H. Hymans
L'Exposition
RIMITIFS FLAMANDS
:x X ^ PARIS ^ :x x
Gazette des Beaux-Arts
XXX 1902 XXX
B
1
yr-^
oJn^\/Ui/LxM i/i^^^ .^vo-^^^y.
L'EXPOSITION
PRIMITIFS FLAMANDS
A BRUGES
LA VIERGE EN PRIERE
'Musée d'Anvers I
GasEltc des Seaux-Ans
Inip, A, Clément .Pari
HENRI HYMAXS
L EXPOSITION
rniMITlFS FLVMAMIS
A BRUGES
PARIS
GAZETTE DE> BEAUX-ARTS
1902
L'EXPOSITION
DES
PRIMITIFS FLAMANDS
A BRUGES
L'exposition ouverte cet été à Bruges
lut une véritable évocation. Aux lieux
mêmes où s'écoula leur existence d'im-
perturbable labeur, des maîtres, grands
parmi les plus grands, dont la gloire illi;-
inina le moyen âge, semblaient renaître
1 la vie pour protester contre l'injuste mé-
( onnaissance de leurs droits à l'admiration
(le la postérité. Trop longtemps ils furent
délaissés. Alors que, dès le xv'^ siècle,
(Ivriaque d'Ancônc salue en van Eyck « la
gloire de la peinture »; que Barthélémy
Facio, mort en 1437, le dénomme « le
lince des peintres de son siècle », titre
iliiiit put se iilurilier Riibcns; que Jean Saiiti. le père de Kapliaël.
exalte Jan van Eyck et Huger van der \Veyden, au point de dire,
comme le devait faire plus tard, de son fils môme, la célèbre épitaplie
du Panthéon, que leur art le dispute en perfection à la nature elle-
même :
Di colorire furno si excellenti
Clie han suporalo spesse voile il vero,
des générations entières n'auront pour ces mêmes peintres ni sou-
venir, ni respect. De quelques-uns des plus grands le nom même
se perdra, et des collectionneurs émcrites dédaigneront de recueillir
leurs œuvres! La galerie Wallace, formée au prix de tant de loualile
persistance et de si prodigieux sacrifices d'argent par lord Herlford,
ne comprend pas un seul spécimen de l'art des maîtres primitifs.
Le passionné de peinture ancienne, le collectionneur le plus éclairé
des maîtres anciens que connut le xix'" siècle, — j'ai nommé Louis
La Caze, — dans son enthousiasme pour les virtuoses du pinceau,
Hollandais, Flamands, Espagnols, Français, Anglais, n'avait pas
d'œil pour ceux que, naguère, nous appelions encore, avec dérision,
les « gothiques » 1
Ce temps est-il passé? Espérons-le, sans oser l'affirmer. En art,
la faveur des foules n'est guère moins versatile qu'en d'autres
domaines; seule, la science évite ses caprices. La science, en vérité,
n'est pas étrangère à la conception, à la réalisation du programme
de cette fête de l'esprit et des yeux que constitue l'exposition. Grâce
à elle, des horizons plus vastes s'ouvrent pour ceux que préoccupe le
passé de l'art; elle leur permet de remonter à la source de la pein-
ture contemporaine.
Le rapprochement en un même local, grandiose, mais de
médiocre éclairage, d'authentiques travaux des van Eyck, de Petrus
Cristus, de Roger van der Weyden, de Memling, de Hugo van der
Goes, de Thierry Bouts, de Gérard David, avec nombre d'autres
restant à déterminer, devient, pour les artistes et les historiens, une
exceptionnelle occasion, encore que, pour certains maîtres, leur
étude ne puisse porter que sur des pages d'importance secondaire,
comparées à celles que détiennent des galeries ou des églises, dont le
comité de l'exposition ne pouvait songer à obtenir le prêt. L'en-
semble, pourtant, n'est pas disparate. Il est, au contraire, frappant
par sa tenue ; il emprunte un relief particulier aux pages nom-
breuses et de renommée universelle qui s'y trouvenl. D'autre pai't.
il comprend dos créations de moindre envergure, mais non de
moindre portée, appartenant à des galeries pnljliqncs, moins géné-
ralement visitées, ou à dos collections particulières, dont quelques-
unes princières : Anlialt, Doria, Holienzollern, Radzivill, Liechten-
stein.
Les connaisseurs sont dès longtemps familiarisés avec les
œuvres de la première catégorie. A elles ira, comme de juste, l'admi-
ration, sinon la surprise de l'arrivant. Vers les secondes se portera,
comme instinctivement, l'attention des hommes d'étude, des érudits,
de ceux que préoccupe la solution des problèmes qu'elles poseni,
de ceux qui se sentiront la force d'en essayer la solution. Pour les
mieux informés, ce sera plutôt un complément d'étude. Leur joie
sera sans bornes de se trouver en mesure d'étudier côte à côte les
o'uvres d'un même |iinceau, momeatanément rassemblées sur les
parois du Palais provincial.
Ici, c'est la Cène An Thierry Bouts, de l'église Saint-Picire de
Louvain, formant le centre d'un panneau où, d'une part, se ren-
contre le Martyre de saint Érasme, de Louvain encore; de l'autre,
le Martyre Je faint Hippolyte, de la cathédrale de Bruges. Plus loin,
c'est l'admirable Madone environnée de saintes, chef-d'œuvre de
Gérard David, appartenant au musée de Rouen, servant de lien aux
deux admirables panneaux du même peintre appartenant à l'Aca-
démie de Bruges : la Condaninatio/i et le Supplice de Sisa)n7iès, et,
en face, les magnifiques panneaux de MM. de Somzée. Ailleurs,
c'est la série exceptionnellement riche des créations de Memling, la
C/idsse de sainte Ursule, tous les tableaux de l'hôpital Saint-Jean et
du musée de Bruges, se groupant avec ceux des musées d'Anvers et
de Bruxelles. Tout autour, enfin, une incomparable série de p(jr-
traits du maître appartenant à M. Salting, do Londres, au musée
de La Haye, au baron Oppenheim, de Cologne, au duc d'Anhalt,
à MM. Léopold Goldschmidt et N..., de Paris, et à ([uebiues autres
amateurs.
Van Eyck et van der Weyden, moins abondamment repré-
sentés, le sont néanmoins par des chefs-d'œuvre, venus, pour le pre-
mier surtout, de Belgique : musées de l'Etat belge, d'Anvers, de
Bruges; pour le second, par des créations plus restreintes en nombre
et en dimensions, mais de qualité rare, tels le Portrait de Pierre
Bladciin, à M. R. von Kaufmaun, de Berlin, la Madone de M. Malliys,
de Bruxelles.
L'attention du visiteur se portait avec une curiosité particulière
— 8 —
sur l'œuvre de certains maîtres encore indéterminés, bien que très
typiques, parmi lesquels, en toute première ligne, figurait le maître
énigmatique dit » de Flémalle », contemporain de Jan van Eyck et
presque son émule, dont l'identité, jusqu'à ce jeur, se dérobe aux
recherches d'investigateurs notables. N'arriveront toutefois au degré
L'.\XN0NC1.\T10X et la VISIT.YTIUN, IIEÏAIÎLE DE li B Û E D E H L A M
(Musée de Dijon.)
de pénétration voulu, pour avoir raison du secret dont s'environne
encore le surprenant ouvrier, que ceux dont la mémoire a retenu la
vision de pages antérieurement étudiées ailleurs : en Espagne,
à Dijon, à Aix, à Saint-Pétersbourg, comme il faut aller à Dijon,
encore, pour apprendre à juger Mclchior Broederlam, à Florence
Hugo van der Goes, à Douai Jean Bellegambe,
L'étude des Primitifs d'origine néerlandaise est, pour ce moment
encore, des moins aisées. La dispersion de leurs œuvres y contribue
pour uno Ijonnc pari. Depuis lo temps où l'auteunlecos lignes faisait
connaître aux lecteurs de la Gazelle des B^nux-Arts le maître dit alors
i' de Mérode », devenu depuis « de Flémalle ». si richement repré-
senté a Madrid, divers spécimens de ce nouveau venu ont été suc-
cessivement identifiés, notamment par M. H. von Tscliudi. La date
PKÉSEXTATIOX AU TEMPLE ET LA FUITE EX EGYPTE, li E T A II L E 11 E IlIKjEDEIiLAM
(Miist'O de Dijon.)
inscrite sur un portrait du musée du Prado nous informe qu'il n'y
a point lieu de songer à l'identifier avec Hubert van Eyck, comme
l'auraient désiré certains critiques.
Simon Marmion et Jean Bellegambe sont des nouveaux venus
encore, comme Jean Mostaert, que M.M. Gustave Gluck et Camille
Benoît s'accordent pour identifier avec le maître du triptyque ayant
appartenu au comte ¥\. d'Oulfremont, aujourd'hui au musée de
Bruxelles. Le » Mostaert » de ^Yaagon, représenté à Bruges par une
— 10 —
nonibrouso série de peintvires, rentre, du même coiii>. parmi les
indéterminés.
L'exposition, en somme, a marqué une date. Elle peut être
envisagée comme la consécration du labeur de quelques hommes,
M. James Weale en tète, dont la patiente investigation a contribué
pour la plus large part à percer le mystère qui, jusque tout récem-
ment encore, environnait bon nombre de maîtres désormais acquis
à l'histoire. Cet hommage doit leur être rendu, au moment où nous
faisons un si large emploi des sources vulgarisées par eux.
Chose à constater tout d'abord, et plutôt décourageante, après
comme avant le voyage de Bruges : le point de départ de notre
connaissance de la peinture dans les Flandres dépasse de peu le
début du xv"" siècle. Gela tient à des causes multiples. La première
est, sans doute, que ni les van Eyck, ni leurs continuateurs immé-
diats, non plus que leurs principaux contemporains, van der Weyden,
Memling, Thierry Bouts, Gérard David, ne sont de souche brugeoise.
La présence à l'exposition de tout ce qui est antérieur à van Eyck,
de certaines peintures assignées à Melchior Broederlam, était à cet
égard démonstrative. A les supposer même d'un autre peintre que
le remarquable auteur des panneaux du retable de la Chartreuse de
Ghampmol, on pouvait les rattaciicr certainement par l'esprit à ses
productions et, par cela même, mesurer l'immense progrès réalisé
par les van Eyck.
Ab Joie principium! L'adage est commode, sans doute, mais il
faut pourtant chercher ailleurs le point de départ des merveilles que
nous avons sous les yeux. Parmi les peintres, il est certain que
van Eyck n'a pas plus de rivaux que de précurseurs, surtout dans
les Flandres. Au risque de tomlierdans la redite, — n'hésitons point à
le constater derechef, — ses précurseurs, il les trouva parmi les minia-
turistes. Gela n'éclaircit peut-être pas tout à fait le mystère de ses
origines, mais, en somme, la pei-fection de certaines miniatures de
Pol de Limbourg, ou de Jacquemart de Hesdin, ornant les pré-
cieux manuscrits de Jean le Magnilique, duc de Berry, le frère de
Charles V de France, est un précieux indice. La Gazplte a reproduit
quelques feuillets des Grandes Heures du prince, appartenant au
musée de Chantilly, à l'appui d'un travail dû à la plume savante de
M. Léopold Delisle. Les précieux autels portatifs exposés à Bruges
par MM. Weber, de Hambourg, et Gardon, de Bruxelles; le Cnicifie-
menl de l'église Saint-Sauveur, à Bruges; le panneau votif apparte-
nant aux hospices d'Vpres; d'autres peintures que l'on peut rattacher
L' HOMME A L' ŒILLET
I MUSEE DE BERLIN J
Imp.A Poi-cabeuf Pa
— Il —
an xiY'' siècle, ne i'aisaienl présager eu rien la puissante expression
d'art constituée par les van Eyck. Voyons-y des incunables et, à ce
litre, signalons-les à Taltenlion de l'arcliéologMU'.
1 11 r 11 A I i- n I, .1 1; v n s \ n s !■ lo l m
(Collection ilc M. le
!. i:ol. K l'L 1 M A \ IJK lu XV '
ntc (le Limljurfî-Stiruni.j
Broederlani lui-même n'a-t-il [)oinl manié le pinceau du minia-
turiste? C'est non seulement probable, mais, à notre avis, presque
certain, à en juger par la miniature initiale de la Cité de Dieu,
traduction de Raoul de Prestes, existant à la Bibliothèque royale
— 12 —
de Belgique in" iXJO.'J ilii calaloguoi, et où l'on voit saint Aiiiiustin
écrivant son livre, ayant, non loin de lui, le roi Charles V. Or,
ce précieux manuscrit provient de la biidiothèque des ducs de Bour-
gogne.
Par les beaux volets appartenant à M. Martin Le Roy, de Paris,
où sont figurés les Pères de l'Eglise, la question des origines semble
faire un pas de plus. Elle le semble, disons-nous, car, en réalité, rien
ne prouve que ces belles et vigoureuses créations soient antérieures
au xv"^ siècle.
Nous donnons, à la page précédente, la gravure d'un portrait
de Jean sans Peur, appartenant à M. le comte Thierry de Limliurg-
Stiruni, œuvre exposée à Bruges. S'agit-il de quelque production
de jeunesse de van Eyck, ou de la copie de quelque peinture plus
ancienne? L'assassinat de Jean de Bourgogne est de lil9: les deux
choses peuvent, dès lors, se concilier.
A cette date, van Eyck est, pour l'histoire, im inconnu. 11 ne
travaille point encore pour les ducs de Bourgogne. Le tableau qui,
tout au moins par sa date, 1421, nous apprendrait à l'apprécier à une
époque rapprochée de ses débuts, le Sacre de saint Thomas Becket,
arrhcvèrjuc ih Cantorbéri/, au duc de Devonshire, est malheureuse-
ment sans valeur probante. A le supposer du maître, il ne nous est
parvenu que dénaturé. M. Justi le range même parmi les produc-
tions initiales de Mabuse. Nous sommes loin de compte, on le voit.
L'attribution n'a vraiment rien d'inacceptable, à s'en tenir à une
autre peinture de la même galerie de Chatsworth, exposée égale-
ment, et sous le nom de Mabuse cette fois. Le rapport est si complet
entre cet épisode de la vie d'un saint ayant appartenu à quelque
famille princière, abandonnant ses parents en larmes pour suivre un
groupe de prélats, et la peinture dont il vient d'être fait mention,
qu'en vérité la présomption de M. Justi se trouve puissamment
confirmée. Rien de plus semblable que le procédé des deux œuvres,
certainement anciennes, mais point du xV siècle.
Le portrait prétendu de Philippe le Hardi appartenant à
M. Gilliodts van Severen, arcliivisle de Bruges, est de conser-
vation médiocre. 11 garde pourtant les traces d'une réelle beauté.
Le personnage, représenté à mi-corps, est coiffé d'un large
chaperon rouge, à plis abondants, de forme assez rarement
aperçue dans les portraits de l'époque. Le modelé du visage et du
cou a dû être fort remarquable et fait songer à van Eyck. Nous
inclinerions plutôt, cependant, à y voir une onivre du maître de
U'.;:ee de Berlin
LE CONCERT DES ANGES
Volels supérieurs du retable de l'.Airneaii mysUtjue- peint par les frères Van Eyck.
Gazetle des Beaux-Arts
imp.A.Porcabeuf. Par
h\M l; r tVE. l'Ail llLUKIiT ET ,1 A X VAX EYCK
(Musi'e de Dru\clk's.)
Flrmallo, (lonl des porlrails oxislent aux musées de Londres et de
Bruxelles.
Si nous en croyons le catalogue, outre les deux frères van Eyck,
leur sœur Marguerite serait représentée à l'exposition. Hubert et
IMarguerile, bien que mentionnés dans l'histoire, n'ont pu jus([u'à
ce jour être identifiés avec certitude. C'est donc hypothétiquement
qu'on leur attribue telle ou telle production. Naturellement, les
figures d'Adam et d'Eve de V Adoration de l'A(jncau peuvent être
assignées avec assez de probabilité à Hubert, que l'on sait avoir
eu une part à ce vaste ensemble.
l'iiur ce qui concerne V Adoration des Mar/es. cataloguée comme
de la sœur, il suffira d'un mot pour faire justice de l'attribution :
les volets se composent d'emprunts faits à des estampes de Martin
Scluingauer et de Lucas d<? Leydel
A Hubert van Eyck M. NYeale, dans les colonnes mêmes de
la (iazellr, a donné la remai(|iiable peinture appartenant à sir
Fié(l(''ric (liioU, de lîichmoud : Ia's Saintes Femmes an londjeaii du
Christ. D'autres auteurs y voient plutôt une production du pin-
ceau di' .lan. Nous l'ayons, pour notre part, rattachée à l'œuvre
(lu maître qui traça diverses peintures à Madrid, à Douai, etc.,
ioujdurs rénigmati(iu(' ai'lisli\ désigné comme de Flémalle, localité
d'oîi proviennent les volets du musée Stanlel, à b'rancforl '. Que le
tableau fût d'Hubcil van Eyck. serait à la rigueur admissible, mais
sûrement les caractères de .Jan y paraissent effacés. Or, c'est à
Jan que l'attribue M. de Tschudi. Ces femmes en turban, ce vase
oriental, ces coiffures étranges, chargées de caractères hébraïques
tracés en or, sont des particularités qui se rencontrent avec cons-
tance chez le mailre dil de l'Iénialle; nous n'en connaissons jioint
d'exemple chez van Eyck. Que si l'on m'objecte le pittoresque fond
de ville, les montagnes loiutaines chargées de neige, les plantes du
Midi, le ciel bleu où llottent de légers cirrus, rien de tout cela n'est
étranger au maître, tour à tour confondu avec van Eyck et van der
Weydcn, que M. Firmenich-Richartz identifie même avec ce dernier,
l'our ce savant, l'imaginaire maître de Flémalle ne serait autre que
van der Weydcn jeune.
L'a'uvre est, du reste, remarquable à tous les titres. Elle l'est
à la fois par la composition et par l'exécution, par l'originalité
des accessoires, des types et le charme du fond de paysage. L'ange,
vêtu de blanc, assis sur le sé|)ulcre oll're quelque analogie avec les
1. GnzAlc des Dcaiu--Ai-ts, :;• ji.'r., I. I\, p. .380 el suiv.
types d'anges de van liyck ou, plus jusleinenl, avec ceux du Triomphe
de rÉglise stir la Synagogue du nius(?e de Madrid. Mais, oulre que
cette peinture, si vantée autrefois par nombre d'auteurs, Passavant
en tête, n'est sûrement pas une création originale, chose reconnue
I'. Il A. NUI. NE l.liUllI.K
FR.\GMENT DE LA
\AN 111. H l'AELE, l'Ail JAN VAN EYI
VIEHOE nu CHAXOINE PAELE "
(Musi'>e do Bruges.)
actuellement par tous les connaisseurs, nous conservons des doutes
sérieux sur l'intervention de \\n\ ]']yek en ce qui concerne sa
conception mcnie.
La National Gallery, à Londres, possède une peinture d'ori-
gine flamande, cataloguée sous le n" 108G, représentant l'épisode
où le Christ apparaît à sa mère après la Résurrection. Il y a de
sérieuses raisons pour voir ici, non pas une créalion authentique.
mais la copie d'une u'uvre de « Flémalle ». En y regardant de
près, on verra, dans le paysage du fond, le tombeau sur lequel
est assis l'ange et, tout autour du sépulcre, les soldats endormis,
disposition très proche de celle du tableau attribué à Hubert van
Eyck. La rencontre ne nous paraît pas un simple cITet du hasard.
L'attribution à Jan van Eyci< nous paraît bien ébranlée, du reste,
par le voisinage de l'exquis petit portrait d'homme en chaperon
bli'u. tenant de la main liniitc un anneau, d'abord signalé par
^I. Th. de Erinimel dans ses Gulcriestudien. Appartenant à la
galerie du collège évangélique de Herniannstadt, en Transylvanie,
le morceau ne nous est point parvenu intact. Le champ du pan-
neau a été agrandi; on y a appliqué même le monogramme d'Albert
Diîrer avec la date li!>7. Le [)inceau du retduclieur ne l'a 'point
épargné non plus. A'empéche (|ne tant d'outrages n'y rendent
point méconnaissable la main de son auteur. Comme partout, van
Eyck est ici le plus vivant, le plus inexorable des interprètes de
la nature. S'agit-il de quelqu'un des nombreux orfèvres au service
de Philippe de Bourgogne ou, plus probablement, de (jurlque fiancé
de noble maison? ■N'importe, l'onivre nous domine par la fierté de
son styh', la haulmir de son expression. Elle a dû compter parmi
les productions capitales de son auteur.
Remarquons, au surplus, que van Eyeiv était représenté à Bruges
par un enseinlile de pages de si haute portée, d'une perfection
technique si absolue, que leur voisinage faisait nécessairement pâlir
des productions qui. en tout autre milieu, réclameraient une part
plus considérable d atlenliim. La remarque toutefois ne s'applique
pas à l'œuvre précitée. Si elle ne nous est point parvenue dans
un état de conservation irn'qirochable, elle n'en demeure pas moins
une page de très haute signification, un des objets les plus curieux
(le la splendidc réunion qui nous occupe.
Une pièce des plus intéressantes encore, bien que mal (•(Uiservée,
était la petite Vieri/e exposée par M"" Edouard André, où l'Enfant
Jésus trempe dans l'écritoire. tenue |iar sa mère, la plume dont il
se servira pour signer peut-être un document mis à >a portée.
Celte curieuse manière de représenter la Madone n'est point
uniqiie. Nous en pouvons citer d'autres exemples, notamment une
Vierge sculptée à la fa(:ade de l'Ancienne Boucherie, à (iand. Le
symbolisme de l'épisode est diversement expliqué. Sans avoir
rien de commun avec Jan van Eyik. la petite i)eiuture est reniai-
Jean van Eyck pinx
PORTRAIT D UN INCONNU
(Snnniiiire cviiageliquc dHcrmannslaJt)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Iilip. H. DH Banos-
— 17 —
qiiablo par sa vigueur de coloris et son charme de conception.
Si importante que fût la part de l'étranger dans la somme de
splendeurs réunies à Bruges par le zèle méritoire des promoteurs de
ce groupement de trésors, la Belgique y contrijjuail pour la pari prin-
cipale, il n-'esl point possilde à l'homme de goût de franchir le seuil
l'iPirniAn me la femme rJL pkinthe, I'AU jax vax eyck
(Musée de Bruges.)
de cet ensemble de merveilles, sans se sentir gagné par l'émotion à
la vue des pages de Jan van Eyck, encore qu'en tout temps elles
soient à Bruges, comme à Bruxelles, soumises à son étude. Comljien
encore se renouvellent, après cinq siècles révolus, l'admiration el
la surprise des contemporains! Peut-être même faudrait-il dire
stupeur plutôt que surprise? Laissant à part même la supériorité du
coloris, le merveilleux maniement de la couleur à l'huile, l'on doit
— IS —
bien s'avouer qu'à aucune époque, ni tlans aucune école, le pinceau
n'arriva à traduire la nalure avec une puissance égale d'expression,
avec une vérité plus haute. Il est certes oiseux de le redire; on s'y
attendait. Pourtant on ne se lasse point de considérer celte technique
où tout tient du prodige, dont la perfection môme t'ait ([ii'à travers
les siècles nul peintre n'apparaît comme supérieur.
Qu'ajouter encore au ren<un de ce tableau de 1430, où le vieux
chanoine van der Paele est agenouillé en adoration devant la Madone ;
de cette tète du donateur, de ces mains, dont la vérité le dispute à la
nature elle-même! Que dire enfin de ce portrait de la femme du
peintre, âgée, nous dit l'inscription du cadre, de ti'ente-trois ans,
en li39! C'est bien, à notre gré. la perle de ce riche écrin, et peut-
être le plus surprenant morceau biissé par l'incomparable artiste.
Mais van Eyciv approche du terme de sa carrière. Comme tant d'autres
peintres illustres, comme Titien, comme Velazquez, comme Rubens.
comme Rembrandt, il tiiomphe des difficultés matérielles de son art.
D'autres pourr(mt venir; ils sont venus, en ell'et; ils se sont appelés
i^etrus Cristus, van der Weydeu, Thierry Bouts, Memling; aucun
Il a eu II' pouvoir de surpasser ce maître des maîtres.
l'jl nuus trouvions à l'exposition même ce qui fut peut-être la
dernière page de ce prodigieux créatcMir, un liiplypi' a\aul appar-
tenu à l'église Saint-Martin d'Vpres, resté inachevé à la moit du
peintre. Van Mander l'indique comme tel et le décrit.
Des connaisseurs, non des moindres, contestaient l'authenticité
du morceau, retenu même à la vente de la collection van den Schrieck.
Depuis, il a passé aux mains d'un membre de la famille de ce C('lèl)re
amateur et, malheureusement aussi, par celles d'un retoucheur, qui
nous en a laissé, à ce qui semble, à peine mieux que son œuvre
personnelle! Il serait sans objet, en de seml)lables conditions, d'en
discuter le jilus ou moins de mérite ou d'authenticité. Ce n'est plus
qu'à (ilie d'iiifornialion et aussi de ruine, qiu- nous ayons à l'envi-
sager.
Jan van Eyck mourut le il juillel li'tO. Pour exceptioniudle
que fût sa valeur, pour haut et étendu son renom, il n'était |)as un
isolé. L'histoire, pourtant, de même qu'elle nous laisse dans l'igno-
rance de ses précurseurs, omet de nous éclairer sur les continua-
teurs immédiats de son art.
Elle nous renseigne à peine davantage sur la connaissance et le
JKAN, SEIGNEUR DE ROUBAIX
IMuaec de Btrlh
C-azeUe des Beaux-Arts
maniemeiil de la })oinluro à riiiiilc. Le procéilé s'était toiilel'ois vul-
garisé avec une promptitude faite pour surprendre, à une époiiue
où, entre individus et nations, les rapports semblent avoir dû èli'e
contrariés par des obstacles multiples. Tous les trois ans —
M. Weale ralTirme dans l'intruduction au catalogue de l'exposition
de Bruges — les artistes de la Flandre, du Braliant, du Tournaisis,
s'assemblaient pour l'examen en commun des points intéressant
leur profession. Sans être aussi formel, nous pouvons rappeler un
MAIiliNK \l CM A il I lu: l \ . I' A M .1 \ N VAN EVIIK
(Collecuon du baron Gustave do Rothscliild, Paris.)
document publié par Pinchard, pièce de laquelle il résulte qu'après
s'être une première fois trouvés réunis, pour l'accomplissemenl de
quelque grand travail ayant nécessité leur présence à Bruges, à Gand,
à Lille, les peintres, dès la seconde moitié du xv" siècle, résolurent
de se rencontrer, de leur libre accord, pour célébrer la fête de leur
patron saint Luc, dans un des centres où existait une gilde.
Huant à l'échange des œuvres de leur pinceau, il était des plus
suivis. Bruges surtout, grâce à ses rapports de commerce avec les
pays lointains, exportait couramment les productions nées sur son
sol. L'Espagne, ainsi que l'Italie et le Nord, fut de très bonne heure
renseignée sur ses maîtres. Dès l'année liiS, un souvenir très évident
— 20 —
Je VAdofiition de l'Agneau se retrouve à Barcelone, dans un retaille
de Louis Dalmau. C'est chose digne d'être notée, à ce point de vue,
que, précisément, parmi les continuateurs de v'an Eyck, nul nest
plus rapproché de lui en valeur qu'Antonello de Messine, venu peut-
être en Flandre, mais non point, comme l'a voulu prétendre Vasari,
son élève direct. Et, sans nous occuper ici de rechercher l'auteur
du fameux Saint Jrràmp du musée de Naples, on ne peut y mécon-
naître l'inlluence de l'illustre peintre de Philippe le Bon.
Aucun lien très apparent ne relie à Tteuvre de van Eyck une
remarquable peinture attribuée à AntoncUo par le catalogue de
l'exposition de Bruges : Le Christ pleuré par la Vierge et les Saintes
Femmes, œuvre ayant naguère appai'tenu à Jules Renouvier et, par
héritage, devenue la propriété du baron d'Albenas, à Montpellier.
(De la même source provient la Résurrection de Lazare, atti'ibuée à
Gérard de Haarlem, récemment entrée au Louvre;.
Empreinte d'un profond sentiment dramatique, cette petite page
se range, par le style autant que par le coloris, dans les écoles méri-
dionales. Sa gamme de colorations fait songer à Piero délia Fran-
cesca. Quant à la forme, elle est anguleuse, quelque peu brutale.
On rencontre en Espagne des tableaux de cette physionomie tra-
gique. Le Christ repose inerte sur les genoux de la Vierge, sa
tète imberbe rejetée en arrière. La jambe gauche, repliée sous la
droite, fait voir la plante du pied. Ce mouvement peu gracieux
s'explique par la raideur cadavérique. Les extrémités inférieures,
superposées pendant le supplice, ont gardé la trace de cette disposition
contrainte. Les bras, de même, sont pendants le long du corps. Rien
ici n'évoque le souvenir d'Antonello aperça dans les œuvres authen-
tiques d'Anvers et de Londres. D'excellents connaisseurs, pourtant,
attribuent celte peinture à l'impeccable artiste. Le type de la Vierge,
amplement drapée de bleu, est franchement vulgaire. Ce qui surtout
impressionne ici, c'est l'intensité de douleur qui se reflète sur le
visage de la mère du Christ et agite ses compagnes. Ensevelies en
quelque sorte dans des draperies rouges ou nuancées d'orange aux
plis rigides, les Saintes Femmes s'isolent dans un désespoir muet ;
elles se dérobent au regard et elles en paraissent plus émouvantes.
Non loin du groupe principal, à la droite du tableau, s'agenouille
un donateur, gentilhomme au front dégarni, au profil aigu; il tient
entre ses mains jointes un chapelet. Sur le velours de sa longue
casaque noire tranche une chaîne d'or à laquelle est suspendue une
croix; ses chausses sont rouges : costume essenti(dlrriiciit niéri-
ANTONEU.O DK. MF.SSINE PIN'X'
.lAlI.i.AW) SCUi.P''
Itnp A Porcabsaf. ?»
— 51 —
dional, par sa coupe et par le clidix des nuances. Le ciel clair, où
se profilent la croix du Christ et les cadavres des larrons cruciliés,
fait se silhouetter, par delà les murs d'une ville, les toits des mai-
sons, un campanile ogival et un vaisseau d'église où apparaissent
les signes précurseurs de la Renaissance, enfin un donjon ruiné.
A l'horizon, se voit une succession de pics neigeux, les Alpes peut-
être.
Le coloris, pas plus que le style de cette fort intéressante pein-
ture, n'autorise à la ranger dans l'école llamande. Encore faudrait-il
LE r. IIUIST PI. ET 11 K PAU LA V I E K 0 F, ET LES S A I .N T E S FEMMES
A T T 111 11 U Ê A A X T 0 N E L L 0 DE MESSINE
(CoUoction d'.illjcnas, Montpellier.)
hésiter à la dater du xv" siècle, s'il était possible de lui trouver un
auteur parmi les représentants de cette époque. Pour arriver à la
détermination de cette œuvre énigmatique, il faudrait connaître et
la ville et le personnage représentés.
L'exposition de Bruges présentait pour l'étude cet intérêt consi-
dérable— et cet inconvénient aussi, — de nous montrer le traditio-
nalisme s'iniposant à la plupart des maîtres primitifs d'origine
flamande, triomphant d'une habileté pratique peu ordinaire, mise
au service d'un souci constant des réalités ambiantes. Mais la nature
se voit et se traduit par eux d'une manière quelque peu conven-
tionnelle: d'où, précisément, pour l'ensemble de ces maîtres prinii-
til's, lin air jironoiR'r de l'aiiiillc. Aussi lo sens criticiue du visileur
<Mait-il soumis à une assez rude ('incuvo, et dérouté quelque jieu par
des attributions acceptées par cdurtoisie sans doute, mais dnnt, pour
notre [lart, nous ne saurions l'aire étal.
Un admirable portrait de vieillard, taisant partie de la célèbre
galerie du baron Albert Oppenlicim, à Cologne, comptait jiarmi les
plus précieuses contributions de ce grand amateur et constituait aussi
une des plus ravissantes peintui'es de l'exposition. Des juges dune
compétence admise souscrivent à l'allribulii^in à .lan van Eyck. Nous
sommes plus bésitanl. Le l'aire y semble plus lilire, le procédé plus
ample et, pour (nul dire. d'(''p0(|ue moins reculée. (Jn est trop mal
renseigné encore sur tous les artistes du temps pour s'aventurer à
proposer d'autres noms que ceux des trois ou quatre maîtres connus ;
van Eyck. van di'r ^V(■yden. Memling. van der Goes, dont les
tableaux se reiicunlient dans nos galeries. La raison n'est point
suffisante pnur (ju'dn se liàte d'admettre dans l'oeuvre d'un peintre
ce qui ne semlde pas porter l'empreinte de son individualité. Il
faut d'ailleurs admirer sans réserve le magnifique morceau que son
heureux possesseur avait exposé entre un Thierry Bouts el nn
JMemling de qualité exceptionnelle.
Avant de parler des |)eintres fameux en qui se conliniie hi li'a-
dition de van Eyck, il inqiorle de dire un mot de ses conteuipurains.
Un seul nous est indiscutablement connu : Roger van der
^Veyden. Le surnom de <■ Hcger de Bruges », adopté d('jà par
van Mander, simplifiait grandement les choses. Les deux maîtres
auraient vécu et travaillé presque côte à côte, obéi aux mêmes
inlluences. utilisé les mêmes modèles. Que Roger ait eu des liens
avec la cuur de Bnui'gogne, la chose est très certaine. Sans compter
(|n'nn lui allriliiie. avec toute chance de raison, des portraits du duc
IMiiliiipe, ne voyons-nous pas le chancelier Nicolas Rolin poser
devant son pinceau, et, après avoir fourni à van Eyck l'occasion de
la merveilleuse Vierge du Louvre, procurer à lui-même l'occasion
du grandiose retable de l'hôpital de Beaune ?
A l'exposition de Bruges, le rapport s'atliruiail à nouveau par le
portrait d'un autre personnage notable de la cour de Bourgogne,
Pierre Bladelin, chambellan de (Charles le Téméraire et trésorier de
la Toison d'or, appartenant à ^1. R. von Kaufmann, de Berlin. C'est
un des morceaux les plus caractéristiques du maître et, certes, une
des perles de l'exposition. Autant que l'individu nu"'me, le milieu et
ré|ioque se rellèlent dans celle image, doni il -^einMe (|ue le jieiiilre
ri)':KF<E BLADIlLIII IMIAMBEI.LAM Dt CI-fARLES LE TE ME t.A I P.E
I Collection de M.R. von Raufinann, B ei-lin l
— 23 —
s'ci|i|iliijuo, loul (oniiiic à Beaiino. dans son portrait ilo Rolin, à
souligner le côté rébari)atif.
Mais pour être du nièiuc temps et subir les nièni(>s inlluences,
van Eyck et van der Weytien ne soni [loint d'une confusion possible.
Ce portrait même le ilémonlre. Tournaisien de naissance et d'édu-
cation, Roger de la l'asture. — lel l'ut iiien son nom ré(d, comnii'
ii;Aii UE .nii:mlas kiili.n. r.vii nin.i,u \ a .\ plu WLiMCN
(Volet au triptyque conservé à riiùpital de Beaune.)
le prouvent les documents publiés par Alex. Pincbart. — s'il
n'éclipse point son confrère en perfection, est bien celui des deux
maîtres par qui l'art tlamand accomplit une nouvelle étape vers
ses destinées ultérieures. Les circonstances y concourent. Si le
temps avait respecté l'ensemble des œuvres de Roger et notammenl
ses peintures de rb(')t(d de ville de Bruxelles, nous nous trouverions
avec lui en présence d'une individualité faite pour montrer l'école
des Pays-Bas en possession d'un ensemble de ressources dont les
|)roductions existantes constituent à peine un rellet alTailili. A l'expo-
sitiun de Bruges môme, et si parcimonieusemenl nu'v tùl représenté
van lier ^Veyden, on se persuadait sans peine qu'en lui, bien plus
niTen van Eyck, se continue l'école que devaient illustrer Memling
LE ClimST HESSLSCITÉ A I' TA H Al S S A X T A LA V I E II G E
PAU IlOGER VAX DER -WEYDEN
(Volet (lu retable de Miraflores, Musée de Berlin.)
et Gérard David, (juoiqiie l'un et l'autre aient ol>éi à l'action d in-
fluences exotiques.
Outre que nous sommes redevables à Pinchart de la connais-
sance des origines tournaisiennes et du nom vrai de Roger van
der Wevden, nous lui devons encore celle de l'existence, à Tournai,
Roger van der Weyden pinx
LA MADONE ALLAITANT L ENFANT JESUS
(ColUctiaii de M. Malhvi. Bruxelles.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
d'une école importante de peinlure dont, malheureusement, aucune
production certaine n'est olTerle à notre étude. Si, comme le propose
bvl^
LA VlEUiiE AVKI. I, EM \Ni MM s s 1 11 I .N IIIUNE
P A R I) 0 G E n V A X n E R W E Y H E X
(Collée
do lor.l Xortlil.rook, l.on.lros.l
M. Georges Hulin, et comme piiniit l'admettre le catalogue de
l'exposition, le surprenant arlisic acdiellement désigné comme le
« maître de Flémalle » pouvait être identifié avec Jacques Daret,
issu, comme Roger, de l'atelier de Robert Canipin, cette importance
serait on (jiu'lijuc sorte prouvëo. L'iio chose n'est guère contestable :
l'étroite relation de style entre les deux artistes, rapport sur lequel
se fonde l'ingénieuse théorie de M. Firmenich-Richartz rappelée
tout à l'heure.
Nous avons signalé plus haut l'existence à la National Gallery
de Londres d'un tableau où, senilde-t-il. divers éléments sor.t
lESSI.X D ENSEMBLE D A P R E S « LE M A 11 I \ G E DE LA V I E II 11 E u
I) I [> T Y IJ LE 1' A R LE " M A i T H E 1) E F L K M A L L E .1
Musée ,lu Pra.i...
enipruulés au niailre de Flénialle : L» Christ appfinn.ssdiit à la
Vierge. Précisément M. Firmenich-Rieluirti? invoque, à l'appui de
sa hèse, un exemplaire presque identique du même sujet, faisant
partie du retable de Miratlores, au musée de Berlin. La chose
n'importe ici que secondairement. Contentons-nous de dire qu'à
Bruges, où, comme Roger, « Flémalle » était représenté par des
créations restreintes en nombre et en importance, il est vrai,
la théorie du critique allemand ne trouvait pas sa coniirmatioii.
Él'ISODES IIE LA VIK 1) K S A I .\ T JÛSlil'Il, ]■ A H 11 U G E K \ A .N liEl; \V E Y D E N (?)
(Cailicdrali; Notre-Dame, Anvers.)
— 28 —
La page la plus iiiipui laiilc insiiitc au falalogue sous le nom de
Roger, le Mariage de la Vierye appartenant à la cathédrale d'Anvers,
a d^s longtemps fait l'objet d'une étude de M. H. von Tschudi. Pas
plus que lui nous n'y voyons l'o'uvre propre du maître lournaisien,
ce qui d'ailleurs ne rempèche d'être infiniment intéressante. Les
rapports y sont nombreux, encore une fois, avec le maître de
Flémalle, dont, au surplus, un diptyque, très proche comme disposi-
tion et comme pensée, existe au musée du Prado. 11 est à obser-
ver, cependant, que le lal)leau d'Anvers, qu'il soit de premièie ou
de seconde main, dénote une période plus avancée de la peinture.
Outre que larclnlrcluie en est remarquable, l'expression vivante
des physionomies, la gamme des colorations révèlent un puissant
observateur de la nature doublé d'un praticien de valeur peu ordi-
naire. Divers types y ap|iarli('iiucnt manil'eslemenl à Roger, d'autres
à Flémalle.
La petile Modo/iP de loid Xurlbbrudk, plus d'une fois repro-
duite déjà, accuse plus neilenient son auteur. Elle a été tour à tour
attribuée à van Eyck, à Memling et même à Albert Diirer, chose
d'autant moins justifiable que, agrandie par la pensée, elle nous
ramène à Roger van der Weyden, autant par le type de la Vierge et
celui de l'Enfant Jésus, (pie par le motif architectural, où le grand
artiste prodigue les sculptuies. Rappebms-nous aussi la petite
Madone, très parente, du musée de Vienne. Ici comme là, la robe
bleue de la Viei'ge, la robe rouge de l'Enfant Jésus, forment une
harmonie familière à Roger: on la retrouve dans sa De'/iosition
de croix, prêtée par le musée de Rruxellcs, onivre très authentique,
mais de peu de charme.
Nous mettons sous les yeux du lecteui' la Madone allaitant
l'Enfant Jésus, un Roger van der AVcyden typique, ayant fait partie
de la collection du D'' de .Aleyer, à Rruges, aujourd'hui la propriété
de M. Mathys, de Rruxelles. Bien que rapprochée peut-être des
débuts de l'artiste, autant par le style que par sa gamme des
colorations, Roger se présente ici avec l'ensemble de ses qualités
et de ses défauts. Coloi'iste remarquable, dessinateur correct, mais
anguleux, on le voit plus préoccupé de la justesse des elfets que
de leur charme. S'il arrive à un puissant degré d'expression dans ses
Vierges éplorées, son type de la Madone jeune se signale par plus
de douceur que d'intelligence ou de distinction. l>e même. l'Enfant
Jésus manque de gracilité. Sa gaucberie a pourtant bien du
charme. Le morceau n'en est pas moins d'une réelle beauté jiicturale
— 3(1 —
ot c'est une merveilleuse leirmonie que eclle qui existe entre le l'oiul
rouge cramoisi et le bleu jtrol'ond de la draperie de la Vierge.
Une répétition presque intégrale du taldeau, en sens inverse, oîi
la Vierge est vue jusqu'aux genoux, vêtue, cette fois, d'une robe
rouge et se détachant sur un fond d'or, avait été exposée par
M"'" Mayer van den Bergh, d'Anvers.
De composition identi<iue et de grandeur pareille aussi, deux
Madones, l'une exposée par lord Crawford, l'autre par M. le baron
Oppenheim, ont figuré isolément à diverses expositions, soit en
Angleterre, soit sur le continent. Le hasard les a rapprochées à Bruges.
Il a permis de constater (|ue les deux œuvres n'émanent pas d'un
même pinceau. L'exemplaire de lord (Irawford porte le monogramme
fauxd'Alberl Diirer. La chose s'expli(iue iteut-èlre par la circonstance
que cette peinture appartint au D'' Campe, le biographe de Diirer, et
que, sans doute, elle fut trouvée à Nuremberg. L'ensemble n'est
pas du reste sans quelque rapport avec les Madones de Diirer, qui,
peut-être, connut cette production. Il en faut rapporter le principe
à Roger van der Weyden et y voii-. à notre avis, une œuvre du
pinceau de Gérard David. A lui le catalogue attribue précisément
l'exemplaire du baron (Ipi)eniieim, de coloration plus faible et où
manque le fond de riche tissu noir à ramages d'or sur lequel se
détache la ligure dans le tableau, d'apparence plus archaïque, de
lord Crawford. Les mains de la Vierge sont, dans celui-ci, particu-
lièrement belles.
Le Povirail de jeune hoinine en robe rouge (n" 27), à M. Cardon,
ne porte pas avec une entière évidence les caractères de Roger, ce
qui ne l'empêche d'être une fort belle peinture. Le comte de Wilczeck,
de Vienne, exposait comme u'uvre d'un maître inconnu (n° IIG), une
ancienne et très remarquable copie du Saint Luc de van der Weyden
appartenant à la Pinacothèque de Munich. 11 nous paraît superflu de
mentionner d'aulres morceaux de même nature, dont les originaux
ligurent dans les galeries publiques.
Le contingent du maître dit « de Flémalle » olfrait, pour sa part,
diverses copies également, mais dont les prototypes n'ont pas jus-
qu'à ce jour été signalés. La Vierge dans une chambre appartenant
à MM. de Somzée in" 23) est sans doute l'unique production origi-
nale du peintre envoyée à Bruges. C'est un morceau déjà célèbre,
fréciuemment exposé, remarquable surtout par le détail, mais non
la production principale de l'auteur. Un point d'intérêt considérable
est à noter relativement à cette peinture très caractéristique : l'im-
— ;v2 —
possibilité de la eonfonilro avec les créations de van der Weyden,
malgré les rapports d'ailleurs incontestables, et déjà relevés, entre
les deux maîtres.
Le très intéressant triptyque de la Descente de croix du musée
lie Liverpool (n" 221, figurait sous le nom de van der Weyden dans
le catalogue de cette importante galerie rédigé par M. Conway. Le
morceau, sans être un original, garde néanmoins une très haute
signilieation. 11 ne s'agit de rien moins, en etl'et, que d'une copie
réduite du retalde de l'abbaye de Flémalle, dont les fragments,
attribués jadis à van der \Yeyden, appartiennent actuellement au
musée de Francfort. C'est ainsi, par exemple, que nous avons sous
les yeux l'intégralité des volets dont cette galerie ne délient que des
morceaux. Deux personnages, vus seulement en buste, sur le volet
de gauche, au musée Sta^del, sont en figures entières sur la réduction.
Au bas du même panneau se voient, à peine déchiffrables, les armoi-
ries de Bruges. M. Weale en conclut que le petit retable provient
de l'hospice Sainl-Julien de ladite ville.
Chose à ne point passer sous silence, naguère (b'jà signalée par
M. \\. von Tschudi : dans im tableau de la cathédrale de Bruges
exposé sous le n" 122 et reprc'sentant Le Portement de croix, Le
Crucifiement et Lu Di'jtosition de croix, l'on voit se répéter, avec
les larrons, divei's groupes eni)iruntés au maître de Flémalle. Il
est permis d'en déduire que jusqu'au xvi'' siècle cette page et son
auteur n'étaient pas oubliés en pays flamands.
Nous en avons une nouvelle preuve avec le tableau n" 150,
Iji Messe de saint Grégoire, exposé par M. E. Weber, de Hambourg,
nù l'on peut lire sur une fablette pendue à la droite de l'autel les
mots : Dees lafel icas gliemaecld int jaer 0ns Heeren mv xiv (Ce
tableau fut créé en l'an du Seigneur 1314). Il s'agit ici encore d'une
copie d'après Flémalle, également signalée par M. H. von Tschudi.
Nous reproduisons ce très curieux morceau, destiné, dirait-on, à
servir à la gravure, tant y est précisé chaque détail. Impossible
d'en méconnaître l'auteur. Le peintre y introduit, d'ailleurs, divers
accessoires, aperçus déjà dans plusieurs de ses créations. De même,
l'intérieur de l'église et la disposition de l'officiant font songer au
diptyque an Mariage de la Vierge, à Madrid.
Signalons, comme curiosité, la série des tètes d'Apùtres dans des
ronds, peintes en couleurs vives et insérées au pied du retable.
Egalement le cierge, assez spécial, tenu par l'acolyle. Un remar-
quera que ce cierge s'enroule sur une fige. Ses spires déroulées lui
33
donneraient une prodigieuse longueur. Il y eut au moyen âge des
cierges ainsi façonnés. L'Iiistoire parle de celui que les Tournai-
siens vouèrent à la Vierge en 1340, après une victoire remportée
sur les Flamands : ce cierge avait la longueur du grand tour d(> la
procession, et, enroulé sur un treuil, dit-on, brûla longtemps dans
la chapelle des Flamands, à la cathédrale. Il y aurait peut-être ici
un détail venant corroborer l'hypothèse de l'origine tournaisienne
du peintre '.
1. De nouvelles recherclies ont mis sous nos yeux d'autres cierges sem-
blables.
— 3t —
Los rappoiis artistiques onlro Drupes ol Tournai ôlaionl assez
suivis. Philippe TriifTin, le principal des maîtres tournaisiens de
l'époque, lut appelé à Bruges en 1408, pour y travailler aux décora-
lions des fêtes du mariage de Charles le Téméraire.
Plusieurs autres peintures de l'exposition de Bruges rappelaient
le maître de Flémalle : Le Cluisl mort dans le sein du Père Éternel,
copie ancienne identifiée par M. 11. von Tschudi, appartenant au
musée de Louvain, et dont M. Lelirs a retrouvé le souvenir dans
une i^ravure du maître de 146(i : Ij-s Apprêts de la toilette de iKn/anl
JésKs, à sir Frederick Cook. lue composition semblahle existe au
musée de l'Ermitage. Dans celle qui était exposée à Bruges, le
peintre a introduit des anges, absents dans l'autre version. N'ayant
pas vu celle-ci, nous ne pouvons nous prononcer sur sa valeur, mais
il nous est permis de signaler de nouveau l'ingénieuse préoccu-
lialion du peintre de rajeunir ses données : dans le tableau que nous
avons sous les yeux, la Vierge, d'un mouvement plein de grâce,
réchaulTe sa main au loyer avant de la porter sur les chairs déli-
cates de son enfant.
C'est à Flémalle encore que se rallache un curieux ensemble de
la Légende de saint Joseph [w° 3i-t), exposé par l'église de Hoog-
straeten, dans la province d'Anvers. Dans une frise, longue de2mètres,
haute à peine de 00 centimètres, on voit se succéder — parfois se
confondre — les épisodes de la légende de l'époux de la Vierge
antérieurs à la fuite en Egypte. La peinture en est rude, mais des
plus expressives; le détail surtout y est d'rvtrème intérêt. Plusieurs
des personnages appartiennenl à la si'rie des acteurs rencontrés
dans les scènes du maître de Flémalle. Dans le petit groupe de deux
ligures, où Josepli, agenouillé devant ]Marie, s'accuse de l'avoir soup-
çonnée, l'époux delà Vierge porte à la ceinture les outils de son métier
de charpentier; d'autres, trop volumineux, sont déposés à terre. Ces
outils, nous les connaissons, pour les avoir vus aux mains de saint
.loscph dans le volet du retable de McM'ode, ofi il fa(;onjie des souri-
cières. Sans être nullement délicale, cette peinture constitue nu
document des plus précieux |)our l'Iiistoire de l'art en Flandre au
début du XV'" siècle.
Les salles de l'exposition tle Bruges ])rocuraient, on le voit, au
visiteur nombre d'informations précieuses pour l'étude du maître
encore indéterminé; il n'y a point exagération à le ranger aux côtés
de van Fyck et de van der Weyden, parmi les représentants les plus
a\anci''s de l'ai't de leur ('po(|ue.
— 35 —
l'iiis indiiréreiile lui moins l'onsoignôo que telle de notre lonips,
la critique d'autrefois, sans nul [souci^ des caractères distinctifs
et sans aucun respect non plus de leur valeur, rattachait béné-
volement à l'œuvre des van Eyck et des Memling les productions
les plus disparates. On reproche vnlonliers à notre temps l'excès
LA ME.-^i: \'E SAIM (iUK'.OllIE. COI'Ji: h AI'IIKS LE •' MUIIIK [■F ILIÏHI.IK ■
(Collection de M. E. Weber, Hambouri;.)
contraire, de créer ou de défaire comme à [daisir les attrilmlions.
11 y a là quelque injustice. On perd de vue nos moyens d'informa-
tion précieux, moyens dont ne disposaient pas nos devanciers, en
toute première ligne la facilité des voyages et la photographie,
sans compter les sources authentiques vulgarisées à pleines mains,
sans parler enlin d'expositions comme celle qui nous occupe, et
dont l;i critique tirera certainement profit.
— 36 —
Une lies premières constatations qu'y faisait le visiteur (Mait l'ab-
sence presque totale de pages signées. Seul, Petrus Crislus apj)ose
une signature au bas de. ses tableaux. Le fameux Sain/ Eloi appar-
tenant à la riche galerie du baron Oppenheim, à Cologne, est daté de
lii9. Cristus, originaire d'une bourgade de la Flandre, était devenu
bourgeois de Bruges en liii. donc au lendemain, en quelque sorte,
de la mort de van Eyck, considéré naguère comme son maître. En
ellel, ou le voit introduire largement dans ses œuvres les accessoires
empruntés à l'illustre artiste. Selon M. Weale, il se contenta de
les acquérir à la mort de leur premier possesseur. Dans une de
ses peintures existant à Francfort, on retrouve un Inpis utilisé di'jà
par van Eyck; ailleurs une escarcelle.
Très nettement, à Bruges, l'inlhience de van Eyck s'accusait
dans le précieux portrait de jeune gentilhomme, nu-tète, vêtu de
rouge, exposé par M. Salting. La coloration en est remarquable
par sa puissance et sa richesse, par la vigueur peu commune de
ses ombres. Outre cela, praticien excellent, Cristus révèle une très
sérieuse étude de la forme. Il ne se montre pas impénétrable à
l'émotion, sans toutefois s'y abandonner autant (lue van der Wcy-
den. Néanmoins, la Déposition de croix appartenant au musée de
Bruxelles, page importante par sa grandeur et dont l'allribution au
maître nous parait non moins justifiée que celle du ciiarmant Cnl-
vaire de la galerie du duc d'Anhalt, est d'un vrai sentiment reli-
gieux, encore que, dans les scènes précédentes, plus d'un acteur
fasse preuve d'indilTérence.
Mais, incontestablement, par la proportion des personnages
aiilaiil (1U(^ jiar l'heureux ensemiile de la eomposilion. par l'intérêt
du détail, le Saint Éloi mérite de compter parmi les œuvres capitales
du maître et revendique sa place parmi les pages les plus impor-
tantes du xv" siècle. Le patron des orfèvres y est représenté dans sa
boutique, pesant l'anneau des liançailles d'une jeune dame de qua-
lité, — sainte Godeberte, selon M, Weale, — placée juès de lui. Au
bas du tableau, tracée en grandes lettres, la signature Petrus
C/irislK.s" me fecit, .suixie de la date / ! !!>. La corporation des orfèvres
d'Anvers avait, paraît-il, commandé cette peinture.
Les églises et les couvents brugeois n'avaient fourni cjunn
assez pauvre contingent. Ils u'oiil, en somme. gard('' aucune page
de premier ordre des maîtres locaux. Seule, la participation des
Sœurs noires se distinguait par une série de peintures d'un très haut
intérêt historique, signalées naguère par Waagen. Le célèbre
critique assignait à ces panneaux la date tle 1 i2(j. Ils soni sûrement
postérieurs, mais semblent avoir
précédé la Châsse de sainte Ursule de
Memling, dans l'évocation des épi-
sodes de la légende de la martyre.
Peintes à l'huile, ces IVirl l'cmar-
quables compositions relèvent plutôt
de la miniature, par leur coloris
autant que par la disposition géné-
rale des groupes. Memling les a t-il
connues? 11 ne leur a rien emprunté
et n'avait non plus à le faire. On
verra toutefois, par les deux panneaux
que nous empruntons à cet ensemble,
la Confusion de la Synago(/ue et la
Vénération des reliques de sainte
Ursule, qu'il s'agit ici d'un maître de
très sérieuse valeur.
Le judaïsme est figuré de la
manière traditionnelle, tel qu'il ap-
paraît dans les sculptures des cathé-
drales : c'est une figure de femme,
les yeux couverts d'un bandeau et
perdant l'appui de la hampe brisée
de sa bannière. Sa main défaillante
laisse échapper les tables de la Loi.
Le caractère général nous ramène
vers l'allégorie du panneau de Ma-
drid, oîi, cependant, le judaïsme est
figuré sous les traits d'un person-
nage masculin.
La Vénération des reliques de
sainte Ursule offre cet intérêt, assez
spécial, de nous mettre en présence
d'une scène très fidèlement emprun-
tée au milieu où vivait l'artiste. Rien,
du reste, n'a été négligé pour lui
donner ce caractère. Les pèlerins
s'agenouillent devant la châsse vénérable contenant les reliques
de la sainte; ils appartiennent aux diverses classes de la société.
i,.\ svNA(.(j(;iE iii;kaili,ante
PAU UX MAITRE BIlllOEOIS DU XV" SIÈCLE
(Couvent des Sœurs Noires, Bruges.)
— 38 —
C'est ainsi qu'une dame reçoit son missel des mains d'un serviteur
respectueux. A gauche de l'autel, on remarque, suspendue, une
rangée d'ex-voto en cire : bras, jambes, etc. Enfin, dans la nef,
non loin de l'entrée de la chapelle, nue femme, vêtue de rouge,
vend à une Brugeoise en <• faille » — un vêtement qu'on prétend
avoir été importé par les Espagnols — des chandelles bénites.
Ilàtons-nous d'ajouter qu'au point de vue de la valeur artis-
tique, ces petites pages, dont un spécimen est mis sous les yeux du
lecteur, méritent une attention liés particulière. La facture en est
iilire, l'expression singnlièremcnl \i\anli'.
Si nous parlons, à celte place, du charmant diptyque, si connu
d'ailleurs, exposé par le musée d'Anvers (n° 118), ce n'est point
avec l'urrière-pensée qu'il le faille ranger parmi les productions de
l'école de van Eyck, mais pour faire ressortir la persistance du sou-
venir de ce maître. Un des volets de ce délicat ouvrage reproduit une
œuvre envisagée comme émanant de lui : La Vierge avec VEnfunl
Jésus, représentée dans une église gothique, tableau conservé au
musée de Berlin et dont une seconde répétition, appartenant au
prince Doria, n'a pas été envoyée à Bruges.
11 est permis d'assigner la peinture ilu musée d'Anvers à rm
jiinceau brugeois. En elfet, l'un de ses panneaux représente un
abbé du monastère des Dunes, Chrétien de Hondt, agenouillé, en
prière.
Tour à tour donné à van Eyck et à Memling. le précieux
diptyque du musée d'Anvers ne trouve à l'exposition de Bruges
aucun maître à qui l'on puisse avec certitude en attribuer la pater-
nité. Chrétien de Hondt ne devint abbé qu'en li9o, et l'on peut lire,
au revers du panneau, la date 1499, Nous disons Chrétien de Hondt,
attendu que les semelles des poutres portent, avec les armoiries de son
couvent, les siennes propres et les initiales C. H. Certains ont proposé
un autre dignitaire du même ordre, Jean de Clerck, ce qui d'ail-
leurs importe peu. Nul doute, en tout cas. (jue le portrait ne soit une
chose exquise.
L'appartement oii. les mains jointes sur un riche missel, s'age-
nouille le prélat, ayant à ses pieds un petit chien endormi, est un
des plus délicieux intérieurs du genre. Tout y respire le calme, le
bien-être. Dans sa haute cheminée de pierre blanche, à laquelle
s'appuie la crosse abbatiale, derrière de superbes chenets, flambe
un feu vif. Sur une des consoles de cette cheminée reposent, à portée
de la main, des fruits. Plus loin, sur une crédence, s'alignent par
— 3!l —
rang de taille tics cruches de métal de forme élégante et des coupes;
VKXEHATIOX II F. S H E L I Q tl E S DE S A I .\ T E IHSULE
PAU UN M AIT 11 E BRIIOEOIS DU XV' SIÈCLE
(Couvent des .Sœurs Noires, Bruges. 1
en retour, c'est un lit drapé de courtines bleues. Des livres reposent
sur une planche. A peine ose-t-on penser que van Eyck eût fait
mieux,
nello lie
(iallery
à ce nio
— iO —
Nous ne connaissons vraiment que le Saiiit Jérôme d'Anlo-
Messine, jadis à lord Norlhbrook, maintenant à la National
de Londres, qui se puisse comparer sans désavantage
rceau d'exceptionnel attrait.
Au XVI'' siècle, comme
l'u'uvre précc'dente, il nous
iaut reporter le portrait de
t;enlii]iomme agenouillé sous
la protection de saint Antoine
(n" 100). le même personnage
(|ui, dans le diptyque du prince
l»oria, sert de complément à
l'image de la Vierge. Le fond
de paysage nous fixe assez
(|uant à l'époque, et presque
quant au maître, très voisin
de Gérard David. Des connais-
seurs proposent aussi Mabuse.
C'est, d'ailleurs, im ravissant
morceau, traité avec la déli-
catesse d'une miniature. Le
portrait aurait eu pour modèle
un gentilliomme sicilien, An-
tonio Siciliano, d'après l'Ano-
M\nu' (K' Morelli.
l'nlre les divers maîtres
dont les œuvres se trouvaient
rassemblées sur les parois de
l'hùtel provincial de Bruges,
aucun n'est d'identification
plus incertaine que Hugo van
der Goes. Le grandiose trip-
tyque de la Nativité, du musée
des Offices, à Florence, est
LA .M A iMiN K A \ Kl. 1. i: MA NI
Il AXS LXE ÉGLISE
(lllPTYulïE DE L'aISBÉ DES D L N E S )
ï; Cil LE DE ME. ML IX G
(Mus
il Auv
runi(iue production d'oiigine liistoritiuemcnt établie qu'on soit en
droit d'attribuer à ce remarquable coloriste. Ses points d'attache à Jan
van Eyck, dont quelques historiens, après van Mander, avaient songé
à le faire élève, se cherchent en vain. Traducteur impitnyable de la
réalité dans son paysage autant que dans ses ligures, il se signale
par une netteté de trait que, préeisément. louait eliez lui son contem-
porain, le poète Jean Le Maire, dans la Couronne Margarilique. La
précision des contours confine à la sécheresse, l'éclat du coloris à la
crudité. Dans la forme, il cherche peu l'élégance. Ses mains sont
caractéristiques ; correctement
dessinées, d'ailleurs, elles sont
trapues, noueuses, même chez
les femmes. Ses tètes mascu-
lines, superbes d'énergie par-
fois, laissent surtout apprécier
sa valeur. \,àMort de la Vierge,
appartenant au musée de Bru-
ges et depuis peu d'années
restituée au maître, est un
morceau de très grand style,
auquel il n'a manqué, pour
devenir célèbre, que d'être
traité dans les proportions de
la grandeur naturelle. Les
têtes des Apàtres sont, pour la
plupart, admirables. M. H. von
Tschudi a fait un rapproche-
ment très juste entre ce tableau
et le même sujet traité par le
maître de Flémalle — encore
lui! — appartenant à la Na-
tional Gallery de Londres.
La gamme des colorations,
par une circonstance diflicile
à expliquer, est atténuée. On
croit se trouver en présence
d'une détrempe. Ailleurs le
coloris de van der Goes est
riche, sinon harmonieux. Un
(Miisi'C d'Aiiveis.)
petit triptyque de 1 Aaoration
(les Mages, exposé par le prince de Liechtenstein, scintille comme
un joyau. Le rouge, le bleu, le pourpre, le vcii, s'y mêlant aux
ors et aux brocarts, font songer à quelque émail translucide.
Que la pensée soit venue de ranger dalis l'o'iivre de van der tioes
11- Portrai/ de chanoine avec sain/ Viclur oit saint Maiiruf u" 1(10 du
:illiLllK.\ m. lin. NUI, \ l; l: k nh> l)UNEÈ
E N 1' H I K 11 K
(,0 1 l'T V(J LE II F, LAIIUK DES 11 U N E S )
ÉCOLE liE MEMLING
— -4-2 —
catalogue) appartenant au musée de Glascow, déjà reproduit par la
Gazette des Beaux-Arts à l'appui d'un travail de M. Camille Benoît',
on se l'explique par la dureté des oppositions. L'éclat du coloris, la
fermeté du dessin, la surprenante facture, l'œuvre étant tenue pour
llaniande, l'avaient fait tour à tour attribuer à van Eyck, à van der
Goes, à Memling, à Géraid David et même à Mabuse. Dans le milieu
oîi elle se produit, vouloir la rallacher à aucun des maîtres précités
nous paraîtrait hasardeux. Le tableau n'est point d'ailleurs d'une
période avancée du xv"" siècle. Il est français sans doute', comme
le portrait de la dame placée sous la protection de sainte JNIarie-
J\Ladeleine i^à i\IM. de Somzée) ; nous en avions dès l'origine informé le
possesseur. Le personnage représenté dans la peinture de Glasgow
est bien de la maison de Clèves, à en juger par l'écu i de Saint-Victor »
et par sa l)annière, où se répète l'escarboucle à huit rais d'or sur
fond de gueules. Notre savant confrère M. Bouchot assure qu'il
s'agit de saint Georges ou de saint Michel, lesquels toujours, au
xV^ siècle, ont leur écu chargé du même ornement. Nous ferons
remarquer que saint Michel est rarement représenté sans ailes.
Divers membres de la famille de Clèves furent élevés à la prélature.
Il y eut notamment les deux fils de Jean \"' (-J- 1481), Adolplu\ qui
lit partie du chapitre de Saint-Lambert, à Liège, mort âge de '37 ans
eu li98, et Philippe, né en 1467, successivement prévôt de Stras-
bourg, évèque de Nevers, d'Amiens et d'Autun, mort en l.'JOo'.
A s'en rapporter aux études de M. Bené de Vauloger sur la même
œuvre, parues dans la Chron'ujue des Arts', ni l'un ni l'autre ne
peuvent être acceptés. On demeure frappé cependant de la grande
analogie de traits de Jean I" de Clèves, dans un portrait du Cabinet
des estampes de Paris, avec le personnage de la peinture de Glasgow.
Ceci nous amène à nous demander si le père et le fils n'y sont pas
figurés côte à côte.
Plus d'un portrait exposé à Bruges pourrait être attribué à
Hugo van der Goes. Si, comme nous l'assure le catalogue, les deux
belles effigies appartenant à M. Léopold Goldschmidt représentent
Tommaso Portinari et sa femme, les droits de Memling sur ces
■/. ha Pointure francake à la fin du XV sirdc (Gazette t/e,s Beau.v-.irt^, 3'' pér.,
t. X.WI, p. 371).
2. M. le D"' Friedlœnder l'avait iléclai'é tel k l'exposition de la New (lallery
à Londres, en 1900 [Repertorium^fùr Kiinstwissensclutft, t. XXIV, p. 24S-2b8.)
3. Baron de Chestret de Hanefl'e, Histoire de la maison de Lamarck. Lièpe, 18'J8.
4. 20 avril, 10 et 17 mai 1!X)2.
SAINTE MADELEINE ET UNE DONATRICE
Ecole Française de la (in duXV?siicle
< CoUeclion Somiée I
ûftKAtte dou lic&ux Arts
i3 —
remarquables peintures se Irouvenl passablement affaiblis, encore
que le privilège de retracer l'image du représentant des Médicis à
Bruges eût pu être attribué à plus d'un peintre en renom. Les
« Portinari » des portraits de 1 exposition semlilent plus jeunes de
l .N CllAXÛlKE ASSISTE liE SAINT V I C ï 0 H OU SAINT MAURICE
l^ÉCOLE FRANÇAISE DU XV" SIÈCLE)
(Musée de Glasgow.)
beaucoup que ceux du retable de Florence, dont l'bomme, surtout,
n(> rappelle qu'assez vaguement la physionomie. Seulement, — un
critique très familiarisé avec les choses de Florence, M. A. War-
burg, en a fait la remarque, — le collier de la dame est le même
que celui porté par l'épouse de Tommaso dans le portrait des Offices.
Longtemps ce fut à van der (îoos, aussi, que la tradition attribua
le joli portrait de l'hilippc le Beau — oui)Iutôt Cliarles-Quinl jeune —
;iliii;iili'n:iiil ;i la calInMlrale di' Saiiit-Sauvciir. à Bruf;os. Le calaloguo
lo donne aujourd'hui comme d'un maître inconnu, chose à coup sûr
prudente en ce qui concerne van der Goes, mort en 1182, quand
Philippe avait quatre ans à peine.
Thierry Bouts, Memling, Gérard David étaient, à l'exposition de
Bruges, les personnalités dominantes. A eux appartenait la grande
salle de l'exposition. C'est comme pour défier le parallèle que les
églises et les couvents de Bruges s'étaient dessaisis de leurs œuvres
maîtresses, ^lentionner la Cliàsse de sainti' Ursule, le Mariage nujs-
tiqne lie sainte Catlteriiv, le Portrait de Martin ran Niena:enliore,
équivaut à proclamer de nouveau h'ur supériorité. La Vierge envi-
ronnée de saintes, le clier-d'ciHivre de Gérard David que possède le
musée de Rouen, a été, dans la Gazette des Beaar-Arts, l'objet de
savantes études, au temps où cette grandiose production, de maître
jusqu'alors inconnu, fut restituée pai' M. Weale à son légitime auteur '.
Entre Gérard David et Memling les rapports sont manifestes :
ils puisent aux mêmes sources, marchent dans les mêmes sentiers.
Bouts, à aucun titre, ne se confond avec eux, et l'on ne songe pas
sans surprise que ses pages jirincipales aient pu être longtemps
attribuées àMemling.
A Haarlem, sa ville natale, à Louvain, sa patrie d'adoption, il
subit d'autres inlhicnces. Non loin de lui avait travaillé ce typique
Gérard, dit de Saint-Jean, ou encore Petit (iérard. qui, dans sa
brève cai'rière, créa plus d'un chef-d'œuvre, et cet Albert van
Ouwaler, dont le musée de Berlin conserve une production (la seule
déterminée jusqu'ici avec une entière certitude), où un prodigieux
sentiment de la nature se mêle à une faculté de la rendre dont bien
certainement ses successeurs devaient subir l'influence.
A l'exposition de Bruges, Gérard de Saint-Jean était représenté
par un liml jirlil lalilcau, très remarqué dès le début, appartenant à
M. l'ercy .Macijuoid, l'artiste anglais bien connu-. Le peintre y a
représenté Saint Jean-Baptiste au désert. Un coup d'œil suffit pour
le rattacher à ses pages, de si puissante expression, appartenant au
musée de Vienne. Le type du saint anachorète est exactement le
même que celui du personnage du premier plan de la scène repré-
sentée par le j)eintre dans un des panneaux du musée autrichien.
Ce visage est d'ailleurs bizarre et de facile récognition : long,
1. Gazette des Becnix-Arts, {" péi., t. XX, p. 542.
2. Ce précieux morceau est, depuis, devenu la propriété du musée de
Berlin.
VOUZT DF; droite du triptyque "L'ADORAnON DES BERGERS
'Musée de Santa Maria Nuova. à Floi-e::co)
tte des Beaux-Arts
l'macié, des yeux très rapprochés, un front' presque caché par une
chevelure noire se confondanl avec la barbe. Pour les deux figures,
Il E L \ \ I E i; r, E ,
\ T r lu 11 U E
.In Lyon.)
un même modèle a posé. Relevé par une tonalité harmonieuse (une
draperie, d'un bien turquoise rarement rencontré dans les tableaux
du temps, en fournit la note dominante), de facture à la fois très
savante et très libre, un délicieux fond de paysage faisant songer à
celui de la Pic/à de l'aiilrc panneau de Vienne, le petit ensemble
— 46 —
niôrito dT'Iiv signait'' cumme dos plus iiitércssaiils pour réhule de
son auti'iu-.
Un anh'c lahlcau. de plus grandes diniensious. s'il n'est pas do
Gérard, osl ooilainonioiil lo travail d'uu artiste très inlUiencé par lui.
Cette œuvro, oxiioséo par sir C.-A. Turnor, à Londres, a pour sujet
L'Instihiliu)) de la dêrotiun au Rosaire i\\° 2.j(j), c'est-à-dire la remise
du Rosaire à saint Dominique parla Vierge, la distribution et la
vénération du Rosaire, la prédication de saint Dominique. Un déver-
nissage poussé trop loin semble avoir altéré la couleur de ce tableau,
d'aspect imprévu. L'extraordinaire liberté de la faclure. l'iieurouse
disposition des groupes, la remarquable entente do la perspective
aérienne, lui donnent un aspect presque moderne. La présence,
dans cette composition, d'une reine de Franco suivie de sa cour
a fait croire à une œuvre de l'école française ; le type confine de
trop près à celui de Gérard de Saint-Jean pour no pas donner une
présomption très forlo qw faveur do l'attribution à ce maître. 11 y a
même à l'avanl-plan, à droite, un Cduilisan de la suite de la prin-
cesse, dont la longue cbeveluro blonde, la toque posée sur l'oreille,
lo justaucorps vert, le manteau rouge et les houseaux jaunes font
partie de la garde-robe du peintre de Ilaarleni. Nous devons, faute
do place, nous abstenir de consacrer un plus long examen à cette
[leinlurede si puissant intérêt et de si haute valeur artistique.
A l'école de Ilaarlem se rattache aussi le Calvaire exposé par
M. (ilitza, do Hambourg, une page extrêmement curieuse attribuée
peut-être à tort à Gérard de Sainl-Joan, mais certainement conçue
dans le style de ses œuvres.
Signalons, enfin, comme se rattachant à la même catégorie de
productions énigmatiques, la petite Vierge debout, tenant l'Enfant
.lésus, à l'entrée de l'abside d'une chapelle. Deux anges musiciens
forment les volets de ce ti'iptytjuo, apparlonant à M. Mann, de Glas-
gow n" 8'Ji. Cette peinture, présentée dans d'autres expositions
déjà, y fui, comme à Rruges, l'objet d'intéressantes controverses.
Désignée tour à tour comme espagnole, comme italienne, comme
llamando, on la cataK)gue maintenant comme de Memling. Elle nous
semble infiniment plus près de l'école de Ilaarlem. Le type des
anges surtout la rappnjche des œuvres de Gérard de Saint-Jean. La
Vierge est d'ailleurs très particulière et rappelle certaines estampes
du XV'' siècle. La draperie, d'un blanc bleuâtre, à plis épais, constitue
un remarquable morceau de peinture, et d'un caractère trop spécial
pour suggérer aucun rapport avec Memling.
Tliioriy Bouts, l'oinu' tians le voisiiia;;e inmiéJial île Gérard de
Saint-Jean, n'esl pas sans trahir l'intlueuce de communes origines.
Déjà M. Camille Benoît, dans la Gazette des Beaux-Arts, a insisté sur
LE CliVCl FIE. M EN 1
1 N M A I l,E NI 11 \ I. m r
(CatUédrale do Lubeck.)
. -i r T Y l,a E DE M E M L I -N G
ce point. La Cène, magistrale peinture appartenant à l'église Saint-
Pierre de Louvain, qui occupa son auteur du mois de mars 14Gi au
mois de février tiG8; le Martyre de saint Érasme, à la même église;
le Martyre de saint' Hippolyte, à la cathédrale de Bruges, formaient
à l'exposition un ensemljle impressionnant et imprévu.
D('ssiii;ileur de grand style. l)ien qii"iin pou ant;iileux. coloriste
admiralile et singulier en outre. Bouts compte parmi les plus hautes
personnalilés artistiques du xv'' siècle. Si la Cène avait pu être
rapprocliée de ses volets, aujourd'hui à Munich et à Berlin, l'efTel
d'ensemhle eût été écrasant. Les types de Bouts sont très accusés,
très personnels et, d'emhlée. remettent en mémoire ceux de Gérard
de Saint-Jean. Les Apôtres de la Crnr en fournissent le plus pré-
cieux exposé : figures graves, aux joues creuses, au nez droit,
rarement aquilin, à la barhe plus longue que fournie, laissant à
découvert une bouche aux lèvres fines et abaissées. A peine est-il
besoin de faire ressortir combien ce type est voisin de celui du
Christ de Quinlcn Massys. Impossible de ne point se sentir gagné
jiar la conviction que vt)ici le maître du forgeron d'Anvers, par
l'origine louvaniste de celui-ci. La chose est si vraie que, même à
l'exposition, figurait sous le nom de Massys une Tête de C/irisf appar-
tenant à ]MM. de Somzée, laquelle n'est, comme déjà le lit remar-
quer Jl. Friedhender lors de l'exposition de la New Gallery, à
Londies, en t900, qu'une œuvre d'un pseudo-Bouts, le maître dit
« tle V Assomption de la Virr(i<' », sans duute Albert, le fils du peintre.
Le type féminin clioz Bouts est ri'gulier, mais impassible. Du
reste, le peintre idéalise peu. Sous son pinceau, les martyres de
saint Hippolyte et de saint Erasme se réduisent presque à de purs
incidents. Les spectateurs, les acteurs eux-mêmes, s'en émeuvent
peu. Dans le Martyre île saint Erasme, de la plus affreuse cruauté,
puisqu'ony voit enrouler sur un treuil les entrailles du bienheureux,
les tortionnaires s'acquittent de leur besogne en vulgaires tâche-
rons. L'un d'eux seulement serre les dents sous l'effort, et nous
retrouvons précisément cette contraction du visage, à Anvers, dans
le chef-d'œuvre de Quinten ÎNIassys, où l'on voit saint Jean plongé
dans la chaudière d'huile bouillante.
Bouts, avons-nous dit, est un remarquable paysagiste. C'est, en
outre, un traducteur fidèle de la nature ambiante. Dans le fond d'un
Crucifiement appartenant à ^L A. Thiem, de San Remo (n° 40i, se
découvre un panorama de Bruxelles, avec la tour de l'hôtel de ville,
la porte de liai et le beffroi (l'église Saint-Nicolas'.
La haute et inflexible conscience de Bouts lui permettait d'être à
roccasion un portiaitiste de premier ordre. Dans la Cène, il s'est
représenté dans un rôle secondaire; un portrait, le sien encore,
appartenant à M. le liaron Oppenheim, le classe au premier rang
des maîtres du genre. C'est de nouveau son image sans nul doute.
llins Mtmlin
LA MADONE ET U ENl'ANT ENTRE DEUX ANGES
Musée des Offices. Florence. i
: des Beaux-Arts
Imp Paul Mo^&
i9
que l'on retrouve sous les traits de saint Luc, dans un tableau mal-
heureusement assez maltraité par une restauration, appartenant à
lord Penrhyn m" 115). Le saint patron des peintres s'occupe de
LE ruUTEMEXT DE Cl; 0 1 X , LA MISE AU 1 U M If E A i: ET LA IIKSLHHECTII
\ 0 L E T S I X T É m E U It S DU r 0 L Y r T Y O U E HE M E M L I X G
(CathéJrale do Lul.e^k.)
tracer sur le papier le portrait de la Vierge, assise devant lui sur
un haut fauteuil à baldaquin, tenant l'Enfant Jésus. La Madone n'est
point gracieuse; le petit Jésus est plutôt maussade. Saint Luc, sous
les traits de Bouts, moins avancé en âge que dans la Cène, est, en
revanche, une belle et noble figure. Le peintre, coiffé de son tradi-
tionnel bonnet, de teinte violacée cette fois, porte une robe de
.so
nuance plus claire. Il s'a^jciKuiillo à même le pavement. Le mobilier
(le la pièce, le paysage du i'und, vu par les arcades, l'atelier du
|)eintre surtout, qu'on aperçoit par une porte entr'ouverte, pré-
sentent un Krand intérêt. Saint Luc a momentanément délaissé le
s A I -M B L A I S E ET S A I .N 1 J .: A N - B A T 1 1 > T E
VOLETS E X T É K I E U H S DE GAUCHE VV P . i L V r T ï Q U E DE M E M L 1 X G
(Cathélral; <lc I.u'ieck.'
chevalet où repose une image éi)auchée de la Malone. Elle se
découpe en blanc sur le fond ro:ige. Les ustensiles du peintre, ses
pinceaux, sa palette de inrme assez spéciale, sont des détails d in-
formation précieuse. La gamme un peu criarde des colorations, le
vert intense de la draperie recouvrant un siège au fond de l'appar-
tement, doivent être portés au c jmple de la fàcbeuse remise à neuf
Gasetie âes Bca^x-Az-ti
SAINTS ET DONATEURS
Vol.li a. i-e-able
Colltclion i„ M Rodolphe H.nn
de celle intéresscinle proilnclinn. nécessairement antérieure à la
Cène, Bouts y apparaissant plus jeune.
Le Christ clwz Simon in" SO'l, à M. Tliieni, peut V'tre 'envisagé
connue le prcitolype de diverses r(''pétili(ins. Tue d'elles est au musée
s A I .N T J h 11 U M i; E T ^ A l .\ 1' I . I L L t >
VOLETS EXTÉBIELIIS DE D II 0 I T E IIL" P O L Y P T Y ij L" E IJ E M E M L I N G
(CatliL'.lralL- .le Lubeck.)
des Hospices, à Bruges même; une seconde, en contre-partie, au
musée de Bruxelles. L'attribution à Bouts se motive par de très
hautes qualités picturales, un coloris splendide, l'exécution admi-
rable des détails. Il y a là aussi un jeune moine blanc, prosterné
en prière dans l'embrasure d'une porte, qui est un véritable chef-
d'œuvre. Les types, cependant, ne concordent pas d'une manière
prL^cise avec ceux de Bouts; le (llirist surtniiL nous laisse perplexe.
Comme portrailiste t'neoic, le peinti'c donne de nouvelles
preuves de sa supériorité dans les images d'Hippolyte Berllioz et
d'Elisabeth de Keverwyk, donateurs du Mur/i/re de .^aiiil HljipDhjtc.
figurés sur le volet île ce précieux lelahle.
Nous avons déjà dit un mot tlu fils de Tliierry, Ailiert. le peintre
probable de Y Assomption de la Vierge, deux fois répétée au musée
de Bruxelles. De lui procèdent de nombreuses productions exposées
à Bruges : les beaux volets du Buisson ardent et de la Toison de
Gédéon (n" il), à M. Crews, de Londres, répliijue de deux remarqua-
bles peintures de la collection Rodolphe Kann, de Paris; deux autres
vdii'ts repi'ésentant des ecclésiastiques avec leurs saints patrons,
appiirt(>nant à M. R. von Kaufmann ( « Gérard David », n°^ 141-142) ;
une tète du Christ couronné d'épines, au D"' .Marlius, de Kiel, etc.
Malgré l'importance et les origines multiples des œuvres qui y
figuraient, l'exposition de Bruges fui, peut-on dire, la glorification de
Memling et de Gérard David. A l'exception de la Vierge de liouen,
c'était avec ses propres ressources qu'y pourvoyait la Belgique. La
part de l'étranger, si importante qu'elle fût, ne constituait qu'un
appoint. ^loins que David, Memling se révélait sous un jour nouveau.
Seuls peut-être, ses portraits donnaient une note quelque peu impré-
vue. Aussi avons-nous jugé devoir mettre les principaux sous les
yeux du lecteur, baissent-elles été plus aljondantes encore, les
œuvres exposées du noble et suave artiste ne pouvaient rien ajouter
de nouveau à la caractéristique de son génie.
On pouvait regretter l'absence de la Bethsabée de Stuttgart, mais,
sauf cette lacune, étant donné ce qu'on pouvait faire. .Meniling appa-
raissait dans tout le rayonnement de sa gloire. Par malheur, rien
n'est venu éclaircir le problème de ses débuts. Le merveilleux petit
triptyque dit c< de sir .lohii Donne » exposé jiar Ir duc de Devonshire,
et dont la date, d'après les supputations de M. .1. Weale. se fixe à
1468 environ, cette petitr Glorification de la Vierge, n'est jtas sensi-
blement ditférente des créations similaires de date fort postérieure.
Le peintre parait s'y être représenté sur l'un des volets. Il est sans
barbe et fort dill'érent, comme physionomie, des portraits tradition-
nels; mais il apparaît ici dans la force de l'âge. Kh bien 1 dans cette
création (la plus reculée qu'on connaisse de son pinceau , nous
trouvons, d'ores et déjà, les types, les attitudes, les relations de Ion
qui nous sont familiers. La Vierge, l'Enfant Jésus, les anges, ne
sont en rien dilTéreiits tle ceux aperçus à travers l'ensemble des
Memlino- pmx Gauje
UN DONATEUR PRESENTE PAR SAINT JEAN-BAPTISTE
( Musée du Louvre )
lelte des Beaux-Arts
lmp,A,Cléiiient,Fai-is
t
ï
— 53
prodiKiions du maître, à part, peiit-ôtro, un pou plus de délicatesse
dans le procédé. Le saint Jean est pri'S((iu:' identique à celui d'un
des volets de Vienne. De même, l'un dos anges placés aux côtés
de la Madone oITre. en souriant, une pomme à l'Enfant Jésus.
(.Kciiri: iiES sAiMi;s i];mm]:s
•rlUÉ lu l'A>iXEAL- CKXTllAL l) i; POLYPTYQIE [JE M E M H N t
(Catlii'drale Je Lubook.)
Cotte donnée, on lo sait, se répète vingt fois dans les peintures
de Memling. De mémo, nous vnyons roparailro, avec les couleurs
l'éelles, sur un tableau appartenant au prince do Liechtenstein, lo
saint Antoine figuré on grisaille sur lo volet extérieur droit du petit
triptyque de sir John Donne.
Au point de vue do la recliorclio des origines artistiques de
Memling, il importe de signaler spécialement un tableau de maître
7
inconnu, invoqué par M. Weale comme ayant inllué sur Gérard
David : le Mariage de sainte Catherine conservé aujourd'hui au
musée do Bruxelles. Cette peinture appartint, à dater de 1489, à
l'église Xotre-Danie de Bruj^es. Elle était autrefois classée, à Bru-
xelles, parmi l'école allemande et, malgré tout, elle détonne
quelque peu dans le milieu où elle se produit. Dans cet ensemble,
à certains égards très remarquable, où la Vierge, comme dans le
tableau de Gérard David, est environnée de saintes, il importe de
[iK POSITION HE ClKiIX l'Ai; 11 A N S MEMLlXl
(Collection (lo M. R. von Kaul'maiin, Borlin.)
signaler l'identité presque absolue du groupe de Marie et de l'Enfant,
avec le groupe correspondant du l'etable du duc de Devonshire. Les
rencontres de ce genre ne sont point fortuites'. A rapprocher les
deux créations, on hésite à envisager celle de l'inconnu comme
inspirée par l'autre.
Qu'on ne nous en veuille pas d'omettre ici l'analyse des pages
grandioses de Memling répandues dans les collections belges et où
celles de Bruges occupent le premier rang. Celles venues de loin,
que le hasard a un moment rapprochées, sollicitent les premières
1. La MaJeli'ine, comme le faisait observer M. huraiul-Gréville, est exac-
tement la même figure que celle qui représente la même sainte dans la Mine au
tombeau de Ror'er van der Weyden, de la galerie des Offices.
— o5 —
notre allenlion, non pa^^ qu'elles soient supérieures, mais à cause
de l'intérêt qu'elles éveillent. Tout le monde connaît le Mariagp
de sainte Catherine de l'hôpital Saint-Jean; peu de personnes avaient
eu, jusqu'ici, l'occasion de voir sa réduction appartenant à M. Léo-
l'UKTKAlT U lluMME, PAU 11 A X S M L M LI X I.
(Musc'e do la Haye.)
pold Goldschniidl, de Paris. Il est certain que les changements
apportés par le peintre ont amélioré la composition. Le donateur
y apparaît dans le champ même du lahleau; un paysage admirable
remplace le fond d'architecture. Les anges, tous deux musiciens,
sont plus gracieux aussi. C'est, en un mot, une œuvre nouvelle et
puissante dans ses étroites dimensions.
Que Memling ait appartiMiu aux citoyens aisés de Bruges, on
s'en ctoiino jieu à mesurer sa fort une à l'éleiidue de sa clientèle.
S'il lia\;iilla pour les églises, il travailla aussi pour les oratoires.
La (juanlilé de ses petites Madones accompagnées d'anges ou de
donateurs est surprenante. Toutes relèvent d'une même donnée.
Leur dimension varie moins que leur qualité, laquelle fait croire
parfois à l'intervention d'auxiliaires, M. Justi en a retrouvé jus-
qu'au fond de la chapelle des Rois catholiques à la cathédrale de
Grenade. Plusieurs figuraient à l'exposition de Bruges, prêtées par
le prince de Liechtenstein, par M. Tliieni, par le duc d'Anhalt.
par M""' Stephenson Clarkc. (li'llr drrnièrc nous parait duvoir.
pr(''cisément, être la répéliliim de la peinture indiquée par M. Justi.
l'armi les }ilus précieux envois de l'étranger figurail \'Aiino)i-
I. A .M I J II T , LE P É 11 E É T E K N E L E .\ T O L 11 É D A .\ G ES, L' E N F E H , LA \ A M T 1;
PAR II A N S M E M L I X 0
(Must-e de Strasliourg.)
dation appartenant au prince Rad/.iwili, de lierlin. (_)n assuri' que
le cadre primitif de cet exceptionnel morceau portait, sur le chan-
frein, la date 1 iS2, considérahie dans la vie du maître, antérieure
d'une couple d'années à l'aclièNenienl du portrait ihi ii(iuii;nu'stre
.Miireel, morceau capital, faisant partie du retable de saint Christophe,
saint Maur et saint Gilles, que nous i-cqiroduisons.
Rompant avec la formule établie par les Italiens, Memling place la
Vierge debout. Elle est vêtue d'une robe llottantc, de couleur blanche
légèrement nuancée de bleu, et d'un manteau bleu. Elle s'est levée
lespectiunisement à l'appariliun du messager céleste, vêtu d'une
chape tissée de pourpre el d'ur. Au-dessus de sa tête plane le Saint-
Esprit ; elle se sent défaillir. II<mix anges la soutiennent avec des
témoignages de joie et de respect. Leurs robes aux nuances tendres,
lilas et blanc irisé, s'harmonisent avec leurs ailes bleues et
vertes. L'intérieur où se passe la scène, le lit aux courtines rouges,
la crédence avec ses menus accessoires, tout l'ensemble de la di>po-
Hans Memling pm.x
GUILLAUME MOREEL, BOURGMESTRE DE BRUGES
AVEC SES C[NQ_F1LS ET SON PATRON. GUILLAUME DE MALEVAL
yolcl g.jtichc Ju Iripirquc .le S,uilt-Chrislaplic
(Miiscc lie Bruges,)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
— S7 —
sition, l'elYel même, sont nouveaux pour nous. Si le coloris a moins
d'éclat, en revanche il a plus de douceur et ajoute au charme de la
scène, la plus gracieuse qu'ait trace'e le pinceau de Memling.
Comme Fromentin le dit. « Memling copie et il idéalise ».
Ses personnages sont peints d'après nature. Les femmes, douces et
gracieuses, puisent dans leur modestie un charme tout particulier.
l'UHTUMT IIE FEMME .\ C, E E . PAU H A .X S M E M L I X t
(Collection de .M. N..., à Paris.)
Leur chevelure, à peine ondulée, encadre un front élevé, d'une
remarquable pureté. La paupière mi-close, sous l'arc régulier des
sourcils, la bouche petite, le menton très court, forment, avec l'ovale
régulier du visage, un ensemble agréable, mais de peu d'expression.
Il est des œuvres où la Vierge semble moins jeune que dans d'autres.
On peut en dire autant de l'Enfant Jésns, qui n'est plus le chétif
nourrisson de van der Weyden, mais est empreint de la grâce
mutine d'un enfant conscient de ses gestes. Nous en avons trouvé
— oS —
le type, avec un peu de surprise, dans le petit garçon plaeé derrière
le personnage du portrait exposé par le collège évangélicjue de Iler-
mannstadt. Dans le portrait de femme qui sert de pendant au précé-
dent lignre le petitchien, un barbet, presque identiquement représenté
aux pieds de la suivante dans la lirthsabre, la magnifique peinture de
Stuttgart ; le même chien réapparaît dans un des petits panneaux expo-
sés par le musée de Strasbourg, oeuvres dont il importe de dire un mot.
Quelle est la part de Memling dans cette suite intéressante de
peintures? Aucune, disent certains critiques. Nous n'allons jias
aussi loin. Tout d'abord il convient de noter la signification de cet
ensemble. M. « Georges de Loo » (Georges Hullin), dans son très savant
(iitalngue critique de l'exposition, la détermine à merveille. C'est un
liiptyque, avec, au centre, le Ciel (Dieu le père), l'Enfer (Lucifer);
sur les volets, à l'intérieui', la Mort opposée à la Vanité de la vie;
à l'extérieur, les armoiries' du propriétaire et une tète de mort;
au-dessous de celle-ci. nous iisuns celte phrase : Scio rniiii qiiod
Redemptor meus vivit.
Nous n'insistons pas sur la ressemblance évidente de l'image
du Père Eternel avec le panneau central du grand retable de Najera,
au musée d'Anvers; à l'exposition, tout le monde la constatait.
Nous pouvons passer sous silence les symboles. IMus intéressante
est la ligure de la l'aiii/c, jeune femme dépouillée de tout voile,
debout, dans un riant paysage où, sur le tapis de fleurs, trois chiens
prennent leurs ébats. Cette figure nue a surpris, choqué même,
quelques personnes. Memling en a fait d'autres, les a même mul-
tipliées dans son JiKji'inciil iln-itin- de Dantzig. La figure à'Èn\ du
musée de Vienne, nous fournit une autre étude de nu. Ce n'est
donc point cette particularité qui peut faire repousser l'idée de son
intervention. Considérées au point de vue de la valeur artistique,
les peintures ont un mérite sérieux. Jadis à Strasbourg, on les
attribuait à Simon ^hirmion. Nous n'avions jamais cessé de les
considérer comme plus apparentées avec Memling. L'impression de-
meure, sauf à croire au concours du pinceau de quelque auxiliaire.
Les scènes de la l'assion, dans l'œuvre de Memling, sont d'ex-
pression beaucoup plus ennlenue que chez van der Weyden, son
I. Ces arinoiiies soiU : d'uiycnl, au (jvifl'on de ijucidef, iii-iiic et becqui- d'or, au
chef d'azur, a troi^ fleurs de hjg d'or. Devise : Nul iicii suiisprine. Plusieurs familles
françaises oui adopté cette devise : de la Noue Ilaront. de Haull; également
Montemerli, famille italienne, sans doute. Elles a|ipartieiinent en réalité à la
famille lîorelli.
maître. Dans la Pietà que nous reproduisons, appartenant au prince
Doria, le plus émouvant des sujets de ce genre issus de son pinceau,
l'arlisto introduit un donateur, très proche du personnage repré-
P 0 11 T H A I T DE F E .M M E I X G 0 X N U E , A T 1" lU 1! U E A M E M L 1 N G
(Collection do S. A. S. lo duc d'Anlialt, 'Woorlitz.)
sente dans le portrait de Hcrmannsladt. La nature tendre et recueillie
de Memling répugne à la déformation des traits sous l'empire de la
douleur. C'est d'ailleurs une scène profondément touchante que le
baiser déposé par Marie sur le front meurtri du Sauveur. Madeleine,
on le remarquera, s'essuie les yeux d'un bout de son voile. Le geste
ne manque pas de grâce.
— 00 —
Comme portraitiste, Momling trouva ses principaux modèles
dans l'opulente bourgeoisie brugeoise. Si l'on en juge par l'attitude
de ses personnages, fréquemment représentés en prière, ses por-
traits ont dû souvent faire partie d'ensembles religieux. On ne
peut douter que tel fut le cas du Jeune (jenlil homme un des
plus délicieux portraits de l'exposition, appartenant aujourd'hui à
M. G. Salting, de Londres, comparable pour le charme de la phvsio-
SSE DE SAl.N'TE l' 11 ÏS l" L E , TAU 11 A >' S M E M 1, 1 N (
[Muscle de Bruges.)
nomie et la grâce juvénile à ce portrait de lord Philippe Wiuulon
qui fut le succès de l'exposition van Dyck, à Anvers.
C'est encore le cas du beau portrait d'homme, que reproduit
notre gravure, appartenant au musée de la Haye. Probablement
lils de quelque étranger fixé à Bruges, fervent du fameux tir de
saint Sébastien, un autre personnage, dont le splendide portrait
appartient au baron Oppenheim, se présente avec plus de crànerie.
Sa physionomie déterminée, sa lèvre altière, font croire à quelque
gentilhomme de haut rang.
Une partie de l'intérêt de ces effigies se perd, malheureusement,
Haiis Memlini; pinx
(Colltiliait ,ii, pHuce Du;;,,, fin.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
— 61 —
par suite de I'ij;noram'e oii nous sommes do l'idenlilé des person-
nages représentes. Il est à craindre que cette lacune ne soit jamais
comblée. Œuvre d'une nature privée, le portrait est condamné
à ce sort inévitable et conlradictoii-e de perdre sa destination
LE JLOEMEXT DE CAMBVSE, PAR 0 E 11 A 11 I. DAVID
iMusf'e de Bruges. 1
essentielle, la pérennité du souvenir de celui qu'il représente.
Avonons, au surplus, qu'il y a bien du cliarme aussi dans les
spéculations auxquelles donne naissance l'étude de ces pliysio-
nomies si caractéristiques de leur temps. A quel milieu social appar-
tenait la femme âgée dont le peintre nous a laissé le merveilleux
portrait, appartenant à M. X..., de Taris? On sait que le pendant
de ce morceau de nature « naturante », provenant, comme lui. de la
coUeclion Meazza, à Milan, fait pailio du muscle de Berlin; c'est le
portrait présumé du mari de la dame, quelque vieux serviteur de
la maison de Bourgogne sans doute. L'œuvre de Memling ne contient
point de pages plus attachantes que ces effigies de si frappante
vérité, les plus belles de l'école flamande depuis van Eyck, couple
dont les hasards du temps ont dissous l'union, rêvée sans doute
éternelle !
Pas de Memling, mais digne de lui, cet autre portrait de femme,
de physionomie si étrange (n" 108), provenant de la Maison gothique
TKOIS 11 ES PAKNEAIX DE LA CUÂSSE 11 E SAINTE UnSULE, P A I\ II A N S M K M I. I N ci
(Musée de Bruges.)
de Woerlitz. Cette fois encore, il s'agit de quelque temme de haut
parage ; la coupe et la richesse du costume le prouvent. D'ordre
supérieur, la facture indique un maître de date quelque peu anté-
rieure à Memling, maître anonyme dont, croyons-nous, un autre
portrait féminin est entré à la National Gallery, de Londres, par le
legs Lyne Stephens. Nous ne nous iiasardons à proposer aucun nom.
Il s'agit sûrement d'un Flamand.
La Châsse de sainte Ursule, (|ue hi légende avait placée au
début de fa carrière de Memling, en fut le couronnement. Combien
plus poétique la réalité et plus touchante la pensée de cet ensemble
de haute perfection, marquant la fin d'une existence écoulée tout
entière dans l'oubli des heures et sanctifiée par la conscience de la
joie que procurait aux autres la joie qu'avait éprouvée lui-même
cet ouvrier sans reproche dans l'accomplissement de sa tâche!
Ourinin l.lrfll
r.,v/.ctte des l'iCAUx Ai-is
LA M A D E L I- 1 N L
' Musée d Anvers
Imp A, Porcabeuf, Paris
— 6:J —
Le périlleux honneur de recueillir la succession d'un tel peintre
échut à Gérard David. Arrivé de Hollande artiste accompli, comme
LE BAl'TI-ME DU CHRIST, P A X X E A U CEXTUAL D f TlilPTYyUE b E G É 11 A 11 D DAVIK
(Musée de Bruges.)
Memling était venu d'Allemagne, David fut, du vivant même de son
confrère, en 1488 chargé de travaux par la municipalité de Bruges.
De là l'origine de ses deux grandes pages de la Justice de Camhyse
et du Supplice de Sisamnès, datées de 1489, appartenant au musée
de Bruges. A l'exposition, elles encadraient sa Vierge environnée de
sainles. ihi musée de Rouen,
commiinaiilé des relia-ieiises de
> V I \ r I II ANi;nIS 11 ASSISE
lu: I : K V A N T LES s I I f. M \ T E S
AT ni HUÉ A OKRAIIIi IlAVII»
(Collection ilc M. R. von Kautniann. Berlin.)
semble que dans la figure de
tement le peintre ail voulu
bleu. Bien avant Gainsborough
insurmontaljle par Reynolds.
oflerte par le peinti'e hii-mènie à la
Sion, en l'iOU. L'ère des « Primitifs »
est close. Gérard, contemporain de
Lucas de Leyde et d'Albert Diirer,
(jue, sans nul doute, il vit venir à
liriiges, meurt plus tard que Ra-
pliaël. On ne peut nier cependant
(|ue ses œuvres ne le rattachent
pi 11 lût à Mcmling. A l'exposition
lii;iirail de lui. sous le nom de
Mabuse, une Adoration dea Mages,
a[ipartenant au musée de Bruxelles,
priiilurc (|ui, très longtemps, fut
désignée el cataloguée coninu' de
Jan van Kyck. Et, d'autre part,
l'admirable Sainte Famille appar-
tenant à ^L ^larlin Le Roy, de
i'aris, était désignée à Bruges sous
le niim de Quinten Massys.
Sous le nom de Memling, un
petit triptyque de la Messe de saint
Grégoire \\\" 87 ). par Gérard David,
répète, en petit, ses ligures de
saint ^lichel et de saint Jérôme
du musée de Vienne, tandis que
la ravissante Vierge à la bouillie,
du musée de Strasbourg (n° 209),
figura sous le nom de Memling, à
l'exposition des Alsaciens-Lor-
rains. En somme, David n'est nul-
lement un peintre immobile, et
voici, pour le prouver, une Annon-
ciation, composée des volets d'un
ancien triptyqiu' du musée de
Siegmaringen (n" 128). La gamme
des tonalités y est remarquable. Il
la Vierge et dans le fond de l'appar-
harmouiser les diverses nuances du
, il a triomphé d'une difficuHé réputée
Le manteau de l'ange nous niontre
tlinMitiii Ma^sv■. pm\
LE CRUCIFIEMENT
(CoiUdioii du pnilic de Liuhlauteiii. Viemic.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
— H6 —
aussi, dans sa doublure, des couleurs diaprées, peu habituelles chez
notre artiste.
C'est sans doute une œuvre de jeunesse de David que le petit
Saint François recevant les stigmates, pendant d'un Saint Jean-Bap-
tiste, tous deux à M. R. von Kaulmann. L'extase du saint se traduit
d'une manière et avec un sentiment rares à rencontrer, si ce n'est
au xv" siècle.
Placée dans le proche voisinage de l'admirable triptyque du
Baptême du C/^m/, un des trésors du musée de l'Académie (reproduit
IU:iMuN I1AX5 LK l'AIiC HL' C 11 A T E .V C DE li r M li E K E ,
TAlt LX MAITHE FLAMAND DU XV' SIÈCLE
(Collection de M. le comte Thierry de Limburg-Stirum, Bruxelles.)
encore comme de ÎMemling dans les Chefs-d'œuvre des grands
maîtres de Kellerhoven), la Transfiguration de l'église Notre-Dame
nous parait bien décidément devoir être attribuée à David, comme
ausi la Conversion de saint Paul (n» 332'), à M. A. Voriieagen.
Exposée comme de Jacques Cornelisz, elle a sûrement des titres
moins sérieux à cette attribution que le n" 281, un triptyque repré-
sentant La Vierge avec l'Enfant Jésus et des donateurs, cataloguée
comme de (( Jacques d'Amsterdam », c'est-à-dire du même maître.
Nous allons étonner, sans doute, plus d'un en soulevant la
question de savoir si Gérard David n'est pour rien dans l'exécu-
tion du ravissant tableau (n" 273) appartenant au comte de Lim-
Il t-,KUiJiAut,
Dessin dp M Franck d* après le Volet ôauche de L'Ensevelissement du Christ n
L, . 'Musée d'Anvers f , , „,. ,, ,
burg-Slirum : U)H' Fêle de famille en plein air au château de Rum-
beke. Le château, situé non loin de Roulers, existe toujours. Seul, le
couronnement de la tourelle a disparu. Nous sommes donc en pleine
Flandre. David, personne ne l'ignore, est un paysagiste de premier
ordre. Le fini de ses lointains confine au prodige. Il eut sûrement un
œil conformé comme celui de Meissonier, capable de voir et de
rendre avec précision les moindres détails d'un arrière-plan. Or,
m;i,.m: hk chasse, I'Aii juaciiim I'Atenikis
iCollcctioii de M"' Wcscndonck, Berlin.)
celui de cette Fête au château, où défile une cavalcade, où passe un
troupeau de moutons, sans parler d'autres menus détails, est la chose
la plus exquise qu'on puisse considérer. Les personnages sont des
portraits assez mal conservés; mais, chose essentielle, l'ensemble
de la coloration est conçu dans la gamme harmonieuse de David.
M. Weale assure, nous le savons, que David n'est point lui-
même l'auteur des paysages que l'on trouve dans son œuvre et que
ceux-ci auraient été exécutés par Joachim Patenier. La Ihèse est
évidenmient trop absolue. Patenier a pu prêter son concours à
Gérard, comme il le prêta à d'autres, surtout à Quinten .Massys, chose
établie par des documents. 11 n'y a certes aucune analogie entre les
paysages de ce dernier' et ceux de son contemporain David. On
en trouvait la preuve à l'exposition même, dans le merveilleux petit
Cincl/iri/icnt appartenant au prince de Liechtenstein et issu de la
J E U N F. F E M M E E t K 1 V A N T t .\ E L E T T 11 E
PAR LE MAITllE DIT <i I> E S FEMMES A MI-CORPS »
(Collection Pacully. Paris.)
collaboration des deux artistes". Figures et paysage se rattachent
directement au grand tableau de Y Ensevelissement du Christ. Il n'y
1. Yuir la gravure de la pa,i;i' 66.
2. Il existe des répélilioiis nombreuses de cette composition, probablement
empruntée à un grand tableau de Massys que posséda l'église Notre-Dame
d'Anvers, et qui périt dans li'S troubles religieux du xvi"^ siècle. .Nous avons autre-
POR.TRAIT D'HOMME
( Musée de Francfort )
ctte des Beai!J5-Arts
Irap Ch Cil
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il
'TB
^1
— 70
à aucun rapport entre les paysages très ilamands de David et les
sites mosans de Patenier. Personne ne miîconnaitra sans doute que
LUOMME A LA MKDAILLE DE L ANNONCIATION, PORTRAIT AlTlUilLK A JEAN MOSTAEKT
(Musée de Berlin.)
l'étang avec ses cygnes, dans la Fè/e au château, ne soit un niotil
fois signalé dans la Gazette des Beau's.-Aits |3"= për., t. I, p. 3ol) une des versions,
exposée, toujours comme l'œuvre de Patenier, à la National Gallery de Londres.
Une autre, avec figures demi-nature, fait partie de la collection Mayer van deu
Bergh, à Anvers.
LK CHKVALIKK AU CHAPbLfcl ■
î^usèe de Brux.eUes ■
— 71
fréqucnl des fonds de IMeniling et de Gérard. Il n'y a donc rien de
L A D 0 R A T I 0 X DES MAGES, ]' E 1 NT U 11 E A T T 111 11 L 1: E A JE A N .M 0 S T A E 11 T
(Musée d'Ainsti-rdam.)
forcé dans le rapprochement que nous faisons entre le paysage de
Rumbeke et les peintures de David.
Mais il nous faut poursuivre. L'exposition de Bruges est ample-
Et'.CE HOMO; l.K COL'RO.N.NE.MhNÏ IiLlMNES
PEINTURES INTKUIEIRES DES VOLETS DU T R 1 1' T Y n U E D ' 0 r I. T R E M O .\ T
(Musée de Bruxelles.;
L A .M ARCHE AU C A L V A I 11 E
l'EIMLRES EXTÉRIElllES DES VOLETS D L' TRIPTYrjLE D ' 0 C LT H E M 0 X T
(Musée de Bruxelles.)
mciil |K)iirviie des créations do deux peintres proches de David. L'un
est le i< Mostaert » de Waagen, le peintre des Sept Douleurs de la
Vierge, tableau-type de Noire-Dame, exposé sous le n" 178, et son
pendant, le n" 179, Porlrail de Georges van de Velde, bourr/mestre
de la ville de Bruges et prévôt de la confrérie du Saint-Sang, du
musée de Bruxelles. Ce pseudo-Mostaert, identifié simultanément
par MM. Weale et Hulin avec Adrien Isenbrant, élève de Gérard
David, était déjà signalé par Waagen comme se rattachant au maître
dit '( des Femmes à mi-corps », de qui nous reproduisons un char-
mant spécimen, exposé par M. Pacully, de Paris : une Jeune femme
écrivant une lettre. On a été frappé à l'exposition du rapport entre
ce peintre des Femmes à mi-corps et Fauteur du tableau de lîumbeke.
D'instinct l'on s'est dit qu'il fallait chercher dans son voisinage
l'auteur de la Fête au château. Que cet auteur ne soit point lui,
mais plus près encore de David, cette opinion résulte de tout un
ensemble de caractères appartenant en propre à celui-ci et que nous
ne trouvons ni chez Isenbrant, ni chez le peintre des Femmes à
mi-corj)s. Le professeur F. Wickholî a, dans un récent travail,
cherché à identifier avec Jean Clouet ce maître encore indéterminé.
Sa thèse se fonde en grande partie sur les textes français des
poésies que chantent fréquemment les jeunes femmes' : le savant
auteur a pu établir que les jolies paroles servant de thème à la
musique jouée par les trois gracieuses jeunes femmes du tableau
du comte llarrach, exposé à Bruges, sont de Clément Marot.
Sans discuter ici le bien-fondé de l'hypothèse de M. Wickhoff,
il nous faut signaler un tableau, non étudié jusqu'à ce jour, du
maître des Femmes à mi-corps, un Repos en Egypte (n" 266) apparte-
tenant au comte Ch. d'Ursel, de Bruges. Le paysage y est tout à fait
remarquable, tlamand croyons-nous, avec un chemin de grands
arbres, unique dans les tableaux du temps et n'offrant aucune ana-
logie avec le paysage de Rumbeke.
Le pseudo-Mostaert de Waagen disparu, nous tenons du moins
le réel, grâce à l'identification, par M. Gustave Gluck, en 1896'-, du
Portrait d'homme — sans doute celui du maître, mentionné par van
Mander — appartenant au musée de Bruxelles et exposé à Bruges
comme du « maître d'Oultremont ». Nous renvoyons le lecteur
1. Joissaiice vous donneray — Mon ami, el si vous nienneray — La on prétend
voslre espérance. — Vivante ne vou^ laisseray, — Eicorjs qia.il m ul seiviy
— Sy vous auray en souvenance.
2. Zeilxchrift fin- hihlcnilc Kun>:t.
des Beaiix-Ar
LA MADELEINE
'Musée de Berlin 1
Imc.Forcabc
au travail de M. Gliick et à la savante dissertation de M. Ganiillo
Benoît, publiée par la Gazette des Beaux-Arts en 1899'.
A l'apport du musée do Bruxelles élait venue se joindre, à
■IhHHK hl L -N i)l)>\n. lli >\l-Nl !■ A L 1
VOLETS d'un T R I P ï y Q f E A T T H 1 liU É A JEAN Ml
h 1 L .N E
1 T A E U T
Bruges, une belle lête A'Ecce Homo appartenant à M. Willett, de
Brighton (n» 338), identique à celle du volet de gauche du retable
du musée de Bruxelles, ainsi qu'un portrait de jeune homme, dit
Juste van Bronckhorst, appartenant à M""= 0. Hainauer, de Berlin.
1. Gazette des Beau.v.Arts, 3'' pér., t. XXI, p. 263.
La Si/ji/Z/e persig/fe exposc'C par M""' .1. IlainaïKM-, de Berlin, sous le
nom de Mostaert est la répélilion tlii buste de femme désigné comme
un portrait de Jacqueline de Bavière, au musée d'Anvers et encore
ECCE HOMO », PAR J K 11 O M E 11 o S C H
(Collection de M. L, Maeterlinck. Gand.;
ailleurs. M. L. Dimier a signalé aux lecteurs de la Chronique dis
Ar/s' un autre exemplaire de ce tableau donné comme un portrait
de demoiselle Anne de Driedreven, et daté de 1506. L'intervention
de Mostaert est à rechercber. Nous ne l'écartons pas dune manière
absolue.
I. Chronojiic dex Arl» du 12 avril l'Joi. p. 110.
Gazette des Beaux-Arts
LE JUGEMENT DERNIER
Tslt JehanBellegambe
Parie centrale ÎTm triptvtiue du Musée deBerlm
L'église Saint-Jaccjues de Bruges, entre divers tableaux de
maîtres inconnus, exposait, sous le noiu d'Allicrt Cornelisz, un Con-
L E M A li l VUE Ll li 5 A 1 X 1' E U 11 S U L E , 1' A U J É II Li >[ E B 0 S C 11
(Musi^e impérial de Vionne.)
ronnrment de hi Vierge, dont on trouvera la reproduction dans la
Revue de l'Art chrélien [{. Xil, 1901, pi. VI . C'est jus(iu"ici runi(|ue
10
spécimen connu du peintre, décédé à Bruges en ['o-i'I et sur l'ori-
gine duquel M. Weale n'a pu rien découvrir. Van Mander nous
parle d'un Corneille Cornelisz, dit Kunst, iils et élève do Corneille
Engeliirechtzen. Ledit Cornelisz, dit van Mander, s'en allait par
intervalles travailler durant plusieurs années à Bruges. Nous ne
savons s'il y a quelque parenté entre lui et l'auteur de la peinture
de l'église Saint-Jacques. Au nombre des renseignements donnés par
LE JL'GE.ME.Nr 1) E 11 X I K il , l'A 11 Jl. IIMME HO S Cil
(Collection de M. Pa.nilly, Paris.)
M. Weale' sur ce peintre énigmatique, nous recueillons celui-ci:
qu'Albert eut des fils peintres et que l'un eut pour prénom Corneille.
Ne manquons pas de dire en passant qu'un joli portrait équestre,
dénommé Charles-Qidnt [n" 164), exposé par lord Northbrook comme
de Bernard van Orley, de qui sûrement il n'est pas, serait une œuvre
authentique de Corneille Engelbrechtzen, d'après l'attribution de
M. Friedlœnder, lors de l'exposition de la New Gallery, à Londres,
en 1900.
Jean Prévost, « bon peintre », dit Albert Diirer, qui fut son
hùte à Bruges en lo21, est encore un Brugeois d'adoption. Natif de
1. te heffvoi, t. I 1863;, p. 1-22.
J Bosch pinx
( Panneau de triptyque àlfiscurial )
Gazette des Beaux-Arts
ImpCh.Witlma
- 80
Mons, on lliiinaut. il travailla à Anvers. Son grand JiKjemcnl rfeniirr,
rt'produit par noire gravure, est au musée de Bruges. Il fut peint
pour la municipalité on ialli. L'inllueiice do van Orley s'y fait sentir,
ainsi que colle de Jérùmo Bosch. Deux autres inlerprétations de la
môme donnéo apparlionnout à M. Welier, do Hambourg, et au comte
l'UHIllAIT I) ISABELLE II AUTRICHE, l'Ait JEA.N (.IJ.SSAIII, DIT M A 11 l S E
(Collection de M. CLir.loii, liruxcllcs.)
Ruiïo de Bunuoval, à Briixolles. Elles somldonl plus anciennes'.
Uo Jérôme Bosch, ou supposés tels, nous trouvions à Bruges,
outre le curieux tableau Lr Christ présenté au jicuplr, appartenant «à
M, L. Maeterlinck, de Gand, que son possesseur a décrit dans la Gazette
fies Beaux-Arts- et que nous reproduisons page 78, — un beau Juge-
1. M. Georges Hulin a récemment consacré à Jean Prévost l'rovost; une très
intéressante étude, dans la revue belge Kunsl en Leven (L'Art et la Vie].
2. Gazette des Beaux-Arts, 3' pér., t. XXIII. p. 68.
— 81 —
ment dernier, apparlonanl à M. Pacully, de Paris, — un Portement de
croix, à la Société des Amis du musée de Gand, et diverses « dia-
bleries », titre sous lequel nous rencontrons une ancienne et bonne
LA \ i li J\ t
LA F U N' T A I N E ^ l' A li JE A X 11 L L L E r. A .M 11 i:
(Musée de Glasgow.)
copie du Jardin des dé/ires de l'Escurial, appartenant à M. Cardon,
de Bruxelles. M. Dollmayr, dans sa très reniar(|uablc et importante
étude sur Bosch, assignait à Jan Mandyn une bonne partie des œuvres
de ce maître existant en Espagne, y compris les grands panneaux
de l'Escurial. De Mandyn aussi nous parait être le Sai)it C/iris/op/ie
(n" 2'iï] ap})artenanl à M. Novak, de Prague. La question Bosch est
— 8'2 —
d'ailleurs forl complexe. Il était avéré dès le xvr siècle que nomlire
de pages signées de son nom ne pouvaient être son œuvre.
11 y eut au xvi'' siècle un copiste fameux, Marcel ColTermans ou
KolTermaus, dont M. Schloss, de Paris, expose une Sainle FcDnilIr
signée, laquelle n'est qu'une copie de l'estampe du maître B. M.
(B., n" 1). Le même Gotrermans ' serait l'auteur responsable des deux
« Lucas de Leyde « (^n°" 391 et 392^, où se répètent des gravures du
célèbre artiste et d'autres œuvres similaires existant dans beaucoup
de galeries. De lui encore émane, sans doute, la jolie suite de la
Passion d'après les gravures de Goltzius, appai'tenant à M. L. Car-
don, de Bruxelles (n" 392). L'on se demande s'il n'est point en outre
l'auteur du petit triptyque (n" 87) déjà mentionné, la ,1/rv.sp de saint
Gn-r/airf. Le susdit ColTermans, dont nous avons signalé jadis aux
lecteurs de la Gazette des Beaux-Arts une grande figure de la Made-
leine rencontrée en Espagne, est par lui-même un maître pi'u
intéressant, apparenté à F"rans Floris. Un mot, en passant, d'un
remarquable profil d'bomme exposé par M. Cardon, de Bruxelles.
Cette œuvre, attribuée à Lucas de Leyde, est sûrement italienne,
lombarde, et, selon plusieurs critiques, de Bernardino Conti.
Sachons gré aux organisateurs de l'exposition d'y avoir ménagé
une place aux maîtres du xvi'' siècle. Nous avons dû à cette circon-
stance bon nombre de pages d'un intérêt sérieux et parfois de liante
valeur, comme, par exemple, la très remarquable représentation de
Lancelot Blondeel, maître trop peu étudié jusqu'ici, et de Pierre
Pourbus, son gendre, un portraitiste admirable.
Mabuse, Quinten Massys et van Urley, à côté de (|uelques
œuvres non douteuses, servaient aussi de prête-noms à des attribu-
tions fantaisistes. Nous tenons pour très authentique le Vieillard
amoureux (n" 359) de Massys appartenant à la comtesse de Pourtalès,
aussi bien que les Têtes de rieillards (n" 382) au prince Doria. Le
Cadran d'horloge , easeigno supposée de la bouli([ue de Josse, le frère
de Quinten Massys, à M. van Even, l'historien de l'école louvanisie,
est d'un très sérieux intérêt. Nous avons dit ailleurs que le Profil de
vieillard, signé Quiiitiiua Metsiis pingebal anno 1513, appartenant
aujourd'hui à M""' André, a pour point de départ le portrait de Cosme
de Médicis, des Offices. Le Christ bénissant, au baron de Schickler,
nous a paru une œuvre belle et ancienne, répétant la fameuse tète
du musée d'Anvers.
I. C'est à M. Adolplie Coldsclimidt qu'est du» la mise imi évidence de Coflei-
mans comme faussaire.
LE BOUFFON
Musée Impérial de Vienne
ces ûeaux-Ans
Le somptueux purliait d'Jsaùellr d'Aidrithc, par ^labuso, appar-
tenant à M. Gardon, est tout ensemlile un morceau de haute valeur
artistique et do vif intérêt pour l'histoire. C'est une excellente chose
également que le portrait de Philippe de Bourgogne — tout
au moins le personnage est présumé tel, — à M. Mac(|uoid, de
Londres.
Nullement de JMabuse, mais de Jean BoUegambe, est la Vierge
du musée de Glasgow, reproduite par notre gravure. Le coloris, le
LE PAYS UE eue Ali Mi, l' A U I' I K l> U E [lUELiillEL LE ViELX
(Collection do M. R. von Kaufmana, Berlin.)
type de l'Enfant Jésus et de la Madone, enlin.le fond d'architecture,
sont caractéristiques du maître.
A Dirck Velaert peut être attribué le charmant petit triptyque
n" 191, L'Adoration des Mages, La Pentecôte et La Vierge dans une
gloire, exposé par sir F. Gook sous le nom de Mabuse. On sait que
Velaert a été récemment identifié par M. Gliick avec le fameux D* V.
Trois peintures authentiques de Pierre Breughel, dont deux
jusqu'à ce jour inédites, forment le contingent très important de ce
grand peintre. V Adoration des Mages appartenant à ^L Roth, de
Vienne, est un morceau de haute saveur, remarquable par la
gamme claire des colorations et l'expression des types, confinant à
la caricature. Cette œuvre précieuse est datée de 136.3. Le souvenir
de Jérôme Bosch y est très apparent; mais, certainement, Breughel
reste inférieur à la grandiose interprétation de son devancier.
Le Pays de cocaijnc, en revanclie, à M. von Kaul'niann, est de
conception et d'exécution également délicieuses. On ne se lasse point
d"en admirer le détail : le ravissant paysage où poussent des arlu'es
en gâteaux, oîi h' cochon tout rôti court déjà entamé, où les haies
sont en saucisses, où un lleuve de lait serpente entre des montagnes
de sucre, où l'œuf môme, prêt à être gohé, marche vers la houche
du désœuvré. Et, dans ce pays de délices, sont étendus, à l'omhre
d'une tahle servie, les représentants des diverses classes sociales :
l'étudiant, le lahoureur, le guerrier. La gamme des tons est aussi
claire, aussi joyeuse C[ue la ilonnée elle-même. Le rose temire du
costume du jeune clerc, les chausses rouges du soldat, le vêle-
ment gris du laboureur, tout cela forme une harmonie ex{[uise.
Disons que ce charmant tableau est daté de 1507. Le Ui-nombrcmeid
" Bethléem, au musée de Bruxelles, est de ITiOli. (^es diverses pein-
tures sont donc de la dernière période de la carrière de leur auteur,
illustrée par le petit tableau des Giieii.r du Louvre et coui'onnée par
la Paraholc i/rs /irri/i//es (lu inusiV' de .Naples.
La Jddil/i. (|ue leproduil mitre gravure d'après l'nriginal de
Jan Massys appartenant à M. Uannat, est un morceau de gi'and style,
non seulement un des plus beaux de son auteur, mais un des plus
remarquables d'une période de l'arl llamaud jugée par quelques
critiques avec une sévérité presque excessive. Li- tableau est signé
sur la lame du glaive tenu par l'héroïne biblique.
Nous nous sommes demandé, en considérant cette peinture, si,
en dernière analyse, Jan Massys ne serait pas l'auteur de la fameuse
Betlisabrc d(^ Stuttgart, comme déjà nous en avions le soupçon.
En déposant la plume, mitre tâche serait imparfaitement rem-
plie sans l'expression d'une gratitude très vive envers les promo-
teurs et les organisateurs d'une manifestation d'art destinée, non
pas seulement à laisser d'inell'açables souvenirs à ceux (jui dut eu
le bonheur de la Vdir, uuiis destinée aussi, nous en avons l'espé-
rance, à devenir le point de départ de nouvelles et fructueuses
études sur l'histoire de la peinture au xv" et au xvi" siècle.
A ce titre même, nous avons à exprimer le regret de n'avoir
consacré qu'un espace relativement restreint à l'analyse de ses tré-
sors. Beaucoup d'ceuvres aussi, arrivées tardivement, n'ont pas [)u
être étudiées à la place qui logiquement leur appartenait. C'est
notamment le cas des précieux panneaux appartenant à M. Théo-
c -
phile Belin, Ui Lnjciidc ilc ■^ai/it Georges, dont il nous eût élé ayrôaljle
de pouvoir donncM- l'analyse et la reproduction. Il on est de même
des panneaux de M. E. Delignières, d'Abheville, lesquels, comme les
.1 L nrni , \'.\ [; ,i \ N m assvs
(C.li'Clinn do M. D:.iHiat, Paris.'
précédents, nous ont paru français. Parmi les historiens darl qui
les ont vus à Bruges, il s'en trouvera, nous nous plaisons à le
croire, de plus renseignés qu(> nous sur r(U'igine de ces intéres-
santes créations '.
1. Déjà M. Georges Hulin, dans le dernier fascicule do sou catalogue crilique,
leur consacre quelques pages inléressaules.
11
TABLE DES GRAVURES'
Anto.nello de Mess;IiNe. — Portrait de condottiere. (Musée du Louvre.) (ini-
vure de (jaillard, tiri}e hors texte 20
Antonello de Messine (Attrilmé ài. — Le Clirist pleuré par la Vierge et les
Saintes Femmes (u° 32). (Collection d'Albenas, Montpellier.) 21
Bellegambe (Jean). — Le Jugement dernier (partie centrale d'un tripty(iue).
(Musée de Berlin.) HéHogravure tirée hors texte 70
— La Vierge à la fontaine (n° lo4). (Musée de Glasgow.) Hl
Bosch (Jérôme). — « Ecce Homo » (n" 28.">|. (Collection de M. L. Maeterlinck,
Gand.) 76
— Le Martyre de sainte Ursule. (Musée impérial de Vienne.) 77
— Le Jugement dernier (n» 288). (Coll. de M. PacuUy, Paris.) IS-
— « Ecce Homo », (volet de triptyque). (Escurial) (iravure de Jasinski, tirée
hors texte 78
Breughel le Vieux (Pierre). — Margot l'enragée. (Coll. de M'"° Mayer van der
Bergh, Anvers.) 7'J
— Visite à la ferme, giisaille (Musée d'Anvers). Héliogravure tirée hors texte. 8t>
— Le Bouffon. (Musée impérial de Vienne.) Gravure de M. L. Mlller, tirée
hors texte 82
— Le Pays de cocagne (n" ;io7). (Coll. dr .M. H. vini Kaufmann, Berlin.). . . 83
— Les Mendiants. (Musée du Louvre.) (irarure de M. L. Mi'ller, tirée hors texte. 84
Broederlam (Melchior). — L'Annonciation et la Visitation. (Musée de Dijon.). 8
— La l'ri'sentation au Temple et la Fuite en Egypte. (Musée de Dijon). . . '.i
David (Gérard). — Le Jugement de Cambyse (n" 121). (Musée de Bruges.). . 01
— Le Baptême du Christ, partie centrale d'un Iriptyque (n" 123). (Musée de
Bruges.) 03
— La Vierge avec des saintes (n" 124). (Musée de Rouen.) G.l
David (Attribué à Gérard). — Saint François d'Assise recevant les stigmates
(n° 134 6i's). (Coll. de M. R. von Kaufmann, Berlin.) 04
Van Eyck (Hubert et Jan). — Le Concert des anges (volets supérieurs du
retable de l'Agneau mystique). (Musée de Berlin.) Gravure de (iAH.iEAN.
tirée hurs texte 12
— Adam et Eve (volets latéraux [du retable de l'.Vgneau mystique) 'n" 9).
(Musée de Bruxelles.) 13
Van Eyck (.Vttribué à Hubert). — Les Saintes Femmes au tombeau du Christ
(n» 7). (Coll. de sir Fred. Cook, Richmond.) Photogravure tirée hors texte. 14
Van Eyck (Jan). — L'Homme à l'œillet. (Musée de Berlin. 1 Gravure de Gail-
lard, tirée hors texte 1'^
1. Les numéros entre p.irentlièses sont ceux du lataloguc officiel de l'exposition.
Van Evc.k (Jan). — Le cli:iiioine (ieorijes van cler Pacle, fragment de la
n Vierge du chanoine Paele » in" 10). (Musée de Bruges. i Ki
— Porirait d'un inconnu (u" lo). (Collège évangélii|ne' de Hermannstadt.)
l'Itctoi/rtinire tirée hors texte 10
— Portrait de la femme du peintre (n" 12). (Musée de Bruges.) 17
— Jean, seigneur de Roubaix. (Musée de Berlin.) Hclioijravure tirée hors texte. 18
— La Madone au chartreux. (Coll. du baron G. de Uothscbild, Paris.) . . . ly
Van iiEn Goes (Huc;o;. — La femme de Toniraaso Portinari et sa petite lille,
présentées par sainte Madeleine et sainte Marguerite (volet droit du
triptyque de r.Vdoration des bergers). (Musée des Oftices, Florence.)
Gravure de M. J. PAYnAU, tirée hors texte 4i
- liencontre de David et Abigaïl. (Musée des Arts di'coialifs, Biuxelles)
Héliograrure tirée hors texte 46
Van der Goes (Attribué à Hugo). — La Généalogie de la Vierge. (Musée de Lyon.) 45
Maiu'se (Jean Go:^saht dit). — Portrait d'Isabelle d'Autriclie in" 221). (Coll. de
M. Cardon, Bruxelles.) 80
Ma~svs (Jan). — Judith (n° 241). (Coll. de M. Daniiat, Paris.) 8o
Massys (Quinten). — La Vierge en prière. (Musée d'Anvers.) Gravure de Gau-
jean, tirée hors texte Frontispice
— La Madeleine. (Musée d'Anvers.) Gravure de Gaimkan, tirée hors texte. . . 1)2
— Le Oucitiement (n" 19Si. (Coll. de S. A. .S. le prince de Liechtenstein,
Vienne.) Vholoijravure tirée hors texte 04
— llérodiade, volet gauche du triptyque de l'Ensevelissement du Christ.
(Musée d'Anvers.) Hélioijravure Urée hors texte 66
— Portrait d'homme. (Musée de Francfort. ) Graiurc (/e Jasinski. tirée hors
texte 68
— La Madeleine. (Musée de Berlin.) Gravvre de Gau.iean, tirée hors texte . . 7i
Memlinc. (Hans). — Le Cruciliemeut (panneau central du polyptyque de la
cathédrale de Lubeck) 47
— Le Portement de croix, la Mise au tombeau et la Uésurreclion (volets
intérieurs du polyptyque de la cathédrale de LubecU) 40
— Saint Biaise et saint Jean-Baptiste (volets exléiieurs de gauclie du
liolyplyque de la cathédrale de Lubeck). liO
— Saint Jérôme et saint Gilles (volets extérieuis de dmite du polyptyque de
la cathédrale de Lubeck) lit
— Groupe des Saintes Femmes (tiré du panneau central du polyptyque de la
cathédrale de Lubeck) ."i3
— La Madone et l'Enfant entre deux anges. (Musée des (Jftices, Florence.)
Hélio(jravurc tirée hors texte 48
— Saints et donateurs volets de retahlei. (Coll. de M. llddoljilie Kann.
nélioijravure tirée hors texte 50
— L'n donateur présenté par saint Jean-Ba|iliste. (Musée du Louvre.) Gra-
vure de Gau.iean, tirée hors texte 52
- Déposition de croix. (Coll. de M. B. von Kaulinarin, Berlin.; ■'>4
— Portrait d'homme (n" 73). (Musée de La Haye.) 5.")
— La Mort, le Père Eternel entouré d'anges, l'Enfer, la Vanité (n" 176).
(Musée de Strasbourg.) 56
— Guillaume Moreel, lïourgmestre de Bruges, avec ses cinq tils et sou jiatron
tiuillaume de Maleval (volet gauche du triptyque de saint Christophe)
(n" 06). (Musée de Bruges.) Photogravure tirée hors texte 56
— Portrait de femme âgée (n° 71). (Coll. de M. .\..., à Paris.) 57
— La Chasse de sainte Ursule (ensemble) (u" 68). {Mus('t de Bruges.). ... 60
— ,S9 —
Mi:yLiiNti (HaiNs). — Trois des pannonux de la cliàsse de sainio Ursule iMiisée
de Bruges.) 02
— Pietà(a° 91). (Coll. du priucc Doria, Homo.) PItotogrururc tirée hors te.rle . 00
Memling (Attribué à Ha.ns). — Portrait de femme iucounuc lU" 108). (Coll. de
S. \. S. le duc d'Anhalt, Woerlilz.) :i!i
.Memling (École de). — Diptyque de l'abbé des Dunes (ii" 1 18) Musée d'Anvers) :
La Madone avec l'Enfant dans une église 40
Clirétieu de Hond(, aldié des Dunes, en prière 41
MosTAERT (Jeax). — Le Chevalier au chapelet, i Musée de Bruxelles.) Hrlio-
ijracure tirée hurs te-vte - T(t
Mostaert (Attribué à .Jean). — Portrait de Juste van Bronckborst m" 223!.
(Coll. de -M»"^ 0. Hainauer, Berlin. ii'.t
— Le Sire à la médaille de la Vierge niére et à la Toison d'or. (Musée du
Louvre. iiy
— L'Homme à la médaille de l'.\nnonciation. (Musée de Berlin 70
— L'Adoration des .Mages. (Musée d'.\msterdani.j 71
— ■ Saint Pierre et un donateur; saint Paul et une donatrice videls de
triptyque). (Musée de Bru.xelles.) 7:i
Patemer (Joaciiim v — Scène de chasse. (Coll. de M"": Wesendonck, Berlin.), tiii
Prévost (Jean). — Le Jugement dernier (ii" 107). (Musi'e de Bruges.) Photo-
grariire tirée hors texte .'is
Wevden (Roger van der). — Piern.' Bladelin, chanibellaii de Charles le
Téméraire (a" 26). (Coll. de M. B. von Kaufmaini, BerHn.) Ilclioijruritre
tirée hors texte ■ 22
— Portrait de Micolas Holin (volet du Iriplyque conservé à l'hôpital de
Beaune) 2:t
— La Madone allaitant l'Enfant Jésus (n" 28i. Coll. de M. Matliys,
\haxeUes.) Photogravure tirée hors texte 21
— Le Christ ressuscité apparaissant à la Vierge (volet du retable de Mira-
flores). (.Musi'e de Berlin.) 24
— La Vierge avec l'Enfant Jésus sur un trône iu» 30). (Coll. de lurd North-
brook, Londres.; 2.')
— Les Sept Sacrements, triplyque. (Musée d'Anvers.) 2'.t
Weydën (Attribué à Roger van der). — Épisodes de la vie de saint Joseph
(11° 29). (Cathédrale Notre-Dame, Anvers 27
Anonymes :
Maître brugeois du xV siècle. — La Synagogue défaillanle [n" 40). (Couvent
des Sœurs Noires, Bruges.) 37
— Vénération des reliques de sainte Ursule (a° 47j. (Couvent des Sœurs
Noires, Bruges.) 39
Maître Dit « des Femmes a mi-i'.oiu>s ". — Jeune femme écrivant une lettre
(n° 265). (Coll. de M. Pacully, Paris.) 08
Maître dit o de Flkmalle ». — Le Mariage de la Vierge, diptyque ^dessin
d'ensemble.) (.Musée du Prado. ^ 20
— La Nativité. (Musée de Dijon.) 33
Maître dit « de Flémalls ■> (D'après lej. — Descente de croix (n" 22). (Musée
de Liverpool.) 31
— La Messe de saint Grégoire (11° l.">6). (Coll. de M. E. Weber, Hambourg.). 33
École flamande du xv siècle. — Portrait de Jean sans Peur (n" 33). (Coll.
de M. le comli' Thierry de Limburg-Stirum, Bruxelles.) H