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Library
of the
University of Toronto
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in 2009 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/lhistoirenature00belo
4
L’hiftoire naturelle des
ES TRANGES. POISSONS
MARINS,
AVEC LA VRAIE PEINCTVRE
& defcription du Daulpbin,& de
pluficurs autres de fon efpece,
Obferuse par Pierre Belon du Mans.
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év Of tidia lévuory Ÿ GAAG 7h eu uyies
AVEC PRIVILEGE.
À PARIS
De l'imprimerie de Regnaud Chaudiere,
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EIS TON AIAESIMOTATON KAI
enAæurpolerer aveiov Kaeduv&Auv roy &rro roÿ
KacriAMovælov ITerpou Bi ov tou PUAMT po.
A&XvU0 ooù Bepærronros dr P TATE CUUATIT PKR,
££ lys ous, Tours lo mwunrid uv.
TUTlov Se reacla lu CpxAV, ES dE RwTe
GoÙ y iTinouçgouy Tos, mafor tousoutêt.
avlos VÉP PiAQUoOUIE TEAM Euoc tomiduiwrne,
TD, HS Teosmaugs du dev Rveu TLALTR.
A D DOMINVM ODDONEM CALI-
guium CaffellioneumCardinalem, Claudi; Calderij
typographi bexaftichon.
Si Volucrum natura placet,iucundaque fcitu ef?
Quadrupedimque omnes le£tio doËta iuuat:
Qui natale Jolum dorfo premit æquora Delpbin,
Quique freto Yarius mergitur Lonio,
Non erit extorris:{ed [ub te numine dexter
Proderit,Ë "Volucres quadrupedefque tere.
z
Amonfeigneur môfieurleReucrendif:
SIME CARDINAL DE CHAS:
TILLON, LIBERAL
Mecenas des hommes fludieus,
entiere profperité.
Es He ONSEIGNEVR ,Metrouuant en ce
Bi) es loifir,duquel ie fuis a prefent par voftre bexi-
à LA] gnité ioui[fant, apres auoir defcript en notre
Dr)
| 2 langue, les chofes memorables, & les richelTes
&à de la terre de pluficurs pays eftranges ou ‘ay
— eff, & la fertilité de diuerfesmers,dont vous
auez veu plufieurs pourtrait Es, Er defquels il Vous a pleu me ouir
parler: & |achant bien que”Vous n'auez plus grand plaifir, que d'en
ployerle temps couenable, a entendre les chofes qui font extraiftes
de l'intime copnoiffance des bifhoires naturelles: & que donnez Voz
luntiers quelques beures du iour apres les repas, a deuifer € ouir
des propos d'erudition qui ne trauaillent point l'efprit: Apres que
i ay comfideré,que Vous cfliez fouuerain admirateur des chof:s prin
Jes de l'antiquité:& que les Princes de ce temps la,ont eftez fi cu-
rieus de faire retirer les vraies effrgies des chofes qu'ils auoient
propofe faire engrauer en leurs medalles,qu'ils n'ont iamais permis
qu'on y ait fein£ ne faulfe pein£ture,ains [e (ont efforcez de res
couurer les plus excelléts ouuriers quils pouuoient trouuer, & au IE
quils n'efpargnoient rien a enuoier gents exprez en diuerfes parties
du monde,pour chercher les chofes dont ils vouloient auoir le pors
traict contrefaict au vif: Et que fay cogneu que les effigies des
Daulpbins qui font maintenant grauces en toutes les efpeces des
momnoies modernes,n'ont non plus d'affinité auec le naturel, que
de commun auec celles,qu'on'Yoit srauces es flatues ou es mônoies
Aa antiques.
antiques. Le me fuis mis en debuoir,de vous rendre les ‘vraies pein-
Etures des Daulpbins,retirees tant du naturel que de l'antique auf
quellesie n'ay rien adiouJté d'artifice,ne diminué,non plus qu'on y
a trouue: afin de les "vous prefenter mais non fans Vous en faire
demonftration:car ay auffi efcript toute l'hifloire qui appartient
ala nature du Daulpbin,ou ÿay pareillement adioufle plufieurs
autres figures des animauls qui font de fon efpecc: a fin que Vous
aiät fpecifié chafque chofe par le menu, aye lieu de pouuoir mieuls
prouuer que ie me me Juis pas trompe par erreur,en prenät ln pour
l'autre. Laquelle bifhoire il m'a femblé bon mettre en noffre langue,
defirant que foubs voftre authorite,a laquelle ie l'ay dédie, plus de
perfonues en euffent plaifir. Vous Juppliant Monfcigneur,larece-
uoir de mefme vifage,qu'il vous a pleu receuoir l'autheur d'icelle,
quand il f'ef} prefente a vous.
. Preface.
== 0 M BIEN queentrelesautheurs
AAÉPAÏ Grecs, Ariftote, Porphyre, & Elian
ATEN) aient efcript plufieurs liures de la na-
Css ture des animauls:Oppian,des poif:
». 7/1 fons: Nicander, des ferpents: & que
me Pline entreles Latins.les ait indiffe-
femment quafi touts recueillis ca,& la, tant des def:
fus diéts , que de plufieurs autres autheurs, qui les
auoient obferuez par l6g vfage: Toutes fois ie n'ay
laiffé d'en elirele feul Daulphin entre touts ceuls
dont jay eu la cognoiflance ,en les cherchant
fur Les lieux de leur naïifflance,duquel ay mis la def
cription & peinéture a part: & y ay adioufte ce
qu'il m'a femblé neceflaire a l'explication de toute
l'hiftoire de fa nature: veu mefmement qu'il n'y a
jamais eu loy,tant fuft rigoreufe,qui deffendift qu'6
ne peuft bié adioufter vne chofe raifônable, a ce qui
auroit efte defia inuenté. Et cognoiflant qu'il n'eft
animal plus vulgaire, ne plus commun en la me-
moire des hommes,qu'eft le Daulphin: & que tou:
tesfois il ne f'efttrouué homme qui le cognoifle:ïay
entrepris d'en bailler les viues images, & de faire
qu'il foit cogneu de touts. Laquelle chofe ie pretés
faire par Les vrais portraicts, & par les obferuations
que jen ay faiétes: non pas feulement de luy, mais
aufli de plufieurs efpeces de fon'genre,routs lefquels
lay amplement defcripts en deus liures, dont ie
A3. propofe
propofe que Le premier monftrera toutes les parties
tant de fa peinéture exterieure,que de toutes les au-
tres de fon genre.En apres le fecond fera veoirtou-
tes autres chofes,qui concernent les partiesinterieus
res, par leurs anatomies,& peitures d'icelles. Oultre
plusa fin que aiant confuté lesmonftres qu'on a:
uoit autre fois imaginé pour les peintures
des Daulphins, en noz monnoies,ie
_ puifle môftrer queles portraicts
qui en ont efte faicts,foiét toz
talement fauls:& aiant lieu
de pouuoir prouuer que
lay mislavraye pein&uz
re des Daulphis a la clar
té des hômes,vn chafz
chun fe perfuade de
les auoir a la verité.
| 4
Le premier liure de l'hiftoirénarurelle
DES ESTRANGESPOISSONS
marins, auec la vraie peinture & toute la
defcription des parties exterieures du
Daulphin,& plufieurs autres de {6
efpece,
Obferuce par Pierre Belon du Mans.
Chapitre premier.
7-4) AINTENANT queiaytrouuéiufte
A! occafio de parler du Daulphin,& des autres
#1 poiflôs de16 elpece:fachac bié qu'il foit vn
= 1, poiflon qui tient le fceptre en la mer,&qu'6
5 luy ait donné le fecond lieu esarmoiries en
pe a Érance:& aufli qu'il{oiten dignité, le pre-
ss nier apres les fleurs de ls: ie me fuis mis
en deliberation de defcrire amplement toute l’hiftoire qui luy
Conuient, fuiuant Vne particuliereobferuation detoutes fes pare
tJes,tant exterieures que interieures: defcriuant fidellement tou-
tes chofes qui doibuent eftre librement defcriptes, fans y adiou-
fter ne diminuer chole que Nature ne luy ait dôné, laquelle nous
cognoïilons fi benigne 2 tout ce qu’elle produict qu elle n'oublie
iamais de bailler le douaire aux chofes tel qu éile voit iuftement
appartenir a ce qu elle ha engendré. Mais comme pour Le iour-
d hui 1e voy que lesautheurs modernes qui {e mettent à defcri.
re a nature des animauls ou des plates qu'ils ne cognciflent pas,
me lemblent eftre femblables aux chantres devicilles chanfons,
qui ne chantent que par vfage,fans auoir la fcience de m ufique:
Tout ainfi ie n’ay propolé de m'amufer aucunement à leurs ra.
mas,ne aufli aus fables quien ont efté faictes . Cariem’en rapor-
téray a Ce que les principauls autheurs anciens en ont efcri pt,
defquels il me fufira prendre l'aurhoritéen preuue de ce quel
"elcriray:veu mefmement qu'ils ont eu fi grand foing en mettat
les chofes par efcript,qu'ils n'ont rien laifié en arriere, tellement
que ce quelon en diét apres euls, & princi palement Ariftote,
touchant
PRBMTER LIVRE
touchant ce quiappartient a la principale defcriptio de l'hiftoire
ne foit que vne repetition diéte plufieurs fois. Aufliquine les
enfuit de bien pres, n’ha pas grand chofe a dire qui foit nouuelle.
Voila donc comment les modernesqui ont cheminé par les pas
des antiques, qui fe font mis atraiéter dela nature desanimauls
qu'ils n’ont pas veu, n'en peuuent dire finon ce qu'ils en ont
trouué es liures des autres Dont plufieurs pour le iourd’huy ont
faict des ramas de toutes chofes mal a propos, en prenant indif-
feremment des autheurs,tât de ceuls quien ont menti, comme
des autres qui en ont efcript a la verité.Et commeil eft a prefup-
pofer que touts n'aient pas entendu la verité de la chole qu'ils
ont efcripte,auf{i files modernes quiont marché par leurs pas,
ne l'ontentendue,il leur auroit efté impoflible de fcauoir diftin-
gucerles marques mal efcriptes, de celles qui enonteftédictes
a la verité. Ie n’ay donc pas failli en difant que tout ce qu'ils en
efcriuent, n’eft que rediéte, qui n'ha rien dafleurance ferme &c
ftable.Et pour en monftrer vne pour exemple, ie prendray le
Daulphin,& les autres poiflons de fon efpéce. Il n'ya cellui de
ceuls qui efcriuent de {a nature,qui ne mette qu'il ait vn aguillé
deflus fon dos:& toutesfois ie maintiens quil n'en ha point. Dot
vient l'erreur qui ha trompé tant de gents, finon qu'il n’yaeu
encor perfonne qui fe foit mis en debuoir de l'obferuer? Voila
donc comment l'yn enfuit l’autre en toutes notes.Mais ie efpere
fpecifier cefte chofe plus au l6g,quäd en parleray en fon propre
chap-prefuppofät qu’vn chafcu face du mieuls qu'il luy foit pof-
fible,& aufli que l'excufe foit par tout tolerable: veu mefmemét
que touts hômes fe mertét en debuoir de faire du mieuls qu'ils
peuuét.Parquoy fachät que l’aage renouuelle tout, & auffi que
no°voié squafi toutes choles fe chäger de iour en iour,i ay efcript
va difcours particulier touchant ceci, qui au parauant naefté
efcript de perfonne. Et ce que ie pretensfaire, n'eft autre chofe,
finon que ie vueil enfeigner la vraie perfpeétiue du Daulphin,&
aufli en bailler la peinéture, laiflant toutes prolixitez inutiles,
mais au furplus n'oubliant rien de quoy ie me foye peu fouuenir
des notes qui luy conuiénent fingulierement:a fin que ayät mis
& expofé toutes les parties exterieures & interieures, felon que
ie les ay obferuees en diuerfes contrees du monde, vn chafcun
| sepuie
DES POISSONS MARINS s
fe puiffe perfuader,que ie n’ayerien efcript,chofe que moy mel.
menel'aye veue. |
Combien que Le Daulphin ne foit pas cognes des Fratscois pour tel ton.
te/foisils l'ont en commun vage,mais 1l nef} pas nommé par fon nom
| propre. Chapitre IL
R pour ne m'efloigner d'auätage de mon entreprile,qui eft
queie puifle môftrer qu'il ne foit poit veu de poiff6 plus cô-
mun par les poiflonneries qu'eft leDaulphin:iedi toutefois,pour
cequil n'a pas retenu {on antique appellation,que l'on netrouue
perlonne qui lepuifle bien cognoiftre. Mais comme le fort per.
met les chofes,les Francois en n’y penfant point, & ne fachants
pointque c eft luy;,l ont conftitué ea fi grand honneur,qu'ils luy
ontbailléle titre du Roy des poiffons, tant dela mer, que des
lacs & riuieres.Oultre plus 1ls l'ont tant eftimé,qu'ils ont mis le
fecond apres les fleurs de ils, tellement qu'ils l'ont portraict en
toutes les efpeces des monnoyes d'or, d'argent, & de cuyure, &
peinctures d'armoiries,d eftandards,& banieres.
Que le Danlpbin Joit Jounerain es repas des Francois es iours maigres:
mais ils ne penfent pas que Joit [uy, d'autant qu'il a vfurpé le nom
d’vn autre. Chapitre 111.
’Auâtageils ont voulu qu'ilretint aufli la reputation du pre-
mier heu entre to? autres poiflos qu1{6t apportez dela mer.
Car apportez aa poifonnerie, toutsont confenti qu'ils foient
{eulement dediez pour eftre preïentez au repas des plusriches,
ou bien a ceuls qui ont le moyen de faire vn peu plus grande def
penfe:car les delicats qui ont le palais plusfriand, l'ont eftimé ef
tre le plus delicieus qu'on puifle trouuer en la mer. Mais les Frä-
cois ignorants leurs richefles, & ne cognoiflants pas que c'eft
luy,ne le {cauent exprimer, finon quepar vn mot qu'ils ont em-
prunte d'eftrange pais,lequel ie declareray tantoft.Mais combié
qu’il ne foit appellé Daulphin, il ne laifle pas pourtant d'obtenir
le premier lieu en toutes fortes. Et pour parler de ceuls es mains
delquels iltombe pour la premiere fois,encore qu'ils foient des
plus ruftiques de tout le riuage de l'Oceä, pour cela il ne demeu-
rera pas pour euls:& encore qu'ils ayent couftume d'’eftre nour-
ris des poiffons prins en leur contree,ce neantmoinsils nele m4-
geront pas, fachants bien que telle viande ne conuient à leur na-
| B. ture:
PREMIER LIVRE
ture:Car pour y auoir plus grand gain, ils le feront porter aus vil-
les de terre ferme,le vouläts confacrer quafi come chofe vouee,
a ceuls qui ont plus d'argent en leurs bourfes pour en acheter. £t
encores qu'on en puifle bien recouurer, fcauoireft qu'il ne foit
tant rare de foymefme, toutesfois fon excellence le fait fembler
pretieus.& principalement {ils l'apportent aus iours maigres:
efquels iours on nefaiét feftins ne nopces, qu’on puifle vanter
auoir efté fumptueus,fion n'y amangé du Daulphin: non pas
que les Francoys le cognoifient & le nomment de telle diétio de
Daulphin,mais comme 1'ay defia dict, touts l'appellent d’yne
voix eftrange qui n’eft pas Fräcoyle,mais empruntee des eftran-
giers. Voyla donc commele Daulphin refte en toutes qualitez
en fonentiér,excepté qu'on [uy a mué fon nom. Car comme ie
diray ci apres faifant diftinction de fon gére par les efpeces, il eft
impropremét nômé enFräcoys.Vray eft que ceuls qui le nômét
plus propremét que les autres, l'appellent vne Oye.Mais pour ce
ce que nom n'eit afles entendu, i'en parleray par apres generale-
ment & plusamplement,
Quil ny ait que les hommes de [a religion Latine qui mägent du Danfphin,&
que Les nations du pais du lenant ets mangent aucunement C bapitre LIL,
APRES j'ay dict que le Daulphin foit fingulier es delices de
noftre natio,ie n'ay;voulu pañler oultre,fäs y adioufter ceque
jen aytrouué es autres pais:qui {era bien propos contraire tou-
chant ce poinét.Car commeil foit delicat entre les Francoys, &
qu'iltiennelepremier lieu entreles poifons, les eftrangiers ne
pourrot lire cefte claufule fans f'en emerueiller,veu mefmemeét
que toutes les nations du leuant eftiment vne chofe cruelle, &
a euls abominable, d'outrager vn Daulphin, & par confequent
ils l’abftiennent du tout den manger. Etcommenceray par les
Grecs,de{quels la fuperftition eft accreueentre euls plusgrande
qu'elle ne fut iamais,& principalement touchätleboire & le ma
ger.Car encore pour le iourd’hui, ils f’abftiennent entierement
tout le temps de leurs quarefmes de manger poiflon qui aît fäg
auffi ne vouldroyent soufter de la chair du Daulphin, quandils
debueroiïent mourir de faim. Et quand on leur en demande la
raifon, ils ne fcauent alleguer finon qu'ils tiennent cela par
vlage, fuiuant les fables dont ie parleray cy apres. Eta fe
UIS
“d'idée éd
DES POISSONS MARINS. 6
aduis,fuiuant ce que nous en trouuons par efcript,ie croy que les
anciens Grecs ne lesayent iamais pourchafiez en la mer,pour les
manger. Plufieurs des anciens autheurs,aufli Epimenides &Eh,
ontelcriptqueles Grecs les tenoyent facrez,comme autlifurent
confacrez a Neptune.C'eft de la que touts les habitats du riuage
de la mer,a la cofte d’Afie,de quelquereligion qu'ils foyent,n en
inangent non plus que ceuls des riues de la mer lonique & Adri-
atique,ne aufii vne bonne partie de la mer Mediterranee, & pa-
reillement de la mer Pontique,;auec touts les autres qui {ont re-
ftez du parti des Grecs,& nations qui n'obeiflent pasal egliieRo
maine,comme Sercafles,Efclauons, Vallacques,Dalmaes,Rnf-
fiens, Albanois,& principalement ceuls qui habitent aus riuages
des mers, tant du Pont Euxin,que de | Aariatique. Letquels tui-
uants la religionGreque penferoient auoir leur confcience gran-
. dement chargee, {ils auoyent tué vn Daulphin,car il ny a ceiluy
d'entre euls,qui ne fache raconter hiftoire d'Arion, comme fi
c'eftoit vne chofe qui fuft aduenue de noftretéps. Etpource que
en traffiquant 1l leur couientquafi toufiours eftre ur mer, 1ls
ont le commun parler tant antique toufiours en leurs memoi
res,de ceuls qui ont dict auoir experimenté quele Daulphin foit
mifericordieuls,& qu’il faille l'aimer, pource que le Daulphin
aime ceuls qui {ont tombez en la mer,de la meime amourcome
fi ceuls qui {ont tombez les auoient aimez auant qu'ilsy tom-
baflent. Pour cela ils ne permetront 1amais les laifer nayer, ains
les mettront {ur leur dos, & les conduiront iufques au riuage.
C'eft la raifon qui aindutét les Grecs de les auoir auciennement
nommez Philantropos de nom Grec;,quifiguifie ami de l'hom-
me:& {uiuant lefqueiles hiftoires,ils L’abftiennentde les ofrenier.
Plufieurs poetes & hiftoriens ont efcript beaucoup de fables des
Daulphins,defquelles ne pretens efcrire,finon en l'endroict qui
imeiera necefñaire a la prouue du propos que tiendray. Voyla
quant aus Grecs,& autres qui enfuruent leur reli glon.
Quetouts es Mabometifies,ne mangent point dy Danlphin,E
[a raifon pourquoy ils Le font. Chapitre V.
Dés: il ya plufieuts autres natiôs qui n’en mägent poit,
mais ils né Le fôt pas fans raif6.C'eft que toutes les natios qui
enfuiuent [a loy de Mahometh,commeles Turcs, Arabes, Eey-
B.2. puüuens,
PREMIER LIVRE ' :
ptiens, Perfes,Syriens,ont opinion que la chair du Daulphin leur
'oit deffendue,d’autant qu’elle reffemble a celle d'vn porceau.Et
quele porceau eftant detendu en leur loy, femblablement tienét
que telle chair du Daulphin leur foit defendue: aufli n'en man-
gent ils point.
Raifon porquoy [es Inifs f abfiennent de manger du Danfphin. Chapitre VI.
N cas pareil les Tuifs en quelque part dela terre qu'ils foient,
Éne mägent point le Daulphin,ne des autres poiflôs qui foyent
de fes efpeces.Car quand a eulsqui font obferuateurs des coman-
dements de Moylfe, il ne leur eft licite de manger poiflon qui ne
ayt des efcailles.Par ainfiils ne pourroient manger du Daulphin
{äs tranfgrefler leurs commandements: auflin'en mangentils
poit, car il n’ha point d'efcailles.
Premue par demonftration,que les Italiens not plus ceuls qui font
etsterre ferme,que ceuls qui ba ne mangent point dDanlpbiss,
bitent aus rinages. Cabpitre VIL.
"AY defia nommé beaucoup de nations , qui ne mangent
point du Daulphin,ne aufli des'autres quiluy {ont femblables,
defquelles nations ie n'ay rien efcript touchant leDaulphin,que
tnoymefme ne l'aye entendu en eftant en leur pais, & aufli
cogneu par experiencc.Mais pour ne parler de fi loing,ie puis di-
re {emblablement,qu'il y a plufieurs gents en Italie,qui n'en veu
lentpoint manger. l’ay diét raifon vray femblable pourquoy
toutes les autres nations n’en mangentpoint: maisa cefte ciie
n’en ay point,ny ne fcay pourquoy ilsle font, finon que pour e-
xemple,iay efté long temps couftumier de defcendre par eaue
dePadoue,me partant touts les iœudis au foir, & felon lacou-
ftume du pais,& m’eftant embarqué deflus la Brête,allant toute
nuiét le bateau fe trouuoit a Venife le vendredi matin, ou ie de-
mouroie tout le iour,obleruant les poiflons qu'on auoit apportez
de touts coftez au marché:aufi y aïant efté refidét les quarefmes
entiers,ay fouuent demandé a touts les pefcheurs fils vendoiét
iamais du Daulphin,mais touts n'ont afleuré qu'ils n'auoïét fou
uenance que jamais ils euflent veu vn feul Daulphin apporté a
Venife,ne qu'on y en euft iamais védu. Et qu’il ne foit vray, mo.
fieur Daniel Barbar° l'vn des pl? doétes gétils homes deVenife,
maintenat
sidi DES POISSONS MARINS. éd
maintenât ambañladeur en Angleterre efleu d’Aquilee,qui a en-
_ tretenu a fes gaiges efpace de huict ans vn trefexpert peintre n6
mé mefler Phnio,le faifant leulement befongner la plus part du
temps aus peintures de toutes efpeces de poiflons, retirant tant
ceuls de la mer Adriatique,que de la Mediterranee, & des fleu-
ues & lacs de toute lialie: & lequelil a fi bien fait befongner,
qu'il ha le portrait contrefaict au naturel des viues images non
{eulement de ceuls qui ont eftés apportez au marché ou es poif
{oneries de Vemile:mais aufii des autres qui luy ont eftés finguli-
erement enuoiez des ports & plages d'Elclauonie:lefquelles pein
étures font beaucoup plus de trois céts de copte faict,&defquel-
les par fa bonte ledit mefle: Daniel Barbarus,m a oétroié taire
recirer au pinceau celles que i ay voulu choïfir: mais en toutes, il
n'y auoit point de peincture deDaulphin. Voila donccommeie
prouue par demonftration qu'on ne pelche point des Daulphins
en la mer Adriatique.Car filon y en pefchoit,il eft aufli a croire
que monfieur Daniel Barbarus,en euft eu Le portraiét en fes pein
étures.Ceuls de Naples m'ont affeuré le {emblable de leur ville,
& auflide Mifline,& de Genes, comme aufli ceuls de toutesles
autres grofles villes qui font fituees au riuage fur les ports des
mers du contour d’talie:commme aufliles autres quiiôt enteïre
” ferme, &mefmement aRomme.Car vu trefcauât medecin n6-
mé maiftre Gilbert,Flament & homme curieus derecouurer les
peinétures des animauls,m'aafleuré que en tout le temps &efpa
ce de dix ans,il ne veit onc apporter q'vn feul Daulphin a la poif
fonnerie:leq:elencor ne fut pas mangé : car il nefe trouua per-
fonne qui envoulut acheter, fin6 quelque peu d'efträgers:& qu'il
en acheta,pour auoir la grefle, & les oflements dela tefte, qu'il
garde en fon cabinet. Nous auons encore plufieurs autres beauls
exemples qui font de ce temps ci.Car les habitants de la ville de
Rimini en Îtalie,au riuage de la mer Adriatique, trouuerent vn
Daulphin n’a paslong temps,qni eftoit demouré a fec fans eaue
defius le {ablon, a vn quart de lieue de leur ville,lequel ils firent
charger dedens vn chariot tout en vie,& l'amenerent a Rimini,
ou ilvefquit trois iours. Et{il eft vray ce qu'ils m'enont dict,
ceuls quil'amenerent gaignerent vne grande {omme d'argent a
le moitrer.Car chafcü qui Le vouloit veoir,bailloir quelque piece .
| B.3. dar
EE ES SR SES 4 n nl rade mul: » |
PREMIER LIVRE
d’argent.La mefure qu'ils môftroient dela fongueur;eftoit pres
d'vne aulne & demie.& toutelfois iamais homme ne tafta de fa
chair.Car ils n'ont point d vfage d’en manger:finon qu'ils fe fer-
uirent de {a grefle.Et pour en laiffer memoire,ils purgerét les of-
fements de {a tefte, laquelle ils gardent encore auec fa queue pen
due au deflus de la porte de la ville,qui eft la pchaine du port.au-
quel lieu il y auoit l'efcaille d'vne tortue, dôtilsenont côtrefaict
van monftre, mettant la tefte deuant,& la queue derriere: & pour
autant que ie fei retirer le portraict des ofleméts de ladicte tete,
ie l'ay faict reprefenter en ce lieu auec la peinéture des Daulphis,
côime lon pourra veoir ci apres quad ie parleray des interieures
parties de [a refte du Daulphi.l’auoye tout ceci a dire en prouue
que lesTtaliens n'aient acouftumé de manger du Daulphin, de
laquelle chote il me {éble qu'il fuftit pour cefte heure,de ce que
ien ay dict. |
Que Les hommes des pais du Lenant penfent que foit plus grande
crhaulté d'offenfer vs Daalphin,que detuer vn homme:E qwils
l'ont engrande veneration. Chapitre VIII.
JAY voulu adioufter d’auantage,qu'il n’y a aucû des pefcheurs
Turcs, Grecz,Efclauons, Albanois, & autres gents qui fuiuent
la religio Greque,qui fe mette iamais en effort de faire mal a vn
Daulphin:mais ils ont de couftume,que quand aucü d’entre euls
ont pris vn Daulphin dedens les rets,ils prennent bon augure,&
encore que leDaulphin euft fait dommage aus retz,ils ont gräd
paour de luy faire mal:& leremettét en la mer, auec parolles de
{ainéteté,en difant des prieres,&eftimants que quand ils ne leur
feront violence, cela leur pourra profiter en autre temps.Car cel-
luy d'entre euls qui fe pourrra raifonnablement vanter qu'il ait
donné liberté par dix fois a vn Daulphin,péfera en acquerir grä-
de louange entre fes compaignons.Et a ce les meut vnecommu
ne raifon que i ay defia par ci deuant efcripte.C’eft qu'il n'y a cel
luy d'entre euls,qui n'ait opinion, quequand ils feroient en vne
extremite a la mercy de la mer,ou que leur nauire feroit froiffee
contre les rochiers,ou autrement brifee ou batue.entre les va-
gues des horribles tempeftes de la mer,ou bien qu'il fuft ieété en
l'eaue par la malice de {es compaignons,comme fut Arion, que
les Daulphinsqu'ilauroit autrefois deliurez de captiuité, en re-
| copéls
DES POISSONS MARINS, S
compenfe luy fauueroyent la vie.Et oultre ce que ray diét,enco
re dure vne autre opinion non feulement entre les Grecs,mais
aufli entre quelque partie des Italiens, & principalement entre
les mariniers Venitiens,que {il y auoit quelcü en leur nauire qui
euft tué yn Daulphin,& la nauire fe trouuoit fur la mer efbran.-
lee de la tépefte, touts les Daulphins qui feroient la au tour, vié.
droient faire perir leur nauire,pour fe véger de celluy qui auroit
commis vn,tel crime.Par cela ils craignent de leur faire mal, de
_ paour que cela ne leur aduienne.Car commeils voyent les Daul
phins accompaigner les nauires en la mer, principalement quäd
il faict grande fortune,tout ainfi le bruit eft qu'ils donneroient
- aydea vnchafcun a fe fauuer.Ce font les raifons pourquoy plu-
fieurs nations ne veullent point faire d'oultrage aus Daulohins,
& par confequent f’ab{tiennent de les manger.
Que grande partie des bommes de [a religion Latine, au contraire
des Grecs,Turcs,E Tuifs, font plus friäts de [a chair du Daulpfi
que de nul autre poiffon. Chapitre 1 X.
M Ais ceuls qui font de la religion Latine, moins fcrupuleus
que les fufdiéts,tant de ceuls qui habitent au riuage de l'O-
cean,que de bonne partie des autres qui font en la merMediter-
ranee,ne fontpoint couftumiers de faire telles difficultez: ains
comme i ay defia diét,ils l’appetent plus que nul qui foit entre
touts les autres poiflons.Et par cela il n’en y a point d'autre qui
vienne a fi hault pris par les poifionneries. Car en quelque temps
de l'annee qu'il foit apporté au marché, il hatoufiours fa valeur
en hault pris:car on n’a point faiét diftinétion du tépsen quoy
il eft en faifon.Et ce qui a fai qu'il ait retenu fa dignité eftant
cogneu,a efté le hault pris en quoy l'ont misles grands feigneurs
qui fe le fontreferuer , par ce poiné L:+5efle que eftantfi com-
muncommeileft,& n'eftant pas cogneu pour Daulphin, ray eu
dueil de Le veoir reueftu d'yn nom fi barbare. Et maintenant que
ay propofé luy rendre fon nom ancien, fachant bien que c’eft
haulte entreprile,que de vouloir deftruire vn nom ia long téps
vfurpé,a fin dene troubler l’elperit de ceuls qui pour le commen
+ Cement pourront trouuer que cela foit trop dur, ray cherché les
moyens pour le rendre plus facile a leur digeftion. Mais auant
que ie procede plus auant a fon hiftoire, il m’a femblé n’en dire
d'auanta.
PREMIER LIVRE
d’auantage,que ie n’ayepremierement expofé d'ouviét La caufe
qu'ilait mué ce nom deDaulphin,& q#'on l'ait furnommé d'vn
autre.Car quand au Daulphin,il refte toufiours en {on entier,&.
encore qu on n'ait continué a le nommer Daulphin, & qu'il ait
emprunté le nom d'vnautre,qu'on luy a ballé indecemment,
route{fois r'efpere en dire la raïon prelentement.
La cauje po#rquoy le Danlphin a pris vn nom barbare en
France. Chapitre X.
’Eft que quand les pefcheurs de noftre nati6 ont pris vn Daul
phin en leurs riuages en plaine mer, ignorants fon nom Fra-
cois,& ne le fachants exprimer par le nom ancien,ils luy en ont
baillé vn barbare,qu'ils auoient apprins des eftrangiers. Eclese.
ftrangers luy inuenterent vn nom comme ie diray.Car eftant li-
bre a toutes natiôs d'impofer Les nôs aux chofes qui leur eftoiét
vulgaires quand elles n en auoient point: ils les cherchoyent le
mieuls a propos qu'ils pouuoient inuenter , correlpondants a la
chole nommee:commeil eft aduenu a ce Daglphin.Car mefine-
ment quand'ils ont veu ce poiflon dontils auoient l'vfage, eftat
haché en pieces,eltre féblable à la chair d’vn porceau, 1ls uy ont
voulu bailler vne diction correfpondante a cela,a fin qu'il int le
nom de {a chofe à laquelle ifreflembloit,luy baiilant fon etymo-
logie de la mer & du porceau.Ce furent premierement les hom-
mes qui tiénent le langage du bas Alleman,& n’y a point de faul
te qu'ils n’ayent eu cefte appellation auant les Francois, comme
ie puis bien prouuer par le nom qu'il retient pour le iourd'huy:
& comme ainfi foit qu'ilne foit pas Francois,aufii eft ilemprun
té du bas Allemä. Car d'vne voix commune nous le nommons
du Marfouin. Mais Marfouin eft-ce langage Francois { Verita-
blement ie croy qu'il n’y a celluy qui ne fache bien que non. Et
pource que peu de gents fcauent qu'il foit Alleman,& qu'il figni
fie porceau de mer,ie l'ay voulu expofer ainfi, c'eft que mer ou
meer en leur lâguage, fignifie en Francois la mer: & cheuein ou
fauin fignifie vn porceau:tellement que quand lon côioinét ces
deus dictions enfemble,on prononce mer fouin: mais les Fran-
cois dient mar fouin,qui eft a dire porceaudemer.
| Que les Bretons Bretonants nommants le Daulphin, aient
enfniny vne mefime etymologie. Chapitre F I.
es
DES POISSONS MARINS 9
1e Bretons aufli,n'en exceptant non plus ceuls de L’armor
que les autres de L'arguet,ne ceuls qui font Bretons Breton-
nants,non plus que ceuls qui font {urnommez Bretons Gallots,
touts en leur language, & d'vne voix commune l'appellent du
Morhouch,& mefmement ils ontenuoyé cenom la iufquesen
quelques endroicts ou lon parle Francois,tellement que le Mar.
{ouin perd {on nom,& fe change en Morhouch des la ville d'An-
giers de Nantes,& autres villes voifines des Bretons,ou lon par-
le Francois:& le nomment du Morho,qui eft nom fignifiant ce
que ray diét en Alleman,correfpondant en Francois au porceau
de meÿ.Car mor en Breton, eft a dire mer: houch eft a dire‘por-
ceau, en forte que cefte diction Morho fignifie autant que Por.
ceau de mer.
Que le Daulpbin foit appellé en Angleterre
de la mefme fignification [u[di£te en language
Anglois. Chap. XII.
L Anglois ont fuyui cefte mefmeetymologie,lenommäts
en leur vulgaire Porc pifch:ainfi que l’auons ouy nommer e-
ftants en la ville de Londres. Et traduit de mot a mot, aurecit
de plufieurs fcauants medecins Anglois,& entre autres de mon-
fieur 10. Watfon,qui fingulierement entreles autres eft diligent
a la contemplation de telles chofes, fignifiela mefme chofe que
1ay dicte des autres nations.
Que quelque fauls nom que le Daulpbin tien.
nees autres nations, toutesfois elles lenomment
en leur language,mais les Francois le nôment
en Flament Chap. XIII.
re Fracois me femblent l’auoir nôméle plus mal que touts.
Car combien que celte voix, Porceau de mer,ainfi prononicee
ennoftre langue,&en Latin Porcus marinus,conuiéne a vn au-
tre poifion qu au Daulphin,comme ie diray cy apres: toutestois
ileft plus'tolerable aus autres nations qui le nomment en leur l4
gualge vulgaire,que aus Francois Le nommant de nom eftragier.
C::, Les
PREMIER LIVRE
Les Angloislenomment en leur language, & les Bretons auflis
mais les Francois le nomment d'vn nom emprunté du langua-
ge de Flament ou bas Alle man.
Que les Latins mefmes ont plus de mil ans fé
de ce nom en leurs ejcripts, juyuant le valgats
re,pour exprimer le Marfouin. Lt
Chap. MPPRE
VIvouldroit tourner ce no de Marfouin,& le rendre Latin,
RER l'appelleroit Marfio quaft maris fus. Ou li nous de prononcios
Murfouin,ouMarioui on { appelleroit Mur {yo,ou Mor {yo.Car
mefmement onhct diuerlement toutes ces deus dictionsen
Pline, qui au neufiefme chapitre du neufiefme liure,a defcrit vn
poiflon qu'iinomme Turfioen cefte maniere. Delpbinoram fi.
militudinem babent, qui vocantur Tur/yones. Les autres exemplai-
res ont Torfyones.Et qui auroit changé le T', a vne M, l'on pro-
nonceroit Murfyones, ou Morfyones, quiferoit a dire Mur{o-
ins,ou Morfouins. Or ce queles Latins ont appellé Turfyo, ou
Toriyo,ie prouueray bien quelesGrecs l'ayentnômé Phocæna.
Laquelle chofe Thecdorus Gaza n'a pas ignoré,lequel tournant
Ariftote de Grec enLatin,areceu ceitedictio Tir{yo,pourlaGre
que Phocæna, fuyuant l'authorité de Pline.Car tout ce quePline
a cfcript de Turfyone, Ariftote l'auoit dit de Pocena.Nous parle
rons de ce Phocena ou Marfouin plus amplement en fon propre
chapitre. Parquoy ie retourneray a mon Daulphin.
21
ue la Voix de Daulpbin, refle en la memoire
des hommes, mais qu'il ne foit point de poiffon
qu'on cognoiffe pour Daulpbin. |
Chap. X V.
ET combien que le Daulphin eft indifcrettement nômé Mar-
fouin,& bec d'Oye: ie ne di pas qu'il n’y ait ne voix de Daul-
phin,qui refte imprimee en la memoire des hommes,de laquel-
le touts fe fouuiennent, & le fcauent nommer & cognoiftre en
. HIS 2 ô ? :
peinéture & es armoiries, & es monnoyes tant d'or que d'argent,
ist ou
DES PCISSONS MARINS, 10
ou ileft faulfement reprefenté.Si eft ce pourtant,que qui deman
deroit a touts les pefcheurs qui font en la grande mer occidenta-
le fe 1ls cognoiflent quelque poiflon nommé Daulphin,toucs af-
{eureroient que non. Si eit 1l touteitois betomg qu'il foit vn poif
fon cenät le no de Daulphin.Ec {il y enelt quelqu vn, 1 fault par
colequent qu'il foit cogneu,& que toit celuy que r'ay dict ou bié
vnautre.Er a fin de efplucher ceite propofition par le menu,&de
la prouuer par euidente demonitration,l'ay voulu propoler quel
que contradiction.
A Jeauoir Î il eff point d'autre poiffon a qui le nom de
Dauphin count miculs qu au Marfoutn,furnomz
mé vneOÿe. Chap. X VI.
VOuknt prouuer par demonftration que le fufdiét Marfouin
nominé vne Oye,foit le vray Daulphin, fuppofant premie-
rement vne cotradiétiÔ par moymeimes,en apres 1 auray deux
choies a confiderer. C eit a {cauoir ou qu 1l fault que ie me imet-
te en eirort & debuoir de prouuer que c eft celuy queie dr:ou bié
chercher f il{ en trouuera point d'autre que ceituy ci qui puitie
obtenir le nom du Dauiphin. La contradiétion par moy iuppo-
fee eft telle.Le pole le cas qu'on ne me veuille conceder, que ce
foit luy,mais totalemét cotredire a tout cequeien ay diét:1ca-
_uoir eft qu'on nie que Le Marfouin qui eft nommé Bec dOÿe,
puifle eirre celuy que Les anciens ont entendu pour Daulphin,&
que mon Oye ou Marfouin ne conuienne non plus auec les pein
étures qu'on a anciennement faictes des Daulphins,qu'auec cel
les qui nous font reprefétees par les modernes: & femblablemét
qu'il ne couienne en rien auec la defcripui6 des anciens. À quoy
ie reipondray pertinemment.
A feauoir (‘il ef} point prins de Daulpbin en la grans
de mer Oceane. Chap. X VIT.
A ant que refpondre a ce que j'ay fufdiét,ie demanderay pre-
Fmierementcf il y a tefmoignage de quelque autheur, que fa
grand mer Oceane ne nourniie des Daulphuns.L'on imeretpon-
C2. dra
PREMIER LyVRE
dra ouy,ou non.Et fi l'on diét que ouy,aufft fauldra il par confe.
quent confefler qu'on en puifie bien pefcher quelquestois, tout
ainfi qu'on taict des autres grands poifons qui y font, veu mef.
mement qu on y pelche de grandes Balaines, de grands Chaul
drons,de #rädes Gndres. Silon me diét qu’on n’y en peche poit
auiii faulc 1l dire qu'ilny en ait point.Caril eft manifeite que tou
tes {ortes de grands poiiions y {ont prinies & pelchees. Et fi l’on
y en prend,qu'on me face dire par quelquonquesqu'où vouldra
chotfir des mariniers & pelcheurs qui hantent là mer, ou par
ceuls qui vendent les portions es grolies villes, tant des riuages,
que deterrererme,de quelle torme eit celluy qu'ilsveulententen
are que ce {oit le Daulphin Delia ne peult on raifonnablement
nier quiln y ait vn poitlon naïffant en la grand mer,qui {'apppel
le Daulphin. Voila quant a vn des iufdicts poincts. Mais lon
ne trouue perfonne de ceuls que ï'ay futdiét, qui ait fouuenance
d'auoir iamais veu vn poifion qui{ appellaft du no deDaulphin,
& que i'entreprenne de letrouuer;,alors ce iera a moy d en cher-
cher vn, lequel ie trouueray bien toit Mais fi onvouloit dire qu'il
n y en euit point,1lme femble quon ne feroit pas peu de tort a
noftre grande mer Oceane nourrice de toutes les efpeces de poif
fons,l'eitimant tant fterile & inte:tile quelle neproduie point
de Daulphin,lequel on eitime le Roy des poiflons.Le croy toute-
fois qu'il n'eft homme qui vueille mer qu elle n’ea produtfe.Ec fi
elle en produict,auffi nous le fault 1l cognoiftre. Mais côme1 ay
dict,ayant changé leur nom ancien, tours les nomment Bec de
Oyes,;ou Marlouins, comme1efpere bien prouuer par c1 apres.
Voyla que i'auoye arefpondre a ce que r'ay dit par ci deuant.
Je ne me arrefteray maintenant gueres fur la premiere queition
ce fera quand ren bailleray la peinéture.Car comme 1l foit mani
feite que noz Marfouins qui {ont furnommez Becs d'Oyes,con
uiennenten toutes fortes auec les notes qui furent iadis efcri-
ptes du Daulphin, laquelle chofe ie pretens prouuer enles delcri
uant, & conferant leur deicription tant de l’exterieure que de
interieure partie:ie pafferay oultre, laiffant a conferer cequia
efté efcript par lesanciens,iufques a la defcription du Daulphun,.
que ie remets aux chapitres a ce propres.
Que
DES POISSONS MARINS. HE
Que les peinttres peuuent doner telle curuité que leur
piaifhaus Dau' phins, fans leur faire rien perdre de la
naifue figure du saturel. Chap. X VIII.
Vanteft a ce que Î Oye, ou marfouin,ne conuienne auec les
peintures quionteité faites anciennement des Daulphis,
qu'on a graué es monnoyes antiques: Auantque proceder plus
oultre a toucher ce poinét ici, il me fault preluppofer qu'on co-
gnoifle bien le poifion dont ie vuerl parler, fcauoir eft le Marfou-
inquon a furnommé Oye:& aufli qu on fache bien quels font
les portraiéts des Daulphins qui font retirez fur les medalles, &
ftatues,;antiques,efquelles les Daulphins font reprefentez:car les
vns y font courbez, & voultezenarc, & les autres y font touts
droicts:defquels 1 ay faiét retirer les portraicts, tant des vns que
des autres, a fin de monftrer que cela ne prouient finon de l'indu
ftrie du peinétre,qui le peult diuerfifier fel6 que bon luy femble,
ou qu’il plaift a celui qui les faict retirer:come 16 peult veoir par
cefte preléte figure retiree d’vne ätique peiéture d vne ftatue cô-
trefaicte aupres du naturel, laquelle toute courbee qu'elle eftoit,
n'auoit rien perdu de la fymmetrie de lavraie proportion qui eft
requife a la groffeur & longueur du Daulphin.
Vray Portrait} d'y Daulpbin courbe.retire del antique.
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C3. Que
PREMIER LIVRE
Quelles Daulpbins ne foientvoutez ne courbez nô
plus en la m:r que Ju terre. Cha.XIX.,
47 biévoulu touchervn poinét de la courbure desDaulphins:
Car quant a euls;1ls ne font pas courbez,comme onles meten
peiéture,&n'eft aufli trouué queAriftote ne autre autheur anc1€
digne d eitre creu,qui ait onc efcript que les Daulphis ioyét vou
cez.Et cobien que l’line&Ouid: ont dit dorfo repado,ce n eftpas a
direque tout le corpz {oit vouté,car il n y ha quele dos:L erreur
vient dont ie diray: C eft quonles apperçoit iouuent {aulter en
l'air& qu'en fauitac leur lault neit pas de f'etlancer en l'air droit
contremont,ne auili de retumber droict d'ou ils {ont {ortis,com
me font les Pelamides,& les Tons:mais c'eit que quanduils vien-
nent hors de la mer,pouliez de granderoideur,en ie dardant 1m-
petueulement;ils fortent la ceite la premiere:& quand ils recum-
bent,1ls vonttnoult loing del'endroiét dotils font 1ilus,tellemét
qu'ils retübent ü droicts {ur le bout de la teite, que leurs queues
demeurét quelque temps hors l'eaue.Et pource qu on a veu, que
leur fault ha faict la peripectiue d vn demy cercle, lo a cuidé que
celle rôdeur prouint de la forme de leur corps:mais cela eit fauls.
Et quil ne foit vray, foit pris vn baîton pour exemple, & qu vn
homme le iecte de la poincte du pied en l'air,& qu'il vienne tom
ber {ur l'autre bout: ceuls qui {erot loing,l auront veu prédre vn
tel cour de demy cercle, qu'il aura femblé que le bafton meime
ait efté courbé.Et fi les Daulphins eftoiét courbez en la mer,auf-
fi le feroient1ls en terre quand ils y iont apportez. Ceci toit diét
touchant de {a curuité. Les peinctres les peuuentbien peindre
courbez,& leur peuuent faire retenir leur nayfue figure:mais tou
teffois qui veult parler du naturel,1ln eft nullemét courbé: chole
queie pourray prouuer par moult grand nombre de Daulphuns
portraicts en piufieurs medalles fort antiques,tant en or,argent,
qu'en cuyure:qu il a pleu a monfieur le treforier Grollier me mô
ftrer,elquelles font reprefentez lesDaulphins,dont la plus grade
partielont touts droicts, comme natureles ha produiéts.
DES POISSONS MARINS. {2
Que les Daulpbins reprefentez es medalles antiques, cons
uiennent de pointt en poinCt auec le portraitt duMa;fouin
furnomme Bec d'Oye. Chap. X X.
Nallegant les medalles ou ay veu les Daulphins portraicts,
ie ne pretens point en{cigner,ne rendre la raifon pourquoy 6
y aitgraué ou peinét les Daulphins: comme quäd r'allegue pour
tefmoignage celles de monfieur letreforier Grollier,hôme fingu-
lierement diligent a-chercher les chofes antiques, & de plus gra
de bonté de nature a les communiquer:mais pour mettre deuat
les yeuis la naifue figure du Daulphin, qui en touts poinéts con-
uient auec le portraiét que ï'ay faiét retirer quand ray reprefen-
té les Marfouins furnommez Becs d'Oyes.Parquoy fils conuié-
nent enlemble,nous aurons raifon de conclure que foit vne mef
me chofe.Car baillant la figure de l'Oye, iln y a celluy qui nela
puifle conferer auec le naturel apporté dela mer:&ouilne feroit
trouué eftre {on vray portraiét,1l y auroit occafion de me repren
dre.Lequel portraict de l'Oye puis mis en côparaifon auec ceuls
qui font retirez del'antique, monftrent a [ œil qu'ils aient eftez
retirez touts deux d'vn mefme patron.
Que les Anciens autheurs,approuuent que les Daulpbins
aient efte grauez es monnoies antiques. Chap. X X I.
M Ais quant à celles des medalles, ie croy qu'il n ya celuy qui
ne les vueille bien approuuer pour peinctures deDaulphins.
: Carquile vouldroit nier,il feroit facile de le prouuer par l'autho-
rité de Ariftote & des autres anciens autheurs:veu mefmement
_ que les Tarétins long temps auant la grandeur des Romains a-
uoyent defia fait grauer les Daulphins en leïrs monnoyes,
en memoire de Taras fils de Neptune,lequel on feinét auoir efté
mué par les autres dieux en vn Daulphin.De la vient que Taras
fils de Neptune foit portraict {ur vn Daulphin ,en la maniere de
ceuls qui font acheual, tenants le Daulphin bridé,le coduität
la ou il veult. Voila quant aus Daulphins portraiéts es mônoyes
des Tarentins.Semblablementle Roy Afis auoit va Daalphin
graué en {es monnoyes, lequel portoit vn petit gar{on deflus fon
dos.Auffieft il aflez approuué que Tite Vefpafiä auoit en fes de
| uiies
À
A
PREMIER LIVRE
uifes & medalles le Daulphin entortillé ee | lAncre, figni-
fiant ce que difoitle prouerbe ancien d’Augufte Cæfar, FejHna
lente. Car come il n’eit oyfeau en l’air,ne vire d’arbalefte qui {oit
plus impetueule,ne qui puiffe aller plus vifte que le Daulphin,&
qu'il n'eft chole plus tarde & qui retienne mieuls que faiét l'An-
cre,tout ainfi ces deux Ancre & Daulphin afflemblez enfemble
eftant de nature contraire, fignifient quelques temperance.V'oila
quant aux Daulphins qui on efté portraicts es medalles de Tite
Y elpañien,lelquelles nous auons veu ou ray diét.Nous auôs auf
fibien veu les medalles de Claudius Cæfar auec Neptune tenant
va Trident,aflis deflus vn poiffon,qui ha bié la femblance d'vn
Daulphin mais ie croy que n’eft cellui que les autheurs nômerét
Orca, duquelie bailleray la peinéture par ci apres.Pline parlät de
ceporflon,racôpte entierement toute l’hiftoire faiéte par Claudi-
us Cæfar, lequel eftant au port de Oftia, qu'il faifoitrediffier, en
print vne,dont il feit fpectacle au peuple Romain.& croy queil
l'ait faict retirer en fes medalles,& que ce foit elle qu'on y: voit
portraiéte,& non pas vn Daulphin:ren parleray plus amplemét
a ha fin de ce liure en defcriuant le poiflon nommé Orca.D'auan-
tage nous auons veu le portraiét des Daulphins qui {ont es mo-
noyes d'Augufte,&Ruffus, T ybere &Domitien& Vittellius,qui
font toutes Latines.Mais encore oultre les Latines mon dit fieur
en a des Greques, qui me femblent beaucoup mieuls obferuees
que les Latines:& celles qui font les plus antiques, fôt les mieuls
elabourees,defquelles font retirez ces prefents portraiéts.
Vray portraitt du Daulpbin retiré d'vne antique medal:
le de monfieur le Treforier Grollier.
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DES POISSONS MARINS, 13
LesDaulphins font naifuement reprefentez en cefte figure auf-
fietelle d'ynetrefantique medalle, laquelle mondiét fieur efti-
meeftre Greque.ll n’y a poinét d'efcripture autour,auffi elle ne
eft pas en forme plane en la fuperficie du côtour, comme les au
tres medalles,mais eft rôde par Les bords,& ha deux petites oreil
les.C'eft ce que r'auoye a dire touchät les efhigies des Daulphins
que nous auons VEUS grauez fur diuerfes efpeces de monnoyes
antiques,toutes lefquelles conuiennent auec les peinétures de
noftre Bec d'Oye.
Que quelques Vns aient eu opinion que l'E Jlurseon fu
leDaulphin:mais qu'il foit tout le côtraire.Chap.x X II.
JE voy que plufieurs de ceuls qui font admirateurs des chofes
naturelles,& quionc grand plaiir en regardant de plus pres aus
choies memorables,ie complaignants quafi en euls meimes, de
ne Veoir aucun potfion en France obtenir lenom du Daulphin,
dene pouuants iuger lequel ce pourroiteftre,e (ont efforcez e-
lon l'imagination qu'ils en auoient conceue, de maintenir quil
n'y eult point d'autre qu'on cogneuft,a quile nom de Daulphin
peut mieuls conuenir qu'a l'Eiturgeon,&ainfii eftats cotalemét
perfuadez que l'Efturgeo debuoit eftre appellé Daulphin,l ot af-
termé eftrevray.Quat a ce point, leur opinio eft ailee à cofuter:8e
pour ce fairene vuel qu'vne merque:c eit que nul poiflon peult
… eftre appelléDaulphi,f 1l n’a la queue en maniere de Lune en croi
fant: parquoy fil Etturgeon eftoit le Daulphin, aufli fauldroit 1l
qu'ileuft 11 queue en lune.C'eft vne merque que touts ceuls qui
ont efcript-du Daulphin,ont misen memoire,defquels il me {uf
fiten prendre pour exempleentefmoignage vn feul Ouide, le-
quel parlant des nautôniers T yrrheniens, leiquels 1l feinct eftre
tran{muez en Daulphins,dict
© Falcata noiffima cauda eff,
Qualia dimidie finnantur cornnalune.
Or l'Efturgeon n’ha pas la queue en lune,auffi n'eft ce pas a luy a
qui le Daulphin conuient. Le ne vueïl pas parler de 1 Efturgeon
plus amplement; finon que pour monitrer que nous n'ayons pas
ignoré quel il eft,& auffi pour môftrer qu'en auôs la peicture Et
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PREMIER LIVRE
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Que plufieurs aient eflimé que l Adano,qui ef moult grand poif
Jon,nourri au Pau efloit le Daulpbin, & qu'il foit tout le con:
traire, Chap. XXIII,
L nya celuy qui aitleu l'hiftoire duDaulphin quinefachebié
quilaitle nez fort long.Et pource que lon trouue vn poiflon
nommé Adanoen la riuiere du Pau de moult grande corpuléce,
beaucoup plus grand que I Efturgeon,& quieft du genre del E-
fturgeon, plufieursignorants fon nom ancien, ont eu opinion
que c'eftoit le Daulphin: mais 1l fappelle Artifus Et a fin que
quelque autre ne penfaft que ce fuft vn Daulphin, ren ay aufli
voulu bailler la peinéture auec fon vray nom. Ie n’en bailleray
pas la defcription en ce lieu, d'autant qu'il ne fe peult referer en
rien qui foit des efpeces du Daulphin.Et r'aybaillé lapeincture
finon pour tefmoignage contre les faulfes opinions qu'on auoit
du Dauphin.
La portraitture du [ufditt poiffon de defmeuree grädeur,
nourri en la risiere du Pau, nomme Attilus.
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DES POISSONS MARINS. 14
Que le Tomencor qu'il foit de grande corpalence, 6 qu'il
ait la queuc en Lune, 1l eft toute/fois different au Dauls
pbin. | Chap. XXIIHI.
Emblablement le Ton eftant moult gräd poiflon, aiant quel-
que féblance auecleDaulphin, ha dôné occafio a plufieurs qui
ne le cognoifioyent pas,de le foupfonner pour Daulphin. Mais
a fin d'en ofter l'erreur,i en ayvoulu bailler la peincture,& au de-
meurant n'y mettant rien de {a defcription, car 1e ne pretés met
tre chofe par efcrit en celiure,qui ne conuienne al exterieure &
interieure hiftoire du Daulphin.
nu La pein£ture du Ton.
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Que le rom de Marfouin coHuienne a plu Grars poiffons,
felon la commune appellation Vuleaire, & la rai,on pour
|. quo le Daulpbin fe nomme Vne Oye. Chap. X.À V.
LÀ Tan spa ein de eur agp à
“redu Daulphin, ie nepuis bonnement ce faire fans y coni-
prendre maintenant les autres poiflon qui font de mefme eipé-
celetqu els doibuét eftre nombrez en fon genre. Car l’appellatio
du nom de Marfouin eft generalle a plufieurs poiflons. Parquoy
ayant on principal poinét pour but qui eft de bailler la vraye
( | D. peinétu.
PREMIER LIVRE
peinture du Daulphin comme nature l'a produiét; fans luy ad:
ioufter note ou merque qui {oit artificielle,ou diminuer, & a fin
de prouuer que celuy qui entreles efpeces des Martouins eft no-
mé vne Oye,foit le Daulphin,il fauldra premieremententédre,
que nous auons deux poitions aflez communs, & qui font quafi
apportez touts les vendredis aux marchez des poiffonneries des
grofles villes & principalement de Paris,refflemblants l'yn a l'au-
tre,indifferément nommez Marfouins.Mais entre euls il y en a
lyn qui particulieremet eft nôméBec d'Oye,;ouOye:lequel n’eft
pas du tout fi comun qu'eft l'autre efpece: qui pour auoit le nez
plus 168, ha trouuédiftinéti6 d'auec l'autreMar{oui. Et come les
Geneuois ont nôméle Singe de mer Pefce pada, pource qu'ils luy
veoiét fa queue faiéte a la maniere d'vne elpee platte:femblable-
mét & par argumét pareil le Daulphin'aiat le nez 168, ha prins le
nom d’vne Oye.Et le poiffé nômé Xiphis qui ha le nez lôg'côme
vne elpee d'armes, dont il ha gaigné fon appellation Greque &c
Latine, féblablement ha efté nômé a Marfeille &a Genes le poif-
{on Empereur.Iedi a Genes eftre nommé Empereur, a la differé
ce des fufdicts Singes de mer,qui ontvne queue moult logue co
me vne longue efpee platte,par cela ils l'appellent Pefcefpada,&en
Fräcois poiflon a l'efpee.Mais le Xipbiss, auquel Les Francois ont
veu porter le nez fi long,a efté pareuls nommé Heron de mer.
Auf pour ce qu'il y ha vne des efpeces du fufdiét Marfouin, qui
ha le nez long a la façon d’vne Oye,féblablement ils l'ont nômé
vneOye. Voila que i’auois a dire de la fufdiéte Oye & de ce qui
ha meu les Frâcois a luy‘auoir baillé ce n6. C eft vne noteinfalli.
ble:pour fcauoir bié diftiguer l’vn d'auec l’autre.& de laquelle A.
riftote au iij°.des parties ha faiét mention. Car il ha dict en ceft
endroict la que le Daulphin ha le bec log&rôd, Q si roftrf Defphino
r(ditil}ffrntura cereti ac tenni fit, facile fcidits oris habits nù poteft. Voila
quät a La premiere efpece des Marfouis & [a principale detoutes
les autres, car c’eft celuy qui eft le vray Daulphin. L’autreefpece
de Marfouin, diét en Grec Phocena, en Latin Tor/yo, & duquel la
cognoiffance eft plus vulgaire,& qui tient le‘vray nom de Mar
fouin eftfemblablemétappellé marfouin comme l’autre deffus
diét,n’aiant en toutes fortes autre furnom Francois . Encor y a
| | vne
- DES POISSONS MARINS. Tr
vne autre tierce efpece de Marfouin,dont ï'ay femblablemét re-
tiré la peinéture,qui eft vn poiffon que ie n'ay pas veu fouuent
trouue en commun vfage.Et pource que ren bailleray la defcri-
ption ailleurs enfemble auec la peinéture, Y'ay remis toutes cho-
{es a les {pecifier en leur chapitre.Cefte efpece eft feulemnent dif:
ferenteen grandeur aus deux premieres, & en quelques autres
particuheres merques & pourceque ie diray toutes les ditferéces
des trois en leurs particuliers chapitre ie celleray d'en parler pre-
fentement car il fault que‘iebaille premierement leurs diftinéti-
ons par noms propres.
La diflin£tion de leur nom,6 que l'Oye foit le Daulpbin
Ex que le Marfouin Joit de fon genre. Chap. XX VI.
D donc qu'ileft ainfi,que les Daulphins & les Phocenes fôt
communeement nommez Marfouins, & qu'il n'eft aucun
poiflon que nous cognoiffons pour Daulphin queles fufdiéts, &
qu'il n y en a aucun de touts les autres qui iuftement puifle tenir
le nom de Daulphin que le Bec d Oye, 1l m'a femblé bon apres
quei'en ay baillé des portraiéts retirez de l'antique, pour conte-
rer auec [Oye,en baïller confequemment la peinéture, n’en fai-
fant autre difcours que cellui que i'ay ‘peu obferuer, fans faire a-
mas des efcripts de l'autruy,finon en tant que ie m'en feruiray a
quelque propos qui puife eftre feat a la diftinétion des fufdiétes
efpeces.Car nommant le Daulphin, il fauldra entédre de l'Oye.
: l'ay mieuls aimé retenir La diétion du Daulphin tant ancienne,
que le nommer du nom de Bec d’Oye, Et a fin que le nom du
Marfouin ne foit confus, ielefcriray,pour exprimer le poiflon
que l'ay dict eftre nommé en Latin Mir/yo,ou Tirfyo,& Phocena en
Grec & ainfi par ce poinét on nengendrera point de confufion
aus efpeces. |
Qu'il ne foit moderne de Veoir l'engrauerie des D'aulphins
furles monnoies. Chap. XX VII.
A Pres que ï'ay fuffifamment parlé des Daulphins qui font por-
-traiéts es monnoyes antiques, i ay voulu confequément par-
| | D3. ler
PREMIER LIVRE
ler de ceuls qu'on voit graués es monnoies modernes, defquels il
et tout manifefte que la peinétureen eft faul{e.Dôcques cen'eft
pas chole moderne de veoir les Daulphins retirez en peinéture
& en armoyries,;enfeignes,ou fculptures des monnoïes,& autres
engraueures,en toutes efpeces de metauls. Car des le temps des
plus anciens 1 royens, Telemachus qui fut fils d’VIyfes (ainfi
que Guido de Colona à efcripten l'hiftoire de Troie) portoit vn
Daulphin peinét en {on elcu,en l hôneur de celui qui Pauoit fau
ué du peril de la mer.Etcômei'ay diét de Taras quitutlôg téps
auant à putflance desRomains,lesTarentins l'auoyentretiré en
leurs armoiries & monnoyes. Atheneus autheur Grec & Valtur
nus de rebus Britonum efcriuent que Cæfar donna vn Daulphin au
feigneur du Daulphiné pour {es armes, en remuneration de ce
qu'il luy auoit aydé en fes guerres côtre les Gaulois, ien’en diray
autre railon finon que Cælar n'ignorant pas la nature du Daul-
phin,ne aufli le cœur dudiét feigneur,letrouua dignequ'ilpor-
taft vn Daulphi pour armes.Et tout ainfi quele Daulphin,ha d6.
né nom a la region qui eft maintenant nomméele Daulphiné,
pareillement le Daulphiné ha donné nom au fils aifné deFrance.
Et en luy donnant ce nom, auffi elle luy ha baillé vn Daulphin
pour armoyries,defquelles armoyries ie ne pretens aucunement
parler,finon d'autant que le Daulphin tient le premier lieu es ar-
mes en icelle & auffi que monfieur maiftre Lean le Feron,n’a rien
obmis touchant ceci,qu'il ne l'ait amplement efcripten fes li-
ures d'armoyries.
Que les peinClures modernes des Daulpbin s, ne tiennent
rien du naturel ains reprefentent Yn monflre de mer.
Chap. X XVIII.
I les Princes modernes faifäts engrauer les Daulphins en leurs
monnoyes,ou bien peindre en leus armoyries,euflenteu auffi
grand foing delaifler memoire d'euls à la pofterité,comme eu-
rent ceuls que i ay ici deffus nommez,ils euflent enfuyui de plus
pres la vraie peinture du Daulphin,& l'euffent faiét reprefenter
au naturel dont il eft moultefloigné.Carau lieude lereprefenter
on a mis vn monftre en peincture,qui ne fut iamais veu, auquel
on fait porter des efcailles,& plufieurs areftes crenelees par def.
{us
DES POISSONS MARINS. 16
fus le doz,& aus deux coftez des ouyes,& plufieurs barbes pendä
ces par defloubs la gorge,cochees à la façon d'yne creîte de Coq:
chofes totalemenctaulies & eftranges a ce poiflon,& qui mefé-
blent eftre mous feantes,qu 1l ne ieroit conuenable 2 la dignité
du Prince,veu meimement qu onen euft bien facilement peu
recouurer la peincture.Car(comme 1'ay defia diét) 1l ny ha ha-
bitant au riuage de la mer Adriatiqueou Mediterranee, quien-
core pour le iourd'huy neretienne l'antique appellation de Daul
phin.lefcay bien dont vient la faulte.C'eit quil eft aduenu en fa
peinéture tout ainfi comme à ceuls qui failoyent peindre les Ai.
gles de l'Empire.Carcommeles peinctres font curieuls de mon-
itrer leur artifice,& de faire mieuls apparoir les traiéts de la pein-
éture,auffi ont ils adioufté quelques ornements a ceft Aigle pour
la faire mieuls complaire a la veue,attendu mefmement que les
peainétres { eftudient de bien remplir le champ de couleurs. La-
quelle chofe a cité de filong temps continuee, que cela eft non
{eulement es peinétures des Aigles en forme plane,maisaufli es
graueures,tant {ur bois,marbres,que metail.Et tellemét leur ont
defguifé les teftes,& faict diuerlemét retourner les plumes,qu’el
les ne retiennent quafi plus rien de ! Aigle.
Quelle raifon ont eu les pein£tres de defouifer leDaulpbin,
& luy fatre perdre fa forme. Chap. XXIX.
TE femblable occafion a efté defguifé le Daulphin cômel’Ai-
gle,lequel combi que nature l'auoit fabriqué, fansluy auoir
donnébeaucoup d'ornements de beaulté l’iyant feulement com
pofé tout d'vne venuecomme vne cheuille, couuert d'vne peau
polie refemblant quelque cuir, fans elcailles n'ait point d’autres
belles couleurs qu on voiten plufieurs autres poiflons, & n’aiant
rien que du noir &du blanc.Ce neantmoins les peinétres de leur
authorité luy ont adioufté quelque chofe deleur artifice,le reti.
rants en portraiéture, eftimants que {1ls fuyuoient le naturel, la
peinéture en {eroit mal plaifante a la veue. Ceft la raifon pour:
quoy 1ls luy ont changé a figure,tellement qu'il ne retient note
quelconque qui fe puifie attribuer au näturel,& n ha merque fur
{oy en quelque forte que ce {oit, qui ne fait faulle: ou bien È s
| auit
PREMIER LIVRE
fault prendre pour vn montre contrefaiét a plaifir, qui n’eft en
eftre,& qui ne fut iamais veu d'aucun. Eftant donc fi aduancé
en ces monftres,ie vueil monftrer quetoutes manieres de gents
ont indifferément permisqu'on leur ait portraiét des monftres,
qui iamais ne furent,ne font,ne ne feront.
Qu'on ait grandement abufé en peignant les poiffons fur
lescartes,@ que l'ignorance des hommes (oit caufe que plu
fieursmülres de mer aient eflé faulfement portraits [as
aucun jugement. Chap. XX X.
’Euident erreur de plufieurs hommes ignorants l'artifice de
nature ne me permet pafler oultre f4s m'efmouuoir,& les tou
cher de leur temerité.N'’eit ce pas vne faulte digne dereprehen.
fion,de les veoir mettre tant de monitres marins en peinéture,
fans auoir difcretion{inconitantselpris, que ne confiderent 1ls
qu'il y a perfection en nature? Voulants donc peindre & reprefen
cer les chofes naturelles, ne pouez mieuls faire que fuyurele na.
turel.Et fi ils ignorent la choie,pourquoy la fagnent ils Quieft
caule de fi grand erreur, finon leur folie’ Qu'on voieles peinétu-
res es cartes marines combien leurs monftres font ef loignez du
naturel.O quels eftranges poiflons marins! Qui eft celuy qui ne
fache bien queles noms des animauls terreftres eurent ancienne
ment leur appellation tant enGrece que ailleurs auant les maris.
Par cela [a plus grande partie des poiffons marins prindrent le
not des animauls terreftres.Et fault ainfi entendre que les ma-
rins eurent le nom des terreitres,mmais que ce fut par quelque ac
cidét.Qui eft celui qui ne cognoife bien leLieureterreftrefquel-
Le fimilitude ha il auecle marin! Nousl’auons veu & maniétant
en la mer,que dehors, mais il n’a aucune femblâce auec le terre,
ftre.SemblablementleRegnard de mer qu'ail de commun auec
celuy de la terre?nulle certainemét, finon au gouft,8r en couleur.
Aufii le Singe de mer &le terreftre ont bien quelques merques
qui les font eftre communs,mais au refte1ls ne fe refléblent pas.
D'auantage qui eft celuy qui ne fache cognoiftre l'Ours de later
ref& touteltois qui luy moftreroitl Ours de la mer,ilauroit beau
fonger auant qu’il deuinaft fon nom, car:il eft femblable a vn ho-
DES POISSONS MARINS, 17
mat, finon qu'il n’ha point de forces, non plus que la faulterelle
_demer que ceuls de Marfeille nomment vne Langufte. Oultre
“pluie croy quil n’y ait hôme qui ne cognoiflevn Chien demer,
car il retient fon nom par toute la France: & touteffoisil nereñé-
ble pas a vn Chien terreftre.Quant a ce point, ie n entens pas de
‘ceuls qui de noftre cognoiffance furent mis es eftangs de Fontai
ne bleau,8&deChantilli,qui tuoient tout le poiflon deleitäg, tel-
lementque monfieur le Conneftable,fut contrainét de les faire
tuer a coups de traiéts,& d'arquebules, mais ie parle de ceuls qui
font communs par noz poiflonneries , qu'on nomme vulgai-
rement Chiens de mer,& defquels nous auôs encor pour le iour .
d’huy toutes les quatre efpeces que defcriuit Ariftote,& qui font
cogneus par les marchez desvilles.Mais non par nom propre car
ceuls qu'il nomme çpinaces, Nebrides, Canicylas, encores qu'el-
Les foienttoutes apportees de la mer;,touteffois on ne les diftin-
gue point a Paris, Rouen,ne es autres villes de l'Ocean:comme a
Mariëille car Nebrides ou bien Hisali font appellees Nifioles,
en prouenfal,& Canicala vn Palumb, & Stellaris vn Gat, quieft
ce qu'on nomme vne Rouffette:aufli eit cele Chat de mer, que
touts fcauertcognoiftre, & Spinaces & font nommez Egullats.
Et le Homar neitce pas le Lion dela mer Etle Mulet de mer,
encor qu'on le nôme de ce nom la,il n’ha aucune merque comu
ne auec leterreftre,non plus qu'ynAfne ha auec le Merlus:car le
Merlus eft l’Afne de mer,mais entendez que ce foit le Latin:car
Afellus eft vn Merlus: & qui tourneroit Afellys , on le nomme-
. roitvn Afne de mer. Iecroy veritablement que fi ie vouloye
proceder oultre,que l'en trouueroyeencor à nombrer deux fois
autant defdiéts poiflons en la mer que i'en ay defia nommé, lef-
quels retiennent leurs noms des beites terreftres a quatre pieds.
Et au refte pour n’eftre point diftraiét fi loing dela matiere queie
pretens traicter,mais touchant legieremét plufeurs qui tiénent
leurs nôs des oyfeaux,côme fontCorbeaux, Merles, Htourneaux,
Griues,Hirondelles, Milans, Grues, Cigalles,& plufieurs autres fé
blables qui font nommez du nom d oyfeaux & autres beftes ter-
reftres,comme aufi ceuls qui ont trouué leurs noms des chofes
mt ils reflembloiét comme eft celuy qui a le nom d'vne che-
Ile ou fcalme nomme Sphirens que ceuls de Marfeille nommét
E. pesefcome
PREMIER LIVRE
pes efcome ou bien des fignes celeftes, Soleil, Lune,Eftoilles: ou
des fruiéts qui font fur terre,come Concobres,Raifins,&Orties
de mer:defquels ie me tais maintenant,remettant a les fpecifier
ailleurs en chaque chapitre particulier. Touts lefquels nôs leur
ont efté baillez pour quelque occafion.Car les accidents font cau
{e de cela. Les auttesretiennent les noms deleur demeure,come
ceuls qui habitent entre les rocs & lieux pierreux, on les a n6-
mez {axatilles.Les autres ont efté nommez des noms,ou ils font
leur refidence:comme ceuls qui frequentent les riuagesfont ap-
pelles Littorales, au contraire des autres, qui fe tiénent en la proto
de mer,qui ont nom Pefagÿ. Les autres ont leur nom des mala
dies dont leoras ou lelepris en fait foy, ou leprades,qui vault
quafi autant que quidiroit, Pforades . c'eft vn poiflon ainfi ap-
pellé pource quela couleur de fon efcaille eft femblable a ceuls
qui ont la maladie nommee P{ora, qu'on nomme en Francois
le mal fainét Main. Telle maniere de poiflon a Paris eft appellé
vne vieille.Il y en a encor d'autres qui ont la couleur fi elegante,
qu'il n'y a papegaalt ne paon qui l'ait plus viue,ne plusbelle.Et fi
lon a nommé quelquefois vn poiffon de cenom de Paon ou Pa-
pegault, cen’eltpasadire pourtant,qu'il doibue refembler vn
montre en la mer qui fuft de la forme d'yn Paon terreftre. Vn
poiffon d'excellente beauté fut quelques fois apporté par fingu-
larité a vn grand perfonnage a Paris,que 1e ne vueil nommer, le
quel pource que touts levorants d vne couleur fi exquife,le nom-
moient Daulphin,mais c’eftoitvn poiffon faxatile nommé vn
Paon, lequel ceuls de Marfeille appellét vn Roquau,& a Genes
Lagione,a Rome Papagallo, a Venife Lambena. Ie l'appelle
Paon car ie trouue que les autheurs Latins l'ont appellé Pauo
vnqu'ilsauoient retenu du Grec, a la difference du merle qui
eft nommé Coflifos,mais pour ce que les noms fufdiéts font di.
uerfement attribuez aus faxatilles comme auSanut,a la T'anche
de mer ou Phicis a la Canadelle,a la Cannerelle, ala Défelle c'eft
a dire Iulis qu'on nomme Zigurelle,&au pic ou piuert,&que les
Romains font diftincti6 du Papegault au Paon:8c qu'on ne fuict
point fi exactement celte differencea Venife, l'en ay bien vou-
Ju bailler la peincture. .
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: DES POISSONS MARIN S. _18
Le portrait} du Paon de mer.
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1 n’y a perfône qui ne cognoiffe bien la Viue,queles Grecs ont
autres fois nommee Dragon de mer,8& encor maintenant elle
eft nommee en Latin de ce nom la:& touteffois elle nerefemble
entien au Dragon,finon aucunertent en couleur. Ceuls qui ne
l’auoient pas entendu, nous peignoient des Dragons faiéts a plai-
fir,tels que font ceuls que nous voions cotrefaicts auec des raies
defguifees,a la façon d’vn ferpent volant.
Il y a encor plufieurs autres poiflons, qui ne tiennent finon que
bien peu de la tache qu'on leur attribue des chofes dont ils tien-
nent les noms. Quelle fimilitude de Cithara ou Harpe ha Citharus,
pour eftre ainfi nommé, & dedié au Dieu Apollo? Les vns le no
ment Castarus:les autres, comme a Marfeille encor pour le iour-
d'huy,lenomment Pefce cantena. Il ne fcait chanter, &nha la fi-
militude de vaifleau come fon nom en Italien le porte. car tout
ainfi qu'ilsle nomment vna cantara auffi nomment ils vn vail-
feau a tenir du vin, vn Cantaro, Maisquât aus Francoys ne fa
chants ne d Apollo, ne de Cantaro le nommét vne Bremme de
mer,a la fimilitude d’yne Bremme d’eaue doulce.Car le voiants
ainfilarge,ils luy ont baillé ce nom Ja qu'ils fcauoient de l'autre
aqui il eft moult femblable.LesRomainsle nommentZaphile,
ceuls de Genes vnatanua & les Francois vne Bremme de mer:
duquel poiffon la prefente eft la vraie peinture.
EE, Le
PREMIER LIVRE
Le naïf portraitt de Citharus Vvulairement homme
| Bremme de mer.
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Qui vouldroit diligément chercher raif6 pourquoy noftre Bré-
me de mer ha efté nommee Citharus,ie n’en fcaurois autre chofe
qu'en dire, finon qu'elle ait des lignes le long defes efcailles a la
maniere d'Vn poiflon nommé salpa:lefquelles peuuentreprefen.
ter quelque fémblance des cordes tendues en long, reflemblant
la harpe d’Apollo.Ceci foit diét par maniere d'acquit en pañlant,
d'autant qu’il me feroit difficile d'en trouuer autre raifon a dire.
Mais pour ce que ce poiflonCitharus a quelque affinitéen diction
auec Lyra & auffi qu'il y ait vn autre poiflon qui éft particuliete-
ment nommé de ce nom, il m'a femblé bon en toucher quelque
mot & en bailler la peinéture.Car la Harpe &la Lyre dontces
deux poiffons ont pris leur appellation,eftants inftruments de
mufique differents ln l’autre,que les Grecs ontaufli nommé
feparement,a fin que l’affinité du vocablede Citfara & Lyra ne
trôpaft le leéteur,prenant l’yn pour l'autre, ay auffi bailléla pe-
éture du poiflon nommé Lyra. Lequel futainfi nommé pource
qu'il ha le nez à la façon d'vne Lyreinftrument mufical. Ceuls
de Marfeille l'appellent Malarmat,;quafi mararmat.Ceuls de Ge
nes le nomment Pefarmato,& veritablement c’eft a bon droict,
car il'eft tellemét armé tout autour du corps d’efcailles poiétues,
qu'il féble eftre tout d'os.C’eft la caufe pourquoy on luy F.
e
DES POISSONS MARINS. 19
le nom de Holoftcos. Ileft firare a V enife, qu'ils n’en voient poît
du tout: & fi frequent à Rome:qu'ils l'ont touts les iours en leur
poifonnerie,& le nôment Pefce forcés, cat il ha le bec long& four-
. chu comme vne fourche:au refteileft féblable à vn Gournault,
Tumbe,ou Rouget.Et ce que nous appellôs Gournauts ouRou-
gets,les Romains les appellent Capons. Par ainfi Paulus Touius
cfcriuant des poiflonsRomains,a mis ceftuyciauec le Cap6, c’eft
adire Gournault.Reperintur(dit il)E afij Capones, qui bifurcata habent
rofira, & dorfum offeis Jquamis armatum, quos in genere Caponuss pifcatores
ipfimares effe teflantur. Voila tout ce qui en a efté efcript,finon que
on l'a auflimisau nombre de ceuls qui font quelque fon ou voix
quand on les pefche,
La peinClure du poiffon Homme Lyra.
Que nature ne produit rien en quelque element que ce foit,
qu'elle ne pouruoye premierement a ce qu'il fault pour le nour:
ir: @ qu'vne chofe rare encor qu'elle foit inutile,efE toufiours
effimee. Chap. XXXI.
MA Ais pour parler des chofes que nous eftimôs admirables en
naturé,nous les trouuôs plus rares d'autant qu’elles nous {6t
moins communes: & par confequent elles en font d'autant plus
a E3. eftimces
PREMIER LIVRE |
eftimees.Car come ainfi {oit que nous voiôs quelques endroicts
non feulement en la terre;maisauflien touts autres elements ou
sature produift quelque chole particaliere qu'6 ne fcaureit trou
uer ailleurs, femblablement les hommes la reçoipuët d vne parti-
cularité fpeciale attribuat tel douaire a la vertu finguliere du lieu
qui l’a produicte:&pour exemple mettät les mines de diuers me.
tauls ou bié diueries elpeces de pierréries,qui ne fetrouuent qu’é
va endroiét,les hommes le referêt a ce que l'en ay iadit,comime
aufliles Serpents produicts es delerts,eiquels combien que la ter
re foit fterile pour autres animaux terreltres, toutelfois nature
leur a dôné abodant pafturage a leur nourriture,en forte que qui
les traniporteroit ailleurs ou la terre {eroit tertille pour autres a-
nimaux,touteitcis on [a trouueroit fterile &mal conionäte a leur
naturel.Pare:lement la mer eit en quelques parts feruled vne
herbe,qui ne croiit point atfleurs:auii1 nourriit elle quelque poil
{on quon ne voit point autre part. Pour exemple de quoy ie
prens le Scarus,lequelie n'ay amas trouué es riuages de Crete,
iinon en celle partie qui regarde leleuant:car la mer n'engendre
point del herbe dont il fe nourrift finon en ceit endroiét la. Auf
11 la mer produit vn Serpent qui n'eft pas terreftre,mais eft Ser
pent de mer, lequel 1e di eftre ti rare,qu'il eft peu de gents qui le
aient veu. Ecpourcequileft rarement prins en toutes mers, 1l
ma femblé eitre tant plus digne d'eftre adioufté en ce lieu.S'il e-
ftoit des elpeces des poifions que r’ay defcripts par le menu,ie le
defcriroye iemblablement . Mais le mettant ici comme choie
hors de mon propos,il mefuffit d'enfeigner par {a peinéture, que
c'eft luy dont Ariftote ha parlé en le nommant Serpent de mer.
ta dire La verité,encor qu'il {oit bon a manger comme vnCon-
gre,ou vne Murene, Anguille, Lamproie,& Gallee, toutefois Le
commun peuplele voiant fiapprochant du Serpent terreftre,
Fha en horreur, comme fil n’eftoit pas poiflon, & faiét difficulté
den menger,lequel l'ay faiét peindre en rafeau,car autrement ie
n'eufle {ceu exprimer {a longueur.
La pein£lure
DES POISSONS MARINS. 20
La peincture du Serpent de mer.
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Que le nom de Marfouin ne fignifie finon Porceau de rer,
(es que le Porcmarin ne Joit pas le poiflon que nous appelés
Marfouin. Chap. NX X LE.
POurceque lauoye au parauant efcrit, que ce mot Marfouin
rendu en noftre lâgue,ne fignifie autre chofe he Porc ma
rin,& qu’il y auoit d’autres poiflons en la mer aufquels il conue-
noit, il m'a femblé neceflaire d'en bailler la peinéture,en prouue
de ce que i’en ay defia diét.Mais le nom de Porc marin n’ha pas
efté conftant &arrefté a vn {eul poiflon:car plufieurs ont obtenu
ce nom felon diuerfesregions:comme eft aduenu a Conftätino-
ble en nommantl'Hippopotamus,que les vns nômoyét le Porc
marin, les autres le Bœuf marin.Semblablemét Nicander efcrit
au liures des [âgues,que le Congre, & celuy qu’ils nômoyét Gril
lus, c'eft a dire vne Lotte de mer,eftoit appellé Porc marin. Ie le
puysaufli prouuer, par ce que Plinea efcript du Mario,difant ces
mots In Dannubio Mario extrabitur,porcHlo marino jimillimus. Les Ve.
niciés
(PREMIER LIVRE
niciens ont aufli vn poiflon en commune appellation,qu'ils nom
ment vne porcelette diminutif deporceau, laquelle eft de moin
dre corpulence que l’Efturgeon,& croy que oit le poiffé qui an,
cienne menteftoit nommé Actpenfer: ar le n'en cognois point
d'autre qui foit en forme triagle quecæfte porcellette [a Plufieurs
autres nations ont aufli des poiflons qu'ils nomment du nom de
Truye,commea Milamilsontyn petit poiflon {emblable a la
Scardola que les Milanois(parlants leur vulgaire)le prononcent
Vne Trueue qui eft à dire vne Truie.Parallement les Marfeillois
€n ont auïli Vn qu'ils nomment yne Truega,c eft adire ynetruie
qui eft le mefme poiflon que ceuls de Genes nomment vn rotu-
lo,& a Venife pelce fan Piero,& à Paris vneDoree, Dore j'entés
a k difference de celle qui eft nômee Awrata,laquelle l'on ne voit
pointaParis.Strabo aufli nômantles poiflons du Nil en ha appel
lé vn Porcxs Ce poiflon nomméPorc marin n° point efté autre-
ment exprimé desGrecs, finon en cât que Ariftote en ha cogneu
va qu'il ha nommé 4 per,c'eft a dire Porc fauuage,ou Sanglier, le
quel 1l nomme en fa langue Hys,c’eit a dire 54s, & en Franco ys
Porceau,duquel ÿ’ay auffi voula bailler La paincture.
Le portrait] du poiffon nommé Aper, autrement nommé le
Sanglier.
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DES POISSONS MARINS. 2I
Ce Sanglier icy n’ha pas les efcailles comme ont lesautres poif
{ons:car il ha fa peau fi rude,qu'on en pourroit polir du bois, cô-
me 6 faiét de la peau des Rouflettes,des Singes maris,des chiés
desLamies,& Amies,&Regnards de mer.Car mefmemét le poif
fon que quelques vns auoient par ci deuät defcript pour Aper,eft
le Regnart de mer.Ce Sangher eft vn poifion afiez hardi à com-
batre {es ennemis, car en oultre ce qu'il ha bônes déts,& l'efcorce
dure quañ comme cuir, il ha aufli des aguillos delus {on doz;qui
fonc tort afpres &robuftes.Il ha les ouies cachees dedens,comme
la Murene,qui fut vne caufe que ie pélafle quant ie le trouuay la
premiere fois, que ce tuft l’Exocetus. mais ray depuis trouué Ex-
ocetus qui eit femblable a Gfnos. Ce Porc fäghier icy ef rare a trou
uer,parquoy l’auons feulement veu pédu eseghtes répli de bour
re,comme a Ragonfe.Aurelte, cefte peincture a elté retiré du
naturel dontie n ay voulu nonplus parler qu'il a efté befoing de
dire pour faire entendre qu'ilauoit n6 Aper,ceft a dire Porc {au-
uage, duquel la grandeur vient a eftre en comparaifon a laCarpe.
Il m a femblé que 1l me cosenoit bailler toutes les fuidictes pet.
étures pour demontftrer l'erreur de ceuls qui peignoient des m6-
ftres contrefaiétsaplaifir. Orlaïlant ces moitres contrefaicts
a plaifir,auec les inuenteurs de tels portraicts faicts fans confide
ration, ie retourneray prendre mon propos que 1auoye encom-
mencé,pourfuiuant l'hittoire du Daulphin.
Qu'on ba attribué plufieurs merques au Daulpbin,qui
font faulfes. Char. XXXIII.
Q V yuant le propos de ce qui ha efté faulfemeét attribué auDaul-
phin,il refte queie declare quelques notes,en fon exterieure
peinéture,qui iuy ont fabuleutementeftéadiugees,a fin que quel
que autre ne les enfuyue.Ët pource que ie les ay obferuées de bi€
pres,& regarde attentiuement,& que ie n ay onc trouué vne tel-
le note qu eft celle que aucuns luy ont voulu attribuer, iel'ay bié
bien voulu declarer,a fin de La reprouuer.C eft que quelques vns
veulentqu'il ait vn aguillon caché dedens fon fourreau en l'ar-
refte qui eft deflus {on doz,&que d’icelle il tueleCrocodile dedés
le Nil: auflique le petit garion d'Iaflo qu'il aimoit tant, fetua
F. par
PREMIER LIVRE
par erreur: f'eftant picqué du fufdiét aguillon en tumbantdeflus
& rencontrant l'efpine qu'il {e ficha dedens le corps. Lefquelles
choles {ont diétes fans confideration,qui fentent plus la fable
que quelque apparéce de verité.le ne nie pasqu'lne puifie eftre
vray,touchant fon amour & celle du petit garion de Iaffo: mais
il n e peult eftre vray qu'il y ait vo aguillon furfon dos: car Ari-
ftote n'en ha onc parlé:& luy quien ha efcript fi amplement, ne
l'euit pas laïffé en arriere, {il y en euft eu quelqu vn : & auflique
l'experience en fait foy, veu melmement qu envnetelle difficul
té, l'œilen peult donner ceruficatio quad Jon ha la chofe deuant
{oy. le ne puis aufli conuenir auec plufieurs qui ont elcript que
Les Daulphins faulrants par la mer,tont vn prefage annonceant
la tempefte aduenir.Cect {oit diét {auluant l'honneur de ceuls a
qui il eft deu. Mais il me femble quilsfe fonttrompezen ce cas
la. Car j'ay expreflement obferué mainteffois en plufieurs voya-
ges,que les Daulphins alloient aufli bien auec le vent,que contre
le vent,& qu'ils e monftroientauffi bien quäd la mer eft efmeue
en tempelte,que quand elle eft tranquille & fans vent, chofe qui
appert quand les Daulphins fe monitrent en l'air pour refpirer
hors l'eaue, laquelle chofe ils fôt auffi bien apres le mauuais téps»
que durant la cempefte,8 femblablement auffi bien deuät com-
me apres, car les Daulphins ne peuuent viure en la mer fans ref
pirer.
Qu'il foit vray que lesDaulpbins aydent grandement aus
pefcheurs qui p:jchent a latraine, Chap. X X XITIT.
Q Vantausautres hiftoires fabuleufes qui onteftérecitees des
Daulphins, 1e n'en eufle pas efcript vn mot,fiie ne lesauoye
ouy n'a gueres racôpter en Grece.Car le commun peuple en re-
tient encore pour le iourd'huy plufieurs qui ont cité ancienne.
ment racoptees, & qu'on trouue maintenant e{criptes. Et tou-
chant celle qui a eité diéte ,quils donnent grand fecours à
ceuls qui peichent le poifion,& qu'lleuraydent a le mettre de-
dens les rets, & en recompanfe qu'ils participent du butin qui
eft departy entre euls, Quant au premier, ie trouue bien qu'il
{oit vray femblable,mais(commeie diray cy apres)Cela aduiét
| | par
, DES POISSONS MARINS, 22
paraccident, de laquelle chofe ie puis porter tefmoignage de
l'auoir veu en plufieurs lieux,& diuers ports, & plages ge la mer.
le me {uys trouué en compaignies de pluiieurs gents que 1e
pourroye bien nommer, & entre autres de Benigne de Villars
appocicdire de Dion, qui d'vneosier uation exprefie auons eu
fouuenteiiois plaiir en plufieurs Lies d Æiclauonnie& de Gre-
ce, regardancs venir les Daulphins de plaine mer, queiqueïois
en compagnie, les autres fois deux a deux. Car ils i acouplent
malie & temelie, fans ie laitier 1amais 1 vn l'autre, & n'ailants
poincieui a ieul. Lelqueis en faiiant la chaïie en la fpacieuie
campagne de la mer. Apres que d'vne grande induit ne ils ont
reduicts pluiieurs petits poifions des lieux deicouuerts en la mer
& contraictns & ierrez en quelque deitroict,ou es endroicts de
lainer qui ne {ont pas partonds, cognoifiants les eftres des riua-
ges, alorsentrent auec vneimpetuolté {ur celle mulatude,ils
ie paient indifteremment tant de Lvn que de l'autre.kr fils ie
trouuent dedens quelques compaignees de Selerins, ou de Sar-
dines,d’autant quelles iont fietpeces quelles i entrecouchent en
là mer, ils en fonc f1 grand degait, nen mangeants que la te-
{te neftaiants eftime du refte des corps.Qui eit choie qu'on co-
gnoitt a les trouuer flottants ur | eaue, en grande multitude ou
bien deiectez es riuages en grand nombre . Mais les autres
paouures potiions quais ont ainiireduiéts par les deitroicts, en
ionciielpouuentez de l'arriuee des Daulphuins & tant craintits
de leur 1mpetueuls afiault,qu'ils fe crouuent mal añieurez en leur
propre element.Et en cherchant leur ialuc en vn autre ils Le met
tent encore en vn plus grand danger.Car fäichants quil n yael-
poir de ie {aulueren l'eaue,ils faultent en l'air, ou 1ls ne peuuent
guere longuement reiter. A lors on les voitrecheoir f1 dru en la
mer,qu'l iemble proprement que ce foit pluye tombat du ciel,
Mais pour cela encore ne {ontils pas fauluez,d autant queles oy-
feaulx qu'iuyuentles Daulphins a grands bandes, font cout ain
{1 en leur endroiét comme tont Les chafieurs a l'endroiét de l'Ef-
merillon.Car les chafieurs auec vne grande troupe de chiens cou
rants,chaflants au lieure par Li campaigne,dônent fouuent moy
en a l'Efmerllon &Hobreau quiles iuyt,de {e repaifti e des lou
erces & petits oyleaux que les chiens contraignent de { efleuer de
FE terre,
PREMIER LIVRE
terre, lefquelles apperceuñâts l'efmerillon qui les attent,fe fentäts
combatues de deux neceilitez,l'vne des chiens,& l’autre deleur
ennemi capital,aiment mieulschercher{alut entre les iambes
des cheuauls,ou bien fe rendre en la gueulle des chiens,que d'ex-
periméter la merci de celuy duquel elles n'efperét que la mort.
Semblablement Les poifions craignants les Daulphuns, efperent
{e fauluer en l’air,mais lesoyleaux que les Grecs nômerentLaros
les Latins Gauia,& les Francois Mouëttes, & les autresnommez
Carulos, ou Caniards,qui fuiuét les Dau'phins a grâdes bandes,
cognoiflants leur effect (aufli font 1ls cauies de les enfeigner:car
quelque part queles Daulphins aillent,leidiéts oyfeaux vollent
toufiours au deflus)defcendent de roydeur {urtoutela multitu-
de de ce poiffon efpouuanté,qui mieuls auoit aimé fe mettre en
leur mitericorde,que d’eflayer celle du Daulphin qui le va pour-
chaflant par la mer. Mais ettant tourmenté de toutes parts, furäts
les deux inconuenients& cherchät fon dernier refuge tel que na-
tureluy aapprins,il ferenge au riuage de la mer:ouencore pour
la tierce fois 1l tombe en plus grande neceflité qu'au parauät.Car
il fe donneen la puiffance de celuy lequel il nepeult fuir, eftant
fieftonné de la paour qu'ilhaeu,que melmementil fe laifle pré-
dre auec la main,ou bien demeure prisesrets. Voyla comment
les Daulphinserrants par la mer vagabons, maintenant ça main
tenant la,& commençants du matin, vont celle part ou ils ont
conftitué l'eftape de leur defieuner. Tout ainfi font ils de leur dif-
ner,& finablement font lefemblablede leur foupper:par ainfi ils
fontquafi toutleiouren pourchas. Ceft laraifon pourquoy ils
{ont tant aimez despelcheurs, pourcequ'ls ameinent le poiffo
de toutes partsiufques dedens leursrets. Auflien ontils recom-
penfe:car les pefcheurs ne leur font iamais mal. Etencor {ilsles
trouuent prins en leurs filets, illeur donnent lit=rté. Ie ne vueil
entendre que cela fe face en toutes mers, mais principallement
en Grece & autres lieux ou les habitants ne mangent point de
Daulphin.
Que
DES POISSONS MARINS. 23
Que nature n'ba permis aus Daulrbins,de prendre libres
ment les autres poiffons, fils ne jont tournez a la renuerfe.
Chap. AAA NV,
CS ee les Daulphins poutfuyuent les autres petits poiflons
pres du riuage,ileft moult facile de les veoir pefcher.Car en
prenant le poifion pour le manger,il eft neceflaire qu'ils fe réuer-
{ent,& a lors leur ventreapparoift blanc a ceuls qui les regardét,
lefquels on peult veoirclairement. Carle Daulphin eftant de fi
grofle corpuléce qu’6 le peult veoir de bié loig,& que apres qu'6
l'aveu fe lâcer hors l'eaue pour prédre l'air, puis rétrer en la mer,le
Daulphin qui au parauant apparoifloit noir, fe tourne incontinét
en blancheur: mais celle blancheur prouient de fon vétre,lequel
on peult bié veoir des nauires iufques la bas au parfôd de la mer.
Et mefmemét il ne fe pourroit repaiftre, f'il neferenuerfoit def?
l'efchine,qui eft vne note que Ariftote ha expreflement elcripte
au huiétie[me liare de l'hiftoire,& au quatrielme des parties des
animauls. Et pour parler au vray de ce renuerfement du Daul-
phin,apres y auoirregardé expreflement, y cherchant quelque
raifon,obferuant toutes chofes: ie voy toutsles autres animauls
non pas {eulement les terreftres,mais auffiles poiflons,auoir vre
grande elpace & cauité en leurs gueulles,que ie n'ay point trou-
ueees Daulphins: veu mefmementque les mufcles qu'ils ont
par dedensle palais en la bouche,& par la force defquels eft fer
mé& ouuert le conduict de la fiftule qu'il ha fur fa tefte, ne luy
permettét a caufe de leur grofieur,auoir le palais caué ouvouté:
defquels ie parleray plus amplemét au fecôd liure en l'interieu-
re anatomie.Mais pource qu'il m a femblé que cefte merque ap
pattenoit en ce lieu, ie l'ay bien voulu amener, pour la difficulté
de la leçon qui eft en Pline & Ariftote.Et me femblequ'il n'y au-
roit aucune difficulté es mots de Pline parlant ainfi du Daulphi,
Velociffimum omnium animalium non folim marinorm Delphinus, fed ocyor
volucre,acrior telo:acnifi multum infra roffrum os ifliforet,medio penë in vers
tre,nullus pifcium celeritatem eius enaderet,fed affert moram pronidentiana-
ture:quia nifi refupini,atque conuer fi,non corripiunt:pourueu qu onenté
dift bien ce qu’il veult dire par ces parolles, car quand il dit,ac a
F3. multa
PREMIER LIVRE
enlturs infra rofbrum os illi foret medio pen: in ventre, Il doibt eftre en.
cendu de fon eitomach, car venteren Pline eft louuent mis pro
ventricx lo:chofe qu'on peult prouuer de plufieurs autres paflages,
Et qu'il foit vray,ce mefmeautheur au hiure huictieime,chapiire
vingt&vn ha eicript en ceite forte: Cracutas À Ethiopia generat, veluti
ex can lapôque concepros,omnia dentibs frangentes, Protinéiqne deuorata c5-
Jrcientes ventre Oulire plus au dixneuñeime liure chapitre ciquief
mel dit ces parolles:Cios Jalubres acleies pluribus mods exijiumant qui
perficib4mans ventre non queant, Jed #onintumelcant. Véter aufiien quel
ques autres autheurs eft leu pour le ventricale. Macrobiys saturnal,
lure feptieime chapitre quatrieime,eicrit en cefte maniere: Ver
ris duo jHut ortficta:quorñ fupersus erettx rectpu denorata,& in follemventris
recodit.Hicejt jiomachus, qui paterfamiliàs dici mermit,qhafomne animal folus
gubernans.inferiws verd demi) Jéinéeftinis adiacentil” injerityr&c. M nefault
doc pas entédre que Ariftote ne Pline veuillét dire que le Daul-
hin ait la bouche defloubs quai au milieu duvétie:mais quill'aitc
bié auat deïoubs le bec, quaii au mieu de l'eitomach:& metine
méc Aiftote au vuj-.de 1 huftoire ha elcript que touts les poitiés
du gére chartilagineux,& touts autres quionc grade corpulence,
Côme labaleine,& [esDaulphis,ne prénent poit les potios,qu'ils
ne loiét réueriez.Ceteris pifabus(dict 1l }captura minorsm à frôte agitr
ore,vt jolent meare. At cartlaginet,& Delphint, tr omues cetacei gereris ref#-
pirati corripiät, habét ent os fubeer.vnde fat, ve periculf minores faciligs pof]int
exadere.le ne voy aucune difficulté en ce pañage, qui nepuifie bié
Conuenir a Noltre intention: c'eit a dire que les Daulphins ont la
bouche au dedens de la partie de la gorge, & qu'elle foi de la par
tie du delloubs.Ceite choie e peult facilement prouuer ,parvne
railon qu'il adiouite puis apres au quatrieime liure des parties,
parlant du Daulphin en ceite fote . Quoniam etians cum roftrum corÂ
Jtrullura tereti ac tenui fit facile faindi in oris babitum non poteft. Cela di-
foit Ariftote conformemét à ce que Lay defia efcript: fcauoir eft
que lesDaulphis ne peuuët prédrele poiff6 ils ne fontréuertez.
Eten rédac là rail6,diét qu'ils ont le bec grefle &rôden lôgueur.
Parquoy nee peult bônement ouutir en forme de bouche.
Que nature n'a baillé le gofier au Daulphin,oultre la coutume des
autres poifJons [às raion, mais que Joit tant pour [a [äté,que pour
le falat des autres. Chap. X X X V1.
ee
…
+
DES POISSONS MARINS. 24
À Riftote au iiij‘.liure des parties parlant des poifiôs & pricipa-
lemétdu Daulphin dit ces mots:sunt & ons dijcrinina. Altjs eni
. 0santé,E pronfejt. Alus injrà parte JrpineïvtDelphinis, € cartilagineo generi.
Quobre bac majs cônerfa rejupinctur, cb corripere nequeñt., Qucd natyra nors
modo jalutis d'atia,cæteror4 pla feaffe Videtur (denim Jeje ifla cônertunt
_ Morainterce dit, qua pifcis que infetiatw;enadere pofhit:n4 omis id jenus ra
pina pijuñ VHht)verfetiam ne Hitnis jha Genorandtauiditaté explerent.QuA
em facts caperét,breui per imodica Jattetate perirét.quoni à et13 quñ rofiré
eorñ Jlratbura teretirc tenuifir, facile fcindi in oris babit né potelt.Et auviys
liure de Ihftoire:Ceteris pjcibus captura minor à frôte agitur ore,vt folét
meare. At cartilaginel,& Del pbini,& omnes cataceiyeneris rejupinati corripie
nnt.babét enim os fubbcr. vnde fit, vt periculä minores facilins puffint enadere.
Alioquis pauci admodä feruarentur quippe q## Delphini celeritas,atque eden-
di jacuitas mira effe vidcatur.En ces hieux Aniftotcha faiét detcriptiô
correfpodéte en toutes qualitez à noftreBec d oye,cOme ie prou
ueray par {6 anatomie, & principalement en deicriuät celle de la
gorgequil a moulteftroicte Ce que nature ha exprefiemét vou-
lu faire,pour le (alu des autres poiffons.Car pendat le temps que
les Daulphins fe renuerient,les poiflons qu'ils pourchaffent ont
efpace de fuir,tellement quepar ce moienils efch: ppent Autre,
ment ficela n'eftoit,il ne {en faulueroir pasvn de leurs guealles,
veu mefmement que leur vittefle eft quafi incomparable:
Et que leur appetit de manger eft quaftinfatiable Mais nature la
faiét aufli pour leur profit, à fin qu'ils ne fe remplifent par trop
_en deuorantardemment.Car f ils euflent peu prendre facilemeét
_ les autres poiflons,ils n’euflent pas long téps velcu,maisils fe fuf
fentincontnent gaftez de gourmancile, en { {oullant oultre
raifon.Et auffi ne peuuent ils pas facilement prendre le poiflon,
pourcequ'ls ont le bec long &rond & delié, qui ne fe peult pas
aifeme:t ouuriren vne ample eipace de gueule Et quandils ont
grand faim & fonc haftez de pouriuiure quelque poifion iufques
. bien bas en l: profôdité de la mer. ne pouuants plus long temps
. fecontenir Jeans fans ref pirer,ils fe dardent fi vifte pour retour
|
|
nef trouuer l'air, 1ls vont plus roide que ne fait vne fleiche
d'efcochéed'ynarc par yn fortbras. Et n y ha pointde faulte que
ils ne f'eflancent moulthaulr en l'air en laultant, mais quant a ce
pt
PREMIER LIVRE
que Ariftote ha diét qu'ils faultent par deflus les mas des grofles
nauires,il peult eftre vray,car autrementil ne l'euft paselcript.
Toureltois ie n'ay onc aperceu qu'ils faulrafféc fi hault.LesDaul
phins Lot toufiours en perpetuel mouuemét,en forte qu'ils near
reitent iamais en vneplace,& mefmement dormants a la ren-
uerfe,defce ndent petit a petit iufques a tant qu'ils trouuét terre
au parfond de la mer:lefquels lorsfe relueillants, puis de tref-
granderoideur viennenta mont pour refpirer en l'air,& e r'en-
dormants, font plufieurs fois le {emblable.
Que la Vifteffe des D'aulphins,ne leur prouiet pas de leurs
aifies comme aus autres poiffons, & que le poiffon nomme
Aria face de grandes cruaultez au Daul,biy, quand il
en peult eflrelemaiftre. Chap. XXXVIT.
Out ainfiquele Daulphin eft le plus vifte de toutsles au-
tres poiflons de la mer,auffieft il le plus hardy:8cde faiétil Les
maiftrile quafi touts,car aufii eft il leur fuperieur.Nonobftät ce-
la,il nelaifle pas d’auoir quelques ennemis qui luy font fafcherie
& guerre mortelle,& defquelsil eft quelques fois vaincu:&prin-
cipalement d'vnnomméanmia, lequelle defchire cruellemét de
{es dents,quandil peult auoirl auantage fur lay,car fi par fortu-
ne vne bande de Amies le rencontrent fil nele gaigne a fuir, el-
les mettent toutes la dent deflus,&ainfi letenants enfemble de
toutes partsreflemblent vne boulle ronde roullant par la mer, iuf
ques a tant qu'il foit tout en pieces.Car aufli elles fucent tout fon
fang comme faiét vne Sanfue. C’efta bon droit qu'on ha iugé
les Daulphins eftre les animauls qui furpaffent toutsautresen vi
ftefle,non feulement ceuls quifontenla mer, mais auffi touts
autres qui font fur terre:8r en l’air,car mefmement Ariftote dit
en auoir entendu merueille &chofes incroiables.Lefquelles ï'ay
veu moymefme eftant fur diuers genres devaifleaux de matine,
& en plufieurs mers,efquels il nous falloitnauigeren paflant d'v-
neifle ou bien d’vn pais en yn autre:ou nous auons veu les Daul |
phins aller plus vifteque ne faifoit noftre vaiffeau, aiant la voile
defplayee auecvent en pouppe;en forte qu'il gaignoit devifteñle
toufiours deuant nous. Le Daulphin en nageant n'eft pas Lie |
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DT RP, à
DES POISSONS MARINS. 25,
dela grandeur des aifles, comme les autres poiffons: maisil eft
{eulemét aidé de la pefäteur de {6 corps, car les aifles ou pinnes
qu'il ha,f6t moult petites au regard de la proportié de fon gräd
corps,qui eft moult gros & lourd & pefant & touteffois,iln'y ha
oyfeau en l'air qui volle fi vifte,qu'l va enla mer. Ie puis donc
prouuer ,que ce ne font pasles grandes aifles,qui dônent la gräd
viftefle aux gros poiflons, car fi cela eftoitvray,les Hirondelles, 8:
les Milans de mer, feroient plus viftes que les Daulphins,car d'v-
ne de leurs aifles l’on en couuriroit bien l’aifle d’vn Daulphin, &
touteffois les Daulphins auec leurs petites aifles, font les plus vi-
ftes des poiffons.
Que les bifhoires anciennement racôptees des Daulpbins,
* font encor pour le iourd'buy en la memoire des hommes,es
pais du leuant,quafi comme fi elles efhoient frefchement fai
Ces depuis buict iours. Chap. XXXVIII.
L refte encor quelque point a dire des hiftoires qu’on auoitan-
ciennemétrecitees des Daulphins,dôt plufieurs font pourl’heu
_ re prefente racomptees par Les habitants du pais d’Albanie &Ef{-
clauonie, ou l'on diét qu'elles furent faites en forte qu'il n’y a
celui pour le iourd’huy qui ne les fache raconter,comme fil n’y
auoit pas vn mois qu elles en ont efté faiétes.Chofe que nous {ca
uons eftre vraye par le recit des habitants del'ifle de Corfula, &
de ceuls des riuages de Grece & d'Albanie,ou il n'y ha paifat qui
ne fache racôpter l’hiftoire de celui Daulphin quivenoit prendre
la mengeaille es mains des gents du pais,& adiouftent d'auanta-
ge que plufieurs d'entre euls qui font encor viuants l'ont manié,
tant il eftoit priué:& qu’il portoit {ur fon dos ceuls qui alloient
nouer en la mer,fe iouant auec euls,& qu'ilaimoit fur touta fe
efbatre auec quelques ieunes garfôs:&aufñli qu’ilaidoit grâdemét
aux mariniers a pefcher:mais qu'il auoitefté tué il n'y ha pas log
temps,& pour mieuls affermer la chofe, on les oit dire en cefte
maniere. Que le paillart qui luy auoit faiét oultrage, fut n'ague-
res mis en quartiers meurtri d'eftrange maniere. Voila quant à
Tvne des fables ou pour mieuls dire hiftoire tât anciëne qui fera
G. toufiours
FREMIER LiVRE
toufiours moderne en ce pais la, tant quele monde fera en
ettre.L’autre de celui qui aimoit vnenfät, &le portoit deflus {6
dos,{e iouant auec luy par la mer,& puis le rapportoit au riuage,
& l’aimoit fi ardemment,que a quelque heure du iour & quelque
loing qu'ilfuft,quand l'entant venoit au riuage & l'appelloit, in-
continent le Daulphin fe rendoit la,{e prefentant a luy pourlere
cepuoir {ur fon dos,& le mener iufques en pleine mer {’etbatant
& de la le ramener quandil plaifoit al’entant. Toutes lefquelles
chofes &plufieurs autres femblables tant anciennes,(ontrecitees
de frefche memoire par les paifants deGrece & Elclauonie,com
me fi cela eftoit aduenu de noftre temps, & touteffois elles ont
ia efté efcriptes plus detreze cêts ans ha.Quät a toutesautres fé
blables ie n'en vueil efcrire autre chofe.Car qui les vouldra enté-
dre,pourra veoir les autheurs qui les ont efcriptes.
Que les babitants du P ropontide effiment que les Daul
phins foient palfagers de la mer Mediterrance au pont Eu-
xin, @ quil leur foit plus tolerable Viure long temps bors
l'eau que dedes la mer fans prendre baleine.C.XXXIX.
"Ay ouy que les Grecs qui demeurent auriuage du Proponti-
de difoient qu'ils cognoifient que les Daulphins font pañagers
a la maniere des autres poiflons,{cauoir eft qu’ils fe partenttouts
lesansen quelque faifon de l'an, venants de la merMediterranee
pañlants par l'Hellefpont & le Propontide,& de la fe rendants au
Pont Euxin,dedens lequelils fonc vn certain temps auant {en
retourner. Et que quand le temps leur ha apprins qu'ileft faifon
de reuenir, lors chafcun {en retourne dontil eftoit party. Dient
d'auantage quils cognoiflent deux diftinétions & differences de
Daulphias: {cauoir eft des grands, & des petits. Touteslefquel
les chofes Ariftote a mon aduis ha voulu entendre,efcriuantque
les Daulphins de Pont font moult petits, & qu'il n’y apoint de
autres beftes malefiques aux poiflons en Pont quele Daulphin &
leMarfouin:& que les plus grands Daulphins fonc bien auant au
profond du Pont Euxin.Parquoy me femble qu'il veulc enten-
dre que les ns puiffent éftrenommez les plus grands, les a
| TE dre
DES POISSONS MARINS | 26.
les moindres.Les Daulphins ont cela de particulier, qu’ils aimét
a L’aprocher des nauires,& les mariniers lesvoiants venir, font
quelque bruit & les fitient, a fin que les Daulphins aïants enté
duleion,reftent plus long temps au tour du nauire. Eticeuls
Daulphins f'approchants,on les oit faire vn grand bruiét en {or-
tanchors la mer,en iectant le ventqu'ils auoientlôg temps con-
tenu en leurs poulmons-lequel bruit ils font par le conduict de
leur fiftule.Ils entrent quelques fois,en leaue doulce:ou 1ls {e peu
uent bien contenirvne efpace de temps,&viure des poifions des
rires ou eftangs, comme en la mer: touteltois l'on voit ordi-
nairement qu'ils n'y demeurét pas long temps.Entre autres cho
fes qui font les plus notables du Daulphin ceft, qu'il luy feroit
plus tolerable de viure long temps en l'air eftant {ur terre fans 2-
uoir mal,que d eftre detenu en la mer {ans prendre haleine,telle-
ment que {ouuent lesDaulphins qu'on ha prins es rets,demeurét
fnffoquez en L'eau par faulte d'air,car ils ne peuuét viure fans re-
fpirer,non plus que touts autres poiffons qui ont poulmons.
Que plufieurs chofes nommees de propre nomaient pris
leur appellation du Daulpbin. Chap. X L.
Vantque de mettre fina ce mien difcours touchant la narra-
tion de la nature du Daulphin;,ïay bien voulu adiouiter vn
poitque i'auoyelaiflé en arriere qui debuoit eftre efcript au cha-
pitre des antiques engraueures des Daulphins.C eft que Vlixes
portoit l'effigie d'vn Daulphin engraué en fon cachet: & auffi
portoit le Daulphin portraiét en fou efcu,en l'honneur de celui
qui auoit faulué {on fils Thelemachus qui eftoit tumbé en la mer
L'eftant mis defloubs luy,l’'auoit amené iufques au riuage.ll y eut
anciénement vneefpece de vaifleau que les Romäins nômoiét
de n6 propre welphin#s dt ils fe feruoient en leurs repas, du quel
Pline a efcript,en parlät des tables antiques en cefte maniere Del.
binos quinis milibus feflerciis in lifras emptos. C. Grachus babmt. Le croy
que fuient tels vaiffeauls dont vfent les panetiers du Roy & des
Princes lelquels ils nômêt vulgairemét Nefs ouNauires.Les pa-
fticiers auffi en quelques parts en ont de féblables qu'ils appellét
gardemäger,lefquelles me féblét tenir quelque chofe dela forme
G.2 Semblable-
PREMIER LIVRE
duDaulphi & que telles nauires eftoiét lesDaulphis des Romaïis.
Semblablement leDaulphin ha donné nom a vne herbe qui an-
ciennement eftoit nommee Delphinion:car les fueilles d'icelle her:
be luy reffembloiét:femblablement il ha aufli donné nom a vne
mafñle moult pefante,qui eftoit de ferou de plomb, faictea la fi:
militude d’yn Daulphin,a la quelle les Francois ont muéle nom
car telle mañle eft maintenantnommee vn Saulmon. Si nous
croions a l’interprete d’Ariftophanes c’eftoit vne grofle mafe de
plomb ou de fer, aiant figure de Daulphin qu'on pendoit a l’ante
_ nedunauire, quand l’on liuoit la bataille fur mer,laquelle maf
fe on laifloit tomber dedens la nauire des ennemis,pour le faire
aller en fod.Et telle maniere de nauire Thucydiden6moitDefphi
nophoré,c’eft a dire nauire portant Daulphi.Séblablemét il ha don
né leno'a la region quimaintenät eft nommee Daulphiné. Au-
cunsonteu quelque apparence de raifon, d'auoir nomé leDaul
phin du nom de Pompilus, car il accompaigne voluntiers les naui-
res, comme faiét le Daulphin. Toutelfois Ariftote delcriuant,
Pompilys feparement du Daulphin,montftre bien que leDaulphin
nele Marfouin ne foient pas Pompifas duqueliene vueil point
parler d’auantage, car il me fuffit d'auoir touché ce poin&, pour
re entendre que Pompilys foit vn autre poiflon que Le Daul-
phin.
Defcription des exterieures parties duDaulpbin. Chap.X £:
A Pres queïay long téps pourchaffé toute l'hiftoire de ce quife
doibt dire duDaulphi,il m'a féblé eftre téps de retourner pre
dre mon principal propos ia commencé, & prendre les fufdi.
ctes efpeces de Marfouins chafcun a part foy, a fin de tellement
les fpecifier qu'elles foient entendues. Lay diét que celuy qui eft
le pluscommunement apporté de la mer, qui n’ha pasle nez
long,eftoit celuy queie vueil entendre par Le nom deMarfouin:
& que celuy qui ha le nez long,appellé des Francoys vnOye;foit
le Daulphin, duquel ievueil premierement donner la defcriptio,
tant du malle que de la femelle,a fin que chafque note exterieu-
re foit diligemment examinee, prenant les parties de fon corps a
parten les confiderant diligemment.Et coômençant par la ul
eur,
DES POISSONS MARINS, 27
feur , la plus commune qui foit veuees Daulphins, c’eft autant
qu’vn homme peult comprendre dedensfes bras,les embraffant
au trauers du corps.La longueur eft autant ou quelque peu moïs
qu'vn homme peult mefureren eftendant les bras, touchant la
queue d vne des mains,& de l'autre a la tefte, aiant le corps du
Daulphin appuiécontre fa poictrine. Voyla la cômune grädeur
&la plus vulgaire qu'onveoit ordinairement en noz becs d'Oyes.
La grandeur de la corpulence du Daulphin haefté exprimée en
comparaifon du Herondemer:car Ariftotea laiflé par efcript,
que le poiffon nommé Xiphiss ou Gladiss, que les Francois appel-
lent vn Heron de mer, croift quelquefois iufques a telle corpulen
ce,qu'il deuient plus grandque ne faict le Daulphin. Et pource
que nous cognoiflons bien quel poiffon eft leHeron de mer,auffi
par confequent deuons nous eftreafleurez dela grâdeur du Daul
phin.Le plus grand queïaye onc veu, futapporté a Rouen l'an
mil cinq cents cinquante,au mois de luillet, duquel fobferuay
la grandeur.La lune de fa queue auoit en l’interualle d’vne des
cornes a l'autre,plus d'vn pied & demy. Carelle contenoit trois
fois autant que ma main f'eftend en longueur de l'extremité du
poulce & du petit doigt:c’eft a dire trois paulmes : l'efpefleur de
{on corps embraflee auec vne corde, puis mefures, auoit fix paul
mes.Sa longueur eftoit autant qu'vn homme peult atteindre des
deux mainseftendantles bras.Son beccommenceant de la ou
il eftoiccamus,eftoit long d'vne paulme:8& commenceant dont
il eftoit fendu, il auoit vnepaulme& demye.Il auoit vn b6 pied
en l'ouuerture de {6 bec:Et eftant vuidé defes interieures parties
comme on l’auoit apporté,il poifoit bien trois centsliures. auffi
van cheual a peine lauoit peu apporter depuis le Haure de grace
a Rouen.Les Daulphins n’ont que trois aifles en tout, dont vne
feule eft efleuee deflus leur dos, laquelle demeuretoufiours en vn
mefme haulteur, car ils ne la peuuent baifler: ne hauller a la ma-
niere des aultres poiflons.V ray eft qu'ils la tournent bien ça & la
versles coftez . Les deus autres aifles qu'ilsont, vnede chafque
cofte;fituees aflez pres dela tefte, me femblent eftre bien pe-
tites mifes en‘comparaifon a la proportion de leurs corps.Natu-
re n'haarmé leDaulphin d'armures exterieures,&fildomine ou
G.3. commande
PRE MIER LIVRE
commande aux autres, c’eft par favertu;&non par force d'armes.
Car en tout ce qu'il ha pour nuyre aux autres,ou Îe deffendre,f6c
feulementles dents.Il ha fa peau cotalement lubrique & ghffate
comme auffi touts autres poifions nombrez es efpeces de fon gé
re c'eft a dire Cetacea .Il eit {ans efcailles,& ha la queue contrela
reigle & couftume des autres poiflons, lefquels fuyuant la forme
de leur corps qui eft plat, la portent a la meme maniere, mais le
Daulphin la porte oblique comme font les oyfeauls. Car vn oy-
feau eftant de forme ronde en longueur,& volant en l’air,en efté-
dant fa queue,il vie d'icelle comme d'vn gouuernail, &1’en fert
pour fe {oulager en volant,chofe que nous pouuons veoir es Mil
lans Hirondelles & es Creilerelles,qui fe tiennent long tempsen
l'air en vn mefme endroiét fe fouftenants de leur queues & des
aifles fans point {e remuer. Mais puis fe voulants darder vont
comme vne flefche, aiants retiré leurs aifles, lefquelles ils ne
remuent point,fe gouuernants feulement de la queue, ils vont
d'vne viftefle incomparable. Semblablement les Daulphins,aiâts
la queue oblique, nagent feulement de la pefanteur de leur corps
fans point y trauailler leurs ailles,mais {eulement leur fuffiteftre
aidez dela queue qui conduyfe le corps.Laquelle ils ont compaf
fee a la façon d'vn croiffant,non pas du tout en vray façon de Lu
ne comme les Tons. Carils ont d'auantage quelques autres en-
tailleures.Ladiéte queue leur baille vne treigrand forceen nou-
ant, car elle eit robufte. Tellement qu'on pourroit dire que leur
queue les fouftient en l'eau quafi en balance, comme la queue
desoyleaux enl'air.Le Daulphin ha les yeulx fortpetits , veu la
grandeur defon corps . Il peult ciller a la maniere des beftes ter-
reftres amenant la paupiere pour couurir la prunelle des yeulx.
Les conduicts de {on ouye {ont fi petits que n y apparoift aucu
ne cognoiffancede pertuys, fi lon n’y regarde exactement. Celuy
qui les vouldroit trouuer. les cherche en cefte maniere:qu'il com
mence au coing del'œil,& fuyue de droiéte ligne allant vers les
aifles,& il les trouuera diftants a fix doigts de l’œil.Et fil préd
vn brin de paille, & choififle la partie delieea laquelle eft atta-
ché l'efpi, & la fiche dedens les conduiéts de l'ouye du Daul
phin, & puis trenche la chair auec vn coufteau fuyuant la
paille,
DES POISSONS MARINS. 26
paille, il voirra decliner les conduicts a cofté contrebas, & fe
etlargir quelque peu au dedens, & finablement paruenir aux
os pierreux,& entrer dedens le teft. Les conduiéts pour oco-
rer, quelque diligence quon fache faire,ne font apparoiflants
finon es petits,nouuellement naiz, comme d'yn mois ou de
deux mois. Car commenceants a deuenir grands.Ils perdent
cela .On les voit auili en ceuis qu'on a tiré de La matrice,lef-
quels ont des petits poils blancs comme barbeaux,de chafque
cofté de la partie de deflus la machouere d'enhault,mais ils 16t
durs, lefquels trenches a laracine, & fuyuis auec le coufteau,
{ont veus 1e inferer es extremitez de certains nerfs efquels ils fe
terminent. Touts les autres poifions ont des ouyes, qui font ou-
uertures par les deux coftez.Mais le Daulphin n'en ha point.Car
comme nature Luy ha nyé cela, elle luy h1 bailléyne flute, au cô-
duict deflus la teite, droitement entre les deux yeulx, par la
quelle flufte ou tuyau ilrefpire & afpireen l'air, &iecte l’eau, &
fait bruit.LeDaulphin eft eipois par le milieu au trauers du corps
a la maniere d’ynretournouer de guantier, car 1l fe termine de
chafque cofté en fe agreflifant & diminuant en agu, tant de la
partie de la tefte que de la queue,il ha le nez long,rond,& droit,
ion dos eft de couleur plombee tirant fur le noir.Ileftbläc
par defloubs le ventre. Les aitles qu'il ha de chafque cofte &
1a queue, & { arrefte de deflus fon dos font moult noires. Ses déts
font de compte faiét cent {oixante en tout , moult poin-
tues & rondes, en longueur difpofees par ordre, quarante
en chafque cofté de la mafchouere: defquelles celles qui font
de la partie d'embas ; font plus petites que celles qui font en
la mafchouere d'enhault, laquelle maichouere eft continuee
… d'yn feul os.Si eft ce qu'il y ha bien apparoiflance de quelque
petite feparation.Mais par dedens elle monitre eftre d’yn feul
osa la maniere decelle d’vn Crocodile, en laquelle les quatre
. vingts dents qui y {ont,defcendentiuftement& fe rencontrent
en fe inferant dedensles autres de la mafchouere d'en bas. Il ha
quafi la langue a deliure,kcomme eft celle d'vn porceau:mais el-
le eft en ce differéte,qu'’elle eft couchee au bord par le deuär,a la
maniere des lägues desCygnes,Oies,ou autresoyfeaux deriuiere
La
PREMIER LIVRE
La difference exterieure du Daul pbin d'entre le male &
la femelle. Chap, XLII.
Pres que j'ay defcript les exterieures parties duDaulphin,qui
conuiennent tant au mafle qu'a la femelle:ilrefte que ie met
te La difference de l’vna l’autredifcernant Le mafle de la femelle.
car il y a quelques merques entreeuls deux aflez manifeftes qui
les feparent euidément.C'eft queles Daulphins mafles, ont vne
ouuerture par le milieu du vétre,en laquelle fe retire le fourreau
deleur membre honteuls,qui eft enclos la dedés:lequel on peult
tirer hots en le prenant par le bout:&quandonle tire bien fort,
il fort hors moult gros:& ha plus de huiét poulcesde long. Ilha
encor vnautrepetit pertuis au defloubs, quieftle conduiét de
l'excrement, lequel eit beaucoup plus bas vers la queue. Mais la
femelle n’ha point de telle ouuerture au milieu du ventre, finon
qu'elle en ha vne plus bas que celle du mafle,qui eft le pertuis de
la nature,ioignant lequel vn peu au defloubs eft féblablement le
pertuis de l'excrement, feparé comme es animauls terreftres.
C'eft vnenoteinfallible qui diftingueexterieurement le mafle de
Li femelle. l'ay defa bailléles portraicts du Daulphin retirez de
l'antique,ainfi que les y auoye trouué grauez,comme es ftatues
& medalles des republiques&empereurs tels qu’ils les y auoyent
fai portraire.Confequemment il m’ha femblé raifonnable,d'é
donner vnretiré du naturel contrefaiét au vif:lquel nous auons
faiét faire en Paris,de telle peincture que l'ouurier induftrieuls
maiftre Francois Perier,aiant le poiffon deuant les yeulx ,ha reti
ré de fon pinceau.Laquellepeinéture de Daulphin monftree a
touts viuäts cognoiffats le bec d'Oye,iugerotque foit {6 naifpor-
traiét&croy qu'ilnefe trouuera hôme quinel’aduouepourtelle.
Le Vray portraict du Daulpbin.
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DES POISSONS MARINS. 29
Defcription du Marfouin, la difference de Phoca,&
de Phocæna. Chap. XLIIII.
P Our n’engédrer confuf6,es chofes que ‘ay defcriptes duDaul
phin,;auec celles que f'efcriray du Marfouin,r'ay bienvoulu cô
ferer l’yn auec l'autre, car leDaulphin n’ha rien qui ne puifle auffi
bien conuenir aus autres efpeces de Marfouins, tant du malle
que de la femelle:& n'eftoit que celuy qui eft vraiement appellé
Marfouin, c’eft a dire Phocena, n'ha pas le nez fi long,il feroit qua-
fi femblable au Daulphin.Mais pource que Phocæna eft vn nom
moult prochain de Phoca, & toutefois Phoca, eft vn aultre ani-
mal, appellé en Francois V eau de mer,ou bien Veau marin,de la
pe duquel l'on faiét les ceinétures de cuir pelu,ie l'ay bien vou
u nommer en ce lieu,a fin quel’affinité des appellations de Pho-
ca & Phocena n'abufaft perfonne.C eft donca Phucasa a quilenom
de Marfouin eft proprement deu,& qui eft beaucoup plus com
munque n’eft j'Oyeou Daulphin: auflieft 1l generalement le
mieuls cogneu par les poiffonneries des villes,& principalement
de Paris. l’ay veu fouuenteffois aduenir qu’on y en ha apporté
quatre ou cinq pour vnvendredy,mais cela n'eft pas ordinaire:
car telle chofe aduiétI vne fois plus l’autre fois mois. Aufli 1l y a
va temps auquel les Marfouins font pefchez plus frequents:car
Jon en voit plus au printemps qu’en autre faifon, plus en yuer
qu'en autône ,& plus en automne,qu'enefté: fi eft ce qu’on en
. Veoit quafi entoutes faifos:mais mois en efté qu'en nulle autre.
Et pour cinq Marfouins qu’on y apportera, a peine l'on y voirra
vn Daulphin ou Oye.Car les Daulphins{ont pefchez plus rare-
ment queles Marfouins.Or voulant exaétemét defcripre leMar--
{ouin, il ne me fera difficile apres auoir defcriptleDaulphin, car 1l
eft de mefme corpulence, qu’eft le Daulphin: n'eftoit qu'il eft
quelque peu moindre.Il eft brun deflus le dos tirant fur la cou-
leur celefte,mais il eft blanc defloubs le ventre.Il n'ha qu vneha-
refte ou aelledeflus le dos, il en ha deux,vne de chafque cofte,&
ha la queué tournee en croiflant. Toutes lefquelles aelles, queue
& harefte, font de couleur noiraftre,a la propre maniere de celles
du Daulphin.Il ha le nez mouce quafi comme arrondi. Somme
| H. que
PREMIER LIVRE
ue fon exterieure defcription,conuient en toutes merquesauec
celle del’Oye. Quant aux yeulx & autres conduiéts d'odorer, & À
relpirer,& au conduiét de l’excremét& dela nature delafemel- ®
Le,& du membre honteux du mafle,& toute la refte des parties
excerieures reflemblent auDaulphin,& pour lefaire briefiepre. …
tens quela prefente peinture le reprelentera au naturel. |
Le portraict du Mar[ouin.
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Riftote au fixiefme & huictiefme de l’hiftoire, ha parléaffez
amplement de ce Marfouin, lequel il ha nôbré entre les poif-
fons Cetaceos cet a dire qui font de grande corpulence,& qui ré-
déc leurs petits en vie,& qu'il ait du lait commeles Daulphins,
Pareillement Pline parlant de Tarfione,ou Tarfione, quieft a dire
Marfouin diét qu'ils font femblables aux Daulphins: mais quel-
que peu plus rigoureux, malfaifants a [a maniere que les chiens
dé mer font de leurs becs,naiflants en la mer de Pont. Cela aef-
cript Pli.de noftreMarfouf, l'aiät pour La plus gräd partie traduiét
d'Arittote . Mais pour Phocena il ha tourné Tir/yo ou Tarfyo,
nous auons changé vne lettre difants AMarfyo pour Tarfyo . Les
Veniciens ont vne {emblable diétion pour exprimer le plus
petit poiflon qui fe pelcheen la mer,lequel pource qu'ileft de pe-
tite ftature,1l n’a point de fingulier:mais d vne voix pluriele ils
le nomment Marfyoni: lequel petit poiflon ceuls de Marfeille nô:
ment Cabafoni. Et pource que telle maniere de petit poition ne fe
voit point par deça,ie ne fache point quel nom Francois il obti-
enne entre nous. |
| Defcription
+
DES POISSONS MARINS, | 30
Defcription d'Yn autre efpece deMarfouin furnommé vne
Oudre, Chap. XL.
À Iant acheué toute l'exterieure anatomie du Daulphin & du
Marfouin,auant que proceder a l'interieure partic;il m'afem
bléconuenable de commencer a deicripre l'exterieure peinétu-
red vne tierce elpece de Marlouin,comme 'ay promis:iaquelle
Yay faict portraire au naturel, {achät bien que la peinéture peule
mieuls reprelenter les choles a 1 œil en vninftant,que ne fontles
efcripts en longue elpace de temps.Elle fut trouuee dedens l'Oce-
an,& pefchee au riuage du Treport,qui eft vn haure en a cofte
de Normandie,& fut apporté par charoy a Paris. Ce fut 1 vn des
plus grands poifions que i eufe onc veu.[e vuel prendre ceituy-
ci en foy,que touts poifions qui ont quelque fimilitude auec le
Mar{ouin,{oient indifreremment appellez Mar{ouins.Car encor
qu'il fuft particulierement nommé de quelques vns du pais vne
Oudre;fielt ce que generalement touts autresenle votant l'ap-
pelloient du Martouin.On l'enuoya du Treportal’hoftel de Ne.
uers a Paris,& ceuls qui lenuoyoientlenommoient du Marfou-
in,comme nous auons veu par les lettres qu'ils efcripucient au
maiftre d'hoftel,ne viants d'autre nom, finon qu'ils difoient lu
enuoyer vn Martouin.Mais ceuls qui l’auoientamené, & plui-
eurs autres quile venoient veoir, le nommoient vne Oudre,ou
vn Neutre,les autres vne Ouette.Mais pource que Ouette eftyn
nom qui femble eftre diminutif d'yneOye,&l Ovye eft le nom du
Daulphin,il me femble que le nom d'Ouette luy feroit donné
mal a propos:car 1l eft quatre ou cinq fois plus grand quen eitle
Daulphin .Somme que les appellations les plus communes e-
ftoient de la nommer vne Oudre,& Oudre en Francoiseit a di.
Vter;quieft vneefpece de vaifleau a mettre quelque liqueur,
foit eau, vin,ou huille, comme font les boucs, & peauls de
chieures ,efquelles l'huille nous eft apportee en temps de qua-
refme du Languedoc en France, maisiel’expoferay cy apres,
quant j'auray mis la defcription de ce poifion.
Et pour commencer a le delcripre par {a grandeur, plufieurs
iugeoient qu'il eftoit pelant de plusdehuiét cents hures.
H2. Qui
PREMIER LIVRE
Qui le mefuroit aux pas en cheminät,onluy en trouuoit trois:
mais meluré plus feurement& plus iuftemér,1l auoit neuf pieds
&deimy.Il eftoit fi gros par le crauers du corps,que deux homes
fe cenants par Les mains a peine l'euffent fceuembraffer. Mais iu
ftemét empoigné par le trauers du corps auecvne corde,puis me-
furee,elle auoic fept pieds: & depuis le nombril du poifion qu’il
ha au milieu du ventre,iufques a l'efpine du dos en trauers;1l ha-
uoit trois pieds& demi. La lune de fa queué entre les efpaces des
cornes,auoit demie aulne.Cefte eit la defcription d vn bien gräd
poiflon:lequel touteftois prins aux rets,n'a non plus de forceque
auroit vn autre petit poifion,& principalement fi la queuë eft
empettree:car 1l ha les aelles moult petites pour la grandeur de {a
corpulence:& eftant prins,n'aiant point de {ecoufie a foy darder,
par cela il demeureaftoibli,n’aiant plus de force a fe remuer.il ne
pourroit aufli eftrelonguement en vie pris dedens les rets ,qu'il
ne mouruft {uffoqué par faulte d'air, non plus que touts autres
poilions qui ont poulmons,comme Veaux demer, Tortues de
mer, Rats d'eau, Marfouns,Baleines,Lutres,Caftors, Daulphins,
Chauldrons.Celui duquel ie parle maintenät,eftOrca, il ha Le nez
beaucoup plus camus & mouce que n’ha le Daulphin: & pource
quileit de plus grand corpuléce,auffi ha il fon bec ou nez beau-
coup plus gros,mais leDaulphin l'ha bié plus eftendu en logueur:
car combien qu'il {oit de moindre corpulence,touteffois 1l ha le
nez pluslôg.La mafchouere d’embas de ceft Orca,eft plus lôgue
que celle de deflus,ronde,& moult charnue.Les deux aelles dont
ilen ha vne de chafque cofté, dont il fe {ert pour nager,me fem-
blent plus petites,qu'il ne conuient a la proportion de la grädeur
de fon corps.L'harefte qu'il ha deflus fon dos,eft efleuee droicte
& petite au regard du demeurant. Tout ce poiflon femble eftre
enueremenc couuert de quelque cuir come le Daulphin & Mar-
fouin:aufii eftil {ans elcailles ,noir {ur le dos, & bianc defloubs
le ventre.Il eft de forme toute ronde en longueur,gros par le mi-
lieu du corps, & eft eftroiét en diminuant par les deux bouts, cô-
me eft Vn pot al'antique,ou vn fufeau panzu. Il ha les yeuls
moult petics,entre lefquels deffus le fommet dela tefte,eft le co-
duiét de la fiftule,par laquelle il infpire & expire.Sa langue neft
| | entiere
|
DES POISSONS MARINS. 23
entierement libre,& eft femblable a celle d'vn Daulphin. L'en-
droiét de {a gorge par le dehors aux bafles narines de la langue,
eft gros comme pourroit eftre a ceuls qui ontvnfecond mento.
Les deux petits pertuis de {on ouye;encor qu'ils foient moulte.
ftroiéts comme auDaulphin, touteffois ils apparoiflent quelque
peu.La mafchouere de defloubs eft fi pefante,qu'elle tumbe d'a-
uec celle d'enhault,quant le poiflon eft deflus le ventre & luy tiét
la gueulle ouuerte,qui eft fort bien armeede bonnes dents. Au
furplus,quant eft de ce que nous pouuons efcripre de fon exte
rieure anatomie,ie puis direqu'ileiten toutes notes correfpon-
dant auDaulphin,excepté qu'il eft quatre ou cinq fois plus grad.
Tellementque ie penioye au comécement que ce fuft vn Daul
phin,d'autant queie n’y trouuoye difference finon envne excef
fiue grädeur. V ray eft que l'ay trouué quelques particulieres cho
fes que i ay obferuees,lefquelles m ont enfeigné que ceftuici foit
particulierement de fon genre,difterent auDaulphin.Mais pour
ce que j'ay toufiours eu la couftume,que en l'endroiét ou 1 auoie
ditficulté des animauls qui fe reflembloient,de leur regarder les
dents,apres diligente infpection & côfideratié de celles deOrca,
l'ay cogneu l’euidente difference d’entre luy & le Daulphin. Car
le Daulphin ha iuftement autant de dents en vne des mafchoue-
re, comme ceftui ci en ha en toutes les deux, ou bien di-
ray mieulx, qu'il ha autant de dents en l'vn cofté de la maf-
chouere,que ceftuyci en ha en toute vne entiere Laquelle cho-
{eïay facilement peu experimenter a l'œil:car nous l'auons co.
feree a l'encontre des mafchoueres des Daulphins que nous gar-
dons de long temps:maintenant les mafchoueres auec les dents
du fufdiét Orca,ia nettoyez & defcharnez font chez monfieur
le garde de feaux Bertrandi:lefquelles dents nous auons compte
eftre quarante en chafque mafchouere,ne côprenant point qua-
tre petits rudiments qui font deuant, & les plus grofles {ont au
nôbre de vingt de chafque cofté des mafchoueres,qui font mou
ces,mais celles du derriere font poinétues 11 y en ha en tout qua-
tre vingts, moult blanches,\ongues en rond,difpofees par ordre,
diftantes l’yne de l'autrecommeau Daulphin. L’os de [1 maf-
chouere d'ébas eit quelque peuvoulté&eft lôg d'yvn piedg&demy.
L'ouuerture de {a sueulle n'eft guere plus fendue qu'eft celle du
H3. Daul
PREMIER LIVRE
Daulphin,mais touteffois il ha bié la gueulle plus large.La figure |
de fa queue approche plus de celle du Daulphinque du Marfoui,
toute{ lois elles fe retfermblent toutes trois.Ce poifion n’ha pasfeu
lement efté veu pour vn coup,car iladuient quelques fois qu'ô
_enprend d'autres femblables & de plus grands,mais fi rarement.
queen dixansa peineen ferapris Vne douzaine entout Je riua-
ge.ll nerefte rien a defcrire de fon exterieure peiéture,fin6 que
celuy dôtie parle maïîtenät, eftoit femelle, qui auoit vn petit de-
dés levétre,lequel pour lors n’eftoit encor pas paruenu a iufte gr
deur, car c’eftoit au commencement de may,mil cinq cents cin
quante& vn,touteftois il eftoit defia fi grand, qu'il auoit deux
coudees de long.qui eft vray argument que cepoifion fuft en ef-
pece different au Daulphin,8& Marfouin.Cefte femelleauoit des
mamelles,vne de chaque cofté,qui eftoient moult manifeftes,
tellement qu'ilhaefté libre a vn chafcun deles veoir, defquelles
lespetits bouts eftoient cachez dedens vnefente, mais onles ti-
roit facilement hoïs de ladicte"fente quandon les pin{oit auec
les ongles:non pas quele bout dela tetine euft vne tefte comme
ha vnautre animalterreftre, mais feulement vn petit bout delié,
duquel les petits Oudreaux tettent le laiét des mamelles,qui f6t
cachezcôme ie diray en defcriuât{6 interieure anatomie. V oila
ceque i'auoyea dire touchät l'exterieur de ce moult gräd poifl6,
qui ha efté fpeétacle au peuple de Paris,car ils le Venoient veoir a
l'hoftel de Neuers par grande fingularité.
Difcours prins des autheurs,touchant ce quäls ont efcript
du poiffon nommé Orca. Chap. XLVIII.
J'Auoye defia defcript ce poiffon auant l’auoir nommé denom
antique:maîis apres que i eus long temps fongé deflus, & que ie
trouuay tant de merques qui le mediftinguoient du Marfouin,
Chauldron,& Daulphin,ie fongeoye quelle antique appellation
il pourtoit obtenir.Defia n'eftce pas Prifles ou Priflis: carileft ma
nifefte que le poiflon que les Francois nomment yn Chauldron
eft Prifles. Lequelie n ay point voulu defcripre d’auantage en ce
lieu(combié qu'il euft peu conuenir a cefte matiere)pourceque
ie n'en auoye point la peinéture. Auffi n’eftce pas Phyfeter, car
il fault(Lileft vray cequ'on enefcript)qu'il foit plus grand poif
fon que ceftuyci.Mais quand i'eus enquis,particulierement des
ht à 1-0
r 2e FD
Ca
DES POSISONS MARINS. 32
noms que ceuls qui l’auoient amené luy bailloient & que reu en
tendu que plufieurs le nommoientvn Oudre, les autres vn Ou-
tre (vray eit comme j'ay diét, que generalement le cômunpo-
pulaire lenommoient Marfouin)& 1achant bien que vne Oudre
tient l'appellation d'vn vaifieau a contenir de l'eaue ou du vin: &
auffi que Orca tient le nom d'vn vaiffeau en Latin fignifiät quafi
la meime chofe que faict vne Oudre,il ne m'a efté trop difficile
de luy trouuer vne appellation antique:veu melmement que la
propre appellation francoile mel a enfeigné.Ie l'ayoye deicript
ignorant {on nom ancien: & n ay rien adioufté depuis en la de-
{cription, finon ce mot Orca:a fin quefi ie failloyeen le nommaät
de ce nom ancien, {a defcription demeure entiere, pour celuy au
quel il appartiendra. Toutes les notes de ce poiflon me contor-
tét a lenommerOrca, ilfutainfinommé desanciés,pource qu'il
reffembloit a vn long vale, queles anciens nommoyent Orca, le-
quel auoit deux bouts,ou extremitez eftroictes, & eftoit gros &
rond par Le milieu. Voila quant a la defcription duvafe,dont il ha
gaigné ce nom.Mais quant ala defcription dudiét poiflon reci-
tee par les anciens,ie trouue aufli qu’elle {oit correfpondante en
toutes merques à l'Oudre.Car Pline diét qu'il ne peult eftre pro-
prement reprefenté ou defcript fin6 d'vne groffe male dechair
aiant cruelles dencs:& que fon efchine eit comme le dos d'vn
bateau renuerfé monftrant la carenne. Ecqu'vn tel poiflon fut
veu au port d'Oftie a la bouchedu Tybre:& qu'il fut cobatu par
_ l'Empereur Claudius,qui eftoit Lors à Oftie pour y faire edifier Le
port. Maintenant l'on peult iuger,que les medalles de Claudius
Cælar, efquelles il feift portraire vn Neptune aflis deflus vn poil-
fon tenant vn trident en la main, aient vne Orque ou Oudre, &
que ce ne {oit pas vn Daulphin qu’on y veoit portraict: aufli la
penétureretire plus a vne Oudre qu'a vn Daulphin. Cepoiflon
diét Pline,auoit {uiuy des cuirs d'ü nauire qui vencit des Gaulles
qui l’eftoit peri,&delquels f'eftät repeu plufieurs iours a Offie, il
f'eftoit faiétyn canal dedés le {able,ou feillo dôt 1l ne pouuoit for
tir,ne retourner enla mer:& ainfi deieété au riuage,1l demeura a
fec,&luy apparoifloit feulemeét le dos come la carére d’yn bateau
renuerfé,& que les fouldards de l'Empereur luy coururent fus
auec leurs picques & Le cuerent, & qu'il en feift celle fois vn
fpectacle
PREMIER LIVRE
fpectacle au peuple Romain. Qui vouldra en veoir d’auantage,
& aufli de la guerre cruelle qui eftentre elle &les Baleines,lifele -
cinquiefme liure d'Opian,& le neufiefme dePline,carieneveuil
racopter toute l'hiftoire: il me fuftic d’en auoir efcript ce qui me
peult feruir a prouuer ce que ren pretens efcrire.Et auant proce-
der a foninterieurepartie;apres que 1e ay defcrite par le menu,
il m'a femblé confequément eftre téps den bailler le porcraïct.
La pein£lure de l'Oudre,que les Latinsnomment Orca ou
Orcynum.
+ -
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14
Art cree
is tt
N'aiant rien oublié a defcrire en ce’ premier liure de ce qui appar:
tient a l'exterieure peintture du Daulphin, & des autres que ï'ay
peu recouurer quifont de [on efpece.il m'a femblé eftre temps de
faire fin, & de commencer a ce quirefte a efcrire des parties intes
ricures.
Ein du premier liure..
Le fecond lure de
LHISTOIRE NATVRELLE DES
ESTRANGES POISSONS
MARINS,
AVEC LA VRAIE PEINCTVRE
€ defcription des partiesinterieures duDaulpbin,
& pluficurs autres de [on cfpece,
Obferuse par PierreB elon du Mans.
du le fous Ÿ GAAG 7h evuyis
A morifeigneur monfieur le reueren-
DISSIME CARDINALDE CHASTILs
LO N,liberal Mecœnas des hommes fludieuls,entiere profperité.
M Onfcigneur,aiant fini le premier liure,auquel ÿ ay ample
ment [pecifié,ce qui appartient l'exterrieure defcription
tant du Daulphin,que de plufieurs autres poillons de fon efpecc:
& baillé le portraitt de beaucoup d'autres,lefquels day fai£t retis
rer du naturel,ainfi que les ay trouuez a propos, pour prouver ce
que l'auoye entrepris de Vous verifier:maintesant ray propolé def:
crire en ce fecond liure,les parties interieures, defquelles ie bailieray
lesvrayes effigies,en preuue de ce que ê'en diray:puis apres Y'adious
fferay feulement quelque petit nombre d'autres pein£tures des poif
ons conuenables a cefle matiere, car combien que f'aye grand nos
bre d'autres portraitts,lefquels vous auez Yeus,toutel fois ie n'y en
mettray nonplus que ie trouuerray conuenir a ce que t'en efcriray,
craignat que fi enmettoye en ce lieu mal a propos,ne le trouuiffies
mauuais®veu mefmement que les referue a Vous les fpecifier en
autre language, & auffien faire ainfs qu'il ‘Vous plaira le me
commander.
| | 34
De l'affinité qui eft es parties intericu-
RES DE LOYE OV DAVLPHIN ET
du Marfouin conferees les Vnes aucc les autres. Chap.I.
ss Scât ia arriué a la defcriptio des inter'eures parties du
AS LENS Daulphiné&des autres poitios de 16 eipece, il in 4 1em
V4 RS | blé eitre couenable de comécer par la dutinction des
D ES entrailles duDaulphun,coterees auecleMarionin Car
to :t alifique les trois poifios que 1ay deiius dicts ont grad aftinil
té en l'exterieur,auiii l'ont 1ls en l'intérieur: quieit choie bié eui-
déte a qui les veult obieruer. Et come ils onc queiques particulie
res diitinét16s par le dehors,roucainf les ont 1ls par le dedés.Mais
a fin d expoier toutes choies le pl? fuccictemét qu'il me fera pot
fible,1e prédray chaique partie a parfoy en faifat coparatio cel v
ne a lautre.Ec pour nelcriretat de redictes,il fault entéare que ce
qui conuient a | vn,peult aufii conuemir à lautre. Les entrailles
du Marfouin {ont generalement plus robuftes que neiont celies
del Oye ou Dauiphuin:car le Dauiphin ha les inteitins moult tra
giles,& grefies au regard du Mariouin.La fiftule de | Oye qui en-
tre au conduict de deilus ia tefte, eft moins aduancee l eans que
neit celle duMariouin.Touts deux ont les poulmons de fembla
ble façon & en ce ditterents aux poulinons humains,quils n'ont
que deux lobes ou pieces, l’vn a dextre, l'autre a feneftie:entre lef
. quelseit ie cœur,ieimblable a celuy de l'hôme, excepté que l'hô
me eftant vn animal qui ie tient coufiours droict l'ha perdu def
foubs,mais le Daulphi &Mariouin,eftats a dét,| ont droiéteméc
entre les deux pieces ouLobes des poulmos:& le cœur de 1Oye
ou Daulphun , encor qu'il foit d vn poiflon {ans comparaiion
plus petit que le Mariouin, fieft ce qu'il fera plus grand & plus
rond que cel1y d ü grand Martouin, voire fuft le Marlouin trois
fois pl” gräd que n eit l'Oye. Le foyc de couts deux,n eft fin6 dü
. piece nou plus que eft celuy de l’homme, auffi eft 1l femblable a
celui del'homme maisles petitslont quelque peu plus diuifé
que nontles grâds.Laratte de tous deux,neftroure env ne maf
ic, mais eft elparfe ça,& la,contrel eftomachattachee a de pe.
tits ligaments,& toutetfois celuy del Oudre n’eft fin6 d vne pie
ceronde,& la ratte du Daulphin eft plus grande que neft celle
‘ARE, du
LE SECOND LIVRE
du Marlouin.Ettoutainfi quel Oye ha le bec long, auffiha il La
langue de mefme:maisle Marfouin a qui le nez n'eft pas long,
aufli n ha il pas la langue filongue.Les langues de touts les deux,
ne font pas du tout a deliure,parquoy Ariftote diét que le Daul-
phin pourroit bien faire quelque bruit, comme font les muets:
mais pource qu'il n ha pas la langue du tout defliee & deliure,ne
aufli les leures,1l ne pourroitpronôcer vnevoix articulee. Le croy
bien qu'il a puifleaduancer entre les dents,mais non pas la tirer
iufques hors de la bouche.Elle eft féblable a la lâgue d'vn animal
erreitre,& principalement d'vn porceau,n'eftoit qu'elleeft fran.
gee par lebord.La langue de l’Oudrene left finon vn petit par le
bout de deuant.Il refte encor a dire vne merqueinfallible qui les
diftingue par le membre honteux:car le membre du Martouin,
eftant mort,eft aufligros & grand,qu'’eft celui d'vn hommeen
vie quand ill ha tendu, voire des plus gros qu'on fache trouuer:
mais l'Oye,ne l’ha gueres plus gros qu'eft le poulce, & ne pañle
pas huict ou neuf doigts en longueur. Touts deux l'ont poinétu
comme ont les chiens,& aufli ont les genitoires qui font longs ca
chez au dedens,gros comme vn œuf de poulle, &fontcartilagi-
neux a l'extremité. Touts deux ont le pertuis de lagueulle moult
eftroicte:dontie meluys fouuenteftois efmerueillé commét ils
pouuoient aualler de fi gros poiflondocils fe paifienit, mais com
me j'ay defia diét,1l fault qu'ils fe renuerfent en les prenant, ou
bien qu'ils fe renuerfent en l'eau pour aller gaigner le poiflon qui
iaturellement f en fuyt au fond vers terre,acelle fin de trouuer
les algues & autres bagages a fe cacher dedens. Maisle Daulphin
qui n'aualleiamais vn poiflon aurebours,faduance pour le pren-
dre par la teite, laquelle il met La premiere dedens fon gofier,8&c
fequemment l’aualle dedens fon eftomach. C'eft vnechofe que
'ay facilement cogneu en plufieurs Daulphins 8&:Mar{ouinsque
j'ay fouuenteffois ouuerts, efquels ray trouuay plufieurs poif-
fons que ie ne penfois pas qu’on les euft trouuez en l'Ocean.
Car le Daulphin & le Marfouin auallants indifferemment
toutes efpeces de poiffôs en vietouts entiers, ontleftomach fort
calleux &dur par le dedens,&bié muni,contreles iniures des ha-
reftes des poifions qu'ils auallent commeViues,Scorpiôs,Sargs,
Perches,Pourpres, Orphies, Caferons,Seiches,Côgres, Mullets,
Rougets
>
DES POISSONS MARINS: 3$
Rougets,&autres femblables qui ont fortes hareftes.Lequel efto.
mach eft {éblable a celuy d'yn porceau, mais il eft quelque peu
plus long:& qui le vouldroit remplir de liqueur, & le croiftre en
l'eftendant,il contiendroit facilement trois quartes d'eau: qui ne
eft pas chofe difficile a croire, car mefmementceuls dela mer
Maieur ou Pont Euxin,enuoient les Cauiars rouges & noirs a CG
ftantinoble dedens les eftomachs des Efturgeos:& ceuls de Min-
grelie n'aiants yfage de pots ou vaifieaulx de bois, rempliflent les
pances des animaux de leur beure,{oit de vaches ou brebis,qu’on
apporte vendre a Côftätinoble. Voila quät a la Päceou eftomach
duDaulphin & Marfouin,auquell Omentam qu'on nome en Fran-
coys la Taye,elt attach ee au fond, commeelle eft es autres ani.
mauls:& couure quafi touts les inteftins qui {ont defloubs, mais
elle n'eft guere grafle,& eft fort fimple,& moult deliee.Le ventre
inferieur du Daulphin,& Marfouin,ou font lesinteftins,eft fepa
ré par lediaphragme,de celuy d'enhault.Leur cœur eft enuelopé
dedens le Pericardiym auec vne bien grande quantité d'eau clere
enfermee leans:lequel ha deux aureilles, & deux ventricules, &
pour le faire brief,1l eft en toutes fortes féblable au cœur humai
Pareillement les poulmons fe penuentenfler de vent, f'ils font.
foufflez par la fiftuleou Aufte qui eft attachee a l’herbiere ou ar.
tere:laquelle eft en ce differéte a celle de touts autres, qu’ellefoit
a deliure.Le Larinx du Daulphi que les Erancois romment la Lu
ette,eft longue comme vn petit tuiau que nous voions feruir de
anches aux cornemufes.aufi eft elle fichee en fon conduiét de la
mefime maniere que lefdiéts tuiaux font fichez en leurs boiftes.
Car la fufdiéte Luette ou epiglotis qui ferme le conduict,eft faiéte
a la maniere de deux petites charnures de la grofleur & quafi de
la façon de deux demiesnoix, tellement qu'il n y à aucunepartici
pation de conduiét a refpirer entrant en labouche comme es au
tres animauls.Car pofé que tout autre animal& l'hôme feeftoup
pent le nez,ilsne laiflent pour cela a afpirer par la bouche & auf
firefpirer,mais il n’aduient pasainfiau Daulphin,car le coduict
qui va a fes poulmons,n'eft aucunement percé en l'endroiét du
gofier,ains ha feullement vne cauité deflus le front , au dedens,
{eparee en l'os d’yn petit entredeux qui eft pource que cefte en
Aa. €-
LEZ SECOND LIVRE
le cartilagineufe f'en va inferer dedens les deux dictes pieces ou
lobes de; poulmonas.c'e:t par icelle qu'il rait bruire l'eau en retpi-
rant,car il laiectéen ur detrelgranieroideur en laulcant hors
dela mer.
| À Jéauoir file Daulphin & Marfouin fortants bors l'eau
Viennent en L'air pour re]pirer,ou pour a)pirer. Chap. Ii,
l'Ay long téps efté en doubrevoiätleDa ulphi&Marfouinvenir
en l'air icauoir {ils venorét alpirer ou respirer .Ët come ceuls qui
nouét entre deux eaux , ont aipire auatie metreen l'eau, & ré.
pr leurs poulinôs je vét, cour ainfi fe peult dire de touts autres
animaulx de mer qui ont poulmons comme Eaux, Lortues,
Mariouins,& Daui phins,qu ils viennent en I air pour aipirer &
reprendre leur haleine. Mais il fault dire qu'ils ÿ viennent pour
faire couts les deux:car apres qu'ils ont cité long temps en la mer
Lans prenare haleine, la chote qu'ils font a premiere ett deicéter
hors celuivétquils auoiéc porté en la mer,car lortats hors,on les
oit bruyre en iectant du vent & de l'eauen l'air,& fault foubdain
qu'ils eu reprenaenc d autre,car 1] n'y en ha poinc en la mer, tel.
lement que qui auroit lié yn defdicts animauls au fond de [ eau,
il {eroit incontinét fufoqué par faulte d'haleine. Voila quät aux
initruments de Ja reipiratiô,&pourq uoy lonveoit tels animaux
{e monttrer hors | eau fi fouuent.Mais encor ÿ ha Vnautre poict
digne ce plus grande contemplation, qui gift en 1 anatomie du
Daulphin,& autres poifions cetacees,qui ne peult eftre deichifré
Lans admiration de nature,comeie diray en ce {uyuat chapitre.
Que leDaulpbin ne fe peult repailre finon tourné a la ré
uerfe en prenant l'autre poiffon Chap. III,
£ poinét montftre Îe grand foing de nature qu'elle ha desani-
mauls qu'elle produiét, c’eft que ou les autres animauls ont
artere encontte la gorge, celtuyci y a le gofier:qui eft vne chole
qu on peult facilement apperceuoir en luÿ fendant les mafchoue
res auec vn coufteau,& {uyuant iufques a [ eftoimach. Caron ne
Hrouuera point de pertuis qui refponde a l'arterecomme lon
VEOIt es autres qui ont poulmôs.C'eft ceque Ariftote auoit de
| u
DES POISSONS MARINS. 36
lu entendre quandil efcript,que les Daulphinsontla gueulle au
dedens de lendroiét dureuers. & fi1ls l'ont de la partie dela ren
uerfe,aufli faultill'ilsveulent manger,qu'ils foient réuerfez. Auf
fi dié 11,5 infra parte fapina Delphini babent,quamobrem niji conuerfirefu-
pinentur, cibum corripere nequeunt. C'eftla vraye raifon qui rendles
Daulphins contraincts de ferenuerfer,en mangeant & prenant
leur proye en la mer.
De l'anatomie des inteflins & autres parties interieures du
Daulpbin & Marfouin. Chap. 1IIT.
ES foies de ces deux, & autres féblables touchent le diaphrag-
me,aufli {ot ils defloubs La partie du dehors, & ébrafét l'efto-
mach par deflus,& le munifér de touts coftez: lequel eft entédu
en longueur.LeurPylors,qu 6 nômevneCaillette enFräcois,pour
ce que les villageoites prennent la tourneure en telles Cai lettes
doc elles font cailler leur laiét:lequel Pylorus eft figräd, qu'ilcon-
tient quafi la tierce partie d'autant, comme faict l'eftomach, &
auffi eft long quafi de demy pied. Les autres inteftins fuiuants
ceftuyla,commeeft le leinmium, & le Ileon font repliez en maints
deftours,comme nous voions es frafes de veau. Et celuy qui eft
nommé Cecm,n eft point trouuéentre les inteftins duMarfouin
& Daulphin,& leinteitin, ou eftle pertuys de l'excrementqui
eft nommé ReËtum, eft contre la reigle des autres animaux pl
grefle au Daulphin;que ne font touts les autres inteftins:& tou-
telfois il debueroit eftre plus gros & plüs large.Ils defcédent d'en
haulc le 169 de l'efpine cout droiét,fans fe deftourner nulle part.
Toutslefquels inteftins,font ainfiattaches au dos par la liaifon
des veines meferaiques,& par Les ligaméts,& par les tuniques du
Peritoneym,en {orte que fi on les deftache d'vn {eul endroiét ou el-
les l'entretiennent,elles fe peuuent enleuer toutes enféble. Leurs
veines font inferees par lesextremitez au tour des inteftins: qui
vôt fe terminer a la groffe veinenommee Porte:laquelle leur eft
moult apparente & plus grofle que le doigt. Nous y auons comp
» té douze coftes de chafque cofté,n y comprenant point les claui
cules,ne les autres courtes nômees les faulfes coftes, fur lefquel-
… lesla veine Azigos eft couchee au cofté droiét moult apparente,
_ & feftend en plufieurs rameaux en chafcune des veines ou elle fe
vaterminer, | | D es
LE SECOND LIVRE
Comparaifon des mamelles du Daulphin contre celles
de touts autres animauls.Defquels Les ‘Vus les ont ex
la poittrine,les autres le long du Vétre,les autres aus ey
des. Chap. Y.
Emblablement aufli eft veue la veine caue,c'eft a dire la veine
creufe,qui fort du foie, laquelle il ha enflee plus grofe que le
doigt, plaine de fang,eltendue le long du dos : liquellepuis 1e de-
part enrameaux,& monte par le derriere du membre honteux
de la femelle, 8 va porter l'alimenttant en la matrice que aux
mamelles ou fe faict le laiét:delquelles mamelles, ie parleray cy
apres plus amplement.Leurs rongnons font gros de chafque co-
fté & {pongieux;lelquels j'eftimoyeauparauanteftre Les mamel
les:maisles mamelles font cachees defloubs la peau entre les
mulcles de l’epigaftrele long du ventre,il eft facile a les trouuer
incontinent, filon {uit le petit bout exterieur:car enuiron d'vne
paulme loing des bouts des tetins;il y ha vne charnure ou carun
cule,qui f’eftenden long, côpofee d’vne chair molle,fpongieufe
& rouge;,qui reçoit le fang,tant des veines dela poiétrine,que de
celles des eines, lequel nature y conuertien laiét.Le Daulphin
& Marfouin & plufieurs autres poiflons qui ont poulmons, n'ont
que deux bouts es mamelles:mais nature ne l'ha pas faiét fans
raifon.car comme nous voions la femme enfanter Le plus fouuét
vn feul au coup:auffi nature ne luy ha donné que deux tetins, fa
chantbien qu'ils peuuent{uffire a vn feul. Semblablement les
autres animauls aquatiques ou terreftres qui n'ontqu'vn petit a
la fois,n’ont eu affaire de plufieurs mamelles: defquels il y en ha
qui les portent en la poictrine,come {ont les chauues fouris,que
Pline auoit au parauant efcript, laquelle chofe1'ay n’agueres trou
uéeftre vraye par leurs anatomiesfaiétes dedens [a grande Py-
ramyde d'Aegypte,& dedens leLabyrinthe de Crete.car ray veu
pe
les meres baillantsa teter a leurs petits de leurs mamelles du lait
qu’elles ont en la poiétrine.Vne chofe qui m'a femblé digne de
grande admiration en elles,eft qu'elles ne font point nid. Car el-
les fe pendét en l'air de leurs crochets des aelles,enallaiétäts leurs
petits
_ DES POISSONS MARINS. 37
petits qui font femblablement pendusaux pierres des voultes.
Les Singes pareillement ont des mamelles en la poitrine . Ce
qu’on ha auili efcript des Sphinges.Mais les autres animauls qui
ont grand nombre de petits a nourrir,comme T'aul pes, Sägliers,
Henifions,Porcs efpis,& autres femblables ont eu befoing de plu
fieursbouts es mamelles, lefquelles font eftenduesle long du ven
tre,comme nous voions es chiennes.Les autres qui ne nourrifiét
qu'vn petit a la fois,comme Girafes nommees en Latin Charelo-
pardales, Elephants,Chameauts,[uments,Chamois, Boucs eftains
n’ôt eu affaire que de deux bouts. Toutefois les tettes de to? les
{ufdiéts animauls font eminents au dehors. Mais iis font cachez
au Daulphin de moultgrand induftrie d'autant qu'ils participét
. de l'artifice dont ha vié nature en les defluidiéts.Car leur potiti
on eft comme font les tettes de ceuls qui portent plufieufs ant-
mauls, qui Les ont le long des mufcles de l'Epigaftre ou Abdomen
finonquils font cachez aefloubs la peau. Mais les bouts des tet
tes du Daulphi que les Latins nôment Papillas, & que les Fracois
champeftres appellent traions,ont leur fituation a la maniere des
animauls a quatre pieds, qui ne rendent qu'yn petita la fois, let
quels nature luy ha cachez au dedens; pour la diicomodité qu'ils
euflent faiét au poilfon, {ils eufent efté dehors, d'autant que cela
euft efté empelchement a fa vifteffe. Les vreteres du Daul-
font veues manifeftes defcendre en la vefcie tant des maîles que
desfemelles:laquelle vefcie eit aufli grande comme celle de la
Grenoille de mer. Nous l'auons enflee & emplie, ou nous auons
trouué qu'elle contient vne chopine d’eau. Neles Daulphins ne
la refte des autres de leur genre, n'ont point de fiel, qui me
femble chofe eftrange:car mefmement en mangeant exprelice-
ment de leur iñteftin nommé Pylorss, lequel eft celuy qui enuoie
les excrements au fiel,nous l'auons trouué amer,commet il euft
efté participant de quelqueamertume defiel: & couceitois ne e-
ftomach, ne l'autre inteftin d'apres nauoient point ce gouli la,
neauflile foie, lequel quand il eft bien accouitré, eft {embiable
en faueur & au gouft du foye d’vn porceau: & de quelque en-
droict qu'on en fache manger,il n'eft point trouaé amer.S1 eft ce
quele fiel fert grandement a touts animauls quiont fang, & eft
k. grand
LE SECOND LIVRE
grand chofe quele Daulphin qui et yn-animal tant fanguin,
n'en ait point,mais nature luy ha baiilé quelqueautre voye pour
lay repurger le mauuais fang.Les autres animnauls qui n’ont oît
ÿ repurs P
< lang, a ontaufli point de foye & par conlequent n'ont point
de ñel. Combien queles Daulphins& Marfouins digerent toutes
les hareites des poiffons qu'ils auallent,lefquelles ils confommeét
en l'eftomach, voire les plus dures efbines &r hareftes des poifos,
toutelfois ils ne digerét 1amais & ne confémétles pierres qui {ot
trouuces es teftes: car nous leuren auons fouuenteffois trouué
auec les excrements dedensle droict boyau,qui eftoientpreftes a
mettre hors,& toutefois elleseftoient demouress toutes :ntie-
res, come Cynede,Synodôtides, Trislites,&autres pierres {éblables.fls
ont les inteltis mal aifez a nettoier pour mager:fi eft ce qu'on ne
les iecte pas a Paris:car l’on trouue aflez de perfonnes friädes qui
les achettent , & les habillent pour mangerdelicatement.
Que toute l'anatomie du cerueau du Daulpbin, conuienne
en toutes [es parties auec celuy de l'homme, Chap. VI,
À chofe de cefte anatomie du Daulphin quinous a eftélapl
admirable & {éblé artificielle ef le cerueau & fes pafties, car
les nerfs qui vôt deux a deux, qu'on appelle les fept coniugatiôs.
{ot beaucoup pP apparétes es Daulphis,qu'ils ne fontes noftres
Melmes.Etauili quad l'os de 16 ceft eft delcouuert de fa peau de
deflus,il féble propremét'eftre [e teft d’vn homme:car qui auroit
couppé le bec al Oyeou aMarlou,le teft en refteroir rod, lequel
regardé de toutes parts par le deuâtæ par Je derriere,par la famité
& par les téples,on le trouueroit mieuls refébler a celui de lhom
me,quenul autre teft quo fache choifir de to? autres animauls:
car 1] ha les mefmes futures,qu'a le ceft de l’hôme,&entre autres
notes les plus infignes fôtles os pierreux,nômez Lithoydi:defquels
il en a vn de chafque cofte, &au deffoubs duquel le nerf de l'ouie
entre au dedens du reft.Ces os font ineganls & durs comepierres
creufes ou encauez par le dedens.l’ay parlé par cy deuant des faf
diéts nerfs, qui fe rendent es conduicts de l’ouye, lefquels font
fl eftroiéts es petits,qu’on ne les peult gueres bien veoir. Car en
| tant
2 %
4
+
"
+
F 6 DES POISSONS MARINS, 38
tant que nature luy ha nyé les aureilles,elle luy ha baillé ces pe-
tits trous. Son cerueau elt enclos de es imeninges ou mem-
branes,qui {ont fort robuftes.Les ventricules & les deftours du
cerueau,iont correlpondäts a celuy del hôme,& ha ainfi la poite
rieure partie ieparee de celle du deuant, defloubs lequel cerueau
les productions des nerfs tant Opticdi, scolicoides, Adenes, que
les autres,tortent a couples hors letelt,lesyns par l'anterieure par
tie du cerueau, pour venir aux nafeaux,& aux yeulx,&a la ligue:
les autres par lescoftez, qui fe referét aux ouyes & aux coduicts
de La fexte coniugation. ‘l'outs lefquels font veus percer les me-
ninges duteft .Et d'autant qu'il eft moult fanguin, les veines &
arteres y {ont veues plus apparétes.Or apres que 14y amplemét
detcript l'interieure & exterieure anatomie du teit du Daulphi,
{cauoir eft de la ceruelle& des os, fuyuät ce que ray par cy deuäc
romis.I en balle maintenant la pernéture:laquelieie fey premi
reiment portraire en Italie fur celle qui eft defius la porte delavil-
_ le de Rimuni,taçoit que nous l'euflions au parauant veue à Rom
me chez mañtreGilbert,& a Bologne la grafie chez Cæfar Odoneo
medecins:touteffois nous en auons aufli a Paris en noftre puifia-
ce,qu'vn chafcû pourravoir coforme a cefte pretente peincture,
Le portraift des offements de la tefte du Daulpbin.
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LE SECOND LIVRE
Pan
Comparaifon faite de la nourriture des petitsDaulphins,es vens
tres de leurs meres,auec celle des animauls terreftres. Chap. VII.
ES Daulphins neles Marfouins & touts autres poiflons Ceta
cees de leur efpece,que nous auons peu obferuer, ne portent
point plus d’vn petit a la fois. Et croy que nature ne leur ait vou
lu permettre autrement.Car les petits iont dix moys en leurs ve-
tres,ou ils deutennent moult grands,tellement que quand ils en
fortent hors, ils {ont defia d vne inufitee grandeur. Et fi les Daul-
phins en portoient deux au coup,il faularoit qu'ils ne creuflent
pas fi grands dedens la matrice,car elie en {eroit crop remplie, &
n y auroit iufrifante efpace dedens le ventredes meres pour les
comprendre:veu mefmementquellesles rendent en vie defia
partaicts.Er encore que la matrice ait deux cornes, touteffois el.
les font aflez occupees d'vn feul Daulphineau. L’yne des cornes
de la matrice n'eft pas fi grande que l'autre.La queue duDaulphi
neau eft quelque peu recourbee dedens la petite corne de la ma-
trice,& aufli la fecondine ou tunique en laquelle et enuelopéle
petit, laquelle les Grecs nomment cherion, les Francois l'arriere
fais,ha vne longuepartie come vne queue pendante,quieft repli-
ce iufques au fod de la fufdiéte petite corne.Laquelle fort hors la
matrice auec le petit,quäd il eit paruenu au terme de fa iufte gra
deur, Elle eft compotee d'vneinfinité de rameaux,de veines, li-
gaments,nerfs,& arteres,tellement qu'elletembleeftre quelque
mébrane {aignate moult efpoifle:touts les vaifléauls deflus dicts
dontelle eft tflue,vont fe referer de l'yn a lautre, iufques à tant
qu'ils foient paruenuz en vn corps compolé de quatre rameaux
qui eft nommé Vrachus, auquel les François n'ont encor point
trouué de nom propre al'exprimer,finon que en quelques lieux
come auMaine,ils | appellent la Trippe du nombril,les autres la
corde:laquelle trippe ou corde va feinerer dedens les membres
interieurs du petit, par lenombril.Les vnsentrent d'yn cofté,&
les autres de l’autre.Car en tant que le nombril eft colloqué au
milieu du corps, | vne partie du diét Vrachss defcend contre bas.
& lautre partie monte contremont,fcauoir eftquela moitie va
finir iuftement en vne coche entre les lobes ou lopins du foye,af-
{ez pres de la veine caue,& nommeemétbaillent le nourriflem se
DES POISSONS MARINS. : 39
du fang & l'efprit Vital, Animal,&Naturel,prouenant de la me-
re,enuoyé leans par letdiéts ligaméts tant au cœur, au cerueau,
& membres principauls,qu’au foye.Ce n'eft donc pas merueille
files douleurs des matrices que nous nommons la mere, {ont fi
vehemétes, veu qu’elles ont fi grâde tamiliariré & cômunicatio
auec les plus nobles parties de tout le corps, & aufli que touts
les corps font grandement tranfpirables, attendu que les petits
mefmes infpirent & afpirét dedés les fecôdines es vêtres de leurs
meres. Et pour prouuer cefte chofe.Qu'on tuevn animal pregnät
& foubdain qu'on ouure la poictrine de fon petit, l’on voirra re-
muer {es poulmons & fon cœur. Touchant ce poinét ie n'auray
pas faute de telmoing de l'auoir veu en vn Chameau delaifie
{oubs {a chargeen vne plaine d'Arabie au voiage de monfieur
le Baron de Fumet gentilhomme de la chambre du Roy,en def-
cendant a la ville nommeele Tor du mont Sinai au riuage de la
Mer Rouge.le n’ay point eu de Daulphien vie qui fuft pregnât
pour experimétercela,touteffois le Daulphin ha toutes ces mer-
ques,mais 1] vit en autreelement.Or lefang enuoyé au foye eft
difiribué leans & a l’eftomach & aux inteftins ou il eft cuict par
la chaleur du foye:& entre par l'extremité des vafes en chafque
partie interieure,tellement que toutes font nourries du fang ex-
terieur,que leur enuoiela matrice par la communication de la
fecondine.Etencorequ'il n’entre par la bouche en l'eftomach,
& dela aux inteftins,fieft ce quil n’y a partie de dedens qui foit
oyfeufe,car lon trouue mefmementledroiét boyau, autrement
nommé le gras boyau,en quelque temps qu'on le regarder oul-
ioursplein de l’excrement prouenant du {ang dont le petit eft
noutri.Cat comme il reçoit du {ang exterieur dont ileft nourri,
lequel ilne peult tout digerer,par confequent il fault qu'il fen
face de l'excrement:duquel quandil eft fupertlu, fe petit l'en del
charge en la fecôdine,;comme lon peult veoir chafquefois qu'o
vient a l’ouurir,&en ce temps la lefufdiét droiét boyau nommé
ReËtuminteflinñ,que i'ay dict eftre le plus petit es inteftins des pe-
res,ileft le plusgros esenfants. Voilaquant a L'yn des rameaux
de Vrachus quimonte au foye.L’autrepartie des rameaux deféd
en bas,& fe vient femblablement inferer dedens la veine caue,
en tenant la vefcie tendue contre mont,& diftribue de cela quil
He k.3. por-
RENE EEE + D D - id
le
LE SECOND LIVRE » » À
porte tant aux veines deseynes queaux nerfs & arteres, pour F
nogrrillement de toutes les parties 1nterieures.Au mulieu de ce
quatre vaiilea uls,il y a va conduiét quile varendreleans envne.
membrane nommee des anciens Amnios , laquelle éft robuite &.
claire, mais elie n eit pas du corps de la tunique dy Crer autre-
ment dict la fecondine.Car auilieit elle par ia parue de dedens,
_compoies de deux pellicules enfermes auec le peuitdedensla tee
condine,elquelles eft contenu vee liqueur reilemblanca l'eau, fi-
non qu'elle eit vn peu plus vifqueuie,& y en a quantité ielon l'ex
ge du petit:çar quandil ha fix moys,on y trouue bien yne quar-
te de liquear-l'eufle pélé que ce fuiteité ion excremét de l'vrine,
n'euit eité queie me {uys trouué a a fin du moys de feprembre
&d oétobreen diuerles contrees & a pluñeurs tois a les ob{eruer,
auquel temps les Daulphineaux & Marfouineaux eitoient encor
fi petits en leurs vêtres,qu’a peine pouuoient il; auoir la grofieur
d vne noix,& touteifois ils auoient defa ceite liqueur ; auquel
temps la fecondine ou chwrton eftoit bien proporuonneea la gra-
- deur des petits,car confequément elle l'augimente & croit quät
& quant euls.Et ainfi fuyuant le tempsen portant leurs peuts du
rat l'hyuer,primtemps,& bonne partie de Leité,les rendent avne
parfaicte grandeur:tellement qu'ils Les peuuent garder dix mois.
Et eu cela ie vueil bien conforter le dire d'Arutote. l'ay obierué
en plufieurs Mar{ouins & Daulphuns ce que ay dict, car durant
l'hyuer leurs perits fôt fi petits,qu ils ne iotgueres pl? grosqu'eft
va barbeau:& touteltois ils ont delia grande quantité de liqueur
claire dedens l’Amnios: & au primtemps eitants fort proches de
leur iufte grandeur, ils en ont plus grande quantité: & confequé-
ment l'efté enfuyuant eftants paruenuz a terme, les femelles {6c :
trouuees deliures,& Les petits qu'elles ont mis hors en la mer,inça
pables de fe paiftre d euls melmes: mourroient de faim, m’eftoit
que nature pouruolant a tout ce quelle produit, aiant foing de.
les nourrir,ha dôné deux mamelles à la mere,dorles petits bouts
font de chalque cofté avn poulce Loing de leur membrehôteax,
mais ils font cachez au dedens,& le pertuis qui les cacheeftcom
me vue fente en la peau eftendu en longueur : lefquels les petits :
tettent comme vnautre animal terreftre Ariftote ha diét tou-.
tes ces chofes en moins de parolles, carileicript qu'ils portét dix:
| mois
1
LA
ee
»
| Le petit eft trouué creu leans en yuerde l: croi
DES POISSONS MARINS. 40
mois,& qu'ils vont deux a deux mañie& femelle. Vn pañlige en
Pline im a feinblé doubtable,quand il efcri pt qu'ils f'acouplent
au printemps. Agant(dit 1] ) vere consyta. Et fi ainiieftoit.1lfauldroit
pour les raifons que 1 ay diétes,qu'ilsenfantaflent en yuer. Mais
les autres exéplaires de Pline ont, A ghitferè cütgia. Et juandores
on liroit vere,peult etre que ce mot n'eft poit nom, ainsaduerbe
verè.De moy fachant quils{’acouplent deux à deux & quilsne
felaiflent point l’yn lautre,ie oferay penfer qu'ils habitent indif.
feremment felon leur affection comme auffi fort plufieurs au-
tres animauls.Ou bien voiant qu'ils ont vn temps deputé par na
ture a f'engroffer & à enfanter:1lme femble que iene fauldray
point en difant quils f'engrofenten B fin del efté,ou(côme dit
Ariftote)en Autône l'accouplats mafle & femelle, & fe mettäts
le ventre de l’vn contre celuyde l’autre; ala maniere des hom:
mes:qui eft vne chole qu'on 1 aufiefcript des Ours. Reprenant
maintenant les choles de plus loing,aiant par cy deuât parlé des
membres honteuls des mailes, il refte a parler de l'anatomie de la
matrice des femelles, & de leurs petits, & comme ils font cone
tenus dedens l'Emfryon:car apres que j'ay trouué que lesDaulphis
commençoient des l'autône a auoir forme def: gros comme y.
ne noix, & qu'en yuer ils eftoient de la groffeur d yn Carpion,&
ainfi voutez leans.& que au prim cemps ils font defia fi gros qu'6
ne les peultempoigner des deux mains: & qu'en’efté ils {oient
paruenus a quelque defmefuree grädeur telle qu'on n eflimeroit
_pas:il m'a femblé en bailler la peinéture,tant des petits que dela
matrice, lefquels eftoient au parauant enferimez d'vne tunique
‘que f'ay fouuët nômee fecondine, laquelle aptes l'auoirrom pue
l'ay couché le petit deflus,& faict peindre ainfi attaché par Je n6-
bril,comme le prefent portrait demonttre.Ce que iay nommé
tunique, les Francois le nomment l'arriere faix,de laquelle(com
me ay dit)l’vne des parties entre en J'autre corne dela matrice.
| eur d'un Carpi6,
alors il ha fa queue rempliea pla, mais fur la fn du primtemps
il l’ha quafi en cercle luné:&hal harefte de deflus,couchee contre
le dos:&fi c'eft yn malle, vn petit bout du mébre hôteux luy fort
hors:& fi c’eft vne femelle, le mébre femini apparoift fort euidét.
+
_
LE SECOND LIVRE
Ilsont aufñi les aelles couchees contrele corps. Les mafles oultre
le pertuis de l’excrement en ont vn autre au defloubs:lequel per-
tuis neftpointtrouuées plus gräds:& encor que i'aye voulu f{uy
ure lediét conduit, ie n’ay fceu {cauoir quelle partil vaicarilfe
depart incontinent en deux rameaux. Les petitsontvne merque
memorable,qui eftvn enfeignemét de leur {ens d'odorer,ceftque
aux deux coftez dela leure d'enhault aflez pres de l'extremité du
bec; ils ont des poils de barbe, qui fortent hors la peau aflez lon.
guettes,& durs comme foyede cheual:lefquels poils ne font pas
en l'yncommeen l’autre.Carl'Oudre en ha quatre de chafque co
{té mais le Marfouin n’en ha que deux.Suyuant ce que ray pro-
mis bailler la figure d yn petit auec fa matrice, ïay bié voulu pre.
mierement dire,que tout leportraiét ainfi que iele baille,eft no-
méEmbryé:car aifieft nômee toute La matrice entiere auec le petit.
La peinture del'Embryon d'vn Marfouin.
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DES POISSONS MARIN S4 41
LE petit eft en peinture deffus Le Chwries,ou tunique,ou l’arrie
retaix, eftendu{ur la matrice; ainfiqu'il ha eité trouué de-
- densl'vne des cornes, auquel l’Vrachus eft attaché au nombril.
Lesteiticules dela femelle iont de chafque cofté deltoubs les cor-
nes de la matrice.Les vreteres de la femelle font de chafque co-
fte de la velcie,qui eft peinte fur Le col de la matrice. Voyla vne
briefue explication de ce que l'œil veoit exterieurernent.
27" E xplication de ce que la fufditte pein£ture contiét interieus
rement. Chaps VIII.
Ay defia diét que les membres honteux des Marfouins mafles
-” auoient plus d vne paulme en longueur: fcauoir eft autant que
comprend lextremité du poulce & du petit doigt, quiautremét
eft la mefure de douze doigts:& que les mébres desDaulphis n’e-
ftoient pas fi lourds ne gros:& qu 1ls n'auoiét point plus de huict
doigts de longueur:par confequent auflifault il croire queles fe
rnélles des fuidiéts ; aient membre correfpondant &proportion-
nié aux mafles:& que les Marfoutnes,aient autre coduiét que les
Daulphines.V ouiant donc maintenant pourfuyure d'ordre a n6
mer chafque chofe de la fufdiétepeinéture,iecommenceray au
premier conduiét de {a nature, lequel eft fort {patieux par dedes,
mais l'entree en eft trôcee dé rides qui la font eftrecir: & combié
que laDaulphine foit bläche defloubs le vêtre, fieft ce qu'elle ha
le conduict honteux noir a l'EuirG, & a vn poulce loing aux deux
. coftez,il y a deux petits trous fendus en logueur,qui{ot les trous
dés mamelles:& au deffoubs de la fufdiéte bouche hôteufeicôtre
bas,eft Le pertuis de l'excremét, qui eft fort rod & petit au regard
du déflufdiét qui eft fédu en log:&a l’étree de ce defl° dit coduict
hôteux1l y a quelq; petite pellicule ou reffort,qui péd de La partie
d'enhault,laquelle ie ne vueil nômeren Francois,côbien qu’elle
ait nom propre,car il eft honteux:laquelle cachele conduiét de
l’vrine venant de la vefcie.Entrant quelque peu au dedens l'on
trouue deux callofitez ou durtez des deux coftez quelque peu ef
leuees correfpondantes aux hymenes, lefquelles tiennent le per-
tuys du conduit honteux renfermé.La capacité de ce conduiét
de la femelle, par le dedens;eft longue de quinze doigts de l'inter
h | Le ualle
LE SECOND LIVRE
ualle ou diftance de l’vneentreeou bouche 2 l’autre: fcauoir eft
de celle du dehors a l’autre qui eft interieure.Elle eft fort tiflue de
rides, qui la tiénent eftrecie,& eft moult blâche par lededens,auf
fi qui veult,elle f'eftend en telle largeur, qu'on y pourroit faire
entrer vn œuf par l'exterieure entree honteufe, & le conduyre
fans le rompre iufques a l'autre feconde entree, laquelle eft la pre-
miere clofture, entrant par Le dedens en la matrice. Cefte fecon-
de entree eft moult eftroicte,& pour la bien veoir,il fault la regar
der par le dedens de la matrice, alors on trouue changement de
couleur:car ou celle fubfdiéte capacité confiftoit en blancheur,
alors elle prend finoula feconde entree commence, & la elle
eft compofee aufli d'vne cheuelure, qui eft faiéte des extremi -
tez de plufieurs veines & arteres, qui font de diuerfes couleurs,
comme noires,rouges,blanches,bleuës,grifes, fe touchants l’yne
a lautre.C'eft la que commence celle fecôde capacité quif’eftéd
en la matrice,dedens laquelle Le petit eft enclos auecla fecondi-
ne.La matrice eft embraffee par defloubs de touts coftez d'yne
infinie cheuelure de veines,qui fe terminent parlesbouts de tou
tes parts en ladite matrice, lefquelles fortent des rameauls dela
veine caue,par le derriere du membre honteux,& fuyuét par les
coftez montant contremont,& fe inferent par le defloubs fur la
matrice. Mais Le petit eft leans enuelopé de fa fecondine, laquel-
le fort quant &quant luy,dedés laquelle il eft totalemententour-
né de toutesparts.C’eft vne notequi ne conuient pas atoutsani-
mauls quirendentleurs petitsen vie,ne melmement aux poif-
fons cartilagineux.Car Les Rines,que les FrancoisnommentAn-
ges de mer,& les Rouffettes & Les Chiens de mer , rendent leurs
petits en vie,lefquels ne font pas enuelopez de tuniques,mais feu
lement font conioinéts de l’Vrachss par le nombril a la matrice:
nous auons trouué telle fois qu’vn chien de mer depetite corpu-
lenceen porte vnze d'yne ventree, mais difpofez en forte que
la tefte en fort la premiere:chofe cômunea touts animauls.
Que plufieurs animauls rendent leurs petits fans fecondines,
mais qu'ils auoient efé formez enœufs en la matrice. Cha.IX.
9 ceuls quifont ainfi attachez a la matrice par le ral
| ans
DES POISSONS MARINS 42
fans tunique, il fault entendre qu'ils aiét premieremetefté leans
creez en œuf:&puis de la petit a petit prénent leurs formes dedés
les ventres,dont a la parfin font produiéts les petits, lefquels en-
apres les meres mettent hors touts nuds fans fecondine. Voyla
quant aux poiflons cartilagineux qui en naiflant {ont exclos 1äs
aucun enueloppement.Mais des terreftres laSalmandrerend{es
petits en vie ia parfaicts,& qui {cauent cheminer des l’heure mef
me qu'ils fonchors:& de quaräte ou cinquätequ'ellerend, il n’y
en a pas vn éuelopé detunique,n6 pl° que les petits de la Vipere,
laquelle réd aufli {es petits en vie, fs fecôdines:car fes petits fu-
rent premierement en œuf en la matrice, mais a Les efclorre elle
lesréd{äs tuniques,côme maiftre Pierre GeodG, trelexpertappo
ticaire, ha veritablemet obferué.La Chauuefouris auffi, rend {es
petits en vie {äs tunique:ce que ne fot les Rats, Souris, Taulpes,
& autresa quielleeft téblable.Les Infectes aufli come font Pha-
langiôs,& Efcherbots,cocoipuent féblablemét les œufs en leurs
ventres,dont puis eft procreé l'animal fans tunique,lequel ils gar
dentia parfaiét foubs leurs poiétrines.Mais le Daulphin,leChaul
dron,l'Oudre,le Veau de mer,& la Baleine,ne font pas ainfi:ains
font leurs couches fans l’aide de ceuls qui relieuent les petits, &
toutes fois il ne laifie a fortir grande quatité de fang du nombril
du petit qu'ils enfantent,& principalement quand ils feparét les
tuniques ou fecodines. Et fault neceflairement apres que le petit
a efté rendu hors la matrice de la Daulphine, que la mere luy {e-
parela fecondune auec les dents,& laluy couppe & fepare du n6-
bril,comme auffi font touts autres animauls a quatre pieds, ainfi
qu'ils font apprins de nature.l’auoye ceflé de parler des veines
qui fortent du corps-de la veine caue, & entrent par leseynes en
la matrice,qui font celles qui baillent la nourriture au petit: la-
quellenourriture luy eft premieremét cômuniquee par Le moy-
en de {a tunique: carelle eft comme vne efponge humide, la-
quelle appliquee a vneautre,la rend humeétee, tellement que de
la matrice, lenourriflemét peult facilement pañler a la fecodine,
laquelle n’eft aufli qu'vne mafñle de veines,non plus qu’eft la ma-
trice.Ceci ne foit trouué difficile car toutes fe rédent a l Vrachus,
quieftvn feul corps ou fereferét toutes autres ligatures de la fecô
dine a fon nombril. Latmatrice des Daulphins eft SEE a Îa
L2. um-
LESECOND LIVRE.
fummité, car elle ha deux cornes quiferetreciflent contrebas,lef
quelles fontvoultees de chafque coité a la maniered vn arctédu:
& croy que naturel a faiét pour donner lieu a l'eftomach, & a
chalque corne1l y avn geniroire,qui font deux en nombre;,beau-
coup moidres que ceuls qu'6 veoit es malles,leiquels enuoiét vn
conguiét de chaique cofté qui{eréd aux paraitates, pour porter
la femence laquelle ils ne rendent pas en la matrice, car les vaif-
{eaux la conduiient dedensla capacité du membre honteux de
la femelle,& non pas en la matrice,fcauoir eit entre les deux co-
duicts ou ouuertures du membre hôteux,quel'ay defiadelcripr,
mais plus pres de celle de la matrice que delautre exterieure.La-
quelle choie fe peult prouuer,commeie diray cy apres: maisil
tault premierement entendre que c'eft la ration pourquoy quäd
les femelles ont conceu,encor que la (emence {oit entree par Lou
uerture de leur matrice, &que la matrice foit f1 eftroictement
fermee durät qu'elles font grofles,qu'il n'y entreroit ne{ortiroit
de leans chofe qui fuft de la grofleur d’vne poinéte d’efguille de-
lie,couteltois eftantsainfi pregnantes elles ne laiflent pourtant a
iecter leur femence & la mettre hors par le membre hôteux que
iay dit quandelles f'accouplentauec le mafle,tout ainfi come
quand elles n’eftoiét pas grofes.Or fi cela eft vray que la matrice
doit fi eftroictement fermee quand elles font groffes,aufli fault il
qu'il {oit vray que leur femence ne paflepas par dedens la matri
ce,car elle y demeureroit enfermee auecle petit: mais comme
l'ay dict,la femence des femelles fuiuant le conduict des parafta
tes,pañle par Les coftez de la matrice,& eft rendue a l'entree de de
dés la capacité du mébre honteux;lequel puisne l'empefche poit
de fortir.Cecifoitentendu dé toutes.efpecesd'animauls.Mais le
petit Daulphin,ou autres de fonefpece,eftanc en la matrice,pot-
ce plus {ur l'vne corne que fur l'autre, laquelle eft plus fpatieufe&
large que n’eft l'a utre qui eft vuyde. | |
DV Marfouineau trouté au Ventre de fa mere, lequel
pource qu'il effoit f grand, fut prefenté au Roy Francoys,
ess Ris SIL À.
JE neveul pañfer oultre fans efcrire vne chofe notable que Y'ay
: DES POISSONS MARINS, + 43
ouy racompter touchant le Marfouin. Ceft qu'il foit aduenu a
vninaiftre d hoftel de chez le Koy,d’auoir trouuévn fi grädMar
fouin dedens Le ventre de a mere, qu'il ne le peut veoir fin6 par
grand admiration, parquoy il le trouua d'autant plus digne de le
taire veoir au Roy Francoys, lequel fut fi grand admirateur des
œuures de nature, qu 1l vouloit exprefléent qu’on luy prefentaft
toufiours quelque chofe de nouueau, aufii on ne luy prefen-
ta onc cholie tant fuft petite,qu'il nel eftimait grandement, & v,
faft de grande liberalité a celuy qui la luy pretentoit. Mais apres
qu'ileut veu va fi grand poifion qu'on auoit trouué au vêtre d'ä
Marfouin,alors il commanda qu on luy appellaft ceuls defquels
il attendoit en auoir certain iugement,maisils furent d'opinion
touchant cecy,que leMariouin l'auoitainfi auallé:difants que les
poiflons fe mengeoient lvn lautte, non fachants que les Mar-
fouins portaflent leurs petits fi grands ,& qu'ilsles rendiffent en
vie .Or cefte fois la on auoit aufli amené vn poiflon Chauldron
quant & le Marfouin, lequel Chauidron il voulut veoir departir
en pieces, & le baller aux Souifles de fa garde, car il n’en voulut
pas manger. Toutes lefquelles chofesie n ay pas veu moimefme,
mais ceci me fut diét en regardant ouurir vn Marfouin a fainét
_ Germain en aie, prefents les Efcuiers & quelques maiftres d'ho-
ftel,qui difoient en auoir trouué vne cinquantaine de petits en
leurs vieses ventres de leurs meres:mais qu'ils n’ont fouuenance
d'en auoir onc trouuué plus d’vn petitau coup.Semblablement
nous auôs toufiours eu foing de recouurer les petits de ceuls qu'o
_ apportoit aux halles aParis,car la couftume eft de lesenuoyer ie-
éter en lariuiere.En forte que nous en aions eu telles fois qua-
tré a vn iour de vendredy,du moys de May. Mais ie n'en
fceu onc veoir plus d’vn à la fois, combien queie feroye bien
d'opinion qu'ils en peuuent auoir deux, comme Ariftote l’ha
efcript. Voyla touchant le nombre despetits quele Daulphin,
& Marlouin portent en Leurs matrices.
Defcription de l'intericure anatomie de l'Oudre,que les La
tins nomment Orca. Chap. XI.
A fin de diftinguer chafque chofe en fon chapitre particulier,
L:3. apres
LE SECOND LIVRE
apres que f'ay baillé l'anatomie interieure,& tout le difcours tant
du Daulphin que du Marfouin, ay bienvoulu bailler l'anatomie
interieure du {ufdiét grand Marfouin que i'ay nommé vne Ou-
dre,dont ay defia defcript l'exterieure.Ët fault noter que l’anato
mieinterieure du Daulphin,du Marfouin,& de l'Oudreeft fem-
blable en toutes chofes.Et en regardant exactement, & cherchät
quelque merque qui les difcernaft,ie n'ay trouué differece aucu-
ne, finon en la ratte,que l'Oudre ha d'vne feule piece:8 la langue
qu'elle n’ha pas cochee,finon vn petit par le bout. Cela eft tout
arrefté & manifefte,que jamais toutes ces elpeces, ne font leurs
petits qu'en temps d'efté:car oultre que Ariftote hommeverita-
ble nous l'ha afleuré,nous l'auons auili trouué parexperience, fui
uant l'obféruation que nous en auons faiét iournellement. Il ne
refte rien d'infigne a defcripre de l'Oudre finon, qu'il luy ad-
uient (comme aufliau Marfouin, Daulphin,& Baleine)d'auoir
la gueule eftroicte,& le conduiét dela gorge depuis la langue iuf-
ques aleftomach dela partie du reuers,c'eft a dire quele tuiau de
l'artere eft entre deux:tellement qu'elle ha la gueule de la partie
du reuers:aufii faultilqu'elle ferenuerleala maniere dela Balei-
ne,& des autres poiffos qui ont poulmon:Onluy trouua diuerfes
fortes de poiflons dedensl'eftomach,cômeRayes,Gournaux, &
Viues. Semblablement auoitle foye fans fiel,8& mefmes poul-
mons & diaphrägme que le Daulphin:& fi grande quantité d’in-
ceftins,que a peine y enauroit il autant en vn bœut.
Qu'il n'y ait point de difference en la defcription de la ma
trice du Daulpbin,auec celle de l'Oudre ou Orca. C.XI.
JE n'efcriray autre chofe de fa matrice,en tät que i'ay faiét pet.
dre celle duMarfouin,a laquelle celle de l'Oudre eft {emblable.
Touteffois j'ay aufli bié voulu faire peïdre le petit Oudreau def?
{a tunique ioignät fa mere,ainfi quele peinétre induftrieux mai-
ftre Francois perier l’a veu hors de fa matrice,ou lepetit eft quel-
que peu replié,tout ainfi qu'eft celuy du Daulphin: il ha quatre
petits poils de barbe de chafque cofté des leures. Les Marfouine-
aux n’en ont que deux:& touteffois nul des grands ha cefte pK
à)
DES POISSONS MARINS. 44
la,8: mefmement Ariftote f’efmerueille, que il n’y ait aucune
apparence des conduiéts du fens d’odoreres Daulphins:lefquels
touteftois odorent foigneufement, laquelle chofe ie puis aufli bié
referer au Marfouin & Oudre. Les fufdicts poils tumbentaux
Oudreaux en croiflant:& quand ils ont paffé demy an, il ne leur
en demeureaucun veftige,ne de poil, ne de pertuys. Les petits
Oudreaux font beaucoup plus camus que ne font les meres: car
de’force qu'ils font camus,ils ont vne coche enfoncee dedens le
front.Oultre la fecondineencor ha vne petite pellicule deliee,
qui eft la premiere peau dont ils f6t couuerts, laquelle eft moult
delicate & tendre & polie: car celle qui eft par defus le dos, ne
eft finon,vne confufion de veines trelfees.Et les ligaments de fa
fécondine,qui font attachez au nombril, fôt marquettez de quel.
ques afperitez, comme f’il y auoit des petites perles femees par
deflus:lefquels font aufli au Daulphin,& au Marfouin.
Comment la chair du Marfouin ef? diflinguee de celle du
Daulphin, & a feauoir quelle eff la meilleure. Cha, XII.
JLES viuendiers & autres gents qui voient iournellementtren.
cher les Oyes ou Daulphins,& les Marfouinses poiflüneries,
fcauent bien lequel des deux eft Le plus requis pour eftre le meil.
leur a manger.Ét combien que les interieures parties des deux
comme font les trippes,foye,poulmon,& le cœur,ne foyent pas
eu gouft fi differents qu’eft la chair, touteffois auant efcripre le
gouft d'entre leurs chairs ievueilpremierement donner vnepar
ticuliere note qui diftinguera l'vne de l'autre quand ils ferot veus
trenchez deflus l'eftalen pieces. C’eft que le Daulphin ou Oye
n'eft pas fi gras qu’eft le Marfouin. Et pour autant que le Daul-
phin n'eft pas fi gras,auffi eft de meilleur gouft,& beaucoup plus
profitable & plus deleétable que n’eft le Marfouin.Par cela ceuls
qui font couftumiers de veoir fouuent touts les deux & en ache-
ter, prennent plus voluntiers du Daulphin ou Oye que du Mar.
{ouin,fuyuant leprouerbe Francois qui dit,que Les plus maigres
poiflons font les meilleurs:c’eft a dire que ceuls qui font naturel.
lemét
LE SECOND LIVRE
lement gras,ne font pas fi bons que ceuls qui font naturellemét
maigres. Mais qu vn Marlouin ou autre poiflon gras de nature,
extenué & amaigri foit bon, cela n'entens ie pas,ams de to? poif-
{ons de quelque nature qu'ils foientles plus gras en léur efpece
fonttouuours les meilleurs, C'eit aflez parlé d'une telle viande
comme eit celle du Mariouin & du Daulphin,dontie me efmer
ueille comment elle foit deuenuetant chére,qu'il n'y ait que les
grands leigneurs qui en puiflent auoir,& touteitois 1l ny ha au-
cheur qui ait 1amais diét qu'on en mengeaft anciennement.
Que les anciens n'auoient point accouftumé de manger du
Daulpbin, Chap. X11 EI.
Q V'onlifeles efcripts des autheurs anciens,tant des Philofo-
phes & aufli medecins, que des modernes, & filon en trouue
quelqu'ä qui ait iamais elcript,qu'on ait anciennement mâgé de
la chair du Daulphin,ne qu'elle fuft iamais mangee de leur céps,
ie luys content qu'on ne me croiepas. Galien habienefcript,
que les grands poiffons deuténent meilleurs d’eftre falez, & qu’6
pourroit bien manger du Daulphin,mais non pas qu'on en mä-
geaft,aufli pour bien le louer, c'eft vne viande qui feroit pluftoft
a laifler en la mer qu'a eftre mileen l'vfage des hômes, car mef-
mement ne les Loups neles Regnards aftamez n’auroient cure
d'en mäger,encor qu'ils deuffent mourir de faim, chofe que no°
auons crouué eftre vraie aux riuages du Pont Euxin, ou nous en
auons veuvn mort,qui demeuroit fans eftre mangé.Et croy que
fi les oyfeaux & beftes fauuages euflenteu cure d'en manger, on
ne l’euft pas trouué atout entier. Et touteffois il eft au gout des
Francois le plus delicieux de toutsautres poiffons: & monte a fi
hault prisdetaillé & vendu en pieces,que fouuenteffois vn feul fe
ra vendu plus de cinquanteelcuts,auffi il n’y ha aucun autre poif
fon a qui l'on f'efforce de faire meilleure faul{e qu'a luy,neregar-
dant point a [a defpéfe qu'on y faiét pour La faire bonne ie feroie
bien d'opinion que de n en manger point feroitpourle meilleur.
Que
“ ;
L. fes?
D DES POISSONS MARINS, 45
Que l'artifice des bommes puiffe excufer le default de na:
ture, © donner bonne grace au mauuais gouJt des poiffons.
| Chap. XV.
Vyuät cecy,ie veul racompter combien l’artifice des hômes
peult adioufter a nature:carles paoures mariniers &pelcheurs,
aiants pris des poiffons qui d’euls mefmes font de faueur ingra-
te,comme fontles efpeces de Chiens nommez en Latin Galei,
ou plufieurs autres cartilagineux,comme Lamia, Amia,& ceftuici
queïay icy portraiét nomméZäÿena,ou Libefa:ils leur {cauent fai
revne faulce fi propre,que la faueur de la faulce furpafñie la faueur
ingrate du poiflon, laquelle leur ofte la mauuaile odeur, & les
rend deleétables:& tout ainfi que les pl° riches Font telles faulces
auec bonnes Mufcades,Girofles, Macis,& Canellebattue,Beur
re, Succre, Vinaigre, Pain rofti:lefquelles chofesles cuifiniers 2-
faifônent fi bien au Marfouin,que encor qu'il fentift le Regnard
efcorché,touteffoisils le rendrot d’vn gouft plus friäd,& d vne fa
ueur plus exquife que ne font les Rougets,Barbez,ou Läproyes,
Aufli lespaoures gents m'aiants point tant de choles a com-
mandement,aiants tant feulement des aux & des noix, qu'ils
battentauec du pain & de l’huille,& du vin aigre,ils feront vne
faulce aleurpoiflon,qu'ils rendront a leur appetit fi delicieufe
qu'on n'en peulr mäger,fi non par grande fingularité:& telle ma
niere de faulceeft generalement cogneuë de touts pefcheurs,
- qu’ils nomment vulgairement delAillade.
Le portrai£t de Libella que les Grecs nüment Zigena, Ë
les Romains Yna Balefla,éeft a dire vne arbaleftre,
MOT,
are ART) CPE
ARNO E RR ET ARR
LUN r SA
UT
"3
LE SECOND LIVRE::
L fut vn temps qu’on auoit accouftuméde ieéter les deux ael-
les ou bras & les queues des Daulphins,& Marfouins,ou biéles
attacher aux portes:mais ie ne {cay quelle nouueautéha inuenté
que maintenät on les prefere a toutes les autres parties du corps,
chofe que r'ay apprile a Rouë:car ceuls qui ont le droiét des-poif
{onneries,apres qu'ils ont faiét deliurer les Daulphins aux poiflo
meres :elles leur raportent les trois pieces pour leur droict, qui
{ontles deux aelles&laqueue, + 2e
De l'anatomie des os du D'aulpbin,Marfouin,& Oudre.C.X VI.
’Ay efcript tout l’exterieur& l'interieur de l'anatomie du Daul
phuin,Marlouï,&Oudre.lIl refte a parler quelque chofe de leurs
os.1l me fouuiét auoir trouué vn Schelete tout entier d'yn Daul
phin,au riuage du Bofphore Cimmeriys, celle fois que nous eftions
allez auec monfieur Gilliys,veoir quelle latitude 1lauoit en ce de-
ftroit d'vne riue a l'autre:lequel scheletos ou compaction des ofle-
ments,ofté qu'on n'y trouue pointes offements des iambes,ileft
femblable a celuy de l'homme, & ÿ peult on difcerner vingt &
quatre grofles vertebres:dont celles qui defcendentiufques bien
pres du pertuys de l'excrement, font percees enicelle part,ou eft
la mouelle qui defcend depuis le teft le long de l’efpiné du dos.
Mais les autres vertebres qui defcendent iuiques a l'extremité de
la queue, font feulement comme fréquentes petiresrouelles ron
des,attachez les Vnes contrée les autres fans eftre percees. Aufii la
queue eft feulement compofée d'vne matiere nerueufe fans au
tres offlements.Mais les aelles oubras des deux coftez du Daul-
-
1
|
“4
phin,encor qu'ils foientcourts;fieft ce qu’ils ont toutsles mel.
mes offéments de l'hornme. ay diét par cy deuant combien il
ha des coftes, ‘'adioufteray qù’il ha les os du ftern6 pl” approchäts
del humain,que les animauls aquatre pieds. Au furplus il ha les o
moplates qui iont appellees en Francois Les palettes. Auffi ha les
clauicules,qui fe peuuent bien recognoiftre d’auec les autres ofle
ments.Et confequemment l'os du coude-y et trouué feul,com-
. meileftennous,& en apres leRadiys & V{na côioinéts-enfemble,
dont I vnett plus grand,& l'autre plus petit, toutainfi commeil-
eftes hommes. Il ha aufli vne main eflargieencing doigts: & ef
quels doigts,lé trouue les articulatios:& cômençantau poulce,l6
y
D
n+
‘+7
DES POISSONS MARINS. 46
y trouue,deuxos,au fecond d'apres troisiau maiftredoigt:qui eft
le plus long de tours les autres, il y en ha quatre,& a lautreg apres
trois:&au petit vn.Semblablementon luy trouueles os des pon
gnetsiCarpo;au dedens de la main. 1 ay parlédes ofiements de la
cefte,dont 1 ay balléia peincture:& m'a {emblé auoir fatitaict
aiant deichuiré fuccinctement l'anatomie de césos.
- Queles D'aulphuns jouent pris plujtojt par bazart que de
propos delibere, 6 de la mamére de les pefcher.C.X V IT.
T'Ay defcript ailleurs plufieurs manietes de pelcher les poffons
queiay obléruces au Propontide,lefquelles j'ay mifes en del-
cripuant les fingularitez des pais eftranges. Maintenant ie veul
feulement parler dela maniere qu'on ha accouftumé dvier en
pefchantles Däulphins en noftre mer, lefquéls {ont pris plus fou-
‘uent par fortune que par aguet:car a dire la verité,les poiflonni-
ers qui tendent les filets de propos deliberé pour prendreles au.
tres poflons;n'efpérent pas que les Daulphins y viennent frap:
per pour {€ prendre:& touteitois lesDaulphins {ont plus fouuent
pris par tellemantere que autrernent. Voila quant a vne maniere
de les pefcher.Les Daulphins eftants contrainéts de 1ortir fou-
uent pour prendre l'air, &puys retournants en la mer a leur paftu
re,lont guettez des mariniers.car incontinent queles mariniers
les ont veu approcher de leur vaifleau, ils fe preparent {ur le bord
du nauire auec des Harpons,attédants queles Daulphins&Mar-
fouinsretournent prendre l'air vers le vaifleau:alors ils les fifFlét
afin de les faire approcher plus pres.Et fi les mariniersles veoient
a leur auantage,ayants le Harpon efleué,tenu du bras dextre en
l'airyauec b6 pied b6 œil, ils dardet le H arpô:. lequel eft attache a
vne cordelle I6gue de pl? de vingt ou trête aulnes,a fin qu'elle fui
ue auec le Harp6 quat & quät le Daulphi: & quand le Daulphin
qu'ils aurôt atteintfera delcédu,bié bas, &{era preft de retourner
. côtremot,alors les mariniers petit a petit retiräs leur cordelle,l'at
tirétiufques au bord du nauire:& foubdain qu'il y eit , ils étquel
ques fourches recrochees,de{quelles ilsle tirérdedens le nauire:
Ceite cordelle ainfi longue attachee au Harpon, lert que quand
ils ont atteint defus Le dos, qui eft beaucoup mol, ils l'an-
crent fi auât ,en forte que le Harpo y demeurefiché. Ma.
LE SECON D LIVRE
Carilhales arrefts des deux coftez, qui ne fortent pas aifeernét.
Toutcffois file harpon n’eftoit attaché: fi longue corde,le Daul
phin fe fentant frappé,de la viftefle qu'il defloge, il defchireroit
pluftoft {a chair,qu'il n'efchapaft.Et pour euiter la premiere vio
lence & fecoufle,on l'attrempe auectel artifice. Ce que ous n6-
mons Harpon,les Italiens l’appellent na Delphiniera . Les mari-
nicts qui vont en voiage loingtain, en portent expreflement en
leurs nauires pour lancer indifferemment fur toutes efpeces de
poiflonsCetacees.Et côbié que j'ay diét queles Italiens ne mägent
point de Daulphin,ientens du commun peuple, qui aiant d’au-
tres chofes a commandement , n’eftime rien la chair du Daul-
phin ou Marfouin.Maisles gents de marine,eftants fur mer en
leurs vaifleauls,& principalement fur nauires qui netouchét ter.
re quafi pas en vn mois ou deux vne fois,n’auroientefgard a mä
ger d'vn Regnard de mer,cobié qu'il eft du plus mauuais gouft
qu'0 fache poit trouuer en a mer,du quel la preféteeft LE figure.
Pein£ture du Regnard de mer
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voi donc vne maniere de pefcher les Daulphinsauharpon.
.YŸ L'autre maniere dont ‘ay parlé,eft qu'ils f'enuroullent &em-
: ne peftrent
DES POISSONS MARINS. 47
peftrent quelques fois dedens lesfillets qu'on auoit tendu a pren.
dre les Celeris &Harés,&autres poiffôs féblablesitellemét que ne
fe pouuants deffaire, demeurentprins en cefte forte. On lesfrap-
pe quelques fois de l'arbaleftre, & de l’arqueboufe en lamer, &
aufli auec des picques:mais ils ne viennent pas en la puiffance de
ceuls qui les ont frappez:laquelle chofe eft auffi faiéte rarement
& fe faiét en temps calme lors que les mariniers font de loifir,ne
fachants a quoy f’amufer ne pañler le temps.
Qu'6 ne [alle le Marfouin &Daulphi find en Frâce. C. XVIII.
Entre les falures fräcoifes des poiflôs Ceracees ne cognoy que
laBaleine,leMarfoui & l'Oye:dôt no? ayôs quelque vfage, def
quels1l n'y a point es autres pais duLeuât,mais1ls en ont d’autres
a l'efchäge, dot aufli no? n auôs point d’vlage. Ariftote ha entédu,
que les poiflôs nômez enLatin Cetacei,(6t ceuls qui font degran.
de corpulence & qui rendent leurs petits en vie:touteffois les au-
tres Grecs ne l'ont pas du tout enfuyui en ce dernier poinct:
car ie trouuc que le poifion nômé Ichtyocolla,& aufli Libella ou bié
æygena,& le Ton,comme les Rouffettes & les Chiens de mer,ont
efténommez Cetacees. Dontles vendeurs de tels grands poif
fons,comme eft la Tonnine,ont efté nommez Cetari, qui indiffe
remment vendent toutes efpeces de poiflons fallez en leurs bou
tiques. Les Marfouins& Daulphins peuuent bien eftre efcor-
chezpour en garder la peau iufques a quelques annees:chofe que
Lay experimentec eftre vraie, dont mefmement monfeur Ron-
delet medecin de Monfeigneur le Cardinal de Tournon,doéteur
regent de Montpellier ne me defdira pas:car luy qui fur touts au-
tres perfonnages eft diligent a recouurer les peinétures des poif-
fons,&qui en ha ia affemblé pres de mille differéts, lequel côbien
qu'il euft veu plufieus autres Marfouins , & en euft les portraiéts
_ touteffois il eut plaifir deveoir ceftuy la ainfi rempli que ie lui fei
voir. l'auoyea dire ceci duDaulphi,Marfoui,& Oudre,en prou
ue des peinétures des Daulphins que ï’ay maintenu, &maintien-
drayeftre les vraies.Quät a l'anatomie que i’ay defcripteieveul
bien faire entendre ne l'auoir faite en cachettes, ains l'auoir fai.
€te publiquement, l'an pañléau College de medecine, lors que
Me | M3, mon-
LE SECOND LIVRE
Monfieur Goupilliloit le Diofcoride en Grec, auec moult fre:
quenc &ccrelgrand auditoire, laquelle anatomieathita vne mul
titude de pluïeurs {cauants eicoliers medecins : & m'afleure
qu'il ne l'en grouuera vn de ceuls qui eftoient preléts, qui nedie
queiene l'aye monitree beaucoup plus par le menu que ne l'ay
delcripte en ce prelent liure.Parquoy ayant ainfi couché lesprin
cipauls poinéts,& acheué ce que auoÿe a defcripre, 1ay icy polé
pour faire fin.
Vray portraict deHippopotamus auec toute f a defcriptiô.C.XIX,
EN defcripuantle Daulphin,ray promis que ie comprendray
quelques autres animauls,quife referenta vn genrede ceuls
qui font nommez Cetacees:icauoir eit de ceuls qui font de gran-
de corpulence,& enfantent leurs petits en vie:deiquels ie trouue
que l'Hippopotamss en elt l'vn.Car il eft vn animal du gére de ceuls
qui font nommez Amphibia, c elt a dire qui viuent en couts les
deux elements:c'eft a {cauoir en l’eau &lur la terre.lele veul d6c
defcripre auéc le Daglphin,pouice que le Däulphin eft añimal
aquatique,conuenñant en ce auec l'Hippopotamus, qu'il ne poifie vi-
urel63 téps plôgé en l'eau,qu'il ne lui couiéne pareillemét {ortir
pour refpirer en l'air:maîis L'Hippopotamus ha cela de particulier dif
feréc au D'aulphin,qu’il eft animal aiat quatre pieds,& viuat log
téps fur terre,ce que ne faict pas le Daulphin. Parquoy faifat fn,
metaifat du Daulphi,ie prédcay l'Hippopotamus. L'Hippopotamss
eft vn n6,queles Latis ont éprunté desGrecs,ne fignifiat autre
chofe qu’vn Cheual deriuiere: lequel iamais les Latins ne vou-
lurét tourner en leur lägue,ais l’ôt toufiours retenu: féblablemét
a leur imitati6 en le deicriuät,ie retiédray la mefine dictioGre-
que d’Hippopatamus:duquel les autheurs ont parlé tt diuerlemét,
qu'ils ne couiénét enféble en le defcriuât.Ettour ainfi quelaLou
tre,& le Veau marin,le Caftor,&le Crocodile fe peuuét tenir 16g
téps en l'eau,& plus loguemét en terre, {éblablemét aufi fait le
pe ire Re aux defufdicts,ce{ot animaulsefquels il n'y à
difficulté aucune, mais elle eft moult grande en l'Hippopotamus: du
quelie pretés bailler lavraie peréture.Car no? l'auos veu en vie,le
quel auoit defia demeuré hors l’eau l'efpace de deux ou trois ans
{as point y rentrer, fel6 ce que nous en auôs peu entédre de ceuls
DE L'HIPPOPOTAMVS 48
qui en auoiét le gouuernemét.Pline a efcript que Marcus Scaurus
fuit le premier quile monftra à Rome.Pôpee auili tridphät des
Egvpuésen feit fpeétacle au peuple Romain.Dis efcrit,que D.
Asgajtus triüphät de la Reyne Cleopatra,en teit aufli le iéblable.Les
anciens autheurs,qui ont defcript l'Hippopotamss,ne l'ont pas def-
criptfort amplemét:mais ont efté cotents de l'auoir pafie legie-
remeét:&n y a perlône d'être euls qui en ait eicript plus a la verité
que ÂAriftote:lequel ia foit qu'il euit peu lire la defcriptio de l'H5-
popotamus en Herodote en vne autre maniere:touteltois il l'a m1-
{eautrement quenafaict Herodote. De moy ie l'efcriray n’ai
ant efgard a autre chole, fin6 a ce que i en ay veu.Et pour demo-
ftrer la grâdeur de celuy que ï'ay veu,il fault premieremét fuppo
{er quo voie vn porceau biégras,bien nourni,bié trappe, & afiez
hault,qui aitcomevne telte de vache fas cornes: laquelle foit de
mefme la refte du corps. Ce porceau dônera la perfpectiue d'vn
Hippopotamus.Car l'Hippopotamus eft couuert d'vne peau quicôuient
auec celle du porceau,taten couleur qu é autres notes. l’entés vn
porceau domeftique qui n'eft pas noir.Mais l'Hippopotamus a la te-
fte fienorme&grofle, &la gueule fi gräde quäd il l'ouure,quemef
me le Li6 baillat n € approche aucunemeét.tellemet qu'6 y met-
troit fac1lementvn globe p{ gros que n’eft la tefte d'ynhôme,ou
autre chofe féblable.Il ha les nafeaus enflez côme ceuls d’äBeuf:
aufi paift il Pherbe a la mode d’vn Bœuf,ou Cheual.1lha les le-
ures fieminétes& efleuces,tät celles de def” que les autres de def
foubs,qu’il en apparoift,tout cam?,ioinét qu'il ha le frétbié bas,
a la maniere de l'Orca.Il ha les déts de cheual faites de mefme
faco,bié fortes & lôgues hors des mafchoueres,qui ne {ot pas ay-
gues,come es animauls qui viuét de chair:car 1l vit des roufeaux
& jcanesdefuccre & fucilles de herbe de Papier. Iha les yeulx
. moult grands come les yeux d'vn Bœuf.1{ha f langue du tout
a deliure:mais 1e nefcay quelle grâde voix il tait.Bié eft vray que
Herodote ha efcrit qu'il hénit cômevn cheual:ie lui ay feulemét
ouy faire quelque voix du gofier ouurat fa gorge. 11 ha la queuë
courterode&grofiecomed vne Tortue ou Porceau.Ses aureilles
eftoient courtes comme celles, d'yn Ours;rondes,& me fem -
ble aufli qu'il auoit les pieds ainfi que font ceuis d'yn porceau,
LE SECOND LIVRE
qui n’eftoient pas beaucoup diftinguees, voila quât a l'exterieure
peincture del Hippopotamus. Nous n'auons tien a dire de l’interieu
re:car aufline | auons nous pas eu en noftre puiflance pourle pou
uoiranatomifer, Au demeurant ilme femble que ceuls qui ont
penié que Hippopotamns fuft vn animal terrible & cruel,fe ioient
trompez:car nous l’auons veu tant douls qu'il n’hales hommes
en horreur,ains les fuit amiablement:8& autireft il tant pacifique
& ailéa dompter,qu'il ne f'ettorce de mordre.Le vulgaire des {ta
liens,& principalement de ceuls qui font refidents aConftantino
ble, le nomment en leur langage ié Bo marin, c'eft a dire le Bœuf
de mer.Car comme ray dela dict,1l ha la tefte comme vnBœuf
fans cornes:mais les Turcs & les Grecs le nommantsen leur l4-
guage,onc vnediétion qui fignifie autantque finous difions por
ceau de mer:car 1l ha le corps de porceau . C'eft l'une des beftes
quiet en Conitantinoble,que les eftrangers qui viennent la, ap-
petent le plus a veoir:mais1l n'y ha perfonne de touts ceuls a qui
l'aye onc parlé,qui me l'ait nommee Hippopotamus. Étcombien
qu'il y ait vn lieu enConftätinoble moult voifin del Hippodro-
me,lur le chemin de Saincte Sophie,auquel font gardees les be-
ftes cruelles,ou nous auôs veu des Lynces ou Onces,des Tygres
des Lions,des Liepards,des Ours,des Loups: lefquels les Mores
gouuernent,ne le taignants deles manier non plus que nous fe.
rions vn chat priué. Foutelfoisils n'ont l'Hippopotamss en ce lieu
lasmais ailleurs en vn lieu qu’ilsnômentle Palais de Conftätin:
auquel lieu font monftrez les Elephants.Quand quelque eftra-
ger vient la pour veoir Ledict Hippopotamus, on ieluy monitre d6-
nant quelque piece d’argent.Ils le tont fortir de {on eftable fans e
ftre lie,& ians auoir aucune crainte qu'il morde. Alors fes gou-
uerneurs vouläts plaire d’auatage a celuy aquiils Le font veoir;ils
le font bailler quelque tefte de chous cabus,ou quelque piece de
melon,ou quelque pongnee d’herbe,ou bien du pain,lequelils ti-
ennent en l'air en Le montrant a l'Hippopotamus: mais luy quien-
cent qu'on luy veult faire ouurir la'gueulle.auffi l'ouure fi grâde,
que la cette d’vn Lion baillant,pourroit trouuer place leans. En
apres fon gouuerneur luy ieéte cela qu'il luy auoit monftré,com
me qui le 1eéteroit en vn grand fac:laquelle chofe l'Hippopotamus
mai-
DE LHIPPOPOTAMVS. 49
imafche,puis l'aualle, Voila que i’auoye à dire de l'Hippopotamus
quel'ay veu en vie. ; Up
Que Ariflote ne conuient pas auec les autres auteurs qui
ont efcript del'H ippopotamus. Chap.XX.
T'a fin que quelqu'vn ne penfaft pas que ie me foye trompé
en prenant celuy que iay nommé pour vn Hippopotamus: &
qu'il fuft vnautre,& m'allegaft Herodote le plus ancien de touts
les Hiftoriens,qui ditque l'Hippopotamus elt grand côme vn gräd
Bœuf,aiant queue de Cheual:& que l'Hippopotamus dont ie parle,
n'ait pas cela:ou fuyuät les merques de Diodore qui efcript quil
ne foit guere moindre en grandeur que de fept pieds & de-
my, & qu'il ait quatre pieds, defquels l'ongle eft tendu com-
me celle d vnBœuf,trois dents de chafque colté, les oreilles bault
efieuez,& plus apparentes que de nulle autre befte fauuage, & la
queue & le hennifiement femblable au cheual: & que celuy que
j'ay cy deflusefcript,ne conuienne pas non plus auec celuy d He
rodote que de Diodore : a cela ie refpondray, que ray amené
les merques bien notables que Ariftote ha efcriptes touchant
l’Hippopotamus:auec lequel pourront conuenir celles que 1’ay efcri-
tes du Bœuf ou Porc marin de Conftantinoble: car Ariftote ne
veult pas queles Hippopotames aient le corps plufgrand que les
Afnes:& auflin’entent pasqu'ils foient du tout figrands:qui eft
vne moult repugnante note aux efcripts des Hiftoriens. Dauan-
tage, il veult qu'ils ayent la queue de Porceau, & les dents de San-
glier,qui eft femblablement contraire aux fubfdiéts. Voyla donc
comment il y a grande controuerfe entre leurs efcripts,& qu'ils
ne conuiennent pasenfemblie. Mais quant a moy,ie me retireray
toufiours d'auecAriftote.Et voulant bailler La vraie peinéture de
l'Hippopotamus,ie la veul prouuer par les anciennes ftatues desEgy
_ ptiens,&:Romaïs,ou bié par les antiques medalles desEmpereurs
Rommains,elquelles les figures des Hippopotames font fi exacte-
imentreprelentees en Porphyre,en marbre,en cuyure, enor, &
argent,que facilement en les regardant, l'on cognoiftra euidem-
3 ". N. ment
LE SECOND LIVRE
ment toute | habitude de l'Hippopotamus,qui conuiént auec celuy
que 1 ay veu en vie a Conftantinoble. Aufii eft1l malaïiéa croire
que quand les anciens ont taict fi grande defpenie en la portrai-
cture de cefte befte,la tailant grauer fur marbre, qu'ils nel aient
faiét veoir au graueur:& le graueur en fatfat ion debuoir, n’a peu
moins faire que de la repreienterau naturel. Or maintenant fi
celles qui font grauees es marbres & en Porphyre,font corretpo
dantes aux autres qui font {ur cuyure:ne dira ion pas, que ce 1oit
vne melme chofefsemblablement files figures grauees {ur me.
tal& marbre conuiennent auec celle quenousauonsveueenvie,
parallement ne conclurons nous pas, que ce foi vne meime
choies |
Que les Romains anciennement peignoient des fleuues
ou riuieres, al'imitation des Eo ypuens, pour exprimer
leurs richeffes,Ër quel Hippopotamus ejt reprejenté en la
Jlatuc du Nil de Belucder, a Romme. Chap. XXI.
E puis prouuer par plufieurs âtiques ftatues & graueures, &pri-
cipalemét par celle cat infigne &anciëéne du Nul qui eft mainte
nant a Rome auiardin de Belueder,que l'Hippopotam”?,dont ie par
le ett le vray Hippopotamus.Car anciénemet les Romaïs voulas laif
{er memoire d'euls ala pofterité, & luy exprimats {es richeñles,
failoiétentailler de trefgrades {tatues qui réprefétoiét les fleuues
lefquelles chofes ils auoient apprinie, des Egyptiés, qui n'ont la
fertilité en leur pais finon par le benefice du Nil : leiquelslere- .
prelentants faifoientle portraiét d'vnGeat qui efpadoit de l'eau,
aiant autour deluy plufieurs petits enftäts iuiques au nombre de
treze,en figne des treze coudes de fa crue,& defquelsle trezief.
me coronne {on cornucopie.Mais les Romains Voulants repre-
{enter le Tybre faifoient faire entailler la figure d'vn tref-
grand Geant qui auoit vne longue cheuelure, & aufti vne fort
longue barbe, quafi comme limonneufe, ainfi aflife tenant vn
cornucopie en {a main:par laquelle ilsvouloient fignifier fertilité
& abundance de touts biens& grande felicité : laquelle chofe
ils ne faifoient pas feulement d'vne feule riuiere, mais aufli de
touts
DE L'HIPPOPOTAMVS so
to?,autres come du Rhiï,du Pau,du Tybre,& du Nil.Ils faifoiée
le Tybre accoudé deflus vne Louueallaiétant Remys & Romus.
Mais le Nileft accoudé deflus vn Sphynge,& par La bafe de la pi.
erreily a plufieurs Hippopotames, Crocodiles, Ichneumons, &
Ibis, touts enfculpture , aufquelles peinétures ie veul adiou-
fter autant de f5y, comme fi lauoye l’animal prefent: caril
faulr eftimer que quand les Princes Romains les faifoient por.
traire,q ils auorétl'Hippopotame prefent. Il y ha encor plufieurs
autres {culptures d’animauls en la fubfdicte pierre : mais ray
{eulement faiét recirer vn Hippopotamus dela mefme figure quil
eft deflus Ja pierre de marbre, tenant yn Crocodile par la
queue eftant en leau, du quel ceftecy eft Le portraict.
Le portrait de la figure, retiré de la flatue du Nil, du
iardin de Belueder au palais du Pape a Rome.
Chap. XXII.
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N2. Voyla
LE SECOND LIVRE. ”
V0yh donc quant a lafigure de l’Hippopotamus retiré des mar-
bres trefantiques, duquel lestailleurs voulants enfuyuir le na .
turel pour Le plaitir de leur prince,ont fort bié obferué toutes ces .
parties, lefquels n'ont rien oublié qu’on y fache defirer: comme
lon peult veoir regardant les aureilles,les yeux,les narines, les le-
ures,les dents, le col, les iarets,le dos, les coftez;le ventre,laqueue
les iambes.Somme toute la refte de ceftui animal,n’eft rien dif-
ferente d’auec celuy qu’on voit a Conftantinoble: dont ie puys
faire foy, mais non fans autheur.Car vn nommé Taques Gaflot,
efcriuant quelque petit difcours du voiage de Conftantinoble,en
tre autres chofes qu'ilhaefcript de Conftantinoble, ha touché
cefte befte en quelque petite claufule, duquel les propres mots
font comme fenfuyt.il y a auffi(dic il) plufieurs lieux en Con-
ftitinoble,ou lon môftre beaucoup de beftes fauuages,Liepards
Ours, Afnes fauuages, Autruches,en quantité,auffi vne certaine
befte,queles vns appellent vn Porc matin, les autre s Bœuf ma-
rin,mais ie ne veoy point qu'il reflemble ny a l'vnny a lautre, &
en verité c’eft la plus villaine & laide befte que ie vey onc, l'on
dit qu’elle a efté apportee du Nil. Tout cela difoitGafñot del'Hip
popotame,non pas(comme j’ay dict)qu ils fachent aConftanti-
noble le nommer d'vn nom ancien,mais1ls le nomment felon
cequ'ilsen peuuent veoir a l'œil.
Que plufieurs Empereurs,ayent anciennement faicf gras
uer dinerfes efpeces de beftes en leurs medalles, & que ens
tre autres on y Veoit la figure de l'Hippopotamus.
Chap. XXIII.
À Pres que r'ay baillé h figure de l'Hippopotamns retiré du mar-
bre,ie veul confequemment en bailler quelque autre retiree
de l’or,laquelle l'Empereur Adrien auoit faict engrauer en vne
medalle,en laquelle eft contenu toutel hiftoire du Nil tout ainfi
comme en celle de Belueder a Rome.Mais pource queie neveul
defcrire neles fleuues,ne les ftatues,ie retourneray a mon Hippo-
potamus lequel monfieur letreforier Grollier m'a permis retirer
d’vne de fes antiques medalles d’or,dontil ha grand nombre, &
duquel la figure que ‘ay retiree eft totalement femblable a celle
que
DE L'HIPPOPOTAMVS. SI
que i’auoye defia au parauant faict retirer des marbres de Rome,
laquelle eft tout ainfi en ladiéte medalle comme on la veoit en la
prefente peinéture.L’Hippopotamuseft ainfi tout droiét entre les i4-
bes de la ftatue qui reprefente le Nil , le quel n'ha quelesiam-
bes,de derriere dedens l'eau:& eftoient fans articulatios en la me-
dalle,mais ieluy en ay faiét peindre, fuiuantla peinéture de la
ftatue de Rome. La ftatue qui tient le cornucopie,n eft pas pein-
éte felon qu'on ha accouftumé de peindrele Nil,car elle ha Le vi.
{age d'Adrien.Le Crocodille eft au defloubs dela ftatue comme
plongé dedens le Nil. Voila quant a l'Hippopotame que nous 2-
uons retiré de la medalle de mondiét fieur le treforier Grollier,le
quel en ha encor plufieurs autres en argent & en cuiure, efquel-
les font pareillement reprefentez les Hippopotames en peinétu-
re, mais il me fuffit en auoir fait retirer la figure de l’vne,qui c6-
uient aufli auec la befte qui eft a Côftantinoble que ’ay defia def.
cripte:parquoy il me femble n’auoir point failly de l’auoir defcri
te foubs le nom del Hippopotame.Séblablementoultre les mar-
bres & monnoies,auffl en auons nous veu es Obelifques,qui n’2-
uoient rien dedifferance auec les trois que nous auons defia de
criptes.
Portraitt de l'Hippopotamus d'Yne antique medalle de
l'Empereur Adrien grauee en or, retiré d'vnedes medalles
de monfieur le treforier Grollier.
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N; , Pendant
LE SECOND LIVRE
pie le temps que nous auons efté en Egypte en laville du
Cayre,ie interroguay piufieurs i 1] y auoit aucune nouuelle de
ce Cheual de riuere où Hippopotamus:mats ils n’é ont derciteque
la fable en leur meinoire. Quelques vns reciénent celle meirne
qu'onen haelcript ancienueineat,{cauoir qu'il eft fort cerrible
cruel, & qu'il faille faire des toiies pour le prendre;,touteftois 1a-
mais hôme ne im a iceu dire a laverité qu 1l en aitveu d'autre que
celuyque l'ay deicrit.Celuy qui eit à Conitäunoble.fuc pris entre
la ville qui eit maintenant nomeele Sat, & le Cayre:& melmes
ceuls du Saet l'apporterét au Cayre au 5acha,ou ildemeura quel
ques fepmaines attendant qu on [ enuoyroit à Conitäcinoble par
mer.Cela eft coforme a ce que rline en ha eicrit. Car il dit qu'il
eft pris au deilus du Saet,entre les iunidictiôs d'Egypte. Ie croy
que c'eft le meime lieu ou anciennement turent prins lesautres
que Marcus Scarys feit porter à Ro.ne.
De la nature de !'Hippopotarnus. Chap, XXRETE
Q Väta ce qui eft de la nature de l'Hippopotamus, ie n'ay n6 plus
a en efcrire que ce qui en ha sit dera dit par les anciés. C eft
qu'il fe depart la nuict du Nil,ou ii ha deraeurécachétour le 1our
& va aux bleds qu'il paift toute auict:mais il chémine a recullos
a fin que par telle aitace lon ne cognoïife poit es pas. Au furplus
l'on ha elcript qu'il aeité noitre maitre & enieisneur en quel.
que partie de medecine, c'eit à icauoir en la phleoocomie, ae la-
quelle1l eft inuenceur:car quand il f'eit par crop engreié par fe
faouler oultre melure,il vienc a la riuz da Nil,& la crouuat quel-
quesCicots ou troncs des cannes qu'oa y a tailless,choifit Les pl?
agues qu'il peult,& fe picquant cercainé veine dela iambe, {e fait
aigner:&a, res qu'il ha afiez faigné,1lreitoupe la plaie delimon.
Les cuirs des Hyppoporames eitoient bien requis le temps pañlé
pour faire des falades & boucliers: carils eftoient impenetrables
aux flefches & aux efpieus,doncles e{cla1es des Ethiopiens en 2-
uoient grad gaing,d'autant qu'ils en appoïtoient beaucoupvédre
aux foires qu'on tenoit en vne vilie des lroglodites nômee A-
duliton.Les medecins n'ont faiét grande meation,qu'il fuit gra-
desnent requis enl'vfage de medecine. Vray eft que quelques
| PES
DE L'HIPPOPOTAMVS. s2
parties de cefte befteont efté en vfage, côme font fes tefticules,
& la greile laquelle guarit les fiebures, côme aufli faiét la fumee
deies excrements:& aufli la pouldre de fon cuir bruflé garifloit
les taches du viiage & de toute corps. l'auoye1a fini la delcriptiô
de ceit Hippopotamus lors que trouuay menfieur de Codognac var
ler de chambre du Roy,qui venoit de Conftantinoble, lequel me
dift que le fubidiét animal eftoit n agueres mort:& me dift auffi
fuyuant vn doubte que r'auoye; qu'ilauoit les pieds correfpon-
dants aux pieds d'vne Tortue, & {a queue reflembloit mieuls a
celle d vne Tortue, qua celle d vn porceau:au par!us qu'il eftoit
en quelquesmerques participatauec la nature de la Tortue d'eau.
Fin de l'Hippopotamus,
D'yn petit poiflon du Propontide fort admirable, & qui
entre touts autres cfi d éjtrange nature, Chap.XX V.
Ntre touts les animauls que j'aye onc faiét peindre:celuy qui
m'a iemblé Le plus digne d'eftre adioufté auec les peinétures
des Daulphins,eft ce petit Nastins,ou Nautonnier. Car oultre ce
quil eft rare, auñli eft 1] d'eftrange nature & admirable,& pour
autant qu'il reflemble à vn nauire,il ha efté nommé de touts en
toutes langues Nautonnier. Siles Grecs & Latins n'en auoient
aflez amplemét ecrit,ie le vouldroyeentieremét defcrire, mais
eraailleurs mieuls a propos.Car maintenät que i ay adioufté la
figure de ce prefent petit poiflon;il fuffira que ren efcriue brief-
uemét,& que ie face entendre qu le trouue aufli bien en la mer
Mediterranee, que en la mer du Propontide, & qu'ileft aufli
trouué en la mer Adriatique aux riuages d’Efclauônie& duFriol.
. Car monfieur maiftre Iehan de Rochefort eloquent P hilofophe
& excellent medecin dela maifon des Rocheforts de Blais,le me
feift veoir la premiere fois a Padoue, lequel luy auoitefté enuoyé
_par vnfien amy de Muggia,qui eft vne ville en Friol , au riuage
dela mer Adriatique. Mais depuis ie me fuis trouué a enveoir de
ceuls qu'on auoit pefchez en la mer Mediterranee car aufi adui-
ent
LE SECOND LIVRE
entilqu'onentrouue quelqueffois comme à Miffine & a Nas
ples,ou encor pour leiourd'huy lon en pourroit voir des coquil-
les au logis du capitainenomméGuifchard,lequel eftant n'a pas
long temps general des galleres de Sicile, vn fien fouldard en fe
pourmenant par les riuages Juy en apporta vn en vie. Nousauôs
ouy fon appellation vulgaire que luy ontbailléles Italiens, qui
le nommoient Mofcarolo. Mais Mof carolo ou Mafcardino eft nom qui.
eft deu a vnautrenommé Ofmylus. V ray eft que comme Ofmylus
hiodeur de mufc,aufli ha ce Nautilus, parquoy les habitäts du'far
de Mifline Le nômét en leur vulgaire Mufcardino.Il ha l'efcorce té-
dre&fubtilecôme papier,toute faicte a petits raiôs:16 appelle cela
eftre ftrié oucänelé. Elle n’eft pas de fi exquife couleur d'argét,co
me eft yne autre efpece de coquille qui luy reflemble, de laquel-
le eftoient faicts les vaifleaux qu’on nômoit Murrbina vafa, & qui |
eft appelleeen Francois coquille de Nacre de perle,ou bien grof-
{e Porcelaine mais elleeft de couleur tirant fur Le laiét,moultbié
reluifante,de laquelle La prefente eft fa vraie peinéture,
Portrait du Nautillus lequel Pline nôme Pôpilus ou Nauplius.
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Lle reféble a vn nauire qui anciénement eftoitnôméAcati6,
vaifleau plus commun en la mer du Propontide qu'il n'eftoit
ailleurs. Matianus parlât de cefte efpece de coche, l'a defcripte co
me il la veit auPropontide,elle ha vneenfonfure proprement co-
me vn nauire,&ladiéte enfonfure eft ce qu'on nomme la carëne:
a laquelle enfon{ure ou carenne l'on ha couftume d'atracher les
aix du nauire aux deux coftez.Il femble que ladicte coquille {oit
de trois pieces, fcauoir eft que l’enfon{urefoit feparee des deux
coftez. Mais cela n’eft que de l’induftrie de nature:car elle eft av
nefeule piece,toute a beauls petits raions.Elle porte la proue de-
uant,comme fait vn nauire: & la pouppe derriere,ainfi retour-
nee en rondeur de compas,comme eftoit celle efpece de nauire
quiauoitnomAcation:cefte coquille eft touce cochee aux bords,
& feroitquafñ de forme ronde, felle n'auoitouuerture par l'en-
droict ou fenourric{on animal. Sa grandeur ne furpaile point v-
nepaulme:careftendant la main defl?fon elcorce parlalôgueur,
lesextremitez du poulce & dupetit doigt pourront bien arriuer
aux extremitez de la coquille. {a fault manier doulcement:car
elle eft fragile. V aila quät ala coquille. Mais quand le poifio {ent
le temps douls,& lamerfanstempefte, lors il fort hors de la mer
auec fa coquille,& vient {’eibatre fur leau,le ventrecontremont:
uieftchofe moult admiräbleen nature,qui n'eft comune a nul
autre.Il laiffe vneefpace vuide, fachant que {a coquille en fera
pluslegiere,a fin que mettant hors & eftendant vne membrane
ou pellicule qu'ilha,& d'icelle faifant voile,laquelle il renforce
auec deux de fes iambes oucirres,l’vne deca l'autre dela, 1l ait le
plaifir quil pretent eftant poul{élegierement du vent par deflus
l'eau.Il ha quatreiambes dechafque cofté,delquelles deux tien-
nent la voile dreflee,& Les autresluy feruent d’auirons & de gou
uernail,& a le voir lon diroit proprement que c'eft vnvauire.s il
fent quelqueperil eminent,tant des oyfeaux nommez Lari, qui
eftants en l'airluy fontlaguereecommeal'Exocetus, ou. bien les
autresappellez Caniards de mer,alorsilretournefa coquille qui
auoit le ventre contremont,& la remplitd'eau,& fereurededes,
pour tetourner trouuer le fondde la.mer. Etfe aiant tourné la co
_ quillefurfondos;iltetient puis.la vraie fago divn Limasde mer.
> | ©}. D ÿse
LE SECOND LIVRE
D'vne autre coquille prefque Jemblable au Nautilus, dont
anciennement on faifoir les plus beauls Yvafes qu'enffent les
Romains en Yfage. Chap. XXVL
À comparaifon que i’ay naguere faicte de mon Nastilus, a la
grand coquille de Porcelaine, ma baillé occafion de la deicri-
re. Elle eft autrement nommee Coquille de Nacre de perle: 1ll'a-
uoyt au parauant foupfonnee eftre celle a qui le nom de anti?
deuft conuenir.Mais depuis aiant trouué le Nautilus, ie mefuys
mis en elfort,de trouuer vn nom ancien a la fufdiéte Coquille
de Porcelaine, qui ne m'a efté chofe moult difficile, veu mefme-
ment que le commun peuplela nommé vulgairemeét grofle Por
celaine,a la difference des petites. Defquelles l'appellation n'eft
pas moderne, Car ie trouue des autheurs quien ont faiét méti,
expreffe les nômäts enLati Porcellones:deiqueliesles medecis ont
quelque vlage,comme on peult veoir en l'autheur des Pädeétes
& au Nicolas. Cela m'a faiét autrefois pen{er que les ouuriers euf
{ent l’induftrie de les fcauoir accouftrer pour en faire ces beaus
vafes que nous nommons de Porcelaine. Or ces Coquiiles que
j'ay diteftre nommees Porcelaines,{ont moult petites, aiäts quel
que affinité auec celles qui ont nom Mwrices, & Murex eft a dire
Parpara,qui fe refent de murrba.Parquoy fachant que lesvaifleaus
quianciennement {'appeilotent Mwrrbina, furpañloient coutsau-
tres en excellence de beauté & en pris lefquels touteftois eftoiét
naturels:fachant aufli que ceuls que nous nommons de Porcelai
ne font artificiels. l’ay bien ofé penfer quelesvales vulgairement
nommez Porcelaine ne foient pas vraiement Martbina. Car Mure
rhina me femble retenir quelque affinité auec Murex,& auffi la di-
étion de Murex {e refent 1e ne {cay quoy de la Porcelaine. Par
quoy ie ne pourroie conceder que les vaifleauls de Porcelainear-
uficiels faicts de terre,puiffent obtenir ce nom antique, tant infi.
gne & excellent de Murrhina -vafa: mais trop bien que les vales
taiéts de la fub{diéte grofie Porcelaine ou Coquille de Nacre de
Perle,le pourroientobtenir:car c'eftoient d'elles quetels vafes ef:
toient faicts.Il y ha vne autreefpece de Coquille moult grofie,
pelante,& lourde,que lesvns nômentimproprem D Pr
e
DE LA COQVILLE DE PORCEILLAINE. s4
Decefte n'entensie pas,ne aufli des vignols dont ceuls du Brefil
font les patenolres,1e au des Nacres ou meres de perles, qui
reflemblenta leicailie à vue huiftre, ne aufli de plufeurs autres
qui font nommez Nacres de peries. Mais i'entens de ces Leiles
Coquilles,rondes & caues,faictes en maniere de nauire,tant luy-
fantes & poliees, donc la couleur et plus excellente & exquiie,
que neit la naitue couleur des perles:& [a defquelles melmemét
{plendeur faict apparoïitie vs arc en ciel, d yne infinité de cou
leurs reluifances quiiereferent es yeulx de ceux qui les cotéplet.
dont ieftime que les vaifieauls qui en furét anciennemét faicts,
prindrent ceite appellation de Marrbina, d'autant qu'ils tenoient
quelques merques de là couleur de Myrex qui eft a dire P#rpura.
Muaisie veoy maintenant Vne Maniere de vaifleauls crie ie croy
eftre de l'inuention moderne quañi correlpondants aux antiques
nommez en vulgaire vaieauls de Porcelaine, & croy bien que
leur nom moderne 1e reiente quelque chofe de l'antique appeila-
tion de Mwrrbina.Ces vales de Porcelaine 10t les plus celebres qu’'ô
veoit pour Le iourd'huy.Lefquels font en ce difterents aux anciés
que ceuls cidont artificiels,&les autres n6.Ietrouue que les vaif-
{eauls de Porcelaine font faiéts la plufpart de la pierre nommee
Moroch:bus, ouLencoyrephis:ae laquelleles Egyptiés fe {eruoient an.
ciennement a blanchir leurs linges:mais ils en ont tourné 1 vfa-
ge a donner les couuertures & enduiéts ou reueiteméts aux {ub{-
dicts vaifleauls.Et combien qu'il y ait de telle pierre au pais Vi-
-Cétin,au territoire Venitié aupres de la tour Roufie, qu'on porte
a Sallo,& de la par le lac de guarde pour diftribueresvilies d'Italie,
dontils fôtles couuertures des{ubidiéts vates dePorcelaines tou
teffoisil ny ha nulle comparaifon d'excellence d'ouurage aux
vaifleauls de Porcelaine faits en Italie,auec ceuls qu'on faiét en
: Azamie& Egypte, lefquels font tranfparents & excellents en
beaulté,8&dont nous {cauons que la piece pour petite qu'elle {oit
eft vendue au Caire deux ducats,comme eft vne efcuelleou vn
plat.Ily en ha au Caire qui y ont efté apportez de Azimie, c'eft a
dire Aftirie & difent qu'on en faict aufli en Inde:dont vne gräde
aiguiere ou coquemart eft vendu cinq ducats la piece. S1 eft ce
. qu'ils font vaifieauls mal couenants a mettre au feu, Tels vafes
. fonc artificiels faicts de ce que i'ay dict.Maisles vafes dont v-
\ 3 NS NE RTE TS {oient
LE SECOND LIVRE
{oient les Romains, eftoient naturels, n'aiants autre artifice de
l'ouurier;finon belle pollifure: & enchaflement de la Coquille.
Or pource que i'ay entrepris d'expliquer cefte chole, & la-prou.
uer par la peinéture,& par Les vaies qu’on en faiét, il m'a femblé:
bon ne païler oulcre que premier ie n'en baille leur defcription-
que ie prendray de rline & confequemmentle portait. Si 1en-
creprenoye delcrire toute l'hiitoire des vaifleauls de Porcelaine,
j'entreroye en vn gräd Labyrinthe hors de m6 propos,dont 1e ne
pourroye ayleement lortir.Parquoy ie finiray des vaifleauls de
Porcelaine,& prendray a parler desvaifieauls de Mwrrhna;que ray
delia diftingué des vatileauls dePorcelaine,detquels Pline ha am
plemét efcript au fecôd chap.du xxxvij liure, dôtilmetuffiten
coucher Legierement quelque petit mot en prouue de ceque €
ay delia parlé. Au lieu deflus allegué Pline diét,qu'on n'en auoit
encor point veu a Rome auant la viétoire Afiatique de Pompee
lequel en dedia premieremét fix de fon triäphe à Iupiter . Mais
tantoit apres par excellencechafque grand feigneur en voëlut
auoir. Il en dict beaucoup d’auätage,que ie laifls a caufe de brief.
ueté:touteltois ray bien voulu adioutter ce qu'ilenelcripe fur la
fin du chapitre.C’eit que tels vaifieauls eftoient apportez du pais
d'orient a Rome,& qu'on yen trouuoit en plufieurs endroicts,
mais grandement au roiaulme des Parthes, & principalement
en Carmanie.L'oneftime(ditilqu'ils foient procrées toubs ter-
re d ü humeur efpeifie par la chaleur. Leur grandeur n'excede ia
mais Les petits Gardemägers, & peu fouuét;tont fiefpes qu'eftvn
vatfieau a boire.Ces vaifteauls(dir il)ont fplendeur fans force, &
plus toit nireur qne fplendeur.Maisla diuerfité des couleurs les
faiét ettre en eltimne & hault pris, feauoir eft de taches fe chan-
geauts en circuit de couleur depourpre&blancheur, & tierce-
ment d vne viue & enflammee couleurentre les deux, comme
par pourpre {urpaflant la rougeur,ou blanchifant en couleur de
lait. Aucuns louent principalementen euls les extremitez, &
quelques reuerberation de couleurs,tellesqu'onvoiten l'arc en
ciel, c'elt a dire celelte.Les taches graffes ou efpeñles y {ont plaifä
ces:mais la tran{parence on palle couleur y éft vicieule, & autli
les inequalitez & verrues non eminentes,mais plates,çcomme es
| corps. !
DE LA COQUILLE DE PORCELLAINE. Ts
corps.Ils ont auffi quelque louenge en l'odeur. Cela dict Pline.
Je ne di pas qu'on ne puifle bien appeller les fubfdiéts vafes Por.
celaine:mats il les fault diftinguer,les nômant vaifieaulsde Por
celaineantiques,a la difference des vaifleauls de Porcelaine mo-
dernes.Car ceuls que nous aus pour le iourd’huy; font vaifleauls
faiéts de terre,que les Latins nomment Fi£kilia:ce que n’eftoient
Jes vales de Porcelaine des antiques comme il appert en vn paf
fage de Pline au liure trentecinq;, chapitre douziefme, duquel il
im a {emblé conuenable mettre les mots Latins.Vitellius (dit il)
is principatu fo cc.feftertiis condidit patinam, cuifaciende forvax in campis
exædificata erat:quoniam ed peruenit [uxuria, vt etiam fi£tilia pluris conftét,
gsm Murrbina.Ce pañlage de Pline eft grandement a noter, car par
iceluy appert que Murrbina n’eltoient point faiéts de terre,queles
Latins dienc Fitilis:& neantmoins ceuls qui afferment les vafes
vulgairement appellez de Porcelaine,eftre ceuls queles anciens
nommoientM#rrbina,ne fcauroient nier que lefdiétsvafes auiour
d'huy nommez de Porcelaine,ne foient H£tilia, c’eft a dire faiéts
decerre.le croy que qui vouldra regar der de bien pres a la Co-
quille dont ie baille le portraict,trouuera toutes les merques que
iay nagueres efcriptes de Murrhina,par quoy ilme femble netail
lir point en nommant Myrrha Concha de nom antique, la Coquille
dont icyeftleportraiét. !
Portraitt dela Coquille, vulgairement nommee ‘groffe
” Porcellaine,ou grand Coquille de Nacre de perle.
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Table desnoms propres contenant {euz
LEMENT LES CHOSES PLVS
—_s
notables de ce prefent liure.
Acipenfer fo. 20
Acation fo. 53
Adano fo. 13
Aduliton fo, 51
Aigles de Pempire fo.16
Alouettes fo. 22
Albanois tiennent la religion Gres
que fo.6 & 25
Amia l'ennemy capital du Daul-
phin fo. 21. 24 & 45
Amnios ou eft contenu vne liqueur
enla fecondine du Daulphin
fo. 39
Amphibia animalia fo. 47
Anguille fo. 19
Anaromie du Daulphin fo. 36
Anges de mer fo. 41
Aper poiflon,c’eft a dire porc fan:
glier fo. 2 0 & 21
Apollo Citharædus fo. 18
Arbaleftre poiflon fo. 45
Arabes ne mangent point de Daul
phin fo. $
Arion fauué de peril de la mer,par
vn Daulphin fo. 7
Armes du Roy Afis fou12
Afne de mer fo. 17
Afpre artere ou fifilet du Daulphin
fo. 3ÿ
Atheneus fo. 15
Attilus poiflon du Pau fo. 13
Aurata eft differentanoftre doree
fo.20
B
Baleine fo. 10. 30 32 42 43 & 47
Barbeau fo:39
Balçfta fo. 45
Bec d'Oie fo, 10
Benigne de villars appoticaire de
Difgeon fo. 22
Bomarin fo. 48
Bofphorus cimmerius fo. 45
Bœuf marin fo. 20
Boucs fo. 30
Bretons fo. 9
Bremme de mer fo. 18
Bremme d’eau doulce fo. 18
C
Cauiarrouge de carpe fo. 3$
Cauiar noir d’'Efturgeon fo. 3$
Cabafoni fo.19
Canicula fo. 7
Carulos fo. 22
Canadelle fo.17
Canarelle fo. 17
Cantarus fo.18
Cantena fo.18
Caftor fo. 30 & 47
Capon fo. 19
Carpion fo. 48
Coniards fo. 22
Cæfat fo. 1$
Cetacees fo. 27847
Cetarij _ fo.47
Chafle des Daulphins.. fo. 22
Cheuille ou {calme fo. 17
Chamas fo. 37
Chauldron fo.37.10 3142 & 47
Chien de mer fo.17.28 & 41
Chorion du Daulphin fo. 38
Cigales fo. 17
Cichara fo. 18
Citharus fo. 18
Claudius
fo. 32
à
TABLE
Cleopatra fo. 48
Coquille de Nacre deperle fo. $z
Congre fo. $9 & 20
Concombre de mer fo. 17
Corbeaux de mer fo. 17
Coffiphos fo. 17
Cortuia Ifle fo. 25
Coniugation des nerfs du cerueau
du Dauiphin fo. 37
Crocodile fo.47& 50
Curiofité du Roy Francois fo.43
Daulphin pris a Rimini fo, 7
Dauiphin roy des poiflons fo.4
Dalmates tiennent le party des
Grecs fo. $
Daniel Barbarus gentilhomme Ve
nicien fo. 7
Daulphin voulté ou courbé fo. 11
Daulphiné fo. 15 &26
Dauphin vignote fo. 16
Daulphin pañlagers fo. 24
Delphinion herbe fo. 25
Delphinophoron fo. 26
Defcription du Daulphin fo. 26
Delcription delPHippopo. fo.48
Defcriprion du Mariouin fo.29
Defcription d'Orca fo. 358
Delphiniera fo. 46
Diaphragme du Daulphin fo.3ÿ
Diodore fo. 49
Donielle fo. 17
Dor{o repando,Delphinus fo.10
Dorce fo. 20
Dragon fo. 18
Draco fo. 18
à E
-Egyptiens fo.
Egullats fo.17
Elephants fo.48
- Embrion du Daulphin fo.40 &ut
. Epigaître du Dauiphin fo. 37
… Eftranges poiflons fo.16
Elclauos viuéc ala Greque.f.s &25
Efturgeon 15 20 & 36
-Eftoille fo. 17
Efmerillon ”, Lo:
Eftomach du Daulphin fo.3$
Eftourneauls de mer fo. 17
Exocetus - fo. & 53
Feftinalentè fo. 12
Francois Perier peinétre fo.25
G
Galei fo. 45
Gac | 2 fo. 17
Gaillee fo. 19
Gauia ou moutte fo. 22
Gardemanger fo. 26
Geneuois fo. 14
Genitoires des femelles fo.42
Gilbert medecin de Kome fo.7
Girafes fo. 7
Glinos : fo.21
Gournault fo. 19
Gofier du Daulphin fo. 35
Grande coquille de pocelaine f. ÿ3
Grue de mer fo. 17
Griues fo. 17
Grillus fo. 20
Grenoille de mer fo. 37
Grofle porcelaine fo, 52
Guido de Colona f.1$
H
Harpe fo.18
Harpons fo. 46
Herodote fo. 45
Heron de mer foi4
Hipposotamus fo. 20 & ç1
Hirondelles de mer fo.25
Hobreau fo. 22
Homar f.17
Holofteos fo. 19
Hys fo. 20
Hymenees f. 41
I
Iuifs fo. ç
TABLE
. Joänes VVatfon fcauant medecin
Anglois . HOT
Monfieur M.Iean.le Feron. fo.16
Julis. fo.17
Inceftins du Daulphin fo.36
Ichtiocolla fo.47
Ichneumon fo.so
Iehan de Rochefort fo.s2
Ibis fo:50
Inuéteur de la feignee Hip. fo.ÿ1
L
Latins moins fcrupuleus que les
Grecs fo. 8
Laros fo.22.
L’angoufte | fo. 53
Labyrinthe de Crete. fo.36
Laggione fo.17
Lambena fo.17
Lamproie fo.19
Lamia fo.25 & 45
Larinx du Daulphin fo.35
Lelepris fo.17
Leucographis fo.5 4
L’hiftoire d'Arion fo.s
Limats de mer fo.s3
Lieure marin fo.16
Lion de mer fo.i7
Littorales ou de riuage fo.17
Lyra fo.t8 &19
Libella . 45 & 47
Lynces fo.48.
Licpards fo.48
Loy de moyfe fo. ÿ
Lotte de mer fo.20
Loutre. fo.30 & 47
Lune,poiffon de mer. fo.r7
M
MaiftrePierreGeodon apoti.fo.42
Mario fo.20
Matrice du Daulphin fo,40 & 41
Mararmat fo.18
Malarmat fo.18
Mahometiftes ne mangent point
deDaulphin ne de Porc fo. 5
Mangrellie , fo.35
Marimers Veniciens fo.8
Marfouin n’eft pas diction Fran-
coife fo.8
Marfioni petit poiflon fo.29
Mar{yo | fo.9
Mamelles du Daulphin fo.36
Merfoun,ou Murfouin fo.9 & 10
Medalles antiques contenants les.
| Daulphins fo.1r
Merlus fo.17
Merle de mer fo.17
Mifline fo.ÿ2
Milan de mer fo.zs
Mille peinétures de poifluns aflem
blees par M.Rôdelet fo. 47
Mofcarolo ou Mufcarolo fo.st
Mofcardino ou Mufcardino fo.ft
Monfieur Goupil medecin fo.47
Morho ou Morhou
Mafchouere d'vne Orca chez M.
legarde de feaux Bertrandi
| fo.3r
Morochthus pierre _fo.s4
M.Scaurus fo.48
Muggia ville en*Friol fo.ÿz
Mulec de mer fo.17
Murene n’eit pas Lamproie fo.19.
Murrhina vaia fo.s2 53 & 54
Murex fo.s3 & 54
Mutianus fo.$3
Murrha concha fo.s3&s4
Æ
Nautilus fo.s2 53 & 54
Nauronnier fo.s2z.
Nacre de perles fs.5253 &54
Nebrides Galei -fo.17
Nefs des efchanfons de paneterie
de chez les princes. fo.26
Nifoles . | fo. 17
fo.9
TABLE
O
Obelifques ou {ont grauez les ima
ges desHippopotames fo.51
Omentum du Daulphin fo.ss
Onces fo.48
Oudre & Ouette fo,1o & 30
Orties de mer fo.17
Orca fo.32
Oflements du Daulphin fo.45
Ofmylus fo.s1
Ours de mer fo. 16
Oye de mer ou Daulphin fois &
14
LU AET S. P
Paraftates des Daulphines fo. 42
Papilles ou trayons des mamelles
de la Daulphine fo. 35 & 37
Palumb fo. 17
Papegault de mer fo.17
Paon de mer fo.17 & 18
Pefce forca . 19
Peïétures de poiffons deM.Daniel
BarbarusPatriarche d’Aquileefo.7
Pefce armato fo.18
Pefce fan Petro fo. 20
Pertes font Mahômetiftes fo ÿ
Pefcheurs du Leuant fo. 7
Pelamides fo. 11
Pefce {pada : fo. 14
Petrus Gillius fo, 45
Pes efcome fo. 17
Peticardion du Daulphin fo.3s
Pelagij,ou de plainemer fo. 17
Phileter | fo. 31
Philantropos. fo. 5
Phoca ou veau de mer fo. 29
Phocænaou Marfouin fo. 9 14 &
15.
Phycis ou Tenche de mer fo.17
. Phalangions fo 42
Pic de mer,ou Piuerd fo. 17
Pierre Geodon appoticaire fo.42
Pompilus fo. 26 & 52
Porc pos ou Porcpifch fo. 9
Porceau de mer fo, 9 &10
Poiflon Empereur fo. 14
Porcelaine fo. 53
_ Porcelette 0.20
Porcelliones fo. 53
Porcus fo. 20
Portraiét du Daulphin fo. 29
Portraiét de Orca fo. 32
Prouerbe d’AugufteCæfar fo. 12
Priftes fo. 31
Priftis fo. 35
Pforon fo. 17
Pyramide d'Egypte. fo. 36
À °_R |
Raifins de mer fo. 17
Raies defguifees fo. 16
Rats d’eau fo. 30
Ratte de POrca PRE ©
0. 43
Religion des Mahometiftes fo.s
Regnard demer fo.16,25 & 46
Remus fo. 45
Romulus fo. $0
Rhines fo. 4r
Riuiere du Pau fo. 13
Rouget fo.19
Rouflette fo.r72141 &47
Roquau fo.17
Rotulo fo. 20
Rougnons du Daulphin fo.36
Ruüiens obeiflent a lefglife Gre-
que fo. $
S
Saet ville d'Egypte fo. $1
Salmandre fo. 42
Sardines fo. 22
Sauterelle de mer fo. 17
Sanglier poiflon du fleuue Achelo
us fo, 20
Saxatiles fo. 17
Saulmont d’eftain ou de plomb fo.
z 6 P3.
Sanut ! fo.19
Scaurus fo. 19
Salpa | fo. 18
Scelecos du Daulphin'. f4ÿ
Scardola fo.
Serpent de mer fo. s9 & 20
Serpens terreftres fo. 19
Sercafes {ont de la foy Greque.t $
Selerins fo.20 & 47
Singe de mer fo.14.158& 21
Synediæ to. 27
Synodontides fo. 37
Soleil fo. 17
Sphiræna fo.17
Spinaces Galei fo.
Sphinges _ fo.37&5so
Scacues du Daulphin fo.so
Statues Egypriennes fo. 49
Statues KRomaines fd. 49
Stellaris fo. 17
Superftition des Grecs fo. 5
Sus fo. 20
Syriens fs
T
Tarentins fo.12z &1$
_ Taras fo. 12 & is
Tanches de mer fo. 18
Tanua fo. 18
Telemachus fo. 15 & 26
Tete du Daulphin fo. 38
Tygres . fo. 48
Tite Vefpañen fo. 12
Toys fo. 11 & 14
TABLE
Torfyo fo.14 & 29
Tortues fo. 30
Troglodytes fo. st
Trippe du nombril du Daulphin
| fo. 38 &39
Traine fo. 21
Troiens fo. 1$
True fo. 20
Trueue |fo. 20
Truega fo. 20
Trigliites fo. 37
Turco fo. 9
.Tumbe fo..19
Vaiffeau nommé Delphinus fo. 26
Valcurnus . fo.
Vilifles fo.1; & 26
Viue fo. 18
Veau de mer fo. 29 & 47
Vter rs | fo. 30
Veines du Daulphin fo. 36
Vreteres du Daulphin fo. 37
Vefcie du Daulphinfo. 37 & 40
Vrachus 38.39 & 41
Voiage de monfieurle Baron des
funét par Arabie deferte
Vipere fo.42
Vertebres du Daulphia f. 45
Vignols fo. $4
Zigurelle fo.17
Zaphile,ou Zaphirus fo. 18
Zigena ou Libella fo..4$ & 47
FAVLTES ADVENVESA L'IMPRESSION,
Auneufefme fueillet chap.xv.ouil y ha que la voix du Daulphi
liez quele nô du Daulphin Au xv. fueillec chap.xvi. pour l'en-
grauene hiez lengraucure. Au xvj.fuallec cha.xxx.ou1il y ha ne
pouues,lilez ne peuuét. Au xvij.fueil.ligne derniere ou 1l y a che
nulle Liez cheuiile.au xix.f. chap.xxxj.pourrafeau lfez Grcuit.
Au xxx}. f. chap.penultime pour narines lilez racine,
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