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Full text of "L'histoire et discours au vray du siège qui fut mis devant la ville d'Orléans, par les Anglois, le mardy XII jour d'octobre MCCCCXXVII regnant alors Charles VII, roy de France. Contenant toutes les saillies... avec la venue de Jeanne la Pucelle... Renue & augmente de nouveau outres les precedentes impressions"

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THE  BOSTON  PUBLIC  LIBRARY 


JOAN  OF  ARC  COLLECTION 


_  L'HIST0I?LE 

ir    DISCOVKS    AV 

VRAY  DV  SIEGE  QVI FVT 

Mis      I>  fV  -A  N  T      A»  A      y  '■  .11  r     O   O  .-<- 

leans  par  les  Anglois,  le  Mardy  XII.  iour 
il  Ovi.>o[r*,M  cccc.  XX  vtji.regnsmi  alors 

Charles  m.  Roy  de  France. 

CfiMtenanttoMfes  les  faillies  »  ajfatits»  efcsfwfiuches  ^ 
0»/r^j  parti cularitez  notables ,  ^»i  4^  iour  en  tour  y 
furent  faites  ^auec  U  venue  de  leannela  Vucelle^é^ 
comment  par  gr Me  diuine ,  ^  force  d'armes ,  ellefifi 
leutr  UJieie  4« a^hÂnt  aux  anglois, 

Prifcofemoitjàmor  fîn^^octm  ehun'^emet 

delang^ge,d*vn  v'eil  exemplaire efcrii  à 

,Ja  mairj  en  parchemin  ,  Si  trouuc  en  \si 

iraifon  de  3<\diâ:^5i!îe  d'0\  leans  ivlallrc^ 

!Îei>el!es  annotations  en  marge. 

fie/^^;^  é*  augmenté  de  noHueau  outres  Us 

précédentes  imprejftom. 


Chez  Louis  Foucault,  mai  chand  Libraire 
su  Cloi're Scinde  Croix, 

M.D.C.XXI. 


lEÂNNE    D'ARC  NH^, 

r      en  Lorraine,dide  la  Pu- 
celle  d'OiJcans. 


.0- 


Î^MM 


AMESÇIEVRS     • 


ESSIEVRS, 

Comme  la 
iino;ulierefa 
ueur  de  Di- 
eu efproti- 
uee  par  nos 
predeceflfvars  en  la  del  iiran- 
ce  de  cette  ville,  îadis  aflîe- 
géep^r  les  Anglais ,  nous  in- 
cite en  gênerai  à  en  publier 
larecognoifTance  .  Aullifa- 
niouL*  îiaturelque  nous  por- 
tons à  la  patrie  nousfemoni 
•en  particulier  de  contribuer 
ce  qui  eftde  noftre  labeur  âc^ 
bien  commun  ,  afin  de  trani- 
mctrrcàla  pofteritcla  metnoî- 
redVn  exemple  tant  (ignalé 
comme  celuy  qu'on apprêdra 
p^le  veriubiediiboursdecct 
Aij 


Epiflrc. 
te  hifloire.  Ce  fera  vue  occa- 
fîon,&ànos  ennemis  de  crain- 
dre déformais ,  finon  la  force 
des  hommes5àtout  le  moinsla 
protediondc  ceiuy  qui  nous 
aconferuez  ,&  à  nos  fuccef- 
feurs  de  nes'affeurer  pointtat 
en  la  forterefle  de  nos  tours , 
de  nos  rampars ,  &  de  nos  mu- 
railles,qu  en  la  defenfe  de  ce- 
iuy qui  ne  laifle  iamais  les  fi- 
cns  dépourueus  de  fecours , 
quand  ilsFinncqucnt  comme 
il  faut,  pour  vne  iufte  caufe. . 
Ayans  pour  ces  confidera* 
lions    entrepris   de   faire  , 
veoir  au  puD;ic  le  vray  dif- 
cours  de  ce  qui  s'eil  paie  du- 
rant le  fîege  des  Angloisjdu 
procès  de  laPucelIe  d'Orlé- 
ans, &  des  Antiquitez  de  no- 
ftre  ville  ,  nous  auons  penfé 
que  le  tout  ne  p^uuoit  eftre 
dédié  plus  infirment  à  autres 
qu  à  vous,  Meffieurs,quivous 


Epiftrc. 
employez  auec  tantdefoîng 
&i  de  fidélité  en  laconduide 
desaffaires  communes  de  no- 
ftre  ville  ,  dont  tous  les  habi- 
tans  vous  ayans  obligation  en 
gênerai  ,&  nous  particuliè- 
rement 5  comme  partie  d'i- 
ceux  5  nous  auons  voulu  en 
laiflercé  tefmoignage  au  puu 
blic,  auecproteftationde  de- 
meurer à  iamais. 


Messievrs 

Voflre  tres-bumhk 

tr     tres-oyeijfant 

ftrmteuYi       tauif 

Foucault, 

A  Orléans  ce  huidiefme  Pvfayo 


A  iij 


L'Imprimeur  5  au  Le  deur. 

FideUtéeft  mère  clef:ltcué^  comme  or^ 
yenj/ar  l'expérience  tournalmeett 
mile  excnifîes  :  entre  lef^ueh  la  vAU 
d'Oileam  nous  en  fourrât  vne  tUufire , 
ejiant particriuery  aeuant  à  tel  pon^3 
d'amplttiide,  ^u'elle/epot4i4oit  paraw 
gonner  aux  m€*lltures  v/lles  de  ce  Bjiy- 
aumefii  quon  enppujft  atrtbuer  la  cau^ 
/e  qu^  UbenediïitGU  deDieufi^r  Ufi^ 
àelité  de  c^peaple/oit  enims  lespartict* 
lien  fnt  a,  l  e  droit  de  leurs  VriKcees  /ttf, 
uerainiydQnt  th  ont  fait  prenue  ^IuJîchï  s 
foà  :mapstls  s'yfontleptîisfignaUT^en 
deux  fieges  yfoujienus  cen.  te  deux  natt'^. 
an^St'ptântrtonales-  cjui menaç oient  tou^ 
te  la  France  yVoire  l  Euï(pe  Jt  leu  r/«- 
rt'ur  im^tti'.euje nenïi  epé  rompue cdne 
Us  murs  de  -.cfie  eue,  Le  premier  cjl  ce- 
luy  qu  Attiîaypianta'ikt'tU qm  {/m^ 
titîiUnt  lefleaH  de  Dieu. ,  tiroH  apresfojt 
ytfe  marée  d'hemmes/ien  woinsgucntc  rs 
que  ùarhares ,  quiituott  inondé pluficurs 
fïOHtnccs  auec  tille impetucf  té ^que nti  s 
remparts ,  nuHts  avméei  nauojeut  enco- 
tes  peu.  luy  donmr  le  moindre  Arrefi ,  ) 
Je  vit  acculé  par  U  confiante  refolutton 
des  habtians  d'Orléans  ,  tjuifitent  cen^ 
ire  J on  l  jfort  me  digne  t-r  Icuét  de  Iturs 
corps  À  la  d  ffence  de  l'Empire  Bj^main 
(}cl'efiat  dei  GotSyO'  dttB^oyauintdes 


Au  Lecteur. 
Trdfffois ,  quicommhûi  encorcs  knai^^ 
jirt;  j  6"*  (juiL  em^tjrhtrcnt  d'élire  ejisu 
ffc  davisjm  ùcrceaié ,  var  l'ijjic  de  cefte 
tant  }xti4reHp  c^-  mémorable  bataille ^d^ 
r-êeauliuer ditfi'^e^àUv^Uf; dts  murs 
de  cifte -Ville  ,  ^Jar  Ui  bords  de  L  oj t  r, 
riQ^  ^lUetfirs  j  iomme qmlques  efcriuatns 
fefoni ^erfuadezj.  Enfuttfede  laquelle 
Of  le  am  prit  yn  grand  accroij]  emcnt  ^  di 
ïftamtïe  qiu  peu  après , elle fht faite  ca^ 
p'n.aL'  des  ï\oyaumes  Yr^Lnçots ,  auquel 
t!  cdoBfia  le  m  qMoy  ffu'tl  s'effendijï  en 
la  hàuY conçue  (jT  pardtla  '.L'autre fi £^e 
eji  celuy  des  hn^kîsjtfqu.eis  hufo)  CcT^ 
des  Trançoisportans  leurs  armes  o^Uur    LcT-^ 
partie  tnalmencrent  tellement  vos  ^on^'^Qls 
que  Charles fepticfme  cedanà  theuï  ^f  ctile 
ces-v^ciorteux  Infulaires^deîîhcrùit  d'y  «iHoi- 
ne  honteufe  retraich quad  l'Anglci^faf  re  ap  - 
chéde  vêtir  AH  mtliciidefes  cor:quejîes  p^He 
eeHe  vdle rtfter  ftrmeenU  f(>yfïafG-ifi^Aux 
Je  refoluî l'enleuer  &  nu  \\oy<ya s'o Dm Tran-  ■ 
b  rs  /on  pnfounier,^  auqheltlauoitprc  çois» 
mis  ny atteler  he^msyes  qutliintpour 
y  pârnenir^  [es  ejtorts  &  U  re^ftence  CT 
fahonte  fe  bfenttcy^(tr  comme  la  loguenr 
C^  Violence  de  ce  ^ege  auQtt  de/olé  ce  fie 
vdU^&  reduîttr  au  peti'  pied^mais  i'if^ 
f  €  ^oiteufe  par  y  ne  ayde  maniftfte  dté 
Cul ,  l'aitoit  an/Jl  remtfe  en  tel  efia , 


Au  Lecl:eur. 
^u'rîlefedehuoif  tenir  fort  faits  fai&é 
defafideltté.  Quand  nos fremiers  trou» 
bksfmmmhem,  que  par  U  dtmfion  de 
U  Rjiiglon  dtuiferent  les  yoUnteT^^d» 
neïent  yn  telcQUp  àl'afcBion  Wéinfoi* 
fe ,  que  depuis  on  à  y  eu  cefte  fni^crbe  cU 
te'chdncelir  trois  ou  quatre  fois  en  da-ier 
d'yne  totale  cheute.JienfesdermerstoHrs 
elle  n  eu^  pris  fa  p'tmîereyigueuY\  O* 
fattvn  effort  cotre  le  rnal  contagieux  qui 
lors  affligeait  ce  KojaumeiCaf  elleâ  efîé 
la  première  de  tomes  les  vdUs  d'tceiuy 
qui  fans  contrainte  s*  e fi  Jettéecntretes 
bras  defon  légitime  Prtnce,csr  ^porteU 
flambeau  de  detiotr  à  tom  les  peuple^qui 
s'eBoicnt  mutmeT^^acquerât  par  ce  m»yu 
en  yn  repos  qui  nous  fait  ejferer  foubs 
l'heur  d'ynjf grand  I{o)i. luy  yoir  peu  k 
peuregatngneyfdfanté  m  [on  embo point 
puis  qnefa  cbaleurnacurelle  luy  ejf  retie 
nue,  à  quoy  feruira  l'exeple  du pajfé qf4e 
muneprefentonscn  ceimret  j^ré  desatp 
fJjims  de  t'hofiel  commun  de  cifte  yille 
liuret  habtlU  à  l*  antique ,  oupli^flofl  de* 
l ai ffé en  fanndtté première ^  qin^fi  U 
parure  de  layernè ,  laquelle  refuit  tout 
ornement  :ar  lequel  no  us  ^ous^ref entons 
en  e^erance  défaire  votr  par  cy  après 
quelque  chofideplu^sfur  lesanttqmez 
d^xeïle  yille^ 


A 
LA    CITE'    D'ORLEANS, 

SVRL£S    FAICTS    DELA 

pucclle  leanned^Arc,  (5c 

contre  les  conremp- 

teuisd'icelle. 

CU  ^dnd  Dieu  guide  tout ,  du  tout f éprend 
garde , 
Et  cjHt  dirtres-hauf  ctel  contemple  les  humains , 
Qui feul  peut  ahaiffer  d*entveux  les  plus  humaine 
£r  met  les  plus  peitts  deffou^/afeure  garde  : 

C\ft  celuy  Orléans,  qutfeul  te  contre^ 
garde, 
Et  qui  fi  tr<rsfouuetJtau  doi^t  te  fdB  toucher  i 
Combien  l* enclos  des  tiens  il  à  eftimé  cher , 
Q^ d'y»'  œtlvigtUnt  te  contemple  (^  regarde', 

Ù'vne  Vucelle  ilfiitvn  guerrier  yîgoureu^] 
Monftrant  combien  detoy  tl  eft oit  amoureux  , 
Et  de  la  çha^tfoy  encloje  en  ta  potfîrint, 

Me]}rtfe  Visât  fer  et  ce^ui  t*e^  aduenu  ] 
Commt  yn  y/aj  ignorant ,  qm  n'a  iawats  confiée 
Les  tratBs ,  nela  yertu  de  U  grâce  diuéaç» 

p.  B.  QJl. 

A  V 


P.XTRAICT     D'VN 

ANCIEN  LIVRF3E  s  CRI  T 

à  la  main  y  &  curieufement  : 

CONTENANT 

I  E  fB^OCES  OElEHjin'H'E 

d'^rc  ,  éHe  U  Vtnclk  d' Orléans, 
Auquel  liure  y  a  quelqu«°s  fueillets 
ronupus ,  tellçniejac  que  le  com- 
mencement défaut. 

EN  la  ville  deRouen  pour  fesde- 
merites.  ifeleur  rcfpôsqu'ellefuc 
eondamnee,(îk  cxecutee,Hïais  ce  fut 
iniquement^:  par  enuie:  Ainfi  qu'il 
cft  montré  ck-rement  parle  procès 
defdicrs  cô;damnatios,&:  meimes  de 
fo  abioluti  on,  lequel  l'ay  voulu  cya- 
pres  meure  par  ercript,pariequf  Ion 
pourra  veoir  clerement^comme  fau 
cementjiniquem  êCjparjen  uie,  &no 
par  iufticejeilcfut  condanee  &  exé- 
cutée. Lequel  procès  i*ay  extraitpar 
le  comandement  du  Roy  Loys  Xlî. 
et  ce  nom,  &  de  Monfieur  de  Gra- 
uille.  Admirai  de  Fi ace  /e  prieàceux 
qui  le  voudront  lire>ques'iisy  trou- 
vent quelque  (âute  ouerreur,illeur 
plaife  rupporter,&  pardonnetàl'ef^ 
cnuain. 


HISTOI  RE  DE    LA 

pvcELLE  d'Orléans. 

PREsquei*ay  ven 
&léu  toutes  Icscro 
niques  qu'on  apfel 
îeleiCroniquesde 
Frâce^deFrouIart, 
deMonftrelec ,  de 
Guagin,&autrirs  croniques  efcnptes 
par  pîrfîeurs  perfonnes ,  &;i'ay  re- 
garc?é&bien  coniideré  tous  les  ri^ec- 
ueilleux  cas  aduenus  auditRoyau- 
aume  depuis  le  tëpsieMarcomite& 
Phar^îno,  (lis  du  premierRoyde  Frâ- 
ce^ïufqaes  àprcrét^ie  n'ay  poïc  trou- 
uéde  /i  fîiJgulier  Scmeraelteuxcà», 
ne  pi"  digned'eftre  misen  efciitpour 
demdi'rer  en  mémoire  pirrpetueUe 
des  Fraçois^àfin  que  U$  Roisdc  Frâ- 
ce,les  PrinceSj&les  Seignrs  les  No-- 
hlhi ,  &  tout  le  peuple  dudit  pays  , 
'p  v.irtènt  entendre  &reco^noiftre  la 
ïînguliere  grâce  queDieu  leurfift-^^e 
lés  preferrer  de  choira:  toberen  îa 
fub -edion  5c  feruituce  des  anciens 
éttnémis  de  Fxaoceles  Anglois. 
A   vj 


ViifîoiredeUVueelle 
Ou  temps  duRey  Charles  fep- 
tierme ,  en  l'an  de  grâce  ^  mil  quatre 
cens  vingt-neuf:auqiiel  tempsapre» 
que  lefdids  Anglois  eurent  obtenu 
plufîeurs  viâ:oires ,  prins  &  mis  en 
îeurobcy  (Tancée  fubiection  toutes 
les  villes  de  Normandie5de  Picardie 
de  Champagne,  du  Mas ,  d'Aniou  , 
de  Tourainede  Beaulce:&  généra- 
lement tout  le  pays  iufques  à  la  Ri- 
uiere  de  Loire  :  Les  Comtes  de  Sal- 
bry  ,  &  de  i'ufïbrt  ,  les  Sires  de. 
Talboc  ^  delà  Poulie ,  &  autre  Sei* 
gneurs  &  Cappitaines  AngloiSjac-- 
compagnez  de  grand  nombre  de 
^Qns-  darnaes,  alîerêt  mettre  le  fiege 
deuant  la  ville  d'Orleans,tendansa- 
£n  de  la  prendre,pourauoir  palîàge 
fur  ladide  Riaiere,pour  marcher  es 
pais  de  Berry  d' Auuer^ne  ,&  autres 
pais  voifins  ,  pour  aller  iufques  à 
Lion:Et  pour  plus  feurementytenir 
ledidt  rît2;e,y  édifièrent  quatre  grot 
les  ballilles,deux  ducofté  delà  Beau- 
ce,&  deux  du  codé  de  la  Solongne, 
lerquelîes  \h  fortifièrent  de  folfcz  , 
d^^xrrjllen/  s,  &:  autres  chofês  nectf- 
■'^l':*^,  pcnr  an  moyen  defquellesils 
-nt iattiClç  Ville  en  jfî  gtàde  (ub 


lî*  Orléans, 
ft^îon,&  greaoienc  fimerueiîleufe 
inent  ceuxde  dedans,  qu  ils  ne  pou- 
uoient  auoir  vinr:'^  ne  fecoius  qu'à 
bien  grand  peine  &  cians;er.  Auqu«:l 
ficge  il  demeurèrent  fi  longuement 
que  quelques  diligences  que  le  R  oy 
fceuc  faire  pour  les  fècouiir^ô-rdeeës 
&deviures,fî  furent  ils  en  fimtr- 
ueilleiife  neceflîcé  que  ils  n'auoienc 
que  très-  peu  d'efperâce  de  pouuoir 
refifter  aux  ennemis. 

Les Cappiraines  &gens.d  armes 
qui  eftoient dedans,  voyat  qa'ilsne 
pouuoient  auoir  des  viures  queàbiê 
grande  peine  &  danger  ,  &  qu  ils 
auoient  trefpeu  d^efperance ,  que  le 
Roy  les  peuft  fecourir ,  oongnoiflât 
que  ceux  delà  ville  ne  vouloientau- 
cunement  cheoir  en  Tobeiflànce  nô 
fabiedion  des  Anglois.  appellerent 
hs  principaux  Bourgeois ,  &  Mar- 
chands deladide  villejaufquclsils 
remonftrerent  commentiis  ne  pou- 
uoient auoir  viuresqueà  bien  grade 
difficulté  &  qu'il  ne  voyoient  point 
le  moyen  comment  iU^pourroient 
longuement  tenir  ladite  ville,  cotre 
îefdits  ennemis,  attendu  qu'ils n'a- 
uoient  que  trefpetite ,  ou  point  d'efi» 


Wllolre  eie  U  ?ucelle 
peranrc,  q'ie  le  R07  leur  peufl:  do  n-* 
ncr  leco\us ,  &  leur  prièrent  qu'ils 
leurs  declaralï'ent  ce  qu'ils  vonloiét 
faire.  Aquoy  tous  enretnble  refpoii- 
d^renr,qne  poiir  mourir  ils  ne  fe  rë- 
droiêtàla  fubie^lion  d-s  Angiois,& 
quelque  remonftrances  que  leOjts 
Cappitainestçeufiêt  f^iire  du  d*inger 
ouquel  ils  eftoic  nt,  ils  dem  eurercnt 
en  leur  opinion  t^e  ne  rendre  point 
ladide  ville:  A  p;  e<;  h  quelle  déclara- 
tion furet  fai6t-s  p!ufîc!urs  ouuertu- 
res  furces  qui  edoità  fairepeur  troa 
lier  quelque  expédient  pour  le  bié 
d'ictl!evjîie,&  fiu^bicmeifutadui- 
fc\'conclud  entre  eux  ,  de  enuoyer 
d-uers  le  Duc  de  Bourgognejquia- 
lois  tenoit  lep=îrtv  des  Ar<glois,ten- 
dantafin.qailvoHfillprendreladite 
ville  enfes  mains ,  &  qu'ils  feroient 
cocens  de  eux  rendreà  luy,^  eftoiét 
mèuzà  ce  faire, pource que  le  Duc 
eftoit  de  la  maifon  de  Fi^ce,^  pen- 
foientbienqueraîiencedetuy^dfs 
Anglois  ne  dureroitpastouiiours,& 
■pource  faire  enucyercntm  Cappi- 
taine^nommé  Poton  de  Feu trail  les, 
deuers  ledit  DuCjpour  luy  faire  ledit 
offîe,  lequel  il  accepta  volontiers  , 


d'Orléans, 
ponrueu  que  le  Duc  de  BethfGrt, 
quitlloiî  poufloïs  chef  des  An  elois 
audit  fîegele  vouiîft  canfencir,  Le- 
quel Duc  de  Betbfbtt,y  eftoic  venu 
après  la  mort  du  Comte  de  Salbery 
quiauojt  efté  eue  d'\  ne  pièce  d'arnl- 
lerie ,  qui  tenant  le  iiege  du  cofté  de 
laSoiongne^par  vn  castortuUjaind 
qu'on  di(à,car  on  n'a  point  <ceu  q'ii 
KiJtlefeu  en  ladite  pieced'arii*lcrie, 
ainh  qu'il  eft  elbipi  bien  aux  loques 
Croniques. 

Ledi€l  Poihon  venudeuerf  îeOuc 
de  B. thfort,apres  qu*il  eut  ouy  l'of- 
fre faidbe  audit  Duc  de  Bourgongncî 
iefpondic,qur'il  n'encendoic  poiuta- 
uoir  battu  les  buiifôs.&vn  autre  ea 
cufl:  les  oifeaux  .  &  luy  dift  abfola- 
ment  quil  n'en  feroitnen  ;  mais  fi 
ceux  de  là  viîlefe  vouloienr  rendre  à 
luy  ,  ôc  le  rébourllr  de  to^as  fes  fr^iiz 
qui  auoient  eité  faidts  en  Tarmée  du 
dictfie^eilies  prendoità  mercvî^: 
non  autrement:  Delaquellerefpoce 
ceux  de  la  ville  furet  loi  t  efb<ihis,  & 
mefme*  le  Roy,&ceux  de  fon  con- 
feil,quine  voioient  point  d'expé- 
dient (auluer  îadi6ke  ville. 

Or  en  ce  têps  auok  vneieune  fil;;;: 


m^ofre  âf  h  Vucelh 
le  ail  ?»ais  de  Lvurai;)e,  u^ge;'  de  Sx  • 
h'ûwta.TSou  enairon,  no  rimet  Lt.i- 
ne^natifue  ^»Vne  parroifle  nom»nee 
Dom  ié,^ll^  d'vn  Laboureur  nom- 
mé acquCsS  T-i'C  qui lama^s  n'auoii 
faic autr:^  chofe  que  garder  lesbeftes 
aux  champs  al  iqu-le ,  ainfi  qu'elle 
<iiroit,auoir  eftéreueîé  que  Dieuvoii 
ioit  qu'elle  allafl  deuers  ieRoi  Char 
les  (epciefme ,  pour  luy  a  der  &  le 
coiifeilleràrecouurer Ton  Royaume 
&  i(ts  villes  &places  que  lei  Anglois 
auoient  coiiqui(es  en  Tes  pays,  La- 
quelle reuelation  elle  n'ofa  dire  ^(^s 
père  &  mere:Pource  qu  elle  fçauoit 
bien  que  iamais  n'eulîent  confenty 
qu  elle  v  fuft  allée ,  &  poux  ce  s'al- 
la adrefïèr  à  vn  fien  oncle  ,  auquel 
elledeclara  s'efdites  reuelations,&Ie 
perfuada  tant  qu'il  la  mena  deuers 
vn  Gentilhomme  nommé  meilîre 
Robert  de  Baudricourc  ,  qui  pour 
lors  eftoit  Cappitainé  de  la  ville,  oii 
Chafteau  Je  vaucouleiusquieftaifez 
prochain  deUrAu'qaflelle  priatres- 
inftament  qa  il  la  fid  mener  deuers 
le  Royde  France  en  leur  difat ,  qu'il 
eftoitt  efnecefrùre  qu  elle  parlaîl  à 
îuy  pour  le  bié  de  [on  Royaume ,  ôc 


^Orléans, 
que  elle  luy  feroit  grand  fccoiîrrs  & 
aide  à  recoiiurei-  fondid  Royaume , 
&  que  Dieu  le  vawloit  ainfi  ,  & 
queilluy  auoicedéreuelé  par  plu- 
heurs  fois  Defquelles  parolles 
il  nefaifoicquerire&femocquer, 
&  la  reputoit  incenfee  :  Toutes- 
fois  elle  perfeuera  tant  &  fi  longue- 
ment qu'il  luy  bailla  vn  Gecil  hom- 
me,iiommé  Ville  Robert ,  &:  quel- 
que nombre  de  genSjlefquels  lame- 
nerent  deuers  le  Roy  ,qui  pour  lors 
eftoit  à  Chinon  ouquel  lieu  elle  fut 
prefènteeaudic  Seigneur  ,  &  fîtoQ; 
qu'elle  fut  entrée  en  lachambre  ouil 
eftoit  elle  fit  les  inclinationsScreue- 
récesaccouftumeesàfaire  aux  Roys 
«ind  comme  (i  toute  (a  vie  euft  efté 
nourrie  en  Cour,  Apres Idq^elsin- 
cUnatios  Ôf  reueréces  elle  adrefla  fà 
paroileau  Roy,lequel  tHe  a'auoitia 
mais  veu^&laydiil.Dieu  vous  doinc 
bonne  viejtrefnoble  Roy,&  pource 
que  en  la  copagnie  y  auoit  plufieurs 
SC'gneursveftus  suffi  richement  ou 
plus  queluy,dirt  J.è  ne  fuis  le  pa^  qui 
luis  Roy,  /eâne,&enluymonftrâi:- 
quelqu'vn  desSeigneurs  qu"  eftoiéc 
la  prciësjluy  dift.  Voila  qui  eft,  Roy 


HiBoire  de  la  Vacelîc 
eîîe  recpondiCjCeli  vous  qui  eftef 
Roy,5^  non  auiie,je  voHscongr<oJs 
bien.  Apres  lefquellesparolU s  ' eRoi 
luy  fit  demanàei  qui  la  moauGÏt  de 
venir  deuers  luy,  a  quoy  tUererpo- 
dic  qu'elle  venoit  po  r  It  aer  le  fiege 
d'Orléans  &pout  luyaiderajecou^ 
u^rerfon  Royaume,  ÔL  que  Dieu  le 
vouloicainfi,3v il  luv  dift,  que  après 
qu'elle  auroit  leucltciic fiege  qu'elle 
le  meneroit  oindre  &  facreraReiœs 
&:  qu'il  ne  le  (oaciaft  des  Anglois(S£ 
qu  elle  les  cobatcoic  enqueique  Lea 
qu'elles  les  troaueroit  &qu  lUuibail 
laft  celle  puiîTincede  geiiC-darmes 
qu'il  pouiroit  fîair,&:  qu'elle  ne  fai» 
foit  doubte  de  faire  toutes  'es  chofes 
dtiTufdfdles,  ne  mefmes  dechader: 
le  (dits  Anglais  hors  du  pais  du  Roy 
Apres  lelquelles  parcllesleRoy  lafic 
interroger  de  la  foy,  &  luy  fit  demâ- 
derpluiieursqutftios  tant  de  chofes 
diuineSjde  Ij  guene,queautresque- 
fliôs  curieufes  ,  de  toutes  iefquel'es 
cUe  relpôdit  fî  fagement  que  le  Roi 
les  Prelacs,&  autres  gens  clercs,  qui 
çftoientprefens  en  furent  fi  efnier- 
neiliez,ô<'  noafanscauiV:atcendu  la 
fijupUcitéôciaquaiicé  de  la  perfonne 


tfOrlediti. 
fluî  n'âuoitiamais  faid  autre  chofe 
o,e 'acdet les beftesaux champs. 

coafcil,auqucl  fut  aduA  queonlif 
deLndero,tq«eilevoalo,cf*.re  * 
c,uoyellerefp6dit.<^ellev*uoule 
uer  le  ûe^e  q.ù  eftoudei-at  OiCans 
ribatt^elesAnglois&luppHaau 
Roy  qu'il  enuoy»ftvn  de  foarmu- 
S,ouautres.aSaKeCathc«nede 

pee  qu'iktouuecoiteiil  Ef  ^«"«"''^^ 
^q:ell4aydiroit,e«bqua^efp^^^^^^^^^ 

ihafcÛ  descofter.yacmq  fl;«;'^^,''| 

^   %  Jl.  Joee  eftoJc  eiiladue  Eglile 
SeEtfidUUuRoy  quea-c 

u'^^'ctuie  Serfiarmesell. 
bons Gapit;'"^^ «^^,  .   .vigmene 

les  paroUesiliuV  fat  connue  ea. 


UiBoirsdeL'PureUe 
uoyerandidlieu  deSainde  Catheri- 
ne vng  de  Tes  armunefs,leqael  véri- 
tablement tjrouua  ladite  efpee&rap 
porta  audit  Seigneur,laqnelle  il  d6- 
m  à  ladite  feanne  la  Pucelle,laquel- 
ie  tresf-humblementluy  en  rendit 
graces,&iuy  pria  hiy  donnervnche- 
ual,vn  harnoîs.vne lance ,  ôc  autres 
chofes  necedaires  pour  la  guerre. 
Toutes  lerquelleschoiesincontinêc 
lay  furent  baillez  &  deliurees ,  ôcCï 
toft  qu'elle  les  eut  receues  elle  fe  fit 
acraer  &  monta  à  cbeu.il&courut  la 
hùce ,  &  fit  tous  f.ctcs  de  gendarme 
comme  vn  homme  qui  auroit  eftc 
toute  fa  vie  nourry  ennkguerre  :  Et 
auecce,  quand  elle  fut  appel  lee  au 
eonfeil  pouraduifer  ôc  délibérer  de 
ce  qui  etïok  a  fa^re^rât  pour  leuerle^ 
dîtfiege  d'OrleanSiOu  recouurer  vil 
les  Se  placeçA'  faire  entreprinfes  co- 
tre lesennemis.elle  en  parloit&de- 
libcfroit  U  %emcnt  ôc  fondoit  Ton 
opinion  en  fi  bonnes  raifons,  que 
rref-foiiuenr  cotre  i  opinion  de  to» 
les  Capitaines  on  vioitdefoncon- 
ieil  es  chofes  qu'on  vouloir  faire,  & 
qui  eft  plu9  grâd'  meruôille,quâd  Iç 
Koy  de  les  Capitaines  tenoiet  quel- 


^Orléans, 
que  confcil  en  Ton  .îbrence,ellefça-^ 
uoic  toiic  ce  qui  auoicefté  dit  &con- 
cliid  comme  s'elle  y  euft  eîlé  préfè- 
te s^dontledirreigneur&ccuxdefà 
compagnie  eftoiêt  moût  eibahis,  Ôc 
non  fans  eau fe. 

Et  cobicn  que  es  cronîques  que  i'af 
veuesne  foit  fait  mentiodVne  choîê 
quelogtempsài'oyoy  dire&  reueler, 
non  pas  vne  fois  feulemêt,maisplu-. 
ficurs  à  grâds  personages  de  Franc», 
qui  difoict  Tauoirveu  é  croniquebiê 
autctique,  laquelle  chofe  rédigé  par 
cfcript  deflors^tant  pour  l'auâorité 
ôc  réputation  de  celuy  qui  la  difbit 
que  pource  qu'il  me  fembîa  quec'e- 
ftoit  chofe  digne  dememoire,iel*ay 
bien  voulu  icy  mettre  par  efcript. 

Ce  ft  que  après  que  le  Roy^ut  oy 
ladide  Pucelleilfutconfeilléparfo 
confelfeur,  ou  autres^de  parler  enfe 
cret  ,&  luy  demanders'il  pourroic 
croire certainemêt  que  Dieu  T^uoit 
enuoyeedeuers  luy,  afïîn  quil  fe 
peuft  mieux  fieràelle&adioufterfoy 
en  fes  parolleSjCe  queledit  Seigneur 
fîcàquoyeilerefpondïr.  Sire  fi  ie 
vous  dis  des  choies  fi  fccrettes  qu'il 
n'y  à  que  DisuSc  vous  qui  les  fçachs 


Bifioire  de  la  VurelU 
croirez  vous  bié  que  le fais  enuoyec 
de  par  oieiirLe  Roy  tctpod  que  ouy. 
La  i-'ucclle  iuy  demâde  S\x^  n'auex 
Vous  pas  blé  mémoire  que  le  iour  de 
laToulIainctsderniece,vou5eftatea 
la  Chappelle  du  Chafteau  de  Loche 
€n  voltrc  oracoire  ^touc  ieul  ,  vous 
feiftes trois rcqaeilcs a  Dieu. Le Roi 
lavrefpondic  ,qu'.leiloitbicu  me- 
«nor  itif  dt  1  jy  auoir  fait  aucunes  rc- 
quelleSj&alors  la  Pu'  c'ie  luy  dema- 
da  reiamaisilauoitdit&  reuelé  icC 
dites  req-ieft^s  à  ton  confcireur  ne 
aucff  s  Le  Roy  dift  que  non-  ttfî  ie 
vous  dits  its  rois  requeftes  que  luy 
feiftes  croit  ez  vous  bie  en  ine>paro- 
IrsîLe  Roy  refpôdit  que  ouy  A.ioc 
la  Pucelleluy  dift.  Sire  la  première 
cequefte  que  vous  feiftcs  a  Dieu  » 
fut  que  voÀs  luy  priaftes,que  livous 
ji'etîrez  vrayhentier  de  Fiâce  quece 
fuft  ion  pîa?fic  vous  oft-r  le  courage 
delepouTliîiurejaffia  que nefuffîez 
p^us  cau(e  de  faire  &  iouâenir  la 
guerre^dont  procède  tant  de  maux , 
pour  recouurer  ledit  R'^jaume:La{e- 
conde  far  q'je  vo'  luy  piiattesjqut- û 
4es  grand. *s  aduerfitez  &  tribulatios 
que icpauûre peuple  dcfriverouf- 


froit,&  auoic  louff  r/i  Ic^n^  temps 
procerloienc  de  vottie  péché. &  que 
eifufliezcaufèqneceFulUon  plailir 
€a  releuerlepeuple,;?v:qne  vousfeul 
en  fufllcz  punyirpottdflîezla  peni- 
têcc  fuit  par  mort  <-u  autretelle  pei- 
ne qui  luyplairoit  La  U'"rce,fiit,que 
fi  It  pe»  hédiipeupleeltoitcauledtC 
dires  aduerfuez  que  ce  fuftio  plaifir 
pardonner  audit  peuple  5cappai'èc 
Ion  ire  5:metrre  le  Royaumeher  "le 
tribulations  clq  celles  il  eftoit,qai  la 
auoit  douzeans&pl^  Le  Roy  con- 
gr o.fl^int  qu'elle  difoit  vc^rué  ad* 
louib  fbf  en  fes  paro'les  ,  6c  creut 
q  t'eîle  eftoit  venue  de  p^t  Dieu  ,*^ 
tut  granu'  tfperâce  qu'ci  e  kiyaide- 
rou.  a  recoaurer  Ion  Royaun^e  &  fe 
délibéra  foy  aider  ci'elW  8>i  croire  (oa 
conM  e»  tDUtelcs affaires. 

Or  faut  rerourneramon  propos,le 
Roy  voyant  qu'il  eftoit  tref  necel- 
faire  de  proptefficiit  fccourir  rceux 
qui  cftoicnt  aflîegez  dedans  \^  ville 
d'O  îeans,  lUflemblafon  cohfeilà 
ce  qu'il  fuit  appelle  ladicleïehan ne 
poaraJuifec  comment  on  pourroit 
îç nioir&aduKîiilier  les  pfîîeî'ezJ.i* 
quelle  choie  eUc  encreprint  fi  oniuy 


voulûic bailler  des  gens  d'armes,  te 
Roy  cofîdennc  la  gcSd  neceflîcé  en- 
qiioyeitoiêt  lefdits  afïîegez,la  grade 
profpcnté  dts  Anglois  qui  toufiours 
cftoient  venuzàchef  de  touics  leurs 
entreprîfès,&  rextremité  enlaqucU 
le  eftoient  lesafEdres  du  Roy  &  du 
Royaume^ils  furet  d'oppinion  que 
le  Roy  debuoic  faire  par  le  conleil 
de  ladidle  Pucelle,&  fut  coclud  ainr 
fi  faire  :  Et  pour  la  conduire  èc  ac- 
copagncr  luy  furent  baillezles  Sires 
de  Rays  ôc  de  Loire jlefquels  la  me- 
nèrent à  B  ois  ou  eÛoiêt  meffire  Re 
gnaulide  ClîartreSjÀrchcuerqucde 
Reims.Chancelier  de  France,  le  ba- 
ûard  d'Otleâs  leSire  Pothon  &  au- 
tres Capitaines ,  par  lefquels  ladi<îie 
leanne  6c  fa  compagnie  furent  re- 
ceux  honorablementj&ce  fait  adui- 
(èr  de  pouruoir  à  toute  diligence  de 
ce  qui  eftoit  necefTaire  pour  adui- 
taillerladide  ville  d'Orléans  :  Ceft 
afTçauoirjde  viures^de  charioiSj^'har 
retes ,  cheuaux ,  &  autres  choies  re- 
quiles  en  tel  cas  :  Et  ce  pendant  que 
on  faifoit  la  prouifio  des  chofes  def- 
fufdites  j  ladite  Pucelle  elcriuit  vne 
lettre  au  Rov  d'Angleterre,  au  Duc 

de 


deBcthfort,  Vautres  Sires  &  Ca- 
pitaines du  pays,  donc  la  teneur  en^ 
îuitk 


R 


Iesvs,  Maria. 
0>  d'Jnglecerre,  &  yous  D téc  i^    Celte 
"Qeibfort  quiyous  M  fies  I\fgets  du  coppie 
BjjdumedcBrance  :  f^om  GvulUutne  de  iec- 
deU  Poulie:  Vous  de  Suprt:  Ican^  Sire  tre  à 
deTdllebot  :Et  ifom  T bornas ^ Seigneur  eftefal 
d' Efcalles .qutyous dttes  licHtenMsdu-  ii^^c 
diB  ^ethfsrt,  UiBes  Yâtfon  au  B^oy  du  p«^^  '^^ 
Ck\ ,  rm  rieT^à  U  Pucelle  ejut  efi  enuoyee     ^  ^- 
dep4r  DteUyle  î\ey  du  Ciel ,  les  clefs  de  g^ois , 
iûu^tes  les  Villes  que  vous 4u^')^prif€s,  &  melme 
violées  en  Vrauce:  elleeB  icy  yenuede^'^  ^^ 
far  Dieu  pour  YecUmcrleJag  ^^yaLelle  êdroit, 
e(i  toHtepreBre  défaire  paix, fi  yousltiy  come 
youle^faire  ra'Jon-.jjaratnftque  youie\  apperc 
ymder  de  Yrxnce  ,  o^  quamende\  les  par  les 
dommages  que  y  dUeTjaiEis^&yende^les^^^^^^^ 
deniers  quam^re cens  de  tout  le  temps  gatoi- 
^Mt  l'auf^  tenu.  Ut  entre  yom  Archers^  res  cy 
compagHom  de  guerre  Gentilshomes  ùr  après 
avtres^quieBes  deua'^  la  ytlle  d'Ode  as 
aller^yons  en  de  par  Dieu  eftyojirepays 
Cr  fi  àinfî  nele  faicies^atiendet^les  mu* 
tielles  delà  Vucelle  qui  yousyra  voirbréf 
uement  À  vw  hien  grands  dêmmages , 


Hifiôir€  dt  la  VuceUe 
"B^yd'  ylngUtere  ^Jidhfi  nefa.BiS , 
iejius  chef  de  Uguerre^C^  yom  affcurt 
^uene^uei^Heltett  qui  te  trouucrayyor 
gens  s  en  F  race ,  te  les  combat  tray,  &  les 
chafferaji^  ferdj  aller  horsveullefit  ou 
voniEtiils  ne  yeullent  obeyï^ieUsferây 
tou-s  êccinJe/m  icy  éusjée  deparDieté 
(e  Koydu  Cttl^^our  les  combats  ^tsr pour 
les  mettre  hors  de  tsute  France.  Et  s'ils 
yetillent  obeyr,ie  lespredray  àmercy^O* 
najcT^  p9wt  en  voftre  opimô  d'ydnneu- 
rerpluicar  you^s  ne  ttedre^  pomt  leKoy» 
aume  de  F^anceide  Dteule  Koy  du  Ctel^ 
fils  de  la  Vierge  Marie  :  ains  le  tiendra 
Charles,  le  rraj  héritier  :  Ca  r  Dteu  IcKoy 
du  Ciel  le  veut  ,  O'  luy  efi  reuelé par  U 
Vacelle.que  bien  bref  tl  entrera  à  Vans, 
en  botiKCÇ^  belle  cdwp^gme^t^  fiytus  ne 
youleT^cro^reles  notmelles  de  par  Dieu& 
depdr  U  Vucelle  ,  ie  yous  aduife  quen 
quelque  Iteu  que  nous  yous  trouue)  oiHO* 
yous  ferons  iCS"  frapperons  dedans ^O' y 
ferosvnft  grhd  hayjjay^que  depuis  mil 
ans  en  France  n'y  en  eufi  yn  figrandy  cr 
croyeT^fermemct  que  le^oy  du  Ciel  en- 
Uoyertt-  tant  de  forces  À  h  Vucelle ,  que 
yeusne  y  os  gens  d'armes  ne  luy  fçaurte'^ 
nuire  ^  ne  aux  gens  de  fa  compagnie ,  <T 
aux  hoyjos  yoirral'oH  qui  aura  le  meil  - 


ctOrUins, 
Uur  dro  iB.  Et  youfDttc  de  Bethrort  qui 
îemT^le pege dtuit  Orléans ^La Ptéctile 
yeué  pYt€  qu€  neyousfacieT^ott  dejfrui» 
re&cevous  luyfaiBcs  la  rat/otîy  encore 
peurre'^yoîh'  yentr  yotr  que  les  Yrancoia 
feront  le  plus  beau  fatB  que  oncques  fnt 
faiBpour  U  Chrefltenté^&yous pneme 
fMre  relportce,  Ji  yous  youli^Jatre  paix 
en  la  Cité  d'Othans ,  êu  nom  f-fperons 
t  flre  him  bref ,  crfiainfi  ne  le  faiBes  ,' 
d^  y  os  gros  dommages  yousfouuienne  y 
E/crpt ,  ce  Mardy  de  U  Sep  mai- 
neSam&e- 

Les  préparatifs  faids  pour  aller 
aûuitaillerladidie  ville  d'Orléans  , 
ladicte  I^anae  la  Pacelle  accom- 
pagnée diiBaftard  d'Oileans  ,  des 
Seigneurs  de  Rays ,  Se  de  Loire ,  le 
Sire  Melîîre  Robeic  de  Baudd- 
court,  qui  efloit  nouucllement ve- 
nu de  Vaucouileur,  &  autres  Cap- 
pitaines  ,auec  quelque  nombre  de 
gens  d'armes, fe  partisde  Blois  pour 
mener  les  viures  qui  eftoient  prefts 
ôrprint  fon  chemin  du  cofie  dek 
Sollongne ,  de  a  tours  diligence  fift 
marcher  toute  (a  compagnie. 

Quand  les  Anglois  ,quieftoienc 
en  va  fort  bouleuert  qu  ils  auoient 
Bij 


Hijîoire  de  la  VuceUi 
faid  à  Saindiean  le  Blanc, furent 
adufiitisdelavenuëdes  François  , 
ilsabandonnerentledid  boule  lert, 
&  fe  retirent  dedâs  les  Augultins , 
qu'ils  auoient  très  bien  fortifiez. 
Ladide  Pucelle  voyant  que  les  en- 
nemis s'eltoient  recirez  ,  ht  palFer 
tous  Tes  viures  par  deuanteux,&:  à 
toute  diligence  les  fît  charger  en 
batteaux ,  &  palfer  la  riuiere  ,  &  ce 
Fai61:,pairaelle&  fa  compagnie  ,& 
auec  leurs  viurcs  entrèrent  en  la 
Ville ,  Ôc  y  furent  bien  venuz. 

Le  lendemain  queladide  lehan- 
ne,  &  leldits  Seigneurs  &  Cappi- 
taines  eurent  regardé  que  les  viur es 
qu'ils  auoient  amenez,ne  leur  pou- 
uoit  durer  que  biê  peu  de  temps:Ils 
aduifèrent  de  renuoyer  à  Blois ,  de- 
ners  mon  dit  Seigneur  le  Châcelier 
pour  faire  ptouilion  d'autres  viures 
pouraduitaillerdenouueau  ladide 
Ville  5  &  àcefte  fin  renuoyerent  le 
Billard  d'Orléans  &ies  S'eigneurs 
-de  Rays ,  &de  Loire  ,auec  leurs 
gens  d*arme$  ^pour  remontrer  la 
jiecelTité  de  ceux  de  ladite  Ville,  & 
dire  que  fiellen'eftoit  fccourucen 
U'ef, qu'il eftoit force  delà  rendiç 


d'0rle4HS. 
aux  ennemis  ,  Se  demeura  ladi(5le 
îeanne  la  Pucelle  dedans ,  auec  au  - 
très  Cappitaines  &  gens  d'armes, 
pour  donner  courage  à  ceuxd'iceU 
le  Ville,  &  pour  leur  ayderàladef- 
fendre ,  fi  les  ennemis  fe  vouloienc 
efforcer  de  h  prendre  d  alïault. 

Or  après  îefdiéles  remonftran- 
ees  faidtes  par  ledit  Baftard  5de  Rais 
&  die  Loirg  ,  à  Mondidl  Seigneur  le 
Chancelier,  &  autres  du  conieild» 
Roy,  eftansaacli6i:!ieu  ,  fut  ordon- 
né qu'on  aflembleroit  grandv  qaa- 
tité  de  viures ,  ce  qui  fut  ùn^s.  toute 
diligêce,  &  fut  aduifé  qu'on  les  me- 
neroit  par  le  collé  de  la  Beaulce ,  Se 
inconcinentleschofesprefteSjledit 
Baftardjôc  Seigneurs  de  R^ys,  &  de 
Loire ,  auec  autant  de  ge/is  d'arme<i 
qu'ils  en  peurent  aiïennbler  ,  parti- 
rent de  Blois,  &  prindrent  le  che- 
min du  cofté  de  la  Beaulce  ,  air^ij 
qu'il  auoit  efté  conclud  :  &  auec 
leur  viures  alleient  loger  à  la  itxoi- 
tié  du  chemin  d'entre  B'.aiz  ôi  Or- 
léans &  le  lendemain  bien  matin  (e 
deflogeret,  ôc  marchèrent  iufques 
à  vue  petite  lie  lie  près  dudit  Otieâs 
La  Pucelle  aduertie  de  leur  venue 
B  ii) 


HifloiredelaVucelle 
fit  préparer  tous  les  Cappkaines  Sc 
gens  d'armes  qui  eftoient  dedans 
ladidtc  Ville,  &  incontinent  fepar- 
tit5&  mit  (es  gens  en  fi  bonne  or- 
donnance qu'elle  &  fa  campagnie 
padercnt  pardcuantles  emieiiiis  , 
qui  ne  (aillèrent  point  de  leurs  forts 
&par  ce  paiTerent  fans  empefcbc- 
tneni  ,  ôc  fe  vindrcnt  ioindre  aucc 
ceux  qui  amen  oient  îefdids  vi«> 
uires  :  Se  quand  ils  furcntalTemblez, 
ôc  qu'il  leur  fut  aduis  qu'ils  eftoicnt 
allez  forts  :  ils  marchèrent  vers  la 
Ville,auec  leurs  viures,  &  paiïerent 
pardeuant  lefdids  forts, &  entrè- 
rent dedans  la  Ville  fans  contredit. 
Or  faut  icy  entendre  ,  que  du 
coftc  de  la  Beaulce  ,  les  Anglois 
auoient  faidl  faire  deux  fortes  Ba- 
flilles  :  L'vnedefquelies  ils  auoient 
nommée  Londres  ,  pource  qu'elle 
cftoit  la  p  lui  grande ,  Ôc  la  plus  for- 
te, ôc  l'autî  e eftoit  moindre  ,  qu'ils 
nommoientla  Baftille  Saindt  Leu 
ôcâu  cofté  de  la  .îollogne  en  auoiec 
fâiddeux  autres  iL'vneau  bout  du 
Pont ,& laurre aux  Auguftins, auec 
vnbouleuert  qu'ils  auoient  faiél  à 
Saindiean  le  Blanc. 


d'Orléans, 

Et  le  lendemain  au  matin  îchan-^ 
neiâ  Pucclle  priiit  Tes  armes  ,  Ôc  fit 
armer  les  Seigneurs  Cappitanes  & 
gens  (ïâtm€s,&c  ce  fait>raillit  la  pre- 
mière de  la  Ville  ,&  s'en  va  alfaillir 
ladite  BaftilleSaindLcu.  Etquad 
les  Anglois  qui  cftoient  dedans  la 
grande  Baflille,  virent  le  dur  air^uic 
qu'on  faiCoit  à  leurs  gens ,  frdlirenc 
dehors  deleurfort,  pourlesvenir 
fecourir ,  lefquels  furent  fi  vertueu- 
fement  repouifezpar  les  Fr.incois  , 
qu'ils  furent  contraints  àc  eux  reti- 
rer en  leurdi(5t  fort  :  Etcefai6è  ,les 
François  recommsncerent  Taflaulc 
il  fièrement  que  ladite  Bafliiîe  fut 
affez  toft  prife  daiîault  :  &  tous 
ceux  qui  eiloient  dedans  tuez  ,& 
depuis,  &:  incontinent  ladi6tePa- 
celle  fit  definolir  hàiÔQ  Baftille,  & 
s'en  tetourna  auec  fa  compagnie 
dedans  la  Ville. 

Le  iour  enfiiy  uant,&  autres  jours 
apreSjles  Seigneurs  &  Otppitaines 
s'allemblereni  par  ptufieurs  feis,  & 
eurent  plufieurs  parlemens  fecrets, 
poureeilsdeuoient  afl'^illir  l'autre 
BiftiUe  nommée  Londres,  efquels 
confeils  la  Pucelle  n'edoit  point 


Hiftoire  deUVacelie 
appellce,  &  finablement  Fut  délibé- 
ré entr'eux  qu'on  feroic  afTaillir  la-» 
di6te  Baftille  >  eftimans  que  ceux 
du  cofté  de  Sollongne  palleroieiit 
la  riuiere  pour  aller  fecourir  ceux 
deladide  Baftille  de  Londres  ,& 
qu'ils  laiiTeroient  leurs  Baftilles  & 
Forts  dêfgarnis  ,  &  qu'aucun  petit 
nombre  de  gens  pourroienc  facile- 
ment prendre  lefdictes  Baftilles,du* 
di6t  cofté  de  laSoUongne.  Apres  le- 
quel aduis  fut  délibéré  de  parlera 
ladite  Pucelle  pour  fçauoir  Te  il  luy 
femblcroir  bon  d'alfaillir  ladidte 
Baftille  :  Aquoy  ellerefpondit.  Il 
femble  à  vous  MelTeigneurs  les 
Cappitaines  pource  que  le  fuis  fem- 
meque  ie  ne  fçaurois  celer vne  cho- 
ie fecrette  :  le  vous  dy  queiefçay 
tout  ce  qu'auez  délibéré  :  mais  le 
vous  airerre  queie  nereueleray  ia- 
jtjais  les  chofes  qui  font  à  celer. 
Cefte  refponce  oye  ,  il  futaduifé 
que  le  Baftard  d'Orléans ,  qui  eftoic 
plus  priué  d'elle  ,  luy  diroit  ce  qui 
auoiteftéaduifé  entieeux  ^ce  qu'il 
fit  :  Laquelle  délibération  oye  par 
îadide  Pucellcjfut  refpondu  qu'elle 
îolioitladi^te  délibération  ^s'il  ad- 


d'Orle4ns, 
uenoii  ainfi  qu'ils  Taucyent  penfc  : 
mais  poLirce  qu'elle  penloit  que 
non,ellc  ne  fuc  pas  de  cède  opiniô  ; 
Pourquoylefdics  Seigneurs  ât  Ca  J 
pitaines  n'oferent  ^entreprendre  k 
exécuter  leur  délibération  contre 
fon  vouloir  ,  Confiderant  qu  elle 
eftoit  venue  à  bonne  fin  déroutes 
les  entreprinfes  qu'elle  auoit  faidtes 
&C  pource  luy  firent  demander  qu'- 
ils deuoient  faire.  Aquoy  elle  ref* 
pondit^qullluy  fêbloitaduis  qu'on 
deuoit  alfaillir  les  forts  qui  eftoienc 
de  l'autre  codé  de  la  riulere,  es  faux- 
bourg  Sain  6fc  Laurens  ,  ce  qui  fut 
conclud faire.  Oryauoit  ,ioignant 
Ats  murs  de  la  Ville  grand  nombre 
de  Bafteaux ,  efquels  elle  fit  charger 
tous  les  gens  d  armes  qu'ellevou- 
lait  mener ,  &  les  fit  palfer  de  l'au- 
tre codé  de  la  riuierc  ,  &  elle  auec 
eux ,  &  en  grande  diligence  les  mit 
en  ordre  pour  affaillir  Tvn  deidi<5ts 
forts ,  Se  les  fit  marcher  vers  celuy 
qui  eftoit  au  bout  dudidt  Pont  ,  le- 
quel elle ,  le  c(|)nfiant  en  Dieu  >ie  fie 
aflaillir  vertueufement ,  &  aufîi  fuc 
par  les  ennemis  très  bien  defFendu, 
&duraiedit5fca(ïâult  ^iufqaesà  ea- 
B  V 


Hifioire  de  U  Vucelle 
uiron  vne  heure  deuaiit  Soleil  cou- 
chant.   LaPuccllc  voyant  la  gran- 
derefiilance  qui  faifoientles  enne- 
mis, elle  fît  figne  de  rerraide  à  Tes 
gens  5  &  les  fit  retirer  rers  les  Bat- 
teaux,fur  lefqucls  ils  eftoientpaf. 
fez-  Les  Anglois  voyât  la  retraidle 
A<^s  François ,  faillirent  de  leur  fort 
pour  venir  frapper  fur  les  François 
qui  fc  vouloient  retirer ,  comme  dit 
cft  ;  Ce  voyant  la  Pucclle  ,mitfes 
gens  en  ordre  p©urltur  refîftcr  j  & 
leur  donna  fî  bon  courage  quils 
contraignirent  les  ennemis  de  re- 
culler  &  eux  retirer  en  la  Baltille 
des  Auguftins,  laquelle  elle  fit  fi  ro- 
dément  afiaillir  ,  que  combien  que 
elle  fufttces  forte  ,  &  bien  garnie 
d  artillerie,  &  de  gens  :Toutcsfois 
elle  la  print  d'aiîàult  ,&  furent  con- 
traints lefiits   ennemis  s'enfuyr 
en  ladicteBâftillequieftoitau  bout 
du  Pont,  en  laquelle  auoit  vne  tres- 
forteTour  de  pierre  ,  &  ce  fait  elle 
ordonna   le  guet  pour  la  nuit,  &c 
demourà  elle  &  fa  compagnie  au- 
dit lieu  Ats  Auguftins ,  &  es  faux 
bovirgs  d*enuiron. 
Le  lendemain  au  matin  9  elle  mit 


d'OrUans, 
(es  gens  en  ordire ,  &  lear  clifl: ,  qu*il 
eftoit  cemps  d*a(Tailljr  les  ennemis , 
&  leur  promift  que  fans  diffiùuicc 
le  temps  eftoic  venu  que  lefdirs  ea- 
nemis  deuoient  eftre  vaincus  S 
chciirez  du  Royaume  de  France ,  la 
quel'e  promeiTe  donna  grand  cou- 
rage aux  François ,  &  en  ce  courage 
alfàillerentladideBaftille  ,  qui  fut 
très-bien  deffc^ndue  par  les  enne- 
mis :  Nonobftanc  laquelle  defFen- 
ce  les  François  ne  laifTcrêtralîaac  : 
mais  refifterent  eux  confîans  es  pa- 
roUesdc  ladicle  Pucelle  ,  laqueUe 
eftoit  toufîours  deuar ,  &  comb  en 
qu'elle  fut  blelTjed'vn  crai6t  d'ar- 
balefbe  en  vne  iambe  ,  où  comme 
aucuns  dient  en  refpaule  :  toutes- 
fois  elle  n'en  fît  feniblant,  nynefe 
retira  dudi^tailault  :  mais  donna  fi 
bon  courage  a  les  gens  qu'ils  feiec- 
terent  tout  après  elle  es  foiïez  du- 
àià.  fort&  auec  elchelles  montè- 
rent deffus  les  murs  $c  entrèrent  de- 
dans :  &  futprins  d'airault, auquel 
furent  tuez  ,  de  quatre  à  c;nqcens 
Anglois  5  entre  lefqaels  y  furent 
morts  trois  Capitaines:  C'eftalTi- 
uoir  ,  les  Seigneurs  de  Moulins , 
B  vj 


BiflotreàeUVticeUe 
ïean  de  Pommais  ,  &  Guillaume 
Gla(Iidas,principaux  Gouuerneurs 
43uiîege  de  ce  cofté  ,  &  tous  les  au- 
tres prins.  Les  Anglois  qui  eftoient 
de  Tautre  coftc  delà  riuicre virent 
bien  Talfault  &  laprinfe,  mais  ne  la 
pouuoientfecouris:.  Ladidleprinfe 
raidie  j  la  Pucelle&  &  compagnie 
retournèrent  dans  la  Ville  par  def- 
fusle  PQnt,cequ*elleauoit  didk  le 
iour  de  deuant ,  au  partir  de  ladi6te 
Ville.  Les  habitans  de  la  Ville  a» 
près  ladidteVidtoirccommencerét 
à  chanter  ,  T^  Deumlâudamuf  ,  & 
fonnerent  toutes  les  Cloches  des 
Eglifes ,  &  fîrët  toute  la  nui6t  grand 
ioye  &  grand  brui(5l,  &  les  ennemis 
\oyantTe  danger  auquel  ils  eftoiêt  j 
le  lendemain  bien  matin  (è  dcflo- 
gerent  de  Tautre  Baftille ,  &  s'en  al- 
lèrent à  grand'  diligence  à  Memig , 
&parcefiit  deliuree  la  Ville  dudi(5b 
/iege  5  à  la  grand  honte,  perte  & 
confudon  defdits  Anglois,au  grand 
honneur  5  &  grand  gloire  du  Roy, 
&  de  Tes  amis. 

Le  Siège leué,  comme  di6t  cft  : 
La  Pucellefollicitafort  le  Roy  de 
alîenibler  le  plus  de  gens  d'armes 


(^Orléans. 
qu'il  pourroit ,  afin  qu'il  peuft  re^ 
couurer  les  Villes  &  places  que  les- 
ennemis  tenoient  à  l'entouc  d'Or- 
léans :  Parquoy  ledid  Sire  manda 
au  Du c  d' Alençon  venirdeuer^  lui  » 
auec  ce  qu'il  pourroit  trouuer  de 
gens  d'armes  ,  cequelediélOuc  fit 
àtoutediligcnc^e  ,  &luy  venu  auec 
grand  nombire^e  Seigneurs  &  gens 
d'armes  ,  lefquels  combien  qu'ils 
n  enflent  aucuns  gages  du  Roy  : 
Toutes  fois  grand'partie  d'eux  vin- 
drent  pour  voirladidle  Pucelle  que 
on  difoit  eftre  venue  de  par  Dieu^ôc 
pour  faire  la  guerre  auec  elle  contre 
les  ennemis. 

La  compagnie  aflcmblee  »  ilSs 
marchèrent  toutdroid  àlargeau  , 
&  mirent  le  fiegedeuant  ,  laquelle 
Ville  dedans  huit  iours  après,  parle 
confeil  &  induOric  deladiâ:c  Pu- 
celle, fut  prinlc  d'aflault ,  èc  furent 
prins  le  Comte  de  ^'ufFort,  le  Sei- 
gneur de  la  Poulie  ,&  Ton  frère  tué 
auec  grand  nombre  d*Anglois. 

Quatre  ou  cinqiours  après  , les 
Seigneurs  &  toute  la  Seigneurie  fe 
partirent  dudi 61  largeau,  &  s'en  al- 
lèrent à  Memig ,  ou  ils  prindrenc 


WjfoiredeUPucelle 
^'alTaultlePonr^laTour  dubout 
d''iceluy  ,  en  laquelle  Tour  ils  mi- 
rent garde  ,  &  à  grand*  diligence, 5c; 
fnaicherentdroidàBaugcncy  ,  Et 
quand  les  An^lois  furent  aduertis 
de  la  venue  des  François,  ils  haban- 
donnerent  la  Ville  ,.  &  fe  retirèrent 
au  Chafteau ,  lequel  deux  iours  a- 
prcs  ils  rendirent  par  compofîtion, 
Aiïèz  toft  après  la  prinle  dudidfc 
Chafteau,  il  fut  bruid  en  Tofldes 
Ffâçoii  que  le  Sicur  de  Tallebot,^: 
lean  d'Éfcalles  accompagnez  dtf 
cinq  mil  Anglois ,  eftoient  arriuez 
a  Icn  ville  en  Beaulce,  qui  pour  loi  s 
eftoit  en  Toheyllance  dei  Angl ois  , 
&  fut  di6fc  à  nos  gens  que  ledict 
Tailtbot  ôc  toute  facopagnie  mar- 
choient  vers  Meniii^  ,  cuidans  que 
ladide  Ville  fuft  aiïîegee  dr  s  Fran- 
çois. Ces  nouuelles  oyes ,  les  Cap- 
pitaines  cnuoyerent  des  cheuau- 
cheurs  pour  fcauoir  la  vecicé  du  cas, 
lefquels  cappoitereiK  que  ledi6t 
Tallebot  venoit  auec  vne  grande 
compagnie  rSurquoy  les  Seigneurs 
ëc  Capitaines  piindrent  confeil  a- 
uecladidi  Pacelle,  qui  fut  d'opi- 
nion que  toute  la  compagnie  de- 


d'Orléans, 
uoic  marcher  à  rencontre  àMàiGt 
Talletrot.    Cequifut  canclud  fai- 
re,&  furent  enuoycz  gens  de  noftrel 
part  pour  voir  la  contenance  des 
ennemis  ,  par  lefquels  les  noftrei 
furent  aduertis  que  lefdits  ennemis 
marchoient  en  bonne  ordonnance: 
Pourquoy  fut  aduifé  mettre  noftre 
armée  en  ordre  ,&  ce  faid  J'aduan. 
garde  alla  loger  en  vn  village  nom- 
mé Patay  :  auquel  auoit  vue  forte 
Tour  en  l'Eglife,  &  furent  eiiuoyez 
les  Sieurs  de  Beaumanoir  ,  Mefîîre 
AmbroifedeLore  ,  la  Sire  &  Po- 
thon,auec  quelque  nombre  de  gens 
d'armes  pour  les  cheuaucher  :  Et  le 
Duc  d'Alençon»&  le  Conneftable» 
le  Comte  de  Vende fme  le  Baftard 
d'Orléans  ^  &iehannelaPucelîe, 
marchoient  après  les  Anglois  qui 
marchoiêt  en  ordre.  Quand  ils  ap- 
perceurent  les  François  ,  &  veirenc 
leur  contenance  ,  ils  tournerenc 
leur  chemin  vers  vnBois  quieftoif' 
prochain  ,pourtrouuer  place  pluJ 
conuenable  pour  cobatre:  &  quanc 
ceux  qui  les  xheuauchoient  virent 
qu'ils  vouloicnt  gaigner  ledit  bois 
ils  frappèrent  fur  eux  ii  rudcmciii 


HifiokeàeUVtictJle 
qu'ils  mirent  en  deiordre  &  en  fuite 
tous  les  à  cheual  defdids  enne- 
mis. Les  gens  de  pied  voyans  la 
fuite  de  leurs  gens  de  cheual ,  Te  re- 
tirèrent audit  boi.^  ,  &  en  vn  petit 
village  qui  eftoit  ioignent,pour  eux 
fauuer  ,  Mais  le  Ûac  d' Alençon  & 
fa  compagnie  fe  h^ftirent,  &vin- 
drent  fraper  fur  eux,  &  les  défirent, 
&  la  furet  occis  trois  mil  hommes 
&  plus  de  la  part  defdits  Anglois  ,& 
plufieurs  Capitaines  prins,entre  leC. 
quels  eftoit  Talebot.  Apres  laquel- 
le deffàiâ:e,ladi£te  ville  de  lan-ville 
&  plufieurs  autres  places  voifi^nes 
fe  rendirenten  robeyfiance  duRoy 
Les  vidoires  delîus  dites ,  &  leC 
dides  villes  &  places  prinfes  ,  par  le 
confeil  &  induftriede  ladide  Puccl- 
îe ,  comme  di6t  eft ,  elle  stv\  alla  de- 
uersleRoy,  &:luydift.  Trefcher 
Sire,  vous  voyez  comme  à  l'ayde 
de  Dieu,  &  de  vos  bons  feruiieurs 
vos  affaires  ont  efté  bien  conduites 
iufques  icy,  dont  vous  luy  en  deuer 
bien  rendre  grâces  :  Or  faut  main- 
tenat  que  vous  vous  prépariez  pour 
faire voftre voyage  àRheins,pour 
vouseftrcoingt&facré  ,  ainfi  que 
par  cy  deuant  ont  efté  vos  predecet 


fetirsRoisdeFrâcercarle  temps  en 
eft  venu,&  plaida  Diai  qii  ainfi  (oie 
fait,  laquelle  chofe  fera  grand  aduâ- 
tage  pour  vous  :  car  après  voftre  co  - 
fecration  voftre  nom  fera  en  plus 
gfctd  vénération  &  honneur  enuers 
îe peuple  de  France,5:eivauronr  les 
ennemis  plus  grande  crainte  ôc  for- 

midati6,n'ayez  pointdepeur,  pour 
ce  que  les  ennemis  tiennent  les  vil- 
les,Cha{leaux,&placesdupays  de 
Champagne,  par  lequel  il  vous  faut 
paifer  :  car  a  î'ayde  de  Dieu  ,  &  de 
vos  bons  Cappitaines  8c  gens  d'ar- 
mes, nous  vous  ferons  voye  en  ma- 
niere  que  vous  palîerez  feorement 
alfemblez  yos  gens  d'armes  ,  afin 
que  nous  exécutions  le  vouloir  de 
Dieu.  Apres  lefquelles  parolles  , 
combien  que  cefteentreprinfefeai- 
blafl:  eftre  difficileau  Roy ,  &  à  tou- 
te fa  compagnie,  pour  ce  que,  com- 
me dit  eft  y  le  pays  de  Champagne 
eftoittout  entièrement  occupé  ,  & 
polfedc  parles  Anglois  :  Toutes- 
fois,  la  confidence  qu'ils  auoient  en 
lâdide  Pucelle  leur  donna  t^xinde 
erperance  de  paruenir  àf  ce  qu'elle 
auoit  did,  tant  pource  qu  elle  eftoit 


Uilïoire  de  la  Pucelle 
venueàchef  de  toutes  Ces  encrepriiî- 
fes  5que  pour  la  fâinde  Se  honnefte 
vie  qu'elle  menoit  :  ils  voyoient 
qu'elle  fe  confclîoit  très  fouuent, 
éc  rcceuoitle  Corps  denoftre  Sei- 
gneur touteslesfepmaincs  &d'au3 
îre  partjils  ne  luy  voyoient  faire  au- 
cun Œuure  de  femme.  A  pies  les  re- 
monftrances  faides  par  ladite  Pu- 
celle,  ainfî  que  dit  eft.  :  Le  Roy  s'ca 
alla  à  Gien  fur  Loire,>5i  mandaceux 
qui  luy  pourroient  ayder  en  foa 
voyage  rAuqnel  lieu  s'aftemblerent 
quelque  bon  nombre  de  gens  pour 
raccompagner  à  aller  à  Rheims ,  & 
iî3Contincnt  les  chofes  préparées,  il 
ordona  qu'aucuns  Capitaines,  auec 
les  gens  d'armes  marcheroient  de- 
uant  auec  la  Pucellejpaur  voir  Ci  les 
ennemis  fcroicnt  qiîeîque  entrepri- 
fe  pour  luy  venir  a  l'cnconire,  ce 
qui  fut  fait  ,  ôc  prindrent  iefdidbs 
Cappitanes  &  leurs  compagnies  le 
chemin  tout  droid  à  Auxcrre,  lef^ 
quels  le  Roy  &  fa  compagnie  fuy- 
uit.  Qnandceuxde  la  ville  d'Au- 
xerrefceiirent  la  venue  dud'id  Sei- 
gneur ,  ils  firent  tant  par  le  moyen 
d'aucuns  qui  cftaicnt  près  de  luy  > 


que  iay  ne  aucun  de  Ca.  compagnie 
nVntrerent  dedans  hdiâc  Ville: 
mais  faillirent ,  baillèrent  des  viurcs 
aux  gens  d'armes  en  les  payans.  Le 
Roy  pairaoiure&  s'en  alla  a  Sain  (fl 
Flcurentin,ou  il  fuc  receu  bénigne- 
ment,&luy  firent  les  habicans  le 
ferment  de  fidélité  Celafaidtou- 
tcla compagnie  partit  dudiét  lieu, 
&  s'qiï  alla  a  Troyes,  laquelle  ils  aiV 
fiegetent,  &  après  que  le  Roy  ôc  iei 
gens  eurent  dcmouré  fixiours  de- 
uant,lesviuresfaillirentenroft  ,  Se 
n*en  pouuoit  onrecouarer;  Pour- 
quoy  ils  fe  trcuuerent  en  (î  grande 
neceffité  de  viures  que  U  plus  gran- 
de partie  des  gês  d'armes  n'auoient 
à  manger  que  des  febues  &  des  ef- 
picsdebled.  Le  Roy  voyant  la  fa- 
mi  ne  qui  eftoit  en  fon  oft:affembla 
les  Seigneurs  &c  Cappitaines  ,  fans 
yaffemblei  la  Pucelle  pourfcauoir 
qu'il  deuoit  faire.  Tous  lefquels 
furent  d'opinion  qu'il  s'en  deuoit 
retourner,&  remener  fon  oft ,  tant 
pource  qu'il  n'auoitpoint  de  viures, 
que  pource  que  Itditï  Seigneur  n'a- 
uoitque  tref- peu  d'arget pour  ioul- 
doycr  fei  gens  :  6i  de  cous  ceux  qtii 


ffifloire  deU  VuceÏÏe 
furent  appeliez  à  ceconfcil  n'y  e» 
eut  pas  vn  qui  ne  fuft  de  ccft  aduis, 
fors  vn  nommé  Robert  Machon  , 
qui  dift,  que  l'opinion  de  ceux  qui 
en  aucient  parlé  luy  fembloit  af- 
fez  bonne  :  mais  qu'il  voudrait 
bien  ouyr  parler  la  Pucelle  quiauoit 
efté  caufe  de  cefte  entrepinfe  ï  la- 
quelle le  Roy  fitprefentement  ve- 
nir^Ôc  luy  Hcrcmonftrer  la  necelTIcé 
deviuresqui  eftoit  en  Ton  oit  ,  & 
qu'on  n'en  pouuoitrecouurerlane- 
cefïïcé  en  quoy  eftoient  Tes  gens ,  & 
melmes  la  force  delà  Ville  ,  &  luy 
pria  qu'elle  le  confeillaft  ce  qu'il 
auoit  àfaire.  Aquoy  elle  refpon- 
dit  :  Sire ,  fi  ie  vous  dis  chofe  que  ie 
fçay  de  certain ,  le  croirez  vous  ?  & 
pource  que  le  Seigneur  ne  luy  ref- 
ponditpasprompcement ,  elle  luy 
demanda  encore  vneautresfois.  A 
quoyrerponditleRoy:  Iehanne,fi 
vous  me  dites  chofe  qui  me  foit 
profitable  ,ievous  croiray  volon- 
tiers. EtievousalTeure)  dîft  elle. 
Sire,  que  deuât  qu'il  (oit  deux  iours 
ceux  de  Troyes  fe  rendront  à  vous, 
&  vous  rendront  la  Ville  :  lefqucl" 
les  paroles  ouyes  le  Roy  fut  côteil- 


d'Orléans, 
lé  attendre  encore^  deuxiours,& 
commandla  que  homme  du  monde 
iiepamftdu  fiege^  &  incontinent 
après  ledidcomrpandemenc  ladite 
Pucelle  prmt  fes  armes ,  &  monta  à 
cheual,&:  fie  crier  par  tout  l'oft ,  que 
tous  les  gens  d'armes  &  autres  ap- 
portafreiuefciielles,  fagots ,  bout-- 
cecs  ,  êc  autres  chofes  necefïaires 
pouraflaillirladide  Ville  ,&  fitle 
tout  mettre  deda  s  les  foflez  &dref^ 
fer  lefdides  elchelles  contre  la  mu- 
raille ,  laquelle  chofe  voyant  ceux 
de  la  ville ,  incontinent  enuoyerent 
leur  Euefque,  &  aucun  nombre  des 
Citoyens  &  de  gens  d'armes  qui 
eftoientdedanSjdeuers  leRoy^  au- 
quel ils  offrirent  rendre  ladidte  ville 
s'ils  vouloient  promettre  que  les 
Anglois  qui  cftoientdedans,5'en  al- 
lairent  leurs  bagues  faulues ,  ce  que 
le  Roy  leur  accorda,  &  fut  appoin- 
té que  le  lendemain  au  matin  il  en- 
trcroit  dedans  ladi6^e  Ville. 

Le  lendemain  matin  les  Anglois 
partircc de  la  ville ,  auecleur  Kaguets 
lauues,auec  les-quelk  s  ils  êmenoiês 
des  Frâçois,  qu'ils  tenoiétprifônier 
laquelle  cholelaPaceilc  ne  voulut 


ViiilomdtUVuceUe 
foiiffrir  &:  les  leur  ofta.  Mais  pour» 
oe  que  les  Anglois  fe  plaignirent 
qu'on  leur faifoit tort,  éc  que  ce.- 
doit  contre  la  compofuio  qui  auoit 
cfté  faide.  Fut  appointé  queiefdics 
prifonniers  demeureroicnt  ;  mais 
que  le  Roy  payeroit  quelque  fom- 
me  d'acgeut  pour  leur  rançon,  &  ce 
faicc  le  Roy  enira  dans  ladicte  ville, 
&  le  receurent  les  habitans  tres- 
ioyeufement  ,  &  luy  firent  le  fer- 
ment de  fidélité  ,  &  y  ordonna  des 
officiers  ,  tant  pour  la  luftice  que 
pour  U  Police,  &  y  lailfagens  pour 
la  garder,  &  ce  fai6t  deflogea ,  &  fit 
marcher  fonoftvers  Chaalons, on  il 
futreceu;en  grand  ioyedeious  les 
habitans,qui  luy  firent  le  ferment 
dcfiielité,  &  inititua  des  offici^r^ 
necclïaires  pour  la  chofe  publicque 
duiiLt  Chaalons,  Il  s*eh  alla  tout 
droictà  Rheimsauquellieu, com- 
bien que  ladicre  ville  fuft  en  l'obeiC 
fan  ce  des  Anglois  :  Toutes  foisles 
habitans  dlcelle  le  receurent  tref- 
ioyeufement  en  le  recognoillanc 
leur  Roy  &c  (ôuuerain  Seigneur. 

En  ce  lieu  vindrent  les  Ducs  de 
Barc,&:  de  Lorraine  ,  &le5^cigneur 


ctOrlcÀHs, 
tîeCommcray,auec grand  nombre 
de  gens  d'armes  eux  ofKir  au  ferui- 
ce  du  Roy  jlcfquels  lediâ:  Seigneur 
leccuttres-benignement,  &  les  re- 
mercia grandemenc  de  leur  bon 
vouloir. 

Deux  ioufs  après  il  fut  oingc  & 
facré  par  Moniîeur  Regnault  de 
Chartres,  Àrcheue(que  de  Rheins  ; 
La  Pucelleprefenre  tenant  l'Éftan- 
darcduRoy  en  Tes  mains  ,  laquelle 
tresioyeufèdecequ'à  fon  exhorta- 
tion ,  par  lon  confeil  &  diligence 
auoit  emmené  oindre  & facrer  ledit 
Seigneur  ,  lequel  admoneftoit  de 
rendre  grâces  a  Dieu  du  biê  &  hon- 
neur qu'il  auoitreceu  en  fa  coron- 
nation  &  des  belles  vidoires  qu'il 
luyauoit  données. 

La  folenniti  deiïujfdide  parfaite  > 
&:  le  ferment  de  fîdehté  faid  par  les 
habitans  dudid  lieu  ,  le  Roy  par 
le  Confeil  de  ladide  Puceile  fe  dçf- 
logea  &:print fon  chemin  àVell^, 
ouquel  lieu  il  fut  bie  volontiers  rjè- 
ceu  &  obey,  &  pareillement  à  Sôif^ 
fons,6ç  de  la  s'en  alla  par  le  pays  de 
Btie,  ou  \\ f ecouura  aucunes  places 
9»uieftoient  es  maius  defcs  ennemis 


Hifloire  de  L  Vucclîe 
S:  enttovjfiours  bonne  y  (Tue  de  tou* 
tc-s  les  encreprifes  qu'il  fit  par  le  c6- 
feil  de  ladidie  Pucelle  ,  defqu^Ues 
^ntreprifes  &  faids  d'iœlle ,  ieme 
paiïeray  d'en  efcrire  plus  auâr,  pour» 
ce  que  tout  eft  efcrit  bien  au  long  es 
Croniques  dont  i'ay  parlé  ,  &  ce 
que  i*en  ay  recité  n'eftque  pour  do- 
uer à  cognoiftrc  les  grands  biens 
<ju  elle  à  faid  en  France  ,qui  eft  ad* 
m^i^ble  &  digne  de  mémoire.  Et 
combien  qu'on  ne  fçauroic  allez 
manifefter  &  célébrer  Tes  faidts  : 
Toutesfois  n*â  efté ,  ne  eft  mon  in- 
tisntionde  les  réciter  au  long  ne  par 
le  menu:  mais  veux  feulement  ef- 
crire commsiU  elle  fut  prinfe  de- 
uant  Compiegne  j  &  depuis  menée 
à  Roiien,  auquel  heu  ,  a  la  grande 
pourfuitte  des  Angloisjes  ennemis 
mcrcels  ,  fon  procez  fut  faid ,  par 
lequel  elle  fut  faulcement  &:  ini- 
<juemêt  condamnée  à  eftre  bruflee, 
«ainfi-qu'il  à  efté  trouué  depuis  par  le 
procez  de  fon  abfolution  5parle- 
^quelelie  à  efté  déclarée  innocente 
de  tou«  les  cas  defquelles  elle  eftoic . 
accufee ,  nonobftant  la  détermina- 
tion faide  par  MeflieursderVni- 

uerfitc 


«eïfité  àt  Paris,  lelquels  par  flatte^ 
riCj6<:  poin  c.>mplâireau  Roy  d' An- 
giccerre  la  déclarèrent  heiecique  , 
contre  l'opinion  dedctfiin6l  noftie 
Mâiftre  lean  Gerfon  ,  Chanceliei: 
denoftre  Dame  de  Paris,  Dodeuf 
€îi  Théologie .  fi  fçauant  &  fi  lage , 
comme  Tes  œuutes  le  monftrenc ,  & 
en  font  leiugement:  Laquelle  ©pi- 
iiionauecles  raifonsqmle  meurent 
à  eftre  contre  Topinion  de  ladide 
Vniuerfîté  ,fontcfcript€s cy  après, 
par  lefquelles  on  pourra  voir  ou  ily 
à  plus  d'apparence  de  vérité ,  6c  de 
bon  iugement. 

Et  pour  retourner  à  mon  propos 
à  parler  de  ladide  Pucelle  ,  dela« 
quelle  la  renommée  croiiToit  tous 
lesiours,  pource  que  les  affaires  4  u 
Roy  venoient  toutes  à  honnts  fin , 
^nefailloitlediâ:  5'eigneurde  ve- 
nir à  chef  de  toutes  les  entrepri(è« 
qu'il  faifoit  par  le  cofeil  d'icelle  Pu- 
celle :  &auffi  elleauoirl'honneuc 
&  la  grâce  de  tout  ce  qui  fe  faifoit  , 
dont  aucuns  Seigneurs  &  Cappitai- 
nés  ,  ainfî  queiettouueparefarit, 
conceurent  grand'  haine  ^  enuie 
contre  elle  ^  qui eft  chofe  vray  fera- 

C 


Si^Z(^  fies  ^}!ohîS 
blable  &  àiîez  facile  a  croJre,3tten- 
ducequiaduintairez  roftapres,  car 
ellant  a  Lagiiy  fur  Marne,  fut  ad- 
iiettie  qi]e  ie  Ditcde  Bourgoiigne 
ô:  grand  nombre  d' A nglois  auoient 
nns  ic  ficge  deuant  la  vi  le  de  Com- 
piegne , qui  auoit  n'a  paslong  temps 
eftéreduite  en  robelilance  du  Roy 
^partit  auecqaes  queiqucnobrede 
gens  d'armes  qu'elle auoitauec  elle 
pour  aller Tecounr  lessffiegez  du* 
dî6theudeCompief;ne  :  hiy  venue 
de  laquelle  donna  grand  courage  à 
ceuî:  de  iâdidte  A^iiîe- 

Vn  îoai  ou  deux  après  fa  venue 
fut  fai^tvne entreprise  par  aucuns 
de  ceux  qui.fftoieui.dedans,  defaiie 
vneiaibie  fur  les  ennemis ,  Se  com- 
bien qu'elle  ne  fafl  d'opinion  de 
faire  lad  ide  faillie^ainfi  que  i'ayveu 
en  quelques  Gbronicqûes  ;  Tou- 
tesfois,i;tin  qu'elle  ne futl:  notée  de 
lafchetc,  elle  voulut  bien  aller  en 
la  compagnie  :  donc  il  lui  print  m«l 
carainiiqu'eliefe  combattoit  ver- 
tueuiement contre  les  ennemis  .5 
quelqu'vn  des  François  iîtfïgnede 
rccraiâre  :  parquoy  chacun  (ehafta 
c!â  '01  recirer.  v5i  elfe  oui  vouloii  (bu* 


dcu4nt  Ovleam, 
i^eiiîT  TefFoit àcs  ennemis ,  cepen- 
dant que  nos  gens  fe  reciroienc 
quand  elle  vint  à  la  barrière  elle 
trouna  ii  gra  d  prelle  qu'elle  ne  peuc 
en trer  dedans  ladide baniere ,  &:  h. 
fut  priniepar  lesgensdeMonfieur 
de  Luxembourg  ,  qui  eftoitaudiâ: 
fie^e>auecmondrt  SeieneurleDuc 
de  Bourgongne.  Aucuns  veulent 
dire  que  quelqu'vn  àts  François  f'ic 
cauTe  de  lempefebement  qu'elle 
ne  fe  peut  retirer  5  qui  efl:  choie  fa- 
ciileacroire:  car  on  ne  tcouue  point 
.  qu'il  y  euft  aucuns  des  Fiançois,  du 
moins  homme  de  nom,  pris  ne  ble- 
cc  en  ladiâ-e  barrière.  le  ne  veur 
pas  dire  qu'il  (oit  vray  :  mais  quoy 
qu'il  en  loit ,  cefut  grand  dommage 
pour  le  Roy  &  pour  le  Royaume  -5 
ainfi  qu'on  peut  iuger  par  les  gran- 
des vidoires  &  con quelles  qui  fu- 
rent en  il  peu  dettmps  quellefut 
auecleRoy. 

L'acide  Pucelle  prinfe  par  les 
gjens  dudi^l  Luxembourg,  en  ia  ma- 
nière que  diél  efl;  iceluy  de  Luxem- 
bourg la  fît  menerâuGhafteau  de 
Beaurevcir,auquel  la  fit  garderbieni 
foi^neufemenc  de  iour  ^  de  nuîâ; > 
Cil 


P/iflùiredeld  V  ne  elle 
pource  qu'il  douroic  qu'elle  efchap- 
pait  par  art  magicque  ,  ou  par  quel- 
que autre  manière  fubcille.  Apres 
ladicteprinie  le  Roy  d'Angleterre, 
&  fon  confeil  craignans  que  ladicte 
Pucelle  cfchapaft  en  payant  rançon 
ou  autremenc ,  fit  ailigcnce  de  la 
recouurcr,<&:  à  celle  fin  enuoya  pi  u-. 
fleurs  fois  vers  ledictDucde  Bour- 
gongne,  &  ledict  Duc  de  Luxem- 
bourg :  A  quoy  iceluy  de  Luxem- 
bourg ne  vouloit  entendre,  &  ne  la 
vouloir  baiiier  ànulle  fin,dont  ledit 
Roy  d'Angleterre  eftoic  bien  mal 
contant:  Pourquoy  aflembk  fon 
Confèil  par  plulieurs  fois,  pour ad- 
«ifer  qu'il  pcurroit  faire  pour  la  re- 
rccouurer ,  6c  en  la  fin  fut  confcillc 
mander  r  Eue  fque  de  Beauuais,  au- 
quel il  fit  remontrer  qae  ladide 
Pucelle  vfbic  d'Arc  Magicque  &: 
diabolique ,  &  qu'elle  eltoit  hereci- 
que,qu'eileauoitefté  prinfe  en  fon 
Diocefe,  &  qu'elle  y  eft©it  prifon- 
niere,quec'eftoitàlaya  enauoir  la 
cognoiffanc€,&  en  faire  laîuftice  , 
&  qu'il  deuoit  fommer  &  admone- 
(lerledidlDucde  Bouigcngne  ,  & 
ledict  de  Luxembourg  de  luy  rea- 


d'Orléans. 
drcladidePucellc,pour  faire  Ton 
procez,aia{i qu'il  eft  ordonné  par 
difpoiicion  du  droiâ:  aux  Prelatz 
5faire  le  procefe  contre  les  hereti- 
queSjCnluyofîiant  payer  telle  To- 
me raifonnable  qu'il  fera  trouué 
qu'elle  deura  payerpourfa  rançon. 
Laquelle  choie,  apre'îplafieurs  re~ 
monftrâces  ,  led  £b  Quelque  accor- 
da faire  par  confeil^s'il  trouuoit  que 
il  le  deuft&:  peut  faire  ,  Ôc  pour  ce 
confeilleràMeiîîeursde  l'Yumer- 
iitéde  Paris,  qui  furent  d'opinion 
qu'il  le  pouuoit  6^  deuoit  faire  ,  & 
pour  complaire  ûu  Roy  d'Angle- 
terre accordèrent  audict  Euefque 
qu'ils  efcriroient  de  par  ryninerfi" 
té  àMefïïre  lean  de  Luxembourg 
qui  tenoit  ladite  Pucelb  prifon- 
niere  qu'il  la  deuoit  redre  pour  fai- 
re Ton  procez ,  &  que  s'il  faifoit  au* 
trementilnefemôdreroit  pas  bon 
Catholique  ,  &  plufieurs  autres 
remonftranees  conteniAes  efdides 
lettres ,  ainfi  qu'il  fera  veu  par  le 
double  d'icelles  ,  qui  eft  efcriptcy 
après-  Quand  ledicl  Euefque  eut 
oy  ledid  confeil  &  TofFre  de  ladide 
Vniucrfité  ^  il  accorda  faire  ladite 
Ciij 


Biftoirede  la  ^ucelle 
fëmmation  qui  fiitmifcpâr^rcnirv, 
«e  laquelle  la  teneur  enfuy  t. 

Double  de  la  cedulle  de  la  fomma^ 
tion  faille  par  rEuefque  de  Bea IV 
uais^au  DucdeBovirgongiie  ,& 
Mefïire  ïcaii  de  Luxembourg.^ 
pourrendie  la  Puceîle. 

CEBce  ijue  requiert  l'Euef^ue  fk 
Be^iiuais  d  Mo/ifieitr  le  Duc  cU 
'houYgongne  .^  Mbfieurleun  de  Luxem^ 
kourgy  ùr  au B^ftaidJe ycndofme , dt 
far  le  [{oy  nejlre  Sire-  &  dcpar  luy ,  <^^^- 
fneEaefijue  de  Beauuais^que  celle  femme 
7tommee  Uhannela  Vucelle^tfaifonnieYe^ 
fdit  enuoyee  auKoy  pour  la  dtliHreràl'B- 
glife pour  luy  fatre  fonprocez^.pQurce  nue 
elle  cfl  /ouùfomtee  dr  dt  famée  d'auotr 
commis  plufiems  crirnss^come  /sntllegCy 
ydolatnes^inuocatiomd' ennemis  ^oraii^ 
ires plufiei^s  eus  touchant  nçftrefojy  & 
esntre tccllr^^O' comhieH  qu'elle neJoibu^ 
foint  eBredcprmJc  de  guerre^  ctmme  U 
jfemble.confideyêcequedit  cH  :  Néant- 
nmnspsHT la  rémunération  de  eeur  i^ii 
Vctprife  CjT  de  tenue  Je  ï[py  y  eut  bbem 
lement  tenr  haï  lier  tufques  ^  lafdme  de 
^xmaiiurts^Cr  pomlcdHi  Baflard  q^iJ^ 


d'Orléans, 
'  UpYlnfe\  rente  pour  /«ufiemr  fon  e^ai 
fiipfues  à  denx  m  trois  cens  Imres.  Itéra 
ledici  Eue/que  requiert  de  par  luy  amlc^ 
fnjâtci  5  c?^  i  cbafcund'tceux  ,  comme 
icellefêineait  efieprin/e  enfm  Dloc^fe^ 
&f9ubsfa  iuYifdiBionfpktiuelle  éjuel 
le  luy  [oit  rendue  voar  luy  faire  fùnpro^ 
ceT^cominent  il  appartient ,  dfjuoj  il  cfi 
tout  pre/î  d'entendre  par  Idsftfiencede 
'  l'Inqmfiteur  de  U  Voy  Çt  befoing  efi ,  par 
l'ajfi fiance  des  Docieurscn  Théologie ^en 
Décréter  anthwQtablesperfdnes expers 
enfatBdc  ludicature^ainfi  qnclamatiere 
yequicrt.afin  ^'/il/oit  dcue-^nvtCf^tnew^ 
remcnî  fdiB  aïe\  hoytation  de  lafoy  ^OT 
rinfiitution  de  ceux  qmonte^em  c^fie 
ntaùere  dfceuxcr  ahitJçz^kCoccafion  £i^ 
€eUe  femme,  Icem.  cr  tnla  parfin  ^  ce 
far  U  manière  auam  diBtsles  deffifcùEls 
en  ancuns  d'eux  m  youlo  entefiré  contes 
ne  obtempérer  ace  cjne  d^fff^s  efi  d'cl.cem 
bien  que  la  prinfe  a  ici  lie  femme  ne  fait 
paretlleàla  pYtnfe  dn  P^ojyPrin/e  oti  an^ 
très  o^ens  de  grand  Efîat  :  Ujquels  toutes^ 
foïsjpprint  ejiotent/ali  ce  leJ^ojJe  Daul 
pbm^oi4  aucun  des  ^nnces^le  Bj)y  le  peur* 
roU  auoir ,  s'd  voulott^en  baillant  au^or" 
îeur  dix  mil  francs  félon  le  droiB  vfage 
C^  coujinmc  iç  Francs  LcdiB  Emfqtie 


mfloinâehVucdîe 
femme  O^reqHKrt  les  uejfafdi^s  4h  9iori% 
^ue  Àfjfus  5  t^ue  UdiBe  PaceRelny  foit 
deliurée  en  hailUnt  feureti  deUàtte  fim- 
me  de  dix  md  francs  pour  toute  s  chofes 
^zels connues ,  c^  ïedtli  Eucfque  de  par 
Itijifelon-  les fsrmeso- peines  de  Vreiâja 
re^juifrt  k  f{ir€  à  j^  LfiUee  cr  deUnree 
comme  dejfus. 

Doubles  des  lettres  de  rVniuerficc 
de  Paris,  à  Meiïîre  leân  de  Lu- 
xembourg, pomU  rendiiion  de 
la  Pucelie. 

Ti^f/  n&hle.h&nsrécr'p^ijfant  Sel^ 
^mur  ,  Nous  nous  ncommundons 
très  ajftBueufmtnt  a  vojfri  hauîte  Ko  - 
hlejje.  Fojire  réelle  prudence  fcatt  hun 
Cr  recoin oifl  que  tous  hos  cheHalliersCa- 
thoUcqnesdotHent  leur  for  ce  ^pnijfancf 
employer  premieremét  aujêrmce  de  Vtetù 
en  efpi  Cl  al  U  ferment  premier  de  l'Ordre 
de  ch'juallericfdt  efl  gardtr  c^dcffendre 
l'honneur  de  Diiuc^  U  Foj  Catholique 
C^fkfatnEle  Egujè,de  ce  ferment  vous 
tj}  htmfiuuent  qn/ind  vous  anez^ofirt 
ftehle  puîffdnce  C^  frefince  perfonnelle 
employer  c^ appréhender  celle  femmcqui 
fi  dtB  U  Pucelie  y  au  moyen  de  UqnclU 
1%  nncur  ie  Vhh  a  e^efans  mejnre  of-^ 


d' Orléans 
fettcê ,  lafoy  exce/^mcmït  blecêe^&'  l*E~ 
gltfe  trop  fort  ciefhon«ree:carparfon  f?c- 
cafion^yciolatrieSyerreiiis^imuuaifes  do^ 
Brmes^&  autres  maux<^  i^tconue^îens 
tresp^Yabltsfefont  enfuiuù^n  ce ^ojiuh 
tnCi  &  ea  y  enté  tous  hyaux  Chrefttens 
y  DUS  doiuit  mercier  grandement  d'anoir 
fdtEi  fi  grdndfetuice  à  no(lrefdwBefoy 
<jf  4  tout  ce  B^yaume  :  Cîr  juand^nous 
uousen  remerctds  Dieu  detousnos  coura* 
ges,&  vojlre  nohk  prouejfe  tant  come  le 
pouHons  :  Mais  peu  d^chofejeroit  auoir 
faiB  telle prlfè/ il  ne  senjuyuoit  ceqne 
il  appartient  pmr  fatis faire  à  l'offence 
perpétrée  contre  noftre  tref  doux  Créa* 
tem  en  fa  foy  cr  fafainBe  Eoltfe ,  an(c 
fes  au  res  mesfat&i  innttmerablei ,  ca- 
ment  qh  dit^  (^  fer  oit  plus  grand  incoUe^ 
nient  que  oncquefmes^^  fi  ferott  mtole* 
rable  ofmce contre  la  'M'-jeHe  D'mine^fi 
cefieféme  demouroit  en  cepoinlî^ou  que 
il  aduint  queceslefhnefu^  àdiureem 
perdu  ë,  chne  ont  diB  aucuns  aduerfai^ 
tes  s^ymneloir  efforcer  de  faire  Capltquer 
tous  leurs  enttdemh par  toutes  yoyesex^ 
qufeSyfoitpayargetou  ranfonmafs  nous 
ejperos que Oiet^ne permettra  tasadue-^ 
nirgradmal  fur fô peuple ^&  alfiyofirt 
bene  Cr*  noble prudlce  ne  le  fcuffrtrapdi 
C  V 


HÏjiûire  de  U  PHcelle 
Wicttsyfiauoir  bien  pour  noir  cmnenabU-^ 
mr/itycarjt  amji  eflnt fd'iB deliurancQ^ 
d'icetiejans  conuenaUe  repdracton  fè/e- 
reit  deshmncur  irréparable  kvoÇ'rearad 
JVohleJfCyO*  ^  ceux  qui  de  ce  fer  oient  en^ 
frémis ,  mitts  a  ce  quie  tel  cfcUndre  cejfe 
le  pliifiosî  que  faire  ce  pourra ,  commç  le 
hefoingeH  :  fource  qii  en  cesîe  matière  le 
àeUy  ejl  trop  périlleux  :  ^  trefl»'etudU 
ciAhle  en  ce  î\oji4ume^  N o/u/upplions 
tres-humblementù'  de  cordiale  a jf  écho 
de  yofire pm^anteO  hetioYrcHobltjJe  : 
^uen  faueur  de  l'hmneur  Dium^ala  co^ 
feruÀtion  de  la  Yoy^au  bien  &  exaltation 
iie  toutceT[oyaume  ,  yoHsbaille-^iccUe 
femme  à  la  mètre  en  îh/iicCy  ^  enuDjc^ 
far  deçà  àl'  Inquifiteur  delaTojquicelle 
à requife cr  requiert  très-  inftamment 
four  faire  difcutiondefesgrands  charges 
iellemh  que  Dieuenpufffc  ejîre  centarit 
C^  le pcîipleedîfié deu'ément  &  en  bt>nnê 
O'fawRe doBrine^  o/^yeuspUffe  tcelle 
femme  fedye(ydeîiureràl{euerend  pcre 
en  ï)ieu&  nojîre  tres-h^nnoïê  ^l^neur 
l'^Euefqtte  dcBeauuais^  quicelieà  pa^ 
reillementrequife  k lalun/dtciion  dtt^ 
équel  elle  àeflê  apprehendee^O'  comme  on 
diBJes  VrelatsOrlnquifiteursfen  luges 
aiçelleenlamatiere  de  UFoy^^eji  tenté 


d*  Orléans, 
oheyY  tout  Chrefiic  deqtielque  ejldt  juil 
foù  ^d€ux  ^en  Cvîs.^Ycfèt  {ht  les  peines  de 
droit  qui  font  grades  ,  ù*  ence  faifant 
yous  acquerrez  U  o^rate  O" amour  dj la 
haute  Dtumi:évQîisfer€'^m9ye  del'eX'^ 
ait at ion  de  U  Sam^ie  Voy ,  O'  aujfi  ^  "- 
croijhe'^  U  gloire  de  yojîre  ba^dt  & 
nobU  nom  ,  cîr  mefmcmtnt  de  très  haut 
&treS'j>mffant  Vrïte  nojiretres^redoti^ 
té^C  U  vojhe  Monfieur  le  Duc  d^  ^our" 
gongnSy&feYatenti  cbafiuna^rier  Diett^ 
pour  la  proiferitéde  yoftretres  nobU 
pevfonne  ^  laq<ielie  Dieu  noftre  Sauuettr 
ucuiîls  ccndiftre  par  fa  fatnBe  grâce  e?i 
tous  Ces  affaire  &  finablementluy  retri" 
hiser  ioyefansfin.        _ 

Efcrlt  à  Varisjexitij  iourde  îutllet  ^ 
mil  quatre  cens  trente. 

Ténor  litreraram  Kc%\s  de  reddi- 
lione  lohannse  diôcx  Puella: ,  R- 
piicopo  Baluaceniîs, 

H^n  rj  par  la  grâce  de  Dieu^  R  oy  de 
V^anç€{fr  d'Angleterre  :  AtouJ 
cettxqmces  prefmfcs  iatrcs  verroîii^ 
Salut,  Il  ejl  iif)^e7^notoirt^  coinwrtm  , 
tmne  defms  aucun  tempsençk^yne  fem- 
msqiii-le  faici  afj)ellerlehâm  lafiécelh 
C-vi 


HifloiredelaVuctlle 
Uiffant  i*hAhït  ù*  yefiure  du f exe  fentf^ 
nin^eft contre  Ià  LdyDiuine^coiyimccho' 
fe  a^ommableà  Dien^rcpugnee  cîr  deffe- 
due  de  tQUteloj ;veftue^habtte€  ^avmet 
t  efldt  &  habit  d'home^  àfaiB  ^  exercé 
ce  cruelfait  d'hemicide^& corne  l'on  dtty 
àdom  é  À  ent  tdre  au  finple  peuple  f  ourle 
fedHire& dbufer  -.quelle  eftottenuoyee 
de  par  Dieu^&  du  ait  cognoiffance  defes 
fecrets  Diuim^enfemble  plufieurs  autres 
dogmatifatios  U  eJperiUeufes  &  ^  nojhe 
foj  CatholicqMetrejpreiudtctables&fcZ 
daleufes.e»  pour/uyat  par  elleiLefquel^ 
les  ahufions^&  exerceat  bofttUte  a  l'en^ 
£mtre  de  nous  &  de  noftre peuplera  ejlé 
frmfe armée deuat  Copiegnepar  aucu» 
denos  loyaux  fnhjeB  5 ,  dr  depms  hnenet 
frifinmerf  deuersno* ,  etpfurce  fjHedt 
fuperftttutionsfaulfes  dog  matifatios^et 
entres  crimes  de  U'^  Tvîatfiè  Dtttine  co- 
rne Von  dityàfj^e  depufieitrs  réputée fu/- 
feBejneteeetdefence'.^uons  ejîé  requii 
tres-inflamment ,  par  reuerend  ^ere  en 
Dieu  noftreameeetfeal  ConfeillerfEuef 
que  de  Beauuais  ,  luge'EcclcftaJIf^ueet 
erdtnaire  de  ladite  leane^  peurce  quelle 
à  efté  dpprehende^et privfe  es  terres  et 
limttes  de  [on  Diocefe^ct  i)areillemeniex 
hoïtex^ce  parnsjlre  tref-cherecrtref- 


4mec  fille  ÏVni»€rfité  c/ePariSytjHe  iceik 
lehme  y$Hldsfxire  redreybaïUer  &  de^ 
Iturer  audt&  P^mrendfere  eu  Dieu^ 
four  i'itertogerzf  exdmtmr  fur  UJdittS' 
depnfittQns  des  droits  Dinins  c;-Cano^ 
viques^apjtelUT^  ceux  qHiyferdtà.appelhit 
fom  ceefl  il  qne  nouspow  reunence  du 
nom  de  Dteu ,  deffena  ^5*  exaltation  ne 
JatBt'^ghfe&Foy  Catholique  y^oulons 
deuotemem  ohtetnffYeï  comme-vrais  ertm 
fains  defainBe  ^glfje^  aux  requejies  ^ 
infiances  dudit  ^juerend  Vere  en  Difu 
iS'exhertattoj  des  doBeursC  Maiftres 
de  noiire  dite  fille  l' Vmuerfité  de  ^aris  ? 
Ordonnons^  cenfcntons que toutéê ^ 
quant  es foisque  bon/ëhler^audn  Keue^ 
rend  Vere  en  Dieu^  icelle  îchanne  luyfoiî 
^atllee ^  deliuree  re aiment  &  défait 
farnos gensZ^" officiers  qm  lent  en  gardt 
four  te  elle  interrogerez  exatmnércr  f^i 
yefonpYoce\felo  n  Dieu ,  rat/on  ,0*  ies. 
droiBs  D^uins  ^fatPiBs  Canons  par  le* 
diB  I{euered  Vere  tn  Dieu.  Sidonnont 
(n  mandement  ànof(its  luges  ^officies 
que  icelle  lehanne  en  garde  queaudiB 
I{eHerendPere  en  Dieu  hatllêt  O"  dtli- 
urent  reaulmenî  &  defatB  ^f ans  refus 
9H  contreàiB  aucun^îoutes  &qii^teifùis 
^ueparliij  en  feront  requis,    M^andons 


Hi/tolyecle  la  Pu  celle 
outre  k  to^  n»s  \ ufticurs ^officiers ùftih"^ 
ieBsytdnt  Fran çot s  comme Kn^Uis ,  que 
audiB^euiVcnà  Père  en  Dieu  ^O'  a  tous 
autres  qui  font  <^-.  feront  ^rdonnez^pour 
afilîer  ^  vacqueY&entedre  audit  proce'i 
ne  donnent  defaîB ,  ne  aultrement^au  - 
cunempeflhtment  ou  dejlourbier,  mat' fi 
requis  en  font  p^r  kdt  B  Keuered  Ptreen 
Vîeujeur  âonnlt garde  ^ay  de  tr  dejfcn^ 
ceprote&io  <&  confort  fur  peine  dcorïef, 
m  punition ,  Toutesfoisctfl  nofire  inte- 
pionde  rauoir  O'reprcdre  pardeucrsn^us 
ùellelehAnnsj  dirjjl ejîait  qiitlle  hefufl 
corituincuott  attamte  des  cas  deJfujdttSy 
%i  4'.aucu  d'ùeux.otf  dautre^touchans^ 
regardas  de  nêflt édite  Voy  EccUfi.iJiique 
De  ce  nom  auens  faiB  ntettre  ?ioJîre/(el 
erdonnéen  l'ahfece  du  grand  ace  prefcnr^ 
îes.Vonnéa  \ouéleti€Ys'^mY de  lanHU 
uw\  Un  degraze  mil  tin.  c.&  xxx.  c^ 
de  nojîre  re^ne  h  ix.  Sic  Se^gn .  Var  le 
"Koy  kla  reuelation  defengrandConfeil^ 

I.  DE-R  I  VEL. 

TenorrummattonisnoftriEpifcopi 
B.^'iacends  ,  Dominonmi  Dtici 
Burg^nndix ,  pro  rediclione  divise 
Puells. 

CE/?  ce  que  requiert  l'E^iefque  d^ 
^:auu4tsaM9n/eigncnr  le  Dm  de 


â^Orledns 

"BoHrgon^neykMonfeignenr  lean  de  Lhsc'^ 
fmh$nrg ,  tT"  4h  Ua,'f4rd  de  ^cndofme  y 
depdrie  R.oj>n$Jîre  Sire  ,  O^  deparli^y^ 
comme  Eue/que  de  Be4uudis ,  que  icelU 
femme  que  l'on  mmmt  lehane  U  Pncdh- 
frifomere  yfçk  muoyeeauB^oy  pour  lads' 
Uurer  kl  Egltfiy  pmr  luy  faire  fin  procex^ 
four  ce  quelle  e[i  foupçonee  o^  diffamée 
d'aufiir  commis  plujïtur  s  crimcsycormejot 
t liège  s  ^C^idolatriesjinuocaftoi  d  ênemis 
O"  autres  plufieurs  ca4  touchant  nofire 
Eey^c^contràcelle^O^  combien  quelle  ns 
doit  pomteBre  ^nnp.  de  guerre , comme  il 
f(mUe  5  c€nfiieréce  que  dtfte^  ^neant" 
moins  pour  la  rémunération  de  ceux  qui 
lont prmfît^rdetenue^Le  î(jyveut  lihc  • 
rallement  leur  haillenufqties  kUfome  de 
Jixmd  Itures-yC^pour  leditBaftardqui  U 
frifejuydôn  erc^asjfgner  rente  pour fdii'^ 
flimrfônefiatytufqHcsk  dtux  ou  troiscens 
liurcs  Item,  ledicl  Euefîjue requiert ds 
par  luyaux  dejfifditscrkchaJcHndt- 
ceux  comme  ic  elle  femme  ait  efléprinfèen 
fin  di3cef€^-(x  fioM^id  îunfdictun  Spirt- 
tudlc  ,  qu'elU  Uiy  fiit  rendue  pour  iuy 
faire  fin  pr  oc  e^, ,  comme  il  appartient -ta 
quoy  il  e^  tont  prest  d'entendre  par 
laffi'jance  de  ilnqiiifinur  de  la  Foy  , 
Jîhefimg  en  efi  ^  par  notable  perfim^j 


Hfftopre  de  la  Vacelk 
experts  en  faici  de  ludicdture  ainfi^ue  ta 
matierere  quiertafln  quilfoit  meuremH 
Cr  di  ucfnafjtB  a  t exaltation  de  UVoy 
&  M'inBïHBton  de  ceuxcjm  oKteftéen 
ce  fie  m  atti  re  deceu^é^uJcT^  à  l'occap» 
d'icel  le  femme.  Item  O"  en  Ufarfin^fe 
far  U  manière  auant  di&e^ne  yeullhm 
foyet-  eu  aucun  d'eux  efirtf  cotans  ou  ob» 
tempérer  ace  que  dejfus  tft  dît  ycombie» 
^ue  laprinfe  d'tcellefcmene/mt  pareille 
âUprinfc  diiKoyV  rinces  ou  autres  gens 
de  ^r  and  EHat,  le/quels  têutesfQufefr  îs 
efioient  ouaucu  de  tel  Eftat  .fnjî  IKjj^  le 
Dauphin yùu autre  VrUeJe  R  oylepmr^ 
rstt  auoir  s'ilpopu&it^en  baillant  aupr0m 
nant  dix  mtl  francs. felo  le  drotEi^  '^f^g^ 
&  coujluîne  de  Yrace,  LediEi'Euefque 
fommecr  requiert  les  deffnfditSj  ou  no  , 
corne  deffus^  que  ladiBe  VucelU  luyfoit 
baille  e  <j  delturee  en  baillant  feur et édi 
ladtBefomme  dedix  mil  fracs  pour  tou^ 
tes  chofes  quelscsques^O'ledîH  "Eue/que 
depayluy  felo  laforme&peine  du  drotB 
il  requiert  à  luy  fftre  batUci  ^  dtliuru 
amme  deffas, 

F  î  N. 


HISTOIRE    DV 

SIEGE  QVJ  rVT  MiSPtR 

ÎCi  Jonglais  deumt  la,  «x'i/- 
le  d'Orléans  ,  le  Mardy 
doH^iefme  O^ohre  141S. 
remant  alars  Charles  jfep^ 

siejmeRa)/  de 'France. 


E  Comte  de  Sale- 
Ç^fe^  bris  ,  qui  eftoit  bien 
^^  grand  Seigneur  & 
^^^^%|  le   plus  renommé 
''^'^  en  fai^ls  d'armes  de 
tousles  Anglois,  6c 
qui  pour  Henry  Roy  d'Angleterre, 
donc  il  eiioit  parent  j  &  comme  l'on 
Lieutenant  &  chefde  Ion  armée  en 
ce  Royaume  ,  auoiteftéprefenterk 
plufieurs  batailles  &  diuerfes  ren- 
contres &  conqueiles  contre  les 
FrâçoiSjOu  il  s'eftoïc  toujours  vail- 
lamment maintenu ,  cuidant  pren- 
dre par  force  la  Gicc  d'Orléans ,  la- 


^iege  des  An^ols 
Cowwf  quelle  tenoit  le  party  daRoy  fonr 
€€ment  fouiierain  Seigneur  Charles  fepcief- 
du  fie-  me  de  ce  nom ,  U  vint  alîîeger  ,  le 
jfr/'O/ Mardy  douzième  iour  d'Octobre 
haK'sdumil  quatre  cens  vingchiuift  ,  à  tout 
21.  iour  grand  ôft  &  armée',  qu'il  feit  loger 
d'Ocro'  du  coflcde  la  5^ouloigne,  &  près  de 
hre.       l'vn  des  bourgs  qu'on  dit  le  Porte- 
i4iS    reau.  Auquel  oft  &:0rmeeertoient 
auecqnes  luy  Meflire  Guillaume  de 
la  Poulie,  Comte  de  Sutlbrr,&-Mer 
lire  leâ  delà  Poulie  Ton  frere:le  fei- 
gneur  d'EicallesJe  feigneur  de  foli- 
qacmberge  ,  le  B.ailly  d'Eareux    , 
îe  feigaeur   d'Egres    ,  le  feigneur 
de  Mouhns  :IeleigiieurdePoraus, 
Glacidas  fort  renommé  ,  Mefïï- 
re  Lancellot  de  Tlfle  j  Marefchal 
del'oii,&  plusieurs  autres  feigneurs 
&  gens  de  guerre  5  tât  A  ngîois  com- 
me autres  faux  François  tenansleur 
parcy.    Mais  les  gens  de  guerre  y 
rftans  en  garnifon ,  auoieni  ce  mel- 
me  iour  S^au^nt  la  .venue  des  An- 
gloi«  >  du  conféil  &  ayde  des  ci- 
toyens d'OrleanSjfait  abattre  l'Egli- 
fe  &  couuent  des  Auguftins  d'Or- 
léans ,  &  toutes  les  maifons  quilors 
dloiem audit Pprtereau  ,  afin  que. 


^èudmOrkanF, 
leurs  ennemis  n'y  peuiTent  edrefo- 
gez  ne  y  taire  fortification  contrek 
ciré.       .  • 

Le  Dimancheenfuinantietterent 
les  An^ilois  dedans  la  cité  dix  viners 
6c  quatre  pierres  de  bombar  Jes  ^ 
groî canons:  dont  telles  pierres  y 
aiîoitqtiipeloient  cevit  fe^zeliaies. 
Et  entre i£s autres  auoient  aiïîs  prei- 
deUTiiTcie  Saîncbîeaii  le  Blanc  , 
entre  le  preiîoliec  de  la  Faaiece  &  le- 
PortereaUjVn  gros  canon, qu'ils  no- 
:noient  paile  volant.  Lequel  iec* 
toit  pierre  poifant  quatre  vingts  \i- 
ures  :  qui  fit  mouît  de  dommage 
aux  maifbns&  édifices  d'O  Jeans  , 
combien  quiln'ytua  nebîeçafiiion 
vne  Femme  nommée  Belles  ,  de- 
mourant \  près  la  Poterne  Chcl*^ 
nsau.     ,''■ 

Celle  mefme  fepmaine  rompi- 
rent aaili^c  abbacirent  le?  canonc 
ê.QS  Anglois  ,  douze  moulins  qui 
eftoientrur  lariuieredeLoire  ,  en- 
tre la  cité  &  la  rour  neufue.  Pour- 
quoy  ceux  d'Orléans  firent  faire- 
dedans  la  ville  onze  moulins  àche— 
■aaux,qui  moult  les  reconfortoiens^. 


ValîoiYeiâeUVucelte 
Et  nonobftant  les  calions  Se  engins 
des  Anglois,  firent  fut  eux  les  Fran- 
çois eftans  dedansOrlcâs^plufieurs, 
faillies  &  efcarmouchb  entre  le* 
TournellesduPontSc  Sainct  lea» 
le  Blanc  5  depuis  celuyiour  de  Di- 
manelie  iufqurs  au  leudy  vingt  & 
vniefmeiour  da  mefoemois.  Au- 
quel  iour  de  leudy  lairailiircnt  les 
Anglois  vn  bouleuerc^qui  eûoit  fait 
de  fagots  &  de  terre  ,  aiïis  deuant 
les  Tourrielles,  dont  l'afTault  dura 
quatre  heures  fans  ciller.  Car  ils 
commencèrent  des  dix  hevires  au 
matin  ,  &  ne  le  laiiTerent  iufquesà 
deux  heures  après  midy^laou  furent 
fai^ts  plufieurs  beaux  faits  d'armes, 
tant  dVne  part  que  d'autre.  Des 
principaux  François  qui  gardoient 
le  bouleuert  eftoieni  le  Seigneur  de 
Villats  Cappitaine  de  Montargis  : 
Meilirc_  Matthias  Arragonnois  :1e 
Seigneur  de  Guitry  :  le  Seigneur  de 
Courras  jGafcon  ,  le  Seigneur  de 
Sain^lesTrailleSj&fonfreiePoton 
de  Sain^tes  ,Trailles,au(IîGafcon: 
Pierredela  Chappelle^le  Gentilh5- 
inedupaysdeBeauire,&  plufieurs 
autres  Cheualicrs  ôc  Efcuyers ,  Caiis 


ci'OrU.ins, 
ks  Citoyens  d'Orléans,  qui  tousfe 
portèrent tref- vaillamment.  Pareil-  H^rJé^ 
iement  y  firent  grand  iecours  les  ejfe  ùf 
fenumes  d'Orléans  icar  elles  ne  cef-  dtli^ece 
&ient  de  porter  ire$  diligemment  ^a /a» 
à  ceux  qni  defE?ndoit  le  bouleuert ,  mes 
plufieurs  chofes  necefTaires:  com   ^Ok^ 
me  eaues ,  huilles  &  greffes  boiiil-  ans» 
lans,  chaux,  cendres  &  chaufTe-tra- 
pes.  En  fin  de  Taulfaulty  furent  pla- 
ceurs blelîez  d'vne  partiel  d'ailtre- 
mais  trop  plus  des  Anglois  5  dont  il 
y  en  mourut  plus  de  douze  vingts  , 
Lors  aduint  que  durât  Tâflault  che   L^»  Sei^ 
uanchoit  par  Orieas  le  Seigneur  de  neur  de 
Gaucourt  :  carileneftoit  Gouuer-  Cati*. 
neur^mais  en  pafîat  pa«  deuât  Sanit  çQffyg 
Pereempont,  ilcheutdeioncheual  apuntr^ 
pas  cas  d'auenture,tellementqu'iUe  neur 
dcfnoua  le  bras  :  tï  Fulldncontinent  d'Orle^ 
mené  aux  cfcnues  pour  appareiller,  a^s  lorr 
Le  Vendièdyenfuyuant  vingt*  dt^fteie*^ 
deuxiefmc  iour  d'iceluy  mois  d'O- 
€l:obre»ronna  la  cloche  du  Beffroyr 
par  ce  que  les  François  cuidoiêt  que 
les  A  nglois  ailaiiliifent  le  bouleoerc 
des  Tourne! içs  du  bout  du  Pont  par 
la  mine  doc  Tauoient  miné  :  maisiU 
s  en  déportèrent  pour  celle  heureEt 


S^w^£5  des  ^nolûiô 


ce  meime  loiir  rompirent  ceux 
d'Orleânsvnearche  du  pont,  6^^  fi- 
rent vn  bouleuert  ^au  drou  de  la  bel- 
le Croix  ,qui  eft  C\n  le  pont.^ 

Le  Samedy  enfiiyuanc  vingt-troi- 
iîeCmeiour  d'icelm  mois,bruilerenc 
&  abbatirent  ceux  d'Oiltas  le  bou- 
leuert  des  Tour  nel!es&  l'abandon- 
ncrervt :  péirce  qu'il  eftoic  toutmi- 
Vi  é,  'Se  n'eftoit  pas  tenable  au  dit  des 
gens  de  guerre. 

Le  Diraanchevenfliiuant  vingt- 
quatriefme  iour  de  ceniefroemois 
d'Odtobie  ,  alîaillireatles  Angîois 
&  prindrenclesTourneîlesdubéuc 
^  du  pont:  psrce  qu'elles  eftoiet  tou- 
tes Jel'mol'e  ôi  bnlee  des  canons  & 
grolTe  artillerie  qu'ils  auoient  iettez 
contre.  Ht  aufîî  n'y  eutpoint  de  deF~ 
;fence,  parère  qu'on  ne  s'ofoitteiiir 
vdelTous. 

Ceiuv  iour  de  Dimanche  au/ôir, 
veut  le  ComtedeSalebris,  ayant  a- 
neclailcCap)t:iineGlacidas(?<:piu- 
£eurs  âmres,aller  dedans  les  Tour- 
ne) es  ,  après  qu'elles  eure»t  eft^pri 
fes,pour  regarder  mieux  l'alsiete  de 
Oiieans  :  n-ais  ainfi  qu'il  y  fut ,  re* 
gardant  la  ville  par  lesfenefties  des 


deuanf  Orléans. 
'Tournelles  ;  il  fut  actaiiu  dVn  csi-Lecorem 
non  qu'on  diloic  auoireftétirédV'  deSde 
HecourappelieelatOLirnoftfe  Da-  brtstuê 
me  :  combien  qu'il  ne  fuc  oncque  t^yn  Ca 
ïceu   proprement  de   quelle  par  r*o«f/Vé 
il  auoit  eftéiettérpourquoyfutdit  ^f/4 
tîcflors  &:  depuis aiilTîpar  plufieurs  Tourna 
quec'eftoiccîaure  Diuine.  Le  coup  ftreB^* 
d'iceluy  Canon  <e frappa e'i  lateftes  me. 
tellement  qu'il  luy  abbatit  lamoitié 
delà  ioiie  ,&creuavn  de§  yeux,qui 
fut  vn^tresgrâilîien  pour  ce  Roy- 
âiimcrcariieftoit  chef  del'armee  le 
plus  cr;ùnt'  6c  renomméen  armesde 
cous  ies  Angiois.  Ce  m  ?[me  iour  du 
Dimanche  que  ies  Tournelles  a* 
uojcntefl éperdues  , rompirent  les 
François,  eilans  dedans  la  Cué,  vu 
autres  bouieuerc  très  fort.  Et  d'autre- 
part  rompirent  les  Anglois  deux  ar- 
ches du  Pont  deuât  les  TournelLes, 
aptes  qu'ils  les  eurent  prinfes  5  &  y 
firent  tres^ro^  i)ouleuers  de  terre 
&  de  gros  fagots. 

LeLundyluyuant  2.5.  iour  d*G- 
â:obre,  arriuerent  dedans  Orléans 
pour  la  tecoforter/ecouiir  &  aider, 
plufieurs  Seigneurs  5  Capitaines  &: 
Efcuyers  fort  renommez  en  giierre. 


<!erqnels  etloient  les  principaux  , 
ïeanBaftard  dJrleans:  le  Seigneur 
de  Sainâfe  Seuerc  Marefchal  de  Fra 
ce: le  Seigneur  du  Bueil  :  Mcfsire 
ïacqucs  de  Chabanes  Senefchal,  de 
Bourbon  nois:  le  Seigneur  de  Chau- 
moncfui*  Loire  ;  Mefficc  Theaulde 
deValpergnc,  Cheualier  Lombert 
&  vn  vaillant  CapitaineGarcon,ap- 
pellé  Eftienne  deVignolles  ,  didla 
Hire ,  qui  eftoit  de  moult  grand  re  * 
nom  ôc  vaillant  :  les  Capitaines  &: 
vaiUansgens  deguerre  eftans  enta 
compagnie.  Et  pour  lors  eftoit  Ca- 
pitaine dcVendormeMeflîre  Cer- 
nay  Arragonois,&  plufieurs  autres^ 
Accompagnez  de  huict  cens  corn- 
battâs,tani  hommes  d'armes ,  com- 
me Archers ,  Arbaleftciers  ,  auec- 
ques  autres  enfanterie  d'Itahe  ^qui 
portèrent  tecgons.    , 

Le  Mercredy  cnfuyuantvingt^ 
reptiefmciourd'iceluy  mois  ,  tref- 
pafla  de  nuid  le  Comtesde  Salebris 
en  la  villedeMuing^furLoire,  ou  U 
auoûefté  porté  duYiege,apres  qu'il 
eut  eu  receu  le  coup  de  canon,  dont 
il  mourut.  De  la  mort  duquel  fu- 
rent fort  e^bahis  oc  dokns  les  An- 

glois 


d^udm  Orkms', 
gîois  wnans  le  fiege  ,  &  en  Erent 
grâd  due  '1,  combien  qu'ils  failoient 
le  plas  celéement  qu'ils  pouuoient, 
de  peur  que  ceux  d'Ocleiins  ne  s'en 
apperceuifent.    Si  firent  vuider  les 
cntrailles,&:êuoierlecorp5en  An- 
gletfrre.  La  mort  duquel  Comte  fit 
grand  dommage  aux  Anglois  >  & 
par  le  contraire  grand  profit  aux 
François.  ,Plafieurs  dirent  depuis 
que  le  Comte  de  Salebris  print  tel- 
le Çin  par  diuin  iugemant  de  Dieu,&: 
le  croient   :  tant  parce  qu'il  auoic 
failly  de  promeiTe  au  Duc  d' Orléans 
prifonnier  en  Ani^leterre ,  auqiK^  il 
auoit  promis  quM  ne  mesftroiten 
aucunes  de  les  terres  :  comme  auilî 
parce  qu'il  n'efpargnoit  Monade- 
lesne  Eglifes  qu'il  ne  pillaft&fiil;  ^Hj^^/Te 
piller  5  puis  qu'il  y  peuft  entrer.  Q^.  no^re 
font  choies  ailezioduifansà  croire  Dams 
quefesioursen  furent  abrégez  par  de  Cle-^ 
iufte  vengeance  de  Dieu.  Etenef-  rjptH<4 
peciâl  fut  pillée  l'Egliie  noftre  Dà-  pair   l^ 
me  de  Ciery  &c  h  bourg  pareille-  a»^/^ap 
ment. 

Le  Mardy  huiâriefme  lourde  Nô- 
uembre  ,  fut  diuifé  &  defemparé 
roft4es  Anglois,  qui  s'en  allèrent^ 

D 


partie  à  Mning  (ur  Loire  ,  &:  partie 
à  lc!i2,eaii  :  &  laiirerent  groiic^  r^ai ni- 
loii  aux  Toucn elles  &  boaleuert  du 
ponc  :  ocquel'es  demoura  Capitai- 
ne Glaodas  :  ôd  aU'Ccqiies  luy  cinq 
Ctns  combâcans  pour  Ic-s  garder. 

C?  mefnie  M..rdy  bru  fièrent  les 

Anglois  plufieurs  maifons  ,  pref- 

fouers  ô^  autres  édifices  au  val  ds 

Loire.  Et  d'autre  part  mirée  telle  di- 

i.^gécc  les  gens  de  guene  &  citoyes 

d'Orléans ,  qu'ils  brufletcc  &:abati- 

rent  dedans  la  fin  dccç  rnein'emcis 

de  Nouembie  pluficnus  Eglifes  qui 

eftciét  é^  faux-  bourgs  d'entour  leur 

^^1^^  Gité  :  comme TEglilc  de  s.  AÏgnan  , 

*^^^-    patron  d'Orleans:&^iïile  Cloiilre 

t"(S  es  ^'jceJleEgJilc^^quiefmirinotiitbe.AU 

/'"'■-     à  voir:  l'EgliiesS.Michel:  TEc^hle  de 

^f'^^^  saina  Auy  :  la  chappeile  du  Mau- 

^'^^     troy,rEglife,rVs  Victeur^afTifeés 

ledns,    f^ux-boures  de  la  Porte  Boiirgoi- 

gre  :  l'Eghiedefaind  Michel  def- 

iusles  foiïe:^  :  les  îacobins  :  les  Cor- 

delicrs:  les  Carmes  :  S.  Mathnrin  : 

rAumofneS  PGuair,&S.  Laurens 

Bt  outre  plus  brufleren:&r  démoli- 

ier>£  tous  les  faux-bour.^sd'entoui* 

leur  Ck^,  qui  eftoit  très  belle  i^  ri* 

ciie  choie  à  voir  auat  que  ils  fuflenc 


Pi€H4nî  Ovteansl 
abbatus.  Car  ily  auoit  ie  moiiltgrâfd  '^eaux 
édifices  &  r'ches  ,  tellemcat  qu'un  fors-  ^ 
tenoïc  que  c'elloienc  les  plus  beaux  bourgs 
faaxboacg  de  ce  Royaume.  Mais  ce  d'Orle- 
noiiolrftaiit  les abb lurent;  <?<:brufle-  ans  ab^ 
rent  \qs  Fraçois  delà  Gacnifon  Et  ce  batta, 
parle  vouloir  &ayde  des  Citoyens 
d'Orleâs  afin  que  les  Anglois  ne  s'y 
peuifent  loger  ,  parce  qu'ils  eullent 
eftés  Forts  preiudiciable  a  la  Cué. 

Le  premier  iour  de  Décembre 
enfuynâtarriuerentauxTournelles 
du  Pont",  plafiewrs  Seigneurs  An- 
glois  ,  dont  entre  les  autres  eftoienc 
de  plus  grand  renom  ,  Mefîirelean 
Tallebotjpremier  Bai  o  d'Angleter- 
re,Se  le  Seigneur  d'Elcalles ,  accom- 
pagnez de  crois  cens  combacâs  ,  qui 
y  amenèrent  viures ,  canons  ,  bom» 
bardes  5c  autre  habillemês  de  guer- 
re jdefquelsils  ietteren»: contre  Ws 
murs  &  dedans  Oleans  plus  cou- 
tiijuellcment  &  plus  fort  q-  e  ieuat 
n'auoienc  fait  au  viuant  du  Comte 
de  Salebris  :  car  ietc.v,e.it  dételles 
pierres  ,  qui  pefoient  huiâ:  vingts 
quatre  Hures  ,  qui  firent  plufieurs 
maux  &  domages  contre  la  cité ,  éc 
en  plufieurs  m4l6i&  beavix  édifices 
Dii 


^ie^e  des  AngÎGtf, 
d'i  celle,  fan  s  perloniieLUcrneble- 
cerqu'ontenokà^randmeme  lie. 
Car  entre  les  autres  en  h  i  ue  aux  pe- 
tirs  bouliers  en  chci-icvneenrhoftel 
&  fur  la  table  d'vn  homme  qui  d:I- 
noitjluy  cinquiefme ,  fans  aucun  en 
tuer  neblecer  :  qu'ondit^uoirefté 
miracle  fait  par  noftre  Seigneur  a  li 
rjquefte  demonfieur  Sain^fc  Aignet 
patron  d'O'lean  s. 

Le  Mardy  enfuyuent,à  trois  heu- 
resdumatin/onnaladocheduBef- 
froy , parce  que  les  Françoi';  cui<lc- 
renr  que  les  Anglois  voufilTentaf^ 
faillir  le  bouleuerc  de  la  belle  Croix 
fur  le  pont:  Etaulïïen  vauoitdeux 
qui  Tanoienr  defia  efchelé  iufqi-ies  à 
rvnedéscanouîeresrmaisilss'en  re- 
tournèrent tantoft  en  leurs  Tour-^ 
nelles»  Et  tandis  obftant  ce  qu'ils 
apperceurent  que  les  An^^lois  fai- 
/oient  le  guet,  Ô^auoient  appareillé 
touteS'chofeSjCommecanonSjarba- 
leftres^  fondes  à  bafton ,  couleuri- 
|ies,pierres&  autres  habiUemens  de 
guerre  liecelïaîres  k  leur  dcfïènce,  fi 
onlesalTailloir. 

JLeîeudy  vingttroifîefme  iour  de 
ce  mois  de  DccerabrejCommencaà 


dettdnt  Orléans. 
ietter  la  bombarde  ,  ictcant  pierres 
poifinsfix  vingts  11 ures  ,  que  ceux 
d'Orléans  auoient  lors  Faitfaire  cou- 
teaeufae  par  vn  nommé  GuIUm- 
me  Daifyjtref-lubtilouurier:  &  fac 
aflfortie  à.li cloche  à^s  moulins  de 
la  poterne  Chefneau  ,  pour  ietter 
contre  les  Tournellcs  :  auprès  delà 
quelle  eftoiêc  adortis  deux  canons; , 
Tvn  di6t  Montargis ,  &  l'autre  Rif- 
fl;»rd  ,  qui  durant  le  fiege  iecrereac 
contre  les  Anglois ,  ôc  leur  Hreatdre 
grands  domm^iges. 

Le  lour  de  Noël  enfuiuant  furent 
données  &:o6lfoyeestrefue^idvne 
part  &  d'autre ,  durant  dç^puis  neuf 
heures  au  matin,  iufques^  trois  heu- 
res après  midi.  Et  ce  temps  durant 
Glacidas  &  autres  Seigneurs  du  pais 
d'Angleterre  requirent  au  baftard 
d'Orléans  3c  au  Seigneurde  Sain<^le 
Seuere^Marelchrl  de  France ,  qu'ils 
euïïent  vne  no^  de  haulc  mene- 
ftriers  ,  trompettes  &  clairons  ;  ce 
qui  leur  fut  accordé  :  &  ioUerent  les 
inftrumensades  longuement  ,  fai- 
fans  graade  mélodie.  Mais  (x  toffc 
quelestrefues  furent  rompues,  ie 
print  chacun  garde  de  foy-  Durant 
D  iij 


^iegedes  4nghis, 
les  feftes&  feiries  de  Noël,  ietterent 
dVne  partie  &  d'autre  ,  tiesfort  & 
horriblement  de  bombardes  &  ca- 
nons: Mais  fur  tous  failoit  moult  de 
mal  vn  couleurinier  natif  de  Lorrai- 
ne, eftanjlorsdelagarnifon  d'Or- 
leâns,nommé  Maiftrelean  ,qu'orf 
difoit  eflre  le  meilleur  maiftre  qui 
fuftlorsd'iceluy  meftier.  £t  bien  le 
nionftra:carilauoit  vnegroire  coa- 
leurine,  dont  il  ieuoit  fouuent  eftat 
dedâ<;  lespiliers  du  pontpres  du  bou- 
leuert  delà  belle  cro^x,cellemêtqu'il 
en  tua  &:  bleça  moult  d'Anglois.  Et 
pour  les  mocquer  ,  fe  laiiroit  aucu- 
ncFois  cheoir  à  terre  faignant  eftre 
moaoublecé,  5c s'en  faifoit porter 
en  la  ville. Mais  il  retournoit  incod- 
nentàrefcarniouche,  &  faifoit  tant 
que  les  Anglois  Icfçauoient  eftire  vif 
en  leur  grâd^ommage  &  derplaifir. 
Le  Mercredy  vingneufiéme  iour 
d'iceluymois  de  Décembre  furent 
bruileés  &  abbatues  plufieursautres 
Eglifes  &  maifons ,  qui  eftoient  en- 
core demourees  auprès  d'Orléans  : 
corne  S.  Loup.  S  Marc,  S  Geruais, 
S.  Euuerire,laChapeleS.  Aignan, 
S.  Vincent  des  Vignes, S.  Lazare,  S; 


deudnt  Orléans, 
Pouair ,  &  auffili  Mtgdileine:  afia 
que  les  Ang^ois  nele  peuflTec  la  loger 
recraire&forcilier  contre  la  cite.  Le 
pcauhiétne  iour  d'iceluy  mois  arri- 
iiereiic  eiiaiion  deax  mil  cinq  cens 
combatans  Anglois  à  S.  Lauies  des 
O  r^erilz  pres'û'Oilcas,poiir  la  fer- 
mer vil  liege,  Delquels  etloienc  C^- 
pitaines,leCotede  Safïjrt5c  Tal- 
boCjMelTîre  leâ  de  la  Poalle,  le  Sei  - 
grieiir  dXfcales,  Médire  Laceloc  de 
riile  &  plufienrs  autres.-Mais  a  leur 
venue  furêc  faites  ce  iour  grades  r^,i- 
carmoLiches.  CarleBaftard  dOt- 
leaiis  le  Seigneur  de  îainfhe  i'eu  r.», 
meflîre  iacques  deChabanes,&pUi 
iieurs  autres  Cheaaliers.Efcuiers  & 
Ciroyens  d'Orléans, quimoultvaiU 
lâiTicicfe  porterec ,  leur  allèrent  au 
deuâc3<r  les  reciieilhccnc  cô:ne  'ears 
ennemis.  £c  lafarcncfats  plaieurs 
beiux  faits  d'armes  d'vnç  partie  5c 
d'autre.  En  celles  efcarmouches  fac 
blecé  au  piedd'vn  mit  des  Anglois, 
Mefîîre  Tacques  de  Chibanes  écio\\ 
cheu^l  tué  par  cas  pareil. 

Ce  meuïic  iour  auffifiarent  faits 
pluiieurs  beaux  faits  d'armes  d'vne 
partie  &  d'autre  enairon  la  Croix 


Siège  des  4ngUà, 
BoifTee  près  de  Sainà  Laurens»   Et 
icxit  ce  iour  feift  grandement  de- 
uoir  Mdiftre  lean  à  tout  fa  coule- 
Hrine. 
Ce  Vetidredyjdemieriour  de  Tan, 
j  à  quatre  heures  apresmidy,eut  deux 
^'^^^^^  François,  qui  deffisrent  deux  An- 
dcHX     glois  a  faire  deux  coups  de  lance  :& 
Wfé(f6is  1^^  Anglois  rec eurent  le  gage   Vwn 
a^omre    ^ç^  Erançoisauoit  nom  le^nle  GaP- 
sien):     ^ygj.  ^  3e l'autre Vedi lie,  tous dens 
Affjois  Q  ^  fcorjs^  Je  la  compagnie  de  la  Hi  - 
re.  Ledit  Gafquetvintpreraierco- 
tre  ion  adnerfaire  &  le  ietta  par  ter- 
re  dVn  coup  de  lance  :  mais  Vedille 
êc  Vautre  Angloisne  peurent  vain- 
cre Tvn  l'autre. Pour  lefquels  regar- 
der auoit  aifez  près  d'eux  plufieurs 
Seigneurs^tant  de  France  que  d'An- 
gleterre. 

Le  Samedy  enfuyuant  premier 
iour  de  l'an  eut  vne  groife  efcar- 
mouche,  enuïron  trois  heures apre^ 
midy  ,enLrelariuièreFlambert  ,  la 
porte  Regnart,&  la  Greue:  la  ou  fu- 
rent plufieurs  tuez  ,blecez&prins 
pri(onniers  dVne  partie  de  d'autre  ^ 
&  plus  de  François  que  d'Anglois. 
L*Abbéde  Cerquenceaux  ,  quoft 


douant  Orléans, 
dîfoit  eftre  Religieux  ,  eftoit  moule  VAh^é 
vaillaut-poar  les  François  y  facb!e-  di-  Ccr- 
ce,  La  fut  auffi  perdu  le  chariot  ie  ^nc?}- 
lacc>uleurir>e  &  prias  par  les  An-  ce4iix 
glois  :  parquoy  furent  les  François  blecé, 
contraints  de  reculer  haftiuement , 
parce  que  les  Anglois  faiHirenc  à 
grande  puiiTance. 

Le  Dimanche  enfayuant ,  à  deux 
heures  après  minuict ,  fonna  la  clo- 
che de  la  cité  aTefîToy  ,parce  que 
les  Anglois  cuiderent  efcheller  le 
bouleuert  de  la  porte  Regnac  :  mais 
ils  trouuerent  ceux  de  la  cité  qui  fai- 
foient  bon>  guet ,  &  contraignirent 
les  Anglois  d'eux  en  retourner  à 
grand  hafte  dedans  leur oft  &baftiU 
le  deSaind  Laurens  dçs  Orger)lz- 
Si  ne  gaigiierent  qu'eRre  mouillez: 
carduranccelle-heurepleauoittres- 
fort. 

Le  Lnndy  enfuyuaiit  troifiéme 
iour  de  lanuier  atriuerentdeuers  le 
matin,  dedans  Oirleans ,  neuf  cens 
cinquante  quatre  pourceaux  ,  gros 
&  gras. &  quatre  cens  moutons.  £c 
palTi ccluy beftial an  oortde  Sain^b 
Loup ,  dont  le  peuple  d^Orleans  fat 
fôrrioycax:  carilsvindrentau  be-- 


Siège  des  ^n^lols 
foing.  Le  Mardyeniumâtiiij.iour 
d'iccluy  moiSj  ôc  enuTon  trois  heu- 
res après  minuit.  Ton  na  la  cloche  du 
Beffiroy  :  parce  que  les  An^loufe 
vindrent  prefenterdeuant  le  boulf- 
«ert  de  la  porte  Regiiart,  ou  ils  firct 
àtotisgranserisfonnerleurs  tropej 
tes&  clairons:  Se  auffi  (îrêt  pareille- 
mentceux  des  Tournellei  cones'ils 
voulfilTét  alïàillirle  bouleuert.Mais 
ceux  d'Orléans  fe  portèrent  fieran- 
dementj&tantfàgementfedeftedi- 
rcnr  des  canons&autres  habillcmês 
de  guerre,queles  Anglois  fe  reculè- 
rent en  leurs  baftilles  de  S.  Laurens 
Le  Mercredy  cnfuiuant  vint  Mef- 
fîrc  Loys  Deculan ,  Admirai  de  Fra- 
ce  y  Se  deux  cens  combatansauec- 
ques  iuy  courir  auPortereau  deuant 
les  Tournelles,  où  eftoient  les  gar- 
nirons des  Anglois  ,&  malgré  eux 
pcflà  Loireau  port  de  Saind  Loup  : 
&  s  en  entra  luy/es  gens  ,  dedans  b 
Cité  pour  fçauoir  de  Tes  nouuclles , 
&  du  gouuernement  d'elle  Se  des 
François  y  eftans.  Auquel  &  à  Tes 
g-ns  fut faicl  grand'  chère, &  moult 
furent  louez.  Caraufli  s'eftoient 
ils  portez  vaillêmcnt  contre  les  An» 


deuant  Orléans. 
gloisà  refcarmouche  du  Portereau.' 
Le  leuiylayuant  fefte  de  laT  ii- 
pliaine,c*eil;  des  Rois/aillirec  d'Or  - 
ieans  les  seigneurs  de  s.  seuere,& 
DecuIanrMellîœTheauldede  Val- 
pa  rg  11  e,  <§«:  plu  fleurs  mcres  gens  de 
guerre  <Sc  cuoyês:  Sc  firent  vne  grâ^ 
de  efcarmouche  ,  ou  ils  ^e  porcereat 
trei-grâdemenc  contre  1(  s  Angiois, 
lefquelsfedclîendircncbîeQ  .Scnir- 
diment  Auffieftoientds  beaucoup 
de  seigneurs  d'An2,leterre  ,tancde 
Cheuaii  :rs  corne  d'Efcuyers  :  mais 
on  ne  fç^sit  leurs  noms.  Acelle  efcar  "*  Deux 
mouche  (e  porta  pareillemêt  moule  i-a/i^,'- 
biêmaiftre  leaatoutfacouleurine.  esfa'us 

^  DiirantceUiy  temps  auoient  tant /S//-  U 
trauaillé  les  Angiois  ,  qu'ils auoient  ri-iiere , 
faiîk  deux  bouleuers  fur  la  riuitre  l'-^^n  k 
de  Loire,  rvneftanten  vne  petite  l'ed)-otf 
Jfle  du  cofté  8c  au  droi6t  de  sainôfc  S .  L^H' 
Laurens,quieft:oiêtfai6ls  de  fagots,  Kî?^5  O* 
f^blon  &  de  bois.  EtTautreau  châp  i\mtre^ 
des.  Pnné  au  droid  del*autre,S^  fur  l'edroh 
leriuage  de  la  riuiere  ,  laquelle  ils  S  Vnuê 
pa(K)ient  en  celuy  endroit ,  potcans  ^y  a^ 
viures  les  v-is  aux  autres-)ît  pour  les  mit 
garder  auoiêc  fait  Capitaine  Mefîire  pont  ^ 
traders  U  rinuYS  pur  faconYtr  tyal'auîrg. 


Siège  des  ^Anghls 
Lancelotdcriile,  Marelchal  d'Ait-- 
gleterrc. 

Le  leudy  dixième  iour  d'iceluy 
jnefme  mois  arriuerenc  dedans  Or- 
léans grande  quantité  de  pouldces 
de  canon ,  &  pludeurs  viures  qu'on 
y  amenoit  de  Bourges,  pour  la  con- 
forter  &  fecourir-  En  iceluy  ioury 
cutauffivne  tre(gro lie  &  forte  e(^ 
carmouche,rant  des  canons  comme 
d'autre  traid  &  couleurincs  :  donc 
ceux  qui  lesietcereni  fî-ent  grande- 
ment leur  dcuoir.  Se  tellement  qu'il 
y-eut  beaucoup  d' A  nglois  tuez  Sc 
plufieurs  prins  prifonmers. 

Le  Mardy  enfuiuant  enuiro  neuf 
Eeuresde  nuit  fut  toute  la  couuerta. 
re&le  comble  des  Tournelles  ab- 
batue  &  iettee  en  bas  ;  &  fix  An- 
glois  tuez  defÏÏ)ubsdVn  coup  de  ca-^ 
Bon  de  ferqui  eftoit  aiforty  au  bour* 
leuert  delà  belle  Croix  du  pont,  ÔC 
<s|u  on  feift  ietter  à  celle  heure. 

Le  Mercredy  enfuiuant  douzième 
âour  d'iceluy  mois  de  ianuier,fontia 
la  cloche  à.  l'efïroy  :  parce  que  fes 
Anglois  firent  merueilleux  cry ,  Se 
fbnnerent  leurs  trompettes  &  clai- 
iionsdeuantie  bouieuext  de  la  porte 


àeu4nt  Orléans, 
Regnarc.  Et  ce  mefmciour  arriue^ 
teiu  dedans  Ofleans  vers  le  matini' 
fix  cens  pourceaux. 

Le  Sa  nedy  enfuyuantquinziéme 
iourdu  tnefne  moiSj  cnuironhui6b 
heures  de  nuit,  faillirent  hersde  la 
cité  le  Baftard  d'Orléans  ,  le  Sei- 
gneur de  Sain  de  Seuere,  &  Meffire 
Jacques  de  Chaôanes  ,  accompa- 
gnez de  pluilcursCheualier  s  ,  Ef- 
cuierSjCapitairtes  &  Cytoiês  d'Or- 
léans ,  Se  cuidoient  charger  fur  vne 
partie  de  Poil:  de  Saind  Laarens  des 
Orgenlz  :  mais  1  s  Anglois  s'en  ap- 
perceurent  ,&  crièrent  a  rarme  de- 
dans leur  ofl:  :  parquoy  ils  s'armè- 
rent tellenent  Qu'il  y  eut  vne  grolle 
&  forte  efcarmouche.  En  fin  fc  re- 
trairent  les  François  au  bouleuert 
delaporreRegnart  :  Caries  An- 
glois faillirent  à  toute  puifTance  , 
combien  qu'en  leur  faillie  furent 
trefb  enbatruz. 

Le  Dimanche  enfuyuât ,  enuiron 
d^u^  heures  après  midy  ,arduerenc 
en  Vod  des  Anglois  douze  cens 
combactans, dont eftoit chef  Mef- 
firelean  Fa(cot:  Etamenerêt  auec- 
ques  eux ,  viures ,  bombarde5  >  ca- 


Slezecies^nilois 

o  es 

fions ,  poudres .  tcaidts  6c  autres  ha- 
billemens  de  guerre  ,  dequoy  leurs 
gens  de  l'od  auoiéc  grand  roufïr.eté. 

Le  Lundy  enfuyuant  dixCepcicf-» 
tne  d'iceluy  mois  ,  adaint  moult 
merueilleuxcas  :  caries  An^loisiet- 
terenc  vn  Canon  de  leur  bouleuerc 
de  laCroix  Boitïee  ,  donc  la  pierre 
cheut  deuant  le  bouleuerc  de  la  por- 
te Banier  ,  au  milieu  de  plus  de  cent 
perfonnes  fansaucû  bleçer  ne  tuer: 
mais  frappa  (êulemêt  par  le  pied  ra 
compagnon  François  ,tant  qu'elle 
luy  ofta  le  foulier ,  ù ns  luy  faire  au- 
cun mal ,  qui  eit  chofe  merueilleufc 
à  croire. 

Cv^luy  mefmeiour  fe  deuoitfdire 
vn  gaigede  bataillede  iix  François 
contre  fix  Anglois  au  pr©chain 
champ  de  la  porteBanierrla  ou  fou-^ 
loit  eftre  le  coulombier  Turpui  : 
mais  il  ne  fe  fîft  point, combienqull 
netintaux  Fruiçois.  Car  ils  (e  pre- 
fenterent  contre  leurs  adueriaire?  , 
qui  ne  vindrent  ne  comparurent  , 
auecce  n*oferent  faillir. 

LeMardydixhuidiéme  d'iceîuy 
mois  de laaieràneuf  heures  de  nuit, 
tirèrent  les  Anglois^eilans  es  Tour- 


deuam  Orleum, 
nelles , viicanon au  bouleuert de la^ 
belle  Ccoix,  qui  frappa  vu  nommé 
le  Gi(l:iilier,nacif  d'Orléans ,  lequel 
en  les  regardant  bâdoic  vne  arbalc- 
ftre  voulant  tirer  contre  eux. 

Le Mardy  d'après arriucient  de- 
dans OrleanSsainfi  comme  aux  por- 
tes ouurans  ,  quarente  chefs  d'au- 
mailles  Se  deux  cen*-  pourceaux. 

Celuyiour  &  coft  après  l'entrée 
du  beftialgaignerêt  les  x\nglois  des 
Tournelles  la  ckarriere  jdeuxlen- 
tines&cinq  cens  de  beftial  ,  que 
marchans  cuidoientamener  dedans 
Orléans ,  lefquels  furet  encufez  par 
aucms  traitbes  dVn  village  empres 
dit  SandiUon  :  afin  qvi'iis  enlTent 
partie  du  butin  :  5c  au(Iî  fut  après  le 
bcftial  butiné  alargeau  jeftantlors 
A'i^lois. 

Celuy  mefme  iour,  enuiron  trois 
heures  après  midy-eut  vne  grolfe  Se  jflcde- 
forte  ef:armouche  en  vneifledeuât  f^^^it  S. 
la  croche  des  moulins  de  Sarn6t  aï-  ^2»^. 
gnan:  parce  que  les  An g^ ois  rompi- 
rent le  conduid  pour  pafTcir  la  char- 
riere  qu'ils  auoient  gaignee  au  port 
de  saillit  Loup     Et  les  François  , 
tant  gésdc  gaetre  comme  citoyens^ 


S'tege  des  ^nglois 
-feUfeent  d'Orléans,  &  fe  firent  pal- 
ier Teau  en  celle  iHccuidans  recou- 
urer  leur  charrierc  perdue  dés  le 
matin.  Arencontre  detquelsyflîc 
grand  puilîàn ce  d'Auglois  ,  qui  e- 
ftoient  embufchez  derrière  la  Tur- 
cie,vn peu  plus  loing  que  Sain6fc leâ 
le  Bkn  c*:  &  faifans  grans  cris  »'ad- 
drefîerent  contre  les  François  qui 
Feri  rctournoient ,  &c  recuLret  ve  s 
leurs  boulcuers  cres-haftiuement  : 
ce  qu'ils  ne  fceurenc  faire  (i  toft  que 
il  n'y  en  demouraft  vingt-deux 
morts.  En  outre  y  furent  prins  deux 
Gentils-hommes  ,  l'vn  nommé  le 
petit  Breton  ,  qui  eftoit  auBiftard 
d'Oileans  :  ici'autre  nommé  Ray- 
monetjeftantau  Marefchal  de  Sain- 
û,t  Seuere  A  icelfe  efcarmouche 
CutaufîîpcrJaevnecouleurine,  qui 
eftoit  à  Maiftre  lean  ,  lequel  fut  en 
grand  penl  d*eftre  prins  :  Carain- 
£quM  iecuiJa  retraire  en  fa  fenti- 
ne  d'autres  fe  boutèrent  dedans  a- 
îiec  luy ,  Lellement  qu'elle  enfonça 
en  la  riuiere  :  parquoy  il  fe  cuida  re- 
praire dedans  vn  grand  chalan  :mai$ 
il  ne  peut  oncq'es,parce  qu'il  eftoic 
ja  party,  Touttsfois ,  voyant  le  de- 


df.ii.mt  Orléans, 
ftoit  danger  ,  fcit  tant  (?{n'il  faillit 
lurlapefuire  ,  qui  luy  deinoura  en 
la  main  ,  ainfi  qinl  s'efïbrca  pour 
faillir  de  l'eau  ou  chaian  au  dernier  t 
nonobrtanc  toures  telles infortuni -• 
tffz  nageant  fur  la  peautfevint  àii- 
ue ,  Se  te  fauua  dedans  la  ciié  îei(îanc 
fa  couleurinejagaignee  parles  An-» 
glois,,qui  remportèrent  aux  Tour- 
aelles. 

Le  leudy  enfuyuant,viHgt  feptief- 
ms  d'iceluy  mois  de  lanuier ,  a  trois 
heures  après  midi  eut  vne  trci-grof- 
fe  efcarmouche  deuant  le  bouleuert 
de  la  porte  Reguart  :  parce  que  de 
quatre  à  cinq  cens  combattans  Aii'- 
giois  y  vindrent  de  leur  baftillefai- 
fans  tiefgrands&merueilleux  cris^ 
Contre  lelquels  faillirent  ceux  de 
Oileaas  parleboulenertmefmejâc 
fe  hafterent  tant  qu'ils  fe  mirent  en 
deûrroy  :  parqiioy  le  Marefchal  de 
5'ainâ:e  Seuere  les  feit  retourner  de- 
dans. Et  après  qu'il  les  eut  mis  eii 
ordonnance  les  feit  de  rechef  fa  llir, 
&:  les  conduit  tant  bien  par  fonlens 
&proëlTe  qu'il  contraignit  les  An- 
glois  de  retourner  en  leur  oil  ôc  bâ-^ 
iiiile  de  Siiinôt  Laurens, 


Sicce  des  A^Z^oif 
LeVendredy  iliyuant  arriuerent 
dedas  Orleâs,  enairononze  heures 
de  nuiâ: ,  aucuns  Embairadeurs  qui 
auoient  efté  enuoyez  deuers  le  Roy 
de  parla  ville  pour  auoirfecours. 
Le  Samedi  enfuiuât  vingciieufiéme 
iour  du  mefn-  e  lanuier  a  huiâ:  heu- 
res du  matin  firent  les  Angloi,s  graJs 
cris  en  leur  oft&  baftilles,  fe  mirenc 
en  armes  à  grand  puiQ'ance  &  par 
grand'  ordonnance  continuas  touf- 
ioLU's  leurs  cris  ,  <5d  faifansdemoii' 
flrance  de  grand  hardimêt,  s'en  vin- 
drent  iufques  à  vne  barrière  qui  e~ 
ftoit  en  la  greue  deuant  la  Tour  no- 
ftre  Dame,  Sciufques  deuant  le  bou- 
leuert  de  la  porte  Regnarc  r  mais  iU 
furent  bien  leccuz.  Caries  gens  de 
guerre  &  beaucoup  de  peuple  d'Or- 
îeâs  faillirent  incontinêt  contre  eux 
bien  ordonnez,tellement  qu'il  yc  ut 
vae  cr^S'  forte  Se  grande  efcarmoa- 
che  5  tant  la  main  comme  des  ca- 
nons,couleurines  &  trai6t  :  &  y  eut 
beaucoup  de  gens  tuez  ,  blecez  Se 
prins  prifonniers  d'vne  part  Se  d'au- 
tre. Et  par  efpecial  y  raourut  vn  Sei- 
gneur d'Angleterre,  que  les  Anglois 
plaignoieiic  moult  ;  &  le  portèrent 


diumt  Oïlems, 
enterrer  à  lar^eau.  Eu  ce  iour  mef- 
medeuersîe  maiin  aafllaL'ciuereriE 
dedans  Orléans  le  Seigntar  de  Vil- 
lars ,  le  Seigneur  de  Saictss-Trailles 
&  Potoa  fou  frere,MefïîreTernay, 
&  autres  Cb  euahers  <5c  Efcuiers  va  • 
naiis  de  parler  au  Roy. 

Le  Diaianche  d'après  Te  pircit 
d'Orléans  ditranc  la  nuit  le  Billard 
d'Orléans  accompagné  de  piaficurs 
CHeualiers^c  Efcuicrs,  pourailerà 
Blois  deuers  Charles  ,  Comte  de 
Çlermot^fils  ail  né  du  Duc  de  Bour- 
bon,Pourquoy  les  Anglois  les  ova& 
parler  ciierencàrarme.&:  fi  firéc  fort 
guet  ,  doutans  qu'ils  ne  les  voullîC- 
ient  aHaillir  en  leurs  baftilies. 

LelendCiTiain  ioLir  deLûdi  vingc- 
quatriémeiour  d'icelui  mois  de  lan- 
uier,enuiro  cjuatre  heures  après  mî- 
dy,arriua dedans  Orléans  la  Hire,& 
auecques  luy  trente  hommes  d'ar- 
mes.cotre  leîqaels  ietteient  les  An- 
glois vu  ۉiion,dontla  pierre  cheuc 
aumiheu  d'eux  ,  lors  qu'ils  elloienr 
à  l'endroit  de  la  porte  Regnart ,  co- 
bien  qu'elle  n'en  tua  ne  bleca  au- 
cun, qui  fut  vue  grade  merueiUe  Si 
entrèrent  fa  in  s  (Se  faus  eu  la  ville.-  >. 


Ste^e  des  Angio/} 
&  en  allèrent  rendre  grâces  à  noftre 
Sei^neur^qui  les  auoit preicr ucz  de 
mal. 

Le  Mercredy  vingtfixiefme  du 
mefine  lânuier  vne  forte  etcarmoa- 
chedeuatitle  bouleuert  delà  porte 
Bânier:  parce  que  les  Anglois  adui- 
ferent  cautement  que  le  Soleil  luy- 
foitauvifage  des  François,  qui  e- 
ftoient  hors  du  bouleuert  pour  ef- 
carmoucher  :  Et  faillirent  de  leur 
oft  à  groffe  puilîance ,  monflrans 
grand  femblant  de  hardieife  :  &  fi- 
rent rant qu'ils  reculèrent  les  Fran- 
çois iufques  à  la  douue  des  fofTez  du 
bouleuert  &  de  la  Ville,dont  ils  ap- 
prochèrent vn  deleHrseftendars  à 
vne  lance  près  du  bouleuert  »  com- 
bien qu'ils  n'y  arrefterent  quVn  pe- 
tit :  parce  qu'on  leur  iettoit  d'Or- 
léans &  du  bouleuert  moult  efpef- 
femens  decanonSjbombardeSjCou- 
kurines  &  autre  traid.  Et  fut  dict 
qu'en  celle  efcarmouche  fut  tué 
vingt  Anglois/anslesblecez.  Mais 
des  François  n'y  mourut  qu'vn  des 
Archers  du  Marefchal  de  Sainde 
.Seuere,  quifuttuéd'vn  canon  mef- 
ine  d'Orléans  ,  doaufon  maiflre  & 


Mettant  Orléans, 
l^s  autres  Seigiieuis  furent  bien 
marriz. 

Le  lendemain,  qui  eftoit  Iç  Samc* 
*)y  vjngtneutielme  d'icel jy  mefrne 
mois  àt  I  inuier  ,  fat  donné feiMeré 
dVne  part  &  d'autre  à  \\  Hire  &. 
MeflîreLancelotdel'ifle  de  parler 
enfentble  Ce  qu'ils  iiient  enuiroii 
l'heure  de  f-r  lier  les  poites  :  Mais 
apresquds  eurent  parlé enfemble  , 
&que  l'hearedelafeuretéfut  paf- 
fée  t  comme  chacun  d'eux  s'en  re- 
tournoit  deuers  (es  gf  ns,ceux  d'Or- 
ieansietterent  vn  canon,  qui  frappa 
Meflîre  Lancelot ,  tellement  qu'il 
luy  enleua  la  tefte  dont  ceux  de  l'oft 
furent tres-dolens:  canleftoitleur 
Marefch.J.Sc  bien  vaill  tnt  homme. 

Le  iour d'après,  qui  fut  Diman- 
che ,  eut  vne  forte  e!l:armouche  ; 
parce  que  les  Angloislenoient  des 
charniers  ,  c'eil  des  efchal  its  àts 
vignes  d'enuiron  faind:  La-^are  &S. 
Ican  de  la  Ruelle>pres  d'OLleans,& 
les  emportoiêt  enleuroftpourcux 
chaufïer  :  Pourquoy  V:  Marcfchal 
deSaindeSeuere  laHire,  Poton  , 
Meflîre  ïacques  de  Chabane.sMel- 
fire  Denis  de  Ghailly,  Meflîre  Cer^ 


Strge  des  Anojols 
liais  ArrafToiinois  ,  &c  pliifienrs  au- 
tres ci  Oileans  en{aiiluenthors  &C 
fe  frappèrent  en  eux  ,  &  les  afTailli- 
srent  vaillamment ,  tellement  quMs 
en  ta  rent  fept ,  &:en  amenèrent 
quatorze  prifonniers  dedans  leur  ci- 
te.  En  laquelle  celuyiour  irefpaiïii 
vn  vaillant  bourgeois  qui  en  eiloit 
nat>f,nommé  Simon  de  Baùgener  , 
qui  auoit  efté  blecé  en  la  gorge  d*vn 
tt-xCt  des  adutrfaires.    Et  le  lende- 
niaui  iour  de  Lundy  trente  &  vnic- 
nie  ôc  dernier  d'icelay  mois  de  lan- 
uier  ,  arriuerent  dedans    Orléans 
huid  chenaux  chargez  de  huiles  & 
degrelîes. 

Leleudyenfuiuant  troifiémeiour 
de  Feurier  iffirentd'Ocleans  le  Ma- 
refchaldeSainde  Seuere  ,  MefTue 
îacques  de  Chabanes  la  Hire,  Cou- 
ras  ,  &  plufieurs  autres  Cheuahers 
èc  Ffcuiers  r&coutirent  iniques  au 
bouleuertdc  Sainâ:  Lanrens  Pour- 
quoy  les  Anglois  crièrent  aux  ar- 
mes ,  defpioieient  douze  de  leurs 
banieres  ,  &  fe  mirer. t  tons  en  ba- 
taille en  leurs  ofts/au?  yfîir  de  leurs 
bouleuers&  barrières.  Les  Fran- 
çois en  fin   de  pièce  voyansque 


leurs  enne.nis  ne  failloient  ,  s*en 
rctouriicrenten  belle  ordonnance 
dedans  leur  cité  ,  fans  autre  chofe 
faire. 

Le  Samedy  cinquième  d':celuy 
mois  vindrent  an  foir  à'  portes  fc r- 
mans  dedans  Orléans  vingtfix  c6- 
bâttans  ,  très  vaillans  homm<:s  de 
guerre  &  bien  habillez,  q^ii  venoiêc 
de  Souloigne,&  cftoiencau  Maref- 
chal  de  S  wnô  e  Seueie  :  Lefque-s  fè 
porttrenv  très  grandement  ,  t^nc 
qu'ils  furent  en  lagamifon, 

Le  lendemain  iour  de  Dimanche 
enuironvefpresaillirent  d'Orléans 
le  Marefchal  de  SainCte  Seuere  , 
Chîb.uies,la  Hirejl^otoB,^:  ChaiU 
ly,auecques  deux  cens  combattans, 
èc  furent  courir  iufques  enuiron  la 
Magdaleine  :  là  ou  ils  trouuerenc 
le  Sc^'gneur  d'Efcalles  ,  &  trente 
combatcans  auecques  luy  ,  qui 
reculèrent  bien  haftiuement  en 
leur  oft  &  bastilles  de  fàinâ:  Liu- 
rens  :  combien  qu'en  la  fin  furent 
la  que  tuez  que  prins  quatorze  An- 
glois. 

Le  Lundy  fêptiefmp  d'iceluy  mois 
tu:nuerent  dedans  Orléans  Mellîre 


Sicgeâe s  Anglais 
Theauî^ede  Valperge,  Meiîîrelea 
de  Lefcot^gafconjôc  autres  Ambaf- 
fadeurs  ,quivenoienc  de  parler  aa 
Roy  pour  apporter  les  nouuellesda 
fecours  qui  dcuoit  venir  Icuer  le 
iîege 

Le  lendemain  iour  de  Mardy  en- 
trèrent dedans  la  ville  d'Orléans 
plufieurs  cres-vaillanshomnies  de 
guerre  &  bien  habillez ,  &  entre  les 
autres  Mefîîre  Gaillaume  Eftruart 
fieie  du  Conneftabled'EfcolTe,  le 
iSeigneurdeSaucourc  ,  le  Seigneur 
Veidaran,  6^  plufieurs  autres  Cbe- 
urJiers  &  Efci-yers  .accompagnez 
de  mil  combattans  ,  tellement  ha- 
billez pour  faicl  de  guerre  ,que  c'e- 
{loit  vne  moiili  belle  chofe  à  voir. 

Cemefme  iourarr<uerent  de  nuit 

deux  cens  combattans ,  qui  eftoîent 

à  Meflîre  Guillaume  d'Alebert,& 

peu  après  (îx  vingts  autres  eftans  à 

la  Hire. 

^ppÀ-      Enuiron  ces  iours  suoitvne  ieu- 

yitioH    ne  Pue  *lle  nommeeIeanne,natifue 

fatBe  d'vn  vilage  cnBarrois  appelle  Dom- 

A  /r^'îf  prebemy ,  près  d'vn  autre  dît  G  as , 

ia  Vu-  foubs  la  Seigneurie  de  Vaucouleur: 

^eïlc.     à  laquelle  gardant  aucune foisa  Té* 

tour 


deuant  Orléans, 
touric  la  tnaifondefoii  Père  5^  de 
faMercvn  peu  de  brebis  qu'ils  a- 
uoienc  ,  &:  airresfois  coufant  &  fi- 
lant, s'apparut  Hofti'eSeïgiieur  pla- 
ceurs fois  en  vifion  :  Eciuycom-     ^ 
manda  qu'elle  s'en  allaft  leuer  le fie^ 
ge  d'Orléans ,  &  faire  facrer  le  Roy 
à  Rheims  :  car  il  feroic  auec  elle  , 
&iuyferoit  parfon  diuin  ayde  & 
force  darm^s  accomplir  celle   en- 
treprinfe.    Poi*rquoy  elle  s'en  alla  R^^^f 
deuersMefTire  Robert  de  Baudri-  ^^B4«. 
coure ,  lors  Capitaine  de  celle  place  ^^''" 
dsVaucouleur,  &:luyracontaravi- ^^^'^^  ^ 
fion  ,luy  priant  &:  requérant  que  ^^P^^^^^^, 
poar  le  tref  grand  bien  &  profit  du  ^^  "^ 
Roy  &  du  Roya  ime  il  la  voullîft  ^*'«c«» 
habiller  e;)  habit  d'homme  la  mon-  «^j 
ter  dVn  cheual  ,  &ff>ire  mener  de- 
uers  le  Roy  ,  ainfî  que  Dieu  luy  a- 
uoit  mandé  aller  :  mais  pour  lors  , 
îie  pi  iifleursiours  après  ,  ne  la  vou- 
lut crone^ainçois  ne  s'en  faifoit  que 
inocquer,  &  rcputoit  fa  vifion  fan-  ^ 
tâfies<5<:  foies  imaginations  ,  corn- 
\À<:n  que  cuidac  faire  feruir  Tes  gens 
â'elle  en  péché  charnel ,  il  la  rednt. 
A  quoy  nul  d'eux,  n'autre après, ne 
k  peurcnt  oucque-s  retourner  :Gar 

E 


Siège  des  ^Anojoh 
Vndicî.  (\  rofl  qu'ils  la  regaidcnent  forts  ^ 
îédt'le  ils  eftoienc  tous   refroiiis  de  liî- 
étrme  la  xi.ïe. 

Tutelle,  -LeMcrcredyneufierme  iour  dm 
.'  mefme  mois  fe  depaicirent  d'Oi- 
leans  Melîire  iacques  deChabancs, 
M-eiTire  Regnaulc  de  Fracames  ,  & 
le  Bourg  de  Bar  ,accofnpaîTnez  de 
vingt  ou  vingt-ciaq  combattons, 
voulans  aller  a  Blois  deuers  le  Com- 
te de  Clermontimais  ils  furent  ren- 
contriez fur  le  chemin  par  aucuns 
Anglois  ùc  Bourguignons  qui  prin- 
drent  le  bourg  de  B^r  ,  &  l'erime- 
ner.'nt  prifonnier  en  la  Tour  de 
Marchefuoir  ,  &  les  deux  autres 
Seigneurs  fe  (àuuerent.  Auquel 
îour  arnra  dedansla  ville d'Oil^ans 
Meffire  Gilbert  de  Faiô^ce,  natif  de 
Bourbonnois,&  Marefciial  de  Fia  * 
ce  ,  qui  am.enaauccques  luy  trois 
censconabattans. 

Le  1  e n  d e m. ai n  qu i  f ut leu^d y  ,  fe 
partit  d  Orléans  le  Ballard  d'Or- 
leRns,  &  deux  censcombattans  a- 
iiec  iuy  pour  aller  a  Blois  .leaers  le 
Comte  de  Cleimont  ,  &  Mefsire 
Jean  Eiluart  Conneftable  d'Elcof* 
fe  ,  le  Seigneur  de  la  Tour ,  Batoa 


detunt  Orléans] 
<î'ÂUuergne,  le  Vicote  de  Thouars  ] 
Seigneur  ci'Ambcoile,^:  autres  che- 
ualiers  ôcEfouyers,  accompagnez, 
comme  oiiditoic  ,  de  bien  quatre 
mil  combactans ,  tant  d'Auuergne, 
Bourbonnois  ,  comme  d'Elcoire  , 
pour  fçauoir  d'eux  l'heure  &c  le  iouc 
qu'il  leur  plairoit  mettre  d'alïaïUii: 
les  Anglois  &  faux  François  ,  ame- 
nans  de  Paris  viures  &  artiUicries, 
à  leurs  gen  s  teiians  le  fîege. 

Le  Vcndredy  neufiefmeiourd'i- 
celuymoisde  Feurier  ^fe  partirent 
aufîî  d'Orléans  Mefîîre  Guillaume 
d'Alebrec ,  Mefîîre  Guillaume  Ef- 
tuart ,  fccre  du  conneftable  d'£fco(l 
fe,le  Marefchal  de  Sain  de  Seuere^le 
Seigneur  deGrauille,le  Seigneur  de 
Saincte  TraïUes ,  &  la  Hire  :  Potoii 
fou  ftereje  Seigneur  de  Verdurâ,& 
plufieurs  autres  Cheualiers  &  EP- 
cuyets  accompagnez  de  quinze  ces 
combattans,à  tendanseux  trouuer 
^  âiîembler  auecques  le  Cornt^  de 
ClermGnC5&  les  autres  ja  nommez, 
pour  aller  au  deuant  des  viures  &lef 
ailaillir'  Et  celui  mefme  iour  fe  par-, 
aie  pareillement  celui  Cote  de  Cler- 
monti&  fit  tant  qu'il  viuc  à  tout  iâ 

E  ij 


Siège  cïes  ^n^IoU 
compagnie  en  Bear.iîe ,  à  vn  village 
Tiomé  Rounray  de  Sainr  Denis,  qui 
Cil  a  Jeux  îjeiies  d'YertVÀlle.Ecquâd 
ils  furent  tous  atfemDleZjiIsie  CLou- 
werenc  de  trois  à  quatre  mil  comba- 
tans  ,&  nes'enpartire'ntmfquesau 
lendemain  enuiron  crois  heures  a- 
presmidy. 

Celuy  lour  de  lendemain,  quifuc 
îeSaroédy  dcuzjefme  ioar  de  Fe- 
uri?r,veiliedes  Brandrons,  Meilîre 
lean  f^fcot  ,  le  Baillif  d'Eureux  ^ 
M^sjîrf  pour  les  Anglois  ,  MefTue  Simon 
Sjtnon    Morhier  ,-Preuoft  de  Pans  ,  Ôc  plu- 
M^y-    (leurs    aurres    Cheualiers    ôc   £f~ 
hi<r,     cuycrs  du  pays  d'Angleterre  Se  de 
T^reudjî  France   ,  accompagnez  de  quinze 
de  IV   cen SCO mbatran s ,  tant  Anglois,  Pi- 
fis  te-    cards,  Normans  ,  que  autres  gens 
tiant  le  dediuers  pays  ,  ameiioienc enuiron 
fitrti     trois  cens ,  que  chanors  &  charrei- 
A.r^^oii  tes  chargez  deviures  ô^rdeplufieurs 
habillemens  de  guerre  ,  comme  ca- 
iions,arGs,  troufles,  tratéts  &  autres 
chofesl^jles  menans  aux  autres  An- 
glois tenas  le  fiege  d'Orléans.  Mais 
ijuaiid  ils  fceurent  parleurs  cfpies  U 
contenance  des  François.  &  cognu- 
fcût  que  leur  intention  eft oit  de  les 


deuant  Orlcans, 
âflaillîr  :  ils  s'cncloyrenc  &  firent 
vn  parc  de  leur  charroy  &  de  paux 
aiguz,cn  manière  de  barrières,  laii- 
fanc  vne  féale  longue  &  eftroid?  if- 
fue  ou  enireercar  le  derrière  de  leur 
parc  ainfi  clos  de  charroy  eftoirlar- 
ge,&  le  de:Jans  long  &  eftcoidi'.ou-^ 
quel  celle  ifluejou  encrée, eftoit  tel- 
lem«nt,  que  par  là  conuenoit  en- 
trer ,  quiles  vouloitaffaillir.  Et  ce 
faiâ:re  mirent  en  belle  ordonnance 
de  bataille  ,atcendâns  la  viure  ou 
mourir  :  combien  que  d'efchapper 
n'auoient  gueres  d'elperance  >  cou- 
iîderans  leur  petit  nombre  contre 
la  multitude  des  François  ,  qui  tous 
aiTemblez  dVn  commun  accord  , 
conclurent  que  nul  nedefcendroic 
des  cheuaux  ,  finoviles  Archers  Ôc 
gens  detraiâ:,qai  en  leur  venue  fai- 
foient  deuoir  de  tirer.  Apres  laquel- 
le concluiion  fe  mirent  deuant,la 
Hire,  Pocon  ,  Saulton ,  Cancde  ,  6c 
plufieursi autres  venans  d'Orléans, 
qui  eftoient  enuirori  quinze  cens 
combattans  ,  qui  furent  aduertis 
que  les  Angloisamenansles  viures 
venoientàla  file,  non  ordonnez 
èc  fansauoir  nulle  fufpiciond'cftce 


^k^edes  Anglok. 
furprins  :  parquoy  5ls  farent  xoxis 
dVne  mefrae  opinion  qu'ilsî-les  ai- 
fànldrojent  ainfi  qu'ils  venoiêt  def- 
pourueuement.  Mais  le  Comte  de 
clermont  manda  pliidenfi.  fois  ,  par 
diucrs  mellàgesa  la  Hire&;  autre  , 
ainfi  difpofans  d'alïcidlir  leur  aduer- 
fàires,cic  qu'ils  trouuoiencen  eux 
tant  grand  adaaniage ,  qu'ils  ne  leur 
feilïènt  aucun  a(îauic  iufqLies  à  fa 
Tenue,  &  qu'il  leur  axneneroit  de 
trois  àquatre  mil  combaitans  mont 
de ^r ans  d'afTemblcr  aax  Anglois. 
Pour  l'honneur  &  amour  duqaelilis 
delaiilerêtleureutreprife  à  leur  ires 
grand  defplaifance ,  &  fur  tous  delà 
Hire,qui  demonftroit  Tapparêce  de 
isi'.rdoiiimage^entantqa'onclonoit 
efpace  aux  Anglois  d'eux meccre^C 
ferrer  enfêble. Et auec  ce,  d'eux  for- 
tifier de  paux&  de  chariots.  £t  à  la 
vérité  la  HireScceux  de  Ta  copagnie 
partisd'Orleans  eftoicnt  arieftez  en 
vn  champ^au  front,  &  tant  près  à^s 
Anglois ,  que  très  legerement^esa- 
uoîencveuz  ,  comme  efl:  dir,venir  à 
la  file  &  eux  fortifier,  dolens  à  met- 
«eilles  de  ce  qu'ils  ne  les  ofoient  af- 
failhr ,  pour  la  defi[«nce  6c  côunucls 


deudnt  Orléans. 
meffages  d*iceluy  Comte  de  Cler-, 
mont  j  qui  toufiours  s'i prochoit  au 
ç\\XF  qu'il  pouuoK.  D'autre-  part  , 
'porta  aulïi  moult  impatiemm-^nc 
celle  attentele  Conneftable  d'Ef- 
code.  Lequel  eftoit  pareillement 
venu  là  près  ,à  tout  enuiron  qua- 
tre cens  combattans  ,  ou  auoit  de 
bien  &vaillans  hommes.  Et  telle- 
ment qu'ainfi  que  entre  deux  de 
troisheures  après  midy  approche- 
tentles  Aé'chers  Se  gens  detraiwt  , 
François ,  d'eux  ,  leurs  adaeifaires , 
dont  aucuns  eftoientdefia  faillis  de 
leurs  parc  qu'ils  contraignirent  de 
reculer  très  haftiuement  ,&  euzre 
bouter  dedans  par  force  de  traidl  , 
dontilsles  chargèrent  tant  efpeire 
ment  qu'ils  entuerencplulieurs,  & 
ceux  qui  peurent  efchapper  ,  s'en 
rentrèrent  dedans  leur  forcificaiion 
auecques  les  autres.  Pourquoy,  & 
lors  t|uaad  leConneftabled^Ercof-' 
feveit  qu'ils  fetenoientain il  ferrez 
&  rangez  ,  fansmonftterfemblant 
d'y{ïïi:,ilfat  par  trop  grande  cha* 
leur  tant  dedrant  de  les  vouloir  af- 
faillir  qu'il  defpeça  à  toute  force 
tordo nuance  qui  auoit  eiié  faid* 


Siège  {ies  Anglns. 
àt  tous5qae  nul  ne  dsfcendicb.  Car 
il  iemid  après  fans  attendre  les  au- 
tieSî&à  Ton  exemple  ,  &pour  lay 
ayd;-^  .  defcendirentauflî  le  Tiafta.d 
d'OiU-ans  ^  le  Seigneur  d'OLual  , 
Meflîre    Gu  Ibume  Eftuard    ,    & 
Meiî^Fe  îean  de  Madhac  ,  5eig;neiu 
de  Chadeaiibran  5  Vicomte  de  Bri- 
diefs  ,  Médire  Iea«  de  Lefcot ,  le 
Seigneur  de  Verduran  ,  &:  Mefîîre 
Loys  de  Roch^-chouart  ,  Seigneur 
àt  Mon  pipeau  ,  &  plufiâwrs  autres 
Cheualiers  &  Efcuyers  ,  auecques 
enuiron  quatre  cen.^  combattans 
fans  les  gens  de  trai6l ,  qui  ja  cftoiêc 
mis  à  pied  ,  &  aaoient  reboutez  les 
Anglois,&  faiâ:  moult  vaillamenc, 
mais  peurîeur  valut  :  Car  qu^nd  les 
Aaglois  virent  que  la  gràndtatail^ 
le,  quieftoitaire-i  loing,  venoitl  if- 
chement,  (Sciiefeioignoit  aucc  le 
Conneftc')ble&  les  autres  de  pied  , 
ils  faillirent  haftiuemenc  de*  leur 
parc,&  frappèrent  dedans  les  Fran- 
çoiseftans  à  pied  ,  &  les  mirent  en 
dciarroy  &  en  fuite,  non  pas  toutes 
fois  fans  grand'  tuerie:  car  il  y  mou- 
rut de  trois  cà  quatre  cens  combat- 
tans François.  Etoutrc celés  An-;; 


de  liant  Orle^fts, 
glois  non  (aoulez  de  l  i  tuerie  qu  il  s 
auoient  faite  en  h  place  deuancicîur 
parCjs'efpandirent  haftiusment  par 
les  champs  ,  chairuis  ceux  de  pis  i, 
tellement  qu'on  voyoit  bien  riouze 
<le  leurs  Eftandarts  loing  l'vn  de 
lautra  par diuers lieux  à  moins dVn 
traid  d*arbaleft:re  de  li  piincipalle 
place  ou]  auoic  efté  la  defconfiture. 
Parquoy  1  i  Hire,Poton,&:  plu  leurs» 
autre  s  vadUn. s  hommes, qui  moule 
enaiss'en  alloienc  ainiî  honteufe- 
ment,  &  s'eftoîent  tir^-z  enfemble 
près  du  lieu  de  la  deftrouire  ,  raf- 
femblcrent  enuiron  foixante  ou 
quatre-vingts  combattans  5  qui  les 
iuyuoient  çà  &  la  &  frappèrent  fur 
ies  Angloisainii  efpars,  tellement 
quMs  en  ruèrent  plulieurs,  £t  cer- 
tes fi  cous  les  autres  François  fulTent 
âia(î  retournez  qu'ils  tirent ,  l'hon- 
neur &  le  profit  du iour  leur  fuft  de- 
mouré  :  combien  que  parauant  a- 
uoienc  efté  là  morts  iS<:  tuez  plu- 
fleurs  gtand>  Seigneurs, Cheuaiisrs, 
Efcayers  ,  Nobles  &  vaillants  Ca- 
pitaines &  chefs  de  guerre.  Et  en- 
tre lefquéls  y  furent  tuez  Médire 
Guillaume  d'Albiet/eigneurd'O:- 
£  V 


Sie^e  des  Anglois 
lîoUlk  iialj'mefïîreieanEftuard  Connefta^ 
^effar   ble  d'EfcolIe  ,  Médire  Guillaume 
Be  des  Eituart  Ton  frère  ,  le  Seigneur  de 
Seignrs  Verduranje  Seigneur  de  Chadeau*^ 
tran-    brun  ,  Meffire  Loys  de  Roche- 
çois  cjui  choiiart ,  &  Meffire  lean  Chabot  „ 
furent  auec  plufieuts  autres, qui  cous  ef- 
eterret^  toient  de  grand  Noblelle  ,  &  très- 
«•»/'£- renommée  vaillance.     Les   corps 
glifc      delquels  Seigneurs  furent  depuis 
S^/«^^apportezàOrleanSj&  mis  en  fepul- 
Çyùx.    ture dedans  la  grand' Eglire,dice  Sie. 
Croix  jlàou^fc  Eft  pour  eux  beau* 
feruice  diain.  De  celle  bataille  ef- 
chapaentreautces  leBaftard  d'Or- 
leins^oftancce  que  dés  le  commen- 
cement auoitefté  blelïe  dVn  traidt 
au  pied  :parquoydeux  de  Tes  Ai*? 
chers  le  tirèrent  àtres  grand-  peine 
hors  de  k  pre(Te,le  monterec  à  che- 
ualjScainiîleTauuerent.  Le  Comte 
,      de  Clermont,  quiceiouranoic  efté 
^^    ^     fait  Cbeuallier^ne toute  lagroileba- 
f^'     taille,  ne  firent  oncques  femblanr 
^    .  JeicCGunr  ïqs  compagnons  ,  tant 
I      /  ,^  parce  qu'ils  eftoient  deicêdus  à  pied 
r  ff    contre  la  conclufion  de  tous ,  côme 
{f^  P^«  aufîî  parce  qu'ils  les  voy oient  ptef- 

'  ^"  que  cous  tuez  deuant  eux»  Mais  û 

pis.      ^ 


âcuint  Orléans] 
to'ft  qu'ils  apperceureiic  que  les  Au- 
glois  eu  eftoienr  maiftres ,  ils  fe^i^ 
reutàchemiu  vers  Orleaus,enq  loy 
ne  firent  pashouueflemeuc  ,  m.^is 
houteufemeuc.    Et  ils  eurent  alîj^ 
cfpace d'eux  en  aller.   Caries   An- 
gloisneles  cbafT^rentpas  jobflanc 
ce  que  la  pîas  part  eftoient  a  pied  , 
&:  qu'ils  fçauoieut  les  François  eilre 
plus  grand  nombre  qu'ils  n'eftoiéc 
Gombien  que  tout  l'honneur  Scie 
profit  de  la  vi^Ctoite  en  deniouraaux 
AngloiSî  dont  eftoit  chef  pour  lors 
Mefsireîean  Fofcot  ,  auecques  le- 
quel efto-itaufsi  Mefsire  Thooiis 
Ra.Tîcfton,  qui  pareillement  auoic 
moult  grande  charge  de  gens  d'ai- 
mes« 

Ce  mefmeioar  arriuerent  déclins 
Orl^ns,  au  foir  bien  tardje  Comte 
de  Clermont,le  Baflard  d'Orléans  , 
le  Se'^near  de  la  Tour  ,  le  Vicomte 
de  Thoiiars  Je  Marefchal  de  Sain  - 
6ki.  Seuere  ,  le  Seigneur  de  Grauil* 
le  ,1a  Hire,Poton,&  plufieurs  Che- 
ualiers  Se  Efcuyers  François  ,  qiii 
venaient  de  la  bataille  ,  q.uiauoit 
eftéainfi  perdue  par  faute  d'ordon- 
mce.Combien  que  la  Hire,Potoii, 

E  vj 


siège  des  .Angîols 
êi  lamet  de  Thilloy  entrèrent  les 
derniers  dedans  :  Car  parTordon- 
nance  de  tous  demeurèrent  touf- 
iours  à  la  queue  des  retournans  , 
pour  contre-  garder  que  ceux  des 
baftiUesne  faillilïent  lar  eux  ,  s'ils, 
fçauoient  la  defconfiture  :  enquoy 
les  euiïcnt  peu  encore  plus  en  dom- 
mager  que  deuanc ,  qui  ne  s'en  fud 
L^Pw- prins  garde. 

seHe  Ceftuy  propre  iour  auflî  fceur 

£ceut  /^  leannela  Pucelle,par  grâce  diuine,, 
d^jfatte  cefte  defconfiture  :  &  diil:  à  Mefsire 
dtfdtts  Robert  de  Baudricourt,  que  le  Roy 
SieuYî   auoit  eu  grand  dommage  deuanr 
fur  ït'  Orléans, &  auroit eneotes  plus,s'el- 
neUtio  le  n'eftoit  menée  deuersluy*  Pour-^- 
didne.  quoy  Baudricourt  qui  Tauoit  ia  ef— 
^  Ld  prouueç  &  trouuee  tres-fage  ,    ÔC 
Tacelle  comme  vedtable  ,  perfeuerat  sn  les 
habillée  premières  requeftes  la  fift  "^  habiler 
enl^abit  en  habit  d'homme  ,  ainfi  qu'elle  le 
d'home  r^quift.  Et  pour  la  coduite  luy  bail- 
sacloe-  ia  deux  gentils  hommes  de  Cham- 
tninea-  pagne  : IVn nommé lean  de  Mets, 
nec        ÔC  l'autre  Bertrand  de  Polongy,  qui 
deux  de  mouîtenuis  le  firent ,  pour  les  pe- 
fesfrcre  reilleux  chemins.    Mais  elle  les  af- 
dmx     fc uran  t, que  ia  n  aur oien c  n  ul  mal,r« 
Csntils 


dcuam  OrkxKs, 
mirent  à  chemin  auecqueselle  ,  &  hôme.f  i' 
deux  de  Tes  frères ,  pour  aller  deuers  "vers  le 
ieRoy,quie(l:oitlorsà  Ghinon.      I{py  i 

Le  Lundy apres^celie  defconfitu-  Chmo» 
re ,  quatorzième  du  mcfme  mois  de 
Feurier  ,  fut  pai  les  Anglois,  cftans 
de  la  garni(on  des  TourncUes ,  iecté 
vn  canon .  dont  la  pierre  cheut  de- 
dans Orléans  en  Thoftel  de  latefte 
noire,en  la  rucf  des- HofteWries:  Du- 
quel hoftel  elle  fift  grand.dommage 
^defcenditen  celle  rue  &  tua  trois 
perfonnesde  la  ville:  Tvn  defquels 
eftoit  marchand, nommélean Tur- 
quoys. 

Le  îeudy  enfuyuantdixfèptiéme 
iourd'iceiui  mois  furent  par  Melïî- 
re/eaa  Fafcotj&fesgens,  amenez 
ea  l'oft  ôc  fîege  des  Anglois ,  les  vi- 
ures  Ôc  autres  habillemens  deguer- 
re  ,  qu'jlsauoient  conduits  depuis 
Paris  :  &  ceux  aufli  qu'ls  auoient 
conqueftez  en  leur  dernieredefcon- 
fitureempres  RouuraySain6t  De- 
nis, que  plufîeurs  onc  depuis  nom-  BdfaiHe 
meela  bataille  des  Harangs.Conne  desHa^ 
lefqueU  faillirent  les  François  de  la  ranp'^^ 
Garnifon  &  aucuns  citoyens ,  pour 
leur  cuider  courir  Cus^ôc  gaigner  les 


siège  des  ^nglois 
viuresf&:  artillerie  qa'ilsmenoient. 
Mais  toiuesfois  nes'entr^jtoucfte- 
reiic  point  IVa  l'autre  pour  celle 
fois. 

Enuiron  ces  iours  arriua  dedans 

eliinon  leanne  la  Pucelle  ,  &:ceux 

qui  la  conduiraient  fort  efmeraeil- 

lez  comment  ils  eftoient  peu  ai- 

riuez  fanuetneiit ,  veuz  les  périlleux, 

paffages  qu'ils  auoient  trouuez ,  les. 

dangereufes  &  grolTes  riuisres  que. 

ils  auoient  paOfees  à,gué,&  le  grand. 

chemin  qui  leurauoic  conuenuFai- 

re,3ulong  duquel  auoient  paiîé  par 

plufier.rs  villes  &  villages  tenans  le 

.  parcy  Anglois  ,  fans  celles  eftans 

Françoires,.erquslles  fe  faifoient in* 

numerables  maux  &  pilleries.   Par^ 

quoy loxs  Iclierent  noftre  Seigneut 

de  la  grâce  qu'il  leurauoic  faidte  , 

*  Con-  ain(i  que  leur  auoit  promis  la  PucèU 

fctl  du   le  parauant.   Et  notifierenc  leur  Ç^^it 

F^y  e/^  au  Roy  ,  pardeuant  lequel  auoit  ja 

ftieti-  <^ftc  traiilé  parpluQeursfoisen  ion 

nt  4it    confeil  "^  que  le  meilleur  eftoit  qu'il 

Dduphi  fereiir^^ftau  Dauphiné  >  5c  le  gar- 

»e»  .ù7  daft  auecques  les  pays  de  Lyonnois,, 

ferd'oit  Languedoc  &  Auuergne:  au  moins 

Or/féW/fî ouïes pouuoùfauuer, fi  les  Au- 


ieuam  Ovledns, 
glois  gaîgnoient  Ocleans  :  maif 
tout  fiic  mué  :  car  il  manda  les  deux: 
Geacjlshommes  ,  &  prefens  ceux- 
de  ^o\\  grand  confeil  les  fîft  interro  - 
ger  du  faiâr  &  eftat  de  la  Pucelle  t. 
dont  il&  refpondirent  U,  vérité,  Ec 
à  cefte  occafion  fut  mis  en  confeil 
fî  onUfcroic  parler  au  Roy:  àquoy 
fut  conclud  qu  ouy  ,  &  de  faid  y 
parla  ,  luy  feid  lareuerence,ôc  le 
congneut  entre  fes  gens-  ,  combien 
quepluiieurs  d'eux  faig noient  ,  la. 
cuidant  abufec  ,,eftre  le  Roy  :  qui 
fut  grand  apparence:  car  elle  ne  l'a- 
uoit  oncques^mes  veu^  Siluydiffc 
par  moult  belles-  parolles  ,  que- 
Dieu  l'enaoyoït  pour  luy  ayder  6^ 
fècourir,&:  qu'il  luy  baillaft  gens: 
car  par  grâce  Diuine  ,  &  force  d'ar- 
mes elle  levieroit  le  lîege  d'Orléans,,, 
&  puis  le  meaeroit  Sacrera  Rheims 
aindque  Dieu  luy  auoit  comman- 
dé ,  qu'il  vouloic  que  les  Anglois 
SQ{\  recournalfent  en  leur  pays  ,  &C. 
luy  laillailent  fon:  Royaume  en^ 
paix ,  lequel  luy  deuoit  demourer  ; 
CHU  s'ils  ne  le  faiioient  pilleur  en 
mefcherroit.  Ces  paroles  ainii  par 
çUe  dides  ,  la  fiH  le  Roy  remener 


Sieo^e  des  Afigloif 
Konorablemenc  en  Ion  logis ,  &  af- 
fembla  (on  grand  Conleil, auquel 
furent  plufieurs  PreIats,Gheualiers, 
Ercuyers&  chefs  de  guerre, auec- 
ques  aucuns  Dodeurs  en  Théolo- 
gie, en  Loix  &  en  Decrec ,  qui  tous 
enfemble  adaiferent  qu'elle  feroic 
•;    p     interrogée  par  les  Dodeurs-,  pour 
»,  .  ^eiFayer  il  enellefe  trouueroit  eui- 
dente  raiion  depouuoir  accomplir 
^    ce  qu'elle  difoit.  Mais  les  Docteurs 
^  iairouueientdetanthonneftecon' 

^  *  tenance,&:  tant  fage  en  Tes  paroles, 
que  leur  reuelation  faide  onen  tint 
tref-graïidconte.  Pourqaoy,&auf« 
fî,parce  qu'on  trouua  qu'elle  auoit 
fceu  véritablement  le  iour  &  l'heu- 
re delaiournee  des  Harangs,ain{î 
qu'il  fut  trouué  par  les  lettres  die 
Baudrkourt, qui  auoit  efcript  l'heu- 
re qu'elle  luy  auoit  di6V,  elleeftanf 
encores  à  Vau couleur.  Et  depuis 
mefmes  déclaré  au  Roy  en  fecret , 
prefent  fonConfeirear  ,  &  peu  de 
/es  fecrecs  Con{eillers,vn  bien  qu'il 
auoit  faid  ,  dont  il  fut  fort  clL  ihy  : 
car  nul  ne  le  pouuoit  (çauojr  fin  on 
Dieu  &  luy  :  fat  conclud  qu'elle  fe— 
rok  menée  bojineftemcnt  à  Poi- 


à(mnt  Orléans, 
ft!ers,tant  pour  la  faire  derechef  t<i  P/<- 
incerroger  &  fçanoir  fa  peiTeiieran-  celle  en\ 
cc,commeaiilIîafiii  de  trouiier  ar~  uojee 
gent,poLU  Iny  bailler  gen^viure^  &c  an  V*Y^ 
artilleries  .  pour  efFa ver  d'aiiitiiilei  lemcnt 
Orléans  :ce  qu'elle  fçeur  par  2;ra-  pomlors 
ce  Diuiiie.  Car  elle  eftanc  au  milieu  feant  À 
du  chemin  ,  dift  a  plu{ieuis:En  nom  Voicii^ 
àç  Dieu  ie  fçay  bien  quei'auray  be-  trs» 
aucQup  à  faire  à  Poi6hers  ou  ou  me 
meine:mâis  Meiîiresm'aydara.  Or 
allons  de  par  Dieu  ,  car  c'efloic  fa 
manière  déparier.    Quand  elle  fut 
audicl  Poidfciers  ,  ou  eftoit  pour  lors 
le  Parlement  du  Roy  ,  diu^rfes  in- 
terrogations luy  Furent  fai(9:es  par 
plufieurs  Do(3-eurs  ,5*:  autres  gens 
de  grand  Eftat  ,.à  auoy  ellererpon-*  .    ^  ^ , 
dit  moult  bien.  Etpar  efpecial  à  vn     .. 
Dodeur  lacobin  ,  qui luy  dift,  que  ^^  ^^^' 
il  Dieu  vouloir  qae  les  Angioiss  en         «^ 
aiiatrenc,qu  il  ne  f^illoit  point  d'an-  ^^^ 
mes   Aquoyelle  refpondit,  qu'el       ^?    *-' 
le  ne  vouloit  que  peu  de  gens  qui 
combattroient,  &:  Dieu  donneroic 
la  vidloire.  Pour  laquelle  refponce, 
auec  piuiîeurs  autres  qu'elle  auoic 
fai6tçs,  &  la  fermeté  de  {t%  premier   ' 
rsi  ptomeircs  3  fut  conclud  de  tous^ 


qiie  le  Roy  le  deuoit  fier  en  elle ,  5c 
luy  bailler  viures  &"  gens  ,  &  l'en- 
uoyerà  Ç>fieans,  ce  qu'il  fift.  Ec  ou- 
tre ce,la  fîil;  bien  ârmer^,&  luy  don- 
na de  bons  chenaux.     Ecvoulat  ôc 
ordonna  qu'elle  euft  vn  Eftandarc  , 
auquel  par  le  vouloir  d'elle  onfcit 
Deuife  P^^^^'^^^  y^  mettre  pour  deuife ,  I  e  - 
de  U      ^^  ^  M  A R I  A ,  ô:  vne  Majeflé    Le 
P;«cf/'   Royluy  voulant  donner  vue  belle 
^g  efpee  ^elleluy  pria  qu'il  luy  pleuft 

luy  en  enuoyerquenrvnejquiauoit 
en  lallameJecinq  Croix  empres  la 
Tfj^^ç  croifee',  £c  eftoit  à  Saiii6te  Gatheri- 
JeU  ^^  ^^  Fierbois.  Dont  le  Roy  fut 
'Pncel-  ^^^^  efuierueillé ,  &  luy  demanda  fl 
^  ellerauoitoncques  veiie.    Aquoy 

elle  refpondit  que  non: mais  toutes- 
fois  fçauoit  elle  qu'elle  y  eftoit.  Le 
Roy  y  enuoya  5  Ôc  futtrouuee  celle 
^^^^  cfpeeauec autres ,  qui  laauoiécefté 
Ijamon  Jcnneesle  temps  paifé  ,&r  Fut  apor- 
^'^^'  tee  au  Roy,qai  làfîil  habillera  gar- 
fnineU  ninhonefternent,  &  luy  bailla  pour 
Tucelle  l^accompagner  vn  bien  vaillant  ôc 
■^i     ^^n^  ,  Gentil  home  "^  nommé leau 
unotes  i>aulon.  Et  pour  Page  ,  6r  la  féru ic 
1  a.^eae  ^^  honaeur,lui  bailla  vnautre  Gen  - 
\C    l  tdh^maie  nomme  Loys  Deconces^ 


dendnt  Orleanf. 
Combien  que  toutes  les  cho fes  c?e^- 
clarees  en  ceftiiy  chapitre,  le  firent 
àpl  11  (leurs  fois,  &  pacdiuersioiirs  l 
mais  le  les  ay  ci  aiiill  couchées  pcvur 
Gaule  de  briefueté- 

LeVendredyciixhui^tiefme  de 
Feurier/e  partit  d'Orléans  le  Com- 
te de  Clermont,  dlfant  qu'il  vouloir 
aller  à  GhinoudeuersIeRov ,  qui 
lors  y  eftoit,  6c  emmena  auec  luy  le- 
Seigneur  de  la  Tour  5  Melïice  Loys 
Deculan  ,  Admirai  ,  Meffire  Re- 
giiault  de  Chartres,  Arckeuefque  de 
Rheims  ,  &  Chancelier  de  France  ,  Mefsirt 
Mcflire  lean  de  Sainâ:  Michel  ,E-  I.  de  S, 
uefque  d'Orléans,  natif  d'EfcoUc  ,  Mnhel 
laHice  ,&  plulieurscheualiers  &c  natif  de 
Efcuyersd'Auuergne,  de  Bourbon   Efcofi^ 
Hois  ,  &  d'Efcolïe ,  &  bien  deux  mil  E«^/- 
eorabatcans  ,  dont  ceux  d'Orléans  ^^/^ 
les  voyans  partir  ne  furent  pa.s  bien  d'OrU" 
contans,    Mais  il  leur  prcmid  pour  ans 
iês  appaifer,  qu'il  les  fecour^roit  de  Deux 
gens  ^  de  viures     Apres  lelquel  mtlcvf» 
de  parteoient  ne  demouri  dedans  hattans- 
Orléans  lînon  le  Baftard  d'OvleanSj/or/ew/- 
.leMarefchal  de  Samdle  Seuere,  &:  de  Or- 
leurs  gens.    Et  le  comte  de  Cler    lea>isfas 
mont  ^  qui  depuis,  fat  D-uc    de  laOar^ 


Bourbon  s*en  alla  ,  &  les  Seigneurie 

&  combattans  dcilus-nommez  a- 

iiecluy,&: remirent  dedans  Blois. 

Ceux  Etlors  qnaniceux  d'Qileansfe  vi- 

stOïU'  rencainlîdelaifiTez  tn  petit  nombre 

éiHs  fe    de  gens  de  guerre  5  &  apperceurent 

yej'xns    lapuiflance  ôile   fiege  des  Apgîois 

dtftitu-cxox^it  deioureniourjilsenuoye- 

e\U'h9  rent  Poton ,  de  Sain6tes»'Trari!es,3^ 

mesveu  aucuns  Bourgois  deuers  PhiHppes 

lent  gai-  Duc  de  Bourgoigne,&:Mt:ffireIean 

gner  le  de  LuxennboU'-g,  Comte  le  Ligny  , 

Duc  de  tenant  le  partyd'Ang]eterre,§<:  leur 

Bo«r-    firent  prier  &  requérir  qu'ils  voul- 

geigne    fifTentauoir  regard  en  eus.  Et  pour 

pour  le  l'amour  de  leur  Seigneur  Charles 

fepaver  Duc  d'Oileans,eft:ant  prifonnier  en 

d'etmc    Angleterre,  &  pour  la  conferuation 

ks^n-  de /es  terres  :  aufquelles  garder  ne 

glo0  &  pouuoit  pour  celuy  temps ,  enten- 

l^our  les  dre,  leurpleuftpourchaiTer  aucune 

confer-  abftinence  de  guerre  deuers  les  An- 

uerpour  glois ,  &  faire  leuer  le  fiege  iufques 

i'amour  à  ce  que  le  trouble  du  Royau  ne 

de  leur  fut  autrement  efclarcyyou  leur  don- 

Duc      ner  ayde  oa-fecours  en  faueurdç 

lors f  ri'  leur  parent  ainfipriCpn nier. 

fonuter      Le  Dimanche  eut  vne  tres-grof- 

en  ^n-  fe  ^  forte  efcarniouche,  &  tant  que 


t^euantOrlcanr, 
les  Anglois  faiîbrencde  leurodâfc 
Baftille-s, portèrent  fi-pcEflanJarcs  , 
&  firent  tant  qiuls  en  cliairerenc  & 
reculèrent  les  François  qui  les  e- 
iloient  allez  afrulliriufquesauchap 
Turpin  ,  qui  eft  à  vn  ïqù,  de  pierre 
d'Orléans.  M.us  ils  furent  bien  re-  ^^'^'^A 
cueillis  de  canons  ,  couleurines  &  T-'^/'''? 
autres  traidsquon  leurieita  de  la 
ville  incontinent,  tant  erpaiiTement 
qu  ils  s'en  retournèrent  a  grand  ha- 
fte  dedans  leur  oft&bâftilles  de  S. 
Laurens  Vautres  la  en  tour. 

Le  Mardy  piochain  enfuynant 
vingt-deuxième  de  Feurier,le  Com- 
te de  SufFortScrtes  Seigneurs  de  Ta- 
iebot  &  d'Efcalles  enuoyerentpac 
vn  Hérault  pour  prêtent  au  Ballard 
d'Orléans  vn  plat  plein  de  figues, 
raifins  &  dattes  ,  en  luy  priant  qu'il 
luy  pleuftenuoyerà  celuyCo'ede 
i'ufFort  de  la  panne  noire  pour  four- 
rer vnerobbe,ce  qu'il  fit  volontiers 
car  il  luy  enuoya  par  le  Héraut  mef- 
me,  deqaoy  le  Comte  luy  fceut  très 
grand  gré. 

Le  Vendre Jy  vingt  cinqaiefme 
tour  d'iceluy  mois,  arrinerent  dedâs 
Orlcaus  neaf  cheuaux  chargez  de 


Stcge  3es  Anglais 
"bledF,]iarangs  &  autres  viures. 

Le  Dimanche  après  enfuyuant 
penulcierme  du  mefme  mois  de  Fe~ 
urier,creut  la  riuîcre  tant  &  (1  gran- 
dement que  les  "François  d'Orléans 
«uiderenc  fermement  que  les  deux 
l)ouleuers  fai6ts  par  les  Anglois  fur 
celle  riuiere  au  dxoid:  de  Saint  Lau-J 
rens,&  auflî  celuy desTournelles 
fudent  cous  minez  5c  abbatues  :  car 
«lie  creut  iufques  aux  canonnières 
des  bouleuers  ,  &  couroit  fi  fort  & 
il  roide  mer  qu'ils  eftoitleger  àcroi- 
Te«    Mais  les  Anglois  mirent  telle 
diligence,tant  de  lour  que  de  nuiâ:, 
qu^eles  boukuers  demeurèrent  en 
levir  eft:at,&:  aulîl  appetiira  ia  riuiere 
en  peut  detemps.  Et  ce  nonobftant 
iettoict  les  Anglois  plufieurs  coups 
de  bombardes  &  canons^qui  moult 
failoient  grand  dommages  aux  mai-, 
(ons  &  édifices  delà  C'té. 

Celuy  iour  la  bombarde  de  la  ci- 
té pour  lors  afibrtie  à  la  croche  des 
moulins  de  la  Poterne  Chefiieau, 
^ourtirtfr  contre  les  Tournelles.  ti- 
"Ol  tant  terriblement  contre  elles  , 
qu'elle  en  abbatic  vn  grand  pan  dç 


detunt  Orlcanf, 
Leieudv  croidcmeiour  de  Mars, 
faillirent  les  François  au  matin  con- 
tre les  Angiois,  faifans  pour  lors  va 
foiré  pour  aller  à  couuerc  de  leur 
bouleueït  de  la  Croix  Bollfee  à  S* 
Ladre  d'Orléans,  aiin  que  les  Fran- 
çois ne  les  peulïcntveoirnegreuer 
de  canons  Se  bombardes.  Celle  fail- 
lie fift  grand  dommage  aux  Anglois 
Car  neuf  d'eux  y  furent  prin  s  ptilbn- 
nieis.  Et  outre  en  y  tua  Maiftre 
I^an  d^'viie couleutinecinq  , à  deux 
coups.  Et  derqucls  cinq  fat  le  S -i- 
gne'jrde  Grez  ,neueuducomte  de 
Saltbris,qui  eftoit  Capitaine  d'Yc- 
ville,  dont  les  Anglois  firent  grand 
regrets  parce  qa  il  eftoic  de  grande 
hardieile  &  vaillance. 

Celuy  mefmeieureut  vne  tres» 
f0rte&:  grande  efcarmouche.  Car 
kîs  François  faillirent  d'Orléans ,  & 
allèrent  iufques  bien  près  du  boule- 
uert  des  Anglois  eftans  à  la  Croix 
Boi(ree,&  gaignerent  vn  canon  iet- 
tant  pierres  grolfes  comme  vne 
boule. Et  outre  en  rapportèrent  de- 
dans leur  ville  deux  tafles  d'argent  ^ 
robe  fourrée  de  marte  >  &C  plulieurs 
hacUes ,  guifarjues ,  arcs ,  trou&s  , 


Stege  des  Anzlols 
deflefches  , Vautres hsbillemes  de 
guerre.  Mais  incontinent  âpres  fail- 
lirent les  Anglois  de  leur  oit  &  ba- 
ftilles,portans  neuf  Eftandarts  que 
ils  defployerent  &  challercnt  les 
François  iufqaes  bien  près  du  bou- 
leuctc  delà  Porte  Bannier  :&  ce  fait 
fe  retrrerent.  Combien  que  de re- 
clief&  tofl  retournèrent  &  chargè- 
rent fore  Ôcafprementfurlcs  Fran- 
çois 5  &  tant  les  fuyanent  de  près  , 
que  pliifieurs  d'eux  fe  ietterent  de- 
dans les  foflez  d'icelle  poite.  Con-^ 
tre  lefquels  iettertt  ceuxd'Oileans 
pierres  a  grand  force.  Et  entre  les 
autres  qui  lachearent,  furentryn 
JE/?/V.'î- Eftienne  Fauueau  mefme.     Et  ce 
neVd»-  faifoient, parce  qu'ils  ne  pouuoienc 
fteau      p^s  fuyr.  En  celle  efcarmouche  tue- 
d'OrU-  fçnt  bleiTerentôc  prindrentlts  An- 
4ns,      glois  plu(îeurs  priionniers  ,  &  p.^r 
efp^îcia'  y  pondient  vn  vaillant  Èf- 
cuver  K^Acon  ,  nommé  Rec;naulc 
Guillaume.  5  de  Vernade,  qui  eftoic 
foitblelfé. 

Le  iendemain  iotir  de  Vendredy , 
partirent  enuiron  trois  cens  com~ 
battans  Anglois,&:  scw  allercr  qué- 
rir des  charniers  es  vignes ,  enuiron 

Saind 


deUititrOrleans, 
Saind  Ladre  &  Saiii6t  [ean  c!e  la 
rueUe:ponrqnoy  (on na  h  cloche  du 
BefFioy.  Maij  cenonobilâtilprin- 
drct  &  emmenerct  aucuns  paiiiires 
laboureurs jlabouriins  leurs  vignes  ', 
prifonniers.  Et  iccluy  mefme  iour 
arriuerenc  ded.ms  Oileans  douze 
cheuaux  chargez  de  blcd^harangs  ^ 
autres  viures. 

Le  Sarre Jv  après,  cinquième  d'i- 
c^luy  mois  de  Mars  ,  fut  tiré  d'vne 
couleurine  d'Orlcans,letrâi(5bdcla- 
quelîe  tua vn Seigneur  d'Angleter- 
re 5  dont  les  Anglois  firent  moult 
grand  du eiL 

Le  lendemain  qui  fut  iourde  Di- 
manche arriucrcnt  dedans  Orléans 
fept  cheuaux  chargez  deharangs^ 
autres  viures. 

Le  Lundy  enfayuat,  feptiémeda 
mefme  mois  de  Mars,yarriuerét,  fix 
cheuaux  chargez  de  harangs»  D'au- 
tre part  tirèrent  les  Anglois  plu- 
fleurs  coups  de  bombardes  &  ca- 
nons,quicheurentenlaruedesHo- 
ftelleries ,  &  firent  grand  dosamage 
en  diuers  lieux.  Et  fiarriuerenten- 
uiron  quarante  Anglois d'AngUter^ 
re  en  leurofl. 

F 


Siège  des  ^Anojoh 

Le  Mardy  piochain  après  ,  (âilli- 
xem  aucui-js  François  &  rencontrè- 
rent fixmarchans  Se  vneDamoiIal- 
le  menant  en  i'oft  neuf  chenaux 
chargez  de  viures  ,  quilsprindrent 
Ramenèrent  dedans  Orléans.  Ce 
melme  iour  airiuerent  deux  cens 
Anglois,qui  venoient  de  Iargeau:& 
pareillement  aulîîarriaeréten  leur 
oft&  baftilles  plufîeurs  autres  ve- 
nans  des  garnifons  de  Beauire.  Et 
parce  cuiderent  les  François  qu^ils 
v^ulfiifent  âiraillir  aucuns  de  leurs 
bouleuers,  Pourquoy  ils  fe  tin- 
drent  fur  leurs  gardes  Se  apprê- 
tèrent toutes  choies .  neceiïaires 
à  leur  defFence  ,  fe  meftier  en 
tftoit. 

Le  lendemain  iour  de  Mercredy, 
rrouuerentaucuns  François-»  qu'on 
auoitpiefque  percé  tout  le  Mur  de 
l'Aumofne  d'Orleans,au  droit  delà 
porte  Parifie  ,$c  yauoitonfaitvn 
trou  pour  pafTer  vn  homme  d'ar- 
mes. Et  outre  fut  trouuévn  murfait 
tout  de  nouucau  ,  où  auoit  deux  ca- 
nonnières. Et  fi  ne  peut  on  fça- 
uoir  pourquoy  il  auoit  efté  fait  , 
d  ne  auGÛs  le  prefumojent  enbien. 


dcuant  Criées, 
êc  (es  antres  en  mal.     Toutes-fois  le  mai- 
quoy  qu'il  en  fuft ,  s'enfuit  le  mai-  fire   du 
ftred'icclle  Aumofne  ,  fi  toft  qu'il  grand 
veit  qu'on  s'en  eftoitappeiceu.  Car  Bojpi-^ 
de  prime  face  il  fut  en  grand  danger  tal  i'ctf 
de  la  commotion  du  peuple,  qui  (i(\:  fmt, 
celuy  iour  ttergrand'  noife  &  bruit 
en  celle  Aumofne. 

Le  iour  d'après  ,  qui  fut  leudy  ,     Veux 
leiftleBaftard  d'Orléans  pendte  à  bon  mes 
yn  arbre  es  forfbourgs  Ôcmafurtsde  d*aym  s 
la  poiteBourgoignedcux  hommes  fendue» 
d'armes  François  eftansau  Gallois 
de  ViUiers  :  parce  qu'ils  auoienc 
rompu  fon  fauf  condui^t:  Mais  il 
toft qu'ils  furent  mcrrs,il  les  feilt 
dépendre  6c  enterrer  es  foifbourgs 
meCmes. 

D'autre  part  s*en  allèrent  les  An-  ^^P^^^ 
glois  ceftuy  propre  iour  à  Sain^b  ^^'P^^^ 
Loup  d'Orléans  ,  &:y  commence-  ^''^^'■P 
rentvnebartille,  qu'ils  fortifièrent.  P^*"  '" 
Tendâs  toufiours  entretenir  leur  fie  ^^i}^^* 
ge  contre  Orleaiis.  Pour  lequel  faire 
leuer  i^c  mift  fur  les  champs  leanne 
la  PucçUe  accompagnée  de  grand 
nombre  de  Seigneurs  ,Cheualiers, 
Efcuyers&gens  de  guerre, garniz 

.Fi,  . 


Siège  des^noj&ii 
de  viutes  &  darnllerie  :  &  pirint 
congé  du  Rey  ,  qui  commanda  ex- 
preifcmenc  aux  Seigneurs  6c  gen« 
-  <ie  guerre  ,  qu*ils  oBeilIèiic  à  elle 
comme  àîuy,  &  auflile  firent  ils. 

Le  Vendredj  enfuyuant ,  vnzié- 
meiourdu  naertne  mois  d^Mars^ 
foua  la  cloche  du  Bcffroyrparce  que 
les  Anglois  eft-ans  à  Saind  Loup 
couiurent  iniques  a  Saintte£uuer- 
tic  :  &  là  enuiion  les  vignes  fain(â 
Euuerrre  prindrent  plu  (leurs  vigne- 
rons,^' lesamenei.entpnTonniexs* 
Le  lendemain  (iilluent  aucuns 
de  la  garnifon  d'Orléans  ,  Se  en 
leur  retour  r'amenetent  fîx  prifon^ 
îi  ers. 

•Le  Mr.rdy  d'apres,quinziéraed*i- 
celuy  mois,arriua  rie  nuiâ:  dedans  la 
Anglois  ville  le  Baftard  de  Lange ,  quiauec- 
hahdiex  ques  luy  amena  fix  cheuauxchareez 
engmfc  de  pouldre  de  canon.  Etcemefmc 
defem-  iour  fe  partirent  trente  Anglois  de 
me,       la  baftiUede  Sain6t  Loup  ,eftâs  ha- 
billez en  guifcde  femmes,&:  faifànt 
femblant  de  venir  qucHr  du  bois  & 
fagoty  de  ferment  ,  auecques  au- 
cunes femmes,  qu'en  apportèrent 
dcd.ms  Orléans..  Mais  quand  ilsyi- 


deuam  Orlems 
rent  leur  auantage ,  ils  faillirent  ha-    t^otey^ 
ftiiiement  fur  les  vignerons,  labou-  ^^*^ 
ranslors  es  vignes  cnuirow  Sain(5l: /^''^^ 
Marc,&:  là  borde  aux  Mignons ,  &  ^^  fi^g^ 
firent  tant  qu'ils  en  cnuoiernt  neuf  ^^^   '^'- 
GU  dix  prifonniers  enleur  baftille.     g'i'rms^ 

Le  lendemain, qui  fut  Mercredy ,  ^^^sU?j 
fe  pardt  d'Oileans  le  Marelclial  àtf^''^^^  ^ 
Sainde  Seuere ,  tant  pour  aller  de    '^^^^'^  - 
uersleRoy,comme  pour  aller  pren  ^'''  ^'"-^ 
drela  poilellîon  de plufteurs  terres  "^^^'^^^• 
qui  luy  eftoiet  eicheiies  par  la  more 
du  Seigneur  de  Chafteau-brun,fre- 
redefa  femme.   Mais  il  promift  à 
ceux  de  la  ville  ,  qu'il  retourneroit 
en  bref,  &  ils  furent  tref-contens. 
Car  ils  l'aymoient  &  prifoient ,  par- 
ce qu'il    leur  auoit  fait   plufieurs 
biens  ,«&aufn  pour  les  grand  s  faid}s 
d'armes  que  luy  5^  fes  gens  auoient 
£iicbs  pour  leurdcfenfe. 

Ce  mefme  lour  amenoicc  les  An- 
glois  delà  baftille  de  Sain6t  Loup 
grand  charroy  à  leur  autre  baftille 
de  Saincl  Laurens.  Et  quand  ils  fu- 
rent deuanc  Sain6t  Ladre ,  ils  firent 
vn  grand  cry  :  pourquoy  forma  la 
cloche  du  BefEoy.  Carie  François 
d'Orléans  cuidcrcnt  qu'il  voulfif- 


Ste^e  des  Anglots 
fent  affaillir  aucuns  de  leurs  boule- 
uers. 
'fiïdt-        Le  ïeudy  enfuyuant  dix-fcptié- 
fire  A  meiourd'icelui  moistrefpaiîàMai- 
/^iwZ^^ftre  Alain  Dubey  ,  Preuoft  d'Or- 
^O  5     leans ,  ôcmouruc  de  mort  naturelle. 
i^Yi-uofl  Dont  ceux  de  la  ville  furent  mouU 
d'Orle.  dolens  ,  parce  quM  gardoit  touf- 
d??s^e  ioursbieniuftice. 
fedépe-     Le  Samedy  enfuiuant  dix-neufié- 
tf/.^v/  le  me  du  mefme  mois,&  veille  de  Paf- 
fi^Â^'     quesfleiirieSjiirerêtles  Anglois  de- 
dans  Orléans  plufieurs  coups  de 
plus  grolles  bombardes  de  canons 
<ju'ils  n'auoienrfaidlparauani  ,  & 
dont  ils  firent  moult  de  maux  6c 
dommages.  Car  vne  pierre  de  Tvne 
des  bombardes  tua ,  que  bleça  fept 
perfonnes  ,  du  coup  de  laxjuelle 
mourut  vn  potier  d'eftain ,  nommé 
ïcan  Tonneau.    Et  outre  ce  cheut 
vne  autre  pierre  de  canon  deuant 
rhofteldcfeuBerthaulc  Mignon  , 
dont  furent  bleccï  que  tuez  cinq 
perfonnes. 

Le  Lundyd'apresjcvingt-vnié- 
me  d'iccluymoisdeMarSjfirentles 
rrançois  fonner  la  cloche  du  Bef- 
froy,  de  faillirent  d'Orléans  a  grand 


deuam  Orléans 
puiflance,  tans  gens  de  guerrejConj" 
me  citoiens^  &  antres  du  pays  d'en- 
tiron  5  là  retraicts  :  &  s'en  allèrent 
alTaillir  les  boule::iersfai6ts  de  nou- 
veau par  les  Anglois  au  droi6ld-  la 
grange  de  Cuyueret.  Mais  quand 
ceux  qui  les  gardoicnt  les  virentap- 
procher ,  ils  s'en  allèrent ,  &  f«  mi- 
rent à  la  fuite ,  &  firent  tantqu'ils  fe 
boutèrent  dedans  leur  baftiile  de 
Sainct  Laurens  ,  &  y  emportèrent 
tout  ce  qu'ils  peurent  de  leurs  biens 
&  artillerie.  Et  incontinent  après 
faillirent  dç^celle  baftiile  faifans 
merueilleux  cris,  &  femblablement 
de  grand'  hardieiTeitellement  qu'ils 
rechafiferentles  François  iufque^  à 
ràumofnedeSaindPaterne.  Com- 
bien qu'ils  né  palîerent  pas  outre  ^ 
obftant  ce  que  les  François  fe  re- 
tournèrent contre  euxôc  les  chargè- 
rent, tanc  de  canons  ,  couieurines 
&  autre  traid  ,  qu'ils  lescontrain- 
gnirent  rebouter  &  retraite  à  grand*^ 
hafte  dedans  leurs  baftilles.  De 
celles  eicarmouches  acquift  grand 
los,  entre  les  A  nglois ,  vn  de  leurs 
Gentils-hommes  ,  natif  d'Angle- 
terre ,   nommé  Robin    Hcron, 


Sk^e  des  Anglois 
ear  il  Te  monftra  vaiUant  homme/ 
«l'arène  s.  / 

Leiendemameucauflî  gcofTc  eC 
carmouche  ,  &  fonna  k  cloche  da 
Beffroy  :  parce  qae  lis  Anglois  fail- 
lirent ei^  grand  nombre  concre  les 
îfiançois  eftans;  liTus^ allez  enui- 
ion  Saiaél^Pouairs  &iufques  au  delà 
ils  Furent  bien  recueillis  par  les  An- 
glois, qui  les  rechalTerentiufquej  à. 
rAumorneSaind  Pouair    ,  6c  au 
champ  Turpin.  Combien  qu'en  fia 
isecouurerent  force,  &:  fe  frapperenr 
dedans  les  Anglois  partant  grand' 
lîardielfe.qifila  les  firent  recullerar- 
licre  vers  leurs  baftilles.  LVn  del^ 
quels,noûs  foy.  donnât  garde, cheuc 
dedans  vn  puisprts.  de  la  Croix 
Mynin ,  dedans  lequel  il  fut  eue  par 
les  François. 

Ce  mcfme  iour  de  Mardy ,  la  Pu- 
celleedantaBlois  ,  oùellefeiour- 
Boit,  attendant  partie  de  ceux  deia 
(Compagnie ,  qui  eftoientpasenco- 
resarriuez:  enuoyavn  Hérault  par* 
deuers  les  Seigneurs  &  Capitaines 
AngIois,ellantdeuant  Orléans ,  ^ 
par  luy  leur  efcrinit  vne  lettre  , 
qu  elle  mcfmc  diéla  :  &  ayant  ci^ 


deuant  Orléans, 
chef  defllis,  comfne  ayant  principal 
liicre ,  \efta  MxYtd^  Et  commençant 
après  en  marge  comme  il  enfuiu 

R^j  à'  y€ngl€tsrrefatSlesrdifin  a^  Lfttre 
I{j)'  du  cul  dtfonfing  I{jj/al l^en  de Ut^ti^ 
dez^lesdcfsaU  Pncslle  de  toutes  les  bii^-  ce'iedux 
nés  villes  que  vous  atitizjnforCees.Eileefi  ^n^ 
venue  de  fdr^DteufaHr  ridam$rUJd%i£  glots 
A^oyal^O^  f (?  toHte  frtfle  défaire  paixji 
voH  s  voulez^  faire  rdtfon,     J^ar  amfiqi*e 
voss  fnettczj^s  yO^pajsTjlteaqii^vo^ 
Vduezjetmè.  Sj)y  di  yCndaerre  ^fi  amfi 
nelefai[la,ùjups  chcfdtguirreym  qntl- 
quslimqii':idîtAindraj  vos  gens  en  Fra^ 
se ,  s'ils  ne  vmUent  aheyr  te  lesferay  iffir 
'îineilUnt  OH  nom  Et  Ctls  me  veullet  ohevr 
a  merci  te  lesfrendrdy.Croiex^ques^tlsne 
veuiLnî  obéir  yU  Pucellf  vient  f  ourle  soc  - 
are ,  elle  vient  de  par  le  Rjy  du  ciel,corps 
four  corps  ^  vous  honter  hors  de  France,  Et  L^P'U  - 
nious  promet  Cr  certifia  la  PHcelle^quelle  celle  vu 
yfer^Jîgros  l^a-  Lu ,  que  de  fuis  mil  tins  ens    de 
en  France  ne  fut  vtujl grand  yjî  v^us  ne  paris 
Im  faites  r  lij  »)*'  Et  croit  2^  ferme  met  que  Koy  dU 
le  F^d  du  Oei  lai  enuoira  plus  de  force  a  aek. 
tlU  c^  afes  bonnes  gens  darmes  ,  que  n»-- 
Jtaurte'ZjiHoirA  cent  ajfaux.  Entre  vmsi 
^rchîTS.  Compaignon  sdarnus^  ^^i  ijfe*^ 
E-  V.- 


siège  des  ^nglols 
âdidut  Orlians ,  dle7;^v9U4  en  en  voflre 
fiits  de  par  dieu.  Et  fi  ainfi  ne  le  faites , 
doneTjuom  garde  d«  la  Puce  lie, O^devo^^ 
domm  tgn  vou^f»  h  menne .  Ne  frêne  zjnie 
vofire êfimon ,  que  vota  ne  tiendre^mie 
Frace  du  Bj)y  du  adyCr  dufils  de  Samtt 
Marte:  mania  tiendra  le  J^^oy  Charles 
vro}  héritier ,  à  qm  Dieu  la  dmne ,  qui 
entrera  en  Paris  en  belle  compagnie.  Si 
vo^ne  crojtzjesnoîinellesde  Pieuo^dfU 
Puce  lie  y  en  qn^lque  Iteu  que  vow  trtuut' 
rons y  nom Jinons dedans  ahorrions  yO* 
Ji  verre zJifqfte lie  meilleur  droiB  aur»nt 
de  Vieu  eude  z/ouiGutllaume  de  la  PouU 
le  Comte  de  Suffort  y  lean  Sire  de  xhal^ 
hotiThtmas  Stre  d*  Efcallesjieutenantdit 
Duc  de  Bethefort  yfiy  difant  B^egent  dté 
^ùtaume  de  France ponrle  J^ojf  £^n^ 
glnerre  ,  faite  refponce ,_/?  vous  voulez^ 
faire  paix  ou  non  a  la  cité  d  OrXean  s .  S* 
atnfine  le  fatales ,  dt  voi^ommages  vo^ 
Jôiiuiennt,  Duc  de  ^tttfcrtyqHivou^ 
dîtes \egmf  de  Frace po.r  le\oy£  An 
çletencgy  U  Pucelle  reqnicrto^  prit  ^que 
ne  voHgfacieTjnif  dejtrutre.  Si  vous  ne 
luy  faites  raifon  ,  elle  fera  tant  que  les 
Franfoiifejontlepluâlfeaufiiil  q/t  mC' 
qufsfutfatten  la  chrtihinté,  EJc^tpt  le 
Mardj  en  la fpmaine, Entend: zjei  nofh^ 


deuant  Orléans, 
$f  elles  de  'B>ieuo^  de  U  Puce! le  Au  "Duc 
de  'Bethfort.qui/e  àtKegeat  du  Roj4« 
mede  France  pour  le  ï\oy  dAngl^erre, 
Qjund  les  Seigneurs  &  Gapicai^ies 
AiigloJs  eurent  lelies  &  entêdus  les 
lettres.ils  furent  courroucez  à  mer- 
ueilles.  Etoudefpitde  laPucelle: 
difâs  d'elle  moult  de  villaines  paro- 
les ,  par  eipecial  l'appellant  ribaade 
vachiere  ,  la  menaçant  de  la  faire 
brader ,  retindrent  le  Herault,por- 
teurdes  lettres,  tenans  à  mocquerie 
tout  ce  qu'elle  leur  auoit  efcript. 

Le  leudy  après  prochain  &  vingt- 
quatrième  du  meime  mois  de  Mus, 
&  iour  de  leudy  abfolut,  tirèrent 
les  An^lois  d'vne  bombarde  de- 
dans Orléans  ,  dont  la  pierre  qui 
cheut  en  la  rue  de  la  Charpenterie  , 
tua  que  bleça  trois  perfonnes:  du-  ^ymide 
rant  lequel  lour  courut  grand  bruit,  fy^jj^f^ 
qu'aucuns  de  la    ciré  la  deuoicnt  ^'^^^ 
trahir-,  bailler  es  mains  des   An-  gf^^^^j^ 
glois.  Pourquoy  celuy  mefme  iour  ^^  y^n^ 
6c  lendemainveiUe  de  Saindes  Paf- 
ques  ,  &  le  iour  auffi,  furent  les  gês 
de  guerre  yeftans  en  garnifon  , 
&  les  citoyens  ,  &  autres  y  eftahs  , 
retrai6ts  pareillement  ,  toufiours 
F  vi 


siège  des  ^r}g! ois 
en  armes&r  chacun  fur  la  gardcjtant 
en  la  v:lle&  fur  les  murs ,  comme  es 
bouleuerts  d'entour. 
Tréues      LeiourdeSaindesPafques,  qui 
Confiées  ^^^^"'^  ^^  ^^"g^  Teptiéme    d'iceluy 
le  Jour  ^^^^  ^^  Mars,  mil  quatre  ces  vingt- 
(de  Paf  ^^^^i  furent  tréues  données  Se  oc 
mes      tr<5yces  dVne  part  &  d'autre  entre 
^'     *     les  François  d'Orléans  5c  les  An- 
glois  tenans  le  (lege. 

Le  Mardy  enfuiuant  vingtneufîé- 
mc  dumefme  mois  jarrmerent  de- 
dans la  ville  aucun  nombre  de  be-- 
ftial  &  autres  viures 

Le  Vendredy  d*apres,qui  fut  pie-] 
sniefiour  dumois  d' Auril ,  &en  ce- 
liiy  an,  mil  quatre  cens  vingt  neuf  ^ 
allèrent  les  François  ekarmoucher 
IcsAnglois  près  de  leur  bouleucrt, 
qu'ils  aiioient  fait  de  nouuel  à  la 
grange  Cuyueret.Pourquoy  ils  fail- 
lirent contre  eux  à  tout  deux  eftcn  - 
dars  5  &demourerentlàgrand'  cfp^ 
ce  de  temps  Tvn  d'euant  l'autre ,  Ôc 
îtrans  les  vns  contre  les  autres  de 
canons,  coulemines ,  &  autre  traid 
îcllementque  de  chacune  partie  y 
Cil  eut  plulieurs  blecez. 

Lelendemain  arriuerftni  dedans 


douant  Orléans, 

©tleans  neuf  beufs  gr^s-,  &  deur 

cheuaux  chargez  de  cheureaMX  & 

deviures-  Et  ce iourmerme, après. 

inidy,efcarmoucherent les  François 

de  rechef  le  bouleuerc  de  la  grange 

Guyueret ,  là  où  ils  furent  bien  re- 

cueiilis:car  de  la  baftille  Sain6l  Lau- 

rens  faillirent  contre  eux  enuiron 

quatre  cens  combattans  ,  poirans 

auec  eux  deux  eftendars ,  dont  iVii' 

e^iloit  celui  de  S.  George, eftant  my- 

party  de  blanc&"  de  rouge ,  &  ayant- 

au  milieu  vne  Croix  rouge  :  &r  vin- 

drcntiufques  à  Saind  Matiaurin,  & 

ou  champ  Turpin,  chargeât  fort  iur 

les  François,  Lefquels  furent  misen. 

bel'e  ordonnance  par  le  Baftard 

d'OrleanSjle  Seigneur  dcCrauiHe., 

la  Hire,Poton ,  &  Tilloy.tant  qu'ils 

fe  portèrent  tres^vaillamment,]  &  y^ 

eut  très  forte&  grolTe  ekatmouehe, 

DuraiK  laquelle  tirèrent  merueil- 

leufemct  de  chacune  partie  de  leurs 

canons,  bombardes  5  cauleurines  & 

autre  traid  :  tellement  qu'en  fin  y. 

furent  plaiîeur*  tuez  &  blecez.tant 

des  François ,  comme  àcs  Anglois 

LeDimanchecnfuyuantjdit  Qua- 
fimodo jC  eft  le  iour  de  Pafques  clo* 


StfgedesAngloii 
fes/aillircnt  aucuns  habitans  d'Or^ 
leans,  &  ^ignerenc  enuiron  Sainét 
Loup  vn  chalan ,  auquel  auoic  neuf 
tonneaux  de  vin,  &  vn  pourccau,& 
de  la  venaifonjOu'on  cuidoit  mener 
aux  Anglois  ,  en  celle  baftille  de 
^aindLoup  :  inais  ceux  d'Orléans 
béurent  le  vin  ,  &  mangèrent  le 
pourceau ,  &  la  venaifon.  Et  celuy 
mefmeiour  eut  forte  efcarmouche 
entre  les  Pages  àts  François  &  ceux 
àçs  Anglois  entre  les  deux  ifles 
Sain6t  Laurens,&  n'auoient  efcuz , 
finon  de  petits  paniers  :  Ôc  iettoient 
pierres  &  cailloux/ies  vns  contre  les 
autres.  Au  dernier  firent  ceux  des 
François reculler  les  autres  des  An- 
glois :  Aufquels  regarder  y  auoit 
moult  de  gens.  Et  pour  celle  efcar- 
mouche &  autres  que  depuis  firent 
deuant  Orléans  les  Pages  François , 
eftoir  leurCapitainelVn  deux,  gen- 
til-homme du  Dauphiné,  tiommé. 
Aymart  de  Puifeux»  Lequel  fut  de- 
puis nommé  Capdoratparla  Hire> 
tant  parce  qu'il  eftoittref  efueillc 
&de  grand  hardiefTe  entres  les  au- 
tres :  &  bien  le  monftra  depuis  en 
plufîeurs  faids  d'armes ,  tant  en  ce 


tenant  Orléans, 
Royaume  ,  comme  en  Allemagne 
&  ailleurs. 

Le  lendemain  iour  de  Lundy  , 
ainfi  qu'on  ouuroit  les  perces  de  la 
yille ,  y  arriuerenc  aucuns  François , 
qui  eftoienc  allez  courir  dedans 
Meung ,  dont  ils  auoient  tué  le  Ca- 
pitaine ,  &  emmenoient  quarante 
trois  chefs  de  gro{reiumailles,com- 
bicn  que  plufieurs  d'eux  eftoient 
jiaurez^ 

Celuy  iour  après  midy  eut  vne 
autre  bataille  entre  les  Pages  ,  qui 
eftoient  habillez  comme  deuant  i 
&  là  fut  tué  d  Vu  coup  de  pierre  l'vn 
des  Pages  Ànglois,  &  fî  y  eut  plu- 
fleurs  blecez  d'vne  part  &  dautre. 
Combien  qu'en  hfiagaignerentles 
Pages  AngloisTeltandarc  des  P4- 
ges  François. 

Le  M.irdyanfayuantcinquieP- 
me  d*ircluy  mois  ,  arriuerent  aux 
portes  ouurantes  dedans  Orléans  , 
cent  &  vn  pourceaux  ,&  fix  bœufs 
gras  ^  que  plufieurs  marchans  y  a- 
nienoient  de  Berry ,  lefquels  paiFe- 
rent  au  droi6t  Saind  Aignan  de 
Orléans.  Contre  lefquels  ^Uir^nt 
mouUkifliaemenilcs  Anglois  des 


Stege  dci  Anojois 
Tournelles  ,  fi  toft  qu'ils  les  apper- 
ceurent  :  Mais  ce  fut  trop  tard ,  car 
ils  p«;rdircnt  leur  peine. 

Ce  mefme  iour  arriuerent  auffi 
^euxcheuaux  chargez  de  beurre  6c 
formages  ,  &  dix-  fept  pourceaux 
qu'ony  amena  de  Ghafteaudun.  Et 
(i  vintauilî  nouuelles  que  les  Fran- 
çois eftans  en  garnifon  en  celle  ville 
de  Ghafteaudun  auoient  que  tué 
que  prins  &  dcftroufcz  trente  ou 
quarente  Anglois  qui  apportoient 
grand  argent  aux  autres  Anglois  d€ 
ioft. 

Le  îeudy  après  /èpticmed*iceluy 
mois  a'^riuerent  aux  Anglois  de  la. 
baftilleSiinâ:  Laurens  pludeurs  vi^ 
ores  &  autrjfs  habillemens  de  guer- 
re/ans  irouuer  aucun  empefche- 
ment. 

Le  lendemain  arriuerent  dèuersle 
jaiatin  dedans  la  cité  vingt  fixbtftes 
aumailles  ,  qu'aucuns  François  qui 
en  eftoient  de  la  garnifon  auoienï 
gaignees  en  Normandie. 

Le  Samedy  enfuiuant ,  neufiéme- 
au  mefme  mois  ,  }^  arriuerent  auffi 
vers  le  matin  dixfept  pourceaux  Ô£ 
liui(^xheuaux  ûts  deux  chargeai  de 


^eudnt  Orîcdns. 
eîieareaux  &  cochons,  &  les  (îx  au- 
tres de  blé:  qui  furent  amenez  àe 
Chafteaudun.D'autrepart  firent  les 
Anglois  enuiroa  ce  temps  vn  autre 
bouleuert  &i  foiTc  au  droit  du  Pref- 
fouerars-  Pour  lefquels  empeicher 
faillirent  les  François  ,  &  allèrent 
iurqnes  auboaleaecc  :  Mais  il  fur- 
uinc  vnegrand'pluie  &  merueil'eux' 
temps, qui  dura  longu^^mcnc:  pour- 
quoy  ils  nepeurenc  accomply  leur 
intention ,  &  s'en,  retournèrent  de- 
dans la  cité  fans  rien  Faire.  Nsr^îj- 

L^mardy après, douz'émed'icc-  qu'il 
lu/moisfc  partirent  d'Orléans  de  failloit 
nuidaucuns  François  ô^aUeientà  ni/fls 
SaJnct  Marceau  ou  val  de  Loire,  d<.  feijj'cnt 
rompirent  &  percèrent  i'£glifc,ds-  UJai/te 
dans  laquelle  ils  trouuerent  vingt  fn^^i^re 
Anglois,  qu'ils  prindrent  de  emme-  414  ju- 
nercnt  prifo  nniersdedâs  leur  ville:  trcmmt- 
combien   qu'ils  perdirent  deux  deihnefi^ 
leurs  compagnons.  £t  le  lendemain  jjè'»^ 
fut  apporté  dedans  Orléans  giand  fcett 
argent  pour  fouldoyer  ceux  de  hfortirU 
garnifon  qui  eaauoient  bien  me    yjlie 
ftier.  p0ur 

Le  Vendfcdy  quinzième  iour  du  éller  JL 
melme  Auril  firent  &c  parfirent  vne  S  uarm 


^îege  des  An^ols 
moult  belle  6c  forte  bailille  ,  tref- 
bien  faide  ,  entre  Sainâ:  Pouair  & 
Saind  L<iclre,en  vne  place  qui  coni 
prenoit  graiic'  encein6le,declans la- 
quelle mirent  'k  laiifereiit  plufieurs 
Seigneurs  &  G êcils  hommes  d'An- 
gleterre ,  auecques  grand  nombre 
d'aurresgens  degucrre,voalans  gar- 
der que  par  là  près  ne  peuiTent  plus 
eftre  menez  aucuns  viurcs  dedans 
Orléans  ,  ainfi  comme  ils  auoient 
veu faire  plufîeurs  fois  parauanc  , 
malgré  les  gens  de  leurs  autres  ba- 
ftilles. 

Le  lendemain  venoient  de  Blo's 
àOrleans  parle  chemin  deFleury 
aux  choux,aucun  hombre  de  \  eftial 
&  autres  viures,que  les  Aaglois Gui- 
dèrent deftroufler  ,  ôi  leur  allèrent 
au  deuant,mais  trop  tard:  car  la  clo- 
che du  BçfTIoy  fonnapourfecourir 
les  viures.Ce  qui  fut  faid ,  &  telle- 
ment qu'ils  ^rriuerent  fauuement 
dedans  la  ville. 

Cemefme  iour  vindrent  courir 
deuantles  Tournelles  enuiron  cin- 
quante hommes  d'armes  François 
d'aucunes  garni(onsdeSauloigne,& 
emmenèrent  bien  quinze  Anglois 


deudnt  Orîedns] 
prifoniers.     Et  la  nuid  enfuiuant 
celuy  ioiir  fe  partirent  de  la  ville  au- 
cuns François  qai  tuèrent  trois  An- 
gloisfaifâs  le  guet  auprès  i'Orbe6l:e» 
Le  Dimanche  enfuiuant  &: dix- 
fepciéme  d'iceluy  moisd'Aurilarri- 
uerent  dedans  Orléans  Pocon  ,  de 
5'aindes  tr:ulles,&  autres  AmbaiTa- 
deurs  ,  qui  eftoient  allez  deuers  le 
Duc  de  Bourgogne  6*:  le  Comte  de 
Ligny  ,  &  amenèrent  aueceuxh 
trompette  dudi6t  Duc  deBourgoi- 
gne.   Lequel  fi  toft  quM  (cent  la  re- 
quefte  de  ceux  d'Orléans,  s'en  alla 
&  Meflîre  leîi  de  Luxembourgauec 
luydeucrsle  DucdeBethfort  :  foy 
difant  Régent  de  ce  Royaume  pour 
le  Roy  Henry  d'Angleterre ,  en  luy 
remonftrant  la  pitié  qui  eftoit  au 
Duc  d'Orléans  ,  &auoientrequîs 
&  prié  bien  chèrement  c^u'il  luy 
pleuft  faire  leuer  &  départit  le  fie- 
ge  eftans  mis  deuant  fa  principal- 
le  ville  &  cité  d'Oileans:à  quoyn'a- 
uoic  voulu   acquicfcer  pour    nul 
d'eux  le]  Duc  de  Bethfort  ,  dont  le 
Duc  de  Bourgongne  n'eftoit  pas 
contenti&àcefte  occafion  enuo- 
yoit  auec  les  Ambairadeurs  fairo- 


Siège  des  An^oif 
l.^D//cpette5qui  de  par  luy  commancla  à 
fiVBo»r-tous  ceux  de  Tes  terres  &  villes  a  luy 
gori'^ne  abeilïantjellâs en celayfiege,  qu'ils 
coman-  s\tï\  allaiFenc  &  deparnfTenc ,  5c  ne 
^f  ^/fjtnesfeilTenc  en  aucune  manière  à 
gens  /fceux  d'Orléans.  Pour  obtempérer 
yfz/ye^,  auquel  commandement  s'en  allè- 
rent &  départirent  très  haftiuement 
pluficursBourgoignons,  Picards  , 
Champenois,  &  moult  d  autres  :les 
pays  &obeiiîanced'iGeluy  Duc  de 
Bourgongne- 

Lr  lendemain  au  matin  enuiron 
quatre  heures^  après  minuid:  failli- 
rent les  François  furToft  des  An- 
gloiSj6c  firent  tant  qu'en  leur  entrée 
tuèrent  vne  partie  de  leur  guet  ,  & 
gaignerentrvn  de  leurs  eftandars,& 
furent  dedans  longp.eefpace.  Du- 
rant laquelle  ils  firent  grand  dom- 
mage à  leurs  aduerfaires  :  Lefquels 
crièrent  moult  affiayement  à  l'ar- 
me ,  &  fe  mirent  tous  en  ordonan- 
cele  mieux  Qu'ils  peur.enr,adrelîans 
contre  les  François,qui  les  cognoif- 
iànsapprefter  en  grand  fouUeyflî- 
rentdc  l'oft  ,  oùilsauoienigaigné 
plufieurs  talTes  d'argent ,  beaucoup 
de  robbes  de  martres,  &  grâd  j>om- 


deuantOrlf^ns, 
bre  d  arcs,troiiires3fleiches  &  autres 
habilleraens  de  guerre,  Toutîrsfois 
les  Anglois  l^s  pourfuiuirent  &  tin- 
drent  de  tant  près  ,  qu'il  v  eut  forrc 
&  grôlfc  cfcaL'mouchejOÛ  plufieurs 
furent  tuez  6:b!ccez,tantd'viie  par- 
tie que  d*autre.  Et  par  efpecfal  y  fut 
tuéd'vn  coup  de  couleurine  celuy 
qui  portoit  rcftendartdes  Anglois, 
•cobîenqaecet^xdela  ville  ne  furet  ^ote"^ 
pas  fans  ^.rand  dorrimctge ,  &  bien  y  ^«^  ^^^ 
parut  au  retour  ^  par  le  dueil  que  fi-  h^bith 
itni  le.s  fcrnnr.es  d'Orléans  ^^ploM-^itierent 
rans  ôc  lamentans  leurs  pères ,  maris  dehors 
frères ,  &  parens  ,  tuez  &  blecezen'^  'v^^k 
celle  eicarmouche.  Et  celuy  mcrme  ^*^^  ^f" 
iour  furent  renduz  les  corps  de  cha-  A»^-*" 
cun  coftc:h  furent  en  terrez  en  terre  comme 
fainde.  U^  foU 

Le  Mardy  après  &  dixn  eufîéme  ^^^^  ^^ 
iour  du  mois  d'ÂuiiKenuiroii  Tbeu-  ^^g^^^^ 
re  deveipres,  arrluerentenToft  &/o». 
baftilles  des  Anglois  grand*  quanti- 
té de  viures  ôz  autres  hâbîllemês  de 
guerre  ,  &  auecques  eux  plufieurs 
geris d*armes ,  qui  Ws  conduifent 

Le  lêdemain  enuiron  auatre  hea- 
res  du  matin  fe  partit  d'Orléans  vn 
Capitaine  nommé  ^madiei&  feizc 


Siegê  des  ^in^lois 
hommes  d^armes  à  cheual  auecques 
luy  ,  qui  allèrent  courir  enuiroii 
pleury  aux  choux  ,  où  s'eftoient  lo- 
gez les  Anglois,qui  auoientamenez 
les  viures  derniers  ,  &  firent  tant 
qu  ils  en  emmenèrent  fix  Anglots 
prironrjiec$,quilsprindrent,&plii- 
fleurs  cheuaux,arcs,troulIes ,  &  aa*:; 
très  habillemens  de  guerre. 

Enuiron  celuy  mefme  temps 
fortifièrent  les  Anglois  Sainct 
lean  le  Blanc  ,  ou  val  de  Loire  , 
Scsi  firent  vn  guetpour  garder  le 
palfage. 

LC  /eudy  enfuiuant  arriueten  t  de- 
dans Orléans  trois  chenaux  chargez 
de  pouldre  à  canon ,  &  de  plufieurs 
autres  chofes.  D'autre  part  appre- 
fterentceluyiourceux  d'Orléans  , 
plufieurs  canons  pour  ietter  contre 
les  Angloisrpource  qu  ils  cuidoient 
qu  ils  deuiTem  faire  aucune  fortecf- 
carmouche  pour  leur  bienvenue  & 
en  firent  tirer  merueillcufement 
contre  eux  eftans  faillis  tpourquoy 
fe  retrahirent  en  leur  oft,  mais  plu- 
fieurs d'eux s*en  partirent  la  nuit  en- 
ftiiuant,  pouralleraudeuantdes  vi- 
urcs  qu'on  amenoit  en  la  ville  >  les 


datant  Orléans. 
voulansconquefter. 

Le  Samedy  vingt  troilîéme  du 
mefme  mois  cl'Auril,arriuerent  de- 
dans Orléans  quatre  cheuaiix  char- 
gez de  pouldrcà  canon  &■  de  viures. 
Et  le  lendemain  y  cniraleBourgde 
Marcaranr5accompaené  de  quarate 
combattans.  Et  le  iolir  prochain  a- 
pres  ,quifut  Mardy  vingt  fixiéne 
ioLirda  mefme  mois  ,  y  emra  auflî 
Alain  Degiron^accompagnédecenc 
combattans. 

Le  Alercredy  enfuiuant  faillirent 
les  François  ,  &  allèrent  en  moult 
grand  hafte  ôc  belle  ordonnance 
iufquesàlaGroix  JeFleury  ,  pour 
recourir  aucuns  majchans  amenans 
viures  d'encour  Blois ,  pour  les  aui - 
tailler  :  parce  qu  ils  eurent  nouuel- 
les  qu'ils  auoient  empefchement  : 
twais  ils  ne  paiîèrent  point  outre  , 
obftant  ce  qu'on  leur  vintdeuant  : 
ôc  leur  fut  dit  qu'ils  n'y  feroient 
lien  ,  car  les  Anglois  les  auoient  ia 
deftrQuiTez.  Combien  que  d'autre 
part  leur  vinç  autre  reconfort  de 
loixante  combatians  venans  de 
Beaune  en  Gâftinois,qui leur  amc-j 
npient  d'autres  pourceaux. 


ILe  lendemain  iour  de  Tcii^'  , 
vint-huidiéme  iourd'iceîuy  mois 
d  Aiiril  ,  arriuerent  après  midy  de- 
dans Orléans  ,  vn  Capitaine  moule 
renommé  appelle  Meiîîre  Fleuren- 
nn  d'Illicrs,^:  auecques  luy  le  frère 
delà  Kire ,  accompagnez  de  quatre 
cens  combatrans ,  qui  venoientde 
Chafteandun.  Et  çeluy  me(me  iour 
eut  vne  forte  &  grolPc  efcarmon- 
cîie  :  parce  que  les  i^ngîois  vin- 
drent  efcarmouchei  deuant  les 
bouleuers  d'Orléans.  Mais  les  gens 
de  ga^rre  ,  &  plufieurs  citoyens 
d'Oïeans  (aillicent  contre  eux 
&  les  châtrèrent  iufques  en  leurs 
bouleuers  :  &  firent  tant  qu'ils  en 
tuèrent  &  r!aurfrentplu{îeurs,&les 
autres  tombèrent  dedans  lesfoifez 
de  leurs  bouleuets.qin  eftoientpour 
lors  enuiron  la  grange  Cuyuerct  Sc 
le  Predouer  ars,enaucunevaileej» 
qui  la  eftoientd'anciennetérToute- 
foisconuintaux  François  laifTerleur 
efcarmouchcjôrretourncr  en  la  vil  - 
î^  pour  la  multitude  des  canons, 
couleurines  &  autre  traid  dont  ti- 
roient  les  A  nglois  contre  eux  moult 
elpélîement  ?  tellement  que  plu-- 

fleurs 


dfudnt  Orléans, 
lîeurs  y  furent  tuez  dVnepaitie  Sc 
d'autre  :  ôc  en  leur  retour  theut  vii 
des  François  dedans  vn  puits ,  la  ou 
il  fur  tué. 

D'autre  part  ,fceurent  laPucel- 
le  &  autres  Seigneurs  6c  Capitanies 
«dans  auecques  eile,  comment  les 
Anglois  la  defpriloient  en  eux  moc- 
quant  d'elle ,  ôc  de  Tes  lettres,auoiêc 
letenu  le  Hérault,  qui  les  auoit  por- 
tées :  Parquoy  il*^  conclurent  qu'ils 
marchetoientauantà  tout  leurs  g€s 
d'armesjviures  &  artilleries,  &  paf- 
fcroient  parlaSouloigne  ,  obft-ant 
que  la  plus  grand'puiltance  des  An- 
glois eftoit  du  cofléde  la  BcaulTe: 
combien  que  de  ce  ne  dirent  rien  à 
la  Pucelle  ,  laquelle  tendoit  aller  Se 
palier  pardeuant  eux  à  forces  d'ar"» 
mes.  Et  parce  ordonna  que  toutes 
les  gens  de  guerre  Ce  ^onfeiraiTcnt , 
de  laiflalTent  toutes  leurs  foUes  fem» 
mes  ,&tout  lebagaigc  :  &  eii  ce 
point  s'en  allereiu,3^  tirent  tant  que 
ils  vindrent  iniques  à  vn  village  no- 
me Checy,Ia  ou  ils  beurenc  la  nui<3; 
-eniuyuanc» 

Le  Vcndredy  cnfuyuant  vin^t- 
î5eii1ic(nie  du  mefine  mois,  vindrent 

a 


Siège  èes  ^n^hii 
dedans  Oiieans  les  no  miellés  cer- 
taines comnnent  le  Roy  enuoyok 
pai-  la  Sauloigne  viiires^poudieSjCa- 
nons,&-  SLiuïts  habiUemens  deguer- 
re,  fonbs  la  conduite  de  la  Piicelie. 
Laquelle  venoit  de  parnoflre  Sei- 
gneur pourauitailler  ôcreconforter 
la  ville  5  &  Bnre  leuer  le  Hege ,  donc 
furent  moult  réconfortez  ceux 
d'Orlean.'..Et  parce  qu'on  difoit  que 
les  Angloismcttoienc  peine  d*em~ 
pefcher  les  viures ,  £at  ordonné  que 
chacun  fuft  armé  Se  bien  empoiiit 
par  la  Cité,  ce  qui  fut  fai6t.  Ce  iour 
auffi  y  arriuerent  cinquante  com- 
bottans  à  pied,  habillez  de  guifar- 
tneSj&autres  habillemens  de  gaer- 
re,c:k:  venoienc  dupays  de  Gaftinois, 
ou  ils  auoient  eilez  en  Garniton,, 
Celuy  mefme  iour  eur  moût  grolîe 
eicarmouche,  parce  que  les  Fran- 
çois vouloient  donner  lieu  &  heu- 
ce  d'entferaux  vîures  qu'on  leur  a- 
irenoit.  Et  pour  donner  aux  Aii- 
glois  a  entendre  ailleurs ,  fàiUirent  à 
grande  puillànce ,  &  allerenc  courir 
Se  efrar moucher  deuant  S.  Loup 
d'Ôileans.  Et  tant  lestindrent  de 
pîes  ,  qu'ils  y  eut  plufieisii  morts  ^ 


àett^nt  Ovïeansi 
bieffez,  &  prins  pnfonniers  dVne 
part  Ôc  d'autre  :  Combien  que  les 
jrançois  apportèrent  dedans  l^riir 
Gité  vndes  Eflandarts  des  Anglois' 
Et  lors  que  celle   efcarmonche  (e 
faifoitjentrerent  dedans  la  ville  ,ies 
viures  Se  artillerie  que  la  Pucelle  a- 
uoit  conduits  iufquesà  Checy    AU 
deuant  de  laquelle  alla  iurquesàce- 
iuy  village  le  Baftard  à'Ot  eans  ,  & 
autres  Cheuaiiers,  Efcuyers  &  gens 
de  gaerre:  tant  d'Orléans  comme 
d'autre  part ,  moût  ioyeux  de  la  ve- 
nue d'elle,  qui  tous  Iuy  firent  grand 
reuerencc  éc  belle  chère  ,  &  il  feift 
elle  a  eux.    Et  la  conclurent  tous 
enfv  mbie  qu'ellen'en'xeroit  dedans 
yQileans  iufquesaiA  nuict ,  pouré- 
uiterlatumul:e  du  peup'e  :  &rque 
ie  MireC.bc-1  de  R^ys  >  &  Mclîire 
Ambroife  de  Loré,  qui  parle  con- 
mandenjÊUtda  Roy  r^uoientcoii- 
Aaïù,Q  iniques  la  .  sqw  ritourne- 
roientaBlois  ,  on  e*ioient demeu- 
rez plufieirs   Seigneurs  &g<i.is de 
guerre  François  ,  te  qui  fut  faiiSt. 
Caraind  comme  a  hu;d:  heures  -at£ 
foir  ,  malgré  tous  les  Au^-loisqui 
oncqucs  n  y  mirent  em  pefchemeiit 
^G  ij 


tiicun  ,eUr  yer»cr:aarnr;eedetoutes 
pitri  es, montée  fur  vn  cheual blanc, 
ix  la:ioit  pcrtrr  deuantelle  (on  Ef- 
t.jfen     tan  dart, qui  e  (loir  pareillemencblâc 
daude  ouquel  auou  deux  Anges  tenant 
ia  i  »-  chacun  vue  fleur  del  sen  leur  nnain: 
n;lle ,     ^  Q^  panou  eiloit  pamâe  comme 
deux      xne  Annonciation,  c'eil  ï  Image  de 
»Anfes  noflie Dame, ayant deuanc elle  vn 
ienans   Angeluy  prefentantvrlisElleaind 
thai.un  çj-, frantdedans  Orléans  auoità  (on 
'^'^^^       tGfté(eneftielebaftard  d'Orle^n.*?, 
/'  ^^^  '^  "*"  arrr  é  &:  m  o  n  té  m  o  ii  1  c  richement* 
L}i.      Et  après  venoient  pluiieurs  autres' 
nobles  &  vaillants  Seigneurs  ,  tf- 
cuyeis  Capitaines  &ger s  de  guer- 
re ,  fans  aucuns  de  la  Garnifon  ,  &: 
aulîîdes  Bour2,eoisd'0:ieans,  qui 
iay  edoient  filiez  au  deuant,  D'au- 
t  e  p?.rt  >1:^  viadrent  rcceuoir  Its 
R^itTes  gens  de  gueire,  Bourgeois  3c 
B  urgeoiies  d'O,  k.  us .  portant  vu 
g  and  nooibres  de  torches, Scf-ufânt 
t  ileioyecommç  s'ils  veiiknt  Dieu 
defcendre  enrrecux  ,  5c  non  (ans 
caufe  :  car  ils  auoient  plufieurs  en- 
nuis rrauaux  &  peires  ,  &  qui  pis 
eitii'raîid*  doute  de  non  eGiv  lev-ou- 
rus ,  <54  perdre  tous  corps  &  biens. 


deu4nt  ÛYÏearîS, 
Mais  ils  fe  rentoienila  tous  récon- 
fortiez, Se  comme  des  alîîeg^*z,  par 
la  vertu  Diuine  qu'on  leur  auoic  dit 
cftre  eu  cefte  (impie  Puceile  ,  qu'ils 
regar  loient  moultafFedueafement 
taut  hommes  ,fe  iimes ,  que  petits 
enfius.  Et  y  auoit  moultmerueil- 
leufe  prede  à  toucher  a  elle ,  ou  au 
cheualfurquoyeUe  eftoit  telbmoc 
que  IVn  de  ceux  qui  porcoient  les 
torches,  s'approcha  tant  de  fou  Ef- 
tandartque  lefeu  fe  priât  au  panoiv 
Pourquoy  elle  frappa  foiicheual  des 
efperons,  &le  tourna  autant  gente- 
meatiu(quesaupânon,do!ueIlee(i 
eftaignit  le  f  ^u  ,  comme  i'elle  euil 
longuement  fuyuy  les  guerres  :  ce 
que  les  gens  d'armes  tindrent à  gra- 
des meueilles  ,<5c  les  Bourgeois  de 
0;leansâafîî.      Lefquels  raccom- 
pagnèrent au  long  de  leur  ville  Se 
cité,  faifant  moule  grand  chère  ,  Se 
par  très  grand  honneur  la  condui- 
fenttous  iniques  auprès  de  la  porte  ^ argues 
Regnartjenl'hoftcldcUques  Bou-  Bo/^- 
cher  ,  pour  lors  Thrcforier  du  Duc  chertve 
d'Orléans, ou  elle  fut  recelie  à  très-  forier 
grand ioye.auecfes deux fieres,&  du  One 
les  deux  Gentils- hommes  ,&  leur  d'oAe- 
G  iij  ans 


Biegcdes  Angloif, 
dm  iegîs  valet ,  qui  eltoknt  venus  auecque^î 
duejuel  eux  du  pays  de  Biit^ois» 
futlo^é  Lclendemi^in  ,quifutSamedy  > 
UVt$-  dernier  iourd'iceluy mois  d'Auril, 
ulle,  faillirent  la  Hire  ,  Mefîîre  Florent 
d'Illiers,  &  pluiieurs  autres  cheua- 
ijers,£{cuyers  de  ia  Garnifoii,  anec- 
ques  aucuns  cicoyens4&  chargetet 
ïîlendarts  defployez  fur  i'oll  des 
Anglois,  tant  qu'ils  les  firent  recu- 
ler ,  &  gaignerent  la  place  ou  ils 
auoient  le  guet  qu'ils  tenoient  lors 
à  la  place  de  faind  Pouâir,àdeux 
trai6bsd*Arc  de  la  ville:  pourquoy 
on  cria  fort  tout  au  long  de  la  cité,  à 
celle  heure  que  chacun  apportaft 
f  sur»^ es. pailles  &  fagots ,  pour  bon- 
î^er  le  feu  es  logis  des  Augîois  de- 
dans leur  oft.  Mais  on  n'en  fit  rien , 
©brftant  que  les  Anglois  fiient  terri- 
bles cris,<5<:  fe  mirent  tous  en  or- 
donnance. Et  parce  s'en  retourne- 
lentles  François,  combien  qu'a-» 
«ant  leur  retour  y  auoit  eu  très  for- 
te &  longue  efcarmouche  >  durant 
laquelle  tirèrent  merueilleufement 
les  canons ,  couleurines  ,  &  bom- 
bardes ,  tant  que  plufieurs  furent 
tuez  ,  bluffez  ,&  prias  prifonmers^ 


deuant  Orléans^ 
cî*viiparty&  d'autre. 

La  nuid venue  ,  enuoya  la  Pu-^ 
celle  deux  Hérault  deuers  les  An- 
gloisderolt  ,  &  leur  manda  qu-.ls 
luy  renuoyaflenc  le  Hérault  par  le- 
quel elle  leur  auoic  enuoyé  Tes  let- 
tres de  B  lois.    Etpareillemencleur 
manda  le  Baftard  d'Orléans  ,  que 
s'ils  ne  le  renuoyoient  qu'il  feroit 
mourir  de  maie  mort  tous  les  An- 
glois,qui  eftoient  prifonniers  dcdas 
Orléans:  Et  ceux  auflî  oui  par  au- 
cuns Seigneurs  d'Angleterre  y  a~ 
uoient  eftéenuoyez  pour  traidcr  de 
la  rançon  des  autres.  Pourquoyles 
chefs  de  l*oft  renuoyerent  tous  les 
Herault&  MefTagers  de  la  Pucelle  , 
lui  mandant  par  eux  qu'ils  la  brufle- 
roient&feroientardoir  ,  &  qu'el- 
le n'eftoitqaVne  nbaulde.Et  com- 
me telle  s'en  recoumaH:  garder  les 
vaches ,  dont  elle  fut  fort  irec.  Et  à 
cefte  occafion^quâdvintfurlefoir, 
elle  SQW  alla  aubouleuert  delà  belle 
Croix  furie  Pont:&  delà  parla  à 
Glacidas  &  autres  Anglois  eftans  es 
TournelIes,<S<:  leur  dift  qu'ils  fe  rea- 
dident  depar  Dieu,lears  vies  fauucs 
Jèalptnêc.  Mais  GUcidas  &  ceux  de 


fiegedes  Avgîols, 
fa  rorte  rerpondirent  villainement  J 
Tiniuriant  &  appellant  vachère,  co- 
rne (Jeuant ,  criani  moult  haut  qu'ils 
laferoient  ardok,  s'il  la  pouuoieju 
tenir:  Dequoy  elle  fut  aucunement 
iree,  ôcleur  refpondit  qu'ils  meii- 
îoient-  Et  ce  dit  s'en  retira  dedan-s 
la  Cité. 

Le  EHmancbe  diaprés  ,  qui  fot 
premier  iour  deMay,celuy  au  mil 
quatre  cents  vingt-neuf/e  partit  de 
la  ville  le  Faftard  d'Orléans,  povjr 
aller  à  Blois  deuers  le  Comte  de 
Clermontjle  Marefchal  de  Sain£bc 
Sei(ere,le  Seigneur  de  Rays,&  plui 
fieursautresCheuahers,  Elcuyers , 
&  gens  de  guerre.  Celuyiourauffi 
cheuaucha  par  la  ciré  la  Pucelle,  ac^ 
compagnee  de  pluficurs  Cheualiers 
&  Efcuyçrs  ,  parce  que  ceux  d'Or- 
léans auoient  (i  grande  volonté  de 
laveoir  ,  qu'ils  rompoientprefque 
Fhuis  de  l'hoftcl  ou  elle  eftoit  logée 
pour  laquelle  voir  auoit  tant  grands 
gens  de  la  cité  par  les  rues  ou  elle 
pafToit, qu'a  grand  peine  y  pouuoit 
on  pafler  :  car  le  peuple  ne  fe  pou- 
noir  faouller  de  la  voir.  Etmoul 
fcmbloit  àtouseftregtftiides  met^ 


de  fiant  Orléans, 
ueiIles,commenc  elle  fe  pouuoitte- 
Birfigencemsnc  acheual  ,  com^ne 
elle  taifoit.  Et  à  la  vericé aaffi  Al^  le 
maintenoit  au(îi  hautem^ntenrou' 
tes  manières,  comme euftfceuFiire 
vn  homme  d'armeSjfuiuanc  lagaer- 
re  dés  fa  leaheire. 

Ce  mefme  lour  parla  de  rechef  la 
Pucelle  aux  Anglois  près  de  !a  croix 
Morin  ,  &  leur  dift  qu'ils  fe  reiiiiî- 
ieiic  leur  vies  (aiines  cane  fealeméc  > 
&s'en  retourna^ntde  par  Dieu  en 
Angleterre  ,  ou  qu'elle  les  fe  oie 
coarrroucez  :  Mais  ils  hiy  refpoa - 
dirent  auflî  villaines  par -«'les  qu'ils 
auoicnt  foidtdesTournellesà  Tau* 
trefois  ,  ponrquoy  elle  s'ca  retour  - 
lia  dedans  Otleans. 
Le  Lundy  deuxiefmeiour  de  May 
fe  partit  d'Orléans  la  Pucelle  eftant 
àcheaal,  &  alla  furies  champs  vltî- 
ter  les  baffcilies  Se  olldes  Anglois, 
après  laqielle  couroit  le  peuple  à 
très  gran  1  foulle  ,  prenant  moule 
gr m  i  plaifirala  voir,&  eftce  eacoar 
elle.  Etquand  eue  veu&  regardé  à 
Ton  plaiilr  les  fortifications  des  An- 
glois ,  elle  s'en  retourna  à  rE^life 
SxiïïGtc  Croix  d'Oïleansdedâasia 


Sie^e  des  Angloi} 
Cité ,  ou  elle  oint  les  V^rfpres. 

Le   Mercredy  quatrielme  ioiir 
d'iceluy  mois  de  May  ,  faillit  aux 
champs  la  Pucelle  ayant  en  fa  com- 
pagnie 1  j  Seigneur  de  ViUars,  MeCr 
Hce  pleurent  d'iliers:  h  Hire ,  Ahin 
Giron,  IâmetdeTilloy,&:plufîeurs 
auties  Efcuyers  &:  gens  de  guerre  , 
eftans  en  tout  cinq  cens  combattas:  ; 
&  s'en  alla  au  deuant  du  Baftard 
d'Orleâs,du  Marefchal  de  Rays ,  da 
Marefchal  de  Sainde  Sruere  ,  du 
Baron  de  Coulouccs,6c  de  plufieurs 
autres  Cheualiers&  Elcuyers  ,auec 
autres  gens  de  guerre  habillez  ,  de 
guifàrmes  &  maillets  de  plomb,  qui 
amenoiêt  viures,queceux  de  Bour- 
ges 5  Angers, Tours  ,  Blois,en- 
uoyoient  à  ceux  d'OileanSjlefqucls 
receurent  en  tres-^rande  ioye  en 
leur  ville  :  en  laquelle  ils  entrèrent 
pardeuant  la  Baftille  dçs  Anglois, 
qui  n'oferent  oncques  faillir  :  mais 
feten oient  fort  en  leurs  gai  des.   Et 
ce  mefme  iour  après  Midyjfe  parti- 
rent de  la  cité  laPucelle  Se  le  Baftard 
d'Orleans^raenans  en  leurs  compa- 
gnies grand  nombrede Nobles  ,& 
«uuiron  quinze  cens  combâcias ,  Ôç 


deu.mt  Orléans] 
s'en  allereiicairaillir  la  baftille  faiii£l 
Loup ,  la  ou  ils  crouuerent  force  re- 
firtaiice.  Caries  Anglois  ,  qui  l'a-- 
uoienc  moût  fortifiée  ,  la  deftendi- 
•rent  tres-vaillamment  refpace  de 
trois  heures ,  que  l'adàulc  dura  tref- 
afprejCombien  qa*en  fiulaprindrét 
les  François  par  force  ,  &  tuèrent 
cens  &  quatorze  Anglois,  &enre- 
tindr::nc&aiiien?renr  quarence  pri- 
fonniers  :ledansleur  ville: mais  anat 
al-  bâtirent  ,  bruflerenc  3i  defmoli- 
rent  du  tout  celle  baftille  ,  outref- 
grand  courroux  ,donmage  &  àci- 
plaiiîr des  Anglois.  Partie defquels 
eftans  à  la  baftille  de  Sain â;  Poliair 
failbrent  à  grand  puiilance  durant 
celuyalîaulc ,  voulansfecourirleuc 
gens  5  dont  ceux  d'Orléans  furent 
aduertis  par  la  cloqhe  du  BefK'oy, 
qui  fonna  par  deux  fois.  Parqnoy  le 
M  îreTchil  de  Sauide  Seuere^le  Sd- 
gneur  de  Grauille  le  Baron  de  Cou- 
îouces,  rSc  plufieurs  autres  Cheua- 
liers  &  Efcuyers,  gens  de  guerre  ^ci 
toyens  eftant  en  cous  (ix  cens  com- 
battansjiaillirent  baftiuementhocs 
d'Oil:*ans,  &  fe  mirent  aux  champs 
en  très  belle  ordoiiiiance  8c  bacaills 
G  vj 


Sie^e  des  Anglais 
contre  les  Anglois ,  leiquels  deîail^ 
ferentlenreatrepnnfe  6c  lelecours 
de  leurs  compagnon  s, quand  ils  vi- 
rent la  manière  des  François  amfi- 
faillir  hors,&  ordonnez  en  bataille; 
Ôc  s'en  retournèrent  dolens  de  cour- 
roucez dedans  leur  baftille ,  dont  ils 
eftoient  yifus entres-grand'  haiie. 
Mais  nonobftant  leur  retour  fe  def- 
fendirentde  plus  en  plus  ceux  de  la 
baftille.  Combien  qu'en  la  fin  la 
prindrent  les  Fran^ors  aiiifi  que  dit 
cft. 

Lcleudy  d*apres,qui  firt  F  Afcen^ 
fîon  noftre  Seigneur,tiudrent  coii- 
feil  la  PuceUeJe  Baftard d'Orle? ns» 
îe  MarefchaldeSainc^teSeuere,  ^ 
de  Rays^le  Seigneur  de  Grauille ,  le 
Baron  de  Coulouces  le  Seigneur  de 
Villats  ,  le  Seigneur  de  Saindes 
Tra)ries5^e  Seigneur  de  Gaucourt  , 
la  Hire  ,  le  Seigneur  deCorraze, 
M  iïîre  Denis  de  Chally,  Thibaut 
dft  Termes  lametdeTilloy  ■_,  &c  vn 
Capitaine  EfcolFois,  appelle  Cane- 
de,  &  autres  Capitiines  &  chef<  de 
g-.'erre,  &av){îîles  bourgeois  d'Or- 
léans,pour  aduifer  &  conclure  ce 
qui  elioit  de  faire  cotre  les  Angloi* 


deu4Ht  Orléans, 
qui  les  tenoient  aflîegez,  Pourqnoy^ 
fut  eoucKid  qu'on  air%uldroit  les 
Tournelies  ôc  bouleuers  du  bouit 
du  Pont:  Combien  que  les  An?lois 
lesauoienc  mcrueilleuiemeDtferri- 
fîees  de  chofes  defifenfables  ,  &c  de 
grand nobretle  gensb-envfitez  ea 
guerre.    £c  parce  fur  par  les  Cap  i~ 
taines  commandé  que  chacun  fuft 
preftle  lendemain  bien  matin  ,  ëc 
garny  de  toutes  cholesàFaire  a^aut  : 
auquel  commandement  fut  bien 
QÎ^ey  :  Cai  dés  le  foir  fit  faiôt  tant 
gr  '.nie  diligence ,  que  tout  fut  preft    Sdillie 
au  plus  matin  ,  Se  nonce  àrlaPucel   ^^  ^^^^ 
le,  laquelle  GiilUt  hors  d'Orléans  ydeOrle-^ 
ayant  en  fa  compap^nie  le  B-iftari  ^^nT  par 
d'Otleansjles  Marefchauxde  Sain-  Utime^ 
Ù.Q  ^eueue  ÔcdeRays  ,1e  Seigneur  recentre 
de  G:auil;e ,  Meiïîre  Fleurend  d'fl-  fatnB 
liers  ,  la  Hire  ,  &  plufieurs  autres  imp& 
Cheualitr>  ,  Efcuyers ,  &  enuiron  Utonr 
quatre  milcombatcans  ,&  paiïala  n^ufiie^ 
riuverede  Loire  ,ep'treSaind  Loup  '^tàe 
êc  leTo-iv  neufue ,  Se  de  prime  face  pri?ne^ 
prindrent  Gà:\ck  ïean  le  Bbnc ,  que  fac^   le 
les  'Vn^loisauoient emparé  &  for  fort  de 
tifié.    Et  apr'^s  fe  reruecent  en  vue  S  l^Zle 
petite  ifk,aui eit  au  df oiCt  de  faiiid  ^Unc 

•'•  [rtns» 


Shze  ci  es  ^nzlois 
Aignan.  Et  lors  les  Anglois  des 
Toariielles  faillirent  à  grande  puif- 
fanccfaiians grands  cris,  &:  vindrêc 
eh  rger  fur  eux  très  fort  &  de  près* 
M-ais  laPucelle  Se  la,Hire,à  tout 
partiedeleurs  gens  fe  joignirent  cil 
ièmble,ô<:  fe  fcappereifi:  de  tant  gra- 
de force  &  h  ^rdielle  contre  les  An- 
glois qu'ils  les  contraignirêc  reculer 
iufqaes  à  leurs  bouleuers  &:Tour- 
nelîes.  Et  de  pleine  venue  liurerf  nt 
tel  allaut  au  bouleuert  8c  baftille  là 
près  fortifiez  parles  Anglois, au  lieu 
ou  eftoic  l'Eglile des  \uguftins,  que 
illes  prinirent  par  force,  deliurans 
grand  nombre  de  François  là  pri» 
ibnniers,&: tuant  pluiieurs  Anglois 
qui  eftoient  dedans  ,  Se  l'auoienc 
defFendiimoutarprement,  tant  que 
on  y  fiit  moult  de  oeaux  fai6b  d'ar^ 
mes,  dVne  part  Se  d*au'tre.  Et  le  foir 
enfuyuant  fut  par  les  François  mis 
le  fiege  deuant  les  Tonrnelles  Se  les^ 
bonleu^rs  d'êcour.  Pourquoy  ceux 
d'Orleansfaifoient grande  d.ligen- 
ce  déporter  toute  la  nui6l  pain,vin. 
Se  ancres  viures,  aux  gens  de  guerre 
îcnans  le  fiege. 
Le  iour  d'après  au  plp>  matin  , 


âet4<tnt  Orleum, 
qui  fut  Samedi  fîxieme  iour  de  May 
afïaillifcnt  les  François  les  Tour- 
jnelles  &  les  bouleaers  ,  que  les 
An^lois  y  auoient  faids  pour  les 
Ibrcifier.Etyeucmout  merueilleux 
afïàuc,  darans  lequel  y  furent  fai6ls 
plufîeiirs  beaux  faiéts  d'armes  \  tant 
en  aflfàiUât  qu'en  dcfFendenr:  parce 
que  les  Anglois  eftoiêtgrand  nom- 
bre forts  c6battans,5c  garnis  abon- 
damment de  toutes  choies  defîènfi- 
bles.  Et  auflî  le  monftrcrent  ils  biê  : 
car  nonobftant  que  Its  François  les 
efchellairent  par  diuers  lieux  mouE 
erpaiirement,^'  alïailliffent  defronc. 
au  plu5  haut  de  leurs  fortifications  , 
dételle  vaillance  ^hariieOTé  qu'il 
fehfiblaft  à  leur  hardy  maintien,  que 
ils  curdôtfent  eftre  immortels  :  lî  les 
reboutcrent  ils  maintefois  Ôctrcf- 
bucherentdu  ha-utenbas ,  tant  par 
canons  &autretrai6i:,  comme  aux 
BacheSj lances  ,guiiarmes ,  maillets 
dé  plomb  ,  &  melmes  a  leurs  pro- 
pres m^îins  :  rellf^ment  qu'ils  tuè- 
rent que  blelTerent  plafîeurs  Fran- 
çois, &  encre  le^  autres  y  fut  blelTee 
la  i?ucclle  :  &  fiappee  d'vn  traid 


siégeais  anglais 
entre  l'efpaule  ik  la  gorge  ,  (î  auaiit 
qu'il  paffoit  autre  ,  dont  tous  les 
allaïUans  furêc  moût  dolens&  cour- 
rou'ez  ,  &par  efpecial  le  Baftard 
d'Oileans ,  de  autres  Capitaines  qui 
vindrent  dcuctselle,  &  luy  dirent, 
qu'il  valloit  mieux  lailler  l'allliuc 
iufquesau  (eademain  :  mais  elle  les 
reconforta  par  moût  belles  &  har 
dies  paroles  ,  les  exhortans  d'entre -- 
tenir lear  hardielTe  ,  lefquels  nela 
vouians  croire  delailTerent  Tailaut , 
ôc  le  retirent  arrière  voulans  faire 
rapporter  leur  artillerie  lufqiïesau 
lendemain^dontelle  fut  très-  dolen- 
te.   Etleurdift  ,  en  nom  de  Dieu 
vous  entrerez  bien  br^^f  detians  , 
n'avez  doute  ,  &  n'auroit  les  An- 
gloi^  plus  de  force  fur  vous.    Pour- 
quov  repofez  vous  vn  peu  beuuez 
&mangtz.     Ce  qv/ilsfîient  :  carà 
merueiilei  luy  obeiiroient  Etjquâd 
ils  eurent  bca,eUe  leur  dift  :  retour- 
nez de  par  Dieu  àrallaut  de  rech-f: 
car  fans  nulle  faute  les  Anglois  n'au 
ront  plus  de  force  d'eux  d;  fîèn  J re  , 
&  feront  prinfej  lenrs  TourneUrs 
&  leurs  bouieuers;  Et  ce  dit,  Liila 
fou  £ilandarr,&s*jin  alla  fur  loii 


d'ettant  Oyleaiss. 
cheuaîàvii  lieu  déftoanié  f:iire  orat- 
fon  à  iioftre  Seigneur.    Et  diil  à  vn 
Gentilhomme eftantlà  près:  Don- 
nez vous  sjavde  ,  quand  la  qaeiie  c^e 
mon  Eftîndart  feri  ou  touchera  ca- 
tre  le  bouleuert.  Lequel  luy d tft  vu 
peu  après  :  îeanne  la  queue  de  ton 
Eftandart  y  touche  ,&  lors  elle  luy 
refpondit.    Tout  eft  voftre   ,  &  y 
entrez.  Laquelle  paroles  futtoft  a- 
près  cogneue  prophétie  :  car  quand 
les  vaillants  chefs  &  gens  d'armes^ 
eftans  demeurez  dedans  Orléans, 
virent  qu'on  vouloit  aflailiir  de  re  - 
chef, aucuns  faillirent  hors  de  la  ci- 
lé  par  defelePonu  it  parce  que 
plu  (leurs  arches  eftoient  rompues  t 
ils  inenerent  vn  charpentier,^:  por 
terentgouttieres&efchelles  ,  dons 
ils  filet  planches.  Et  voyas  qu'elles 
n'eftoient  allez  longcespour  porte? 
furies  deux  bouts  dVne  des  Arches 
rompues  ,iis  ioignirent  vne  petite 
pièce  de  bois  à  l'vne  ces  plus  grande 
gouttières, &  firent  tant  qu' Jle  tinc 
Sur  laquelle  paiîa  premier  tout  ar- 
mé vn  tc^s-vaiUant  Cheadier  de 
l'Ordre  de  Rhodes  ^did  deS.leaiv 
delerufalem  ,  appelle  frère  NicoU 


ie  Girefme  ,  Se  a  ion  exemple  pîii- 
£eurs  autres  a'.ifîî,qu  on  dd  depuis 
auoireftéplusmiracIedenoiucScj- 
gneur  qu'autre  chofe  ,  obilanccue 
la  gouttière  eftoit  merueiileufeaiéc 
longue  &  eftroi6te,&  haute  en  l'air, 
iâns  auoir  aucun  appuy.   Lefquels^ 
palfcz   outre  ,  fe   boutterent  auec 
leurs  autres  compagnons  en  lailauc 
qui  dura  peu  depuis  :  car  /i  toft  que 
ils  eurent  recommancé  les  An<?'lois 
perdirent  toïite  force  de  pouuoir 
plusrefifter  :  S^s^n  cuiderent  en- 
trer du  bouleuerc  dedans  les  Tour- 
neUes, combien  .que  peu  d'eux  fe 
peurent  fauuerrCarquatreou  cinq 
cens  combattans  qu  ilz  eftoient  fu- 
rent tous  tuez  ou  noyez  ,  excepté, 
aucun  peu  qu'on  retint  prifonniers, 
&  non  pas  grands  Seigneurs,obftât 
que  Glacidas  quî  eftoitGappitaine 
(&  moult  renommé  en  faich  d'ar- 
mes 5  le  S'eigneur  de  Moulins  ,  le 
Seigneur  de  Pommier  ,leBailIyde 
Mente ,  &  plufieurs  autres  Cheua- 
Èersbannerets&:  nobles  d'Angle- 
terre furent  noyez,  parce  qu'en  eux 
Guidans  fauuer^le  pont  fondit  foubs 
eux,  qui  fut  grand  eibahilfement  de 


deuant  Orléans^ 
Fa  force  des  Anglois,  6c  grand  doitr^*- 
«nage  des  vaillants  François-,  qui 
pour  ieucrancoiveuffent  peu  auok 
grand*  finance,  Toucesfois  firent  ils. 
grand  ioye ,  îz  1  ou  ère  ne  nolke  S^^ 
gneur  de  celle  belle  victoire  quM 
leur  auoit  donnee,&bien  le  deuoiéc 
jPaire.   Car.ondidque  celuy  alTaur 
qui  dura  depuis  le  matin  iufquesaa 
Soleil  couchant,  fut  tant  grande- 
ment airaïUy  &rdeifendu,quecefur 
vndes  plus  beaux  faids  d'armes  qui 
cucefté  faid.  long  temps  pirauanr. 
Et  aulTi  fut  miracle  de  nollre  Sei- 
gneur ,  faiétàlarequeftedeSainét 
Aignan  &  Saind  £uuertre,iadis  e-  Orleag 
usfqaes  &  Patrons  d'Orleans,com.  con(er- 
me  allez  en  fut  apparence  ,  félon  la  ué  par 
commune  opinion,  ^mefuiespar  les  prie- 
rrerlonnes,quiceluyîour  furent  a-  resdeS. 
menez  dedans  la  ville,  T  vn  defquels  ^i^nl- 
certifia  qu  à  luy  t  tous  les  autres  &  S. 
Anglois  desTourneliesac  boulle-  Enueu 
uers  fembloic  ,  quand  (>n  les  affi'l-  tre  paj 
li3it,  quMs  voyoïent  tant  de  peuple  nos  de 
que  merueilles,  &  quetouc  le  mon-    UdtBe: 
deeftoitlà.alîemblé,  Parquoy  tout  yille,. 
le  clergé  &  peuple  d'Ojeans  châ- 
Eerec  deuctemcnc^T^  Dc^Und^mu^, 


^iege  des  Annick, 
&  firent  foniier  toutes  ies  Cloches 
«îe  la  cité,  remercians  très  hum bie- 
ment  noftre  .SeirrneLiT  ^  les  deux 
^ain6l>  conFeifeurs  pour  celle  <^lo- 
lieufeconlolation  Diuine,  c^^nfout 
iîrent  grande  ioye  de  toutes  parts , 
donnans  meriieilienres  Icuaiifresà 
leurs  vaillants  Jf  ifejideurs.&par  ef- 
pecial&  furiousaleanne  la  Pucel- 
îeJaquellecîeT.ouracerenuid,  & 
les  Seigneurs  ,  Capitaines  ^  gens 
<i'armes  auec  elle  fur  les  châps,unt 
pour  garder   les  Tournelles  ainfi 
vaillamment  conquifes,  corne  pour 
Içduoii  fi  les  Anglois  du  cofté  de  S. 
Laurensfandroient  point  ,voulans 
fècourir  ou  t^enger  leurs  c5pagnoi>s 
mais  i's  n'en  auoient  nul  vouloir 
ainçois  le  lentemain  matin  iourde 
Dimâche,&  fepiierme  iour  deMav, 
Geiuy  meime  an  ,  mil  quatre  cens 
vmgt  neuf.defemparerfntler.r  da- 
fi:ille,&  fi  firent  les  Anglois  le  fainct 
Pouair  &:d'ailleuLs  ,&  leaans  leur 
fiege  remirent  en  bataille.    Pour- 
quoy  la  Pucelle ,  les  Marefchaux  de 
iainéle  Seuere  S^  de  Rays  ,le  Sei- 
gneur de  Grauille,le  Baron  de  Cou- 
4ouces,Meffife  Heurent  d'illiers ,  le 


SeJgneuTdtCoiTaze,le  Seigneur  de 
Saindes  Trailies  ,  la  Hire  ,  Alaia 
Gv:nn,îarïiet  JuTilloy ,  Se  pliifieurs 
autres  vaillants  gens  de  i^ucrre  d'  ci  - 
toyens  faillirent  hors  d'Orléans  en 
grand  pui[ïânce5&  Te  mirent  &  ren- 
gerent  deuant  eux  en  bataille  ordo- 
nee.  Et  en  tel  point  furent  très  près 
Tvn  de  l'autre  jl'efpacedVne  heure 
entière  fans  eu:<  toucher.    Ce  que 
lès  Françoi:  lonfFnrenttref-cnuis  , 
obtemperans  au  vouloir  delà  Pu- 
cellc,qui  leur  comrwanda  Se  deffen- 
ditdé.s  le  commencement, que  pour 
ramoiir  &c  honneur  du  Sa in6t  Di- 
manche ne  commençallentpoint  la 
bataille,  ae  n'airaihilles  Anglois  : 
Mais  que  Ci  les  Anglois  les  alTail 
loient  qu'ils  fe  dtiîendi{rentfort&:  Lf  fie- 
hardiment,  &  qu'ils  n'euiîent  nulle ^^^^' Or 
paour  ,&:  qu'ils  feroiet les  maiftre-s  ^^^^^ 
L'heure  paiîee  le  mirent  les  Anglois  ^i^y^dc'^ 
à  chemin ,  &  s  en  allèrent  bien  ran-  pt^is  le 
gez  &  ordonnez  dedans  Meung  fur  12.  d'O^ 
Loire  ,  &  leuerent  &.  laifTerent  le  Bobre 
fiege  ,  qu'ils  auoient  tenu  deuant /«y^»'- 
Oileans  depuis  lé  douzieim-e  iour<<«^«/c- 
:d'0£tobre  ,  mil  quatre  cens  vingt  ^^V/wff 
-huidtjiufques  a  ceftuy  leur.  Tou-  May, 


'Ètrge  des  An^Jois 
te<fofsnes'en  arerencils,ne  n'em- 
portèrent fanuement  toutes  leurs 
îD'agues:  car  aucuns  delâr^arnifon 
de  la  cit^  les  pourruyui|:ent,&  frap- 
pèrent iur  la  quelle  de  leur  armée 
pardiuersalïciucs  :  tellement  qu'ils 
gaignerentlur  eux  plufîeurs  bom- 
ba raei  5  gros  canons ,  arcs ,  arbale^ 
Etes  &  autre  artillerie.     Et  celuy 
mefme  iour  auoit  vn  Auguftin  An- 
glois  cofeiFeur  du  Seigneur  de  Tal- 
bot ,  &i  qui  pour  luy  gouuern  oit  vn 
iien  prilonnier  François  moult  vail- 
lant hommes  d'arnaes  ,  nommé  le 
iBourg  de  B  tr  ,  qui  eftoit  enferré  des 
pieds.     Et  pareillement  le  menoit 
après  Ifîs  autres  Anglois  par  vdelTous 
les  bras  j&io lit  le  pas  ,  obftantcc 
qu'il  ne  pouuoit  aller  autrement 
^pourles  fers  :  Lequel  voyant  qu'ils 
djemoiïroientforr  derrière ,  &con- 
;gnoiffint ,  comme  (ubnl  en  faidde 
guerre,que-ies  Anglois  s'en  allojent 
JÊins  retour  ,  conroignit  par  force 
celuy  Auguftm  à  le  porter  (ur  (es  ef- 
paulesiulques  dedans  Ofrleans  :  & 
ainiî  efchappa  fa  rançon  ,6^  iî  fut 
:fçea  par  l'Auguftin  beaucoup  de  k 
conueiiuiS  des aduerlaicef  :  carile- 


deuant  Orléans, 
floit  fort  fai-nilier  de  Talbot-  *  D'an- 
tre parc  rentrèrent  à  grand  loye  de- 
dans Orléans  la  i-'nceiie  &les  autres 
Seigneurs  &  2{tns  d  armes.en  la  très 
grande  exultation  Je  tout  le  Clergé 
&  peuple  qui  tous  enfemble  rendi- 
rent hun.bles  grâces  à  noftre  Sei- 
gneur, &  louanges  tref^merite' s  , 
pour  les  très  grands  fecours  èc  vi- 
doires  qu'il  ieurauoit  données  de 
enuoyees  contre  les  Anglois^anciés 
ennemis  de  ce  Royaume.  Et  quand 
vint  après  midy  ,  M jiîîre  Fleurent 
d'Illiers  print  congé  des  Seigneurs 
•'&  Capitaines  ,  &  autres  gens  d'arô- 
mes,cJc  auffi  des  Bourgeois  de  la  vil* 
Le,  &  auecques  Tes  ^.tns  de  guerre 
-par  luv  la  amenez,s'en  retourna  de- 
dairS  Chafteaudun  ,  dont  il  eftoie 
Cap:taine,repottant  grand  pris ,  los 
^  renommée  des  vaillanis  faids 
d'armes  par  luy  Se  Tes  gens  faiéts  CH 
^ia  drfFence  &:  fecours  d'Orléans.  Et 
le  lendemains  en  partit  pareiliemec 
la  Pucele,&'  auec  elle  le  Seigneur  de 
iRaysjle  JB.iro  de  Coulouces,&  plu- 
fleurs  autres  Cheualiers  ,  Efcuyers,, 
i&  s*en  alla  deuers  le  Roy  1  uy  porter 
Jiouuelles  delà  noble  be£ogiie>aaiE 


Stege  ^es  Angleis 
pcnxle  fciiie  meure  tur  les  ch^ps,a- 
iiii  d'cftre  courôiié  &  facré  a  Reims 
ainfî  que  noftte  Seigneur  luy  auoic 
commandé.  M aisauaiitprint con- 
gé de  ceux  d'Oilewins  :  qui  tous  plo- 
roient  de  loye ,  &  moult  humble  - 
ment  la  remercioient  &  s'ofïi-oient 
€ux  &  leurs  biens  à  elle  ôc  fa  volon- 
té ,'dont  elle lc5  remercia  très  beni- 
nicnement  ,  Ôc  cntiepruit  à  faite 
fonvoyaae.    Car  elle  auoitfaiâ:  & 
accomply  le  premier  ,quicftoitle- 
lier  le  iiege  d'Orléans.    Durant  le- 
quel y  furent  fai6ts  plufieuri  beaux 
faiCÎs  d'armes^elcarmouches,  adaus 
&  ciouuez  autres innumeiables en- 
gins 5  nouuelletez  Ôc  fubtilitez  de 
guer.  e ,  &  plus  qae  long  temps  pa- 
rauant  n'auoix  elié  faiddeuant  nul- 
le autre  eue ,  ville  ne  chafte au  de  ce 
Royaume  ,  comme  difoient toutes 
gens  en  cecognoiiîaiis  ,  tant  Fran- 
çois comme  Ànglois ,  6c  qui  auoiêt 
efté  prefens  à  Wshiire  6crrouuer, 
Cekiy  me(meioi'c,&  le  lendemain 
aufîi ,  firent  très-belles  &  fclenr^^l- 
Icsproceflîons  lesgensde  l'Eglife  , 
SeigiieurSjCapitaines.gens  d'armes 
Bourgeois  eftans  demourans  dedas 

Orléans» 


deuant  Orléans. 
Or]eans,&  viiîtereiu  le.s  EglifecparL^  iotéf 
moule  grand' deuodon.      Et  k  h  de  Ucie^ 
-vérité  combien  que  les  Bourgeois  liarace 
nevoufiirentau  comniencement&  d'Orle^' 
-deuaptque  le  fiege  fuft  affis  fouf-  ans   &" 
frir  entrer  nulles  gens  de  guerre  de-  le  Un- 
dans  la  cité  ,  doubtans  qu  ils  ne  \tsdemam 
voufiiTent  piller  ou  maiftrifer  trop  fe firent 
fort,toutesfois  en  laifTerentiîsspres  frocef^ 
entrer  tant  qu*il  y  en  vouloir  venir,  fios.^qui 
depuis    auils    ^ogneurent  qu  ils  depuis 
n'entendôient  qu*a  leurdefFenfè;,&  leda 
fc  maintenoient  tant  \  ^i^ljmmcnt  temps  fe 
contre  leurennemis,&  fi eftoieiit/of r© i- 
tref^vnis  pour  dcffendre  lacicé-^  ô:  tintt€\U 
parce  les  departoient  entre  eux ,  en  §.      de 
leurs  hoftels,  Se  les  nournflbient  de  M^y, 
tels  biens  que  Dieu  leur  donnoit  , 
aufli  familieremetGomme  s'ils  euf- 
fenr  eftc  leurs  propres  rnfans. 

Peu  de  têps  après  le  Baftard  d'Or- 
léans ,  le  Marefchal  de  Sain6te  Sé- 
vère, le  Seigneur  de-Grauille  ,  le 
Seigneur  de  Courraze,  Poton  ,  de 
Saindtes-Trailles ,  &  plufieurs  au- 
tres Cheuaiiers ,  Efcuyers ,  5c  gens 
•deguerre,dontilyauoitpartiepor- 
tansguifarmesjla  venusde  Bour-, 
ges  ,  Tours ,  Angers ,  Blois ,  &  Sifi-^ 
M 


très  Donnes  villes  de  œ  Royaume, 
fepaiciienc  d'Odeans  ,  &:  allerenc 
deuant  largeau  ,  où  ils  firent  plu- 
fieursefcarmouches  ,  qui  durèrent 
plus  de  trois  heures ,  pour  veoir  s'ils 
le  pourroienc  afîîeger.  Lefquels 
(CGgneurrnc  qu'ils  n'y  pourroient 
encores  rien  gaigner  ,  pour  i'eaue 
quieftoit  haute ,  qm  feniphfloit  les 
folîez  Et  parce  s'en  retournèrent 
fcHmemenc  :  Mais  'es  Ang^ois  y  fu-- 
rent  fort  dommage z,  car  vn  vail- 
lant Cheualieid'Ângletere, appel- 
lé  Meiîîre  Henry  Biiet,lors  Capi- 
taine de  celle  ville ,  y  fut  lué ,  dont 
ils  firent  grand  deuil. 

Lors  que  celles  efcarmouches  fe 
faifoientîfeift:  tant  la  Pucelle  qu'elle 
vint  vers  le  Roy  :  deuant  lequel, (I 
toft  qu  elle  le  vit  ^  elle  s'agenoilla 
moult  doucement,  &  en  rébraifant 
parlesianibes,lu>^  dift  Gentil  Datil- 
phin  5  venez  prendre  voitte  facre  à 
Jlhcims  lefuisfcrt  sguiilonnee  que 
vous yallieZjSc  lie fa.tes doubre  que 
-Cehe  Cité  receiirez  voftredingne 
facre.  AlaquelleJe  Roy  frift  moult 
■gfand  chère  ,  Se  Ci  firent  tous  ceux 
4&  h  Cour  ^  confîdctans  l'honne- 


cleuant  Orîea/^s. 
fte  vie  d*elle ,  ôc  les  gcHiids  faids  8c 
merueilles  d'armes  faids  par/!a  cou» 
dinde.  Pourqu^y  toft  après  man - 
dii  leRoylesSeigneuis-  Chefode 
guerre,  Capitaines /&  autres  fa* 
gQS  de  f-x  Cour  :  &  tint  plaideurs 
confeiîs  à  Tours ,  pour  fçauoir  qu'il 
cftoit  de  taire  touchant  la  requefte 
df  la  Pucelle ,  qui  requeroit  tant  af- 
fedueufemenc  &:inll:amment, qu'il 
s'en  tiraft  à  Rheitvs,  &"  qu'ily  feroit 
iâcré.  Surquoy  furent diuerfes  opi- 
nions ,  car  les  vns  confeilloient 
qu'on  ailaft  auant  en  Norniandie, 
&  les  autres  qu  on  tendift  à  prendre 
ainçois  aucunes  places  principales  >^ 
eftans  fur  la  riuiere  de  Loire.  En 
£n  le  Roy  &  trois  ou  quatre  de  fes 
plus  priucz  Princes  s'eftoient  tirez 
à  part ,  deuiiaiis  entre  eux  en  grand 
fecret ,  qu'il  feroit  bon  ,  à  fin  d  eftce 
plus  fàurs  ,  de  fçauoir  de  la  Pucelle 
ce  que  la  voix  luy  dsloit ,  &c  cornent 
elle  les  alleuroic  ainil  fermement. 
Mais  ils  doubtoicni  luy  en  enqué- 
rir la  vérité  ,  de  paour  qu'elle  n'en 
fuft  mal  contente  :ce  qu'elle  con- 
gneutp^r  grâce  diuine  ,  pourquoy 
elle  vim  deucEs  eux  ,  &  dift  au  Roy 


Siège  â  es  ^nz^cii 
Fnnomde  D^eu  jit:  !{jayque  voirs 
peniez  Se  voulez  dire  de  la  voix  que 
Tay  oye  ^  touchans  voftre  Sacre ,  & 
îe  vous  dvray.  le  me  fuis  nus  en  or^ii- 
fon  en  ma  manicre  accouilumee., 
îne  complaignois  de  cequ'on  ne 
ttie  vouloir  pas  croire  d?  ce  queie 
difoye.  Etlanlavoixined  il  FiUe 
va  vâ,vâ:Ie(crayent©nayde,  va. 
Et  quand  celle  voix  me  vient ,  ie 
Ans  tant  refîoiiye  que  merueilles. 
JEt  en  diQint  cet  paroiles  leuoit  les- 
yeux  veis  leCieljCnmcnftranc  ligne 
de  grand  exultation.  Cts  thofes 
»ir.fî  oyeSîfutde  r.echefle  Roy  bien 
iîoyciiXj*«<:  parce  coclud  qu'il  la  croi- 
4:oit  5  èc  qu'il  irait  à  Rheims.  Mais 
toutesfdis  feroit  auantprendreau- 
cuncs  places  eftans  fur  Loire.  Et 
pendâfitletcn»p*qa on metrroit  à 
le«  prendte  ,  aiîcinbleroit  grande 
yuïfTance  des  Princes  &'.  Seigneurs , 
^enc  de  guerre  &autreî  a  luy  obcif- 
lans.  Pourquoy  ilfift  fon  Lieute- 
ûaut  gênerai  lean ,  D  uc  d' Alen  ço  n , 
fiouuellement  c'eliuré  d'Angle ter- 
5:e,ou  »1  auoit  eftc  prifonnier  depuis 
ta  bataille  de  ycrneuil  iniques  alors 
QU'ilciiefloit  faiUy,  baïUaiu  partie 


d€U4nt  Orlcans, 
ctefa  rançon  ,  &  pleiges  &  oda^e*, 
poui  le  demeurant  ,  lefquels  il  ac-* 
quitta  depuis  en  briefj&poiirce  fai- 
re en  vendit  partie  de  fa  terre  jten-- 
danten  recouurer  d'autre  en  aydanc 
èc  recourant  le  Roy  fon  fouueraia 
Seigneur.  Qui  pour» ce  faire  luy  baiU 
la  grand  nombre  de  ^ensd'ar  tues  & 
artillerie,  &:  mift  en  fa  compagnie  la 
Pucelle,luy  commandant  expreffe- 
ment  qu'il  vfaft  &  feift  entièrement 
par  le  confeil  d  elle.Et  il  le  feift  ain- 
fi  ,  comme  celuy  qui  moût  pienoit 
deplaifiràlavoir  en  fa  compagnie, 
&  fi  fâifoient  les  gens  d'armes  ,  & 
anffi  ceux  du  peuple ,  k  tenans  tous 
&  reputans  eftre  enuoyé  de  noftre 
Seigneur ,  &  (i  eftoit  elle.  Parquoy 
le  Duc  d'Alençon  &  elle  &  leura^ 
gens  d'armes  prindrcnt  congé  du 
Roy,&  fe  mirent  far  les  champs,re- 
nans  belle  ordonnance-     Et  firent 
tant  qu'en  tel  eftat  entrèrent  peu  de 
temps  après  dedans  Orléans ,  où  ils 
furent  receus  à  très-grande  ioyede 
tous  les  citoyens,&fur  tous  les  au-- 
très  la  Pucelle ,  de  laquelle  veoir  ut 
fe  pouuoient  faouler» 

Apres  que  le  Duc  d'AlençoaJa 
H  iii 


Sie^e  des  Angloà 
Fucelle,le  Comte  de  Vendorme ,  îe 
Baftard  d*0 rleaiis ,  le  Marefchal  de 
Sainde  Seuere  ,  la  Hire  ,  Meffire 
Fleurent  d*llliers,  ïameîdeTilloy, 
&  vil  vaillant  gentil- homme  déf- 
lore forî  renommé,  appelle  Tudual 
de  Carmoifen ,  dit  le  boiugois,de  la 
nation  de  Bretaigne  jauec  plufieurs 
autres  gens  de  guerre,eurensvn  pea 
efté  dedans  Orléans, ils  s'en  partir êc 
îe  Saniedy  onziefme  lourde  luin, 
faifans  cous  enuiron  hui6t  mil  com- 
battans ,  tât  à  chenal  commeà  pied: 
dont  aucuns  portoient  guiCarmesl, 
hacheSjarb  leil:res  &  autres  maillets 
de  plomb  .Ht  faifans  portera  mener 
allez  grand'  artillerie,  s*en  allèrent 
ç^'^^^^^niettrele  fiegedeuatlaVilledelaï- 
j^j^^^^j^geau  tenant  le  party  Anglois:  en  la- 
*  Y      quelle  eftoient  Meiîire  G  liHaume 
.    r^  delà  Poulie,  Comte  de  SufFort ,  Se 
\  rj^'  McflîreteanMeffire  Alexandre  de 
™  r  ^  1^  Poulie  Ces  frères, &  auecques  eux 
/    -      «le  iix  a^iept  cens  combattans  An- 
-  -"     glois  j  garnis  de  canons  &  autre  ar- 
tillerie ,  bien  vaillans  en  guerre  ,6c 
auffi  le  mondrerent  ils  bien  aux  af- 
fauts  &  efcarmouches,  qui  là  furent 
fai£ls  durant  ccluy  iîege  :  lequel 


dêuant  Orléans. 
fut  à  demy  leué  par  l  *s  erpoiiueiita- 
bles  parolles  d'aucuns ,  q'ii  diioicnc 
qu'on   le  deuoic  encre  lailfer  ,  ôc 
aller  a  l  encontre  de  Mcfîlre  /eaa 
Fafcotj&autreschefsdu  parti  con- 
traire venans  de-  Paris  ,  ôc  ame- 
nans  viùres  &  artillerie  auec  bien 
deux  mil   combattans    Anglois  , 
voulans  leuer  le  fiege ,  ou  du  moi  ns 
auitailier  &  donner  fecours  à  celle 
ville  de  largeau.  Et  de  faidt  s'en  de  - 
partirent  plufîeurs,iSc  Ci  eu  lient  fciidl 
tous  les  autres ,  fe  n'euft  eité  la  Pa- 
celle&  aucuns  felgneurs  &  Capic.^i- 
nes,  qui  par  belles  parolles  les  firent 
demourer  &  rappeller  les  autres  : 
tellement  que  leiî^gefatraffis  eiiyii 
moment ,  ôc  commencerêt  à  elcar  ^ 
moucher  contre  ceux  de  b  ville, qui 
ietterent  merueilleu  emêcdecanos 
ôc  autre  trait, dont  ils  bîecerent  plu- 
fîeurs  François ,  ôc  encre  les  autres 
fut  par  le  coup  de  l'vn  de  leurs  ven^» 
glaires  oftée  la  telle  à  vn  genal-ho- 
me  i'Aniou  ,  qui  s'eftoit  mis  enuif o 
laplace,dantle  Dacd'Alençon  par 
raduectilîement  delaPucelle  ,  luy 
remonftranc  cp' il  y  eftoit  en  péril 


Sk^e  des  Anglots 
3'eftoît  tiré  arrière  tant  foubdaine* 
ment  qu'il  n'en  eftoit  pas  encoies  à; 
deux  toiles  loing.  Tout  au  long  de 
cekiy  iour,ôc  la  nuicl  enfuyuant  iec- 
îerent  les  bombardes  &  canons  des 
François  contre  la  ville  de  largeau: 
lellement  qu  elle  fut  fort  batuc  Car 
à  trois  coups  dd'vne  des  bombar- 
des d'Oî  leans^diîe  Bergerie  ou  ber- 
gère.firsntcheoiria  plus  grofle  tousr 
qui  y  fut.  Pourquoy  le  lendemain, 
qui  fut  Dimanciîe  douzieime  iou» 
de luin remirent  les  gens  de  guer- 
re François  dedans  lesfolïez à  tout 
cfchelles  &  autres  chofes  neccflai'- 
les  à  faire  aflàut,  &  faillirent  mer- 
ueillçurement  ccux  de  dedans  >!  ef- 
<!|uels  fc  dwf&ndirent  grand  pièce- 
moult  vertueufement.  Et  par  efpçw 
ciai  auoitfur  les  murs  Tvn  deux,qui 
cfloit  moult  grand  &  gros  ,&armé 
de  toutes  pièces ,  portant  fur  la  tefte 
Yn  baiïinet  ,  lequel  s'abandonnoit 
ires-fort  &  jettoit  merueilbufe- 
ment  grofTes  pierres  defez,  &  aba- 
îoit  continuellement  efchtlles  & 
hommes  eltans  delîus.Ge  que  mon- 
tra le  Duc  d'Alençon  a  maiftte 
îeaji  le  Couleuiinier ,  à  fin  qu'il  ^* 


deuant  Orléans^ 
dreffifl:  vers  lay  U  co  aleurrtîe.  Du 
coup  de  l  iqiieie  il  frappa  par  la  p(5i- 
^cine  l'Aiigiois ,  qui  Ci  fort  fe  mv^n- 
ftroic  a  deicouaerc ,  Ôc  le  tresbuciia 
tout  more  dedans  la  ville,  D'aïuue 
parc  durant celuy  allanit  delceiiiic 
la  Pucelle  à  tout  Ton  Eftandart  de- 
dans le  folié  ,  &:  on  lieu  où  fe  failoic 
la  plus  afpre  refiftance ,  5c  alla  tant 
près  du  raarqu'vn  Aaglois  luy  ietta 
vne  grolFe  pierre  defez  far  la  teile, 
ôc  Tattaignii  tant  qu'il  lacontrain- 
gnit  à  foy  ieoir  à  terre.  Combien 
que  la  pierre  fud  de  caillot  très- 
dur ,  toutes  fois  elle  s'efmia  par  pie- 
ces  (ans  faire  gueres  de  mal  à  la  Pu- 
celle. Laquelle  r<?  releaa  toutincon- 
tinent ,  monftrac  coulage  vertueux, 
&  enhorta  lors  fes  gens  de  plus  fort, 
leur  d.ianc  ,  qu'ils  n'euiTent  nulle 
doabte  :  car  les  Anglois  n^'a noient 
plus  nul  pouuoir  d'eux  défendre 
contreeux,enqiioy  elle  leur  dift  vé- 
rité. Car  incoicinent  après  ces  pa- 
ïolles  les  François  en  eftans  tous  siP 
feurez  iep.nndrent  à  monter  par  (îP/^yj^ 
grand  hardie lïe  contre  les  mms  .Lvgea^. 
qu'ils  entrèrent  dedans  ia  ville,  d^h^ar  af- 
pnndrenc  d'aflauk.  /4;^>> 

H  V 


Siège  dîs  Anglois, 
Quand  le  Comte  de  Sufïort  $c  Tes 
deux  frères ,  &  plafieurs  autres  Sei- 
gneurs d'Angleterre  virent  qu'ils 
ne  pouuoient  plus  defl&ndre  les 
murs,  As  feîetirerent furie  Pont: 
mais  en  y  eux  retirant,  fuctué  Mef- 
ftre  Alexandre  frère  d'iceUiy  Com- 
te ,  &  auflî  fut  toft  après  iccluy 
Pont  rendu  par  les  Anglois,  le  con- 
gnoilïàns  eftce  trop  foible  pour 
senir ,  ^&eux  voyans  cûrefurj^rins , 
pîufieurs  vaillans  gens  de  guerre 
pourfuiuirentles  Ariglois:  &  paref- 
peciai auoit  vn  gentil  hommeFian- 
cois nommé  Guillaume Regnaulr  > 
tèiidantmoult  à  prendre  le  Comte 
deSt\fFort,quiluy  demanda  s'il  e- 
ftoît  gentil  homme , auquel  il  ref- 
pondic  qu'ouy  :  Se  de  rechef,  s'il  e  - 
floit  cheualien&ildifl  que  non  :  Ôc 
lorsceluy  comce  le  feiUCheuaher 
&  fe  rendit  à  luy.Et  femblablement 
y  furent  prins  &  faidls  prifonniers 
Meffire  Tean  de  la  Poulie  (on  frè- 
re, 6c  placeurs  autres  Seigneurs  Se 
gens  de  guerre  :  dont  aucuns  furent 
leluy  foir  menez  pnfonniers  par 
«anè  Se  de  nuiâ:  dedans  Oileans 
pour  doubte  qu  on  ne  les  tuail>  car 


dcH^iitt  Orleuns, 
plafieurs  ancres  far  eut  tuez  en  che- 
min pour  vn  âebat  qui fourdic en- 
tre aucune  Frmçois  pour  U  p  icc  des 
prifoiiniers    Et  aii  regard  de  la  ville 
de  ïargeau  ,  ^meimes  l'Eglife  où    ^-iM/^ 
on  aiîoit  retraid  foifon  de  biens,  "^^''^^ 
tout  fat  pillé.    Celle  meime  nuift  •*'*     *** 
s'en  retournèrent aufîî  le  Dicd'A-*^^^  ^" 
lençoti<5cIa  Pucelle  auec  placeurs  ^^^^>^f^ 
Seig. leurs  Se  gens  d'armes  en  la  cité  -^«^^ 
d'Orléans  :  là  ou  ils  farenc  receuz  ^'■^•'"f^ 
à  très  grand  ioye.     El  delà  firent Z*'^*^^» 
fçauoir  au  Roy  la  prdedelargeiu, 
&   comment    l'aiTault  auoit  bien 
d'iré  qaacre  heures ,  durant  lefq  lel- 
les  V  furent  faivSts  moult  de  beaux 
fai£ts  d  armes.      Ecy  eut  de  quatre 
à  cinq  rens^nglois  tuez:  fans  les 
prifonniers,    quie^l^ent  degraid 
renom  tait  en  noblelîe  qu'en  faidls 
de  gnerre. 

Le  Duc  d'Aleiiçon  &la  Pucelîe 
fèiournans  aucun  peu  de  temps  a - 
pires  ceileprinfe  dedans  Orléans, oa 
^. auoit  ja  de  fix  à  ieptmil  combat - 
tans,yvindrent  pour  renforcée  l'ar- 
mée, plufi^urs  Seigneurs,  Cheua^ 
liers  5  Efcuiers ,  Capitaines  &  vaiU 
Uns. hommes  d  armes  :  &  entre  les 

H-  Y] 


^iege  des  AngîUs, 
autres  le  Seigneur  de  la.  Val  ,&  îe 
Seigneur  de  Lohiac  fon  frere,lc  Sei- 
gneur de  Chauigny  de  Berry,le  fei- 
gnent de  la  Tour  d'Auuergne  ,  le 
Tidame  de  Chartres.    Et  enuiroa 
ces  iours  s'en  vint  aufïî  le  Roy  à 
Suilly  far  Loire.  Et  à  la  vérité  moule 
croifFoit  fon  armée  :  car  de  iouren 
ïour  y  arriuoient  gens  de  toutes 
parts  du  Royaume,  aluy  obeillans. 
Et  lors  le  Duc  d*  Al^nçon  comme 
Lieutenant  gênerai  de  Tarmee  du 
Roy,accompagné  de  la  Pucelle ,  de^ 
Meflîre  Loys  de  Bourbon ,  Comte 
àç.  Vendofme ,  &  auuçs  Seigneurs, 
Capitaines&r  gens  d'armes  en  grand 
nombrCjtant  à^ed  qu'  à  cheual ,  (e 
partit  d'Orléans  atout  grand  quan- 
tité de  viures  3.char!°oy&  artillerie , 
'^ont  de  le  Mercredy  quinziefme  iour  d'ice- 
Meung  liiy  mois  de  îuin ,  pour  aller  mettre 
Inr  LoïAq  iiege  deuant  Baugcncy,&  en  leur 
reqiii  à  voye  ^^iîTùllirent  le  pont  de  Meung 
ejié  lui-  fuc  Loire. Combien  que  les  Anglois- 
né  ,  c;?*  reu(ïent  fortifié  &  fort  garny  de 
nefl      vaillans  gens ,  qui  le  cuiderenc  bien 
four  k  deflFendre.    Mais  nonobftant  îeur 
iour^     defî^nce  ,  fat  pris  de  plain  alTvjlt  » 
d'huyen  fans  gucres  arrêter.  Delà  cnttetej: 


deuant  Orléans, 
ftans  leur  ordonnance  fe  partirentîe- 
îendemain  bien  niatin,&tircnt  tant 
qu'ils  arriuerenc  deuant  la  ville  de- 
Baugency,&  entrèrent  de.dans,par- 
ce  que  les  AngloisTauGienc  defem- 
pareCjSc  s'eftoicnt  retirez  ou  cha^ 
fteau ,  Ôc  fur.  le  Pont  qu'ils  auoient 
fortifié  contce  eux.  Combien  qu'ils 
ne  fe  logèrent  pas  à  leur  ayfe  du 
tout.  Car  aucuns  des  Anglois  s  e- 
Soient  cmbufchezrfecrcttemet  de- 
dans aucunes  maifons  &c  mafures 
de  la  viile,dont  ils  faillirent  fondai*- 
netnentfurles  François,  ain(î  qu'ils 
fe  logeoient ,  Se  leur  liurerent  très- 
forte  e(carmouche  :  durant  laquelle 
eut  plufieurs  tuez  (ScbleiT^z  d'vne 
part  &:  d'autre.  Nonobftant  qu*en 
lin  furent  les  Anglois  contrai nds- 
d'eux  recirer  furie  Pont  Se  ou  Cha- 
meau ,q;ie  les  Franco i:;  affiegerent 
du  cofté  deuers  la  Beauire,ôc  aiTorti- 
rent  bombardes  &  canons.  Aceluy 
fiegearriui  Actus, Comte  de  Riche- 
mont  ,  Conneltable  deFrance  ,  Se 
frère  du  Ouc  deBretaigne  :  auec- 
ques  lequel  eftoit  lacques  de  Di- 
gnan,5eigneur  de  Beau  nîanoir/ft- 
iQ  d\\  Seig.n€ur  de  Chafteau  bilans. 


S'ieiedes^niHois 
Et  là  pria  celay  Conneftable  à  Ta 
Pucelle  ,&  fîient  auHî  pour  amour 
de  lijy  les  autres  Seigneurs  qu'elle 
voulfift  faire  fa  paix  enuers  le  Rov, 
&  elle  luy  o6fcroya,moiennant  qu'il 
iurafl:  deuant  elle  &  les  Seigneurs 
quM  feruiroittoudours  loyaurnenc 
le  Roy  :  EtmefvnemenC/Voului  bu- 
tre  la  Pucelle  ,  queleUucd'Alen*- 
eo a  &  les  autres  grands  Seigneurs, 
s'en  obligeaireuc,6<:  baillallent  leurs 
feellez  :  ce  qu'ils  firent  &  p^r  ce 
moyen  demouraie  Conneftable  ou 
fîegeauecques  les  autres  Seigneurs. 
Lefqaels  coclurent  qu'ils  mettreiêc 
partie  de  leurs  gens  deuersSauloi- 
gne,afin  que  les  Auglois  feulent  af- 
lierez  de  toutes  pars.  Mais  le  Bailly 
d'fiureuxjchef  des  affiegez,  feift  re  - 
quérir  à  la  Pucelleparlerrjétde  trai- 
âé,qu'6  luy  accorda. En  iiu  duquel , 
quifucenuiron  mi  nuit  de  la  nuit  de 
eeiuy  ioar  y  fut  odlroyé  que  (es  An- 
gloisrendans  lechilèel  *3i  le  Pont, 
s'en  pourroient  aller  le  lendemain 
Remmener  leurs  Chenaux  &:  har- 
nois,auecques  aucnnsdeleurs  biens 
meubles  ,  dont  la  valleur  de  chacun 
ne  montaft  point  plus  d'vu  march 


cleuam  Orleanr. 
«f  argent.  Parmy  ceauflî  qu'ils  iiire- 
reac  qu'ils  ne  s'armeroienc  que  dix 
iours  ne  fulFenc  pafTez»  Et  fur  ces 
conditions  s'qii  allèrent  celuy  jour 
delendemainjquîfutdixhuidiefnie' 
iour  de  luin  yôcfe mirent  dedans 
Meung  ,  de  les  François  entrèrent 
dedans  le  Chafteau  &  le  renforcè- 
rent de  gens  pour  le  garder.  D'au- 
tre-part  ,  Se  la  nuiâ:  mefme  que  l.v 
compofition  de  rendre  le  Chafteau 
&  le  Pont  deBaugency  le  faifoic  ^ 
vindrent  les  Seigneurs  de  Talbot  Se 
d'Efcalles  ,  Meffire  Jean  Fafcot  , 
qui  fçacbans  la  prinfe  de  la  Ville  de- 
ïargc^au  auoiéc  lailîé  à  E (lampes  les 
viures&  artillerie  ^  que  pourlafe- 
couriramenoiêcde  Parisjôc  s'en  ef- 
toîét  venuz  agrâd  hafte,têdant  auec 
les  autres  iecourir  Baugency.  Eç», 
cuiderét  faire  delailfer  le  (lege:  mais 
ils  ne  peurent  y  entrer  :  combien 
qu'iU  fcuflfent  quarre  mil  combat- 
tans.  C^r  ils  trouuereni  \qs  Fran- 
çois- ea  telle  ordonnance  ,  qu'i-ls 
delaill  reat  leur  entreprinre,&  s'en- 
retournerent  au  Pont  de  M^ung  ^ 
Se  l'aflaillirent  moult  afprement* 
Mais  meilier  leur  fut  de  tout  laiC 


Stege  des  ^nglois^ 
fer  Se  entrer  de.-lans  la  ville  ,  poisr 
rauawt-gârde  des  François:qm  vint 
très  haftiuemenc  après  la  prinfede 
Baugency,celuy  îout  au  matin,&  fe- 
vouloir  frapper  fur  eux.  Parquoy 
celuy  mefme  iour  delemparerent 
du  tout  celle  ville  de  Meung  ,  <3<:fe" 
mirent  à  chemin  fur  les  chanip.s  en 
bçlle  ordonnance,  voulans  aller  à 
îenville  Et  lors,qaanJ  le  Duc  d'A-^ 
iençon,ôcles autres feigneurs  Fran- 
çois,  qui  venoient  après  leur  auant- 
garde,le  fceurent ,  iU  fe  hafterenc  le- 
plus  qu'ils  peureut  ,  auecques  leur 
armée  ,  tenant  touiîours  belle  or- 
don  nâce,  tant  que  les.  Anglois  n'eu- 
rent loifir  d'aller  lufquesàlen  villCa, 
village  en  BeaulFe  nommé  Pathay, 


Et  parce  que  la  Pucelle  &  plu* 
fleurs  Seigneurs  nevouloient  pas 
Que  la  grolfe  bataille  fud  ollee  ds: 
fo  ' 


fon  nas  :  ils  efleurent  la  H  ire  ,  Po- 
ton  ,  îamet  deTilloy ,  Melîîre  Am- 
broife  de  Loré,  Thibault  deTetmes 
ôc  autres  vaîUanshommesd'arnies 
à  cheual ,  tant  des  gens  du  Seigneur 
de  Beau  manoir  que  d'auties,qni  fe 
mîrentenleur  compagnie,  ^bail- 
lèrent charge  d'aller  courir  &  eicar- 


I 


ùtHnt  Orléans. 
moucher  deuantles  Anglois  ^poor 
les  retenir  &  gcirder  d'eux  reiraire 
en  lieufortjCequ'ils  firent-  Et  outre 
plus  :  car  \H  fe  frappèrent  dedans 
eux  die  telle  hardiefîe  ,  combien 
qu'ils  ne  fullènt  que  de  quatorze  à- 
quinze  cens  combatcans,qni  les  mi-^ 
rentà  defaroy  &  derconfiture,non- 
obftant  qu'ils  etloicntpiusdequa-  Beftite 
tve  mil  combattans.    Defquels  de-  ic^^n^ 
mourerent  morts  fur  la  place ,  eniu-  oUi$^ 
son  deux  mil  Srdeux  cenç,tanc  An-  L^^  ^^ 
glois  que  faux  François,^  les  autres  huant 
fe  mirent  à  fiiir  ,  pour  eux  fauuer  de  \en- 
vers  len-ville  :  là  ©û  les  gens  delà  ytHefer 
ville  leur  fermèrent  les  portes,  par  mentics- 
quoyleur  conuint  fiiir  ,  ailleurs ,  à /,i,y/^j. 
Fàduenture.    Et  parce  en  y  eut  de-  aux  a^ 
puis  plufîeurs  tuez  ôc  prias ,  &  mef   Jgjr.^ 
mement  pour  la  groife  bataille,  qui 
s'eftoitjointlurladefconlirure,  a- 
uec  les  premiers  coui-eucs.    A  celle 
iournée  gaigneient  moult  les  Fran- 
çois: car  le  Seigneur  de  Tallebot.  Le      Sfs** 
Seigneur  d'Elcal  les  ,  Mefîîre  Ra-g»e»)5 
mefton&  vn  autre  Capitaine,  ap-  Avglots. 
pelle  Hongnefort,  y  furent  prins  a-  f>ym^ 
ucc   plufîeurs,  autres  Seigneurs  &  pyt/ori-] 
^àillans  homraes  d'Angleterre.  Et  nie/s* 


siège  des  An^lois 
J^avitre  parc  n'y  perduêt  paJ  ceux  Je 
ïenuilîe:  à  plafieurs  delqaels  auoiet 
moult  des  À nglois baillé  en  gardela 
plus  parc  de  leur  argeiicjoi  s  qu'il&y 
eftoient  paifez^pour  cuidetaller  fe- 
courir  Baugency.  Ce  iour  mernie  fe 
rendirent  au  Roy  ^  a  fes  gens,ceux 
de  Ienuille,&  fi  feift  auiîî  vn  gentil- 
homme^Lieutenât  du  Capitaine,  & 
mift  dedans  la  grolfe  tour  les  Fran- 
çois, aufquels  feift  ferment  d'eftre 
bon  &  loyal  depuis  lors  en  auanc 
enuers  le  Roy,poui  It  renom  d'icel- 
le  defconficure  ,  dont  sfchapperent 
plufieursparfuitte,  &enrre  autres 
Melîîre  lean  Fafcotjqui  fe  fàuua  de- 
dans Corbueil  j  furet  tant  cfpouuâ- 
tez  les  gens  dçs  garnifaiis  Anglef- 
ches,efl:ans  aupays  de  Beauile, com- 
me Mont-  pipeaUjSaindSigifmont 
&  autres  places  fortes  &  forciHees  , 
q:nk  y  bouterêtle  feu  ,  &  sqw  fui 
rent  haftiuement.Et  par  le  contrau*e 
creuc  le  cceur  aux  François,  qui d^ 
X  outcs  parts  s'allînibleient  à  Or- 
léans ,  cuidansque  le  Royydeuft 
venir,  pour  ordonner  le  voyage  de 
Ton  Sacre: ce  qu'w  ne  feiftjdont  ceux 
de  la  Cité  quii'auoient  faid  tendre 


( 


déuant  Orléans, 
6rparer,en  farenc  mal  contens^non 
coiiiiderans  les  affaires  du  Roy,  qui 
pour  conclurre  defon  eftat  fe  teiioit 
à  Sully  fur  Loire  Et  parce  y  allèrent 
le  Duc  d'Alençon  ,  &  cous  les  Sei- 
gneurs &  gens  de  guerre ,  qui  a- 
uoient  efté  à  laiournee  de  Patbay  : 
&  de  l'a  s'eftoient  retirez  à  Ocleans 
Ec  par  efpecial  la  Pucelle  ,  laquelle 
luy  parla  du  Ç.Qï\iïQ9ia}o\Q  >  en  luy 
renionftrant  le  bon  vouloir  qu'il 
demontlroit  auoir  à  luv  ,  &  les 
nobles  Seigneurs  6c  vailians  gens 
de  guerre ,  dont  il  luy  ameaoic  bien 
quinze  cens  combatcans  :luy  pria 
qu'il  luy  vouHll  pardonner  Ton  mal 
talent.  Ce  ;que  le  Roy  feill  à  la 
îequefte d'elle,  combien  que  pour 
l'amour  du  Seigneur  de  la  Tri-i 
mouille,  qui  auoic  la  plusgrand'  au- 
6toritéencour  luy,  ne  voulut  fouf-- 
fcir  qu'il  ietrouuall  auecques  luy 
ou  voyage  de  Ton  Çacre  :  donc  la 
Pucelle  fat  tres-defplaifanre  ,  &C 
il  furent  plulieurs.grands  SeigneuL's 
Capitaines  5c  autres  gens  de  con-* 
feil  >  cognoilîans  qu'il  en  enuoyoiti 
beaucoup  de  gens  de  bien  &:  de 
vaiilaiis  kommes.    Mais   toutes.-^ 


^t^ge  des  AniVok 
"LsSci  fois  n'en  ofoient  parler,  parce  quMs 
gtieurcie  voy  oient  que  le  R  oy  faifoit  du  tout 
U  Tn~  en  tout  ce  qu'il  plaifoità  ceUiy  Sei- 
moille   gneurdelaTnmouille,  pour  plaire- 
^ouHer-  auquel  ne  voulut  foutîrîTx^ue  le 
Tîoit    /fConneftablevintdeuersluy  l-'our- 
]^oj,      quoy  il  penfa  empLoier  autre  parc 
Tes  gen  s  de  guerre ,  qui  eftoient  foa 
defiransdeTuiuir  les  armes.  Se  vou- 
lut aller  afïîcget  Marchefnoir  ,  qui 
eft  entre  Bloys  &  Orléans.    Mais^^ 
quand  les Anglois  de  Bourgoignons- 
yeftans  en  garnifon  cnfurentad-' 
îiertis ,  ils  enuoyerent  par  fauf  con- 
(duit  aucuns  d'eux  deuers  le  Duc 
d'Alençon ,  qui  traidba  pour  le  R  oy- 
auecques  eux ,  &  leur  donna  efpace 
de  dix  iours  pour  emporter  leurs: 
biens,  ô<:fifttanr  qiviîs  promiienc 
d'eûre  bons  &  loyaux  Frânçoys,  & 
de  mettre  la  place  en  la  main    du^ 
R©y  ,  dont  ils  baillèrent  hoftages  „ 
pour  plus  grand' feureié.  Et  pour  ce 
laire,&  ce  moyennant 5  leur  deuoit 
le  Roy  pardonner  toutes  ofFences. 
Apres  lequel,  tratdbé  fut  par  le  Duc 
d'Aleoçon  mandé  au  Conneftable 
qu'jlne  proccdaft  plus  auant,&  auf- 
£  iie  feift  il.  Mais  les  traiitres  fe  par- 


âeuant  Orléans, 
iiircrentCar  quand  ils  fçcnrent  que 
le  Conntrtabie  pour  la  doabte  du- 
quel aiioient  faict  cetraiclé  fede- 
p:<rcit,  ils  firent  tan.t  durant  le  tecme 
4;"dixioiirs  qu'ils  prindrêt  parcau-^ 
celles  aucuns  ^Ics  gens. du  Duc  d'A- 
ieîiçon,&  les  menèrent  prifonniers 
dcfdans  leur  placç  de  Marchefnoirrà 
iîri  qu'ils  peu (Tcntr'âuoir  leurs  ho- 
ilages,(?c  parce  ne  la  rendirent:  naais 
la  tindrent  comme  deuant. 

Le  Dîniaoïche après  lafeile  S  Tean 
Baptifte,celuy  naelme  an  ^m  il  quatre 
cens  vingt  neuf ,  fucrenduBonny 
.àMefCre  Loys  de  Culan  ,  Admirai 
de  Francejquireftoit  sUc  afficger  à 
tout  grands  gens ,  pari'ordonaance 
^du  R.oy ,  lequel  aaou  enuoyé  qacî-    Marie 
rir  la  Roy  ne  Marie  (a  femme  ,  Hlle  p^n^  ^^ 
-de  feu  Loys  Roy  de  Secile  >  fécond  r^^  ^ 
de  ce  nom:  parce  qreplufîeurs  e-  d^^  ^-^ 
iftoienc  d'opinion  qunl  l'^n^enaft  <^^^^^^^^ 
couronnerauec  luy  à  Reims.  Et  peu  r^^^^"^ 
de  ioars  après  luy  fut  amenée  à  ^^  -n 
*G-  e^îja  où  il  dnt  plufieurs  confeils ,  Q^j^yles 
pour  conclure  Li  manicre  àlay  plus  r^^^^pC 
coaenable  à  tenir  ou  voyage  de  fon 
/acre.  En  la  fin  defquels  confeils  fut 
.concludqqcle  Roy  reauoyroic  Le 


s  if ge  des  An^ols, 
Royne  à  Bourges  :  &  que  fansaf- 
fieger  Cofne  &  la  Chanté  fur  Lou 
re-qu'aucuiisconfeilloieiu  à  pren- 
dre par  forcejâuaiitfon  paitemét^il 
fe  rrjertroit  en  chemin  :ce  qui  fat 
Êjid.Car  la  Royneramenee  à  Bour- 
ges ,  prini  le  Roy  fa  voye  vers 
Reii-ns^&fe  depanit  dt  Gien  le  iour 
Saind  Pierre  ^  en  ctluy  mois  de 
ïuin  ,  accompagne  de  kPucelle  , 
du  Duc  d'Alen^on  ,du  Comccde 
Cleriront,depuis  Duc  de  Bouibon, 
du  Comte  de  Vêdofmejdu  fe^gneur 
deLauahduComtede  Bouloigne  , 
du  B-ilbrd  d'Orleas  ,  du  leigneur  de 
Loh:ac,  des  MareichauxdeSre.Se- 
uere&  deRays  de  radmiral  de  Ca- 
Ian,&:  dts  5^eigneursdeTùouars,de 
Sully ,  de  Chaumonc  fur  Loire ,  de 
PriédeChaiuignyj&dtflaTrimoil- 
le  ,  de  la  Hire  ,  de  Poton  ,  de  la^ 
ïTîel  du  Tîîloy ,  did:  Bourgois  ,  &  de 
^luiieurs  autres  Seigneurs,  nobles  , 
vailhns  Capitaines  &c  Geiuils- 
honnmes ,  auecquesenuiron  donze 
mil  combatraps^tous  preux  j  harf^.is, 
vaillans  &  de  grand  courage  :  com- 
me par  auanc  ,  (3^ lois ,  &  auiu  de.- 
puis  monflrerent  valeurs  Eiidls  & 


^euant  Orléans, 
▼aillans  entrepnfcs  :  ôc  par  efpe- 
cial en  ceftuy  voyage.     Durant  le-    - 
quel  paiTereat  en  yallanc  &c  repafTe- 
rent  en  recournantjfranchement  Se 
fans  rien    cranij^  par  le  pays  ÔC 
contrées ,  donties  Villes  ,  Cha- 
fteaux,  ponts  ,  Se  pairageseftoient 
garnis  d'An?,lois  &  Boiirgoignons. 
Etpar  elpecialvindrenttenanslem: 
voyeprefeoterlefiege  ^alTcint  dé- 
liant la  Cité  d' Auxerre,    Et  de  fai6l 
fembloità  la  Piicelle  &  à  plufiears 
^'eigneucs  &■  Capitaine^ ,  qu'eîle  e^ 
ftoîtayfccà  prendre d'airault  ,  Scy 
vouloient  eiTciier.  Mais  ceux  de  la 
Cité  donnèrent  fecrettemenc  deux  Lf  Sef^ 
mil  Efciis  au  Seigneur  de  la  Tri-  gneurde 
moille, afin  qu'il  lesgariaft.d'eftre  U  Tn- 
afifaillis  ,  &  fi  baillèrent  à  Toft  du  mouille 
Roy  beaucoup  de  viures  ,  qui  e-  pour 
iloienttres  neceiriires.Et  parcene  deux 
firent  nulle  obeilFance ,  dont  furent  mtl  £/l 
très  mal  contens  les   plufieurs  de  QusfaH- 
iarmée  ,&  rrermement  b  Puc^l-  tid^U'> 
îe  :  combien  que  pour  eux  nes'eii  xerre 
fît  autre  chofe.  Mais  toutesfois  de^  qiitlne 
mouraL-RoyrroJs  ioursenuiron  ,  fut 
&  puis  s'en  partie  a  tout  fon  oft  &  frinsdit 
^s'enaila  versfaiiK^  Fioiécin,  quiluy  Roj?, 


'Siège  des  Anglois, 
fut  ren<^u  paiitble  :  &  c^elàtira>iuf- 
ques:  à  Troye  ,laoiulfic(ommer 
ceux  de  la  até  ,  qu'il  luy  fciirent 
obeiifance:  dontils  n'en  voulurent 
rien  faire  ainç^p^rmcrent  leurs 
portes  ,  Scfe  prep^erentàdeffen- 
dre,  fe  on  les  vouloit  alTaillir.Et  oul- 
tre  plusen  faillirent  dehors  de  cinq 
àfîxcens  Anglois&Bourg;oignons, 
quiyeftoientengarnifon  ,  ^virr- 
drrntefcarmoucher  contre  l'armée 
^du  Roy ,  ainfî  qu'elle arriuoit ,  &  fe 
logeât  entour  celle  cité.  Mais  ils 
fuient  Faids  reutrer  tien  haftiue- 
ment  &  à  grand  foulle  par  aucun* 
vaillans  Capitaines  &  gens  d'armes 
de  1  armée  du  Royjqui  le  tint  la  ain- 
il  comme  en  fiegespar  Tefpace  de 
cinq  iours  durant  lefqu^ls  loi  ffn- 
xentceux  de  Toft  plufieurs  m.,  lai  (es 
de  faim.  Car  il  yen  aucirdecinq  à 
flx  mille  ,  qui  furent  près  de  hoiél 
ioursfans  manger  pain.  Etdefaiôî: 
enfufl  beaucoup  morts  de  famine , 
fe  n'euft  eftél'a-bondanee  des  febues 
qu'on  auoit  femees  celle  année  par 
'radmonneftement  d'vn  Cordelier 
noméfiere  Richard  ,  qui  es  Aduenc 
4e  Noël   Se  deuaiit  auoit  prefché 

par 


detunt  Oileaifs, 
par  le  pays  de  Funce  ea  diaers lieux 
&dn:  encre   auties  chofes  en  Ton 
fermon, Semez  bonnes  ':;ens,  (emez 
foifondefebues  :  car  celiy  qiiidoic 
venir  viendra  de  bi'ief.   £c  cane  que 
pour  celle  famine  &:  aaîîî  parce  que 
Iqs  Troyens    ne   vouloieiic   faire 
obeilunce,  fat  par  aucuns  confeiUé 
au  Roy  qu'il  retournaft  arriere,iâns 
palier  outce'-condderanc  que  la  Ciré 
de  Chaaions  ,  &  meffne  celle  de 
F^heimç  efloient  aufll  es  mains  des 
ajiaeriaires.     Mais  aind  que  celle 
chofe  fe  craicloit  au  confeil  deuant 
le' Roy  ,  Ârqaeparla    bouche  de 
maiilces  "Regnaut  de  Chartres ,  Icrs  ^^^ 
Archeuefque  de  Rheims  ,  Chance-  t'^'^'*^ 
lier  de  France  ,  eufl;  elle  la  requis  à  ^^^"^^ 
pla(îears  Seigneurs  &  Capitaines  ^l''"^'^!^' 
qu'ih  eu  diifent  leur  opinion  :  &  a  ^^^^^v' 
près  que  le  plus  d*eux  eurent  re   V^^ ^^ 
monftré  que  pour  la  force  de  la  Vil-  ^^^^  > 
îc  de  Troyes  ,  &  la  faute  d^artillcrie  f  ^^^^7 
&  d  argent  ,  eHioit  homitiede  le  ^ 

tourner;  Maiftre  Robertie  Miçon  "^^^^^^^ 
qui  eftoicbomme  de  grand  confeil 
^jrauoit autres  fois  eftéCheualier  ,  • 
dift  en  efïl*ct  ,  requis  déclarer  fon 
opinion^qu  on  en  deuoit parler  ex- 

1 


prefiément  a  la  PuccHe ,  par  le  con- 
(eil  de  laquelle  auoit  efté  emprins 
celuy  voyage,  &  que  par  aduenture 
elle  y  baillcrvMt  bon  moyen  :  ce 
qu'aduint.  Gareuxainii  coucluans, 
elle  frapoa  fort  a  l'huis  du  confeil:& 
après  qu'elle  Fut  entrée  dedans ,  le^ 
Chancelier  luy  expola  en  bref  mot 
ou  paroles  ,  les  caufesquia-ioient 
meule  Roy  à  entreprendre  celuy 
voyage ,  &  celles  qui  le  mouuoienc 
àledelaiffer.  Surquoyeliertfpon- 
ditices-faigemcntj&diftjque  fi  c 
Roy  vouloic  demeurer 5 quela  Cité 
de  Trbycs  leroit  mi(e  en  Ton  obeyf- 
iancedelansdeux  outroisiours,  ou 
pour  amour  ou  par  force.  Et  le 
Chancelier  luydift  :  îeanne  ,  qui 
feroit  certain  dedans  iix  iours  ,  on 
a^tendroit  bien.  Aquoy  elle  refpon- 
dit  de  rechef  ,  qu'elle  n'en  faifoit 
aucutedoubte  :  parquoy  fiucon- 
clud  qu'on  atcendroit»  tt  lors  elle 
monta  fur  vncourcier ,  tenant  vn 
bâfton  en  fa  main  ,  &  feifl:  faire  ton- 
tes aprefteî  en  grand'  diligence  , 
pour  alîailhr  &  faire  iettcr  canons  , 
dont  l'Êuefque  &  plufieucs  de  la 
Ville  fe  merueillerent  fort.     Lef- 


dettant  Orléans. 
quels-conlîieransqueleRoyeftoit 
leur  droidlarier  &  fouueram  Sei- 
gneur, 6cau(îî  les  faidts&eiitrepriii- 
fes  delà  Pucelle,  &:  la  voix  qui  d*el- 
le  couroit  ,  qu'elle  edoit  enuoiee 
àe  Dieu:  requirent  parlementei.Ec 
iffichors  TEueCque  ,  auecques  au-; 
cuns  gens  de  bien ,  tant  de  guerre , 
comme  citoyens  ,  qui  firent  com- 
poluion,que  les  gens  de  guerre  s'en 
iroient  eux  &  leurs  biens  :  &  ceux 
de  la  Ville  auroient  abjîition  gé- 
nérale- Et  voult  le  Roy  que  les  gens 
d'Eglifes   ,  qui  auoient  bénéfices 
foubsle  tiltrede  Henry  Roy  d'An- 
gleterre 5  leur  demouralfent  fermes 
mais    que    feulement  reprtniïenc 
nouueaux  tiltres  dekiy.    fet  foubs 
celles  conditions  le  lendemain  au 
matin  le  Roy  5c  laplus  part  des  Sei- 
gneurs &  Capitaines  moult  bien 
abilîez  eiïtrerent  en  celle  Cite  de 
T[oyes  ,  en  laqueîîe^uoic  parauant 
plufieurs  prifonniers  ,  queceiix  de 
la  garmfon  emmenoient  par  le  trai- 
té: Mais  la  Pucelle  ne  le  yoult  foufy 
frir ,  quand  vin  t  au  partir.  Et  parce 
les  racheta  le  Roy, 5c en  paia  au^ 
cunement  leurmaiftces^ 


^  Sicgc  (les  ^ff^hU 

Celay  iiieiime  ^oi.crnjft  le  Roy 

Capitaiiivrs  &c  aones  Gffiv:R;rs    de 

r-^rluy  en  celle  Cite-  Et  Je  Jour  en- 

lamant  padcreiit  par  ded^ms  toa« 

ceuxd€(Goarmet,qui  iefoirdede- 

uant  cftoient  demoiire^aux  champs 

loub^i  ia  gariede  Mciîire  Aaibroys 

de  Loré.  Apres  ie  Roy  s'en  partit 

a^jec  tout  foH  oit  par  Tadmonefte- 

lîieni  de  UPaccllc.qui  moût  lelia^ 

-ftoic  ,6<:feift  taat  qu'il  vint  a Chaa- 

lons  ,&ycncraen  tfes  grand  ioye: 

car  TEuelque  ^  les  bourgeois  iuy 

vmdrent  au  deuanc  ,  &iuy  firent 

pleine  obeidance.    Pourquoy  il  y 

iniil  Capit.*ities  &:  officiers  de  par 

Iuy,  &i  s'c  partit  &  alla  vers  Rbeims, 

Et  paîce  qu(?  telle  cité  n'eftoit  en 

ff  Chd-  (q,^  obeilTaiice ,  il  fe  logea  a  quatre 

Jitau    lîeiy*5  près  ^  vn  chafteau  nomrïié 

dts'sep  Sepiaulxjqni  edai'Arclîeuerque  : 

f*:ulx    lion?  ceaxde  Rheims  furent  fort  e{^ 

fres      «-jeus ,  &  par  efpecial  les  Seigneurs, 

f^/;^*mî^c?Cîia(lillGn  fur  M.uie  ,  &  de  Sa- 

di>fi,rtc-  uç^Ci^s ,  y  eftans  en  garni(on  de  pnr 

'^aiu  a\^^  AnpjoJs  &  Bourgoignons  :  qui 

i'^rche  firent  a  fTerr»  hier  les  citoyens, ôc  leur 

Hifc^ue   diient ,  que  s'ils  sy ^vouloient  te nir 

iuig  lies  à  hx  fepmaincs  qu  ils  leura. 


cîeuant  Orléans, 
meneroieiu  fecours.    Ec  depuis  ,de 
leur  consentement  mefmejs'en  par- 
tirent.   Lesquels  non  eftansenco» 
res  gueres  loing ,  tindrent  les  bour- 
geois cofeil  public ,  &  par  le  vouloir 
de  tous  les  kabitans  enuoyerentde 
uers  le  Roy,qui  leur  donna  route  a- 
bolicion,  &  ils  luy  liurerent  les  clefs 
de  la  Cité.    Dedans  laquelle  ceUiy  ^^'j^^' 
ioar  au  matin  ,  qui  eftoit  Samedy ,  ^^^^'"^' 
entra  &fej 11  Ton  entrée  l'A rcheueC  ^^^''7' 
que: car  depuis  qu'il  en  auoit  edé 
faid  Archeuefque  n'y  auoit  encré. 
Et  raprefdifnee  fur  le  foir  y  entra  le 
Roy  écfon  armée  entièrement ,  là 
ou  eftoit  leanne  la  Pucelle  ^  qui  Fat 
moult  regardée  de  tous.  Et  la  vin- 
drent  aufîîRenéDucdeBar  &c  de 
Lorrâine,frereduRoydeSecile:  Ôc 
aufll  le  Seigneur  de  Gommercy  ^ 
bien    accotUDagnez   de  gens    de 
guerre, eux  ofFcans  à  fon  ferai  ce. 
Le  lendemain ,  qui  fut  Di iianche 
CepziçCaiQ  iour  de  Iuillec,cè  uy  mef- 
me  an, milquarre  cens  vingt-neuf, 
les  Seig-iears  de  iainéle  Seuere^S: 
de  RaySjMarefchaulx  de  France  ,  le 
Seigneur  de  Grauille  ,  Se  le  Sei- 
gaeur  de  Gulan,  Admirai  de  France 
liii 


Sfc^e  des  A^iglotf 
furent  parle  Roy  félon  la  couftume 
Zeî\jy  ancienne eniioye2L à  Sainâ:  Remy 
ênnojie  pourauoir  lafaindeampole.    Le.- 
t^aevir  à  quels  £rent  les  fermensaccouftu- 
S  R^w^  niez  j  c'eft  qu'ils  promirent  qn'iîs 
LSaVi  lacondairoienr  &  racondairoient 
Xm^ole  feurement  :  &  Tapporca  bien  deuo- 
tem#ni&  folenneilement l'Abbé  , 
eftanc  leueftu  en  habit  pontifical , 
ayant  deiîàs  luy  vn  riche  parement 
d'Or  iufqnes  deuant  TEglife  de  S. 
Denis.  F t  la  vint  rArcheuelque,  pa- 
leillement  reueftu  &  accompagne 
des chanoines^Ôc  laprint&porta  /le-  ' 
dans  TEglife  ,  &  la  mift  (ur  le  grand 
autel  de  noftre  Dame  de  Rheiras.de 
nnr.r  lequel  vint  le  Roy  habillé  co- 
rne U  apparrenoir.  Auquel  Feift  TAr- 
cheuefque  faire  leslermensaccou- 
ftumez  de  faire  aux  vrais  Roysde 
France,voubns  receuoir  le  S.  Sacre 
Et  incontinent  après  fut  faid  le 
%^  %^y  Roy  Cheuaher  par  le  Duc  d'Alen- 
fut  fajt  çon  5  &  ce  fait  lefacra  &  couronna 
theua     l'Archeuefaue,  gardant  les  iTeremo- 
lier  par  niesi&  prononçans  les  Oraifons, 
le  Duc  benedidionstkexhortations  conte- 
gtAleft-  nues*  ou  Pontifical  fait  propre  à  ce- 
f(?».  Juyraindsacre:  lequel  accamply  , 


deuant  Orlenns. 
feift  le  Roy  grand  excellence  du 
Comte  de  la  seigneurie  de  Lauâl.Et 
d'autre  par  firent  là  le  Duc  d' Aleii- 
çon  &lc  ComtedeClermontplu- 
fieurs  Gheualiers.  Et  après  le  ferai- 
ce/ut!aSair:de  Ampole  reportée Ôc 
conduire  ainfi  quelle  auoit  efté 
apportée.  Quand  la  Pucelle  vit  que 
le  Roy  eftoit  facré  &  couronné,elîe 
s'agenoilla  prefens  tous  les  i^el- 
gneurs  deuancluy  ,  &  en  l'embraf 
faut  par  lesiambesluydîfl  enplo 
rant  à  chaudes  Tarmes  Gentil  Roy 
or  efl:  exécuté  le  plaifîr  de  Dieu ,  qui 
vouloit  que  leuaife  le  {îe2,e  d'Or 
leans,&  que  vousamcnaflTeen  celle 
Cite  ds  Rheims  receuoir  voftre 
Sâind  sicre  ,  en  monftrant  que 
vouseftesvray  Roy  >  &  celuyau- 
quet  le  Royaume  de  France  doit 
appartenir  :  <5c  mo^^lt%i^ôi:  grand 
pitié  à  tous  ceux  qui  la  regar- 
doient.  Celuy  iour  ôc  les  deux 
iours  enfuiuans  feiourna  IcRoyi 
Rheims  ,  &:  après  s'en  alla  àSaincfc 
Marconi,  parle  mérite  duquel  ob- 
tindrent  It^s  Roysde  France  la  grâ- 
ce diuiae ,  dont  ils  garillcnt  des  et 
croelles.  Etauflîv  doiucnc  ils  aller 


Sk^e  des  Anghis- 
iiîccntinent  après  leut  faiiiâ;  Sacre  j.. 
ce  que  le  Roy  hft&  accomplit.  Et 
là  venufeiftfes  Oraifons  &  ofFian- 
d^s  :  duquel  lieu  s'^n  vint  à  vue  pe- 
nce Ville  fermée, nommée  Vaiily, 
en  la  vallée  &  à  quatre  lieues  c'e 
Sciiïbns.  Les  bourgeois  de  laquelle 
Cité  de  SoifTons  luv  apportèrent  là 
^s  clefs  &  fî  firent  ceux  de  la  Giré 
de  Laon  ,  aufquelsil  auoitenuoyé 
îts  heraulx  Itur  requérir  ouiteiture: 
mais  au  partir  de  V'iiliy,s'en  ;:Ha  de- 
•dâs  Soiifbns,  là  où  il  fut  receu  aîrea 
gand  ioye  de  tous  ceux  de  la  Cité 
quimoiiltraymoient,  ^dcfiroienc 
fa  venue  Et  la  luv  vindrent  les  rre«- 
loyeufes  nouucUes^que  Challeau- 
Thierry  ,  Crée/  en  Brie  ,  Prouins 
Couiemiws  &  plufieurs  autres  Yil^ 
les  s'eftoient  remifes  en  Ton  obeii^ 
fànce*  Quand  le  Roy  eut  feiourné 
par  aucun  temps  en  celle  Cité  de 
iSoilfons  ,  il  s'en  partit  &  s'en  al- 
la à  Chafteau  Thierry, &  delà  aPro- 
uins ,  la  ou  il  (e  tint  trois  ou  qaatre 
iours,  &  ordonna  fon  armée  en  ba- 
taille, &  fe  raid;  fur  les  ch~amps  vers 
vne  place  didc  la  Motte  de  Mau- 
gis  ^attendant  le  Duc  de  Bethf<?rt, 


dcuant  Orléans . 

qui  efloit  ylla  de  Paris:  ^  palTint 
par  CorI:  eil ,  arciaéa  Melnn  ,  donc 
il  s'eftoit  parcy  à  tout  plus  J^  dix 
mil  coaibatLans,di[âiit  qu'il  le  om 
b^ctroit.  Mais  il  changea  propos  Se 
s'en  retoun-iaà  Paris:  combien  qu'il 
auoic  bienaucanc  de  gens  qae  le 
Rey.  Leqael  auoic  a'^CLines  ^ens  en 
fa  compagnie  ,qui  tanc  defiroienc 
retourner  de  la  niiiere  de  Loire, que 
pour  leur  complaire  il  auoit  con- 
clud  le  faire.  Mais  ceux  de  Br'AV  , 
ou  il  (.Tivdoicpa^ïcr  Seine,&:  qui  lay 
auoienc  ptotnis  liurerrentree,  mi- 
rem  en  leur  Ville  grand  cotnpa2;'iîe 
d'Anglois  &  Bourgoignons,  le  ioic 
de  deuaut  qu'il  y  deuoit  palîer^dout 
furent  defplaiiaas  les  Ducs  de  Bir 
&  d'^lençon  ,  &:  les  Comtes^  de 
Vendorme  &  de  Laual.auec les  au- 
tres Capitaines  &  vailkns  ^ns  de 
guerre  ,  conu-e  le  vouloir  defquels 
s'en  vijuloitleRoy  ainlî  lecourner: 
& leuL- opinion  eftoic qu'il  le mifta:. 
reconquerter  Je  plus  en  pljs  ,  veiî^ 
que  la  puiffance  des  Auglois  ne  la- 
noie o(é  combattre  Pourquov  us  lé. 
lire  it  reiouDier  a  cbaiteau-Thicr» 
ny-,  &delaaCrefpyenValoiS5  di- 


quel  lieu  il  vint  lo -er  Ton  oft  aux 
champs  alTez  près  de  Dempmarciii 
cil  Gouelle  :  au  deuaiic  duquel  ac-j 
couroient  les  peuples  François  de 
toutes  parts  ,  criansNoel,&  chan- 
tans  ,TeDeumlaadaînus^  &  dénotes 
Antiennes,  Verfets,&  ReTpons  ,& 
faifans  mcrueillcufe  fcfte  ,regardans 
lùr  tous  moult  la  Pucelle.  Laquelle 
confîderantleur  maintien,  plouroit 
moult  fort,  Se  foy  tirant  à  part,  dift 
au  Gamte  deDunoisien  nom  Dieu 
vcz-cybonpeuple3cdeuots5c  vou- 
droye  que  ie  morullcen  ce  paya  , 
quand  ie  deuray  mourir.  Etceluy 
Comte luy  demanda  lors  rleanne  „ 
fçauez^vous  quand  vous  mourez,62: 
en  quellieuj  Aquoy  elle  rerpondit  > 
que  non  :  &  qu'en  la  volonté  de 
èicuen  eftoitidifant  ouîtrc  à  luy 
&  aux  autres  Seigneurs.  Tay  ac- 
compiy  ce  que  Meilleurs  m'auoicnt 
commandé ,  qui  eftoit  leuer  le  /îege 
4'Ofleans,&  faire  facrcr  le  Roy.  le 
voudroie  qu'il  luy  pleuft  me  faire 
feuenir  à  mon  perc  ôc  à  ma  mère , 
afin  que  ie  gardalle  mes  brebis  Se 
mon  beitial ,  &  feilïe  ce  que  ie  fou- 
Jbie  faire.   Et  ca  r.eadant  grâces^  à 


dcuant  Orléans, 
noftrc  Seieneur  teuoit  moult  hum- 
blement les  yeux  vers  le  Ciel.  Par 
leiquelles  paroles  qu'ils  veoi?nc 
eftre  véritables, &  la  manière  d'elle, 
creurent  tous  fermement  qu'elle  e- 
ftoit  Samcte  Pucelle  &  enuoyee  de 
Dieujc^fieftoit  elle. 

Quand  le  DucdeBethfort  >  on- 
cle ^  L  eutenant  gênerai  du  Roy 
Henry  ,  <<c  pour  luy  gouuernant  les 
Citez  &  Villes  d<  places,  tenans  fo!i 
party  ence  Royaume,  fçeutquele 
Roveftoit  lur  les  cbamps  ,  enui- 
ron  Dempmartin ,  fe  partit  de  Pa* 
ris  a  tout  grand  nombre  de  gens  de 
guerre,  ècscw  vint  loger  vers  Nue- 
try  ,  près  d'iceluy  Dempmartin  , 
&  fe  mift  enfon  armée,  qu'il  or- 
donna par  batailles  en  belle  ordoii- 
nance  &  place  bien  auantageufe  ; 
ce  qui  fut  nonce  au  Roy  :  Lequel 
feift  ordonner  its  '^Qjys  pareiUe- 
ment,en  intention  d  attendre  &rs- 
ceuoir  en  bataille  tes  aduetfaire^  y. 
ou  de  les  aller  afTaillir  ,  sllsfemet- 
toient  ou  eitoienttrouuezen  pla- 
ce pareille.  Mais  les  Anglots  ne 
monftrerent  aucun  iemblant  de 
les.vQuloix  ailàiliir  :  car  parle  con- 
Ivj: 


Siège  des  Anglois, 
ïraireik  s'eftoient  mis  en  place  fort 
auantaîreure&  fortifiez  :  comme  fat 
veu,apperçeu&  rapportée  par  la  Hi 
le  &  aucuns  autres  railiani Capitai- 
nes &gens  degwerre,qui  celuy  lour 
pourveoir  leur  maintien ,  &  s'ûçf- 
toit  licite  de  les  a{îaillir,leurallerent 
faire  grandeefcarmouche,  par  plu- 
iieurs  lieux  Se  diuerfesfoisjdepuis  le 
matin  iufques  à  la  nuid.  Combien 
quMn*y  eut  lors  comme  point  de 
dommage,tantdVn  codé  que  d*au- 
tre.  Apres  IcfqLtelles  efçarmouches 
fè  retourna  le  Duc  de    Bethforc 
auecfon  armée  dedans  Paiis.  Et  le 
Roy  tira   vers  Crefpy  en  Valois  9 
dont  ilenuoya  de  fes  heraulx  fom- 
mer  ôc  requeiir  ceux  de  Corn  pie- 
gne ,  qu'ils  femeitreni  en  fon  obeiC 
iaacelefqueb  refpondirenç  qu'ils  lé 
feroiiu  rre'î- volontiers.      Enuiron 
ces  iems  allèrent  aucuns  Seigneurs 
Françoisdedansla  Cité  de  Beauuais 
dont  edoitEuefque  Si  Comte.mai- 
ftr<?  Pierre  Cancho,  fort  enclin  au 
p:rtv  «%nglois.  combien  qu'il  fuit 
Hâtif  d'entour  Rhcims.  Mais  ce  no- 
ohf^as^r  ceux  de  la  Cité  femirent. 
enlapleine  obciiTanceduRoy  ,  (i 


deuam  Orleattf, 
toftqti'ils  vireinfes  heraulx  portant 
Tes  armes,  écrièrent  tous  en  très 
grand  loye  ,  viue  Châties  Roy  de 
France  :  chantèrent  Te  Demn.  &  fi- 
rent grands  efiouiflemens.  Et  ce 
faid  donnèrent  congé  à  tous  ceux 
qui  ne  voudroiêt  demourer  en  celle 
obeilTance  ,  &  les  en  lailfcrent  al- 
ler paifiblement  &  emporter  leurs 
bisns. 

Peu  de  iours  après  faillit  hocs  de 
rechef  de  Paris  le  Duc  deBeihforc 
pour  venir  à  Senlis  à  tout  armée  de 
deuant ,  à  crelie  de  quatre  mil  An- 
glois  5  que  fon  oncle  le  Cardinal   ^^^^^ 
a'x\ngleterre  auoit  amenée  de  delà  ^^^    ^^ 
la  mer  ,tbubs  coulear  de  les  mener  ^    /^^ 
contre  les  Boefmes  heretiques-.mais  ^^^^^ 
mentant  fespromelTes  ,lesmi{len  ^^^^^^^ 
befongnes  contre  les  François  très-  ^^  ^^.^ 
vrays  Chrétiens  ,  combien  quils  ^^^^^'^ 
eaileDC  çH  (oubi-doiez  de  l'argent  ^^^    j^^ 
de  TEglife,    Ce  que  vint  àla  con  -  p.,^  ^^^ 
gnoilTance  du  Roy,  lequel  s'eftoit  ^^^.^^^ 
de  paTty,men;iniron  oftpourallerà         ^^ 
Co-mpiegneA  s'eftoit  logea  vfi  vil.  f^i^r^ 
lage  nommé  Barion  ,  àdeux lieues      ^     ^ 
de  cel^ e.  Cùé  de  Senlis ,  laquelle  te- 
noit  le  party  Anglois  de  Bourgoi^^ 


Strgedes  Anglols 
gnon.  Et  parce  oidonna  que  Mef- 
iire  Ambrois  de  Loré ,  depuis  pri- 
uofl:  de  Paris, &  le  Seigneur  de  tain- 
«^cs  trailles  iroienc  bien  montez 
vers  Paris  &  ailleurs  ou  bon  leur 
îembleroit ,  &  aduiferoienrau  vray 
le  faiefc  du  Duc  de  Bethforc  &  de 
fonoft.  Lefqucls  ayant  auecques 
eux  aucuns  de  leurs  gens  Ats  mieux 
montez , fe  partirent  toft ,  ^  firent 
qu'ils  approcherêt  tant  près  de  Tod 
des  Anglois ,  qu'ils  virent  &  apper- 
ccureni  fur  le  grand  chemin  d'entre 
Paris  &  Senlis  grands  pouldres^par. 
quoy  congneurent  qu  lîs  venoitnt* 
éc  à  celle  occafîonenuoyerent  va 
de  leurs  hommes  haftkiement  de- 
uers  ^e  Roy.luy  (ingnifiant  la  venue 
des  adueriaires.  Et  ce  nonobftant 
attendirent  tant  qu'ils  apperceurêc 
&  congneurent  au  vray  toute  Tar- 
mée  ,&  ce  qu'elle  pouuoit  mon- 
ter,&:  comment  elle  tiroir  vers  celle 
Cité  de  Senlis  :  que  par  vn  autre  d^ 
kurs  hommes  enuoyerent  de  re- 
chef dire  haftiuemen  tau  Roy.  Le» 
quel  feift  ordonner  toutes  Tes  ba- 
tailles &  s'en  vint  à  très-grand  di- 
ligence â  tout  fon  armée  ûir  les 


deitant  Or  te  4ns 
champs,  &arerencdroicàSenîis  r 
fè  tnift  à  chemin  entre  la  ciuiere  qui 
paireaBarton,&  vne  montagne  dite 
Mont  piloer.  D'aune  partarriiia  à 
heures  de  Vefpres' le  Duc  deBeth^ 
fort  à  tout  Ton  oft  preft  de  Senlis  , 
&  fe  mift  à  paffer  vue  petite  riuicre, 
qui  vient  de  celle  Cité  à  Barron  : 
combien  que  le  paif^ge  par  où  il 
patToit  ainh  (on  armée  edoitiî  e- 
ftroid  qu'il  n'y  pouuoitpafîcr  que 
deuxCheuauxdefronc.  Pourquoy 
fîtoft  que  les  Seigneurs  de  Loré  & 
deSain6kcs-  trailles  les  virent  com- 
mencer à  paifer  >  celuy  dangereux 
pilîàge ,  ils  s'en  retournèrent  leplus 
haftiuf  ment  qu'ils  peurent  deuersW 
Roy,  &  luyacertenairent  ce  qu'ils 
auoient  veu  ,  dont  il  fut  moult 
ioyeux,&  feift  ordonner  les  battaiî- 
les ,  Sf  tirer  tour  droit  audeuant  des 
Angloisjescuidanscombacreà  ce- 
luy padage.  Mais  l'armée  des  Fran- 
çois, n'y  fçeut  fi  toft  venir  ,  que  la 
plus  part  ^Qs  Anglois  ne  feullent 
ia  partez  Et  par  ainfî  s'approchè- 
rent tant  les  deux  armées,  qu'elles 
s*cntre  veoicnt  ,  &  auflî  n'e* 
ftoieat  elles  que  à  voe  petite  heue 


S'te^e  des  An^lvis^ 
l'vne  de  l'autre.    De  cjiacune  <jef- 
quelles  ,  comb'eii  qu'il  fuft  ia  veis 
le  Soleil  couchant,  fe  partirent  plu- 
iîeurs  vaillans  Seigneurs  &  gens  de 
guerre  ,  iSc  s'eut'  efcarmouchectnc 
pardiuerfes  fois ,  eCquellesTe  firent 
de  très  beaux  faictv  d'armes.  La  nuic 
ies  faifàns  ceiTec  (e  logèrent  les  A  n- 
gloisaulong  de  la  riue  deceileri^ 
uiere,&  lesFrancois  furent  logrfZr 
vers  le  Mont  pfloer.  Le  lendemain 
au  matin  feift  le  Roy  ordonner  très 
diligemment  foa  araiée  pac  barail- 
les,&  en  fift  trois  parties ,  de  la  pre- 
mière defquelles  c'eO:  de  l'iSuangar- 
de,  &  ouauoit  plus  degens,b;iiîlala 
charge  au  Duc  d'Alençon  ,  &  au 
CoiHte  de  Vendofme^  De  l.i  fécon- 
de, qui  deuoit  eftre  ou  milieu  ,fuc. 
coduifeur  René,lois  Duc  de  Bar, 6c 
de  Lorraine,&  depuis  R.oy  de  Seci* 
îè,6<:  Duc  d'Anjou.  En  la  tierce ,  en 
laquelle  auoit  plufieurs  Seigneurs 
Serres  vaillans  gensdVcmes,&  qui 
eftôient    comme   lanière  garde  , 
voulut  eftre  luy  mefme  :  &  auoit  a- 
uecqucs  luy  le  Duc  de  Bourbon  ,  & 
le  Seigneur  de  laTrimoilîe,  auec- 
ques  graiid  nombre,  de  CheuaUers  x 


.    àdàdnt  OrîeanSé 
ScECcuiers.  Pour  les  aiflesdefquelv 
les  trois  batailles  furent  ordonnes 
Meurent  la  chargé»  les  Marefchaux. 
de  Saincl^  Seuerc  Se  de  Rays  :  au(— 
queU  on  bailla  pluiieurs  Gheualiers 
Efctiiers  Se  geaa  de  guerre  de  dîners 
eftats.  £c  pardellus  toiices  ces  or-- 
donnances  fut  referuée  pour  faire 
elcarmouches,renforcer  Ôc  (ecoudr 
les  autres  battaiiles  ,  femeftier  civ 
efloit  vne  aiure  bataille  de  Lies— 
vadlans  S'eigneurs  ,  Gapitaine-s  ,  Se 
autres  gens  deguerre,  dontelloienc 
codacteurs  Se  auoientla  charge,  la 
Pucelle  ,leBaftard  d'Orléans,  le 
Comte  d'Alebret  Sch  Hire.   Et  au  L^P^-^ 
regard  de  tous  les  archers,  eurent  la  c^  'f  co« 

O  /         Cl 

conduire  le  Stignccr  de  GiauiUe  ^*'''"^ 
ëc  vn  Cheuâlier  deLlmozin,appel-  ^^g^'^" 
lé  Mefîîreîean  Foucot.  Lefquelles  ^^^^'j*'^' 
ordonnances  ainfi  faiétes ,  cheuau    ^^  ^  ^^'' 
cha  le  Roy  âiTez  loin  g  de  ces  trois  ^^^^ 
batailles  pluiieurs,  fois  pardeuant  ^J'^^^t- 
Tarmee  des  Anglois  ^  de  laquelle 
eftoitchefle  Ducde  Bethfort  ,  qui 
auoit  en  fa  compagnie  le  Baftard  ds 
Saind  Paul  ,  Se  moule  de  picards  Se. 
Bourgoignons  ,  auec  plufîeurs  aa- 
ïies  Gheualiers  3  Efcuiers  &gens  d® 


siège  ifes^ngloif 
guerre>eftans  en  bataille  ordonnées 
près  d'vn  village  ,&  avaiis  au  dosvn 
grand  eftaiig.  Lelqtiels  cenonob- 
ftant  n'auoient  cetîétoure  nuitj&rne 
celloient  encore  d'eux  fortifier  ea 
grande  diligence  ,tanc  depaulx  ÔC 
tendiZjComme  de  folïe*.  Fourquay 
quand  le  Roy ,  qui  par  le  confeiï  de 
lou.s  les  Seigneurs  de  Ton  fang  >  la  e- 
ftas,&  autres  Seigneurs>Cheualiéis 
Efcuyers, Capitaines  &tres-va)llans 
gens  d'armes ,  auoit  prins  coclufion 
de  combattre  k s  Anglois&leursal- 
liez  5  sMs  fe  mectoient  &cftoient 
trouuez  en  place  efgâlle:  fut  aduerti 
par  aucuns  vaillans  Capitaines  & 
gens  cognoilTâs  en  armes,de  la  ma- 
nière qu'ils  tenoient ,  comment  ils 
cftoient  logez  en  place  forte  d'elle 
merme,<Sc  s'eftoient  fortifiez  &  for- 
tifioienc  de  folfez  de  de  paulx  :  il  vit 
bien  qu  il  n'y  auoit  nulle  apparen- 
ce de  les  poLiuoir  alîaillir  ne  com- 
battre, fans  trop  grand  dommage 
de  Ces  gens.  Mais  ce  nonobftant 
il  feift  approcher  fes  batailles  iuf- 
ques  à  deux  traids  d^atbaleftre  près 
des  Anglois  ,  &  leur  feift  figni- 
fier  qu'il  les  combatroit,  s'ils  vou- 


àiii.int  Orlednf, 
loient  faillir  d*  leur  parc.    Ce  qu^il» 
ne  voulurent  faire ,  combien  qa'ily 
Clic  de  très-grandes  &  meruciileu- 
fes  efcarmouches.      Car  plufieurs 
vnillaus  Franço'S  alloienc  loiment 
tant  à  pied  qirâ  cheual  iniques  a  la 
fornfciiion  d-^^s  Anglois  pour  les 
cfaiouuoir  à  faillir^  Tellement  que, 
grand  nombre  d'eux  failloient  par 
diuerfes  fois  ,  qui  reboucoieat  les 
François.  Lefquels  renforcez  ôc  fe- 
courusd aucuns  des  leurs,  rechaf- 
foient  les  Angîoisrqui  pareillement 
confortez  &  aidez  par  autres  de 
leurs  gens faillans  de  nouueau  ^re- 
chargoient  fur  les  François  ,  &  les 
faifoienc  reculer  ,  iufques  à  ce  que 
nouuellesgens  de  lems  grands  bat- 
tailles  fe  venoient  joindre  auec-= 
ques  eux  ,  par  la  force  &  vaillance 
defquels  regaignoienc  place  con- 
tre leursennemis.  Etainfipalïerent 
celuyiour  {ans  celTer  iufques  près 
du  Soleil  couchant.  En  celles  fail- 
lies &  efcarmouches  fouuent  re- 
nouuellees  voue  aller  le  Seigneur 
de  laTrimoille,lequel  eftant  monté 
fur  vn  courtier  moult  iolis  &  s^ran- 
dcnftent  h.'ibille  ,  6c  tenant  fa  Une© 


Stege  des  ^ngîoîs 
eu  poing,  frappa  font  heuâl  des  eC 
perons  ^qui  parcasd'auécurecheut 
àteiTe,&  le  trf  fbucha  ou  mibeu  des 
enii  émis  :  par  Idquels  il  fut  en  grâd*  , 
danger  d'eflre  tué  ou  prins  :  mais-  ^ 
four  le  recourir  ck  monter  iê  firent 
giands^-liligences.  Pourquoyii  fut   ^ 
monté  à  très- grand  peine,  caràceîls   * 
lieure  y  eut  très-  forte  efcarmouche  : 
Ettantqu'enuiron  fol.eil  couchaîit 
fe  ioingnirent  enfenible  plni^enïs 
François  de  fe  vindcent^res  vaillaoi 
mentprefentcriurques  aupresde  la 
fortification  des  Ang!oii:&  laîesco 
battirent  ôcefcarmoucherêt  main  à^ 
niain  grand  efparc  detemps^iufques 
à  ce  que  plufieursdVux^tantàpied 
qu  a  cheual  faillirent  hors  de  leur 
parc  à  gran  d  Çuiiîànce ,  &  ]ts  firent 
tirer  arrière.   ContrelefqueU  failli- 
rent au  iTi  pareillement  dts  battaiU 
les  du  Roy  grand  nombre  de  tres- 
vaillans  Seigneurs ,  Cheualicrs ,  Ef- 
cuiers  &  autres  gens  d'ârmes:&  fem 
cremeflerent  entre  leur  gens  contre 
les  Angloîs     Etàcellcoccafionfat 
lors  faide  la  plus  grofife  &  la  plus 
di^ngereufe  efcarmouche  de  tout  le 
jour  ;  &  tant  s'entremeflcrent  de 


cleu4nt  Ovleans, 

pres.qtie  îa  poudre  fourdic  (i  e(j")eC- 
le  eiuoîir  eux  ^\i''.n\  ii  eud  peu  cpn- 
gnoiftre  ne  dilcemec  ,  iefquels  e- 
ftoient  François  ou  Ânglois.  Ettcl- 
Iciiôiic,  que  combien  que  les  deux 
batailles  contraires  fulfea:  tres- 
preilVne  de  l'autre  ,  linefe  pou- 
-iiûient  elles  eatre-veoir.  Celle  der- 
rière efcarmouche  dura  iuiques  a  la 
nuit  ferrée  Jaque  lie  f::i!.l  départir  les 
François  des  Ans;lois  ,  defqaels  cant 
dViie  part  que  d'autre  Furent  celuy 
iour  pluiieurs.tuez  ,  blece?:  c\'  pri-» 
fonniers.  Les  Ann;lovs  le  retiretît 
SfZ  logèrent  rous  entêble  déduis  >eui: 
parc, 6c  fortifications,  comme  ils  a- 
Ljoient  fîid  la  nuid  de  deuanc.  Et 
les  François  tous  aiFemblez  strv  al- 
lèrent aufu  loger  a^  demie  lieiie 
d'enx,&  près  de  Mont-piloer ,  ainil 
qu'ils  auoientfaiclle  foir  parauant. 
£t  quand  vint  le  lendemain  au  ma- 
tin,les  Anglois  fe  mirent  à  chemin, 
:&  allèrent  à  Paris  :  &  le  Roy  &  Ton 
armée  s'en  retournèrent  vers  Cref* 
■py  en  Vàilois. 

La  nmct  enfmuarrc  fe  logea  le 
RoydedâsCcefpy  :&  le  lendemain 
SQn  alla  à  Compiegne,là  oùiifuue 


^^:iai:- 


<:en  grandement  ^  honorablement 
par  ceux  delà  ville  ,  qui  s'eiloient 
mis  n'auoit  gueres  en  (on  obeitïin- 
ce  :  Pourquoy  il  ymiftoffiâersde 
parluy  ,  parefpecialenfeift  Capi- 
taine vn  vaillant  Gentil-  homme  du 
pays  de  Picardie,appellé  Guillaume 
de  flauy  ,  quieftoit  bien  de  noble 
maifon.  En  celle  ville  de  Gompie- 
gne  eniioyerent  ceux  des  Citc^  de 
B -aunais  &  de  Senlis ,  &  fe  mirent 
en  l'obj^ydance  du  Roy,  lequel  fe 
partit  de  Compiegnefur  la  fin  àa 
moijd'Aouft  ,  &  s  en  alla  dedans 
Senlis  :  &:  quand  le  Duc  de  Beth- 
T^effae  fort  le  Tceut ,  il  fe  partit  de  Paris  à 
hoys  de  touz  grand  armée  de  gens  àc  guerrel 
L'/X'c-  EtdcubtantqneleRoy  ne  vouliift 
ésfcv^ Etirer  à reconquefter  Normandie  9 
ueffue  s'en  y  alb,S^  mift  defesgens  en  pln- 
deThe^  fieurs  places  ,  qu'il  auoit  en  celuy 
fouennef^y^  en  diuers  heux,tenans  le  party 
Chance.  An^lois,  &  les  garnit  deviures  & 
lier   en  artillerie  :  deîaiirani  à  Paris  Mefîîre 
France  Loy  s  de  Luxembourg,  Euefque  de 
/oublie  Therouenne,  foy  difant  Chancelier 
partjy     ^2  France  pour  le  Roy  Henry  ,  Se 
jin-     auecqneslay  Mefîire  lean  Ratelet 
glots^     Cheuahcr  Anglois  ,&  Mefîîre  Si- 


detMnt  Orléans, 
mon  Morhier.  Lerquclsaiioienten 
lear  compagnie  deux  mil  combii'- 
tatis  pourla  garde  &  defïence  de  Pa- 
ris-  D'autre-part  le  Roy  ayant  or- 
donné officiels  ôiÇapitaine^depai: 
luy  à  Seiilis,&  s'en  partit  enuironle 
dernier  ionr  diceluymoys,  ôcsea 
vint  en  la  ville  deSaindt  Denis.  De 
laquelle  luyfutfaide  pleine  obeif- 
fance,  êc  y  futdeuxiours:  durant 
lefquels     furent    flûtes    plufîeurs 
courfes  «Sf  efcarraouches    par   les 
François  y  eftans  contre  \çs  Anglo^s 
de  Paris.     Là  où  furent  faits  plu- 
fieins  beaux  faits  d'armesd'vne  part 
6<r  d'autre.  Et  letiers  iours  s'en  par- 
ticla  puci^lle  Se  le  Ducd'Alençon*- 
Le  DacdeB  )urbon  ,  leConite  de 
VendoGiie  ,  le  Comte  de  Laual  dc 
les  Marelchaux  de  Sainte  Seuere 
Ôc  de  Rays ,  la  H  re,  Poton  ,  Si  plu- 
iîeurs  autres  vaiUans  Cheualiers  , 
Capitaines  !k  Efcuiers ,  auec  grand 
nombre  de  vaillans  gens  de  guerre 
&  s'en  vindrent loger  en  vn  village 
du  la  Chapel'e  ,  qui  eft  ou  chemin 
&  comme  ou  miUeu  de  Pans  &S. 
Denis:&le  lendemain  entuiuât  s'en 
viadrem  mettre  en  belleordonnâce 


on  marché  aux  pourceaux  deusnt  la 
poice  Sâind  Honoié  ,  ^firentaf- 
lorcir  planeurs  canons  ,  dont  ils  fi- 
rent Tetrer  eiTplufieurs  lieux  &  fou- 
uent  dedans  Pansroû  eftoient  enar» 
n?esles  gens  de  guerre  y  eftans  en 
garnifon  ,&aufïï le  peuple,  &  fai- 
ioiKDt  porter  plulieurseilendars  de 
diucrfes  couleurs,&  tournoyer ,  al- 
ler $c  retournera  Uentour  des  mur« 
par  dedans^cntreiefquel^  eny  auoit 
vn  mouk grand  à  vni;  Croix  rouge 
Aucuns  Sei^'ieurs  François  fc  vou- 
lurent .approcher  plus  pies  &  par  qC- 
peciai  le  Seigneur  deSa;n6t  Vallier 
Daulphinois, lequel  firttantqueiay 
&  Tes  gens  allèrent  bouter  le  fcu  ou 
bonleuerr  &  à  la  bariiere^e  cetie 
poice  df-  îaind  H  )nnoîé.  Et  com- 
bien qu'il  y  euft  plufieurs  An- 
glois  pour  les  défendre  5  toutes 
fois  leur  conuint-il  retraire  par  celle 
porce,<5c  rentrer  dedans  Paris  :  par- 
q'ïoy  les  François  priîidrent  ^'  gai- 
-çrnerent  àForce  labavaieceô^  If*  bon- 
ienert.  Et  parce  qu'ils  le  penferenc 
.que  \qs  AngloJs  (auldroient  par  la 
porte  Saind;  Deais  pour  courir  ;us 
«ux  François-eftant  deuantla  porte 

Sauid 


SainâiHonoré.  les  Ducs  d'AIençon 
ôc  de  Bourboii,s'embufchticnt  dW- 
riereIarriOiuaigne,quieri:  auprès  , 
&  contre  cel-ay  Marche  des  pour- 
ceaux ,  6c  plus  près  ne  fe  pouuo'.ent 
pas  mettre  pour  doubte  des  canons 
vcnglaircs,&  couleurines ,  dont  ti- 
roJent  ceux  de  Paris  (ans  cefcM^^is 
'ils  perdirent  leur  peine  :  car  ceux  de 
Paris  n  oferent  faillir  hors  la  Ville. 
Pourquoy  la  Pucelle  voyant  leur 
couart  mainden,  deUbera  de  les  a{l 
Lilhr  iufquc  au  pied  de  leur  mufs. 
Et  defaici ,  fe  vint  prefenter  deuam 
eux,pource  faire  ayant  auecqnei  el- 
le grand  compagnie  degens  d'aniies 
&  plufieursfeigneursjentup  lefquek 
elloit  le  Marefchal  de   Rays ,  qui 
"tous  par  betle  ordonance  fe  mirent 
a  pied  ,  Se  defcendirent  ou  premier 
foiréjouqucleuxeftans  elle  monta 
le  dos  d'afne  ,  duquel  elle  delcendit 
iufques  ou  fécond  £oiTé.ôc  y  mift  la 
lance  en  diuers  i^eux ,  taftant  ik  ef- 
fayant  quelle  parfondegrii  y  auoit  Lt-TaZ 
d*eauë&  debolie^enquoy  faifantel-  cellthU 
le  fut  grand  elpace.    Et  tellement  cff  de^ 
quVn   arbaleftier  dé  Paris  luy  perça  uartf. 
laxTuiffe  d  vn  traiél.  Maiscenonob-  Paris, 
K 


Siège  des  ^nglois 
OantcUe  ne  s'en  voiaïou  partir  ,  Sc 
failoir.  tres-gtand  dilioer.cedefa.re 
apporter  6c  ietrer  f^got7  &  bois  de- 
dani  ccluy  toile  pour  l'emplir  :  aha 
c]u  tlle  &les  gens  de  guerre  p^^u  11  et 
palier  iafqnes  aux  murs  qui  ne  fem- 
bloit  pas  lors  eftre  poffible  ,  parce 
que  l'^aue  y  eftoit  trop  profonde.^: 
qu  elle  n'auoit  pas  aiîez  grand  muU 
titude  de  gens  a  ce  faite,&  auffi  par- 
ce qaelanuiteftoitprochame.No- 
obltânt  laquelle  elle  fe  tenoit  toui- 
iours  kï celuy  foiré ,  &  ne  s'en  vou- 
loir retourner  ne  retraire  en  aucune 
maniere.pour  pnere<S<:  requefteque 
luyfeilTétplufieui- .Pardinerfesfois 

l'allerêt  quérir  de  foy  en  paîtir,&^^^i 
lemorflierquelledeuoitlaitfer  cel- 
le entreprinfe,  iufques  à  ce  que  le 
Ducd'AlençcSnl'enubyaquerre,& 
la  feift  raraire,6i  toute  l'armée ,  en 
celuy  viUaoedela  Villeue  :la  ou  ils 
fé  logeientVelle  nuia,comme  ils  a- 
uoicncfaidleioitdedeuant.  Et  le 
lendemain  s'en  retournèrent  tous  a 
Sain6t  Denis.  En  laquelle  Ville  fat 
moult  louée  la  Pucellqdubon  vou- 
loir &.>ariy  courage  qu'clleauoic 
monftré ,  en  voulant  allaillii  h  forte 


dcudint  Orléans 
Cité  Se  tant  bien  garnie  de  gens  & 
d'artillerie,  coirnr.e  eftoit  la  ville  de 
Paris.Etcertesaucunsdirentdepuis 
que  fi  les  choies  fe  feuifent  bien  co- 
duides^qu'il  yauoit  bien  grand' ap- 
parence qu'elle  en  fuft  venue  à  fon 
vouloir.  Car  plufieurs  notables  per-» 
Tonnes  eftans  lors  dedans  Pari^  lef- 
quels cognoilfoient [eRoy  Charles 
7.  de  ce  no  eftre  leur  fouuerain  Sei- 
gneur,  &vray  héritier  duRoyaum^ 
de  France:&  comnnent  à  grand  tore 
&  par  cruelle  vengeance  onlesauoic 
feparez  &oftez  de  fa  Seigneurie  & 
obeilîànce,&  mis  en  lamain  du  Roy 
Henry  d'Angleterre  parauac  mort: 
&  depuis  continuant  foucs  le  Roy 
Henry  Ton  Fils ,  vfurpant  lors  grand 
partie  du  Royaume/e  feuifentmis, 
comme  depuis  firent ,  fix  an  s  sprey, 
réduis  en  TobeifTancedeleur  fouue- 
rain Seigneur  i&luyeuifent  faiéfc 
planiere  ouuerturedefa  princioale 
Cité  de  P:=ris.  Ce  <\\\d  cefte  fois  ne 
firet  pour  Its  caufes  delfus  alléguées 
Pourquoy  le  Roy,  qui  vit  lors  qu'ils 
ne  monflroicnt  aucun  femblanc 
d'eux  vouloir  réduire  à  luy  ,  tint 
plufieurs  confeils  dedans  la  Ville  de 
Kij 


Sieze  clés  ^nohk 
Sain6t  Denis  :  en  la  fin  defquels  fat 
adinfé^que  velie  la  manier?  de  ceux 
de  la  ville  de  Psris,l-?  grand  piiiilan- 
cede^  Anglois  Ôc  Bourgoignons  y 
eftans  dedâs,&  aufli  qu'il  n'auoitat 
fezdargéi,  Se  nepouaoit  auoinllec 
poiu  eiitietenirfi  grand'  armée  qu'il 
reroit  le  Duc  de  Bourbon  (on  lieu- 
tenant gênerai.  Ce  qu'il  feift,&:  luy 
otdonnademoûrer  es  Villes ,  Citez 
&  places  ,  à  luyobeitîans  ileça  la 
Riuiere  de  Loire  Et  pour  y  mettre 
grolîes  garnifons  ,  Ôc  les  garder  ôc 
defïèndre ,  luy  bailla  grand  nombre 
de  gei>s  d'armes  &  foifon  d'artille- 
lie.Et  outre  celle  ordonnance  voult 
&  commanda  ,  que  le  Ccmte  de 
Vcndorme,&:  l'Admirai  deCulan  (e 
tmirtnta  fainél  Denis  ,  aufquelsil 
bailla  aulîi  plufieursgens  d'armes ,a- 
S.n  qu'il,*-  peulfent  tenir  la  garnifon. 
£t  ce  fait  le  partit  le  douziefine  iour 
de  .S^eptembre ,  &  s'en  alla  à  Laigny 
fur  Marne>dont  il  fe  partit  le  lende- 
main Et  y  ordonna  Capitaine  Mef- 
-Cne  Anibroys  de  Loré  ,  auquel  il 
bailla  Médire  iean  Foucault, auec- 
ques  plufieurvgensdc  gueirejSitira' 
d'iUec  le  lendemain  à  Prouins^Sc  jde 


eieudttt  OrUdns, 
*  a  àBray  fur  Seine ,  que  les  habitans 
reduircnt  en  Ton  obeiflance.Et  pu^^ 
SQti  alla  pafTer  pardcuant  Sçns  ,  qui 
ne  luy  feift  aucurte  ouuerture  :  mais 
luycoiiuint  paderàguc  vn  peu  au 
delfoubs  de  la  Riuierc  d'Yonne  ,  & 
tirer  à  Courtenay,dont  il  alla  à  Cha 
fî:eau  Regnart,ô^âMontargis ,  &  au 
derrain  à  Gien,  cû  il  atendît  aucu ws 
iours  cuydanc  auoir  accord  auecle 
Ducde  Bourgoigne,  qui  luyauoic 
mandé  par  le  Seigneur  de  Ch^^rny 
qu  il  luy  feroit  auoir  Paris  ,  &  qu'il 
fviendroitenperfonne,  £c  à  celle 
occafiou  luy  auôic  le  Roycnuovc 
fauf  conduit ,  a  lin  qiul  peufl:  pa(î -r 
fans  contredid  pari  es  places&paf- 
%esà  luy  obeidSns,  &ainl2  l^ftil. 
Combien  que  luy  arnuéà  Paris,il  ne 
tint  rien  de  ce  qu'il  auoit  promis  ; 
ainçois  feift  alliance  auec  le  Duc  de  Le  Duc 
Bethforc  à  l'cncontrcdu  Roy,  de  cie^o^r 
trop  plus  fore  que  deuant.  Et  ce  n6    goi^mfe 
obftanc  par  vertu  du  fauf-conduit  r^Kte 
palfa  reuiemcc&  franchement  par  d'iec  lc4 
tous  les  pays  ,  Villes  &  palliges  de  ^^- 
1  obeiifance  du  Roy,  &  s'en  retour-  lloùrj^ 
naenfes  pays  de  Picardie  &  de  Fia-  ^tre  le 
dres.  Et  le  Roy  quifucaduerty  au  Koy. 


^iegedef  An^ois  ieuant  Orléans, 
vray ,  palla  laRiuiere  de  Loire  ,  & 
fi*en  retourna  à  Bourges ,  dont  il  e- 
ftoit  party,à  la  requefte  &  fupplica- 
tion  de  la  Pucelle.  laquell^luy  auoit 
ditparauanttoutce  queiuyaduint 
du  lieuemencdu  fieged'Oricans,.5c 
defonfainâ:  Sacre  ,  auffidefon  re- 
tour franchenient ,  aiuii  que  luy  a- 
noitrcuelé  noftre  Seigneur-  En  re- 
merciant le  quel  &  louant  de  la  grâ- 
ce 3  fais  fin  par  Ton  odroydiuin  a  ce- 
îluy  preient  &  très  compendieux 
ttaiâ"é  ,  preimstulédafiege  d'Or- 
léans 5  rnis  par  les  Anglcis  j&de  la 
venur&vaillans  faits  de  leannela 
Pucelle  :  ô»:  commet  elle  les  en  feift 
partir  &y  Feift  (acrer  aRheims  le 
Koy  Charles  feptiefme  ,  par  grâce 

diuima  &  forces  d'araies. 


LVAVTHEVR   N' A  Y  ANT 

PNTIERIMENT    ACHEVEl'iS- 

toire  ds»  la  Piicelle,  fa  prinfe  par  le 
Duc  de  Luxembourgtvenduepar' 
luyaiix  Anglois  comme  Ton  fai- 
foit  le^  erclaues,iugée&  condam- 
née à  Rouen  parles  Anglois  ,  &c 
ceux  de  leur  parti  ,  nous  auons 
trouué  bon  aJioufter  icyla  haraii 
gueduRoy  Charles  fepciefme  à 
fesgenSjCciledeleannela  Pucel- 
le  pour  l'induire  d'aller  àRheim.ç, 
auecla  fuice  de  Thiftoire  de  ladite 
Pucelle  iufques  à  fa  mort. 

H AïiANovE  Dyi{or 

Char  lesfeptiefm  c  ^fes  gens , 


Ous  voyez  mes 
couiîns  ôc  bonsa- 
misde  quelle  iu- 
ftice  ô<:  équité  v- 
fentpourleiour» 
,  _  .  d'huy  les  Anglois 
nos  ennemys:  &  combien  iHc  ÎFaulc 
fier  en  leurs  promefifes.Il  vous  apeic 


euidemmenr  du  tort  &C  iniure  qu'ils 
foîTtà  mon  cher&bien  aymé  coufîn 
d'Orlean^jluy  voulant  (contre leur 
foyjrollir  Se  voler  Tes  terres  Et  n'y- 
gnorez  point  que  la  prinfe  d'Oc- 
leanssell;  le  péril,  degali  &  ruined;es 
Villes  que  nous  tenons  le  long  de 
Loire.  Il  ne  faut  point  employer  îe 
temps  en  d eLberation, il  ne  faut  s'a- 
inufer  à  p-iileinencer  >  ou  Tennemy 
execateïï  diiigemïnentce  qu'il  àen 
penfëe.  Ils  (ont  forts  vaillànts,&  en 
bon  nombre. Mais  ils  font  pariures» 
ramifeurs  ^tyrans:!?,  ou  au  contrai- 
re nous  femmes  iulles  (  en  celle  af- 
faire à  tout  le  moins  )  &  fi  n*auoiT^. 
point  defaulc  n'y  d'hommes  n'y  de 
bon  courage  :  Né  refte  que  la  dili- 
gence requife  en  bon  guerriers.  Et 
îout  ainfîique  l'ennemyle  meten 
deuoir  d'alfailly ,  nous  faifons  elfay 
encor  de  nous  mieux  defïendreiGar 
liiamais  la  France  eut  befoing  de 
voftre  (âgeire,confeiLforce,&  con- 
ciuiâ:e,c'eft  maintenant  qu'elle  im- 
plore voftre  fecours.  C'eft  à  ce  coup 
que ie  vous  fbmme  d?  voftre  fidéli- 
té, queiedefîrcrcfîèctdevospro-» 
mcfle-siLeiour  eft  venu  (mes  voiiîns 


douant  Orléans 
&  bons  amis  (qae,ou  bieiilaFrace 
fera  datoiic  Kiigloife  ,  t^fans  11.)/ 
nacareljOii  q-ie  nou5?,  vengeans  no- 
flre  iniurerla  remetcros  fus.  Se  ofti- 
rons  fa  1  bercé  du  ioi^  de  la  captiiii- 
tcAngloife.  lereiisienefçiy  quoy 
en  mon  ame  qui  me  pre(;i2;ece  que 
ie  vous  propote,  &  me  fa^d  croire, 
que  fii  vous  allez^  à  la  defences  5c  fe- 
coars  d'OHeans  ,  que  nos  attires 
s'en  poLteront  bien    QueldeFmlc 
auonsnous?  Le>  "vailles  nous  fonc 
bien  afïè(5tionees,&  ou  ne  refte  que 
■  la  pr  efêce  dequelqu'vn  des  plus  re-  Senni^ 
marquez  d'entre  vous. Le  Ciel  nous  cherib 
aydcfaifant  aller  l'en  nemyd'oiVil  ne  du  te- 
fortira  qu'auec  fa  grand  honte,  non  mos  dn 
mieux  que  iadis  le  blafphemateur  Roj 
Afîîrien  de  deuant  les  mvirsdela  Ci-  c/'E^e- 
té  de  Dauid  ?  AiFeurons-nous  en  c/;i#. 
Dteu  :  prenons  Se  renfort  Se  coura- 
ge en  fa  mifericorde,  il  nous  promec 
vidoire,  &  à  l'ennemy  confadon. 
Or  donc  vaillans  Princes  &  hardis  > 
Cipicaînes  marchez  pour  défendre  •  . 
voftre  Prince  des-herité  iniude-- 
ment ,  pour  deliurer  vollre  pays  ga- 
ftécruellementj&fouftenir  h  caufe.: 
dés  mifeiables  citoyens  d' Orléans , 

K-V. 


siège  des  anglais 

qui  efperent(apres  Dieu)€n  la  force 

de  vosbras5&:  fagelfe  de  voftre  con  - 

fcil:  Faide  voftre  deuoir ,  &  le  tout 

puiflant  parfera  ce  queThomme  ne 

pourroit  mettre  en  exécution.  Allez 

au  nomdeDieu5lcquel  face  en  vous 

rheur  queie  delîre,tant  pour  lepays 

que  l'honneur  delà  Couronne  de 

France.  Ayant  ce  dit,voyât  qu  auec 

vne  grande  gayecé  de  coeur,  chacun 

iuy  promettoit  fadiligéce  ,11  donna 

la  charge  de  cefte  entreprinle  au 

3ffc  de  Duc  de  Bourbon  :  auec  lequel  allc- 

lèouihe  rentbbaftardd'Orlcans^Comtede 

chefdes  X)unois  ,  &  quelques  SeigneursEf- 

vrinas  coiTois  j  lelauels  dtelTerentvnc  af- 

«rfftSîf^f  (ez bonne  arméee  ,pouralJer  leuer 

d'Orie-  \q  fiege,  ou  Te  mettce  dedans  la  Ville 

^^o       S:  fouftenir  le  ficgè.  Ce  pendant  le& 

Oileannoiseftoient  en  peine  de  fe 

ramparer  ?  munir  Se  fornfier  en  leur 

Ciré  :  Se  n'eftoit  perfonne  de  queN 

quefexequecefuftqui  refafaft  ou 

d:' porter  la  hotte  ou  vuider les  lieux 

fclToyez  j  tant  eftoit  grand  l'amitié 

Jjiltpe-  qu'ils  auoient  au  Roy  ,  &:  charité 

ce    rtVr  à  leurs  pays.     Et  pour  mieux  con~ 

Oilui-  tenir  le  tout  en  boneftai  ,  ils  fti- 

ncis.      rait  paiacheuer  le  bouleu^rt  de- 


dettant  Orléans, 
h  toumelle  du  bout  da  pont  du  co- 
fté  de  la  Sanloigne.    Et  afin  que 
l'cmiemyiiepeuft  Ce  preualoir  iss 
faulx-boiirgs  ,il  les  firent  abbatre 
ôc  brnfleir.  Et  ce  pendant  le  Roy  e- 
floit  à  Bo\ir^es:defperchânt  Tes  e;ens 
pour  ceft  affiiire.Les  citoyens  d'Or- 
léans ,  quelque  force qu  ils veiirentH.^  -IL 
deuantleur  ville  ne  s'eftonnerenc^'^'  ^f^s 
point  5  ainsdes  que  l'Anglois  cniorlean' 
affis  (on  Camp  ,  il  luy  faillttent  fus ,  ^;^^^ 
&  s'y  "maincniirent   comme  ceux 
qui  aymoirnt    mieux  mourir  que' 
tomber  encre  telle  mains  que  de 
Tennemy  ancien  du  Royaume.   Le 
Comte    de   Salbery    voyant  leur 
hardielFe ,  Se  s'alfeurant  de  leur  opi  - 
iiiaftretéfeifl  bai];irau  bout  du  Pont 
du   collé  de  Siuloigne quatre  baf- 
tions  renforcez  de  remparts  ,  ga- 
bions j  fofîez  Se  arrillerie^dreiteT  '^PM" 
dVne  indu^rie  telle  qu'on  euft  iu-  ''/"  -^^ 
g.éle  moindre  quelque  belle  &ru    i-^'i 
perbe  forcereif:'.  Cesbaftilles  ainfî^'^^-^ 
dreiïees  flanquoient  lî  bien  la  Vulc  P^^^  '^ 
qu'il  eftoit  prefq'.ie  impotïîble  d'^fi^^^- 
approcher,  Ceque/ombien  quedo- 
nall'quelq  le  frayeur  aux'  «illegez  Jî 
€l\  ce  que  la  prefence  de  tant  de 


Sieis  des\Afiilok 
grands  feigneurs  &  excellens  Capi- 
taines qui  eftoienc  dedans  les  alîeu- 
roic  de  telle  rorte,que  le  plus  couard 
pfomcctoit  quelque  bonne  chofede 
foy*  Audi  ceft  vn  dur  &inéuicable 
traid  que  la  neceflîté.  Apres  longue 
baterie  &  plu(ieurs   hoeribles  af- 
faults,les  Angiois  prinirentlc  bou- 
leuercque  les  Otieannois  auoienE 
reparé  au  bou  du  pont ,  Ce  qui  don* 
na  quelque  efîroy  à  ceux  de  la  Ville. 
Sdfhsyy  Durant  cecy  fut  le  Comte  de  Salbe- 
«ccis     ry  occis  dVne  canonnade  ,  aind 
à'yne    qu'il  vîfîcoit  les  lieux  plus  foibles  de 
eamn-  la  Ville  pour  y  faire  brefche  &  don- 
rn^iif.    neri^allault.  Etquoy  qu'il  fuft  chef 
de  l'armee^neantmoins  nelaifTèrent 
îes  Anglois  pourcela  de  continuer 
l'alTault.  Deux  iours  auparauant  le 
DUC  de  Bourgoigne,  prié  par  les  Or- 
leannoisqu'ileutpittédela  ville  Ôc 
peuple  de  France  :  que  c'eftoit  aiféz 
perfecurer  le  fiens ,  ^fevengédes 
tors  prétendus.  Ce  Prince/oit  qu'il  \ 
B-ùur^oî  fe  fachaft  de  la  guerre  ,  qu'il  feuft 
gnon  fe  compaffion  des  afiiegez  en  parla  au 
retite    Cemte  de  SalberyXequelluy  ayant 
du  cap   ïefpondu  vn  peu  plus  arrogammêc 
jin-      que  fa  digiiité  ac  requeroitfut  caiife 


dèuant  Orléans, 
que  le  Bonrgoignon  qui  de  ion  na- 
turel eftoit  impatienc  ,  cngnoilTauc 
quefi  rAngloisfèfaifoirplasgrâd, 
lui  pGUFroit  iouer  quelque  faux  touu 
(e  recira  auec  Tes  gens ,  au  grand  re- 
grec &  dcfplairir  du  Duc  de  Bech- 
fore  :  lequel  vint  de  Paris  aufiege 
pour  touriTîêtcr  la  Ville  par  le  cofté 
de  BeauiTe.Icy  efl: l'efFort du  fîegejà. 
gifoit  l'occafion  de  la   crainte  des 
a(îïegez  ,  lesquels commençoienc à 
fêntir  faulte  de  viures.Ec  ce  que  plus 
les  deuoic  efpouuenter ,  c*eftoic,que  ^^^ 
près  de  lenuiHe  furêcdeffiits  qifel-  «*% 
que  Seigneurs  Frâçois  quialloiêcfur 
les  Angloisqui  portoyencviuresau 
Camp:  Eteftoit  chef  de  l'armée  le 
Comce  de  Glcrmonc,fils  du  Duc  de 
Bourbon.  Toutesfois  ne  celToiéc  à^  - 
faire  faillies,  d'efcarmoucher ,  &  af- 
faillirles  alïliillans  :  &  monftroienr 
ceux  de  la  Ville  coatenance  d'hom- 
mes qui  ne  s'efKay oient  pour  peade 
chofe.    llfembloit  que  la  mort  du 
Comte  Sâlber/  apporta  quand  & 
ioy  le  repos  cîes  Ofleannois  &  Tar 
neanciiremeiu  de  rheur  d'Angleter- 
re :   Car  quelque  efîay  que  les  An-^ 
glois  fçiiïçnt  de  la  otx  auant ,  queU 


Sie^e  des  Anzjoii 
ques articles  quel'on  proporaftpoiir 
atcirer  les  citoyens  àferendre^la  for- 
•     tune  (e  fachanc  de  les  fiuorifer  tour- 
na fou  virage:&  ruât  fon  deftin,  ad- 
Charles  uifa  plus  humainemêt  les  affaires  du 
fauoïi.  p^oy  Charles-    Auquel  lors  fe  ioy- 
fe     du  gnoieiit  &  luy  fauorifoient&la  ter- 
Ctel&  re  &  les  efTences  immortelles  :  veu 
de^ho7n  queleRoy  trouuaGonfeil  ,  confort 
^^^^'      &  moyen  de  leuer  ce  fiege  par  la  di- 
ligence dVne  créature  moms  apte 
aux  armes ,  que  les  Roys  aux  chofes 
viles  &  de  peu  d'eftoffe.  le  ne  veux 
icy  amener  en  doubte  la  piiiliâce  de 
Dieu  qui  infpire  ou  bon  luy  fernble 
&  doneforceouil  veut.  le  neveux 
faire  fcrupule  d'efcrire  corne  chofe 
véritable  ce  que  ô<:  les  hiftoriês&:  la 
ladîth  mémoire  fi  freiche  demouuemêrs6f 
yciifue,  eftude  d'vn  peuple  ,  nous  fontairez 
notoire.  Q^ie  iadis  laluifue  veufue 
ludith  efmeaé  de  TeTprit  deDienade 
liuîéton  pays  de  lafarieu(e  coleredu 
Semyra  g^j-jg^al  de  l'armée  AiTiiienne:  (Ivne 
me  B.sy.  5g;^,yr;jrne  à  faifl  tant  d'exploirs  ?n 
^^'         guerre  A''  nous  yadioultonsfoy  co- 
rne certainemêt  fe  doitfitire.Q^i  em- 
pefcheraquel  on  necroieque  laFra- 
ccaellé  foulagee,lc  Roy  remisse  co- 


démant  Orléans, 
forte  par  la  vaillance  ^  conduite  ÔC 
cofeil  de  celle  Pucelle  Lorraine,que 
Ton  appellee  leanncîLaquelle  ilUi-  Idnfje  - 
minée  de  la  grâce  diuine,  afliftee  de  J^HCsIlâ^ 
la  main  deDieu,àfai6t  &mis  en  œii- 
lure  ce  que  les  plus  illuftres  &  géné- 
reux Princes&Capitainesn'auoient 
ofé  entreprendre.  Si  les  feuls  Fran- 
çois prefchoiêtla  vertu  de  cefte  fil- 
le ie  ne  feroisfiàheurté  en  mon  opi- 
nion ,  penfant  quVn  chacun  fe  flate 
en  fa  caufe  propre. Mais  lifant  les  el- 
crits  des  élira ngers,  voire  de  ceux 
qui  pour  lors  nous  faifoient  la  guer-  -^ 
re,  ie  wby  que  tous  lo lièrent  la  vertu 
fînguliere  Se  incroyable  delà  Pacel-  Efiran^ 
Icrccommandét  fa  châfteté,5<:  ma-  gers  no^ 
nifient  fa  ioiiable  vie ,  Et-  il  choie  Ci  ajftmH 
nouuei^e  que  Dieu  opère  chofes  ^(«A^vi?- 
merueiUeufes    en  ce  qu'il  ayme  ?  rite  de 
Poarqiîoy  ne  croyrons  nous  que  UnneU 
Dieuàenuoyc  la  Puceliefeane  pour  Vncelle 
deliurer  le  Roy  &:  le  Royaume  de 
France  de  captiuitéjplaftoftque  d'à-        ^ 
ioufter  foy  à  t:?nc  de  fables  dVn  Ti        j^  ^. 
te  LiuerurraDpiririon  du  Gafto?&  .       !  ' 
Pc-llux  :  fur  (a  ftacue  de  la  merc  des  i  \  r^'n 
Dieux:  ou  du, lerpent  perte d  Epi--      .  '' 
dauf  e  \  l\  pi  y  à  q.vie  crois  iours  de  ce-  ^^  '^^^^ 


-    Siège  des -Anglo  PS, 

fai(5t,les  mémoires  lonc  en  pied ,  les 

faits  en  apparoiffenc  :  Et  nos  p?res 

qui  l'ont  veu  nous  rontlaiiréefcrit 

en  la  mémoire,  afin  que  chacun  co- 

gnoiflTc  que  les  iugementsde  Dieu 

font  admirables  &  la  bonréinfinie  : 

qui d'vn  nenjOU  peu  i'efficâce,ilfaic 

iortir  la  force  des  Roys  ,  &  la  feure 

iVabilition  des  Royaumes-  Orreue- 

nant  à  Thiftoire  :  Ce  fi^  en  l'an  de- 

H^^'  l'incarnation  nodre  Seigneur  1429. 

^'*''-     q^ic  des  parties  de  Vaucouleur ,  au 

conteur  pays  de  Bar.:  veine  vne  fille  pauure, 

"^^f^J-^  comme  celle  qui  de  fa  vie  nauoic 

de  ^4Y.  ç^^^  ^^mj.ç  exercice ,  ou  vacatio  que 

C binon  g^j-der  les  brebis  :  vint  di. ie,à  Chi- 

leanne  j^q„  ^^  jg  p^^y  eftoit  pour  lors:  &  la 

P^^^^^-^^mbnrtraparfes paroles  fagesSc  qui 

^^y*     reiêntoient  autre  (lile  que.  d'vne 

contadin^  ,  au  Roy  &  (on  confeil , 

qu'elle  âuoit  commandement  de 

Dieude  deliurer  laFianee  de  lamain 

des  Anglois  &  de  conduire  la  maje- 

ilé  Royale  pour  1  aller  faire  facrer  à 

Rheuns, félon  l'ancienne  couftnme 

desRoys  de  Fxancc.    La  choie  au 

commencementfut  trouuée  eftran- 

ge :  &  penfoit-on  quequelque  hu^ 

lîieur  mélancolique  gouueiiiaft  les.' 


I   paroles  de  cefte  fille:  ou  bien  qu«  ce 
I   ^uft  quelque  en  chanterelle  &rem- 
t-ne  adonnée  au  feruice  des  Diables 
Et  pource  fucelleeiprouuee,cant  psr 
\qs  Princes  que  Prélats  du  Royau- 
me ,  (î  bien  que  l'on  trouua  en  el- 
le rien  qui  nefaft  &  Chreftieii& re- 
ligieux ,(Scplein  dVne  incrovaole 
prudence.    Qiù  fuc  caufequeroii 
perfuadaauRoydela  croire  ,&  ne 
refufer  point  ro^cafion  que  Dieu 
iûy  cnuoyoit  pourfe  preualoircon- 
'  trelon  ennemy,  &recouurer  ce  qui 
luy  apparcenoit.    le  m  amufc  lon- 
guement en  ce  difcoursjpource-qtîe 
j'admire  icy  ne  fçay  quoy  Je  fatal  Se 
plus  qu'heureux  en  ce  Roy  queia- 
mais  ien'ay  leu  d'autre,  quelques 
grand  moyens  qu'il  ayent  eu  de  fe 
redreiFer  de  leurschetues-  Et  encor 
vn  cas  cfb.-iki  mon  [ens,que  la  con- 
tinuelle iiifteiFe  de  ce  leunc  Roy 
peint  changement auiïîtollrque  ce- 
fte  fille  luy  eut  déclaré  (on  ambaiîa- 
ûe.    le  fçay  que  les  trop  fcrupuleux 
&  ceux  qui  ne  peuuêtcroire,non  la 
mefmediuimté ,  :  s'ils  ne  vovent  ou 
touchent  comme  vn  Saint  Thomas 
famocquerontde  maiioiplicitéi 


Sie^c  des  ^n^hh 
TtwmMaisi'ayme  mieux viure  ainuiim- 
té   des  pie  fans  impieté  que  d'eftre  fi  fubci  1 
fcïiij^H'Sc  amener  coûtes  chofes(comme  vn 
kux.    Ach3demique)endoubte  &foyrur- 
peiiie.Qvieii  l'on  etloit  n  difficile  à 
nianier,<.'^  a  preluaderen  la  reclure 
des  hiiloires/ajr  grandpeur  que  cqs 
beaux  confcentieux  ne  feiiTcnt  a  la 
^\\  confcien  cède  croire  les  faicts  ad- 
mirables efcrics  das  les  liures  des  hi  - 
ftoires  Sacrées.  Mais  i'cfcris  vne  hi- 
;-'        ftoire  véritable  a  vn  Roy  hdelU  , 
jiGite    chfçftieii  ^  non  fcrapelcux  ,  à  vn 
yeritÀ-  p^jj^^^e  aymant  vérité  ,  &:  haiiTanc 
•      fard  &  hipocrilîe,  Aulîi  verra  fa  ma- 
ieftéqueles  anciens  qui  ont  veu  ce 
que  ie  traite  ,  n'ont  point  eftéen- 
uieux    de  l'honneur  de  cefte  fille  , 
qaand  ils  ont  confeiré  fans  honte 
que  Dieuàouuréen  France  par  ce- 
fte pauureôc  (impie  padourelle.  La 
Ville  d'Orléans  tourmentée  fi  bien 
qu'elle   eftoit  prefque  au  dernier 
point  &roufpir  de  fa  force,veicleray 
du  foleil  Gaulois,  quand  parla  vo- 
,  lonté  du  Roy  ,  leanne  la  Pucelle 
I  n  ;   veiml'âuitailleraumoysdeMavdu 
"di^t  an  mil  quatre  ces  vingt-neufac- 
'  '      compagnee  de  Lore  6c  de  Rais.  Et 


deuant  Ovîcdns, 
quelque  deffenrcquifideiitles  An- 
glois  elle  meic  &  gens&viures  ians 
ice]le,eftonnentfenemy,  &  refief- 
chiiraiK  les  afîîegez.     Aptes  cecy 
voyant  les  Seigneurs  François  que 
Dit-u  les  auoic  regardcen  p'itié  ,  co  - 
gnoiiïans  que  la  fortune  leur  fecon- 
doitnuieux  ,  fuyuirentfon  trac  & 
rompans,  abbatans  &bruflansles 
baftil/es  faiétes  par  rennemv.befÔ- 
gnrrentribien  quele  Ducde  Beth- 
forth  feit  leuer  le  fiege  de  deuant 
Orléans  auoidt an,  le huidiefme  du  PTjr 
mois  de  May.    Ce  fiege  leué  ,-  n'e-    T 
ftoitplâifirquedeveoirlesfeux  de  /l^^''^ 
ioye,  les  acclamations  en  louange       '^' 
ê<  honneur  de  Dieu  qui  auoit  vi«  "*"''' 
Cné  fon  peuple.    Au  contraire  les 
Angloiseftoienteftonnez,tantpouî: 
veoir  que  de  iour  en  iour  leurs  for- 
ces deminuoient ,  qu*ilsperdoient 
les  Villes  qu'ils  auoient  conquifes 
le  long  de  Loire  ,  queauflîen  An- 
gleterre fe  commençoit  à  efleuer 
la  tempefte  accovaftumee  de  leur 
pays  ,  qui  eft  feditions.     Et  qu  au 
refte  ils  auoient  perdu  la  faueur 
du  Duc  dcBourgoigne  ,  quieftoit 
V'iie  des  meilleures  parties  de  leur 


Stege  des  ^ngloif 
armée.  Adu'.(ez  icy  que  vault  î'opi- 
iiioneii  toutes  chofes  ,  &  comme 
par  icellel'on  vainc  ou  s'afFoiblit. 
Ge  leuer  de  lîege  d'Orléans  eftonna 
ttUemeiitl'ennemy  qu'il  foroftde 
Mehn  Melun  fans  attendre  que  Kgni'en- 
Yiton-  fermaft  dedans:  Et  s'en  alloientfes 
^Uîft.    belles  &  fortes  garnifon sa  lenuille 
en  BeaulfcMais  les  feigneurs  Fran^ 
9pis  qui<:ombatoient  pour  vn  Char 
les,& foubs  laconduide  de^a main 
deDieu&  prefencedecefte  Ama- 
^    zone  champeftre  ,  vindrent  les  tur^ 
rr  •  preiidreaPatay:Ety  tutfiidltelcar- 
ry'-'^    '  nage  que  quatremille  Angloisylnif^ 
,,  .      ferentla  vie:6cy  eut  bien  trois  cens 
,       ,  prifonniers»  Entre  lefqucls  comme 
2j  les  plus  remarquez  ,  turent  les  lei- 

T  //  /^'^^^^^^  Talboc  ,  d'Ef-allts  &  de 
y  _Hongreforc.Cen:edeffiideleurfeit 
-^y  recouurer*  lenuille.  Les  An^lois 
prindrent  la  gante  vers  Corbeil  , 
foubs  l'enfeigne  de  lean  Fullol  5  ex- 
cellent Caoïcaine  Anglois  ,  lequel 
voyant  qu'il  baftoit  mal  pour  eux 
gaigna  au  pied.  Voila  le  premier  che 
min  &:  Quuerture  pour  le  Roy  pour 
fepouuoir  porter  &dire  Roy  dou- 
blement ,  &  par  la  fucceffioii  de  fcs 


deuMîît  Orîems. 

prcdeceifeurs  ,&  pour  fe  faire  voye 
1  Vfpec  au  poing  d'aller  au  lacre  ,dif- 
fei-éil.y  anoitlepcans^àcaufe  que 
rennemy-tenoit  occupez  les  che- 
misdeRheî'ms  ?&  s'eftoit  faify  des 
Vides  tL  places  fortes  de  Bne  &  de  ^'^^  ^ 
Champagne,  Jeanne  la  Pucelle  qui  ^^^^t^- 
ne  defuoitqiie  metcreànti  ce  qu'elle  P'^t^^^ 
auoiten  penfée,  quieftoicdeveoir  f^^^'^'i^ 
•facrerle  Ro.v,ne  faifoit  nuid  ô^iour'^^  ^'•^'^ 
que  iuy  fuader  le  voy<îge  du  lacre. Et^^^»^- 
pource  qu'elle  fçauoit  &  levoyoit 
dcuant  ies  yeux  que  phifieurs^voire 
des  plus  grands  Seigiif^urs  deFrance 
n'eftoienc  peine  de  ceft  adui5  quéle 
'Roy  fe  meill  en  hazard  de  fa  vie ,  & 
-qu'il  ne  fulloKponn  tenter  fortune 
que  fi  elle  nous  auoit  aidez&fauori- 
'fez  en  qaéiq"echo(erfinousauions 
orecouuert  quelques  Villes  ^ou  for- 
'tertiîès  que  cen'eftoitrien ,  veu  que 
•le  plus  fort  reftoita  faire  :  que  ce  fe- 
roit  grand'  fimplicité  d'aller  loing 
jpour  facier  le  Roy  ,  laiifer  cepen- 
dant tant  de  bonnes  &  fortes  Villes 
'derrière ,  par  le  moyen  desquelles 
Tennemy  pourront  leur  bailler  fur  la 
>queUe,ou  bien  leurcouperles  viures 
&  dcualifer  le  bagage.  Au  refte  qu'il 


Skiedes  jinzlois  dettmt  Orléans, 
fàiiloit  aller  par  les  me  nus, qu'il  n  e- 
ftoïc  point  befoingele  hazaider  le 
ceitain  pour  les  choies nicertames. 
Et  quand  le  Roy  voudroit  marcher, 
qu  ils  eftoient  prefts  deluyfaiic  tout 
feruice  ,  qu'il  luyiouuint  des  mal- 
heurs palTez ,  lefquels  le  pouuoient 
auoir  faid  fage  pour  la  vie»     Qu'ils 
voyoient  bien  que  leanne  parloit 
corne  courageufe ,  &  peut  eftrcinf- 
piree  de  Dieu  :  toutesfois  que  les 
confeils  de  la  maiefté  diuine  font 
inicrucablcs-  Parainfifefaultgou- 
uetner  au  plus  près,  par  ceqnela 
confcience  &  bon  con(eil  de  l  arae 
nous  propofe.  Quel'ennemy  fcroit 
defïàid  en  delayanc,&  le  Roy  facié, 
prenant  Toccaiion  félon  l'occurren- 
ce des  chofes.    La  Pucclle  oyant  la 
concluilon  duconfeilne  fut  point 
contente ,  ains  déclara  par  (a  haran- 
gue quelle  eftoit  fon  opinion  :  & 
monftra  que  desaprcfent  falloir  que 
le  Roy  marchaft  &  allaft  prendre 
pollelîîon  Réelle  de  fon  Royaume. 
Or  fut  ici  ou  (emblable  ion  diP; 
cours. 


H  AB^AKOrE  DE   LAVF- 

edlelcarihe  an  Roy  pour l' induire 

dUili'rX  Khciws, 

AdefEance(racrce& 
Royale  majeftc  )  Se 
ififidelité    eft    vne 
des  fautes  les  plus 
lourdes  &c  defplai- 
lantesà  Dieu  que  l'homme  fcauroïc 
ne  pourroic  commettre  :  &c  de  la- 
quelle le  tout  puillant  à  le  plus  fou- 
uentprins  vengeance»  Au  contraire 
refpoir  ôc  foy  aux  chofes  plus  dou- 
teufes&inefperées  à  fiit  heureux  les 
eftatsdesRoys  &  des  Princes.  Car 
qui  arma  le^  bras  foiblets  du  pafteur 
Dauid  contre  la  grande  malfe  de 
chair  du  Philiftheen  ,  que  ^'^^?^^^  £xem- 
qu'il  auoit  en  Ton  Dieu  ?  Le  mefme  ^^^  j^^_ 
encor  en  renforça  il  point  le  Capi- j\'  ^ 
tauie  Machabee&:  le  rendit  victo- ^^ 
ïieuxàïpedte  main  d'vn  triomphant 
&  bien^rmé  efcadron  de  foldats 
couftumiers  de  vaincre  ?  Il  fem- 
bleroit.  Sire  que  vous  creufîîez  que 
Dieufu.ft  comme vn homme,  qiïf 


Steif  des  Anzlois 
Tariaften  fes.promelTes  : -qu'il  fufl: 
trompeur.  Mais-!a  n'adui^iiuejquc 
voftre  majcfté  s'onblieiufqueslà. 
?Ie  fçay  bien  que  les  Seigneurs  pre^ 
fens,condui£t  de  la  railon  naturelle 
vous  confeillenten  bons  guerriers: 
^mais  la;Confcience  des  inlpirations, 
ie  dis  certaines ,  la promelfe  du  Ciel' 
me  faiâ:  parler  autrement ,  me  faiâ: 
VOU5  admonefler  de  voftre  profit  Sc 
fonlagement  du  peuple  François: 
pour  k  deliurâœduquel  le  fcigneur 
Yousàchoify  ,  &  à  fortifié  voftre 
main  de  ii  belle  troupe  de  gendar 
merie.Et  penlez  vous  que  celuy  qui 
vous  à  remis  ,  comme  miraculeu-- 
fement  la  BeauiTe  entre  mains  ,  &  à 
leué  le  fiege  de  deuant  Orléans  ,  ne 
foit  allez  puiiîantd'en  faire  autant 
en  Brie  &  Champagne  ,  voire  par 
,^r]yrç  toutes  lescontrées  del'vninersîN'a- 
pafa  U  ^^  P^^  ^^^^  ^^y^  ^  Moyfe  par  la  mer 
mer  You  ro"gc  &  par  l'infertile  folitude  des 
ffç^  deferts  ?  Accuferez  vous  point  le« 
**  «onfeils  &  plaifirsde  Dieucomm^ 

chofes  incertaines  ,  pource  qu'il» 
font  incomprehenfibles  î  Dequoy 
fert  donc  qu'ilfe  foit  communiqués 
Eous55(:  nous  ait  déclaré  les  moyens 


àe  noftrc  deliiirance:'Non,5irejiioîî 
aiîeurez  vous  que  c'cft  maintenant 
qieDieu  veulcque  vous  ailliez  au 
iacie,que  vousreceuiex  ioubs  voftre 
fauuegarcle  le  pays  Champenois  5 
qui  ne  defire  que  voftre  venue. 
Donnez  vous  garde  de-laiiler  fuk 
Toccafioqui  àvousfe  prefente»  Ad- 
uifez  fagementà  voftre  en nemyef- 
tonné  &  comme  hors  de  foy  ne  re- 
prenne cccur-ne  cognoifle  que  L»iea 
eft  irrité  contre  vous  :  car  fe  leroit  ie 
chemin  batu,par  lequel,  non  feule- 
ment il  vous  alTaudroit  :  mais  feroic 
encor  crifte  voftre  bonne  fortune 
précédente.  Allons  donc  ô  Roy  vic- 
tOtieay,&:ayméde  Dieu  , allons  gu 
le  Ciel  vous  appelle  ;  pourfuyuons 
le  vol  de  la  vi6t(àre  qui  s'eftât  mon« 
ftree  à  vos  (oliats,les  rende  cy  après 
inuincibles;  &  vous  leRoyle  piii 
admirable  de  Tvniuei's:  vea-tp.e  ce 
n*eft  la  force  des  hommes  celle 
qui  vous  rouftient,ai'aseit  ladextre 
du  toutpuiliant  qui  vous  guide,for- 
ti£e  5  &:  pourfiii:  vos  ennemis  pour 
readre  la  Franc*?  loyeufe ,  &  voftre 
peuple  en  hbertc  de  loiier  Ton  Dieu, 
ôc  célébrer  fa  hautefte  hors  les  tron- 
■        L 


Siezf  clés  ^nAoh 
bles  &:  infolence  des  o;uerrcs.  fe  ne 
vous  cor. feil le  pas  ielailîcr  lien  der- 
rière ,  de  bailler  moyen  a  l'ennemy 
àt  nousdonnerfurlaqueiicoii  cou 
per  les  viiires  :  ains  bien  pluftoft  de 
ne  laifTer  vill^Ciiafteau  ny  forteref- 
fcoirvoiis  ne  faciez  placer  les  eftan- 
darsv&  enfeignes  Françoifes:  ou  vo* 
lie  faciez  recognoiftrc,  le  nom  de 
Charles, comme celuy qui leul  ,& 
par  la  volonté  de  Dieu  fe  doibc  dire 
Roy  de  France.  Ce  n'eft  pas  main- 
tenant qu'il  fault  delayer.-mais  bien 
batre  le  fer  tandis  qu  ilellchault.  il 
n'^ft  homme  qui  ne  vous  redoute& 
xeuere  j  quieftvn  argument  certain 
des  chofes  que  vous  di-des  inceitai- 
Mes ,  qui  e(l,no-n  vn  figne:mais  bien 
i'efîèâ;des<3euure5dc  Dieu^en  vous. 
Oferez  vous,  tres-puîirant  Roy, & 
vousexcellens  Princes  &:  vaillans 
Capiiaines  &  bons  foldars ,  oferez- 
vous  adefprifèr  loracle  fidefcouuei  t 
&ayfc  a  entendre  :  Non  !  i'eCpere, 
ains  marcherez  tous  dVn  accord  ,& 
verrez  parla  grâce  de  Dieu,auanc 
que  foie  long  temps ,  TaccomphiTe- 
mêc  àQCt  que  vous  dis,  &  l'eftcd  àQ 
vos  ayfes  er.  l  exal ration  du  nom  de 
Dieu  &  gloire  de  noflre  Prince. 


Ce  beau  &:  Ch/eftien  difcours 
profcré  d'vne  ii  bonne  grâce  parce» 
(te  fimple  &  charlipeftre  fille,  efto- 
na  tellement  le  Roy  qu'il  le  refolut 
d^la  croire.     Aikd  cftant  à  Gien  ^^^'^^ 
fur  Loire  ,  il  fei6t  faire  monftrege-A''  ^^, 
lierai  de    fon  arm ce  pour  marcher '^^v 
fbudain  en  Champagne.    En  ce  (le 
belle  troupe  fetrouuerentles  Ducs 
de  Bourbon  ^Sc  d'Alençon  ries  Corn. 
tesdeVendofme  ,  de  Dunois&dç 
RichemGUt.    L'heur  du  Roy  con    ku^er^ 
duift  de  la  prouidence  de  Dieu  fut  il  re  batUc 
gruid  qu*ayât  contraint  ceux  d'Au-  yiures 
xerre  de  luy  bailler  viurcs  pour  Ton  ah  Koy 
camp,  de  dciurer  de  n  attenter  rien  llfrins 
de  nouueau  ii  printfain6l  Florentin  S,  F/o/l 
Or  dans  Troyes  auoic  vue  bone  gar  tift, 
nisodeparl'Angloisjlà  meititlelie-  Sietfde 
ge  le  Roy ,  &  pource  qu'il  craignoit  Tr^yes^ 
que  la  chofeallaft  aulong,yayant 
demeuré  neuf  iours  s'envoulut  par- 
tir. MaislaPuccUe  luydiiTuada  & 
feit  appreller  tout  ce  qui  eft  requis, 
tant  pour  baterie  que  fapc  &  aflaulc. 
Dequoy  ceux  de   dedans  furcntd 
ellonnez  qu*ils  demandèrent  com- 
pofuion     Laquelle  leur  fut  oc- 
troyée ,  que  les  gens  de  guerre  s  ta 
L   ij 


Sie^c  des  ^njafi 

n'Oient  vies  &  bngaes  laiiues,  que  ia 

ville  demeiireuoit  enTobeilTance  du 

Roy,dâs  laquelle  il  fcit  Ifiêdemaira 

Imee  (ç,^^  ^^^^^^^     q^^  ç^,^^  confirma 

au  Rej  mieux  encor  l'efpnt  du  Roy  &  de 

*  ^^'^'  lesPrinces,àcroirequeIeâneeftoic 

J^"^*       chofe  eiiiioyce  de  Dîcu  iveiiqu'vne 

lî  forte  Ville  &  garnie   de  (\  bons 

hommes  s^eftoit rendue  (ans  endu- 

,         r^myTaliaulr  ny  le  canon.  ATex- 

.  emple de Ti'oyesfe rendirent  Chaa- 

^.   .     Ions  &Rheims,ou{àmaiefté  fut  fa- 
Kheims  „  ' ,  i    i    • 

^       ,.  crée, (X  coTironneanec  tout  tel  plat- 

«^  ^  /ir  &  appiaulion  de  Ton  peuple  que 

yf«/   -*  ]>  ^^         r    j  ^     r  .    -^ 

^,     ,    1  on  peutpenier  deceuxquiviuenc 

ivon^uement  en  deiirj&alaîiniouy- 
^  ientde  ce  qu'ils  défirent'    Ceiacre 

,  &:  couronnemet  donna  telle maje- 

.'1.  ,~^  (t^aLi  caufedu  R-ov.teile âfïèdio  à 
Ion  peuple  6^  emoy  a  !  ^nemy  jque 
ceux  de  LaoD,  fans  vouloir  expéri- 
menter la  force  du  floyfe  foubmi- 
rent  à  fou  obeiifance  Apres  le  facre 
Sor/?os  ^^  Roy  s'en  alla  à  SoiiTons ,  ou  il  fur 
receu  comme  fouuerain:&  yfeiour-* 
nanr  rereii  le  ferment  de  fidélité  des 
Villes  de  Ch  ifteau-Thierry  ,  Pro- 
uins,Colombiers,<^  Crety  en  Brie. 
Brif  J'tf*  Voyez  ky  c^luy  qui  aie  que  e:  eau- 


deuant  Orléans, 
fts  fécondes  noyait  quelque  choCe  mi fe  en 
fatalej&  qne  l'heur  des  vns  eft  tout  l'ohetf- 
diuet!»  ala  fortune  de^  autres. Qu^on  fance^e 
contem|;leicylavidffitudedescho   QhaHis 
(es  &  van  iblts  eutnemcnts  qui  (ur- 
uienneni  aux  hommes  5  &:  verra  va 
Henry  Anglois^comare  decheu  de 
fa  Fortune  ,  &vn  Charles  François 
efLàbly  en  fàplacCjfaifant  à  Ton  iou- 
hsit  &  plaifir ,  &  de  fortune  des  cf- 
feds  &ruccesd*icelle.    Le  Duc  de 
Betfort  5  régent  en  France  ,  Henry 
d'Angleterre  voyât  Theur  de  Char  - 
les  (î  euident  que  rien  ne  luy  demeu 
roit  deuant  luy  qu'il  n'occupaft, 
inuenta  vn  bon  moyen  pour  ecnpef 
chérie  Roy  de  paifer  outre,  lequel 
s'en  venoit  droid  à  Paris.    Car  il  a-  B'^/*^**^ 
jnaiTa  bien  douze  mille  combatans,  /'^'^«'^ 
&  le  prefeiitoit  en  plufîeurs  lieux '^^'*'^*/' 
faigaancceqa'iliVauoicdefirdefai-l^'î)'-*^' 
re  ,  de  vouloir  donner  bataille  au 
Roy.    Carils'attendoit  queparce 
moyen  s'amortiroitTardeur.  Fran- 
çoife ,  &  que  le  Roy  ayant  faute  de 
deniers  pourroit  pas  lîtoftienou-  ^f^^^- 
ueller  &  refaire  vne  autre  armée. Et  ^otéche 
alloyéc  les  affiures  en  telle  forteque  P^'^^  5é- 
les  deux  armées  efcarmouchoient'^* 


SfCf^e  des  Angtois 

fouuent  &  dreiroient  debeaux  fai(5is 

d'armes ,  &  nommément  auprès  de 

]frac9h  SenIis,oii  onpenfokpourvrayque 

denant  \'qy\  viendroitaux  mains.  Les  Fi'aii- 

S.  Btf'  çois  voyâslarufederennemy  veiii- 

W^      drentiulques  à  faind  I>enis,&:  cou^ 

rureiK  encor  mfqiiesaux  portes   de 

Isamî-e  Psiùs  ,oula  Pucelle  fut  blecée  près 

plecee    \ç^  barrières  de  la  porte  Sain6l  Ho- 

aeuant  noré.  Laquelle  voyât  qu'onperdoit 

Varh,    temps  eaceft affaire  ,{c  retira  àfaint 

Pierre  le  monftier  laquelelle  print, 

&  ou  elle  meit  garnifon  pourle  Roy 

Le  Roy  fe  retira  en  Touraine  lailfât 

'Dacde  i^Y)^ç.  de  Bourbon  gênerai  de  Ton 

Bourhô  armée:lequeUe retira  auffi  bien  toft 

■gefjirM  ■-ii3fes,àcaufe des pilleries ^melcha- 

éuidf'  ^çj^  defquelles  vfoient  prefquetou-s 

^*'^^'      Ifs  chefs  de  fou  armée,  par  fiulte 

d'eftre  fouldoyex.  Et  demeura  en  s5 

lieu  le  Cote  de  Veitdofme.  Durât  ce 

temps  les  Anglois  defireux  de  rom- 

^^'     pre  la  fortune  à^s  noilrc  veindrétà 

'^^'<'^^f^S.Scelerin,&iLagny,péfansIesem 

1^0  et'  pQf  ter,    Mais  ce  vaillant  Cheualiet 

f€fcb€  Ambrots  de  Lore  s'oppofa  à  leurs 

*  •^*"    delïàins  &  rendit  vainc  leur  efperit- 

^     «  ce.D'autrepart  la  puceile  reinià  La- 

jMnn  2ny,ou  clledefîeitles  Anglois&leua 


deuant  Orléans, 
îefîcge.  Mais  l'heur  qui  l'aiioit  lliy- 
uieiufquesàlors ,  commença  à  luy 
tourner  vifage  ôc  la  meit  au  point 
•  d'vne  infortune  pire  que  l'on  n'euil: 
cfpcré  Car  ayantles  Angloisprins  Cam^tf 
Compicgne  ,elle  veine  du  pais  dc§,^^p^'^' 
Berryauantpour  recouurerlâ  pla- /'•*'*' 
ce.  Ce  quelle  exécuta:  &  y  meides^  ^^'^  " 
garnirons  Françoifes  pourdeffcclre  .b"^*-*- 
le  lieu,  Ôcfc  retira  l'Angroismarry 
quVn  tel  morceau luy  fat  efcbap-    ^^p'^- 
pé,y  vejnt  remettre  le  ficgc   La  pu  g^^^  ^^■ 
celle  >  no  iamais  laffée  de  bien  faire  f***"^  . 
veint au  fecours  des  a(îîgeî ,  8c  eftat  T**^   f'^ 
entrée  en  la  Ville  malgré  qu'en  euf-  Vucf-dc, 
fendes  ennemis, mais  elle  eut  cour- 
te ioye  de  ce  renforc.  Careflantvn 
iour  fordeàTefcarmouche  auec  le 
Seigneur  de  Flauygouuernear  pour 
lorsdâsCompiegne,  quand  fe vint 
à  la  recirade ,  nefçiy  lia  efcient  ou 
pource  que  T  Anglois  chauiroitles  ef 
perons  de  trop  près  à  nos  gês^la  bar- 
rière fat  fermée  fur  la  mi  ferable  fi  lie  Ifunne 
laquelle  laiireedetouspouEe(lreine-^»'f/o^- 
néeà'la  boucherie  parles  flens  nief-  niere  de 
mes  ,  tomba  entreles  maïs  de  lea  de  lext  de 
Luxembourgdequelioyeux dVnefî  Luxe» 
belle  prïfe,fçachâc  qu'il  ue  pourcoic  bourg. 


Sîe^e  des  Anghis 
ftire  plus  grand  defpii  atix  François 
'^r^^'4^  qae  larendre  aux  Anglois^qui  lahaïf 
yrfiduf:  (oient  amortjla  vendit  au  Duc  deSo 
i^'^d^^-mercetjGouiicmeurà  Rolien  pouî» 
l^^^i-^    leRv^y  Anglois.  Nonobftant  celle 
pnnfe  les  François  neperdiret  point 
cœur  ^ains  fe  defFendu'ent  par  Tefpa 
ce  de  fix  mois  que  leiiegefut  de- 
€9te  de'^^^^  Compiegne  :  ou  à  la  fin  &  ea 
y^f^^Qfhonn^  heure  vint   le   Comte  de 
me  àef.  Vendofni^,  qui  à  Timprouifte  chai- 
fatH    8^^  ^  vinement  Tenneiny  empefché 
/'^iti     ^  ^^,  defFendre  de  ceuxde  dedans  qui 
£/oi>    '  auoient  îxxù.  vn  faillie  ,quMs  fui-ent 
iiruant  dtfconâs  &  chafTez  duiîege:  ouils 
'toùic-  laifferent  5^  viures  &  munitios.  Du- 
™^      ranc  ce  fcge  le  Seigneur  de  Vignol- 
les,  Gafcon,  dehora  ce  vaillant  Che- 
Yiino'  ^^^^^"^  Barbafan  de  la  main  à^s  An- 
Me:  dç   g^^^^  >  q^îiletenoieucy  auoitdes  ja- 
linre     iie^fn^oiscn  prifonjâufortdeCha- 
jg^^^^^^  (Icau- Gaillard.  Lequel  fut  prins  & 
/^^      ofté  aux  Anglois  pour  celuy  de  Vi- 
gnolleÇjfurnomméla  Hire.  Ce  fut 
cède  faifon  en  l'a  de  noftre  fei^neur 
mil  quatre  cens  trente  ,  que  le  Duc 
deSomercetfeit  faire  le  procès  à  la 
Pucellelea'in^ ,  &  ne  trouuans  rien 
qui  fufl  digne  de  mort  en  elle.quoy 


d  uant  Orléans. 
qu'ils  lay  «leiir^nc  Cas  qu'elle  cftoit   Crlma 
forciere  &  mdgicienne  6c  qa'cl'e /^/*;/d/^î^ 
lentoit  mal  de  la  foy ,  luyoropo'  :-  àU  Pa^ 
renc  vne  fort  maigre  accufatioii  de  ceîlc^ 
ce  qu'elle  trorapoic  fon  lexe ,  &  q  le 
contre  les  loix  elle  eft^ic  accoaft  ée 
cnhoTie.  Touces-foisetâsiuges  Si 
parties  eiila  caufe  leucfuc  Fort  i  icille 
d'accouftcerle  Procès  (S^feiicerice  à 
leurayfe  ,  veu  qu'il  n'eftoic  hom  tie 
qui  ofaft  dire  au  contraire.  Par  aiud 
la  miferaWe  ,&  innocente  fille  con- 
damnée (  de  defaidl  le  Fut  )  à  eftre 
biufléevine  pour  les  caufesquedef    . 
fus.  Celle  la  f.it  bradée  ,  di-  je  ,  qui   /     /? ^ 
meritoit  vue  vie  durable  &  lozim       .  ^^    x 
mortel  ,  pour  s  eltre  expoice  a  taiit 
de  perds  pour  la  deffl-nfedefon  pays 
&  honneur  de  Ton  Prince.  Etell  di- 
gne de  vitupère  perpétuel  celuy  qui 
fut  Se  fede  laraplus  cruel  5c  tyran 
que  les  mefiies  Barbares  ,con  iam- 
nant  à  mort  celle  qu'il  deaoiî.  auoir 
en  admonition  ,pî  iftoft  que  celle 
Vierge  Romaine  Clelie ,  qui  baillée  Cleli^ 
pour  oflage  au  RayTofcan  Porfen-  jt^om^U' 
ne  fe  (aaua  pallant  le  Tybre  à  gué  ^f„ 
Gîi  ïenuovee  au  Tofcan    nrierit-i 
£Qar  ceJeal  fai(^ .5c  la^  vie  &  liberté 


dQ  (es  campagnes.  Ec  péfe  que  cefte 

cruauté  fut  caufe  que  les  Aagloisde 

là  eu  auant  ne  firent  plus  leur  profit 

en  France  :  aiiispeuà  peu  perdans 

courage  ,  ils  perdirent  en  peu  de 

^^P^tcraips  tout  ce  quils  y  auoient  coii- 

^ie  I^»qaisrefpace  de  tréte  ans.  Et  ne  faiH 

An^ontiQ^j^  point  condamner  le  vouloirim- 

'^*^f~  mortel  de  Dieu  pour  le  fupplice  de 

^ue  F/o«^cefte  fille tlaqueUe  à efté  admirée  & 

£*^^*louee  par  les  efcrits  des  hommes  les 

plus  excelles  de  noftre  aagc,comme 

dVn?  "^  papepie,deuxierme»  &àVa 

Anktoiùtti^Euerquc  de  Florcace^^ 


^^^MM 


LES   FAI  ers 

DE     IeANNE 

d'Arc,di6telaPu- 
eelle  d'Orlcaiis. 


L"  Ail  de  grâce 
141S.  leau- 
iie  d'Arc:  na- 
liae  de  Lorrraine  , 
aagée  de  dixha\6t 
aiis  ,  fut  (  infpirée 
de  Diea  )  troiiuer  à 
Bourges  Charle  s  vij 
auquel  ayâc  fai6fcla 
,reuereiice,promeift: 
faire  vuid«r  les  Aii- 
giois  hors  fon  Roy- 
aume  Le  Roy  en  e 
fiant  ermeruej-iré,& 
auiïî  ceux  defo  n  c6 
feil,ffl:iaieret  qu'il 
lie  falloit  mefprirer 
telles  nouuelles:  Ce 
que  tourna  à  bien 
car  eauoyee  qa  ell^ 
fucauecforcesenU 


J  O  \N  N  M 
D  AR.  CI  ^  , 

Ohfiiiionls    K*" 

tricts  resgifli, 

ANN  a 
Chnlii  , 
141^. 
îoiznHA     Durci* 
hotaringn  puel- 
l»  ,  dixhuict  *- 
getts     nnnum    , 
admonita   diui- 
nitm  ,  Situregi' 

VU.  faltétat  ,«i- 
que  pollicetur 
Ce  hnglm  fcrari' 
cia-exatur^m. 
K'gi  mirmti^ 
iffquequià  cai*^ 
fiiii$  ett^nt  ,  us 
non  vîdetur  af^ 
pernitnd*  ,  id* 
que  pofl  ex  Ani-^ 
mi  fuccejftt  fe»" 
tentÏA  hrnMtik 
Af^relianum^ 
mijfe^  ,.  fie  ob" 
(tfftii  M d fuit  y. 
Vf  pppidnH 
L    V) 


ho  fils  ohftdione 
likrare  coaSÎHS 
fit  ad  oStauHm 


'Khemoi  regntm 
maté^uraudum 
comitat ,  mul:t 
tas  in  itinere 
vrbeis  recepit, 
Sequenie  anno  , 
in  ûppugnatfor 
9te  Lutetii  (  quéu 
àtt  Angloritm 
petefiatt  état 
md  O-  Honorati 
fartam  ah  oppi- 
danii  vulneta-' 
fur,  Compen- 
ditim  vi  obfef' 
fûm  aSin  hgrc'^ 
ditur  ,  Inde  in 
hofieii  ttwt  erup' 
tionts  faceret, 
Mh  loanne  R/*- 
itmhurgefi  cap- 
ta  y  Kothoma- 
gum  mijfa  On^ 
petatis  rea^  nuli 
èim  patrocimo-' 
defenfa.  ,  hoJU 
ifidiee  damna- 
ta  y  igné  crema"^ 
$¥ri      Af^relta-' 


desAn^Jols, 
V.Ue' d'Orléans,  y 
feit  teldebuoirqu'el 
leêfeitleuer'eiiege 
de  Tênemy,  le  huic^ 
nefmeiour  de  May. 
MenalcRoy  facrerà 
Rheî*,&  en  chemin 
réduit  plu  (leurs  Vil- 
les en  Ton  obeifTâce, 
L'Année  enfuiuant 
fucceftepncelleblef 
fée  àvn  aifaulc  d5né 
àlaville  deparispour 
lors  Anglefche  vers 
làrporteS.  Honoré 
puis  etKra  par  moy- 
ens dedans.  Go^ie- 
gnelors  aflîegé  d'où 
faisant  forties  fur  l'ê 
nemy,t6ba  ésmains 
de  lean  de  Luxem- 
boutgqui  renuoya 
prifonniereàRolieii 
La  fon  procès  eft 
faiâ:,  fans  que  per- 
fonne  ofe  pailer 
pour  la  pauure  vier- 
ge innocêce,laqiiet» 
lefeutjComehereti* 
que&forcicrejpar  U 


déuant  Orléans.  _, 
îèeftcondamneeau    "'"f^*  ^cccpùhe 
feiu^nce  iefoa  pro- 
pre ennemv  Lesha^ 
bitaiisd'O  l^aiis  en 
EecoJiioiiruice    du 
bie,&recoursquel     .  ^^^^^       ^^^^^ 
leleardoia,luidfel    'i,,^^,r€     ^^^tm 
ferencvne  image  fut    ànnttterjanm 
îear  poacoacoasles 
ansfocvnefolê))elle 
&  dénote  pcv^ccfîîo. 

Le  Pape  pie  IL 
Anconi,  Eueiquede 
Florence,  oiiceaeii 
gravide  ad miranoles 
haatsfii6b>  de  celle 

yiicelle  comme  fur- 

pa  (Fa  11  s  fou  fexe. 

En  fin  les  affaires  de 

Ftanceappaifez  ,le 

procès  de  la  chafte 

Amazone  reaeu  ê  la 

d»ac'V.lledeRouê 

lafenceiice  decoa- 

demiiacion  cotre  el- 
le donnee,eft  décla- 
rée nulie3^abu(iuc , 

parfa^es&dro^cla- 

riers  luges  ^Tâii  HjôJe  7,,iourdg: 

liuUeu. 


Ytefictt  ,  ^  t<tn=- 
tA  furtttudan'ts 
metnores  ,  eâita 
tn  l9C9  ,  AÀ  t^on*^ 
té  efié^m  Us^e*'is 
jtéterUbtdur 


latiàtlfPis     (ingu- 
Un  ftetate   coi*» 
cdehriint, 
PIVSU>  pmt'tf- 

nmtês  Fior^tt" 
njs  antiftei- 

fUeUét  fupra  je-» 
x»vt  'virtiàtem 
tUmiranturf 


SeJatfS  tandem 
Francieis  rébus  , 
i^dicto  q^4 

d(tmn<tt<t  ffterat 
RothomA^t  re" 
traétato  ,  om^ 
n$pim  fententtA 
fxmA  r'tfiitmiut 
lof^nna  ,  a/tno 
rraUtÇuno  tccUx  -vj 
die  Ini^fjij^ 


1  O  KN  N  JE 

D'  KKCIJE 
objidionk  nufe- 
linttéL  Uhratri" 
ckindtcmn^ 


IN"     nomim 

ind'miiui.. 
Trinifatis  Vittrk 

hettYnKmMtîisL" 
tis  rPHtdeKtU  fsl 
Mutof  chrijimdo- 
fHÏnmdem  é^hty- 
tm ,  IftMmn  Vt- 

Cûsfucctjfdres  ad 
ftiA  militétndis  et: 
eUfis,  rétinien'  in- 
fiituitfpectéUto^ 
resprAcipuos,qi4i 
luceveritifin^er 
ta  iufbiti&femttiis- 
Icedere  deurèt  v- 
xiuerfosbonosS^ 
plexanteSy  reuelâ 
tesoppnjfos^  de. 
èUnatts  addcHM^ 


rVGE  ME  NT 

DE     I  E  A  N  N    E 

d'Arc  ,  vulgaire- 
ment ditte  la  Pu- 
celle   d'Orleaii5. 

AV  nom  de  la 
fainCte  &  in- 
diuidiiè  Trinité  ,.Ie 
Pere,leFiIs,&le&. 
Efprit.  Ainiîfoit-iL 
Noftrcfàuueurle- 
fus  Chnft,Dieu& 
honim^,  par  l'a  pro- 
uidêcede  K Eternel- 
le ma  jefté,  à  eftably 
Sain(ft  Pierre,  &  \t^ 
fLicceffeurs   des  A^ 
poftreSjpour  entre 
autres    auoir    Fœiî 
fur  le  gou uernem êc 
defon  Eglife  mili- 
tâte,&en.reigner  vn 
chafcun  par  la  lu* 
miere  Euangelique 
à  cheminer  droid: 


de(44?tt  Orledns, 


enîa  voye  deiufti- 
ce  ,  cmbralîàns  les 
boas  ,&  foulagearrs 
Iqs  opprellez  par  le 
mgeciient  de  raifoii, 
&  redrelTer  lesdef- 
uoyez  au  droi^b 
chenîia. 

Pour- ce  cil  il 
que  9  nous  leau  de 
Rheims  ,  Guillau- 
me de  Paris  ,  Ri- 
chard, Accheuefque 
de  Cou  (lance  ,  & 
Euefque  :  Nous 
lean  de  Brehal  de 
l'ordre  Aqs  fccrcs 
prefcheurs  *,  le(5t-uir 
tïi  Théologie  ,lVn 
écs  deux  Inquifî- 
teurs  de  la  fby  aa 
Royaume  de  Fran- 
ce, luges  par  efpe- 
cial  déléguez  en  ce- 
fte  partie  par  noftre 
tres-fainà  Père  le 
Pape  à  prefeiit 
feant. 


periudicium  rà  - 
tionii  redHcentei 


ctorit%te  fungsrt-- 
tesir>  h^icpartenos. 
lohannes  ^emeit^ 
fis  GuUelmiu  Pa 
fifiéfii  :  RichoT" 
dus  Confldntien- 
Çs  Archiepifcopu^ 

annts  BrthAl,dê 
ordine  frtUfyim 
PrAdic4toru,fit^ 
eri,ThioîogiâprO' 
ftjjot  ,  hâretici, 
prftmmtUinRe' 
gna  lErÂctA  ait  et 
Inquifttofiudiet:} 
«kfétnctifftmo  do^ 
mino  mjifo  Vapu^ 
modernofpecisli'^ 
ftrdtUi^i* 


Stfge 

Pifts  procfijfit  co- 
rAm  nohts  folenni' 
ter  i^/fjtto  m  -vint 
fi*fc€pttper  /toifc-' 
nerenter  r/tunia-ù 
t^^ojioUct  nohts  di 
tcéit  pro  p  trte  «o— 
itefia TJià-a  f/tbel 
U  D^fc  oUm  m.t' 
trts  ,  ac  P'-tn  ^ 
l'oannts  difforum 
Dctyc  ft^attim  '^sr~ 
mimrttniy  rut»- 
rdtum  Ç^  legnf" 
ViorumboHA.  me" 
Wi^ris  la  an  A  O^rc 
'\jfflg*r'iterd*daU 

fi*  yfféw^ucp  tre/t" 


nfrfus  fttbino^utli" 
tore  hArets,  £  pra^ 
mittatf}  m  Otocefi 
Seluacenfi  con^i^ 
tHtum  :  Contrat 
frnt3»otorein  oe^o^ 
tiornm  crimirti" 
Itum     Epijcopaiii 


des  jin^lois 

Veu  le  procès 
meu,&roleanelle- 
mcnt  debaru  parde- 
uanc  nous,  en  vertu 
du  man-lemenc  A- 
podolicq-^ànous  ad- 
drelfé,  &reuercm- , 
ment  receu  ,  entre 
honnefte  vcufue 
Ilabeau  D*arc ,  iadis 
mcre,Pierre6<:  lean 
fiere  germains ,  na- 
ture'$,&  légitimes, 
de  fe.ië  de  bonne 
mémoire  le-jnne 
D'arc  ,  commune- 
meiit  appel lée  la 
Pucelle  ,  tant  eu 
leurs  noms  que  d» 
ïeuis  parentes  de- 
mâdeursd'vnc  part. 
A  rencontre  du 
fi.ibinquificeur  delà 
foy  oî  doné  au  Dio- 
ccfe  de  Beau  nais  : 
du  pi o moteur  des 
cas  criminels  en 
Tofficialiré  de  Beaih- 
uais  5  5c  du  Reue^ 


I 


I 


â£U4nt  Oïle/tns, 


rend  Père  en  Dieu 
Guillaume  de  Hel  - 
lende  ,  Eueique  de 
Beauuais  ,  &:  tous 
autres  ,  tancenï;e- 
«eral,  que  particu- 
lier 3  qui  pcuuent 
Eefp  e  <5bi  u  e  m  e  n  t  p  re- 
vendre aucun  inte 
reil;  en  celle  eau  e  , 
foie        conioincle 
meut  ,   ou  feparé 
ment,  tous  reipe6t:i- 
iiciTi  c  c  d  e  ^ni  d  e  ars  > 
d'aute  part. 

Veu  en  premier 
iieulaficuation  pe- 
remptoire  ,  Se  ex- 
plOi(fi  faidla  la  re- 
quefte  defdidts  de- 
mandeurs ,  de  du 
promoteur  parnous 
eftably  d'officeiiuré 
ôc  créé  en  cefte  par- 
tie ,  par  nous  décer- 
nez contre  lefiics 
defendents  ,  pour 
veoir  ladite  comif- 
fion^  exécuter,  ira- 


n<:oian  esntra  ft. 
uerendam     in 

Chn^opatrrnJ  do-* 
rrnn>*m  G  mi  tel-- 
mamde  Htll.tnâ^i 
E^i(iCfr4m  Beiuc 
cenjcn^  cAteroJifiée 
'v/ituerfcs-  ^/î"-?— 
gui Qi  fi* A  in  hac 
f  trîe  wierejje  cre-^ 
dPittcsrejytctfuè  ^ 


Vsfit  m  frtm'it 

ttoKc.^  "^  execut!a^ 
neetuld^mAd  /^«» 
forum  aélorum  ^ 
ft/t'A'o^m  n^flri 
^i'omotoriisex  ofji- 
cto  nofîro  tn  hac 
ra-^faper  nos  infii" 
tutt  ,  furati  ,  ^ 
creati  tn(}.-înttum^ 
pefnos  décréta  ad'^ 
wrfus  Alâ-os  reos 
•vtf:*ros  ,  rffcr/-- 
ftum  tpfuy»  exeeti 
t/o»f  mand'ridi-^ 

^mos  yinaàuçf^ 


f^procejfurcspro 


Siège  des  ^rtgloii 
^trefpofftrofque    pugner  &  debatre  , 
rcfpodrç  &  procé- 
der ain  C]  que  d  e  rai- 
foa. 

Veu  la  demande 
defdi  t^dern a  d  eurs , 
ùiCks&c  moycs  par 
eux  baillez  Se  arti- 
culez tendans  afin 
de  faire  déclarer  nul 


vif»  petitfone 
iplorum  Actornm 
factàqtierationi- 
buf^coclufiontlrm 
gorum  i>ifcrif>tii 
redactii  per  fur- 
ma  ^r'iculorum 
toncludentium' , 
tendent  ium  Ad 
»ulîitatis  inii^Hi- 
tat'ti^  deUdzcl/t 
rationem  cuiuf- 
ddpretenfî  prtcef- 
[mmfideim^terifi 
eUf^cotradictam 
defunctam  inhAC 
eiuitateperdefnn 
êtos  Oominum 
Feîrum  Cnachon 
tûc  Beluacenfc/n 
EpffcopHm,  loa- 
Mi  Mi  ^gi  (tri  ftib^ 
inquifitorum  pre 
tenfum  in  eftdem 

ntm  dt  EJlineto 
framotoremfdut 
f^ffpromoteuibi 
demfegtrétéfacti 
Ô*  ixecHtiêi^i  dt 


iniurieuXjô^  abufif 
vn  prétendu  pro- 
cès cy  de  aa  ne  meu  , 
&  intenté  en  ceftc 
ville  contre  ladii^e 
fcu'd  Pu  celle  fur  le 
faid  HcIa  Foy  ,par 
defui.^îts  Meiïîre 
Pierre  CancliQ.  lors 
Euefqnc  de  B:^aa- 
liais,  îean  IcmAiPcre 
prétendu  Licutenac 
de  rinquifitenr  de 
lafoyaudicStdioce- 
re,&:/eand'Eftinet, 
pronaoteur,ou  foy 
difat  promoteur  au- 
dit lieu  ,  à  tout  le 
moins  fulTct  les  pro 


âettant  Orïe 
cedures/enteces  Se 
tout  ce  qui  s'éferoic 
enfuiui,eafl[é,abiuré 
&  annulé  a  la  def- 
chargea  iiilhficatio 
de  la  memoiredela- 
ditêdefuncl:e,&  au- 
tres  fins  cotenucs& 
portées  aurdits  faits 
&  moyens. 

Veuz  pareillemêr, 
par  plufieurs  ôc 
diuerfesfois  leuzdc 
bouta  autre, &  exa- 
minez les  cilcres,  in- 
ftrumeius,  &  enfei- 
gnements  origi- 
naux, a  (5i. s,  minu- 
tes ,  &  protocoles 
dudict.  procès  ,  à 
nous  en  vertu  de 
nos  lettres  de  con- 
pulfoire  maQitrez  , 
exhibez.  Se  d^liurez 
parles  Notaires ,& 
autres  officiers  ,qui 
auroient  par  deuant 
nous  recognu  leurs 
feiags  &  ercriptu- 


dns, 

mandÂti ,  faînm 

adeiufd.mc/ijjA- 

tonem  ,(^  adnul 

Utioné ,  adintM" 

titnitn.fentttin- 

indejecutorum^ 
adet'Afjuf  de  fui» - 
ciâ,  tx^urgKiioni 

de  m  expejfos 

yifiiquoqtis  fêt- 
pius  prrieciûs  &■ 
examina  fis  librt-> 
^êriginaltlfAS , 
infirumentM,  mt* 
nïmtniu  ^  *âis 
nttultSj^protO'' 
Cûlu.f'rect:(fu4  an- 
tedictt  n.ehis  i» 
vtm  nojirarum 
compulj»riarum 
literAmmè^  nptu- 
riii  c>  altisfrfiM- 
tisé'ofl'^f'ifig^if- 
qt4e(^  fcrtpt.'irif 
eorumiiprâfen- 
tinnopAreccgni 
tu  ,  longhque  fti" 
per  eU  cum  dictii 
KûtetriisÔ*  ofiicus 
ris  îdtctfiprrocefft^ 
conflit  ut  u  é^  co- 
filiÂrïi  ad  diSi.ïi, 


Siège  des  ^n^ois 


tfuoruw  pr&ftTitfâ. 
hahere  fotutmus  , 
commftmciifione  , 
i^forumciui  Ithrà- 
rum,  ^  notxrum 
mh  bnututarum 
cottattùnt  ^cur,- 
paraùone  frjtha-- 
àeNs. 


Ttfii  ttUm  ht" 
fsrai  (tttintbn  ^frdr 

f  tuereà  fftmur»tn 
Chrtfio  pâtre  Gu" 
IJelmt^m  ttraltfan 
itt  M.irttm  tn 
montil>i4spreshjte 
rum ,  CAfdmxitm 
Sitnci-éL  (edis  ■4fO' 
fioluA  $n  RegwA 
$yanc)A  tune  Le^ 
gutHnt^  ijocatoft- 
sum  nohts  [nqufjt^ 
torefoji  'vifitAtio-' 
nem  torumâernlt" 
hrorttm^  ^tnflrU" 
mentorum  â/dem 


res  ,  6i  après  aiiorr 
longuement  cor. fe- 
ré  enfcmble  auec 
lefdits  Notaires  & 
officien  ertabhs  au- 
dit procès,  &Con- 
feiil  ler;  appeliez  alcv 
vu  d:inge  d'iccîiiy  y 
deiqueU  auonspea 
eheuir  ,  &au  préa- 
lable fait  collation 
defdids  liures  ,  no- 
tes,min  utes,(3<:  pîa- 
nietifs. 
,  Veuësauflî  les  in- 
formations prepa- 
ratoire&faide?,  tant 
par  tres-Reuerend 
Pa-een  Dieu  Guil- 
laume 5  Cardinal  de 
Sainâ:  Martin  es 
monts  ,  pour  lors 
Le^at  en  France  ap 
pelle  auec  luy  no- 
ftre  Inquifiteur,  qui 
auroient  veu ,  &  vi- 
ruélefdids  liures, & 
papiers,  Qu^e  autres 
par  nous  ,  &  nos 


co  m  m  i  ifii  r  e  s  fai-  P  rAf^ntatmi,  quS 
(âes  audir  procès. 
PareilleiîîCL  veu7,  & 
côfiJerez  plufieurs^ 
traidez  de  Prélats  , 
Do6leurs,&  prati- 
ciens renommez  , 
^approuuez  ,  qui 
après  auoic  bien  au 
long  veisësles  pie- 
ces  dudic  procès  , 
auroient  efté  d'âd 
uis,  eftre  bon  «5c  ex- 
pédie nx  le  uer  3c  e(- 
clarcic  les  doubles 
qui  s*Y  oâï oient  , 
tantderordonnan- 
ce  dudid  cres-Re- 
uerendPere;,quedc 
la  no  (Ire. 

Les  ?  rcicles  &  in- 
terrogatoires fur- 
dits  à  nous  de  la 
parts defdits  dema- 
deurs&  promoteur 
prefentes: ,  &c  après 
pluficurs  délais  oc- 
troyez â  f.iire  eii- 
queile:Auffienei- 


tomnnffur'fOi  »#- 
firos  tnhHUifmoâi 
froccjft*s  exordio 
cortfedis.  Inffeftis 
etuvn  ^  confid*^ 
rAtts  vAntstraùta' 
tsbui  pr4iatorum 
dodorum  ^^Z^- 
dtcorumJMennitiy 
^  prohanljlmom 
çiufi/btti ,  i(^  /»- 
fifumentts  tinted't* 
^ifrocsjfus  ad  lot» 

biA  elucid.tndAdU" 

€tu(dem  reutreâif^ 
fimi^<itns  ordin^" 
tfone^  f£  nQJtra  e* 
dtti.'^^com^ofiiis 


^  int^rrogatorHs 
frdptis  fro  parte 

tcrts  nobtsprétftn^ 
i^tts  ^fGfi-piurts 
taocuuones  adpyQ" 
bm  dum  admtj^/s^ 
atfentifque  te(hi4 
drfoftnoi9*b*é<  ^  Ç$ 


^ie^e  des  Anihls, 

fuf^erceuerfatio-     gard  aUX  dire  OC  ic* 

pofitions  de  tei^ 
moins  ,  &c  att<:fta- 
lions  fur  la  vie  ÔC 
deportemens  de 
kdia:edefun6te,& 
du  partemcm  du 
lieudefanaiflance: 
Autres  interroga- 
wires  à  elle  faids  , 
tancàPoidiers,que 

en  prefence  de  plu- 
iîeurs  Prélats  ,  Do- 
deuis  5  &:  f^auans 
perfon nages  :  Si- 
gnamiTient  de  tref- 
ReuerendpereRe- 
gnaulc  iadis  Arche- 
uefqu^  ,  lors  dicE- 
uefque  deRheims, 
Métropolitain  de 
Beauuais  ?  Sur  rad- 
in ira  ble  deliurance 
de  la  ville  d'Or- 
leans  ,  voyage  de 
Rheims,  ôcfacredu 
Roy:  Circo  a  fiances 


rne  C?"  egreffuetuf 
dent  xtfuci&àlocs 
originis  cjuàm/tt 
fttexfiminfitiom 
ipftuiinpTAl'entiii 

feritêrum,  c^prét 
ferti  reuertniHf- 
jUmipAtris  V<egn»l 
di  olim  Kfcbtefif 
tapi  V^eméjîi  diMi 
tunc'Epti'copij  B»l 


ttkbifatix  dithus 
iterAtts  quàffffM' 
per admiràdf  U- 

tis  Auriiianenfis 

^itiifate  m  Keme- 
fem  (^  c9ron»' 
titnem.  Kegiam 
qiiAciutictrcon' 
liMntiMs  ipfiut 
froctjfus  ,  qua^ 
litates  iudtcum 
<Ô*  procedtndi 
modum. 


dctidnt  Orléans, 


dudiâ:  procès?  Q^a- 
lirez  des  iugcs  ,& 
forme  de  procéder. 
Veuz  auffi  plu- 
sieurs çiifeigue- 
inencs  ,  lettres  ,  & 
mémoires  oultre 
ceux  cy  deffus. 

Enqucftes  &:atte- 
•ftations  mifes  par- 
deuers  nous  dedans 
ledeîay  de  produire 
Forclulîon  de  bail- 
ler conrredids  con- 
tre ladiâ:»  produ- 
ction: En  après  ouy 
noftre  promoteur  , 
auquel  le  tout  com- 
muniqué, 5'eftioinc 
«n  cauleaueclefdits 
demandeurs,  &:co- 
menoftte  officier,  à 
déclaré  emploit  ries 
produdtions  deidits 
demâdeurs  aux  fins 
percées  par  leurs  e(^ 
ciuures  ioubs  ton- 
tesfoiscertainespro 
ccftations  ,  requc- 


alits  titieris  ,  in; 
Jirumenttir^mU' 
nimentis     vltrst 


ï)epoJttionis,(S» 

termincadprôce' 
tlendum  trudttit 

(^produS^,prA' 
dujïonéque  due» 
d'tcotru  huiu  me- 
dt  produSni'hiO' 
Jhojf*edetndeaH 
ditopr»motêreqiH 
•vifis  «ifdeof  pro  - 
dHii'udi^isuâori 
bm  .  pUnariè  ft 
étdtuxit^AC  prfi(§i 
namine  offic^  no  - 
fi  riprj.fAt»omnm 
if^mproduiiApYo 
fuap^rte  reprodté 
xitj*dfinê:ifcrip-' 
tiii'U  diSiaru  nc^ 
tori'ta,mexpre\fiî 
f uù  cents  pffiuji-a- 
ti&nibtUy  aliifque 
rejueflu  e^  refer^ 
u*v$on'jbHiprfipitt 


5  ifgr^ 

^*r  nos  i^dmijis 
'Vfta  cnm  a^mh^tif» 
J,A/n  maittiti  turti 
(ub  hrembhifcrip^ 
mrti'xjalen'thtica,- 
mrnum  mftrum 
auertere  ,pernos 

Chn^t  nomute.  tn 
iAufa  conclu fo,  ^ 
dfe  hodternoadaH- 
dtendum  noflram 
jentenUam  aifU- 
gnat$6. 

Vifîs  Tttatufcijue 
reuolutis  i^*»/"- 
4^  ntfi omnibus, P£ 
fitjguiis  f»^ertus 
e.xjfrefjis  tna  cum 
€ertts  artkuits  f^' 
cfptenttbus ,  Qu^r 

^of}  àidum  frt~ 
mum  frocejjum 
iudicantcs  p^stert' 
■demnt  extraéles 
fore  fx  confelfte- 
ntbus  diàA  deft^H" 
ilifl^F£.  Cjuamfdfé- 
nma^fjlennesfer' 
fojMS  ud  o^/««»- 
i^um  tranjmife^ 
tAnt^  Ç^  qtéos  tirt" 


(les ,  «3c  refèruations 
V contenues, &  pat 
nous  receuès  auec 
quelques  motifs  de 
droiifl  mis  par  de- 
uersnous^pournous 
mouuoir  &  aduer- 
lirConcluiîon  faite 
aa  Procès  au  nom 
de  I E  s  V  s  Ch  R I  s  T 
auecrappoindemêc 
d'ouyr  droid  à  huy 
ercheu, 

Letoutveu&coR- 
iîderc,auecles  Atti- 
cies  commençants, 
Vne certaine  ?emme  ^ 
que  les  luges  ont 
prétendu  auoirefté 
après  ledi<^  premier 
rroccs,  extraits  des 
confeffionsdc  ladi- 
dedefunâ-e  ,  &  à 
nous  enuoyjz  par 
pîufieurs  notables 
perfonnes  pour  en 
aduiferiLefdids  ar- 
ticles contfe<ii<fts  & 
debatuz  tat  pat  lef~ 


douant  Or 

dits  promoteur  que 
demandeurs  com- 
me cftaiis  iniques, 
faux ,  efloignez  des 
confeffions  de  ladi- 
te defunâ:e5&  co- 
trouuez  &deigut- 
fez  eiipluiîeurs  ma- 
nières. Noftrc  pre- 
fent  iugement  foit 
aungmdcDieuqui 
balance  les  cfpri ts  , 
eft  feul  &c  parfâid 
congnoilïànt  fcs 
.reuelations,&  luge 
très- véritable ,  qui 
infpire  ce  que  bon 
luy  fembie  ,  Ârpar 
.*fois  chojfit  les  cÉo- 
fes  balFes  pour  con- 
•fondre&  renuerfer 
leshaultes  Scpuif- 
fantes  ,  N'aban- 
donne ceux  qui  es- 
pèrent en  luy<:  mais 
eft  leur  ayde  en 
temps  opportun,& 
detribulation,  A- 
pres  auoir  meure- 


îedfts, 

redïBiprômofor^ 
aSiofes  én^ugna- 
runt  tâqimm  int- 

diSiiseonfeJftoni- 
bus  aliénas  ,  ç^ 
mindosé  conjîêios 
multtpUciter.  De, 
Dei  vultunoftril 
prâfensprodenut^ 
dicium ,  qui  fpiri» 
Stiumpondcrafor, 
fjiy&foîui  ttUtU 
tionum  fustrum 
ferfiétuseficngni" 
tor  ,  o»  tiédie Ator 
veriJftmHS  quivH 
vult  y  fpirttt^^ 
qusndoque  infir  ■* 
maelegip^vtf&rtigi 
quàqnê  con  uda,t 
nsn  dtjerens  fpe- 
vantes  infe  fedxd^ 
sut  or  earjéfn  inop-m 
portunitAtibus(^ 
tribuUtione'bia'' 
bitamMurfi^deU" 
herAtionejAmcif" 
ca  prApâttorix. 
iiuam  cires  deci" 
fionem  eau  fit,  , 
cum  peritis  pa- 
riter^ér*  prâbaris, 
■^ctim^ratif  viti^ 

M 


Siège 


mym  eorûdetet- 
minationibtiSj  ta. 
întraciatibîii  ma,' 
gna  cum  reuoiu'- 
îicne  librorumB' 
d{ti6 ,  (y>  ccTnpofî- 
tione  multorum  , 
Vif,  q  H  e  cp  tnioni- 
bii/s  Vcrbj pa'^itcf 
*'aiqiîe  fcriptotam 
fuptr  formaquam 
juper  mmttri^pr  & 
faiipTûCJjm  tra- 
iiifli^atquedatis , 
qutbm  fâc-  &  du-  a 
dtfunctA  fT^a^gis 
■  adiràraûvns  , 
i^u^m  co^iden-na,' 
îionfdign:i  exifli- 
mant  lepvvbato 
ruj  ^cuntra  de 
ieriîilnHtum  c  n^ 
îYnca^m  ddthin- 
diciitoi ,  &  form& 
p'  t7iat£ri&  ratio-' 
Tii  plurtmum  ni- 
mrai  e,/{jr  diifi- 


ment  délibéré  tant 
far  les  prepar-atoi- 
rc'S,quedecifîon  de 
lacaiifejeii  îe  con- 
feil  des  fagcsSccrai- 
gnantDieu. 

Aufficonfideréle 
lefultat  faict  auec 
euXjauec  grade  co- 
ferencedetiltres,& 
liures  de  diuers  au- 
(fleurs^aduis  ik  àdu 
berations  ,  foient 
verbales  ,  ou  cou- 
chées par  efctit,  tac 
fur  la  forme  de  pro- 
céder que  anfod  de 
la  matière  :  par  le- 
quel ils  eftiment  les 
fa}cT:s5:ge{l:esdeia- 
Qidecefuncfceeftre 
plu  (toft  admirables 
èc  diuins  quefub- 
ieCts  à  condemna- 
tiondegésreprou- 
ucz,  &  s'efmerueil- 
1er. t,  nouGtiisraiio 
dudicl  iiigemerit, 
foic  en  fa  foime  j  6c 


matière  ,  comme 
eftanc  difficile  ea 
tels  cas  donner  iu- 
gementdifHnitif.S. 
Paul  diianc  de  fcs 
propres reuelatios , 
ne  fcauoiu  s'il  les  à 
encs  en  fon  corps 
ouenEfi^riCjô^  fur 
ce  s'en  l'apporter  à 
Dieu. 

En  premier  lieu 
diions,&  comme  la 
indice  le  requiert, 
déclarons  les  Arti- 
cles,commençans, 
Vne  (  ertainefemeq  u  i 
fettouuêt  auxpre- 
têdu  procès,  &  let- 
tres déférences  fai- 
Ôes  &:  douces  con- 
tre ladide  defunde 
auoir  efté  Se  eftre 
extr.'U«5bsdudit  pré- 
tendu procès  ,  &Z 
confeilicns  de  la- 
pide defuncte  par 
coiraptio  ^dol ,  ca- 
lumnie,  ^c  malice, 


ciUmum  dicentes 
de  fulibus  detet" 
minât  um  préibere 
iudiÀum   ,  beat 9 
V^tilo  defuls  reue  iCorii 
imionibus  propris 
d-.centey  an  e m  in 
Cûrpore,vtl/nfpi'> 
rita  habuettt   fe 
nefcire^    C^  D^o 
fiiperhocfe  rtf^r^ 
re. 

î»  prlf^ls  dicî' 
tnti'SatqueiHfîitiA 
exigsnfe  decerni-' 
mus  Articuloi  ip-'  ■ 
[os  incipimtes  , 
Qu«dàm  faj mi- 
na/'»/>r<>c£/f«^*^- 
ten[ê  y  (^  iftfiru- 
rnsnto  pfâtenfa- 
rumfinttntiarum 
conttfi  diciam  de» 
fttnciMn  lataruf» 
defcriptâs  fore  » 
[uilfcy^  ejfey  cor- 
rup:è,dcUfe,  ca- 
lumnteJe,fra'^U' 
UnîSY  ô^rr^Alitio", 
fetxipfîspYs.ten'» 
fa  procijjut^^cen- 
fejfti}ti9  dffîA  de» 
functA  -  «xtracios 
tficil%'veritat8Ô* 
expnjfa  f^itatc 


Siège 

fjuùhus     p:4m^tts 

ex  cfud'US  dehhe- 
rantium  ^  tudi- 
cnntium  t^mmus 
poterr't  ifi  uïtam 
deltbsmttonem 
fermtht^  flurtmetf 
^ue  àrconfldnîMi 
aggrauantti      m 

■ftçnefrâipttn^non 
contentai ^^n  diht" 
le  adijctentesy  ǣ 
non  nuU'iS  afcun^ 
êanif.is  rtuelantcS 
f^  tupificantes  tn 
fif*rt'hus  fuhtuen' 
.ies  ,  fornrar/jejU^ 
'veréoyffm  qUéiim- 
mutant  ,  alte- 
randos, 

Çua  p-opter  iff^ 
Jos  arttcuios ,  î'tn- 
au,^im  Uifos  ,  ca^ 
lumf'iost  ,  ào.oje 
extrABos ,  F§  con- 
ftffione  eadem  dif- 
formes cajfazntv.  , 
r/ruamt*s  ^  ^J  ad 
nuUitmt*stpJo[«,ue 
^u^stn^diséfopro- 
£cjfi4e!^tntht  fiC!" 
mus  hic  iudtcttf 


cftre  en  plalîeurs 
poincsfubftanciaux 
faux/laveritéy  ayât 
efté  erpargnée,&  le 
menfotge  donne  à 
entendre.tanttnla 
procédure     dridid 
procès  ;circonftan- 
ces  d*icelny,  que  c© 
felïions&iuftifica- 
tioiTS  deladidede- 
funae,auffilafai- 
ians  parler  auître- 
ment quelle  naw- 
roirfait,enquoy  les 
itiges  furprins&cir- 
couenuz  pourroi^ 
auGiretlédrezàau- 
ticmentfe  refondre 
Aumoyêdequoy 
calïbns  ,&  adnul- 
Ions  lefdits  articles 
comme  faux  ^j  ex- 
traits par  dol ,  & 
friiude,&nullem^êt 
conforniesauxco- 
feffions  de  ladide 
defFunde  :  comme 
enfemblablc  ordo- 


deuant  Orléans, 
nos  que  les  articles    l*^*^^    decermm», 
queauonsfaidcx-    1'^'^''^^^' 
trairc&ioindreau- 
cii6t  procès,  feront 
icy  ludiciaircment 
lacerez  &  biiî^z. 

Oultreveuesdili- 
gemmenc  lesaurres 
procédures  du  pro-    f?^^'*^  ^^^^4^''^ 
ces,  &  par  efpcciaU    J^-  ^-^«^r^- 

1       ,       ^  i.  ,    ..         tenftstneodem pro- 

ies deux  preteducs,      ceff^,onte»ttsftn-- 

ftntcnces  y  conte- 
nues, portants^con- 
déflation  de  cheute 
&  recidiucAuffi  15- 
guement  confideré 
la  qualité  defditsiu- 
gesj&deceuxquia- 
uoient  en  garde,  la 
dide/eanne. 

Et  veiies  les  recu- 
facionsjubmifïîos, 
appellations, &re-  ^'"''^''  ''^^'^^'* 
qvzifitôire  par  elle  ^^i(i,,one  m^lu^ 
inftamment  répété  fltci^ferquamgU'- 
pour  cftre  auec  Ton  ^'*  i9*nn>i  aifan^ 
procès  r'êuoyee  au  f '«'"M'»  -^Z^- 
faindfîeseApofto  ^^'^^^^ff-^^ffi' 
lie ,  &  a  noftre  tre»  noftrum  pontifi- 
M  iii 


Infuper  ait] s  etuf- 
dtm  proce/p$s  par-- 
ttbus  deltgenur  in- 


tentlis^  quas  Upfus 
Ç^  rtUffui  tuât^ 
tantes  appelUnt  : 
ftnftta  etUm  dtw 
ttus  qté^utate  it*^ 
dteanù»  ^rAâtélo- 
rum  y^eorumfuh 

rum  cuff^odu  dtct/t 
loanna  detmebu.- 
ti4r. 

Vifif^ue  rtcu/k" 
tiombus  ^Jtibmi/" 


Siège 
getfifi  yOtnniaque 

dicia  pariter  é* 
faéîaifjîiis  .acpro 
Cfjfum  tranfmitti 
fApMf  é^mfidtiifi- 
fTjerequij^uiifeô* 
fredïàaomniaei' 
demfubmittando 

jft  ttentijque  circa 

■dicî-iprécejfm^fiia  • 
teriam    quAdsim 
adiuVAtione  pr^^ 
tenfa.falfajuhdû' 
la  ,  c^per  "jim  éf* 
TnetHm  pr&fentiçt, 
tortoris^  commi  - 
na,td  igȔ6  crema,' 
iioneextortA ,  C^ 
fér  diciam  defun- 
ciam  minime  prs.  • 
m(ii  Ô*  ÎMitellefla 
fiunonpr&fa- 
ik  traÛatihuSj(^ 
epinionibmprâla- 
torum   Ac  fckn- 
'/li'V/n  doctoTum  in 
iurediuinopcritei' 

rum  peritcrum  , 
crtmi7iadict&\ca- 
nAimpofit&inpn 
fdtis  pr&ttnjis  Jc^ 
temtps  exprejfa  ex 
ferieprocejjusnon 
de^endçreafit  col- 


des  ^nojiiis 
raindPerelePipe, 
fefubmettâcauiu 
gement    qui!    en 
pûurrok  donner. 


Certaine  abiura- 
tio,  faufe  jCautelevi- 
le  5  &  extotqueecie 
ladiâ:edefun6tepac 
forcée  crainte,  eu 
prefence  du  bour- 
reau exécuteur  ,  &c. 
menaces  du  feu, à 
quoy  ladic^eVierge 
n'auroit  oncques 
penfè, ne  entendu. 

Traiâ:rz  &  opi- 
nions de  Prélats  & 
Do<51:eurs  biê  vecfez 
auxdroi6fcsdiuin& 
humain,  aufquelsle 
tout  communiqué 
auroientraportcne 
fe  trouuer  aucune 
preuue  ,ouvcriffi^ 
cation  audid  Pro-^ 
ces ,  des  crimes  mis 


dcuant 
àfusàladicftedefun 
£te  par  leldides  fe- 
cences^nechofequi 
en  approche:  fur  ce 
allegans  for:  à  pro- 
pos plufieurspoints 
lurlanuliirc&iniu- 
ftice  defcii(5les  feii- 
tences»Letoutveu 
&meurement  con- 
fideré  ce  que  faifoir 
à  ve«ir&:  confide 
rer  en  la  matière  , 
nous  ayans  vn  feul 
Dieu    deuant    les 
yeux  &  {eants  en 
noftre  fîege  deiu- 
ftice. 

Difonsparnoftre 
prv^fenre  fenTence 
diffiaitiiicpronon- 
çons,  arreftons ,  Se 
déclarons  lefdicts 
Procès  &c  ÎGnitw- 
ceS;,pIeinsdedol,ca- 
lumnie  >  iniufticc  ^ 
contrarierez  d'er- 
reur, en  faid:  &en 
droicl^aueclafufdi- 


ligi  pojfe  dicttium 

O»  msilta  elegun" 

tiJfîmedenHlltta^ 

te^  intHflttià  in 

hoCyi^alils  deter- 

mi»antiHm  c&te- 

riique  omnthus/^r* 

jingHivs  dtUgenter 

attentUqu&i/î  hac 

farte  attendmda, 

(^videnda  erant 

pro  trtbunali  fc- 

dentes ,  S^tumfo^ 

lumprx  ocitlii  ha,- 

bentii ,  fer  ixinc 

nofirsim  difiniti- 

uAfn  fententiam 

fro  tribun aU  />- 

dtntes  ferimm  in 

hM  diclis. 

Dicîmu^y^pro'- 
n'ycixmîM ,  dscer-" 
nirnm^*^.dicla,r,t' 
mui  diBospYocef- 
fui  ^  fe/3sentia^  ,.. 
dolum ,  ccdumniâ 
ini  ^uitutcmyrefti" 
gnanîickrn ,  lurif^ 
que  ^fa5li  ertù- 
rem  continentes 
m^nififtAm  ct^m 
abiufotionepf^fa 
ta  executtonibu^ 
^omnibm  tnde 


Siège  des  ^nglois 
fîciHuntis^fore  ,^    dfce  abiu  ratio  11,6X6^ 

iJJenHllos  fnualt'     cutioilS  ,  &  tout  ce 


£/  nih/lemmfts 
quantum  opms  tjl 
TiviiOne  ttsbente    , 

rjfyibHs      omnmo 
'vacuamm    ,   di' 

ACifjos  a{iortu^'\^ 
ftirentesejufdem  , 

ia?ri  occujione  ^ra- 
7'/iil[orum  contra^ 
Oiiffe  y  feu  incfàrrif"  - 
fe  t?97mttnemque  À 
frAfMîJCiSy  Ç$  ex- 
furgAt*ir/i  fcrê   ^ 
eJjTdecUrar*îes^^ 
■in  quuntum  ofus 
ep  ,  êx^itrinntes. 
^f datantes  nofiré 
hmujmodi  {emen-^ 
fut.    exefutfOMe/» 
fefà  foUnntm  tmi- 
TTMttomm  in  lo4t 
cmtati    frotinus 
jiffï  mhàs  d»»^ 


qui  stïï  feroit  eii- 
iuiuy,  deniilefFv6b 
&  valeur^ 

Etntâiîiîoins  cii 
tant  que  befoin  cil: 
félon  ;^roi et, ^raiso 
lescaffons  ,bi(ïbns 
6c  en  tant  que  Fait* 
pouuons,  les  ad  nul- 
Ions.  Déclarons  la- 
dite leanne  dcma- 
dears.&paretsn'a- 
uoir  encouru  par  Iç 
moyen  que  deiTus 
enaucuuc  noie  ne 
tâched'infairiie5& 
entaniquebefoing 
cftlcsenauons  dé- 
clarez &  déclarons 
purs  innocents.  Or 
dononsquc  noftie 
prefentc   fentencc 
fera  exécutée  inco- 
tinentj&fansdelay 
&c  publiée  folen- 
iiellement  en  deux 
endtoicls  de  ce  (le 


deuant  Orléans 


Ville. 

Sçauoir  efl:  pre- 
fentement  cnlapla- 
ce  (àindl  An^riffn , 
oufe  f«ra  proceffio 
générale,  &:yâura 
fèrmon  gênerai.  Et 
iour  de  lendemain 
au  mefme  lieu  du 
vieux  marché  que 
îadiéte  leanncà  efté 
cruellement  &in- 
iuftemcnt  brulïée, 
ou  fe  fera  vne  predi 
cation  folênelle,  Se 
fera  drefTéevne  bel- 
le Croix  enmenioi- 
re  perpétuelle ,  & 
prière  pour  Tamede 
îadide  defunde,  & 
des  trefpafTeZjlefur- 
plus  deTexecution 
denoftrefentence, 
fi  aucun  fe  trouuejà 
nous  referué.ît  fera . 
leprefent  iugemet 
notifié  aux  Vil/es& 
lieux  plus  notables 
de  ce  Royaume  àla 


Ahero  videlicet 

in  promp^iiin  plu' 

tei*S»^âii  Andrt  • 

ni  gemrdi  pYéCif- 

fione  yfncedinte , 

0»in  fermonf  gg' 

ner/tli  ,  Et  in  alit 

dii  cr»jh»ai»  ve- 

terifotû  ,  i»  locfi 

fcilicettnqtéê  dicl  a 

loAnnacrtédaUc^ 

horridacremtia' 

m  ftéffêCMU  tfi  (£ . 

folenni      iiidem 

pTAdicAtiêne  «/*- 

fixion*  crucisJfO' 

neflA  ad  mémo  • 

finm  ferpetusm  , 

aceiufdtm^ô^a- 

liorum  defunSo' 

rttmexfifddafja- 

Ifites^  vlterionm 

diB^noftrAfentë. 

ti£    executionem 

iKtimationem  ^^ 

fro  futur  A  mémo- 

ria  nofabilem  fi» 

gnificationem  in 

ctuitattbui  .^ktt'- 

im  regntlocisinfi' 

gnihtis  yfroktvi-T 

dsrimtii  expédiée  ^ 

^  fiquA  Altafuper 

funt  pir  agenda , 

nofliAdtf^ffiiioni 


Siège  des  Angloh   . 
é^êxcaufarefer'     mémoire  deladicS'e 
vierge.,ainri  quever 
rons  eftreafâirepar 
raifon. 

La  prcfeiite  fea- 
tence  donnee,leuë, 
ôc  publiée  parMel'- 
iieurs  les  luges  ^  é& 
prefences  de  Reue- 
rend  Père  en  Dieu 
mo(ienr  rEuefque 

de Hedor  de 

Coquerel,  Nicolas 
du  Bois, Alain  Oli- 
uier ,  îean  du  bec , 
leâdu  Gruys  Guil- 
laume RoaireI,Laa 
rent  Seueray  Cha- 
noinp$,MartïLad~ 
uenujean  Roulfel 
Thomas  de  Fauril- 
lieres ,  de  tous  lef- 
quels  maîftreSimo 
Chapirauk  promo- 
reut,IeanDarc,& 
rreuofteauontpour 
les  autres  demandé 
lettre. 

Fai6t  au  Pakis 


uand$. 


promulgata  fuit 
Bac  pr&fens  fente- 
t/aper  dominos  iu 
dicaSj  pY&Çintihtî'S 
Jieuerenào  pâtre 
domino  'Epi fc ope  y 
Hector  e  deCâfue  •> 
tel  ,  NicoUo  du 
hois ,  A.Unê  OH" 
uierîoanne  Du- 
hec ^  loanneDi^" 
gruys  ,  Gulielma 
V^ouffel^  Laurer^ 
tio  Sueray  Cano* 
ni.is  ,  Martine 
Làdu£nu  loanne 
Kou[felThomjde 
lauriUieres ,  D* 
^uibu6  omnihui 
fnagifler  Sim.n 
Chapitauh  pro- 
moter  ,  loannes 
Darc ,  ^  VreuO' 
p.BAU  y  pro  ttUts 
petiitunt  fufiri*' 
^entiam. 


Àcta    fuerunt 

hae'-nVaîr.tifihf' 


deuam  Qy/eans 


Archepifcopal  de 
Roiieii  y  L'an  mil 
quarte  cens  ciii- 
quâce  Hxjie  fepcief- 
meiour  du  mois  de 
luillet. 

Ceiugemêc  con- 
tenta focc  les  bons 
fubieds  diiRoy  qui 
eftoient  infinimét 
ttiarrisdii  faux  bruit 
que  les  Anglois  fe- 
moientcôîrefaiîia- 
jeftéjCommefielIe 
euft  jamais  penfc  de 
fo^ayder  d\'ne  hé- 
rétique de  lorciere 
pour  recoaurer  Ton 
Royaume. Enquoy 
n'y  auoitaucuneap 
parence  de  vérité. 
Car  pour  !e  pre- 
mier, feu  ce  bo  Roi 
Charles  V  l  La,uoit 
fuccedé,  &eftoity- 
mitateur  de  la  pieté 
deresanceftres(voi 
reeftoiten  luy  ac- 
creuë  )  qui  en  leur 


thepîfcûpali    Kû" 

domini  mtllcfifno 
quadringéîefimo: 
quinquagejimy 
fexto ,  die(eptù>nA 
m  en  fis  Itilii. 

IncreaiUU  (fi 
qua  grain  GtiUis 
omnihm  fuent 
etufmodi  fentin- 
tin.qui  Kf^iireli- 
gionem  d'Jipmtts 
ab  hnglofAifï.rH- 
monl>H4  -vexMîi 
dolehant^qHttJïilU 
hœretic/Hry-m.ile- 
fic£  virginis  oper;i 
ad  regni  reculer  a- 
tionë  abutertHir 
quA  culumnid  à 
veri  JîmiUtudim 
quam  longijfuns 
aberat. 

In  primis  qtiod 
piiîiM.ex  nontan- 
tum  in  maiorum 
[uorum    regnum 

fuficejfeYnt.^ed^  . 
g!oriA,é^-virtutis 
A^itA  hâreditsité 
crtHerA*  idémque 
qiod  Vdi  cumin- 
angHrarentar^iii" 
r^batjpfe  infegâ/ 
'vncfHi  ,  in  fid^i 


Siège  des  jinglois ' 
^hrffiuHA  (Hte-  facreauoientjScluy 
après  euxjdeteftéôc 
abiurétoute  herefîe 
&  pronois  maïceniE 
laSaincteEglifeen. 
fcs4roidts. 

Etquantauford- 
lege,ilefl:oit  êncmy- 
capital  des  forciers, 
ôôiiCYouloit  aucu- 
nement approcher 
d'eux^ainfi  qu'ilmo  ^ 
{trabieneaTanmil 
quatre  censcinquâ-» 
te  cinq  fur.  le  com- 
mencement de  i'^ 

CarparfoncoiS- 
mandcment  Otho 
Chaftillon,&  Guil- 
laume Gouifierdeux 
des  plus  fauorits  de 
fà  Caur  furent  pri  s 
par  lêâ  de  Gardettc 
soPrcuoftd'hoftcU 
qui  lescuîcn  fa  gar- 
de» tant  que  finale- 
met  CCS  prifonnicrs 
coiiaincus  de  forti» 
lege,  en  furent  pu- 


dttejiatHi  orrmem 
marnU 


Tttm  ^md  fSe 
infe^ifftmHs/n.^  le 
faSfftc  m^thâïu»" 
ttàs  hojlis  t  quam 
riHlltim  cum  iUis 
Cowmtrc'tdTn  h^y«- 
re/olitus  ejetreif- 
ft  tmitnti  4nno 
M.  fccc.  Lv.  do^ 
sttijfef ,  ne  tnùmis 
^utd^m  [uit  far- 
cens- 

CisÎHs  r»4ndam 
dH!>txaultcis  for- 
nl'ginntOthoCa'^ 
fiftlLoneus^^GH" 
Itcîmus  Ganffii- 
rius  ec»^p}'4h(»Jt , 
^  tn  (uftodiam 
li.tnn/f  Gardeù 
trftdft/y  caiipm  ex 
<vin:mis  dtxtfnnt 

izn^ijfiagiti:pefen 
âerttnt  ^ofltâmo 
tjuunîtim  Prmctpi 
Lccleji.tflicfs ,  no- 
hilthns  -CaùUT^J- 


deuânt  Orléans. 
m^  Ma is  ie  vo**  p rie    *'*^  »  ^^  ^^^^  /'*» 
quelle  apparëce,&    ^i'^'   opprobnurr» 

^  ^^  .1       foret  yprafe  ferre 

propos  y  auroit-il,   \r,^ZJjii ,^^_ 
&  qaelhonneurfe-    ft„t^  ^  malejlcs. 

tioS  nous  à  Vn  Roy     mdterts  carmtm» 

de  France:àrEglife  f'^s.^^rts.libe-^ 
NoblefTe  ^Ôcàfoii  '''*'''' 
peuple  deuotieux, 
dedire^auccles  Ai> 
giois  leurs  anciens 
ennemis  ,  quVne 
garfe,  folle,  héréti- 
que &  forciere  euft 
par  charmesdeliuré 
nosPcres  decapti-^ 
uité. 

Toutes-^fois  Dieu 
permit  que  celle  - /''*^^^"^^^^- 
guerrière  Amazone  demper»t,fu  Del 
tombaentre  les  pa-=  $nhofitHmp$tefia' 
tes  de  Tes  ennemis ,  te»*  ^^*  '^cmt ,  À 
&  par  eux  futcon-  '  ^«^f'^^/^f^f  •*  .  ^ 
damnée  a  mort,  le  ;,|  m,  ,,,,  ;^^, 
dernicnourdeMay    TLotUm.<zs-   Suf 

1450.  e  n  la  Ville  d C     pido  afficimr^non 

Rouen.  Du  trefpâs  /«'  "•«^'^«^^  ^^'^ 

de  ladite  Vierge,les  ?:7^^>    f^f^ 

Françoîs  portèrent  rumjoUùo  ,atc^t 

yngrandécmerueil  4ttU9êx»tt»^ 


siège  des  ^nglois 


l^êque  inim  poil 
tum  iniquum  de 
innocenti  capite 
iudicium  ,res  tUe 
in  Galîi^  exanimi 
fententiafticcejfe 
re ,  paulavim  agi- 
tafi,d!Hexati,tan' 
âem  enxm  neflris 
fnihm  exê^i ,  in 
fuBbm  regionèm 
erudâlitapii  fx- 
num  luentes  ,con- 
eejfere. 

Nec  leuiore  Vei 
tilndiShx  cum  Us 

Beres  tttm  iniqmt, 
fentêtii  fuper  fue- 
tant  ,  actum  efl , 
quimiferando  om 
nés  vit  t.  exitftetiM 
laodoico'X.J  .regnX 
te^cecidefut.Qua. 
dere  e  xtant  ^  ht 
€leg:tntespatrioà 
vobisÇermonered' 
ditiValcrianiver 

M  i 


leux  deuil.  ôrlesAiî 
gloisnon,&neaiit- 
moins  ce  Eai  Itur 
ruine. 

Car  après  tel  mal- 
heureux iugement 
&  exécution  ,ils  ne 
profficerentplus  en 
France:  Ains  y  fu- 
rent toufioursbac- 
tuz ,  &  rabatuz  ,  ôc 
iufques  à  ce  qu'ils 
en  furent  du  tout 
dechadez  ,  Ôc  fe  re- 
tirèrent chez  eux. 

N*ea  eurentmeil- 
leiîr  marché  ceux 
quiauoiéteftédad 
uisdeladiâ:e  Tente- 
ce,  &  qui  eftoiêcen 
coresviuantsioubz 
leregne  duRoiLois 
Xï»  pource  qu'ils 
moururent  mi/era- 
blementîTefmoinîX 
Valeran  par 
beaux  vers  que  no 
auons  fai<^s  Fran 
çois. 


ces 

9 


deuànt  Orléans. 
5  j  Nec  fiiperi  vdttere  ignesmpunè  YcUFîos» 
3,  Medeiusfiqinàem  longofermsncprofatuT 
^Jhuit  efp:fcelus  fldimms^  ^  morte  ^Undum^ 
„  Mtéîtaq-^  aduUndifludto  cçnfingh  ,  vt\An^j(^j^ 
5,  Sic  (i'ii  co  nciliet  :  Sedfduci;  in  de  diehus , 
3,  CoY^tu  ta!?ifico  refpergitur vlcere  lepr^- 
3,  j(lrer  inimundo  reHolutmfteYcorc ,  vit  4m  ^ 
^,  Fi'«»>  ;  argucYitt plerumq-jin  csYcerefitH 
5,  Criminis  tnfonién  Vendentt  Itte  pue Ham. 
y.  Sic  <&  CÀceonm^  t^uif enfuit  effc  crem4niam  ^ 
„  VenduU  dwn  tonfivfecat  excYemcnta  captllù 
,,  Expirans  capit^&gelidd  iedure  cadauer 
3,  Oecubâfi  Vhricesfic penddnt  cnmmefœnaf. 

Et  quod  viilgi  fuperat  fidem ,  cum  iam  ca- 
<3auer  dep^ftus  elfer  cogas,integaim  Puellaa 
cor,atqneiIlibatum,abinuentuniab  eodem 
au^tore  Valerano  ParidenfiTheologo,  his 
verfibus  traditur. 

\,VQjïremo  enituitfietasin  morte  rutila , 
5,  In  C4nerem  cunBos  dmnfla?na  Yefduerat  artm 
3>  Itiafas  CQY  habet  venus  (  mlrAhiUdtBu  ) 
,^  "Hec  [yncîYi  animi  temeYant  incendia  fedem, 
3,  AÏbedq-^  tum  vif d  eft  igni  pY9 dire cQltmtha  , 
5,  EtfeteYc  ^t  héros ,  w«/m  j^dhntihm  y  erbes. 


Stege  des  ^nghis  <^eu4nt  Orléans, 
s,  Or  Dieu  ne  voulut  point  quelô^  tcps  ce  forfait' 
i,  Demouraft  impuni  :  Cii  Me  is  qui  auoic  tai6t 
„Vn  prolixe  difcoîîrs  voulant  aux  Anglois  plaire  , 
3,  Publioit  qu'vn  t  1  crime  â  cous  âebuoit  fiéplairc  , 
w  Qh!^1  mericoit  le  teu  &  la  mort  :  Toft  a  près 
„  Voite  dans  peu  dciours  î  il  fut  frappe  dcptct 
5,  En  langueur  iurfemc,  dVne  lepre  vlcerantc  : 
5,  Yn  autre  tonba  mort  veautrc  dans  fa  fiente , 
„  Qui  iarantla  prifon  &  pendant  le  procès 
„  Ala  Yieige  innocente inipofoit  mi! excès, , 
3,  Auifi  meurt  Caleçon  ejui  donna  la  fentcncc 
j>  Oc  la  faire  bruflcr  :  Car  ce  pendant  qu'il  penfc 
s,  Sa  barbe ,  &  chcucux  faire  ^  à  terre  tomba  ^roid  ■ 
jiJ^endantquele  Barbierlc  tondrecommençoit  : 
3,  Ainfi  à  tous  mefcfeaats  Dieu  tient  vn  ordinaire  , 
3,  Nelaificr  leurs  foifaids  fansfupplicc  exemplaire. 

Mais  eft  encores  aura n)t  admirable  que  le 
corps  deladi<5le  Pucelle  éftans  coutume  par 
îè  feu  .-Neantmoings  foncœureft  trouuécn- 
rier  &  nullement  interefTé.  Cequelemef- 
me  autheur  Valeran  Dodeur  en  Théologie 
enrVmuerfiic  de  Paris  àteftifié^difaiic, 

5j  A  la  mort  fe  cognput  que  la fainâe  Pucelle, 

„  Auoit  aymé  fon  Dieu ,  à  fon  pays  fidelle  : 

,j  Car  tout  fon  corps  eftoii  enflamme coafuméi 

3,  Qb<;  fon  cœu-"  [i;îad  miracle  ]  onc  ne  fat  cntamcj 

5,  Le  feune  fccut  percer ,  le  ^ege  &  la retraidc 

3,  D'vncan;e,qui  eftoitàfon  Dieu,  pure  &ntitc, 

3>  Et  lors  âf.s  affiftans  la  grande  troupe  à  veu 

3,  Co  nmf  nt  du  beau  milieu  des  flammes  de  ce  feu,  . 

„  Vne  cïtîombc  yflîïtj  qui  de  fes  blanches aiflcs 

,3  Voiadeuers  le  rond  des  v«ultcJ(upcrncU':s. 


ANTIQVIT&Z  DE 

L^^ÎL.LE    D'OIILEAHS 
&  chofespUs  notables  d't  celle, fideile 
ment  recueil L es  des  Cofmorraphes(^- 
hilîoriensquienont  efcrit,      0 

P  A  R    L  E  O  N     T  R  I  P  P  A  V  L  T. 
I. 

N  Tan  de  rincarnation. 
de    noftre     Seigneur 
lefus  Chrift     ,     deux 
censTeptante   fix  ,  lap,„^^„ 
Ville    d  Orléans     fuc^^^^  ^^, 
baftie,  &  wommQt  kurtUe  ,  poiarce  ^^  ^^^ 
que  foa  foiateur  cftoit  nommé  ^«-  fl^orki* 
reltus^  ou  plus  toil  AHrelianm ^EmpQ  '  ' 

reur.Romain,  qui  commença  à  ré- 
gner en  Ton  empire  i'an.  deux,  cens 
feptante^quatre. 

Il- 
Aucuns  tout  es  foiseftiment  (  8c 
non  fans  quelque  raifon  ,  ceftcCitè 
auoir  receu  tel  no ,  de  ^urelia^  iadis 
de  G  Iules  Cœfar  femme  d'houeur 
&:d'e{ïite:  Et  laquelle  depuis  ledit: 
^ureiianm  auroitilluftreej&fait  ac- 
aoiftre j  àcaufe que  ledit  nom  de. 


\AuYelU  sfrareniizoicauecronnom 

III. 

E  T  à  efté  fans  doute  le  Cenalum , 
(  marché  Aq^  ^Chartrains  }  duquel 
font  mentionjtantîiilesGcefar ,  que 
Scra!l|n,le  {icuant  au  milieu  de  lari- 
uiere  deLoyre  ,  comme  de  fc»it  il  eft 
-A  raifoii  dequoy  aufli  eacores  au- 
iourd'huyés  vieils  ,& anciens  til- 
tres,  Orléans jeft  appellé^leMo-v?^;"// 

II  II. 
L  E  pafifage  dudit  Strabon  qui  cy 
deuancàroufiours  efté  corrompu^  fe 
doii ainfî  remettre  en  ion  entier. 
Vv^ç^'oZizi  (ôuiî  parle  de  Loire) 

TlXLlCiL     lu  OL-ioV    TV     TTjO  :  fVïpI'iTZyv    IJW^fiHTy) 
.'fSSÇSi    TDV  COXiCCVOi'» 

I  c  E  L  L  E  ViPe  à  aux  pieds  de  Ces 
murailles  la  riuierc  de  Loyre,  fleuue 
excellentj&bien  commode  ^  parle- 
quely  font  de  diuers  endroits  ,  voi- 
6turees&  conduites  plufieursriches 
marchandifes ,  tirées  d'aucunes  bo- 
nes  villes  de  la  France  ,  de  de  pais 


eftranges. 

VI. 

O  B.  dedans  ce  flenaede  Loyre  , 
chec  vne  treibsUe  foiircc  ,S:  fôcaine 
appelles  Loyrec  ,  eftanc  vue  petite  L^'*^^» 
lieue  de  ladite  Ville^àcofté  de?  bourg 
d'Oauet^ayans  Ton  cours  de  pareille 
ou  quelque  peu  plus  grande  lon- 
gueur j  laquelle  eH  de  s;rande  com- 
modité pour  icelle  Ville  ,  &  pais 
adiacent,eii  tous  temps, &  entoutes 
faifons  de  Tannée. 

VÎZ. 

C  ARen  premier  lieu  ,eîle  nefe  Sesr.i- 
tarift  iamais  pour  quelques  chaleurs  retst. 
qui  puilïéiir  furuenir:  Et  féconde^ 
mentelle  negelaoncqiies  De  façon 
<jue  Loyre  eibnt  totalement  gelé, 
^pris  (commeiladuient  par  fois) 
&  par  ce  moyen  Tes  moulins  ne  fai- 
fans  rien ,  les  citoyens  de  cefte  cité , 
&voi(inage,  ont  recours  aux  mou- 
hs  qui  font  lur  cedit  Heuue  de  Lo-"/^ 
ret  en  bon  nombre  ,  defquels  ils 
retirent  en  fuffifance  farinespour 
leur  viure.  Gomme  auîîi  plutieurs 
pefcheur^,  nauconnieres ,  &  autres, 
pefchentlà  dedans  ,tant  en  Prin- 
temps, Efté,  Automne  ^  qu  Hyuer, 


quaiiticc  de  bon  poilTon.  Et  e(l  laiis 
double ,  &  àverité  parler ,  vn  grand 
dommage ,  que  ledit  Loyret  ii'eftde 
plus  grande  durée ,  pourles  grandes-* 
commoditez  ,  Se  biens  infinis  qu  il 
.     apporte  aux  hommesi. 

lite   de      Le  pais  d*entour  là  ville  d'Or- 
t'^y^'     leâns,eft  fort  habitable ,  fertile^  a- 
bondât  éschofes  que  l'homme  fçan- 
roit  defîrer  pour  fa  ncceffité  :  Corn, 
me  de  toutes  fortes  de  bon?  grains, 
bons  vms,  prérics,  &  pafturagesex- 
cellens  pour  nournr  le  beftial   , 
|.«^_  eftangs  pour  le  poifTon  ,  bois  laine 
nuffe  eli  ^  ^^^^^^  tantenfa  terre  delabeaulle 
ienile.  ^^^^^^^  (vray  grenier  de  la  Frâce  ain- 
*  fi  que  jadis  la  Sicile,  Lybie,Ôc^^yp- 
j^^^^^  te  de  la  Romanie  )  qu'en  fa  Saulon- 
ionme  S"^  plaifâte^Sc  en  laquelle  commo- 
.^^^j.-^^ dément  ,  &  fouhait  l'homme  peut 
^'  chalFer  es  trois  forte  de  chaire.  Sci\- 

Trots  uoir  eft,aux  poillonSjaux  oyfcaux& 
/flr^fjé/f  fiiïalement  aux  belles  àquatre  pieds 
^ajfe.  qiicls  font ,  Gcrfs ,  Cheureax ,  San- 
glies  Lieures  ,  Ôcc.  Pour  toufîours 
luy  acquérir  vnc  plus  grade  promp- 
titude ,  agilité,  alacrité ,  &  force  de. 
corps. 


deuitnt  Orléans, 
Avssi  eft  la  cité  d'Orléans  douée  Orléans 
tdViî  bon  air,  pnr  nct,&icnn:En  ma-  eft  vtlle 
^nierequelc  cas  adaenât  qu'on  vou   bien  4- 
iîftchcigec  Ton  nom  de  ^unlie  ^iné.  eree. 
du  Latin,iCf<rr/;4.&:Uiyen  bailletvii 
autre:  Onl.ipourroit:  Quedy-ie? 
'Maisdeuroit  on  nommeri£r/V:  & 
en  Latin  Mna^  comnae  iadis  ,  Creta  Oeil  Uh 
if  ut  denojîîmee  ,  en  laquelle  pour  la  ^  4  ^^' 
douceur  de  Ton  ait ,  &  température  ^« 
du  Ciel,  les  anciens  ont  voulu  dire 
tlupiterauoif  efté  nourry. 

X. 
E  T  ores  que  cefte  ro^fm  e  cité:ait  ^^^ê>^ 
^^fté  adiegee  foubs  le  règne  de  Me      ^ne- 
ronee-oufc  16  aucun  sMerouee,tiers*''^'^^ 
Roy  des  François  ,  ban  quatre  cens 
quarente-neuf ,  zem^s  d'Annianus ^ 
{c'eft  S.  Aignan  lors  Ion  Euefque  ,  ^"^^§' 
homme  de bonnje,«5c(ainâ:evie)par   ""^ 
Attilla  Roy  ,  ou pluftoft tyran  dts^^'^f'?^^ 
Huns/oy  renommantorgueillcufe-     ^'^^^Z 
ment  Fléau  de  Dieu  ,  accompagné  **'^^* 
^e  cinq  cens  mil  hommes  de  guerre 

XI 

Et  par  les  Anglois  depuis  Icdou* 

ziefmeiour  d'Octobre  ,  mil  quatre 

cen«  vingt  liuit,regnamt  alors  leRoi 

Charles  viidurnomméleviéiorieux 


(an  temps  deleane  Darc.dite  la  Pa- 
celle ,  ôc  par  aucuns  furaoirimée  de 
Vaucouleurs  )  iiifques  au  nioys  de 
May  eniuyiiant  ,  mil  quatre  cens 
vingt-neuf,  Icffquelseftoient  gran- 
dement forts,  &  pmirants. 
XII. 
N  E  A  N  T  M  o  I N  s  tous  deux  n  y 
acquirent  quvnfenldeshoniieur,6i 
blafiiie,  conioii.^tsanec  vnemer- 
ueiliea(e,&  infinie  perte  tâtdeleu^rs 
cTens,bagage-,commeauffi  de  toutes 
TA^gna,  munitions  de  guerre.  Car  leshabi- 
mn,it€  tanta  icelle  Ville  (  après  auoir vna- 
dis  /^^^-nimément  ,  &:  d'vn  cœur  généreux 
hiuns  tous  là  buté^que  pluiloft  il  leurcon- 
d'OrU'  uenoit  mourir  glorieufemêc  poar  la 
^ris.      tuition  deleuî  douce  patrie ,  que  no 
pas  encheoir  es  pattes  de  tels  barba- 
res, &cîuels  ennemis  )  leur  ccrifte- 
rente^ifâcelî  vaillamment ,  qu'ils 
furent  contraindsjbien  batuz,auec 
crr:\nde  honte ,  dL  veigongne ,  leuer 
kur'dege  ,  &:  prendre  loudaine ,  & 
Orlch  i^nominieufe  guérite  en  leurs  pa\  s. 

ne    fut  ^^^\        î  1    /- 

e>7ccm'  D  E  manière  que  cefte  noble  Cite 
fcovf^'^eFcançoîfe  d'Orléans  ,  ne  fut  onc- 
foïce.    ques(gracesaDieu)  commeaulfine 


fera  elle  (  s'il  lay  plàirOemportéef^e 
force,  paraucu  ennemy  cie  l'iliiiûre 
courone<ie  France^(!k  iafques  a  huy 
eftdemouré^  Viert;e. 
XIÏII. 

Ont  aufîi  leans  eftc  teniiz  cinq  (^oTiciU 
Conciles  pour  lafoy  Chreftiéne,  ôc^^^'H'^ 
Catholique.  Orlus. 

XV. 

D  ON  xlepremier  furda  tépsdu  ï» 
Roy  Clouis  ,  en  Tan  ju  (  Etcefluy 
fut  le  premier  Concile  refmoing 
Nicole  Gilles  en  la  vie  de  Clouis)aC 
séblé,ôctenu  poi-rrEglife  Gallicane 
XVI. 

L  E  fécond  enuiron  le  temps  de    j  t 
VigiliusPape. 

'    XVII. 

Le  tiers  du  règne  de  Chi'deberc  m 
Roy  des  Français. 

'    X  vy  i  /. 

LEqiiart,enuii61e  temps  duPapejTTT^ 
Pelagius  i.  du  nom,ponr  lors  régnât 
en  f  rance  Ghildcric  (^coà.  du  nom. 

XIX, 
•    E  T  le  cinquicilne,&  dernier  en-    y. 
uircn  le  temps  dudidPeîagius. 
XX- 
A  r  R  £  s  le  trefpas  dtufufdid  Royj^oj^^/^J 


me        Clouis  qui  fac  eni'an  cinq  cesqa^ï- 

aO'de  tQize  jCommencacede  Ville û  Or- 

ans  <sr  leansàeftte  chef,  &(îege Royal  cti 

fts        la  perfonnes  de  Clodormres  ,  Tvii  des 

R^oys,    quatre  fils  delaiffez  dudit  Clouis,eii 

vne  partie  du  Royaume  lors  diuifé 

I.      en  quatre  ,  félon  le  nombie  defdits 

quatre  en  fans- 

XXI. 

E  T  Clodomires  eftantallé  de  vie 

à  trefpas  ,  enfemble  Tes  trois  enfans 

ayant  de  près  fuiuy  à  la  fofTe  leurpe- 

rc  ->  eCcheut  le'Royaume  d'Orléans 

*  ^*     à  Clotdire  Ton  frere,Roy  de  SoilTons: 

comme  auflî  pais  après  la  totalitc  du 

Royaume  de  France  5  par  ce  que  Tes 

autres  frères  moururent  lâns  hoirs 

XXIÏ. 

Or   Clotaire  ,  monarque  des 

Gaules  comme  deîTuSjdecede,  en 

Tan  cinq  cens  foixante  quatre  >  & 

lailTe  pour  héritiers  quatre  enfans 

W\,   mail.^s.    Sçauoircft,  Aribert,Chil- 

peric,  Centran  ,  &  Sigifbertjlefquels 

partirent  entre  eux.ainiî  que  aupa- 

ranantauroîtefté  faits ,  le  Royaume 

de  France  en  quatre  puties,  &par 

tel  partage   efcheut  le  Royaume 

d^Orleans  à  Contran* 

SucceP- 


d'Orléans. 
XXIlï.' 

SvccESsiVEMENT  à  ChUdehcYt  II lî, 
fon  iiepueu  qu'il  auot  adopté  pour 
fils. 

xxiiii.  ^      r, 

Fi^NALEMENT  à  Theodonc  Vvn 
des  deux  cnfans  dudic  Childebcrc. 


XX  V.  or/.^. 


E  T  quelque  temps  après  corn-  jr)/,cAc 
mençc^  ledictRoyaumed'Orleans.à  ç^^pp^^ 
demourerpar  continuelle fuccedîo  ^^//^'^ 
deteps,en  Duché,tikre,&:appana-  2.  fils  de 
ge  d'vn  fécond  fils  de  France,  ^ranc^, 

T  o  V  T  E  s  F  G  I  s  en  l*àn  mil  cinq    rj^^^^ 
cens (oixante-fix,au  mois  de lauier,  jQ^/g, 
leTrc5  Chreftien  Roy  Charles  viii.  .^.^-^ 
a  prêtent  heureulement  régnant,  n/^  ^, 
ladioignit  a  la  courone ,  6c  rut  lots   -       / 

donné  a  Monfieur  le  ^^"^^^^^^^^^Vv^nce. 
le  duché  d'Anjou,  &  à  Monteur  le 
Ducd'Aniou  ,1e  Duché  d'Allenço. 

XXV  IL  '       %^oy 

O  V  T  R  E  fe  trouue  que  Lovs  De-  bmpe- 
bonnaire  ,  fut  couronné  Roy  de  reur^& 
Frâce^ôc  Empereur,  en  cefte  illuftre  K^yne 
Ville  d'Orléans,  parle  (àinéè Père  ^facréeù* 
i^cceiîcnrdefaind;  Pierre, Eftienne  mariée 
qua:riefiîie  du  nom,  dedans rEglife  à  Orier- 


fainct  Sanfon. 

XXXVI  M. 

Gomme  aufîi  le  Roy  LoysVI. 
du  nom  ,  dit  le  Gros  ,  fut  en  ccfte 
mefiiie  Cité  facrétSc Couronné  Roy 
de  Pran:e  5  Tan  de  grâce  mil  cent 
hui<fl  parrArcheuefque  de  Sens. 
XXIX. 
Et  depuis  en  l'an  mil  cent  cin-' 
quante  quatre ,  y  fu  Couronné  par 
Hugues  Archeuerque  duditSéSjCo- 
-{lâce^filled' AiphosR.oy  d'Efpagne ., 
qu'efpoufa  en  ces  mefmes  temps  & 
Vii'e  5  le  Roy  Loys  V  lJ.de  ce  jaom 
furnommé  le  Piteux,  &  par  aucune 
nommé  le /eu  ne  ,  fils  duditle  Gros, 
.  XXX. 

Vmucr.    Y  à  là  auffi  yniuerfué  fameufeés 
-^^Jf        droid >  Canon ,  &  Ciuil  .^tigee  dés  ' 
.        '  Tan  mil  trois  cens  &  douze,  parle 
Isarjs.    p^^yphiUippesquattiefme,  did  le 
.BeUaquelle  iufquesàhuy  à  eftéiouf 
'  iours  entretenue,  par  grads  perfon- 
nàges  en  tout  fçauoir ,  &:  érudition^ 
pourlefquelsouyryviennétdeiour 
a  itutre  cfcoiiers  de  toutes  nations. 

xxxr. 

C  o  MM EaufTi grands  Seigneurs, 
5c-Enfans  de  bonnes  maifons  ,.taiic 


Alletnansqueaucr^S'.ournelIement 
y  abordent  ,pour  apprendre  la  lan- 
gue Françoife  :  d'aulcanc  qu*en  ce 
île  u, la  pureté  d'icelle  y  reluiftôcyeil 
ooletaet  entre  les  autres  villes  de 
France  ,a!n(îque  iadislabeauté,& 
grâce  delaGrecque,fl:oiilîoit ,  &  fe 
prefentoit  pour  les  autres  Citez  deia 
Grèce  en  fa  Ville  d'Athènes,  ôcàpre 
fent  pourTltahcque ,  laTorcânej& 
pour  la  Germanicque  Mifnia. 

XXX  II.  ,r2-> 

Premièrement  ne  vient  à  ^^^"*^^ 
QinettP€,que  le  faind  Père,  Clemêt  "^J-^  *v^' 
cinqaiefme  Pape  de  ce  nom ,  àefté  ^^^^^'^'' 
auditeur  encefte  Vniuerfîcc,  y  fut  ^^* 
dodeur,  &  depuis  Eaefque. 
XXXIII. 
E  T  ruismemoiatifauoirveu  :  & 
îeu,vne  Balle  de  luy  donnée  aLyo 
en  Tan  mil  trois  censfoixanteTepc, 
par  laquelle  ildefendoitàroutesper- 
îbnnesdeladite  Vniuerfité./ar  peine 
d'excommunicationde  exiger  aucu- 
ne chofe  des  elcholiers  y  cnuoyez 
pour  eftudier, pour leurbien-venue 
que  aucuns  appellent  (  indifcrete- 
mét toutes  fois, 3c  fans  aucuaepro- 
bable  raifon  )  Bfc-  t^nne. 


xxxini 

M  AislaifTantce  mot  farouche  , 
efcoutolis  ie  vous  prie  de  grâce ,  Ta- 
drelfe  de  ladi6le  Ville  , couchée  en 
termes  Latins  fort  bons  j  &  exquis  ^ 
&:y  remarquons  îe  nom  de  la  Ville 
à'Oâe2iïis^ôi.  louange  de  faditeVai* 
veifité. 

35  ^ii  fiofirum{Çont\es  mots  dufaint 
«^Pcre  )  florens^^ruBiferum  yntuer^ 
ftatis  AHYelianenfis  ^inter  c/eteracitra 
^^montduaftudia ,  ft  pritis  xnttijuinius , 

^^tis  ftucttu  yCHt^  taji44m  hortû  delttia^ 
^3 ru^àtempo te  Aurehi glomftjf,  imper» 
^  /nirificè plant itte  ^€t  per  Vt(iil*nfci' 
^/«  tifice  ddattBo ,  im4  a  or  a  Itijîmt^fcl» 
mtiaïum  Dominus  beneeiixit^ 
C£ST  ADIRE. 
5,  AnoftreflortflTantc ,  &  fru^tueufc 
o^  vniueriîté d'OrleansJa  première, 
sjla  plus  ancienne  ,ôc  Noble  ,tât  en, 
^jfaculté  de  droid  ciuii ,  que  canon  ^ 
jjde  celles  qui  font  déciles  monts, 
5,laquelle  comme  iardin  de  plaifan- 
5,  ce  fouuerain  Seigneur ,  inuen- 
5,  teur  des  fciences,à  benifte ,  ayant 
5,  efté  merueilleufement  bien  plan- 
j^tec  par  ce  braue  Empereur  AJhïeliu^ 


d'Orléans 
^ySc  depuis  par  Vigilius  accreuë ,  Se 
3,eiicichie  de  le ien ces. 
XXXAT. 

En  cemefme  rempçi5ii-  &  v^t'^^^^'^ 
le  fuMitRoy  Philippes  le  Bal  ,le  Ph-  ^^  Pa- 
lais de  Paris  j.faftbaîly ,  ahii  qae  de  *'^^^ 
îadid^efcole  d'Orléans,  fortillent 
hommes  fuffî  fan  s  ,  ôv'rdoâ:"?  pour 
rendre  lufticeau^ic  Palais   Comme 
iadis  1  e  Tem pie  de  Venu,  &  d'Hon- 
neur baily  à  Rome  par  Marcellas, 
B  auoit  pour  tout  que  vue  entrée,  a 
fçauoirla  pprce  de  vertu  poLU"  parue - 
nirà  Hom:ieur. 

XXXVI.         '  £.,,, 

Finalement  de  ce  temns  y}-g,j.,r  x 
oiT^teftérenuslesrrois  EftacsdeFrâ-  q;./p-, 
ce/oubs  r  AuguTre  reglie  de  Char  le;    ^  ^ 
ÏX.    Roy  très  Chreiben  ,  &  iHec"*''  ' 
par  luy  faites  plaheurs  Saindtes  Or- 
don  nances, tant  poufrEft-^iEcoîe* 
fî,artiques,rurtsce ,  Nobleffe,  Tailles 
-AydesJmpofitions^S:  flibGdes.que- 
flir  la  MarchauJife^  lefqu elles  nous 
suons  auiourd'hay  entre  nos  mains 
XXXVH- 

D  iiv  vueiJle  icelle  ville  par  G  Ste  Conrli^ 
grace^toufiours -;arder,f-aT.eBor!r,& ^o;j, 
prof&erer  .eiî  ?aix  é^falàîk.  Ams>K 

Vl   7 


ADVERTÏSSEMENT  AV 
le<5tcnr  touchiint  la  Proceffion 
annuelle  d'Orléans  pour  la  d&- 
liurance  de  la  Ville. 


ApluspâTt'^es  ha-^ 
mains  (c  founieii- 
nentpluftoftd'auoir- 
recours  à  Taydede 
Dieu  ,  en  temps 
(d  aduerilfté,  que  durant  i'aifequiles 
chat'^uille  en  profperité  ;  comme  il 
fe  pourroit  efclaircir  par  diuers  exe- 
ples tirez  des  bonnes  hiftoires,  fans 
que  le  lecteur  y  foitamufé  plu«5  long 
îemps  jfinon  quecelàTepradique 
€vrdinaiiementésperronnesraine& 
malades  :  qui  félon  leur  difpofition 
corporelle  ,  ou  afKfdion  ôc  paf- 
fions  d'efprit  5  foit  de  ioye  ou  de 
îriftelfé  ^  font  apparoir  dé  telle 
mémoire  ou  non challan ce.  Mais 
i'Eclife  Catholique ,  plantureufc  de 
bons  &  vrais  Chreftiens,  fe  com- 
porte fain  de  ment  en  rvne&  Tautrc 
îàifon  3  (3cdepaix  ou  de  guerre: comç 


entre  autres  Eglife  de  ce  Royaume, 
celle  d'Odeans  célèbre  par  chacun 
ân,àla  mémoire  de  la  deliurâce  que 
Dieu  luy  enuoyadiuinemenc  du  rè- 
gne iu  Roy  Charles  feptiéme ,  lors 
qu/;  le  fiei^e des  Anglois,  anciens  & 
•comme  héréditaires  ennemis  de  la 
couronne  de  France  jfut  leué  de  de- 
uant  la  ville  d'Orleas,  par  le  fecours 
d'aucuns  de  la  Nobleflfe  Françoyfe , 
condu'dts  parlE  an  ne  D'arc  , 
natifuedeVaucouleuren  BardcLor 
rrinc,appellce  vuIgairemêcLApy* 
CELLE  d'Orl  e  ANSyOUelleme- 
lita  par  après  vue  ftatue ,  en  fouue- 
nanceperpeUTeHe  d'vnfigiâd&ne- 
ceiftire  bien-f  licl.Qrd  fut  le  fepné* 
me  iour  de  May  ,  l'an  mil  quatre  ces 
vingt  Se  neuf:  &c  le  lendemain  h  ui- 
â:iémedudit  mois  ,  toute  la  Ville. fe 
fentanc  du  tout  de!iurée,en  feit  vue 
proce(îiongeneralle,rêdant  grâces 
à  Dieu  .auquel  les habitans conti- 
nuent dadreiTerain  (îles  prières  par 
femblable  procefîîo  annuelleamef- 
me  ioui  hui6tLéme  de  May  ,  ou  affi-- 
if  ent  en  bel  ordre  par  vraye  deuotio 
leseflats  de  la  Ville, compofez du 
Gier^é  ou  gens  d'^f^Jife ,  de  la  No-= 
hlelîe.  Maire  de  Efcheiuns>  delala^ 


ftlce^ô^  du  peuple  en  .tref-grad  no- 
bre  :  &  à  l'ylliae  d'icellc  procefÏÏon ,. 
les  canons  ,.  comme  à  l'enuy  des 
cantique  &  orgues,  monftrent  fî-- 
gne  d'alegrelTe  ,  parleurs  canonna- 
des tirée  dedtirus  la  fortere(T*e  de. 
la  Ville-  Ce  qu'en  d'autres  Villes  fe 
faidbaufîîpoLir  prefqae  iemblables 
êi::  diuerfes  occallons,  mefmcsejÇL 
partie  dans  la  Capitale  de  ce  Roy^- 
aume  :  tant  poui  hs  deliurances  des 
premiers  D^nois'&Normans,  An- 
glois  8c  autres  nations ,  que  pour  la 
réduction  d'aucunes  d'acelUs  Vil- 
les. Du  temps  Je  nos  premiers  trou- 
bles ,  lors  que  quelques  foldats  in- 
folens6c  infenfez  fe  ruèrent  de  ra- 
ge fur  la  ftattië- honorable  de  celle 
chafte  Amazone. leanne  la  Pucell?, 
qu'ils  abbatirent  de  delllis  Ton  pilier 
cfleué  fur  Loyreà  Orleans,&  la  bri- 
ferént  furicufemêt.  Mais  cela  fcroit 
ciloner  plus  fort  les  cesurs  des  natib- 
rels  François ,  Ci  ccfte  mutine  fureur 
n*euft aweuglérinfolence  foldadefl 
que  à  fe  prendre  impuniment  auxie 
p.ulchres  inuiolables  des  Roys  Se 
Piinces  trelpadez,  voire  às'acheriîer  . 
fur  les  Pères  6c  Mères  ,  Frères  &; 
fours,  &£iu:eiis,(âiis  refpe  ^d'aucua^. 


fang  ny  fexe.  La  deliurance  d*vn  tel 
malencoiitire  merittroit  bien  d'eftre 
folemnifee ,  non  feulement  vn  iour 
d'an  ,ains  tous  les  iours  &  fans  ceite 
&  parles  autheurs  mefrnes  de  tels 
maux  ailoupiz^jgracesaDieu,  lequel 
v-uulic  nous  donner  fa  Saincle  paix. 


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