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Full text of "L'histoire naturelle des estranges poissons marins, avec la vraie peincture & description du daulphin, & de plusieurs autres de son espece"

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Library 
of the 


University of Toronto 


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in 2009 with funding from 
University of Ottawa 


http://www.archive.org/details/lhistoirenature00belo 


4 


L’hiftoire naturelle des 
ES TRANGES. POISSONS 
MARINS, 


AVEC LA VRAIE PEINCTVRE 
& defcription du Daulpbin,& de 
pluficurs autres de fon efpece, 


Obferuse par Pierre Belon du Mans. 


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év Of tidia lévuory Ÿ GAAG 7h eu uyies 


AVEC PRIVILEGE. 


À PARIS 
De l'imprimerie de Regnaud Chaudiere, 


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EIS TON AIAESIMOTATON KAI 
enAæurpolerer aveiov Kaeduv&Auv roy &rro roÿ 
KacriAMovælov ITerpou Bi ov tou PUAMT po. 


A&XvU0 ooù Bepærronros dr P TATE CUUATIT PKR, 
££ lys ous, Tours lo mwunrid uv. 
TUTlov Se reacla lu CpxAV, ES dE RwTe 
GoÙ y iTinouçgouy Tos, mafor tousoutêt. 
avlos VÉP PiAQUoOUIE TEAM Euoc tomiduiwrne, 
TD, HS Teosmaugs du dev Rveu TLALTR. 


A D DOMINVM ODDONEM CALI- 
guium CaffellioneumCardinalem, Claudi; Calderij 
typographi bexaftichon. 


Si Volucrum natura placet,iucundaque fcitu ef? 
Quadrupedimque omnes le£tio doËta iuuat: 
Qui natale Jolum dorfo premit æquora Delpbin, 

Quique freto Yarius mergitur Lonio, 
Non erit extorris:{ed [ub te numine dexter 
Proderit,Ë "Volucres quadrupedefque tere. 


z 
 Amonfeigneur môfieurleReucrendif: 
 SIME CARDINAL DE CHAS: 

TILLON, LIBERAL 
Mecenas des hommes fludieus, 
entiere profperité. 


Es He ONSEIGNEVR ,Metrouuant en ce 
Bi) es loifir,duquel ie fuis a prefent par voftre bexi- 


à LA] gnité ioui[fant, apres auoir defcript en notre 


Dr) 


| 2 langue, les chofes memorables, & les richelTes 
&à de la terre de pluficurs pays eftranges ou ‘ay 
— eff, & la fertilité de diuerfesmers,dont vous 
auez veu plufieurs pourtrait Es, Er defquels il Vous a pleu me ouir 
parler: & |achant bien que”Vous n'auez plus grand plaifir, que d'en 
ployerle temps couenable, a entendre les chofes qui font extraiftes 
de l'intime copnoiffance des bifhoires naturelles: & que donnez Voz 
luntiers quelques beures du iour apres les repas, a deuifer € ouir 
des propos d'erudition qui ne trauaillent point l'efprit: Apres que 
i ay comfideré,que Vous cfliez fouuerain admirateur des chof:s prin 
Jes de l'antiquité:& que les Princes de ce temps la,ont eftez fi cu- 
rieus de faire retirer les vraies effrgies des chofes qu'ils auoient 
propofe faire engrauer en leurs medalles,qu'ils n'ont iamais permis 
qu'on y ait fein£ ne faulfe pein£ture,ains [e (ont efforcez de res 
couurer les plus excelléts ouuriers quils pouuoient trouuer, & au IE 
quils n'efpargnoient rien a enuoier gents exprez en diuerfes parties 
du monde,pour chercher les chofes dont ils vouloient auoir le pors 
traict contrefaict au vif: Et que fay cogneu que les effigies des 
Daulpbins qui font maintenant grauces en toutes les efpeces des 
momnoies modernes,n'ont non plus d'affinité auec le naturel, que 
de commun auec celles,qu'on'Yoit srauces es flatues ou es mônoies 
Aa antiques. 


antiques. Le me fuis mis en debuoir,de vous rendre les ‘vraies pein- 

Etures des Daulpbins,retirees tant du naturel que de l'antique auf 
quellesie n'ay rien adiouJté d'artifice,ne diminué,non plus qu'on y 
a trouue: afin de les "vous prefenter mais non fans Vous en faire 
demonftration:car ay auffi efcript toute l'hifloire qui appartient 
ala nature du Daulpbin,ou ÿay pareillement adioufle plufieurs 
autres figures des animauls qui font de fon efpecc: a fin que Vous 
aiät fpecifié chafque chofe par le menu, aye lieu de pouuoir mieuls 
prouuer que ie me me Juis pas trompe par erreur,en prenät ln pour 
l'autre. Laquelle bifhoire il m'a femblé bon mettre en noffre langue, 
defirant que foubs voftre authorite,a laquelle ie l'ay dédie, plus de 
perfonues en euffent plaifir. Vous Juppliant Monfcigneur,larece- 
uoir de mefme vifage,qu'il vous a pleu receuoir l'autheur d'icelle, 


quand il f'ef} prefente a vous. 


. Preface. 


== 0 M BIEN queentrelesautheurs 
AAÉPAÏ Grecs, Ariftote, Porphyre, & Elian 
ATEN) aient efcript plufieurs liures de la na- 
Css ture des animauls:Oppian,des poif: 

». 7/1 fons: Nicander, des ferpents: & que 
me Pline entreles Latins.les ait indiffe- 
femment quafi touts recueillis ca,& la, tant des def: 
fus diéts , que de plufieurs autres autheurs, qui les 
auoient obferuez par l6g vfage: Toutes fois ie n'ay 
laiffé d'en elirele feul Daulphin entre touts ceuls 
dont jay eu la cognoiflance ,en les cherchant 
fur Les lieux de leur naïifflance,duquel ay mis la def 
cription & peinéture a part: & y ay adioufte ce 
qu'il m'a femblé neceflaire a l'explication de toute 
l'hiftoire de fa nature: veu mefmement qu'il n'y a 
jamais eu loy,tant fuft rigoreufe,qui deffendift qu'6 
ne peuft bié adioufter vne chofe raifônable, a ce qui 
auroit efte defia inuenté. Et cognoiflant qu'il n'eft 
animal plus vulgaire, ne plus commun en la me- 
moire des hommes,qu'eft le Daulphin: & que tou: 
tesfois il ne f'efttrouué homme qui le cognoifle:ïay 
entrepris d'en bailler les viues images, & de faire 
qu'il foit cogneu de touts. Laquelle chofe ie pretés 
faire par Les vrais portraicts, & par les obferuations 
que jen ay faiétes: non pas feulement de luy, mais 
aufli de plufieurs efpeces de fon'genre,routs lefquels 
lay amplement defcripts en deus liures, dont ie 
A3. propofe 


propofe que Le premier monftrera toutes les parties 
tant de fa peinéture exterieure,que de toutes les au- 
tres de fon genre.En apres le fecond fera veoirtou- 
tes autres chofes,qui concernent les partiesinterieus 
res, par leurs anatomies,& peitures d'icelles. Oultre 
plusa fin que aiant confuté lesmonftres qu'on a: 
uoit autre fois imaginé pour les peintures 
des Daulphins, en noz monnoies,ie 
_ puifle môftrer queles portraicts 
qui en ont efte faicts,foiét toz 
talement fauls:& aiant lieu 
de pouuoir prouuer que 
lay mislavraye pein&uz 
re des Daulphis a la clar 
té des hômes,vn chafz 
chun fe perfuade de 


les auoir a la verité. 


| 4 
Le premier liure de l'hiftoirénarurelle 
DES ESTRANGESPOISSONS 
marins, auec la vraie peinture & toute la 
defcription des parties exterieures du 
Daulphin,& plufieurs autres de {6 
efpece, 
Obferuce par Pierre Belon du Mans. 


Chapitre premier. 


7-4) AINTENANT queiaytrouuéiufte 
A! occafio de parler du Daulphin,& des autres 
#1 poiflôs de16 elpece:fachac bié qu'il foit vn 
= 1, poiflon qui tient le fceptre en la mer,&qu'6 
5 luy ait donné le fecond lieu esarmoiries en 
pe a Érance:& aufli qu'il{oiten dignité, le pre- 
ss nier apres les fleurs de ls: ie me fuis mis 
en deliberation de defcrire amplement toute l’hiftoire qui luy 
Conuient, fuiuant Vne particuliereobferuation detoutes fes pare 
tJes,tant exterieures que interieures: defcriuant fidellement tou- 
tes chofes qui doibuent eftre librement defcriptes, fans y adiou- 
fter ne diminuer chole que Nature ne luy ait dôné, laquelle nous 
cognoïilons fi benigne 2 tout ce qu’elle produict qu elle n'oublie 
iamais de bailler le douaire aux chofes tel qu éile voit iuftement 
appartenir a ce qu elle ha engendré. Mais comme pour Le iour- 
d hui 1e voy que lesautheurs modernes qui {e mettent à defcri. 
re a nature des animauls ou des plates qu'ils ne cognciflent pas, 
me lemblent eftre femblables aux chantres devicilles chanfons, 
qui ne chantent que par vfage,fans auoir la fcience de m ufique: 
Tout ainfi ie n’ay propolé de m'amufer aucunement à leurs ra. 
mas,ne aufli aus fables quien ont efté faictes . Cariem’en rapor- 
téray a Ce que les principauls autheurs anciens en ont efcri pt, 
defquels il me fufira prendre l'aurhoritéen preuue de ce quel 
"elcriray:veu mefmement qu'ils ont eu fi grand foing en mettat 
les chofes par efcript,qu'ils n'ont rien laifié en arriere, tellement 
que ce quelon en diét apres euls, & princi palement Ariftote, 


touchant 


PRBMTER LIVRE 


touchant ce quiappartient a la principale defcriptio de l'hiftoire 
ne foit que vne repetition diéte plufieurs fois. Aufliquine les 
enfuit de bien pres, n’ha pas grand chofe a dire qui foit nouuelle. 
Voila donc comment les modernesqui ont cheminé par les pas 
des antiques, qui fe font mis atraiéter dela nature desanimauls 


qu'ils n’ont pas veu, n'en peuuent dire finon ce qu'ils en ont 


trouué es liures des autres Dont plufieurs pour le iourd’huy ont 
faict des ramas de toutes chofes mal a propos, en prenant indif- 
feremment des autheurs,tât de ceuls quien ont menti, comme 
des autres qui en ont efcript a la verité.Et commeil eft a prefup- 
pofer que touts n'aient pas entendu la verité de la chole qu'ils 
ont efcripte,auf{i files modernes quiont marché par leurs pas, 
ne l'ontentendue,il leur auroit efté impoflible de fcauoir diftin- 
gucerles marques mal efcriptes, de celles qui enonteftédictes 
a la verité. Ie n’ay donc pas failli en difant que tout ce qu'ils en 
efcriuent, n’eft que rediéte, qui n'ha rien dafleurance ferme &c 
ftable.Et pour en monftrer vne pour exemple, ie prendray le 
Daulphin,& les autres poiflons de fon efpéce. Il n'ya cellui de 
ceuls qui efcriuent de {a nature,qui ne mette qu'il ait vn aguillé 
deflus fon dos:& toutesfois ie maintiens quil n'en ha point. Dot 
vient l'erreur qui ha trompé tant de gents, finon qu'il n’yaeu 
encor perfonne qui fe foit mis en debuoir de l'obferuer? Voila 
donc comment l'yn enfuit l’autre en toutes notes.Mais ie efpere 
fpecifier cefte chofe plus au l6g,quäd en parleray en fon propre 
chap-prefuppofät qu’vn chafcu face du mieuls qu'il luy foit pof- 
fible,& aufli que l'excufe foit par tout tolerable: veu mefmemét 
que touts hômes fe mertét en debuoir de faire du mieuls qu'ils 
peuuét.Parquoy fachät que l’aage renouuelle tout, & auffi que 
no°voié squafi toutes choles fe chäger de iour en iour,i ay efcript 
va difcours particulier touchant ceci, qui au parauant naefté 
efcript de perfonne. Et ce que ie pretensfaire, n'eft autre chofe, 
finon que ie vueil enfeigner la vraie perfpeétiue du Daulphin,& 
aufli en bailler la peinéture, laiflant toutes prolixitez inutiles, 
mais au furplus n'oubliant rien de quoy ie me foye peu fouuenir 
des notes qui luy conuiénent fingulierement:a fin que ayät mis 
& expofé toutes les parties exterieures & interieures, felon que 
ie les ay obferuees en diuerfes contrees du monde, vn chafcun 

| sepuie 


DES POISSONS MARINS s 


fe puiffe perfuader,que ie n’ayerien efcript,chofe que moy mel. 
menel'aye veue. | 
Combien que Le Daulphin ne foit pas cognes des Fratscois pour tel ton. 
te/foisils l'ont en commun vage,mais 1l nef} pas nommé par fon nom 
| propre. Chapitre IL 
R pour ne m'efloigner d'auätage de mon entreprile,qui eft 
queie puifle môftrer qu'il ne foit poit veu de poiff6 plus cô- 
mun par les poiflonneries qu'eft leDaulphin:iedi toutefois,pour 
cequil n'a pas retenu {on antique appellation,que l'on netrouue 
perlonne qui lepuifle bien cognoiftre. Mais comme le fort per. 
met les chofes,les Francois en n’y penfant point, & ne fachants 
pointque c eft luy;,l ont conftitué ea fi grand honneur,qu'ils luy 
ontbailléle titre du Roy des poiffons, tant dela mer, que des 
lacs & riuieres.Oultre plus 1ls l'ont tant eftimé,qu'ils ont mis le 
fecond apres les fleurs de ils, tellement qu'ils l'ont portraict en 
toutes les efpeces des monnoyes d'or, d'argent, & de cuyure, & 
peinctures d'armoiries,d eftandards,& banieres. 
Que le Danlpbin Joit Jounerain es repas des Francois es iours maigres: 
mais ils ne penfent pas que Joit [uy, d'autant qu'il a vfurpé le nom 
d’vn autre. Chapitre 111. 
’Auâtageils ont voulu qu'ilretint aufli la reputation du pre- 
mier heu entre to? autres poiflos qu1{6t apportez dela mer. 
Car apportez aa poifonnerie, toutsont confenti qu'ils foient 
{eulement dediez pour eftre preïentez au repas des plusriches, 
ou bien a ceuls qui ont le moyen de faire vn peu plus grande def 
penfe:car les delicats qui ont le palais plusfriand, l'ont eftimé ef 
tre le plus delicieus qu'on puifle trouuer en la mer. Mais les Frä- 
cois ignorants leurs richefles, & ne cognoiflants pas que c'eft 
luy,ne le {cauent exprimer, finon quepar vn mot qu'ils ont em- 
prunte d'eftrange pais,lequel ie declareray tantoft.Mais combié 
qu’il ne foit appellé Daulphin, il ne laifle pas pourtant d'obtenir 
le premier lieu en toutes fortes. Et pour parler de ceuls es mains 
delquels iltombe pour la premiere fois,encore qu'ils foient des 
plus ruftiques de tout le riuage de l'Oceä, pour cela il ne demeu- 
rera pas pour euls:& encore qu'ils ayent couftume d'’eftre nour- 
ris des poiffons prins en leur contree,ce neantmoinsils nele m4- 
geront pas, fachants bien que telle viande ne conuient à leur na- 
| B. ture: 


PREMIER LIVRE 


ture:Car pour y auoir plus grand gain, ils le feront porter aus vil- 
les de terre ferme,le vouläts confacrer quafi come chofe vouee, 
a ceuls qui ont plus d'argent en leurs bourfes pour en acheter. £t 
encores qu'on en puifle bien recouurer, fcauoireft qu'il ne foit 
tant rare de foymefme, toutesfois fon excellence le fait fembler 
pretieus.& principalement {ils l'apportent aus iours maigres: 
efquels iours on nefaiét feftins ne nopces, qu’on puifle vanter 
auoir efté fumptueus,fion n'y amangé du Daulphin: non pas 
que les Francoys le cognoifient & le nomment de telle diétio de 
Daulphin,mais comme 1'ay defia dict, touts l'appellent d’yne 
voix eftrange qui n’eft pas Fräcoyle,mais empruntee des eftran- 
giers. Voyla donc commele Daulphin refte en toutes qualitez 
en fonentiér,excepté qu'on [uy a mué fon nom. Car comme ie 
diray ci apres faifant diftinction de fon gére par les efpeces, il eft 
impropremét nômé enFräcoys.Vray eft que ceuls qui le nômét 
plus propremét que les autres, l'appellent vne Oye.Mais pour ce 
ce que nom n'eit afles entendu, i'en parleray par apres generale- 
ment & plusamplement, 


Quil ny ait que les hommes de [a religion Latine qui mägent du Danfphin,& 
que Les nations du pais du lenant ets mangent aucunement C bapitre LIL, 


APRES j'ay dict que le Daulphin foit fingulier es delices de 
noftre natio,ie n'ay;voulu pañler oultre,fäs y adioufter ceque 
jen aytrouué es autres pais:qui {era bien propos contraire tou- 
chant ce poinét.Car commeil foit delicat entre les Francoys, & 
qu'iltiennelepremier lieu entreles poifons, les eftrangiers ne 
pourrot lire cefte claufule fans f'en emerueiller,veu mefmemeét 
que toutes les nations du leuant eftiment vne chofe cruelle, & 
a euls abominable, d'outrager vn Daulphin, & par confequent 
ils l’abftiennent du tout den manger. Etcommenceray par les 
Grecs,de{quels la fuperftition eft accreueentre euls plusgrande 
qu'elle ne fut iamais,& principalement touchätleboire & le ma 
ger.Car encore pour le iourd’hui, ils f’abftiennent entierement 
tout le temps de leurs quarefmes de manger poiflon qui aît fäg 
auffi ne vouldroyent soufter de la chair du Daulphin, quandils 
debueroiïent mourir de faim. Et quand on leur en demande la 
raifon, ils ne fcauent alleguer finon qu'ils tiennent cela par 
vlage, fuiuant les fables dont ie parleray cy apres. Eta fe 
UIS 


“d'idée éd 


DES POISSONS MARINS. 6 


aduis,fuiuant ce que nous en trouuons par efcript,ie croy que les 
anciens Grecs ne lesayent iamais pourchafiez en la mer,pour les 
manger. Plufieurs des anciens autheurs,aufli Epimenides &Eh, 
ontelcriptqueles Grecs les tenoyent facrez,comme autlifurent 
confacrez a Neptune.C'eft de la que touts les habitats du riuage 
de la mer,a la cofte d’Afie,de quelquereligion qu'ils foyent,n en 
inangent non plus que ceuls des riues de la mer lonique & Adri- 
atique,ne aufii vne bonne partie de la mer Mediterranee, & pa- 
reillement de la mer Pontique,;auec touts les autres qui {ont re- 
ftez du parti des Grecs,& nations qui n'obeiflent pasal egliieRo 
maine,comme Sercafles,Efclauons, Vallacques,Dalmaes,Rnf- 
fiens, Albanois,& principalement ceuls qui habitent aus riuages 
des mers, tant du Pont Euxin,que de | Aariatique. Letquels tui- 
uants la religionGreque penferoient auoir leur confcience gran- 


. dement chargee, {ils auoyent tué vn Daulphin,car il ny a ceiluy 


d'entre euls,qui ne fache raconter hiftoire d'Arion, comme fi 
c'eftoit vne chofe qui fuft aduenue de noftretéps. Etpource que 
en traffiquant 1l leur couientquafi toufiours eftre ur mer, 1ls 
ont le commun parler tant antique toufiours en leurs memoi 
res,de ceuls qui ont dict auoir experimenté quele Daulphin foit 
mifericordieuls,& qu’il faille l'aimer, pource que le Daulphin 
aime ceuls qui {ont tombez en la mer,de la meime amourcome 
fi ceuls qui {ont tombez les auoient aimez auant qu'ilsy tom- 
baflent. Pour cela ils ne permetront 1amais les laifer nayer, ains 
les mettront {ur leur dos, & les conduiront iufques au riuage. 
C'eft la raifon qui aindutét les Grecs de les auoir auciennement 
nommez Philantropos de nom Grec;,quifiguifie ami de l'hom- 
me:& {uiuant lefqueiles hiftoires,ils L’abftiennentde les ofrenier. 
Plufieurs poetes & hiftoriens ont efcript beaucoup de fables des 


 Daulphins,defquelles ne pretens efcrire,finon en l'endroict qui 


imeiera necefñaire a la prouue du propos que tiendray. Voyla 
quant aus Grecs,& autres qui enfuruent leur reli glon. 


Quetouts es Mabometifies,ne mangent point dy Danlphin,E 
[a raifon pourquoy ils Le font. Chapitre  V. 
Dés: il ya plufieuts autres natiôs qui n’en mägent poit, 
mais ils né Le fôt pas fans raif6.C'eft que toutes les natios qui 
enfuiuent [a loy de Mahometh,commeles Turcs, Arabes, Eey- 
B.2. puüuens, 


PREMIER LIVRE ' : 


ptiens, Perfes,Syriens,ont opinion que la chair du Daulphin leur 
'oit deffendue,d’autant qu’elle reffemble a celle d'vn porceau.Et 
quele porceau eftant detendu en leur loy, femblablement tienét 
que telle chair du Daulphin leur foit defendue: aufli n'en man- 
gent ils point. 


Raifon porquoy [es Inifs f abfiennent de manger du Danfphin. Chapitre VI. 


N cas pareil les Tuifs en quelque part dela terre qu'ils foient, 
Éne mägent point le Daulphin,ne des autres poiflôs qui foyent 
de fes efpeces.Car quand a eulsqui font obferuateurs des coman- 
dements de Moylfe, il ne leur eft licite de manger poiflon qui ne 
ayt des efcailles.Par ainfiils ne pourroient manger du Daulphin 
{äs tranfgrefler leurs commandements: auflin'en mangentils 
poit, car il n’ha point d'efcailles. 

Premue par demonftration,que les Italiens not plus ceuls qui font 
etsterre ferme,que ceuls qui ba ne mangent point dDanlpbiss, 
bitent aus rinages. Cabpitre VIL. 
"AY defia nommé beaucoup de nations , qui ne mangent 
point du Daulphin,ne aufli des'autres quiluy {ont femblables, 
defquelles nations ie n'ay rien efcript touchant leDaulphin,que 
tnoymefme ne l'aye entendu en eftant en leur pais, & aufli 
cogneu par experiencc.Mais pour ne parler de fi loing,ie puis di- 
re {emblablement,qu'il y a plufieurs gents en Italie,qui n'en veu 
lentpoint manger. l’ay diét raifon vray femblable pourquoy 
toutes les autres nations n’en mangentpoint: maisa cefte ciie 
n’en ay point,ny ne fcay pourquoy ilsle font, finon que pour e- 
xemple,iay efté long temps couftumier de defcendre par eaue 
dePadoue,me partant touts les iœudis au foir, & felon lacou- 
ftume du pais,& m’eftant embarqué deflus la Brête,allant toute 
nuiét le bateau fe trouuoit a Venife le vendredi matin, ou ie de- 
mouroie tout le iour,obleruant les poiflons qu'on auoit apportez 
de touts coftez au marché:aufi y aïant efté refidét les quarefmes 
entiers,ay fouuent demandé a touts les pefcheurs fils vendoiét 
iamais du Daulphin,mais touts n'ont afleuré qu'ils n'auoïét fou 
uenance que jamais ils euflent veu vn feul Daulphin apporté a 
Venife,ne qu'on y en euft iamais védu. Et qu’il ne foit vray, mo. 
fieur Daniel Barbar° l'vn des pl? doétes gétils homes deVenife, 
maintenat 


sidi DES POISSONS MARINS. éd 
 maintenât ambañladeur en Angleterre efleu d’Aquilee,qui a en- 
_ tretenu a fes gaiges efpace de huict ans vn trefexpert peintre n6 
mé mefler Phnio,le faifant leulement befongner la plus part du 
temps aus peintures de toutes efpeces de poiflons, retirant tant 
ceuls de la mer Adriatique,que de la Mediterranee, & des fleu- 
ues & lacs de toute lialie: & lequelil a fi bien fait befongner, 
qu'il ha le portrait contrefaict au naturel des viues images non 
{eulement de ceuls qui ont eftés apportez au marché ou es poif 
{oneries de Vemile:mais aufii des autres qui luy ont eftés finguli- 
erement enuoiez des ports & plages d'Elclauonie:lefquelles pein 
étures font beaucoup plus de trois céts de copte faict,&defquel- 
les par fa bonte ledit mefle: Daniel Barbarus,m a oétroié taire 
recirer au pinceau celles que i ay voulu choïfir: mais en toutes, il 
n'y auoit point de peincture deDaulphin. Voila donccommeie 
prouue par demonftration qu'on ne pelche point des Daulphins 
en la mer Adriatique.Car filon y en pefchoit,il eft aufli a croire 
que monfieur Daniel Barbarus,en euft eu Le portraiét en fes pein 
étures.Ceuls de Naples m'ont affeuré le {emblable de leur ville, 
& auflide Mifline,& de Genes, comme aufli ceuls de toutesles 
autres grofles villes qui font fituees au riuage fur les ports des 
mers du contour d’talie:commme aufliles autres quiiôt enteïre 

” ferme, &mefmement aRomme.Car vu trefcauât medecin n6- 
mé maiftre Gilbert,Flament & homme curieus derecouurer les 
peinétures des animauls,m'aafleuré que en tout le temps &efpa 
ce de dix ans,il ne veit onc apporter q'vn feul Daulphin a la poif 
fonnerie:leq:elencor ne fut pas mangé : car il nefe trouua per- 
fonne qui envoulut acheter, fin6 quelque peu d'efträgers:& qu'il 
en acheta,pour auoir la grefle, & les oflements dela tefte, qu'il 
garde en fon cabinet. Nous auons encore plufieurs autres beauls 
exemples qui font de ce temps ci.Car les habitants de la ville de 
Rimini en Îtalie,au riuage de la mer Adriatique, trouuerent vn 
Daulphin n’a paslong temps,qni eftoit demouré a fec fans eaue 
defius le {ablon, a vn quart de lieue de leur ville,lequel ils firent 
charger dedens vn chariot tout en vie,& l'amenerent a Rimini, 
ou ilvefquit trois iours. Et{il eft vray ce qu'ils m'enont dict, 
ceuls quil'amenerent gaignerent vne grande {omme d'argent a 
le moitrer.Car chafcü qui Le vouloit veoir,bailloir quelque piece . 

| B.3. dar 


EE ES SR SES 4 n nl rade mul: » | 


PREMIER LIVRE 


d’argent.La mefure qu'ils môftroient dela fongueur;eftoit pres 
d'vne aulne & demie.& toutelfois iamais homme ne tafta de fa 
chair.Car ils n'ont point d vfage d’en manger:finon qu'ils fe fer- 
uirent de {a grefle.Et pour en laiffer memoire,ils purgerét les of- 
fements de {a tefte, laquelle ils gardent encore auec fa queue pen 
due au deflus de la porte de la ville,qui eft la pchaine du port.au- 
quel lieu il y auoit l'efcaille d'vne tortue, dôtilsenont côtrefaict 
van monftre, mettant la tefte deuant,& la queue derriere: & pour 
autant que ie fei retirer le portraict des ofleméts de ladicte tete, 
ie l'ay faict reprefenter en ce lieu auec la peinéture des Daulphis, 
côime lon pourra veoir ci apres quad ie parleray des interieures 
parties de [a refte du Daulphi.l’auoye tout ceci a dire en prouue 
que lesTtaliens n'aient acouftumé de manger du Daulphin, de 


laquelle chote il me {éble qu'il fuftit pour cefte heure,de ce que 
ien ay dict. | 


Que Les hommes des pais du Lenant penfent que foit plus grande 

crhaulté d'offenfer vs Daalphin,que detuer vn homme:E qwils 
l'ont engrande veneration. Chapitre VIII. 
JAY voulu adioufter d’auantage,qu'il n’y a aucû des pefcheurs 
Turcs, Grecz,Efclauons, Albanois, & autres gents qui fuiuent 
la religio Greque,qui fe mette iamais en effort de faire mal a vn 
Daulphin:mais ils ont de couftume,que quand aucü d’entre euls 
ont pris vn Daulphin dedens les rets,ils prennent bon augure,& 
encore que leDaulphin euft fait dommage aus retz,ils ont gräd 
paour de luy faire mal:& leremettét en la mer, auec parolles de 
{ainéteté,en difant des prieres,&eftimants que quand ils ne leur 
feront violence, cela leur pourra profiter en autre temps.Car cel- 
luy d'entre euls qui fe pourrra raifonnablement vanter qu'il ait 
donné liberté par dix fois a vn Daulphin,péfera en acquerir grä- 
de louange entre fes compaignons.Et a ce les meut vnecommu 
ne raifon que i ay defia par ci deuant efcripte.C’eft qu'il n'y a cel 
luy d'entre euls,qui n'ait opinion, quequand ils feroient en vne 
extremite a la mercy de la mer,ou que leur nauire feroit froiffee 
contre les rochiers,ou autrement brifee ou batue.entre les va- 
gues des horribles tempeftes de la mer,ou bien qu'il fuft ieété en 
l'eaue par la malice de {es compaignons,comme fut Arion, que 
les Daulphinsqu'ilauroit autrefois deliurez de captiuité, en re- 
| copéls 


DES POISSONS MARINS, S 


compenfe luy fauueroyent la vie.Et oultre ce que ray diét,enco 
re dure vne autre opinion non feulement entre les Grecs,mais 
aufli entre quelque partie des Italiens, & principalement entre 
les mariniers Venitiens,que {il y auoit quelcü en leur nauire qui 
euft tué yn Daulphin,& la nauire fe trouuoit fur la mer efbran.- 
lee de la tépefte, touts les Daulphins qui feroient la au tour, vié. 
droient faire perir leur nauire,pour fe véger de celluy qui auroit 
commis vn,tel crime.Par cela ils craignent de leur faire mal, de 
_ paour que cela ne leur aduienne.Car commeils voyent les Daul 
phins accompaigner les nauires en la mer, principalement quäd 
il faict grande fortune,tout ainfi le bruit eft qu'ils donneroient 
- aydea vnchafcun a fe fauuer.Ce font les raifons pourquoy plu- 
fieurs nations ne veullent point faire d'oultrage aus Daulohins, 
& par confequent f’ab{tiennent de les manger. 


Que grande partie des bommes de [a religion Latine, au contraire 
des Grecs,Turcs,E Tuifs, font plus friäts de [a chair du Daulpfi 
que de nul autre poiffon. Chapitre 1 X. 


M Ais ceuls qui font de la religion Latine, moins fcrupuleus 
que les fufdiéts,tant de ceuls qui habitent au riuage de l'O- 
cean,que de bonne partie des autres qui font en la merMediter- 
ranee,ne fontpoint couftumiers de faire telles difficultez: ains 
comme i ay defia diét,ils l’appetent plus que nul qui foit entre 
touts les autres poiflons.Et par cela il n’en y a point d'autre qui 
vienne a fi hault pris par les poifionneries. Car en quelque temps 
de l'annee qu'il foit apporté au marché, il hatoufiours fa valeur 
en hault pris:car on n’a point faiét diftinétion du tépsen quoy 
il eft en faifon.Et ce qui a fai qu'il ait retenu fa dignité eftant 
cogneu,a efté le hault pris en quoy l'ont misles grands feigneurs 
qui fe le fontreferuer , par ce poiné L:+5efle que eftantfi com- 
muncommeileft,& n'eftant pas cogneu pour Daulphin, ray eu 
dueil de Le veoir reueftu d'yn nom fi barbare. Et maintenant que 
ay propofé luy rendre fon nom ancien, fachant bien que c’eft 
haulte entreprile,que de vouloir deftruire vn nom ia long téps 
vfurpé,a fin dene troubler l’elperit de ceuls qui pour le commen 
+ Cement pourront trouuer que cela foit trop dur, ray cherché les 
moyens pour le rendre plus facile a leur digeftion. Mais auant 
que ie procede plus auant a fon hiftoire, il m’a femblé n’en dire 
d'auanta. 


PREMIER LIVRE 


d’auantage,que ie n’ayepremierement expofé d'ouviét La caufe 
qu'ilait mué ce nom deDaulphin,& q#'on l'ait furnommé d'vn 
autre.Car quand au Daulphin,il refte toufiours en {on entier,&. 
encore qu on n'ait continué a le nommer Daulphin, & qu'il ait 
emprunté le nom d'vnautre,qu'on luy a ballé indecemment, 
route{fois r'efpere en dire la raïon prelentement. 
La cauje po#rquoy le Danlphin a pris vn nom barbare en 
France. Chapitre X. 
’Eft que quand les pefcheurs de noftre nati6 ont pris vn Daul 
phin en leurs riuages en plaine mer, ignorants fon nom Fra- 
cois,& ne le fachants exprimer par le nom ancien,ils luy en ont 
baillé vn barbare,qu'ils auoient apprins des eftrangiers. Eclese. 
ftrangers luy inuenterent vn nom comme ie diray.Car eftant li- 
bre a toutes natiôs d'impofer Les nôs aux chofes qui leur eftoiét 
vulgaires quand elles n en auoient point: ils les cherchoyent le 
mieuls a propos qu'ils pouuoient inuenter , correlpondants a la 
chole nommee:commeil eft aduenu a ce Daglphin.Car mefine- 
ment quand'ils ont veu ce poiflon dontils auoient l'vfage, eftat 
haché en pieces,eltre féblable à la chair d’vn porceau, 1ls uy ont 
voulu bailler vne diction correfpondante a cela,a fin qu'il int le 
nom de {a chofe à laquelle ifreflembloit,luy baiilant fon etymo- 
logie de la mer & du porceau.Ce furent premierement les hom- 
mes qui tiénent le langage du bas Alleman,& n’y a point de faul 
te qu'ils n’ayent eu cefte appellation auant les Francois, comme 
ie puis bien prouuer par le nom qu'il retient pour le iourd'huy: 
& comme ainfi foit qu'ilne foit pas Francois,aufii eft ilemprun 
té du bas Allemä. Car d'vne voix commune nous le nommons 
du Marfouin. Mais Marfouin eft-ce langage Francois { Verita- 
blement ie croy qu'il n’y a celluy qui ne fache bien que non. Et 
pource que peu de gents fcauent qu'il foit Alleman,& qu'il figni 
fie porceau de mer,ie l'ay voulu expofer ainfi, c'eft que mer ou 
meer en leur lâguage, fignifie en Francois la mer: & cheuein ou 
fauin fignifie vn porceau:tellement que quand lon côioinét ces 
deus dictions enfemble,on prononce mer fouin: mais les Fran- 
cois dient mar fouin,qui eft a dire porceaudemer. 
| Que les Bretons Bretonants nommants le Daulphin, aient 
enfniny vne mefime etymologie. Chapitre F I. 
es 


DES POISSONS MARINS 9 


1e Bretons aufli,n'en exceptant non plus ceuls de L’armor 
que les autres de L'arguet,ne ceuls qui font Bretons Breton- 
nants,non plus que ceuls qui font {urnommez Bretons Gallots, 
touts en leur language, & d'vne voix commune l'appellent du 
Morhouch,& mefmement ils ontenuoyé cenom la iufquesen 
quelques endroicts ou lon parle Francois,tellement que le Mar. 
{ouin perd {on nom,& fe change en Morhouch des la ville d'An- 
giers de Nantes,& autres villes voifines des Bretons,ou lon par- 
le Francois:& le nomment du Morho,qui eft nom fignifiant ce 
que ray diét en Alleman,correfpondant en Francois au porceau 
de meÿ.Car mor en Breton, eft a dire mer: houch eft a dire‘por- 
ceau, en forte que cefte diction Morho fignifie autant que Por. 
ceau de mer. 


Que le Daulpbin foit appellé en Angleterre 
de la mefme fignification [u[di£te en language 
Anglois. Chap. XII. 


L Anglois ont fuyui cefte mefmeetymologie,lenommäts 
en leur vulgaire Porc pifch:ainfi que l’auons ouy nommer e- 
ftants en la ville de Londres. Et traduit de mot a mot, aurecit 
de plufieurs fcauants medecins Anglois,& entre autres de mon- 
fieur 10. Watfon,qui fingulierement entreles autres eft diligent 
a la contemplation de telles chofes, fignifiela mefme chofe que 
1ay dicte des autres nations. 


Que quelque fauls nom que le Daulpbin tien. 
nees autres nations, toutesfois elles lenomment 

en leur language,mais les Francois le nôment 

en Flament Chap. XIII. 


re Fracois me femblent l’auoir nôméle plus mal que touts. 

Car combien que celte voix, Porceau de mer,ainfi prononicee 
ennoftre langue,&en Latin Porcus marinus,conuiéne a vn au- 
tre poifion qu au Daulphin,comme ie diray cy apres: toutestois 
ileft plus'tolerable aus autres nations qui le nomment en leur l4 


gualge vulgaire,que aus Francois Le nommant de nom eftragier. 
C::, Les 


PREMIER LIVRE 


Les Angloislenomment en leur language, & les Bretons auflis 
mais les Francois le nomment d'vn nom emprunté du langua- 
ge de Flament ou bas Alle man. 


Que les Latins mefmes ont plus de mil ans fé 
de ce nom en leurs ejcripts, juyuant le valgats 
re,pour exprimer le Marfouin. Lt 
Chap. MPPRE 
VIvouldroit tourner ce no de Marfouin,& le rendre Latin, 
RER l'appelleroit Marfio quaft maris fus. Ou li nous de prononcios 
Murfouin,ouMarioui on { appelleroit Mur {yo,ou Mor {yo.Car 
mefmement onhct diuerlement toutes ces deus dictionsen 
Pline, qui au neufiefme chapitre du neufiefme liure,a defcrit vn 
poiflon qu'iinomme Turfioen cefte maniere. Delpbinoram fi. 
militudinem babent, qui vocantur Tur/yones. Les autres exemplai- 
res ont Torfyones.Et qui auroit changé le T', a vne M, l'on pro- 
nonceroit Murfyones, ou Morfyones, quiferoit a dire Mur{o- 
ins,ou Morfouins. Or ce queles Latins ont appellé Turfyo, ou 
Toriyo,ie prouueray bien quelesGrecs l'ayentnômé Phocæna. 
Laquelle chofe Thecdorus Gaza n'a pas ignoré,lequel tournant 
Ariftote de Grec enLatin,areceu ceitedictio Tir{yo,pourlaGre 
que Phocæna, fuyuant l'authorité de Pline.Car tout ce quePline 
a cfcript de Turfyone, Ariftote l'auoit dit de Pocena.Nous parle 
rons de ce Phocena ou Marfouin plus amplement en fon propre 
chapitre. Parquoy ie retourneray a mon Daulphin. 


21 


ue la Voix de Daulpbin, refle en la memoire 
des hommes, mais qu'il ne foit point de poiffon 

qu'on cognoiffe pour Daulpbin. | 
Chap. X V. 
ET combien que le Daulphin eft indifcrettement nômé Mar- 
fouin,& bec d'Oye: ie ne di pas qu'il n’y ait ne voix de Daul- 
phin,qui refte imprimee en la memoire des hommes,de laquel- 
le touts fe fouuiennent, & le fcauent nommer & cognoiftre en 

. HIS 2 ô ? : 

peinéture & es armoiries, & es monnoyes tant d'or que d'argent, 
ist ou 


DES PCISSONS MARINS, 10 


ou ileft faulfement reprefenté.Si eft ce pourtant,que qui deman 
deroit a touts les pefcheurs qui font en la grande mer occidenta- 
le fe 1ls cognoiflent quelque poiflon nommé Daulphin,toucs af- 
{eureroient que non. Si eit 1l touteitois betomg qu'il foit vn poif 
fon cenät le no de Daulphin.Ec {il y enelt quelqu vn, 1 fault par 
colequent qu'il foit cogneu,& que toit celuy que r'ay dict ou bié 

vnautre.Er a fin de efplucher ceite propofition par le menu,&de 

la prouuer par euidente demonitration,l'ay voulu propoler quel 

que contradiction. 


A Jeauoir Î il eff point d'autre poiffon a qui le nom de 
Dauphin count miculs qu au Marfoutn,furnomz 
mé vneOÿe. Chap. X VI. 


VOuknt prouuer par demonftration que le fufdiét Marfouin 

nominé vne Oye,foit le vray Daulphin, fuppofant premie- 
rement vne cotradiétiÔ par moymeimes,en apres 1 auray deux 
choies a confiderer. C eit a {cauoir ou qu 1l fault que ie me imet- 
te en eirort & debuoir de prouuer que c eft celuy queie dr:ou bié 
chercher f il{ en trouuera point d'autre que ceituy ci qui puitie 
obtenir le nom du Dauiphin. La contradiétion par moy iuppo- 
fee eft telle.Le pole le cas qu'on ne me veuille conceder, que ce 
foit luy,mais totalemét cotredire a tout cequeien ay diét:1ca- 
_uoir eft qu'on nie que Le Marfouin qui eft nommé Bec dOÿe, 
puifle eirre celuy que Les anciens ont entendu pour Daulphin,& 
que mon Oye ou Marfouin ne conuienne non plus auec les pein 
étures qu'on a anciennement faictes des Daulphins,qu'auec cel 
les qui nous font reprefétees par les modernes: & femblablemét 
qu'il ne couienne en rien auec la defcripui6 des anciens. À quoy 
ie reipondray pertinemment. 


A feauoir (‘il ef} point prins de Daulpbin en la grans 
de mer Oceane. Chap. X VIT. 


A ant que refpondre a ce que j'ay fufdiét,ie demanderay pre- 
 Fmierementcf il y a tefmoignage de quelque autheur, que fa 
grand mer Oceane ne nourniie des Daulphuns.L'on imeretpon- 

C2. dra 


PREMIER LyVRE 


dra ouy,ou non.Et fi l'on diét que ouy,aufft fauldra il par confe. 
quent confefler qu'on en puifie bien pefcher quelquestois, tout 
ainfi qu'on taict des autres grands poifons qui y font, veu mef. 
mement qu on y pelche de grandes Balaines, de grands Chaul 
drons,de #rädes Gndres. Silon me diét qu’on n’y en peche poit 
auiii faulc 1l dire qu'ilny en ait point.Caril eft manifeite que tou 
tes {ortes de grands poiiions y {ont prinies & pelchees. Et fi l’on 
y en prend,qu'on me face dire par quelquonquesqu'où vouldra 
chotfir des mariniers & pelcheurs qui hantent là mer, ou par 
ceuls qui vendent les portions es grolies villes, tant des riuages, 
que deterrererme,de quelle torme eit celluy qu'ilsveulententen 
are que ce {oit le Daulphin Delia ne peult on raifonnablement 
nier quiln y ait vn poitlon naïffant en la grand mer,qui {'apppel 
le Daulphin. Voila quant a vn des iufdicts poincts. Mais lon 
ne trouue perfonne de ceuls que ï'ay futdiét, qui ait fouuenance 
d'auoir iamais veu vn poifion qui{ appellaft du no deDaulphin, 
& que i'entreprenne de letrouuer;,alors ce iera a moy d en cher- 
cher vn, lequel ie trouueray bien toit Mais fi onvouloit dire qu'il 
n y en euit point,1lme femble quon ne feroit pas peu de tort a 
noftre grande mer Oceane nourrice de toutes les efpeces de poif 
fons,l'eitimant tant fterile & inte:tile quelle neproduie point 
de Daulphin,lequel on eitime le Roy des poiflons.Le croy toute- 
fois qu'il n'eft homme qui vueille mer qu elle n’ea produtfe.Ec fi 
elle en produict,auffi nous le fault 1l cognoiftre. Mais côme1 ay 
dict,ayant changé leur nom ancien, tours les nomment Bec de 
Oyes,;ou Marlouins, comme1efpere bien prouuer par c1 apres. 
Voyla que i'auoye arefpondre a ce que r'ay dit par ci deuant. 

Je ne me arrefteray maintenant gueres fur la premiere queition 
ce fera quand ren bailleray la peinéture.Car comme 1l foit mani 
feite que noz Marfouins qui {ont furnommez Becs d'Oyes,con 
uiennenten toutes fortes auec les notes qui furent iadis efcri- 
ptes du Daulphin, laquelle chofe ie pretens prouuer enles delcri 
uant, & conferant leur deicription tant de l’exterieure que de 
interieure partie:ie pafferay oultre, laiffant a conferer cequia 


efté efcript par lesanciens,iufques a la defcription du Daulphun,. 


que ie remets aux chapitres a ce propres. 


Que 


DES POISSONS MARINS. HE 


Que les peinttres peuuent doner telle curuité que leur 
piaifhaus Dau' phins, fans leur faire rien perdre de la 
naifue figure du saturel. Chap. X VIII. 


Vanteft a ce que Î Oye, ou marfouin,ne conuienne auec les 

peintures quionteité faites anciennement des Daulphis, 
qu'on a graué es monnoyes antiques: Auantque proceder plus 
oultre a toucher ce poinét ici, il me fault preluppofer qu'on co- 
gnoifle bien le poifion dont ie vuerl parler, fcauoir eft le Marfou- 
inquon a furnommé Oye:& aufli qu on fache bien quels font 
les portraiéts des Daulphins qui font retirez fur les medalles, & 
ftatues,;antiques,efquelles les Daulphins font reprefentez:car les 
vns y font courbez, & voultezenarc, & les autres y font touts 
droicts:defquels 1 ay faiét retirer les portraicts, tant des vns que 
des autres, a fin de monftrer que cela ne prouient finon de l'indu 
ftrie du peinétre,qui le peult diuerfifier fel6 que bon luy femble, 
ou qu’il plaift a celui qui les faict retirer:come 16 peult veoir par 
cefte preléte figure retiree d’vne ätique peiéture d vne ftatue cô- 
trefaicte aupres du naturel, laquelle toute courbee qu'elle eftoit, 
n'auoit rien perdu de la fymmetrie de lavraie proportion qui eft 
requife a la groffeur & longueur du Daulphin. 


Vray Portrait} d'y Daulpbin courbe.retire del antique. 


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C3. Que 


PREMIER LIVRE 


Quelles Daulpbins ne foientvoutez ne courbez nô 
plus en la m:r que Ju terre. Cha.XIX., 


47 biévoulu touchervn poinét de la courbure desDaulphins: 
Car quant a euls;1ls ne font pas courbez,comme onles meten 
peiéture,&n'eft aufli trouué queAriftote ne autre autheur anc1€ 


digne d eitre creu,qui ait onc efcript que les Daulphis ioyét vou 


cez.Et cobien que l’line&Ouid: ont dit dorfo repado,ce n eftpas a 


direque tout le corpz {oit vouté,car il n y ha quele dos:L erreur 
vient dont ie diray: C eft quonles apperçoit iouuent {aulter en 
l'air& qu'en fauitac leur lault neit pas de f'etlancer en l'air droit 
contremont,ne auili de retumber droict d'ou ils {ont {ortis,com 
me font les Pelamides,& les Tons:mais c'eit que quanduils vien- 
nent hors de la mer,pouliez de granderoideur,en ie dardant 1m- 
petueulement;ils fortent la ceite la premiere:& quand ils recum- 
bent,1ls vonttnoult loing del'endroiét dotils font 1ilus,tellemét 
qu'ils retübent ü droicts {ur le bout de la teite, que leurs queues 
demeurét quelque temps hors l'eaue.Et pource qu on a veu, que 
leur fault ha faict la peripectiue d vn demy cercle, lo a cuidé que 
celle rôdeur prouint de la forme de leur corps:mais cela eit fauls. 
Et quil ne foit vray, foit pris vn baîton pour exemple, & qu vn 
homme le iecte de la poincte du pied en l'air,& qu'il vienne tom 
ber {ur l'autre bout: ceuls qui {erot loing,l auront veu prédre vn 
tel cour de demy cercle, qu'il aura femblé que le bafton meime 
ait efté courbé.Et fi les Daulphins eftoiét courbez en la mer,auf- 
fi le feroient1ls en terre quand ils y iont apportez. Ceci toit diét 
touchant de {a curuité. Les peinctres les peuuentbien peindre 
courbez,& leur peuuent faire retenir leur nayfue figure:mais tou 
teffois qui veult parler du naturel,1ln eft nullemét courbé: chole 
queie pourray prouuer par moult grand nombre de Daulphuns 
portraicts en piufieurs medalles fort antiques,tant en or,argent, 
qu'en cuyure:qu il a pleu a monfieur le treforier Grollier me mô 


ftrer,elquelles font reprefentez lesDaulphins,dont la plus grade 


partielont touts droicts, comme natureles ha produiéts. 


DES POISSONS MARINS. {2 


Que les Daulpbins reprefentez es medalles antiques, cons 
uiennent de pointt en poinCt auec le portraitt duMa;fouin 
furnomme Bec d'Oye. Chap. X X. 


Nallegant les medalles ou ay veu les Daulphins portraicts, 

ie ne pretens point en{cigner,ne rendre la raifon pourquoy 6 
y aitgraué ou peinét les Daulphins: comme quäd r'allegue pour 
tefmoignage celles de monfieur letreforier Grollier,hôme fingu- 
lierement diligent a-chercher les chofes antiques, & de plus gra 
de bonté de nature a les communiquer:mais pour mettre deuat 
les yeuis la naifue figure du Daulphin, qui en touts poinéts con- 
uient auec le portraiét que ï'ay faiét retirer quand ray reprefen- 
té les Marfouins furnommez Becs d'Oyes.Parquoy fils conuié- 
nent enlemble,nous aurons raifon de conclure que foit vne mef 
me chofe.Car baillant la figure de l'Oye, iln y a celluy qui nela 
puifle conferer auec le naturel apporté dela mer:&ouilne feroit 
trouué eftre {on vray portraiét,1l y auroit occafion de me repren 
dre.Lequel portraict de l'Oye puis mis en côparaifon auec ceuls 
qui font retirez del'antique, monftrent a [ œil qu'ils aient eftez 
retirez touts deux d'vn mefme patron. 


Que les Anciens autheurs,approuuent que les Daulpbins 
aient efte grauez es monnoies antiques. Chap. X X I. 


M Ais quant à celles des medalles, ie croy qu'il n ya celuy qui 
ne les vueille bien approuuer pour peinctures deDaulphins. 

: Carquile vouldroit nier,il feroit facile de le prouuer par l'autho- 
rité de Ariftote & des autres anciens autheurs:veu mefmement 
_ que les Tarétins long temps auant la grandeur des Romains a- 
uoyent defia fait grauer les Daulphins en leïrs monnoyes, 
en memoire de Taras fils de Neptune,lequel on feinét auoir efté 
mué par les autres dieux en vn Daulphin.De la vient que Taras 
fils de Neptune foit portraict {ur vn Daulphin ,en la maniere de 
ceuls qui font acheual, tenants le Daulphin bridé,le coduität 
la ou il veult. Voila quant aus Daulphins portraiéts es mônoyes 
des Tarentins.Semblablementle Roy Afis auoit va Daalphin 
graué en {es monnoyes, lequel portoit vn petit gar{on deflus fon 
dos.Auffieft il aflez approuué que Tite Vefpafiä auoit en fes de 
| uiies 


À 
A 


PREMIER LIVRE 


uifes & medalles le Daulphin entortillé ee | lAncre, figni- 
fiant ce que difoitle prouerbe ancien d’Augufte Cæfar, FejHna 
lente. Car come il n’eit oyfeau en l’air,ne vire d’arbalefte qui {oit 
plus impetueule,ne qui puiffe aller plus vifte que le Daulphin,& 
qu'il n'eft chole plus tarde & qui retienne mieuls que faiét l'An- 
cre,tout ainfi ces deux Ancre & Daulphin afflemblez enfemble 
eftant de nature contraire, fignifient quelques temperance.V'oila 
quant aux Daulphins qui on efté portraicts es medalles de Tite 
Y elpañien,lelquelles nous auons veu ou ray diét.Nous auôs auf 
fibien veu les medalles de Claudius Cæfar auec Neptune tenant 
va Trident,aflis deflus vn poiffon,qui ha bié la femblance d'vn 
Daulphin mais ie croy que n’eft cellui que les autheurs nômerét 
Orca, duquelie bailleray la peinéture par ci apres.Pline parlät de 
ceporflon,racôpte entierement toute l’hiftoire faiéte par Claudi- 
us Cæfar, lequel eftant au port de Oftia, qu'il faifoitrediffier, en 
print vne,dont il feit fpectacle au peuple Romain.& croy queil 
l'ait faict retirer en fes medalles,& que ce foit elle qu'on y: voit 
portraiéte,& non pas vn Daulphin:ren parleray plus amplemét 
a ha fin de ce liure en defcriuant le poiflon nommé Orca.D'auan- 
tage nous auons veu le portraiét des Daulphins qui {ont es mo- 
noyes d'Augufte,&Ruffus, T ybere &Domitien& Vittellius,qui 
font toutes Latines.Mais encore oultre les Latines mon dit fieur 
en a des Greques, qui me femblent beaucoup mieuls obferuees 
que les Latines:& celles qui font les plus antiques, fôt les mieuls 
elabourees,defquelles font retirez ces prefents portraiéts. 
Vray portraitt du Daulpbin retiré d'vne antique medal: 
le de monfieur le Treforier Grollier. 


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TU TG 
(( D 


DES POISSONS MARINS, 13 


LesDaulphins font naifuement reprefentez en cefte figure auf- 
fietelle d'ynetrefantique medalle, laquelle mondiét fieur efti- 
meeftre Greque.ll n’y a poinét d'efcripture autour,auffi elle ne 
eft pas en forme plane en la fuperficie du côtour, comme les au 
tres medalles,mais eft rôde par Les bords,& ha deux petites oreil 
les.C'eft ce que r'auoye a dire touchät les efhigies des Daulphins 
que nous auons VEUS grauez fur diuerfes efpeces de monnoyes 
antiques,toutes lefquelles conuiennent auec les peinétures de 
noftre Bec d'Oye. 


Que quelques Vns aient eu opinion que l'E Jlurseon fu 
leDaulphin:mais qu'il foit tout le côtraire.Chap.x X II. 


JE voy que plufieurs de ceuls qui font admirateurs des chofes 
naturelles,& quionc grand plaiir en regardant de plus pres aus 
choies memorables,ie complaignants quafi en euls meimes, de 
ne Veoir aucun potfion en France obtenir lenom du Daulphin, 
dene pouuants iuger lequel ce pourroiteftre,e (ont efforcez e- 
lon l'imagination qu'ils en auoient conceue, de maintenir quil 
n'y eult point d'autre qu'on cogneuft,a quile nom de Daulphin 
peut mieuls conuenir qu'a l'Eiturgeon,&ainfii eftats cotalemét 
perfuadez que l'Efturgeo debuoit eftre appellé Daulphin,l ot af- 
termé eftrevray.Quat a ce point, leur opinio eft ailee à cofuter:8e 
pour ce fairene vuel qu'vne merque:c eit que nul poiflon peult 
… eftre appelléDaulphi,f 1l n’a la queue en maniere de Lune en croi 
fant: parquoy fil Etturgeon eftoit le Daulphin, aufli fauldroit 1l 
qu'ileuft 11 queue en lune.C'eft vne merque que touts ceuls qui 
ont efcript-du Daulphin,ont misen memoire,defquels il me {uf 
fiten prendre pour exempleentefmoignage vn feul Ouide, le- 
quel parlant des nautôniers T yrrheniens, leiquels 1l feinct eftre 
tran{muez en Daulphins,dict 
© Falcata noiffima cauda eff, 
Qualia dimidie finnantur cornnalune. 
Or l'Efturgeon n’ha pas la queue en lune,auffi n'eft ce pas a luy a 
qui le Daulphin conuient. Le ne vueïl pas parler de 1 Efturgeon 
plus amplement; finon que pour monitrer que nous n'ayons pas 
ignoré quel il eft,& auffi pour môftrer qu'en auôs la peicture Et 
| D. l'ay 


PREMIER LIVRE 


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Que plufieurs aient eflimé que l Adano,qui ef moult grand poif 
Jon,nourri au Pau efloit le Daulpbin, & qu'il foit tout le con: 
traire, Chap. XXIII, 

L nya celuy qui aitleu l'hiftoire duDaulphin quinefachebié 
quilaitle nez fort long.Et pource que lon trouue vn poiflon 

nommé Adanoen la riuiere du Pau de moult grande corpuléce, 
beaucoup plus grand que I Efturgeon,& quieft du genre del E- 
fturgeon, plufieursignorants fon nom ancien, ont eu opinion 
que c'eftoit le Daulphin: mais 1l fappelle Artifus Et a fin que 
quelque autre ne penfaft que ce fuft vn Daulphin, ren ay aufli 
voulu bailler la peinéture auec fon vray nom. Ie n’en bailleray 
pas la defcription en ce lieu, d'autant qu'il ne fe peult referer en 
rien qui foit des efpeces du Daulphin.Et r'aybaillé lapeincture 
finon pour tefmoignage contre les faulfes opinions qu'on auoit 
du Dauphin. 

La portraitture du [ufditt poiffon de defmeuree grädeur, 


nourri en la risiere du Pau, nomme Attilus. 


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DES POISSONS MARINS. 14 
Que le Tomencor qu'il foit de grande corpalence, 6 qu'il 


ait la queuc en Lune, 1l eft toute/fois different au Dauls 
pbin. | Chap. XXIIHI. 


Emblablement le Ton eftant moult gräd poiflon, aiant quel- 
que féblance auecleDaulphin, ha dôné occafio a plufieurs qui 
ne le cognoifioyent pas,de le foupfonner pour Daulphin. Mais 

a fin d'en ofter l'erreur,i en ayvoulu bailler la peincture,& au de- 
meurant n'y mettant rien de {a defcription, car 1e ne pretés met 
tre chofe par efcrit en celiure,qui ne conuienne al exterieure & 
interieure hiftoire du Daulphin. 

nu La pein£ture du Ton. 


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Que le rom de Marfouin coHuienne a plu Grars poiffons, 

felon la commune appellation Vuleaire, & la rai,on pour 

|. quo le Daulpbin fe nomme Vne Oye. Chap. X.À V. 

LÀ Tan spa ein de eur agp à 
“redu Daulphin, ie nepuis bonnement ce faire fans y coni- 
prendre maintenant les autres poiflon qui font de mefme eipé- 
celetqu els doibuét eftre nombrez en fon genre. Car l’appellatio 
du nom de Marfouin eft generalle a plufieurs poiflons. Parquoy 
ayant on principal poinét pour but qui eft de bailler la vraye 
( | D. peinétu. 


PREMIER LIVRE 


peinture du Daulphin comme nature l'a produiét; fans luy ad: 
ioufter note ou merque qui {oit artificielle,ou diminuer, & a fin 
de prouuer que celuy qui entreles efpeces des Martouins eft no- 
mé vne Oye,foit le Daulphin,il fauldra premieremententédre, 
que nous auons deux poitions aflez communs, & qui font quafi 
apportez touts les vendredis aux marchez des poiffonneries des 
grofles villes & principalement de Paris,refflemblants l'yn a l'au- 
tre,indifferément nommez Marfouins.Mais entre euls il y en a 
lyn qui particulieremet eft nôméBec d'Oye,;ouOye:lequel n’eft 
pas du tout fi comun qu'eft l'autre efpece: qui pour auoit le nez 
plus 168, ha trouuédiftinéti6 d'auec l'autreMar{oui. Et come les 
Geneuois ont nôméle Singe de mer Pefce pada, pource qu'ils luy 
veoiét fa queue faiéte a la maniere d'vne elpee platte:femblable- 
mét & par argumét pareil le Daulphin'aiat le nez 168, ha prins le 
nom d’vne Oye.Et le poiffé nômé Xiphis qui ha le nez lôg'côme 
vne elpee d'armes, dont il ha gaigné fon appellation Greque &c 
Latine, féblablement ha efté nômé a Marfeille &a Genes le poif- 
{on Empereur.Iedi a Genes eftre nommé Empereur, a la differé 
ce des fufdicts Singes de mer,qui ontvne queue moult logue co 
me vne longue efpee platte,par cela ils l'appellent Pefcefpada,&en 
Fräcois poiflon a l'efpee.Mais le Xipbiss, auquel Les Francois ont 
veu porter le nez fi long,a efté pareuls nommé Heron de mer. 
Auf pour ce qu'il y ha vne des efpeces du fufdiét Marfouin, qui 
ha le nez long a la façon d’vne Oye,féblablement ils l'ont nômé 
vneOye. Voila que i’auois a dire de la fufdiéte Oye & de ce qui 
ha meu les Frâcois a luy‘auoir baillé ce n6. C eft vne noteinfalli. 
ble:pour fcauoir bié diftiguer l’vn d'auec l’autre.& de laquelle A. 
riftote au iij°.des parties ha faiét mention. Car il ha dict en ceft 
endroict la que le Daulphin ha le bec log&rôd, Q si roftrf Defphino 
r(ditil}ffrntura cereti ac tenni fit, facile fcidits oris habits nù poteft. Voila 
quät a La premiere efpece des Marfouis & [a principale detoutes 
les autres, car c’eft celuy qui eft le vray Daulphin. L’autreefpece 
de Marfouin, diét en Grec Phocena, en Latin Tor/yo, & duquel la 
cognoiffance eft plus vulgaire,& qui tient le‘vray nom de Mar 
fouin eftfemblablemétappellé marfouin comme l’autre deffus 
diét,n’aiant en toutes fortes autre furnom Francois . Encor y a 
| | vne 


- DES POISSONS MARINS. Tr 


vne autre tierce efpece de Marfouin,dont ï'ay femblablemét re- 
tiré la peinéture,qui eft vn poiffon que ie n'ay pas veu fouuent 
trouue en commun vfage.Et pource que ren bailleray la defcri- 
ption ailleurs enfemble auec la peinéture, Y'ay remis toutes cho- 
{es a les {pecifier en leur chapitre.Cefte efpece eft feulemnent dif: 
ferenteen grandeur aus deux premieres, & en quelques autres 
particuheres merques & pourceque ie diray toutes les ditferéces 
des trois en leurs particuliers chapitre ie celleray d'en parler pre- 
fentement car il fault que‘iebaille premierement leurs diftinéti- 
ons par noms propres. 


La diflin£tion de leur nom,6 que l'Oye foit le Daulpbin 
Ex que le Marfouin Joit de fon genre. Chap. XX VI. 


D donc qu'ileft ainfi,que les Daulphins & les Phocenes fôt 
communeement nommez Marfouins, & qu'il n'eft aucun 
poiflon que nous cognoiffons pour Daulphin queles fufdiéts, & 
qu'il n y en a aucun de touts les autres qui iuftement puifle tenir 
le nom de Daulphin que le Bec d Oye, 1l m'a femblé bon apres 
quei'en ay baillé des portraiéts retirez de l'antique, pour conte- 
rer auec [Oye,en baïller confequemment la peinéture, n’en fai- 
fant autre difcours que cellui que i'ay ‘peu obferuer, fans faire a- 
mas des efcripts de l'autruy,finon en tant que ie m'en feruiray a 
quelque propos qui puife eftre feat a la diftinétion des fufdiétes 
efpeces.Car nommant le Daulphin, il fauldra entédre de l'Oye. 
: l'ay mieuls aimé retenir La diétion du Daulphin tant ancienne, 
que le nommer du nom de Bec d’Oye, Et a fin que le nom du 
Marfouin ne foit confus, ielefcriray,pour exprimer le poiflon 
que l'ay dict eftre nommé en Latin Mir/yo,ou Tirfyo,& Phocena en 
Grec & ainfi par ce poinét on nengendrera point de confufion 
aus efpeces. | 


Qu'il ne foit moderne de Veoir l'engrauerie des D'aulphins 
 furles monnoies. Chap. XX VII. 
A Pres que ï'ay fuffifamment parlé des Daulphins qui font por- 


-traiéts es monnoyes antiques, i ay voulu confequément par- 
| | D3. ler 


PREMIER LIVRE 


ler de ceuls qu'on voit graués es monnoies modernes, defquels il 
et tout manifefte que la peinétureen eft faul{e.Dôcques cen'eft 
pas chole moderne de veoir les Daulphins retirez en peinéture 
& en armoyries,;enfeignes,ou fculptures des monnoïes,& autres 
engraueures,en toutes efpeces de metauls. Car des le temps des 
plus anciens 1 royens, Telemachus qui fut fils d’VIyfes (ainfi 
que Guido de Colona à efcripten l'hiftoire de Troie) portoit vn 
Daulphin peinét en {on elcu,en l hôneur de celui qui Pauoit fau 
ué du peril de la mer.Etcômei'ay diét de Taras quitutlôg téps 
auant à putflance desRomains,lesTarentins l'auoyentretiré en 
leurs armoiries & monnoyes. Atheneus autheur Grec & Valtur 
nus de rebus Britonum efcriuent que Cæfar donna vn Daulphin au 
feigneur du Daulphiné pour {es armes, en remuneration de ce 
qu'il luy auoit aydé en fes guerres côtre les Gaulois, ien’en diray 
autre railon finon que Cælar n'ignorant pas la nature du Daul- 
phin,ne aufli le cœur dudiét feigneur,letrouua dignequ'ilpor- 
taft vn Daulphi pour armes.Et tout ainfi quele Daulphin,ha d6. 
né nom a la region qui eft maintenant nomméele Daulphiné, 
pareillement le Daulphiné ha donné nom au fils aifné deFrance. 
Et en luy donnant ce nom, auffi elle luy ha baillé vn Daulphin 
pour armoyries,defquelles armoyries ie ne pretens aucunement 
parler,finon d'autant que le Daulphin tient le premier lieu es ar- 
mes en icelle & auffi que monfieur maiftre Lean le Feron,n’a rien 
obmis touchant ceci,qu'il ne l'ait amplement efcripten fes li- 
ures d'armoyries. 

Que les peinClures modernes des Daulpbin s, ne tiennent 

rien du naturel ains reprefentent Yn monflre de mer. 


Chap. X XVIII. 
I les Princes modernes faifäts engrauer les Daulphins en leurs 
monnoyes,ou bien peindre en leus armoyries,euflenteu auffi 
grand foing delaifler memoire d'euls à la pofterité,comme eu- 
rent ceuls que i ay ici deffus nommez,ils euflent enfuyui de plus 
pres la vraie peinture du Daulphin,& l'euffent faiét reprefenter 
au naturel dont il eft moultefloigné.Carau lieude lereprefenter 
on a mis vn monftre en peincture,qui ne fut iamais veu, auquel 
on fait porter des efcailles,& plufieurs areftes crenelees par def. 


{us 


DES POISSONS MARINS. 16 


fus le doz,& aus deux coftez des ouyes,& plufieurs barbes pendä 
ces par defloubs la gorge,cochees à la façon d'yne creîte de Coq: 
chofes totalemenctaulies & eftranges a ce poiflon,& qui mefé- 
blent eftre mous feantes,qu 1l ne ieroit conuenable 2 la dignité 
du Prince,veu meimement qu onen euft bien facilement peu 
recouurer la peincture.Car(comme 1'ay defia diét) 1l ny ha ha- 
bitant au riuage de la mer Adriatiqueou Mediterranee, quien- 
core pour le iourd'huy neretienne l'antique appellation de Daul 
phin.lefcay bien dont vient la faulte.C'eit quil eft aduenu en fa 
peinéture tout ainfi comme à ceuls qui failoyent peindre les Ai. 
gles de l'Empire.Carcommeles peinctres font curieuls de mon- 
itrer leur artifice,& de faire mieuls apparoir les traiéts de la pein- 
éture,auffi ont ils adioufté quelques ornements a ceft Aigle pour 
la faire mieuls complaire a la veue,attendu mefmement que les 
peainétres { eftudient de bien remplir le champ de couleurs. La- 
quelle chofe a cité de filong temps continuee, que cela eft non 
{eulement es peinétures des Aigles en forme plane,maisaufli es 
graueures,tant {ur bois,marbres,que metail.Et tellemét leur ont 
defguifé les teftes,& faict diuerlemét retourner les plumes,qu’el 
les ne retiennent quafi plus rien de ! Aigle. 


Quelle raifon ont eu les pein£tres de defouifer leDaulpbin, 
& luy fatre perdre fa forme. Chap. XXIX. 


TE femblable occafion a efté defguifé le Daulphin cômel’Ai- 
gle,lequel combi que nature l'auoit fabriqué, fansluy auoir 
donnébeaucoup d'ornements de beaulté l’iyant feulement com 
pofé tout d'vne venuecomme vne cheuille, couuert d'vne peau 
polie refemblant quelque cuir, fans elcailles n'ait point d’autres 
belles couleurs qu on voiten plufieurs autres poiflons, & n’aiant 
rien que du noir &du blanc.Ce neantmoins les peinétres de leur 
authorité luy ont adioufté quelque chofe deleur artifice,le reti. 
rants en portraiéture, eftimants que {1ls fuyuoient le naturel, la 
peinéture en {eroit mal plaifante a la veue. Ceft la raifon pour: 
quoy 1ls luy ont changé a figure,tellement qu'il ne retient note 
quelconque qui fe puifie attribuer au näturel,& n ha merque fur 
{oy en quelque forte que ce {oit, qui ne fait faulle: ou bien È s 
| auit 


PREMIER LIVRE 


fault prendre pour vn montre contrefaiét a plaifir, qui n’eft en 
eftre,& qui ne fut iamais veu d'aucun. Eftant donc fi aduancé 
en ces monftres,ie vueil monftrer quetoutes manieres de gents 
ont indifferément permisqu'on leur ait portraiét des monftres, 
qui iamais ne furent,ne font,ne ne feront. 


Qu'on ait grandement abufé en peignant les poiffons fur 


lescartes,@ que l'ignorance des hommes (oit caufe que plu 


fieursmülres de mer aient eflé faulfement portraits [as 

aucun jugement. Chap. XX X. 
’Euident erreur de plufieurs hommes ignorants l'artifice de 
nature ne me permet pafler oultre f4s m'efmouuoir,& les tou 
cher de leur temerité.N'’eit ce pas vne faulte digne dereprehen. 
fion,de les veoir mettre tant de monitres marins en peinéture, 
fans auoir difcretion{inconitantselpris, que ne confiderent 1ls 
qu'il y a perfection en nature? Voulants donc peindre & reprefen 
cer les chofes naturelles, ne pouez mieuls faire que fuyurele na. 
turel.Et fi ils ignorent la choie,pourquoy la fagnent ils Quieft 
caule de fi grand erreur, finon leur folie’ Qu'on voieles peinétu- 
res es cartes marines combien leurs monftres font ef loignez du 
naturel.O quels eftranges poiflons marins! Qui eft celuy qui ne 
fache bien queles noms des animauls terreftres eurent ancienne 
ment leur appellation tant enGrece que ailleurs auant les maris. 
Par cela [a plus grande partie des poiffons marins prindrent le 
not des animauls terreftres.Et fault ainfi entendre que les ma- 
rins eurent le nom des terreitres,mmais que ce fut par quelque ac 
cidét.Qui eft celui qui ne cognoife bien leLieureterreftrefquel- 
Le fimilitude ha il auecle marin! Nousl’auons veu & maniétant 
en la mer,que dehors, mais il n’a aucune femblâce auec le terre, 
ftre.SemblablementleRegnard de mer qu'ail de commun auec 
celuy de la terre?nulle certainemét, finon au gouft,8r en couleur. 
Aufii le Singe de mer &le terreftre ont bien quelques merques 
qui les font eftre communs,mais au refte1ls ne fe refléblent pas. 
D'auantage qui eft celuy qui ne fache cognoiftre l'Ours de later 
ref& touteltois qui luy moftreroitl Ours de la mer,ilauroit beau 
fonger auant qu’il deuinaft fon nom, car:il eft femblable a vn ho- 


DES POISSONS MARINS, 17 
mat, finon qu'il n’ha point de forces, non plus que la faulterelle 


_demer que ceuls de Marfeille nomment vne Langufte. Oultre 
“pluie croy quil n’y ait hôme qui ne cognoiflevn Chien demer, 


car il retient fon nom par toute la France: & touteffoisil nereñé- 
ble pas a vn Chien terreftre.Quant a ce point, ie n entens pas de 


‘ceuls qui de noftre cognoiffance furent mis es eftangs de Fontai 


ne bleau,8&deChantilli,qui tuoient tout le poiflon deleitäg, tel- 
lementque monfieur le Conneftable,fut contrainét de les faire 
tuer a coups de traiéts,& d'arquebules, mais ie parle de ceuls qui 
font communs par noz poiflonneries , qu'on nomme vulgai- 
rement Chiens de mer,& defquels nous auôs encor pour le iour . 
d’huy toutes les quatre efpeces que defcriuit Ariftote,& qui font 
cogneus par les marchez desvilles.Mais non par nom propre car 
ceuls qu'il nomme çpinaces, Nebrides, Canicylas, encores qu'el- 
Les foienttoutes apportees de la mer;,touteffois on ne les diftin- 
gue point a Paris, Rouen,ne es autres villes de l'Ocean:comme a 
Mariëille car Nebrides ou bien Hisali font appellees Nifioles, 
en prouenfal,& Canicala vn Palumb, & Stellaris vn Gat, quieft 
ce qu'on nomme vne Rouffette:aufli eit cele Chat de mer, que 
touts fcauertcognoiftre, & Spinaces & font nommez Egullats. 
Et le Homar neitce pas le Lion dela mer Etle Mulet de mer, 
encor qu'on le nôme de ce nom la,il n’ha aucune merque comu 
ne auec leterreftre,non plus qu'ynAfne ha auec le Merlus:car le 
Merlus eft l’Afne de mer,mais entendez que ce foit le Latin:car 
Afellus eft vn Merlus: & qui tourneroit Afellys , on le nomme- 


. roitvn Afne de mer. Iecroy veritablement que fi ie vouloye 


proceder oultre,que l'en trouueroyeencor à nombrer deux fois 
autant defdiéts poiflons en la mer que i'en ay defia nommé, lef- 
quels retiennent leurs noms des beites terreftres a quatre pieds. 
Et au refte pour n’eftre point diftraiét fi loing dela matiere queie 
pretens traicter,mais touchant legieremét plufeurs qui tiénent 
leurs nôs des oyfeaux,côme fontCorbeaux, Merles, Htourneaux, 
Griues,Hirondelles, Milans, Grues, Cigalles,& plufieurs autres fé 
blables qui font nommez du nom d oyfeaux & autres beftes ter- 
reftres,comme aufi ceuls qui ont trouué leurs noms des chofes 
mt ils reflembloiét comme eft celuy qui a le nom d'vne che- 
Ile ou fcalme nomme Sphirens que ceuls de Marfeille nommét 
E.  pesefcome 


PREMIER LIVRE 


pes efcome ou bien des fignes celeftes, Soleil, Lune,Eftoilles: ou 
des fruiéts qui font fur terre,come Concobres,Raifins,&Orties 
de mer:defquels ie me tais maintenant,remettant a les fpecifier 
ailleurs en chaque chapitre particulier. Touts lefquels nôs leur 
ont efté baillez pour quelque occafion.Car les accidents font cau 
{e de cela. Les auttesretiennent les noms deleur demeure,come 
ceuls qui habitent entre les rocs & lieux pierreux, on les a n6- 
mez {axatilles.Les autres ont efté nommez des noms,ou ils font 
leur refidence:comme ceuls qui frequentent les riuagesfont ap- 
pelles Littorales, au contraire des autres, qui fe tiénent en la proto 
de mer,qui ont nom Pefagÿ. Les autres ont leur nom des mala 
dies dont leoras ou lelepris en fait foy, ou leprades,qui vault 
quafi autant que quidiroit, Pforades . c'eft vn poiflon ainfi ap- 
pellé pource quela couleur de fon efcaille eft femblable a ceuls 
qui ont la maladie nommee P{ora, qu'on nomme en Francois 
le mal fainét Main. Telle maniere de poiflon a Paris eft appellé 
vne vieille.Il y en a encor d'autres qui ont la couleur fi elegante, 
qu'il n'y a papegaalt ne paon qui l'ait plus viue,ne plusbelle.Et fi 
lon a nommé quelquefois vn poiffon de cenom de Paon ou Pa- 
pegault, cen’eltpasadire pourtant,qu'il doibue refembler vn 
montre en la mer qui fuft de la forme d'yn Paon terreftre. Vn 
poiffon d'excellente beauté fut quelques fois apporté par fingu- 
larité a vn grand perfonnage a Paris,que 1e ne vueil nommer, le 
quel pource que touts levorants d vne couleur fi exquife,le nom- 
moient Daulphin,mais c’eftoitvn poiffon faxatile nommé vn 
Paon, lequel ceuls de Marfeille appellét vn Roquau,& a Genes 
Lagione,a Rome Papagallo, a Venife Lambena. Ie l'appelle 
Paon car ie trouue que les autheurs Latins l'ont appellé Pauo 
vnqu'ilsauoient retenu du Grec, a la difference du merle qui 
eft nommé Coflifos,mais pour ce que les noms fufdiéts font di. 
uerfement attribuez aus faxatilles comme auSanut,a la T'anche 
de mer ou Phicis a la Canadelle,a la Cannerelle, ala Défelle c'eft 
a dire Iulis qu'on nomme Zigurelle,&au pic ou piuert,&que les 
Romains font diftincti6 du Papegault au Paon:8c qu'on ne fuict 
point fi exactement celte differencea Venife, l'en ay bien vou- 
Ju bailler la peincture. . 


Le 


: DES POISSONS MARIN S. _18 


Le portrait} du Paon de mer. 


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1 n’y a perfône qui ne cognoiffe bien la Viue,queles Grecs ont 
autres fois nommee Dragon de mer,8& encor maintenant elle 
eft nommee en Latin de ce nom la:& touteffois elle nerefemble 
entien au Dragon,finon aucunertent en couleur. Ceuls qui ne 
l’auoient pas entendu, nous peignoient des Dragons faiéts a plai- 
fir,tels que font ceuls que nous voions cotrefaicts auec des raies 
defguifees,a la façon d’vn ferpent volant. 

Il y a encor plufieurs autres poiflons, qui ne tiennent finon que 
bien peu de la tache qu'on leur attribue des chofes dont ils tien- 
nent les noms. Quelle fimilitude de Cithara ou Harpe ha Citharus, 
pour eftre ainfi nommé, & dedié au Dieu Apollo? Les vns le no 
ment Castarus:les autres, comme a Marfeille encor pour le iour- 
d'huy,lenomment Pefce cantena. Il ne fcait chanter, &nha la fi- 
militude de vaifleau come fon nom en Italien le porte. car tout 
ainfi qu'ilsle nomment vna cantara auffi nomment ils vn vail- 
feau a tenir du vin, vn Cantaro, Maisquât aus Francoys ne fa 
chants ne d Apollo, ne de Cantaro le nommét vne Bremme de 
mer,a la fimilitude d’yne Bremme d’eaue doulce.Car le voiants 
ainfilarge,ils luy ont baillé ce nom Ja qu'ils fcauoient de l'autre 
aqui il eft moult femblable.LesRomainsle nommentZaphile, 
ceuls de Genes vnatanua & les Francois vne Bremme de mer: 
duquel poiffon la prefente eft la vraie peinture. 


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PREMIER LIVRE 
Le naïf portraitt de Citharus Vvulairement homme 
| Bremme de mer. 


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Qui vouldroit diligément chercher raif6 pourquoy noftre Bré- 
me de mer ha efté nommee Citharus,ie n’en fcaurois autre chofe 
qu'en dire, finon qu'elle ait des lignes le long defes efcailles a la 
maniere d'Vn poiflon nommé salpa:lefquelles peuuentreprefen. 
ter quelque fémblance des cordes tendues en long, reflemblant 
la harpe d’Apollo.Ceci foit diét par maniere d'acquit en pañlant, 
d'autant qu’il me feroit difficile d'en trouuer autre raifon a dire. 
Mais pour ce que ce poiflonCitharus a quelque affinitéen diction 
auec Lyra & auffi qu'il y ait vn autre poiflon qui éft particuliete- 
ment nommé de ce nom, il m'a femblé bon en toucher quelque 
mot & en bailler la peinéture.Car la Harpe &la Lyre dontces 
deux poiffons ont pris leur appellation,eftants inftruments de 
mufique differents ln l’autre,que les Grecs ontaufli nommé 
feparement,a fin que l’affinité du vocablede Citfara & Lyra ne 
trôpaft le leéteur,prenant l’yn pour l'autre, ay auffi bailléla pe- 
éture du poiflon nommé Lyra. Lequel futainfi nommé pource 
qu'il ha le nez à la façon d'vne Lyreinftrument mufical. Ceuls 
de Marfeille l'appellent Malarmat,;quafi mararmat.Ceuls de Ge 
nes le nomment Pefarmato,& veritablement c’eft a bon droict, 
car il'eft tellemét armé tout autour du corps d’efcailles poiétues, 
qu'il féble eftre tout d'os.C’eft la caufe pourquoy on luy F. 

e 


DES POISSONS MARINS. 19 


le nom de Holoftcos. Ileft firare a V enife, qu'ils n’en voient poît 
du tout: & fi frequent à Rome:qu'ils l'ont touts les iours en leur 
poifonnerie,& le nôment Pefce forcés, cat il ha le bec long& four- 
. chu comme vne fourche:au refteileft féblable à vn Gournault, 
Tumbe,ou Rouget.Et ce que nous appellôs Gournauts ouRou- 
gets,les Romains les appellent Capons. Par ainfi Paulus Touius 
cfcriuant des poiflonsRomains,a mis ceftuyciauec le Cap6, c’eft 
adire Gournault.Reperintur(dit il)E afij Capones, qui bifurcata habent 
rofira, & dorfum offeis Jquamis armatum, quos in genere Caponuss pifcatores 
ipfimares effe teflantur. Voila tout ce qui en a efté efcript,finon que 
on l'a auflimisau nombre de ceuls qui font quelque fon ou voix 
quand on les pefche, 


La peinClure du poiffon Homme Lyra. 


Que nature ne produit rien en quelque element que ce foit, 
qu'elle ne pouruoye premierement a ce qu'il fault pour le nour: 
ir: @ qu'vne chofe rare encor qu'elle foit inutile,efE toufiours 
effimee. Chap. XXXI. 

MA Ais pour parler des chofes que nous eftimôs admirables en 
naturé,nous les trouuôs plus rares d'autant qu’elles nous {6t 


moins communes: & par confequent elles en font d'autant plus 
a E3. eftimces 


PREMIER LIVRE | 
eftimees.Car come ainfi {oit que nous voiôs quelques endroicts 
non feulement en la terre;maisauflien touts autres elements ou 

sature produift quelque chole particaliere qu'6 ne fcaureit trou 
uer ailleurs, femblablement les hommes la reçoipuët d vne parti- 
cularité fpeciale attribuat tel douaire a la vertu finguliere du lieu 
qui l’a produicte:&pour exemple mettät les mines de diuers me. 
tauls ou bié diueries elpeces de pierréries,qui ne fetrouuent qu’é 
va endroiét,les hommes le referêt a ce que l'en ay iadit,comime 
aufliles Serpents produicts es delerts,eiquels combien que la ter 
re foit fterile pour autres animaux terreltres, toutelfois nature 
leur a dôné abodant pafturage a leur nourriture,en forte que qui 
les traniporteroit ailleurs ou la terre {eroit tertille pour autres a- 
nimaux,touteitcis on [a trouueroit fterile &mal conionäte a leur 
naturel.Pare:lement la mer eit en quelques parts feruled vne 
herbe,qui ne croiit point atfleurs:auii1 nourriit elle quelque poil 
{on quon ne voit point autre part. Pour exemple de quoy ie 
prens le Scarus,lequelie n'ay amas trouué es riuages de Crete, 
iinon en celle partie qui regarde leleuant:car la mer n'engendre 
point del herbe dont il fe nourrift finon en ceit endroiét la. Auf 
11 la mer produit vn Serpent qui n'eft pas terreftre,mais eft Ser 
pent de mer, lequel 1e di eftre ti rare,qu'il eft peu de gents qui le 
aient veu. Ecpourcequileft rarement prins en toutes mers, 1l 
ma femblé eitre tant plus digne d'eftre adioufté en ce lieu.S'il e- 
ftoit des elpeces des poifions que r’ay defcripts par le menu,ie le 
defcriroye iemblablement . Mais le mettant ici comme choie 
hors de mon propos,il mefuffit d'enfeigner par {a peinéture, que 
c'eft luy dont Ariftote ha parlé en le nommant Serpent de mer. 
ta dire La verité,encor qu'il {oit bon a manger comme vnCon- 
gre,ou vne Murene, Anguille, Lamproie,& Gallee, toutefois Le 
commun peuplele voiant fiapprochant du Serpent terreftre, 
Fha en horreur, comme fil n’eftoit pas poiflon, & faiét difficulté 
den menger,lequel l'ay faiét peindre en rafeau,car autrement ie 
n'eufle {ceu exprimer {a longueur. 


La pein£lure 


DES POISSONS MARINS. 20 


La peincture du Serpent de mer. 


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Que le nom de Marfouin ne fignifie finon Porceau de rer, 
(es que le Porcmarin ne Joit pas le poiflon que nous appelés 
Marfouin. Chap. NX X LE. 


POurceque lauoye au parauant efcrit, que ce mot Marfouin 
rendu en noftre lâgue,ne fignifie autre chofe he Porc ma 
rin,& qu’il y auoit d’autres poiflons en la mer aufquels il conue- 
noit, il m'a femblé neceflaire d'en bailler la peinéture,en prouue 
de ce que i’en ay defia diét.Mais le nom de Porc marin n’ha pas 
efté conftant &arrefté a vn {eul poiflon:car plufieurs ont obtenu 
ce nom felon diuerfesregions:comme eft aduenu a Conftätino- 
ble en nommantl'Hippopotamus,que les vns nômoyét le Porc 
marin, les autres le Bœuf marin.Semblablemét Nicander efcrit 
au liures des [âgues,que le Congre, & celuy qu’ils nômoyét Gril 
lus, c'eft a dire vne Lotte de mer,eftoit appellé Porc marin. Ie le 
puysaufli prouuer, par ce que Plinea efcript du Mario,difant ces 
mots In Dannubio Mario extrabitur,porcHlo marino jimillimus. Les Ve. 
niciés 


(PREMIER LIVRE 


niciens ont aufli vn poiflon en commune appellation,qu'ils nom 
ment vne porcelette diminutif deporceau, laquelle eft de moin 
dre corpulence que l’Efturgeon,& croy que oit le poiffé qui an, 
cienne menteftoit nommé Actpenfer: ar le n'en cognois point 
d'autre qui foit en forme triagle quecæfte porcellette [a Plufieurs 
autres nations ont aufli des poiflons qu'ils nomment du nom de 
Truye,commea Milamilsontyn petit poiflon {emblable a la 
Scardola que les Milanois(parlants leur vulgaire)le prononcent 
Vne Trueue qui eft à dire vne Truie.Parallement les Marfeillois 
€n ont auïli Vn qu'ils nomment yne Truega,c eft adire ynetruie 
qui eft le mefme poiflon que ceuls de Genes nomment vn rotu- 
lo,& a Venife pelce fan Piero,& à Paris vneDoree, Dore j'entés 
a k difference de celle qui eft nômee Awrata,laquelle l'on ne voit 
pointaParis.Strabo aufli nômantles poiflons du Nil en ha appel 
lé vn Porcxs Ce poiflon nomméPorc marin n° point efté autre- 
ment exprimé desGrecs, finon en cât que Ariftote en ha cogneu 
va qu'il ha nommé 4 per,c'eft a dire Porc fauuage,ou Sanglier, le 
quel 1l nomme en fa langue Hys,c’eit a dire 54s, & en Franco ys 
Porceau,duquel ÿ’ay auffi voula bailler La paincture. 


Le portrait] du poiffon nommé Aper, autrement nommé le 
Sanglier. 


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DES POISSONS MARINS. 2I 


Ce Sanglier icy n’ha pas les efcailles comme ont lesautres poif 
{ons:car il ha fa peau fi rude,qu'on en pourroit polir du bois, cô- 
me 6 faiét de la peau des Rouflettes,des Singes maris,des chiés 
desLamies,& Amies,&Regnards de mer.Car mefmemét le poif 
fon que quelques vns auoient par ci deuät defcript pour Aper,eft 
le Regnart de mer.Ce Sangher eft vn poifion afiez hardi à com- 
batre {es ennemis, car en oultre ce qu'il ha bônes déts,& l'efcorce 
dure quañ comme cuir, il ha aufli des aguillos delus {on doz;qui 
fonc tort afpres &robuftes.Il ha les ouies cachees dedens,comme 
la Murene,qui fut vne caufe que ie pélafle quant ie le trouuay la 
premiere fois, que ce tuft l’Exocetus. mais ray depuis trouué Ex- 
ocetus qui eit femblable a Gfnos. Ce Porc fäghier icy ef rare a trou 
uer,parquoy l’auons feulement veu pédu eseghtes répli de bour 
re,comme a Ragonfe.Aurelte, cefte peincture a elté retiré du 
naturel dontie n ay voulu nonplus parler qu'il a efté befoing de 
dire pour faire entendre qu'ilauoit n6 Aper,ceft a dire Porc {au- 
uage, duquel la grandeur vient a eftre en comparaifon a laCarpe. 
Il m a femblé que 1l me cosenoit bailler toutes les fuidictes pet. 
étures pour demontftrer l'erreur de ceuls qui peignoient des m6- 
ftres contrefaiétsaplaifir. Orlaïlant ces moitres contrefaicts 
a plaifir,auec les inuenteurs de tels portraicts faicts fans confide 
ration, ie retourneray prendre mon propos que 1auoye encom- 
mencé,pourfuiuant l'hittoire du Daulphin. 


Qu'on ba attribué plufieurs merques au Daulpbin,qui 
font faulfes. Char. XXXIII. 


Q V yuant le propos de ce qui ha efté faulfemeét attribué auDaul- 
phin,il refte queie declare quelques notes,en fon exterieure 
peinéture,qui iuy ont fabuleutementeftéadiugees,a fin que quel 
que autre ne les enfuyue.Ët pource que ie les ay obferuées de bi€ 
pres,& regarde attentiuement,& que ie n ay onc trouué vne tel- 
le note qu eft celle que aucuns luy ont voulu attribuer, iel'ay bié 
bien voulu declarer,a fin de La reprouuer.C eft que quelques vns 
veulentqu'il ait vn aguillon caché dedens fon fourreau en l'ar- 
refte qui eft deflus {on doz,&que d’icelle il tueleCrocodile dedés 
le Nil: auflique le petit garion d'Iaflo qu'il aimoit tant, fetua 
F. par 


PREMIER LIVRE 


par erreur: f'eftant picqué du fufdiét aguillon en tumbantdeflus 
& rencontrant l'efpine qu'il {e ficha dedens le corps. Lefquelles 
choles {ont diétes fans confideration,qui fentent plus la fable 
que quelque apparéce de verité.le ne nie pasqu'lne puifie eftre 
vray,touchant fon amour & celle du petit garion de Iaffo: mais 
il n e peult eftre vray qu'il y ait vo aguillon furfon dos: car Ari- 
ftote n'en ha onc parlé:& luy quien ha efcript fi amplement, ne 
l'euit pas laïffé en arriere, {il y en euft eu quelqu vn : & auflique 
l'experience en fait foy, veu melmement qu envnetelle difficul 
té, l'œilen peult donner ceruficatio quad Jon ha la chofe deuant 
{oy. le ne puis aufli conuenir auec plufieurs qui ont elcript que 
Les Daulphins faulrants par la mer,tont vn prefage annonceant 
la tempefte aduenir.Cect {oit diét {auluant l'honneur de ceuls a 
qui il eft deu. Mais il me femble quilsfe fonttrompezen ce cas 
la. Car j'ay expreflement obferué mainteffois en plufieurs voya- 
ges,que les Daulphins alloient aufli bien auec le vent,que contre 
le vent,& qu'ils e monftroientauffi bien quäd la mer eft efmeue 
en tempelte,que quand elle eft tranquille & fans vent, chofe qui 
appert quand les Daulphins fe monitrent en l'air pour refpirer 
hors l'eaue, laquelle chofe ils fôt auffi bien apres le mauuais téps» 
que durant la cempefte,8 femblablement auffi bien deuät com- 
me apres, car les Daulphins ne peuuent viure en la mer fans ref 
pirer. 

Qu'il foit vray que lesDaulpbins aydent grandement aus 

pefcheurs qui p:jchent a latraine, Chap. X X XITIT. 


Q Vantausautres hiftoires fabuleufes qui onteftérecitees des 

Daulphins, 1e n'en eufle pas efcript vn mot,fiie ne lesauoye 
ouy n'a gueres racôpter en Grece.Car le commun peuple en re- 
tient encore pour le iourd'huy plufieurs qui ont cité ancienne. 
ment racoptees, & qu'on trouue maintenant e{criptes. Et tou- 
chant celle qui a eité diéte ,quils donnent grand fecours à 
ceuls qui peichent le poifion,& qu'lleuraydent a le mettre de- 
dens les rets, & en recompanfe qu'ils participent du butin qui 
eft departy entre euls, Quant au premier, ie trouue bien qu'il 
{oit vray femblable,mais(commeie diray cy apres)Cela aduiét 

| | par 


, DES POISSONS MARINS, 22 


paraccident, de laquelle chofe ie puis porter tefmoignage de 
l'auoir veu en plufieurs lieux,& diuers ports, & plages ge la mer. 
le me {uys trouué en compaignies de pluiieurs gents que 1e 
pourroye bien nommer, & entre autres de Benigne de Villars 
appocicdire de Dion, qui d'vneosier uation exprefie auons eu 
fouuenteiiois plaiir en plufieurs Lies d Æiclauonnie& de Gre- 
ce, regardancs venir les Daulphins de plaine mer, queiqueïois 
en compagnie, les autres fois deux a deux. Car ils i acouplent 
malie & temelie, fans ie laitier 1amais 1 vn l'autre, & n'ailants 
poincieui a ieul. Lelqueis en faiiant la chaïie en la fpacieuie 
campagne de la mer. Apres que d'vne grande induit ne ils ont 
reduicts pluiieurs petits poifions des lieux deicouuerts en la mer 
& contraictns & ierrez en quelque deitroict,ou es endroicts de 
lainer qui ne {ont pas partonds, cognoifiants les eftres des riua- 
ges, alorsentrent auec vneimpetuolté {ur celle mulatude,ils 
ie paient indifteremment tant de Lvn que de l'autre.kr fils ie 
trouuent dedens quelques compaignees de Selerins, ou de Sar- 
dines,d’autant quelles iont fietpeces quelles i entrecouchent en 
là mer, ils en fonc f1 grand degait, nen mangeants que la te- 
{te neftaiants eftime du refte des corps.Qui eit choie qu'on co- 
gnoitt a les trouuer flottants ur | eaue, en grande multitude ou 
bien deiectez es riuages en grand nombre . Mais les autres 
paouures potiions quais ont ainiireduiéts par les deitroicts, en 
ionciielpouuentez de l'arriuee des Daulphuins & tant craintits 
de leur 1mpetueuls afiault,qu'ils fe crouuent mal añieurez en leur 


propre element.Et en cherchant leur ialuc en vn autre ils Le met 


tent encore en vn plus grand danger.Car fäichants quil n yael- 
poir de ie {aulueren l'eaue,ils faultent en l'air, ou 1ls ne peuuent 
guere longuement reiter. A lors on les voitrecheoir f1 dru en la 
mer,qu'l iemble proprement que ce foit pluye tombat du ciel, 
Mais pour cela encore ne {ontils pas fauluez,d autant queles oy- 
feaulx qu'iuyuentles Daulphins a grands bandes, font cout ain 
{1 en leur endroiét comme tont Les chafieurs a l'endroiét de l'Ef- 
merillon.Car les chafieurs auec vne grande troupe de chiens cou 
rants,chaflants au lieure par Li campaigne,dônent fouuent moy 
en a l'Efmerllon &Hobreau quiles iuyt,de {e repaifti e des lou 
erces & petits oyleaux que les chiens contraignent de { efleuer de 
FE terre, 


PREMIER LIVRE 


terre, lefquelles apperceuñâts l'efmerillon qui les attent,fe fentäts 
combatues de deux neceilitez,l'vne des chiens,& l’autre deleur 
ennemi capital,aiment mieulschercher{alut entre les iambes 
des cheuauls,ou bien fe rendre en la gueulle des chiens,que d'ex- 
periméter la merci de celuy duquel elles n'efperét que la mort. 
Semblablement Les poifions craignants les Daulphuns, efperent 
{e fauluer en l’air,mais lesoyleaux que les Grecs nômerentLaros 
les Latins Gauia,& les Francois Mouëttes, & les autresnommez 
Carulos, ou Caniards,qui fuiuét les Dau'phins a grâdes bandes, 
cognoiflants leur effect (aufli font 1ls cauies de les enfeigner:car 
quelque part queles Daulphins aillent,leidiéts oyfeaux vollent 
toufiours au deflus)defcendent de roydeur {urtoutela multitu- 
de de ce poiffon efpouuanté,qui mieuls auoit aimé fe mettre en 
leur mitericorde,que d’eflayer celle du Daulphin qui le va pour- 
chaflant par la mer. Mais ettant tourmenté de toutes parts, furäts 
les deux inconuenients& cherchät fon dernier refuge tel que na- 
tureluy aapprins,il ferenge au riuage de la mer:ouencore pour 
la tierce fois 1l tombe en plus grande neceflité qu'au parauät.Car 
il fe donneen la puiffance de celuy lequel il nepeult fuir, eftant 
fieftonné de la paour qu'ilhaeu,que melmementil fe laifle pré- 
dre auec la main,ou bien demeure prisesrets. Voyla comment 
les Daulphinserrants par la mer vagabons, maintenant ça main 
tenant la,& commençants du matin, vont celle part ou ils ont 
conftitué l'eftape de leur defieuner. Tout ainfi font ils de leur dif- 
ner,& finablement font lefemblablede leur foupper:par ainfi ils 
fontquafi toutleiouren pourchas. Ceft laraifon pourquoy ils 
{ont tant aimez despelcheurs, pourcequ'ls ameinent le poiffo 
de toutes partsiufques dedens leursrets. Auflien ontils recom- 
penfe:car les pefcheurs ne leur font iamais mal. Etencor {ilsles 
trouuent prins en leurs filets, illeur donnent lit=rté. Ie ne vueil 
entendre que cela fe face en toutes mers, mais principallement 
en Grece & autres lieux ou les habitants ne mangent point de 


Daulphin. 
Que 


DES POISSONS MARINS. 23 


Que nature n'ba permis aus Daulrbins,de prendre libres 
ment les autres poiffons, fils ne jont tournez a la renuerfe. 
Chap. AAA NV, 


CS ee les Daulphins poutfuyuent les autres petits poiflons 
pres du riuage,ileft moult facile de les veoir pefcher.Car en 
prenant le poifion pour le manger,il eft neceflaire qu'ils fe réuer- 
{ent,& a lors leur ventreapparoift blanc a ceuls qui les regardét, 
lefquels on peult veoirclairement. Carle Daulphin eftant de fi 
grofle corpuléce qu’6 le peult veoir de bié loig,& que apres qu'6 
l'aveu fe lâcer hors l'eaue pour prédre l'air, puis rétrer en la mer,le 
Daulphin qui au parauant apparoifloit noir, fe tourne incontinét 
en blancheur: mais celle blancheur prouient de fon vétre,lequel 
on peult bié veoir des nauires iufques la bas au parfôd de la mer. 
Et mefmemét il ne fe pourroit repaiftre, f'il neferenuerfoit def? 
l'efchine,qui eft vne note que Ariftote ha expreflement elcripte 
au huiétie[me liare de l'hiftoire,& au quatrielme des parties des 
animauls. Et pour parler au vray de ce renuerfement du Daul- 
phin,apres y auoirregardé expreflement, y cherchant quelque 
raifon,obferuant toutes chofes: ie voy toutsles autres animauls 
non pas {eulement les terreftres,mais auffiles poiflons,auoir vre 
grande elpace & cauité en leurs gueulles,que ie n'ay point trou- 
ueees Daulphins: veu mefmementque les mufcles qu'ils ont 
par dedensle palais en la bouche,& par la force defquels eft fer 
mé& ouuert le conduict de la fiftule qu'il ha fur fa tefte, ne luy 
permettét a caufe de leur grofieur,auoir le palais caué ouvouté: 
defquels ie parleray plus amplemét au fecôd liure en l'interieu- 
re anatomie.Mais pource qu'il m a femblé que cefte merque ap 
pattenoit en ce lieu, ie l'ay bien voulu amener, pour la difficulté 
de la leçon qui eft en Pline & Ariftote.Et me femblequ'il n'y au- 
roit aucune difficulté es mots de Pline parlant ainfi du Daulphi, 
Velociffimum omnium animalium non folim marinorm Delphinus, fed ocyor 
volucre,acrior telo:acnifi multum infra roffrum os ifliforet,medio penë in vers 
tre,nullus pifcium celeritatem eius enaderet,fed affert moram pronidentiana- 
ture:quia nifi refupini,atque conuer fi,non corripiunt:pourueu qu onenté 
dift bien ce qu’il veult dire par ces parolles, car quand il dit,ac a 

F3. multa 


PREMIER LIVRE 


enlturs infra rofbrum os illi foret medio pen: in ventre, Il doibt eftre en. 
cendu de fon eitomach, car venteren Pline eft louuent mis pro 
ventricx lo:chofe qu'on peult prouuer de plufieurs autres paflages, 
Et qu'il foit vray,ce mefmeautheur au hiure huictieime,chapiire 
vingt&vn ha eicript en ceite forte: Cracutas À Ethiopia generat, veluti 
ex can lapôque concepros,omnia dentibs frangentes, Protinéiqne deuorata c5- 
Jrcientes ventre Oulire plus au dixneuñeime liure chapitre ciquief 
mel dit ces parolles:Cios Jalubres acleies pluribus mods exijiumant qui 
perficib4mans ventre non queant,  Jed #onintumelcant. Véter aufiien quel 
ques autres autheurs eft leu pour le ventricale. Macrobiys saturnal, 
lure feptieime chapitre quatrieime,eicrit en cefte maniere: Ver 
ris duo jHut ortficta:quorñ fupersus erettx rectpu denorata,& in follemventris 
recodit.Hicejt jiomachus, qui paterfamiliàs dici mermit,qhafomne animal folus 
gubernans.inferiws verd demi) Jéinéeftinis adiacentil” injerityr&c. M nefault 
doc pas entédre que Ariftote ne Pline veuillét dire que le Daul- 
hin ait la bouche defloubs quai au milieu duvétie:mais quill'aitc 
bié auat deïoubs le bec, quaii au mieu de l'eitomach:& metine 
méc Aiftote au vuj-.de 1 huftoire ha elcript que touts les poitiés 
du gére chartilagineux,& touts autres quionc grade corpulence, 
Côme labaleine,& [esDaulphis,ne prénent poit les potios,qu'ils 
ne loiét réueriez.Ceteris pifabus(dict 1l }captura minorsm à frôte agitr 
ore,vt jolent meare. At cartlaginet,& Delphint, tr omues cetacei gereris ref#- 
pirati corripiät, habét ent os fubeer.vnde fat, ve periculf minores faciligs pof]int 
exadere.le ne voy aucune difficulté en ce pañage, qui nepuifie bié 
Conuenir a Noltre intention: c'eit a dire que les Daulphins ont la 
bouche au dedens de la partie de la gorge, & qu'elle foi de la par 
tie du delloubs.Ceite choie e peult facilement prouuer ,parvne 
railon qu'il adiouite puis apres au quatrieime liure des parties, 
parlant du Daulphin en ceite fote . Quoniam etians cum roftrum cor 
Jtrullura tereti ac tenui fit facile faindi in oris babitum non poteft. Cela di- 
foit Ariftote conformemét à ce que Lay defia efcript: fcauoir eft 
que lesDaulphis ne peuuët prédrele poiff6 ils ne fontréuertez. 
Eten rédac là rail6,diét qu'ils ont le bec grefle &rôden lôgueur. 
Parquoy nee peult bônement ouutir en forme de bouche. 


Que nature n'a baillé le gofier au Daulphin,oultre la coutume des 
autres poifJons [às raion, mais que Joit tant pour [a [äté,que pour 
le falat des autres. Chap. X X X V1. 


ee 


… 
+ 


DES POISSONS MARINS. 24 


À Riftote au iiij‘.liure des parties parlant des poifiôs & pricipa- 
lemétdu Daulphin dit ces mots:sunt & ons dijcrinina. Altjs eni 


. 0santé,E pronfejt. Alus injrà parte JrpineïvtDelphinis, € cartilagineo generi. 


Quobre bac majs cônerfa rejupinctur, cb corripere nequeñt., Qucd natyra nors 
modo jalutis d'atia,cæteror4 pla feaffe Videtur (denim Jeje ifla cônertunt 


_ Morainterce dit, qua pifcis que infetiatw;enadere pofhit:n4 omis id jenus ra 


pina pijuñ VHht)verfetiam ne Hitnis jha Genorandtauiditaté explerent.QuA 
em facts caperét,breui per imodica Jattetate perirét.quoni à et13 quñ rofiré 
eorñ Jlratbura teretirc tenuifir, facile fcindi in oris babit né potelt.Et auviys 
liure de Ihftoire:Ceteris pjcibus captura minor à frôte agitur ore,vt folét 
meare. At cartilaginel,& Del pbini,& omnes cataceiyeneris rejupinati corripie 
nnt.babét enim os fubbcr. vnde fit, vt periculä minores facilins puffint enadere. 
Alioquis pauci admodä feruarentur quippe q## Delphini celeritas,atque eden- 
di jacuitas mira effe vidcatur.En ces hieux Aniftotcha faiét detcriptiô 
correfpodéte en toutes qualitez à noftreBec d oye,cOme ie prou 
ueray par {6 anatomie, & principalement en deicriuät celle de la 
gorgequil a moulteftroicte Ce que nature ha exprefiemét vou- 
lu faire,pour le (alu des autres poiffons.Car pendat le temps que 
les Daulphins fe renuerient,les poiflons qu'ils pourchaffent ont 


efpace de fuir,tellement quepar ce moienils efch: ppent Autre, 


ment ficela n'eftoit,il ne {en faulueroir pasvn de leurs guealles, 
veu mefmement que leur vittefle eft quafi incomparable: 

Et que leur appetit de manger eft quaftinfatiable Mais nature la 
faiét aufli pour leur profit, à fin qu'ils ne fe remplifent par trop 


_en deuorantardemment.Car f ils euflent peu prendre facilemeét 


_ les autres poiflons,ils n’euflent pas long téps velcu,maisils fe fuf 


fentincontnent gaftez de gourmancile, en { {oullant oultre 
raifon.Et auffi ne peuuent ils pas facilement prendre le poiflon, 
pourcequ'ls ont le bec long &rond & delié, qui ne fe peult pas 


aifeme:t ouuriren vne ample eipace de gueule Et quandils ont 


grand faim & fonc haftez de pouriuiure quelque poifion iufques 


. bien bas en l: profôdité de la mer. ne pouuants plus long temps 
. fecontenir Jeans fans ref pirer,ils fe dardent fi vifte pour retour 


| 


| 


nef trouuer l'air, 1ls vont plus roide que ne fait vne fleiche 
d'efcochéed'ynarc par yn fortbras. Et n y ha pointde faulte que 
ils ne f'eflancent moulthaulr en l'air en laultant, mais quant a ce 


pt 


PREMIER LIVRE 


que Ariftote ha diét qu'ils faultent par deflus les mas des grofles 
nauires,il peult eftre vray,car autrementil ne l'euft paselcript. 
Toureltois ie n'ay onc aperceu qu'ils faulrafféc fi hault.LesDaul 
phins Lot toufiours en perpetuel mouuemét,en forte qu'ils near 
reitent iamais en vneplace,& mefmement dormants a la ren- 
uerfe,defce ndent petit a petit iufques a tant qu'ils trouuét terre 
au parfond de la mer:lefquels lorsfe relueillants, puis de tref- 
granderoideur viennenta mont pour refpirer en l'air,& e r'en- 
dormants, font plufieurs fois le {emblable. 


Que la Vifteffe des D'aulphins,ne leur prouiet pas de leurs 
aifies comme aus autres poiffons, & que le poiffon nomme 
Aria face de grandes cruaultez au Daul,biy, quand il 
en peult eflrelemaiftre. Chap. XXXVIT. 


Out ainfiquele Daulphin eft le plus vifte de toutsles au- 

tres poiflons de la mer,auffieft il le plus hardy:8cde faiétil Les 
maiftrile quafi touts,car aufii eft il leur fuperieur.Nonobftät ce- 
la,il nelaifle pas d’auoir quelques ennemis qui luy font fafcherie 
& guerre mortelle,& defquelsil eft quelques fois vaincu:&prin- 
cipalement d'vnnomméanmia, lequelle defchire cruellemét de 
{es dents,quandil peult auoirl auantage fur lay,car fi par fortu- 
ne vne bande de Amies le rencontrent fil nele gaigne a fuir, el- 
les mettent toutes la dent deflus,&ainfi letenants enfemble de 


toutes partsreflemblent vne boulle ronde roullant par la mer, iuf 


ques a tant qu'il foit tout en pieces.Car aufli elles fucent tout fon 
fang comme faiét vne Sanfue. C’efta bon droit qu'on ha iugé 
les Daulphins eftre les animauls qui furpaffent toutsautresen vi 
ftefle,non feulement ceuls quifontenla mer, mais auffi touts 
autres qui font fur terre:8r en l’air,car mefmement Ariftote dit 
en auoir entendu merueille &chofes incroiables.Lefquelles ï'ay 
veu moymefme eftant fur diuers genres devaifleaux de matine, 


& en plufieurs mers,efquels il nous falloitnauigeren paflant d'v- 
neifle ou bien d’vn pais en yn autre:ou nous auons veu les Daul | 
phins aller plus vifteque ne faifoit noftre vaiffeau, aiant la voile 
defplayee auecvent en pouppe;en forte qu'il gaignoit devifteñle 
toufiours deuant nous. Le Daulphin en nageant n'eft pas Lie | 
ela. 


e L k 
DT RP, à 


DES POISSONS MARINS. 25, 


dela grandeur des aifles, comme les autres poiffons: maisil eft 
{eulemét aidé de la pefäteur de {6 corps, car les aifles ou pinnes 
qu'il ha,f6t moult petites au regard de la proportié de fon gräd 
corps,qui eft moult gros & lourd & pefant & touteffois,iln'y ha 
oyfeau en l'air qui volle fi vifte,qu'l va enla mer. Ie puis donc 
prouuer ,que ce ne font pasles grandes aifles,qui dônent la gräd 
viftefle aux gros poiflons, car fi cela eftoitvray,les Hirondelles, 8: 
les Milans de mer, feroient plus viftes que les Daulphins,car d'v- 
ne de leurs aifles l’on en couuriroit bien l’aifle d’vn Daulphin, & 
touteffois les Daulphins auec leurs petites aifles, font les plus vi- 
ftes des poiffons. 


Que les bifhoires anciennement racôptees des Daulpbins, 

* font encor pour le iourd'buy en la memoire des hommes,es 
pais du leuant,quafi comme fi elles efhoient frefchement fai 
Ces depuis buict iours. Chap. XXXVIII. 


L refte encor quelque point a dire des hiftoires qu’on auoitan- 
ciennemétrecitees des Daulphins,dôt plufieurs font pourl’heu 
_ re prefente racomptees par Les habitants du pais d’Albanie &Ef{- 
clauonie, ou l'on diét qu'elles furent faites en forte qu'il n’y a 
celui pour le iourd’huy qui ne les fache raconter,comme fil n’y 
auoit pas vn mois qu elles en ont efté faiétes.Chofe que nous {ca 
uons eftre vraye par le recit des habitants del'ifle de Corfula, & 
de ceuls des riuages de Grece & d'Albanie,ou il n'y ha paifat qui 
ne fache racôpter l’hiftoire de celui Daulphin quivenoit prendre 
la mengeaille es mains des gents du pais,& adiouftent d'auanta- 
ge que plufieurs d'entre euls qui font encor viuants l'ont manié, 
tant il eftoit priué:& qu’il portoit {ur fon dos ceuls qui alloient 
nouer en la mer,fe iouant auec euls,& qu'ilaimoit fur touta fe 
efbatre auec quelques ieunes garfôs:&aufñli qu’ilaidoit grâdemét 
aux mariniers a pefcher:mais qu'il auoitefté tué il n'y ha pas log 
temps,& pour mieuls affermer la chofe, on les oit dire en cefte 
maniere. Que le paillart qui luy auoit faiét oultrage, fut n'ague- 
res mis en quartiers meurtri d'eftrange maniere. Voila quant à 

Tvne des fables ou pour mieuls dire hiftoire tât anciëne qui fera 
G.  toufiours 


FREMIER LiVRE 


toufiours moderne en ce pais la, tant quele monde fera en 
ettre.L’autre de celui qui aimoit vnenfät, &le portoit deflus {6 
dos,{e iouant auec luy par la mer,& puis le rapportoit au riuage, 
& l’aimoit fi ardemment,que a quelque heure du iour & quelque 
loing qu'ilfuft,quand l'entant venoit au riuage & l'appelloit, in- 
continent le Daulphin fe rendoit la,{e prefentant a luy pourlere 
cepuoir {ur fon dos,& le mener iufques en pleine mer {’etbatant 
& de la le ramener quandil plaifoit al’entant. Toutes lefquelles 
chofes &plufieurs autres femblables tant anciennes,(ontrecitees 
de frefche memoire par les paifants deGrece & Elclauonie,com 
me fi cela eftoit aduenu de noftre temps, & touteffois elles ont 
ia efté efcriptes plus detreze cêts ans ha.Quät a toutesautres fé 
blables ie n'en vueil efcrire autre chofe.Car qui les vouldra enté- 
dre,pourra veoir les autheurs qui les ont efcriptes. 


Que les babitants du P ropontide effiment que les Daul 
phins foient palfagers de la mer Mediterrance au pont Eu- 
xin, @ quil leur foit plus tolerable Viure long temps bors 
l'eau que dedes la mer fans prendre baleine.C.XXXIX. 


"Ay ouy que les Grecs qui demeurent auriuage du Proponti- 
de difoient qu'ils cognoifient que les Daulphins font pañagers 

a la maniere des autres poiflons,{cauoir eft qu’ils fe partenttouts 
lesansen quelque faifon de l'an, venants de la merMediterranee 
pañlants par l'Hellefpont & le Propontide,& de la fe rendants au 
Pont Euxin,dedens lequelils fonc vn certain temps auant {en 
retourner. Et que quand le temps leur ha apprins qu'ileft faifon 
de reuenir, lors chafcun {en retourne dontil eftoit party. Dient 
d'auantage quils cognoiflent deux diftinétions & differences de 
Daulphias: {cauoir eft des grands, & des petits. Touteslefquel 
les chofes Ariftote a mon aduis ha voulu entendre,efcriuantque 
les Daulphins de Pont font moult petits, & qu'il n’y apoint de 
autres beftes malefiques aux poiflons en Pont quele Daulphin & 
leMarfouin:& que les plus grands Daulphins fonc bien auant au 
profond du Pont Euxin.Parquoy me femble qu'il veulc enten- 
dre que les ns puiffent éftrenommez les plus grands, les a 
| TE dre 


DES POISSONS MARINS | 26. 


les moindres.Les Daulphins ont cela de particulier, qu’ils aimét 
a L’aprocher des nauires,& les mariniers lesvoiants venir, font 
quelque bruit & les fitient, a fin que les Daulphins aïants enté 
duleion,reftent plus long temps au tour du nauire. Eticeuls 
Daulphins f'approchants,on les oit faire vn grand bruiét en {or- 
tanchors la mer,en iectant le ventqu'ils auoientlôg temps con- 
tenu en leurs poulmons-lequel bruit ils font par le conduict de 
leur fiftule.Ils entrent quelques fois,en leaue doulce:ou 1ls {e peu 
uent bien contenirvne efpace de temps,&viure des poifions des 
rires ou eftangs, comme en la mer: touteltois l'on voit ordi- 
nairement qu'ils n'y demeurét pas long temps.Entre autres cho 
fes qui font les plus notables du Daulphin ceft, qu'il luy feroit 
plus tolerable de viure long temps en l'air eftant {ur terre fans 2- 
uoir mal,que d eftre detenu en la mer {ans prendre haleine,telle- 
ment que {ouuent lesDaulphins qu'on ha prins es rets,demeurét 
fnffoquez en L'eau par faulte d'air,car ils ne peuuét viure fans re- 


fpirer,non plus que touts autres poiffons qui ont poulmons. 


Que plufieurs chofes nommees de propre nomaient pris 
leur appellation du Daulpbin. Chap. X L. 


Vantque de mettre fina ce mien difcours touchant la narra- 
tion de la nature du Daulphin;,ïay bien voulu adiouiter vn 
poitque i'auoyelaiflé en arriere qui debuoit eftre efcript au cha- 
pitre des antiques engraueures des Daulphins.C eft que Vlixes 
portoit l'effigie d'vn Daulphin engraué en fon cachet: & auffi 
portoit le Daulphin portraiét en fou efcu,en l'honneur de celui 
qui auoit faulué {on fils Thelemachus qui eftoit tumbé en la mer 
L'eftant mis defloubs luy,l’'auoit amené iufques au riuage.ll y eut 
anciénement vneefpece de vaifleau que les Romäins nômoiét 
de n6 propre welphin#s dt ils fe feruoient en leurs repas, du quel 
Pline a efcript,en parlät des tables antiques en cefte maniere Del. 
binos quinis milibus feflerciis in lifras emptos. C. Grachus babmt. Le croy 
que fuient tels vaiffeauls dont vfent les panetiers du Roy & des 
Princes lelquels ils nômêt vulgairemét Nefs ouNauires.Les pa- 
fticiers auffi en quelques parts en ont de féblables qu'ils appellét 


gardemäger,lefquelles me féblét tenir quelque chofe dela forme 
G.2 Semblable- 


PREMIER LIVRE 


duDaulphi & que telles nauires eftoiét lesDaulphis des Romaïis. 
Semblablement leDaulphin ha donné nom a vne herbe qui an- 
ciennement eftoit nommee Delphinion:car les fueilles d'icelle her: 
be luy reffembloiét:femblablement il ha aufli donné nom a vne 


mafñle moult pefante,qui eftoit de ferou de plomb, faictea la fi: 


militude d’yn Daulphin,a la quelle les Francois ont muéle nom 
car telle mañle eft maintenantnommee vn Saulmon. Si nous 
croions a l’interprete d’Ariftophanes c’eftoit vne grofle mafe de 
plomb ou de fer, aiant figure de Daulphin qu'on pendoit a l’ante 
_ nedunauire, quand l’on liuoit la bataille fur mer,laquelle maf 
fe on laifloit tomber dedens la nauire des ennemis,pour le faire 
aller en fod.Et telle maniere de nauire Thucydiden6moitDefphi 
nophoré,c’eft a dire nauire portant Daulphi.Séblablemét il ha don 
né leno'a la region quimaintenät eft nommee Daulphiné. Au- 
cunsonteu quelque apparence de raifon, d'auoir nomé leDaul 
phin du nom de Pompilus, car il accompaigne voluntiers les naui- 
res, comme faiét le Daulphin. Toutelfois Ariftote delcriuant, 
Pompilys feparement du Daulphin,montftre bien que leDaulphin 
nele Marfouin ne foient pas Pompifas duqueliene vueil point 
parler d’auantage, car il me fuffit d'auoir touché ce poin&, pour 
re entendre que Pompilys foit vn autre poiflon que Le Daul- 
phin. 


Defcription des exterieures parties duDaulpbin. Chap.X £: 


A Pres queïay long téps pourchaffé toute l'hiftoire de ce quife 
doibt dire duDaulphi,il m'a féblé eftre téps de retourner pre 

dre mon principal propos ia commencé, & prendre les fufdi. 
ctes efpeces de Marfouins chafcun a part foy, a fin de tellement 
les fpecifier qu'elles foient entendues. Lay diét que celuy qui eft 
le pluscommunement apporté de la mer, qui n’ha pasle nez 
long,eftoit celuy queie vueil entendre par Le nom deMarfouin: 
& que celuy qui ha le nez long,appellé des Francoys vnOye;foit 
le Daulphin, duquel ievueil premierement donner la defcriptio, 
tant du malle que de la femelle,a fin que chafque note exterieu- 
re foit diligemment examinee, prenant les parties de fon corps a 
parten les confiderant diligemment.Et coômençant par la ul 
eur, 


DES POISSONS MARINS, 27 


feur , la plus commune qui foit veuees Daulphins, c’eft autant 

qu’vn homme peult comprendre dedensfes bras,les embraffant 

au trauers du corps.La longueur eft autant ou quelque peu moïs 
qu'vn homme peult mefureren eftendant les bras, touchant la 

queue d vne des mains,& de l'autre a la tefte, aiant le corps du 
Daulphin appuiécontre fa poictrine. Voyla la cômune grädeur 
&la plus vulgaire qu'onveoit ordinairement en noz becs d'Oyes. 
La grandeur de la corpulence du Daulphin haefté exprimée en 
comparaifon du Herondemer:car Ariftotea laiflé par efcript, 
que le poiffon nommé Xiphiss ou Gladiss, que les Francois appel- 
lent vn Heron de mer, croift quelquefois iufques a telle corpulen 
ce,qu'il deuient plus grandque ne faict le Daulphin. Et pource 
que nous cognoiflons bien quel poiffon eft leHeron de mer,auffi 
par confequent deuons nous eftreafleurez dela grâdeur du Daul 
phin.Le plus grand queïaye onc veu, futapporté a Rouen l'an 
mil cinq cents cinquante,au mois de luillet, duquel fobferuay 
la grandeur.La lune de fa queue auoit en l’interualle d’vne des 
cornes a l'autre,plus d'vn pied & demy. Carelle contenoit trois 
fois autant que ma main f'eftend en longueur de l'extremité du 
poulce & du petit doigt:c’eft a dire trois paulmes : l'efpefleur de 
{on corps embraflee auec vne corde, puis mefures, auoit fix paul 
mes.Sa longueur eftoit autant qu'vn homme peult atteindre des 

deux mainseftendantles bras.Son beccommenceant de la ou 

il eftoiccamus,eftoit long d'vne paulme:8& commenceant dont 

il eftoit fendu, il auoit vnepaulme& demye.Il auoit vn b6 pied 
en l'ouuerture de {6 bec:Et eftant vuidé defes interieures parties 

comme on l’auoit apporté,il poifoit bien trois centsliures. auffi 

van cheual a peine lauoit peu apporter depuis le Haure de grace 

a Rouen.Les Daulphins n’ont que trois aifles en tout, dont vne 

feule eft efleuee deflus leur dos, laquelle demeuretoufiours en vn 

mefme haulteur, car ils ne la peuuent baifler: ne hauller a la ma- 

niere des aultres poiflons.V ray eft qu'ils la tournent bien ça & la 

versles coftez . Les deus autres aifles qu'ilsont, vnede chafque 

cofte;fituees aflez pres dela tefte, me femblent eftre bien pe- 

tites mifes en‘comparaifon a la proportion de leurs corps.Natu- 

re n'haarmé leDaulphin d'armures exterieures,&fildomine ou 

G.3. commande 


PRE MIER LIVRE 


commande aux autres, c’eft par favertu;&non par force d'armes. 
Car en tout ce qu'il ha pour nuyre aux autres,ou Îe deffendre,f6c 
feulementles dents.Il ha fa peau cotalement lubrique & ghffate 
comme auffi touts autres poifions nombrez es efpeces de fon gé 
re c'eft a dire Cetacea .Il eit {ans efcailles,& ha la queue contrela 
reigle & couftume des autres poiflons, lefquels fuyuant la forme 
de leur corps qui eft plat, la portent a la meme maniere, mais le 
Daulphin la porte oblique comme font les oyfeauls. Car vn oy- 
feau eftant de forme ronde en longueur,& volant en l’air,en efté- 
dant fa queue,il vie d'icelle comme d'vn gouuernail, &1’en fert 
pour fe {oulager en volant,chofe que nous pouuons veoir es Mil 
lans Hirondelles & es Creilerelles,qui fe tiennent long tempsen 
l'air en vn mefme endroiét fe fouftenants de leur queues & des 
aifles fans point {e remuer. Mais puis fe voulants darder vont 
comme vne flefche, aiants retiré leurs aifles, lefquelles ils ne 
remuent point,fe gouuernants feulement de la queue, ils vont 
d'vne viftefle incomparable. Semblablement les Daulphins,aiâts 
la queue oblique, nagent feulement de la pefanteur de leur corps 
fans point y trauailler leurs ailles,mais {eulement leur fuffiteftre 
aidez dela queue qui conduyfe le corps.Laquelle ils ont compaf 
fee a la façon d'vn croiffant,non pas du tout en vray façon de Lu 
ne comme les Tons. Carils ont d'auantage quelques autres en- 
tailleures.Ladiéte queue leur baille vne treigrand forceen nou- 
ant, car elle eit robufte. Tellement qu'on pourroit dire que leur 
queue les fouftient en l'eau quafi en balance, comme la queue 
desoyleaux enl'air.Le Daulphin ha les yeulx fortpetits , veu la 
grandeur defon corps . Il peult ciller a la maniere des beftes ter- 
reftres amenant la paupiere pour couurir la prunelle des yeulx. 
Les conduicts de {on ouye {ont fi petits que n y apparoift aucu 
ne cognoiffancede pertuys, fi lon n’y regarde exactement. Celuy 
qui les vouldroit trouuer. les cherche en cefte maniere:qu'il com 
mence au coing del'œil,& fuyue de droiéte ligne allant vers les 
aifles,& il les trouuera diftants a fix doigts de l’œil.Et fil préd 
vn brin de paille, & choififle la partie delieea laquelle eft atta- 
ché l'efpi, & la fiche dedens les conduiéts de l'ouye du Daul 
phin, & puis trenche la chair auec vn coufteau fuyuant la 


paille, 


DES POISSONS MARINS. 26 


paille, il voirra decliner les conduicts a cofté contrebas, & fe 
etlargir quelque peu au dedens, & finablement paruenir aux 
os pierreux,& entrer dedens le teft. Les conduiéts pour oco- 
rer, quelque diligence quon fache faire,ne font apparoiflants 
finon es petits,nouuellement naiz, comme d'yn mois ou de 
deux mois. Car commenceants a deuenir grands.Ils perdent 
cela .On les voit auili en ceuis qu'on a tiré de La matrice,lef- 
quels ont des petits poils blancs comme barbeaux,de chafque 
cofté de la partie de deflus la machouere d'enhault,mais ils 16t 
durs, lefquels trenches a laracine, & fuyuis auec le coufteau, 
{ont veus 1e inferer es extremitez de certains nerfs efquels ils fe 
terminent. Touts les autres poifions ont des ouyes, qui font ou- 
uertures par les deux coftez.Mais le Daulphin n'en ha point.Car 
comme nature Luy ha nyé cela, elle luy h1 bailléyne flute, au cô- 
duict deflus la teite, droitement entre les deux yeulx, par la 
quelle flufte ou tuyau ilrefpire & afpireen l'air, &iecte l’eau, & 
fait bruit.LeDaulphin eft eipois par le milieu au trauers du corps 
a la maniere d’ynretournouer de guantier, car 1l fe termine de 
chafque cofté en fe agreflifant & diminuant en agu, tant de la 
partie de la tefte que de la queue,il ha le nez long,rond,& droit, 
ion dos eft de couleur plombee tirant fur le noir.Ileftbläc 
par defloubs le ventre. Les aitles qu'il ha de chafque cofte & 
1a queue, & { arrefte de deflus fon dos font moult noires. Ses déts 
font de compte faiét cent {oixante en tout , moult poin- 
tues & rondes, en longueur difpofees par ordre, quarante 
en chafque cofté de la mafchouere: defquelles celles qui font 


de la partie d'embas ; font plus petites que celles qui font en 


la mafchouere d'enhault, laquelle maichouere eft continuee 


… d'yn feul os.Si eft ce qu'il y ha bien apparoiflance de quelque 


petite feparation.Mais par dedens elle monitre eftre d’yn feul 
osa la maniere decelle d’vn Crocodile, en laquelle les quatre 


. vingts dents qui y {ont,defcendentiuftement& fe rencontrent 


en fe inferant dedensles autres de la mafchouere d'en bas. Il ha 
quafi la langue a deliure,kcomme eft celle d'vn porceau:mais el- 
le eft en ce differéte,qu'’elle eft couchee au bord par le deuär,a la 
maniere des lägues desCygnes,Oies,ou autresoyfeaux deriuiere 

La 


PREMIER LIVRE 


La difference exterieure du Daul pbin d'entre le male & 


la femelle. Chap, XLII. 
Pres que j'ay defcript les exterieures parties duDaulphin,qui 
conuiennent tant au mafle qu'a la femelle:ilrefte que ie met 
te La difference de l’vna l’autredifcernant Le mafle de la femelle. 
car il y a quelques merques entreeuls deux aflez manifeftes qui 
les feparent euidément.C'eft queles Daulphins mafles, ont vne 
ouuerture par le milieu du vétre,en laquelle fe retire le fourreau 
deleur membre honteuls,qui eft enclos la dedés:lequel on peult 
tirer hots en le prenant par le bout:&quandonle tire bien fort, 
il fort hors moult gros:& ha plus de huiét poulcesde long. Ilha 
encor vnautrepetit pertuis au defloubs, quieftle conduiét de 
l'excrement, lequel eit beaucoup plus bas vers la queue. Mais la 
femelle n’ha point de telle ouuerture au milieu du ventre, finon 
qu'elle en ha vne plus bas que celle du mafle,qui eft le pertuis de 
la nature,ioignant lequel vn peu au defloubs eft féblablement le 
pertuis de l'excrement, feparé comme es animauls terreftres. 
C'eft vnenoteinfallible qui diftingueexterieurement le mafle de 
Li femelle. l'ay defa bailléles portraicts du Daulphin retirez de 
l'antique,ainfi que les y auoye trouué grauez,comme es ftatues 
& medalles des republiques&empereurs tels qu’ils les y auoyent 
fai portraire.Confequemment il m’ha femblé raifonnable,d'é 
donner vnretiré du naturel contrefaiét au vif:lquel nous auons 
faiét faire en Paris,de telle peincture que l'ouurier induftrieuls 
maiftre Francois Perier,aiant le poiffon deuant les yeulx ,ha reti 
ré de fon pinceau.Laquellepeinéture de Daulphin monftree a 
touts viuäts cognoiffats le bec d'Oye,iugerotque foit {6 naifpor- 
traiét&croy qu'ilnefe trouuera hôme quinel’aduouepourtelle. 


Le Vray portraict du Daulpbin. 


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DES POISSONS MARINS. 29 


Defcription du Marfouin, la difference de Phoca,& 
de Phocæna. Chap. XLIIII. 


P Our n’engédrer confuf6,es chofes que ‘ay defcriptes duDaul 
phin,;auec celles que f'efcriray du Marfouin,r'ay bienvoulu cô 
ferer l’yn auec l'autre, car leDaulphin n’ha rien qui ne puifle auffi 
bien conuenir aus autres efpeces de Marfouins, tant du malle 
que de la femelle:& n'eftoit que celuy qui eft vraiement appellé 
Marfouin, c’eft a dire Phocena, n'ha pas le nez fi long,il feroit qua- 
fi femblable au Daulphin.Mais pource que Phocæna eft vn nom 
moult prochain de Phoca, & toutefois Phoca, eft vn aultre ani- 
mal, appellé en Francois V eau de mer,ou bien Veau marin,de la 
pe duquel l'on faiét les ceinétures de cuir pelu,ie l'ay bien vou 
u nommer en ce lieu,a fin quel’affinité des appellations de Pho- 
ca & Phocena n'abufaft perfonne.C eft donca Phucasa a quilenom 
de Marfouin eft proprement deu,& qui eft beaucoup plus com 
munque n’eft j'Oyeou Daulphin: auflieft 1l generalement le 
mieuls cogneu par les poiffonneries des villes,& principalement 
de Paris. l’ay veu fouuenteffois aduenir qu’on y en ha apporté 
quatre ou cinq pour vnvendredy,mais cela n'eft pas ordinaire: 
car telle chofe aduiétI vne fois plus l’autre fois mois. Aufli 1l y a 
va temps auquel les Marfouins font pefchez plus frequents:car 
Jon en voit plus au printemps qu’en autre faifon, plus en yuer 
qu'en autône ,& plus en automne,qu'enefté: fi eft ce qu’on en 
. Veoit quafi entoutes faifos:mais mois en efté qu'en nulle autre. 
Et pour cinq Marfouins qu’on y apportera, a peine l'on y voirra 
vn Daulphin ou Oye.Car les Daulphins{ont pefchez plus rare- 
ment queles Marfouins.Or voulant exaétemét defcripre leMar-- 
{ouin, il ne me fera difficile apres auoir defcriptleDaulphin, car 1l 
eft de mefme corpulence, qu’eft le Daulphin: n'eftoit qu'il eft 
quelque peu moindre.Il eft brun deflus le dos tirant fur la cou- 
leur celefte,mais il eft blanc defloubs le ventre.Il n'ha qu vneha- 
refte ou aelledeflus le dos, il en ha deux,vne de chafque cofte,& 
ha la queué tournee en croiflant. Toutes lefquelles aelles, queue 
& harefte, font de couleur noiraftre,a la propre maniere de celles 
du Daulphin.Il ha le nez mouce quafi comme arrondi. Somme 

| H. que 


PREMIER LIVRE 


ue fon exterieure defcription,conuient en toutes merquesauec 
celle del’Oye. Quant aux yeulx & autres conduiéts d'odorer, & À 
relpirer,& au conduiét de l’excremét& dela nature delafemel-  ® 
Le,& du membre honteux du mafle,& toute la refte des parties 
excerieures reflemblent auDaulphin,& pour lefaire briefiepre.  … 
tens quela prefente peinture le reprelentera au naturel. | 


Le portraict du Mar[ouin. 


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Riftote au fixiefme & huictiefme de l’hiftoire, ha parléaffez 

amplement de ce Marfouin, lequel il ha nôbré entre les poif- 
fons Cetaceos cet a dire qui font de grande corpulence,& qui ré- 
déc leurs petits en vie,& qu'il ait du lait commeles Daulphins, 
Pareillement Pline parlant de Tarfione,ou Tarfione, quieft a dire 
Marfouin diét qu'ils font femblables aux Daulphins: mais quel- 
que peu plus rigoureux, malfaifants a [a maniere que les chiens 
dé mer font de leurs becs,naiflants en la mer de Pont. Cela aef- 
cript Pli.de noftreMarfouf, l'aiät pour La plus gräd partie traduiét 
d'Arittote . Mais pour Phocena il ha tourné Tir/yo ou Tarfyo, 
nous auons changé vne lettre difants AMarfyo pour Tarfyo . Les 
Veniciens ont vne {emblable diétion pour exprimer le plus 
petit poiflon qui fe pelcheen la mer,lequel pource qu'ileft de pe- 
tite ftature,1l n’a point de fingulier:mais d vne voix pluriele ils 
le nomment Marfyoni: lequel petit poiflon ceuls de Marfeille nô: 
ment Cabafoni. Et pource que telle maniere de petit poition ne fe 
voit point par deça,ie ne fache point quel nom Francois il obti- 
enne entre nous. | 
| Defcription 


+ 


DES POISSONS MARINS, | 30 
Defcription d'Yn autre efpece deMarfouin furnommé vne 
Oudre, Chap. XL. 


À Iant acheué toute l'exterieure anatomie du Daulphin & du 
Marfouin,auant que proceder a l'interieure partic;il m'afem 
bléconuenable de commencer a deicripre l'exterieure peinétu- 
red vne tierce elpece de Marlouin,comme 'ay promis:iaquelle 
Yay faict portraire au naturel, {achät bien que la peinéture peule 
mieuls reprelenter les choles a 1 œil en vninftant,que ne fontles 
efcripts en longue elpace de temps.Elle fut trouuee dedens l'Oce- 
an,& pefchee au riuage du Treport,qui eft vn haure en a cofte 
de Normandie,& fut apporté par charoy a Paris. Ce fut 1 vn des 
plus grands poifions que i eufe onc veu.[e vuel prendre ceituy- 
ci en foy,que touts poifions qui ont quelque fimilitude auec le 
Mar{ouin,{oient indifreremment appellez Mar{ouins.Car encor 
qu'il fuft particulierement nommé de quelques vns du pais vne 
Oudre;fielt ce que generalement touts autresenle votant l'ap- 
pelloient du Martouin.On l'enuoya du Treportal’hoftel de Ne. 
uers a Paris,& ceuls qui lenuoyoientlenommoient du Marfou- 
in,comme nous auons veu par les lettres qu'ils efcripucient au 
maiftre d'hoftel,ne viants d'autre nom, finon qu'ils difoient lu 
enuoyer vn Martouin.Mais ceuls qui l’auoientamené, & plui- 
eurs autres quile venoient veoir, le nommoient vne Oudre,ou 
vn Neutre,les autres vne Ouette.Mais pource que Ouette eftyn 
nom qui femble eftre diminutif d'yneOye,&l Ovye eft le nom du 
Daulphin,il me femble que le nom d'Ouette luy feroit donné 
mal a propos:car 1l eft quatre ou cinq fois plus grand quen eitle 
Daulphin .Somme que les appellations les plus communes e- 
ftoient de la nommer vne Oudre,& Oudre en Francoiseit a di. 
Vter;quieft vneefpece de vaifleau a mettre quelque liqueur, 
foit eau, vin,ou huille, comme font les boucs, & peauls de 
chieures ,efquelles l'huille nous eft apportee en temps de qua- 
refme du Languedoc en France, maisiel’expoferay cy apres, 
quant j'auray mis la defcription de ce poifion. 
Et pour commencer a le delcripre par {a grandeur, plufieurs 
iugeoient qu'il eftoit pelant de plusdehuiét cents hures. 


H2. Qui 


PREMIER LIVRE 


Qui le mefuroit aux pas en cheminät,onluy en trouuoit trois: 
mais meluré plus feurement& plus iuftemér,1l auoit neuf pieds 
 &deimy.Il eftoit fi gros par le crauers du corps,que deux homes 
fe cenants par Les mains a peine l'euffent fceuembraffer. Mais iu 
ftemét empoigné par le trauers du corps auecvne corde,puis me- 
furee,elle auoic fept pieds: & depuis le nombril du poifion qu’il 
ha au milieu du ventre,iufques a l'efpine du dos en trauers;1l ha- 
uoit trois pieds& demi. La lune de fa queué entre les efpaces des 

cornes,auoit demie aulne.Cefte eit la defcription d vn bien gräd 

poiflon:lequel touteftois prins aux rets,n'a non plus de forceque 

auroit vn autre petit poifion,& principalement fi la queuë eft 

empettree:car 1l ha les aelles moult petites pour la grandeur de {a 

corpulence:& eftant prins,n'aiant point de {ecoufie a foy darder, 

par cela il demeureaftoibli,n’aiant plus de force a fe remuer.il ne 

pourroit aufli eftrelonguement en vie pris dedens les rets ,qu'il 

ne mouruft {uffoqué par faulte d'air, non plus que touts autres 

poilions qui ont poulmons,comme Veaux demer, Tortues de 

mer, Rats d'eau, Marfouns,Baleines,Lutres,Caftors, Daulphins, 

Chauldrons.Celui duquel ie parle maintenät,eftOrca, il ha Le nez 
beaucoup plus camus & mouce que n’ha le Daulphin: & pource 

quileit de plus grand corpuléce,auffi ha il fon bec ou nez beau- 

coup plus gros,mais leDaulphin l'ha bié plus eftendu en logueur: 

car combien qu'il {oit de moindre corpulence,touteffois 1l ha le 

nez pluslôg.La mafchouere d’embas de ceft Orca,eft plus lôgue 

que celle de deflus,ronde,& moult charnue.Les deux aelles dont 
ilen ha vne de chafque cofté, dont il fe {ert pour nager,me fem- 

blent plus petites,qu'il ne conuient a la proportion de la grädeur 
de fon corps.L'harefte qu'il ha deflus fon dos,eft efleuee droicte 

& petite au regard du demeurant. Tout ce poiflon femble eftre 

enueremenc couuert de quelque cuir come le Daulphin & Mar- 

fouin:aufii eftil {ans elcailles ,noir {ur le dos, & bianc defloubs 

le ventre.Il eft de forme toute ronde en longueur,gros par le mi- 

lieu du corps, & eft eftroiét en diminuant par les deux bouts, cô- 
me eft Vn pot al'antique,ou vn fufeau panzu. Il ha les yeuls 

moult petics,entre lefquels deffus le fommet dela tefte,eft le co- 

duiét de la fiftule,par laquelle il infpire & expire.Sa langue neft 

| | entiere 


| 


DES POISSONS MARINS. 23 


entierement libre,& eft femblable a celle d'vn Daulphin. L'en- 
droiét de {a gorge par le dehors aux bafles narines de la langue, 
eft gros comme pourroit eftre a ceuls qui ontvnfecond mento. 
Les deux petits pertuis de {on ouye;encor qu'ils foient moulte. 
ftroiéts comme auDaulphin, touteffois ils apparoiflent quelque 
peu.La mafchouere de defloubs eft fi pefante,qu'elle tumbe d'a- 
uec celle d'enhault,quant le poiflon eft deflus le ventre & luy tiét 
la gueulle ouuerte,qui eft fort bien armeede bonnes dents. Au 
furplus,quant eft de ce que nous pouuons efcripre de fon exte 
rieure anatomie,ie puis direqu'ileiten toutes notes correfpon- 
dant auDaulphin,excepté qu'il eft quatre ou cinq fois plus grad. 
Tellementque ie penioye au comécement que ce fuft vn Daul 
phin,d'autant queie n’y trouuoye difference finon envne excef 
fiue grädeur. V ray eft que l'ay trouué quelques particulieres cho 
fes que i ay obferuees,lefquelles m ont enfeigné que ceftuici foit 
particulierement de fon genre,difterent auDaulphin.Mais pour 
ce que j'ay toufiours eu la couftume,que en l'endroiét ou 1 auoie 
ditficulté des animauls qui fe reflembloient,de leur regarder les 
dents,apres diligente infpection & côfideratié de celles deOrca, 
l'ay cogneu l’euidente difference d’entre luy & le Daulphin. Car 
le Daulphin ha iuftement autant de dents en vne des mafchoue- 
re, comme ceftui ci en ha en toutes les deux, ou bien di- 
ray mieulx, qu'il ha autant de dents en l'vn cofté de la maf- 
chouere,que ceftuyci en ha en toute vne entiere Laquelle cho- 
{eïay facilement peu experimenter a l'œil:car nous l'auons co. 
feree a l'encontre des mafchoueres des Daulphins que nous gar- 
dons de long temps:maintenant les mafchoueres auec les dents 
du fufdiét Orca,ia nettoyez & defcharnez font chez monfieur 
le garde de feaux Bertrandi:lefquelles dents nous auons compte 
eftre quarante en chafque mafchouere,ne côprenant point qua- 
tre petits rudiments qui font deuant, & les plus grofles {ont au 
nôbre de vingt de chafque cofté des mafchoueres,qui font mou 
ces,mais celles du derriere font poinétues 11 y en ha en tout qua- 
tre vingts, moult blanches,\ongues en rond,difpofees par ordre, 
diftantes l’yne de l'autrecommeau Daulphin. L’os de [1 maf- 
chouere d'ébas eit quelque peuvoulté&eft lôg d'yvn piedg&demy. 
L'ouuerture de {a sueulle n'eft guere plus fendue qu'eft celle du 
H3. Daul 


PREMIER LIVRE 


Daulphin,mais touteffois il ha bié la gueulle plus large.La figure | 


de fa queue approche plus de celle du Daulphinque du Marfoui, 
toute{ lois elles fe retfermblent toutes trois.Ce poifion n’ha pasfeu 


lement efté veu pour vn coup,car iladuient quelques fois qu'ô 
_enprend d'autres femblables & de plus grands,mais fi rarement. 


queen dixansa peineen ferapris Vne douzaine entout Je riua- 
ge.ll nerefte rien a defcrire de fon exterieure peiéture,fin6 que 
celuy dôtie parle maïîtenät, eftoit femelle, qui auoit vn petit de- 
dés levétre,lequel pour lors n’eftoit encor pas paruenu a iufte gr 
deur, car c’eftoit au commencement de may,mil cinq cents cin 
quante& vn,touteftois il eftoit defia fi grand, qu'il auoit deux 
coudees de long.qui eft vray argument que cepoifion fuft en ef- 
pece different au Daulphin,8& Marfouin.Cefte femelleauoit des 
mamelles,vne de chaque cofté,qui eftoient moult manifeftes, 
tellement qu'ilhaefté libre a vn chafcun deles veoir, defquelles 
lespetits bouts eftoient cachez dedens vnefente, mais onles ti- 
roit facilement hoïs de ladicte"fente quandon les pin{oit auec 
les ongles:non pas quele bout dela tetine euft vne tefte comme 
ha vnautre animalterreftre, mais feulement vn petit bout delié, 
duquel les petits Oudreaux tettent le laiét des mamelles,qui f6t 
cachezcôme ie diray en defcriuât{6 interieure anatomie. V oila 
ceque i'auoyea dire touchät l'exterieur de ce moult gräd poifl6, 
qui ha efté fpeétacle au peuple de Paris,car ils le Venoient veoir a 
l'hoftel de Neuers par grande fingularité. 

Difcours prins des autheurs,touchant ce quäls ont efcript 


du poiffon nommé Orca. Chap. XLVIII. 
J'Auoye defia defcript ce poiffon auant l’auoir nommé denom 
antique:maîis apres que i eus long temps fongé deflus, & que ie 
trouuay tant de merques qui le mediftinguoient du Marfouin, 
Chauldron,& Daulphin,ie fongeoye quelle antique appellation 
il pourtoit obtenir.Defia n'eftce pas Prifles ou Priflis: carileft ma 
nifefte que le poiflon que les Francois nomment yn Chauldron 
eft Prifles. Lequelie n ay point voulu defcripre d’auantage en ce 
lieu(combié qu'il euft peu conuenir a cefte matiere)pourceque 
ie n'en auoye point la peinéture. Auffi n’eftce pas Phyfeter, car 
il fault(Lileft vray cequ'on enefcript)qu'il foit plus grand poif 
fon que ceftuyci.Mais quand i'eus enquis,particulierement des 


ht à 1-0 


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Ca 


DES POSISONS MARINS. 32 


noms que ceuls qui l’auoient amené luy bailloient & que reu en 
tendu que plufieurs le nommoientvn Oudre, les autres vn Ou- 
tre (vray eit comme j'ay diét, que generalement le cômunpo- 
pulaire lenommoient Marfouin)& 1achant bien que vne Oudre 
tient l'appellation d'vn vaifieau a contenir de l'eaue ou du vin: & 
auffi que Orca tient le nom d'vn vaiffeau en Latin fignifiät quafi 
la meime chofe que faict vne Oudre,il ne m'a efté trop difficile 
de luy trouuer vne appellation antique:veu melmement que la 
propre appellation francoile mel a enfeigné.Ie l'ayoye deicript 
ignorant {on nom ancien: & n ay rien adioufté depuis en la de- 
{cription, finon ce mot Orca:a fin quefi ie failloyeen le nommaät 
de ce nom ancien, {a defcription demeure entiere, pour celuy au 
quel il appartiendra. Toutes les notes de ce poiflon me contor- 
tét a lenommerOrca, ilfutainfinommé desanciés,pource qu'il 
reffembloit a vn long vale, queles anciens nommoyent Orca, le- 
quel auoit deux bouts,ou extremitez eftroictes, & eftoit gros & 
rond par Le milieu. Voila quant a la defcription duvafe,dont il ha 
gaigné ce nom.Mais quant ala defcription dudiét poiflon reci- 
tee par les anciens,ie trouue aufli qu’elle {oit correfpondante en 
toutes merques à l'Oudre.Car Pline diét qu'il ne peult eftre pro- 
prement reprefenté ou defcript fin6 d'vne groffe male dechair 
aiant cruelles dencs:& que fon efchine eit comme le dos d'vn 
bateau renuerfé monftrant la carenne. Ecqu'vn tel poiflon fut 
veu au port d'Oftie a la bouchedu Tybre:& qu'il fut cobatu par 


_ l'Empereur Claudius,qui eftoit Lors à Oftie pour y faire edifier Le 


port. Maintenant l'on peult iuger,que les medalles de Claudius 
Cælar, efquelles il feift portraire vn Neptune aflis deflus vn poil- 
fon tenant vn trident en la main, aient vne Orque ou Oudre, & 
que ce ne {oit pas vn Daulphin qu’on y veoit portraict: aufli la 
penétureretire plus a vne Oudre qu'a vn Daulphin. Cepoiflon 
diét Pline,auoit {uiuy des cuirs d'ü nauire qui vencit des Gaulles 
qui l’eftoit peri,&delquels f'eftät repeu plufieurs iours a Offie, il 
f'eftoit faiétyn canal dedés le {able,ou feillo dôt 1l ne pouuoit for 
tir,ne retourner enla mer:& ainfi deieété au riuage,1l demeura a 
fec,&luy apparoifloit feulemeét le dos come la carére d’yn bateau 
renuerfé,& que les fouldards de l'Empereur luy coururent fus 
auec leurs picques & Le cuerent, & qu'il en feift celle fois vn 

fpectacle 


PREMIER LIVRE 


fpectacle au peuple Romain. Qui vouldra en veoir d’auantage, 
& aufli de la guerre cruelle qui eftentre elle &les Baleines,lifele - 
cinquiefme liure d'Opian,& le neufiefme dePline,carieneveuil 
racopter toute l'hiftoire: il me fuftic d’en auoir efcript ce qui me 
peult feruir a prouuer ce que ren pretens efcrire.Et auant proce- 
der a foninterieurepartie;apres que 1e ay defcrite par le menu, 
il m'a femblé confequément eftre téps den bailler le porcraïct. 


La pein£lure de l'Oudre,que les Latinsnomment Orca ou 
Orcynum. 


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14 
Art cree 
is tt 


N'aiant rien oublié a defcrire en ce’ premier liure de ce qui appar: 
tient a l'exterieure peintture du Daulphin, & des autres que ï'ay 
peu recouurer quifont de [on efpece.il m'a femblé eftre temps de 
faire fin, & de commencer a ce quirefte a efcrire des parties intes 
ricures. 


Ein du premier liure.. 


Le fecond lure de 


LHISTOIRE NATVRELLE DES 
ESTRANGES POISSONS 
MARINS, 


AVEC LA VRAIE PEINCTVRE 
€ defcription des partiesinterieures duDaulpbin, 
& pluficurs autres de [on cfpece, 


 Obferuse par PierreB elon du Mans. 


du le fous Ÿ GAAG 7h evuyis 


A morifeigneur monfieur le reueren- 
 DISSIME CARDINALDE CHASTILs 
LO N,liberal Mecœnas des hommes fludieuls,entiere profperité. 


M Onfcigneur,aiant fini le premier liure,auquel ÿ ay ample 


ment [pecifié,ce qui appartient l'exterrieure defcription 
tant du Daulphin,que de plufieurs autres poillons de fon efpecc: 
& baillé le portraitt de beaucoup d'autres,lefquels day fai£t retis 
rer du naturel,ainfi que les ay trouuez a propos, pour prouver ce 
que l'auoye entrepris de Vous verifier:maintesant ray propolé def: 
crire en ce fecond liure,les parties interieures, defquelles ie bailieray 
lesvrayes effigies,en preuue de ce que ê'en diray:puis apres Y'adious 
fferay feulement quelque petit nombre d'autres pein£tures des poif 
ons conuenables a cefle matiere, car combien que f'aye grand nos 
bre d'autres portraitts,lefquels vous auez Yeus,toutel fois ie n'y en 
mettray nonplus que ie trouuerray conuenir a ce que t'en efcriray, 
craignat que fi enmettoye en ce lieu mal a propos,ne le trouuiffies 
mauuais®veu mefmement que les referue a Vous les fpecifier en 
autre language, & auffien faire ainfs qu'il ‘Vous plaira le me 


commander. 


| | 34 
De l'affinité qui eft es parties intericu- 
RES DE LOYE OV DAVLPHIN ET 
du Marfouin conferees les Vnes aucc les autres. Chap.I. 


ss Scât ia arriué a la defcriptio des inter'eures parties du 
AS LENS Daulphiné&des autres poitios de 16 eipece, il in 4 1em 
V4 RS | blé eitre couenable de comécer par la dutinction des 
D ES entrailles duDaulphun,coterees auecleMarionin Car 
to :t alifique les trois poifios que 1ay deiius dicts ont grad aftinil 
té en l'exterieur,auiii l'ont 1ls en l'intérieur: quieit choie bié eui- 
déte a qui les veult obieruer. Et come ils onc queiques particulie 
res diitinét16s par le dehors,roucainf les ont 1ls par le dedés.Mais 
a fin d expoier toutes choies le pl? fuccictemét qu'il me fera pot 
fible,1e prédray chaique partie a parfoy en faifat coparatio cel v 
ne a lautre.Ec pour nelcriretat de redictes,il fault entéare que ce 
qui conuient a | vn,peult aufii conuemir à lautre. Les entrailles 
du Marfouin {ont generalement plus robuftes que neiont celies 
del Oye ou Dauiphuin:car le Dauiphin ha les inteitins moult tra 
giles,& grefies au regard du Mariouin.La fiftule de | Oye qui en- 
tre au conduict de deilus ia tefte, eft moins aduancee l eans que 
neit celle duMariouin.Touts deux ont les poulmons de fembla 
ble façon & en ce ditterents aux poulinons humains,quils n'ont 
que deux lobes ou pieces, l’vn a dextre, l'autre a feneftie:entre lef 
. quelseit ie cœur,ieimblable a celuy de l'hôme, excepté que l'hô 
me eftant vn animal qui ie tient coufiours droict l'ha perdu def 
foubs,mais le Daulphi &Mariouin,eftats a dét,| ont droiéteméc 
entre les deux pieces ouLobes des poulmos:& le cœur de 1Oye 
ou Daulphun , encor qu'il foit d vn poiflon {ans comparaiion 
plus petit que le Mariouin, fieft ce qu'il fera plus grand & plus 
rond que cel1y d ü grand Martouin, voire fuft le Marlouin trois 
fois pl” gräd que n eit l'Oye. Le foyc de couts deux,n eft fin6 dü 
. piece nou plus que eft celuy de l’homme, auffi eft 1l femblable a 
celui del'homme maisles petitslont quelque peu plus diuifé 
que nontles grâds.Laratte de tous deux,neftroure env ne maf 
ic, mais eft elparfe ça,& la,contrel eftomachattachee a de pe. 
tits ligaments,& toutetfois celuy del Oudre n’eft fin6 d vne pie 


ceronde,& la ratte du Daulphin eft plus grande que neft celle 
‘ARE, du 


LE SECOND LIVRE 


du Marlouin.Ettoutainfi quel Oye ha le bec long, auffiha il La 
langue de mefme:maisle Marfouin a qui le nez n'eft pas long, 
aufli n ha il pas la langue filongue.Les langues de touts les deux, 
ne font pas du tout a deliure,parquoy Ariftote diét que le Daul- 
phin pourroit bien faire quelque bruit, comme font les muets: 
mais pource qu'il n ha pas la langue du tout defliee & deliure,ne 
aufli les leures,1l ne pourroitpronôcer vnevoix articulee. Le croy 
bien qu'il a puifleaduancer entre les dents,mais non pas la tirer 
iufques hors de la bouche.Elle eft féblable a la lâgue d'vn animal 
erreitre,& principalement d'vn porceau,n'eftoit qu'elleeft fran. 
gee par lebord.La langue de l’Oudrene left finon vn petit par le 
bout de deuant.Il refte encor a dire vne merqueinfallible qui les 
diftingue par le membre honteux:car le membre du Martouin, 
eftant mort,eft aufligros & grand,qu'’eft celui d'vn hommeen 
vie quand ill ha tendu, voire des plus gros qu'on fache trouuer: 
mais l'Oye,ne l’ha gueres plus gros qu'eft le poulce, & ne pañle 
pas huict ou neuf doigts en longueur. Touts deux l'ont poinétu 
comme ont les chiens,& aufli ont les genitoires qui font longs ca 
chez au dedens,gros comme vn œuf de poulle, &fontcartilagi- 
neux a l'extremité. Touts deux ont le pertuis de lagueulle moult 
eftroicte:dontie meluys fouuenteftois efmerueillé commét ils 
pouuoient aualler de fi gros poiflondocils fe paifienit, mais com 
me j'ay defia diét,1l fault qu'ils fe renuerfent en les prenant, ou 
bien qu'ils fe renuerfent en l'eau pour aller gaigner le poiflon qui 
iaturellement f en fuyt au fond vers terre,acelle fin de trouuer 
les algues & autres bagages a fe cacher dedens. Maisle Daulphin 
qui n'aualleiamais vn poiflon aurebours,faduance pour le pren- 
dre par la teite, laquelle il met La premiere dedens fon gofier,8&c 
fequemment l’aualle dedens fon eftomach. C'eft vnechofe que 
'ay facilement cogneu en plufieurs Daulphins 8&:Mar{ouinsque 
j'ay fouuenteffois ouuerts, efquels ray trouuay plufieurs poif- 
fons que ie ne penfois pas qu’on les euft trouuez en l'Ocean. 
Car le Daulphin & le Marfouin auallants indifferemment 
toutes efpeces de poiffôs en vietouts entiers, ontleftomach fort 
calleux &dur par le dedens,&bié muni,contreles iniures des ha- 
reftes des poifions qu'ils auallent commeViues,Scorpiôs,Sargs, 
Perches,Pourpres, Orphies, Caferons,Seiches,Côgres, Mullets, 

Rougets 


> 


DES POISSONS MARINS: 3$ 


Rougets,&autres femblables qui ont fortes hareftes.Lequel efto. 
mach eft {éblable a celuy d'yn porceau, mais il eft quelque peu 
plus long:& qui le vouldroit remplir de liqueur, & le croiftre en 
l'eftendant,il contiendroit facilement trois quartes d'eau: qui ne 
eft pas chofe difficile a croire, car mefmementceuls dela mer 
Maieur ou Pont Euxin,enuoient les Cauiars rouges & noirs a CG 
ftantinoble dedens les eftomachs des Efturgeos:& ceuls de Min- 
grelie n'aiants yfage de pots ou vaifieaulx de bois, rempliflent les 
pances des animaux de leur beure,{oit de vaches ou brebis,qu’on 
apporte vendre a Côftätinoble. Voila quät a la Päceou eftomach 
duDaulphin & Marfouin,auquell Omentam qu'on nome en Fran- 
coys la Taye,elt attach ee au fond, commeelle eft es autres ani. 
mauls:& couure quafi touts les inteftins qui {ont defloubs, mais 
elle n'eft guere grafle,& eft fort fimple,& moult deliee.Le ventre 
inferieur du Daulphin,& Marfouin,ou font lesinteftins,eft fepa 
ré par lediaphragme,de celuy d'enhault.Leur cœur eft enuelopé 
dedens le Pericardiym auec vne bien grande quantité d'eau clere 
enfermee leans:lequel ha deux aureilles, & deux ventricules, & 
pour le faire brief,1l eft en toutes fortes féblable au cœur humai 
Pareillement les poulmons fe penuentenfler de vent, f'ils font. 
foufflez par la fiftuleou Aufte qui eft attachee a l’herbiere ou ar. 
tere:laquelle eft en ce differéte a celle de touts autres, qu’ellefoit 
a deliure.Le Larinx du Daulphi que les Erancois romment la Lu 
ette,eft longue comme vn petit tuiau que nous voions feruir de 
anches aux cornemufes.aufi eft elle fichee en fon conduiét de la 
mefime maniere que lefdiéts tuiaux font fichez en leurs boiftes. 
Car la fufdiéte Luette ou epiglotis qui ferme le conduict,eft faiéte 
a la maniere de deux petites charnures de la grofleur & quafi de 
la façon de deux demiesnoix, tellement qu'il n y à aucunepartici 
pation de conduiét a refpirer entrant en labouche comme es au 
tres animauls.Car pofé que tout autre animal& l'hôme feeftoup 
pent le nez,ilsne laiflent pour cela a afpirer par la bouche & auf 
firefpirer,mais il n’aduient pasainfiau Daulphin,car le coduict 
qui va a fes poulmons,n'eft aucunement percé en l'endroiét du 
gofier,ains ha feullement vne cauité deflus le front , au dedens, 
{eparee en l'os d’yn petit entredeux qui eft pource que cefte en 

Aa. €- 


LEZ SECOND LIVRE 


le cartilagineufe f'en va inferer dedens les deux dictes pieces ou 
lobes de; poulmonas.c'e:t par icelle qu'il rait bruire l'eau en retpi- 
rant,car il laiectéen ur detrelgranieroideur en laulcant hors 
dela mer. 

| À Jéauoir file Daulphin & Marfouin fortants bors l'eau 


Viennent en L'air pour re]pirer,ou pour a)pirer. Chap. Ii, 


l'Ay long téps efté en doubrevoiätleDa ulphi&Marfouinvenir 
en l'air icauoir {ils venorét alpirer ou respirer .Ët come ceuls qui 
nouét entre deux eaux , ont aipire auatie metreen l'eau, & ré. 
pr leurs poulinôs je vét, cour ainfi fe peult dire de touts autres 
animaulx de mer qui ont poulmons comme Eaux, Lortues, 
Mariouins,& Daui phins,qu ils viennent en I air pour aipirer & 
reprendre leur haleine. Mais il fault dire qu'ils ÿ viennent pour 
faire couts les deux:car apres qu'ils ont cité long temps en la mer 
Lans prenare haleine, la chote qu'ils font a premiere ett deicéter 
hors celuivétquils auoiéc porté en la mer,car lortats hors,on les 
oit bruyre en iectant du vent & de l'eauen l'air,& fault foubdain 
qu'ils eu reprenaenc d autre,car 1] n'y en ha poinc en la mer, tel. 
lement que qui auroit lié yn defdicts animauls au fond de [ eau, 
il {eroit incontinét fufoqué par faulte d'haleine. Voila quät aux 
initruments de Ja reipiratiô,&pourq uoy lonveoit tels animaux 
{e monttrer hors | eau fi fouuent.Mais encor ÿ ha Vnautre poict 
digne ce plus grande contemplation, qui gift en 1 anatomie du 
Daulphin,& autres poifions cetacees,qui ne peult eftre deichifré 
Lans admiration de nature,comeie diray en ce {uyuat chapitre. 


Que leDaulpbin ne fe peult repailre finon tourné a la ré 
uerfe en prenant l'autre poiffon Chap. III, 


£ poinét montftre Îe grand foing de nature qu'elle ha desani- 
mauls qu'elle produiét, c’eft que ou les autres animauls ont 
artere encontte la gorge, celtuyci y a le gofier:qui eft vne chole 
qu on peult facilement apperceuoir en luÿ fendant les mafchoue 
res auec vn coufteau,& {uyuant iufques a [ eftoimach. Caron ne 
Hrouuera point de pertuis qui refponde a l'arterecomme lon 
VEOIt es autres qui ont poulmôs.C'eft ceque Ariftote auoit de 
| u 


DES POISSONS MARINS. 36 


lu entendre quandil efcript,que les Daulphinsontla gueulle au 
dedens de lendroiét dureuers. & fi1ls l'ont de la partie dela ren 
uerfe,aufli faultill'ilsveulent manger,qu'ils foient réuerfez. Auf 
fi dié 11,5 infra parte fapina Delphini babent,quamobrem niji conuerfirefu- 
pinentur, cibum corripere nequeunt. C'eftla vraye raifon qui rendles 
Daulphins contraincts de ferenuerfer,en mangeant & prenant 
leur proye en la mer. 
De l'anatomie des inteflins & autres parties interieures du 
Daulpbin & Marfouin. Chap.  1IIT. 
ES foies de ces deux, & autres féblables touchent le diaphrag- 
me,aufli {ot ils defloubs La partie du dehors, & ébrafét l'efto- 
mach par deflus,& le munifér de touts coftez: lequel eft entédu 
en longueur.LeurPylors,qu 6 nômevneCaillette enFräcois,pour 
ce que les villageoites prennent la tourneure en telles Cai lettes 
doc elles font cailler leur laiét:lequel Pylorus eft figräd, qu'ilcon- 
tient quafi la tierce partie d'autant, comme faict l'eftomach, & 
auffi eft long quafi de demy pied. Les autres inteftins fuiuants 
ceftuyla,commeeft le leinmium, & le Ileon font repliez en maints 
deftours,comme nous voions es frafes de veau. Et celuy qui eft 
nommé Cecm,n eft point trouuéentre les inteftins duMarfouin 
& Daulphin,& leinteitin, ou eftle pertuys de l'excrementqui 
eft nommé ReËtum, eft contre la reigle des autres animaux pl 
grefle au Daulphin;que ne font touts les autres inteftins:& tou- 
telfois il debueroit eftre plus gros & plüs large.Ils defcédent d'en 
haulc le 169 de l'efpine cout droiét,fans fe deftourner nulle part. 
Toutslefquels inteftins,font ainfiattaches au dos par la liaifon 
des veines meferaiques,& par Les ligaméts,& par les tuniques du 
Peritoneym,en {orte que fi on les deftache d'vn {eul endroiét ou el- 
les l'entretiennent,elles fe peuuent enleuer toutes enféble. Leurs 
veines font inferees par lesextremitez au tour des inteftins: qui 
vôt fe terminer a la groffe veinenommee Porte:laquelle leur eft 
moult apparente & plus grofle que le doigt. Nous y auons comp 
» té douze coftes de chafque cofté,n y comprenant point les claui 
cules,ne les autres courtes nômees les faulfes coftes, fur lefquel- 
… lesla veine Azigos eft couchee au cofté droiét moult apparente, 
_ & feftend en plufieurs rameaux en chafcune des veines ou elle fe 
vaterminer, | | D es 


LE SECOND LIVRE 


Comparaifon des mamelles du Daulphin contre celles 
de touts autres animauls.Defquels Les ‘Vus les ont ex 
la poittrine,les autres le long du Vétre,les autres aus ey 
des. Chap. Y. 


Emblablement aufli eft veue la veine caue,c'eft a dire la veine 

creufe,qui fort du foie, laquelle il ha enflee plus grofe que le 
doigt, plaine de fang,eltendue le long du dos : liquellepuis 1e de- 
part enrameaux,& monte par le derriere du membre honteux 
de la femelle, 8 va porter l'alimenttant en la matrice que aux 
mamelles ou fe faict le laiét:delquelles mamelles, ie parleray cy 
apres plus amplement.Leurs rongnons font gros de chafque co- 
fté & {pongieux;lelquels j'eftimoyeauparauanteftre Les mamel 
les:maisles mamelles font cachees defloubs la peau entre les 
mulcles de l’epigaftrele long du ventre,il eft facile a les trouuer 
incontinent, filon {uit le petit bout exterieur:car enuiron d'vne 
paulme loing des bouts des tetins;il y ha vne charnure ou carun 
cule,qui f’eftenden long, côpofee d’vne chair molle,fpongieufe 
& rouge;,qui reçoit le fang,tant des veines dela poiétrine,que de 
celles des eines, lequel nature y conuertien laiét.Le Daulphin 
& Marfouin & plufieurs autres poiflons qui ont poulmons, n'ont 
que deux bouts es mamelles:mais nature ne l'ha pas faiét fans 
raifon.car comme nous voions la femme enfanter Le plus fouuét 
vn feul au coup:auffi nature ne luy ha donné que deux tetins, fa 
chantbien qu'ils peuuent{uffire a vn feul. Semblablement les 
autres animauls aquatiques ou terreftres qui n'ontqu'vn petit a 
la fois,n’ont eu affaire de plufieurs mamelles: defquels il y en ha 
qui les portent en la poictrine,come {ont les chauues fouris,que 
Pline auoit au parauant efcript, laquelle chofe1'ay n’agueres trou 
uéeftre vraye par leurs anatomiesfaiétes dedens [a grande Py- 
ramyde d'Aegypte,& dedens leLabyrinthe de Crete.car ray veu 


pe 


les meres baillantsa teter a leurs petits de leurs mamelles du lait 
qu’elles ont en la poiétrine.Vne chofe qui m'a femblé digne de 


grande admiration en elles,eft qu'elles ne font point nid. Car el- 
les fe pendét en l'air de leurs crochets des aelles,enallaiétäts leurs 


petits 


_ DES POISSONS MARINS. 37 


petits qui font femblablement pendusaux pierres des voultes. 
Les Singes pareillement ont des mamelles en la poitrine . Ce 
qu’on ha auili efcript des Sphinges.Mais les autres animauls qui 
ont grand nombre de petits a nourrir,comme T'aul pes, Sägliers, 
Henifions,Porcs efpis,& autres femblables ont eu befoing de plu 
fieursbouts es mamelles, lefquelles font eftenduesle long du ven 
tre,comme nous voions es chiennes.Les autres qui ne nourrifiét 
qu'vn petit a la fois,comme Girafes nommees en Latin Charelo- 
pardales, Elephants,Chameauts,[uments,Chamois, Boucs eftains 
n’ôt eu affaire que de deux bouts. Toutefois les tettes de to? les 
{ufdiéts animauls font eminents au dehors. Mais iis font cachez 
au Daulphin de moultgrand induftrie d'autant qu'ils participét 
. de l'artifice dont ha vié nature en les defluidiéts.Car leur potiti 
on eft comme font les tettes de ceuls qui portent plufieufs ant- 
mauls, qui Les ont le long des mufcles de l'Epigaftre ou Abdomen 
finonquils font cachez aefloubs la peau. Mais les bouts des tet 
tes du Daulphi que les Latins nôment Papillas, & que les Fracois 
champeftres appellent traions,ont leur fituation a la maniere des 
animauls a quatre pieds, qui ne rendent qu'yn petita la fois, let 
quels nature luy ha cachez au dedens; pour la diicomodité qu'ils 
euflent faiét au poilfon, {ils eufent efté dehors, d'autant que cela 
euft efté empelchement a fa vifteffe. Les vreteres du Daul- 
font veues manifeftes defcendre en la vefcie tant des maîles que 
desfemelles:laquelle vefcie eit aufli grande comme celle de la 
Grenoille de mer. Nous l'auons enflee & emplie, ou nous auons 
trouué qu'elle contient vne chopine d’eau. Neles Daulphins ne 
la refte des autres de leur genre, n'ont point de fiel, qui me 
femble chofe eftrange:car mefmement en mangeant exprelice- 
ment de leur iñteftin nommé Pylorss, lequel eft celuy qui enuoie 
les excrements au fiel,nous l'auons trouué amer,commet il euft 
efté participant de quelqueamertume defiel: & couceitois ne e- 
ftomach, ne l'autre inteftin d'apres nauoient point ce gouli la, 
neauflile foie, lequel quand il eft bien accouitré, eft {embiable 
en faueur & au gouft du foye d’vn porceau: & de quelque en- 
droict qu'on en fache manger,il n'eft point trouaé amer.S1 eft ce 
quele fiel fert grandement a touts animauls quiont fang, & eft 

k. grand 


LE SECOND LIVRE 


grand chofe quele Daulphin qui et yn-animal tant fanguin, 
n'en ait point,mais nature luy ha baiilé quelqueautre voye pour 


lay repurger le mauuais fang.Les autres animnauls qui n’ont oît 
ÿ repurs P 


< lang, a ontaufli point de foye & par conlequent n'ont point 


de ñel. Combien queles Daulphins& Marfouins digerent toutes 
les hareites des poiffons qu'ils auallent,lefquelles ils confommeét 


en l'eftomach, voire les plus dures efbines &r hareftes des poifos, 
toutelfois ils ne digerét 1amais & ne confémétles pierres qui {ot 


trouuces es teftes: car nous leuren auons fouuenteffois trouué 
auec les excrements dedensle droict boyau,qui eftoientpreftes a 
mettre hors,& toutefois elleseftoient demouress toutes :ntie- 
res, come Cynede,Synodôtides, Trislites,&autres pierres {éblables.fls 
ont les inteltis mal aifez a nettoier pour mager:fi eft ce qu'on ne 
les iecte pas a Paris:car l’on trouue aflez de perfonnes friädes qui 
les achettent , & les habillent pour mangerdelicatement. 


Que toute l'anatomie du cerueau du Daulpbin, conuienne 
en toutes [es parties auec celuy de l'homme, Chap. VI, 


À chofe de cefte anatomie du Daulphin quinous a eftélapl 

admirable & {éblé artificielle ef le cerueau & fes pafties, car 
les nerfs qui vôt deux a deux, qu'on appelle les fept coniugatiôs. 
{ot beaucoup pP apparétes es Daulphis,qu'ils ne fontes noftres 
Melmes.Etauili quad l'os de 16 ceft eft delcouuert de fa peau de 
deflus,il féble propremét'eftre [e teft d’vn homme:car qui auroit 
couppé le bec al Oyeou aMarlou,le teft en refteroir rod, lequel 


regardé de toutes parts par le deuâtæ par Je derriere,par la famité 


& par les téples,on le trouueroit mieuls refébler a celui de lhom 
me,quenul autre teft quo fache choifir de to? autres animauls: 
car 1] ha les mefmes futures,qu'a le ceft de l’hôme,&entre autres 
notes les plus infignes fôtles os pierreux,nômez Lithoydi:defquels 
il en a vn de chafque cofte, &au deffoubs duquel le nerf de l'ouie 
entre au dedens du reft.Ces os font ineganls & durs comepierres 


creufes ou encauez par le dedens.l’ay parlé par cy deuant des faf 


diéts nerfs, qui fe rendent es conduicts de l’ouye, lefquels font 
fl eftroiéts es petits,qu’on ne les peult gueres bien veoir. Car en 
| tant 


2 % 
4 
+ 


" 
+ 


F 6 DES POISSONS MARINS, 38 


tant que nature luy ha nyé les aureilles,elle luy ha baillé ces pe- 
tits trous. Son cerueau elt enclos de es imeninges ou mem- 
branes,qui {ont fort robuftes.Les ventricules & les deftours du 
cerueau,iont correlpondäts a celuy del hôme,& ha ainfi la poite 
rieure partie ieparee de celle du deuant, defloubs lequel cerueau 
les productions des nerfs tant Opticdi, scolicoides, Adenes, que 
les autres,tortent a couples hors letelt,lesyns par l'anterieure par 
tie du cerueau, pour venir aux nafeaux,& aux yeulx,&a la ligue: 
les autres par lescoftez, qui fe referét aux ouyes & aux coduicts 
de La fexte coniugation. ‘l'outs lefquels font veus percer les me- 
ninges duteft .Et d'autant qu'il eft moult fanguin, les veines & 
arteres y {ont veues plus apparétes.Or apres que 14y amplemét 
detcript l'interieure & exterieure anatomie du teit du Daulphi, 
{cauoir eft de la ceruelle& des os, fuyuät ce que ray par cy deuäc 
romis.I en balle maintenant la pernéture:laquelieie fey premi 
reiment portraire en Italie fur celle qui eft defius la porte delavil- 

_ le de Rimuni,taçoit que nous l'euflions au parauant veue à Rom 
me chez mañtreGilbert,& a Bologne la grafie chez Cæfar Odoneo 
medecins:touteffois nous en auons aufli a Paris en noftre puifia- 
ce,qu'vn chafcû pourravoir coforme a cefte pretente peincture, 


Le portraift des offements de la tefte du Daulpbin. 


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LE SECOND LIVRE 


Pan 


Comparaifon faite de la nourriture des petitsDaulphins,es vens 
tres de leurs meres,auec celle des animauls terreftres. Chap. VII. 


ES Daulphins neles Marfouins & touts autres poiflons Ceta 

cees de leur efpece,que nous auons peu obferuer, ne portent 
point plus d’vn petit a la fois. Et croy que nature ne leur ait vou 
lu permettre autrement.Car les petits iont dix moys en leurs ve- 
tres,ou ils deutennent moult grands,tellement que quand ils en 
fortent hors, ils {ont defia d vne inufitee grandeur. Et fi les Daul- 
phins en portoient deux au coup,il faularoit qu'ils ne creuflent 
pas fi grands dedens la matrice,car elie en {eroit crop remplie, & 
n y auroit iufrifante efpace dedens le ventredes meres pour les 
comprendre:veu mefmementquellesles rendent en vie defia 
partaicts.Er encore que la matrice ait deux cornes, touteffois el. 
les font aflez occupees d'vn feul Daulphineau. L’yne des cornes 
de la matrice n'eft pas fi grande que l'autre.La queue duDaulphi 
neau eft quelque peu recourbee dedens la petite corne de la ma- 
trice,& aufli la fecondine ou tunique en laquelle et enuelopéle 
petit, laquelle les Grecs nomment cherion, les Francois l'arriere 
fais,ha vne longuepartie come vne queue pendante,quieft repli- 
ce iufques au fod de la fufdiéte petite corne.Laquelle fort hors la 
matrice auec le petit,quäd il eit paruenu au terme de fa iufte gra 
deur, Elle eft compotee d'vneinfinité de rameaux,de veines, li- 
gaments,nerfs,& arteres,tellement qu'elletembleeftre quelque 
mébrane {aignate moult efpoifle:touts les vaifléauls deflus dicts 
dontelle eft tflue,vont fe referer de l'yn a lautre, iufques à tant 


qu'ils foient paruenuz en vn corps compolé de quatre rameaux 


qui eft nommé Vrachus, auquel les François n'ont encor point 
trouué de nom propre al'exprimer,finon que en quelques lieux 
come auMaine,ils | appellent la Trippe du nombril,les autres la 
corde:laquelle trippe ou corde va feinerer dedens les membres 
interieurs du petit, par lenombril.Les vnsentrent d'yn cofté,& 
les autres de l’autre.Car en tant que le nombril eft colloqué au 
milieu du corps, | vne partie du diét Vrachss defcend contre bas. 
& lautre partie monte contremont,fcauoir eftquela moitie va 
finir iuftement en vne coche entre les lobes ou lopins du foye,af- 
{ez pres de la veine caue,& nommeemétbaillent le nourriflem se 


DES POISSONS MARINS. : 39 


du fang & l'efprit Vital, Animal,&Naturel,prouenant de la me- 
re,enuoyé leans par letdiéts ligaméts tant au cœur, au cerueau, 
& membres principauls,qu’au foye.Ce n'eft donc pas merueille 
files douleurs des matrices que nous nommons la mere, {ont fi 
vehemétes, veu qu’elles ont fi grâde tamiliariré & cômunicatio 
auec les plus nobles parties de tout le corps, & aufli que touts 
les corps font grandement tranfpirables, attendu que les petits 
mefmes infpirent & afpirét dedés les fecôdines es vêtres de leurs 
meres. Et pour prouuer cefte chofe.Qu'on tuevn animal pregnät 
& foubdain qu'on ouure la poictrine de fon petit, l’on voirra re- 
muer {es poulmons & fon cœur. Touchant ce poinét ie n'auray 
pas faute de telmoing de l'auoir veu en vn Chameau delaifie 
{oubs {a chargeen vne plaine d'Arabie au voiage de monfieur 
le Baron de Fumet gentilhomme de la chambre du Roy,en def- 
cendant a la ville nommeele Tor du mont Sinai au riuage de la 
Mer Rouge.le n’ay point eu de Daulphien vie qui fuft pregnât 
pour experimétercela,touteffois le Daulphin ha toutes ces mer- 
ques,mais 1] vit en autreelement.Or lefang enuoyé au foye eft 
difiribué leans & a l’eftomach & aux inteftins ou il eft cuict par 
la chaleur du foye:& entre par l'extremité des vafes en chafque 
partie interieure,tellement que toutes font nourries du fang ex- 
terieur,que leur enuoiela matrice par la communication de la 
fecondine.Etencorequ'il n’entre par la bouche en l'eftomach, 
& dela aux inteftins,fieft ce quil n’y a partie de dedens qui foit 
oyfeufe,car lon trouue mefmementledroiét boyau, autrement 
nommé le gras boyau,en quelque temps qu'on le regarder oul- 
ioursplein de l’excrement prouenant du {ang dont le petit eft 
noutri.Cat comme il reçoit du {ang exterieur dont ileft nourri, 
lequel ilne peult tout digerer,par confequent il fault qu'il fen 
face de l'excrement:duquel quandil eft fupertlu, fe petit l'en del 
charge en la fecôdine,;comme lon peult veoir chafquefois qu'o 
vient a l’ouurir,&en ce temps la lefufdiét droiét boyau nommé 
ReËtuminteflinñ,que i'ay dict eftre le plus petit es inteftins des pe- 
res,ileft le plusgros esenfants. Voilaquant a L'yn des rameaux 
de Vrachus quimonte au foye.L’autrepartie des rameaux deféd 
en bas,& fe vient femblablement inferer dedens la veine caue, 
en tenant la vefcie tendue contre mont,& diftribue de cela quil 
He k.3. por- 


RENE EEE + D D - id 


le 


LE SECOND LIVRE » » À 


porte tant aux veines deseynes queaux nerfs & arteres, pour F 
nogrrillement de toutes les parties 1nterieures.Au mulieu de ce 
quatre vaiilea uls,il y a va conduiét quile varendreleans envne. 
membrane nommee des anciens Amnios , laquelle éft robuite &. 
claire, mais elie n eit pas du corps de la tunique dy Crer autre- 
ment dict la fecondine.Car auilieit elle par ia parue de dedens, 
_compoies de deux pellicules enfermes auec le peuitdedensla tee 
condine,elquelles eft contenu vee liqueur reilemblanca l'eau, fi- 
non qu'elle eit vn peu plus vifqueuie,& y en a quantité ielon l'ex 
ge du petit:çar quandil ha fix moys,on y trouue bien yne quar- 
te de liquear-l'eufle pélé que ce fuiteité ion excremét de l'vrine, 
n'euit eité queie me {uys trouué a a fin du moys de feprembre 
&d oétobreen diuerles contrees & a pluñeurs tois a les ob{eruer, 
auquel temps les Daulphineaux & Marfouineaux eitoient encor 
fi petits en leurs vêtres,qu’a peine pouuoient il; auoir la grofieur 
d vne noix,& touteifois ils auoient defa ceite liqueur ; auquel 
temps la fecondine ou chwrton eftoit bien proporuonneea la gra- 
- deur des petits,car confequément elle l'augimente & croit quät 
& quant euls.Et ainfi fuyuant le tempsen portant leurs peuts du 
rat l'hyuer,primtemps,& bonne partie de Leité,les rendent avne 
parfaicte grandeur:tellement qu'ils Les peuuent garder dix mois. 
Et eu cela ie vueil bien conforter le dire d'Arutote. l'ay obierué 
en plufieurs Mar{ouins & Daulphuns ce que ay dict, car durant 
l'hyuer leurs perits fôt fi petits,qu ils ne iotgueres pl? grosqu'eft 
va barbeau:& touteltois ils ont delia grande quantité de liqueur 
claire dedens l’Amnios: & au primtemps eitants fort proches de 
leur iufte grandeur, ils en ont plus grande quantité: & confequé- 
ment l'efté enfuyuant eftants paruenuz a terme, les femelles {6c : 
trouuees deliures,& Les petits qu'elles ont mis hors en la mer,inça 
pables de fe paiftre d euls melmes: mourroient de faim, m’eftoit 
que nature pouruolant a tout ce quelle produit, aiant foing de. 
les nourrir,ha dôné deux mamelles à la mere,dorles petits bouts 
font de chalque cofté avn poulce Loing de leur membrehôteax, 
mais ils font cachez au dedens,& le pertuis qui les cacheeftcom 
me vue fente en la peau eftendu en longueur : lefquels les petits : 
tettent comme vnautre animal terreftre Ariftote ha diét tou-. 
tes ces chofes en moins de parolles, carileicript qu'ils portét dix: 
| mois 


1 
LA 


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» 


| Le petit eft trouué creu leans en yuerde l: croi 


DES POISSONS MARINS. 40 


mois,& qu'ils vont deux a deux mañie& femelle. Vn pañlige en 
Pline im a feinblé doubtable,quand il efcri pt qu'ils f'acouplent 


au printemps. Agant(dit 1] ) vere consyta. Et fi ainiieftoit.1lfauldroit 
pour les raifons que 1 ay diétes,qu'ilsenfantaflent en yuer. Mais 


les autres exéplaires de Pline ont, A ghitferè cütgia. Et juandores 
on liroit vere,peult etre que ce mot n'eft poit nom, ainsaduerbe 
verè.De moy fachant quils{’acouplent deux à deux & quilsne 
felaiflent point l’yn lautre,ie oferay penfer qu'ils habitent indif. 
feremment felon leur affection comme auffi fort plufieurs au- 
tres animauls.Ou bien voiant qu'ils ont vn temps deputé par na 
ture a f'engroffer & à enfanter:1lme femble que iene fauldray 
point en difant quils f'engrofenten B fin del efté,ou(côme dit 
Ariftote)en Autône l'accouplats mafle & femelle, & fe mettäts 


le ventre de l’vn contre celuyde l’autre; ala maniere des hom: 


mes:qui eft vne chole qu'on 1 aufiefcript des Ours. Reprenant 
maintenant les choles de plus loing,aiant par cy deuât parlé des 
membres honteuls des mailes, il refte a parler de l'anatomie de la 
matrice des femelles, & de leurs petits, & comme ils font cone 
tenus dedens l'Emfryon:car apres que j'ay trouué que lesDaulphis 
commençoient des l'autône a auoir forme def: gros comme y. 
ne noix, & qu'en yuer ils eftoient de la groffeur d yn Carpion,& 
ainfi voutez leans.& que au prim cemps ils font defia fi gros qu'6 
ne les peultempoigner des deux mains: & qu'en’efté ils {oient 
paruenus a quelque defmefuree grädeur telle qu'on n eflimeroit 


_pas:il m'a femblé en bailler la peinéture,tant des petits que dela 


matrice, lefquels eftoient au parauant enferimez d'vne tunique 


‘que f'ay fouuët nômee fecondine, laquelle aptes l'auoirrom pue 


l'ay couché le petit deflus,& faict peindre ainfi attaché par Je n6- 
bril,comme le prefent portrait demonttre.Ce que iay nommé 
tunique, les Francois le nomment l'arriere faix,de laquelle(com 
me ay dit)l’vne des parties entre en J'autre corne dela matrice. 
| eur d'un Carpi6, 
alors il ha fa queue rempliea pla, mais fur la fn du primtemps 
il l’ha quafi en cercle luné:&hal harefte de deflus,couchee contre 
le dos:&fi c'eft yn malle, vn petit bout du mébre hôteux luy fort 
hors:& fi c’eft vne femelle, le mébre femini apparoift fort euidét. 


+ 


_ 


LE SECOND LIVRE 


Ilsont aufñi les aelles couchees contrele corps. Les mafles oultre 
le pertuis de l’excrement en ont vn autre au defloubs:lequel per- 
tuis neftpointtrouuées plus gräds:& encor que i'aye voulu f{uy 
ure lediét conduit, ie n’ay fceu {cauoir quelle partil vaicarilfe 
depart incontinent en deux rameaux. Les petitsontvne merque 
memorable,qui eftvn enfeignemét de leur {ens d'odorer,ceftque 
aux deux coftez dela leure d'enhault aflez pres de l'extremité du 
bec; ils ont des poils de barbe, qui fortent hors la peau aflez lon. 
guettes,& durs comme foyede cheual:lefquels poils ne font pas 
en l'yncommeen l’autre.Carl'Oudre en ha quatre de chafque co 
{té mais le Marfouin n’en ha que deux.Suyuant ce que ray pro- 
mis bailler la figure d yn petit auec fa matrice, ïay bié voulu pre. 
mierement dire,que tout leportraiét ainfi que iele baille,eft no- 
méEmbryé:car aifieft nômee toute La matrice entiere auec le petit. 
La peinture del'Embryon d'vn Marfouin. 


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DES POISSONS MARIN S4 41 


LE petit eft en peinture deffus Le Chwries,ou tunique,ou l’arrie 
retaix, eftendu{ur la matrice; ainfiqu'il ha eité trouué de- 
- densl'vne des cornes, auquel l’Vrachus eft attaché au nombril. 
Lesteiticules dela femelle iont de chafque cofté deltoubs les cor- 
nes de la matrice.Les vreteres de la femelle font de chafque co- 
fte de la velcie,qui eft peinte fur Le col de la matrice. Voyla vne 
briefue explication de ce que l'œil veoit exterieurernent. 


27" E xplication de ce que la fufditte pein£ture contiét interieus 
rement. Chaps VIII. 


Ay defia diét que les membres honteux des Marfouins mafles 

-” auoient plus d vne paulme en longueur: fcauoir eft autant que 
comprend lextremité du poulce & du petit doigt, quiautremét 
eft la mefure de douze doigts:& que les mébres desDaulphis n’e- 
ftoient pas fi lourds ne gros:& qu 1ls n'auoiét point plus de huict 
doigts de longueur:par confequent auflifault il croire queles fe 
rnélles des fuidiéts ; aient membre correfpondant &proportion- 
nié aux mafles:& que les Marfoutnes,aient autre coduiét que les 
Daulphines.V ouiant donc maintenant pourfuyure d'ordre a n6 
mer chafque chofe de la fufdiétepeinéture,iecommenceray au 
premier conduiét de {a nature, lequel eft fort {patieux par dedes, 
mais l'entree en eft trôcee dé rides qui la font eftrecir: & combié 
que laDaulphine foit bläche defloubs le vêtre, fieft ce qu'elle ha 
le conduict honteux noir a l'EuirG, & a vn poulce loing aux deux 
. coftez,il y a deux petits trous fendus en logueur,qui{ot les trous 
dés mamelles:& au deffoubs de la fufdiéte bouche hôteufeicôtre 
bas,eft Le pertuis de l'excremét, qui eft fort rod & petit au regard 
du déflufdiét qui eft fédu en log:&a l’étree de ce defl° dit coduict 
hôteux1l y a quelq; petite pellicule ou reffort,qui péd de La partie 
d'enhault,laquelle ie ne vueil nômeren Francois,côbien qu’elle 
ait nom propre,car il eft honteux:laquelle cachele conduiét de 
l’vrine venant de la vefcie.Entrant quelque peu au dedens l'on 
trouue deux callofitez ou durtez des deux coftez quelque peu ef 
leuees correfpondantes aux hymenes, lefquelles tiennent le per- 
tuys du conduit honteux renfermé.La capacité de ce conduiét 
de la femelle, par le dedens;eft longue de quinze doigts de l'inter 

h | Le ualle 


LE SECOND LIVRE 


ualle ou diftance de l’vneentreeou bouche 2 l’autre: fcauoir eft 
de celle du dehors a l’autre qui eft interieure.Elle eft fort tiflue de 
rides, qui la tiénent eftrecie,& eft moult blâche par lededens,auf 
fi qui veult,elle f'eftend en telle largeur, qu'on y pourroit faire 
entrer vn œuf par l'exterieure entree honteufe, & le conduyre 
fans le rompre iufques a l'autre feconde entree, laquelle eft la pre- 
miere clofture, entrant par Le dedens en la matrice. Cefte fecon- 
de entree eft moult eftroicte,& pour la bien veoir,il fault la regar 
der par le dedens de la matrice, alors on trouue changement de 
couleur:car ou celle fubfdiéte capacité confiftoit en blancheur, 
alors elle prend finoula feconde entree commence, & la elle 
eft compofee aufli d'vne cheuelure, qui eft faiéte des extremi - 
tez de plufieurs veines & arteres, qui font de diuerfes couleurs, 
comme noires,rouges,blanches,bleuës,grifes, fe touchants l’yne 
a lautre.C'eft la que commence celle fecôde capacité quif’eftéd 
en la matrice,dedens laquelle Le petit eft enclos auecla fecondi- 
ne.La matrice eft embraffee par defloubs de touts coftez d'yne 
infinie cheuelure de veines,qui fe terminent parlesbouts de tou 
tes parts en ladite matrice, lefquelles fortent des rameauls dela 
veine caue,par le derriere du membre honteux,& fuyuét par les 
coftez montant contremont,& fe inferent par le defloubs fur la 
matrice. Mais Le petit eft leans enuelopé de fa fecondine, laquel- 
le fort quant &quant luy,dedés laquelle il eft totalemententour- 
né de toutesparts.C’eft vne notequi ne conuient pas atoutsani- 
mauls quirendentleurs petitsen vie,ne melmement aux poif- 
fons cartilagineux.Car Les Rines,que les FrancoisnommentAn- 
ges de mer,& les Rouffettes & Les Chiens de mer , rendent leurs 
petits en vie,lefquels ne font pas enuelopez de tuniques,mais feu 
lement font conioinéts de l’Vrachss par le nombril a la matrice: 
nous auons trouué telle fois qu’vn chien de mer depetite corpu- 
lenceen porte vnze d'yne ventree, mais difpofez en forte que 
la tefte en fort la premiere:chofe cômunea touts animauls. 


Que plufieurs animauls rendent leurs petits fans fecondines, 


mais qu'ils auoient efé formez enœufs en la matrice. Cha.IX. 


9 ceuls quifont ainfi attachez a la matrice par le ral 
| ans 


DES POISSONS MARINS 42 


fans tunique, il fault entendre qu'ils aiét premieremetefté leans 
creez en œuf:&puis de la petit a petit prénent leurs formes dedés 
les ventres,dont a la parfin font produiéts les petits, lefquels en- 
apres les meres mettent hors touts nuds fans fecondine. Voyla 
quant aux poiflons cartilagineux qui en naiflant {ont exclos 1äs 
aucun enueloppement.Mais des terreftres laSalmandrerend{es 
petits en vie ia parfaicts,& qui {cauent cheminer des l’heure mef 
me qu'ils fonchors:& de quaräte ou cinquätequ'ellerend, il n’y 
en a pas vn éuelopé detunique,n6 pl° que les petits de la Vipere, 
laquelle réd aufli {es petits en vie, fs fecôdines:car fes petits fu- 
rent premierement en œuf en la matrice, mais a Les efclorre elle 
lesréd{äs tuniques,côme maiftre Pierre GeodG, trelexpertappo 
ticaire, ha veritablemet obferué.La Chauuefouris auffi, rend {es 
petits en vie {äs tunique:ce que ne fot les Rats, Souris, Taulpes, 
& autresa quielleeft téblable.Les Infectes aufli come font Pha- 
langiôs,& Efcherbots,cocoipuent féblablemét les œufs en leurs 
ventres,dont puis eft procreé l'animal fans tunique,lequel ils gar 
dentia parfaiét foubs leurs poiétrines.Mais le Daulphin,leChaul 
dron,l'Oudre,le Veau de mer,& la Baleine,ne font pas ainfi:ains 
font leurs couches fans l’aide de ceuls qui relieuent les petits, & 
toutes fois il ne laifie a fortir grande quatité de fang du nombril 
du petit qu'ils enfantent,& principalement quand ils feparét les 
tuniques ou fecodines. Et fault neceflairement apres que le petit 
a efté rendu hors la matrice de la Daulphine, que la mere luy {e- 
parela fecondune auec les dents,& laluy couppe & fepare du n6- 
bril,comme auffi font touts autres animauls a quatre pieds, ainfi 
qu'ils font apprins de nature.l’auoye ceflé de parler des veines 
qui fortent du corps-de la veine caue, & entrent par leseynes en 
la matrice,qui font celles qui baillent la nourriture au petit: la- 
quellenourriture luy eft premieremét cômuniquee par Le moy- 
en de {a tunique: carelle eft comme vne efponge humide, la- 
quelle appliquee a vneautre,la rend humeétee, tellement que de 
la matrice, lenourriflemét peult facilement pañler a la fecodine, 
laquelle n’eft aufli qu'vne mafñle de veines,non plus qu’eft la ma- 
trice.Ceci ne foit trouué difficile car toutes fe rédent a l Vrachus, 
quieftvn feul corps ou fereferét toutes autres ligatures de la fecô 
dine a fon nombril. Latmatrice des Daulphins eft SEE a Îa 
L2. um- 


LESECOND LIVRE. 


fummité, car elle ha deux cornes quiferetreciflent contrebas,lef 
quelles fontvoultees de chafque coité a la maniered vn arctédu: 
& croy que naturel a faiét pour donner lieu a l'eftomach, & a 
chalque corne1l y avn geniroire,qui font deux en nombre;,beau- 
coup moidres que ceuls qu'6 veoit es malles,leiquels enuoiét vn 
conguiét de chaique cofté qui{eréd aux paraitates, pour porter 
la femence laquelle ils ne rendent pas en la matrice, car les vaif- 
{eaux la conduiient dedensla capacité du membre honteux de 
la femelle,& non pas en la matrice,fcauoir eit entre les deux co- 
duicts ou ouuertures du membre hôteux,quel'ay defiadelcripr, 
mais plus pres de celle de la matrice que delautre exterieure.La- 
quelle choie fe peult prouuer,commeie diray cy apres: maisil 
tault premierement entendre que c'eft la ration pourquoy quäd 
les femelles ont conceu,encor que la (emence {oit entree par Lou 
uerture de leur matrice, &que la matrice foit f1 eftroictement 
fermee durät qu'elles font grofles,qu'il n'y entreroit ne{ortiroit 
de leans chofe qui fuft de la grofleur d’vne poinéte d’efguille de- 
lie,couteltois eftantsainfi pregnantes elles ne laiflent pourtant a 
iecter leur femence & la mettre hors par le membre hôteux que 
iay dit quandelles f'accouplentauec le mafle,tout ainfi come 
quand elles n’eftoiét pas grofes.Or fi cela eft vray que la matrice 
doit fi eftroictement fermee quand elles font groffes,aufli fault il 
qu'il {oit vray que leur femence ne paflepas par dedens la matri 
ce,car elle y demeureroit enfermee auecle petit: mais comme 
l'ay dict,la femence des femelles fuiuant le conduict des parafta 
tes,pañle par Les coftez de la matrice,& eft rendue a l'entree de de 
dés la capacité du mébre honteux;lequel puisne l'empefche poit 
de fortir.Cecifoitentendu dé toutes.efpecesd'animauls.Mais le 
petit Daulphin,ou autres de fonefpece,eftanc en la matrice,pot- 
ce plus {ur l'vne corne que fur l'autre, laquelle eft plus fpatieufe& 
large que n’eft l'a utre qui eft vuyde. | | 


DV Marfouineau trouté au Ventre de fa mere, lequel 

pource qu'il effoit f grand, fut prefenté au Roy Francoys, 

ess Ris SIL À. 

JE neveul pañfer oultre fans efcrire vne chofe notable que Y'ay 


: DES POISSONS MARINS, + 43 


ouy racompter touchant le Marfouin. Ceft qu'il foit aduenu a 
vninaiftre d hoftel de chez le Koy,d’auoir trouuévn fi grädMar 
fouin dedens Le ventre de a mere, qu'il ne le peut veoir fin6 par 
grand admiration, parquoy il le trouua d'autant plus digne de le 
taire veoir au Roy Francoys, lequel fut fi grand admirateur des 
œuures de nature, qu 1l vouloit exprefléent qu’on luy prefentaft 
toufiours quelque chofe de nouueau, aufii on ne luy prefen- 
ta onc cholie tant fuft petite,qu'il nel eftimait grandement, & v, 
faft de grande liberalité a celuy qui la luy pretentoit. Mais apres 
qu'ileut veu va fi grand poifion qu'on auoit trouué au vêtre d'ä 
Marfouin,alors il commanda qu on luy appellaft ceuls defquels 
il attendoit en auoir certain iugement,maisils furent d'opinion 
touchant cecy,que leMariouin l'auoitainfi auallé:difants que les 
poiflons fe mengeoient lvn lautte, non fachants que les Mar- 
fouins portaflent leurs petits fi grands ,& qu'ilsles rendiffent en 
vie .Or cefte fois la on auoit aufli amené vn poiflon Chauldron 
quant & le Marfouin, lequel Chauidron il voulut veoir departir 
en pieces, & le baller aux Souifles de fa garde, car il n’en voulut 
pas manger. Toutes lefquelles chofesie n ay pas veu moimefme, 
mais ceci me fut diét en regardant ouurir vn Marfouin a fainét 
_ Germain en aie, prefents les Efcuiers & quelques maiftres d'ho- 
ftel,qui difoient en auoir trouué vne cinquantaine de petits en 
leurs vieses ventres de leurs meres:mais qu'ils n’ont fouuenance 
d'en auoir onc trouuué plus d’vn petitau coup.Semblablement 
nous auôs toufiours eu foing de recouurer les petits de ceuls qu'o 
_ apportoit aux halles aParis,car la couftume eft de lesenuoyer ie- 
éter en lariuiere.En forte que nous en aions eu telles fois qua- 
tré a vn iour de vendredy,du moys de May. Mais ie n'en 
fceu onc veoir plus d’vn à la fois, combien queie feroye bien 
d'opinion qu'ils en peuuent auoir deux, comme Ariftote l’ha 
efcript. Voyla touchant le nombre despetits quele Daulphin, 
& Marlouin portent en Leurs matrices. 


 Defcription de l'intericure anatomie de l'Oudre,que les La 
tins nomment Orca. Chap. XI. 


A fin de diftinguer chafque chofe en fon chapitre particulier, 


L:3. apres 


LE SECOND LIVRE 


apres que f'ay baillé l'anatomie interieure,& tout le difcours tant 
du Daulphin que du Marfouin, ay bienvoulu bailler l'anatomie 
interieure du {ufdiét grand Marfouin que i'ay nommé vne Ou- 
dre,dont ay defia defcript l'exterieure.Ët fault noter que l’anato 
mieinterieure du Daulphin,du Marfouin,& de l'Oudreeft fem- 
blable en toutes chofes.Et en regardant exactement, & cherchät 
quelque merque qui les difcernaft,ie n'ay trouué differece aucu- 
ne, finon en la ratte,que l'Oudre ha d'vne feule piece:8 la langue 
qu'elle n’ha pas cochee,finon vn petit par le bout. Cela eft tout 
arrefté & manifefte,que jamais toutes ces elpeces, ne font leurs 
petits qu'en temps d'efté:car oultre que Ariftote hommeverita- 
ble nous l'ha afleuré,nous l'auons auili trouué parexperience, fui 
uant l'obféruation que nous en auons faiét iournellement. Il ne 
refte rien d'infigne a defcripre de l'Oudre finon, qu'il luy ad- 
uient (comme aufliau Marfouin, Daulphin,& Baleine)d'auoir 
la gueule eftroicte,& le conduiét dela gorge depuis la langue iuf- 
ques aleftomach dela partie du reuers,c'eft a dire quele tuiau de 
l'artere eft entre deux:tellement qu'elle ha la gueule de la partie 
du reuers:aufii faultilqu'elle ferenuerleala maniere dela Balei- 
ne,& des autres poiffos qui ont poulmon:Onluy trouua diuerfes 
fortes de poiflons dedensl'eftomach,cômeRayes,Gournaux, & 
Viues. Semblablement auoitle foye fans fiel,8& mefmes poul- 
mons & diaphrägme que le Daulphin:& fi grande quantité d’in- 
ceftins,que a peine y enauroit il autant en vn bœut. 


Qu'il n'y ait point de difference en la defcription de la ma 
trice du Daulpbin,auec celle de l'Oudre ou Orca. C.XI. 


JE n'efcriray autre chofe de fa matrice,en tät que i'ay faiét pet. 
dre celle duMarfouin,a laquelle celle de l'Oudre eft {emblable. 
Touteffois j'ay aufli bié voulu faire peïdre le petit Oudreau def? 
{a tunique ioignät fa mere,ainfi quele peinétre induftrieux mai- 
ftre Francois perier l’a veu hors de fa matrice,ou lepetit eft quel- 
que peu replié,tout ainfi qu'eft celuy du Daulphin: il ha quatre 
petits poils de barbe de chafque cofté des leures. Les Marfouine- 
aux n’en ont que deux:& touteffois nul des grands ha cefte pK 
à) 


DES POISSONS MARINS. 44 


la,8: mefmement Ariftote f’efmerueille, que il n’y ait aucune 
apparence des conduiéts du fens d’odoreres Daulphins:lefquels 
touteftois odorent foigneufement, laquelle chofe ie puis aufli bié 
referer au Marfouin & Oudre. Les fufdicts poils tumbentaux 
Oudreaux en croiflant:& quand ils ont paffé demy an, il ne leur 
en demeureaucun veftige,ne de poil, ne de pertuys. Les petits 
Oudreaux font beaucoup plus camus que ne font les meres: car 
de’force qu'ils font camus,ils ont vne coche enfoncee dedens le 
front.Oultre la fecondineencor ha vne petite pellicule deliee, 
qui eft la premiere peau dont ils f6t couuerts, laquelle eft moult 
delicate & tendre & polie: car celle qui eft par defus le dos, ne 
eft finon,vne confufion de veines trelfees.Et les ligaments de fa 
fécondine,qui font attachez au nombril, fôt marquettez de quel. 
ques afperitez, comme f’il y auoit des petites perles femees par 
deflus:lefquels font aufli au Daulphin,& au Marfouin. 


Comment la chair du Marfouin ef? diflinguee de celle du 
Daulphin, & a feauoir quelle eff la meilleure. Cha, XII. 


JLES viuendiers & autres gents qui voient iournellementtren. 

cher les Oyes ou Daulphins,& les Marfouinses poiflüneries, 
fcauent bien lequel des deux eft Le plus requis pour eftre le meil. 
leur a manger.Ét combien que les interieures parties des deux 
comme font les trippes,foye,poulmon,& le cœur,ne foyent pas 
eu gouft fi differents qu’eft la chair, touteffois auant efcripre le 
gouft d'entre leurs chairs ievueilpremierement donner vnepar 
ticuliere note qui diftinguera l'vne de l'autre quand ils ferot veus 
trenchez deflus l'eftalen pieces. C’eft que le Daulphin ou Oye 
n'eft pas fi gras qu’eft le Marfouin. Et pour autant que le Daul- 
phin n'eft pas fi gras,auffi eft de meilleur gouft,& beaucoup plus 
profitable & plus deleétable que n’eft le Marfouin.Par cela ceuls 
qui font couftumiers de veoir fouuent touts les deux & en ache- 
ter, prennent plus voluntiers du Daulphin ou Oye que du Mar. 
{ouin,fuyuant leprouerbe Francois qui dit,que Les plus maigres 
poiflons font les meilleurs:c’eft a dire que ceuls qui font naturel. 


lemét 


LE SECOND LIVRE 


lement gras,ne font pas fi bons que ceuls qui font naturellemét 
maigres. Mais qu vn Marlouin ou autre poiflon gras de nature, 
extenué & amaigri foit bon, cela n'entens ie pas,ams de to? poif- 
{ons de quelque nature qu'ils foientles plus gras en léur efpece 
fonttouuours les meilleurs, C'eit aflez parlé d'une telle viande 
comme eit celle du Mariouin & du Daulphin,dontie me efmer 
ueille comment elle foit deuenuetant chére,qu'il n'y ait que les 
grands leigneurs qui en puiflent auoir,& touteitois 1l ny ha au- 
cheur qui ait 1amais diét qu'on en mengeaft anciennement. 


Que les anciens n'auoient point accouftumé de manger du 


Daulpbin, Chap. X11 EI. 


Q V'onlifeles efcripts des autheurs anciens,tant des Philofo- 
phes & aufli medecins, que des modernes, & filon en trouue 
quelqu'ä qui ait iamais elcript,qu'on ait anciennement mâgé de 
la chair du Daulphin,ne qu'elle fuft iamais mangee de leur céps, 
ie luys content qu'on ne me croiepas. Galien habienefcript, 
que les grands poiffons deuténent meilleurs d’eftre falez, & qu’6 
pourroit bien manger du Daulphin,mais non pas qu'on en mä- 
geaft,aufli pour bien le louer, c'eft vne viande qui feroit pluftoft 
a laifler en la mer qu'a eftre mileen l'vfage des hômes, car mef- 
mement ne les Loups neles Regnards aftamez n’auroient cure 
d'en mäger,encor qu'ils deuffent mourir de faim, chofe que no° 
auons crouué eftre vraie aux riuages du Pont Euxin, ou nous en 
auons veuvn mort,qui demeuroit fans eftre mangé.Et croy que 
fi les oyfeaux & beftes fauuages euflenteu cure d'en manger, on 
ne l’euft pas trouué atout entier. Et touteffois il eft au gout des 
Francois le plus delicieux de toutsautres poiffons: & monte a fi 
hault prisdetaillé & vendu en pieces,que fouuenteffois vn feul fe 
ra vendu plus de cinquanteelcuts,auffi il n’y ha aucun autre poif 
fon a qui l'on f'efforce de faire meilleure faul{e qu'a luy,neregar- 
dant point a [a defpéfe qu'on y faiét pour La faire bonne ie feroie 
bien d'opinion que de n en manger point feroitpourle meilleur. 


Que 


“ ; 
L. fes? 


D DES POISSONS MARINS, 45 


Que l'artifice des bommes puiffe excufer le default de na: 


ture, © donner bonne grace au mauuais gouJt des poiffons. 
| Chap. XV. 


Vyuät cecy,ie veul racompter combien l’artifice des hômes 

peult adioufter a nature:carles paoures mariniers &pelcheurs, 
aiants pris des poiffons qui d’euls mefmes font de faueur ingra- 
te,comme fontles efpeces de Chiens nommez en Latin Galei, 
ou plufieurs autres cartilagineux,comme Lamia, Amia,& ceftuici 
queïay icy portraiét nomméZäÿena,ou Libefa:ils leur {cauent fai 
revne faulce fi propre,que la faueur de la faulce furpafñie la faueur 
ingrate du poiflon, laquelle leur ofte la mauuaile odeur, & les 
rend deleétables:& tout ainfi que les pl° riches Font telles faulces 
auec bonnes Mufcades,Girofles, Macis,& Canellebattue,Beur 
re, Succre, Vinaigre, Pain rofti:lefquelles chofesles cuifiniers 2- 
faifônent fi bien au Marfouin,que encor qu'il fentift le Regnard 
efcorché,touteffoisils le rendrot d’vn gouft plus friäd,& d vne fa 
ueur plus exquife que ne font les Rougets,Barbez,ou Läproyes, 
Aufli lespaoures gents m'aiants point tant de choles a com- 
mandement,aiants tant feulement des aux & des noix, qu'ils 
battentauec du pain & de l’huille,& du vin aigre,ils feront vne 
faulce aleurpoiflon,qu'ils rendront a leur appetit fi delicieufe 
qu'on n'en peulr mäger,fi non par grande fingularité:& telle ma 
niere de faulceeft generalement cogneuë de touts pefcheurs, 

- qu’ils nomment vulgairement delAillade. 


Le portrai£t de Libella que les Grecs nüment Zigena, Ë 
les Romains Yna Balefla,éeft a dire vne arbaleftre, 


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LE SECOND LIVRE:: 


L fut vn temps qu’on auoit accouftuméde ieéter les deux ael- 

les ou bras & les queues des Daulphins,& Marfouins,ou biéles 
attacher aux portes:mais ie ne {cay quelle nouueautéha inuenté 
que maintenät on les prefere a toutes les autres parties du corps, 
chofe que r'ay apprile a Rouë:car ceuls qui ont le droiét des-poif 
{onneries,apres qu'ils ont faiét deliurer les Daulphins aux poiflo 
meres :elles leur raportent les trois pieces pour leur droict, qui 
{ontles deux aelles&laqueue, + 2e 
De l'anatomie des os du D'aulpbin,Marfouin,& Oudre.C.X VI. 


’Ay efcript tout l’exterieur& l'interieur de l'anatomie du Daul 

phuin,Marlouï,&Oudre.lIl refte a parler quelque chofe de leurs 
os.1l me fouuiét auoir trouué vn Schelete tout entier d'yn Daul 
phin,au riuage du Bofphore Cimmeriys, celle fois que nous eftions 
allez auec monfieur Gilliys,veoir quelle latitude 1lauoit en ce de- 
ftroit d'vne riue a l'autre:lequel scheletos ou compaction des ofle- 
ments,ofté qu'on n'y trouue pointes offements des iambes,ileft 
femblable a celuy de l'homme, & ÿ peult on difcerner vingt & 
quatre grofles vertebres:dont celles qui defcendentiufques bien 
pres du pertuys de l'excrement, font percees enicelle part,ou eft 
la mouelle qui defcend depuis le teft le long de l’efpiné du dos. 
Mais les autres vertebres qui defcendent iuiques a l'extremité de 
la queue, font feulement comme fréquentes petiresrouelles ron 
des,attachez les Vnes contrée les autres fans eftre percees. Aufii la 
queue eft feulement compofée d'vne matiere nerueufe fans au 
tres offlements.Mais les aelles oubras des deux coftez du Daul- 


- 


1 


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phin,encor qu'ils foientcourts;fieft ce qu’ils ont toutsles mel. 


mes offéments de l'hornme. ay diét par cy deuant combien il 


ha des coftes, ‘'adioufteray qù’il ha les os du ftern6 pl” approchäts 


del humain,que les animauls aquatre pieds. Au furplus il ha les o 
moplates qui iont appellees en Francois Les palettes. Auffi ha les 
clauicules,qui fe peuuent bien recognoiftre d’auec les autres ofle 
ments.Et confequemment l'os du coude-y et trouué feul,com- 
. meileftennous,& en apres leRadiys & V{na côioinéts-enfemble, 


dont I vnett plus grand,& l'autre plus petit, toutainfi commeil- 


eftes hommes. Il ha aufli vne main eflargieencing doigts: & ef 
quels doigts,lé trouue les articulatios:& cômençantau poulce,l6 


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DES POISSONS MARINS. 46 


y trouue,deuxos,au fecond d'apres troisiau maiftredoigt:qui eft 
le plus long de tours les autres, il y en ha quatre,& a lautreg apres 
trois:&au petit vn.Semblablementon luy trouueles os des pon 
gnetsiCarpo;au dedens de la main. 1 ay parlédes ofiements de la 
cefte,dont 1 ay balléia peincture:& m'a {emblé auoir fatitaict 
aiant deichuiré fuccinctement l'anatomie de césos. 


- Queles D'aulphuns jouent pris plujtojt par bazart que de 
propos delibere, 6 de la mamére de les pefcher.C.X V IT. 


T'Ay defcript ailleurs plufieurs manietes de pelcher les poffons 


 queiay obléruces au Propontide,lefquelles j'ay mifes en del- 
cripuant les fingularitez des pais eftranges. Maintenant ie veul 
feulement parler dela maniere qu'on ha accouftumé dvier en 


pefchantles Däulphins en noftre mer, lefquéls {ont pris plus fou- 
‘uent par fortune que par aguet:car a dire la verité,les poiflonni- 


ers qui tendent les filets de propos deliberé pour prendreles au. 


tres poflons;n'efpérent pas que les Daulphins y viennent frap: 


per pour {€ prendre:& touteitois lesDaulphins {ont plus fouuent 
pris par tellemantere que autrernent. Voila quant a vne maniere 
de les pefcher.Les Daulphins eftants contrainéts de 1ortir fou- 
uent pour prendre l'air, &puys retournants en la mer a leur paftu 
re,lont guettez des mariniers.car incontinent queles mariniers 
les ont veu approcher de leur vaifleau, ils fe preparent {ur le bord 
du nauire auec des Harpons,attédants queles Daulphins&Mar- 
fouinsretournent prendre l'air vers le vaifleau:alors ils les fifFlét 
afin de les faire approcher plus pres.Et fi les mariniersles veoient 
a leur auantage,ayants le Harpon efleué,tenu du bras dextre en 
l'airyauec b6 pied b6 œil, ils dardet le H arpô:. lequel eft attache a 
vne cordelle I6gue de pl? de vingt ou trête aulnes,a fin qu'elle fui 
ue auec le Harp6 quat & quät le Daulphi: & quand le Daulphin 
qu'ils aurôt atteintfera delcédu,bié bas, &{era preft de retourner 


. côtremot,alors les mariniers petit a petit retiräs leur cordelle,l'at 


tirétiufques au bord du nauire:& foubdain qu'il y eit , ils étquel 


ques fourches recrochees,de{quelles ilsle tirérdedens le nauire: 
Ceite cordelle ainfi longue attachee au Harpon, lert que quand 
ils ont atteint defus Le dos, qui eft beaucoup mol, ils l'an- 
crent fi auât ,en forte que le Harpo y demeurefiché. Ma. 


LE SECON D LIVRE 


Carilhales arrefts des deux coftez, qui ne fortent pas aifeernét. 
Toutcffois file harpon n’eftoit attaché: fi longue corde,le Daul 
phin fe fentant frappé,de la viftefle qu'il defloge, il defchireroit 
pluftoft {a chair,qu'il n'efchapaft.Et pour euiter la premiere vio 
lence & fecoufle,on l'attrempe auectel artifice. Ce que ous n6- 
mons Harpon,les Italiens l’appellent na Delphiniera . Les mari- 
nicts qui vont en voiage loingtain, en portent expreflement en 
leurs nauires pour lancer indifferemment fur toutes efpeces de 
poiflonsCetacees.Et côbié que j'ay diét queles Italiens ne mägent 
point de Daulphin,ientens du commun peuple, qui aiant d’au- 
tres chofes a commandement , n’eftime rien la chair du Daul- 
phin ou Marfouin.Maisles gents de marine,eftants fur mer en 
leurs vaifleauls,& principalement fur nauires qui netouchét ter. 
re quafi pas en vn mois ou deux vne fois,n’auroientefgard a mä 
ger d'vn Regnard de mer,cobié qu'il eft du plus mauuais gouft 
qu'0 fache poit trouuer en a mer,du quel la preféteeft LE figure. 


Pein£ture du Regnard de mer 


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voi donc vne maniere de pefcher les Daulphinsauharpon. 
.YŸ L'autre maniere dont ‘ay parlé,eft qu'ils f'enuroullent &em- 
: ne peftrent 


DES POISSONS MARINS. 47 


peftrent quelques fois dedens lesfillets qu'on auoit tendu a pren. 
dre les Celeris &Harés,&autres poiffôs féblablesitellemét que ne 
fe pouuants deffaire, demeurentprins en cefte forte. On lesfrap- 
pe quelques fois de l'arbaleftre, & de l’arqueboufe en lamer, & 
aufli auec des picques:mais ils ne viennent pas en la puiffance de 
ceuls qui les ont frappez:laquelle chofe eft auffi faiéte rarement 
& fe faiét en temps calme lors que les mariniers font de loifir,ne 
fachants a quoy f’amufer ne pañler le temps. 


Qu'6 ne [alle le Marfouin &Daulphi find en Frâce. C. XVIII. 


Entre les falures fräcoifes des poiflôs Ceracees ne cognoy que 
laBaleine,leMarfoui & l'Oye:dôt no? ayôs quelque vfage, def 
quels1l n'y a point es autres pais duLeuât,mais1ls en ont d’autres 
a l'efchäge, dot aufli no? n auôs point d’vlage. Ariftote ha entédu, 
que les poiflôs nômez enLatin Cetacei,(6t ceuls qui font degran. 
de corpulence & qui rendent leurs petits en vie:touteffois les au- 
tres Grecs ne l'ont pas du tout enfuyui en ce dernier poinct: 
car ie trouuc que le poifion nômé Ichtyocolla,& aufli Libella ou bié 
æygena,& le Ton,comme les Rouffettes & les Chiens de mer,ont 
efténommez Cetacees. Dontles vendeurs de tels grands poif 
fons,comme eft la Tonnine,ont efté nommez Cetari, qui indiffe 
remment vendent toutes efpeces de poiflons fallez en leurs bou 
tiques. Les Marfouins& Daulphins peuuent bien eftre efcor- 
chezpour en garder la peau iufques a quelques annees:chofe que 
Lay experimentec eftre vraie, dont mefmement monfeur Ron- 
delet medecin de Monfeigneur le Cardinal de Tournon,doéteur 
regent de Montpellier ne me defdira pas:car luy qui fur touts au- 
tres perfonnages eft diligent a recouurer les peinétures des poif- 
fons,&qui en ha ia affemblé pres de mille differéts, lequel côbien 
qu'il euft veu plufieus autres Marfouins , & en euft les portraiéts 
_ touteffois il eut plaifir deveoir ceftuy la ainfi rempli que ie lui fei 
voir. l'auoyea dire ceci duDaulphi,Marfoui,& Oudre,en prou 
ue des peinétures des Daulphins que ï’ay maintenu, &maintien- 
drayeftre les vraies.Quät a l'anatomie que i’ay defcripteieveul 
bien faire entendre ne l'auoir faite en cachettes, ains l'auoir fai. 
 €te publiquement, l'an pañléau College de medecine, lors que 
Me | M3, mon- 


LE SECOND LIVRE 


Monfieur Goupilliloit le Diofcoride en Grec, auec moult fre: 
quenc &ccrelgrand auditoire, laquelle anatomieathita vne mul 
titude de pluïeurs {cauants eicoliers medecins : & m'afleure 
qu'il ne l'en grouuera vn de ceuls qui eftoient preléts, qui nedie 
queiene l'aye monitree beaucoup plus par le menu que ne l'ay 
delcripte en ce prelent liure.Parquoy ayant ainfi couché lesprin 
cipauls poinéts,& acheué ce que auoÿe a defcripre, 1ay icy polé 
pour faire fin. 
Vray portraict deHippopotamus auec toute f a defcriptiô.C.XIX, 
EN defcripuantle Daulphin,ray promis que ie comprendray 
quelques autres animauls,quife referenta vn genrede ceuls 
qui font nommez Cetacees:icauoir eit de ceuls qui font de gran- 
de corpulence,& enfantent leurs petits en vie:deiquels ie trouue 
que l'Hippopotamss en elt l'vn.Car il eft vn animal du gére de ceuls 
qui font nommez Amphibia, c elt a dire qui viuent en couts les 
deux elements:c'eft a {cauoir en l’eau &lur la terre.lele veul d6c 
defcripre auéc le Daglphin,pouice que le Däulphin eft añimal 
aquatique,conuenñant en ce auec l'Hippopotamus, qu'il ne poifie vi- 
urel63 téps plôgé en l'eau,qu'il ne lui couiéne pareillemét {ortir 
pour refpirer en l'air:maîis L'Hippopotamus ha cela de particulier dif 
feréc au D'aulphin,qu’il eft animal aiat quatre pieds,& viuat log 
téps fur terre,ce que ne faict pas le Daulphin. Parquoy faifat fn, 
metaifat du Daulphi,ie prédcay l'Hippopotamus.  L'Hippopotamss 
eft vn n6,queles Latis ont éprunté desGrecs,ne fignifiat autre 
chofe qu’vn Cheual deriuiere: lequel iamais les Latins ne vou- 
lurét tourner en leur lägue,ais l’ôt toufiours retenu: féblablemét 
a leur imitati6 en le deicriuät,ie retiédray la mefine dictioGre- 
que d’Hippopatamus:duquel les autheurs ont parlé tt diuerlemét, 
qu'ils ne couiénét enféble en le defcriuât.Ettour ainfi quelaLou 
tre,& le Veau marin,le Caftor,&le Crocodile fe peuuét tenir 16g 
téps en l'eau,& plus loguemét en terre, {éblablemét aufi fait le 
pe ire Re aux defufdicts,ce{ot animaulsefquels il n'y à 
difficulté aucune, mais elle eft moult grande en l'Hippopotamus: du 
quelie pretés bailler lavraie peréture.Car no? l'auos veu en vie,le 
quel auoit defia demeuré hors l’eau l'efpace de deux ou trois ans 
{as point y rentrer, fel6 ce que nous en auôs peu entédre de ceuls 


DE L'HIPPOPOTAMVS 48 


qui en auoiét le gouuernemét.Pline a efcript que Marcus Scaurus 
fuit le premier quile monftra à Rome.Pôpee auili tridphät des 
Egvpuésen feit fpeétacle au peuple Romain.Dis efcrit,que D. 
Asgajtus triüphät de la Reyne Cleopatra,en teit aufli le iéblable.Les 
anciens autheurs,qui ont defcript l'Hippopotamss,ne l'ont pas def- 
criptfort amplemét:mais ont efté cotents de l'auoir pafie legie- 
remeét:&n y a perlône d'être euls qui en ait eicript plus a la verité 
que ÂAriftote:lequel ia foit qu'il euit peu lire la defcriptio de l'H5- 
popotamus en Herodote en vne autre maniere:touteltois il l'a m1- 
{eautrement quenafaict Herodote. De moy ie l'efcriray n’ai 
ant efgard a autre chole, fin6 a ce que i en ay veu.Et pour demo- 
ftrer la grâdeur de celuy que ï'ay veu,il fault premieremét fuppo 
{er quo voie vn porceau biégras,bien nourni,bié trappe, & afiez 
hault,qui aitcomevne telte de vache fas cornes: laquelle foit de 
mefme la refte du corps. Ce porceau dônera la perfpectiue d'vn 
Hippopotamus.Car l'Hippopotamus eft couuert d'vne peau quicôuient 
auec celle du porceau,taten couleur qu é autres notes. l’entés vn 
porceau domeftique qui n'eft pas noir.Mais l'Hippopotamus a la te- 
fte fienorme&grofle, &la gueule fi gräde quäd il l'ouure,quemef 
me le Li6 baillat n € approche aucunemeét.tellemet qu'6 y met- 
troit fac1lementvn globe p{ gros que n’eft la tefte d'ynhôme,ou 
autre chofe féblable.Il ha les nafeaus enflez côme ceuls d’äBeuf: 
aufi paift il Pherbe a la mode d’vn Bœuf,ou Cheual.1lha les le- 
ures fieminétes& efleuces,tät celles de def” que les autres de def 
foubs,qu’il en apparoift,tout cam?,ioinét qu'il ha le frétbié bas, 
a la maniere de l'Orca.Il ha les déts de cheual faites de mefme 
faco,bié fortes & lôgues hors des mafchoueres,qui ne {ot pas ay- 
gues,come es animauls qui viuét de chair:car 1l vit des roufeaux 
& jcanesdefuccre & fucilles de herbe de Papier. Iha les yeulx 
. moult grands come les yeux d'vn Bœuf.1{ha f langue du tout 
a deliure:mais 1e nefcay quelle grâde voix il tait.Bié eft vray que 
Herodote ha efcrit qu'il hénit cômevn cheual:ie lui ay feulemét 
ouy faire quelque voix du gofier ouurat fa gorge. 11 ha la queuë 
courterode&grofiecomed vne Tortue ou Porceau.Ses aureilles 
eftoient courtes comme celles, d'yn Ours;rondes,& me fem - 
ble aufli qu'il auoit les pieds ainfi que font ceuis d'yn porceau, 


LE SECOND LIVRE 


qui n’eftoient pas beaucoup diftinguees, voila quât a l'exterieure 
peincture del Hippopotamus. Nous n'auons tien a dire de l’interieu 


re:car aufline | auons nous pas eu en noftre puiflance pourle pou 
uoiranatomifer, Au demeurant ilme femble que ceuls qui ont 
penié que Hippopotamns fuft vn animal terrible & cruel,fe ioient 
trompez:car nous l’auons veu tant douls qu'il n’hales hommes 
en horreur,ains les fuit amiablement:8& autireft il tant pacifique 
& ailéa dompter,qu'il ne f'ettorce de mordre.Le vulgaire des {ta 
liens,& principalement de ceuls qui font refidents aConftantino 
ble, le nomment en leur langage ié Bo marin, c'eft a dire le Bœuf 
de mer.Car comme ray dela dict,1l ha la tefte comme vnBœuf 
fans cornes:mais les Turcs & les Grecs le nommantsen leur l4- 
guage,onc vnediétion qui fignifie autantque finous difions por 
ceau de mer:car 1l ha le corps de porceau . C'eft l'une des beftes 
quiet en Conitantinoble,que les eftrangers qui viennent la, ap- 
petent le plus a veoir:mais1l n'y ha perfonne de touts ceuls a qui 
l'aye onc parlé,qui me l'ait nommee Hippopotamus. Étcombien 
qu'il y ait vn lieu enConftätinoble moult voifin del Hippodro- 
me,lur le chemin de Saincte Sophie,auquel font gardees les be- 
ftes cruelles,ou nous auôs veu des Lynces ou Onces,des Tygres 
des Lions,des Liepards,des Ours,des Loups: lefquels les Mores 
gouuernent,ne le taignants deles manier non plus que nous fe. 
rions vn chat priué. Foutelfoisils n'ont l'Hippopotamss en ce lieu 
lasmais ailleurs en vn lieu qu’ilsnômentle Palais de Conftätin: 
auquel lieu font monftrez les Elephants.Quand quelque eftra- 
ger vient la pour veoir Ledict Hippopotamus, on ieluy monitre d6- 
nant quelque piece d’argent.Ils le tont fortir de {on eftable fans e 
ftre lie,& ians auoir aucune crainte qu'il morde. Alors fes gou- 
uerneurs vouläts plaire d’auatage a celuy aquiils Le font veoir;ils 
le font bailler quelque tefte de chous cabus,ou quelque piece de 
melon,ou quelque pongnee d’herbe,ou bien du pain,lequelils ti- 
ennent en l'air en Le montrant a l'Hippopotamus: mais luy quien- 
cent qu'on luy veult faire ouurir la'gueulle.auffi l'ouure fi grâde, 
que la cette d’vn Lion baillant,pourroit trouuer place leans. En 
apres fon gouuerneur luy ieéte cela qu'il luy auoit monftré,com 
me qui le 1eéteroit en vn grand fac:laquelle chofe l'Hippopotamus 
mai- 


DE LHIPPOPOTAMVS. 49 


imafche,puis l'aualle, Voila que i’auoye à dire de l'Hippopotamus 
quel'ay veu en vie. ; Up 


Que Ariflote ne conuient pas auec les autres auteurs qui 
ont efcript del'H ippopotamus. Chap.XX. 


T'a fin que quelqu'vn ne penfaft pas que ie me foye trompé 

en prenant celuy que iay nommé pour vn Hippopotamus: & 
qu'il fuft vnautre,& m'allegaft Herodote le plus ancien de touts 
les Hiftoriens,qui ditque l'Hippopotamus elt grand côme vn gräd 
Bœuf,aiant queue de Cheual:& que l'Hippopotamus dont ie parle, 
n'ait pas cela:ou fuyuät les merques de Diodore qui efcript quil 
ne foit guere moindre en grandeur que de fept pieds & de- 
my, & qu'il ait quatre pieds, defquels l'ongle eft tendu com- 
me celle d vnBœuf,trois dents de chafque colté, les oreilles bault 
efieuez,& plus apparentes que de nulle autre befte fauuage, & la 
queue & le hennifiement femblable au cheual: & que celuy que 
j'ay cy deflusefcript,ne conuienne pas non plus auec celuy d He 
rodote que de Diodore : a cela ie refpondray, que ray amené 
les merques bien notables que Ariftote ha efcriptes touchant 
l’Hippopotamus:auec lequel pourront conuenir celles que 1’ay efcri- 
tes du Bœuf ou Porc marin de Conftantinoble: car Ariftote ne 
veult pas queles Hippopotames aient le corps plufgrand que les 
Afnes:& auflin’entent pasqu'ils foient du tout figrands:qui eft 
vne moult repugnante note aux efcripts des Hiftoriens. Dauan- 
tage, il veult qu'ils ayent la queue de Porceau, & les dents de San- 
glier,qui eft femblablement contraire aux fubfdiéts. Voyla donc 
comment il y a grande controuerfe entre leurs efcripts,& qu'ils 
ne conuiennent pasenfemblie. Mais quant a moy,ie me retireray 
toufiours d'auecAriftote.Et voulant bailler La vraie peinéture de 
l'Hippopotamus,ie la veul prouuer par les anciennes ftatues desEgy 
_ ptiens,&:Romaïs,ou bié par les antiques medalles desEmpereurs 
Rommains,elquelles les figures des Hippopotames font fi exacte- 
imentreprelentees en Porphyre,en marbre,en cuyure, enor, & 
argent,que facilement en les regardant, l'on cognoiftra euidem- 
3 ". N. ment 


LE SECOND LIVRE 


ment toute | habitude de l'Hippopotamus,qui conuiént auec celuy 
que 1 ay veu en vie a Conftantinoble. Aufii eft1l malaïiéa croire 
que quand les anciens ont taict fi grande defpenie en la portrai- 
cture de cefte befte,la tailant grauer fur marbre, qu'ils nel aient 
faiét veoir au graueur:& le graueur en fatfat ion debuoir, n’a peu 
moins faire que de la repreienterau naturel. Or maintenant fi 
celles qui font grauees es marbres & en Porphyre,font corretpo 
dantes aux autres qui font {ur cuyure:ne dira ion pas, que ce 1oit 
vne melme chofefsemblablement files figures grauees {ur me. 
tal& marbre conuiennent auec celle quenousauonsveueenvie, 
parallement ne conclurons nous pas, que ce foi vne meime 
choies | 
Que les Romains anciennement peignoient des fleuues 


ou riuieres, al'imitation des Eo ypuens, pour exprimer 
leurs richeffes,Ër quel Hippopotamus ejt reprejenté en la 
Jlatuc du Nil de Belucder, a Romme. Chap. XXI. 


E puis prouuer par plufieurs âtiques ftatues & graueures, &pri- 
cipalemét par celle cat infigne &anciëéne du Nul qui eft mainte 
nant a Rome auiardin de Belueder,que l'Hippopotam”?,dont ie par 
le ett le vray Hippopotamus.Car anciénemet les Romaïs voulas laif 
{er memoire d'euls ala pofterité, & luy exprimats {es richeñles, 
failoiétentailler de trefgrades {tatues qui réprefétoiét les fleuues 
lefquelles chofes ils auoient apprinie, des Egyptiés, qui n'ont la 
fertilité en leur pais finon par le benefice du Nil : leiquelslere- . 
prelentants faifoientle portraiét d'vnGeat qui efpadoit de l'eau, 
aiant autour deluy plufieurs petits enftäts iuiques au nombre de 
treze,en figne des treze coudes de fa crue,& defquelsle trezief. 
me coronne {on cornucopie.Mais les Romains Voulants repre- 
{enter le Tybre faifoient faire entailler la figure d'vn tref- 
grand Geant qui auoit vne longue cheuelure, & aufti vne fort 
longue barbe, quafi comme limonneufe, ainfi aflife tenant vn 
cornucopie en {a main:par laquelle ilsvouloient fignifier fertilité 
& abundance de touts biens& grande felicité : laquelle chofe 
ils ne faifoient pas feulement d'vne feule riuiere, mais aufli de 
touts 


DE L'HIPPOPOTAMVS so 
to?,autres come du Rhiï,du Pau,du Tybre,& du Nil.Ils faifoiée 
le Tybre accoudé deflus vne Louueallaiétant Remys & Romus. 
Mais le Nileft accoudé deflus vn Sphynge,& par La bafe de la pi. 
erreily a plufieurs Hippopotames, Crocodiles, Ichneumons, & 
Ibis, touts enfculpture , aufquelles peinétures ie veul adiou- 
fter autant de f5y, comme fi lauoye l’animal prefent: caril 
faulr eftimer que quand les Princes Romains les faifoient por. 
traire,q ils auorétl'Hippopotame prefent. Il y ha encor plufieurs 
autres {culptures d’animauls en la fubfdicte pierre : mais ray 
{eulement faiét recirer vn Hippopotamus dela mefme figure quil 
eft deflus Ja pierre de marbre, tenant yn Crocodile par la 
queue eftant en leau, du quel ceftecy eft Le portraict. 


Le portrait de la figure, retiré de la flatue du Nil, du 
iardin de Belueder au palais du Pape a Rome. 
Chap. XXII. 


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LE SECOND LIVRE. ” 


V0yh donc quant a lafigure de l’Hippopotamus retiré des mar- 
bres trefantiques, duquel lestailleurs voulants enfuyuir le na . 
turel pour Le plaitir de leur prince,ont fort bié obferué toutes ces . 
parties, lefquels n'ont rien oublié qu’on y fache defirer: comme 
lon peult veoir regardant les aureilles,les yeux,les narines, les le- 
ures,les dents, le col, les iarets,le dos, les coftez;le ventre,laqueue 
les iambes.Somme toute la refte de ceftui animal,n’eft rien dif- 
ferente d’auec celuy qu’on voit a Conftantinoble: dont ie puys 
faire foy, mais non fans autheur.Car vn nommé Taques Gaflot, 
efcriuant quelque petit difcours du voiage de Conftantinoble,en 
tre autres chofes qu'ilhaefcript de Conftantinoble, ha touché 
cefte befte en quelque petite claufule, duquel les propres mots 
font comme fenfuyt.il y a auffi(dic il) plufieurs lieux en Con- 
ftitinoble,ou lon môftre beaucoup de beftes fauuages,Liepards 
Ours, Afnes fauuages, Autruches,en quantité,auffi vne certaine 
befte,queles vns appellent vn Porc matin, les autre s Bœuf ma- 
rin,mais ie ne veoy point qu'il reflemble ny a l'vnny a lautre, & 
en verité c’eft la plus villaine & laide befte que ie vey onc, l'on 
dit qu’elle a efté apportee du Nil. Tout cela difoitGafñot del'Hip 
popotame,non pas(comme j’ay dict)qu ils fachent aConftanti- 
noble le nommer d'vn nom ancien,mais1ls le nomment felon 
cequ'ilsen peuuent veoir a l'œil. 

Que plufieurs Empereurs,ayent anciennement faicf gras 
uer dinerfes efpeces de beftes en leurs medalles, & que ens 

tre autres on y Veoit la figure de l'Hippopotamus. 
Chap. XXIII. 
À Pres que r'ay baillé h figure de l'Hippopotamns retiré du mar- 
bre,ie veul confequemment en bailler quelque autre retiree 
de l’or,laquelle l'Empereur Adrien auoit faict engrauer en vne 
medalle,en laquelle eft contenu toutel hiftoire du Nil tout ainfi 
comme en celle de Belueder a Rome.Mais pource queie neveul 
defcrire neles fleuues,ne les ftatues,ie retourneray a mon Hippo- 
potamus lequel monfieur letreforier Grollier m'a permis retirer 
d’vne de fes antiques medalles d’or,dontil ha grand nombre, & 
duquel la figure que ‘ay retiree eft totalement femblable a celle 
que 


DE L'HIPPOPOTAMVS. SI 
que i’auoye defia au parauant faict retirer des marbres de Rome, 
laquelle eft tout ainfi en ladiéte medalle comme on la veoit en la 
prefente peinéture.L’Hippopotamuseft ainfi tout droiét entre les i4- 
bes de la ftatue qui reprefente le Nil , le quel n'ha quelesiam- 
bes,de derriere dedens l'eau:& eftoient fans articulatios en la me- 
dalle,mais ieluy en ay faiét peindre, fuiuantla peinéture de la 
ftatue de Rome. La ftatue qui tient le cornucopie,n eft pas pein- 
éte felon qu'on ha accouftumé de peindrele Nil,car elle ha Le vi. 
{age d'Adrien.Le Crocodille eft au defloubs dela ftatue comme 
plongé dedens le Nil. Voila quant a l'Hippopotame que nous 2- 
uons retiré de la medalle de mondiét fieur le treforier Grollier,le 
quel en ha encor plufieurs autres en argent & en cuiure, efquel- 
les font pareillement reprefentez les Hippopotames en peinétu- 
re, mais il me fuffit en auoir fait retirer la figure de l’vne,qui c6- 
uient aufli auec la befte qui eft a Côftantinoble que ’ay defia def. 
cripte:parquoy il me femble n’auoir point failly de l’auoir defcri 
te foubs le nom del Hippopotame.Séblablementoultre les mar- 
bres & monnoies,auffl en auons nous veu es Obelifques,qui n’2- 
uoient rien dedifferance auec les trois que nous auons defia de 
criptes. 

Portraitt de l'Hippopotamus d'Yne antique medalle de 
l'Empereur Adrien grauee en or, retiré d'vnedes medalles 


de monfieur le treforier Grollier. 


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LE SECOND LIVRE 


pie le temps que nous auons efté en Egypte en laville du 
Cayre,ie interroguay piufieurs i 1] y auoit aucune nouuelle de 
ce Cheual de riuere où Hippopotamus:mats ils n’é ont derciteque 
la fable en leur meinoire. Quelques vns reciénent celle meirne 
qu'onen haelcript ancienueineat,{cauoir qu'il eft fort cerrible 
cruel, & qu'il faille faire des toiies pour le prendre;,touteftois 1a- 
mais hôme ne im a iceu dire a laverité qu 1l en aitveu d'autre que 
celuyque l'ay deicrit.Celuy qui eit à Conitäunoble.fuc pris entre 
la ville qui eit maintenant nomeele Sat, & le Cayre:& melmes 
ceuls du Saet l'apporterét au Cayre au 5acha,ou ildemeura quel 
ques fepmaines attendant qu on [ enuoyroit à Conitäcinoble par 
mer.Cela eft coforme a ce que rline en ha eicrit. Car il dit qu'il 
eft pris au deilus du Saet,entre les iunidictiôs d'Egypte. Ie croy 
que c'eft le meime lieu ou anciennement turent prins lesautres 
que Marcus Scarys feit porter à Ro.ne. 
De la nature de !'Hippopotarnus. Chap, XXRETE 
Q Väta ce qui eft de la nature de l'Hippopotamus, ie n'ay n6 plus 
a en efcrire que ce qui en ha sit dera dit par les anciés. C eft 
qu'il fe depart la nuict du Nil,ou ii ha deraeurécachétour le 1our 
& va aux bleds qu'il paift toute auict:mais il chémine a recullos 
a fin que par telle aitace lon ne cognoïife poit es pas. Au furplus 
l'on ha elcript qu'il aeité noitre maitre & enieisneur en quel. 
que partie de medecine, c'eit à icauoir en la phleoocomie, ae la- 
quelle1l eft inuenceur:car quand il f'eit par crop engreié par fe 
faouler oultre melure,il vienc a la riuz da Nil,& la crouuat quel- 
quesCicots ou troncs des cannes qu'oa y a tailless,choifit Les pl? 
agues qu'il peult,& fe picquant cercainé veine dela iambe, {e fait 
aigner:&a, res qu'il ha afiez faigné,1lreitoupe la plaie delimon. 
Les cuirs des Hyppoporames eitoient bien requis le temps pañlé 
pour faire des falades & boucliers: carils eftoient impenetrables 
aux flefches & aux efpieus,doncles e{cla1es des Ethiopiens en 2- 
uoient grad gaing,d'autant qu'ils en appoïtoient beaucoupvédre 
aux foires qu'on tenoit en vne vilie des lroglodites nômee A- 
duliton.Les medecins n'ont faiét grande meation,qu'il fuit gra- 
desnent requis enl'vfage de medecine. Vray eft que quelques 
| PES 


DE L'HIPPOPOTAMVS. s2 


parties de cefte befteont efté en vfage, côme font fes tefticules, 
& la greile laquelle guarit les fiebures, côme aufli faiét la fumee 
deies excrements:& aufli la pouldre de fon cuir bruflé garifloit 
les taches du viiage & de toute corps. l'auoye1a fini la delcriptiô 
de ceit Hippopotamus lors que trouuay menfieur de Codognac var 
ler de chambre du Roy,qui venoit de Conftantinoble, lequel me 
dift que le fubidiét animal eftoit n agueres mort:& me dift auffi 
fuyuant vn doubte que r'auoye; qu'ilauoit les pieds correfpon- 
dants aux pieds d'vne Tortue, & {a queue reflembloit mieuls a 
celle d vne Tortue, qua celle d vn porceau:au par!us qu'il eftoit 
en quelquesmerques participatauec la nature de la Tortue d'eau. 


Fin de l'Hippopotamus, 


D'yn petit poiflon du Propontide fort admirable, & qui 
entre touts autres cfi d éjtrange nature, Chap.XX V. 


Ntre touts les animauls que j'aye onc faiét peindre:celuy qui 
m'a iemblé Le plus digne d'eftre adioufté auec les peinétures 
des Daulphins,eft ce petit Nastins,ou Nautonnier. Car oultre ce 
quil eft rare, auñli eft 1] d'eftrange nature & admirable,& pour 
autant qu'il reflemble à vn nauire,il ha efté nommé de touts en 
toutes langues Nautonnier. Siles Grecs & Latins n'en auoient 
aflez amplemét ecrit,ie le vouldroyeentieremét defcrire, mais 
eraailleurs mieuls a propos.Car maintenät que i ay adioufté la 
figure de ce prefent petit poiflon;il fuffira que ren efcriue brief- 
uemét,& que ie face entendre qu le trouue aufli bien en la mer 
Mediterranee, que en la mer du Propontide, & qu'ileft aufli 
trouué en la mer Adriatique aux riuages d’Efclauônie& duFriol. 
. Car monfieur maiftre Iehan de Rochefort eloquent P hilofophe 
& excellent medecin dela maifon des Rocheforts de Blais,le me 
feift veoir la premiere fois a Padoue, lequel luy auoitefté enuoyé 
_par vnfien amy de Muggia,qui eft vne ville en Friol , au riuage 
dela mer Adriatique. Mais depuis ie me fuis trouué a enveoir de 
ceuls qu'on auoit pefchez en la mer Mediterranee car aufi adui- 
ent 


LE SECOND LIVRE 


entilqu'onentrouue quelqueffois comme à Miffine & a Nas 
ples,ou encor pour leiourd'huy lon en pourroit voir des coquil- 
les au logis du capitainenomméGuifchard,lequel eftant n'a pas 
long temps general des galleres de Sicile, vn fien fouldard en fe 
pourmenant par les riuages Juy en apporta vn en vie. Nousauôs 
ouy fon appellation vulgaire que luy ontbailléles Italiens, qui 


le nommoient Mofcarolo. Mais Mof carolo ou Mafcardino eft nom qui. 


eft deu a vnautrenommé Ofmylus. V ray eft que comme Ofmylus 
hiodeur de mufc,aufli ha ce Nautilus, parquoy les habitäts du'far 
de Mifline Le nômét en leur vulgaire Mufcardino.Il ha l'efcorce té- 
dre&fubtilecôme papier,toute faicte a petits raiôs:16 appelle cela 
eftre ftrié oucänelé. Elle n’eft pas de fi exquife couleur d'argét,co 
me eft yne autre efpece de coquille qui luy reflemble, de laquel- 


le eftoient faicts les vaifleaux qu’on nômoit Murrbina vafa, & qui | 


eft appelleeen Francois coquille de Nacre de perle,ou bien grof- 
{e Porcelaine mais elleeft de couleur tirant fur Le laiét,moultbié 
reluifante,de laquelle La prefente eft fa vraie peinéture, 


Portrait du Nautillus lequel Pline nôme Pôpilus ou Nauplius. 


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Lle reféble a vn nauire qui anciénement eftoitnôméAcati6, 
vaifleau plus commun en la mer du Propontide qu'il n'eftoit 
ailleurs. Matianus parlât de cefte efpece de coche, l'a defcripte co 
me il la veit auPropontide,elle ha vneenfonfure proprement co- 
me vn nauire,&ladiéte enfonfure eft ce qu'on nomme la carëne: 
a laquelle enfon{ure ou carenne l'on ha couftume d'atracher les 
aix du nauire aux deux coftez.Il femble que ladicte coquille {oit 
de trois pieces, fcauoir eft que l’enfon{urefoit feparee des deux 
coftez. Mais cela n’eft que de l’induftrie de nature:car elle eft av 
nefeule piece,toute a beauls petits raions.Elle porte la proue de- 
uant,comme fait vn nauire: & la pouppe derriere,ainfi retour- 
nee en rondeur de compas,comme eftoit celle efpece de nauire 
quiauoitnomAcation:cefte coquille eft touce cochee aux bords, 
& feroitquafñ de forme ronde, felle n'auoitouuerture par l'en- 
droict ou fenourric{on animal. Sa grandeur ne furpaile point v- 
nepaulme:careftendant la main defl?fon elcorce parlalôgueur, 
lesextremitez du poulce & dupetit doigt pourront bien arriuer 
aux extremitez de la coquille. {a fault manier doulcement:car 
elle eft fragile. V aila quät ala coquille. Mais quand le poifio {ent 
le temps douls,& lamerfanstempefte, lors il fort hors de la mer 
auec fa coquille,& vient {’eibatre fur leau,le ventrecontremont: 
uieftchofe moult admiräbleen nature,qui n'eft comune a nul 
autre.Il laiffe vneefpace vuide, fachant que {a coquille en fera 
pluslegiere,a fin que mettant hors & eftendant vne membrane 
ou pellicule qu'ilha,& d'icelle faifant voile,laquelle il renforce 
auec deux de fes iambes oucirres,l’vne deca l'autre dela, 1l ait le 
plaifir quil pretent eftant poul{élegierement du vent par deflus 
l'eau.Il ha quatreiambes dechafque cofté,delquelles deux tien- 
nent la voile dreflee,& Les autresluy feruent d’auirons & de gou 
uernail,& a le voir lon diroit proprement que c'eft vnvauire.s il 
fent quelqueperil eminent,tant des oyfeaux nommez Lari, qui 
eftants en l'airluy fontlaguereecommeal'Exocetus, ou. bien les 
autresappellez Caniards de mer,alorsilretournefa coquille qui 
auoit le ventre contremont,& la remplitd'eau,& fereurededes, 
pour tetourner trouuer le fondde la.mer. Etfe aiant tourné la co 
_ quillefurfondos;iltetient puis.la vraie fago divn Limasde mer. 
> | ©}. D ÿse 


LE SECOND LIVRE 


D'vne autre coquille prefque Jemblable au Nautilus, dont 
anciennement on faifoir les plus beauls Yvafes qu'enffent les 
Romains en Yfage. Chap.  XXVL 


À comparaifon que i’ay naguere faicte de mon Nastilus, a la 
grand coquille de Porcelaine, ma baillé occafion de la deicri- 
re. Elle eft autrement nommee Coquille de Nacre de perle: 1ll'a- 
uoyt au parauant foupfonnee eftre celle a qui le nom de anti? 
deuft conuenir.Mais depuis aiant trouué le Nautilus, ie mefuys 
mis en elfort,de trouuer vn nom ancien a la fufdiéte Coquille 
de Porcelaine, qui ne m'a efté chofe moult difficile, veu mefme- 
ment que le commun peuplela nommé vulgairemeét grofle Por 
celaine,a la difference des petites. Defquelles l'appellation n'eft 
pas moderne, Car ie trouue des autheurs quien ont faiét méti, 
expreffe les nômäts enLati Porcellones:deiqueliesles medecis ont 
quelque vlage,comme on peult veoir en l'autheur des Pädeétes 
& au Nicolas. Cela m'a faiét autrefois pen{er que les ouuriers euf 
{ent l’induftrie de les fcauoir accouftrer pour en faire ces beaus 
vafes que nous nommons de Porcelaine. Or ces Coquiiles que 
j'ay diteftre nommees Porcelaines,{ont moult petites, aiäts quel 
que affinité auec celles qui ont nom Mwrices, & Murex eft a dire 
Parpara,qui fe refent de murrba.Parquoy fachant que lesvaifleaus 
quianciennement {'appeilotent Mwrrbina, furpañloient coutsau- 
tres en excellence de beauté & en pris lefquels touteftois eftoiét 
naturels:fachant aufli que ceuls que nous nommons de Porcelai 
ne font artificiels. l’ay bien ofé penfer quelesvales vulgairement 
nommez Porcelaine ne foient pas vraiement Martbina. Car Mure 
rhina me femble retenir quelque affinité auec Murex,& auffi la di- 
étion de Murex {e refent 1e ne {cay quoy de la Porcelaine. Par 
quoy ie ne pourroie conceder que les vaifleauls de Porcelainear- 
uficiels faicts de terre,puiffent obtenir ce nom antique, tant infi. 
gne & excellent de Murrhina -vafa: mais trop bien que les vales 
taiéts de la fub{diéte grofie Porcelaine ou Coquille de Nacre de 
Perle,le pourroientobtenir:car c'eftoient d'elles quetels vafes ef: 
toient faicts.Il y ha vne autreefpece de Coquille moult grofie, 
pelante,& lourde,que lesvns nômentimproprem D Pr 
e 


DE LA COQVILLE DE PORCEILLAINE. s4 


Decefte n'entensie pas,ne aufli des vignols dont ceuls du Brefil 
font les patenolres,1e au des Nacres ou meres de perles, qui 
reflemblenta leicailie à vue huiftre, ne aufli de plufeurs autres 
qui font nommez Nacres de peries. Mais i'entens de ces Leiles 
Coquilles,rondes & caues,faictes en maniere de nauire,tant luy- 
fantes & poliees, donc la couleur et plus excellente & exquiie, 
que neit la naitue couleur des perles:& [a defquelles melmemét 
{plendeur faict apparoïitie vs arc en ciel, d yne infinité de cou 
leurs reluifances quiiereferent es yeulx de ceux qui les cotéplet. 
dont ieftime que les vaifieauls qui en furét anciennemét faicts, 
prindrent ceite appellation de Marrbina, d'autant qu'ils tenoient 
quelques merques de là couleur de Myrex qui eft a dire P#rpura. 
Muaisie veoy maintenant Vne Maniere de vaifleauls crie ie croy 
eftre de l'inuention moderne quañi correlpondants aux antiques 
nommez en vulgaire vaieauls de Porcelaine, & croy bien que 
leur nom moderne 1e reiente quelque chofe de l'antique appeila- 
tion de Mwrrbina.Ces vales de Porcelaine 10t les plus celebres qu’'ô 
veoit pour Le iourd'huy.Lefquels font en ce difterents aux anciés 
que ceuls cidont artificiels,&les autres n6.Ietrouue que les vaif- 
{eauls de Porcelaine font faiéts la plufpart de la pierre nommee 
Moroch:bus, ouLencoyrephis:ae laquelleles Egyptiés fe {eruoient an. 
ciennement a blanchir leurs linges:mais ils en ont tourné 1 vfa- 
ge a donner les couuertures & enduiéts ou reueiteméts aux {ub{- 
dicts vaifleauls.Et combien qu'il y ait de telle pierre au pais Vi- 
-Cétin,au territoire Venitié aupres de la tour Roufie, qu'on porte 
a Sallo,& de la par le lac de guarde pour diftribueresvilies d'Italie, 
dontils fôtles couuertures des{ubidiéts vates dePorcelaines tou 
 teffoisil ny ha nulle comparaifon d'excellence d'ouurage aux 
vaifleauls de Porcelaine faits en Italie,auec ceuls qu'on faiét en 
: Azamie& Egypte, lefquels font tranfparents & excellents en 
beaulté,8&dont nous {cauons que la piece pour petite qu'elle {oit 
eft vendue au Caire deux ducats,comme eft vne efcuelleou vn 
plat.Ily en ha au Caire qui y ont efté apportez de Azimie, c'eft a 
dire Aftirie & difent qu'on en faict aufli en Inde:dont vne gräde 
aiguiere ou coquemart eft vendu cinq ducats la piece. S1 eft ce 
. qu'ils font vaifieauls mal couenants a mettre au feu, Tels vafes 
. fonc artificiels faicts de ce que i'ay dict.Maisles vafes dont v- 
\ 3 NS NE RTE TS {oient 


LE SECOND LIVRE 


{oient les Romains, eftoient naturels, n'aiants autre artifice de 
l'ouurier;finon belle pollifure: & enchaflement de la Coquille. 
Or pource que i'ay entrepris d'expliquer cefte chole, & la-prou. 
uer par la peinéture,& par Les vaies qu’on en faiét, il m'a femblé: 
bon ne païler oulcre que premier ie n'en baille leur defcription- 
que ie prendray de rline & confequemmentle portait. Si 1en- 
creprenoye delcrire toute l'hiitoire des vaifleauls de Porcelaine, 
j'entreroye en vn gräd Labyrinthe hors de m6 propos,dont 1e ne 
pourroye ayleement lortir.Parquoy ie finiray des vaifleauls de 
Porcelaine,& prendray a parler desvaifieauls de Mwrrhna;que ray 
delia diftingué des vatileauls dePorcelaine,detquels Pline ha am 
plemét efcript au fecôd chap.du xxxvij liure, dôtilmetuffiten 
coucher Legierement quelque petit mot en prouue de ceque € 
ay delia parlé. Au lieu deflus allegué Pline diét,qu'on n'en auoit 
encor point veu a Rome auant la viétoire Afiatique de Pompee 
lequel en dedia premieremét fix de fon triäphe à Iupiter . Mais 
tantoit apres par excellencechafque grand feigneur en voëlut 
auoir. Il en dict beaucoup d’auätage,que ie laifls a caufe de brief. 
ueté:touteltois ray bien voulu adioutter ce qu'ilenelcripe fur la 
fin du chapitre.C’eit que tels vaifieauls eftoient apportez du pais 
d'orient a Rome,& qu'on yen trouuoit en plufieurs endroicts, 
mais grandement au roiaulme des Parthes, & principalement 
en Carmanie.L'oneftime(ditilqu'ils foient procrées toubs ter- 
re d ü humeur efpeifie par la chaleur. Leur grandeur n'excede ia 
mais Les petits Gardemägers, & peu fouuét;tont fiefpes qu'eftvn 
vatfieau a boire.Ces vaifteauls(dir il)ont fplendeur fans force, & 
plus toit nireur qne fplendeur.Maisla diuerfité des couleurs les 
faiét ettre en eltimne & hault pris, feauoir eft de taches fe chan- 
geauts en circuit de couleur depourpre&blancheur, & tierce- 
ment d vne viue & enflammee couleurentre les deux, comme 
par pourpre {urpaflant la rougeur,ou blanchifant en couleur de 
lait. Aucuns louent principalementen euls les extremitez, & 
quelques reuerberation de couleurs,tellesqu'onvoiten l'arc en 
ciel, c'elt a dire celelte.Les taches graffes ou efpeñles y {ont plaifä 
ces:mais la tran{parence on palle couleur y éft vicieule, & autli 
les inequalitez & verrues non eminentes,mais plates,çcomme es 
| corps. ! 


DE LA COQUILLE DE PORCELLAINE. Ts 
corps.Ils ont auffi quelque louenge en l'odeur. Cela dict Pline. 
Je ne di pas qu'on ne puifle bien appeller les fubfdiéts vafes Por. 
celaine:mats il les fault diftinguer,les nômant vaifieaulsde Por 
celaineantiques,a la difference des vaifleauls de Porcelaine mo- 
dernes.Car ceuls que nous aus pour le iourd’huy; font vaifleauls 
faiéts de terre,que les Latins nomment Fi£kilia:ce que n’eftoient 
Jes vales de Porcelaine des antiques comme il appert en vn paf 
fage de Pline au liure trentecinq;, chapitre douziefme, duquel il 
im a {emblé conuenable mettre les mots Latins.Vitellius (dit il) 
is principatu fo cc.feftertiis condidit patinam, cuifaciende forvax in campis 
exædificata erat:quoniam ed peruenit [uxuria, vt etiam fi£tilia pluris conftét, 
gsm Murrbina.Ce pañlage de Pline eft grandement a noter, car par 
iceluy appert que Murrbina n’eltoient point faiéts de terre,queles 
Latins dienc Fitilis:& neantmoins ceuls qui afferment les vafes 
vulgairement appellez de Porcelaine,eftre ceuls queles anciens 
nommoientM#rrbina,ne fcauroient nier que lefdiétsvafes auiour 
d'huy nommez de Porcelaine,ne foient H£tilia, c’eft a dire faiéts 
decerre.le croy que qui vouldra regar der de bien pres a la Co- 
quille dont ie baille le portraict,trouuera toutes les merques que 
iay nagueres efcriptes de Murrhina,par quoy ilme femble netail 

lir point en nommant Myrrha Concha de nom antique, la Coquille 
dont icyeftleportraiét. ! 


Portraitt dela Coquille, vulgairement nommee ‘groffe 


” Porcellaine,ou grand Coquille de Nacre de perle. 
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Table desnoms propres contenant {euz 


LEMENT LES CHOSES PLVS 


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notables de ce prefent liure. 


Acipenfer fo. 20 
Acation fo. 53 
Adano fo. 13 
Aduliton fo, 51 
Aigles de Pempire fo.16 
Alouettes fo. 22 
Albanois tiennent la religion Gres 

que fo.6 & 25 
Amia l'ennemy capital du Daul- 

phin fo. 21. 24 & 45 


Amnios ou eft contenu vne liqueur 
enla fecondine du Daulphin 


fo. 39 

Amphibia animalia fo. 47 
Anguille fo. 19 
Anaromie du Daulphin fo. 36 
Anges de mer fo. 41 
Aper poiflon,c’eft a dire porc fan: 
glier fo. 2 0 & 21 
Apollo Citharædus fo. 18 
Arbaleftre poiflon fo. 45 


Arabes ne mangent point de Daul 


phin fo. $ 
Arion fauué de peril de la mer,par 
vn Daulphin fo. 7 
Armes du Roy Afis fou12 
Afne de mer fo. 17 
Afpre artere ou fifilet du Daulphin 
fo. 3ÿ 
Atheneus fo. 15 
Attilus poiflon du Pau fo. 13 
Aurata eft differentanoftre doree 
fo.20 

B 
Baleine fo. 10. 30 32 42 43 & 47 
Barbeau fo:39 
Balçfta fo. 45 


Bec d'Oie fo, 10 
Benigne de villars appoticaire de 
Difgeon fo. 22 
Bomarin fo. 48 
Bofphorus cimmerius fo. 45 
Bœuf marin fo. 20 
Boucs fo. 30 
Bretons fo. 9 
Bremme de mer fo. 18 
Bremme d’eau doulce fo. 18 
C 
Cauiarrouge de carpe fo. 3$ 
Cauiar noir d’'Efturgeon fo. 3$ 
Cabafoni fo.19 
Canicula fo. 7 
Carulos fo. 22 
Canadelle fo.17 
Canarelle fo. 17 
Cantarus fo.18 
Cantena fo.18 
Caftor fo. 30 & 47 
Capon fo. 19 
Carpion fo. 48 
Coniards fo. 22 
Cæfat fo. 1$ 
Cetacees fo. 27847 
Cetarij _ fo.47 
Chafle des Daulphins.. fo. 22 
Cheuille ou {calme fo. 17 
Chamas fo. 37 
Chauldron  fo.37.10 3142 & 47 
Chien de mer fo.17.28 & 41 
Chorion du Daulphin fo. 38 
Cigales fo. 17 
Cichara fo. 18 
Citharus fo. 18 
Claudius 


fo. 32 


à 


TABLE 


Cleopatra fo. 48 
Coquille de Nacre deperle fo. $z 
Congre fo. $9 & 20 
Concombre de mer fo. 17 
Corbeaux de mer fo. 17 
Coffiphos fo. 17 
Cortuia Ifle fo. 25 
Coniugation des nerfs du cerueau 

du Dauiphin fo. 37 
Crocodile fo.47& 50 


Curiofité du Roy Francois fo.43 
Daulphin pris a Rimini fo, 7 
Dauiphin roy des poiflons fo.4 
Dalmates tiennent le party des 


Grecs fo. $ 
Daniel Barbarus gentilhomme Ve 

nicien fo. 7 
Daulphin voulté ou courbé fo. 11 
Daulphiné fo. 15 &26 
Dauphin vignote fo. 16 
Daulphin pañlagers fo. 24 
Delphinion herbe fo. 25 
Delphinophoron fo. 26 


Defcription du Daulphin fo. 26 
Delcription delPHippopo. fo.48 


Defcriprion du Mariouin  fo.29 
Defcription d'Orca fo. 358 
Delphiniera fo. 46 


Diaphragme du Daulphin fo.3ÿ 
Diodore fo. 49 
Donielle fo. 17 
Dor{o repando,Delphinus fo.10 


Dorce fo. 20 
Dragon fo. 18 
Draco fo. 18 
à E 
-Egyptiens fo. 
Egullats fo.17 
Elephants fo.48 
-  Embrion du Daulphin fo.40 &ut 
. Epigaître du Dauiphin fo. 37 
… Eftranges poiflons fo.16 


Elclauos viuéc ala Greque.f.s &25 


Efturgeon 15 20 & 36 
-Eftoille fo. 17 
Efmerillon ”, Lo: 
Eftomach du Daulphin  fo.3$ 
Eftourneauls de mer fo. 17 
Exocetus - fo. & 53 
Feftinalentè fo. 12 
Francois Perier peinétre  fo.25 
G 
Galei fo. 45 
Gac | 2 fo. 17 
Gaillee fo. 19 
Gauia ou moutte fo. 22 
Gardemanger fo. 26 
Geneuois fo. 14 
Genitoires des femelles  fo.42 
Gilbert medecin de Kome  fo.7 
Girafes fo. 7 
Glinos : fo.21 
Gournault fo. 19 
Gofier du Daulphin fo. 35 


Grande coquille de pocelaine f. ÿ3 


Grue de mer fo. 17 
Griues fo. 17 
Grillus fo. 20 
Grenoille de mer fo. 37 
Grofle porcelaine fo, 52 
Guido de Colona f.1$ 
H 
Harpe fo.18 
Harpons fo. 46 
Herodote fo. 45 
Heron de mer foi4 
Hipposotamus fo. 20 & ç1 
Hirondelles de mer fo.25 
Hobreau fo. 22 
Homar f.17 
Holofteos fo. 19 
Hys fo. 20 
Hymenees f. 41 
I 
Iuifs fo. ç 


TABLE 


. Joänes VVatfon fcauant medecin 
Anglois . HOT 
Monfieur M.Iean.le Feron. fo.16 


Julis. fo.17 
Inceftins du Daulphin fo.36 
Ichtiocolla fo.47 
Ichneumon fo.so 
Iehan de Rochefort fo.s2 
Ibis fo:50 


Inuéteur de la feignee Hip. fo.ÿ1 
L 


Latins moins fcrupuleus que les 


Grecs fo. 8 
Laros fo.22. 
L’angoufte | fo. 53 
Labyrinthe de Crete. fo.36 
Laggione fo.17 
Lambena fo.17 
Lamproie fo.19 
Lamia fo.25 & 45 
Larinx du Daulphin fo.35 
Lelepris fo.17 
Leucographis fo.5 4 
L’hiftoire d'Arion fo.s 
Limats de mer fo.s3 
Lieure marin fo.16 
Lion de mer  fo.i7 
Littorales ou de riuage fo.17 
Lyra fo.t8 &19 
Libella . 45 & 47 
Lynces fo.48. 
Licpards fo.48 
Loy de moyfe fo. ÿ 
Lotte de mer fo.20 
Loutre. fo.30 & 47 
Lune,poiffon de mer. fo.r7 


M 


MaiftrePierreGeodon apoti.fo.42 
Mario fo.20 
Matrice du Daulphin fo,40 & 41 
Mararmat fo.18 
Malarmat fo.18 


Mahometiftes ne mangent point 

deDaulphin ne de Porc fo. 5 
Mangrellie , fo.35 
Marimers Veniciens fo.8 
Marfouin n’eft pas diction Fran- 


coife fo.8 
Marfioni petit poiflon fo.29 
Mar{yo | fo.9 
Mamelles du Daulphin fo.36 


Merfoun,ou Murfouin fo.9 & 10 


Medalles antiques contenants les. 


| Daulphins fo.1r 
Merlus fo.17 
Merle de mer fo.17 
Mifline fo.ÿ2 
Milan de mer fo.zs 


Mille peinétures de poifluns aflem 
blees par M.Rôdelet fo. 47 
Mofcarolo ou Mufcarolo  fo.st 


Mofcardino ou Mufcardino fo.ft 


Monfieur Goupil medecin fo.47 
Morho ou Morhou 
Mafchouere d'vne Orca chez M. 

legarde de feaux Bertrandi 


|  fo.3r 
Morochthus pierre _fo.s4 
M.Scaurus fo.48 
Muggia ville en*Friol fo.ÿz 
Mulec de mer fo.17 


Murene n’eit pas Lamproie fo.19. 


Murrhina vaia fo.s2 53 & 54 
Murex fo.s3 & 54 
Mutianus fo.$3 
Murrha concha fo.s3&s4 
Æ 

Nautilus fo.s2 53 & 54 
Nauronnier fo.s2z. 
Nacre de perles fs.5253 &54 
Nebrides Galei -fo.17 
Nefs des efchanfons de paneterie 

de chez les princes.  fo.26 
Nifoles . | fo. 17 


fo.9 


TABLE 


O 


Obelifques ou {ont grauez les ima 


ges desHippopotames fo.51 


Omentum du Daulphin  fo.ss 
Onces fo.48 
Oudre & Ouette fo,1o & 30 
Orties de mer fo.17 
Orca fo.32 
Oflements du Daulphin  fo.45 
Ofmylus fo.s1 
Ours de mer fo. 16 


Oye de mer ou Daulphin fois & 
14 
LU AET S. P 
Paraftates des Daulphines fo. 42 
Papilles ou trayons des mamelles 


de la Daulphine fo. 35 & 37 
Palumb fo. 17 
Papegault de mer fo.17 
Paon de mer fo.17 & 18 


Pefce forca . 19 
Peïétures de poiffons deM.Daniel 
BarbarusPatriarche d’Aquileefo.7 


Pefce armato fo.18 
Pefce fan Petro fo. 20 
Pertes font Mahômetiftes fo ÿ 
Pefcheurs du Leuant fo. 7 
Pelamides fo. 11 
Pefce {pada : fo. 14 
Petrus Gillius fo, 45 
Pes efcome fo. 17 
Peticardion du Daulphin  fo.3s 
Pelagij,ou de plainemer fo. 17 
Phileter | fo. 31 
Philantropos. fo. 5 
Phoca ou veau de mer fo. 29 


Phocænaou Marfouin fo. 9 14 & 


15. 

Phycis ou Tenche de mer fo.17 
. Phalangions fo 42 
Pic de mer,ou Piuerd fo. 17 
Pierre Geodon appoticaire fo.42 
Pompilus fo. 26 & 52 


Porc pos ou Porcpifch fo. 9 
Porceau de mer fo, 9 &10 
Poiflon Empereur fo. 14 
Porcelaine fo. 53 
_ Porcelette 0.20 
Porcelliones fo. 53 
Porcus fo. 20 
Portraiét du Daulphin fo. 29 
Portraiét de Orca fo. 32 
Prouerbe d’AugufteCæfar fo. 12 
Priftes fo. 31 
Priftis fo. 35 
Pforon fo. 17 
Pyramide d'Egypte. fo. 36 
À °_R | 
Raifins de mer fo. 17 
Raies defguifees fo. 16 
Rats d’eau fo. 30 
Ratte de POrca PRE © 


0. 43 
Religion des Mahometiftes fo.s 


Regnard demer fo.16,25 & 46 
Remus fo. 45 
Romulus fo. $0 
Rhines fo. 4r 
Riuiere du Pau fo. 13 
Rouget fo.19 
Rouflette fo.r72141 &47 
Roquau fo.17 
Rotulo fo. 20 
Rougnons du Daulphin  fo.36 
Ruüiens obeiflent a lefglife Gre- 

que fo. $ 

S 

Saet ville d'Egypte fo. $1 
Salmandre fo. 42 
Sardines fo. 22 
Sauterelle de mer fo. 17 
Sanglier poiflon du fleuue Achelo 

us fo, 20 
Saxatiles fo. 17 


Saulmont d’eftain ou de plomb fo. 
z 6 P3. 


Sanut ! fo.19 
Scaurus fo. 19 
Salpa | fo. 18 
Scelecos du Daulphin'. f4ÿ 
Scardola fo. 
Serpent de mer fo. s9 & 20 
Serpens terreftres fo. 19 
Sercafes {ont de la foy Greque.t $ 
Selerins fo.20 & 47 
Singe de mer fo.14.158& 21 
Synediæ to. 27 
Synodontides fo. 37 
Soleil fo. 17 
Sphiræna fo.17 
Spinaces Galei fo. 
Sphinges _ fo.37&5so 
Scacues du Daulphin fo.so 
Statues Egypriennes fo. 49 
Statues KRomaines fd. 49 
Stellaris fo. 17 
Superftition des Grecs fo. 5 
Sus fo. 20 
Syriens fs 
T 
Tarentins fo.12z &1$ 
_ Taras fo. 12 & is 
Tanches de mer fo. 18 
Tanua fo. 18 
Telemachus fo. 15 & 26 
Tete du Daulphin fo. 38 
Tygres . fo. 48 
Tite Vefpañen fo. 12 
Toys fo. 11 & 14 


TABLE 


Torfyo fo.14 & 29 
Tortues fo. 30 
Troglodytes fo. st 
Trippe du nombril du Daulphin 
| fo. 38 &39 

Traine fo. 21 
Troiens fo. 1$ 
True fo. 20 
Trueue |fo. 20 
Truega fo. 20 
Trigliites fo. 37 
Turco fo. 9 
.Tumbe fo..19 


Vaiffeau nommé Delphinus fo. 26 


Valcurnus . fo. 
Vilifles fo.1; & 26 
Viue fo. 18 
Veau de mer fo. 29 & 47 
Vter rs | fo. 30 
Veines du Daulphin fo. 36 
Vreteres du Daulphin fo. 37 


Vefcie du Daulphinfo. 37 & 40 

Vrachus 38.39 & 41 

Voiage de monfieurle Baron des 
funét par Arabie deferte 


Vipere fo.42 
Vertebres du Daulphia f. 45 
Vignols fo. $4 
Zigurelle fo.17 
Zaphile,ou Zaphirus fo. 18 


Zigena ou Libella fo..4$ & 47 


FAVLTES ADVENVESA L'IMPRESSION, 


 Auneufefme fueillet chap.xv.ouil y ha que la voix du Daulphi 
liez quele nô du Daulphin Au xv. fueillec chap.xvi. pour l'en- 
grauene hiez lengraucure. Au xvj.fuallec cha.xxx.ou1il y ha ne 
pouues,lilez ne peuuét. Au xvij.fueil.ligne derniere ou 1l y a che 
nulle Liez cheuiile.au xix.f. chap.xxxj.pourrafeau lfez Grcuit. 


Au xxx}. f. chap.penultime pour narines lilez racine, 


dure 


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