* f/',-
VAUDEVILLE EN DEUX ACTES ,
TIRÉ DES PURITAINS D'ECOSSE,
DE SIR WALTER-SCOTT ,
PAR MM. Achille DARTOIS,.Théodore ANNE^
et DE TULLY ,
REPRÉSENTÉ, POUR LA PREMIÈRE FOIS, A PARIS, SUR LE
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE , LE 9 JUILL3T iSaS.
PARIS,
AU MAGASIN DE PIÈCES DE THÉÂTRE ,
CHEZ DUVERNOIS, LIBRAIRE,
Cour des Fontaines, n" 4, et Passage de Henri IVjn»' ic,i2cti4
1825.
*^^^V\\.'»/\W%VV*^X^%'%/V\.%'^%X"*^
PERSONNAGES. acteurs.
Henri MORTON , lord-lieutenant d'Ecosse,
sous le nom de lordMELYILLE M. Isambkrt.
Lord EVANDALE M. Fédé.
CUDDY, intendant d'Evandale M. Guillemin.
INGLISS, jardinier du même M"* Clara.
Lady MARGUERITE , tante d'Evandale.. M'^'Guillemin.
Edith BELLENDEN , jeune orpheline . . . M"* P. Geoffroy.
JennyDENGISON, sa suivante M"*^ Adèle.
Un Tabellion.
Un Constable M. Olivier.
Uu Domestique M. Justin.
Amis et Parens d'Evandale.. .
"Villageois.
^pempts de la suite du Constable.
La Scène se passe au châteaude lord E vandale, en Ecosse,
et à quelques milles d'Edimbourg , en Van 1688.
Yu au Ministère de l'Intérieur, conforme'ment à la décis'-^n de
Son Excellence.
Paris, le iSaS.
Par ordre de Son Excellence,
CoL'PART ,
Chef du bureau des Thc'âtres.
Tous les dtbtlanx d' exemplaires non rêvé lus de la signature de
r Editeur seront poursuivis comme conlref acteurs .
Imprimerie Je (^HAiuMiAu CIs aiiic ,
ru« de la Monnaie, n° 1 1 , à Paris.
v:
IL''120ILÉ ^
VAUDEVILLE EN DEUX ACTES.
*** VV* VV\. V%/% VV* VV\X/V\ VV\ VVVVV% VV% »/VV VV\ VVV-l/V» VV% VV\ V%% VVV V*»* VVX^/VX'V^i^VV»
Le Théâtre rep?'ésentc un salon fermé ,• à dr oite , un
cabinet avançant sur la scène, avec une fenêtre donnant
sur les spectateurs', au bas de cette fenêtre est une table.
ACTE PREMIER.
SCENE PREMIERE.
EYANDALE, LAD Y MARGUERITE.
LADY MARGUERITE.
Quoi! mon neveu, vous voulez absolument vous unir à miss
Edith?
EVANDALE.
N'êtes-vous pas de mon avis?
LADY MARGUF.RITE.
De votre avis? je ne sais pas trop.
EVAMIALE.
Comment, ma tante !.. . . Auricz-vous remarqué dans Edith
des défauts?
LADY MARGUERITE.
Gardez-vons de le croire! C'e->t bien le meilleur C(rur , la
grâce la plus parfaite, la sensibilité la plus vraie. . . .
( 4)
EVANDALE.
Mais , alors . . .'
LADY MARGUERITE.
Alors, en y réfléchissant, je trouve que vous pourriez n'a-
voir pas tort; et , puisque vous n'avez pas d'ambition. . .
EVANDALE.
J'ai celle d'un franc Ecossais , d'un loyal soldat.
AIR des decoirs de la Chev'alerie.
L'ambitieux, qu'un fol orgueuil dévore,
Cherchant partout la route des grandeurs.
En avançant, souvent se de'shonore
El se fle'trit pour atteindre aux honneurs.
Une autre iilee , un autre soin m'attache,
A l'avenir léguer un noble nora ;
A'ivre sans peur , mourir sans tache ,
Voilà quelle est ma seule ambition.
LADY MARGUERITE.
Et pourtant j'ai de fortes raisons pour en vouloir à Editli.
EVANDALE.
Que dites-vous, rua tante? A-t-elle eu des torts envers
vous ?
LADY MARGUERITE.
De Irès-gramls torts. Attaché au service , revêtu du grade de
colonel , vous ne vous êtes jamais occujoé de l'administration de
vos biens, et vous vous êtes reposé sur moi du soin de vos inté-
rêts. Cette confiance , bien placée, me mettait à même d'a-
doucir la position des malheureux villageois des alentours, et
nos deux noms, je puis le dire sans orgueil , étaient bénis dans
chaque chaumière. . . .
EVAINDALE.
Eii bien ?
LADY MARGUERITE.
Eh bien ! depuis que , pour tenir le serment que vous aviez
fait à sa mère, de veiller sur Edith, vous me l'avez amenée
dans ce ch.iteau , il m'est impossible de trouver le moyen de
faire une boiuic action.
(5)
EvANDALE, souriant.
En vérité, c'est cela!
LADY MARGUERITE.
Sans doute; elle me prévient en tout Avec cela qu'elle
est jeune, et qu'elle va beaucoup plus vite que moi. . . .
EVANDALE.
Je conçois votre colère.
LADT MARGUERITE.
Edith dépense le peu que la spoliation n'a pu lui ravir , à
faire du bien partout. Enfin, cet Ingliss, ce jeune orphelin que
vous avez pris coname jardinier , c'est encore elle. . . .
EVANDALE.
Et c'est tout cela qui me fait tant désirer de l'épouser.
LADY MARGUERITE.
Je ne puis pas faire autrement que d'être de votre avis.
EVANDALE.
Vous voyez bien ! . . . .
LADY MARGUERITE,
Lorsque je songe, surtout, que celui qui vous disputait son
cœur, que cet Henri Morton , qu'un arrêt de notre parle:nent
exila, il y a cinq ans , de cette province , a péri dans un nau-
frage, que même son souvenir est entièrement elïacé de la
mémoire d Edith ....
EVANDALE.
Penser qu'elle a oublié Morton malheureux, serait lui fa?re
injure; mais notre hymen fut le dernier vœu de lady Bcllen-
den sa mère. Edith est sans appui ; elle cède à la volonté de ses
parens : j'ai son amitié , son estime, je puis croire au bonheur.
SCÈiNE II.
LES MEMES, INGLISS, chargé dc Jîeitrs.
INGLISS, accourant.
M. Cuddy ! M. Cuddy ! j'ai à vous parler : que je vous coule !
EY ANDALE.
Ail ! c'est Ingliss I
(«)
INGLISS.
Pardon , milord et milady , c'est M, Cuddy.
LADY MARGUERITE.
Que de fleurs!
INGLISS.
Et des fameuses, encore I tout y a passé. . . Dame I un jour
comme celui-ci. ( A demi-voix. ) J'connaissons i'goût de la
jeune miss : mon père n'a pas été pour rien jardinier du père
de. . . . (5e reprenant.) Imbécille ! .... qu'est-ce que j'allais
dire .'....
EVANDÀLE.
Achève donc î
INGLISS.
J'n'ose pas , milord . . . C'est un nom que railady a défendu
de jamais prononcer ici.
LADY MARGUERITE.
Sir Henri Morton ?. . . .
INGLISS.
Làl ... ce n'est pas moi , au moins , qui l'a nommé 1<* pip-
mier. . . . Pauvre jeune homme!.,, c'était ça un charmant
cavalier... et beau... et jeune... et bien taillé... Plus
grand qu'moi, par exemple. . . d'un' belle espèce.
LADY MARGUERITE.
Tu ne peux donc pas le taire?. . .
EVANDALE.
Et pourquoi lui prescrire le silence? Son père devait tout
aux bienfaits de la famille de sir Henri ^ j'aime sa reconnais-
sance.
LADY IrtARGUERlTE.
Je n'avais défendu de prononcer ce nom que dans votre in-
térêt, de peur qu'il ne renouvelât l'amour d'Edith.
INGLISS.
Oh! je sais bien , miladj, qu'c'élait dans d'bonncs inten-
tions. . . . parce que , vojez-vous, vous avez beau dire. ... et
avoir l'air. ... je n'vous crois pas du tcui; méchante.
(7)
EVANDAtE.
Il VOUS connaît, ma tante !
LADY MARGUERITE.
Et d'oii sais-tu que je ne suis pas me'chante?
INGLISS.
D'où?. . . Oh ! j'ai une manière qui m'réussit toujours : je
juge les gens sur les actions, jamais sur les paroles. . . . C'est
miss Edith qui m'a fait entrer ici; mais qu'est-ce qui m'ré-
compense ? . . . .
LALY MARGUERITE, lui faisant signe de se taire.
Ingliss ! . . . .
INGLISS.
Qu'est-ce qui prend soin de moi?. . .
LADY MARGUERITE, dc même.
Mais I . . . .
INGLISS.
Encore vous ! . . . . Qu'est-ce qui m'fait porter en secret des
s'cours à nos pauvres montagnards ? . . . ,
LADY MARGUERITE.
Je vais me fâcher !
INGLISS.
Toujours vous !.. . Tout cqiie vous m'dites, quand vous
m'grondez, . . . vos paroles, enfin. . . \"r'r'r. . . sont envolées,
vos actions sont là. . . . ( Il met la main sur son cœur.) \'là
comm' je suis taille'.
EVANDALE.
Bien, Ingliss! . . . Ma tante, vous n'avez rien à reprocher à
Edith?....
LADY MARGUERITE.
Moi! lui reprocher quelque cho^el Dieu m'en garde! C'est
la seule femme qui te convienne. . . . Viens avec moi , tu vas
voir comme je lui parlerai!
AIR : 3Ion cœur a V espoir s' ahaiulontie.
Aujourd'hui même, elle sera ma nièce j
Aujourd'liui inrmc , elle l'epouscra.
(8)
ETAKDALE.
J'en doute encore, et , quand j'ai sa promesse ,
Veut-être bien elle balancera.
LADY MARGUERITE.
Si miss Edith te traite de la sorte , *
Dans le chagrin que ta tante en aura,
tlle mettra tout le monde à la porte.
iNGLiss, a part.
Elle est assez bonne pour ça.
LADY MARGUERITE.
Aujourd'hui même elle sera ma nièce;
Aujourd'hui même elle t'e'pousera.
Tu dois ici compter sur ma promesse :
Jamais Edith ne te refusera.
_ EVANDALE.
» I
^ I Aujourd hui même , au gré de ma tendresse,
S < Aujourd'hui même elle m'épousera.
w I J'en doute encore , et , quand j'ai sa promesse ,
W I Peut-être bien elle balancera.
INGLISS.
Comm' la jeun' miss a pour lui d'ia tendresse ,
Aujourd'hui même elle l'épousera.
H doit toiijours compter sur sa promesse :
Jamais Edith ne le refusera.
SCENE III.
I^GLISS , seul.
C'est vrai ! . . qii'c'est un' bonn' femme I . . mais , elle a une
bonté particulière. . . C'est comme Betzy !. . elle a aussi un'
beauté particulière, c'qui fait qu'j'ai pour elle un sentiment
particulier. . . Avec ça, que j'suis un gaillard. . . et un fier
encore. . . taille pour l'amour !.. je me 1' suis laissé dire. . .
Eh bien ! avec tout ça j'ne sais pas si j'compterais sur un
femme , car un' chose qui m'arrive I . . Mistriss Jenny , la
femme de M. Cuddy, quand nous sommes seuls et que j'iui
parle d'amour. . . ell' sourit et baisse les yeux. . . pourtant
elle a un mari. . . c'est /ilrôle ! . . . c'est sans doute pour rire. . .
j'm'y prête. . . mais pour le moment, c'est à M. Cuddy que
je voudrais avoir à fairç. . .
(9).
SCENE JV.
INGLISS, CUDDY , JENNY.
CVDDY.
Si Ton m'avait dit qu'Ingliss était ici , j'aurais bien gage
le trouver les bras croisés.
INGLISS.
C'est ça , v'Ià les complimens qui commencent ; eh bien î. .
qu'est-c'qni a cueilli toutes ces Heurs... qu'est-c'qui les a
apportées ici j non , mais faites-moi le plaisir de me dire
qu'csl-e'qui a fait tout cela ?. . c'est peut-être vous?. .
JENNY , doucement.
Ce qu'on en dit. . . c'est par intérêt pour toi.
iNGLiss, malignement.
Oh I . . je sais bien , mistriss , qu'vous ni'portez de l'in-
térêt!.. {Jennj lui ferme la bouche et soupire). ÇApnrl.)
Tiens, ça la fait soupirer I. . (Haut. ) Mais, c'est pas tout ça. .
M. Cuddy , j'ai à vous parler. . .
CUDDY.
Encore quelque nouveau conte !
INGLISS.
Un conte ! . . c'est bien une histoire toute entière, .' Figurez-
vous que, coram* j'étais, au bout du jardin , à cueillir mes
fleurs , j'vois un grand homme , enveloppé dans un grand
manteau , et la tête couverte d'un grand chapeau qui était
rabattu sur une grande figure que je n'ai pas vue . . . mon petit
ami. . .
CUDDY , l'interrotnpant.
Allons, laisse-moi tranquille.
INGLISS.
Mais , qu'est-c'que c'était que cet homme-là ?
JENNY.
Un curieux qui est bien aise de connaître ce qui se passe . . ,
INGLISS.
D'abord j'ai craint que c'fùt un voleur , et l'frisson m'a pris.
CUDDY.
Poltron!..
( 'o )
INOMSS.
Ecoutez donc. . . j'n'ai pas été soldat comme vous , moi . .
Ma profession c'est d'ctre amoureux. . . ce n'est p^5 mon évA
«l'être brave.
r.uDOT .
AIR : l'a (icrille de Blanche
A t'er.harilir, moi. je t'engage j
.Aux mililair\s traj)j artient pas
Le droit d'avoir , seuls, du courage:
Il en faut dans to\;s les états.
(>heî un peuple à l'IjOTineur sensible,
On doit toujours être prêt an combat j
'JVl qui n'est qu'artisan paisib'e
Peut demain devenir soldat.
i>jGLiss , regardant Jtunj'.
C'est bon, j'n'aurai pns peur., .mais poltron ou non, on vont
est nécessaire. . . Sans moi sauriez-vous Jes bruits qui courent
sur les projets d'Olifatîd , le plus cruel ennemi de noire jeun»^
inaîiresse?. . Auriez -vous entendu parler de l'ordre d'exil
t|ue l'on prétend qu'il a obtenu du conseil privé , établi dans
l'Ecosse , eu attendant le lord-lieutenaut que l'on ne connaît
pas encore ?
CUDDY.
II n'en est rien.
INGT.rSS.
Ordre d'er.il ,. . qu'il ne meîfra à exécutioTî , assi^re-t-on ,
contre lord Evandale, qu'après son mariage , parce qu'il faudra
bien alors que miss Edith suive son mari en pavs élranjjjer. .
et qu'Olifand sei'a délivré de toutes craiiîtcs au sujet de l'jiéri'-
tage...
CUDDY.
Qu'il vienne. . . et que j'aie seulement le temps de couler
une balle dans ma vieille carabine , il verra si je le jnanque.
INGI.ISS.
Tons pouvez êirc tranquille, c n'est pas moi qui ppcnlrai
sa place. ,.
CUDDY , brusquement.
Allons I. . Retourne à to:i poste î. . ,
JENM' , avec douceur.
El poitf CCS fleuri dans la chambre de miss Edilh î. . .
INGMSS.
^n\ , mislrissl.. (A part.) Quelle dirterence de coin-
UJandemenl .' . . Esl-eile gentille !. . Son mari a beau dire, il
doit tiembler (jueuqu'fois. (// emporte les Jlcurs.)
SCENE V.
JENNY, CUDDY.
JENNY , regardant Ingliss s'en ollcr^
II csl gentil ce petit bonhomme.
CUDDY.
H lu'a mis de mauvaise humeur en me pai'Iant d'Olifaud. , .
Puis il m'a rappelé sir Morton . . ..
JENNy.
Il n'y avait pourtant pas besoin de cela ^ tu en parles assfz
souvent. . . et si de temps en temps je ne me faisais dire poi' le
petit Ingliss que je suis jolie ^ lu me le laisserais oublier. . ,
CUDPY.
Ah ! If petit Ingliss a osé ?. .
JEAXY.
Oui , le; pptit Ingliss a osé. ( A part. ) Si je pouvais lui
donner ue la jalousie.
AIR : le suis q,i'il est da ns ce vUlnge.
Commctii I le petit louie'iaiic
T'en cunle!...
lENlVT.
C'esl lu veiite.
Cl DDT.
Pendant Ce temps , jiour le disliaire.
Toi , (jue fais-lu de lou tôle ?
J-EM\Y. '
Pendant qu'à sou aise ii babille
Et prend ptaisir à répéter '
Ç>U(' )e .suis bien taile et geuttlle^
Mw , je ui'fiiuuic ii 1 écouttt.
( lo
cuDDY , smif l'avoir entendue.
Sir Henri Morton est toujours devant moi. .
JENNY.
Tu ne m'as donc pas entendue ?
CUDDY.
Quoi ! . . .
JENNY.
Je t'ai dit que je m'amusais à écouter Ingliss. . .
CUDDY.
Ce n'est que cela I . . Quand une femme ne parlç pas , c'est
bien le iuoins qu'elle écoute.
JFNNY.
Ainsi tout est e'gal pour toi. Et sir Morton ?. .
CUDDY.
Puis-je l'oublier , quand miss Edith qui lui était promise ?. o
JENNY'.
Lord Evandale est le meilleur des hommes } il t'a pris chez
lui , t'a-fait son intendant.
CUDDY.
Jenny ! j'aime , je respecte lord Evandale j mais si , comme
moi , tu avais d'abord servi sir Henri , si la même cause avait
arme vos bras!... peux-tu m'en vouloir de conserver le sauvenir
do celui sans lequel je ne serais pas ici ?
AîR : ^4 soixante ans.
Dans mon ardeur, près de lui redoublée,
Bravant un jour un péril trop certain ,
J'allais périr au fort de la mcle'c ;
Henri le voit , et sa \ai!lanle main
Reçoit le coup qui m'eut perce' le sein.
Par les regrets mon Ame est poursuivie ;
Quand il partit , à l'exil condamné ,
Par moi , pourquoi fut-il abandonné ?
Il fallait Tsuivrc... et lui sauver la vie, '
Afin d'iui rendr' ce qu'il m'avait donne.
jf^NY , ai'cc bonlé.
Tu sais bien que ce n'est pas ta faute.
( i3 )
CUDDY.
Oui , je sais qu'il m'ordonna de rester , qu'il l'exigea.
JEIVNY.
Tu vois donc que tu ne peux pas te reprocher son nau-
frage.
Air, ; 7b 1/5 les malins.
(Ili.ionn cslimait sir Hcniij
'l'ii l'aiinais : cela devait être.
Mais parte qu'il fut englouti ,
.Dois lu toujours parler irton maître?...
Il est au fond d'ia mer, et moi ,
J'suislà!,.. songes-y, de grï5ce.
CUDDY, la regardant tendrcmenU
J'm'occuperais d'mcme de loi,
Si tu le trouvais à sa place...
JEXNY.
^ien oblige' ! . .
CUDDY.
Ma chère Jenny I je t'aime comme le premier jour de notre
piariage. . .
JENNY.
C'est singulier ! je ne m'en aperçois pas.
CUDDY, s'approchani d'elle et arrangennl ses hahils.
Que ces liabillemens te vont bien!. . .
JENNY.
Ah ! il y vient. . .
CUDDY.
Ma petite femme , je ne puis te regarder sans être tenté. . .
JENNY.
Comment puis-je le sa\ oi^' ?
CUDDY , lui pixtiiant lit imtin,
La jolie main 1 . , il faut que je l'embrasse.
JF.NNY.
Il me semble que tu en es bien le maître.
(>4)
KU DDY , laissant lombtrla main de Jcnnj iju il a\uiit {ipprjchèe
de ses lèvres.
Henri Morton , s'il eût épousé miss Edith!,, l'aurait
aimée comme Je t'aime.
JENNY,
Prends donc garde , tu n'es pas à ce que tu fais. . .
cunny , revenant à lui.
Pardonne , Jenny ! ( // s'approche , el, prêt à Venibrasser^
il eut interrompu par l'arrivée du domesli(fue. )
LE DOMESTIQU E.
M. Cuddj , un étranger demande à vous parler. . .
CUDDY . se retournant vivement.
Un étranger?
LE DOIUESTIQ'JE..
Il dit qu'il est très-pressé.
JENNv , à pari.
Allons, il fallait qu'il vînt un étranger. . . et un étranger
pressé encore !.,.
curiDY, au domestique.
Dites-lui qne je "suis prêt à l'enfen.'lre !... Pour toi , Jemiy ,
miss Edith t'atfend sans doute avec impatience.. . Lu jour de
npce on a be-soin de faire une belle toilette.
AIR : P^audjville des Blouses.
Porte tes soins, ton zèle à ta maîtress«;
Cours proniplenient , près d'elle , le ranger.
JENNl'.
Encore un mot , et somlain je te laisse.
CtDDY.
Songe qu'ici va venir T'elrangor...
S'il ni'a[iportait quiliiiie nouvelle utile...
3 F. >■ > V .
Quand tu me pail's , tu t'interromps toujours.
ru ouï.
Ton tour viendta; n?a Jcnuy , sois tranquille.
J! tifix , fifemejil.
Tu mf repèis la laim" chos' tous les jours.
( .!*)
Jt> ',ais iloniior ni'^s S')ins à infi ra;iîl!éss<'' ; . ,
A sa loilrlte, c'rst rmnmc%t de songer j
KJ, seul ici, min ami, je t<; laisse,
Puis^jue tu vas recevoir l'el.rani^er.
ctiDny.
Porle tes sijns j ton ye'lc à la maîtresse}
(lours priiniptcmcnt près d'elle te ranger j
Seul, en ces lieux , il faut bien qu'on me laisse -
Songe qu'ici va venir l'ciranger.
SCErvE VI.
CLBDY, L'ETRANGER, introduit par le dome-tiqué qui
se relire.
CUDDV .
A. cp costuiTio. cVsl l'étranger dont in'a parlé Ingliss. . . Que
peut-il me vouloir ?. . . et pourquoi se càche-t-il ?. . . {A l'étran-
ger, qui s' avance avec prccaulton.) Nous sommes seuls!
l' É T n A N G E n , sans se découvrir le vi.sagc. .
Cudd V ! ■
AIR : J'aiidei'ille de Figaro.
Tu ne sais qui je puis cire?
CUDDV , ctnniié de la r'oix de l'étranger.
Afî ! mon Dieu ! qu'ai jo entendu ?
Kn moi , ((iiel trouble il fait naître !
l'Étranger.
êc. viens sans être aCten<lu !
( Se di'cniiumnt et jetant son manteau. )
Cuddy î regarda !
CUDDY, tombant à ses pieds.
Ciel ! mon maître!
Justement , j'étais emu...
Mon cœur 1 avait reconnu.
Est-ce bien vous que je revois?.. . .
MORTON, le relevant.
Oui, CudJy.. . . c'est Henri Morton qui te pressé dans ses
i>nis !.. . .
cuonv , lui prenant la main.
Oh! oui oui.... la voilà, cette main qui me sauva la
vie!... la voilà j celte blessure !•.. .
( »G .)
MORTON.
'Quoiqu'un m'aimait donc «ncore, et g{»rcViit mnh snuvcnii!...
eu DDT.
Que j'apprenne comment
MOUTON, vn'enient.
Piéponds-moi Parle-moi d'Edith !.. . .
CUDDY , à part.
Que lui dirai-je?.. .
WORTON.
Pourquoi habile-t-elle ici?... pourquoi a-t-elle quitté ses
domaines ?
CUDBV.
Hélas I milord. . . . elle en a été chassée pai* son cousin James
Olifand.
MORTOiv , avec indignation.
Olifatil!...
CUDDY.
hes grands biens d'Edith provenaient de la succession du
coîiite Torwood, son oncle , à laquelle Olifand , juge de paix
de ce comté', avait des droits égaux. Un preiiaier testament du
romte avait investi James de cette riche succession ; mais un
testament postérieur avait transmis st's droils à lady bellen-
den , mère de miss Edith.. . Jlalhoureusement, à la mort de
miiadj , cette pièce ne s'est plus retrouvée.. . Olifand a fait
valoir la première volonté du testateur, et miss Edith doit
l'asile qui lui a été accordé dans ce château à lord Evandale I. . .
MORTON , ai'cc vchtmence.
Evandal e!. . . niais enfin. . . Edith?.. . ,
CUDDY.
Edith. . . . l'épouse aujourd'hui même I. . . .
MO p. TON.
Ce que l'on m'avait dit est vrai!.. . Evandslf !. . . je ne sais
uelle étrange fatalité nous a sans cesse poursuivis!... Tous
euxd'uîie égale naissance, rivaux dès notre jeunesse.. . l'amour
augmenta encore cette rivalité. . . . Jetés , par suite de troubles
3,
( '7 )-
]»')!itif{ii('s, dans dos partis difl'éreiis , deux fois il me sauva la
vie, o.l (leiix fois , à luoti tour, je fus son libérateur ; et (iiianJ
je reparais, c'est encore lui c^ue je trouve pour m'e:i!evcr lo
tœnr et la main d'Edith I
CfDDY.
L'absence a porte son fruit.. .
MOilTON.
Editii !. . . fini me donna cet anneau en me disant.. , Ijrise-r
l*^, si je suis infidèle.. . f II va])oitr l'arracher dd son doigt-,)
Non , je veux tout voir par moi-même. (T^U'sment.) Cuday ,
il faut c]ue tu nie donnes l'hospitalité pour cette nuit.
CUODY.
Il faut.. . Eh! ne la donnerais-je pas à mon plus cruel en-
nemi ?. . .
AIR : Ou'il respecte l'Homme d'honneur : (de la Pautre fille.)
De cette loi , que l'F'.cosse révère ,
L'usage antique est fans cesse honore';
Un ennemi, fût-il liércdi taire,
Sous notre cliaume, est un être sacré.
A son enn'mi , c'est déjà manquer d'âme ,
Que de Befuser un abri ;
Et l'on ne peut , sans être inftime ,
Le refuser à son ami.
moKton , lui prenant, la main.
Cuddy est toujours le même !. . •. .
CUDDV.
Je vous suivrai partout^!-...
MORTON.
Je ne quitterai plus ce pays I . . .
CL'DDY.
Cro3'ez-vous que ce lord Melleville, envoyé en Ecosse avec
des pleins pouvoirs , et (|ue l'on attend à tout moment , ne finira
pas par vous découvrir?. . . .
MORTON.
Ce n'est pas cela qui m'occupe.. . . Qu'Edith soit fidèle ou
non. . . je ne quitterai plus ce pays , le dis-je !
3
( 'S )
Ctj ODY.
11 VOUS est doue Lieu cher ?. . . ,
MOHTOV.
J'aurais tout bravé pourui'en rapprocher!. . . Ah 1 uion arni ,
tu ne sais pas ce que c'e.^i que d'être forcé de vivre sous un ciel
étranger!... Pendant ia traversée, je n'avais qu'une seule
idée.. . . mes regards étaient sans cesse tonrnés vers l'Ecosse. . .
je dévorais l'espace.. . enfin un cri de joie signale notre arri-
vée !.. . .
AIR (lu IVéces.'iaire et du Superflu.
Impatienl d'atteindre au bord ,
En m'elaacarit sur cclt.: terre ,
J'jii cru , vraiment , dans mon premier transj'.ort ,
J'ai cru renaître à la lainière;
Je ne sais quoi m'a touché , ma parle.
Ah! le soleil de la pairie
Est, pour le cœur de l'exilé.
Le doux regard d'une mère chérie.
C'est Lien là penser en Ecossais ! ffci l'on enleni une riiour"
nulle. J -
MORTOIV'.
(^uel est ce bruit !. . . ,
CUDDY, regardant ^ et ou\,-rant les fenêtres et les portes dit
fond:
C'est tout le clan de lord Evandale, qui descend la mon-
tagne et se rend ici pour la noce. Voici les vieillards, puis les
jeunes filles, enfin les chasseurs qui ferment la marche, et
font entendre Ja ballade favorite de notre jeune maîtresse !.. . ,
iiionTo>',
Je ne me trompe pas... c'est l'air qui annonça mon triomphe,
lorsque je reçus des mains d'Edith !a palme du vainqueurl.. . .
ÎS'importe... ses intérêts me sont toujours chers!.. . . (Il écrit.)
Peul'-ctre mérite-t-el!e encore (A Cuddj\) FaiS porter
sur-le-champ cetlc lettre dans le plus gratid seerçt à John
Breggy.
( '9 )
tuDDY , éloiinê.
f^)iiol î luilorJ !. . . au secrétaire d'OIilaml î. . ,
MOMTOM.
Lr bonheur... l'avenir d'Edith dépendent de la réponse
(^u'ilTaut que j'aie le plus tôt poîjible.
CUDDY.
n sufïlt.. . Je vais envoyer de suite uti homme dont je suis
sur. (Regardant le fond.) Mais on vient.. . . c'est miss Edith.
MORTON . dans la plus violente ngilalion.
Edith I. . , Cuddj î emmene-moi. . . sauve-moi d'elle!
sauve-moi de même!....
CLDDY.
^ entv. . . . sortvrs par ce cabinet qui donrne sur le jardin.
MOflTOJf.
Ain de {l'pche.
Il iaut fuir, ô ùou.'our!
Alors qu'ol!e s'avance I
Quelle amcre souffraiica
Vient agiter mon cœur!
Je me disais : Tendre et sincère ,
}'. Ile sera fidèJe à mon amour;
Kt r.'npr.ite qui in"a su plaire,
Hei.'ts! s'enchaîne sans retour.
Fuyez , illusion trop cîièrc;
Ah ! je le vois, femmes . en vorite,
CJroire à voire fidélité ,
Ccftlsc bercer d'une chimère.
SCÈNE VU.
snss KDÎTH, JENNY. MORTON ft CUDDY-, ih entrent
dans le cabinet , au moment où les dames entrent en scène,
MOKTO'X.
Il faut Hiifj ô douleur! etc.
CUDDT.
Calmez celle douleur
Qu'excite sa présence ;
()uelle amère souflfrau'*
Agite volrc ("ccur I
( ^o)
i.uixu, arriru/tt.
Ah I coinhicn , sur moa cœur,
Ces ciiants ont de puissance!
Dans ce jour , oui , je pense
« Retrouver le bonheur !
S
Qu'aujourd'hui votre cœur,
Sans craint' batte et s'élance j
Cet hjïnen , je le pense ,
Fera votre bonheur !
( .J lu fin du chœur f I\Iorton disparaît entrafnc pat Ctiddy.)
JEX:\Y.
A oici l'apparlejuent oii lord Evandale va paraître, eniourc
de ses vassaux , pour signer le contrat qui doit vous unir a lui.
EDITH.
Je î'avouemi , Jenny. . . . il y a long-temps que je ne fus
conlenle de luoil
AIR de l' Angélus.
î'ans remords, comme sans effroi,
J'accomplis le vœu de ma mère^
L'avenir devient tout pour moi.
Je recommence ma carrière.
Oui , de mon cœur , s'est effaec
Le souvenir de ma souffrance j
Mes chagrins sont dans le passe;
Mon bonheur est dans l'cspe'rance. i
JEIV?<'Y.
Tout est prêt pour la cérémonie I. . . Quelques iiistons en-
core , et vous serez niilady. . . luilady. . . quel beau titre !
on n'est rien , quand on n'est pas mariée !
£DlTn.
Tu es folle , Jenn v I
JEAXY.
Et celte toi'ctle. . . , comme elle vous va bien !
LDITS.
Tant mieux I
( ^' )
JTfiNWY.
EDITH.
l£li bien ! oui.. . la parure ragiièie m'ciail indiiFéreiil*' j aa
joiircrhui je siti-i bien aise d'être jolie!
JF3,NY.
Je le crois.. . . pour j^'aire à lord Evi:i:da!e. Il est si bon î 81
noble ! si généreux I
EOITII.
"Va, va, tu uc peux en hop dire sur ses «pialilo»!
ji;nnv.
El puis... c'est un îrès-bel houirne!
e; I ni.
Je ne prends pas garde à ce a.
JKMVV.
Vous avez tort I moi, à votre place, j'y prendrais
garde.
Aiu fhi I^eniier Prijr.
A vos goùls, dans le iikhihj^h.
Vous pourrez vous abaiitlouncr;
Vous aurez un bci cfjiiipygi'. .
EDITH , sans r< cnulcr.
J'aurai île l'or pour en ilouiier.
ji'.?;a Y.
(hic cl''conqiuU's vousTiez à la ronde.*
i;di ru , clj nu'/iif.
I\irloul le mallicur va luc voir !
jr.>-.\-Y. .
Vous Trcz soHnirer tout le m >iiilc.
ronii.
Ah! ffud plaisir je vais avoir!
SCF.INE VII[.
L£S MtMES , liN^OLISS; il an ix'e , siii\>i de deux domesli-^
qiiea qui porlci.t la corbeille de ir.uiùi.j'c.
ixu; liS.
Vm- ici^v . par ici '... . prcî.e.: Lien janle. . . . c'est que c'est
rtcieu.s. I
( ^2)
.T t. K ,•% y .
Ali I t'est Ii)glis> !. . . .
tDITH.
jMon jeune pralôgé.. . dont la galtc lu'amuse !
IXGMSS.
Oui, acconipaj^né u'!a corl)eille (ViTiaringo de niilorrll.. . .
t)ieu I qu'c'est beau I. . . . qu'c est riche I. . . miss. . . . regarde*
plutôt... c'est snpcrbe !
KniTii , allant à la corbcilhu
Ali I je n'ai pas besoin de regarder po'.îr Je croire.
iiVGLiSii , à part.
J'saisbien.. . mais en attendant, elle regarde !.. . ( /î Jcnny.}
Dites donc, mistriss... si la p'tite Alison , la sœur de c't»;
grajidc rousse.. . vous savez bien.. . si elle pouvait voir tout
r'Ia... çn la taquinerail-y.'... avec ca , qu'elle est ambitieuse î...
Tesl-elle !. . . .
Air, : EIl] III n incrc jCsl-c^i.jne j suis f'a?
lïï n'aim' pa.s Lt gt-oss' Marie ,
rate' qu'elle a rl'jolis rubans.
Eirditdu mal c!e Lucie.
Parc' ([n'cllf* a d'iicaux habill'mcns.
F.llc rhiicholc sur Claire,
l'r.rc" qu\'ll" parte du î^ifr'ias.
linfii
nrdeleilVail. loiil,' Ja tcvre ,
.Si les ljorani"-s n'en étaiei.'l jias.
.1 (•: ^ N Y .
lu ne peux donc j>as retenir ta languoV
INGMSS.
(^îu'vouîrz-vons?. . . moi, j'tirns un jieu de la (■'eiHuie, niA
juëie me 1 a toujours dit,. , . et elle s'v cor,naiisait !.. .
KniTR , revenant.
"V'ovons... rpicdîsiîit Itîgliss?
jtrsNï.
11 d!^alt , juis*. ...
(23)
INOMSS 5 lintenompant.
f.aisscz donc. . c'est moi qu'on mtenogf , cVst à moi de ré-
poudre. . . . Ainic-t-p!!e à parler ! (^A Ediih.') Je disais . miss ,
«jue c'est d'ia pni t de inilord.. . . el je suis sûr qu'il a bien fait
1rs choses.. . . Dam'I quand on s'inarie, i'n'faulrien épargner;
et , quant à moi , i' ut'senible.. . que, lorsque la mariée est ime
femme.. . . el qu'le marié est un homme.. . . ils doivent agir
en conséquence.. . \'là mon opinion.
FDJTH, rinnl.
Tu crois ?. . .
INGLISS.
A la bonne lienrel. . . . (AJennj-.)'EWc a ri.. . . . j'aime Ç3 ,
j\io\\ (Haut. J A propos, miss... les invités comu.'encent à
arriver.
En ce cas , va-t'en.
INGLISS.
J'aurais pourtant bien voulu vous raconter l'histoire d'Ia
p'tlle Moss !
jr.STiY , le pouisant dehors.
A eux- lu bien l'en aller I
I ^^.MSs , passant la U'ic entre le, L.ittiins de la porte.
(.\sl pourtant bien dommage.. . qu'on n'veuille pas écouter
l'histoire de lap'lite Moss ! f lise retire. ^
SCÈNE IX.
EDITH, JENNY, CUDDY et MORTON , dans le ca^
hiiiet.
cuonv.
Miîord : . . . .
MORTON, à Ciiddj-,
Rassure-toi .. elle ne me verra point.
JENNV , à Edith. »
Acbcvons votre toilette. ... le bouquet ! . . . c'est cela)!. . . . ,
maintenant le voile et la couronne !
MORTOiX , à part.
Le bouquet I le voile! la couronne !.. . {A Cuddj.)
( M )
AIR cif ij . Ijtfi.i! Il ri.
L'n ats'.ro ici va recevoir sa loi •
Klle sf pare , et ce n'est pas i)oiir moi .'..,
<.d;)dy.
l'ii auli'e , ici , va recevoir sa foi j
Klle c'tail loin de penser comme moi!
EDITH , il Jeiiny.
Comme cela , suis-jebien? Avec moi
'Jii dois parler toujours de bonne foi.
jf.A^y , à /■'du h.
Oiie toiii cela vous sied bien , sur m: foi !
\"cui êrs ciiarifiant' comme ca , selon moi.
EDITH.
AIR f'i' !a mnifiitcc de la Siit cicre..
Ce hoiiqiieL , celte couronne ,
1-. 'cmbeiiisscnt pas mes traits,
l'.t lont cela ne me donne
ÎSuls charmes , je te promets.
Si je suis vi-aiuieut charmante ,
Je sais bien pourquoi, je croi j
.lenny ," je suis c a tente :
Voilà, voilà pourquoi.
ED.- TU, h Jenny.
Comme ccîa , sui:. je bien, etc.
JESXT.
Que tout cela vous sied, etc.
MOR10\.
Un autre, ici , va recevoir sa foi , etc.
i^lle est contente et se croit loin de moi!
CUDD.Y.
Un autre, ici , va recevoir sa foi, etc.
WORTOÎf,
MCmc air.
Infidèle ;i ^ a pr o m cf se ,
Puisqu'elle va me trahir,
( // Ole son anneau. )
Anneau, gage de tendresse,
A loi , je ne puis tenir.
Il en est temps , ce me semble ,
Je te Ijrise ! (// brise t'iinr.e/iii et en garde les dr-lris^)
( a5 )
CDITU , tressaillant, ^
Quel effroi !
lenny ! Jenny ! je tremble,
Et ne sais pas pourquoi»
[Va , ce n'est rien , et de'jà mon effroi
Est, ma Jenny , maintenant loin de moi.
JEMST.
A tort , Traîment , vous auriez de l'cfFroi ; '
Vous ct's charmante comm' ça , selon moi.
MOKTOV.
Lin autre', ici , va recevoir sa foi j
Elle a tremblé, mais ce n'est pas pour moi.
CCDDT.
Uh autre, ici , va recevoir sa foil
Elle e'iait loin de penser comme moi.
JENNY ; elle parle sur la rilournetle de Valr qui suit.
Mais voici lord Evandale , et tous les invités qui se rendent
ien ces lieux!.. .
MCHTON , à part:
Lord Evandale î
cuDDY , àMorlon.
Jo vais me mêler parmi eux. Mais, je vous en prie, ne failcj
point d'imprudence!
SCENE X.
Les MEMES, EVANDALE, lady MARGUERITE, IN-
GLISS , CUDDY , un tabellion^ person.vages invités ^
VILLAGEOIS.
Choeur de M^ AdAm.
Chantons tous , chantons l'hyme'née
Qui va combler les vœux des deux époux j
Célébrons l'heureuse journée
Qui leur promet les plaisirs les plus doux.
( Pendant le chœur, le tabellion a pesé le contrat sur la table
qui se trouve dessous la fenêtre ou est Marton. )
ivGviss j pendant la ritournelle , montre une jeune villageoise
à Jenny , et lui dit :
CVsl la petite Moss î . . ,
4
EVANDALE. *f
Enfin , miss , m<^s voeux les plus clicrs vont être combh's!. . .
•fuisse le moment de anou bonheur vous off;-ir aussi quelt^ues
charmes I
LADr niAncuERiTE , i'h-ement.
Sans doute, il lui en offrira.. . cette chère enfant !.. . . et je
serai aussi fiëre de l'avoir pour nièce , cjue vous de l'avoir pour
épouse I
EDITH.
Madame, . . . que de reconnaissance I. . . .
LADY MAHGUEKITE, bas à Edith.
Et quand tu feras du bien , tu auras quelquefois l'air de le
faire en mon nom , n'est-il pas vrai ?
EDITH.
Oh I madame , je vous le promets I
EVANDALE.
Chère mi^s, . . . vous savez que votre intérêt seul m'occnpr. .
Je suis soldat, et le premier coup de canon, l'ré contre l'indé-
pendance de mon pays , ou l'honneur du prince qui le gou-
verne , me rappellerait sous les drapeaux.. . . Avantdo m enga-
ger dans une lutte douteuse , j'ai dû songer à votre avenir.. . .
he contrat que j'ai fait dresser vous assure toute ma fortune,
iSGLiss , à Jenny.
Avec ça cil' ne craindra pas lesaccidens.
EVANDALE,
Maintenant je suis tranquille. . . . Je n'ai rien à redouter pour
vous, et Je n'ai jamais tremblé pour moi.
MOUTON f à part.
Noble Evandale !. . .
EDITH.
Milord , Edith ne se rendra jamais indigne de tant de géné-
rosité!
LADY MAnCUERITE.
Que parles-tu de générosité, mon enfant? il ne fait que ce
qu'il doit,. . je voudrais bien voir qu'il fît autrement!
( '-7 )
Elle est bonne Ij , la maman!
KDiTH , avec Jlertd et dtt'^rminatiun.
Milord , commandez à voire épouse !
( Morceau d'ensemble de IM. Adanu)
EVAWDALF.
Combien le moment qui s'apprête
A mon Timc , offre de douceur!
L'espoir, enfin, devant mes yeux s'^iTêle :
Cest d'aujourd'hui que date mon bonliour!
■ ORTON , h pari.
(."est d'aujourd'hui que date mon malheur !
CHOEUB,
Jour de gaîte ! jour de bonheur î
Au plaisir livrons notre cœur !
LADT MARGUERITE.
Il f.nut signrr : ensuite, do la fête
Le signal , mes amis , partout se donnera.
( A Lixiiidale. )
Es-tu si'lr, à présent, qu'elle t'épousera ?
EVANUALE, ai'ecjnie.
11 faut signer!
CHOEUR.
Comme l'on dansera ,
Jfimes filles,
Jeunes drilles 1
Comme tout cela
Sautera !
LAUï y\ AVGV KRVï}:, einbiassani Editliei ta montrant à Lvandale,
Voilà le prix de tous tes vœux \
Consacre lui toute ta vie.
EvAJiDALE , il Edith , en lui pr<-senlant la plumé*
Oh! vous, l'objet de tous mes vccux.'^
Allons , Edith , je vous eu piic...
JENNT, il Cuddy.
EU' n'a pas besoin qu'on la prie.
LAUY MAr.GUERiTE , les pressant dans ses liras.
Vous êtes mes enfans tous deux!
CUDDY.
Pauvre Henri , s'il est en ces lieux !
( lùiiîh t\t encore entre Eiandalc et htdy Marguerite qui la retient. )
woRTON , a la fenêtre du tabinct.'
Pour la parjure , point de grâce;
Plaçons ici ce gage de sa foi.
( Jt jette , sur la table , les débris de l'anneau, )
EDITH, *e baissant pour signer.
Que vois-je , ô ciel! à eelte filace
Cet anneau qu'il reçut de moi !
MORTO» , à voix basse.
Perfide Edith!
çmiH , tressaillant et jetant la plume.
Quoi !
Sa voix ! est-ce un prestige ?.. .
CHOEUR 5 EVANDALE, LADY MARGUERITE.
D'où naît celle terreur?
EDITH , auec égarement.
C'est lui ! c'est lui , vous dis-je!
( Levant la tête et voyant Morton. )
Je le Toi...
TOUS.
Qui?
EDITH , hors d'elle-même.
Lui devant moi !
11 est là... je le voil
( Au moment où Edith a vu Morton, celuirci, prévoyant les suites de
son effroi , s'est éloigné précipitamment , de sorte que , lorsqu'on j'n-
rance vers la fenêtre, Cuddy s'y précipite le premier, l'entr'oui're,
et, voyant l'appartement vide, s'écrie : )
Mais... je ne vois persoune...
10LS.
Allons... c'est un preslige!
il faut signer! -^
EDITH.
Jamais , jamai.s , je n'y puis consentir.
Plus d'hymen!
TCiU.S.
Plus d'hymen ! quel est donc ce prodige ?
EDITH , montrant le cabinet.
il eldil Ij... pointant... et j'allais le trahir.' ..
(19)
( 's**''"-)
Là, j'en suis t&io , je Tai vu ,
r^t jo l'ai craborti enlcr.du ;
Au même instant, pour le reprendre.
Le ciel a voulu me le rendre :
Pour le perdre lai-je revu?
cuDDY , à part.
Là , j'en suis sur , jlle l'a vu;
Ah ! quel cliangemenlinipre'vu !
Ça me fait peine de rcnlcndre.
Le délire vient de la prendre ;
Ah .'quel malheur! coup imprévu!...
TOUS.
Là !... mais que peut-elle avoir vu?
Ah! quel changement imprévu!
Vraiment on n'y peut rien comprccdre ;
Le délire vient de la prendre.
Ah! quel n)alheur! coup impre'vuî
(Erandale et lady Marguerite cherchefit, en vain, It calmer miss
Jîdith; une partie des inuités les entoure ; une autre partie se prt'pt-
pile dans le cabinet ; la toile tori^be.
C3o)
ACTE II.
Le théâtre représente un jardin ,• à gauche est un pavillon.
SCÈNE PREMIÈRE.
INGLISS , seul. Il pose son râteau et son arrosoir pris de la
porte du pavillon.
Que d'evénemensl que d'éveneiueiis! P;ir saint Duiisîan ,
v'ià une histoire qui f'ra du bruit dans uot' Ecosse I .. . Qui
l'aurait dit? encore la noce remise î. . . Qu'est-ce quej'dis , re-
mise ? manquce peut-être. . . Lady Marguerite, dans son cha-
grin, voulait faire tout ce qu'elle avait promis, mettre tout
le inonde à la porte. Elle gronde , et parle , vt parle. . . . enfin ,
ça n'Iui a pas ôté l'usage de ses moyens, au contraire , ça lui
en a donné. . . . C'csl ça \\n femme ! . . . tout l'reste, au chà-
.teau , est dans la conslernation : il n'y a pas jusqu'à %!oi , qui
n'peux pas retrouver la parole!. . . Mais, c'qu'est l'pUis déso-
lant, c'est que chacun avait préparé ses jambes pour danser, et
qu'c'est des préparatifs ijiatilcs. Voilà pourtant la vie : on croit
un' chose le malin , et , le soir , ga n'est pins ça.
Aïs de M. Bi\lancoi'.rt.
àSiir c'te machine ronde
Comme tout va biea;
Vraiment, dans ce mondt: ,
IN'faul compter sur rien. - --I
On croyait de'jà...
Voir mis.*, uu" madame ;
iVîais, miss n'est pas dame ;
Et ça n'est jilus ca.
D'un' fil'.e douce et sai^e
On d' vient amoureux;
On pari' de mariage,
Croyant ê?re heureux.
On dit : J's'rai papa;
Ma feram' mVra fidèle :
On epoiis' la belle ,
ht ra n'est plus ça....
Allons rcr.icttrc mes inslrumcns oratoires dans ce paviîloii.
( 3> )
Ti*M).s , la rîpf n'y pst pns î . ... ( // entend ntarchcr. ) Il y a
qu'Iijirtin Ouvrrz ! c'est Ingliss ! .\h çà I iiiai's il
ne répond poihf. Qui (li.'ihle est-ce qui peut y avoir la-dedans V
( // regarde j}ar l^ trou de la serrure. )
SCENE II.
CUDDY , une Icltrc à la main , sans voir Ingliss.
Allons porter cette nouvelle à sir ]NJorlon. ( // s'avance vers
la parle du pavillon , et donne une tape à Jngliss en voulant
Vil-lire la clef dans la serrure. ) Que fais-tu là ?
INGLISS, effrayé , et portant la main à sa tête.
Dieu! qu'c'osl bêle , de faire peur comm' ça! Est-ce que
vous prenez mon oreille pour une serrure .'
cuDBY , avec plus d'humeur.
Que fais-tu là? réponds.
iNGLiss , froidement.
Je m'proincnais.
cuncY.
Comment ;, tu te promenais?
INGLISS.
EIi bien! oui; j'allais porter là-dedans mon râteau et mon
arrosoir.
CUDDY.
Ah I tu allais. . . . ( A part. ) Et sir Henri qui m'y attend.
I! faut l'éloigner. ( Haut. ) Tu n'as donc plus rien à faire, pa-
resseux.?
INGLISS.
Paresseux!. . . . C'est donc toujours paresseux ou poltron,
avec vous ? Il paraît que vousn'sortez pas de là. Je suis au poste :
les allées sont ratissées , les fleurs arrosées, j'n'ai plus qu'à res-
serrer mon râteau et mes arrosoirs. Vous avez la clef, puisque
A'ous avez voulu tout-à-I'heure. ... ( // porte la main à son
oreille. )
CUDDY.
Je remettrai tout cela moi-même.
INGLISS.
Ah ! ( u4 part. ) II est bien complaisant. ( Haut. ) J'aurais re-
mis ça tout d' suite {à part) , d'autant plus que j'aurais vu
c'qu'il y ayait là-dedans.
(32 )
C W D D ï .
Je te dis que je m'etl charge.
IIVOLISS.
Ahl (A pari.) Oh! c'est sûr, y a du mystbre. {Haut.) A
propos , M. Cuddy, avez-vous appris (|ueuqu' chose de nouveau ?
CUDDY, ai'cc impatience.
Cela ne te regarde pasf. Retourne au château , tu y trouveras
de roccupation.
INGMSS.
Ahl oui, pour Tnettrc en ordre c'qu'on avait arrangé pour
îa cérémonie. Au fait , puisqu'il n'y à plus de noce, car if pn-î;
raît à peu près certain qu'il n'y en aura pas.. . . on l'dit , du
moins. . . .
CUDDV.
Que t^injpbrte? Tu m'as entendu, obéiS.
INGLISS.
J'm'en vas. Au fait, puisque je né peux rien savoir ici , je'
s' rai peut-être plus heureux au château. . . . y a des femmes.
SCENE III.
CUDDY , puis MORTON.
eu DO Y.
Enfin , il est parti. . . . J'ai cru que je ne pouÏTais jamais
in'en débarrasser. ( Il regarde de low; culés. ) Personne ne
peut nous surprendre. ( .// frappe a la porte du pavillon. )
Venez , milord , c'est Cuddy.
MOnToiv', sur la porte du pavillon.
Je t'attendais avec impatience.
CUDDY.
Voici la réponse du secrétaire de James Olifand à la lettre de
votre seigneurie.
BI O R T 0 V .
Donne. Sachons si je me suis abusé sur le compte de cet
liomme. {Décachetant la lettre.) Non, il a tenu sa promesse.
J'ai doue en mon pouvoir cette pièce importante I
CUDDÏ.
Mais, milord, vous le connaissez donc?
J'ai été à même de lui rendre jadis de grands services, et,
( 33 )
plus heureux que tant d'autres, j'ai rencontré un obligé qui
avait de la mémoire.
CUDDY.
Ce n'est pas maladroit ; mais son maître ? . . . .
MORTONé
Est un scélérat, qui bientôt ( ///i7. ) Que vois-je?. . . .
il se pourrait!. ... il a obtenu du conseil privé un ordre d'exil
contre Evandale, et, aujourd'hui même, il veut le mettre à
exécution, avant l'arrivée du lord-lieutenant d'Ecosse I
CUDDY.
Que dites-vous, milord? Lord Evandale serait exilé I Je
cours l'avertir ....
morTon , vivement.
Reste, je te l'ordonne. Evandale! Edith! je puis donc me
venger de vous î
CUDDV.
Vous venger ! . . .
air: Connaissez mieux te grand Eugène,
Ah ! rejetez une pareille ide'e;
Elle pourrait trop loin vous emporter....
MORTON.
De ce de'sir mon âme est possédée :
Quand il faudra, je saurai m*arréter....
CUDDY.
Vous arrêter! cijla n'est pas possible;
De se venger un cœur n'est jamais las j
Plus cjue le fou la vengeance est terrible :
Elle brûle!... et ne s'e'teint pas.
MORTON.
Cuddy , point de réflexions. Tu m'es dévoué ; Evandale ne
saura rien de loi et je sais ce que j'ai à faire tu me
connais. . . .
CUDDY.
C'est ce qui me rassure.
MORTON.
De grands événemens se préparent et exigent ma présence ici-
CUDDY.
Vous pouvez rester dans ce pavillon j j'y ai fait transporter
hier au soir vos malles j vous n'avez rien à craindre.
( 54 )
MORTOIV.
On vient ! . . . .
eu DDY.
C'est lord Evandalc; il vous verrait renlrcr : tournez le pa-
villon ; la fenêtre qui donne sur le carre de fleurs que vous aper-
cevez d'ici, est ouverte et n'est qu'à quatre pieds de terre.
IttORTON.
II suffit. Reviens me trouver le plus tôt possible , j'ai à te
parler. Surtout , le plu.< grand silence.
cLrnnr.
Yous serez obe'f. {Morlon sort. )
SCENE JV.
CUDDY, LORD EYANDALE.
F.VANDALE.
, Je te cherchais.
CUDDY , à part.
Ah I me voilà pris !
EVANDALE.
Les événemens d'hier m'ont entièrement bouleversé,
CUDDY, à pari.
Je le crois bien.
EVANDALE.
N'astu rien découvert ?
CUDDY.
Moi?. . . . rien milord.
EVANDALE.
Mais, qui a pu causer l'état effrayant de miss Edith? Elle
allait signer. , . . De qui parlait-elle?. . . . Qui a-l-elle vu ?
qui a-t-elle entendu?. . . . Dis, réponds.
CUDDY , cachant son trouble.
C'est. . . . c'est c'est. ... je ne sais pas.
EVAIVDALE.
Mais , tu t'es précipité à la fenêtre ?
CUDDY.
C'est vrai.
(55)
EVAN.n \l,E.
Tu soupçonnais donc que quelqu'un était là?
CUODY.
Oui .... je soupçonnais. . . .
EVAMJALE.
Et tu n'as rien vu ?
cuDDY, se remettant.
Absolument rien.
EVANOALE.
C'est singulier! lï m'avait semblé entendre les pas précipite's
d'une personne qui fuyait.
CUDDY.
Quoi î milord î . . . , ( A part. ) Il me fait trembler.
EVANDALE,
Je me serai trompe'. Mais comment se fait-ii qutditli?. . . .
SCENE V.
iiEs MEMES, INGLISS, accourant.
ÏNGLISS.
Ah I milord ! ah I M. Cudd v ! ah ! tout le monde !
CUDDY.
Qu'y a-t-il donc ? C'est encore toi ?
INGLIS?.
Oui, j'espère que c'est encore moi, mais je n'en suis pas
bien sûr.
CUDDY.
Que t'e&t-il arrivé?
EVAIVDALE.
Approche. D'oii vient cet air égaré? Que veux•^^^ ?
INGIilSS.
( Avec la permission de milord , mon congé.
• EVANDALE.
Y penses-tu, Ingliss? Quoi! tu veux nous quitter?
INGLISS.
C'n'est pas moi qui le veux , mais c te grande figure. ( // re-
garde } effrayé.) II me semble toujours lavoir.
( 56)
CUDDY.
II a perdu la tête. {^ A part. ) Aiirait-il aperçu?. . . .
INGLISS.
II se pnsse ici des choses surnaturelles.
CUDDY, à part.
Le malheureux , il va tout découvrir!
FVANDALE.
Allons, explique-toi : je veux absolument savoir. . . .
IXGLIÎîS.
Je in'compremcts peut être à vous dire cVjue j'ai vu, mais
c'est e'gal. Figurez-vous donc,milord, qu'après avoir fini ma
p'tite besogne dans le jardin, j'allais r'gagner le château , en
traversant i'grand carré de fleurs situé derrière le paydlon ,
quand j'aperçois, ... {^Se retoiirnanL avec efjroi. ) Oh ;
CUDDY.
TJn habitant du château ?
IXGLÎSS.
Ah! bien oui. . . un habitant du château. . . dites donc, un,
habitant de l'autre monde. . ,
F.VAIVDALE.
Voyons I. , . dis donc qni?
ÎNGLISS.
Qui.?. . . c'est. . . c'était le défunt sir Morton. . ,
PUD^ÎV et f.VANDALE.
SirMorlon ! . . .
IWGLFSS.
Sir Morton. . . ça m'a d'auîant plus étonné, que quand on
était mort. , . j' croyais qn' c'était pour la vie. . .
CUDDY.
Poltron I . . . pensesTtu nous faire accroire?. . .
EVANDALE.
Tu es certain d'avoir reconnu. ...
IXGUSS.
Ecoulez donc milord ! . . . j'ai vu le fantôme , comm' je vous,
vois. . . et s' Ion moi, c'est pas bien à sir Morton de revenir, . .
car, enfin, il n'a été ni fusillé, ni jiendu , pi assassiné. . . Eh
bien I qu'est-c' qu'il demande? '
(57 )
EVAIVDAI.K.
Il ne t'a rien dit?. . .
INGLISS.-
Oh I d'abord, j'I'ai pas interrogé... je n' savais pas s'il
parlait encore l'écossais . . .
EVANDALE.
Et lu ne l'as pas suivi?. . .
I^GL1SS.
Encore moins ! . . . il .-uirait fallu des jambes ... et il ne m'en
restait quec'qu'il me fallait pour m'enfuir ici.
cunny
Est-c'quo lu ne pouvjiis pas garder les contes pour d'autres. . .
et nous soutiendras-tu que sir Henri n'est pas mort?. . .
F V A N D A L E , à pari.
Morton ! . . . il aurait échapoé ! . . . // s' assied pre^ dit pavil-
lon et tombe dans une profonde rêverie . . .
INGLISS.
Dites donc, M. Cuddy. . . y n'faut pas m' faire parler. . .
est-c' que j'ai dit qu'il était vivant?. . . Je suis sur d' l'avoir vu
et v'Ià tout. . .
CUDDY.
Te tairas-tu?. . .
EVA^DALE, se levant.
Je no puis tenir à cet état d'incertitude 1 . . . Allons trouver
miss Edith!
CUDDY , à part.
Allons avertir sir Morton de tout ce qui se passe.
iNGMSs, à Cuddy.
N'allez donc pas là: . . . Juste ... du côté oii le fantôme I . . .
Je vous préviens , que je ne léponds de rien. . . {Lord Evan-
dale sort d'un côté , Cuddy de l'autre.
SCENE VI.
INGLISS , seul.
Je sois seul à présent , moi . . . Plus souvent que je vais rester
ici. . . ( Jl va pour sortir du inertie côté de Cuddy., cl scsouvc^
jiant que ccst par-là qu il a vu le fantôivc , il s'atrêfe. . .
( 58 )
SCENE VII.
INGLISS,JENI\Y.
JENNY, lui frappant sur V épaule.
Ah r te voilà ...
INGLISS.
Ah I mon Dieu!. . j'ai cru quVen était un. . . Sûr, j'en
Trai une maladie !
JEN?VY, à part.
Il va m' dire que j' suis p;entille lui . . . Si je n'aimais pas tant
mon mari. . , Allons, Ingliss, dis-moi quelque chose d'aimable,
je t'écoute ...
INGLISS, ûPpflr/.
Oli I quel revenant ! . . .
Jf.jVNY.
Regarde- moi ?
INGLISS.
Ces l effrayant!. . ?
JENNY.
Comment?. . . je suis Jenny . . . ce n'est pas ainsi que lu me
recevais lorsque tu me parlais de ton amour. . .
INGLISS.
Quinze pieds de hauteur!.,, ça n' me sortira pas d' la
tête I . . .
JENNY.
AIR :
Tu ra'disais que j'étais joiie..'.
INGLISS.
Je n'ai jamais rien vu d'si laid...
jE\iy T.
Tu recherchais ma compagnie.
IKGLISS.
J'ai fui comm' si l'diabl' m'emportait...
JENNY.
Tu me r'prochais d'être fidèle.
IKGLISS.
J'n'y conçois rien j c'est surprenant !
JENNY.
Mais ma verlu te fut cruelle.
INGLISS-
Ce n'est plus qu'une ombré à présent.
(39)
JF.NNY.
Ma vertu n'est plus qu'une ombre, . . Ah çàl I.igliss!, . .
Il y a peut-être cinq ans qu'il n'en est plus question. . .
JENKY.
Petit sorcier! . . .
INGLISS.
Tout l'monde ledit au moins. . . et ça ne m'étonnerait pa«
du tout.
JENNY, en coVfve.
Me traiter ainsi . . . Tix me le paiera.» , moi , qui suis si bonne
avec toi . . .
INGLISS , reculant.
(^u'est-c'qu'elle a donc? j'crois quelle me bat. . .
JENNY.
Tu es bien heureux! . . qu'on vienne nous interrompre.
lAGLISS.
(]'est c' qui ra'parait. . . j'aurais pourtant bien voulu ne pas
passer par-là... Oh 1 mais , dites donc, mistriss , raccommo-
dons-nous. . . hemi, . . vous êtes si jolie. . . vous ne pouvez
pas être méchante. ♦•
JENNY.
'A la bonne heure ! . . . tu es gentil quand tu veux. . .
INGLISS.
Nous v'ià raccommodés. . . donnez moi l'bras . . .
JENNY.
Tiens î
I.NGLISS.
Est-elle bonne... Attendez... pas si près. (^ Il passe le
plus loin possible du pavillon cl troi>ersp le fond pendant
que les autres sont en scène.
SCENE VIII.
EVANDALE, EDITH, ladv MARGUERITE. (^ Edith
est pille , et sa tristesse doit contraster avec la f^alté qu'elle a
Jait paraître au premier acte. Elle arrive à pas précipités.
EDITH.
Kon, milord ! . . . non , milady ! . . . Jamais! . . . Jamais! . . .
(4o)
LAnr MAKGUEftITE.
Jamais ! Est-ce là une raison !
EVAND ALE.
Ma taule ! . . . pouvez-vous la tourmenter ainsi?
EDITH , ^ £ vandale ,
Ahl milordl. . . combien je suis touchée !
LADY MARGUERITE.
Pourquoi donc refuser d'être sa femme I
EDITH.
Pourquoi ? . . . ( « part. ) Gardons-nous bien de le faire dé-
couvrir ! . . . ce serait fait de lui , si l'on savait que, malgré son
exil , il a osé reparaître ! . . .
I.ADY MARGUERITE.
Evandale ! . . . n'avait-il pas votre promesse ?
EDITH , regardant Jixcment.
J'en conviens!. . .
LADY MARGUERITE.
N'étiez-vous pas bien contente?
EDITH.
C'est vrai I. . .
LADY MARGUERITE.
Tout le m.on(]e était rassemblé. . . le contrat était prêt. . ,
EDITH , plus agitée.
Je m'en souviens ! . . .
LADY MARGUERITE.
Vous alliez le signer ?
EDITH.
Que dites-vous ?
LADY MARGU FRITE.
Quand je ne sais quel fantôme I . . .
EDITH, avec égarement.
Non ! . . . c'est lui. . . je l'ai vu 1 . . .
EVAKDALE et LADY MARGUERITE.
Qui?...
EDITH , revenant à elle.
Je ne l'ai pas nommé.
(4' )
LiDY MARGUEKiTfi.
Non?
FniTH , à part.
Je respire! ...
CiDY M\aGUERITr.
Ainsi, nous no sauron'î même pas le motif?. . .
K DIT II.
Je ne puis le dire. . .
LADY MARGUEniTE. ..
Allez, miss I . . . vous avez un mauvais cœur ! . . .
EVANDALE , à i^« tante.
Contenez-vous?. . .
LADY MARGUERITE.
Il faut que je parle, c'est plus fort que moi. . . oui, miss!
vous ne méritez pas le bonheur qui vous attendait !. . . Evan-
dale est le meilleur des hommes. . . il vous aimait. . . vous sa-
crifiait tout. . . et vous. . . vous brisez son àiiie. . , la mienne... ^
car il m'est plus cher que moi-inèine. . . oui , mon neveu ; oui,
si miss. . . te méprise. . . te refuse. . . c'est elle qu'il faut blâ-
mer... c'est elle qui ne sait ce qu'elle veut... c'est ella
qu'il faut plaiudre.
EVANDALE.
Ma tante I
EDITH.
Dites , dites Miladyl... oui, c'est moi... qu'il faut
plaindre. . . ( Elle pleure. ) Yous avez raison! . . .
LADY MARGUERITE, vù'emeni ^ vojaiil (jucllc pleure.
Du tout. . . j'ai tort. . . j'ai tort. . . essuyez vos jeux. . .
C'est que j'aime tant Evandale!. . . vous-même, j'ai tant d'a-
mitié pour vous!. . j'étais tellement satisfaite de vous voir sa
femme. . . Edith ! . . . écoule. . . je t'en prie! s'il ne peut paa
«•tre ton époux . . . dis-lui au moins l'obstacle qui s'y oppose. . .
Tu sais jusqu'oii va sa tendresse. . . tu leconnais?. . . Eh bien!
dis-lui tous tes secrets. . . tous, et qu'au moins il ait la con-
fusion de n'être pas refusé pir mépris 1 . .
EPITH.
Pouvez-vous le penser î . . .
( 40
L .4 D V m A n G U E n I T F. ,
Je le laisse avec lui. . . moi . . * je sens que lu ne pourrais pas
me donner de bonnes raisons.
SCENE IX.
EVA^DALE! EDITH.
EVANDALF.
A-t-elle dit vrai, miss? suis-je digne de connaître vos :c-
crels
EDITH.
Oui, milord!.. vous les connaîtrez. . . j'ai confiance en
votre générosité. . . Je ne puis rester ici I
EVANDALE.
Vous voulez ! .
EDITH.
Je ne puis plus recevoir le litre de votre épouse. . . Renon—
tez à moi, milord!-. . ( /l /ait un mouvement. ) Renoncez à
moi, pour toujours! . . .
EVANDALE.
AIR (TAngétine,
Du plus doux mariage ,
Il faut perdre l'espoir :
Montrer tant de courage
Est-il en mon pouvoir?
Puis-je voir, sans alarmes ,
Voire refus ,
Quand je pense à vos charmes ?
EDITH,
"^""y pensez plus .'...
EVANDALE.
Mais , du moins , par l'absence ,
N'allez pas me punir;
C'est doubler ma souffrance
Que de voidoir me fuir.
Si je ne puis vous plaira
Comme mari,
Jfi serai votre frère !. ..
EDITH, ai^ec ientiment.
Ah ! pensez -y.
( 43 )
tVANUAl.K.
Mais. . . que j'apprenne !*. .
EDITn.
Vous le savez.... iriilord , avanl son exil, j'avais donné
mon cœur à sir Morton ...
EVANDALE.
Sir Morlon !. .
EDITH.
Eh bien I je l'ai revu I . •.
EVA^rDAfiE , douloiireiiscrneiU.
Il vient vous ravir à mon amour ! . .
EDITH , vivement.
Oui.,, mais je vous connais... vous êtes généreux...
Morton est exile. . . il aura tout bravé pour moi. . . pour sa
patrie, . . et, loin de craindre que vous perdiez votie rival,
je ne me suis confiée à vous que pour vous offrir le ijioyende
le sauver.
EVAMiALE , vivemenl.
Je vous remercie !..
Aiu : Soldat frnnrals , (rfc Julien- )
De sir Henri , sans doute , le retour
Détruit ma plus chcre espérance ;
Mais l'honneur paile , et , malgré moa amour,
Je veillerai pour sa défense.
Me plaindre ici serait hors de saison j
Et , quoiqu'il vienne enfin prendre ma plac* ,
11 me donne l'occasion
De faire une belle action ;
Je dois , au ciel » en rendre gic-îcc.
EDITH , avec attendrissement..
Ab 1 milord !.. je vous avais bien jugé. . . {Evandale lui
prend les niains cl la rassure.
MORTo.N , enlr ouvrant la porte du pavillon.
Que vois-je ? . . . . la perfide !.. ( // rentre. )
(44)
SCENE X.
EYANDALE , EDITH , INGLISS.
INGLÎSS.
Milord ! , . niilortl I . . pardon , si j'vous dérange ; mais il
arrive au château un envoyé du Laird d'OIgar, , .
EVANDALE.
Du Laird d'OIgar !..
INGI.ISS.
Oui;. . avec un air tout sinistre et des nouvelles de la plus
Iia-le importance pour vous. . . J'ai voulu un peu savoir, pour
moi, c'fiue ca pouvait être. . . rien. . . muet. . . muet !. . .
EVAivDALE, à part.
Que peul-il me vouloir I . .
IIVGT.ISS.
Tout c'que j'ai pu en tirer, c'est qu'il faut qu'il vous pai le
sur-le-charnp.
EDITH.
Ne tardez pas, milord !.. si un nouveau malheur!., si
Morton. . .
EVANDALE.
Calmez-vous, Edith. . . et comptez sur mon zèle. . . je vous
réponds de sir Henri. ( // sort. )
EDITH.
Ah I si je ne devais plus le revoir, . .
SCENE XI.
EDITH, INGLISi.'^. ( // va pour suivre E%'ondale, s'^arrête ei,
regarda Edith avec complaisance.
iN<iHSS , à par.l.
Comme elle est mélancolique. . . j'peux pas la laisser toute
seule s'affliger.. . . il faut que j'iui dise queuqu' chose , pour la
consoler. . . ca m'est facile. . . de dire queuqu' chose !.. (Il
vient près d' Ediîh qui ne prend pas garde à lui , ouvre la
bouche et les bras pouf parler, et dit] : Non , c'est pas ça ! . ,
( Il s'en ivlotirttc et s' arrête comme, s' il avait tiouvc.) Ah!. .
( 4'>)
( Rcvrnant et rcrownieitçanl le même jeu.) CVst pas eicnre
ca I • . ( ^^./ût/ ijuclqucs pris en se reliront. ) ( Reviutant. ) Cette
fois ! . . voilà . . . ( // se irouve vis-à-vis Morlon et le reconnalf.)
Ail ! ( // s enfuit effrojé. )
SCENE Xï!. •
EDITH, MORTOIX-
E DIT II , se rrlournant.
Sir îlonri I, . .
HOKTON.
Vous ne comptiez plus sur mon retour. . ,
AIR de 31. Hàancouit.
Dans mon exil, j'osais cncor me dire :
L'amour d'Kdilh me reste en ma douleur j
Lin fol espoir avnit su ipe séduire :
Rien ne peut plus manquera mon malheur.
Le même jour, enfin , me vit proscrire
De ma pairie ainii que de ton cœur.
EDITH,
X)e mon çqeur I. .
MOrxTON.
Evandale , devait me le ravir?. .
EraTu.
Ah ! ne l'accusez pas I
aioKTOi\ , à rarl.
Elle Je défend ! . .
K D I T H ,
Yous ne pouvez nous juger sans nous e:i{cncfre. . .
SIOr> TON'.
Je ne vous blAme poï , mon parti est pris. . . Tantôt lorsfjue
vous vous pariez pour Evandale, je vous ai roîichi votre parole,
en brisant voire anneau. . .
r niTii.
Ciel 1. . voilà donc la cause de cet effroi involontaire cfont
]o ne pou\ais nie leiidre. couipto. . . Ali !.. AJorîou !.. je
vous jure !..
.(4M
MonTo-v,
AIR ; r'aut l'oubUer,
rCacîieveï pas... point de parjure j
Epargnez-vous un vain serruent.
Oublie' par vous , maintenant
Je sais comme on venge une injure :
Tous les cœurs ne sont point ingrats
On peut trouver amour fidèle j
£t, cherchant, loin de vos appas,
Peut-être, il est une autre belle.
EDITH , VLuemcnt,
K'achevez pas ! ( his. )
MOaTON.
Tout à l'heure encore, à cette place, ne vous ai-je point
vu confondre vos larmes avec celk d'Evandale I . . Evandale I . .
EDITH.
Ah !.. si vous saviez , combien son cœur est bon ! noble. . .
délicat. . . vous ne pourriez le haïr î. . .
Le haïr'... (^ A part.) L'ingrate!., elle tremble pour lui.
EDITH.
Cet exil , qui causa vos tourmens , ne peut-il avoir uu
terme;'. . Qui vous dit que des jours heureux. . .
MORTON.
Il n'en est plus pour moi. . .
EDITH.
JMorton !. . Ecoutea-moi !. , ,
SCENE xnr.
LES siK-tirs, CUDDY, accouranl.
Ah ! mi'ord I. . ah ! iniss. . . tout le château est dans ]a
consternation... on veut arrêter mon maître comme ennemi
du gouvcrncmcn!.
EDITH.
LoiJ Evandale !. .
CUDDV.
Lui-m«'me. . . le conslable est déjà arrivé. ( Â u'r Hunh'.')
Vous n'aviez dit que trop vrai I . .
EDITH , à pari.
Et moi, qui complais sur lui. . .
MOKTON.
Et quel parti prend-il ?
eu DDY.
II veut Se rrmcllrc entre les mains du constable. . . et partir
pour Edimbourg [ Le voici tout le clan
l'accompagne. . .
MORTON.
Fort bien. . . c'est maintenant qu'il faut agir. . .
EDITH , le retenant.
Que voulez-vous faire I . .
MORTON.
Adieu , miss 1 . . vous verrez si jo sais haïr î . .
, ( Jl entre dans le jiai'illon. )
SCÈNE XIV.
EDITH, EVANDALE, i ady MARGUERITE, CUDDY ,
JENINY, INGLISS , les villageois.
CHOEUR de M. Bcaiicourt.
Fuyez ! fuyez ! il en est encor temps j
l!)e grâce , partez au plus vite...
Nous protégerons votre fuite.
Fuyez ! fuyez î il en est encor temps ,
Et le constable et ses agcns.
EVANDALE.
Non, mes amis... [je ne fuirai pas... quelque danger
qu'il y ait à rester. . .
( 48 1
iNGi.i.'-s , à part.
\oll:i. c'que j'appelle de l'enttlcmenl !. .
EVANDALR.
On m'a calomnié auprès de raiitoritc. . . je parlerai. . . elle
m'entendra . . .
EDITH , le priant.
Morton élait innocent. . , et ponriant il fut exilé î. . .
LADY MARGUERITE.
Evandale I . . Songe combien je serais malheureuse ! . .
EVANDALF.
Je m'en rapporte à la justice de ma cause et aux lumières
de mes juges ! . . .
ysiR (TAriitippe.
Sans murmurer, j'atlendrai ma sentence j
I-otir me sauver , n'aurai-je pas mes droits?
Je puis sur eux compter pour ma défense :
INous sommes tous protej^cs jiar les lois.
Si, pour remplir un devoir honorable,
Sans consul ler le cre'dit ni le rang ,
I^e juge doit condamner le coiipahle j
11 doit de uiérac absoudre Tinnocent.
LVDY MARGl TRITE.
Ciel I voilà le conslable /
SCENE XV et dernière.
LES MEMES, t,E CONSTABLE , PLUSIEURS EXEMPTS.
LE CONSTAILE , présentant son bdton.
Lord Evanda'e 1. . .
EVANDALE.
C'est moi !
LE CONSTABLE.
C'est à regret, Milord I. . que j'exécute les ordres que j'ai
reçus. , . mais. . .
( 4'> )
»: V A > O A L K
Il suffit ! je suis prêt I . .
l-ADY UAROUKRIIK.
Je te suivrai... je parlerai pour toi... il faudra qu'on
m'entende !.. je ne te quitte pas. . .
EVANDALE.
Adieu , ma tante 1 . . adieu , Edith I './fiix villageois. ) Mes
bons amis , je mets sous votre garde ce que j'ai de plus cher
au monde 1 . . ( Au conslahle ) Partons ! . . .
MORTON , ouvrant la porte du pavillon et paraissant sout un
costume tres-riche.
Arrêtez 1
EVA.\DALE.
kit{.de M. Béancourt,
Que Tois-je.' ô cioll Henri Mortou!
CHOEUR.
Hsnri Morlon !
INGLISS.
Mon bon Sainl-Dunstan , je fiùsonne !
Mon revenant du pavillon !
EDITH, avec dèse.ypoir.
Yieul-il donc livrer sa peisonne I...
CHOEDR..
Non , rien n'abuse ici nos yeux j
C'est lui qui revient en ces lieux.
LE CONSTABI.E , à sir Morlon.
Qui étes-vous, monsieur .' quels sont vos droits pour coui-
Miuuder ?
MORTOiH , lui montrant son brvvet.
Je suis lord Melville.
i,E coNSTABi.K, s'înclinant aptrs l'avoir lu.
Le lord-Iieutenant d'Ecosse !
Toirs.
Le lord-lieutenant d'Ecosse !
MOKTOX.
Ou est le mandat d'arrêt lancé contre lord Evandale .' rf.e
7
( DO )
constablele lui rcirtrl. Il le déchire , et lui donne d'aiitrex pa-
piers.) Exécutez sur-le-champ ces nouveaux ordres à Te'gard
d'OIifand. Allez. (Le constable sort avec les exempts. J (A
Evandale.) Oui. inilord , c'est bien Henri Morton que vous
voyez. . . . Echappe au naufrage , je fus jeté sur les côtes de U
Hollande.. . . Le stathouder Guillaume, en m'accueillarit, me
fît prendre le nom de Melville , qui était celui de ma mère;
bientôt il me donna de l'emploi dans son année , et sa bonté .
lors de son avènement au trône d'Angleterre , en me rendant à
l'Ecosse , m'en confia le gouvernement.
i:VA!VDAL.E.
Que de reconnaissance !
MORTO -V.
Evandale, vous n'êtes point mou obligé.. . . Rappeler-TOUi
notre dernière entrevue. . . . c'était devant la cour suprême
d'Edimbourg... . Une terrible accusation pesait sur ma tête:
vous m'avez servi de protecteur. Les temps sont changés , mats
nos cœurs sont restés les mêmes !
BPITB.
J'ai peine à croire ce que je vois 1
MORTON.
Edith, tous vos biens vous sont rendus ! J*ai en ma poss'^»-
•ion le testament qui vous les assure à jamais.
JENNT.
Il a bien fait de revenir!
MORTON.
nien ne s'oppose plus à votre mariage !
EVAIHDA LE.
Sir Henri a raison. (Pn^nant la main d^ Edith.) Aujourd'hui
même vous devez être unie à celui que vous aimez!. . . Mi-
\orà{ prenant la main d'Henri), recevez votre épouse des,
mains de son frère.
M ORTOïV.
Qu'rntends-jel. . . .
KV A I« riAi,?.
Son cœur n'a jamais cessé d'être à vous. Elle ne consentait t
m'cpouser , que pour obéir au voru de sa mère. Le titrp èf;
jfrère est maintenant le seul qu'elle veuille m accorder. ("^
( 5. )
V
Edith , après les avoir unis.) Vous 1* rovcz , je fais usag« de m*
Rouvelle qualits !
Allons, s'il lui prend sa femme, il lui read la liberté.. . ilya
coiiipensalion.
CHOEun de M. Bëancourt..
De t'Fxilë , cliantons tous le bonheur-,
Il a revu ta douce araie;
Il a touche' le sol de sa patrie ,
Va ie plaisir est rentre daoa son cœur.
IDITU , au puhlU,
Sir Henri , loin de nous , espérii
Qu'on ne voudra plus le bannir ;
C'est en ces lieux que sa carrier»
D^it se prolonger ou finir.
S'il vous voit ici le poursuivra.
Messieurs, où se fitera-t-il?
TJulle part il ne ^eut pkts vivre.
Si vous prononcez son exil.
CHOKIja.
^ ri'lsiW . «te.
FIN.
On trouve chez, Duverinois , Libraire , Cour
des Fontaines, et Passage d'Henri IV, n°* lo, 12
et 1 4 , toutes les pièces de théâtre anciennes et
nourelles , représentées et non représentées.
Il vient de publier les deux nouveautés sui-
vantes :
Le DiTENU DE Charenton, héroïde dédipp à M"* Pradhrr
née More, actrice-sociétaire du théâtre royal de l'Opéra-
Comique, et ornée de son portrait. Prix : ^5 c.
Lettre de M. Drolichon à sa Femme sur l'Etrangère,
Pot-Pourri en trois actes , précédé d'un prologue. Prix ryS c.