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Full text of "L'exilé : vaudeville en deux actes ; tiré des Puritains d'Écosse, de Sir Walter-Scott"

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*  f/',- 


VAUDEVILLE  EN   DEUX  ACTES , 

TIRÉ  DES  PURITAINS  D'ECOSSE, 

DE  SIR  WALTER-SCOTT , 

PAR  MM.  Achille  DARTOIS,.Théodore  ANNE^ 
et  DE  TULLY , 

REPRÉSENTÉ,  POUR  LA  PREMIÈRE  FOIS,  A  PARIS,  SUR  LE 
THÉÂTRE  DU  VAUDEVILLE  ,  LE  9  JUILL3T  iSaS. 


PARIS, 

AU  MAGASIN  DE  PIÈCES  DE  THÉÂTRE , 
CHEZ  DUVERNOIS,  LIBRAIRE, 

Cour  des  Fontaines,  n" 4,  et  Passage  de  Henri  IVjn»'  ic,i2cti4 

1825. 


*^^^V\\.'»/\W%VV*^X^%'%/V\.%'^%X"*^ 


PERSONNAGES.  acteurs. 

Henri  MORTON  , lord-lieutenant  d'Ecosse, 

sous  le  nom  de  lordMELYILLE M.     Isambkrt. 

Lord  EVANDALE M.     Fédé. 

CUDDY,  intendant  d'Evandale M.     Guillemin. 

INGLISS,  jardinier  du  même M"*  Clara. 

Lady  MARGUERITE  ,  tante  d'Evandale..    M'^'Guillemin. 
Edith  BELLENDEN  ,  jeune  orpheline . . .   M"*  P.  Geoffroy. 

JennyDENGISON,  sa  suivante M"*^  Adèle. 

Un  Tabellion. 

Un  Constable M.     Olivier. 

Uu  Domestique M.     Justin. 

Amis  et  Parens  d'Evandale..  . 

"Villageois. 

^pempts  de  la  suite  du  Constable. 

La  Scène  se  passe  au  châteaude  lord  E  vandale,  en  Ecosse, 
et  à  quelques  milles  d'Edimbourg ,  en  Van  1688. 


Yu  au  Ministère  de  l'Intérieur,  conforme'ment  à  la  décis'-^n  de 
Son  Excellence. 

Paris,  le  iSaS. 

Par  ordre  de  Son  Excellence, 

CoL'PART  , 
Chef  du  bureau  des  Thc'âtres. 

Tous  les  dtbtlanx  d' exemplaires  non  rêvé  lus  de  la  signature  de 
r Editeur  seront  poursuivis  comme  conlref acteurs . 


Imprimerie  Je  (^HAiuMiAu  CIs  aiiic  , 
ru«  de  la  Monnaie,  n°  1 1 ,  à  Paris. 


v: 


IL''120ILÉ  ^ 


VAUDEVILLE  EN  DEUX  ACTES. 


***  VV*  VV\.  V%/%  VV*  VV\X/V\  VV\  VVVVV%  VV%  »/VV  VV\  VVV-l/V»  VV%  VV\  V%%  VVV  V*»*  VVX^/VX'V^i^VV» 

Le  Théâtre  rep?'ésentc  un  salon  fermé  ,•  à  dr  oite ,  un 
cabinet  avançant  sur  la  scène,  avec  une  fenêtre  donnant 
sur  les  spectateurs',  au  bas  de  cette  fenêtre  est  une  table. 


ACTE   PREMIER. 

SCENE  PREMIERE. 
EYANDALE,  LAD  Y  MARGUERITE. 

LADY    MARGUERITE. 

Quoi!  mon  neveu,  vous  voulez  absolument  vous  unir  à  miss 
Edith? 

EVANDALE. 

N'êtes-vous  pas  de  mon  avis? 

LADY    MARGUF.RITE. 

De  votre  avis?  je  ne  sais  pas  trop. 

EVAMIALE. 

Comment,  ma  tante  !..  .  .  Auricz-vous  remarqué  dans  Edith 
des  défauts? 

LADY     MARGUERITE. 

Gardez-vons  de  le  croire!  C'e->t  bien  le  meilleur   C(rur  ,  la 
grâce  la  plus  parfaite,  la  sensibilité  la  plus  vraie.  .  .  . 


(  4) 

EVANDALE. 

Mais ,  alors . . .' 

LADY     MARGUERITE. 

Alors,  en  y  réfléchissant,  je  trouve  que  vous  pourriez  n'a- 
voir pas  tort;  et ,  puisque  vous  n'avez  pas  d'ambition.  .  . 

EVANDALE. 

J'ai  celle  d'un  franc  Ecossais ,  d'un  loyal  soldat. 

AIR  des  decoirs  de  la  Chev'alerie. 

L'ambitieux,  qu'un  fol  orgueuil  dévore, 
Cherchant  partout  la  route  des  grandeurs. 
En  avançant,  souvent  se  de'shonore 
El  se  fle'trit  pour  atteindre  aux  honneurs. 
Une  autre  iilee  ,  un  autre  soin  m'attache, 
A  l'avenir  léguer  un  noble  nora  ; 
A'ivre  sans  peur  ,  mourir  sans  tache  , 
Voilà  quelle  est  ma  seule  ambition. 

LADY     MARGUERITE. 

Et  pourtant  j'ai  de  fortes  raisons  pour  en  vouloir  à  Editli. 

EVANDALE. 

Que  dites-vous,  rua  tante?  A-t-elle  eu  des  torts  envers 
vous  ? 

LADY    MARGUERITE. 

De  Irès-gramls  torts.  Attaché  au  service  ,  revêtu  du  grade  de 
colonel ,  vous  ne  vous  êtes  jamais  occujoé  de  l'administration  de 
vos  biens,  et  vous  vous  êtes  reposé  sur  moi  du  soin  de  vos  inté- 
rêts. Cette  confiance ,  bien  placée,  me  mettait  à  même  d'a- 
doucir la  position  des  malheureux  villageois  des  alentours,  et 
nos  deux  noms,  je  puis  le  dire  sans  orgueil ,  étaient  bénis  dans 
chaque  chaumière.  .  .  . 

EVAINDALE. 

Eii  bien  ? 

LADY     MARGUERITE. 

Eh  bien  !  depuis  que  ,  pour  tenir  le  serment  que  vous  aviez 
fait  à  sa  mère,  de  veiller  sur  Edith,  vous  me  l'avez  amenée 
dans  ce  ch.iteau ,  il  m'est  impossible  de  trouver  le  moyen  de 
faire  une  boiuic  action. 


(5) 

EvANDALE,  souriant. 
En  vérité,  c'est  cela! 

LADY    MARGUERITE. 

Sans  doute;  elle  me  prévient  en  tout Avec  cela  qu'elle 

est  jeune,  et  qu'elle  va  beaucoup  plus  vite  que  moi. . . . 

EVANDALE. 

Je  conçois  votre  colère. 

LADT    MARGUERITE. 

Edith  dépense  le  peu  que  la  spoliation  n'a  pu  lui  ravir ,  à 
faire  du  bien  partout.  Enfin,  cet  Ingliss,  ce  jeune  orphelin  que 
vous  avez  pris  coname  jardinier ,  c'est  encore  elle.  .  .  . 

EVANDALE. 

Et  c'est  tout  cela  qui  me  fait  tant  désirer  de  l'épouser. 

LADY    MARGUERITE. 

Je  ne  puis  pas  faire  autrement  que  d'être  de  votre  avis. 

EVANDALE. 

Vous  voyez  bien  ! .  .  .  . 

LADY     MARGUERITE, 

Lorsque  je  songe,  surtout,  que  celui  qui  vous  disputait  son 
cœur,  que  cet  Henri  Morton  ,  qu'un  arrêt  de  notre  parle:nent 
exila,  il  y  a  cinq  ans ,  de  cette  province  ,  a  péri  dans  un  nau- 
frage,  que  même  son  souvenir  est  entièrement  elïacé  de  la 
mémoire  d  Edith .... 

EVANDALE. 

Penser  qu'elle  a  oublié  Morton  malheureux,  serait  lui  fa?re 
injure;  mais  notre  hymen  fut  le  dernier  vœu  de  lady  Bcllen- 
den  sa  mère.  Edith  est  sans  appui  ;  elle  cède  à  la  volonté  de  ses 
parens  :  j'ai  son  amitié  ,  son  estime,  je  puis  croire  au  bonheur. 

SCÈiNE  II. 

LES  MEMES,  INGLISS,  chargé  dc  Jîeitrs. 
INGLISS,  accourant. 
M.  Cuddy  !  M.  Cuddy  !  j'ai  à  vous  parler  :  que  je  vous  coule  ! 


EY  ANDALE. 


Ail  !  c'est  Ingliss  I 


(«) 

INGLISS. 

Pardon ,  milord  et  milady ,  c'est  M,  Cuddy. 

LADY    MARGUERITE. 

Que  de  fleurs! 

INGLISS. 

Et  des  fameuses,  encore  I  tout  y  a  passé. . .  Dame  I  un  jour 
comme  celui-ci.  (  A  demi-voix.  )  J'connaissons  i'goût  de  la 
jeune  miss  :  mon  père  n'a  pas  été  pour  rien  jardinier  du  père 
de. .  . .  (5e  reprenant.)  Imbécille  ! ....  qu'est-ce  que  j'allais 
dire .'.... 

EVANDÀLE. 

Achève  donc  î 

INGLISS. 

J'n'ose  pas ,  milord .  .  .  C'est  un  nom  que  railady  a  défendu 
de  jamais  prononcer  ici. 

LADY    MARGUERITE. 

Sir  Henri  Morton  ?.  .  .  . 

INGLISS. 

Làl ...  ce  n'est  pas  moi ,  au  moins  ,  qui  l'a  nommé  1<*  pip- 
mier.  .  .  .  Pauvre  jeune  homme!.,,  c'était  ça  un  charmant 
cavalier...  et  beau...  et  jeune...  et  bien  taillé...  Plus 
grand  qu'moi,  par  exemple.  .  .  d'un'  belle  espèce. 

LADY     MARGUERITE. 

Tu  ne  peux  donc  pas  le  taire?.  .  . 

EVANDALE. 

Et  pourquoi  lui  prescrire  le  silence?  Son  père  devait  tout 
aux  bienfaits  de  la  famille  de  sir  Henri  ^  j'aime  sa  reconnais- 
sance. 

LADY     IrtARGUERlTE. 

Je  n'avais  défendu  de  prononcer  ce  nom  que  dans  votre  in- 
térêt, de  peur  qu'il  ne  renouvelât  l'amour  d'Edith. 

INGLISS. 

Oh!  je  sais  bien ,  miladj,  qu'c'élait  dans  d'bonncs  inten- 
tions. .  .  .  parce  que  ,  vojez-vous,  vous  avez  beau  dire.  ...  et 
avoir  l'air.  ...  je  n'vous  crois  pas  du  tcui;  méchante. 


(7) 

EVANDAtE. 

Il  VOUS  connaît,  ma  tante  ! 

LADY    MARGUERITE. 

Et  d'oii  sais-tu  que  je  ne  suis  pas  me'chante? 

INGLISS. 

D'où?. .  .  Oh  !  j'ai  une  manière  qui  m'réussit  toujours  :  je 
juge  les  gens  sur  les  actions,  jamais  sur  les  paroles. . .  .  C'est 
miss  Edith  qui  m'a  fait  entrer  ici;  mais  qu'est-ce  qui  m'ré- 
compense  ? . .  . . 

LALY  MARGUERITE,  lui  faisant  signe  de  se  taire. 

Ingliss  ! .  .  . . 

INGLISS. 

Qu'est-ce  qui  prend  soin  de  moi?.  .  . 

LADY   MARGUERITE,   dc  même. 
Mais  I .  .  . . 

INGLISS. 

Encore  vous  ! .  .  .  .  Qu'est-ce  qui  m'fait  porter  en  secret  des 
s'cours  à  nos  pauvres  montagnards  ? . .  . , 

LADY    MARGUERITE. 

Je  vais  me  fâcher  ! 

INGLISS. 

Toujours  vous  !..  .  Tout  cqiie  vous  m'dites,  quand  vous 
m'grondez,  .  .  .  vos  paroles,  enfin.  .  .  \"r'r'r. .  .  sont  envolées, 
vos  actions  sont  là.  .  .  .  (  Il  met  la  main  sur  son  cœur.)  \'là 
comm'  je  suis  taille'. 

EVANDALE. 

Bien,  Ingliss! .  .  .  Ma  tante,  vous  n'avez  rien  à  reprocher  à 
Edith?.... 

LADY     MARGUERITE. 

Moi!  lui  reprocher  quelque  cho^el  Dieu  m'en  garde!  C'est 
la  seule  femme  qui  te  convienne.  .  .  .  Viens  avec  moi ,  tu  vas 
voir  comme  je  lui  parlerai! 

AIR  :  3Ion  cœur  a  V espoir  s' ahaiulontie. 

Aujourd'hui  même,  elle  sera  ma  nièce  j 
Aujourd'liui  inrmc  ,  elle  l'epouscra. 


(8) 

ETAKDALE. 

J'en  doute  encore,  et ,  quand  j'ai  sa  promesse  , 
Veut-être  bien  elle  balancera. 

LADY    MARGUERITE. 

Si  miss  Edith  te  traite  de  la  sorte ,  * 

Dans  le  chagrin  que  ta  tante  en  aura, 
tlle  mettra  tout  le  monde  à  la  porte. 

iNGLiss,  a  part. 
Elle  est  assez  bonne  pour  ça. 

LADY    MARGUERITE. 

Aujourd'hui  même  elle  sera  ma  nièce; 
Aujourd'hui  même  elle  t'e'pousera. 
Tu  dois  ici  compter  sur  ma  promesse  : 
Jamais  Edith  ne  te  refusera. 

_  EVANDALE. 

»   I 

^    I  Aujourd  hui  même ,  au  gré  de  ma  tendresse, 

S  <  Aujourd'hui  même  elle  m'épousera. 

w    I  J'en  doute  encore  ,  et ,  quand  j'ai  sa  promesse  , 

W    I  Peut-être  bien  elle  balancera. 

INGLISS. 

Comm'  la  jeun'  miss  a  pour  lui  d'ia  tendresse  , 
Aujourd'hui  même  elle  l'épousera. 
H  doit  toiijours  compter  sur  sa  promesse  : 
Jamais  Edith  ne  le  refusera. 

SCENE  III. 

I^GLISS ,  seul. 
C'est  vrai  ! .  .  qii'c'est  un'  bonn'  femme  I .  .  mais  ,  elle  a  une 
bonté  particulière.  .  .  C'est  comme  Betzy  !.  .  elle  a  aussi  un' 
beauté  particulière,  c'qui  fait  qu'j'ai  pour  elle  un  sentiment 
particulier.  .  .  Avec  ça,  que  j'suis  un  gaillard.  .  .  et  un  fier 
encore.  .  .  taille  pour  l'amour  !..  je  me  1'  suis  laissé  dire.  .  . 
Eh  bien  !  avec  tout  ça  j'ne  sais  pas  si  j'compterais  sur  un 
femme  ,  car  un'  chose  qui  m'arrive  I .  .  Mistriss  Jenny ,  la 
femme  de  M.  Cuddy,  quand  nous  sommes  seuls  et  que  j'iui 
parle  d'amour.  .  .  ell'  sourit  et  baisse  les  yeux.  .  .  pourtant 
elle  a  un  mari.  .  .  c'est /ilrôle  ! .  .  .  c'est  sans  doute  pour  rire.  .  . 
j'm'y  prête. .  .  mais  pour  le  moment,  c'est  à  M.  Cuddy  que 
je  voudrais  avoir  à  fairç.  .  . 


(9). 

SCENE  JV. 

INGLISS,  CUDDY  ,  JENNY. 

CVDDY. 

Si  Ton  m'avait  dit  qu'Ingliss  était  ici  ,  j'aurais  bien  gage 
le  trouver  les  bras  croisés. 

INGLISS. 

C'est  ça  ,  v'Ià  les  complimens  qui  commencent  ;  eh  bien  î.  . 
qu'est-c'qni  a  cueilli  toutes  ces  Heurs...  qu'est-c'qui  les  a 
apportées  ici  j  non  ,  mais  faites-moi  le  plaisir  de  me  dire 
qu'csl-e'qui  a  fait  tout  cela  ?.  .  c'est  peut-être  vous?.  . 

JENNY  ,  doucement. 

Ce  qu'on  en  dit.  .  .  c'est  par  intérêt  pour  toi. 

iNGLiss,  malignement. 

Oh  I . .  je  sais  bien ,  mistriss  ,  qu'vous  ni'portez  de  l'in- 
térêt!.. {Jennj  lui  ferme  la  bouche  et  soupire).  ÇApnrl.) 
Tiens,  ça  la  fait  soupirer  I.  .  (Haut.  )  Mais,  c'est  pas  tout  ça.  . 
M.  Cuddy  ,  j'ai  à  vous  parler.  .  . 

CUDDY. 

Encore  quelque  nouveau  conte  ! 

INGLISS. 

Un  conte  ! .  .  c'est  bien  une  histoire  toute  entière,  .'  Figurez- 
vous  que,  coram*  j'étais,  au  bout  du  jardin  ,  à  cueillir  mes 
fleurs ,  j'vois  un  grand  homme ,  enveloppé  dans  un  grand 
manteau  ,  et  la  tête  couverte  d'un  grand  chapeau  qui  était 
rabattu  sur  une  grande  figure  que  je  n'ai  pas  vue .  .  .  mon  petit 
ami.  .  . 

CUDDY  ,  l'interrotnpant. 

Allons,  laisse-moi  tranquille. 

INGLISS. 

Mais  ,  qu'est-c'que  c'était  que  cet  homme-là  ? 

JENNY. 

Un  curieux  qui  est  bien  aise  de  connaître  ce  qui  se  passe .  .  , 

INGLISS. 

D'abord  j'ai  craint  que  c'fùt  un  voleur  ,  et  l'frisson  m'a  pris. 

CUDDY. 

Poltron!.. 


(    'o   ) 

INOMSS. 

Ecoutez  donc.  .  .  j'n'ai  pas  été  soldat  comme  vous  ,  moi .  . 
Ma  profession  c'est  d'ctre  amoureux.  .  .  ce  n'est  p^5  mon  évA 
«l'être  brave. 

r.uDOT  . 
AIR  :  l'a   (icrille  de  Blanche 

A  t'er.harilir,  moi.  je  t'engage  j 
.Aux  mililair\s  traj)j  artient  pas 
Le  droit  d'avoir  ,   seuls,  du  courage: 
Il  en  faut  dans  to\;s  les  états. 
(>heî  un  peuple  à  l'IjOTineur  sensible, 
On  doit  toujours  être  prêt  an  combat  j 
'JVl  qui  n'est  qu'artisan  paisib'e 
Peut  demain  devenir  soldat. 

i>jGLiss  ,  regardant  Jtunj'. 

C'est  bon,  j'n'aurai  pns  peur.,  .mais  poltron  ou  non,  on  vont 
est  nécessaire.  .  .  Sans  moi  sauriez-vous  Jes  bruits  qui  courent 
sur  les  projets  d'Olifatîd  ,  le  plus  cruel  ennemi  de  noire  jeun»^ 
inaîiresse?.  .  Auriez -vous  entendu  parler  de  l'ordre  d'exil 
t|ue  l'on  prétend  qu'il  a  obtenu  du  conseil  privé  ,  établi  dans 
l'Ecosse  ,  eu  attendant  le  lord-lieutenaut  que  l'on  ne  connaît 
pas  encore  ? 

CUDDY. 

II  n'en  est  rien. 

INGT.rSS. 

Ordre  d'er.il  ,.  .  qu'il  ne  meîfra  à  exécutioTî  ,  assi^re-t-on  , 
contre  lord  Evandale,  qu'après  son  mariage  ,  parce  qu'il  faudra 
bien  alors  que  miss  Edith  suive  son  mari  en  pavs  élranjjjer.  . 
et  qu'Olifand  sei'a  délivré  de  toutes  craiiîtcs  au  sujet  de  l'jiéri'- 
tage... 

CUDDY. 

Qu'il  vienne.  .  .  et  que  j'aie  seulement  le  temps  de  couler 
une  balle  dans  ma  vieille  carabine  ,  il  verra  si  je  le  jnanque. 

INGI.ISS. 

Tons  pouvez  êirc  tranquille,  c  n'est  pas  moi  qui  ppcnlrai 
sa  place.  ,. 

CUDDY  ,  brusquement. 
Allons  I.  .  Retourne  à  to:i  poste  î. .  , 


JENM'  ,  avec  douceur. 
El  poitf  CCS  fleuri  dans  la  chambre  de  miss  Edilh  î.  .  . 

INGMSS. 

^n\  ,  mislrissl..  (A  part.)  Quelle  dirterence  de  coin- 
UJandemenl .' .  .  Esl-eile  gentille  !.  .  Son  mari  a  beau  dire,  il 
doit  tiembler  (jueuqu'fois.  (//  emporte  les  Jlcurs.) 

SCENE  V. 

JENNY,  CUDDY. 

JENNY  ,  regardant  Ingliss  s'en  ollcr^ 
II  csl  gentil  ce  petit  bonhomme. 

CUDDY. 

H  lu'a  mis  de  mauvaise  humeur  en  me  pai'Iant  d'Olifaud.  ,  . 
Puis  il  m'a  rappelé  sir  Morton .  .  .. 

JENNy. 

Il  n'y  avait  pourtant  pas  besoin  de  cela  ^  tu  en  parles  assfz 
souvent.  .  .  et  si  de  temps  en  temps  je  ne  me  faisais  dire  poi'  le 
petit  Ingliss  que  je  suis  jolie  ^  lu  me  le  laisserais  oublier.  . , 

CUDPY. 

Ah  !  If  petit  Ingliss  a  osé  ?.  . 

JEAXY. 

Oui ,  le;  pptit  Ingliss  a  osé.  (  A  part.  )  Si  je  pouvais  lui 
donner  ue  la  jalousie. 

AIR  :  le  suis  q,i'il  est  da  ns  ce  vUlnge. 
Commctii  I  le  petit  louie'iaiic 
T'en  cunle!... 

lENlVT. 

C'esl  lu  veiite. 

Cl  DDT. 

Pendant  Ce  temps  ,  jiour  le  disliaire. 
Toi  ,  (jue  fais-lu  de  lou  tôle  ? 

J-EM\Y.  ' 

Pendant  qu'à  sou  aise  ii  babille 

Et  prend   ptaisir  à  répéter  ' 

Ç>U('  )e  .suis  bien  taile  et  geuttlle^ 

Mw  ,  je  ui'fiiuuic  ii  1  écouttt. 


(  lo 

cuDDY  ,  smif  l'avoir  entendue. 
Sir  Henri  Morton  est  toujours  devant  moi.  . 

JENNY. 

Tu  ne  m'as  donc  pas  entendue  ? 

CUDDY. 

Quoi  ! .  .  . 

JENNY. 

Je  t'ai  dit  que  je  m'amusais  à  écouter  Ingliss.  .  . 

CUDDY. 

Ce  n'est  que  cela  I .  .  Quand  une  femme  ne  parlç  pas ,  c'est 
bien  le  iuoins  qu'elle  écoute. 

JFNNY. 

Ainsi  tout  est  e'gal  pour  toi.  Et  sir  Morton  ?.  . 

CUDDY. 

Puis-je  l'oublier  ,  quand  miss  Edith  qui  lui  était  promise  ?.  o 

JENNY'. 

Lord  Evandale  est  le  meilleur  des  hommes }  il  t'a  pris  chez 
lui ,  t'a-fait  son  intendant. 

CUDDY. 

Jenny  !  j'aime  ,  je  respecte  lord  Evandale  j  mais  si ,  comme 
moi ,  tu  avais  d'abord  servi  sir  Henri  ,  si  la  même  cause  avait 
arme  vos  bras!...  peux-tu  m'en  vouloir  de  conserver  le  sauvenir 
do  celui  sans  lequel  je  ne  serais  pas  ici  ? 

AîR  :  ^4  soixante  ans. 

Dans  mon  ardeur,  près  de  lui  redoublée, 

Bravant  un  jour  un  péril  trop  certain  , 

J'allais  périr  au  fort  de  la  mcle'c  ; 

Henri  le  voit ,  et  sa   \ai!lanle  main 

Reçoit  le  coup  qui  m'eut  perce'  le  sein. 

Par  les  regrets  mon  Ame  est  poursuivie  ; 

Quand  il  partit ,  à  l'exil  condamné  , 

Par  moi ,  pourquoi  fut-il  abandonné  ? 

Il  fallait  Tsuivrc...  et  lui  sauver  la  vie,  ' 

Afin  d'iui  rendr'  ce  qu'il  m'avait  donne. 

jf^NY  ,  ai'cc  bonlé. 

Tu  sais  bien  que  ce  n'est  pas  ta  faute. 


(    i3  ) 

CUDDY. 

Oui  ,  je  sais  qu'il  m'ordonna  de  rester  ,  qu'il  l'exigea. 

JEIVNY. 

Tu  vois  donc  que    tu  ne    peux  pas  te  reprocher    son  nau- 
frage. 

Air,  ;  7b  1/5  les  malins. 
(Ili.ionn  cslimait  sir  Hcniij 
'l'ii  l'aiinais  :  cela  devait  être. 
Mais  parte  qu'il  fut  englouti , 
.Dois  lu  toujours  parler  irton  maître?... 
Il  est  au  fond  d'ia  mer,  et  moi , 
J'suislà!,..  songes-y,  de  grï5ce. 

CUDDY,  la  regardant  tendrcmenU 
J'm'occuperais  d'mcme  de  loi, 
Si  tu  le  trouvais  à  sa  place... 

JEXNY. 

^ien  oblige'  ! .  . 

CUDDY. 

Ma  chère  Jenny  I  je  t'aime  comme  le  premier  jour  de  notre 
piariage.  .  . 

JENNY. 

C'est  singulier  !  je  ne  m'en  aperçois  pas. 

CUDDY,  s'approchani  d'elle  et  arrangennl  ses  hahils. 
Que  ces  liabillemens  te  vont  bien!.  .  . 

JENNY. 

Ah  !  il  y  vient.  .  . 

CUDDY. 

Ma  petite  femme  ,  je  ne  puis  te  regarder  sans  être  tenté. . . 

JENNY. 

Comment  puis-je  le  sa\  oi^'  ? 

CUDDY  ,  lui pixtiiant  lit  imtin, 
La  jolie  main  1 .  ,  il  faut  que  je  l'embrasse. 

JF.NNY. 

Il  me  semble  que  tu  en  es  bien  le  maître. 


(>4) 

KU  DDY  ,  laissant  lombtrla  main  de  Jcnnj  iju  il a\uiit  {ipprjchèe 
de  ses  lèvres. 

Henri    Morton ,    s'il    eût    épousé   miss    Edith!,,     l'aurait 
aimée  comme  Je  t'aime. 

JENNY, 

Prends  donc  garde ,  tu  n'es  pas  à  ce  que  tu  fais.  .  . 

cunny  ,  revenant  à  lui. 
Pardonne  ,  Jenny  !  ( //  s'approche  ,  el,  prêt  à  Venibrasser^ 
il  eut  interrompu  par  l'arrivée  du  domesli(fue.  ) 

LE    DOMESTIQU  E. 

M.  Cuddj  ,  un  étranger  demande  à  vous  parler.  .  . 

CUDDY  .  se  retournant  vivement. 
Un  étranger? 

LE     DOIUESTIQ'JE.. 

Il  dit  qu'il  est  très-pressé. 

JENNv  ,  à  pari. 

Allons,  il  fallait  qu'il  vînt  un  étranger. .  .  et  un  étranger 
pressé  encore  !.,. 

curiDY,  au  domestique. 

Dites-lui  qne  je  "suis  prêt  à  l'enfen.'lre  !...  Pour  toi ,  Jemiy  , 
miss  Edith  t'atfend  sans  doute  avec  impatience..  .  Lu  jour  de 
npce  on  a  be-soin  de  faire  une  belle  toilette. 

AIR  :  P^audjville  des  Blouses. 
Porte  tes  soins,  ton  zèle  à  ta  maîtress«; 
Cours  proniplenient ,  près  d'elle  ,  le  ranger. 

JENNl'. 

Encore  un  mot ,  et  somlain  je  te  laisse. 

CtDDY. 

Songe  qu'ici  va  venir  T'elrangor... 

S'il  ni'a[iportait  quiliiiie  nouvelle  utile... 

3  F.  >■  >  V . 
Quand  tu  me  pail's ,  tu  t'interromps  toujours. 

ru  ouï. 
Ton  tour  viendta;  n?a  Jcnuy  ,  sois  tranquille. 

J!  tifix  ,  fifemejil. 
Tu  mf  repèis  la  laim"  chos'  tous  les  jours. 


(  .!*) 


Jt>  ',ais  iloniior  ni'^s  S')ins  à  infi  ra;iîl!éss<'' ;  .  , 

A  sa  loilrlte,  c'rst  rmnmc%t  de  songer j 
KJ,  seul  ici,  min  ami,  je  t<;   laisse, 
Puis^jue  tu  vas  recevoir  l'el.rani^er. 

ctiDny. 
Porle  tes  sijns  j  ton  ye'lc  à   la  maîtresse} 
(lours  priiniptcmcnt  près  d'elle  te  ranger  j 
Seul,  en  ces  lieux  ,  il  faut  bien  qu'on  me  laisse  - 
Songe  qu'ici  va  venir  l'ciranger. 

SCErvE  VI. 

CLBDY,  L'ETRANGER,   introduit  par  le  dome-tiqué  qui 
se  relire. 

CUDDV . 

A.  cp  costuiTio.  cVsl  l'étranger  dont  in'a  parlé  Ingliss. .  .  Que 
peut-il  me  vouloir  ?. .  .  et  pourquoi  se  càche-t-il  ?. .  .  {A  l'étran- 
ger, qui  s' avance  avec prccaulton.)  Nous  sommes  seuls! 
l'  É  T  n  A  N  G  E  n  ,  sans  se  découvrir  le  vi.sagc. . 

Cudd V  !  ■ 

AIR  :  J'aiidei'ille  de  Figaro. 

Tu  ne  sais  qui  je  puis  cire? 

CUDDV  ,  ctnniié  de  la  r'oix  de  l'étranger. 
Afî  !  mon  Dieu  !  qu'ai  jo  entendu  ? 
Kn  moi ,  ((iiel  trouble  il  fait  naître  ! 

l'Étranger. 
êc.  viens  sans  être  aCten<lu  ! 

(  Se  di'cniiumnt  et  jetant  son  manteau.  ) 
Cuddy  î  regarda  ! 

CUDDY,  tombant  à  ses  pieds. 
Ciel  !  mon  maître! 
Justement ,  j'étais  emu... 
Mon  cœur  1  avait  reconnu. 
Est-ce  bien  vous  que  je  revois?..  .  . 

MORTON,  le  relevant. 
Oui,  CudJy..  .  .  c'est  Henri  Morton  qui  te  pressé  dans  ses 
i>nis  !..  . . 

cuonv  ,  lui  prenant  la  main. 

Oh!  oui oui....  la  voilà,  cette  main  qui  me  sauva  la 

vie!...  la  voilà  j  celte  blessure  !•.. . 


(  »G  .) 

MORTON. 

'Quoiqu'un  m'aimait  donc  «ncore,  et  g{»rcViit  mnh  snuvcnii!... 

eu  DDT. 

Que  j'apprenne  comment 

MOUTON,  vn'enient. 

Piéponds-moi Parle-moi  d'Edith  !..  .  . 

CUDDY ,  à  part. 
Que  lui  dirai-je?..  . 

WORTON. 

Pourquoi  habile-t-elle  ici?...  pourquoi  a-t-elle  quitté  ses 
domaines  ? 

CUDBV. 

Hélas  I  milord. .  .  .  elle  en  a  été  chassée  pai*  son  cousin  James 
Olifand. 

MORTOiv  ,  avec  indignation. 
Olifatil!... 

CUDDY. 

hes  grands  biens  d'Edith  provenaient  de  la  succession  du 
coîiite  Torwood,  son  oncle  ,  à  laquelle  Olifand  ,  juge  de  paix 
de  ce  comté',  avait  des  droits  égaux.  Un  preiiaier  testament  du 
romte  avait  investi  James  de  cette  riche  succession  ;  mais  un 
testament  postérieur  avait  transmis  st's  droils  à  lady  bellen- 
den ,  mère  de  miss  Edith..  .  Jlalhoureusement,  à  la  mort  de 
miiadj ,  cette  pièce  ne  s'est  plus  retrouvée..  .  Olifand  a  fait 
valoir  la  première  volonté  du  testateur,  et  miss  Edith  doit 
l'asile  qui  lui  a  été  accordé  dans  ce  château  à  lord  Evandale  I. .  . 

MORTON  ,  ai'cc  vchtmence. 

Evandal  e!. .  .  niais  enfin. .  .  Edith?..  . , 

CUDDY. 

Edith. .  .  .    l'épouse  aujourd'hui  même  I. .  .  . 

MO  p.  TON. 

Ce  que  l'on  m'avait  dit  est  vrai!..  .  Evandslf  !. .  .  je  ne  sais 
uelle  étrange  fatalité   nous  a  sans  cesse  poursuivis!...  Tous 
euxd'uîie  égale  naissance,  rivaux  dès  notre  jeunesse..  .  l'amour 
augmenta  encore  cette  rivalité. . .  .  Jetés  ,  par  suite  de  troubles 


3, 


(   '7  )- 

]»')!itif{ii('s,  dans  dos  partis  difl'éreiis ,  deux  fois  il  me  sauva  la 
vie,  o.l  (leiix  fois  ,  à  luoti  tour,  je  fus  son  libérateur  ;  et  (iiianJ 
je  reparais,  c'est  encore  lui  c^ue  je  trouve  pour  m'e:i!evcr  lo 
tœnr  et  la  main  d'Edith I 

CfDDY. 

L'absence  a  porte  son  fruit..  . 

MOilTON. 

Editii  !. .  .  fini  me  donna  cet  anneau  en  me  disant..  ,  Ijrise-r 
l*^,  si  je  suis  infidèle..  .  f  II  va])oitr  l'arracher  dd  son  doigt-,) 
Non  ,  je  veux  tout  voir  par  moi-même.  (T^U'sment.)  Cuday , 
il  faut  c]ue  tu  nie  donnes  l'hospitalité  pour  cette  nuit. 

CUODY. 

Il  faut..  .  Eh!  ne  la  donnerais-je  pas  à  mon  plus  cruel  en- 
nemi ?. .  . 

AIR  :  Ou'il  respecte  l'Homme  d'honneur  :  (de  la  Pautre fille.) 
De  cette  loi ,  que  l'F'.cosse  révère  , 
L'usage  antique  est  fans  cesse  honore'; 
Un  ennemi,  fût-il  liércdi taire, 
Sous  notre  cliaume,  est  un  être  sacré. 
A  son  enn'mi ,  c'est  déjà  manquer  d'âme , 

Que  de  Befuser  un  abri  ; 

Et  l'on  ne  peut ,  sans  être  inftime , 

Le  refuser  à  son  ami. 

moKton  ,  lui  prenant,  la  main. 
Cuddy  est  toujours  le  même  !. .  •.  . 

CUDDV. 

Je  vous  suivrai  partout^!-... 

MORTON. 

Je  ne  quitterai  plus  ce  pays  I . .  . 

CL'DDY. 

Cro3'ez-vous  que  ce  lord  Melleville,  envoyé  en  Ecosse  avec 
des  pleins  pouvoirs  ,  et  (|ue  l'on  attend  à  tout  moment ,  ne  finira 
pas  par  vous  découvrir?. . .  . 

MORTON. 

Ce  n'est  pas  cela  qui  m'occupe..  .  .  Qu'Edith  soit  fidèle  ou 
non. .  .  je  ne  quitterai  plus  ce  pays  ,  le  dis-je  ! 

3 


(   'S  ) 

Ctj  ODY. 

11  VOUS  est  doue  Lieu  cher  ?. .  .  , 

MOHTOV. 

J'aurais  tout  bravé  pourui'en  rapprocher!. .  .  Ah  1  uion  arni  , 
tu  ne  sais  pas  ce  que  c'e.^i  que  d'être  forcé  de  vivre  sous  un  ciel 
étranger!...  Pendant  ia  traversée,  je  n'avais  qu'une  seule 
idée..  . .  mes  regards  étaient  sans  cesse  tonrnés  vers  l'Ecosse. .  . 
je  dévorais  l'espace..  .  enfin  un  cri  de  joie  signale  notre  arri- 
vée !..  .  . 

AIR  (lu  IVéces.'iaire  et  du  Superflu. 

Impatienl  d'atteindre  au  bord  , 

En  m'elaacarit  sur  cclt.:  terre  , 
J'jii  cru  ,  vraiment ,  dans  mon  premier  transj'.ort  , 

J'ai  cru  renaître  à  la  lainière; 
Je  ne  sais  quoi  m'a  touché  ,  ma  parle. 

Ah!  le  soleil  de  la  pairie 

Est,  pour  le  cœur  de  l'exilé. 
Le  doux  regard  d'une  mère  chérie. 


C'est  Lien  là  penser  en  Ecossais  !  ffci  l'on  enleni  une  riiour" 
nulle. J   - 

MORTOIV'. 

(^uel  est  ce  bruit  !. .  .  , 

CUDDY,  regardant  ^  et  ou\,-rant  les  fenêtres  et  les  portes  dit 

fond: 

C'est  tout  le  clan  de  lord  Evandale,  qui  descend  la  mon- 
tagne et  se  rend  ici  pour  la  noce.  Voici  les  vieillards,  puis  les 
jeunes  filles,  enfin  les  chasseurs  qui  ferment  la  marche,  et 
font  entendre  Ja  ballade  favorite  de  notre  jeune  maîtresse  !..  .  , 

iiionTo>', 

Je  ne  me  trompe  pas...  c'est  l'air  qui  annonça  mon  triomphe, 
lorsque  je  reçus  des  mains  d'Edith  !a  palme  du  vainqueurl..  .  . 
ÎS'importe...  ses  intérêts  me  sont  toujours  chers!..  .  .  (Il écrit.) 

Peul'-ctre    mérite-t-el!e  encore (A  Cuddj\)  FaiS  porter 

sur-le-champ  cetlc  lettre  dans  le   plus  gratid  seerçt  à  John 
Breggy. 


(  '9  ) 

tuDDY  ,  éloiinê. 
f^)iiol  î  luilorJ  !. .  .   au  secrétaire  d'OIilaml  î. .  , 

MOMTOM. 

Lr  bonheur...    l'avenir  d'Edith  dépendent    de   la   réponse 
(^u'ilTaut  que  j'aie  le  plus  tôt  poîjible. 

CUDDY. 

n  sufïlt..  .  Je  vais  envoyer  de  suite  uti  homme  dont  je  suis 
sur.  (Regardant  le  fond.)  Mais  on  vient..  .  .  c'est  miss  Edith. 

MORTON  .  dans  la  plus  violente  ngilalion. 

Edith  I. .  ,   Cuddj  î  emmene-moi. .  .  sauve-moi  d'elle! 

sauve-moi   de  même!.... 

CLDDY. 

^  entv. .  .  .  sortvrs  par  ce  cabinet  qui  donrne  sur  le  jardin. 

MOflTOJf. 

Ain  de  {l'pche. 
Il  iaut  fuir,  ô  ùou.'our! 
Alors  qu'ol!e  s'avance  I 
Quelle  amcre  souffraiica 
Vient  agiter  mon  cœur! 
Je  me  disais  :  Tendre  et  sincère  , 
}'. Ile  sera  fidèJe  à  mon  amour; 
Kt  r.'npr.ite  qui  in"a  su  plaire, 
Hei.'ts!  s'enchaîne  sans  retour. 
Fuyez  ,  illusion  trop  cîièrc; 
Ah  !  je  le  vois,  femmes  .  en  vorite, 
CJroire  à  voire  fidélité  , 
Ccftlsc  bercer  d'une  chimère. 

SCÈNE  VU. 

snss  KDÎTH,  JENNY.  MORTON  ft  CUDDY-,  ih  entrent 
dans  le  cabinet  ,  au  moment  où  les  dames  entrent  en  scène, 

MOKTO'X. 

Il  faut  Hiifj  ô  douleur!  etc. 

CUDDT. 

Calmez  celle  douleur 
Qu'excite  sa  présence  ; 
()uelle  amère  souflfrau'* 
Agite  volrc  ("ccur  I 


(  ^o) 


i.uixu,  arriru/tt. 
Ah  I  coinhicn  ,  sur  moa  cœur, 
Ces  ciiants  ont  de  puissance! 
Dans  ce  jour  ,  oui ,  je  pense 

«  Retrouver  le  bonheur  ! 

S 

Qu'aujourd'hui  votre  cœur, 
Sans  craint'  batte  et  s'élance  j 
Cet  hjïnen  ,  je  le  pense , 
Fera  votre  bonheur  ! 

(  .J  lu  fin  du  chœur  f  I\Iorton  disparaît  entrafnc  pat  Ctiddy.) 
JEX:\Y. 

A  oici  l'apparlejuent  oii  lord  Evandale  va  paraître,  eniourc 
de  ses  vassaux  ,  pour  signer  le  contrat  qui  doit  vous  unir  a  lui. 

EDITH. 

Je  î'avouemi ,  Jenny. .  .  .  il  y  a  long-temps  que  je  ne  fus 
conlenle  de  luoil 

AIR  de  l' Angélus. 
î'ans  remords,  comme  sans  effroi, 
J'accomplis  le  vœu  de  ma  mère^ 
L'avenir  devient  tout  pour  moi. 
Je  recommence  ma  carrière. 
Oui ,  de  mon  cœur ,  s'est  effaec 
Le  souvenir  de  ma  souffrance  j 
Mes  chagrins  sont  dans  le  passe; 
Mon  bonheur  est  dans  l'cspe'rance.  i 

JEIV?<'Y. 

Tout  est  prêt  pour  la  cérémonie  I. . .    Quelques  iiistons  en- 
core ,  et  vous  serez  niilady. .  .  luilady. .  .  quel  beau  titre  ! 

on  n'est  rien  ,  quand  on  n'est  pas  mariée  ! 

£DlTn. 

Tu  es  folle  ,  Jenn  v  I 

JEAXY. 

Et  celte  toi'ctle. . .  ,  comme  elle  vous  va  bien  ! 

LDITS. 

Tant  mieux  I 


(  ^'  ) 

JTfiNWY. 
EDITH. 

l£li  bien  !  oui..  .    la  parure  ragiièie  m'ciail  indiiFéreiil*' j  aa 
joiircrhui  je  siti-i  bien  aise  d'être  jolie! 

JF3,NY. 

Je  le  crois..  . .   pour  j^'aire  à  lord  Evi:i:da!e.  Il  est  si  bon  î  81 
noble  !  si  généreux  I 

EOITII. 

"Va,  va,  tu  uc  peux  en  hop  dire  sur  ses  «pialilo»! 

ji;nnv. 
El  puis...  c'est  un  îrès-bel  houirne! 

e;  I  ni. 
Je  ne  prends  pas  garde  à  ce  a. 

JKMVV. 

Vous  avez    tort  I moi,   à  votre   place,    j'y    prendrais 

garde. 

Aiu  fhi  I^eniier  Prijr. 
A  vos  goùls,  dans  le   iikhihj^h. 
Vous  pourrez  vous  abaiitlouncr; 
Vous  aurez  un  bci  cfjiiipygi'.  . 

EDITH  ,  sans  r<  cnulcr. 
J'aurai  île  l'or  pour  en  ilouiier. 

ji'.?;a  Y. 
(hic  cl''conqiuU's  vousTiez  à  la  ronde.* 

i;di ru ,  clj  nu'/iif. 
I\irloul  le  mallicur  va  luc  voir  ! 

jr.>-.\-Y.  . 
Vous  Trcz  soHnirer  tout  le  m  >iiilc. 

ronii. 
Ah!  ffud  plaisir  je  vais  avoir! 

SCF.INE  VII[. 

L£S   MtMES  ,  liN^OLISS;   il  an  ix'e ,    siii\>i  de  deux  domesli-^ 
qiiea  qui  porlci.t  la  corbeille  de  ir.uiùi.j'c. 

ixu;  liS. 

Vm-  ici^v  .  par  ici  '...  .  prcî.e.:  Lien  janle. .  .  .  c'est  que  c'est 
rtcieu.s.  I 


(  ^2) 

.T  t.  K  ,•%  y . 


Ali  I  t'est  Ii)glis>  !. .  .  . 


tDITH. 

jMon  jeune  pralôgé..  .  dont  la  galtc  lu'amuse  ! 

IXGMSS. 

Oui,  acconipaj^né  u'!a  corl)eille  (ViTiaringo  de  niilorrll..     .  . 
t)ieu  I  qu'c'est  beau  I. .  .  .  qu'c  est  riche  I. .  .   miss. . . .  regarde* 
plutôt...  c'est  snpcrbe  ! 

KniTii  ,  allant  à  la  corbcilhu 
Ali  I  je  n'ai  pas  besoin  de  regarder  po'.îr  Je  croire. 
iiVGLiSii  ,  à  part. 

J'saisbien..  .  mais  en  attendant,  elle  regarde  !..  .  ( /î  Jcnny.} 
Dites  donc,  mistriss...  si  la  p'tite  Alison  ,  la  sœur  de  c't»; 
grajidc  rousse..  .  vous  savez  bien..  .  si  elle  pouvait  voir  tout 
r'Ia...  çn  la  taquinerail-y.'...  avec  ca  ,  qu'elle  est  ambitieuse  î... 
Tesl-elle  !. .  .  . 

Air,  :  EIl]  III n  incrc jCsl-c^i.jne  j  suis  f'a? 
lïï  n'aim'  pa.s  Lt  gt-oss'  Marie  , 
rate'  qu'elle  a  rl'jolis  rubans. 
Eirditdu  mal  c!e  Lucie. 
Parc'  ([n'cllf*  a  d'iicaux  habill'mcns. 
F.llc  rhiicholc  sur  Claire, 
l'r.rc"  qu\'ll"  parte  du  î^ifr'ias. 


linfii 


nrdeleilVail.  loiil,'  Ja  tcvre  , 
.Si  les  ljorani"-s  n'en  étaiei.'l  jias. 


.1  (•:  ^  N  Y . 
lu  ne  peux  donc  j>as  retenir  ta  languoV 

INGMSS. 

(^îu'vouîrz-vons?. .  .    moi,  j'tirns  un  jieu  de  la  (■'eiHuie,    niA 
juëie  me  1  a  toujours  dit,.  ,  .  et  elle  s'v  cor,naiisait  !..  . 

KniTR  ,  revenant. 

"V'ovons...  rpicdîsiîit  Itîgliss? 

jtrsNï. 
11  d!^alt  ,  juis*. ... 


(23) 

INOMSS  5  lintenompant. 

f.aisscz  donc.  .  c'est  moi  qu'on  mtenogf  ,  cVst  à  moi  de  ré- 
poudre.  .  .  .  Ainic-t-p!!e  à  parler  !  (^A  Ediih.')  Je  disais  .  miss  , 
«jue  c'est  d'ia  pni  t  de  inilord..  .  .  el  je  suis  sûr  qu'il  a  bien  fait 
1rs  choses..  .  .  Dam'I  quand  on  s'inarie,  i'n'faulrien  épargner; 
et ,  quant  à  moi ,  i'  ut'senible..  .  que,  lorsque  la  mariée  est  ime 
femme..  .  .  el  qu'le  marié  est  un  homme..  .  .  ils  doivent  agir 
en  conséquence..  .  \'là  mon  opinion. 
FDJTH,   rinnl. 

Tu  crois  ?. .  . 

INGLISS. 

A  la  bonne  lienrel. .  .  .  (AJennj-.)'EWc  a  ri..  .  .  .  j'aime  Ç3  , 
j\io\\  (Haut. J  A  propos,  miss...  les  invités  comu.'encent  à 
arriver. 

En  ce  cas  ,  va-t'en. 

INGLISS. 

J'aurais  pourtant  bien  voulu  vous  raconter  l'histoire  d'Ia 
p'tlle  Moss  ! 

jr.STiY  ,  le pouisant  dehors. 
A  eux- lu  bien  l'en  aller  I 

I  ^^.MSs ,  passant  la  U'ic  entre  le,  L.ittiins  de  la  porte. 

(.\sl  pourtant  bien  dommage..  .  qu'on  n'veuille  pas  écouter 
l'histoire  de  lap'lite  Moss  !  f  lise  retire. ^ 

SCÈNE  IX. 

EDITH,  JENNY,    CUDDY   et   MORTON  ,  dans  le  ca^ 

hiiiet. 

cuonv. 
Miîord  : .  .  .  . 

MORTON,    à    Ciiddj-, 
Rassure-toi  ..  elle  ne  me  verra  point. 

JENNV  ,  à  Edith.     » 
Acbcvons  votre  toilette. ...  le  bouquet  ! .  .  .  c'est  cela)!. .  .  . , 
maintenant  le  voile  et  la  couronne  ! 

MORTOiX  ,  à  part. 
Le  bouquet  I  le  voile!  la  couronne  !..  .  {A  Cuddj.) 


(  M  ) 


AIR  cif    ij .   Ijtfi.i!   Il    ri. 

L'n  ats'.ro  ici  va  recevoir  sa  loi  • 

Klle  sf  pare  ,  et  ce  n'est  pas  i)oiir  moi .'.., 

<.d;)dy. 
l'ii  auli'e  ,  ici ,  va  recevoir  sa  foi  j 
Klle  c'tail  loin  de  penser  comme  moi! 

EDITH ,  il  Jeiiny. 
Comme  cela  ,  suis-jebien?  Avec  moi 
'Jii  dois  parler  toujours  de  bonne  foi. 

jf.A^y  ,  à  /■'du h. 
Oiie  toiii  cela  vous  sied  bien  ,  sur  m:  foi  ! 
\"cui  êrs  ciiarifiant'  comme  ca  ,  selon  moi. 

EDITH. 

AIR  f'i'  !a  mnifiitcc  de  la  Siit cicre.. 
Ce  hoiiqiieL ,  celte  couronne  , 
1-. 'cmbeiiisscnt  pas  mes  traits, 
l'.t  lont  cela  ne  me  donne 
ÎSuls  charmes  ,  je  te  promets. 
Si  je  suis  vi-aiuieut  charmante  , 
Je  sais  bien  pourquoi,  je  croi  j 
.lenny ,"  je  suis  c  a  tente  : 
Voilà,  voilà  pourquoi. 

ED.- TU,  h  Jenny. 
Comme  ccîa ,  sui:.  je  bien,  etc. 

JESXT. 

Que  tout  cela  vous  sied,  etc. 

MOR10\. 

Un  autre,  ici ,  va  recevoir  sa  foi ,  etc. 
i^lle  est  contente  et  se  croit  loin  de  moi! 

CUDD.Y. 

Un  autre,  ici  ,  va  recevoir  sa  foi,  etc. 

WORTOÎf, 

MCmc  air. 
Infidèle  ;i  ^  a  pr  o  m  cf  se  , 
Puisqu'elle  va  me  trahir, 

(  //  Ole  son  anneau. ) 
Anneau,  gage  de  tendresse, 
A  loi ,  je  ne  puis  tenir. 
Il  en  est  temps  ,  ce  me  semble , 
Je  te  Ijrise  !  (//  brise  t'iinr.e/iii  et  en  garde  les  dr-lris^) 


(  a5  ) 

CDITU  ,   tressaillant,  ^ 

Quel  effroi  ! 
lenny  !  Jenny  !  je  tremble, 
Et  ne  sais  pas  pourquoi» 

[Va  ,  ce  n'est  rien  ,  et  de'jà  mon  effroi 
Est,  ma  Jenny  ,  maintenant  loin  de  moi. 
JEMST. 

A  tort ,  Traîment ,  vous  auriez  de  l'cfFroi  ;  ' 

Vous  ct's  charmante  comm'  ça  ,  selon  moi. 

MOKTOV. 

Lin  autre',  ici ,  va  recevoir  sa  foi  j 

Elle  a  tremblé,  mais  ce  n'est  pas  pour  moi. 

CCDDT. 

Uh  autre,  ici ,  va  recevoir  sa  foil 
Elle  e'iait  loin  de  penser  comme  moi. 

JENNY  ;  elle  parle  sur  la  rilournetle  de  Valr  qui  suit. 

Mais  voici  lord  Evandale  ,  et  tous  les  invités  qui  se  rendent 
ien  ces  lieux!.. . 

MCHTON ,  à  part: 
Lord  Evandale  î 

cuDDY  ,  àMorlon. 

Jo  vais  me  mêler  parmi  eux.  Mais,  je  vous  en  prie,  ne  failcj 
point  d'imprudence! 

SCENE  X. 

Les    MEMES,    EVANDALE,    lady    MARGUERITE,   IN- 
GLISS  ,  CUDDY  ,  un  tabellion^  person.vages  invités ^ 

VILLAGEOIS. 

Choeur  de  M^  AdAm. 
Chantons  tous ,  chantons  l'hyme'née 
Qui  va  combler  les  vœux  des  deux  époux  j 

Célébrons  l'heureuse  journée 
Qui  leur  promet  les  plaisirs  les  plus  doux. 

(  Pendant  le  chœur,  le  tabellion  a  pesé  le  contrat  sur  la  table 

qui  se  trouve  dessous  la  fenêtre  ou  est  Marton.  ) 

ivGviss  j  pendant  la  ritournelle ,  montre  une  jeune  villageoise 
à  Jenny  ,  et  lui  dit  : 
CVsl  la  petite  Moss  î . . , 

4 


EVANDALE.  *f 

Enfin  ,  miss ,  m<^s  voeux  les  plus  clicrs  vont  être  combh's!. .  . 
•fuisse  le  moment  de  anou  bonheur  vous  off;-ir  aussi  quelt^ues 
charmes  I 

LADr   niAncuERiTE  ,  i'h-ement. 

Sans  doute,  il  lui  en  offrira..  .  cette  chère  enfant  !..  .  .  et  je 
serai  aussi  fiëre  de  l'avoir  pour  nièce  ,  cjue  vous  de  l'avoir  pour 
épouse  I 

EDITH. 

Madame, .  .  .  que  de  reconnaissance  I. .  .  . 

LADY     MAHGUEKITE,    bas  à  Edith. 

Et  quand  tu  feras  du  bien  ,  tu  auras  quelquefois  l'air  de  le 
faire  en  mon  nom ,  n'est-il  pas  vrai  ? 

EDITH. 

Oh  I  madame ,  je  vous  le  promets  I 

EVANDALE. 

Chère  mi^s, .  .  .  vous  savez  que  votre  intérêt  seul  m'occnpr.  . 
Je  suis  soldat,  et  le  premier  coup  de  canon,  l'ré  contre  l'indé- 
pendance de  mon  pays ,  ou  l'honneur  du  prince  qui  le  gou- 
verne ,  me  rappellerait  sous  les  drapeaux..  .  .  Avantdo  m  enga- 
ger dans  une  lutte  douteuse  ,  j'ai  dû  songer  à  votre  avenir..  .  . 
he  contrat  que  j'ai  fait  dresser  vous  assure  toute  ma  fortune, 

iSGLiss ,  à  Jenny. 

Avec  ça  cil'  ne  craindra  pas  lesaccidens. 

EVANDALE, 

Maintenant  je  suis  tranquille. .  .  .  Je  n'ai  rien  à  redouter  pour 
vous,  et  Je  n'ai  jamais  tremblé  pour  moi. 

MOUTON  f  à  part. 
Noble  Evandale  !. . . 

EDITH. 

Milord  ,  Edith  ne  se  rendra  jamais  indigne  de  tant  de  géné- 
rosité! 

LADY    MAnCUERITE. 

Que  parles-tu  de  générosité,  mon  enfant?  il  ne  fait  que  ce 
qu'il  doit,.  .  je  voudrais  bien  voir  qu'il  fît  autrement! 


(  '-7  ) 

Elle  est  bonne  Ij  ,  la  maman! 

KDiTH  ,  avec  Jlertd  et  dtt'^rminatiun. 
Milord  ,  commandez  à  voire  épouse  ! 

(  Morceau  d'ensemble  de  IM.  Adanu) 

EVAWDALF. 

Combien  le  moment  qui  s'apprête 

A  mon  Timc ,  offre  de  douceur! 
L'espoir,  enfin,  devant  mes  yeux  s'^iTêle  : 
Cest  d'aujourd'hui  que  date  mon  bonliour! 

■  ORTON  ,  h  pari. 
(."est  d'aujourd'hui  que  date  mon  malheur  ! 

CHOEUB, 

Jour  de  gaîte  !  jour  de  bonheur  î 
Au  plaisir  livrons  notre  cœur  ! 

LADT    MARGUERITE. 

Il  f.nut  signrr  :  ensuite,  do  la  fête 
Le  signal ,  mes  amis  ,  partout  se  donnera. 

(  A  Lixiiidale.  ) 
Es-tu  si'lr,  à  présent,  qu'elle  t'épousera  ? 
EVANUALE,  ai'ecjnie. 
11  faut  signer! 

CHOEUR. 

Comme  l'on  dansera , 
Jfimes  filles, 
Jeunes  drilles  1 
Comme  tout  cela 
Sautera  ! 
LAUï  y\ AVGV KRVï}:,  einbiassani  Editliei  ta  montrant  à  Lvandale, 
Voilà  le  prix  de  tous  tes  vœux  \ 
Consacre  lui  toute  ta  vie. 

EvAJiDALE  ,  il  Edith  ,  en  lui  pr<-senlant  la  plumé* 
Oh!  vous,  l'objet  de  tous  mes  vccux.'^ 
Allons  ,  Edith ,  je  vous  eu  piic... 

JENNT,   il   Cuddy. 
EU'  n'a  pas  besoin  qu'on  la  prie. 

LAUY  MAr.GUERiTE  ,  les  pressant  dans  ses  liras. 
Vous  êtes  mes  enfans  tous  deux! 

CUDDY. 

Pauvre  Henri ,  s'il  est  en  ces  lieux  ! 
(  lùiiîh  t\t  encore  entre  Eiandalc  et  htdy  Marguerite  qui  la  retient.  ) 


woRTON  ,  a  la  fenêtre  du  tabinct.' 
Pour  la  parjure  ,  point  de  grâce; 
Plaçons  ici  ce  gage  de  sa  foi. 

(  Jt jette ,  sur  la  table ,  les  débris  de  l'anneau,  ) 
EDITH,  *e  baissant  pour  signer. 
Que  vois-je  ,  ô  ciel!  à  eelte  filace 
Cet  anneau  qu'il  reçut  de  moi  ! 

MORTO»  ,  à  voix  basse. 
Perfide  Edith! 

çmiH  ,  tressaillant  et  jetant  la  plume. 
Quoi  ! 
Sa  voix  !  est-ce  un  prestige  ?.. . 

CHOEUR  5   EVANDALE,  LADY  MARGUERITE. 

D'où  naît  celle  terreur? 

EDITH  ,  auec  égarement. 
C'est  lui  !  c'est  lui ,  vous  dis-je! 

(  Levant  la  tête  et  voyant  Morton.  ) 
Je  le  Toi... 

TOUS. 

Qui? 

EDITH  ,  hors  d'elle-même. 
Lui  devant  moi  ! 
11  est  là...  je  le  voil 

(  Au  moment  où  Edith  a  vu  Morton,  celuirci,  prévoyant  les  suites  de 
son  effroi ,  s'est  éloigné  précipitamment ,  de  sorte  que ,  lorsqu'on  j'n- 
rance  vers  la  fenêtre,  Cuddy  s'y  précipite  le  premier,  l'entr'oui're, 
et,  voyant  l'appartement  vide,  s'écrie  :  ) 

Mais...  je  ne  vois  persoune... 

10LS. 

Allons...  c'est  un  preslige! 
il  faut  signer!      -^ 

EDITH. 

Jamais  ,  jamai.s ,  je  n'y  puis  consentir. 
Plus  d'hymen! 

TCiU.S. 

Plus  d'hymen  !  quel  est  donc  ce  prodige  ? 
EDITH  ,  montrant  le  cabinet. 
il  eldil  Ij...  pointant...  et  j'allais  le  trahir.'  .. 


(19) 

(  's**''"-) 
Là,  j'en  suis  t&io  ,  je  Tai  vu  , 
r^t  jo  l'ai  craborti  enlcr.du  ; 
Au  même  instant,  pour  le  reprendre. 
Le  ciel  a  voulu  me  le  rendre  : 
Pour  le  perdre  lai-je  revu? 

cuDDY  ,  à  part. 
Là  ,  j'en  suis  sur ,  jlle  l'a  vu; 
Ah  !  quel  cliangemenlinipre'vu  ! 
Ça  me  fait  peine  de  rcnlcndre. 
Le  délire  vient  de  la  prendre  ; 
Ah  .'quel  malheur!  coup  imprévu!... 

TOUS. 

Là  !...  mais  que  peut-elle  avoir  vu? 
Ah!  quel  changement  imprévu! 
Vraiment  on  n'y  peut  rien  comprccdre  ; 
Le  délire  vient  de  la  prendre. 
Ah!  quel  n)alheur!  coup  impre'vuî 

(Erandale  et  lady  Marguerite  cherchefit,  en  vain,  It  calmer  miss 
Jîdith;  une  partie  des  inuités  les  entoure  ;  une  autre  partie  se  prt'pt- 
pile  dans  le  cabinet  ;  la  toile  tori^be. 


C3o) 
ACTE  II. 

Le  théâtre  représente  un  jardin  ,•  à  gauche  est  un  pavillon. 
SCÈNE  PREMIÈRE. 

INGLISS ,  seul.  Il  pose  son  râteau  et  son  arrosoir  pris  de  la 
porte  du  pavillon. 

Que  d'evénemensl  que  d'éveneiueiis!  P;ir  saint  Duiisîan  , 
v'ià  une  histoire  qui  f'ra  du  bruit  dans  uot' Ecosse  I ..  .  Qui 
l'aurait  dit?  encore  la  noce  remise  î.  .  .  Qu'est-ce  quej'dis  ,  re- 
mise ?  manquce  peut-être.  .  .  Lady  Marguerite,  dans  son  cha- 
grin, voulait  faire  tout  ce  qu'elle  avait  promis,  mettre  tout 
le  inonde  à  la  porte.  Elle  gronde ,  et  parle ,  vt  parle.  .  .  .  enfin  , 
ça  n'Iui  a  pas  ôté  l'usage  de  ses  moyens,  au  contraire  ,  ça  lui 
en  a  donné.  .  .  .  C'csl  ça  \\n  femme  ! .  .  .  tout  l'reste,  au  chà- 
.teau  ,  est  dans  la  conslernation  :  il  n'y  a  pas  jusqu'à  %!oi ,  qui 
n'peux  pas  retrouver  la  parole!.  .  .  Mais,  c'qu'est  l'pUis  déso- 
lant, c'est  que  chacun  avait  préparé  ses  jambes  pour  danser,  et 
qu'c'est  des  préparatifs  ijiatilcs.  Voilà  pourtant  la  vie  :  on  croit 
un'  chose  le  malin  ,  et ,  le  soir ,  ga  n'est  pins  ça. 
Aïs  de  M.  Bi\lancoi'.rt. 
àSiir  c'te  machine  ronde 

Comme  tout  va  biea; 

Vraiment,  dans  ce  mondt: , 

IN'faul  compter  sur  rien.  -  --I 

On  croyait  de'jà... 

Voir  mis.*,  uu"  madame  ; 

iVîais,  miss  n'est  pas  dame  ; 

Et  ça  n'est  jilus  ca. 

D'un'  fil'.e  douce  et  sai^e 
On  d' vient  amoureux; 
On  pari'  de  mariage, 
Croyant  ê?re  heureux. 
On  dit  :  J's'rai  papa; 
Ma  feram'  mVra  fidèle  : 
On  epoiis'  la  belle  , 
ht  ra  n'est  plus  ça.... 

Allons  rcr.icttrc  mes  inslrumcns  oratoires  dans  ce  paviîloii. 


(  3>  ) 

Ti*M).s ,   la   rîpf  n'y  pst  pns  î .  ...  (  //  entend  ntarchcr.  )    Il   y  a 

qu'Iijirtin Ouvrrz  !    c'est  Ingliss  ! .\h    çà  I  iiiai's    il 

ne  répond  poihf.  Qui  (li.'ihle  est-ce  qui  peut  y  avoir  la-dedans V 
(  //  regarde  j}ar  l^  trou  de  la  serrure.  ) 

SCENE  II. 

CUDDY  ,  une  Icltrc  à  la  main  ,  sans  voir  Ingliss. 

Allons  porter  cette  nouvelle  à  sir  ]NJorlon.  (  //  s'avance  vers 
la  parle  du  pavillon  ,  et  donne  une  tape  à  Jngliss  en  voulant 
Vil-lire  la  clef  dans  la  serrure.  )  Que  fais-tu  là  ? 

INGLISS,  effrayé ,  et  portant  la  main  à  sa  tête. 
Dieu!  qu'c'osl  bêle ,  de   faire   peur  comm'   ça!  Est-ce  que 
vous  prenez  mon  oreille  pour  une  serrure  .' 

cuDBY  ,  avec  plus  d'humeur. 
Que  fais-tu  là?  réponds. 

iNGLiss  ,  froidement. 
Je  m'proincnais. 

cuncY. 

Comment  ;,  tu  te  promenais? 

INGLISS. 

EIi  bien!  oui;  j'allais  porter  là-dedans  mon  râteau  et  mon 

arrosoir. 

CUDDY. 

Ah  I  tu  allais.  .  .  .  (  A  part.  )  Et  sir  Henri  qui  m'y  attend. 
I!  faut  l'éloigner.  (  Haut.  )  Tu  n'as  donc  plus  rien  à  faire,  pa- 
resseux.? 

INGLISS. 

Paresseux!.  .  .  .  C'est  donc  toujours  paresseux  ou  poltron, 
avec  vous  ?  Il  paraît  que  vousn'sortez  pas  de  là.  Je  suis  au  poste  : 
les  allées  sont  ratissées ,  les  fleurs  arrosées,  j'n'ai  plus  qu'à  res- 
serrer mon  râteau  et  mes  arrosoirs.  Vous  avez  la  clef,  puisque 
A'ous  avez  voulu  tout-à-I'heure.  ...  ( //  porte  la  main  à  son 
oreille.  ) 

CUDDY. 

Je  remettrai  tout  cela  moi-même. 

INGLISS. 

Ah  !  (  u4  part.  )  II  est  bien  complaisant.  (  Haut.  )  J'aurais  re- 
mis ça  tout  d' suite  {à  part) ,  d'autant  plus  que  j'aurais  vu 
c'qu'il  y  ayait  là-dedans. 


(32    ) 

C  W  D  D  ï . 

Je  te  dis  que  je  m'etl  charge. 

IIVOLISS. 

Ahl  (A  pari.)  Oh!  c'est  sûr,  y  a  du  mystbre.  {Haut.)  A 
propos ,  M.  Cuddy,  avez-vous  appris  (|ueuqu'  chose  de  nouveau  ? 
CUDDY,  ai'cc  impatience. 

Cela  ne  te  regarde  pasf.  Retourne  au  château  ,  tu  y  trouveras 
de  roccupation. 

INGMSS. 

Ahl  oui,  pour  Tnettrc  en  ordre  c'qu'on  avait  arrangé  pour 
îa  cérémonie.  Au  fait ,  puisqu'il  n'y  à  plus  de  noce,  car  if  pn-î; 
raît  à  peu  près  certain  qu'il  n'y  en  aura  pas.. .  .  on  l'dit ,  du 
moins.  .  .  . 

CUDDV. 

Que  t^injpbrte?  Tu  m'as  entendu,  obéiS. 

INGLISS. 

J'm'en  vas.  Au  fait,  puisque  je  né  peux  rien  savoir  ici  ,  je' 
s' rai  peut-être  plus  heureux  au  château.  .  .  .  y  a  des  femmes. 

SCENE  III. 
CUDDY ,  puis  MORTON. 

eu  DO  Y. 

Enfin  ,  il  est  parti.  .  .  .  J'ai  cru  que  je  ne  pouÏTais  jamais 
in'en  débarrasser.  (  Il  regarde  de  low;  culés.  )  Personne  ne 
peut  nous  surprendre.  ( .//  frappe  a  la  porte  du  pavillon.  ) 
Venez  ,  milord ,  c'est  Cuddy. 

MOnToiv',  sur  la  porte  du  pavillon. 

Je  t'attendais  avec  impatience. 

CUDDY. 

Voici  la  réponse  du  secrétaire  de  James  Olifand  à  la  lettre  de 
votre  seigneurie. 

BI O  R  T  0  V . 

Donne.  Sachons  si  je  me  suis  abusé  sur  le  compte  de  cet 
liomme.  {Décachetant  la  lettre.)  Non,  il  a  tenu  sa  promesse. 
J'ai  doue  en  mon  pouvoir  cette  pièce  importante  I 

CUDDÏ. 

Mais,  milord,  vous  le  connaissez  donc? 

J'ai  été  à  même  de  lui  rendre  jadis  de  grands  services,  et, 


(  33  ) 

plus  heureux  que  tant  d'autres,  j'ai  rencontré  un  obligé  qui 
avait  de  la  mémoire. 

CUDDY. 

Ce  n'est  pas  maladroit  ;  mais  son  maître  ? .  . . . 

MORTONé 

Est  un  scélérat,  qui  bientôt ( ///i7.  )  Que  vois-je?. .  . . 

il  se  pourrait!.  ...  il  a  obtenu  du  conseil  privé  un  ordre  d'exil 
contre  Evandale,  et,  aujourd'hui  même,  il  veut  le  mettre  à 
exécution,  avant  l'arrivée  du  lord-lieutenant  d'Ecosse  I 

CUDDY. 

Que  dites-vous,  milord?   Lord  Evandale  serait  exilé I   Je 
cours  l'avertir .... 

morTon  ,  vivement. 

Reste,  je  te  l'ordonne.   Evandale!  Edith!  je  puis  donc  me 
venger  de  vous  î 

CUDDV. 

Vous  venger  ! . . . 

air:  Connaissez  mieux  te  grand  Eugène, 
Ah  !  rejetez  une  pareille  ide'e; 
Elle  pourrait  trop  loin  vous  emporter.... 

MORTON. 

De  ce  de'sir  mon  âme  est  possédée  : 
Quand  il  faudra,  je  saurai  m*arréter.... 

CUDDY. 

Vous  arrêter!  cijla  n'est  pas  possible; 
De  se  venger  un  cœur  n'est  jamais  las  j 
Plus  cjue  le  fou  la  vengeance  est  terrible  : 
Elle  brûle!...  et  ne  s'e'teint  pas. 
MORTON. 

Cuddy ,  point  de  réflexions.  Tu   m'es  dévoué  ;  Evandale  ne 

saura  rien  de  loi  et  je   sais    ce  que  j'ai  à   faire tu  me 

connais.  .  .  . 

CUDDY. 

C'est  ce  qui  me  rassure. 

MORTON. 

De  grands  événemens  se  préparent  et  exigent  ma  présence  ici- 

CUDDY. 

Vous  pouvez  rester  dans  ce  pavillon  j  j'y  ai  fait  transporter 
hier  au  soir  vos  malles  j  vous  n'avez  rien  à  craindre. 


(  54  ) 

MORTOIV. 

On  vient  ! . .  . . 

eu  DDY. 

C'est  lord  Evandalc;  il  vous  verrait  renlrcr  :  tournez  le  pa- 
villon ;  la  fenêtre  qui  donne  sur  le  carre  de  fleurs  que  vous  aper- 
cevez d'ici,  est  ouverte  et  n'est  qu'à  quatre  pieds  de  terre. 

IttORTON. 

II  suffit.  Reviens  me  trouver  le  plus  tôt  possible ,  j'ai  à  te 
parler.  Surtout ,  le  plu.<  grand  silence. 
cLrnnr. 
Yous  serez  obe'f.  {Morlon  sort.  ) 

SCENE  JV. 
CUDDY,  LORD  EYANDALE. 

F.VANDALE. 

,    Je  te  cherchais. 

CUDDY ,   à  part. 
Ah  I  me  voilà  pris  ! 

EVANDALE. 

Les  événemens  d'hier  m'ont  entièrement  bouleversé, 

CUDDY,  à  pari. 
Je  le  crois  bien. 

EVANDALE. 

N'astu  rien  découvert  ? 

CUDDY. 

Moi?.  .  .  .  rien  milord. 

EVANDALE. 

Mais,  qui  a  pu  causer  l'état  effrayant  de  miss  Edith?  Elle 
allait  signer.  ,  .  .  De  qui  parlait-elle?.  .  .  .  Qui  a-l-elle  vu  ? 
qui  a-t-elle  entendu?.  .  .  .  Dis,  réponds. 

CUDDY  ,  cachant  son  trouble. 

C'est. . . .  c'est c'est.  ...  je  ne  sais  pas. 

EVAIVDALE. 

Mais  ,  tu  t'es  précipité  à  la  fenêtre  ? 

CUDDY. 

C'est  vrai. 


(55) 


EVAN.n  \l,E. 

Tu  soupçonnais  donc  que  quelqu'un  était  là? 

CUODY. 

Oui ....  je  soupçonnais.  .  . . 

EVAMJALE. 

Et  tu  n'as  rien  vu  ? 

cuDDY,  se  remettant. 
Absolument  rien. 

EVANOALE. 

C'est  singulier!  lï  m'avait  semblé  entendre  les  pas précipite's 
d'une  personne  qui  fuyait. 

CUDDY. 

Quoi  î  milord  î .  .  .  ,  (  A  part.  )  Il  me  fait  trembler. 

EVANDALE, 

Je  me  serai  trompe'.  Mais  comment  se  fait-ii  qutditli?.  .  . . 

SCENE  V. 

iiEs   MEMES,   INGLISS,   accourant. 

ÏNGLISS. 

Ah  I  milord  !  ah  I  M.  Cudd v  !  ah  !  tout  le  monde  ! 

CUDDY. 

Qu'y  a-t-il  donc  ?  C'est  encore  toi  ? 

INGLIS?. 

Oui,  j'espère  que  c'est   encore  moi,   mais  je  n'en  suis  pas 
bien  sûr. 

CUDDY. 

Que  t'e&t-il  arrivé? 

EVAIVDALE. 

Approche.  D'oii  vient  cet  air  égaré?  Que  veux•^^^  ? 

INGIilSS. 

(  Avec  la  permission  de  milord ,  mon  congé. 

•  EVANDALE. 

Y  penses-tu,  Ingliss?  Quoi!  tu  veux  nous  quitter? 

INGLISS. 

C'n'est  pas  moi  qui  le  veux  ,  mais  c  te  grande  figure.  (  //  re- 
garde }  effrayé.)  II  me  semble  toujours  lavoir. 


(  56) 

CUDDY. 

II  a  perdu  la  tête.  {^  A  part.  )  Aiirait-il  aperçu?.  .  . . 

INGLISS. 

II  se  pnsse  ici  des  choses  surnaturelles. 
CUDDY,  à  part. 
Le  malheureux  ,  il  va  tout  découvrir! 

FVANDALE. 

Allons,  explique-toi  :  je  veux  absolument  savoir.  .  .  . 

IXGLIÎîS. 

Je  in'compremcts  peut  être  à  vous  dire  cVjue  j'ai  vu,  mais 
c'est  e'gal.  Figurez-vous  donc,milord,  qu'après  avoir  fini  ma 
p'tite  besogne  dans  le  jardin,  j'allais  r'gagner  le  château  ,  en 
traversant  i'grand  carré  de  fleurs  situé  derrière  le  paydlon  , 
quand  j'aperçois,  ...  {^Se  retoiirnanL  avec  efjroi.  )  Oh  ; 

CUDDY. 

TJn  habitant  du  château  ? 

IXGLÎSS. 

Ah!  bien  oui.  .  .  un  habitant  du  château.  .  .  dites  donc,  un, 
habitant  de  l'autre  monde.  .  , 

F.VAIVDALE. 

Voyons  I.  ,  .  dis  donc  qni? 

ÎNGLISS. 

Qui.?.  .  .  c'est.  .  .  c'était  le  défunt  sir  Morton.  .  , 

PUD^ÎV   et  f.VANDALE. 

SirMorlon  ! .  .  . 

IWGLFSS. 

Sir  Morton. .  .  ça  m'a  d'auîant  plus  étonné,  que  quand  on 
était  mort.  ,  .  j' croyais  qn' c'était  pour  la  vie.  .  . 

CUDDY. 

Poltron  I . .  .  pensesTtu  nous  faire  accroire?. . . 

EVANDALE. 

Tu  es  certain  d'avoir  reconnu. ... 

IXGUSS. 

Ecoulez  donc  milord  ! .  . .  j'ai  vu  le  fantôme  ,  comm'  je  vous, 
vois. .  .  et  s' Ion  moi,  c'est  pas  bien  à  sir  Morton  de  revenir,  .  . 
car,  enfin,  il  n'a  été  ni  fusillé,  ni  jiendu ,  pi  assassiné.  .  .  Eh 
bien  I  qu'est-c' qu'il  demande?  ' 


(57  ) 

EVAIVDAI.K. 

Il  ne  t'a  rien  dit?.  .  . 

INGLISS.- 

Oh  I  d'abord,  j'I'ai  pas  interrogé...  je  n' savais  pas  s'il 
parlait  encore  l'écossais .  .  . 

EVANDALE. 

Et  lu  ne  l'as  pas  suivi?.  .  . 

I^GL1SS. 

Encore  moins  ! .  .  .  il  .-uirait  fallu  des  jambes ...  et  il  ne  m'en 
restait  quec'qu'il  me  fallait  pour  m'enfuir  ici. 
cunny 
Est-c'quo  lu  ne  pouvjiis  pas  garder  les  contes  pour  d'autres. .  . 
et  nous  soutiendras-tu  que  sir  Henri  n'est  pas  mort?.  .  . 
F  V  A  N  D  A  L  E  ,  à  pari. 
Morton  ! .  .  .  il  aurait  échapoé  ! .  .  .  //  s' assied  pre^  dit  pavil- 
lon et  tombe  dans  une  profonde  rêverie .  .  . 

INGLISS. 

Dites  donc,  M.  Cuddy.  .  .  y  n'faut  pas  m' faire  parler.  .  . 
est-c'  que  j'ai  dit  qu'il  était  vivant?.  .  .  Je  suis  sur  d' l'avoir  vu 
et  v'Ià  tout.  .  . 

CUDDY. 

Te  tairas-tu?.  .  . 

EVA^DALE,  se  levant. 

Je  no  puis  tenir  à  cet  état  d'incertitude  1 .  .  .  Allons  trouver 
miss  Edith! 

CUDDY  ,  à  part. 

Allons  avertir  sir  Morton  de  tout  ce  qui  se  passe. 
iNGMSs,  à  Cuddy. 

N'allez  donc  pas  là: .  .  .  Juste ...  du  côté  oii  le  fantôme  I .  .  . 
Je  vous  préviens  ,  que  je  ne  léponds  de  rien.  .  .  {Lord Evan- 
dale  sort  d'un  côté ,  Cuddy  de  l'autre. 

SCENE  VI. 
INGLISS ,  seul. 

Je  sois  seul  à  présent ,  moi .  .  .  Plus  souvent  que  je  vais  rester 
ici.  .  .  (  Jl  va  pour  sortir  du  inertie  côté  de  Cuddy.,  cl  scsouvc^ 
jiant  que  ccst  par-là  qu  il  a  vu  le  fantôivc  ,  il  s'atrêfe.  .  . 


(  58  ) 
SCENE  VII. 

INGLISS,JENI\Y. 

JENNY,  lui  frappant  sur  V épaule. 
Ah  r  te  voilà ... 

INGLISS. 

Ah  I   mon  Dieu!.  .   j'ai  cru  quVen   était    un.  .  .  Sûr,   j'en 
Trai  une  maladie  ! 

JEN?VY,  à  part. 
Il  va  m' dire  que  j'  suis  p;entille  lui .  . .  Si  je  n'aimais  pas  tant 
mon  mari.  . ,  Allons,  Ingliss,  dis-moi  quelque  chose  d'aimable, 
je  t'écoute ... 

INGLISS,  ûPpflr/. 
Oli  I  quel  revenant  ! . . . 

Jf.jVNY. 

Regarde- moi  ? 

INGLISS. 

Ces l effrayant!.  .  ? 

JENNY. 

Comment?.  .  .  je  suis  Jenny .  . .  ce  n'est  pas  ainsi  que  lu  me 
recevais  lorsque  tu  me  parlais  de  ton  amour.  .  . 

INGLISS. 

Quinze  pieds    de  hauteur!.,,    ça    n' me  sortira    pas    d' la 
tête  I .  . . 

JENNY. 
AIR  : 

Tu  ra'disais  que  j'étais  joiie..'. 

INGLISS. 

Je  n'ai  jamais  rien  vu  d'si  laid... 

jE\iy  T. 
Tu  recherchais  ma  compagnie. 

IKGLISS. 

J'ai  fui  comm'  si  l'diabl'  m'emportait... 

JENNY. 

Tu  me  r'prochais  d'être  fidèle. 

IKGLISS. 

J'n'y  conçois  rien  j  c'est  surprenant  ! 

JENNY. 

Mais  ma  verlu  te  fut  cruelle. 

INGLISS- 

Ce  n'est  plus  qu'une  ombré  à  présent. 


(39) 


JF.NNY. 

Ma  vertu  n'est  plus  qu'une  ombre,  .  .  Ah  çàl  I.igliss!,  .  . 
Il  y  a  peut-être  cinq  ans  qu'il  n'en  est  plus  question.  .  . 

JENKY. 

Petit  sorcier! .  .  . 

INGLISS. 

Tout  l'monde  ledit  au  moins.  .  .  et  ça  ne  m'étonnerait pa« 
du  tout. 

JENNY,  en  coVfve. 
Me  traiter  ainsi .  .  .  Tix  me  le  paiera.» ,  moi ,  qui  suis  si  bonne 
avec  toi .  . . 

INGLISS  ,  reculant. 
(^u'est-c'qu'elle  a  donc?  j'crois  quelle  me  bat.  .  . 

JENNY. 

Tu  es  bien  heureux! .  .  qu'on  vienne  nous  interrompre. 

lAGLISS. 

(]'est  c' qui  ra'parait.  .  .  j'aurais  pourtant  bien  voulu  ne  pas 
passer  par-là...  Oh  1  mais  ,  dites  donc,  mistriss ,  raccommo- 
dons-nous. .  .  hemi, .  .  vous  êtes  si  jolie.  .  .  vous  ne  pouvez 
pas  être  méchante.  ♦• 

JENNY. 

'A  la  bonne  heure  ! .  .  .  tu  es  gentil  quand  tu  veux.  .  . 

INGLISS. 

Nous  v'ià  raccommodés. . .  donnez  moi  l'bras  .  . . 

JENNY. 

Tiens  î 

I.NGLISS. 

Est-elle  bonne...  Attendez...  pas  si  près.  (^  Il  passe  le 
plus  loin  possible  du  pavillon  cl  troi>ersp  le  fond  pendant 
que  les  autres  sont  en  scène. 

SCENE  VIII. 

EVANDALE,  EDITH,  ladv  MARGUERITE.  (^  Edith 
est  pille ,  et  sa  tristesse  doit  contraster  avec  la  f^alté  qu'elle  a 
Jait  paraître  au  premier  acte.  Elle  arrive  à  pas  précipités. 

EDITH. 

Kon,  milord  ! .  .  .  non  ,  milady  ! .  .  .  Jamais! .  .  .  Jamais! .  . . 


(4o) 


LAnr    MAKGUEftITE. 

Jamais  !  Est-ce  là  une  raison  ! 

EVAND  ALE. 

Ma  taule  ! .  .  .  pouvez-vous  la  tourmenter  ainsi? 

EDITH  ,  ^  £  vandale  , 
Ahl  milordl.  . .  combien  je  suis  touchée  ! 

LADY   MARGUERITE. 

Pourquoi  donc  refuser  d'être  sa  femme  I 

EDITH. 

Pourquoi  ? .  . .  (  «  part.  )  Gardons-nous  bien  de  le  faire  dé- 
couvrir ! .  .  .  ce  serait  fait  de  lui ,  si  l'on  savait  que,  malgré  son 
exil ,  il  a  osé  reparaître  ! .  .  . 

I.ADY  MARGUERITE. 

Evandale  ! .  .  .  n'avait-il  pas  votre  promesse  ? 

EDITH  ,  regardant  Jixcment. 
J'en  conviens!. . . 

LADY  MARGUERITE. 

N'étiez-vous  pas  bien  contente? 

EDITH. 

C'est  vrai  I.  .  . 

LADY   MARGUERITE. 

Tout  le  m.on(]e  était  rassemblé.  .  .  le  contrat  était  prêt.  .  , 
EDITH  ,  plus  agitée. 
Je  m'en  souviens  ! .  .  . 

LADY    MARGUERITE. 

Vous  alliez  le  signer  ? 

EDITH. 

Que  dites-vous  ? 

LADY    MARGU  FRITE. 

Quand  je  ne  sais  quel  fantôme  I .  .  . 

EDITH,  avec  égarement. 
Non  ! .  .  .  c'est  lui.  .  .  je  l'ai  vu  1 .  .  . 

EVAKDALE  et  LADY  MARGUERITE. 

Qui?... 

EDITH  ,  revenant  à  elle. 
Je  ne  l'ai  pas  nommé. 


(4'  ) 

LiDY    MARGUEKiTfi. 

Non? 

FniTH ,  à  part. 
Je  respire! ... 

CiDY    M\aGUERITr. 

Ainsi,  nous  no  sauron'î  même  pas  le  motif?. . . 

K  DIT  II. 

Je  ne  puis  le  dire.  .  . 

LADY    MARGUEniTE.  .. 

Allez,  miss  I .  .  .  vous  avez  un  mauvais  cœur  ! .  . . 

EVANDALE  ,  à  i^«  tante. 
Contenez-vous?.  .  . 

LADY    MARGUERITE. 

Il  faut  que  je  parle,  c'est  plus  fort  que  moi.  .  .  oui,  miss! 
vous  ne  méritez  pas  le  bonheur  qui  vous  attendait  !.  .  .  Evan- 
dale  est  le  meilleur  des  hommes.  .  .  il  vous  aimait.  .  .  vous  sa- 
crifiait tout.  .  .  et  vous.  . .  vous  brisez  son  àiiie.  . ,  la  mienne...  ^ 
car  il  m'est  plus  cher  que  moi-inèine.  .  .  oui ,  mon  neveu  ;  oui, 
si  miss.  .  .  te  méprise.  .  .  te  refuse.  .  .  c'est  elle  qu'il  faut  blâ- 
mer... c'est  elle  qui  ne  sait  ce  qu'elle  veut...  c'est  ella 
qu'il  faut  plaiudre. 

EVANDALE. 

Ma  tante  I 

EDITH. 

Dites ,  dites  Miladyl...  oui,  c'est  moi...  qu'il  faut 
plaindre.  .  .  (  Elle  pleure.  )  Yous  avez  raison! .  . . 

LADY  MARGUERITE,  vù'emeni ^  vojaiil (jucllc  pleure. 

Du  tout.  .  .  j'ai  tort.  .  .  j'ai  tort.  .  .  essuyez  vos  jeux.  .  . 
C'est  que  j'aime  tant  Evandale!.  .  .  vous-même,  j'ai  tant  d'a- 
mitié pour  vous!.  .  j'étais  tellement  satisfaite  de  vous  voir  sa 
femme.  .  .  Edith  ! .  .  .  écoule.  .  .  je  t'en  prie!  s'il  ne  peut  paa 
«•tre  ton  époux .  .  .  dis-lui  au  moins  l'obstacle  qui  s'y  oppose. .  . 
Tu  sais  jusqu'oii  va  sa  tendresse.  . .  tu  leconnais?.  .  .  Eh  bien! 
dis-lui  tous  tes  secrets.  .  .  tous,  et  qu'au  moins  il  ait  la  con- 
fusion de  n'être  pas  refusé  pir  mépris  1 .  . 

EPITH. 

Pouvez-vous  le  penser  î . .  . 


(  40 

L  .4  D  V     m  A  n  G  U  E  n  I  T  F. , 

Je  le  laisse  avec  lui.  .  .  moi .  .  *  je  sens  que  lu  ne  pourrais  pas 
me  donner  de  bonnes  raisons. 

SCENE  IX. 
EVA^DALE!  EDITH. 


EVANDALF. 


A-t-elle  dit  vrai,   miss?  suis-je  digne  de  connaître  vos  :c- 


crels 


EDITH. 


Oui,   milord!..   vous   les    connaîtrez.  .  .    j'ai    confiance   en 
votre  générosité.  . .   Je  ne  puis  rester  ici  I 


EVANDALE. 


Vous  voulez  ! . 


EDITH. 

Je  ne  puis  plus  recevoir  le  litre  de  votre  épouse.  .  .  Renon— 
tez  à  moi,  milord!-.  .  (  /l  /ait  un  mouvement.  )  Renoncez  à 
moi,  pour  toujours! .  .  . 

EVANDALE. 

AIR   (TAngétine, 
Du  plus  doux  mariage  , 
Il  faut  perdre  l'espoir  : 
Montrer  tant  de  courage 
Est-il  en  mon  pouvoir? 
Puis-je  voir,  sans  alarmes , 

Voire  refus  , 
Quand  je  pense  à  vos  charmes  ? 

EDITH, 

"^""y  pensez  plus .'... 

EVANDALE. 

Mais  ,  du  moins  ,  par  l'absence  , 
N'allez  pas  me  punir; 
C'est  doubler  ma  souffrance 
Que  de  voidoir  me  fuir. 
Si  je  ne  puis  vous  plaira 

Comme  mari, 
Jfi  serai  votre  frère  !. .. 

EDITH,  ai^ec  ientiment. 

Ah  !  pensez -y. 


(  43  ) 

tVANUAl.K. 

Mais.  .  .  que  j'apprenne  !*.  . 

EDITn. 

Vous  le  savez....  iriilord  ,  avanl  son  exil,  j'avais  donné 
mon  cœur  à  sir  Morton ... 

EVANDALE. 

Sir  Morlon  !.  . 

EDITH. 

Eh  bien  I  je  l'ai  revu  I .  •. 

EVA^rDAfiE  ,  douloiireiiscrneiU. 
Il  vient  vous  ravir  à  mon  amour  ! .  . 
EDITH  ,  vivement. 

Oui.,,  mais  je  vous  connais...  vous  êtes  généreux... 
Morton  est  exile.  .  .  il  aura  tout  bravé  pour  moi.  .  .  pour  sa 
patrie,  .  .  et,  loin  de  craindre  que  vous  perdiez  votie  rival, 
je  ne  me  suis  confiée  à  vous  que  pour  vous  offrir  le  ijioyende 
le  sauver. 

EVAMiALE  ,  vivemenl. 

Je  vous  remercie  !.. 

Aiu  :  Soldat  frnnrals  ,  (rfc  Julien-  ) 
De  sir  Henri ,  sans  doute  ,  le  retour 

Détruit  ma  plus  chcre  espérance  ; 
Mais  l'honneur  paile  ,  et ,  malgré  moa  amour, 

Je  veillerai  pour  sa  défense. 
Me  plaindre  ici  serait  hors  de  saison  j 
Et ,  quoiqu'il  vienne  enfin  prendre  ma  plac*  , 
11  me  donne  l'occasion 
De  faire  une  belle  action  ; 
Je  dois ,  au  ciel  »  en  rendre  gic-îcc. 

EDITH  ,  avec  attendrissement.. 

Ab  1  milord  !..   je  vous  avais  bien  jugé. .  .   {Evandale  lui 
prend  les  niains  cl  la  rassure. 

MORTo.N  ,  enlr  ouvrant  la  porte  du  pavillon. 
Que  vois-je  ? . .  . .  la  perfide  !..  (  //  rentre.  ) 


(44) 

SCENE  X. 

EYANDALE  ,  EDITH  ,  INGLISS. 

INGLÎSS. 

Milord  ! ,  .  niilortl  I .  .  pardon  ,  si  j'vous  dérange  ;  mais  il 
arrive  au  château  un  envoyé  du  Laird  d'OIgar, , . 

EVANDALE. 

Du  Laird  d'OIgar  !.. 

INGI.ISS. 

Oui;.  .  avec  un  air  tout  sinistre  et  des  nouvelles  de  la  plus 
Iia-le  importance  pour  vous.  .  .  J'ai  voulu  un  peu  savoir,  pour 
moi,  c'fiue  ca  pouvait  être.  .  .  rien.  .  .  muet.  .  .  muet  !.  .  . 

EVAivDALE,  à  part. 

Que  peul-il  me  vouloir  I .  . 

IIVGT.ISS. 

Tout  c'que  j'ai  pu  en  tirer,  c'est  qu'il  faut  qu'il  vous  pai  le 
sur-le-charnp. 

EDITH. 

Ne  tardez  pas,  milord  !..  si  un  nouveau  malheur!.,  si 
Morton.  .  . 

EVANDALE. 

Calmez-vous,  Edith.  .  .  et  comptez  sur  mon  zèle.  .  .  je  vous 
réponds  de  sir  Henri.  (  //  sort.  ) 

EDITH. 

Ah  I  si  je  ne  devais  plus  le  revoir,  .  . 

SCENE  XI. 

EDITH,  INGLISi.'^.  ( //  va  pour  suivre  E%'ondale,  s'^arrête  ei, 
regarda  Edith  avec  complaisance. 

iN<iHSS  ,  à  par.l. 

Comme  elle  est  mélancolique.  .  .  j'peux  pas  la  laisser  toute 
seule  s'affliger..  .  .  il  faut  que  j'iui  dise  queuqu'  chose  ,  pour  la 
consoler.  .  .  ca  m'est  facile.  .  .  de  dire  queuqu'  chose  !..  (Il 
vient  près  d' Ediîh  qui  ne  prend  pas  garde  à  lui ,  ouvre  la 
bouche  et  les  bras  pouf  parler,  et  dit]  :  Non  ,  c'est  pas  ça  ! .  , 
(  Il  s'en  ivlotirttc  et  s' arrête  comme,  s' il  avait  tiouvc.)  Ah!.  . 


(  4'>) 

( Rcvrnant  et  rcrownieitçanl  le  même  jeu.)  CVst  pas  eicnre 

ca  I  •  .  (  ^^./ût/  ijuclqucs  pris  en  se  reliront.  )  (  Reviutant.  )  Cette 
fois  ! .  .  voilà .  .  .  (  //  se  irouve  vis-à-vis  Morlon  et  le  reconnalf.) 
Ail  !  (  //  s  enfuit  effrojé.  ) 

SCENE  Xï!.   • 
EDITH,  MORTOIX- 

E DIT II  ,  se  rrlournant. 
Sir  îlonri  I,  .  . 

HOKTON. 

Vous  ne  comptiez  plus  sur  mon  retour.  .  , 

AIR  de  31.  Hàancouit. 

Dans  mon  exil,  j'osais  cncor  me  dire  : 
L'amour  d'Kdilh  me  reste  en  ma  douleur  j 
Lin  fol  espoir  avnit  su  ipe  séduire  : 
Rien  ne  peut  plus  manquera  mon  malheur. 
Le  même  jour,  enfin  ,  me  vit  proscrire 
De  ma  pairie  ainii  que  de  ton  cœur. 

EDITH, 
X)e  mon  çqeur  I.  . 

MOrxTON. 

Evandale  ,  devait  me  le  ravir?.  . 

EraTu. 
Ah  !  ne  l'accusez  pas  I 

aioKTOi\  ,  à  rarl. 
Elle  Je  défend  ! .  . 

K  D I  T  H , 

Yous  ne  pouvez  nous  juger  sans  nous  e:i{cncfre.  . . 

SIOr>  TON'. 

Je  ne  vous  blAme  poï ,  mon  parti  est  pris.  .  .  Tantôt  lorsfjue 
vous  vous  pariez  pour  Evandale,  je  vous  ai  roîichi  votre  parole, 
en  brisant  voire  anneau.  .  . 

r  niTii. 

Ciel  1.  .  voilà  donc  la  cause  de  cet  effroi  involontaire  cfont 
]o  ne  pou\ais  nie  leiidre.  couipto.  .  .  Ali  !..  AJorîou  !..  je 
vous  jure  !.. 


.(4M 

MonTo-v, 
AIR  ;  r'aut  l'oubUer, 
rCacîieveï  pas...  point  de  parjure  j 
Epargnez-vous  un  vain  serruent. 
Oublie'  par  vous  ,  maintenant 
Je  sais  comme  on  venge  une  injure  : 
Tous  les  cœurs  ne  sont  point  ingrats 
On  peut  trouver  amour  fidèle  j 
£t,  cherchant,  loin  de  vos  appas, 
Peut-être,  il  est  une  autre  belle. 

EDITH  ,   VLuemcnt, 

K'achevez  pas  !  (  his.  ) 

MOaTON. 

Tout  à  l'heure  encore,  à  cette  place,  ne  vous  ai-je  point 
vu  confondre  vos  larmes  avec  celk  d'Evandale  I .  .  Evandale  I .  . 

EDITH. 

Ah  !..  si  vous  saviez  ,  combien  son  cœur  est  bon  !  noble.  .  . 
délicat.  .  .  vous  ne  pourriez  le  haïr  î.  . . 

Le  haïr'...   (^  A  part.)  L'ingrate!.,  elle  tremble  pour  lui. 

EDITH. 

Cet  exil  ,    qui   causa  vos   tourmens  ,   ne   peut-il   avoir    uu 
terme;'.  .  Qui  vous  dit  que  des  jours  heureux.  .  . 

MORTON. 

Il  n'en  est  plus  pour  moi.  . . 

EDITH. 

JMorton  !.  .    Ecoutea-moi  !.  ,  , 

SCENE  xnr. 

LES  siK-tirs,  CUDDY,  accouranl. 


Ah  !   mi'ord  I.  .    ah  !    iniss.  .  .    tout  le  château   est    dans  ]a 
consternation...   on  veut  arrêter  mon  maître  comme  ennemi 

du  gouvcrncmcn!. 


EDITH. 

LoiJ  Evandale  !.  . 

CUDDV. 

Lui-m«'me.  .  .   le  conslable  est  déjà  arrivé.  (  Â  u'r  Hunh'.') 
Vous  n'aviez  dit  que  trop  vrai  I .  . 

EDITH  ,  à  pari. 

Et  moi,  qui  complais  sur  lui.  .  . 

MOKTON. 

Et  quel  parti  prend-il  ? 

eu  DDY. 

II  veut  Se  rrmcllrc  entre  les  mains  du  constable.  .  .  et  partir 

pour    Edimbourg  [ Le   voici tout    le    clan 

l'accompagne.  .  . 

MORTON. 

Fort  bien.  .  .   c'est  maintenant  qu'il  faut  agir.  .  . 

EDITH  ,  le  retenant. 
Que  voulez-vous  faire  I .  . 

MORTON. 

Adieu  ,  miss  1 .  .   vous  verrez  si  jo  sais  haïr  î .  . 

,  (  Jl  entre  dans  le  jiai'illon.  ) 

SCÈNE  XIV. 

EDITH,  EVANDALE,  i  ady  MARGUERITE,  CUDDY  , 
JENINY,  INGLISS ,  les  villageois. 

CHOEUR    de  M.   Bcaiicourt. 

Fuyez  !  fuyez  !  il  en  est  encor  temps  j 

l!)e  grâce  ,  partez  au  plus  vite... 

Nous  protégerons  votre  fuite. 
Fuyez  !  fuyez  î  il  en  est  encor  temps  , 

Et  le  constable  et  ses  agcns. 

EVANDALE. 

Non,    mes  amis...  [je  ne  fuirai  pas...    quelque  danger 
qu'il  y  ait  à  rester.  .  . 


(  48  1 

iNGi.i.'-s  ,  à  part. 
\oll:i.  c'que  j'appelle  de  l'enttlcmenl  !.  . 

EVANDALR. 

On  m'a  calomnié  auprès  de  raiitoritc.  .  .  je  parlerai.  . .  elle 
m'entendra .  .  . 

EDITH  ,  le  priant. 

Morton  élait  innocent.  .  ,  et  ponriant  il  fut  exilé  î.  .  . 

LADY     MARGUERITE. 

Evandale  I . .   Songe  combien  je  serais  malheureuse  ! . . 

EVANDALF. 

Je  m'en  rapporte  à  la  justice  de  ma  cause  et  aux  lumières 
de  mes  juges  ! .  .  . 

ysiR  (TAriitippe. 
Sans  murmurer,  j'atlendrai  ma  sentence  j 
I-otir  me  sauver ,  n'aurai-je  pas  mes  droits? 
Je  puis  sur  eux  compter  pour  ma  défense  : 
INous  sommes  tous  protej^cs  jiar  les  lois. 
Si,  pour  remplir  un  devoir  honorable, 
Sans  consul ler  le  cre'dit  ni  le  rang  , 
I^e  juge  doit  condamner  le  coiipahle  j 
11  doit  de  uiérac  absoudre  Tinnocent. 

LVDY    MARGl  TRITE. 

Ciel  I  voilà  le  conslable  / 

SCENE  XV  et  dernière. 

LES    MEMES,    t,E     CONSTABLE  ,    PLUSIEURS     EXEMPTS. 

LE  CONSTAILE  ,  présentant  son  bdton. 
Lord  Evanda'e  1.  .  . 

EVANDALE. 

C'est  moi  ! 

LE    CONSTABLE. 

C'est  à  regret,  Milord  I.  .   que  j'exécute  les  ordres  que  j'ai 
reçus. , .  mais.  . . 


(  4'>  ) 

»:  V  A  >  O  A  L  K 

Il  suffit  !  je  suis  prêt  I .  . 

l-ADY     UAROUKRIIK. 

Je  te  suivrai...  je  parlerai  pour  toi...  il  faudra  qu'on 
m'entende  !..  je  ne  te  quitte  pas.  .  . 

EVANDALE. 

Adieu ,  ma  tante  1 .  .  adieu  ,  Edith  I  './fiix  villageois.  )  Mes 
bons  amis ,  je  mets  sous  votre  garde  ce  que  j'ai  de  plus  cher 
au  monde  1 .  .  (  Au  conslahle  )  Partons  ! .  .  . 

MORTON ,  ouvrant  la  porte  du  pavillon  et  paraissant  sout  un 
costume  tres-riche. 
Arrêtez  1 

EVA.\DALE. 

kit{.de  M.  Béancourt, 
Que  Tois-je.'  ô  cioll  Henri  Mortou! 

CHOEUR. 

Hsnri  Morlon  ! 

INGLISS. 

Mon  bon  Sainl-Dunstan  ,  je  fiùsonne  ! 
Mon  revenant  du  pavillon  ! 

EDITH,  avec  dèse.ypoir. 
Yieul-il  donc  livrer  sa  peisonne  I... 

CHOEDR.. 

Non ,  rien  n'abuse  ici  nos  yeux  j 
C'est  lui  qui  revient  en  ces  lieux. 

LE   CONSTABI.E  ,  à  sir  Morlon. 

Qui  étes-vous,  monsieur .' quels  sont  vos  droits  pour  coui- 
Miuuder  ? 

MORTOiH  ,   lui  montrant  son  brvvet. 
Je  suis  lord  Melville. 

i,E   coNSTABi.K,  s'înclinant  aptrs  l'avoir  lu. 

Le  lord-Iieutenant  d'Ecosse  ! 

Toirs. 
Le  lord-lieutenant  d'Ecosse  ! 

MOKTOX. 

Ou  est  le  mandat  d'arrêt  lancé  contre  lord  Evandale  .'  rf.e 

7 


(    DO    ) 

constablele  lui  rcirtrl.  Il  le  déchire  ,  et  lui  donne  d'aiitrex  pa- 
piers.) Exécutez  sur-le-champ  ces  nouveaux  ordres  à  Te'gard 
d'OIifand.  Allez.  (Le  constable  sort  avec  les  exempts. J  (A 
Evandale.)  Oui.  inilord ,  c'est  bien  Henri  Morton  que  vous 
voyez. .  .  .  Echappe  au  naufrage  ,  je  fus  jeté  sur  les  côtes  de  U 
Hollande..  .  .  Le  stathouder  Guillaume,  en  m'accueillarit,  me 
fît  prendre  le  nom  de  Melville ,  qui  était  celui  de  ma  mère; 
bientôt  il  me  donna  de  l'emploi  dans  son  année ,  et  sa  bonté . 
lors  de  son  avènement  au  trône  d'Angleterre  ,  en  me  rendant  à 
l'Ecosse  ,  m'en  confia  le  gouvernement. 

i:VA!VDAL.E. 

Que  de  reconnaissance  ! 

MORTO  -V. 

Evandale,  vous  n'êtes  point  mou  obligé..  .  .  Rappeler-TOUi 
notre  dernière  entrevue. .  .  .  c'était  devant  la  cour  suprême 
d'Edimbourg...  .  Une  terrible  accusation  pesait  sur  ma  tête: 
vous  m'avez  servi  de  protecteur.  Les  temps  sont  changés  ,  mats 
nos  cœurs  sont  restés  les  mêmes  ! 

BPITB. 

J'ai  peine  à  croire  ce  que  je  vois  1 

MORTON. 

Edith,  tous  vos  biens  vous  sont  rendus  !  J*ai  en  ma  poss'^»- 
•ion  le  testament  qui  vous  les  assure  à  jamais. 

JENNT. 

Il  a  bien  fait  de  revenir! 

MORTON. 

nien  ne  s'oppose  plus  à  votre  mariage  ! 

EVAIHDA  LE. 

Sir  Henri  a  raison.  (Pn^nant  la  main  d^ Edith.)  Aujourd'hui 
même  vous  devez    être  unie  à  celui  que  vous  aimez!.    .  .  Mi- 
\orà{ prenant   la  main   d'Henri),    recevez  votre  épouse   des, 
mains  de  son  frère. 

M    ORTOïV. 

Qu'rntends-jel.  .  .  . 

KV  A  I«  riAi,?. 

Son  cœur  n'a  jamais  cessé  d'être  à  vous.  Elle  ne  consentait  t 
m'cpouser  ,  que  pour  obéir  au  voru  de  sa  mère.  Le  titrp  èf; 
jfrère    est  maintenant    le    seul   qu'elle  veuille   m  accorder.    ("^ 


(  5.  ) 

V 

Edith  ,  après  les  avoir  unis.)  Vous  1*  rovcz  ,  je  fais  usag«  de  m* 
Rouvelle  qualits  ! 

Allons,  s'il  lui  prend  sa  femme,  il  lui  read  la  liberté..  .  ilya 
coiiipensalion. 

CHOEun  de  M.  Bëancourt.. 

De  t'Fxilë  ,  cliantons  tous  le  bonheur-, 

Il  a  revu  ta  douce  araie; 
Il  a  touche'  le  sol  de  sa  patrie , 
Va  ie  plaisir  est  rentre  daoa  son  cœur. 

IDITU  ,  au  puhlU, 

Sir  Henri ,  loin  de  nous  ,  espérii 
Qu'on  ne  voudra  plus  le  bannir  ; 
C'est  en  ces  lieux  que  sa  carrier» 
D^it  se  prolonger  ou  finir. 
S'il  vous  voit  ici  le  poursuivra. 
Messieurs,  où  se  fitera-t-il? 
TJulle  part  il  ne  ^eut  pkts  vivre. 
Si  vous  prononcez  son  exil. 

CHOKIja. 

^  ri'lsiW .  «te. 


FIN. 


On  trouve  chez,  Duverinois  ,  Libraire ,  Cour 
des  Fontaines,  et  Passage  d'Henri  IV,  n°*  lo,  12 
et  1 4 ,  toutes  les  pièces  de  théâtre  anciennes  et 
nourelles ,  représentées  et  non  représentées. 

Il  vient  de  publier  les  deux  nouveautés  sui- 
vantes : 

Le  DiTENU  DE  Charenton,  héroïde  dédipp  à  M"*  Pradhrr 
née  More,  actrice-sociétaire  du  théâtre  royal  de  l'Opéra- 
Comique,  et  ornée  de  son  portrait.  Prix  :  ^5  c. 

Lettre  de  M.  Drolichon  à  sa  Femme  sur  l'Etrangère, 
Pot-Pourri  en  trois  actes  ,  précédé  d'un  prologue.  Prix  ryS  c.