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Full text of "L'hivernage des abeilles au Canada"

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PUBLICATION   681  MAI  1940 

BULLETIN    DU   CULTIVATEUR  89  REVISION    DU   BULLETIN  74   N.S. 

DOMINION    DU  CANADA— MINISTÈRE   DE  L'AGRICULTURE 


L'Hivernage  des  Abeilles  au  Canada 


Par 
C.  B.  GOODERHAM 

APICULTEUR  DU  DOMINION 


wim 


Partie  du  rucher  à  la  ferme  expérimentale  centrale,  Ottawa.     Caisses  bien  recouvertes 

de  neige  et  protégées  contre  le  vent. 


DIVISION  DE  L'APICULTURE 

SERVICE   DES    FERMES    EXPERIMENTALES 


Publié  par  ordre  de  l'Hon.  James  G.  Gardiner,  Ministre  de  l'Agriculture, 

Ottawa,  Canada. 


5:40 


TABLE  DES  MATIERES 

Page 

Facteurs  essentiels  au  bon   hivernage 5 

Comment  les  abeilles  hivernent 6 

Fortes  colonies  de  jeunes  abeilles 7 

Provision  abondante  de  nourriture  saine 8 

Protection  contre  le  froid 11 

Hivernage  en  cave 12 

Hivernage  en  plein  air 17 

Caisses  en   papier .• 21 

Construction  des  caisses 23 

Entrées  par-dessus  pour  l'hivernage 26 

Conduite  du  rucher  au  printemps 26 

Résumé 30 


80468— U 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2012  with  funding  from 

Agriculture  and  Agri-Food  Canada  -  Agriculture  et  Agroalimentaire  Canada 


http://www.archive.org/details/lhivernagedesabeOOgood 


L'HIVERNAGE  DES  ABEILLES  AU  CANADA 


L'apiculture  est  aujourd'hui  une  industrie  importante  au  Canada.  Le  nom- 
bre de  ruchers  augmente  tous  les  ans  sur  toute  l'étendue  du  pays  et  spécialement 
dans  les  provinces  de  l'Ouest.  LTne  des  conditions  essentielles  au  développement 
de  cette  industrie  est  la  conservation  des  abeilles  en  hiver.  Il  meurt  tous  les  ans 
en  hiver  dans  notre  pays  un  grand  nombre  de  ruches  que  l'on  aurait  pu  facilement 
conserver  en  prenant  un  peu  plus  de  soins  et  de  précautions  et  beaucoup  d'autres 
sont  tellement  affaiblies  par  le  manque  de  soins  qu'elles  ne  peuvent  reconstituer 
leur  population  à  temps  pour  profiter  de  la  récolte  principale  du  miel,  surtout 
dans  les  régions  où  cette  récolte  a  lieu  de  bonne  heure,  lorsqu'elle  est  fournie  par 
le  trèfle  d'alsike,  par  exemple.  Il  vaut  beaucoup  mieux  donner  aux  abeilles  les 
soins  qu'elles  exigent  en  automne  pour  ne  pas  avoir  au  printemps  des  ruches  vides 
et  dégarnies  qui  obligent  les  abeilles  survivantes  à  passer  le  meilleur  de  leur  temps 
à  les  repeupler.  Les  rendements  remarquablement  élevés  de  bon  miel  que  l'on 
obtient  dans  presque  toutes  les  parties  du  Canada  devraient  être  Un  encourage- 
ment suffisant  à  apporter  tous  les  soins  nécessaires  à  la  préparation  des  abeilles 
pour  l'hiver.  C'est  courir  à  un  désastre  que  de  remettre  ces  préparatifs  au  com- 
mencement de  l'hiver  ou  de  déranger  les  abeilles  pendant  une  journée  froide.  Il 
y  a  aussi  ce  danger  que  si  les  provisions  données  aux  abeilles  se  composent  princi- 
palement de  sirop  de  sucre,  les  froids  peuvent  les  empêcher  d'en  emmagasiner 
suffisamment  pour  leur  durer  tout  l'hiver. 

L'hiver  canadien,  tout  long  et  tout  froid  qu'il  soit  dans  la  plupart  des  parties 
du  pays,  n'est  pas  aussi  dur  pour  les  abeilles  que  l'on  pourrait  s'imaginer.  L'hi- 
vernage est  même,  sous  certains  rapports,  moins  périlleux  chez  nous  que  sous  un 
climat  plus  doux.  C'est  parce  que  les  abeilles  se  reposent  mieux  pendant  l'hiver 
au  lieu  de  s'épuiser  par  une  activité  inutile.  Il  y  a  peu  de  conditions  qui  soient 
plus  pénibles  pour  les  abeilles  qu'une  température  très  douce  vers  la  fin  de  l'hiver, 
car  elles  s'épuisent  alors  et  meurent  par  milliers  en  essayant  d'élever  du  couvain 
et  en  sortant  pour  visiter  les  fleurs  précoces  par  une  température  froide  et 
variable.  Ces  conditions  sévissent  plus  ou  moins  sur  l'île  de  Vancouver  et  dans 
les  régions  côtières  de  la  Colombie-Britannique;  dans  la  plupart  des  parties  du 
Canada,  cependant,  le  repos  de  l'hiver  continue  jusqu'au  mois  d'avril;  alors 
arrivent  bientôt  les  longues  journées  chaudes,  les  abeilles  se  multiplient  rapide- 
ment et  les  colonies  se  repeuplent  en  un  temps  remarquablement  court. 

FACTEURS  ESSENTIELS  AU  BON  HIVERNAGE 

Nous  avons  appris  au  Canada  que  trois  conditions  sont  importantes  entre 
toutes  pour  le  bon  hivernage  et  que  l'oubli  de  l'une  ou  l'autre  d'entre  elles  cause 
la  mort  de  la  ruche  ou  l'affaiblit  à  un  tel  point  qu'elle  cesse  de  produire  écono- 
miquement.   Voici  quelles  sont  ces  conditions: — 

1.  Colonies  fortes,  c'est-à-dire  bien  peuplées,  composées  principalement  de 

jeunes  abeilles. 

2.  Abondance  de  provisions  saines,  et 

3.  Protection  suffisante  contre  le  froid  et  les  changements  de  température. 

Le  bon  hivernage  des  abeilles  au  Canada  dépend  principalement  de  ces 
trois  conditions,  et  c'est  à  l'apiculteur  à  les  fournir. 


6 
COMMENT  LES  ABEILLES  HIVERNENT 

Les  abeilles  n'hivernent  pas,  dans  le  vrai  sens  de  ce  mot.  Lorsque  le  temps 
devient  froid,  elles  se  rassemblent  en  peloton  compact  ou  'grappe'  et  les  abeilles 
au  cœur  de  ce  peloton  engendrent  de  la  chaleur  pour  réchauffer  toute  la  grappe. 
Naturellement,  cette  activité  nécessite  la  consommation  de  provisions  en  propor- 
tion de  la  somme  d'énergie  dépensée.  Les  abeilles  sur  l'extérieur  de  la  grappe 
servent  de  couvert  isolant,  se  dilatant  ou  se  contractant  au  besoin  pour  régler  la 
chaleur  intérieure  de  la  grappe.  Le  Dr  E.  F.  Phillips  et  G.  S.  Demuth  ont 
démontré  que  lorsque  la  température  de  la  ruche  fluctue  entre  69  et  57  degrés  F. 
les  abeilles  restent  tranquilles  sur  les  rayons,  mais  dès  que  la  température  tombe  à 
57  degrés,  ou  moins,  un  peloton  se  forme  et  il  s'engendre  de  la  chaleur.1  Plus  la 
ruche  se  refroidit  plus  il  faut  de  la  chaleur  pour  maintenir  la  température  de  la 
grappe  aux  57  degrés  nécessaires.  Si  le  peloton  est  petit,  il  y  aura  moins  d'abeil- 
les pour  la  production  de  la  chaleur  et  la  protection  du  peloton,  et  chaque  abeille 
devra  travailler  beaucoup  plus  pour  tenir  le  peloton  chaudement  que  si  la  grappe 
d'abeille  était  plus  nombreuse.  Une  production  excessive  de  chaleur  porte  les 
abeilles  à  produire  du  couvain  prématurément,  ce  qui  est  généralement  fatal  pour 
la  colonie.  Plus  il  y  a  d'abeilles  dans  une  colonie  moins  chacune  d'elles  est  obligée 
de  travailler;  on  voit  donc  qu'une  colonie  nombreuse,  bien  nourrie  et  bien  pro- 
tégée, a  beaucoup  plus  de  chances  de  survivre  à  l'hiver  qu'une  colonie  faible,  à 
condition  que- les  abeilles  soient  relativement  jeunes.  La  ruche  n'est  donc  jamais 
trop  peuplée  pour  l'hiver,  et  c'est  commettre  une  erreur  que  de  la  laisser  partielle- 
ment vide  d'abeilles. 

Les  abeilles  consomment  de  la  nourriture  et  leurs  intestins  se  chargent  de 
déchets.  Les  abeilles  saines  ne  peuvent  évacuer  ces  déchets  qu'au  vol,  et,  dans 
bien  des  parties  du  Canada,  elles  ne  peuvent  sortir  pendant  quatre,  cinq  ou  six 
mois,  parce  que  la  température  est  trop  froide.  C'est  cette  longue  réclusion  qui 
fait  qu'il  est  si  important  que  la  nourriture  donnée  en  hiver  soit  absolument  saine 
et  qu'elle  contienne  aussi  peu  de  matière  indigeste  que  possible.  Il  faut  en  outre 
que  les  abeilles  soient  bien  protégées  contre  les  froids  pour  qu'elles  ne  consomment 
pas  plus  de  nourriture  qu'il  n'est  absolument  nécessaire.  Si  la  colonie  est  faible, 
ou  si  les  abeilles  ont  été  exposées  à  un  grand  froid  ou  à  de  grandes  fluctuations  de 
température  pendant  la  première  partie  de  l'hiver,  il  se  consomme  beaucoup  de 
provisions  et  il  en  résulte  une  accumulation  rapide  de  fientes  qui  provoque  une 
dysenterie,  laquelle  se  manifeste  par  une  production  excessive  de  chaleur  et  une 
grande  agitation;  beaucoup  des  abeilles  affectées  sortent  de  la  ruche  dès  que  la 
température  se  réchauffe  un  peu  mais  il  fait  encore  trop  froid  pour  que  cette 
sortie  puisse  se  faire  sans  danger  et  il  en  meurt  un  grand  nombre  en  dehors  de 
la  ruche.  Généralement,  l'abdomen  des  abeilles  qui  souffrent  de  dysenterie  est 
gonflé,  et  les  rayons  et  le  devant  de  la  ruche  sont  souillés  de  fientes  brunes.  Dans 
un  cas  de  dysenterie  aiguë,  la  colonie  meurt  généralement  avant  le  printemps,  ou 
il  ne  survit  que  très  peu  d'abeilles  et  celles-ci  sont  tellement  affaiblies  qu'elles  ne 
peuvent  se  multiplier  au  point  de  produire  une  quantité  avantageuse  de  miel 
l'été  suivant.  Ce  désastre  se  produit  d'autant  plus  vite  que  les  provisions  sont 
moins  bonnes. 

Puisque  les  abeilles  s'usent  et  vieillissent  tout  aussi  sûrement,  quoique  moins 
rapidement,  en  hiver  qu'en  été,  et  qu'il  est  nécessaire  que  le  plus  grand  nombre 
possible  d'abeilles  survive  à  l'hiver  pour  produire  une  grosse  quantité  de  couvain, 
le  printemps  suivant,  on  voit  combien  il  est  important  que  les  abeilles  mises  en 
quartier  d'hiver  soient  jeunes.  Ceci  explique  pourquoi  le  bon  hivernage  dépend 
principalement  des  trois  conditions  que  nous  venons  de  mentionner  et  que  nous 
pouvons  répéter:  colonies  bien  peuplées,  composées  principalement  de  jeunes 
abeilles,  aliments  sains  en  abondance  et  bonne  protection  contre  le  froid. 

1  Bul.  93,  Min.  de  l'Agric.  des  E.-TJ.,  1914. 


COLONIES  FORTES  DE  JEUNES  ABEILLES 

Par  colonies  fortes,  on  entend  des  colonies  bien  peuplées,  ayant  suffisamment 
d'abeilles  pour  couvrir  au  moins  huit  cadres  Langstroth  de  pleine  grosseur,  juste 
avant  que  le  temps  se  soit  refroidi  au  point  d'obliger  les  abeilles  à  se  former  en 
pelotons  compacts.  Des  colonies  beaucoup  plus  faibles  peuvent  vivre  pendant  l'hi- 
ver, mais  il  est  rare  qu'elles  soient  assez  vigoureuses  lorsqu'elles  sont  mises  dehors 
au  printemps  pour  se  multiplier  suffisamment  pour  rentrer  une  pleine  récolte  de 
miel.  Les  jeunes  abeilles  sont  celles  qui  n'ont  que  peu  ou  point  butiné  avant 
d'être  mises  dans  leurs  quartiers  d'hiver.  Les  abeilles  n'ont  qu'une  certaine  som- 
me d'énergie  à  dépenser  lorsqu'elles  sortent  de  leurs  cellules.  Si  cette  énergie 
est  toute  dépensée  en  travail,  leur  vie  est  raccourcie  d'autant.  Par  conséquent, 
les  abeilles  qui  ont  fait  beaucoup  de  travail  avant  d'entrer  dans  leurs  repos  d'hiver 
n'ont  guère  de  chance  de  survivre  à  l'hiver,  et  encore  beaucoup  moins  de  vivre 
assez  longtemps  pour  aider  à  l'élevage  du  premier  couvain  au  printemps.  Les 
abeilles  qui  doivent  vivre  pendant  l'hiver  sont  élevées  principalement  en  août  et 
septembre,  et  le  meilleur  moyen  de  se  procurer  un  grand  nombre  de  ces  jeunes 
abeilles  est  d'avoir  dans  la  ruche  une  jeune  reine  qui  a  été  élevée  assez  tôt  pour 
qu'elle  puisse  commencer  à  pondre  vers  le  1er  août.  Ceci  signifie  que  cette  reine 
doit  être  élevée  en  juin  ou  juillet,  pendant  la  rentrée  du  miel  de  trèfle.  On  ne 
saurait  trouver  de  meilleures  conditions  que  celles  qui  existent  au  Canada  à  cette 
époque  pour  l'élevage  des  reines.  La  ruche  qui  a  une  bonne  reine  féconde  vers  le 
1er  août  a  tout  le  temps  nécessaire  pour  produire  une  nombreuse  force  d'abeilles 
avant  que  la  production  normale  du  couvain  cesse  à  l'automne.  Non  seulement, 
la  colonie  ayant  une  jeune  reine  élève  plus  d'abeilles  que  celle  dont  la  reine  est 
vieille,  mais  la  jeune  reine  est  également  plus  féconde  et  plus  avantageuse  le 
printemps  suivant.  Il  peut,  il  est  vrai,  ne  pas  être  commode  de  changer  les 
reines  de  toutes  les  colonies  à  l'époque  spécifiée,  et  il  n'est  pas  non  plus  toujours 
nécessaire  de  le  faire  parce  que  beaucoup  de  vieilles  reines  sont  encore  très  proli- 
fiques en  automne.  Si  l'on  a  une  reine  de  ce  genre,  on  peut  la  laisser  avec  la 
colonie  et  la  remplacer  plus  tard  par  une  jeune,  mais  il  est  plus  difficile  d'intro- 
duire de  nouvelles  reines  après  que  la  saison  du  miel  est  passée,  et  il  est  bon 
de  nourrir  la  colonie  pendant  la  période  d'introduction.  Il  ne  faut  jamais  laisser 
une  reine  faible  dans  une  colonie  plus  tard  que  le  1er  août,  à  moins  qu'elle  n'ait 
fait  preuve  de  caractères  exceptionnels,  qui  la  rendent  spécialement  utile  pour  la 
reproduction.  Quand  on  laisse  de  vieilles  reines  dans  les  ruches  en  automne  on 
s'expose  trop  souvent  aux  accidents  que  voici  :  — 

1.  La  vieille  reine  est  remplacée  trop  tard  en  automne  pour  que  la  jeune 

reine  ait  le  temps  de  s'accoupler;  ainsi  la  colonie  ne  contient  qu'une 
reine  bourdonneuse  le  printemps  suivant. 

2.  La  vieille  reine  peut  périr  en  hiver  ou  au  commencement  du  printemps, 

laissant  la  colonie  sans  reine  et  sans  espoir  d'en  avoir  une. 

3.  Une  vieille  reine  peut  cesser  subitement  de  pondre  au  printemps,  et  n'être 

remplacée  qu'à  l'époque  où  l'on  aurait  besoin  de  la  plus  forte  production 
possible  de  couvain. 

Les  colonies  qui  ne  sont  pas  fortes  en  automne  devraient  être  réunies  à 
d'autres  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  une  population  assez  nombreuse  pour  bien 
hiverner.  Le  meilleur  moment  pour  faire  cette  réunion  est  vers  la  fin  de 
septembre  ou  au  commencement  d'octobre  avant  le  nourrissement  d'hiver.  Pour 
réunir  deux  colonies  ensemble,  on  enlève  le  couvercle  de  la  ruche  et  la  couverture 
de  la  colonie  la  plus  forte  et  on  met  par-dessus  les  cadres  une  seule  feuille  de 
papier  à  journal  qui  les  recouvre  complètement.  On  ôte  ensuite  la  deuxième  colo- 
nie de  son  plateau  et  on  la  pose  par-dessus  le  papier  à  journal,  sur  la  première 
colonie.  Les  abeilles  se  rongent  un  chemin  à  travers  le  papier  et  s'unissent  paisi- 
blement. Si  elles  manifestent  une  préférence  pour  une  des  reines  dans  les  colo- 
nies à  unir,  on  détruit  avant  de  les  unir  la  reine  dont  elles  ne  veulent  pas. 


Il  peut  arriver  que  quelques-unes  des  colonies  faibles  contiennent  des  jeunes 
reines  que  l'apiculteur  désire  conserver  jusqu'au  printemps,  au  cas  où  il  pourrait 
accidentellement  perdre  certaines  reines  des  colonies  fortes.  Dans  un  cas  de  ce 
genre,  on  peut  conserver  ces  jeunes  reines  en  mettant  ensemble  dans  une  même 
ruche,  mais  en  les  séparant  l'une  de  l'autre  par  une  cloison  étanche,  deux  des 
colonies  où  elles  se  trouvent  et  qui  ont  cependant  suffisamment  d'abeilles  pour 
couvrir  quatre  ou  cinq  cadres  Langstroth.  Ces  colonies  doubles  hivernent  sans 
danger  en  caisses  ou  en  cave.  Une  précaution  importante  à  prendre  quand  on 
met  deux  colonies  dans  une  même  ruche  est  de  diviser  la  ruche  pour  que  les 
abeilles  dans  un  compartiment  ne  puissent  passer  dans  l'autre  compartiment,  car 
si  elles  le  faisaient,  elles  détruiraient  une  des  reines.  Chaque  compartiment 
doit  avoir  son  entrée  séparée.  Au  printemps,  on  peut  prendre  une  des  reines  de 
chaque  colonie  double  pour  la  mettre  dans  d'autres  colonies  qui  n'en  ont  pas. 
On  enlève  la  cloison  de  séparation  et  les  abeilles  des  deux  compartiments  se 
réunissent  paisiblement  sous  une  même  reine.  Si  l'on  n'a  pas  besoin  de  reines  de 
surplus,  alors  on  peut  diviser  les  colonies  doubles  et  mettre  chaque  moitié  dans 
une  ruche  séparée  de  même  qu'elle  l'était  l'automne  auparavant.  En  ces  trois 
dernières  années,  nous  avons  hiverné  ainsi  dans  des  ruches  séparées,  à  Ottawa, 
trois  ou  même  quatre  petits  noyaux  de  colonie,  et  les  résultats  ont  été  assez  bons. 

UNE  PROVISION  ABONDANTE  DE  NOURRITURE  SAINE 

Il  est  heureux  que  les  miels  du  nord  soient  en  général  plus  sains  pour 
l'hivernage  des  abeilles  que  ceux  du  sud.  C'est  peut-être  parce  que  la  majorité 
d'entre  eux  sont  ramassés  sur  les  trèfles. 

Le  miel  de  trèfle  est  un  excellent  aliment  d'hiver  pour  les  abeilles,  et  dans  les 
localités  où  le  miel  vient  principalement  du  trèfle  d'alsike  ou  des  trèfles  blancs 
de  Hollande,  les  abeilles  hivernent  bien,  malgré  une  très  longue  réclusion  dans 
leurs  quartiers  d'hiver.  Le  miel  de  mélilot  a  aussi  donné  de  bons  résultats  dans 
le  nourris'sement  d'hiver,  spécialement  dans  l'Ouest  du  Canada,  mais  ce  miel  est 
plus  porté  à  se  granuler  dans  les  rayons  que  les  miels  d'autres  provenances.  Le 
miel  de  sarrasin  donne  aussi  de  bons  résultats  pour  l'hivernage  dans  les 
régions  où  cette  plante  rend  en  abondance.  Par  contre  le  miel  de  pissenlit  a 
donné  des  résultats  désastreux  comme  nourriture  d'hiver  pour  les  abeilles  De 
même  quelques-uns  des  miels  recueillis  au  commencement  du  printemps  et  vers 
la  fin  de  l'été  sont  également  malsains.  Les  apiculteurs  se  plaignent  du  miel 
d'érable  dur,  dans  le  district  où  ce  miel  est  recueilli  en  grande  quantité.  Le  miel 
de  pissenlit  et  celui  des  érables  durs  se  durcissent  à  tel  point  dans  les  rayons  que 
les  abeilles  hivernantes  ne  peuvent  les  utiliser.  Il  en  est  de  même  du  miel  de 
luzerne  pur  et  du  miel  de  la  verge  d'or  blanche,  et  l'emploi  de  ces  miels  pour  le 
nourrissement  des  abeilles  en  hiver  a  causé  de  grandes  pertes. 

Dans  certaines  localités,  et  spécialement  dans  certaines  parties  du  nord,  les 
abeilles  ne  peuvent  parfois  mûrir  ou  operculer  le  miel  recueilli  vers  la  fin  de  la 
saison  à  cause  de  l'arrivée  rapide  des  froids.  Le  miel  non  mûr  est  exposé  à 
fermenter,  et  lorsqu'il  est  dans  cet  état,  il  cause  la  dysenterie.  La  dysenterie  et 
la  mort  suivent  aussi  rapidement  la  consommation  en  hiver  de  jus  de  fruits, 
recueillis  par  les  abeilles  en  automne  sur  les  fruits  trop  mûrs  ou  endommagés. 
Le  miellat,  l'excrétion  des  poux  des  plantes,  déposée  sur  les  feuilles  des  arbres 
et  recueillie  par  les  abeilles,  est  aussi  très  mauvais  parce  qu'il  contient  une  forte 
proportion  de  matières  indigestes.  En  général,  tous  les  miels  de  couleur  foncée, 
à  l'exception  de  celui  du  sarrasin,  ne  devraient  pas  être  employés  pour  le  nour- 
rissement des  abeilles  en  hiver.  Ceux  qui  veulent  hiverner  leurs  abeilles  avec 
du  miel  feront  bien  de  mettre  en  réserve  une  hausse  bien  remplie  de  miel  operculé 
de  la  récolte  principale  pour  chaque  ruche  à  nourrir. 

La  meilleure  substance  pour  remplacer  les  miels  malsains  est  un  sirop  que 
l'on  obtient  en  faisant  dissoudre  deux  parties,  par  mesure  ou  poids,  de  sucre 


FlG.   1. — Pot-nourisseur  à  miel,  de  dix  livres.      (A  gauche)    Couvercle  perforé  avec   un 
clou  fin;    (à  droite)   couvercle  muni  de  zinc  perforé. 

blanc  granulé  dans  une  partie  d'eau.  On  peut  faire  de  grandes  ou  de  petites 
quantités  de  ce  sirop  au  besoin  et  le  donner  aux  abeilles  à  la  fin  de  septembre  ou 
au  commencement  d'octobre,  suivant  les  conditions  de  température,  afin  que  les 
abeilles  aient  tout  le  temps  voulu  pour  le  rentrer,  le  mûrir  et  l'operculer  tandis 
que  le  temps  est  encore  chaud.  Il  n'est  pas  bon  de  trop  différer  le  nourrisse- 
ment,  car  le  temps  peut  changer  rapidement  et  trop  se  refroidir  pour  que  les 
abeilles  puissent  emmagasiner  suffisamment  de  provisions  pour  l'hiver.  Le  meil- 


Fig.   2.- — Planche   à   miel   pour   le   nourrissement. 


leur  moyen  de  faire  le  sirop  est  de  faire  chauffer  d'abord  jusqu'au  point  d'ébul- 
lition  une  quantité  d'eau  mesurée,  puis  d'y  ajouter  la  quantité  nécessaire  de 
sucre  pour  faire  une  solution  de  2  à  1.  On  remue  énergiquement  cette  solution 
jusqu'à  ce  que  tous  les  cristaux  de  sucre  soient  dissous;  s'ils  ne  l'étaient  pas,  le 
sucre  pourrait  se  recristalliser  après  le  nourrissement.  En  faisant  le  sirop, 
certains  apiculteurs  y  ajoutent  environ  une  cuillerée  à  thé  d'acide  tartrique  pour 
chaque  20  livres  de  sucre,  pour  aider  l'inversion  du  sucre  et  prévenir  la  granula- 


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tion,  mais  les  expériences  qui  ont  été  faites  à  Ottawa  indiquent  que  cette  addi- 
tion d'acide  tartrique  est  inutile.  Il  faut  avoir  grand  soin  de  ne  pas  brûler  ou 
échauder  le  sucre,  car  le  sucre  brûlé  peut  être  fatal  pour  les  abeilles.  11 
est  préférable  de  donner  le  sirop  aux  abeilles  tandis  qu'il  est  encore 
chaud,  et  aussi  rapidement  qu'elles  peuvent  le  prendre  et  l'emmagasiner.  Un 
pot  à  miel  de  10  livres  dont  le  couvercle  a  été  perforé  de  trente  à  quarante 
petits  trous  (voir  fig.  1)  et  qui  est  retourné  sur  les  cadres  fait  un  nourris- 
seur  idéal,  car  il  permet  aux  abeilles  d'atteindre  le  sirop  sans  être  obligées  de 
quitter  le  nid  à  couvain,  ce  qu'elles  doivent  faire  avec  la  plupart  des  autres 
nourrisseurs.  Quand  on  se  sert  du  pot  à  miel  comme  nourrisseur,  on  le  renverse 
sur  la  planche  de  nourrissement  ou  sur  les  cadres  de  la  ruche.  On  peut  aussi 
donner  à  chaque  colonie  en  même  temps  deux,  trois,  ou  même  quatre  pots  de  ce 
genre  remplis  de  sirop.  Certains  apiculteurs  préfèrent  se  servir  d'une  planche  à 
miel  (voir  fig.  2)  sur  laquelle  on  peut  poser  les  nourrisseurs  par-dessus  les 
cadres.  Ceux  qui  se  servent  de  couvertures  peuvent  en  relever  les  coins  et  poser 
le  nourrisseur  directement  sur  les  cadres.  Quand  on  donne  le  sirop  aux  abeilles, 
il  est  nécessaire  d'ajouter  une  hausse  profonde,  vide,  à  chaque  colonie  afin  de 
protéger  les  nourrisseurs  et  d'empêcher  les  abeilles  des  autres  colonies  d'y  avoir 
accès.  Quand  on  nourrit  les  abeilles,  il  faut  avoir  bien  soin  de  ne  pas  répandre 
de  sirop  autour  du  rucher  et  de  ne  pas  en  laisser  exposer,  car  si  on  le  faisait,  on 
provoquerait  le  pillage  et  il  en  résulterait  un  grand  dégât.  A  Ottawa,  nous  avons 
pour  pratique  de  préparer  chaque  matin  la  quantité  de  sirop  nécessaire  et  de 
remplir  immédiatement  les  pots  nourrisseurs.  Ce  sirop  est  généralement  assez 
froid  pour  qu'on  puisse  le  donner  aux  abeilles  vers  la  fin  de  l'après-midi  lors- 
qu'elles ont  complètement  cessé  de  voler. 

Dans  la  plupart  des  localités,  le  miel  qui  reste  dans  la  ruche  après  que  les 
hausses  sont  enlevées  en  automne  est  de  différentes  provenances  et  de  qualité 
douteuse.  Quand  on  n'a  pas  gardé  des  hausses  de  bon  miel  de  la  récolte  princi- 
pale pour  le  nourrissement,  un  bon  moyen  très  usité  est  de  donner  à  chaque 
colonie  une  quantité  suffisante  de  sirop  de  sucre  pour  faire  remonter  la  provision 
jusqu'à  la  quantité  nécessaire  pour  l'hiver.  Même  quand  une  colonie  a  rentré 
assez  de  miel  pour  l'hiver,  c'est  une  sage  précaution  que  de  donner  au  moins  de 
cinq  à  dix  livres  de  sucre  sous  forme  de  sirop.  On  dépose  ce  sirop  le  plus  près 
possible  du  peloton  hivernant,  c'est  la  première  provision  que  les  abeilles  con- 
somment et  l'accumulation  des  fientes  est  ainsi  retardée.  Pour  chaque  livre  de 
provision  nécessaire  à  la  colonie,  il  faut  donner  au  moins  une  livre  de  sucre 
converti  en  sirop.  En  fait,  une  livre  de  sucre  ne  fournit  pas  une  livre  complète 
de  provisions.  Les  expériences  effectuées  à  Ottawa  montrent  que  les  abeilles 
n'emmagasinent  en  moyenne  que  h\  livres  de  provisions  dans  les  rayons  sur  un 
pot  de  miel  n°  10  contenant  6  livres  de  sucre  et  3  livres  d'eau. 

La  quantité  de  provisions  laissées  ou  fournies  aux  abeilles  doit  être  estimée 
généreusement.  Il  vaut  beaucoup  mieux  trouver  au  printemps  des  colonies  ayant 
des  provisions  de  reste  que  des  colonies  mourant  de  faim.  La  quantité  de  provi- 
sions qu'une  colonie  consomme  varie  beaucoup;  lorsque  les  provisions  sont 
mauvaises,  elle  peut  en  consommer  deux  fois  plus  que  lorsqu'elles  sont  bonnes. 
Une  forte  consommation  peut  avoir  aussi  d'autres  causes,  notamment  une 
protection  insuffisante,  ou  un  dérangement  inusité.  Les  abeilles  hivernées  en 
plein  air  consomment  plus  de  provisions  que  celles  qui  sont  hivernées  en  cave, 
mais  cette  différence  n'est  pas  aussi  forte  que  l'on  pourrait  s'imaginer  lorsqu'on 
tient  compte  du  temps  qui  s'écoule  entre  le  moment  où  la  nourriture  est  donnée 
et  celui  où  les  abeilles  peuvent  sortir  pour  butiner  au  printemps.  La  cause  la 
plus  commune  de  la  perte  des  abeilles  en  hiver  et  au  commencement  du  prin- 
temps est  la  famine,  soit  parce  que  les  provisions  sont  épuisées,  soit  parce  qu'elles 
se  sont  durcies  à  tel  point  que  les  abeilles  ne  peuvent  en  tirer  parti.  Parfois 
les  abeilles  perdent  contact  avec  leurs  provisions  et  meurent  dans  une  partie  de 


11 

la  ruche,  tandis  qu'une  abondance  de  provisions  se  trouve  dans  une  autre  partie; 
ceci  provient  généralement  d'une  protection  insuffisante.  On  peut  dire  d'une 
façon  générale  que  l'on  devrait  laisser  ou  donner  à  chaque  colonie  de  40  à  45 
livres  de  provisions,  afin  qu'elles  en  aient  suffisamment  depuis  l'époque  du  nourris- 
sement  en  automne  jusqu'à  ce  que  le  nouveau  nectar  soit  arrivé  au  printemps. 
Pour  ne  courir  aucun  risque,  il  vaut  mieux  donner  aux  abeilles  tout  ce  qu'elles 
peuvent  prendre  à  l'époque  du  nourrissement.  C'est  courir  un  risque  que  de 
donner  juste  assez  pour  faire  vivre  la  colonie  pendant  l'hiver  et  de  se  fier  à  la 
récolte  du  printemps,  car  s'il  est  vrai  que  la  quantité  consommée  en  hiver 
n'atteint  pas  20  livres,  de  grosses  quantités  sont  nécessaires  lorsque  l'élevage  du 
couvain  commence  au  printemps,  et  cet  élevage  commence  généralement  avant 
que  le  temps  soit  favorable  pour  le  nourrissement  de  printemps.  Il  est  donc 
bien  préférable  de  donner  la  nourriture  supplémentaire  en  automne  et  d'éviter 
ainsi  ces  manipulations  au  début  du  printemps  qui  sont  nuisibles  à  la  colonie. 
Tout  manque  de  provisions  occasionne  un  retard  dans  la  production  du  couvain, 
et  par  conséquent  une  diminution  dans  la  récolte  de  miel. 

Comme  la  ruche  Langstroth  ordinaire,  faite  à  la  fabrique,  à  parois  simples 
et  à  dix  cadres,  pèse,  avec  les  abeilles  et  les  rayons,  mais  sans  son  couvercle, 
environ  de  30  à  40  livres  lorsqu'elle  est  sèche,  cette  ruche  lorsqu'elle  est  prête 
pour  l'hiver  devrait  peser  entre  70  et  80  livres.  En  sus  des  provisions  données 
aux  abeilles  en  automne,  l'apiculteur  fera  bien  de  mettre  en  réserve  un  certain 
nombre  de  rayons  bien  remplis  de  la  récolte  précédente  pour  une  urgence  possible 
au  printemps.  Un  mot  d'avertissement  s'impose  à  ce  sujet:  ne  donnez  jamais 
de  miel  aux  abeilles  si  vous  n'êtes  pas  absolument  sûr  qu'il  vient  de  colonies 
saines,  sans  maladies,  car  les  résultats  seraient  désastreux.  Dans  le  doute,  donnez 
du  sucre. 

PROTECTION  CONTRE  LE  FROID 

Il  y  a  deux  moyens  de  protéger  les  abeilles  pendant  l'hiver:  à  l'extérieur, 
dans  des  caisses  remplies  de  matelas  isolants  et  dans  des  caves.  Ces  deux  métho- 
des donnent,  en  général,  des  résultats  satisfaisants  presque  partout  au  Canada. 
Dans  la  plupart  des  endroits,  on  se  règle,  pour  savoir  laquelle  adopter,  sur  la 
commodité  et  sur  le  coût.  Si  l'apiculteur  a  une  cave  assez  sèche,  qu'il  peut  tenir 
obscure  et  qui  est  assez  bien  protégée  contre  les  changements  extérieurs  de 
température,  il  peut  s'éviter  le  coût  de  la  construction  des  caisses  et  du  travail 
de  l'emballage  des  abeilles  en  automne  et  du  déballage  au  printemps.  Si, 
par  contre,  le  rucher  (peut-être  un  rucher  extérieur)  est  à  quelque  distance 
de  la  résidence  de  l'apiculteur,  qu'il  est  bien  protégé  contre  le  froid  et  que 
l'on  n'a  pas  de  bonne  cave,  on  peut  construire  des  caisses  et  y  emballer  les 
abeilles.  Ces  deux  moyens  de  protection  sont  très  employés,  mais  l'hivernage 
en  plein  air  paraît  être  préféré  à  cause  du  surplus  de  protection  qu'il  fournit  aux 
abeilles  vers  la  fin  de  l'automne  et  le  commencement  du  printemps,  et  aussi  parce 
que  la  plupart  des  caves  que  l'on  emploie  actuellement  pour  l'hivernage  des 
abeilles  sont  peu  satisfaisantes  pour  cela.  L'hivernage  en  cave  exige  peut-être 
moins  de  travail  pour  protéger  les  abeilles  et  aussi  moins  de  provisions,  mais  son 
défaut  principal  réside  dans  ce  fait  que  les  abeilles  sont  exposées  au  froid  et  aux 
changements  subits  de  température  beaucoup  plus  tard  en  automne  et  aussi  beau- 
coup plus  tôt  au  printemps  que  celles  qui  sont  dans  leurs  caisse-.  Les  abeilles 
hivernées  en  plein  air  ont  non  seulement  l'avantage  d'un  surplus  de  protection, 
qui  leur  permet  de  produire  du  couvain  beaucoup  plus  tôt  au  printemps  que 
les  abeilles  gardées  en  cave,  mais  elles  peuvent  aussi  prendre  leur  vol  dès  que  le 
temps  est  favorable.  Un  autre  fait,  c'est  que  l'apiculteur  qui  hiverne  en  plein 
air  est  en  général  plus  porté  à  mieux  préparer  ses  abeilles  pour  l'hiver  que  l'api- 
culteur qui  pratique  habituellement  l'hivernage  en  cave. 

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12 
L'HIVERNAGE  EN  CAVE 

Une  bonne  cave  à  abeilles  est  celle  où  la  température  peut  être  facilement 
mise  au  meilleur  point  pour  les  abeilles  et  tenue  constamment  à  ce  point  tout 
l'hiver.  Comme  les  abeilles  maintiennent  une  température  minimum  de  57 
degrés  F.  au  bord  extérieur  du  peloton,  la  température  de  la  cave  doit  être 
telle  que  les  abeilles  puissent  maintenir  ce  degré  de  chaleur  avec  une  dépense 
minimum  d'énergie.  Nous  avons  constaté  à  Ottawa  qu'une  température  de 
cave  de  45  à  48  degrés  F.  est  celle  où  les  abeilles  sont  le  moins  exposées  à 
s'agiter.  La  cave  doit  également  être  sombre,  assez  sèche,  bien  ventilée  et  sans 
vibrations.  Deux  de  ces  conditions,  la  température  régulière  et  la  sécheresse 
modérée,  ne  sont  pas  toujours  faciles  à  obtenir  et  à  maintenir.  Pour  se  les 
procurer,  il  faut  observer  deux  principes  importants  dans  la  construction  de 
la  cave:  la  cave  doit  être  assez  profonde  pour  qu'elle  ne  soit  pas  affectée  par 
les  changements  de  température  extérieurs,  et  le  sol  doit  être  bien  drainé. 

On  obtient  souvent  d'excellents  résultats,  surtout  si  le  nombre  de  colonies  à 
hiverner  n'est  pas  considérable,  en  séparant  par  une  cloison  une  partie  de  la  cave 
au-dessous  de  la  résidence  de  l'apiculteur.  La  fournaise  et  les  chambres 
chauffées  par-dessus  aident  à  fournir  et  à  maintenir  les  conditions  nécessaires, 
si  bien  que  les  légers  défauts  dans  la  construction  de  la  cave  importent  peu. 
Cependant,  si  ces  caves  fournissent  généralement  la  température  et  la  venti- 
lation voulues  pendant  les  mois  les  plus  froids  de  l'hiver,  la  température  y 
monte  souvent  trop  haut  pendant  les  journées  douces  du  printemps.  Dans 
ce  cas.  on  peut  la  rafraîchir  en  ouvrant  un  peu  la  fenêtre  du  soubassement, 
mais  ?ans  éclairer  le  compartiment  occupé  par  les  abeilles.  La  chambre  des- 
tinée aux  abeilles  doit  être  près  du  mur  du  soubassement  ou  contre  ce  mur, 
et  cette  partie  du  mur  peut  être  rechaussée  sur  l'extérieur  avec  de  la  terre 
jusqu'au-dessus  du  niveau  de  la  chambre.  Il  ne  faut  jamais  mettre  les 
abeilles  dans  la  même  chambre  où  l'on  conserve  les  racines  et  les  légumes. 

Lorsqu'on  creuse  une  cave  spécialement  pour  les  abeilles,  le  ciment  est  un 
très  bon  matériel  pour  le  sol  et  les  murs  à  moins  que  l'emplacement  ne  soit  très 
sec.  Dans  ce  cas,  un  plancher  de  terre  vaut  peut-être  mieux.  C'est  un  bon 
système  que  de  construire,  par-dessus  la  cave,  le  bâtiment  qui  doit  servir  de 
laboratoire  pour  l'extraction  du  miel  ou  l'emmagasinage  du  matériel.  Si  les 
chambres  au-dessus  de  la  cave  ne  sont  pas  chauffées  pendant  l'hiver,  il  sera 
nécessaire  de  construire  un  double  plancher  dans  le  plafond  de  la  cave  en  laissant 
un  large  espace  que  l'on  remplira  d'une  substance  non  conductrice  de  chaleur. 
La  hauteur  entre  le  plancher  et  le  plafond  de  la  cave  devrait  être  d'environ  six 
pieds  et  demi,  et  le  plafond  devrait  être  bien  au-dessous  de  la  surface  du  sol. 
Un  flanc  de  coteau,  bien  égoutté  et  bien  protégé  contre  le  froid,  fournit  un  bon 
endroit  pour  la  construction  d'une  cave.  On  peut  y  construire  cette  cave  de 
façon  à  avoir  une  porte  au  niveau  du  plancher,  ce  qui  facilite  la  sortie  et  la 
rentrée  des  ruches.  La  porte  devrait  être  double,  avec  un  vestibule  entre  les 
deux,  pour  empêcher  la  sortie  de  la  chaleur  et  fournir  une  meilleure  protection 
contre  la  température  extérieure.  Pour  enlever  l'humidité  produite  par  les 
abeilles  et  fournir  de  la  ventilation,  il  faut  également  une  cheminée  ou  ventila- 
teur; ce  ventilateur  peut  s'ouvrir  dans  la  chambre  au-dessus  de  la  cave,  ou  à 
l'extérieur  du  bâtiment 

Pour  chaque  livre  de  miel  qu'elles  consomment,  les  abeilles  exhalent  une 
certaine  quantité  d'humidité  qui,  si  elle  était  condensée  donnerait  un  volume  de 
miel  à  peu  près  égal.  Si  l'air  de  la  cave  est  déjà  chargé  d'humidité,  cette  vapeur 
d'eau  exhalée  par  les  abeilles  se  condense  dans  la  ruche  même,  et  si  cet  état  se 
prolonge  et  qu'il  soit  trop  marqué,  il  est  probable  que  les  abeilles  en  souffriront 
beaucoup.  Cette  condition  se  rencontre  généralement  lorsque  la  cave  est  trop 
froide,  car  l'air  à  la  température  de  zéro  ne  peut  retenir  qu'un  sixième  de  la 
quantité  d'eau  que  l'air  à  45  degrés  peut  porter. 


13 

Une  cave  très  sèche  est  mauvaise  également  surtout  vers  la  fin  d'un   long 
hiver,  pendant  lequel  il  y  a  eu  plus  ou  moins  de  dysenterie.    Les  provision-  peu- 
vent se  dessécher  à  tel  point  qu'il  est  impossible  aux  abeilles  de  les  sortir  des 
cellules,  et  alors  la  ruche  meurt  de  faim.    La  granulation  du  miel  est  la  cause  la 
plus  fréquente  de  cet  état  de  choses,  mais  il  se  produit  aussi  parfois  avec  des 
provisions  qui  ne  se  granulent  pas,  comme  le  miel  de  sarrasin  et  le  sirop  de  sucre. 
Au  Canada,  les  caves  ventilées  sont  exposées  à  devenir  très  sèches  lorsqu'il  fait 
froid,  à  cause  de  la  très  petite  quantité  d'humidité  que  contient  l'air  qui  vient  de 
l'extérieur.     Cet  accident  se  produit  plutôt  dans  les  provinces  des  Prairies  que 
dans  les  provinces  Maritimes  ou  que  dans  la  région  de  la  côte  de  la  Colombie- 
Britannique.     Il  faut  donc  donner  beaucouup  de  soin  à  la  ventilation  dans  les 
provinces  des  Prairies.    Le  ventilateur  pour  la  sortie  de  l'air  ne  suffit  pas;  il  faut 
aussi  une  bouche  d'appel,  s'ouvrant  au  plancher  ou  près  du  plancher,  et  placée 
sur  le  côté  opposé  au  conduit  de  sortie.    On  a  ainsi  une  excellente  ventilation  et 
la  cave  peut  être  tenue  sèche.    Cependant  ce  système  de  ventilation  présente  un 
inconvénient;  c'est  qu'il  fonctionne  le  moins  lorsqu'on  en  aurait  le  plus  besoin  et 
le  plus  lorsqu'on  en  a  le  moins  besoin.    Par  exemple,  lorsqu'il  fait  froid  et  que  l'on 
aurait  besoin  d'air  chaud  et  humide,  l'air  sec  entre  en  grande  quantité  par  la 
plus  petite  ouverture,  tandis  que  lorsqu'il  fait  doux  et  que  l'on  aurait   besoin 
d'air  frais,  il  n'entre  que  très  peu  d'air,  même  par  l'ouverture  la  plus  grande.    Il 
faut  donc  fermer  les  ventilateurs  lorsqu'il  fait  froid  et  les  ouvrir  tout   grand 
lorsqu'il  fait  doux.    Ce  système  exige  donc  des  réglages  fréquents  dans  les  régions 
où  les  périodes  de  temps  doux  alternent  avec  des  périodes  de  temps  froid  pendant 
l'hiver.    C'est  donc  une  bonne  précaution  que  de  construire  la  bouche  d'appel  et 
la  bouche  de  sortie  de  façon  à  pouvoir  les  ouvrir  ou  les  fermer  lorsqu'on  le  désire. 
Dans  les  régions  où  les  périodes  de  temps  froids  alternent  avec  des  périodes  de 
temps  doux,  cette  nécessité  de  régler  les  ventilateurs,  surtout  dans  les  caves  peu 
profondes   dans   la   terre,   constitue   un   désavantage   sérieux,   et   c'est   pourquoi 
l'hivernage  en  cave  a  été  remplacé,  en  grande  partie,  par  l'hivernage  en  plein  air. 
Pour  plus  de  commodité,  nous  avons  parlé  de  la  température  et  de  l'humidité 
de  la  cave  aux  abeilles,  mais  en  réalité  ce  sont  la  température  et  l'humidité  de 
l'air  dans  la  ruche  même,  autour  du  peloton  d'abeilles,  qui  sont  les  plus  impor- 
tantes.    Si  l'air  dans  la  cave  est  frais  et  sec,  on  peut,  jusqu'à  un  certain  point, 
réchauffer  et  humecter  l'air  que  renferme  la  ruche  en  réduisant  l'entrée  de  la 
ruche  et  en  recouvrant  la  ruche  d'une  couverture  chaude  et  imperméable.     Cer- 
tains apiculteurs  canadiens  ont  l'habitude  de  tenir  la  température  de  la  cave 
assez  basse,  dans  certains  cas  au-dessous  de  40  degrés  F.,  car  on  a  parfois  constaté 
que  les  abeilles  s'agitent  lorsque  la  température  dépasse  ce  point,  surtout  lorsque 
le   printemps   arrive.     On   a   constaté   cependant  que   cette   agitation   n'est  pas 
provoquée  par  la  température  élevée,  mais  plutôt  par  d'autres  conditions  défa- 
vorables,  et  la  principale   de  ces   conditions  est  l'état  malsain   des  provisions. 
Tout  dérangement  inusité  cause  également  de  l'agitation  parmi  les  abeilles,  par 
exemple  les  visites  fréquentes  à  la  cave,  l'emploi  de  lumière  blanche  dans  la  cave 
ou  les  secousses  de  toutes  sortes.     Si  les  abeilles  ont  des  provisions  saines  et 
qu'elles  ont  été  mises  dans  une  bonne  cave  avant  d'avoir  été  exposées  au  froid, 
la  température  qui  donne  les  meilleurs  résultats,  même  pendant  un  hiver  très 
long,  est  celle  dont  les  extrêmes  ne  dépassent  pas  de  45  à  48  degrés  F. 

L'emploi  d'un  bon  thermomètre  est  très  nécessaire  pour  connaître  la  tempé- 
rature de  la  cave.  Il  y  a  des  thermomètres  bon  marché  qui  peuvent  être  tout  à 
fait  exacts  à  30  degrés  F.  mais  qui  peuvent  présenter  plusieurs  degrés  d'erreur  à 
une  température  de  45  à  50  degrés  F.  et  ce  sont  là  les  principales  températures 
que  l'on  désire  enregistrer.  Un  point  à  noter  également,  c'est  que  la  température 
peut  être  de  plusieurs  degrés  plus  élevée  près  du  plafond  que  près  du  plancher. 
Nous  nous  servons  d'un  hygro-thermographe  à  Ottawa.  Cet  instrument, 
une  fois  remonté,  enregistre  la  température  et  l'humidité  sur  les  cartes  pendant 
sept  jours  de  suite.  Nous  suspendons  également  des  thermomètres  à  des  niveaux 
différents. 


14 

Pour  mesurer  l'humidité  de  la  cave,  on  peut  se  servir  d'un  thermomètre  à 
bulbe  sec  et  humide.  Si  Ton  emploie  un  thermomètre  stationnaire  de  ce  genre, 
alors  il  faut  agiter  l'air  autour  du  bulbe  humide  pendant  au  moins  une  minute 
pour  obtenir  une  lecture  assez  exacte.  On  peut  ensuite  calculer  le  pourcentage 
d'humidité  relative  d'après  les  tableaux  qui  accompagnent  généralement  cet 
instrument.  Le  thermomètre  le  plus  exact  est  le  psychromètre  tournant,  parfois 
appelé  le  thermomètre  tournant  (voir  fig.  3)  que  l'on  fait  tourner  dans  l'air 
pendant  au  moins  une  minute  avant  d'en  prendre  la  lecture. 


Fig.  3. — Psychromètre  tournant  pour  mesurer 
l'humidité  de  l'air. 


Les  entrées  des  ruches  doivent  être  laissées  entièrement  ouvertes  dans  les 
caves  qui  peuvent  être  tenues  à  la  bonne  température,  et  les  abeilles  dérangées 
aussi  peu  que  possible.  Il  faut  empêcher  les  souris  de  pénétrer  dans  les  caves, 
car  elles  causent  de  grands  dégâts  parmi  les  abeilles  et  les  rayons.  L'air  de  la 
cave  doit  être  tenu  sain  et  frais,  et  pour  obtenir  cette  condition  dans  une  cave 
remplie  d'abeilles,  on  ramassera  au  balai  toutes  les  abeilles  mortes  et  on  les 
enlèvera  une  ou  deux  fois  pendant  l'hiver. 

On  a  généralement  pour  habitude  de  mettre  les  abeilles  en  cave  aussitôt 
que  possible  après  le  dernier  bon  vol  de  nettoyage  qu'elles  ont  pu  avoir.  Dans 
la  plupart  des  endroits,  ce  dernier  vol  a  lieu  généralement  au  commencement  de 
novembre.  Si  le  temps  ne  paraît  pas  devoir  rester  doux,  il  vaut  mieux  encaver 
les  abeilles  immédiatement  après  le  premier  vol  qui  suit  le  1er  novembre.  Il  est 
préférable  de  les  rentrer  un  peu  plus  tôt  que  les  laisser  exposées  à  une  tempé- 
rature rigoureuse  pendant  plusieurs  jours  en  attendant  un  dernier  vol  qui  peut 
ne  pas  se  produire. 

En  mettant  les  abeilles  en  cave,  prenez-vous-y  de  façon  à  les  déranger 
aussi  peu  que  possible.  Une  sage  précaution  est  de  boucher  d'abord  l'entrée  de 
la  ruche  avec  du  papier  mou  ou  de  la  toile  à  sac,  puis  de  soulever  les  ruches 


15 


FlG.  4. — Portant  les  abeilles  en  cave  à  Ottawa. 


doucement  et  de  les  porter  dans  la  cave  (voir  fig.  4) .  Les  abeilles  sortent 
souvent  des  ruches  que  Ton  porte,  même  quand  le  temps  est  frais,  et  il  peut 
en  résulter  des  piqûres  douloureuses  pour  les  porteurs.  Dans  les  caves,  on 
pose  les  ruches  sur  des  supports  à  une  hauteur  d'au  moins  six  pouces  du 
plancher  et  on  les  met  par  rangées  de  deux  ou  trois  de  hauteur,  si  c'est  néces- 


Fig.  5. — Colonies  en  rangées  dans  un  coin  de  la  cave,  à  Ottawa. 

saire.  (Voir  fig.  5.)  L'arrangement  des  ruches  dépend  de  l'espace  que  l'on  a 
et  de  la  construction  de  la  cave.  Si  cela  est  possible,  placez  les  ruches  en 
rangées,  dos  à  dos,  de  façon  à  laisser  un  passage  entre  chaque  rangée  double. 


16 


laisser  les  couvercles  sur  les  ruches;  il  vaut  mieux  les  enlever  cependant,  à 
Si  on  a  de  la  place,  il  vaut  mieux  les  mettre  sur  des  rayons,  afin  de  pouvoir 
enlever  une  ruche  sans  déranger  les  autres.  Certains  apiculteurs  préfèrent 
moins  que  la  cave  ne  soit  très  sèche  et  très  froide,  et  les  remplacer  par  deux 
ou  trois  épaisseurs  de  toile  à  sac  ou  de  matériaux  de  ce  genre.  Si  l'on  se  sert 
de  planches  à  miel  ou  de  couvertures  sous  les  couvercles,  on  les  laissera  sur  le 
dessus  des  ruches,  car  elles  contiennent  généralement  suffisamment  d'ouver- 
tures pour  que  l'humidité  puisse  s'échapper.  Dès  que  toutes  les  ruches  sont 
dans  la  cave  et  que  les  abeilles  se  sont  calmées,  il  faut  ouvrir  les  entrées 
entièrement.  Les  abeilles  n'exigent  que  très  peu  d'attention  pendant  l'hiver,  si 
la  cave  est  bien  construite.  Il  suffit  de  les  visiter  de  temps  à  autre  pour  voir  si 
la  température  est  bonne,  si  l'humidité  ne  se  condense  pas  sur  les  murs  de  la 
cave  et  pour  enlever  les  abeilles  mortes.     Ce  ne  sont  que  les  mauvaises  caves 


Fig.  6. — Section  d'un  brise-vent  portatif.  Douze  pieds 
de  long  et  sept  pieds  de  haut.  Les  lattes  ont  6 
pouces  de  largeur  et  sont  placées  à  2\  pouces 
d'espacement. 

qui  exigent  une  attention  constante.  Si  l'humidité  se  condense  sur  les  murs, 
c'est  que  la  cave  est  trop  froide.  Si  l'on  ne  peut  pas  la  réchauffer,  alors  il  faut 
réduire  les  entrées  des  ruches  et  activer  la  ventilation  pour  enlever  l'humidité. 
Lorsque  la  cave  est  froide,  les  abeilles  consomment  plus  de  provisions;  il  en 
résulte  une  accumulation  de  déchets  dans  les  intestins  et  un  surcroît  d'agitation 
au  printemps;  les  abeilles  peuvent  en  mourir.  On  s'aperçoit  que  la  cave  est  trop 
froide  par  la  présence  de  moisissures  sur  les  rayons  au  printemps.  Une  cave 
tenue  à  la  bonne  température  est  trop  sèche  pour  que  ces  moisissures  puissent 
se  développer. 


17 

L'HIVERNAGE  EN  PLEIN  AIR 

Lorsque  les  abeilles  passent  l'hiver  en  plein  air,  il  est  essentiel  que  le  rucher 
soit  parfaitement  protégé  contre  les  vents.  Un  bon  brise-vent  tout  autour  du 
rucher  est  tout  aussi  important  que  l'emploi  de  bonnes  caisses  et  de  bons  maté- 
riaux d'emballage.  Si  le  rucher  n'est  pas  bien  protégé  contre  les  vents  froids 
par  un  brise-vent  naturel,  comme  un  monticule  ou  un  bosquet  d'arbres  ou 
d'arbrisseaux,  alors  il  faut  fournir  un  brise-vent.  Une  haie  de  conifères  ou 
d'arbrisseaux  à  pousse  épaisse,  comme  les  caragans,  plantée  autour  du  rucher, 
fournit  une  bonne  protection.  A  défaut  d'arbres,  on  peut  construire  une  clôture 
en  lattes  d'environ  six  à  sept  pieds  de  hauteur.  Une  clôture  en  planches  serrées 
n'est  pas  satisfaisante,  car  elle  peut  causer  des  tourbillons  qui  s'abattent  sur 
les  ruches.  Si  le  rucher  n'est  pas  établi  à  demeure  il  vaut  mieux  faire  la 
clôture  de  planches  en  sections  (voir  fig.  6) ,  ce  qui  permet  de  la  transporter 
lorsqu'on  le  désire  et  également  de  la  remiser  pendant  l'été,  si  cela  est  néces- 
saire. Il  ne  faut  pas  trop  compter  sur  les  bâtiments  pour  servir  de  brise-vent, 
car  ils  causent  souvent  des  remous  qui  peuvent  frapper  certaines  colonies  dans 
le  rucher  (voir  fig.  7)  et  faire  souvent  autant  de  mal  qu'un  vent  direct.  Les 
brise-vents  rendent  des  services,  non  seulement  pendant  l'automne,  l'hiver  et  le 
printemps,  mais  aussi,  dans  beaucoup  d'endroits,  pendant  l'été,  surtout  dans  les 
endroits  exposés  aux  grands  vents,  comme  dans  certaines  régions  des  Prairies. 


Fig.  7. — On  voit  comment  la  neige  est  enlevée  par  le  vent.      (Par  M.  J.  Rowland, 
de  la  Station  expérimentale  fédérale  de  Kapuskasing,  Ont.) 

Les  caisses  dans  lesquelles  on  emballe  les  abeilles  peuvent  être  faites  pour 
contenir  une  ou  plusieurs  ruches,  suivant  le  désir  de  l'apiculteur.  Ce  qui  im- 
porte, c'est  qu'elles  soient  assez  grandes  pour  qu'on  puisse  y  mettre  une  quan- 
tité suffisante  de  bourre  sur  les  côtés,  le  fond  et  le  dessus,  en  plus  des  ruches  que 
l'on  y  dépose.  Certains  apiculteurs  se  servent  d'une  longue  caisse  renfermant 
plusieurs  ruches  placées  côte  à  côte  et  toutes  faisant  face  dans  une  même 
direction.  Cette  caisse  présente  plusieurs  inconvénients:  lorsqu'on  déballe  les 
abeilles  au  printemps  et  que  les  ruches  sont  séparées  l'une  de  l'autre,  les  abeilles 
qui  ont  déjà  commencé  à  voler  et  qui  ont  pris  leur  point  de  repaire  peuvent  se 


18 


FiG.  8. — Abeilles  mortes  sur  la  neige.     (Par  M.  J.  Rowland,  de  la  Station  expérimentale 

fédérale  de  Kapuskasing,  Ont.) 


FiG.  9. — Ruche  emballée  permanemment.  A  noter  le  grillage  par-dessus  l'entrée  pour 
empêcher  les  souris  de  s'y  introduire.  Le  couvercle  sur  la  ruche  313  a  été  préparé 
pour  l'entrée  supérieure,  mais  il  ne  sert  pas  dans  ce  cas.  Le  No  331  n'a  pas  d'entrée 
supérieure. 


19 

transporter  à  d'autres  ruches,  si  bien  que  les  colonies  que  l'on  transporte  sur 
un  nouvel  emplacement  perdent  beaucoup  de  leurs  butineuses.  On  peut  remé- 
dier jusqu'à  un  certain  point  à  cet  inconvénient  en  déplaçant  les  ruches  graduel- 
lement sur  une  petite  distance  tous  les  jours  mais  ceci  exige  beaucoup  de  temps 
et  de  travail. 

On  se  sert  aussi  beaucoup  de  caisses  à  deux  ruches  et  à  ruche  simple;  elles 
ont  donné  de  très  bons  résultats.  Toutes  deux  sont  employées  dans  les  ruchers 
des  fermes  expérimentales.  Un  homme  seul  peut  facilement  se  charger  de  la 
caisse  à  deux  ruches  et  l'on  peut  y  mettre  les  ruches  faisant  face  dans  une  même 
direction  si  on  le  désire.  La  caisse  à  ruche  unique  a  cet  avantage  que  l'on 
peut  la  laisser  emballée  toute  l'année  et  l'on  supprime  ainsi  le  travail  de 
l'emballage  à  l'automne  et  du  déballage  au  printemps,  qui  est  l'objection  prin- 
cipale à  l'hivernage  en  plein  air.  On  perd  tous  ces  avantages  cependant  si  la 
bourre  qui  est  mise  dans  cette  caisse  devient  humide  pendant  l'été;  dans  ce  cas, 
on  sera  obligé  de  la  changer  parce  que  la  bourre  humide  perd  toute  son  utilité 
comme  matière  isolante.  On  emploie  beaucoup  de  caisses  à  ruche  unique  au 
Canada,  spécialement  en  Colombie  britannique.  L'objection  principale  aux 
caisses  à  ruche  unique  et  à  deux  ruches  est  le  coût  original. 

Dans  certaines  localités,  quelques  apiculteurs  emploient  une  caisse  à  parois 
doubles  et  à  emballage  permanent,  mais  ces  caisses  ne  donnent  pas  suffisamment 
de  protection  dans  la  plupart  des  parties  du  Canada,  à  moins  qu'elles  ne  soient 
très  grandes  et,  dans  ce  cas,  la  manutention  en  est  difficile.  C'est  là  un  grand 
inconvénient  lorsque  l'on  est  obligé  de  changer  le  rucher  de  place.  L'emploi  de 
ruches  à  parois  doubles  pour  la  protection  du  rucher  coûte  aussi  très  cher. 

La  caisse  la  plus  économique  est  celle  qui  peut  prendre  quatre  ruches  en 
bloc.  Elle  exige  moins  de  matériaux  d'emballage  par  ruche  que  les  caisses 
qui  ne  contiennent  qu'une  ou  deux  ruches,  car  chaque  ruche  est  protégée  sur  les 
côtés  par  sa  voisine.  Des  caisses  de  ce  type,  mais  de  différents  genres  de  cons- 
truction, ont  été  employées  pendant  bien  des  années  dans  les  ruchers  des  fermes 
expérimentales  et  elles  ont  fort  bien  réussi;  elles  sont  généralement  employées 
partout  au  Canada. 

La  dimension  de  la  caisse  est  un  point  important;  il  faut  qu'on  puisse  y 
mettre  suffisamment  de  bourre  pour  protéger  les  ruches.  Il  faut  aussi  que  la 
caisse  soit  étanche  pour  que  la  bourre  puisse  rester  sèche;  il  vaut  donc  mieux 
employer  des  planches  à  rainures  et  à  languettes  dans  leur  construction.  Il 
faut  aussi  que  les  couvercles  soient  protégés  par  des  matériaux  à  toiture  à 
l'épreuve  de  l'eau.  Il  doit  y  avoir,  dans  chaque  caisse  et  en  face  de  chaque  ruche, 
des  trous  de  vol  pratiqués  de  façon  à  ce  qu'on  puisse  en  réduire  la  dimension 
pendant  les  périodes  de  très  grands  froids.  Il  faut  aussi,  à  chaque  extrémité  ou 
de  chaque  côté  des  caisses,  pratiquer  une  petit  trou  d'environ  un  pouce  de  dia- 
mètre et  près  du  dessus,  afin  qu'il  puisse  y  avoir  une  libre  circulation  de  l'air 
au-dessus  de  la  bourre  qui  recouvre  les  ruches.  Enfin,  il  est  bon  de  faire  ces  cais- 
ses démontables,  car  ceci  facilite  beaucoup  l'emballage  et  le  déballage  des  ruches 
et  l'on  peut  remiser  ces  caisses  à  plat  pendant  l'été.  Lorsqu'elles  sont  montées, 
les  extrémités  et  les  côtés  peuvent  être  tenus  par  des  crochets  ou  fixés  d'une 
façon  plus  solide  au  moyen  d'une  vis,  près  du  dessus,  en  combinaison  avec  des 
chevilles  dans  le  plancher  pour  empêcher  qu'elles  ne  s'écartent  à  la  base. 

La  construction  des  trous  de  vol  clans  la  caisse  exige  une  attention  toute 
spéciale.  Il  faut  pratiquer  ces  trous  de  vol  dans  l'extrémité  ou  le  côté  des  caisses, 
en  face  de  l'entrée  de  chaque  ruche;  il  faut  aussi  qu'ils  soient  espacés  l'un  de 
l'autre  le  plus  possible.  Chaque  entrée  devrait  mesurer  au  moins  huit  pouces  de 
longueur  par  un  pouce  de  hauteur  et  avoir  un  morceau  de  bois  s'ajustant  étroite- 
ment et  tournant  sur  une  vis  qui  permette  de  réduire  la  dimension  de  l'entrée  à 
trois  huitièmes  de  pouce  de  longueur  par  un  pouce  de  hauteur.  Il  ne  faut  pas  qu'il 
ait  de  rebords  faisant  saillie  sous  l'entrée,  sur  lesquels  la  neige  et  la  glace  pour- 
raient se  loger.    Un  petit  clou  ou  une  vis  enfoncé  juste  au-dessous  de  l'entrée  et 


29 

(|iii  sert  d'appui  au  bloc  tournant  lorsque  l'entrée  est  fermée  est  très  satisfaisant. 
S'il  est  à  craindre  que  les  souris  ne  s'introduisent  dans  les  caisses,  recouvrez 
l'entrée  d'une  plaque  de  grillage,  à  mailles  d'un  quart  de  pouce. 


FlG.   10. — Ruches  mises  sur  la  tablette  de  la  caisse,  avec  ponts  et  bourre  du  fond   en  place. 


L'entrée  de  la  ruche  est  reliée  par  un  tunnel,  à  travers  les  matériaux  d'em- 
ballage, au  trou  de  vol  dans  la  caisse.  Le  plateau  de  la  ruche  fait  saillie  d'environ 
deux  pouces  et  demi  devant  la  ruche.  Lorsqu'une  colonie  est  mise  dans  la  caisse 
et  que  ce  plateau  touche  aux  parois  de  la  caisse,  l'espace  que  l'on  peut  remplir 
de  bourre  n'est  que  de  deux  pouces  et  demi,  tandis  qu'il  faut  au  moins  quatre 
pouces  de  bourre  devant  la  ruche;  c'est  pourquoi  il  faut  clouer  une  baguette  de 
bois  de  l'épaisseur  nécessaire  à  l'intérieur  de  la  caisse,  juste  au-dessous  de  l'en- 
trée. Par  exemple,  si  l'on  veut  avoir  un  matelas  de  4  pouces  d'épaisseur,  la 
baguette  de  bois  devra  avoir  \\  pouce  d'épaisseur.  On  pose  alors  une  mince 
planche  de  16^  pouces  de  long  et  de  4  pouces  de  large  à  travers  le  devant  du 
plateau  de  la  ruche,  et  reposant  sur  les  bords  de  ce  plateau,  de  façon  à  former 
un  tunnel.  Il  est  plus  commode  cependant  de  faire  un  pont  spécial.  (Voir 
planches  II  et  III).  Ce  pont  doit  être  fait  de  façon  à  pourvoir  une  galerie  allant 
de  la  ruche  jusqu'à  la  paroi  de  la  caisse  sur  toute  la  largeur  de  l'entrée  de  la  ruche 
et  ayant  au  moins  f  de  pouce  de  profondeur.  Il  a  été  démontré  par  des  expériences 
cependant  qu'une  galerie  plus  profonde  est  plus  satisfaisante,  car  elle  permet  une 
meilleure  circulation  de  l'air.  Le  pont  recommandé  et  montré  sur  les  planches 
a  2  pouces  de  profondeur. 

Les  matériaux  d'emballage  employés  doivent  être  petits  de  façon  à  laisser  de 
nombreux  espaces  d'air.  Les  copeaux  ou  ripes  de  planeur,  les  feuilles  sèches  de 
forêt,  la  baie  et  beaucoup  d'autres  substances  sont  très  satisfaisantes.  Certains 
apiculteurs  se  servent  également  de  sciure  de  bois  (bran  de  scie),  mais  la  sciure 
absorbe  très  facilement  l'humidité  et  ne  paraît  pas  être  aussi  bonne  pour  l'isole- 
ment que  les  autres  matériaux  mentionnés.  La  baie  de  sarrasin  et  la  mousse 
sont  très  bonnes  également,  si  on  peut  se  les  procurer;  cependant  la  baie  peut 
attirer  les  rongueurs  par  le  grain  qu'elle  pourrait  contenir.  Une  très  bonne 
substance,  quoique  peu  chère,  est  le  liège  rebroyé.  Les  planches  commerciales 
isolantes  essayées  à  Ottawa  n'ont  pas  très  bien  réussi. 


21 

La  quantité  de  bourre  nécessaire  dépend  de  la  valeur  isolante  des  matériaux 
employés;  pour  les  espèces  ordinaires,  mentionnées  ci-haut,  l'épaisseur  devrait 
être  d'au  moins  trois  pouces  sous  les  ruches  et  sur  les  quatre  côtés  de  la  ruche 
et  six  à  huit  pouces  sur  les  dessus.  Dans  les  régions  très  froides,  où  le  thermo- 
mètre descend  jusqu'à  30  ou  40  degrés  au-dessous  de  zéro  pour  y  rester 
plusieurs  jours  à  la  fois,  cette  quantité  ne  suffit  pas,  surtout  si  le  rucher  n'est 
pas  parfaitement  protégé  contre  les  vents.  Nous  n'avons  pas  constaté  jusqu'ici 
qu'il  était  nécessaire  de  mettre  plus  que  la  quantité  indiquée  ci-haut  à  Ottawa, 
même  lorsque  la  température  descendait  à  20  degrés-  au-dessous  de  zéro  ou 
plus  bas;  en  fait,  un  excès  de  matériaux  d'emballage  peut  causer  de  l'agitation 
chez  les  abeilles  pendant  les  journées  douces.  A  Brandon,  au  Manitoba,  l'emploi 
de  laine  de  sapin  baumier  a  donné  d'excellents  résultats. 


CAISSES  EN  PAPIER 

L'emploi  de  caisses  en  papier  imperméables  au  lieu  de  bois,  qui  permet- 
trait de  réduire  les  frais  de  l'hivernage  en  plein  air,  a  suscité  beaucoup  d'inté- 
rêt dernièrement.  Nous  n'avons  pas  fait  l'essai  de  ce  genre  de  caisse  aux 
ruchers  de  la  ferme  expérimentale,  mais  les  apiculteurs  qui  s'en  sont  servi 
disent  avoir  obtenu  de  très  bons  résultats.     Le  papier  dont  on  se  sert  le  plus 


Fig.  11. — Ruches  en  caisse,  emballées  sur  le  fond  et  les  côtés  et  avec  nourrisseurs  en  place. 

souvent  est  le  papier  goudronné  à  construction  ordinaire,  mais  tout  autre 
forme  de  bon  papier  étanche  ferait  l'affaire.  Pour  deux  ruches,  mises  côte  à 
côte,  on  coupe  du  rouleau  de  papier  une  bande  d'environ  142  pouces  de  longueur 
et  l'on  ramène  les  deux  extrémités  ensemble  de  façon  à  former  un  cylindre. 
Les  bouts  doivent  chevaucher  de  quatre  pouces  environ  et  être  solidement 
collés  au  moyen  de  ciment  à  toiture.  Si  on  le  désire,  on  peut  clouer  le  papier 
sur  un  cadre  au  moyen  de  braquettes  de  façon  à  former  une  caisse  rectangu- 
laire. On  glisse  alors  le  cylindre  de  papier  par-dessus  les  ruches,  le  bord 
inférieur  du  papier  reposant  sur  le  sol.  On  verse  ensuite  les  matériaux  d'em- 
ballage entre  le  papier  et  les  ruches  ainsi  que  par-dessus  ces  dernières.  Si  les 
ruches  n'ont  qu'un  étage  de  hauteur,  on  peut  replier  les  bords  supérieurs  des 


22 

caisses  de  papier  par-dessus  les  matériaux  d'emballage  supérieurs  et  on  les 
colle  ensemble,  mais  si  les  ruches  ont  deux  étages  de  hauteur,  il  sera  néces- 
saire  d'avoir  un  autre  morceau  de  papier  d'environ  six  pieds  de  longueur  pour 
former  un  capuchon.  Le  papier  doit  être  solidement  attaché  autour  des  ruches 
et  le  capuchon  est  ensuite  collé  ou  lié  en  place.  Il  faut  pratiquer  des  entrées 
à  travers  l'emballage  et  le  papier  pour  que  les  abeilles  puissent  sortir. 

Pour  qu'elles  puissent  tirer  tout  l'avantage  possible  de  la  protection  d'au- 
tomne, remballage  des  abeilles  ne  devrait  pas  être  différé  plus  tard  que  la 
dernière  semaine  de  septembre,  de  préférence  avant  le  nourrissement  d'automne. 
Pour  éviter  les  pertes  d'abeilles,  on  rapprochera  plusieurs  colonies  graduelle- 
ment l'une  vers  l'autre  vers  la  fin  de  l'été,  de  façon  à  ce  qu'elles  occupent  à 
peu  près  la  même  situation  et  qu'elles  soient  tournées  dans  la  même  direction 
qu'elles  le  feront  lorsqu'elles  seront  mises  en  caisses.  Lorsqu'on  hiverne  en 
plein  air,  il  est  bon  de  laisser  les  ruches  tout  l'été  en  groupes  de  deux  ou  quatre, 
suivant  la  grandeur  de  la  caisse  employée,  afin  de  s'éviter  le  surcroît  de  travail 
nécessaire  pour  les  mettre  en  place,  en  automne  et  au  printemps. 

Lorsqu'on  est  prêt  à  emballer,  on  met  d'abord  le  support  en  place,  et  sur 
ce  support  le  plancher  de  la  caisse,  disposé  de  façon  à  ce  que  les  entrées  des 
caisses  soient  tournées  vers  l'est  et  vers  l'ouest  (caisses  de  4  ruches)  et  vers  le 
sud  pour  les  caisses  à  une  et  à  deux  ruches.  On  met  ensuite  ce  plancher  de  la 
caisse  bien  égal  au  moyen  d'un  niveau  d'eau.  On  place  à  travers  ce  plancher 
trois  morceaux  de  bois  de  2  par  3  pouces,  un  près  de  chaque  extrémité  et  deux 
au  centre.  Les  ruches  reposent  sur  ces  morceaux  qui  fournissent  l'espace 
nécessaire  pour  l'emballage  du  fond.  On  verse,  entre  ces  morceaux  de  bois, 
suffisamment  de  bourre  pour  recouvrir  le  plancher  jusqu'au-dessus  des  morceaux 
et  on  la  tasse  bien.  On  enlève  ensuite  les  couvercles  des  ruches  et  on  met 
les  colonies  en  place  sur  les  morceaux  de  bois.  On  les  met  aussi  serrées  l'une 
contre  l'autre  que  possible,  côte  à  côte  et  dos  à  dos,  de  façon  à  ce  qu'il  n'y 
ait  pas  d'espace  à  remplir  entre  elles.  On  assemble  ensuite  les  côtés,  on  ajuste 
les  ponts  et  l'on  remplit  les  côtés  avec  de  la  bourre  jusqu'au  niveau  du  dessus 
des  ruches.  On  laisse  les  couvertures  ou  les  planches  à  miel  sur  les  ruches  tout 
l'hiver,  afin  de  prévenir  la  perte  d'une  trop  grande  quantité  de  chaleur.  Lors- 
qu'on emploie  des  couvertures,  on  peut  fournir  des  passages  pour  les  abeilles 
par-dessus  les  rayons  en  mettant  de  petits  bâtons  sous  les  couvertures  mais 
ceci  n'est  nullement  indispensable.  Dès  que  les  colonies  sont  dans  les  caisses 
il  faut  nourrir  les  abeilles  et  dès  que  le  nourrissement  est  terminé,  on  pose  la 
bourre  par-dessus  les  ruches  et  l'on  ferme  les  caisses  pour  l'hiver.  Il  vaut 
mieux  mettre  cette  bourre  du  dessus  sous  forme  de  coussin  ou  matelas,  car 
elle  est  beaucoup  plus  facile  à  manier.  On  peut  faire  de  bons  coussins  en 
remplissant  des  sacs  de  son  aux  trois  quarts  de  matériaux  et  en  les  attachant 
près  du  col.  Cinq  ou  six  de  ces  sacs,  aux  trois  quarts  remplis,  s'ajustent  fort 
bien  par-dessus  les  ruches  dans  une  caisse  quadruple.  On  ne  bouche  l'entrée 
des  ruches  que  lorsque  les  frais  se  sont  établis. 

Le  fond  des  caisses  présentées  aux  planches  II  et  III  a  la  forme  d'une 
claie,  ce  qui  rend  l'emballage  des  abeilles  et  l'ajustage  des  ponts  ou  des  tunnels 
beaucoup  plus  faciles  que  dans  la  caisse  présentée  dans  la  planche  I;  cepen- 
dant, cette  dernière  est  aussi  une  très  bonne  caisse  et  elle  est  peut-être  un  peu 
plus  facile  à  construire. 

Il  n'est  pas  nécessaire  d'enlever  la  neige  sous  laquelle  les  caisses  sont 
enfouies  pendant  l'hiver,  car  il  n'est  pas  à  craindre  qu'elle  étouffe  les  abeilles. 
Il  est  bon  cependant  de  débarrasser  les  entrées  de  la  neige  vers  la  fin  de  mars, 
si  la  neige  s'attardait  au  printemps.  On  enlèvera  également  à  cette  époque 
toutes  les  abeilles  mortes  des  entrées;  plus  tard  au  printemps,  lorsque  la  tempé- 
rature se  réchauffe  et  que  le  pollen  arrive  abondamment,  il  faut  soulever  le 
bloc  tournant  pour  agrandir  les  entrées.  Vers  la  fin  de  l'hiver  ou  le  commen- 
cement du  printemps,  le  soleil  brillant  peut  encourager  les  abeilles  à  soi  tir  de 


23 

la  ruche  tandis  que  l'air  est  encore  trop  frais  pour  qu'elles  puissent  voler;  dans 
ce  cas,  beaucoup  d'abeilles  tombent  engourdies  sur  la  neige  et  périssent.  (Voir 
fig.  8).  Cet  accident  se  présente  surtout  lorsque  les  caisses  font  face  au  sud. 
Pour  le  prévenir  autant  que  possible,  il  faut  ombrager  les  entrées  en  plaçant 
une  planche  inclinée  sur  le  devant  de  la  caisse  par-dessus  les  entrées. 

Il  ne  faut  pas  enlever  les  abeilles  de  leurs  quartiers  d'hiver  avant  qu'elles 
soient  activement  au  travail  dans  la  première  ou  la  deuxième  hausse,  générale- 
ment vers  la  fin  de  mai  ou  le  commencement  de  juin.  Ce  surcroît  de  protection 
donné  au  printemps  par  l'emballage,  spécialement  pendant  les  quelques  pre- 
mières semaines  de  la  multiplication  des  ruches,  est  l'un  des  avantages  principaux 
de  l'hivernage  en  plein  air. 

LA  CONSTRUCTION  DES  CAISSES 

La  caisse  d'emballage  peut  être  construite  de  la  façon  préférée  par  les  per- 
sonnes qui  désirent  s'en  servir.  L'essentiel,  c'est  qu'elle  soit  assez  grande  pour 
contenir  tout  l'emballage  nécessaire  et  assez  étanche  pour  tenir  ces  matériaux 
d'emballage  bien  secs.  Cependant,  pour  la  gouverne  des  personnes  qui  désirent 
construire  de  nouvelles  caisses,  nous  donnons  ici  quelques  plans.  La  caisse 
présentée  à  la  planche  I  est  facile  à  faire  et  elle  a  donné  de  très  bons  résultats 
dans  les  ruchers  de  la  ferme  expérimentale.  Elle  a  été  remplacée  cependant  par 
celles  qui  sont  présentées  aux  planches  II  et  III,  parce  que  dans  ces  dernières, 
l'emballage  et  le  déballage  des  ruches  se  fait  beaucoup  plus  facilement;  elles 
sont  donc  hautement  recommandées.  La  caisse  à  une  ruche  présentée  à  la 
planche  IV,  et  qui  est  connue  sous  le  nom  de  ruche  Kootenay,  est  très  employée 
en  Colombie-Britannique,  mais  on  peut  construire  des  caisses  plus  simples 
d'après  les  mêmes  plans  que  ceux  qui  sont  présentés  aux  planches  II  et  III.  La 
figure  9  représente  une  ruche  emballée  permanemment  et  qui  a  remplacé  dans 
une  grande  mesure  la  caisse  à  une  ruche. 

Les  caisses  présentées  aux  planches  II  et  III  ont  une  partie  de  leurs  côtés 
fixés  permanemment  au  plateau  de  la  ruche,  faisant  ainsi  une  claie  de  8  pouces 
de  profondeur.  Les  morceaux  de  2  par  3  pouces  (St.  1)  sur  lesquels  les  ruches 
reposent  sont  aussi  clouées  permanemment  en  place,  et  les  trous  de  vol  sont 
pratiqués  dans  les  extrémités  de  la  claie  pour  la  caisse  quadruple  et  d'un  côté 
pour  la  caisse  double.  Lorsque  les  colonies  sont  prêtes  à  emballer,  on  verse  une 
quantité  suffisante  de  matériaux  d'emballage  dans  la  claie,  en  les  tassant,  pour 
remplir  cette  claie  jusqu'au  dessus  des  morceaux  de  bois.  On  met  alors  les 
ruches  en  place  sans  leur  couvercle  et  l'on  arrange  les  ponts  avant  de  placer 
les  côtés.  Le  but  de  ces  ponts  est  de  fournir  un  tunnel  pour  que  les  abeilles  puis- 
sent sortir  de  la  ruche,  en  passant  à  travers  l'emballage.  Une  fois  assemblés, 
les  extrémités  et  les  côtés  de  la  caisse  sont  fixés  ensemble  au  moyen  d'un  petit 
crochet  à  chaque  coin  près  du  dessus  et  un  prolongement  des  taquets  de  côté 
engage  la  claie  au  fond.  La  jointure  entre  les  bords  supérieurs  de  la  claie  et  les 
bord  inférieurs  des  côtés  et  des  extrémités  est  protégée  par  une  baguette  clouée 
le  long  des  bords  intérieurs  et  inférieurs  des  côtés  et  des  extrémités  de  façon  à 
faire  sallie.  Cette  baguette  fait  saillie  sur  une  distance  d'un  pouce  environ,  vers 
le  bas  à  l'intérieur  de  la  claie. 

La  couverture  est  légèrement  en  pignon;  elle  s'emboîte  par-dessus  les  côtés 
et  les  extrémités  et  est  recouverte  de  papier  à  toiture  pour  rejeter  l'eau.  Il  y  a 
aussi  un  trou  d'un  pouce  dans  chaque  extrémité  du  toit  pour  permettre  à  l'air  de 
passer  par-dessus  le  matelas  supérieur  à  l'intérieur  de  la  caisse. 

Les  mesures  intérieures  de  la  caisse  quadruple,  une  fois  montée,  sont  les 
suivantes:  longueur,  48  pouces;  largeur,  41|  pouces;  profondeur,  30f  pouces,  et 
le  bois  employé  est  de  J  de  pouce  d'épaisseur,  mais  on  peut  se  servir  de  planches 
plus  minces.  Cette  caisse  prend  quatre  ruches  Langstroth  à  10  cadres  et  celles- 
ci  peuvent  avoir  une  chambre  de  nourrissement  profonde  par-dessus  et  laisser 


13. 


—Caisse  pour  Quatre  Ruches.— 


&e  bourre  a crr- 
a/*jsot/s  et /o fesses 


— Su/=>S*Q*?7-  — 


Planche  I 


25 

encore  de  la  place  pour  six  à  huit  pouces  de  matériaux  d'emballage  surmontés 
d'un  espace  d'air  bien  suffisant. 

Le  dessin  ne  montre  pas  de  supports,  mais  on  pourrait  se  servir  d'un  support 
pour  que  la  ruche  ne  repose  pas  sur  le  sol.  Les  supports  de  ruche  employés 
pendant  l'été  peuvent  servir  ainsi  qu'il  est  indiqué  aux  figures  10  et  11. 

La  planche  III  représente  une  caisse  à  deux  ruches  faite  sur  le  même  plan 
que  la  caisse  quadruple.  Les  mesures  intérieures  de  cette  caisse  sont  les  sui- 
vantes: longueur  41J  pouces;  largeur,  28  pouces;  profondeur,  32  pouces.  Le  bois 
employé  est  de  J  de  pouce  d'épaisseur.  Le  toit  de  cette  caisse  est  plat;  c'est 
pourquoi  cette  caisse  est  faite  un  peu  plus  profonde  de  façon  à  laisser  un  espace 
d'air  par-dessus  le  matelas  supérieur  et  des  trous  d'air  dans  le  bord  supérieur 
des  côtés  plutôt  que  dans  le  toit  en  pignon  ainsi  qu'il  est  présenté  à  la  planche  IL 


&"or*rha"3 


Planche  II. — Caisse  quadruple. 


La  planche  n°  IV  représente  la  ruche  ou  caisse  Kootenay  qui  est  employée 
en  Colombie-Britannique.  Elle  consiste  d'un  plateau  de  ruche  emballé  perma- 
nemment  et  d'une  série  de  hausses.  Une  seule  de  ces  hausses  est  présentée  dans 
le  dessin,  mais  il  en  faut  deux  si  l'on  hiverne  dans  une  chambre  à  couvain  et  au 
moins  trois  si  l'on  hiverne  dans  des  chambres  à  couvain  doubles.  Cette  caisse 
est  en  réalité  une  ruche  emballée  à  demeure,  car  il  est  rare  qu'on  en  enlève  les 
colonies  pendant  l'été.  En  dehors  de  la  Colombie-Britannique,  le  genre  de  ruche 
emballée  à  demeure  le  plus  employé  est  celui  qui  est  présenté  à  la  figure  9. 


26 

ENTRÉE  SUPÉRIEURE  POUR  L'HIVERNAGE 

(  )n  a  pris  beaucoup  d'intérêt  en  ces  dernières  années  à  l'emploi  d'entrées 
supérieures  pour  l'hivernage  des  abeilles.  Le  plan  généralement  employé  est  de 
mettre  les  entrées  au  pied  de  la  ruche,  mais  beaucoup  d'apiculteurs  de  marque 
se  servent  presque  exclusivement  de  l'entrée  supérieure.  Nous  avons  fait  l'essai 
de  différents  types  d'entrées  supérieures  en  ces  dernières  années  au  rucher  de  la 
ferme  expérimentale  centrale,  à  Ottawa.  Nous  avons  employé  au  total  dans  ces 
essais  55  colonies  en  caisses  simples,  doubles  et  quadruples.  Nous  n'avons  perdu 
que  quatre  des  colonies,  mais  cette  perte  résultait  d'autres  causes.  Tous  les  prin- 
temps, les  colonies  à  entrées  supérieures  avaient  au  moins  une  force  égale  à 
celles  qui  avaient  été  hivernées  avec  des  entrées  inférieures,  mais  la  différence 
sous  ce  rapport  n'est  pas  encore  suffisante  pour  que  l'on  puisse  recommander  un 
type  d'entrée  de  préférence  à  l'autre.  Il  y  a  cependant  deux  avantages  en  faveur 
de  l'entrée  supérieure:  il  n'y  a  pas  d'entrées  bouchées  par  les  cadavres  d'abeilles, 
de  neige  et  de  glace,  et  les  souris  ne  peuvent  plus  s'introduire  dans  la  ruche.  Nous 
faisons  de  nouvelles  recherches  sur  ce  type  d'entrée. 


far  <?/  c/e/a  ca/jse^ 


Det/I/ls  nu  fZaaV£fi>nr  z 


(j?  nécessaire .) 


Planche  III. — Caisse  double  d'hiver. 


CONDUITE  DU  RUCHER  AU  PRINTEMPS 

Les  abeilles  hivernées  dehors  peuvent  profiter  de  la  première  récolte  de 
nectar  et  de  pollen  dès  que  la  température  est  favorable,  tandis  que  celles  qui 
sont  hivernées  en  cave  ne  peuvent  le  faire  que  lorsqu'elles  sont  replacées  sur  leur 
support  d'été.  Il  est  généralement  admis  que  les  ruches  hivernées  en  cave  ne 
devraient  pas  être  sorties  de  la  cave  tant  qu'il  n'y  a  pas  de  pollen  et  de  nectar 


27 


à  butiner  au  printemps.  Une  bonne  indication  du  moment  où  elles  peuvent  être 
sorties  est  l'apparition  du  pollen  jaune  sur  les  saules;  on  peut  se  régler  sur  le  mo- 
ment où  les  abeilles  hivernées  dehors  commencent  à  rentrer  de  nouvelles  provi- 
sions, si  on  a  eu  l'occasion  de  les  voir.  Dans  bien  des  endroits,  il  est  avantageux  de 
donner  quelque  protection  lorsqu'elles  sont  sorties  de  la  cave,  mais  à  Ottawa  où 
le  printemps  se  réchauffe  assez  vite  dans  les  saisons  normales,  on  n'a  pas  trouvé 
que  cela  était  nécessaire.  Il  est  nécessaire  cependant.de  bien  abriter  les  abeilles 
pendant  le  temps  froid  et  des  couvercles  rembourrés  sur  les  ruches  sont  utiles. 

CAISSE  KOOTENAY  À  RUCHE  UNIQUE 


Planche  IV 

On  doit  sortir  les  abeilles  de  la  cave  le  soir,  de  grand  matin  ou  par  une 
journée  sombre,  où  il  y  a  peu  de  chance  qu'elles  volent  immédiatement.  Il  y  a 
ainsi  moins  de  risques  qu'elles  errent  d'une  ruche  à  l'autre.  Il  faut  boucher  les 
entrées  de  la  ruche  lorsqu'on  les  sort.  On  enlèvera  ce  bouchon  temporaire  dès 
que  les  ruches  sont  placées  sur  leur  support  d'été,  puis  on  réduira  les  entrées  à 


28 


deux  pouces  environ  afin  de  conserver  la  chaleur  de  la  colonie  et  d'empêcher  le 
pillage.  S'il  y  a  des  ruches  dont  toute  la  population  est  morte,  on  en  bouchera 
complètement  les  entrées,  pour  prévenir  le  pillage  et  la  propagation  des  maladies. 


Fig.  12.— Bourre  en  sacs  pour  le  dessus.     Caisse  prête  à  être  fermée  pour  l'hiver. 


Fig.  13.— Rucher  de  M.  J.  Tissot.  Ottawa.     M.  Tissot  hiverne  ses  abeilles  dans  des  ruches  à 
parois  doubles  et  les  protège  par  un  bon  brise-vent. 

On  peut  examiner  les  colonies  à  la  première  journée  chaude,  lorsque  les 
abeilles  volent  librement.  Celles  qui  ont  moins  de  quinze  à  vingt  livres  de  pro- 
visions devraient  recevoir  du  sirop  de  sucre,  composé  de  parties  égales  de  sucre 
et  d'eau.  Ne  transportez  jamais  du  miel  d'une  ruche  à  l'autre,  à  moins  que  le 
rucher  n'ait  pas  de  maladies  et  ne  donnez  jamais  de  miel  d'origine  inconnue. 
Un  bon  apiculteur  a  rarement  à  nourrir  au  printemps;  il  nourrit  suffisamment  en 


29 

automne.  Les  colonies  qui  n'ont  pas  de  reines  ou  dont  les  reines  sont  bourdon- 
neuses  devraient  être  unies  à  d'autres  colonies  qui  ont  des  reines  fécondes.  Tou- 
tefois, si  ces  ruches  ont  une  nombreuse  population  et  que  l'on  peut,  en  quelques 
jours,  se  procurer  de  nouvelles  reines,  on  aura  avantage  à  leur  fournir  des  reines. 
Toutes  les  reines  bourdonneuses  devraient  être  remplacées  immédiatement.  Il  est 
toujours  utile  d'hiverner  quelques  reines  de  rechange  dans  des  ruches  doubles 
parce  que  l'on  peut  s'en  servir  pour  sauver  des  colonies  nombreuses  dont  la  reine 
a  disparu,  ou  a  perdu  sa  fécondité,  ou  est  devenue  bourdonneuse.  On  peut 
sauver  des  colonies  très  faibles  ayant  une  reine  en  la  mettant  par-dessus  des 
colonies  fortes  avec  un  chasse-reine  entre  les  deux  pendant  quelques  semaines  ou 
on  peut  aussi  les  renforcer  en  y  ajoutant  des  abeilles  en  paquets. 

Il  est  bon  d'attendre  pour  faire  ce  premier  examen  qu'il  y  ait  eu  quelques 
journées  de  temps  favorable  et  que  le  nectar  rentre  librement.  Pendant  leur 
premier  vol  après  l'hiver,  les  abeilles  des  différentes  ruches  se  mélangent  beau- 
coup, surtout  si  de  grands  vents  soufflent  à  travers  le  rucher  et  lorsque  la  ruche 
contient  un  grand  nombre  d'abeilles  étrangères  et  qu'il  ne  rentre  pas  de  nectar,  la 
reine  pourrait  être  attaquée,  entourée  et  peut  être  tuée  si  on  ouvrait  la  colonie. 
On  peut  aussi  mieux  s'apercevoir  de  la  présence  d'une  reine  féconde  si  l'on  attend 
pour  faire  l'examen  que  le  couvain  soit  operculé.  Enfin,  si  l'on  faisait  l'examen 
trop  tôt,  il  y  aurait  beaucoup  plus  de  danger  de  refroidir  le  couvain.  On  peut 
examiner  les  abeilles  hivernées  dehors  lorsqu'elles  sont  encore  dans  leurs  caisses. 


FlG.  14. — Caisse  Kootenay  montée. 

(Par  courtoisie  de  l'apiculteur  provincial, 

Colombie-Britannique) 

Les  abeilles  ont  besoin  de  grandes  quantités  d'eau  au  printemps  lorsque 
l'élevage  du  couvain  est  en  marche  et  s'il  n'y  a  pas  d'eau  auprès  du  rucher,  il 
faut  leur  en  fournir  dans  un  endroit  abrité  dans  le  rucher  pour  qu'elles  ne  soient 
pas  obligées  d'aller  au  loin  pour  en  trouver. 


30 

Il  cet  inutile  de  faire  un  deuxième  examen  avant  deux  ou  trois  semaines,  si 
le  temps  ne  se  réchauffe  pas  rapidement  et  si  le  nouveau  nectar  et  le  pollen  ne 
sont  pas  abondants.  On  s'assurera  à  ce  deuxième  examen:  (1)  que  la  reine 
agrandit  le  nid  à  couvain  de  façon  normale  et  qu'elle  a  suffisamment  de  place 
pour  tous  les  œufs  qu'elle  peut  pondre;  (2)  que  les  abeilles  ont  toute  la  nour- 
riture nécessaire  et  toute  la  place  voulue  pour  rentrer  le  nectar;  (3)  qu'il  n'y  a 
pas  de  maladies  du  couvain;  on  peut  les  découvrir  plus  aisément  à  ce  moment 
que  lorsque  la  ruche  est  remplie  d'abeilles.  Si  l'on  soupçonne  la  présence  de 
maladies,  appelez  l'inspecteur  du  rucher  le  plus  proche,  ou  envoyez  un  spécimen 
du  couvain  suspect  à  la  Division  de  l'apiculture,  Ferme  expérimentale  centrale, 
Ottawa,  ou  à  l'apiculteur  provincial  pour  le  faire  examiner. 

RÉSUMÉ 

Pour  conclure,  répétons  que  le  bon  hivernage  des  abeilles  au  Canada  est  une 
des  conditions  de  succès  les  plus  importantes  dans  l'apiculture  canadienne.  Les 
hivers  sont  généralement  longs  et  rigoureux  sur  la  plus  grande  partie  de  notre 
pays,  et  c'est  pourquoi  il  est  nécessaire  de  fournir  aux  abeilles  les  conditions 
voulues  pour  que  leur  vie  puisse  se  prolonger  au  delà  de  la  période  normale.  Pour 
qu'elles  puissent  résister  à  l'hiver  long  et  froid,  il  faut  tout  d'abord  (1)  que  les 
ruches  soient  bien  remplies  de  jeunes  abeilles  au  commencement  de  l'hiver,  (2) 
qu  elles  aient  une  abondance  de  provisions  saines  pour  durer  jusqu'au  printemps, 
et  (3)  qu'elles  soient  suffisamment  protégées  pour  qu'elles  ne  gaspillent  pas  leur 
énergie  et  leur  vie  dans  la  production  de  la  chaleur.  Voici  en  peu  de  mots  les 
moyens  à  prendre  pour  obtenir  ces  conditions: 


Fig.  15. — Rucher  emballé  dans  des  caisses  Kootenay. 
(Par  courtoisie  de  l'apiculteur  provincial,  Colombie-Britannique.) 

1.  Chaque  colonie  doit  avoir  à  sa  tête  une  reine  féconde  au  moins  six  à  huit 
semaines  avant  la  cessation  normale  de  l'élevage  du  couvain  en  automne. 

2.  En  automne,  avant  que  les  abeilles  se  forment  en  grappe  pour  l'hiver,  on 
leur  donnera  au  moins  40  livres  de  miel  de  la  meilleure  qualité  ou  40  livres  du 
meilleur  sucre  blanc,  dissous  pour  faire  un  sirop,  (deux  parties  de  sucre  dans  une 
partie  d'eau). 

3.  Pour  l'hivernage  en  plein  air,  les  abeilles  seront  emballées  dans  des  caisses 
au  commencement  de  l'automne  et  pour  l'hivernage  en  cave,  elles  seront  rentrées 
avant  l'arrivée  des  grands  froids. 


31 


l/HUDUH  \J  I    I  hwi\   ma  0C5 


3  9073  00211094  0 


4.  Les  caisses  pour  l'hivernage  en  plein  air  seront  assez  grandes  pour  con- 
tenir suffisamment  de  matériaux  d'emballage  entre  les  ruches  et  les  parois  de  la 
caisse,  et  elles  seront  assez  étanches  pour  que  ces  matériaux  ne  se  mouillent  pas. 

5.  Le  rucher  doit  être  protégé  par  un  bon  brise-vent  pour  l'hivernage  en 
plein  air. 

6.  La  cave  où  les  abeilles  sont  hivernées  doit  être  bien  protégée  contre  les 
températures  extérieures  pour  que  la  température  puisse  s'y  maintenir  entre  45 
et  50  degrés  F. 

7.  Il  faut  aussi  que  la  cave  soit  sombre,  assez  sèche  et  pourvue  d'un  bon 
système  de  ventilation. 

8.  Une  fois  que  les  abeilles  sont  mises  dans  leurs  quartiers  d'hiver,  il  ne 
faut  plus  les  déranger. 

9.  Les  abeilles  hivernées  en  cave  seront  laissées  dans  la  cave  jusqu'à  ce 
qu'il  y  ait  du  nectar  et  du  pollen  au  printemps;  les  caisses  hivernées  en  plein 
air  seront  laissées  dans  leurs  caisses  jusqu'à  ce  que  le  temps  se  soit  mis  au  beau 
et  au  chaud. 


Ottawa:  J.-O.   Patenaude,  O.S.I.,  Imprimeur  de  Sa  Très   Excellente   Majesté  le  Roi,   1940.