on aurait dit qu'iladormaieot
en conservant leurs rangs, comme des ombresdebout sur leur s^mkre.
Triste et sanglant spectacle qui se reproduit dans cette campagne; le*
caps avaient agi un peu à l'aventure comme des fourrageurs. La dis-
cipline n'était plus régulière: on allait an hasard.
De t^ combats signalaient une résistance o[Mniàtre ; on devvt
mADoeurm' en face des Russes avec des précautions infinies; infas-
' L'empereur cmanenta dora son arstime de loul chaîner en Tktoiradiwl''
bnlletiiia «t de labe chaoïn des r« Bnm k disque moawnt. C'était od ■»>](• *
poil- :
BM.l'BreheTêquefouéïéque), les nouvetui succèsqucnosarménonlrtinpon''
nrksbordsdnBogetdelaNireir, oùen cinq jours detemps dlesonlmfsm'''
loaie l'«nBé« russe, iTtc perte de son irtillerie, de ses bagnes, «t d'wa gnoi Bonkn
de prisonniera, en l'obligeant h évacuer toutes les positions importaales où àk
s'était rdrancliée. nous portent à désirer que notre peuple adresse des remercîmmO
m cid , pour qu'il continue i nous être ravorable, et pour que le Dieu des ami*»
MCMide nos justes «iirepri^es , qni ont pour but de donner enBa à nos peoplts n**
paii stable et solide, que ne puisse troubler le génie du tnal. Cette lettre n'étant pui
antre fin, nous prions Dieu, M. l'archevêque (ou évéque), qu'il vous ait en sa siioK
• De iMtre camp impérial de Pultnsk, h 31 décembre DMA.
B Signt ititroiÂorn, ■
DiclzedbyGoOglC
HAPOtioil A T&BMTIB. 86S
lerie, caralerie , tous étaient digocs de croiser le fer avec les soldats
(le la {grande armée : on ae pouvait plus douter des forces considé-
rables qai seraient opposées à une campagne dans ta Pologne. Napo-
léon bUma les opérations militaires de Ney, de Lanoes et de Murât ;
ils s'étaient engagés imprudemment ; jusqu'ici ils avaient eu pour
ndversaires les Prussiens et les Autrichiens qu'ils avaient sabrés par
grandes masses, et ils croyaient ainsi agir avec les Russes. Lannes,
mécontent ou malade , dut se retirer : le cinquième corps fut donné
au général Savary : on attribua la fièvre de Murât au faux engagement
<pii lui avait fait perdre une partie de sa cavolttie. Tous ces corps
furent concentrés Mm Varsovie, et les bulletins annoac^^nt i Paris
que Napoléon avait pris ses quartiers dliiver. C'était la première fois
dans l'histoire de la grande armée t
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CAMPAGNE DB POLOGIfB.
CHAPITRE XU.
ciMrtflifi Di voLoein. sBuukvi rtiioDi.
l'hWer pour les Iroupes russes. — La Polf^e *n juiTler et février 19OT. — T»(soTie
et Capoue. — ADDibal ei NapoléoD. — Cericière ptrticuUtn de la guerre de Po-
logne.— Désordre. — Confusion. — Ifouvement du général Bcntiigseï]. — Bataille
de Prus&isch-Ejlau. — Trisie effet produit sur l'opinioD. — H. de Tallejnnd i
Tsrsovie.—Nrgorlations. — Offre de niédialion de l'Autricbe. — Proposition d'aa
conpès i CopcDhafue. — Houvcnicnl de Croupes. — ConsariplioD. — To]V|(s (9
poste. — Illutian de l'empereur sur la Perse et la Porte. — Siège de Dantiig. —
HouvemeDtdDBennigseD. — Bataille do Friedland, — Caraclire général de cdtt
campagne.
JuTierljuiUellSOT.
La Pologne, je l'ai dit déjà, pendant la dure saison d'hiver, offre un
aspect de tristesse et de désolation ; les terresqai s'étendent de la Yis-
tuleau Niémen subissent tour à tour les variations d'une atmosphère
de glace ou d'un dégel humide ; le thermomètre descend quelquefois
à vingt degrés; la terre glissante se prend alors comme un miroir
poli ; tout est blanc, la terre est comme un vaste linceul de mort ; ci
et là quelques arbres dépouillés, des villages épars ; des clochers noiis
s'élancent comme les pyramides qui couvrent les tombeaux dans les
cimetières. Lorsque le dégel arrive, tout devient une merde boue,
des ouragans de neige battent le visage, des vents immenses bruissent
à travers les champs, et jettent la tristesse sur tout ce vaste tableao.
Le soldat russe est habitué à ce climat , qui dure huit mois de
l'année dans ces contrées froides et délaissées du soleil ; les chevaux
de sa cavalerie courent sur la glace comme le chevreuil qui bondit eo
laissant la trace de son pied sur la neige. Son artillerie manoMine
dans les fondrières ; il posse les rivières glacées ; il est accoutumé i
bivaqner i l'abri des sapins et à dormir sur une terre fendue par les
frimas. Ce qui est an obstacle pour l'étranger est pour le Russe un
avantage ilesquartiersd'hiversontlasatson favorable d'une campagne;
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DEmClftHB PÂBIODB. ' 257
quand les autres troupes sont enfermées dans les villes ou & l'abri de
quelques tentes, lui opère ses marches et ses contre-marches comme
tà c'était sa température ordinaire ; ain« que le chamois des Alpes, il
se plaît sur les pics de glace ; son corps est dur comme le fer, et le
froid ne traverse pas sa peau durcie par les bivocs de Sibérie, de la
Finlande ou du Kamtschatka.
Le soldat français, au contraire, devait èlre tristement affecté par
l'aspect de cette nature morte ; s'il était né aux belles villes d'Italie, à
Rome, à Gènes,! Nice, les cités aux orongersetoux citronniers, ou
bien si sa première enfance s'était passée dans la Provence, le Lan-
guedoc, villes de soleil, de gaieté et de Tètes, quelle tristesse ncdevait
pas serrer son coeur à l'aspect de la Pologne, contrée de juifs et de
châteaux dans les forêts ? En supposant même les soldats nés en Cham-
pagne, en Flandre ou en Belgique, l'aspect était également morne,
car la comparaison était incessamment à leur esprit entre les tableaux
que Teniers a reproduits dans les kermesses de Flandre, ces villages
gais, ces fêtes attrayantes, et ces malheureuses contrées où l'on trou-
vait épars quelques villages, asiles des juifs ou de pauvres paysans
couverts de vermine. Généralement l'impression de la Vistule au
Niémen fut triste et profonde, et Lannes lui-même, avec sa liberté de
parole, dit, en voyant ce pays, que sa possession ne valait pas la mort
d'un caporal.
La gelée rude était venue, et Napoléon restait à Varsovie au milieu
des réceptions, des concerts, de toutes les fêtes et pompes d'une cour
délicate; ceux qui approchaient sa perwnne semblaient s'apercevoir
qu'un changement caractéristique s'était opéré en lui; il était devenu
mou, un peu insouciant de ses troupes ; il avait délaissé le bivac pour
le palais, le froid semblait l'engourdir. Ce n'était plus le générid
d'Austerlitz couchant le 2 décembre sous un pavillon de bois de sapin :
Varsovie était-elle destinée k devenir la Capoue du nouvel Annibal?
Il travaillait dans son cabinetpour les affaires civiles de sou empire',
■ C'est de TirsoTle qn'il adrosa lu sénil un me-<s*ge qui ludiquiil ses Inlenlioiw
Indéfinies de gncrre et les id^es de st politique générale :
n Nous iTODS ordonné K notre ministre des rcliiions eitérirartf de tou* commu-
niquer Ica traités que noasavona faits itcc le TOi de 8aie et arec les différents prinfes
Bouvcrsios de cette maison.
M La nation Mionnc RTtit perdu son indépendanre le 14 octobre 17H ; elle l'a
recanvrèc le 14 octobre 1808. Xprèa cinquante aonées, la Saïc, gaianiie par le traita
<|« Fosca, i cessé d'ttre province pruatienne.
îdbyGoOgIc
■^ CAMPAAHE DE POL0««E.
«t l'idDHoistratioD pii^iique l'absorbùt, ea foce des Russes qu'il (xojiit
aussi ea ]deinfl quarUers d'hiter ; c'était déjà ud changement remar-
quaUe dam Napoléon qoe ce besoin de s'abiiter derrière les manille !
VtùUiasail^t déjà? L'empereur, avee son cwps de fer, atût Bêaumoins
prdé les aouTeairs de son chaud cUniat d'Ajaccio et de Gcaie ; ce froid
si vif semblait lui Ater le libre usage de ses facultés ;dereaa pares-
seux, il préférait le bûcher ardent, ou le bob de sapii pétillait de
lamme, i cette actiiilé du cbtaip de bataille couvert de neige.
De là résultait une sorte de confusion dans les mouvements de
l'année ; ehaque maréchal agissait un peu selon son caprice, les ordres
éteient mal (sécotés ; taatdt Ney ae portait en avant» et compromet-
tait le sort de l'année par un coup de tête ;le lendemain c'était Muni
> Le duc de Saxe-WtlBMr, s«Bâ dédwaUoB préslRble, B embrassé 1> cmse de no*
(wwiBia. Ssa sori deYwLMrYir de ri^e va. petite princca qui . noa ttre kis pu dr>
lois fondamentales, se Bêlent des querelles des gnaies nalioDS ; mais doos arans
eédf au désir de Toit notre réconciliaiiOD avec la maison de Saxe enlikc ti sau^
m Le prince de Saie^trimirg est mort : sob Sb se WMT«at dans le camp de ut»
«wemEs, nous ktom fait naUra la séquestra sni sa frincipaMl^
a Nous avons aussi ordonné que le rapport de notre ministre des rdatiras olè-
Tfeuressiir les dangers de la Forte otiomanc fût mis sous ses jeu. Témoin, dtelr^
prcaaieis leafw de Doira janiiene, de tons les maui que produit la gaerre, notre b«n
beuT, notre gloire, notre ambition, nous les avons placés dans les conqoétasctttf
tniMU de la paii. Mais la (brce des circDnalances dans leaqaelks nous aons ttoa-
vons mérite notre principale sollicitude. Il ■ ralln quinze ans do victoire pour donner
à la Fraiica des équivalents de ce partage de la Pologne, tpi'une seule campagne, laiu
wlT»,aiuBii(npéeU.
B Bh; I qui pourrait calcukr la durée des guerres , le sambia des cMnpagnsa qal
Ekudiaii ftire un jour pour réparer les malheurs qui résulleraient de la perte de r«>>-
^n de eonstanlinople, si l'amour d'une liche repos et des délices de la graadr <iD(
f CMSponaieaA aur les codscIIb d'ive sage prévojaneeï Nous laisserions k aaa ncvrai
va long héritage d« guams et de maUeuts. La tiare grecque idevée et triMu^iB
depuis la Baltique jusqu'à la Héditerranée, on verrait de aos jours nos provinces tiu-
qnées pw une nuée de barbares et de ftnatiques : et si dans cette lutte trop Utdi'i
l'EOMpe cbrifiséc venait i périr, notre ceupaMe indifférence ncitenùt jaslrmenl \»
plaintes de la postérité et serait un tilrc d'opprobre dans l'histoire.
« L'empereur dePerse, tourmenté dansTinlérieurde ses Étais, commeletutpni-
dant plus de soiianle ansk Pologne, comme l'est depuis vingt ans la Turquie, pv I*
politique du cabinet de Pélacsbourg, et animé des mêmes sentiments que la Porie. >
pris les Btimcs résobUiAus, et marche eu personne sur le Cancaae pour délèndrt sn
frontières.
» Haisdéiil'anhUlondeMseuBeMisaétÉcontbfldue.lenrarméeàélidéaiitl
Pukuak et iGolimin,«l leurs baUUIona épouvantés biieniauLoinàL'aï^et itei»
•leio.
DiclzedbyGoOglC
raoxiÈm pisiODK. S59
<|ai cancofaùt en Tou latour de la Vistute. C(Hnine il «rriTe toujours
lon^ la volonté du mattre ne se manifeste pas, chacun allait h l'ft-
ventore; on grattait le sol pour trouver quelques pommes âe terre;
les cbevaux mangeaient la paille des chaumières pour le nourrir.
Les bords de la Vlsttile étaient sans végétation et les magasins vides ;
l'abondsoce n'était qu'au palais de Varsovie , où rien ne manquait &
Napoléon, même iea riches pelisses de l'Asie du Nord, enchâssées de
fourrures éclatantes. Il avait alors quitté la redingote grise traditloo-
•eile pour se revêtir d'une polonaise de velours vert à brandebourgs
d'or, tout enridùe de petit-gris de Sibérie ; le soldat soil moonùt de
froid et de faim.
Cependant les Russes ne restaient point inactifs ; pour eux . leun
«inartins d'hiver étaient la plaine, ils se complaisaient à l'atpect de
cette terre gelée ; ils caracolaient autour des quartiers d'hiver de rem"
perenr. Bennigsen connaissait parfaitement la démoralisation de
farmée française à Varsovie, et, avec sa promptitude et son Intréph
dite de hussard, il résolut un mouvement en avant pour la sorpraidra.
Le plan d't^ration des Russes s'appuyait sur deux places du premier
ordre^Kœnig^rgetDantzig; l'empereur, avec son înstinei des grandes
cbcsn, avait vu qu'aucune opération sérieuse ne pouvait être entre-
prise avant qu'il n'eût en possession ces deux, places de guerre, se
tenant l'une à l'autre. Il avait déàgné d'abord le général Victor pour
suivre le siège de Dantzig ; il fut pris par un parti de troupei légèras
prusuennes, et le maréchal Ld'ebvre fut diargé d'essayer le li^ de
Dentiig et le blocus. Avant le siège , Kœnigsberg était également
menacé par un mouvement de gauche de l'armée impériale, et l'on
espérait qu'au printemps ces places seraient au pouvoir des Français.
La marche de Bennigsen eut donc pour hase Kœnigsherg et Dant-
ng; puis, s'appuyant sur ces deux points, il devsdt surprendre
l'amée française et lui faire quitter Varsovie , où ^le ètaH absorbée
• Dus de pareille» poeiiions , k paix , p«WT Atre sAre pour nous , doit girutir
l'iDdépendaoce entière de ces deoi graods empires. Et si , par l'iDJusIlce el l'ambl-
tioQ démesurée de nos eancrais, la ^etrc doit se continuer encore, nos peuples m
iwMRroat consiBmmenl dignes , par leur énergie , par leur aniaiir pour votre per-
•Mae.des hantes destioées qui coarwineroDi tous DO» irtTsui, et alors senleoMnl ma
paii stable et longue Un succéder pour nos pwiplM, à ces jours de gloire, des jonn
twdreui et paisibles.
■ Donné en notre cunp impérial deVarsoiie, le SB isDvierlSOT.
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' 360 CAUPAGffE DB POUKIfE.
dftns ses quartiers d'hiver. Ce mouveroeat était de la plus grande har-
diesse. Les Bosses, pleins d'ardeur , espéraient atteindre lears enneinii
engourdis par le froid , et la campagne finirait ainsi par un déssrtre.
Le général Bennigsen s'appuyait sur des troupes solides ; les généraux
Miclielson et Elsen avaient détaché des corps d'élite de l'armée de
Moldavie et de Valachie , vieux soldats durs au Teu et à la fatigue.
Les Russes devaient tomber d'abord sur le maréchal Ney impru-
-demment engagé, toujours en avant comme un brave et digne che-
valier ; ils ne purent le couper ; Bernadette le soutint avec son émi-
nenle capacité militaire. Sans Bemadotte . Ney aurait été écrasé dam
celle marche des Russes, si vive, si hardie, ces deux maréchaux
■opérèrent lenr relraîte en bon ordre , se battant partout avec intrépi-
dité. Bemadotte, bien informédu mouvement, écrivit à l'empereor
à Varsovie; sa dépêche portait : a Toute l'armée de Bennigsea
s'avance, hâtei-vous, sire, il faut l'arréterparane bataille'. » L'em-
pereur Napoléon, grand organisateur, si puissant sur un champ de
bataille , se préoccupait souvent de certaines idées ; ne voulant pas
"Croire aux rapports , il écoutait mal ; il jugea donc que ce n'était
point l'armée russe qui s'avançait, mais qudques partisans isolés :
comment supposer que , dans cette rigueur de la saisou , des troupes,
si ce n'est de Cosaques, étaient en pleine marche? De nouvdtes
informations ne laissèrent plus aucun doutesur la vérité desdépêches,
et l'empereur quitta Varsovie le 22 janvier par un froid de dïxdegrés.
Tout fut en mouvement le 1" février; l'armée passa la Vistule pour
se porter à la face de l'ennemi qui s'avançait plein de sécurité pour
surprendre le quartier de Napoléon. La marche de l'empereur fat
«dmirabte; le général Bennigsen s'étant trop avancé, Napoléon, à
-son tour, le tourna par un mouvement de flanc gauche. Les Rosses
surpris dans le développement de leurs colonnes, le général Bennigsen
«rdonna la retraite ; elle se fit avec un ordre parfait f tous gardèrent
leurs rangs et on ne put les entamer. Chaque jour des combats ou
' da engagements de cavalerie ; des cuirassiers et des dragons aux
' prises, la latte et l'épée croisées ; c'étaient des combats d'arriëre-^rde
russe ^ d'avant-gorde française , et ces croîsemmfs de fer durèieat
Jusqu'à ce que les ennemis eurent pris position à Eylau. Ici viurent de
lamentables et glorieuses funérùlles.
' Uèinolre cooimunl^.
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. nBVxjim PÉRIODE. 261
^nssiidi-Eylaa est un grand bourg que Ib oature ■ fortifié, il est
jeté àaaa ks bois de sapins , arbres mélancoliques qui forment commt
une retraite profonde dans les déserts de n^ge. Un plateau domine
le bourg et défend le débouché d'une vaste plaine ; les Russes avai^t
pris li position. Tout à c6té était un cimetière à l'aspect allemand ,
où l'on b-ouve des croix noires sur les pierres sépulcrales , avec des
armoiries de noblesse ; ce cimetière fut occupé par une portion de la
garde russe, cadavres vivants qui allaîenl bientôt engraisser cette terre
et donner une ample pâture aux tombeaux. Napoléon ne donnait
aucun répit; le soir, l'attaque est ordonnée, la charge retentit déjà ;
coflune i Austerlitz, c'est le maréchal Soult qui commence à heurter
lescoloones pressées; deux régiments s'élancent labaïonnette au fusil,
pour enlever aux Russes la position du plateau * ; une charge de cava-
' Napoléon Hntit le hmutiû effet d'opinion de la bataille d'Ejlan; indépaidain-
meot du bullelin oIDcIel, il fit rédiger une niuUilude de rebtions particuiières des-
tioées k raffennÎT les esprits.
SelaUon d» la balaillt d'Eykui, par un Umoia otulairt. {Traduiî* de l'alltmanà.)
• Pendant I* nuitdu Aan 7 février, l'armée russe avsil évacué Landsberg. Ellerm
poursuivie jusque vis-i-vis Ejlau. Le grand-duc de Bcrgel le maréchal Soult, qui
faisaient l'avant-garde de rarmée française, arrivèrent i deux heures apre»-midi, H
eitofèmit le beau plateau en avant d'Eflan.
■ Les dispoellione fkiles pour tourner l'arrièr»-garde ennemie ne devaient plna
avoirUendumonieotquel'arrière-garde avait rejoint le corps d'armée. L'emperenr
donna ordre qu'on resttt en bataille sur le plaleau d'Eylau. Mais la brigade Vivien,
qui avait été dirigée pour tourner la gauche de l 'arriére-garde russe, se porta sur le
efaietiète d'Eylau, et se trouva engagée.
■ AprèsuDcombaidenuit assez meurtrier, le cimetière et l'église d'Ejlaa furent
culcvéa, la ville prise, et les rues jonchées de cadavres eonemis.
■ Le maréchal Davoust avait pris position i une lieue d'Eylau, sur la route de
HeilstMTg : mais instruit, la nuit, que la ville était prise, il manceuvra le lendcmalB
pour loumer l'ennemi.
> A. la pointe du jour, l'armée russe parut en eolonnes , à une demi-portée di
canon du village, hérissée de pièces d'artillerie, et occupant avec 80,000 hommes dm
espace qu'aurait pu occuper uue armée de 30,000 hommes.
> Hle commenta une effroyable canonnade sur la ville. Celle manœuvre extraor-
dinaire parut manifester l'intention de vouloir reprendre le village. L'artillerie dee
corps des maréchaux Soult et Augereau et celle de la garde prirent position, et
ISO bouches 1 feu françaises portèrent la mort an milieu des masses serrées de l'armét
russe.
> L'ampeteor anivait i l'élise d'Bjlan au momenl où les tirailleurs ennemis
voulaient s'en emparer. Les diapo^itiona qu'il ordonna rendirent nulle cette attaqua
de l'ennemi, qui, pour se soustraire k quelque prii que ce fdt à l'effroyable mal que
lui fkîsaient les batteries ftaocalses, voulut ae jeter sur sa droite pour enlever la ville
par la position du moulin k vent, c'eat-ï -dire, par notre gauche. Qnarania milb
12.
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Isri* nwt en désordre ms braves «stUbat», Ueoitt laatuwu «x-
■èmespK'leseBcsdroiisdu gtetnlKteioiÀtoDtprix, Stateolercr
oitle positioa , Ntpoléon l'a coauaandé, «t nul m résiste è âc Ms
•fdm; le plateaa est touraé; mais, arrivée aux deux titn de la pssi-
tioo , la «ofawBt d'attaque se trouve en présence de» Bime» Manéa
diBS le ciineUère; as combat dans les ténèbres s'en^nge k la baion-
aette,etE|lau est occupé parles Française tnUea des feox retoi-
Musiirti de l'artiHerie.
Col donc ea {rieine mût que l'ariaée rraaffiw te fonne fonr
l'tMparer da poeilifpas; le corps do maré<^ Augereau se place a
■rrière de la petite viRe d'Eylao à ganche ; Ik se BOBtrent les caafoa
dw dragons da générd Hiihaud, ■outemispattea hmes du gémtral
SaiBt-HUaire, puis les diviiiots ée dnmxbif et dfrKleÏD, et la garda
ftMoiIaMNi(iM«Mtali>n1echocdetoal«rinDéem9H. DMawN^irMBalMevaussi
MMque, l« généiBl IVMfais II 1m dlspatllioiu nriMBles :
■ Il ordonna i la division Ssinl-BilkiTC, qui éuit i la dralU, à» arpMtar «ur Fm-
•rinil^gaaclwdoraniniii.pourréutiirsBSiflMti «m éa mifahil DiTOt ; U
lu corps du raiTtchal &tiger«au, dectrai^fr IwUniHeuravHiwiiBqiii <MMaieM jus-
qu'au pied du monticule du rJmelièTe;d'appii7*r)agMidtedng<iiérUSdnl-HJWni
«lie fiKHKT ainsi viM ligne obliqnftdttiill*g« thi posltioa dunat^M D«t«iisC
■ Le commencement de ces mouvements d^gea sar4e~diaiiip la e«aeberini( h
tète de colanne da maréchal Augereau , au milieu d'an» ii«g« épaisse al d'uu
bnralDard qui «nrvint pendant une dmi^ieura, prit sa dInctioM trop 1 gaurhe. A la
freroitre Maircie de la nelp, l'empenur, s'apercerant de-la dlKoiion qu'avaini
prian-lM dIKrenles «ettmnes, rat Teeoureède nsuTeani nwjvns. Il oràattmmtm
innd-ducdeBergdesemetircàlaiétedcioutelkcamkrie, etaunaréabitlUNèfat
de te mettKkh (Ae delà garde iobetal, et de lïireun rbai^ générale.
■ EUb fuieiècuiée arec autant d'audace que daiaknt. L'Inhulcrienistenitcat-
bnlée, la moitié de rarlillrrie ennemie enleréa. et les affaira prirent, per eetle ma-
nxuTre inattendue, nneauln dtrectian. L'ennemi, accnMà deftbels, futobllgédest
déployer et de s'éli^ndte.
■ Une calDmiedt; 4 le.OOO'RDfses.s'élint égarée de soBcdté pendant ToAscarité,
■ratt SIè sur le Banc de la coltHnw du merérbat Augcnnu , nt se présenta dnanbte
dmetière pour enlcTer le village par ce cAté.L'enpmur ordonna eu généfal1>araeMe
dtM porter en avant avec un twtaillon de sa gsrde. Ce baïaJHen s'avança l'arme au
kras; la colonne russe s'arrêta court; ce Ibt l'effet do la télé de Héduie.
» llest i remarquer que les grenadiers de la garda ne-Taulnreirt janHis tirer, dé-
etarant qu'ils m devaient aller qu'i la balonneiie, et demandant à aTcncer.
■ L'escadron de la garde qui se trouvait près de l'empereur charge* ensuite-celte
colonne avec une Indicible intrépidité; et le duc de Berg, an milieu de la plusftwir
mêlée du champ de bataille, ayant aperçu la (busse direclioa de cette celonne déjt
poureuivic, déiacba le générai dcfarigadC'Brujéreevee deux rcgimentsde chasseur*,
^i la chargèrent eu queue. De ces 4,D00 peu sa sauvèraiL
■ Pendant ce temps, le maréchal Dévouât arrivait i la btuMvrdu boit, ^is-A-ns
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bepérWe, reoDasaiss^te h » haute stature ; derrlèra ee ansKOt ta
eairanen ia général d'Hantpoalt à celé des greoadiers h cbeVBl ,
taBdb que te cavalerie légère caracolait sous les bridants imifonnea
de ébamean , lanciers , bosurd). Bant cette nuit gi profoode , et A
méetorabla , le maréchal DsTOust fit od notiremefit pour attaquer
renoemi mr la gauche, et Ney le soutint. Quant à rempersnr, U M
IfloaH sur le plateau d'EyIfHi; les feux du bivac éclairaient an to(a;eft
sfiit Jeté des inasns de bols de sairin dans ces flatHues pénHuiteB,
«>r le frtrid était rif pendant les ouila de Pologne.
Le leDdemain fut une jonrnée de grande bataille. Dès que le jour
pafOt, c'était le 8 férricr, les Rnsses se déployèrent en coloDae»ser*
r^; leurs fronts étalent hérissés d'une formidable artflleriedoirt les
eoopa portaient en plebi ; ces masses d'hommes do N<»il étaient bellea
k lOle, bMiM» teojoura rcnaeni dsTMil hd. Il enleta U pIttUn qn'oemplb h
IMKte de ramée (asse, at couKtiaM cette posiliiM i trois heures d« soir. L'Mimrt
•lUqus Irais fois et trois fois l'eiuienii (ut repoussa. L'année fnnfalse appuja la
gauelie à la tille d'Eylnu, et b droite à ces liois et à ce plateau qui ivaieBt été la poil-
ti«D fc l'ennenri peixiaiii loate la jeirniée, « p«r li se trDnta EBafketm du cbamp dQ
fetUilte. Ma lors la vlctatre IM décidée. L'eaneml se mît en leWaUe i et le Aue 4a
Beif , à U pointe du jour, poursuivi! l'ennemi e\\ lieues, sans trouver même ud
h^Dine de cavalerie, et pista ses grand'gardes à une demi-lieue do Knnigsberg. »
Le 30 fèrrier IStn, qoelqnes cavaliers frsQfats ont enleti sa courrier ((«1 portrit
des dèpfabes b Péiersbeorg. La plupart des Mires interceptées parlent des pertes
éamaies et du découragement de l'armée russe ; mais on renmrqae surtoot la nAr-
«•■te, datée de Brtansbci^, et adressée 11 H. Cordrer de Laànay, aecréutrt da
S. ■. l'empereur de Hussie, i Pétersbourg :
■ Nous continHODE nos succès , mon ami. Des elrcov&tanees impréroee nona «M
«apCebés de profltpr de h victoire d'Ejisn pour exécuter le beaa plan ((cw mm airion
formé de pénclier à Berlin et de coerpwaiMM'nmée française ; mais nous marchons
■la DOuveaa iwft le néne hu{, «tvowverrei, par la date de ma lettre, quelesFran*
fM> M OatUnt en vain de now rtienw derrièie H Viégà^ CoaMm notre position
wÉinHn serak AnoraMe peur opérer notre réanien stcc l'tf née aHghiae , qui d<tL
vMir noD* joindre per la BritiquelLft saisofts'; oppose; mais m* pthMvpsvM
ABtMfoimidaUevieBdraappsTer nMOancsetiM^itéter eenideranoeni. NÔu tm
aPMS reçu depuis peu de jours «ne nomcHe aesmraaee. Je n'ai pee besoin dévot»
dlM«|uvte«te<e9 lie loiresoM été cbirameM achetées. J'ai perAt Mon UrireÂle^;
a «1 Horf en bra>re, at je m'en consA ; DMis ee qui m'aflKge d«v*n(aee, c'est de Tolr
M4re armée telIcmeM affaiblie, svaMle commeacemeDt dek eampa^aa, «pi'uBpnn^
DWttfcn de nos bataiUone sent rédiUsk 90O bMnmes.
m ha Timcais sa vantent d'avoir baUn le généra] Essen à Oeuolenke ; Us disent
Mdniu qne cette partie de notre armée ne s'est pas feK honneur ; mais nous satadu
u«9 qu'elle n'est composée que de reemes. Tous les bons régiments étaient à bheHe
hMaiHe d'EyIan. Cependsni, je me sais bien donné de garde de cotMmnlqoer votK
dernière, par Itqnclle vous m'annonces qu'il ne reste pas de troupes en Rint)e,eiçit
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S64 CUtPJUiSB SB rOUtSBB.
i voir , grenadiers à la colossale stature , cavalerie montée sur de beini
chevaux de la Livonie , l'artillerie avec son feu terrible , partout de
telles troupes devaient faire trouée. Napoléon aperçut le danger ; il
vppose à ces fortes cdonnes les deux corps des maréchaux Soult et
Augereau ; il faut faire taire ce feu meurtrier; 60 pièces d'artillerie
de la garde se mirent en position; le danger devait être grand, puisque
l'engagement commença par la garde. Le cimetière d'Ejlau devint
le centre, les morts du sépulcre devaient bientAt donner on froid baiset
à d'autres morts qui tombaient sous le feu de la mitraille ; le ùel éfaùt
•ooir , la neige tombait si épaisse qu'on se voyait k peine k quelques
4»s, l'artillenequibrisait ces ténèbres ressemblait à la foudre pendant
l'orage. Des bouffées de vent glacé poussaient la neige au visage des
Français et favorisaient les Russes. Le corps d'Augereau s'égara par
un faux mouvement, et ces vieux régiments furent foulés sous la
pieds des chevaux de la cavalerie russe. Toute la division Desjudini
-fut sabrée ; les braves soldats tombèrent après une défense héroïque.
Telle compagnie qui se composait décent vingt hommes, à l'appel du
soir n'en comptait plus que cinq ; les autres étaient tombés et ne
"devaient {dus répondre qui la trompette solennelle an jugement de
dfeormaU nous ne pouvons attendre que des recrues qui n'ont jamais va le fsu.
» Mais, malgré ces précauiiona, l'esprit de l'armée n'est pas bon. An lieu de l'en-
Uiousiasme qne devraient eiclier nos victoires, je vois avec douleur le nombre itt
mtcontenls s'augmenter chaque jour. Nous avons contre nous un général habile et
«ntreprenant, Noua nous attendons k une attaque générale et vigoureuse, dès que II
saison le permettra. Hais, quel que soit l 'événement, vous savez que votre amirai~
pIiraBoadeToir,etmouTTaà son poste s'il le faut. > Signé : Ài,aBorr.»
ProeUanatùM.
■ 1. Pntssiseh-Eyiau, te M février ISOT.
» Soldats, lona commeneions i prendre un peu de repos dans nos qiiattitn
d'hiver, lorsque l'ennemi a attaqué le premier corps, et s'est présenté sur la baSH
Tistule, Nous avons marché à lui, nous l'avons poursuivi l'épée dans les reins pcD-
dant l'espace de quatre-vingts lieues. Il s'est réfugié sous les remparts de ses plaect,
«ta repassé la Prégel. Nous lui avons enlevé aui combats de Bei^fHed, de Depfxn,
4e Hoff, i la bataille d'Ejlau, soixante-cinq pièces de canon, seize draptsui, et loé.
'blessé ouprisplusde4O,000hommcs. Les braves qui de notre cdié sont restés surit
cbamp d'honneur sont morts d'une mon glorieuse : c'est la mort des vrais soldait-
Leurs ramilles auront des droits eansianis k notre sollicitude et k nos faienfails.
a Ajanl ainsi déjoué tous les projets del'etmemi, nous allons nous rapprocher dt
la Tislule, et rentrer dans nos canloosements. Qui osera en troubler le repos, s'en
repentira ; car au delà de la Vistule, comme au delà du Danube, su milieu des ft'imas
de l'hiver comme au commencement de l'automne, nous serons toujours les soldali
ftaafais, et les soldats fraotais de la grande année. ■ NAPOLioN. ■
DiclzedbyGoOglC
DBOXlillE PERIODE. 965
Dieu , qaaod lear empereur , mort aussi , les appuierait k la grande
revue des glorieux faotâmea , à la Tace de Kléber , de Ney , de Haa-
aéoa, secouant le linceul du sépulcre. Aagereau, le général des
guerrei d'Italie, reçut un coup de feu à la figure ; on remporta griève-
ment blessé du champ de bataille.
Cet échec fut aperçu par l'empereur : il fallait porter un de ces
coups qui changent les destinées d'un combat , et Napoléon savait les
improviser; il dit & Murât : « Chargez cette cavalerie. » Alors on en-
tendit dans la plaine le pas redoublé des cfaevaus. hennissants , h la
crinière pendante ; cuirassios et carabiniers percèrent les carrés russes,
mais telle était la puissance passive de ces soldats , murs d'airain ,
qu'après avoir fléchi devant la cavalerie, ils reformaient leurs rangs
comme si la lame de damas ne les avait pas ouverts. Ces beaux cuiras-
siers furent ramenés vigoureusement : presque tons les généraux qui
les commandaient restèrent sur le champ de bataille. Pour la première
fois peut-être on vit une double charge en avant et en arrière ; les
euirassieis furent obligés de rompre les rangs pour pénétrer au milieu
des carrés et de les rompre pour en sortir.
Enhardis par cette bi^ défense , les Busses , prenant l'offensive ,
attaquent à leur tour le cimetière occupé par ûx bataillons de la
vieille garde ; l'empereur s'était établi sur un dppe en forme de
colonne , surmonté d'une urne funéraire , afin de voir les accidents
de la bataille ; Us colonnes russes se développent autour des murs, une
forte division se détache, et, la baïonnette au bout du fusil, se dis-
pose à pénétrer dans le cimetière ; Napoléon , très-agité , tire l'épée
et ordonne à l'escadron de service de charger cette colonne ; un fort
batailloo de la vieille garde doit le soutenir. A cet aspect , la colonne
russe s'arrête ; le bataillon de grenadiers détaché du cimetière soutient
l'escadron de service. L'issue de la mêlée allait devenir redoutable ,
les six bataillons de la garde s'ébranlaient déj& sous tes yeux brillants de
Napoléon , lorsque Muret accourut pour chargw l'infanterie russe
qui se déployait sous les feux de droite et de gauche.
Au soleil de midi , le succès de la bataille était compromis ; l'em-
pereur, sa lorgnette braquée sur la droite, attendait le maréchal
Uavoast pour dégager l'armée d'une p<Hitioo si diiBcile; Davoust avait
promis d'arriver à onze heures , mais il s'était trouvé face k face des
. brigades d'élite de l'armée russe qui l'avaient arrêté tout à coup; il
«'était battu deux heures. Enfin on aperçut sur la hauteur quelques
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KS CAMFAAflE DE KMLOOIB.
■igtesderégtnenrs qDi s'tvancalentaupa»de eosne, feTootaBt dmAt
«des des corps entiers de grenadîen Fmses. BeonigMn voit ce nu»
Tement rétrograde ; la défaite d'Aiigereas s renda dltj^Ue an
«orps Tfme ; plein de fenthouiitsme de la vickHire , BeoMfijwn le Itan
sur le maréchal Davoust. Accablé parte nombre, le raaréeM se net
m retraite ; ses régiments sont briséi , r^alé» à raie 11^ ia ehmp
de IwtaHle; il est reçu parles baïonaettra du général prameaLeitoeq;
■Igrn le marécM al obligé de se ce«ceiilrer sur Ici bautews q«i mb-
roment Eylau.
Ainsi était la bataille il qsxtre heares, q«nd Tiej, ■wawimt
BB hasard , arriva sur le dtamp fanèbre d'Eylan ; la onU ap^acbA ,
et Ton D'enteBdait]dn8que9«ebi(ie»coiipadecanoBécbtQgéidelni
entre les deia arméM. On était ^isé êfth bi san^aate joanée;
1» C8rp9 de Ney n'étaieet pas capaMts de dosnei; 1» cmp fiBCOt
«npeadns aptiataDénHiit. Os vit aio» les armées cewr le Ico par
épiBfleDKBt ; N^»oléoa et Benaigseti datèrent leurs b^eti» danfene
clnMpde eaniage , pour constater (pie le luccès leur était rnté égd.
Prussisch-Eylau fut une grande toerie , tans anciB réfoHst ; nr ai
tenaiD serré, plus de 30,0ODbomBM9 restèrent cowMa nr le duni»
^hataiBe; le succès ne fut acquis i penooae; le giaéndVcairiBiei
fat veçD avec Teneur , et il attaqua intrépideawnt. Qw^ honira!
({■(ttes tronpes ! Toute la jmimée on te cammoa k portée de loti,
(des dèclw^^ ébraalèMHt te iri , et tort «la 9an»4ea auoMi AeMîgCt
fm -m froid vif de db: degrta. B y eut pea de atratégle-dni caltt
bataille. Napoléen n'y dé|doya pas m capacHé ds gmmi BmnKaytkc;
«efiuest deaattaqaespRMées, corps k corps, et, >e le r^Me, poat
BOBBlater tort le dat^er delapoaWoa » rcacadroadegetrioe WaWii
* dmner ; 1«apcrié«n mit répée k hmia; , è I« tètedc sei vienfie-
mdiers d« la gnite ; les boulets pteuraieot eotoardeM, tanittt^
slHoimail le» rangs; si 1» colonne rgnsequiae potlatt aar le dmetiin
v^mit pasété arrêtée par leroouveneat de ti Tieiltegaide ètladorgo
de Murât , le sort de ren^erear même anratt été compronia.
Le lendetBaia le soleil était à peine levé , roa^ct naa^ox, que
remptwiB visita le ckamp de bataille d'EylaD. pintade ^oe la pot-
tare a elrercbé a reproduire sone de poétiques caedeu». H était b >
Napoléon , le front réreur , l'œil morne , sar an cherat de batalICi
tfouTant passée à peine aa trareis des cadavres; lec^mp était coo-
vert de neige , rougi par de longuts traces de sang sur an eq>ace ifoM
îdbyGoogIc
set
lieoe et tanie ; pv ndetvtUes, des M(naȈ la fei^e ao^ qolj'jia-
nknt cenune des lumen funéraires ; pais de» nuée» de eorbMux ^
MtUaient mr ce stA coitrert de cadavres » avec àm cioasseiDeato 4^
jm. L'Mpect de ce elkainp de eoroage disait aaseï ^oe éat troofCl
d'élite en élut venms aux prisas ; des rangs eiUien tiuabés ions la m^
toaSe, étaient gisants avec IftnèawferBNtéat la anânetuiae fiw
i^bcombattaieuteDeore debout. Il 7 avait <}ueLE|ae diosede gnadiMe
0t i'affreiix k l'aspect de catte ^aine d'fijlati. -QiuJ» hamme», tpak
fiBdiatear9élaieBltoiid>é» dans le cirque en proelaaant Ifeg^oitede
Cénr! NapaléoG ^nb aawtaiir dece speetaclc, et, daw«M boUefiB,
iinipradiBt em style figiwé l'aspectde la plaioe d'£ylM> : il dit coa-
bioa de cadaiees étaient étendu» su* la terie oauneitte d'<ri)Bi, de
taoielset deniterill«;Lle3'Caaa«Hers tués en défen^DtlflHrajà^cit
temtNimotnicbésàtsraeaoM la poitrail de lews sbeviot, ei tMt
«ria lanuart sor on tenwn resereé. Toi»., par «ae enueUe at fimide
expression artistique , Napoléon ajoutait daas son balleUn : « ïout
cela avait plus de relief sur un fond de neige * ; w il fallait être habitué
ieespectoole, porter m awur inflesîlde^, pour faire de l'art à l'ooca-
»on de cette sanglante bataille d'EyiiHi, où septgénéraosfnrsnttnés
à la tète de leur glorieux cortège de fières troupes. Depuis la bataille
de Nevi , amioB conbat plusMaglant ae s'était Uvxé av«c un courage
(tas adiamé et pfns inrincible.
Aussi la bfdaille d^Eylau laissa-t-elle de longues traces ; eUefltdans
laimée une imptesaisB de tfiatesse iad^cible. Aanes et Françafa
reprirent d'eux-mimes leurs quartier» d'hiver, plein» de ht^n»et
d'épuisement. De part et d'autre une- dêsorganisBeioD déplondile w
nanfrail dans l'armée ; des ctwps entiers avaient disparu ; Tes quatre
*Bsionft <iue conduisait le maréchal Augsraau ne paient pas, e&n
réunissant, composer une brigade; il 7 est telta oampa^eS'de'vt^
tigenrs et de grenadiers qui, sur cent hommes, en eurent quatre^
viagtciaq de tué»; tein ces détails luFent cooiuia à Tarsovle et Jt
VhiB; k Vagsofie, on H. de lUleyvaad coatinaait alars m ewir
diplomatîqDe : partisan de la paix, il fut preféodéineQl trSbcté' de f(
' • Qn'onaflgaTenirun esptoe d'um liaua carcfa 0'(m.10jOOO cadm«9.4m
Met cheTMi isés, de» lignn de sacs nmtOt At* débris de fusils el de sabre*, Ik
lem couverte de boideu, d'obus, de manilioH, ilagi^queiie pike»de canon eupria
dieqijkj'wi TOfait les cadanes des coodncleurs tués eu memeat ob ili hiaeleot
des clTorlspour lesrnlercr; tout cela sTait plus de reliaT sur us fond d* Belge* %
;Ss(i«tt da bUT* bvSetiu- de U giandc anoétt)
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868 CÂMPAfiim DB poumue.
toornare déplorable que prenait la campagne ; il avait fw dans le
g^ie de l'empereur, mais il ne ponvait se dissimuler sa maimi»
position sur les bords de la Vistule, à quatre cents lieues de Kl tron-
Uères, en Tace de la Busne, qui pouvait très-radlemeot se recruter;
rAutriche, mêcoutente de Presbourg, continuait d'armer, et sous
prétexte de médiation, elle se tenait en Gatlîcie avec trois corps de
bataille, dont les cadres complets s'élevaient à 60,000 hommes. D'tin
aatre cété, une armée anglo-suédoise était annoncée comme dennt
prendre part à la campagne dès le mob de mars on d'avril ; on en
évaluait lechiffre à50,000 hommes, excellentes troupes qui pouvaienl
exciter une insurrection générale en Prusse couverte de partisatu
innés et en campagne. M. de Talleyrand voyait dans la paix une
solution définitive à tons ces dangers ; sa correspondance avec Nqw-
léon constate un esprit de modération qni devait souvent déplaire k
l'homme qui ne comprenait d'autre voie que la soamisBîOD ateolM
de la part du roi de Prusse *.
> Cependant, iprès là bauflle d'Eylan, le ton de l'emperear derÎMit ^ns moàM :
ttttn de IfepoUon, datit dOtUrod», It 29 féoritr, adrutéa à Frédtrie-GnUlata*
tt poriét par It gtaênH Btrtrtmd, enréponu àwu leitrô d* e§ ntonar^ tniaU
du 17 d« M moii.
H MonsiEUT mon frère, j'ai refti la lettre de votre majesté, du nfén'iet, qoenUt
aide decamp le colonel Kleist m'a apportée, ellni ai cotniBUDiqui mes idées Mik
ailnalioD actuelle de vos alTaires. Je désire mettre des beniea au malheur de v«(K
famille et organiser le plus prompteinent possible la monarchie prussienoe, donlli
puissance IntennèdiBire est nécessaire pour la tranquillité de toute l'Eure^, li
déaire la paii tvec la Itusaie, et, pourvu que le gouvememeot russe n'ait pas dt
desseins contre la Turquie, il me paraît qu'il sera facile de s'eDieodre. La paix btm
l'Angleterre n'est pas moins nécessaire pour la tranquillité de toutes les naiEoDS, tt
je ne Terai point de difQculté d'enTOjer un ministre à Hemel, pour prendre put à na
congrès entre la France, la Sutde, l'Angleterre, la Bnseie, la Prusse et la Torqoie.
Mais votre mqesté sera peranadée que, ainsi que l'eipérjoiee des temps l'a démoolréF
un tel congrès pourrait Tacitement durer plusieurs années ; celui de Weslphilit
dura, je crois, dii-hail ans. Hais la longueur de temps qui serait nécessaire pour
«aminer, peser et déterminer l'intérêt réciproque des puissances néfociatriccs ei
l'éiat indéterminé et ineertain qui en résulterait, ne conviendrait pas 1 la sitotlioa
actuelle de la Prusse. Je pense, en conséquence, que votre majesté me fera bientdi
■avoir qu'elle a pris le parti le plus simple et le plus prompt, qui est en même tonp*
celui qui répond le mieui au bien-être de vos peuples. Mais, dans tons les cas, j(
prie votre majesté d'être convsincne que je sois sincèrement dlapasii renouer bm
' anciens rapporta et qne je souhaite un arrangement avec la Buasie et l'An^elene, B
elles le veulent en effet. J'aurais horreur de moi-même >l j'étais la cause de tant de
■ang répandu ; mais que puis-je y ftire7 a
Napoléon écrivait le 19 awil isn à Frédéric-Quillaïune : t U «t ai
îdbyGoOgIc
DBOxiËMB vitmoB. 209
U pensée de M. de Talleyrand était celle d'un coogrès, il s'ent^k-
daitsurce point avec le général baron de Vioceot, envoyé par l'Au-
triche k Vanovié ; l'ambassadeur oGfrait la médiation de son cabinet
pourunrapprocheinenlBvec]aRussieetrAnglelerre,& des conditions
raisonnables ; on reconstruirait la Prusse dans de justes limites ; la
Sau trouverait ses indemnités pour ses frais de guerre dans la création
d'un grand-duché de Varsovie aux dépens de la Prusse ; et comme
M, de Talleyrand était intimement persuadé qu'il n'y aurait jamais
de paix solide sans le concours de l'Angleterre, il proposait d'admettre
dans nn congrès tenu itCopenbaguedesplénipotentiairesbritanniques;
Copenhague était un lieu miste, un état qui avait véritablement gardé
u neutralité. Ce congrès déciderait ainsi toutes les affaires politiques,
en partant d'une base de pacification générale; M. de Talleyrand
croyait que si l'Angleterre voulait intervenir dans un congrès, l'em-
pereur Napoléon se montrerait plus facile dans les concessions faites
à la Prusse et à l'Autriche.
Cette idée, M. de Talleyrand la poursuit, quoique la bataille
d'EyUu eût un peu changé les projets pacifiques du baron de Vincent
et de l'Autriche, on voyait à quelle cause tenait la puissance de Napo-
léon ! un coup de dés suffisait pour lui 6ter les chances dans le jeu
(erriblequ'ilessayaità chaque campagne. L'empereur hasardant tou<
jours, les cartes pouvaient toumercontre lui, et c'est ce que l'Europe
n'oublia pas; la fortune, divinité capricieuse, ne s'abandonne jamais
i UD seul amant. A Paris, la bataille d'EyIau Ht une impression plus
ftiale encore qu'à Varsovie ; les bulletins avaient déguisé avec beau-
coup de soin le véritable caractère de ce carnage ; Napoléon avait
poétisé le champ de bataille, sou style si coloré avait donné un aspect
de triomphe à ce qui n'était qu'un choc sanglant, une mêlée épou-
vantable : mais des lettres intimes des généraux et des ofBciers avaient
donne une lamentable idée de ce heurtement du funèbre cimetière
que jiwte qne la paU Mit accordée i l'Europe, k la PotU oitomane el i d'aolrcs
alliés de U France impliqués dans la guerre ■eiuelle. Je ne balance pas à déclarer
qua la France a toujours regaidilt liaison entre la Russie et l'ADglelcrre conune eu
oppositioa aiec les principes de sa politique. Ou s'intéresse à elle; pourquoi reTu-
serait-oo la roteie chose 1 lézard de la Turquie î je me llaUe que votre msjeat* sera
convaiocoB de la farce des matib qui me décident; et si elle admet que toutes les
puiMances belligéiantes des deui cAtés preonent pan au prochaiu congiia, ella
4ttîa b Mol obstacle qui s'opposa cffecltYemeDt k l'ouverture des négociations. «
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JfîO CAIVAGMB DB POLOORE.
d'Eylao et des sombres résultats qu'il avait eus. NapolêoB, forci de
Tevenirdanssesquaiiiersd'htveridemandaitigninds cm des noyem
poar recruter tes armées; un message secret an sénat appdala
levée de la conscription de 1808, c'est^-dire de jeunes ge» qui
«Tiient dix-huit ans et demi à peine ; la conscription de 1807 BTiit
été appelée depuis six mois ; tous les dépAts de corps étaient partb en
poste poar rejoindre ; la garnison des villes se coniposaK de tétArans
et de gardes nationaux ; toutes les ressources de l'État étaient ram
en réquisition pour soutrair cette année i quatre cents lieoes des
frontières, et qu'on disait pourtant victorieuse * .
' Ce Tôt du cuip d'Osieiode que Napoléon duaioda U lerée de b coRHriptioa
de 1808.
Mesiagt ât S. Jf. I. »l R. ou $tital.
I Sénatears, nous avons ordonné qu'un projet de aéoatua-roiuuKe iyaptpon
Dbiet d'appeler dis ce moment iBeonMriptioD da 1808, tous aoil piiieDl^.
B Le rapport que nous a Tail noire in[n[stre de la guerre, voua donnert a coa-
naître les avantages de loulc espère qui résulteront de celle mesure.
B Tout s'arme autour de nous, L'Anglelerre Tient d'ordonner nne levée atnm-
dJBafie de 300.000 hommes; d'auires puissances ont recoars également i de* iwr«-
teawBts considérables. Quelque rormidables, quelque ■ombceuKs qne Mi»t W*
■rméea, les dispositions contenues duis ce projet de sénalus-eonsalte nom ptrab-
aent sinon nécessaires, du moins utiles el convenables. II faut qu'à la vue de ceU«
triple barrière de camps qui enrironnera notre territaire, comme k l'aspeet du triph
nu$ de (dates fortes qui jisraniieeait nos plus inportaMcs frostièiei, dm emrais
ne conçoivent l'espérance d'aucun succis, se décmu-agent, et soient ramesés oia.
par l'impuissance de nous nuire, k la justice et k la raison.
B L'empressement avec lequel nos peuples ont exécuté les sénatus-eonsulies dn
U septenlm 180» et du 4 décembre laoft, • vivemaM etcité en naos le «cbUdm»
de la recoAMiisMace. Tout Frantais se moBtieratgaktneBl digne d'uasibeaawHi.
■ Nous avons appelé k commander et 1 diriger celte întéressaule jeunesse, dn
sénateurs qui se sont distingués dans 1> carrière des armes, et nons désirons que
Voue reeonnaissiei dans cctia dttecmiaatioD la coofiaoee sus bornes que noaimei-
tous en vou». CessénaieuraeaeeigBeroDtaui jeni)cscoi)scrii8queladisci[diiMtllt
patience i supporter les fatigues et les travaQi de la guerre, sont les premiers girsnlt
de la victoire. Ils leur apprendront à tout .'sacrifier pour la gloire du irApf d if
bonheur de la patrie, eui, membres d'un corps qui en est le plus ferme appni.
» Nous avons été victorleui de tous nos ennemis. En six mois, uùus avons pus'
le Keio, la Saaie, l'Elbe, l'Oder, la Vistule ; bous avons conqnia le* place* les pin)
fannldables de l'Enrape, Magdebonrg, Haneln, Spandan, Stellin, Cuatria, Giogae,
Bresin, Sehweidnitz, Brieg ; nos soldats ent trionpM dans on grand nonbn di
conba» et daos plosieuTS grandes hataillee rangées ; Us OBt pais phis de buit ceiO
|)4iees de canon sur le chsntp de bataille ; ils ont dirigé vers la Fr*Bc« quatre nlSt
^èees de si^, qmlre cents drapeaai pruasiens ob luaees, et pins de 9t>fi0t f^
SBoniers de guerre ; les sables de la Prusac, les uKtadei da la Polagae, le* plnia dt
l'anloKM, les frin»s de rbiver, rien n'a ralenti leur udeat désir de parwair 1 h
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mrxitm péuovb. Kl
L'inqHiétude éttit eitréme dans les familles en deuil, les ét&t»-
majeis «Toient tant fait de pertes que la cour elle-même en sablai
It tn^esse : de brillants officiers étaient t<mibés soos la mitraille, des
géniaux restaieat couchés sur le champ de bataille, et bien que
Nap^éoQ fit réloge d'uiie si glorieuse mort, les mères, les épouses,
les sosun, trouvaient cruel de voir tonber au printemps h peine de
)a fie, ces jeunes hommes quiauraieQtpu fournir une si belle carrière.
Aussi le eri de paix se faisait-il entendre à Paris comme à Varsovie,
l'oiHnioa publique suppliait Napoléon de terminer ces guerres ]olit<
Uioes qui le portaient à cinq cents lieues de la capiltde, eu moissoi»»
mot la géfiération entière.
Pour soutenir les opérations militaires sur un plan sûr et large»
Napoléon avait jugé importaot de s'appuyer au nord sur deux places
coondérables, Stralsoud et Dantzig ; par Stralsund on voulait maîo-
teoîf la Poméranîe suédoise et empêcher tout débarga^nent d'une
armée auglo- suédoise; Gustave- Adol^die s'était vigooreosemeiit
défendu, le secouis des Anglais n'arrivait pas. L'empereur chargea
pu par U ^ctoire, et de se toIt nmener sur 1b territaire de la piblc pu dM
iriomphes. Cependant nos années d'Italie, <te DalmaUe, de Naples, nos camps de
■osla^c, de Breugne, de NomuiQdie, du Uiin, MU restés iulaeia.
■ Si BOUS déni* ndoDS aujourd'hui à nos peuples de nouTeaus sacrfflces pour raa^
■Dlonr de nous de nouveaux moyens de puissance, nous D'bésitons pas é le dire, tn
D'est pofDt pour en abuser en prolongeant la guerre. Notre politique eat Bie ; aoua
■Tons oSen la paix k rAngletcrre avant qu'elle eflt fait éclater )a qnatriènecoalitieD;
cette mém* paix, nous la lui offrons encore. Le prlKipai nainisire qa'ellt a empleTi
dan» ECS uégaciiUoDs a déclaré aulhfnUtiuenient dans ks assemblées publiques qu«
cette paii pouvait être pour elle honorable et avantageuse; il a ainsi mis en évldenee
la iostice dr notre cause. Nous aonmies prêts k condnre avec la BussJe aux mèma
eenditfMS que son négociateur arut signées, et que les intrigues cl l'IiAuiKe da
l'Angleterre l'ont conlTaint« à repousser. Nous sommes prjis i rendra à Ma bub
millions d'habitants conquis par dos armes, la iranquiliitr., et au roi de Pruue n
capitale. Heia, si tant de preuves de modération si souvent renouvelées n« peurent
tien caotre les aiusionB que la passion mggért k rJUi^eUrra, si eetle paissanes sa
ftwL croavcT 1» paii que dans notre abaissement, il ne nous reste plM q«'à gémir sur
les malheurs de la guerre, et à rejeter l'opprobre et le blâme sur cette naUon qui aU-
menie son monopole avec )c sang du continent. Nous trouverons dans notre énergie,
dvM la dévauement et k pntewice de nos potées, des mofeos assuré» pavr rendra
vaima les caaïtiou qn'ant cimentées l'iiqnstice et la haioe, et pour les hire tannm
à U confnsioa de leurs auieun. Franijais I nonshraTiroiis toua les périla paui la ghlit
etponr le repos de nos enhnts.
• Donné en notra camp impérial d'Osterode, le M mare 18OT.
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87S CAHPAGKE VE POtOGlIE.
les maréchaux Mortier et Brune de diriger les opératioDs de cette cam-
pagne ; ils le firent avec une indicible vigueur, les troupes suédoises,
abandonnées à elles-mêmes , firent retraite devant des forces supé-
rieures. Au siège de Straisund, ou saneilla tout mouvemeot de l'année
tDgIaise dans la haute Allemagne ; en même temps le vieux maréclial
Lefebvre, le général républicain de Sambre-et-Meuse, dut assiéger
Dantzig, investissement beau et long , à la manière de l'ancteone
école, avec toutes les phases des fascines et des épaulemetits réguliers ;
on entoara la place, la tranchée fut ouverte, comme sous Louis ÎIV
lorsqu'on assiégeait BergM)j>-Zoom ou les formidables citadella it
Flandre. Le siège de Dantzig fut un épisode aux opérations de b
grande armée ; le maréchal, aidé du corps du génie, toujours û
remarquable, pressa les fortifications de Dantzig , défendu par k
général Kalkreuth, de l'école de Frédéric. Après trois mois de siège
régulier, Dantzig se rendit, et le maréchal put en donner la bonne
nouvelle àNapoléon ; une récompense alors inconnue lui fut décetnée
eu milieu des camps.
Jusqu'ici Napoléon avait fait des fendataires, mais il n'avait pas fait
de nobles ; il avait créé des fiefs sans donner de titres ; or le premier
duc fut le maréchal Lefebvre : idée politique et hardie tout à la fois:
choisir pour premier duc de son empire l'homme d'une fortune si
inouïe, faire duchesse la bonne et excellente femme qui avait suiîi la
carrière de son mari depuis les gardes françaises, cette madame
Lefebvre, dont les propos naïfs égayaient les grandes dames de la
cour 1 l'empereur faisait commencer la noblesse bien peuple, aGn de
prouver que pour lui elle devait avoir un sens démocratique ; c'était
une récompense pour un service rendu, une obligation, une nouvelle
dette envers la patrie. Puis il y avait, dans ce choix de Lefebvre, le
sentiment d'une puissance absolue : prendre ce qui était si petit
d'origine, en faire le premier de ses gentilshommes, comme à Con-
Btantînople le sultan fait d'un gardien de troupeaux un vizir ou un
pacha ; transformer un ancien sergent aux gardes en duc, dignité la
plus élevée du vieux régime, c'était dire assez que l'empereur avaitle
don créateur ; il y a de la raison en toute chose, il ne faut pas cnnre
àla folie des pouvoirs, et lOTsqne Caliguta fit son cheval consul, ilavait
en lui une idée : d'abord l'exaltation de sa propre autorité, une cer-
taine manière de constater qu'il pouvait tout, même satisfaire ks
capdces les plus étranges de sa volonté : « Je suis tout-puissant,
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je réalise l'impossible; par ma volonté un cheval est consul '. »
Une suspension d'armes naturelle, spontanée, avait nivi la funèbre
bataille d'Eylau jusqu'à la fin du mois de mai ; les deux armées
étaient comme épuisées partout ce sang répandu. L'empereur Napo-
\ha avait fixé son quartier général soit à Ostrolenka, soit à Finken-
stein, petite ville près de Daobiig, d'où il pouvait suivre toute» les
< Le teite dn moaage qui crée le dncbé d« D«att% «t plein de Dobicase et de
hauU BCDiimeola politique».
Meswge de l'emperear.
a UntleuTS, pu nos décret* du 30 mirs de l'tDnée IBM, noua avons institué des
dnchés pour récompeDser les grands services ctrili et militaires qui nous ont élé ou
qui nous seront rendus, et pour donner de nooTeaui appuis t notre irAne , et enTi-
roDDer notre couronne d'un nourel fclel.
B C'est 1 nous k songer à assurer l'étal et la fortune des ramilles qui se dévouent
entièrement k notre service, et qui sacrifient constamment leurs intérêts aux nAtrrs.
Les bonneuTs permanents, la fortune légitime, bonorafale et ^orieuse que nous vou-
lons donneri ceux qui nous rendent des services éiniocats, soit dans la carri^ civile,
soit dans la carrière militaire, cooirasieronl avec la fortune ill^ilime, caebée, bon<
teuse, de ceux qui, dans l'exercice de leurs fonctions, ne cberchcraieni que leur
intérêt, au lieu d'avoir en vue celui de nos peuples, et le bien de notre service. Sans
donte la conscience d'avoir fait »an devoir, elles biens atlaebéii notre estime, inJBsent
pour retenir un bon Français dans la ligne de l'bonneur; mais l'ordre de notre société
est ainsi constitué, qu'i des distinctions apparentes, à une grande fortune sont atta-
chés une considération et un éclat dont noua voulons que soient environnés ceux de
nos sujets grands par leurs talents, par leurs aenices et par leur caTactère, ee premier
don de l'homme.
» Celui qui nous a le plus secondé dans cette première journée de notre règne, cl
qui, après avoir rendu des services dans toutes les circonstances de sa carrière mili-
taire, vient d'attacher son nom k un siège mémorable oh il a déploie de* talents et un
brillant courage, nous s paru mériter une éclatante distinction. Nous tvc«s aussi
voulu consacrer une époque si honorable pour les armes; et par les lettres patentes
dont nous chargeons notre cousin l'archichancelier, nous avons créé noire cousin le
marécbal et sénateur Lefebvre, duc de Dantilg. Que ce titre , porté par ses descen-
dants, leur retrace les vertus de leur père, et qu'eux-jnèmes ils s'en recuDnaisseul
indignes, s'ils préfèrent jamais un lèche repos et l'oisiveté de la grande ville aux périls
rt i la noble poussière des camps, si jamais leurs premiers sentiments cessaient d'être
pour la patrie U pour noua. Qu'aucun d'eux ne termine ea carrière sans avoir versé
son sang pour la gloire et l'honneur de notre belle France : que dans le nom qu'ila
porieci, ils ne voient jamais un privilège, mais des devoirs envers nospeuples et envers
nous. A ces conditions , notre protection et celle -de nos successeurs les distinguera
dans tous les rangs.
n Sénateurs, nous éprouvons un sentiment de satisfaction en pensant qne les
premières lettres patentes qui, en conséquence de notre sènatus- consulte do
14 août 1806, doivent être inscrites sur vos registres, consacrent les sct> ices de votre
•prêteur.
n Donné en noire camp impérial de FinkenMeiD, le 98 mai IMT.
» Siçné : NtfOtioH. ■
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t7A CÂ1IPA6KB DB fOVOSKB.
opéralîonfl du siège ou de l'année. A Finkensteio remperenr reçut
reuToyé du schsh de Pêne, arabasude somptueuse qui retentit.
L'activité de Napoléon n'avait pas de bornes; ce qu'il voulait il Yah-
entait sur Uteare, dès le commencemeat de la campagne cesire la
Russie, il anit compris toute l'importauce de soulever contre les
Ruœes le divan et la Perse, leurs antiques ennemis , comme one
diversion essentielle à son plan de campagne en Pologne. Aleuodre,
obligé de diviser ses forces, ne pourrait plus employer qu'une fruti»
de troupes sur le Niémen ; à cet effet, l'empereur envoya des instrw-
tlons précises au général Sébastiani, pour engager le divan à com-
meocer une guerre vigoureuse contre reaoemî commun, Alexaodre,
le petit-fils de Catherine II.
Des nouvelles d'un haut intérêt venaient donner de puisanttf
espérances à l'empereur à son camp de Finkenstan. Une d^cbe da
g^éral Sébastiani fut conçue en ces termes : « Silim III i ««>-
mencé les hostilités. » Le sultan était un de ces mahométans à demi
Oiropéais qui contribuaient k tuer l'eminre ottoman , en lui oiievuit
l'empreinte énergique et refigieose de l'islamisme, sans lui donau
la force des institutions chrétiennes. Rien n'est plus faibleqn'nn Ètit
dans cette tran^tion des coutumes anciennes à une civilisstioa doo-
velle. Le traité de Jassy régularisait les rapports de la Rnsie cA de h
Porte ; d'après ce traité , les deux hospodars de Moldavie et de Y^
chie devaient être nommés sous l'influence du ctar. Sélim , pv qb
acte hostile aux clauses du traité, destitua les deux hoqxxlsn, d
l'ambassadeur de France , le général Sébastiani , parvint k désigKr
deux princes dévoués au système de Napoléon . La Russie, après nnf
note impérative , donna ordre au général MicbeUoa d'occuper nûli-
taireraent la HoldaTie et la Valachîe , et en même ten^ ime Ek^
Ug^se se montra aux eaux du Bosphore & cMé de celle de l'aniinl
Siotavio.
' Dans cette circonstance pkillense pour la Porte , le gàiéral Sétif-
tieni développa une grande énergie de caractère; des officim d'»r-
tillerie et du génie détachés du corps de Marmont, alors dans les pn)-
Vinces niyrieones, préparèrent une belle défense de CoostantiDOple.
La flotte anglaise se déploya en vain devant le cbAtean des Sept
Tours ; elle mit toute voile dehors en saluant par des volées de canw
les jardins embauo^ du s^ail. Cet appui que donnait la France à
SéUm , et le caractère earopéen du sultan , devaient h&ter sa roioc^
:dbv Google
MDXiAm pteioMi. SfTS
les nations ne couservent une forte destinée que tant qu'dies restent
d'accord nec leurs principes; lorsqu'elles veulent emprunter des
HUBurs étrangères , elles se perdent. Le Turc est marqué d'une em-
preinte indélébile que Mabomet imprima aux peuples conquérants
qu'il avait élevés ai haut ; les mœurs chrétieimes le gênent et l'en-
lacent comme l'habit européen ; il lui faut les Institutions, les lois ,
les abus , la croyance aveugle ; tout ce qui faisait son énergie aux
XVI* et X.T1I* siècles. La présence du généra! Sébastiani put bien ré-
veiller i Ckmstantinople un désir momentané de résister auxAnglab;
on vit des batteries sur le rivage , des boulets rouges furent chauETés,
les bombardiers du sérail obéirent au général Foy et aux artiUeun
français; mais ce n'était là qu'un accident, et tdt ou lard là Russie
et l'Angleterre dominant le divan, Sélim succomberait dans ses
tentatives pour «Utardir l'esprit de l'islamisme. La révolution était
prâte.
A Finkenslein , i'anpereur promena l'envoyé de Perse sons les
tentes, puis imitant le faste et la grandeur de Louis XIV, il lui fit
Totr son armée dans de somptueuses parades. Ces sortes d'hommages
Isi plaisaient ; il causa pendant deux jours des forces merveiUensM
de la Perse * , qui pouvait mettre 80,000 cavaliers en campagne nr
des chevaux aux housses d'or ; les contes des MUle et une Ntiili an
présoitèrent à son imagination vive et «dorée. L'Orient avait ton-
jours ttvpfé Napoléon ; il aimait le faotastique des villes aux ceet
portes , les pyramides de quarante ûëcles , le soleil des mages , les
temples «bx mille cdoanes. £u résultat , la Pêne et la Turquie
■ On po^iM la riceptioD de l'eavaji de Perse. An reste leaAogltiiODt nié que*
Mt BU véritaUe unbwMdeDr; on le diuit un snbelierne intrigent.
« LtebaoMdeor penan «h BRiTé le SO «Tril (1807) «u chitean de FiokenUaïn. U
âoecopé hkeMBCBtnierqiiëpourleiHiKeliérédiiairedeBade, quicHaaiUgeila
DwUtck. Le IendeBaiB,iiBci>soBaDdlence.L'enipeTeur lui ■Ciit voir vingt bataiDiMB
d'inhnterie de m garde k pied, ei « (kit hire diffénDtea nanonviaB dent ui imliw
ttdcar ne ponnli avoir ridée,
■ LeS&.t'NnpeTenrrafaitappelerdsDalejaTdin et a canaé longiemp* avec lui gui
U liU^ralnre de la Perse, el anr les aniiquilés de ce pays. C'est un homme fort in-
airnit :ila assuré qn'D j avait en Perse des mtoioires suris guerre des Farlhes avec
ht Romains , qui ne sont pas cmuns, et mène nne histoire d'jilexandre qal n'est
pas csnfomM ans nAties. L'interprète a7ant dit i rerapereur que cetie bislolre était
k U bibliotbique, sa msjesli a ordonné qu'on la flt (ndaire.
B Lel" mai l'ambsrâadeur persan a eu l'honneur d'accompagner l'empereur, qnl
a fWIt manœuvrer devant lui iTCnte efcadroes de sa garde k efaeval avec une Irentains
da pUces d'artillerie légère. Ces vunmivrrB ont paru fortennt l'inlérener.B
Diclzedby Google
fTft cAiirAsm ra folmsb.
pooraient faiie diversfon à la guerre de Pologne en attaquant le vaste
empire nmt sur deux points, et c'est ce qui explique les ciresws qne
Napoléon prodigua à rambanadeur du schah ; il le mena v<rir le siège
de Dantzig ; il fit exécuter de grandes manœuvres. Le général Gar-
danne, de bonne naissance, ofBcier distingué des guerres d'Italie,
né ious le soleil méridional, et tout plein des projets qui animent
toujoun les cadets de Provence, se chargea d'une mission k Ttiiéras ;
il ; eut une légation complète envoyée en Perse ; on faisait ainsi de
grands projets pour l'avenir , lorsque tout h coup la trompette se fit
entendre , et le champ de bataille se rouvrit par un mouvement de
l'armée nnse, rapide et fortement conçu.
Le soleil du mois de juin ralTermissBit la terre ; on était au tempa
des longues journées et des nuits de six heures ; Dantzig était pris,
Kœnigsben; menacé, qui pouvait donc expliquer la torpeur de Napo-
léon? lui si actif, si vigilant, comment se faisait-il que la campagne
ne fût pas commencée en plein été 7 Dans son camp de parade de Fîn-
kenstein , il se berçait dans ses projets sur l'Orient ; on disait qu'à
cette époque Napoléon désirait la paix ; Prussisdi-Eylau l'avait vive-
ment affecté ; la dissipation et les amours l'avaient suiti à Finkenstein.
Napcriéon. si ferme, si sévère sur la discipline, conduisait une femme
dans les camps, il vivait avec toute la mollesse d'un prince pacifique ;
comme Louis XV, il avait une nouvelle madame de ChAteauroux
MUS sa tente ' . Cette guerre énergique avait laissé une profonde em-
' Le \«1m de chambre CamiantMt Tort uaTfsnr les amours d« PTapoléoi) -
a Deui mois après, l'emperciir, de son qaarlîer général de Fiakeiistein, ëcriTit i
madame T qui s'empressa d'accourir auprès de lui. Sa majcsié luiDt préptrcrim
appartement qui communiquait iTee le sien. Madame V.... s'; établit et ne quitta
plus le palalsdeFinkeDSlein.laisBaDtl Varsovie wn vieil épouK qui, blessé dans son
faonncur et dans sesaffeciioDS, neioulut JRmaksrevDirla femme qui l'avûtibaDdonDé.
MadameV.... demeura tToissemainesBvecrempcreur.jusqu'i son dèparl, et iPtouma
ensuite danssa famille. Pendant louicelempsellenccessa de témoignera sa majesté
la tendresse ta plus vive, comme aussi la plus désinléresaée. L'empereur, de son cAtê,
paraissait parfaitement comprendre tout ce qu'avait d'intéressant cette femme angê-
lique. dont le caractère plein àe douceur et d'abnégation m'a laissé un souvenir qui
nes'effacers jamais. Ils prenaient tous leursrepss ensemble; je les servais seul; ainti
i'Étaia 1 même de jouir de leur conversation, toujours aimable, vive, empressée de la
part de l'empereur, toujours tendre, passionnée, mélancolique de I« part de madame
V.... Lom|uc sa majesté n'était point auprès d'elle, madame V.... passait tout soa
temps i lire, ou bien i regarder, k travers les jalousies de ta chambre de t'cntpereur,
les. parades et les évolutions qu'il faisait néculcr dans la cour d'tionneur du cbltesn
etquesouvetii il commandait en personne. Toili quelle était sa vie, comme son hu-
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DBDXltalE piRlOM. 977
preÎDte dans son esprit ; il n'était pas à l'aise h la face des Basses , it
souliaitait un congrès. Que signifiaient ces quartiers d'hiver prolongés
jusqu'au commencement de juin 7 Gela entrait-il dans les habitudes
militaires de Napoléon, dans sa première manière des guerres d'Italie?
Ce furent les Russes qui tout à coup débordèrent sur le champ dQ
bataille. Le 5 juin les hostilités étaient reprises , la terre tremblait
sous 80,000 assaillants , grenadiers à la haute taille, chasseurs, cul-
rasùers et Cosaques.
Pour expliquer les événements militaires de cette courte et san-^
glaate campagne qui commence le 5 juin et finit le 14, il est essentiel:
de connaître le terrain sur lequel les grandes masses vont manœuvrer;
c'est dans le nord de la vieille Prusse, au delà de Dontzig et près da
Kœnigst>erg , au milieu de ce terrain qui s'élend de la petite rivière
de la Passarge, jusqu'à l'Aile ; cet espace n'est pas de vingt lieues car-
rées, il est couvert de petites villes allemandes de 500 à 1 ,000 habitants,
avec uo clocher, un presbytère, une fontaine : Gutstadt, la gradense
cité verte et blanche ; Heilsberg , le grand bourg ; Friedland , sur
l'Aile, et le funèbre Prussisdt-Eylau; la Passarge couvrait le quartier,
général de Napoléon. Au 6 juin, l'armée française étendait son front
■de bataille k près de vingt lieues ; les quatre maréchaux Davoost „
Ney, Soult et Bemadotte se tenaient en première ligne , déployant
une force de 80,000 hommes sur un espace trop étendu, La ma-^
nœurre de Bennigsen consistait à surprendre chacun de ces corps
séparément ; l'Aile et la Passarge sont couvertes de grands bois do
sapins noirs et profonds ; à l'aide de ces ombres épaisses , Bennigieit
développa un corps d'élite de 40,000 hommes , pi^cédé d'une formi-
dable artillerie. Le voilà en marche ; il attaque Ney imprudemment,
avuicé jusqu'à Gutstadt; deux divisions du maréchal sont abîmées «
et perdent leur parc d'artillerie ; bientAt toute la ligne est attaquée
par les Russes. A Spanden , c'est Beruadott« qui soutient la charge^
de doute régiments russes ; son corps résiste avec fermeté. A I/unit-
ten , Soult est lui-même vigoureusement pressé , tandis que Ney fait
SB retraite sur la Passarge sous les feux redoublés de la mitraille *.
inenr, loujoun t^e, toujours DDiforme.SDD caractère cbirmall l'cmpemir et lalaE
ûisait cbn-ir tons les jour» d'avanlige. (Mémoires de Constant.)
' Il faut sâïoir qu'à ce momeni tout espoir àe négociation était évanoui,
Dana un Irailé, sign* le 26 avril 180T i Barlenstcin par le baron de Budbe^ (pour
la Russie] etie btron deHardenlierg (pour lo Prusse) qui venait de reinplaect le ««DénL
TU. J3
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ST9
Benttdolte l'âiipiie avec use grude énergie ; il est bleui d'iB eaati
de feu qui l'atteint à l'oreilie.
Au mUieu de réto&DODeat d'une attaque si prompte et û bno^,
Napoléon ordonna un mouvement de concentratioa pow opérer troc
plui d'ordre et de raéttiode et de réorganiaer l'arnée derrière kPas-
air^ ; il danne le cMamandemeot du coips de Beroadotte Mené i
un des vieux compagnons de l'arnée d'Italie, au général Tictor,
récemment pris et échangé contre Bliicher. Victor est de la race des
iottépidei, i la maBière de Luines et d'Oudioot. Le % juio , l'empe
ïenr prend k toa tour l'offenàve : il dévek^pe ses divisions, tefasa ii
Vuurffi et marche sur Gotstadt ; Mwat charge impétueuseagi^ et
arec aeccis i'infantwie enneaaie ; les Russes mis en déroute se oob-
cefitrent à Heâsberg.
ktKMw, 1m deui pirties coniractintce ■'«ogageuait k coDUnoer U goart ta ne
Cwne paii juste, bonorabie et solide; à combatlre et i négocier cotqointcmenl,liw
poinl i'jngérer dans les glTaires intérieures de la France, maisi mettre un rreioàfOD
anbilfon, k assurer el garantir aui différents Étals tears dtoils et indépendance IH-
iMvts ptrcetlectrafédéralleadu Rhin, despotique daost'iniériear.eKlaTe an dtibon,
wwrpalHM d«a contrées loisiMcs et soumise i luahitioD de son protecieurj i ia-
Mndre cette caurédération pour en former une autre libératrice et conserratriH ik
rÀllemagne.fious la direction de l'Autriche et de laPrusse. Ce traité stipulait CD OBI»
^e II Piasse recouvrerait les États qu'elle poMédtii en iSW, iine l'A-otilcl» snii
InrWe 1 aceider k ce tnlli et i coopérer avec les aUiés, afin de rentrer dans li p<»-
scssiOB du TjToI et des proTioces vénitiennes, et de porter ainsi ses limites jusqu'iu
toursduMincio.euréoccupant la Tortcresse deHanioue.Enfin, Il était conreouiiiit
l'on pnpoaerail an mîniBtère ao^als de seconder' ces afrangemeoti par des mnOT
d'ucBBt.d'arntei, demunitians, (inuque par ledibarquemeiitkSiraliWidd'iiM
Uikée brilaDuquc qui, avec l'armée tuédoise, agirait sur les derrières de l'omcmi.
tandis qu'il serait attaqué de Tronl par les Russes et les Prussiens, et que les Aulri-
«biens l'Inquiéteraient sur ses flancs; ce qui délïrrerail l'électorat de Hanovre, rw-
w4ndt au comMcree angkia les Oeavea de l'Allemagne GepicDlrioiiale et ponmit
dMHUrlieii iiuacartùsseineDt de U domination britannique dans ces cootrée&IW
ouvertures semblables devaient être faites au roi de Suède, d'autant que le cetoatl
suédois d'BngelbT«chIen avait déjk signé, dès le 20 avril, à Btrienstein, avec le ban*
et WirtMihCTg, un traité en vtrtn duquel un corps de doiue mille fcoromcs devait ia*
réttni i l'armée suédoise. Quant au roi de Danemarck, l'on différait de oégocieravcc bî
avant d'avoir délibéré en commun sur IcE mojcns deTobliger i s'expliquer. A Vipri
des souverains d'Italie, ou pensait qu'il appartenait principalement kl' Aniricheeit
l'ADgleterre d'en décider, sous la condition toutefois que le nouveau rojaumelon-
bard ttU k perpétuité séparé de la couronne de France, et que les rois de Sardaigne tl
de Naples reçussent de convenables indemnités. Le prince d'Orange devait recoaiTff
Ëcs domaines d'Allemagne et ce qui lui avait été alloué en compensation de ses periM
en Hollande. EnCn, si les alliés devenaient les arbitres des conditions de la paii, il*
déclaraient d'aï ance qu'aucune vue d'intérêt propre ne les guideraîL.qu'H uefavorife-
îdbyGoOglC
I>EUTlillB PÉmiODB. 270
Ici oouvelle bataille presque aussi meartrière qu'à Prussisch-Eylan.
Murat, tonjoursen tète, charge encore; mais il se fait mitrailler;
(a cavalerie nian s'^aoïce, profile da désordre et brise les deui diri-
sions de Murat , Napoléon a vu la faute. <i Murat fait le fou ! s'écrie-
t-il ; allorts , Savary , rétablissez ce combat , prenez les fusiHers de la
garde , arrêtez le désordre. » Les Tusilieis de la garde , jeune troape
nouveHemeot formée, tn^lent de se distiaguer; le général SaTary
les condnit ; 9s outrent un beau fen qui donne i Murat le temps ds
mettre un peu d'ordre dans ses ranp. Bient6t eux-mêmes sont ^ti-
ques par l'infanterie ra»e , et ils auraient été refoulés à leur toar, li
deux divisiODS de Lannestl de Soult n'étaient Tenues i lenrappnï.La
laieni qui que ee TAt idi dépeiu d'un autre, et qne lenr seul but était d'usurer l'in-
Jppendance, l'honocuT, la prospérité ducantinent, soilpar des n%ocialions, soit par
les arme?. Telle avait été prétédemmenl, (elle fut alors, et teUe se montra généreoM-
mcDi plus lard la penaée fondamentale de la politiqne rone.
L'ambassadeur pruasleo i Vieane, le comte de Fiakensieia, ^1 à Tienne dani le
sens d'une nooTelle coalitioD. Il disait dans une note au comte de Stadion : ■ Les
maux résuhant da traité de Preiboarg sont si cruels que l'empereur doit néeesMlre-
menl avoir la (ferme inleiuion de réparer et de dcatrisrr les plaies bites h Be> Étala
par la dernière guerre. La perte du Tjrol est d'une d grande Importance que 8. H.
allpnd sans doute la premltre occssion pour le reprendre sur la Baviire, en réveillant
la ndélité de ses belliqueuK habitants si attachés h leurs anciens maîtres. Napatéon
n 'a que trop fourni de Jastes roatffe pour rompre an traité qu'il a lui-même «ohalnt.
N'a-l-il pas, bous de vains prétextes, eonlinuA k Mcaper indûmeut des tsTitairea ^'il
aurait dû éracaerîNe conserve-t-il pas encore, contre tout droit, la forteresse de
Braonan, poste propre à fac0iter ou à empêcher le passage de l'InnT Comment donc
on sage monarque ne profiterait-il pas, pour llntértt de ses anjets, do l'occasion
offerte par anegnem ptéu t échttr centre l'enaenl puissant qal l'aiipriMtr Llio».
ncur de sa couronne, le salut de son peuple, l'impossibiliié de conaerver la paix,
forcent le roi de Prusse k lutter seul d'abord; mais une puissante arm^e russe et la
générosité du Kouvemement anglais laremlrimt, cette hKte, nolna effrayante. Les
divisions excitées entre les deoa couronnes par la eonqnéta de la Silésie, des diSi-
rends sur les limites respectives dans les provinces polonaises , des prétentions mu-
tuelles dansl'aiTaire des indemnités, n'ont plus d'objet aujourd'hui. Le renversement
(le la CDDStitulioD germanique a détruit l'usage de se diviser en partis, aail par esprit
de secie, soit par le désir de dombier.Lesmotibdeialousie.les soupçons, les défi-mcw
réciproques qui existaient se sont évanouis, il leur succède nn double et paissant in-
térêt de s'unir contre l'ambition effrénée de l'empereur des Français et la lurbulenin
cupidité de la confédération du Rhin. Celle-ci, élevée sur les ruines du trAiie impé-
rial, enricble des dépouilUa de l'Autriche et des alliés de la Prusse, asserrie, par la
crainte d'une juste vengeance, au pouvoir de celui quicherchei tout dominer, devient
un instrument de destruction dans la main de Napoléon, et exige nécessairement que
les deux puissances germaniques non encore soumises h son joug réunissent leurs
forces et leurs conteib contre ua danger procbein qui leur est commun, a
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MO CAMPAGNE DE rOLOGRE.
Journie fut chaude et sanglanle : à Hcilsberg, le jeune H. deSégnr
«it le bras brisé par un boulet ; le général des vieux de la garde ,
Boussel, eut la tète emportée. Ce Tut «icore un combat sans résultat :
les Russes prirent position derrière l'Aile , et l'empereur suspendit
son mouvement pour attendre.
Qu'allait Taire alors l'armée mase ? Le czar AJexandre et le roi de
Prusse avaient assisté en personne à la bataille de Heilsbei|; : par
leurs ordres Bennigsen avait mis l'Allé entre Napoléon et l'armée
nuse ; cette armée était donc en pleine sûreté ; mais ce mouvement
découvrait Kœnigsberg ; l'empereur Napoléon pouvait se porter en
force et s'appuyer sur cette grande place comme il s'était appuyé
sur Danizig pour ouvrir une nouvelle campagne. Dans un brâ sys-
tème stratégique , Bennigsen devait se déployer à droite , suivre l'Aile
pour se rapprocher de Kœni^berg , ainsi le croyait Napoléon , et
c'est dans ce but qu'il fit marcher toute la cavalerie de Murât, et tes
corps des maréchaux Soult et Davoust , dans la direction de Kœnig»>
berg ; croyant que là se trouverait l'armée russe , il n'avait jeté que
les corps d'avant-garde vers Domnau et Friedland , c'est-A-dire les
grenadiers d'Oudînot , le corps de Lannes, la cavalerie de Grouchy ;
Mortier devait joindre au plus tdt , tandis que la réserve de Victor et
la gauche se tenaient à Pnissiscb-Eylau ; l'empereur avait fixé sa
tente sur le champ funèbre ; il ne put s'empêcher de remarquer dans
son bulletin (encore une fois en artiste) combien l'aspect de celte
campagne avait changé. Naguère Napoléon, grand coloriste, avait
dit que c'était du sang sur un fond de neige ; aujourd'hui c'étaient
de beaux blés et de vastes travaux ; hélas 1 depuis, la terre s'était bien -
engraissée 1
Tandis que l'empereur cherchait Bennigsen sur la route deKœnigs-
berg , le général russe , passant tout à coup l'Aile , tombait sur les
avant-postes français à Friedland et occupait la ville en s'emparant
d'un régiment d'avant-^arde ; des partis de cavalerie légère se répan-
dirent dans la campagne comme un torrent et annoncèrent la pré-
sence de l'ennemi, l'alerte fut donnée; était-ce toute l'armée rosse?
Des aides de camp furent envoyés à l'empereur qui se trouvait à
8 lieues, à Prussisch-Eylau , 80,000 hommes passaient l'Aile , ils
n'avaient en face que tes grenadiers d'Oudinot et trois divisions d'in-
fanterie. Si Bennigsen avait connu la faiblesse numérique de ses
advN^ires, il aurait pu les écraser, mais il avait en face une belle
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DBVXliME pÉBiora. 381
Ironpe d'élite, elle Bt des prodiges d'intelligence et de courage, on
se serrit de tout pour masquer ce petit nombre, tantôt c'était un bote
qui serrait de rideau h des nuées de tirailleurs, tantAt une artillerie
qui labourait les colonnes russes par la mitraille. Lannes et Oudinot
furent magnifiques sur ce champ de bataille depuis cinq heures jus-
qu'i trois heures après midi , ils achetèrent ce résultat par des pertes
énormes qui permirent à l'armée de se déployer, les corps arrivai^it
successivement sur le champ d'honneur : Mortier k huit lieures.
Dupas i neuf, Yerdier à dix, et l'ennemi avait le temps d'écraser
l'un après l'autre tons ces corps séparés ' .
Dai» la matinée du 14, jour glorieux de la bataille de Friedland ,
Vapoléon ne montra pas son activité accoutumée , il demeura dans
riaaclioo è Prussisch-Eylau sans données précises sur la direction de
l'ennemi *. S'il fât arrivé le matin même sur l'Aile , les Russes n'an-
lamt pas échappé k sa poursuite , la bataille n'eut pas commencé k
cinq heures du soir pour ne finir qu'en pleine nuit , il n'y aurait pas
eu une effroyable elTusiou de sang et l'on eût fait de grandes masses
de prisonniers. A chaque minute le général Oudinot envoyait des
aides de camp , six dans la seule matinée furent expédiés à l'empereur
pour lui annoncer que 80,000 Busses se présentaient en bataille :
« Dites à l'empereur, avait-il répété, que mes petits yeux y voient bien,
c'est toute l'armée deBennigsen, et je ne pourrai tenir. » Le général
Mortier fit les mêmes instances , et l'empereur demeurait toujours
incrédule , enfin Lannes , plus heureux, appela l'aide de camp Saint>
Mars, et lui dit : « Tu crèveras ton cheval , Saint-Mars , s'il le faut ;
mais va dire à l'empereur que c'est l'année russe tout entière que
nous avons sur les bras. » Saint-Mars ensanglanta à coups d'éperons
les flancs de son cheval , la distance qui le séparait d'EyIau, quartier
général de l'empereur, fut franchie en deux heures.
' Rapport de» nuréchani I«nn«s, Mortier «t Gronch; i l'empereur. DépAt de H
gamt, lomes XXTII, XXXII et XXXIII de la colIcctiOD des pièces aatographai
pourlesannécsIBOSetlSO?.
' 'Hais où donc est Napoléon , tandis que depuis tant d'heures od s« batlalt*
Alors que Bennigsrn offrait une occasioa si belle, pourquoi n'éteit-il pas arrivé avec
)t reste de ses tronpesT Toilà ee que plus d'uu lecteur s'est demandé; ce que répète
encore aajoiird'hni plue d'un officier général, avec la pensée peai-éirc que nos corps
narcheicnt cejour trop éloignés les ans des autres, lendisqueramiée russe cooceo-
iréc plus tAt qo'eai teaaii en maiDlaehancB d'accabler noire avanl-garde.s [NdutcIIc
reUtioB de Ubtuille de Friedlud, par M. Derode, 1830.)
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ttl CAUrAGRE »B POLOfiHI.
Au iBoment où il arrivait , l'oopaeiir qaiUait Eylui ao petit trot
de son cheval pour le rendre sur le champ de batwlle, où le caiHm
K faisait eotendre à ébranler le sol ; il interrogea M. de SainV-Hars :
« Que Be peaae-t-il? Crojez-vous que les Busses soient en nombre!
Quoi t vous pensez que Bennigsen a passé l'Aile , et s'est mis ainà une
rivière à do6? a L'empereur mardiait toujours au trot de son (^evil.
A moitié diemin, à Domnau, Napoléon trouva le premier corps saos
les ordres de Ticlor et de Maison. « Votre corps est admirable, >
dîl-il ; et faisant appeler le général d'artillerie , il dit : « SénarnioDl,
combien de pièces avez- vous? — Trente -six, sire. — EhUcDlil
ftodra chauffer , les Busses aiment les boulets. »
Ëo effet, dles aimaient les boulets ces troupes russes, car t
laeMire que Napoléon s'approchait du champ de bataille les échos
xépétaieDt mille coups d'artillerie. L'empereur, prenant la maio du
C&iéral Dupont , lui dit : « Vous savez que je compte sur votre difi-
akHi, elle est pour moi comme la garde. » Alors Napoléon piqua son
«beval ; puis s'élançaut , il se perdit au milimi des nuées de pouoièie
qui s'élevaient autour de lui ; il avait à ses cAtia les généraux Victor
«t Slaison. Quand il arriva en face de l'Aile, la mêlée était ardente,
les feux de l'artillerie se croisaient ; tout fut oublié , fatigues , bles-
sures, et des cris de «l've Vempertur partirent des rangs ; puis i! lit
approcher le marédial Lannes : « Tu as été admiraUe depuis ce
matin , Lannes , lui dJt-il , te voili un grand capitaine. » Il fit ensuite
a^pàei Oudinot : « Général , je vous amène l'armée , die me suit. Où
est donc l'Aile? » continoa-t-il , en portant sa longue vue de tous
«Mes. Les accidents de terrain ne perraettaîrat pas de l'aperceroic.
4>udiuot répondit : « U , derrière l'ennemi ; si je n'avais pas usé m«
■groiadiers, je mettrais les Russes le cul dans l'eau. » Expression
pittoresque qui Ût sourire Napoléon. « Comhieo sootrils? dit eosuil>'
l'empereur. — Quatre-vingt mille, sire. — Ils semblent plus nom-
breux, » répliqua -t- il, et il s'approchait de l'ennemi pour le miein
distinguer. « Sire, ce n'est pas votre place, r^ta Oudinot avec un
mftle courage , j'y vais , moi ; je ne veux pas que vous attrapez leiuf
balles , voyez comme ils ont arrangé mon cheval. »
Quand il eut parcouru la ligne des grenadiers d'Oudinot , l'oniK-
reur s'approcha du noble général, et lui dit : a Vous vous èlef
Jurpassé , Oudinot ; partout où vous êtes , je n'ai h craindre que pour
TOUS ; patience , el dans quelques heures , si l'ennemi reste dans oà\t
îdbyGoogIc
MinitinE pÉBiou. 1tg3
portion, fl est perdu. » NapolécHi, en effet, «vec son MtfnMque eoap
4l*<B{l militaire , avait aperça la faute commise p«r le çénénl Ben-
nigsea ; les Russes n'avalent pas au Ma de 80,000 bomniM ; Hs
avaient en leur prisenee Napoléon «vee une amée (Tim lien pi»
erasidérable ; Bennigsen avait nits derrière lui la rivière , de nanièi«
i être acculé; les Ruwes avaient voulu starprendie qo^qaes eorpe
détachés de l'année ftançaise, et ils avtient trouvé là dee forces
réunies et la garde ea masse. Maintenant les choses étaient teUemeot
avancées qu'il fallait offrir et dcHiner la bataille de benne grAce.
Napoléon achevait è peine sa reconnaissance du terrain , qa^t vK
4iue le village de Friedtand était tout le centre de la position. Ney
reçut l'ordre de s'en emparer avec ses divisions : FrieAnd m peave^
des Français , les Russes n'avaient plus de retraite. Les greoadlm de
Ifej s'y précipitèrent la baïonnette ao bout du fosil '. Il était chu
heures de l'après-midi , le soleil était chaud et brillant oorome dans
une journée de juin : beau contraste avec le diamp de battlUe (fErtsa
couvert de neige ; une bataille de printeaqis réjouissait l'isBe ; toutes
les montres furent réglées sur celle de revpereor. tJn coop de canon
donna le signal , et les roulements de l'artillerie se dirigèKDt sur la
gaudie des Rosées pour protéger l'attaiiue da maféekal Ney ; ces
magniQqnes troupes , l'arme au bras , s'avançaient vers le eloeber de
Friediand se détachant au bout de l'horbon et couvert jusans-là par
des accid^ts de terrain , des tertres couverts de beaux Ués enduMa
par le vent. La division Marchand se développait sur li gaudw de
l'ennemi en masses épaisses et profsndes. Tout à coip tme grMe de
mitraille viat l'arrêter; nne batterie masquée par la rivière brfie le
69" régiment , son colonel ( Fririon ] est tnppé d'na biscaïen ; lute
colonne de cavalerie russe, lancée dans ce désordre, flracine les rangs
pressés de baïonnettes; la cavalerie bondit au miUeu des batail-
lons carrés ; une charge des dragons de Latour- Hanbooi^ rétablit
l'ordre.
Pendant ce temps la divisiiHi de Ney <^p^mt son monvenait sur
Friediand , que femperenr av^t désigné «Hnnte la clef de la poslUoQ,
Parvenues sur la hauteur , ces belles troupes aperçurent l'armée russe
rangée en bataille; un feu redoutable de mousqueterie s'engage, «t
■ roy«ilBript)ortmanvacritdiin»rtclMlNeT,tUté deFrMlind.lSjnliitaor,
I. XXXIV in-rolio da piicM antt^apbi» pour 180B at 1807, cliMiw lu dépôt d«
la cuerre, mus te soins dn lieutenant Bénénl Pelet.
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'%! uMPAGin DE pOLoen.
Cause des ravages affreux dans les rangs * . Ney fut admirable ; plog
île 2.000 des »ens étaient tombés sur )e champ de bataille , et oo
le voyait sur son cheval parcourant ventre à terre toute Véleadue de
la ligne , encourageant les soldats le sabre à la main et lançant det
mots soldatesques. Quelque hésitation se manifeste; alors Nap(4Èoo
le fait soutenir par la division Dupont : elle court aux cris de nut
l'empereur} ces flers régiments sont eux-mêmes ramenés en désordre
.par la garde imp^iale russe, chargeant comme à Austerliti , avec 11
même intrépidité. La fumée s'élevait en vastes nuages sillonnés par
]es édairs de l'artillerie. Dupont reforme ses colonnes l'épée i li
main. Il voit la garde impériale russe se déployant contre les troupei
■de Ney qui commencent à plier.
Jamais spectacle ne fut plus brillant et plus magnîQqae tout i li
fois; nulle bataille ne présenta un feu plus terrible , plus vif; la terre
tremblait au loin. Le général Mouton , aide de camp de l'empereur,
envoyé près le général Dupont, lui dit : « Général, prenez garde,
on ne résiste pas longtemps & un tel feu , les Russes en profitenmt,
voyei cette nuée qui vient à vous. » A peine avait-il achevé ce
paroles , qu'une charge de cavalerie met le désordre dans les ran^,
deux régiments perdent leurs aigles ; le général Marchand , les che-
veux épars, parcourt les rangs en criant : a Arrêtez 1 vous fuyeil
arrêtez ! » La division Bisson , avec son chef à la haute stature , était
aussi en pleine retraite. Alors, par un dernier effort de courage, le
général Dupont fait battre la charge ; ses grenadiers te reformait es
opposant un mur d'airain à la garde russe; des bruits sinistres se
répandent : Pjey, dit-on, a péri, ou l'a vu tomber; la cavalerie
russe charge jusque dans les batteries; les dragons de Latour-Mau-
bourg reprennent le champ de bataille ; les régiments se forment eu
carrés , la mêlée est générale.
Alors on vit se déployer hi belle manoeuvre de la journée, le véri-
table trait de chevalerie. Le général d'artillerie Sénarmont s'était
-souvenu que ^Napoléon avait dit : « Les Russes aiment les boulets. »
Par un vaillant coup de tête, il réunit toutes les pièces des divisions,
formant deux batteries de quinze pièces chacane avec ùx bouches à
feu en réserve, et il se place avec son formidable parc, qui roulait
' Ifalhim Dumu, t. XIX ^rappandu major prussien Boih.
IV^ctt du ^irationt du prtmiar eorpi depuU le S juin, tui mains de M. !•
varéchal VkUr; U. k m&rcchtl Haison, alors son chef d'étal-msjoT. j n icavail)^-
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DBOXI&KB péuODB. 285
hardiment sur le champ de bataille, en avant è la face des colonnes
ennemies. Les Russes opposèrent h ce fea redoutable quelques batte-
ries éparses, elles furent éteintes. Ce coup de hardiesse du général
Sénarmont pouvait compromettre l'artillerie ainsi placée i cent toiies
au devant de la ligne de bataille; les Russes pouvaient, par une
charge h fond, s'emparer des batteries. Le général Victor , fit soutenir
le brave Sénarmont par les dragons de Lahoussaye et quelques troupes
d'élite ; les charges russes vinrent expirer sous les ba'ionnettes des
grenadiers. Napoléon , un moment inquiet sur la mancBuvre du géné-
ral Sénarmont, en jugea bientAt l'heureux elTet. « Ce sont de mau-
vaises têtes, Idasons-les faire, * s'écria-t-il en souriant. Elle faisait
merveille , cette batterie à peine à soixante toises de l'ennemi ; elle
brisait les rangs sous la mitraille ; les colonnes russes se rompaient
comme les flancs d'une montagne qui s'abaissent et s'abtment sous les
déchirements convulsifs d'un tremblement de terre '.
Un dernier elTort est commandé par Ney et Dupont ; le village de
Friedland est en leur pouvoir t victoire ! la position df s Russes devient
dès lors des plus critiques ; le pont de Friedland est aux Français , les
masses ennemies étaient décomposées après une si terrible journée ;
on pouvait refouler les corps de Rennigsen et de Bagration dans les
eaux du fleuve : le coup d'œil de Napoléon avait aperçu le résultat de
la bataille ; comme à Austerlîtz , il avait apprécié le terrain avec une
admirable aptitude. Mais la nuit était venue , onze heures sonnaient
à l'horloge de Friedland. Heureusement pour l'armée russe, elle
trouva un gué pour passer l'Aile , et sa retraite pnt s'opérer avec
quelque désordre , mais pourtant avec honneur ; on ne la poursuivit
pas; dans la nuit profonde il eût été imprudent de s'engager au delà
de l'Aile ; l'empereur n'avait pas sous sa main la cavalerie de Murât
détachée vers Koenigsberg ; on ne put ainsi profiter du résultat de hi
bataille.
La journée de Friedland fut belle ; jusqu'à trois heures l'bonneur
en fut au maréchal Lannes et an général Oudinot ; seuls ils soutinrent
l'attaque de l'armée russe , et ce fut une faute du général Bennigsen
de ne pas avoir écrasé ces divisions en marchant avec plus de prompti-
tude et de hardiesse. Ce n'est qu'A trois heures que Napoléon arriva sur
■ IhinoLlMlrote heures que cetlearlinerie fut eneagie, elle Un trois mille rii
«CDU Hups de UDon, donl quatre ccdU coups de mitraille. {Tktor, Prttit.)
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2M CAHTAfiME DB POLOfim.
ie diamp de bataille ; il jugea les accideots de terrain , aperçât la
JiBoles de BeDoigsen, et dès tore il put répondre que la journée semt
-J>eUe. La bataille réelle oe commeaça qu'à cinq heures; si elle a\ùt
été donnée le matiD , tout était dit ; l'armée russe n'aurait pu opéra
•a retraitedeouit, la bataille eût été décisive. L'histoire raj^keltera ie
Jkeau courage de Ney , cet amour du duunp de bataille qui donnait ï
la tête de ce général une expresuon si belle et si gruidiose ; après Ncy,
Laiwes fut aussi intrépide avec des principes d'une .tactique pluesAre
«t plus raisonaée. A Friedlaod le général Victor se couvrit de gloire;
compagnon des campagnes d'Italie, illustré à Marengo , il re^ut bot le
dump dlionneuf ie bàlon de maréchal; belle réowapense que ce Uiton
couvert d'aigles donné après un de ces grands combats qui décident h
4esUDée des empires. Nul ne pouvait le disputer au nouveau maré-
chal pour les services rendus & la patrie ; soldat à dix-huU ans , il avtût
passé par tous les grades pour arriver à cette belle distinction. Li
division Dupont se couvrit de gloire eu soutenant.le choc de la garde
oroose , véritable titre d'honneur depuis Austerlita. Oudioot aussi M
grand de courage k la tète de ses grenadiers, c'était pour loi habî-
tade * ; de S.OOO hommes qu'il conduisait le matin de la bataille de
fkiedlaod , il en ramena 3.000 a peine ; «on chevsd et ses h^ta étaient
couverts d'écbts de biacaïens et de mitraille.
L'année mase , quoique battue , eut sa part de ^ire et de valeor;
^IC'général Bennigseu fut inbépide comme toujours , hardi comme un
général de partisans : il eut l'honneur de cr<Hser le fer trois fois avec
napoléon , à Eylau , à Heilsberg et i Friedland , et c'est an souvenir i
«weerver dans les archives militaires; legéu^l Bagratioo fut aussi
Jlgae de lui - soéne , il demeura ferme bot ie champ de bataille tt
-résista jusqu'au soir k des charges de toute l'aimée de Napoléon, il put
paiement ae rappeler Friediand comme luie de ses belles jotuuées.
Ainsi, dans les deux camps , les armées étaient restées dignes d'dles-
jnéiDes, aucune n'avait compromis sa réputation ; si les Autrichiens
-étaient abaissés depuis AusterllU, si les Prusaieus avaient disparu
comme force militaire depuis Aueistadt et léna, les Busses avaient au
OMitraire grandi leur réputation de guerre dans les deux campagnesde
JPologoe; de là cette tendance de Napoléon et d'Alexandre à se
' Tojet le rapport du nuréchal Lanaes à l'enipereuT, l. XXYII d« jiitts sulo-
inplies peuf iS06 et 1807, au ilrpAt de ia yaerre.
îdbyGoOgIc
987
rapprocha'. Quand deux peuples ou deux gouvememenb conservent
festjme d'eux-mêmes* la fierté de leur courage, ta paix vieet bleaMt,
et l'allJaDce est facile.
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MTBBTIiB n PAIX DB TlUITT.
CHAPITRE Xin.
BHTXBTDK ET PAIX DB TlUITT.
Slttuiion des années iprès Friedliod. — Petit nambra de pTisonniera. — Muses dt
blessis et de inslides. — Esprit et ressources de l'armée rrancaise. — RenfonsN
cunp russe. — Premiers pourparlers d'armistice. — Edvoï du ^pd unréebil
Duroc. — Prépiratifs de l'entrevue sur le Niémen. — Première conTcrsetion it
Napoléon et d'Aleiaudrc. — Choix de Tiisitt. — Neutralité d« U Tille, — H. it
Tallejrrand à Tiisitt. — Le mlnislre russe baron de Budberg. — Le miDiWa
«Dtricbieu général Stutterheim. — Parti de la paix. — Parti de la gnerre. —
Question suédoise. — Espagne. — Reconnaissance des faita accomplis. — Le ni
de Prusse. — La reine Louise. — Restitution des ^is. — NouTcUe organisatiMi
politique de l'Europe. — Traité de Tiisitt. — Esprit de ce traité,
ISjiiiB » 10iDilIc(1807.
La bataille de Friedland, engagée et soutenne aux premières luean
du soleil levant par Lannes et Oudiaot, reprise par Napoléon à trois
heures du soir , n'avait fini qu'A onze heures dans les ténèbres de la
nuit sous les mille feux de l'artillerie retentissante. Le lendemain, It*
troupes harassées reposèrent eu bivac jusqu'au milieu de la matinée.
Napoléon , le premier levé , h l'aurore , ne voulut pas qu'on mUt-
romptt ce noble sommeil des légions ; les soldats avaient tant fatigni
la veille ! Ce n'était pas seulement la bataille qui avait exigé des efforts
inouïs de persévérance et de courage, mais la plupart des tronpei
avaient fait huit ou dix lieues , toujours sous les armes , le sac sur le
dos , et les derniers feux de l'eanemi ne s'étaient éteints qu'à miauit.
Le champ de bataille était couvert de morts ; les chevaux hennissaient
d'une manière plaintive à cété de leurs mattres , et les cris des blessés
se mêlaient au dernier soupir des mourants. Les pertes respectires
n'étaient pas moins grandes : des compagnies entières avaient dispain;
des régiments étaient réduits è moins de la moitié , et une remarque
que les états - majtH'S ne manquèrent pas de faire le lendemain , c'est
que la masse des prisonniers russes de Friediand se com[)osait presque
DiclzedbyGoOglC
IKTBEVOE BT PAIX DE TIUITT. 2S9
tout entière de blessés; à peine s'était-on emparé de 1,500 de ces
fiers ennemis sans blessures ; tout le reste était maliié : les liApitaoz
regorgeaient de malades. Certes, l'armée rraoçaise, après sod brillant
succès, pouvait continuer la campagne, mais travowr le Niémen
n'était point une opération militaire qui piût au soldat français; il
avait pris en dégoût la Pidi^e, après un hiver trop désastreux;
l'empereur Napoléon lui-mèote sentait la nécessité de finir une cam-
pagne qui le tenait hors de France depuis près d'une année. N'allait-
on pas s'habituer à gouverner sans lui? C'était dangereux *.
Cependant la reddition de Kcenigsberg vint jeter un peu plus d'as-
surance dans les résolutions de l'empereur ; on y trouva des magasina
considérables , des moyens de soigner les blessés , des munitions pré-
■ rtapol^D «DtretfDtit l'cnihoiuiasma d« ses soldiis ; il leur ptrltii de la cim-
pigne qu'on veosit d'iceomplir.
• Soldats , noDS «tous ëlé sUsqnés dans dos caDlonneincDls par l'armce russe.
L'anoemi s'est mépris sar les causes de notre inactivité. Il s'est aperfu trop lard que
notre repoa était celui du lion ; il se repent de l'sToir troublé.
B Dans les journées de Gutstadt, de Heilaberg, daos celle à jamais mémorable de
Friedlend , dans dix jours de campagne enfin , dods aTona pris cent Tingt pièces de
canon, sept drapeaux ; tué, blessé ou fallpriaonuieis 80,000 Russes; enlevé i l'armée
ennemie tous ses magasins, sesUpiiaui, ses ambulances; la place de Koenigsberg,
les trois cents bilim«ils qui étaient dans ce port , ebergés de toute espèce de muni-
lions, 160,000 fusils quel' ÀDglaterre enTo^ait pour armer nos eonemis.
D Des bords de la Vistale, nous aommes arrivés sur ceux du Niémen avec la
rapidité de l'aigle. Tous célébrités )i Auslerliti l'anniversaire du couronnement; Toua
avei cette année dignement célébré celui de la bataille de Marengo, qui mit fin i ta
tCGOade coalition.
a Signé iJiAKtLittii. ■
L'empereur n'ouMiait pas non plus de rendre grlce au Dieu des Jutailles.
Lettre de S. M. I. et R. t MH. les arcbavtqnes et évéques.
a Monsieur l'évéque, la victoire éclatante qui vient d'être remportée par nos armes
sur le cbnmp de bataille de Friediand, qnl a confondu les ennemis de notre peuple,
et qui a mis en notre pouvoir la ville importante de Kœnigsberg ei les magasina
eonsidérables qu'elle contenait , doit être pour nos snjets un nouveau motif d'actions
de grâces envers le Dieu des armées. Celte victoire mémorable a signalé l'anniver-
saire de la bataille de Marengo, de ce jour où, tout couvert encore de la poussière du
champ de bataille, notre première pensée, notre premier soin fut pour le ritabliaae-
ment de l'ordre et de la paix dans l'figlise de France. Notre intention est qu'eu rcfn
de la présente vous tous concerliei arec qui de droit, et vous réunissiei nos sujets
de votre diocèse dans vos églises cathédrales et paroissiales, pour j chanter un
Ta Daum et adresser an ciel les antres prières que tous jugerez convenable d'ordonner
dans de pareilles circonstances. Celte lettre n'étant à d'autre Qn, monsieur l'évtqve
de..., je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.
■ ficritennotrecamp Impérial de Friedland,lelltjuinl8OT.
> Signé ! NivoLtoN. >
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990 BnSBTVB ET FAIX DB TILSITT.
iKirées pour l'aimée. Napoléon paraîseaît alora s'occuper ^ctalemest
des bApitaux; on y comptait près de 30,000 malades. Les recmcs
levées en France , compceées de G(»ucrits , remplaçaieiit i peine la
vides affreux laissés par la goerre et la maladie. Le caractère
qu'avaient pris les hostilités depuis la bataille d'Ëyian était fatal ; par-
tout un grand carnage, au milieu d'une mer de ssng. Avec les
Autrichiens et les Prus^eoB , un pouvait , par des coups de stnftégie,
(ïîre des masses de prisonniers , flnir une campagne par ces marcha
déclives qui mettaient dans les mains de l'empereur la moitié d'une
«rmée captive ; mais avec les Bosses , il fallait tuer , être tué , briser
les rangs jusqu'au dernier homme à coups de boulets , ei cela bhh
aucun résultat considérable. Ea gén^l , les armées , quand dies m
sont point barbares, n'aiment pas à multiplier les morts; elles désirent
une victoire la moins sanglante possible et la plus proBtable; lea
iKmcheries (ont peur aux s^dats même les plus aguerris.
L'armée russe, après la bataille de Friedland, avait opéré sa retraite
derrière le Niémen, coupant tous les ponts aBn de marcher pai^lement
aur ses réserves ; die fut jointe par 15 & 20,000 hommes d'infanterie,
suivis d'une multitude de troupes asiatiques, des Beriùrs aux cM^es
dorés, à l'arc et au carquois, comme les chevalien des croisades dans
les peintures du xiu* siècle. Ces bordes de Tartares-Mantcboux appa-
raissent pour la premiers ftus ; ces auxiliaires étaient sans doute peu
redoutables pour Tannée française, et les vieux grenadiers désign»ent
les Tartares aux traits larges et épatés , avec leurs flèches et leon
carquois, sous le nom pittoresque i'Amourt. Mais cela indiquait au
moins qu'en passant le Niémen, on allait toucher k un pays inconnu,
A UB territoire qui s'étendait à la grande muraille de la Cbioe, et toat
en ddiors des habitudes de la civilisation ; l'armàe française annit
donc passé le Niémen avec répugnance, et une certaine manlfestatkn
éclatait daos les rangs pour une paix prompte et sérieuse. On av^t
assez de gloire. Qu'avaitHM è gagner dans des pays pauvres et dépoumu
de moyens d'exîstenceT...
Les premiers pourparlers d'un armistice se firent comme spontané-
Iment entre les avant-postes de l'armée française et t'arrière-garde
russe, dans Tilsitt même. Une correspondance sTétablit entre Mtntt,
le général Bennigsen et le prince Bagration. Qui fit la première
démarche dans ce mutuel désir de hi paix? Les venions sont ici
opposées : I» aB'aires étrangères russes constatent que ce fut Napo-
DiclzedbyGoOglC
SITSBVCB ET PAIX VE TIUnT. SVl
Jéoa; au contraire, les rédts franfais v«i)eat que les pnmibn» pr*-
jxtnUoni soieat venues d'Aleiaodre'. Napoléon rapporte lai-mêniti
qu'un offlder lusse, avec uœ lettre à l'adixese du géâéral eu chrf de
l'année frantaise , viot prcqwser un armistice , et ^œ c'eat d'aprèi
cette décoarche que Duroc partit pour aller demander aaecontâreBce
à Alexandre, he récit des archives russes diffère complétemeat ; ellei
disent que le grand maréchal Duroc fit la [ffemière démarche au Doni
de Napoléon, par une lettre intime. Quoi qu'il en soit, le grand mat^
cbai fat reçu avec empressement par le prince LabanofT Bostoski, qui
transmit immédiatement k rempereur Alexandre la proposition d'une
eatrevoe qui lui était faite par Napoléon.
Le besoin de la paix était mutuel ; iiuand les «sprila en soet là, les
ponrpariers arrivent tout seuls. Alexandre déclara : « Qu'il recerralt
avec plaisir le maréchal Duroc, a et le jour même le prince Labanoff
le conduisit en présence du czar. Ici, une conveisatii» vague sur ob
déû commun de la paix fut engagée eatre Duroc, officier desi bonnes
manières, et l'empereur Alexandre qui Taccueillit avec la coquetterie
' AbluDteiirdeTilsiu, deuibilleufurtnt remis bu maréchal Mural.
■ HomienT le général ,
■ UoDsieuT le général coiDDiandanl en chefvieni de m'idrcsser une letUe relatif
inneolauiordresqueson eicelleacea recusdeS.U. l'empereur, en ma cbugMBt
deinus TairE part de son conlcDu, Je De crois pas poaroÎT mieux répondrai aefl liil«-
tiens , qn'en vous la Taisant tenir en originel. Je vous prie en nêiiie leinpa de me
bire parveuii votre réponse et d'agréer l'assurance de la conûdération diaUagiièe avec
Jafuelle j'ai rbonneur d'^Lre,
a Toire tris-humble et très-obéïssaul serviteuc.
» Signi : RkSBATlOK. •
Le 6 (IS; juin.
X« giaèral m dttfBmtnigttn, d S. £. la frinat Bagratiom.
a Koo prince ,
■ Après les Qots de sang qui ont coulé ces JDursdrrDiErs dansdes corahaMaMii
MMiruiers que sovvent i^tés, je déairwaia Mulagcr les maui de cette fiuem de»-
biwtiie, en proposaBt un armistice, avant que d'entrer dans une Uti«, dana niie
guerre nouvelle , peulr4tre plus terribk encwe quel* première. Je tMB prie, nm
fcincc, de fûfc cooDalUE aux cbels de l'armée française «eUe iuUuitaa de ma part,
doMles auiktt pounaieiit peui-èue avoir des effets d'auUal plus saliitaiata qu'il «M
d^ question d'un congrès générai, et pourraient prévenir une elTusloniDUtiladc
aaag kumaiD. Taus voudrci bien ensuite me fiiii« parvealr les réniHaU de vaire
déraarcke, et me voire avec la considération la plus distinguée, mM frinea, <ta VOMl
etcdkace,
■ Le trèa^wmUe et tièa^béiatant serviteur.
Diclzedby Google
293 BMTiBViiB rr paix rat rnsm.
d'une politesse inhéreate k sa personne. Ils ne jetèrent aucune btse;
on reprit la conversation sur le pied où l'avait laissée, pour ainsi dire,
le général Saviry avant et après la bataille d'Austerlitz ; l'empereiu
Alexandre se trouvait è peu près dans la même situation : en 1805,
il venait au secours de l'Autriche ; les Russes avaient fait leur itioa,
ils se retirèrent ; en 1807, ils étaient accourus au secours des Prns-
Eâens, ils avaient encore fait leur devoir, et maintenant ils repassaient
le Niémen ' . Après le vaste fleuve seulement la question deveiwl
■ Pendint eeiempa dd trmiui» fut ligaé pour Mupeodre lea hoslililtsdiaila
dcui armées :
a S. H. rempereur des Français, etc., et S. M. rempereur d« Eussie, wiûai
mettre un terme à la guerre qui diiise les deui nations, et conclure, en attendant, ua
annislice, ont Donmi et muni de learspldns pouvoirs, savoir: d'une part, le printe
de Neurchttcl, major général de la grande armée; eldel'autie, le lieuienaoi général
prince Labanoff de Bosloï, cfaevalier des ordres de Sainte-Aune, graind-croii, etc.,
tesquels sont convenus des dispositions suivantes :
» jirl. 1*'. Il y aura armistice entre l'armée fraoçaiie et l'armée nuse, afin it
pouvoir dans cet intervalle négocier, conclure et signernne paix qulmelte Bstiiiii
effusion de sang si contraire à l'huinsnité.
s Art. S. Celle des deux parties contractantes qui voudra rompre l'armis^ct , te
que Dieu ne veuille, sera tenue de prévenir an quartier génial de l'autre année, H
ce ne sera qu'après un mois de la date des uolificatioos que les hostilités poumot
a Art. 3. L'armée française et l'année prussienne concluront un armistice stfui,
•t i cet effet des officiers seront nommés de part et d'autre. Pendant les quiue m
cinq jours nécessaires à la conclusion dudit armistice, l'anoée française ne coraneun
aucune hostilité contre i'anné^ prussienne.
« Art. 4. Les limites de l'armée française et de l'armée russe, pendant le lempsdc
l'armisUee, seront depuis le Curisehc-hsff, le thalvregduHiémen, et en remonlui
la rive gauche de ce fleuve jusqu'à l'embouchure de Lorasna i Scbaim , et n»>-
tant cette rivière jusqu'à l'embouchure du Bobra, suivant ce ruisseau par Bi^,
Lipsh, Slabin, Dolislowo, Goniondi et Wizna, jusqu'à l'embouchure du Bobra dut
laNarew, et delà, remontant la rive gauche de laT^arcw, parT;koctin,Suns-N«KV,
jusqu'à ta rrontiire de la Prusse et de la Russie ; la limite dans le Frich-Herungsoa
àNidden.
g Art. S. S. H. l'empereur desFrancais et 8. H. l'empereur de Russie nomnaMii,
dans te plus court délai , des plénipotentiaires munis des pouvoirs nécessaires pour
B^cier, conclure et signer la pais entre ces deux grandes et puissantes nalions.
H Art. 6. Des commissaires seront nommée de part et d'autre, à l'effet de procéder
■nr-le-cbimp à l'échange, grade par grade, homme par homme, des prisonniende
pnerre.
B Art. 7, L'échange dee ratiScationa du présent armistice sera tait au quartier
général de l'armée russe dans quarante-huit heures, et plus tAt si faire se peuL
s FaitàTiltitt,le21juinia07.
» Sigtti .- le prince de NeufchlKI, maréchal Aleundkb Brav ■»>•
> le prince LiBAHorPDsRotTorr.»
îdbyGoOgIc
BHTSEVirB ET PAIX DB TIUITT. 393
russe et frençaise ; elle poofait ainsi devenir fort longue et Tort grave.
A Austerlilz on avait parlé d'une entrevue ; Duroc la sollicitait aussi
après Frîedland , et , dans ces drconstances, Alexandre ne flt aucune
difficnlté de l'accepter. Duroc accomplit un second voyage au delà da
Niémen ponr régler toutes les conditiousde cette entrevue solennelle;
les empereurs y parattraient snr le pied d'une parfaite égalité, de
souverain à souverain. Le programme en fut fixé avec une certaine
forme d'étiquette ; Napoléon y tenait, et Duroc vint prévenir son
souverain qu'Alexandre était prêt à se jeter dans ses bras de frère à
frère. L'empereur ne se contint pas de joie ; le bat de la guerre était
atteint.
Le parti de la paix se fortifiait dans le camp de Napoléon; M. de
Talleyrand arrivai t de Varsovie, et ses paroles étaient toutes paciSqoes;
assez de sang avait été versé, assez de gloire acquise ; il fallait en finir
avec une situation qui compromettait à l'intérieur la prospérité de
l'empire ; les sacrifices de conacrita avaient épuisé la France : le
ministre était trop éclairé pour ne pas savoir que rien n'était plus
rapide que la conquête, torrent impétueux ; mais que rien aussi n'était
pins difficile que la consolidation d'un tr6ne sur le granit des âges ;
il y avait une énorme différence entre le fondateur d'une dynastie et
AtlilaouTamerlan. Ces considérations portaient M. deTalleyrandi
dé^rer une paix solide et forte ; alors déjà il avait conçu le projet de
réaliser ponr la famille Bonaparte la même puissance d'ascendant
que Richelieu avait tracée pour la famille des Bourbons ; les projets
sur l'Espagne datent de la campagne d'Iéna et de Frîedland, et il faut
bien remarquer que M. de Talleyrand eut la première idée d'une
dynastie napoléonienne prenant la couronne de Naples et d'Espagne
et signant : Moi U roi, dans l'Escurial ou Aranjuez. Y avait-il sio-
eérité? ou bien M. de Talleyrand, ennuyé de la guerre de Pologne,
voulait-il amener une prompte paix au nord , par l'idée d'une facile
conquête au midi ? Tant il y a que le ministre s'exprimait haut sur la
nécessité immédiate de faire la paix, pourvu qu'on ofTrtt de bonnes
conditions ; partisan le plus chaud de l'entrevue, il ne fut tranquille
que lorsqi^e les conditions en furent réglées entre Alexandre et Napo-
léon par l'organe et l'intennédiaire du maréchal Duroc et du général
Bennigseo*.
' Le prince Labinolf , qui n'avait pu d« pomoir pour trtiter l'objet de U ini»ioB
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t29i ENTEETCI ET PAIX Dl TILSTIT.
Toiit ce qui se rattnchftit aux vieuit souvenirs historiques, tont ce
qui rappelait à Napoléon les rois de dynastie uitî(|ae aHail i son e^rlt
cti son imagÏDatioD entliousiaste ; l'idée d'une entrevue sur un radeau
•u milieu du Nitmen lui fdut , parée qu'die était uoe irailatton de
ces pourparlers de ta Bidassoa, de ces mariages à Itle des Faisans sous
Louis XIII et Louis XIV; il y avait dans cette cérémosie soteanelte
Un respect motuel, une égalité entre monaniues qui caressait Napo-
léon ; elle lui créait une puissance morale dans sou ormée et en
France. H. de Talleyrand Iw sucera les idées de cérémonial, aBn de
flatter son amour-propre; l'empereur régla tout avec un soin minu-
tieux : un pavillon simple, mais élégant, fut fixé sur un radeau «a
milieu du Niémen ; on étudia les anciennes formules ; on construisit uu
salon commun, deux petites pièces d'attente ; et pour cela on emplt^
les toiles rayées blanches et bleues qui servaient au campement de
l'empereur dans ses jours de bivac. Au signal donné par deux coups de
canon, Napoléon et Alexandre devaient quitter en même temps les
rives oi^Kisées pour arriver simultanément dans le pavillon d'attente.
Là on se verrait pour la première fois, et on pourrait jeter les bases
^nérales d'un traité dans une de ces vastes conversations bistoriqaeB
qui remuaient le présent, le passé et l'avenir.
Par une belle journée de juin , soi» les feux re^lendisBants du
soleil, on vit se ranger en bataîHe sur les deux rives du Niémen aux
«aux larges et noires, des masses con»dérables de troupes, iafanterie,
artillerie et cavalerie. A la belle tenue de tom ces corps , on aurait
dit que la bataille de Friedland n'avait pas été donnée à dix jours à
du maréclul Duroc, en référa 1 l'emperear de Russie, qui était trè$-près et con-
nandatlsonarméE;!! [KOpoSB au maréclial Duroc de le voir, Celui-ci répondit que
»i l'empereur de Bussie témoignait le désir d'aroir des eiplications sur l'objet de si
mission ou de l'entendre de lui, il ne faisait uOD-seulement aucune diflirullé dcse
rendre prts de lui , mais qu'il saisirait avec empressement cette occssioa pour lui
rendre ses hommages. Celte disposition du marécbal Duroc sotiffit tant le prince
Labancff , qu'il l'eAi IiientAl ameué chez l'cmpcmu de Bus^e. Je crois bien que le
Iniréclial Duroc n'avait pas camDÙssion de proposer uoa enircYue ; mais il «tait au
moins l'ordre de uc pas la refuser, si on la désirait, c'est-4-dire de se bumerà
répondre que cela n'avait pas été préru lorsqu'il avait été dépéché, mais que si c'était
llniention dcl'empereurAleiaBdre, il allait vetouraer en faire parti l'eiDpcrear, cl
lui rapporterait sa réponse. Je le crois d'autant mieui que le maréchal Diuot est
Kvenu & Titsiit, et est retourné uneseconde fois prés de l'empereur de Russie, et
que c'est i la suite de cette seconde mesure que l'on a préparé tout i Tilsiti pour cette
célèbre entrevue, a (Mémoire* du giotnl Savar;.;
îdbyGoOgIc
BMTBBVOB BT PAIX DB nUITI. tM
peïned'iotervBlIe. Le canon retentit et des barques simples reçurent 1«
deux empereurs; Napoléon était suivi de Murât, des mitrécbtux
Berthier et Besaières, du grand maréchal Duroc et du grand écuyer
Caulineourt. Les marins de la garde, troupes ù agiles, si bsbltuéesi
conduire sur les fleuves et les ners, dirigeaient la barque et ramaJeat
avec vigueur. La barque d'Alexandre était conduite par de simpln
pécheurs russes du fleuve du Niémen, vêtus de blanc ; il avait avec
lui le grand-duc Constantin, le général eo chef Bennigseo, qui ne le
quittait plus ; chef du vieux parti russe , il n'avait cessé d'être l'homme
de la nuit sanglante au palais de MicbaëtolT; ensuite le prince Laba-
noff, le général OuvaroS*, et l'aide de camp g^ral comte de Ltevcn.
qui depuis fut appelé à de boutes Tonctions diplomatiques.
Napoléon , avec sa promptitude habituelle, arriva le pranier ao
pavillon ; il aimait, même dans les petites dioses, marcher à pas de
géant *. II se montra fort poli, fort prévenant, car il ouvrit lui-même
' Au reste, des renseigoements autheniiques eiiitetit sur celle eolnvue.
cTihiit, leSf jufnlSOT.
H Demkin les deux empereurs de France et de Russie daJTeat avoir uns eotreruc.
On a A cet effet élevé au milieu du Hiémea uo ptTiUoD, obles deux monarqiuan
readraaide chaque rive.
• Peu de speciaclej seront aussi iuléressants. Les deai cAtés du flean smilt
Ikordès pn les deui amiéES , peodaDt que les chefs csnféreTOM lur tes mofeu it
rétablir l'ordre, cl de donner le repos k la géuératioa présente.
■ Le grand maréchal du palais Duroc esl allé hier, à trois heurea apria midi ,
fsmplimealer l'empereur Aleiaudre.
• Le maréclial comte de Kalkreutli a été priseuté aujourd'hui ilempenur ; Il «h
resté une heure diDB le cabinet de S. H.
■ L'empereur a passé ce matin la revue du corps du maréchal Laonea. U > hit dlf>
férentes pramctions, • récomprasé les braves, et Irmoigné sa saHsbcUoD «ux
«uirassicis saxons *.
» LeaSjuJD, aune heure après midi, l'empereur, accompagné du grand-duc de
Bog, du prince de Neurchltel, du maréchal Bessières, du grand marèclitl du palais
Duroc et du grand écuyer Caulineourt , s'est embarqué, sur les bords du Niémen ,
(Uns un bateau préparé h cet effet; il s'est rendu au milieu de la rire, ob le géninl
Lariboissière, commandant ratlilierie de la garde, avait fait placer un large radeau,
«t élever un pavillou. A câté était im autre radeau et un pavillon peur la suJie
deLL.UH. Au même moment l'empereur AUiandre est parti delà rivedroUe, sur
UD bateau avec le graud-duc Constantin, le général Ouvaroff, le prince LabanoS^ «t
MtopTEmierBidede camp le comte de Liaven.
a Les deui bateaux sont arrivés en même temps; les deux empereun se sont
embrassés en mettant pied sur le radeau , ils sont entrés ensesible dam la uUe 4{ni
avait été préparée, et y sont restés deux heures. La conlïrence finie, kl penooDes
• Ca lijna rarment le luin biillslin <lc 11 gnait iriafa. ^. V.)
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296 EimBruB et paix de tilsitt.
la porte du pavillon pour tendre la main à l'empereur Alexandre ; ils
K saluèrent, s'embrassèrent tous deux avec une courtoisie eitréme.
A cette ^toqae Napoléon avait trente-huit ans ; un peu gros déjà, s>
taille était épaisse, ses épaules hautes, nais avec cela une tête m»-
gniflque, le front chauve, l'œil beau et pénétrant, le nez bien fait, U
bouche gracieuse, et un ensemble de médaille antique qui dut frapper
d'une curiosité respectueuse l'empereur Alexandre, esprit enUian-
liaste, car enBo c'était une fortune bien phénoménale que cette qui
entourait la grande physionomie de Napoléon. Alexandre était piut
jeune que l'empereur des Français ; à l'entrevue de Tilsitt il atteignait
sa vingt-neuvième année ; sa physionomie était gracieuse, son froot
haut et bombé, srs yeux bleus et charmants, son «ez petit avec une
empreinte de la race tartare modiGée par le beau sang allemand ; il
était élancé de taille, mince comme les Busses de noble maison; il
s'exprimait bien, et, quoique la disproportion d'Age ne tàt pas consi-
dérable entre les deui: empereurs, Alexandre ne cessa de témoigner
une sorte de déférence filiale et des formes de respect capables de
de la suite de l'empereur ont iti introduites. L'emperenr Aleiaudie a dit des tboM
agréables aui miliinires qui accompagnaient l'empereur qui, de son cdic, s'est enir»-
tenu longtemps avec le grand-duc Constantin et le général Bcnnîgscn.
B La conrérence Snie, les deux empereurs sont montés chacun dans leur barque.
OnconjcclurequelacoiiréTeDceaeu le résultai le plus satisfaisant. ImiDédialeBinl
après, le prince LabanolT s'est rendu au quirlier général Trautais. On est conyen
que la moitié de la ville de Tilsitt serait nculraliséc. On y a marqué le logement de
l'empereur de Russie et de sa cour. La garde impériale russe passera le fleuTC, et son
eantonnée dans la partie de la Tille qui lui est destinée.
a Le grand nombre de personnes de l'une el l'autre armée, accourues sur l'uMM
l'autre rive pour étrelémoius de cette scène, rendaient le spectacle d'autantplM
intéressanl, que les spectateurs étaient des braves des eitrémitcs du moude '. »
c Tilsitt, le 26 juiD iWl,
a Aujourd'hui, i midi et demi, sa majesté s'est rendue au pavillon du Kiémoi-
L'empcreur Alexandre et le roi de Prusse y sont arrivés au même momeoU L(S
trois souverains sont restés ensemble dans le salon du pavillon pendant une iani-
heure.
a A cinq heures et demie, l'empereur Alciandre est passé sur la rive gancbt.
L'empereur Napoléon l'a re{u i la descente du bateau. Ils sont moni^ à cheval l'ua
et l'autre, ils ont parcouru la grande rue de la ville, où se trouvait rangée la garde
impériale franfaise i pied et à cheval, et soni descendus eu palais de l'emperair
Napoléon. L'empereur Alexandre 7 > dtné avecTempcreur, le grand-duc CoDsianlii
H le gnnd-due de Be^ ". ■
• LuintbnlklindcU craBdora.'i, diU de TiUiU le » jain IGOT. (F. W.)
DiclzedbyGoOglC
BKTBETUB BT PAIX DE TILSITT. 297
frapper vivement un esprit ami impres^onableque celui de Napoléon .
Lb conversation du radeau du Niémen se tint toujours dans les
gén^ités ; aucune des questions diplomatiques ne fut traitée à foud;
OQ se fit des compliments. Alexandre en fut prodigue, parce que,
eatbousiaste comme un jeune liomme, il se sentait pénétré d'un rayon
de cette gloire si brillante alors et de cette destinée si merveilleuse.
Hapoléon a dit plus tard de l'empereur Alexandre, à l'occasion de
cette entrevue du Niémen : « Qu'il était faux comme un Grec du
Bas-Empire, a C'est là un de ces mots qu'on a prêtés h Napoléon
comme d'autres encore. Je crois qu'en effet Alexandre fut habile ,
comme le digne petit-fils de Catherine la Grande ; mais à cette époque
il fut éminemment sincère dans son expression ; il pouvait tirer de sa
position tout ce qu'elle lui offrait d'avantages, c'était son droit et sa
pc^tique; mais jusqu'à la guerre de 1812, Alexandre ne se démentit
pas : Il fut l'admirateur de Napoléon, et s'exposa plus d'une fois aux
fiotences des boyards pour conserver ses dignes et loyaux rapports.
A. cette époque, il faut bien distinguer les nations des souverains ;
ceux-ci voulaient rester en paix avec Napoléon ; les peuples seuls se
levaient contre lui et emportaient les couronnes dans la résistance
patriotique qu'ils opposaient aux volontés dudespote. Alexandre avait
d'ailleurs déjà ce mysticisme qui s'agenouillait devant les superstitions
glorieuses, et cette fortune de Napoléon, si pleine de merveilles, le
jetait dans un monde d'admiration rêveuse.
Les affiùres réelles ne devaient point se traiter dans cette entre-
vue ; on convint qu'on neutraliserait Tilsitt, partiellement occupé
par des détachements des gardes françaises et russes ; les empereurs
se verraient là avec une extrême liberté, sans faste, sans cérémonies,
tandis que les ministres traiteraient les affaires générales, soumises
ensuite à la sanction des empereurs. M. de Talleyrand était déjà
installé à Tilsitt ; l'empereur le chargea de pleins pouvoirs pour la
forme, et il dut s'aboucher avec le baron de Budberg, ministre en
nom des affaires étrangères de Rus»e ; Alexandre dirigeait personnel-
lement son cabinet. H. de Talleyrand, se posa immédiatement à
Til^tt comme l'homme de la paix ; il la désirait vivement, et il ne
dépendait pas de lui qu'elle ne fût prompte et durable. Le baron de
Budberg n'était pas de force à lutter avec le ministre de Napoléon ;
aussi restait-il sur la négative ; les affaires furent conduites par l'em-
pereur Alexandre, le {ffince Kourakio et le prince Labanoff.
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SM IWTMVIJK ET PAIX VB TItSnT.
Void l'aspect qu'avait le séjour de TMXJt, dan§ la première senuine
de rentrerae : le matin, après la toilette, oa déjeaDait, pois des
promenades à dieval ; k deux heures, des causeries et des Oum
Jusqu'il cinq ; comme les journées d'été étaient fort longues, après
itner, des revues, où se passaient des scènes pittoresqaes, un échange
de nobles dtoses entre les deux empereun et leurs armées. Va jour
Napoléon détachait sa croix pour la donner au plus brave des greoi-
dlers de l'armée russe; le lendemain, c'était au t<Hir d'AIeiaodrf,
mais seulement pour la croix du troisième ordre, destinée aux sol-
dati ; il ne pouvait Ueseer la ncAlesse. On vivait en parfaite inteUi-
gence, les deux gardes impériales russe et française changèrent d'uni-
forme en signe d'amitié ; un soir il y eut concert de Basliirs, un tir
k l'arc, comme chez les barbares. Alexandre fut aise de montrer n
puissance asiatique ; Constantin et Hurat s'étaient épris l'un ponr
l'antre d'une loyale amitié ; les généraux échangeaient des politenes
eïquises ; la guerre n'avait point altéré le caractère chevaleresque
de ces hommes si braves qui naguère crdsaient le fo* à Friedtand.
Ainsi était la vie extérieure k TilâU. Mais les afhires diplonu-
tiques avaient une autre Importance ; pour bien comprendre tout ce
qui Ee passa dans ces conférences diplomatiques, il est essentiel de
tes diviser en plusieurs phases : 1° les conventions publiquement
Hipuléea ; 2" les articles secrets ; 3" l'échange de simples ponrpariers,
qui se succédaient avec ane si ^ande rapidité, dans l'imagination a
vive, si orientale de Napoléon ; on discuta tout, on prévît d'immenses
changements, on remua le monde des deux moins, on bonlerersa
l'Asie, l'Amérique. Toat fut dit à Tilsitt, par un honune k la pensée
ardente comme Napoléon ; il a été puéril de prendre comme conven-
Uon po^tive les idées qui purent être jetées dans une convenation
Imagée, k la manière de l'empereur. Alexandre demenra-t-il sons le
charme de cette prodigieuse conversation, ou bien, observateur atten-
tif de tout ce qu'il voyait, abandonna^-il le cdté romanesque de sa
pensée, pour s'en tenir aux conces^ons positives que son nouvel ami
hii avait faites sur la Turquie et ta Finlande? La phis dramatique
phase des n^ociations se rattache à ta Prusse. Ici c'est une royanté
renversée, le petit-fils du grand Frédéric brisé par Tor^; une renie
lappliaote, mais Sère encore. Ces diverses phases des conférences de
Tilsitt doivent être enfin racoirtées en détail, pour que l'histoire sache
k quoi l'en tenir sarim événement jusqu'ici ébangement déSgur^.
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EmBVDB KT PAIX DE TIUlrT. SM
Que fut-il ré()IIeiD«it convenu entre Alexandre et l'empereur NapcK
léon? Quels sont les engt^emeots qui furent urèt^? Quelles aGTairea
védies furent alors discutées, et dans quel sena ?
La première question sérieusement agitée cotre ks deux cours de
France et de Ruaûe, se rattacha aux intérêts et i la destinée de U
Porte ottomane qui occupait tiès-vivement l'empereur Alexandre,
parce qu'elle était pour lui territoriale et historique. Dans toutes Jea
transactions diplomatiques, la Russie a toujours suivi la marche et I«
dévdoppcment de sa force et de sa puissance politique. D^nit le
commencement de la guerre de Pologne, l'empereur Napoléon s'était
aussi préoccupé des destinées de la Turquie ; dans ses messages au
sénat, dans ses communicatious diploauitiqaes, il parlait de la néces<
site de maintenir l'empire ottoman dans son iotégralilé territorUle ;
ses ooumuBications (dficielles affirment même hautemeat : < Qu'il
lie traitera Jamais avec Alesandre si les Russes n'évacuent la Molda-
vie et la Valachie, ak»s ocoipées contre la foi des traités ; b c'était là
une fière a veine menace contre le cabinet de Saint-Pétersbourg.
Les d^èches du général S^iaatiani, ambassadeur i Gonstantinople.
avaient indiqué i Napoléon la résolution de Sélim de s'affranchir de
toate sujétion divers la Ruwe et l'Angleterre ; le sultan avait pria
les armes, l'étendard du prophète était levé ; la vigoureuse résistance
de Gonstantinople contre une escadre anglaise avait exalté la pensée
de Napoléon k ce point de croire qu'il pouvait compter sur une diva>«
sion favorable de la Porte ottomane sur le Danube.
L'empereur connaissait mal le divan; les Turcs voyaient avec indi-
gnation des Francs établis dans les batteries des Dtfdanelles avec les
bombardiers et les janissaires. Le sultan Sélim, dans une émeute reli<
gieose soutenue par le mufti au nom du Coran, fut déposé et étran-
glé ; 1b guerre se continuait dans les provinces de Moldavie et de
Valacbie, favorable aox Russes, lorsque la question se présenta anx
conférences de Tilsitt. Ce fut une chose curieuse et très-étrange h
dire : Napoléon, qui avait soutenu si vivement la Porte ottomane et
déclaré an sénat qu'aucun traité ne serait fait avant l'évacuation de
la Moldavie et de la Valachie ', consentit par un article secret à ce
' Dans ane de ses conTersatloDS piétenduefi amicales et IViiiches, Napoléon disait
i l'enipemir Alexandre : « Je ne liens pas à celte éracuation des deui provinces
(celles de Valachie et d« Moldavie] ; qa'oa la traîne en longueur. Il n'est pas posaibls
de ■oun'ir plus longtempsles Turcs en Europe; \ous ^ics le nallre de les rejeter eit
Diclzedby Google
800 BRTiunrcB et paix ns tilsitt.
que la Russie, évacuant les provinces ou les gardant provisoirraieiit,
pût en nomnier les hospodars. Si le traité public stipulait réracoAtitm
de la Moldavie et de la Valachie, par le fait, la Russie les gardait
' dans ses mains ou sous son înQuence ; l'habileté d'Alexandre vint à
son but : on comprend alors comment il se rapprocha de Napoléon
par des conditions si avantageuses pour son cabiuet. Où cberchiit-41
des conquêtes? Quel était le vœu de son agrandissement? La Russie
n'avait pas de vues alors sur l'occident de l'Europe; elle se bornait à
suivre et à développer le plan de Catherine. Napoléon y prêtait la
tnain : le czar dut caresser son amour-propre ; ses avances lui élaieot
largemait payées.
Après la Moldavie et la Valachie , Alexandre tourna son attention
sur la Finlande. Le roi de Suède, Gustave-Adolphe, chevaleresqne-
ment dévoué à la coalition , lui avait fourni des secours, des soldats,
des armements , et , dans un dernier traité avec la Russie, il s'était
engagé même à donner des armes pour soutenir Alexandre dans la
grande querelle contre les Français; Gustave remplît loyalement sa
promesse. Il y eut ce sentiment égoïste dans les articles secrets de
Tilsitt, que ce noble roi fut sacrifié par la Russie, qui profita de ses
dépouilles * . Le plan de Catherine reposait sur daix grandes idées qui
Asie; mtis je liens àceqac KonslintEnople n'appartienne à aaeune des puissanecs
aaropéennes. a (Propos ofQrieUement rappelé par le czar, sans avoir été offlcidknml
démenti.)
' s C'est ici l'occasion d'eiamiDcr s'il ■ jamais eiisté des traita écrits sur les t«ù'
TCDtioDssecrèiegdeTilsiitjon n'en trouTe pas de (races ofScielles.
s II j eut évidemment des articles, ou plutAt des traités, car ceui-ci étaient an
nombre de trois, que l'indiscrétion, l'inBdélilé ou des discussions diplomaliqaci
ultérieures firent connatire, quoique jamais on ne les ait avoués officidiemcal et
qu'ils D'aient pas même été déposa dans des archives publiques.
» Le premier était un traité d'alliance offcDsive et dérensire, si|^é le même jour
que le traité patent, et principalement desimctit des articles 21 et 22 de cdui-d, ea
faveur de la Porte ottomane ; d'une part , il engageait dans la guerre de la France
contre l'Angleterre ou toute autre puissance européenne, la Russie, qui gannlissail
toutes les conquêtes faites et i faire par Napoléon, qui stipulait la fermeture de ses
. ports lu commerce britannique, qui promettait en outre d'emplojer son inflatuce
pour lui tïirefermer tous ceux delà Baltique- » D'autre part il était dit : ■ Si, par suite
des ctiangtments arrivés iConstantinople, la Porte p'acceplait pas la médiation de la
France, ou si, après l'avoir acceptée, les uégociations n'amenaient pas au boDl de
trois mois un résultat saiisfaisaut, la France ferait cause commune avec Ta RuSBir
contre la Porte ottomane, et les liautcs parties coniraclantcs s'entendraient pour
distraire de l'empire ottoman toutes ses provinces en Europe, Constantinople et la
BoméLe seules eiceptées. a
îdbyGoOgIc
■HTBBVDB ET PAIX DE TILSITT. 301
lonchaient au comioerce et à la vie territoriale de la Russie : la domt-
naticHi 'de la mer Noire et la poeses»on du goITe de Finlande. Sans
ces deux débouchés , la Russie ne pouvait être qu'uu corps ioerte ,
qu'une masse informe de terres sans issues. Ce plan s'était développé
sDcceasivemsit sur la mer Noire; Napoléon consentait à l'occupation
de la Moldavie et de la Valachie ; puis il fallait développer la seconde
partie de ce système , et s'assurer la Finlande en pleine et entière
souveraineté. Dans les conférences de Tilsitt, Napoléon consentit à ce
que la Russie s'emparftt d'une double influence sur la mer du Nord «t
la Baltique. La politique russe arriva pleinement & ses fins ; Alexandre
reccHiQut à Napoléon la faculté de di^weer de la Poméranie suédoise ;
il accota aus» comme compensation la légitime possesùon de la Fin-
lande qu'il devait conquérir sur Gustave~Adolpbe et lui arracher dans
une prodiaine campagne. Ainsi d'une part, la mer Noire, le Danube,
de l'autre, la Baltique : le résultat était large pour la Rusne; elle
aurait traité k moins.
Ces deux points arrêtés, Alexandre passa sans dilflculté sur la recon-
naissance des faits accomplis par l'avènement de Napoléon au tréne.
Il reconnut le titre impérial que Napoléon glorifiait si haut ; il le salua
comme roi d'Italie, comme protecteur de la confédération du Rhin,
QQ liù recommaudaDt quelques intérêts particuliers de famille en
Allemagne , et le duc d'Oldenbourg particulièrement. Alexandre
reconnut aussi Joseph roi de Naples, Louis roi de Hollande ; et quoique
> fax un second irtité secret, les deui puisMnces, se considérant déjk comme les
wols et suprêmes arbitres de l'Europe, coarenûcnt entre elles que la Russie élen-
draili son gré ses conquftesenEuropeeten Asie, que les maisons de Bourbon et de
Bragiaee seraient remplacées en Espagne et en Portugal par des princes delà famille
de Napoléon ; que la dominatloa temporelle du papa cesserait ; que la Russie tecoo-
dersit la France dans l'atlnque de Gibraltar ; que la France S'emparerait de Tunis,
d'Alger et du littoral africain, qui, lors de h paix générale, serviraient i Indemniser
les rois de Sicile et de SBrdaigne;que Malle appartiendrait aux Frantais; qu'ils
oeeuperaieDl l'Egypte ; que la navigation de la Uédilerranée ne serait permise qu'aux
navires frantais, russes, espagnols et italiens; que le Danemarck remettrait son
armée ti«TBle i Napoléon et en serait indemnisé par l'acquisition des villes hans^a-
tiquts, et que les deux puissances régleraient la nombre des vaisseaux de guerre que
les Dentres auraient le droit de mettre en mer. Ce traité, que l'ambition la plus eitra-
ngante pouvait seule croire réalisable, et que l'Angleterre parvint i se procurer par
leseoins du comte d'Entraigues, fut, je le répète, plutAt un échange de propos, un
brouillon d'Idées sur le papier qu'une convention véritablement diplomatique; j'ai
eolcndndireàH. deTallepUDd, avecson ton niUcur, que tout fut conclu iTilsiti,
ticepté le poatible. •
TU. M
:dbv Google
dUB HtnuvirB bt pjjx m thjut.
tas Umittt (TuD royaiuae de WestffaaUe ne CusKot pas ancon M»,
et ifue JàiAm* oe Tût pas oCBcidleiDeDt désigné roi, AleundR Tadiut
(L'tvancs pour âoauer uag^gs d'estima à l'empareur des Few^
Cm Rortes de témaigmff» «ùstmat. NainUea ; ils lui fiiiiiat
SMvaatoubUei le iHit politisas «ttanUiriBLdMtpifrFi». iJmaate
MdiBBDait nm.qaedB ilénlesi«c()Ba«aaDcw,taBdis9i'ili)b(raiit
pour la Kiwi» iappaieiHu» réelle da lkfiBlaiid«rtd«sprQBQG«du
Daiuibe. Im KCODDriauBces ptnoat,. Uft doBUÙMft réels ae tniiBiiKt'
teot diH la paBKNioD gésérale des Étais. Que smit devcaus cas Mit
qa'MeMpdiB rMoatnib abnsï (wdiftque laBiisBe eat eapownim
dw praviae» qa'eite »'eifa aeniGéefl A. ïUsitt.
Il esH QMMtBBt que,, dao» ees oonCÈFonees, Napcriéoa caouBOBiii»
sas plaw sur rE>|»giie i l'eapereur Ateiawlcei ; U lui parla àa sa
psoiits BHT tout* la P^insuletde la oécesaité da r«fiMl«c ea Atné-
ritufl la ramille des BondiQBSt eas^Mranti les varie» Iode» delà ni-
tropole espagnole. M. de Talleyrand développa le premier ca projett
de ilguutie i Mi^Uqui voulait sutatituer sa fiunille à celle des Boar-
bou dRDftto dnïit paMic «uropéeD. A tout cela, Alexandre ne fit
«H£iwe (dijectioa';. tlj nacoannt ntow pacTeitemait la pasihUité de
créer au nMi hd- enpipe giguiteaqoe son» le. scept/e de Napelèei,
et qtU> serait séparé de la Huirie pac lai natioQi ««maQique, Kdoiu
itos à un État întenaédiBire et de saoond ordre ; oa réveiUowt k
titee d'aaiparew ^OoeidmU. Alexandre a'abeadonnait axa. lèvena
poétiques de Napoléon, ponrru qu'on laiss&t s'accomplir pour li
Ruiaie ses projeta sur la Perse, la. Suède et la Turquie, et testroê
grands déboudiés : la mer Baltique, la mer Gaspiemie et b mr
Noire. Les hommes habiles du cabinet de S^nt-Pétersbouig voyaiot
dans les projeta de Napt^éou quelque chose de momentané, un poème
épique improvisé par un grand homme ; tandis que la Bunie aMt
droit à UD plan très-matériel et bien réfléchi ; elle ne se tenut pat
dans les nuages historiques ou dans la poésie d'un système ; diest
servait de Napoléon pour acquérir positivemmt et déSnitivemeat
Les conférences premières portèrent ainsi sur des faits définis ft
constants, la réalisation de la grande pensée de Catherine II ; il ï
sut UQ échange de prt^els plus vastes, plus imaginaires, profondé-
ment en rapport avec le caractère de Napoléon et l'enUiousiasaie phi
ou moins sincère d'Alexandre. Empereur comme consul, NapolËon
caressait avecivresscce plan de campagne dans l'Inde, que.Paul I"
DiclzedbyGoOglC
■VnBVDB ET MIX IW TIL8RT. M3
snît tracé sveo- lui deas «s actives correspondances : m pimagA de
100,000 hommtB à travers les pays fabuleux qu'avait saluas le héim
macédonieB r poor tomber tout à coup sur les établissemeats anglais
dana-ia-praHgi'ne da Gange» était de natura ivjvemeat séduire l'im»-
ginatioa du cur. Napoléon lirrait la Perse L la Roisîe, )•■ Turquie
d'Europe,, s'il le Callaît,, pour réaliser ce» Jfi'U» el wns JVuiM de sa
politit^e ; 11 atmait ces images d'Orimtt.ces gigantesques o«Kiep>
ttons, etceaxquiontconnuM.de TiUleyrand peuvent se fsppder
l'impression qu'avaient laissée dans sa tète, Inen calme pourtant^' les
admimbles causeries' de Napoléou en présence d'Alexandre,, ce Au
qui brillait dans ses- regards, et qu'il savait communiquer, k oe Jii^w
prince poli, mw souvent froid observateur,, élevé dans les-prineipes de
Catherine n<. Napoléon cachait souvent beaucoup de dissimidatimi
dans ses paroles chaudes ; il restait Italien ; c'était le geste de l'impro-
visateur, un grand po^ armé. Alexandre d^bait aussi beanoeap
d'iiabileté dans les témoignages d'une sensibilité expressive et d'usé
loyauté cfaevaleresque; On divisa le monde en deux grands empisei :
l'Occident et l'Orient,, les Latins et les Grecs, Giarlemagne et les
successeurs de Gonstantin» Napoléon. et> Alexandre;. Ces idéesfumit
pIutAt fonnulées dans une conversation qu'écrites dans untraité.
EnSn arriva la question réeUe, territoriale et poulive,. ocUe du
sort de la Prusse ;. qu'«^aît-on décider sur no royaume afetolument
conquis depuis la prise de Kcenigsberg 7 Allait-on l'effacer de la carte
d'Europe comme les duchés de Brunswick et la Besset Napoléon en
ferait-il un lot pour l'un de ses généraux, le dépèoerait-il en princi-
pautés indépestdantes? Le roi Frédério-C^Uaumeétsit'arriv^i 111-
sllt dès le tri)isièsse jour des confërence?, sans qu'il' fût M^dé par
Napoléon ; l'empereur ne se souciait pas d'avoir là gène d'un tiers
dans ses transactions de souveraio k souverain ponr le développement
de ses^istes projets. On dit qu'Alexandre n'avait point bit appeler
Frédéric-Guillaume à Tilsîtl ; le Fait est inexact, la leftiv autographe
existe ' ; les traités entre les deux couronnes étaient trop intimea
ponr qu'Alexandre pût traiter séparément de son allié.
Le roi de Prusse n'avait aucun attrait dans sa personne; (ïoid'et
toujours digne, comme un roi malheureux, il ne portait en lui-
même aucun de c«e caractères qui entraînent les e^ts- vers ub
■ J'en poseUe une copie.
îdbyGoOgIc
301 Bl(TItB>TB ET PAIX DB TILSITT.
prioce, même batta par l'infortane. Hais alors on attendait i^ Tilntt
une femme fière et noble, la belle reine Louise de Pnuse, la nouvelle
Marie-Thérèse, qui avait voulu sauver la monarchie par son dévoue-
ment et son noble feu de gloire. Il dut en coûter k cette reine de
venir implorer l'homme qui l'avait si outrageusement insultée. Napo-
léon, vainqueur implacable, mit néanmoins une vive attention k la
traiter avec une politesse d'autant plus cruelle qu'elle ne concéda
rien. Voyez-vous une femme outragée s'agenouillant devant le soo-
verain qui l'avait flétrie? Le grand maréchal Duroc et l'officier d'or-
donnance, H. de Talhouet, forent chargés d'aller au-devant de c^le
Boble reine ' ; Duroc l'avait vue à Berlin ; cette majesté de la beauté et
du malheur, cette double couronne rayonnant k son front, frappèrent
vivement tous ceux qui accompagnaient cette ambassade de politesse.
Louise de Prusse était belle , majestueuse , l'œil doux , le r^ard
fier, la plus caressante, la plus gracieuse expression de la bouche ; ses
lèvres étalent roses, ses yeu\ grands, bleus, expressifs, son cou un pra
fort comme la race allemande. Louise de Prusse ne cessa pas un
moment d'être reine ; elle sollicitait l'ceil humide, mais le front haut ;
elle s'agenouillait, mais en implorant plutôt la justice de Dieu que la
muniflcence de l'homme. Elle trouva dans Napoléon une politesK
froide et prévenante, railleuse comme le sourire du fort quand 11 cou-
ronne de fleurs sa victime ; la reine demandait son héritage, Napoléon
' U. de Talboacim't dit h TWe et proronde tmpmsiociqii'sTBithlte sur MDeBprii
l'aspect de !■ nine de Prusse. Quelle grlce, quelle nujesit I Je ne puâ résister tn
désir de faire connallre l'origine de celte noble reinr.
LouiRe-Augusit-Wilbdmliie~Amrl[e éi«ii né« lelO mrslTTfl, du duc de Meckleo-
boni^-SIreliLz, et de Carulinc de Hesse-Dannslad k Hanovre, où son père était gou-
TcmeuT de i'électorat. Ayant perdu sa mère à l'ige de sii ans, elle Tut confiée aui
soins de mademoiselle de Gèlieui, réfugiée rTançaise. Les événements de It gnem
In conduisirent, dansie mois de mars 1773, à Francfort, qui était alors le quartier
général du roi de Prusse, et elle parut avec une de ses soursà la cour de ce mgnarque.
Le prince royal et son frire Louis en furent également frappés d'admiration, et, après
avoir oblcnu le consentement de leur père, les deui frères furent fiancés avec le*
d(ui snuTs. le 20 avril suivant. Le mariage du prince bérédilaire fut célébré k Berlin,
le a décembre de la même année. La princesse Louise avait donné deui béritiefs au
Irdne de Prusse, Isrsqu'ctli' devint reine te 16 novembre 17V7, par la mon de Frédt-
ric-GuilIaume II. Ai^ès avoir reçu le serment de leurs sujets, les nouveaui souve-
rains Breni plusieurs voyages dans leurs États; la reine cbarma tous lesyeui par sa
beauté, et pgna tous les caoïs par ses actes multipliés de bonté et de bienfaLsancc.
Ayant eu le malheur de perdre un de ses enfants en ISOS, sa santé en fut très-alléréc,
M pour la rétablir, die alla ana eaut de Pjmiont. A son retour la guerre de PrvsK
commenta.
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■RTMVDB ET PAIX m TIUITT. ' 305
lui oBïait des roses dins de beaux vases de porcelaine ; elle implorait
pour rendre à)a Prusse un système politique , l'implacable empereur
lui perlait des bagatelles des modes et des cliîQbns de Paris. Là, Napo-
léoQ manqua peut-être un peu de dignité ; il Bt asseoir la reine de
Prusse à seà banquets pour la montrer k tous, la traînant h son char
comme la reine Zénobie des triomphes romains; il semblait dire:
« La YMlà, cette reine qui m'a bravé, cette femme que mes bulletioB
ont flétrie ; je hii ai arraché son sceptre, je la fais asseoir à ma table,
je suis courtois avec elle, je lui donne la main, je fais le souverain
galant à la manière de Louis XIV, et je lui arrache la moitié de ses
États. » Mieux valait lui dire : « Reine, je vous dépouille et ne voos
reçois pas. »
Louise de Prusse resta digne dans une position si embarrassée ;
IH^Dcesse fort instruite, parlant le français avec une élégance remar-
quable, elle employa tout le charme d'une causerie attrayante pour
obtenir quelque chose du vainqueur ; tantét elle invoquait te sou-
venir du grand Frédéric, qu'elle comparait à Napoléon, en plaçant sa
grandeur au4e3Sous de celle du souverain de la France ; elle disait de»
mots mélancoliques ; son sourire était amo-, sa grftce si triste qu'elle
brisait les Ames ; elle prenait Napoléon par tous les cétés du cœur et
de l'écrit; et cette rose tant citée que le vainqueur lui offrit, et cettt
réponse si bien jetée : « Sire, avec Magdebouig, ■ et la froide réplique
de l'empereur qui parla de chiffons, tout cela fit dire au barwi de
Hardeoberg dans un moment de dépit : < Cet homme est impitoy^le
envers les malheureux, et je me tromperais beaucoup s'il savait lui-
même supporter le malheur avec dignité. » Enfin , pour achever
l'humiliation. Napoléon fit expressément stipuler par les clauses préli-
minaires du traité de Tilsitt,que c'était en conndération de l'empe-
reur Alexandre qu'il restituait au roi de Pnuse la moitié de sesÈtats ;
c'était dire : «Je n'ai point été touché de vous, prince malheureui «
je n'ai point été touché de vous , rdne inf(»1unée qui vous sacrifies
pour la nation prussienne ; si je vous restitue quelque chose,
c'est ma pcrfitiqne qui veut que je m'unisse à l'empereur Alexandre,
votre protecteur ; je hii cède ce que je ne vous donne pas. » On
comprend que les Prussiens durent garder au cœur cet outrage
fait à l'héritier du grand Frédéric, et à leur reine si populaire dans le
parti national et les universités. Qu'elle dut souffrir cette reine ! qu'elle
dut dévorer de douleurs 1 Les officiers de l'empereur qui avairait coft*
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Mwé -dei «■faaîBat, <HMwwatont tw traite queMnient mille ssoti-
mwti iatiaiei ; aile dnugetit de couleur i tout Instast; tes paretet
éMMt tour i tour<MMiMitei et AèfitiM, «Oe dévorait kb 4mDe9:
eMe ^egltrit oomoe UM AoM ^i sait M gnode-mMon, Mtrf i girâer
SQiMiHntiiiMuta eux jonn de 11 «eageMice; Éte mortnel'eâtfn
bvMe elle eAt -Hrirté-iaplacrtite è la cltule de remperenr, terrftie
tdieB';-eie«'«B«ilt'pM«a-dflfittéi»ear <|utfflMHsi prtffeBdimcrt
b)eMte.4r-eflt t'«Blm 4e la rrine qa! egltaH BiiiOher lonqae,Yaiii-
queorl«piteyal>lc,U«'^ciMteat815ewpMiMrtdefleaBp»rte«càMfe
perlewxuhfe: nfii'jel'tttnpe.jtJelaiipflBdrefteoratMlireiiHmMiiifie
iimudlaute pelrtctei. » Toua m? akait alew que «eWcTeioe était laorte
d'un polype m coear,noble iofirmité qui dit aaei la gonffraneo deta Ht.
fc-ddia pewlant dire, è tai joalitartiMi de r^eperenr Tietorieas,
qiM iwit «6«rtifci«D parti piAaBBtdaMr«ntf6e'q(ti-Toatait le eoB-
ttuui^lou de h gueii«^4eparlagedei coBq«Ates.£e parti de jeanw
oArien, oaeduK par Mwat , avait détermiaé la eampagae oootre la
Itoune par eooestboufliaarae; Mont n'était paa omteot-da 4ot^M
luiwaitifrtt-dugraBd duché 4e fierg ; il rèwdt «■ «oyaume eoeoMe
IoMphetLMiiBàMap]«>flt«aBoUaode.M«Mait que la Wea^^wlie
était daatiuée i léiAnc ; pourquoi , lui , «'««nftil p«4e frAoede
^■■ic <u 4e Wi^ue? La pafK«Qotcurtait«es4aBflîaB, il oepanvaK
dUffiir -cette courouae ^çft'A «ARait-depuie rwéuetM^ de hë beauK-
Mraa ; il y avait alon une naMie 4'<ètffeTYd ; le tjtre4e graud^duc de
BMgpe JeMfirfKiitlt4iaa;J«oillatt4i ■atoque4ueHleajMAer laceu-
BOMM ■inaotitée4el'«ea(hoHdeet de quelque» farodkaMueduta
4b Imui diaaMOt de la fortune 4e Kapoléoo* qui rayoBBait i . tes yeux.
Cette .fl^niMl>eUiqueHBe de Muni ^Uit iMaMasue; ^exprinaat
dm les salons wec la jutn^ bwte. il«e vodiit plue «Bteudie parier
du Bai-depBBite et deioetleawuwae eu japon ; iiXaU«itleeuHiri»er
4eia «aile ; ai biea ^ue IL de i:alle7ra^ s'deda ivut, «n lortaut du
«doBtdei eenfërenoei delà pdx: «UGma^acurk grasd-duc deBcrg,
cJait vous iqui «tus jwec fait faire la fuerre* je foe V. A., i.decnûic
«wœa'etf fas<eUe qui euipàeherade Caire ia^^^AQuiudll. 4e
llllernBd parut aiaai, il M«aU bKoee qu'y diMit: ^a|tfdéaa,^«oâqBe
S$A «ppréeîateiu' du «punife de JiMrat, «rait (pi^ouia Mme cette
ipptowsité duchwap de hjdaiHe. QuiipluBieu(9i^viies.fvjBt aifB>
imiiwa )• wrt d'uM nampagae pMir un «laneu» «aup de «^bne. A ce
mmttitie {larU de la j«ix était coDsidéraMo «• fuma et daoi
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BimiVfVB TT -nrc vb 'i iLmi ■ Sot
ranii(o;1e'Sdldrt naHuiHavaH amwewide felwmnflr fcMMpatrig;
ipris «M « lengoe eihteiK»,tiint'de^)éri)s et fleTaligaeB.fl commeQ-
cait k a'enDayer de faire des empereurs et des rois so prk de son sang
Bw mHle Biftimue deTlMtt, rAwhkfce wa(t-<hBrdbt4 prendra
yhreponrosnutaterssncrïstsim'A'fBlWoe A|rtMHti(foo;^)e trott*
Mit dngofDin ide icÉlcv im Mnrs Ae tniiuw^ons d^sne mlniv il
oonBCFHnCa JK^ oc ^HRwynBfl wflit tomtbb Tmrcn oes ^MDK6'4n'n9
mgfeérallffrM'de TiBceiift,deineBréiTsn(rrie: îliTélritptt «Un
fVCi WnnOK nftCf^ln'flMH RS O^gOCIiniOIIS xk I^Unt 'A (fQ^HM V/vX
maétnia détrih des tmiMtfHom Mrètfies.<CepeiidsiA,«nni»^
l8Klfl4c cMB^Anenter KopoiMB , AKKnnre tA te rai 4c ptiuBOp M
oAiwl 4e Tieme svA varsrji nm iwiileraiees le 'gonnil butm ^'
Stalerheiin, chargé d'observer et de pénétrer les différentes phases
de la D^ociation qui secoBtiiwaitiXilsitt;rAatridie,dftt8lecoRlit
RMÉes^M tcrviné i nitdtand, Mitt M «M offert sa nédMeH «
Ttrsovîe; ti maintenant que ces deux puissances se rapprochalenfl
ffue ces deux colosses se pressaient la main, que pouvaît-elle donnn Y
Quelle place pouv^t-dle {H«Bdi»t«Ue>t puteaace de«aMid<ocdn
éefuiê le tnâté ée Pn^cm^? Li tmnm et SAftUsthéim m hmewiom
t olueiKi, n ne fat admis à antune nfegodation en nom p^vomnl ;
Kulement il putumoncer i sa cour : « Que dans les transactions arrê-
tées à Tilsitt OD ne touchait pas & la CaMoiatit à cette pntte -de la
Pologne qui était échue en partage k l'Autrnte. * Toiftefols te cdilliet
de Tjeone ne se dissimula pas que, dans les tcansactioBs actuenes,
l'tveair de l'Antridie était complètement menacé ; h rdHaMe fece*
ftit le développement naturel , l'Autriche cmnne la Ttrmt itaft ré-
duile à n'être plus que le satdiite d'Alexandre ou de Niyiol&oa : H
bUait tourner autour de l'un ou de l'anitM de ces astrct.
EbSd , deux traités furnit le résultat de l'entrevue d« THM ; le
premier fat conclu directemeut avec TempReur Alexandre d'égal &
égaL Par ce traité, une portion de la Prusse» par ^ard pour Alexandre,
Mt netituée à FiMéric-Guillaane ; «o 7 «onrtMm «1 grand-duché de
Tanwie, le roi de Sne en a h mprînntie. Dantclg devient Mlle
iod^iendante. Napoléon accepte la médiation de la Hussie pour une
paix arec l'Angleterre ; Alexandre reconnaît les royautés de Naples,
de HoQandeet de WestphaUe, dansU penoBoe des frères de NapoléoD ;
a s^oB^ge publiquemeat 4 éracaer la ValacUe «t ta Motdiitt, poac
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SOS mKTMni» R PAIX m nuirr.
nUlftire les exigences d'opialw» et tes promesses de l'emperearait
sénat ; un article secret fautoriie i les garder sous les hospodara
nommés par elle'.
Le second traité , directement concla mtre l'emperear et le roi
Fridéric-Gaillaume III, est dur, implacable. La Prusse renonçante
tous ses territoires entre le Bhin et l'Elbe, et à la totalité de la Pologne
prussienne, oQvre des routes militaires dans ses États pour le libre
passage des Saxons jusqu'au grand-duché de Varsovie ; ua article Tormei
engage le roi de Prusse k fermer ses ports aux Ajiglais et à saine
exactement les conditions du décret de Bertin sur les marchandîsm
britanniqaes. C'était la mort physique et morale de la Prusse * ; on loi
impose des contributions exorbitantes, partout des masses d'argent,
des florins, des frèdèrics d'or, des fournitures de toute espèce. La
' L'MBpercar Alexandre obtint qndquas conceulou penonndl« et de bmflle <■
AlleinifDe. Toid la lettre que l'oiipemir de Bntsie icririt en prince héréditaire de
HecUcmbaurg, pour lui anooDcer qae le duc régnant allait et» réin^^i^ dau M>
fttala:
■ Mon cher frère, à la lulte de rbenreux rapprochement qui vient d'avoir lien entra
l'empereur dea Franc*Ie et moi, nu de mes preroien loiua a été de m'occnper des in-
térêude Totre maison. MesTin» sont entléremeni remplis, et je m'empresse devoas
earojer copie des ordres «dressés ani eouMiandnts Trantsis dans le MecUenttMHUf.
le me réjoaii d'aroir pu vous être utile, et tous donner ainsi une nonvriie pnatc di
l'tmiiié sincère que je rons ai rouée pcisonutnemeat.
• Signé : ALsrunWB. ■
* Les p«T* cédés par la Fniaae étaleal :
1* Sur b rire droite de l'Bbe :
LaeercledeKotibui. 33,nM
— de la Prusse oecidenUle et du district de la Nctze. 9aX,3SS
Pmase méridiontle. 1,383,189
Nouvelle Prusse orientale. VUfiU
S> Sur le rire gsuche de l'Elbe :
Le eereU de la Vieillc-Mercbe elde U Prdgnlti . 11S,000
Dudié de MsgdebourB et dépendance». 300,099
Prlnc^ulé d'Hilberstadt, U. 148,233
— d'Hildesheim, jd. 130,0W
— d'Eischreld, Erfùrth, etc. 1M,690
— dcMeindoietRarensberB. ISViTIS
— de PaderiMrn, Hunstcr, Lingen, et Tecklembonig. 968,013
Comté de la Marche, abbajca d'Bsseo, Eltea et Werden. 10,101
Principauté d'Ost-Frlse. 119,803
— deBâjreuth. aa8.B0l>
TDUtgrnéral. 4,339,309
Si l'on 7 ajoutait Anapaeb, NeuFchltel et C1é*ea, les pertes de la
PnuM, depuis la Bn de l'en ISOS, monteraient i 4,t39,9(tt
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BKTEBTIIB ET PAIX I>B HLSITT. 300
DoUe re^ ne put rien obtenir ; sa fierté s'ea indigsa ; Napoléon ne
l'ivait pis çomiHrise,!) n'aimait autour de lui que la Boumision ;
tout canctire noble et digne l'importunait ; obéir était la première
loi qu'il imposait, le monde oe devait pas avoir d'autre idée que la
En réniltatrles conventions de Tllsitt Turent de deux natures.
LiHfqa'on consultait H. de Talleyrand,le prlncipel acteur de ces traités,
sur leur esj^it , sur leur tendance, il aimait à dire : « Comme dans
toutes les choses conçues par Napoléon, on trouvait du positif et des
rêves : le positif, pour l'empereur des Français, était de se voir saluer
Èm itt «onirftHtiMU it* ditwn ganm impcwJM au^fogi conquit dont la
em^pagM di Frutw.
tnnct.- cent.
CoDlrilration nlnoTdiuire de guerre. 311,661,96& 7S
iD^ttOM ordimlret. ' 76.670,960 66
BririedwnlMM. lfl,17i,(»T 63
Vmia. e6,S4VlV M
CtrcUde TFwfpAatû.
CoMribntionsdegDerre. 7,065,137 63
S,917,6»S 61
CoDtribDtioiudegiiare. 1,S2»,6U 14
lotéréu dea obligtiioQi. 3,446,360 16
ComttdelUiuB. 2,428 08
CoolriboUancdAgiime, 1,638 SS
hurles domaines, Roivrot le traité du U octobre. 18,000,000 00
Us roumitura pour l'annte. 3,000,000 00
Poméniiie suédoise, coniribatloiu de gnene. 1,73S,B59 07
T>llMluiiis«all<iaes, id. id. 3,000,600 00
ApercD «limttir de le nlear dei fouraEtam priM* tor rcnnenii
00 feltes pu le pijs non Imputées sur les cootribuliou.
BabBfHencee. 60,333,036 44
HApUmx. 18,177,907 00
Cbereiu. 6,840,030 00
JrttHm<.
6,000 pièces d-arbrei k 76 fr-, 230,000 Cr. des dip6u des minca,
813,706 h. 06 e. 1,037,706 OS
Bob de dualheet Berlin. 1,773,030 49
FomlalBe. 68.880 00
Hélaui trouvés kltHoDiuie. 16,206 OO
Total «inénl. 001,337,022 09
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310 Ufl'ABVBK KT PftrZ SS TH91TT.
«oiperenr «t r»! fltaKe psr Alexandre, AeMre 8am(MrHhi«^ AnK
ptAKc enropéen hh frères Jeeepfa , IJmfis «t lér&me, caonae nis,
^dosiquelesyatème Ae^acmri&KrsâonâiiIRMii «b AUeengie;^
^ fgine concoarir Alexandre k ses dess^f» -mr TBapapte fK k^-
ti^. Il y avait là, répétait M. de TalleyraDd, des idées poritiit8,«i
systëme tel qu'un homme d'fHat poirviôt Ie9odtanir-;c'6Wt1aiW-
mSKta en grand de la pensËe <de t^nUs %fV , 4tt pstAe 4e TsnfHe , 1t
BiâaDgedes idées de Henri IV «tdeffidielini, letiat«IMDtfaih
i^Dce aprte une hitte dedetix^è(to«oalrer«nipre deCSnricMÎHiiit
fit la maison d'Autridie.n
Le positif pour Alexandre , c'était d'acqaérir une influ«ice iacoo-
testée 4aRR la MoMMiectte V«bckie, «t id'«Aew wac ^reté kcoix
qu&te des dernières possesiïhnu jpn 4niiienieot à la Busne une pré-
yondéraoce absolue sur la mer Noire ; c'était d'obtenir le complémoit
4t B»e système sur la Baltique par la Finlande : enAn la Géoitfta et h
Verse itiôent de riches proies qui pouvaient dédommager «B^hant
la Bus^e des sacrifices d'amour-propre qu'elle avait faits à TiWtf. Si
Bbpoléon réalisait sur une vaste échelle les idées de Henri IV, de
Vicbeiieuet de Louis XIV, Alexandre accomplittail las jtn^^ in-
meuses de Pierre I" et de GathotiM II . Il y avait là deux grands syv'
tèmes qui se tenaient la main.
Q«aBt à la partie fantastique et rêveuse, M. deTalleyraiid eofi
la part à Napoléon , il le fallait IwjaMrs. Cet esprit ardent , ce p
•rntéije le répète, ne s'arrêtait jamais sur une iàhe i
un monde derrière lui ; diaqne prc^ct n'Ststt ^vn p
«niven ieconnu, avenir mystérieux de jp'andeurs etdesoage>;i
bamme renuait le passé et le junésent ; soi cerveani -était mm ci
agité par la vue gigantesque de tontes tes usâtes omlires -dtt passèl
torique; il revenait d'Alexandre à César, de Cësar i Tamei
ttengis-Kaa, à Mahomet ; il suivait les Romains du fond de» lies 1
tannîqttes dans l'Egypte et la Syrie , il saluait les croisés «b C
pour lui le monde était un optique devant lequel s'agitaient les g
rations de héros, de conquérants, de législateurs.
Eo résultat, le traité deTliSîttêtabritnn système égoïste anp
4e deux grandes souverainetés : la France et la Aussie. 11 n'y eut y
dEsonnais de puissance intermédiaire; on sacrifia les allioBOesO
«milles à la prépondérance universelle des deox veah États qui I
Ment Mwatsnrle oootiBeot. La lutte devait bient6t recommencl
îdbyGoOgIC
BKTBBTOB BT PAIX DB TIL8IIT. Slt
^husqu'il De reste plus dans le système de l'Europe que des pofa-
^ Bins intermédiaire, elles se heurtent. Il faut des Tallées entra
'''^' 1, et de l'espace entre les géants.
I DD sBPTiiiat rounnt*
y
D,t„db, Google
{
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TABLE
DES CHAPITRES
DU SEPTIÈME VOLUME.
CHAPITRE I.
( Vtgn S 1 U. }
u» scmats bt m mos-iin.
19DS — IBM.
AppUeatloD de It TapCDi. ■— Théorie de la luniin, ~ Le gai. — Le magnétianu. —
GtlTanlame. — La pile de Tolia. — La chimie appliquée aux arta. — Lea aocrea.—
La tcdBtnre. — Lea sciences matbéma tiques. — Boianique. — SciencMhietoilqim.
— L'inidttiOD. ~ La numismatique. — Histoire. — La cbrooique. — Pobllct-
lion des moDumenls. — Les beaui-arts. — Le musée Napoléon. — Tiansport des
objeia d'art de Rome. — Dépouillenirat de la Tilla Bor^itee. — La peimiue. —
La sUluaire. — Les écoles. .- Daiid. — Gros. -- Gimdet. •- Ginid. — Lea
Mdons. — La mnsiqne. — Les grands maîtres. — L'opéra. — L'ait de la danse.
—Les modes,
CHAPITRE U.
(Pagea la à 38. )
t tCOHOMB MUTIQUB , COMXBBGB n ÂAUCDLTmB.
IBOI — I80S.
éon Bt les blaenra de théories. — Lea économlates. — L'école d'Adam Bmitii.
- M. Say. — Sjatéme prohibitif. — Idée de liberté anglûse. — Idée pratique. —
atda commefce. — Colonies. — NiTigatioD. — Canaui. — Roulages. — Agri-
- Méthode DOUTelle. — La grande culture. — La division des propriétés.
k Lm céréales. — Lespètnrsges. — QuesUon des approTisiounements. — Impéts
- Les droits réunis. — Les douanes. — Les forêts. — La loterie. —
ectioa fénénie des postes. — L'enregistrement. — Favase idée de KapeHoa
Ir les Suanecs,
CHAPITRE UI.
{ Pagea 30 i SC )
UTOUB DB UPOLtOH k FABIS, ACTKS Bt FBMtfeS ÂBUfOCUTIQnil
DD OOOTBBHBHBHT.
JlBiier 1 mai I»«.
■ corps poliliquei. — Tote du sénat, du tribunal. — Érection d'un monument
* pnUic. — Changement dans le eaiactére de Napoléon. — Aristocratie. — Idée des
grands Be&. — Premier projet de noblesse. — Fieb de Daimatie , d'Istrie, de
(PlaiasBce, de Parme, de Massa et de Carrera. — Statuts sur la famille impériale,
— Sépultnre des empereurs, — Églises Saint-Denis et Sainte-Gennlève. —
PoDdBUon de l'uniTCnité. — Actes de gouTHnement, — Code de procédure. —
Prépuation da coda da comneree. — La banqaa. — Disgrâce de H. BaiM-
I
I
D,t„db, Google
)U
Vvbota. — IJB dHi ndkte. — La répdliqM at le rojaliBM. — ■anioMBt te
-•— rft^ii Miiln m lu ifT 'l'iiir infÉiii TaMili
L'nmon uifci u batulli ■'uwnuitt.
iHTicr i j^D IKM.
L'ADgIeUm. — OuTerliin iu pÉrtamu — Mm àt H. Pitt. — Hinistèn de ee*-
lition GrMiTDIe et Tox. — E^U du noaTeen-cablnet. — Eapporta née la Pnuea.
— Situation du eabiiiet de Berlin. — QueiLon du HanoTre. — HM. de Harde»-
barg el de Hangvili. — Ee* den ajtUmtB. — Ce- Kusde. — L'empcrew
Âleuadn. — Oempalion de« boacbe» d> Cattaro. — Lm MonténifriBs. —
L-.telri(b« efri» b paU de Tre^awfg. — fc imiOnÊim. —Ia riMiM <■
eant* da Stodha — BénHvHMl de U cwiUre dlfdeHUifw du eeMi de
- Atiiwdede rJUHTieha. -
CHAPITRB Y.
( PaiW* n i IM. }.'
■snftia rtutaiTip rt rtooiL ni l'impiib njMÇâtt.
Crfaiion det greuds fleh. — Lee dOiMs de Sdinalle, — d'Urie, — de Friovl, —
deCadore, — deBellune, — de Coo^Una, ~ de Triviae,— de Feltre, —de
BeataDO, —deTicence, — dePadoue, — deBoYi^o, — de HaMaetCtmn, —
de Peine et Plaisance.— PriDcipeulée de Neufchâtel,— de Guastalta,— de
Bénérent, — de Ponte-Corro. — Bojautfa de NaplM et de HbOnnle. — toctt-
dtnal Fescb, coadjuinr du prince primat. — Crtatloti de là eonfUérailok fa
SUn. — Premlet projet d'un rojaume de WesipluJie. — Idée {tllénle dmjMtea
fMéntirdeHapolioii.
CHAPITHE TI.
( Pagea IW i 13S. }
M4»aasUB» de IL deTaUe^nad. — Désir de le i^i». — Pi^texta iw r«iDner.
— Corre^Mindance de H. Vav el de H. de TaUerraud. — Situation respectife de
la PruMt, de l'Angleterre ei de la France. — Questiou du HanoTre. — Betrùte de
U. de Hardeobe^.— Cilomnies de Ntpoléon.— Triomphe du comte de Haugviti.
Rtl^echemeDlaTcc la France. ~ Cruerre de la Grande-Bretegae contre la Prutsc.
— Cofd Tarmoutb i Paria. — Ourerlnre des négocialioDS. — Base* d'un tfvhé.
•- La France el la Russie. —Arrivée de H. d'Oubrill. — TraiU séparé.— HiseiM
delôrdLiuderdale. — Bupture et demande de passe-ports. —Traité secret sut
les Iles de Baléares communiqué i l'Espagne. — AnnemeoU et levées d'hoiUBe*.
— Le prince de la Psii,
Diclzedby Google
CHAPITRE VIL
( FsfM las à in. }
Amemcnts de h PmMe. — La tMtiqn*dagraiutVridéfta. — Dftirts de»(M Amk,
— Le dnc de Bhuinriek. — Le martehal de HcUendwir. — EalknoUi. — Bneker.
— Les pTincM L«m{» et Wtaii. — t* leioa EiwriMi ds Prass» — EHseipliM d*
PWméepmMienBe. — 3Iu»tie»dcvee|intseii jUlOingBa. — LaBeav. — LaSsKr.
— LWTllUsderaDiTcmiti. — Omnpallmi nVBfSlM. — DKpQttMBidvIeRliier,
— - Btiemion du Itbnin Frim. — Coinporitton- de l'anote ftviKtise. — L«gtntral
nMMsdorff mriB. — IfolM à ÏNpolton. — Mptitponel'amée. — CUimahMk
d«)ftPntM«.
CBATITRE Yllf.
( Pub» tsï 11 iw )
CAMPiatlX Dl lUMl. ^ rmSMlfcKK FttlODB.
Octobre lOOS.
Plan dg campagne des Prussiens. — Force de leur annfé. — Leur infïrîorité num»^
rliptt. — Las SHOna. — Les Hessois. — Infanterie. — Cavalerie. — Incertiuide
deapremiers-mouveineiiU.— Hardiesse.— Désordre. —Opérations de l'emperenr,
— Changnnent de ftont. — Engagenient d'avant-garde k Schleiti et à SaalTeld.
— SiioatioD de* arinies fïanfaiM et prussienne. — Bataille d'AuersIadl. — La
■BaréchaLUavousi. — Le maiécbal Beniadotle. — Himoira eipticatif. — Batailla
d'Uoa. — R^ullal de la. journée. — Le bulletin réel des deux liatailles.
CBAprrRE m.
( Page* tS9 i SM. î
«IIKIB DB PIOSSS. — BECODDB rtBIODB.
OetabR «I ■•nsbra IBO*.
Canaes qui rendent décisives les batailles d'Aotntadt et d'Iéna. — DétectioD Am.
Saxons. — ' Démoraliaaciao das Pruaiiensi — La monareliie militaire. — Activité
des généraux français. — Offres de la Saxa. — Projet d'alliance intime. — Marcha
mi Bariio. — TfapcMon H lea géoénai» pnudMn. — Viiiia k PMsdmi.— 1«
tMrtwn de VrWéric— • Parallèle. — fiannnnanideBeriln. — La raine. —
ta. noUaaa*. — Lea piineta aUonande. — La vérité aur I» grioe àa prinee da
■uaMd. — CapitvlatioBs.de» places fnnm liw itârninmQiWinni pmiëiiia.
•> VrepoaWon dapais. — La PmMa antliifwan t-occapéa.
CHAPriKF X.
(Pages SU i 331. ]
PÂBU PBIfDlMT L'iBiaKCB DK L'BmilBDB.
Seflcoibn à .l^cmbrci ISOS.
Legonveroement. — L'opinion publique.- Lea iniérêts. — La bourae. — Jugenteni
sur la campagne. — Beaoia de la paii. — Fouché et H. de lallejrand. — Oépn-
talion du sénat à Berlin. — Communication intime avec Napoléon pourlapaii. —
Béponse bautaine de Napoléon. — Décret de Berlin pour le blocus cautiDental. —
Crainlea du commerce. — Détadfeuee de là marine. — Nouvelles de Naples, —
d'Allemagne. — Guerre contre les peuples. — Levée d'une nouvelle conscription.
— Organisation des gardes nationales. — Opposition à la guerre. — Esprit d'op^
pression el de conquête. — Paris dans l'hiver de 1806.
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Slfi TABLB ras CHAPmtBS.
CHAPITRE X!.
( Pagts sn à SBI. )
LU BOSSU, Ll VOLOGNK, nAPOLtOR A TÂMOni.
HoTCmbH cl décaiibn 100).
Ahmiln Apris AuMcrliti. — Lavées d'hommes. — O^anUalion de l'imée nuM.
— Son personoel. — Bcnnlgsen, Bagnlion, Gtlitiio, Stekna, lo fieui KancnU.
— La Pologne. — Sa situaiion. — E«pril de ms hibluals. — Trisusu d
décourmemeot de l'armée Ainçaise'. — Aspect du climat. — Napolf db h Pom. —
Bvcoungements donoés aui troupes. — Gratifications. — Idée pour idnv
l'armée. — Tersovle. — Séjour de l'empereur. — La cour. — Le tniaîL —
H. Mare). — M. de Tallejrand. — L'Aatricbe. — Le btran de Yinceni. -
Désespoir de quelques-uns des corps. — Désordres. — Insubordiiulion. — U
bim. — Nej. — BKnadoiia. — Marche des Rosses. — Pnlinsk et GoIjiûb.
CEAPITHE XII.
( Pagea VUiWÎ.)
CUVlfiHB DK nOMMt. OlDXlfeMK rtUODI.
JiaiicrlJQlUMlBffT.
L'hiter pour les Uonpes russes. — La Pologne enjantier et février IMT.—Tacsarii
et Capouc. — ÂDoibal et Napoléon. — Caractère particnliire de bgoene de Po-
logne. — Désordre. — Confusion. — UouTrmenl du général BennlgseB.— BilaOli
de Prussiscb-Eflau. — Triste effet produit sur l'apiDian. — M. de TaIle]TWé à
Varsovie.— Négodeiions,— Offre de médislioii de l'Aulriche. — PropositioD d'w
eoDgiès à Copenhague. — Mouvement de troupes. — Conscription. — TofagciH
poste. — Illusion de l'empereur sur la Perse et la Porte. — Siège de DaDtii|.—
MonveroenldeBeDDigsen.— Bataille de Friedland.- Caractèn général de eeiH
CHAPITRE XÏU.
( Pages 3» i 311. )
KKTunn BT rtn m tilhtt.
10 JBin in U juillet 180?.
Situation des armées après Friedland. — Petit nombre de prisonniers. — Massa i»
blessés et de malades. — Esprit et ressources de 1 srmée française. — Benfbtls M
camp russe. — Premiers pourparlers d'armistice. — Envoi du graud-naiéchil
Duroc. — Préparatib de l'entrevue sur le Niémen. — Première conversatioa il
Napoléon et d'Aleiandre. — Choix de Tilsiit. — Le ministre tusse ban» ds lul-
berg. — Le minisire autrichien général Stuterheim. — Parti de lapait. — PMli
' de ta guerre. — Question torque. — Question suédoise. — Espagne. — Eeconaais-
sance des fslla accomplis. — Le roi de Prusse. — La rdne Louise. — BestiloliN
d'États. — Nouielle organisation politique del'Europe. — Trmité de TilsiU.—
Bspril de ce (niii.
Fin DE LÀ TULI.
îdbyGoOgIC
L'EUaOPE
[iLdiEt le ccnsiiijt et l'empila de
NAPOLÉON
D,t„db,Googlc
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L'EUROPE
pendaiit le aimln gt l'eipire ds
NAPOLÉON
H. CàPEFIGUE
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BRUXELLES
WOUTBI8. RASPOBT ET C-, IHPBIHBURS-LIBIIAIRES
a, ne d*4mnl
D,t„db, Google
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L'EUROPE
NAPOLÉON
CHAPITRE I.
UTODK SI HAMLtOH 1 Flin. — ICTU D( «OK aODTUminNT.
Paris ei l'empereur. — CbtDgeiaeiiiduisIecanetiTedcNapoIéon. — Idée de l'infini.
— AduIstÎDi». — Les corps politiques. — PerallUe iTec les empereurs roDuins.
— Cbengement dens le ministère. — U. de TiUeTnad Tlce-gnnd électeur. —
M. de Chinipegny sui relations eitérieuies. — Berthier vice-grand connétable. —
Le général Clarke k la guerre. — Crétet k l'mlérleur, — Le ministre de la police,
Feaché. — Mort de H. de PorUlis. — Les cultes, simple direction. — Suppressiou
in tribunal. — OuTerturs du corpa législatif. — Esprit iponarclilque. — Effigie.
— Hoiuiaies. — Formule Impériale. — MsrUge de JérAme. — InsUtntion des ma-
jorais.— Idée de noblesse. — Les ducs. — Leseomtes. — Les barons. — Blasons.
— Préoccupations de Cambacérèa et de H. Uaret sur la noblesse. — Qnolltwts et
moqueries. -- Pamphlets étrangers. -^ Uvil^es des nonnani nobles. -- La mo-
narcbie de Napoléon.
X? jalHcl 1 aotmbn 1807.
Le S7 juillet, à cinq heares du matin , les cloches des églises de
Psris se firent entendre à pleine volée ; le canen des Invalides salua
de soixante coups le passage d'une berline qui traversait rapidement
les Bvennes du parc de Saint-Qond ; l'étendard sous l'aigle fut arboré
sur le pavillon du centre; Napoléon montait l'escalier du péristjle,
salué p9r les acclamations des fonctionnaires du dj&teau qui l'atten-
daient depuis la veille. L'raiperear Qt fjoelques saluts de tête , causa
qudques instants, et reotrn dans son cabinet : absent depuis huit mois,
sa taille s'était un peu épaissie, son ventre avait pris de l'embonpoint ,
son teint, habituellemeat jaune et plombé, s'était encore hAlé par les
feux du soleil, le vent et la poussière f une longue campagne ; sa tète,
Diclzedby Google
6 RBTOtlB DB HAPOLÉON A PAKIS.
presque chauve, restait dominée par son lar^e front ; ses yeui afaient
toojoun cette pénétration intime qui remuait les âmes, et Babouche
avait pris dans l'habitude du commandemeat un caractère fortemoit
marqué de fierté et de dédain. Quelque chose de fantastique se ntU-
Cbait i cette grande pcrsonDalité ; ce n'était plus seulement le con-
quérant qui trafersait comme la foudre le champ de bataille, mais
encore le pacificateur qui apportait un traité immense dans ses réniJ-
tals: OD voyait en lui le vainqueur d'Austerlitz,d'Iéna,deFried)aad,
et plus encore l'ami d'Alexandre, le czar de toutes les Rnsries. Les
récits avaient poétisé l'entrevue de Til^tt ; ce radeau placé soi le
Niémen, ces conférences qui avaient eu le monde pour théâtre, les
circonstances jetaient sur la physionomie de Napoléon un prestige
inouï, et désormais cet homme allait exercer sur ses conteroporsiu
une fascination immeme.
L'empfflvur, avec son activité accoutumée, reçut le même joor sa
ministres et les corps de l'État qui vinrent le complimenter ; il y eut
là des harangues qui épuisèrent toutes les formes abaissées de F^
quence louangeuse ; quelques-uns furent de bonne foi ; la tête devant
laquelle ou s'agenouillait était si supérieure, elle avait produit de
û grandes merveilles, qu'il n'est pas étonnant que sous l'éblouissemeot
de G«tte gloire il y eût des prosternations, la face contre terre;
ensuite l'adulation entre dans le cœur humain, et quelques imes
d'élite seules se placent dans l'ombre, pour ne pas être trop ébloùes
par les rayons de la puissance *. Dieu a placé une terrible réactioa
i cdté de ces concerts d'éloges qui s'adressent à un homme pour Im
faire croire & sa nature divine ; ceux qui ont été trop loués seront
trop calomniés; le Panthéon s'ouvrit pourTibère, Néron etDomitien,
et il se trouva des historiens, comme Tacite et Suétone, pour exagérer
les rumeurs publiques, les jugements des contemporains contre les
maîtres du monde ; à c6té de la couronne d'or, la (wuronne d'éptnea.
' H. dcLacépède, prtsidcDtdu s^t, s'écrigiU: *0a ne peut plus lonar dlgM-
ment T. If., Totre gloire rat trop haute ; 11 faudrait être placé i la distance de la fCf
itrité p«ar découvrir md iimnenge élévation. Élolgoê de 400 lieues de U capiub,
Napoléon aseulgoavmié son faste empire, seul imprimé k mouvement 1 hms k*
ressorti de l'administration la plus étendiw. ■
Le premier président de la cour de cassation, M^ Uuraire, ajoutait : « Le sen) â«8*
possible, le seul digne de S. H., c'esirtUsioirela plussimpledesonrigMic'esilt
aécit leplus DB de ce qu'elle a voulu et de ce qn'dle a exécuté, des causes, des BieT«ni
et des effets, des intentions et des vésoltsts. >
DiclzedbyGoOglC
ACTES DB S05 GOCYlRKBMSItT. 7
Touter(A, ceux qui approchaient de Napoléon durent s'apercevoir
alors qu'il ^opérait en lui un changement inonï dans la manière de
se poser et de se jnger ; aux jours de plus grande audace, l'empereur,
tout en consenant son caractère de fermeté poisonnelle, avait
manifesté une certaine modestie ; il parlait du peujde, de ses besoins,
de ses destinées; quelque chose d'intime lui disait que tout est limité
dans la puissance de l'homme. Depuis l'entrevue de Tilsitt, couronne-
ment de la campagne de 1807, ses habitudes changent ; déjà on s'en
était aperçu après Austerlitz ; il était devenu plu» fier, plus hautain ;
maintenant il se croit et se dit Ytnfini ; son imagination n'a pins de
limites ; sa parole n'est pas seulement brusque et saccadée , elle est
Impérative, fongueuse; il a foi dans sa prédestination ; ses pieds tou-
chent h, peine la terre ; quand il caresse, c'est le maître qui gratifie
l'esclave, c'est le dieu qui élève un mortel. Il n'écoute plus aucune
observation ; ce qu'il veut, c'est l'obéissance absolue à la manière
orientale ; il a vu les pachas entourés d'eunuques et d'esclaves pro-
sternés, et ces formes lui plaisent ; comme tous les eaptUs supérieurs
qui ne placent >as leur force dans la foi religieuse, il ne croit qu'es
lui ; l'infini, c'est sa devise.
Cependant, lorsque ces pensées superbes dominaient son Ame, Na-
poléon éprouvait un malheur demestiqae qui lui montrait à quel point
sont fragiles les œuvres de l'homme ; un enfant, l'espoirdesa dynastie,
était né de la reine Bortènse; comme la calomnie remuait tout, cet
enfant, disait-on, était de la lignée de Napoléon, son sang bouillcm-
naît eu lui, sa fête était chaude comme (a sienne ; né sous le consulat,
au parc de la Malmaison, son berceau s'était orné des lauriers de
Blarengo ; sa mère était la propre fille de Joséphine, et l'on ne man-
quait pas de ces annales qui rappelaient, à la manière de Suétone, les
amours intimes de César et les mystères de Caprée. Napoléon-Charles,
noble enfant, était l'orgueil de l'empereur, la pensée de sa race ; et
hii, chez qui un si rare sourire efileurait les lèvres, s'abandonnait aux
jeux de cet enfant, dont il voyait avec fierté le caractère impérieux et
lescapricessouverains. Napoléon-Charles fut enlevé par lecroupi cinq
ans, et l'homme qui voulait bfltir sur l'infini putapercevoir à quoi tenait
cet édifice de granit jeté sur le sable mouvant de la vie humaine. 11
ordonna les pompes de Saint-Denis k ces funérailles royales ' .
' Le JMiaB prince éuil monaTinil'anltée de Napoléon à Puis.
« S. U.l'cmpCTcur elroi, ptru )etm du S juin «u prince •rchicbuicelier, «nii
Diclzedby Google
8 tSTOra m MAfOLiOM A PAAU.
Et fiUait-il faire an crime k Napoléon de cet orgatSl de sa propre
DBture, lonque aatonr de lui il voyait tant d'abaiisement et de cmu-
plaiMDce îDUmeT Ce n'est pas an pouvoir qu'il faut reprocher la
tyrannie, mais aux peuples qui la souffrent ; le despotime est comme
le faisceau de toutes les Uches pwioos qui pour s'aliter abdiqnmt
dans les mains d'un bomme. La vieille histoire nous a laiué le souvenir
de Babylone, d'Assyrie et de Perse, où les peuples jetaient aux satrapes
leun vases d'or, leurs jeunes Slles et leurs parfums. L'abaissement i
la cour de Napoléon fut au comble ; si quelques Ames fières secouaient
un joug qui les Uessait profondément , la plupart des courtisans
fléchirent le front ; il faut le dire à la rougeur peutrètre de beaucoup
d'olBciers qui entouraient ta personne de Napoléon, ils s'abaîasaient 1
ce point de remplir des fonctions domestiques qui n'étaient point en
nq)port avec la haute destinée d'une armée victorieuse. Lorsque l'em-
pereur leur ordonnait de prendre une batterie, d'enlever un drapeau,
crdotiDi que le ci>rpi de S. A. 1. Nipoléon-Chtriei, prince rojtl de HolUnde, décédé
à 11 a»je, le S nui dernier, Mnit déposé dus une cbipelle de l'ègliM de Nolre-
Dime, pour y être gardé Jiuqu'tnmomeol oii l'église Impériale de Stint-Denis.cn-
tièrement réparée, elpourniasi dire Mconstruile, permetlnildal'j transporter. lia
eooHéquencc de ces ordres, que, sur l'inTitâtioudeS. A. S. Mgr, le prince arcbichan-
celiei de l'empire, le miBiUre de l'iniérienr avait uansmia k M. de CauliucMurl,
grand écu jer de la couronne de Hollande, chargé de la conduite de ce précieux dépôt,
le corps du prince dérnni a été conduit i Saiot-Leu. Hier, ^ juillet, il est parti de
8*ini-t.eu dans one dea Toituree de S. M., où se trouvait un aumAnier de S. V. le
roi de Hollande, toujours sous la garde de H. de Caulincourl, qni suivait dans une
autre voilure. Le convoi étailescorlé par un piquet de la garde impériale à cheval; il
est arrivé i deui heures et demie à la grande porte de l'église méûropolilaine, qu'oc-
cupait un détachement de la garde impérialeàpîed.Làs'éiaientrendusS. A. S.Mgr.
le prince archichancelier de l'empire, assisté des deux ministres de l'intérieur et des
colles, ainsi que de B. Ém. le eardinal-arcbevéïpie accompagné de son clergé.
» S.Eic.legrandécufer de HoUande, en Ikisant la remise du corps, s'est adressé
au prince archichancelier, et lui a dit : « Uonseigneur, par les ordres de S. U. le roi
de Uoliande, je remets entre les mains de V. A. S. le corps de S. A. 1. Napoléon-
Charles, prince royal de Hollande, lequd est contenu dana cette Uére. Dans cesdem
bottes de plomb, que jerunels également à V. A., sont renfermés le Cflntr et les en-
trailles de ce prince. •
■ S. A. S. a répondu : ■ Monsieur, je retois de vos mains le dépdt précieux dont
VODS avez été chargé, ■ et se retournant vers S. Ëm. te csrdioal-irchevéque , il lui
dit: a Par les ordres de S. M. l'empereuret roi, je remets entre les mains de T. £m.
le corps de S. A. I. Napoléon-Charles, prince rojal de Hollande, qui doit être gardé
dans votre église jusqu'à sa trandalion dans ceUe de Saint-Denis. ■ S. Ëm. ■ ré-
pondu :■ qu'elle» son chapitre veilleralat avec soin à la conservation du précieux
dépAi doDi S. U. voulait bien les honorer. »
Diclzedby Google
ACTES I>E SOK GOOVBHNKHBirr. 0
ils deraieDt abëinnoe ; mais fB]lait-il se soumettre à ce point d'aller
oégoeKi l'sjnour d'une femme, le prix d'une prostitution? et c'est
poortcDt iqnoi se destinèrent quelquefois des courtisans à épée, et ils
l'tToaent eux-mènàes sans rougir dans leurs mémoires. Napoléon ne
C0DiI»«iait pas l'indépendance dans le devoir, le respect qn'un homme
doit à sa propre podtion ; l'obéiasance ne devait point raisonner , et
il tint toujours i l'écart les c^Bciers qui conservaient la dignité d'eux-
mjms.
A peine toucbaitjl Saint-Clond, que l'empereur s'abandonna au
tniTfltt avec son énei^e de volonté habituelle ; il préparait alors un
cbingement dans son ministère. Depuis l'entrevue de Tiisitt, M. de
Tslteyiand croyait que toute la politique de l'empeïeur devait se rat-
tacberÀ nue paix maritime ; il ; avait fatigue dans cet esprit ; M. de
Talleyrand avait fait deux campagnes, suivi le quartier général comme
DD iJDiple auditeur, et cela l'avait ccmsidéfablranent ennuyé ; il voyait
grandir l'iaQuence de M. Maret à ce point que toutes les affaires réelles
passaient par ses mains. A Tilsitt , Alexandre l'avait traité froidement ;
il »Tùt que le système de M. de Talleyrand était anglais et autrichien
pintét que russe ; le ciar avait connu les projets de M. de Talleyrand
avant Ansterlitz, projets qui donnaient la Valacbie, la Moldavie et la
Bosiie k l'Autriche, et cela avait perdu le ministre dans son esprit :
comme g^e de l'alliance entre le czar et l'empereur, un sacrifice
paraissait indispensable, c'était le renvoi de H. de Talleyrand, et il en
fat déji question à Tilsitt. Ajoutez à cela certaines transactions finan-
f^ins trop publiques qui avaient accompagné les n^ociatioos aile-
mondes sur la confédération du Rhin ; M. de Talleyrand ne se ména-
geait pas assez dans ces questions d'argent.
Il a'eat point exact que l'afiaire d'Espagne soit entrée le moins du
monde dans les motifs qui firent renvoyer M. de Talleyrand après
Tibitt ; l'idée du pacte de famille s'adaptait aux vues et aux projeta du
ininisbe ; il existe même un mémoire parfaitement écrit sur cette
^Krtfam, et tout porte à croire qu'il fut l'œuvre des sAaires étrangères
sons 11 pensée dominante du ministre. En récapitulant les motifs qui
entratD^«nt le renvoi de M. de Talleyrand, on peut indiquer : 1* le
diangonent qui s'opéra à cette époque dans le caractère de Napdéon
empereur , après lllsitt ; il ne tolérait plus la moindre observation ;
les hommes ne devaient plus être pensées, mais machines ; ce n'était
pas seulement une dictature souveraine, mois encore la toutfr-pais-
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10 BKTOmt DB VÂfOtMn 1. PUIS.
■ance intellectuelle; or, M. de TalleyinDd avait fat^ Vempemir
dorant les campagnes d'Auslerlitz , d'Iéna et de Friedkuid , par des
rappoiis iDcenamment répétés sur le besoin de faire la paix avec les
cabinets même Tsincns. 2° M. de Talleyrand avait pour adveisùre.
H. Maret, qui, dans sa médiocrité d'h(mime d'État, était bkasë des
allures indépendantes que prenait M. de Talleyrand à son ifsard;
M. Maret était trop bien dans les coodiUons d'une abnégation poson-
nelle envers l'empereur pour comprendre un peu de liberté dans 11
pensée d'un homme politique. 3* Enfin, le système russe qni avait
prévalu i Tilritt , et les menaces violentes jetées contre l'Angleterre
par le décret de Berlin, ne pouvaient plus convenir à la situation de
M. de Talleyrand. Le ministre avait toujours rêvé la pux avec la
Grande-Bretagne ; c'était sa puisée k l'assemblée législative , et il la
conservait intacte.
M. de Talleyrand fut rranplacé par M. de Cbampagny, alon an
département de l'intérieur. Le nouveau ministre plaisait par les con-
ditions tout à fait opposées an caractère de H . de Talleyrand : c'étaient
des formes également polies, tous deux étaient bien nés et parftile-
ment élevés ; mais ce qui distinguait M. de Cbampagny, c'était prêcl-
sément une 3oumisei(Hi absolue, une abnégation de foi indicible ; si
politique n'était que la dictée de l'empereur ; il n'avait pas pli» de
personnalité queM. Maret, seulement avec plus de Bnesse dans l'esprit,
une présomption moins grande , sorte de caractère qui plaisait à
Napoléon.
Le ministère de la guerre fut aussi enlevé à Berlhier , non point
que l'empereur ne trouvât en lui une obéissance assez complète;
Berthier était un second lui-même; compagnon fidèle, il l'avait suivi
sur tous les champs de bataille depuis la république; mais Berthier
venait d'être élevé è une des grandes dignités de l'empire : prin»
indépendant de Neufchâtel, comment serait-il ministre de Napoléon^
Son mattre créa donc pour lui la dignité de vice-grand-conoétable,
comme il institua pour M. de Talleyrand celle de vice-grand-élec-
teur ' , fonctions k riches traitements , consolations données k des
disgrâces plus ou moios apparentes. Lorsque Napoléon enleva M. de
■ L'empereur aanoDc^t celte double nomlDition au sénat :
Mutag» âi» S, M. Vtmptrair au tétuu.
« SénsUuTS, nou£ nons jugt cODTcnabledenoinnieTàla pUcc de Tiee-frinil-
élccleuT le pince de Béuéveni; c'est une miique éclatiote de notre Hti^ctira fw
DiclzedbyGoOglC
ACTES DE BON GODYBBKBMKIIT. 11
TnUejraod des afbires étreogères, c'est qu'il le »vait trop fin, trop
h^ile, etqu'enauite le ministre avait, dit-oo, un peu oublié le respect
de lui-même dans les tranSBcUoos allenuuides ; et quand il enleva le
portefeuille à Bertbier , c'est qu'il le croyait sans activité jeune et
féconde pour l'organisation matéridle d'une armée ; il le remplaça
par le général Clarke, officier d'une certaine distinction, parfaitement
au couraut du personnel de l'armée , dur dans la discipline , cour^
tisan eavers le pouvoir , et tellement dévoué qu'une seule parole de
l'empereur l'aurait déterminé à l'abandon de toutes ses convictions
peisonoelles. Le général Garke avait donné des preuves de son activité
administrative dans le gouvernement de la Pnuse ; inflexible avec les
habitants, il fit rentrer des contributions avec ud z^e inouï, et cette
bonne volonté, Napoléon ne l'avait point oubliée * .
nous viom tooIo loi dimner, pour la nuBitre disthigute dont II notu > constainiiimt
aecondi dans 1« direction des aHuieB extérieures de l'empire.
B Nous avons nommé vicc^and-coiiDélable noire cousin le prince de Neufcbllcl :
en rélerant il celte haute dignité, nous avons voulu reconnaître son atlachemeot 1
notre penonpe, et les serrices réels qu'il nous a randos dans tontes les ùreonstuces,
par sou lèlo et son talent. > Sigtti: Nafoléoh. *
' Henri-Jacques-Guillauitie Clarke était né le 17 octobre 170B, à Landredes, d'une
famille Irlandaise TéFugiée en France. Son pète, officier subalterne, le laissade bonne
heure orphelin; Iln'enfuipis moins bien élevé parson oncle, le colonel Shée, alors
aeerétaûe des commandements du due d'Orléans. Le 17 septembre 1781 , il entra
comme cadet gentilbomme à l'école militaire de Paris, et sorUt, le 11 novembre 17S3,
sous-lieu tenant au régiment de Berwick; devint, le S septembre 1784, cornette de
hussards, avec le rang de capitaine dans le régiment colonel-général de celte arrar,
el Alt, le 11 juillet l'TM, commisrionné capitaine de dragons. La mjme année, il
donna sa démission pour passer en AngleiMTc comme fenliUuHume d'ambuwde. A
son retour en France, il redemanda du service et fut nommé capitaine de première
classe, et.IeO fèrrier 179S, parvinl au grade de lieulenant-colonel de cavalerie.
L'aOUre d'Horeheim, prte Landau ftT mal 17V3] , lai valut le grade de général de
brigade, qui lui ftat conféré sur le champ de batallie, et quelque tempe apcèa il eiei^
cait à l'armée du BMn les ronctions de chef d'état-mqor général. Lorsque (12 oe-
lobre 1703] les commissaires delà convention, en vertu d'un décret, le destituèrent
comme noble, ses biens furent séquestrés, et il ne recouvra son grade qu'après la
chute de Robespierre; protégé alors par Camot, il fnt misila tAied'nn Iraretude
lop<^T*phie militaire, et détint général de dÎTlHOn le 17 décembre IIBO; peu après
il ftiteDvojéi Vienne pour préparer la paii entre le cabiaet impérial et la France, et
fut chargé d'observer ce qui se passait à l'armée d'Italie, et principalement Bonaparte.
Mais biealdt se rapprochant de Bonspane par l'intermédiaire de H. de Bomrlenne,
il ne donna dans ses rapports que des éloges eu général en cher de l'armée d'Italie.
Après le IS fhictidor, Clarke fut destitué; Bonaparte prit sa défense, le garda en
Italie, et l'employa de diverses manières. Durant l'eipédiiion d']f^pie, Clarke vécut
dans la retraite, e> ne recouvra quelques emplois qne sons le consulat.
Diclzedby Google
13 UTOUR bU MAPOliON 1 »AtIS.
Comine te puasage de M . de Champagny aux relations extérinures
laissait vacaot le miaistère de l'intérieur, l'empereur désigna pour ce
département UD conseiller d'ÉtstpresqueiDconna, H. Grétet, ancien
membre des Ciuq-Cents, et qui avait pris ane part active au ISlmi-
maire. M. Grétet avait été un moment gouverneur de la Banque,
puis directeur des ponts et chaussées; maladif de corps, il toit
néanmoins fort actif pour tout ce qui tenait aux grands travaux, objet
principal du ministère de l'intérieur d'alors , sorte de protectorat du
monvemrait matérid de la société. Les idées |de Golbert reveatieDt
sans cesse à la pensée de Napoléon, et il avait essayé des savants, de
ingénieurs, pour en faire des ministres ; Laplace, Qiapta), hnt
avaient mal réussi. L'empereur ea reveuut k un fonctionnaire simple
instrament de ses desseins.
Quand la volonté de Napoléon appelait en quelque sorte tous les
départements ministériels sous son inBuenceperscHindle, que devenait
le ministre de la police, Fouclié, qui avait conservé nne certaine
allure d'indépendance, une manière d'envisager d'un peu haut la
situation politique du pays? Avec un instinct émioent, Fouché,
quoique ennemi de M. de Talleyrand, avait bien vu que le coop qui
Frappait l'homme d'État aux affaires étrangères l'atteindrait tdt oa
tard, car Napoléon en voulaità tout ce qui pensait endehoiadelui;
le minisbv avait son franc arbitre, et plus «icore son franc parier ;
la poKce des aides decamp allait-elle se substituer k celle d'un ministre
intelligent et fort? le sabre tiendrait-il lieu de l'habileté? la seule
sauvegarde de Fouché pour son portefeuille, c'était la crainte qu'il
inspirait k l'empereur ; répondant de sa personne, il l'avait complète-
ment garantie contre les poignards et les conspirations, il lui en Giùsait
peur, et un arrêt du ministre ordonna que nul désormais ne i'tffro-
cherait de l'empereur, même pour lui présenter une pétition '. Dans
■ Tofci ]■ DOtiflcttlon de )■ police :
Ptris, 31 Mptcmhra ISOT.
« Plosienn perwntiM croient obienir le wccèa de leurs demandes en ttimai des
cfforUindiscrels et même coDdBiDiwblcs pour s'approcher de l'empcrear, et hiire-
meltre dts péiîUons. On les a mes quelquefois chercher k s'onnir an pusage i u»-
Tcrs le cortège de S. M., s'annoncer par des cris et des actes qui témoignent on ptB*
oubli des coaTcnances. Dimanche dunler, jour où rempereur et l'impétalrice obi
honoré de leur présence l'Opéra-Comique, le public « été scandalisé de l'aclion d'M
jeune homme qui s'est précipité k travers les personnes do la suite de LL. MM. pew
présenter no placet. Il a été arrêté pendant quelques iao«ents; coma» ta rioknctde
îdbyGoOgIc
ACTES DE son GOCTSKinElIBKT. 13
UD monvemeot d'hésitation craiaUTe, NapoléoD n'osa pas le destilnor
encore, et Fouché, voulant payer sa dette au commun enthousiaune
et témoigner en quelque sorte sa soumission aveugle ou son délire de
courtisan, commanda au poète Esmérard un opéra tout entier k
Vé\oge de son maUre. Ancien professeur de l'Oratoire, Fouché se
souTint de Pline le jeune, et indiqua le Triomphe de Trajan comme
un l>eau thème lyrique. La littérature à cette époque dépendait de la
police ; les eucouragemeots n'avaient pasnne source plus hante. L'em-
pereur n'éievaît pas l'esprit humain, ill'at>sorbait, le remuait à schi
proflt; jamais il ne l'ennoblit. Il payait les éloges; tout l'honumir
littéraire se résumait en pensons sur les fonds de la police.
Parmi les jeunes poètes qui alors «^étaient distingués, on citait
M. Esmënard , déjà connu par son poëme de la Navigation , esprit
d'une grande facilité, né en Provence, avec toute la chaleur du soleil
méridional ; Fouché l'avait fait chef de l'un de ses bureaux ; puis il
l'attacha comme rédacteur aux journaux politiques ; le ministre et le
poëte tracèrent à eux deux le plan d'un opéra qu'ils consacraient à la
gloire de l'empereur. Le régicide, le vieil ami de Bobespierre , le
proconsul sanglant , ne craignit pas le sujet allégorique de Trajan
vainqueur des Dacea ; et comme si l'allusion n'était pas encore com-
plète, on dut placer sur la scène presque un bulletin de la grande
armée, le pardon accordé au prince de Hatxteld. L'éloge était à bout
portant , le ministre savait la réalité sur l'événement de Berlin ; le
son prarédé ne lui iTiit été iDspirée que p«riin motif digne d'etcusc, tl a élé mit en
liberté. Cas imprudents pétitionnaires croienl-îls qu'une audace insensée mérile plus
de faveur que des pièces qui s'adressent à lajuslice calme et vigilante dumonarquef
J'ai vu louTcnt, et qui ne l'a pas vu comme moiT des personnes qui, après avoir
obtenu UD emploi ImpoTiani, ou, ce qui était plus heureui encore, des bienfaits pour
leurs parents, pour leurs amis, ne pouvaient eipliquer nu succis dont ils étaient eux-
mêmes surpris, que par ces mots: /'ai acril dl'«m}i#reur, el leurs lettres STaienl été
adressées au camp de Pultusk, d'Ejlau, de Friedland. Combien une toucbsnie el
juste iutercassion ne trouve-t-elle pas d'organes auprès du souverain qui eut jamais
le plus de malheurs à réparer, et que les plus grandes entreprises n'ont pas un seul
moment détourné de cette lAche I 11 n'j a Jamais une lettre, ni une prière adressée k
l'empereur, qui s'égare. Toutes les requêtes sont examinées, toutes les plaintes lui
parviennent. Une commission est chargée de cet objet spécial. L'ei posé leplus simple,
le langage le plus ingénu, celui même qui manquede correction, maisoù la véri lé du
coeur se bil senlir, sont sArs d'intéresser un monarque que (ous les opprimés, que
tous les ennemis iTOuvent également infatigable. Lorsque de telles Tcssourcess'offrcnt
au malbeur, ost-on pardonnable de recourir i celles dont la violence pourrait éirt
imitée par le crimcî »
Diciiiizedby Google
11 KETODK m IfAPOUÉOK A PÀKU.
prit-jl au sérieux? ÈUft-ce Ib une de ces moqueries qui, par l'eiagé-
ration même, deraieDt être un sujet de risée pour les contemporains
et la postérité 7 Tant il y a que le trarail de l'opéra de Trajan fut une
véritable atToire; il ne devait être représenté que dans le mois d'oc*
tobre, et déjà Fouchè en faisait lire des fragments dans les salons de
Paris, pour que cela parrtnt jusqu'au pied du trAne ; il payait son
tribut pour se sauver d'une disgr&ce.
A ce moment, comme pour compléter le remaniement ministérid,
mourait M. Portails, qai depuis le concordat avait le titre de mioistre
des cultes. Et^rit religieux et probe , mais sanacaractère politique, il
avait pris part aux deux grandes œuvres de législation , au code civil
et au concordat. S'il était nu peu janséniste et snlpicien, il anit
pour lui la fol chrétienne, et c'était un moyen de traiter avec le clergé,
dont les opinions étaient alors alarmées par les derniers actes de l'em-
pereur envers Rome *. On savait à Paris que déjii des dtssideiicei
existaient entre Nqwléon et Pie VII ; et dans ce but , après la mort
de H. Portalis, oit se contenta d'établir une directioD générale det
cnltes, au lieu d'un' ministère ; direction qui fut confiée au fik du
ministre, H. Portalis, alors niattre des requêtes. BientAtles adirés
de ce département prirent une activité considérable ; lés qnestioof
ecclésiastiques furent un embarras de gouvernement.
Ce sentiment qui repoussait toute résistance politique avait déter
miné l'empereur à une mesure qu'alors Q osa accomplir. La tète et le
sang ne s'abdiquent pas ; né Corse , on reste Corse, et le besoin de la
vtndttta survit à tons les autres. Napoléon n'oubliait rien ; il pati«iUit
souvent, mais le cœur ne pardonnait pas : le Corse, aprèsvingt années,
attend dans le creux d'un rocher, un fusil h la main , le meurtrie de
son père, et H ne le manque pas. L'empereur avait à vmger une
vi^le dette du consul; h stm avènement, le tribunat, s'imagiiiant
qu'il était quelque chose après le 18 brumaire , voulut faire de l'op-
position ; 11 crut , au moyen de quelques phrases , arrêter la pensée
dictatoriale du consul ; il échoua. Déji deux mesures avaient rÛoil le
tribunat à une nullité politique, en lui enlevant même ce caractère de
publicité et de discussion qui marquait son existence ; le tribunat ne
fut plus qu'une superfétation dans la mat^ine gouvernementale qw
îdbyGoOgIC
ACTES DE SON eOOVKUmiBNT. 15
l'empire conservait comme un vain souvenir de la république. Après
Tilsilt, il n'hésita plus à le détraire ; les tribuns, réduits à cinquante,
coûtaieut encore 750,000 f r. k l'État ; l'empereur prit le préteste de
la dépense et de rinutilité, il le supprima, et il avait raison '. Que
pouvait être une tribune à cAté d'une dictature, une discusion eu
face de la volonté d'un chef? Quand les corps politiques ont déféré
la suprême puissance , ils abdiquent leur pouvoir , et c'est logique.
Le corps tégùbtîf ne fut désormais qu'un conseil ; tout se fit par com-
missions; tous les vestiges de souv^vineté du peuple s'effaçaient,
les effigies de l'empereur prenaient le type qui distinguait les César
et les Auguste. Jusqu'à ce jour, les monnaies portaieut le titre
mensonger de RépMiqw françaiêe. Napoléon n'était ainsi que l'em-
pereur de la république, et ces formules plaisaient encore à quelques
débris de la révolution; bientôt tout cela fut abandonné; puisqu'il j
avait un empereur, il y eut aussi un empire. On ne parla que de son
pouvoir et de sa gloire ; lorsque l'encens s'tievait dans les cathédrales,
le vivat imptralor éclatait bous les ogives; l'orgue accompagnait le
Domine Bdlvum foc; les évéques, les prêtres, durait présmterNaptdécHi
comme le chef et la source de toutes les forces natioDBles ; Dieu fat
soD seul mattre , comme l'épée son droit.
Dès que l'empereur touche Paris , on le voit s'occuper avec inquié-
tude de tout ce qui tient au toit domestique. Pendant son absence les
rapports de police ont pris soin de l'informer des licences de la nonvdle
cour; il a su les amours de ses sœurs, le scandale public de ces jeunes
femmes , nées sous le soleil du Midi , qui se croyaient protégées par
l'éclatdeia puissance. Napoléon se proclame le pontife des moeurs de
famille ; tout lui est permis, à lui, parce que, comme César, le sénat
l'a placé dans une spbàre presque divine; mais pour les pauvres Èlisa,
Pauline, Carlotta, il reste inflexible à toutes leurs faiblesses ; il n'ignore
rien , et les saturnales des nuits sombres , et les licences des bals , ^
les inquiétudes, et les amoun déçues; il parle et veut être obéi; il
* 5^aiu«-cofwuIU conentHmi l'orycmitotion iu corpi UgUlatif M dot» du
18 OMUISOT.
« Article 1". Jl l'avenir M i compter de U fin de la stasioa qui va l'ouTrir, U
discussion prétlable des lois, qui esl faile par les seciions du tribunal, le ecTe pen-
dant la durïe d< chaque stesioD, par trois commisaions du corps l^islatiT, sous le
titre, U première, de commiSNOD de législation ciTile et criaineHe; la deoiUme,
de cominbaion d'adminiitntJoD intérieure; le troMte*> de conniMÎon des
BnaDCes. ■
Diclzedby Google
16 RBTODB DE NAPOLÉON A PA&IS.
faut briser sar l'heure avec les plus tendres affecttoDS ; les cœuit et
les sens doiveat ployer sous sa main de fer.
Alon BB famille grandit : en passant à Stnttgard , Napoléon a fini
Ee mariage de JérAme son frère avec une princesse de Wurtemberg,
dtaste et sévère femme qui subit avec résignation la dettioée qae lui
impose la loi politique ; elle obéit à son père ; sans amour d'abord pour
Jérdme, dans sa Berté abaissée , elle vient s'asseoir avec répugnance à
la table de la famille Bonaparte ; mais , résignée comme une jeune
Allemande, elle oCTrit l'exemple des mœurs les plus sévères et du res-
pect au devoir. Napoléon traita la royale Gancée avec beauconp
d'égards * . Très-préoccupé de ces mariages de famille, il voulait ainsi
lier sa race à tous les princes d'Allemagne.
Ce mélange de sang correspondait avec ses idées, d'avenir et de
grande fondation ; lui-même déjà marchait & de plus vastes desseins;
son union avec Joséphine commençait à lui peser; homme dem^age,
il avait conservé jusqu'aux premiers temps de l'empire les babitudes
domestiques avec Joséphine ; il se séparait difficilement d'elle, et plu-
sieurs fois il la conduisit dans ses voyages. Après Austerliti , l'imp^
ratrice était venue à Munich pour asaster an mariage d'Eugène de
Beaufaarnais ; pendant la campagne de Prusse , ellevisita les bords du
Bhin ; de son quartier général, Napoléon avait entretenu avec elle une
correqKMidance tonte bourgeoise * ; il lui écrivait de petits billets pour
' Taris, sa aoAt iscrr.
0 $. A. I. la prinusM Calberine de Wurtemberg est arrivée bUx aui ToilniH.
à buii beuresdu soir. Le prince son époux était allé àsarencoatre.CettepriDN^
a éi^ reçue par l'empeTcuT avec beaucoup d'affection. Elle > ensuite 41u^ ■'W ^
hmille impériale.
. • Aujourd'hui i 7 heures du soir, le mariage civil sera célébré daas la pitM it
Diaon. S. A. S. la prince «rchichancelier de l'empbv unira les deux auguste» époU'
conformément k ce qui est prescrit par les lois.
a Simenche prochain, à huit heures du soir, la bénédiction nuptiale sera donarf
devant l'église aux deux époux, par S. A. E. le prince primat. 11 y aura iUamîDilJ'ii
dans les Tuileries, feu d'ariifice et cercle i la cour, m
' Toici quelques fragments de cette correspondance :
£eRre de Napoléon à JotiphiM, du Ift janvier 1807.
« Ma bonne amie, j'ai refu la lettre du S. Tout ce que tu me dis de ta doolm
me peine. Pourquoi des larmes, du ch^rin T n'os-lu donc pas de coarageT '' ^
▼errai bieniAl. Ne doute jamais de mes sentiments, ei, si tu veux m'étre |das cWt
encore, montre du caractère et de la force d'Ime. Je suis humilié de penMX 1*'
ma femme puisse se méfier de mes destinées. Adieu, mon unie, je l'aime, dMin
de le voir, et veux te savoir contente et heureuse, s
îdbyGoOgIc
ACTES m SON GOtTEEmmiTT. 17
aaooQcer les événements de la campagne ; mais il ne disait pas tout
lorsqu'à Varsovie il se laissait dominer par une maîtresse qui aETaibli»'
sait son ftme et lui tressait de pAlea couronnes avec les cyprès de Pul-
tusk et de Prussiscti-Eyiau; on voit déjà que Joséphine le Fatigue. A
son retour, il songe à se débarrasser de ce souvenir des premiers temps
de fortune; il veut le secouer comme sa cape et son épée d'aventurier;
plus grand que cela , une double ambition fermente ; il désire tout k
la fois une princesse de sang royal et un héritier ; ce qu'il a fait pour
sa famille , il veut l'accomplir pour lui-même , il a d'autres devoirs
que ceux d'un ménage bourgeois , sa destinée s'ouvre devant lai
iaflajc; son empire , sa dynastie, voilà ce qui remue profondément
désormais son Ame ambitieuse.
S'il a marché droit au pouvoir au 18 brumaire , maintenant il
cherche à l'organiser pour le présent et l'avenir. Que peut-il craindre
après Tilsitt? Quelle fortune oserait s'opposer à la sienne? Quel parti
est assez grand pour lui résister? Dès lors les idées de noblesse qu'il
médite depuis si longtemps , il peut les réaliser comme complément
de son organisation des flefs. Jusqu'ici il n'a fait que des rois, quelques
princes improvisés ; un seul duc a été créé après la prise de Dautzig,
et il a conféré cette dignité â un vieux sergent des gardes françaises,
le maréchal Lefebvre. Le voici k l'œuvre dans un sens régulier et plus
complet : c'est une noblesse qu'il va faire par décrets ; idée fausse et
bizarre, car on ne fait pas des gentilshommes, serait-on empereur ou
roi : la noblesse , pour être quelque chose , doit nattre avec les rochers
du sol et les conquêtes Idstoriques. Napoléon fait des nobles comme
il fait des préfets ou des lieutenants, tout cela doit venir delà même
poussée ; il divise sa hiérarchie en ducs , comtes , barons et chevaliers;
point de marquis et de vicomtes, il croit ces titres vieux et usés,
comme A la noblesse n'était pas quelque chose précisément à cause de
L'impératrice ijual eiprimé le disir da venir à l'armée. Napoléon lui lépoodii
le 21 janvitT.
■ Je rtçola (a lettre. Il est impossible que je permeue k des femmes un Tojap
comme celui-ci ; mauvais chemins , chemins fangeux et peu sors. Helourne k
Paris, sois-j gaie, contente. Peut-être j serai-je aussi bienlAl. J'ai ri de ce que la
me dis que lu as pris un mari pour être avec lui ; je pensais, dans mon Ignorance,
que la femme était bile pour lo mari, le mari pour Is patrie, la famille et la gloire.
Pardon de mon ignorance, on apprend toigonrs a* ec nos belles dames. Adieu, mon
amie, crois qu'il m'en coôte de ne pas te laisser venir. Dis-toi : C'est une preuTc
«>mht«njeluisutsprécteaH. >
:dbv Google
18 BCTMm Di it4Poj.Ao:( a. pabu.
m vétusté ; cette noblesK nouvdle est nttichée à des [oactiou , elte
ke décore ; les sénateurs et les trchevâques sont comtes, faulra
4j(^t*ires sont barons , tout cela tiré aa cordeau comme une déco-
ratiOD d'Opéra ' . Puis od crée un blason , des signes hénldiqsei , tou-
jfturs par décret; on ne paraît plus que bariolé de toute espèce d'éaun;
le Tieox blason , comme les titres, n'est plus on symbole, on bérilage
de famille et d'alliance; tout naît dans la nouvelle ncd)le£e par dn
signes méthodiques en dehors de toute traditioo , et pour acbew le
dMtos, l'empereur qui crée une noblesse, en bouleverse les titrsaii-
ciens : ainsi , tel duc de l'andeu régime est comte aoua le doutci»;
tel marquis est baroa : le duc de Brîsaac, par exemple, a'tstpliB
quecomte; lesPérigord également, les Bausaetn'aot plusleiriUT-
^isat; les Mortemert, lesTalhouet, les Ségur, subiaentaDelraiis-
formation de titres. Et cette confusion est ce qu'on ^pdlem ordre
ftobiliaire I
Pour consolider cet MabiiEsaneut, pour lui donner une rsciiie
êans le sol, Napoléon institue plus tard les majonts, cooipMie déro-
gation aux principes de 1789 et au codedvil. Tont «st boulevenè;
ee code, qui prend désormais le titic de Code Napoléon , est mieat-
atentéèranlé par la volonté môme de celui qui » glorifie d'en étrele
l^ncrpa! fondateur : le majorât, c'est l'aristocratie du système; oo
revient aux terres privilégiées, aux titres attachés à un toi, )i b
«mdHion féodale, m dratt d'atneaae, i la tianmknw foDoèfe,!
Texclusion des putnét, enGn & la perpétuité dans ia propriété du sid.
L'estessim swMxssive des mt^jerats démolit pièce à pièce l'égditéde
partagea, la liberté de testament, le drmt do tous à la saoMSBka du
pire commun ; innovation la jAta hardie qui wt été fiiile dan la
idées eï les dispositions politiques depus l'Assemblée constituule'
Nap^éon détruisait le |»»cipe Biéme du coda civil pour cenfldtd*
«on oeuvre ; il savait que rien ne se stabilise que par le sol, et il voulait
à cAté d'une noblesse à titres, une propriété réelle, des prince à
souverainetés , des ducs à Befs , des comtes et des barons k mqoials-
Dans toutes ces créations , il se mêlait un peu de ridicule et de
busses idées : il se St d'étranges bizarreries pour le blason ; \fs ps»'
Très mcrlettes de la croisade durent être étonnées de se trouver «>
compagnie des abeilles du manteau impérial; les griObns et M
' Le décTclsurles majorais neparuiqu'ca 1808.
D,„l,z.dbyG00glC
àCrSS Vt son GOtrVESfTBHBin'. 16
ticomes des supports, oiseaux fabuleux de la chevalerie, darent s'agiter
à l'aspect de quelques blasons de fourDJsseurs ou d'anciens légistes
réformés ; les vieux féodaux durent s'inquiéter de voir tant de méfai^es
dans leun émaux ; eux couverts de fer sous la rouille du temps , ne
reconnurent pour véritables Mrea d'armes que ces bmves et dignes
généraux qui, comme eux, avaient versé leur «ng pour la patrie; k
ceux-là ils tendaient loyalement leurs gantelets, et la fusion fut faite,
i condition pourtant que leura 81s suivraient la même profesrion de
guerre : les Sfonfmorenof avaient eu trois connétables et vingt-dna
générations mortes aux champs de guerre ; si les premiers fib (tes
Burchart de Montmorency avaient renoncé eu n<^le maniement de
l'épée , ils auraient été dépouillés comme vilains et jetés hors da flef
et du titre.
Cette noblessefut la préoccupation dellI.Mtret, Phomme easentM
de la hiérarchie impériale. Dans son indiciUe ardenr de titres , H fit
dessiner les costumes , les manteaux , les blasons, il s'occupa de ces
puérilités avec on bonhear d'enfant. Si i'archidiancelier Cambacérèa
avait foi dans ses dignités prhicières , Bf . Maret se renfermait éaw
l'orgueil des nouvelles dignités : il croyait ({ne , tout étant chai^
par un coup de théAtre, la société ne devait plus avoir de souveatra ;
ceux qu'on avait vus si bas, il faHait les voir t4en haut; on n'entendait
]Au9 que le perpétuel vocabnlan^ à'excellenee, de monêtigneur, Ae
«enMe et ffaltease * ; c'était à M pin m finir : H fallait sahier k
cooronne ducale sur la XHe de tel jaixAin nagn^e en bonnet nogt ;
le rédacteur de la loi des suspects était comie , tel proconsul éteft
-Aie; que sais-je encore? et ce coup de tbéMre, on dwait l'admettre
eemme la vérité. QudleimportsneeMdonaaienftsotFverit ces parvenu!
fis prenaient les talons rouges avec nne indicible 6erté ; peu baMteét
atn salons, aux ctmvensnoes, à la politesse facile, ite vous aeeueiltaienf
da haut de leur supériorité. Bêlas I les porvenos veulent souvent se
faire admettre par un certain tonqai seTCSseot d'âne vanité satlafaJIe.
Tarft il y a que cette nouvelle noblesse, A glorieuse qnaod die M
rattachait aux armes , si respectable quand elle venait des services ,
fut exposée aux sarcasmes, parce qu'elle était théâtralement à la face
du public sur de grands tréteaux oà eRe déployait ses magniEceiices.
' sien n'est plus curieux ilire qne le petil livra des formules 1 la courISK
pérIaU.
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SO BETODK &B RAPOLÉOH A PABIS.
Que voulies-TOUS qu'on pens&t de certaines femmes sorties de U
classe travailleuse , ou d'artisans hoonètes, devenues si délicates, si
^ïensibles, que le pli d'une rose les aurait Ueœées depuis qu'elles
avaient pris blason ÎVouliez-vous qu'on ne gardât pasquelques moque-
ries pour tel fils de bon procureur ou d'uo manouvrier, qui, devenu
comte ou baron, repoussait avec dédain la pétition bourgeoise comme
venant de petit lieu 7 Nobles du soir, tout diamarrés de croix , ils ne
pouvaient plus poser leurs pieds que sur ces tapis soyeux au nùlies
des tentures et des astragales. Ils portaient leur tète comme uo sùot-
sBcrement, ainsi que le disait si spirituellement de Saiot-Just le mal-
heureux Camille Desmoulins.
Si la France ne pouvait exprimer ses sensations railleuses, para
que la presse n'était point libre, en Angleterre, la cour de Napoléon
itait devenue un objet de moqueries capables d'inquiéter plus d'ime
fois ces fortunes nouvelles. Quand le silence est partout imposé , Il
caricature prend une extension et une poputari(éindîcibles;Ia calomnie
même est admise comme une vérité. Il se ût donc en Angletetie des
pamphlets d'une nature odieuse sur la cour de Napoléon , sur les
personnages qui la composai^t ; l'aristocratie de l'Europe , à fatale-
ment poursuivie par les victoires de l'empereur, se vengeait par l'esprit
sur l'aristocratie nouvelle. On ne peut lire sans rougir ce que le Tima,
le Momiftg-Pott et lea journaux tories d'Angleterre imprimaient sut
les sœurs de l'empereur , ses courtisans , et sur la vie même de celui
qui venait d'accomjdir de si grandes choses. Lorsque tout s'abaéuU
devant cette magnifique intelligence , lorsque tant de gloire était
acquise par ses armées, les journaux anglais discutaient l'origine de
chaque nouveau dignitaire, la conduite qu'il avait tenue dans la révo-
lution ; ils arrachaient les plaques et les décorations brillant sur It
poitrine, pour montrer la vie primitive de chacun, et, quand les di^
taires faisaient les aristocrates on les nobles Sers et hautains, la
pamphlétaires anglais se bfttaient de rappeler les antécédents de tout
ces gentilshommes de nouvelle souche *, l'alliage à cAté de l'or.
Cela devait bien flétrir des joies, et contenir un peu l'arTOgance.
* Alon commeDC 1b funtui pam[dilet de Goldsmilli, I« Cabinet d« Saittt-Gviti-
11 eut un prodEgleui succès '.
• C«t, je cniii, l( pimpliUt le plu ardnrkr, le pin vil, le pin ignoble que la pHÛmu a U-
|1r de l'ni 'rit liniiiiln lient cuftnti. S'il j «lil de inKiniKin- ù acqiiérir pu l'idim 11 l-l» ■»-
■«UutMC, Il ptBi Ucfae, ce tenil uni Joule 1 llnHaK GsUmillKiite reiKadrailli pelioe iainli»
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ACTES DE SON GOOTEmKEinilT. SI
Ces pamphlets étaient pnscrita en France. Si on les saisissait sur
tontes les frontières, ils avaient coors néanmoins dans les capitale^
de l'Europe ; on les lisait à Saint-Pétersbourg, à Vienne, & Berlin,
comme une compensation anx hommages qu'on était obligé de
rendre à tant de fortunes inouïes. Lorsqu'un ambassadeur français
arrivait dans une grande capitale, presque toujours l'Angleteire se
h&tait d'envoyer un petit pamphlet pour le déprécier aux yeux de
l'aiistocratie; les journalistes s'empressaient de dire quel était son
pire, son éducation, ses mceurs, son état antérieur; et ces notice*
auraient-elles élé des calomnies, des faussetés indignes, qu'elles pro-
duisaient encore leur effet sur la haute société ; elles faisaient fermer
toutes les portes à l'ambassadeur, excitaieut des préventions contre
Jui, h ce point que souvent les affaires en elles-mêmes étaient sacri-
fiées : on le verra lors de l'ambassade du général Savary & Saint-
Pétersbourg *. Quand la hasse calomnie se rattachait k Napoléon,
elle ressemblait à ces voix isolées qui, se plaçant an milieu de la foule
pressée autour du char triomphateur, jetaient quelques injures sur
le consul montant au Gapitole,
Cependant la préoccupation de l'empereur était toujours les af^
foires. A peine arrivé an palais de Satnt-Cloud, il avait présidé le
conseil d'État avec cette supériorité qu'on lui savait ; ses opinions
étaient devenues plus tenaces, plus fixes; l'empereur entendait le;
observaUoDS avec plus d'impatience, et quand il avait une pensée po-
litique, il y tenait, ne laissant la libre discussion que pour les projets
d'organisation administrative. Le conseil d'État n'était pour lui qu'un
corps destiné aux détails du gouvernement; la véritable politique
était dans sa tête ; il n'associait personne à ses desseins ; les hommes
n'étaient que des instruments, et, dans son immense égo'isme, il
moissonnait les intelligoices et les lumières k son profit. Il assistait
régvU^tment aux séances du conseil d'État pendant trois ou quatre
■ LegénértlSavtrjeiiEiitl'avn.
■ nnlniicr, tII Inirigiat, il naàH wplomep«ar olOBnlcr l'AnflcIcrnu pilrie, dini hhi jouthI
dt'imt Intenli, pur ouUchcUqiii n'a pu de noa, kt crins la plu r<<ahiDli Hr la aar «t
la (^Éran de rcmpcmr. Ce n*at qn^voe la nwgciir lu front qo^on pcvt lire ce IriTiit, Téri*
table pnKlnrlioii d'un ^Ijrien, car n n^^ a qo^en brigand qû poevalt aâTelr nne Ungoe parvUle,
Le aoB de CoMutth lenit «ne cetni du tblre Bndacin l>n>a la lunle do (aaRRieiiieat briUii<
nique qui le pnUfca, coome l'ajeralion de l'Earopt, ai «m »», «nTcrl de bme, derell puac)
ilipoêlfriU. — EloiilHtyaeikp*Ri1la<Briniet!!I (F. W.)
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s VETOTB DE ITAPOLtoK A PA«B.
heures sans se fatiguer; on jour, il tenait un conseil de aubsîslaBCe ;
l« lendemain, il s'occupait de travanx publics, déKbérant sortootarec
la même rectitude d'esprit. II avait ordonné de grands travaux, i It
Haddeine, h ITotrepdt, au canal de l'Ourcq ; son exercice contirtait
à les visiter i cheval, et il encourageait les travailleurs par sa présence.
C'est h ce moment qu'il se montra plus souvent au peuple ; les craîntts
dHin attentat s'éloignaient de son esprit ; les murmures s'apaisiieot;
l'enthousiasme était trop général pour qu'un coup de révohrtlon pAl
Hre tenté contre lui. Quand une tète est populaire, rarement 11
Itensée d'un assassinat vient an cœur.
Napoléon voulut de sa personne ouvrir le corps l^islatif, la mdIc
institution qui restât debout avec un caractère d'élection. H necoo-
tnunîquoit au sénat que par messages ; quand il avait de vasUs pro-
;)ets, il adressait an acte impérial aux sénateurs, les pères coDscrits
de la patrie. Le sénat était la solemielie retraite qu'il accordait au
sentces éminents ' ; il augmentait le nombre des sÉnateors, un i od,
flvec une précaution dans les choix qni seule peut constituer un corps
aristocratique ; il parlait au sénat un langage ferme et d'une grarité
remarquable ; sa phrase était toujours mâle et romaine; on aarail
dit que SB vie entière s'était passée dans les études de l'antiquité; il
s'exprimait avec un ton tmpMeux devmt le corps l^slatif, et dios
cette circonstance où tant de gloire rayonnait ï son front, Tempe-
** la forme de message de N*poléoD au sèntt éiaii brtve ei utique :
a Sénaieurs,coaraniiéinentirBrt.S7de1'aetedeseoiistJUil:oosdereHfpineidUe
4u SS Dorsal an xh, nous avons wtami ntmlirea du UaM :
> UM. Klein, génfeal de divisiAu; Bmhdhmi, ffMial de dMaioa; et BéfoiBol,
-^nénl d« dmaion.
B A'ous dÉsirons que l'arinfe voie dans ces cboii l'jntentloa où nous sommes àt
^hllnguer ronMammcnl ses services.
» MH. Fbbve (de l'Aude), ptMd«ntdii trilmBat; M Corée, monArc du trftooat.
B Nous désirons que Its loembres du tribunal (rouTent dans ces nomioations un
témoignage de noire EalisfaciioD pour la manière dont ils ont concouni, aT«c notn
conseil d'État, à ri^Lahlir les grandes bases de la législation civile.
n M. !'iircheï*quc de Turin.
H Nous ssisissons avec plaisir celle occasion de témoigner noire aatisraclioa M
cletgé de uolre empire, et partie uliâremem i celui de nos dépulements au diU dn
Alp<-8.
• M. Bupont, maire de Paris.
• Notre bonne ville de Paris vrtb dans le cboii d'un de fts mtikta le iMr ^'
nous avons de lui donner constammcni deaprMves de notre affeclion.
a Sigiti ; HArraJHHT. a
DiclzedbyGoOglC
■BUT pot dire les puâiantes choses réalisées par son tigm «t k« Of^
mtca de «m iveoir *. U ctOMiUit ses Irioispbes : la pdx cd était
le résidtat;s'U«v«itpanloiniéàlBiBaiiOB de Dnadebourg» c'était 1
cause de la ùncère amitié que lui avait in^îrée le (toiHSiiit enperear
<« Nord. Vm prince fran^ allait régaer sur i'Ettw; la Saxe «t le
imité de Varsovie recouvraient iaur iDdépendaBce. L'Aagletem
devait mtoacer à md ïnQueDce malCoiuBte sur ie coBtineot ; le sy»<
tème fédératjf 8*80000111118811 dans une rue de boDheur po«r le peuple.
L'enqieicar déiânit k paix mariUme, mais il »e voulait poirt l'acheter
par (to sacrifices déahcuoraots; ilétaiteoBteut et fievdesanpeoi^
Bimtvn 4* NmfMtm a* torpt UgMaUf,
« HnsUara les dfputé»des d^rtemeiUB au corps légiflttlf , mccaJMra In trlbuM
41 Im BMnibKE de mon CMisen d'Etal :
• St^otovetradenrièMNaiM, d«Aovnlle>emnci,deB<niv«nntrleiDpb(ii|do
*<ai WM'twiriB da, p«ti ontokaaiAlt fosad* I31«npi poliiiqM.
■• SilamaisondcBraiidebon^, qui la première conjuTi contre notreindépenduic*,
lïgtis encore, die le doit 4 )a ^cère amitié que m'a Inapirie le paluaDterapeTenrda
» fa prl— a frwifti rtgnw mn i'Mfce ; il wuw tatcSigt te inUrti» de tel umt-
TMOK sujets aTee ses premieis «t se» plus luris devoirs.
• La maison de Saie ■ recouTri, «prie SO ans, l'indépendance qu'elle arait perdue,
■ Les peuplée du duchi de Tntovie, de ta Tille de Danulg.oni recouni Ivqt
patrie el leurs droiu.
■ Ttmtw ka eaUeu att^wiiniim l'on eoMBaiMaard de Tofar ftaOneiMe nul»
tUsaote qnel'AnjletEire eicreaii sur le eontinent diirulie «ana retour.
» La France est unie lui peuples de TAnemagne par les lois de la confédtethm
ta Miin ; i ceni des BipBgi]«t, de la HoUuide, de h SulsM et des lUicB, p«r ha loi!
ia—tta ^>taie WÉhiiKf.Wea nevneai rappettsaMcURuiteMatoimMéapar
reatinM réc^ioqua de cm dcai graBàis DaliMs.
> Dans tout ce que j'ai fait, j'ai eu uniquemeat enroeleboabeuidemMpeupleii
phB etier à mes jmi qne ma propre gloire.
» Je désire la paii maritime. Aucun ressentiment n'inOuera jamais sur net délK-
minatiOQS; je n'en saurais Toir contre une nation, jouet ei victime des partis qnl la
déchirent, et trompée sur la siination de ses affaires, comme sur celle de ses voulus.
• Mais quelle que soit l'issue que les décrets de la Providence aient assignée h la
gneire maritime, mes peuples me (rouveroot toujours le même, et je trouverai tou-
jours mes peuples dignes de moi.
■ Fronçais, votre conduite dans ces derniers teinps,o(i voire empereur était éloigné
de plus de ttOOlieues, * augmenté mon estime el l'opinion que j'avais conçue de votre
caraclère. Je me suis !>cnli lier d'être le premier parmi vous. Si, pendant ces diiL
mois d'absence et de périls, j'ni été pré^nt k votre pensée, les marques d'amour que
vous m'avez données ont excité constamment mes plus vîtes émotions. Toatn mes
soUiciindes, tout ce qui pouvait avoir rapport même k la conserriliOD de ma personne,
ne me touchaient que par l'intérit que vous ; portlei et par l'importance dont dle^,
pouvaient ttre pour vos TuCurea destinées. Vous êtes un bon et grand peuple Iw
îdbyGoOgIc
S4 wrrora db nAPOiioR a pabis.
le bon et le grand peoide. Enfln, rempereur anoonçait la créatloB
des titres nobiliaires, et an moment où il rétablissait la féodalité, il
disait, par un mensonge politique, qae «tontes ces institutions étaient
dirigera contre la féodalité. »
Dans l'enthounasme des écrits, Napoléon pouvait tout oser; une
belle époque de victmres et de conquêtes venait de se réaliser aux
yeux du peuple ébloui ; la nation croyait à la paix sur le continent
pacifié ; l'Angleterre ne devait-elle pas réOédiir sur les résultats d'une
guerre indéfinie 7 II serait beau de voir Napoléon appliquer alors bob
génie à prospérité publique et aux travaux întérieun. Supposes cette
intelligence magnifique se préoccupant des ressources nationales :
que n'aurait-il pas produit? les montagnes se seraient abtûssËes; la
Meuse, le Rhin, le RhAne, la Gironde et la Loire n'auraient plus
fait qu'une vaste nappe d'eau, unie par une canalisation féconde ; les
routes auraient rassemblé toutes les fractions de l'empire , le com-
merce se serait agrandi , les monuments auraient illustré son règne.
C'est un malheur pour l'avancement des générations que le vaste
esprit de l'empereur ne se soit pas emparé des éléments immenses qai
vont dominer la civilisation nouvelle : la vapeur, les chemins de fer,
le gaz ; c'était alors que sa protection eût été féconde et que le monde
te serait renouvelé.
Mais la paix était importune à cette existence agitée ; il avait be-
soin du champ de bataille pour respirer , comme les vieux marins de
l'Océan ne peuvent vivre qu'aux vents de la tempête. Ainsi la vie
aatière est faite pour une oeuvre; bonne on mauvaise, il faut l'ac-
complir. Les anciens appelaient fatalité cette nécessité terrible qui
B'ranpare de l'homme et domine toutes les phases de son existence.
îdbyGoogIc
LETTRE
LA SECONDE ÉPOQCE DE L'EMPmE.
(IBOT-IDll.]
Le temps qai s'écoale depuis la solennelle entrevue de Tilsitt Jus-
qu'à la naissance de cet enfant qui fut salué du nom de roi de Rome,
est l'époque où le pouvoir matériel de Napoléon s'élève à son phjs
haut degré de magniUcence et de splendeur. L'Europe paraît domptée :
nu midi les armées victorieuses font le siège de Cadix, les aigles appa-
raissent aux colonnes d'Hercule ; l'Espagne lutte encore avec patrio-
tisme, mais du haut de la Sierra-Moréna s'élancent les vieilles divi-
sions de la grande armée. Le Portugal résiste; un peu de patience,
vt Napoléon accomplira de fatales menaces. La confédération du
Rhin ne forme plus qu'un auxiliaire qui marche comme un grand
vassal derrière l'empereur, nouveau Gharlemagne. La Prase est
militairement occupée, comme si l'on avait juré de prolonger rbumî->
liation de ses défaites! L'Autriche se montre une fois encore sur la
champ de bataille avec une flère et généreuse persévérance ; vaincue^
elle se hâte de traiter aux plus dures conditions. Napoléon peut se,
dire l'allié de la Russie, le czar lui e pressé la main sur le Niémen;
et si l'Angleterre résiste, on peut voir qu'elle lutte par des efforts
inouïs, contre un adversaire qui l'attaque par l'industrie et les pro-
hibitions.
A l'intérieur, les partis sont affaissés; plus d'opinion indépeo-^
dante ; l'adoration vient au pied du trAne comme l'encens à la Divi-
nité; nulle critique, nul contréle des actes de la dictature, tous Ic!ï
pouvoirs sont abîmés et le sénat à genoux. Le conseil d'État se borne
à des discussions de détail sur les objets d'utilité publique ; le tribunal,
est supprimé; le corps législatif ose à peine une faible résistance de
boules noires, et un ordre de l'empereur le replace violemment ao.
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dernier degré de la hiérarchie ; Napoléon ne reut aucune représenta-
tlon politique du pays; le seul représentaot de la nation, c'est loi qui
doit la couronne à Dieu et i son ^>ée : les sceaux , les mounaies
même, sont privés des derniers vestiges de la république, qui pourtaDt
fut la mère de Napoléon I
Mattre k l'intérieur et i la face dfi l'Europe ^ il s'occupe d'une
grande consolidation de sa dynastie. Lni, enfanté dans le travail de
la démocratie, reçoit sur sa couche la fiUe des Césars; il désire nn
fils, Dieu le lui donne la première année, comme si la Providence u
le lassait pas de lui jeter ses dons ; pauvre enfant I accablé de ha-
rangues et de fleurs dans son berceau d'or. Tout réussit i son g^iie
créateur; ses vastes projets sur sa famille vont à souhait : il a de»
royautés pour ses frères, pour ses sœurs des aHiances, des conroiUKs
pour tous ; sa sauté robuste lui prépare une longue vie ; il a des palais
arec d'immenses parcs, des arcs de triomphe, des caves pleines de ri-
chcBses, des armées immortelles qui portent orgueilleusement la cou-
ronne de victoire sur leurs nobles enseignes.
La foule empressée vient i ses désirs : des milliers de courtJstie
épient ses volontés, étudient ses regards : veut-il que des matsee
d'hommes se sacrifient? César n'a qu'à parler ; ces visages m&Ies et
noircis par le soleil donneront leur vie pour un sourire de Napotéoa.
Bien ne manque à cette puissance sur la France et l'Europe ; la i^m
énergique des administrations, l'obéissance partout parmi les tto
abaissées. Ainsi, dans l'ordre matériel, le pouvoir de NapoléoB
s'élève & son plus haut degré d'énergie : comme grand capitaine, il
accomplit sa campagne d'Autriche eo moins de trois mois ; conune
diplomate, il a traité h Ërfurth d'égal à égal avec Alexandre, et signé
le traité de Vienne qui rattache tant de provinces et d'intérêts k wo
empire. Le conquérant réunit sans cesse de nouveaux États à sa mo-
narchie : la Hollande, le Valais, les villes hanséatiques. Homme de
gouvernement, il absorbe tous les pouvoirs ; administrateur suprèiBe,
ft règle les destinées de ces mille peuples divers et les assouplit i
l'unité de ses œuvres.
A ce moment où tant de splendeur et de force éclate autour de
lui, la puissance morale lui échappe. C'est une transition qu'il faal
suivre dans l'histoire des gouvernements : souvent on voit un pou-
voir armé de toute l'énergie politique ; il se permet tout ; il gou^'ene
CD BouveraÏD suprême ; il a de l'argent, des armées ; le bonheur lui
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SCS LA SECO:(DB £roQCE DE l'bhpibe. 27
•Durit ; il reoTene tons les obstsdes. Eh bien 1 cette antorité que
l'on croit si forte est précisément à la veille de sa décadence. Bfe
pourquoi T C'est qu'il n'y a rien de durable, lorsque l'action morale
échappe au ponvoir, lorsqu'il Messe trop de consciences et d'îotérto :
il peut être dur comme l'acier, mais il pèse comme nne chatoe; il
peut s'armer d'un gantelet de fer, mais il trouve des résfstancea dana
les Ames qui t6t ou tard en finissent avec lui ; la résistance est aJor»
la goutte d'eau sur le granit.
C'est à cette situation que la dictature de l'empereur est arrivée à
la fîndelapériodequeîevaisécrire. La France est fatiguée des sacri-
fices qu'elle fait ; elle a tout donné k la dictature ; le pouvoir a ttvp
d'énergie, Is liberté humaine n'a pas assez d'Issues pour respirer. Son»
le consulat, tout est venu à Bonaparte, parce qu'il reconstituait l'u-
torité morale et politique violemment abrutie dans les mauvais jour»
du directoire. La société s'est f^acée dons ses mains, parce qu'il étidt
destiné à la sauver; le peuple a des instincts merveilleux; il sait et
choisit les hommes A sa taille.
Napoléon, empereur, abuse des reports ; à force de briser les oppo<
sitions , il a touché les cordes senubles qui vibrent puissamment au.
eœur des multitudes. Dans une telle lutte, les résistances se mul-
tiplient ; à mesure qu'on fncaHe un obstacle, un autre surgit. C'est
l'hydre à mille tètes qui se transforme et apparaît sons des faces neuve»
et étranges. Les oppositions qni prennent leur origine dans les senti-
ments des masses sont étemelles comme elles. Voyez d'abord commeid
agit le grand empereur ; il ne respecte aucune nationalité, il »nida
les peuples 1 Quoi d'étonnant que ces peuples se lèvent en masse contr«
Int? Quel est l'esprit de la résistance des Espagnt^? D'où vlennint
ces sociétés secrètes qui partout se manifestent en Allemagne , en
Italie? La liberté ne fait-elle pas irruption contre l'empereur qni
constitue une vaste dictature? C'est en Invoquant les saintes lois de
la nationalité que le major de Schill apparaît à la tête de ses par-
tisans en Allemagne ; les étudiants des universités se groopest et
s'entendent par les puissantes idées de patrie et de liberté ; Taulmim
et Germania sont inscrits sur leurs bannières comme deux grandes
images. En Espagne l'esprit religieux s'unit au sentiment de l'indépe»'
dance, et, chose curieuse, lescompagniesd'étudiantsdeSalanMnqueea
d'Oviedo prennent la dénomination de Catsiua et de Scavola. Puisque
Mapolcon veut être l'empereur victorieux sous des lauriersda triomphe,
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pourquoi n'invoqueraît-on pas contre lui lasouTeniTsdelarëpuUiqae
romaine? A César il faut des Brutus.
A cette époque de puissaace dictatoriale, Napoléon ne respecte plot
rien : la force, la ruse, tout lui est bon. S'il y avait dans l'esécotion
du dnc d'Enghien quelque chose de sauvage , au moins ce jugement
rapide, implacable, témoignait d'une sorte de cruauté franche qui
souvent, «i politique, est du courage et de la force; dans l'affaire
d'Espagne, à la suite des transactions de Bayoune avec Ferdinand VU
et Charles IV, il n'y a plus que de la trahison et de la déloyauté;
comment agit l'empereur? Corse rusé , il dédaigne d'aller franche-
ment ; il ne fait aucun cas de la loyauté, il agit par des commérages
de police ; il veut conquérir une couronne, non plus sur un champ de
bataille, mais avec des chicanes de légiste, des arguties indignes de lui.
Ce n'est pas une famille dégénérée, ce ne sont pas des princes abaissés
par l'infortune seulement qu'il trompe, c'est une nation entière brave
et fière qu'il trahit ; en pareil cas, le jeu est rude.
Combien ce gnet-apens de Bayonne lui fait tort aux yeux de
l'Europe 1 Elle s'abaisse encore devant lui, parce qu'il paraît toujoun
à ses yeux armé du glaive Qamboyant ; mais au fond des cœurs il y a
une protestation sourde et triste, un murmure immense qui bouil-
lonne. Au moyen Age, lorsqu'un baron armé de fer spoliait la veuve
et l'orphelin, on s'abaissait devant lui tant que l'armure était impéué-
trahie ; bientôt, disent les légendes, s'élevait ud jeune et beau dieva-
lier à la chevelure flottante , au casque d'acier reluisant ; il entrait
dans la lice, et, après des elTorts courageui, il perçait d'outre en outre
le baron discourtois. Ce noble chevalier, c'était dans la chronique, le
aymbole de la justice, de la liberté ; il figurait la lutte constante des
■entiments généreux contre l'oppression. Et pourquoi les idées de
Tertu, de justice et de droit seraient-^les données au monde, si tin
jour elles ne devaient pas triompher ?
Napoléon ose plus encore. Il s'est puissamment servi du sentiment
religieux pour constituer sa puissance sous le consulat. Le concordat
a préparé le sacre à Notre-Dame ; Pie VII est venu vers lui ; vieillard,
il a placé ses mains sur le front du jeune héros qui commençait «
- magnîBquement sa carrière. Que rend l'empereur une fois couronné,
ea récompense de ce zèle ? A mesure que son despotisme devient plus
éD«gique, il se montre capricieux, exigeant euvers le catholicisme ;
rien ne l'arrête : ce vieillard, il le foule aux pieds, il lui prend Borne,
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SVK tÂ. SBCONDB ÉPOQOR DB l'eHFIBB. 30
il veut séparer la basilique de saint Pierre de celui qui se proclaine
6(Hi successeur ; cet anneau si vaste, qui embrasse le monde catliolique.
Napoléon veut le briser. Eh bien! ce pauvre vieillard, après une
patience et une résignation héroïque, saisit cet anneau et l'applique
comme un stigmate brûlant sur le front de l'empereur.
De ce moment, le conquérant, comme avenglé, court de ruine en
ruine. L'eicommunication n'était plus de cet ftge, sans doute, mais le
sentiment religieui est de toutes les époques. Napoléon le Messe; il
veut se faire le dictateur des consciences, mais ce n'est pas possible ;
il peut bien briser les corps , fracasser les crftnes, mais les opinioiM
sont en dehors de lui. En vain veut-il bouleverser les convictions
républicaines, les dévouements royalistes, les croyances religieuses;
ces violences lui portent malheur : avec la stratégie et des soldats, on
bal les armées ; mais on ne tire pas des coups de canon aux idées; et
cependant : Guerre aux convictiras, aux grandes croyances politiques,
telle est la pensée de Napoléon.
Voici maintenant qu'il heurte les intérêts. L'onpereur conçoit le
s]'8t^e continental , idée vaste , impossible dans son exécution.
Comment supposer qu'on va remanier la balance naturelle et com-
merciale des nations? Dieu k réparti è chaque peuple ses trésors, et
c'est par l'échange, sorte de mise en commun de toutes les facultés,
que les peuplesparviennentiuD haut degré de civilisation. Ces prin>
cipes de l'ordre naturel , l'empereur les dédaigne ; sa haine contre
l'Angleterre l'aveugle , il croit anéantir le puissant ressort du com-
merce en accumulant les restrictions et les douanes. Il en devient
puéril ; il est transporté de joie lorsqu'on lui apprend qu'avec du raisin
on fait du sucre ; il se pose douanier jusque dans ses propres satone,
où il poursuit les robes d'Angleterre, les linons et les étoffes de l'Inde
sur le cou de frêles femmes.
Napoléon fait la guerre , gagne des batailles , verse des torrents de
sang pour son système continental : il le cherche partout, et l'impose
comme condition des traités ; et puis, après tant d'efforts, lui-même,
par une de ces contradictions que la dictature seule peut se permettre,
il s'affranchit du système continental par la création des licences ;
c'est-à-dire qu'il se fait le seul commerçant , le seul dépositaire des
franchises pour les échanges, comme cela se praUqne en Orient. A
ce moment, la liberté du commerce est l'objet d'un trafic, il faut
acheter une licence ; on brûle partout les marehandises anglaises ; 1cm
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M ucrTBS
plus bdiea étoffes volent an vent , et ce système odieui devieiit ridl-
«lie k ce point que la pronière cboee que fait Marie-Louiae dans m
voya^ en Hollande, c'est de se procurer des robes et des colificbets
Swàtaa par les maouractures anglaises. La corde trop tendue 4evait
se rompre : arracber au monde la liberté de la pensée et du con-
meKe, la tidie était trop rude même pour un géant !
Aëa que le seotimeot moral, la liberté et les inlérAts des peuplei
float menacés par le ^rstème de Napoléon, la guerre change de cane-
tire. Ce ne sont plus seulement les armées reliera , les goovenie-
■Mila, qui se moutreot sur les champs de itataitle; les peuples y
vimieBt en aimes ; on voit qu'il s'agît de leurs {dus précieix intérâs.
Quel est donc le droit de cet homme de reouier le genre bumaioT
Be qm tieot-il la misaion d'ébranler ce que Dieu a fait? Les nati<Hts
» doB^ttées sous sa main éprouvent mille sympathies pour cet
) des martyrs qui préparent la régénération aoci^e. De là
cette attention vive, proronde, qui se rattache à l'E^agne, k sa lutte
fldianiée. Le triomphe d'un principe est long, il Teat beeunonp d'ho-
taaustes avant que l'idée lurvienne à sa aaturité : l'E^Mgne et la
^snnaBie cHit leon saintes victimes qui payealpoor toin; le progrès
fle -h réâstasoe «'en est pas iw^ds rapide et proCond.
L'empereur en«coii^iris toute la portée, ^c'estidqne son génie
^paraît dan oe qu'il a de puisunt et d'orgmaateur : à mesan
mtCaae réûatance arrive, il se h&le de la renveiMT, et pour cela , il a
rsoaun k la constitution encore plus énergique de sa dictature ; il
aoBt qn'il lui faut des garanties contre ces intérêts et ces opÀDioai
qa'H « Bonlevôea. C'est un cercle vicieux : phu îi est absolu, pins il
nrécoBtente; tt plos il méooatente, phu il a hesoia de force pcnr
Tout se lie et s'enchatne dans la période qu'embtBSBml ces deo
iwlaroes ; «'est un systàme con}riet : en légiriatiim il produit le «ode
ferai, si cruel, si imjriacable pour les attentats «pablicB ; le code d*!»-
atniction criminelle, qui ciHnprime la liberté et restreint les gaiHt-
tin; pais la cimstitution régnlière des prisons d'État, la dtrectïM
(Anérale de l'imprimerie et de la librairie, le ayatàme ^es douanes
fmsr le cMumerse , la cenaive sur les jouraauK , le monopole absolu
4e l'univerûté. Napoléon se proclame le seul dl^Moaiteiir delà force
et de la puissance dans l'État ; il en devient m£»e le théologien , h ce
pMDt de t^\a l'enaeigoemoit «xléaiastique ; il dmche , par f «agsr
îdbyGoOgIC
sus LA SECOnDR ttWiVB DE l'eMPIHB. 81
nisatioD i'aœ dietoture miîreneUe , & répondre iiax résistances qnl
se maoïresteiit dins tontM les foroes morales de la société.
Cette psiesante dictatore que crée le génie de l'emperenr, il te
htte de la brillanter par de grandes créations ; il op^nliBe la pensée ,
■nais il établit des prix décennaux pour faire mandter Fart et les
sciences. Il monopolise l'édacation publique , mais il vent que ses
oolléges soient l'expreasion de tout ce qœ la société oEfre de lumi^
«t de science. S'U abuse Ettalement de la conscription, l'avancemeit
-dn soldat est rapide et prodigieux ; il en fait un état. Il 6te la vie ta
commerce, mais il trace de somptueux pelins pour la bourse, il vient
au secours des industries, leur omre des canaux et des voies de com-
ninicatioB ; son administration absolue est la plus édairée de toutes
celles qui aJstent en Europe. Pour loi la capacité est une conditioD ,
il prend sons sa responsabilité tous les éltoents d'un système i grands
réâulfarts et à vastes lumières. Cest de^nos Fentrevoe d'Erfurth que
ecs Idées sorgissent paissantes dans la pensée de l'emparear ; les peo-
Toin sont bien abiisBés et cette abjectini ne lui sufHt pas : fl n'y «
jim de tribunal ; le corps législatif est omet ; les légfilitean M
parlent pas, mais ils votent , ib pensent , et la dictrtnra n'aime pa
qu'on pense en dduns d'elle ; aucun pouvoir ne doit «voir le droit
-d'arrêter ses dessins quand il les a conços. Chose singuMie , ti onint
iDoins le sénat que les autres pouvirin , et «'eat ponrtaot le «énat -qttl
prononcera sa déchéance en 1814.
Comme événements militaires, cflsndnmei cnrlwasBent ka deux
campagnes d'Espagne et la guerre allemande de 1809. 2e dis la gtMm
•HenuDde, parce que la campagne ne fut pas seulement dirigée contra
la maison d'Autriche ; elle prend un autre caractère, une eipmaian
ée nationalité. L'Autriche, se plaçant k la tête de la cause coi«mme.
perle aux sympathies du peuple germanique; elle devient rexprealoo
des sociétés secrètes qui se donnent la mission noble de délivrer ta
IMtrte. Voilà te drapeau qu'élève la gén^lien des oBtversitéa, con-
duites pa- MM. de Stadios, de Stein , Genta , le major de Schill , le
]iriDce de Brungwick-Œls , Bliicher et -Goeisenau. L'Aotriclie joue
dans cette guerre de 1809 m réle actif , {vovoeateur , en ddim de
ses habitudes régulières ; elle est k la tête d'une însnrreotion intio-
'Bde : de là l'énergique caractère de sa résistence.
Des révélations curieuses prouvavnt les relations intimes qoï
«estaient entre l'insurrection allemande, U gnarre d'Ë^wgae, la
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^9 UTTRB
conjuration de l'armée du Portugal , l'eipéditioD anglaise de Wil-
chcren et .la levée des gardes natiouales en France par les otim de
Fouclié et sous le commandement de Beroadotte. Il y a ici nu projet
de résistance morale contre l'empereur, projet tout à la fois empreint
d'an caractère religieux et politique. Les catholiques s'indigneDl de
la manière dont on traite le pape ; les penples invoquent leur liberté,
*«t tout ce mélange de mécontentements prépare la guerre soarde et
implacable qui plus tard éclatera contre Napoléon. Il serait impossiUe
d'expliquer les événements de 1813 et 1814 sans avoir d'abord pro-
fondément étudié cette première époque d'opposition parmi les
-peuples. En ce monde, il ne faut pas croire que les catastrophes snr-
^gissent tout à coup ; les faits s'enchaînent, et les résultats provienoeot
de symptômes antérieurs qui souvent échappent au vulgaire.
A mesure que les périodes du grand drame de l'empire se déve-
loppent, la pensée de ce livre doit se révéler dans de \Aas simples et de
-plus larges proportions. L'auteur a voulu, par un récit imparlioli
«xaminer les causes qui ont préparé les merveilleuses fortunes de
Napoléon et les causes qui ont précipité sa ruine ; les pouvoirs ne
tombent pas sans motifs, et les grandes ruines n'arrivent jamais toat
d'un coup ; les décadences se préparent de longue main, elles vienneot
de loin : bien avant la fatale campagne de Russie, l'empire de Napo-
léon était menacé par des principes et des faits qui éclatèrent à h
première catastrophe.
On trouvera de nombreuses révélations dans ces volumes ; les évéïw-
' ments y paraîtront sous un jour nouveau et en dehors des vulgarité
qui ont trop souvent dominé tons les travaux faits jusqu'ici sur celle
héroïque époque de notre histoire. La correspondance diplomatique
du duc de Wellington, si remarquable, peut servir & expliquer les
campagnes d'Espagne et du Portugal ; et c'est aux communications de
M. le prince de Metternich que je dois l'intelligence de la politique
-de l'Autriche après la campagne de 1809, et le sens des causes véri-
tables qui préparèrent le mariage de Napoléon avec l'archiduchesse
.Marie-Louise. Depuis cette époque, le système autrichien a été tout
-entier placé dans les mains du chancelier d'État, et l'on sait k qvtHe
-puissance il l'a élevé.
Dans une boute et récente conversation an Johannisberg, le prince
de Metternich a bien voulu m'expliquer les bases de la politique qui
. le domina dans ses rapports avec Napoléon. Je les fais connaître , saiw
Diclzedby Google
SDK L'A SECONDE ÉFOQtB DB L^PISE. 33
abdiquer ce droit de critique et d'eiantea qui appartieot à l'histoire :
je^Buis trop fîer de ma nationalité pour ne pas la conserver pure et libre
dans mes rapports même avec les intelligences diplomatiques qui
dirigent le sort du monde.
J'arrive À une époque plus rapprochée de nous ; je vais là trouver
des événements que tous nous avons touchés, et des noms propres qui
tienn^t «icore aux afiàires publiques de notre paya. Une haute dis-
crétion est ici commandée ; je n'écris pas un pamphlet, je n'aime pas
ces bic^raphies passionnées qui se plaisent  détruire les réputations
et les hommes, triste travail de démolition qui semble dominer les
générations actuelles. Hélas 1 dans des temps 'tà agités, qui n'a pas
commis de fautes? Quel est le nom propre qui peut se poser comme
affranchi de toute faiblesse et de toute erreur?
Je vais parcourir le temps de la grande splendeur de l'empire ; c'est
le dernier et beau reflet de rhistmre de Napoléon. J'éprouve un serre-
ment de cœur indicible qnand je touche ainsi l'apogée respJeDdiasante
de la destinée d'on homme et d'une ceuvre; k câté du progrès la
décadence, après les joies le deuil ; seraitrce la loi fatale, la malédiction
que Dieu a ^te au front de l'humanité ?
Pwia, 1« MpKmbri 1S«0.
îdby Google
chahtm: h.
WritotM.— DtptrUMcota réuiiis.— Béptrumenls ucieBa.—DirâionBraDiukfL
— VttttOaTt». — Cours d'appel. — ArcbevAchësd éfAcU*. — Sjilème Bdmi-
alstnitr. ■— Les commuon. — Bojauine d'ItoDe. — La vice^oyiuté. — Min.
— ToUae. — SoOTfrHUMols géoénui de l'Hiipln te» IwprMtecnTéMriw.—
Fiefs dan» la Dalimtie, le Fiioul cl la iwule Jtalie. — LesScf v-lks. — Lcgialalka
géoéMla. — CenlnlisalioD. — Lois poUiîgaesetjudtciaiKB.
nat.
I/tnqne te postérité, attentire aux grandei choses, praitera sa
TegBrdsfliH-r-eBipireBcaiicais, apcësle tnHé âeXâùtt,idle-adnit«ra
furtoot le vaste ensemble de ceUe BAnioiffaatiDD poldi^iw. iics oqb-
quétes de l'empereur paraîtront moins prodigieuses que la puissante
création d'un gouvernement fort s'étendant uniformément sur une
masse immense de territoires et de peuples. Jamais autorité ne fut
{dus respectée et ne s'exerça avec plus d'unM et (PeneaiUe': -le sys-
tème des départ^nenls , conception révolutionnaire d'une grande
énergie , fut couronné par la création des préfets sous le consulat ; les
divisions militaires et les cours d'appel embrassaient des démarcations
plus étendues , et tout désormais dut marcher sous la seule impul-
sion de l'empereur , la pensée dominante de cette étonnante machine
politique.
Le puissant édîGce de l'empire, après la pacification européenne,
comptait cent dix départements, sans y comprendre les colonies,
alors exposées à tous les coups de l'Angleterre. La révolution avait
légué à l'empereur, comme un témoignage de ses victoires, les fron-
tières du Rhin, la Belgique et le Piémont ; Bonaparte , premier con*
8ul , trouva ces conquêtes accomplies , el la flatterie pour le souverain
ne doit point effacer les services rendus par les fières armées démo-
cratiques avant le 18 brumaire. Napoléon avait juré, à son sacre, de
maintenir dans leur intégralité les territoires qu'il avait re^us des
îdbyGoogIc
imIds de ta rép^Hque, ^ il sratt don teaa laiygMft M parafe*
CM- uM raultitiiëe de iéputeatetHs remis s'étaient groupés aOtoof
de ranoiemie France. A l'ertrémité nord, les Seni-Nèâm * t enehi»-
aant une partie de la Hottasde, aviôent pour frontièK Breda «t Ber>
fea-op-Zoam ; Malines en fomait le dKf-liea avec son bel évéché dci
«feos temps. A ses cMés «'^tendait le département de l'Escaot, 00K«
' ie prends ici la stalbtiqneqiit fut publiée parle miolatK de rhuérlenrenisni
pl«a ttrd les AipMtuameaia s'agnndinBt de toute la ToMane, de BoKie, de h ■< '
linde et dea villes banséa tique*. D'^irte celte sUttstique, k« udaniMi prarlBOW
gtnéraiiiés de la France, les colonies traotaises, les divers pajs t^uoia i la Fonc*
ftiFinaient 1X9 départements, «aToIr :
ProTcnce, territoire d'AvIgnin et cotatat TraaiasiD, «putre : taittt-Âtfn,
BpMftu-du-iUdna, Var, VauclMW.
Dauptaioé, trois : Bouitt-Alpu, DràtM, Itèn.
n-anche-CoDité, trois : Doubi, Jura, BavieSaiiu.
Alsace, den : ffmtf-JtAm, Bm*-IMn.
Comioe, Tnit»-&TéebéB elBafveb, quatre : jraurl**, JTsim, M**M4, Yo*)»»,
Clian>ptf!iie, priocipaulé de SedtD, Bouilkn, PliilippeTiHe, Sf>ri»boiii(,
-Givel et Churlemont, quatre : Ardennet, Aubt, Marne, BavU-Manu.
Den neBdre^ Halnant, Csmbréiis, Artois, BoDlonoiS, Calafsls, ArdrislB,
<d««i : JVand, Peu-黀idaù.
Ile-de-France, Paris, Bolwwmah, Beauvoisis, Aniénois, Tnln francaii.
GSUiiBks, six: ^itng, Oiu , Seint, Stm«-a-Ou« , Sommt, Sein»-tt-Mar7tt.
Normandie et Perche, cinq ; Caleodoi, £ur«, Marehi, Onu, Snne-/nfV*
Bretagne, cinq : Côttt-d^-Nord, FinUièn, IlU-tt-Tiiaint, Loirt-tnfiTieun,
JUorbilian.
Haut et Bas-Maine, Anjou , Touraine et Saumurois, quitte : Inàn-tt-tatrti
Vaynme, MIaytnn»-»t-Loire , Sanha.
Poitou et partie des Harchn conmnnes, trois : Dtux-Sivnt, Tmdéi,
Vûttn».
Ortcaneis, Blsîsois et pays Cbartralu, trois: Eurt-si-Loir, Lair-il-Ch4r ,
Btrrj, deui : Indre, Cher.
Bourgogne, Auierrois et ScnoDols, Bresse, Buge; et Talmorej, Bombes,
quatre : Aim, CAa-d'Or, Yonne, Sadntf-et-fofrv,
Lyonnais, Forei et Besujolal?, deui : Loir», BMnt.
Bourbonnais, nit : JUt«r.
Marche, Dorât, Baat et Bas-Limouf f n, trois: Corrètt, CrtMU, HauteiVimae^
Aiigoumols, un : Cltarentt.
Aonls et Saintonge, un ; Charmte-Inftrieiin,
Pértgord, «n : Voréogne.
Bordelais, Bizadais, Agénois, Condomois, Armagnac, Chsloste, faja d«
Karsin et Landes, quatre : Girond», Landn, i.ol'tl-GarûivM, Gtn,
• Quercj, un ; £ot.
îdbyGoogIc
,36 STAT1STI<ÎDB ET L^SISUTIOX
posé d'une partie de la Bdgiqne ; Gand, la grande ville des oarrios,
-était sa capitale ; il avait dans sa dépendaDce Anvers , arec son ane-
jaà et son port, que l'empereur réservait Jt de » hautes desUoècs, et
Audenaerde , population manufacturière des Pays-Bas. Le départe-
ment de la Lys comptait Bruges , aussi anti(|ue que Gasd dans Hw-
Xmre des corporations et des métiers. Bruxelles était le àège de la
Syle comprenant des villes acUves , Louvain , Jemmapes, que les
chroniques ont célébré. A ses côtés était la Meuse-Inlerieure avec
Alaestricht; le département de la Roer, si remarquable par Aix-4i-
Chapelle, la cité de Charlemagne; l'Ourthe, où se voient Li^,
vieillie et enfumée , fière de son hôtel de ville et de ses BouveniTS des
évèquea ; les eaux de Spa , renommées alora pour les cures merreil-
leuses , repos chéri des dames de l'empire. Le département de Jeoi-
mapes avait pour métropole Mous; Sambre~et-M^ise , de grande
mémoire au temps de la république , comptait Namur ; Namur sur la
Meuse , si retentissante par le siège soutenu sous Louis XIV et cél^
bré par Boileau. Puis venaient le département des Forêts, ei^obè
dans le vieux duché de Luxembourg ; Rhin-et-Moselle, avec Co-
blentx , la plus gaie des villes du Rhin ; le Mont - Tonnerre , qui
comptait Mayence, Spire, Worms, et les vignobles dorés dujohin-
Tous ces départements étaient au nord ou sur la fnmliëre allemaDd^
Roucrgue, ua : J««yren.
Bksque et Bésra, ud : BauM-Pyrinéu.
Bigorre el Qudlre-TsUéeB, un : HauUt-Pyrénit$.
t.ROgucdoc, CommiDges, Niboiutn et Riyiire-Tcrdaii, sept : ArdiiAe, Ani*,
'Gard, Hautt-GaroimB, HirauU, Loièn, Tarn.
CouseransetFoii. un : Ariégê,
lloussillan, un : Pyrinéit-OrinuaUi,
Belaj, Hiuie et Basse- Auvergne, trois ; Canlàl, HaïUt-Loirt, Pu^t-Dimt,
Corse el De de Cipnja, deus : Golo, Itomone,
S>voi«, comté de Nice, territoire de Genève, trou : Monl-Blame, Aljm-
STaritintti, Liman.
Pjrtle du Heioaut et de la Flandre cî-devaut euirichîenne, Brabanl.pajsde
liige, neuf : Dr/h , Eieavt, Forfli, Jtmmapti, Lyi, Mtun-Infériian, D*!ts-
Xitli«i,Ourt)\f, Sambrf-et-Maitt,
Rive gauche du Rhiu, quatre : Roir, Sam, tthin-et-UoielU, Jfom-TOMMrra.
Piémont et territoire delà ci-derant république ligurienne, huit : JjMtmnUf
2Mr«, Ginti, Manngo, Jtfon(Men#, P«, S**ia, Slura.
V» colonies (ïancalsea. '
DiclzedbyGoOglC
DE l'BHPIKB F1AKÇA1S. 37
au midi , l'empire avait acquis des pays noo moins remarquables par
leur situation et leurs produits , ils formaient comme des frontî^es
f<HtiIlées au cas d'une invasion. Autour du magnifique lac de Génère,
an pied des glaciers , se groupaient les départements du Léman , avec
son sol fertile, ses coteaux de vignobles et ses vallées de pâturages ; i
ses cAtés le département du Mont-Blanc et Chambéry, Saint-Jeao de
Maurienne, Moutiers, et la route du Mont-Cenis, tant de fois
glorieusement traversée. La Doire embrassait une partie du Piémont;
lepréfet résidait àivrée, où s'étaient faits les préparatifsdeMarengo; la
Sésia formait les frontières du royaume d'Italie, la préfecture était
h Verceil. En s'étendant plus au loin on trouvait le département de
la Méditerranée jusqu'à Livoume si commerçante , l'Ombrone se
glOTifiait de Sienne, sa métropole , remplie des chefs-d'œuvre des arts
municipaui de l'Italie, de ses horloges et de ses tours; les Apennins,
avec Gbiavare , Gènes éclatante de marbres , brillait riche souveraine
dans son beau territoire ; puis le département de Montenotte avec
Savone ; la Stura , dont Coni était le chef-lieu ; les Alpes-Maritimes ;
le Va , qui comptait Turin , capitale régulière et un peu monotone ;
les départements jetés sur le littoral de la Toscane avec Livourae, pays
ani. délicieux amphithéâtres , quand le voyageur les aperçoit sur le
bateau qui fend les eaux du canal de Piombino.
Ainsi étaient les territoires réunis à l'empire , tous soumis à une
commune administration; la vieille France, comme la nouvelle, était
placée sous un même niveau. Le consul , puis l'empereor, avait orga-
nisé de grandes bi^archïes le formulant chacune dans un ordre d'idées
pour le gouvernement de la société : la première embrassait la pensée
de guerre, qui dominait toutes les autres dans la tétedu cbef de l'État;
la France fut partagée en vingt-buit divisions militaires , adaptées
80US plus d'un rapport, aux anciens gouvernements des provinces.
Napoléon s'était aperçu que le système des départements était trop
morcelé ; si uneépoque pacifique avait succédé à ces temps de levées
actives d'impAts et de conscrits, peut-être l'empereur eût-il réuni plu-
sieurs départements dans un seul , afin d'obtenir le double résultat de
centralisation et d'économie. Les divisions militaires étaient habitua
lement confiées à des généraux fatigués du service actif , ou quelque-
fois en disgrâce ' ; cependant , lorsque les campagnes s'ouvraient , la
plupart de ces généraux avides de guerre et de gloire , se précipitant
■ Les documents du ministère de la guerre portent le nombre des dh itions ea IWl
:dbv Google
n STATISTIQCE ET liSBUTIOIt
w combat, lBi»ai(ait à desimpies intérim le «HmuDdenHBt patttqn
da territoire; od comptait parmi lee généraux remarqasdilesqid con-
onnâaient les divisiona, quelques-ans 4e8 vieai idBcimB répnWcidtt
de l'armée d^talie ou de Horeau : tels étaient Cenmri , ChabitD,
Trsvot, Canad, Meiiou. Les généraux commandante, chai^ i»
•urveiiler toutes les parties mîlitiùres da service, donnaient riiB|Hd-
■ion aux troupes sédentaires , aox dépdts, aux régînei^ de gandiOD;
chefe naturels des forces de l'intériear, ils correqraiidaieDt seala avec
le ministère de Is guerre. Paris formait nue exception comme gon-
Ternfflient militaire , et on l'avait placé , ainsi qu'on l'a dit , sous li
nain de Jnnot , l'homme de confiance de NaptMoD ; gonvemeor dt
I*Bris était un beau titre , renoovelé des fastes de la Tieille monarcbifl.
La hiérandiie si énergique des pràrets se déployait à cAté de ceUt
4TiBgt-holt;natoilr BTaUu cwiata nattbe 4VHMriM; |ln> l«d inafin M
Inule-deui divisions militajru.
pÉrïB — 1" divition — Le général de division Junol.
Méiièrcs — i^ divition — ...
Heu — 3* HvitUrn -<■ RooMtn.
tUncj — 4* dûntion — GUoi,
StntboMT^ -~ S' dtcinon — Desbiueaui.
Besançon — B> divïMion — Talelle.
Grenoble — 7* divition — DaiSMa.
NancUe — S* dwiritm — CemnL
MoDtpeUier — 0* divinon — Quesnel.
Toulouse — 10* divition — Chabran.
Sordeatn -~ 11* divition — Barboa.
Hante* — IS* dwirion — Trawt.
Bennes — 13° diottitm — Delaborde.
Caen — 14° divition — Laroche.
Kouen — IS* dimtion — Sosaier.
Cflle — ItcdivêHm — Merfot.
DtjoB — (Mc) 18° dieiiion — gioRTflle.
I^on — 19° divition — Jomard.
Périgueu» — ÏO" divition — Olivier.
Poitiers — ai" divition — DuFonr.
Tonre — 3S* divition — BeuDard.
Beslia — 23° diiiuion — Morand.
Bruxelles ~- 24° divition — ChamberlliK.
Liéf e — 28° divition — Cenuel.
CoblentE — H* dieirûm — . , .
TurlD — Ttï' divition — Uenou.
G(nes ~ 28° divition — Montcboisj.
Le génèrel Durutlc, eoromaDdant l'Ile d'Elbe.
■ La maréchal Pérlgnon, gouTemeiu général d« Ëiau de PanM M detUinBC-
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•B L'BVniB PKANÇAM. M
du dinsîoH nilitMres; en ne peot te fsire l'idée m^urd'Jrai de u
qu'était un préfet en ce temps où les foncUonnaireB , parlast su iHHn
de l'eupereur, faieiient exécuter les lus de l'État '. Gomme l'adinl-
nidxatioo publique était la force du goovemenieDt, Na|»léoa avait
voulu qu'elle agit dans toute sa puissance tons la main dei préfet! i
' Ritn de plus iiable que Im prrfels mus l'empire; Im cbiDgcments tMlcDt de»
«icepiiDDSonTésultainitde l'tTaneemcnt régulier dans l'ordre idiiiiiitstKlir; l'opt»
nion de l'entpertur était : tpa la permapeace d«i foneitMisfabllqiiti tlibllMilt ém
rapports plus riguiiers enlre les admiaistraUuts et les adminisirés. Les doeumenla
du minislère de l'inléneur poncut les noms suivants pour les prérets en 1807.
Am, Bossi. — Jùns, Héchia. — Allitr, GnilloDardet.— Àlpu CBchw»-], DavBl.
— A^tt {.BaaHÊ-), LataieeMe. — Atpm-MmriUmm, tabooctage. — ^piiwilw,
Roland de Villa*ecaui. — Ardèekê, BruBeteau-âaltue-SuniiBa. — ArdtmtM, Frais.
— ArrUg», Bruu. — ^uËi, Brusl^. — Aude, J. Trouvé. — Avtyrtm, Saint-Florent.
— Boveh«i-dii~llhine , Tbibeudeaa. — Calvadot, 'CilTarellI. — ConMl, Blou. -«
IMartUa, Buâiai. — Chamtl^Ji^ifimm., J.-K. Blcbard. — CJwr, le ntntn} àt
Sanal. — Urréu. le iéutral de dWaUn lUat-Murcu. — CiM«-d'«r, KÎmA, -«
€iUt-du-Nord, Boulin. — Cnui», J.-L.-C. Lasaleelte. — Doin, de Plancy. — Dtt*
dogn*, Bivel. — DaiAi, )ean Debry. — Drdm«, Descorcbes. — Vylt, Chaban. -^
CvcoM, Fajpeult, — Bon , HoIIbihI Chambaudoiii. — E*ir»-«t~t,oir , DtlatiK. >•
riHiain , HioUis. — FarU», Lacoste. — Gard, Da^hrase. — fiwwMM {Mmàh»),
Deanousseaui. — GAm,L*touneiie.~G«ri, Balgueiie> — fifiwnde, JaaepbFnt.
ebeU — GoIo.Piélri.— HcTtiuIl.NogaTel. — IIle-il-T'aaiM.BonDiire, — /ndra.
ftoorenr. — indrv-«t-£(rfn, Lambert. — Jtèn, Poorier. — Jammapn, de ConlDck>
Oalerive. — Jura, Poneet.— Landes, ValemiDJlBpUnlt«T. — Z^miM, deSarmlc.— •
XMin«ne, Arriglii.— J.otr>:M-Chn-,CorbifDj. — /.oirs, Imbcct. — Lové [0aMt-], Lft>
motbe. — Loir«-InfiTitiire iWischa de Celles. — Lotret, Plejre. — £ol, hiÛ;.^
l.iM-ef-'Caranne.'VïlIciieuTe-Bai'geniont. — fos^.flarens. — £]fa,Chav*dlÂ.>*
Makiftl-Loira , Bourdon de Tatij. — Jfandt*, Cosiai. — Mmrmtga, Koben.
— jronu.BourKeois-Jessainl. — Jlfamefflaut»'], Jerpbanioa. — Jf^ymiM, Bar*
mard. — Jf«urlA«, Marquis. — lfauf«, Leclerc. — Mtutê-IitfériaitrA, BogglerL ^
Mont-Blanc, Poitevin -Maissemy. — JV^nlffioNe, de'Cbabrol. — Xant-Tonntrrt ,
«ean-Boii-Saini-André. — Mfrbiha». lefénéral de bciga^e SalUea. ~ MontH,
Vanblanc. — NèthM [ Bmix-) , Cochoa. — Xiion, AdeL — ATonf , le §iménl da
dÎTision PonuneTeul. — Oiw, C. Belderbuscb. — Otnt . LtraagdcliiDe. — OwlAa^
■Icoud'dTmons. Piu-d»-Cataù, le ginéral de brigadeXacbslBC. — Pd, Loysel. -•
JPujf-ée-Dim», Ramon. — PyrAisu (Biumi-), le général de brlgideCasIetlane. >«
■PyrtitUM {Hatuu-j, Cbaul.— Pyr^M^M-OrimMi**, le gânéral de brigade llirDli.<«
AMn (Bat), ^ée. — Shin [Uaul'), Félix Deaporics. — Shin-el-Moultt. Adrlta
l.ezeydeHarneBïa. — A/i4ne, dUerbouvilU.— Âo«r, le gênerai Alexandre Lameib^
— Sambrt-el-Bfu**, PérËs. — Saônt {Bout»-), Hiisirc. — Saône-it~Linre, Eoujon,
— Sam, Keppler. ~ SaHha. Aurray. — Seins, Frocbot. — SsttM-W-Jfanu^
l.«garde. — 5ein8-«(-Oùe, Laumooi. — Stine-InftTieure, Savoye-Rollin. — SMa,
Tiiulo. — Sivnt (Deux-], Dupin. — Sommt, QuiacUe. — Slura, Arborio. — Tam^
Garjr. — Yar, d'Aiemar. — Tauehtti , Delaltre. — yendee, Uerlet. — Fienna^
Vheron. — Klenna (BauW-), Teiiei^Oliviet. — Fiuget, HÎDibwt. — FeNm.ftoiK
akr ta Bergerie, — lU i'Bib», Galoaiini, coumlssalre gteéral.
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40 nATUTIQDB ET Ucm^TlOIt
pietque toos bommei d'action et d'inleDigCDce. Le personnel en était
choisi arec une attenlion et une sollicitude indicibles : dans les grandes
prérectures , c'étaient presque toujours des hommes qui déjà avaient
donné des gages à la révolution ou i l'ordre politique créé par l'em-
pire; peu importaient leurs antécéd«tts. Marseille, par exemple^
comptait te conventionnel H. Thibaudeau, caract^ inflexible, pro-
consul pour la conscription impériale, comme il l'était sous le comité
de salut public ; son nom inspirait une sorte de terreur , nul ne ré-
sistait à sa volonté, bras de Terpour exécuter la pensée de l'empereur.
A Bordeaux, c'était M. Fauchet, révolutionnaire éclairé, dans les
opinions de Camille Desmoulins, homme d'intelligence et de fermeté,
rallié sous l'étendard impérial ; on lui reprochait seulement de {vo-
Donccr avec une sorte de joie indicible ces mots : BonpottrUBerviee^
qui jetaient des milliers d'hommes aux armées. A Lyon , c'était an
contraire un homme de mœurs douces et à Vesprit conciliant,
H.d'Herbouville, capable de rattacher la société aristocratiquede ta
place de Bellecour. Les prérectures étaient une fusion de toutes les
époques; Jean-Bon-Saint- André, Cochon, Sbée, Thibaudeau, Qui-
nette, Jean Debry, rappelaient la convention et les régicides;
MH. Dubouchage, defiarante,de Villeneuve, de Chabrol, un tonps
et une société sous l'impulnon d'autres idées. On comptait parmi les
préfets plusieurs généraux en retraite ; quand ils ne pouvaient plus
servir de l'épée, on leur donnait des positions administratives ; les
préfectures n'étaient qutin vaste moyen d'action sur les masses pour
l'impôt et la conscription militaire.
L'ordre judiciaire avait son organisation et sa hiérarchie , qni se
formulait en dehors des départements et des divisions militaires; l'em^
pereur en était revenu , bous quelques rapports , aux circonscription
étendues des parlements ; ainsi , sur cent dix départemaits qui for-
maient l'empire français , il n'y avait que trente cours d'appel , dont
le siège était placé presque sans changement dans les cités parlemen-
taires. Toutes ces cours, bous la domination du grand juge, exerçaient
dans l'ordre de supériorité, une juridiction spéciale sur les tribunaux
civils : dans certaines cours judiciaires , il y avait douze juges ; dam
d'autres, le nombre s'élevait jusqu'à trente ; le choix des magistrafs
avait été presque entièrement indiqué par Cambacérès, et il faut dire
i son éloge , qu'en faisant la part aux nécessités du temps , l'arcbi-
cbaocelier avait appelé un grand nombre de m^^strats capables et
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M! L'BHPUE raiNÇAU. 41
beaaconp de membres des aociens pariemrato et de l'ordre judi-
. ciaire * ; on y comptait les noms de d'Haubereaert , de Vergniaud ,
de Gerbier; et Cambacérès se proposait, par des épuraUons succes-
sives , de donner encore plus de force et de moralité à la magistra-
ture. Le système des cours de justice criminelle spéciales existait
depuis le consulat , et bien que le gouvernement ne fût autorisé qu'i
les établir facultativement , elles s'étendaient presque sur toute la
superQcîe de l'empire ; les cours spéciales étaient comme un mélange
du système militaire et de la pensée de justice, souvenir des anciennes
cours prév6tale3 . appelées k juger les crimes et les délita qui trou-
blaient l'ordre public ; de cette manière , le jury n'était applicable
qu'aux affaires complètement privées. Ce que voulait l'empereur
avant tout , c'était la force de son gouvernement , les garanties poli-
tiques n'étaient qu'un accessoire dans le mouvement général des
institutions ; il n'était pas le partisan du jury ; la justice devait frap*
per vite et fort.
L'épiscopat recevait son organisation religieuse en dehors des idées
administratives. Napoléon avait secoué les formules adoptées par la
constituante sur les évéchés par départements ; le concordat créait des
archevêchés et des diocèses eu conservant presque partout les anciennes
formules de l'Église. Les archevêchés, au nombre de douze, étaient ;
Paris , sous le vénérable cardinal de Belloy * , vaste métropole qui
' Présidents de cours d'appel.
Agen, Laruée tint, — Àix , Befller. — Jjaceio , Boerio. — Amîmi , Tarlel. —
. AngtTtfWtaui-Lagroje. — Buançon, Louvot. — Bordtaax, Braets.~ Buurgtt,
Salie. — BntrtUtt , Latleur. — Ca«n , Lemenuei. — Cotiaar, Louis Schirmer. —
Dijon, Lnrrbé. — Doaai, d'Haubersirl père. — Ginet, Carbonars. — Grettohlt,
Barrai. ~ Liège, Dandrimonl. — Limogtt, Vergniaud pire. — Lgon, Vouly, —
Mets, Pécheur. — MonlpiUisr, Perdrix. — f/anet), J.-A. Henry. — JVitmet, TUtj-
neaud. — OrUani, Petil-Lafosse. — Parii, Hatbieu S^uitr. — Pau, Claverie. —
Poitiers, Thibaudeau. — Amn», Desbois. — Biom, Redon. — Bouen, TbiEulien.—
Toulouie, Desaiars. — TrèotÊ, Garrcflu. — Turin, Peyrelli-Condoic.
'Il est aussi à remarquer combien l'empereur mettait depriii choisir des trèquet
d'um grande tenue et d'un zèle remarquable ; ces choix furent si puissants dans
l'esprit de l'Église que lorsque Napoléon rompit avec Rome, l'épiscopat frantais,
dévoué k l'empereur, refusa pouriant de servir sa querelle et ses pciiies passioua
conirtie chef sacré du catholicisme.
akchbvAdubs Tt trtQvn.
Âmhwiehi dt Parti,
Le cardinal de Belloy.
Èvfehii.
Troytt, La Tour-da-Pin-UonltubBn. — Jmi'etu, Demandoli. — fpiMon*, Le
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il SUIiniQim ET idDBUTIOn
cmnpnnait les évéchés de Troyes, d'union, de SoisBOW, d'An*», de
Gmbny, de Vemilles. de Itleaux et d'OrléiDS, villa de Flwce i
«élëbresduBlesaïuiBles de l'Église. Un Boquetaorc avait fMxhertdié
de Halines, nnbrusant presque toas les départements de rradeoM
Belgique; si ces deuK métropolitains, le cardiml de Bdof «t M. de
RoqoetniTe, obéïHBÎeDt arec on Temurniable dévoaement i la cow
4e Rome, il a'ea était pas de même de l'sMJieTAqoe de Vesançw,
M. Lecoi, janséniste très-preBoncé, nn des grands obstades aa COD-
oerdat pritoHif conclu entre Pie VII et l'empereor. H. LecoK, métro-
politain, avaitsooslai cinqsuffraguices, Aotun, la ville romaine, Heb,
Stradmorg à la vieîlte cathédrale, Nancy et Dijon. Le cardiod Fetdi
Muc-Beulieu. — Arrat, Liloui-d'AuTngiw-Liitngùs. — CoMhvy, BelMOt.
— TinailUi, Cborriet-Laroche. — Muuae, Fodoas. — Orliatu...
Archevédii dt JlalinM.
ll.d«RoqiieIaare.
ÈvicM*.
JVamwr, Pistnî de la Gaude. — rounwy, Uirn. — Aixia-Chapiil; Bfrdttkl.
— Trèntt, Utaay. -~ Gand, F allot-Beaumont. — Liégi, ZacpCTd. ~ Jtqimre.
Cohnir.
ÈvieM*.
Avtm, Imbertics. — M»tx, JauAet. — Straibovrs, Siurine. — Kawf SOt-
maaA. — Dijim, Eejmoiid.
Anhtritehi de fyotl.
Le cardinal Fesch.
ÈvéeMi.
Mtnif, Mohel de Hons. — GrfhMt, Shnon. — falMMt, B6*anl, — OM-
térj, de SoDe.
Arehâuécki-â-Aix.
H. Champion de Cicé.
Èvéchéi,
Nia, Colonna d'islria. — Avignon, Ferrier. — Ajaeeio, fHihallMil Tnfti —
■m^t», MioUia. — rmKtniUa, Gerolanw-Oreiigo.
AnànoHM de Tovloitt».
■.Primat.
ÈvM>êt.
Cakan, Coiufn de Gnarille. — MinapOliar, 7«tniier. — Cmtëmmf, *
4.tpane. — Âgm; Jacoupy. — Bayonna, LotsMu.
Arckevichi d» Bardamic,
Bl. d'Àviau-da-Boig-de-SamaT.
Pmtian, de Pradt. — La KociMÏU, Paillou. — A<ng<nMm9, LSM^t.
AfehntA» i» Bourgtt.
îdbyGoOgIC
M L'BMHU FE&nÇAU. 4S
idmiDisbait rsrcberècbé de Lyon avec un zèle indic&Ie, coraervant
de bons rapports avec Rome ; le concordat reconnaissait phuteun
Mitres métropoles, cellesd'Aix, de Bordeaux, de ToulouK, de Bourges,
de Tonrs, de Rouen, de Turin et de G^tes. On comptait parmi \a.
archevêques deux sénateurs ; l'empereur avait respecté Fancienne cir*
conspection des Gaules chrétiennes ; les archevêques étaient pria indis»
tlnctement parmi les classes noMes et populaires ; Vépiscopat fut géné-
ralement bien composé, l'empire y trouvait du dévouement, la relîgln
un Eèle éclairé, et, chose merveilleuse, le cl«^é de France, relevé à
p^ne depuis six ans, d^oyait toute la q>lendeur de son origine;
quatre cardinaux brillaient dans le clergé, MM. de Belloy , Fesch ,
Cambacérès et Spina, tous quatre grands dignitaires de l'empire ; et.
lorsque l'encens s'élevait sous les ogives de ta catbédrale. Napoléon
aimait A voir lespriDces de l'Église, revêtus de leor vêtement pourpré,
accourir au-devant de loi, comme cela s'était vu en tous les Umft
pour les empereurs et les rois. Napoléon ne s'adressa jamais au car-
dinal de Belloy sans lui témoigner une profonde vénération ; cfl
Oarmoni, Davalk-Daropiem. — Samt-Flnir, Monlanln-BelnioiiU — Limogm,
AnlmttckéaaToim.
H.deBcml.
Èv4ehét.
L» Man$. de Pidoll. — Ângtrt, UoDtauli. — JVonfw, DotoUb. — Xmmiw,
Ifeuoch. — FamnM, Hajnctud de PwmbioM. — SatM-Britui, CtbnUi. —
(><HM|>«r, Dombideiu de CioiueiUes.
AreluiieeU da fioiMn,
I>e cardinil Cimbicéris.
Èviehi.
ComiOÊKêM, RoQBMsii. — foiMME, JBraiiU. — Sétt, Cbevigné de loiNboM. «
Évnax, BoniUe.
AnlmUhi d* TiiTw.
H. de Litonr.
Âéfn, de Bre^ie. -~ Àtii, Arborw fisUiBan. — Cotai. TUtaret. — r«r4t,
CrinwUi.— Moitdovi, TiUle. — Salvcu, ferrere delh Humon. — YtntU,
Caïunery.
Le endktel Spini.
tviiAéi.
Albutaa, Denii. — Borgo Sa» Donrno, Gerimberti. — Bn^MlU, SoUfl. ^
raniw. Le cardinal CaMlU.— ffawBiwe, Cénti.~-$ar«ann«, PalliTlcint.— SavoM^
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44 aTÂTisnoDE et légulatioh
vieillard, presque centenaire, lui parlait un langage de douceur et de
dignité ; il avait assisté k la vieillesse de Louis XIV , et, après avoir
traveraé la régence et Louis W, le vénérable archevêque de Paris avait
succédé h Beluince, l'évéque de Marseille au t»nps de l'épouvantaUe
calamité de 1720. Tout cela remuait une Ame aussi poétique que
celle de Napoléon.
D'autres organisations administratives venaient se rattacher i cet
moyens d'action gouvmieraentale ; dans l'ordre primitif, les prérefj
devaient être chargés de toute la police de leurs dépertcments; soiu
le consulat, à mesure que l'action des partis devint plus vive, Booa-
partc crut indispensable d'avoir sous sa main des ronctioansîres spé-
ciaux qui s'occuperaient de la police comme d'un ressort essentiel
au milieu de l'elTervescence des opinions. Dès que Fouché reprit la
suprême direction de l'esprit public, l'empire Tut divisé en quatre
arrondissements, confiés à des conseillers d'État ; sous ces conseiilen
on créa des commissaires généraux de police qui eurent chacun un
but spécial de surveillance ; ils ne furent point répartis par diaque
département ; on leur donna la direction de certaines villes qui , par
leur position, pouvaient être plus spécialement soumises à l'actiou
des complots ou h des correspondances criminelles : ainsi, il y eut des
commissaires généraux de police dans tous les grands ports maritimes,
parce qu'il fallait surveiller les trames criminelles des Anglais, em-
pêcher toutes les relations qui pouvaient s'établir entre l'ennemi et
certaines villes de France; à Marseille, à Bordeaux, au Ham, à
Cherbourg, k Brest, on nomma des commissaires généraux de police.
Les frontières du Rbîn furent placées dans ce même système : on en
institua k Cologne, h Strasbourg, partout enfin ou il fallait suneiller
les rapports avec l'extérieur ; ils avaient également mission d'entre-
tenir des agents pour donner tous les renseignemenis sur les mouve-
ments des étrangers, sur le but des voyages. Ces bulletins de police,
analysés par les conseillers d'£tat chargés du service auprès du
ministre, étaient ensuite groupés en statistique, pour être mis sous
les yeux de l'empereur. Curieuse anomalie dans un esprit aussi életé !
Napoléon était l'homme des petits rapports, des petites polices, un
caractère qui se laissait impressionner par tout le parhige domes-
tique; la délation venait à lui pour tourmenter sa vie, comme, uns
Borne dégénérée, elle allait aux empereurs ' .
■ Fonchi disait de Napolfos : ■ II voudrail faire 1j cuisino do (out le no^-it- •
:dbv Google
i»B l'esifirb français. 45
Si l'on joint Jt ces formes diverses d'enquêtes et de renseignements
l'action des douanes, des droits réunis, des inspections des finances,
se rattachant toutes également i un centre commun , on trouvera
sans contestation que le gouvernement impérial était le plus ferme,
le plus fortement organisé. Rien n'échappait à cette centralisation ,
l'empereur pouvait connaître et recueillir la plus petite parcelle du
grand édifice. Dans cet ensemble d'institutions, la forme militaire
dominait toutes les autres ; la puissance du sabre ne permettait pas
le développement moral du bien-être des classes sociales ; l'esprit de
révolte ne se manifestait plus , mais la société paraissait fatiguée de
la pesanteur de ce bras de fer. Que de sacrifices n'avait-on pas faits à
la force du gouvernement, à la sûreté de l'édifice impérial ! L'impul-
sion venait d'en haut, jamais d'en bas ; on étudiait l'opinion publique,
mais le pouvoir seul s'en réservait la direction ; en vain on aurait
cherché un peu de liberté , une expression soudaine , spontanée , de
l'esprit public ; tout cela avait disparu ; comme il y avait eu anarchie
antérieure, on aurait dit que, pour en éviter le retour, le pays, abdi-
quant tous ses sentiments intimes, avait donné à Napoléon la dictature
des intérêts de la famille et même des Ames; on n'osait respirer. Les
préfets, secondés par une forte organisation de sous-préfeta et de con-
seillers de préfecture , ne s'occupaient que de conscription et d'im-
pôts ; celui-là était le meilleur administrateur qui donnait les plus forts
contingents, avec les jeunes hommes les mieux constitués, les plus
capables de manier les armes; le zèle était mesuré par les services; le
gouvernement était tout, les garanties rien *.
On se fait à peine l'idée aujourd'hui de ce qu'était l'administration
sous l'empire; il y avait une telle obéissance, que toute la hiérarchie
marchait comme an seul homme, sans s'inquiéter des obstacles, des
résistances individuelles : les lois les plus crudiea existaient sur les
réfractaires ; les pères et les mères étaient responsables de la désertion
du fils, jusqu'à ce point d'imposer 1,500 francs d'amende à de pauvres
paysans pour avoir conservé un bras h la terre, un enfant & leur amour.
Les ganilsaires étaient partout : telle chaumière était à la discrétion
de deux ou trois gendarmes assis au chevet d'un vieux père et dévorant
' La corrrspondBiiee des préfets «Ttc It minlMn de l'iatérieur oITre eou9 le np-
l>'iTi d'une fmne administration, uoe grande curiosité; 1rs prérets donnent des
l'Oiiiingcnts de coQ^crits plus forts que ceux qu'on leur demande ; lu ministre If*
tclicite de leur lèlc : ■ C'est ainsi, dit-il, qucrempereur veut âtre servi. •
Diqilzedby Google
tt STAlUriQITB BT liciSLATtOIf
ion pstrimoine, comme les prétoriens et les vétéraDsdeSrtlaTinieBt
i discrétion dans les métairies enftiméesl Hélas! il n'y avait pesAde
Virgile pour taire entendre, sur le chalumeau rustique , les pteùle
de la campagne éplorée et du pasteur dépouillé. Les préfets lisent
poursuivre les conscrits devant les tribnnanx aTCc une impitoyable
autorité ; chaque jour des jugements condamnaient des réfractaîre
au boulet; la statistique de 1807 présente plus de 1,500 jecnes
hommes qui trafaillaient, nue cbafne an pied, sur les grandes n>nt«
ou dans les bagnes, mêlés, pour ainsi dtre, aux repris de justice, i
Toulon, h Bochefort ou à Brest. C'était bien autre chose quand il
s'agissait de l'impAt! On ne respectait rien, ni la misère, nilessneon:
le préfet, comme le préteur sur son trilHinel, n'écoutait aucune récla-
mation; il fallait servir l'empereur avant tout; le paiple n'avait-il pu
abdiqué la souveraineté dam ses mains ? Il avait un monarque ; conrae
les Israélites qui n'avaient pas écouté les imprécations de S8inuêt,il
fUlait donner au roi les plus beaux de ses fils, la charrue, les bœufs,
r&ne, et tratner son char d'or aux jours de pompe.
Telle était cette vaste réunion de départements que la répuUiqnc
avait agrandie, et que l'empire avait accrue plus encore que la répu-
blique. Napoléon ne régnait pas seulement sur l'empire ; roi d'Italie,
tl portait la couronne de fer ; enfin les traités lui avaient laiaié im
grand nombre de terres érigées en fiefs dans l'intérêt de sa puiaBaoee.
L'uniforme était la loi invariable de l'empire français, la condition
de vie pour tout ce qui se rattachait au sceptre de Napoléon. Quiad
Un pays saluait l'aigle, il recevait dès lors un code unique, une odaii-
nistralion uniforme : même système de poids et mesures, mime
Cadastre, même langue, le gouvernement était comme l'imité matM-
matique qui s'applique h tous les nombres, et partout où il y avait m
peuple, il y avait une commune loi, sans tenir compte de la mAHiti
incessante des habitudes. La constitution du royaume d'Italie sent-
tachait aux lois fondamentales de l'empire frimçaia; la sépantioo
n'était qu'une formule de mots, une variation de langage ; l'empeteur
avait séparé la royauté d'Italie, seulement pour complaire à l'Europe.
et montrer qu'il existait une distinction entre les deux souverainetés :
le royaume d'Italie formait donc un tout à part, dont la capitaleéuit
Milan, résidence du prince Eugène et de sa cour, si respectueusonent
soumise aux volontés de Napoléon. Le territoire du royaume d'I(alie,
contidérablement agrandi par l'empereur, «obrassait d'abord, dansU
:dbv Google
BB l'bmpub rkiitçAi». 47
Lombardie, les villes qui s'étendent depuis l'Adige jusqu'au PA, ainsi
que l'svaient réglé Les traités de Compo^Fumio et de Lunéville ; la
cooTention de Presbourg réunit au royaunae d'Italie les Etats véni-
tiens «A la terre ferme, de sotte qu'il put avoir deux capitales :
Uilan au centre, et Venise h l'extrémité sur l'Adriatique. Celte cou-
ronne d'Italie était un beau joyau , et Napoléon ne dissimulait pas
que par le mouvement naturel des temps et de la politique les autres
États indépendants , tels que Parme , la Toscane et Home même ,
devaient se réunir k la nationalité qu'il avait décrétée *. L'empereur
voulait créer l'unité pour le peuple italien, comme la révolution l'avait
fait pour la France, sans tenir compte de ces rivalités de ville à ville,
de ces divetaités de langues, d'arts et de chefs-d'œuvre qui constituent
un état permanent de séparation au sein du plus beau pays du monde.
Napoléon pouvait beaucoup, sans doute , mais il était impuissaot
pour donner un esprit de nation à ceux que l'histoire nous montrait
si coostammeot partagés. L'Italie subirait peut-être un seul gouver-
nement, mais formerait-elle jamais un seul peuple? Le Toscan, le
Lombard et le Romain ont des caractères indélétnles et séparés ; ce
n'était pas mus motif que l'histoire du moyen ftge nous reivéseotait
les rivalités de ville à ville ; qui pourrait jamais apaiser les nobleÉi
jalousies des Florentins et des Milanais , de Sienne et de Ferrare de
Venise et de Gènes? Ce royaume d'Italie devait donc éclater et se
dissoudre è la première commotion politique. La beauté et le charme
de l'Italie résultent prëcisémeiit de cette divMsité de peuples et de
gouvernements qui en font comme un diamant à facettes.
La vic&HCoyauté, avec son siège splendide h Milan, n'était qu'une
préfecture de Napoléon. On voit ^en^lereur suivre, avec une soUict^
tode toute particulière, les actes des eonsultes, asaemUées pour donner
oiH) coQStitutioo à l'Italie ; il établit que dans cette constitution, riot
ne doit différer de ce qui existe en France ; le pouvoir est tout , les
< Cm aotUà de réunions s'opéraient avec une eittéme rBCUilé. En voici defi
« Art. 1. Lta durhés di Parme et d« naisancs sont rtunia k l'eraplro fVancals,
MUS le titre de département du Taaaro; Us feroat partie int^anle du territoire
fiMçtts, k dater de la publioalion du présent sénatus-coneulie organique.
1 % Les États de Toscane sont réunis K l'empire frinçais, sous le titre de dépar-
temenl de l'Amo , département de la Hcditcrranée el département de l'Ombrone ;
ils broDi partie intégrante de l'empire français, i dater de la publication du préstni
■éutus-coiuulteoTganiiue. >
Diciiiizedby Google
4S STATISTIQOB ET LÉGISLATION
assemUées ne sont et ne peuvent être, dans son système , que àt»
moyens pour éclairer le gouvernement , et jamais susc^tîbles d'en
«Téter la marche et la volonté. Napoléon manifeste même àé^
quelques mécontentements sur l'esprit de la constitution Italienne;
il a créé des collèges, espèces d'assemblées légidatives divisées en troi!
classes : dans la première il a mis des commerçants, la seconde se
compose de propriétaires, la troisième de gens de lois et de sciences.
Quoique ces assemblées soient très-assouplies. Napoléon en est Dean-
moins mécontent ; les commercianti sont vivement inquiets des soites
du décret de Berlin qui proscrit les marchandises anglaises; c'estk
ruine des cités, l'atTaiblissement de toute négociation : des plaintes
partout s'élèvent , et il n'est pas étonnant que Napoléon , si absolu
dans ses idées, voie avec quelque dépit ce mouvement d'opinion qui
éclate ; il menace les commercianti d'une répression sév^ par les
douanes : « Ce sont des hommes à petites idées, des juifs qui sacri-
fieraient tout A quelques gains sordides ; » tes intérêts du commerce
doivent céder devant sa pensée politique. Les propriétaires [pojtt-
demi) sont plus paisibles; Napoléon a tendance pour eux; composés
de nobleset de propriétaires dusol, il rêve de former, avec leur secoun,
un sénat h l'imitation de celui de la France ; Milan serait le cbef-lîeu
d'an pouvoir aristocratique : on aurait une assemblée de patricieDs
et un corps législatif comme cela existe en France. C'est pour les
savants et les avocats [doiti) que l'empereur réserve ses paroles les plas
ardentes * ; il sait qu'ils ont des idées libérales, et que l'esprit d'Alfieri
vit dans plus d'un poëte qui chante la patrie italienne. Les savants
ont pris à la lettre la promesse de nationalité ; ils s'imaginent que la
souveraineté des rois lombards doit renaître pour assurer une grande
existence au peuple; Napoléon les détrompe bientôt; l'ItaUe n'est
qu'une préfecture de son empire ; la vice-royauté un mode de gouvM-
nement; il veut, grand empereur, parcourir, comme Charlemagne,
les vastes terres depuis Trieate jusqu'à Hambourg ; il ne comproid ni
les intelligences hautaines, ni les intérêts commerciaux ; il les déprécïn
et les comprime par tous les moyens; il ne les voit jamais en dehors
des choses qu'il a conçues et des idées qui sont les siennes.
Le vice-roi n'a pas de volonté à lui, il marche à tAtons, te r^ard
' J'ii doDDc les principes de la coDstiiution JUlicniic dans le 4* voliimo dt c*
ouyngc;. C'est à ce moment que Napoléon régularise l'ordre de la Couronne d»ftr,
qai était encore un principe d'unii^ politique pour l'Italie.
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DB l'eHPIBE rBAKÇAIS. 49
tourné incessamment vers Paris; on ne lui laisse pas plos de liberté
qu'à an simple ronctionnaire ; il lient à Milan la cour de l'empereur,
ne parlant jamais qu'en son nom et sons l'inspiration de sa grande
image ; te gouvernement de l'Italie est un calque, une imitation de
fa France. Autrefois affranchie de tontes redevances onéreuses sous
les autorités paternelles de ses grands-ducs, protecteurs des arts, la
Toscane subit de tristes humiliations ; depuis la révolution française
on n'a pas cessé de la dépouiller ; la vierge de l'Amo avait ses taber-
nacles, ses nobles joyaux de Raphaël et du Corrége ; maintenant que
lui reste-t-il ? Ses chefs-d'œuvre sont au Musée de Paris ; on lui donne
en échange la conscription et les droits réunis : la conscription qui
transforme les Italiens paisibles en soldats infatigables ; on force cette
génération douce et heureuse h po^er les armes sous de stériles cli-
mats. Les droits réunis, impût inconnu dans l'Italie, viennent des-
«lécher le pampre qui pend en riche guirlande sur le peuplier ; les
douanes deviennent inflexibles, plus de commerce, plus de vie en
dehors pour l'Italie ; elle a ses départements, ses préfets ; on lui im-
pose le code civil ; le peuple qui transmit le Corpia juriê et les Paa-
dectes & l'Europe au moyen 6ge, est ainsi obligé de subir l'œuvre des
jurisconsultes français. Qu'importe à Napoléon? La montagne doit
s'abaisser au niveau de la plaine, le Pft et le Tibre doivent se régir
l>ar tes mêmes lois que les Alpes, les baies si chaudes de Naples et de
Toscane doivent se gouverner par les mêmes principes de vie que les
glaciers du Mont-Blanc et du Simplon.
L'unité administrative s'étendait à d'autres territoires, obéissant i
la domination française sans être groupés encore en départements ;
tels étaient les fiefs constitués par les décrets impériaux, dans le
Frioul et les États vénitiens. Parme et Plaisance, territoires réservés,
que l'empereur plaçait sous la maie des gouverneurs généraux * ; les
lois françaises, les codes, les imp&ts, la conscription étaient en vi-
gueur dans tous les lieux où brillait l'aigle. La république des Sept-
Iles elle-même , à la face du golfe de Tarente , venait d'être cédée
par la Russie à la France ; Napoléon jetait une forte garnison à Cor-
fou, parce que ce point fortifié commandait tout à la fois à l'Adriatique
' Les gouTcrneura génératii ivaient dn ponToin plua êUndas que les préfets ;
leurs privil^es étaient de correspondre direcMnent vtk l'empereur. Après l'oi^-
àJMtion d'un pays , ou le réduisait toujours i l'oniié inaUlémalique et gouverne'
mentale.
Diclzedby Google
et à la Grèce ; (m pouvait, en B'appuyut sur les Se{^>lles, pr^wer
une exp^tioD contre la Thessalîe et la Hootélie. preodre au cceut
i;ampire ottoman ; Nqxdéoo n'avait jamais perdu de vue ComUn-
tinople et Ja Grèce ; les idées wientales allaieat i son imagiattiQa û
vive. En^tereur, il ne s'était point écarté des coDcepUous du gén^
Bonaparte, chef de la grande expédition d'Egypte. Xtans la ^tiitique
de ion vaste eo^iire, il avait compris des peuides de vingt uitioiB
diverses : Allemands, Its^ens, Grecs, Ottomans, et k tous ce» peuples
il voulait douoer une commune législation, des lois Urées au cordeiu
pour tous, comme s'il s'agissait d'aligner des soldats.
Dès qu'U a toucbé Paris après le traité de Til&itt, l'empereur ^oo
Giqie surtout de lois et d'admioistratioD publique * ; les corps redoiH
Ueot de xèle pour impriner ji son gouvernement la vie et l'actioa ; le
' 3» dooM ici ktoDunaire du acteiUgUlMib rendus dmoûidloAti Dons-
linlBOT.
V loAt. — Décret tpii délennine l'emploi da boni de la caisse d'unorlisemeii
troUiime it qiulriime strie*.
U. — Décret «AactiDâDt Icg buu i iisnDe dn hospicefi et dos éulkliiMW*I>
d'ioslruciioo puMique.
13. — Décret SUT le mode d'icceptation des dons et l^hitaani fibriqan,)u
tublissements d'instruction publique et sut CMnmuiiei.
i$. — Avis du coiiMil d'£tat mit U rug fmelw ptéEtts awrilimes doinatiHit
dus les ctiémonies publiques.
12. — Avis du conseil d'État, portaot que l'on peut former opposition nu les [«b^
des cotamones déposés dans les odsses d'amortissement.
IB. ~ Décret qui prescrit les formes à suine pour les saisies-airAla el oppoiiliM*
mue les mains des receveurs ou administnieurs de caisses ou de deniers publi<*>
18, — Al ts du conseil d'Ëtat sur l'exécution de l'ati. K4S du code civil.
18. — Avis du conseil à 'filât sur les renies pour concession de bancs sou» 10
halles.
18. — Ails du conseil d'ËUt sur les eipéditioDS d'actes émanés des isunUf
administratives.
18. — Décret sur la manière de constater les enlèvements d'eanx salées dassli*
d^arlsmaatsdelaUeurthe, delellossile, etc.
18. ~ Avis du conseil d'Éiat relatifaui redevances dues surlBsbienF-fosdsM»-
cédés originairement i titre de Leibgewin, dans les départements de la rive puch*
dufthin.
IV. — Bénntus-consulte concerauit l'arganisaiion du corps légirialtf.
[8q>lembiB0
2.— Décret qui règle l'ordre i observer pour les payements qui s'effectuerooi»"
les bons de la caisse d'amortissement, formant le cam^ilément de la iroisiéiBe h**
"at tonte la qualrièmc.
8. — Loi SUT le taux de l'intérêt de l'argent.
8. — Code Napoléon.
DiclzedbyGoOglC
BB l'bvpisb FRÀKÇAIS. SI
sénat, le corps l^idatff, ces vastes branches de Tordre poétique,
donnent h l'envi des gages de leur dévouement ; le sénat, toujoun
grave dans la fomte de son langage , proclame des di8|KMit{ons solea-
ndles qai montrent qn'en lui seul repose la comptèt« sonveraineté :
le méffle jour qnll abolit le tribanat, dernier débris des institutions
républicaines, il réorganise le corps législatif sons des formes ptns
soumises, pins silencieuses ; tout doit se fbire désormais par commis»
àons : point de disnesions bruyantes ; on débat secrètement dam le
sein des commissions ; celle-ci peuvent se mettre en communication
avec les ministres ; ta tribune ne doit s'ouvrir que pour les conseillers
d'État qui viennent exposer la projets de loi et les rapporteurs dn
c(Hnmismns qai litefit leurs opinions écrites ; le corps législatif vole
ensuite sans débat. Un antre sénatus-consulte bouleverse forganisa-
tton de l'ordre jnificieire ; l'inamovitnlité des juges était un des carac-
3. — Loi nbtJT* Mil înseiiptioDs hypothécaires en nrtndejt^tnMDtsroidiusiii
les denandes eo rccoiuiuaMac« d'obligation sons sdng ptivt.
4. — Loi qui détennine le scds et les effeis de l'irticle 314S du code clTil , wr
l'inscriptiim des créuns hypothéMlres.
5-lK. ~ Loi rdaliT* ■« mode de reeovvranat dei tnlt dejdsUe» » pMflt da
trésor publie, en mitiire crimimelle, correetioonelle el de police.
5. — Loi qai léuait I«s ctnioos de jusiice de psli d« Cuid-Jalont et de 0
i rairondissement deNtrec.
?. — Loi i^ni autorise des aliénations, icquisItiODS, coocessions à renie*, éclungea
et tnipMitions eilrtordinairts.
Q'19. — Loi relatÎTO i la constraction d'un blttanent ponr y placer la conhnioD
des soies de !■ riUe de Lyon,
10-90. — LoinlatfTe i U cootninte par corps contre les élnngtn non domicilith
M France.
10. — Code de commerce.
11-31. — Lai relatÎTe aux pensions des grands fanctionnaires de l>mpire.
IS-n. — Loi relatlTC an budget de l'État.
15. — Loi qui fiM «Q l" janrieT 1608 l'époijoe 4 laqodh le code de ummetce
sera eiécutoire.
18-M. — Loi qui détennine le cas ob deui arrêts de la cour de cassation peavtnt
donner lieu i l'interpréuiioD de la loi.
16-2S. — Loi relatitc i l'orf anîsalion de la cour des comptes.
1S-9S. — Loi relative an deaséthemcnt des marais.
17. — Loi qui proroge l'exécution des lois par lesquelles la connaissance du crime
de faux aTait été atliiboée aa tribunal criminel et t la coar de justice erlmiiMlla
spéciale du département de la Seine.
18. — Loi qui défend la mendicité dans le déparlement de la CAle-d'Or.
18. — Décret qui proroge le délai flié pour le dép4t det actes H bMtantetii refus.
Diclzedby Google
53 STATISTIOOK BT iMlSLKTlOS
tères essenUels de la magistratare telle que la constitution l'avait
fondée; le sénat, voulant donner une plus forte action au poavûr,
déclara que l'inamovibilité ne s'appliquerait aux juges qu'après ctaq
•DS d'exercice, depuis leur iostitution : « 11 fallait avant toute chose
un temps d'épreuve pour apprécier la capacité des magistrats. » Ainsi
parlait le sénat ; mois, dans la vérité, on réservait à remperenr li
puissance absolue sur les tribunaux, complément de la dictature:
c'était lui douner le droit de remanier les diverses cours de l'empire,
et Napoléon en usa largement. Alors disparurent la plupart desji^
et des conseillers qui s'étaient montrés indép^danta dans les procès
politiques de George, de Pichegru et de Moreau ; l'empereur gaidùt
mémoire des actes qui avaient blessé son pouvoir ; il avait une grande
œuvre à réaliser, le sénat servait ses desseins.
Le conseil d'État, haut tribunal administratif, multipliait les réso-
lutions pour les cas de jurisprudence contentieuse : un premier atis
régla le rang que les préfets maritimes devaient avoir dans les céré-
monies publiques ; les fonds d'amortissement furent le sujet d'autres
résolutions ; comme les communes étaient des personnes morales, dd
put saisir les fonds qu'elles déposaient dans la caisse d'amortisaenieot :
quelle forme suivrait-on en ce cas pour l'opposition? D'autres ans
du conseil d'État jugent des questions administratives d'une certaÎQe
gravité : ici, sur des rentes données en échange de concessions; li,
dus l«a ËttU de Panne et de Plaisince, avtnt la piiUicaiion de l'édit du 4 man 1790-
18. — Dicret cODCernaoi les pasae^ris.
18. — Avis du eoaseil d'Étal sur te njctd'uoe demande en remise oumodiraiwn
d'une amende proDOncée pour coutraveolion aui lofs coucemanl les arbits deslis^
■n serrice de la marine.
SI. — Décret contenant règlement pour la fabricttion des draps desUoit au
commerce du Levant.
27. — Dkrct concernant le magasin de sauvetage des navires eiisianl auHivn.
88. — Décret coalenanl oi^nisation de la couc des comptes.
30. — Décret qui augmente le nombre des succursales.
30. — Décret qui autorise l'associstiaD religieuse des dunes cLarjiables diia da
nfugt dt Saint-itûihcl.
Octobre.
l.^Décreteoncemanllesofflciers de justice auxquels les infirmités donnent <)e<nI
k une pension de retraite.
'7. — Décret qui casse, pour excès de pouvoir, un arrêté par lequel le prtTcl '"
département de lAnbe avait ûié U répartition des dépenses relatives aui réparation''
iS. — Sénatus-consulte concernanl l'ordre judiciaire.
îdbyGoOgIc
SE l'bupire fbarçais. 53
sur les expéditions des actes émanés des antorit^ administratives. Le
conseil d'État est un véritable tribunal qal procède en vertu des
formes judiciaires ; ses avis ont force de loi , et , lorsqu'ils sont ap-
prouvés par l'empereur, ils dominent l'esprit et la tendance de la
législation.
Le corps législatif, sous la présidence de M. de Fontanes, déploya
plus d'activité encore que le conseil d'État et le sénat. L'empereur
avait ouvert la session par une de ces harangues qui remuaient les
masses, en annonçant les choses accomplies pour la France. Plusieurs
projets de lois furent présentés pour établir l'ordre, que l'empereur
voulait fortement constituer; M. de Fontanes, dans une élégante et
respectueuse réponse , avait remercié Ee prince des honneurs qu'il
faisait au corps législatif en l'associant h ses puissantes méditations ;
et, après Vesposé brillant et un peu mensonger du ministre de l'in-
térieur sur la situation de l'empire, le corps législatif commença ses
travaux qui embrassèrent une session considérable. Si l'acte émané
directement de l'empereur portait le nom de décret, si la volonté du
sénat prenait le titre de sétiofus-consulte, si les interprétations du con-
seil d'État s'intitulaient mis, tous les actes du corps législatif avaient
le titre de Iota ; or, cette session s'ouvrit par des dispositions du pins
haut intérêt. Durant le gouvernement directorial, la pénurie de l'ar-
gent l'avait fait considérer comme marchandise, de sorte que l'intérêt
n'avait point de limites fixes; les conventions pouvaient le porter à
des taux usuraires; il y eut da stipulations à 20 et 30 pour cent,
sous prétexte de favoriser la circulation. Une telle liberté dans les
stipulations favorisait l'usure; une loi en Gsa donc le taux k 5 pour
cent (le vieux denier vingt des anciennes ordonnances), et en matière
commerciale à 6 pour cent. Rien ne put être stipulé au delà dans les
conventions privées ou publiques; les tribunaux durent poursuivre,
comme usure, tout ce qui s'écartait de cette règle générale. En même
temps, le système hypothécaire reçut des interprétations et un déve-
loppement; l'écrit sous seing privé ne put grever la propriété par
hypothèque ; il n'était pas assez solennel, et il fallait un jugement
pour constater le titre ; toute inscription dut désonnais indiquer
l'époque de l'exigibilité. Des lois plus importantes fixèrent les privi-
lèges du trésor sur les biens des comptables; législation à part, code*
inflexible, qui mettait le trésor au rong des créanciers les plus privi-
l^iés : tel était le système adt^té par la révolution française ; le fisc
Diclzedby Google
ftl STATISTIQOB BT L^GISLÀnOIt
était le créancier le pfais sacré» oo le ptaQtit a
nifwivft et des Fraïaies.
Un système général de douanes fat également voté par le corps
légîslatU qui s'associa coaqiléteDieat aux idées prohibitives de l'em-
pereur ; puis , dans l'enthousasme qo'iiispirait le souverain ; le oorps
VifljflpHf coa&rmi le nom de NapoUon, inacril; en lettres d'or soi le
fronti^ice du code civil , qoi était pourtant l'œuvre de la r^uUiqin
cwsulaîre. Le code de commwce, discuté dans cetle session, adopté
«sec <{iMlqu«8 amendements plus en rapport avec les besoins et kt
BécessîLésdestransactioDsmercaotiles, dut être proraulgné le premier
jaDvîer de Vannée 1808. Toutes ces dispositioas étaient •votiss au
lendin secret ; nulle résistance ne vint du corps légi^atif , et on de
ses afites témoigne hautement du progrès des idées gouvernementaks.
11 fnt décidé « que, lorniue plusieurs arrêts de la cour de ca»Btiou ,
leodus dans un sens différeat, forceraient & l'interprMation da la loi,
GflUe explication aurait lieu par le conseil d'État, » On allait droit
BÎBSi à une réaction absolue contre les doctrijua de l'aasnnblèe cob-
situante ; ceUe-ci wvait appelé le corps légishUf à interpréta k loi ;
Kapoléon ne voulid point subir l'application d'un tel principe ; la
poavuvineté ne peuvait se déplacer : il fut donc dit que l'eraperenr,
en conseil d'Etat, pr«aoncerait sur le seis d'une disposition légiB*
bitiTO.
La session fut encore profitable à la régularité du système admi-
nistratif. Une loi organisa la cour des comptes, institution ancienne,
souveraine et gardienne en matière ds finances ; la cour des comptes,
ouvre de l'architrésorier, M. Lebrun, porta cette empreinte de sage
retenue qui marquait tous les actes émanés de l'architrésorier. La
cour se divisa eu trois catégories : présidents, maîtres et référen-
daires; les traitements furent fixés ou répartis selon le travail, et
riDomovibilité donnée, comme pour la magistrature , après cinqans
d'exercice i les agents du trésor durent recoonattre la jurîdiclioa de
la cour des comptes, dans la vérification de tous les. actes qui tenùeet
à radmioistrotion des finances. Le corps l^islatif promulgua uoe loi
sur le dessèchement des marais ; de grandes facilités furent données
k la propriété pour r^idre à la culture le sol de plusieurs d^sarte-
SHuts presque toujours inondés ; le défrichement des landes et ites
narais était tout à la fois une opération d'hygiène publique ei d'ogri-
cuUure. Un système d'extiactitm de la mendicîtà fut adopté par le
Diclzedby Google
va l'bHPUIS PRAKÇAn. M
corps lëfpriatif, i l'knitstion des États-Unis et die rAng1eterr«; oïl
Mablit en principe : a que la société doit un asile et dn trarall à ceux
qui sonffteat ; » la mendkité est une injure k )a civilisation ; elle loi
olAre le spectacle hideux de ses misères ; nul ne doit mourir de fafan,
totH doivent travailler ; ce double principe amena le système des dè^
pAts de mendicité, sorte» de maisons de travail ouvertes k la truan-
derie ; on porta des dispositions pénales contre ceux qui, méprisant
rasile gratuit que 1» société leur offre, prèléraiait le vagabondage et
Ijr misère paresseuse.
Ces actes de légi^Uon réfléchie furent appuyés par les décrets
personnels de l'empereur, dont l'activilé dminait une juste impuMon
îh toutes les pensées d'adminirtratlon poMîqae ; Napoléon , de son
palais de Saint-Cloud, pronaïgurit in décret sur l'organisitiOD des
théâtres * ; chose curieuse k noter, les deux actes qui règlent H
' Uaécr«tnirlMihéltna«MdMédnaM»AtiaBr.
■ NapoUoD.empeiEurdesFranoitetroid'Julie, proiMteur de II conflUiniltt&
duBIÛD,
H Sur h nppoTt de notre mlntstre de l'Intiricw, noln eoiuetl d'Atat Wtoidii ,
«m aom dtciM et dicrttou m qni nit :
Titre 1". — Ditpotiiionë gininàét,
H Atticle 1". AucuDS reptéwiilatloD k béoéfice ne pourn eToir lieu que lur le
tfaéAtre mime dont l'administration ou les entrepranenn auront eecordé le hèaéSn
de ladite r«ptésentalion. Lm acttan de oos tbMtres impérltui ne pourront janalt
paraître dans ces repréeentatlons que rar le ihé&ln auquel Ils apparticHnenl.
• Art. 2. Les prifeis, sotis-prérei* et maires sont tenus de ne pas souffrir que. Mua
aucun préleite, les scieurs des quatre grands théâtres de Is capitale qui auront
obtenu un congé pour aller dans les départeroents, j prolongent leor séjour an deik
Al tenps filé par leur coi^; en cas de eontmention, les directeurs des tpcetach»
seront condamnési verser Aie caisse des piuvres te montant de la recelte des repré-
sentations qui auront eu lieu après l'eipirailou du congé.
B Art. 3. AuGDne nouvelle salle de speciecle ne pourra être conMrulte, ancnn
dtploeeneni d'une Iroupe d'une salle dans une autre ne pourra avoir lieu dans notre
bonne ville de Paris, sans une autorisation donnée par nous, sur le rapport de notre
ministre de l'inlérieur.
Titre II*. — Oanombn dBttUùtrm, «tdu righ* mutquHht ^ nml OM^fHHt.
Art- 4. Le mo^tmiM du nombre des Ikéilrcs de noire bonne vUle de Paris est
Siéà huit. — Bn conséquence, sont seuls autorisés i ouvrir, alBcher et Teprèeenter,
indépendamment des quatre grands ibéitres mentionnés dans l'atlicle i" dn rigle^
ment de noire ministre de l'intérieur, en date du SB avril dernier, les entrqirenenn
on adiBinistnMun des quatre tMltres suivants : l' le Ihéltre de la Gsleié,éiablf
es 1700; celui de l'Ambigu-Gomlqne, établi eu ITTS, boulevard dn Temple, lesquds
joueront concurremment des pièces du même genre désignées ani paragraphes 3 et 4
de l'article 3 du ré^ement de uolre ministre de l'inlérieur ; ï> le ibélire des Variélé*,
boulevard Ifonlmartre, élaUi en 1T77, et le théâtre du Vaudeville, élabU m 1791.
:dbv Google
56 STATISTIQUE ET LÉGISLATION
forme et les conditions des spectacles publics furent conçus le len-
demain de batailles : le premier après Friedland, le dernier à Moscou.
Serait-ce que Napoléon, se posant toujours ea scène en face de la
postérité aimait h reporter ses idées sur ces représentations du tbèUre
où il serait un jour traîné lui-même? Peut^reaus» la source de ces
idôcs n'était-elle pas si haute ; aculemeat il voulait constater qu'at-
teulif aux petites et aux grandes choses, au milieu des camps, il pen-
sait même à des comédiens. Voici ce que décida l'empereur : le
nombre des théâtres était trop grand à Paris ; la libre coacunence
ayant créé des abus, il en résultait une sorte de confusion dans les
sociétés d'argent qui constituaient les théâtres ; des faillites nom-
breuses compromettaient les fortunes privées ; or l'empereur ne s'il'
rétait pas devant les considérations de droits acquis, quand ils bles-
saient sa pensée ; il réduisit donc les théâtres comme il avait réduit
les journaux, et tout cela par un simple acte de police : le décret
n'admit que quatre grands théâtres impériaux : l'Opéra, qui prit
pompeusement le titre d'Académie impériale de musique ; les f ran-
çais, alors si retentissants , le théâtre de Vlmpéralric* , qui passait
sous la direction de M. Duval ; l'Opéra-Comique, la scène des beaux
chanteurs et des musiciens k la mode. Ces grands théâtres recevaient
un privilège concédé pour un temps ; le décret admettait comme
tbé&tres secondaires la Gaieté et Y Ambigu-Comique , pour y joua
des pièces de genre limité ; les Variétés et le Vaudeville se sauvaîait
également du naufrage par leur antiquité scénique; tous les théâtres
nouveaux étaient supprimés sans aucune indemnisation ; on ne re*
connaissait que les privilèges antérieurs h. la révolution française. H
lesijucJs joucroni dos pièces da même genre désignées 4ui paragraphes 3ct4de
VatlEcle 3 du règlement de noire ministre de l'intérieur.
u An. S. Tous les tlicâlres dod autorisés par l'article précédent seront fennts
BT*nt le IS soAt. En eonséqucDce, on ne pourra représenL^ aoeune pièce sur d'aairc*
thèilres dans narre bonne ville de Paris, que ceux ci-desaus désignés, aousiucun
préteite, ni y admcltre le public, même grsiuilcnient, faire aucune aCBcbe, distribuci
aucun billet, imprimé on k la main, sous la peines perlées par les lois et r^lemenU
B An. 0. Le règlement susdalé, fait par notre minisire de Tm térieur, est approuvé,
pour tire exécuté dans toutes les dispositions tniquellts il n'est pas dér<^ p*i t*
présent décret.
a An. 7. Nosminisires de l'intérieur et de la polie* gfnérilesontch»^ del'eié-
cttliou du préseriL décret. » Signé : Nafolkom. •
DiclzedbyGoOglC
DE i.'bmpibb fbahça». 57
y eat des marmures ; les volontés de Napoléoo s'étaient manifestées,
et il faUut obéir.
Cette période active est féconde en actes de gouvernemeut. Napo-
léon organise tout ; il a promis de donner au clergé une grande
existeoce, et partout il fonde des bourses dans les séminaires pour
l'éducation des prêtres, et dix raille succursales sont établies dans les
départements ; comme l'ardeur de son esprit ne peut plus s'exercer
sur UD champ de bataille, il l'applique à la force et à l'éclat de son
gouvernement; il veut que la vie soit communiquée sur tous les
points de l'empire ; les préfets sont les instruments les plus forts, les
plus souvent employés, parce qu'ils unissent tout à la fois un caractère
civil et militaire; ils exécutent avec intelligence et dévouement;
toujours agenouillés devant l'image de Napoléon, ils le représentent
partout, ne pensent et ne vivent que par lui ; les préfets s'occupeut
moins du peuple qu'ils ont à gouverner que des instructions qu'ils
reçoivent du ministre, organe de l'empereur; ils en étudient les
moindres inspirations : ceux qui les exécutent le plus vite et le pitis
fortement sont récompensés : qu'ils donnent beaucoup de corocrits
et d'impAts, et ils ont bien rempli leur devoir. La justice et l'admi-
nistration publique sont également sous la main du maître; rien
n'échappe à sa dictature ; il veut régner sur les consciences par l'épi»-
copat, sur la justice par les tribunaux, sur l'Europe par les armées,
Bor les intérêts par l'administration.
îdby Google
COUTflUnUBEIT DB9 ÉTATS uis
CHAPITRE m.
MDVIlKElUirT DSS AliTS USl 10 mUaU VÊDftUTir DE KiPOLftON.
faa loyBuite de famille. — Nsple*. ConsUiutioD. — Peuple. — Année. — Jovidt
Napoléon et ac« scies. — HoUaDde. — ImpAu. — Commerce. — UBrlnc. — Cmft
politiques. — Weslphalje. — La régence. — Coutitutim. — Son territobr. —
Tilles. — ïtats. ~ Caraclire de JérAme. — Grand-âuEhé de Berg. — Hnnl. —
Actes de son gouitenietnenl. -~- Prioclptulé deNeufcUlel. — BerUiicr. — ConSt-
déralioD du ÛiiD. ■~- Bavitre. — Satc. — Worlanbatg. — Bide. — Popidllioas
allemudee. — Domination nbsoluede Napoléoa. — ^setigcoees. — CooKripliw.
— ImpAts, — Destioie de ces gouTernementB.
L'empereur avait proclamé la tendance hautolDe de s<hi système
diplomatique ; sa pensée ne devait poiat se limiter à la Frmce , et ,
poor alleindre le vaste but do son ambition, Il répartit les souverai-
■etée de manière à seconder U marofae et le développement deson
idée militaire et politique. Nul des- eouvcfwoB attackés à son em-
pire ne pouvait se dire indépendant, tous devaient suivre son impul-
sion, soit qu'elle s'appliqu&t à un mouvement de guerre ou au con-
tingent de troupes, soit qu'il s'agtt de son idée prohtbitire, de son
décret de Berlin, si fatal au commerce du monde. Il résultaitde celte
obligation mille ditScultés dans la situation des gouvernements ; s'ib
accédaient à toutes les volontés de Napoléon, ils se rendaient odieux
à leurs sujets qu'ils opprimaient par des exigences trop dures; », ao
contraire, ils faisoient quelque chose pour leurs peuples, comme des
rois paternels et prévoyants, ils se mettaient en opposition avec l'em-
pereur, leur force et leur protection militaire. C'est ce qui rendait
ces souverainetés fédératives si pesantes pour les princes qui en étaieul
revêtus : la couronne marquait leurs fronts de stigmates, le sceptre
pesait à leurs mains ; ils fléchissaient sous l'immense poids de leuis
engagements.
La première garantie et la plus naturelle que l'empereur avait
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AO STSTËME PÉDÉBATIP DE NAPOlJOK. 59
cherchée pour imprimer l'unité ii son système politique, était' dsiu
m Tamille; ces intelligences seraient soumises i son empire; 11 pour«
rait exercer sur elles une domination absolue ; ses frères lui devaient'
tout, et pourquoi ne trouTerait-^il pas en eux ce dévouement qu'Q
devait attendre de ceun qui ne rraplendissaient que par lulT It avalE
hit Tessai de sa tonte-puisance en créant Joseph-Napolëon roi de
Naples ; Joseph, caractère doux, conciliant, d'une capacité limitâei
avait suivi le mouvement militaire qui lui mit la couronne au front;
lorsqu'il pénétra dans le royaume de T^aples, son étude première Alt
de connaître les peuples dont l'empereur lui avait conflé le gouTeN
nement. Naples, ce magnifique pays sons un magnifique soleil, comp-
tait plusieurs races de peuples ; les montagnards d'abord qui vivaieot
dans les Abruzzes et la Calabre, habitaés h la rude existence du Tot
et de la contrebande ; les Calabrais, revêtus de leurs peaux de chèvre»
vivaient, la carabine en main, sur la cïmedes rochers escarpés; cette
population des montagnes, brave, tumultueuse, facile k la révottCt
devait être dangereuse pour les Français, parce qu'elle était natio-
nale, dévouée au sol et à ses habitudes. Les lanaroni, peuple des
villes, avaient poor palais le ciel, et pour lit les dalles de la rue dfi
Tolède ; ardents comme le Vésuve, les lazzaroni, sans posséder Ifl
fier courage des montagnards, prenaient feu d'amour ou de haine
ponmn prince; Joseph pouvait les attirer 6 lui par des dëmon8tra>
tions religieuses et par des distributions bien faites de quelques car-
Hns * : montagnards et latzaroni formaient la niasse.
- Les antres classes du royaume se divisaient en plusieurs fiBCtlona
encore ; les nobles, princes napolitains, marquis du royaume, pres-
que tous rattachés aux idées de philosophie révolutionnaire, avalent
participé aux mouvements favorables aux Français, et l'on doit con-
stater dans les annales d'Italie, que la noblesse surtout se rattacha
aux idées de la révolution. La bourgeoisie, telle que les avocats, les
médecins, s'était également prononcée pour le gouvernement nou-
veau, par esprit d'opposition contre les corporations religieuses; tan-
dis que le commerce , poussé par ses principes aux idées de réforme,
était profondément affecté de ces prohibitions des marchandises
anglaises interdites à l'échange et à la consommation, sorte de contre'-
' Les grands ornements d« Mint Janvier ftatcnt donojs ta partie pgr Joseph Boit&
parte. C'était r«ïlitution après le déponUIcmenl rèpublicBin.
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60 GOCVEBHEUEKT DBS ÉTATS LIÉS
bande de guerre. Si quelques membres du clergé régulier se ratts-
chaient également au système nouveau, les moines, les religieux qiû
servaient l'Église dans les monastères, brisés dans leur vocation mo-
rale, avaient conçu des desseins de délivrance qui plus tard éclatèrent.
Ainsi, pour bien résumer cette situation du royaume de Naples, tout
ce qui était peuple, montagnard ou lazzarooe, se moDtrùt impatient
du joug des Frani;ais ; tout ce qui était noble servait le gouveraemciit
et la monarchie de Joseph ; la bourgeoisie, les professions libérsla
aimaient aussi le système français, parce qu'il servait leuis idées
philosophiques, tandis qtie les moines et le peuple protégeaient
«icore les derniers débris de la nationalité napolitaine.
Au milieu de ces éléments d'une opposition hostile, Joseph dut
néanmoins chercher la consolidation de son pouvoir; dans cette
œuvre, il devait se proposer plusieurs résultats : délivrer le territoire
de la présence des ennemis, apaiser les montagnartb et s'attira' le
peuple; le premier objet était atteint par l'intrépidité de l'amièe;
les troupes anglaises, les auxiliaires allemands, avaient été repousste
du territoire napolitain ; ce n'était pas sans efforts ; on avait éprouvé
des échecs ; le général Grenier ne fut pas toujours heureux diu
cette campagne contre les troupes siciliennes et anglaises ; Jose^
Bonaparte dut sa couronne aux vieilles divisions Masséna, qui le
menèrent en triomphe à Naples. La guerre contre les montagnirds
fut plus longue ; on fut contraint à de sanglantes expédilicws dam
la Galabré ; des commissions militaires impitoyables frapperait de
mort les paysans qui avaient pris les armes pour la reiae Caroline;
on ne pardonna aucun de ces dévouements sauvages ; la sévérité
extrême des mesures amena la pactOcation momentanée du royaume;
si elle ne fut point absolue, elle permit i Joseph Bonaparte l'admi-
nistration libre de ses États ; il y eut encore des rebelles, mais on
ne vit plus de ces insurrections armées qui soulevaient un royaume.
Joseph Bonaparte dut s'efforcer à plaire i la masse du peuple;
élevé dans les idées philosophiques du xvm* siècle, le frère de rem-
pereur se montra néanmoins catholique ardent; les populations de
Naples aiment les processions^ somptueuses, les longues traînées de
jwèlres et de moines, sous leurs bannières flottantes ; les jeanes
filles vêtues de blanc marchent sur des fleurs et suivent les riches
dénombrements de la cité ; Joseph y assista pieusement, il fit de*
dons magnifiques 6 saint Janvier, patron de Nnples, le protecteur
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AD STSTËUE FÉoéSATIF DE NAPOLÉOU. 61
des matelots et des affligés. Partout il témoigna de son zèle pour le
principe religieux ; né en Corse, il parlait facilement la langue i(4-
lienoe ; il se Qt aimer des classes bourgeoises ; son gouvernemeut
fut simple et paternel ; l'empereur lui en avait tracé la marche et la
formule ; il composa son ministère mi-partie de Napolitains et de
Français *. L'administration du royaume marclia avec facilité; à
l'impAt se perçut dans les villes, dans les campagnes il oe put l'être
régulièrement. Le système continental à Naples, comme dans tous les
lieux de la domination frauçaise, obligeait à fermer les ports aux
Anglais, ce qui ruinait les dernières espérances du commerce napoli-
tain et de cet actif cabotage, la richesse de Naples et de ses longues
câtes qui embrassent la Pouille et Tarente. Partout Napoléon impo-
sait la mort au commerce, et ce fut une des causes de sa ruine.
A l'extrémité nord, le royaume de Hollande, soumis à des condi-
tions de gouvernement presque sembl^Ies, subissait également le
système prohibitif, bien plus déplorable pour ce pays créé par le
commerce. Les populations de ces riches marais, de ces verts herbages
où se volait tant de villes florissantes depuis Maestricht jusqu'à
Amsterdam , de l'Escaut jusqu'à l'Elbe, ces populations abritées par
les digues, ne ressemblent en rien aux multitudes d'Italie agitées
comme les Dots de la mer, ardentes comme le feu du Vésuve. Le
Hollandais était grave, méditatif, tout occupé d'intérêts, de balance
commerciale, sans aucune sympathie pour ce caract^e léger du
peuple et de l'administration en France ; la vie hollandaise se com-
posait du travail, et de ces distractions de famille au soir lorsque le
thé inonde i grands flots les bob de porcelaine du lapon et les tasses
de la Chine ; assis au milieu des nuages de fumée, le Hollandais parlait
de ses fleurs, de ses belles tulipes payées au poids de l'or, et de ses
riches spéculations avec les colonies de Batavia et de l'Inde. Bien de
' Voici quelle Ibl la conposition dv minisUre napoKiaiii.
M. Ciuicialli, miDistre de !■ jusiice.
U. le marquis de Gallo, des affiires èLnngèra.
U. Hiot, de l'inlétieur.
H. le prince Bisignano, dcK finances.
M. le doc de Cainpo Cliiero, du trésor.
H. le géoéfal Mathieu fiunias, de la guerre.
M. le commandetir Pignalelli, de la nurine.
M. le duc de CesHno, des lOairts ccclésiasliqucs.
V. Salicetii, de la police générale.
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63 GODVEBNBHEirr DBS ÉTATS LIÉS
plus difficile que de remuer ces masses pour une idée è grande [bnne,
pour un système de génie à la minière de Napoléon.
La république batave était devenue monarchie par la seule volonté
de l'empereur ' ; le peuple s'en était moins inquiété que du changement
que le système continental avait imposé dans les relations commer-
ciales. Napoléon avait entrepris un remaniement du commerce do
monde : priver la Hollande des rapports arec ses colonies, l'obliger k
des sacrifices inouïs daos ses transactions mercantiles, c'était enleva
la mer aux vaisseaux, l'Océan aux cétacés, les marais aux cygnes qui
se déploient sur les canaux d'Amsterdam et de La Haye. La HoUaade,
comme Venise, ne pouvait exister que par le commerce, et pourtant
l'inilexible politique de l'empereur imposait le système continentil
sur toutes les cAtes *. Certes, il importait pen aux commerçants
d'Amsterdam ou de Rotterdam d'être gouvernés en républiqne ou en
monarchie, par un génie sublime et vaste, ou par un prince médiocre,
Tesprit mardiaud n'y regardait pas de si haut; ce qui les inquiétait
jdus, c'était la suppression de tonte transaction avec le monde. Que
dire dans la Bourse d'Amsterdam, quand on ne pourait pins annoncer
l'arrivée des cargaisons de Batavia ou de Geylan, du JApon on de la
Chine?
La couronne de Hollande était confiée h Loais Bonaparte, esprit
mou, mélancolique, très-incapable de ces fermes idées qn'imposait
' Louis Bonaparte appela pris Je lui des Hollandsisd'aa mérite dfsiiDgaéctponr
lesquels il avait confu iMaucodp d'estime: MU. Moleras, Gogel, IVeoi en BoAl lui
ftnvDt d'une trèt-gtamde ndllté; ie ptcmicar au mioisijm d« l'istérieur, b Mcoad
nufinuices, letcoisiimtkl'eiliiiiiiistrcUaadesdieujes, et le deraier comme minisu*
•ecrélùre d'ËLau M. Vaa dei Goes, placé au ministère des afTaires ctrangèrcs, quoi-
qu'il se rùi d'abord ouvertement déclaré rennemi du régime monarebfque, «qu'il
«ftt les opinions et W ctract^ répuMicttn, donna i Lonh BSnaparte touM )n
marques d'un déTonemenl alisolu. Il appela au ministère de la justice et de la police
M. Vanbof. i celui des colonies, H. Van der Heim, cl Je général Boniiomme au mi-
nistère de la guerre.
' L'année de terre n'avait rien d'imposant ; on la disait forte de 30,000 bomnies,
mois on aurait eu beaucoup de peine a en rassembler 10 à 11,000. Le corps de l'ar-
tillprie et du génie, qui ne manquait pas d'officiers instruits, se réduisait h fort pende
chntie, parrc qu'on ne pouvait pas compter sur le soldai, dont on ne prenait pas ts^n
de soin, La marine élaît dans une situation plus Torle ; elle avaitdeux Itottllles, l'une
i Boulogne- sur-Mer, et l'autre pour la garde des cfltw et des ports. II t arail »n
Heldcr, à Botterdam et i Amsterdam, un 8B5ei grand nombre de vaisscaai, quelqne»
frégates et plusieurs bâtiments légers. Les chefi de la marine élatcnl MM. DewiBW-,
Wcrhuel, Kikkert, Bloys van Treslong, Haruinck et Lemmers,
îdbyGoOgIc
AD STSTËHB FÉDÉBATIF DE HAPOtÉOn. 63
le système de Napoléoa ; appelé à la coaronne dès vingt-huit ans,
^tÀ une vie très-distraite, il la prit avec ioBoaciance ; rnilitaire
médiocre, il avait à peine paru sur quelques champs de bataille ;
Louis portait néanmoîna le beau titre de connétable dé France, chef-
de l'armée, lorsqu'il dut régner sur La Haye et Amsterdam ; cœur
flétri et réûgné à toutes les volontés de son frère, on lui avait proposi
le mariage d'Hortense, et il avait accepté avec amertume ; s(m ime,
profondément aigrie, avait conservé une empreinte de tristesse d'un
bruit affreux qui courait alors; les grandeurs ne peuvent compenser
les affliction» que viennent d'un sentiment frcMSsé, la pourpre ne
couvre pas la plaie saignante : on disait tant de choses d'Hortense de
Beauharnais ! Les annales dures et inOexibles ne racontaient-elleg paa
les nuits de laMalmaison? Et cetteJignée, mystérieusement conçue,
s'était à peine éteinte dans le jeune enbnt légué à Saint-Denis par la
mort ! Rien n'e^ plus cruel, lorsqu'on a le cœur haut, qu'une récom-
pense donnée à un sacrifloe d'bcmneur domestique. La flétrissure se'
lit même au front couronné du diadème.
Qu'on joigne à ces pleur» intimes, les difBcultés de gouveroMiient et
l'application inflexible des principes que l'empereur imposait aux
aiens quand il leur donnait une couronne ou un gouvernement ; H
volonté était hautaine, capricieuse, il se croyait seul insfriré par la
gloire et ht fortune. Jamais il ne laissait en repos sa Rimllle qu'il
affligeait d'une mission de roi ou de prince ; plus on était rapproché
de lui, plus il exigeait de vous. Les difficultés qui environnaient les
premiers pas du système de Louis-Napoléon étaient considérables; W<
constitution ' arrêtée par l'amiral Weiiiuel, M; Schimmelpenninck ,
les commissaires hollandais, et l'empereur Napoléon, n'était qu'une
' Voici les principales disposiiions de l'acta conslitutlonBcl de la Hbltendo.
B L'admiiiLsiraiion des colonies hollaDdaises esi réglée pur des lois psrliciUltm.
Les revenus el les déptinses des colonies secoal r^aidés comme Taisant pariie des
revenus et des dépenses de l'Élal.
M La detle publique de l'ÉIat esl gnmnlie par les prétentes.
» I.a liDguc hollandaise continue h (Ire cmplojée eielusiTemeDl pour les loto, les
pulilJcatioDs, les ordoumnces, les jugements et tous les actes publics nos iHl^
Une lion.
» Il ne sera TbIi aucun changemcDi dans le litre et le poids des csp6ces moDiiayéeSt
i moins que ce lie soil en vertu d'une loi parllcnlike.
» L'ancien pavillon de l'Étal sera conservé.
- Le conseil d'Ëiat sera composé de treiie membres. Les miaistrcs auront nn^^
«^nnco ei voti délibéralive aa conseil d'État, h
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64 GODTEBNEMBKT DKS ATATS UÉS
forme ; les états généraux, pas plus que le corps l%islatif en France,
ou les divers collèges eu Italie, n'étaieat une garantie d'iudëpendince
et de liberté pour un peuple. Toute opposition e&t été impuisswte ;
Louis Bonaparte, sous l'épée de son frère, avait la plénitude des pov-
voirs, ft la condition de faire exécuter les ordres de NapoIéoD et de
réaliser les idées et les intérêts de son système. Les finaDces, très-
oltérèes, se ressentaient des levées d'argent, des eropraots que II
France avait faits à son allié depuis l'origine de la révolutioa; da
millions de florins avaient èlé demandés aux villes commerçantes, et
le budget de l'État en était profondément affecté, car en Hollande le
système de la dette publique était largement conçu .
Louis Bonaparte prit au sérieux sa posiUon de roi ; il ne voehit
pas que les finances de son royaume fussent à la dispoûtion des géné-
raux français; il ee posa comme un prince indépendant, tandis <]a'Q
u'était qu'un commissaire. Napoléon voulait que la Hollande sdmtt,
sans restriction aucune, le système continental et la saiae des mtt-
chandises anglaises ; il ne considérait la royauté de son frère qw
comme une haute préfecture, pour réaliser ses deax idées FondameD-
tales , l'armement des flottes et l'exécution inQexible du décret de
Berlin, par une ligne de douanes s'étendant sur toutes les càtes du
TexeL Pour la Holluide, c'était la mort que celte existence étoafKe ;
elle, dont les larges navires couvraient naguère l'ardiipel indien, pou-
vait à peine s'élever k un cabotage de troisième ordre . La conespoo-
dance de Napoléon avec le roi porte un caractère pressant et aigre ' ;
Louis n'est pas heureux sous cette oppression, et il l'exprime haute-
ment ; il o'a ni l'énergie , ni ht résignation suffisante pour mettre ei
activité les idées de Napoléon ; sa capacité bornée n'a pas vu d'abord
le triste réalité du rAle qu'on lui a fait ; il doit le comprendre par la
termes impératifs dans lesquels s'explique son frère. L'empereur a on
système, la situation qu'il a créée est une guerre violente, éneif iqne;
' Voici anede ces fonnnlfs de leUrei :
■ HoD frère, je ntois votre leUre da 1" juillet. Voua voua pitignei d'an uticle i'
foaiDMiUlKonitmtr: c'est UFnncequi * sujti de m plaindre du nauvais esprit qn
r^ne chei ydub, SI tous Toulei que je vous cite toutes les inaiaoïis boDandaûts qui
sont les trompettes de l' Angleterre, ee sera fort aisé. Tos riglements da douw*
sont si mal eiécutés que toute la corresponduice de l'ÀDgietore aiec le eoBtiocat
se Tait par la Bollande. La Hollande est une proTÎnce aogtaise.
• ToUv affectionoi tttn ,
» Mafolboh. ■
DiclzedbyGoOglC |
AV SYST&MB FÉDÉRATIF DE NAPOLÉON. 65
nul de ses rois ou de ses lieutenanU De doU lui désobéir, et c'est pour
bien leur inculquer cette idée de soumission absolue qu'en donoant
la couroDue et la pourpre à Joseph et à Louis, il leur a conservé les
titres de grand électeur et de grand connétable de France; il semble
leur dire : « Souvenez-vous que vous n'êtes que mes grands officiers. »
La royauté de Westphalie n'a pas un caractère plus indépendant
et d'une sécurité plus haute dans l'avenir; groupe d'États et dépopu-
lations diverses , elle compte des Uanovriens , des Westphalieos, des
Ilessois, des sujets du duc de Brunswick et du roi de Prusse ' ; rien de
plus bizarre que cet amalgame irréQéchi que la volonté de Napoléon
a groupé pour en faire un royaume. Ces populations allemandes, si
calmes, payent régulièrement l'impAt, mais elles conservent chacune
leur nationalité : le sceau de Dieu ne s'eiface pas ainsi ; elles gardent
leur répugnance instinctive contre une Torme de gouvernement qui
eOace d'un trait de plume leur histoire. Le royaume de Westphalie
fut improvisé comme s'il s'agissait d'une préfecture ; Jérâme, h 22 ans,
fut créé roi par un décret , et, pour témoigner qu'il n'aurait qu'un
pouvoir limité sous l'influence de Napoléon, on lui donna une sorte
de régence appelée h organiser le royaume de Westphalie, et & servir
■ C'est ptr un Rimple d^rel que la eoD«titutian du Taquine de W«ainh«Ue »a[t
été r^Uc
Le royaume de Westphalie est composé des Élais ci-après ; tes Élsts de Bruns-
wick-Woirenbultel , 1* partie de l'Ai (mark située sur larivegauebe île l'Elbe, la
partie du pa^s de Hagdebourg située sur la rive gaucLc de 1 Elbe, le territoire d«
Hollc, le pejs de Hildesheim et la ville de Geslar, le pa;s de Halberstadl, le pa|s de
Hohcnslein, le territoire de Qjedlinbourg, le comté de Hanarcld, Eicbsfdd avec
XrefTurtli, Hulhiusen, Nordhausen, le comlé de Solberg-Wernigerode, les Étals de
Hcsse-Casgel avec Rinlcln et le Schaum bourg, non compris le territoire de Hauau et
le Kaizenelenbogeu sur le Rhin ; le territoire de Corvejr, Gotttngeo, et Grubenhtgea,
avec les enclaves du Uohenstein et Elbin|^rode, l'évèché d'Osnabriick, l'évâclié ds
Fadcrborn, Mindcn et Baoensberg. le comté de Reilberg-Kaunilz.
Nous nous réserroDS la moitié des domaines allodiaui des prince?, puur être em-
ployés BUi récompenses que nous avons promises aut ofGciers.de nos armées qui
uous ont rendu le plus de services dans la présente guerre. La prise de possession de
ces biens sers reile, sans délai, parnosintendants, et le proci^-verbal en sera dressé
eODlradicloirement avec les autorités du pays, avant le l" décembre.
Les contributions eitrsordiosires de guarte qui ont été mises sur lesdits pays
seront payées, ou des sûretés seront données pour leur payement, avant le 1" dé-
cembre.
Au 1" décembre le roi de Westphalie sere mlaat possession, par des commis-
saires que nous nommerons i cet effet, de la pleine jouissance et EOuvcrsineté de
son terriloire.
D,t„db, Google
60 eOCTBflintHBHT H» ÈTATi tifiS
de prernière base i un ministère formé par le roi JëWAne. C'était
rhaUtade de Napoléon , procédant toujoun par commissaires dans le
gomemement des Ëtats ; petits ou ^nds, rois on andlteun an tm-
Kil d'État, peu importait, tous étaient pour lui des commissaires. La
Fégence deJérflmcMiWestphalie, composée dTiommesgraves,obéîs-
nit ft l'empereur, et ces ministres correspondaient moins avec le roî,
leur souverain nominal, qu'avec le véritable monarque qn! réaidait i
Saint-Cloud; ils géraient unetutdie, etilsen rendaient compte'. Un
•impie décret impérial avait créé le royaume de Westphalie et fixé»
eonstitution ; avec cette manie d'aniformité. Napoléon avait inposi
k division par départenHnts, comme si plus tard tout devait ^en-
glober dans l'empire fï-ancai» par un coup de son sceptre. La Wtsl-
phalie eut ses préfets comme la France ; et qne devraient les tradi-
tions allemandes, les habitudes, les goûts du peuple 7 tout dut céder
devant la volonté de composer ud Taste ensemble de ces parcelles
Kdératîves*.
■ La régence dn roTaume de Weatpliatie étati compote* des coradDen d'ÉW
Imi^t, ftniteii, Jontret, «t du gtaénJ Jostpb LafraBga.
' Un décret rojtl réptriit le rojauniB de Westphalie en huit départemeiili '.
l" Le département de l'Elbe, cbeMEeu Mtgdebou^.
S* Le dépirtement de Fulde, cbeMtea Casse).
3" Le départemeat de Han, ctief-Iieu Heiligoistadt.
4> Le dipartement de la Letor, cheMifu GoHtlngne.
!(■ Le département de rOcker, chef-lien Brunswick.
(t* Le département de la Saaie, cher-lien Halberaladt.
T> Le déparlemeni de ta Wem, oheMleu Harboorg.
H° Le département du Weeer, chef-lieu Osnabrttek.
V(^i comment s'eiprimait an homme d'£lat allemaDd sur la compo^tiondcM
rojanmo de Westphalie.
n Le royaume de Westpballe, composé de provinces sans rapports entre «Rh.
fbrtnant un territoire de flSS milles cerr^ d'AlIemagrie, était peuplé de 2,0IKI.MI
dîmes et donnait un rareou de tV.OOO.OM de Hmix. Le Douvean roi, writiMr
vassal de l'empereur son frère, était tenu, par le décret de création de I'£t«t qui lui
était conBé, de tenir à la disposition du monariine français qui l'intronisait 11 ta'»''*
des terres sUodialw (art. 11) du royaume: une régence fut chargée d'oiftai^er re
nouTd Ëtai. dont Jean-George Millier brocha k la fatie, et en quatre articles, li foit-
Btituiion. Celte régence, composée en mqorité d'hommes plus s)Hrituels qu'adni-
nistraleurs, ne connaissait ni la langue, ni lee lois, ni le caractère des peuples qu'cHt
■rait i gouverner ; en conflit aveo les intendants provinclani qui s'étaient eni[«*
des rcveaos et les retenaient encore sans satisfaire aux charges publiques, elle 11 ^
ce malbeureui paya un chaos. Pour sutctoIi, arriva H. Daru, ce finanefer inprri)!
st habile i étendre la voi« dea spoHationa ordonnées par son maître. Il n>P*
St(,O00,000 d'un trésor vide, ce qui éuil supérieur aux re\'(»us aonnels da l'huit ^
îdbyGoOgle
DsDB les trofs royaiuaefl doot je virai de parler, Niples , Hellude
et Weatpbslie , les rois dorent appHquer la trilogie du «ystème frUH
çsis: la drcoescriptioD . les droits ,réuats et le système proUbltlf;
9a rmeontrùt partout ces plaies de la génération impériale , ce ré*
-sumé de la pensée gouvememeiUale de Napoléon . Quant au caractère
persannd des trois princes qui gouvernaient au nom de leur frère ,
ils étaient d'une nature différente : Joseph à Na]^, excellent tiomine,
plein de foi dans l'empereur, se croyait destiné , avec une béatitude
particidière , à fonder une dynastie durable ; atné de Napoléon , il
reconnaissait néanmoins sa suprématie ; s'il avait nn gros bon sens
pour les idées usuelles , il n'en avait pas assea poor comprendre la
fantasmagorie de ces fortunes et de ces grandeuss qui s'agitaient pa^
sagères autour de loi ; Louis , roi de HoUande , portait un sentiment
mélancfllique qui lui faisait {vendre en dégoAt les grandears de ion
rang ; il sentait sa podtkm abaissée , sa résignation de préfet ; 11 était
eonme nn milieu entre Lucien et Jom^ ; ^11 n'avait pas la fermeté
aigre de Fexilé , il n'avut pas non plus la fattlene de l'atné de sa
race , le plus patient de» hMinnea. Quant & lérAme , ébloui par st
fortune , il se livrait à tous les plaisirs , à tous les enivrements que la
Toyanté peut donner, il ^occupait k peine d'affaires ; pour hii la cou-
roaas était un moyen de distraction , une certaiDe manière d'avoir
de» palais de plaisance bien oadH^s, des maîtresse» ceuroBoéei de
fleurs et des meutes féodales; habitant la charmante ville de Hesao-
Cassel , ou ses résidences princièrea . il se soulageait par de folle»
joies des fiatigues de gouvemunent, qui consistaient k signer des
décrets et À promulguer les lois. Les trois royautés de Naples, de
Hollande et de Westphalie, nées de la conquête , devaient être ren-
versées par elle ; on ne pouvait les prendre au sérieux ; Napoléon ,
disparaissant de la scène du monde, devait engloutir dans sa vaste
ruine tons ces établissements éphémères. Lui seul était la grande tète,
le reste devait obéir.
Hnrat, dans son duché de Bng, jouait tout & fait le réle d'un
seigneur suzerain , nid n'avait pris plus sérieusement sa putnance , st
ce n'est Gambacérès, prince de Parme ; avec toute la naïveté de la
foi , il se croyait destiné & de plus grands desseins , Dieu n'avait pas
de plui, en TntD de l'article 11, d^ cit^, It remise ds donuiiM rojnts juifu'^
concoiTeoce de 7,000,000 de revenu, ce qui tu absarbtit k presque toullti. Il (Ùlut
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68 GOUTEKIfBHBNT ms ÉTATS Ltig
èpaisk ses feveun , raremeat Harat Tenait à Dusseldorff, sa ca|riUie,
mais il écrivait à ses bons sujets ' , ses lettres se ressentent de ta foi
qu'il avait en lui-même , il avait pris toutes les manières des grands-
ducs allemands , affable , indulgent , il pariait de suzerain i tkmui
avec la bienveillance des races princières de Germanie. Bertbier cd
agissait*de même avec ses bons amis delà prindpautédeNeufcUtel;
anrait-il été prince féodal & la vingtième génération, qu'il n'aurait
pas pris SB dignité plus au sérieux ; ne signait-il pas AhxtmdTt toat
court , comme les autres rois signaient Maximilien ou Frédéric?
Au reste, grand- duché, électoral ou principauté étaient r^
d'après les lois françaises, avec la conscription et les droits réunis,
ces deux blasons de l'aigle; et tout cela sans tenir compte des
nationalités, sans s'inquiéter des idées personnelles du peuple; uq
«mple décret de l'empereur aur^t pu réunir toutes ces soaveni-
netés & la France , sans qu'il y parât dans la forme de gooier-
nement ; Joseph , Louis , Jéréme , Hurat , Beri.hier , seraient alors
effacés de la carie des souverains , la marche générale des choses
n'en éprouverait aucune altération. Celaient des pions déplace sur
on échiquier.
Napoléon avait entendu le protectorat de la confédération du Bhin
à sa grande et forte manière ; il ne supposait rien d'indépendant, toat
devait servir d'instrument à ses vastes desseins; il n'y avait désonnais,
en Europe, aucune situation libre, si ne n'était celle de la Russie et
de l'Angleterre ; la confédération du Rhin ne lui paraissait qo'unt
forme de son système fédératif ; il la traitait avec la même volonté
impérative que la France et l'Italie ; il appelait l'Allemagne i ses
levers ; ses lettres impériales étaient des ordres ; voulait-il entreprendre
une guerre ? Des chartes scellées de son scel suffisaient pour convo-
■ Dès la camptgDc de Tilsitt, Uuni taii m litiUhh eouvenia «ux minislrH dt
son grand- duché.
L» grand-due de Birg, à ion minisln ds Vintérieur, à DuMitlderf,
a Après d[i jours de combate et de Tictoires, l'armé* russe, complélcineiil billue,
dispersée et poursuivie, s« vil forcée de passer avec précipitation le Niémni, et it
Tecourir i la nodéradon du vainqueur. Une cession d'armes sera probabloveol
conclue sous peu de jours, et on peut espérer que U psii s'ensuiTra immédiaicmait.
Faites part de cette bonne nouvelle 1 mes sujets. Je désire qu'il soit chanlé nu Ti
Deum solennel dans toutes les villes de mon grand-duché, en acliooB de grlcts put
les victoires de sa majeslé.
■ Tilsitt, le 22 juin 1807.
» Signé :IoAcnai.»
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AD SYSTÉHB FâDÉBATIF DE HAFOLÉON. 63
'quer les vaasaax; qtumdun officier d'ordoonaoce était envoyé pnr
l'emperear, comme les miati dominici de Charlemagoe , il était
accueilli avec respect ; princes, ministrea, conseillers, tous s'empres-
saient d'obéir avec un dévouemrat absolu ; jamais nul ne manquait i
l'appel ; les Temnaes, Ûères allemandes, opposèrent quelque résistance,
les princes jamais. Dans l'histoire de l'empire, il faut aussi distinguer
les peuples des gouvernements ; quand les électeurs baissaient la tète,
les multitudes murmuraioit haut, et i cAté de la confédération du
fihini'organisBit une coalition des sociétés mystérieuses, confédération
plus profonde et plus fière , car elle se formait pour la vertu et la
Uberté.
Le prince primat, le premier des électeurs dans la confédération
du Bhin s'était montré ardent admirateur de Napoléon , jusqu'i ce
point d'adopter le cardinal Fescb pour son coadjuteur. Le prince
primat, vieillard déjà, voulait finir paisiblement sa vie dans ses belles
cités de Ratisbonne , d'AscbaSembourg et de Francfort l'opulente ;
jamaisil n'osa la moindrerésistance, les ordres des générau^L français
étaient pleinement exécutés ; on levait des millions de florins dans
Francfort, on opprimait le commerce, et il ne disait rien. Presque
toujoun à Paris, le prince primat était un des convives assidus de
Cambacérès qui le traitait d'égal avec une familiarité ri^ble, et souvent
même l'archictkancelier prenait le pas, comme prince de Panna, sur
le primat; amalgame singulier que de voir accouplé un vieux prince
allemand, d'origine carlovingienne, avec Cambacérès, régicide et con-
veutionnel, tous deux princes, tous deux graves, et se regardant sans
rire ; tant Napcrféon avait opéré de prodiges I II était impossible qu'une
telle situatioD ne tournât pas la tète mùne k va esprit aussi bien fait
que c^ui de l'archicbanchelier Cambacérès*.
La Bavière tenait la seconde place dans la confédératio» du Bhin ;
^e avait donné des preuves d'attachement i l'empereur Nap(déon
dans la campagne d'Austeriitz, et depuis elle s'était entièrement réunie
au système français. Maximilien-Joseph, prince faible et sans volonté,
' Le priDce primat aTaiiaonminisière; il w f ompMiil de ;
H. te baron d'Albiol, mmûfr* (f^tol et j^MOtrawr.
H. deWBlmenich,«(m*nIIm-d'/:r[K.
M. le comte de Bcozel, eorutilltr d'Étal.
M. 1« baron de Deei , miniâtre.
U. le comte de Deusi , mmitlrt dai Bon/'^rmeM t( Arwttttr ibi lalùMi.
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àeiait n couronne de roi & l'emperear. La Bavière gardait one vive
racODnaiaBBDee pour le haut protactew de la confédération du BIub
qui lui donnait un agrandineBent A coosidérable de territure, mk
alTkwichiaKiBent de l'Autriche, et mémo la poasenion Aa Tyral ; et
<|uoiquerc^t des montagnard! ftttplulAt un embarras qu'une con-
quête, la Baviire avait gagné un revenu de plus de 5,000,000 de Awios
et une population de 1300,000 taaea. Le rai de Bavière était donc i
Il disposition de Napoléon ; le suurain n'avait qu'i parler pour qoe
to vassal olbètt : situation abai»6e qui avait Meaié proroodément r«i-
denne électrice de Bavière devenue reine, Frédérique-Caroliae de
Bade. Je le répète, ks femmes en Allemagne contribuèrent puinaM-
BMnt i maintenir l'eaprit de la oatiouUté ; l'tiectriee était deveoiie
reioe, et pourtant elle lentait qa'a j avait dans aa position quelque
dma de plus précaire, de plus humUe ; elle eût préftré le simple titre
de cbaiKunesBe d'un vieil ordre de noUesM dans la Tburisge ou la
Fraoconle, h l'aflUctioa de s'aswolr k côté des reines de Naptes, de
Htdiande ( Clari ou Beauharnaiti ], sœurB et nièces de la Camille Botm-
parte. Cette fierté aBemande se rencoatrait dans plusieurs femmes
de la confédération du Bhin. Mariaime , la priocene palatiae , tam
du roi , était encore une ennemie du système français et de es
fiHiunes magiques contre leiqueUes la vieille n^>te9ee protestait es
nia*.
Le roi de Wurtembei^ , si remarquable par ta fMte corpulea»,
par son esprit dur et inflesible, était t'admirateiir assidu de Napoèéoo,
DU des princes les plus zélés de ta confédération dn Rhin ; on le voyait,
comme le prince primat, «lusi souvent à Paris qn'à ^ottgaid ; il ans-
tait aux dluers de famille, partout, à Saint-Cloud et aux Tuileries, et
Napoléon était aise de montrer la différeoce entre lui intc^igent et
actif, et ce monuque allemand anx habitudes domestiques, nourri de
foie d'oie et de pilé de venaisoo, comme les féodaux du Bhin sons les
carlovingienSiprinces humiliés qui suivaient alors son char de triomphe.
La volonté de l'empereur ne trouvait pas plus d'obstacles i Stuttgard
qu'à Munich ; ces cours étaient unies par les doubles alliances de
famille, d'intérêt et de territoire. Eugène avait épousé une princesse
bavaroise, et Jéréme une fille de Wurtemberg. Quelles que fussent
' Le ministère de Bavière n'avait point cliaiigé.Toyex tomeTI, cb. ri, de cetouTnge;
teulemeDi il hii augmenté d'un départemeui des flnincei, confié i M. le baron
Sompetck,
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AD STSI&MB FÉDéaATIF DB HAPOLÉON. 71
M» alIiaDces polîtiqaeH, les femmes restaient toujoura dans leur fierlA
de rsce. Lareine de Wurtemberg était Anglaïae d'origine ; Charlottfr-
Auguste-Mathilde, née dans la famille régnante en Angleterre, m
plagait k Stultgard sur la même ligne que l'électrice de Bavière,
comme uue oppositiou au système français. Cette race du Wurtent-
berg , si considérable, avait des alliances dans toutes les cours : en
fiussie, en Angleterre, avec les Saxe-Cobourg , avec les princes de
Nassau ; tous les intérêts et toutes les opinions étaient représentés à
Sattgard ; c'était habile à un prince qui se trouvait ainsi protégé
QCHitre tous les coups de la fortune * .
La Saxe n'étant entrée dans la confédération du Rhin qu'après U
canqtagne d'Iéoa, Napoléw l'avait placée dans la iiiérardûe i la suite
du Wurtemberg, bien que le contingent des troupes saxonnes fAt
plus cousidécable. Frédéric-AufiuBte devait un accroisKment de ter-
rUiHre et de revenus à son alliance intûae avec la France, comme le
Wurtembeif et la Bavî^. Sa conroone était devenue royale ; le
traité de Tikitt lui donnait des possessions nombreuses en Prusse, et
de phw, le grand-duché de Varsovie, tombé dans le dernier partage
au pouvoir des Pruaûens. Le grand^ucbé de Varsovie, encore occup6
par les Français, et destiné dans l'origineà servir de noyauà la Pologae
indépendante, fut aus» donné en indemnité à la Saxe ; l'histoire avait
montré plus d'une foia Les princes de cette lignée qipelés k la couronne
de Pologne par Le choix libre des palatins dans les diètes ; l'ouperear
voulut réaliser cette forme timide et tfompeuse d'une émancipation
de la Pologne ; U noble nation était venue à lui et Napoléon n'avait
den osé pour elle. Le roi de Saxe» prince de loyauté et d'hoBneur,
visita pluaieun fois Paris pour rendre lioDunage i son 80ierain;iJse
distinguait du roi de Wurtemberg par un air de douceur et de dignité
perstHinelle; iL portait lecostame de l'ancienae cour, la vieiUe coif-
fure du temps de Frédéric , sans faste comme toute la noblesse alle-
mande, en «'asseyant à c6té de tant de récentes fortunes, il s'en sépa-
rait par les manières et Les formes. La maison de Saxe était alliée
' Le miDistira dn rgi da Wurtembc^ comptiil :
V. le comte de WiDsingeTode, minûln d'Étal et da* confénneêt, myaat là difr>
l«in«nl du affttinr étrimgirt*,
tt. le btron de Taube, miniilrt de l'intérieur,
U . le duc Guillaume, tainieira de la guerre,
H. le baiDu d'Eode, miniitredi lajuttite.
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72 GOtVEBNBHENT DBS ÉTATS Ll£s
tout i la fois à l'empereur Napoléon, è l'Aulrit^ et h la BaTiërs;
elle se soutenait ainsi par l'appui des vieilles et des nouvelles dynasties,
lorte de balancement dans la situation générale de l'Europe ' .
Bade avait maintenu sa neutralité pendant toute la lé^ololioii
française ; le successeur des margraves s'était jeté dans les br» de
Napoléon et depuis le consulat lui avait gardé une fidélité exemplaire;
le prince Charles de Bade, si peu mêlé à la politique dans sa cour de
Carlsruhe, s'était résigné k toutes les idées de son terrible v(»sîn, ee
protecteur aux larges et fortes pensées; il lui devait le titre de grand-
duc avec une augmentation coitsidérable de territoire ; il venait de
donner son pctit-fllR, le prince héréditaire, à la gracieuse Stéf^nie-
Louîse-Adrienne Napoléon de Beauhamsis, et par là il s'était assaré
la protection de l'empereur. L'électeur de Bade s'était aussi rattacbé
la Russie par le mariage d'une de ses petits-Biles avec le grand-doc
héréditaire, tandis qu'une autre des jeunes princesses allemandes,
élevées à Carlsnihe, épousait le roi de Suède, cet ardent Gustave-
Adolphe, chevalier des idées monarchiques. Ces familles électorale,
intimement unies les unes aux autres, se croisaient incessammeDt pU'
des alliances, de manière à s'appuyer mutuellement; elles avaieot
des parentés dans toutes les cours et des protecteurs parmi tons les
cabinets *.
Le système de la confédération du Rhin comprenait des princes
de second et de troisième ordre ; la masse en était con»dérable, car
l'Allemagne conservait le système féodal, dernier débris de cet arbre
immense qui couvrit le moyen âge de ses rameaux : Louis, X* do
nom, grand-duc de Hesse-Darmstadt, vassal fidèle de France, car sel
terres touchaient le Rhin ; Ferdinand-Joseph, grand-duc de Wnrti-
' En Sne on complaît un cibinct plusnombrcui :
H. k comte de Base, mininre du affairei éO'angèrei.
M. le comie de Hopfgarten, minittr* du cabinet et acrilaire d'État, arigtaulU
dtpaHement domntiqua et vne partie du dipartement militaire.
H> de Loss, dirigeant l'autrt partie du département ffltltlatrw.
Conseil privé.
Minittret du tonftreneu :
M, de Bourgsdorff.
H. 1« comte Hohenthal.
H- de Csriovitz.
M. de Zedlwii.
* Voici l'élAt euct tant de la population que du territoire des peuplr^ nu«'*
dau la conlëdération du Ehin :
îdbyGoOgIc
AD SYSTÈME FioéBATIF DB NAPOL^O^t. 73
boarg, archiduc d'Autriche, que remperetirNapo1é<Hi protégeait de
toute sa force, pour l'opposer h son frère atn6 l'empereur ; projet
blEarre et sans exécution, comme si en Autriche la loi hérétUtalre
pouvait être modifiée en face de sujets fidèles depuis des siècles aux
atnés de la maison souveraine. Denx branches des Nassau étalent
conservées dans la confédération du Rhin ; deux branches également.
PTtmitn mtmbm d» ettté fkmféd*nUio».
10 BavUrc,
l.TBO mUles cairia.
a- Wurlemberg,
an
1,189,000
3» Prince PriiMl,
«
174,000
4* Bade,
lOS
800,000
B-Berg,
IM
00.000
m
400,000
7" Nissau-Osmeeii,
»> Nusaa-WeiÛMiirB,
1.0.
ro,ooo
0° Hobeozolleni-HeeUo-
.O.Hofc.>en.*e,.
n
44,000
mtriDgea.
Il" Salm-Sdni,
S3 1/9
30,000
12° Stlm-Kirbourg,
11
17,000
U
80,000
W Areobcrg.
« Ht
48,000
S
6,000
16* Lejen,
S
B,000
Tottl.
a.MB
e,»si,Boo
VmbrM Miiré* aprte la/lrnitoMoMiti la
AMpotWr.
S,3W
8,0Ï1,B00
!• Sue,
71S
1,010,000
a. WumbOBTB,
100
SM,000
3» Sâje-Weimir,
ÏT
109,000
40 Stie-Gotba,
«1
180,000
B* Baie-MeiouDgu,
14
84,000
4* Siie-Coboiirg,
1»
M.000
11
33,000
8* Anlult-DesMU,
17
83,000
ISl^
3B,000
10* Anhalt-Kvthen.
14 1/3
33.000
hausen.
U
48,000
Bladt,
11
40/100
l*- Waldeck.
»
49,000
i¥ B«us (Plmnen-Creig},
1
».000
U* Lippe (Deunoldj,
9»
70.000
Toul.
3,98»
9,960,000
,db, Google
74 GOOVEBHEHENT DBS ÉTATS LIÉS
des Hobenzoltern ; une des Salm-Saltn, dans la personne du prince
CoDstanlio-iJeiaDdre, si spirituel et ù causeur ; on j trouvait égale-
ment les Isenbourg, de si vieille souche ; Prosper-Louis, duc d'Areo-
berg, jeune et brillant alors, ÎJ avait à peine 23 ans : sa famille
B«rtBÎt des chevalien de Souabe ; les [K-ÎBces de Lichteosteiii ùàsùaA
•uSH partie île la confédération ; les Saxe-Got^ les Saxe-Weimar d
trois autres branches de la même famille marchaient sous le protec-
torat de Napoléon ; puis les Anbait, les ^ncesde Lippe, les Meck-
Icmbourg-Strélii ; les Mecklembourg-Schwerin ; nombreuse lignée,
alors représentée par Frédéric-François, qu'un mariage réunissait au
duc de Stxe-Gotha, les Beuss et les Waldeck, Gers hommes d'armes
aui: vieux temps, faisaient aussi partie de la confédération du Bhia :
chacun devait fournir son contingent de troupes au premier appel de
l'empereur ; tous cherchaient à s'allier même à ses collatéraaiou à
ses généraux les plus fidèles ; c'est ainsi que Berthier époosut une
fille du duc Guillaume de Bavière ; le duc d'Arenberg obtenait la
main de mademoiselle de Tascher, nièce de l'impératrice, gracieuse
élève de madame Campan ; enfin un prince de Hohenzollern se tenait
fier d'épouser mademoiselle Antoinette Murât, nièce du nouveaa
grand-duc de Berg '.
Tous ces princes obéissaient par dévouement ou par crainte à ti
politique générale de la France; c'était le système de Richelieu
agrandi ; on ne leur payait ^us des subsides de guerre, et pour iei
faire marcher, il suffisait d'un ordre dn cabinet impérial. Lcscoo-
tingents, proportionnés et réglés par l'acte solenuel de la confédért-
tion, devaient être au premier signal sur le pied de guerre; les UDd
■ ■ Paris, 13 fKrrierlBOS.
a Le mariage de S. A. le due d'Arenberg avec mademoiselle de Taschr, lâf
ûe l'impératrice, a eu lieu aujourd'hui chei la reine de HollandG. S.H.Ianiat
donne t cetteoccasioB, dansson hdiel, ruede Céroiti, uDeKteetanrqwsda»»»
de 600 couverts, que LL. MM. II. «t RR. honoreront de leur pr^senee. ■
« 7 février IMS.
» Jeudi dernier, S. A. Anioinetie Murât, nièce du grand-dnc de B«^, cl iMut'
)>rinccsBe la veitte, épousa le pi^nec de Hahenzonem. 11 j eut k celte oeeasiHi. N
palais du grand-duc, un bal magnifique que LL. HM. l'empereaT et l'impénui'*
ont honoré de-leur présence. »
X 13 mars 1S08.
a Mercnai dernier, 9 de ce mois, S. B. Ma^ le cardinal Feaeh a donné lai'*^
diction nuptiiile k LL. AA. SS. le prince de Neurehâiel eiib pilnccne Utn'-
Elisabeth, fille du duc Guillaume de Bavière, ei sceur du prince Pii-Aiifusu.'
îdbyGoOgIc
AD STSTiME PÉDÉRATIF DB NAfOLÉOH. 75
tels que la Bavière et la Saxe, devaient deux dinsiooa cTinfantciie,
ime de cavalerie ; d'autres, une simple brigade, un ré^raeat, an
bataillon , et quelqueroîs même une compagnie ; le contingent ét«tt
en rapport avec la force territoriale et financière de chaque Ètiit,
mais il le fallait «ir-le-dump. Quelquefois Napoléon appelait cas
vassaux à son palais ou sous la tente pour leur dicter des ordres «a
pour te suivre dans les cérémonies publiipies, afin <te constater sa sou-
veraineté ; l'empereu, plein de confiance dans la noblesse allemandet
connaissait sa bravoure et il l'employait ; la plupart de ces jeuace
princes étaient coIoiHb de régiments, amples ofBci«B d'ordonnance.
quefqoefsfB même auprès de sa personne avec des grades inférieun ;
il leur donnait les levons et Tcxemple ; Napoléon se servait de la
noblesse allemande pour ses desseins ; il semblât lui dire : <c C'est i
vous qn'i) appartient de garder les frontières du fihin, voos êtes les
avant-postes du grand empire ! a Tous ces princes servirent avec lèle ;
nul ne manqua au feu ; ils se souvenaient de la glorieuse époque de
leurs ancêtres sous Cbarlemagne. Le contingent saxon était magni-
fique, l'artillerie admirablement servie; en campagne, on l'incor-
porait dans des corps d'armée mi-partie français et italiens, et souvent
le commandement en était déféré à un maréchal d'empire : ainsi,
Bemadotte mena souvent la noblesse saxonne. Les Bavarois étaient
d'excellentes troupes, et le souvenir des généraux de Wrède et Deroi
se mâle aux beaux faits d'armes de l'armée de France, surtout pen-
rfant la campagne de 1809 ; les Wurtembergcois, les Badois, furent
moins brillants, on ils demeurèrent plus obscurs, parce qu'ils étaient
en plus petit nombre, et moins souvent cités dans les bulletins de
campagne.
Maître de si nobles auxiliaires, ta faute de Napoléon fut d'assouplir
les peuples au niveau de l'esprit français ; il ne respecta aucune cou-
tume. Pour être durable, la confédération du Kbin devait rester alle-
mande, avec ses privilèges ; le haut protecteur devait conserver les
lois, les habitudes de la patrie ; l'empereur comprit mal ce rAIe ;
Charlemagne s'était usé à la peine en réalisant en vain un système
(l'unité ; Napoléon voulut imprimer le caractère français non-seule-
ment à la forme militaire, mais encore à toutes les administrations
civiles; les peuples furent gouvernés durement; les exigences de
Napoléon étaient grandes; il fallait sans cesse lever des hommes et
des impôts afin d'entretenir les contingents de guerre. Il résulta de
Diclzedby Google
78 eODTBBNBMBMT DBS iTATS Uts, WK.
là, je le répète, une situaUoD dUBcile pour tous les États soumii lu
système fédératif de l'empereur des Français; ils dureut se faire
oppresseurs pour remplir les conditions de l'alliance, faire incenuii-
ment de nouvelles leiées de conscrits, et prendre moins à ccearde
soulager leurs peuples que d'obéir aux ordres qui arriraieot des Tui-
leries.
Or, que résulta-t-il de 1k? C'est que les peuples s'organiaèreat en
dehors des gouvernements germaniques; les princes pouvaient s'ab-
diquer, les nations jamais ; quand les joun de réaction commencèrent,
ce ne farent pas les gouvernements allemands qui se levèrent contit
Napoléon, la plupart restèrent fidèles ; mais il y eut an esprit de
patriotisme qui, secouant les chaînes, tenta de rendre à diaque penplc
«on caractère, et i chaque nationalité son origine et son dr<Àl Le
génie d'Arminiu* se réveilla au sein des «Diversités contre le nnureiii
Qiarlemagne.
îdbyGoOgIC
SlTOÀTIOn DBS eBANDBS FmSMMCU» BTC.
CHAPITRE IV.
■ITUITIOH DIS aUNDH PDlflMGU ÂTtkS U f UX DI TILSTTr.
1* L'Ai^lelrire. — Décadeoceduiniatstre Grenville. — Sa faiblesie et ses faute*.
— Sn eipéditiODs milJUirM HioUière CaDDlog, Castleresgh , Perceval. —
Dissolution du pirieroenl. — NoiM de H. CaDDiog 1 la Bussie. — NégociatioDS
de lord Goirer. — Eipéditlon noglûse i Copenliague. ~ Ses molib secrets. —
Système militaire de Castlercagh. — Le major général Arthur Wellesle; (Wat-
ï'mgtaa), — S<>IaBusaie«prèslB paix deTilsItt. — Esprit d'AlexaDdre.—Prépart-
tUs deguerre contre la Finlande. ~ La cour et l'opinion en KDSsie. — Lesconcnils
de Napoléon. — Le colonel Pouo di Borgo. — If ission du général. — Bupture
avec 1 Angiciene. — Ses conséquences. — 3° L'Autriche. — Esprit public. —
Ses armements sucrcsriTs. — Application de ses finance». — Augmentation de
ses cadres. — Le prince Charles. — 4° La Prusse. — Eigucur de l'occupatioD
française. — DépAt des places fortes. — Séduction de son armée. — Humilia-
tions. -~ ImpAls. — Fermentation des esprits.
L'Angleterre, l'ennmiie implacable du système impérial, D'était
point restée spectatrice immobile des grands événements qui agitaient
l'Europe continentale ; le cabinet de lord Grenville semblait un pro-
grès dans les Termes opinions ; le noble lord avait appartenu à l'école
antifran^aise ; on pouvait espérer ainsi des mesures d'une certaine
force politique ; mais le frottement de lord Grenville avec le comte
Grey et le parti wfaig avait ramolli l'esprit et la tendance de sod
cabinet. Tout avait été faiblement conduit ; aucune expédition n'avait
produit de sérieux résultats : partout l'Angleterre, engagée k paraître
en force pour seconder le mouvement européen, n'avait tenu que
lentement ses promesses. L'empereur Napoléon frappait comme la
foudre, et lord Grenville ne remuait les armées britanniques qu'après
que la victoire, si Sdèle aux aigles de France, avait rendu inutile leur
concours : c'est ce qui était arrivé en Suède , en Prusse ; et tout ré-
cetnment encore les expéditions contre BuénoS'Ayres, les tentatives
contre la Porte ottomane, avaient complètement échoué, à cause dei
Diclzedby Google
73 srrcATioK sn gkakdbs fcissmou
Imteurs et des incertitudes du ministre; GretiTille s'était osé '.
Il euste hH^otus ea Angleterre un seDtiueDt public et national
qui fait justice des mauvais systèmes ; si les portis politiques se divisent
dsDS les questions de l'intérieur, il n'eo est pas ainsi quand il s'agit
de l'honueur et de la puissance anglaise dans ses rapports avec
l'étranger ; alors se réveille l'orgueil et l'esprit du pays. Quand les
ministres ont méconnu la tendance des opinions, l'Angleterre lei
proscrit et les brise ; et c'est ce qui arriva précisément au ministère
Grenville : il ne put résister au mouvement qui se prononçait contre
lui avec une grande énerve au sein de la nation; dans le parlement,
le parti Pitt refusa de le seconder , on ne lui pardonnait pas son
alliance avec les vhtgs ; Canning et Casticreagh l'accablèrcot de leurs
sarcasmes, et, lorsque l'Angleterre résolut de poursuivre avec énergie
te lutte engagée contre la FraDce, elle dut chercher des hommei
d'État d'une plus Terme capadté et réunis sous un drapeau plus
éminent et plus national.
Ud nouveau cabinet fut donc formé dans de meilleures condittoDs,
an face du parlement. Grenville se démit de ses emplois , et le parti
Rtt reprit so puissante politique ; l'image du grand homme d'Étal
fut replacée sur son piédestal, et ses principes reçurent solennelle-
ment leur application dans une administration tory. M. Perceval,
riostrumcnt actif qui prépara la formation du nouveau cabinel,
' ITipoIéon discutait avec violence les derniires npédilioi» anglaises ; H disul -.
« L'Anglelfire a fait plusieurs «ipédilions : la preiDJère d«vtirt Consiantiueplr-
SU* a louméàsahonte; elle lui a valu la perte de pinsieurs vai$seini, la con&sta-
tion de toutei ses marcban dises el l'eipulaioD de son commeree de loutn les
^belles du Levant. Lord Duckwarih et son escadre ont éié heureui de pouvorr
trouver leur salut dans la fuite.
• La seconde eipéditioD de l'Anf^etcTre a été contre l'Egypte. Elle a éié pin
konteose encore, plus funeste , plus déshonorante. Sod aimée , buttac i Rosciie,
cernée dans la route, a perdu plus de 400 liomiaes d'élite, qui ont été tués ou Uuls
prisonniers. En vain les Anglais ont coupé des digues, ronrpn des fananx, inovil'
ce nelbeureui pays pour se mettre i l'abri dans Aletandiie ; l« 22 septembre, )t
fâcha du Caire arrive, les bal et les oblige i lui remettre Aleiandric où le paeha faii
aaa entrée le 2i. Il en difficile de ciier une cipédition plus humifiante.
« Lu Iroisiime eipédiiion de l'Angleterre a été cefle de Slonievidée et de Boéae^
Xjna. Dix mille Anglais écbDHÈrent devant une ville miTtrte I II est mi qw la
iMine que ce» enaeniis de la leligion inspirent aux calboliqucs espagnols avait doniir
de nouveaux moyens contre eui, avait animé d'une nouvelle ardeur la popuïaiioii
tout entière ; et 10,(X>0 bommes ont été bcureui qu'on leur accordât la permission
4e ee retirer. »
DiclzedbyGoOglC
APmftS LA PAIX DE TILSRT. T9
n'éWt point une capacité d'an otite supérienr ; mais , le premier, Il
avtit senti l'impérieuse Bécewité de dooner une extension ^us éner-
gique et une tenue plus ferme à la politique anglaise , quand il s'agis-
sait de hitler avec en adversaire de la stature de Napoléon ; H travailla
coMtamment à renverser lord Grenville, quoiqoe son ceHègue, et
(tétait un titre pour prendre place dans le nouveau ministère. Le
parti Pitt fut penonoiSé dans M. Caniting et lord Gastlereagli , tooB
deux élèves fervents de la forte école : lord Castlereagh n'avait pu
derant lui ce vaste borizon qui s'illamniait par le génie du ffis de
Chatam * ; les questions ne se présentaient pas h son esprit par masse»;
il les suivit une à une, il s'exprimait difficilement devant les com-'
munes ; son accent , fortement écossais , le rendait quelquefois disgra-
cieux ; mais il possédait un caractère très-ferme , une indicible téna-
cité pour les idées conçues; et durant les crises, l'entêtement dam
une bonne ligne est souvent du génie. Lord €ast1ereagh ne désespéra
jamais de sa conviction profonde , qui était la chute inévitable de
rempereur; il en suivait la réalisation sans détourner la tète, et c'était
une force en face du découragement de l'Europe. Son collègue,
M. Canning , avait les qualités et les défauts contraires; nul ne par-
lait avec plus d'élégance dans le parlement , c'était un orateur Reuri,
classique , ainsi que le disent les Anglais ; on l'écoutaît avec faveur ;
invoquant tour à tour les souvenirs mythcrfogiques, Horace et Vii^île,
comme on écolier d'Oxford , M. Canning soutenait des thèses rhéto-
riques plutôt que des théories d'homme d^tat ; élève chéri de Pltt, il
s'était rattaché fortement à ses idées ; plein de prévention contre Ta
France, il servait l'antique rivalité avec un patriotisme digne d'élogea
pour un Anglais. Si Castlereagh avait le sentiment tenace de ses
idées militaires , Canning s'était donné pour mission de conduire les
affaires étrangères dans le sens ferme et haut de M. Pitt.
' I.B liste des Diembres du nouveau miaistère anglais était ainsi composée ; « La
duc de Portlaod, premier lord d>!talrcsoreriE,'lord Eldon, lord cbanceTict; le comte
de Cimbden, président du conseil; le comle de Wcslmoreland . garde du sceau
ptiré ; lord Hawkesbnry, ministre de l'intérieur ; lord Castlereogh, mlnislre de >■
gatrre; M. Cauning, minisire des affaires étrangères; le comte de Chatam, grasil
nultre de l'aitilleiie ; lord Hulgrave, premier lord de l'attilranté; M. PcrGeva1,cban^
éviter de l'échiquier ; lord Bathnrst, mettre de la monnaie. Ces onze minisirei com-
pesajent te cabinet. Les autres nominnlioas étaient celles de sir James Paltnej, eecré^
' (aîM de ta guerre; M. Loi^ et lord Charles Sommerseï, tous les deux payeurs; lo
comte de ChicLesier, adjoint au grand mettre des postes ; Robert Dundas, président
dn cODttAle, et M. Lovalne, membre du bureau des Indes, n
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'^ SrrUATIOlf DBS GSANDB9 POIftSAKCBS
Le nouveau minUtàre , Taible devant le parlement , crut nécessaire
de dissoudre les communes pour se donner une plus grande force ; la
majorité vint à lui d&os les élections générales bruyantes et animées.
L'Angleterre avait la conviction profonde qu'il fallait engager one
lutte puissante contre la prépondérance de Napoléon ' ; la partie
Qoble du pays portait cette liaine jusqu'à l'exaltation , et le système
politique de Canning et de Castlereagh obtint une majorité de {dus de
cent quatre-vingt-neuf voix dans les élections générales; dès lors, le
«abinet put se résoudre i des mesures plus vigoureuses ; la fierté du
|>oiivoir soutint la fierté dans la nation. Les résolutions du ministère
se rattachèrent à deux natures d'idées : Napoléon menait la pré-
jtondérance politique et commerciale de l'Angleterre par le décret de
Berlin, il fallait répondre aux vastes plans de conquête que le génie de
l'empereur avait conçus.
Les mesures du nouveau cabinet furent commerciales et politiques.
Napoléon avait préparé, par son décret de Berlin, uae guerre à
outrance contre les intérêts commerciaux de l'Angleterre ; il était
puéril de bloquer les ports et les c6tes d'un pays , quand aucun navire
oe pouvait sortir de France sans être pris par des croisières anglaises.
Le cabinet CasUereagh répondit par des actes d'une nature bien plus
efficace; la France ne pouvait obtenir les denrées colooiales, et pré-
parer le débouché de ses propres produits en vin et en denrées que
par le moyen des neutres. Les Anglo- Américains, les Danois et les
Suédois servaient d'intermédiaires au commerce de la France, de
sorte qu'elle éprouvait peu de gène , même dans les temps les plu
violents de la guerre ; il ne s'agissait que de substituer un pavillon et
un connaissement neutres.
L'Angleterre savait les fraudes, et elle avait soutenu d'abord avec
énergie son droit de visite des neutres; le ministère vigoureux da
' L'empneuT, quinecompreDiitiieDaui libres ilectioDs, faisait écrire les phiua
•aivtntes par Bsrère :
« En AnglfLerre, les él( ctiooa sont précédées et flccomp^ttécs d'eic^de tons les
genres. Les moicns de eéduciiOD les plus buDleui sont employés pur les campéll-
teura ; ils se dccliirenl réciproquemenl avec une fureur ÏDetprimable ; ils eiciieal et
UeitcDl en mouTcment des passions tellement violenira , qu'il ue se forme pas ta
nouTcau parlement dont les élfctious n'aient été souillées dusgng de quelques élec-
teurs. Le ministén: qui se croirait perdu s'il eiislail un parlement qui ne f&l pH
coirempu, commence toujours i déshonorer la majorité de ses membres H ks
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IPAtS LA FAIX m TItSITT. 81
: et de Castiereagh prit une résolution bien plus déciave
encore , en déclarant que les neutres seraient tous de bonne prise, s'ib
pwtaient des marchandises ou s'ils touchaient À un port de France;
par ce moyen , les dernières ressources du commerce ennemi étaient
éteintes; il n'y avait plus possibilité de se servir du pavillon neutre
pour le négoce de port i port, tous réellement bloqués par les escadrei
britanniques. Si le décret de Berlin était puéril parce qu'il n'obtenait
aucun résultat, l'acte du consul britannique était sérieux, il tuait d'un
seul coup le commerce de France ; c'était une des représailles let
plus efficaces que l'Angleterre se fût permises contre l'empire. Qu'elle
fût hors du droit des gens , c'était possible ; là n'était pas la question ;
l'Angleterre ne gardait pas plus que Napoléon les principes de justice.
La vieille querelle de Carthage et de Bome s'était renouvelée; il fallait
se briser l'une ou l'autre. Annibal ne respecta pas plus le droit publie
de Bome que le consul romain ne respecta le droit maritime de
Carthage *.
■ Hjlords uid gCDilemen, « His mtjesij commtnds na to isuirc jou Uiat ht
deeplr dcplDTc* Ihe unfOTtuattc issue ottbt yiai npoo Ibe C0D[[a«ot.
> The immense eiteoaion orihe power snd influence orFrioce, and theuDdlssut-
s«d deinrniniiioiioftfae enDemy toemplo; themnDs indresonrces ot ihosecouB-
uiea whieb be possesscs or conU-ols, for the pafpose of elfeeting tbe ni[ii ot hU
nMJraty's kjngdoro, undoubledly présent • rormidtble Tiew of the daogen and diffi-
cnllies whieb the couairf bas to encounter.
■ But his roajesii trusts ibat the loyal tnd brave people over whom he rcigna arc
not la be daunled or disbeartened.
a From the recalleclioD of ibose difflcnllies nnder «hich bis people bave sncces-
shely straggled, andoribosc dangers which Ihey baYehappilj sunnonnied, bia ma-
j«st7 dérives ihe eonsolation of bclieviog, that ihe same spirii and peiGevcrance whieb
Imtc hjiherio remained uDbrokeo will coDtlnue to be eiciled witb onabaied vigonr
and success.
* And wbile his majestj comuaods na to repeat ibe assurances of his conaunt
TCadiness to entertain any proposais wbich maj lead lo a secure and boDounble peaee,
bfl comoiands us at Ibe same lime to eipress bis confidence ihal bis parliement and
his people «ill rrel with him the necessii; of pcise>'eriDg in thosa vigorous efforts
vhicb alone can gîve Ihe characler of honour to anj negocialioD, or ihe prospect e'
securiif or permaneDcj to aoy peace. His majcsijr, ibererore, irusia tbat his parlia-
mcDt and his people «ill always be readj lo snppori him in erer; meesure wUch
may be nccessar; to defeat tbe designs of bis enemies agaiosi tbe independeoce of
bis najesiy'B dominions, and to maiolaln against any hostile coDfederacy, those jnst
rig^ts whieb Us majesijisalvajsdesirousto exercise, wilhumpcr and moderatiou,
buiwbirh, asessentlal totheboDoororhis crovn tod truc inlcresla of his people,
lie i> dctennined nerer lo surrindcr. a
D,„l,z.dbyG00gIC
Si situation des GBAKDBS PD1SSM<CE9
Les mesures militaires du ministère Casllereaghfureatdïcigéaaiec
toote réaergie de sod caractère vers le but de préserver et de gnndtr
MB pays; rien n'arrêta le cabinet dans ses résolutions. L'ADgJeterre,
iwissance toujours la mieux iuformée , sut pénétrer les secrets des
cabùiets ; aucune des clauses da traité de Tilâtt n'avait écha|>pé i «
nireatigations ; elle s'était sen ie de la vieille noUesse moscovite pour
cnonattre tout , même ce qui se passaK dans les secrets intimes du
cur. Les dépêches de lord Gower avaient sign«Ié à H. Ganuing iwe
des résolutions du traité de Tilsitt, Tatale pour l'Angleterre; a les
Sottes portugaise et danoise seraient mises h. la diqtositioD de l'empe-
rear des Français, et, se concertant avec l'amiral russe Siniafin,
toutes ces forces navales devaient se joindre à la mariae de Freace
pour attaquer fièrement la Grande-Bretagne. » Le ministère Gsnuing
délibéra dès lors sur la nécessité de prendre un parti dans une ciise
aussi menaçante ; iord Gower , tout c» caressant le vieux porli mos-
covite, si haineux contre Napoléon , dut demander impérativement
des explications au czar sur les articles secrets du traité de Tilsitt :
« Ces articles ne pouvaient pins se déguiser; ils étaient connus
presque par tous les cabinets de l'Europe , pourquoi l'Angleterre n'en
aurait-elle pas la conomunication oIBcielle? Seraient-4ls une menace
contre la Grande-Bretagne? La Russie voulait-elle préparer une
rupture? En ce cas, mieux valait s'expliquer nettement, v Lord
<iower ajoutait : « Qu'en supposant toutes les bypoUièses , l'Angle-
terre se croyait autorisée h prendre des mesures indispensables ponr
sa sûreté personnelle ; si elle n'avait pas satisfaction sur ce point , die
l'obtiendrait par tous les moyens. >• Lord Gover déclarait : a Que son
gouvernement connaissait l'intention de la France de s'aider contre la
Suède de la flotte danoise. » M. Canning en se résumant demanda
par une dépêche Tormelle : a 1° une communication fraitcbe ia
«rtictes du traité de Tilsitt , tant secrets qu'avoués ; 2° ane explicatioii
sur les bases proposées par la France pour traiter de la paix ; 3* une
déclaration des vues de l'empereur de Russie , une preuve claire
, de la bonne intelligence subsistant entre S. H. et son auguste
allié '. »
' M. CanDJng, d'après les résuluts d'un grand conseil tenu k Windsor, adressa I)
«Ole suiranie au minUlK russe i Londr&i ;
■ S. H. oiicnd avec la plus vive sotliciiudc l'envoi du mité de Tilsitt et Viaem-
ciaiioa des équilaiiics ptiiicitcs tur Ic.'^queU S. lU. 1. appuie s» conHaoce que 11
Diclzedby Google
ÀPD&9 LA rÀIX DE TILSITT. Q
Cette note reçat immédlalemeot une terrible exécation. Députa
deux mois environ les arsenaux de Londres étaient dans la ptui
grande activité; il s'agissait d'équiper une flotte formidable; lei
ordres de l'amirauté portaient de réunir vingt-deux vaisseaux de ligne
avec un nombre proportionné de frégates et de navires de transport
destinés à une armée de terre ; les régiments d'élite , les gardes eux-
mêmes devaient se tenir prêta k partir , avec leur artillerie , leur bat-
terie de fu»éea a la congrève. Cette flotte était placée sous les ordres
de l'amiral Cambier * , qui depuis Nelson avait conquis une réputa-
tion brillante dans la marine britannique ; l'amiral Gambier avait cette
France désire faire la p«ii avec la Grsnde-Brplagiie ; elle se pisll à f roiro que la pilx
deTtlsIll et les principes sur lesquels la France est prête à négocier sont de DStureà
inspirer i S. M. B. un juste espoir de parreair i, une paii lionorable el sûre. Ella
uccplera la médiation de la Russie après avoir regu ces impurlantes communiOBUonk
H ne peut Taire une réponse plus explicite ï la note de If. d'AInpceus, n
Coorormément k cette acceptation conditionnelle de la médiation russe, lord
Lewison-Gotrer, ambassadeur anglais i Saint-Pétersbourg, se rendit chez te biToa
de Sudbei^, rainisire des affaires éirangèrcs, le 3 septembre, et lui demanda l> corn-
municaiioti des articles secrets de TJIslii et l'aveu sincère des intentions de sa court
n lit observer que le terme (ii6 i racceptoilon de la médiation avait produit un md-
Ument dérarorable à l'intervention de S. M. I.; bien que S. M. B. eût lieu d'jlre
affectée des termes de l'art. 13 du Iraiic , tel était cependant son désir de eoncluie
une paix Iianorable qu'elle no réiraclerail point l'accepLaiioa condiiionnelle de Is
nédiation. M. de Budberg avoua l'existence d'articles secrets, mais protesta qu'ils
ne tuuchaîentcn rien les intérêts de rAngleterre; qu'il n'j en avait aucun qui sttpulit
b fermeture des ports russes bu commerce anglais. Lord Go-ver perslSlBideiliMLa
der la communie ai ion de ces articles, ne ftkt-ce que comme une marque do le conll-
ntulion de cette coaQance mutuelle propre à donner un heureux résultat à la média-
tioa de l'esipereur de Bussie. Le ministre russe promit d'en référer i son souverita,
M ne répoDdil posiiivcmeal que par la donande d'une eiplication sur les intentions
dei'AngleterreArégard du Danemarck. ■
' Comme l'eipédition de Copenhogue tient une large place dans celte époque, |e
rrois essentiel d'en faire connaître toutes les pièces les plus intimes :
Sommation adretsee, It 1" uplembrt, au gouverneur de Copenhague, for Içrd
Cathcart el l'amiral Gambier, eummandanti en chef des forcée brilanniguM (ta
terre el de mer.
s Uons leur, nous, commandants en cbefdes forces de terre et de mer de S. H. B,
devant Copenbague, avons jugé convenable de vous sommer de rendre la place, afiik
d'éviter une nouvelle effusion de sang eu aliandounant une défense qu'il eat évidem-
ment impossible de continuer.
• Le roi notre maître s'est efforcé de concilier les différends qui font l'objet da
la querelle actuelle, par le moyen de ses agents diplomatiques.
i> £1 pour convaincre S. H. danoise et le monde entier de ta répugnance avco
laquelle S. M. brilanniquea pris le parti d'avoir recours aux armes, nous sous^és,
nous renouvelons i cet instant où dos troupes sont aui portesdeCopenha|^etDO\
:dbv Google
^ BITCATIO!! DBS GBARDBS PD138AKCIS
intré[Hdité indispensable dans les expéditions où il faot en fait |«r
va coup de main ; le choix était bon pour une opération militaire de
cette importance. Les troupes de terre furent mises sous les ordres de
lord Catbcart , esprit distingué dans la dipl<Hnalie , un des géuéram
les plus remarquables des armées anglaises ; négociateur habile dans
les camps , comme il s'en trouve souvent au sein des cabinets de l'Eu-
Tope , lord Cathcart avait commencé sa carrière sons le duc d'York ;
il avait une de ces flmes froides, méthodiques, qui distinguent ks
^néraux anglais.
batmies prèles h 1« foudrajcr , nous vous rencuTEloiiB l'offre d'aceéd«r auï temct
«Tiotagf ui et cou cil [noires proposés i votre cour psr les ministres de S. H.
» Si vous consentez i livrer la flotte danoise, et i ce que nous l'emmenions, db
sera conservée en dépdt et renduei 8. H. danoise avec tousses équipages et dans le
■ntme état qu'elle aura été prise, dés que 1e« arrangements d'une paii générale lève-
ront les causes qui ont nécessité cette demande. Les propriétés de toute espèce qui
ont été capturées depuis le commencement des bostlliiés seront rendues à qui dite
■ppirticnneni, et l'union qui eiistait entre les rojaumes unis de la Grande-BreU^
'Ctd'Irlaiideetle Dsnemtrck pourra étrerenouvelée. Cette propositionune fois rejetée,
nous ne pourrions plus la Taire une seconde fois. Les propriétés publiques ou parâ-
*culières appartiennent de droit à ceax qni s'en sont emparés ; et U viile, une td*
prise, devra subir le sort de tout pajs conquis.
a Nous vous demandons une décision prompte; la position de nos troupes, avan-
cées jusque sous vos glacis, rend l'ailaqoe indispensable, et un délai dons celte tir-
constance serait tout à Tait déplacé.
■ Nous avons l'honneur, c(c,
• Signé; Gahiub, amiral.
B Catbcàbt, liantenant génmi. a
Réponu du gtfnAvt Pej/ntatm.
• Copenhague, le 1" septembre lt01.
» Milords, nowsMimiiies intimement convaincus que notre flotte, dont il est impôt-
Bible de nous disputer la propriété, est aussi en sûreté dans les mains deS. M. danoïM
qu'elle pourrait l'être dans celles du roi d'Angleterre, notre souverain n'ayant jamais
agi hostilement contre le v4lre. Si vous êtes assez barbares pour tenter la desinictii»
d'une Tille qui ne vous s pas donné le moindre sujet de la traiter indignement, elle
se soumettra au sort qui l'attend ; mais l'honneur et le devoir nous font une loi de
"rejeter une proposition injurieuse pour une puissance indépendante. Nous somme*
résolus i repousser de toutes nos forces les attaques que l'on fera contre nous, et à
défendre jusqu'i la dernière citrémité la ville et notre bonne cause; nous samoM
prêts i verser tout notre sang pour l'une comme pour l'anlre.
• La seule proposition qu'il sait en moD pouvoir de faire, dans le désir de préve-
nir dennuveauimalbeurs.cst de demander è mon rojal maître sa dernière résolu-
tion au sujet du contenu de votre lettre, si vous m'envojei un passe-port pour la
personne que j'eipédierai k cet effet.
» Sign4 : Vnmikifv , commandant en chef du foren 4* U"*
tl de mer de S. Jf . D. a
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mis LA PAIX DB TILSITT. 85
La division de réserve , composée des gardes et des soldats d'élite ,
fut donnée k sir Wellesley , depuis si célèbre sous le nom de duc de
Wellington ; sir Arthur «vaitpassé ses jeunes années dans l'Inde, où
son frère le marquis de Wellesley tenait le poste de gouverneur géné-
ral ; témoin de toutes les grandes campagnes dans ces pays au climat si
doux , au milieu de «es pagodes d'or sur les bords du Gange , sous le
mangrove et les roses blanches du Bengale , sir Arthur auista , comme
lieutmant colonel , à la chute de l'empire de EMysore ; parmi les plus
jeunes olSciers , il fut témoin de cette scène lamentable d'une
dynastie qui croule ; quand Tippoo-Saëb succomba percé d'une balle
au milieu de ses Indous Qdèles, Arthur Wellesley conduisait les
JVoHCfUi IttlTs lit lord Catheart M da l'amiral GambUr.
« Au quartier géaéral devant Copenhagur.
a Uoniieur, c'est avec beaucoup de regrets que nous vous farormona qu'il noua
est impotsible du suapendre dm opérations combinées, pcndaul l'espace de tempa
oécessaire poui consulter votre gauTernement. Nous avons Ikit tout ce que les pou-
voirs qui nous sout cdD&rsnoua permeltaîEnt de faire en vous proposant, dans la
position acludle, des mofCDS d'accommodement aussi aiaDtageus que ceux qui
TOUS ODt été offerts pour prévenir une rupture absolne.
> Noua gémirons de la destruction de Copenhague, si elle éprouve quelque dom-
mage ; mais nous avons la satisfaction de penser que, tous ajaDt renouvelé uih
dernière fola l'offre Ae %oiea de conciliation , nous svooa mis tout en usage pour pré-
venir l'effusion du sang et les borreuTS de la guerre.
B Nous avons l'honncvr, etc.
» Cathcamt, liaulanatit général, aie.
Signé:Gx]t*iMA, amiral, Hc. ■
£altre au* eonutuutdarUi «n chef du fanu dt («m et d« mtr i§ S. U. B. dteant
Coptnhagvt,
■ Copenbague, le S septembre 1807.
D Milorda, pour éviter une pins longue effusion de sang et pour ne point eipmer
la^lle aui suites d'un plus long bombardement, je propose un armistice de vingt-
quatre beuTts, afln de donner le temps de s'entendre sur un arrangement propre à
amener les préliminaires d'une capitulation. C'est avec les sentiments de la plui
haute consitoation personnelle que j'ai l'honneur d'être, etc.
■ Signé ! Pbtkanm, eomfnarulanl en ehefdeifonn de (em
el de mer de S, M. danoit*. »
Lord Catheart au général Piymann.
■ Quarlier généra) devant Copenhague, 6 septembre.
■ Honaieur, ayant communiqué i l'amiral Gambier la lettre que j'ai reçue ce
matin, ainsi que celles d'hier, je dois vous informer que noua consentirons à traiter
avec vous de la capitulation de Copenhague, en prenant la remise de la QoUe danoise
entre nos mains poor base de la négodaiion. Hais comme vous n'avez point propoù
d'articles de capitulation, des officiers de marque, tant de la marine qne des iroupM
de terre de S. H. B. seront envoya pour convenir des articles, conjointement avec
voua au avec les officiers que vous désignerei, et (iaire accorder, s'il est possible, Iw
Diclzedby Google
B6 SITOATIOK DBS GAAHDBS NIMANCES
grenadiers à l'aMut de Séringapatam ;' gouverneur de cette ii^ dté.
il avait vu les fils de Tippoo agenouillés implorent la protection ta
IwviUon britannique. Sir Arthur . nommé è bod retour en Eun^
maJM* général, devait cooMnander ime brigaée dans le BinoTre,
lorsque le bataille d'Austerlitz vint mettre fin à la anlition et
détruire ses espérances de guerre ; élu membre de la cbaiid)ie ta
communes , il fut désigné comme secrétaire pour l'Irlaiide ; puii ii
reçut de lord Cathcart le «Humandonent de la diviûoo ée réserve
destinée à l'expédition de Copenhague. Sir Arthur Welleilejiies'étiit
fait remarquer que par une bonne direction donnée aux troupes sus
Bon commeadement; il n'avait rien de ce qui commande l'entliaD-
siasme ; froid , grave , sir Arthur ne communiquait aux soldats que le
sentiment de l'honneur et de la dignité britannique ; l'ofilcier angtai)
se bat, parce que telle est la fierté du gentleman, il ne peut fuir devant
le feu ; un officier doit tenir son rang jusqu'à la mort , la recetur et
face, tout cela froidement, comme un devoir; il ne connaît pcMt
entretoement de gloire , noble enthousiasme qui éclate au cceut do
soldat français.
L'expédition formidable {véperée dans les ports de la Grande-Bre-
tagne sortit vers le milieu d'aràt et cingla rapidement vers les aen
du Nord ; le 1" septembre au matin, elle parut dans les eam de
Copenhague; le pavillon britannique se déployait à peine sur celte
vaste flotte, que lord Cathcart et l'amiral Gambier adressèrent oiK
sommation tmpérative au général Peymann, qui commandait en cbeC
les forces de terre et de mer du royaume de Danemarck. Cette soninu-
tion, fière et dure, n'éteit point dirigée contre la politique du Daoe-
ntarck; l'Angleterre demandait seulement le dépAt de la Hotte danoise
jusqu'à la paix : « Comme elle savait que celte Qotte devait s'unic «ii
difTérents objets que vous avez eo TuerelaUvementi l'occupation de GopedlMP)''
•>cc la iciaM eiéciUioii des grdtcs qui nous odi 6ié coiifiéb.
» SigHi : Cathcart, limtmanl génifah >
Ripimu du géniral Peffmatut.
a Copenhtgue, 6 septembre 1807.
■ J'accepte la projinsitiaQ que Tons me faites de prcudre laroraisedelaflMUilt
S. H. danoise eniie vos maios pour base fondamentale des négoeiatione; Butilh
londiiioD expresse que, pendant la durée dcsdiies n^ociaiioits ; il a'atUtftf'*^
d'autres troupes anglaises dsns la tIDo que Itô commissaires, officiers M miliiai'*'
dont le nombre aura éLc stipulé et couteau.
A J'ai l'houQcur d'être, etc.
■ Signé: PBTitAHN, commandant «n th*fduforvei i» S. V. datuli'' *
DiclzedbyGoOgle
M»i» LA PAIX I» TiLtrrr. ST
forces natales de fem^i commun, elle se eroyatt HiOhMimeat
«utorisée à eo demauder le dépdt, afui d'empëcber que la Frtoce m
a'en emparât poursesdesseioa hostiles. LasùretédelaGraBde-BretagM
imposait cette dure obligation, il fallait donc une r^tonae imnédiate t
>ingt-quatre heures devaient suiGre ; autrement tous les moyeu mil)*
taires seraient pris pour s'emparer de la Botte. »
La réponse fut digne de la brave aatioa dauoise ; le prince royal m
montra ferme et Ger , et, dès ce moment, les An{[lais débaniuèreat
division par diviâon; le feu le plus meurtrier commença; fatalo
journée pour Copenhague , après une nuit plus terrible encore ; lei
bombe» et les fusées è la eongrève ailoanaieut l'ak comme la foudre
dans l'orage ; un tiers de la ville fut incendié ; les Dwkms se défendU
rent bravement, et ce ne fnt qu'après avwr ^ouvè des pertoi
ÎBcalculables que le général Peymaso se trouva forcé de proposer um
capitulaftioa ; l'amiral Gaiabier luiréponditeatermesauœîinnexiblei
que l'avait été la sommation première : « Point de> capitulation
expresse avant que lo (lotte danoise ne fût livrée ; il faUait exécuta
les ordres du cabinet. » Le général Pe^niann fut obligé d'accepter
les articles imposés par la Grande-Bretagne et l'on vit alors vingt
vaisseaux de ligne danois baisser tristement pavillon : le Chriation vli
marchant k la tète, portait quatre-vingts bouches à feu, puis la
A'orwége, le Dattemarck , la Prùaceue-JtoyaU-Marit, CKri$iian-Fri^
(/â>ic, magnifiques vaisseaux doatleséquipagesattrîstésabandonnaieat
le bord; puis seize frégates, «ix chaloupes canonnières. La flott«
britannique, maîtresse de plus de deux mille canons, put arm» treiie
vaisseaux de premier rang , qui portaient naguère Je pavillon dunoit
«u grand mAt.
L'expédition de Copenhague fut célébrés comme um des glorieux
faits d'armes de la marine anglaise. C'était sau doute un étr-inge
droit public que celui qui permettait de s'emparer des forces maritimea
d'un neutre en pleine paix ; mais la saisie de la Botte danoise parât
indispensable pour préserver la sûreté des cÀtes britanniques. L'amirid
Gambier, lord Calbcart , sir Arthur Wellesley, exécutùr-eiit les ordres
avec un dévouement absolu; ils avaient des instructions sévèrei,
rédigées par lord CaatlereaghetM. Canning pour que la flotte danoise
ne pût se réunir aux expéditions que l'empereur des Frmçais méditait
«ontre la Grande-Bretogne ; les conventions secrètes de Tllsitt U
mettaient k la dj^ositlon de l'ennemi ; vingt vaisseaux joints à U,
Diclzedby Google
88 smATiON DU GftAinns pomamcis
flotte hollandaise, aux escadres de Brest et de Rocbefort, éfnenf
fonnidabks ; l'Angleterre ne pouvait souffrir cette réunion : com-
mençant slcHS un système nouveau de sécurité, elle prenait en dépAt
les flottes des nations neutres jusqu'à la conclusion de la paix, sous
prétexteqoel'en nemi pouvait s'en empBrer;princJpe fatal, sans doute,
mais que CMnmandail la sAreté du gouvernement britannique. L'em-
pereur des Français, pour arriver k ses grands et glorieux résultats ,
n'en appelait-il pas souvent k la violmce T L'état de guerre , quand il
est poussé k ses dernières extrémités, impose ces n^xssités ; le salut
public est une divinité terrible 1
Dans le parlement, l'expédition de Copenhague fut le sujet de
vives attaques, cela devait être : l'oppoûtion des vbigs invoqua le droit
des gens et le privilège des neutres ; M. Canning et lord Castlereagfa,
expliquant par des communications diplomatiques le danger de l'An-
gleterre, prirent sur eux la responsabilité de ces mesures de violence;
ils avouèrent hautement les fermes résolutions des généraux britan-
niques, l'amiral Gembier, lord Catbcart et sir Arthur Wellesley; ils
demandèrent que leur conduite fût approuvée par le pariement avec
éclat : « Ce qu'ils avaient fait était commandé par le salut de l'An-
gleterre ; le pavillon était menacé , il fallait le sauver. » — « Mieux
valait , s'écria lord Erskîne , laisser la flotte aux mains des Fraoçaii
que de donner un tel ex^nple au monde. » ■ D'ailleon , qui vous a
dît, ajouta Hutchinson, que les Français avaient un tel dcssetn?
Pensez k la triste impression que cet événement produira sur l'empo-
reur Alexandre t » H. Canning justifia hautement l'expéditioa contre
Copenhague par le grand principe de !a sâreté de l'Angleterre. Alors
le comte de Galloway se leva dans la chambre des lords pour proposcr
l'adresse : « Milords, dit-ïi , écoutez les faits : bient/lt après que le
traité de Tilsitt eut fait connaître que la Russie abandonnait la canse
qu'elle avait défendue, les ministres de S. M. furent informés d'nne
manière positive de l'intention où étaient nos ennemis d'obliger les
cours de Copenhague et de Lisbonne i renfiH-cer de leura vaineaax
la coalition qoi devait être formée contre nous. Les ministres s'occo-
pèrent sans relard , et avec une activité qui leur fait houneur, des
moyens de s'opposer k l'exécution de ce projet. Vos seigneuries savent
qu'i l'^rd du Danemarck, on s'est trouvé dans le cas de recourir à
la force des armes; les sentiments hostiles, manifestés k plusieurs
reprises par la cour de Copoibague, rendaient inutile toute autr«
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APBte LA PAIX DR TILSIIT. 89
manière de procéder. J'avoue que la position des vaisseaux danois
au centre de ]a capitale devait causer des malheurs dont l'humaoïté
gémissait d'avance ; mais il est glorieux pour nos offlcien et pour nos
soldats d'avoir Tait tout ce qui leur était possible pour les adoucir. Le
résultat de cette expédition vousa mis è portée, milords, d'en apprécier
l'importance et de reconnaître la vérité des prédictions faites par le
gouvernement. Des matériaux d'équipement dont l'arsenal danois
était encombré , des munitions navales achetées par des agents fran-
çais, une flotte que l'on allait équiper et mettre en état de sortir, sont
aujourd'hui dans nos ports et garantissent l'indépendance de la
Grande-Bretagne '. Je conclus que le devoir indispensable de S. H.
' Voici, d'apris no documeot authentique, les navires et eanoDS pris par l'Angle*
itrre :
Vingt Tiissesui de ligne :
Le Ckritlian Yll, I« WaUemarAletftplunt, de qnalre-Tiugts canons; la Nor-
loégt, desoiianie-huii; Ii Datuynarek, décollante et qualone; t« Prinet-RoyalH
U Prinet-nérêdilairt, desoiianle etquatoriR; la Prineeue-Boyale-Mariê, la Ju*-
ttee, U TrekontT, la Skold, Odin, FTiru:etit-Sophi«-Frédtriqut et la.Fionie, toue de
Boitante et quatona; la Princa-CliriMlian- Frédéric et la Prinrtut-Caroliaê, de
soiianle; Seinn, la Pnrteu4»~Lmiû>-Âugu*lt et U Dilhmanch»» , cbacuD ds
soii s nie- quatre, tiUMart, deBoiianteet quatorze.
Seize finies [les ftégaies avaient, outre leurs canons, des obus et des caronadea) :
£a Perla, de Irente-buit; la Kola, de trente-quatre; (7rti, de qnaranie-deui;
fV^'a et Hart/Vuen, de quarante; ta JVaiWa, de trente-sii; FrtdtridinBatm , de
trente ; le Trilaa, de ringt-huit ; la Ténu*, de trente-huit; Frtdarickileen, de vingl-
quatre; (a Pe(il-S«l(, FjfUa et la iNona, de vingt; lEUit, l'EiderelGliickutadt.ée
Neuf bricks:
LtFactear, Fa*natiFelanem, de quatorze canons; Sarpen et A'isifalvan, de dix*
huit; Glommen, Longen, U Dauphin et le PoiMm volant, de vingt.
Un Bcbooner : Oeman, de dii canons.
Dii-hait chaloupes du roi :
Sffunan, Sagwftyaio et JIogehMn, dediicaoODB; ifaJirsten, dehuit; Jfoagan, de
.dii; Vitdanden, de huit; Egeliykke.At six; la* Dtnc-Friret , Oddertn, Snaglar,
Slaimar, U JtWM^acob, le J«un»-Jtan, Dvik, Htnri, Speculaxewiat, Andrtai et
Aalborg Vare, toua de sii canons.
DouxB barques canonnières :
Odmiie, Chrùtianiand , Nykiobmg, Lani^eauniJ, Ifaikovi, Arendal, Tiborg,
Aalborg, Sitgt cl Fleutbourg, de dix canons ; Slavvm et Tardoliuni, deïix.
Six chaloupes canonnières :
Slienaur, Roikildë, Corner, Pntito, Ttrdinborg et Frtdtriktttni, de Six canons.
Huit chaloupée de pilote :
Tetner, Allart, Gnirutadt, TeUgrafm, taurrigtr, Boger et FeiMalobaren, de sii
tanens; Stiolier, de deux.
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W SITUATMX tK GBAMIES PDISSMCKI
èMt d'empëclier que les vaisseaux portugais el danois ne tombisKiit
RU pouvoir de nos ennemis. »
L'adresse votée i nne majorité immense, les mêmes primipc)
furent exposés dans un manireste adressé aui cours ia conlineat
par le cabinet de Londres ; les journaux français avaient excité l'in-
dignation du monde contre l'expéditioa de Copenhague , car Napo-
léon s'aperçut que le coup portait ferme et empêchait ses dessein;
fl avait donc proclamé la fatale violation des neutres pn- rAngteterre,
cpi'U accusait aux yeux de l'Europe. Le cabinet Canning et Castte-
reagh dut ainsi se justiSer, en invoquant le droit de dérense, le plus
wcré de tous. « Si le Danemarclc était neutre , il avait perdu ce pri-
vilège du jour où il voulait servir d'apjiui è la marine française;
Napoléon était raattrc à Copenhague , tout se faisait en Danemaid
par sa volonté; l'Angleterre n'ignorait pas les conventions secrète
de Tilsitt : cette flotte , que l'on voulait protéger avec le grand mol
de neuiraîité, n'était , à vrai dire , qu'un auxiliaire de la France ; il
était convenu qu'elle serait mise à la disposition du chef de ce ((Ott-
temement , et c'est pourquoi la vigilance de U Grande-ltelagM
s'était réveillée pour frapper un coup décisif , autorisé par un dml
de juste défense. Au reste , la flotte n'était qu'en dépât ; on la itsli-
tuerait lorsque le Danemarck , proclamant ma indépendance ridle,
rentrerait dans le droit commun.
M. Canning mit un soin infini à justifier son cabinet : « S. M.. &■
sait-il , doit h, l'Europe d'exposer franchement les motife nvi Ini ODl
prescrit ses dernières opérations dans la Baltique. S. SI. avait diStn
Telle fut h flolle smenée pH rnpédition anglaise, oa bien coulée à bas par tu trt
de dji jours. Copcnbogue élait déreudue pai des ouvrages arancés.
La ballerle llodante n° 1 avait vingl-qua Ire canons: la fr^tc qui nep«uvifll«>
«ouler, aUlftrer, avait s^ie cinoos; la IvÉgate de déTense, Saint-TKotM», ^W'
On peut encore ajouter aui forces de la marine la batterie SKduide quanalr4ni
canons de trente-sii et dcui mortiers de cent cinquante; la batterie Tt^tnf^
neuf canons de Irenle-siictcinquanle-neurde vingt-quatre, et trois morliera de Mil
cinquante; la batterie Proveifenm, assise sur trois vaisseaux rasf)>, de 80 (W^
de 2t.
Le total des canons de défeose s'élevait donc i deux mille cent qnaire-vltgi-<'^'^
les earoDadfi t deux eent deai, les obus à deux cent vingt-deux. Lu tn») fi'"'
batteries avaient 109 canons de gros calibre et II mortiers. La noBbre des ia>sM*°<
^guerre, tant grands que petits, qu'on pouvait mettre en mer, était de quatr^vi■^'
trois, outre ceux qui n'étaient pas encore montés, et encore •uTkebantkf.
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&n£S U PAIX DB TILBITT. 91
(le fftire otX exposé , parce qu'elle avait l'espérance de coDCtore ftveO
Is coor de Danemarck des arrangements plus désirables ; airaDgemaati
pour lesquels S. M. était disposée à faire de grands sacriQcea et qu'^e
n*a jamais perdus de vue , même d^uis le commencement des hos-
tilités. Le roi , profondément affligé d'avoir tu s'évanouir Vespoir
qu'il avait conçu , trouve cependant des motifs de consoiatioa dans
la pensée que tout a été foit, de son c&té, pour obtenir d'autres résul»
tata. Et tandis que S. M. déplore la cruelle nécessité qui l'a forcée
de recourir à des actes d'hostilité contre une nation avec laquelle il
était vivement k désirer d'établir des relations d'intérêt commun t^
«l'alliance, S. M. est persuadée qu'aux yeux de l'Europe et du moDâe*
sa conduite sera justifiée par le devoir impérieux et indispensable de
pourvoir à temps à la sûreté de son peuple. S. M. avait été ioformée
de la manière la plus positive de la résolution oii était le c^f actud
de la France d'occuper avec une force militiure le terTit(rire da
Holstein , à l'effet de fermer i la Grande-Bretagne les canaux ordi-
naires de ses communications avec le continent ; d'engager ou ds
forcer la cour de Danemarck à fermer également le passage du Sunil
an commerce et à la navigation de rAngleterre, et de s'assnrer alnil
de la marine danoise pour opérer des débarquements sur le territoire
britannique. Persuadée de l'authenticité des sources dans lesquellei
cette Donvelle avait été puisée, S. H. la voyait confirmer de plus ea
plus p«r les déclarations notoires et réitérées de l'ennemi, par l'occu-
pation récente des villes et territoires des autres États neutres , ainsi
que par les préparatifs faits pour rassembler des forces hostiles mit
les frontières du territoire continental de S. Mj danoise. Le roi,
malgré la certitude de ses informations , se serait abstenu volontien
d'agir en conséquence jusqu'à ce que le projet de l'ennemi, découvert
aux yeux du monde entier, rendit universeltement manifeste la néce^
site indispensable de prendre les armes. S. U. n'y a point en recoun
aussi longtemps que Timminence des dangera a pu être révoquée en
doute , et que l'on a conservé l'espoir que le Danemarck aurait les
moyens ou la volonté de résister. Après, on a dû agir, n
Ce manifeste, oeuvre de M . Cannîng, était surtout destiné à éclairer
l'opinion publique en Europe sur les desseins de la Grande-Bretagne. .
Il se faisait en ce moment parmi les cabinets une révolution remar-
quable que les hommes d'État suivaieut avec une sollicitude attentive ;
toute l'Europe marchait contre Napoléon en 1805i lors de la campagne
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92 SITDATIOn DBS GBANDB9 HUSSANCBS
d'Austerlitz , et, par ud de ces coups de fortune que le génie savait
préparer, ces mêmes cabinets semblaient s'unir it Napoléon pour
assurer le triomphe de ses projets. Toutefois on se fût trompé sur
l'esprit et )b tendance réelle de ce mouvement, si l'on n'avait aperçu
que les cabinets subissaient par répugnance plutAt que pardévouenent
Tolontaire les idées napoléoniennes sur le monde. En Russie, après
le traité de Tîlsitt , l'empereur Alexandre revit Saint-Péter^KHii^ ,
conservant dans son ftme enthousiaste an sentiment d'admiration pour
cet homme prodigieux caressé par la destinée, auquel il avait pressé
la main sur le Niémen. Mais le czar était le seul peut-^lre de sa
famille qui éprouv&t cet entraînement pour le chef de la nation fran-
çaise; toute la cour, et particulièrement les impératrices, gardèrent
une indicible répugnance pour ces parvenus de la gloire, cesbéroïqaes
enfants qu'une révolution immense avait créés sur le continent ; ces
sentiments, on les dissimulait à peine , et lorsque le général Savary
futenvoyéen mission auprèsd'Alesandre comme ambassadeurextraor-
dioaire, i) put s'apercevoir de cet esprit qui dominait dans les sociétéa
élégantes de Saint-Pétersbourg et de Moscou *.
Napoléon avait recommandé à son aide de camp de caresser toates
les Qbres les plus sensibles de l'orgueil russe, de donner une juste et
grande opinion de la France et de son empereur. « Étudies bien, loi
avait dit Napoléon, l'esprit de ce peuple, et montrez la nécessité d'nne
alliance intime entre la France et la Russie, contre l'ennemi commun»
l'Angleterre. » Le système continental fut l'objet d'une instnicttOD
secrète que Napoléon donna au général Savary ; il voulut en faire con-
naître la portée commerciale : le nouvel ambassadeur avait plus de
formes que d'étendue dans l'esprit ; quel que fût son dévouement
aveugle pour l'empereur et les illusions qu'il pouvait se faire, ils'aper-
çut , dès le premier moment , combien la vieille Russie échappait à
tout système d'alliance permanente avec Napoléon, le dictateur de
la révolution française * ; la légation fut comblée de politesses et de
' Note du géDéral Sitar)-
* L'empereur De dissimuUEtpasl'eiistence d'un parti angliis ai Russie;
a II reste encore i la cour de Dussie ud petit parti anglais, parmi \eqaé ta ve-
narquela ramiiledesStrogoDoff, M. Czartoriakyet M. dcNovosiliolT. Lesprinripaux
cbera du parti français aont \e prince de Kouraliin, et les comtes de Roinaniaf M te
Tolaloy . On sait aussi que les Nsriskin ont un pencbiDl décîdèpour ia Fianu-*
Le général Savary éfrlvoit de Saint-Pétersbour;, C Bfplcmbrc 1807 :
■ M. lecointedeRamanzolT, luinislrc ducominerce, n'a point tctrpii la posts
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APRÈS LA PAIX DE TILSITT. 93
prévenances par te czar qui mit an soin et une délicatesse extrêmes à
distraire l'ambassadeur et les jeuoes officiers de sa suite ; tous ont
gardé le souvenir de ces belles fêtes de Saînt-Féterebourg , de ces
jardins de Petershoff dans lesquels les solennités de famille furent si
brillantes, h ce point que le maréchal de cour assigna un appartement
impérial pour le général Savary et sa suite *. Alexandre mit de la
coquetterie auprès de toute l'ambassade française ; il parlait incfls-
eamment du génie de Napoléon ; il avait des paroles enthousiastes,
toutes ses phrases étaient admiratives ; il montrait un air gracieux &
la légation, ordonnant h sa cour de voir le général Savary et de le
distraire. Eh bien 1 quelle que fût cette auréole de politesse délicate,
l'ambassadeur ne piit s'empêcher d'écrire i Napoléon : c Que l'esprit
de la Bussie était entièrement hostile à la France ; » la plupart des
salons lui étaient fermés ; des pamphlets anonymes partout rëpjindas
jetaient d'étranges calomnies sur l'empereur, sur sa famille, et sur
l'ambassadeur même ; on ne le voyait que par l'ordre du czar ; rieo de
spontané, rieo de favorable, on agissait sous mille préventions. L'aris-
tocratie n'abandonnait ni sa prétmtion ni sa fierté ; elle ne pordonnaït
pw de si puissantes, de si nouvelles fortunes.
Le vieux parti nuse, implacable ennemi de l'empereur Nqwléon,
d'avbwHdaur kP>ii». On daigne pourlemnplBMr H.Ie comte de Tobtoy, qaiu
trouve en ce momeal i Moscou. UH. le prince GagiTiii , le comie de Nesselrode,
H. de Benkendorff et le prince Ltpouchin-Narlskin.qiildDneatraccoinpkgnn', font
déji Itatt préptratift de déptrt, H. de Budberg s'esi retiri du minigiire pour talion
de santé.
» Le prince Aleiandre de Konrakia, aciuellenieDt ambusideuT de Riwie i
Vienne, qui ■ négocié et signé le traité de piii de Tilsill, vient de Teceroir de (on
•ouveriin la marque la plus éelatanie de son approbation et de M bienveillance.
L'empereur Alexandre l'a élevé i la première eiaHe, c'est-k-dire au rang de hld-
raaréchal. Il ; a eu pea d'eiempies d'une pareille illuBlration. Oa Mil que le prince
de Kourakin a été pendant aept ans vice-chancelier de l'empire et ministre des affaires
étrangère* eo Eussie.
• Voici la iraduclien de l'ukase par leqiielS. M. I. lui a conTéré cette nouvelle
dignité:
Av MiixU dirigeant.
» Le tèle émîQent pour le service, les travaux cl le dévouement k nos intérêts du
cooseillar prlvéactuel, prince Alexandre Kourakin, ont âxé notre iotention; pour lui
donner une marqac éclatante de noire bienveillance particulltre, nous l'élevons an
rang de la première classe.
• Petershoff, le 22 juillet 180T. » Si^ : Albuhdh. ■
' M. deXalhouet, offlcicr d'ambassade du général Savarj, m'a raconté tous les
aoiu délicats de l'empereur Alexandre même pour les simiJes officiels frantais.
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M SITCAnOIl DBS GBAKDBS PUUSAKCBS
ftyait beutement désapprouvé Tentrerue de Til^tt, et des mémoires
eiJstent eoeore érnsoés dea hommes d'État les plus fennes du cdiioet
de Saint-Péta^bourg pour signaler tout ce qu'il y avait de déplorable
pour ta Russie dans la signature de ce traité sur le Niémen. Leisûce
CiartoridLT, en quittant son senice lors de ta paix de Tilsilt, eipo-
aoit au ciar, dans un mémoire confidentiel, les graves incoov^iîe&te
da traité actuellement conclu : « Ce traité nuit i la eptendeur de
l'fiiiiptre ; les enrauts de la Russie auraient vereé jusqu'à la demi^
goutte de leur sang pIutAt que de plier d'une manière aussi bon-
teaae. » Et après avoir récapitulé tous les biens dus k Alexamfre et
«eux qu'il pourrait faire encore, après avoir exposé l'inquiétude nui-
wnelle et les dangers de l'État, il j peignait l'année humilue, la
milice trompée, le clergé compromis par un anatbème ordonné et
révoqué ; la Rnssie sans tUliég, parce qu'elle a abandonné sans meta-
gonent l'Angleterre, l'Autridie, la Suède, la Pnuse, la Sardaigne,
N^lei, les Sept-Iles, les Bourbons ; que cependant la guerre n'est
pas terminée en Turquie et qu'elle est allumée en Perse : que l'An-
gleterre et la Suède inspirent des inquiétudes, tandis que Napolém,
travaillant méthodiquement à la désorganisation de la Bus^, daneare
' prêt k l'attaquer à force ooverte, avec des moyens toujours croisssnls,
qui nécessitent pour elle tous les frais d'une résistance pasàfe, en
renonçant h ses dliés, aux chances de la guerre, à l'e^Mrir de la vic-
toire. »
A Saint-Pétersbourg on se nourrissait des brochures du vieux Do-
mouriez, si haineux, sijaloux de Napoléon. Puis il y avait là un jenoe
et ferme colonel, d'un esprit actif et d'une haine nationale contre
Bonaparte, alors parvenu à une si haute fortune : c'était le coiood
Pouo di Borgo, dont la vie première s'était attachée k Padi dus te
montagne; Pozio d! Borgo avait parcouru l'Enrope entière en pa^
tant partout son ressentiment de Corse contre Napoléon, qui le poor-
luivaitaosst du haut de sa puissance. Dès l'adolescence, Pozxo s'était
dévoué k Paoli le patriote; Bonaparte avait suivi Salicetti, l'anù du
parti français ; l'un était resté Corse indépendant, l'autre avait cher-
ché fortune eu France et l'avait gagnée de son épée ; jamais esprit
plus vif, plus saillaot, plus imagé que celui de Poxzo ; tes homiMS
d'État de l'Europe l'écoutaient avec la plus vive attention et un sen-
timent de curiosité incessamment renouvelé, quand Pozio disait
ivec BOQ accent italien quelles causes ferairat vivre le système de
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tfBiS LA PAIX DE TIUITT. 95
Napoléon, et quelles causes le feraient tomber ; il savait le défaut de
la cuirasse du géant; comme il avait nourri une longue haine, ries
ne lui échappait ; le montagnard, la carabine en main au creux d'un
rocher de Corse, ajuste longtemps son ennemi avant de l'atteindre,
mais il ne le manque pas ' .
La politique d'Alexandre n'était pas alors de suivre t'aveugle ini-
mitié des vieux Russes ; il avait ses projets sur la Finlande et i« Tur-
ipiie, et ses plans ne pouvaient réussir qu'avec l'appui de Napoléon,
ou au moins avec sa neutralité. A quoi l'engageaient quelques témoi-
gnages d'amitié doonés k l'homme qui gouvernait la France? L'al-
liance n'était pas «m but, mais un moyen ; il fallait que cet homme
lui permit d'accomplir et de réaliser les plans de Catherine II sur la
Turquie et la Snède. Napoléon, es ce moment, servait avec une atten-
tion remarquable la politique d'Alexandre ; on aurait dit qu'il se
mettait k la discrétion des idées russes. Les armées françaises enva*
hissaient la Poméraoie suédoise ; le maréchal Brune, au siège de
Straisund, déployait l'activité merveilleuse des beaux jours de la
république. Stralsund baissait ses vieux pont-levis, et le chevale-
resque Gastave-Adolpbe, en déplorant la ruine dn Irène, voyait
encore lui échapper une belle province ' . Était-ce la faute de ce noble
roi, s'il avait pris au sérieux les dernières lueurs de gloire et de
loyauté qui brillaient sur les diadèmes? Il avait foi dans les vieilles
monarchies, et tour & tour abandonné par la Prusse, par la Buseie,
n avait pour la dernière fois tiré son épée et combattu de chevalier à
chevalier cwib% Ng4>oléon ; il succomba dans la lutte, cela était natu-
rel. Que pouvait la Suède après Tilsitt, les vieilles idées contre les
jeunes forces de la génération? N'était-^ pas insensé de vouloir lut-
ter contre l'immense pr^ndérance de l'empereur? Mais les folies
de l'honneur sont respectables, et les débris des Ages de loyauté
doivent être honorés comme ces monuments gothiques que les tempa
épargnent.
Ainsi plus que jamais, le czar Alexandre avait besoin de caressa'
le système français. Les armées rosses se disposaient k marcher sur la
Hnlande, et le général BoxhovrAen était placé & la tète de cette expé-
' Toyei mon article sur H. Pono ai Borgo, Stmia det Dmix-Hondtt, >Tri1 1830.
Htiasl depuis, la fondre a passé! travers celle vive intelligence.
* Je domieni plus tard U curieuge conrersalion poliiiijue du maréchal Bruac avcv
fimuve-Adolphe.
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96 SlTCATtOX DU GRAND» MmaARCU
dition, injuste cxprewion du droit du Tort contre le faiMe; laFiaUoda
Hsaraît un débouché indispensable à la Boasie sur ta Baltique.
Alexandre désirait ausa s'assurer carte blanche sur la question turqu;
convoitant la possession déBnitive de la Moldavie et de la Vslachie, il
ne voulait pas être gêné dans ses conventions particulières avec le
divan. Le czar mettait un grand prix h rester mettre de ses rapporis
avec le divan ; il ne voulait point é>'8caef la Moldavie et la Vatadiie.
Toutes -les fois que le général Savary lui parlait de médiation offerit
par la France, Alexandre répondait que la question avait cbai^dc
face. Le général Savary vit plusieurs fois le comte Nicolas Romaniof,
le chancelier d'Etat, pour se plaindre ; il lui fut répondu : ■ Qu'aos-
Ht6t après la signature du traité de Tilsitt on avait envoyé au gènéni
Micbelson des pouvoirs pour traiter d'un armistice * ; mois que, ce
■ Le traité d'armistice avec la Porte fut conclu en effet, mais il ne Tnl poiM ntifii
Traité itarmiiHeitntn la Ruuùtt la Porte oUotiumttignéU 12 aotUiêOt [T. S.]
34 août (If. S.)
■ La Sublime Porte et la cour impériale de Russie, désirant muludlementet)»-
cireroent mettre On à la guerre qui divise actuellement les deux empires, etrétaUir b
pait Cl la bonne barmouie, avec la médiatioa de S. M. l'nnperenrdeaFraDtilietrH
d'Italie, que les deux hautes parties contractantes ont également acceptée, soai coa-
Teaues qu'il j aura sur-le-champ armistice : elles ont nommé pour cet effet leorafK-
nipotantiaires icapecli&, c'e»^-dire, la Sublime Porte, S. E. Saïd-Hdwmed4iliF-
effeodi, ci-deTBut reiB-eBendi , et aclueUeoMot neihaDdd; et la cour de Kaai*
S. B. U. le général Serge Lascaroff, conwilter prité de S. M. l'empereur de tentts hi
Ruaaiee, et chevalier de plusieurs ordres; lesquels, eu préaence deM.le col .-ad], coma.
GniUaniuol, envoyé par S. H. l'empereur des Français el rai d'Italie pour iMtiUt
aux aTraugemeDtareUiifail'armiBiice, août couTeaus des aTtidMsuiTaats:
B Art. 1. AuasMt après la aignature de l'armistice, les génkanx en chef dca dm
armées impériales, saioir : S. A. le grand viiir el S. E' le général HicbelsoD, enweat
des courriers, pour que les hostilités cessent tout i Tait de part et d'autre, tant ht
Mire que eut mer, dans les rifiércs, en un mot, pulonl ob il se tropTe dca troapM
des deux puissances.
■ 3. Comme la Sublime Porte et la Ruaaie désirent Clément, de la maniln il |i*
sincère, le rétablissemeut de la paix et de la bonne harmonie, les hautes paitincM-
Iractaotes nommeront, aussilAt aprèa la signature du présent armistice, des plcn?*-
teoliairea pour traiter et conclure la paix, le plus lAt poeuble, danstdendroil^'li
auront jugé convenable. Si, pendant Itt négociations pour la paix, il s'élève ouitt*'
nusement des dilBcullés, et que les affaires ne puissent s'arranger, l'armistice h >n
rompu que le printemps prochain , c'esv-i-dire le 1*' de U tune de Sarer, l'w 4e
l'bégire 1223 et le 21 mars (V. 8.) ou lo 3 arrU {N. S.] iSOSde l'ère ctarétienne.
> 3. AutsiiAi après la aignature du présent armiatice, les troupes rosses coiaM*'
ceront k évacuer le Talachie et la Uoldavie, qu'elles ont occupées pendanl cMM
guerre, et à se retirer k leure anciemies frontières, de manière que l'éncuatlon hH
entlèremeat terminée dana l'espace de trente-doq joon. Las troupes mstas laiastnat
îdbyGoOgIc
APSËS I.A PAIX DE TILSITT. 97
{[éoÉral étant mort, celui qui lai succédait comme le plus ancien en
grade (le général MayendorlT) s'était ingéré de négocier, sans y être
autorisé, et avait signé des articles inconvenants qui, sous aucun
rai^rt, ne pourraient être ratifiés ; qu'arant le refus de ratiBcationt
il avait fait un mouvement rétrograde , et que , poursuivi par les
Turcs qui avaient repassé le Danube, il s'était vu contraint & les rejeter
au delà de ce fleuve ; que les Turcs, ayant ainsi rompu l'armistice
avant qu'on y apportât des changements , s'étaient refusés ensuite à
ces modifications , fondées sur de justes motifs ; que la Forte otto-
mane ae pouvait d'ailleurs garantir à la Russie qu'aussitAt après l'éva-
cuation des deux provinces, ses troupes, soit en vertu de ses ordres,
wit en les méconnaissant , ne viendraient pas occuper les places,
évacuées par les Busses ; qu'ainsi il avait été indispensable de rester en
possession des deux bospodarats. »
Le miuistre ajoutait que des nouvelles, simultanément arrivées de
Vienne et d'Odessa, annonçaient que la France avait considérablement
perdu de son influence & Constantioople depuis le retour de lord Paget,
dins les paji el rortcTesces iiui dotTeol être évacués par elles, tons les elTets, ranons
<l mnoltiona qui 9'f irtniTaieDt avant l'occupation. La Snblinie Porte nommera des
conmissairts qui Tecevront lesdil» forteresses d« officiera russes désignés i cet cffci .
Les troupes ottomanes sortiront d« mémo de la Talachio et de la HoldSTie eodéan»
tes Tingt-clnq jours, pourrepasserleDanube. Biles ne laisseroot dans les ToTieresses
d'Isntïl, Braïlow et Giargin, que ks garnisons suffisantes pour les garder. Les
troupes Tusses correspondront avec les troupes ottomanes, a&n que les deui arniévs
commencent i se retirer en même tem^ de la MoldaTie et de U Vaiachie. Lm dcui
parties conlractaotes ne se mêleront nullement de l'administration des deux princi-
paatés de laMoldaile et de la Vaiachie jusqu'à l'arrivée des plénipotentiaires cbai^éii
deiiaiterde la paii. Jusqu'ils conclusion delà paii, les troupcsottomanes ne pour-
ront occuper aucunedes forteresses qui seront, eu conséquence du présent armistice,
éracnées par les troupes russes. Les habitants eeuls pourront j entrer.
B 4. Conformément à l'articlo précédent, l'Ile de Ténédos, ainsi que tout autre en-
dioit dans l'archipel qui, avant que la nouvelle de l'armistice} soit parvenue, aura
étéoccupéparlea troupes russes, sera évacué. Les vaisseaui russes qui sont mouillés
devant Téaédos ou quelque autre endroit de l'Archipel, Telourncront à leurs ports,
■Sn que 1« détroit des Dardanelles soit tout à fait ouvert et libre. Si les vaisseaux,
mssa, en se rendant i leurs porta , sont obl^ de s'arrêter i quelque endroit de,
l'archipel, k cause d'une tempête ou de quelque autre besoin indispensable, les oIR^
ciers turcs n'y niettronl aucun obstacle, et leur prêteront, tout au contraire, les
secoun néceesaires. Tous les vaisseaui de guerre ou autres vaisseaux ottomans qui,
pendant k guerre, seraient tombés entre les mains des Rosses, seront rendus avec
leurs équipages, ainsi que les vaisseaux russes qui seraient tombés au pouvoir des
forces otiomanes. Les vsissciDX russes, en se rendent i leurs ports, ne prendront fc
bord nneap sujtt de la Sublime Porte, n
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M SITUATION DBS «UJrDEfl PDHSUCBS
ambusadour aoglus ; que sa médiation ne serut pas aasex puisaute
pour faire exécuter les stipulations d'an armistice noavean. « Vout
n'empêcherez jamais des bandes d'insurgés tares de passer le Daaube
et de reconunencer le pillage dans ces proTioces; les ordres de la
-Porte ne siwt rien À un mill&de CttMtf tin^ple. » Ainsi rempcfeiv
des Français s'exprimait à Tilsitt, en paiiaatÀ l'<nipœur Alexmdic,
ce qui était pariaitenwnt exact : le minietie nuse ajoutait habap.
ment « qœ, sur cet objet, la condesoendance de Napoléon p««r le
dar serait du plus grand prix et de la fixa grande utilité ;qae, surtaot
depuis BB déclaration contre l'Angleterre, il serait vraiment malbea-
reuz que l'on ajoutât aux i^aintes qui vieuDeot de toutes parts, les cris
que l'évacuation de la Moldavie et de la Valechie ne manquerait pas
de faire jeter ; que l'empereur des Français n'avait cessé de dire, k
Tilsitt, qu'il ne tenait point à cette évacuation; qu'on pouvait la
traîner en longueur et qu'il fallait rejti^r les Turcs en Asie, s
Dans cdte dîqtosition d'esprit et d'habileté, il ne faut donc pas
s'étonner si, après l'expédition anglaise contre Copenhague, le cabinet
de Saint-Pétersbourg, exagérant le sentiment d'indignation qu'il
éprouvait de la violation du droit des neutres, dédara l'adhésion de
la Russie an système contin«ital de Napoléon ; c'était ici un jeo
joué plutAt qu'une résolution ferme et définitive. L'adoption d'un
système prohibitif équivalait à la destruction entière des revenus de
la noblesse russe ; son luxe s'alimentait par l'Angleterre, et le eont-
merce britannique lui assurait des débouchés pour ses vastes pro-
duits territoriaux. Alexandre promettait donc ce qu'il ne pouvait
tenir ; s'il donnait satisfaction monentuée à la France, c'est qn'il
avait besoin qu'on ne le troubiftt point dans son mouvement de con>
quête.
L'empereur Alexandre marcha plus avant encore dans les idées de
Napoléon, et, par un ukase adressé au comte de Romanioff, il ordoBos
qu'un embargo serait mis sur tous les navires anglais : on saisrait
toutes les propriétés des sujets de la Grande-Bretagne. Puis une
déclaration solennelle fut promulguée contre l'Angleterre comme we
Justification des dernières mesures si impopulaires en Russie. « Plus
l'empereur, était-il dit, attachait de prix à l'amitié de S. M. britao-
nique, plus il a dû voir avec regret que ce monarque s'«i titùgaait
tout à fait * . Deux fois l'empereur a pris les armes dans une cause où
' ll.CuiDingrÉ(«DdilàcetuluseparuaicUducabiBellemMDeoindi|t :
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.APBiB LA PAIX DE TILSITT. 9&
VîDtérèt le plus directétait celui de l'Angleterre ; il s sollicité eo -nln
qu'elle coopérât an gré de son propre intérêt : il ne lui demsndilt
pas de joindre ses troupes aux «ennas,.!! définit qu'elle ftt une dinr-
siau ; il B'étounaît de ce que, dans «a propre cause, elle n'agissait pas
de mn càté. Maie, froide spectatrice du sanglant thë&b« de la guerre
qui s'était allumée k ton gré, elle envoyait des troupes atttqim'
.Buénos-Ayres. Une partie de ses armées, qui paraisait destinée à
faire une diversion «n ItaUe, quitta Qnal^ii^it la Sicile où elle s'était
esBeniblée. On avait litti de croire que c'était poar se porter sur les
cétes de Naples ; l'tm apprit qu'elle était occupée à essayer de s'ap-
proprier l'EgTpte. Sbis ce qui toucha sensiblement le eorar de
B. M. I., c'était de v(»r que, contre la foi et la parole expresse «t
précise des traités, l'Angleterre tourmentait sur mer le commerce de
ses sujets. Et k quelle époque ? lorsque le sang des Busses se versait
dans des combats glorieux qui retenaient et fttaient contre les armées
de S. M. I. toutes les forces militaires de S. H. l'empereur des
Français, avec qui l'Angleterre était et est encore en guerre. Lorsque
■ La «Uclmlion j^bliée è Biini-PiienlMDig par S. M. l'caiperenr d« toaiM hs
Bossies B c*u«é k S. M. la pina grande surprise et les plus Tib r^ets,
» S. H. n'Ignorait pas la nature des cDgagements secrets auxquels la Russie tTtti
è-lé forcée de souS4;rfre pendant les conKrencee de Ti1»ll; inaU elle «sptralt qu'en
jetant un noureau coup d'ail sur lealrsnwcliansde celle nalbeoreuge nésociatJon et
en appréciant conventibleineni les effeta qu'elle doit produire sur la gloire du nom
rus&e el sur les intéritsdel'empiredeRosaie, 8. H. I. aurait chercht i sesoustrair*
aui DOUTeaui conseils et ans liaisons qu'elle avait adoplfedansun moment d'alarme
et d'aballement, et aérait rerenue i des principes politiques plus tnalogues i ecux
qu'elle avait si inrahabhnieDt pro renie, «t plna propres i assurer l'honHaar de sa
cooronne et la prospérité deaes fitals.
a C'est i est espoir qa'U faut auribuar k paUence et la nodération af^ortée par
S. H. B. dans toutes am reUlions diploualiqBas avec. la cour de Stiat-Pétenbotirg
depuis k poil de Tilsitt.
» S. M. Buit de fortes nisons do eonceroir des souptoas et de justes sujets do
plaintes; maisrlle s'est abstenue de tout reproche. S. M, s cru occessaire de demendcr
des eiplicstioos relativenuaii certains arrangemuits conclus arec la France, et dont
lesecrelqu'onenfaisaitiS. M. nepouvait cpielaconflrinerdanslesBOuptoiiB qu'ello
avait déjà conçus snr leur caractère et leur objet. 8. H. n'en voulut pas moina qna
cette demande d'expIicatiOD fût faite uon-seulement sans aigreur ou sans démonstra-
tious hostiles, mais encore qu'elle fât accompagnée d'égards pour les sentim^ts ei
la siluaiion de l'empereur de Enssîe , égards que commandai! le souvenir d'une an-
cienne amitié et d'une confiance interrompue, mais non déiruiie.
j> La déclaration deTempereurdeBussie prouve que le but delà patience et de la
modération de S. M. a été manqué ; elle prouve malheureusement que l'inQuencc d»
celle puissance, également et essentietlement l'ennemie de la Grande-Bretagne et d«
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100 SITUATION DES GRAHDBS PCISSAHCES
les deos empereurs firent la psii, le czar, malgré ses justes gricTs
contre l'Angleterre, ne renonça pas encore k lai rendre service ; la
Bussie stipula dans le traité même, qu'elle se coostitueratt médiatrice
entre elle et la France ; ensuite elle fit l'offre de sa médiation au
roi de la Grande-Bretagne ; elle le prévint que c'était afin de lui
obtenir des conditions honorables. Mais le ministère brilanniqQe,
apparemment fidèle à ce plan qui devait reUtcher et rompre les Iteas
de la Bussie et de l'Angleterre, rejeta la médiation. La paix de Ii
Russie avec la France devait prépara la paix générale : alors l'An-
gleterre quitta subitement cette léthai^ie apparente à laquelle die
t'était livrée ; mais ce fut pour jeter dans le nord de l'Europe de nou-
veaux brandons qui devaient rallumer et alimenter les feux de la
guerre qu'elle ne désirait pas voir s'éteindre. Ses Bottes, ses troupes
parurent sur lescAtesduDanemarck pour y exécuter un acte de vio-
lence dont l'histoire, si ferUle en exemples, n'en offre pas un seul
pareil. Une puissance tranquille et modérée qui, par une longue et
inaltérable sagesse, avait obtenu dans le cocle des monarchies une
dignité morale, se voit saisie, traitée comme si elle tramait sourde-
ment des complots, comme si elle méditait la ruine de l'Angleterre ;
le tout pour justifier sa totale et prompte spoliation. »
ïd le cabinet de Saint-Pétersbourg, ra{)pelant l'expédition de
Copenhague, manifestait son Indignation, a Le czar se sentait blessé
en sa dignité, dans l'intérêt de ses peuples, dans ses engagements avec
les cours du Nord, par cet acte de violence commis dans la mer Bal-
la fiussie, s pris un BScendant décidi dans les conseils du cabinet de Stinl-Tclcn-
bourg, et a pu eicilei une inimitié sans cause eaire deux nations dont les ancirano
liaisons et rinLÉTiH mutuel leurprcscriTaient l'union et la coopération les plus inlinO'
s S. H, déplore vivement l'eileDEion des calamilés delà guerre; mais, tortétcenau
elle l'est de se défendre contre un acte d'hostilité non prOToqué, elle désire foHtiMtl
de réfuter Btu yeui du monde entier les prétextes par lesquels on cbercbeijoslito
B S. H. rend volontiers justice ■uinioli& qui ont originairemetit engagé tiBossit
dans la guerre conlre la France; 9. H. aTone tout aussi Tolontiers l'iatérit qu< h
Grande-Breiagne a toujours pris au sort et i la prospérité des puissances du coulinat^
msis il Hrait sûrement difficile de prouver que la Grande-Bretagne, qui éUJt cUc-
mf me en état de guerre avec la Prusse lorsque les hostilités ont commencé enn i*
Prusse ei la France, avait un intérêt et des obligations plus directes que l'eniMW
de Rus: ic A épouser la querelle de la Prusse, surtout lorsqu'on considère que l'm-
pereur de Bussie était l'allié do S. U. prussienne, leprotecteurdunord del'Europ'i
«t léguant delà coDStitulioD germaniqne.a
• Signé : CiiraïKd. •
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APBiS U PAIX DE TILSITT. 101
tique , qui est une mer fermée , dont la tranquillité avait été depuis
longtemps, et au 8u du cabinet de SaÏDt-James, réciproquement
garantie par les puissances riveraines ; le czar ne dissimula pas son
ressentiment à l'Angleterre, et la fit avertir qu'il n'y resterait pas
insensible. S. M. ne prévit pas que lorsque l'Angleterre , ayant usé
de ses forces avec succès , touchait au moment d'enlever sa proie ,
elle ferait un nouvel outrage au Danemarclc, et que S. M. I: devait
le partager. De nouvelles propositions furmt faites, les unes plus
insidieuses que les autres , qui devaient rattacher à la puissance bri-
tannique le Daoemarck soumis , dégradé, et comme applaudissant k
ce qui venait de lui arriva. Le czar prévit encore moins qu'on lui
ferait l'offre de s'associer à cet abais»meot , et de répondre que cette
violence n'aurait aucune suite fâcheuse pour l'Angleterre. Son am-
bassadeur crut qu'il était possible de proposer au ministère de l'em-
pereur que S. M. I. se chargeât de se faire l'apologiste et le soutien
de ce qu'elle avait si hautement blAmé. L'emp«'eur ne donna à cette
démarche du cabinet de Saint-James d'autre attention que celle
qu'elle méritait, et jugea qu'il était temps de mettre des bornes à sa
modération. Le prince rojal de Danemarck» doué d'un caractère plein
d'énergie et de noblesse, et ayant reçu de la Providence une diguilé
d'àme analogue à la dignité de son rang , avait fait avertir les cabi-
nets que, justement outré de ce qui venait de se passer à Copenhague,
il n'en avait pas ratifié la convention. Dans ces circonstances , le car
déclare qu'il annule pour toujours tout acte conclu précédemment
entre la Grande-Bretagne et la Russie , et notamment la convention
faite en 1801, le 5 (17) du mois de juin. Il proclame de nouveau les
principes de la neutralité armée , ce monument de la sagesse de l'im-
pératrice Catherine , et s'engage à ne jamais déroger à ce système.
Il demande à l'Angleterre de satisfaire complètement ses sujets sur
toutes leurs justes réclamations de vaisseaux et de marchandises
saisies ou retenues contre la teneur expresse des traités conclus sous
son propre règne. Le ctar prévient qu'aucun rapport ne sera rétabli
entre la Russie et l'Angleterre que celle-ci n'ait satisfait le Dane-
marck. »
Cet ukase , rédigé en tomes aigres et impératif , devait amener
une réponse du cabinet anglais ; elle ne se fit point attendre. M. Gan-
ning déclara : a Que l'Angleterre se voyant forcée & regret d'user de
représailles» les bàlimHits russes seraient de bonne prise. » Toutefois^
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168 SlTDATlOn DBS GRANDES PUIMAIKB3
le cabinet de Londres ménageait la Ruane ; ses ageato secrets l'infor-
niaient du moindre petit accident qui arrivatt dans la politique du
cabinet de Saint-Pétersbourg. D'après leurs rapporte : la paix de
Tibitt lerait momentanée , le système de Napoléon n'avait aucune
popularité en Russie; si le czar y persistait , il lui arriverait quelqne
catastrophe k la manière de Paul I". Tdt ou tard une rupture avec la
France se manifesterait par la force même des choses. Ce fut dans
cette pensée que l'Angleterre dirigea ses mesures hostiles contre la
Russie-; tout fut marqué d'uo cachet provisoire ; ses flottes, ses biti-
nents ne furent pris que comme dépôt. Alexandre se trouva dans
M» États le prince le plus embarrassé après le traité de Tilsitt ; seul
il demeura du parti de Napoléon ; il dut tmir tète À sa famille , k
ta proches , k ses armées ; témoignant toujours la ^u» vive affection
pour l'empereur des Français, il échangeait des ordres militaires, des
pellnea d'honneur , et Napoléon lui-même répondait à ces témot-
gnages par des porcelaines de Sèvres et des statuettes de bronie.
On dé»gnaît déjà les ambassadeurs permanents auprès des déui
cours. Napoléon n'avait donné au général Savar; qu'une mission pro-
vismre; il destinait à l'ambassade définitive de âaint-Péteisbourg
H. de Caulîncourt, d'une famille de bonne origine : mauvais choix à
cause du souvenir du duc d'Enghien. Le ciar avait d'abord nommé
M. de Romantoff pour l'ambassade de Paris; sur sim refus, il desi-
gn le brillant comte de Tolstoï , un de ses aides de camp favoris '.
■ c Siint-Pttenboutg, 9 «eptembre IWT.
• H. le géDénl Svnrj «st loujoun du* ceUe capiUle. H. la llmiiuMat t/tabà
camte de Tolstaï «st dé&nitiremmt aomni à l'MnbuMds de ïaris. Le comte i»
Kesselrode l'accompagnera comme geoiilbomme d'ainlNSfiaide. u
Toiei l'ukase ptr lequel l'empf reur Alexandre ordonnait de mettre sous l'embargo
lei UUmeiits nqileis et les propriétés de celle neUon :
Au eamu Nùelài BHnxoUx SomoKioff.
■ Ib confléqurace dat ciiconsUnCBS poliilquea qui nous ont oblige de nmftt
lOtttcB liaîEOiu avec la Grande-Bretagiie, nous ordonaooi :
■ 1. Dd embu^ sera mis, dans nos ports, sur loualfesnisseauianslalseiiar
loaie ftoptiMi M^^laiset borddesdilsTaissctiu, comme aiuù surcdia d^pesétdn»
In maggains de la bourse M de l'hAtcl des danaues.
* S. Leur propriété immobilière, et celle qui ne corniste point m marehandiin.
aéra laissée en leur possession , comme auparavant , meU ne pourra être lendat.
lij^Aéqiiée on tranaltrée en d'autres mains. Ces mesures procédant uniquenwt
4e notre Indulgence enTera eux, noua espérons que, pendant la durée de»diltnf«^
^ se sont élevés, ils ue Tlolemnt point leurs deroim par des aetiona qui poumini
porter préjudice k la Russie, eileur faireeucourir noire]uBtedipUisir;maiiqa'i''
«imwt en paii et tran^Ulé.
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AffnB» LA PAIT DB TllSITT. 103
L'amitié et le E^d« la France Bllaimt'à ce point que le général Savary
M peniùt d'ofR-ir aa czar lesserrices de sa police è Saiot^Pétenbourg;
ndéeoBta des conepirations tramées contre Atesandre; Jeu joué
sans dente par Napoléon , afifa de montrer son atlachement à l'ai*
lisBoe. U fallait le déterminer à prendre des mesures contre les enne-
mis du système français : un rapport »lste dans lequel le général
Siwy signale des conjurés qui en venlënt' à la vie de l'empereur
Atèssndre; le génèrri indiquait les moindres circonstances de ce
complot , et appelait la vigilance du souverain de toutes les Hnssieit
Cet état de choses ne pouvait durer; tout faisait croire que la crise
militaire une rois passée, et le système du czar accompli sur la Mol-
davie et la Finlande , la Bnssïe reprendrait les aimes contre les idéfiB
ef les projets gigantesques de l'empereur dès Français. La coalition
n^élait pas dissoute.
Si tout était provisoire dans les démonstrations amicales de la
Ruane envos la France , il en était de même des actes du cabinet
autrichien que la paix de Fresbourg avait tant humilié. Un empire
ne tomlw pas dans une seule campagne'; il se relève tét ou tard.
L'entrevue de lllsitt fut connue à Vienne dans son esprit et ses ré-
Mdtats ; le général baron Vincent , dans sa remarquable correspon-
dWKe , avait écrit tous les événements de la campagne de 1807 , et
les conventions intimes qui ea avaient été la suite : on n'ignorait pas
que la Russie subissait un système d'alliance passager avec Napoléon,
snB autre fondement que le désir de faire réussir les guerres actuel-
lement engagées avec la Suède et la Turquie : ooe fois l«s conquêtes
effectuées, la Russie pourrait entrer dans une nouvdle coaHlIon.
L'Autriche, avec sa persévérance habituelle, armant àpetit bruit et dé*
y^jkrppaA son système militaire, voulait atteindre son bat d'écoDomie
■ 3. CoDcenMDtrcmbargo, un comité sera fbnné dans ce port, compost do* n^o-
cHots russes les plus considérés, et d'na membre du collège de commerce. If oiu vout
■Moriflons i choisir et mellre en ToBctions les membres de ce comité, et i nons rendre
•MBpte des mesures que tous snrez prises k cet effkl.
> 4. De semblables comités seront formés i Biga et i Arcbaiïgel, sons U dépcn-
dtneede cdoi-ci. Lecboii de ceui qui les composeront et leur misa en activité,
•l^riinidra bu cbe& militaires qui sont aussi chargés du déparlement ciTil, et
olrflti'fanra point de semblables chers, anigouTemeurs civils,
■ S. Il sera pourvu aux flrsis de ces mesures, snr les revenus des dootma rtspto-
tives, et la dépeose sera portée au compte des vaisaeaui et marchand iMssé4[iieairéa.
:dbv Google
lot SITBATIOH DES GBANDBS PUISSANCES
et <Ie force, dans le cas d'une campa^e tôt ou tard ÎDévitable.
La monarchie autrichienne, pour le département de la guore,
ùlait alors dirigée par l'archiduc Charles; les malheurs de la patrie
avaient fait renoncer à toutes ces jalousies qui naguère divisaient le
conseil aulique ; l'archiduc Charles , revêtu d'une sorte de dictature ,
s'occupait de l'organisation de l'armée autrichienne sur de mdlleures
bases ; l'artillerie était entièrement remontée, de nouveaux bataillons
îijoutés aux régiments. En pleine paix on comptait déjà une année de
210,000 hommes , l'Autriche adoptait le système de la conscription
vt des landwehrs, la régularité des levées et les insurrections des
mosses , on exerçait les troupes avec une grande activité en Hongrie,
en Slyrie , tandis que des agents parcouraient le Tyrol afin de pré-
parer un mouvement de peuple contre les Bavarois qui avaient re^n
celle province des mains de Napoléon. Si l'Autriche n'était pas encore
décidée à la guerre, si elle la redoutait même, ses armements répétés,
Kon système de réforme militaire et financière , constataient la réso-
lution absolue de profiter du premier échec des armes françaises pour
entrer de nouveau dans la lice des batailles ' . Tilsilt ne lui paraissait
pas sérieux , ce traité ne unissait rien , sorte de trêve , elle serait
rompue par l'irruption nécessaire des intérêts et des nationalités en
Europe ; on savait d'ailleurs le caractère exalté des vieux boyards ; on
forcerait la main à l'empereur Alexandre.
Tel était le sens des dépêches du général Andréossy, rambasBadeor
français & Vienne. En 1807, déjà, il ne comptait plus sar le nuio-
tien de la paix; l'Europe subissait une trêve; elle reprendrait les
armes. La mission de H. de Metternich k Paris ne consistait qu'i
détourner les yeux de ces armements , et à calmer les craintes, les
Français n'évacuaient pas l'Allemagne ; ils élaieot prêts à commença
'une campagne, à marcher sur Vienne dans quelques journées; ik
' Ob verri que l'Aulriche tniUil néeDmoiDS encore i Paris ;
« L'^bange dcsratiGcitioDS d'une conveatioa qui a étf cODClue entre laFranct H
l'AulrIcbea eu lieu, le 10 novembre 1807, h FonuLacbleau, entre H. deChampipT
«tH.deHettrniicb.
B Par celte coavenUoD, la place de Bniloau sera évacuie par 1m troupes rraiKtiM*
•ViDlIelOdfceDibre, etTeodueàl'Autrkbc. La province de UouteralconeecicMc*
^Y l'empereur i l'Autricbe, et laliolie d« royaume d'Italie avec I» ÉuUiaUi'
cbier,s sera le thalweg de l'Isonio.
t Par CM arrangeiDeals, toutes les difflcnllésqui subsisUienteDCore surl'ncciiii**
4tt traité de Presbourg soat cniièremeiit levé.s. «
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APBÈS LA PAIX DB TILSITT. iQ6
cemaient l'Autriche de tous calés, par la Silésie, par le grand-ducbé
de Varsovie qu'occupait le maréchal Davoust. Quoi d'étonnant que
l'Autriche prtt ses précautions en augmentant son état militaire?
Ainsi parlait H. de Mettemich à Paris. On venait de signer un traité
pour la remise de la place de Braùnau à l'Autriche , moyennant une
cession territoriale en Italie ; et les négociations s'étaient suivies dans
des termes très-empressés.
Bien de comparable à la situation abaissée de la Prusse après la
pais de Tilsitt ; elle était écrasée par des contributions de guerre et
une formidable occupation. Les stipulations publiques et avouées
n'étaient rien . comparées aux conventions secrètes et aux exigences
occultes des vainqueurs; la Prusse devait non-seulement céder le
grand-duché de Varsovie , mais encore ouvrir une route militaire
aux Saxons. Le roi Frédéric-Guillaume s'était séparé, en termes tou-
chants, de ses sujets dont le territoire se fractionnait de la grande
monarchie de Frédéric ; ii leur parlait de sa douleur de père et de
roi *. On avait vu des paysans prussiens travailler à façonner un che-
min de guerre qui devait livrer passage aux Saxons leurs ennemis ,
dont la grandeur humiliait leur monarchie ; comme les contributions
de guerre n'étaient pas entièrement payées, Napoléon avait ordonné
de maintenir l'occupation avec rigueur ; on pressurait le paysan et le
bourgeois; les avant-postes français étaient restés dans le grand-
duché de Varsovie.
< Voici la procUmalioD que le roi a adinaée aux habitants des proTînces cédera
par la Irailé de TUgiii :
■ Tons connaissez, bieD-aimèshiibitaDUidesfldèlespTOTiiices, lerriloires M villcft,
mes sentiments et les cvénements de ranoée dernière. Mes umta furent malbeo-
reuses. Les efforts du dernier Teste de mon armée Turent vains. Bepoussé jusqu'aux
dernières bornes de l'empire, et mon puissant allié forcé lui-même de conclure «a
armistice et de signer ia paii, il ne me restait d'autre parti que de rendre Is iran-
qoillili i ce pays, aprts les calamités de la guerre. La paii dut être conclue telle qur
les circonstances la prescriTaieot. Elles imposaient i moi et t ma maison, elles lmp«-
saient au paja même les plus douloureux sacrifices. Ce que des siècles et de braTts
ancêtres, ce que des traités, ce que l'amour et la couDuce avaient lié, deraitttK
désuni. Ce sort prononcé, le père se sépare de ses enfkntsl Je vous dégage deiowi
devoirs de sujets enrers moi et ma maison. Les vieux les plus ardents pour TOtre
prospérité vous accorapagnerool auprès de votre nouveau souverain ; sojea-lul te
que vous m'étiez. LcGorlDiaucunepuissancenepourrontcITaeer votre aoBveiilr <•
mon coeur et de celui des miens,
> Memd,leUiaiUetia07.
I FaioÉuc-GciixAiiMi. *
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Vn siroATHMf DES ^umss pimuscu
Sous prël^te db làorganîser ce pind-duché, le nuréobel fisvoost,
ce caractère infleiible , m permettait des actes d'une nature o£em
CAntre Isa habit&atâ ; en vain le roi de Saie s'adrenait à ses snjeb
polonais et leur promettait leur ancirame indépendance ; la Poli^
itait jusipi'ici réduite à n'être plus qu'une simple province , proTbai-
reraeat rattachée à la Saxe. Les Français occupaient toute la Prusse,
et Berlin même voyait le drapeau de l'empereur; le soldat vivul
partout à discrétion ; on levait des chevaux, des vivres; la Prusse était
gouvernée en pays conquis par des intendants et des préfets. Qtà oe
savait Te caractère de Af. Dam, llntendant de l'armée?' H laissa des
ttaces ineffaçables en Prusse ; un général peut expliqaer ces rigneure,
car il a besoin de faire vivre sa troape et de saâ^Wre ses soldat!;
mats an intendant, puremeut financier, ne compense pis ses violeacei
par un peu de glDire: M. Dam fbt dévoué à l'empweur, on n'ai
doute pas; mais la pauvre Prasse ne fut p8S ména^; on irrita le
paysan , on le brisa. Les intendances firent une des causes de cea
soulèvements d'opîaiou dans le pays conquis ; quelques administra-
teurs Airent modérés, d'autres se montrèreut implacables; on mol-
tipliait les réquisitions de chevaux , de matdas , de draps , d'équipe-
ments ; une ville riche , opulente , était accolée d'uoB impositioii
payable en vingt-quatre heures; Francfort, Hambcnirg-, Lnbeck,
Berlin, ces riche» cités furent dépouillée»; jetant leur or è ^am
mains , elles n'acquïreut rien et donnèrent tout. Le roi de Prusse fut
obligé d'accéder d'une manière absolue au décret de Berlin sur la
prohibition des marchandises anglaises ; tout commerce fut interdit
«vec la Grande-Bretagne, même aux villes libres ' .
Dans cette homitiation de la patrie, le roi et la reine de Prusse
' a Vetncl, 90 octobre IBOT.
■ IlTieiitdaptrtItrelciltpTOciBinatioliBulTilDtesurrinierdIctioli du conmitR*
«ngUis:
» S. H. le roi de Prusse fait savoir k l'aulorîté roilllaïre ds Heniel qnc te dtS-
-culUsil'epr&slesquelIes elle STaiiordoDDéd'uècuter sans bruit la défense eocniiaï
par le traiij de paii de Tilsiti, de permeitre, même dans te port de cette >itle, I*
navigation et le cominerce anglais, sont acluellement levées. Ed conséi^eiice, S. M.
donao i l'aotori té maritime l'ordre le plus pr^is de fermer, de la iniBière 1* pli»
rigoureuse, ce porL i la navigailon et su coramerce anglais ; de n'j recevoir, son» sa
respansabilit^ , ni bitimenls ni marchandises anglaises, et de n'eu laisser partie
ascuoe eipédltioD pour l'Angleterre.
" Memel, le t" octobre 1807.
îdbyGoOgIC
A.nÈs u PAIX m TiLsirr. 107
n'étaient point rerenus à Berlin ; qu'auralent^b f;^t k la faca de leart
sujets si itnpitojablraient traités? Comment auraient-ils tenu leur
cour au milieu de ce deuil puUic T Comment le successeur de Fré*
délie auraitil hiMté Potsdun aux beaux jardins, lorsqne, des fenêtres
de son palais, il vernit manœuvrer dans les plaines de Sana>Sonci les
masses d'infïinterie «nu les (ûgles et le drapeau de France? Gela eût
brisé son cœur ; le roi Frédéric-Guillaume vécut donc , avec sa ch^
Angusta-Louise , la fière et noble reine , dans les villes les plus reti-
rées, et à Breslau particulièrement. Là, sans faste , sans dépenses , 11
pleurait les malheurs de son pays et les humiliations de sa couronne;
il était le premier à subir la volonté inflexible des généraux français.
Par un traité secret. Napoléon avait déclaré que la Prusse n'aurait pat
plus de 20,000 hommes de troupes régulières sous les armes, un hui-
tième environ de l'état militaire avant la bataille d'Iéna. Cette condl-
tioa abaissée , la Prusse la tenait en gémissant ; un roi soldat devait
vivre sans armée ; le descendant de Frédéric ne devait plus avoir da
régiments k commander ! Des circulaires avaient imposé aux olBciera
de réduire le personnel des corps , et d'ailleurs les finances si abîmées
de la Prusse ne permettaient pas d'entretenir une armée plus consid6>
rable; tous les revenus allaient s'englouUr dans les caisses de l'intendant
M. Dam; on levait 10 millions par mois sans compter les réquisitions.
Dans son inflexible vengeance, Napoléou n'avait pas prévu un résultat,
c'est qu'en réduisant l'état militaire, il ne détruisait pas l'esprit patrio<
tique ; les armées régulières n'étaient plus rien depuis qu'elles avaient
perdu leur force morale è lèna ; il n'avait plus à les combattre. Àvalt^
également détruit l'esprit allemand? On pouvait arracher les armes
aux vieux grenadiers de Frédéric , aux bataillons de Potsdam , mais
on ne pouvait empêcher le soulèvement des peuples pour l'indépen-
dance et la nationalité germanique , car à cette époque commencent
lea sociétés secrètes, dont l'histoire trouvera une large place dans ce
livre ; grand duel entre les peuples et la domination brillante et dure
d'un génie militaire ; combat de géants dont je dois écrire l'épopée.
Ainsi, après Tilsitt, l'Europe, qu'on croyait pacifiée, n'était qu'en
expectative. C'étaitune balte ; la querelle n'était point terminée entre
les vieilles royautés et les royautés nouvelles , entre la dictature que
la révolution avait mise dans les mains d'un homme et l'esprit des
vieilles sociétés ; tout paraissait calme, et cependant l'océan des peu-
ples était agité ; une coalition était dissoute, une autre se préparait;
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108 BITDATION DES GRANDIS PDISSAMCIS > BTC.
t>u baisBail la tète pour ta relever plus fièrement. Napoléon avait besoin
d'assouplir l'Europe qu'il voulait conquérir ; il ne pouvait se tenir un
moment eu repos, la destinée avait prononcé, il devait nurdier en
avant; entre lui et les cabinets, jamais il n'y aurait qu'une trfte;
il menait les générations haletantes vers ce but inconnu queson ima-
gination avait rêvé ; l'énigme de son histoire n'était point expliquée,
«t une guerre finie au nord se réveillait sanglante su midi.
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LUSPACRE BT LE POBTUGil.
CHAPITRE V.
L «MSim n LE POITDUL.
SiluittiaD de la Péninsule. ~ Chartes IV. — Ls reine Louise-Harie, ~ Les tarants
Fernando, Carlos et FriDcisco. — Les inrantea. — Le prince de Ib Paii. — Négo-
cialions de l'Angleierre et de U Russie. — Correspondance avec Naples et la
Si'ile. — Proclamai ion d'Ara njuei. — Le* conMiU. — Le peuple. — ÀbaiasenienI
de l'Espagne. — Dispcrsian de Tsmiée. — OffsHIl en Toscane. — Le marquis de
la Bomana en Dsoemarck. — Les scinea de l'EscnTial. -- Projeis du prince des
Asturies. _ Son jugement. — Correspondance avec l'empereur. — laquierdo à
Paris. — H. de Bcauhsrnals i Madrid. — Trailé départage. — LePortu^,—
Esprit de la Féolusule. — Composition des devi arroées françaises. — Junot aux
Pf rénfct. — Unrat, généralissime des armées d'obsefYation lu midi.
Depuis la première campagne de 1793 mus le général Dugommier,
à la forte époque démocratique, la Péuiosule était demeurée étran-
gère aux mouTemeols arméa de l'Europe ; les villes d'extrême fron-
tière seules avaient aperçu le drapeau tricolore sur le sommet des
Pyrénées ; quelques cités de la Catalogue , avec leur beau territoire
d'oliviers , leur population active , travailleuse , gardaient souvenir
des légions allobroges ou des grenadiers républicains, pauvres, sans
souliers , sous leurs uniformes usés par la victoire , au temps de la
convention nationale. L'Espagne était un territoire vierge; les villes
gardaient leurs richesses ; les églises , les monastères possédaient des
trésors, desautels d'orfèvrerie, derïches reliquaires ornés des diamants
du Pérou et du Mexique ; plus d'une fois, du haut des montagnes,
les soldats avaient rêvé la conquête des ex-voto d'or de Compostdie ou
de Galice ; l'Allemagne était épuisée, la guerre se portant sans cesse
entre le Rhin et le Danube ; on avait mis k contribution toutes les
villes depuis Bfayence jusqu'à Kœnîgsberg; l'Italie elle-même était
soumise et appauvrie; la conquête de l'Espagne offrait un appftt nou-
veau , et il n'était pas étonnant qu'après avoir foit des guerres sans
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110 L'npAcm- ET iB pomrGAC
Midi et des campagnes sans pillage, l'esprit de plus d'un gèafral se
sait rèveilM par Veepéraoce d'une proie lid» et facile, car on se fu-
sait une fausse idée du caractère espagnol.
L'Espagne obéissait toujours i ce don Charies IV, le descendantde
Philippe Y , le fils et l'héritier de Charles III qui couvrît la Péaiosole
de vastes routes , de beaux ponts et de monuments publics ; Charies lY
touchait à sa cinquante-Deuvième année; vieil époux de Louise-Morie-
Tfaérèse de Panne , aux passions vives encore , bien qu'elle n'eût que
trois ans de moins que son mari. Les habitudes du roi d'Espagne
l'étaient enracinées, son gotit de chasse ne le quittait point, et, comme
les infirmités étaient venues avec l'Age, Use plaçait sur un ^mple pa-
villon à i'Escnrial , au Buen-Betiro , à Aranjuez , et Ik le gibier da
Tage, rassemblé à grands frais, tombait sous la carabine rojale,
Eabriquée aux manufactures d'Alcantara. Charles IV , bon muâdeo,
passait savîei jouer du violon; les célébrités pour lui èt&ient Rode et
Boucher; que lui importaient ses États, lorsqu'il pouvaitréunir quelques
virtuoses pour faire eoteudre les airs d'Italie? Le roï vi^lUsaut
dans une décadence profonde, et avec lui la reine Louise-Maiie,
femme fatiguée d'intrigues, et qui eût tout sacrifié pour quelques
pages aux yeux noirs qui baisaient la main Délrie de leur souveraine.
' Trois inf&nts étaient nés sous les ombrages d'Araojaez ; le premiei
du nom de Femand , jeune homme encore , car il atteignait' à peine
sa vingt-troisième année ; à six ans , Femand , selon l'usage des Cai-
titles , fut proclamé prince des Asiuries , héritier d6 la counmne ; sa
Sgure n'était point belle , ses traits n'avaient rien de noble ; il se dis-
tinguait seulement par cet esprit actif qui bouillonne toujotin dim
la poitrine d'un prince de Castille qui voit son héritage livré net
-désordres de la faiblesse et de l'intrigue. Ses deux frères , Caries et
Francisco de Paula , étaient enfants encore : Francisco n'avait qœ
quatorze ans; Carlos, plus âgé de six années, triste, méloncoUqne,
semblait prévoir une destinée de captivité. Trois infantes étaient é^
lement nées du mariage de don Charles IV, le roi des Espsgnes :
Gharlotte^oacbime , unie à l'infant de Portugal ; Marie-Louise , qui
parut à la cour du consulat sous le titre de reine d'Ëtrurie, spiritodh
et impérieuse Espagnole ; enfin , Marie-ËIisabeth , qu'un reçoit
mariage venait d'unir à l'héritier des Deux-Siciies. La race méridio-
nale ne sortait pas de ces alliances ; Naples , le Portugal et l'Eqi^M
étaient unis dans une commune famille qui r^nait sur ces pays de
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itaapkom^ et le ponvui.. ttt
Bléditemnée , aux orangera , aux citronniers , où la grenade appa«
ratt sous sa fleur de pourpre et le jasmin dans son calice de nacre*
ti'infantdon Antonio > Ilrère du roi, était le [dus Qer, lAplnstemoe
des princes d'Espagne, noble Castillan dans la vieille exprearion du
mot'.
Chacun des membres de cette royale tbmille avait son pirU, M
ministres, ses favoris : quand il existe un palais, il faut qu'il -j-tit dei
Sommes qui le conduisent ; et quand ce palais est un oouventi toat
prend un caractère sombre comme les drames de riDqnlsttiOD nus
Philippe n. Le favori de la rdne et du roi était toujours Manuel
Godoï, prince de la Paix, duc d'Alcudta, le garde du ecHpi vieilli,
dbut les cheveux noirs ne bouclaient plus sur les ^nle», comme aux
beaux jours de la jeunesse. L'esprit paresseux de Chartes FV aimait k
SB reposer sur H&nuel Godoï, le ministre dirigeant, te chef dncmaeik
et de l'armée ; le roi ne voyait que par lui ; quand Haooel se retlniti
on ne savait comment agir et se déotdiar, il le bllait tonjours présent,
lorsqu'on sollicitait le roi, il tépondâit : a Voyez Manuel, s 11
rappelait de sa voix rauque sous les longues voûtes de l'Escurial, là oà
nûiippe n avait rêvé de si grandes ciMses : « Mamul ! MtmueUto ! »
tel était son cri d'habitude, et la reine le désignait sous le oom d«
« notre pauvre ami*; » qoel pauvreami qu'un garde ducorpaiwétQ
de toutes les dignités de Castille !
Le prince de la Paix, ministre actif, souvent dévoué au bien publie
de TEspagne, était le maître du royaume ; il avait des agent! dini
toutes les cours ; on ne voyait que lui dans la monarchie. Les Infants,
et particulièrement don Femand, avaient awA quelques conaelUen
intimes, et il le fallait bien dans l'abandon où on laiiBait l'bérltlerdei
Cutilles. Fernand avait une extrême vigueur de eorps, qui falnR
' Lei infanU h nomBiinit : Terdlnmd-lIirle-FnDçoia de Ptnlo, prince d« A»-
tnries. Dé le 14 octobre 1784.
Cbarlcs-Herie-Isldore, infant d'Esp^DC, ni le 29 mira <789>
François de Paule-Anloinc-Marie, labDt d'Espagne, né 1b 10 man 17M.
Charlotta-JoBchime, ÎDlante d'Espagne, née le 25 avril 177S, mariée le 9 junler
mo k Jcui-Harie-Joseph -Louis, infant do Fonugal, prince du Drécil.
Harie-Louiae- Joséphine, n^e le 6 juillet 1T8% reine régenie d'fiinirie.
Uarie-Isabellc, née le S juilloi 1780, mariée le e octobie 1803 k Fnntoia-Jmvitca
Joseph, prince héréditaire des Deui-Sieiles.
* Je donnetaf pins tard une leUn cnrienso «t luiagtspbe de la rrin krite e^
franfais sur le couvre tfonufl.
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lia VtSPAGKt KT IX POITOGiX.
fermenter son imagination ardente ; il savait que le prince de U Paii,
craignant la réaction de son avènement, avait conçu le projet de le
déshériter en reportant la couronne sur don Carlos, ou même tor
don Francisco ; par ce moyeo, la vengeance du prince des Asbirtes
serait empêchée, et Manuel, après la mort de Charles IV, pouirait
jouir pleinement de toutes ses dignités. Que faire dans une pareille
crainte, surtout depuis la mort de la princesse des Asturies, frêle
fleur de Sicile, arrachée par une maladie violente i dix-huit uuY
Femand avait pour conseiller un bon chanoine du nom d'Escoïqoii,
d'un sens remarqualde, avec une finesse d'aperçu peu cwnmune; il
exerçait sur le jeune prince un ascendant d'éducation. Le duc de
llnfantado, grand d'Espagne distingué, vivait auprès de Femand et
représentait l'armée. Les antres infants étaient trop jeunes pour
prendre part & un mouvement politique ; ils assistaient au drame en
se jouant dans les cascades et les prairies ombrées du Buen-Betiro et
du Prado. Quant aux jeunes filles, disséminées dans les cours soutc-
raines, l'une & Lisbonne, l'autre sous le beau soleil de Païenne, elles
n'avaient que de faibles et lointains rapports avec leur père ; Marie-
Louise occupait encore le trAne d'Ëtrurie, cette Toscane magnifique
qui se glorifie de Florence, sa capitale.
Ainsi étaient les princes. Le peuple espagnol présentait une phy-
^onomie à part dans la statistique de l'Europe : la noblesse était là
peu de chose au milieu des masses ; de vastes terres formées en
majorais composaient son patrimoine ; il existait peu de ces glorieux
ricoâ kombres du xv* siècle. La plupart des grands d'Espagne, peUts,
rachitiques, étaient l'expression d'une race dégénérée ; lesseiitimeoti
patriotiques y étaient une exception ; la Toison d'or couvrait pen
d'Ames fières et généreuses. Par contraire, rien n'était magoiOque
comme le clergé régulier, ces moines, ces hiéronymites, au front si
haut et tonsuré, tels que Velasques et Murillo les ont reproduits dans
leurs belles toiles. Le moine espagnol, c'était la nation robuste,
paMotique ; le couvent, citadelle construite au milieu de l'invason
des Mores, était le signe de la nationalité ; le moine pouvait va
besoin manier l'escopette pour une défense de territoire. Paysaus^
fraylta, telle était la nation * ; muletiers des Asturies, Catalans, mi-
quelets, Navarrais, Castillans, Biscayens, voilà le peuple ; et mainte-
. ' Je fus (tippé, ea Tintant l'Espagne, de ce bel Mpf ei des moines, dea Uènfj
nitee iiirloul ; c'est l'tlite de la démocratie, la plupart fili delaboureun.
îdbyGoOgIc
l'eSPAGNB et le PORTUGAL. 113
nant joignez à cela la démocratie des villes, les étudiants de Sala-
manque au manteau troué, les manouvriere de Séville, les confréries
de Madrid, pénitents et ouvriers de Tolède, et l'on s'eipliquera
comment le parti national trouva en Espagne de si forts et de si puis-
sants défenseurs. Si la bourgeoisie, presque toute d'origine étrangère
et marchande, pouvait oublier la patrie comme de vieux juifs con-
vertis, les moines et le peuple en gardaient mémoire précieusement ;
ceux-là se souvenaient des mœurs antiques, des processions des villes
uù se déployaient toutes les corporations de la cité ; ils se rappelaient
les.ronctions royales du taureau, quand l'animât fougueux soulevait de
son pied la poussière de la plaza Mayor; ]k était encore le peuple
espagnol avec ses chants nationaux, ses tcagna d'amour plaintif, ses
rembla si gaies, ses aragonaiau aux mille couplets lascifs ; là se trou-
vaient les femmes, dignes et fières Espagnoles qui poussent des cris de
joie dans le cirque lorsque les chevaux haletants traînent leurs entrailles
sanglantes et déchirées d'un coup de corne du taureau victorieux.
Le Portugal, si voisin de l'Espagne et qui en formait comme un
fragment, était toujours sous le sceptre de la maison de Bragance;
don Jnan VI , qui le gouvernait à titre de régent , était un prince
sans capacité politique , prêt à subir toutes les chances de la fortune.
L'infante safemmeluî avait donné plusieurs Qls, alors enfants, autour
de la couronne royale : don Pedro, l'atné, atteignait neuf ans,
Miguel cinq; puis trois infantes, Marie-Thérèse, Isabelle-Marie,
Anne-Joséphine ; et cette famille nombreuse , marquée au coin de la
race berbère, conservait un caractère un peu africain sous son teint
cuivré *. La population de Portugal , quoique d'une origine frater-
nelle avec celle d'Espagne, ne voulait pas avouer une même famille ;
' MBrie-FrancoiM-ËlisabeiIi de PariQgtt, née le 17 décembre 173f,re[oe dePor-
lugel Je 24 réTiier 17T7, veuve le 26 mai 1786 de dOD Pedro lU, son oncle, roi d»
Portugal.
Jean-Uario-Jostph-Louia, prince du Brésil, prince régCDl, né le 13 nui 1707,
marié à Charlotic-Joaehime, infante d'Espagne.
De ce mariage :
Von Pierre d'AlcanUra, prince de Beira, Dé le U août 1796,
Don Michel, né le H octobre 1803.
Harie-ThériK, née le » avril 17S3.
Isabellc-Maric-Francisque, née le 19 mal ITSV.
Uuie-Fraocoite-d'Assise, née le 22 avril 1800.
iMbclle-Harie, née le 4 jaillel 1901.
UarifrADDe-Jcaiine-Joiéphine, ko le S5 juillM IBM.
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l'14 l'upasks bt lb rawtnsGKL.
les dear races n'araient pM les mêmes babifades, lésntétmsmann;
une haioe instinctive [es distinguait; le Portugais se croTttlt hnit de
£x coadées à oMë de l'Espagnol.
Lee vieux Portugais étaieot pea nombrenx ; tes pâjwni CQltiraieat
la ferre d'une manière noble , les habitants des grandes villes se
livraient au commerce et à la navigation. Bemicoap d'étrangeR et
d'Anglais sortout habitaient les oAtes; Porto était le vignoble de
l'Angieterre ; le Portugal avait des colonies depuis GoS dans llnde
Jusqu'à Madère, bdlle plantation de vignes jetée sur l'Océan. L'Es-
pagne et le Portugd étaient des terres magnifiques pour la conquête;
•u milieu des deux nations ilj avait vingt peuples divers ; le Catalan
ne ressemblait pas aux paysans des Gastilles , l'Andalou à l'Aragosais,
l'Asturien aux Valeociens , tous attaeMs i leur sol ; l'Espagne a tant
d'attrait! Lorsqu'on l'a vue une Tôis, on voudrait la parcourir encore;
c'est une terre à part , un peuple è part , st attachant qu'on abandon-
neniit tout pour la toucher du bfttou voyageur.
Que se passait-il cep«idant dans Aranjuez habituellement si paisible,
où iHindissent les daims, où les perdrix du Thge s'agitent sons la
feuillée? Pourquoi tant dé mouvement dans ce palais, le Vemilka
de Philippe Y? L'Espagne, demeurée fidèle ji l'alliance française
depuis le traité de Bile, va-t-eUe secouer ces traditions? Elle a tout
sacrifiée la France, ses trésors, ses Bottes; àTraftiIgar, elle avait vu
sa marine abîmée sous les mille ^canons de l'escadre anglaise ; toutes
les fois que le directoire, le consul ou remperear avait demandé
un sacrifice , l'Espagne s'était empressée de 16 faire , et l'ambassadeur
de France , M. de Beauhamais , avait pu imposer k Madrid bien des
volontés impératives. Depuis- la dbnio de la maison dé Bourbon à
Naples , le prince de la Paix aurait-il enfin ouvert les yeux?
Ceci appelle quelques explicaUoDS historiques : le catûnet de Madrid
n'avait cessé de correspondre avec Naples et Palerme ; c'étaient deux
rameaux d'une même bnndie; le glaive de l'empereor avait eoBpt
l'un, l'autre s'en ressentait; comme dans la fable, les arbres généa-
logiques éprouvent une sensibilité instinctive , et leur tige s'^taim
sous le soallle des révolutions qui leur enlève quelques rameaox. La
diplomatie de l'Europe entourait les Bourbonsi d'Espagne ; le conte
StrogonofT, ministre de Russie, de concert avec le ministre engUISi
avait démontré les excès decette politique de Napoléon qui, méconnais-
Bant tous les droits, secouant tons les principes, renrenait uneroyanU
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L'WP&GNE KT LE' PORTOBAI.. IfÔ'
par on siniide décret : c'était l'époqae de la codtion fonnée pir U
Prusse et )a Rone arant léaa ; il eaxtnAt dans le plan de l'Augletenc,
accompli en 1S12 , de réunir une messe de tnrapes pour la porter
dans Ig midi de la France : 80,000 hommes, Portugais, Espagnols
ou Anglais , devaient opérer simultanément sur les Pyrénées , tandis
que le grande année des puissances du Nord marcherait sur l'Elbe et
sur le Rhin. Pour l'exécution de ce plan , conçu à Madrid par le
comte Strogonoffet les agents de l'Angleterre, le prince de la Paix
s'était h&té de lancer une proclamation pompeuse, sorte d'appel au
patriotisme espagnol *. Cette proclamation, suivie d'une circulaire du
cabinet, ne d^it pas l'objet pour lequd cette levée était demandée;
mais les dépêches de M. de Beanbamais, ne laissant plus aucun doute,
' La tntede It proclamation dn prince de !■ Paii p«ul tinsi m iradnire ;
■ Dans des circonautiMa moins dangereuses que celles oh nous nou tronvona
anjourd'hui, leabonaetlojaax snjetsse sont empressa d'aidn leurs souvenloipar
des dons lolODiaires ei des secours propartiODDto ni besoins de l'fiiat. C'est dont
dans la circoostaace actuelle qu'il est urgent de M monircr génireux eovera b ptlrit.
Le raf aume d'Andalouaie, brorlsé par la nature dana la reproduction des ebeniis
propres K la cavalerie légère, la province d'Bstramadure, qui rendit en ce genre dM
serrices si importaots au roi Philippe V, Ycrraieot-ellee avec IndilFrreiicfl la oaTalerlo
du roi réduite et incompUte faute de clwvaui t Non I je ne le crois pas ; j'espère, au
conirsire, qu't l'exemple des illustres aieui de la géDération présente, qui aidèrent
l'aïeul de notre roi actuel par des levées d'hommes et de cheveui, les petils-eohntt
de ces braves s'empresseront aussi de fournir des régiments ou des comp^nlet
d!bommeshabilcs dans le maniement du cheral, pour être em^ojéa an asrvlceett
U défense de la patrie, tant que durera le danger actuel. Une fois passé, ils rwtienmt
plsins de gloire au selo de leur famille, chacun se disputera l'honneur de la victoire I
l'bn aitribuen k son bras le salut de sa fliniEIle, l'autre ceIuI de son ebef, de ion
parent ou de son ami ; tous, ouBd, s'attribueront le salut de la patrie. Tenet, met
cHers compatriotes, veoei, venei vous ranger Mos les bannières dn melUenr dei
.■•onverains. Tenez; je vous accueillerai avec reconnaissance; je tous en offrvdès
•ujonrd'bui l'hommage, si Dieu nous accorde une paii heureuse et durable, Doiqne
-«tijet de nos vxui. Tenei, tous ne céderu ni i la crainte ni è la perfidie ; vos «Burs
se fermeront i toute espèce de séduction étrangère; venei, et si noua sommes (brtés
de croiser nos aimes avec celles de nos ennemis, vous n'encourrei paa le dango-
d'Slre notés comme suspects, et vous ne donnerez point une fausse idée de votre
lojputè', de votre honneur, en redisanl de répondre è l'appel qoc je tous fUs.
■ Hkis'si ma voix ne peut réveiUer en vovs les sentiments de votre gloire, soyet toi
propresinstigalenrs, dennei les pères du peuple, au nom duquel je voua paile; qus
ce que vous lui derez vous tbsse souTODir de ce que vous dern i vous-mêmes, k voir*
honneur et è le religion que tous profkssei.
» Palais rojal de Saint-Laurent, 5 octobre ISHi
» Stgiti : le prince de la Faix, b
Cette ^eelanstloB fut aceunpagoée d'une drevlaite adressés par le ptlnes ^jinh^
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116 L'BWAfiNB BT LB PORTUGAL,
donnaient & l'empereur Napoléon la clef de ce my^re : le priDce de
la Pak entrait dans la coalition ; l'Espagne traitait pour des sabrides
avec l'Angleterre , si des échecs au Nord étaient subis par l'emperenr,
la guerre commencerait aux Pyrénées. Ces dépêches et la prodanu-
lion arrivèrent à Napoléon la veille de la bataille d'Iéna ; it dissimula
tout , gardant mémoire néanmoins d'un acte qu'il considérait comme
une hostilité de la maison de Bourbon contre sa propre dynastie;
il y vit une jusliCcation de ses desseins pour réaliser le vaste [dan de
Louis XIV. Charles IV lui en donnait un motif et un prétexte.
Lorsque les gouvernements faibles ont osé un acte de viguenr, à
cet acte échoue, ils tombent dans un abaissement inouï ; telle fut la
maison d'Espagne après la proclamation du prince de la Paix ; la
campagne de Prusse l'avait atterrée; elle voulut apaiser le vainqueur
en redoublant les témoignages de son dévouement. Le prince delà
Faix consentit à toutes les concessions qui furent demandées parH. de
Beauhamais. Voulait- on les trésors et les armées d'Espagne, ilt
étaient à la disposition de l'empereur des Français , l'auguste protec-
teur de ses voisins. Celte situation abaissée et servile , Napoléon sut
l'exploiter au profit de sa couronne et de ses projets de dynastie.
La France avait déjà dévoré les flottes d'Espagne. Trafalgar, saa-
glante catastrophe, avait vu disparaître les derniers débris de la grande
nlis^me aux intendants des provinces et sut corrégidoTS de tontes les yiOa da
rojauDM. En voici la traduction :
■ Uonsieur,
B Le roi m'ordonne de vous dire que, dans les circooslanees présentes, il attonl
de voua un effort de lèlc et d'acilTÏlé pour son service, et mai, en son nom, je tous
recommande la plus ^ande activité dans le Iira|:e au sort qui doit avoir lieu, toi»
faisant obsencr que nous ne nous contenterons, ni sa majesté ni moi, de ces elTocu
éphémères qu'on a coutume de faire dans les cas ordinaires. Vous pouvanoiiGcr lui
curés, BU nom duioi, qu'ils seront secondés par les évéqucs pour porter le peuple à
se réunir sous les dnpeiui,el les riciies i faire des sacrifices nécessaires pour les Gat>
tie la guerre que nous serons peut-être forcés de soutenir pour le bitti de tous; rt
rommc elle exigera de grands efforts, les magisiraïadoivent sent t qu'il est ploSpU'
ticulièrement de leur devoir d'emplojer tous les moyens propres à exciter l'eBtkw-
ritsme nstioDal afin de pouvoir entrer dans la lice qui va s'ouvrir. Sa majesti a la
confiance que vous ne négligerez aucun de ceui qui peuvent procurer un plus grand
nombre de soldats dans votre province, et jr exciter le courage géocrcui de la nobl«aM
(car il s'agit de ses privilèges comme de ceux de la couronne), et que vous ferei tout'
ce qui sera en votre pouvoir pour atteindre l'un et l'autre but.
» Uadrid, 14 octobre leoe.
> Signé : le généralissime, priLce de U Paix, a
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l'espagsb et le pobtog&l. 117
armada ; on ne pouvait ploB demander à l'E^gne que ses années ,
composées de vieux régiments des gardes Tallonnes et d'une cava-
lerie parfaitement montée ; plusieurs camps étaient formés dans la
Catalogne , la Navarre et l'Andalousie ; l'empereur exigea que
25,000 hommes des meilleures troupes fussent mis k sa disposition
en vertu de l'alliance , pour servir d'auxiliaires i ses projets au nord
de l'Europe. Les vues de Napoléon étaient simples ; it acquérait
d'abord un corps de braves soldats, infanterie solide, sobre et patiente;
pais il affaiblissait les forces militaires de la Péninsule , au cas où il
entreprendrait une expédition sérieuse centre ce gouvernement.
Tout ce que Napoléon demandait fut accordé par le prince de la Paix
et la cour d'Espagne ; deux corps d'armée furent mis à sa disposition ;
l'un, sous les ordres d'Offarill, olGcier général de mérite, qui avait
commencé sa carrière aux Pyrénées contre la république et Dugom-
mier , fut destiné pour la Toscane. L'autre , formant près de
14,000 hommes , dut traverser la France sous les ordres du marquis
de la Ro'mana , noble physionomie de cette époque.
C'était une eiistaice pleine et curieuse que celle de don Pedro
Caro-y-Sureda, marquis de la Romana; ii était né dans l'tle de
Majorque , à Palma , la belle capitale, dans ce pays jeté comme une
corbeille de fleurs sur la Méditerranée ; son père commandait les dra-
gons d'Almenza, et à quatorze ans le jeune la Romana le vit tomber sous
une balle anglaise au siège de Gibraltar. Sa première éducation fut faite
en France, chez les oratoriena de Lyon ; puis il vint terminer ses
études i l'uaiversité de Salanunque, la ville aux frayles, le front
caché sous leurs larges sombreros. Le marquis de ta Romana , jeune
garde^marine, se consacra aux sciences naturelles dans Valence, au
milieu des canaux et des riantes prairies ; grand amateur de riches
collections, artiste distingué, il peignait et encourageait toutes les
productions de l'intelligence. La Romana visita Vienne et Berlin, et
lorsqae la révolution française éclata , il prit du service dans l'armée
du Guipuscoa que commandait son oncle, don Ventura Caro, il s'y
comporta en brave officier. A l'époque où Bonaparte exerçait son
influence sur l'Espagne , le marquis de la Romana avait J5 ans ;
capitaine général, officier du premier ordre, antiquaire savant, il
aimait tout ce que l'art grec et romain nous a laissé ; sa figure belle
laissait voir une empreinte de mélancolie qui semblait révéler l'asser-
vissement de la patrie.
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116 l'BCTAGin BT LE POKTOGAL.
Ijë marquis de la Homana , travenaot la France arec sa dÎTision,
fat partout accaefUi dam les banquets publia, dans les Tètes , la trir
tesse était sur son front ; il w soulageait par l'étude, et {dus d'une
fois 11 témoigna le désir d'émanciper son pa^s. Il fallait voir cette
division espagnole , calme, patiente, réognée comme leurs ancêtres
■oiB Philippe JI , lorsque les Tieilles bandes castillanes traversaient la
Einadie-Comté pour aller réprimer la Flandre ; pu une plainte, pas
on murmure parmi ees hommes qui quittaient l'Estramadure , k
Catalogne, Valence, pays si diauds, pour aller jusque dans le Hol-
Itein , au del toujours brumeux. La Bomaoa obéit , parce que «on
premier devoir était d'eiécuter les ordres de son gouvememeot.
L'ambassadeur français h Madrid était tonjours H. de Beanhsr-
Hais, capacité d'un ordre secondaire, mais parfaitement au coûtant
des desseins de Napoléon sur la famille des Bourbons-; ses iœtructioDi
étaient précises ; il avait intéréti les seconder, car ce trAoe d'E^iagm
viendrait à quelqu'un des siens , k Eugène, à Louis , époux d'Hor-
tense Beauhamais , et l'envie de la royauté avait séduit toutes les
tètes. L'ambassadeur savait les divisions intestines nées entre le prince
de la Paix et Ferdinand , l'héritier des Castilles ; loin de les calmer,
Kl ordres étaient de les irriter : il prtoit l'oreilie aux uns ei aui
autres. Les moindres détails enroyésà l'empereur indiqaaient les pro-
grès deces haines; d'unepart, le princedesAsturies, entouré du doc
de rinfantado et du dianoine Escoïquiz , ciierchait k s'appuyer oir
ta protection de l'empereur par des lettres reqiectueuses*. Le chaBDÎoe,
' La IcUie du prince des AstuiiMin«poléoii,qu'oD valira, wticrîladcsafluiBi
•llenit co}HteBurroTigiail, ixoTTe d'Escoïquii.
a La crainle d'JDComnioder T.lU. I. el R. au milieu de s«9 eiplotls et de iffkirc*
Bajeut«8 qui l'eaioorent sans c«s£e, m'a empécfaé jusqu'ici de Mliafaire directaMM
lepltra virdemesdéaiis. nlui d'ai))TÎi>i«r, au molas pufrrit. tnn nrntiimitfritrrr-
pect, d'estime et d'attachenieiilque j'ai touèsà un héros qui «ITacc tous ceux qui l'oot
précédé et qui a éié envoyé par ta Providence pour mutct VEoropc du bouleTcrseacai
Iota) quilamenatait, pour aircnnir les iTAneeébraDléa et pour rendre auinalisDska
piii et le bonheur.
>> Les Tcrtua de T. M. I., sa modération, u bonté ménie cnfen ses injustes et pi»*
implacables ennemis, tout me fïitespérer que l'expression de ces smtiineatsensaa
accueillie comme l'effusion d'un cœur rempli d'admiration et de l'amitié la |ria'
Sincère,
B L'ttateù je me trouTe depuiaIoiigtemp9,et qui ne peut échapper i la rue perfanit
d«T. U. I., aéléinsqu'à présent no second obstacle qui a arrêté ma plume piétei
toi adresser mes tosui; mais plein d'espérance de trouver dans la magnanime groén-
■Ité de T. U. I. la protection la plus puissante, je me suis déterminé oon-^euloBtii'
Diclzedby Google
L'BtPAfiNB n LB VO&TOOAL. ±t9
écrivaÏD actif, traçait des plans, rédigeait des sappliques; sorte 4le
secrétaire d'Etat , il préparait ainsi le r^e de don Fernaad VII,
taadis que le duc de l'Iiifaatado était destiné & devenir le cher mili-
taire d'un mouvement iiisurrectioDoel qui pourrait enlever la pui»-
aaace au prioce de la Paix. Don Femand, condamné à la retraite,
recevait néaamoias ces deux cwiseiUm^ iatimes qui agissaient sur le
AluitémaigncrtBSseatimenisdemoDetMr (iiTeHWDaii^MepeTMMDajBHiaàl'é-
ptDchn' dans son sein comiDe dans celui du père le plus tendre.
» Je suis bien malheureai d'Éire obligé par lea cireonsiances k cacher comme un
crime une action Eijoateet si louable; mail ulles sont les coiiséi]neDees (ùnestee d«
l'nlréme bonlA des melHemB rolt.
D Bempli de respect cl d'amour filial pour celui i qui je dois le jour, et qui est dont
d'un cœur le plus droit «t le plus g^néTcni.jen'osnais jamais dire àT.U.I. ce qu'elle
connaît mieux que moi, que ces mimes qualités, ai estimables, ne servent que trop
aouTeat d'JRMmmenis aui pnvoiiMS trti&cieuMS et ntiehantes pour obscurctr la
lirUé. ani reni des souTeraios, quaiç(iie si «Dalogue k des caraeières cosme celui 4e
mon respectable père.
n Si ces mjmes bommes qui, par mslbeur, eilslenl !cf , lui laissaient connaître k
toai cehiide'V. H. I. commejelecotmais, afec quelk ardeur ne aowhaileraii-il pas
de wrrer les ucMids qui duifeot unir nos deui mai wne t Et quel mojen plus propre
pauretl objetque celui de demander iV. H. I.rbonneuT dem'allicrk une princesse
de son ausnsie familier C'est le vteu de tous les sujets de mon père, ce sera aussi la
sien, je n'en doutepas, malgré les efforts d'un petit nombre de malveillants, aussiUt
qull aura comu les iateniions deV. M. I. C'eat loat ee que mon e«niT désire; mua e«
a'«si pas le compte de ces ègo'iales perfides qui l'aasiégent, et ils peuTenl, dans m
premier moment, le surprendre. Tel est le motif de mes craintes.
s Iln'faquelerespecIdeT. M. I. qui puisse déjouer lenrs complots, ouvrir lea
TCux i mes bnns, à mes biea-aiméa ptmtG, iM rendre beomix et ikire en iDtaMtcnif ■
le bonbeoT de ma nation et le mien.
> LeiDOBdacfltierBdiDireradeplusfnplaBlabantédeT. M. ^letelletuatoa-
joarsenimii un fils le plus reconnaissant et le plus dévoué.
> J'implore doncavec la plusgiwide confiance la protection pateiueDe deV. H. I.,
«loiiae noa-«enleiHnt elle daigM m'acoocder l'iuttaenr de m'dlier i sa bmiHe,
maisqu'clleaidaDisse tontes les difflcullés, el Tasae diïparsltre tous tes obstacles qut
peuvent s'opposera cet objet de mesvieui. Cet effort de bonté do la partdeV.U.l.
m'estd'autanInécesSBire, quejene puis,derooncâli, en faire le moindre, puisqu'gu
k ferait passer peut^re pour une insulte bite II rauiorité paternelle, et que je suis
réduit k un seul mojen, k celui de me refluer, comme je le ferai avec une inviodUe
constance, k m'sllier k toute personne que ce soit, sans le consentement et l'appro-
balion de T. U. I., de qui j'attends uniquement le choii d'une épo use.
a Cest un bonheur que j'espèredela bonté de V. H. f., en priauL Dieu de consenar
■ Écrit et signé de ma propre main et scellé de mon sceau, i l'Escurial, le 11 o»«
lobre 1807.
■ De V. M. I. ei R. le Iréa-affectionoé serviteur et frère.
DiclzedbyGoOglC
130 L'ESPA6NB et le PORTtlfiAL.
peuple et l'armée ; telle était la situation de l'Espagne, que rien ne
pouvait se faire sans la protection de l'empereur.
Le duc de l'Infantado et le chanoine Escohiuix virent donc ram-
basssdeur français, M. de Beauharnais ; il résulte des dépêches que
celui-ci ne Tut point étranger aux démarches que préparait Femaod
afin d'arracher le pouvoir au (H-ince de la Paix. Napoléon, mécontent
cle Godoï depuis la proclamation d'Aranjuez , voulait-il faire tomber
le favori , ou bien poussait-il & cette insurrection afin de broniller
profondément le père et le fils? Tant il y a que M. de Beauharnais
écouta leducdet'InfaDtadoetlechaaoineEscoïquiz, les encourageant
dans leur oppo^tion, et que ce fut d'après les insinuations de l'am-
bassadeur que le prince des Asturies demanda en mariage une des
nièces de Napoléon comme un gage de son système. L'on ne songei
jamais k une des filles de Lucien , alors en disgrftce. M. de Beaubar-
nais travaillait un peu pour les intérêts de sa famille; il aurait rn
avec plaisir une des Tascher revêtue du beau litre de reine d'Espagne
qu'avaient porté les filles de France ; l'orguàl avait perdu les tètes,
et, comme au temps de la chevalerie, chacun cherchait de grandes
fortunes. Pendant ces négociations, don Fernand copiait de sa main
dans San-Lorenzo les mémoires du chanoine Ëscoïquiz adressés an
roi son père en forme de remontrances, pour le renv<H du prince de
la Paix , et il écrivait respectueusement i l'empereur Napoléon ,
pour lui demander l'honneur d'unir sa vie k une princesse da sang
impérial ; démarches toutes connues et favorisées par H. de Beas-
hamais.
D'un autre cAté, le prince de la Paix , fortement inquiet de li
chute inévilaMe de son pouvoir si les plaintes de Fernand étaient
écoutées , crut indispensable de prendre une mesure déciâve pour
détourner la crise menaçante. Maître de l'esprit du roi Charles IV et
de la reine Louise-Marie, les notes de la police lui avaient a[fri>
les démarches du prince des Asturies auprès de Napoléon , et le)
projets concertés entre ce jeune prince, le chanoine Escoïqoiz et le
duc de l'Infantado ; il résolut, dès ce moment, de traiter comme coo-
spiralioo les tentatives de l'héritier du Irâne ; il les présenta comme
on dessein de frapper le roi , et dans une seule nuit le prince et»
conseillers furent arrêtés dans leurs palais comme rebelles.
Il se passa ainsi à San-Lorenzo de l'Escurial, sous les longues gale-
ries monastiques, quelque chose qui ressemblait (moins la puissmc^
Diclzedby Google
L'BSPAGNB et le PORTtIGAL. 121
des temps et l'énergie des caractères) à la fatale scène de Philippe II
et de don Carlos au xvi' siècle. Philippe II avait un vaste plan dans
la tète comme une conviction ; Carlos était le chef d'un parti de
réformateurs des Pays-Bas , préparant la chute de la monarchie ;
ainsi le dit l'histoire ; tandis que Charles IV, roi faible et sans de»*
sein, laissait Qotter les rênes de l'Etat aux mains d'un favori ' ; doQ
' Charles IT déoonft son fils ; Totci md àicitt plein de coltre :
Déertt du roi noire lei^ntur :
m Dieu, qui TelUeBur tons ses eobnU, ne permet pm H cooMmBUtloB des btls
■traces diriges contie des vicliniea ionaceiiies. C'est par le secours de st toule-puis-
eanee que j'ii été sauvé de la plus graDde catastrophe. Mes peuples, mes sujets, tout
le monde connaît ma relipau et la régularité de ma conduite; tous me cbérieseal cl
me donnent ces marques de Ténéralionqu'ciigenl le respect d'un père et l'amour de
ses enfants. Je vivais tranquille au sein de ma ramille dans la confiance de ce bon-
heur, lorsqu'une main inconnue m'apprend et me dévoile le plus énorme plan al la
plus inattendu qui se tramait dans mon propre palais et cooire ma personne. Ha vie,
qni a été souvent en danger, était une charge pour mon successeur, qui, préoceupO,
■veugic et abjurant tous les principes de religion qui lui étaient imposés avec le soin.,
et l'amour paternel, avait adopté un plan pour medélrdner. J'ai voulu m'ei imposit
SUT la vérité de ce fiait; l'ayant surpris dans mon appartement, j'ai mis sous ses jeui
les chiffres d'intelligence et circonsiances qu'il recevait dea malveillants : j'ai appelé
i l'eiamen le gonvemeur lui-même du conseil , je l'ai associé aux autres miiiistrcH,
pour qu'ils prissent avec la plus grande diligence leurs inrormations.Toul s'est Tall.
Il en est résultéla connaissance des difTérents coupables, dont l'arrestation a été dé-
crétée. Celle de mon fils est dans son appartement. Celte peine est venue accrotlre
cellesqaim'afBisent;maisaussi, comme elle est la plus sensible, elle est aussi la plua
Importante k purger. En conséquence, j'ordonne que le résultat en soit public. Je ne
veai pas cacher i mes sujets l'authenticité d'un chagrin qui sera diminué lorsqu'il
sera accompagné de toutes les preuves acquises avec loyauté.
a HOI LB KOI. V
iMtrt 44 CKarUt IT à Napoléon.
« Hansieur mon frère, dans le moment oà je ne m'occupais que das moyens de
roopérer i la destruction de notre ennemi commun ; quand je croyais que tous les
complots de la ci-devant reine de Nsples avaient été ensevelis avec sa fille, je vois
avec une horreur qui me Tait frémir que l'esprit d'intdgue le plus borrlble a pénétré
jusque dans le sein de mon palais. Hélasl mon eceur saigne eu faisant le récit d'un
attentat si aifreui I mon fils aîné, l'héritier présompLf de mon trdne, avait formé le
complot horrible de me détrâner; il s'était porté jusqu'à l'excès d'attenter contre la vie
de sa mère! Un attentat si affreux doit être puni avec la rigueur la plus exemplaire de»
bis, La loi qui l'appelait ï la succession doit être révoquée; un de ses frères sera plus
digne de le remplacer et dans mon cteur et sur le trAne. Je suis dana ce moment k la
recherche de ses complices pour approfondir ce plan de la plus noire scélératesse; et
je ne peux perdre un seu' moment pour en instruire T. M. I. et B., en la priant de
m'aidcr de ses lumières et de ses conseils.
» Sur quoi je prie Dieu, mon bon frère, qu'il daigne avoir T. M. I. et B. en M
sainte et digne garde. ■ Curlbs. >
DiclzedbyGoOgle
lÂi L'EaPÀfiMB ET U POBTVOAL.
Femand n'avait pas non pins celte nature ferme et dramatique de
don Carlos. Le prince des Asturies était-il coupable? afait-it conspiié
contre le roi son pèreT II est des tempe où tout coospire : les homno.
lei évéoements. Le crime de dm Feroaad était d'avoir râvé itàiek
de Hanod; il avait pour Jtà la faveur d« mawee; les Espigook
aimaient lesuocesKur de Charles IV, ils THraientMOteno acu-iei-
lement de leur amour , mais encore de leurs imprécations contre k
garde du corps, le cortéjo vieilli de la reine.
Le prince de la Paix, qoi connaissait oéttu situation populaire df
don Fernando, crut indispensable de mettre an terme i la conjun-
tien. Des lettres solennelles émanées du roi pour les cooununesdt
Castille annoncèrent que le prince des Asturies avait conspiré cMn
la vie de son père, par la plus in^me trahison ; les alguarits de cour
parcouraient les rues de Madrid, et Charles tV s'empressa d'anoon-
cer i son bon ami N^>oléoo les troubles qui agitaient l'intérieur dt
la famille. £n réptmse , M. de Beeuhamais reçut l'ordre d'entreteoii
les divisions qui servaient les desseins de l'empereur : « Laissei-le
l'arranger entre eux et s'affaiblir. » Telles furent les paroles dw
dépêches. Tout dépendait ainsi de Napoléon ; Godoï avait à se faire
pardonner la proclamation d'Aranjuez ^ et dans ce but i! i^a^
un de ses confidents intimes . le conseiller Isquierdo , savant naturt-
liste, esprit actif et habite, d'aller traiter à Paris les atTaires d'Espignr
•ur de laides proportioRS ; rien ne fut dit de cette mis^OD , ni sa
■ecrétaire d'État don Pedro Cevaltos, ni au conseil de Castllie.
Isquierdo connaissait les pensées de Godoï ; dï^tositaire de ses dcf-
selns, il dut ke mettre aux pieds de Napoléon. L'empereur vit ains
que tout arrivait h ses souhaits, et, maître du secret de diacnD,iI
pouvait profiter de toutes les plaies de la Péninsule; il ordonna eaff*^
maréchal Duroc, lié avec l'Espagne par son mariage avec mademai'
Mlle Hervas, de suivre une négociation très-hardie avec Isquierdo,
pour lui donner moyeu , à lui Napoléon, d'en finir plus aisémeat avtf
la dynastie des Bonrfwns ec Espagne.
Les principales hases de cette négociation curieuse portaient wr
un ensemble d'intérêts dans la Péninsule * . L'empereur voulait îai»
■ Tolcil'origiDtl du traité 8MretdeFuiiUiBab)HU,le37oi:tirf(reJS(l7 :
I.La province En Irc-MinhA-e-Duno, U ville d'Oporto j rampriK, scn 'wM'
«I louM propriéiG et louveHiDeté i S. M. kfoi d'Éiruric, «rcc le litre de i«i d< ^
lA^uiùe Mfleiiliiciittle.
Diclzedby Google
i:B8Pie!(B ET LB PORTOGJX. 133
-cesEer<rrtord cette falUe royaHté de ToMane, que le c<Miaul avait
établie sous le nom A'Êtrvri» ; il lui paraissait impoœible que lorsque
touteTItalie obÉissaft à son système, la Tosceae formit , comme une
souTeraineté étrangère, use terre féodale séparée de son royaume.
Ha échange, on doBusK ati roi d'Étnn le la provinee portugaise EdU»-
lMitib6-e4)uero , dont la capitale était OportO'; cette terre se Bom-
nerait le royaume de la 'LHsHsoie septentrtMiale. Un autre royaueae
ou ptlno^MOté des Algams lenlt érigé au ^olit du prince de la Paix .
2. Lt province d'AIent^jo et le rojtume des Algarres seroDl donnas en toute pn>-
prîéié cl souTcnineté au prince de la Paii, qui ea jouira STec le titic de prince de»
AljçirTfs.
3. Les pTOvfnees de Beflt, Tris-os-MoiiIee et de l'Estfumkdure poiiugaiae, reste-
roiit en dépdt jusqn'A la pait générale, et slore on disposera d'elles selon les eire«p-
>iances, ei coarormétnent à ce qui sera convena «Me les deni btutas parties cod-
iractantes.
I. Le To^aume de It LviUanie septcnlrionale sera fuméii pai las deMendanis de
S. U, le roi d'Étrurie , bérédttairement et suivant le» lois de ancocaeioB qui sont an
ueagc^aiM b âmiUe régMDM de B. H. le roi d'£s(itgiM.
3. La principauté des Algarves sera possédée pur les descendants du prince i&la
Paii , liélédiiMnflMat M d'apris Us lois de wecession qui sont an uaage dans !■
foniHe régnante de S. H. le roi d'Espspie.
C. À déGMt de desceadafite ou bériiiers lé^ilmos do roi de la Lusitanie septeo-
irionale ou du prince desAlgarves, ces payS'Seioiit doonte sojcnnant l'inTCGUtv»
pBrS. ■.Icvoi d'Bspagie.'paunrn qa'îbae puisMnt jasiats être ritaii» sous un*
ïcule personne, ai i la eovrooae d'B^gae.
I. LeroTaamede la Lusitanie septeatrioDotc et la priaeipaatédca Algwrca racon-
aallroBtoMi)ineprolec(awfi.M-i«roi<l'Bs|MgH, et lee sonTCraloa deetBpaysva
pouTTDBt Janaii faite b paix ni la «uerre eana le «ooaentenent du roi MdHliqtie.
8. Silca pra<i**eaée««ira, d|9 ïrw-os-ManlM et de l'EstraniMiine pcrtàfijae.
f«staDien<UpAt^élait«trand<Mseaieinpsdelapaixgéaécalcilainai8w4cSn^Me,
eoéch»Bg«dêGibial|af,laTrioité,«td'auUf«t«oloaieBqnelesAagtai«opteeinuiips
«HT rBsfAgaeat sas alMs.fa uhkcmi soawnto de «b {Meviacaseumit, k l'égiàd 4»
S. M.C. le roi d'Espagae, les Mêmes wwBiBetoai-qae te Bride l»L<Mii«i>i6eepW-
trionaleMlepfÎDcedeaAlKHwes, etHpoesMcrasoNa lesntBaacMdilioM-
V.S. H. leToid'ÉlTarieeèdeenloutepro^iéléctaouveraipalélcniTaanMd'âUwie
à S. M. l'ampereur des Fraafais roi d'itabe.
10. QNand l'occnpatiaa déSaiUvedes prerlnees du Poriu^ri sera cffest«éc, les
diOërcols princes qui doivent les posséder waHneroal d'kccord les ceaiBiasain»
pour Ssrr laaKaltes aaturdles.
II. 6. M. l'anpmw des VctfKais, Tri d^ialie , «aramh i«. «. lerai d'EapapH
la paMiaion deact Ëtato du coaliMat d'BaMpa, aitoie au nidi des P^énies.
12. «. K. f WÉperanr das FiaptaU, roi d'Italie, s'oblige i lecouualire S. M, C. le
Toi d'EBpagaecoimeenycreardeBdauiAwcTiqiiea quand tout sera pidt, afin qu»
S. li.puias«p(«Bdrace4ttr«, «e4|iii pourra arriver au lemps delà paii générale, ou
le plus tard d'ici i trois ans.
13. Les hautes puissaDcescontracianiesaocoTJcrontksaiojeiis de hir^Araniabli.'
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124 l'bSPAGMB et tB POBTOGAI..
Ainsi d(m Maouel , qui craignait les chances de l'avéïiement de Fcr-
oend VII en Espagne, devenait prince indépendant ; le reste da ?(»<■
tDgal demeurait en dépdt aux mains de l'empereur pour en di^Miser
dans Tavenir. D'un trait de plume la maison de Bragance était eSacée
de la carte, ni plus ni moins que la maison de Naples ; le royaume
d'£sp«^ne était maintenu dans soo intégralité par Napoléon, et le roi
catholique, le neux Charles IV, prenait tout joyeux et tout fier \t
titre d'empereur des deux Amériques , puérile satisfaction que le
fovori donnait au vieux monarque.
tuM division ^le destin, coloDiesel autrts propriétAi d'outre-nwr du Porlu|«L
14. Le prisent inité twslen s«cr«, il sera ralîBé, et U» ratiBeatiom ivont érblo-
(ées k Madrid dins Ttngt joun.
Fait i FoDUinebleau, le 27 octobre lBff7.
Coiwtnlion têerile, nialiv* au traité fr4eid»nl.
1. Va corps de troupes impirioles fraocilses, de 30,000 hommes d'infaulffrle H
de 3,000 decavslerie, entrera en Espagne ; il Tera sa jonclion arec un corps de Iroupei
upagnoles composé de 8,000 hommes d'inrtnterie, 3,000 de csTalerie et 30 plica
d'artillerie.
2. Au mênia temps, une division de iToupcs espagnoles de 10,000 bommespruidr*
possession de la province d'£Dire-MinhA-e-Duero,et de la ville d'Oporto; et une autre
division de 6,000, composée pareillenient de troupes espagnoles, prendra posKssioB
de l'Alenléjo et du royaume des Atgarvea.
3. Les troupes françaises seront nourries et entretenues par l'Espagne, et leur solde
{Mfée par la France, pendanl tout le temps de leur passage en E^iagne.
4.DepuislemomenioùlestrDupeacDmhlnéee8 seront entrées en Portugal les pro-
vinces de Beiri, Tras-os-Monteaet l'Eatrainadure portugaise [guidoivui rester ra
dépAt) seront administrées ei gouvernées par le général commandant des troapca
françaises, et les cantrihutions qui leur seroDtimposé«9 seront au proGide UFruire.
Les provinces qui doivent composer le rojaume de la Lusiianie sepicDlrionaie et h
principauté des Algarves seront administrées et gouvernées par les généraui coai'
mandant les divisions espagnoles qui en prendront possession, et les conlribuiian
qui leur seront imposées resteront au bénéliccde l'Espagne.
it. Lecorpsduccntie sera sous les ordreadn commandant des troupes franfaÎNl
aussi bien que les troupes espagnoles qui lui seront réunies. Cependant, si le rti
d'Espagne ou le prince de la Paii trouvaient convenable et jugeaient i propos di ij
rendre, le général commandant des troupes rraufalses et elles-mêmes seront sonmiM
aux ordres du roi d'Espagne ou du prince de la Psh.
0. Un autre corps de 40,000 hommes do troupes TraDtaises sera réuni i DsJMH
le 30 norembre proebaÎD ou avant celemps-U, et il divra être prêt i marrlicrsiirl)
Portugal, en passant par l'Espagne, si les Anglais envoient des renforts et mnanfl
d'attaquer le premier. Cependant, ce nouveau corps de troupes n'enlrera que q«ad
les deux liautrs [larties contractantes ae seront mises d'accord pour cet effet.
7. La présente convention sera TBiiSée , et l'àcbange des raiiScaiioiu sera bH sa
même temps que le traité d'aujourd'hui.
Fait i Fontainebleau, le 37 octobre 1807.
îdbyGoOgIc
l'bspagnb bt le pobtdgal. 125'
Ces bises, jusqu'alors éventuelles, reposaient sur les chances d'une
conquête et d'un partage du Portugal ; le dernier mot de Napoléon
n'était pas le, toutes ces clauses n'étaient qu'une ruse pour arriver h
desarliclessecretsqui préparaient l'occupation du royaume d'Espagne
par les armées françaises, car après l'envahissement viendrait l'usur-
pation de la couronne. Un corps de 28,000 hommes devait entrer
en Espagne, et servir d'avant-gardeà un autre corps de 40,000 homme»
réunis à Bayoune ; tous deux devaient agir immédiatement contre le
Portugal. Le but de cette convention militaire était donc de jeter une
masse de troupes dans la Péninsule , afin de la faire servir à un des-
sein de conquête définitive ; le premier traité n'était qu'un prétexte
pour la signature du second. Isquierdo fut-il de bonne foi? trompé
par les habiles causeries de l'empereur, fut-il séduit par ses promesses
et ses engagements? Le traité immédiatement ratifié par Charles lY
et le prince de la Pais , l'Espagne déclara qu'elle était prête. Dans
une dépêche de M. de Champagny à M. de Beauharnais, le ministre
recommande d'apaiser pour le moment les différends entre Charles IV
et le prince des Asturies ; on les ferait renaître au besoin ; en attendant,
il fallait organiser un bon système pour l'occupation militaire du
Portugal.
Aussi, d'après les çonseïb de M. de Beaubarnais et l'action intime
des agents de Napoléon, une réconciliation au moins passagère fut
accomplie entre le roi et son Gis, entre Godoï et Femand. Il en était
temps ; les choses en étaient venues à un point extrême ; Charles IV
et la reine avaient songé h déshériter le prince des Asturîes, et les
alguazils de cour l'avaient violemment arrêté i San4/>rMzo de l'Es-
curial. On nomma une commission de onse membres du conseil de
Castille, et là, comme au temps de Philippe II, le prince fut inter-
rogé devant une sorte d'inquisition d'État : h Qu'avez -vous fait
et queb étaient vos desseins sur le roi votre père ?» Le prince, pld-
nement justifié par ses réponses, fut acquitté ; mais Manuel Godoï
no le laissa pas paisible; il lui imposa une humble supplique : Fer-
nand agenouillé, se reconnaissant coupable, demandait pardon à son
père et à sa mère de son crime irrémissible, et bientôt parurent des
lettres royales qui, sur l'aveu du prince, lui remettaient l'attentat de
conspiration contre lo couronne ; ces lettres royales, très-froides, lais-
baient percer la haine du favori qui les avait dictées ; Manuel Godoï
resta le maître, et il Cl annoncer par Charles IV, dans une lettre
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VtSt l'HPMMB BT LB POSTCOàk
intine à Napoléon, la ratification da trailâ de Fonteinebleso, et l^
pardon qu'il accordait à son flla pour un cxime abominable : « Il
^it indulgent à cause de son protecteur le ^ndSiapoléon; ■> te
laUies étaient à peine ligaées d'uae main lieablaDter car la goutte
tourmentait le roi des Eapagnes, le seuverain des deux mondes ; Ma-
niMl EaiBBit tout ; le roi continu* sa sieste, et peut-être ca» falales
flaèM* de palais s'accAmplirent entre une chuMe et un solo de violon
■ CesmeSum de pSrdantojil prirent Dlicn^ctireofflelddeiAdrilcité.
• Aujonrtf'bu), S noTsnfbre, le roii tdTMBéktUaMtfaivut.wgwmnienrpr
Ulétte'du eraii?il de Ccsiille :
■ I« voit deU nstuFedéurme lebrss de U veDgceace; etlorsque l'iaedTerUiirc
récleme h filit, un père lendie ne peul s'y reruser. Mon fils • Aé]i djclari- les eulGur?
d« plan borriblff que hii «Tsient (hit eimcewir det mvireiUantc : H i (ont éèaimué
<■ fMinededroii, eI *teo rmclitnde tequiie par lu loi pouf d« telles yMOTe^.Soti
i^rtatir et bod étoDoement lui ont dicté les remoutTanMe qu'il m'a adressées H doui
voici le texte :
» Sire et mon pèr«, je me sulftitudu coupable en awitpimfà V^. H. m imhhi»^
4aionpèTee(inoDni);Éi«ie^n'enrFpe>»,etjepraael«l V.M'la pluebnmbla
«UlsiaBee. Je ne demii rien faire sans le eodstnlcment de T. U.;. mais j'ai étésaf-
pris: j'ai déDoncéles coupables, ctjepricT. M. de ma pardonner et de penneiirc de
baber vos pieds i votre fils reconnaissant,
■ Balni-LMrent, leliUTeinbretnT. •' TinrAin. •
«- Madame et-mère, je me repeni bira de lapuide Taule que j'ai commiu conice
la roi et la reine , mes pèic el mère; ausai, avec la plus grande soumission, je vi>ii>
en demande pardon, ainsi que de mon oplDiUircié i vous nier U rrrité l'autre soir ;
«'est pourquoi je enppUe T. H., fu (dus profond de mon ettwr, 4e daigner Inlcrpo^
eamédiatieaanwrt iBonpère, afin q|i'il veuille bien peimeUTCi'alterbaiiM les pkd»
deB'U. i son fils reconmiseauL
> Saint-Laurent, leSnoicmbrelttff. ■ Psbnanb. ■
« Cncooséquence de ces lettres, crkla'prtèrt delà relM, mon ^powe trien-iiiM.
je pvdoDiiei mon Bis, «t il rentrera dHs ma grlce dès que s» conduite me domno
4w preuvea d'un véritable emendement daus ses precédÉs. J'ordonne aussi que les
mêmes juges qui ont entendu dans cette cause depuis le commencemeui, la tifn-
tinuenl, et ja leur pennets de s^ad] oindre d'auiies colTèg^iee, s'ilsm ont besoin j ]>
lk«r«)join«, dès qu'elle Mraiennlaée, dl me soumettre b« jugement qui den* tH
«•nforme i la loi, selon la ^vlti des doliu et la qualité des personnes qui les luroni
«ommia. Ils devront prendre pour base dans U rËdaciioo des chefs d'accusatioo. 1k
«^nscs données pnr le prince dans l'InlerTogatafre qn'il a Subi; elles sont para|AM
4l9igaAe«deaatnaia,BlDBi que les papiers, écrits «ugsi de sa main, qui ont été saisi)
4nsee»fc«re«ui. Cette décision sera eomiMiDiifuéei mes conseils etimeslribuiuat.
«t on la fera circuler k mas peuples, afin qu'ils y reconnaissent ma pitié et ma justice,
•1 pour soulager l'afflictioD oii ils ont été jetés par mon premier décret, car il^l
voyaient le danger de leur aooTeniii «t de leur pèrè, qai les aime eomoM sapnpn*
«Anu, •idoat'Ueslaimé. • Hmlbum. ■
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L'nrAOïfS rr im rmnm»L. IST
L'empereur Napoléon araît ses desseins ; il marcluitt feof entier k
son plan d'invasion militaire; H w servAit des clauses du traité de
Fontainebleau pour préparer rmcupMîon de la Pénnsale; ce traité
obligeait la France è la formation de deui grands corps d'armée ;
le premier pénétrant en Portugal, marchait sur Lisbonne en toute
hâte ; le second, plus considérable, devait entrer par Rayonne jns-
qu'an centre de l'Espagne, afin d'attendre les événements. Toute la
sollicitude de l'eniperenr se porta sur la composition de ces deux corpi
d'armée ; il faut remarqoer que les benne» troupes encore en Alle-
magne ne l'avaient pas évacuée ; peu de régiments avaient repassé te
Rhin, tous occupaient l'espace entre POder, FEIbe et le Niémen; lei
premiers corps destinés au PfMtugal et i FEspagne se composaient du
cinquième bataillon de conscrits en dépAt par chaque régiment, et
des troupes qu'on appelait r^gimmu de marche, organisés dans la
route par de nouvelles levées.
Bien de plus médiocre que les premières divitdons qui furent em-
ployées en Portugal et en Espagne ; à p«fie comptaient-elles 10,000
hommes des vieux régiments d'Allemagne et d'Italie ; cette mauvais»
composition des cadres expliquera les événements rnilîtaires qui vont
m déployer. La correspondance du général Glarke, ministre de ta
guerre, indique avec quelle peine on parvint & réunir ces premières
masses d'hommes destinés à la Péninsule. Par une circonstance digne
de remarque, le commandement de ces muées k peine ei^nlsées fut
confié à deux généraux les moins propres h conduire des opérations
d'une certaine importance. Junot fut mis Ji la tête du corps d'Invasion
du Portugal; c'était uu brave olBcier, Iiabile pour un coup de main,
haché de coups de sabre, mais- une pauvre tète pour un commaodCK
ment en chef; plein d'ardeur et se décourageant tour à tour, sans
tenue et sans fermeté surtout dans radministration de la gueire.
L'empereur avait des motib pour préférer iunot : ce général cou-
naissait le Portugal, où it avait été plus f unan ambassadeur extraor»
dinaire ; puis il voulait è tout prix l'éloigner de Paris- à la suite
d'un amour de femme dans la famille même de l'empereur. On en
revenait un peu aux habitudes de Louis XV ; les jourt austères de
la convention étiûent passés ; Junot devait commettre des fautes par
son dévouement trop absolu et par ses imprudences dans un pays
grave, sombre et tout à fait en opposition avec les haintudes fran-
çafees.
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^28 l'bspagioi bt lb pobto&u..
Le second corps d'armée , destiné h pénétra cd Espagne , était
également remis h un des généraux les plus brillants, mais ausù des
plus incapables de forte stratégie , à Hurat , le grand-duc de Beig ;
s'il avait Tallu en Dnir, après une bataille accomplie, par une charge
fougueuse de cavalerie , Hurat était admirable, nul ne Filait ; miÀs
n'élait'il pas imprudent de confier à une tête aus» impétueuse la
«induite d'une opération qui denoandait autant de sagesse et de fer-
meté que de courage individuel? Une autre faiblesse dans le caractère
de Murât, c'est que, comme tous ces gens-là, il rêvait des couronnes;
le trAne d'Espagne lui tournait le cerveau : il voulait en être le roi,
il aurait tout sacriBé à ses dessdns; des notes secrètes indiquent que
cette couronne lui fut promise par Napoléon avant qu'il eût jeté les
yeux sur Joseph ; Murât avait manqué la Pologne ; pour celte fois la
couronne de Charles-Quint formerait une compensation.
Ainsi, Murât dansie centre de l'Espagne, Junot sur les frontiferes
du Portugal , tels étaient les généraux qui allaient commencer des
opérations diplomatiques autant que militaires ; ils avaient &i face
des populations fières et décidées ù défendre leur nationalité. On con-
naissait mal l'Espagne : on croyait avoir affaire k des peuples soumis
et paisibles comme les Allemands ; Junot et Murât ne tenaient compte
que des arméea régulières et ils espéraient justement que celles-ci
seraient facilement vaincues. Ensuite les divisions placées sous leun
ordres étaient composées en majorité de mauvaises troupes , de con-
scrits sans valeur , désertant sous les armes , et qui , d'après les rap-
ports au ministre de la guerre, laissaient un centième de malades à
chaque marciie militaire.
Les pays dans lesquels ces années allaient s'engager étaient le plus
souvent des landes sauvages, des sierras incultes, ou des gaines
immenses dans lesquelles on ne voyait ni habitants ni villages pendant
>ingt lieues : en dehors des grandes routes tracées par Charles lU,
il n'y avait que quelques posadas désertes où l'on trouvait, A grands
frais, un peu d'eau pour se désaltérer.quelquesoutresdemauvaisnn
dans des peaux de boucs. L'armée devait donc s'épuiser avant d'ar-
river à son but. Napoléon n'avait-il pas ordonné de marcher, et qui
pouvait résister à cette volonté impérative? Sa vois rcssemUait i
l'immense trompette du jugement dernier ; elle brisait les crânes. U
avait dit à Junot et h Murât : « Allez sur Lisbonne et sur Madrid,
«t , coûte que coûte, il faut m'avoir ces capitales. » Et les arméa
obéirent.
îdbyGoogIc
FOirrAINEBLEAU , VOYAGE D ITALIE, ETC.
CHAPITRE VI.
VOHTÀIKBB(.UD, T0TÀ8B b'niUB, Pltll KHDllCT L'HITKI BK 1807 à l!
La cour & FonUineblMU. — Les chisses. -~ Coutumes de Lonb XIT. — Réception
Ji'SBmbassBiIeurs. — Arrivée du corolc deToUtoy. ~ Ivresse de U gcnéraiion. —
Représentations scénique:.— Triomphe de Trajan, — Départ de l'empereur pour
rildlie. — MilBD. — VentKC. — Souvenirt del'aDliquiLé. — Premiers prujels d'au
empire en OccidenE. -~ Uantoue. — Eairevue avec Lucien. — L'esprit public «
Paris. — Fêle militaire pour Ir retour de Ja f^rde impériale. — Atc de triomphe.
— Idée romaiae. — Napoléon i Paris. — Fêles de cour. — Bals masqués. —
Tfaéltres. — Liilénture.
Sc).l(ml>re ISD? i Kfiicr 1B06.
NapoIéoD , mettre de la victoire et de la paix après l'entrevue de
Tîlsîtt , vint habiter le chftteau de Saint-Gloud , belle résidence qui
avait vu le 18 brumaire. Quels changements s'étaient opérés dans la
merveilleuse fortune de Bonaparte! Que d'événements accomplis
depuis que le conseil des Cinq-Cents , agitant ses toges , avait menacé
le général audacieux de le mettre hors la loi 1 Ce général , porté snr
l'aile de la destinée, avait pris son vol, et le voilà l'égal des empereurs,
maître des rois, brisant les empires, élevant des trônes comme des
vassalités, changeant la face de l'Europe: Napoléon avait résumé en
lui toutes les forces de la révolution française , il avait absorbé tonte
la puissance vitale du mouvement démocratique. Aujourd'hui sou-
verain , il prenait les grandes manières de cour à Saint-Cloud ; des
flots d'adulation venaient battre les pieds de son trdne ; le sénat , le
conseil d'État , la justice , le corps législatif , tous se précipitaient i
l'envi pour exalter cette intelligence supérieure qui de sa mai»
remuait le monde.
Saint-Cloud devint bientôt trop étroit pour les plaisirs de la nou-
velle cour ; il n'y avait ni parc, ni forêt séculaire ; Napoléon consacra
SCS épargnes h la réparation de ses bAtiments somptueux ; l'orangerie
s'embellit de fleurs suaves que le consul cultivait de sa main b, la Mal-
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130 PONTAWMUAOy TÂTAOB- »'lUU».
uaisoD ; les cascades jetaient leurs eaux bouUlonnaDtes siir la moasse
iwte qpi datait de ^£poq^e de HoDsieur, le frère de Louis XIV ; ks
dryades répandaient leure flots d'argent sur la pelouse touffue; les
«liées de tilleuls artistemeot taillée se façonnuent en berceaux,
les vieux arbres des coteaux de HeudM et de Ville-d'Avray voyaient
les cavalcades de j^nes femmes dans leure wiskis et leure calèches.
Toitures de mode alora ; l'empereur se perdait quelquefob h choil
xna cette magnifique nature. Mais les tiarites eo étaient fearnécs;
rhorizon n'était point assez vaste; Saint-€loud, le produit de l'art,
n'était pas assez royal ; te parc un peu bourgeois, n'avait rien de sau-
tage et de contemporain des premières dynasties ; YersaiRes plaisait
davantagii à Ni^x^éon : ses vastes b&timeots, se& gBuwres gigantesques
4a grasid roi l'aviient plus d'uos Eoi» entratoé À euniaer par tm-
aAbk si Versailles ne devait pas un jour deroiir » rfisidence impê-
tUfe ; cet proportions étaient dignes de loi ; ses poumons respiraimt
dans ces parcs * où Louis XIV avait promené sa.rafautéf il rAvait le
temps où, suivi d'un cortège souveraÏD, il descendrait cet escali^ de
marbre , et, comme le roi de France , une canne à pomme d'or i la
■Mis* il verrait des gentilshommes fiocipetés de rvbans atteadrvn
fMoie coiUM la voix de Dira néne. Cm images M faisaient : n-
laver Vatsaillcs iL'él«itpa»l'<aiivn d'us sral jsnrrla tramil de qael-
^•»jouuiéas-;.iiy >MiBeaitGoaiBeiuitampfrda Npoapeurw vieil-
laiK „ SM Paris et 1» loileries lui paiaiwaiaat trop pf^olaîrcsi il
•Wlaàt dtt l'éloignemeat cid» mystère pour aatoutor dese^ect l'inuiee
(ta isiivenîa. La raU^oa da poav«ir devait avoir ses tabemacles et
«S'VOiksiacfés.
Cefadaat. 1* atiaoB avançait; o»ftait & la Ba d'août, et l'eaperew
fftsehit, à t'initatioB des anciens rois, de paaser le temps- des clwses
4 FsataineUeau. Cette FÂsideace convenait i sa gratudeur; dix-^ept
Ueucsd'JiMâBCft forêts, avec des ulwesaoifciBpw le- temps, secoués
|«r l'wirag&B des A^. FontaiaebleBaa'awil rieadeval^ire, sorte
de eréetioB vierge, telle ^m Dieu avait pu la jeter sur la tem; pri-
Mtire ; partout restait debout le ténoignage des- révolutions da
^be, ces roches, ces granits, répartis çà et là, comme »i ta sMin
des géants les avait remués dans un jour de catertrophe. LechAteso
4tait vaste,, on y voyait des silks d'armes comme aux temps féodaui
' Si reoipeniir mh vicilU dus k pouvoir, H «lirait htUiÀ TaraiUes.
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PABH nmAin t'mvwa bb itm a hm. f9t
rfe la dleralerie ; les benix appartements étaient décorés por les peln*
tares du Primatice; ahwl qu'à Saint-GermaÎD, lecMteau n'était pu
toDf f un seul jet, il y avail de l'archîtectare de plosieurs époqms ;
li main des siècles s'y DMrqMït d'usé manière indélébite. Pcls, mr
ce perroD, il était beau d'entendre les fanfares da cor, les aboiements
de la meute impaUente; on rappellerait tt les belles diaiies de
Senri II ou de Louis XIII : toat c^ parlait aux idées sovreraines
ée Napoléon, et il décida on voyage impérial à Fontaineblem,
Plusieurs motifs le déterminèrent k ce faste, à «ette osteatatitm
ihs anciens monarques ; il attendait à Paris le comte de TtMoy, l'am-
bMBadeur rtuse, saîT) de gentitshommes appArtenant à l'aristMratie
4t Saio^-Pétersbourg et de Moscou * . Craignant les moqueries et les
sarcasmes du vieux parti nuée, il Torint déployer toutes les h^tidei
<ln' anciennes cours. FontaineMeaii ressemblait aux antiques chàtaÉtn
A» rUkraine ou de Novogorod sous le noir ombnige ; on y poorr^
ctasser le sangler, le oherreoil bondissant, le daûn et le tôt. A,
œfte occasion. Ions les uasges de l'ancienne cour fuient reprwMts ;
te» marédiaux des logis, les foarrins dor pitaù, renonelèreot !•
coutume des appartements marqués k la craie et de Faristocratfqae
ptmr ■ , dont parle taet Saint-Sinon. Les invitations k FentaioAleni
durent être expresse» et émaner du grand ebandMltan et du irsMl
«wréchal ; on adopta un BnMorme de chasse, une veite vert» qiM
■ TtdciconmnitrsmbMHidedeir.'fcT^rtojcstMnMnicie ;
Piris, 7 novembre ISOT.
• HUr, Teadrcdi, 4 Bowaln^ S. M. l'empereuc •! roi a reçu, à VodIsIikUmq
9. eic. M. le général comte de Tolsloy , qui t préseDié 4 9. U, W9 lettre» ds
créance en qualUé d'amtMssideuT RtnonHotire de 9. H. Tentpereur deRosalc. Cet
Mabanadenr ■ M «ondsK an piliie dtn Iw ferdKS McoDtamég», par na nwttn
et BB aide d«t eérémoniei, qui Mot déa le chatcber iTec tni» voiuirea de la coor.
U a élé iniroduil dans le cabinet de S. U. [ur S. Eic. le graod maître dea titi-
noDies, et présenté par S. A. S. monseigneur le prince Tice-grand-éleclsur, blMIlt
la»faociioiisd'arcMdMice)icrd'£iaL ■
Tarit, 13 novembre laOT.
E Dimanche, B de ce mois, U. le comte de Nesseirode, conseiller d'ambaaudc,
M. le prince Gagarin, secrétaire d'ambassade, H. de fieurielf, gentilhomme de h
chambre, cavalier d'ambassade, et ■■ deBeukendnrff, aide de camp de 9. M. l'em-
pcmnr Aleiandte, tous attachés i l'anhaastd* eUraordinaira de Euaaie, ont été
fréaentAt i 9. U . l'emperenr et roi.
• S. U . a fait inscrire -6. eic. U. U comte de Talstoj sur la liste dn tot^s à
Footaineblean, et lui a liait donner un appartement au palais. •
• Une de» prérogatina de» pvadei eatréas , soaa l'ancteane coar, c'était l'avoit
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133 PONTAINEBLEAtl , VOYAGE d'iTALIK.
vieux et jeunes durent endosser, k ce point que M. de Talleynnd et
Fouché durent se revêtir de ce singulier costume qui contrastait A
élrangen]«it avec les habitudes de leur vie. On vit des anciou
membres du comité de salut public avec le couteau de chasse «u-
fcndu i un ceinturon de daim, comme les marquis de Louis XV ; et
tout cela parce que Napoléon le voulait *.
A Fontainebleau, la légation russe fut officiellement présentée i
l'empereur ; son chef, le comte de Ti^toy, ne devait occuper ce
poste que provisoirement. Le général comte de Tolttoy, un des
gentilshommes russes les plus dévoués à l'emp^eur Alexandre, Va-
pression de sa pensée , possédait cette finesse de caractère , cette ha-
lileté de vue qui distinguent l'aristocratie du Nord; poli de manières,
il parlait le français avec élégance, et Napoléon , le comblant de
prévenances, lui donna un vaste hAtel à Paris. M. de Tol^oy était
accompagné du jeune comte de Nesseirode, qui, sons le titre de
conseiller d'ambassade, commençait sa carrière intelligente de dé-
vouement au czar Alexandre ; le comte de Nesseirode était emplojÉ
dans les aOaires étrangères depuis sa plus extrême jeunesse. L'am-
bassade russe comptait encore le prince Gagarin, M. de Gourieff et
M. de BenkendorlT; on avait mis un soin particulier à Saint-Pélerï-
bouig dans le choix de celle légation, la première que l'on voyait en
France depuis le consulat. M. de Tolstoy reçut un appartemoili
Fontainebleau ; il y fut traité avec une distinction qui effaça toutes
-les autres ambassades, même celle du comte de Metteroich, l'honuDe
à la mode.
A F(mlainebleau, ce beau corps diplomatique prit part à tous Itf
plaisirs de la saison : le comte de Mettemich, dans toute la fleuv et
la grâce de la jeunesse; le prince de Masserano, l'ambassadeur de
Charles IV , déployant le magnifique étalage , le faste que l'Espagne
le pour dans levojige, c'cst-i-dire que les marécfatux du pela» faisaioit inscrira
pour M. le duc... pour madame la nurquiae... C'était comme un appartaaeni
wiswré.
' a Toutes les remmes avaieut on uoirortne ; il fui d'abord alTreni, mais alora i<
fuit chaimant, en casimiT chemois, avec le collet et les paremaits de l'amaione w
4nf vert, brodé en argent. Le chapeau était ta velours noir, avec un grand bouqMi
de plumes blanches. Les hommes avaient un fort bel uniforme de ctuisse : c'était un
tkabil à U franfEisc vert-drai^on, avec des galons d'or et d'argent, posés en liraode-
bouTg sur la poitrine el eux poches, et dont les parements étaient en ycIouis amt-
=lwile, avec culolle de Casimir blauc et bottes i t'écufire lana rercn. »
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PARIS PENDANT L'SITBU Iffi IBOT A 1808. 191
mit toujours dans ses légations ; M. de f etto pour la Bavière ; H. de
Dreyer pour le DaDemarck ; de Maïardoz pour la Suisse : ambassa-
deurs et ministres Turent invités è cette noble résidence oà parut un
moment Mouhib-efTendi, ambassadeur extraordinaire de la Turquie,
dans son costume national; puis le marquis de Ferrette portant fière^
ment son titre de l'ordre de Malte qu'il ne quittait pas plus que sa' loge
aux Italiens , sa résidence habituelle. On fit là des chasses au courre ,
au tir ; l'empereur y prit plaisir avec l'ardeur d'un roi de la première
race; toujours à cheval, il pressait te cerf toute une journée; les
hommes le suivaient à cheval, les dames en calèche * ; on y parla
(l'intrigues d'amonr, de bonnes fortunes, de diplomatie; on prit
toutes les habitudes de Louis XIV : les grands levers d'apparat, les
bals et les fêtes ; l'empereur voulut donner aux Russes une bonne
idée de sa cour ; il y eut plus d'une légende de bonne fortune pour
l'empereur à Fontainebleau, comme cela se faisait aux temps de
ta vieille monarchie pour les fêtes royales de Marly et de Ghoisy-le^
Roi.
Cependant Napoléon ne perdait point de vue la direction politique
de son gouvernement ; depoisson retour de Tilsitt il avait décidé uo
Yojage en Italie, pour revoir ce royaume abandouné an vice-roi
' Void dn gtan Louis XT, seulemcni avec moins d'tsprlt c( de bonne compi.<
^ie : ■ Une dame belle, spirituelle, de la compagnie des princesses , aiiira le^
regards de l'empereur. Il y eut d'abord quelques billola daui d'échangés; enfiu,
un soir, l'cmpeTcur m'ordanna de porter une nouTelle lettre. Dans le palais de
Fonlaioebleau est un jardio intérieur appelé le jardin de Diane, on LL. MH, seules
a\aieot accËa. Ce jardin est entouré des quatre cûlés par des bâtiments. A gaucbe,
It cbapcllc avec sa galerie sombre et son archileclure galbique ; à droite , ta
grande gnlcrie, autant que je puis m'en souTenlr. Le bitimeiit du milieu contenait
lesapparicmenlsdeLL. MÛ.; enfin, en face et fennant ce carré, de grandes arcadeq
derrière lesquelles étaient des bitimenia destinés à diTerses personnes attachées soit
aai princes, soiti la maison impériale. Madame de B la dame que 1 eDipc-
rcuT avbit remarqué, logeait dans un appartement mlué derrière ces arcades, au
rez-de-chaussée. S. M. tne prévint que je trouverais une fenêtre ouverte, par laquelle
j'enirerats «Tcc précaution; que dans les ténèbres je remettrais sou billet i uueper^
ionoe qui me la demanderait. Celte obscurité était nécessaire , parce que la fenétru
ouTerte derrière les arcades, inBissurlejardîn,auraitpu être remarquée s'il 7 eût eu
de la lumière. Ne connaissant pas l'iatéricur de ces appartements, j'arrivai et j'entre)
par la fenêtre; crojant alors marcher de plain-pied, je fia une chute broyante, occa'>
aioaaée par une haute marche qui était dans l'embrasure de la croisée. Au bruit que
îe Ss en tombant, j'entendis pousser un cri et une porte se fermer brusquement. J«
m'étais Ifitcrcment blessé au genou, au coode etila téie. • (Uèmoircs du valet dg
chambre Constant.}
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•pris le sacre As MHnt ; de vastes terra étaient rimMi ; Tentae 0t
TAdrMtiqie ebétoiient à soo sceptre ; il vonlut eiammer pw hd-
■Aae II vAritiMe natare de ces conqoMes, et le parti qs'oe poarrant
•n tirer, toit poar la dtfewe territoriale, soit pour )e cooiBeFoe ex-
tArienr. L'eHperearnéditaitdesmodiAcationtesBratidletdaoBlBbare
delacoQStitutlMd'ltaliczIflBpaiiroirBluiparaiMaiefltnalcoaiMnés.le
goavemenwBt treavait des réshUiKes ; il Toalait ftMiBaler nne coo-
atitDlion de telle nature qu'eHe pAt prAter aide k son tfltime mm
Jamais rembarrasser dans sa marche ; songeant k imprimer plm de
stabilité et d'unité k la forme néme de radninfstnrilton Ai roysDilM,
déjà il BTiàt donné l'adoption ao prince Eugène qui gouTemait avec
m dérooement remarqsable : soi ne pooTait dispoter ranoor qo'il
portait à son père adoptîf ; Napoléon dMrait constater par tt pré*
Mnee que l'Italie , unie an ayiÛBie fimcaîs n'en serrit JaiMds dfr*
tachée.
DoM cette pensée, le 16 noreabre n matin, IVapoléon ^étança
dans sa voiture de voyage, et prit la direction de Milan *; les
Alpes fnrent trareraées sar la neuveRe route dn 8impkM que aoa
génie avait improvisée. A Milan, ce fnt une ponpe IndleAte : le
Tfce-nri s'agenouilh devant SM père adoptK et son proteeteor, 1b(
baisa la main avec enthou^asme; les acclamations furent grandes,
rivrease fat an coiiri)le , et le 7e Dtvm entonné dans la cathédrale de
marbre de Saint-Ambrotae. Napoléon réponfit, toajoon ea italien :
< que Milan était la capit^e chérie de soo royaume ; il la sidsait
<*ec l'oifueil ds Qurlemegae. » Il tn^a de sa main des ares de
triomphe, des monaments qui devaient décorer cette grande cfté.
Réunissant autour de Tul les conseils législatifs , il leur parla no lan-
gage sévère i ik devaient eeoqnérir par lenr dévonemeat une patrie
* hifc, fïOTnoknMGT.
• S. H. wt partie hier, lé, iqMlrtbaMwduiU», pont pwtgrqiwlq— jtwi
* Wlm a(i TwiM. BUe len de reloar dant le* pnmfert jwn d* dtetmbn.
■ VMdutribMmcedffS. M., I« eonsell deamlDMm «leeMttild'ÉttlMfMtt
«l-Mk rtMdtepOT S. M. ê. l'aKbkrtnriv d« 1 «>pir«.
* LacDTi^edel'etnpeKur cMiiDiquMMiitconpo«4ded«ui T0itorn>On dHqM
S. M. ■'Mt Kuompignta qM dti grand-duc de Berg et dn prince de Nrafehàtd. Oa
mean cepeDdant que Its ministres d'ildie qui tésldcM anprto de S. H. dotreM 11
•alvreprcaque immédiatement.
> On annonceaDMl Je procluiD départ de 8. eie. Mgr. da Chaaip^Bf , miaUn
des relations nidrienrts,
• B. ne. le ministre secrétaire d'Ëiat est eiriTé lundi soir t Paria.
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PAU* PBKBAIfV L'nVEB Bft MSV A MM. i|5
qo'ils aTsient bvp bmitcdI psrdua pu- Iran diviiioiis iatoUnei j
ntalie ne devait jamais se sépvw de la France ; îi» ftmMieut drat
prajdes dÏTers, mai» obib d'iatÀiAti, qui dewwat mutueUenwt t$
soutenir iaxa la conquête de leur ÎBdéyoodaace * .
Duraot ce séî»ur k Milan» Napotéeu dévek^w l'iaititathMl dt
l'ordre de la ceoroBue de fer». sjBbole de l'Italie ; Napoléon s'en dlh
ctarfût le grand naattrer tt le prince ËugèiM en était le jM-emiBr grand
ofBcier; afin <|m« smi Dom et sa lignée u révélaBsent partout, U
aoQuna Value de la famille Beaubaroais prince de Ycdïh, et prio"
oeaw de Bologne ugtacteusefiUe» qui vint le caresMr de ses brts»
«t offrir son front à ses baiier» *. Enfin, M. de MdxL, le ohaoccUw
dn royauBe,, l'iiomBie dévoué aux intérêts de l'empereur, fut nonm^'
doc de Lodi , en souvenir de celui qui, le premier, lui parla loi cMt
da Milan sur le ctump de bataille de Lodi '.
' Diteoun d« yi^Uenaux troU toUégt» ritmit à MUatt, l> 90 lUeimin UOtt
• mt' les p«9eideali, doUi el comBuciuli,
■ Je TOUS vois avec pl«lsir eoTiTonnei mon IrAne.
■• Me ittaat après trois mm d'ataMne*, ja me pIMs ironntfaa la pnpèl ^'en|
MomespcnplH; art«yi»d»eht»U mwaaaawàMwitof aftioUilwWiik
aMpkti(t«oiMteadn(li((aad«»d«ttiot«HJaToua prépwal
> Les dlviûons iDlnline* de noa enc£lres , leur misérable égolsmc da fUle, pré>
parèrent la perte de tous nos droits. La patrie M déshjrttte ifC MO rang et da sa tS-
f>M, die qui dans im slèelR» ptns élotgtié» arait pané d Ma nomamt 4a lea ttntt.
4iréclat desa»MMus.ecià«la*. cal vaata, jeMs conaiMaa aMiiairaA tcaaaa^HÉrk.
• Ciio]ens d'Italie, j'ai beaucoup [ait pour vous; jp ferai plus eoeore. Mala dt
votre cAtÉ, unis de mur comme vous l'êtes d'intérêt nec mes peuplas da Francf,
couidéreE-Ies comme des frères alars. Vojn constamment b source de notre pniB>
périté, la garantie de DOS insli lu Uooa, celle de notre indèpcDdance, dans l'iillloa 4*
4ma couronne de fer ma ma counnae ImpèrMa. >
• DéenlâdiUé4dtMilmn.Uiû<Ue*mbmi«n.
s Toulanldonoef n]
«im*flb le prince Engtai
le titre de prinoa 4l WmÛH, s
* Toatast dMoar rnia pcmn paattcuMn da Mtra aaUshcilaa *■•»< heoM TlHa
de BoI<^ne,
■ MouKOTowa cwféfé a« conférow parle» pc4a«Mea te Wiadaprfaawaa 4* Jobjfm
à Mira bJMi aimée patlM-flUe la priKCMe JaJié^M. >
* Dati de lUUan, 30 déetmbn ISOT.
a TooIaM reeonBaltra ha sarricei qua la siear Melii, chaasaliar, garda dca KMtaa
4fl aMn TOjuuM dltaKa, now a randuadiM touiet laa airMUtaseat, dut l'ads^
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136 FONTAIlf EBLKAD , TOTAGS p'iTALlK.
Napoléon voulut saluer Venise, U cité des mers. Son cortégeim-
périal le suivit jusque dans cette ville désolée, dont les p&tih sont
vides et les canaux silendeux. Venise se para de ses halùts de fête;
elle renouvela pour l'empereur des Français les pompes de ses doge;;
le Bucentaure d'or remua ses mille rames et pavoisa ses mfits épais ;
la basilique de Saint-Harc, dépouillée de ses omemenls, fit entendre
sa grosse cloche qui retentît jusqu'au Ltdo ; les gondoliers oublièrent
les chants du Tasse et de Godefroid, pour réciter les hymnes en
l'honneur de Napoléon. Mais Venise était frappée de mort ; elle rev
semblait à ces terres d'où la mer s'éloigne, à ces rivages désolés où
Turent jadis des villes qui, comme Carthage, ne sont plus que ruines.
Venise pouvait-elle saluer Napoléon , lorsque le décret de Berlin lui
enlevait toutes ses ressources?
A Milan encore, quand l'Italie l'entourait de Tètes, le souverBia
lançait un autre décret f^us effrayant pour le commerce du moDde :
le coup portait sur les neutres ; le panllon ne fut plus respecté ; dès
qu'ils avaient subi la visite d'un navire anglais , les neutres se trou-
vaient dénationalisés ; ib n'avaient plus ni droits ni privilèges ; placé
en dehors de toute protection, le pavillon qui sulnssait l'odieuse visite
était|de bonne prise, et, par ce seul décret, tout le commerce fut ms
en interdit. Malheureuse Italie, avec tes villes de Gènes, de Livoume,
de Venise, qu'allais-tu devenir quand le commerce du monde était
arraché è tes comptoirs , k tes ports, à tes vastes lazarets ; quand
l'étranger ne pouvait plus jetw sur tes arts l'or de ses loisirs '7
inpubliqueoùiJid^plojé, ponrlc bien de nos peuples ei de DoUTCourODMr
Us plus bauls tKlenlsetU plus sévère inlégrlté;
» Nous souvenui qu'il tUl le premier Italien qui nous ports, sur le champ de bi-
UllIedcLodl.les clefs elles vceui de notTebonoe ville de HiUii;
D NousaTODSréaoiadeluI conrfrer le litre de duc d# Lodi, pour f ire possMépn
lui ou par ses héritiers masculins, soit naiurels, soit sdoplife, pur ordre de prinaii^
nhure, eotendaDt que le cas d'adoption ajtnt lieu par le Utulsire H ses deacenduis
cUe sera «oumise à notre approbation au i celle de nos successeurs. >
' Le texte du décret prohibitif de Milan cMincrojable comme sTsièmed'écoïKiBi*
jrali tique.
■ IBn notre p*lais iroptrlsl de Milan, le 17 décembre 1S07.
■ Napoléon, empereur de* Frantais, roi d'Italie, et prMMteui de la confédérattw
au Rhin.
u Vu les dispositions arrâites par legoavernemeDtbrilanDique, eudaledsll n«-
\erobre dernier, qui assujeiiisseot les bâtiments des puiwinces neutres, nuits rt
tnérae allltes de l'Angleterre, non-eeulcffient i une visite pH les croiseurs aa|^^
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PARIS PBNDAITT l'bITKB DB II» A INS. 137
Dans ses courses du Milanais à traven l'Adriatique , Napoléon eut
an souvenir ; lorsqu'il faisait des rois, lorqu'il plaçait toute sa famille
sur des trônes, eu parquant les peuples sous des lois arbitraires,
Napoléon se rappela qu'il avait un frère, le plus capable , le plus
habile de tous, et qui lui avait rendu des services éminents au 18 bru-
maire ; une querelle de famille les avait séparés, un mouvemmt
niais encore à une sialion obligée en Angleterre et i une imposition irbitraire de tant
pour reni sur leur chargemeat, qui doit dire réglée par la légiïlalion anglaise;
u Copsidcranl que, par ces actes, le gouvernement anglais a dé as lion ni isè les blti~
mcnls de toutes les nations de l'Euiope; qu'il n'est aa pouvoir d'aucun goiiYerncment
de transiger sar son indépendauce et sur ses droits , tous les souverains de l'Etirop»
élcnt solidaires de la souveraineté et de l'indépendance de leur ptrilion ; que, si par
une Tuiblesse ineicusable, et qui serait une laclie ineffaçable aux ycui de la postérité,
on laissait passer en principe et consacrer par l'usage une pareille tjrannic. les Anglais
en prendraient acte pour l'établir en droit, connue ils ont profilé de la tolérance des
faoYcrnemeiits pour établir l'inrirae principe que le patillon ne coone pas le mar*
ibindise, et pour doniicr ï leurs droits de blocus une extension arbitraire cl attenta-
taire ils souveraioeié de tous les États,
■ Nous avons décrété et décréloits ce qui suit :
• 1. Tout biliment, de quelque nation qu'il Gott, qui aura soollert la visite d'un
uisseau anglais, ou se sera aonmis h un toyage eu Angleterre, ou aura payé une im-
position quelconque au gouvernement anglais, est par cela seul déclaré déDalionalisé,
a peiilu la garantie de son papillon, et est devenu propriété anglaise.
1 3. Soit que Eesdits bltiments ainsi dénationalisés par les mesures rirbitraires du
gouvernement anglais , entre dans nos ports ou dans ceni de nos alliés , soit qu'ils
tombent au pouvoir de nos Taisseaui do guerre ou de nos corsaires, ils sont déclarés
de bonne et valable prise.
■ 3. Les Iles Britanniques sont déclarées en état de blocus sur mer comme sur
KiTC. Tout bitifflent, de quelque nation qu'il soit, quel quesoit son chargement,
eipédié des ports d'Angleterre ou des colonies anglaises, ou des pays occupés pat
des troupes anglaises, ou allant en Angleterre, ou dans les colonies anglaises ou dans
les pays occupés par les troupes anglaises , est de bonne prise, comme contrevenant
au présent décret ; il sera capturé par nos vaisseaux de guerre ou par nos corsaires ,
et adjugé au capteur.
a 4. Ces mesures, qui ne sont qu'une juste réciprocité pour le système barbare
adopté par le gouvernement anglais, qui assimile sa législation à celle d'Alger, cesse-
ront d'avoT leur effet pour toutes les nations qui sauraient obliger le gouvernement
tiit;l3is k respecier leur pavillon. Elles eontinucronl d'être en vigueur pendant tout
le temps que ce gouvernement ne reviendra pas aui principes du droit des gens, qui
règle 1rs relations des États civilisés dans l'état de guerre. Les dispositions du pré-
sent décret seront abrogées et nulles par le fait dés que le gouvernement anglais
sera revenu aux principes du droit des gens, qui sont aussi ceux de la justice et de
l'honneur.
■ B. Tous nos ministres sont chargés de l'nécntion du présent décret, qui sera
inséré au bulletin des lois.
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f39 KtNTAmni.eAu , totaor ifnMJK.
tTimpatience avait rotttpa les ntpporfâ de7fa]mlconeetâc Incbno.
Qo^étalt devcmi ce Prère ? ATait-il cherché h conspirer contre sa puis-
sance? Aucunement; tncfen s'était retiré paisiblement dam les
fetats du pape, aux campagnes de Rome ; arec une colossale fortiroe;
il avait presqne rapporté deux milHons de son amtMraade & IMadrld;
H tenait grande maison dam une de ces villas de Rome déserte, soos
les cyprès et les pins, solitudes brûlées oii la salamandre se joue sur
tn ruines bItneliAtm ; Lucien vivait an milien des arts, de la mu-
nque qu'il aimait, de la poésie dont il s'était phts d'une fois épris,
«u murmure des cascades de Tivoli avec les vers d'Horace et de Vir-
gile. L'emiweur voulait sabatituer la dynastie des Bonaparte k celle
des Bourbons, et dans cette ceavre n'avait-il pas besoin de s'aider de
celui de ses frères dont ta pensée était la plus éminente? Il lui in-
diqua donc pour rendez-vous Mratoue, lieu de passage pour se rendra
è V«iise.
L'entrevue fnt secrète , mystérieuse. Duroc , Murât et Eugène
durait accompagner l'empereur; Eugène était vice-roi d'Italie,
Murât, grand-duc de Berg; Doroc, le favori de Temperenr. Le cor-
tège de Lucien était plus modeste : it avait avec lui on coiBïn ger-
main de sa première femme (la Bile de l'aubergiste de Saint-Maximin]
du Dom de Boyer ; puis deux sinqries ato», qui hrilitaient la campagne
de Rome. Lucien recommanda de ne pas détder ses chevaar, parc»
-que peut-être il repartirait le soir même ; il monta hâtivement h la
résidence de l'empereur, qui vint À lui en tendant la main avec
émotion ; Lucien la baisa, pais les deux frères s'embrassèrent. Sur sn
signe de Napoléon, les officieTs se retirèrent, et il se trouva face à face
dans un entretien avec le tribun du 18 briimaire. L'empereur ne se
fit point alli»on sur la nature tenace de son frère ; avec Lucien on
ne pouvait employer de petits détours, pas plus qu'avec Fouché et tel
hommes qui avaient assisté à l'origine de sa fortune; il fallait aller
droit au but, etNapidéon, adressant brusquement la parole en italien
A son frère, lui dit : «Lucien, veux-tu enfin entrer franchement dans
ma route? — Quelle est-elle?» répondit le fier président da conseS
des Cinq-Cents, comme si c'étaitlegéo^l Bont^rte qu'il eàtencon
devant lai ; « quelle est cette route ? £xp)ique-toi , et je verrai si die
me convient. » Alors l'empereur, avec un geste italien mêlé d'un peo
d'ostentation , jetant une carte sur ta table, répéta cette phrase da
démon tentatenr au GtarM transporté par l'esprit sur une montagne :
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PABI» PENDANT l'WTBR DK ISOT Jk MSB. 13ft
« ChaieiSf qœl est le royaume que tu dérives ? Foi de frère, ta i'MfMi
les rois n'obéissent, il Tout que mes prachei me secondeat, ef l'empirB
du Monde est Ik noos; Lotit» et JérOme sontineapsMes, me* espérancn
sont eH tm, veoX'-ta les seconder? »
Eb achevant ces mots, l'emitereDr regarda son frère poor pénétrer
tf réponse dans aes trait», viTenaent tDimés. « C'est là ta route? dit
LiHtieD , ài bien I elle est mauvaise: je ne croi» pas que ta pulsseï
aller jusqu'au bout. Tu. le sais, j'ai Mcondé ton eonaulat, toa empire
mtaie 8u> des bases hérédUsirca ; m^ le» roiasoui ta main ne wDt
i|ne des préfets ; il n'est pour eux ni indépendance ni volonté ; si tu
me donnes un royaume, je se veui pas qu'«Q maudiaie mm nom ;
vois la Toscane et l'Italie, qu'en iMu fait? Plus de commerce, plua
de preqiérit^ ; être roi comme ceUt je o'en veux pas. — Si voosétei
twijoars entêté, dit l'empereur en regardant Lucien, saciiei bien qua
je le suis autant qua vous. Vous êtes donc comme Joseph, qui m'écrit
qu'on doit lui laisser faire sa besogne de roi à Naines? Il vent matgré
moi rétablir ses relations avecle pape. — Eb\ pourquoi non? dit
Lucien ; si cela est utile aux intérêts do pays, Joseph a très-bien fait
(flnsister. » L'empereur changeant de couleur marcha dés lors h pal
précipités ; sa voix forte et accentuée retentissait dans les longuea
galeries, n Monsieur, dit-il à Lucien, voua deves m'4ri>éir comme aq
chef de votre famille ; oiosi roos ferez ce qae je veux. • Loden à son
tour s'échauffa. « Prenez garde, dit-il k Napoléon, toujours en Italien ;
je ne sois pa» votxe sujet. Vous croyez me faire peur : rappelé»-
vwiB qu'an 18 brumaire ce n'est pas moi qui ai tremblé; je suis
ferme, voyez-vous ! A la Halmaison, je vous ai dit : a Ce qui s'élève
par la violence tombe par la violence '. » Napoléon ne se contenait
plus ; on dit même qu'il menaça de la main Lucien, et Lucien, toa»
jours ferme, toujours tenace, voulut faire cesser cette scène en se
retirant ; Napoléon lui dit alors : « Adieu , Lucien ; la nuit porte
conseil : à demain.» Ce lendemain, le frère ne l'attendit pas, ladiaiie
de p«Bte était préparée, il partit à l'instant de Maotoue. Ainsi l'oeuvre
4e tanilie ne put être accomplie ; l'empereur ne put avoir aous n
main Ik seuïe tête capable de sa race ; c'est que tout ce qui est haut ne
■ Toicl quelles furent les paroles letluella de Lucien k la HaliniiMn: aCetan*
pire que vous élcTei par la foTce , qua Youa MMiendrei pcr la violMC«, ek him I H
fera abaLtu par U violaoca et la farce... et lous-meme >oui mei MU aiiM)... m
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140 FOn'AINEU.HAD , TOTAGK D'iTAUE.
gTabaisse pas; il y a uae certaine Gerté dans la valeur de soi, ce qui
est petit demeure petit, ce qui est fort reste fort.
Tandb qu'une simple volonté résistait à Napoléon dans l'antique
Mantoue , h Paris l'adulation se déployait dans tout ce qu'elle avait
de pompes et de retentissements; Napoléon n'avait point encore
quitté sa capitale , lorsqu'on annonça l'opéra du Triomphe de Tra~
jan * , œuvre d'Esmenard et commandé par Fouché ; c'était plus
qu'un drame lyrique ; on y considérait moins la musqué et les pa-
roles que le vaste triomphe romain , et l'encens jeté au chef du nou-
vel et vaste empire ; les chevaux parurent sur la scène , ils firent des
évolutions comme dans le cirque ; ils traînèrent le char d'or de l'em-
pereur romain , ainsi qu'on le voit dans les bas-reliefs de la villa
Borghèse ; les chants de triomphe furent entonnés au milieu des
acclamations et des guirlandes de fleurs , il y eut un ballet i la forme
antique : des artistes aujourd'hui vieillis , ou que la mort a fait dispa-
rsttre, représentaient des femmes romaines, de jeunes vierges, et
' « Ptris, 23 octobre imi.
u 11 est difficile de se Un une juste idée de tous les genres de luagniScoice
di'-ploj'Cs dans l'opéra de rrajon, donL li première repréaenUtîoQ iviit nuire, ce soir,
une aflluence prodigieuse. La pompe des décorations, la richesse des coslumrs, l'inù-
talion Qdéle des mOEiumenlt historiques, réunis ila beauté des vers, à l'intérêt da
déDoftmCDt, à la variété de la musique, rormeot uo spectacle qui satisfait Clément
les ]'GUi, l'esprit et J 'imagina lie .i. Nous donoerons inceesammcnt l'analfse de cet
ouvrn^c , qui auro sans doulc un grand nombre de représeo talions. Le succès a (lé
complet , et touies les allusions soisies avec enthousiasme. On a remarqué l'art avec
■•quel l'auleuT b rejeté la conjuration qui forme l'intrigue de la pièce, parmi le*
esclaves dsees, Scythes et germains. En effet, Trajsn, adoré de Rome et le l'empire,
ne peut iTouier des ennemis personnels que parmi les ennemis de l'État, ab, commt
l'a Iri^-bien dit le poète :
Tu» allichenl leur uki i est Aosnls.
• L'onnage est écrit avec une noblesse et une élévation de stjle qui rappdleat
Bouvcnt le poëmc de la Navigation. La musii^ue , sourdement décriée avant d'ftre
entendue, n'avait besoin que de l'être pour obtenir un succès brillant. Elle est rco' -
plie de morceaux d'un grand ctTet. Tous les airs ebantés par T.ays, mademoiselle A^.
mand et madame Brancha ; tous les chœurs, tous les morceaux d'ensemble, ootéié
vilement applaudis. M. Persuis a paru digne d'unir son talent icdui de l'auteur dn
'Barda, et cet ouvrage lui donne , parmi nos compositeurs les plus ùisilngués, lu»
place que l'envie et l'esprit de parti pourraient seuls lui contester. On doit ejoDler
que la mise en Ecène de cet opéra ftit le plus grand honneur i radminisiraiioD,<>
prouverait seule, au besoin, que le théttre de l'Académie impériale de musique tft
au-dessus de toute compamiion et de toute rivalité, s
(Bccil officiel.;
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PABI9 PBKDANT l'hIVBB DR 1807 A laM. 141
ces papillons brillants, Clotilde, Bigottini, que sont-ils devenus?
te Triomphe de Trajan eut un succès d'enthousiasme , partout OQ
y vit l'empereur Napoléon : le temps et la mode étaient alors aux
triomphes , on ne songeait qu'à ces coups de théâtre éclatants qui
reproduisoient des scènes antiques , la ville éternelle était dans Paris,
Gère d'un empereur à la taille des Césars. La Valait parut au théAtre
de l'Opéra , la musique en était pompeuse, les décorations aussi belles
que dans Trajan ; on y vit Licinius vainqueur comme Trajan, comme
Napoléon , on y exprima des chants de gloire. Sous un système qui
Tait de grandes choses , quand ou parle d'antique grandeur on saisît
les allusions , le peuple était si préoccupé de son empereur , qu'il le
voyait partout et en tout.
Paris devenait une seconde Rome. Napoléon avait décrété un im-
mense arc de triomphe & la ttarrière de l'Étoile : au milieu des tro-
phées d'armes, on y graverait les victoires des armées françaises sur
des masses de garnit telles qu'on en voit en Egypte ou au Cotisée ,
parmi les ruines des cirques : deux vastes rues devaient s'élever au-
tour des Tuileries , rappelant , par leurs noms de Bivoli et de Casti-
glitme, les souvenirs d'Italie, au milieu de la place Vendàme, une
colonne en bronze s'élevait comme la colonne Antouine, et sur l'em-
placement de la Madeleine, le cimetière de Louis XVI, se traçait
«lors le temple de la Gloire. Tout était ainù dédié à l'armée, la force
et le bras de Napoléon. A ce moment, l'élite de cette armée, la
garde impériale, faisait son entrée dans Paris ainsi que les prétoriens
dans Rome , leurs enseignes étaient décorées d'une couronne d'or
que la ville leur avait décernée. Cette vieille garde qu'on n'avait pas
vue depuis deux ans, après Austerlilz, léna et Friediand , passa sous
des arcs de triomphe de chênes et de lauriers. Le corps municipal
accourut au-devant de ces nobles fils de la France , jonchant le che-
min de fleurs. M. Frochot, préfet de la Seine, porta la parole ; car
Paris était fier de ses soldats '. Le maréchal Bessières répondit au
nom de la garde en se félicitant des honneurs que la première ville
■ DiteovTi da M. Freehol, priftt dt la Sein».
H C'est pour U jnirie que ïous «ïm vsincii, la patri* iicroiseri le souvenir de ^•i
triomphes; vos noms seroni légués par elle, sur le bioDueisurle marbre, kl* postf-
rilé It plus reculée, et le récU de tos tiploits enOammant l« connge de nos deroîe»
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du monde fftiadt k )a troupe , fidèle compagne de fempetew. Il j
•rait dam tout c^ une forme aotique , uoe imilatioo de li fïUe
éterncflte an temps de César et d'Augnate : prétoriens , ceotiuion) ,
<Mban8 , tous durent <B9Beo{r dans un banquet que It TiUe de Viris
^onua aux Champs-Elysées ; lea tentes étaient dressées. Tout se fim
•vec ordre , (1 y eut de la joie sens ivrease ; la garde fit tio&neur k ion
uniforme; elle se gtorifisit de l'algie qtri partisBait brillante Hir ta
Atendarda.
Ainsi élsit le peuple, loraqae ffapolémi anlTtsidHteneBtifan
4e «on Toyage d'Italie'; il av«R ganié ridée de ae faire ptoiSsmer
empereur d'Occident ; on Atffiftmeqoe tel était letHit8eefet4eMn
voyage. Parvenu à la hauteur de Charlemagne, K pouvait en reien-
dlquer le titre pour se faire couronner k Rome , et nul pontife m
refuserait de le revêtir de ta pourpre carlovingienne. Après pins àe
rénexions, II crut que le temps n'était pas venn ; srec la pensée qu'il
avait sur rEspagne, il ne pouvait Messer T Autridie i ee ptriot de m
tenir aucun compte de la Âgnité de'Vempereur lYançofs II ; il léKra
Un projet pour d'autres époques plus mares. 'Bien n'était préparé
pour un empire dXïceldent, ni les peuples, niles rofs; M'IuJ blWl
d'aatrcs gloires et soumettre d'autns vassalités ' .
dtstcndrau, longtemps encore aprte ntos-inCinM, tous prvUgttn fu Teaumpl"
c< vMtaanpbc «i ghrieBtNDcnt Jéfarf* par vain iiimt.
» Brav<60NinMs,ici»4ncuD«retrianpb*ldédiéilagni>4e*nnéfs'élèTeOT
Votre passage; il vousuiend : vegei recevoir, sous ses voûtes, U pan qai tous wi
due des lauriers votEs parla capitale de cette tnvfncftie armée. Qu'ainsi coBunaMEt
ttte de vetic rMoar : tcmi, eKiaeee* laorien, treaaés en ««woa>ea.parla rMoaMl*-
MBCe pyUiqu0,4<iBmr« wô^w cbéHamaitMix «igb» iM^értata ipiijlmrt»'
Voa tiles vicUrjeusee. a
Le maréchal Bessières répondît ;
• Lwaioéa de aeWe grande hmWtBMlliWhc^oimeiKirsmwwecplalMfdaMk
lein d'iuw TUi« doDl les habltaflU ont coHUameM avalisé nec w d'MiMr.^'
dévouement et de fidélité pour notre illuttre raoDarquc. Animés des mit» f'"''
meols , la plus parfaite barmonie existera toujours cnire les babilsots de ta pimi»
Tille el les soldais de la garde impéiiolc. Si nos aigles roarcbafent eocofc, en Mosra^
pelant le serment que nous avons Taii de les défendre jusqu'à le mort, nous nnut
rappellerons aussi que les eoiirwiiusquiieedécereiit souseu jmposent douliiew'
l'obllgatioti.»
* Les demlera actes de l'eiapuwjr eu Italie soat datés 4e Milaa ; las voici ■
a S. M. a ordonné par un décret que la section des eanaultaisri eesHiait de fù'
l^rtie du conseil d'État, et premifait le nom de sénat (Senafo cMutilaNle]. Sa pr^
iMlet attributions seront l'enregtstrefneat destola, el la répression de lousltsdrli'»
taUUh ili libaté eivlk. — Var na a«U« Htm de mène date, t'aapeftur « »■>■"''
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PAmu remàin l hivbb t» an a ibos. hs
Napoléon viat babiter les Tuileries; l'hiver commençait avec ses
Uvam; in cutv était brillante, le corps diplomatique nombreux. A
Fontainebleau, il avait donné le q>ectacle des chasses ; aux Tuileries,
il Toolot qu'on multipliât les bals, et que rien ne fût négligé pour U
tfdflfldeur de sa cour. Il venait d'Italie, tout ému encore des spectacles
et des fêtes vénitiennes; il voulait poursiUvre et pénétrer quelques
intrigues au milieu do libre caquetage des hais; il donna l'imputeioB
à sa coar. Sous le masque chacun pouvait dire sa pensée ; la ga^ob
àMt reiUer à la sûreté de l'empereur ; au milieu de ces bals ne pouvait-il
pusegUsserun assassin? £t la scène serait ainistrement finie. Comme
(Uns ia ouït de Gustave, au milieu des masques, ne pouvait-il pas se
tFoawr uneouin ferme et un poignard aiguisé? Fouché mit toos ses
soins à suivre ces fêtes; l'empereur y venait avec Duroc en domino ;
H toiiiDDre.et,fla ouircbe étaient telles qu'on pouvait le reoûBoattre;
ilae déguisait oisesgestesiiisa voix. Quand une femme recevait une
liasole d'anour, un bomme un r^roche ou un sarcasme, tous savaient
la beadie fiui les proa<wçaÂt '. Les prisucessea, sœurs de l'empereur,
se Uaûeiit tà\er h ieur seasiuliame ennuyé et désespérant ; £llw
I^Tûeutun amant perdu, use conqvète anJevée. U y eut plus d'une
aventure de nobles dames, plnp d'ujoe fureur jalouse de grands digoi-
tâires de l'empire. Isa «SÎoierB généraux n'avaient rien de galiuU,
d'emprenét, et leurs jeuaes femmes préférèrent sowvent les étraogen
du Mord, si polis , k la obevelive blonde, ou M. de JUetternioh à la
l^ysiODraÙB si aimable sous ses cheveux poudrés à trente ans.
on sut bien des secrets dans les bals masqués, on surprit phis d'une
confidence d'amour dans les sachets roses-et ambrés ou dansce^'on
ai^Mlaît alors les b9nheare du jour. L'empereur môme se tut parce
fueluianiaieulbim des choses<i cacher- Certaines aventures de JmI
prirait ou oanwt^ plos grave et .plw siniAre ; un raconta qu'un
masque avait abwdé Cambacérèft, «t lui avait dit : « Beau prince ,
viens, j'ai quelque diose à te révéler ! » Et U avait poussé l'archiciiaiii^
celiar jiugu'Bu fond d'une pièce écartée ; Ul, il lui raconta sa vie intime,
dmeuristants prie k eensdl d'ËlM dn ro^auiM d'iulie, deot les «tirtbutioBs «•-
rant les mêmes que cdlM des «uditeun pris 1« eoDMil d'ËUt de France. — Par on
MMUt décret, ont élé créée IK Dotmaiu dignilAirM de la ceuroaDo de fer, SO «om-
nMDdtnia et 300 cbeTilien. '
' Il . de Kelteraich m'a dU M JotieoBisbcrf a qu'aucun des membres du caq«
iipleauiique ne s'éiail jamais Irompé sut la présence de l'empereur A un bal.<ji
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144 FOHTAimiLIAD , YOVIGB d'iTALH.
le comnwnunient de »n eiiitence, ses mesam lei {rioi BeerètCf de
h coDvention , ses actes les plus effrayants ; et comme CandwoMi,
étonné et presque friasonnant, lai disait : a Enfin, qui es tn? > l'ioconna
■e démasquant mmtra un second masque de cire avec tous les tnib
de Loub XVI, et lui dit : « Altesse Sërénissime, régicide de la con-
veotion, me reconnais-tu T » Pub il disparut et se perdit dans la Toale,
laissant le fastueux archtchancelier dans des transes mortelles. Gea
•cènes se multiplièrent, et, comme elles ne furent point répriméet
par la police, on en accusa Foucbé lot-méme, qui était aise de rappder
i toute cette foule de gentilshommes de nouvelle espèce qu'ils n'étaient,
comme lui, que d'origine révolationnaire. Cambacérès en maudietles
oubliait un peu trop la carmagnole ; il fallait lui donner une bonne
leçon, et le ministre n'y manquait pas.
Ces bals et ces fêles jetaient une grande joie dans Paris. A l'Opéra,
c'étaient encore les beaux jours de madame Gardd, de mesdemoisdles
Bigoltini et Clotilde , avec leurs pas de caractère qu'elles avaient
dansésdans7'ra;aiiet la Valait; on joua aussi tu Bardude M. Baour-
Lormian, qui devaient plaire à Napoléon, si entbounaste de poésies
oflsianiques ; tout l'encens ne brûlait-il pas pour lui T Et quelle idée
avait assez de hardiesse pour s'opposer'k la sienne? A l'Opéra , ani
Fiançais, tout retentissait de son nom ; Talma prenait ses inspiralicHa
dans le génie de l'empereur, la poésie et l'histoire se résumaient en
hii. Un surintendant des théâtres fut nommé pour donner une direc-
tion plus hautaine, plus impériale i toutes les compositions scéuiques;
H. de Rémusat. d'une bonne famille méridionale, esjMÎt poli, fut
DOTumé surintendant des théâtres'.
La musique avait glacialement brillé dans la Vesttde; on reprit U
Mariage de Figaro, de Mozart, partition si grave et si gracieuse, si
folleet si savante. M. Etienne donnait sa jfJie comédie ffrH«y««tP0-
laprat, sorte d'innovation aux Français* ; car on parlait d'une pièce
et d'un vaudeville comme d'un fait politique. Ce fut l'époque de»
qiirituelles créations pour les Variétés, il y eut des types admirables :
on développa les Jocrisaet, les CadttM RousteU ; il fallait se moquer du
peuple'; hélas ! on avait bien raison, quelles folies ne subissait-il pas !
' C'ctait M npprochCT de U dignité d« prcnin gMtiUwmme de la chambre, aoire-
fois chaigÉ des Ihrâlm el menus plaisirs.
* Plus tard on verra qur les disputa sur Cotuuca M (m Dtux Gtmfm émoreK
(Ml Pari*.
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PARIS PBIRtAlTT l'HITBH BE 1(0T A )GOt. t4&
M. Renault de SainWeao d'ADgel; se mêla plus d'une fois k la com*
portion de ces Jocriues, et il ne fut pas étranger k Cadet Rmuttl
Eiturgeon , qai déridait le soir Cambacérës, lorsque son oeil fanie
«lifait les formes matérielles de mademoiselle Cuizot. On eut poor
aecood type M . Vautour, l'image de la bonne bourgeoisie de Paris , le
propriétaire pai^leduHaraîs; Ua Innocents, où Brnnetétait si adml~
rable, n'étaient-ils pas aussi le symbole de ce pauvre peuple que les
dignitaires plumaient k qui mieux mieux ; de ces conscrits arrachés
au village qui se sacrifiaient pour la gloire de leur empereur ?
Que dire de monsieur tt madame Dénia, expression de ces rieux ma>
riages bourgeois qui naissent et s'éteignent sous un bonnet de coton ,
fidèles à tous les pouvoirs, égoïstes k deux, limitant le monde à leurt
potsÀ fieurssurla croisée, etlesdestinéesde l'humanité aux portées do
leur petit chien 7 Désaugîers commençait sa vogue, et il jeta dans ses
chansons bien des ridicules sur cette cour impériale si fastueuse. Bien
de plus spirituel que celte parodie de la Valide, véritable expression
du peuple parisien qui raille tout ce qui est solennel et graudioae-
Dans ces vaudevillistes paraissait alors, pour la première fois, un jeune
homme bon, spirituel, qui devait laisser trace; né à Montpellier, la
ville si gaie, neveu du tribun Albisson, M. Herle blessait si douce-
ment que nul ne put s'offenser de sa verve. Martainville donnait aus»
son Pitd de Mouton, féerie à grand spectacle, où l'on voyait des
changements à vue, des miracles bien moins grands que les réalités
qui s'opéraient sous les yeux du monde. Qui pouvait s'étonner de&
talismans lorsque tant d'existences ignorées portaient des couronnes,
lorsqu'on voyait les vieilles familles s'éteindre, de nouvelles s'élever^
Quels jeux de la fortune inouïs I et comme Gusman : « Nui ne pou-
vait plus trouver d'obstacles ; » il semblait « que les dieux guidaient
les pas B de tous ces acteurs du drame de l'empire ; tout s'explique
par ces fortunes. Les temps expriment les œuvres, les œuvres expri-
ment les temps.
Peu de place restait k la littérature sérieuse ; qui pouvait s'occuper
des époques historiques, lorsque la libre pensée n'existait plus au
monde? Gomment juger les époques, lorsque la censure non-seutc-
ment effaçait, mais imposait encore des phrases dans l'intérêt du
système impérial? Jugeait-on le commerce des anciens, il fallait
penser aux décrets de Berlin et de Milan. Faisait-on l'histoire deBome,
malheur k qui n'abaissait pas Garthage, car il fallait servir les haines
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146 FONTAINEBLEAU, VOTAGB d'ITALIS, ETC.
de Napoléon contre rAngleterre. Parlait-on d'Auguste et de César,
on devait se garder de répandre quelques larmes sur la statue de la
Liberté V(^ée. Si l'on touchait l'Iiistoire moderne, c'était plus dif-
ïldte encore ; il ne tous était point permis de parler du peu[/le, de
•e« principes, de ses grandeurs; il MlsH considérer sa sou*enoiie(^
comme un mystère, et le 18 brumaire comme un tabernacle oà tout
s'était fait par la voloaté de Dieu, eu phitdt par ta grandeur d'un soil
homme. De là, la platitude des histoires contemporaines ; des'plDina
même élégantes s'asservirent aux injonctions de la police. H ne faut
point faire de reproche aux tristes œuvres de ce temps ; ce n'est pa5
toujoars le 'talent qui manquait, mais la liberté ; il n'y a pas de génie
sans indépendance; sous l'empire, la censure fnt tout entière dirigée
vers le but politique que se proposait l'empereur. Napoléon Toolalt
alors une dictature absolue sor les limes, sur les esprits et sur le»
onpg ; legoorernement lui donmft ta matière, il n'étsit pas na
foa poar lafsBer rintélHgence libre, il savait que cette terrible souve-
raine Taorâit brisé ; et pourtant 11 était de broioe 1
îdbyGoogIc
imTB ENTRE LA PCI8SASCB HATÉBIBLLB ET MORALE. 1A7
CHAPITRE VU.
LDTTB BKTB£ Ll PVISSINCE MITÉBIKLLB BT MOBALB. — L'EMPEBBOB KT
nclouT de -Vit Vil -i Rome. — Le urdintl Gonuia. — .Le cardioal FMcii, r—
Premirrs différends eoire Napoléon ei Pie VII. — Volonté impéralive. — Faïc*
(le la réaignaiion. — Occupiiion d'Aacône. -.- Lucieo dans lIÉtat ronata. —
Sfslème coDtiBenlal. -.- Prétcnlion lui droits de ChatlenMgne. — SouTcrainiiUF
fim- Rome. — Le-TicA-coi d'Italie. — DémissîMi de G*i)uln. — Le cardioal
Caaoni. — AmbaaMdede'lI. AlqiùiT. — Fiebde'Béi>éTaniet4ePoBl»-Corm.< —
NégocialiondiiotrdinBideBaTaiM à Paris. — Séjour des IroB^frtDcaiswdwiK
les IcgatioM. — Oeeapation Tielenta de %»me et du «Utaau gaint-Ange ptnlc
génénl HioUis. — Vit» Vil au QuiriM], _ Baprit du peuple. — Lm Trauté-
Un deftspectaclw.las jdmioleDDâls qii'pffi» rbtstoire dans ses,vistFs
annales , c'est-laluU&entre le puissenee morale , patiente , résignée,
et l'autorité matériéne usant tiu glaive et 'de 1a violence ; fl y a dans
la protestation du faible i]ui.<Ufead^P dfoitt M Uberté, une énergie
qu'on ne peut définir : la patience en TacetleB tourments,, la douceur
vis-à-Tis la colère, h; sang-froid oppo^'Â'la'tîTaCifé impétueuse; ce
mot : « Ma conscience me le défend ! » cette espressïon angéllque
d'un bomme qui «ouffre pour la liberté, pour.laireligioQ, tout cel»
est empreint d'une force inconnue, mystère des grandes Ames, sainte
passion du Christ sur la terre ; le martyr qui meurt pour une iiée
religieuse, le démocrate qui monte sur l'échafaud pour sa foi répu-
blicaine, le royaliste pour la chevaleresque idée de son suzerain,
portent en eux un caractère silblime que nul ne peut mécoonattre.
« Que voulez-vous de moi? moD corps? il est ici ; ma tétti? je vous
r<^re ; mais mon opiniau^ raa conscience, jewpeux vtHisiadonoer. a
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118 LOTTE XirntB LA PtlSSARCI MATÈMmUM KT MOBALB.
Cest ici que plus l'opprevear domine, plu il grandît sa Tictime ;
I^us il devient cruel, plus 11 est petit ; plus U tounnente, plus il se
rabaisse, et se noierait-il dans le sang, qu'il n'en serait pas {dus fort
ai plus grand *.
■ La corrtqMniduce da ptpe et de Mipoléon peot noUament tùn eoBiultit h
nature de cette latte enin la puiManee nonle et la poiMiMe Batiridle.
lMlr»4t Hê TII.
lottte l'ingtanité de notre caract^,
^OC l'ordre qu'elle a donné an Bènéral Si int-Cjr d'occuper AncAnetTeeles troopei
Àantaises et de la taire approvisioDSCr, nous a causé non moïm de surpriie que de
douleur, tant pour la cboM en dJe-mtine que pour la ntaniira dont die a été
eiécui^.
■ VrritcblemCDl noua ne pouvons dissimuler que c'est avec une vive senaibiliir
que nous noua vojoni traiit d'une maaièrs qu'i aucun titre nous ne croyons avmr
mériiéc. Notre neutralité, reconnue par votre majesté comme par toutes les autres
puissances, ri plEmemeoi re^ectée par elles, nous donnait on motif particulier de
croire que les seDtiroenisd'amiiié qu'elle professaiti notre égard nous aaraïeat pré-
servé de cet amer déplaisir; nous nous apercevons que nous nous sommes tnmpc.
■ Nous le disons (rancbement : dcpuia l'époque de notre retour de Paris, nous
n'avons éprouic qu'amertumes et déplaisirs, quand au contraire la connaissancr
personnelle que nous avions Tiite avec votre majesté et notre conduite invatîabk
nous promettaient tout autre chose. En un mot, nous ne trouvons pas dans votrr
majrtic la correspondance de sentiments que nous étions m droit d'attendre.
■ Nous le sentons f ivement, et, i l'égard de l'invasion prcseaie, nous disons avec
sincérité que ce que nous noua devons i nous-mêmes, et les obligations que nous avom
contractées envera nos sujets, nous forcent de demander k voire majesté l'évieuation
d'AncAoe, au refus de laqudle noua ne verrions pas comment pourrait se cancitier
la continuation des rapports avec le minislre de votre majesté à Eonc ; ces rapport»
étant «I opposition avec le traiiemeni que nous coniinuerlont k recevoir de voirr
majesté dans AncAne.
u Celte lettre est on devoir pénible poar notre cteur. mais nous ne pouvons dissi-
nulcT !■ vérité.
■ Nous voulons donc eapérer qu'au milien de toutes les amertumes qui nous acca-
btcDl, votre majesté voudra bien nous délivrer du poids de cdies-ci qu'il dépwd den
seule volonté de nous épargner.
a Novaflniasona en lui accordant de tout notre caur la paternelle béaéJieilon
apostolique.
■ Donné k Rome, prè$ Sainte-Marie Majeure, le 13 novembre de l'an IBW.
P. P. Tii. ■
Kifimi» 4» Icayaraur.
■ TrèE-Mint père, je re fois une lettre de votre sainteté, sous la date du 13 no-
vembre; je n'ai pu qu'être très-tivemeni affecté de ce que, quand toutes les puissances
à la solde derAngleterre s'élaieot coalisées pour me Ikire une guerre injuste, votre
aainlelé ait prêté l'oreille ani mauvais consuls, al sa Mit portée k m'écrire une lettre
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L'BHPBKEOt ET L8 PiPB. 14f^
Les annales du moyen tge ont rappelé la persécotion de plus d'un
pontife ; i Borne, on avait vu les Othon de Germanie, les hommes-
sensuels de l'Allemagne couverts de fer, déployer leurs tentes autour
de Saint-lean de Latran et faire pattre leurs chevaux sur le rivage
jauni du Tibre ; des papes avaient été arrachés des autels, d'autres
tratoés par les cheveux dans les rues de Borne. £b bien 1 toutes ces-
si p«u ménage : eUe esi parTuiemcDt mallresse de garder mon minisiie à Bome, oïl
de le renvojer. L'occupation d'AncAne est une suite immédiate et nécea&aire de la
mauvaise organisatiOD de VéM. militaire du saint-siége. Votre saiateli aTafl iutérét
à voir celte forteresse plutAt dans mes mains que dans celles des Anglais ou de»
Turcs. Votre saintelé se plaint de ce que depuis son retour de Paris elle n'a eu que
des sujets dépeins; la raison en est que depuis lors, tons ceni qui craignaient mon.
pouvoir et me témoignaient de l'amiliÈ ont changé de sentiments, s' j crofani autoriste
par la Torce de la coalition, et que depuis le retour de votre Bainlelé à Bome, je n'ai
éprouvé que des refus de sa part sur tous les objets, même snr cent qui étaient d'un
intérêt du premier ordre pour la religion, comme, par exemple, lorsqu'il s'agissait
d'empécber le protestantisme de leier la tête en France. Je me suis considéré comme
le protecteur du saint-siége , et iice titre j'ai occupé Ancttee. Je me suis considéré,
ainsi que mes prédécesseurs de la deuxième et de la troisième race, comme fils aîné
de l'Eglise, comme ajant seul l'épée pour la protéger et ta mettre i l'abri d'être
souillée par les Grecs et les musulmans. Je protégerai constamment- le saint-siége,
malgré les fausses démarches, l'ingratitude et les msuvaiaes dispositions des
hommes qui se sont démasqués pendant ces trois mois. Ib me croyaient perdu : Dieu
a ftit éclater, par les succès dont il a favorisé mes armes, la protection qu'il a accordée
à ma cause. Je serai l'ami de votre sainteté toutes les fois qu'elle ne consultera que
son c(eurelles\rsisamis delà religion. Je le répète : ai votre sainteté veutrenvojer
mon ministre , elle est libre d'accueillir de préférence et les Anglais et le calife de
Conslanlinople; mais ne voulant pas exposer le cardinal Fesch il ses avenies, je le
ferai remplacer par un séculier : aussi bien la haine du cardinal Gonialvi est telle ,
qu'il (la cardinal Feschj n'a constamment éprouvé qne des refus, tandis que les
préférences étaient pour mes ennemis. Dieu est juge qui a le plus fait pour la religion,
do tous les princes qui régnent.
B Sur ce, je prie Dieu, tré&.saint pire, qu'il tous conserve longues années au régime
et gouvernement de noire mère sainte Église.
D L'emperear des Français, roi d'Italie.
» NAPOLiON. ■
> AUunich,le7Jantier ISOe.a
« Très-saint-père, j'ai reçu la lettre de voiresaintetè, du 39 janvier. Je partage
toutes ses prines; je conçois qu'elle doit avoir des embarras ; elle peut tout éTîler en
marchant dans une roule droite, et en n'entrant pas dans le dédale de la politique et
dos eo&tidérations pour les puissances qui, sous le point de vue de la religion, sont
hérétiques et hors de l'Église, et, sons celui de la politique, sont éloignées de ses
États, incapables de la protéger, et ne peuvent lui hire que du mal. Toute l'ItaLe
sera soumise sous ma loi. Je ne toucherai en rien à l'indépendance du sainl-siége.
Je lui ferai même payer les dépenses que lui occasionnent les mouvements de mon
armée. Hais nos conditions doivent être que T. S. aura pour mol dans le temporel
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t3ft LUTTE snTKB LA PD1B8ANCB SUT^IHCB BT MOÏALB.
violences n'avaient pu afTaibNr 1« puîssance morale de la-p«pauté,
les- races de Souabe étaient éteintes , les empereurs étaient pasés,
le* gauvernements avaient croulé les uns sur lot autres ; qu'étaient
«leveaoB les dynasties et les blasons de Lorraine et de Thuringe! Et
le»'papes demeuraient encore dons la basilique de Saint-Pierre,, les
vlwîe de la croyaBoe ; l'-enoeiu s'élevait à longs tourbillons, el- des
les mîmes ^srds que je luipoile pour le spirituel, et qu'elle cc^er* des mcntgt-
rofiits jtnitiles eriTers les bcréiiques ennemis de l'ÉgliM et enTers des pvlsssnm
tfUf ne pcovenl Ini f^lrv ancun bien. Voire silntelé est smneraim de HonK', mth
j'en sols l'emperenr. Tous mes enaernis doivent ^treies siens. Il n'est dolM |ns
cmyenable qu'oucun ssent du roi de Sardaigne, aucun Anglais, BUsse ni Snédeis.
rMide t'Romeou dans vnsËlalS, ni qu'aucun bltiflieotapparletianVàcespalsEMiK'
«dire dans \0B parts. Comme chef de notre religion, j'aurai toujours pour V.S. Ii
déftTeneefiliateqneje lui ni montrée dans toutes lescircoMtaBces; mais je sais
comptable enveis Dieu qui' a bien voulu se scrvii de mon bras pour rétablir I*
religion : et comment ptiis-Je, sans gémir, la voir compromise par les lenteurs de la
cour de Rome, oii l'on ne finit rien, oh, petir des intérêts mondains, de ysioM préro-
gHfTes delatiatf, on laisse périr les âmes, le vrai rondement de la religionf Ilsen
répoadront deraniDIen, (M»(ioiJaBsentrAlltmBgDedaD»l'aniiichi6i ilsenrépon-
diônt devant Dieu, eeuiqulomtent lantdez^à protéger des ntriagee pntatMi!:,
ct'vealent m 'obliger i lier ma (tmillé avec des princes prottMaDtsjits eu répendtoat
donni Dieu, ceui qui i«lardeiit l'eipédilion des bulles de mes érAques elqtti liTtent
tneS' diocèses à l'atiarctile. Il faut sii mets povrqnelevért^tnB pulsscst entrer e»
«lAreice, et cela peut être ntit en huit jours. Quant eoi afltires d'Italie, j*aMont bit
poOrles évéques, j'ai consolidé les inlMts de l'Église; jen'al touché en rien an
spirituel; ce que j'ai fait à Uilan, je le ferai il Naplcs, et partout, où mon pouvoir
s'étendra je ne refuse pas d'accepter le concours d'hommes doués d'un vrai zélé pour
laMigion, etdem'eotendreavec eui;'maissiè Rome on passe IffijournéesàneTini
fain eidaos une coupable inertie, poisqUe Dieu m'a commis après dé si grands bos-
ieretsemonts pour veiller au malntiea de la religion , je ne pais devenir, iri ne puis
rester indiffèrent à tant ce qui peut nuire au bien et au salut de mes peuples. Tr^ -
sabft-père, je sais que T. 8; veut ce blerr; mats elle est environnée d'kommes qnl w
le veulent pas, qui ont de mauvais principes, et qui, an lien de travaUlér dans ns
moments critiques à remédier aux maux qui'sc sont ïnlrodnits, ne Itsvnillent qn'à
les a^raver. Si V. S. voulait se souienir de ce que je lui ai dit à Paris, la retlgion*
l'AUemagne serait organisée, et non dans le mauvais état ob rile est. Bans («pan
et en Italie, tmit se seralt'fait de concert avec T. S. et convenablement. Usis jeM
puis laisser languir un an ce qui doit être fait dans quinze jours. Ce n'est pos m
donnant que^'aiporlèsi baut l'état ducleigé, la publicité dii culte, et rèorpn^lt
religion en France, de telle sortequ'il n'est pasdepajsoùellefïsse tant de bien, nii
elle soit plus respectée, etob ellejouissedepliisde considémllDH.Cetnqiilparlbitl
V. 3. un autre langage, la ttompeni el sont sei ennemis; ils ttUreront'des-mslbnrs
qitl flniront par leur être funestes.
» Sut ce, je prie Dieu, très-saint-père , etc.
■ Voire dévot Bis,
» NwTCiémr:
•■Paii»,» lévrier 1806. >
DiclzedbyGoOglC
L'HHWEEtlR BT Ul VAVE. 151
millieis d'bonuoes restaient agenouillés sur les dalles de la plice d«
Saint-Pierre lorsque le pontife, vàtu de lin, jetait sa bénédiction auk
flots de peuple. U j avait ici un caractère de perpétuité iudépendant
des Ages et des gëaéraUoos.
Pie VU aA/ait témoigné une douce et. reconnaissante piété pour
Napoléon ; ne l'avait-il pas couronné à Paris dans la cathédrale de
Notre-Dame, lui vieillard aux cheveux blancs? Pouvait-il faire moins
pour le génie puissant qui avait relevé les autels et grandi le sentiment
moral de la natioo ? Lorsqu'il quitta Paris, Pie VU fut accueilli À
Rome avec cet enthousiasme des populations transtéverïnes ; on détela
la voiture du saint-père ; les acclamations- vinrent de tous c6té( glorl-
tier cette tête vénérable ; la multitude accourait baiser ses pieds ; et
lui, toujours si doux, reoterciait ce peuple qui remplissait le Corso,
la place du Vatican et le Monte-Cavallo. Le pape ne se tenait plus
de joie de revoir sa capitale chérie, il avait trouvé en France des
témoignages de piété ; mais Bome était sa ville bien-aimée, le Tibre
son fleuve de prédilection ; le chAteau Saint-Ange avec sa tour ronde
laissait Qotter le drapeau pontifical blanc comme l'aube des prêtres,
avec les clefs de saint Pierre et la tiare des pontifes. Pie VU aurait
tout donné pour Bome, la ville desarts qu'il aimait, la sainte capitale
(Uui avait vu son eialtation.
Pie VU vint habiter le Moute-Cavallo, et à peine entré dan» son
cabinet il écrivit une lettre de reconnaissance à son très-cher fila
Napoléon, « pour le remercier de l'accueil que la France lui avait
fait. » Son langage était doux, persuasif; il lui parlait des iotéréta
de la religion dans son empire et son royaume d'Italie : « Beaucoup
de choses restaieut à faire; il suppliait le souverain que Dieu avait
donné à la France de protéger la sainte religion qui faisait le bien des
peuples et des sujets ; ainsi avaient parlé les Anastase et les Adrien
aux empereurs Constantin et Chorlemagne, > comparaison qui flattait
ai vivement l'orgueil de Napoléon. Cette correspondance» presque
toujours autographe, était dirigée par le cardinal Goazalvi, secrétaire
d'État, esprit distingué, un des hommes le plus justement f^préciés
par M. de Talleyrand ; le cardinal Gonzalvi avait fait une étude pro-
fonde de la papauté, de ce caractère de perpétuité qui la sépare des
institutions humaines ; le cardinal professait le principe de l'école
catholique, à savoir : que le pape n'étant cpi'usufruitier, ne peut rieo
céder, rien donner ; comme il régit le patrimoine de rËglise» il doit
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152 Uym BKTBB U PCISSAMCE HATÉBIKLLB BT IIOIUE.
le rendre intact à son niccesseur; de ]h résulte comme consfqneDce
i|ue si Borne subit la violence, elle proteste incessamment; si ud
pape cède une terre, ane possession, une prérogative, son saccesseor
recouvre ce que la faiblesse a donné ; immense force que ce prindpe \
rien n'est puissant comme l'idée de perpétuité A cdté des s^stimei
mobiles qu'agitent les passions humaines ; le gouvernement de Rome
est admirablement constitué ; le pape est l'élu du collège des cardi-
naux ; ce collège est pris dans tous les ordres, pauvres comme riches;
le pape n'a ni famille ni intérêts ; la liberté la plus absolue règne dans
ses États ; l'infortune s'y réfugie, les souverains tombés y trouvent
un asile ; oo y voyait alors, à cAté du dernier des Stuarts, le cardinal
d'York, dans sa villa de Frascati aui fratches cascodes, Lucioi Bona-
parte cbercbaot un abri dans les États de Rome, contre les peisècu-
lions d'un frère revêtu de la puissance impériale; les dynasties dou-
relles comme les anciennes avaient leurs proscrits, et Rune leor
-senait d'asile.
Le caractère de Napoléon pouvait-il souffrir un tel ordre d'idées
pacifiques et tolérantes, en opposition avec l'énergie et l'impétoosité
de ses sentiments? Lui, l'homme impératif, pouvait-il comprendre
cette douce mansuétude ? que devait-il se passer dans son ime
emportée lorsqu'il trouvait tant de patience et de résignation^ U
aurait brisé le fer, il le cherchait, et il trouvait sans cesse le roseau
faible qui, ployant sous ses paroles, se relevait toujours après l'ou-
ragan et la tempête. La tempérance et l'humilité étaient en face de
l'ivresse de la force et de l'orgueil du pouvoir ; Napoléon estinwil
Pie VII, mais ce caractère devait lui être insupportable ; ronpereut
avait anëauti des armées, vaincu des coalitions, et il ne pouvait venir
i bout (l'un simple prêtre qui n'avait que son anneau pastoral pour
défense I Cette lutte est curieuse à voir, elle prend l'espace des dii
années brillantes de Napoléon ; elle l'use plus que .cent batdlles; ce!
deux hommes s'estimaient, le pape et l'emperenr se tendaient la main,
«Icependant ils furent amenés à agir l'un contre l'autre par des coups
d'autorité.
Telles furent les causes premières de ces différends qui rai^tdaiest
les vieilles querelles des Othon de Sonabe et des Grégoire, de I%>*
lippe le Bel (l'homme de chicane et de judicature) et de Boniface
(l'esprit universel el moral). L'empereur partait de plusieurs idéa
«D ce qui touche Rome ; toujours préoccupé de la fortune de Cbsr-
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l'bmpkbzcr et u papb. 15S
lemagne, il croyait que la puissance temporelle des papes D'élajt
qu'une concesBion de u volouté ; successeur du grand empereur '
d'Occideot, U devait régner sur Rome et les États de l'Église ' ; le
jour qu'il plairait i l'empereur de révoquer la doDstiou pourprée, il
pourrait faire cesser cette puissance temporelle; ce que Ctiarlemagoe
avait donné. Napoléon pouvait le retirer, c'était l'acte d'un succes-
' Lêltrt de Napoléon au vk»-roi , m iat» da Dmdê , I«23juiU«{ 1807.
a MoD fils, j'uTuduis Is lettre que&BMiDleté TOUS! adressée, et que cerlaine-
mentelle D'à pas écrite, j'ai vu qu'elle me menace. Croirait-elle donc que les droits
du irAac sont moins aacrès aux jeux de Dieu qat ceui de la tiare ? 1) y avait des rois
■Tint qn'il j eût des papes. Ils veulent, disent-ils , pubLer tont le mal que j'ai fait à
ItreliBiDD.Lesliiseasésl ilsDesaventpasqo'iln'f a pasuucoin du monde, en Aile-
magne, en Italie, en Pologne, oli je n'aie fait encore plus de bien à la religion que
le pape n'y Tait de mal, non par de mauvaises iolentions, mais par les conseils iras-
cililes de quelques hommes bornés qui l'entoureni. Ils veulent me dénoncer à la chré-
tienté; celte ridicule pensée ne peut appartenir qu'à une profonde ignorance du siècle-
oii nous aornincs : U j a une erreur de mille ans de date. Le pape qui se porterait i.
nDeteliedémBrchecesseraild'éirepapei mesjeui; je ne le considérais que comme
l'BDtechrist envoyé pour bouleverser le monde et faire du mal aui hommes, cl j«
remercierais Dieu de son impuissance. Si cela était ainsi, je séparerais mes peuples
de tonte comnivnion avec Rome, et j'établirais une telle police qu'on ne verrait plus
circuler ces pièces mystérieuses, ni provoquer ces réunions souterraines qui ont
Ulligé quelques parties de l'Ilalie, et qui n'avaient été imaginées que pour alarmer
les tmes timorées. Que veut fkire Pie VII eu me dénonçant à la chrétienté? Uettre
mon trAne en interdit, m'eicommunierï Pense-t-il alors que les armes tomberont
desmainsde mes soldalal Pense- l-il mettre le poignard aui mains de mes peuples
pour m'égorgCïT II ne lui resterait plus alors qu'i essayer de me hitt couper les chp-
vtuietdem'en(erfaier dans un monastère... Le pape actuel s'est donné la peine de
venir à mon couronnement é Paris. J'ai reconnu é celle démarche un saint prélat :
mais Q voulait que je lui cédasse les légations, jen'ai pu ni voulu le faire. Le pape
actncl est trop puissant; les prêtres ne sont point faitaponr gouverner... Pourquoi
le pape ne veut-il pas rendre k César ce qui est i César, et est-il sur la terre plus que
Jésn>.ChristTPeul-étre le temps n'est pas loin, si l'on veut continuer à troubler les
affaires de mes Étals , oit je ne reconnaîtrai le pape que comme évéque de Rome ,
comme égal et au même rang que les évéques de mes JËtats. Je ne craindrai pas de
réunir hs églises gallicane , italienne, allemande, polonaise , dans un concile, pour
Ikire mw affaiies sans pape... Dans le fait, ce qui peut sauver dans un paye, peut
■anter dans un autre; les droits delà tiare ne sont, au fond, que des devoirs : s'humi-
lier et prier. Je tiens ma couronne de Dieu et de mes peuples; je n'en suis rcspon-
eable qu'A Dieu et k meis peuples. Je serai toujours Charlemagne pour la cour de
Some, et jamaLs Louis le Débonnaire... Jésus-Christ n'a pas institué un pèlerinage
à Rome comme Mahomet k U Mecque. Tels sont mes sentiments, mon fiU, j'ai jugé
important de vous les faire connaître, je n'autorise plus qu'une seule lettre de voa'^
i sa sainteté, pour lui faire connaître que je ne puisconsmLr iceque lesévêques
italiens aillent chercher leur Institution à Rome.
■ HapolAok. ■
8.
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ISC LUTTB BirrBB Ut mSMNim KUNnStU ET MOKAU.
saur. Ghsrtnnagne, l'ëDneinl de Blëter le flonabaidv vmt AisffAiB-
rihlie oomiïie d'un fief; ttAnit donné Home au p^Mv^ùQ doue
La secMide peuée de Napt^èon résaltattde sm pfëoeoii{»tiaBiha-
bltMlles, de' son sjrstème- politique et oômnenial- :- l'eselosieB^ ia
Anglais de tcUfe H ptoinwle italique.. Ji voulait faire entrai- Ro»
dans ses idées, dans ses passions, comme une des provinces de sm
«n|Hre : peu tiii importait le caractère d'universalité' qui' comUtoe
râtùllsseuent pspKl; k Rome il ne pouvait y avoir<Veiclu)ieor nen
igû ttnt à un pavillon, à une idée politique, te pape n'a parde piéin-
tioa iadividueUe contre un peuple ou nn souverain ; il doit les traita'
toa»égalettwnt, il ne-peut pas eiclare cow qui Tiwnant. i> luir pfé-
fSrer nn système de gouvernement à un autre, pearra qiti'ii» seint
chrétiens; il ne peut prohiber une idée politique, eC ces principes
dtfvalâit blesser proEondéiBent lesidée»etleftpanioBs.d0raivere)ir.
Jfphls forte raison quMld il s'agissait des'penoHnea; Napaléon pré-
tendait faire la police de fiome, exclure tel réfugié, se sidsirdetel
vttm ; cm grand ^tâme de toléranca,polilique du pape. Napoléon
M le contprenait pas ; il voulait que Kome froppM eem qu'il'av^t
signalés. La cité étemelle n'était plus an asifti:
Enfin,, ce qni (neila au phis haut point les violences du sonvoatn
impétueux, ce fntlifcré^stancepanive de- Borne à- tout «e qui tonsit
nix quêtions morales et' de religion ; Napoléon n'appelait mtmrde
lui que des iiutrumeots; toute résistance était comme la digne qtii
fait UaMilir d'éconn le tovrent impétueux; quand il avait décidé
ipl'un divorce' aurait lieu, il fallatt qu'en 1er demandut an pape il
trouv&t sanction de sa volonté; or sur tous ces points db morale lé
souverain pontife étaitinflexible; les questions de dogme et de disci-
pline lui' paraissaient inattaquable»; ev ses miAtm- c'était m d^t;
gardien suprême des saints liens die la société, le pape préservait les
«iMttes rapports de l'homme et de la femme, la pureté de TuDion
<»njugale contre ces nouveaux féodaux qui ne nénageaient pas U
pauvre épouse délaissée pour une rivale plus heureuse.
Si l'on vent bien résumer toutes les difficultés qui s'élevèrent entre
Napoléon et Pie VII, il faut reconnaître que Rome défendait 1«
idées de perpétuité, de liberté, d'asile, tandis que l'orgneiHeaK em-
pereur voulait soumettre les inflexibles dogmes à des nécessités passai
^ères; il djsaitaufape : «Voici un divorce, il faut votre sanctiou
DiclzedbyGoOglC
L'SMfBBm WX UE VAPB. SES
Moarefard, sans oppoôtion ; voici taon ^Btèow politiqoe qal pnblte*
]e commerce , il faut y adhérer ; voici te! proMrît qnt biUte Tot
Etats, qu'il porte la couroime ou qu'il tratoe sa miséraU* exiiteùct,
qu'il soit moD frère ou lui franger, il Eut me le Uvrei. » Le papa
répoadait : k Que suîs-je? TJa pauvie prfttte que vous pooiEeE dé-
pooiUer, siais il oe m'est pa» permis de donoer un seul ponce de
terre, je dois les remettre intactes & mon successeur ; je m nia qua
le symbole d'une idée reli|jeuBe, votre système passera el la morale
est éternelle ; je suis le pèie dea oatioas^ je dob admettre tout ce qui
e«t chréliea; vos iotéréis, vos paasioas vous portent à répudlei nue
pauvre femme, votre politique vous commande de briser une saioto
union dans la. coucke de votre frère, moi je oe dois, ni partage! vos
idées, ni servir vos projets puremeid bamaias; vous me dites :
Livrez-moi tel proscrit parce ^'il est républicain^ roy^iste ou An>
gtais; qu'importe? il esthamme et ehrétieo, ta grande baalUqoe M
sera ouverte, les portes ne se femeitmt que poar les méchanto et les
Td fut le sens moral de la querelle de Napoléon et de Pie VII {
eUe se développe dans une longue et attentive correspendance. Déjà,
sous l'ambassade du cardinal Fesch, Napoléon avait demandé l'extra-
dition de quelques Italiens rebelles à son gouvernement, ou bien la
répreeaiOB de tum\yt«s à Roma. L»eardiMl Fesefa draunUt Ïei4>
cation sous huit joant des coopables, et ron retonaatt ir son langag*
la dictée de Napoléon *. L'ambassadeur de F^nce s'^prime imp4n'>
JIMedueamImtfartmU.
a L«-nt£kalF«seb, KinistreplétiipMcMiair«fcS. H. t'ewianvT dn Frufak,
reid'Iialie.a liMides'étoaaer qna, depeiSTa^betm«tBTir(i«,oaak'ciMUila4*H
Raii»dMmeunn»4Mitlc p«Ùi(*ctMehKitMMDt MnMM«cHiin4w]itnMBrt
partMt U cotitda ftM|MM, wo» i^d m a>il tntti par k ffouviriiMl it ■Me*'
mwlyw pu la TwawiiT publifM.
■ Le eeussigni Tepraid les dMMS d'm pca loin : il eoninh les ialMitlaw part»
flqnes im gouTemoMeal ronuia, et set propre» totététs ijnt hi «oanoMidnt d« t(»i
UraUachéè la France. Le siMMigaè, dnts sa Mt«ân OaaAtiaH, écOMMUtim
l'w inintt lous cen qui poruient la cocarde français* smu btow ee *ott, pntr
i|u'i1 prévoyait dès lors que les indvdSMits se swyJTsieiU de ce moyerpottr aUlïM*
le feu, et inetii«peut-£(re la poignard dan* 1m mains de ceux qtii sent to«)4()rspr^^
i renouveler des scènes sanglaales par l'appli du gain et de l'impuDii» 1 D'après ces
d«HBées , le soassJgnÉ se croit autorM à den«>éer si les circoustMicn du lempa ito
resscrabletit pas à celles qui ameDèrent les massacres de BosscriUc et duf^lértt
Iluphot.
■ Les conemis de la France roudraient-ib encore eeMLi«r leurs aUaclevHS nut^
:dbv Google
156 LVTTB BKTBB LA PCISSAHCB UATÉHIBUE BT MOEALB.
Uvement ; quoique revAtu de la pourpre du cardinalat, il n'en sert pas
moins la politique de son neveu. Le cardinal Fesch n'aime pas Gon-
zaKi; ses dépêches sont précises; ses rapports avec le secrétaire
d'État sont froids ; ils révèlent une véritable rivalité ; le cardinal
Fesch espérait la papauté après la mort du pontife. Napoléon écrit an
saint-père; il se plaint sans cesse; avant Austerlitz il est modéré, il n'a
pas vaincu l'Europe, il se tient dans les termes de convenance; en
respectant le caractère du saint-père, il lui répète : « Qu'il est mal
entouré ; son secrétaire d'État, le cardinal Gonzalvi, Inl parait déplo-
rablement disposé pour la France ; tous les griefs sont contre lui. s
Le cardinal Fesch est rappelé et remplacé à Rome par H. Alquier,
caractère impérieux, qui déjà s'est montré tà tranchant dans sa léga-
tion de INaples ; mais M. Alquier s'est modifié; il sait qu'il traite avec
une cour habile, on n'obtient rien d'elle par violence; il se moalre
très-respectueux pour le saint-père; ses dépèches indiquent qa'ila
apprécié avec une certaine justesse le véritable caractère de Pie VII.
« On croit généralement, dit-il, que le saint-père se laisse condaire :
c'est une erreur ; le pape est d'une douceur inaltérable, mais d'une
grande ténacité de principes; qu'on se le dise bien, il n'en cédera
pour «llnmer le Teu contra les Francis m eiciUnt le peuple et en préperuit des
iDEUTrecIiooa? Les gruidH etnbraBcmenis ont eu des commencemenU moins mir^ti^
H le soussigné connaissant, saus pouvoir en douter, que dans les p«js limitrophes
de rËiBiponlilIcal, tout se prépare, sans garder aucune mesure, à rormer des bandes
pour les diriger contre les Franfais, ne peut pas s'aveugler au point que les DtciiT-
tres de cette nuit ne lui paraissent des essais de scèléraU qui veulent sonder l'api-
tiion du peuple, pour le porter i des scènes qui se sont déji ripéiées i Rome. Sod
éminence H. le cardinil secrétaire d'État doit bien connaître qa'il se trouve des
hommes capable* de nouer de semblables intrigues, et le sous^niestconrai*cu
qu'ils eiisieni encore, et qu'ils espèrent de réussir une troisième fois avec iraptuùté.
B En consiqueDce, le soussigné demande rormellement que les coupables soient
rusillés dans la huitaine ; qu'on livre k la pins sévère punition les penoones qui ont
crié aujourd'hui contre les Fonçais, elque, si les coupables ne$« trouvent pu, les
personnes qui doivent surreiller soient eiemplaircment piuiies, et qu'on prame des
tnesuKS telles que le nom français ne soit plus exposé i des outrages. Les cireoD-
siances actuelles n'admettent plus la raison d'ignorance dans ceux qui gouvcineait ,
«t il n'est pas pennis que dans Rome on soit tous les huit jours menacé par des bri-
gands.
» Le soussigné renouvelle è son éminmce l'assorance de sa respectueuse C)n^
aération.
■ LecftrdinalFBSCB.
» Rome, 13 septembre ISOS. •
DiclzedbyGoOgle
l'bmpbrbcr bt le pape. 157
aucun. K on le presse trop il éclatera ; qu'on ose donc de grands
ménagements, it moins de rompre absolument avec lui V »
A cette époque, pourtant, Napcdéon ordonne les mesures mili-
taires qui peuvent seconder ses idées d'agrandissenient et de con-
quête ; quelques jours avant Austerlitz, il prescrit l'occupation d' An-
cône, la clef des légations papales, sous prétexte de dérendre la
neutralité pontificale contre les Napolitains et les Anglais. Serthier
écrit h M. de Talleyrand pour en prévenir Sa Sainteté : « Il n'y a pas
d'intention de conquêtes ; c'est un mouvement militaire commandé
par les circonstances ; Ancéne sera rendue lorsque Naples sera soumis ;
le pavillon papal flottera sur les murailles conjointement avec l'aigle
de l'empire ; deux régiments occuperont AncAne. » La cour de
Rome proteste en vain, la victoire a prononcé ; quand Napoléon s'est
emparé d'une place, il ne la cède pas : ce que la force a pris, la force
le garde.
M. Alquier explique, dans une note diplomatique, les motifs de
l'occupation d'Ancéne et des marches ; il faut défendre le pape contre
les Anglais hérétiques. Puis Napoléon, dans un caprice de muniS-
cence, crée M. de Talleyrand prince de Bénévent, et Bernadotte
prince de Ponte-Gorvo ; ces terres ont toujours été revendiquées
OHDme propriétés pontificales, comme des Befs dépendants de la clef
de Saint-Pierre ; Napoléon les donne h ses officiers, il ne Uent compte
ni du droit de propriété ni du droit de souveraineté ; que lui im-
portent ces idées du juste dans la répartition des territoires? Il lui -
parait curieux de mettre M. de Talleyrand en dispute avec le~pape ;
■ W. AlqnJfT écrivail à U. do TallcTTiDiI :
■ T. A. ne p«ut avoir oublié, monMigoeur, ce que j'ii dit consummenl de la
rétistance opiDiltre dn pipe et de rimposElbilIté que je trouvais à le vaincre. On s'est
étrangement trompé sur le caractire de ce souverain, si l'on a pensé que m flexibi-
lité apparente cédait i tous les mouvemeots qu'on voulait lui imprimer. Cette nw
irièrede le juger n'est vraie que sur les objets d'administration et de détail de gou-
•ememeni , oii le pape a'en remet A la volonté de ceux qui en sont chargés ; main
dans tout ce qui tient k l'autorité du chef de l'Église, U ne s'en rapporte qu'à lui
aeol. Le pape a un caractère doux, mais très- irritable, et susceptible de déplojer une
fermetfi k toute épreuve. C'est un fait constant qu'il ne verra pas sans une satlsTac-
tion très-vlvo que sa résistance produise des changements politiques qu'il appellera
pnsécuiiOD. Comme tout les ultramontalns, il pense que les malheurs de l'Eglise,
suivant leur expression, doivent ameuer des temps plus prospires et des jouis de
triomphe, et dé> ils disent hautement : s 5t Vtrnpenur notu nnvtrt», lo» iwcm-
MUT nous reUvfni.»
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198 LDTTE ENTBB L4 PDISSÂlfCI MÂTJmiÊXJX El MOEALI.
OB ancien évoque est créé priBce d'une lé^oa eu dépit de HMt.
Pie VU proteste encore; Napoléon ne r^lKHid plu» au saiat' yJM, il le
dédaigne; lui, ai fort, 4u'«4-il besoia de B'«ccapw d'un faxmt vUA-
lanl 9BB9 armée, aras bataille k Vnett II nnàfeste toute m coHn
par le sileace ; elle s'exhale de temps à autre dai» bs tettni 91'il
éorit «u vice-roi-; il élabltt m théorie lor )• soaTffiaîmtâ da Bons :
«LuseuleBCStrempereur, le pape ea est révoque.* Teat rhinf,
tout se modtBe ; mais seloa Napeléou, il est ud droit mpracripttle
qu'il tient de son prédécesKur,. le |nnd Gharics, ck il se le oUara
pas phis qoesoB épée '.
Dans cet cicOMStauees délicBtes, Pie TU croit néeeesaire de aof-
fier le cardinal Gootalvi ; il veut mAotrer, en suivant ie ntoe ijt-
t^ne, que ce n'est pes le eardioaU luia sa couscienoe ^ Fiaapire.
Il BB faut pu que la Fiaace »'tnugtne que le saiot-pève sani ferâeti
est le jouet de quelques prélats, et, comme il le dît lui-même^ qrï
aaftunesortB da^aMoMtna que le» cardinaux font Monroirk lear
< yotificatoH ainnét aw emrékul fiwualw'ptwif. iilyri»r, IrOjwfc mt.
a MoDscigncur, S. H. l'empereur dea Français, roi d*Italie, vl«ii d'MCMdal
St lit. M. de lUtarnod, mm gimni ehtnbettaa «t aon nlobtte As-nMm «ité-
riNnft, )• tttrn <i piiiii fit rtai iteKaiTiM liiifliu tfiiMiiilMMliniiili|ilii«
r«nur^S.Eu.leiMrécl)tl(lereiiipireBeri>«lotU^ii|vJ Su M. acoaCMli lit»
de prince et duc de Ponle-Corro.
■ S. ■. avili soaTent itmsrqDé que ces dem pa]^ , enekvésim Iproyaogeie
•fll)les,ét«icMBiHqetfaabiiiMldbdiaeulUae«U««eiM«oiirctl«fl>iat-syikllql»
•'«■ Auit emparée dans pluckaci g^lttnt^>■ It'anciMDea o«uae& Ae iiiiiJiilMHi|infi
pouvaient H produire, ei S. U-, occupée de pacl&flrl'Iialie, n'a pas voulu In UliW
subsister. Borne et Napics sont les États suiquels elle prend le plus d'iotMt, ad
entre lesquels elle désire le plus de voir ^'établir laboDaeinlelligaiceetl'BKiité^
le toisioa^B da kun paestsaions leur reud habitnellement nécessaires, l» cov da
knmSTMirait si peu d'avantage de ces po»essions séparées, l'éleigocouot; reodalt
■on adminisUation si ftible, etlttreveousi étaient d'ailleurs si peu coDSidénbl»,
que le léger saciificeqa'oB lut demande sera aisément réparé par les dédommgfr-
menls que S. U- se propose de lui offrir, et qui seront beaucoup plus k la cravemc*
du Hinl-ai^. 11 est Impassible que le souverain ponlire, constamment animé dn
désir de la paii, ne douve pa» dans son cceui et dans sa baule sagesse les moliâ <ti>l
doivent lui (aire a[f rouver les dispositions de prévoyance que S. H> vient de pnndit
pour la Irasquillilé de l'Italie , et qu'eUe-méme n'a adoptées qu'avec une maturité
de réflciion qui les rend irrévocables. Je ne crois pas avoir besoin, en conséquenft,
de faire observer & V. £ic. queles détermina tioDs que la cour de Borne prendra diu
cette lOaire ioDueront oéces^airement sur la nature e( la valeiu des dédommage-
ments que S. M. sera disposée à accorder au pape, coDrarniément«usiiileotien«
qu'elle a ciprimécs dans son message au aénat. •
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L'iPHiTim BX IX SiPB. ISft
gcét. Voar giouver qee.le saiot-ptea agit pu lui-mâme, iLpreodpour
«ecrétaire d'État le cardinal CasoDi, vieillard de 74 ans, qui, certet.
nlaïuaaucua aBcandaiit;.et.4uaiidil a-désigpé ce oardioal, Pie VU
devient pbu ferme eucors '. Napoléon visite l'Italie après léoa et
TilsiU ; il est à l'apog^ de sa puissance. Venise et Milan l'ont accablé
deli&tea et-dagrandeuEs ; le souvecaio. est dans l'ivresse au milieu de
l'eoceDsqiii fume, partout à ses pieds;, qui peut lui résister?' Toujours
ce faible pràtre,. ce vieillard ; pour un vainqueur orgueilleux,, cela
nlert.pas suppaiiable.. On dit même qu'à Tilsitt il a {tris conseil de
l'autocrabo- nuse ;, cbef de la religion dans son vaste empire ,
Alexandre Ini a. dit q|ki'en.BuBsie la religion n'est jamais un embarraa;
là il n'j a gai de pi^». le cior est le pontife suprême, on n'a pas de
rqigorlaavec Bonu ;.pûuiqui)i n'en serait>il pas de même en FcauceT
NlfioUon a releva les autels, il peut se dire le protecteur et le centre
de la eelig^n, «Ile lui doit tout; e.'est. ce qu'on lui conseille; de
MiloB il peat- venir k Rome à travârs les voies de le ville éternelle, k
llmitaticHi de».César&; là il. peut se proclamer tout à la fois empereur
d'OccidentH ^ pontife de la CEOjaace politique. Quelle résistance
pourra lui f ùc. un collège de prêtres aux. cheveux blancs ?' Quelques
' Leptpc'diMftt'lf. AlqnierBusujéVdt la-ra
dHf^Inrs ^foMlfwrl'aiwhaMailMF, mwfctimafaU jjMqil'IoI Mlt.n l^'t TOItlt»
■'«■ptcMU, el& U. d:* pH cru dtxoii observer la pT«ineMes qu'elle nous • donoéw,
9i «sus cédions aujaurd'hui i ce qu'on demande en son Dom, nous n'échapperlotia
F» ani dangers duni nous Bommes mcnach Kvwtrojona-dàmiâtt kOtm ptMlmi-
lAtide S-. se, et dus ptusteuispltee» elBdtUea-,.qii(Di)'M doh» ngvdtra- plbt-
inuMi aouTenln , si nous n'accédons au BT^iime fêderatif , eb bL nous M coDHDtou*
pu 1 ttn compris dans l'enclave de l'empire. Un inculpe i torl le cardinal QouulTI j
il parait qu'on croit à Paria que nous avons la ftibleaee d« nom IkÉKvrdirlgwpir
M volboté, et que nom ne sommes qu'un mi /ïmuvaina. Ww»<hit'dtMwtâ*B ' m
■■iiiMiiui. etBotn of^mon na vatitn p«..IoBs.les points inajjjoriauia de dos KuI*
MDt ancccssivement occupes par les troupes de l'empereur, que noas oe ponven
plus faire subsister même en mettant de nuuveaui impAts. IfousTous prérepwiaqag
M DU veut s'emparer de Home, nous refuserons l'entrée du château Stainl-Anso. Koua
M ttnBa aucune i^lstaoee, mais vos soldat* d«woM iwiaw lae puitts i coitpi d«
caoon. L'Europe venv comniQ mt noua traite ; et iMW«uf«B*.d« mku prouvé (^
nons avons agi canformémeat k notre lioaMur ut à naire aouMiMM.. SI m iMus 4W
lavie, la tombe noue hononmi.et nous serons justiBéaui f«wi>d« IHau MdMula
mémoire des homnira. s M. Alquier ajoutait ; « Celt« lépoÎMe t été bU* du (00 1«
{dos ferme et avec un mélsnfe de résignation rdigionse et d'un» vaniti proftind^
meni blessée. Je crois pouvoir usurtr que l'opiniitnté dnpkpa est déMiâiiB lavtai*
cible.*
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160 LDTTB BKTBB LA PDISSANCB HATÉBIBtXB ET MOUU.'
grenadiers de sa garde feront frissonner la populaUon trtiiité-
verine.
Tandis qu'il s'abandonne à ces fières idées, l'opposition du sùDt-
siége k ses desseins continue avec plus de fermeté ; le pape u'i p«
voulu prononcer le divorce de JérAme, il a refusé de livrer Lncira,
il le protège comme proscrit politique ; la famille du cardioal God-
xaivi est prête à s'unir avec le frère de Napoléon ; cela irrite l'empe-
reur, il ne peut obtenir tes résultats que sa politique lui désigne, il
ne peut vaincre l'obstacle du plus chétif des rois. Une ré^sUnce
s'organise dans les ports de la légation contre le système continental;
Napoléon vient de rendre le décret de Milan, le pape doit fennn
sur-le-champ ses Étals aux Anglais ; Ancdne est aux mains des géné-
raux de France ; mais Civita-Vecc^a avec son bon port, Ostie à
l'embouchure du Tibre, sont encore ouvertes au commerce britao-
nique ; l'empereur veut que l'Italie entière obéisse à son tmpobioD.
Civita-Yecchia est un lieu de dépdt pour toute l'Italie ; le les neotra
peuvent se mettre à couvert, la contrebande peut s'accomplir sans
opposition ; peut-il y avoir un coin de terre qui échappe à la soDve-
raineté de l'empereur? Naples, la Toscane, tout lui obéit ; et poor^
quoi GiviUi-Veccbia servirait-elle de dëpàt aux marchandises tn-
glaisest Le pape répond : o Que l'empereur lui demande la ruine de
ses sujets, l'anéantissement de l'industrie ; il est neutre, et l'Earope
entière a reconnu sa neutralité. Sans doute les Français peavent
s'^nparer par la force de toutes ses possessions; il n'a pas la pos^bi-
lité de résistance; une armée peut en quelques jours de marche con-
quérir ses Etats, il le sait; mais s'il le faut, il se retirera dans un coÎd
de terre, même dans les catacombes, comme les premiers cfarétieni;
tout cela ne {HDuverait qu'une chose, c'est que la (otce aurait triom-
phé * ; le pape protesterait en face de l'Europe, et il trourerait appui
moral dans tous les cœurs et les esprits, a
' « A. cette époque, il s'^lcTB oii noaveau difftreii4. Le prince Cimillc Borghè»,
cédint i UD besoin d'iifent on ans coltidlations de son beau-frère qui équiTdùnt
à des ordres, lu! avait Tendu les objets d'ari de U tIIU Boifhèse, qni fonnaicsiiu
des plus beaux omcmenls de Rome, aui portes de laqueDe cette magniAiiie tUI*
est située. Au mois de norembre ISOT, l'ordre de Napoléon, d'enlever tous ta tatùtr
ments, irriTi i Home. La traosaction que le prince Bo^jfaèse avait conclue ftait SU-
gale, sous un double rapport : les objets THidas ne fonnaleot pas sa propriéli;
c'était un fidéiconunis de famille dont il ne pouvait disposer . Une loi défend la sortit
des ]Ëial8 du pape de logs les monumenta de l'antiquité ; et, quoiqu'on l'cAt loaTttf
îdbyGoOgIc
L'BHPBBBOm ET LE 9AVB. ]6i
De leïXet protestations da souveraÏD pontife ne foat qu'aigrir l'im-
périeux souverain de la France, il paraît décidé k s'emparer des États
romains ; c'est une pensée à lui trës-arrètée : aoas prétexte qu'on
refuse de fermer les ports aux Anglais, il veut réunir & son onpire
Rome, son cirque, son Capitole ; 15,000 hommes sont déjà dans les
marches d'AncAne, Givita-Vecchia est occupée, les rerenus perçus au
pi-ofitdela France; les généraux font la police comme dans les villes
conquises ; diaque jour des plaintes viennent au pape sur les exigences
de ces hommes de guerre qui , semblables aux Allemands sensuels
du xn* siècle, opprimaient les Italiens et les clercs de Lombardie.
Un jour on saisit le consul anglais, le lendemain on arrête les voyageurs
de cette aristoo^tie bretonne qui parcourt incessamment l'Italie, sa
terre de prédilection. On ne reconnaît plus de cargaison neutre ; tl
éludée h l'tid« de dispenses, les pertes que Bome avait HnBertes en ce genre ptr !■
paii de Tolcntlno traient engagé le geaTernemeiit à tenir la main A ton eKécullon.
Cependant on arail plaej des gardiens ftancais i l'entrée de la villa pour prol^et
l'enlèi émeut des marbres. Le saini-pére réclama contre celle atteinte en tliMot
adresser la lettre que l'on va lire, par le cardinal Casoni, tut cardinani Caprira et
de Ba jane i Paria.
» Des appailcments du Qnirinal , le 14 novembre 1807.
s II 7 a trois jours qu'on vil paraître subitement deui commissaires français. lia
se portèrent à la villa Borghèse, inventorièrent et visitèrent toutes les statues an-
tiques, tous les bas-relleb niitant eu cette maison, disant qu'ils avaient tté vendua
au gouvernement français. Douze gardiens j furent placés, et l'on dit que l'ordre a
été donné d'emballer tous les objets d'art et de les envoyer jk Paris. Tout cela s'est
fait sans qu'on en ait préalablement averti le gouvernement qui, tous les jours,
reçoit quelque nouvel outrage, et les reçoit dans le moment où il est en droit de s'y
attendre le moins. La ville de Home, regardée par toute la terre comme le siège des
beaus-ans, après avoir été dépouillée des plus rares monuments de l'aotiquilé, Ee
voilavecpeineprivéeencore, par la force, de ces restes qui lui servaient d'ornement,
etconlrilinalcntà l'instmctlon de ceux qui cultivent les arts. 9a sainteté voit avec la
plus vive douleur qu'à la perte de ces monuments ou joigne le mépris de toutes tes
convenances et de tous les égards. Sans la pauvreté de chefs-d'œuvre i laquelle
Borne avait été réduite par des événements déplorables, une loi avait renouvelé la
défense d'exporter les monuments. Celte loi a été généralement observée par tout le
monde, et le saint-pire s'est vu dans le cas de refuser des permissions d'eiporlaiion
à la Russie, k l'Autriche, i l'Espagne. La France, plus riche que toute autre nation
en objets de ce genre, qui, pendant quelque temps, faisaienl la gloire de Bome, est
enlièremant Insensible k l'avilissement de cette ville qui, certainement, n'est pas
une ville ennemie... Elle vent enlever de force ces objets d'un sol où les arts sont
indigènes; die eiéeutc ce dessein an mépris des lois et sans égard pour le aouveralD.
Le saint.pire, justement irrité, enjoint k TV. EE. de s'en plaindre, en son nom, k la
inslice du gouvemcmcai Drantais, en le prianl qu'il permette que tes lois aient leur
effets
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102 LCTTE EKTBE Li. POISSAHCE UATJÛUSLLE ET HOBALB.
n'y a plus ni privilège de souverain y oi dnapeau ponlificaL; le pq>e
écrit de nombreuses lettres à Napoléoe et au vice-roi , on ne lui is^oâd
plus ' ; de teii4)S à autre, H. Aiquier vient juslîGer dang uac \aafgm
douce et mesurée la conduite des généraux français , il dit : a €e
système passager cessera aux premiers et inévitables turaageiQeBtc
avec le pape ; il faut négocier pour se réunir franchement h xn
HjsIÂme. »
L'Nupereur désirait alors sérieusement s'occuper &s& afiak»» de
Kome ; la guerre était terminée » la coalition dissoute ; le cardlnd
Gapraia, légat à lo/ere auprès de Napoléon, était sans pouvoirs pour
traiter. A ce moment aussi, M. de Tallejrand cédait le porteEeoille A
M. de Champagny, si souple de volonté sous la grande pensée ; l'^n-
pereur lui ordonna de suivre les afioires avec Biune et d'en finir sur-le-
champ. M. de Champagny écrivit au cardinal Casoni, secrétaire
(l'État, l'invitant à désigner un cardinal revêtu des plein» poHVoin du
uint-père, et qui pût terminer les diSérends dusaint-siége. La lettn»
de M. de Champagny sont dures et pleines de prétentions extraor-
dinaires. Pie VU, qu'un indicible attachement pour IVapoléon domine
' /.«(Ira du papi mdrtuia, U 11 M^anteaian, àJjaftUan,
1 Quoique T. U. ail laL^sé sans réponse quelqu»-unfa de DOileUres.néuiiBobHk
nous entreprenons de lui écrire encore une fois. Nous n'svens pu eppicndte sus
(leioe, par noire cardinal légat, que V. M. croit que notrecœur lui est aliéoi, ei qa«
nous nous opposons, par la seule enTie de la contrarier, ^ ce qu'elle désire de DOvs.
1 Majesté I Dieu nous est témoin ; il sait que nous ue meotoQs jamais. Ce ii'ot
pas l'envie de la coolredire, c'est le senlimeol de nos devoirs qui nou« a foreé i»
nous refuser k quelques-unes de ses demudes.
« BicD ne nous est plus agréable que de seconder ses vieux de tout oolre pouTotr.
» Nous lui ea dounoos uae preuve par notre condescendance ï lui envoyer le car>
dinaJ de Bajane que nous ferona partir au premier iovr.Houso^iéianeqtM es digH
Ktijet dissipera dans l'ime de V. U. tout doute sur notre constante et loyale «fftc-
lioD, et que noire «eui sera retnpU de joie en appretianl que, par soa mcjenetcdiii
de notre cardinal- légat, tous les différends existant ont été aplanis.
B Le bruit s'est répandu que V. M. pensait venir dans ce paja : ainsi, à la salis-
rsctionque nous éprouverons parVartangcmenl tant désiré, ^e joindrait encorecells
de recevoir V. H. Dans ce cas, nous ne céderons k perscone l'iiouncvr de TMOTOir
un haie si illustre : notre droit i cette piéréreuce ne saurait être contesté I Le priais
du Vatican, que nous ferons arraogei pour le mieui, seradestinéi recevoir V. IL et
H suite. Toutes las affaires ayant été conciliées k Paris, nous pourrons , i Benw,
travailler à faire jouir la religion catholique, dont V. U. doit être U défenseur, de
tous les biens qu'elle lui a promis. Qu'en attendant V. M. soit persuadée d« nom
affection constanle en gage de laquelle nous lui donnons, avec toute raflcetioti da
noire cœut, la bénédiclion apostolique. • PiCS , PP. TU. s
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l'ehpekeci et lb pape. 109.
toujours, accepte les propositions de M. de ChampBgny et charge de
ses pleins pouvoirs un des cardinaux les plus agréables à la France,
M. deBayane.
Français d'origine, M. de Bayane avait été créé auditeur de rota
pour la France , sous Louis XVt , poste qui mène au cardinalat ; il
fut appelé à toute la confiance de Pie YII, par son érudition, sa
science et une douceur de caractère évangélique ; AL de Bayane
«levait plaire à Napoléon ; il fut accepté par JIS. de Cltampagny ; et,
se dirigeant vers la France, comme au vieux temps de M. d'Ossat, le
cardinal habita l'archevêché de Paris. Napoléon l'accueillit bien ;
o Voyez, lui dit-il, M. de Champaguy ; il faut en flair, car ces sortes
d'affaires me pèsent, a Au mois de novembre les conFérences s'ou-
vrirent ; l'empereur demeura dans toute l'exigence de son système ;
il voulait bien admettre la souveraineté du pape , mais à condition
qu'il entrerait dans ses idées. La correspondance du cardinal de
Bayane avec Pie VII révèle « l'indicible cliagrin qu'il éprouve de fulre
connattre les conditions qu'impose Napoléon '. » L'empereur veut
' Prt}*t du traili enmn/é de Parii par U «anUnol d» Bayant,
« Ce saiDl-sl^c s'oblige i Mn caase cammno< avec m imjisti et à réanir Sf%
fortet At iMTB et de dut à crilts de m majeatèdsot- toutes leifueme qu'elh aat%
i soutenir ctmire les iufidtles et les Anglua. &. H. s'oblige k dcfeadre les ËliU dtt.
saint-siège doos toutes les guerres contre les iafidèlts et les Anglaii, et s'engage k
faire respecter par les Barbamques le pavillon de sa sainteté, et i garantir Br»riiiU
de teuts incursions, trois mois après le rèLablitsctnent de la paii matltinw,
» Dans taules les guerres avec 1 Angleterre, le saintn^iége e'oMIge i ttttatt ut
ports aui bilimeuls cl au commerce de cette puiâsaacc. et à ne permettre i aucun
Anglais d'entrer et de résider en ses Étals ; enQn à confler aux troupes de S. U. U
garde des ports d'Anedae, O&lie et Civila-Yecchia.
» Le saint- siège s'oblige i recevoir à Aucàna 2,0D0 homnie» de IroufMftvDfiiMti
et à se charger de leur entrelien.
u Toutes autres troupes de S. M. stationnées dans les États du saÎDMi^, ou qui
dnroDt les traverser, recevront lenr entretien de sa majesté.
D Sa sainteté reconnaît le roi de N<iples, Joseph Napoléon ; le roi de HolUndo,
Louis-NaRoléoD et le roi de Westphal.c, Jérdme ?lapblèon ; elle reconnaît S. À. I. la
grand-duc db Berg, et LL. AA. I. et S. les piinces de Lucques et de Plombino, EUa
reconnaît tous les arrangements faits par sa majesté en Allemagne.
■ Sa saiulelé renonce h toutes les prélenllons, ainsi qu'k toutes les prolestallOM
contraires aux droits de S. M. le roi de flapies, à sa pleine et entiftre souTeraiDsté cl
n la dignité de sa couronne. Cette même renoociaiion s'étend aui principautts al
BUi souverainetés de Béaévent et de Ponte-Corvo , érigées eu grands Sttt d(
l'empire.
■ Le nombre des cardioaui de l'empire (tançais sera porté au tiers du nombiQ
total des membres du sacré coll^. Seront considérés comme cardinaux Itan^ait
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IM Lum KHims u pdisurcb uàTkaatLE et moêmm.
d'abord que le pape s'oblige à fenner immédiateiDHit tous ses porte
aux Anglais, et cela sani exception, même poar les neutres ; le décret
de Beriin sera exécuté dans toute sa rigueur. À cet effet, les ports
d'Ancéoe, d'Ostieet de Gvita-Veccfaia serwit codO^ aux troupes
françaises ; aucun Anglais ne pourra entrer sur le territoire ponti-
fical ; le pape doit reconnaître tous les frères de l'empereur, même
Joseph, rm k Na|des, sans exiger jamais les droits de baquenée et de
pallium, puis sanctionner tous les arrangements faits en Italie et en
Allemagne. Le pape devait renoncer également à toute souveraineté
sur Bénévent, Ponte-Corvo, et rentrer, pour la puissance temporelle,
dans le système fédératif de Napoléon. Enfin, et pour qu'à tout jamais
l'élection du pope se fit sous l'influence presque exclusive de r«npe-
reur, il serait convenu que le tien des cardinaux serait pris parmi les
sujets français, qui tous auraient le droit plein et entier d'assister an
conclave. Cette dernière clause était destinée h assurer la papauté au
cardinal Fesch.
Pie VII reçut avec douleur cette dépêche du cardinal de Bayane ;
il ne pouvait pas accepter le traité que lui proposait Napoléon, sans
abdiquer sa souveraineté. Retiré dans le palais du Quirinal , le saint-
père ne sortait plus que rarement, et le peuple ardent de Rome l'ai-
tourait d'une muette douleur. Partout, dans les légations pontificales,
Toccupation française devenait violente ; les attentats se multipliaient ;
on ne respectait ni la propriété, ni les personnes ; les régim^ts de
marche s'étendant sur le territoire, les troupes s'emparaient des posi-
tions les plus dominantes afin d'accomplir plus facilement la spoliation
du saiiit-siége. Tel étaillesystèmequeparaissaitadopter Napoléon pour
tous les États du continent; il allait l'onployer en Espagne, il l'es-
sayait sur le sainl-siëge ; les craintes étaient vives à Rome, les car-
dinaux entouraient le pape , et l'on voyait dans les larges galeries du
ceux qui soDt net daoi les ci-devint Étals de Piémonl, de Panne et deGdDcs. la
eardinaui Iratic*!* ne poarronl, dans aucoo cas, tUe privés du droit d'usisler an
consistoire ; il n'y aura entre eut et les cirdinani italiens aucune distinction.
B Le coDCordat établi pour l< royaume d'Italie, recevra son ciécutiDD dans l'iD-
cien Ëtat de Venise, et dans tous les États de LL. AA. I. et S. les princes de Lurqna
M de Piombino. Aucun de* évèques d'Italie ne sen obligé d'aller à Rome pour se
bire consacrer.
a II srrainnnédlalementBégoeié eteoncluà Paris un concordat entre sa majesiè
Et le saÎQt-siégc pour tous les États d'Allemagne compris dans la confédération
daUiia.
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L'BIfPSKBm ET tB PAPI. 165
Quiriiul nne longue file de vieillards autour d'un antre vieillard fêta
de blanc, tin courrier venait d'arrÎTer et annonçait qu'une forte divi-
sion d'infanterie et de cavalerie s'avançait vers Rome sous te général
Miollis, militaire décidé, exécuteur aveugle des ordres de Napoléon,
Que venait-il faire? Lea paysans, les eontadiiii aux chapeaux larges et
pointus, avaient quitté leurs champs pour accourir sous les portiques
des palais de Rome, ils annonçaient que ces troupes venaient occuper
la ville sainte au nom de l'empereur des Français.
En face de tels actes, Pie VII ne pouvait rester paisible ; le car-
dinal Casoni adressa une note très-vive à H. Alquier; à mesure que
le danger devenait plus pressant , la parole du pape prenait aussi un
accent plus mftle. Ainsi agissent les puissances morales, par contraste
avec les puissances matérielles : dans le danger, ce qui tient au droit
devient fier , ce qui tient à la force devient faible ; alors le juste est
hautain, car il porte sa tête jusqu'aux cienx. Dès ce moment. Pie VII
ne dissimule pas qu'il pourra se servir des armes spirituelles contre
celui qu'il a aimé de toutes ses entrailles pontificales ; il sait que des
troupes vont envahir Rome, une division s'avance avec de l'artillerie
et de la cavalerie. Que vient faire le général Miollis? Va-t-on ren-
verser le souverain légitime? H. Alquier se hftte de répondre an secré-
taire d'Ëlat : « Si le général Miollis vient h Rome, c'est quesa division
demande passage comme à un allié * ; les troupes vont h Naples, elles
> BiU*t dt M. Alquitr au cardinal Caioni, U %j(mvUr 190S.
a HoaBelgnmr, j'ti l'hoDoeur de transmetire à T. im, copie de l'itlnérBLre que
auiTTODt deux colonnes de iroupes composées de 6,000 bommes, qui doiTcot inces-
samiDent trirerser Yitat romiin. M. le génial Miollis, en m'envoyant «on ordre dr
mirclie, m'assare que les troupe» dant leur puuge par les différentes eommanea de
l'6ut TORiain, cODseTTerool le meîllear ordre possible, et !■ réputation deU.Ic
fénéral Miollis est il nniTersrilemcBi connue, que je ne crains pis, monieigDcur In
cardinal, de ne rendre garant de l'obserralion de» promesse.
■ J'ai l'bonneuT de renouveler k V. Ëm. les assurances de ma respectueuse con-
&idéralia;i. ■ ÀLocm. •
llùtirairt d* la pmnt^ eolonti», parla d'Ànetn*, loui l«i ordre» du ^niral
Dutntii, forte dt 4,000 hommM.
Janvier 28 à Spolttlo. — 39 i Terni. — 30 à HonglUno. — 31 i Nefii. — Fémrr
i" k Bacceno. — Si Ponte-Molle. — 3 séjour. — 4 i Albano. — Si Velictri. — « à
SermonelB. — 1 i Pipemo. — 8 séjour 1 TerrtrJiM, oit elle recevra de nouvraui
ordres de S. M. le roi deNaples.
Itinéraire dt (a deuxiénu colonn«, partit dt Flortiui laut (m ordiM du gtnéral
Hrrbin, forte de 3,000 hommet (I MO chevaux.
JanvicrSSà Siltgno, — 39 à Spoletlo. — 30 à Narnl. — 31 k Ciiiia-Castellana. —
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1A6 ItTTB BimS LA POISSANCB UATÉRIBLLE ET MORALE.
traversent les Étals pontificaux comme amies , elles ne resteront à
Rome que pour se reposer , leur itinéraire est fixé ; l'ambassadenr
le hftte de rassurer au secrétaire d'État. M. Alquier demande une
audience au pape , et on l'accorde sur-le-champ ; le saint-père lui
parle un langage si Terme, si froid, qu'en rentrant à l'ambassade.
M. Alquier écrit une lettre inquiète, soucieuse, humble même : • Il
voit qu'il a perdu la confiance du saint-père ; il n'a point mérité cette
disgrAca ; qu'il daigne donc lui rendre ses bénédictions * . m Le papp
garde le silence sur la question générale et politique, il reste plein de
grAce personnelle pour M. Alquier.
Pendant ce temps, des fanfares de cavalerie se 'faisaient entendrr
lur la jAa(x du Peuple ; la muMque jouait : La victoire eat à noui au
TéTfier i •• i Bcllino. — 2 séjour. — 3 i Podic-HoMc. — ik Albano. — Si Tellctii.
~ 8 à SemimM*. — 7 séjour k ripcrao. — Si TchmCd», oAieUe recena d«-*M-
V«n Mdm de B.«. le Mi deNaplM.
■ IMIn iê m. Âl^Ur aamku firt.
m Bome, le l" fémerisn.
• TVès-s4lDt-pèTC, j'èproavelf'bes^bd'npriBwr iT. 6. ladoaleurprttfoBdequ
M'a Mwit l'iccMfU li «untrdiaait» «mJ'u ncu'd'tUe du» nw dwniire •odHMr.
J'«lledioUdepeBi«r,lTèf-Mia(-^ir«,qBejea'aipoint mirilé d« perdre icstint.
U hoali , ei i'Merai mtiM dira la confiiAce doni T. S. m'a dooaé ai souvent des
ptCQTM qui m'honorent 'Ct qui aonl la récompense ta plus cMre Ve m» camluilt
toujours fraocbe et ouverte. J'ai (m juger asseï de la sensibililé de votre cœur, trif-
Hlnt-pire, pour eapérer ([ne lafroMeor que 'V, S. m'a Kaaotgwée ae àixifin
U«Btél,ct que je ■ecaralplupritédeananiiies pcé«àanaea.de ht— TtUtowedom
VMM m'am eambié jnaqu'i m jour. Hh coafiavce dans la haiiie nagaatr du aau-
«•nla poBtire M me <la(sae aMun doute aur'la pnidcace qui diiigna éta anke»
MlMlft auifaaaaga dw-traupaa f— taJsaaMBWttApouridwaaÉi. Catfcrtaïawt.qai
«Bqvliu ai «NUge peat-ém T.4., n'a ikn -d'aUmaDt; je itraads-Mir-Niri 4c le
imBUr. J'Mcraia ptanaettra fltw encore.
• Si, commeV-S. m'a para lecT0ire,l«Btroupeide8.''H.iI.deTCieatTaaterfes-
dutqaelqMa joaneè Rome, celte aaaaareiieMMltiqaeTfaaaRgiTeiallea'Affnrait
■UMUe «ppaieBce de danger, ni pour le présent ni pour l'aTeoIr; die «e madrak
usa eoDcilialion nlmoiDs p«aeibl»i)l iBoins facile.
• Je conjure T. S. d'ajouter roi i ee que j'ai l'bMUioiT de lui dire. J'ai de non-
VCUas auUrîsaiJoiis pour déclarer que B. M. souhaite viremeat de tenniner, par des
voies conciliantes. les.diseu3elons qui uisieni entre la Fian« et Rome, ei qu'ui
uraDgcmeat ei désirable, en resacTraDl plus étroitement que iamals les liens qw
ttnicaent depuis isnt de siècles les deux puissances, serait uue garantie nouTcTIe, H
tenes bien efficace, de la souveraineté de V. S. et de la conserration pleine et m-
Utre de ses possessiong.
» Jeaupplie V, S. de Tecevolr arec bonté llioiDiDage de mon tris-profond respect.
a Sifné: AMtoiu. >
îdbyGoOgIC
IBHPBREDR ET LE PAPE. Ufï
pied de la villa Borghèse; c'était l'avant-garde du général Miollis-si!
déployant aux portes de Rome. La garde pontificale fut immédiote-
ment désarmée, et quelques régiments marchèrent en toute hite au
château Saint-Ange avant qu'on eût eu le temps de baisser les ponts-
levîs; le château que couronne le grand saint Michel fut immédiate-
tnent occupé ; le commandant fles troupes papales protesta sans se
défendre. Les ordres de l'empereur furent ainsi exécutés dans toute
leur étendue ; les ponts, les lieux fortifiés furent garnis de canon ; le
général Miollîs vint s'aboucher avec M. Alqnier à l'ambassade 'fran-
çaise, en ce moment trèw)ccupée de justifier les actes accomplis par ïa
vdlonté du souverain : il fut convenu que le général IffioHis deman-
derait audience au pape pour lui présenter l'hommage de sa piété
fllhlle et lui expliquer le motif de l'occupation provisoire du chftteau
Saint-Ange ' , indispensable pour maintenir dons l'ordre ie peuple
' * BUltt di V. É. Iquier au oarMwà Cammi.
« EmineDce, M. le ginéral Uialljs désire «Toir l'honneur de rendre ses devoirs k
*. B. n prie V. Ém, de vonlofr bien prendre les ordne dn «ouveraÎD ponlib, et de
nsAire «Tvir i qadte heure S. fi. dugnara permetlre qae j'ah IlwiUMur.ileloi
..préMDter H-lefénéral.
* Je prie S. Ëtn. de recevoir te assurances de ma haute considératiOD.
> Ces Kvtitr 1808.
MponM du eorAnatSavoftl.
■ Des appariemenU du Quirinal, le 3 février 1808.
n Le eardinal secrétaire d'Ëist a retu ei mis «ons les jeui de 9. S. la note d*
'V< Ek. par hipielle elleeiprime le désir tl'avoir une tnidlenee, pour présatcr le
général Hiollis.
m V. Bic^peul bien s'jmagia«r quels aoot lea scutinieiils de surprise et de douleur
doDt le saini-père est pénétré. Plein de confiance et de candeur, après l'isaurancc
que T. Sic. lui anit donnée , par sa lettre d'hier, que la troupe n'était que passa-
gère, et n'avait pas d'intention hostile. Il ne s'attendait pas qu'elle entrerait dans la
iflle ma^ lui, désarmerait la garde de la porte du Peuple, entourerait son habita-
tion par des quartiers de soldats, et placerait de l'artiUerie braquée contre la portée
•OD palais.
s U ne croyait pas qu'on pousserait si loin les injures canireunprince sans armeN
et TiranI en psit, conlre un souverain qui n'est pas en guerre avec l'empereur dn
Français, conlre le chef de l'Éj^ise catholique.
« Humble et doux par caractère et par principes, accablé de donleur par dei trû.
teni«Dtesidnrs,ilm'a, pour donner une preuve de sa modération, chargé de répondra
qu'il recevra demain, à midi, H. le général Hiollis accompagné par T. Bic.
» Enluiadressant cette réponse, le soussigné lui réitère, etc.
• PsiLiPPE, cardinahCAsom. •
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168 LUTTE B2(TBE LA PUISSANCE MATiunXB ET MOUU.
transtévcrin ; il fallait prévenir une révoKc sanglante contre lesFnuh
çais , une répétition des Bcènes de désordre sous le général Dii]ihot,
révolte capable de c<Hnpromettre les bons rapports du gouYeniement
français avec le saint-siége.
Alors l'afllîction continuait i être profonde au Quirinal, et Pic TU
prenait dans la force de son droit une énergie peu commune. Poot
la première fois, il songeait à excommunier l'empereur des Fran^tis,
oa au moins i lui donner une admonition paternelle qai lui rapp^
lerait que la force n'était pas tout dans ce monde ; Famour in^able
qu'il portait k Napoléon, le restaurateur du culte en France, rarrtti
dans ce moment, il voulut temporiser encore. Quand le pape recul
la lettre de M. Aiquierqui demandait une audience pour legénénl
Miollis, il répondit : « Qu'il le recevrait avec tonte paternité, puce
que tous devaient approcher de lui, et qu'il ne voulait pas nStea s
bénédiction à un chrétien déposant ses hommages aux i»eds du pni-
tife. B L'audience fut donnée le soir même, et le général Miollis U
parfaitement accueilli ; le pape lui rappela en italien les vertoideson
frère, évèque consacré. Aliollis, vieux démocrate, fut étonné de
trouver des idées très-avancées dans Pie VII, pontife essentieUement
populaire ; ie pape répéta a que la république l'avait mieux traita
que l'empire, le consul que l'empereur, n Htollis sourit à cesaven;
puis, d'après les instructions de son gouvernement, il déclara qae
l'occupation ne serait que passagère et seulement destinée è prévenir
les émeutes des Transtéverins '.
' A ce moment de violeoce ei de faniUliti le pape crat Dicamire d'eaToyn W
pTOlcMalioD h tous les gonTernemeiita de l'Europe.
Noit einulair» adnui» par U tardinal Catoni aux mtnittrej éfraajen fiit
$a lamttli.
m Des apparlemenb do Qjjrioal, le S février 1SS6.
B Le cardioalsectéiaire d'État a reçu l'ordre eiprès de sa sainteté de f*iRp«flt
V. E. qac, ie 9 janvier dernier, le gouvernement rranceis a proposé i H. le ardin'-
lègat sii articles renfermant l'ultimaluin de ses prélenlions, avec la déelanlioD q«'
e[, cinq jours après l'arrivée de Ib dùpdche du l^at k Borne, le sainl-père n'a^ùl t"
annoncé k l'ambassadeur de France San adbé.'ion abwluc i ces articles, loDlebHi*'
tioD franfaife ptrlirail, et que non~çculemenl tes provinces delà Marche scnia'pt^
dues déQnitirement et k perpéluiié, mais aussi que le Férugia serait incorporé 1 1*
Toscane, la moitié de la tampaguc de Rome au royaume de Napks; enta qa'H
prendrait possession du resir des Élats du pape, et placctait une garnison i Ronw.
■ Après l'cipira lia u du délai derinqjours, lesaint^ièrercmilàM. rniubassaiM
la déclaration demandée, dernier effort de sa condescendance e( de sa lojaoïtii'
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L'EHPEHECn ET LB PAPE. 16^
Elle murmarait en effet cette multitude du Tibre, si artistique àa
fbnnes, si belle de traits, qui habite ces quartiers qu'on aime tant h
parcourir lorsqu'on visite la basilique de Saint-Pierre ; population si
curieuse à étudier : là se voient, bous les haillons, ces traits fiers qui
rappellent les souvenirs de Borne ; ces belles femmes qui ressemblent
aux cariatides de Pompeta ; ces enfants que l'on trouve maiUottés
comme l'enfant Jésus des Vierges de Raphaël ; ces hommes aux
membres forts, à la stature hautaine; ces paysans de la campagne
qui jonent aux osselets, comme les Romains dont parle Horace, dans
tes tavernes eofumées, semblables auxcouponudu Voyage àBrinde^.
Ce peuple traostéverin s'^eut facilement, le pape est pour lui commo
le symbole du consul au Fomm ; il s'arme de la faucille, du couteau ;
il jette sur ses épaules le manteau brun, le chapeau pointu, et ces.
groupes, comme dans les toiles magnifiques de Léopold Robert,
s'agitent sur la place du Peuple, au Vatican, en souvenir des comices
de Rome. L'émeute est alors terrible ; en plusieurs circonstances elle
avait éclaté avec fureur ; le peule aurait demandé le pape comme les
vieux Romains demandaient leurs tribuns.
Les précautions du général étaient donc dictées par la prudence
la plus sévère; il fallait empêcher les assassinats des Français.
M. Alquier n'était pas sans crainte, et ceci explique la mesure et !a
douceur de son langage ; il exécutait les ordres de l'empereur, mais
T miDifesU sod adhésion à ceux des tnides, quoiqae trte-oiiéreui, dans lesquels st;
canscience ne trouvait aucun obstacle, et démontTa l'impossibiLiéd'adhéreràcequt
lui éuitàéfeadu par ses obligations sacrées. U. rembassadeorn'apaB trouvé cette dé-
datation aatlsbisaiiie, quoiqu'elle renténne toutes les racllités possibles. II a dit^
dans sa note du S9, qu'il s'attend à rccetoir iocessaininent des ordres qu'il devr^
exécuter dans les Tiogl-quaire heures.
» Fidtle à ses devoirs, et prêt h souffrir les dernières eitrémités, plutâl que d'im-
priiner une lâche k sa eonseienfc, le saint-péfe voit avec une sainte résignation so-
cDDsominer tout ce dont il avait été meoacé.
> Ce matïD k treize heures et demie, les troupes fïaocaises soot entrées dans Eome,
ant désarmé la garde de li porte du Peuple, se sont mises en possession du château
SaÎDi-Ange, etsesooi présentées en nombre au portique du palais Quirinal avec huit
pièces d'artillerie.
■ Sa Sainteté remettant son sort entre las mains de Dieu, et prolestant, comme ics,
deroirs le lui prescrivent , contre toute occupation de son territoire, a ordonna an
aonsaignéd'iorormerV.K. de cet événement Ires-affligeant, a6n qu'elle puisse en
Nodre compte i son tour.
a Kn- obéiauDt aux ordres que le saint^^ lui a doonés, il renouvalle à V. K
l'aMoiancc de la considération la plus distinguée.
» PniLiPM, cardinal CisoNt. »
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170 UJTTE BNTBE LA PDISSÀNCE HATÛlUiB ET HOKUE.
svec inquiétude ; Rome ne pouvait être occupée que par une armer
de 10 â 12,000 hommes, le général Hiollis n'eu avait pas 5,000, il
temporisait ; l'étendard papal se déployait encore ; l'archange vin
Michel balançait sur le cfaAteau Saiot-Ange la couleur blanche «a
clefs pontiOcaleB; la garde noble et les Soiiaes entouraient lewHTe-
raÏD pontife, les portes étaient ferntées ; on s'admettait les be^en
de la campagne que Le soir, lorsqu'au son monotone du pipeaa tït-
gilien ils ramnaieat leun troupeaux ébbs la dté étemelle ; oi awt
f Dlerdit l'entrée à ces vigoureux conducteurs de buffles qui, la piqDe
à la main, dirigent le fougueux aninalsous les portiques en mioe.
MioUis veillAit sur Rome comme sur une ville prête à s'émouToir, li
diane é>'eill*it Le soldat dès que l'aurore puaissait sur les collines qoi
bornent l'horiaon de Borne ; le loir de nombreuses patrouilles circu-
laient dès que Les litanies se EaisMenbeDtendFC vis-Jt-vtslesmadoB«
dans leurs nidie* grillées.
Ainsi Navoléwi commençait an midi de l'Europe no systéne dr
force et de violence. A Atuterlits, à léna, & Friediand, il avait légiti-
mement conquis la victoire; l'homme puissaiit n'avait paseo besoin
de dissimulation ; il menait l'enDani de défaites en défaites, il restait
grand ; la luse pouvait être un auxiliaire, mais elle n'était pss le
mobile de ses succès; s'il trompait L'ennemi, il ne développait pas ce
Bysttoe étroit et de guet-^pens que désormais il emploie ris-i-v s le
pape et l'Espagne. Avec le souverain pontife la victoire matérieUe
n'était pas dîffidie, un régiment sufflsaitpour cela; on pouvait désu-
mer les gardes papales, s'emparer du chftteau Saint-Ange, tenir )«
pape captif, comme les infants d'EqiBgne avec Charles IV; il n'y
avait k cda. aucune gloire : c'était comme s! la maison de Hanovre sr
fût emparée du cardinal d'York, vieillard affaibli et solitaire du»
Borne ; quel bénéfice pouvait-il acquérir de toi» ces actes ? Un gW'
vemement se perd lor^u'ÎI lutte contre noe idée morale.
Napoléon se jette ici dans un faux système ; il prépare une carrièrf
de réaction contre lui, la république s'est abdiquée avec sa puissnow
de démocratie, c'est bien assez de sacrifices pour un peuple ; miinte-
nant il va plus loin : par les décrets de Berlin et de Milan, il a lù
contre lui les intérêts; l'industrie et le commerce gémissent éplorét:
en Espagne et en Allemagne il insulte aux nationalités, il brise l(s
rapports de peuples, et, changeant les démarcations naturellei. il
remanie l'œuvre de la création ; à Rome, non-seulem«it il foule b
DiclzedbyGoOglC
l'EHtERBra ET LE PAPB. 17t
faiblesse aux pieds, mais encore il met contre lui le catholicisme ; il
croit trop aax flatteries de ceux qui l'entourent, il se dit le tout-
puisant, il se rit d'être excommunia, comme si rexcommunication,
lorsqu'dle atteint la tête d'un spoliateur, n'était pas comme le glaive
de Dieu.
A ce moment donc,- IHapoléoD, qui sow le consulat s'est rendu
fort en protégeant les idées morales, commence sa décadence en
suivanf une autre carrière ; il attaque tout à ta fois la liberté da
monde, l'indépenrhnœ du genre hnmafn, la religion catholique, le
rommerceet les intérêts matériels. Là se trouve la véritable cause de
sa décadence et du succès de la coalition. Après Tilsitt, Napoléon est
à son apogée, il brflle dans sa splendeur, et à ce moment commence
son hostilité oi^eillense contre les éléments de l'ordre européen.
On ^etpKqne Is ruine da monument élevé par son géniel
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INVASION DD rO&TCGAL ET DS l'eSPAGITS.
CHAPITRE Vin.
INTUtOIf DO niTOaiL KT 01 L'UV&CHX.
Composition de l'snnée du gtniral lunot. — Instraeiions «Mixtes de Napolten. —
Marche à tnvcn l'Esptgoe. — AspMt du Portugal. — Négociaitooa de H. df
Eajneval t Liibonuc. — Pfapolion H 1b maison de Bragance. — Le prince régni
et les Anglais. — Sir Kdne; Smilh. — Blocus du Tage. — Fuite du prince régent
au Brésil. — Juoot i LiBbonoe. — Organisation du gouvernement. — Formtiioii
de l'arroie d'obserration d'Espagne. — 1"' corps, le général Dupant. — 2°, Monee;.
— 3M>uhesme.— Instructions secrètes desgénéraui.— Surprise des forteresMS.
— U. de Beaubamais i Madrid. — Mouvement naUonal en Espagne. — Insurrec-
lion d'Aranjuez. — Aspect deMadrid. — Premières mesures du système débosiT.
— Idée anglaise sur l'Amérique. — Projet de se retirer k Séviile. — Abdication de
Charies IT. — Avènement de Ferdinand rU. — La cour de Murât k Madrid.
ObI^ir I80T 1 iTrJ IBM.
L'armée française destinée h Vinvasioii de la PéDinsule se réani^
sait en toute hftte autour de Bayoune ; l'aapect n'eu était pas impo-
Mnt et martial comme celui des vieilles troupes de la grande année;
l'œil exercé pouvait voir dans ces rangs pressés d'une manière tumul-
tueuse, la mauvaise composition de ces régiments, presque tous for-
més de conscrits de la dernière levée ; on ne comptait pas quatre
vieux soldats par compagnie, même d'élite ; deux seuls régiments de
bonnes troupes ronnaieot comme le centre de ces 24,000 bcHnmes
réunis confusément par les ordres de l'empereur ; la cavalerie sur-
tout, qui se composait du quatrième escadron des dépôts, offrait des
cavaliers qui n'avaient pas quatre mois d'exercice ; l'on mit tant
d'imprévoyance dans la manière de rassembla ces trois divisioos,
que les chevaux du train d'artillerie furent achetés sur place quelques
jours avant l'entrée en campagne ; et le service de l'artillerie, confié
îdbyGoogIc
UTASIOM DD PORTUGAL ET DE l'eSPAGITE. 173
h. une eotreprise particulière , fut mis dans la mala des traitants ' .
Cependant Junot venait d'arriver au quartier général à Bayonne ;
l'empereur lui avait donné pour lieutenants des officiers d'uu mérite
distingué : le général Delatiordc, qui avait fait les campagnes de la
grande armée ; Loison et Travot, d'une grande fermeté de caractère ;
enfin le général Kellermaon, le même qui exécuta la charge de cava-
lerie si décbive à Marengo, devait commander ces quatrièmes esca-
drons formés en régiments de marche, conscrits qui se tenaient &
peine à cheval. Mais l'empereur avait commandé de marcher vite,
d'arriver à Lisbonne surtout, et Junot, si profondément dévoué à son
souverain, ne calculait rien ; quand Napoléon avait parlé, il exécu-
tait ses ordres sans murmures ; ni les montagnes escarpées, ni les
torrents impétueux, ne pouvaient l'arrêter, et ce dévouement, que
l'empereur appréciait avant toute chose, pouvait compromettre le
résultat d'une campagne, lorsque surtout il se plaçait dans un esprit
aussi peu étendu que celui de Junot.
Ces divisions passaient la Bidassoa tandis qu'on négociait i Lis-
bonne auprès du prince régent ; après le départ de Junot, les affaires
diplomatiques furent confiées à un simple chargé d'affaires, le jeune
de Bayneval, fils d'un diplomate distingué de la cour de Louis XVI,
et lui-même déjà très-avancé dans la carrière diplomatique. A un
esprit très-facile, M. de Rayneval joignait des études profondes et
l'habitude des affaires; mais avec l'empereur, il s'agissait moins d'un
■ Le général Foy en fait lui-même l'aveu, 11 dit ;
« Le corps d'oteemiion de la Gironde ne fut pas Tonné aux dépens des années
françaises d'Anemagne, de Pologne et d'Iialie. Onlecomposa de troupes rrslécs dans
l'intérienT pour la garde des cd tes de laNannaudie et de la Bretagne, savoir: les 70* et
86* tégimenis d'inraulerie, deui corps qni, n'ajant pas fait les dernières campagnes
avec l'empereur, conserteienl dans les rangs un grand nombre d'anciens miliisires;
plusieurs troisièmes bataillons où il n'y avait que de jeunes soldais, des batailloDS
suisses, et deux légions formées l'une de Piémontais, l'autre de Hanovriens. Les ba-
laillons étaient de 1,000 41,900 hommes. La cavalerie consistait en quatrièmes esca-
drons fournis parla conscription de l'année courante, et rassemblés en régiments
provisoires. Dans cette orgaalsaiion , bommes, chevaux, babils, équipements, tout
était neuf, moins les officiers, sous-offlciers et trois ou quatre cavaliers par compagnie,
les seuls qui eussent bit la guerre. Cinquante pièces d'artillerie de bataille furent
attachées an corps d'armée. Comme les batsillons do train d'artillerie étaient tous
employés au service extérieur, on eut recours, pour atteler le parc, i une entreprise
particulière t laquellelegouvemcmeDt confia des soldais, et qui se cbargea de fournir
des chevaux équipés pour entrer en campagne. ■
{Bitttnn dt la jtwrra di la Pénimule.)
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174 mvàMOK vu roBTtJGAL >T jiK x'saFiuni.
système de négocûlioas À saîvre régalièRmeot que d'une volonté k
eiécuter ; M. de Bay aeval fut chargé de notifier fomidkaHnt tu
prioce régent It volcHité de sod souver&in * ; il denwndût impéwti-
vcment que Je Portugal feraUt ses ports lu Anglaù et les expnlslt
même de (od territoire. Dans un délai trët^mité, le prince ridait
devait déclarer la guerre it la Grande-Bretagne, livrer m Sotte aos
FxaDjcais, saisir toutes les propriétés anglaises, et détruire ces te-
Uissements de vignobles de Porto qui font la lidiesK de la coidtée.
En tentant d'expulser Ferdinand de la Sicile, Nai^oléoa voulait s'ea-
parer du grenier des .Anglais ; en saisissant Porto, il s'eSbrçmt de
détruire leur vignoble ; toujours la même haine et le dévet<^ipaiiMBl
4e la même idée. U. de Rg^yneval déclarait que, Etute d'obéir k cette
note impérative. il était obligé de demander st» pasie-parts et de
quitter Lidwnne.
la Htuation de Jean VI ae trouvait trës-difflciie : espolaer les
Anglais, c'était la ruine du Portugal, et l'ablmo' aous les plus cmeUei
exigences en le privant de la vie commerciale; puis n'avait-oo pas à
oaiodre les terribles représuUes, comme oaguèce l'Angteterre en
avait usé à CopeDhague ? Toutefois., comme le prisce avait appris le
pavage de la Bidaawa par l'armée de Junot, il >e vit contraint de
prononcer l'expulsion des Anglais du Xage et d« viUn comna'ciaks
de la cAte. Un décret parut, dicté en quelque sorte pat H. de B^-
iwal lui-même ; le malboiieux don Juan y mit son scd ; la peaaéc
■ Nota remua au gouvernement portugaù par la premierucrilaire dtl^fotitm, fa:-
eant fonction* it minittre pUnipoUnIvaira da franta.
a Le Musaignt ■ reçu l'ordre de déclarer que si lu 1" Kptembre pro^in S. A. K.
k prince régent de Porlugil it'i pw mnnifnt^ Ir ilififirin rif nf nniinuiirr i l'inflMinT
anglais, en dccUrant, sans délai, la guerre i rAnglelerre, eu reoToyaol le niaislre
de S. 31. B-, en rappelant de Londres son propre ambassadeur, en an^tanl coiute
otages les Anglais établis en Portugal, e» confisquant les marcbandues ai^iMa, en
fermant ses ports au commerce aagjais, etenfin en réuniasaotses escadres aux cseadt»
des puissances continentales, S. A. B. le prince r^eat de Portugal aoa conwdéié
commeajsnt renoQcéi la cause du continent, et dans ce cas le sousHgoé aura i' ordre
de denuDder des passe-ports, et de se retirer en déclatant la guerre.
■ Le soussigné, en pesant les inotiCi de la détermioation qae la cour de Portngal
4oil prendre, dans la circonUaDce présente, se livre i l'etpénoce ^'idawéc par d«
sages consuls, elle entrera francbeineot et complètement dans le sjsième poUiïqM
qui est le plus conrorme à sa dignité ainsi qu'i ses intérêts, et qu'elle se décidera nGa
i Ikire ouvertement cause comtuiinB avec tous tesgouTcnemeats du eoniinant canite
1rs oppresseurs des mers, et l'ennemi de k uvigaiion de tous les pe^^fc*.
• Lisbonne, 12 août ISOT. > KandTai.. •
:dbv Google
IltVASIOK Dt POWTCGAt Vt DE t'ESPAGint. 175
française dominait tout entière ses actes. S'il ne tfédarait point la
guerre h la Grande-Bretagne, il adoptait an moins l'idée du système
continental * : les ports étaient fennés & l'Angleterre. A. ce moment,
paraissait dans le Tage une flotte formidable sous la conduite de sir
Sidney Smith ; TAngleterre venait d'accomplir son expédition de
Copenhague; elle avait tratné à sa suite les vingt Taisseaux de ligne
ilanoîs ; fier de ce triomphe , le ministère Percevat, Cannîng, Castle-
reagh , se hâta d'exécuter la seconde partie de son plan militaire et
maritime. Le cabinet avait eu communication des stipulations secrètes
du traité de Titsitt par tesquefles on livrait les flottes danoise et por<
tngaise à Napoléon , pour grandir sa marine ; c'était même pour
accomplir cet engagement que le ciar Alexandre avait envoyé à
Lisbonne une escadre, sous les ordres de l'amiral Siniavin, destinée à
manœnvrer de concert et à seconder la flotte de NapcJléon contre
l'Angleterre. Dans ces circonstances décisives, oàil était si important
de frapper fort, le cabinet de Londres crut indispensable de prendre
l'initiative contre le Danemarck et le Portugal ; la flotte danoise était
en son poavoir et la marine de Copenhague réduite 6 Hmpnissance :
il fallait maintenant ^emparer de la flotte portugaise, et tenir même
en dépôt la flotte russe de Taminil Siniavia'*.
• Èdit du prioM rigmt i» ftinu^a.
n Ayant tonjouTS en te plus grand Boin de conserrer i ims ttsts, penittiitia prt>
■cote gaerrc, la plus parbile nenlrallté, i cftoac dnamiiifCB nouUaqnl n rtnt.
uiest pour les sujela de cette couroime; se pouvant upcadani te eoDNrrar plut
loiTgtemps, et considérant e[i outre combien la pacification géorrale convient i Yba-
moniié, j'ai dû, pour le bien, iccfder h la cause du continent, en m'uirisMUl 4
fi. M. l'empereur des Françaia et rai d'itafie, età-S. M. C, afin decoDtrtbttflrutMt
f u'il sera en mon pouvoir à l'accéléraiion de hi paâ (éBèraie.
• A celte Bn, Il n'a plu d'ordonner que les parts de ce rojaume aeiODt., dis ce
momcnl, fermés i l'entrée des navires de la Grande-Bretagne, tant deguernqne de
eoiBffleree.
» Bonnéan palais delfiffra, le Woetobre MOT.
K Li Pbikcb, »
' Dédaralion officielle nr la mtM en état de bloeai à* l'emboitchitn du TVlft.
a Je Tais savoir par la présente, à qui il appartiendra, qu'étant notoire que les porta
duPoriugel sont ferniés au pavillon de la Grande-Bretagne, et que le ministre pléoU
polentiaire de S. H.B. près la cour de Lisbonne a quitté celle capitale, conformément
aux iustruciions remises par le soussigné vice-amiral dn pavillon bleu, commaDdaDI
rn chef, l'embouchure du Tage est dèelarée en état de blocus rigoureui. J'intbnM
par la présente le gouvernement portugais que les ordres sont donnés pour que catl^
mesure sait strictement eiécutée, tant que dureront les aqjets de mésiDtejliQenc^
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176 DtTASiOll MI POKTTGAL BT 1M l'eSPAGITI.
A cet dTet, un cooMil le réoBÎt i Wiotbor ; H. CumiDg expoM sa
Idées di[ri(Miiitiqacs,cociuDe lord Cwlera^son plan de gvene;]e
f jstème de H. Cuotog reposait nr une double pensée : < Patsqae
Napoléon allait port«- ion attentioD sur la Péniusule et en teaterli
conquête, il était indispensable que la Grande-Bretagne prti ses pré-
cautions à l'égard de la Hotte et des colonies : la flotte, <ki s'en empare'
rait, rien de {dus probable; pour cela, il fallait agir vigoureusemeDl,
et se confier au courage des marins sous le pavillon britannique ; quant
aux colonies, M. Canning avait déjà songé à leur séparatiOQ d'afecli
métropole : des agents habiles parcouraient l'Amérique du Sud, pooi
.prépara- son indépendance. Le mojen le plus facile , le plus lêgil,
était d'engager les rois de Portugal et d'Espagne à quitter leurs Êtsts
d'Europe, pour habiter les Amériques sons la protection de l'Angle-
terre : par U, on s'assurerait d'un grand débouché : des trans^Uioiii
postérieures douoeraient le monopole de l'or avec les colonies, en
échange de produits manufacturés : si l'on perdait le coctineot de
l'Europe, on aurait le continent américain, et cela remplacerait, pour
l'industrie des grands districts manufacturiers de l' Angleterre, ce qne
la France leur avait fait perdre par la conquête*. •
Cette vaste idée développée par M. Canning fut suivie de réquisi-
tion simple du plan militaire de lord Castlereagh : « Si l'ADgletme
n'uTait pas réussi dans l'appui qu'elle avait prêté aux puissuices dn
Nord, c'est que parmi ces peuples il n'; avait pas encore d'énn^e et
de passions vives ; on n'avait pas trouvé un point d'appui dans lo
populations. Il n'en était pas de même en Espagne ; on aurait derrière
soi le peuple, qui défendait son indépendance; le Portugal, avec ses
montagnes et ses torrents, comme le territoire espagnol avec ses d^
serts, présentait d'admirables moyens de défense ; les flattes aginient
sur les côtes, dans les grands fleuves, comme dans le Tagc ; Gibraltar
était un magasin formidable, on pouvait s'emparer de Saint-Sébsstiea
et de Cadix ; Majorque et Hinorque seraient une compoisation des
actuelle. liée consuls des Ëiels oeuties BTi»cront leur gouTernemcnt a t^P
«pportUD que le flcuTC cet en tltl de bloens; qu'il serail pris contre )ei Uliœ*"'*
^1 essajcriient d'j entrer toutes lea mesures d'ciécution eutori^ées pu\ai))iii^
bitioDS et par les (rtUés respcclifo entre S. M. B. et les puissences neutrN.
» Donné i bord du raisseiu rBibemia, k le heuteur du Tege le O ««^
bielMT.
• Sijn^.-W.SnJKiïSmtB.»
* BocamcDls diplomatiques.
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IKTASIOR DO rOKTDGAL BT DB L'eSPASKE. 177
sacrifices qu'on pourrait faire dans la pensée du triom^e de la cause
commune, n En conséquence de ce plan , la station maritime de sir
Sidney Smith dans le'Tage avait reçu de nombreux renforts en vais-
seaux, et en frégates ; sir Sidney Smith se trouvait là une fois encore
pour contrarier la fortune de Napoléon, comme il avait arrêté celle
du général Bonaparte à Saint- Jean-d' Acre. Lord Castlereagh demanda
que les forces militaires d'une expédition destinée k la Péninsule
fussent portées à 50,000 hommes, avec une puissante artillerie et
tout l'attirail qui suit les armées anglaises sur le continent. Tout se
disposait à Londres ; on y désignait sir Arthur Wellesley et le lieute-
nant géaéral sir Hev Dalrymple, pour leur confier cette expédition * .
Pendant ce temps , Napoléon préparait d'autres desseins ; dans sa
pensée , il avait arrêté la mine de la maison de Bragance. Si M. de
Bayneval agissait h Lisbonne avec plus de modération , s'il ne quittait
la capitale du Portugal qu'après avoir calmé les craintes de Jean IV,
l'empereur déclarait par un simple décret : a Que la maison de Bra-
gance avait cessé de régner. » On parlait de la conquête du Portugal
comme d'un fait accompli ; l'ambassadeur À Paris , le marquis de
Lima, n'avait eu qu'une connaissance fort indirecte des résolutions
de l'empereur à L'égard de son mattre. Quoique M. de Talleyrand
ne fût plus au mintelère des relations extérieures , il conservait néan-
moins beaucoup de rapports avec les ambassadeui-s , et , le premier ,
it fit connaître à M . de Lima, dans une causerie intime , les desseins
de Napoléon à l'égard de la maison de Bragance. L'Angleterre en fut
également informée par ses agents secrets ; elle se procura en toute
b&te le fameux article du Moniteur qui frappait la maison de Bra-
gance ; cet article , transmis par courrier à M. Canning, fut expédié
également par un paquebot k sir Sidney Smith, alors mouillé dans le
Tage, avec ordre de le communiquer sur-le-champ à don Juan VL
A ce moment Napoléon espérait que Junot , par une marche pré-
cipitée sur Lisbonne, se serait emparé du prince régent et de la
famille régnante * , comme otage de ses volontés ; on prendrait la
flotte , le trésor ; ne faisait-on pas des récits merveilleux surles dia-
' Documents publias dans Th« DitpaUhM o[ fitld mariftaJ At dttto of Wt\r-
' Junot, en entrant en Portugal, adressa une proclanutioD aux habitants. On ;
voit le langage habituellement Infleuble de ces années enTahiasantes ;
« Forlugaifi 1 l'empereur NnpolÉon m envoie dans votre pays i Is tOte d'une année.
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178 niTASION UJ POBTtOAL ET DE i/ESHCML
nuats du Brésil 7 Les instructioiu secrète» qne l'eia^eraiir «vait ^tn-
ota à 80D aide de camp lui impouieat l'obligation de marcJMr auv
ratard ni repos ; l'itioéraire était fixé jour par jour ; arrivé i Lk-
bOBBe , Jimot devait gardar la famille royale , et . tout en la traitant
avec respect , proclamer les formes du goaiBsoeaeat impérial et
hiver le drapeau à l'aigle sur la tour de Bdem. LoBsque NapoUon
donnait ces ordres impératifs , il avait nul étudié les cartes du Por-
tugal , aoit qu'il n'en eustAt pas d'exactes , soit que , selon son habi-
tufe , il tint peu de compte des obstacles ; il n'avait paa calculé les
dificultés d'une campagne au travers de montagnes h pic, de landei
sauvages. Ces difficulté se rencontraient à chaque pas ; uœ armée
4b 21,000 hommes fut obligée de ^'échelonner en seiie petitea eo-
loooes qui marchaient à une jouroée de distanos : aocuna resHiuree
■'était préparée , on mourait de faim dans ces taras «nsii lâuvages
foat Taire tmvst commuDeaTec rolre bien-aint souverun cmtraUa tjnn des mas,
«I ponr sauver lotre capitale du sort de Coptobague.
■ HabliaBta patlfl^pH» de la cinpafne , «e naigiMi Tien ; mm a
OB'elle buirve parmi toiu l'accueil d A aux aoldals du gaad Ktpoléoa, qu'dle traare
fas Tirres dool elle a besoin, maU surtout que rhabitanl des campagues nstc ttau-
^ottte dans m ntiion .
• Te TBMilttaconwUrefcaMKanrMpd— y»r i— learflaiiMii^M pwMlf .
J« lieodnU au parole :
■ Tout soldat qui ECU trouvé pillant, sera puni Bur-In-champ avec la plus gnab
• Tout tadlTtda fut M pcmeilra de lercr me contribuiaii swa tndvft i n
«WNil <la«Mn«. pourétre jugéMiMBLla tipuar des leii.
• Toot bslHtant du rftjrsume d« Porli^ qui , n'élanl pas soldat de tronpes de
Ii|»e, sera trouvé hisani partie de qudque rassemblement armé, sera hisillé.
■ Toat iMKvidn eonnhiea d'être chef d'un attraupemeai «n d'une coasplraU—
Tidiulnii sniiirln liirijrm ninlii l'ami^r '-|~rTii'« nrii fafilllf
• Toute ville ou village dans le territoire duquel un asusaiuat aura tii coamia
cODtre un individu appartenant à l'armée fraDcaise, pajen une contribulioD qui ne
ponra pas #tre moindre que le triple de sa contribution annuelle ordinaire. l.ea
fusttc piindpaaa faakiiaais serviront d'otagas paor le payaut de la aMi^wi M ,
peur que b justice soit eiemplaire, la premièn ville on le pruilar viflipi 04 ob
.Frantaisauraété assas^nf , sera br6lé et rasé entièrement.
> Mais je veni me persuader que les Portu^is Gonnsltront lams vrais latMIs,
que, secondaut les vues pacifiques de leur prince, ils dous recevront en amis, et que
panàcDliÈrtinent la ville de Lisbonne ma verra avec plaisir entrer dans ses mnn, kh
tête d'une armée qui peut seule le préserver de devenir la proie des élemela i iiiiwiili
• Au quartier général d'Ucantaia, le 17 oovmbre 1807.
■ Sqni ; Jntgr. a
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wrésmn m 'pokttoal bt de L'BSpActnt. T7^
qae les déserts dn nouveau monde; on tnraTait quelques cbèYrea
•maigries iHnidîssaRt sur les rotthere aigus , des torrents gronh par
les phiies ; ces régiments fle maHieureux conscrits marchaient & )«
dSbendade ; des jeunes hommes qtli n'avaient jamais quttté ta cbau-
mière ou la maison de tenrs parents, étaient obligés de se nourrir de
gfands qui pendûeirt aux arbres , ou Men d'écorce de }iége comme le
«hameau d'Afrique. La mottïé de ces conscrits restèrent malalleB au
ndlien des populations inconnues de padteurs qui les regardaient avec
effroi et commeocëreirt contre eux un s^rstème de vengeance, ÏM
troupes , pour se nourrir et se vôtir, -furent obligées de pitter, «t le
pRlage amena 1^ coups de «t^et ; les gnérDIss se fomiaîent défi , it
inalheor aux traînards qui restaient à quelques marches de l'armée 1
fis succombaient sous la main des hommes agrest» et fanatisés, leurs
corps n'étaient même plus retrouvés par leurs frère» d'armes. En vthi,
Jiinot diercfaBÎt-Hl à fake croire i ce peopie qu'il venatt porter secours
au prince régent contre les Anglais et les hérétiques; le paysan S'en
inquiétait peu , car quelle était cette espèce de secours qui commen-
çait par un affreux pillage et la plus déplorable indiscipline? Jnot
perchait à imiter Tiapoléon dans sa marche rapide : il pailatt sans
cesse i tes soldats, multipliant les proclamations dans lesquelles U
«'«Déliait jamais le titre de « gouverneur de Paris et de preroler aide
de camp de l'empereur *. s
Cette armée épu'isée arriva par détachements aux portes d'Abrantès,
la|ircmière ville un peu opuleatequ'on saluait sur cette longue route ' .
* H. Otfcigae MnbkbHnMm iMîvato k «aaduHe de JmM. Ifcn enjvtfs
^'U « dm! coMpito te siiMUMt de ce fénéral )tan* M nwrclN aawi tMtfta ^ {^
rlense sur le PoTtugal. S'il aT*ll donné It leiire qmdnoM écriTlt i M'fcmM tsr he
pctraiioiu et te MMc posUion deion carpe d'artete, ses lecteais 7 MmleHl tTonvé
«Mc ioMififttiftn ntflMiite de ta coMlattt 4n général ; naifi il ne pneUe pM «tMi
pw te qni rooccme l'cmptra. Les ■uteun de l'AtHoiFetlu ParlMjal, MM. J. Chm-
■Mil 4t Sieik Cl AuBOMede Saoteill, ont perlé de cette nerctn arec plmdocDaMlS-
«Hce decauM #t d "imper lialité, cui qui, partcnrqnllté de Pangsate, ■ntlciit pu
«•plaindra dr (ctie iim^on. Voici coMoiMil 1)3M) parimi ; « JuimI reinpMt adml-
lébteineittHinisaian. L'on Beaauralt, Mnainjusliee. leprirer d« rhDnMiirqttll y
acquit... U eut i lutter contre les éUmams Turiewi et tes prlratioDs de touBenrOs
tfat ta Boireei«o«rde tnhnoii du ctbinel de Madrid lui atiit préparés , «iD de Mn
périr l'armée Tranciise dans le trajet de Bajonne i Ushonne..., etc. • Bn rendui
justice àun ennemi de leur pa]'a,cesé(TiTalasn>Dt apprécier te bonne fol d'UD auteur
quel'oB croirai! quelqucfota soudojé pour vilipeader ses compalriolait. (F.W.]
■ A ce moroeDl, on coosMérait i Paris te cimiiaéie du Portugal comme tecot»- .
fHe. Néanmoîna, 00 tarait wm conediptiOD , et ta géaéni Clsriu, mtetaln ds 1^
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180 nVASlOIf DO POKTDfilL ET DE l'eSPAGMB.
11 s'était passé des choses inouïes dans l'itinéraire depuis SaUminqoe
jusqu'à Abrantès ; comme Napoléon avait écrit ■ qu'une armée de
24,000 hommes pouvait se nourrir même dans uu désert, s Junot
s'était avancé en aveugle; quand la réalité vint, quand le dénAment
se montra hideux, les chefs se permirent tout pour suppléer à ce qui
leur marquait, et, chose inouïe, dans la ville d'Alcaotara, les soldais
n'ayant pas de papier pour faire des cartouches, déchirèrent les archives
du noble ordre de chevalerie qui avait son origine dans l'expulsioo
des Mores. Il y avait là quelque chose de la vieille barbarie ; les Fran-
çais imitaient ces peuples du Nord, qui sous la conduite d'Attila fou-
lèrcnt au^L pieds les monuments de la civilisation * : croyaient-ib 1
euerre, adressait )i l'empereur un rapport eur raugineiitsiioii des forces tniliuins.
■ Voire mijestj m'a ordonné de former le premier et lesecoDd corps d'obsoTtiion
de U Gironde. Le premier de ces corps , que commaude le g^értl Juuot, a cosquii
le Portugal, ha tdte du deuiièmc est déji i portée de suivre le premier, si les cii-
coostances l'exigent.
» Votre majesté , dont la prévoyance n'est jamais en défaut, • touIu que le corps
'd'observation de l'Océan, qu'elle a confié i H. le laaréchsl lioaevj, fOt en troisiimt
ligne.
» La nécessilé de fermer les ports du coDtiueui 1 notre irrécoDciliable eDDemi, d
d'avoir sur tons lea points d'attaque des moyens considérables, afin de profiler dtt
'CircODSiances heureuses qui se présenteraient pour porter la guerre au sein del'Aa>
gleterre, de l'Irlande et des Indes, peuvent rendre nécessaire la lerée de la consnip-
tioo de 1809.
n Le parti qui domine k Londres a prortamc le principe de la guerre perpétiielte,
et, quoique dans aucune époque, la France n'ait eu des armées aussi nombreoECs, ce
n'est point asset encore ; il faut que rinflaencc anglaise puisse élre attaquée fvtsiit
oii elle eiisle, jusqu'au momeotoù l'aspect de tant de dangers portera l'Angictent
à tioigner de ses conseils les oligarques qui les dirigent, et 1 conBer l'admiaistratioa
i des bommes sages et capables de concilier l'amour et l'intérêt de la patrie ate>
rinlérâi et l'amour du genre bumain.
» Une politique rulgorre aurait pu détomlner V. U. 1 désarmer; mais celle
politique serait un Déau pour la France ; elle reudrail imparfaits les grands résultats
que vous aver préparés. Oui, sire, V. H., loin de diminuer ses armées, doit i<*
accroître jusqu'à ce que l'Angleterre sit reconnu l'indépendance de toutes les pui^
sauces, et rendu aux mars cette tranquillité que V. M. a assurée au ciHilineat.Sai»
doute V. M. doit souffrir d'eiîger de ses peuples de nouveaux sacrifices, de Imr
imposer de nouvelles obligations; mais elle doit aussi se rendre i ceeri deimsks
Français : r Point de repos jusqu'à ce que les men soient affranchies , et qs'iar
paix équitable ait rétabli la France dans le plus juste, le plus utile et le^usnèccs-
ï^re de ses droits, a
a Je suis avec un profond respect, etc.
a Signi : Clabeb. »
' Aflndepouvoir comparer les troupes de Junot aux hordes d'Attila, Ii.Cape6^i
^tgliye, i dessein, d'établir la catise réelle de ce vandalitme. On conioil facilenitBt
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nVASIOH VD POBTDGAL BT m L'ESPAONB. 181
rimiUtioQ d'Omar, qu'ib D'auraieat besoin un jour d'aucuns titres
pour leur propre histoire? Les chevaliers d'Aicantara avaient été de
braves soldats comme eux, ils durent gémir et s'agiter dans leurs
tombes quand ils virent ainsi leurs titres jetés au vent ; les oificiers
de Junot s'exposaient à de solennelles représailles ; hélas ! ils auraient
aussi une postérité ingrate qui méconnaîtrait les litres de leur gloire
et de leur passé victorieux ; les vivants oublieraient les morts !
Lorsque cette armée souffrante de tant de privations se réunissait
à Abrantès, sir Sidney Smith venait de recevoir le Moniitur et les
pièces diplomatiques du cabinet de Napoléon ' , qui déclaraient : « Que
que. iToinpé, IndEgnemeot abiadonn^, trafat par l'ambiiicni prince de la Paii, qui
STait juié assistance à l'armée française, qui s'Alail engagé sut son honneur à réunir
lies magasins d'approvisio nncment de T[rres, de munitions et d'habillemcntsiAlraD-
(are, Junat n'ait pu conserver, dans te premier moment, ceUe discipline aiwin qui
incita eui armées ftançaises l'estime des peuples ennemis. N'ayant ni plomb, ni
papier pour cooreetionner ies cartouches, faut-il le taier de barbarie parce qu'il em-
ploya à cet usage d'anciens documents? Lor^u'on déplore de pareilles p'erlcs, il
spraitjufie, ce nous semble, d'en cberchcr la cause, (F. W.)
' h donne le (eitesi cnrieui des pièces de toute cette négocialioD du Portugal.
Dépteht dt lord Straftgford à M. Canning,
■ A bord de rHihemia, le SB novembre 1S07.
« HoDsieur, j'ai l'honueui de loua annoncer que le prince régent de Portugal a
eOcctué le projet de se retirer d'un rojsume oix il ne pouvait demeurer plus long-
temps que comme Tasseldela France, etqueS. A. B. etsafamillr, accompagnés de
la plupart des Taisseaui de guerre et d'une multitude de si^ets et de partisans fidèles,
sont partis aujourd'hui de Lisbonne, et qu'ils sont actuellement sur la route du
Brésil, sous l'escorte d'une Dette britannique. Ce grand et mémorable événement ne
doit pas être attribué Beulement i l'alarme soudaine excitée par l'apparition d'une
année française en Portugal; aile a été le résultat naturel du système eooHamnicut
adopté pat sa majesté à l'égard du Portugal, pour le succès final duquel je m'étais
rendu moi-même en quelque sorte rei^nsable, et que, conformément à vos iii&tniC'
tlons, je m'étais uniformément attaché i maintenir, dans les circonstances mi-mv
qui paraissent les plus décourageantes.
B J'avais fréquemment et disiinctemenl déclaré au cabinet de Lisbonne que sa
majesté avait paaeé toutes les bornes de la modération en cmisentaut i ne peint
ressentir l'outrage du commerce britannique eiclu dea ports du Portugal ; que par
une semblable coucesaion, motivée sur les circonstances dans lesquelles le prince
régent se trouvait, sa majesté arait fait tout ce que l'amitié el le souvenir d'une
ancienne alliance pouvaient justement exiger; maia que si les ebosee allaient ptua
loin, la guerre entre les deui nations deviendrait alors Inévitable.
B Cependant, le prinee régent se permit lui-même d'oublier pour nu moment que.
dans l'éiat actuel de l'Europe, nul pays ne pouvait impunément se déclarer l'ennemi
de l'Angleterre, el que mB%ré la disposition de sa majesté t montrer de la condes-
cendance, eu égard k l'impaissance oJi m Irouviîl la PorlDgal de résister su& efforts
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la maison de Bnguice avait cessé de régner, nefntoion eMrïeiiM
le T^e, l'unirHl avait entamé une négodation avec la ■wat de Lb-
bonne d'après lee ordrei de ma gouvememeut. I.es dépédn (te
M. CanDÎDg étaient fomelles ; sifSidDef Snrith devait propoin i II
dek FiWKC,dleMtwiRnitBèmBoiH,sifl»cwnpr«itiMire«£gBM«tlHittt-
lAta de MB peuple, pcimetue qu'on m toiimtt um réserre i toutes les deMode dt
U FraDCC. Le 8 du courtnl, S. A. R. se laUs* sller 1 signer ud ordre pour 11 dtto-
lion du petit nombre de sajetsaDglsfs, et pour )e séquestre de ce qni rcndt cann
4e IcdTS pTOfiritifa k LIeIhmbc. Sbt U poMiulMW de eet orAre, jelseilamhi
•nues d'ARghterre de U porte de au Mid. je doMndii «M.pMtinwilB w pn-
lesiaal conire la conduite récente de le cour de Lisbonne, et je me readii kberddi
l'escadre, quiarriveile hauteur du Portugal queli^ues jouis après que j'tmnp
m» puae-pons.
■> Je fixerai IramédistMHMàsirgMaerBttiUil'expédieiUd'éitflrleUieiile
yhs rigourem k l'embmMfaov d« 'hge; «t «'est «rec la [dos «ne wiliheHwi ^
ï'aniriB eosuiie qoe je «'«Tai* Ckit ptr U que deiKKer les iutentMH d« N ■•ja4t.
Je recns en effet, le SV, tm AiçMMê, qai ne pnecriTiieot d'ant«ri(M celtt aenn
dans le cas où le gMiveriienMBt portugAis ptsseiaii les bornes et prwdnitdtf ■»-
nrcsinjaneasesk l'boiuiMiret aniiniMte de la Grande-Bratapw.
• Cee dépêches avaient été écrites dans la sw^oaition que. j éuîs eacon tMM
i LiiboMie; et, pow ne cenronBcr sntièreineBt A iM insiructiaus, je reriu àm
cette Tille pour connatlre l'effet qu'j arait produit le mesure du bjccus, H pnr
proposer, selon vos instructions, au gauTenieinniT portugais, comme senle eondiiiw
de la cessetion duHlocus, raltnmtlve, on deremetire la flotte à sa majesté, on dt
t'employn sur-le-champ à tranqjtorter teprtnee fffem etsaftintlle an'BiiMI. hpi)
snrmol'lt responsabilité de renoner ée» Ttégoelatlons. m^^ffé la eesMtleB de u»
tbnctîoDs publiques, convaincu que fêlais qu'indépendamment 4e le HurminiUn
de samajestt de ne pas souffrir que h Balte pOTingala» IwUltttwitre Teille*^
ses ennemis, elle aveit nénnnoh» eneoit plw à CTMir qn'on Femptoyll à m^ii h
premier objet qu'on s'était propoM, celui Ae sotutralre h linnfHe rafrie delragfff*
ila tyrannie de la France.
■ Je demandai en eonséqnmice mre audience du prinee logeai, M ■ftnl rtci i*
B. A. B. uneréponeersTorable, jemenvdisA LlsA>mnc le ÏT, Abord de la Ow-
fante, portant papillon parlemenutn. J'evs cnuite avec la eoar de UabMiM In
eommunications les plus Importantes, el famvl l'bMHMnt deTOM en fiirept
ilans une dépêche subséquente. Il suffit d'obacrrer ici que le prince rdgeol dhip
sagement toutes ses creintfs du cDié de l'armée fVvncaJse, ettMit-soncepefrnnli
Hotte anglaise ; quH refUt de mi>{ l'assurance h phis posUHc q» sa tàiimi «^
Uicrait généreusement ces actes dlioatniié momentanée, tmipiAk S. A.Â-b'*^
donné qu'un eonsenlemeni forte, et «pie je promis A 8. A, B., auris M dt ■*
HBuverain, que l'escadre britanniqae devant h Tage anaii amptnTéeè (lOt^*
retraite de Lisbonne et son voyage au Brtsfl.
» On a publié bter un décret où le régent anuonee son Intention deratarlK*-
de-Jsnôro jusqu'à la conclusion d'une paix générale, et deiMnimiK «Mté|aci
pour administrer les affaires pendant son abance d'Europe.
■ La flotte portugaise a mis ce matin k la voile, et j'ai en l'honniiir d'aecoM'
pagner le prince dans sonpnsB^w dslidelaBam. La Houe coMM«U«h«H
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HfTASIAK VU POHUCUL AT BE IJUTtUM. M8
fusille de Bjagaace ua «sile royal i. bord des oavin» aaglal», et me
fvotectioo contre les forces françaiseB : il se pn^rawit de coodulre U
famille exilée au Brésil, où ^e recournerait toute Bon ind^ModuM,
Cette négociation, activement conduite, ^nmvait da difficoltés, et
la volonté de l' Angleterre rencoBtrait de ta résiriance dans le princq
r^^t, et surtout au cœur d'une femne fière, la vieille reine, qui
liabitait le vaste palais de Mafra, avec tes beaux jardins d'orangen,
de citronniers, autour de ses mille clochers monastïgues ; Mafia était
la réaidenoe cbérie des rois de ^agance. MaridFraB^iie-ËUwbetti
de Portugal, restée vcove de don Pedro III depuis vingt ans déJA,
▼ivait dans la solitude du couvent ; cette altière priaceffo ne pouvidt
c(»iiivendre.4u'oBabandoiiaAt le Pi»iagal sus tenter uae réiistaace
iHÎMMiu it ligM, fH*(n grudes ft^atcs, pluticnre bricks, alMpa M wrreUN
^^léee, M des h*iiw«nis du Brésil ,. montaal «Bsenibfe à enviMii tMMe^ls VOUei.
Us passèrenl i travers l'escadre anglaise, et les-vaisceMU de S. H. saluènat devinit
«tMD coa^dacHMD, MuiakUkwftUtondude U mèMe muiire.
Dicnt du yrine» régna,
■ A[ris sfitr matikiDent fait tous mes efforts pour conserrei la DsatnIIij (
l'tTBitt^e de mes vassaui Sdilce et cbéris ; après avoir fait ponr obleolr ce but \t
McriDce de lotis mes trésors, m'èire niAme porté, au grand préjudice de mes suJaM,
àliKmttiiie«))oii$imaaajicleiietlojtl*Uiéleruite U Gruide-SieUgM, J« nti
s'aTsaeer vers l'intérieur de mes États les troupes deS. 31. l'impEreur de»Fr>Df>U,
HtoDt le territoire ne ia'ituipas«onligu,ie eufaisétreà l'atiridc twta auup4e4«
M part. Les tMNipes se dirigent tar ma capitale. Considérant l'iouillUi d'uoe dé~
fmse, et Toulant éfiier une effusioo de sang sans probabilité d'auoin ténlUt util*.
ycteuDant que mes fidèles lassaiu soulTtirsiit inoina dans te* drcoMUncw, al ^
n'absente de ce royaume, je me suis déierminé, pour leur aTiBlage, i pustr tnc U
raûe et toute ma EaniiUedaa»racs États d'Amért|ae, U è m'étabnr dans ia tUIc de
Bio -de- Janeiro, jusqu'à la paii géuérale. Comâdéiant qu'il est demoo devalr CMUn
de l'iniérét de mes^iHCls delaisseti ce paje un#)uvernBmeot jipii vailleà leur bl«D>
t»n, j'ai iiiiipiui' pour gauvanuara «hi rvjaume naou UeD^iraé cousin. la nMiquts
d'Abrantès; le lieutenant général de mes armées, François da Cunba de HeaaMi ]
le pfîBcipal Castro, <lc non caasell.qui sera cbef de la justice ; Pedro deMdlo
liujuw, de mon conseil, qui seta présideut du trésor roxalj d«a J^aaclKO 4«
Montoha, lieutenant giuérsl de mes armées, qui sera iiréadcut Jln trlbiuul dei
•fdres et de la cwwcieuce. Dans le caso^l'undessuBDommés viendrait tnMaqmri
a aon lauj^é par legraod veneur du royaume, vuj'ai nunnié.gonTencur du
sénat de Lisbonne. Le conseil sera assisté par le comte de Sampaio et ^ la pnw
r«ra«r de la couronne, Jean-An toineSaller de Ueodooca, que je Donunefecrtuins,
L'iudasdeuiBecrétairesveaanlimanquerMnircmpUcËpar don lUguel Fcnlnta
Foija*. D'Inès la ctmfiaoce que j'ai eu eux tous, et le longue eipérience qu'ils ent
des aStires, je li«u pour certain qu'Us rerapUroirt leur devoir avec ciacUtllde, ^'11(
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184 nTKlOll DO POETOGAL BT DB l'bSPÀGMI.
contre les enTahisseun, comme aax grands joars des AlbuqDerqoEs,
elle montrait son sceptre pour témoigner qu'elle avait accordé la ré-
gence à son flb et non point la couronne.
Sir Sidney ^ith lui eavoya le Monitew, pour la déterminer k
quitter sa retraite ; elle devint furieuse ; on croyait à Lisbonne qu'aoe
aimée considérable marchait à pas redoublés; dans huit jours on
verrait reluire cinquante mille baïonnettes de France; les Anglais
offraient un asile dans le Brésil , sous le même climat que le Portugal :
Lisbonne et Rio-Janeiro étaient deux sœurs étroitement ealacécs,
deux couleurs dans un même blason. Tout fut donc convenu entre
Sidney Smith et la maison royale de Bragance, et l'on vit alors \a
palais de Hafra, ces solitudes d'or , se dépouiller de leurs omemeDli
•ilmîiiisireronl la justice née imptriùlili, qu'ils distriburronl les récompeases H
^^s cbitimrnis uÎTint les mtrites de cbacun, et qne mes peuples wront gonTCni'i
d'unr minière qui d^-hir^e ma coDacieocr.
■ Les gouTerneurg le tiendront pour dit. Ib k coDformeroDt tu présent àknt,
■insi qu'aui iosiructions qui j seront jointes, et ils teont les participations H«t-
saires tui autorités compéleoles.
B Donné «a palais de NoIre-SaDW-d'Ajuda, le M novembre ISOT.
■ Ls PMmn.*
IntlTvtlions auxqutUu m rapport* U diertt royal du 26 nevettAr* iW-
« Les gouverneurs du roj'aume, nommés par mon décret de ce jour, pi^im»' ^
srrnient d'ussge cnlie les mains du cardinal patriarche.
» Ils maintiendroat la rigoureuse obserrance des lois du royaume.
D Ils garderont aut nationaux tous les privilèges qui leur ont été accordes par
moi et mrs ancêtres.
B Ils décidcroDl k la pluralité des vo» les questions qui leur seront seûmi^a î"
les (ribunsui respectif^.
• lispourvoiront aux emplois d'admiDistratioQ et de Bnanceet laiofflMsdejiK'
lice dans la fonne pratiquée par moi jusqu'i ce jour.
D Ile défendront les personnes et les biens de mes fidèles sujets.
■ llsreronl ckoli, ponrlesamplois militaires, de penonnes dont ilicaoniK"""
les bons services.
n Ils aoTOnt soin de conserver, autant qne possible, la paix d»ns ce piJ^ ï" "^
troupes de l'empereur des Français aient de bons logements, qu'elles soient j»»'™''
de tout c« qui leur sera nécessaire pendant leur séjour dans ce royaume ;<I<i''
leur wii fait aucune insulte, et ce, sous les peines les plus rigonreuses. eonsf""^
toujours la bonne harmonie qui doit exister entre nous et les armes de ttOOTS ■
lesquelles nous nous trouvons unis snr la continent. .
I En cas de vacance par mort ou autrement d'une des charges de gouveraei'^
royaume, il sera pourvu au remplacement i la pluralité des voix. Je "" J^""
leurs sentiments d'honneur et de vertu. J'espère que mes peuples ne soulfriw" P
de mon absence, et que, rerenant bienlOt parmi eux «Tec la permisno" de W* -
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INVASION DD PORTUGAL ET DE l'eSPAGHE. 185
et les sousbiure i l'aridité des Français. Don Jaan de Portugal, ta
mère, sa femme et ses Gis, prirent avec eux leurs trésors, leurs dia-
mants, leurs crusades, toutes les richesses des mines, pour les embar-
quer sur la flotte immense pavoisée aux couleurs britanniques. Les
quais de la grande ville de Lisbonne, remplis par la multitude émue,
retentirent pour la dernière fois des cris de la fidélité. Don Jnan
s'éloignait, avec une douteur vive , de cette Lisbonne, riche amphi-
tiiéétre du Tage, où se mirent tant de voiles blanclies, tant de pavil-
lons nationaux. Qui n'a vu Cadix et Lisbonne n'a pas la juste idée
lies trésors de la Péninsule ; ces rives chantées por Camoëns, illustrées
par Colomb, furent délaissées par la royale famille qui avait donné
au Portugal des rois glorieux : les Juan, les Pedro, sauveurs de la
patrie. La flotte anglaise, contrariée pendant quelques jours par le
mauvais temps, salua le roi Joan de cent coups de canon ; enfin elle
quitta le Tage pour cingla- vers le BrésiL Hélas t le régent reverrait^il
i consUnU, utiafiiu el animéa du même taptit qui les rend si di^es de
mes MiDS paternels.
» Doaaé au palais de Kobe-Dame-d'Ajuds, le aS noTembre 1807.
> Signi : Lb Pkikci. ■
L'escadre portugaise qui parlit pour le Br^^, était composée des vaisseaui de
ligne It PTirte9-It»yal , de 90 canons; l« Comia-Henri, it^^; U Prince du fr^tît,
de 74; la R»in»-d«-Ponujial, de74; iAlphomc-d'Àlhuqvtrqu», de74;[al>(m-
/uai»-CajlrM, de74; la Jf AIum, de 74 ; l» JKarltn.de-J'rMKM, de 64 ; de trois tth-
gates, la Minervt, de 44; laSoljinko, de 36; l'Vrania, de 2S; puis quatre bricks
de 18. Od évalnaii à 2S0 millions de cruiadee les trésors du prioce.
IlrestaitencoredansleponMeFiuetMfc-Gama, de 74; It ÎUaria-Frimura, de74;
\tSan-Sehattian,ieH', la Prinwtt-dt-Btira, de 64; un «aisseau sur le chantier,
de71;sii frégates, la CwloUa, de 44; la Ptrola, de 44; l'^miuona, de 44 ; I«
Phénix, de 44; ta yenui, de 35; plusieurs bricks el corvettes en état de pouToir étra
armés, douie Tories goëleltes, quatre chaloupes caDonnitret , une batterie flotianle.
£n entrant à Lisbonne, Jnnot s'adressa de nouveau aux Portugais. Voici sa pro-
ctamatioa :
» Habitants de Lisbonne, mon armée ya entrer dans tos murs. Elle ; vensit pour
sauver loirepori et votre prince del'inOuencede l'Angleterre.
1 Mais ce prince , si respectable par ses Tcrlus, s'est laissé entraîner aux conseils
de quelques méchants qui l'enlouraicnt, et il est allé M jeter dans les bns de ses
a On l'a fait trembler pour sa propre personne ; ses sujets n'ont été romptés pour
rien, el vos intéréla ont été sacrifiés i la llcheté de quelques courtisans !
■ Habitants de Lisbonne, soyez tranquilles dans vos maisons; ne craignnni mon
armée, ni moi; nous ne sommes k craindre que pour nos ennemis et pour les mé-
chants.
B L* grand Napoléon, mon maître, m'envoie pour tous proléger, je vous protégerai ,
■ JCKOT. ■
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ISS iinrA9io<( *r fortcgal rr be i.'bspagke.
Jamais cette lerre de Portugal, que la rorfune jalonse 1c formait alors
A délaisserT
Liritonne pleurait don Jaan et ses fih ; nafra, sa Tieflle sonre-
raine, et Junot continuait sa marche forcée ; comme im rouirier
haletant que le cavalier presse de ses éperons, il sautait les haies* fran-
ChiHaH les torrents, car le mattre avait indïqné i jonr fixe l'iDstaot
oA ses légions deraient entrer h T.isbonne. lunot avait obéi ; mais
qa^le armée conduisait-il avec lui T 34,000 hommes araient fraocbi
la Bida!«oa, et Junot entrait dans Lisbonne avec des détachements
pargroopes de 1,500 hommes, pâles, épuisés de fatigue, presque
sans tenue militaire ; la ville sur laquelle il allait dominer contenait
me population de 180,000 ftmes mal disposées ; le reste de Tarmée
de Junot était épars dans des chcmhis impraticables, et arrivait par
bataillons séparés ; tous réunis, on pourrait avoir 14,000 hommes
de divers régiments.
Les Espagnols avaient à peine secondé les Français dans leur
marche; un mouvement national commençait à se manifester; il
deviendrait terrible contre les envahisseun. Janot était h Lisboiuie,
k la face d'une flotte anglaise qui attendait une armée de débarque-
ment. Ëtait-il possible de garder le Portugal, même lorsqu'on Mirait
ea S0,000 hommea? Qu'importe ! Napoléon l'Avait ordonai, «t II n^
■vait pas i hésiter avec un pareil souverain. Junot fut frappé de
stupeur lorsqu'il apprit le départ de la famille royale de Portugal ; le
bat était manqué ; la Qolte et les forces actives avaient quitté le Tage ;
la ville seule tombait au pouvoir des Fnmi;ais. Le général se hftta
d'arrêter un plan pour l'organisation du pays ; aidé de MM. Herman
et du chef de police Lagarde, il commença radminifitalioa du Por-
tugal dans les conditions de la conquête; M. Herman, homme ferme,
dut faire exécuter les ordres de l'empereur ; un simple décret imposa
cent millions au Portugal, et c'est par cette mesure inflexible que
l'aigle fut inaugurée sur les tours de Lisbonae. Dans son gonveme-
n)«»t ri difficile, Junot s'éclaira des généraux Delaborde, Traiiot,
Loison et Kellermann ; Junot connaissait Lisbonne, où pendant plus
d'un an il était resté ambassadeur ; il se comporta avec ce ton ii^ié-
rieux et tranchant qui distingaaH alora les chefs des occupations ftan-
vaises à l'étranger. Fastueux à l'excès, Junot s'était installé dans le
palais des rois ; il parlait en maître, agissait comme un souverain ; et
cependant devait-il être sans crainte? Pouvait-il se maintenir îsoli
Diciiiizedby Google
TXVASIOX -BU POftTCCAL ET SB l'bSPACKI. ttT
daosc^e portion de la Péninsule? La flotle anglaise pouf lit opéiw
un débarquenicnt ; et resterait-on en Portugal sans appui de l'Es-
pagne?
NapoléoD n'avait pas séparé les deax occupations militaires da
UsboDBe et de Madrid ; son vaste plau avait son uoitè ; lorsque Junot
frandûfiSBit la Bidassoa, le second corps d'observation, ainsi qu'on le
nommait afaus, se groupait à Bayonne sous Dupont. Le géBërel nfl
conduisait pas les braves régiments couverts de gloire h Friedland ;
Dupont n'était plus & la tête de cette division immortalisée qui croisa
la baïonnette avec la garde russe ; ces troupes étaient restées en Aile-
magne ; l'empereur lui avait donné des recrues à peine exercées ; sur
les 28,000 hommes de son corps, il comptait à peine 3,000 hommes
de troupes d'élite ; le reste était des conscrits de la levée de 1808. Le
général s'appuyait sur un autre corps de 32,000 hommes conduit par
le maréchal Moncey, tandis que 15,000 soldats, sous les ordres da
général Duhesme, se réunissaient aux Pyréoées-Orïeatales près de lu
Catalogne, champ de guerre illustré par les campagnes du maréchal
de Noailles et de Dugoœmier. Ainsi, en réunissant toutes cee troupet
qai alors pénétraient dans la Péninsule, y compris l'armée de Junot,
OD pouvait compter 80 k 85,000 hommes, sans y comprendre une
arrière-garde destinée à soutenir les opérations ; elle partait de Parla
pour Poitiers et se composait de deux régiments de ftuUien de h
garde, quelques corps de vieilles troupes, tirées d'Allemagne, et da
garnisons de la Bretagne et de la Normandie, sous les ordres de Bca*
sières. J'ai déià dit que Uurat était désigné par l'emperear comme
son lieutenant chargé de diriger toutes les forces qui marchaient en
Espagne.
Chacun des chefs de corps avait reçu des instructions particulier»
et un tracé de campagne. Le général Ottpont devait passer la Bidasaoe
et s'avaucer sur Valladolid ; le maréchal Moncey s'appuyait sur Burgoi
et donnait la main au général Darmagnac qui occupait Fampelune,
et lui-même appuyant sa gauche sur le gén^l Dubesaie en Catth
h)gne ; par Valladolid, l'armée d'Espagne se mettait en communica-
tion avec Junot dans le Portugal. Ce mouvement n'offrirait quelque
sécurité que par la poeseasion des fort^^sses qui forment une grande
ligne sur les frontières de la France ; on devait donc s'en emparer : h
Parapelune , le général Dannagnac trompa singulièrement le com«
mandant espagnol , avec lequel cependant on était ea bonne luu^
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188 INVASION DD POBTIIGAL ET DE l'eSPAGNE.
monie : 100 greaadîers se précipitèrent dans la citadelle m moment
de la distribution des Tivres, et la bonne foi de la garnison fut
trompée : à Barcelone , à Figuières , à Saint-Sébastien , oa emplofi
des stratagèmes indignes des lois de la guerre, lorsque surtout il ^s^t
d'une nation en pleine pais, et jusque-là notre alliée fid^ On
essayait ainsi la patience des Espagnols; il ne faut pas abuser da
caractère d'un peuple ; il se tait pendant un temps , il éclate Tiolem-
DKut ensuite *.
' Voici les alraïasèmes employés par les Fnnfais pour s'emparer de Pimpdunt:
Tous les jours les portes de la ciiadelle étaient ouTerlcs il des soldats franfabjc
corvéi', quiveuaient chercher la distribution des Tivres. Le généra] Darnugnac éiiit
logé dens une maison de la ville qui faisait face i la porte principale de la ciladrilf.
Dans [a nuil du 16 au 1? réiTier, 100 grenadiers fiireni cachés dans celte nuisoD; ta
hoDiuics de corTée, qui furent choisis parmi les Yolllgeurs les plus déterniinêi, poi-
taient leurs sabres bous leurs capotes; quelques-vins, feignant de jouer, s'arr^lirail
sur le pODt-levis afin qu'on ne pât pas le fermer. À. un signal convenu les uas se
jciérent sur le faisceau d'armes de la garde espagnole, les autres mirent Ir sabrtih
niaiii;alora les greuadiers cachés dans la maisan du général Darmagoac ensorURat
précjpiiammeut, et s'emparèrent de la porte de la citadelle.
Pendant c« temps le général Duhesme se rendait maître aussi par ruse de BuH-
lone. II avait fait demander au capitabe général espagnol que les troupes tnafaists
gardassent, conjointement avec la garnison, les portes principales; le géofnl e6(a-
gnol ne crut pas devoir refuser une telle proposition, et une partie des trtiupts Fna-
Caises entrirent dans Barcelooe. Une compagnie de voltigeurs fut placéel II porte
principale de la citadelle, au lieu de 20 hommes. Le 28 février, le général Dubtane
annonça qu'il passerait le lendemain une revue générale de see troupes; un btuilloe
des vciites de la garde italienne, sous le général Lccchi , s'appuyait i la palissade
d'cRIrée de la citadelle ; le général , après avoir fait l'ini^pection , s'avança Ttrt ceU»
porie, comme pour visiter l'intérieur, accompagné des officiers de son état-mijor «
de quelques ordounanccs; les deux gardes franfaise et espagnole se mirent sous Is
armes pour rendre les honneurs. Pendant que le général Lecchî, resté surlepool'
levii, feignait de donner quelques ordresau capitaine des voltigeurs frantaiïdeprif,
le bataillon des véiries défila , couvert par le ravelin qui défend la porte, et enle« h
première sentinelle espagnole. Le général Lecchi, pénétrant alors dans lintérieuf, hl
suivi par les vélites ; puis quatre autres bataillons entrèrent après et acberèreat Hu-
va^ton de la place.
AFigaitres, le colonel Pio, commandant 800 bonmea que le général DahesK mit
laissés, Yonloi s'emparer du fort San-Femando par la même ruse qu'i BarreloM.
Hais le commandant espapol, qui s'en aperçut, fit baisser le pont-levis. Tootefoi».
le colonel Pio obtint, deui jours après, de renfermer 200 conscrits dans la plate. "
tulieudeceui-ci,il envoya 300 soldats d'élite, qui lui assurèrent la possàsfoa d>
fort.
Dans les premiers jours de mars, le général Thonvenot fit demander au gou venKur
de Saint-SébasticD la permission de faire entrer dans la place les bilpitaui du eor^
d'année, et quelques dépôts de cavalerie. Le gouvcrneor, ayant consulté le mioistèiF
îdbyGoOgIc
HÏTASIOlt DIT POBTTfiAL BT DE LBSPAfilfS. 1S9
Au c(HnmeDcemeDt de janvier , l'Espagne voyait près de 80,000
Français répartis sur son territoire, mattres des places fortes du
royaame comme point d'appui , de manière à pouvoir agir avec sécu-
rité dans les opérations d'une campagne. Ainsi le rusé, le puissant
empereur était arrivé à ses fins; il démoralisait le gouvernement
espagnol , en le privant de ses ressorts militaires ; la Bomana étwt
envoyé dans le Holstein , les corps disséminés dans toutes les pro-
vinces ; c'était comme uoe surprise. Mais le peuple de la Péninsule a
un instinct profond de ce qui convient à son honneur national , de ce
qui le blesse ou de ce qui l'exalte; les populations de la Catalogne,
de la Biscaye , de la Navarre , de Vittoria à Valladolid , partout enfin
où les troupes françaises avaient pénétré, s'aperçurent bientôt que
ces prétendus alliés avaient des desseins de conquête et d'invasion ,
car ils blessaient toutes les lois de l'alliance, tous les principes de
nation à nation. Que venaient donc faire ces étrangers? Qui leur
avait ouvert les portes de l'Espagne? N'était-ce pas le prince de la
Paix, Godo'î; nouveau comte Julien, il avait appelé les Mores? Les
Français , sans respect pour ies principes et les coutumes catholiques,
transformaient tes couvents en casernes, les presbytères en écuries. Ce
traître Godoï avait livré les Dottes , les armées , et maintenant il
vendait à bons deniers comptants le peuple espagnol, ce noble peuple,
à des étrangers sans foi et sans croyance. Une fermentation commen-
çait parmi les masses : une nation marche vite quand son bonueur
est blessé. L'Espagne préparait une immense lutte.
A Madrid même, la cour n'était pas sans inquiétudes sur le carac-
tère menaçant que prenait l'invasion française ; le traité de Fontai-
nebleau, qui partageait le Portugal avait sans doute autorisé Ventiéo
d'un corps auxiliaire en Espagne , mais ce corps ne devait se composer
que de ^,000 bommes ; et au cas où les Anglais auraient des forces
en Portugal, on relèverait à 40,000 ; c'était tout et rien au delà. Kl
encore était-il stipulé : que le roi d'Espagne pourrait commander,
en personne, toute l'armée d'invasion, alors même que Murât vien-
drait comme lieutenant de l'empereur. Au lieu de 40,000 hommes
on en avait envoyé ]rius de 80,000; ces corps auxiliaires, au lieu de
eaptgnol , reçut pour réponse qu'il a'j in'H pts d'iDconvinient; le géoéril francaN
une fois dtDB la place, l'occupa bienidt milfUirMnent, tloil que le cllteaa de Sut i-
Crni, qui en «si la ciladelle.
îdbyGoOgIc
190 »TASIOIf D0 PORTUGAL ET DB l'bSPAGSB.
pénétrer du cAté du Portugal, s'étaieut étendus sar toute la Sgrie de
rebre ; h ce moment même, ib occupaient par surprise les (praire
places priDcipales do nord de TEspa^ne. Il y avait donc 16 un dcasein
hostile, inexplicable, ou peut-être trop bien expliqué par la chntr
des Bourbons de Napics et le décret qui déclarait la maison de in-
gance indigne du trAne : Toalait-on dépouiffer le roi d'Espagne de
ion royaume et éteindre la racedesBourbons? Une grande perplexité
existait partout ; le prince de la Paix voyait bien qn'il ftllait rendre
compte au peuple de sa politique ; un partî restait à prendre, et k;
conseils intimes de Godoï e* de Charles IV se réunirent ponr arrête
an plan de conduite qui ne manquait pas d'une certaine intelligence.
Le prince de la Paii désirait d'abord que des explications russoit
demandées au cabinet de Paris ; Isquierdo, qui avait signé avec Dofw
le traité de Fontainebleau, fut désigné pour cette nouvelle misEJoD,
Afin de solliciter Hinterprétation simple et naturelle de ce traité; il
devait (^adresser directement à fempereur pour obtenir satisfactioc
de la conduite des généraux français dans la Péninsule : si la con-
descendance du roi avait été à ce point d'antoriser foccupalion d*iuie
OU deux places Fortes, elle ne pouvait aller au delà sans exciter les
Inquiétudes de la nation. Isquierdo alla prendre également les iœtrac-
tions de Charles IT, qni lui (Kt avec son ton de fl^noiliarité habituelle ;
t Manuel est ton protecteur ; Ms ce qn'il fa dît, par ce moyen li
me serviras '. » Le conseiller Isquierdo partit en toute bfite, taa&
que le prince de îa Psix, réuni à la reine d'Étraric, au roi do
Espagnes et à Marie-Louise, délibérait sur les résoTatîons ddà^t*
à prendre dans la crise qui menaçait le favori bien-aim£.
Don Manuel Godbï n'avait januns cessé d'être ea- TVpfSit a^
l'Angleterre, bu temps même où il était le plus rapprodié de Nqn-
téon ; Tes agents de Ht. Canning s'étaient multipliés depuis nn radis i
Armjuez et k MadKd ; les uns travaillaient le penpTfe, les autres b
eour ; l'Angleterre ftvorisait parmi les masses l'idée d'une abdicalim
de Chartes IV au profit dii prince des Asturies, Fernnnd ; le» Angt*»
Ifldnuaient i!i don Manuel Godoï le projet que déjà M. Canning sfnit
réalisé pour le Portugal, c'est-it-dîre la retraite du rur dan» lïs ptw»-
■tons d'outre-mer, afin de séparer l'Amérique espagnole de la métro-
pole : le Mexique était une terre aussi brillante, aussi fertile H^
' aHanuelcs tupTotcctor;lrasquandoledJga; porimdlo sdo debtsïenbBit''
:dbv Google
IHVASION DD POBTCGAL ET DB l'eSPAGME. 191
l'Espagne ; tes possessions du oouieau monde étaient les beaus di»-
mants de la couronne catholique ; l'abandon de la Péninsule ne devait
pas coûter i Cbarles IV après taat de trouble» et d'agitations. Cette
idée souriait au prince de la Paix, d'autant qu'il craignait tât ou tard
les vengeances du peuple contre sa fortune et sa personne ; don Juan
de Portugal était parti pour le Brésil, don Carlos IV irait habiter
Mexico, la Venise de l'Ainériiiue sur ses dix-sept lacs ; le plan com-
mercial de l'Angleterre pourrait trouver soa application, elle pnrfé-
gerait l'Espagne d'outre-mer et l'inonderait de ses marchandises. £n
tous les cas, la retraite provisoire de Charles IV, daus l'Andalousie, ne
pouvait souffrir le moindre obstacle; on mettrait la Sierra-Moreua,
le Guadalquivir, le Tage, entre les Bourbons et l'armée Française ;
lii on verrait si on pouvait se défendre avec l'aide des Anglais, ou
bien si l'on passerait en Amérique,, selon le désir de M. Canniog.
Ce qui déterminait don Manuel Godoï & cette résolution, c'est que
la mission d'Ia^ierdoi Paris ne prenait pas une tournure favorable;
le conseiller intime du prince de la Paix, avait trouvé l'empereur dea
Français dans des dispositions inflexibles contre la maison de Bour<
bon. Tout était changé depuis la signature du traité de Fontaine-
bleau pour le partage du Portugal. L'empereur savait que son année
était en pleine poaseasiOD des forteresses du nord de l'Espagne; il
disposait de ^ès de 100,000 hommes répartis entre Lisbonne A
Vafladolid ; puisque le Portugal était tombé dans ses mains, il. fit
tttendre à Isquierdo que rien n'était plus simple que de modifier les
articles du traité de Fontainebleau : on douterait èi l'Espagne le Por-
togal tout entier, cela lui mawiuait comme complément de terrw
tofare; l'armée fraocaise briserait la séparation qui existait entuc 1«
deux peuples. Or, en compensatio» d'ua si beau lot donné à l'Es-r
psgne, Napoléon lui donandait me part de conquête pour la France
10 delà des Pyrénées; on prendrait l'Ëbre pour limite; ce fleuve
Miaît la s^aratioQ des deux royaumes; on tirerait ub cordeao
iepaâA Bilbao jusqu'à Tortose en passuit par Vittoria, Tud^, Sara-
pMse, Mequinenia ; c'était la fr(mtière de l'ancien em^re de Cbar-
leœagne, soa successeur la désirait comme complément à son vaste
ijstème; on devait donc Cermuln un nouveau traité dans le sens des
volontés de l'empereur.
Lorsque la cour reçat cas dépêches d'Isquierdo, elle se confirma
duu la résolution d'une retraite précipitée derrière la Sierca-Morena,
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192 llfVASIOH Mt POKTDGAL KT DB L'BSrACn.
poar se mcUre k l'abri d'un coup de main : des ordres furent expé*
diéi aux troupes; on cbcHsit Séville pour siège futur du gooierae-
meot ; des envoyés seraient expédiés & Londres pour solliciter ctHneil
et appui au cas où l'on serait forcé de prendre une résolution sem-
blable k celle de la famille de Bragance. Le roi Charles IV écritit aox
chefs des gardes du corps, aux subses de sa maison, aux régiments
wallons qui avaient leun quartien k Madrid, pour les appeler k
Aranjuez, afin d'entourer sa personne. En Espagne, tout se fait avec
solennité et grarité, la royauté ne se remue qu'avec un appareil im-
mense ; de inreils ordres devaient exdter une inquiétude générale,
c'était de l'activité au milieu d'une cour immobile, le mouvement
dans le repos, le réveil dans la sieste ; le peuple murmura donc tout
haut. 11 y eut d'indicibles rumeurs dans la multitude, on menaça
d'une sédition. Celte sédition avait des causes profondes.
Le prince des Asluries, depuis son procès criminel de San Lorenzo,
avait tenu une conduite plus réservée ; le chaitoine Escoïquiz, le duc
de rinfantado, l'un et l'autre exilés ne l'aidaient plus de leun con-
seils ardents. La reine d'Ëtrurie avait même essayé un rapprocfaonent
entre don Manuel Godoï et le prince ; il était question d'un mariage
de famille ; ils s'étaient serré la main , et FemaDd dit k Manuel :
« On m'avait Utimpé sur toi : je vois, tu es un bon s»Titeur. » Le
{Hrince des Asturies n'en restait pas moins le chef des mécontents ; le
peuple a toujours besoin de formuler les griefs et de les personnifier
en UD homme qui devient l'objet de son amour ou de sa haine ; pour
lui tout est passion ; or don Femand était son ami naturel , son pro-
tecteur ; don Manuel Godoï, son ennemi. Ajoutei à cette circonstance
les instructions venues d'Angleterre , quelque aident jeté parmi des
hommes ardents, et l'on s'expliquera les scènes qui se préparent au
vaste palais d' Aranjuez. Dans la journée du 18 mars, la fermentation
^accrut i Madrid , la cité du peuple ; on voyait les casernes de U
Fuerta del Sol s'agiter d'une façon étrange ; les officiers parlaient
entre eux à haute voix contre Manuel Godoï ; les soldats espagnols
abandonnaient leur caractère grave et silencieux pour se communiquer
leurs griefs contre le favori ; une multitude de peuple : mdnes,
alguaiib, muletiers d'Oviédo, Asturiens aux membres forts, à h
démarche fière, Aragonais à la culotte de velours noir, à la crépine
{tendante , se mêlaient dans les rangs des soldats : on se demandait
ce qu'il était avenu au seigneur roi ; tout le mmide savait que les
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INTASION DIT POBTUGAL ET DE l'bSPAGNE. 193
ordres da prince de la Paii appelaient les gardes wallonnes, les troupes,
proTinciales , les régiments de ligne, la garde du corps même à
Aranjaez; que signifiait cette résolution? Est-ce que le roi allait fuir
en laissant isolée sa bonne ville de Madrid? Manuel Godoï voulait-it
l'enlever, comme les Mores traînaient en captivité les comtes de Léon
et de Gastille? Est-ce que la ville de Madrid serait privée de ses sou-
verains? Est-ce que le Buen-Betiro ne verrait plus les infants jouet
mus ses frais ombrages ? Aranjuez , veuve de ses nobles h6tes , n'en~
tendrait^IIe pins le cor de la chasse royale ?
Ainsi perlait le peuple, se groupant autour des soldats appelés à
Aranjuez par les ordres royaux. Quand les tambours donnèrent I«
signal, la foule suivit les troupes qui se rendaient à cette belle rési-
dence des Bourbons espagnols. Aranjuez *, le Versailles d'Espagne ^
oGTre une population de 14 à 15,000 Ames; la ville est découpée en
rues larges à la façon de Louis XIV, car Philippe V avait passé son
enfance k Versailles et il voulait reproduire là cette création merveil-
leuse que son aïeul avait jetée au milieu d'un désert. Le palais d'A-
ranjuez était grand, bien abrité par une verte feuillée; leTage arrosait
le pied du château ; d'immenses écuries, des casernes aux bâtiments
blancs, composaient les alentours du palais construit sans défense,
comme Versailles, car Versailles fut la résidence des temps pacifiques,
comme Saint-Gerniain fut celle des époques de guerre civile. Dans
cette Aranjuez, habituellement si paisible, la foule se pressait, pous-
sant des cris tumultueux ; si elle respectait le roi Charles IV, de
gros^ères injures étaient jetées à la face de la reine Maria-Luiia et
surtout de Godoï , l'objet de la haine publique. Les soldats , sous le
vaste palais, au lieu de réprimer ces manifestations séditieuses dans.
les cours d'Aranjuez, hésitaient devant toute répression ; les gardes
du corps mêmes, plus dévoués à Manuel, leur vieux camarade, sem-
blaient prendre part à la sédition commune. BientAt le tumulte devint
tellement grand que les dalles du palais en étaient ébranlées : le sang
coula ; des paroles de mort furent prononcées contre le favori en
même temps que des cris d'enthousiasme et d'amour pour Femand ;
le peuple est toujours dominé par cette double expression d'amour et
' J'ai visité Anfljaei dans nu bd et chand élé d'Espagne; je foulais des gaions
verts au milieu des ehtnts de mille oiseani rates : malheureusement le bmicMment
At la cigale domine sous ces fcui ardents. Laa bords du Tage sont admuable».
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104 ÏMVjISION DD rORTCGAL BT BB t'ESPAGHI.
de haine. Le prince dea Asturies paraisait le symbole de la aatioinlé
espagnole : lui, aa moins, n'était pas vendu aux François, il u'offmit
pas les portes aux Mores ; il régnerait en roi cattioliqae , espijtid,
BBBS trattres et sans trafiquants (tu royaame de CastiIIe.
Lorsque la fureur thi peuple demandait i grmds cris la t£te de
Manuel Godoï, Charles IV^ la reine Maria-Luiïa paraissaient aoa-
blés de ht disgrâce qu'éprouvait leur^iaucre ami; 3Êcmiul, MmauHta,
était tovte knr pensée; qu'on le sauvAt, et h couronne Êtaitia
prix * ; que leur Taisait le pouvoir rïl n'était plus secondé par lenr
pauvre ami^ Aranjuex pour eux serait désert comme l'EscuriiIel
Saint-lldefbnse. Cependant Godoï, en entendant ces cris de furenr.
s'était déïoM à la multitude ; quand on deroantiaK sa vie, it se ctdnl
SOUB des matelas amoncelés dans un grenier. Étranges caprices qu
la fortune réserve aoi favoris t Cehii dont ïea ordres étaient Bago*Tf
Kspectés dans les deux mondes , celui qui comnoandait k toutes h
justices de CastiIIe, ne trouvait pas un asile ; sur sa tête grooiUt w
de ces revirements de destinée qui doivent effrayer les puissants. Pen-
dant trente-«x heures, Manuel Godoï resta dans s» cacheté ; mourut
de soif, H s'adressa à an garde du corps pour le secourir , et celoi-a
dénonça le traître à ht onritHude * ; de» eris de mort fiirent eacsR
proférés.
* le doonenl plus urd uoe Utde inBnimeiit ciuieuse de 1» reine tu '^it<tii>
de Berg sur son pauvre ami.
' Vokl le premia récil qui ftit atrojt p»r famlisHMde frençeise 1 MapeK» '■
CL Amdjvcz. 19 mMS 1808.
B Ce que paraisuieDl se propvGer Ws dicEt de l'iMurrection vient d'ilre caunv
de succès.
j» CemilJD.àneufhcures, un garde vlal prévenir qa'il aveli eru mmiiufw''
prlneedebPiii.qailuiBTait deBemK k boire. Le grend eminl, ceeUbV
chuabra obeeure de sa maieoD, el étant naU tfeB(e-sii heures san&boiKi***'
demandé à ce garde un peu d'eiu. Les chers du rassemblement qui se ttnucui lui""'
de la maison donnéreui aussitdt le signal, et une foule considérable se p)(i* ' "
■Mison dn prince. La reine conjura le prince des Asturies de s«o¥ei le priK**"
^ix. Le prince des Asluncsvintham^oM les mutina, et arrache lapri>M«^
Paix à leur fureur. J'ai TU de ma fendue le grand amiral, blessé àrwlclcM*"''
S«ng, marcher entre deu» gardes du corps qui le tenaient au collet ; illrouiisftw
dans la caserne des gardes du corps. Le prince des Asturies fut obligé, F"'
■Burer, de s'engager à lui faire faire son procès.
» A iTOis heures après-midi. Te même rassemblement se reporta devant la mt^
son but paroissdii Otre plus sérieui. Il se tenait des propos affrcui. Oo dmiM*'
des litrs et du sang ; on accusait les personnages les iJns augustes de tonloir w»*-
D,„l,z.dbyG00glC
IKTAtlOn DD FOBTDGU. KT DB L'ISPAGR. 195
Alors la reine éperdue et Qiarles IV consterné s'adressèreat à leur
fils Fernand, qu'enTironnait l'uoour du peuple : « Lui seul pouwt
sauver le ptmvre ami ; aucun sacriike ne coûterait ; la conroane était
pesante dès que le prince de la Paix n'en partageait pas le faii.
Fernaoïl voulait-il ttte rai 7 eb bien I l'abdication aurait lUo ;
Cliarles IV allait le letirer daas t'Andolouaie, h Badajoz, à G«dix,
pourra qu'on lui laiss&t Maend Godoï ili son service. » Et le prioee
des Aiturits, obéissant ainsi à son père, vint ao-deiaot du favori %m
la multitude tratoaît déjà dans la pousaiire. Plus d'un caiUoa rammé
dans le Tage vint frapper celui que la foreur da peuple éerasatt;
Hanuel était blessé à l'œil ; son corps était tout meurtri ; FernaBd
s'approcha de hii, le prît sens 9oa bras, te couvrit de la personne, st,
haranguant la foule, il engagea sa pan^ : « Que le procès serait fUt
À Godaî jeté dans lesprîsonsdn palais; H fallait-ua eiemple solennel,
il serait donné par le «»!eil des Castille»; et, si Manuel était déclaré
eeupable, le peuple pourrait danser aotoor de son cadavre pendu sur
îe Plaia Mayor 8 MadrM. » Le resçcH que la fonJe portait à Femaad
arrêta les fureurs meurtrières ; des acdamations partirent autour de
ce jeune prince, Tespoir de l'Espagne ; on se borna pendant ce ten^
k jeter mille imprAesAions contre Manuel Godoi ; on répéta des épi-
tl^les sales et ignobles que les mntetienr des Asturies appliquient au
vieox page de la reine, «a eortejo de HBii»>LDizB ; il fut condirit
dans les prisons d'Aranjuez, et les gardes du corps dorent vailarsar
sa personne.
Dès que Charles IV et la reine Maria-Luîza eurent appris que leor
pauvte ami était en sûreté, ils sougèrent à réaliser le vœu de cette
multitude énnie. Le setr l'abdication, déjà discutée au conseil, fat
résohie par le roi ; était-elle la suite d'une conjuration positive ? les
ressorts eu étaient-ils préparés par le prince des Asturies et ses com-
plices de la grandcssa? Le moavem«tt d'Aranjuez fut-il prévo et
arrangé d'avance, ou vint-ït spontanément comme le résultat de la
iraire le prince de It Paix i I» TÏndicte pnWîque, pour le foire passer en Grnnde.
Les iiïtes s'échauITsienl ; beaucoup de soldats se joignaient k ces rossemblemcnts.
» Le roijugeai propos, sur ces entrefaites, d'envoyer dire qui! se démettait d«la
couronne. Le peuple poussa des cris de joie. Le prince des Asiaries, dCTenu roi par
celle abdication, a promis de poursuivre juridiquement lo prince de laPaii. La
décret d'abdication part k l'instant pour Madrid, où, dans la situation actuelle des
tttcs, i) sera •ccudlll avec empiwsfnent. •
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196 WVASIOH DU P0KTU6AL BT DE l'eSPÀCNB.
aituatiofl? Dans les évéoeineiits politiques', il 7 a noitu deconjit-
ralions qu'où ne croit ; quand uue situation est faite, les coDséqucncn
en découlent naturellement : ainsi le prince Femand n'ent pas beann
de s'entendre avec les conjurés pour arriver à la couronne ; elle \m
vint par la force des circonstances. Le peuple proclama FeroaDdYIl
comme une espérance de sa nationalité ; Charles IV ne lui panisEiil
plus un roi digne des Caslilles; don Manuel Godoî était uu tnttre;
AO voyait l'avènement d'un nouveau prince comme un retour toi
l'iodépendaitce espagnole ; Femand se laissa porter par les flots, il
n'eut pas besoin de les commander. Quant à Chartes JV et i la reine,
ils furent frappés par le coup qui atteignait le prince de laPui;it
étaient tout par lui, incarnés en lui ; ils cessèrent d'être soureraK
quand leur pauvre ami fut captif. , ,
Le soir du 19 mars, en présence de quelques grands d'Espagne,
Charles IV, vieillard couvert de rhumatismes et de goutte, déclanqull
voulait abdiquer une couronne dont le poids le fatiguait, lui, épuise
et malade ' . Le secrétaire d'Etat Cevallos dut rédiger la cédole royale
de renonciation. « Pedro, fais-la bonne et formelle, lui dit le Tient
roi ; je ne veux plus de mon pouvoir ; d et tant il était emprasid'i^
complir celle abdication, que lui, qui ne signait plus par suite àens
douleurs et de sa paresse ', voulut apposer au bas de l'acte ces parole
sacramentelles Moi le roi, qui constituent la forme de la volonté
royale dans la Péninsule.
' L'acte officiel de cetle «bdication est tin^ contn :
Décnt roj/al.
* Comme mes iufimiitéa btbiiQcUei ne mepermelienlpcsdeMipporierphtikint
lemps le poids imporUDl du gouvernement démon royaume, et ajeDilNMÙipw
rHablir ma E«Dté, de jouir dans ua elimat plus inopéré de la vie priTée,j'lid^>'^'
•près la plus mùrc délibération, d'abdiquer ma rouronoe en TaTeur de DwaUiilin,
mon iris-aimé fils le prince des Astaries.
■ EDConséquCDce, ma volonté royale est qu'il soit reconnu et obéi cemat ni <*
leit^eur naturel de tou6 mes royaumes et Eouyerainelés; et pour quecedécrHr<J;il
•le roa libre et spontanée abdication scit etaclement et dûment accompli, tou^''
l'nnuDuniquem au cooseil et i tous autres i qui il appartiendra.
■ Donné i Aranjuei, le 19 mars 1808.
> A don Pedro CeTslloa. > lo kl rei. t
' Il envoya officidlement la lettre miiTante à l'empereur pour annoncei son >!>'''
LeKn de CharUi ira PfapeUott.
H Uensleur mon frère, ma santé ■• trouvant chaque jour pins déhbcée.i'ii'''
néccsaalre, pour la rétablir, d'aller chercher un dlntt pigs dout que celui-ci , «> ■■'
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INVASION DIT POSTOGAL ET DE l'eSPAGNS. 197
Dès ce moment , Cbarles lY cessa de régner ; il n'abdiqua pas
comme Charles-Quint , fatigué d'une grandeur sans limite ; ce ne fat
pas le roi philosophe allant finir ses jours dans un monastère pour
méditer sur les choses humaines, après avoir accompli son œuvre ; ce
ne fut pas Philippe V quittant le trAne avant la mort pour assurer
les droits de son Gis : Charles IV fut un roi qui , s'étant incarné dans
un farori , ne comprenait pas le pouvoir sans lui ; le sceptre était de
fer, la couronne d'épines. Le jour où tomba Godoï , tout fut dit pour
le roi et le reine des Espagnes; Maria-Luiza , préoccupée de Manuel,
voulut le sauver è tout prix : spectacle de faiblesse et de décrépitude,
expression de la vieillesse luxurieuse d'une reine qui avait tout sacrifié
pour le cortejo de ses jeunes années.
Le prince des Asturies fut proclamé, le même soir, roi des Espagnes
cf des Indes , sous le nom de Feroand VU . Ce fut un triomphe d'opi-
nioD publique , une manifestation bruyante de la multitude ; on vit
la foule, ruisselante dans les jardins d'Axanjuez, saluer le nouveau
monarque par des acclamations. Jamais cri d'amour des sujets et vas-
saux ne fat jeté avec plus d'enthousiasme ; ce peuple semblait pres-
sentir que dans le nouveau souverain était le symbole de la nationa-
lité espagnole ; il l'aima de toute la haine qu'il portait à Godoï ; le
soir le baîsement de main eut lieu. La nouvelle de l'avènement del
rty nuestro aegnor Fernando VII se répandit & Madrid ; et l'on vit des
illuminations aux cierges blancs, des tapisseries jaunes et rouges ten-
dues aux fenêtres, comme dans les jours de réjouissances publiques,
ou quand le saint corps passe aux processions de la Fèle-Dieu dans
les calUa d'AIcala ou de San-Geronimo.
reiiraDt des affaires de mon rojaunie.EacoDséqaence, j'ai jugé conTenible, poar le
JMabent de mes peuples, d'abdiquer en faveur de mon fils bieQ-aimé, le prince de»
Asiuries. Les liens qui unUsent dos deux royaumes, et l'esUme toute pariiculitee
qnej'aitonjonrs eue pour la personne de T. M. I. et R., me fonl espérer qu'elle oe
pourra qu'applaudir à ceUe mesure, d'aulani plus que les seutiments d'eslime et de
moD tffeclion pour T. H.I. et S., que j'ai tlché d'inspirer i mon fils, se sont si
profondéraentgraTésdansBon cœur, que Je suis SÛT des soins qu'il se donnera pour
resserrerdepIuseuplusIesdeuiÉtals. Je m'empresse d'en faire part àT. H.I. et R,,
ta lai raiouTelani i cette occasion les assurances de mon attachement sincère et
les Torax que je ne cesserai de tkm pour la proipéril^ de V. H. I. et R. et de toute
son auguste lamille.
' Je suis, avec ces sentimenta, de V. U. I. et R., e(e.
> Chablis. »
A Aru^na, ce aD man 1908.
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ttS muia Di uiaon.
CHAWTREIÏ.
I St MLTtMVK, JOIKPH tOf D SI
llviatk Madrid. — Ses rapports politiques mrt Charlet IT «t la reine U*rte-Le<ii».
— La reine tTfttnuie. — ÂbdteatioD et ChnrhsITtiiraclte. — iHtradnui
H. de Beaubarnais et à Murât. — NigodaUokS ée FerdiMnd TU «*ee l'cafimii-
— LfgMnl Sarsnr 1 Madrid. — Sa nitaioii. — iM^art de FfnUaand poorti
froatiire. — Séjour à Viltoria. — HapoUon i Bajonnc. — iBStances »prèsd(
Vadlnand pour l'abdication. — L'empertnr et le chanoine EMCïiiali. — U-
graMls d'BsptfDe k Bajanne. — Voyage de Charles IT. — DéreloppeiHot di
4raiiM.— HouvMMot popalaire d« 2 mai i Madrid. acJWM «MRCkatlM iV. li
nina et FvdiDand. — Les traités de Bafonne. — Ordrei Joseph d'ar^lrersu[-t^
cJwtnp. — Son en ^vue avec Napoléon. — Simulacre de jnnte. — ronnnltdeli
«onslituUon. — Imlla^adu baise-main de Philippe T. — LesdorniersBeiirtioD-
Lorsque le drame â'Aranjuet se développait dans les proportions
d'une émeute en Espagne , Murât , grand-duc de Berg , s'avantaili
tiarches Torcées sur Madrid. Les ordres de l'empereur étaient i^écis:
ménager les populations espagnoles , afin de leur donner one grande
et noble idée des Français ; tout devait être payé avec eiacliludc
par l'armée , aucune réqui^tion ne serait faite sur les villes, on détail
agir comme des alliés jusqu'au moment où l'empereur se pronoDCCiail
sur la desUaée de la Fèuinsole. Dès Burgos, Murât , imiUi^ ^'^
jours la putie pempeuse et dramatique de Napotéos , s'étût tirf^
anx Espagnols dans une proclamation bienTCillante et souveraine '.
'Cinvlaire ttdreuée parS.À.I.etB.U gmnd-d^cdtBcrgàUM.Ui HiUMbaK
gouctmtun el députéi dtt province» de Burgot, de la YitOU'CaitQie, itla»t-
«a)f*, dt Gtiipiucoo, etc.
« Messieurs les députés, parti de Paris d^ubnDeqtùnraine dejowa pevr pns^
le commandement des troupes deS. M. l'aiapareur, j'aiftpyris, km» eaiK^"
Bapagne , que v«s prvif oces avaient fait des avances consdérables pour les ironpr
françaises, e( que tontes ces dépenses étaient i ta cha^ de ces oàtiMS pratinn^
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la. matùe d'être roi «'avait pat qatiié le grand-duc de Becg; U avait
rêvé la couronne de Pologne et de Prusse ; maHiteaant ctUle d'Es-
pagne flattait son amoar-prqpre ; lui , né pauvre en Quercf , som le
soleil méridional, rêvait la souveraineté des belles villes d'Espace ,
de Burgos, Alcantara.Séville et Cadix.
A fiuytrago. Murât connut les événunente d'Ara«jaez ; il se h&ta
d'accourir i Madrid, m l'année française fit aoin entrée avec toutes les
pompes militaires, le 23 mars. Le sois de Murat fut d'oi;{[atiiser un
bon système de défense ; les troupes acci^rrait les casernes vacantes ;
iJ ne restait plus que quelques bataillons de gardes espagnoks ; Murat
prit contre eux d» précautions de défense sans les désanner racore.
Sa pensée n'était pas de se montrer hostile k l'Espagne ; comme il w
croyait appelé & régner, il ménageait l'oiigueil du peuple castillan ;
cette saUon lui fdaisait; ^e était pleine d'ostentatlt» ; lui n'avait-It
jpas aussi tontes les manies, tous les clinquants d'un ècuyer du cirque
ou d'un toréador dans une belle lutte de taureau de la Plaça Mayor7
Dès que la cour d'Arai^uec aj^rït l'airivée de Murat , le beau-frère
de l'empereur, tous les partis s'adressèrent spootanéneat à lui pour
attendre leur destinée : aucun des princes d'Espagne , auc«n des
homneB d'État ne pensait triompher aans le secours et l'appui de
l'empereur. Si secrètement on s'adressait au comte de Strogonoff,
ministre de Russie , ou au nonce Gravins , afin de tâter l'opinion des
cabinets, on savait bien que le seul moyen d'arriver h une solution
pour les affaires d'Espagne , c'était d'obtenir la protertion suprême
de Napoléon , et par conséquent de Murat , qui était son image :
Otaries IV, la reine, Ferdinand lai-même , tous s'étaient bâtés de se
mettre en rapport avec le généralissime des armées franfaises qui
fixait son quartier général à Madrid. Aucune opinion ne pouvait
S.1H. m'a efairgi 4« Toas Ikfn «rniBittre qu>H« rmdionraira iTee )b phR MrnpalmM
MMtlnâe tout ce qui a M ptjt tifovnii povr ses WonpoB. ie ve«s fanHeca <«■-
9A4«cn« d'en remeltre les tiMOTelhetlMtè l'imw><«Bt^el'«nlk.
■ Drputs que je suis a« mflien de voas, je ne pais qat me ttWtlMt 4m boBovs
dispoïtûons qui voas MHomil , et je me mis tntpnssé d'en nndre compte à
g. M. l'emperrar, qui, plein d'cBiime et d'affecttM pour la oatim taptgatAt, a h
désir de contribuer de toutsoncanir au bieD-^tredavepeya.
» Sur ce, je prie Weii qu'il tous ait en sa sainte et digne garde.
■ Danné k Burgos, au fnKé qiwrtier gtménl des arm^ d'Bspagn , le lA mira
• Ixgraad'diNdeAeiig, UeataMMdel'enpctear.
» JoAcaiM. ■
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^00 DRAME DS BATOim.
triompher sans lui; on courait prendre ses ordres, etMunt.doQt
1a vanité grandissait en raison de sa situation élevée , accueillait ta
sollicitations en véritable suzerain, donnant à tous des espérances qui,
'par la suite, favoriseraient sa propre élévation à la conroune.
Dès le lendemain de son abdication , le roi Chartes lY avait envoté
un de ses confidents les plus intimes à l'ambassade de France i
Madrid. M. de Beauharnais, qui attendait alors M. deLaforest,aTait
(les instructions doubles ; le but de Napoléon était de favoriser la
dissensions au sein de la famille d'Espagne, afin de démoraliser le
pouvoir de la maison des Bourbons. H. de Beauharnais déclin ;
-« que les événements d'Aranjuez lui paraissaient avoir uu candèit
de violence , et il conseillait à Charles IV, au nom de son souvefaiii,
-de préparer une protestation contre un acte évidemment arraché pu
Ma tumulte irrégulier ; » d'après ce conseil , le roi Chartes IV rédigea
une protestation en espagnol , écrite de la main du secrétaire d'Ëlal,
-revêtue du scel royal ; elle fut déposée À l'ambassade pour l'oi^ioser
aux droits de Ferdinand VII* ; il y disait en quelques lignes: «qa'il
protestait et déclarait que tout ce qui était contenu en son décret
du 19 mais, abdiquant la couronne en faveur de son fils, avait été
forcé afin de prévenir de plus grands maux. » H. de Beauhanuii
' Ltiirt durai Charltt IV à l'eoiperew Napoléon.
a HoosteuT moD frère, votre majesté «pprcadra sans doate avec peine ^tséii»
menls d'Aranjuez el leur résulut : elle ne verre ]ies sbds quelque intérêt on roi pi'
-forcé d'abdiquer la courouDe , vient se jeter dans les bras d'un graod mODËrquc !»>
-allié, seremettanien tout isa dispositioD, qui seul peut Mn son boi^enr, cdv
de toute sa famille et de ms Sdèles et aimés sujets. Je n'ai déclaré m'en démeliR <<>
faveur démon Sis que par la force des circonsiances, et lorsque le bruit des innt»
elles clamears d'une garde insurgée nie faisaient assez counaltre qu'il ralliii (boisir
entre la vie el la mon, qui eût été suivie de celle de la reine. J'ai ëlé fbrcé d'aMiqDer;
mais, rassuré aujourd'hui et plein de confiance dans la magnanimité et le|àiiedu
-frand homme qui s'est toujours montré mon ami, j'ai pris la résolution de n'en it-
mettre à lui, en tout ce qu'il voudra bi«i disposer de nous, de mon sort, de fi"! <^
la reine, et de celui du prince de la Pali. J'adresse k V. M. I. et K. une proteliti*»!
«outre les événements d'Aranjuei et contre mon abdication. Sur ce, je prie Km^'"
vousaiicnsasainteeidignegarde. « Ckabui.
B AranjauileSlmarslSOS. >
■ 91 meno.
B Proiesto ; detlaro que todo lo que manifiesto en mi decrelo del 19 de OMm,
-«bdicando la corona en mi faijo, fue foraadopara precaver majoits mtlcs ;.U cAi^
detla sangre de mis queridos vasallos, j por lauto de ningun valar.
0 lo M. «IT. ■
îdbyGoOgIc
JOSBPB ROI d'B8PA6NB. 301
prit copie de celte protestation , et l'envoya immédiatement h l'em-
pereur. A peine Murât était-il à Madrid, que Charles IV lui écrit en
italien non-seulement pour protester contre les événements d'Aran-
juez , mais pour recommanda & son bon Frère le grand-duc de Berg,
son pauvre ami , le prince de la Paix *. Le roi craint qu'on ne lai
fasse son procès ; il n'a donc d'autre ressource que dans la protectico
impériale et royale. La correspondance de la reine est plus pressante
encore; Maria-Luiza écrit d'une manière abaissée au grand-duc de
Berg pour solliciter la liberté de Manuel ; sa lettre est en français :
« Sauvez le prince de la Paix , l'ami des Français, c'est un service que
nous vous demandons tous; ne laissez pas l'Espagne aux mains des
ennemis de la France *. o L'intermédiaire actif de toutes ces négo-
' L«ttnenUàli«aduroiCharUtavgrand-dued«B«Ty,du^niartiB06.
a Hansieurellris-cbcrrTère,«7sniparlé ivoire ■djudant-commtndaoi, etl'ajiiil
iDfbrmé de [Qut ce qui s'est ptBsé, je vous prie de me rendre le service de fslre con-
naître k l'empereur la prière que je lui fois de dilivrn' le pauvre prince de la Paîi,
((ui ne souffre que pour avoir été i'ami de la France, et de nous laisser aller avec lui
dans le paya qui cDoviendra le mieai i ma santé. Four le présent, nous allons à
BadaJDi. J'espère qu'avant que nous parlions tous noua ferti réponse, si vous ne
pouvei pas absolument DOua voir; car ]e n'ai confiance qu'en voua et dans l'empereur.
En attendant, je suis voire très-affectionné frère et ami de tout cour.
) LeUra de la reine d' Eipagne au grand-due dt Merg {éerùe en f^anfaU)-
a MouBieurmonTrère, jcn'aiaucunaroisinonT. A. I.; mon cher mari vousécril,
el vous demande votre amitié : seulement en tous et en votre amitié nous nouscon-
GoDB,mon mari et moi. Nous nous naissons pour vous demander que tous nous
donniez la preuve ia plus forte de votre amitié pour nous, qui est de faire que l'em-
pereur connaisse notre sincère amitié, de même que nous avons toujours eue pour
lui et pour vous, de même que pour les Français. Le pauvre prince de la Paix, qui se
trouve emprisonné et blessé pour être notre ami , et qui vous est dévoué, de mjme
qv'i toute la France, se trouve ici pour cela, et pour avoir désiré vos troupes. De
même, parce qu'il est ootre unique ami, il désirait el voulait aller voir V. A. I., et
aciueliemeni il ne cesse de le désirer et l'espérer. V. A. I., obienez-nous que nous
puissionsfinir nos jours tranquilles dansuu endroit convenableàlassmé du roi, ipii
ot délicate, de même que la mienne, avec notreami, unique ami, l'ami de V. A. ■.,
le pauvre prince de la Paix, pour finir nos jours iranquillemuit. Ha fille sera mon
interprète, si je n'ai pas la satisfaction de pouvoir connatire et parler i T. A. I.; poor-
raii-elle faire tous ses efforls pour nous voir, quoique ce fût un instant, de nuit,
comme elle voudrait?
B L'adjndant-commandant de V. A, I. vous dira tout ce que nous lui avons dit.
J'espère que V. A. I. nous obtiendra ce que nous désirons et demandons, el que
V. A. 1. pardonne mes griffonnages et oubU de lui donner de l'eliesse, car je ne sais
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SOâ mXMB iOS BATOIOIB.
ciltionB «uprès de Unrst étùt h reine <f Étnine, riuTaBie qu'cmn-ut
vue, flOQS le eonaulat , k Paris auprès de sob fr^ éfoux ; princoBe
9iritiuille, elle parlait le rraocsis et l'italieo arec facÛité ; qnoiqii'dle
ne fia, plus très-jeune , elle avait encore cette grâce du monde, cet
mfiTU, cette suavité de tournure que l'Espagne eeule donne k ses
oniiDts ; elle avait séduit Murât , si facilement entratuË ; on parlait
de rascendaut qu'elle exerçeit sur le grand-duc de Berg et des longues
CHiseriei sous les arbres de Mançanarez. Le cberaleresque Mont
aimait à le montrer tout chamarré d'or avec la reine d'Ètrurie, n^m
«u Prado, <m se voient les grandes statues mytbolt^ques , les àms
«t les nappes d'eau qui tombent à gros bouillons sw ces allées sablon-
UBOses. Charles IV se trouvait ainsi assuré pu la reine d'Ètrurie de
l'appui de Uurat; il ne s'inquiétait plus da son abdication : qn'OB
HuvAt Manuel Godoï , c'était son unique voeu.
Pénitent ce temps, don Ferosnd Vfl , prochnnft i>ar Te iRuple,
noDonn par les grands, se h&tait à'eatKjti i bo« tou qu^qoes dé-
marches pour obtenir l'appui de Napoléon; il avait annoncé son avé-
neneot royal i Murât et à H. de Beauharnus ; tous deux se bD^
■éretit à des paroles vagues; ils ne denuèrent «neore que le tilR
d'dIfMse royale à celiù qui n'était peur eux que le prinoe des Asto-
ries. M. de Beaubarnais, pour s'excuser, prit un prétexte diptom-
tique ; et , sans se prononcer sur la question d'Aranjuez , il déclan :
« qa'il attendait les ordres de son gouvernement sur une crise ausi
délicate; il avait écrit à l'empereur , il espérait recevoir des instmc-
tiooB postérieures, et alors H se ferait joie de saluer pour roi des
Espaces le prinoe que le peuple avait proclamé , eooseillaul niâiDe
m prtnce des Asturies de s'adresser à Napoléon pour lui dire (es M-
nsments accomplis, et son désir de rester Bdèle à ràlliance francsisf^-i
Ttâle était , an reste, l'inteotiOD du nouveau roi ; comme Charles !>',
m sa¥Btt qoe rien ne pouvait se faire alors saw la volonté de ]iafo-
léon. Bon FemandVII venait d'envoyer trois grands d'Espsgneilw
U mission officielle de noti&er k Napoléon l'abdicalion du roi CliirkSi
«t l'avéoement d'un nouveau prince à la «Hnoone ; Hucat ififomt
«fc je suis, ei crojei que co n'esi pas pour tai msnqun, et tecerw rass»ifwie« dt Kw»
MOU amitié.
• Je prie Dieu, etc.
• Toirc trii-airettiannér,
■ Lonsr. •
îdbyGoOgIc
Mi
onUe dékMcbe, afio àe toat «eporter à la pefMwwMatéa de l'«a|»-
reiH- , «t d'attendre 4e lui h dMtioée.
La évéDenentftd'Araojaei^rtooci^iwt 4rè»^iveiBeiit l'flrapweu
riwFraavais; rœuTre^4pwéeptrflaf(4itiqiH«ttait-«Ue4tnaTrétéQ7
ATCcCbtrleslVetlepciowdelaPùx, Uf»euvait tout idaspriscfli
faibles et un Tavori, une nation qai méprisait et son roi et son ministre,
tout cela servait admiraUement les desseios de Napoléon pour a'em-
.parer de la couronne i'Bsftgoe i il arriverait à la chute .profeode,
irrévocable de la maison de Bourbon ; on laûserait è Gharies IV te
sceptre du Pérou et du Heiique, comme on avslt laissé le Brésil à don
Juan de Portugal ; quant k rfspagoe , elle reviendrait de plein droltii
1« famille Bonaparte. Les événements d'Aranjoet chaageaieat toute
la nature de Cette situation : un princ« Jeune , entouré de la conBaiH»
nationale, se posant au sein du peuple comme soti bras, sa ft>rce 6t
M» ^>ée , devenait un grand obstacle aux idées de Napoléon ; ooe
ftree allait se présenter hostile , une nation s'armait iterrière m roi
p<^)ulaire ; comment songer dès lora à une abdication volontaire, &
mie renondatioa de droits <pâ touchait tout k la fois le prince et la
jMrtrie esimgnole ? L'empereur , vivement coAtnrié de «et incidmt ,
réTIéchit dans sa puissante tète au moyen de sortir d'une situation si
«iBbarrassée ; Mn génie fertile en expédients lui suggéra une Idée
f^nde en résultats : Charles lY et Ferdinand le trouvaient soqb 1m
roups d'une vive querelle de famille et de couronne; tons deok
s'étaient adressés k lui cwnme k leur juge naturel , k leur suieraln ,
iteur arbitre. Il était tout simple que danseelte situation rein(>er«ur
intervint' dans la question espagnole : c'était son droit et 9m devoir.
S'il allait à Madrid pour ge.pronoocer en souverain , n'était-ce pas se
ttvfer h un mouvement d'toeute ou a un caprice de peuple ? mieux
vataît donc appeler les princes d'Espagne dans une ville frontière de
France , à Bayonne par exemple : il \t>n-att et jugerait ik les qoe^
relies de famille ; puisqu'il y avait procès, il était naturel que les par-
tics vinssent oà siège le juge, lorsque ee juge était l'empereur des
Français. SU attirait une fois les princes d'Espagne k Beyonne , il
jKrait maître de tout , et prononcerait ensuite souverainement * .
Pour arriver i ce résultat, ilMlait dioisir un bjunme de conOancet
m esprit dévoué , qui pût et dût agir comme l'empereur lnl-mtee
■ CfttcHtt.NapttliwrtifriiudaiiBMnBuifeBte,
:dbv Google
S04 DBAHB SE BATOim.
'Clans une affaire aussi délicate. Napoléon fit appeler le génkil Sinry,
à peine alors de retour de sa mission intime auprès de l'emperear
' Alexandre à Saint-Pétersbourg ; il pouvait compter sur lui , Saviry
était parfaitement capable de le comprendre et d'eiécuter ses ordret
ponctuellement *. Ses instructions secrètes furent celles-ci : « dèter-
' Legéoinl SararyD'thiiconniUre que les instructions offldellesdercinpnwri
celait «on devoir : les initructions secrèles éttient de B«ture i ne peiol étrarCTâw.
Voici les pirolca de Napoléon :
D Vous allez partir pour Madrid. Oo me mande decetteiillequelflroiChiriKlT
a abdiqué et que son 61s lui succède, et en même tempsTon m'apprend que cdiM
arrivé à la suite d'une livolu lion dans laquelle le princede la Fali paraît aroir eu-
tombé, ce qui me donne à penser que l'abdication dn roi n'a pas été toIwIûi.
J'étais bien préparé i quelques changements eu Espafcne, mais je crois Talt,il>
tournure des affaires, qu'elles prennent une marche tout autre que je necronia.
Voyez notre ambassadeur, et diies-moi ce qu'il a fait de tout cela. Comment n't-t-i!
pas empêché une révolution que l'on ne manquera pas de m 'attribuer, el dans Itqadlf
je suisTorcé d'inIciveDirî Avant de reconnaître le fils, je veux Aire instmiidusenii-
inenls du pire : c'est lui qui e£i mon allié, c'est avec lui que j'ai des engagements; a
H'il réclame mon appui, je le lui donnerai tout entier, et le remettrai sur h irdMtB
dépit de toutes les intrigues. Je vois muntaiani qu'il avait raison d'accuser sm Bi
d'avoir tramé contre lui : c«t éi énemeni le décèle ; et jamais je ne donnerai mou bmd-
liment i une pareille action, elle déshonorerait ma politique et tournerait im jour
» Hais si l'abdication du père est Tolontaire, et, pour qu'elle le soit, il faQtqn'dk
en porte les caractères, au lieu que celle-ci n'a que ceux de la vielcDce, alors je tmi
si je puis m'srranger ovec le fils comme je m'arrangeais avec le père.
D Lorsque Charles-Quint abdiqua, il ne se contenta pas d'une déclaration tenu, il
1a rendit authentique par les cérémonies d'usage en pareil cas, il la renouidt flii-
sieure fois, et ne remit le pouvoir seulement qu'après que tout le inonde fat cM-
>aincu que rien autre chose que sa volonté ne l'avait porté i ce sacrifice.,
» Cette abdication avait un bien autre caractère que celle d'un souverain dooi oi
viole U ministère, el que l'on met entre la mort el la signature de cet acte.
» Rien ne pourra me le faire reconnalire avant qu'il soit revêtu de toutelal^u
'qui lui manque; autrement, il suffira d'une troupe de traîtres qui s'intioduin, l>
uuit, chex moi, pour me faire abdiquer et renverser l'État.
» Si le prince des Asiuries règne, j'ai besoin de connatlie ce prince, de shhi i'U
est capable de gouverner lui-même, et dans ce cas, quels sont sas principes,
» S'il doit gouverner par ses ministres , je veui savoir par quelle intrigue il »i
Xlominé, et si nos affaires pourront rester i celte cour sur le pied oii elles étai«il t k
Cour du roi son père.
u Je ne le croiv pas, parce que les eilrémes se touchent en rérolnUon; ilestini-
Umblable qu'un des grands mojens de popultrilé du nouveau roi aura été l'inteatiN
manifestée de suivre une marche opposée i celle de son père, qui lui^Hnéme aitn*
d^ donné de l'inquiélude après léna.
■ Sansdoutelesalcnlours duprincedesAsiuriesserontdifféreiits,et il fenbie''
tda m'importe peu. Le lol son pire trouvait bien la manière dont il s'itoit ctaUi, "
îdbyGoOgIc
iOSBPH KOI d'bspaghe. SOS
miner les princes d'E^gne à venir li Bayonne pour attendre le juge-
ment souverain de l'empereur. » On ajoute que quelques autres
paroles furent dîtes au général Savary sur la possibilité d'un enlève-
ment de ces mêmes princes au cas de résistance ; sous ce rapport , la
politique de l'empereur se faisait peu de scrupule , l'affaire du due
d'Ettghien avait constaté que lorsque les iatéréts de dynastie com-
mandaient une résolution de violence, il ne s'inquiétait pas de la
moralité de l'action : comme il avait une pensée vaste, il y allait droit
sans détourner la tète par des motifs purement humains. Il arrive
toujours ainsi quand la tête de l'homme dépasse les proportions de
la commune nature ; il est simple que celui qui se propose un grand
dessein ne reste pas dans les conditions de la vie ordinaire.
Le général Savary fit à franc élrier le voyage de Paris à Madrid ;
il avait intérêt à ce que nul ne prévint Ferdinand et ses conseillers
du but secret de sa mission , qui était de déterminer le voyage des
infants k Bayonne auprès de l'empereur ; partout, sur son passage, le
général Savary répandait le bruit que Napoléon viendrait jusqu'à
Burgos, et que ce serait là qu'aurait lieu son entrevue avec les princes
espagnols î Ferdinand VII y serait reconnu roi . C'était une nouvelle
jetée habilement afin de préparer les infants au voyage ; puisque
l'empereur reconnaissait le frère atné Ferdinand , le peuple espagnol
rendait son amour au magnanime souverain de la France; des arcs
de triomphe se dressaient sut la route ; les capitaines généraux , les
intendants , tous se préparèrent i recevoir dignement Nappléon. A
Madrid, le générât Savary vit peu le grand-duc de Berg ; sa mission
principale était de décider le prince Ferdinand à faire le voyage :
dans ses dépêches secrètes , le général Savary blAme la conduite de
Murât et rend compte A l'empereur des démarches qu'il a faites
n'itait pas à moi iU désapprouver .-J'avais fini par m'en accommodei et par m'en
trouver très-bien.
» Je voudrais pouvoir m'élablir sur le mtme pied avec le âls, et finir d'une ma-
niire honorable avec le père.
> Si, comme je te crains, le fils a donné dans une marche opposée, il se sera entouré
de tout ce que le roi Charles IT avait éloigné de sa coar et de ses affaires; alors je dois
m'atlendrei avoir des embarras, parce que les hommes se gouverneal le plus souvent
par leurs passions, et que ceux-ci , ajanl attribué leur disgrâce i l'influence de la
France, ne laisseront échapper aucune occasion de s'en venger, si je leur en laîsee te
temps elles moyens, a
( Instructions de l'empereur au général Savarj.)
:dbv Google
JOB BftAlft Bl BâTMIMK.
«u^dcM. deCefalka«tdudMHiMtlineï(]wi,«HiilenBh
liaa deferdiaaMl. M. de Uforcst, «p(oM«e4u proBieroHn,
i<éiM»tMat Ktfvé • Madrid, suivait la «éat oanduile ; il «obaMt
¥ei4ioÊmà Vil i an voyage royal ww h iidiiwoa paar 7 renoirier
te pacte de famille.
Le géaéral Sa^-ary alla phia lois. Ferdioand s'était pM recom
dijdomatiqueBeDt; H. de Bdaahamah «t MunA mt l'appeliMt
ifïmUuie nyaU ; eh btea ! paur mieux te convaiacve dei iotMiimi
de l'ampeNor , k géoinl Savary lui dooaa le titre de tw et de a»
/Mtf ; cea Anmai d'étMiaette «e ceAtaient ne» ; c'était |wii de dnw
a'il arrivait i l'ebjet de sa miwion : eatiatasT lee iHisees a^igaol! i
l'entrevue de hyonoe. Le gioAtil Savary iasiata : « Que S. M.
Tienne KulooMit jusqu'i Burgoi; l'empereur, d^ parti de Fuis,
arrivera en même tampa aiir la freotiàre pour recoaoattoe et nkMt
•odImki lière doa FerMod VU, le roi dei Eapagnes et de> Indfl. >
C'mt au murmure de ce langage flatteur que le jeune rot u aut
es marclK i travers la grande route de Bayonne, avec cattepm^
n^ale de l'Eieurial et d'AraigimE ; partout le peupla eqwgnol vaniil
aaluer «on seigMor avec dee démouBtrations du ploa gnod eetboa-
«iairae : lee vieux régimeato de Caetille, ies proviruiaUt , \aguia
wrilasBes, ae riaotaaaieat wr la roate; le» cris populaire ^'(«
«t'avait pai SBtwidua depuia langues amiém éclataient autiwr ta
voitures royalaa. A. Buytrago, i Annda del Duero, à BucgoSi te
peu^ ealicr ae lava ai nom de ce roi (|ue le gâBéral Sarar; «i^
avec un tsil inquiet , pour épier ki desswBS. Toutes les dïTiaioii
françaises le mireat auigi sew les armes ; l'eovojé de l'emperear dé-
clarait aux ^teéxaus qu'iliUlaitse tenir prAtÀtautévàDaaiaitiwii
juitextc da faire cortïge , on gardait Fentand VII ; les difèiM k
concentraient entra Vittoria et Burgos, point central où ledui^B
«Uait avoir ses développements. Il n'est pas douteux qu'une fww
milieu des troupes françaises , te général Savary n'aurait pas li^'^'
«ateverle rotsi la mofndrerMstance avait été apportéeà ses voloitis-
On arrivait à Vittoria sans qu'on vit apparaître le moindre signe
annonçant l'approche de Tempereur. Ici commençait le danger ds U
Mtuation pour Fernand ; lesministres Gevallaset Eaevïqtii*, lesg'*''''
d'Espagne, dévoués au système national, commentaient à s'inquièW
des résultats d'un TOjage aussi imprudemment entrepris ; le géDétîI
Savary pressait toujours de coatiouer la route sans i«pH : * Vvivp^
:dbv Google
J08BFS un d'bspackb. MMT
l'emperent, absorbé jiar sa.graiide administration, n'avait pu se rendre
iusqu'à Vittoria , il était fort simple , tout naturel , qua rerdioand
vint à Baronne ; l'empereur y serait tout prochaÏDemeat ; on ue maiK
queralt en rien aux égards, aux loisdel'étiquette: Napoléon n'était-U
pas l'atné de Fcrdisaiid et souverain d'un plus puissant empira?
a'était-ce pas le roi des Eapagnes qui voulait se faire reeoDaattre? il
devait donc la première démarche. » Dans cette perplexité, Ëscoîquii
conseilla au roi d'écrire, de Vittoria, une lettre directe à Napoléon ;
cODfiue en tsnoes respectueux * , eUe annonçait olBcielleraent l'abdi-
< Laar» ât Terdinand TU à NapoUon.
« TitiDria,lel4miHB08.
m lIonsHVnon.frir*,, éleré iii Irânepar l'abdicAUtui libu «(«poauaée démon
— giMte fkn, je >'•! fn vair tus un lirilabb ngret que S. A. R. le (MWl-diic de
>«|,«inBi que l'evibeuideui de V. H. I. etR., n'aient pas cru deroir me féUcUer
c«inBH ssKTWiin d'Bsp^gae, tandis que lei r^résenlanis d'autres coure, aveo lu-
quelles je n'ai point de liaisons si inlimes ni si cbèrts, se sont empressés de lefeJn,
Ne pounat en atuibuar la ca«£e qu'au défanl d'ordre poeitiT de V. M., die me
foriBeUra deJuieipoeer, ncc louicla liacërilé demoucixur, qoa, illiii limiiiliii
OMHBeoia de mes rAgm.jeD'aiceaudedaïueri V. ]f. I. ei&, )ea timolgugca In
plus marquants et les moins équivoques de me loyauté el de mon altacbcmMtilt
personne ; que l'objet du premici onJxe a été de rsnTOfcr i l'armée du Porlugel les
troupes qui l'aTlieut d^ quittée pour se rapprocher de Madrid ; que mes première
aoios ont eu pour but l'approvisionnement, le logement et les founiiluTes defts
troupes, malgré l'eilréme pénurie dans laquelle j'ai trouvé mes Dnances, elle peu de
ressourcée qu'offraient les provinces od eltes ant'eéjoarné , et que je n'ai pas héalt»
UB moment i donnet k V. H. le plua.graode preuve de conBance, en biMntsortlT
(BOB troupes de ma capitale pour y recevoir une partie de son armée. J'ai cherché
pareillemeatiparles lettres que j'ai adressées i V. U., ila convaincre, auienl qu'il a
Ole eu mon pouvoir de le faire, du désir que j'ai loujoure nourri de resserrer d'unr
nuRière in ditso lubie-, pour le bonheur de mon peuple, les Tiens d'amitié eid'alliance
qui eiislaicni entre S. H. 1. et mon auguste père. Ces! dans les mêmes vues que j'ai
envoyé auprès de V..U. une députation de trois grands de mm royaume, pour aller
■u-devant de T. M., auseildl que son intention de se rendre en Espagne me fui
connus, et pour lui démontrer, d'une manière encore plus solainelle, ma btule
considération pour son auguste personne , je n'ai pas lardé i Taire porlir, avec Un
égal ot^et, mon Irés-cher Trére l'inranl don Carlos, déjà arrivé depuis quclqaea jours
à Bajonne. J'ose me Qaller que V. H. aum reconnu dans ces démarches mes vérita-
bles sentiments.
■ A ccsiniplc eiposé des Aiils, V.U. me permettra d'ajouter l'eipression desvlA re-
peis que j'éprouve en me voyant privé de ses lettres, surtout après la réponse flranctw
rtloyole que j'ui donnée à la demande que !e général Ssvaryvjut me faire i Madrid au
nomde V. M. Ce général m'assura que Y. IH. désirait seulement savoh: si mon ivéne-
nieot au irùnepourraiiamener quelque changcmentdaos les rapports politiques de no»
Ëitu. J'y répondis, en réitérant ce que j'avais eu l'honneur de manifester par écrit t
V. U. ; et je me suie rendu volontiers à l'invîtatitm que te minu général me Dl 44
Diclzedby Google
SOS DHIHB DE BAÏOMNE.
cation du père et l'avènement du fils à la couroune : « L'esprit du
roi, y disait-on , était français , son système demeurerait en rapport
avec les volonté de son auguste allié ; il avait tout fut pour donotr
des gages de ses bons sentiments; des troupes impériales étaient à
Madrid ; l'infant don Carlos était parti pour aller au-devant de m
allié ; lui-même se trouvait à Vittoria malgré les soins qu'eiigeail son
royaume à son récent avènement; depuis son arrivée, il u'anH
aucune nouvelle de l'empereur, il le suppliait de s'expliquer :
comment serait-il reçu t le traiterait-on en roi ? » Cette lettre, confiée
au général Savary, fut portée i Bayonne, et l'aide de camp de l'em-
Tcnir su-deTant deV.U.ipour m'anticipera U utisftctioD de U connallcc pmoiml-
Innent, d'autant plu» que j'avsisd^jl tnanifcsté iV.H . mes intentions à e«i tgird. En
cons«|ucnK, je me suis rendu i ma ville de Vitloria, sans ^rd aui MÛns iuii^ii-
sablee d'un nouieau règne, qui aartient eiigé ma rfeidence au centre dt dh
ËUts.
u Je pricdoncinsUmmentV.H.I. etR.de vouloir bien faire cewer la 9iuiiU«i
pénible à laquelle je suis réduit par son silence, et de dissiper par une tifnut
favorable les vites inquiétudes qu'une trop lon^ lacertilude pourrait octasitoiict i
mes Gdèles sujets.
u Sut ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa Minte garde.
» DeT.U.I.etR.1ebanMrt,
» FBKniMAKD. a
JI^onM 44 KapoUtm au frmct du ÂtlttrUt,
" MoDrrère.j'aireculaleilredeV. A.R. EUedDitaToiracquislapreuTe.diatl»
papirrs qu'elle a eus du roi son père, de l'intérêt quejeluiai loujoure porté. Etlr n»
permettra, dans ta circonstance actuelle, de lui parler avec francbise et lojautr. £a
arrivautà Madrid, j'espérais porter mon illustre ami i quelques réformes aéccssiirs
dans ses États, et è donn«' quelque satisfaction ï l'opinion publique. Le reniûi àt
prince de la Paij me paraissait nécessaire ponr son bonheur et celui de ses s»jMs.
Lefi affaires du Nord ont relardé mon voyage. Lcsévrncmeuisd'AranjuefoalcuUeti.
Je ne suis point juge de ce qui s'est passé, el de la conduite du prince de liP>il<'
mais ce que je sais bien, c'est qu'il est dangereux pour les rois d'accoutuma la pw-
plea il répandre du sang et i se faire justice 1 eux-mêmes. Je prie Dieu que T. A< i-
n'en fasse pas unjouri'eipérïeuce. Il n'est pas de l'intérêt de l'Espagne de fiin du
mal i un prince qui ■ épousé une princesse du sang ro;al , et qui a si loofttapi
r^i le royaume.
a Le princen'a plus d'amis : T. A. R. n'en aura plus si jamais elle est millieoKUM.
Les peuples se vengent volontiers des hommages qu'ils nous rendent. Comment pDU^
rait-on faire le procès au prince de la Paii, sans le faire à la reine et au roi votrepén'
Ce procès alimentera les haines et les passions factieuses : le résultat en sera fiueM
pour votre couronne, T. A. R, n'y a de droits que ceux que lui a transmis sa toitt-
Si le procès la désboDOre, V. A. B. déchire par le ses droits. Qu'elle ferme l'oreille 1
des coDseils faibles et perfides. Elle u'ft pas de droit de juger le prince de la F'Ii'
Diclzedby Google
lOSBPB BOI DESPAGHB. 209
pereur en rapporta sur-le-champ la réponse; elle dut convaincre
Ferdinand qu'un piège était tendu À rinexpérience de bod 6ge; et
pourtant la fatalité l'entraînait. La lettre de Napoléon , conçue en
termes graves et d'une remarquable grandeur, pariait à Fernand qd
langage paternel , avec une magniScence d'aperçus et de vues peu
commune ; il traitait le prince des Asturies de frère, mais il ne l'appe-
lait qu'o^imm royale; «il lui portait de l'intérêt; à plusieurs reprises
il en avait donné des témoignages; il n'était point juge des événe-
ments d'Aranjuez, seulement il était dangereux d'habituer le peuple
à verser )e sang, « car, ajoute l'empereur, les peuples se vengent
Ses ctimes, si oo lui en reprocbe, se perdent dans la droils du WVne. l'ai Mavnt
nUDifestë le désir que le prince de la Pais Tût éloigné des aflaïres ; l'amiiiè du roi
Charles m'a potté souTenl K me taire et à détouraer les jeui des faiblesses de son
allaebenieDl. Misérables bammes que nous sommes I faiblesse et erreur, c'est notre
devise. Hais tout cela peut se concilier : que le prince de la Paix soit eiilé d'Espagoe,
et je lui offre un refuge en France. Quant k l'abdication de Charles IV, elle a eu lien
dans un moment ofi mei armées couvraient l«a Espagnes , et aux jcui de l'Europe
et de la postérité je paraîtrais n'avoir envojé tant de troupes que pour précipiter du
IrAne mon allié et mon ami. Comme souverain roiain, il m'est permis de vouloir con-
naître, avant de reconnaître celle abdicatiou. Je le dis à V. A. B., aui Espagnols,
au monde entier ; ai l'abdicaliOD du roi Charles est de pnr mDUV«ineut, s'il n'y a pas
été forcé par l'insurrection et l'émeute d'Aranjuei, je ne fais aucune difficulté de
l'admettre, etje reconnais T. A. B. comme roi d'Espagne. Je désire doDC caoseravec
elle sur cet objet. La citcoospection que je porte depuis nn mois dans ces affaires
doit lui être garante de l'appui qu'elle trouvera en moi, ii, k son tour, des factions de
quelque nature qu'elles soient venaient à l'inquiéter sur son trAne. Quand le roi
Charles me Bt part de l'événement du mois d'octobre dernier, j'en fus douloureuse-
ment affecté ; et je pense avoir contribué , par les iDsinualioDS que j'ai faites , i la
bonne issue de l'affaire de l'Escurial. V. A. B. avait bien des torts ; je n'en veux
pour preuve que la lettre qu'elle m'a écrite, et que j'ai constamment voulu ignorer.
Boi à son tour, elle saura combien les droits du trdne sont sacrés. Toute démarche
pria d'un souverain étranger de la part d'un prince hérédiudra est crimiodk.
V. A. R. doit se défier des écarts, des émotions populaires. On pourra commettre
quelques meurtres sur mes soldats isolés, mais la ruine de l'Espagne en serait le
rësulial. J'ai déjk vu avec peine qu'à Madrid on ait répandu de» lettres du capitaine
général de la Catalogne, et lail tout ce qui pouvait donner du mouvement aux tétas.
V. A. B. connaît ma pensée tout eatière. Elle voit que je Qotte entre diverses idées
qui ont besoin d'être fixées. Elle peut être certaine que dans tous les cas je me com-
porterai avec elle comme avec le roi son père. Qu'elle croie i mon désir de l«at
concilier et de trouver des occasions de Itil donner des preuves de mon affaetieu et
de nu parfaite estime.
> 8uT ce, je prie Dieu, etc., etc.
• NatolAor. •
> Bajonne, le 1« avril 1808. ■
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S14 BBAIU DE UTOn».
facilement des hoaunagcs qu'ils bmu mdeot. » Le procès da priou
delà Paix, contiDuait Napoléon, senitoéiMXjilnifSsait de l'ékiigur
des alEuras ; l'eaqieraur lui oâhut un «siie eu France. H m ^Tùt
pas décider aor les carictères de l'insurrection d'AiBojui avut âc
lea connaître ; si i'abdicatian élut de pur mouvement, il a'hèMlenit
jtas i le proclamer roi des £«piV{aes j FenuBd VU tnwTcrùt twison
en lui un «si et un pretacbNir. »
Cette lettre, si fortement peasée, si habiieraeBt écrite^ Montrût li
néceiHté de presser le voyage de Bayonae, «t c'est daw ce aeos que
puiait toujours le général Sav«ry ; tsa vaia Escoïquizet M. de Cercla
flrent obsmer qu'au lieu d'aller à fiayonne, on pourrait fixer un lieu
sur la Bidassoa où les deux souverains se verraient, selon le vieil osige
tobK entre les deux monsrchies, mène au temps 4e leor ptas fmit
totimité. Le général Savar; insista pour le voyage à Bajonoe; il
parla un langage de fermeté mêlé peut-être d'un peu d'ironie. M. de
Cevslles répétait sans cesse : w Hcis^ fCnéml, l'emperear se s^ m
peu trop des affaires dTEspaigne. — Apparemment, répliqua te génènl
Savary, que mon souverain a le droit de s'en mêler. » A \1ttori^
Benimd ne fut ^os ïe tnattre de sa volmlié : l'anafe (oMjiiat iM
•échtslonnée, des mesnres de police et de sorvdltance étaient prises:
M. de Cevallos et le chanoine Escoujuù pensèrent qu'il n^élait plus
yoaaibk'de reculer.
Dès qu'il s'était décidé & pwer k Bnrgtis, <flMi Fernand TH était à
la disposition de la France ; Tatlltude des troupes de Napoléon était
visible, elles paraissaient déterminées & se saisir da prince si la moiadie
résistance était faites h pcJice du général Savary Teiltait atteiBtJTe,«t
nul ne pouvait échapper à ct^ œil inquisiteur de Vaide de camp dp
l'empereur. Les Espagnols restèrent trais jours, pour ce voyage, eattf
Vittoria et la BidRSsoa; ils traversèrent la rivière cétètwe dns les
«nnales de France, sur le pont de bois qui fut témoin de rentrerae
dans rtle des Faisans. Plus d'un Espagnol dut gémir lorsque, quittant
le dorais poste des dotmes , il aperçut le drapeau tricotiHV sar Ifi
rives opposées. Fernand allait demeurer captif comme les comtes de
€ostiTie sous les rois mores ; le triste drame marchait à son dèiioA-
Ineat, il n'était plw d'filpagac iadjpaodaate : ki BmirboBB «vaieal
wssé de régner * * .
' Le général Savary 5« préscnle toujours coinm* ua kM
DiclzedbyGoOglC
CjBfmimi NapoléoD, depuis trois jours i Bayome, a'iftieHiit
d'atieedre les princes ie la nuùon d'£^i«giw ; il avùt tranni «d
seuranio la Veodée, la provinoc et Ghmuk , nagaira >i TVfcdiBt*.
oNHne l'il vofageut dans une rae de dbtncticMi et de pWrir ; im
garde* d'honneur s'étaient partoat formées à ion pavaga; dan
rhreon de la pais, le peuple saluait cette gloire merveUleuM,
Bayoaae fut fixée comme la liflBïte de MO voyage; il anwiDta qu'il ;
aurait de grandes affaires diplomatiquaià trùttc, ^ daoA cet o^et H
«nxtt aupràs de lui des biHMieB capaUes de seconder sa pensée, H
avnt cDTdyé M. de Laforest k Maifatd, Sur Je tUttre nttone des évéoe*
méats ; il était aise d'avoir une t£te lubite auprès de M. de BeaubaN
nais et de Murst. L'enpereur s'était fattauÎTre k Bayonno de M. â«
Onn^pagay, ministre d^ reMions «xlérisores depws la retraite da
M. de Talleyrand. M. de Cbanvagny avait trop de dévouemrat et
pas assez de lumières : Â Bayonoa M eût éié utile k l'empereur d'avoir
un bouMe d'affiina et d'inteHigCMce de la portée de M. de Talley-
rand; il aurait peat-^tre amœé un neiUeiir résultat sam «oandalè.
En passant à Peiliers , l'enperettf invita H. de Prodt é le «ulvre k
BayoDne, perce ^'il pourrait laiétn utile; esprit vif, p^étiant,
M. de Pradt rendrait service dans les aiéigociaâoBs; et puis^ comne
il auraititraiterdes questions cathoUqoesarec des coBseUlcnppesquf
tous appartemnt i l'ordre du clergé, l'abbé de Pradt, évéque de Pah'
tiers , lui paraissait très^iropre k discuter avec les docteurs de Sida«
manque ou d'Alcala, toutes les affaire qui tenaient aux idées et aoK
intéfto dndergé e^agutri. H. de Pradt accompagna donc l'empereiir
i BayoBDe «nrec le simple titre d'anmAmer, ce qui im{Rimait uo carats
tére religieoK k la négocktiaa '.
BftyoDM , ville demi - espagnole], aux formes si gaies , s'unit k la
Kscaye par ses moenn et ses habibides; elle dépend de ta Iragm
chaîne des Pyrénées ; il y a peu de différence entre Vittoria et
Bayonne , sœurs d'origne , si pleines de soleil et de vie. Napoléon la
choisit comme centre des négociations ; il paftageaft «on temps entre
la ville et le chfiteau de Marne , simple manoir k une d^tance trés-
repprodiée. Les princes d'Espagne venaient lentement , -et l'activité
h l'enlendre, (tout fui jusie, rien de concerté. Mat iÊKftén'i » k poliMMt BMchMa
Yîerge.
■ M. de Pcidt n«tuit beaucoup de chtleur dins le ifclt qu'il aimait k fairt dei
«TiDemenls d'Eipagne, même aui derniers leiDpi de u lie.
Diclzedby Google
213 DBAHB DE BATONHE.
prodigieuse de l'onpereur supportait impatieminrat toos dâû, il
lisait chaque jour les dépêches de Madrid , de Burgos , il écrirait
rapidemrait aux différents corps d'armée, à Hurat, à M. de Laîorttt,
il répétait à chaque moment : « Les princes d'Espagne ne Timwnt
donc pas? » Les courriers succédaient aux courriers. 11 étùt i II
gène, ses gestes, ses yeux, tout témoignait de l'inquiétode; le
drame n'allait pas à sa fin. Trràs jours se passèrent aînà , lorsqu'une
voiture attelée de quatre mules parut à la porte de BajMoe. pré-
cédée d'un courrier ; il en descendit un tout jeune homme de dii-
neuf ans à peine, trës-frèle de corps, d'une physionomie fatigoèe;
il se fit annoncer comme l'infant don Carlos , le second des Gb de
Charles IV ; il venait , d'après les ordres de son frère , le roi FoA-
nand VII , au-devant de S. M. l'empereur , pour le recevoir et I'k-
compagner, s'il désirut visiter l'Espagne. Napoléon accueillit ce
prince avec une grâce parfaite , a l'assurant qu'il recevrait don Fa-
nand, son atné , avec tous les égards dus à on bon et fidèle lUié. >
Carlos s'empressa d'écrire au roi la bonne et douce réception que loi
avait faite l'empereur. La lettre n'arriva pas i sa destination.
A ce moment la Bidassoa était franchie par don Femand VU et
ses fidèles conseillers don Pedro Gevallos , le chanoine Escoïqoii ti le
comte Labrador ' . Le général Savary ne quittait plus le prince, el
lorsqu'il vint annoncer à Napoléon que le pont-levis de Bayoniie était
levé sur don Feraand, il ne put contenir sa joie : le prince était doocen
France ; il pouvait en disposer. L'empereur l'embrassa cordialemait,
en évitant toutefois de lui donner encore lej titre de majesté; od a-
pliqua devant ses conseillers qu'il fallait, avant tout, la fonnalità de la
reconnaissance : le soir ils dînèrent ensemble , et l'empereur employs
toujours, en lui parlant, la troisième personne pour ne point pr^Qger
une question qui serait traitée en conseil. NapoléoD suivait des jeai
' LetiTt da Ferdinand fil à WapoUon.
a Monsieur mon frère, en conséqutQce de ce que j'ai eu l'honnenr i'éain k
y. M. I. et B-, eu date d'hier, je vieos d'irrirer i Iruu, et je me propose de eonlr)
buit heures du malin, demain, pour avoir l'avantage de faire la connaisniiK il
V. y. I. eiB., en la maison de Harac, ce que j'ambitionne depuis longtcnfCiii
touiefois elle veut bien me le permettre. En attendant, je suis, avec les Moti' '"
de 1* plus haute estime et considération,
• DeT. H.I.etR.lebonrr«ra
> FaviAX».
■ ÀIrnn,leieiVTillS06.»
îdbyGoOgIc
JOSEPH BOl d'bspacnk. 213
les moindres mouvemeots du prince ; il cherchait i pénétrer son
cœur, à lire dans sa physionomie ; pinceurs portraits de don Femand
lui avaient été envoyés de Madrid; on le trompait sur le véritable
caractère de ce jeune homme ; on le disait mou , irrésolu ; Napoléon
s'imaginait rester maître du prince des Astaries sur trois points * :
l'abdication de la couronne d'Espagne, son acceptation du frêle
trdne d'Etnirie en échange , puis le mariage de ce prince avec une
de ses nièces. Don Femand oserait-il une résistance? L'empereur
croyait vaincre l'oppositioa dans un jeune prince déjà fatigué d'une
lutte trop violente pour son tempérament.
Le même jour qu'il recevait avec one expression si cordiale don
Femand de Casttlle , l'empereur donnait mission h Savary d'exposer
à ce prince sa volonté impérative d'une abdication ; il n'y avait pas à
hésiter, car cette résolution était définitive ; rien ne pourrait la chan-
ger. On vit dans ce moment à Bayonne tous les caractères d'une
triste surprise , d'un guet-apens : on faisait venir Fernand VII sous
la promesse de le reconnaître roi , on l'attirait sur un territoire
étranger par l'ascendant d'un esprit aussi supérieur que celui de
Napoléon , et là le général Savary, le chef de la gendarmerie d'élite,
venait lui intimer l'ordre d'abdiquer la couronne ; Napoléon l'avait
embrassé pour l'étoutTer. Il était bien possible que le prince qui pre-
nait la couronne en fût indigne ; on peut ajouter même que l'intérêt
de la France voulait que la maison de Bourbou cessât de régner en
Espagne ; alors il fallait aller droit au but , l'empereur était assez
fort pour déclarer la guerre à la maison d'Espagne ; s'il avait à se
' Dis son ■rrJTée on put se conTalocre des Irism impicasions qne Ferdiotnd iTiit
dft rec«voir à l'aspecl de u uplirilé :
lêOrt dt Ferdinand à «m frin Antonio-Framtoit d» Paul*.
« Mon cher Anionio,
» J'ei KÇM ta lettre du M, «t j'ai lu la copie de la lettre de Hurat, et ta réponse,
dont je suis salisTail. Je n'ai jamais douté de ta prudcDce et de ton allacbement h
ma personne, et je ne Mis commeat l'en TécompenseT. J'ignore eammeot tout ceci
finira ; je dteirc que ce soit bientôt, eisurtoui i la salisfnclion de tous. Je te préviens
que Napoléon a entre ses roains une lettre de Harie-Louise qui porte que l'atidica-
lion de mon père a été forcée. Fais comme si lu l'ignorais ; mnis conduis-toi en
conséquence, et Ucbe que ces maudiu Franfoù k te hsseni aucun trait de leur
médunceté.
s Je suis ton affectionné frire, etc.
• FlUTAHB.
» Baronne, le 38 arril 1806, •
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914 tmAMB »B uromn.
phindre de Chariea IV» de sob^QIs, des Esiugnols, th bïMl it'mitil
pu alon ses aigles vktiHieMn Y et aa prenier sigiml, son anoés mu-
A^t av Hndrid ; de qoi amt conials le rnoode , pouTait bmbn-
cher 1» cofaoïMS d'Horcule. Twit était ki loyal et lort ; pouifui
ttnptoTcrla rase itaUeMeT poorqooi ees«d)terfugesde la fàtioK,
C0 petit nMehiarélisaie Acte par Tesprit tane 1
Ce qm mrprit reraperanr, t'est qae Scfary trouTa ane rêiialiBtf
tr^vlve dans don Fernand YII « qot ne Tenait, dîMut-i), i Baywne,
qM pour être reconnu roî ; » le génAnl le bâta d'en rendre caafit
à Napoléon Tort avant dans ta nnît. Sur-le-champ, reiapereur mutai
•u ftitàs le chanoine E^ïqu» *, le conseiller sérieux, ïtsfiii lool-
' le donne tcitneUnwat ca cBiieui dialogw da chinoise Escoiquix et (Ltr»-
penuT, cher-d'<envre d'habileté de part et d'auue :
« KapoUon. ~ Chanoine, comment eipliijuez-TOusrétneate d'AranjoeiT
> Xfeoïfuir. — L'émeute du peupla i ArMJuex D'eat d'aato* caose ^tt Vké-
gutienjuUk|ueportéeaapIashMapi>bitpwl«DMv«lle positiTe de U réstlatioi
prise par k roi de se retirer avec toute m bmille en Andalousie, et lacrtiateqi'i
l'exemple du MuTcrainde Portugal, [lu'abaodonnlt aussi son peuple et n'alUls'itt-
MIt dans une de ses calantes. TOitI, en effet, nait été tranqaDIe juscp'aa WMM
•b hs préiumli&de ce Oiat MTagc, llvi» vri a» rw <iaM« oBeiellfBeDt aa Mtfd
4e CaitUle, et L'ordre parti au Iroapea de Madrid <le ae porter ca tonte Ute I
AreDJnei, pour protéger le départ des souverains, eurent Tait cooDattre qw ria
n'ftaltphis certain que eetie résolution. Pounlt-on penser que eepcoplesiiilan
deI'kl•new^ de «m fKp, al UN* i aan ni. Tenait sans bAgoMiaa oM cMCffin
decegannTLes tieupea oAraespowraietit-alIaB s'empâcher depaElaga ce xUt-
ineat ta voyant que l'un voulait se servir d'elles comme d'an instrument néussuff
ponr fkTOrlsrr unprojetslhouteuiet st rbnesieàla nation T
> QNBt an gardas *• corps e* antres troupes qui éiaieM à AMnjoB, ttwt k
kionde cait que, loin de prendre part h cette émeute, ils aceounirent pour protigrr
Il BNiflon dn ptlnce tel* Pats cantre la violanee du peupla; et ^'ifriit^K^
garantie, ils s'unirent aux autres corps qui étatni iéj/k aMMahUa devant h ftliMih
roi, pour réprimer, s'il éUtii néc^saire, les efforts de la populace et détodre
LL.HM.
a Napoléon, — Quelle que soit la couleur que vous essayen, ehanoiae, dtdnxf
ta aouKvemeat d'Aranjuei et à ses réenliats, il est certain que tous ne ponnn
>0DS empêcher, au moins, d'avouerque les apparences, et particatlèreoieat la piec*-
UtlOB foite par le roi Charles, le jeor mdme de 1» aignatun de s<hi abfcatieo,
prouvetH que cette abdication, loin d'avoir été libre ei vahmiaioe, fbt le (hiit d» I»
crainte. Ainsi, cet acte, rmlgré loos vos effbrts, sera généralemeat ttgei'
comme arraché au roi Charles, dans h crainte qui lui inspirait va dangv tié»-
pre^sant.
n Eteoïquii. ~ Je rerai observer à V. M. que le changement soudain derésela-
Uan auquel pourrait faire croire la protestation du même jour, quoique je sois "'■'
persuadé qu'elle n'eut lieu que deux jours après, c'est-i-dire au moment où tC*
Alt adressée h V. M. 1., n'étonnera que ceux qui ne coooidsMnt poiat l'eicaian
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JOSEPH SOI I»B9PA6flE. SIS
puissant auprès de FemuMt, sou élève; il v«fllaU le gagner à luf, ff
TeuIsithiiâëToiter, en tenaes précis, teate»seffidée9sur l'Espagne, eC
fentratner sous le prestige de son système. Dans ces sortes de coaf6<
rences intimes , Napoléon était adraintbte de Botsse et de dextérité ,
employant touràtoor la Torce, la douceur, ht sonpiesse. Il savait toute
h puissance qu'Escoiqniz awaR sur te priitce^ si donc it ponvaPt oMe-
nir une Tictoire sur ïa conscience du digne dianoîne , it était certain
d'arriver an résultat de sa politique.
L'empereur aborda la question par des paroles cftao^ et près-
sitntes : a 11 y a longtemps, dit-il, chanoine, qn'en raison de la bonne
idée qu'on m'a donnée de vous, je désirais ra'eotretenir sur les aKtîreis
fMMttse de ce maRienrmui mI'. BscIm« è» ta T«iM, qoi mit loala s« <niiiia*«e, H
tftt signé et signenii taeort, nt moin<h« dtsir qu'eHa hn en térooignenit, l'iele )•
pfns opposé 1 ses propres idées ; ei voili peortiaoi il coaseutit à celte q>[Kiue h uat
pni(eslali(ni dictée par la préteetion de «elta STengle s«flT*i«iiio contre son
propre Bis.
B JV«paUon. — Je n'ignore potat^ chaDome, tonl ce que l'n » raeonté de la
(kibtcsse de Charles IV; mais il y a dans sa reoeneiation des pariicalariiés, outre
celles dont je vous si déji parlé, qai à raes jeux «n eoBirment ta noHité. On acte
conraie cdni-Ià, sur lequel i^ fallait loBgiMBeat iMécUr avant qm da le TaÎK, at
dont tons les élétneals avaient besoin d'étM discutés svesles repiéscntautadeta
nation; nn BCle qui devait être eiéeulé avec la laolenr at la aolcBBité nétassaicM, «t
dans une iranquilHié psrftite d'esprit et de corps, qai malgré eeU a été accoBipil
et médité d'une manière st subite dans db jour de eéditioii ; qui, e« jour-U mimm,
on si vous le voulei quaranie-hnit heures après, a été, par celid même qui l'avait
consenti, révoqué comme lui ayant été arradié par la forée; nu aot«, dis-je, de cette
wtnrone paseera jamais, aui jeui deshonmie» aeaséa, pour avoir été Kbre et i9l»m~
taire. Bappelez-vouslesoïemplesque l'hisioireda votre paya tous fbumit, at voh
verrei si les Cliarles T, les PhîKppe T n-obaetvèreot pas ea |Mreillea «tacoaslattces
lonies les Ibrmalltéa, ne prirent pastootesles prtcaaaoM dont je voua ai pailé.
Quelle différence ne trouver-vous pas wtre «es a«t« et aelui d-Aïai^Dei î
" EKOïquix. — La renoneialion qne le Bonaaqne Bt apite e> lavaut dfl son fila
ne ftit, si on peut le dire, qno la répéadoB d» e«!h qu'il aacsjt 4^ faite depuis
longtemps en faveur du prince de k Paiï, avac eeUe diflérenee eepeadam que, par
h dernière, e'est-i-dfre cdie par laquelle rhérilier légkiBa de la couroan* él«l
placé sur ïe trine. Chéries IT ne se débarrassa pas seulement de Imilorité, mai«
encore du Utre qui rendait cette aulorilé légitime.
a Ifapolion. — Halgré toutes vos raisons, cbanoine, je m'tai tiendrai toiqoura.i
ma presnière idée ; mais laissons cela, pour un momant. do côté, et dile»-moi si > plia
perdre de vue que les intérêts de ma maison et de mon empira eiigent que les
Bourbons ne régnent plus en Espagne? (Napoléon lui tirant roreille.) Quand bi«n
même, chanoine, vous auriez raison dans tout ce que vous ro'avei dit, je vous téfotk-
drals : afauvaiie politique. (Après avoir beaucoup ri.) Mais revenons h notre objet,
chanoine ; il est impossible que tous no voyla! pas, comme moi, que taoi que les
Bourbons régneront en Espagne, je ne pourrai point m'attcndf c à avoir avec o«|M
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216 MIAllE DE BAYO:(MB.
de votre prince. Je ne saurais , dans ma po^iiui , ne pas m'intéreser
au sort malheareux do roi son père. Il réclama ma protection, et
l'Europe entière a les yeux sur moi. L'abdication de Charles IV,
faite au milieu d'une garde séditieuse et d'un peuple révolté, indique
lufBsammeDt qu'elle fut forcée. Je ne puis la regarder coinine réelle
que lorsque le roi , qui m'a adressé une protestation , abdiquera de
nouveau et sans contrainte. D'ailleurs , les intérêts de mon emiHre
exigent absolument que la maison de Bourbon , ennemie implacable
de la mienne, p^e le tràne d'tlspagne. Ce changement est dun
l'intérêt de Yob« nation. La dynastie que j'établirai vous doQaen
une bonne constitution , et son alliance avec moi assurera le bonheur
putSMDM une lUiinceBincire ; Uk reindrom bien, jele Mi*, lant qn'ils se iraannti
§eub de i«ur c4té, d 'en Iretenir celle alliance arec moi, parce qu'ils ne MnntpK
assez forts pour me Duire ; mais leur haine éclatera aussilâl qu'ils ma Temot en-
barrasse dans quelque guerre du Nord, ce qui peut avoir lieu d'un momeal i
l'autre, cl alors tous les verrei se réunir avec mes ennemis pour m'atUqm. Qdi
puis-je Taire demieui, pour jusliBeri vos yeui celte opinion, que de nffàait
perBdic avec laquelle Charles IV lui-même, malgré sa prétendue fidélité ïmiiainiir
eoD alliance avec moi, voulut me hire la guerre peu de temps avant la bouiik
d'Iéna, c'est-^-dire dans le moment même où il me croyait le plus occupé i (dk
que je disais alors k la Prusse f Ne profila-t-il pas du danger qui semblait mt
menacer pour répandre, comme vous le savei, dans tout son rûj anme, une prodi'
nation qui ne tendait pas moins qu'i armer tous ses sujets conire moiT Jannii.
non, jamais, je le répète, je ne pourrai compter sur l'Espagne tanl que les Bowlw»
en occuperont le trAne; et tes forées de cette na lion, qui de tout temps ont été taa-
sidérablcs, peuvent un jour, s'il se trouve un homme de mérite à la tèle da goavtr-
nement, le devenir au point de troubler mon repM. Ne vous élonnei pas, cbaBDiK,
si je voua répète : Mauvaiu politiqu».
> Eteoiquû. — Perroeitei, sire, que je fasse obserrer i votre majcsli ip> !■
branche des Bourbons qui règne en Espagne en ce moment, séparée depuis longio^
des autres, ci ne tenant à elles que par les liens d'une pKreDté Iris-éloignée, ot fK»
pas avoir pour les dernières un grand degré d'affection; c'est ce qui d'aîllennaéu
bien prouvé sous le règne de Ferdinand VI, puisqu'elle ne touIui pas coniracla l>
moindre alliance avec la branche de France. Non-seulement elle se re(n^ 1 !• >«■'
tenir dans ses guerres contre l'Angleterre et la Prusse, mais encore, même dis) 11*
temps qu'elle avait l'air de garder la plus exacte neutralité, elle manifesU, laui*^
les fois qu'elle put le faire, sans cependant manquer à celle neutralité, sa prcdîlM-
tion pour les ennemis de la France.
a Quelles seront les raisons, sire, qui pourront faire craindre à voire najeslé'*
la pari de Ferdinand la moindre inimitié , la moindre opposition conire lolt
augusie famille et votre empire, dont l'alliance est sons tons les rapports pour l*!^
pagne le premier bilérélpolitiqucTEt si l'union qua votre jeune roi a le désir (le (M*
Iracter avec une princesse impériale • lieu , ne tiendr«-uil pas de pins prb 1 b
maison de son èpouiet N'sura-t-il pas nalurellemenl pour cette maison plus d'iiu-
«bcmcnl que pour qudqoes parents éloignés aniquels il a toujours témoigni b""'
îdbyGoOgIc
JOSETH ROI VE9PAGNE. S17
de la péninsule. Cependant , j'estime Ferdinand ; il est venu me
trouver avec conûance à Bayonne , je veux traiter cette affaire avec
lui , et le dédommager, autant qu'il est possible , ainsi que ses frères,
de ce que ma politique m'oblige de leur enlever. Proposez donc à
Ferdinand de renoncer à tous ses droits sur la couronne d'Espagne ,
de recevoir, en échange, l'Étrurie, avec le titre de roi, et une en-
tière indépendance pour lui et ses héritiers. Dites-lui que je lui ferai
compter en pur don , pour son établissement , une année des revenus
de son nouveau royaume. Lorsqu'un traité aura été signé à cet égard,
je lui donnerai ma nièce en mariage, pour l'assnrer de toute mon
amitié , et nos convenUons seront signées de suite . avec la solennitû
coup d'indiCrérencBÎ n'«imera-t-[l pas mieDi, enfla, avoir pour votre majesté Ic^t
sentimeoisd'uD bon fils, et pour votre famille ceui d'un prince dévoué t
J> flapoUon. — Vous me faites là des contes, clianoine, tous Aies trop instruit
pour ne |ws saroir qu'une femineest loujoun un lien trop faible pour fiier la conduiie
politique d'un prince, et que ce lien n'est en rien comparable à celui qui existe entre
parenla sortisde la même tige. Et qui pourrail me répondre, d'ailleuis, que t'ëpouçt
(le Ferdinand prendrai! de l'ascendant sur l'esprit de son mari? Tout cela n'est-il p3s
subordonné au hasard et aux circonsteucesT Au reste, la mort peut rompre un jour
lous ces liens entre la maison d'Eepagneet la mienne, et alors cetlebaine,qui n'aurait,
été qu'assoupie momenlanément pgr l'influence de cette souveraine, se rétcilleraii
•près elle avec plus de force que jsmais. Allons donc, cbanoine, vous me présente/ li
de véritables cUteaui en Espsf^e. PenBei-TousqDejepourrai, tanlqneles BouTl>o:ts
sfTOnlsur le trdne, avoir sur le compte de l'Espagne la même sécuiili que si le scep.rn
est entre les mains d'un prince de ma famillel Celui-ci, il est vrai, pourra avoir, soit
avec moi, soit avec mes successeurs, quelques différends, mais ce ne sera jamais nu
point d'être un ennemi déclaré de ma maison; loin d'en désirer la ruine comme les
Bourbons, il fera au contraire tous ses efforts pour la soutenir lorsqu'il verra foii
existence réellement menacée,
» Eicoiqvi*. — L'Europe, les jeux fixés sur Bayonne, attend avec impatience I»
résolut du voyage du roi Ferdinand. SI voire majesté ne consulte dans cette sffalro
que son fœar noble et magnaoimc, nul doute que l'Europe ne lui rende une jusikiï
éclftUnie et n'applaudisse généralement i s» générosité. Lea puissances ennemies,,
jalouses de votre gloire, seront alois forcées d'avouer que vous êtes aussi équilable
envers vos alliés que terrible pour vos adversaires. Cette preuve que tous leur don-
nerez de votre modération diminuera leur jalousie, reftvidirt leur hsine, dissipera ta
crainte qu'elles ont de perdre à leur tour leur indépendance, crainte que l'Angleterre
ne cesse de répandre parmi elles, et déjouera toutes les trames que cette implacablo
ennemie de la France ourdit pour réunir de nouveau toute l'Europe contre votre
majesté.
• Si, an contraire, voire majesté lient toujonis an projet d'un changement de dj-
oastte, elle me permettra de lui assurer qu'elle portera par ce moyen k on degré
eclréme l'envie et la haine des puissaneea même les plus indilférenles. La crainte de
perdre è leur tour leur indépendance s'emparera â'ellea, surtout en voyant le sort
•ffreui que vous avm réservé i votre ph» fidèle allié, et vous anrei en mtme temps
TIU. It
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SIS DRaMB de BAYONint.
nécessaire. Si Ferdinand rejette mes propositions, je m'enteodrei
avec son père : oi lui ni ses frères ne seront admis h aucune n^nt-
tioD. Ils perdront tout sans indemnité. Si le prince fait ce que je
désire , je conserverai k l'Espagne son intégrité territoriale , son io-
dépendaoce , ses lois , sa religltm , ses nsages ; fc ne veux pas qd seul
village pour moi. » Ensuite l'empereur déclara « que si cela ne un-
venait pas au prince des Asturies , il était libre de Ven retotmwr. >
Paroles malbenreusement trompeuses , car ii safBsait de voir ks
gardes pressés autour de la maison du prince pour Juger qn'H étdt
captif.
A cette bnuque et inattendue communication , le front àx du-
Qoioe se plissa , ses yeux témoignèrent une douloureuse surprise:
a Puisque vous me permettez , sire , de vous parler francbemeot , je
ne vous cacherai pas combien je suis étonné d'un projet que biod roi
et ma nation sont bien loin de soupçonner , vu l'étroite alliaBce qui,
depuis plus d'un siècle , subsiste entre les deux États , le rraonTeil»
ment qui en a été fait sous votre empire et qui l'a rendue biea phB
étroite encore, les efibrlA continuds de l'Eqiagne depuis cette êpoqw
fourni i l'Angleierre de DOwellM armes pour eieiter et éteraiser ks efforts de lOvHf
ces puiauoeea pour fsinU guerre ivoire empire. AjonUii eda, aircqueltsEs)*-
gnols voueront à lotre m^jcBté use biiue implacable, et plusieurs siieles s'ieoilcM
avant qu'elle Mit tieinie. L'eipérience vient à l'appui it ce que je dis. Il j s plus ^
cent ans que la guerre de la succenioD a eu lieu, et ce D'à Até cepeadaut qn'ir^px^"
ducouranoemeDtdei'eTdinaDdqaeraDimMiiédeeproviaccsd'Atagoii.deCiialiip''
et de Valence, contre la France. coDtre la maison dePLillppa d'Àojoi^eliiilae f^"
les Castillans qui l'oTaient soutenue, s'est véritablement assoupie.
9 iVapoUon. — Vous eiagérez las difficultés, chanoine. Je ne <rains rien de ïasiV
pu lEcance qui pourrait aie donner qurique inquiétade. L'imperenr de Russie, Iqij
Je communiquai à TiMlt mas projeta BurlEspagM, qui dateol de cette ip*q<i(>''^
approuva at me donna m parole d'iionneurde ne point s'y oppaMi. Quaal «oiiMn*
puissances, elles se garderont bien de remuer. Dans tous les cas, la rtei&itoft ^
Espagnols ne sera jamais redoutable. Las grands et les riekes, dans la ertiaU ^
perdre lenr fortune, reaurant tranquilles et em^oienAt toute hu laQMMe i e^^"
le peu pie. Le clergé et les moioei, que j'aurai aoin de rendre teapoasablaa dadcavdn.
tnetireot aussi eu usage leur inOuenee^et voussavei qu'ils en ont baaucoiip.LiT'^
laceseule excitera peut-être quelquesoulèVNnentdaïuquelques points, mais qudiiB'
chttimencs sévères l'iuroni bieotAi rappelée i, son devoir. Croyei-moi, chaDoiDi, k»
paja où il ï a beaucoup de moines sont Cactles à subjuguer ; j'en ai l'eipérienct. C est
ce qui arrivera avec les Espagnols, surtout quand ils verront que je iMU pcMM
l'ini^irité et l'indépeadancc de leur monarcfaie, an* constitution plus libMleetp*
raisonnable, et la conservation de leur religion et de lents usages. • (On wit caauii*
étaient bwns les idèai de N^olèoD m l'K
îdbyGoOgIc
MSËra loi d'bspasre. 219
imqa'k ce mataeàt pow-sonteoir la FraDce daos tontes ses goerrei ,
môme dans ce4te que V. M. I. a eotreprisepour détrAner la branck^
des BouriHHM de Na^ ; effort dens lesqatrfs l'Espagne a sacrifié- sa
narine , épumé se» trésors , et a flnî par se rainer ; la remise de nos
{riaeei frontièrw, l'entrée l^tre de vos troupes jusque dans la cour de
notrrMOTeraiD, et (ont œta avec la confiance que peut seule inspirer
famitié la pla> aveofle. Permettex-moi seulement , sire , dans la per-
snasiMoù je sois qtie cerefos et ce projet d'ôter an roi et à sa dy-
nastie ta' courOTrae #£spBgBe ne peavent être qoe le résoltat de fan
renseignements (|ui TOosMioQt été donnés snr tes affaires duroyaumer
de prendre la liberté de vous opposer te véritable état des choses , et
deTOuapVDaverquece refus et ce proiet sont auni contrwres à vo»
întèrètB poKliques qu'à ceux de l'Espagne et de mon souverain. »
Le coneiller fidèle de Ferdinand VII développa les fatales eonaè-
^aenees d'une guerre nation^e contre l'Espagne et la conduite loy^e
<fe son prince, a VoH vous trompez , chanoine 1 décria Napoléon ;
iMt I été violent josqolci dans vos palais. Et la conspiration de l'Ës-
mrial , exptiqaez-la. » — « La conspiration de l'Escnrial , reprit
HsooKpiix, ne fat qu'une accusation atroce et calomnieuse contre le
roi Fernttnd, alors prince des Asturies , et n'exista jamais que dans la
malignHé de Godoï, secondé par la préoccnpation de la reine et Ift
pnrfRiininiNé de Charles TV. Personne ne pent parler plus pertinem-
ment qne miri de ces faits, puisque ^'en fu9 le principal actear. Ces
démareTies, sire, se réduisirent aux conférences que j'eus an nom du
prince Ferdinand avec rambasmdeur Beadhomais, et à 1» lettre, qa'k
sa demande , je lui remis de la part du prince peur Y. H.; lettre par
laquelle le prince tatidorait TOtre appui auprès des vieox souverains ,
ton tibteràr qalto approtnasBent B«n< union avM lae pniDcesae de
TQtna(^;uatefniiMl8,C8quiétaltpourâ.A.B. nn.ma]realttCaUlible
de dfoORCMter les projets du prince de la Paix , en se mettut sous
Ib pukMote protectfaM de V. M. »
KapoMcm mirebait A grands pw. « Vraiffienl Beauhamais a fait
cela? Dans ce cas, chanoine, moa ambaeadeur outrepassa debeau-
coop ses pooroirs, puisque je ne Ini.araia pas ordonné de traiter avec
le prince des AsturitB , et mcore moins d'eiiger de lui une semUable
lettre, qoi, dans toateauttc circonatance, eAtétèuœ désobéissance
crinineHe enven son père. » Eicoïquit s'aperçut de la tendance que
l'empereur voulait deins à la conjuratioik de l'Eacarial : « ^re^
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S20 BBASB M UTMtlB.
tout fut commandé à Stn Lorenzo pw !■ jwte crainte qoe nous
inspiratent , aa prince et à hmh , ramlntioa effrénée du prince de ta
Paix et les trames qu'il oordimit sourdeinent pour o[qirimer i'a-
dinand an moment où le roi Charles, qui était alois dangereasenmit
malade , viendrait à mourir. Noos ne nous dianmiilons pas, en effet,
que son intention était d'usurper le trAne , ou de conserver contre le
gré du légitime héritier , sous un titre quelconque, l'autorité absirine
dont il jouissait. » — « Je suis parfaitement instruit de tout cda ,
reprit Napoléon. Je sais, à ne pas en douter, que tout ce que l'on a
imputé comme délit ivoos, chanoine, an duc de l'infantado, eti
plusieurs autres personnes compromises dana l'affaire de l'Eficurial,
ne fut qu'un effet de votre fidélité. Je sais que vous n'aviez ea vne
que de vous opposH* , par des moyens que dictait alors une juste pm-
dence , aux projets que vous croyiei concertés contre le prince Fer-
dinand pour l'époque présumée de la mort de son père , et que
vous ne manquâtes jamais à la fldélité ni au respect que vous de-
viez à ce dernier. Je suis instruit de tous les détails, je connais
l'innocence da prince et de toutes les personnes qui ont 6guré duis
cette circonstance ; mais révénement odieux d'Aranjuei, la renoocia-
lion da roi Charles, faite au milieu d'un peuple irrité ; la désertion
de ses gardes , qui , au lieu de soutenir leur maître, ne contribuèrent
pas peu à l'opprimer et k le forcer de se prêter k ce qu'on exigeait de
lui; l'empressement de Ferdinand & profiter de cette renonciation,
sa conduite, celle de ses partisans dans cette occasion, tout cela n'estn'l
pas de nature k faire croire & l'Europe entière et i moi qoe Charles IV
fut contraint de renoncer k sa couronne ? »
Ces préliminaires sur les événements d'Espagne amenèrent la dis-
cussion des projets de l'empereur. Souverain impérieux , Napoléon
demandait k Ferdinand une abdication pure , simple , immédiate.
I.e chanoine , fidèle k son prince , discuta une à une toutes les objec-
tions ; il mit en préEence la justice , la politique , les difficultés même
puisées dans le caractère espagnol, et la vive indignation qu'il éprou-
verait à l'aspect des événements de Bayonne.
Cette conversation historique de l'empereur et du chanoine Escoï-
qiiii se continua pendant deux heures dans les mêmes termes, et
Napoléon put se convaincre que la résistance de Ferdinand sertût
plus ferme qu'il ne l'avait cru d'abord. Il s'était imaginé qu'une fois
i Bayonne, il exercerait sur un prince de vingt-deux ans , éïevé dans
îdbyGoOgIC
JOH^ moi d'bspagne. 231
les monastères d'E^gne, une iniluence décisive; et, tout au con-
traire , i) vit que le prince , entouré de ses conseillers habiles , M. de
OevaUos , Labrador , le duc de l'Infantado , le chanoine Escoïquiz et
le duc de San Carlos, résistait avec une grande persévérance à toutes
les volontés sur l'abdication de la couronne. Gomme il croyait que
cette résistance tenait à des intérêts particuliers , l'empereur voulut
que les hunmes politiques qu'il avait conduits à Bayonne se missent
en rapport avec les conseillers de Ferdinand. Les formes trop brus-
ques, trop soldatesques de Savary , avaient profondément déplu aux
grands d'Espagne; Napoléon changea de négociateurs; l'abbé de
Pradt dut discuter les questions espagnoles avec le chanoine Ekoï-
qniz : « Entre gens de robe, comme le dit en plaisantant l'empereur,
il croyait qu'on pourrait s'entendre. » M. de Champagny se mit en
rapport avec M. deCevallos, le secrétaire d'Ëlal de don Fernand VII,
tandis que lui, l'empereur, se réservait l'action directe et immédiate
sur l'esprit du jeune prince.
Pressé de toutes parts, il faut dire, à l'éloge du nouveau roi des
Espagnes, qu'il résista avec une grande fermeté de caractère. Les
infants montrèrent une certaine énergie; ils entretenaient une cor-
respondance intime avec la junte de Madrid et leur oncle don Anto-
nio, qui la présidait; et ces princes d'Espagne ne cessèrent de s'exprimer
sur le guet-apens de Bayonne avec un sentiment indicible de colère
et de mépris. Ils parlaient déjà des ■ maudits Français » à leur jeune
frère Francisco de Paolo, et ce sentiment de faaine éclata plus tard
dans les insurrections. Gomme rien ne s'arrangeait à Bayonne,
M. de Cevallos demanda « s'il serait libre aux infants de retourner
en Espagne. » H. de Champagny répondit que « certainement oui ,
mais qu'il fallait prendre les ordres de l'empereur ; » et ces ordres
forent de les retenir À Bayonne. On put voir les précautions redou-
bler; des gardes furent placées & toutes les issues; la police du géné-
ral Savary devint plus active, il fut destiné k garder les princes d'Es-
pagne : exécuteur Odèle des ordres de Napoléon , le géuéral Savary
n'avait qu'une pensée, qu'une volonté : répondre À la confiance , aux
exigences même les pins arbitraires de son souverain.
Rien n'avançait à Bayonne , le plan conçu par Napoléon s'arrêtait
tout à coup par la résistance des infants, il ne lui restait jusque-là
qne l'odieux du rAle. On avait déterminé les princes d'Espagne k
venir i Bayonne ; le bruit circulait déjà que l'abdication était exigée,
îdbyGoOgIC
Sai nUlU DS BAVOMB.
et r«mpereur n'olitenùtnea de positif : ^oe Caire dèi Ion peu inrer
jiB but proposé? Nflpoléoa savait toute l'inflaeuce que h seule pande
exerçait sur le vieux roi Charles IV et jur la reijw SI aiîa>L^: il
«•Boaissait lenr tristesse, leur affliction , parsoite de la capUvîUda
prince de la Paix ; à l'on Tendait k la reioe Haouel Godoï , itAeH i
Madrid sous uae accuaatioQ «apit^ ; si l'oa donnait à Maria- Luia
san^pamTe anai, «ob corleja, il n'est pas douteux quela lecwMrtiiiKe
4a Charles IV lerait k «on comble, et que tous viâDdxatesi à Ba;«>M
p«ur jetw aux pieds de l'empereur leur couronne «t lew sceptre.
Nai^oléDDicmaitdoBcÂAIurat pour qu'il eût i exiger eor-le^haiDit,
dela^te, laramiiie du {triace de La Paix; os le conduirait i Bajoaoe
âouela sauvegarde impériale. Ia janle n'osa césisterau grand-doc de
Bacg, et Manuel Codoii rendu à la liberté, n'eut jus deplusgrude
aQaire <|ue .de venir en toute liàtcse concerter k Bajoaue avec Napo-
iéoB pour suivre et accaoïplii' sesdasseios. Le tn^ de Madrid i II
frontière fut fait en deux jours , à travers Jes ctffps français quis'é-
chsloBneieat'SurtlaTOiiteje Vittoria;dafisla joiejle UdéliviweB,
Manuel Godoï .éccività<Ctw:lesIV,téntoigiiaB;tlaaatiBfactionQutaarait
l'evpeieur 4e6 Staayùe, son b«o ami , de le voir k St^mta ; et
Cbvls rv, ee aanarque Eaitde, acCDunit aux pFusa&tes soUicitatioiii
■de Godai :: le roi et tainmae étaient^! aises 4'<evbns8er tear ami.
de ie savoir asarvé de oeox ^^u'ils appelaient les iratlcea, tes aéeha>lll
Bayonse ¥it4)oK Oiarles IV après don fsEdiBand VU. et da
tnases de peuple entouraient «es voitures goUuvKS.. ces canocses i
la.Loius XIV, trônes pac huit laules de la Bisca^ : ■i'tmfeKvt-, ^
n'iMit jamais vu Charles IV > l'aecueillM avec une -effusion 1tràMo^
diafe ; la i^yfiîontsaie de ce monarque était foitemeait naarquÉe des
tHûts Boiu-bons .dégénérés, avec ce aez t;radiUonnel.dawlesEaGBsdu
Béom, une iioache large, les lèvrosépaifises ; la stature de £harlei IV
-étiit haute, 8ODpiirte)s}estu0ux;btett qu'accablé de rltiuDAtiHna M
deigoutte, il isarchait droit, et l'aisaacesténeâeia posecoBStalait
qm «e priDoe était habitué aux commaiiddemente et «kk boÊamtt»
qae detoutes parte on lui rendait. Le batse-main ait lieu à Ba^se
comme si le souvârato eût encore été à Axaajoea ; chaque £apa(pol
dHt s'ogeDOuiUer, selon l'usage des Castilles, et le roi les «omaia tons
par4euFs norasavacun aoceot de grande familiarité : « Toi, Kuaet,
4ai Bedre, toi José, Gencalo, Gomet. » La reine Duntnit s«a oiigiiifi
iDUt jtaUeone et uapolitaioe : sa peau était brone et aSiwMfliMBt
îdbyGoogIc
joHtpB Boi BesrJksn. 333
ridée ; arec aài éa yeux très-exiweaMfs , une fiMve de riigard indi-
cible, une pénétration pea coouiuiiw pour jager les événfimeats.
I/empereur avait d'avance [H^paré le prince de la Paix i ses idées ;
TabdicatioD lui paraisiaît indispensable. L'Espagne n'était phis à
Charles IV depuis les évépements d'A.rwijuez ; nul du peu[de ne lui
anrait obéi ; Fernand sent pouvait être roi ; le prince de la Paix u'o-
serait jamais rentrer sur le territoire sans s'exposer h un procès cri-
nuoel ou même à l'assassinat : roi d'Espagne ou Manuel Godoï, il
n'était i^DS d'autres ressources pour eux que de demander un asile
ea France; l'abdication devenait une mesure indispensable; elle fut
convenue.
Mais ce résultat ne finissait rieo ; il n'arrivait pas au but que l'em-
pereur se proposait, c^ui de s'emparer da trAne des Espagnes ; si l'on
n'obtenait l'abdication formelle de don Fernand, tout était manqué ,
car il était le seul , le véritable roi pour la nation ; la renonciation
de Charles IV était un fait accompli depuis Aranjuei ; si donc on
voulait réaliser le plan de Napoléon , il fallait employer toute l'auto-
rité de Charles IV et de la reine sa femme sur leur Sis et leur héri*
lier * ; à cet effet, dès que Charles fat à Bayonne , tocte équivoque
■ Cette n^ciailoii du père et du Sta se sulralt eossi «ctiTement pu leUn* uto-
fraphes.
Lettn de Ftriinand TU à ion pèrt.
s Mon cber et honoré père, votre majesté est convenue que je n'tt pu en la
moindre pert dsns les mouTcmenle d'Aranjuei , dont le but était, eiusi que cela eat
Ttconnu et que V. U.caa lapreuTe, non delà dégoûter de la royauté, mais pour
l'engager à garder le sceptre, ei jine pas abandonner ceox dont l'eiletenea dépend
dn trdneméme. V. H. m'a égaleiaeni déclaré que son abdication avait été spontanée,
et que, quand même quelqu'un assurerait le contraire, je ne devais pas le eroire, car
Hle D*avait jamais donné de Kignature avec pins de plaisir. V. H. m'a dit aujourdïui
({DC. qiwiqu'ilfAt eeruin qu'elle lU son abdication avec touteUliltaftépoaaiUe, die
se laserva le pouvoir de reprendie les rênes du gouveraerncut qoand elU le jagtnit
i propos. En craséquenee, j'ai d^nandé à V, M. iâ «Oe voulait régner de nouveau;
eHe n'a répondu qu'elle ne vauUit pu régner, cl «nuire moins retourner en Espagne.
Halfré ccta, V. M. m'ordonne de réaiguer en h faveur une couronne qui m'eat
dérdue, snivant les lois fondaaieoiales dn rorannae, dès le nomeot de son abdlea-
tioa. Comme eucone épreuve n'est difficile pour un Bis qui s'est tonj ours distingué
pu- l'anaur , le respect et l'obtissance qu'il doit i ses parents, quand il s'agit de
mettre au jour ces qualités , principalement quand ces devoirs de Bis ne sont pu en
eoniradiciion avec les obligations que les devoirs de souverain m'imposent envers
neasnjeifi, et aflnqueeesuqeta.qw ont le premier droit à mes attentions, ne soient
point Usés, el que V. M. n'ait pu lieu de se plaindre de mon obéiuance, jg auis ptél^
Diclzedby Google
224 SRAWI DB BATOns.
oeisa sur les rapports de la France et du toi d'Espagne ; il ne Tut
plus question de la reccnnaissaoce de don Feroand Vil; l'empe-
reur ne salua d'autre majesté que celte du vieux roi ; U le remit
sur le trône, aSu que ce sceptre, maaié par des mains faibles,
tombÀt de la maison de Bourbon dans la ^enne. Préoccupé da ce des-
vu les cJTCODSlaiKts, à rcDoncer i n» coufosM m hveur de T. H. aux condEtioBS
a Première : Que V. H. rciiendra k Madrid , ob je l'accompaganral «t U senint
ra Sis respeciueni. — Deaiiime : Que les corlès seront assemblées à Madrid; et,
dans le cas que V. U. ail de la ripagnance pour une assemblée si nombreuse , on
[laurnJt conToqoer tous les tribunaux et lesdrputès durojaunie. — Troisibne:
Que ma renonciation sera faite, et lea moiirs qui m'7 engagHit seront déclarés»
piéscace de cette assemblée. Ces moti& sont l'amour que j'ai pour messujets, êSa
de pBjer de retour celui qu'ils ont pour moi , en leur procurant la tranqnillilé et eu
écartant d'euilesborreursd'uue guerre civile, psTlemajea d'une renonciation qui
ii'd d'autre but que celui d'engager T. H. i reprendre le sceptre et i gouToncr des
sujets dignes de son amour. — Quatrième : V. M. n'amènera point avec elle des per-
sonnes qui méritent, à juste litre, la haine de la nation. — Cinquième : Que si V. H.
perdste dans ce qu'elle a avancé, de ne pas revenir en Espagne, et de ne pas régner
une autre tois, je gouvernerai en son nom, comme son lieutenant; car personne De
peut m'élTB préréré : j'ai pour moi les lois, le vœu de» peuples et l'amour de me
sujets ; personne ne peut cbercher leur prospérité avec autant de lèle, et ne s'j crMi
plus obligé que moi. Après avoir Tiil rna renonciation avec ces restrictions, je con-
paratlrai devant les Espagnols pour leur faire voir que je préRre l'ioiérCt de leur
conservation ila gloire de les commander, et l'Europe me jugera digne de com-
mander dea peuples i la tranquillité desquels j'ai su sacriGer ce que les hommes oal
de plus Datlcur et de plus séduisant. Dieu ait l'imporiaDie vie de T. M. ensasainie
garde.dela manière qu'il est prié par son alTectionné et soumis fils, qui se meliui
pieds de V.U.
u FEBNANn.
a Pbdko Cet au. os.
> Bayonne, le !•' mai 1806. >
Héponit d9 OuitIu IV à F*Tiiaand.
[Elle fut dictée par Napoléon ; on ; reconnaît son slile.)
n Mon fils , les conseils perfides des bommes qui vous environocnl ont placé l'E»-
IMgne dans une situation critique;ellene peut plus être sauvée que par NapoléoB.
■ Depuis la paii de Dile, j'ai senti que le premier intéréidemespeuplesétaitde
vivre en bonne intelligence avec la France. 11 n'y a pas de sacrifice que je n'aie jt^é
devoir faire pour arrivera ce but important; même quand la France était en proiei
des gouvernements éphémères, j'ai fait taire mes inclinations particulières peur
n'écouler que la politique et le bien de mes sujets. Lorsque Napoléon eut rtiabli
l'ordre en France, de grandes craintessedi&gipèren(,el j'eus de nouvcllesnisonsde
rester fidèle k mon système d'alliioce.
■ Lorsque l'Angleterre déclara la guerre i la France, J'eus le bonheur de rester
neutre et de conserver k mes peuples les bienfaits de la paix. L'Angleterre saisit pot-
Uricuremcct quatre de mes frêles et me fil la guerre avant même de me l'avei/
îdbyGoOgIc
JOSEPH BOI DBSPA61TB. 225
sein, Napoléon s'ouvrit à Manuel Godoï ; le favori détestait don Fer-
nand et il enveDÎma les griefs du vieux souverain contre son fils.
L'empereur secondait les efToris de Manuel Godoï, il fut présent k la
première scène dramatique entre Cliarles IV et don Femand , à ces
premiers reproches que le père et la mère adressèrent à l'atné de leur
<Iécltrie;il me fallut repousser li force par la force. Les nutlheurs de la guerre
atleignaicnt mes sujets.
u L'Espaguc, envlronoée de cAtes.devantuntgnDdepanle dosa prospérité i se*
possessions d'outre-mer, souffrît de la guerre plus qu'un autre État. La cessation du
commerce et les calamité suaehêes k cet élat de choses s« firent seutir à mes sujets.
Plusieurs furent assra injustes pour les attribuer k moi et k mes minisirea.
J'eus la consolstioD du moins d'être assuré du c6lé de la terre et de n'aToir aucune
inquiétude sur l'intégrité de mes provinces , que moi seul , de tous les rois de l'Eu-
rope, j'avais maintenue sui jeui des or^es de ces derniers temps. Je jouirais encore
de cette tranquillité sans les conseils qui vous ont éloigné du droit cbemin. Tous
vous êtes laissé aUer trop facilement à la haine que votre première femme portait i
la France, et bienldt vous avei partagé sesiDJustes ressentiments contre mes ministres,
contre votre mère, contre moi-même.
■ Jai dû me ressouvenir de mes droits de fin et de roi : je vous fis arrêter : je
trouTsi dans vos papiers U conviction de votre délit; mais sur la fin de ma carrière,
en proie è la douleur de voir mon fils périr sur l'échafaud, je fus sentible eui larmes
de votre mire, et je vous pardonnai.
» Dans celte situation, mes droits sont daits; mes devoirs, davantage encore :
je dois épargner le sang de mes sujets, et ne rien faire sur la fin de ma carrière qui
puisse porter le ravsge et l'incendie dans les Bspaigaes, elles réduire k la plus hor-
rible misère. Ah 1 certes, si, fidèle è vos devoirs et aui sentiments de la nature, vous
aviez repoussé des conseils perfides; si, constamment assis i mes cAiéspour ma
défense, vous aviez attendu le cours ordinaire de la nature qui devra marquer voir»
place dans peu d'années, j'eusse pu concilier la politique et l'intérêt de l'Espagne
avec l'intérêt de tous. Sans doute, depuis sit mois, les dernières circonstances ont^
été critiques; mais quelque critiques qu'elles fussent, j'surais obtmn de la conte-
nance de mes sujelsi des faibles moyens qui me restaient encore, et surtout de cette
force morale que j'aurais eue en me présentant dignement i la rencontre de ngon
allié, auquel je n'avais jamais donné de sujet de plainte, un arrangement qui eàt
concilié les intérêts de mes sujets et ceui de ma famille. En m'arrachant la con-
ronne, c'est la vêtre que vous avei brisée , vous lui avez 6tè ce qu'elle avait d'auguste
et qui h rendait sacrée à tous les hommes. Votre conduite envers moi et vos lettres
interceptées ontmis une barrière d'airain entre vous elle tréne d'Espagne; tl n'est
ni de votre intérêt, ni de celui des Espsgnes que vous j prétendiez. Gsrdez-voun
d'allumer un feu dont voire ruine lotslc et le malheur de l'Espagne seraient le seul
et inévitable effet. Je suis roi par le droit de nos pères; mon abdication est le résultat
de la force et de la violence. Je n'ai donc rien i recevoir de vous, etje ne puis adhérer
è aucune réunion ni assemblée; ce conseil est encore une faute des hommes sans
■ Donné i Bajonne, dans le palais impérisl, appelé du ^owiemonsnl , le
3 mai 1806.
■ CBAU.n. »
U.
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228 mUtV DB UïOHBlE.
race: il }['ffr-tu pw cooUmt «dU Charles IV àF^OEuad, d'ATo!r«illsi
préparé ma AffliclioDs ? Tu vois dAos guel état tu .m'as jéduit !
Atidique le jtouvoir que tu m'as arrache ; remets-moi la coarDane ,
jeJareuK;âi toa'obéis, je te traiterai toi et tes.ti£AS.C(UiuQeny^
r«helle«, eotends-tui, EeaiaQd? »
NapoléoQ était là, suivant des yeux le prince des Asturies, ijai
répondit avec émotioD : et Je De «uis pas un traître ; la cowvdk «st
i moi, vous l'avfz abdiquée, mon père, et jwr-dessus tout j'ai
MBvé JUanuel qui toc poursuit. » — « Reads-:moi jo» wuroone,
répliqua Charles IV, rouge de colère. » Et , comme .le prieee s'y <«-
fusait, 00 vit alors un spectacle triste et afUigetiiit : le -vieux roi per-
«lus.dejoullese.leva de SDB siège, et prenant sa camiei 0 en meiutca
Femaiid. Charles IV ne savùt pm se contenir : il,étaUJiniiBl, colère.
«vecsesenfants, ses domestiques ; et r«npereurlui*nil6meiiit'éai«i
«et aspect ; une indicible impression se peignit sur sa figure : luj,
rempli des souvenirs classiques, se représenta le vieux Pciam. .tel que
mus le peint Homèfie. Un ^ectacle eoeore pluBiûAaus alon se
montra aux yeux de 'Napoléon : la vieille Haria-Liâca , qtiî anùt au
«CBur un ressentiment profond des injures que son cort^o avût reçues
de f^emaeil, lai jetaA ïa face loiUe insultes.; -et l'afiCiiUB.d'iépitfaàtes^
pids se tournant vera l'empereur, elle le Bopplia de ^Birele pr«cèa à
MU .fils; .«carjl avait mérité l'échaTaud. oIJsemanîfestaguAlqae
cheee 4IftfEraHx «dans ^aette «udfaeiueuie scène de XuniUe ; iAxeax.-^
fm^t bien coupables qui eiftralnèrefit l'empereur à -préparer wi
spectacle Aussi aŒi^eant pour'la dignité du foyer domestique, fer-
Mnd, .u> omottit miftet, rqiùtisesEeaprits : Kjtfon^rQ, Kâgiuear^
râi,-voHs4entandeE'nRt reHOBCietio*; j'y>oon§en8,-nBisjeHWicMflraJ
leM^pIxe que J'ai acquis dansnotre bonne-vifle deUfadrtd, qtfï eon-
dilioDi.QHe V. JU..-11'ifflièaera aucune des jtersgnnes qui .sont odieuses
àiVipa8ne.-^.|e roi ne>peutigouKeraer'à eauBe:de4a<sutfé,>(^est nai
qui .prendrai les rênes du gouvememeitt ; qaant & l'aMication , €Êe
-wnB.«)umise à une convocation extraocdinaire dfs cortès ou bien su
«oiaeîl 4e8 Castillee ; ilsenjugeront.-»
'Kapoféon fronça les 'sourcils ; 5on plan étsit détruit; poar-Mn
utile, L'abdication devait avoir lieu h. Boyonne, il ne roulait point ren-
voyer les princes d'Espagne ou les laisser partir .pwir Madrid : oeo-
Toqner-les certes, c-'était perdre:l«u8 les'StSns.que joaqu'alors il svtàt
donnés pour l'accomplissement de son drame. Que voulait-il? Disposer
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str
HbrenieDt de la connMme ; Qiarles IT, don Fflisasd et don Carloi
n'étaient à Bayonse que pour cela. Les laiaKrait-U écbtpper? La
captivité était pour tous; il fallait attiser le Ceu des dissensiODi et
famiUe; ce spectacle le remuait profoodéniMt, il y avait quelque
ehase d'antique qui lui représentait la tragédie grecque, la CaMiBe dei
Alrides qu'il avait étudiée dans la belle diction de Tatoa am FtUh
çais. U rdiak eeleadre H. de Pradt raeontor avec la chaleur de si
yarole U scène du vieux roi acc^ant «on fils de reprocbes. N^io-
léen fut magnifique en rapportant les paroles de Cbarles IV, le aolr*
à BayoBoe ; il en dit les ammire» incidents, il construirit te fim beau
diane que l'ima^DatioD humaine |ni«e concevur ; aon exprassloo
mène avait qoelqoe cboee de pioétiqoe ; il parajasait on JBaproviiataaf
italieai sur te trépied, jHaot des pmisées grandioses sow des exfrea*
aiona le plus ardëaiBiait colorées,
Cquodaut les événements de Baf onne, la captivité des prince^ ki
mauvais desseina de Ki^oléon , comm^tçaient i cateatir dans tonte
fE^ugne ; les pfécautwos prises pour surveiller la ci^vïté de F>cr-
nand n'empêchaient pas que des émissaires l»Bcay£au, basques, ar»<
g^is, ne vinssent jasqu'i lui ; ^lutad ils avaient m leur leigaair,
ils repawaieat la frontière pour raciimter le guetrapeos de Bay<H)iie.
La correspondance des généraux français d^iuia Viltoria, Boègoi et
Madrid constate qu'tm s'attendait & un mouvement populaire ; le f/^
mbni Bessières emploie même l'expression des F^« Sicilùanaa pour
iadiquer le vérMable caraclëieque poivrait prendre une iasorMction.
A Madrid, l'effervescence bouillonnait comme les dalles de la rue
d'Âicala sous les feux de juillet; il ne JblUit qu'une étinceUe jwor
qw l'inoendie s'étendit 4quùs Vittoria ;usqu'Â Cadix- Lorsque le
vajrage de fiafouoe avait ité décidé» don Femaïul VU, en quittant
Uadrid, avait établi onc junte centrale ; un gouvememeot par intérim
qois'orgwiisaÀt en Espagae en l'absence du monarqae ; elle fut [dacée
IDUB la directitm de don JUitonio. l'oode du roi, alors veste an Bum-
Betiro avec l'infant don Francisco de Paolo et la reine d'Èbnuie <f»
Mwat aimait tant à suivre sous les ombrages du Atanzanarès. Toutes les
fois que le grandnduc de Berg, gouverneur militaire de JUadrid, avait
reçu désordres de l'empereur, c'était k don Antonio qu'il les adreesait
pourlescommuoiquerà la junte. Don Antonio était un vrai Espagnol,
et seul peut-être il avait prévu le résultat du voyage de Bayonne ;
prince actif, il avait écrit à tons les capitaines généraux des province^
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32S DBAUB 0B BATORIB.
de Valence, de Biscaye, d'Andalousie, de Catalogne «quelesàgoear
roi était réellement captif à Bayonne , et qu'il fallait se prépara à
prendre les armes comme su temps des Mores. »
L'inguirection n'attendait plus qu'un prétexte : c'est ceque la p(^
du général Savary avait prévu , et, d'après son consril , l'empereur
invita impérativement don Antonio, don Frandsco et la reine dTtnirie
à quitter Madrid pour se rendre à Bayonne ; il voulait avcûr «m
sa main tous les membres de cette famille , afin qu'il n'y eût }diB
aucun chef du mouvement à Madrid; quant au cardinal de Bocrbcn.
on avait peu k le craindre. L'empereur ignorait que ce peuple éoer-
gique ne s'abandonnerait pas luî^nème, qu'il se lèverait en masse poor
protester contre l'indigne traitement qu'on faisait & son caractère de
nation et à sa conroane. La première insurrection d'Aranjuez arail
accoutumé les masses au tumulte des armes ; et lorsque te peaptedr
Madrid, cette multitude si active, les Asturiens, les Castillans, le
Valenciens , les Andalous , les frayles des grands couvents , les mule-
tiers, les toréadors counmaés dans les luttes, aux membres forts, nu
muscles énergiques, s'aperçurent qu'on leur enlevait leur demie»
espérance, don Antonio et don Francisco, un cri de : Mort aux Fra-
çaiél se fit entendre, et les Vêpres Siciliennes commracèreat.
Cétait le 2 mai, k cette époque de l'année oîi le sang monte au
cerveau avec le parfum des fleurs , le jasmin du Prado , la rose (fn
Buen-Retiro et les orangers des espaliers du Toge : tout à coupuw
irrésistible fureur s'empare de la population : « Ou veut nous enlever
don Antonio ! s'écrie-t-on de toutes parts ; on tient captif le roi don
Femand , on veut tuer toute sa famille. » Des masses immenses «
portent à la cota del Campo habitée par Murât ; dans les rues , des
soldats français sont insultés et la guerre au couteau est proclamée.
La générale bat dans les quartiers , on prend tumultueusement le»
armes ; tout k coup on voit apparaître un officier qui porte des ordres
pressants de Murât pour que les canons soient braqués et que ^8^
tillerie retentisse. L'insurrection éclate ; on se porte à l'arsenal ; I»
cloches de San-Geronimo et des quatre-vingt-deus églises de Madrid
sonnent le tocsin ; partout où la foule rencontre un militaire francui,
il est frappé de mort ; c'est le réveil du peuple avec ce caractère d'ori-
gine africaine qui le distingue. Point de pitié! la mitraille sillonne 1«
rues, la multitude se jette sur les canons ; la mêlée devient sanglanle,
CD poursuit les insurgés, et le soir seulement la populace s'apaise à
îdbyGoogIc
JOSBPB KOI DBSPAONB. 2319
la voir de qadques magistrats. Cent trente citoyens de Madrid suc-
combèreot dans cette fatale lutte, et le soir, dans les casernes, l'appel
fut assombri par l'absence de plus de 500 soldats, cavaliers , faotas-
àta, qui manquèrent aux régiments; la plupart furent assassinés an
à un dans les raes isolées.
D'impitoyables b<»tilitéi avaient ensanglanté la capitale des
Espagnes, l'orgueilleuse Madrid avait vu sa population soulevée.
Murat, réveillé de son sommai de volupté, fut terrible, à la manière
des rois d'Orient qui passent du sérail aux exécutions des muets, et
des baisers d'une femme à ceux du bourreau. Quelques centaioes de
prisonniers avaient été faits, parmi les notables de Madrid ; Murat,
la nuit, sans jugement, les fit fusiller au Prado, au mépris d'une
amnistie qu'il avait lui-même proclamée *. Le graud-duc de fierg. à
l'aigrette de diamants , se souvint ici des jours de la convention
natJCHiale où il signait du nom de Murat : les habitudes ne se perdent
pas, même sous les ornements de roi. Les Espagnols conservèrent un
long sentiment de vengeance au souvenir de cette journée fatale
du 2 mai 1808 ; et ce qui frappa le jdua ce peuple, natureUement
[»eux et catholique, ce fut que Hurat, le gouverneur de Madrid, au
nom de l'empereur , e&t fait fusiller de vieux chrétiens , ennemis des
' Hnnt fit publinr l'ordre dv jour qu'on va lire peur nHurer les hibitaiiU de
Hidrïd.
Proclamation,
■ Boidata , le 3 mai tous fûtes contraints de courir aux armes et de repousser la
force par la force.
» VoDS TOUS âtes bien conduite, je suis coolent de vous; j'en ai rendu compte k
l'empereur.
■ Trois soldats w sont laissé désarmer : il» sont déclarés indignes de serrfar dans
l'armée lïançaîM.
» Uainlenajit tout est rentré dans l'ordre ; le calme est rétabli ; les bommM cou-
pables ou égarés sont punis ou reconnaisMiii leur erreur j un voile doit être tiré sur
le passé, la cooSance doit renahre.
■ Soldats, Teprenei avec les babitanU vos anciennes liaisons d'amitié.
B La conduite des troupes espagnoles mérite des éloges ; elle doit cimenter déplus
en plus rbarmonie et la bonne iotelligence qui régnent entre les dcui années.
> Babiiauta de Uadcid, habitanU de l'Espagne, n'a;» plus d'Inquiétude; disslpri
les alarmes que la malveillance a voulu lépendro ; reprenei vos bobitudes, le cours
de vos affaires, et ne voyez dans les soldats du grand Napoléon, proteeteur des Es-
pagnes, que des soldats omis, que de fidèles alliés.
» Les babitants de toutes les classes, de tons les ordres , peuvent porter k l'ordi-
naire leur manteau; ils ne doivent plus être arrêtée ni inquiétés.
• JOACHIII. >
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330 muam ■« ■in—
lofiéèki, nns le» piépKer A la wott pm la cc«feKioa; 1* *k ttaté-
rWle a'éUit rieo pour ces martyrs eo édxugfi de la vie dea eéetu;
a kt Français, tans cniola d« Dieu, avaient refusé k ce peuple te
OMSoUUoB et l'eapéraoce de la vie éterneUe. » La iouroèe da 2 mai
laissa des traces profondes ; aujourd'hui encore, à travea les asoées
et les changements pc^itiques, de» mewe» sont partout récHiia pour
ce>«îcUme34e l'occupation, et l'on prie le Dieu des années d'anacber
Ml purgatcàie ces otartyrs qui moururent pour la patiie e^tagaole,
aaiu avoir eu le temps de se ricoBcilieravecle CbristetaessaiMs *.
Cette nouvelle fua^re d'une insurrection où âOO soMida étaieat
to*b^ fut dipèchée en toute Ule à ren4iereur, suivant alon avec
sa hayle soUtritude tous les moavemeste qui se raUachaient i l'Es-
pagoe et i SOI esprit national, Cette maDifestatioa le frappu A-
gHlièMBteot ; le «ang avait caulé, et quand deux pevptes ou deux
partis sont depuis loBgtemfs «u présence, la première goutte crème,
pénàtre et fait lacbe; la guerre civile vient au premier coup d'ar-
quebuse. N«p(déoa avait immédi^ewent jugé la fatale p«tée de cet
éaéiwwirtde Madrid ; il aperçut l'imparUDce d'en fiair aar-W«baogf
wec U famîUe «les JBourlwaB en E^egae. La lapidîti seule powalt
mettw vn terne iM» désoUioiis. U vit le aoir mène Mâmud GodM.
s Demain, dit-il, saus plus tarder il me faut l'abdication pure et simple
«teFeiidiiMnd; c'est ùap^isBx* wfci et peosea-f . Sâraté «t Iwtaae
pour vous. Les stipulations sont prêtes ', 30,000,000 de réaox c4 le
château de Gompiègne pour Charles TT ; une belle chasse, la solitude,
les arts, un site admirable, te repos et la paix après une vie tour-
' l'iii5siatftJI»dridàr«Wf«aiintm«ffHiwiaa3«»i;l«je^iledmiipillirtrid
bM r«eardail d'an «Bil faroacbc et insaluit encore le Fnaçais.
' SiatfuekiniiicntnClMrlesIVetnapdéaiiforuuDeduadejfndqaninn
ftMttkaxe, c'Mt i ce monuBtqn'Ufiit •nWjcanûcileabucs :
■ Art. 1". S. H. lerolChaTjesD'aTanteaenTu^lpuMatiie, fpu JelxMihmit
■wsnjeto, «taaiMMdTOPtrtwnilayÎKiyguetoiiahBWleid'iinwtitveMûoMAoiwat
élnUbif/uifoiiT uTÎvtr 1 ce but, Iw circonstascea ftclueUeane poHTutl iue qn'oM
•ouTM de dissensions d'autant plus fooestes ^e ks factions ont diTisé sa fnfnt^
Bille, a lèaolu Ae cUer, conuae il cide par k prisent, t S. H. l'appffoir N^Mtè»,
wm «es droits sur le trdnc des Espace a des Indes, comme le sntl fui, au point
où en sont atriTées 1rs choses, peut rétablir l'ordre; entendant Que ladite cession n'ait
lieu qu'a&Q de faire jouir ses sujets des deux conditions Euivanies :
• Art. 3. 1' L'int^ité du rojiumc sera mafatenue; le prince fuc S. M. l'empereur
napoléon jugera devoir placer sur le trdne d'Eapagne sera iod^endant.
■ 3°Lareiigioncatiialique, apostolique et romaine sert la senle en JB^a^e. Une
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mentée par l'e^t det lévolutions. Avant tout raMiCBtiiHi de Fer-
disond , et , s'il refuse, il faut que le xoî le nenace de M faire un
pFOoèscriDlaelcomaieiraltredaiisiesévéaenieDtsd'AjnL^iuez. Voua
saves que je o'béàte pas : condamoez, frappez; je suiriai en tout«
chose la voloati de Charles IV, le seul souveraÎD que je recoDuaiise ï
qu'il parle et le procès eomiaeDcera, dàt la mort être au bout, a
Le lendemaÎD, la ^cène iout arrangée par le prince de la Paix n
manifesta sous de pénibles au^ces ; au fond d'usé pièce , le roi
Charles IV, assis sur «n Jauleuil, son jonc d'Amérique .à Je main; la
reine également assise, les pommettes couvertes de rouge,.à la manière
eçagnole, jueque sous «es yeux noirs et brillants; à ses cAtés l'euH
ptuira 7 ttre \oJéti sucnDc n!tI|ioii rHbnnie et enoorc mdliB infldHt, sujnnt l'vMgQ
éMSrii nqDard'kui.
« iVil II gmniirlnnliilifnriiriinrfidiilrniijrmrfiiiili rfTnliilinni'AMiiiiinr
Mot nuls et jde nulle valoir, et leurs jinpriélés leur seront leadua.
> Art. 4. S. M. le rai Charles Bysiil ainîl asnifé la prospérité, nmégrlté et rindè^
|MDd«Ke de ses sujets, fi. M. TewiyarwirA'einige à donper r^ftige <■— «n Attem
r(ii£barIes,lJcreiM„à«B faBaUe^au jiriiim A»i» Piivimi w*-^'**»' àaiMitUÊf
Titeurs qui voudraient les luivre, lesquels jouiront eu France d'un UUg éflnlTlkatk
celai qu'ils possédaient en Espagne.
> AtuH. Le priais nupérial deCsm^Rfoe, les pwee et'fMêtsqriloi Mpenéent
■«MHiàia lUspoHUon d» roi'CbadM,-iB^te<dMH>t>
» Au. e. S. M. J'empereur doone-el eaunUt i S. M. le raiCb»^ uiieiiHe.ciiil«
de trente mUlioiisde réaux^ qife 9. U. l'empereur Napoléon luif en payer dlteciement
tons lea mois par leirésordelacouronm. A h-mortdn roi Charles, desx Billions d«
mHi> famMrsDttedMialrsrieJB MiM.
• iin.7.8.iLl'Nnpeieai](valioB.«leafa^i.WCM4erAt««si«s:laiIuU«d'A-
pfgoe une renie annuel le deguntre cent mille trsinct, pour en jouir ijierpélaiti eux
et leurs descend an is, sauriaréverslblliiédeladite rente d'une brancb* kl'autre, en
en de l'eilinetioa 4e l'une d'ttiae, et4ti«dfsat<le*M*cliU«. an4MidirariMMM
d« iwtetiM lnnciM>laNliteaireaUs«eniWrréTc«8ll)tt»à la^OONWAde AaMh
4M-£..S. H. llenijpertBr Jfapoléen /era tel «iTaiigeinait qu'il ji)g)^ GOuvenaU*
•Tepleftitiir roid'E^agnepour lepajement delalisieciiUe etdesTeoMflCOiqpriees
danles artlelee pricédanu; oMfB-fl.'H.le-TOl'Cfatflea'IV-a'entcBfl tvth- tta «daUon
paar MKtbirt qu'a*» Is tièiarjiaiFnaee.
jr ArUB. 8. H. rcayMMrK||MUih«,diipite.wèalMigGÀâ. JLto.rAl ClHrlM la
cUteau de Cbanbord, aiec Ita parcs, forêts et fermée qui en d^pdent, pour eo.jouir
enlonte propriété et disposer cotnaneboa^ Ini semUcra.
» Ah. 10.iBneaB«équante,e.ll.'leroiCliarleBMM«eaaiiafaarlleai.-|ljra».
panarNapoléonA Vwtai les prttpBéiteailodialesct iwLienljèiw»wn^HaTtap»nUa4
la caunume d'Espagne, mais qu'il possède en propre. Les iofaots d'Espogoe aontU
nueronti jouir du revenu des coromanderies qu'As posaUent enïspagne,
• ATt.ll.LaprteBtecoaMBtionseiarBlilUe,.aileafaUa«liaaai«aa«ta«lichaA*
■4m daaaAnit joua «u le^varlib ^'U aara paaplbk.
« faitiBajonae, leSmailSOS. ■ iSi^n^ .'Danocileprinea delaPAix.4
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232 MAMB Dl BAYOIfflB.
pereuT asùs, pftle, pensif, la tète découverte, quoiqu'il simât &
paraître en soDverain, l'œil fii^ sur le vieux roi. Au devant d'eux le
prince des Asturies , don Femand , avec ses dieveux noirs bouclés i
l'espagnole, la physionomie fatiguée, l'œil taciturne, et, à ses cAlés, doa
Carlos, fréle alors, avec ses jeunes traits prononcés de Bourbon et
dltalie. « As-tu des nouvelles de Madrid ? » s'écria Charles IV d'une
voix rauque et colère. Le prince répondit : « Non, sire, mon seigneur
et père. » — « Eh bien ! je vais t'en donner, moi, » répliqua le vieux
roi ; et il raconta tout ce qui s'était passé à Madrid dans la fatale
jouniée du 2 mai. « Crois-tu me persuader que tu n'as eu aucune
part à ce êaccage (ce fut son expression]? Est-ce pour faire égorger
mes vassaux que tu t'es empressé de me faire descendre du trdoe?
Quel est le misérable qui t'a conseillé cette coupable frénésie? N'as-tu
de gloire è acquérir que celle d'un assassin? Parle donc, parle donc! v
Femand gardait le silence, les yeux baissés vers la terre , car la pré-
sence de l'empereur le gênait. « Ne te l'avais-je pas dit? continua le
vieux roi ; voilÀ dans quelle position tu te mets et nous aussi ! Parle
donc ! parle donc ! »
En disant ces mots, Charles IV leva encore sa canne comme pour
frapper son fils. Toujours même silence de don Fernand : « Tu nous
aurais donc fait périr, si nous avions été i Madrid? Comment
l'aurais-tu empêché? Parle donc I » Alors la vieille reine se leva à wa
tour et s'approcha de lui, comme pour lui donner un soufflet : « Par-
leras-tu enfin? Voilà comme tu as toujours fait À tontes tes sottises,
tu n'en sais jamais rien.» Et don Fernand, toujours immobile, ne
répondait pas. L'empereur, qui goûtait un secret plaisir à cet abais-
sement des Bourbons , prit la parole avec un ton grave et mesuré :
« Prince , jusqu'à ce moment je ne m'étais arrêté à aucun parti sur
les événements qui vous ont amené ici ; mais le sang répandu à Madrid
fixe mes irrésolutions. Ce massacre ne peut être que l'œuvre d'un
parti que vous ne pouvez désavouer, et je ne reconnaîtrai jamais pour
roi d'Espagne celui qui le premier a rompu l'alliance qui , depuis si
longtemps, l'unissait & la France, en ordonnant le meurtre des soldats
français, lorsque lui-même venait me demander de sanctionner l'action
impie par laquelle il voulait monter au tréne. Voilà le résultat des
mauvais conseils auxquels vous avez été entraîné ; vous ne devez vous
en prendre qu'à eux. Je n'ai d'engagements qu'avec le roi votre père ;
c'est lui que je reconnais , et je vais le reconduire à Madrid s'il fe
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JOSEPH KOI d'espashb. 233
désire. » Le roi Charles IV répliqua Tivemeat : « Moi , je oe veux
pas. Eh ! qu'irais-je faire dans un pays où il a anné toutes les passions
contre moi? Je De trouverais partout que des sujets soulevés : et,
après avoir été assez heureux pour traverser sans jperte un bouleverse-
ment de toute l'Europe, irai-je déshonorer ma vieillesse eu faisant la
guerre aux provinces que j'ai eu le bonheur de cooserver, et conduire
mes sujets è l'échafaud? Non, je ne veux pas; il s'en chargera mieux
que moi. u Regardant son fib, il lui dit : a Tu crois qu'il n'en coûte
rieu de régner? Vois les maux que tu prépares à l'Espagne; tu as
suivi de mauvais conseils, je n'y puis rien ; tu t'en tireras comme tu
pourras, je ne veux pas m'en mêler : va-t'en. »
Cette scène était censée secrète; mais comme il arrivait souvent à
l'empereur, qui aimait à se faire écouter par ses officiers, les apparte-
ments furent distribués de manière Jl ce qu'on pût voir autour de lui ;
tout était police , et l'on avait pratiqué à cdté de la salle , témoin de
cette triste scène , des jours trè&-bien répartis pour que le général
Savary, le prince de la Faix et quelques autres officiers pussent en-
tendre ce qui se passait dans la pièce voisine. Napoléon , sûr de
Charles IV, ne s'inquiétait plus que de la renonciation de don Fer-
nando VII ; l'on brisa l'Ame du jeune prince par toutes les tortures
morales et par les terreurs. Le général Savary vint encore lui dé-
clarer : ■ Que s'il n'abdiquait pas le seul droit que l'insurrection d'A-
ranjuet lui avait donné, on lui feraitson procès criminel, et Napoléon
exécuterait inflexiblement la sentence d'un père irrité, prononçAt-olie
la captivité étemelle ou la mort, o L'intercession de quelques grands
détennina enfin l'abdication pure et simple de Ferdinand en faveur
de son père ' ; Charles IV en remit l'acte dicté & don Pedro Cevallos,
' Toici «a quels termes U rcDOnciaiioD de Ferdiasnd TII fut formulée :
L«art dt Ferdinand VU à OtarUê IV.
■ MoD Tiocrable père el seigneur,
■ Pour donner i. voire msjeâté une preuve de mon amour et de ma soumission, et
penr céder aux désirs qu'elle m'a ra[t connaître plusieurs fois, je renonce k ma cmi-
ronueenfaTeur de Tolre majesté, désirtntqu'elle en jouisse pendant delongu es annéts-
» Jereeommandei votre majestélespersonnee qui m'ont servi depuis le 19 mars;
je me eoofle dans les aasuTances qu'elle m'a données à cet égard.
B Je demande i Dieu de conserver h votre majesté des jours longs et heureni.
D Je me mets aux pieds de votre majesté.
■ Le plus humble de ses fils.
B Fbkbinans.
a Fait à Bayonne, le 6 mal 1808. •
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asA
poil le éouùa, aa prince ée la Ptix, chet de 11 jsttice de Caitilk, qui,
le trouvant en boane forme, le treBsoût k l'eiiipcreiir.
Dès cet instsBttout fst fini. Letnttéentre.CharlM IVetNipoléan,
pfiéparé depuis loagtmiiH per M. de Chcmpagny et discati nec
Manoel fiodoï, fut signé le 5 nai 1S08 ; U était laconiqM d écrit
seul la dictée det'empereur : le roi Gfaariea cédait pareneatetunple-
aent le tràse des E^agnes «t des Indes à NapoiéoB , pronâUiil
' d'en maintenir l'intégrité : l'empereur afipdienit à cette ctuffom»
tm prince selon son gré ; die serait indépendante de la France ; li
reKgiaa catWique dfHninante, nulle réforme ne posmit être ailmise;
restitution des propriétés à tons ceux qtà lei avaient petdaa par tuito
des érénements d'A.ranjua , ce qui assurait ua beau lot au prince de
la Paix. On donnait an roi CfaarteslV.sa vie dorant, lechètoode
Gompiëgne avec 30,000,000 de réan; 400,000 francs âataotu-
cordés k cfaecafl des infants : le cbltleeu de Gbambord était asairé es
ét^oge contre les biens allodiaux que Cbsries tV ponMut «s
Espagne. On s'avait discuté que aur la qaatité de la Utte citile
anoueHe.
Cinq jours après, un aotni traité étaft osKln avec le pibm dn
Aatories, ou phitM il lui fut imposé par la vlalanoe *. Don FecMi'
' TrailiuunXmfoléMttUjprimudttAitwim.
m àtt. i". 6. A. ft. le priace des Aftturiea adhèn i !• «m^mi ùia pr k ni
ChHles de ses droits au Irène d'Esjngae et des Iodes en faveur de S. H. l'tmfW
des FraDcais, roi d'ItatLe, et renoace, ea lanl que de besoin , aux droits qoi lui su»
Mqnh, «omme prJBce dee Aaivriei, IUco«NM«dw EipagMcet dailadM.
» S.fi. H. l'UBpnMTdefFraBfM*. rai d'Halte, auMfdiai FraneeiB.l.K-l'
pTJDCt des Asturies le lilre d'allesse rojale, arec tous las hoaneurs et pctn^'i"^
dont Jouissent les princes de son rang. Les descendiDls de S. A. B. le priDK ^
Asluries conservèrent Je lilre de prince et celui d'altesse sérénissime, elMwallM-
joura le tnéme rang en France que les princes dignitaires de remplre.
" 3. 8. H. l'empereur dea Français, roi d'Italie, cidaet donne parles prtwnie^
en toute propriété, i S. A. R. le prince des Asturies et ji ses descendants, le pilii^
jiarcs , fermes de Navarre et les bois qui en dépendent , juaqu'i la concunna ic
ringuauLe mille arpeuts, le tout dégrevé d'bjpoUièques, et pour eo joair (B tout*
propriété, \ dater de la signilure du pr^nl traité.
" 4. Ladite propriété passera aux enfants héritiers de S. A. B. le prian in
Asturies ; k leur défaut aux eofaots et héritiers de l'infani don Charles; i débni d'
reui-ci, aui descendants el héritiera de l'infant don Francisque, et eDGD,ilM
défaut, aui enfants et bériliers de rinfant don Antonio. Il SNa expédié des letim
|«ienles et particulières de prince i celui de ces baillera auquel rerïendrB laiti"
propriété.
■ S. 3. H. l'empereuT des Pranctis, roi d'Italie, accorda à & A. B. le prinn à''
îdbyGoOgIc
jomH HM ammàSÊÊt, SMS
cnuemôt ie titre d'altaae foyde ; i«e cnfaeto portenieat m1uI4'«I*
tesse sérénissine, oi 1^119 umoiiu^ae Ctabaoévè» (les BuccHMonde
OiarieB^^nt fia étaient Jii);reiBper«ttr dsaoait à Fenud VU les
palai», fKta et'fenaw» <le Kavarre, dùponot d'uD biaii qui ne tui
appwleout pis (il venait de b Buccettion du BouiUaB).IiBiBftiDe
artlcLe était apfJicable am infants don Aotonie, don £arlM et don
FnwMjiaco ; on leur accordait sae rente da iOO.OOO fr. Boi et prioui
deraiMt trouver asile eo Fraoce, et protection dans les lois et te .gfto-
yttaaaeat de N^wléon. Ce s'était pas ius peiae que ce liailtat
était obteau ; eofio l'empereur était mattre de lafouronne d'Etpagse,
ouLtpoiar mieux dire, des titras de la maiioA de fiourboo. Pourrait-U
escore diqwseT d'un peuple cf^icieuBeiiieDtdoiiBé 7 Ce peuple était-Il
à lui comme sa cbaee? Si les AUenuiada avaient paiaUdeawotwuffert
la fonoatioo d'un Foyatune de Weatpiialie, « ces poiMlalioai tran-
qmtiea araient k peàoa BWMuré, ii u'ea était ]Mb de oiâne des fien
EipagMds : les BoarbaBS-affalHit pu abdiqiuf , Baais rgipagae, n'ab-
AdnriH, WeiOM!&wKS4lBreBtej*vtntg^«urtetri«vii«I'nBm.«ipajiUMfar
duiiièBe diaqtie loois, jfOiti en jouir lui Et ses deacoodauts; et venant i miLDqiur
Ift descendaDce directe de S. A. n. le prince des Asturies , cette rente ipuiagèrs
passera à l'infant don Charles , k ses enfants et héritien, et à leur déTsui, k l'infont
dM ftwcietfae, i m* dMMa4aBta«t hirkUns.
■ a. InAéptBdamueat de ce q«i eM sU^lé daiki ha bcUcIm piMdeirii^ &. M.
l'onpereur d£s Frantais., roi d'Italie, accorde 1 3. A. H. le prince des Asturiet una
somme da400,DOO francs, égslcinent sur le trésor de France, pour en jauir sa vie
dunmt. La mottii de hdHe vente sera rérerailile sitr la têle de la priHeease son épouse,
si rile lai sarvît.
0 7. Si. IL l'emperew des Français accorde etijsniotu aux infimtsdon Antonio,
oncle de S. A. H. le prince des Aslnrîcs, don Ourles et don Francisque, lïèresdudit
prisée :
a 1» Le titre d'altesse royale, avec tous les hoatMurscl pr^rogatiree daatfsaisBtnt
les fcincee de leur rang : lea descendants deleursalUMcs rojales consenaroRl le
titre de pTtace,c«lui d'altesse séréai&sime, etauronitoiyours le même rang en France
que les princes dignitaires del'empire.
<■ 3* LajouissBace dnTavMiH detontcalcs c«Hvati4arias.M B^agae, Inir tte
9 3" Une rente apinagire de 400,000 Fr., pour en jouir eux et leurs héritiers k
perpétuité , entendant S. H. I. que les inrinia don Antonio , don Chartes et don
FraDeisqae venant à anourïr sans lalaser d^iriiîera. ou iews postérMa vaaaat k
K'éiùBdf e , leadites rentes ^aiagèiee appaïUendcMil i lu A. A. îe prtua 4cb Jm»~
ries, .ou à sea descendants ou héritiers, le ilout aux conditione que LL. AA^ SR,,
don Charles, don Francisque et don Antonio adhtrent au présent traité.
» DcRoc; fuM iM Escafgun.
> BajOBDt, leiemai 180B. »
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386 -imAiiB m bavomb.
diqoant pas, pouvait opposer sa grandeur eu face de rabaissement ; la
notion aurait du courage quand la royauté en manquait.
La couronne d'Espagne était à terre ; maintenant qui la ramasaeiait?
Napoléon manquerait-il de roisîDës le commencement de ce drame
d'Aranjuez et de Bayonne, Murat avait élevé ses prétentions jusqu'à
désirer pour lui-même le tr^ne de Charles-Quint et la succession des
petits-GIs de Louis XIV ; c'était un beau lot de chevalerie dans la roue
de fortune ; il avait agi en ce sens i Madrid, et peut-être cette circon-
stance n'avait pas peu contribué à la fatale séditioo du 2 mai. Horat
voulait être maitre des événements, et le généralissime désirait poisrr
roi. Napoléon avait d'autres desseins : il ne croyait pas Murat capable
de gouverner un peuple nouveau avec un caractère si prononcé, d de
le conduire fermement dans le sens de sa politique ; il fallait de Ib
prudence, de la modération, un système pacifique capable d'attirer tes
cœurs ; Murat, roi d'Espagne, toujours impatient de conquêtes, aurait
rêvé la domination de l'Afrique et des Mores; sa vie, comme une
grande romance , avait besoin è chaque campagne d'un nouvean
couplet à fanfare. Napoléon ne pouvait pas compter sur lui ; si l'&k-
trevue de Mantoue avait abouti è bonne Bn, l'empereur aurait donné
l'Espagne à Lucien ; deux ans son frère avait été ambassadeur à
Madrid ; il en counaissait les mœurs et la langue , presque toute la
grandesse avait eu des rapporta avec lui ; Lucien, tenace, avait refusé
des grandeurs asservies ; il préférait être propriétaire indépendant
dans les États de Rome, au titre de préfet couronné. Alors l'empereur
jeta les yeux sur ses autres frères et sur Joseph, qui s'était fait aimer
par la douceurde son caractère h. Naples ; tout en obéissant aux ordres
dej'empereur,il 1k avait adoucis; la mollesse de Joseph serait sup-
pléée par des généraux capables.
La pensée d'une abdication de la maison d'Espagne préoccupait
tellement l'empereur, qu'il avait écrit dès le mois de mars à Joseph,
pour qu'il vtnt le joindre à Bayonne ; un nouvel aide de camp lui fiU
expédié le 15 avril, et l'atné des Bonaparte arriva au ch&teau de Harac
dans les premiers jours de mai. L'empereur, dans une longue coufé-
renccavecson frère, lui expliqua ses desseins sur l'Espagne. Napoléon,
nourri des instructions de Louis XIV au duc d'Anjou.avait médité sur ie
moyend'asseoirsadyuastieen faced'une population mobile; il se résuma
en quelques phrases : u Ménagez la religion, réformez peuÀ peu les cou-
vent8,appuyez-vous sur la bourgeoisie; la grandesse sera pour laFraoce;
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JOSEPH SOI d'bspagkb. 337
elle est dégénérée, le peuple tous viendra par la pradence et les démon-
strations catholiques; Hurat m'a un peu compromis les affaires ; à tous,
il appartient de les mener à meilleure fin ; au reste , ma volonté est
impératÏTe , l'Espagne doit marcher dans mon système. *
Joseph quitta Naples avec regret, et, comme les rois de vieille dy-
□astie, il écrivit une lettre souveraine à ses anciens sujets pour leur
annoncer ses destinées nouvelles ' : Napoléon l'avait voulu. A peine
' ProelamaCion,
« Bsjonne, 23 juin 1808.
B Joseph-Napoléon, roi de Nnples et de Sicile.
■ Peuples du rojiume de Nsplcs , la Proridence , doni les desseins nous sont
inconnus, nous ayant appelé au iiAoe des Espagnes et dta Indes, nous nous sommes
TU dans la cruelle nécessité de nous éloigner d'un peuple que nous avions laot àe
raisons de chérir, et dont le bonheur èUit noire plus douce espérance et l'uoique but
^e noire ambition. Celui qui seul lit dans les cteurs des hommes, peut seul juger de
la sincérité de nos scnlimeots . malgré lesquel* nous aTons cédé k d'autres impul-
sions, et afODS accepté un nouTCau rojanme dont le gouvernement nous est donné
en Teriu de la cession qui nous a été faite des droits acquis sur k couronne d'Es-
pagne par notre auguste Trére S. U> l'empereur des Français et roi d'Italie.
» Dans cette circonstance solennelle, coDsidéraot que ce sonllea institutions seules
qui demeurent, nous STonsTU avec peine que votre organisation sociale n'était pas
encore achevée; et nous avons pensé que plus nous nous éloignions de tous, plus
nous devions assurer et garantir par tous les moyens qui sont en notre pouvoir voire
félitilé présente et Itature. Ea conséquence, noos avons mis la dernière main h noire
(Buvre, et avons terminé le statut constitutionnel du rojaumc d'aprts tes bases déjA
établies en partie, et plus conrormes au temps ob nous vivons, à la situation réci-
proque des nations voisines , et au caractère de la nation que nous nous soromew
appliqué ï connaître parti cul iéremeol dés que nous avons été appelé t la gou-
* Les vues principales qui nous ont dirigé dans noire travail, sont :
> 1° La conservation de notre sainte religion ;
■ S° la création d'un trésor public distinct et séparé du patrimoine de la cou-
■ 3° La création d'un corps intermédiaire et d'un parlement oational, capable
d'éclairer le prince, et de lui rendre, ainsi qu'à la nation, de précieui services ;
■ 4° Une organisation judiciaire, qui rendrales jugements des tribunaux indépen-
dants de la volonté du prince, et tons les citoyens égaui devant la loi ;
• S* Une administration municipale, qui ne sera la propriété de personne, et i
laquelle tous pourront étrt appelés sans distinction ;
■ 6° La conservation des établissements que nous avions formés pour assurer It
payement des eréanciers de l'Atal.
■ S. M. l'empereur des Français cl roi d'Italie, notre auguste rrère, ayanl bien
voulu donner i cet acte sa aulS&ante garantie , nous nous sommes assuré que nos
espérances pour le bien de nos cbers peuples du loy a une de Naples, reposant aur
son immense gloirp, ne seront fas trompées. •
(Suit raof««on«tilulMmtMl.}
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S38 BKJUDE M UTOmm.
la conférence étaft-cHe finie , qne le loir feniperear aoitcHiçaît k
qDetqaes graadesRS réanles k Bifeone qnH awtt désigné mm trin
loseph pour roi des Eïpagnfs et des Indes : on arait appelé anc Pyré-
nées un simdacre de jante ; quelques dépvtés des provinces éMeat
Tflntn arec les inrants, kms si parÂiftement dtoisis, qiill était impos-
■lUe d'attendre h moindre résistance. Queponvait être nae jonte aav
élections, convoquée à Tétninger? Qurile légalité, quelle liberté po«-
vait-elle avoir en dehors du pays, et captive elle-même T Tout était
marqué d'an caractère singulièrement Torcé : des abdications , des
renonciations faites au milieu d'une place forte, soui la sorveSlIanoe
ds Napoléon ; une junte enSn illégalanteot convoquée et déUbémit
■umn territoire ennemi.
Ce mensonge fut pourtant pris pour la réalité : la junte appda ,
dans u n simulacre d'assemblée, don Jcseph , frère de Napotéon, comme
roi d'Espagne et des Indes ; Hle le supplia d'accepter la coaronne de
Charles-Quint; oo rédigea quelques articles constitutionnels, non point
dans les grandea limites des anciennes cortès. avec les prÏDcipessi
laides des assemblées représentatives d'Aragon, de Catalogne oo de
Castille ; on répéta quelques formules des fueros ; tout fut calqné sur
U constitution de l'empire français ; conune dans les royaumes d'ItaUe,
deNapIes.de HoHandeoade Westphalie. LesœavmderemiiefeBr
avaient un caractère d'unité, une formule politique ; don Joseph 1^»-
léon fut roi des Espagnes par un coup de ta volonté soavaaioe; ce
qui natt ri vite menrt aussi vite, c'est la loi de la nature. Quand la
Junte vint présenter l'acte constitutionnel h Joseph , le nouvean rn
avait appris un peu d'espagnol et répondit avec une ^fflculté remar-
quée'. Le sair l'enqurnir fit rédiger en bon fraoçsis le petit diiconn
^BBllM
n Le roi Jmcpb étant t«ti mr son trtnr, et Km» tesmcnikmaymtpttelnr
pae«,8. M, B prononcé, cnlmgDenp^nole, led'rseounMlvHit :
« MM. les députés, j'ai voulu me rendre m ratllni de Tomiwm ntn stftaHm.
■tank ptr raiie d'un deceséTénemenbeitrBordiDalrestniijaets u«iMleïB«tiaw
onl été tour t tour assujeltics à différenlcsépoqan, etpar (m diapoAioBsaBriV-
ptrfor NtpaHoD, nol» engoste frère; v« opinions ont été crilw de Ma tUMt.
» Vou en iTOuTem 1« résahst ronslgné «ins l'aciv ewtlftlo—i 4iwt'«>«
•tiei entendra li lecture. Il éfiitn à rE^gne les longs déeUrcMents i|m Matk
tu» prévoir l'inquiétude sourde dont h nation éUit toormcntée dqmis laagtmpt.
■ l>'efliiesi«ic« quIrAgiM Hicoredsos quelques proTioMs cessera dis qne les
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HMBPH BOI DBSPAGinE. 239
de Josepb et l'envoya par un courrier au sénat, h Paris, pour témot-
goer que l'affaire d'Espagne était finie.
TrMe ^isode dan» la vie de Nap(déoD que cette entrevue 4e
BayoDoe ; comment tut , l'empereur , l'homme fort, put-il descendre
Ânn rAie d'intrigues et de machiavélisme, et ne valait-il pas mient.
Taire une guerre ouverte en Esp^ne? Les veilles qu'il consacra à dos
négociations si petites auraient pu digneikent se donner un vaste ]^wi
de ctnqnéte ; tout fut préparé d'avance ; l'affaire d'Espagne oe fut pas
une improvisation du génie ; il y eut de la perfidie froide en tout point ;
le projet de détrAoer les Bourbons datait de loin , et pour en faire
nattre te prétexte, l'empereur explmta ka passions d'une rdne vieilUe,
les complaisance d'un favori tremMant, la fnUesse d'un roi en grande
âécidence, prince fainéant, sous les douleura de rhumatisme , pUe
reSet d'une grande maison ; il profita de l'ioespérience d'an infant,
des haines d'une mère contre son fils, des colères brutales de ce rei
Cliarles IV, qui menaça de briser la tète de ratné de sa lignée ; Napo-
léon,enfin, amena cette scène i Bayonne, pour mieux l'avoir sousles
yeox pour en conduire tous les ressorts, pour en manier tous les élé-
menta ; quand il eut bien abàtaidi cette dynastie , quand il eut bien
brisé les os i ce colosse légué par Charles-Quint & sa postérité, it se
crut maître de l'Espagne et des Iodes ' .
peuples stnnial que II rtligion, l'Indépendsnu et l'intégrité de leur pays soDt garan-
tie», leurs droit! les plus précieui recounus; qu'Us verrou t dans les nouvelles Institu-.
lions les germes de la prospérité de leur pairie, bienbits que les Dations Toisinea
n*oiit acquis qu'au prii de tant de sang et de malheurs.
H Si tous les Espagnols étalent lei réunis, n'ayant tous qu'un mime Intértt, Us
n'auraient tous qu'une même opinion ; nous n'aurions ploa i déplorer les malbears
de ceux qui, séduits par des suggestions étrangères, devront élre réduits par la Torea
désarmes.
B L'ennemi du continent doit espérer, kla faveur des troubles qu'il excite dani
l'Espagne, de noua dépouiller de nos cotoniea. Tout bon Espagnol doit ouvrir loe
yeni et m réunir autour du irine.
* Noua j portons avec nous l'acte qui établit les droits et les devoir* réciproques
du roi et des peuplée. S'ils sont disposés aui mêmes saeriHces que noua, l'Espagna
ne tardera pas à être Iranqnille et heureuse au dedans , forte el puissante au dehors,
Noos en prenons avec eonSauce l'engagement au pied de Dieu qui lit dans le conr
des hommes, qui dispose d'eux à son gré, et qui n'abandonnejamais celui qui aima
BODpaya elne craint que sa conscience.»
' Tolei qnelques-uns des articles principaux de la constitution espagnole :
* !■ La religion catholique, apostolique et romaine est la seule religion admise ev
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24t) DBAHE DB UVOHHE.
Eh bien! en Espagne, il se trouva un peuplequiselera tout entier
pour donner une leçon aux rois ; la guerre au couteau fut la repose
de la Péninsule, et en Amérique le mot d'indépendance retentît pour
amener des millions d'hommes à une séparation de la mère pairie.
S'il est des temps où les rois s'abdiquent, les nations ne s'oublient pts
ellesHuèmes; et Napoléon, ce grand traGquantdessouveraiœtés.ne pot
ployer l'Espagne aux pieds de son frère. Il y eut, i. Bayonne, un Im-
main de cour pour le roi don Josejdi, une imitation ridicule de h b^
scène où Philippe V, enfant, se montra au-dessus de la grasdesK
pour se faire reconnatlre. Don Joseph eut beaucoup de signatare9,le9
félicitations lui vinrent pendant son séjour à Bayonne ; mais l'Ësp^ne
n'était pas là. Cette nation patiente, qui secoua le joug des Hores,se
levait h la voix des cortès, et la grande insurrectiOD fut sonnet an
caUiédrales patriotiques de Buifos, de SéviUe, de Madrid et de Bar*
celone.
D S° Le prince Joseph-Napoléon , roi de Niples ei de Sicile, esl roi d'B^ilMft
des Indes.
B 3° La eouTonoe sera héréditaire de roile en mile, par ordre de primogéaitnrc
i l'eiclusion perpélaeJIe desTemmes. A défaut de desrendant, eIlcreiieDditiS.lt.
l'empereur, dansées héritiers naturels et légitimes; à lenr défaut, k ceui daTDidt
HoUande; h leur défaut, i ceux du rai de Westphalie.
a 4° La couronne d'Espagne oc pourra jamais être réoiiie à une autre cemiiK
sur la même tête.
« Bo Le roi est mineur jusqu'à dix-huit ans accomplis.
B 6' LespBlaiadeMadrid,del'Bscuri«1,de Saint-Ilderonse, d'Anmjaei,deIVari*.
et tous autres qui toni partie des hïens de la couronne , en forment le patiiiulK
jusqu'à concurrence d'un million de piastres; le trésor public versera en oaUaaBOHt-
leraCDl dans celui de la couronne une somme de deux millioDB de piastres.
B 7° Les chefs et grands officiers de la maison rojale sont an nombre dilb-l"
inioislret au nombre de neuf, etc. ■
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l'opinion PDBLIQDB APBËS les iTÉIfBHEMTS DE BATONNE. 24t
CHAPITRE X.
L'OPimOH mUQOB APlfeS LBS iTÉnBHBim DE UTOHHI.
La société i!« Paris. — L'esprit d'opposllioii. — Ocigioe da salon de H. de Tallsj-
rtnd. — Foucbé. — La iii[Dorité du sénat conserrsteur. — Garât. — Cabanis. ~
Volnej. — Lanjninais. — Groupes de mécoDlenls nu corps li%ialaUr. — L'armée.
— Générai» srreiés. — Premier projet de Malet. — Uaréchaui opposants. —
Brune. — Beraadotte. — Masséoa. — La société et les partis. — Hadamc de Slaf t
et SCS amis. — Voyage en Allemagne. — L'eiil. — L'hdtel de Luynes. — Madame
de CheTreuse. — Faubourg Saint-Germain. — Retour de Napoléon i Paris. —
Bntbousiasme des provinces. — Création des premiers dues. — TraTsil sur le
blason. — Décret hiérarchique. — lascription sur les hûtels. —Formules de cour,
— Munificences k l'armée.
Juin 1 tott IBM.
Les événements de Bayoone furent présentés par tous les journaui:
de l'empire, alorssoumis h une censure rigoureuse, dans le gensîndiquë
par Napoléon lui-même; il avait mis un soin particulier k rédiger sous
sa dictée tous les actes, tous les incidents du drame fatal qui venait
de s'accomplir contre la maison de Bourbon. Depuis un mois la police
travaillait l'opiniou publique pour lui donner le change sur le caractère
de l'abdication des princes d'Espagne; on déguisa les violences et les
tristes manœuvres que la diplomatie avait employées pour amener les
infants sur le territoire de France : un rapport rédigé à Bayonne par
H. de Cbampagny , sur les notes de Napoléon , fut destiné à justiGer
aux yeux de l'Europe cette négociation si machiavéliquement con-
duite ; M. de Champagny sut donner une couleur favorable aux évé-
nements ; on eût dît que la dynastie d'Espagne avait consenti avec
enthousiasme i céder la couronne au frère de l'empereur, et que le
vœu des Espagnes appelait don Josepb-Napoléon au tr6ne des Ueux-
Indes, Ainsi se faisait l'Iiistoire ; dans ce mémoire , antidaté comme
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242 l'opinioh pobliqob
s'il avait précédé l'abdication , le ministre exposait les liens intimes
qui avaient uni, h toutes les époques, l'Espagneà la France; Louis XIV
avait détruit l'œuvre de Charles-Quint, il fallait continner cette
peosée dans l'auguste dynastie que Dieu avait donnée à la France; et
tel était le but du traité codcIu entre Pempereur Napoléon, Charles IV
et Ferdinand VII * .
' Rapport deM.de Ckcanpagny.
n Sire, de tous les Ëuis de l'Europe, il n'en est aucnn dont le sort saillis
néccsfeireiDent lié è celui de la France que l'Espagne. L'Espagne esl poarla Fddw
ou une amie utile, ou une ennemie dangereuse. Une alliiDce iDiJme doit unit It!
deux Dations, ou une inimitié implacable les séparer. Ualbeureusenient U jiloafit
et la déOance qui eiislenl entre deui nations voisines ont Tait de cette inimitié Ifal
k plus habituel des choses. C'est ce qu'attestent les pages sangUnles de l'UUoirt.
La rivalité de Charles V et de Frta{ois 1"' n'était pas moins la rivaliié An dmi
■aliotu que celle de leur^aouverains, elle Fut continuée sous leurs successeurs. L»
troubtea de la Ligue furent suscités et fomentés par l'E^tagne : elle ne fut ptséine-
gère aui désordres de la Fronde, et la puissance de Louis XIV ne commenc* i ^^
ver que lorsqu'après avoir vaincu l'Espagne, il fonna avec 1* maison alors réunir
dans le royaume nne alliance qui, dans la suite. Gt passer celle couronne surlalA'
de son petil-fîls. Cet acte de sa prévoyance politique a valu aux deui conlréeso
siècle de paii, après trois siècles de guerre.
B Hais cet état de chosesacesaéaveclacausequiravaitfait naître. La rérohiiiu
française a brisé le lien permanent qui unissait les deui nations. Et lors de II Irn-
sième coalition, lorsque l'Espagne prodiguait à la France les protestations d'iiaili*-
elle promettait secrète ment son assistance aux coalisés, comme l'ont fait coniuiln
les pièces communiquées au parlement d'Aoglelerre. Le minisl^ anglais se ddn-
minapor ce motif à ne ricD enlrepreodre contre l'Amérique espagnole, rrgudiil
déjà l'EqMgtie comme son alliée, et l'Espagne, ainsi que l'Angleterre, ptésagttnili
défaite de vos armées. Les événements trompant cette atlenie, et l'Espagar n»
■raie.
» A l'époque d« la quatrième coalition, l'Espagne montra pIusouTertHM'*"
dispositions hostiles, et trahit par un acte public le secret de ses engagemceB ■*'''
l'Angleterre. On ne peut oublier celte fameuse proclamation qui préridiil' '■"'
Joun la bataille d'Ién, par laquelle toute l'Espagne éUlt appelée aui annei.lstS*'
aucun ennewi Mlanenacail, et qni fut suivie de mesures promptementdlKtiiW.
puisque l'établissement militaire de ce roraume fut porté de IJS.OOO bomaM
il40.0W. Alors le brnits'éuii répandu que l'armée de voire majesté éttii ra*ée,
que l'Autriche allait se déclarer impunément. La victoire d'Iéna vint eonfon^t cm
projets.
> Le moment est arrivé de donnera la France, du côté des Pjréaées, m» ^'
rllé invariable. Il fliui que si jamais elle se trouve «posée i de nouveau» dteio».
elle puisse, loio d'avoiri craindre l'Espagne, attendre d'eDe de* secours, et q*»
besoin les année* espagnoles marckeol pour la débadre.
■ Dans son état actuel, l'E^iagne mal gouvernée se» mal, onplutAtneHrtp°<*'
contre la cause commune, contre l'Angleterre. Sa marine est négligée; i fx»
toinpte-t-oii que^uu vaisseaux dans ses ports, et Us sont dans h ^ BMsnIs à«i
îdbyGoOgIc
ATRËS LES ÉVÉNBUBIfTS BB BAYONNB. 243
BientAt on apprit qae lesprinces espagnols de la maison de Bourbon
QTaient quitté Bajonne pour se rendre aux résidences qui leur étaient
destinées ; Charles IV vint sous les grands ombrages de bois de Com-
piègne , palais impérial préparé à la hâte ; il y trouva le duc de Laval-
Montmorency, d&igné pour gouverneur : dernier honneur rendu am
Bourbons que de mettre au vieux chùteau de la deuxième race , ud
descendant des connétables ; le duc de Laval , grand d'Espagne , por-
tait la Toison d'or, et Charles IV pouvait se croire encore h Aranjuei,
i l'Escurial ou au Baen-Reliro, au baise-main royal Les infants, à
qui le traité promettait les terres de Kavnrre, arrachées h la famille
de Bouillon , furent provisoirement placés dans le château de Valen-
çay , acquis par M. de Talleyrand ; Ferdinand VII était là tout à fait
dans les solitudes du Berry , non loin de Bourges , où avait résidé en
d'autres temps un roi de France malheureux aussi. Le séjour de Va-
lençay élait-il une épigramme contre M. de Talleyrandî Napoléon
voulait-il associer le ministre aux événements accomplis Jt Bayonne ,
et mettre un Périgord pour gardien à Valençay comme un Montmo-
rency à Gompiègne? À grande race royale , il fallait grande race de
noblesse. Tant il y a que les journaux publièrent tous les témoignages
de la rœonnaissance des Bourbons d'Espagne; non-seulement on leur
imposait la captivité, mais encore l'obligation de s'en dire heureux et
fiers.
Ces précautions actives et vigilantes pour tromper l'opinion
publique n'empécbaient pas pourtant la vérité de se faire jour ; les
événements de Bayonne avaient partout retenti , le corps diploma-
tique en était instruit; un envoyé russe était ofScieltement à Bayonne-,
le comte de Strogonoff n'avait point quitté Madrid; des ^ents secreis
de l'Autriche avaient assisté à tous les actes du drame; les ambasa-
deurs en possédaient les détails, et ils les communiquaient A tona.
tes niBgnsîns ntanqueni d'appTOTis[onnenients ; Ira onTricrs et les matelots ne sont
ptts pt;és;i] M se (ïtt dans ara ports ni radoubs, niconstruclione, ni annemeDtt,
U régne dans toutes Ira braoches de l'admiDislnlian le plushonible dèsardre; tout»
les ressources de la monarchie sont dilapidera; l'Eut, chaîné d'une dette énorme,
est sans crédit; les produits de la venle dra biens du clergé, destinés ■ diminuer
cette deue, ont une antre destination; enSa, dans la pénurie de ses mejens, l'Es-
pagne, en abandonBani totalement sa marine, s'occupe cependant del'tugmeuta
lion de ses iroapes de tene. De s! grands maux ne peunnt <tre gaéris que par d*
grands rbargcments, etc.
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34i l'opikion pcbliqde
L'effet de ce guet-apens Tut iocalculable : Napoléon pouvait accom-
plir des conquêtes, l'Europe s'en alarmait; mats elle ne pooTsitea
accuser que la gloire de l'empereur. Sa conduite machisTé^qoe i
Bayonne était en opposition formelle avec le droit des gens; locaii
souverain ne pouvait désormais répondre de sa vie et de sa coaronw.
' Bientét tous les incidents et tous les faits furent commutés; oo en
exagéra le caractère, on tes vît sous un jour déplorable ; et, comme il
arrive lorsqu'une opposition vive et profonde existe dans un pays,
l'opinion s'empara des moindres circonstances pour se fortifier el
grandir ; on fit circuler des protestations , des actes faux , des mint-
festes qui jamais n'avaient existé , et une indicible aigreur se répan-
dit dans tous les esprits ; on ne parla plus que des violences de
Bayonne et des fatales conséquences d'un système qui ne ropecUll
plus rien.
A cette époque se formaient à Paris déjà quelques salons poUtiqiiei
avec une nuance impérialiste encore, mais qui se permeUiit do
examen plus élevé des actes de l'empire. Le premier de tooa était
celui de M. de TallejTand ; le prince avait reçu des faveurs de Napo-
léon en se retirant du ministère des relations extérieures : il étiitTict
grand électeur , grand chambellan , créé prince de Bénéveot , iTCc
un revenu de 180,000 francs et une fortune très-arrondie pst ka
dernières transactions d'Allemagne. Hais H. de Talleyraud, connue
toutes les intelligences politiques, avait un besoin d'activité et d'af-
faires; il avait subi en murmurant la disgrâce qui l'en éloignait II
n'aimait pas M. de Champagny, comme caractère, et par-dessus ti»it,
comme son successeur, le nouveau ministre lui était antipathique; il
le critiquait. Avec un tact infini , M. de Talleyrand cherchait à
prendre une position de popularité politique ; quoiqu'un des preœien
partisans du système qui fondait une dynastie napoléoniemie -e"
l'Ispagne , il avait eu l'art de se poser comme adversaire des éTéiw-
mcnts de Bayonne. Sa retraite, contemporaine de ces transactions,
avait fait croire au vulgaire qu'il s'était retiré des relations extérieures
à cause précisément de la résolution prise par Napoléon *■ M. de
' Au3s) Napoléon RM) immédiaiement publier la Icllre suirante :
« Paris, 14 mai ISOB.
> On annonce que les princr» de la maison d'Espagne voDt incesfaDmejilanii"
dan» nos contrées: le roi et la reine U'Espsgnc, la reine d'I^truric el VattuAi^
ï'Miiciseo sont altendus, le 20 de et moi)>, au palais de Fonuinebieau.oii ccsiufusl»
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APBÈS LES ÉVÉNBIIBNTS »B BATONNB. 245
Talleyrand propageait fermemeDt cette opinion ; trop habile pour
faire une opposition directe, il n'en agissait pas moins dans un Bens
défavorable k MH. Maret et Champagny. Si , avec ses amis de con-
fiance , tels qae le duc d'Alberg , on avec quelques-uns de ses agents,
tels que MM. de Montron et d'Arbelle , il s'exprimait sur Napoléon
en tenues aigres et durs , dans son salon on n'entendait qu'une
louange profonde et admirative pour l'homme de la destinée et le
génie pacificateur ; le soir quelquefois , chez les vieilles duchesses , ses
anciennes amies, dans la chaleur du whist, M. de Talleyrand se
permettait de jolis mots sur quelques-uns des ridicules du palais, sur
la vanité importante de M. Maret, sur la diplomatie des gendarmes
du général Savary , sur les grandes homélies de M. de Champagny ;
c'étaient là des mots jetés dans une société d'élite, qui ne compromet-
taient ni lui , ni ses amis ; par sa haute position , M. de Talleyrand
était resté en rapport avec le corps diplomatique, se posant toujours
comme le partisan de la paix et de la modération auprès du comte
de Tolstoy , ou du comte de Mettemich. Comme il avait des fonds
placés dans toutes les banques , h Hambourg , à Amstersdam , à
Londres même , il se trouvait en relation avec les hommes d'Ëtat de
l'Angleterre , et se préparait dans l'avenir pour une négociation de
paix avec les whigs , fondée sur des bases solides et sur l'intervention
de la Grande-Bretagne.
Foudié , resté ministre de la police après Hlsitt , survivait i la
disgr&ce de M. de Talleyrand. Trop important en politique , il devait
bientAt céder la place k des commis plus dévoués ; par conviction ,
Fouché n'avait jamais cessé d'appartenir à la révolution , culte de sa
première jeunesse ; s(m salon n'était pas d'une convenance aussi
parfaite que celui de M. de Talleyrand , on s'observait et II observait,
en se raillant, les événements et les hommes. Foucbé avait conservé
quelques agents intimes qui seuls connaissaient son dernier mot;
pcraoDoes séjoDnieroDt, k ce qu'on assure, jnsqu'A ce qoe les embdliwemenls qui
H font au cbàieaii.de Corapiègne loiect achevés. Ces travaut doivent élre terminis
pour lepremicT juin prochain, et rendront ce séjour magniBque. On dit que le prince
des Aaturies résidera dans la belle lenre de Valençaj, appartenant au prince de Béné-
veni, lice-grand électeur. On ajoute que S. A. S. part demain de Paris pour aller
recevoir le prince des Asluries. La princesse de Bénévenl est déjà partie pour Talen-
taj. Quant au prince de la Faîi, on varie sur le lieu de sa résidence. Va journal dit
qu'il habitera le palais de Compiègne avec le roi et la reine d'Espagne; d'antres
assurent qu'il résidera i Bordeaux. >
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346 l'opinion pobuqde
espèces de porteurs de paroles auprès des consciences faciles de tom
les partis , afin de les préparer aux éventualités de l'avenir. Oa ne
pouvait dire que Fouché fit de l'opposition ouverte et qu'il prèparit
tm renversement , mais il n'était pas dévoué à l'empereur, il aggn-
«ait les torts de la politique arbitraire ; paraissait-il ud acte\rig(Hima
contre les personnes et les institutions , Foucbé s'empressait de i^
ter : a Ce n'est pas moi , mais c'est lut qui le veut ; je n'ai pas wq
de force pour lutter contre ce caractère. » Il se posait comme Fad-
versaire le plus hardi de toute violence en diplomatie ; dans m aa-
séries il exagérait plut6t les griefs contre l'empereur qu'il n'en iffii-
bUssait la portée; il s'était fortement élevé contre les tSûrci
d'Espagne ; selon lui , c'était un drame monstrueux : a Cet homme-
Ut ne s'arrêterait donc jamab? » Avec ses fidèles, les agents nr
lesquels il pouvait compter , Fouché allait plus loin ; prévoyant toutes
les chances de l'avenir * , un gouvernement provisoire même, ii
passait en revue Murât , Bernadette , Masséoa , comme les élimadï
indispensables d'une révolution qui aurait amené la chute des Bodi-
parte. Foucbé ne pi-enait pas l'empereur comme le dernier mot et le
seul espoir de la France.
Ce qu'il faut bien remarquer , c'est que cet e^rit d'une tqipoàlioii
déjà fortement marquée, trouvait son écbo dans quelques-uns de
corps politiques. Certes , le sénat était bien servile, bien abaissé du»
ses actes ; les ministres faisaient à peine une demande qu'elle était
votée , accordée avec eotbousiasme; le sénat donnait des cosscrïlspv
masses, sacrlGantune à une toutesleslibertés, l'inamovibilité des jugei,
la protection du jury, détruisant ainsi les idées de 1789 qu'il était
chargé de conserver ; et pourtant au sein de cette masse d'huBoes,
quicourait se prosterner aux pieds de César, il se formait une oppo-
sition silencieuse contre son despotisme. À chaque scrutin, l'on comp-
tait dix à douze voix hostiles « et l'empereur informé de tout par ^
police, connaissait le nom des membres de cette opposition ou {dotât
de cette petite église dans la grande société française. Sur cette liste
était M. DestuttdeTracy, undes représentante derécoleécoDoaiiqiK'
commentateur de Montesquieu , idéologue dans le sens qae NapoMoa
donnait à ce mot; e^rit théorique qui avait rêvé un système de
' Fouch j biatil reposer toutes ses combiniiaoïts sur la peasée da !& mort de N>p(>'
Kl ; c'élait la base et l'éTenloalîti de ses projelS.
îdbyGoOgIc
APBÈS LB9 KVÉNBHBNTS BB BAYOSNB. 24T
garanties en dehors de la force du gouvernement. M. de Tncy avatt
posé les conditions poliliques des pouvoirs à priori dans un pays tout
organisé avec ses mœurs et ses habitudes bonnes au mauvaises. A ses
côtés s'asseyait Garât, prosateur académique, pâle copie de M. de
Fontanesdans ses harangues à l'empereur , et néanmoins très-opposé
à la pensée de sou gouvernement, ami de Moreau et protégeant son
souvenir militaire. M. Garât, qui avait eu le malheur de lire la sen-
tence de mort au roi Louis XVI , se trouvait dans une position gênée
en face de Napoléon qui n'aimait pas les jugeurs de rois. M. Destutt
deTracy étaitic philosophe, l'économiste, et M. Garât le littérateur.
Celte minorité avait aussi son évéque, M. Grégoire, qui depuis la
signature du concordat était en opposition avec l'empereur , le par-
tisan si ferme des doctrines d'autorité; quoique M. Grégoire eût
accepté le titre de comte, il n'en était pas moins resté républicain,
__ avec un ineiTable amour des nègres et des juifs ; au fond, excellent
homme, naïf, instruit, il fallait l'accepter avec ses manies d'une
église cooslitutionnelle. Il y avait plus d'élégance et une plus grande
bauteur de vues dans Cabanis, le seosualiste intelligent qui avait
expliqué le mécanisme de l'existence humaine par les nerfs et le sang;
Caï>anis , maladif déjà , n'était point un esprit terre k terre comme
l'abbé Grégoire, un érudit sans poésie; il savait orner ses théories des
■pluA riches couleurs et portait l'imagination vers les idées de désespoir
et de doute. Cabanis , dans le sénat , restait fermement décidé à qq
point associer ses principes à ceux d'un despotisme trop outrageant
pour cette grande humanité dont il avait rêvé l'émancipation avec
Mirabeau son ami. Parmi cette opposition sénatoriale se distinguait
le remarquable auteur des /tuineSfVolney, rêveur poëte qui, remuant
le monde égyptien et aœyrien sous sa baguette d'or , avait plané sur
les pyramides en ruine et les temples en poussière ; l'érudit qui in-
voquait les imprécations de Samuel contre les rois, ne devait pas se
dévouer corps et âme à la tyraunie impériale ; il protestait comme le
conventionnel Lambrecht, comme M. Lanjuinais, esprit aigri, crâne
aux formes jaœénistes. Si jamais l'église constitutionnelle avait triom-
fibé, l'abbé Grégmre en serait devenu le pape et JU. Lanjuinais le mar-
guillier.
Cette opposition du sénat n'était point considérable , l'empereur la
bissait libre, comme un instrument utile pour constater la liberté
des délibérations; sons main, M. de Talleyrand la careasait par le
Diclzedby Google
"âtS l'opinio:* publique
noyeo de Sieyès, plus taciturne que jamais; elle servît plus tardait
instauration de 1814. Fouché voyait beaucoup les influents dasèut,
et c'était avec cette petite opposition qu'il se déshabillait un pen pour
reprendre ses allures hostiles contre le système de Napoléon. Sans
doute , en temps ordinaire , il y avait peu de chances de succès pour
une minorité imperceptible et sans action sur les masses; mBisil'side
des mécontentements publics, la minorité pouvait appuyer un mou-
vement d'opposition d'autant plus redoutable alors que ces mèiaes
principes prenaient une certaine consistance au sein du corps iégù-
lalif.
Les constitutions nouvellement rédigées par le sénat avaleol
imposé silence aux corps politiques ; la liberté s'était couverte d'nii
voile de deuil ; on n'entendait à la tribune que la parole fleurie de
~M. Regnault de Saint-Jean-d'Angely ou d'autres conseillers d'État
qui, sur l'eiposé des projets du gouvernement, appelaient un vole
immédiat. Mais le corps législatif avait un moyen derévéler son oppo-
sition :1e scrutinservaitlafaiblesse des uns et le reasentimentdesiDtiTS.
Déjà l'on s'était aperçu qu'en plusieurs circonstances une opposilkn
d'un tiers de voix s'était manifestée dans le corps légidatif contre les
projetsdu pouvoir; on minait secrètement l'action gouvememeotêle,
-l'empereur s'en était inquiété avec quelque raison, parce qu'il voyiU
bien que la France n'était point étrangère à cet esprit. Le corps lé-
■^slatif se renouvelant par séries , il était entré dans les dernière
élections, des membres qui, tout en observant le germent d'obéb-
sance à l'empereur , conservaient néanmoins un caractère d'indépen-
dance et de valeur personnelle : tels étaient les économistes, le
littérateurs , un grand nombre de propriétaires, fatigués d'impAls et
■ de conscrits, et cette minorité qui comptait de trente à quaraote nii
dans le corps législatif * , correspondant à la petite église du sénat, la
secondait de sa force morale. Or, dans la position mécontente où se
trouvaient M. de Talleyrand et Fouché , tous deux devaient étudier
-attentivement cette opposition qui un jour pourrait sanctionner leurs
Tœux et leurs espérances ; Fouché savait le nom de tous les oppo6«iits.
«t ses notes étaient précises ; dans l'intimité il leur serrait la maio
-comme pour encourager leur résistance , il échangeait avec eux
iquelques regrets sur le passé ; tandis que M. de Talleyrand , prenant
* Ce Tut ptrk série de 1807 que l'oppofiitkiDemiditdKDS leçons léjislilir.
îdbyGoOgIc
APRÈS LES ivÊlSHBNTS DB BATOHNB. 249
prétexte de sa dignité de vice-grand électeur , invitait dans ses salons
la plupart des membres inquiets du sénat et du corps législatif; et
ces politesses souvent répétées étaient l'aveu , ■ qu'un jour ils pour-
raient se comprendre et s'appuyer mutuellement pour le cas d'une
décadence du pouvoirimpérial; fallait-il rester accablé sousies ruines?»
Dans un système militaire comme était celui de l'empire, un parti
n'avait rien s'il ne comptait pour lui quelques fractions de l'armée,
l'un de ses ciiefs, ou des généraux mécontents. Depuis le 18 brumaire,
plusieurs officiers généraux compromis étaient à la retraite ; Saint-
Domingue n'avait pas tout dévoré ; d'autres étaient arrêtés ; souvent
les rapports de la police indiquaient les complots secrets essayés au sein
de l'année, et le lendemain des officiers supérieurs étaient jetés à
Vincennes ou à la Force : tels étaient Malet, Guidai, Lahorie, com-
promis dans des complots qui nécessitaient des répressions immédiates ;
ceux-là étaient les intrépides, et ceux qu'on appelait les cagêe-cou
militaires; et une remarque qui témoigne de l'esprit de l'armée, c'est
que Malet, la véritable inlelligencedeceparti, avait tonjours combiné
ses plans sur l'action du sénatus-consulte prononçant la déchéance de
I4apoléon ; le sénat était le grand mobile de ses conjurations, trop
avancées dans la pensée républicaine pourètre parfaitement comprises.
Bien avant sa vaste conspiration de 1812, il y eut un complot qu'un
appela dans les intimités la conspiration sétuitoriaU *, et Malet y fut
compromis comme un des hauteurs les plus hardis. Les hommes de
parti savent d'avancequels seront les opinions et les mécontentements
qui, au cas d'un succès, aideront leur plan politique. Dans un com-
plot, il y a toujours les complices de la veille, du jour et du lende-
main.
A cdté de la faction des intrépides et des imprudents, et dans une
r^on supérieure, on pouvait compter des maréchaux, des chefe de
corps, fortement républicainsou jaloux du rang immense que prenait
Napoléon etsafamillesurtout : Brune, BemadotteetMassénaméme,
admettaient la supériorité politique de l'empereur, parce qu'enSn ils
l'avaient vu sur le champ de bataille ; ils pouvaient s'honorer d'être
maréchaux sous un tel empereur, comme ils avaient été généraux de
division sous le vainqueur de Lodi et de Castiglione. Mais quand Na-
■ Ce» par luite de cette cODSpIntiOD qae le géDéral Hilet fat jeté 1 Tinccnnes,
«nieoe.
îdbyGoOgIC
%0 l'opinion fdbuqdb
poléon fit de M famille une grande pépinière de rots ; Iwsqae, en
«lettors de sa personnalttét il vouli^ fonder des dynasties fédératÎTcs
pour ses frères, alors ces vaillants hommes de guerre yurent se dire
blessés de ces préférences. Qu'avaient de si grand JérAme^ JoaeiA et
Lwiis,. pour qu'on les saluât du titre de majesté? Et Murât lui-même,
si intrépide» D'étaît-U pas considéré à l'année comme us sabreor
d'avant-garde? Et pourtant on le destinait à la royauté de Naples I
N'y avail-il pas de quoi soulever une vive et profonde opposition ? Ces
marédiaux ne se gênaient pas dans leurs expressions de mépris ; ils
avaient leur franc parler : Brune venait d'accon^Ur l'expéditioQ
contre la Pomérauie suédoise : il avait eu^ k l'occasion de la capitula-
tion de Stralsund, uoelongue conférence avec le roi Gustave-Adolpbe * ;
le prince s'était ouvert à Brune , il lui avait parlé des Bourbons,
des garanties libérales qu'offrùt Louis XVIII, de la France et de
Bonaparte, et Brune avait conservé une contenuice ptarbite et di»-
■ CelH eoflftmee de Bruoe net 1« roi de Sotde n'a jtiMis M dowés mtMBe-
«•Di eu butaU ; ell* fut conuDuniqu^ bu cabinet uglaù, en wià le leUe ;
a Geucral Brune bcgsn to speak «bout Ihe aocient sUiuice between Sweden and
France, and about an uoion belween ibe two diiIods.
■ TbahiDgaaswered. — Tes, ecrtainlj. I wisb aa muek h jwt, ibat ihin aHiaf r
OJghtbe MyiTed; bvi. iha FreuehnalioD isoe longer ^same; andlbose htpfff tinta
Mt paaaed , vhea a cIok atliaoce coatributed to tbe poUlUal advantage of tbe tvo
kiDgdonu. The présent siate of atfairs prévenu It.
a GeM«ra1.— Tourmajesty, thé French nattoa U ahyaja the *umo. B hM ac^^nJ
weli heawr aod powei. Franee baa made gteat profitas, àbt bas iBpmait hn
a^icultureiuidbar resoiucas;aod if in other limes jour majestjhad an opportoniLT
orgoing tbitber, it «ould, perbaps, be inieresUng to your majest; u> see and knov
Uiat eountiy.
> King. — I look upon France now as being tbe sconrge of Europe.
■ Geneaal. — Yes, «e liave bew mucb eo^aged in wufUe. Tlû emgmt hua
freat charactec.
• King. — I do not kno* of anj empcior orFnnee.
[Ceaecal ïïtiinn fliil mit iiiiiiinii lu iiiii ibiii iitaili )
« King. — Bftvejou ti»g4l,gaiwral, iluAjaubavea.l>wfullujtgT
■ General. — I do not eren koow «helber such a ona eiisls.
» King. — How ! If he eiisIsT he is ciiled, unbappy: but ha is jout lawrul Ub|,
and bis rtghls are nnquestionablj secred. He onl;r vUhes to aaseBiMebîs >nfMd sab-
jitts nwuid Us atandard.
> Geoeral. — Wbere is tbat atudardf
> Kiog. — If DO where else, jou «ill always find it wîth me.
■ General. — lamtold tbat be bas abdicBtedbisHghtsiotbedukeof AAgouIcme.
H King. — I bave Dcver beard ihel roentioued. On tbe contrarj, ihe king bas
iaaued a proclamation ; a picdge of bis seniiraents towards bia people, to vbicbMMr
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APRiS LES ÉVÉMÙIEKTft BB BAYO:«IÏE. XI
cuté cb»qae opiniOD ; ses priocipes républicains aveàrai penÉ dans
quelques phrœes, il ne les avait pas dissimulés au roi, et, choM
curieuse è observer, bistiue la conveatiou fut siguée pour une Bus-
pension d'année , Bniae ne ^pula pas au nom des années de l'anpcmt
rvur, mais au nom de l'armée française, ce qui fut remarqué par
Napoléon ; il eu garda mémoire. Berttiier aikessa dea reproches au
maréchal et lui écrivit : « Qu'un tel exemple ne se trouvait pas dana
l'histoire depuis Clovis. »
Bernadotte était daus les mêmes opinions que Braae ; l'homme de
si vive opposition au 18 brumaire ne s'était point effacé ; dans sea
proclamations il faisait quelquefois de l'enthousiasme pour l'empereur
avec sa phrase méridionale : ii y développait des idées toutes favo*
tables au système impérial ; mais au fond du coeur la haine restait.
Quand Bernadotte parlait de Napoléon dans des conversations intimes»
il slexprimût avec les généraux et les officiers de coaûance en de&
tannes très-duis sur sa persouoe. Napoléon, à son tour, cherchait &
compromettre Becuadotte ; toujours de mauvaise humeur contre IiU,
jamais il ne lui rendait justice dans ses bulletins; c'était guerre entra
6ascon et Corse ; l'un &d et fanfaron, l'autre rusé et vindicatif, tous
deuK prêts àse séparer violemment. Bien d'étonnant, dès lors, qufl'op»
position du sénat, Fouchéet M. deTalleyrand, fussent très-empressés
4'user de ménagements avec te prince de Ponte-Gorvo ; ils avaient
une confidence à faire, ils n'y manquaient jamais ; ne s'adressaient-ila
pw bien? Foucbé et Bernadotte étaient toujours d'accord sur le mal
qa'oo pouvait dire de cet homme4à, sur les causes qui pourraient le
faire vivre, sur les causes qui pourraient te faire tomber ; tous deux
s'uit^ideient parfûtement sur la nécessité de prévoir d'avance tous
les événement» capables de compromettre sou autorité ou sa vie.
siouT tod aH ihe princes of the blood bâte gtren thelr conseet. Do jou bwv lliai
proclamatioiT
a GeiMral. — No. Yoor imjwtj (Iku voâ taid i*i(h mony oMurancM on hit
lumour).
B KEng. — The duke oF Pitone maréchal des camps in the serrice of the Ung il
hcre. It i3 possible ihet he bas brought thls pubUcatioD with him. I wlU lei Um be
ctHed, Ifyouwishil.
(Whcn hU majestj, in the coniitmunce of ihe genenl, pernine^ Ma dlaqolatude
■tid uneasiness at thls, he added.
» But pcrhaps this would cause loo much obsertatlon.
■ General. — If jour majestïhadbcen la ihe place ofLoniaXTI, the mohidou
hid never bappeued. •
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^3 h'ùnmùn ptnuooB
Les mécoDtents avaient moins d'abandoD k Végard de Manéna, qat
pourtant restait au fond républicain de principes et d'intérêts; 1r
ennemis de l'empereur savaient que ri Masséna était admirable sor
les champs de bataille, il manquait de tftte et de courage dans les rap-
ports habituels de la vie. L'homme civil faiblissait ; puis il avait tue
si grande avidilé dans le caractère 1 on pouvait toujours le prendre
par la rapacité ; Napoléon savait son faible, et il lui livrait un pays i
discrétion ; k Masséna les diamants, les ch&sses de saints, les aotdi
d'or ; l'Italie dépouillée s'en souvenait. Avec ce besoin de ricbesws.
iin général se fût difficilement placé dans une situation délicate i
l'égard de Napoléon qui le comblait de biens ; au cas d'une rënssitF
du parti républicain, Masséna se serait dévoué à un nouvel ordre^
d'idées avec enthousiasme. Et, qui l'aurait dit? Murât aussi était une
espérance pour les mécontents; non point qu'on pût le séduire par
les principes d'un républicaninne austère, chaste divinité sans or«-
ments, sans aigrette scintillante ; mais souvent Napoléon avait blesic
Murât, susceptible et vaniteux. Roi de Naples, Murât conservait ivec
Fouché des correspondances intimes, dans lesquelles on se plaîgiiflil
mutuellement de l'empereur. Murât, faut-il le dire ? se croyait appelé
dans l'avenir i succéder À Napoléon dans le gourem^nent de la
France.
Au sein même de l'armée active, il y avait une oppoiitioo vive ^
profonde contre Napoléon , surtout dans les officiers des rangs de
capitaine à colonel. Si l'on excepte quelques jeunes élèves des'écolo
militaires, ces braves et dignes ofDciers regrettaient les idées répu-
blicaines, ils avaient sucé le lait de cette forte nourrice, die lesanit
pris au berceau, pour ne les quitter qu'à la mort sur le champ de
bataille ; non point qu'on doive ajouter une foi entière aux rfcifs
exagérés, h la légende de la société mystérieuse des Pkiladelfha,
sous le colonel Oudet ; cette légende exprime plutôt une situation des
teprits dans l'armée qu'une association active et con^iratrtce ' ; il
existait une opposition vigoureuse, un parti républicain, qui voyait
avec un sentiment chagrin l'esprit et la direction de l'empire ; on se
communiquait ses idées ; les officiers supérieurs, les colonels du temps
de Sambre-et-Meuse, d'Italie et d'Allemagne, désiraî^t voir dispa-
^ Pluskurs brochures ont été écrites sur les philedelphes et te ^néral (Judct. Au
^OomeciccmcDt delà rtsiauraiionoaH permit Lien des romans en hiswire.
îdbyGoOgIc
APKÈS UBS ÉVÉIŒHBNTS DE BATORSE. 253
rattre ces {déférences accordées par Napoléon aux jeunes hommes de
famille entrant à peine dans la carrière ; les vieux capitaines qui
avaient conquis ]es épaulettes d'or, et cette croix attachée à leur poi-
trine et baptisée par leur sang, devaient prouver de la douleur
loreque de jeunes pages arrivaient avec la même épaulette, le même
grade. Mais td était l'ascendant de Napoléon, que lorsqu'il paraissait,
ofSciers de fortune, nobles jeunes hommes, tousse groupaient égale-
ment autour du drapeau pour le saluer et en défendre les aigles. La
police militaire, très-bien faite, savait trier les bons et les mauvais
régiments moins dévoués h l'empereur; les uns, en dehors de la
grande armée, se battaiait loin de César dont ils n'adoraient pas
l'image : qu'importe? ili cueillaient des palmes pour la patrie, l'idole
de la forte génération.
Cette opposition de l'armée était plus redoutable pour l'empereur
que les caquetages de salon et les mouvements intimes de l'opinion
publique, auxquels pourtant il prétait une attention mécontente ; la
statue de bronze s'inquiétait des coups d'éventail. Les partis étaient
presqne usés ; la république avait encore quelques partisans secrets,
ses Gis les plus exaltés étaient exilés loin du théâtre des événements
politiques ; la police les survâtlait avec une ténacité fatigante, eUe
n'épargnait personne ; grand nombre de démocrates ralliés siégeaient
dans les conseils, et les incorrigibles étaient dispersés au loin dans les
provinces. Barras, le plus hardi de tous, quittait Bruxelles , et pour
toute grâce il obtenait de Fouché d'aller résider au midi de l'empire ;
il acquit alors le ch&teau des Eygalades, douce demeure à deux lieues
de Marseille, admirable résidence aux belles cascades de Provence
qui coulent sur la montagne ; là, vieil épicurien, il vivait entouré de
sa meute bruyante, comme à Groshois ; proconsul, directeur, exilé,
c'était toujours le gentilhomme aux mœurs faciles du xtiii* siècle ;
haineux contre Bonaparte, il était le centre secret de beaucoup de
mécontents qui venaient écouter les invectives du directeur blasé
contre Bonaparte et Joséphine. Barras avait peu de mesure deiw ses
mots ',peude précautions dans ses souvenirs; le conventionnel Ilii-
baudeau, préfet des Bouches-du-BbAne, son ancien collègue au temps
> U tnt soaTient d'avoir éié conduit tnbat bu cbiteau des EjgalidN ; ua de mM
parents, imi de Britbs, 7 porta un toist du sonTerain, ce que je ne comprenais pas
Irèe-bicD alor^; pour eux, ce Gouverab, c'était le peuple.
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354 l'oMMioa KSUQirB
de Bobeq>ierre » le iDéiiBgeait un peu dusses npports.et, exée»-
Unt les ordres de l'empereur, il bc disait pas tout ce qu'os lui np-
portiit des propos imprudents de Berrss. En résumé, à Paru , dus
rtraiée comDK eu proviDce, il eAt été difficile de troaver au point
d'eppui pour un mcavement jacobin de qudqoe importance ; les
branches de ce gr^nd arbre étaient vivemeot secouées ; la vaste aaso-
dation étendait néanmoins ses rameaux partout, on tntuvait debout
les témoi^iages <ta sa Torce ; les mmun, les fonnes jacobines, se reo-
contraient dans le» basses claeKS de la société ; chaque prorioce arait les
rq)ré3entanta de cette énergique opinion qui se retrou¥erait à t^npe.
Les royalistes n'avaient j4us que quelques sskms k Paris qui leur
restaveot fidèles ; les nouveaux (mncipes que Napoléon faisait péné-
trer dans son gouvernement caressaient leurs idées; le voyant créer
nae monarchie forte, la plupart y veoaieut de grand cœur, parce
qu'Us avaient toujoun besoia d'un gouvernement [^otecteur ; l'aris-
tocratie graadissait bous son impulsion, la {vopriété se groupait en
masM dans les maiM des anciens tibilaires , les poMeaseurs de fieb
recouvraieBt leurs biens, leurs domaines, et quand un gouveroraKut
se trouve ceoHntruit sur de fortes bases, rarement les classes Anées
font de l'opposition. Que pouvaient désirer les royalistes 7 Les idéfs
de Louis XIV : et Nap(déon avait reconstruit le Veiuilles de leun
jeunes années, la cour SMOptueuse, l'étiquette du palais dans tout
ce qu'elle avait de pompes et de cérémonies. ScuIemMit la païUe
moqueuse des g^itilsbommes sa déclarait contre les parvenus; en
s'était conservé cette eousolatioa après tant de dii^4ces : c'était
ntoies de la raillerie contre l'empereur que contre ces races arrivées
de loin ou de bw qui eiUouraient aa penonne. La bonne comp^nie
Taisait la guerre à la mauvaise, quoi d'extraordinaire T et tout cela
hmocemmoit, par da mots, par des épigiamnee, qui, jetés par %urt-
quee bouches de joUes femmes, rrtmliwnirnl àat» le faubourg Saiutr-
G«main et nu dehors.
L'bfttel de nuMlame de Luynes, où brillaient madame da Cbevrense *
et M. de Narbonne alors à la mode, recevait quelques personnes delà
société impérialiste. M. de Narbonne, intermédiaife entre l'ancienM
■ Hadame Junol ne peu! se dissEmuler que madame de Laynis, tout cd !■ Iraitsni
tniee une eiqulse polilessc, jela uu petit sourire quand M. de NarboQne la prCarnla
romme gouvernante de Paris; je suis sût que madame de Luja^ duii ses nicui
Muvcnirs, prtt madame Junot pour maduie de BrisMc.
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APBÈa LES iTÂHBHBlCIS DE BATONNB. 255
et la nouvelle cour, senait d'introducteur ; il u'avait pas pris de
senice oicore suus Napoléon ; il vi?ait à Paris dans la meilleure
compagnie ; un peu compromis par la constituante et la légi^tive, il
était UD des gentilshommes amis de madame de Staël, ^ui se couso*
laient de la perte de leur rang par quelques mots* légères piqûres,
mais cuisaotca pour de si incroyables fortunes. Le duc de Narboone*
Lara, officier disliogué déjà sous Louis XV, avait été ministre sous
Louis XYI ; & plusieurs reprises M. de TaUeyraod avait voulu l'asso-
cier i l'empire, et le duc de Narlwnoe, jusqu'alors, comme le vicomte
Mathieu de Montmorency et le comte de Sabran, restait fidèle h la
société de madame de Staël ; plus tard il suivit l'entrataerneot, et
officier d'ordonnance de l'empereur, il Qt campagne à 56 ans. Lui,
duc àe Narbonne-Lara, reçut le titre de comte de l'empire d'après
le nooreau statut de Napoléon *, objet de faut de nuiqueries de h
' Ce fol 1 celte époque qu'on Su pu un déerel les maionts ; ntd>me de StaSI sa
moqua du nouYcan DoMts et êe hnr stttat. Une multitude d'^graimncs Tinrent
de Coppet. Au Teste il ; BT«U sujet k raiHHiCk Voici la boM de cette nonvdle ooblesw,
« 1. Le* titulaires des grandes dignités de l'onpire porieront 1« titre de princ» et
i'alteu» lérénUiimt.
■ S. Les flb alnis des grands dignitaiMa anrant de droit le titra de litie de Vtmpirw.
lorsque leur pèra aura institué en leur fareur un majorM ptoduiWBt MO.OOO fr, do
raremi.Ce litre el ce majorai seroM traMmlssiblee k leur descendance directe et
Ugitime, naturdle ou adopllf e, de mâle en mile, et par ordre de primogteiture.
> 3; Lci grands dignitaires pourront instiUier , pour leur fib atai ou polnè, des
niaiorata aniqoelsseroirt attachés des titres de eoMt» ou de toroa, eulTOMlts eoi^
ditioBi déterminées ci-après.
• 4. Nof ministres, les sénateura, nos conseiners d'£t«t k Tie, hn préaidenls du
corps lé^slalif, les archeTéques, porleronl pendant leur tIc le titre de comte. Il len*
sera à cet effet déllrré des lettre* psteutes seetîées de notre grand sceau.
> S. Ce titra sera Iransmissible k la deseendance directe et Mf Iiîbm, naturelle o«
adoptive, de mile eo mile, par ordre de primogéniinre, de cdul qui en aura été M-
Téta; et pour hs archeviques, kedui de leurs neveux qu'ih auront choisi, ensepri-
senlXDl deranl le prince BrcbichanceKer de l'empin, aln d'obtenir k cet effet nos
lettres patentes, et en outra aui conditions suivantes :
■ S. Le titulaire justiBera, dans les formes que nous réservons de déteminer, d'an
terenn net de 30,000 fr., eu biens de ta nalura de ceni qui dtrront entrer dans h
forma lion des majorais. Un tiers desdits biens aéra affecté k la dotation du titra meit-
lioDBé dans l'article 4, et passera avec lut sur toutes les tètes où ce titra se htn.
> 7. Les titulaires mentionnés en l'article i pourront inaUtner, en Faveur de ionr
t3s «Iné ou puîné, un majorai auquel sera attaché le titra de taron, suiTant fn condi^
tions déterminées ci-aprée :
D 8. Les présidents de nos collèges électoraux de dépertemenl, le premier pré^-.
dent et le procureur général de notra cour de cassation, le premier président et Iq
procureur général de uotra cour des comptes, les prendeisprésidenU U les proeu^
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2M l'OPUIOH rCHJQDK
part de nuidame de Staël. Ce changement si nouveau dans fesprit
des blasons de noblesse, Louis XVIII ne pouvait se l'expliquer; on
doc qui devenait comte était pour lui l'imposable.
C'était curieux à voir que cette lutte entre la police de Napoléon
et l'esprit de madame de Staël ; Corinne, à peine imprimée , avait
produit une vive et proronde sensation ; en vain l'empereur tout-puis-
sant avait-il cherché k obtenir quelques phrases d'éloges dans le tivre
de madame de Staël, il avait subi un rerus obstiné ; aussi Corinne fnt-
etle vivement attaquée par tous les journaux qui exprimaient les
reun géuéraui àt nos codts d'appel, les ivCqnea, les maim des irenu-Mpi bonne
Tiilrs qui ont droit d'assisttT i noire couronnemeDl, porteroni, peodaDt leur lïe, If
titre de baron, HToir : 1m présidents des coll^fta élecioT*ai, lorsqu'ils surout pré-
sidé le collée peDdmt Irois mmIods ; le* premiers présidents, proenram généraui
et msires, lorsqu'ils «uront dit ans d'eiercicc, et que les uns et les salies nront
rempli leurs fooetions à notre MtiBfsctloD.
B 0. Les dispositions des articles 0 et 6 seront applicables i ceux qui portaoni.
pend«Dt leur vie, le litre de baron; uévonioins ils ne seront tenus de justiGcr que
d'un rtienu de IS.OOO tt., dont le tiers sera affecté i 1» dotation de lenr titre, M
pasfcr* avec lui sur toutes les léleaoii ce titre se Siéra.
B 10. Les membres de nos coUégis électoraux de département qui auront asàsté
i trois sessions des collèges et qui auront rempli leurs fonctions i notre satisfaction,
pourront se présenter devant l'arehicbancelier de l'empire, pour demander qu'il nous
[iltife de leur accorder le titre de toron; mais ce titre ne pourra être transmissiUr
i leur descendance directe et Itfitime, naturelle ou adopiire, de mile en mile tt
par ordre de primogéniture, qu'autant qu'ils justlBeronl d'un menu de IS.flOO b.
de rente, dont le tiers, lorsqu'ils auront obtenu nos lettres patenta, demeuren
affecté i la dotation de leur titre , et passera arce lui sur toutes les Xèin où il se
Biera.
B 11. Les membres de la L^ion d'honneur et ceux qui, i l'aTenir, obtioidroot
celle dîilincliOQ, porteront le titre de chevatitr.
» 13. Ce litre sera transmissible à la descendance directe et légiiime, natureUr
ou adoptite de mtle en mile , par ordre de primogéniture, de celui qui en aura été
rcTétu, en se présentant devant l'archichancelieT de l'empire, afin d'obtenir k tel
effet no* lettres patentes, et en justifiant d'un revenu net de 3,tN]0 fr. au rooins.
>> 13. Nous nous réservons d'accorder les titres que nous jugerons convenablv
aui généraux, olBciers civils, préTets et militaires, et autres de nos sujets qui se
«M'ont distingués par les services rendus k l'État.
B 14. Ceux de nos sujets k qui nous aurons conféré des titras, ne pourront porter
d'autres armoiries, ni avoir d'autres lirrées que celles qui seront éooncéesdaostts
lettres patentes de création.
> 15. Défendons à tous nos sujets de s'arroger des titres et qualiGcations que
nous ne leur aurions pas conférés ; et aux oDiclers de l'état civil, notaires et antres,
de les leur donner ; renouvelant, atilant que besoin serait, contre les coatrerenanl!,
h* 1<^ actaelleineni «n viguenr.
> NATOLéon.»
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APRiS LES BViNEXENTS DS BAXONNB. 357
opinious du gouvernement impérial ; le succès de l'œnvre n'en fut
que plus étendu ; madame de Staël devint le poiat de mire de la presse
européenne. Elle s'était posée à Rome au sein du corps diplomatique ;
visitant Vienoe dans l'biver de 1S07, elle assista à ce carnaval autri-
chien , si fou toujours, triste un peu cette année . car la monarchie
avait tant perdu après Austerlitz 1 Madame de Staël réveilla les espé-
rances ; elle promit de faire conoattre l'Allemagne au monde , avec
ses poètes, ses prosateurs; Schiller, Goethe, Wieland, Kotzebiie,
l'avaient si puissamment grandie ! B^le se lia avec tout ce que la patrie
allemande avait d'esprits généreux ; pleine d'admiration pour la reine
de Prusse et ces princesses Qères qui osaient résister à Bonaparte, ce
fut à Vienne pour la première fois qu'elle donna à cet empereur,
devant lequel l'Europe s'agenouillait, le titre de Robespierre à ckevtU,
mot profond qu'on peut interpréter dans un sens mystique pour expli*
quer cette grande vie. Robespierre fut le symbole du comité de salut
public, l'expression la plus énei^que delà dictature, et Napoléon
mit le premier cette révolution & cheval pour lui assurer la domination
du monde. La dictature de Robespierre reposa snr la terrible loi du
salut public, celle de l'empereur sur la conquête.
Le voyage de madame de Staël en Allemagne, nouveau triomphe,
ne fut point étranger bu mouvement qui ébranlait le sol contre la
domination française ; dans le bel été de 1808, elle vînt habiter Coppet,
sur le lac , où elle reçut grande compagnie ; on y jouait la comédie ,
le drame, et chacun s'empressait & plaisir d'y prendre un rAle pour
plaire à la ch&telaine ; Benjamin Constant, époux alors d'une parente
du prince de Hardenberg , vivait au milieu de cette société d'élite ;
issu d'une excellente famille de réfugiés , plein de douceur et de
faiblesse de caractère , Benjamin Constant s'était voué à madame de
Staël ; son récent mariage avait un peu affaibli les liens qui l'unissaient
à Corinne ; il n'en fut pas moins parmi ses plus chauds amis et ses
admirateurs les plus ardents. Là venaient toujours le vicomte Matfaieu
de Montmorency, Schlegel qui, expliquant l'AUemogne par la critique
la plus élevée , commençait son cours de littérature enthousiaste.
M. de Sabran restait fidèle à la société de Coppet, qu'il réjouissait de
ses madrigaux à pleins d'esprit; l'historien M. de Sismondi, qui
achevait son travail sur les républiques d'Italie ; puis quelques anciennes
amies de madame de Staël, et parmi toutes madame Récamier, célé-
brité h la mode sous la fin du directoire et pendant le consulat; sa
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25& L'onnion pviliqob
beauté faisait M paisunce, et tTcc cela une bonté de eœnr, m
déToneraent de caractère et le ton rare de la botuie compagnie, qai
souvent remplace l'esprit; madaBte de Staël disait qu'elle svaittrooTé
cmnine Voltaire sa belle et bonne. Or l'empereur a'aimgit pas la bui-
tfme, et M. Kécamier était banquier ; il s'aimait pas les feraoKS gui
faieaieot parler d'elles, et la renommée célébrait madame Béumier.
Elle appartenait à cette société de. madame Tallieo, que Kapoléon
avait prise en antipathie ; elle s'était placée i la suite de madaioe df
Staël , dans les salons opposaDte, avec Daunoa , Gin^wiié , Chéaier,
Benjamin Constant au temps du tribunat. et après l'exil de h ooblr
ch&t^ne , madame Récamier avait conser>'é la supériorité d'un
femme gracieuse entmirée d'hommages. Son saloo fut nue sorte de
succursale de celui de madane de Staël, une succession rapetîssée ; oa
venait voir madame de Staël pour son esprit, madame Kécamier pour
ses souvenin de femme et ses manières d'un t«nps historique : autoar
de madame de Sta^ il y avait nne société, avtour de madanie Hia-
iBier des coteries ; telle est un peu la décadence de toute chase dn
grand au petit *.
A Goppet c'était un cliquetis de mots brillants, d'épigninmct
acérées ; chaque jour oa attendait le réveil de l'oracle, des diseertatioœ
Utléraires, des compositions lues, des fragmeota récités; piss des
jugements sur l'Europe, sur les bcHomes d'État des cabioeta ; td éuit
le passe-temps au bord du beau lac ; madame de Staël conftibui,
I^us qu'on ne croit, à donner un caractère européen à lasociétéd'alors;
elle Qt connaître les nations et les peuples de l'Italie et de rAllenuene;
eimentant la frateniisetiofi des iatelligences , elle prépara le noute-
ment de 1813 , et en ceci l'empereur vit une f^te oppositioo. L'en-
thousiasme de la liberté respirait daus les ouvrages de nidiDie de
Staël , aile de >ecker, sorte de madame Roland pour le diiectoiie
qu'elle avait quelquefois dominé. On doit remarquer le rapprocliement
qui s'opéra dès lors entre le parti royaliste et les opinions de la consti-
tuante que représentait madame de Staël. Louis XYill avait tesdancc
pour ces idées ; il avait l'instinct que par dles la restauraliou s'opére-
rait ; et c'est un point d'histoire qu'il ne faut pas omettre. Madainp
de Staël travaillait avec iotdUgence à la deatroctioa de Booaparte;
' Madime Bécamier était etle-iDême som la surTeiDance de hfotice;\'tttiV'
liera était ud crimo, an nolif de s
îdbyGoOgIc
Anis LES ÈvÉrmmsins m batosiœ. 359
«t te reetmstnictieD des idées constitutîniDeDes était na thème qol
plaisait k Louis XVIII. Dès lore on se rapprocha, par des correspoiH
dances ; le vicomte Mathieu de Hootmtveiiey se chargea de Gommu-
oiquer avec le roi ; M. de Taileyrand hiï-méiDe, toujours en rapport
stec DMdame de Staël, se servit de l'intermédiaire desm salon poar
se mettre eu rapport avec le grand aumAnier H. de Talleyrand-Péri-
gord, son oncle ; on jeta les premières bases d'un plan qui pourrait
préparer les chances de la maison de Bourttou par ta restauration et
use diarle CMistitutionnelle fondée sur les |Mincipes de 1791;
Louis XVllI écrivit bien des billets, de sa tonte petite écriture, à lu
société de madame de Staël ; on discuta, iHi disserta sur la possibilité
d'une restauration libérale par un sénat et le corps législatif : ou
opposerut ainsi la liberté à la dictature, une constitution anglaise au
despotisme, le peuple anx prétoriens, la paix à la guerre, le crédit à
la violence, un parlement, une tribune, à des pouvoirs muets, un
système européen et commercial, aux décrets de Berlin et de Milan,
«a bkKnw coatioental.
Tontes ces négociations prirent oo aliment nouveau à k suite des
événements de Bayonne ; il y avait là de justes sujets de déclamation.
Après Aosterlitz et léna on cherchait en vain à flétrir la gloire si pore
de l'empereur ; l'opposition était difficile ; mais ici comUen de sujets
doi plainte t combien de motifs pour justifier l'irritation des espritsi
Napoléon sait la portée que peuvent avoir ces mécontentements ; aussi
revient-il à Paris pour donner plus d'énergie à son gouvernement
politique. Rien ne fut plus spontané , plus beau , que son retour de
Bayonne à la capitale ; quel prestige dans cette puissante physionomie,
il avait fait de si grandes choses ; les événements de Bayonne étaient
à pdne connus, les arcs de triomphe marquèrent sa route. Bordeaux
même , qui avait tant perdu par le système continental , voulut
témeigaer toutes ses joies , toutes ses espérances ; à Périgueux , è
Tours, dans la Voidée même , dea gardes d'honneur furent sponta-
nément formées, et les familles les plus riches, les plus dévouées aux
BourtH>B8 prirent part à ces fêtes militaires offertes au souvemtn.
Napoléon avait beaucoup fait pour la Yeudée ; le se levaient des villes
oA naguère tout était en ruine ; des routes s'ouvraient au milieu des
campagnes ravagées ; la Vendée avait ses preritytères , ses prêtres ,
ses autels. Ces bienfaits , elle les devait à un seul homme ; Napoléon
se montra partout digne de lui-même, et ses harangues courtes et
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360 L'opiinoH FtnuQVB
rigniBcatires annonçaient des grandenn inelTables pour li pitiîe
commune.
A PaiïB, l'empereur trouva l'oinnion plus gâtée; c'était le centre
des intrigues, et les partis viraient dans une 8[riière mieux instruite
de ses desseins et sous l'impression des mécontentements publics. Soit
qu'il étudiât sa propre cour, soit qu'il pénétréit l'esprit de l'année ou
du peuple, il vit qu'il fallait le rattacher les opinions et les osais par
des mesures populaires, par un plus grand éclat jeté snr les services
rendus. Un des actes qui avaient le plus blessé ses compagnons de
gloire , c'était l'élévaUon de Murât à la royauté de Naples ; le beau-
frère de l'empereur allait prendre un sceptre que les vieux maréchaux
méritaient plus que lui ; qu'aliait-on faire pour les braves troupes qui
avaient accompli tant de merveilleuses choses et pour ces généraux
qui avaient servi avec tant de dévouemeut? Les oubliera-t-oa après
Austerlitz, lénaet Friedland?
Par la circonscription des nouveaux États, l'empereur s'était résené
dans l'Istrie, la Dalmatie, l'illyrie, la disposition de grands 6^ et de
menus allodianx dont il put créer des majorata pour récompensa
les services. Or ce fut au retour de Bayonne que l'empereur Napoléon
disposa, en faveur de ses généraux, de ses titres de duché , de Cfflnté
on de baronnie'; dès la campagne d'Jéna, il avait créé le viem
Lefebvre duc de Dantsig ; maintenant tous les maréchaux reçurent
le titre d'un duché, excepté Brune et Jourdan qui gardèrent l'emprunte
républicaine *. Moncey fut duc de Coo^liano; Masséna, doc de
' Ces pronoiions de rois, de princes, de gouTcrneurs généraui, de ducs, se tû-
nient par de simples messages ; voici des exemples de ce saDB-racon iinpMil :
s Sénateuis, nous avons jugi conTcotble de nommer noire beaa-rrtre, le prince
Borghése, i la dignité de gottuemnir gtnéral, érigée par ie séntlus-^osulle orga-
nique du 3 du présent mois. Xos peuples des déparlemenls audelàdesAFpes recon-
naîtront dus la création de cette dignité et dans le choix que nous aiOBS tut pour la
rempHr, ootre désir d'être plus immédiatement insimlt de tout ce qui peut Us in-
léresser, et le sentiment qai rend toujours présentes il notre pensée les parties nfaiie
les plus éloignées de noire empire.
» En noire palais impérial des Tuileries, le iS firrier 1808.
> NapolAoh. >
t S. M.I. etE. acoDféréàS.A. S. le prince arehichancclierCanubacéTis, )«>■»«
de duc de Parme, el celui de duc de Plaisance t S. A. S. I« prince archilréscrier
(Paris, 14 août IMS.)
' Les atlribnts cl le coatame des nouveaux nobles, immédialement fixés, citi-
laient le soarire des anciens gentilshommes : leï roici :
■ Lt rorme eilérieure des éctwone el des on emtcls obliges dont se compc scrcnt
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APBâS LES ivéKBHEBNS DE BATOKNB. 261
Rivoli; Aogereau, dac de GastiglioDe; Soult, duc de D^matie;
Mortier, duc de Trévise; Ney, duc d'Elchingen; Davoust, duc
d'Auerstadt ; Bessières, duc d'Istrie ; Yictoir, doc de BeRune ; Keller-
mauD, duc deValnif . Désormais ces illustres cheK des armées répu-
blicaines dur^t quitter les noms plébéiens, nobles noms qu'ils avaient
grandis aux temps héroïques et pauvres de la république ; ils furent
défigurés par les titres ; il fallut une étude du blason pour reconuattre
ces fils de la démocratie si glorieux lorsqu'ils combattaient les rois en
Italie ou sur le Rhin. Napoléon fit aussi Harmont, son aide de camp
chéri, duc de Baguse ; legrand écuyerCaulaîncourt , duc de Vicence;
le général Junot, duc d'Abrantès ; le grand maréchal Duroc , duc de
Frionl ; le général Savary, duc de Bovigo ; et le général Arrighi, duc
de Padoue. La vanité de Cambacérès dut être satisfaite , car il reçut
le titre de duc de Parme, et H. Lebrun subit, en souriant d'une rail-
lerie philosophique, celui du duc de Plaisance.
Ces titres de nouvelle noblesse furent donnés h l'infini ; une multi-
tude de généraux de division , les archevêques , les sénateurs furent
ccHDtes ; les généraux de brigade , bariHis ; les noms furent tellement
défigurés qu'on n'y reconnaissait plus rien, i ce point que Monge , le
6er et austère membre de la convention aux jours difficiles , se fit
nommer le comte de Palute, souvenir de la campagne d'Egypte. A
chacun de ces fiefs était attachée une dotation d'argent, l'empereur
en était prodigue ; la conquête avait mis dans ses mains de riches
domaines privés, il s'en était réservé dans le Hanovre, en Westphalic,
à Naples , en Italie , et il donnait ces revenus , ces terres , ces Qefs ,
aux généraux les pins distingués par leur dévouement ; les uns obtln-
f(« anno des nouveiui tiluUim, Tient d'Aire arrêiée. En voici Is description
• Pattr lei due». — Toqoe de velours uoir, retrousséB d'hcnnine, avec porle-
«icccetle d'«r, soTOiontée de sept plumes, accainpafaées de sii lambrcquias d'or, le
tuut entouré d'un manleau d'aïur doublé de vair.
■ Pour let eomtu. — Une bxpie de velours noir , retroussa de contre-hermine
■lec poTie-iigrcue d'or, surmontée de cinq plumes, accompeB;néB5 de quaire Itm-
hrequins, les deux supérieurs en or, les deux autres ta argeol.
> Pour lei barom. — Une toque de velours noir, retroussée de eonire-vair, avec
porte-nigretie eu argent, surmoDlée de trois plumes, aeconipagnvi.-$ de deui laitt-
t requins.
M Pour Ut ckevaliert. — Une loque de velours noir, retroussée de sinople, avcr
' p'>rle-Bigrelle d'argent, el aigretl'^ de m^me mêlai, a
C«ci tenait nn pen au cirque et aux tLélLres du boulevard.
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fiftS L'oninoN rcBUQxm
rsDt jusqo'À 140,000 francs * pris sor les dépouilles des Gefk et des
ibbayes en Allemagne ; sorte de dépoaiUement du clergé, comme «u
moyen ftge quand Charle&-Martel donna les terres cléricales aux
hommesd'armes. La friupart des marédtaux reçoreat un bAtel h Paris,
' Èlat du domaine* d« Branour» dùtrUntit par Hapolion aux gintram:i m
granât fonctiotmaireâ d* l'empire.
1° Au msTécbal B«rlhicr, prioce de Neufchitcl, les bailliages de Bla-
tneiMa, Coldeugen, Ndbatg, NicUingen ; rerenn, 140,0M
2° Ào prince de Ponte^kno, Aoieo, Grokiidv, I^dein, Oteeo,
PoUe , iOO,0M
3° Ao niBréchsl Uorlier, duc de Trévise, partie de Blumenau, Calcm-
bCTg, Coldengen , 100,000
4° Au grind marédol 4u pnliis Duroc, dac deFrioal, paitiedaKilie-
bourg « SleinhorU, M.OOO
8° Au maréchal Ney, duc d'Elcbiogen , Lauenboui^, partie de Bine-
bourg, 83.oai
i' Au maréchal Augerean, doc de CaatiglloDe, Keuham, Bremoi»,
Wisclilafcn on KedkJDgCo , 80,000
7° Au maréchal JUasséoa, duc d« Rivoli, partie de Hoga et de Nien-
bourg, 8M0O
S° A M. de CaulaiDcouTt, duc de Ticeoce, partie de Harbourg et de
Wlnseu sur la Lube, tl,O0a
9° Au maréchal DaToosi, duc d'Auerstadt, partie de Hoga et da Hien-
bourg , 00,Ue
10° Au neréchal BouH, duc de Dalmatie, partie de Hoga et de
WtUcn, SMM
11° Au maréchal LefehTre, duc de Danixig, Bergco, Celle, 'Winscn sor
l'Aller, SO,oa«
12° Au prince Lebran, Wilbemsboni^, autre partie de Harboutg et de
Wineea sur la Lube, m,Otm
13<> Au maréchal Lauoes, duc de Hoolebelb, aO^MO
14° Au maréchal Bessièrea, 80,000
1S° Au général Sébastiani, 40.000
10° Au géuéral Junot, duc d'Abtantès, 31,000
17° Au général Friant , 90,000
18° Au général Bisson . 90,00»
10° Aux géDéraui Tleti», OudJLOt, Salnt-Hilaire, Girdine, Guan ,
Caffarelli, Dupas, Lasalle, Klein, Boules, Dorsenne, Bapp, Hnllia, Drouet,
Compans, Gudin, Verdier, Bonnier, Lacoste, Morand, Loison, Wattier,
Sainl-Bulpice , DvTosnd, comte Daru, intendant général,- i chacun
2S,ÛOO, «B&,oia
48° Au neréchal Uannant, duc de Bagnae ; au comte Maret, isiaiatre
et accréiaire d'Ëiat ; au conte Fouché, ministre de la police; an comte ,
Dccrès, minisLre de la marine ; au comie Bégnier, grand ji^e ; au eomle
IfolUen, ministre du trésor; an comte Gandin, ministre des fiances; an
comte deChampagny, ministre desrelatioaGeitériKimB; au général L*-
taanois; au géuéral Clarke, miiôtra de la guerre; a« ewita Gralet,
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APRÈS VBS ÉVÉNBHBNTB DE BATOHNE. 268
dont l'empereur faisait presque toujours les frais sur sa cassette ; il le
donnait avec les manières de bon maître à serviteur Gdèle ; quand i(
savait un général mécontent, désintéressé ou pauvre, avide ou avare ,
il trouvait aussitôt un moyen de le calmer ou de l'attirer. Paris vit
reparaître les livrées de toute espèce, les voitures de luxe , les blasons
de mille couleurs ; et puis dans chaque rue , sur la façade d'un grand
hûtel.on voyait inscrit en lettres d'or : HàUlde M. le duc de... hôtel
du prince de. . , avec une affectation de propriété et de noblesse qui
avait besoin de se faire connaître et constater. Napoléon mettait par-
tout ses armes, l'aigle, les abeilles, à Versailles, à Saint-Qoud : et
cette lettre N qui entourait tous les monuments où sa main avait
passé ; ce qui tît dire spirituellement & Louis XVIII : « Que Napoléon
aurait inscrit volontiers sur son chapeau le vera de la Fontaine : Ceat
moi qui mit Guiîlot, berger de ce troupeau, u
Les serviteurs imitaient le suzerain ; peut-être y avait-il un motif
dans l'ordre moral : quand tel fonctionnaire nouveau ou tel seigneur
du régime impérial habitait l'ancien hôtel de Montmorency , de
Lnynes, de Luxembourg, il avait besoin de faire inscrire sous soa
péristyle qu'un autre propriétaire était venu après la tempête ; I4
révolution française, comme une des grandes invasions du vii° siècle,
avait changé l'état de la propriété en France, et le vieux mattre,
comme le pasteur dépouillé de Virgile , s'asseyait sur le sem"l du
manoir de ses pères , un bâton blanc i la main, en poussant le Aeu
miser t des lamentables églogues du poêle mantouan.
mhriMre de l'iotMcor; ■« général comte Bwtnod i H maréchalllMWvr.
doc de CoaégBiBo ; au maréchal Périgoon j au maréchal Scrnuier ; au
géaénl HarcbanI, au comte de Ségur, grand maître des cérémaiiKS, et au
général Doponi, tehacDD 20,000, 3M,O0O
69* An général Mouton, au général BeflÎM^, an géoéral SiTary, an
général Lawisum, i chacun U,000 , 60,000
tn< Au général Becker, U.OOt
68° Au comte fiegnault de 9slnt-Jean^'Aogelr< ministre d'État,, k
H. Beferamn, k M. Laenée, sa général Groochy, au général Nansootf, •«
«omte BigMde Préameneu, minisUe de* cultes; à chacun lO^OOD, 100,000
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HOOrBHBNT INSUBMCnOnKEL
CHAPITRE Xï.
■omiMKin imuiiKCnonirai. dk i. upuki kt en roiTcau.
Canclire des jantes espagnoles. — Édit de Ferdinand VII pour Ifnr conTMitiai.—
Premiers mouTementsiasutrectionnels. — Tolède. — Sévillc — Sj'sUnKdtjntui
générales el panicalièree. — Forcée militaireB. — ConTocatios da peupir. -
Démocratie el pair ioiisme des roaines. — OrgaoimtioDdel'innirreciiaa.— Défin
de Josvph de Bajonne. — Composilion de son miaisière. — Premiin tatiillc
contre le peuple i Médina d«l Rio-Sccco. — Entrée à Madrid. — VardwiniltUàr
du généra] Dupont. — Plan de campagne tracé par le général Savar;. — Inpi-
den ces et fautes. — Pillage de Cordoue. — Cipilulalion deBajIcn. — RtMili^
Joseph sur Vitloria. — Junoti Lisbonne. — Pasilion difficile, -~ L'amiral Sinii^.
— Refus des Russe». — Gouvernement de Jnnot. — Premiers prèpVBlJ& i1'>uk
expédition anglaise contre le Portugal. — Ses généraai. — Sût Artbnr WrDnItt.
— Hew Dalrpople. — Débarquement. — BalaiUedeTimeiro. — ConMM^'
Cintra. — Effet moral sur les armées.
■ai 1 Hplinitin 1(08.
L'oi^nîution politique de l'Espagne avait cela de reourquable
et de prévoyant, que lorsque le stigoeur roi s'absentait , il se fonnait
immédiatement, en vertu des lois fondamentales, des juntes ooirïeu-
lement à Madrid, le point central, mais encore dans toutes les pro-
vinces. C'était là un des avantages de ce vaste groupe d'Etals; le
royaume n'était pas tout i Madrid , et la monarchie s'organiœil
même en l'absence du monarque. Cette idée venait du temps difficile
des Mores ; alors les provinces étaient obligées de se déreodre ell^
mêmes, de saisir le glaive pendant la captivité de leur roi i Cordonf
ou i Grenade ; ainsi le pouvoir central pouvait disparaître et chaque
localité néanmoins prendre les armes pour la patrie. ]1 y avait vingt
nations en Espagne, toutes avec leurs privilèges, leurs coutume^,
leurs souvenir?, leurs couvents, leurs pèlerinages, qui semélaienll
l'atTranchissement du sol.
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DE l'bSPAGNE et du PORTUGAL. 205
Ferdinand VII encore à Bayonne avait écrit secrètement à des
agents chargés de répandre , sur toute la surface de l'Espagne , ks
fatales résolutions de ces maudiu Français envers le seigneur roî ;
captif aux mains de Napol^n, il avait exposé aux. Gdèles provinces *
les afflictions de leur seigneur, et celles^:! avaient répondu à cet
appel en s'organisent pour défendre leurs fueros. Les Français, d'ail-
leurs, étaient déjà devenus antipathiques à la nation ; accueillis en
amis, en alliés, ils s'étaient emparés par ruse de toutes les forteresses,
sans rien respecter de ce que vénérait l'Espagne ; les couvents se
transformaient en casernes, les églises étaient livrées an pillage ; les
régiments français, comme les sauterelles dont parle l'Écriture, ne
laissaient pas un brin d'herbe sur terre, pas un peu de paille à la
chaumière. A ce moment le mot insurrection fut prononcé ; ce mot
immense allait aux mœurs des Espagnols; presque toutes leurs vieilles
guerres s'étaient manifestées par l'insurrection ; fiers Àragonais ,
nobles Valencieos , Andalous , habitants de la Sîerra-Morena , tous
avaient souvenir en leurs annales, de ces cris d'armes, tumultueux,
dans la montagne : a Quand le comte dira : Le More vient, toutes
les communes doivent obéir èi la parole du seigneur, » ainsi parlaient
las partidas, les fueros d'Aragon. On dompte an moment les peuples
mais ils triomphent toujours, car ils ont pour eux les rochers qui tes
abritent, les haies qui les cachent, les sentiers qui les guident dans la
marche ; l'insurrection est le grand glaive des multitudes lorsque
arrive ce jugement solennel qu'dlei portent sur tes pouvoirs injustes
ou usés.
Les lettres secrètes de Ferdinand VII avaient été apportées avec
peine à travers les Pyrénées par des messagers particuliers, répandu»
dans les provinces. Sur la nouvelle que le roi était captif des maudits
Français, les juntes s'étaient formées à la hète, à l'imitation de celle
de Madrid que Ferdinand Vil avait oi^auisée h son départ. Cette
grande junte, sous la présidence de don Antonio , avait donné l'im-
pulsion à toutes les provinces ; dans quelques villes elles se formèrent
par le choix libre , spontané du peuple ; dans quelques autres, par la
volonté des capitaines généraux; seulement chacune de ces juntes
resta séparée et indépendante : le difficile n'était pas de soulever les
masses, mais de leur donner un esprit commun ; l'Espagne ainsi
' Falafoi fui CD cette circonfllaacc un destgent» 1» plus fictifs de FndiiiuidVUL
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3HM> HOOVEUENT INSUEBECTIONNKL
morcelée, chaque provÎDce voulait avoir des gouTernements partico-
liers sans rapport les uns avec les antres. L'insurrection se manitesta
même avant la journée du 2 mai ; i Tolède le peuple prit les arme
et reconnut sa junte ; & Valence, & Saragosse, à Séville, partout do
gouvernemait populaire s'établit ; le roi fut considéré comme captif,
les actes venus de Bayonue furent frappés de nullité, comme le fruit
de la contrainte et de l'obsession ; le roi des GastiDes était aux maies
des infidèles, comme au temps du moyen Age.
Au milieu de cette organisation insurrectiouDelle de la PéoÎDSule,
deux forces eutrèrent dans des proportions ditTérentes, l'armée ré-
gulière, et le peuple soulevé par masses; indépendamment du corpi
de vieilles troupes du marquis de la Romana , que la politique de
Napoléon avait jeté sur les cdtes de la Baltique, et qu'un coup de
hardiesse devait ramener dans la patrie, il y avait encore en Espagne
60.000 hommes, infanterie ou cavalerie, commandés por des capitaine»
généraux répartis dans les camps ou dans les garnisons de provinces;
quelques-uns des officiers avaient hésité à prendre la cause du peuple,
ils furent destitués ; d'autres furent massacrés dans de vives émotions,
comme on en vit en France aux démocratiques époques où il fallait
sauver la patrie et d(mner de L'énergie aux timides. Il y avait des capi-
taines généraux d'une grande expérience, Castai^os, Cuesta, Palafoi,
Blake; puis en sous-ordre Beding , colonel des régiments suisses , le
marquis de Coupigny, don Joao-Manuel de la Peyna. L'armer
espagnole ne s'était pas d'abord associée & l'insurrection ; mais le
peuple est si puissant quand il exprime sa volonté ; il y a une énei^e
si profonde dans la souveraineté- des masses, que les soldais pacti-
saient avec la multitude pour marcher en commun contre l'ennemi
de la patrie. Bien ne peutsecompareràl'Espagne alors, si ce n'est
le mouvement révolutionnaire de 1792 en France, quand le drspeu
fut déployé au bruit sinistre du canon d'alarme.
La seconde force de l'insurrection e^gnole vint de la population
des campagnes , et de l'organisation démocratique des couvents :
paysans et moines s'entendaient pour l'héroïsme ; là se montraient le
vieux sang espagnol, l'énergique dévouement à la cause nationale :
c'est du couvent et de la campagne que sortirent ces braves chefs qui,
sous le nom de VEmpacinado, du Maaeko, de Jfina, soulevèrent la
nation tout entière au nom de l'indépendance. Avec eux marchaient
les écoliers, d'universités , jeunes hommes aux études grecques et
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DB LESPAUn ET DU POBTCQAL. M?
romaùes ; ceux-là se groupèrent en compagnies militaires sotu le
nom de Casâiut et de Bruttu; il se fit un grand soulèvement d'onî-
«eiaitaiies invoqu&ot les iouvenirs de Borne. Dans ke dénombrement
des Asluriens ou de San Yago, de San Phelipe, de Salamaoque,
d'Ovicdo, de Girooe , se trouvent les compagnies d'étudiants sous le
litre de Cirtdier, de Mueiua Scœvêla ; ils quittaient le manteau noir
pooT s'armer de l'esc«pette ou du coateau espagnol ; les lames d'AI-
baceta s'aiguisèrent sur les pierres de liberté que les juntes placèrent
dans chaque ville *.
Gomme dans toutes les insurrections, il y eat un moment de coa-
fusion étrange et de guerre civile agitée, on ne se reconnaissait plus;
les années vonlaient marcher sous le commandement et la discipline
de leur chef, tandis que les premiers guérillas voulaient rester indé-
pendants sous leur capitaine élu ; quand le paysan avait élevé i sa
tête un moine , un tterger , un curé , un toréador valeureux , un
eofltr^andier intrépide, il y tenait comme è son roi élu ; il se sou-
mettait avec peine à la discipline d'un général. Les esprits habitués
aux formes d'un gouvernemeal régulier traitèrent d'établir une junte
centrale à laquelle ils voulaient soumettre les juntes partielles :
elTorts impuissants ; les juntes restèrent ce qu'elles étaient, des pou-
voirs à part, des organisations portielles qui refusèrent de reconnaître
une autorité supérieure; l'énergie voulait rester elle-même et ne rien
perdre de sa puissance en se cînlisaot. Il se présenta alors en Espagne
ce qui se vit en France à la révolution de 1793. il y eut des troupes
régulières et des votooloires, des capitaines glorieusement improvisés,
et des généraux qui transmirent les vieilles traditions de discipline.
Tout se produit semblable dans les mouvements populaires : il y a j;e
ne sais quoi de prodi^ux et d'ardeat qui éclate dans les mêmes coa-
di lions.
Cette vaste insurrection se manifesta en Espagne avant même que
le nouveau rm, don Joseph-Napoléon^ eût passé la Bidateoa ; l'em-
pereur s'était imaginé que tout se ferait à Bayonne régulièrement
comme k son conseil d'État à Paris; la junte ridicule qu'il avait réu-
nie autour de lui ne représentait rien , et encore ces grands et ces
bourgeois qui la composùeot n'avaient pris que des engagements
■ Les hullelins de Napoléon ivouenl tu ntobis ce soulàreineDt et ckeiclieDl à jeier
duiDPpi'UturlagrBDdeinsurreciloD du peuple.
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368 HOVVBUBNT IHSnRBBCTIOMHBL
ctHiditionnelB, subordonnés k de secrètes protestaUcoa, '. Y STUl-il
liberté dans une ville étrangère sous la domination de la force ? Dou
Joseph-Napoléon ', pile imitatenr de Philippe V, cherchait è pacifier
}'£ipagne ; son esprit coDciliant et sans portée a?alt roulu fondre ks
miuistres de Charies IV et les conseillers de Ferdinand VII dans on
commun gouveniemeat, et ce fut de cette maoière qu'il compost
son conseil. On vit donc réunis simultaûémeat don Pedro Cerallôs \
' PraiestatioBS de la grandnM, 18 juin 180S.
> On verra un peu d'ottcotation dans U pTcmMre rormulc du décret de Josepb m
tafgnt.
Don Joifph-flapoUoti, «le.
a E^Bgnola, en entrant sur Itlerritoirc de ia nation dont la PtovideOMIB'scoiifé
le gouTernemeot, je dois vous manirosler mts ^entimenla.
■ En monlanisur lelrAne, je compte sut des Imes géDéreuses qui me seeondail
pour faire recouvrer i cette nation son antique splendeur : la constitution que to«s
allez juTerd'obserfer assure l'exercice de DOtre sainte rdigiou, U hhtxti cifile et po-
litique; elle tlabiit une leprisentaiion nationale , (kit rciitre vos anciennes cotiés
mieux oTpniséeapnslilueun sénat, qui, devenant le garant de la liberté individatlle,
et iesoullen du IrAnedans les circonstances les plus critJques.Mra encore l'at"
raUe et la récompenae des plus éminenla seiTiees rendus à l'Élai,
• Les tribunaux, oi^anes de la loi, impassibles comme elle, jugeront lïl
dans l'indépendance de tout autre pouvoir.
■ Le mérite et la vertu seront les seuls titres pour obtenir des emplob pablics.
u Si mes désirs ne me fonl pas Ulnsïon, votre africullure et votre commerce Beuii-
ront, délivrés pour toujours des entraves qui s'opposaient à leur prospérîié-
u Voulant régner par les lois, je serai le premier i donner l'eiem|^ du rc&pwi
qu'on leur doit.
n J'entre au milieu de vous avee la jdus grande confiance, entouré d'hommes re-
commandables qui ne m'ont rien cacbé de ce qu'ils ont cru utile à tob latMia.
H D'aveugles passions, des bruilsmensongers, les intrigues de l'ennemi commoa
du tuntinent, qui ne désire que la séparation des Indes et de l'Espagne, ont prênpiiê
quelques-uns de vous dans la plus affreuse anarchie : mon cceur se décfaïre k M
■Kpeci, mais ce mal, quelque grand qu'il soit, peut cesser en uu instant.
u Espagnols! réunissez-vous tous : enTirounei mon trdne; faites quelesdissai-
aiuiiâ intérieures ne m'enlèvent pas un temps que je voudrais employer i fan votre
hnnlieur, et ne m'i'ttcnt pas les mojens de l'opérer. Je vous estime assez pour croiie
que vous ferez vos efforts pour obtenir et mériter cette félicité, qui est le plus cher d*
mes vteui.
■ Vitioria,le12juiUetl808. • Moi u koi. ■
' S. M. catholique (Joseph} vient de faire les nominations suivantes :
Don Louis Hariano de Urquijo, ministre secrétaire d'État;
Don Pedro Ccvallos, ministre des affaires étrangères;
Don Higuel José de Azania, ministre des Indes;
L'amiral don José Uaiaredo, ministre de la marine;
Le général don Gonzalo Offsril. ministre de la guerre;
D<»i Craspatd-Melchior de JovcUanos, minblre de l'intérieur ;
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DB L*BSPA6NB ET DU POBTCGAL. 369
si déroné h Ferdinand VII et son secrél^re d'État ; Urqaijo, le con-
seiller intime do prince de la paix ; don Joge de Azansa, l'ami per>
soDnel de Chartes IV. Joseph-Napoléon confirma les capitaines des
gatdes qui portaient les beaux noms du duc del Parque , de l'In-
Fantado et de Castel-Franco ; on vit parmi ses grands ofBciers le
duc de Hijar, de Castel-Florida, et ce Soto-Ma^or dont le nom est
si retentissant et rî e^»^nol dans sa fierté et sa hauteur castillane.
Cette réunion des vieux titres de Castille n'était qu'une auréole
mensonge que don Joseph voulait imprimer autour de sa récente
couronne ; la junte de Bayonne se considérait en paya étranger et
captive.
En tons les cas, la grandesse n'était pas l'énergique Espagne ; le
paysan, c'était la nation, et le peuple voulait se délivrer des mauditt
Français ; Joseph-Napoléon n'était pas son roi national. Et pourtant,
k l'imitation de son frère l'empereur, en pénétrant sur le territoire , il
faisait des proclamations solennelles, comme si depuis dessièclessa race
gouvernait les Espagnes. L'insurrection grondait autour de lui, et don
Josejdi parlait aux Espagnols un langage pacificateur ; était-ce igno-
rance du caractère de ce peuple et de cette énergie qui se déployait
chez les masses indignées? l'empereur connaissait mal l'Espagne et f>a
Serté nationale ; il confondait les moines espagnols avec le clergé ita-
lien doux et assoupli. Toutes les fois que Napolé»n, dans ses actes
publics, s'exprima sur l'Espagne, sur ces moines, sur ces paysans, fières
races qui se sacrifiaient pour la patrie, il le St avec mépris; il ne croyait
pas que ces masses pussent résister & quelques coups de canon de sa
Le comie de Cibamu, miuisire At» finantes ;
Don StbuiieD Pinuela, ministre île la jastice;
Le duc del Parqne, gnnd d'Espsgne, upllaine des gtrdes du corp« ;
Leduc de Salnt-Gninain, grand d'EBpagne, capitaine des gardes du corps;
Le duc de l'Inranudo, colonel des gardes espagnoles, colonel des gardes ;
Le prince de Castellïinco, colond des gardes wallonnes, colonel des gardes;
Le marquis d'Arba, grand chambellan;
Le duc de BijaT, grand maître des cérémonies;
Le comte de FeraaDd-Nunès, grand veneur;
Le comte de Santa-Colonna, chambellan [tous les quatre grand d'Espagne];
Lee dumbellans ci-aprts ont été déugnés pour sviTre S. H. dans soD Jajtgt :
Le comte d'Orgai, grand d'Espagne.
Le marquis de Santa-Crai, id.
Le duc d'OAiiw, id.
Le eonte de Castel-Florida, id.
Le duc de Soto-Major, M.
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3Fld ■OUVBIURT nmABBCnOMIEL
gtfide.L'emperear, esprit deiJOUTeniement, ne compreDait riment
hen de la force régulière de l'adimiiistrBtioD ; il croyait tua. artaies ,
wmt il ne croyait paa au peuple anni; il appdait cda de la eonatllr; fl
MUT^ pas qn'eii Espagne le nwine, c'estlepaytari robnste, le démo-
ctBte «X bras aer* etu ; H avait mal étudié cette nation qnl passa lis.
alèelefl i se détÏTrer da Mom.
Odd Joseph-Napoléon marchait sur Burges, précédé du betn corps
d'armée de Bcasières, le seul qui fût composé de régiments d'élite,
tandis que Murât, trooUé par les récentes instnictiflns tmnnîses
pH le général Savary, tambait gravement malade ; le vote de la joste
espagnole avec l'élévation de Joseph l'avaient blessé; il était triste df
a» voir arracher la couronne d^pagne, bm de ses feHes préleetioiis.
Mont menait vie ik roi au Buen-Retiro et dans les belles réûdeoces
de la Caaa del Campo ; il De ménageait ni son temps, ni ses pirisirs ;
Aevalier brillant, il se trouvait au milieu d'un peai^e an beau san^
de Castiile «1 se livrait avec beaucoup d'ostentation aux douceon ic
la poissBDce. L'empereor, d^uis loBgtenfS à Baymne, savait lent,
•t, sans lui retirer le conamandement, il avait confié des pleins pOD-
mirs an général Sovary, chargé de prépara la police et le gonvenie-
■ent de Hadrid «■ moment où l'on allait recerôir don Jos^i-Nqpo-
léon. IPar sn înstnictfoni, le g^ral Savary devint sorreiller et
leotifier les opérations militaires commandées par Murât, afin d'a-
■eaer la pacification plus active de l'Ë^tagne ; Savary était bien an-
denout d'nne tâche de cette importance ; quand il s'agisatt ifob-
sarver et de faire la police, il y était très-apte ; penonne n'était phn
capable que lui de cette besogne d'examen ; mais conGer à un gé-
néral secondaire la direction d'un mouvement politique et nililairc
tout k la fois, c'était une faute. Napoléon préféra souvent le déroite-
ment aux lumières. Que fit alors le général SavaryT Au liea de se
pénétrer du véritable esprit des populations, il remplit Madrid de
pamphlets en l'honneur de la majesté impériale ; il fit hire des bro-
chures espagnoles contre la dynastie qui tombait * , et attaqua Fcr-
nand que le peuple adorait. On se moqua dans Madrid de ces bro-
chures» on lui répondit par des placards en langue pcqwlaire et
■ « Il > ptni, disait la GaxeUa dt Madrid, un écrit fol • hit la {rfas gmde wrvs^
tioD dam cette capilsle. Ils pour titre : £( JïielammçiM/bmuiMiapMfffrMajDh'r
to( anmtoi da Eipajna; par un Etpagnol imparuM; arec cette épigraphe :
< Quando m iina monarguia eanetn dt Uttm toi Itf*i, «I JtMarfo m rmitmtt
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DE L'eSPAfiSlB ET DU PÔRtr&AL. $71
eastmane ; Joseph-Napoléon y fut mal traité ; on lui appliqua plus
d'une expression ordurlère si fréquente dans ]es chants des muletiers
d'Oviedo et de la Sietra-ÎHtorcna : « L'Espagne , disait-oo, dans un
de ces chants populaires, ne pouvait pas reconnaître un roi qui ne
savait pas dire carajo *.
Alors fut récité dans toute la Péninsule le remarquable catéchisme
de l'insurrection , écrit dans une forme religieuse et populaire ; on
entretenait les femmes, les enfants, les vieillards dans les sentiments
de cette irritation profonde contre les Français ; ces Français étaient
pour eux les Mwes, les étrangers, les oppreseurs de la patrie *, les
49 lai fMfto fiM M intoitabU tu deeadtneia. • (Bmpn$nu poIilKM da Saavtiin
» JugmutU »w ItÊ affairti d' EMpagnt, 1*1 quthpmtra lapoitétité.parMnBi'
» Lorsque dans une monarchie les cheb mtoquent d'énergie, l'Ëttt s'mnMnt
teitment que st déudence est inénuMe. a
■ Toicl ces ven, un peu trop Ucendeai pour Aw» nfirodaiU :
En II pltu lui an «rUl,
Que nn din m cjulclljiao,
QiieJoK[>h,rrjltiliano,
Urid> I Madrid ta dowl.
niniinimijilniiiiiiol
■ihIb PwI* ■» tbijô ,
Que DO i|iuu«iiiga iqii nj
Que DD ubg decir canj^
« J'ai dit que Napoléon ne connaissait pas TEspagné, 11 eitsle une InatrucUcR
enToyêe, dit-on, par l'empereur à Mural. Je la dortne, mais dans Ma convlctiou elle
est apocryphe el Taile après coup. Napoléon méprisait trop l'Insurrection espagnole
pour s'exprimer ainsi, et ses actions seraient au moins le contraire de ses parolel.
n S. le grand-duc de Berg, je crains que vous ne me trompiez sur la situation do
l'Espagne, et que tous ne tous trompiez Tous-m#me. t'affaire du 20 mars a aingullè*
lemeni compliqué les événements.
» Rb croyez pasquevousellaquirauncnation désarmée et que tous u'arex que dn
troupes à montrer pour soumettre l'Espsgne. La réTotullon du 20 mars prouve qu'il
y a de l'énergie eh« les Espagnols, Tous avez à faire 1 un peuple neuf : il aura tout
le coutage, il aura tout l'enthousiasmequeron rencontre chez les hommes que n'ont .
>)inl usé les pasûons politiques.
i> L'aristocratie et le clergé sont les maîtres del'Espagne; s'ils craignent pour leurs
prirUéges et pour leur existence. Ils feront contre noua des levées en masse qui
pourraient éterniser h guerre; j'ai des partisans, si je me présente en conquérant, je
n'en aurai plus.
• Le prince de la Paii est délesté, parce ^'on l'accuse d'avoir livré l'Espagae i 1%
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272 HODVEHSirr insukrechonnel
hérétiques, les méchants, les antechrist. «Dit^s-moi, mon enfant,
qui étes-vouBÎ — Espagnol. — Que veut dire Espagnol? — Homme
de bien. — Combien a-t-il d'obligations à remplir et quelles sont-
clies? — Trois : être chrétien, catholique, apostolique et romain;
France; TOilà le grief qui ■ seiri à l'usurpation de Ferdinind : le parti popokitc est
le plus faible.
D Le prioce des Âsiuries n'a aucune des qualîtis qui sont nkessaires au elirr
d'une naKoB ; cela a'etupècbera pas que, pour nous l'opposer, ou n'en ftsse ub
héros. Je ne veui pas qu'on use de violence envers les personoages de cette bmïlle :
il n'csi jamais utile de se rendre odieni et d'enSammer les haines. L'Espagne a plus
de cent mille hommes sous les armes. C'est plus qu'il n'en faut ponr soutenir avec
avantage une guerre intérieure ; diTisés sur plusieurs polnis, ils peuvent senîr de
sonlivement total à la monarchie entière.
B Je >ous présente l'ensemble des obstacles qui sont inévitahles. il» est d'antres
que 1 DUS sentirez : l'Angleterre ne laissera pas échapper cette occasion de moliiplier
nos embarras, elle eipédie journellement des avis aui (brces qu'elle tient SUT les cAles
du Portugal et dans la Méditerrinée ; elle fait des enrôlements de SidlieDS et de
Portugais.
■ La famille n'ayant pas quitté l'Espagne pour aller s'établir aux Indes, Un'; a
qu'une révolution qni puisse changer l'état de ce pays : c'est peut-être cdni de l'Bo-
rope qui j est le moins préparé. Les gens qui voient les vices monstrueux de ce gon-
vernement et l'anarchie qui a pris la place de l'autorité légale font le plus petit
nombre, le plus grand nombre profile de ces vices et de celte anarchie.
» Dans l'intérêt de mon empire, je pais faire beaucoup de biNi k l'Bspagoe. Quels
sont les meilleurs moyens ï prendreT
D Irai'je k Madrid? Eiercerai-je l'acte d'un grand protectorat en prononçant entre
le pire et le fils T II me semble ditBcîle de faire r^er Charles IT. Son gouverne-
ment et son favori sont lellcment dépopularisés , qu'ils ne se soutiendraiesi pie
trois mois.
■ Ferdinand est l'ennemi de la France, c'est pour cela qu'on l'a fait roi. Le placer
sur le IrAuG serait servir les hctlons qui depuis vin^t-ciiiq ans veulent l'anéanlisEe-
mcDt de la France. Une alliance de (Emilie serait un bien faible lien : la reine ÏSiea-
heth et d'autres princesses franfiises ont péri misérablement, lorsqu'on a pn fe>
immoler impunément t d'autres vengeances. Je pense qu'il ne faut rien préapuri
qu'il convient de prendre conseil des événements qui vont suivre. Il faudra Tonifier
les corps d'année qui se tiradronl sur les frontières du Portugal et attendit.
» Je n'approuve pas le parti qu'a pria V. A. I. de s'emparer aussi précipitanuneBl
deHsdrid, il rallait tenir l'armée h dii lieues delà capitale. Vous n'aviei pas l'assu-
rance que le peuple et la magistrature allaient reconnaître Ferdinand sans coutesta-
tion. Le prince de la Paii doit avoir dans les emplois publics des partisans, il y a
tl'ailleurs un altachemeni d'habitude au vieux roi, qui pourrait produire des lésnl-
lais. Votre entrée h Madrid, en Inquiétant les Espagnols, a puissamment acni
Ferdinand. J'ai donné ordre i Savar; d'aller auprès du vieux roi voir ce qui s'y pave:
Il se concertera avec V. A. I. J'aviserai ultérieurement au parti qui serai prôdie;
«n attendant, voici ce que je juge convenable de vous prescrire ;
u Vous ne m'engagerez i une entrevue en Espagne avec Ferdinand que si vaut
jugei la aiiuaiion des choses telle que je doive le reconnallrc comme roi d'Espagn.
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DE L'ESPAGNE ET DU POSTDGAL. 273
défendre sa patrie , sa religion , ses lois, et modrir platât que de se
laisser vaincre. — Qui est votre roi? FerdiDaod VII. — Comment
doit-il être obéi? — Avec l'amour que ses vertus et ses malbeurs lui
ont mérité. — Quel est l'ennemi de notre bonheur? — L'empereur
Tons usera de bons procédé* envers le roi, la reine et le prince Godât; tous exigera
pour eux et tous leur rendrei les mêmes tiooneuTS qu'autrefois. Vons ferez en sorte
que les Espagnols ne puissent pas soupçonner le parti que je prendrai : cela ne sera
pas difficile, je n'en sais rien moi-même.
» Tous ferei entendre i In noblesse et au clergé que si la France doit intervenit
dans les atTaires d'Espagne, leurs privilèges et leurs immanilés seront respectés^
Vous leur direz que l'empereur désire le perfeclionnement des institutions politiques
de l'Espagne . poor la mettre en rapport avec l'étal de la civilisation de l'Europe ,
pour la souGb-aire au régime des favoris. Vous direz aux magistrats et aux bourgeois
des villes, aux gens éclairés, que l'Espagne a besoin de recréer la machine de Eon
Komemement, et qu'U lui faut des lois qui garantisaenl les citoyens de l'arbitraire ei
des usurpalioDS de la féodalité, des iosiituiians qui rnoîmeDi l'industrie, l'agricul-
tare et les arts; vous leur peindrez l'état de irenquilliié et d'aisance dont jouit la
France, malgré les guerres où elle s'est toujours engagée; la sidendeur de la religion,
qui doit eon établissement au concordai que j'ai signé avec le pape. Tous leur démon-
Irerez les avantages qu'ils peuvent tirer d'une régénération politique. L'ordre et la
paix dans l'intérieur, la considération et la puissance é l'exlérienr : lel doit élre
l'esprit da vos discours et de vos écrits. Ne brusquez aucune démarche, je puis
attendre é Rayonne, je puis passer les Pyrénées, et, me foriiBant vers le Portugal,
aller conduire la guerre de ce cM.
B Je songerait vos intérêts particuliers, n'y songez pas vons-méme... Le Portugal
restera à ma disposition... Qu'aucun projet personnel ne vous occupe et ne dirige
votre conduite : cela me nuirait et vous nuirait encore plus qu'A moi.
B Vous allez trop vile dans vos Inslructions du 14 ; la raarcbe que tous prescrivez
au général Dupont est trop rapide, k cause de l'événement du 19 mars; il y a des
changements k faire; tous donnerez de nouvelles dispositions, vous recevrez des
instmctioDS de mon ministre des alfoirss étrangères.
■ J'ordonne que la discipline soil maintenue de la manière la plus sévéïe : point
de grtce pour les plus petites fautes ; l'on aura pour l'habitant les plus grands
égards ; l'on respectera principalement les églises et les couvents.
B L'armée évitera toute rencontre, soit avec des corps de l'armée espagnole, soit
avec des détachements : il ne faut pas que, d'auisun ztli , il soit briUé une amorce.
> Laissez Solano dépasser Badajoz, faites-le observer ; donnez vous-même l'iudi-
cation des marches de mon armée, pour la tenir toujours à une dislance de plusieurs
lieues des corps espagnols : si la guerre s'allumait, tout sérail perdu.
B C'est i la politique et aux négociations qu'il appartient de décider des destinées
de l'Espagne. Je vous recommande d'éviter des explications avec Solano, comme
avec les autres généraux et les gouverneurs espagnols.
D Tons m'enverrei deux eslafeties par jour ; en cas d'événements majeurs , tous
m'expédierez des ofBciers d'ordonnance : vous me renverrez sur-le-champ le cham-
bellan de Tonrnon, qui vous portera cette dépêche; vous lui remeltrei un rapport
fétsillé.
> Sur ce, etc. ■ Nafoléon. b
13.
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374 MAimsKirr ancBBacnojrKiL
'teFraoçais Quel est cet hofome? — UDBouTeansiMra
it méchant et enibiUewz , le principe de tons ta ■nnx , le dei-
tractew (te tout bien ; enfia , c'est lui composé de vices et de métk»-
cetfr, — Combien a-t-il de natures? — Deux : l'uae ditbdiqiie,
l'autre iabumaioc. — Combien y a-t-i! d'empereurs? — Il y en a un
en trois personnes Tauases. — Quelles eoot-elles? — PAipidéM,
Bfnrat et Godoï. — L'une est-elle pins méchante que TaotreT —
Non , mon révérend , puisqu'elles sont égales. — De qm' procède
Nifoléon T— De l'eafer et du péché. — Et Marat? — De MapeléaB.
— Et GodoîT — De fintrigue des deux autres. — Quels sont les
attribut» do prenùer ? — L'orgueil, la méchanceté et le despotisme,
-~- Et du secoDd 7 — La rapine , l'infamie et la cruai^. — Et du
tnisième? — La trahison , la débauche et l'ignoraBce. — Que sont
ka Français? — D'anciens chrétiens et de nouveaux hérétiques. —
Qui ka t ainsi perdus? — La rarusse philosophie et la déprHation
de leun mœurs. — A qum les Français serveot-ils à ce despote 7 —
Les uns 3 augmenter son orgueil , les autres serrent dTnstmments a
aoo iniquité , et le reste & esterminer le genre humain. — Ce régne
d1u*qnité9 doit-il tinte bientdt? — Suivant les sentiments des pbis
sages politiques, ittoucheàsa ruine. — D'où présageï-Tons cefaî—
Des dispositions de Botre sage mère patrie. — Qaelle est notre patrie?
— La réuaion ou l'assemblage d'un grand peuple r^i par us rvi ^
gouverné par les mêmes lois. — Nos intérêts sont-ih ceta Se tout Je
je peuple? — Oui, par l'obligation naturelle où nous nousttonvons
taos de nous protéger, de nous eatr'aider et de nous défendre réci-
proquement. — De quelle peine rEspag:not qui manque h ses justes
devoirs est-il passible? — Des peines infamantes , de la peine de
mort naturelle comme traître , et de celle de mort civile comme obii-
qvantavxtois. — Qu'appetez-vonsnortnatoreHe? — Laprmtioade
la vie. — Et mort civile ? — La perte de ses biens , et la privation des
avantages et des honneurs-que la patrie accorde à ses braves et géné-
reux citoyens. ■ — Qui est venu en Espagne? — L* seconde personne
d&Iatrinité endiablée. — Quels sont ses principaux offices? — Ceux
de tromper, voler, assassiner et opprimer. — Quelle doctrine nous
enstigne-t^e? — L'infidélité, la corruption des mœurs et l'irréli-
gion.— Qu'est-ce qui peut nous délivrer d'un tel envoyé? — L'union,
la constance et les armes. — Est-ce pécher qne de tuer des Français?
— Non, c'est au contraire bien mériter de la patrie, si, par ce
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PB l'ÈSTA^IB et DC POBTtlOftt. 3^3
mdyen , on ta déthre des initaltes, du tdI et des tnftipeties.-^^QellQ
doit £tre la polittqne et la conduite des Espagnols? — D'oEnerrer lea
maximes de Jésus-Christ et de rËvangile. —Quelles sont céRei de
notre adversaire. — Celles dé Moebiavel. —Sur quoi se (ondrat-
«IlesT — Sur l'égoïsrae et l'arnoor-propre. — Quel est leur but î — >
De rapporter tout A son avantage et au préjodice de ses semblables.
— Comment met-il ses principes en usage 7 — En présentant tes
crimes et les délits pour des vertus. -^ Quels moyens nos eoDeitals
ont-lis employés pour nous tromper î — La supercherie t la trahison ,
la bassesse et la perOdie. — Est-ce par de semblables moyens qu'on
peut obtenir une couronne qtû appartient k un autre? — Non , aa
contraire , ces tyrans se sont rendus i»dignes de notre condescm-
dance , et nous devons résister de toutes nos forcés h un roi qbl veut
commencer son règne par des moyens aussi Injastes et aussi abomt-
fiables. — Quel bonheur detons-nous chercher? -^ Géhil qu'Ifs ne
lieuvent nous donner. —^ Quel est-il ? — La sâreté de nos droH», le
Hbre exercice de notre sahite rdigSou , le rétaMissement d'un goO-
Tentement conforme aux mœurs actndles de l'tspagne «t à nos rela-
tkns avec l'Europe. — ' Mdntenuit nom n'aToas dooe pas ce gon-
Tememént? —91, mais désorganisé par l'nidotence iki autorités
npérleures qui nous ont gouvernés. — Qui doit le rétablir ? — VY&-
figae, h qui seule appartient ce droit etcturif, avec inhibition de
toof étranger. — Qui autorise ces droits, ces disporitions? — Fer-
dloand VII , que Dieu veuille rendre à notre amour qui sera éttimel,
Aidri-witrit. » Cette pieoseetardéDte prière* poar sauver la nationa-
lité espagnole , cette profession de foi patriotique était lue dans toutes
les églises , propagée dans tous les esprits ; les chants nationaux appe-
laient les souvenirs de la délivrance , l'époque de la prise de Cordoue
et de Grenade sur les Mores ; du biet> remontant pluS hatrt encore ,
les gardeun de chèvres , Ies Navarrais , racontaient comment ftirent
frappés dans la vallée de Roncevaux les preux de Charlemagne ;
Roland et son cousin Olivier firent en vain entendre le cor des bsh
failles ! « Et toi , Remard de Carpio , tu n'étais qu'un pastear de
Navarre, et pourtant tu brisas la fière armure des chevalierat »
Elles apparaissaient encore les armées de cheTsIiers au panache
rouge et flottant ; Bessîères s'avançait pour ouvrir les portes de Sladrid
Ji don Joseph-Napoléon. Les Français avaient quitté Burgos pour
' SstDte prière en effet, que celle qui ordonne et aaioriserasBusinatlII.,, {F.W.}
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276 HOOTEHEICT UISUSKECnOICHEL
marcher cootre U première armée du peuple insurgé réuni k Medini
de) fiio-Secco k quelques lieuea de Valladolid , la plaine aux lieiux
oliviers. Guesta et Blake commandaient l'armée espagnole composée
de vieux régiments wallons et des troupes de nouvelles levées ; les
walloDs se battirent bien et ne cédèrent qu'aux charges brillantes de
la cavalerie Laasalle. La bataille de Médina del Bio-Secco ouvrit la
route de Valladolid à Madrid. Quand Joseph franchit la puerta d'Aï-
cala, l'Ë^tagne était en complète insurrection. Dans la principauté
des Asturies , le drapeau fut levé le 2 mai , la Galice et ies province
de Santaoder formèrent leur junte à Oviedo, la ville des vieux chré-
tiens. Un simple moine souleva tous les paysans de la campagne de
Valence, si pleine de canaux, ouvrages des Mores: une junte prit Ifî
gouvernement de la province. A Carthagène, ii Guença, on poussa
le cri de haine contre les Français ; le royaume de Jaen fut envahi
par les paysans de la Sierra-Morena ; à Sévîlle une junte oeatnie
s'établit : dans chaque ville, dans chaque village des comités se for-
mèrent , comme en France , à l'époque de l'invasion de 1793 ; ion
José de Palafox , noble nom , prit le commandement de l'Aragon.
La guerre ainsi déclarée tumultueusement , la première hostilité fut
la capture immédiate de cinq vaisseaux de ligne, obligés de se rendre
à une insurrection éclatante dans le port de Cadix même ; la marine
de France souffrit ce grave échec. Tout fut armé, et les villes et les
citadelles, les couvents , les montagnes , et lorsque lord Byron par-
courut l'Espagne en poëte pèlerin , des piles de boulets élairail amon-
celées dans les défilés de la Sierra-Morena , et Cbilde-Harold trouva
Séville et Gadix, Sèrea cités, soulevées en armes contre l'empereur
des Gaules.
£o face de cette guerre haatainement déclarée, il faut voir main-
tenant quelles forcerpouvaient opposer les divisions françaises eatrèes
en Ëepague. Quel était leur personnel, leur moral , leur matérid
militaire? quelle espérance restait-il pour une conquête de la Pénin-
sule? L'armée d'invasion opérait en quatre corps ; k l'appel du 1" juin
le général Dupont compta 28,475 hommes; le maréchal Mon-
cey. 33,200 ; le général Duhesme , 12,495 ; enfin le maréchal Bes-
aièrcs avait réuni 20,975 hommes, l'armée formait donc un total
de 95,000 hommes bizarronent composés : on comptait »x batail-
lons polonais, huit régiments italiens, trois régiments suisses, la garde
de Paris, les fusiliers de la garde qui avaient débuté à Friedlaad, et
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DB L'BSPAGHB BT 00 POBTUtiAL. 277
le bataiUoD des marins. Toat le reste était composé de conscrits,
condaits par des ofDciera sortis récemment des écoles militaires et qui
n'avaient qu*une connaissance imparfaite de la guerre pratique. Le
maréchal Beasières tenait la grande route de Madrid k Vittoria par
Valladolîd ; le général Dupont s'avançait sur l'Andalousie par Tolède
cl la Sierra-IHorena ; Duhesme avait èi combattre dans la Catalogne
le peuple, et s'étendait vers l'Aragon; Moncey agissait dans leroyaume
de Valence soulevé. Gomme l'insurrection était partout, il fallait
disperser les années : b. vrai dire, elles n'étaient plus que des colonnes
mobiles , ruisseaux perdus dans un océan de peuple.
. Murât, resté malade & Madrid, avait laissé la direction du gouver-
nement politique et des troupes d'expédition au général Savary qui
arrivait au nom de l'empereur. Savary était une capacité bien limitée
pour des opérations d'une si grande importance. > D'après les ordres
venas de Madrid , le général Dupont opéra son mouvement sur
Tolède, pour débarrasser l'Andalousie des troupes insurgées; son
but était de se porter à marches forcées sur Cadix , par la Sierra-
iMorena : ce mouvement au midi de l'Espagne était une faute au
moment oîi le centre n'était pas encore délivré. L'année du général
Dupont comptait à peine un tiers de bonnes troupes, parmi des
masses de conscrits et d'étrangers ; sauf le batailloo des marins de la
garde , il lui était impossible de composer un corps de réserve capable
de donner un vigoureux coup de main dans une affaire sérieuse : rien
n'était plus pitoyable que les régiments provisoires formés à la h&te;
et avec eux des Suisses incertains, des Italiens, des Polonais , des
Aliemands.
Le général Dupont ne rencontra aucun obstacle jusqu'au pied de
la Sierra-Horena , au delà même des montagnes il ne vit que quel-
ques insurrections partielles qui interceptèrent plutôt sa marche
qu'elles ne purent l'arrêter. Dupont refoula devant lui ces masses
d'hommes ; les Espagnols furent culbutés jusqu'aux environs de Cor-
doue , où les flots de peuple et de soldats s'accrurent ; une bataille
s'engagea ; Gordoue , la merveilleuse ville des Mores , prise et reprise,
fut livrée au pillage des Français ; il s'y passa des horreurs : une
seagna plaintive se récite encore sur ce passage des Français à Cordoue,
et le chant des filles de Cadi:^ et de Séville rappelle les tristes funé-
railles de la veille de la Saint-Jean : une troupe disciplinée se défend
des excès , le mauvais soldat pille et dévaste ; on prit à Gordoue des
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!27ft MOOTRumrT nffîTBSBCnoinwL
yfeheases immenses ; les officiers cbergèretit leon fomnotia ; les géitê-
mut, contmeen Italie, ne respectèrent fil lea chftaaes saintes, ni lesU-
jousdesautefa.jamaisai-mfe n'avait présenta onemaaseanari conriilér»-
ble de f oui^ona; pins de six cents voitures pesamnient chargées saivaient
Tétat-major ; elles appelaient la sarveiltance de presque ane division.
Après la prise de Cordoue , finsarrection s'étendit ; les peaplcs se
levaient devant , derrière, par tous les flancs de l'armée française; \a
ordonnances étaient interceptées ; on ne pouvait avoir aucune nou-
velle de Madrid , et la guerre au couteau était proclamée Skia les
nÎDles et patriotiques harangues. Il faut se représenter Ift Sierra-
Morena an mois de Juin , lorsque les eaux du GuadsJqaivir boail-
hmnent comme un bain d'été ; puis cette armée d'ADemands, dit»-
liens, de Polonais, de conscrits , mourant de soif, avec trois odccs
de pain pour nUon chaque Jour. Les nouvelles de riusarrecfloo
^ient terribles ; l'ranemi était sans i^é ; en avùt trouvé des aides
de camp hachés en morceaux ; les malades, les blessés, étaient hnpi-
loyablement massacrés ; des officiers rMis à petit feu, if autres em-
palés ; qneHes atfi^ases nouvelles? le moral de Tannée était petdo.
Dupont n'avait plus avec hil les troupn de Friedland '. tes vigonreaz
«nfaots de la victoire restaient en Allema^^e ; son armét de conscritt
^it sans énergie ; il s'empressa de signaler à Madrid sa fatale porf-
Uou ; et comme 11 ne pouvait plus tenir Cordoae, il résolut de rereotr
sur Baylen et Andujar, afin de retrouver appui au pied de la Siern--
Horena. Les dépêches de Dupont parvinrent au général Snaff ; i
les reçut au moment oà , inquiet sur le sort de la capHate , il la fai-
Mit fortifier contre une irruption inévitable de toutes ces bandes qui
le cernaient comme d'un réseau de Ver r Monce; Ivi-mâme, «itooré
de guérillas et if années , opérait sa retraite de Valence. Sanrf pmi-
vait disposer d'une seule division , celte du génénrt Tedel , don i
Tolède ; les commonications entre Madrid et Boylen étobt interrom-
' pues , il fallait au plus vite les rétabKr en peTtuit une masse consi-
dérable de troupes sur la grande route de la Sierra-Morena pour em-
pêcher surtout que Dupont , attaqué de face par les Misées r^idlèra
du camp de Saint-Roch sous Gastoik», ne fût pressé sur ses flancs et
ses derrières par l'Insurrectiou : concentrer les masses sor Madrid ,
rappeler tous les corps détachés ; telles devaient être les manoeuvres
pour rétablir les communications.
Le général Savary n'osa prendre sur lui ce mouvement rétrograde ;
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DB l^tSUMim BT BIT POBTfMK. SfTS
ffapoléon n'tiniait pu qu'on recuMt denot rcwiemi, et cet ordre
eèt sauvé l'ariaée de Dupont. Une faale ea itralégie est i'wnit m
tons le» points des corps détachés uns lies de commooication , m
ipii change une année en coiounes mobilea. Savary us disposa qu« de
la dÎTision Vedel, en bataUteà Tolède ; cettedivisi(Hi,de4,000boinmeK
earÏTon , devait Uter sa marcbe pour apiHijer Dupont ; la chalear
était si forte, les privations si grandes, qu'dle aiqwrta de la mollessa
dans son moavnaeiit , taadis que Dupont avec ses régiments italieni,
suisses, si bizarrement composés, était obligé de tenir face aux
troupes rëguUàrcs du géaér&I Castaûos , deux fois plus nombreuses ,
et de soiUenir l'insurrection qui grondait violeate autour de lui. La
qnaatilé immcMe de four;goDs eoqilis à Cordoue et rc^rgeant dQ
IHlhge, emjMwcasBait les mouventeuts; la garde du butin emido;ait
une divisiok ; lesoffîciersy veiltaiestpbis qu'à leurs soldats, iwtuietai
déooiiragés , soua vingt-buit dt^rés de (Aalear.
Qni peut dire ce qu'une iii«irEectjoa.a d'eSJraTBnt pour une armée?
Quand le peuple gronde comme un ouragan , les stddals ff^iBseat
deranl loi; le géant a miUe bras, milk têtes» mille vois qui reten-
tiaieDt. Le général Dupont ne conserva pas la fermeté qu'il montrai!
grande à Friedbad ; sans arrêter sa retroite à Bayleo, il devait mettre
la Sierra-H oreoa entre lui et l'ennemi , et pour cela socriSer ses
bagages , ses fourgons, son or ; il. &llaîtaauver l'armée. Les généraux
Dt^iont, Tedel, devasent évacuer l'Andalousie pour atteindre le
point central , Madrid ; ou était toujours ita de faire une trouée ;
33,000 bommes ne doivent jamais mdtre bas les armes en rase coak-
po^te; il y eut donc faute, découragement p ou peufrétre un aenll-
mait plus sordide dans l'&me da général Dupont!
La KtuatiOD de l'armée était ^trayante ; n'avait^n pas à craiMÙlQ
qoelque chose de plus affreux qu'un né^ à travers k» murûlles ? Le
s^dat était réduit à trois ouces de pain par jour , on manquait d'eau ,
de viande , et à vingt Heues autour de ta campagne , les pays«is arméa
d'cacapette» faisaient uœ guerre à mort aux Françai». La faim et la
soif sont de terribles, advereaîres ; le général Dupont a écrit : « Qu'il
n'aurait pu se frayer un passage à travers la Sierra - Morena ; sea
instructions, d'ailIeuTs, ne l'autorisaient pas à cette retraite moins
qae sûre et sans subnstance ; l'ordre reçu de Madrid portait seulement
qu'il eât à se concentrer d'Andujar à Baylen pour surveiller et empê-
cher ]p soulèvement de la Manche. » On doit répondre au général
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280 HOVTBMBNT INSDaiECnONHEL
Dupont : a Qne lorsque le salut de l'armée tient à une démarche, [|
faut l'accomplir , même sans ordre et sans instruction. » Le général
Dupont pouvait-il douter de l'approche de Castafios et des troopesda
camp de Saint-Roch , et devait-il les attendre? Elles parurent bienlAt
ces troupes ; l'attaque fut rapide , les Espagnols passèrent le Guadal-
quivîr, les bataillons français de l'avant-garde du général Vedel furent
rejetés sur la Caroline; cet officier eut au moins l'instinct de garder
les communications avec Madrid. Toute la tactique devait se concen-
trer dans cette pensée.
C'était le 17 juillet ; sous le soleil de l'Andalousie , partout la ctni-
pagne desséchée , les rochers de la Sierra-Morena roogeâtres et
dépouillés de verdure ; le camp de Dupont offrait une co&fusion de
mille langues; on y parlait polonais, allemand, italien et fraocaii,
sorte de Babel armée : des masses de fourgons entouraient le camp;
les officiers y veillaient attentifs ; le général s'en inquiétait beancoop.
A chaque moment des combats à outrance ; Bayleo fut le tbéitre
d'une bataille régulière; les Espagnols se firent hacher jusqu'i la
mort ; il y eut encore parmi les Français des traits de bravoure admi-
rables ; partout se manifestait un grand découragement et presque
de l'insubordination. Le cœur commençait à manquer à toute celle
année ; que faire , au milieu de cette nuée de guérillas I la désertioa
se mettait parmi les régiments étrangers ; les Suisses passèrent ani
Espagnols et reprirent leur rang dans la brigade Bedding. La uuit do
18 juillet fut terrible , et après une longue délibération prise dans le
conseil de l'armée , il fut arrêté qu'on entrerait en pourparlers r^-
liers avec le général Castaiîos. Ces pourparlers eurent une origioe
singulière; les instructions secrètes du général Dupont portaient-'
« Qu'il eût À détacher autant que possible les troupes espagnoles pour
les amener au serment à don Josepli-Napoléon. » A cet effet, il de\>it
s'entendre avec les capitaines généraux, et Castaûos était complu
parmi les plus anciens et les plus sûrs * . Une correspondance com-
mença donc entre les généraux français et les ofBciers insurgés; «t
une circonstance qui n'est pas assez remarquée , c'est que Castanos
n'était pas entièrraneut éloigné d'une soumission à Joseph. II fu'
entraîné par l'insurrection ; et qui pouvait y rester?
Castaiîos suivait l'impulsion nationale ; il devait capituler avec
Joseph et il obtint la capitulation de Dupont ; changement étrange de
■ La ginirtl Daponl aTail encore ces instniciioiu eut Cistuioe en ocigiMli
îdbyGoOgIc
DB L'BSPAGNB ET DC PORT1I6JU,. 881
fortune I Pir une circonstance curieuse, il se trouvait dans le camp
deux officiers qui ponvaient juger et apprécier la nécessité de la
capitulation ; le premier était Marescot, général du génie d*UQe
grande science, et revêtu de la confiance de l'empereur ; il avait eu
l'occaûon d'être en rapport avec le général Castaiios lors de la cam-
pagne de Dugommier en 1793. et après la paix, Marescot put dcHiner
au général espagnol les témoignages d'une haute estime. Avec le
général Marescot, se trouvait également un otQcier d'ordonnance de
l'empereur, M. de Villontray, et comme rien ne se faisait alors que
sous les auspices de la majesté impériale, le général Dupont crut
essentiel de donner à la capitulation * l'assentiment de ces deux offi-
' Le leite exact de la eapiiulallonde Bajlmest peiieannu*; il est éctEtcD fr«D-
çaiî. On remarquera avec un sourire de pillé que dios celle capiiulalion , aucun des
litres du général Dupont n'est oublié.
« Leun eicellences le comte do Cas*-Till; et le général Casiaaos , commaDdant
«a clief l'armée d'Espagne en Andalousie , Touiant donner une preuve de leur liauia
eetime i S. E. H. le général Dupont, grand aigle de la Légion d'honneur, commaa-
dont en chef le corps d'obserTaiion de la Gironde, ainsi qu'A l'armée sous ses ordres,
pour la belle et glorieuse défense qu'ils ont faite contre une armée infiniment supé-
rieure en nombre et qui l'enTeloppait de toutes pans, sur la demande de H. le géDé*
ralCIiabert, commandant de le Légion d'honneur, et cbargé de* pleins pouToirs de
S. E. le général en chef de l'armée française, en présence de S. E. U. le général Ha»
reccot, grand aigle de la Légion d'honneur et premier inspecteur du génie, sont
convenus des articles sulvanu :
B Arijclc t". Les troupes françaises sous lesordresdeS.E. H. le général DnpoDt
sont prisonnières de guerre, la dirision Vedel eiceptée.
> Art. 2. La diTJsion de H. le général Vedel et les autres troupes qui ne sont pas
dans la portion de celles comprises dans l'art. !•', évacueront l'Andalousie.
B Les troupes comprises dans l'arUcle précédent conserveront généralement tous
leurs bagages , et, pour ériter tout sujet de trouble pendant la marche, elles remet-
tront leur ariillerie, Irain et autres armes ji l'armée espagnole, qui s'engage à les leur
rendre au moment de l'embarquement.
. a Art. 4. Les troupes comprises dans l'article 1" du traité, sortiront de leur camp
avec les honneurs de la guerre, chaque balailion ayant deux csnons en tête, les sol-
dats armés de leurs fusils, 'qui seront déposés k quatre cents toises du camp.
D Art. S. Les troupes de H. le général Tedel «antres, ne devant pas déposer les
armes, les placeront en faisceaux snr leur front de bandiérc; elles j laisseront aussi
leur artillerie et leur train; il en sera dressé procès-verbal par desofflcien des deux
années, et le tout leur sera remis ainsi qu'il est contenu dans l'article 3.
» Art. 6. Toutes les troupes françaises en Andalousie s« rendront t San-Luctr et
i Bail psr journées d'étape, qui ne pourrimt excéder quatre lieues de poste, stm
■ Elle u'niBiilbcgniucmenlqHtnpIikiiriHiiiM. — Elle M (ivan ciitn «Dira >ui fvttin*
.t CfxjWtH, I. XVlIt, p. IG0-10«, Iniiil i|ai! l'iuleiir ■, il «t ini, qulifij ât umm eoni-
UTM» i uuii icli D-cmpJdw point ■. Clpcfisn d'; paiw. [V. VI.)
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«82 MOVrKUVST INSmBBCriOXNKL
df n de confiance en lear faisant juger sa propre bastion ; ils forent
chai^ de n^ocier auprès du général Castaftos. On ne parla pas
d'abord d'une capiUilation, mais seulement d'une convenUon parfi-
calière, dans laquelle il serait convenu : que le général Caatofios
tablerait le Kbre passage par l'Andaloasie aux troopes fFtoçaiaes,
ktMJouranécesMirM, pour être embarquées sur des vtlBseaui «Tecéqaip^[«se^ia-
fnoU, et trvnportfes en Prsnre ta pan de Rocfaerort.
> Art.T.Lei troupe* SnacaltM mnin. eKb«rfat«Hla«1carHTivée, «i l'année
ftg— h ■snwe leur travcnte conure Uwie npMiiioB liMUle.
■ Art.8.Mll.ltsofliciersginéraui,Mipérieiirsctiutre*,MnserTerMitleuis«nBe!,
«t le* uUais leurs s«cs.
■ An. 9. Les k>gea««t«, Tims et fonnrn pendcM la lanAt et U travenée
MroDt (burnia i UH. les officiers génénu i et autres ay lois droit, ainsi qu'i la troupe,
4aM b propOTiian de leur grade, M mu le pkd dea Uvupeeufigaalee en UmpE dr
fMTN.
■ Art. 10. Les chcTaui de HM. les officiers géatrau», Mpérieurs et d'êtat-majar.
4iBa la pTOporiioa de >etiT grade, «traat IraafMite «■ France, al noorria sor le pied
defoerre.
• Art. 11. HM. ha oOcicn généiaut coasarreroal cfaaeaa aue Toitwe et «a
borgoB ; MM. lea oflciers supMeurs et d'état-major ue raiture aentemeat, saas
Mnaaumiak BMcna eianien.
» AH. IS. Soal eieepties de l'artieta prk^éeni ha To4i«na friMS ea Andrioa^
M dont l'euBiea een Tait pae H. le géaént ChafctH.
■ An.lS.PoatéTlter ladiBcaltéd'M»hanp«leiebetiaid«ac«>rps4eeaTdoie
« d'artWcrie ccwfris dans l'artkle 1, leadits ebenat stroat Msaés en Esp^ae
d'après resilmaiioD de deux cominiSMÎres français et eapagaala^ et acqaiuéa pu k
«omiBiasaiR espagnol.
■ An. 14. Les blessés et lea naïades de l'arméa fraacalaa Wséa àm» les bApiiaat
«roM mité* avec le plna graad aoia <t seloat Iramponés en Fraan sous boone et
aflre escorte, auaaiUilewgaMaoD.
« Art. IS. Connue dans plniJean mdraita , n HotaHraeM i l'aataai de Cardoac,
plmlears soldats, «Mlgté lea ordres de MHi les ofiefera généraai et la seios de
MM. les offiners, se sont portés à dea eicie qui soat nne saile iaétMrtle da rilln
prises d'as&sut , MM. les offlders généraux et aatras aflciers prcndroal lonles les
me^nres nécessalrca pour déectaTTir le* lasaa aacrte qui peaveat aveir été eolnés,
et les rendre s'ils csistent.
■ Art. U. Tons lea e(npl«7ée eirils alUebés i l'armée fraataiae se aont pas conEi-
dériacoBitDe prisonaiers de guerre, etjoulraatcepeadaat, durant lear tran^torlca
ïrance. de tous les aTantagea de la Uoupe, dans la praportien de leur grade.
• Art. 17. Les troupes françeises connaenceront i éTSCuer l'Andalcmsie k S3 jail-
let k quatre beures du matin; piMir éviter la grande ehakar, la aiarehe des troupes
a'eScetueta de nuit, et se confiwniera aui jouruéea d'étapes qal aèrent réglées par
MM. lea aflciers d'éui ■liar buafêia et espagnols, «a «riunt le paasaga dea tîHm
île Cordoue et de Séville.
a Art.ao.LaprésentecepilnlationsenponéedesnlteiS.E.H.IedacdeBOTïgc,
«vmmandantencbef les troupes frantafses en Espagne, par un officier français qui
devra être escorté par des troupa de Ugne espagnoles.
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DU t'BSPAGire ET DC POttTtTGAI.. 283
s'eagageant h évacuer la province comree on quittait une ville, une
place forte, avec les honneurs de la guerre.
Deax àrconstances changèrent la tendance particulière de cetl6
n^jocîBtiOD ; la défection d'dtord des régiments misses, qui vinrent
grosir les nuigs de Gastaffos ; puis l'influence des Anglais attisant
dor» l'insurrection dans toutes tes parties de l'Espagne. Le général
Castres ne fut plus raattre des fails et de k transaction, les insurgés
ne Toulaient pas que Farmée Mnçaise en fût quitte à si bon marché ;
oo SBTaK combien elle était démoralisée, pourquoi ne point en pro-
6ler ? Après des difflcuttés inouïeï, la fatale capitulation de Baylen fut
signée ; Cifitafios eût accordé de plus larges conditions, mais les
insurgés le dominaient sans lui Insser la liberté d'être généreux. La
capitulation portait un préambule très-solennd, an milieu des cir>
con^nces si tristement choisies : « Le général comte de Cassa-Tilly
et le général Castanos, commandant en dief l'armée d'Espagne en
Andslousie, donnaient une preuve de lenr haute estime au général
Dupont, grand aigle de la Légion d'honneur [lorsque l'aigle était d
abaissée, pourquoi étaler FaigleT) pour la belle et glorieuse défenie
que l'année et lui avaient faite contre nneormée infiniment supérieurfi
ÀriMt* ntpplinuttlaim,
» Art. 1*. n s«Ti tttvni deui cliarretiss p» bitiilloD pour urrir lu transport
dM iffels *t HBI. les offlclars.
k ÀiU % MM. lu offlcien de caTtlerie umHmronl kun ebenm pom !■ rooM
HeiiJeineDl,et lesUisscroati Bou, lieu d'embarquement, au coimnissalre espagnol,
ijiri sera chargé de les recevoir : la gebdarmerie fonnaot la garde de 8. E. M. lo
gjMni ftapOMt jouira de b mtnie bcullé.
. B Art. 3. Lee naïades qui aoai dans la Uancke, ainsi que ceux qnipoomient n
irvurer en Andalousie, seroni conduits dans les hûpiuux d'Andujar eiauircs qui
païahronlpluscoDïeaBblesà la convalescence ; à mesure de guérison, ils seront con-
duits t Beta, eft ils seront embarqua pour Jtre transpartés ta Fiance sous la même
liaaMiiiiiiainii fn dans i'attide 14 de la eapUnlailen.
> Alt. 4, Leurs eieellences M. le comte de Till]' et M. le ginéral Caatanoa , com-
mandant en chef l'armée d'Espagne en Andalousie, promettent d'employer leura
bons ollces pour que H. le général Eicdmans, H. le colonel Lagrauge et U. le Ueu^i
tmat-colMiel Koattii, prisoraien de gwire à TalMce, soieni mis en Kberti h
tiBB^rtés «n Ftaoce sous la nèmaianBtMBeiilioBDéedaa* l'article pcécédcM,
a FabàAnduJBT.IeSajailletlSOS.
a Signi ; le comte na TiixT ; le général Caitànos , eomnuméant M
c)t«/l'onnted'£fi?sjiia*nJiHl«Ioujie;le général Uauscot,
eomma témoin, ei le général Cbaibmt, ehargi d* pl«M«
I
,db, Google
26k HOnVBHBNT INSOBBECTtONREL
en nombre et qui l'enveloppait de toutes parts. Cette ca^tolatitHi
était coDclae, disait-on, sur la demande du général Ghabert et en
présence du général Marescot. On y stipulait que foutes les troopej
sous les ordres de S. Ë. léguerai Dupont (aucun titre n'était oublié)
seraient prisonnières de guerre, la division Vedel exceptée ; c^e-d
devait évacuer l'Andalousie ; on devait remettre momMitanémtitlIa
amies et l'artillerie aux Espagnols qui devaient les rendre au montent
où les Français seraient embarqués à San-Lucar et & la Rota pour se
rendre au port de Rochefort ; les ofHciers conservaient leurs épées,
les soldats leurs sacs ; de plus, les officiers généraux gardaient une
voiture et un fourgon, les officiers supérieurs la.voiture seulement,
sans examen (remarquez bien, une voiture ou un fourgon). Les
chevaux d'artillerie, laissés jt l'Espagne, seraient payés d'après l'esti-
mation ; puis on rendrait les vases sacrés pris è Cordoue [on aroaiit
ce vol) ; les commissaires espagnols pourvoiraient è tout ce qui était
nécessaire pendant la route, et la convention serait immédiatement
envoyée k l'a[^robatîon du général Savary. »
Ainsi fut le texte réel de la convention de Baylen ou d'Andnjir
jusqu'ici mal connu ; eu examinant ces clames écrites, on voit qu'elles
diffèrent peu des conditions stipulées dans la plupart des capitulations
militaires ; elle était calquée sur le modèle du traité conclu pour l'éra-
Guation de l'Egypte , ou de Malte ; elle ne se distinguait que par les
réserves sur les fourgons et les bagages. Que stipulait-on, en effet,
dans cette convention de Baylen : • Que l'armée serait transportée
en France; on lui rendait ses armes au lieu de l'embarquement, elle
évacuait l'Andalousie, mais par mer; on ne voulait pas qn'dle pât
combattre de nouveau contre les Espagnols; on se servit de l'expres-
sion de prisonniers de guerre , afin de placer l'armée française soos la
IHï>tectioo du droit des gens , à travers les guérillas insurgés; à Cadix
on convenait de la transporter en France ; là elle serait libre siiB
pouvoir combattre l'Espagne. Seulement des articles déplorables
constataient l'esprit dé ce traité ; et, par exemple, on stipulait qoelt*
foutions ne snaîent pas visités par les Espagnols; n'était-ce pas U une
trop grande préoccupation du général Dupont et de son état-major?
Chacun emportait son butin , lorsque plus d'un olBcier perdait sou
honneur.
La faute des négodateurs fut de croire que la convention serait
exécutée ; il y eut de la part des généraux une ignorance complète
DiclzedbyGoOglC
DE LBSPaGKB BT du PORTUGAL. 285
des caractères d'une insurrection , mouvement tumultueux qui ne
respecte rien : comment croire que les habitants de Gordoue , pillé»
à quelques jours de distance, laisseraient passer une année prisonnière
et chargée de leurs dépouilles? Comment croire qu'une armée qui
venait de commettre des eicès serait protégée par les Espagnols , si
portés eux.'mèmes aux eiicès? Quand le cheval tratne ses entrailles
béantes dans l'arène , lorsque le toréador est brisé par la corne du
taureau vaillant, l'Espagnol applaudit; il n'épargne pas les vaincus.
Pouvait-oo s'autoriser de l'exemple de l'évacuation d'Egypte? le
général Mraou négociait avec un pouvoir régulier; il donnait sa
parole aux Anglais et la recevait d'eux ; c'était une convention de
guerre. Rien de semblable dans la capitulation conclue par le g^iéral
Dupont ; c'était un acte signé sans doute par le général Castaîios, chef
des forces militaires ; mais le général était-il maître du peuple? S'il
commandait la guerre au canon , au fusil, la guerre au couteau était
en dehors de lui.
La convention de Baylen ne fut pas exécutée par les insurgés ' ; ils
■ Quand le génénl Dupont récUmB l' exécution du Inilé à Ctdii, le gouverneur
lui écrivit la leltic suivante :
■ Cadix, le 10 aoûl IMS.
■ HoDiieuT le général Dupont,
» Ni la capitulation , ni l'approbation de la junte, ni un ordre exprès de notre (ou-
Y«raln cbéri, ne peuvent rendre possible ce qui ne l'est pas; il a'; a point de bili-
meols, ni de moyens de s'en procurer pour le transport de votre armée. Quelle plus
grande preuve que celle de retenir ici iriit-dispendieusunent les prisonniers, pour
n'avoir point de quoi les tranaporter sur d'autres points bon du continent.
• Lorsque le général Caslanos promit d'obtenir des Anglais des passe-ports pour
le passage de votre armée, il ne put s'obliger à autre cbose qu't les demander av<!i-
instance, et c'est ce qu'il a fait. Hais conunenl V. E. peut-elle croire que la nation
britanaiqueaccédetait ils laisser passer, certaine qu'elle allait lui faire la guerre sur
un aulre point, ou peut-être sur le mémo.
B Le raracière national ne permet d'en user avec les Franfais que d'après celte
loi, et non d'après celle des représailles. V.E. m'oblige de lui «primer des vérités
qui duiicnt lui être amères. Quel droit a-t-elle d'exiger l'eLécution impossible d'une
ropitulalioii avec une armée qui est entrée en Espagne sous le voile de l'all'iancc
intime et de l'union, qui a emprisonné notre roi et sa bmille royale, saccagé ses
palai:^, assassiné et volé ses sujets *, détruit ses campagnes et arraché sa couronneT
* Morli.ii arrogint cnicn la Mld^Uile Dupmt pM« qn'ila luH'iil l'on d'£Ut da diUior
K fat gmtn violé comine cdic do bsjlm, do ec
reijuHj ^i. Capcfiguc lie dilpoiul, parce que celo regarde b Fnncen
jc [ijilc atioie juids Heila lertile li ujiUnlitioii de Midrid. — Il
D,t„db, Google
ZBS MOUVEMENT INSOEBECTHUlIia.
n'eurent aucun respect des priaonDÏefs , insultés, frappés , pcndut It
route sur les bords du Guadalquivir ; «i les dirige«il snr Sao-Lnctret
la Rota ; (|iMi lameatable spectacle qae ces masses de soldats fcantak,
pAles» l'œil morne, le front bumilié, traversant )a nuit les ntlages de
l'AndakHiûe, depuis Bayleu jusqu'à Cadix ! te peuple les arracfai loi
•oldato de Caslaôos ; il fallait les emltarquer, et les Anglais laisseraienl-
lll passer en France une maase aussi considérable de troupes sans s'en
emparer, comme d'une bonne prise? Si une flotte espagnole les tni»
portait eo France, rAiq;leterre les attaquerait de vive force; seeon
général anglais n'était intervenu dans la convention, il n'avait lieo i
respecter; l'amiral anglais considérerait les Français commeprisoBnien
de guerre. Je le répète : la haine des habitants de Cordoae, la colère
des juntes , ne permirent pas l'exécution de la convention ; lorsque le
général Dupont en demanda Fexécntion à Cadix, on lui répondit , en
K raillant , « qu'il n'y avait pas de bètimeuts pour le transport de toi»
ces hommes ; n celte armée llétrie de douleur et de boute, eut dès loffi
les pontons pour patrie.
Ainsi disparut la division Dupont. Pourtant le général en chef était
un brave de In vieille armée, et sa conduite était sans excniel ï
aurait-il dans les événements malheureux un décourogeraent quiaffffl-
blit les âmes les mieux trempées, celle de Marescot même î Qu'on se
représente ces divisions de conscrits, poursuivis, harassés par des gué-
rillas intrépides ; rien ne terrifie l'armée comme une guerre à coup*
de faux, c'est une lèpre qu'elle a sur le corps. Puis quand les soldats
meurent de faim, sans l'espoir d'être secourus, sous les feux da s^.
trempés de sueur, quel d^espoir ne saisit pas les ftnies I un loomnl
de faiblesse arrive ; ils ont le fol espoir d'être transportés, avec annes
et bagages, en France ; et ce fut la iȎoccupatioD de ces soldab qai
n'en pouvaient plus sous leurs souffrances. La pensée qui ifieta l»
convention de Bayleo, j'ose le croire, fut plutAt faiblesse que trahison,
ftl V. E. ne veut s'attribuer de pins ta plus la juste IndigoalioD its peupleqMJr
IravaUla tant i riprimcr, qu'elle ceaat de leioblables et d'aussi iolalénbles iMt-
inatioDS, et qu'elle cherche, par sa ccnduiLe et as résigualioD, i affaiblir Lavivcsen-
Ullon des horreurs qu'elle a commises récemment k Cordoue. Quel giimuluil f^
ià popokce de saTojr qu'un wal saldai était porteur d« a,tM liv- lournols)
> SigtU ! itomLk.
■ XÎMtfMMM général joHtmtuwr d( CWts. •
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DE L ESPAGNE ET DD POBTDGAL. 28!7
découragement que perfidie : des conscrits ne valent pas les vieux
prétoriens; l'armée d'Espagne ne comptsit pas 5,000 vétérans des
vieilles années. Hélas 1 j'ai besoin de chercher des molifs et des e]icuges
à la fatale conduite d'un général si glorieusement sabré à la bataille
de Friedland.
Dupont a capitulé ! Ce bruit retentit comme ta voix de la délivrance
parmi les £q>agiiols. Oo apprit cette triste nouvelle à Madrid où
Joseph venait & peine d'arriver ; 22,000 hommes captifs laissaient
une vaste trouée aux insurrections de l'Andalousie, de la Manche et
de la Vieille-Castille. Le général Savary cherchait en vais & fortifier
Madrid avec des palissades; en supposant la disposition pleine et
euUère du corps de Bessières, le seul solide dans toute cette campagne
et composé de vieilles et bonnes troupes, 20,000 hommes étaient-ils
suJBsants pour donner la main à Moncey refoulé du royaume de
Valence, et à Duhesrae dans la Catalogne, aux prises avec les moo-
tagnards et les vaillants miquelets? La position de don Joseph-Napo-
léon était ainsi menacée à Madrid ; déjà le conseil de Castille mettait
de l'hésitation dans le serment ; les hommes qui, sous l'influence do
la force militaire, avaient suivi la fortune de Joseph, revenaient k
leur roi légitime, Fernand VII, le prince chéri du peuple ; le général
Savary avoua qu'il n'avait pas les moyens de défendre Madrid, une
fois la ligne d'opération débordée ; la terreur augmenta ; il n'était
plus possible de protéger la ville et tes provinces méridionales de
l'Espagne; nulle sécurité pour les Français s'ils ne jetaient un
immense espace entre eux et l'insuiTCCtion. La résolution fut prise
de se retirer sur l'^re ; le soii rien ne fut dit : on donna des ordres
pour que le départ se ftt dans la nuit, et le cortège royal se déploya
silencieusement dans te Frado. L'armée abandonna successivement
Madrid, les Castilies, Burgos, pour placer le siège du gouvernement
dans VIttoria; Vittoria, c'était presque la France, on touchait la
fh)ntière; des renforts pouvaient venir en quelques journées de
marche : on préviendrait Napoléon par des dépêches immédiates; de
nouvelles arméef seraient dirigées sur la Péninsule, il fallait dompter
fEspsgne par de grandes forces. La retraite se fit avec ordre, le corps
de Bes^ères, troupe solide, protégea le monvemeat rétrograde de la
cour de don Joseph ; cour, hélas ! bien amoindrie, car la plupart des
grands, fortement poussés par le peuple, avaient adopté la cause
nationale ; la majorité resta fidèle à la patrie, un petit nombre suivit
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&8S VOOTBHBIfT IKSHBBBCnOiraEL
le frère de Napoléon ; ils furent désormais désignés bous le nnn de
jotephinos, titre odieui qui devint pour les Gastillans comme lésina-
Dyme de trahison et d'infamie. La cour de Joseph fut reportée i
trente lieues des frontières de France.
Le mouvement rétrograde des Français sur l'Ëbre ne rendait phi!
tenable la position déjà si dilBcile de Junot dans le Portugal ; la dàuh
ralisation de son armée avait été remarquée et ses soldats arrivikot
à Lisbonne bande par bande, homme par homme, à pdne t^
JuDOt, aidé des généraux Travot, Delaborde, Loison et KellerniiDD,
avait réoi^anisé arec une fermeté remarquable toutes les parties de
l'administration militaire et civile ; on doit rendre justice à ces géné-
raux ; ce fut une sorte de phénomène qu'un corps de 24,000 hommei
qui dompte tout un peuple, et avec cela il fallait exécuter les ordres
impératifs de Napoléon *, lever des contributions, frapper lesdlvers
États : l'esprit de l'insurrection espagnole avait franchi les frontière);
les sympathies étaient les mêmes, l'amour du pays brûlait lei In».
et les guérillas s'organisaient dans toutes les parties du Portapt.
Junot ne trouvait que mollesse et inaction, mauvais vouloir parmi
les autorités portugaises ; il avait demandé l'appui des équipa^ ^
' En Toici un exemple dans ce décret :
« NtpoléoD, elc.
> 1. H sera imposé sm le Porlu^ uoe eonlribution de gncnv dg 100 millinsdt
pesatas (SDO milliops de A'ancsJ, laquelle sera lerée sur toutes Its propriété ri do-
naiDcs apptTtFDant nui particuliers.
■ 2.Legénéral en cberdenotTeeriDée répaiUra ceil« contiibutiaapirpni'iBW
et ville, selon les racultés de chacune.
■ 3. Tous 1(8 biens appartensnll la reine de Portugal, au prince réfeai H •">*>
les princes apanages, scroat mis sous le séquestre ; seront cgalemeot wqatsirH 1»
biens de tous les grands du royaume qui ont accompagné le priuce dans sa fiâX. ^
moins qu'ils ne soient de retour en Portugal avant le IS février prorbain.
■ Ff APOLSON. •
■ Tous les bieos tant mobiliers qu'immobiliers, de quelque qualité qu'ils iomi'
qui oppar Lien lient t des individus sujets du roi d'Angleterre, el qui se irtHita' "
Portugal, doivent être confisqués. Toutes les marchandises anglaises de qnciqn^
nature qu'elles soient , doivent dire confisquées. Il Mt eipressèment ordmiM i
chaque individu, de quelque rang qu'il soit, de remettre dans l'espace de tnils]*"!^
au bureau de M. de Goj, tous les objets et marchandises qui apparLicDatal i«^
sujets anglais. Dans l'inléticur du Portugal, ces objets doivent Cire reniis su luiin
du lieu. Quiconque n'aura pas cïncirmcnt délivré les objets qui sont entre s«
mains, payera le diiiéme de la valeur des objets qui seront trouvés ch» lui, cl sOT
de plus puni corporellement. L'administra leut général des Gnauccs et ic l'on^il*"
régence sont cbar^ de l'eiécutiou de la présente ordoonurc.
■ SigM : iBsn- •
DiclzedbyGoOglC
DB LBSPA6NB >T DO POBTUGAL. 299^
l'amiral russe Siniavin, qui pouvait disposer de 3,000 matelots et
tourner ses canons sur la ville; en vain lunot invoqua l'alliance de
Tilsitt, et quoique l'amiral Siniavin se moutrAt très^mpressé en
dévoaement, il témoigna néanmoins l'impossibilité de seconder le
général ionot, n'ayant pas d'instructions précises de son gourerne-
ment sur le but de sa mission en Portugal ; sa flotte resta pavoisée au
port de Lisbonne dans une sorte de neutralité.
L'énergie des troupes françaises aurait peut-être servi k réprimer
les guérillas, et ces 21,000 hommes sous Junot auraient fait des
miracles ; mais on apprit alors qu'une année anglaise était débarquée
h Porto et dans l'embouchure du Tage ; sur quel point allait-elle
opérer ? Dès le printemps de 1808 des forces considérables s'étaient
réunies à Coiï, l'Europe en igDoraitencore la destination : lordCastle-
rcagh eu avait fait un mystère ; le bruit courait qu'elles seraient
dirigées vm les colonies espagnoles, lorsque sir Arthur Wellesley
reçut, le 14 juin, un ordre du duc d'York, commandant en chef
l'armée britannique ' , pour lui annoncer qu'il eût à prendre le com-
mandement d'un corps d'armée destiné pour le Portugal.
' Tolei l'ordre du due de Wellington :
Bii foyal hi^n*$$ A« tommander tn eMi^ (o (fmx.-jMtral A* ho», tir
À. WMtiU]/. S. B.
a Horae-Guards, 141b June, 1808.
« Sir, Us majeMy baving beca gnciouslj picaaed lo appoint you lo Ibe com-
mind «radeitthment ofhis armf, to be emplojed upon a pulicular Bervf ce, 1 havp
tu it^n ihtt joa wUI be pleised lo take tbe earlîest opponuoîlj M assume Ihft
commaud of bis force, and carrj inio effecl sucb inilruciions ts jou Biaj ^ecei^(t
from bis majestj's mlniBien.
B Aad tbe slaff eppoinitd lo Ibis force is composed as rollowB ; major^enerst
^Dcer, major-geneTal Hitl, m^or-general Ferguscn, brigadier-général NightingBll.
brigadier-geoeralFaDe, brigadier-geDeralCallinCrauturd.
■ On «Il subjccts relating lo jour commsnd you -will be plessed lo correspond
«ïlh me, and y ou will regulariy communicaie to me ail military tnnsaclions.
• His majeslj bas furtber beeo pleascd lu direct, Ihat lieutenaDt-^oeral sir Hew
DalrjnipleBiiklIhaTetberhiefcoinmandtheTeof, aDdlhatlieuteDint-geiieralEiiHirrj
Burrardbe second io commaDd, wben ihestsETarariDj will coasist as fallows, TÏi :
■ Lieulenanl-generBl sir Hew Dalrrinple, commander of tbe forces.
> Lieulenent-geoeral sir Harry Burrard, second In command.
■ Lieutenanls-generals sir John Uoorc, tbe Hon. John Hope, Hackeotie Fraser,
lord Fsget, sir Aribur Wclleslej.
B Hsjors-generals J. Murray, lord W. Beniiock. Hon. Edward Pagel, Spencer,
Hiil, Ferguson.
a Biigadiers-gentrals Àcland , Nightingall, R. Stewtrt, tbe Hon. C. Slewart^
H. Fane, H. Ansinittaer, Callin &aufurd.
Tiu. 14
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£30 HOUVEUENT IKSUKaKCIlONNEL
Le Portugal, le Portugal ! tel fut le iew de toutes les dépèdiee;
lîr Arthur Wellesley, qui veoait d'être promu au grade de Ueutenaat
général à son retour de rexpéditioa de Copeabague, devait aTojr cous
ges ordres les majors généraux Siteucer, HiU, feiguson. Ce corys
d'arioée, composé de quiniw batailloiiB avec quelques escadren» de
cavalerie et d'artillerie, défait «e r&uûr i ue autre corjs (wti de
Gibraltar sous le commaademeot du gboéniBm Didrynapte, ^kkt-
war de l'inpéoétrable fort^reiie, et qui preout le comawaéement
en chef par ascienueté de grade ; lea forces qui B'endmrquaiaat son
Ifll tvdraB d« m Artbur WeUede^ s'élevaieut k 9,500 homMua qui,
joîals wix corps de sir Jobn Moore et du major général ^paocer,
réuDto eu Wltre au reofort de sir Hew DEdrymide et à la réserve de
Stevart, ikortaieut l'année aogliiie, destiaéei agir dans le Portugal,
de 35 i 40,000 hommes.
Ifi 13 juJUet, un débarqaement des troupes hritaooiqMG eut lieu
k Oporto, «t sir Arthur Welksley eu donna sm au vicomte CaaUe-
resgb. socréUtre d'État de la guerre *. Au commeocemeat d'aoAt,
B Brigadier-général B. ClinloD, kl tood guards, acting adjudant-genoal.
g Lieuicnant-coloiiel Murray , 3d Toot gutrds, acting quarter master gCDeral.
s Bt. )i«Vt«Blnl-col(itiel Torrens, MHh Toot, nilltary stcrettry.
■ His majest; has furLher been pleaied to comniaiid that Qie follawiiig sboald bt
theoalUoeof the disloealion of Uie Iroo)^, subjeci to Uie discrétion oftittgaetû
eommandiDg.
> The reserve, under the eommand of linileniiit-geiieTal dr John Hoore aod
majoT'gmeral ibe Bon. Edirard Peget. ■
' Ceii à tord Casdereagh que sir AtUiut Wifiester ■nnoDC* It eMmoiion
de Cintra.
■ Mjdear Lord,BeonTentlon, signedbygeaeralKettermuHiaiidcoloDdHiuraî.
Ibr ibe waeiMtioD o( Ponugri b j the Trenefa troopa, v*3 brought hcre jeaterdaf
tnorning ; but it wasnotratified bj the gênerai, ia coBi«qaeaee of bis flodlngsone
butt wlthit. It wasiltered, butnoiasllhougblasiioagfai to bave beea, and «as
Ktuned tofunotyesierdayaflemoon. Id the »««□ tlma, thearmjhasfariieiiaits
positioD ; irlth the oaly différence that we havc a coips in Torres Tedra, inatnd ot
thre» mika fro» that toiro. In tèort, in den daya ifler On acLion of the 21«t, «r
■reiwt &rther adTSnced; or, indeed, asf beliere, so fkr adranced asweihaïkL
ought to hâve been on the night of Ae Hat.
u I assure you, m; dear lord, natters are not prospering hen; and I tM a
eameat désire to quk Ae arniT. I hare been 1«o successful vith Ais ann? cier le
terra irlth it in a subordinate situation ,witb sttlsbctian to (beperwn vho shalt
eommand it, and of course notto mjMlf. Howenr 1 idisll do wfait ers Ae{0-
Vernmenl may vish.
■ Bdiere me, etc. » AnhnrWdledej. •
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TX L'ESPAGNE BT DO PORTDGAL. 291
t'amée anglaise m pleine campagne opérait contre le général Junot,
qui eut ainsi désormais A se dèrendre, tout à la fois, cootre l'insurrec-
tion des provinces et un corps d'élite remarqoable sous la conduite de
lir Afthur Wellesley et dn major général Spencer. Le plan des
Anglais eut pour point d'opérations les cAtes et la mer ; iU s'avan-
cèrent vers Goinftbre en manœuvrant avec cette discipline attentive '
4}ui constitue les corps d'élite; le général Del^orde eut le premier
l'honneur de croiser le fer avec les troupes régulières, combat inc^
tain qui signala qu'on avait à sa face de dignes s^dsts. Lee Anglais ne
s'éloignaient pas de la mer, pour attendre les renforts d'artillerie et
de tronpes nouvdies ; \e plan de sir Arthur Welle^ey était de telle-
ment eBvelo{^r tes Français sous la double enceinte de l'insurrection
etd'uneannéeféguKèreipi'ils fusseotcontrMntsdemettrebas les armes.
La position de Junot devenait de {dus en plus mauvaise ; sans
appui, en effet, sur l'Espagne, isolé dans un pays insurgé, elle était k
peu près semblable à cette de Dupont en Andalousie : amènersit-elle
le même résultat ? Le général Travot commandait k Lisbonne, d'im-
menses iHrécautions furent prises ponr défendre la cité si vivement
menacée; on arma la tonr de Belem, les canons braqués menacèrent
la rade ; Junot, impatient de combattre, avait quitté Lisbonne pour
se porter avec sa réserve au secours des généraux Delaborde et Loison ,
si vivement pressés par les Anglais. A Vimeiro, toutes les dispositions
furentprisespourunebataille, car il fallait un engagementdécisif ponr
sortir d'une crise militaire ; sir Arthur Wellesley avait adopte une
bonne position retranchée, et attendait Junot, imprudentet courageux
ofBder, responsaUe de ses soldats aux yeux deremperear. L'armée
française comptait alors 19,200 hommes parfaitement commandés
par dee génésaux tels ^ue Kellânoauii* Lfùioii, Delaborde; l'artil-
ierie était sous les ordres du général Xaviel, et sous lui brillaieat dmx
jeunes officiers, d*AbouTîlle et Foy, dont la renommée est depuis
deveoue retentissante.
A Vimàro, la journée fut cbnide, rbonnesr brilla pour totu ;
mais la victtÂre ne fut point k Junot déployant sa phis grande intré*
pidité; les troupes faiblirent parce qu'elles dése^raient d'elles-
m&Des; la gaudie des Français fut entamée; un feu à mitraiUe
laboura ses rangs. La réserve changea, maïs impuissante ; la cavalerie
voulut protéger la retraite. A deux heures toute l'armée françaùe
fut brisée par des forces bien supérieures ; les efforts du fbiéral
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393 HOUTBHENT IMSURBECriONHEt
KetlennaDD, si intrépide au moment décisif, comme à Harengo, ne
purent préserver Junot d'un mouTement rétro^de devenu difficile
même sur Lisiionne. En stratégie, quand l'insurrection gronde, tout
est perdu après le premier échec, ou n'a plus la resonrce da peaple,
la possibilité des secours et de faciles communications ; on est comme
une colonie d'étrangers proscrits au milieu du peuple qui bouilloune
et TOUS brise dans sa fureur. Le soir de la bataille de Vimeiro, uo
conseil de guerre se réunit pour savoir quels étaient les moyens &
prendre. Fallait-il se rendre aux Anglais, livrer une seconde bataille
ou retourner à Lisbonne? Livrer une bataille c'était s'exposer à une
imminente défaîte, les forces anglaises s'accroissaient avec une indi-
cible rapidité? Y avait-il moyen de retraite? Si l'on retournait i Lis-
bonne, comment tenir une si grande capitale avec des forces si infé-
rieures? L'avis du conseil fut qu'il fallait traiter par une ca|Htulation,
comme Dupont en Andalousie, et le général Kellermann se diargea
de porter des propositions aux Anglais ; on prit pour prélecte un
échange de prisonniers et de blessés ; Kellermuin, reçu avec di^inc-
tion par sir Arthur Wellesley et lesofBciersde l'état-major de l'armée
anglaise, convint des bases d'une convention aussi célèbre qaecellede
Baylen *. L'armée française évacuerait le Portugal et les places fortes,
■ Le teite de la convention de CIntr» est un moDuinenl fort cuiieui ; je tn In-
duit sut l'origintl anglais.
Convention iMn l'aTw4a fnmçaite tt wtgUtùe pour Vinaewuion du Port^igal.
■ 1. Les places et rorts occnpéa par l'annte fraDctiae dus le Tojaume dt Porto^
seront remis à l'armée anglaise.
D 3. L'armée fran taise se retirera avec armeset bagages; elle ne sera point prisoB-
nière de guerre, et, rendue en France, elleseralilKedecombBUre.
H 3. Le guuYernemeDt anglais lui roumirt des Usnsporis pour être embvqnée
et conduite dans un des ports de l'Ouest, entre Bocbefort el Lorienl ioehut-
B L'armée française emporiera toute l'artiltcrie du ealltm français attdie, et les
ciissoiia garnis de soixante coups par pfke.
■ S. L'année franfaise emportera tout son matériel, et tout ce gui s'appelle pro-
priété d'année; c'est-inlire son trésor, ses caissons d'éqi^pigei et d'ambolaDCe. Oa
\rndra i son profit tout ce que le général en chef ne jugera pas i propos d'ent-
barquer.
■ 6. La cavalerie embarquera see cbevsux, ainsi que les oOlciers géoéraui et
antres de tout rsng. Il sera, d'ailleurs, accordé à l'armée toute facilité pour di^Kisa-
des cheraui qui ne seraient pas embarqués.
> 7. Pour la facilité de l'embarquement, il aura lieu en trois divisions, dont h
dernière sera particulièrement composéedes garnisons des places, de la cavalo'ie, de
l'artillerie, des malades, des éqnipsges.
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DE l'BSPAGNB et DU POSTDGAL. 293
on Ift tran^rteraît par mer en France avec ses armes, ses munitions
et ses bagages, aux frais de l'escadre britannique ; enfin les Français
établis en Portugal pourraient suivre l'armée avec leur fortune. »
Aucun autre engagement n'était pris.
a 8. Les garnisons d'Elvas el des forts de Péniche el Pdmela seront «nbtrquées
i Lfsboaae ; celle d'Alineida k Oporto, ou aa port le plus reisln.
> 9. Tous les malades et les bleaste qui ne pourraient pas être embarqufa avec
l'armée seronl confite i l'année SD^aise, et, pendant leur e^our dans ce pays,
Mignis aux Trais du gouTCmement anglais, sous la condition que ses dépenses lui
serODt remboursés k l'évacuation Bnale.
a 10. Dn moment que les transports auront débarqués les troupes dans les pons
de France convenus, ou dans loul autre port de France où le mauvais temps les
forcerait de reitcher el d'aborder , il leur sera accordé touiea les facilités pour
retourner en Angleterre sans délai, sans pouvoir être inquiétés par aucun bitimeiit
de guerre dans leur retour.
> 11. L'armée ftantalse se concentrera k Lisbonne, et dans un rajon de deux
lieues environ de circonférence de cette capitale. L'armée anglaise pourra en apprc-
ehn à trois lienes, de manière qu'il y ait une lieue d'intervalle entre les deux armées.
» 19. Les forts Saint-Julien, Bugio et CascaEs, seront occupés par les troupes
anglaises apris l'échange des ratificalious. La ville de Lisbonne, le chlteau , les fcrls
et batteries, jusqu'au laxaret ou Traf^rla d'une part, et jusqu'au fort Saini-Josepb de
l'autre inclusivement : le port, ainsi que tous les bliimenta armés de tout genre qui
s'; trouvent, avec leur gréement et munitions, seront remia à l'embarquement de la
seconde division.
e La remise des forts d'Elvas, Almeida, Péniche, Palmela, aura lieu dès que les
garnisons en seront relevées par les troupes anglaises.
B 13. Il sera nommé de part et d'autre des commissaires pour régler et arrêter tons
res détails d'exécution.
a 14. S'il favall quelque article douteui. Userait expliqué en faveur del'armée
français.
■ 10. À dater de la rotiScation de la présente convention, tons arrérages de con-
tributions ne seront point perçus, el tout séquestre apposé sur les propriétés mobi-
lières et immobilières sera levé et la libre disposition remise aux propriétaires.
> 16. Tous les sujets français ou des puitstmces amies et alliées de la France, do-
miciliés dana le royaume de Portugal, ou s'jirouvant occasionnellement, seront pro~
tégés dans leurs propriétés de toute nature.
» 17. Nul Portugais ne pourra être recherché pour la conduite politique qu'il aura
tenue pendant l'occupation du Portugal par l'armée française; et lous cent qui ont
continué i eiercer des emplois, ou qui en ont reçu du gouvernement franfals, SODI
mis BOUS la sauvegarde spéciale de l'armée anglaise.
D 18. Les troupes espagnoles détenues h bord des vaiSBcaui en rade seront emme~
nées en France, OU remises i H. le général en chef de l'aimée anglaise, kaon choii.
> 19. Les prisonniers de tout grade, faits par les deux armées depuis l'ouvennre
des hostilités, seront échangés de suite.
■ SO. Il sera fourni des otages de grade inférieur de la part des années française*,
pour la garantie réciproque de cette convention. Celui de l'armée de terre anglaise
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âU HOnVElONT
A. les euminer daos leurs tésultato , ces bases diffénieDt peu de h
coDve&tioD coDcUie à Baylen par le général Dupont; dks éuieiitjalèes
dans le Boâme moule qœ l'évacuation de l'Egypte pu Menon Km Is
consulat. Seulement la convention de Cintra étùt eoBclne mt m
pouvoir régulier et des chefs responsables ; sir Hew Dalrymple et sir
Arthur Wellesley pouvaient garantir son exécution ; les mBlheuiem
Français ne seraient pas entassés sur des pontons ou dans des lies dé-
sertes ; U parole donnée serait tenue. D'après les articles da Bijlen,
Dupont et ses régiments devaient être rendus k Rochefort avec amta
et bagages ; d'après les articles de Cintra, Junot dut être coodiiil
eotre Kochefort et Lorieot, en conservant aussi armes et bapgts:
m l'an ni l'autre ne contractent l'obligation de ne plus servir; iiicoD-
sententi évacuer le Portugal et FEspagoe, voilà tout. La différence
vint de l'exécution et non point de la pensée et des termes; lesAugUi)
tiarent la ttÀ donnée, les insurgés la violèrent, et c'est ce (pie Pi^l
sen midn aprè» l'exécution dM irtlclea qni !■ regardent ; celui de rannte nndi,
après te âébirquement toist des troupes dans tes porU de France. lien sen deiAiK
pour l'amiie ft^nçaise.
» 81. Le géDére) en thet de l'armée Itancatse aora In hcnlU d'mToj^ m oidrr
en Trance pour 7 porter nne etpédition du traité. L'escadre anghise lui (bnminni
aviso ou antre bltimetil léger, pour le débarquer k Rochefbrt ou i Bordcm.
■ 23. H. l'amiral anglais sera iuyilé de fournir des Taisseaux de guerre od frfplK
pour le transport de son eic. le généralen cbefde l'armée fninttise, e( des oOcim
généraux, supérieurs el premières tulorllés de l'armée.
» Fait et arrêté doable entre nous soussignés, monts de pouvoirs.
■ A. Lisbonne, le 30 août 1808. d
JrltclM additionneU à la eonvtntion du 30 aoxU iSOS.
« Art. 1". Les non- combattants de l'armée pris, soit par les troupes anglifei sflli
parles tnrapes portugaises, dans loutv rétendue dn Portugal, seront reniho «s
échange ainsi qu'il est d'ussge.
» 3. L'armée Tivra de ses magasins JDsqn'iu jour derenihaTr|nement,etlatn'
iiisotisjusqn'BnJDur de la remise des places. Le reste des magasins sera dfllTTJ^»"
les Cormes accoutumées à l'année anglaise, qui, dès ce moment, se cbarge Jeta f *■
sfstancB des hommes el des cheranx jusqu'i leur débarquement en France, llxo**
«Utlon d'être remboursée, par le gouventement français , de la dépense qui eicMw"
l'estimation qui sera ftite conlradictoirement des susdits magasins, L'approrislaxw*
ment des bàlimenls armés sera pris en compte par Tannée anglaise , de méOK (JK
cdnldesplacesdeguerre, ainsi qu'il est statué pour les susdites places,
B 3. AussitAt après l'échange des ratiGcalions, H. le général ui cbeT de l'aRii^
anglaise i^a toutes les dispo^tions nécessaires pour rétablir la libre drtuIUiaa dn
subsistances nécessaires k la capitale.
■ Failet arrêté double entre nous soussignés, munis de pouvoirs,
a A Lisbonne, le 90 aoAt iSOB, ■
DiclzedbyGoOglC
aurait dû prévoir. Junot fut débarqué à la Rochelle avec son armée ,
taïklis que les soldats de Duptuit, insultés par les EspagDok , indigne-
meot traités par le gouvernear de Cadis, furent conduits dans l'tla
de Cabrera ou daos les pontons de marine. Triste histoire que celle des
prisonniers de l'Ile de Câlfera ; qoe âe souffrances ! que de tortures
pour de jeunes hommes jetés sous les feux du soleil dans une tie h pic
de rochers sans végétation ! Ils vécurent là pourtant , les nobles et
malheureux enfants de la France !
L'impression morale des deux conventions de Cintra et de Baylen
fut k même ; on vit. en Andalousie comme dans le Portugal, de
longues fflea de prisonniers qui marchaient tête baissée devanl les
armées espagnole ou an^ise ; les aigles étaient Rétrles; l'opinion que
l'armée française était hivincible n'allaît-elle pas s'effacer dans Tes-
prit des peuples? 22,000 hunmes passaient h Bayleo sow les foarches
Caudioes; en Portugal, 18,000 demaadatent la protecthm dn pavillon
britannique : quel effet fatal tout cela ne devait-il pas avoir , et la
faute était-elle tout «itiëre aux générauifles années qu'on leur avait
données étaient mauvaises, composées de conscrits , d'étrangers et de
régiments provisoires : Dupont était nu vieux général de l'armée
républicaine; qui pouvait lui contester le courage? è Friediand il
s'était couvert de gloire; À Baylen l'énergie morale lui manqua, il fut
mal dirigé par Murât et Savary ; et, comme beaucoup des généraux em-
ployés en Espagne après le siège de Cordoue ^ il songea plBt6t à ses
foargons qu'à son armée. Cordoue la Moresque, avec ses palais et sea
jardins délicieux, avait été dépouillée, et , par uti terrible talioii,
ceux qui avaient pillé les églises furent obligés d'ouvrir leurs sacs pour
faire voir qu'ils n'étaient pas des voleurs, humiliation dont il n'y avait
pas d'exemple dans l'histoire.
En Portugal, Junot lit tout ce qu'il put, mais il n'avait nt la capa-
cité ni les forces snflDgantes pour résister à une armée anglaise qui le
débordait de tous cAtés, et à une violente insurrection qui ébranlait
les messes. Baylen et Cintra furent les deux événements lee plus gravea
de cette époque; ils bris^eat le prestige de victoire qui eavironiKit
les Français; ils affaiblirent le sentiment moral de leur supériorité
militaire; l'ennemi prit plus de confiance en lai-nème. Sous cedotiblQ
point de vue, les événements de l'Espagne et du Portugal attachèrent
»n crêpe de douleur aux drapeaux si glorieux oîi brillaient les aigles
de l'empire.
Diclzedby Google
L'bOKOPB ArKiB LES ÉvâtEMEHTS d'eSPACIIB.
CHAPITRE xn.
l'bubofb AFKte u> tf ÉHUoiin a'amanm.
IropressioD produite tu ÂB^Htm par l'ioBurrcciion CBiwgnolc. — Esprit de lîbetic
«tdedMTTaiiGe, — Brochure de Dumonrici bot la guerre des jiuriUtu. — Poisfe
d'o^niBeilmd'ancTêgence.—LedDcd'OTltaDa.— Mission du cheralier de Pranl.
— SiBtèmedajunles opposait! régence. ~ Idée aidliepne. — L'ÀlleDuBne t
respect de l'Espigue. — Sociétés Mcrius. — Associtlion pour h Tcria. — ÂnÛL
— Slein. — SlidîoD. — Embarquement de I* Bomana. — Préparatib de I'Ad-
uicbc. — Premier échange de notes avec Napoléon sur les armements. — La
cabinet de Tienne. — Parti «pagnol pour l'archiduc Charles. — Offre itrigaKt.
— Secours aux inaurgés.— La Bussie.— Effet produit par ]'insurrecLionespago<de.
~- Accroissement du parti d'opposition contre la paii de Tilsiit. — Situation
d'Aleiandre.
Les événements de Bayonne, riosurrectioD espagnole, lescai^ta-
lationsde Baylen et de Cintra, avaient produit sur l'Europe uo effet
profond et universellement senti ; les gouvernements et les peuples
s'en étaient «muHanément émus ; les rois avaient vu par quel triste
machiavélisme l'empereur des Français brisait la couronne d'E^gne
sur le front de Charles IV et de Ferdinand VU. Bien n'avait été res-
pecté ; était-ce là le sort réservé aux vieilles dynasties? La mtison
d'Espagne sans doute n'inspirait pas une grande considération, elle
avait agi si faiblement durant la période révolutionnaire , en s'ailiant
à la convention , au directoire , au consulat et à l'empire I die sobis-
sait les conséquences de sa faiblesse '. Néanmoins, n'était-ce pas un
'■ Un agent de la Prusse donne au baron de Bardeabng les notions suitanies sur
]e mouTemeat espagnol et le caractère de ce peuple qui occupait û TivMnenl FEn-
fope. ^
« Votre eicellenee désire connaître le caractère du peuple espagnol ; j'obéis 1 sn
-^trdres, en remarquant combien il est dilDcile de saisir eiacltmenlles traits d'hommes
îdbyGoOgIc
l'bdsopb apmès us Avéhemeicts d'espagnb. 297
fatal exemple que de voir une royanlé souveraine misérablement
trompée par un guet-apeos dont l'histoire n'avait pas d'exemple ? On
pouvait se défendre de la conquête par les armes ; qui pouvait résister
k une perfidie ai profondément calculée ?
A ce moment une impression d'espérance et de courage se mani-
festa parmi les peuples : les Espagnols donnaient un grand exemple ;
dans l'abaissement de toutes les nations, ils se levaient en masse contre
les oppresseurs. Lorsque, l'Europe fléchissant la tète, toutes les
nations agenouillées subissaient les lois de l'empereur des Français, il
se trouvait un peuple assez fier , assez puissant, pour s'armer comme
un seul homme contre une domination odieuse. Le grand mot d'in-
surrtclion, une fois prononcé, retentît partout, et des sympathies
profondes furent acquises aux Espagnols, à cette nation qui se levait
qui offrent un consUnt niélsngc de la férocité africaine et de la ooblesse cherale-
retqnc ; qui louchent par leurs souTenirs aui idées du moyen Ige ; qui, plus guerripr*
iinemiliiaires aujourd'hui, n 'on 1 conservé deleur glûre passée que celte présompiioii
que donne la fbrce, sans la puissance que la science perfectionnée a Imptimèe aux
armées europé«DDes; peupla chei lequel les arts n'éfalent pcinl le génie, quoique
l'cuK-lï aient depuis quelques années fait de sensibles progrès. Ces progrès son) dus
principalement bui sociétés palriotlques dont le Biscaye a donné le premier eiemple,
suivi bieotAt par Valence, Madrid et d'autres villes ou provincn. On en compte déji
plus de quatre-vingts et le nombre s'en accroît chaque jour ; leur objet est de favo-
riser le perfectionnement de l'agriculture, de l'induttrie et des arts, d'introduire «Iki
méibodes utiles, de fonder des prix pour tontes les inventions favorables bu bien du
pays, de procurer enfin des seconra à (oos ceux qui le méritent par leur zélé et lenrs
travaux. Le gouvernement, les grands, le cleigé les aident et les prot^ent, et leur
espoir est de faire reroonier la patrie auj'ang dont elle est descendue. H était brillant
jadis dans la carrière héroïque, la lltlératore et les beeux-aris. Vélasquei, Hnrillo,
Ribeira, ont parlenncheb-d'mivTe égalé ce que l'Italie offrait de plus remarquable.
Hariana est, sans contredit, le premier des historiens modernes. L'impiimerie royale
n'est plus surpassée par l'Italien Bodoni, et les cartes topographiques de Carlos l'em-
portent sur le plupart de celles des antres nations européennes. L'Espagnol est enfin
un peuple bien au-dessus de ca qu'on le croit, mais bien inférieur i ce qu'il se croit
lui-même : livré avec toute l'eialtatlon de l'amour k sa religion, il est aveuglémeoi
dévoué i ceux qui la lui enseignent, et qui, dans les monastères principalemeol,
offrent l'éliie de la population. Dans le catholi-iisme qu'il professe avec une crédulité
Miu exemple, mais propre à ^ever son Ime alors même qu'elle abaisse son esprit par
de minutieuses pratiques, il se regarde comme la seule nation strictement orthodoxe
et ne voit que àte hérétiques qu'il hait, parmi ses eoreligionnairea étrangers. Ce sen-
timent de répulsion pour ce qai n'est pas espagnol est profondément enraciné dans
son âme; et en résulte chei ce peuple une fierté dédaigneuse qu'on retrouve jusque
dans les mendiants, très-nombreux dans la Péninsule, «t qui n'y contractent cepen-
dant pas cette abjection généralement remarquable alUcofs. L'Espagnol est capable,
non de e<( esprit public qui calcule, mais de ce patriotisme qui dévoue sol et )e^
il.
Diclzedby Google
298 L'nmora Apais us ivfanMKm n'esMcm.
vflle par TïIIe , proTînce par province , lox cris de rdijfiom , t^erli ,
patrie. Enfin, pour dentier retentissement, cette ésergie nrait pra-
ddit ce qoe l'Europe innée n'avaK pa obtenir encore , h optteUfion
des troupes de l'empereur des Français, jusqn'alon innucIMes : la
conTcntioD de Baylen n'était-elle pas le résultat et le froH de llasar-
rectionT elle avait fait paner sous tes fourches Caodines le» ai|^
impériales. Quoi d'étonnant qu'après les actes de Cintra et de BfejleB,
les insurgés espagnols aient excité la plus vive sollieitudt es EvropeT
Touta les correspondances des ambassadeurs téntoigneat qoe c'est sur
ce terrain qne se place la question politique et miHtaire : ce réveil da
peuple qni va remuer le monde , cette puissance démocralMius pot
devenir rinstmment de délivrance. Il faut lire In dépèches écrites
sur la catastrophe de Bayonne et les événements d» la p
sins, aT«eh liolMMqni atMlérlM cclltvmu pwcwnQl aaiiyw et m
Iwliwi llwil !■ Il in'miljiillii, III iii[iiin niii lifiriilif iipiniiii liliiiwiiiii
dr«B ÉtMdH» m nlrs an* Imt* faâiUMct tc«f brliiiM, benlU MCMdtewi MT-
ttuon de U rébmatioD tmgtiiqiu par k paii de WtMfbtiie. mU tmi imdiau
tentes les nations niropéanNS vers l'unibniUië'e^Bioiuei de BSMfs, eaawdw-
mctive de la dMlMction im aeiioiMliUs, l'BipasM cmmcit» Mnla aa tkfdatiimit
htokenr. Cau qui BaépriawH l'Eapagae sort cb— toi» d« le ca—riMa; aowftiJe
pMgiMM ne le jufm {•■ nient. L'oa n'eu jamais peuna «Tes fa» 4e baioiu, a
raspegMol Mt koIhv; m ne iialrt pu de aui etislance saeiate quand a« e»j««ii
«WCT— iife.tàe«naae»ap^|WidM»ali,twpe«wewd'an>w«wmfc*a%di ~
«t4-Jgatiri; l'uae vit «• EapàgM éa la ■odéaaiiea de* déaicat l'ai
darait elle tue tHfe voie, en d^it des inigalitta de raag et
h de lenrs chefc, des d
kt»seatréi
s gnwjk dsM MO viU^B. Cw alMdeak ^w^ de
la police, sont MBinéasait an sort, sait poi l'àquiiabk ceassl de Cstaie,i»e« le
eoiBrild«lapmfiDc«, an pu le seigneur dwli en, s««l«*McaadidetSfiessr«(éii.l'Js-
psfaa jovlt ainsi dta fcnre de Uberii et d'^gaticj le ploa aoUde , ceW qni stodta de
l'»>awiced'«nW<enetd»lapsBiisaiiride»frm<Éd»PMMHàpya«.8ainkastiidini
mlinwiw teMCHM des geamnaasols n'oat jim fUa péaitt<iei*Mn l«»aBM*
popalaiw» qu'ga Raila et ea AUewigae. On n'en i iMiigin garigoes feaa^aedMS
les hantn dassea loeieies, ei, ea qni ètann beancea^ la wjegMU étnnfv, dsas fc
rhi^, sortant ehai les nwinM qui en h— wd l'éKlv, et paiHi II igiiriii aatehdsii
lesMqocs. OMvdeBtechwitd, Mnpiiiii ijfiitnrniiiweiiiiniHiiifnisstiwsidflig
ceu-d à des opiniens ^lenopMggw da la ^aalMaie portée. Snân, eeqa'Uint
etyaM» fDceire, po« donnef oneidèe insts de In stabRité du paaplc eefagnol camoe
ration, et d« rnnion qni s'yvoftemn lesdiffénsilee classes delà aoci^ e'eat^-din
de n véritable et bndaiMHtala eeMtilntie«r c"** qna, *« une pspahtiim de
iO.nèfint indlvMvs, il se tronTc IT^MM faraUln vaaéas k l'apicultate, doat
360,000 en qnlW dapiafrittaiRs, ei «2,001} ea qnaUlé de fosko; ce «m «On,
DiclzedbyGoOglC
l'EtBûPB Apnés iss ifiasMEfm d'espagKE. 2^9
pngne d'Espagne, pour se faire ane Juste et ferme idée de l'impression
qu'ils produisirent sur le continent ; elles expliquent tes éTénemeotS
p()stérieurs.
Un Aoglélerrâ, cefatuneridéjolie; on avait trouvé enfin la partie
faible du colosse , il n'était pas invulnérable. L'expédition de Copen-
tiague , avec ses succès de quelques mille pl^àces d'artillerie, n'était
rien comparativement aux résultats obtenus d'un double échec de
l'année française , c'était une sorte d« revanche de là cEipituIatloQ
^'Ulm : 40,000 hommes environ avaient mis bas les armes à Cintra OU
à ftarfen , rien ne pouvait se comparer & ces événements accotdpns ^
à ces revers éprouvés. Aussi M. Cannîng en exprime-t-il sa joie dans
le parlement; le ministère de lord Castlereagh se fortifie, l'assenti-
ment de la nation vient à lui; l'Angleterre a obtenu le résultat désiré;
elle a cherché nn chaibp de bataille au milieu des insbrrectlonf, &
tapies, en Italie; maintenant le voilà tout trouvé ; elle s ane naflou
derrière elle, un pedple qui, la baïonnette au bout du fusil, t'esco-
pette et le poignard i la main, va soutenir son indépendance ; les^Ius
belles villes d'Espagne sont insurgées, tes Français en pleine retraite
comme inlimonent ettaclii au sol, plus de U moitié de la popalslton giDéAls, UDI
rominet' lfi;Slfi jatAnts ritheneiit dints, 48,149 tnolnes raenAsMii, iMst qttfl d'opu-
lente trêqaw dont le« rernn» sont rMtoBiMt h {ntrhnolM du pnfm. Ccu« pofo-
laiiou géoirale est répartie, indépendainineDt des gnodea cités, dans 29,463 TlUagec,
bourgs ou filles , dont 12,0TI sont iudépeadsntâ de toute suprématie féodsle, et 1«
TestepartBgé entre ftjWflsri^eanla't'qnes et 9,924 tbefS-eCclésfgstl^eï.Klft est s4n>
miMknirclereéRvqdelh religtoii donoe iiae iatnmM tris-siipMearo i o«B« 71I
résuit» de la mimbisnod leodale, de la riclMsse dea nublaa, du pouvoir des alcadei et
de l'autoTité administrative. Sous ce régime, l'Espagnol se sent libre, cro:roi" n'obéir
i]u'i Dieu, ce qut ennobUl son oMissntce. Dto trnibea religieusemem eonsfirriea
^einoMla ptyt, «t\nnê M e€HtM, oji'loat sboiult, jwqn-'am pntincwdoM lesprt-
Tllégesi'oppoaentfcloatfliBDOvalian. Aussi, qudque éUndueque soit la puiaMiiu
d'un seul, die est eoistammcot balancée par tant de droits ou d'usages coasacrés,
par tant de formes respectées, quoBon action D'est iiDilementoppressite, ni contestée,
Enlb ce pcople, StaThmlrire et potWr, RottMIs avec êetit, ItdépendHtl arec rwpetlt
ei étranger aneoM dan* n aÉase la pins nombreuse ani idées qut apUnt l'Buropï,
IdolàlraDtson ottUe, ses prêtres, searois et la patrie, estimant ses magistrats, si simples
4lans leurs mceurs, si intègres danS des emplois faiblement rétribués; peu jsloni
d'nnenoMesBeqnlaapéaepoirilsvrltri, TaleDKm,irasel)llfl, pMta AMOflaiKetin
lui-même, s'eiagérant sa force et baïssant l'étranger, est impossible i subjuguer par
les armes et i séduire par l'idée du mieux; car ce mieui, Toulôi-il j croire, 11 lere-
hiserait d'une main ennemie. J'ai dit à T. E. ce que je sais, ce que je pense; leaér^
nemenls qui marchent lui en apprendront sans doute darmage. ■
Diclzedby Google
300 L'eITEOPB APBËS les tTÉNBMDtTS d'kSPAOHI.
sur l'Èbre ; nr Arthur Wellesley , Hoore , Dalrymple , Toot soutenir
une expéditioD anglo-portugaise et espagnole. Au milieu des événe-
meots militaires , le commerce britaunique n'est point oublié , l'Es-
pagne ouvre ses ports ; les juntes des Asturies et de l'Andalousie se
mettent en rapport avec le cabinet de Londres; une activité merveil-
leuse règne partout; les colonies sont déjà indépendantes , l'Espagne
secoue le système continental ; quels mobiles pour vivifier les brandies
diverses de son industrie ! L'Angleterre grandit dans la guerre ; die
prend sa vie dans la mort industrielle des autres peuples.
Comme les ennemis de Napoléon se réjouissent de ce qui se passe
dans la Péninsule ! les hommes qui ont conçu de la jalousie pour son
système militaire s'agitent d'une activité haineuse. Parmi les généraux
républicains qui n'avaient point adhéré à sa dictature militaire , il s'en
trouvait un surtout qui avait marqué au\ premiers temps de la révo-
lution française avec une certaine distinction : le vieux Dumoimei
n'était point mort ; partout où les cabinets s'étaient déclarés contre
Napoléon , Dumouries avait porté ses idées , ses plans de résistance ;
vétéran des conquêtes de la Belgique , il travaillait alors pour la cauM
européenne ; partant de l'idée que Napoléon était le plus violent op-
presseur des peuples * , Dumouriez en avait conclu qu'il pouvait s'as-
socier à toutes les coalitions pour renverser son ennemi.
Cette école prenait de la consistance parmi les républicains d'uae
grande énergie ; il fallait en finir par une insurrection européenne ;
tous cherchaient à briser ce despotisme de l'empereur par les moyens
les plus extraordinaires ; le caractère actif de Dumouriez donnait
téta baissée dans le soulèvement de l'Europe : on le disait lié àquelques
intrigues pour une restauration constitutionnelle : tant il 7 a qne sa
haine contre Napoléon était poussée jusqu'à la fureur; en 1805 on
l'avait vu en Allemagne, en 1807 avec Gustave-Adolphe tentant une
résistance contre les Français. Dès que Dumouriei vit un principe de
force et d'énergie dans le peuple espagnol, il voulut seconder cette
levée de bouclierB ; il cbercba dans l'insurrection des provinces de la
Péninsule un dur levier contre le système impérial . Comme il avait
des idées étendues sur l'art de la guerre, Dumouriez écrivit une disser-
tation sur les moyens de donner à l'insurrection espagnole un carac-
' Toyei l'onnige de Dumourici sjins t: titre : Jugemmi rar Bonapart* adnu*
ir vn milita Jn à lu noiion frantaiu u à l'Europe (P«ris, 10 anil 18Q7J.
:dbv Google
l'bDBOPB après les âvÉKEMBNTS d'eSPAGKB. 301
tère universel et terrible contre les armées impériales ; il publia un
traité Sur tes guérilUu * , c'est-à-dire sur ces troupes d'hommes armés
qui, évitant les batailles r^Uères, attaqueraient rapidement, à l'im-
proviste, ainsi que les mameloks et les Cosaques du Nord, les détache-
ments isolés ; terribles adversaires dans les campagnes difficiles. Ce
livre fit une grande impression en Espagne ; on le traduisit pour l'usage
du soldat ; il fut une des causes actives de la direction que prit la dé-
fense de la Péninsule.
Lorsque Dumonriez oEfrait de passer en Espagne pour prendre un
commandement militaire, le gouvernement anglais agrandissait la
guerre de la Péninsule, considérée comme la cause active, inévitable,
de la chute de Napoléon. Lord Castlereagh développa au parlement
■sQTi système militaire : un surcroît de forces lui paraissait indispra-
sable pour ejipulser les Français de l'Espagne ; tout le peuple était en
armes depuis Vittoria jusqu'à Cadix, il fallait multiplier les envois de
canons*, de munitions de guerre. Les tours de Londres se d^amirent:
' Ce livre strai^qne de Dumonrlet a ^é traduit m espignol comine un manuel
iious ce litre : Partidiu de GuerilUu. Sérille, ISIW.
> État du teeoMTt «nvoyét par VAngleterrt dont la Féniniuti, «n argent, armtt
«I f^ipMMfUi, jutqUf'aa eomnunetmênl de IBW.
Ed argeol, trtju», 7e,000,000
Pièces de canon, 98
Gargousses et bouleta, 31,060
Obosiers, 38
Cbarges dee obusiers, 7,aon
CatonadM, 80
Chaires, 4,000
Futib. 300,177
Cmbinaa, 3S0
Sabres, 01,300
Piques, 79,000
Cartouches, 23,471,000
Balles de ptonb, 600.000
Barils de poudre, 19,400
Gibcnes, 240,000
Accoulrements d'inhnterie, 39,000
Tentes, 40,000
Équipages de campagne, 10,000
Auacs de toile, 113,000
Id. de drop, 125,000
Id. de cotonnade, 82,000
Pliccs dedrap, 4,000
Piicesdc^e^, 6>40a
Diclzedby Google
302 l'ecbopk afbés les ivÉstme!(n h'tsPktun.
plus de 200,000 ftisfli hrent jetés sur les cultes ; l«s habtts, les fonr-
niments, les nnmitlons, tout fut donné avec une profusion témoi^ant
rimporlance que mettait l'Angleterre & le nbtr de ce ebamp de
bataille. Des ordres furent envoyés poat imprimer une ^recHon
meilleure au monrement militaire. La discussions qu'amem la cod-
Tention de CIntn aidèrent mène lord GasQereagh k gnaûtt le pou-
voir de |tir Arthur Wellesley , le etwr capable de cette campagne et
momentanément rappelé en Angleterre. H. Cannlof crut îoifispeii-
Mble de donner use pins grande unité an systèoM des jnotes et des
mnniclpalîtÉs en rtgBhrismt teCOTctère énCTgiqiw âe llnsmrcction
espagnole. L'esprit de rEspsgM était nnantme, la haine contre Josepk
et les Français pénétrait tow les etmn ; seHleoaent il j avait k cnindrr
qu'avec im A grand nombre de juDtes , lorsque chaqne vile, <Aaque
municipalité voulait avoir un sj^tèmeii elle, il en naqtttt des niom)-
lements et des dlvisioas qui pouvtJent servir l'ennemi connon ; ii
était OT^nt de donner une impubioa vlgoareuae 9» granâissant les
pouvoirs de la junte centrale de Cadix ou de Séville.
L'Angleterre pensa même ua moment k l'Idée d'imtf eréatiofl de
régence. Tous les princes d'Espagne étaient captifs ; lies Bourbons de
la branche aînée se souciaient peu de se plae» à la tête d'oae ïMor-
rection ; ils avaient Uop les yeux axés sur la France, at<lè9^c«nomait
Tatteation du cabinet anglais se porta sur un prince habile qne depuis
longtemps les écrits de Dumouriei sigualaient comme un priacipeet
ane espérance pour les monarchistes dans le sens àm idée» de 1791 ;
je veux parler de M. le duc d'Orléans. Ce prince , après Sa longt
Tojtges au nord de l'Europe et dans l'Amérique, avait habité I'Ad^-
terre ; il s'y était lié avec les membres principaux du parti wli^, aVFc
la société de lord Grejetdu prince deGalles; on reconoeissaitJiM. le
ducd'Orléans une sagacité extrême dans l'esprit, une halntude d'eu-
P lices de toile de coton,
Ptircs d« souliers.
Semelles de wulien,
Csntloes,
BaTTe~sacs,
Chapeiui «t boonela.
Pièces de toile i-drape.
Diclzedby Google
L'm«n JEfKÈS us ÉVÉHSHBNTS b'bsmchk. 903
miner et de juger tes ériBcmeDts, une certaine Açon de ctraiyarGr !ei
faits et de manier les hoiniiie»et tes partit; ce prbkceétsat BonrlioB,
et le pea^e espagiMl «rait coatené trajour» on gnmd respect pour
cette dyDastie.
Oa espérait doue qu'on prince son habUe que le dm d'Orléans
^orrait donner une impolaion forte à une cauM éminemment na-
tion^. S. A. S. sTait quitté l'Angleterre depuis deux ans pour cher*
cber, arec un frère qu'il aimait tendremeot, le oomte d« Beaujolala,
ua climat plus doux , une vie phis iwureuse. G'étaieBt troia tendres
frère» que Ie»fib de la aoblo héritière desPeuthièfro : mélancolique
histoire k lacoatei que leur jfuime via ; que de giéce dans ce duc de
afootpea^r enlevé par la mort, sacctHabànt aoua one maladie dQ
poitrine à vingt anal et ee comte de Beai^Iaia, si o^oué, si aimable,
l'osiàègle des prfwM , le Ivrtin âe la tour Saiat-Jeui de Marseille , si
a8D5Q>leetBi douxquandilavaità consoler le vieux duc de Bourbout
^csque répnliUoaîn par pefw * 1 Mantpensier était mort i Londres,
et les sombres voûtes de Westatinstar avaient recueilli ses cendres ;
Beaujolais portait eiMi avec loi uoe maladie d« poitrine , coatractée
peut-être , hélas ! au milieu de tant de souffrances ; il y succomba k
aMte,el son ftrère , triatemcnt ému ,. a& réfugiait em Sietle , denrier
abridala raaisoD de Bourbon. Ge n'était poiat uoe idée nouvelle de
la tasache tf Oriéans que la ceoalittttioB d'uoe régence es Eqwgoe }
Moa Milii^ V d^ , avant k mort de Lous XiV , le duc d'Or»
léaos avait voulu m faire ua parti daas la Péainsule * , et l'on sait
qodles furent les négociatioas de l'aUié Dubois et le) causes qui lut
voguèrent la cenfianee du régent. Ea général une grande position ne
Bilt qiK de grands services ; l'aU>é Duboi» ae montai si eonsldérablo-
meat dans sa hsMte situatioa d'affaires q»e parce qa'U avait aidé r«B»<
bitioada {HÏBceqni le créa premier miaittreetlai dons» les so<vett
dem viepaUi^M.
Le duc d'Orléans avait doue dans ai fhmiUe des sonveairs de l'Es-
pagne ; il ne leS' avait jamei» oïdtliés, et knsquo VAnglaterre iMi-
geait à OD prince sicilien peu* lui canin la négenee d'EspagnQ ,
S. A. S. avait eavojé à SéviUe un homme entièismeat daot sa cou-
' Rien depIuSDBïreldeplusepiriluelilueleDiimDire du jeuneducdeHoDlpcu-i
sier SUT la captivité do fort Saint-Jean.
' Tojei mon liTie : Philippt ifOrUanj, rig»iu dt JiVanM; je doDiw toutes les ptèWf
île la mîMion de l'abbi Doboia.
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304 l'nfbopb àrtàa les étémbmbhts n'ESPAtua.
Bance, le chevalier de ProTal, habile négociateur, qui, chargé de
pleins pouvoirs , s'était abouché avec les {H-încipaux chefs de l'ioair-
reclion; le prince voulait faire une guerre régulière et nationale à
l'homme qui alors opprimait l'Europe de son glaive , et ici le duc
d'Orléans restait fidèle à ses principes ; les patriotes regardaient Napo-
léon comme la main qui abaissait les nationalités et la liberté ; dès
lors , le prince , qui était resté fidèle aux principes de Dumouriez et
de 1791 , pouvait se poser comme l'ennemi de l'empereur, le sym-
bole de la dictature militaire ; le dnc d'Orléans se présentait , d'ail-
leurs, comme Bourbon, et, en l'absence des princes d'Espagne, la
régence devait lui appartenir. Jnsque-là , l'insurrection , trop désor-
donnée pour adopter un chef, voulait conserver son caractère eqta-
gnol sans prendre parti pour aucune des maisons souveraioes de
l'Europe. Les juntes populaires de Séville et de Cadix , dès que le
drapeau fut levé, envoyèrent des agents dans toutes les cours de
l'Europe ; les ambassades , qui conservaient hautement le cœur espa-
gnol, oSrirent de servir la patrie ; les consuls, les agents dîpliHna-
tiques demandèrent les secoure des cabinets auprès desquels ils ren-
daient.
Si l'Angleterre favorisât l'idée d'une r^ence , même pour le duc
d'Orléans on pour un prince ncilien , l'Autriche pensait à de plus
vastes pro^ts ; puisque la maison de Bourbon était brisée en Espagne,
pourquoi ne songerait-on pas A reconstruire l'empire de Qiaries-
Quint, la fusion intime de l'Autriche avec la monarchie espagnole
par l'avén^nent d'un prince de la maison de Habsbourg? N'était-ce
pas renouveler contre Napoléon la guerre engagée contre Philippe T 7
Les armées anglaises et banovriennes n'avaieotrelles pas déjà com-
battu contre les soldais français dans la guerre de succession ? Ce qui
s'était produit pendant le xvi* et le xviii* siècle, pourquoi ne pœnt
l'essayer encore? L'armée de Napoléon envahissait l'Espagne, comme
autrefois les soldats de Louis XIV ; Hnrat avait l'orgueil de se ccnn-
parer au duc de VendAme , Savary au duc de Bervrick * ; a donc
le peuple appelait un archiduc à la couronne , il rétablirait, par un
mouvement naturel, l'œuvre antique de la grande monarchie. Les
Bourbons régnaient en Eqwgne par droit de conquête ; l'archiduc
Cliarles , prince ardemment catholique , viendrait y rappeler les rois
■ TojumoDllTrenirXwii JITMsoreltiionsdiploDuitquM.
îdbyGoOgle
L'eCSOPE UlRÈS les £vÊM£1IBHTS d'bspa6nb. 305
de CasUlle , les flb de Ferdinand et d'Isabelle. Une négocietion s'ou-»
vrit ainsi concurreminent avec les propositions faites au duc d'Or-
léans , afin d'assurer la couronne espagnole au frère de l'empereur
d'Autriche , lé digne et brave archiduc Charles.
Si les cabinets suivaient comme une affaire de famille riiisurre&-
tion qui éclatait en Espagne , les peuples , taquiets de leur indépen-
dance , saluaieut avec enthousiasme l'énergique protestation de la
nation espagnole. En Allemagne , sartout , le retentissement fut
profond et universel ; quelle leçon et qnel exemple donnait l'Espagne !
Quelle belle manière de résister aux oppresseurs ! un peuple entier
en armes, avec deux seules paroles: Patria et Fernando! l'Alle-
magne resterait-elle en arrière et n'avait^Ue pas aussi des oppres-
seurs? Puisque les gouvernements s'oubliaient , les nations devaient
penser elles-mêmes h leur indépendance et à leur liberté. La Prusse
était occupée presque tout entière par l'armée française , qui vivait k
discrétion dans les cités ; sous prétexte de la levée des contributions
de guerre , l'administration des provinces était aux mains des Fran-
çais ; on l'avait confiée à des auditeurs, sous la direction de M. Dam ;
ces jeunes hommes, tels que HM. Mounier et de Toumon, cher-
chaient k apporter des formes polies , k adoucir les exigences qui
accablaient les populations allemandes ; l'impét était si dur, les ten-
dances de l'empereur si despotiques ! l'étranger n'était-il pas au seia
de la population nationale ? Un drapeau odieux flottait sur les forte-
resses de Spandau , de Kœnigsberg , de Madet>ourg , et pouvait-on
voir sans rougir l'humiliation de la patrie? Il y avait répandu sur la
Prusse comme une crêpe de douleur ; l'Allemagne éplorée faisait en-
tendre ses gémissements ; on soupirait après la délivrance.
Uélaa! il n'y avait plus d'armée; il restait un peuple au cœur
fttiissé, plein d'une agitation sourde contre l'oppresseur : un travail
intellectuel remarquable partait du sein des universités ; la presse
l'aidait de toute sa puissance. Parmi les journalistes, il faut compter
Kotzebiie, que l'empereur faisait attaquer avec une si grande violence ;
Kotzebne fut le premier qui jeta les idées de Teutonia et de Germania,
mots sacrés qui retentirent plus tard avec tant de patriotisme. Le pro-
fesseur Amdt, le plus hardi de tous, osa proposa-, au nom de la patrie,
une insurrection générale pour la liberté et la vertu. Mordant et spn
rituel écrivain, il peignit dans son ingénieux pamphlet de la Cigogne
et fa fmàlte la situation de l'empereur Napoléon en face de 1& confé-
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306 L'EtIBOPE APRÈS LUS ÉVéNeMEBTS D'eSPACW.
dérafion da Rhfn' ;ridée de nationalité fat partout prodamée. H
existait autrefois des antipathies entre les dîfférentes fraclions de
rAnemagne ; au milieu de ces mystères d'Initiation, toutes ne dorent
pins former qu'une famille, noble et sainte union (font la patrfotlgoe
histoire, récitée par les professeurs, devint si populaire, et qnll faut
lire dam les pamphlets du temps. A Berlin même, au sein des oni-
Tersités, Il se fit des cours en allemand , Tangue i peine connue des
officiers français ; ces coun , tout en restant dans la mesort pIiUoso-
phîqne de l'intelligence, maintenaient Fesprit de patrie dans ce qui
portait une Ame héroïque et dévouée. La jeune génération se portait
en fouie anz leçons de ces professeurs enthousiastes qui les premig^
firent vibrer la haine profonde dans les coeurs. Germania, Teutonia,
symboles chéris comme la fiancée de leurs jours d'espérance, derinretit
alors le principe de toute fénergSe des université.
Ce qui s'exprimait comme de noagenses théories dans la chaire
devînt tout bas une mystérieuse association pour affranchir matéilel-
tement la patrie alIemaDde du joug des Français. Toute la Profte,
même pendant l'occupation , fat couverte de sociétés secrètes qal
empruntèrent aux annales germaniques du moyen Age Tes sfgaes et
les symboles précurseurs de la délivrance. L'association de la Terlu,
Tugendbtmd, naquit au milieu des maux et de rafitiction de la Prusse.
Stein, nom patriotique en AHemagne et dont la mémoire est chère,
Stein donna partout une vive et forte impulsion : il écrivait au prince
de AVittgenstein : « L'exaspération augmente tous les jours en Alle-
magne ; il faut la nourrir et chercher à travailler les hommes. Je vou-
drais bien qu'on pût entretenir des liaisons dans la Hesse et dans la
Westphalie, et qu'on se prépar&t à de certains événements ; qu'on
cherchftt à maintenir des rapports avec des hommes d'énergie et bien
intentJonnés,etque Ton pût mettre ces gens-là en contact avec d'autres.
' Arndt (Ernesl-Mauricc). Son ouvrage întEtulé l'Eiprit du lemp$, publié en 1806,
fli un grand tltel; il proposait but ABnnHiida meoMcés ana InsurrectloR nationale,
«domine Jmdt4fi(iIiei]dci;(«l>di«Iere«tiiainentdeIhpoKoD, ItnminptM-
piUinmcnt en SuUe, continDant d'aBlrUeair des corrasiMHulaBeK aTCC 1> SotUti
laùt pour la propagation de la verlu, dont il élaîl \e chef, et qui agit si puissammNit
BUr resprit public. Arndt avait êit professeur de pbilomphfe k Gr«tf^«-a1d, en Pomé-
nnie. n a publié : un Diteaun tur la UbtrU âtt dMcfannat Tépvbliq<ut(t9in); Toyayi
«B JUamâ^tw, m /loKa fl m J>wiM (1800-1W3} ! la ««ivtani» ><( (-JGw-opa (1»3I;
la Cigogna al $a fim4lU ( salin soua la forme d'uM ttafédie en trois actes , cooRf
Napoléon (180S); Toyagt m Suidt (1809).
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L'nnton après les JT^NKiiBim d'bspaghb. 30T
Dai» le cas où V. A. poorrait me donner des renseignements, je la
prie de Touloîr bien me tearojer M. Koppe on an autre hcrmrae da
confiance. Les affaires de l'Espagne font one ^pression trës-vîTe;
elles proavest ce que depuis longtemps on aurait dû entrevoir ; il serait
très-uttle d'en répandre les noarelles d'une manière prudente. On
considère Ici la guerre avec l'Autriche comme Inévitable. Cette lutte
décidera do sort de l'Europe, et par conséquent du nAtre. Quel est le
succès que V. A. en attendîtes projets que l'on avait au printemps
de 1807 pourraient aujourd'hui se réaliser. » Stein mérita par ces
patriotiques paroles toute la colère de Napoléoa ; il fut proKrît par w
décret solcooel * .
L'esprit rêveur des Allemands semblait renouveler les annales
secrètes du vieux temps ; tout fut ténébreux, et le but et les moyens ;
le mot Teutonia devint un symbole de délivrance. En vain le gouTe^
nement ^nçaîs chercbait-il k dissoudre, par des mesures sévères, lee
premiers mouvements de cet esprit national, il était partout ; seule-
ment l'heure de l'affranchissement n'avait pas encore sonné. TVapoléoo,
{riein de colère contre le patriotisme et la liberté, dictait aux jooruaox
allemands des paroles de mépris. « On ne peut s'empêcher, dlsait-il,
de remarquer qu'une certaine espèce de petits écrivains redouble d'ac-
tivité, de turlioleDce et de calomnies. Quekiue»-Qns ont même porté
l'impudence jusqu'à parier peu convenablement des tètes couronnées,
II y a lieu de croire qu'on leur répondra autrement que perdes arliclea
de journal. On cite un conseiller de guerre, nommé Cœln, qai.dan»
un epp^ patriotique adressé aux Silésiens , disait ; « Descendez vos
s cloches et fondez-les en canons ; prenez l'or et l'argent de vos ar-
>> moires, et envoyez-les k la monnaie. » Il ne manque à cette tirade
qae d'inviter les prêtres et les moines è quitter lenr état, à se croiser
et h devenir de dignes énmles de ceux qui soufflent le feu de la révolttj
en Espagne. Ou ne peut s'empêcher de former le vœu de voir l'auto*
rlté sévir contre de tels brouillons. »
' OaapnbUéàla têtedermnéel'ordremriTnit :
« !• Le Dommé Stein, cherchant k eieitei des troubles en Allcmtgne, est d4clu4
caoeml de la France «( de la conrédétattim dn Rhin.
> t° Les bici» que ledit Stein pomédenii, sort en Preoce, sett dam lespSTs de h
confidératloD du Rhin, seront séquairis. Ledit Stein sera saisi de sa persoiue paT*>
tout o{i il poona ttre atteint par nos troupes ou celles de nos alUts.
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806 l'bdbopb APRis les évânbhekts d'espagmb.
BleaUt les associatiODS pour la vertu passerai dans l'armée pros-
sienae, si abattue après léna ; tes officiers appartenaient presque tous
à des familles allemandes qui soupiraient après un mouvemoit na-
tional. La reine favorisait cet esprit secret ; le baron de Hardeaberg
en était le diplomate, Bliicber et Gneisenau les plus fermes adeptes :
Biiicher, le vieux patriote; Gneisenau, l'ardent admirateur de Ii
liberté * . Le Tugmdbmut eut donc des ramiScatious dans les ré^
> U. de Hinlenberg, qui avtit été initié dans les Eociétés seCTiies, en ntoDlt
l'origine avec quelque détail :
« Dés que Napoléon eut subjugue les princo piT l'ambiiion, les cburlisans par II
cupidité, les iigLlateura par de vaulteuses Mpértaces, et que loul cela eut ibonlii
rhumiliatioD des rois et à U ruine des peuplée, tout ce qu'il ; aTail de puisMocr
dans riUuminisme , cl de noblesse dans les «rois de la vertu, fit explosion; nous tn
•TOUS déji vu les effets dans des insurrecUoDspanielles, sans unité, sans linj.II
Allait doQC régler ces mouvemeots subits et incoDsidérès, les calmer métneja^qn'in
temps favorable i leurs succès. Voilà ce que pensèrent «t eiécutèreat dem bra^mes
supérivurs, Stein et Sladion : celui-ci avec la prudence qui le caractérisait et qui eùl
voulu laisser s'user sou ennemi, celni-ll avce une verve de hsine qui ambiiioiiiiiii
delefra^terdans sa force. Stdn j travailla donc sans rellcbe, et c'est pour cehqa'il
avait cherché i satisraire les intérêts, les passions et les vanités de l'ordre iamw-
diaire; c'est pour cela aussi qu'il ne cessa de réchauffer le patriotisme de lonUtlH
clSfSet sociales. Mais 11 fallait un centre d'union qui n'évdlIAt pas un enneâii wap-
tonneux. L'illarainisme était déshonoré. La fTane-maçannerie avait rioconTéaim
d'offrir nombre d'individus étrangers h la Ugue teutooique , suspects el peat-éire
nuisibles ; cependant, fïnte de mieux, on la choisit d'abord, car il fallait na dii]id,
et clic le procurait. Le fougueui BlUcher fut un des premiers adeptes, son inDuMM
sur l'armée l'en rendait un membre précieux; le général Gneisenau, officier des^i»
distingués, et le ministre de la guerre Scharnborst s'j afDlièrent; le prince de Wiii>
genslcin, malgré sa timide prudence, en Gt également partie ; l'eiallé docteur liln,
avec &oa aspect cynique et son éloquence agreste, lui faisait des partisans dtnt !V
cour:-es vagabondes k travers la forêt de Thuringe, les montagnes escarpées tthc
recoins les plus obscurs de ces contrées; le major Schill ne fut pas des deraietsk
s'y réunir, liais comme le roi craignait de compromettre lui et sou pesplr. fw''
cour était partagée entre des créatures de Napoléon . des conseillers timides et us
partisans lélés du Tugtndbiawl; que ceui-ci avaient é redouter et les preniieis,ct
même certains fidèles serviteurs du monarque , tels que H. de Schuekiaaiui , qui
s'elTraynit de tout ce qui pouvait nuire è une sage temporisation; enfin, eoiDnH,d>iK
le premier choix des initiés, l'on n'avait pas élé sssm sévère. Il fallut recourir a use
oi^nisalion modelée sur celle des sociétés secrèiea d'Irlande en 1791. Le Taj"^-
bund eut alors un comité central et des comités provinclaui. Ces derniers n'avaient
eulre eux aucuns rapports ; ils ne reconnaissaient, dans leur sphère d'acli>iK •«*
dessous d'eux, que des associations particulières, et au-dessus que le comité ceainl-
La nohlrsMs immédiate , dont la confédération du Rhin avait anéanti fe puunjir, (■
tout ce qui existait de petite démocratie,, ennemie invétérée de Napoléon, s'y J<|°~
rent, ainsi que la faction anglaise, recrutée des négociants irrités du décret de ilrrUJi-
Les jeunes gens s'y portèrent avec toute l'ardeur de leur ége et B'eialtèrent dans »
DiclzedbyGoOglC
L'SCHOPB APHËS les événements D'BSPAGm. 309
ments parmi les oittciers et les sous-otSciers ; ses deux chefs les plus
actifs furent toujours le colonel Sctiill, qui préparait sa levée de bou-
cliers avec ses hussards, si redoutable aux Westphaliens ; puis le duc
de Bninswick-Œls, dépouillé, voyageant en Allemagne de cité en cité
sous la protection mystérieuse des sociétés secrètes. Ces deux chefs de
partisans n'attendaient que le signal ; il y avait de la fermentation
partout; les bandes que les journaux français appelaient du nom de
brigand* n'étaient autre chose que de patriotiques jeunes hommes,
qui, sous le commandement de chefs valeureux, préludaient è l'in-
dépendance de TAIIemagne. En temps de violence, tous ceux-là sont
traités de brig&ndsqui nesubissentpas le joug du parti vainqueur.
Dans cette noble acUon des esprits, il était important de fondre les
populations du midi et du nord de l'Allemagne en affaiblissant les
antipathies des Prussiens et des Autrichiens ; c'est h quoi travaillaient
les hommes d'État d'une certaine portée politique, les écrivains d'in-
telligence et de nationalité, tels que Stadion, Stein et Gentx, qui
remplissaient alors la Germanie de brochures et d'écrits d'une remar-
«luable valeur. Ce qui avait fait manquer les événements militaires
de 1805, c'était précisément la haine des Autrichiens et des Prus-
siens ; cette séparation de l'Allemagne du nord et de l'Allemagne
méridionale, admirablement exploitée par la diplomatique française.
L'empereur Napoléon avait morcelé le» peuples ; l'acte de la confé-
dération n'avait pour objet que de briser lesliens intimes qui unissaient
l'ancienne association germanique; l'œuvre de Stein et de H. de
Stadion fut de travailler les multitudes en dehors des gouvernements,
et de préparer les armées à ce point que si les cabinets étaient assez
faibles pour ne pas suivre l'impulsion donnée, les nations pussent agir
toutes seules; et c'est ce qui explique comment les sociétés secrètes
s'organisèrent en Bavière, en Wurtemberg, en Saxe, contre la domi^
nation de l'empereur, quoique les gouvernements fussent ses alliés :
circonstance qui ne doit pas être oubliée ; elle expliquera les événe-
ments soudains , les défections rapides qui marquent la campagne
de 1813. L'Allemagne s'y préparait depuis quatre ans.
Dès la capitulation de Baylea , l'Autriche n'bé»te plus dans ses
annements ; elle sait qu'en prenant une attitude hostile à la France,
discustion des questions les plue épineasc* sut le droit politique des mUoh*, et co
pirticulln sar celui d'Àllenugne. ■
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810 l'bdkopb apbës les évÉïiEHENTS d'bspàgik.
fille va se placer à la tête du mouvement DaUooal eu Altemagiie, elle
sortira doDc de cette lutte pluB putsiaDte d'opiaioD , plus forte de
prÏDcipes; elle attire vers eUe tous les écrivains, tous les hommes de
guerre, tous les diplomates hostiles k Tempereur d« FraoçaîB ; die
accueille lecoloDclPouodiBorgo. capacité active, retmeau persoonel
de Bonaparte; Pozeo, après le traité de Tilsitt, a momentaoémcot quitté
le service de Bussieparce que l'alliance du czar avec le Corse d'Ajacdo
ne permet plus la vendetta; [es levées se poursuiveut avec vigueur ; il
i^agit de relever la sationalité allemasde ; la cause de la patrie est en
Jeu, et Bul citoyen ne peut l'ouUier. Aussi Napoléon s'en alarme; l'am-
bassadeur Andréossy écrit des dépêches très-inquiétaotee ; par trahison
11 s'est procuré les états nUlitaires de l'Autiicbe ; les napoléons d'or
oiit gagné à Vienne l'iotendant général de l'armée Fa^nder * ; oo ne
peut plus douter des grands armements ; l'habile espion , Charles
Schulmeister, annonce de toutes parts la guerre immédiate Napolétw
s'en plaint une fois encore i M. de Hetlemich, et on lui répond qu'il
ne s'agit pas de l'Occident, mais de l'Orient * , et que la question turque
demande un déploi^neot de forces considérable. M. de Mettenûch
ajoute*: « Que son cabinet veut le maintien de la paix ; oa arme par
simple mesure)de précaution. » L'Autriche se tient prête à prt^ter des
éventualités ; des agents dans le Tyrol préparent le soulèvement des
braves montagnards; Baylen et Cintra retentissent, lorsqu'on reçoit
encore des Espagnols ho bel einnple pour apprendre à servir la patrie.
On se rappelle avec qodle résif^tion le marquis de la Romana
avait conduit tes troupes castillanes à travers les provinces de la Fraace :
ces divisions fièfèa et braves avaient assisté avec lea Français au si^
de Str^und contre le ro! Gustave-Adolphe. Après la cawpae»e, ks
' Voie! une frenvt BSEei cuiieuH de coite tnhisoB «j KÛi de l'MiMe wilri-
ebienite :
v Ftabender étatt un tnhre ; Il communiquait toos les plans et les ordres qu'il
teeewiiit i l'anbaaskâenr fraaçals , qui ae readaH de niitt, mnsti «a dMMMiqat.
daj» la OuiaoD. Un greiudler Hvéla le sacret à l'arcUduc Cbitles ; celui-ci Toûlnt
eo aToir la preuve matérielle, il se cacha, el lorsqu'il vit que l'ambtssadear Teoeiiei
était prit à entrer dans la naisoo, n se montra totA k coup, et hil dit atukMat:
a Bonna Buil, M. l'ambassadevr. ■ IkadriMET stupifeit tai«M»*a Aea loi. Alors «l
uma It melson d« Faebeoder, wi fltmetlMleseadUBsurBeepBpiefBMil Tnlgard*
à TUF. Le jonr siÛTant on le fit étrangler dans sa chambre tndme. L'ambassadrac
putli irinstsnt, craignant d'être assassiné parle peuple de Tleone. >
(CorrespwidaBGe particuliè» duterasdeBjintabffgJ
* le donnerai plus tard cette correspoDdtDce.
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L'bCROPB ÈPBÉS LE3 ÉVÉNEUEKT3 d'bSFAGNE. 311
Espagnols fureot conSnés dans l'tle de Fionie , dans la Séelaod et le
Holstein, sous le ciel brumeux ; ils formaieat une partie du corpe
d'armée sous les ordres du maréchal Beroadotte, qui opérait contre
la Suède. Lorsque le drapeau tricolore flottait ainsi sur les étendards
espagnols, le maréchal Beroadotte se hâta de communiquer au marquis
de la Bomana un mémoire rédigé dans le cabinet de l'empereur pour
expliquer aux divisions castillanes les événements de Bayonne et l'ab-
dication des vieux souverains. Le maréchal envoyut au marquis de la
Bomana une formule de serment a à don José Napoléon , roi des
Espagnes et des Indes. » La situation où se trouvaient les Espagnols,
tout entourés de Français, força le marquis de la Romana à souscrire
à ce serment, en ayant soin d'ajouter : « Qu'il obéirait au gouveme-
ment de Madrid et à la volonté nationale ,» car la Bomana était
surtout patriote. Le maréchal Beroadotte, par d^ négociations noU"
Telles, obtenait enfin une formule d'obéissance pure et simple ' , quand
le marquis de la Bomana reçut un émissaire de la junte insurrectiwi-
nellfi de Séville. Déjà le général, instruit des événements de Bayonne,
savait la captivité de Ferdinand VII par la voie du clergé catholique
en Allemagne ; un officier patriote de Séville, don José Labo, vint sur
l'escadre anglaise pour lui annoncer l'héroïque résolution de la patrie
et le soulèvement contre les Fran^ab. Dès ce moment le marquis de
la Bomana se décida, par tous les moyens que lui offrait la fortune, à
aller rejoindre la nobte nation qui montrait au monde l'exemple de
tout ce que peut un peuple fier et valeureux contre les oppresseurs.
Dans les eaux de l'tle de Séelaud se trouvait l'escadre anglaise du
vice-flmird Keals : la facilité de communiquer avec la mer sons cee
brumes pouvant aider une évasion, la Bomana fit connaître à l'amiral
' Ltttr» du marquis de la Romana au roi Joteph-NapoUon.
■ la dlvition Mfwgooli dau le StDemarck , que j'ai l'honneur de commaDder,
«'oïlprcsaedatéaioigiur kTeVe«ai«lté,P>rBiiiD4irgiKe, w grande Mtiafietiofl da
MToir qu'an Ikire du grand Napoléon, du héros incomparable qu'apwduit le «ièda.
a éii ncowu lOi d'Espugae. Sop ématioo « été phis vive en apprenant nue c'était
Totro DMiJaaté, dont il aûlSt de pioDoncw le nom pour désigner la réunion de toutes
les «aiwa; que c'était, di»-je, voUe isajestiqui allait pMOittr sut la trAna. QueTotie
m^eaU me pcnueUa de loi adieswr, aw mur de tout* la diviaU», l'honuaace 4e
ooK* «Ktiire Boumiaaion fil de notre in<t<riable dévovenem asTert M peraonnc. C'est
l'eipreseion de nos «eu», et particoliirenent de celui qui ce dit, de votre majesté ,
k tris-hanble et fidèle pi^tt ,
B Le mar^oia Di t^ Komiu.
a Au quartier g^iéral de Niebourg, en Fionie, le 14 juin i806. »
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312 l'edbofe après les ÈvivsMKîm d'espâgnk.
H résolution invariable de se joindre aux patriotes e^gnob. Le
secret le plus profond Fat gardé, comme il se tient en Espagne dans
les nuits de l'Alhambra ou du Prado ; la division de la Romana se
composait de 10,000 hommes de vieilles troupes, sans comprendre
quelques bataillons qui se trouvaient séparés * ; l'amiral Keats se UtU
d'apprêter des bâtiments de transport et les mit à la disposition de
l'armée espagnole. Dans une chaude nuit de juillet , tandis que b
division donnait un bal en l'honneur de don José Napoléon, le seigneur
roi, au milieu des lustres et des bougies, les officiers se retirëreot
silencieusement; les régiments étaient en ligne sur le rivage; rien
n'avait transpiré, nul ne savait ce qui se passait su moment d'un bal
et d'une agitation broyante. A un signal donné , l'emberquemoit
commença ; chaque compagnie défila sur les bâtiments de transport,
et à cinq heures du matin l'armée espagnole était à la disposition des
Anglais : 10,000 hommes de bonnes troupes, et le marquis de I»
Romana, pouvaient servir encore la patrie. Ainsi Gastaôos (usait
mettre bas les armes i Dupont; Juuot s'embarquait sur une flotte
anglaise après Cintra , et un corps tout entier d'Espagnols quittait
l'aigle impériale pour servir la patrie *.
' ■ Ces corps qui tttient prisoonEets de pierre dus l'arsenal de Copenhagiie ,
éuleni composés de six bataillons des Tigimenta dw Asturies et de Gnadalaiara, an
nombre de près de 4,000 hommes , canloBoés i EoskiMe et dans les environs, «t
plscéa sous les ordres dagénéral fonçais Frtrion, cbirgéde les exercer ; ils amcM
rcfiui obsiinémeEt de préler serment de Bdèlité à Joseph , s'èuiimt mis en pMaa
insurrection, ei evaient mime nHsncré nn adjudant français; on psrrinE cependant
à calmer leur irrilalion cli les disarmer. Outre leurs sentimals do fidélité pour le
sourerain légitime, qui les empêchaient de prêter serment à l'usurpateur de mb
trAne, ils étaient singulièrement cboquée que l'ordre de prAter le serment leur fltl
parvenu par l'intermédiaire d'un offlcier irentais, et non par celui du marquis de
la Romana, leur général en chef.*
(Noie du prince de Bardenbeig-}
* Le dépit perce dans la publicatioR suivante que fit faire Napolén»! conirc le mav-
quls de la Bomana :
■ La nation danoise apprendra avec l'étonncment le plus vif et llndignation la
plus juste que les troupes espi^oles qu'elle avait tetnes evec une ho^itaUté ^ cor-
diale et de qui elle était tn droit d'attendre du secours, viennent de démnlir la
réputation de lojauté et de fidélité qui les avait précédées, de trahir leurs devoirs
envers leurs frères d'armes les Français, et de compromettre les intérêts et la sAreté
du DanenisTck, en formant une liaison hostile avec l'ennemi commun , et en lai
ouvrant les ports des provinces confiées k leur farde. Cette trahison a èlt projetée ,
conduite et eiécutée par le chef de ces troupes, le marquis de Irt Bomana. De la ma-
nière la plus nuée et en invoquant des ordres supposés du prince de Ponie-Gomi,
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l'kdkopb APBis us iviinMBirrs d'bspagnb. 313
On ne pent dire qael eothonsiasme salua cette belle résolotioD du
tnarquis de la Rontma panai les populations allemandes ; tons les
héroïques exemples venaient donc d'Espagne I Ces peuples avaient
vouin ; et, par la seule action de la volonté, ils avaient secoué te joug
qu'imposait Napoléon ! L'Allemagne ne pouvsût-elle pas imiter cet
exemple? Était-elle donc û d^énérée? L'Europe venait d'apprendre
un double secret pour arracher la puissance à Napoléon : réuster
avec constance et faire une guerre de masses ; cette le;oa donnerait
de nobles imitateurs k l'E^gne dans les sociétés secrètes, parmi les
amis de la vertu. La confidératioD du Rbin avait aussi des contingents
sous les armes; et des régiments badois, saxons, bavarois, n'étaient-ils
pas en Espagne ? Le système de Napoléon était de déplacer les peuples
et les armées, de porter au nord ce qui était au midi, et au midi ce
qui était an nord, afin que, dans ce brisemait de toute nationalité,
la résistance des peuples ne trouvftt plus d'appal. Dès ce moment
l'Angleterreprit pour système d'offrir de l'argent et des moyens ponr
attirer è elle, par la désertion, toutes les troupes auxiliaires qui n'ap-
partiendraient pas Jk la France ; elle paralysa plusd'nne fois les moyens
de Napoléon ; ces hommes venaient grossir les légions allemandes on
italiennes an sorice de l'Angleterre. En Prusse sartoat ces idées
fermentaient ; il fut publié à cette époque des livres d'une remarquable
hardiesse ; la police française fat bien trompée si elle n'aperçut pas
les terribles démonstrations qui se firent sur TAllemagne transformée
en volcan politique * . Ou ne pouvait en retarder l'explosion.
Dès que l'insarrection éclata en Espagne , il fut presque partout
il B a« BC mMtn en powesaioD nclvaive de U forUiesH de Niebourg, et livrer celle
pleceai importante pour la sArelé de It France BDiAD^eis, toujoura prêts à profiter
des trahisons, des sarprises, et i se montrer paKout où ils Eonlsdrs de De pu trooTer
de résistuee.
■ BioitAt il parat qoe l'iDlenllon des Espagnols était de s'embarquer sons la
protection des bitlmoila de guerre anglais, qu'ils aTaient appelés, et de quitter le
Danemarck. Cet embarquement a effectJTement eu lien i Niebonrg et k Stenbei^ ,
oii ils se sont emparés de tous les bltimen 18 de transport. Avant de quitter NidMn^,
ils oDt eneloQÉ les canons, et détruit ce qu'ils ont trouvé de munitions et attiraQ de
guerre.»
' Tolci en quels termes étalent babitaellement proscrits les livres qui pr^Mnioit
la nailonallté allemande :
■ S. li. le loi de Wurtemberg vient de prohiber dans ses Ëtata la fameuse
Théori* du eiprilt, de Jung StiUing, comme va onnage dangereoi de toutes ma-
nières. Les exemplaires en circulation ont été recherchés et saisis, et il est dit, dans
la dédaiatlon du roi, qne les coQlrevenants seront rigoureusement punis. »
TMI. 18
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314 l'bobopb apbès ibs ÉrémniBirrs d'espashe.
coDVeDu que les cabinets lui prëteraieDt appui et protection ; l'Au-
triche admit un agent secret de la junte de Sérïlle ; si die oe put
donner bucud secours effectif, elle déclara : a qu'elle ne reconnattrait
pas Josepb-Napoléon pour roi des Espagnes en l'absence dn monarque
légitime Ferdinand VII. » M. de StadJon ne dissimula même pas :
« que son dessein étant de faire la guerre très-procbainemeot, l'AOe-
ma^é espérait le concours et l'appui des forces equ^oles. » l]n
autre agent de la junte fut envoyé auprès du roi Frédéric-Guillaume,
mais la Prusse était-elle encore quelque chose dans le mou?emait
européen? Pouvait-Mj la compter comme auxiliaire quand le roi était
presque captif et la reine dans uoe forteresse '?I1 y a pourtant progrès
quand une cause trouve sympathie parmi les peuples, et on peut dire
que jamais mouvementinsurrectionnel ne fut plus moralement protégé
qiie le soulèvement espagnol ; cabinets et nations voyaient bien que
ce noble héroïsme de l'Espagne leur profiterait à tous contre le pou-
voir conquérant de Nftpoléon ; la dictature éprouvait un édtee, et
c'était le premier. Dans l'abaissement universel une résistance est
fortement et hautement appréciée.
En Russie même, le soulèvement de l'Espagne fit une impresrioD
profonde ; le traité de Tilsitt n'avait engagé en quelque sorte que b
personne d'Alesandre ; tout ce qui était grand, puissant en Russie, à
Saint-Pétersbourg, à Moscou : clergé, noblesse, était resté en dehors
des traifôactions conclues par le czar, et c'est bien ce que le général
Savary avait rapporté à l'empereur au retour de sa mission. Il y avait
h Saint-Pétersbourg un consul général d'Espagne tout & fait dévoué i
Ferdinand VII et à la cause nationale, M. de Zéa, capable et modéré;
les juntes députèrent vers lui afin qu'il eût à pressentir la Rossie sar
l'éventualité d'une guerre ou d'une insurrection victorieuse. On était
alors trop rapproché de Tilsitt pour qu'Alexandre osAt en violer
' l,e roi Frédéric éuil alors forcé de traiter de brigands et de proscrits ses plus
fidèles sujets.
« Ud ordre de la poLce du royaume noas informe qu'il j a dans la Noarelle-
Horcbc et dans la PoméraDie , «n deçà de Colbei^, une bande de brigands de 130 i
ISO hommes , ajast i leur tète un dragon du ré^raent de S. A. R. le prince Gtûl-
launia , nommé Holler, pillant les Tojageurs et commettant d'autres crimes de et
genre. En conséquence, tousleaTOïageursetlcsliabitailtssontinTilèsi se tenir sur
leurs gardes,àsurveiI]ertousles gens sans aveu qui parcourent le pajs, et i signala
ceui qu'ils Teconoaltraient pour tels Bill autorités compétentes.! ( Il s'agissait des
affiliés de la Soeiéti de la vertu.)
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h'xVKOPK APRES LES ivÉNBMEIiTS d'eSPAGMB. 315
ouvertement les conditioas : les deux empereurs avaient stipulé dans
les conférences du Niémen : « que Napoléon agirait librement dans
la Péninsule, tandis qu'Alexandre s'assurerait la Finlande contre
Gustave-Adolphe; » possession injuste, conquête en dehors du droit
des gens . Les insurgés ne trouvèrent pas un protecteur personnel dans le
czar ; il répondit par des paroles équivoques et le souvenir de ses enga-
^raents personnels ; Alexandre avait besoin qu'on le laissât accomplir
sa campagne de Finlande et qu'on abandonnât à ta Russie la Moldavie
et la Valachie; ces deux intérêts étaient si pressant» qu'il ne pouvait
pas les délaisser pour une question aussi éloignée que l'insurrection
espagnole. Alexandre ne voulait point alors se séparer de Napoléon '.
Si les envoyés des juntes furent privés de la protection personnelle
du czar, ils furent parfaitement accueillies dans les hautes sociétés de
Saint-PéterdKturg. cliez l'impératrice mère, si dessinée contre Napo-
léon ; ou peignit sous les plus poétiques couleurs la résistance des
Espagnols ; on promit appui secret à l'insurrection, et des collectes
furent publiquement faites à Saint-Péterstiourg, dans les salons de
Faristoaatie, pour soutenir cette nation qui donnait un si bel exemple
& l'Europe; il ne fut plus question que de t'^agne dans toutes les
transactions des cabinets, le monde eot les yeux sur elle. Singulière
destinée que celle de l'Espagne ; haute ou abaissée, cette nation depub
Charles-Quint a occupé toujours l'Europe ; c'est d'elle que sont venus
les exemples d'énergie, les périls, les dangers, les difScultés dans les
transactions ; le caractère exceptionnel de ce peuple le place à part
dans le mouvement des idées : il heurte la mollesse des autres nations,
il les réveille et les excite.
D'aillenrs, la fortune de Napoléon avait soulevé tant de jalousies
et de haines I quand un homme porte la tète si haut, le monde entier
le contemple avec enthousiasme ou avec effroi ; si ses actes sont
grands, ils le grandissent encore ; si ce sont des fautes ou des impro-
dences, des attentats ou des crimes, ils le compromettent et le
perdent. Un homme immense ne peut être impunément ni faible ni
petit.
' !•«■ dépêches d< M. de CinlincourtiiidlqneDtipdBe t» mooTcninit d'ojMBJoii;
(Um MDl «n géaénl BtJ latofmie».
FI» DO HUmÈMB TOLUHB.
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TABLE
DES CHAPITRES
DU HUITIÈME VOLUME.
■
CHAPITRE I.
( Pig«s B à M. )
iBTocB Bi MiPOLton A puh.— icTEi DK ION floiTTiiiinairr.
37 jilllcit i nonmbn IBDT.
faria et l'empereor. — Quagemeni duisle ureclire de Napoléon. — ■ Idée de l'infinU
— ÀdulttioDS. — Les corps poLtîquw. — Ftrillèle arec les empereurt romains.
— Cliutgcineiit dsnB le mlustère. — U. de Talleyrand Tke-grand électeur. —
Bl. de ChampapiT eni relalioDS •iiârieurcs. — BerQiicr tice-grand conoétable. —
Le général Clarke k la guerre. — Crétet h l'intérieDr. — Le ministre de U police,
Fouché. — Hori de U. de Portalis. — Les cultes, simple direction. — Suppression
du tribnnat. — Oamiure du eorpa législatîT. — Esprit monarchique. — BlRgie.
— Uonnaies. — Formule impériale. — Hallage de JérAme. — Institution des ma
jorala. — Idée de noblesse. — Leaduca. — Ltscomtes. — Les barons. — Blasons.
— PréoccDpationa de Cambacéris et de H. Uaret sur la noblesse. — Quolibets et
moqueries. — Pamphlets étrangers. — Manières des nouveaux nobles. — L« mo-
narchie de Napoléon.
CHAPITRE II.
(Pages» kSl.)
Térritotre.— Départaments réunis. — Diépartetnents anciens. — DMif oi» nOitaires.
— Préhctnres. — Coure d'appel, — Àrdievêchts et érêcbés. — Système admi-
nistratif. — Les coAmann. — Boyanme d'Italie. — La Tice^tijauté. — Utlan.
— Tenise. — GoaTernementsgénérauidel'emplrt dans les proTîncast^tmles.—
na» dans la Dalmatie, le Ftiou] et U haute Italie. — Les Sept-Des. — Lë^riation
générale. — Centralisation. — Lois politiques et judiciaires.
CHAPITRE m.
( Pagea m à 70. )
«WTnitKMIIlT Ma tlATI UAS AU SrSTfcm FtDtaATir DB tCAPOLtoll.
laos-iaoT.
Laa royautés de fiunEUe. ~ Ha^es. ConstitiMioB. — Peuple. ~~ Armée. — JoaeiA--
Napôléon et ses actes. — Hollande. — ImpAta. — Commerce. -~ UariM. ~ Corps
politiques. — Wesli^alie. — La régenee. — CoasUtutioB. — S« territoire. —
TUlea. — États. — Caractère de JérAme. — Grand-duché de Berg. — Murât. —
Actes de son gouTemament. — Principauté de NeoTchltel. — Berthier. — Conré-
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