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L'HORTICILTEIIR
FRANÇAIS
DE MIL HUIT CEM CIAQIAKTE ET UN
JDIiïMilL
des Amateurs et des Intérêts horticoles
RÉDIGÉ PAR
F. HERIWCQ
ATTACHÉ AU MUSEUM d'hiSTOIRE NATURELLE DE PARIS,
COLLABORATEUR DU RÉGNE VÉGÉTAL, ÙU NOUVEAU JARDINIER ILLUSTRÉ,
DU MANUEL DES PLANTES, ANCIEN RÉDACTEUR DE LA SOCIÉTÉ
NATIONALE d'HORTICULTURE DE LA SEINE, ETC.
Annie lS70-7f
PARIS
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E. DONNAUD, LIBRAIRE-EDITEUR
Rue Cassette, 9
N" 1.
«80* Année.
tH'SO.
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JOURNAL DES AMATEUIIS ET DES INTÉUÊÎS HORTICOLES
CONTENANT
LA CDLTURE RAISONNER, LA DESCHIPTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES,
ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE, DES FRUITS ET DES LÉGDMES, LA DESCRIPTION
ET L'USAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX,
PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS
DES AfflATEORS ET DES PRINCIPAUX HORTICDLTEORS DE FRANCE
sous LA DIRECTION DE
M. F. HERINCQ,
RÉDACTEUR EN CHEF,
ATTACaÉ Ad MCSÉCM d'UISTOIRE NATURELLE UE TARIS,
COllallorateur du Manuel des Plamet, des figures du Bon Jardlulei,
Ex-Rédacteur principal de la SocUié iritonicuiiure </« la .Soin» ,
Membre honoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture, etc.
l/ilorticnlteur Français parait le !i de chaque mois, par lirraison de 32 payes de texte
grand in-8, et d'une planche gratée et coloriée avec le plus grand soin.
i Paris 10 fr. par an.
Départements. 11 fr. —
Étranger 15 fr. —
Toutes les demandes rt'aljonncmeiit devront être accompagnées d'un bon du montant de l'abonne-
ment sur la poste ou sur une maison de Paris, et au nom de M. E.OONNADD, rue Cassette, 9.
Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon
sur la piiste ou sur une maison de Paris, sont avertis (|ue nous leur ferons présenter une 'piit-
tanee «le DOUZE francs. Cette augmentation de UN franc sert ù payer les frais de négociation de
la traite qui leur est adressée.
PARIS
LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR
RUE CASSETTE, 9.
«870
WQ^Xcy^.
MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau dujournal,rue Cas-
sette, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraitnt d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parut dans le
mois et dont n'^us avons reçu un exemplaire,
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DICTIONNAIRE DE PÛMOLOGIE
CONTENANT
l'histoire, la description, la figure des fruits akcieks et des fruits modernes
LES plus généralement CONNUS ET CULTIVÉS,
Par André LEROY,
PÉPl.MÉRISTE,
Chevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président
du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de,Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger.
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Tome 1" A-C, 389 variétés.
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Prix: broché, 1© fr. le Tolume,
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L'ouvrage est tei^miné.
L'flORTiCULTËliR FRANÇAIS
DE MIL UlIT CENT 0.\Q11AATE ET ll:\
t'ïui^ -- Inipiimeiie de E. Dok>'aud, rue Cassette 9.
L'IlORTlffllTEi FRANJlilS
DE MIL HUIT CEÎVT CIÎVQIANTE ET UN
JOURNAL
Ï)ES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES
KKhir.K PAR
F. IlERINCO
ATTACHÉ AU MUSÉUM D HISTOIRE NATURELLE DE PARIS,
COLLABORATEUR DU RÉGINE VÉGÉTAL, DU NOUVEAU JARDINIER ILLUSTRÉ,
DU MANUEL DES PLANTES, ANCIEN RÉDACTEUR DE LA SOCIÉTÉ
NATIONALE d'hORTICULTURE DE LA SEINE, ETC.
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^"^-^ Année \m
LIBRARY
NEW VoaK
hoï.^nxa:.
. PARIS
lî. DONNAUD, LIBRAIRE-ÉDITELli
Rue Cassette, 9^
V, Il CCC LXX
SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS UANS CK NUMÉRO.
F. Ukrinco, Chronique — 0. Lescuyf.u, Cobsea penduliflora (PI. I).— Eug.de
M\rtra(;ny, le Gazon et les Pourpiers. — Ekn. Bonard, Plantes nouvelles
obtenues dans les jardins. — Le Roy Mabille, Pomme de terre : Plantation
aiiloinnale et hivernale (février). — Boisduval, Noie sur les ravages occasionnés
cette année dans la culture de Fraisiers, jiar la Grande Tipule des jardins
. ITipiila olcraccaj. — X... Petites nouvelles ; Expositions et Floralies russes. —
X... Travaux du mois de février.
CHRONIQUE
Un bouquet de violettes gigantesque : Violette Wilson de M. Uamel. Les ther-
momètres sont comme" les baromètres et les météorologistps qui prophé-
tisent la pluie et le beau temps-, singulière divergence d'opinions des ther-
momètres des opticiens du quai des Lunettes. Les pronostics de M. Nick,
pour l'année qui s'écoule; principes sur lesquels il établit ses prophéties:
il a dit juste une fois sur dix. Nul ne croit à la science des Mathieu,
mais tout le monde consulte ses oracles; sceptique et spirituel, ('oniment
on s'y prend pour devenir un Mathieu quelconque. Le centenaire de llum-
boldt, célébré dans presque tous les pays civili.sés : un mot sur la vie et les
travaux de cet illustre savant.
Paris, le ic" janvier ■1870.
En ce jour solennel d'échange mutnel de petits cadeaux
qui entretiennent l'amitié, dit-on, je voudrais, chers lecteurs,
et surtout aimables lectrices, pouvoir vous adresser autre
chose que ce vœu banal de bonne année et de bonne santé,
qu'on sort chaque année de son écrin ; mais les temps sont durs.
Il me serait bien doux cependant de vous ofîrir un bouquet de
violettes comme celui qu'un prince de la finance parisienne
vient d'envoyer à la femme d'un prince de la finance london-
nienne ! mais, je le répète, les temps sont durs, et un pareil
bouquet doit coûter quelques bons louis d"or; jugez-en !
Je l'ai vu chez maître Burel, horticulteur^ rue du Helder, et
j'ose dire que c'est le plus merveilleHx, le plus gigantesque
Ja7ivier \S10. 1
— 6 —
bouquet de violettes qui soit sorti de la main d'une fleuriste.
Je l'ai mesuré, et il avait deux mètres quarante centimètres
de circonférence : 14 têtes pouvaient en même temps l'ap-
procher pour aspirer le parfum qui commençait à n'être plus
précisément très-agréahle, tant il est vrai que l'excès en tout
gale les meilleures choses. J'ai assisté au pesage, et son poids
était de 36 kilogrammes ! J'ai poussé la curiosité jusqu'à vou-
loir connaître combien il y avait d'humbles fleurs de violettes,
dans ce bouquet qui n'avait plus rien d'humble^ et j'en ai
compté 41,500! Je garantis l'exactitude de ce chififre à un
cent près. Il faut que la dame de Londres soit une bien forte
femme, pour pouvoir tenir à la main ce petit bouquet de vio-
lettes de 72 livres ! style de nos aïeux.
Mais ce qu'il faut admirer dans ce bouquet, c'est, dirait
M. Prud'homme, la patience et le talent de l'artiste. Faire uu
bouquet à la main de 80 centimètres de diamètre, avec des
fleurs dont la queue n'a pas toujours 5 centimètres de lon-
gueur, c'est donner la preuve d'une rare patience et d'une
grande habileté. Qu'aurait-il été ce bouquet, si maître Burel
avait eu à sa disposition la fameuse violette Wilson?'
Cette Violette Wilson, inconnue des bouquetières, est une nou-
velle variété, peut-être même une espèce, à très-longue queue
et qui pourra bien un jour, par ce fait, supplanter notre vio-
lette des bois, dont la courte queue rend très-difficile la con-
fection des petits bouquets si chers aux dames parisiennes.
Elle est très-odorante, d'une très-belle couleur violette, son
pédicelle ou queue a jusqu'à 20 et même 30 centimètres de
longueur. C'est M. Ramel, l'introducteur et le vulgarisateur
des Eucalyptus, en Europe, qui en a fait la découverte sur des
murs en ruines de la citadelle d'Oran en Algérie, en compa-
gnie de l'ami auquel il l'a dédiée. Je ne la connais encore que
chez lui, au jardin botanique de l'École de médecine de Paris,
et à Segrez ; elle n'est pas au commerce, que je sache, mais elle
— 7 —
mérite de l'être. Malheureusement sa rusticité ne va pas jus-
qu'à lui permettre de passer l'hiver, 'à Paris, sans abri. Sa cul-
ture est celle de la violette de Parme, et nous avonsfailli perdre
les quelques pieds que nous avons à Segrez, par la gelée qui
est survenue brusquement au commencement de décembre ;
sans la neige qui les couvrait, c'en était fait d'eux ; car nous
avons eu_, là, 13 degrés de froid , du moins notre thermomètre
indiquait cette température; ce qui ne veut pas dire que
tel était bien le réel degré de froidure.
Les thermomètres, en effet, sont un peu comme les baro-
mètres et les météorologistes qui prophétisent de la pluie et du
beau temps ; ils ne sont pas toujours d'une rigoureuse exacti-
tude, même ceux des maîtres. Ainsi, un jour de la semaine
dernière, je passais, dans la matinée, par le Pont-Neuf, et
comme tout bon Parisien, je consultai le thermomètre de l'in-
génieur Chevalier; il marquait 7» 5/10 au-dessus de zéro,
ligne des orangers et myrtes. J'en avisai un autre à l'angle
du quai des Lunettes, chez Secrétan; celui-là indiquait 8 4/10,
soit un degré de différence, et pourtant tous deux étaient
à la même exposition, à 10 pas de distance, regardant le
bon roi Henri. En continuant juon chemin j'en rencontrai
plusieurs autres qui différaient aussi d'opinion sur le degré de
la température atmosphérique. Le thermomètre de l'ingénieur
Soury voulait que la chaleur soit de 6° 5/10 ; celui de l'ingé-
nieur Boucart affirmait qu'elle était de 9 degrés,, température
des puits profonds et des sources; Richebourg en avait un, à sa
porte, qui indiquait 5"; à côté, celui de Fournier marquait
7"; enfin chez Boissel, le sein était à 6° 7/10. Comment ne
pas faire naître des contestations sur les degrés de rusticité de
certains végétaux, quand on a^, à sa disposition, des instru-
ments d'une pareille précision !
J'avais donc raison de dire que thermomètres, baromètres
et Mathieu, de tous pays, ne brillent pas par l'exac-
— 8 —
titude de leurs indications ou prophéties. Et je ne crois pas
qu'il faille en excepter M. Nick, de Périgueux, le plus moderne
des Mathieu, qui inscrit ses prédictions au Petit ofjîciel du
soir.
Voici, en effets ce que le savant périgourdin nous prédit
après avoir compulsé tous les registres de l'Observatoire de
Paris, que l'honorable directeur, M. Leverrier, a mis à sa dis-
position; ce qui va bien étonner le monde entier y compris
tous les astres.
« Le prochain hiver sera-t-il rigoureux, oui ou non? »
Telle est la question que s'est posée, M. Nick, tout comme un
siaiple particuher qui n'a pas le moyen de faire^ à l'avance,
d'abondante provision de bois. « Chacun, se répond-il, essaye
de résoudre cette question à sa manière : les uns se basent sur
l'épaisseur des pelures d'oignons ; les autres s'appuient sur la
physionomie des saisons précédentes et raisonnent par analo-
gie, ou sur l'émigration des oiseaux nomades, mais toutes ces
données n'ont rien de sérieux ; les miennes seules sont sé-
rieuses. I)
Les principes sur lesquels sont établis ses pronostics repo-
sent, en effet, sur l'action mécanique de la lune qui dissipe les
vapeurs légères et mange les nuages.
J'avoue que j'ai peine à comprendre comment un corps si-
tué en dehors de notre atmosphère, à une infinité de portées
de canon, peut agir mécaniquement sur les nuages de quelques
points seulement de notre planète ; car la lune ne mange pas
les nuages partout, puisqu'il pleut souvent à Paris quand il
fait beau à Lyon et trop sec à Marseille.
Quoi qu'il en soit, c'est d'après ces principes, qui sont ceux
de Mathieu de la Drôme, que M. Nick décrète, au Petit journal
officiel, que l'hiver de 1869-1870 aura une certaine analogie
— une certaine analogie, le mot est heureux — a\ec celui de
1867-1868. (( Il sera marqué, dit-il, par des froids rigou-
— 9 -
reux •>; — préparons 'donc nos paillassons — « des gelées
blanches se manifesteront frobahlcment — ce n'est pas plus
sûr que cela : probablement — vers les 5, 13, et 25 novembre;
dos froids intermittents assez vifs se feront sentir vers les 5,
9, 13, 18, 22 et 28 décembre, principalement pendant les deux
premières dizaines; ces froids serojit accorii pagnes de neiges
abondantes, particulièrement vers les li^ 20 et 27. »
Voilà pour le passé et le présent; on peut parfaitement ap-
précier l'exactitude de ces pronostics ; donnons-nous donc ce
plaisir. Il a dit juste une fois, pour la gelée du 5 décembre,
qui a été accompagnée de neige abondante que le perspicace
météorologiste de Périgueux annonçait tout particulièrement
pour le 1 1 . Mais qu'est-ce que 5 jours d'écart? Bagatelle ! Et
puis, la neige n'a t-elle pas pu rencontrer en route un obstacle
qui a retardé sa chute? Ces retards arrivent presque journelle-
ment pour les trains de chemins de fer, 'et les navires qui cir-
culent sur les océans. On ne peut donc pas rendre responsable
de cet écart les principes sur lesquels reposent les pronostics
d.e M. Nick. Tomber juste une fois sur 10, c'est un résultat qui
dépasse toute espérance, et peu s'en est fallu que ce ne soit 2
sur 1 0 ; car il annonçait de la gelée pour le 28, et c'est dans la
nuit du 2i au 25 qu'elle s'est fait sentir. Cette fois c'est une
avance de 4 jours ; mais il se pourrait que ce soit la gelée an-
noncée pour le 22 qui a subi aussi un retard de 2 jours; et ce
retard s'expliquerait très-bien : il pleuvait si fort le 22, que la
gelée a dû évidemment se mettre à l'abri quelque part, pour
attendre la fin de l'averse, qui n'est survenue que le vendredi
au soir 24-. On a pu voir comment cette pauvre gelée s'est em-
pressée (le fonctionner pendant la messe de minuit, aussitôt
apiès la chute de la dernière goutte d'eau, sur l'injonction,
sans nul doute, de M. Nick ou du dernier quartier de la lune
qui prenait possession de la haguette magique deux jours après,
c'est-à-dire le 26.
— 10 —
C'est une bien belle science, il faut en convenir, que cette
science des Mathieu et des Nick. Quels services immenses elle
va rendre aux horticulteuts ! D'un côté économie : quand ils
sauront que l'hiver ne sera pas rigoureux, ils ne feront que peu
ou point de paillassons; d'un autre côté plaisir : car ils pour-
ront préméditer bien à l'avance une partie d'été, quand ils sau^»
ront que des pluies intermittentes viendront faire leurs arro-
sements pendant la première, ou la deuxième, ou la troisième
dizaine du mois de juin ou d'août.
Qu'elle aimable science! Et pourtant nul ne veut y croire...;
mais tout le monde s'empresse de consulter ses oracles, pour
savoir si le temps ne doit pas changer, ou si l'on est loin d'un
nouveau quartier de lune. Et on ose dire que nous sommes
'un peuple spirituel et sceptique. Calomnie, pure calomnie!
Nous sceptiques ! allons donc ! Nous avons cru au zouave Jacob ;
nous croyons en la divinité terrestre d'une tireuse de cartes
et en la translucidité d'une somnambule; nous croyons en la
science des Nick; nous croyons encore et toujours à l'influence
de la lune, aux Carottes sauvages améliorées de Vilmorin, à
la transformation et perfectionnement des Radis de famille, à
la sève descendante que personne n'a jamais vue descen-
dre, etc., etc. Or, quand on croit à tout cela on ne peut pas
être sceptique: mais on ne peut pas être non plus très-intel-
ligent ni spirituel. Je le dis bien sincèrement et sans flatterie.
Et puisque nous croyons si bien en tout, servons-nous donc
— pour notre gouverne — la suite du plat Nick.
Le savant météorologiste prophète de Périgaeux continue
ainsi ses pronostics pour le premier trimestre de 1870 :
e Le froid reprendra avec plus d'intensité et de persistance
dans la première et la deuxième dizaine de janvier, particuliè-
rement du 4 au 5; la neige vers le 2, 9, 16. La troisième
dizaine sera moins froide, assez agitée et plus humide.
» Le mois de février sera plus accidenté que le mois de
— 11 —
janvier;, humide et relativement doux^ sauf quelques gelées
partielles qui se produiront vers les 5, 10, 16, 21 .
B Le rayonnement nocturne se manifestera encore dans la
pi?emière dizaine de mars^ mais avec peu d'intensité. Ce mois
sera assez accidenté et plutôt humide que sec, comme le mois
de février. »
Maintenant les jardiniers peuvent prendre leurs dispositions
pour ne pas être surpris par les froids; s'il leur arrive quelque
malheur, ils ne devront s'en prendre qu'à eux; j'ai fait ce que
je devais.
J'ajouterai encore un mot, cependant, à l'intention des per-
sonnes qui voudraient devenir un Mathieu quelconque, ou seu-
lement se passer des pronostics des autres.
Pour annoncer avec certitude ïe temps qu'il doit faire l\ des
époques déterminées, voici comment il faut procéder. On éta-
blit, pour cha(|ue mois, une série de dates avec un écart de 4 à
6 jours entre chacune d'elles; soit par exemple 3, 9, 15, 18,
22, 28. Ceci fait, on prélude ainsi, comme M. Nick :
a: Considérant que plus la résultante des forces est élevée,
plus le ciel est couvert-, et qu'au contraire, plus la résultante
des forces est faible, plus la lune mange de nuages et consé-
quemment plus le ciel est clair; considérant en outre que, le
V^ janvier 1799, la lune a mangé, pour ses étrennes, tous les
nuages qui obscurcissaient l'horizon, il en résulte que l'été de
1870 aura une certaine analogie avec celui de l'année 1799.
En conséquence : il y aura des chaleurs intermittentes pendant
le mois de mai, et principalement vers les a, 9, 13, 18, 22 et
28; mais il est présumable que des pluies intermittentes
viendront pour atténuer l'aridité de la sécheresse, et ces pluies
tomberont particulièrement vers les 7. 11, 16, 20, 24 et
30, etc., etc. Et ainsi pour les autres. S'il arrive que la pluie
tombe un des jours indiqués, on fait insérer bien vite dans les
journaux ce petit entrefilet : <( Chacun a pu contrôler la mer-
i9
veilleuse exactitude des principes sur lesquels reposent les
pronostics du savant M. Mathieu de la Garonne. La pluie qu'il
avait annoncée est tombée juste le jour indiqué par lui, etc.
-7- Si au contraire c'est dans l'intervalle de deux dates, on dit :
— « Il avait annoncée, que la pluie tomberait vers le 24, elle est
en effet tombée le 22; mais le ciel menaçait depuis deux jours;
on ne peut pas prédire avec plus de précision la probabi-
lité du temps, etc., etc. Ce n'est pas plus difficile, et le tour
est joué. On passe alors pour un génie, et votre descendance
voit, avec un bonheur suprême, la génération contemporaine
fêter votre centenaire, comme on vient de le faire pour Alexandre
de Humboldt, et Napoléon V\
C'est un usage, en etïet, qui commence — que ces manifes-
tations du centenat — et on va le mettre à la mode pour faire
tomber les statues qui abusent de la permission d'envahir les
places publiques.
C'est pour Napoléon 1'% qu'on a inauguré cette invention.
Mais l'année 1769 n'a pas produit que l'empereur de ce nom;
elle a fourni au monde savant l'occasion de célébrer le cen-
tenaire d'une de nos plus illustres célébrités scientifiques :
Alexandre de Humboldt, auquel l'horticulture est redevable de
nombreuses plantes nouvelles, et d'un beau travail sur la
géographie botanique, qui rendrait de bien grands services aux
horticulteurs, si les horticulteurs avaient le temps d'étudier
cette science un peu plus exacte que celle de la météorologie
des Mathieu. A ce point de vue, de Humboldt nous appar-
tient; il a droit à notre reconnaissance et à un petit speech.
Alexandre de Humboldt est né à Berlin, en 1769, do
parents riches et d'une très-grande famille. A l'âge de 7 ans,
il eut pour précepteur Campe, l'auteur du Robinson allemand;
ce c[ui explique tout naturellement son goût et sa passion des
voyages.
En quittant l'université de Gottinguc, à l'âge de 21 ans, il
- 13 —
commença à se préparer pour ses grandes entreprises scienti-
fiques. 11 fit son premier voyage sur'les bords du Rhin en com-
pagnie du botaniste Forsler, et ce n'est qu'après dix années
d'études préparatoires qu'il partit du port de Corogne, en
Espagne^ pour l'Amérique. Tous les travaux qu'il y accomplit :
explorations, observations, collections sont de la plus haute
valeur scientifique. Il avait déjà commencé ses études sur les
moyennes ciimatologiques, dont le résultat, connu sous le
nom de « lignes isothermes )), fut une de ses contributions les
plus originales à la science. Avec l'intuition du génie, il vit
que la distribution de la température obéit à certaines lois, et,
de l'observation, de la combinaison des faits, il enseigna aux
géographes à tracer, sur leurs cartes, ces courbes dont les
ondulations expriment les lois de la climatologie à la surface
de tout un hémisphère. Un des premiers bénéfices de la riche
moisson qu'il recueillit durant ce voyage, fut son tableau de
géographie botanique, représentant les principaux traits physi-
ques du continent américain. —Ayant remarqué, en effet, que
la végétation change de caractère à mesure qu'elle s'élève sur
le flanc des hautes montagnes et s'échelonne ainsi le long des
pentes en gradins successifs, il conçut l'idée de dessiner une
montagne conique, et d'indiquer, surles contours, les diUerents
aspects de la 'surface, depuis le niveau de la mer jusqu'aux
pics les plus élevés. Avec ce tableau, il suffit d'un coup d'oeil,
pour saisir la succession des zones de végétation, et la distri^
bution géographique des plantes. Il étendit ensuite ces com-
paraisons à la zone tempérée et à la zone arctique, montrant
alors que, à mesure qu'on s'avance vers le nord, la succession
des plantes au niveau de l'océan correspond à leur échelonne-
ment sur le flanc des hautes montagnes ; si bien que, près du
pôle arctique, la végétation présente une ressemblance remar-
quable avec celle qu'on rencontre sous les tropiques, à la
limite des neiges perpétuelles, etc., etc.
_ 14 —
De Hiiniboldt fit de nombreuses collections de plantes et
d'animaux, et des expériences physiques sur les êtres vivants
qui n'ont pas moins profité à la science; mais il faut dire aussi
qu'il avait pour compagnon un jeune botaniste plein d'ar-
deur,, Bonpland, qui s'occupait spécialement de la récolte des
plantes.
Après cinq années de pénibles explorations dans ces plaines
immenses qui s'étendent entre l'Océan et le bassin de l'Oré-
noque, le Rio-negro, les Amazones et les défilés des Cordil-
lières, gravissant les plus hautes montagnes, visitant les cra-
tères à peine éteints, Â. de Humboldt revint en France en pas-
sant par le Mexique, la Havane et Philadelphie. C'était en
1 804. Il vint se fixer à Paris, et commença la publication du
résultat de ses voyages, qui comprend toutes les branches de
l'histoire naturelle , plus la géographie , la physique , la
météorologie^ l'astronomie, etc.
Alexandre de Humboldt était une grande et noble illustra-
tion scientifique qui n'avait pas de patrie. Il était de tous les
pa« où fleurissaient les sciences; mais il aimait principale-
ment la France, parce que, à cette époque, on aimait beaucoup
la science en France. Aussi, son centenaire a-t-il été célébré
dans presque tous les pays civilisés.
A Berlin, l'Académie des sciences et toutes les sociétés
savantes de l'Allemagne lui ont consacré des séances spé-
ciales, dans lesquelles des discours ont été prononcés et fort
applaudis.
En Angleterre, des cérémonies analogues ont eu lieu. En
Amérique^ on lui a rendu les honneurs publics. — Philadelphie
a eu une véritable fête internationale, et à Boston, la Société
d'histoire naturelle s'était assuré le concours de M. Agassis,
qui a prononcé un éloquent discours d'autant plus religieuse-
ment écouté, que chacun connaissait les longues relations
d'amitié qui ont existé entre ces deux éminents savants.
— \o —
A Paris, les sociétés savantes se sont empressées de ne point
concourir du tout à la fôte du centenaire de Humboldt ; la
colonie allemande seule a organisé une petite réunion, presque
de famille, pour fêter la mémoire de l'auteur du Cosînos.
F. Heulnco.
COBiEA PENDULIFLORA (Pl. I).
Tout le monde connaît le Cobœa si recherché des amateurs
de petits jardins et des heureux mortels des villes possédant un
balcon ou une terrasse ; c'est lui qui leur apporte, en eftet,
l'ombre et la fraîcheur, et qui offre à leurs yeux un élégant
rideau de tendre verdure, parsemée de belles et grandes fleurs
en cloche de couleur pourpre marbré.
Un voyageur botaniste, M. Fendler, en a découvert une autre
espèce dans les montagnes de Caracas, à une hauteur de 2,000
mètres au-dessus du niveau de la mer, et qui a été baptisée
par M. Karsten, dans sa flore de Colombie, Rosenbergia pen-
duliflora. C'est elle que nous figurons dans ce numéro sous
le nom de Cohœa penduliflora, nous rangeant à l'opinion de
M. Hookerqui ne voit pas autre chose, en elle, qu'un Co6fm.
Son introduction en Europe est due à M. Ernst, qui en
envoya des graines au jardin royal de Londres oîi la plante a
fleuri en décembre 18G8, dans les serres à Palmiers.
Sa tige est grimpante, glabre^ d'un vert pâle; les feuilles
sont alternes, pourvues de vrilles et de larges stipules comme
dans l'ancien Cobœa scandens.
La différence réside essentiellement dans la fleur qui tout
d'abord est d'un jaune verdâtre clairet pendante. Le calice est
a cinq lobes oblongs aigns, avec un tube très-court muni de
cinq bosses arrondies à sa base. La corolle est irès-remar-
quable et ne manque pas d'élégance par la disposition de ces
— 16 —
cinq lobes qui se détachent da tube à peine long de 2 centi-
mètres — en lanières longues et étroites (10 centim. sur
4 millini,) comme des rubans un peu ondulés. Les étamines,
au nombre de cinq, ont une anthère oblongue jaune, versatile,
fixée au sommet d'un très-long filet rouge ; toutes les étamines
s'écartent horizontalement et passent entre les lanières de la
corolle. Le style est également très-long, presque une fois plus
long que la corolle, de couleur vert jaunâtre clair, et terminé
par trois stigmates filiformes.
Celte curieuse espèce est considérée actuellement comme
plante de serre chaude ; mais il est probable qu'elle deviendra,
comme celle qui l'a devancée dans les pays civilisés, plus dé-
mocratique, et qu'elle daignera condescendre à orner, pendant
l'été, les tonnelles des petits jardins, et les balcons du 5e étage^
où d'élégants treillages s'empresseront de lui offrir un géné-
reux appui.
0. Lesguyer.
LE GAZON ET LES POURPIERS.
Ceci n'est ni un conte ni une fable, comme pourrait le
donner à penser le titre de cet article; c'est un simple fait que
j'ai observé chez un de mes amis, et qui m'a paru digne d'être
révélé aux amateurs de gazon fleuri.
Tous les goûts sont dans la nature : les uns aiment une verte
pelouse bien unie, exclusivement composée de ray-grass, et ils
arrachent impitoyablement^ alors, la plus petite fleur de. pâ-
querette pour ne pas rompre l'uniformité de la teinte verte de
leur pelouse. Les autres, au contraire, regrettent de ne point
voir poindre, au-dessus du vert gazon, quelques jolies petites
fleurs de coucous ou primevères, des petits bouquets de trèfles,
d'élégantes grappes simples de cardamine des prés, ou d'au-
~ 17 —
très plantes qui peavent vivre en bonne harmonie entre elles^
sans porter atteinte à la bonne santé de la pelouse et qui
égayent un peu le paysage. C'est pour ces derniers que je
rapporte le fait en question.
Un terrain avait été occupé, pendant plusieurs années, par
un jardin fleuriste disposé en plates -bandes qui recevaient des
plantes de toutes sortes^ et notamment des plantes annuelles.
L'année dernière, on fit de ce fleuriste une sorte de petit par-
terre avec pelouse et corbeilles. Le gazon était en ray-grass le
plus pur, et jusqu'au mois de juillet, sa pureté fut rigoureuse-
ment maintenue par des sarclages. Mais à cette époque le jar-
dinier voyant apparaître quelques plantes à petites feuilles
charnues et cylindriques, voulut voir ce qu'elles produiraient;
il les fit respecter, et un beau matin on fut agréablement surpris
de voir les pelouses émailléesde nombreuses et grandes fleurs
de pourpiers, rouges, roses, blanches, jaunes, qui brillaient
d'un éclat inusité au milieu de la couleur verte du ray-grass.
Et comme bien l'on pense, ces pourpiers furent conservés, et
pendant toute l'arrière-saison, ils n'ont pas cessé d'orner les
pelouses du petit parterre. Ces plantes provenaient de graines
enfouies dans le sol, pendant la culture du terrain en jardin
fleuriste, et qui avaient été ramenées à la surface par les tra-
vaux de vallonnement des pelouses du pelii jardin. Ce Pour
pier est le Portulacca grandiflora, plante annuelle du Brésil
qui a donné plusieurs variétés dont quelques-unes ont reç:
les noms de Thellnssonii, Tliornburnii, caryophylloïcles.
Ces herbes ont des tiges étalées très-rameuses, et leurs fleurs,
rouge violet avec une tache blanche à la base des pétales dans
le type, naissent à l'ais'selle des feuilles de la partie supé»
rieure des rameaux ; elles peuvent mesurer de six à sept cen-
timètres et ne s''ouvrent qu'au soleil.
Le Portulacca Thcllussonii ,a les fleurs écartâtes avec lo
centre blanc ; — le T/iombumii les a jaune foncé, tiquetées
Janviev -1870. 2
.„. 18 —
de rouge à la base; — clans [ecaryophijlloïdes. elles sont d'un
rose tendre, striées de rose foncé et de lilas. Il y a en outre
les variétés : blanc strié ; panachée de jaune et de blanc ;
orange; rose pâle, et enfin les variétés à fleur pleine, qui
offrent à peu près toutes les nuances des variétés à fleur simple.
Jusqu'à présent, on n'a utilisé les Pourpiers que pour faire
des bordures, pour décorer le dessus des grandes caisses,
les balcons, les terrasses, les glacis, les rochers et les ruines
exposées au midi.
Je les propose aujourd'hui pour émailler gaiement les
pelouses qui sont établies dans les terrains sablonneux, secs et
exposés au soleil le plus ardent. On peut les semer au prin-
temps, soit en même temps que la graine de gazon, soit sur
les anciennes pelouses, dans les parties dénudées qu'on béquil-
lera d'abord pour ameublir la terre, et qu'on chargera ensuite
d'un peu de terreau après les semis opérés. Ou bien encore,
on pourrait semer sur couche et repiquer les jeunes plants dans
les éclaircies du gazon. Dans l'un ou l'autre cas, on obtiendra
une belle floraison pendant toute l'arrière-saison, comme celle
que j'ai tant admirée en septembre dernier.
Eug. de Martragny.
PLANTES NOUVELLES
OBTENUES DANS LES JARDINS.
M. Boucharlat aîné, à Guire-les-Lyon, annonce pour l'an-
née 1870 un grand nombre de nouveautés qui seront au
commerce à dater du 16 janvier.
En Pelargonium à fleur double, ce sont : Volcan, rouge
vermillon orangé; floribunda, rouge ombré; Madame Bou-
charlat, rose vif de Heur de pêcher; Docteur Adrien Sicard,
vermillon pur.
— 19 —
f.es Pelargonium à fleur simple s'appellent : Gloire de saint
Louis, Abondance, Bélisaire, Madame Baudrand, Etendard
des Nossegay^ Signor Sangali, Reine Blanche. Les zonales
h grande fleur sont : Edouard Trouin, Hug Low, Calot,
rosea compacta, Comte Paolo Taverna, Boule de neige, Made-
moiselle Marie Opoix, Mutabilis^, Madame E. G. Henderson,
Lucius le Nain. Enfin un Pelargonium unique nommé rubes-
cens.
Les Pétunia doubles sont inscrits sous les noms de : Boule
violette, Dame blanche, Tom Pouce, la Candeur, la Vierge^
Evelina, Cléopâtre, Sidonie, monstruosa piena, violacea
plena. Calypso, resplendens, mirandum, M. Opoix, Pluton,
l'Étonnant, M. Ambr. Verschaffelt, M. Buyron.
Des Chrysanthèmes — hors ligne — forme aponaise, on
nom : Admiranda, Simon Delaux, Blanche de Castille, Ma-
dame Ghniard, Crykand, Ci-Syang, Y-Kang-Kang, Griterion,
pyramidalis, Surprise, Soleil d'or, Sans pareil, Clorinde,
marginata. — D'autres Chrysanthèmes à formes diverses, et
non japonaises, apparaîtront à la même époque ; ce sont : Dis-
tinction, Bismark, Madame Etienne, multitlora, Impératrice,
Belle Aurore, Rose d'amour, Reine des blanches, Précocité.
Les nouveautés en Verveines sont : M. Crousse, Coquette
du Grand-Duché, Grand-duc de Bade, Elvina, Octavie.
Enfin les Véroniques rosa-alba, compacta superba et le
Lantana Caméléon terminent la liste des plantes nouvelles
de l'établissement de M. Boucharlat.
Dans le catalogue de M. Chaté, rue Sibuet, 9 (boulevard
Picpus, 40), Paris, nous trouvons plusieurs nouveautés inté-
ressantes :
Canna Adolphe Weich, à feuilles longues de 80 cent, vert"
foncé avec large bordure rouge pourpre, et à fleurs rose
orangé ; — Hendersonii, à feuilles vert glauque longues de
60 cent, et à très-grandes fleurs rouge carmin bordées de
'— 20 —
lignes du jaune le plus pur; — Auguste Joiyneaiix, à feuilles
très-grandes d'un beau verl;^ et à fleurs extra -grandes, rouge
ponceau vif parsemées de petites maculatures marron; —
Coîîite de Lambertye, à feuilles larges bordées de pourpre, et
à fleurs très-grandes jaune aurore.
Bégonia Emile Chaté, Louis Lignot, Madame Lignot, Gloire
de Montereau et excelsa.
Les Pelargoniwn zonales doubles sont : Jean Sisley, Bouquet
de Livry, Madame Jules Smith, Charles Dagneau, Triomphe
de Vincennes. — Les variétés à grande fleur ont reçu les
noms dB : Comte Albert de Larochefoucauld, Elisa Lama-
tabois, François Herincq, Madame Elie Reclus, Madame Eu-
gène Mangé et Souvenir de ma grand'mère.
M. Billiard fils (dit la Graine), à Fontenay-aux-Roses, a
obtenu, lui, les Weigelia M. André Leroy et Madame Car-
rière, ainsi que 4 Lonicera Chamaecerasus tartarica : speciosa,
elegans, bicolor, et graciHs.
Ern. BoNARD.
(^ mivre.)
POMME DE TERRE.
Plantation automnale et hivernale (i).
La Pomme de terre^ parmi les plantes, occupe le premier
rang après le blé, sous le rapport de l'aUrnentation. Ne lui
demandons pas plus qu'elle ne peut donner, mais exigeons
d'elle tout ce que nous pouvons en attendre. On ne sait pas, ou
plutôt on a oublié, tout ce que vaut Fanti- famine, comme l'ap-
pelait Parmentier. Mûre, elle contient beaucoup plus de sub-
stances nutritives que quand elle ne l'est pas, ce qu'elle a de
:'l) Journal de l'Agriculture.
— 21 —
commun avec toutes les plantes du monde, et elle n'est mûre
qu'autant qu'elle a végété pendant tout le temps qu'elle peut
végéter ; c'est encore en quoi elle ressemble à toutes les plantes
que Dieu a créées. Laissons-la donc végéter aussi longtemps
que possible, c'est-à-dire plantons-la en automne, afin que
nos pauvres, s'ils en mangent vingt et une fois par semaine,
comme dit spirituellement M. Villeroy, fassent vingt et un
repas un peu plus réparateurs qu'aujourd'liui.
Mais encore dans tout cela n'ai-je parlé que de la qualité, il
faut aussi voir l'abondance. Tous ceux qui ont pratiqué la
plantation automnale ont déclaré avoir fait des récoltes dou-
bles. Si donc ces mômes pauvres, au lieu d'avoir un kilo-
gramme de Pommes de terre qui ne contiennent que de l'eau,
en ont, pour le même prix, deux kilogrammes-de nourrissants,
n'est-ce pas quatre fois préférable? N'est-ce pas là un com-
mencement du programme depuis si longtemps cherché et
toujours insaisissable de la vie à bon marché (1)?
M. Villeroy, attaquant ma méthode, dit que dans la localité
qu'il habite on plante rarement avant le mois d'avril, que
quelquefois la plantation se prolonge jusque dans le mois de
mai, « et pourtant les Pommes de terre mûrissent. » Je regrette
de ne pas pouvoir partager sa manière de voir là-dessus; mais
je dis que ces pommes de terre ne sont pas mûres. La dessicca-
tion des tiges ne prouve pas la maturité ; car enfin il faut bien
qu'un jour ou l'autre elles se dessèchent, quand même la plan-
tation se serait faite en juin ou en juillet; à ce compte, les
Pommes de terre seraient toujours mûres. Des Pommes de
(1)M. de RaiuneviUc, qui a pratiqué la plantation automnale pendant plu-
sieurs années, et qui n'y vnyaitaue««e difficulté pour la grande culture, disait
que, chez lui, le produit moyen du Bienfaiteur était de 30 pour 1 de semence
et pas une de malade! Le respectable agronome avait si bien régénéré' la pré-
cieuse plante, que déjà il était arrivé à en obtenir presque le même produit
que du temps de Valmont de Bomare, 30 à 40 pour i.
— 22 —
terre abandonnées dans le sol ou plantées au commencemeE..
d'octobre ne perdent leui'S tiges que dix ou onze mois après,
quelquefois près d'un an; donc il leur a fallu tout ce temps
pour compléter leur maturité. Jusqu'à quel point peuvent être
mûres celles qui n'ont végété que quatre ou cinq mois? Une
plante peut-elle mûrir également en quatre mois, en six mois,
en huit mois, en onze? Je m'en rapporte à M. Villeroy lui-
même.
M. Villeroy dit encore que quand on plante les Pommes de
terre trop tôt, au printemps, avant que la terre soit suffisam-
ment desséchée, elles ne germent pas pour cela plus tôt. C'est
possible pour certaines terres, et je dirai pour la centième fois
que c'est aux cultivateurs à prendre conseil de leur terrain.
Ne faisons pas de règle trop générale ; telle chose est possible
ici et ne l'est pas là. Ce qui est certain, c'est que, dans les
quatre concours qui ont eu lieu dans mon arrondissement,
presque toujours les plantations de février l'ont emporté sur
celles de mars et d'avril en abondance et en qualité. Bien
plus, sur 884 expériences comparatives faites en Angleterre,
ce sont les plantations de février qui ont donné, proportion
gardée, le plus de bonnes récoltes (1). Et remarquez que le
(1) Les résultats de ces 884 expériences sont trop d'accord avec ma théorie
pour que je les passe sous silence :
Bonnes récolles. Mauvaises récoltes.
67 plantations
d'automne
ont donné
56
41.
442 —
de février
—
431
44.
224 —
de mars
—
4 36
88.
252 —
d'avril
—
105
4 47.
499 —
de mai
~
44
455.
C'est-à-dire que les bonnes récoltes ont été ; en automne 83, 6 p. 100 ; en
février, de 92, 2; en mars de 60, 7; en avril de 41, 7; en mai de 22, 1. Ou
bien, les mauvaises récoltes ont été: en automne de 16, 4 p. 100; en février
de 7, 8, en mars, de 39, 3; en avril de 58, 3; en mai de 77, 9. C'est-à-dire,
que plus l'on a différé la plantation, plus les tubercules plantés' étaient déjà
, 23
climat tempéré du Boulonnais et de l'Angleterre ne peut pas
être ici invoqué comme circonstance favorable, puisque, à
cette époque, les grands froids sont passés. C'est donc aux cul-
tivateurs, de quelque pays qu'ils soient, à essayer.
xMaiSj quand même les Pommes de terre plantées en février
resteraient stationnaires^ elles auraient au moins cet avantage
de ne pas s'échaufTer dans les caves^ où elles germent et s'é-
puisent à donner de longues pousses qu'il faudra bientôt arra-
cher. Et puis, voyez le tubercule après cela, surtout si l'on a
attendu jusqu'au mois de mai : comme il est mou, crispé,
ratatiné, vidé, épuisé! Voilà la semence que l'on charge delà
production ! J'ai entendu dire, bien des fois, que la Pomme de
terre, au mois de mai, n'était plus bonne à manger. Quoi !
elle ne vaut plus rien pour la bouche et elle est encore bonne à
reproduire l'espèce!
« La maladie a successivement diminué, répond, M. Yil-
leroy, puis elle a disparu comme elle était venue. )) Il est
vrai qu'on plante généralement plus tôt; aussi y a-t-il atténua-
tion du mal. Mais y a-t-il disparition?... Demandez à M. Des-
sin, qui disait, l'année dernière, que ses voisins perdent an-
nuellement la moitié de leur récolte, quelquefois les deux
tiers; mais ils plantent en avril et en mai, et M. Bossin, qui
est à même de comparer, qualifie cela de mauvaise habitude.
» On propose une foule de remèdes, tous ont été inu-
tiles. » Tous ceux qui ont planté de bonne heure, soit en
automne, comme MM. de Rainneville, Tougard, de Saubiac,
Vilmorin, de Monlagnac , Jourdier et autres^ soit dans la
première quinzaine de février, comme MM. Bossin et Capet,
vidés, épuisés par une végétation inutile, plus la récolte a été mauvaise. Est-
ce clair? Maintenant connaît-on la cause de la maladie? Si l'on me dit que les
plantations d'automne sont battues par celles de février, je renverrai à l'obser-
vation de M. de Rainneville, à la fin de cette note.
_ 24-—
ont va leur plant se régénérer graduellement, et cette régéné-
ration a été d'autant plus rapide qu'ils ont donné plus de
tbmps à leur Pommes de terre pour mûrir, et qu'en môme
temps ils se sont servis de Pommes de terre régénérées. C'est-à-
dire que plus le plant reproducteur a été parfait, plus tôt la
race s'est relevée. C'est encore en cela que la Parmentière
ressemble, non pas seulement à toutes les plantes du monde,
mais à tous les êtres organisés que Dieu a jetés dans ce vaste
univers. Si mon estimable contradicteur veut bien.se donner
la peine de relire ce que j'ai dit à ce sujet dans le n° 40 du
Bulletin de r Agriculture de 1867 et au n" 4 de 1868, je ne
doute pas que bientôt il ne soit aussi chaud partisan que moi
de la régénération progressive.
Il y a encore un point sur lequel M. Viîleroy, M. Ritter,
M. Risler et moi, ne sommes pas d'accord. Ici, je vais faire de
la pure théorie; je laisse de côté l'application pratique, ces
trois messieurs étant meilleurs juges que moi.
Mes honorables contradicteurs, qui feraient rechercher la
discussion comme un plaisir, tant ils y mettent de formes,
pensent que le froid qui règne dans leur pays ne permettrait
pas la plantation automnale. Si leur sous-sol ne permet pas
d'enterrer la Pomme de terre à 20 ou 25 centimètres, je n'ai
rien à dire; mais dans le cas contraire, je ne pourrai pas être
de leur avis, et cela pour plusieurs raisons. D'abord je citerai
l'exemple de M. de Montaigne, dans l'Alher, qui plante en oc-
tobre; puis de M. Enjaibai, dans l'Ariége, qui plante en no-
vembre pour récoller en mars ou avril (longtemps avant qu'on
ait planté en Alsace), puis celui de M. Saubiac^ qui m'annon-
çait que dans la Haute-Garonne, des Pommes de terre aban-
données dans le sol avaient résisté à une gelée qui avait fait
périr des masses déplantes et d'arbustes de pleine terre.
En second lieu, j'appellerai toute l'attention de ces mes-
sieurs sur la réflexion qui va suivre d'un journaliste anglais.
— 25 —
Dans une de mes brochures, j'avais rappelé l'expérience de
M. Capel, dont tous les tubercules, plantés à 14 cenlimètres
de profondeur, ont péri par la gelée, et celle de M. le comte de
Rainneville qui, ayant enterré les siens à 22 ou 25 centimètres,
au moyen d'une bonne raie de charrue, les a tous vus lever au
printemps, bien que la gelée eût pénétré à 33 centimètres. Le
Gardeners' Chronicle du 10 avril 1852, en rendant compte de
cette brochure, a dit :
« Aux yeux des hommes les plus expérimentés de ce pays,
la question de la plantation d'automne est, depuis quelques
années déjà, une question tranchée : M. Leroy-Mabille ne nous
apprend donc rien de nouveau. Mais il confirme par des faits
irrécusables tous les avantages de la pratique, et il montre
combien peu est fondée la crainte que partagent beaucoup de
personnes, que les tubercules plantés en automne ne gèlent en
terre. Sur ce point, ses remarques sont frappantes, et .nous
concluons en les reproduisant. »
Ici le journal reproduit, en effet, quelques-unes de mes ob-
servations, plus les deux expériences que je viens de rappeler,
et il ajoute :
« M. Leroy arrive à celte conclusion: que la Pomme de terre
ne peut pas résister à la gelée lorsqu'elle est trop près de la
surface du sol, mais qu'elle a celte faculté si elle est enterrée
assez profondément, sans doute, dit-il, parce que le froid y est
moins rigoureux, et peut-être aussi parce qu'il n'y arrive que
graduellement et se retire de même; ce qui est précisément ce
que nous avons si souvent affirmé nous-même sans avoir pu
jamais en convaincre personne. »
Il paraît qu'il en est de même en France... et même en Ba-
vière, mais ce que l'on perd de vue trop généralement, c'est la
contrée dont la Pomme de terre est originaire, et le froid ex-
trême auquel elle y résiste. Je laisse parler là-dessus le savant
Virey :
— 26 —
« La nouvelle espèce de Pomme de terre découverte à Ve-
nezuela (Mexique) et décrite par le Journal de Pharmacie^ ne
serait pas plus difficile h acclimaler dans nos régions froides
que l'ancienne née également près de l'équateur, mais sur des
terres élevées, comme le plateau de Quito, àplusde 1400 toises
(2800 mètres) au-dessus du niveau de la mer, et dans la
chaîne des Cordillières à une hauteur telle que le froment et le
maïs ne peuvent plus y croître à cause du froid. »
Je crois donc pouvoir dire, après cela, que la Pomme de
terre n'a rien à craindre du froid dans notre Europe. Et ce-
pendant encore, malgré ce que je viens de dire, et tout parti-
san que je suis, en principe, de laplantation autom.nale, je dis
qu'il ne faut pas l'essayer en grand pour commeucer; je dis
même que j'adopte complètement l'amendement de M . Bossin,
qui a aplani les difiiculiés de ma méthode en ne plantant que
dans. la première quinzaine de février. La raison, c'est que je
craindrais, en insistant trop sur les plantations d'automne et
en voulant marcher trop vite, de compromettre encore une fois
le succès.
Je déclare donc que^ provisoirement, je passe, avec armes
et hagages, sous les drapeaux de M. Bossin; dix-huit années
consécutives de récoltes saines et abondantes sont un ensei-
gnement assez puisant. Plus tard, quand on aura goûté de la
plantation hâtive, on avancera peu à peu et peut-être fera-t-
on comme M. de Rainneville qui en était venu à planter en
septembre . Mais en attendant, ce dont je ne démordrai pas,
ce que je maintiendrai envers et contre tous, unguibus etrostro,
c'est que les Pommes de terre de mon cher confrère en Par-
mentier ne sont pas complètement mûres, et je viens d'en don-
ner la raison. Or, pour la Pomme de terre comme pour toutes
les plantes du monde (je demande pardon, si je reviens si
souvent sur cette expression, mais on a fait de la pauvre plante
]e paria du règne végétal, et l'on s'étonne qu'elle soit malade!),
pour la Pomme de terre, dis-je, comme pour quelque plante
que ce soit^ il faut une semence aussi mûr que possible. Je dis
donc que pour marcher rapidement à la régénération de la
précieuse anti-famine^ sans rien compromettre, il faut planter
des Pommes de terre en automne, en quantité suffisante pour
avoir de la semence ; les recouvrir de fumier pour les préserver
de la gelée^ si le sous-sol ne permet pas une plantation plus
profonde ; ne les arracher que lorsque les tiges seront bien
ianées, et les employer ensuite comme semences pour la
grande culture, qui se ferait aussitôt que l'état du sol le per-
mettrait, au temps choisi par M. Bossin, s'il était possible.
Quand on aura essayé cette méthode pendant deux ou trois ans
de suite, mes honorables contradicteurs pourront dire que le
remède est tout trouvé.
Mais de grâce, lorsque nous essayerons la culture autom-
nale, mettons-nous dans les conditions requises pour réussir.
Plantons à une profondeur sulhsante pour nous mettre à
l'abri de la gelée, soit 120 ou 25 centimètres ; ne plantons que
dans des terrains secs qui permettent cette profondeur_, car
s'ils sont humides, le plant pourrira; ne nous servons que
de tubercules entiers ; — pas de fumier frais ; — et surtout
employons toujours le plant régénéré obtenu par ce moyen.
M. de Rainneville avait déjà dit, en terminant une de ses
instructions : «: Quelques personnes de notre connaissance ont
planté avant l'hiver, et elles ont récolté des tubercules gâtés.
Nous les invitons à hre avec attention les conditions expo-
sées plus haut, elles verront que toutes n'ont pas été sauve-
gardées comme l'indique M. Le Uoy-Mabille. » Et moi j'a-
jouterai : Ne vous étonnez pas si, malgré toutes vos précau-
tions^ vous obtenez encore des tubercules gâtés la première
année; le mal est ancien, et il faut bien lui donner le temps
de se guérir ; on ne guérit pas ime maladie chronique à la
première tisrme.
— 28 —
Dans le Bulletin de r Agriculture du 11 avril 1868, M. Des-
breiix afTirmait avoir planté en novembre dans un terrain
à sous-sol imperméable, et n'avoir pas réussi. Vraiment, je
le crois bien; les conditions énoncées plus haut n'ont pas été
remplies. M. Desbreux ne croit pas à la régénérescence dans
le règne végétal comme dans le règne animal ; cependant il
reconnaît que « des individus affaiblis par une cause quel-
conque ne peuvent procréer que des êtres faibles, v et il se
résume en disant que « le sûr moyen préventif est de retarder
la végétation printanière et déplanter le plus tôt possible, alors
que la terre est dans un état convenable. Quant au remède,
ajoute-t-il, il est encore à trouver. »
On le voit donc bien, planter le plus tôt possible., voilà ce que
tout le monde dit, sans réfléchir que de cette plantation hâtive
ressort nécessairement une maturité un peu plus complète ;
d'où il suit que c'est le défaut de maturité qu'il faut com-
battre. Eh bien, que le respectable M. Desbreux, qui nie lu
régénérescence dans le règne végétal, se donne la peine de
planter le plus tôt possible, pendant plusieurs années de suite
dans du terrain bien sec, il obtiendra des individus plus
adultes que leurs pères, par conséquent plus forts qu'eux,
et qui, à leur tour procréeront d'autres individus plus forts
qu'eux-mêmes. Il verra ensuite si « le remède est encore à
trouver. 5) Le Roy-Mabille.
NOTE SUR LES RAVACiES OCCASIONNÉS CETTE ANNÉE
DANS LA CULTURE DE FRAISIERS,
PAK LA GRANDE TiPULE DES JARDINS (Tipula oleraceo) (1).
Au mois de mai de cette année, M. Ferdinand Jamin nous
(1) Nous empruntons cet article à l'inlércssaDt et utile journal Vlnsecto^
îoqie agricole. Donnaud, éditeur, 9, rue Cassette. 40 fr. par an.
— 29 —
apporta, à la Société impériale et centrale d'horticulture de
F'rance, des larves qui causaient de grands dommages dans ses
plantations de fraisiers, à Bourg-la-Reine. C'était pendant la
nuit, disait-il, que ces espèces de chenilles commettaient leurs
déprédations. Elles rongeaient le cœur et les radicelles de la
plante, et les fraisiers attaqués devenaient si chétifs que la flo-
raison n'avait pas lieu et que les plus maltraités périssaient.
M. Jamin, qui est un habile observateur, voulant se rendre
compte de la cause du mal, fouilla la terre autour des plantes
malades et trouva, autour de chaque pied, un certain nombre
de larves dont les unes étaient presque aussi grosses qu'une
plume d'oie et les autres moitié plus petites; il nous en remit
plus d'une cinquantaine pour les étudier et en faire l'éduca-
tion. C'est ce que nous avons fait.
Ces larves dépourvues de pattes comme celles des diptères,
longues d'environ 25 millimètres, sont entièrement lisses,
d'un gris terreux comme certaines chenilles d'AgrotiSf appelées
vers gris parles cultivateurs; leur peau est dure et très-coriace,
ce qui leur a fait donner par Gurtis {Gardeners' Clironicle) le
nom de vers à jaquette de cuir : elles offrent de chaque côté
une raie longitudinale plus pâle que le fond, un peu blanchâtre :
leur tête est noirâtre, cornée et un peu rétractile : lorsqu'elles
veulent se déplacer, elles font sortir de leur extrémité anale
cinq petites pointes noires qui leur servent de point d'appui
pour avancer.
Nous sommes parvenu à élever avec des fraisiers et des pri-
mevères, cultivés en pot et recouverts d'une sorte de cloche en
gaze, la majeure partie des larves qui nous ont été confiées par
M. Jamin. Leur croissance est beaucoup plus lente que celle des
chenilles et leur appétit moins développé ; elles finissent ce-
pendant, en rongeant peu à peu, par dévorer entièrensent le
cœur de la plante et de toutes les radicelles. Pendant le jour,
elles sont complètement enfoncées en terre et l'on ne se doute
— 30 --
pas de leur présence; mais, la nuit, nous les avons vues sortir,
à moitié ou même aux deux tiers, les unes se tenant droites
. comme des petites quilles, et les autres fléchies en arc de cercle
sur la plante dont elles mangeaient le cœur. Depuis le mois de
mai jusqu'au mois d'août, leur développement a marché très-
lentement. Dans les premiers jours de ce dernier mois, les unes
se sont changées en nymphes et les autres sont restées à l'état
de larves . Les nymphes sont très-curieuses : elles sont presque
aussi longues que les larves elles-mêmes ; elles sont également
d'un gris terreux, pourvues de deux petites cornes et de petites
épines qui leur servent à accomplir des mouvements de pro-
gression lorsqu'arrive le moment deTéclosion. Au moment où.
ce grand Diptère sort de son enveloppe, il a le corps très-long,
d'un gris bleuâtre glauque, comme farineux : au bout de
Tipiile des potagers, femelle.
quelques heures la couleur devient cendrée ; le museau, les
antennes et les longues pattes sont d'un roussâtre ferrugineux ;
le corselet est brunâtre strié de noir; les ailes, plus longues
que le corps, sont d'une teinte un ji^u enfumée et étendues
dans le repos.
Nous n'avons pas pu réussir à obtenir en captivité l'accou-
plement de cette grande tipule. Notre honoré collègue et très-
savant observateur, M. Goureau^ pense que les femelles, dont
le corp*s est distendu par des centaines d'œufs, pondent en vo-
lant ou lorsqu'elles sont posées sur les herbes, et que les œufs
sont lancés comme par un fusil à vent. Ils sont, dit-on, noirs
comme de la poudre- de chasse.
— 31 —
Les larves de cette lipule ont été celte année, dans quelques
localités, un véritable fléau pour les cultivateurs de fraisiers.
Dans les jardins, elles rongon.t aussi les racines des reines-
marguerites, des balsamines, de la laitue, de la chicorée^ etc.
Il n'y a pas d'autre moyen de les détruire que de fouiller le
matin de bonne heure au pied des plantes malades, ou d'arroser
la terre avec de l'eau dans laquelle on a fait dissoudre un peu
de sulfure de chaux. (C'est-à-dire le mélange dissous d'un peu
de sulfate de chaux avec le sulfure de calcium, qu'on obtient
en faisant bouillir de la fleur de soufre avec un lait de chaux.)
D' BOISDUVAL.
PETITES NOUVELLES.
Exposition. — La Société de botanique et d'agriculture de
Gand annonce une exposition d'horticulture pour le mois d'a-
vril prochain, du JO au 13. Cette exposition est tout à fait lo-
cale ; les membres de la Société seuls sont admis à con-
courir.
La Société royale de Bruxelles annonce aussi un grand con-
cours de Roses pour le 27 avril ; on dit les prix très-impor-
tants. Est-ce que les lauriers de la Société des Rosiéristes de
Brie -Comte-Robert empêcherait les Belges de dormir?
A Londres, on commence déjà à parler d'une nouvelle
exposition universelle d'horticulture pour l'année 1871. Mais
au lieu de réunir en une seule fois tous les produits de l'horti-
culture, on les répartirait — paraît-il — en plusieurs années,
de sorte que l'exposition serait non- seulement universelle, mais
qu'elle deviendrait perpétuelle. Ces expositions successives
s'ouvriraient chaque année, le l*-^ mai, pour être closes le
30 septembre.
On parle encore d'une exposition internationale de fruits,
qui se tiendra l'année prochaine en Crimée. Les Russes ont
pris goût aux Floralies.
— 32 —
Travayx eu mois ^e Février,
Jardin d'agrément . On peut commencer à la fin du mois les semis de gazons
et de plantes annuelles de pleine terre qui ne supportent pas le repiquage, telles
que giroflée de Mahon, pavot, coquelicot, adonis, coreopsis, nigelles, pieds d'a-
louette, réséda, nemophila, clarkia, gilia, etc. On plante en motte les plantes
vivaces et bisannuelles qui n'auraient pu l'être à l'automne, telles que campa-
nules, digitales, coquelourdes, œillet de poëte, etc. Les bordures de pâquerettes,
mignardises, etc., peuvent être aussi replantées, si les gelées ne sont pas trop
fortes. C'est encore le moment de semer sur couche les quarantaines, giroflée,
amarante, cobéa, verveine, sensitive, pétunia, pervenche, rose, etc. On doit
tailler ou éplucher les arbustes, et avancer le plus possible les labours.
Jardin fruitier. On continue activement les labours, les plantations et la
taille. Mais le groseillier noir ou cassis ne doit être taillé qu'au moment où les
feuilles commencent à se développer; il en est de même des framboisiers. On
peut commencer, si le temps le permet, de mettre la main aux fraisiers qui ont
dû être fumés avant l'hiver ; on émiette le fumier, on débarrasse le cœur des
plantes, et si le terrain est préparé, on peut planter du nouveau plant. Enfin,
s'il y a des punaises sur le bois des pêchers, il faut les détruire, en brossant, par
un beau temps, toutes les branches qui en sont garnies.
Potager . On sème en pleine terre l'oignon, les pois hâtifs, tels qus michaux,
nain de Hollande, prince Albert, d'Auvergne, des lentilles, des fèves de ma-
rais, etc. Dans la seconde quinzaine, ce sont : salsifis, scorsonères, poireau, panais,
carotte, épinards, cerfeuil, persil, pimprenelle, cresson alénois, chicorée sauvage,
et des petites laitues de printemps dans les planches d'oignon. Ces diflférentes
salades et fournitures doivent être semées très-serrées, sans quoi les feuilles
deviennent très-dures; la chicorée surtout est très-amère. On repique de la
romaine verte, oignons, choux-pommés, choux-fleurs, oseille. Vers la fin du
. mois, on peut semer choux-fleurs, gros choux cabus de Saint-Denis, de Milan ;
pomme de terre Marjolin, comice d'Amiens, etc.
Les couches et châssis reçoivent de nouveaux semis de pois, haricots, fèves,
concombres, melons, choux rouge^ choux-fleurs, aubergine, piment, radis roses»
raves, céleri. Ou y repique les cucurbitacées semées le mois précédent, ainsi
que des laitues pommées et des romaines. On continue le forçage des asperges
et des fraisiers.
Serres. Maintenir une chaleur suffisante pour entretenir la vie des plantes,
mais pas assez élevée pour provoquer la végétation. Donner de l'air toutes les
fois que la température extérieure le permettra, et arroser avec modération le«
plantes qui sont encore dans leur période'de repos.
Paris. — Imprimerie horticole de E. Donnapd, rue Cassette, 9.
M. RENDATLER, horticulteur à Nancy, re-
connaît une erreur commise involontairement
sur son dernier supplément de 1870. Au lieu
d'un premier prix pour la Collection de Pétunias,
obtenu au Concours rég-ional de Nancy, du ^5 juin
1869, ce n'est qu'an second prix.
M. LHUILLIER , horticulteur à Nancy, a ob-
tenu le premier prix.
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& iDES MOYENS PRATIQUES DE LES ÉVITER
RÉDIGÉ PAR
MM. D' BOISDUVAL, H. HAMET,
V. CHATEL, F. HERINCQ, A. DE LAVA LETTE,
MAURICE GIRARD, J. P. MÉGNIN, D-- BALBIANI,
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CONTENANT
LA CDLTURE RAISONNÉK, LA DESCIlirTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES ,
ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TEUIIE, DES FRUITS ET DES LÉGUMES, LA DESCRIPTION
ET L'USAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX,
POBLIÉ AVEC LE CONCOURS
DES AMATEDRS ET DES PRINCIPAUX HORTICOLTEORS DE FRANCE
sous LA DIRECTION DE
M. F. HERINCQ.
RÉDACTEUR EN CHEF.
MTiCnÊ kV MVSËCM u'UISTOIRE N;lTUnELLe DE PARIS,
Collaborateur du Stan^el Jei Plamel, des figures du Bon Jantlnltt,
Ex-Rédacteur principal de la SocUié J' honicuiiure </« la Semt ,
Membre bonuraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'borticulture, etc.
L'IIorticalteur Français paraît le S de chaque mois, par Urraison de 32 payes de texte
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ment sur la poste on sur une maison de Caris, et au nom de M. E. DONNAUD, rue Cassette, 0.
Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'alionnement, un bon
sur la poste ou sur une maison de Paris, sont avertis que nous leur ferons ur(*senter une quit-
tance ae DOUZE francs. Cette augmentation de UiS franc sert à payer les frais de uégociation de
)a traite qui leur est adressée.
■a""|>'!gttei' { m
PARIS
LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR
RUE CASSETTE, 9.
1870
MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau du journal, rue Cas-
sette, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraitui d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le
mois et dont nous avons reçu un exemplaire.
HAAGE ET se
A B?-FT?-T (rF.TJSSa)
Horticulteurs et Marcliands Grainiers
Viennent de recevoir, après la publication de leurs catalogues : Zizania aquatica, le
Uiz sauvage ou Avoine aquatique de l'Amérique du Nord, introduction d'une certaine
importance pour l'utilisation de terrains marécageux, d'eaux stagnantes, des bords de lacs,
étangs, fleuves et rivières. Les graines, qu'on préfère au riz pour leur goût agréable, sont
très-nutritives et un moyen excellent pour engraisser le bétail ; en état vert, la .plante sert
encore de nourriture pour les bêtes à cornes; c'est une annuelle qui, pour ainsi dire, pros-
père sans autres soins à lui donner que de la semer en place. Une fois introduite, elle sr
propage naturellement au moyen de ses graines qui tombent à leur maturité et lèvent au
printemps prochain. Prix : franco par la poste, le kilo, 45 fr. ; 15 grammes, 1 fr.
Corypha australis, graines fraîches, 100 bonnes sur 100; franco par la poste
JOO graines, 25 fr. ; 1 0 graines, 3 fr.
DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE
CONTENANT
l" HISTOIRE, LA DESCRIPTION, LA FIGLRE DES FRUITS ANCIENS ET DES FRUITS MODERNES
LES PLUS GÉNÉRALEMENT CONNUS ET CULTIVÉS,
Par André LEROY,
PÉPINIÉRISTE,
Chevalier do la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président
du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger.
EN VENTE
2 Tolumes grand in-S".
Tome \" A— C, 389 variétés.
915 variétés.
Tome 2« D— Z, 528 —
l*rix ; broché, fl© fr. le volume.
Soit 20 francs pour l'eseinplaire complet de l'HISTOIRE DU POIRIER.
SOMHâlRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NDMËRO.
F. Hkrincq. Chronique. — 0. Lescuyer, Palava flexuosa. — A. de Talou,
Revue des journaux étrangers. — Ern. Bonard, Plantes nouvelles : variétés
jardinières. — Simon (Louis), les Aucuba. — L. Guillotkau, les Pommiers
Houcin et i'aradis. — L. Cordier, l'Engrais humain. — Ern. Board, Petites
Nouvelles : Pomme de terre Marceau ; Persil à grosse racine; Bambous nou-
veaux ; graines du voyage de Hoczl; moyen de mettre les Melons à l'abri des pu-
cerons; jardin-laboratoire de Collioure; fleuriste de la ville de Paris ; catalogues
d'horticulture, — X..., Travaux du mois de mars.
«IRONIQUE
Résultat du défi porté à l'auteur des Radis de famille. Une commission est
nommée; pourquoi faire? elle n'est qu'un prétexte à nouvelle discussion sur
la théorie et la Carotte Vilmorin. D'une faiblesse de la nature humaine sur-
git l'implacable discorde, qui arrête le progrès scientifique. Comment on
accepte ou repousse les idées nouvelles. On conteste encore mes assertions
au sujet des plantes domestiques. J'accepte les nouvelles hostilités, mais je
n'accepte pas le terrain sur lequel on veut poser la question; je me méfie
des textes et des témoignages. Comment on a annoncé les Radis de fa-
mille à Saint-Pétersbourg. Ce que je demande. Erreur de l'auteur au sujet
de Diospyros. Que peut la Commission qui a vu ses Radis. Facétie d'un
médecin devant l'Académie des sciences au sujet de champignons. La
théorie de M. Nick est jugée. Session de la Société libre des Agriculteurs
de France ; ses vœux au sujet de l'enseignement de l'horticulture, et de la
physiologie végétale dans les écoles primaires. Cours d'agronomie du Mu-
séum. Fâcheuse nouvelle.
Dans le numéro du mois de septembre dernier, page 263,
je portais le défi, à l'auteur des Radis de famille, de repro*
duire, devant une commission d'hommes compétents et sans
parti-pris, le résultat qu'il prétend avoir obtenu du Radis
sauvage, par des semis successifs et la sélection.
A ce défi il a répondu par la demande, à la Société im-
périale et centrale d'horticulture de France, d'une commission;
mais ce n'est pas pour recommencer devant elle les expé-
riences qui lui ont fourni tant de beaux Navets ; il l'a demandée
pour lui montrer seulement les bords non fleuris de la Bièvie,
Février M"i{). t 3
— 34 —
entre la rue de Buffon et la rue de Poliveau, où se trouve
tout ce que la nature a pu produire en Raves et Radis, qui
ont été présentés comme les humbles sujets de la cinquième
génération du Radis sauvage transformé ! C'est, en vérité,
par trop sublime.
Mais cette demande de commission, il faut le dire, n'est
qu'un prétexte. Le rapport qui doit en être la conséquence
va permettre de ramener la discussion sur la Carotte Vilmorin,
et de tancer d'importance celui qui a osé se permettre de
contredire ses admirateurs. Il fallait s'y attendre.
Une des nombreuses faiblesses de la nature humaine est, en
effet, de ne pouvoir souffrir la contradiction et de ne jamais
pardonner à ses contradicteurs ; chacun a la prétention d'avoir
en poche la vérité vraie, la vérité indiscutable, et quiconque
ose en douter est traité, incontinent^ d'intelligence en mauvais
état, d'esprit à l'envers, morose ou jaloux.
Sachant que cette faiblesse est une maladie originelle, c'est-
à-dire que possède tout être humain en naissant, et qu'elle
ne fait que croître et embellir avec l'âge de l'individu, on ne
devrait pas se formaliser quand on est ainsi maltraité par un
adversaire qu'on a contredit. Malheureusement tout le monde
n'a pas, comme nous, la raison d'accepter sans rancune tou-
tes les effluves plus ou moins.... quelconques, de la vanité
froissée; dans la discussion on se fâche, on s'irrite et
« L'implacable discorde...
» Foulant aux pieds les lois, l'honneur et le devoir,
survient, qui accumule, dans son inconscience, entraves sur
entraves, dans le chemin où veut s'engager le progrès scientifi-
que. Car_, en général, c'est triste à dire, on accepte ou on re-
pousse une idée, un principe, un fait nouveau, non pas parce
que l'étude ou l'observation répétée engage à l'accepter ou à
la repousser; non! on l'accepte ou on la repousse, unique-
— 35 —
ment par soumission au maître, par amitié ou inimitié pour
l'auteur; il est bien certain que si j'étais l'inventeur des
Carottes et Radis améliorés, on ne serait pas aussi empressé à
accepter les faits et on aurait raison.
J'ai tort — j'en conviens — de ne point pratiquer ce sys-
tème qui a un grand avantage. Il est, en effet, à la physio-
logie sociale, ce que les semis successifs et la sélection sont, au
dire de MM. Vilmorin, Darwin et consorts, à la physiologie vé-
gétale, c'est-à-dire qu'il vous transforme très-rapidement : de
rien qu'on est, il vous fait devenir tout de suite quelque
chose ; je tiens à la disposition des curieux un très-grand
nombre d'exemples à l'appui du merveilleux effet de ce système .
J'ai donc tort de ne pas l'apphquer, et d'avoir au contraire la
funeste habitude de soumettre toutes les nouvelles découvertes
à l'alambic de l'observation, pour en extraire la pure vérité;
cette opération me conduit souvent à ne point ratifier tous
les faits avancés, ce qui me vaut cette universelle réputation
de de n'être point précisément le vil courtisan de toutes
les vanités gcientifiques. Je paye cher, il est vrai, cette manie
de ne pas vouloir endosser la livrée de l'esclavage; car... tou-
jours grondent sur ma tôte les foudres des puissants, sans
compter ceux des médiocrités et des nulHtés vaniteuses. Mais
j'ai, du moins, la satisfaction de pouvoir toujours me re-
garder sans rougir; et c'est bien bon de vivre ainsi.
Mes Observations critiques sur les plantes domestiques,
qui sont, comme toujours, le fruit d'études et d'observations
sérieuses, ont mis certains admirateurs de la Carotte et du
Radis améliorés en un tel état de sulfuration, c'est-à-dire de
colère, c^ue cet état est devenu, chez eux, permanent, et qu'ils
cherchent, depuis longtemps, un procédé simple et peu coù-
teu^i pour m'anéantir en démontrant que toutes mes assertions
sur ces plantes sont complètement controuvées. Ce procédé,
ils viennent eniin de le trouver; la première partie a reçu son
— 36 —
exécution, c'est la demande de commission : la seconde verra
prochainement le jour, et la voici :
A l'occasion du rapport qui doit être présenté à la Société
d'Horticulture de Paris, par la commission qui a visité les
Radis de la cinquième génération, un membre de cette Société,
ancien commis de la maison Vilmorin-Andrieux et compagnie,
prendra la parole pour déclarer qu'il a vu, de ses propres
yeux vu, M. Vilmorin père récolter des graines de Carotte
sauvage dans les champs, et les semer en son jardin de Ver-
rières. Un autre membre tirant parti de cette déclaration
reprendra les hostilités et démontrera que je me suis plus que
témérairement avancé, en déclarant que M. Vilmorin a re-
connu — sur les observations à lui faites par M. Decaisne —
que sa Carotte n'était pas le résultat de semis successifs et de
la sélection, mais bien le fait d'une hybridation naturelle
qu'il n'avait pas prévue, et qui a été opérée par les Carottes
cultivées dans sa propriété.
Certes, j'aurais très-mauvaise grâce de me plaindre de cette
petite hostilité qui prouve, une fois de plus, que ['Horticulteur
français, en prenant en main la question de la transformation
et de l'améhoration des plantes sauvages par la culture sans le
concours de l'hybridation artificielle, est resté tidèle à ses
principes,, qui sont de répandre la lumière et de combattre les
erreurs que la routine, ce terrible ennemi de tout progrès,
veut maintenir ou propager. J'accepte donc à l'avance toutes
les conséquences de cette hostilité que j'ai provoquée, et je
puis assurer mes honorables adversaires que je ne leur garde-
rai aucune rancune pour les choses agréables qu'ils pourront
m'adresser. Mais ce que je n'accepte pas et ne puis accepter,
c'est le terrain sur lequel ils se placent.
Les textes et les témoignages qu'ils invoquent et veulent
invoquer, ne peuvent rien pour faire la lumière sur la question
en litige. S'il s'agissait d'une question de haute philosophie ;
— 37 —
s'il s'agissait, par exemple, de décider si c'est l'intelligence ou
l'instinct qui pousse le noble rejeton d'un grand savant vers
le sein de sa mère et lui indique la manière de s'en servir, je
comprendrais la discussion qu'ils veulent poursuivre et j'ad-
mettrais, alors, l'appel en témoignage de tous les philosophes de
tous les temps et de tous les lieux, voire même des nourrices de
la Bourgogne et de Nogent-le-Rotrou; mais ici, il s'agit tout
simplement d'un fait matériel qui se résume à ceci : M. Vilmo-
rin prétend qu'en semant de la graine de Carotte sauvage on
obtient de la Carotte cultivée; M. Decaisne déclare avoir semé
pendant cinq ans de la graine de Carotte sauvage, et n'avoir
jamais obtenu que de la Carotte sauvage, jusqu'au jour oh il a
opéré l'hybridation avec le pollen de la Carotte cultivée ; et
moi je soutiens que la culture ne peut pas transformer une
espèce en une autre espèce, comme dans l'histoire du Radis !
Qui a tort, qui a raison?
Que peuvent, je le demande, pour trancher la question^ les
textes de tous les Vilmorin et des Darwin, et que peut surtout
le témoignage inattendu d'un ancien commis qui déclare
naïvement avoir vu son maître récolter des graines sur les
Carottes des champs? Rien ! rien ! rien ! Ce qui peut témoigner
pour ou contre l'influence de la culture, c'est-à-dire des semis
successifs sans hybridation, dans l'amélioration et la déviation
des types sauvages et mettre fin aux débats, ce sont des faits,
des faits, des faits! Un seul ne suffit pas; il peut provenir
d'un désordre accidentel dans l'organisme d'une plante et n'être
ainsi qu'une monstruosité, une anomalie. Vouloir asseoir ou
défendre une théorie sur un fait isolé, ce n'est pas se montrer
sérieux ; car chacun sait que la passion aveugle, et que l'homme
passionné, qui veut prouver quelque chose, détruit ou garde le
silence sur tout ce qui est contraire à ce qu'il prétend démon-
trer. J'ai vu un savant agir ainsi, et chacun peut voir, dans les
comptes rendus du congrès horticole de Saint-Pétersbourg^
— 38 —
comment on y a présenté le Radis de famille. On a rappelé
l'histoire delà trop fameuse Carotte de M. Vilmorin; mais on
s'est bien gardé de rapporter le résultat négatif des expériences
du professeur de culture du jardin des Plantes de Paris.
Voilà pourquoi je me méfie toujours des textes et des té-
moignages; voilà pourquoi je n'ai aucune confiance dans les
théories qui ne reposent que sur un seul fait obtenu ou préparé
dans l'ombre d'un jardin privé; voilà pourquoi, enfin, je de-
mande aux défenseurs de la théorie Vilmorin de produire des
faits, des faits, des faits, aux heu et place de témoignages et de
citations d'auteurs, qui n'ont jamais parlé de la Carotte Vil-
morin que d'après les textes de l'inventeur même.
Ce que je demande n'est pas impossible. Puisque M. Vilmo-
rin a obtenu si facilement la transformation de la Carotte sau-
vage, le premier venu peut l'obtenir tout aussi bien. Que ses
partisans recommencent ses expériences au grand jour; qu'ils
montrent, chaque année, le degré des modifications subies ;
alors le public jugera. Jusque-là, nous sommes en droit de sou-
tenir que M. Vilmorin s'est trompé ; que sa théorie repose sur
une erreur.
Quant au Radis de famille, qu'on peut opposer à nos déné-
gations, comme deuxième fait, rien ne prouve que l'auteur
n'ait pas confondu et n'ait pris, pour du Radis sauvage, le Radis
cultivé qu'on rencontre parfois dans nos champs à l'état typi-
que, comme il existe aux îles Ténériffe, en Abyssinie, en Chine,
à Montevideo et tant d'autres régions tempérées, c'est-à-dire
avec des petites racines grêles, ligneuses, comme il en a été
présenté à la séance du 12 août dernier, de la société de Paris,
quelques pieds trouvés dans les plaines incultes de Clichy (1).
(I) Le savant rédacteur du procès-verbal de cette séance les enregistre
comme « tro'is plantes semblables au tij-pe normal du Raphanns RaphaJiistrum,
sur lesquels cependant se trouvaient des siliques beaucoup plus développées, à
parois plus charnues^ qm rappellent celles du Raifort cultivé». «M. Forest,
— 39 —
Notre savant confrère fait parfois de ces confusions; le Gar-
dener^s Chronicle en relève encore une au sujet d'un Diospyros
de plein air, que l'auteur des Radis a pris pour le Diospyros
Kaki, qui n'a jamais pu supporter le climat parisien. Il n'y a
donc rien d'étonnant qu'il ait pris le Radis cultivé dégénéré
pour le Radis sauvagefSi nous le calomnions, il a un moyen
bien sim|)le de nous confondre et de nous forcera l'aire amende
honorable : c'est de reproduire, lui aussi, les mêmes résultats,
en recommençant ses expériences au grand jour, avec de la
graine de Raphanus Raphanistrum pour de vrai, récoltée dans
les champs par des personnes étrangères à la question et qui
suivront les opérations pour bien établir et enregistrer le degré
de transformation de chaque génération.
Car, enfin, la commission qui a été visiter dernièrement sa
5e génération ne peut rien décider. Les membres ne peuvent
que déclarer qu'ils ont vu des Raves de toutes couleurs et de
toutes grosseurs ; ils ne peuvent pas affirmer qu'elles provien-
nent de Radis sauvage, puisqu'ils n'ont pas assisté à toute la
série d'opérations de cette prétendue transfiguration; ce serait
donner un triste gage de l'indépendance et de l'impartialité de ces
sortes de commissions, si celle des Radis posait des conclusions
affirmatives. On pourrait alors semer des graines de beaux et
bons Navets, et, en déclarant à une commission qu'ils provien-
nent de graine de la moutarde des champs [Sinapis arvensis)^
on ferait confirmer, en s'appuyant sur les textes de Vilmorin,
que le fait est parfaitement et rigoureusement exact.
Ce ne serait pas la première fois qu'on abuserait de la crédu-
lité des savants. N'a-t-on pas vu, il y a quelques années, un
dit encore le procès-verbal, assure que, dans les terres fraaches de la Brie, —
là oii l'auteur des Radis de famille a pris ses graines — on trouve à la fois
ces deux formes ou races du Raifort sauvage bien distinctes par leurs siliques. »
Ainsi là, à la Société d'Horticulture de Paris, on confond aussi le Radis
cultivé dégénéré avec le Radis sauvage !
— 40 --
médecin présenter, à l'Académie des sciences, des Champignons
de taille gigantesque, qui provenaient, disait-il, d'un mode
particulier de culture, consistant à faire germer des spores sur
des plaques de verre!... Une commission fut nommée par l'A-
cadémie, et, par extraordinaire, elle voulut fonctionner. C'est
alors qu'on apprit que le facétieux médacin récoltait ses Cham-
pignons tout simplement dans la cave d'un marchand de vin
du quai Valmy, particulièrement favorable au développement
de l'Agaric qui y croissait spontanément. Et les Chênes truf-
fiers de l'Exposition ! etc
Si la commission de la Société d'horticulture avait imité la
commission de l'Académie des sciences, en demandant à
l'auteur des Radis de famille d'opérer devant elle et avec elle,
la question serait bien certainement aujourd'hui vidée; car il
aurait refusé de s'exécuter, comme le cultivateur de Champi-
gnons sur plaque de verre, sachant très-bien qu'il ne pourra
jamais produire avec le Radis sauvage que du Radis sauvage.
Que la commission lui fasse la proposition, et elle verra. S'il
refuse, elle aura la preuve qu'il a voulu en imposer au public
et à la science, exactement comme l'homme aux Champignons
du quai Valmy.
Ce serait par trop facile vraiment de venir dire : Voici ! cela
est ! il faut l'accepter sans conteste ; car il n'est permis à
personne de mettre en doute la bonne foi de qui que ce soit, et
encore moins la mienne ! . . . ,
Il importe de protester contre une telle prétention, qui tend
à se généraliser dans le monde horticole, et qui ouvrirait un
champ sans fin à l'erreur et à l'absurde-, nous protestons donc
contre ces procédés de commissions qu'on emploie, pour faire
admettre dans la science les erreurs les plus grossières comme
des vérités incontestables.
En demandant de nouvelles expériences pour contrôler les 2
ou 3 faits contestés sur lesquels on veut appuyer la théorie de la
— M '—
transformation des êtres, je ne crois pas sortir des bornes de la
bienséance, ni des limites d'une sage et honnête controverse.
Donc, plus de discussion; des faits, des faits, des faits.
Quand on nous en aura fourni plusieurs ; quand on nous aura
fait voir chaque année la transformation graduelle de la racine
du Radis et de la Carotte sauvage, uniquement opérée par les
semis successifs et la sélection^ alors nous nous inclinerons
humblement devant les auteurs et défenseurs de la théorie
Vilmorin, et nous ne serons pas les moins empressés à la
défendre, à la propager. iMais jusque-là , nous maintenons
que M. Vilmorin s'est mépris sur la cause de la transformation
des racines de la Carotte sauvage, et nous persistons à sou-
tenir que l'inventeur des Radis de famille a semé des graines
de Radis cultivé dégénéré, croyant, de bonne foi, semer de la
graine de Radis sauvage. 11 suffit de comparer les fruits de ces
deux espèces pour voir que nous n'avons pas tort de main-
tenir cette assertion.
— Chacun a pu voir et juger aussi de la valeur de cette autre
prétendue théorie sur la prédiction du temps, par ce qui s'est
passé dans le mois de janvier.
M. Nick avait prédit de la gelée pendant les deux premières
dixaines de janvier, et nous n'avons jamais eu moins de 8 à
10 degrés au-dessus de zéro! La troisième dixaine devait être
plutôt humide que sèche ; c'est pendant tout ce temps qu'il a
gelé à 7-8 degrés ! Il est donc temps d'en finir aussi avec tous
ces prophètes qui propagent l'erreur partout et maintiennent
nos cultivateurs dans cet état d'ignorance et de superstition,
qui ne permet pas à l'esprit de lumière de pénétrer dans ces
intelligences si fatalement défrichées.
Mais s'il fallait expurger les sciences, même les sciences
officielles, de toutes les erreurs qu'elles propagent, quelle razzia,
mon Dieu ! il n'en resterait pas grand chose ! . . .
— Décidément l'horticulture est en grande estime dans la
^" 42 —
haute région de la sphère agronomique. Durant la session de
la société libre des agriculteurs, qui vient de se tenir à Paris, il
n'a été question que d'elle : « C'est par l'horticulture,, messieurs^
disaient tous les orateurs, que nous régénérerons l'agriculture ;
apprenons donc aux instituteurs à tailleries arbres -, car dans la
taille des arbres, il y a l'application de toutes les lois sublimes
de la physiologie végétale, sans la connaissance de laquelle
il est impossible de savoir faire pousser un grain de blé. Oui !
messieurs, quandles enfants denos campagnes auront appris la
physiologie végétale en taillant les quatre Poiriers du jardin
du maître d'école, ils pourront appliquer les merveilleux prin-
cipes qui régissent la circulation delà sève ascendante et des-
cendante au mouvement de la charrue qui retourne la terre, et
à celui du bras qui répand le blé dans les sillons. Demandons
donc au gouvernement, messieurs, que la taille soit scienti-
fiquement démontrée dans les écoles de campagne ; car, je le
répète, le salut de noire agriculture est dans la taille des arbres
fruitiers et pas autre part, etc. »
Ah ! qu'il en a été dit de bonnes durant cette session ! et
l'étude de la physiologie n'est pas la moindre. Evidemment,
ceux qui demandent qu'on instruise nos petits paysans sur la
physiologie végétale, n'ont jamais cherché à appliquer eux-
mêmes ses merveilleuses lois à la taille des arbres et à rai-
sonner leur action ; car ils auraient vu, parles résultats, qu'on
obtient juste le contraire de ce que le professeur indique,
d'après les merveilleuses lois de la physiologie végétale, dont
on abuse étrangement depuis quelques années. Et le gouver-
nement semble le comprendre ; car il vient de supprimer les
cours d'agronomie du Muséum, et de rendre les jeunes insti-
tuteurs, pour lesquels ils avaient été créés, à leurs élèves.
— Fâcheuse nouvelle pour finir. Tout le monde connaît les
beaux Fuchsia à calice blanc qui ont fait la réputation de Gor-
nelissen. Ces Fj^c/isia, paraît-il, ont tous été obtenus par un
— 43 —
amateur peu jaloux de popularité, qui en cédait la propriété à
Cornelissen sans tambour ni trompette. Cet amateur n'est
plus ; il vient de mourir. S'il a emporté le secret de faire
des Fuchsia Cornelissen, leurs admirateurs peuvent mettre
un crépë au dernier. Le nom de cet amateur est toujours
resté inconnu ; il mériterait cependant d'être inscrit sur les
tablettes de Flore — style consacré — avec ceux de tous les
hommes qui ont enrichi la floriculture de bonnes et intéres-
santes nouveautés.
F. Heuinco.
PALAVA FLEXUOSA (Pl. II).
Le genre Palava, qui appartient à la famille des Malvacées,
est composé d'herbes à feuilles souvent lobées et plus ou moins
découpées. Les fleurs, qui naissent à l'aisselle des feuilles, sont
solitaires, longuement pédonculées et de couleur pourpre plus
ou moins foncé ; elles sont dépourvues de calicule ; le calice
est à 5 lobes ; la corolle a .5 pétales ; les étamines très-nom^
breuses sont soudées en un long tube dont la base enveloppe
les ovaires également très-nombreux disposés toutaulour d'un
axe qui se termine par une infinité de styles filiformes oblique-
ment tronqués au sqmmet.
Le Palava fleœuosa, de M. M asters du Gardeners' Chronicle,
que nous figurons dans ce numéro, est une plante annuelle,
poilue, à rameaux redressés. Les feuilles sont divisées en trois
segments qui sont eux-mêmes plus ou moins profondément
lobés. Le pédoncule des fleurs est plus long que les feuilles ; le
calice est marqué d'un disque pourpre foncé à sa base, et les
pétales sont d'une jolie couleur mauve clair très-agréable aux
yeux.
Cette espèce a été trouvée à Saint-Lorenzo, au Pérou, par
M. Léon, de Lima, qui en envoya des graines à M. Hooker, et en
_ 44 —
même temps introduite par MM. Veitch, qui en avaient reçu les
graines, en 1867, de leur collecteur, M. Pearce. Elle est très-
rustique et se plaît parfaitement dans les jardins à bonne
exposition chaude, et en terre bien meuble. On la sème au
printemps, en place ou bien en pot tenu sur couche et
mis en place plus tard, pour en obtenir une fleuraison plus
précoce. La maison Vilmorin en annonce les graines dans son
catalogue de nouveautés pour 1870.
Ce Palava flexuosa rappelle tout à fait, par le port, le feuil-
lage et les fleurs, une de nos plantes indigènes de la même fa-
mille, le Malva moschata, qu'on rencontre dans presque toutes
les prairies sèches et qui, lui aussi, ferait très-bonne mine dans
nos parterres.
0. Lesguyer.
REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS.
Cypripedium Parishii (Gardener's Chronicle et Bot. Mag.,
5791). Très-belle Orchidée de l'Inde, découverte par le Révé-
rend Parislî dans les montagnes de Moulmayne et qui vient de
fleurir dans le jardin de Kew. La tige, dépourvue de pseudo-
bulbe, porte des feuilles distiques en forme de lanière, coriaces;
la hampe, qui a jusqu'à 60 à 70 centim. de longueur, porte,
au sommet, 3 à 5 fleurs à sépales et labelle de couleur ver-
dâtre, et à pétales trois fois plus longs que les sépales, en forme
de lanière étroite contournée, pourpre foncé, avec la base ver-
dâtre maculée de pourpre.
Ceropegia Sanndersoni (Bjot. Mag., 5792). Nom donné par
M. Decaisne à une plante grimpante de la famille des Asclépia-
dées, originaire de Natal, et qui est très-originale et curieuse
par la construction des fleurs. Ces fleurs peuvent avoir de
7 à 8 cent, de longueur; elles sont d'un blanc verdâtre maculé
— 45 —
de vert sur le limbe. Le tube de la corolle est très-étroit et
arqué à la base ; mais à 3 cent, de son point d'insertion, il se
dilate tout à coup et prend la forme d'un entonnoir demi-
transparent couronné par cinq lobes étalés et connés formant
comme une sorte d'ombrelle. Ses feuilles sont épaisses, char-
nues, et, en l'absence des fleurs, on pourrait prendre cette
plante pour une vanille, tant ces deux feuillages se ressemblent.
Acerrufinerve\diV. albo-limbata (Bot. Mag., 5793). L'Acer ru-
finerve est une espèce d'Érable du Japon, figurée par Siebold
dans sa flore du Japon. Ses feuilles en cœur à la base, et à
3-5 lobes bordés de dentelures denticulées, sont glabres
en dessus et en dessous, excepté sur les nervures de la face
inférieure qui sont couvertes d'un duvet roux. — Dans la va-
riété albo-limbata, les bords sont marbrés de blanc et de ver-
dâtre.
Primida pedemontana (Bot. Mag., 5794). Joli petit Primevère
des Alpes suisses, de la section des Auricules, c'est-à-dire à
feuilles un peu charnues lisses. Ses fleurs, d'un beau rose
pourpre, forment d'élégants bouquets portés par un pédoncule
racidal de 5 ou 6 cent. Comme toutes les plantes des Alpes,
cette charmante espèce est d'une culture difficile ; il lui faut un
sol bien drainé, et la garantir de l'humidité pendant l'hiver,
autrement elle fond très-rapidement.
Dorstenia argentata (Bot. Mag., 5795). Plante très-remar-
quable, de la famille des Mûriers, par ses inflorescences et les
panachures de ses feuilles ; elle est originaire des provinces du
sud du Brésil, d'où elle a été importée au jardin royal de Kew,
par M. Wilson Saunders. C'est une plante herbacée, à feuilles
alternes, en forme de fer de lance, obscurément sinueuses sur
les bords, d'un vert clair uniforme en dessous, mais d'un beau
vert foncé en dessus, avec des marbrures irrégulières de cou-
leur blanc d'argent. Les fleurs sont tout à fait insignifiantes,
mais curieusement agencées sur un réceptacle très-dilaté,
— 46 —
large, sorte de figue ouverte et très-étalée. A la maturité, les
petits fruits des espèces de ce genre sont lancés naturellement
de ce réceptacle à des distances de plusieurs mètres, par un effet
de contraction des alvéoles dans lesquelles ils sont implantés.
Ce sont des plantes de serre chaude.
Marmodes Gréenii (Bot. Mag., 5802). Le genre Marmodes
appartient à la famille des Orchidées, et comprend des espè-
ces originaires de l'Amérique tropicale. Celle que figure le
journal anglais de M. Hooker a été dédiée à M. Charles Green,
qui a enrichi les jardins d'Angleterre d'immenses collections
de plantes vivantes. Elle est pourvue de pseudo-bulbes qui por-
tent plusieurs grandes feuilles et de belles grappes pendantes,
de nombreuses, grandes et magnifiques fleurs jaune clair
entièrement criblées de gros points rouges.
Vellozia elegans (Bot. Mag._, 5803). Le genre Vellozia est un
de ces genres dont la structure particulière met le savant dans
l'embarras quand il s'agit de leur assigner une place dans les
familles naturelles. Ce n^est ni une Amaryllidée, ni une Iddée,
ni une Hsemodoracée ; pour lever toute diificulté, on en a fait la
famille des Velloziées. Ses fleurs ressemblent à celles des
Hypoxis ; celles du V. elegans soni blanches.
Cette plante provient de graines reçues du Cap et de Mada-
gascar, par M. Fox Talbot, auquel le professeur Balfour l'avait
dédiée sous le nom de Vellozia Talhoti, et même sous le nom
générique de Talbolia elegans; mais on a reconnu qu'elle était
itentique au Vellosîa elegans du professeur Oliver. Comme
plante ornementale on peut la classer parmi les moins orne-
mentales.
Calochortus uniflorus (Bot. mag., 3804). Jolie petite Liliacée
de la Californie, à petit bulbe gros comme une noisette, don-
nant naissance à 2 feuilles Irès-étroitement lancéolées, longues
de 10 à 12 centimètres, et d'une hampe plus courte sur
— 47 —
laquelle se développent successivement plusieurs petites fleurs
roses très -longuement pédicellées , étalées, et à anthères
bleues.
Rhodotypos Kerrioides (Bot. Mag., 5805). Il y a longtemps
que nous en avons parlé ; nos lecteurs le connaissent.
Iris nudicaulis (Bot. Mag., 5806). Vieille espèce de Lamarck,
originaire de la Bohème et de Silésie, et qui n'ajoute aucune
nuance nouvelle à toutes celles fournies par les Iris germa-
nica.
Eria vestita (Bot. Mag., 5808). Espèce d'Orchidéede Manille,
que Lindley a figurée déjà en 1845 dans le Botanical Register.
Ses fleurs, d'un joli rouge orange, sont très-curieuses par leur
villosité et par leur éperon relativement très-gros ; les sépales
sont rapprochés et donnent à la fleur une apparence de fleur
refermée.
Blandfordia aurea (Bot. Mag., 5809). Plante australienne de
la famille des Lys, à feuilles Irès-élroites, longues de 25 à
30 centim., et dont la hampe un peu plus longue porte, au
sommet, 5 ou 7 fleurs en cloche d'un beau jaune d'or, à sépales
terminés par un point vert.
Gladiolus cruentus [Bot. Mag., 5810). Splendide GlVieulori-
ginaiie de Pari-Natal, et qui a fleuri en septembre 1868 chez
M. Bull, horticulteur à Chelsea; sa fleur est largement étoffée,
comme celle du Gandavensis^ à 6 divisions obovales d'un rouge
sang vif, avec les deux intérieures latérales marquées d'une
zone transversale blanc rosé, pointillé rouge. C'est une très-
excellente acquisition.
Vanda Denisoniana (Bot. Mag., 5811). Espèce nouvelle à
fleur blanc pur, originaire des montagnes d'Arracan.
Aloe Crouclieri (Bot. Mag., 5812). Ce nouvel Aloe a ses
feuilles toutes radicales étalées, en forme de langue très-allon-
gée, vert clair, marquées de nombreuses taches blanches. Les
fleurs longuement tubuleuses, arquées, pendantes, sont rose
— 48 —
pâle à la base et blanc verdâtre striées de vert foncé au
sommet ; elles forment de longues grappes paniculées.
A. DE Talou.
PLANTES NOUVELLES.
Variétés jardinières.
Nancy a toujours des trésors de nouveautés à offrir aux ama-
teurs. A partir du 1 0 de ce mois, M. Lemoine met en vente les
variétés suivantes :
Wigandia imperialis. Supérieur à ses congénères Cara-
cassana, Vigieri etmexicana. Les feuilles de 1 m. 25 à 1 m. 40
de longueur, sur 55 à 60 centim. de largeur, conservent une
disposition dressée dans leur jeunesse, pour arriver à l'horizon-
tale à l'âge adulte. Leur surface est couverte de longs poils
soyeux reflétés d'argent. Les fleurs sont blanches et lilas rosé.
Plantée en pleine terre, à l'air libre au printemps, la plante
atteint, dans le courant de la végétation de l'été, 2 mètres de
hauteur.
Torenia auriculœfolia. C'est une espèce naine, sans tige,
ayant le faciès d'une Auricule. Elle est de serre tenipérée, et
montre, en toutes saisons, des fleurs à larges lobes du bleu le
plus brillant tout veiné et bordé de blanc.
Pelargonium zonale. Encore un double: C. Glijm, plante très-
naine à fleurs grandes, couleur écarlate orangé, formant de
larges ombelles. — Les simples sont : Duchesse d'Anmale,
fleurs carmin rose nuancé blanc au centre ; de Lesseps, fleurs
régulières écarlate à point blanc ; Madame Duthoo- Bertrand y
plante trapue^ à fleurs couleur mauve carminé, marqué de
blanc aux pétales supérieurs. — Sous la dénomination de va-
riétés à reflets bronzés, M. Lemoine annonce quatre nou-
— 49 —
veautés : Chevandier de Valdrôme, Flambeau, Panthéon eiPea-
body. « La variété Madame Mézard, dit M. Lemoine, n'a que de
pâles couleurs et une mauvaise forme à côté de ces nouvelles
productions.
Cineraria aspknifoUa, variété à feuillage blanc cendré, qui
diffère da C. maritima par la forme de ses feuilles qui rappel-
lent celles de certains Asplenium. — Le Cineraria lastrœfolia
a les feuilles régulièrement lobées jusqu'à la nervure médiane ;
ces deux variétés sont sorties da Cineraria acanthifolia.
Pentstemon. Six nouvelles variétés enricliissent encore ce
beau genre : Bossuet, rouge vineux à gorge blanche ; Colysée^
violet à gorge blanc strié de pourpre ; Gustave Lambert, lilas
rose, àgorge blanche tigrée de lilas; /'Arca(//m, rouge carmin
^brillant^ goi'S^ marmorée de blanc et de cramoisi ; le Kédive,
pourpre vineux, à lobes violacés ; Suez y carmin à gorge blan-
che.
Weigelia Hendersoni, Lemoinei et Lowii sont les dernières
nouveautés en ce genre ; le premier est d'un beau rose et les
deux autres d'un pourpre foncé, presque noir dans le dernier.
MM. Rendatler et Grousse, de Nancy, annoncent aussi, nous
a-t on dit, plusieurs bonnes nouveautés, mais nous n'avons pas
reçu encore leurs catalogues; à huitaine, comme on dit au
Palais.
Pivoines. M. Joseph Baumann s'est rendu acquéreur de
deux Pivoines en arbre, gains d'un semeur heureux de Gand,
M. Goethals. Ces deux nouveautés ont fait grand bruit en
Belgique. Le journal de l'Académie d'horticulture de Gand
n'y allait pas de main morte. «Tout le monde, dit-il, amateur
ou horticulteur, a couru voir et revoir ces Pivoines, et leur
propriétaire doit avoir les oreilles littéralement rebattues des
louanges qui lui ont été adressées à leur sujet et de l'admira-
tion générale qu'elles ont excitée. » Ces deux nouvelles Pi-
voines s'appellent : Souvenir de Gand et Gloire des Belges.
Féorier ISIO. 4
— 50 —
En Pivoines herbacées^ voici celles de M. Calot : Augustin
Dhour, pourpre écarlate ; Comte de Gomer, rosiforme beau rouge
pourpre velouté ; Constant Devred, en coupe, pourpre clair sa-
tiné ; Madame Barillet-Deschamps, rose très-tendre bordé de
blanc; Madame Jules Calot, blanc carné à teintes jaunes ; Ma-
dame Loise Mère, blatic carné soyeux, accidenté de carmin ;
Mademoiselle Rose Rendatlei\ beau rose tendre satiné, à reflets
lilas ; Maréchal Vaillant, rouge violacé pourpré ; M. Barrai,
rose tendre; M. BariUet'DescJiarnps, forme anémone, carmin
pourpre éclairé de teintes blanches ; Loms Van-Houtte, cerise
pourpre éclatant, forme anémone ; Souvenir de V Exposition
universelle^ cerise clair à reflets.
Ernest Bonard.
LES ÂUCUBA (I).
Le genre Aucuba rej)résenté, il y quelques années encore,
par une seule et unique plante femelle à feuille ponctuée, re-
gardée jusqu'alors comme le type de l'espèce, s'est enrichi
promptementd'un grand nombre de magnifiques formes, dues
d'abord aux inlroduclions japonaises, et ensuite aux nombreux
semis qu'ont permis de faire les graines produites par l'ad-
jonction des individus mâles qui faisaient partie de ces intro-
ductions. Aujourd'hui les collections sont tellement nom-
breuses et il airive des nouveautés en ce genre de tant de
sources ditîérenles, qu'il est assez difficile de se reconnaître
dans les dénominations plus ou moins justes et plus ou moins
bien appliquées, données par les introducteurs ou les obten-
teurs. Dans la nomenclature ci-dessous, nous plaçons à la tète
du c«-enre l'une des introductions nouvelles à feuilles vertes,
(1) Extrait du catalogue général descriptif et raisonné des espèces ligneuses
d'einemeal de plein air, des frères Simon-Louis, horticulteurs à Meiz,
— 51 —
considérée avec raison comme le type de l'espèce, reléguant au
l'ang de variété panachée l'ancienne forme à feuille maculée.
— Nous indiquons le sexe de toutes les variétés chez lesquelles
il nous est connu.
AUCUBA HiMALAïCA (fœmina).
Quoique originaire de l'Inde , cette plante n'est regardée
par les botanistes que comme une simple forme de VAucuba
japonica. Elle n'en diffère, en effet, que par ses feuilles lon-
gues et étroites, tourmentées, irrégulièrement dentées, à dents
obtuses, et par ses fruits plus longs et plus atténués .
Variétés Mascula, ou mâle.
— Macrophjlla à feuilles beaucoup plus longues :
très-belle variété.
AUCUBA JAPONICA.
Viridis fœmina (\evl, femelle), feuille d'un beau vert, relati-
vement petite.
Viridis mascula (vert, mâle), feuilles grandes, marquées de
rares maiîules jaunâtres.
Albo-variegata (femelle), à feuilles panachées de blanc.
Augustifolia, de Keteleêr (femelle), feuilles vertes, très-
étroitement lancéolées.
Arborea (femelle), variété d'une grande vigueur, h grandes
feuilles et produisant beaucoup d'effet.
Aurea (femelle), feuilles à grandes dents; les jeunes entière-
ment jaunes, passant au vert en conservant toujours un reflet
doré ; variété très-remarquable.
Bico /or (mâle), feuilles marquées au centre, ^rès de la ner-
vure médiane, d'une très-large tache jaunâtre.
Bicolor elegans, analogue au précédent, mais à feuilles plus
tourmentées.
Bicolor Fortunei (mâle).
— 52 —
Dentaia de Siebold (femelle) .
Dentata variegata (femelle). *
Elegans (femelle).
Grandidens, feuilles très-grandes, à grandes dents, très-
agréablement maculées de jaune.
Grandis (femelle)^, feuilles vertes, très-grandes.
Hermaphrodita, de Gaujard; celte curieuse variété a l'avan-
tage de posséder les deux sexes; feuilles vertes, allongées
tourmentées.
llicifolia à feuilles de houx.
Latifolia grandis,' de Desfossé-Thuillier (femelle).
Latimaculata (femelle). Cette variété;, connue avant l'intro-
duction des plantes mâles, est le résultat d'un accident de
branche fixé, de l'ancienne variété à feuille maculée. Ehe s'en
distingue par ses feuilles souvent plus grandes et alors un peu
chagrinées buUées, marquées irrégulièrement de grandes ta-
ches d'un jaune blanchâtre.
Lo7igifolia, de Standish (femelle), feuilles vertes, longue-
ment et étroitement lancéolées.
Longifelia aurea-nmculata, feuilles maculées de jaune d'or.
Loîigifolia aurea- variegata (femelle), feuilles panachées de
jaune d'or,
Luteocarpaj fruit jaune ; feuilles vertes.
Macrodontha (mâle), feuilles vertes, très-grandes, bien
pleines, très-belle variété.
Macrophylla, de Thibaut et Keteleêr ; feuilles vertes, énormes,
largement dentées.
Macrophylla dentata, de Thibaut et Keteleêr; feuilles vertes,
très-grandes, longuement dentées.
Maculata (mâle), feuiUes grandes, plus ou moins maculées,
ou pictées de blanc jaunâtre. Belle variété, qui nous paraît
être l'une des plus robustes.
Marmorata, de William Bull (mâle). Toute nouvelle im-
— 53 ■—
portation japonaise. Comparée à la précédente, de laquelle elle
se rapproche le plus, cette variété se distingue par ses feuilles
plus courtes et moins dentées, d'un coloris plus brillant, le
fond d'un vert très-foncé, entièrement mouchetées de points
et de macules d'un jaune brillant. C'est la plus distincte des
variétés à feuilles maculées.
Medio argenteapicta.
Medio-variegata (mâle), dans le genre du bicolor ou bicolor
elegans, mais paraît en différer.
Ovata, de Siebold (mâle); feuilles vertes, très-larges.
Picta, de Siebold, limbata (femelle) de Standish et Aucuba
foliis aureo marginatis des horticulteurs ; feuilles largement
marginées de jaune. Variété très-constante et l'une des plus
belles.
Picturata, de Gaujard; feuilles très-larges, particulièrement
marbrées et nuancées de jaune.
Picturata, de Thibaut et Keteleèr (mâle) ; feuilles tourmen-
tées, vertes, parfois marquées au centre d'une large tache
jaune.
Punctata, des horticulteurs (femelle); c'est l'ancienne forme
à feuille ponctuée.
Pygmœa (mâle), plante très-naine, à feuilles vertes.
Robusta maculata (mâle), feuilles largement et diversement
maculées.
Salicifolia (femelle). Diffère peu de la variété longifolia.
Sulphurea, les feuilles offrent de nombreuses macules, ce
qui donne à l'ensemble de la plante un aspect soufré.
Viridis latifolia, de Dauvesse (femelle); feuilles larges et
vertes.
Viridis longifolia (femelle). Se distingue de celui que nous
avons pris pour type femelle du genre, par ses feuilles peu
dentées, plus allongées.
— 5'^ —
Viridismacrophylla, deDauvesse (mâle); feuilles vertes très-
larges.
Les Aucuba demandent une bonne terre, plutôt humide que
sèche : une exposition abritée des fortes gelées et surtout du
grand soleil. Par leurs fruits rouges et leur beau feuillage
varié et persistant^ ils produisent l'effet le plus ravissant, et
ils sont appelés à jouer un grand rôle dans l'ornementation
des jardins.
Simon-Louis (frères),
Horticulteurs à Metz.
LES POMMIERS DOUCLN ET DE PARADIS.
On m'a souvent demandé : qu'est-ce que c'est que le Pom-
mier doucin? en quoi diffère-t-il du Pommier de Paradis
et du Pommier franc ?
Cette question, je l'avoue, m'a toujours fort embarrassé.
Tout ce que j'ai pu répondre jusqu'ici, le voici :
Le Pommier franc est une sorte de Pommier sauvage qu'on
muhiplie dansles pépinières, par semis, pour en faire des sujets
à greffer et produire des arbres très-vigoureux, particulière-
ment des Pommiers à haute tige.
Le Pommier doucin, lui, est aussi un Pommier qui sert de
sujet pour greffer; mais au lieu d'être multiplié par graines on
le propage par bouture et marcotte. N'ayant point une grosse
racine pivotante, mais seulement des petites racines adven-
tives qui naissent du bourrelet de la bouture, sa végétation est
plus faible que celle du Pommier franc de semis ; on l'emploie
pour greffer des variétés qu"on veut former en pyramides, et
on en obtient des arbres qui se mettent à fruits plus prompte-
ment que ceux greffés sur franc.
Le Paradis est aussi un Pommier qu'on multiplie par bou-
— 55 —
ture et marcotte ; sa végétation est encore plus faible que celle
du Paradis, et c'est pour cela qu'il est employé comme sujet
quand on veut former des petits Pommiers nains qu'on
appelle particulièrement Paradis, et qui se mettent très-vite à
fruits.
Quant à l'essence de ces trois sortes de Pommiers, c'est-à-dire
sont-ils des espèces qu'on trouve àl'état sauvage dans la nature ,
ou de simples variétés trouvées dans les semis de pépinières?
je n'ai jamais pu le savoir, et je crois qu'il n'y a pas de honte
à le dire humblement.
Comme cette question vient d'être l'objet d'une commu-
nication de M. Decaisnc, au journal anglais Gardeners chro-
nicle, j'ai pensé qu'il serait bon de faire connaître l'opinion de
ce savant, et, à cet efïèt^ voici le lésumé de cet article, d';ipiès
la traduction de notre confrère M. Morren :
« Du Pommier de Paradis. Y oiûoiv établiniiu! limile précise
entre le Pommier de Paradis et le Doiicin. c'est chercher la
pieri'ephilosophale. La forme des pétales, les styles pubescenls
ou glabres sont des caractères aussi variables que l'aspect des
arbres mêmes. Les Pommiers sauvages de nos bois sont géné-
ralement sans épines, les feuilles glabres ou pubescentes, et
les fruits de couleur jaune. Les pommiers sauvages ne torment
jamais d'arbres comme le feraient les Poiriers sauvages, les
conditions étant les mêmes. Les Pommiers donnent des buissons
avec ou sans racines rampantes ; de là cette phrase de Tourne-
fort : d Malus pumilaquœ potius frutex quam arhor fructu can~
dido, Pirus paradisiaca. » Le nom de Pommier de Paradis ou
Fîchet était déjà cité du temps de Ruellius, en 1336. On
trouve le passage suivant dans VAhrégé pour les arbres nains
(p. 55) : (( Pour avoir bonne race de Pommier Paradis, il faut
prendre de celui qui porte des Pommes toutes blanches ; les
autres, qu'on appelle communément des Boiittes-terres, sont des
espèces de francs qui jettent beaucoup de bois. -» On connais-
— 36 —
sait donc, à cette époque, la multiplication par bouture, et le
Pommier Paradis était recommandé à cet effet. Rien ne prouve
que le Pyrus malus prœcox de Pallas soit une espèce sauvage
particulière à la Russie ; et la preuve, c'est que la plante n'a
pas de nom russe et que Pallas la désigne par des dénomina-
tions allemandes, tandis que la Pomme ordinaire et le Malus
baccata ont des noms vulgaires en Russie^ enïartarie, etc.
« En Russie , comme chez nous , les Pommiers sauvages
n'ont en général pas d'épines.
y> Généralement les Pommiers russes sont épineux ; le bois est
violet brunâtre, comme dans nos sauvageons ; les feuilles sont
glabres ou pubescentes. J'en ai reçu de Novgorod, district de
Krestz; de Kherson, de Karkow, de Moscou. Ces derniers sont
épineux ou sans épines; il en est de même pour ceux que j'ai
reçus de Savoie. Quant à la couleur des fruits, j'en ai vu de
jaunes et rouges, de ianmes {fructu candido) et de panachés,
comme sur les Pommiers cultivés.
2) Le moment de la floraison n'est pas non plus un caractère
bien assuré : voyez le Marronnier du 20 mars et tant d'autres
faits; d'ailleurs, toute plante n'a-t-elle pas des races précoces
et des races tardives? Pallas n'indique d'ailleurs pas la date
de la floraison du Malus prœcox ; on ne peut attribuer la pré-
cocité qu'à la Pomme de Saint-Jean, analogue de la Poire de
Saint-Jean, mûrissant à la fin de juin.
)) Selon moi, il n'y a qu'une espèce de Pommier sauvage
en Europe, et elle varie comme toutes les autres; dans les
champs, dans les jardins, la nature suit les mêmes procédés,
multipliant les espèces en modifiant plus ou moins les formes.
C'est une erreur de croire que nos Pommiers sauvages se di-
visent en deux groupes distincts : l'un à feuilles pubescentes et
à fruits doux (Ma^us communis), l'autre à feuilles glabres et
à fruits acides {Malus acerba). Prenez des exemples en bon
nombre et de localités diverses, vous ne trouverez pas la hgne
- 57 —
de démarcation. J'ai' devant moi des branches de Pommiers,
couvertes de fruits et de feuilles; il y en a de glabres ; d'autres
sont duveteuses, et cependant tous les fruits sont jaunes. Je
l'ai déjà dit : il y a 300 ans que le Pommier a été multiplié
par boutures; une race a été établie. Les jardiniers sont enclins
à dogmatiser : une variété ne réussit- t-elle pas chez eux, ils
disent qu'elle dégénère ; d'ailleurs, on n'a pas fait d'observa-
tions générales et systématiques; delà tant d'absurdités que
l'on a imprimées.
» En résumé — dit M. Decaisne — j'accorde qu'une espèce
puisse varier considérablement, mais je ne puis admettre qu'elle
se transforme eu une autre ; un Pommier ne peut pas devenir
Poirier et je ne crois guère aux transformations du Raphanis-
/rwm (Radis sauvage) en Raphanus (radis cultivé) de VJEgilops et
de tant d'autres dont on fait si grand bruit. »
— Notre rédacteur en chef n'est pas seul, comme on voit, à
protester contre ces prétendues transformations opérées dans
les jardins sous l'influence delà culture.
L. GUILLOTEAU.
L'ENGRAIS HUMAIN.
La question des engrais est une question capitale pour le
cultivateur et néanmoins elle est très-mal entendue en horticul-
ture. Il en est un des plus précieux, les excréments humains,
qu'on laisse perdre, sous le prétexte que ce n'est pas propre;
comme si le fumier ne contenait pas les excréments des ani-
maux de tontes sortes.
Nous partageons à cet égard les idées que M. Corenwender
émet dans les Archives de l'horticulture du Nord :
(( Personne n'ignore, dit-il, que les excréments humains
— ^8 —
sont utilisés depuis un temps immémorial dans le département
du Nord pour la fertilisation des terres ; on peut attester que
c'est principalement à cet engrais que l'agriculture de cette
contrée doit son incontestable supériorité. Le fermier flamand
se moque, avec raison, de ces cultivateurs pusillanimes qui,
dans la plupart des contrées de l'Europe, ont pour les matières
excrémentielles une répugnance invincible, et qui se croi-
raient deshonorés s'ils recueillaient ces engrais précieux pour
fumer leurs champs. Il serait bien plus autorisé à penser ainsi
s'il savait que les gens, qui ont ces faiblesses, vivent souvent
dans des habitations malsaines, rarement nettoyées, et qui ré-
pandent jusqu'au loin une odeur infecte. Pour nos contrées,
l'engrais liquide est recueilli précieusement dans des citernes
cimentées, bien étancliees, d"où on ne les retire que pour les
porter dans les champs. Au contraire, presque partout ailleurs
on le laiSvSe s'écouler dans les cours d'eau ou s'infiltrer dans le
sol. Souvent il pénètre dans les nappes souterraines qui servent
aux besoins des hommes et des animaux. La pompe aspire
cette eau et la ménagère en fait usage pour cuire les légumes
et préparer le bouillon. Nos praticiens du Nord nous paraissent
mieux avisés; ils font passer prudemment les excréments par
le corps des légumes; ces végétaux usuels les absorbent, les
modifient dans leur constitution immédiate et les changent en
aliments précieux et succulents. »
L'urine seule est un excellent engrais et il est triste d'en
voir perdre une aussi grande quantité; notre confrère,
M. Briand, jardinier en chef à TEcole normale de Cluny, m'a
dit obtenir de très-bons résultats en l'ajoutant, pour un sep-
tième, dans ses eaux d'arrosements, une ou deux fois par
semaine.
Sans doute, ce n'est pas très-agréable d'aspirer les odeurs
qui s'exhalent des engrais humains; mais il est facile aujour-
d'hui de les désinfecter.
— 59 —
M. Payen a fait connaître, dans une séance de la Société im-
périale et centrale d'agriculture de France, le système de
M. Goux qui ne laisse rien à désirer sous ce rapport. Il consiste
à garnir les tonneaux, qui reçoivent la matière fécale, d'un mé-
lange absorbant, composé de 25 à 30 pour 100 de chiffons de
laine; 50 à 54 pour 100 dépoussière de greniers à fourrage, et
de \ 0 pour 1 00 de poussier de charbon provenant, soit de fonds
de magasins ou de bateaux, soit même de carbonisation de
branchages, ramilles ou bruyères, avec addition de 4 ou 5
pour 100 de sulfate de fer en menus cristaux. On garnit l'inté-
rieur du tonneau d'une couche de 12 centimètres, en moyenne,
de ce mélange, de manière à former une sorte de muraille in-
terne en talus, doublant toute la paroi du tonneau et compo-
sée, comme on le voit, de substances poreuses très-absor-
bantes qui préviennent presque entièrement la fermentation
putride. Lorsque le tonneau est plein, on répand à sa surface
.une couche de poussière de charbon et on le transporte daus
un endroit pour faire le dépôt général. On en forme alors des
tas qui dégagent une odeur à peu près nulle. M. Moll, du con-
servatoire des Arts et Métiers, fi expérimenté ce système et il
regarde cet engrais.comme équivalant à une bonne poudrette ;
M. Bella, directeur de l'école de Grignon, en a obtenu un
succès complet.
Nous recommandons donc, à nos confrères, de ne point laisser
perdre plus longtemps un aussi précieux engrais, et d'avoir
dans un coin de leur jardin un tonneau préparé d'après le
système de M. Goux. Ils pourront l'employer sans craindre
de donner une mauvaise odeur à leurs légumes ; car il
n'est pas absolument prouvé que l'odeur des engrais pénètre
dans les tissus des végétaux. C'est un simple préjugé et rien
de plus.
L. CORDIER.
— 60 -^
PETITES NOUVELLES.
Pomme de terre de Marceau.
Rapportée d'Amérique vers 1 867 par un officier de marine,
M. Vavin fils, commandant, alors, le navire le Marceau d'où
son nom ; elle a été trouvée de très-bonne qualité par M. Va-
vin père, président de la Société d'horticulture de Pontoise,
qui en distribua à ses amis et connaissances. Cette variété,
d'origine étrangère^ se conserve très -longtemps, au dire de
M. CoUardeau, qui en a présenté, cette année, à la Société d'hor-
ticulture, et à la Société d'acchmatation de Paris; il en a gardé,
jusqu'à la fin du mois de mai dernier, des tubercules qui, à
cette date, étaient encore très-sains et bons à manger. Elle
n'égale pas tout à fait la Marjolm pour la bonté, mais elle la
surpasse considérablement pour la productioui M. CoUardeau
connaît des jardiniers qui, en ayant adopté la culture, y ont
trouvé la source d'importants bénéfices qu'ils n'avaient jamais
réalisés auparavant avec les autres variétés.
Persil à grosse racine.
Un de nos compatriotes, M. Marguerit te, jardinier à Varsovie,
a envoyé à la Société d'horticulture de Paris des racines de ce
Persil qui, dit-il, sont très-estimées en Pologne et en Russie.
D'après une note d'un chef de cuisine d'une grande maison,
on les emploie dans tous les mets et potages dans lesquels il
entre des racines ou légumes quelconques, ou encore en gar-
niture de grosses pièces de viande, en les apprêtant comme le
céleri bulbeux. Ce Persil sert de légume d'assaisonnement, et
pour cet usage on le préfère au Panais. De l'avis de S. Exe. le
maréchal Vaillant, il y a peu de légumes meilleurs que ces ra-
cines de Persil, dont les feuilles sont aussi bonnes que celles
du Persil ordinaire. C'est donc une plante à propager en
France ; les racines alimentaires ne sont pas très-communes
dans nos potagers.
— 61 —
Bambous.
M. le docteur Turrel, de Toulon, fait connaître à la Société
d'acclimatation de Paris que les Bambusa mitis^ Quilioi, aU"
rea, violescens, graciliSj et une espèce indéterminée, végètent
admirablement sous le climat méditerranéen. « Le Bambusa
gracilis et l'espèce indéterminée paraissent moins intéres-
sants, dit-il, que les autres, dont nous espérons beaucoup et
qui offrent des caractères originaux.
Graines du voyage de M. Roezl.
M. Roezl, très- connu en horticulture par ses voyages et les
nombreuses plantes du Mexique qu'il a introduites en Europe, a
eu l'heureuse idée de se servir du chemin de fer nouveau, du
« Pacific Railway », qui traverse tout le continent de l'Amé-
rique du Nord, pour explorer ces territoires immenses et riches
en plantes qui ont le grand avantage d'être à peu près toutes
nouvelles pour nos jardins, et surtout d'être parfaitement rus-
tiques pour supporter le climat de l'Europe centrale. Il a fait
ce voyage pour son propre compte, entraîné par sa passion
pour les explorations, et dans l'espoir d'enrichir les jardins
d'Europe de belles plantes nouvelles. M. Ortgies, du jardin
botanique de Zurich, un ancien ami de M. Roezl, s'est, chargé
delà vente de ses introductions. C'est donc à lui qu'il faut s'a-
dresser pour en devenir acquéreur. — Dans les listes-prospec-
tus qui sont distribuées à cet effet, nous avons remarqué quel-
ques bonnes espèces dont l'énumération serait par trop fasti-
dieuse. Toutes ces graines ont été récoltées en automne de 1869
dans les montagnes Rocheuses, les montagnes d'Utah et dans
la Sierra-Nevada en Californie. M. Ortgies a cru agir dans l'in-
térêt des acheteurs, en vendant l'édition entière de chaque es-
pèce, et en refusant de vendre de petites quantités; Tacqué-
reur est, en effet, certain de posséder seul les plantes qu'il
achètera ainsi.
Moyen démettre les Melons à V abri des pucerons.
M. Eugène Gouet, iardinier à Brinches, a trouvé le moyen
— 62 —
de se garantir des pucerons qui infestent les Melons. Ce moyen
est très-simple : après avoir chargé ses couches de 18 à
20 centimètres de terre forte mais bien divisée et amendée, il
lave avec soin ses coffres et ses châssis, et les badigeonne en-
suite intérieurement avec un lait de chaux. Il plante ses Me-
lons, les paille, et saupoudre enfin le paillis d'une légère
couche de chaux éteinte depuis quelque temps. En procédant
ainsi, il assure que les pucerons n'envahissent plus ses cultures
de Melons.
Jardin-laboratoire de CoUioure.
Notre collègue M. Naudin, que l'état de santé force à passer
une partie de l'année dans le midi de la France, ne renonce pas
pour cela à ses études scientifiques et horticoles. Il nous an-
nonce qu'il veut fonder à CoUioure (Pyrénées-Orientales), petit
village admirablement situé sur les bords de la mer, un jardin-
laboratoire, destiné à toutes les recherches de botanique, de
physique végétale, de culture, d'hybridation, d'acclimata-
tion, etc. Cette entreprise est toute privée ; l'État n'est pour
rien dans cette affaire.
Fleuriste de la ville de Paris.
L'administration du jardin de la ville de Paris vient de pu-
blier les conditions d'admission et de séjour des élèves jardi-
niers pour 1870 ; les voici :
d Être âgé de 18 ans révolus; présenter une pièce pou-
» vant servir à constater l'identité : posséder les premières
3) conditions de l'art horticole et avoir fait pendant un an, au
y> moins, de la culture pratique.
» L'administration alloue mensuellement aux aspirants
3> comme rémunération de leur travail :
)) Pendant les 3 premiers mois 60 fr.
)) — les 3 mois suivants 70
D — les 3 mois suivants 80
3) Cette période écoulée , l'aspirant peut être admis au
- 63 ~
jo litre d'élève ; l'allocation mensuelle est alors portée, sui-
)) vant ses aptitudes et ses capacités, à 85 fr., 90 fr ., et au-
)) dessus.
3) Afin de rendre leur instruction aussi complète que pos-
)) sible, les aspirants et les élèves seront occupés successive-
)) ment dans les diverses sections de cultures de la ville de
)) Paris, et y seront assujettis aux règlements concernant les
» chefs et ouvriers.
5) Lorsqu'ils désirent quitter le service, ils doivent en pré-
)) venir leur chef quinze jours à l'avance, et ne peuvent ré-
3) clamer le payement de ce qui leur est dû, avant le jour de
:» la paye, qui a lieu du 8 au 1 0 de chaque mois. »
Ern. BoNARD.
CATALOGtlËS D'HORTICULTURE
POUR 1870.
Bruant, à Poitiers. Plantes nouvelles : Pelutiia, Pélargoûium, Verveines et
Duhlia.
CrouHse, à Nancy. Plantes nouvelles obtenues de semis dans rétablissement :
Deipliniium, (leraniuni, Héliotropes^ Lanlauaj Pétunia, l*eulsleraou.
Delesalle (Henri), àTliuiiieiiil près Lille (iNord). Plantes nouvelles : Pelargo-
luuui zonale, Pcluuia, Verveines.
Duflot, quai de la Mégisserie, î, Paris, Supplément aux Catalogues des
graines iie fleurs, potagères, fourragères: Oignons. Nouveautés et récentes
iniroiluctions.
Duraud, à Bourg-la-Reine (Seine). Arbres fruitiers, arbres d'ornements, ar-
bufclus et rosier*.
Haag^c et Hiclimidt, àErlurth (Prusse). Nouveautés de graines, et de plantes
d'oruemeut de pleine terre et de serres. — Catalogue général de graines de
plantes d'ornement potagères ; Plantes vivaces, de serre, etc.
Hubcr (frères), ;i Hyères (Var). Catalogue de graines de plantes nouvelles
pour 1870. Spécialités: graines de fleurs, d'arbres et d'arbustes d'orne-
ment indigènes et exotiques.
lioise-Chanvière. Catalogues des Fraisiers et Lilium.
lloutceny aîné, à Villefranche (Rhône). Catalogue de graines potagères et
fourragères ei de fleurs.
Reudatler, à Nancy. Plantes nouvelles obtenues dans l'établissement :
Pétunia, Géranium, Héliotropes, Pentstemon, et autres plantes rares ou
nouvelles.
ISahut, à Montpellier. Catalogue des principales espèces de végétaux et de nou-
veautés en arbres, arbrisseaux et arbustes.
Vilmorin-Andrieux et Comp., 4, quai de la Mégisserie, Paris. Catalogue
général de grainesde plantes dornement, fourragères, potagères. Nouveautés.
Potager. Cest pendant le mois de mars que l'artichaut exige le plus de soin».
On peut commencer vers le i5 à dégarnir les souches de la terre et du fumier
entassés à chaque pied : la litière sèche doit rester à portée pour recouvrir si la
température l'exigeait. Aussitôt que le hâle n'est plus à craindre, il faut enlever
à chaque souche les œilletons superflus et ne laisser que les deux plus beaux ;
après cette opération, il faut arroser copieusement les artichauts et leur donner
une bonne couverture de fumier. C'est aussi pendant ce mois qu'on sème,
laboure et fume les asperges. Le fumier de cheval est le meilleur pour ce dernier
usage; mais, dans les terrains très-secs, on doit employer le fumier de vache;
l'un et l'autre doit être à moitié décomposé. On plante choux-pommés, choux-
fleurs^^ fraisiers, laitues, oignon blanc, oseille, poireau, romaines. On fait les
semis de carottes, chicorée sauvage, choux-fleurs, choux-cabus de Saint-Denis,
de Milan, de Bruxelles, épinards, fèves, ciboules, cresson alénois, panais, persil,
poireau, tous les pois, radis rose et noir, salsifis, scorzonères, pommes de terre
Vers ia fin du mois : céleri à couper, cerfeuil, choux Quintal et de Poméranie'
toutes les laitues, romaines blondes et grises.
Les couches et châssis exigent beaucoup d'attention, car, à cette époque,
les réchauds dont on entoure les couches sont trop forts : il se produit des coups
de chaleur qui détruisent toute la récolte j il faut aussi veiller aux coups de so-
leil, qui produisent le même effet.
On sème sur couche : concombres, melons, piments, tomates, raves, salade
et fournitures diverses.
Jardin fruitier. Finir la taille, labourer et pailler les plates-bandes.
9 Jardin d'agrément. Terminer les labours, travaux de propreté, la taille des
arbustes divers et la plantation des plantes vivaces; faire des boutures d'arbres
et d'arbrisseaux. On sème en pleine terre : Giroflée de MÎihon, Adonis, Coreopsis,
Nigelles, Réséda, Nemophila, Clarkia, Gilia, Crépis roses, Giroflée jaune, Malope,
Œillets de Chine, Pois de senteur, Reines-Marguerites , Capucines, Volubilis,
Collinsia bicolor, Siléné à fleurs roses, Balsamines, Belles de Nuit et belles de
Jour, Muflier, Pétunia, Thlaspi^ Scabieuse ou Fleur des Veuves, Phacelia,
Linaria bipartia. On sème sur couche: Célosia Crête de coq, Amarantes,
Balsamines, Reines-Marguerites, Calcéolaires, Quarantaine, Martinia, Cosmos.
On place aussi sur couche les tubercules de Dahlia pour déterminer la végé-
tation des bourgeons, les séparer ensuite et les mettre en pot jusqu'au moment de
les livrer en pleine terre.
Serres. C'est en mars que les Camellia sont dans toute leur beauté; il faut
leur donner des arrosages modérés et entretenir avec soin la propreté des feuil-
lages. Pour les autres plantes, même soin que pour le mois précédent ; mais on
Veillera pour éviter l'efi'et des coups do soleil; on blanchit les vitres avec de lu
chaux, ou l'on tend des toiles.
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France, 1869. |
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PÉPIKIÉRISTE,
Chevalier de la Lésion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France ancien président
du Corake horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres,
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iiOlIlMAmE DES AiiTICLbS CONTENUS DANS CE NUMERO.
F. Herincq, Chronique, — J. Decais.ne, Observations sur un Diospyros de la
Chine, à fruit (ûmestiijic'. — 0. Leschyeu, Le Tacsonia eriantha (PI. 111). —
EiiN. BoNARD, Plantes nouvelles; variétc> jardinières. — En,, de Martragny,
le Disa grandiflora et les Orchidées de serre froide. — F. Herincq, de la
graine et des semis. — F. Herixcq, Notions de taille sans physiologie végé-
tale. — X..., Travaux, du mois d'avril.
CHRONIQUE
L'hiver de 1870, à Paris et dans le Midi; assassiaat d'un Cactus et 'd'un
Tacsonia d'Alphonse Karr par... la gelée; état de la végétation, au com-
mencement de janvier, dans la région méditerranéenne. Prix de quelques
légumes à Paris; ce qu'on vend comme Laitue et Romaine au marché du
quartier Saint- Marcel. Dégel, orage et gelée du mois de mars ; dicton popu-
laire; encore l'inlluence de la lune. Funeste résultat de l'entreprise du co-
mité des cultures expérimentales de la Société d'horticulture de Paris^au sujet
du Radis de famille ; le Cerfeuil bulbeux inaméliorable; le Persil bulbeux, la
Carotte et les Pommes de terre déperfectionnés. Le génie des peuples bar-
bares nos ancêtres comparé au génie des peuples civilisés. Un demande la
transformation de la racine grêle de Girollée en racine charnue, par les
procédés connus. L'hérédité du mal ; inoculation de la panachure ; inlluence
de la greffe sur le sujet; les abutilons panachés.
Le petit bout d'hiver que nous avons eu^ dans le courant de
février, a fait pousser les hauts cris à la population française
en général, et à celle de la capitale en particulier. Pour huit et
dix degrés de froid qu'on a dû enregistrer pendant deux jours à
Paris, et ensuite trois à cinq durant une dizaine de jours, tout le
monde s'est plaint de la rigueur des frimas. Il faut que nous
soyons bien délicats pour trouver rude un pareil hiver ; car
enfin la Seine qui, l'été, promène nos joyeux canotiers, n'a
promené que quelques petits glaçons pendant deux jours
seulement, et elle n'a pas daigné prendre comme elle fai-
sait autrefois chaque année ! Si- nous continuons, nous protes-
terons bientôt contre tout hiver dont la température ne se
maintiendra pas à dix degrés au-dessus de zéro !
Mars 1870. b
— 66 —
Je comprends les plaintes des habitants de nos provinces du
midi ; ils ont été fortement éprouvés cette année. Rarement
chez eux le thermomètre traverse la ligne qui sépare le chaud
du froid, et la neige est chose légendaire.. Cet hiver ils ont eu
plus d'un mètre de neige ; à Cannes, d'après M. Laffay, huit
degrés de froid ont détruit toutes les plantes exotiques cultivées
depuis longtemps dans les jardins, et Alphonse Karr écrivait
au commencement de janvier dernier :
€ Après quelques jours d un froid que je n'avais pas vu aussi
rigoureux depuis dix-sept ans que je suis en Italie'et en Pro-
vence (froid dont vous feriez à Paris vos beaux jours d'hiver)
mais qui, je le crains, m'a assassiné un Cactus, un Tacsonia et
plusieurs Héliotropes, le soleil revient rendre la couleur et la
vie à ce pays qui, sans soleil, n'est qu'une triste, pâle et morte
lithographie. La mer est calme et bleue ; les premiers Narcisses
fleurissent sur les cohines ; les Violettes sont en fleurs sous les
arbres; les Anémones étaient leurs feuillage découpé : les Giro-
flées ouvrent leurs étoiles jaunes; les Jonquilles commencent
à percer la terre au pied des Cameilia épanouis. Le 4 janvier
l'hiver, qui a duré plus de huit jours, est bien avancé ici. ï)
Nous aussi, à Paris, nous pouvions dire à celte époque,:
l'hiver est bien avancé ; nous avons joui, en effet, depuis,
d'un vrai printemps jusqu'aux premiers jours de février ; mais
alors le froid a repris plus fort que jamais, et les maraîchers
en ont profité pour vendre leurs produits des prix fabuleux.
Les pauvres ménagères parisiennes ont payé la Mâche 1 fr.
oOlalivre, et au mardi gras — alors que la Violette commençait
ici aussi à fleurir sous les arbres — elle valait encore 1 fr. 20!
l'Oseille a valu à ce moment 2 fr, 50 la livre ; le Pi&senHt 1 fr. ;
on ne pouvait pas avoir de Poireau à moins de 15 et 1 0 cen-
times la pièce ; 2 francs les Épinards pour un plat microsco-
pique; et on m'assure, dans le faubourg Saint-Germain, que le
Persil a été j^ayé jusqu'à 100 sous la botte à la halle.
67 —
Quant à la salade de Laitue et de Romaine, c'est absolument
du luxe pour les habitants des quartiers pauvres. Au marché
de la place d'Italie on ne vend que les feuilles extérieures
détachées des Laitues et Romaines expédiées, disent les mar-
chands, en Angleterre : le cœur pour MM. les Anglais, les
épluchures pour les bons Parisiens.
AU rirjht! oui, c'est ma foi bien !
Et pourta'nt nous jouissons d'un temps magnifique depuis
plusieurs jours; le dégel s'est opéré lentement, gentiment, sans
trop de gâchis, et cette fois encore librement, sans aucune
pression lunaire. Il a arboré son drapeau 4e samedi 19 février;
la pleirïe lune était le 16 et le dernier quartier le Î22 ; son in-
dépendance est donc incontestable. J'îii rencontré cependant
un brave cultivateur qui le mettait encore sur le compte de la
lune : ce C'est bien le vrai dégel, allez, me disait-il le diman-
che, car c'est après-demain le dernier quartier, d Je dois
ajouterqu'un autre m'avait dit le vendredi précédent^ alous que
la température commençait à mollir : « Je crois bien que nous
allons avoir le dégel ; ça ne serait pas étonnant, car c'était
uvant'hipr la pleine lune ! » Avec les partisans de l'influence
lunaire, il y a toujours d-'^ " '"'"'imodements, comme on
voit.
Mais un phénomène curieux, qui peut-être est unique dans
l'histoire météorologique^ est celui qui s'est produit le lende-
main des Cendres. A peine les derniers débris de glaçons
étaient-ils fondus, qu'un violent orage s'est déchaîné, à sept
heures du soir, sur notre brillante cité, accompagné de splen-
dides éclairs, qui rendaient jaunes de jalousie les nombreux
becs de gaz parisiens. Ce spectacle estival a paru d'autant plus
beau, qu'il n'était nullement attendu ; toutefois, on ne doit pas
s'en réjouir, s'il faut en croire ce dicton populaire :
yuauii ii tonne en mars,
Uonhoaime, gare !
— 68 —
C'est un mauvais présage (i ). Tant pis pour les consomma-
teurs de salade ; car les maraîchers, sous le fallacieux prétexte
que cet orage de mars annonce une suite de mauvais jours, ne
baisseront pas le prix de leurs Mâches, et nos ménagères con-
tinueront de les payer toujours 24 sous la livre. Ainsi vont les
choses : prospérité d'un coté ; extension *du paupérisme de
l'autre; triste antithèse qui confirme la vérité de cette maxime
de l'Évangile : Nul ne peut servir deux maîtres ; 'ce qu'il fera
pour plaire à l'un ne conviendra pas à l'autre. Ainsi sera jus-
qu'à la fin des siècles.
Une chose qui poisrra bien aussi aller jusque là sans avoir
de lin, c'est l'entreprise du comité des cultures expérimen-
tales de la Société impériale et centrale d'horticulture de
France, concernant la grande question à l'ordre du jour, la
transformation des plantes par la culture. Voici ce qui vient
de lui arriver.
Les membres de ce comité, voulant répéter l'expérience du
Radis sauvage — sans y avoir été invité par le grand conseil
ou comité de censure — , avait semé des graines dans le jardin
d'un des membres de ce comité, situé à la colonie de Clichy,
dont le sol est arrosé et fertilisé par les eaux d'égouls de Paris.
Un jardinier voisin^ bi^n connu dans toute la France par les
beaux légumes qu'il a présentés au palais de Saint-Gloud,
y\) Eu effet, au moment de mettre sous presse (7 mars) la gelée a fait retour.
Hier dimanche 6, la terre croulait, et ce malin 7, cinq degrés au-dessous de
zéro se faisaient sentir à Segrez, à 6 heures du matin. Peut-on dire que c'est
un mouvement de lune? La nouvelle lune était le 2; la reprise de la gelée est
le 6, et le premier quartier sera le 40. Qu'on ose dire ici qu'il y a intluence
lunaire! Il est vraiment pénible de voir l'aveuglement des masses, au sujet
de tous ces préjugés, de toutes ces vieilles rengaines si facélieusement combi-
nées par les grands prêtres de l'antiquité, qui s'élevaient ainsi des autels sur
l'ignorance et la bêtise des peuples. Retrouver les mêmes absurdités et les
mêmes croyances en Tau de grâce 4870, eh bien ! vrai, cela ne prouve pas eu
faveur des citoyens qui prétendent constituer le peuple le plus intelligent du
monde... ; au contraire!. ..
— 69 —
l'année dernière, avait accepté la mission de veiller sur ces
expériences. Il s'en acquitta rigoureusement, tant qu'il ne fut
que le voisin du jardin où les graines avaient été semées. Mais
un jour il devint possesseur titulaire de cette parcelle de ter-
rain, de par la concession de l'administration municipale de
Paris ; et alors ce brave gardien bouleversa le champ d'expé-
rience du comité expérimental, pour y semer du Cerfeuil bul-
beux, qui. paraît-il, est d'im rapport bien plus assuré que le
produit des graines de Radis sauvage.
Mais grande fut la colère des membres du oomité qui se li-
vraient à des expériences — sans y avoir été invitée par le
grand conseil. — On accusa le pauvre gardien de toutes espè-
ces de choses et même davantage encore, en pleine séance de la.
Société — sans même y avoir été autorisé par le grand conseil.
— Il gesticula beaucoup d'abord pour se défendre et finit par
déclarer qu'il ne savait pas que c'était aussi sérieux que ça.
d Un membre du comité ni a dit, dit-il, qu'on n'obtiendrait ja-
mais rien, que c'était pour rire; alors j'ai pensé que ce n'était
pas la peine d'employer un si bon terrain pour rien. 3)
Cet aveu excita des murmures, dos apostrophes, qui cou-
vraient la sonnette du président. Enfin, un membre proposa un
ordre du jour motivé ; mais comme il ne s'est trouvé personne
. armé d'assez de courage pour le signer avec lui, on a passé à
l'ordre du jour pur et simple.
Mais le comité ne se tient pas pour battu ; il va resemer
d'autres graines — sans y être invité par le grand conseil, —
et cette fois, il n'en confiera pas la garde à \m cultivateur de
Cerfeuil bulbeux, et bien moins encore à un cultivateur de
Persil bulbeux, qui pourrait, à son tour, détruire le champ
d'expérience, pour tenter le perfectionnement de cette racine
qui se déperfectionne avec une aisance et une rapidité déses-
pérante, s'il faut en croire M. le D' Andry. Nous souhaitons à
MM. du comité des cultures expérimentales meilleure chance
— 70 —
cette fois. En tout cas qu'ils ne se découragent pas. Il faut que
des faits nouveaux viennent démontrer la témérité des hommes
qui soutiennent une théorie qu'on étaye de faits douteux que
personne n'a vérifiés.
Mais on aura beau faire, des exemples viendront à chaque
instant témoigner contre cette prétention de la culture à trans-
former à volonté, pour ainsi dire, une plante en une autre, et
la lumière se fera .
Non^ la culture n'a pas une aussi puissante influence ; si elle
la possédait, elle agirait sur la conservation de toutes les trans-
formations et améliorations qu'on lui attribue; c'est ce qu'elle
ne fait pas.
Le dernier numéro du journal de la Société d'horticulture de
Paris, enregistre, page 24, un fait qui le prouve : cr M. Andry
dit que la racine de Persil à grosse racine, prise parmi celles
dont on devait l'envoi à M, Marguerite, de Varsovie, qui lui
avait été remise pour qu'il voulut la faire préparer et en re-
connaître ensuite la qualité comme aliment, lui a semblé fort
bonne. Quant au Persil de la même variété, qu'il avait semé
dans son jardin et qu'il croyait devoir lui donner des produits
assez développés pour pouvoir être mangés, il n'a produit que
des racines grêles, rameuses, nullement comestibles. 3)
On conviendra qu'il est au moins singulier qu'une force
améliorante devienne une force détériorante quand on la fait
agir sur une plante qu'elle aurait primitivement améliorée.
Mais, dit-on, si ces racines se sont trouvées grêles, rameuses et
immangeables, c'est que le semis a été fait trop dru, que les
racines, trop serrées^ n'ont pas pu se développer. Cette raison
est fort spécieuse. Je ne sais comment le D' Andry a semé son
Persil; mais j'ai semé l'année dernière des Carottes demi-lon-
gues; j'ai semé très-clair_, ce qui n'a pas empêché le semis de
me donner un dixième de Carotte à racines grêles, rameuses
comme celles de la Carotte sauvage. Et la terre est une bonne
— 71 —
terre de jardin, qui avait été fortement fumée l'année même.
En voici un autre cas emprunté au Bulletin de la Société
d'acclimatation : M. Durieu de Maisonneuve, directeur du jar-
din des plantes de Bordeaux, ayant reçu l'année dernière, de la
Société d'acclimatation de Paris, des Pommes de terre Vêlez, les
mit en expérience. « II y avait, dit-il, i 8 tubercules, moyens en
apparence, mais qui, comparés à ceux qu'ils ont produits, pour-
raient passer pour gros Plantés le 25 février (8 dans l'école
de botanique, et 1 4 dans le jardin à multiplication), les tuber-
cules ne furent récoltés que vers le milieu d'octobre.. . Le pro-
duit des quatre pieds de l'école consiste en tubercules extrê-
mement nombreux, plus petits que ceux d'aucune autre
variété de moi connue; leur grosseur ne dépassait guère rare-
ment celle d'une noix moyenne et descendait jusqu'à celle d'une
noisette. La récolte des quatorze pieds du jardin à multiplica-
tion fut nulle (!) » — Le point d'exclamation est de M. Du-
rieu.
Singulières forces améliorantes que les milieux et la culture
du Bordelais! Quoi qu'en disent nos adversaires, c'est partout
de même, dans tout le midi delà France, en Espagne, etc., tous
nos légumes perdent leurs qualités et leurs caractères, et re-
tournent aux types primitifs. Or, jamais le radis et la rave
n'ont donné du Radis sauvage [Raphanus raphanistrum), mais
bien toujours le même radis cultivé {Raphanus sativus), avec
cette différence que la l'acine est grêle, ligneuse, au lieu d'être
grossç et charnue.
Et ce n'est pas la culture, je le maintiens, qui a déterminé
la transformation des racines grêles en racines charnues de la
• Carotte, de la Betterave, du Navet, du Chou-rave etc. S'il en
était ainsi, il faudrait admettre que les peuples barbares, nos
pères, qui nous ont transmis ces pjrécieux légumes, étaient bien
autrement intelligents que nous, puisqu'ils ontdeviné, de suite,
à la simple inspection, que la racine grêle de la Betterave de nos
— 72 —
côtes était susceptible de se- transformer en racine très char-
nue et sucrée, et qu'il suffisait de soumettre ia plante à une
culture en règle, pour opérer cette transformation ; de même
pour les autres espèces transformées par nos ancêtres ! C'est
réellement heureux qu'ils soient venus au monde avant nous,
pour nous léguer ce précieux fruit de leur conception intellec-
tuelle ; car nous, inventeurs de toutes espèces de mitrailleuses et
des vélocipèdes, nous ne pouvons pas inventer la moindre
racine nouvelle! Quand nous avons voulu essayer notre intel-
ligence, nous sommes tombés, tout de suite, dans la contre-
façon ; nous n'avons pu que reproduire ce qui existait déjà, des
Carottes et des Radis ! Il ne manque pas cependant de racines
sauvages à améliorer. Allons, messieurs les transformateurs,
sortez un peu de l'ornière ; prenez de la graine de Giroflée des
murailles , semez-la à l'automne en changeant son milieu, et,
en continuant ainsi pendant cinq ans, vous aurez doté la
boutique des fruitiers d'une racine toute nouvelle, succulente,
sucrée et délicieuse, d'un genre inconnu. A l'œuvre donc! Un
pareil résultat confondra les incrédules, et vous vaudra l'estime
et la reconnaissance des amis du merveilleux, qui^ en ce mo-
ment, font des efforts inouïs pour faire triompher les principes
de l'hérédité du mal, de la contagion de la panachure par ino-
culation, de l'influence de la greffe sur le sujet, et réciproque-
ment, de l'hybridation par les sèves, etc., etc.
Depuis quelques années, ces idées ont pris de la consistance
auprès de certains savants distingués, qui n'ont cependant rien
de panaché dans le cerveau, du moins il n'y paraît pas exté-
rieurement.
J'ai déjà parlé de l'influence d'une moitié de Pomme de
terre rouge, sur une moitié de Pomme de terre blanche;, et
de l'influence exercée par le simple voisinage d'unPommier de
Châtaignier sur des pommes de Calville : les Pommes de terre
avaient produit des tubercules rouges et blancs, et les Pommes
— 73 --
de Calville avaient piqué du rouge du côté du Pommier de
Châtaignier. Toutes ces jolies choses se sont passées sous le
soleil prussien ; on n'a fait que proclamer seulement la véra-
cité de ces faits, non pas sous les voûtes de l'hospice de Cha-
renton, mais bien à découvert, sous le beau ciel de la France.
Aujourd'hui, il ne s'agit plus ni de Pomme ni de Pomme de
terre ; ce sont les panachures qui entrent en lice, les panachu-
res qu'un rien fait naître, et qu^i^ri rien aussi fait disparaître.
• Voici les faits panachés que notre confrère et excellent ami
M. Edouard Morren apporte en faveur de l'influence de la greffe
sur le sujet.
Un certain Abutilon Thompsoni — importé il y deux ans par
M. Veitch, des Indes occidentales ou modernement dit Améri-
que australe — offre une panachure de feuillage hautement pri-
sée dans le monde horticole, (c Or, dit M. Morren, cet Abuti-
lon a communiqué sa panachure à diverses autres espèces et
variétés sur lesquelles on l'a greffé. L'expérience réussit parti-
culièrement bien avec les Ahutilôn slriatum, venosiim eivexil-
larium. Si l'on greffe sur l'une ou l'autre de ces plantes un ra-
meau d' Abutilon Thompsonii, les nouvelles pousses qu'elles ne
tardent pas à émettre portent un feuillage non moins panaché
que le greffon 3>
Mais ce n'est pas tout. Lorsqu'on greffe un Abutilon vexilla-
rm/?2 à feuillage bien vert, sur V Abutilon Thompsonii foliisvarie-
gatisjldgveiïe montre bientôt çà et là, dit M. Morren, sur les
anciennes feuilles, des gouttelettes jaunes, qui, en se multi-
pHant, se confondent en bigarrures de diverses formes, et les
feuilles nouvelles sont toutes bigarrées de blanc.
Plus fort encore. L'infection est tellement puissante qu'il
suffit de vacciner un Abutilon vert avec un petit morceau de
pétiole d'un Abutilon panaché, pour qu'aussitôt toutes les
feuilles du vacciné deviennent bariolées de blanc et de jaune!
(( Tous ces faits, dit M. Morren, établissent d'une manière
— 74 —
incontestable la transmissibilité de la panachure du feuillage
d'une plante à une autre par une sorte d'inoculation, et natu-
rellement l'influence de la greffe.. . Les observations que nous
avons constatées à Liège, dit-il, ne se rapportent pas à un fait
isolé : les mêmes phénomènes se sont produits en Angle-
terre, chez M. Lemoine à Nancy, chez M. Van Houtte à
Gand, etc., etc. 5)
Je regrette de ne pouvoir partager les convictions de mon
ami M. Morren ; je crains qu'il ne se soit laissé trop emporter
par l'amour du merveilleux. Pour établir d'une manière incon-
testable l'influence de la greffe sur- le sujet, il faut des faits
autrement sérieux que ceux produits par des panachures
d'Abutilon, qui, de tous les végétaux, est celui qui se pana-
che et se dépanache avec la plus grande facilité. Il est in-
contestable que la panachure est la manifeslation d'im état
maladif, et qu'elle apparaît tout particulièrement sur les indi-
vidus débiles et chétifs ; M. ]\iorren le reconnaît parfaitement.
Or, l'amputation que subit iê sujet greffe n'est-il pas déjà une
cause de maladie, parle désordre qu'elle amène dans le mou-
vement séveux ? Du reste, je le répète, il n'y a pas de plantes
qui se panachent avec plus de facilité que les AbiUilon cités par
l'auteur de la Contagion de la panachure . On en f;iit ce qu'on
veut pour ainsi dire, tant la matière verte des feuilles se dé-
compose facilement. On en rencontre chaque jour c|ui, sans
être greffés, présentent des rameaux portant des feuilles d'un
beau vert uniforme, et d'autres rameaux qui sont ornés de
feuilles le plus admirablement panachées. Je montrais, hier
encore, à ls\. HouUet, chef des serres au Muséum, un jeune
Abutilon vexillarium dont tous les rameaux avaient leurs
feuilles inférieures d'un beau vert foncé, quand toutes celles de
la moitié supérieure des rameaux étaient panachées de jaune
plus ou moins clair. Ce fait se présente partout, et M. Delépine
aîné, dans un article sur V influence de la greffe sur le sujet, pu-
— 75 —
blié dans les Annales de la Société d'horticulture de Maine-et-
Loire (1) reconnaît aussi, en parlant de ce phénomène des
Abutilon panachés, « que quelquefois ces Abutilon à feuille
verte donnent, sans être greffés, quelques scions à feuilles pa-
nachées.
Je ne crois pas que le phénomène exposé par M. Morren
contirme, aussi incontestablement qu'il le dit^ l'influence de la
greffe sur le sujet, puisque, d'une part, tous les sujets greffés
avec dès greffons de variétés panachées ne subissent pas l'af-
fection dont est atteinte la greffe, et, d'antre part, que le phé-
nomène do variégation se manifeste naturellement sur des in-
dividus des mômes espèces à' Abutilon qui n'ont pas été
greffés.
M. Morren s'est trop hâté, je le crains, pour poser des con-
clusions en faveur de l'influence delà greflè. Aux «résultats
qui ont été répétés, dit-il, plusieurs centaines de fois, » je
pourrais opposer des milliers de résultats obtenus et répétés
chaque année sur plusieurs-centaines d'espèces et variétés, et
qui établissent aussi, d'une manière incontestable, C]ue la
greffe n'exerce aucune influence sur le sujet, pas plus que le
sujet sur la greffe. S'appuyer sur des panachures, surtout des
panachures de malvacées, pour consolider les principes de cette
influence, élaborés en Allemagne, c'est s'appuyer sur une
chose plus fragile encore que la fragilité humaine.
F. Heringq.
OBSERVATIONS SUR UN DIOSPYROS DE LA CHINE
A FRUIT COMESTIBLE.
Le Garclenefs Chronicle, dans son numéro du 8 janvier der-
nier, a publié une lettre très-intéressante de M. Decaisne que
(1) 1869, 3* trimestre, page 494.
— Te-
nons ci'oyons devoir reproduire, car elle concerne une espèce
de Diospyros ou Plaqueminier à fruit comestible propre au
climat du nord de l'Europe, et qui a été confondu par un cer-
tain auteur avec le Diospyros k'aki. En voici la traduction :
F. H.
Monsieur,
Vous avez si souvent et avec tant de raison appelé l'attention
de vos lecteurs sur le tort que causent à l'horticulture les
noms incorrects donnés aux plantes, que je vous demande la
permission d'appeler l'attention sur une de ces erreurs^ pour
qu'elle puisse être corrigée aussi promptement que possible.
Dans le numéro d'août i869 de la Revue horticole, p. 284,
a été insérée une note sur la floraison et la fructification, au
Muséum, d'un Diospyros, auquel l'auteur de l'article donne le
nom du vrai Diospyros kaki. Ce prétendu vrai Kaki difi'ère
considérablement de l'espèce décrite par Ksempfer, qui est
un arbuste appartenant aux régions chaudes et tempérées de
la Chine. La plante cultivée en plein air au Muséum est, au
contraire, une espèce de la Mongolie et du nord de la Chine
qui a été décrite, il y a déjà 40 ans, par M. de Bunge, sous le
nom de Diospyros Schi-tse, h la page 42 de l'énumération des
plantes du nord de la Chine. Elle est connue à Pékin sous le
nom de Kai-tsame-Tsen.
L'auteur de l'article publié par la Revue, ayant appris que la
plante cultivée au Muséum n'était pas le vrai Kaki (1) lui donna
aussitôt le nom de Diospyros costata, comme s'il s'agissait réel-
lement d'une nouvelle espèce, kii appliquant, en outre, un nom
fort mal choisi, puisqu'il indique un état anormal du fruit.
C'est ainsi que le même auteur a, en peu de mois, donné deux
noms àlamême plante, et commis conséquemment deux graves
(1) C'est le professeur de culture qui le prévint bienveillamment qu'il avait
fait confusion. F. H.
— 77 —
erreurs : l'une en enregistrant la fructification, sous le climat
de Paris, d'une espèce originaire de contrées chaudes, l'autre
en donnant un nom nouveau à un arbre décrit avec grand
soin il y a 40 ans (1831). Le Diospyros Schi-tse, de Bunge, dif-
fère sous beaucoup de rapports du D. kaki; ses feuilles sont
complètement glabres, de forme elliptique, courtement acumi-
nées ; ses fleurs sont solitaires ; le calice est soyeux dans la partie
cachée par le fruit qui atteint souvent le volume d'une grosse
Pêche, et qui est de couleur brun orange ou rouge foncé. Ces
fruits, comme le remarque M. Bunge, contiennent de 8 à 12
graines, ou, plus communément, sont complètement dépourvus
de noyaux, ce que constatent les lettres que j'ai reçues de Chine
de MM. Eugène Simon et A. David, qui m'ont, en outre, adressé
des dessins de ce fruit. Je n'aurais pas pris la peine de relever
ces erreurs, si elles ne faisaient pas un tort réel à l'horticul-
ture, et si elles n'étaient pas de nature à égarer les amateurs,
en leur faisant considérer la culture du D. kaki comme propre
à réussir dans le nord de l'Europe. Comme je crois que le Dios-
pyros Schi-tse est le seul qui soit suiïisamment rustique pour
prendre rang parmi les arbres fruitiers de l'Europe septen-
trionale, j'ai jugé qu'il élait à propos de publier le vrai nom
sous lequel il devait être désigné et propagé. On doit laisser
le fruit du Diospyros Schi-tse complètement blettir avant de le
manger ; son goût rappelle celui de la marmelade de Prunes
ou d'Abricots. On en consomme de grandes quantités à Pé-
kin, où le Kaki ne peut parvenir à maturité.
J.Decaisne,
Professeur de cullurc au Muséum. (Jardiu
des plantes de Paris.)
— 78 --
TAGSONIA ERIANTHA (PI. III).
Cette magnifique plante, de la famille des Passiflores, que
M. Bentham .considère comme une espèce nouvelle, a été dé-
couverte de 1841 à 1843 par le voyageur botaniste Tliéodor
Hartweg, collecteur de la Société horticulturale de Londres, qui^
à cette époque, explorait les régions australes de l'Amérique,
comprenant les provinces de Guayaquil , les montagnes de
Loxa, les Andes de Quito, la Nouvelle-Grenade, particulière-
ment les environs de Bogota et les bords de la Madeleine.
Hartweg ne l'avait observée que cultivée dans les cours et
jardins de Quito, et jamais à l'état sauvage. Il ne paraît même
pas l'avoir introduite vivante en Europe, car ce n'est c[ue dans
ces dernières années que le commerce anglais l'a propagée et
qu'elle a passé le détroit ; elle est actuellement chez les hor-
ticulteurs français qui tiennent la nouveauté.
Son introduction, à l'état vivant, est due au professeur Ja-
messon, qui l'.a trouvée sauvage dans les forêts des Andes
tempérées de la Nouvelle-Grenade, près du volcan de Pi-
chincha, entre 3,300 à 4,300 mètres d'altitude. On peut la con-
sidérer comme acquise à la serre tempérée et même au jardin
d'hiver.
Comme aspect et comme couleur de fleurs, le Tacsonia
eriantha ressemble beaucoup à l'ancien Tacsonia mollissima ;
oh serait tenté de dire que c'est lui. Si le. professeur Jamesson
ne le décrivait pas comme une plante a native of the volcano
of Pichinclia, » j'en ferais hardiment une simple variété
sortie du T. mollissima, qui est très communément cultivé
dans les jardins de Quito . Quoi qu'il en soit, voici ce qu'il est :
Sa tige est grimpante, glabre, anguleuse, garnie de feuilles
alternes, munies de stipules comme demi-circulaires dentées et
terminées par une arête. Le pétiole, qui mesure 4 centi-
mètres environ de longueur, porte, vers son sommet, 2, 4 eut)
_. 79 —
glandes ; le limbe est large de 16 à 18 centimètres et profondé-
ment partagé en trois lobes ovales bordés de petites dents cal-
leuses; la face supérieure est glabre, et l'inférieure, tomen-
teuse^ blanche entre les nervures, est marquée d'un élégant
réseau noirâtre. Les fleurs sont solitaires à l'aisselle des
feuilles: elles sont portées par un pédoncule long de 3 à 4
centimètres, garni, à son sommet, de bractées foliacées soudées
entre elles, longues de 3 centimètres, tomenteuses, blanches et
veinées comme la face inférieure des feuilles. Le calice a un
tube cyhndrique long de 10 à 12 centimètres, d'un beau vert
clair^ et qui est couronné par 5 divisions oblongues d'une
belle et fraîche couleur rose, avec une large nervure dor-
sale vert jaunâtre. Les cinq pétales sont similaires, c est-à-dire
qu'ils ressemblent aux divisions calicinales, moins la nervure
dorsale verte qui n'existe pas. Ouant à la couronne qui garnit
la gorge, elle n'apporte rien à l'éclat de la fleur ; elle est
composée de petites écailles qui ne peuvent intéresser que le
botaniste. Il n'en est pas de même des étamines à anthères d'or
et de l'ovaire surmonté de ses trois clous pistillaires ; ce
sont des accessoires charmants qui ajoutent à la beauté de cette
magnilique et curieuse tleur.
Le Tacsonia erianlha ne manquera pas d'amateurs et d'ad-
mirateurs.
La culture du Tacsonia moUissima s'applique^ en tout point,
d ce nouveau venu. Il pourra certainement supporter la pleine
terre dans les jardins du midi de la France ; mais, sous le
climat de Paris, il lui faudra l'abri d'une terre tempérée ou
d'un bon jardin d'hiver.
En général, les Tacsonia sont tous de magnifiques plantes
d'ornement ; malheureusement ils fleurissent très-rarement
en Europe. Ce n'est pas par suite de tempérament délicat,
bien au contraire ; ce sont des plantes très-rustiques qui crai-
gnent la trop forte chaleur. C'est la haute température qu'on
— 80 —
leur applique généralement qui nuit à leur floraison et qui
détermine l'enYahisseraent des poux collants.
Pour en obtenir une belle végétation, une floraison assu-
rée et brillante, il faut les planter en pleine terre dans une
serre ou jardin d'hiver tempéré, dans la partie la mieux
éclairée et bien ventilée. En leur donnant, en outre, une bonne
terre mêlée de terreau de feuilles et de fréquents seringages
pendant la belle saison, on peut être assuré d'un plein succès.
Il va sans dire qu'il faut les rabattre tous les ans pour éviter
l'encombrement.
Le meilleur mode de multiplication est le bouturage ; on
tient les boutures étouffées sous cloche et sur couche chaude.
0. Lesguyer.
PLANTES NOUVELLES.
Vanétés iardiniires.
Pétunia. On doit à M. Rendatler, de Nancy, une belle série
de variétés de cette plante. Les variétés à fleurs doubles den-
telées sont : Emile Hafarin, blanc de neige pur avec les lobes
frangés ; Jlplwnse Carême, plante naine, rose vif carminé,
taché et rubané d'argent ; Canal de Suez, semi-double blanc
porcelaine, avec centre orné d'une rosace maculée violet j
Eléonore, blanc taché de violet ; Kœichen Buchner, blanc ma-
culé lilas ; M"'^ de Mazure, rose groseille des Alpes, bordée
de blanc avec reflets carminés. Les doubles non dentelées
sont ; Ami Cosle, blanc avec réseau rose ; Elise Rochefort, blanc
rayé violet pourpre ; F. Herincq, blanc bordé et réticulé de
couleur mauve ; Gerson, blanc avec larges macules rose cent
feuilles ; Gustave Lambert, rose tendre veiné réticulé carmin
et moucheté de blanc ; Joséphine Scheurer, blanc taché de hlas,
avec cercle blanc ; Lambliu, violet sablé blanc ',Léon Lapré-
— 81 —
t'Oie, amarante velouté, strié, veiné, réticulé cramoisi sur fond
blanc ; Malesherbes, rose foncé ombré violet; Marie Van Houtte,
blanc nuancé de rose ; Meyerbeer, beau rose cent feuilles liséré
blanc ; Minerve, lilas rosé, veiné et réticulé de cramoisi, ma-
culé blanc ; M. Gazel, blanc avec larges taches groseille, et
pétales ornés d'une large macule carmin ; M'"" Gebhard, cen-
tre blanc largement bordé violet pensée, liseré blanc ;
M""' Motel, lilas clair, bordé blanc, centre violet pâle ;
M. Burdin aine, rouge cocardeau, centre pourpre ; Stanislas,
pourpre foncé à reflets violet, légèrement maculé de blanc.
Ses variétés à fleurs simples sont : Brillant, Buffon, César,
Charles Geoffroy, Raphaël, Tapageur, Ulysse.
M. Crousse, de Nancy, en met aussi au commerce plusieurs,
savoir : dans les fleurs doubles : Gloire des Pétunia, fleur énorme
blanc carné nacré, avec centre maculé d'un riche pourpre
velouté^ à pétales profondément laciniés ; Henri Delesalle,
rouge violet foncé fortement maculé et bordé blanc ; Jean
Bose, blanc glacé avec quelques pétales maculés de lilas ;
Wilhelma, rose vif fortement carminé, marginé blanc, à centre
rouge foncé ; '^William Bollisson, blanc à pointes vertes lavé çà
et là d'une teinte rose carné. Dans les fleurs simples ce sont :
Enchanteur, Léon Garnier, le Progrès.
On doit à M. Delesalle, horticulteur àThumesnil, près Lille,
les Pétunia à fleurs doubles : Talma, Caprice des dames,
Augustine Bernard, Admiration, Cupidon, M°" Jouveneaux,
Florian, M. Gelein, Lowagie, Aurélie Blomir et Guillaume
Aussens.
Les Pétunia muUijlores ou. Lilliput, forment une race naine .
et ramifiée, à petites feuilles , à fleurs petites, nombreuses
et très-mignonnes.
M. Bruant, de Poitiers, s'est appliqué à perfectionner cette
' race, et il en annonce de nouvelles variétés; celles à fleurs
doubles sont : Sportsman, amarante vif, maculé blanc; Charme,
Mars 4 870. (i
— 82 —
lilas réticulé pourpre, bordé blanc lilacé ; Satin blanc,
blanc de satin brillant ; Berthe Fer té, corolle extérieure cra-
moisi pourpre très-largement étoile blanc pur, avec rosace
centrale pourpre ; Vélocipède, pourpre intense largement ma-
culé blanc ; Olympe Dardenne, pourpre vif, strié longitudinale-
ment et bordé de blanc. — Les variétés lilliputiennes à fleurs
simples sont : Constellation, Unique, Délicieux, et Muscadin.
M. Bruant annonce, en outre, les variétés à grandes fleurs
doubles : Conseiller Ravaud, Jean Sisley, Patrie, Fashionable,
Baudry et Hamel, la Neige, Trophée, Marquise de Faucher,
Jules Menoreau. — Ses variétés à fleurs simples ont pour
nom : Pégase, Diadème, Voie lactée et Héro.
Ern. BoNAUD.
[La mite au prochain numéro.).
Le DISA GRANDIFLORA
ET LES ORCHIDÉES DE SERRE FROIDE.
Dans un voyage que j'ai fait l'été dernier, en Allemagne et
en Hollande, j'ai été très-surpris de voir des Orchidées culti-
vées sur les fenêtres, comme on cultive ici, en France, la Gi-
roflée et la Jacinthe. L'espèce la plus répandue est celle qui
porte le nom de Disa grandi flora. C'est une des plus belles
Orchidées,! par ses magnifiques fleurs de couleur éearlate vif.
J'en ai vu de très-beaux pieds, chez un horticulteur d'Amster-
dam, M. Groenewegen, qui venait d'en recevoir directement
un fort envoi du cap de Bonne-Espérance. Sa culture est
des plus faciles : on la plante dans de la terre de bruyère
mêlée de terre tourbeuse et de sphagnum, et l'hiver on la
rentre simplement en serre froide. C'est une plante très-recom^
mandable.
En Angleterre, la culture des Orchidées de serre froide est
également en grande vogue, et les résultats objtenu^, en Bel-
83 -
gique, dit M. Linden, de Bruxelles, sont réellement merveil-
leux. Telles espèces, cultivées en principe dans la serre
chaude où elles ne produisaient que des hampes chétives et
des fleurs réduites de moitié, deviennent méconnaissables par
leur beau développement, lorsqu'on les soumet à une tempé-
rature analogue à celle des hautes régions de la chaîne des
Andes.
La culture en serre froide, c'est-à-dire chauffée à la tempé-
rature des Camellia, produit une floraison et une végétation
plus puissantes que celles obtenues en haute serre chaude,
et elle a l'avantage de permettre aux amateurs de circuler
dans la serre sans craindre les transitions subites de tempé-
rature si dangereuses pour la s;mté.
Voici, d'après M. Linden, de Bruxelles^ et M. William Bull,
de Chelsea (Angleterre), un choix d'espèces qui conviennent
particulièrement [)Our la culture en serre froide.
Nous pourrions citer encore beaucoup d'autres espèces ;
mais nous croyons qu'avec la liste que nous avons dressée,
les amateurs pourront trouver de quoi garnir une serre froide
d'une certaine étendue; espérons que la culture des Orchi-
dées obtiendra en France la même vogue qu'en Angleterre et
dans les pays voisins.
Aerides Warneri.
Anguloa eburnea.
Arpophyllum spicatum.
Barkeria melanocaulon.
^ — Skinneri.
— spectabiHs.
Brassavola glauca.
— nodosa.
Brassia cinnabarina.
— cinnamomea.
— verrucosa major.
Calanthe veratrifolia.
Cattleya Acklandiae.
— citrina.
— crispa.
— guttata.
— labiata .
— maxima.
— Mossiae.
— Skinneri.
— Trianaae.
~- — splendens.
— 84 —
Cœlogyne cristata,
— speciosa.
Cymbidium Mastersii.
Cypripedium barbatum.
— — superbum.
— concolor.
— Fairrieanum.
— hirsutissimum.
— Hookeri.
— insigne,
— — Maulei.
Cypripedium purpuratum,
— Pearcei.
— venustnm.
Dendrobium calceolaria.
— chrysanthum.
— speciosum .
Didactyle meridensis.
— Iripetala.
Epidendrum atro - purpu-
reum.
— Brassavolae.
— campylostaiix.
— erubescens.
— prismatocarpum.
— Sophronitis.
— verrucosum.
— virens .
— virgatum.
— vitellinum.
Eriopsis biloba.
Laelia acuminata.
— alba.
Ltclia autumnalis.
— furfuracea.
— majalis.
— Perrini.
— superbiens.
Lycaste aromatica.
— aurantiaca,
— balsamea.
— costata.
— cruenta.
— Deppei.
— lanipes.
— macrophylla.
— Reichenbachi.
Masdevallia civilis .
— coccinea.
— leontogiossa.
— ochthodes.
— obscura .
— pumila.
Maxillaria acutipetaia.
— leptosepala.
— luteo-alba.
— nigrescens.
— ochroleuca.
— pic ta.
— splendens.
— venusta.
— tenuifolia.
Meiracyllium Sophronotis.
Mesospinidium sanguineum.
Nasonia punctata.
Odontoglossum Alexandra?.
85 —
Odontoglossum Alexandrie
var. TriaïifBi.
— — var. Bowmanni.
— angustatum.
— astranthum. '
— auro-piirpureiim .
— .bictoniense.
— brevifolium.
— cariniferum.
— Gervantesii .
— cirrosum.
— citrosmiim.
— conslrictuii).
— cordatum ..
— cristatum.
— crocatiim.
— coronarium.
— ■ densiflorum.
— gloriosurii.
• — grande.
— Halli.
— Krameri.
— lœve .
— Lindleyanum.
— luteo-purpureum.
— maculatum.
— membranaceum.
— myanthum.
— naevium.
— nebulosuni.
— odorat um.
— pardinum .
— Pescatorei.
Odontogloss. phaloenopsis.
— prasinura.
— pulchellum.
— radiatum.
— ramosissimum.
— Riche nheimi.
— roseum.
— Schlieperianiim.
— Schlimi.
— stellatum.
— triumphans .
— Cro-Skinneri .
— zebrinum.
Oncidium abortivnm.
— abruptum.
— acinaceum.
— andigenum .
— aurosum.
— bifolium.
— calanthum.
— crispum.
— cucuUatum.
— falcipetalum.
— hastalum.
— incurvum.
— le.ucochilum.
— linguiforme.
— macranthum.
— nubigenum.
— ornilhorynchum.
— phalœnopsis.
— serratum.
— splendidum.
— 86
Oncidium superbiens.
Pleione Wallichianca .
Restrej)ia antennifera .
Sobralia dichotoma.
— lilacina.
— macrantha.
— rosea.
— Ruckeri.
— violacea.
Sophronitis cernua.
Sophronitis coccinea.
— grandiflora.
— violacea .
Trichoceroa muralis .
— platyceros.
Trichopilis maculata.
— sanguinolenta.
— suavis.
— tortilis.
— Tiirialvœ.
Eug. DE Martragny
DE LA GRAINE ET DES SEMIS.
Tout être organisé, animal ou végétal, naît d'un œuf, du-
quel il sort après un temps plus ou moins prolongé d'incuba-
tion, ou autrement dit de couvage.
L'incubation de l'œuf est tantôt interne ou sur la mère même,
et alors l'individu apparaît débarrassé de son enveloppe ; c'est
ce qui arrive pour les êtres dits vivipares. Ce phénomène se
produit dans le règne animal et est particulier aux animaux
mammifères : il est très-rare dans le règne végétal, et encore
doit-on le regarder plutôt comme une monstruosité que comme
un fait naturel. On l'observe néanmoins, très-communément,
chez plusieurs espèces du genre Allium et notamment la Ho-
cambolle, l'Ail, VEchalotte dont les inflorescences sont garnies
de nombreuses petites bulbilles qui opèrent, souvent, leur pre-
mier développement ou germination sur la plante mère; on
en trouve encore un exemple chez certains sujets du Poa bul-
bosa, qui portent, au sommet de leurs tiges, des petites plantes
germées en guise de fleurs, etc.
D'autres fois l'incubation est externe, c'est-à-dire que
— 87 —
l'œuf est d'abord expulsé de l'individu mère, et ensuite couvé,
ou, autrement dit, placé dans des conditions favorables à
l'accomplissement de certains phénomènes vitaux, pour dé-
terminer l'éclosion ; c'est ce qui a lieu chez les oiseaux, les
poissons, et pour toutes les plantes. Tous les êtres qui nais-
sent ainsi, sont appelés^, pour cette raison, des êtres ovipares.
Dans le règne animal, c'est la mère qui couve ses œufs; dans
le règne végétal, c'est la terre qui est la couveuse.
Pour l'œuf animal, la chaleur est le seul agent nécessaire à
l'accomplissement du phénomène de l'éclosion ; et chacun sait
" que l'œuf qui subit un refroidissement, par l'abandon trop pro-
. longé de la couveuse, ne parvient pas au but final : l'animal
meurt dans la coquille.
La graine ou œuf végétal exige aussi, pour germer ou
éclore, une certaine somme de chaleur ; mais, en outre, il lui
faut de l'air et de l'humidité proportionnés au degré de la
température du sol, et, comme l'œuf animal, elle ne germe pas
si elle subit une trop grande fluctuation dans les degrés de cha-
leur, d'air et d'humidité. De même, un milieu trop chaud
sans humidité dessèche et tue le germe. Sous l'influence
d'une grande sécheresse, les phénomènes chimiques qui doi-
vent préparer les aliments au jeune embryon ne se produisent
pas, et le germe meurt ainsi d'une sorte d'inanition au milieu
de l'abondance. Enfin trop d'humidité décompose ou fait pour-
rir la graine, sans provoquer le moindre développement du
germe qui meurt de la putridité.
11 importe donc, comme on voit, de placer œufs ou graines
dans le milieu qui convient à chacun d'eux, et de les y
maintenir, avec le moins possible de variations, jusqu'au jour
de l'éclosion ou de la germination.
Mais, s'il suffit de placer un œuf sous une couveuse pour en
obtenir cette éclosion, il ne faut pas croire que la chose soit
aussi simple pour déterminer la germination de la graine."
— 88 —
Le même milieu ne convient pas à toutes les graines ; car
toutes n'ont pas la même structure. Elles diffèrent essentielle-
ment suivant les espèces auxquelles elles appartiennent ; de là
des conditions différentes pour l'accomplissement des phéno-
mènes précurseurs de la germination ; delà, aussi, naturelle-
ment, des milieux différents pour faire les semis. Or, ou ne peut
connaître le milieu qui convient spécialement à telle espèce de
graine, qu'en connaissant bien sa structure intérieure. Par
conséquent, une petite promenade dans le domaine de la
science, avant d'abandonner nos graines à leur couveuse, ne
peut que nous aider à trouver^ d priori, les meilleures condi-
tions de germination qui conviennent à chacune de celles que
nous pourrons avoir à confier à la terre ; nous allons faire cette
promenade pittoresquement, le moins ennuyeusemenk possible.
Donc, ce bel' arbre qui est là-bas, au fond de votre jardin,
et dont la cime dépasse de beaucoup le mur de clôture, pro-
vient de bien peu de chose ; il a cela de commun, du reste, avec
nous, grands orgueilleux que nous sommes ; vous ne vous en
doutez pas. Voici son origine et son histoire :
Il était une fois un bel et grand arbre appartenant à la même
espèce que le vôtre, et qui était tout couvert de fleurs. Une
d^elles toutefois n'était pas encore épanouie ; le bouton était
même très-petit. Néanmoins il contenait un ovaire, au fond du-
quel on pouvait distinguer, avec une forte loupe, un tout petit
mamelon, plein comme une pomme de terre, et composé de
myriades de cellules invisibles à la loupe, mais que le micros-
cope montrait toutes semblables entre elles. Quelques jours
après, le bouton ayant grossi, on vit que le mamelon s'était
un peu allongé, et, vers sa base, on apercevait, à l'aide de la
loupe, comme une sorte de bourrelet circulaire ; un peu. plus
tard, il offrait un second bourrelet au-dessous du premier.
Ces deux bourrelets n'étaient pas — comme bien on pense —
pour le garantir contre les chutes qu'il pourrait faire; ils
— 89 —
étaient les premières ébauches des deux espèces de sacs qui
devaient constituer plus tard l'enveloppe de la graine.
En effets huit ou dix jours après, le petit mamelon avait dis-
paru; les deux bourrelets s'étaient allongés en s'amincissant,
et tellement allongés qu'ils formaient comme deux fourreaux
emboités l'un dans l'autre et ^ enveloppant complètement le
mamelon^ excepté son sommet ; on l'apercevait par un tout
petit trou qu'avaient laissé les deux fourreaux ou enveloppes,
et que les botanistes ont nommé micropyle.
Ainsi, ce petit mamelon que nous avons vu complètement
nu au début, s'était vêtu en quelques jours — qu'on me passe
cette comparaison pittoresque — d'un gilet de flanelle et d'une
chemise ; seulement il avait mis le tout par dessus sa tète,
et c'est l'ouverture du col, de ces deux vêtements, qui a constitué
le micropyle. Dans cet état, il était ce qu'on appelle un ovule ;
c'est la première enfance de la graine. Comme chaque chose
doit avoir un nom pour mieux la désigner quand on en parle,
M. Mirbel a nommé pri7nine% fourreau extérieur ou che-
mise; et secondine, le fourreau intérieur ou gilet de flanelle.
Quant au mamelon ainsi renfermé dans sa double enveloppe,
on l'appelle ou niicleus ou nucelle , ce qui veut dire noyau.
Jusque-là ce mamelon nucellaire était resté plein; mais aus-
sitôt qu'il fut enveloppé de toute part, il se fit en lui uiie sorte
de révolution : une des cellules qui le composaient — la cel-
lule la plus centrale — prit tout à coup un très-grand déve-
loppement; elle absorba celles qui l'entouraient, refoula les
autres vers la circonférence, et ili en est résulté, que ce ma-
melon interne ou noyau s'est trouvé creusé et composé alors :
d'une épaisse membrane que M. Mirbel appelle tercine, d'une
cavité centrale tapissée par la paroi même de cette grande
cellule nommée quiniine par le même auteur, et sac embryon-
naire par M. Adolphe Brongniart.
Mais la quartine, va-t-on dire, où est-elle? Elle est seule-
— 90 -
ment dans le beau mémoire de M. Mirbel sur l'ovule ; comme
la planète Leverrier, nul n'a encore pu l'apercevoir ailleurs.
Il n'y a donc pas de honte à se tromper, puisque, quand on se
trompe, c'est, comme on voit, en illustre compagnie.
Le moment où le sac embryonnaire se formait était aussi
le moment où le bouton s'ouvrait. On s'aperçut alors que l'in-
térieur de ce sac était rempli d'un liquide plus ou moins dense
nommé liquide protoplasmique, et que son sommet, corres-
pondant au micropyle ou petit trou des enveloppes primine et
secondine, était occupé par deux petites cellules accolées l'une
à l'autre. Voilà, mon cher lecteur, l'origine de votre bel arbre
de là-bas. C'est, en effet, une de ces deux cellules, nommées
vésicules embryonnaires, qui est devenue lui. Vous voyez qu'il
provient de bien peu de chose. Mais comment s'est opérée cette
fameuse transformation? demanderait-on. Très-simplement,
comme opère toujours la nature.
A peine la fleur était-elle épanouie, que les anthères s'ouvri-
rent et laissèrent échapper le pollen. Un grain alla tomber sur
le stigmate ou tète de l'ovaire, et là, au dire des savants, il
aurait émis un tube qui s'est allongé, allongé, allongé, en
pénétrant au travers du tissu conducteur, qui remplit le cou de
l'ovaire, scientifiquement n^ommé style, et serait parvenu jus-
qu'au sommet de la cavité ovarienne où résidait l'ovule muni
de ses deux vésicules embryonnaires. Arrivé là, l'extrémité de
ce tube pollinique aurait cherché le micropyle; l'ayant trouvé,
toujours au dire de la science officielle, il s'y serait engagé, et,
rencontrant enfin le point où se trouvaient les deux vésicules
embryonnaires, il l'aurait touché plus ou moins délicatement,
selon les auteurs, en prononçant ces paroles adressées aux sus-
dites vésicules : « Je vous apporte la vie ; allez, croissez pour
muitipher ! y>
A partir de ce moment, on vit, en effet, se produire le triste
phénomène de l'absorption du plus faible par le plus fort. De
— 91 --
même que Caïn tua son frère Abel pour n'avoir plus à partager
la nourriture avec lui, de môme une des vésicules embryonnai-
res absorba l'autre pour n'avoir pas à partager l'aliment proto-
plasmique qui, alors, s'organisa en cellules tout autour d'elle
pour former le fœtus végétal, c'est-à-dire l'embryon.
A mesure que cet embryon s'organisait ainsi, on vit la tleur
perdre de sa fraîcheur, et l'ovaire grossir ; la corolle se tlé-
trissait de plus en plus ; elle finit un jour par se dessécher et
tomber; l'ovaire devint un peu plus tard fruit, et l'ovule
devenait graine renfermant dans son sein la petite plantuliî
parfaite qui est devenu ce grand arbre ! ! !
N'est-ce pas que c'est beau le travail de la nature! et comme
l'étude des phénomènes qui président à la création d'une plante
la plus insignifiante est bien autrement intéressante que l'étude
de toutes ces impuretés littéraires, artistiques et théâtrales, dans
laquelle se plonge, néanmoins, l'immense majorité delà géné-
ration actuelle ! Et dire qu'il y a des gens qui osent demander:
((. A quoi que ça sert de Connaître la botanique? » Maliieureux !
qui ne connaissez que les joies du patinage sur le lac d'un
bois de Boulogne quelconque, et qui demandez au théâtre du
Châtelet ou autre l'ahment nécessaire au développement de
votre intelHgence, je vous plains de tout mon cœur. Le spec-
tacle qu'offre l'étude de la botanique développe bien autres
ment les facultés intellectuelles, et il n'altère ni les nobles
sentiments du cœur, ni la salubrité du corps !
F. Herincq.
{Lo suite ou prochnin numéro).
NOTIONS DE TAILLE SANS PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
Les professeurs et auteurs de livres sur la taille des arbres
fruitiers s'empressent, plus que jamais, de faire intervenir la
— 92 —
fameuse formvile : ce d'après les lois sublimes de la physiologie
végétale », pour donner une petite teinte scientifique à leur
enseignement. Ils ignorent que le mot lois effraye toujours les
plus paisibles et les plus honnêtes amis de Pomone, qui trem-
blent alors de voir apparaître un huissier porteur d'une feuille
de papier timbré ; car la vue d'un huissier dans l'exercice de ses
fonctions n'a jamais été une vue très-agréable pour les timides
et les innocents. Mais ils sont bien autrement eîTrayés^, les braves
gens, quand les mots « physiologie végétale d viennent ensuite
frapper leurs oreilles : ils blêmissent et sont pris tout à coup
de tremblements nerveux. La membrane du tympan perçoit
bien encore les sons qui sortent de la bouche du professeur,
mais il y a un tel trouble au siège de rintelligence, qu'il leur
est impossible de saisir le sens des mots : ce n'est, dans leur
tète, que chocs et contre-chocs, confusion, désordre, obscurité.
Cet état gagne le professeur ou l'auteur qui se met alors à
divaguer et à ne plus se comprendre.
J'ai toujours regretté cette manie, des tailleurs d'arbres, de
faire intervenir ainsi des lois scientifiques mal assises et sou-
vent en opposition avec les faits acquis; ils ne font que produire
l'obscurité autour des opérations qu'ils enseignent, quand ils
ont affaire à des personnes intelligentes^ et ils développent un
orgueil démesuré chez les intelligences ohtiisiuscules, autrement
dit bornées, qui ne retiennent qu'une chose de ce grand attirail
de fausse science, la formule mémorable : « d'après les lois
de la physiologie végétale » ; et Dieu sait à combien de mau-
vaises sauces ils la mettent !
De braves et modestes garçons jardiniers m'ont souvent
avoué leur répugnance à ouvrir un livre pour apprendre la
lailledes arbres. Dès les premières pages, ils éprouvent, disent-
ils, un tel dégoût de tout ce pathos physiologique, qu'ils jettent
au loin le livre et continuent de s'en rapporter au hasard pour
tailler les arbres qui leur sont confiés. C'est aussi l'aveu que
— 93 -
font journellement des amateurs sérieux, qui voudraient se
livrer à l'exercice si agréable et si hygiénique de l'horticulture ;
mais ils sont effrayés et battent en retraite devant les grands
mots et les grandes phrases embrouillées des auteurs et des
professeurs d'arboriculture. Il y a cependant moyen d'enseigner
simplement, clairement et brièvement la taille des arbres frui-
tiers.
Profitons de la saison pour le démontrer.
La taille des arbres fruitiers a pour but de faire produire de
beaux fruits en moyenne quantité ; de maintenir la fertilité des
arbres et de réduire leur dimension, sans nuire à leur produc-
tivité, pour pouvoir en planter le plus possible sur une étendue
de terrain limitée. Le problème ainsi posé est facile à résou-
dre, sans recourir aux principes douteux de la physiologie.
L'arbre fruitier, avant sa première fructification, se décom-
pose ainsi : 1" la flèche ou la tige qui constitue l'axe même de
l'arbre; i2^ les branches dites charpenlières, qui naissent de
l'axe ou delà flèche, et qui forment la charpente de l'arbre sur
laquelle se développent cinq sortes de production : les rameaux
à bois, les brindilles, les dards, les lambourdes et les ro-
settes.
Pour mettre un arbre à fruits voici ce qu'il faut faire :
Etablir d'abord les branches charpentières tout autour de la
flèche aussi régulièrement que possible, pour former une pyra-
mide, ou sur deux lignes opposées pour une palmette ; ces
branches, dans les deux cas, doivent être toujours simples et
fortement espacées, surtout dans les pyramides, afin que l'air
et le soleil puissent pénétrer jusque dans l'intérieur de l'arbre.
Tout œil d'une branche charpenLière peut devenir ou
rameau à bois, ou production fruitière; c'est la taille qui
détermine ce qu'il sera. Une branche vigoureuse, dont l'œil
terminal seulement est supprimé par la taille, offre à la première
pousse le phénomène suivant : les 2 ou 3 yeux supérieurs se
développent en vigoureux bourgeons à bois ; les yeux qui vien-
— 94 —
nent en dessous ne produisent que des petits bourgeons plus
ou moins longs et grêles : ce sont de futurs rameaux fruitiers ;
les plus longs sont les brindilles, les plus courts très-pointus
sont des dards ; à la suite des dards se forment quelques petits
bouquets de feuilles nommés rosettes, puis, dans toute la por-
tion inférieure, les yeux ne se développent plus; ils sont plus
ou moins gonflés ; ceux de la base sont à peine visibles, ce
sont eux qu'on appelle des yeux latents.
Toutes ces productions ne subissent pas la taille. Voici
comment on doit traiter chacune d'elles ;
Avant de taiiler le rameau supérieur, qui doit prolonger la
branche charpentière ou bien la flèche, il faut se rendre bien
compte de la vigueur de l'arbre, par l'examen du nombre d'yeux
qui se sont plus ou moins développés pendant la végétation de
l'année précédente. Si la portion du rameau de prolongement
a été taillée sur le 10* œil — ^ je suppose — et qu'il n'y ait que
les cinq supérieurs qui se soient développés, c'est un indice
que l'arbre n'est pas assez vigoureux pour être taillé aussi
long ; car il faut que tous les yeux se développent, afin que, plus
tard, la branche se trouve garnie parfaitement, de sa base à
l'extrémité, de productions fruitières. Donc, si sur 10 yeux,
5 seulement se sont développés, il faut tailler la fois suivante
le rameau de prolongement sur le 5^" ou le 6^ œil, en comptant
naturellement de la base. Pour la flèche, tous les yeux doivent
se développer en bourgeons à bois; il faut donc tailler plus
court que pour la branche de charpente, et aider, par un moyen
artificiel, le cran ou l'incision, l'évolution des yeux de la base.
Tous les autres rameaux à bois qui se trouvent en-dessous
du rameau de prolongement des branches charpentières doi-
vent être supprimés : on les taille alors sur l'empâtement qui
possède des yeux latents, lesquels produiront des brindilles ou
des dards.
Les brindilles qui viennent en dessous des rameaux à bois
ne doivent jamais être taillées ; on casse les plus longues sur
— 95 —
le quatrième ou sur le cinquième œil, suivant leur vigueur ;
on ne touche pas à celles qui n'ont que quelques centimètres
de longueur ; ces brindilles se transforment, en 2 ou 3 ans, en
branches fruitières.
On ne taille jamais non plus les dards, qui deviennent des
lambourdes; l'œil terminal, d'abord pointu, se gonfle les années
suivantes et devient bouton à fruits. Donc respect aux dards et
aux lambourdes .
Il faut aussi ne point abattre tous les yeux portés sur un
petit pied et qui garnissent la portion inférieure des rameaux ;
ce sont les yeux des rosettes qui ne tardent pas non plus à
porter fruits.
Après la première fructification, les lambourdes se gonflent
au sommet et se couvrent de petits yeux qui tous se transfor-
ment en boutons à fruits ; mais, pour cela, il ne faut pas tailler
ces lambourdes, autrement les yeux restants s'allongeraient
en grêles brindilles. Donc respect aux lambourdes qui ont
donné leurs fruits ; elles se ramifient et constituent ce (|u'on
appelle alors des bourses.
A partir de ce moment, la fertilité de l'arbre est assurée. Si
plus tard les bourses deviennent monstrueuses par la ramifica-
tion et trop productives, on en supprime une partie, mais avec
circonspection, et on taille le sommet de chacune de leurs
ramifications seulement pour les rafraîchir.
En résumé la conduite d'un arbre fruitier consiste :
1 " A tailler les rameaux à bois de prolongement suivant la
vigueur de l'arbre et le nombre des yeux qui se sont développés
à la taille de Tannée précédente;
2" A supprimer tous les gourmands et à tailler sur empâte-
ment tous les autres rameaux à bois ;
3° A casser les brindilles trop longues pour faire transformer
l'œil en bouton à fruits ;
4"* A ne jamais tailler ni casser les dards, lambourdes et brin-
dilles courtes ;
— 96 —
5o A ne tailler les lambourdes que quand les bourses sont
vieilles, trop rameuses et ne donnent plus que de petits fruits ;
6° Enfm, à attendre, pour retrancher du fruit, que les ovaires
soient parfaitement formés, et jamais pendant la floraison, mal-
gré le conseil des maîtres en la matière : il ne faut supprimer
que quand on est certain de ce qu'on a. F. Herincq.
Les travaux de ce mois difl'èrent peu de ceux du mois précédent.
Potager. Ou peut semer maiulenant en pleine terre toutes sortes de légumes,
tels que radis, raves, épinards, laitues, romaines, chicorée d'été, céleris, choux
de Milan et de Bruxelles, brocolis violets, navets hâtifs, betteraves, haricots, pois,
potirons, etc. On plante les laitues, choux-fleurs, concombres, aubergines, etc.,
élevés sur couche; les artichauts, asperges, fraisiers, etc. On sème encore sous
châssis des haricots, melons, choux-fleurs, aubergines, tomates, pour obtenir des
récoltes à différentes saisons.
Jardins fruitiers. On achève la taille des arbres vigoureux, et, vers la fin du
mois, quand les bourgeons ont acquis une longueur de deux à trois centimètres,
on supprime ceux qui sont inutiles ou nuisibles au parfait développement de
l'arbre. On termine les greffes en fente; on veille les arbres en fleurs, afin de les
protéger, par un abri quelconque, des gelées tardives qui peuvent détruire toute
la récolte.
Jardins d'agrément. On repique en place les plantes élevées sur couche; on
continue aussi la plantation des plantes vivaces ; les semis de plantes indiquées
au mois de mars: plus les Belles de nuit, capucines, haricots d'Espagne, lupins,
œillets et roses d'Inde, volubilis, etc. Il faut se hâter de terminer la plantation
des arbustes d'ornement.
Serres. Le soleil commence à prendre de la force; on peut se dispenser de
faire du feu dans les serres. Il faut donner de l'air toutes les fois que le temps
le permet, et arroser en raison de la chaleur et de l'état de végétation des plan-
tes. On pratique les boutures et les greffes de différentes plantes.
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Horticulteur- Cultivateur d'Asperges, de Figuiers et de Vignes,
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l'histoire, la description, la figure des fruits anciens et des fruits moderkes
les plus généralement connus et cultivés,
Par André LEROY,
PÉPINIÉRISTE,
Chevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien présideni
du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d"horticuUure de Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés aericolcs et savantes de la France et de l'étranger.
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. llKRiNcg, Chronique. — GAUitiÈiiE et IIerincq, — Ohsorvalions sur les Dios-
pyros costata el Schi-tse. — David. Noies sur quelques piaules de la Mon-
golie el sur les liiiits du nord de ki Chine. — 0. Lescuyer, Le Goleus Sai-
sonii (l'I. IV) cl choix d'aulrcs vaii lés. — F. Heripscq, La graine cl les semis
(Siiilc). — L.ConniER. Les Pois précoces nouveaux. — Ern. Bonard, Plantes
nouvelles. — Expositions pour 1S70. — Catalogues pour 187U. — X...,
Travaux du mois de mai.
CHRONIQUE
Le printemps ; le Marronnier du vingt mars. Culture géothermique de Saint-
Mandé. Nouvelle apportée par les journaux américains; inlluoncc des chemins
de fer sur les climats et la végétation-, découverte de M . Glaisher, de INdoser-
vatoire de Greenwich ; il abuse de, s-a haute position. Une charade qui n'en
est pas une : le trèfl ;, les chats et Darwin; sublimité scieatiûqae ; com-
menl on fait des théories. La modestie aux prises avec la vérité.
Depuis le 20 mars dernier nous sommes en printemps et
V Abricotier munie était en fleurs depuis déjà 15 jours; c'est
un bien bel arbre. A Paris, ce jour-là, les curieux avaient en-
vahi, de bonne heure, le jardin des Tuileries, pour assister à
réclusion des bourgeons du fameux Marronnier. Mais les
bons Parisiens, quoique armés de tous les appareils possibles
d'optique, ne purent apercevoir la moindre feuille. L'arbre
avait failli à ses habitudes ; il ne portait que de gros bourgeons
qui n'attendaient, il est vrai, qu'un petit rayon de soleil pour
éclore; mais le rayon n'avait pas l'air de se presser.
Un des curieux se récriait, paraît-il : Pourquoi n'a-t-on pas
établi autour un appareil géothermique? il y a longtemps qu'il
serait feuille !
Je tiens ce détail d'un jardinier de la vieille école, qui est
venu me demander ce que c'était que cette chose-là.
— C'est l'art, dis-je, de forcer les plantes en chauffant la
terre au lieu de chauffer l'air comme on foit pour les serres.
Avril 1870. 7
— 98 —
On établit dans le sol d'un jardin, des tuyaux de chaleur qui
font l'office d'une couche defamier; c'est-y-dire qu'ils échauf-
fent la terre, et cette chaleur de fond — comme on dit en jar-
dinage — provoque et active la végétation des plaates .
— Alors, dit mon brave jardinier, c'est ça que fait à Saint -
Mandé un monsieur du jardin des Plantes, dans la propriété
voisine de la mienne?
— Précisément.
En effet, noire collègue M. Hélye vient d'étabhr, sur une
assez grande échelle, à Saint-Mandé, cetLe culture géother-
mique, d'après les idées émises, il y a quelques années, par
M. Naudin. A proprement parler, cette culture n'est pas
nouvelle. C'est la culture sur couche; mais au lieu de pro-
duire la chaleur de fond par le fumier, on la produit à
l'aide de tuyaux qui communiquent avec un appareil de chauf-
fage. Uien denouveau sous le ciel : la couche de fumier rem-
placée par des tuyaux de calorifère, voilà toute la découverte.
Les journaux américains nous en apportent une bien autre-
ment intéressante et qui fait la lumière slu^ ces changements cli-
malériques qu'on observe, depuis quelques années, dans di-
verses régions de notre globuleuse planète.
D'après un grand savant du pays des Yankees, les chemins
de fer seraient positivement la cause de ces changements. Il a
constaté que depuis la construction de la grande ligne de la
Californie, les sécheresses sont moins fréquentes dans les dis-
tricts qu'elle traverse, et que la végétation est bien plus active,
bien plus luxueuse qu'avant. Le même phénomène s'est aussi
produit dans le district occidental de l'Ohio qui est tout ré-
ticulé de lignes ferrées.
Il n'y a pas, comme on voit_, à en douter, et il ne faut plus
rire de nos concitoyens qui mettent sur le compte des chemins
de fer, tous les maux qui aifligent nos végétaux depuis que les
Parisiens vont àSaint-Germain-en-Laye conduits par la vapeur.
— 99 —
Celte influence des chemins de fer, au dire du savant amé-
ricain, ce lient à la conductibilité des rails, qui permet à l'élec-
tricité de se mouvoir à la surface de sol ! 3)
Sont -ils forts ces Américains, sont-ils forts ! Embarrassés de
rien ; explication à tout ! Cependant ils ne sont pas comme* le
brigadier dubrave Pandor, deNadault; ils n'ont pas toujours
raison. Ainsi, pour Faction des chemins de fer, il y a erreur de
leur pari, bien évidemment. Depuis que notre pays est sillonné
de rails, — conducteurs de l'électricité — nous éprouvons de
grandes sécheresses qui désolent parfois nos intelligents culti-
vateurs. Il est vrai que cet effet différent peut facilement s'ex-
phquer. Si les chemins de fer américains déterminent un phé-
nomène qui est le contraire de la sécheresse, c'est que, là-bas,
l'électricité opère la combinaison des deux éléments de l'eau,
— l'oxygène et l'hydrogène — qui se promènent tout le long
de la ligne ferrée ; si en France le phénomène est le contraire
de l'humidité c'est que, ici, l'électricité décompose Feau en
opérant, par l'étincelle, la séparation des deux éléments con-
stitutifs du principe aqueux. Autre lieu autres moeurs. En France
on ne se conduit pas comme en Améri(jue, c'est clair. Les
lignes ferrées ne font pas exception, et non-seidement elles
déterminent la sécheresse ou Fhumidité, selon les pays, mais
elles agissent encore sur la température atmosphérique, par
suite du frottement des roues de vagons sur les rails, ce qui
produit un dégagement de chaleur, laquelle chaleur élève
naturellement la température de Fair ambiant.
Ce principe vient aussi d'être développé par un grand sa-
vant, — qui cette fois est anglais, — M. Ghiisher de l'obser-
vatoire de Greenwich. Il étabht, très-clairement, que l'adoucis-
sement siiinalé de la température moyenne de nos hivers, est
positivement dû à Faction des chemins de fer répandus à la
surface du sol de F Angleterre, delà Belgique et delà France!...
Brigadier Glaisher, vous êtes certainement plus profondé-
— 400 —
ment pénétré de l'élément scientifique que moi, puisque vous
êtes un savant de l'observatoire de Greenwich, et pourtant je
ne puis pas vous répondre comme l'ami Pandore : Brigadier,
vous avez raison! Non ! je trouve, au contraire, que vous avez
tort d'abuser de votre haute position pour vous moquer des
pauvres gens. Quant à moi, je veux bien admettre une simple
coïncidence, entre l'élévation de la température moyenne de
nos hivers, et la présence des chemins de fer à la surface du
globe, mais rien de plus. Il est vrai que je suis d'une faiblesse
extrême sur la science des corrélations.
Ainsi la semaine dernière, je n'ai pas pu répondre à cette,
question qui m'a été jjosée par un de nos abonnés : € Qu'elle
sorte de relation peut-il bien exister entre les chats et le trèfle,
et pourquoi ce dernier ne fructifie- t-il que dans les pays où il
y a beaucoup de descendants de maître Rodillard ?
Je répondis à mon aimable correspondant : Cher monsieur,
vous me posez une mauvaise charade du Charivari, j'ai l'hon-
neur de vous informer que je n'ai jamais pu expliquer même
les logogriphes du Monde illustré.
Le lendemain je recevais une nouvelle lettre par laquelle on
m'instruisait que ce que je prenais pour une charade était un
théorème très-sérieux de Darwin, du savant et illustre auteur de
la séduisante théorie de la transformation des êtres. « Ouvrez
son livre^ me disait-on, et vous y verrez que le trèfle ne peut
fructifier que dans les pays où il y a des chats ; parce que le
chat est l'ennemi des mulots ; que le mulot est l'ennemi des
Bourdons ; que le Bourdon est l'ami intime du Trèfle !... y>
Mon correspondant avait raison; j'avais oubhé cette propo-
sition darwienne qui, pendant longtemps, fit mon bonheur!
D'après Darwin, qui passe pour un homme sérieux, le Trèfle
a besoin, en effet, du concours des Bourdons pour opérer la fé-
condation de ses ovaires. Et ce qui le prouve, c'est qu'un jour
il vit des champs de Trèfle envahis par des légions de Bour-
— 101 —
dons, et que la plante produisit beaucoup de fruits; tandis
qu'un autre jour, aynnt recouvert une potée de Trèfle d'un
voile pour empêcher les Bourdons d'opérer la fécondation^ il
n'en put recueillir aucune graine. L'influence des Bourdons,
dit-ii^ est ici bien établie. Or, les mulots ou souris des
champs sont très-friands de couvains de Bourdons. Quand ils
en rencontrent dans la terre, c'est peureux le plus beau jour de
leur vie ; c'est comme qui dirait un dîner chez les Frères Pro-
vençaux, ou un souper au café Anglais. Ils mangent tout. Par
conséquent ils privent le Trèfle de son auxiliaire dans l'acte de
fécondation.
Voilà pourquoi le Trèfle ne donne pas de fruits dans les
pays où il n'y a pas de chats pour détruire les mulots qui se
nourrissent de Bourdons; et que, au contraire, cette légumi-
neuse fructifie dans les pays où il y a de bons matous, qui
croquent les mulots, et assurent une paisible existence aux
Bourdons, qui se livrent alors, sans périls et sans crainte, aux
douces et agréables fonctions pour lesquelles ils ont été gra-
duellement et insensiblement transformés !...
J'avoue que je n'aurais jamais découvert cette corrélation
du chat et du Trèfle. D'abord, parce que il y a des chats dans
tous les pays où le Trèfle est cultivé; et c|u"ensuite, en voyant
une potée de Trèfle sous voile ne point donner de fruits,
j'aurais mis sa stérilité tout simplement sur le compte de l'im-
mobilité de l'air sous l'enveloppe protectrice, comme cela ar-
rive sous les châssis de Melons de première saison, quand le
temps trop rigoureux ne permet pas de lever un instant les
panneaux vitrés au moment de la floraison ; comme cela ar-
rive pour les arbres fruitiers qu'on force en serre, quand on
n'étabUt pas une ventilation qui agite l'air intérieur" pendant
la durée de l'épanouissement des fleurs. Mais faire intervenir
un maître Rominarjrobis dans la fructification d'un Cerisier ! —
car les Bourdons ne doivent pas seulement concourir à la fé-
— 102 —
conrlation du Trèfle, -jnmnis, an erand jamais ! Pour découvrir
des choses aussi merveilleuses, il faut la puissante et ingé-
nieuse imagination de Darwin ;
Car c'est comire
Ce grarifl homme
Établit
Non ?ans bruit
Toute!! ses théories !
Mais (( qui frap}De l'air, bon Dieu I de ces lugubres cris ? »
C'est, paraîl-il, la Modestie aux prises avec la Vérité. Son
humble manteau s'est entr'ouvert durant le débat, et la foule
ayant aperçu la pourpre orgueilleuse dont elle est vêtue, en
dessous, lui crie haro !
J'ai déjà vu de ces modesties-là. C'est très-drôle,.... mais
c'est bien triste...- Voyez vous-même, lecteurs; vous n'avez
qu'à suivre.
F. Héringq.
OBSERVATIONS SUR LES DIOSPYROS COSTATA
ET SCHI-TSE.
Réplique de M. Carrière.
Dans notre dernier numéro, page 75, nous avons publié une
letfi^e de M. Decaisne insérée dans un journal anglais, le Garde-
nefs Chronicle, relative aux noms incorrects donnés aux
plantes 'par quelques horticulteurs, et à une espèce de Pla-
queminier {Diospyros} à fruits comestibles du Nord de la
Chine. Nous avons reproduit cette lettre pour deux motifs. Le
premier pour faire connaître un nouvel arbre fruitier; le se-
cond pour montrer que nous ne sommes pas seul à nous élever
contre les fausses déterminations des plantes horticoles, et
que nous avons avec nous le professeur du Muséum et les
savants rédacteurs du journal anglais.
— 103 —
Mais cette lettre, de M. Decaisne, a amené l'antenr du Dios-
pyros coslata à une réplique dans le Gardeners Chronicle.
Comme avant (out nous voulons la vérité, nous reproduisons
cette répli(|ue, sans même y avoir été invité par l'auteur. Pour
nons, les hommes ne sont rien. Le principe est tout. Il s'agit
ici de faire la lumière sur un arbre qui peut avoir de l'avenir
dans nos cultures; ce n'est qu'avec la plus grande sincérité
qu'on pourra y parvenir. Nous sommes désintéressé dans la
question Si nous prenons part au débat, ce sera seulement
pour éclairer le lecteur sur quelques passages de la note et
redresser quelques citations incorrectes, et pour montrer en-
suite le mal que produit une erreur de détermination.
Ceci dit, voici la note de l'auteur du Diospyros costata ; c'est
la traduction littérale, le mot à mot pour ainsi dire de celle qui
a été publiée en anglais; nous aurions craint d'en modifier
l'expression , en cherchant à lui donner une tournure plus
française (1).
« Monsieur le rédacteur, à la page 39, M. Decaisne m'accuse de faire
grand tort à la science en commettant nombre d'erreurs dont les prin-
cipales sont : 1" d'avoir confondu le Diospyros Schi-tse avec \e Dios-
pyros Kaki de Linné tils.; 2° qu'après lui avoir donné ce nom et avoir
fait uuf nouvelle étude, j'ai appelé ma i>lante Diospyros costata. Mais
je veux démonfrer que ma plante n'est pas la même que celle men-
tionnée par M. Bunge ; je comparerai la description de ce botaniste
avec celle donnée par M. Decaisne.
» La description du Diospyros Schi-tse de M. Bunge (Enuméralion
des plantes du Nord de la Chine, n» 237, p. 42.) peut se traduire ainsi :
» Diospyros a rameaux tomenteux ainsi que les pédoncules et la
base du calice; feuilles largement obovales-oblongues, aiguës, gubes-
(1) Nous recevons un numéro de la Revue dans lequel l'auteur reproduit sa
leUre envoyée au journal anglais. Eu la lisant, nous remarquons que la di-
rection àwGardener' s Chronicle en la tiaduisaul en anglais, l'a < xpurgée de toutes
les inconvenauces que conlieat l'original français, et que nous-niême uous
aurions supprimées, et nous nous demandous, en outre, si l'auteur a Lieu
réellement sa raison. V. 11,
— 104 —
ceiites à la face supérieure, légèrement poilues en dessous; fleurs axil-
laires solitaires; pédoncules accompagnés de deux bradées; fruit très-
gros, déprimé, ne contenant que peu de graines. — Se trouve presque
sauvage à la base des montagnes et est cultivé fréquemment. Fleurit
en mai. — Cette espèce ne paraît se rapporter exactement à aucune de
celles déjà décrites; elle semble voisine du Diospyros orixensis, et se
dislingue du Diospyros Kaki par ses fleurs solitaires. L'arbre a le port
d'un ample Pommier ou Poirier (The tree bas the habit of a wide-
spreading apple or pear tree) (1). Les feuilles sont grandes et les fleurs
dépassent de quatre fois la grandeur de celles du Diospyros Lotus. Le
fruit est magnifique, de couleur jaune rougeâtre et de la grosseur d'une
très-grosse pomme (large apple); en général il ne contient pas de
graines. » — Or, il est difficile, sinon impossible, de faire concorder la
description donnée par Bunge avec celle de M. Decaisne. Où, dans la
description de M, Bunge, est-il dit que « l'arbre vient des parties
chaudes de la Chine? » (The tree corne from the warm parts of
China?) (2); que « les feuilles sont presque elliptiques et complètement
glabres? >^ Où M. Decaisne a-t-il vu dans la description du Diospyros
Schi-tse « que lé fi-uit est de la grosseur d'une pêche (3) ; qu'il con-
tient de huit à douze graines et qu'il est de couleur brune (4) ; qu'il
'a besoin d'être blet pour être mangé et qu'il peut être comparé à de la
marmelade de prunes ou d'abricots (*)?que l'on en consomme de gran-
des quantités à Pékin » où le D. Kaki ne peut parvenir à maturité? et
beaucoup d'autres choses dont M, Bunge ne dit rien, tout en étant
cependant le seul auteur qui ait vu et décrit cette espèce. Quant à la
présence de côtes sur les fruits de M. Bunge, elle n'a, suivant toute
probabilité, pas été constatée par l'observateur, et, pour se soustraire à
cette difficulté, M, Decaisne affirme que les côtes sont exceptionnelles.'
Mais quelle autorité M. Decaisne peut-il invoquer? Je suis d'une opi-
nion différente, etj'affirme que le caractère en question n'est pas excep-
tionnel, mais constant (5).
M. Decaisne, dans sa lettre, soutient que j'ai confondu une espèce
(1) Ces numéros renvoient aux notes et observations qui suivent cette lettre
et qui nous appartiennent. F. H.
(*) L'opinion de M. Decaisne, quant à la nature du fruit, lui a probablement
été. suggérée par les observalions qu'il a faites en examinant celui récollé sur le
Diospyros costata; ce ne peut être sur celui du D. Schi-tse qu'il n'a pas vu, et
qui n'a été décrit par aucun auteur. (Carrière.)
— 105 —
des contrées chaudes avec une espèce du nord de la Chine. Ceci encore
est une présomption. Thunberg, qui a habité le Japon, dit que le
Kaki y est spontané et qu'on Ty cultive aussi très-fréquemment; qu'il
. croît dans les environs de Nagasaki, ce qui a été confirmé par beaucoup
d'écrivains qui ont visité le Japon" (6). (M. Carrière ici ajoute une des-
cription très-étendue de sa plante, en vue de moQlrer combien elle est
différente du Schi-tse ; mais nous sommes forcés de la supprimer, en
renvoyant nos lecteurs à la Revue horticole où ils trouveront cette des-
cription.) (Observation du journal anglais.) Il me reste maintenant à
faire connaître comment, après avoir considéré ma plante comme le
vrai D. Kaki, j'ai changé d'opinion et lui ai donné le nom de costata.
J'ai remarqué qu'il y avait dans l'herbier du Muséum un échantillon
récolté à Formose, par Oldhara, n''299, qui se rapporte absolument à
ma plante, et que les descriptions faites par Thunberg et autres auteurs
s'appliquent si bien à elle que je me considérais comme étant en droit
de lui conserver le nom de Kaki (7) (voir Thunberg « Flora Japonica »
page <57, où se trouve une description qui correspond très-complète-
ment avec celle que j'ai donnée du Diospyros costata). Mais comme
d'un côté diff'érenls auteurs ont déjà donné ce nom à des plantes très-
diflférenfes, et que d'autre part le nom de Kaki sert à désigner au Japon
et en Chine le nom générique appliqué à toutes les espèces de Dios-
pyros, et que les fruits de ces plantes sont toujours appelés Kaki (abso-
lument de même que nous appelons pommes les- fruits de tous nos
pommiers), et comme il existe une grande confusion entre les dififé-
rentes espèces, il en résulte que le nom de Kaki non-seulement n'a
aucune signification précise, mais qu'il donne lieu à la plus grande
confusio^. C'est ce qui m'a conduit à penser que, pour mettre un terme
à cet état de choses, il était préférable d'adopter le nom de cosiata, quj
a l'avantage d'être approprié à ma plante, et d'être une des formes du
D. Kaki, décrite par Thunberg. Uue autre considération me conduisit
à rejeter le nom de Kaki donné par le fils de Linné ; c'est que cet auteur
ne connaissait pas la plante "qu'il a baptisée, comme il ressort avec
évidence de la maigre description qu'il en donne, tout à fait insuffisante
pour caractériser cette espèce, et qui pourrait tout aussi bien s'appli-
quer à la plupart des autres du genre. Voir Linn. fils, suppl. p. 439.
Tout ce qui a été dit , par conséquent , démontre avec évidence :
<°que, au lieu d'embrouiller la question, je l'ai éclaircie; 2° que,
loin de nuire à l'horticulture et d'induire en erreur les amateurs, j'ai
— 106 —
rendu un service en déblayant les difficultés et en faisant progressei" à
la fois la science et riioiticultiire; 3" que, rontrairement à ce que
M. Decaisne m'a si vivement reproché, je n'ai commis aucune erreur,
mais que j'en ai relevé quelques-unes -que d'autres avaient faites;.
4° que le Diospyros costata, Carr., n'est pas le même que le D. Scbi-tse
de Bunge, comme l'affirme M. Decaisne, mais bien une espèce nou-
velle, et qui ne se trouve nulle part, en Europe, qu'au Jardin des Plantes
de Paris ; 5° que les deux noms que j'ai donnés à ma plante ne sont pas
seulement expliqués, mais bien justifiés; 6" que le caractère (les côtes
du fruii) sur lequel je me suis fondé pour établir mon espèce, loin
d'être exceptionnel, comme M. Decaisne Taftirme, est constant et
normal ; 7° qu'il y a au Japon plusieurs sortes de Kaki qui ont été con-
fondues les unes avec les autres, et que puisque le mot Kaki est em-
ployé génériquement dans ce pays, il n'y a pas de raison pour conti-
nuer à le conserver pour caractériser une espèce; que ces plantes sont
originaires des parties froides et tempérées du Japon, et non pas des
contrées chaudes de la Chine, et que, par conséquent, contrairement à
ce qu'a dit iM. Decaisne, elles peuvent être cultivées dans le nord de
l'Europe. Ce qui a induit M. Decaisne en erreur, c'est qu'il a regardé
comme étant le Diospyros Kaki l'espèce qui se trouve cultivée dans
quelques jardins, quoiqu'elle en ditîère considérablement par tousses
caractères; celui-là est délicat, il ne peut pas supporter le climat de
Paris en plein air,' mais au pontraire mûrit très-bien ses fruits dans le
midi de la France, à Antibes. Cette espèce aussi appelée Diospyros Kaki
est probablement originaire du Népaul. Je tenterai de démontrer ceci
par la suite, car j'ai l'intention de publier une description accompagnée
d'une figure. (Cette raison dit le journal anglais nous fait penser qu'il
n'est pas nécessaire de rapporter ici la description de M. Carrière.)
En conséquence, quoique j'aie été conduit à des conclusions complè-
tement différentes de celles de M. Decaisne, il en résulte, j'en ai la
conviction, qu'il me sera reconnaissant d'avoir cherché à le seconder
dans la difficile tâche qu'il a entreprise et qu'il poursuit si active-
ment, de servir la science en combattant toutes les erreurs qui vien-
nent l'entraver. E. A. Carrière.
Gardencr's Chronicle and agricultural Gazette.
-_ ISo jo. — 5 mars 4870. — Page b'If .
El maintenant qu'on me permette quelques observations
pour rectifier certains faits dénaturés parl'auteurde eelteletlre :
— 107 —
r Le port du Diospym^ schi-isc, dit-il, dans sa traduction
française, est celui du Pommier ou du Poirier. 11 y a ici erreur
de la part du latiniste cjui a traduit Bunge. Nous avons con-
sulté l'ouvrage cité pour nous éclairer, et Bunge dit : « Pyri
mali qui est le génitif, si je ne me trompe, de Pyrns malus^
nom botanique donné par Linné au Pommier comestible.
Dans la description de Bimge^ il n'y a pas entre les deux
mots la moindre conjonction alternative vel, ou aut ; par con-
séquent Pyri mali veut dire simplement du Pommier et non
du Pommier ou du Poirier. Le dernier des vrais botanistes et
le dernier des collégiens de neuvième n'auraient pas commis
pareille faute.
T Autre erreur d'une haute gravité. Dans la lettre de M. De-
caisne, il n'est pas dit, comme le prétend M. Carrière, « que
l'arbre de Bunge vient des parties chaudes de la Chine : )) mais
bien que la plante cultivée au Muséum est <?: une plante de la
Mongolie et du nord de la Chine ; voici le texte anglais :
« A plant of Mongolia and the norlli of China. 3) Il est dit,
au contraire, que c'est le Kaki décrit par Ka^mpfer qui est
des parties chaudes et tempérées de la Chine (voir Horti-
culteur français, p. 76, lignes 14 à 21). Nous aimons à croire
que M. Carrière a fait involontairement confusion en lisant
le Journal anglais, ou que, troublé par la colère, il a mal
compris son traducteur ; autrement ce serait plus que de
mauvais goût de faire dire à son adversaire le contraire de ce
qu'il a dit, pour se donner le malin et facile plaisir de le mettre
en contiadiclion avec lui-même. Eu employant de tels pro-
cédés, on \nent facilement à bout d'un adversaire, aux yeux
du public peu clairvoyant, qui vous applaudit et vous délivre
la palme de vaincpieur ; mais, je le répète, cela manque abso-
lument de bon goût : il y a un autre mot dans la langue fran-
çaise, qui qualifie parfaitement ce procédé. Le savant doit
avoir non seulement le courage de ses opinions, de ses idées;
— 108 —
il doit aussi et surtout posséder celui de reconnaître et d'a-
vouer ses erreurs ; le progrès de la science est à ce prix.
3° Où M. Decaisne a-t-il vu dans Bunge, dit M. Carrière,
que le fruit est de la grosseur d'une Pêche? Franchement
c'est par trop chercher la petite bète : quelle différence y a-t-il
entre grosseur d'une grosse Pomme, expressions de Bunge, et
grosseur de Pèche ? Je serais curieux de savoir aussi comment
M. Carrière pourrait établir la différence entre une feuille lar-
gement obovale-oblongue et une feuille presque elliptique?
4° M. Carrière demande, page 104, à son contradicteur, oii il
a vu dans Bunge cjue le fruit est de couleur brune. Il n'est pas
dit, dans la lettre que nous avons publiée, que le fruit est brun ;
mais bien de couleur brun orange ou rouge foncé. (Voy. Horti-
culteur français, p. 77, ligne 9.)
Quant aux questions de marmelade et autres suivantes, le
professeur de culture ne dit pas, dans sa lettre, que ces ren-
seignements sont tirés de Bunge ; il a cru qu'il pouvait les em-
prunter, pour compléter l'histoire du Diospyros schi-tse. aux
nombreux documents qui lui ont été adressés avec des des-
sins, en même temps que l'arbre actuellement cultivé au Mu-
séum, par M. Simon^ un de nos représentants de la France en
Chine", et par l'abbé David, missionnaire apostolique, qui en
parle même dans la note que nous publions dans ce numéro
(p.. 116); ces renseignements sont bien autrement exacts que
tous ceux qu'on peut tirer des livres de Thunberg.
5° Le caractère des côtes du fruit n'appartient pas exclusi-
vement au prétendu costata, comme l'affirme son auteur; car
Loureiro, dans sa Flore de la Cochinchine, dit que le fruit du
kaki est une baie à 4 angles arrondis n Bacca ^-gono-rotwida » .
Le fruit de l'arbre du Muséum n'est pas autrement costé. Le
nom de costata n'est donc pas précisément justifié.
6° M. Carrière invoque le témoignage de Thunberg. Mais
s'il était plus versé dans la phytographie botanique, il saurait
— 109 — ,
que Thunbergest, de tous les botanistes, celui qui s'est le plus
livré à l'exercice des méprises an sujet des plantes du Japon.
Admirateur aveugle de Linné, dont il était le disciple, il voyait
partout les espèces linnéennes, et quand il en a distingué
des nouvelles, c'est que la différence, avec celles de son maître,
étaitbiengrande. Ainsi, pour n'en citer que quelques exemples,
il a cru voir dans VHoteia japonica une Saxifragée, le Spirœa
aruncus de la famille des Rosacées ; il a pris une Araliacée,
VHelwingia ruscifolia, pour une plante, de la famille des
Santalacées. Il a décrit sous le nom de Bignonia tomentosa un
arbre d'une toute autre famille, et bien connu de tout le
le monde, le Paulownia ; il met dans le genre Rajania, placé
dans les monocotylédones, sous le nom de Rajania quinata,
cette charmante plante, dont nous avons figuré les fruits
l'année dernière, X'Akehia quinata, qui est une dicotylédone.
Il a vu le Vilis labrusca dans le Vitis ficifolia. Il va même
jusqu'à prendre un Micocoulier pour un Prunier, le Cellis
muku qu'il appelle Prunus aspera ; c'est avec un Gleditschia,
le sinensis, qu'il a fait son Fragara horrida! etc. Si nous
voulions poursuivre nos citations nous n'en finirions pas. Le
témoignage de Thunberg n'est pas une invocation heureuse,
comme on voit, et sa description pourrait bien n'avoir |^as
plus de valeur, aux yeux des botanistes non intéressés dans la
question, que celle de Linné n'en a aux yeux de M. Carrière.
Quant à la localité de Nagasaki donnée par M. Carrière comme
étant celle du Kaki signalée par Thunberg, M. Carrière a
oublié de dire qu'elle s'applique seulement à la variété B,
dont le fruit est de la grosseur d'un œuf de pigeon, et que
Siebold, — qui a séjourné longtemps au Japon, et que tout
le monde connaît, — considère comme une espèce nouvelle,
qu'il décrit, dans un appendice à sa Flore du Japon, sous le
nom de Diospyros japonica .
7" M. CaiTi_ère dit avoir trouvé dans l'herbier du Muséaai,
— ilO —
un échantillon de Diospijros Kaki provenant de l'île Formose et
ressemblant tout à fait à sa plante, ce qui l'autorisait à dire
que l'arbre cultivé dans l'établissement était le D. Kaki.
M. Carrière aurait pu voir, sans trop d'attention et de recher-
ches, que cet échantillon n'appartient pas à celte espèce ; car
un des botanistes du Muséum a écrit, il y a bien longtemps
déjà, à l'angle droit supérieur de son étiquette, cet adverbe
latin : nequaquam, que M. Carrière n'a probablement pas com-
pris, bien qu'il soit placé là pour apprendre aux personnes
qui consultent Therbier, que cet échantillon n'appartient nul-
lement à l'espèce dont le nom est inscrit sur l'étiquette.
Si la première partie, de cette lettre, manque un peu
d'exactitude dans les citations et témoignages, la seconde me
paraît manquer absolument de clarté et de netteté ; car il est
diliicile, sinon impossible, au milieu de toutes les contradic-
tions qui se croisent et s'entre-croisent, de saisir l'opinion der-
nière de l'auteur. Tous ces Kaki qui ne sont pas des Kaki parce
qu'un de ces Kaki ressemble à un autre Kaki qui est bien un
Kaki, mais qui ne doit plus porter le nom de Kaki puisque
tous les A'a/ji s'appellent Kaki, eic, etc., forment une déh-
cieuse marmelade, qui n'a rien de celle de Prune ou d'Abricot,
mais dans laquelle se complaît tellement l'auteur qu'il n'en
veut plus sortir.
A la lecture de ce ravaudage de science antique, on voit,
avec peine, que l'auteur se met au niveau de tous ces écrivains
et soi-disant savants pétris de la présomption la plus effré-
née; qui n'acceptent la contradiction et l'observation de
personne; qui jettent la confusion et mettent le désordre
oarlout et dans tout ; et qui croient se donner raison, en em^
ployant, envers les hommes qui signalent leurs erreurs ou qui
dévoilent leur nullité, des procédés que réprouve l'honnêteté
scientifique, et un langage en dehors de toute convenance. La
lettre originale de M. Carrière est un modèle en ce genre.
— m —
Celle que nous avous reproduite a été tellement expurgée, par
le rédacteur du journal anglais, qu'elle ne ressemble en rien —
quant a la forme — à celle que l'auteur vient de publier dans
un journal français^ En la lisant on est effrayé des désordres
que la colère et l'orgueil produisent dans le cerveau humain...
Pour une question comme celle que ce Diospyros vient de
soulever, question essentiellement et purement scientifique,
notre confrère aurait pu faire valoir ses mauvaises raisons, —
car elles me font cet effet là, — avec un peu plus de modéra-
tion et de respect. Car enfin son adversaire est j)rûfesseur
de culture au Muséum, et, comme tel, responsable de la dé-
termination des plantes que l'établissement distribue chaque
année, aux établissements similaires et aux particuliers qui
sont en relation d'échanges avec lui. Or, en voyant son pépi-
niériste déterminer à tort et à travers des plantes auxquelles il
doit seulement donner des soins de culture et de multiplica-
tion, il était tout naturel — du moins il me semble — que ce
professeur cherchât à sauvegarder l'honneur de l'établisse-
ment, en relevant les erreurs, sans cesse renouvelées, de son
subordonné, qui n'a pas charge de déterminer les espèces in-
connues de lui, et qui ne tient aucun compte des observations
officieuses et bie:ivei liantes qu'il reçoit. Le professeur auquel
incombe cette mission délicate, était donc dans son droit — du
moins il me semble encore — en rectifiant la nomenclature
des plantes cultivées sous sa direction ; c'était même un de-
voir, et il eût été bien coupable de garder plus longtemps le
silence, puisque, par son silence, il aidait à propager une er-
reur que les ennemis du Muséum n'auraient pas manqué
d'imputer aux botanistes de l'établissement et qui pouvait
jeter le discrédit sur cette institution scientifique.
L'auteur du Diospyros costata aurait dû le comprendre et
se montrer moins impérieux, en cherchant à rectifier une
erreur — bien pardonnable - signalée par son professeur.
— H2 —
Il aurait dû surtout se rappeler ses débuts dans la carrière
d'auteurs et ne pas oublier les commencements de son Traité
des Conifères. Dédaignait-il alors aussi impérieusement les
observations et les corrections du professeur de culture? Je ne
sais, mais tous les jardiniers et employés du Muséum pour-
raient répondre, parait-il^ à cette question... Et puis il sait
bien, en son for intérieur, qu'il est impossible au même
homme d'être à la fois : un habile jardinier praticien, un pro-
fond philosophe, un économiste distingué et un botaniste tout à
fait hors hgne qui ne se trompe jamais. Car aujourd'hui, avec
les 150 à 200 mille espèces de plantes décrites par les bota-
nistes de tous les pays, la détermination des plantes exige
une grande habitude d'observation, de longues et laborieuses
recherches dans les livres écrits dans toutes les langues. Or,
l'auteur du Diospyros costata ne possède probablement que
très-superficiellement les langues de Virgile, de Shakespeare et
de Goethe, — comme en témoigaent les négligences de tra-
ductions qu'on relève dans ses écrits; et, en outre, il ne peut
donner beaucoup de temps à ces sortes de recherches qu'en
négligeant ses travaux habituels de jardinage. Il est tout na-
turel, dans ces conditions, qu'il ne puisse se livrer qu'à la
production d'une exubérance d'erreurs, dont le résultat est de
porter le trouble dans la nomenclature horticole, et dans les
relations entre amateurs et horticulteurs. Car l'amateur qui
croit acquérir une espèce nouvelle, reconnue telle par un per-
sonnage du jardin des Plantes de Paris, et qui s'aperçoit, peu
de temps après, que son fournisseur lui a envoyé une plante
qu'il cultive depuis longtemps, cet amateur, dis- je, accusera
aussitôt l'horticulteur de l'avoir trompé ; il ne s'en prendra
nullement à l'auteur de cette prétendue espèce nouvelle, cpii
déclare, dans sa modestie, ne se tromper jamais.
Voilà pourquoi nous combattons tous ces faiseurs d'espèces
qui, par ce sot orgueil de voir figurer leur nom^ à la suite d'un
— 113 —
nom de plante, ne craignent pas de comprometlre les intôrêls
du commerce horticole et d'embrouiller la nomenclature bota-
nique qu'ils ont la présomption de débrouiller. C'est chose
sérieuse que Tintroduction, dans la culture, d'une espèce nou-
velle ou d'un nom nouveau. Les horticulteurs le comprennent
si bien, que nous en voyons, chaque jour, même des étrangers,
s'adresser aux botanistes du Muséum et autres de Paris, pour
obtenir les noms exacts des plantes qu'ils cultivent et qui leur
sont inconnues ; nous pouvons ajouter, que maints écrivains ne
dédaignent pas, non plus, de venir prendre des renseignements
auprès d'eux, et qu'en les publiant ils oublient de citer la
source. On comprend, par ces faits, que nous Irojivions singu-
lier que le pépiniériste de cet établissement préfère s'en rap-
porter à sa science, pour nommer toutes plantes qu'il ne con-
naît pas ; et le nombre en est grand, hélas ! rien qu'à juger par
les fausses espèces nouvelles qu'il prend soin de décrire.
Eu résumé et pour dégager complètement la vérité de
l'obscurité dont M. Carrière s'est plu à l'entourer, je me con-
tenterai do lui adresser, pour celte fois, deux questions, aux-
quelles même il n'est pas forcé de répondre :
1" Oui ou non a-t-il publié en 1869, un Diospyros sous le
nom de vrai kaki, en ayant soin de répéter « ïSous disons
vrai kaki »? •
2" Oui ou non a-t-il changé, en 1870, après avis officieux,
ce nom de vrai kaki en celui de Diospyros coslatat
Tout est là ! M. Carrière a beau embrouiller la question, elle
se réduit à ces deux termes : Ou c'est le kaki, ou ce n'est pas
lui. Si ce n'est pas lui, pourquoi M. Carrière Fa-t-il proclamé
\evrai kaki en 1861) ; et si c'est lui, pourquoi alors le débap-
tiser en 1870? Je le répète, M. Carrière n'est pas obligé de me
répondre.
Que notre confrère s'amuse à faire des théories avec celles
des autres tant qu'il voudra, c'est son droit ; mais nous l'enga»
AvriliSlO. 8
— 114 —
geons à moins faire d'espèces nouvelles, surtout avec les
plantes cultivées au Muséum, c'est pour lui un devoir, car ici
la question touche un peu au service intérieur. Mais se ren-
dra-t-il à ce sage et amical conseil ? C'est si grand et si bon
de dire : mon droit ! C'est mon droit ! et c'est si humiliant,
pour certains caractères, d'avoir à remplir un devoir!...
F. Herincq.
{La suite à un prochain numéro.)
NOTES SUR QUELQUES PLANTES DE LA MONGOLIE
ET SUR LES FRUITS DU NORD DE LA CHINE (1).
C'est en pleine Mongohe que me parvient votre lettre du
mois de juin (I8G6) par laquelle vous avez la bonté de m'an-
noncer la réception des objets que j'avais confiés à M. Pichon.
Je suis heureux qu'il ait eu la chance de vous remettre en vie
le Xanthoceras; pour le Cedrela sinensis, je crois réellement
que c'est une plante délicate et importée à Pékin. Je n'ai
jamais pu, malgré vos pressantes recommandations, en ob-
tenir de bonnes graines. Toutes me paraissent avortées; aussi
n'ai-je jamais rencontré un seul jeune individu sous les vieux
qui se trouvent à Pékin. Je ferai cependant tout mon possible
pour vous procurer cet arbre précieux qui enrichirait, comme
vous le dites, d'une famille particulière nos arbres forestiers.
Vous savez peut-être que j'ai passé huit mois de l'année
dernière dans l'Ourato. J'y ai dépensé beaucoup d'argent,
perdu mon temps et mes peines, car le pays est très-pauvre,
bien qu'on m'eût dit le contraire à Pékin ; je me suis avancé
jusqu'à environ deux cents lieues à l'ouest de cette capitale;
(1) Extrait d'une lettre de M. l'abbé A. David, adressée à M. Decaisne et
publiée dans le dernier cahier de la Flore des serres.
— 115 -
cependant mon herbier est intéressant. La Flore de ly chaîne
de rOulachan, où jamais Européen n'avait mis les pieds, h un
caractère particulier. Beaucoup d'espèces communes dans les
montagnes de Pékin et de Jehol ne se rencontrent plus ici.
Parmi les plus intéressants, je note une Ancolie à fleurs vertes
[Aquilegia viridiflora) qui abonde; une jolie légumineuse à
fleurs roug-e de sang {Lessertia); une sorte de Sophora herbacé
à nombreuses fleurs blanches très odorantes {Sophora alopecw
roides); un liseron épineux à fleurs roses, un Rhamnus à lon^
gués feuilles hné.'iires. C'est là que j'ai trouvé le Xanliioceras,
le grand Genévrier cultivé à Pékin [Jxmiperus excelsa), un
Peuplier et deux arbustes assez curieux dont l'un est une Clé-
matite à tiges droites et à fleurs jaunes pendantes (Clematis
fruticosa)y l'autre, un joli petit arbuste à fleurs bleus (Caryop-
teris mongolica). J'ai récolté aussi de bons fruits d'un Rosier à
fleurs jaunes. Mais en somme, la végétation de l'Ourato est
assez pauvre; j'ai parcouru le pays entier, en plusieurs direc-
tions, et je crois avoir réuni à peu près tout ce qu'on peut y
rencontrer. L'Ourato, dont la chaîne peut avoir de l'ouest à
l'est, jusque vers Karakoto, une longueur dé 80 lieues, sur une
profondeur d'une douzaine de lieues, ne présente j)as de
hautes montagnes; ses forêts, dont on me faisait une si brillante
description ta Pékin, sont aujourd'hui à peu près détruites;
quelques vallées situées à l'ouest présentent encore quelques
bois de Pins entremêlés de PeupHers, de Genévriers, d'Erables
[Acer talaricum), d'Ormes à larges samares, et, dans les en-
droits rocailleux, quelques Thuias. Deux on trois Saules, un
Tilleul, un Padus croissant au bord des ruisseaux ; mais ni
Frêne, ni Micocoulier, ni Sureau, ni Ailante, ni Vilis, ni Hl)o-
dodendron; le Chêne lui-même est excessivement rare. Le
pays des Ortous constitue une immense plaine alluviale que
traverse le fleuve Jaune, au bord duquel j'ai rencontré un
ïamarix a feuilles relativement larges. Partout où la culiuio a
— H6 —
été possible, on la voit exercée par les Chinois, qui chassent
devant eux les populations mongoles pastorales. Celles-ci,
d'ici à peu, se trouveront sans ressources, refoulées jusqu'au
grand désert de Gobi, dont j'ai pu apercevoir les sables jaunes
et mouvants.
Vous aurez sans doute reçu la lettre que j'ai eu l'honneur de
vous adresser de Pékin, et dans laquelle je vous donnais quel-
ques détails sur les produits du nord de la Chine ; ces derniers
se réduisent à quelques Poires, Pommes et Pèches de qualité
fort médiocre; les Abricots sont meilleurs; une seule petite
Cerise est iasigniûante ; les prunes blanche et rouge ne valent
rien.
Nos Diospyros {Diospijros Schi-tse) greffés donnent, en au-
tomne, de magnifiques et excellents fruits qu'on mange blets ;
nous n'avons pas ici le Diospyros kaki qui nous vient du sud,
de môme que les Coings. Point de Néfliers, mais beaucoup
d'Azéroles sur les marchés; plusieurs variétés de Noix ; l'une
d'elles, ainsi que vous le verrez en herbier provient d'un arbre
dont les feuilles comptent plus de 19 foholes. Le Raisin sau-
vage mangeable que j'ai envoyé (Vitis amurensis) pourrait
bien être la souche de la plupart des Vignes chinoises; les
autres espèces sauvages à fruit bleu et a fruit rouge cerise
{Ampélopsis serjaniœfolia et humulifolia) s'éloignent beaucoup
des Vignes européennes; leurs fruits ne sont pas mangeables.
Les Jujubiers nous donnent aussi de nombreuses et excellentes
variétés de Jujubes ; mais il est probable que le cHmat de la
France ne sera pas assez sec pour la culture de cet arbre.
Je vous envoie ci-inclus de la graine de Mou-Sou (i) à fleurs
(1) On sait que les journaux russes ont beaucoup vanté, dans ces dernière»
années, une plante fourragère chinoise qu'ils désignaient sous le nom de Mou-
Sou. C'est d'après ce renseignement que je me suis adressé à M. l'abbé David
pour en obtenir de la graine, qui m'a donné la Luzerne commune; mais elle
nous a aussi appris que cette plante présente, comme en Europe, deux types ;
— 117 —
bleues, appelée domestique par nos Chinois {Medicago saliva)
et du Mou-Sou a fleurs jaunes, dit sauvage {Medicago falcala).
Les deux espèces sont cultivées comme plantes fourragères,
mais si rarementjqu'il m'a fallu beaucoup de peine pour avoir
cette semence; les Chinois en mangent les jeunes pousses,
comme des E pinards, et ils donnent le nom de î\Iou-Sou a la
plupart des légumineuses herbacées à trois folioles.
Je vous recommande un charmant arbuste papilionacé qui
couvre toutes les collines de la Mongolie qu'il orne de ses
nombreuses grappes de fleurs roses, inodores et qui se succè-
dent pendant plusieurs mois, le Lespedeza bicoîor (1).
A. David
missionnaire apostolique.
LA GRAINE ET LES SEMIS
{Suite.)
Depuis que l'ovaire est devenu un fruit, la graine a pris
également de l'embonpoint, et pour suivre la mode, elle a
modifié un peu son accoutrement pour pouvoir donner un
autre nom aux difTérentes pièces qui le composent. Ainsi, sa
primine s'appelle testa et sa secondine prend le nom de teg-
men'j mais ces deux fourreaux ne font plus qu'un; ils ont
été soudés ensemble pour former le spermoderme, ce qui veut
tout simplement dire enveloppe de la graine : le tegmen est
comme qui dirait la doublure du testa. On y aperçoit encore le
micropyle; c'est par ce petit trou que sortira la petite racine
pendant la germination.
Sous cette enveloppe ou spermoderme se trouve la nucelle,
l'un cultivé à fleurs bleues [Medicago sativa), l'autre sauvage, à fleurs jaunes
(Medicago falcata); elle nous apprend de plus que celte plante fourragère est
d'origine mongole et non de la Média, comme on le croyait. Dcne.
(<) Voir Hort. frariçais^ année 1869, page 330 et pi. XI.
— 118 —
qui, lui aussi, a changé de nom ; c'est maintenant l'amanc^e. Cette
amande est composée de Vembryon et d'un corps particulier
nommé par les uns périspermef par les aulTes eîidosperme, albu-
men, etc.; c'est lui qui entoure généralement l'embryon ; c'est
une masse de tissu que la nature prévoyante a placé là pour
emmagasiner le principe nutritif qui alimentera le germe pen-
dant la première phase de la germination.
Mais toutes les graines ne présentent pas cette même orga-
nisation. Dans beaucoup, cet albumen manque complètement ;
c'est le cas de l'amande, du pépin de poire, du marron d'Inde,
de la noix, du pois, du haricot, des graines de giroflées, de
choux, de raves, de radis, etc. Dans toutes ces graines, l'em-
bryon a des cotylédons plus ou moins épais, qui sont pourvus
de l'élément nutritif nécessaire à la nourriture du germe,
jusqu'au moment où sa petite radicule sortant par le micropyle
pourra la puiser dans le sol. Ces sortes de graines, ainsi privées
d'albumen, germent en général plus rapidement que celles qui
en sont pourvues, parce que, dans ce cas, le tissu des cotylédons
est un tissu tendre et charnu, que l'eau et la chaleur du sol
pénètrent facilement.
La germination plus ou moins lente des graines est due à la
nature des tissus de l'enveloppe ou spermoderme, et aussi à
celle de l'albumen.
Plus le testa est solide, cartilagineux^ osseux, etc., plus
difficile est la pénétration de l'eau et l'action de la chaleuF ;
plus de temps, par conséquent, il faut pour obtenir l'accomplis-
sement des phénomènes chimiques qui préludent à la germina-
tion ; c'est alors qu'on doit recourir à la couche et au châssis.
Il en est de même pour l'albumen; il est tantôt charnu,
tantùl huileux, corné, mince ou épais. Pour les graines qui
ont un albumen corné très-dur, il faut plus de chaleur et
d'humidité que pour les graines à albumen farineux ou charnu;
les semis sur couche ou en serre sont encore dans ce cas né-
— 119 —
cessaires, et si l'enveloppe est dur, cornée comme dans le Né-
lombo, on use cette enveloppe en frottant sur une pierre, pour
faciliter la pénétration de l'air et de clialeur.
Quant aux graines qui ont un albumen ou un embryon à
cotylédons plus ou moins huileux, comme la noix, le gland, le
café, elles perdent très-rapidement leur faculté germinative ;
il faut les conserver dans le fruit ou bien les semer aussitôt
après la récolte, ou, s'il y a impossiblilité de les semer, les
mettre en stratification ; c'est-à-dire enterrer dans du sable
sec, assez profondément pour les garantir de l'action de l'air.
Résumons donc cette partie théorique :
Les graines dont l'enveloppe est mince, molle, germent plus
rapidement que celles qui ont un spermoderme épais, li-
gneux ou corné ou qui sont renfermées dans une coque comme
dans l'amande, etc.
Les graines qui n'ont point d'albumen mettent moins de
temps à germer que celles (pii en sont pourvues.
Les graines qui ont un albumen corné, comme le café et
celles des palmiers, germent plus difficilement et plus lente-
ment que les graines (jui unt l'albumen charnu ou farineux;
une forte chaleur de fond est même nécessaire pour déterminer
leur germination.
• Les graines à albumen sec, farineux, conservent plus long-
temps leur faculté germinative que les graines dont l'albumen
contient des matières grasses.
Les graines à albumen huileux doivent être semées aussitôt
après la récolte ou mises en stratification, autrement elles ne
germent plus.
Toutes les graines n'ont pas besoin d'une égale somme de
chaleur pour opérer leur germination. Il en est qui peuvent
germer à la température de zéro, et qui, à celte température,
mettent de 1 1 à 17 jours pour germer; telles sont les graines
du Sinapisalba, d'après M. Alph. de Candolle, Le cresson aie-
— 120 —
nois peut germer encore à la température de 1° 4 au-dessus de
zéro, mais pas au-dessous ; le CoUomia coccinea, la Nigelle, le
Thlaspi ne germent pas au-dessous de 5 degrés au-dessus de
zéro; le Maïs ne commence à germer que cjuand la tempéra-
ture du sol est à 9, et pour le melon il faut qu elle soit à 17.
Ainsi, chaque espèce de plantes exige une certaine tempé-
rature pour la germination de sa graine. Au-dessous de celte
température les graines ne germent pas, et même elles pour-
rissent si le sol est humide. Il y a, par conséquent, une limite
au-dessous de laquelle on ne peut obtenir la germination des
graines^ et chaque espèce a, pour ainsi dire, lu sienne.
C'est pour ne point connaître ces limites que tant de per-
sonnes ne réussissent pas dans leurs semis. Elles sèment trop
tôt ; elles sèment avant que le sol ait le degré voulu de tempé-
rature pour l'accomplissement des phénomènes chimiques qui
accompagnent la végétation, et leui's graines pourrissent.
Pour semer avec succès, — quant à la température du sol, —
il faut attendre que la chaleur de la surface de la terre soit
au moins à 10 degrés au-dessus de zéro. L'observation a dé-
montré que c'est entre 10 et 20 degrés que la germination,
de la plupart des plantes de plein air, s'opère le mieux.
Il en résulte que l'époque des semis varie suivant le climat ;
et, sous le même climat, elle peut encore varier; car, suivant
que le sol est sableux ou argileux, il met ou moins de temps ou
plus de temps à acquérir le degré de chaleur propre à opérer la
germination des graines.
L'espace de temps nécessaire à l'accomplissement de la germi-
nation varie aussi selon les espèces. Le cresson alénois peut ger-
mer, dans de bonnes conditions, du jour au lendemain, tandis
que la graine de Rosier, placée dans les mêmes conditions, ne
germera que l'année suivante et parfois la seconde année .
A ces considérations de chaleur et d'humidité du sol, il faut
ajouter la profondeur à laquelle peuvent germer les graines.
— 121 —
Cette profondeur varie également selon les espèces. Il est
des espèces dont les graines germent à la surface du sol, quand
ce sol est maintenu dans un état régulier et constant de fraî-
cheur. D'autres, au contraire, dont les graines ne germent
qu'autant qu'elles sont profondément enterrées.
Au poids et au volume des graines, on peut connaître à
priori la profondeur qui convient à chacune d'elles. Ainsi, les
spores des Fougères, les graines excessivement fines ou légères
d'Orchidées ne doivent pas être enterrées.
Les graines ailées de Catalpa, les graines fines de Campanule,
dite Miroir Vénus , en tombant naturellement des plantes
qui les portent, ne s'enfoncent pas très-profondément dans le
.sol et pourtant elles germent parfaitement. 11 faut donc imiter
la nature et ne couvrir que très-peu en saupoudrant seulement
de sable ou de terreau tamisé toutes les graines fines ou ailées.
On enterre ensuite, en raison de la grosseur, les autres es-
pèces de graines ; mais 3 à 5 centimètres est la limite extrême,
des plus grosses, comme pour celles des Haricots, par exemple.
Des graines enterrées plus profondément (1) et soustraites, par
ce fait, à l'action de l'humidité de l'air et de la chaleur, ne ger-
ment pas, mais ne perdent pas néanmoins leur faculté germi-
native. Elles peuvent rester ainsi de nombreuses années, des
siècles même , et germer aussitôt que des travaux de terrasse-
ments les auront ramenées à la profondeur qui convient à leur
germination.
Et maintenant, préparons nos graines ; le temps de semer
approche. Observons bien les quelques préceptes que nous
venons d'énumérer, et nous pouvons compter 99 germinations
sur 100 graines semées. C'est la grâce que je vous souhaite.
F. Herincq.
(1) J'ai, toutefois, obtenu la germination de féveroUes à 40 centimètres de
profondeur; mais le sol était du terreau très-consommé et très-meuble.
— 122 —
COLEUS SAÎSONIÎ (Pl. IV).
Ce CoIeus,on se le rappelle, a été la merveille de l'exposition
d'horticulture de Paris, en mai de l'année dernière. 11 se trou-
vait dans le lot de M. Lierval, un de nos habiles horticulteurs
parisiens, et son origine est celle de la grande majorité des
variétés : il doit le jour au hasard. C'est un rameau qui Ta
produit ; c'est un accident d'une variété de Coleus Veitchii qui
a été fixé par M. Lierval. «
Ce Coleus Saisonii, malheureusement, a pour la famille un
culte profond; il est très-difficile de lui faire oublier ses pa-
rents; quoiqu'on fasse il revient presque toujours à l'auteur
de ses jours, an Coleus Veitchii. Toutes ces belles et brillantes
couleurs, dont la nature l'a alTublé, n'ont itucune influence
sur lui; il n'y tient pas; il n'aime pas le flafla; il n'est pas de
son époque. A loutesil préfère le teint chocolat de sa mère —
et c'est réellement fâcheux.
Pour lui conserver sa magnifique panachure de ronge, de
rose, de blanc, de vert et de couleur chocolat, il faut veiller
avec la plus grande attention à ses velléités de retour aux
types et supprimer tous Jes rameaux qui n'offrent point son
caractère. Mais c'est surtout pour la multiplication qu'il faut
avoir grand soin de ne prendre que des boutures qui portent
exactement ses couleurs. C'est pour n'avoir pas pris cette pré-
caution que la plupart des premiers acquéreurs du Coleus
Saisonii, l'ont perdu. C'est ici surtout — pour ces sortes'de va-
riations — que la sélection peut exercer sa puissance, et qu'il
faut la mettre à profit. Ce serait fâcheux, vraiment, si une aussi
charmante plante disparaissait des collections.
Le genre Coleus, dont le nombre des variétés est déjà très-
considérable, s'est encore enrichi, cette année, de plusieurs
belles nouveautés. M. Morlet, horticulteur à Avon^ près Fon-
— 123 —
tainebleaii, en met trois an commerce, qui portent les noms de
Billotii, Morletlii et Thomasii.
Le Billotii a le centre des feuilles de couleur rouge orange
nuancé de plus ou moins foncé, encadré d'un liseré jaune large
d'un demi-centimètre : les feuilles sont longues de 18 à 20 cent,
sur 9 à 11 de largeur.
Morietii a des feuilles de 12 à 14 cent, de largeur, sur 3 de
largeur; le fond est vert jaune sur lequel coureut toutes les
nervures de couleur rouge pourpre foncé ou marron clair, qui
semblent naître de la base du limbe oh se trouve concentrée la
couleur brune.
Thomasii a ses feuilles de 16 à 19 centimètres do longueur
sur 9 à 10 de largeur; le fond du limbe est d'un beau vert vif
parcouru d'un réseau carmin foncé.
Pour fmir, nous ajouterons une liste d'une douzaine d'un pe-
tit choix que nous avons fait, l'autre jour, chez M. Chaté, qui
possède tout ce que les Coleus ont pu fournir en variétés. En
voici simplement les noms : Ratemanni, Albert-Victor, Ba-
ronness Rothschild, Beaulyof Vidinore, Beauty of Saint John's
Vood, Duk of Edimburgli, Empress, quean Victoria, Prince
Arthur, Prince ofWhales, Princesse royale, Princesse Louise,
Crimson, Surprise,. Princesse Bealrixet Modèle, etc. U y en a
4 de plus que la douzaine promise; mais on ne s'en plaindra
pas.
0. Lescuyer.
LES POIS PRÉCOCES.
M. Teinturier, dans le Bulletin de la Société de la Seine-
Inférieure, recommande trois variétés anglaises de Pois comme
très-précoces et très-productifs.
Bechs Gem est placé en première ligne, comme Pois nain et
hàlif. Ses mailles sont très-rapprochées ; il a deux gousses à
— 124 —
chaque maille, ce qui en fait un Pois très -productif. Son
nanisme et sa précocité permettent sa culture près des espa-
liers, devant les murs.
Rùiy Leader. Variété très- précoce, mais plus élevée que la
précédente; elle est muigre de tige et de fleurs, garnit très-peu
les rames, et ne produit qu'une recolle moyenne. Ce n'est que
par sa grande précocité qu'elle peut trouver place dans un
potager.
Daniel 0. Book. Variété très-vigoureuse, la plus productive
des Pois précoces à rames. Ses tiges sont fortes et s'élèvent de
1° à 1" 30 ; elles portent généralement deux fleurs à chaque
maille : c'est, dit M. Teinturier, une excellente variété.
Le Pois Laxton's alpha est une variété recommandée par
M. Van Houlte. Il a des tiges peu ramifiées, et prend deux
cosses à chaque maille, depuis le premier nœud jusqu'au
dernier, et s'arrêtant à 1 mètre de hauteur au maximum. Ses
cosses sont très-grandes; elles ont la forme du Pois serpette ou
d'Auvergne qui est la souche mère, dit-on, du Pois taxions
prolific, lequel serait intervenu, avec la variété hâtive, ad-
vancer, pour produire le Pois Laxtons alpha^ qui est une ob-
tention de M. Laxton. La graine est verte, ridée, d'excellente
qualité. — Cette variété est le premier Pois ridé véritablement
précoce; les autres variétés de cette nature appartiennent, dit
M. Van Houtte, à la seconde et surtout à la troisième saison,
celles des Pois tardifs.
L. CORDIER.
PLANTES NOUVELLES.
Variétés jardinières.
Bosiers. Le genre Rosier est inépuisable. Dans le catalogue
des nouveautés de novembre dernier que nous recevons de
— 125 —
M. Eugène Verdier, rue Danois, no 3, Paris, le dernier porte le
numéro 66, et ce n'est pas tout ce que la France a produit.
M. Eugène Verdier ne relate , dans ce catalogue, que les
variétés qu'il a multipliées cet hiver, pour la consommation
de ce printemps, et il a dû faire nécessairement un choix;
nous avons déjà cité les gains sortis de ses semis en
novembre dernier, nous n'y reviendrons pas.
M. Charles Verdier, rue Duméril, Paris, annonce : Alexan-
dre de Humholdt, hybride remontant à fleurs beau rose vif
liséré de blanc, et Blanche de Méru, autre hybride à fleurs
d'un blanc légèrement rosé en ouvrant, passant au blanc
pur, et disposées en corymbes.
M. Margottin, à Bourg-la-Reine (Seine), a obtenu deux va-
riétés nouvelles d'hybrides : Charles Turner, à fleur très-
grande s'ouvrant en forme de coupe, d'un beau rouge vif
éclatant, et Mademoiselle Juliette Halphen^ à fleur grande
d'un beau rose chair vif.
M. Liabaud, de Lyon,, est le producteur de : Albion, Baron
Chaurand, Jeanne Guillot, Jules Seurre, tous hybrides.
M. Fontaine, de Châtillon (Seine), a produit : Adelina Patti,
Enfant de Chàlillon, mademoiselle Berthe Baztherai, et
Ville de Laon.
M. Lévêque et fils, boulevard de l'Hôpital, Paris, est
l'obtenteur de Mademoiselle Favart, charmante rose, de forme
parfaite, d'un teint rose très-clair satiné et légèrement liséré
de blanc. C'est une variété de Rosier Ile Bourbon, très-florifère.
M. Hippolyle Jamain, annonce un autre rosier de la même
section : Amélie de la Chapelle, .fleurs de grandeur moyenne,
rose carné tendre.
Les nouveautés de la section des Portlands ou Perpétuels ne
sont pas aussi faciles à obtenir, paraîl-il, car les variétés se
comptent facilement ; cette année en offre deux aux amateurs :
Madame Feij-Pranard (Cherpin), à fleurs rose pâle teinté de
— 426 — •
blanc en été ; et Marie de Saint-Jean (Damaisin), fleurs beau
blanc pur.
Les Rosiers mousseux remontants doivent à M. Moreau
une charmante compagne : Madame William Paul, très-re-
montante, à fleurs d'un beau rose vif.
Gesnériacés. L'établissement Van Houtte, de Gand^, a obtenu
deux séries de variétés vraiment splendides, s'il faut en croire
les figures qu'il en a publiées. La première série comprend :
Nœgelia fulgida bicolor, à fleur mi -partie vermillon et mi-
partie d'un blanc tout marbré; — Damo, fleur toute saupou-
drée de rose avec la gorge jaune d'or constellée de points
vermillon ; — Donderstrall, fleur carmin foncé, à gorge jaune
d'or pointillé cochenille et à lobes blancs rayés d'un pointillé
rose en lignes régulières ; — Droom, large fleur couleur chair,
ornée sur fond crème de dessins très-ouvrés ; — Margenlicht,
fleur d'un beau jaune d'or pur; — Nachtegaal, fleur incarnat
avec un pointillé chair sur fond blanc ; — Zucht, fleur rouge
virantau corail^ avec le cadre intérieur moucheté chamois.
La seconde série est composée de : Plectopoma candidumy
fleurs très-grand blanc, de neige à larges macules lilas à gorge
citron, constellée d'un pointillé carmin vif; — bicolor, grand
feuillage à revers pourpre ; fleur grande à tube couleur
chair teint de rouge à l'intérieur, jaune citron à l'exté-
rieur, pur le tout pointillé régulièrement de couleur safran;
— scintillans, fleur grande rose pourpre, à tube citron
parsemé de points écartâtes ; — suave roseum, fleur grande
d'un rose le plus suave, à impériale jaune d'or; — corallinum,
feuillage vert d'un rose le plus foncé velouté noir ; fleur très-
grande rouge corail, à impériale chrome ; — triumphans, fleur
lilas, blanche à l'intérieur, ornée d'une moucheture amarante,
surmontant une aigrette jaune citron.
ËRN. BONARD.
— 127 —
Expositions pour 1870.
Deux expositions auront lieu à Paris, dans le Palais de l'In-
dustrie aux Champs-Elysées, en même temps que l'exposition
des Beaux- Arts. La première — exposition générale — du
27 mai au l*'^juin; la seconde — exposition permanente —
se prolongera jusqu'au 20 juin. Tous les horticulteurs et ama-
teurs français et étrangers peuvent concourir. Pourront figurer
à ces expositions toutes les plantes utiles ou d'agrément, de
serre ou de plein air, à quelque division horticole qu'elles ap-
partiennent. Les demandes d'admission devront être adressées,
du !«' au 15 mai, à M. le Président de la Société, rue de
Grenelle, n* 84; les plantes seront reçues les 25 et 26, de 6 h.
du malin à 4 heures du soir.
D'ans le courant d'avril il y aura expositions à Gand du tO
au 13 ; à Strasbourg du 17 au 18 et à Bruxelles du 24 au 26.
Le mois de mai aura celles du Havre le 1"^; de Cette du 18
au 22 ; Versailles du 22 au 24 ; Evreux du 26 au 29.
En juin, elles ouvriront à Bordeaux le 2, et à Caen le 16.
Pour le mois de juillet le Havre en aura une seconde le
premier dimanche, et Avranches aura la sienne du 23 au 25.
CATALOGUES D'HORTICULTURE
POUR \&-,0.
Conrtols-Gérard, rue du Pont-Neuf, 24, Paris. Catalogne général des
graines de plantes potagères, fourragères, ûeurs, etc. — Jd, des plantes
ntiuvelles.
Crousse, à Nancy. Catalogue général des plantes disponibles pour le prin-
temps de 1870.
Dcleitalle (Henri), à Thumesnil (Nord). Catalogue et prix courant pour 4 870.
llavartl et Comp., 14, rue Auber, Paris. Catalogue de graines de fleurs^ d'ar-
bres et d'arbustes.
Liemoiue, à Nancy. Catalogue et prix courant pour 1870. — Id. de plantes
nouvelles.
lilnden (ancien établissement Ambr. Verschaffelt), à Gand. Supplément et
extrait, des catalogues généraux, et prix courant pour le printemps de 1870.
Benaiilt^ 15, rue de l'Arcade, Paris. Catalogue des principales espèces de
graines potagères, fourragères, de fleurs, d^arbres et d'arbustes.
Bendatler, à Nancy, Catalogue général et prix courant des Plantes dispo-
n blés pour 1370.
— 128 —
Thibaut et Ketcleer, rue Hcudand, 87, Sceaux (Seine), Catalogue général
des plantes dispiinibles pour l'année ISIO. Nouveautés.
Torcy et Vanuier, à Melun. Catalogue de graines.
t'erdier fEugène) fils aîné, rue Dunois, 3, Paris. Calalog-ue des Rosiers nou-
veaux de l'automne 4 8G9 provenant des multiplications hivernales, et dispo-
nibles au l*' mai.
Tilmorin-Andrieux et Comp., 4, quai de la Mégisserie, Paris. Supplément
aux catalogues généraux, ou liste des Nouveautés.
Travaux eu mm âe liau
Potager. On continue de semer en pleine terre toutes espèces de plantes po-
tagères : pois, fèves, haricots, carottes, chicoréed'été, cornichons, choux divers,
ehoux-navets, navets de Suède, etc., etc. On met en place le plan élevé sur
couche, telles que tomates, aubergines, concombres, choux-fleurs, etc.
On établit en plein air des meules à champignons et des couches tièdcs ou
•ourdes pour melons d'arrière-saison ou pour planter des patates.
Jardin fruitier. C'est le moment où il faut visiter assidûment les arbres frui-
tiers et porter son attention sur le développement des branches, afin de suppri-
mer celles qui pourraient nuire au parfait développement de l'arbre, ou altérer
sa fertilité. Il faut veiller surtout à maintenir l'équilibre des espaliers, en dé-
palissant et redressant les membres faibles, en palissant au contraire très-vigou-
reusement et horizontalement les parties vigoureuses, ou en pinçant les braa»
ches verticales qui prendraient trop de développement. •
Jardin d'agrément. On peut livrer en pleine terse, dans la première quinzaine
de ce mois, les héliotropes, nortensias, pela,rgo: _3rî, pétunias, verveines. On
continue les semis de plantes annuelles du mois d'avril; mais il est un peu tard
pour les balsamines, belles-de-nuit, malopés, œillets, Zinnia, etc. Quelques plant»
doivent être déjà bons à repiquer; il faut y veiller et ne pas attendre qu'ils soient
trop grands; la reprise alors est plus difficile.
Serres. Rempotage, bouturage et greffes herbacées, sont les principaux
travaux du mois. Dans la deuxième quinzaine on sort les plantes d'orangerie, et
vers la fin les plantes de serres tempérées et de serres chaudes. Il faut avoir
bien soin de choisir un temps couvert, autrement le soleil détruirait les jeunes
pousses, encore trop tendres pour affronter ses rayons brûlants.
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RÉDACTEUR EN CHEF.
ATTACHÉ AO MOSÉOM u'illSTOinE NATUtlELLB DE PARIS,
Collaborateur du Mannel Jt$ ninmcs, dos GgllrOS du no» Janllnler,
Ex-RédaCtOUr principal de la Soclélé irimnicutnire ,le in Stine ,
Membre lioaoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'borticultiire, etc. ,
L'Horticulteur Français paraît le 3 de chaque mois, par iivr.iison de 32 pages de texte
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Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un boa
snr la poste ou sur une maison de Paris, sont avertis ((ue nous leur ferons nri'senler une quit-
tance de DOUZE francs. Cette augmentation deU.N franc sert à payer les frais de négociation de
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1870
MM. les
selte,
Nous m-iions sut la dernière page „^ .
mou et dont nous avons reçu un exemplaire.
MÉDAILLE D'ARGENT A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867
50 MÉDAILLES
aux Expositions de Paris et de la Province.
CULTUUE SPÉCIALE
de Ferdinand GLOEDE, horticulteur, à Beauvais {Oise).
Iiihrairie de E. DONNAUD, éditeur, rue Cassette, 9.
DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE
CONTENANT
l'histoire la description, la figure des fruits anciens et des fruits modernes
les plus géinéralement connus et cultivés,
Par André LEROY,
PÉPINIÉRISTE,
Chevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président
du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger.
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SON HISTOIRE , SA CULTURE
Suivi d'une moîiographie des espèces et des variétés principales
Par E. GHATÉ fils, horticulteur.
Un volume in-tQ colombier. — Prix : broché, 1 fr. SO
SOMMilRE DES ARTICIES CONTENCS DANS CE NUMÉRO.
F. IIerincq, Chronique. — F. Herincq, Le Rapport de la Commission du Radis
sauvage amélioré. — 0. Lescuyer, Le Weigelia Lavallei (PI. V) -•-
J.-B. Weber, Une plante propre .'i garnir les ligrs de Rosiers. — II. de FrémOiNT,
Sur la rusticité de quelques plantes. — F. IIérincq, Bibliographie : Histoire
des Plantes, de M. Bâillon; la Truffe, par M. Chatin ; Nouveaux éléments de
Botanique, par M. Léon Marchand. Peiit Gnide pour le jardin maraîcher, par
M. Nardy. — X..., Petites nouvel es ; Floralies russes. Fourmi, Carotte
grelot hiltve, Arrosemcnls des Fraisiers. — Cataloç|ues pour 1870. — X...,
Travaux du mois de mai.
CHRONIQUE
Lutte entre l'hiver et le printemps ^ effeldes gelées tardives et de la sécheresse
Exposition d'horticulture de Paris : premièie partie : pas de médailles, pas
d'exposants. La 132* exposition à Gand-, noiiveauiés qui y figuraient. De
l'horticulture en Belgique et eu Franco. Un peu de statistique au sujet de la
Violette. Les glaïeu's de M. SoiuheC. Les maraîchers de Paris. La culture
maraichèiB en Belgique et en Prus-e, et sa production. Le bill du parle-
ment anglais pour réprimer la fraude dms la vepte des graine.i. Ce que je
proposerais si en France le Corps législatif intervenait dans cette même i]ucs-
tion : abus, fraudes, consciences élastiques; complaisances des commissions
de société d'horticulture; un exemple, entre mille; un liquide pour favoriser
la reprise des boutures; conduite de la commission d'enamen. Réflexion et
conseils.
Le printemps a de la peine à s'installer chez nous ; l'hiver
paraît ne point .vouloir lui céder facilement la place^ et la
lune rousse pousse à la réaction. Chaque matin on a de nou-
veaux accidents nocturnes à déplorer. La semaine dernière
c'était la Vigne qui était gelée, les Pommes de terre qui étaient
grillées ; hier c'était la chute des Abricots, des Poires ; demain
on craindra pour autre chose, etc. Et avec cela une sécheresse
désespérante qui entrave la germination des graines. Il ne faut
pas négliger de bassiner ses semis, le matin préférablement
au soir, et d'abriter ses espaliers de Pêchers et de Vignes avec
de simples toiles placées en avant, en forme de rideau. Mais
j'espère que quand ce numéro paraîtra, cette recommandation
sera^iu superflu : nous serons en plein joh mois de mai.
ifai4870. 9
— 130 —
Paris, à ce moment-là, se trouvera en pleine exposition gé-
nérale d'horticulture. La première partie vient de commencer.
Elle est exclusivement ornementale, et c'est la Société d'horti-
culture de Paris qui s'est engagée à garnir de fleurs la nef du
Palais de l'Industrie, consacrée à l'exposition des sculptures,
pour pouvoir faire sa vraie exposition de printemps dans
cette même nef, le 27 courant.
Pour obtenir le concours des horticulteurs, dans cette orne-
mentation, le bureau de la Société a intercalé ce petit entre-
filet dans Vavis placé en tête du n° de mars de son journal :
« Les personnes qui y prendront part y trouveront, dans l'im-
mense affluence des visiteurs alors au Palais de l'Industrie,
un moyen de publicité dont ils n'obtiendraient l'équivalent
ni dans aucune autre circonstance, ni dans aucun autre
lieu, ))
C'est ce moyen de publicité qui remplace les médailles.
Mais les horticulteurs n'ont pas l'air d'apprécier beaucoup
ce genre de publicité sans médailles; pas un n'a lépondu à
l'appel de la Société, qui s'est trouvée dans la triste nécessité
d'acheter aux marchés aux fleurs, -des Pelargonium, des An-
thémis et des quarantaines pour garnir le parterre de la grande
nef. Rien à voir, par conséquent, pour l'amateur, avant le
27,
En atlendant, voici^des nouvelles de la 132' exposition de la
Société royale d'agriculture et de botanique de Gand, la pa-
trie des Van-Houtte, des Ambroise et Jean Verschatfelt, des
Linden, des Van Gaert, etc. Elle a eu lieu du 10 au 13 avril
dernier.
Les plantes nouvelles ne manquaient pas. Dans le lot de
M. Jean Verschaffelt, se trouvaient : Ardisia mollis, Bignonia
picta, Phormium Colensoi, Dracsena regina, Croton irregu-
lare, Caladium prince Albert Edward, Pelargonium Howarth
Ashton, Hotea japonica aureo-variegaia, Canna tricolor, Wet-
— 131 —
trca macrophylla, Blandfordia Ciinninghami, Sarracenia flava
major, un Séquoia gigantea panaché. Les Araucaria Rulei, ele-
gans et glauca; Abies polita, Yucca funifera, Dasylirion Hart-
wegianum , Agave dealbata nana, Xylynacanfha medio lutea,
Verschafrelti foliis aureo-striatis, Regeli, Vandordonckti et
Echeveria agavoides.
L'ancien établissement Ambroise Verscbaffelt, appartenant
actuellement à M. Linden, exposait beaucoup de nouveautés
que nous avons vues à l'Exposition universelle de Paris en
4867, et qui commencent à n'être plus précisément des intro-
ductions nouvelles, bien qu'elles concouraient encore comme
telles. Ce sont: Dracsena Guilfoylei etlentiginosa, Griasamo-
rensis, P'icus dealbata, Gochliostema jacobianimi, Peperomia
Verschaffeltii, Sanchezia glaucophylla, Anthurium hybridum.
Puis quelques espèces plus nouvelles, ou qui n'ont pas au-
tant couru les expositions : DracîBnalutesceus striata, Maranta
Bismarkiana, Pliilodendrum Daguense, Dieffenba liia nobilis
Anthurium trilobum, Dioscorea Eldorado, Odontoglossum ro-
seum, etc.
M. Van Gaert avait aussi son petit lot de nouveautés. Sela-
ginella species nova de la Californie, Lomaria gibba, viir. Belli
Lilium longillorum albo-marginatum, DiefFeubaclua eburnea
Macadamia ternifolia, Skimmia oblata albo-varitgata, Croton
maximum, Daphne eleganlissima, Veitchia Johannis, Ptychos-
perma Alexandrae, Phormium Colensoï variegalum, Bland-
fordia Cunninghami. En conifères : Picea Japonica , Gha-
mœcyparis obtusa filicoides et ses var. lycopodioidcs, nana
aurea, pisifera pi il fera ; Relinospora plumosa, Juniperus ri-
gida et japonica, Podocarpus elegantissimus, etc., etc.
L'établissement Van-Houtte brillait par son absence ; mais
plusieurs de ses nouveautés figuraient dans les lots de diffé-
rents exposants, entre autres les Azalées Mme Louis Van-
Houtte, Mme Van Langsenhove, M"e ^[^^ie Van-Houtte, qui
— 132 —
se trouvaient dans le lot de M. Ed. Vandercruyssen, en com-
pagnie d'autres nouveautés qui portent les noms de Princesse
Stéphanie Clotilde, la Victoire, Neptune, Merveille, la Sur-
prise, la Géante, Splendeur, et deux serais de l'exposant.
En Rhododendrum nouveaux, M. de Coninck avait présenté
Léopold II, mistriss John Clutton, mistriss Fitz-Gérald, Lady
Émily Peel, Mme Carvalho et Lord John Russel, qui accom-
pagnaient une belle et nombreuse collection de variétés plus
anciennes.
M. Joseph Vervaene avait plusieurs semis de Rhododendrum
et d'Azalées non nommés. M. Boelens et fils les Azalées
nouvelles : Napoléon III, Mme Lemonier, Rosea splendida,
Souvenif du baron Heynderycx, Adolf Masquelier et belle
Aurore. — Dans le loi de M. Lieven Brugge, on trouvait en-
core les Azalées Bakator blanc, Alcanlino, Balafont, Was-
hington, Reinette de Cassel, Borowitsky, et trois semis de
l'exposant : Napoléonis, Parkinsonii, Gardénia.
Mais assez de nouveautés à la clef !
Comme collection, les Camellia étaient richement repré-
sentés par les lots de MM. Brugge et Camille Vanden Bossche ;
les plus belles collections de Rhododendrum appartenaient à
M. de Coninck et Joseph Vervaene. Les Azalées étaient aussi
très-nombreuses et sortaient des cultures de MM. Brugge, de
Ghellinck, Van Inweghe,'Jean Vervaene.
Quant aux plantes diverses de serres, M. Linden marche
toujours à la tête des exposants. M. Alexis Dallière avait deux
belles collections de Caladium et de Maranta, qui méritent
une mention.
Cette exposition de Gand, a montré que les amis de Flore
• sont toujours nombreux et empressés en Belgique ; car parmi
les exposants il y avait beaucoup d'amateurs.
En France, le culte des plantes se perd ; les amateurs de-
viennent de plus en plus rares. On aime simplement les fleurs,
— 133 —
ce qui est bien différent. Le pot de Giroflée, de Réséda, est
fort recherché et le bouquet de Violettes l'emporte sur tout
les Macadamia, les Dieffenbachia, les Picea, les Chamœcy-
paris, etc. C'est même effrayant la quantité de Violettes que
Mesdames de Paris consomment chaque année. M. Edouard
Morren, dans son rapport sur l'horticulture à l'Exposition uni-
verselle de 1867, nous apprend que, dans l'année 1868, il çi
été vendu, à la halle de Paris, plus de 5 millions de paquets do
Violettes, c'est-à-dire de gros bouquets. Cinq millions de
paquets! Savez-vous combien cela fait de fleurs? Eh!
bien...., ni moi non plus ; mais c'est effrayant !
Et puisque nous venons de faire la statistique de la Violette,
faisons-en pour quelques autres produits horticoles j cela
variera un peu nos plaisirs.
D'après ce même rapport de M. Morren, M. Souchet, de
Fontainebleau, débite pour 60,000 francs de Glaïeuls par
an. Si le gouvernement avait acheté les 60,000 premiers, et
qu'il les eût distribués aux instituteurs de France pour les pro-
pager par les graines que ces 60,000 et leur descendance
auraient produites, un jardin largo comme notre globe, et qui
joindrait le soleil, ne serait pas encore assez grand pour
planter aujourd'hui tous les bulbes!...
En 1860, il a été consacré plus de 400,000 francs aux
fleurs achetées pour les cimetières de Paris, ce qui prouve
que si le Parisien est frivole, il a au moins conservt' le culte
sacré des morts.
On compte à Paris et la banlieue 1 ,2o0 maraîchers, qui
cultiyent 396 hectares de terrains; emploient 546,017 clo-
ches, 110,069 châssis vitrés, et font 4,933,239 fr. d'af-
faires.
En Belgique, la culture maraîchère est aussi une industrie
très-importante. D'après la statistique officielle de 1856,
l'ensemble des jardins potagers, de ce petit royaume, occupe
— 134 —
une surface de 34,981 hectares, et on estime à 900 fr. le
produit moyen annuel d'un hectare de jardin.
Un autre centre de production maraîchère est Erfurt, en
Prusse, la ville aux Giroflées. Elle a exporté, en 1862, 2 mil-
lions de fruits de Concombre. — Quel est le malheureux pays
qui reçoit et consomme tous ces gros Cornichons? — 100,000
kilogr. de Choux-fleurs ; 700,000 kilogr. de graines de lé-
gumes et de graines de fleurs. Une plaine voisine de cette
ville, et entrecoupée de canaux, fournit par an : 600,000 pieds
de Céleris, 500,000 Choux-fleurs, 500,000 Choux-raves,
100,000 Choux pommés frisés, 12,000 kilogr. d'Asperges,
et l'énorme chiffre de trois millions de bottes de Cresson de
fontaine, pour la santé du corps. Je m'exphque maintenant
la belle carnation des Prussiennes et la vigueur des com-
patriotes de M. de Bismark !
Le commerce des graines est une branche importante de
notre industrie horticole ; mais il parait qu'il n'est pas exempt
de fraudes ; car les étrangers, et particulièrement les blonds
sujets de la reine Victoria reprochent, souvent, à nos commer-
çants^ de n'être pas toujours très- consciencieux dans leurs li-
vraisons de graines. Je ne veux faire ici le procès de personne,
mais je me permettrai de rappeler, à MM. nos voisins d'outre-
Manche qui crient fort contre les commerçants français, que
le parlement anglais a dû éditer, l'année dernière, un Bill ou
loi, pour réprimer les fraudes des marchands grainiers de la
Grande-Bretagne.
En France, notre Corps législatif n'a pas été obligé jusqu'ici
d'intervenir dans la question. Il est vrai que s'il entrait jamais
dans celte voie, l'année n'aurait pas assez de 565 jours pour
permettre^ à nos honorables, de voter toutes les lois nécessaires
pour mettre les honnêtes citoyens à l'abri des abus et des
fraudes usités depuis l'invention des consciences élastiques.
Si jamais cependant nos députés étaient obligés d'intervenir,
— 435 —
comme Messieurs du parlement anglais , dans nos petites
affaires horticoles, je leur soumettrais mi projet de loi pour
réprimer les trop grandes complaisances qui envahissent de
plus en plus les commissions des sociétés d'horticulture; com-
plaisances qui couvrent et protègent, inconsciemment sans
doute, des fraudes très-préjudiciables à la science et aux in-
térêts horticoles. Un exemple entre mille.
Il y a environ deux ans, la Société d'horticulture d'un pays
très-réputé pour le produit végétal bivalve qui porte son nom,
fut appelé à se prononcer sur la valeur d'un liquide qui favori-
sait, disait l'inventeur, la reprise des boutures. Elle nomma
une commission, qui, après des expériences, rendit un rap-
port favorable dans lequel on parle de 80 pour 100 de bou-
tures réussies en employant le liquide, et de 40 seulement —
juste la moitié des premières — pour les boutures faites sans
l'application du liquide. Naturellomcnt tous les amateurs d'a-
cheter l'eau fameuse ; mais, au lieu d'obtenir 80 pour 100,
ils n'ont sauvé que 1, 2, 3, quelquefois 4 boutures sur 10! Or,
le 80 pour 100 de la commission n'était qu'un résultat fictif; le
résultat réel, obtenu par elle, a été comme celui des douze per-
sonnes desquelles nous tenons ces rensignements, c'est-à-dire
de 1 à 4 sur 10. Il n'y arien ici qui nous surprenne. Le liquide
recommandé n'est pas une invention nouvelle; c'est l'iiistoire
du co//ot//o/i d'un Anglais, M. Lowe, qui a fait quelque bruit
en 1854 dans le monde horticole, et dont ra[)plicatiou a été
fortement recommandée en France, sur la connaissance qu'on
avait de la parfaite loyauté de l'inventeur. Mais on reconnut
bientôt, sans mettre en doute la loyauté de l'inventeur, que
le coUodion n'exerce aucune influence- favorable sur la pro-
duction des racines, ni sur la conservation des boutures (1), et
le procédé Lowe fut abandonné.
(<) Voir l'arùcle de M. Desbois maltiplicalour chezj M. Vaa HouUe, [pu-
blié à cette époque dàas l'Horticulteur Français 1854, p. 15J.
— 136 —
Pourquoi la commission du nouveau liquide n'a^t-elle pas
fait connaîlrela réelle vérité 1 Ah ! voilà! La réponse à celte
question est hérissée d'épines. Néanmoins il n'enlrera jamais
dans mon esprit qu'il y a des complaisants assez complaisants
pour sacrifier la vérité à leur dieu ventre!...
, Quoi qu'il en soit, il est péniFDle de voir des commissions hor-
ticoles agir avec une telle légèreté. C'est ainsi qu'on jette la
défaveur sur les Sociétés d'horticulture ; car il est impossible,
après des actes empreints de la plus incontestable partiaHté,
d'avoir la moindre confiance en ces institutions Quand on n'a
pas le courage de dire la vérité aux gens ; quand on craint de
se faire des ennemis ou de perdre l'amitié de personnes qui ne
sont pas toujours dignes de conserver celle des autres, on
n'accepte pas la mission de juger leurs actes, ou de vérifier la
sincérité de leurs assertions. En approuvant toujours, comme
font les commissions d'horticulture, on se rend coupable de
complicité, et, dans l'espèce, la complicité est plus condam-
nable que l'acte, puisqu'elle apporte une haute et puissante
consécration qui attire et augmente le nombre des dupes.
F. Herlngq.
LE RAPPORT DE LA COMMISSION DU RADTS SAUVAGE
AMÉLIORÉ.
Enfin ! c'est décidé, la culture est une puissance de pre-
mier ordre, qui transforme tous les végétaux indistinctement
qu'on lui soumet; c'est prouvé parla Carotte Vilmorin, par la
Chicor-ée Jacquin et.... par le déluge.... des plus nobles senti-
ments ! Ainsi le proclame le savant rapporteur de la commis-
sion du Radis des familles, dans son rapport à la Société im-
périale et centrale d'horticulture de France, inséré dans le
— 137 —
journal de cette société, cahier de février 1870, page 110.
Désormais nous n'avons plus qu'à nous incliner devant le
dogme de la transmutation ou transformation de l'espèce.
En effet, s'il faut en croire ce rapport, l'inventeur du Radis
des familles n'a pas obtenu simplement une de ces légères
variations qui constituent les variétés jardinières ; il a déter-
miné une transformation radicale de toutes les parties de la
plante; il a fait avec du Radis sauvage une espèce tout à fait
différente : car non-seulement la racine est devenue charnue,
mais « le développement des fruits, dit le rap|)orleur, est par-
faitement en rapport avec celui des racines i> bien que le semis
ait été fait en automne, époque qui, au dire des transforma-
teurs, n'exerce d'influence que sur les organes souterrains.
€ Longues, étroites et à une seule loge au début, dit-il, les
siliques du Radis sauvage arrivent progressivement à la forme
ventrue très-développée des siliques du Radis cultivé. Comme
ces dernières, arrivées à ce point, elles sont à deux loges. »
Les siliques du Radis cultivé à deux loges ! Ah ! Celui qui a
dit cela à M. le rapporteur l'a induit singidièrement en
erreur. Mais peu importe, la question n'est pas là. Pour le
moment il s'agit de savoir si une espèce peut se transformer
en une autre , par la culture ou autrement. M. le rapporteur
de la Société d'horticulture de Paris dit oui ! les savants les
plus sérieux, les plus sensés — et M. Vilmorin en tète — disent
non ! Oui, M. Vilmorin père est anti-transformisle ! Jusqu'à
ce jour on lui a prêté des idées qu'il combat dans son mé-
moire : nous le démontrons dans cette note.
Nous avons déjà fait connaître l'opinion du professeur de
culture du Muséum ; voici maintenant celle du professeur de
botanique du même établissement, M. Adolphe Brongniart,
qui est, en outre, premier vice-président de la Société impé-
riale et centrale d'horticulture de France.
a: L'espèce, dit-il à la page 23 de son rapport sur les
— 138 —
progrès de la botanique phylographique (1), malgré, la varia-
bilité qu'elle peut présenter dans certaines limites, nous pa-
raît invariable dans son essence et ne pas pouvoir se trans-
former en une autre espèce ni donner naissance à des espèces
nouvelles.
3) Placée dans les conditions les plus différentes de celle où
la nature l'avait fait naître, la plante conserve ses caractères
essentiels ou périt; elle présente. de légères variations, qui
n'ont rien de stable ; elle ne se modifie pas graduellement, et ne
s'acclimate pas.... i> ■
Telle est l'opinion du savant professeur de botanique sur la
transformation des plantes : elle est parfaitement conforme
aux faits observés et recueillis jusqu'à ce jour. La commission
de la Société d'horticulture n'en a pas fait connaître de nou-
veaux; son rapporteur appuie l'opinion contraire, non pas sur
les résultats matériels obtenus par des expériences entreprises
par elle, mais par une simple preuve morale, ce Connaissant,
dit-il à la page H 3, la parfaite loyauté qui caractérise
M. Carrière, la majorité de votre commission est toute dis-
posée à croire ce qiCil nous a dit. )) Ah! le bon billet qu'a
la Châtre ! Il faut convenir que si M. le rapporteur est grave
en la forme, il n'est guère sérieux quant au fond, ce Connais-
sant la parfaite loyauté.... )) Il est sublime, l'argument; il n'y
a que les Sociétés d'horticulture pour en trouver de pareils. En
tous cas c'est être très-habile de l'avoir mis en avant pour
couvrirla personne de l'inventeur ; car nul n'a le droit de mettre
en doute la parfaite loyauté d'un homme ou d'un écrivain,
quand bien même cet écrivain n'aurait pas craint, pour se dé-
fendre d'une erreur, qu'on lui impute, de dénaturer la phrase
d'un de ses adversaires pour lui faire dire le contraire de ce
(4) Publicatioa faite sous les auspices du ministère de l'iaslructioû publique
<868.
— 439 —
qu'il a dit et se donner par cela raison (1). Mais en mettant en
avant \a parfaite loyauté de son client, M. le rapporteur n'est
pas très-heureux; car c'est aussi l'argument in extremis, l'ar-
gument de la dernière extrémité ; le suprême effort du com-
battant qui succombe. Donc, « respect aux vaincus! d Quoi
qu'il en soit la commission a manqué à son devoir.
Elle avait été nommée pour s'assurer matériellement si les
assertions articulées par l'inventeur du Radis de famille
étaient exactes, et elle vient confirmer ces assertions sans
preuve matérielle, mais seulement sur des assertions nouvelles
du même individu ! Franchement, avec la meilleure volonté
du monde, il n'est guère possible de prendre ce rapport au
sérieux. Il est d'autant moins sérieux que le rapporteur a
oublié de citer et de discuter les faits qu'on oppose à ceux des
hommes qu'il défend. Ce n'Qst pas en employant ces procédés
qu'on arrivera à la vérité. C'est sans doute très-habile; mais
ce n'est pas ce qu'on appelle de l'honnêteté scientifique. Je le
dis humblement à messieurs de la Société impériale et cen-
trale d'horticulture de France.
On répète à satiété que cette prétendue amélioration du
Radis sauvage, par la culture, est la confirmation des travaux
de M. Vilmorin . C'est une erreur des plus grossières ; elle ne
confirme rien du tout, puisque jamais l'honorable obtenteurde
la Carotte améliorée n'a émis cette théorie : « que la culture
seule est la cause efficiente de la variation des plantes, et que
toutes les plantes sauvages peuvent être (ransformées et amé-»
lioréespar elle. « Si M. le rapporteur, au lieu de citer une petite
note de quelques lignes insérée dans les Annales de la société
royale d'horticulture (dans laquelle l'auteur fait connaître la
couleur des Carottes qu'il a obtenues), avait consulté le mé-
moire présenté à la société d'horticulture de Londres en -1840
(1) Voir l'Eort. franc. 1870, p. 107 lignes 12 et suivantes,
— 140 -
et publié pour la 'première fois en français, en 1859, en tête
du Recueil des Notices de M. Louis Vilmorin, il aurait mieux
connu l'opinion du savant honnête — modèle d'honnêteté
scientifique — auquel on attribue la théorie absurde de la
transformation des plantes sauvages par la culture ; il aurait
vu, au contraire, qu'il en est le plus sérieux adversaire, puis-
qu'il lui oppose de nombreux faits. Mais tel est l'amour de
la vérité de nos adversaires, qu'ils gardent systématiquement
le silence sur tout ce qui est contre les principes qu'ils veulent
faire prévaloir.
Et puisque ceux qui ont mission de répandre la vérité
l'enveloppent ainsi de nébulosités, pour la cacher aux yeux
de ceux qui veulent faire sincèrement connaissance avec elle,
il est de notre devoir d'écarter les nuages qu'on amoncelle
autour d'elle, au risque de nous faire foudroyer par tous les
Jupiter olympiens de l'horticulture.
Voici d'abord l'opinion de M. Vilmorin sur l'espèce : c L'es-
pèce naturelle, dit-il, (1) est essentiellement fixe et stable ; elle
ne varie, sauf de rares exceptions, que dans les limites assignées
aux différeuces individuelles ; différences qui s'éteignent et se
renouvellent avec les individus, sans laisser de traces durables
et donner naissance à des races nouvelles, ce qui explique
comment nous obtenons si facilement des variétés de nos
plantes potagères déjà déviées et améliorées, tandis que si
nous introduisons dans la culture une espèce encore à Vétat na-
turel, nous ne la voyojis pas se modifier sensiblement. i>
11 est bien difficile de trouver dans ce passage du mémoire
de M. Vilmorin, le principe qu'on lui attribue : que la culture
est la cause de la variation des plantes sauvages. Mais les par-
tisans de la transformation, par les procédés culturaux,
seront bien obligés de se rendre à l'évidence après la' lecture
(<) Livre cité, page 7,
— 141 —
du passage suivant, qui se trouve à la page 8, et dans lequel
l'auteur combat cette opinion, en examinant les moyens par
lesquels la transformation de nos plantes domestiques a été
effectuée.
« On pourrait croire ^ et cette opinion m'a été quelquefois mani-
festée par des hommes éclairés, que, pour la création des variétés
alimentaires perfectionnées, il a dû suffire d'une nourriture abon-
dante et des soins de la culture jardinière, mais un examen
attentif ne permet d'adopter cette opinion que dans un sens trés-
restreint. Certainement ces soins sont au nombre des moyens in-
dispensables; mais il est indubitable aussi que, seuls, ils ne
suffiraient pas. Donnez au Chou sauvage une nourriture très-abon-
dante, traitez-le jardinièrement, vous lui procurerez un dévelop-
pement plus vigoureux, des dimensions plus fortes; ses feuilles
deviendront plus amples; ses tiges plus hautes ; vous en ferez un
Chou cavalier, ou le Chou vert hranchu ; mais jamais, par ces
moyens seuls, vous n'en ferez un Chou pommé (1). // a fallu cer-
tainement autre chose. — Quelle est cette autre chose, ou plutôt
quelles autres choses'^ Cest là leproblemesur lequel j' appelle l'at-
tention, non pas pour le Chou seulement, mais pour maintes
autres plantes.
Et maintenant, que M. le rapporteur écoute la suite, lui qui
m'a soutenu un jour^ au Jardin des Plantes, que M. Vilmorin
n'avait jamais expérimenté que sur la Carotte : elle se trouve à
la page 9 du Recueil de M. Lo.uis Vilmorin. On veut éviter la
vérité, eh bien, je poursuivrai ses ennnemis, en la traînant à
ma suite, jusqu'à ce qu'elle soit reçue et acclamée partout.
c: Souvent occupé de cette question, termine M. Vilmorin, /a»
cherché à ni éclairer sur elle par des expériences; j'en ai suivi
(1) J'en ai en ce moment l'exemple sous les yeux. Depuis deux ans j'essaie
le Brassica sylvestris^ dont j'ai dû les graines à l'obligeance de M. Loudou et
du Révérend Thomas Bree; les individus les plus rigoureux sont ceux qui s'é-
loignent le plus de la disposition à pommer. (Note de M. Vilmorin.)
— 142 -
sur diverses plantes dans la mie de les améliorer, sur la Laitue
vivace [Lactuca.perennis), sur le Tetragonia, le Solanum stolo-
nifervm, le Brassica orientalis ; plusieurs années d'épreuves ne
rnont jusqu'ici fait obtenir de ces espèces aucune modification
SENSIBLE. Mais la Carotte sauvage, que j'avais comprise dans les
mêmes essais, s' est améliorée , au contraire, de la manière la plus
prononcée ^
Pourquoi donc le rapport ne mentionne-t-il pas ces expérien-
ces et leur insuccès, qui prouvent à M. Vilmorin « quil faut
autre chose que la culture pour obtenir la déviation d\m type spé'
cifîque, et à nous qu'il n'est pas l'auteur de cette absurde ttiéorie
de la transformation? Pourquoi n'avoir pas parlé de cette autre
chose qui a fait dévier ses Carottes et que nous avons enregis-
trée dans nos observations critiques (1) : la mouche , comme di-
sent les faiseurs de graines de carottes, que doit cependant
connaître M. le rapporteur, ou l'hybridation, commel'a démon-
tré le professeur de culture du Muséiun, iM. Decaisne, par des
expériences faites dans cet établissement et que, au besoin,
M. Verlot, secrétaire général adjoint de la Société, aurait pu
certifier véritables, puisqu'il leur a donné les soins de culture
ordinaire ?
Ah ! c'est que M. le rapporteur n'a aucune confiance dans
les expériences du Muséum, comme il me l'a dit un jour ; elles
n'ont pour lui aucune valeur; ce sont des expériences de
laboratoire qui ne signifient çien ; c'est de l'horticulture en
chambre !
Il croit cependant au Radis sauvage qui aurait été amélioré
dans ce même laboratoire du Muséum. Mais il est vrai que s'il
"y croit, ce n'est pas parce que, au mois de septembre dernier,
on lui a montré déjeunes pieds de Radis prétendu sauvage, re-
piqués dans douze godets de deux pouces, et qu'il n'a pas vu
(1) L'Horticulteur français 4869, page 149.
— 143 —
semer. Non ! Il y croit parce que, € connaissant la parfaite
loyauté, etc., etc. ^ » le reste comme au rapport. C'est tout sim-
plement sublime !
Voilà oîi conduit l'esprit de parti. Il passionne d'abord,
il aveugle ensuite, et, dans cet état de cécité, il est impossible
de marcher droit dans le chemin qui mène au temple de la
Vérilé.
Je regrette bien sincèrement que la Société impériale et
centrale d'horticnltnre de France se soit laissé entraîner dans
cette fâcheuse affaire ; car elle apporte un poids énorme à un
principe complètement faux, qui n'avait, comme soiUien, que
le nom d'un homme faussement invoqué, puisque cet homme
nie positivement l'influence de la culture dans la transforma-
tion de la Carotte, en déclarant que cette transformation,
comme celle des Choux, des Laitues, etc.^ est due à autres
choses que la culture, lesquelles autres choses il déclare,
honnêtement, ne point connaître. Est-il donc si étonnant, après
cela, qu'il ait avoué, à M. Decaisne, que l'hybridation n'a pas
été étrangère au résultat obtenu par lui ?
M. le rapporteur parle d'expériences entreprises par le
comité des cultures expérimentales. Mais il fallait attendre
le résultat, pour confirmer la parfaite loyauté de l'inventeur
des Radis de famille ; il n'y a pas péril en la demeure, et cette
précipitation, au contraire, peut avoir de fâcheuses consé-
quences- Si les résultats sont négatifs, par exemple, que fera
la Société? Elle se rétractera; mais elle n'empêchera pas
que le principe se perpétuera toujours sous sa protection;
car les membres qui ont lu le rapport qu'elle vient de publier
le proclameront auprès de leurs amis et connaissances, et
quand la rectification arrivera, on ne mettra pas autant d'em-
pressement à la répandre. Et, du reste il sera impossible de
retrouver tous les adhérents, qui pourront bien alors ne plus
lire son journal. — Voilà pourquoi il est si difficile de dé-
— iu —
raciner Terreur ; voilà pourquoi aussi il ne faut jamais con-
firmer un fait sans en avoir contrôlé matériellement et à plu-
sieurs reprises l'exactitude.
Le rapport de la Société d'horticulture sur les Radis pré-
tendus sauvages améliorés, ne nous a donc nullement con-
vaincus de la sincérité des assenions avancés au sujet de
cette question, et nous persistons à regarder l'origine de nos
plantes domestiques comme accidentelle et non comme ré-
sultat de procédés culturaux. Ce sont des accidents plétho-
riques qui ont été trouvés sur des plantes sauvages, comme on
rencontre tous les jours, dans la nature, des fleurs accidentelle-
ment doubles, et que l'homme a su conserver par la culture.
Quoi qu'il fasse, le jardhiier n'obtiendra jamais, comme
l'a dit l'honorabie M. Vilmorin, du Chou sauvage un Chou
pommé, ou un Chou-rave, ou un Chou-fleur, etc. Qu'on nous dé-
montre le contraire en produisant une racine nouvelle, mais en
dehors des genres qui fournissent nos racines alimentaires ; car,
malgré toute notre confiance en la parfaite loyauté des inven-
teurs, nous redoutons les méprises et les erreurs involontaires
qu'un amour-propre mal placé ne permet plus ensuite d'avouer.
Nous regardons donc toujours les Radis de famille comme
variétés du Radis cultivé, obtenues de graines provenant de
sujets dégénérés, ou plulôt qui ont fait retour au type spéci-
fique, le Rapha7ius sativus, espèce bien distincte du Radis
sauvage Raphanus Raphanistrum. Nos observations, sur plu-
sieurs plantes légumières, nous ont démontré, en effet, que
ces sujets ainsi dégénérés sont les- plus affolés et qu'ils produi-
sent un plus grand nombre de variétés que les sujets les mieux
coDStitués. Nous réservons cette question pour plus tard.
F. Herincq.
— 145 —
WEIGELIA LAVALLEI (Pl. V).
Ce nouveau Weigelia annoncé par M. Lemoine, de Nancy,
sous le nom de Diervilla {Wei(jeUa) hybrida Lavallci, est une
production hybjide çblenue, d'après cet liorliculteur, du croi-
sement opéré, par lui, sur le Weigelia arborea grandi [lorQ.f
à fleurs d'un blanc jaunâtre, par le Weigelia muUiflora à
fleurs pourpre vineux.
Ses fleurs, formant de longues grappes flexibles, ont la
grandeur des fleurs du Weigelia arborea, et la couleur est in-
termédiaire entre celles des parents, c'est-à-dire qu'elle est
d'un rouge pourpre.
Mais le grand mérite de cette nouvelle variété est de fleurir
dès le plus jeune âge ; des boutures de quelques centin. êtres se
couvrent de fleurs. Celle variété est excessivement floribonde
cbez les sujets vigoureux et forts; les branches latérales sont
tellement fleuries qu'elles s'infléchissent gracieusement sur le
poids 'de la production florale.
Pour la culture forcée, le Weigelia Lavallei est une des meil-
leures acquisitions.
Comme élévation, il peut atteindre 2 et 3 mètres.
(L J'ai dédié ce produit, dit M. Lemoine dans son catalogue, à
M. Alphonse Lavallée, amateur savant et bien connu pour sa
compétence en matière d'arbustes. y>
0. Lesguyer.
UNE PLANTE PROPRE A GARNIR LES TIGES
DE ROSIERS (i).
II y a six ans, nous assistions aux utiles leçons d'horticul-
ture que le savant directeur du jardin des Plantes de Paris
0) Extrait Buîl. soc. d'hort, de la Côte-d'Or.
Mai 4870. 40
— 116 —
fait annuellement dans l'amphithéâtre de la galerie de géo-
logie au muséum de Paris.
Dans une de ses leçons, sur l'ornementation des jardins, le
savant professeur blâmait vivement lamode^ de mauvais goût,
qui veut que dans tous les jardins on cultive surtout des
■Rosiers greffés sur tige; ces arbustes ressemblent alors à un
bouquet perché sur une baguetle plus ou moins élevée ; un
hideux tuteur , un échalas, nécessaire par la fragilité et la
flexibilité de cette haute tige, qui ne saurait résister aux vio-
lences des vents, vient encore ajouter à cet aspect désa-
gréable.
M. Decaisne conseillait aussi de cultiver les Rosiers, soit
en touffe, soit en colonne ou en palissade contre un treillage,
selon les espèces, choisissant celle de ces formes qui serait le
plus en harmonie avec le mode de végétation de la variété que
l'on veut cultiver et de l'emplacement que l'on désire orner.
Préférant de beaucoup ce mode de culture, nous n'hésitons
pas à le recommander aux amateurs partout où ce sera pos-
sible; en effet, rien de plus floribond et de plus en harmonie
avec la végétation des Rosiers sarmenteux, qu'un berceau de
Rosa indica major, une façade garnie du Rosier multiûore,
ou un tronc d'arbre transformé en une colonne de fleurs à
odeur suave, en l'entourant de quelques pieds du Rosier
Ayrshire.
Nous en dirons autant de ces charmants massifs de Rosiers
francs de pied : hybrides, Noisettes, Rengales, Ile Rourbon,
autant de ces déliineuses bordures de Rosiers Lawrances,
fleuris pendant toute la belle saison ; pour nous, il c&t regret-
table que ces charmantes espèces, souvent abandonnées, aient
laissé dans les jardins modernes trop de place aux plantes
à feuillage .
Quelle que soit la valeur de cette critique, la mode est une
impérieuse maltresse à laquelle il faut toujours céder; et puis,
— 147 —
il faut bien le reconnaître, le Rosier greffé sur tige présente
de nombreux avantages ; autour de lui on peut faire croître
de charmantes et délicates plantes, ce qui serait impossible
avec les Rosiers francs de pied ; cette tige grêle, ce vilain tu-
teur, peuvent être dissimulés par une colonne de verdure et
de fleurs ; c'est' ce que nous avons, depuis plusieurs années,
tenté avec succès au jardin des Plantes de Dijon.
Peu de plantes grimpantes conviennent parfaitement pour
cet emploi; les unes, telles que Maurandia, Lophospermum,
Eccremocarpus, etc., etc., sont trop maigres et ne garnissent
pas bien cette tige que l'on voudrait dissimuler.
Les auti-eSj telles que les difTorentes espèces d'Ipomés. Ca-
pucines, Gourdes, Cobeea, etc., sont trop vigoureuses, épui-
sent le Rosier au pied duquel on les plante, puis, par leurs
nombreuses et vigoureuses pousses, cacheraient totalem(nl la
tête du Rosier, si on n'avait pas le soin de les rogner pres-
que journellement ; malgré toutes ces précautions, elles se
dégarnissent encore trop promptement de la base, autre in-
convénient qui n'est pas moins fâcheux.
Une seule nous donne des résultats satisfaisants ; nous rem-
ployons depuis plusieurs années avec un plein succès sur pres-
que tous nos Rosiers.
Nous voulons parler du Thunbergia alata.
Cette plante, bien qu'originaire de l'Afrique orientale et du
Cap, vit très-bien en plein air, dans la belle saison, sous le
chniat de toute la France. Ses tiges grêles et grimpantes vé-
gètent avec assez de vigueur pour garnir une tige de Rosier
en peu de temps. Il suffit de les fixer avec quelques attaches,
et- de supprimer avec un grand soin les pousses qui tente-
raient de pénétrer dans l'intérieur de la tète du Rosier ; cette
opération fait refouler la sève vers les parties inférieures d'où
sortent de nombreuses jeunes pousses qui bientôt forment une
colonne épaisse et compacte couverte de fleurs.
— 148 —
Les personnes qui possèdent un massif de Rosiers à tiges
peuvent laisser une partie des rameaux trainer à terre pour
cacher cette dernière; car cette jolie acanthacée fleurit égale-
ment bien en rampant par terre, où elle peut former de très-
jolies bordures.
La floraison commence, dans les années ordinaires, en juin,
et se coniinue pendant toute la belle saison.
Nous cultivons de préférence la variété orange à œil noir ;
ces deux couleurs contrastent très-agréablement.
Nous faisons des semis plutôt en avril qu'en mars, sur
couche chaude, parce que les jeunes plants irop forls languis-
sent beaucoup à la transplantation en plein air ; quand les
plants ont quelques feuilles, on les repique par deux ou trois
dans de petits pots remplis de terre mélangée de terreau et
de terre de bruyère, que l'on enterre sur couches chaudes, en
les ombrant pendant quelques jours pour faciliter la reprise.
Aussitôt celle-ci assurée, on leur donne de l'air pour qu'ils se
fortifient en attendant leur mise en place, qui doit avoir lieu
dans la deuxième quinzaine de mai.
Nous recommandons, lors du repiquage, de mettre deux
ou trois plants dans chaque pot, car un seul de ces pots suf-
fira alors pour la plantation à faire au pied de chaque Rosier.
Une terre riche en engrais bien décomposé, tenue fraîche
et meuble, est celle qui convient le mieux à cette plante.
La récolte des graines demande de l'attention ; elle doit se
faire pendant que les capsules paraissent encore verdâtres, car
elles s'ouvrent avec élasticité et laissent échapper les graines
avant de paraître complètement mûres.
On doit employer les graines fraîches autant que possible ;
la levée se fait alors plus rapidement.
J.-B. Weber,
Jardinier-chef de U ville de Dijon.
— 149 —
REMARQUES SUR LA RUSTICITÉ DE QUELQUES VÉGÉ-
TAUX, ET SUR L'EFFET DU FROID PENDANT L'HIVER
DE 1869-70.
Nous avons reçu de Rrix, près Valogne, la lettre suivante
qui confirme les faits annoncés par IM. Hauguel, au sujet du
Chamœrops excelsa qui résiste aux hivers, sur les côtes de
Normandie, et pour lequel notre collaborateur de Martragny,
avait émis l'année dernière un doute.
Voici la lettre :
f Brix, 9 mars 1870.
«Monsieur,
» Considérant l'hiver comme passé, je suis bien aise de vous faire
connaître les résultats de son influence sur quelques-uns des arbres
exotiques que nous cultivons ici. Cet hiver a été très-rigourenx, mais
l'intensité du froid, dont le maximum a été de 12° dans la nuit du 26
janvier a fait moins de mal qu'un vent violent de N.-E. qui a soufflé
avec persévérance en janvier et février et qui était accompagné par un
froid variant de —80—6°— 5% etc. L'effet de ce vent violent et froid a
été très-marqué ici, ainsi nos landes {ulex] et nos routes exposées à
son action sont desséchées en partie.
T> Voici maintenant l'effet du froid sur nos arbres : le Benthamia
fragifera a eu une grande partie de ses feuilles desséchée'^, ce qui ne
lui était jamais arrivé ici ; je pense pourtant que la tloraison n'en sera
pas tiop altérée, le Tramwesia glaucesccns ne souffre pas.
» Les Chamœrops humilis et excelsa résistent parfaitement ; les Cocos
amtralU ont parfaitement résisté même sans neige sur leurs feuilles.
» L'hiver prochain j'essayerai le Coryplia amtralis et le Jubea spec-
tabilis ; les Eucabjptus globulus perdront de leurs feuilles mais ne
mourront pas.
» Le Phillocladus est toujours parfait- et rArawcana du Brésil n'a
pas éprouvé la moindre atteinte. >
» Veuillez, etc. » L. Herpin de Frémont. » .
Deux faits ressortent de celte lettre : l'influence incontestée
— 150 —
de la mer, et les effets du \ent qui sont plus pernicieux que
la gelée même. Nous avions déjà remarqué cet effet des cou-
rants d'air, et cette année nous l'avons bien constaté sur plu-
sieurs végétaux ligneux relativement rustiques.
Ainsi un Evonymus japonica, planté au bout d'une .allée
bordée de grands arbres, a été gelé en partie : la .moitié qui
se trouvait faire saillie dans l'allée a été entièrement détruite,
tandis que l'autre qui ne recevait pas le vent coulis de l'allée,
n'a pas eu une feuille atteinte. -
Dans les environs de Bourg-la-Reine, une pépinière com-
posée de ' Lauriers amande a été fortement endommagée ;
presque tous les sujets ont été gelés, tandis qu'à vingt pas
plus loin, des arbres de la même espèce n'ont pas du tout
souffert ; c'est très-probablement que les premiers étaient ex-
posés à des courants d'air froid. ^
Il faut bien peu de chose pour garantir de la gelée. A Segrez
nous avons parfaitement réussi à faire passer de grands Ca-
mellias de trois mètres de hauteur, en plein air, avec un
simple paillasson étalé en dessus en forme de parasol; il
commençait à fleurir dès le 1 5 avril dernier.
Un paillasson dressé simplement devant des Colletia cruciata,
horrida, etc., ne le protégeant pas en dessus, ont parfaitement
résisté aux 13° de froid qui ont été constatés dans cette loca-
lité. Tous les Chamœrops excelsa, jeunes et vieux, n'ont eu
pour protection que le paillasson étendu au-dessus de leur
tête, et pas un n'a souffert.
Ce toit protecteur nous a mieux réussi que la paille qui en-
veloppe entièrement la plante. Tous les arbustes ainsi em-
paillé's ont eu leurs tiges gelées, ou tout au moins toutes leur
feuilles sont tombées.
Ce système de poupée est vicieux, en ce que la paille mouillée
soit par la pluie, soit par la neige, devient un foyer d'humidité,
qui favorise l'action du froid sur les tissus des végétaux.
— 151 —
Toutefois, nous ne recommandons pas plus l'un que l'autre,
car le froid a mille manières d'agir : il respecte un jour des
sujets qu'il extermine le lendemain . F. Herincq.
BIBLIOGRAPHIE.
Histoire des Plantes ; La Truffe; Nouveaux Éléments dliistoire naturelle; Petit
Guide -pour le jardin maraîcher.
Histoire des plantes, par M. Bâillon. Le savant professeur
poursuit sa tâche en botaniste rompu à toutes les difficultés de
la science. Depuis que nous avons annoncé ses monographies
des Renonculacées, Dilléniacées, Magnoliacées, et Anonacées,
la Hbrairie Hachette en a fait paraître sept autres : les Moni-
miacées, Rosacées, Gonnaracées, Légumineuses-Mimosées,
Légumineuses-Caesalpiniées, Légumineuses-Papilionacées, et
Protéacées ; on nous annonce un nouveau cahier (sous presse)
qui contiendra les monographies des Laurinées, Éléagnées et
Myristicées.
G'est toujours le même travail' consciencieusement élaboré ;
consciencieusement exécuté. Les gravures sur bois intercalées
dans le texte sont toujours très-nombreuses; les dessins, artis-
tement tracés par M. Faguet, sous la direction de l'auteur, ont
été aussi très-admirablement gravés; au point de vue scien-
tifique, ils sont d'une rare exactitude.
On trouvera sans doute étrange de voir, dans l'ordre natu-
rel, les Monimiacées prendre rang entre les Anonacées et les
Rosacées ; puis les Protéacées, Lauracées venir après les Légu-
mineuses. Pour les botanistes c|ui en sont encore aux méthodes
naturelles élaborées sous le premier Empire, ils ont de quoi y
perdre leur latin . Des apétales confondus avec des polypé-
tales; despérigynesau milieu des hypogynes, etc., ce sera pour
eux le renversement de toutes les sages doctrines scientifiques,
et ils gémiront sur le sort de la méthode de Jussieu.
— 152 —
M. Bâillon n'est pas le premier qui ait porté la main sur
l'œuvre de l'auteur du Gênera plantarum ; tous les botanistes
qui se sont occupés de classification, tout en admirant l'œuvre
du maître l'ont attaqué, plus ou moins, même jusque dans Ips
fondations.
Le premier qui porta la pioche sacrilège, sur cette méthode,
fut Decandoile. La classification du savant Genevois est bien
au-dessous de celle de Jussieu au point de vue philosophique.
Il renverse tout simplement l'ordre du Gênera ; commence par ce
qu'il regarde comme végétaux les plus parfaits pour des-
cendre aux imparfaits, et change les noms des divisions. Il
dit Vasculaires au heu de Colylédonées, détruisant tout d'un
coup la base de l'édifice érigé par de Jussieu qui est : Acotylé-
donées, mono-et dicotylédonées, abandonnant ainsi l'embryon
pour s'appuyer sur la tige_, et commettant aussitôt cette grave
erreur : qu'il y a des tiges qui croissent en dedans (endo-
gènes), etc. Puis Schultz vint, qui prend comme DecandoUç
pour point de départ la structure interne (végétaux cellulaires
et vasculaires), d'oti il déduit ses principes de division phy-
siologique, et établit ses homorganes, hélérorganes, synor-
ganes^ etc. Lindley, lui, emprunte a tout le monde pour con-
struire sa méthode : il prend à Linné, en changeant les noms
toutefois, de cryptogames et phanérogames qu'il appelle
asexuel le s ei sexuelles ; il em^Yun[e les vasculaires et les en-
dogènes à Decandoile, et il suit de Jussieu à travers les po-
lypétales, monopétales et apétales, appelant ces derniers tn-
complets. Unger et Endlicher prennent pour assise la structure
anatomique et le mode de développement des végétaux, d'où
deux divisions premières : Thallophytes, eiCormophytes; puis
viennent les divisions et subdivisions, dans lesquelles figurent
les apétales, monopétales et polypétales de Jussieu : quant
aux épigynes, hypogynes et périgynes, il n'en est plus ques-
tion. Enfin M. Brongniart subordonne l'embryon aux organes
— 153 —
de la reproduction, et partage les végétaux d'abord en deux
grandes divisions, comme Linné : Cryptogames et Phanéroga-
mes; pais les phrinérogamss sont divisés en 2 embranchements :
monocotylédones et dicotylédones; ces derniers sont subdivisés
en monopétales et polypélales. La classe des apétales de Jussieu
est détruite, et les végétaux qui en faisaient partie sont dissé-
minés dans les polypétales, M. Brongniart les considérant
comme un état imparfait d'organisation ou d'avortement de la
corolle. Il en est résulté qu'on trouve les Urticées à côté des
Renonculacées, les Amaranthacées à côté des Garyophyllées,
les Platanes non loin des Ombellifères, les Euphorbiacées
dans le voisinage des Malvacées, etc., etc. Quant à la division
établie d'après l'insertion des étamines, M. Brongniart con-
serve les hypogynes et péri gy nés, rangeant dans ces derniers
les épigynes. La classification de Jussieu est, comme on voit,
quelque peu endommagée par tous les auteurs qui se sont oc-
cupés du classement des végétaux.
M. Bâillon, dans son histoire des plantes, a suivi le courant.
Il admet dans son livre la première division de Jussieu fon-
dée d'après le nombre des cotylédons de l'embryon, mais
c'est pour suivre une coutume et non pour consacrer le prin-
cipe; car il ne lui parait pas logique, dit-il, d'établir une clas-
sification avant de connaître exactement les caractères de tous
les objets qu'on a à classer. Toutefois, on peut voir qu'il ne
tient aucun compte de la présence ou de l'absence de la corolle,
et que l'insertion des étamines a, pour lui, encore moins de va-
leur, puisqu'il rapproche les Rosacées des Renonculacées. C'est
que, en effet, à part l'insertion des étamines et la présence de
stipules, une Potentille ressemble singulièrement à une Re-
noncule. C'est beaucoup, diront les partisans de l'insertion.
Pas autant que cela, pourra répondre M. Bâillon, puisque les
Pivoines, de la famille des Renonculacées, sont péiigynes
comme les Potentillesl
— 154 —
Mais me voilà loin de mon sujet. Je voulais simplement dire
que l'œuvre de M. Bâillon s'était enrichie de nouvelles livrai-
sons,— puisque j'ai fait connaître dès le début mon apprécia-
tion sur ce magnifique et intéressant livre, — et je me trouve
dans les hautes régions phytographiques pour lesquelles n'a
^sls été h'iiV Horticulteur français. Redescendons donc et fai-
sons ample provision de leste, pour ne plus monter si haut.
Donc, prenez la monographie des Monimiacées, et d'après
les jolies gravures, qui émaillent le texte, vous verrez pourquoi
M. Bâillon y place les Calycanthus, et pourquoi elles se trou-
vent à côté des Rosacées.
Vous saurez ensuite, en passant à la partie historique, que
Técorce du Calycanthus flortdus est substituée, en médecine, à
récorce de la Cannelle. Vous apprendrez quels senties végétaux
qui fournissent le bois de tambour, le bois gilet, le bois à allu-
mer des habitants des îles mascareignes ; et quel est l'arbre
qui porte la Pomme Jacot, le Pot de chambre Jacot, ou la
Pomme de singe, etc. La monographie des Rosacées, qui vient
après vous offrira un* autre attrait; celle des Légumineuses
est peut-être encore plus intéressante. Du reste tout est at-
trayant dans ce livre qui ne sacrifie rien, toutefois, à la partie
scientifique. Car, après l'étude approfondie de toutes les séries
delà famille, au point de vue des caractères, des affinités, de la
distribution géographique, etc., l'auteur donne un Gênera, en
latin, oîi tous les genres sont décrits très-minutieusement,
pour faciliter l'étude ou la détermination des genres.
La Truffe. Etude des conditions générales de la production
truffière, par M. Ad. Chatin, professeur de botanique à l'école
supérieure de pharmacie de Paris. — Si vous voulez des truffes,
semez des glands, a dit le comte de Gasparin; M. Chatin pense
de même. Dans le livre qu'il vient de publier à la librairie
Bouchard Huzard, il se livre à la recherche des données les
plus sûres pour parvenir à la production rationnelle de ce
— 155 —
Champignon qui est, dit-il, aussi sain que réparateur, et qui
est l'objet d'un commerce considérable : il s'en consomme
chaque année paraît-il pour 50 millions de francs. A la suite
d'un voyage d'un mois, dans les pays trufûers, il a pu se con-
vaincre que les reproches adressés aux truiîes ne sont pas
fondés. Actuellement il ne craint pas d'être de l'avis de
Louis XVIII, dont la compétence gastronomique ne peut être
mise en doute, et qui disait au docteur Portai : Les Truffes,
docteur, ne sont pas ce qu'un vain peuple pense. Donc, dévorons-
en sans crainte, car ce ne sont pas davantage des piqûres
d'insectes ; M. Chatin le démontre très-clairement en combat-
tant les idées de mon ancien adversaire dans cette question,
M. Jacques Valserres.
Après avoir passé en revue toutes les espèces de Truffes
l'auteur fait connaître les arbres trufûers ; il résulte decetle re-
vue, que les chênes ne sont pas les seuls à abriter ce Champi-
gnon; par conséquent on peut conclure que le Chêne truflier
n'estpas précisément une vérité. La Truffe a été trouvée sous 39
essences d'arbres, dont 7 espèces de chênes et 32 autres végé-
taux, parmi lesquels se trouvent la Vigne, le Buis, la Ronce, le
Rosier églantier, etc. 11 me serait impossible de suivre M. Cha-
tin dans son livre. Tout cequejepuis dire, c'est qu'ilm'a beau-
• coup intéressé, et qu'il intéressera bien davantage encore
celui qui voudrait se livrer à la culture des Truffes ; culture
possible, et dont la seule difficulté consiste à créer le miheu
dans lequel peut se développer et croître ce délicieux Cham-
pignon. Je dis délicieux par pure déférence pour les amateurs.
Qu'on me permette de placer ici une bonne anecdote que se
plaisait à raconter l'excellent et.regretté M. Léveillé, que la
mort vient de nous enlever, et dont la vie a été partagée entre
les malades et l'étude des Champignons. Il passait un de ses
examens de médecine qui portait sur l'histoire naturelle. L'exa-
minateur lui présente un bocal hermétiquement clos, dans le-
— 156 —
quel il y avait une chose à peu près ronde, rugueuse et noire.
« Pourriez'vous me dire le nom de cet objet? lui dit le grave
professeur. € Le jeune Léveillé regarde, tourne et retourne
le bocal, et répondit avec assurance : € C'est une galle-in-
secte, î Le professeur de sourire en disant : « Vous en êtes
bien sur ?
— Aussi sur qu'on peut l'élre en ne voyant l'objet qu'à tra-
vers un bocal, répondit le jeune étudiant ; car on ne pourrait
l'affirmer qu'en coupant l'objet en deux.
—r Eh bien ! coupez, je vous'y'aulorise. d
D'un coup de scalpel la masse globuleuse fut ouverte, et l'é-
lève montra au savant professeur les loges intérieures dans
lesquelles s'étaient nichés les insectes.
«En voilà la preuve, 5) dit-il.
C'était une truffe appartenant à l'espèce de M. Jacques
Valserres.
Le pauvre professeur ne savait plus quelle contenance
tenir.
— Vous avez raison, et pourtant, ajouta-t-il, voilà 25 ans
que je la montre et la fais reconnaître à tous mes élèves pour
une Truffe !
Et l'auditoire d'applaudir. « C'est que, en effet, me disait
cet excellent M. Léveillé, il se trouve souvent de ces galles
parmi les Truffes qu'on vend dans le commerce, d Faites donc
attention, lecteurs, quand vous voudrez faire truffer une dinde.
Nouveaux Éléments dliisloire naturelle , par MM. Gervais,
Léon Marchand et V. Raulin. Cet ouvrage a été rédigé con-
formément aux programmes officiels de 1866, pour l'ensei-
gnement secondaire spécial^ et il est publié par la librairie .
Hachette.
Cet ouvrage est divisé en cinq parties ; mais chaque partie
est traitée de manière que chacune d'elles, peut devenir un livre
complet, une étude complète de ces sciences, mais à des degrés
_ 157 —
différents. Ainsi le premier volume, qui vient de paraître, est
une sorte d'étude préparatoire. Les auteurs promi^nent l'élève
au milieu de la nature, lui montrent l'ensemble sans entrer
dans les détails minutieux qui fatiguent rapidement l'esprit.
C'est, qu'on me passe la comparaison, la manière qu'un cicé-
rone intelligent emploie pour faire connaître sa ville à un
étranger. Il lui fait pai'courir d'abord vaguement celle ville,
lui fait observer la rivière qui la traverse, et les grandes rues
qui y aboutissent; il le promène ensuite sur les boulevards;
les places, les squares, les. jardins publics, les musées, et de
temps en temps, il lui fait admirer les plus beaux monu-
ments qui se trouvent dans cliacun de ces boulevards, de ces
places, etc. De sorte que le soir venu, l'étranger connaît l'en-
semble delà ville; il pourrait la quitter, et raconter en ren-
trant cliez lui quels sont tous les grands éléments qui entrent
dans la composition de celte ville. Mais si le temps lui permet
d'y séjourner plusieurs jours, le cicérone lui fait voir alors le
lendemain une partie de la ville plus en détail ; il n'avait vu
que la façade des musées, cette fois on y entre, mais on les
traverse rapidement, et ce n'est qu'après avoir vu ainsi clia([ue
quartier, qu'il le reconduit à nouveau pour examiner cliaque
cliose en détail. De cette manière, on le comprend, quelque
soit le temps qu'il reste dans la ville, il la connaît, mais plus
ou moins parfaitement.
Tel est le princi[)e qui a présidé ^ la rédaction de ces Nou'
teaux Élémeiils cC histoire nalurcUe. Pour ce qui nous regarde,
c'est-à-dire la botanique, M. Léon Marchand, professeur
agrégé à l'école de pharmacie de Paris, l'a traitée en maître.
Le Colza lui sert d'exemple pour définir l'individu^ l'espèce et
les organes de la végétation. Avec la Giro/lée^ il définit le«
parties qui constituent la fieur ou organe de la reproduction,
et ainsi avec d'autres plantes vulgaires, il parvient à donner
une idée générale de la plante. Des gravures nombreuses et
— 158 —
très-soignées, viennent aider encore à l'explication des textes,
qui, du reste, n'avaient pas besoin de cela" pour être compris,
car le jeune professeur est très-clair dans ses démonstrations.
La zoologie par M. Gervais, et la géologie par M: Raulin,
sont Iraitées avec le même soin et le même talent.
Petit Guide pour le jardin maraîcher, par M. Nardy aîné.
L'auteur de ce petit guide est jardinier à Monplaisir-Lyon. Par
conséquent il sait ce que vaut le temps. Pour n'en point faire
perdre en vaine lecture, il a résumé, dans des tableaux^ la cul-
ture de toutes les plantes potagères, et les notions sur les semis
et les plantations. Dans une première colonne se trouvent les
noms des plantes ; la seconde est consacrée à l'indication des
moyens de reproduction ou de multiplication^ et de la durée
germinative des graines. Viennent ensuite celles indiquant les
époques des semis et des plantations; les époques de la con-
sommation, et dans une dernière sont consignées les observa-
tions spéciales avec quelques notions culturales. Cette idée est
ingénieuse , et ce petit cahier, qui ne coûte que 50 centimes,
rendra de grands services aux personnes qui n'ont pas le temps
de lire les gros livres sur la culture des plantes potagères.
F. Herincq.
PETITES NOUVELLES.
Floralies russes.— Les Sociétés d'horticulture de la Bel-
gique sontbien autrement actives que celles de la France ; c'est
triste à dire, mais c'est la vérité» Outre les bulletins de cha-
cune d'elles, qui contiennent toujours des faits intéressants,
elles publient une œuvre commune, chaque année, sous le titre :
Bulletin de lai fédération des Sociétés d'horticulture de la Bel-
gique. Celui de cette année est consacré aux Floralies russes,
c'est-à-dire à Texposition et au congrès qui ont eu lieu à
Saint-Pétersbourg au mois de mai dernier ; il contient le ré-
sumé de tout ce qui s'est fait et de tout e.e qui a été vu.
— i59 —
Fourmi. — Ce petit animal, au cœur de roc, n'aime pas, au
dire d'un jardinier de Beauvais, Fodeur des feuilles de Noyer.
Donc, un moyen infaillible de le faire déloger, c'est de déposer
de ces feuilles sur les fourm?lières ; on ne les détruit pas, mais
on envoie les fourmis thésauriser ailleurs.
Carotte grelot hâtive. — Cette variété qui est encore dési-
gnée sous les noms de Carotte très-courte à châssis et Carotte
toupie, est celle qui doit êlre.préférablement cultivée, d'après
M. Laizier, maraîcher à Clichy, parce qu'elle est la plus hâ-
tive et que sa racine est la meilleure de toutes. En trois mois
on en obtient les plus beaux produits.
Arrosement des Fraisiers. — M. Lerebours, de Neuilly, a
fait une expérience, en vue d'éclairer la question contestée par
quelques personnes, de l'arrosement des Fraisiers à gros fruits
pour en obtenir une seconde récolte. Dans ce but, il a exagéré
les arrosements à l'aide de tuyaux qui lui donnent de l'eau à
discrétion, et pendant presque tout le mois d'octobre il a récolté
sur ses Fraisiers, des Fraises superbes et d'un parfum exquis.
Les pieds qui lui ont donné cette seconde récolte sont, relati-
vement aux autres, dans le rapport de 8 à 10 et appartiennent
aux variétés Madeleine Lerebours et Excellente.
CATALOGUES U'HÛRTIGULTURE POUR LE PRINTEMPS 1>E 1870.
Aldebert (Mme veuve), à Lille (Nord). Catalogue de nouveautés et spécia-
lités en Rosiers, Dahlias, Pelagoruiums, et en général de plantes de col-
leclioDS.
Bull (William), horticulteur à Chelsea (Angleterre). Catalogue de plantes
nouvelles, rares et belle», en bout? genre, cultivées dans eet établissement.
(Prix, un shilling.)
DuYi-vier, quai de la Mégisserie, n° 2, Paris. Catalogue de graines des
piaules potagères et fourragères, avec notés abrégées sur la culture et l'é-
poque des seaiis; — Supplémeut au Catalogue général.
H. Jamaiii, rue de la Glacière, Paris. Rosiers nouveaux.
liierval, rue de Rouvray, 5, à Neuilly (Seine). Catalogue prix courant ; cul-
ture spéciale dp. nouveautés et de plantes à feuillage.
IVartly aîné, à Montplaisir (Lyon). Plantes nouvelles obtenues dans l'établis-
sement : Canna, Géraniums, Œillets remontants. Pétunia, Verveine.
Rong'ier-ChauTière, 152, rue de la Roquette, Paris. Catalogue général de
Dahlia, et Catalogue prix courant des plantes cultivées dans l'établissement.
-. 160 —
Terdier (Charles), 12, rue Duraéril, Paris. Nouveautés pour le printemps
de 4870 ; Rosiers et Caladium.
Travaux iu mm de hm.
Potager. Le jardinier doit toujours penser à l'avenir; si les légumes abondent
ce mois-ci, il n'en est pas de même dans les mois d'automne; il doit continuer
ses semis de choux-fleurs, brocolis, choux-navels, navets, radis roses et noirs,
choux à grosses côles, de Milan, de Bruxelles, chicorée, scarole, laitues, hari-
cots, pois de Clamart, etc.
Jardin fruitier. Le pincement, l'ébourgeonnage et le palissage sont les prin-
cipaux travaux du mois. Les branches nouvelles qui s'emportent trop devront
être pincées; mais il faut bien se garder de les couper trop court; tous les bour-
geons de la base se développeraient, et à la taille prochaine on se trouverait
très-embarrassé par la présence d'une foule de faux bourgeons. On doit se con-
tenter de pincer seulement l'extrémité, ainsi que le recommande M. Lepère, et
si plusieurs bourgeons se développant au sommet faisaient confusion, on les
taille en vert au-dessus du bourgeon inférieur qu'on pourra lui-même pincer si
son élongation est trop rapide. Pour l'ébourgeonnement du pêcher, on peut en-
lever sans inconvénient tous les bourgeons qui se trouvent sur les branches frui-
tières, au-dessous des fruits, et qui pourraient gêner dans le palissage ; le bour-
geon terminal qu'on peut rogner indistinctement, suffit pour appeler la sève
nécessaire à la maturation des pêches.
Jardin d'agrément. Les soins de propreté, placement des tuteurs, palissades
des plantes grimpantes, sont à peu près ce que réclament les jardins d'agrément,
On plante les Dahlias, et met en place les plantes repiquées en pépinières, et
pendant la belle saison, telles que Pétunia, Chrisanthéme frutescent, Pelar-
gonium, Ilàbrotamnus.
Les semis de plantes annuelles du mois dernier peuvent se continuer dans les
premiers jours du mois ; mais il est trop tard pour les Reines-Marguerite et les
grosses Giroflées jaunes. C'est le bon moment de semer les espèces vivaces et
bisannuelles, telles que Primevères, Ancolies, Phlox, Pieds d'Alouettes vivaces.
Croix de Jérusalem, Roses Tremières, CEillet de Poètes, Campanules, Digitales,
Coquelourde», etc.
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PÉPINIÉRISTE,
Chevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président
du Comice liorlicolc d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger.
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SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NDHËRO.
F. IfEniNCQ, Chronique. — F. Herincq, L Exposition d'horticulture du 27 mai à
Paris. — F. IIi:ki>cq, Pêche Robert-Lavallée (PI. VI). — A. Lavallék, Le
Ceanothus velutinus. — J. Jouan, Noie sur l;i IVuLlilication du Sbralitzia
regiaae. — A. Feriueu, Le. Soufflet injecte ur Pilon, avec figures noires.
— EaN. BoxARD, Plantes nouvelles. — L. Guuoier, La Cliicorée frisée de la Passion,
— X..., Travaux du mois.
CHRONIQUE
Un bois de Séquoia gigantea ea France; tentative de M. Ernest Baroche- in-
succès probable; oiiuvdise coiiiitioQ d'établissem^at ; cffot fàclieux • les ea-
ncmis du progrès agricole s'en frotleront les mains; mais échec n'est pas-
mat. L'Ailanlhe comme arbi'e forestier; la valeur de soa b)is. L-^s E ica-
lyptuà. Ilisticité de qiclquiis Palmiers dans le midi; un Palmier fruitier à
introduire. Culture di Jalap à Paris. Inflience des expositions almo^plié-
riques. Expo-itions universelles interniUoaales de Londres et de Lyon pour
1871. Visite d.î VI. Mixwell Masters, aux présidiints des coTiit-^s franciis au
sujet de I expoiiti')n de Londres; résiltaL. La Société iraiiiiraliou mutuelle
dite Société coopérative des amis de l'instruction scientifique.
L'autre jour, en gravissiint péniblement, sous le feu d'un so-
leil torride, la montée de la Grippe qui longe le parc de Gui-
trancourt, aux environs de iVhntes, je me suis cru — mais pour
un instant seulement — sur quelque haut plateau califor-
nien, dominant une vaste forêt habitée par des géants du
règne végétal, le Séquoia (jUjanlea. Je voyais poindre, en effet,
sur le versant ouest do cette butte inculte, des masses de peiites
cymes séquoiennes, et mon imagination aidant, je pouvais les
prendre pour les extrémités des flèches de Séquoia gigantesques
qui se seraient élancés, d'une vallée profonde, jusqu'au niveau
d'une crête de montagne quelconque du pays aux pépites d'or.
J'ai cherché à me faire illusion; mais la tour de Mantes, où fut
inhumé Philippe-Auguste, et qui se dressait dans le lointain,
me rappelait, sans cesse, quoj'étais seulement dans les environs
de Paris. Ce que je pouvais prendre, avec b^iaucoup d'imagi-
nation, pour des extrémités de Séquoia géants, était tout bon-
Juin 1870» 4t
«- 162 —
nement des Séquoia naissauU que M. Ernest Çiroohe avait
fait planter sur ce coleau aride, qui, jusqu'à ce jour, n'a pu
pourrir que des CaroUcs sauvages; et, ma foi, un bois en mi-
niature de Snquoia gigan'ea, en France, était bien aussi inté-
ressant qu'une foiôt californienne. Je me bovnai donc à la
réalité, c'est-à-dire à examiner cette tenlalive de culture en
grand de l'arbre géant de la C;»lifornie ; tentative qui, mal-
heureusement, nuira plus qu'elle ne servira à la propagation
da Séquoia comme arbre forestier européen; carie résultat
n'encouragera pas les voisins de M. Ernest Barocheà l'imiter,
et lui-même conclura t-il, d3 l'insujcès certain de son expé-
rience, que le Séquoia ne peut entrer dans l'aménagement de
nos forêts.
Il est bien certain, cependant, que le Séquoia est un arbre
rustique, qui résiste parfaitement à nos hivers les plus rigou-
reux, et qu'on peut, dès lors, regarder comme positivement
acquis à la sylviculture européenne. Malheureusement, dans
notre pays, les innovations sérieuses, utiles, sont difficiles ;
l'agriculteur est tellement routinier, qu'il ne sort de la voie
suivie par ses pères que poussé par la jalousie que font naître
les succès de ses voisins.
Aussi, les hommes intelligents, qui travaillent au progrès de
notre agriculture, doivent-ils agir avec prudence auprès des
habitants des campagnes, et ne les faire jamais assister qu'à
des expériences dont le succès est certain, assuré par des es-
sais tentés à huis clos. Non-seulement le routinier est heureux
-de voir l'intelligence se tromper, mais il s'appuie sur ses in-
succès poup excuser son apathie, plutôt que son antipathie
pour le progrès ; il n'est pas aussi indifférent que cela aux
gains . Quand il voit son voisin empocher cent sous, en perfec-
tionnant ses cultures, quand lui a bien de la peine à en tirer
50 avec celles de ses aïeux, il sait très-bien modifier les
siennes.
— 103 -
U n'est pas besoin, alors, de le prêcher beaucoup; il faut
même ne le point prêclier du tout ; an seul exemple fait plus
qu'un déluge de piroles. Parmeniier connaissait bien son genre
humain, quand il faisait garder, pendant le jour, son champ
de pomme de terre dans la plaine de Grenelle, et qu'il relirait
ses gardiens pendant la nuit. Prêchons comme lui d'exemples.
Ces réflexions me sont suggérées par le milieu dans lequel
M.Ernest Baroche a placé ses Sfr/wom. Sans doute cet arbre croît
dans les terrains sableux \ mais il faut que ces terrains soient
assez profonds pour que les arbres puissent solidement s'y at-
tacher par leurs racines. Or, le sol de la Grippe, à Guitrancourt^
n'a aucune profondeur; c'est de la poussière qui repose sur la
pierre calcaire, et, pendant les chaleurs d'été, les rayons du
soleil pénètrent entièrement la faible couche de cette terre
ponssiéreuse qui devient brûlante. Le Séquoia, quelle que soit
sa tempérance, ne trouvera jamais, là, de quoi se sustenter; ses
racines seront brûlées parle soleil, et, dans le cas heureux où
les racines résisteraient à l'action du feu du ciel, il est plus que
probable qu'elles ne pourraient pas opposer une grande ré-
sistance aux vents, étant superficielles, puisque la couche de
pierre est à 30 ou 40 cent, delà surface du sol.
L'essai de M. Ernest Baroche, à Guitrancourt, ne sera pas
heureux, je le crains; il n'aura que fourni, aux cultivateurs
routiniers, l'occasion de se frotter les mains. Qu'il ne se dé-
courage cependant pas. Le Seciuoia réussit parfaitement en
France; les gelées n'ont sur lui- aucune prise. Il est sobre
comme un Arabe, c'est vrai; mais il lui faut un bon point d'ap-
pui, et un sous-sol sableux un peu humide ne lui est pas désa-
gréable. M. Ern. Baroche peut le trouver très-facilement dans
quelques parties de ses bois;"ce n'est que partie remise : échec
. n'est pas nini ! *
Un autre arbre, qui mériterait aussi une large place dans
nos forêts, et qu'on né trouve encore que dans les parcs, c'est
— 104 —
l'Ailanthe ou Vernis à[i ia^on (kilanlhus glandulosus). Nous
n'avons, en France, aucune idée de la valeur de cette espèce.
Son tronc est très-élevé, très-droit. Le bois est moins dense
que celui du Chêne, mais il est bien supérieur comme densité
" au bois de i'Orme ; l'élasticité et la ténacité sont plus grands
que dans ces deux essences. Des expériences ont été faites
ces temps-ci; des plancties d'Ailanlhe exposées à l'air sans
abri ni peinture, se sont parfaitement conservées pendant
vingt-sept ans. Le bois se scie très-facilement et acquiert en-
suite, exposé à l'air, une grande dureté. En Amérique, on fa-
brique, avec ce bois, des outils pour l'agriculture et il ne se
forme ni fentes ni crevasses ; ses branches se prêtent facile-
ment à la confection du charbon de bois, et son tronc est très-
propre à la charpente.
C'est un arbre très-précieux qui pousse très rapidement, et
qui doit prendre place dans nos bois et forets ; nous le recom-
mandons aux forestiers.
L'attention des acclimatateurs est portée, depuis quelques
années, sur certains habitants végétaux de l'AustraUe, ]es Eu-
calyptus; s'il faut en croire quelques écrivains, ce sont des ar-
bres qui intéressent Sdalemenl Ijs m'riJionaax et ce serait au
même titre que les Palmiers, c'esl-à-dire comme arbre d'agré-
ment. Pour nos lecteurs des régions privilégiées de la France,
c'est déjà quelque chose; mais nous croyons ces écrivains
mal renseignés; dans un prochain numéro, nous ferons con-
naître les résultats obtenus."
Voici quelques renseignements sur la rusticité de plusieurs
Palmiers que nous empruntons aux observations de M. Naudin
publiées dans le dernier bulletin de la Société d'acclimatation
de Paris. A Gollioure, où notre confrère a établi son jardin
d'expériences, la température est descendue, dans la dernière
semaine de décembre dernier, à 6 degrés au-dessous de zéro.
Beaucoup de végétaux exotiques, qu'on y regardait comme
— 465 —
invulnérables, ont éié tués roides par ce froid. Ont résisté : un
Phœnix reclinata, de la Cafrerie, qui a perdu tontes ses
feuilles, mais le cœur étant bon, il repartira ; le Lrvislonia ou
Corypha australis; le Phœninc farinifera, charmante espèce
demi-naine très-pittoresque, le Sabal palmelto des Etals-Unis
du sud; \e Levislonia humilis àe la Nouvelle-Hollande; le Jii-
bœa spcclabilis ou Cocotier du Chili, dont la rusticité est à toute
épreuve , enfin le Phœnix dactylifera ou Dattier et les Cha-
mœrops qui n'ont rien à craiudre des iiivers les plus rigou-
reux ôe celte région méditerranéenne.
Tous ces Palmi('rs ont éié ensevelis [)eudant 12 jours sous
un mètre de neige; M. Naudin les regardait comme perdus; ils
étaient complètement aplatis comme le senties plantes des her-
biers ; on les croyait morts, mais aussitôt que la neige fut
fondue, tous ces jeunes Palmiers se redressèrent, et finalement,
aujourd'hui, ils se portent tous très-bien. M. Naudin conclut
de là que les Palmiers sont plus robustes et plus endurants. des
intempéries que leurs provenances tropicales ou quasi-tropi-
cales né le feraient supposer au premier jibord. Aussi recom-
mande-t-il, à la Société d'acclimatation un Palmier fruitier, le
Cocos yataï de d'Orbigny. « C'est, dit-il, un des plus rustiques
de la famille et probablement l'égal, sous ce rapport, du Jitbœa
sj)ectabilis, qui est rustique, même à Montpellier oîi les hivers
ne sont j)as doux. De plus, c'est un arbre fruitier de premier
ordre, et même un arbre agricole, en ce sens que les noyaux
huileux de ses grosses drupes sucrées sont fort recherchés du
bétail qu'ils engraissent rapidement. »
La Société d'acclimatation rendrait donc un réel service aux
cultivateurs de la Provence et de l'Algérie en introduisant une
bonne quanlité de graines de ce précieux Palmier.
Une introduction intéressante, dont parle le jardinier en
chef du jardin de celte Société, M. Quiliou, est celle du Jalap
{Exogonium.purga); c'est une espèce de convolvulacée ou volu-
— 166 —
bilis, qui rend de grands services rmx IMexicains et aux Euro-
péens qui en font un usage modéré d'après ordonnance de
médecin. M. Qiiihou ne paraît pas satisfait du résultat qu'il
obtient depuis deux ans, dans la culture de cette plante; les
petits tubeicules qui se forment n'arrivent pas, dit-il, à matu-
rité, faute de chaleur, et il est obligé de itiaintenir ces plants en
végétation dans la serre chaude pour les conserver. Il est moins
heurtux, dans ce cas, que le jardin de l'école de médecine, oii
le Jalap, depuis plusieurs années, passe parfaitement en pleine
terre, dehors, mûrit ses tubercules, et montre même ses jolies
fleurs en clochette. Sa rusticité n'est pas douteuse, le succès ou
l'insuccès tient, évidemment, aux soins de culture ou à un
simple effet d'exposition.
On ne se rend pas assez compte de l'influence de l'exposition ;
elle est énorme, et peut déterminer une avance ou un retard
d'un mois au moins dans la floraison d'une plante automnale ;
assurer ou faire manquer la maturation des espèces de région
chaude. Cette année encore j'ai constaté une différence de
1 2 jours dans la floraison des Iris exposés au midi et au nord.
Les premières fleurs des Iiis exposés au midi se sont dévelop-
pées le 15maij tandis que celles de l'exposition nord n'ont
commercé àfleurir que le 27.
Et puisque je parle exposition, rappelons que, l'année pro-
chaineily en aura une, d'un autre genre, à Londres : unegrande
Exposiiion universelle d'hortîcuknre. Un comité français a été
nommé, qui doit recueillir les adhésions des horticulteurs;
MM. Dioiiin de Lhuys et Decaisne en sont les présidents. A celte
occasion nous avons eu l'agrénble et flatteuse visite d'une des
rotabilitcs horticoles de l'Angleterre,^!. Maxwell Masters,rédac- |
leur en chef du CardenersChronirlc.Cc savant est venu à Paris
pour conférer, avec les [irér^idunts de sections agricoles et hor-
ticoles. Mais je crois qu'il est reparti comme il était venu , sans
le moindre rtAseignement sur les intentions des horticulteurs
^ 167 —
et agriculteurs français. Personne ne s'en est encore occupé.
Aussi, en nous quittant, nous d-t-il agréàbleriient et spirituelle-
iiient reproclié de ri'iivoir pas, en Fratlce, une activité bien
dévorante pour aider au succès des expositions horticoles in-
ternationales. Comme il a i-aisôn! J'espère toutefois que nos
horticuiletirs tiencli?orit a honneur dfe rùoiitrer leurs produits, à
côté dé ceiix des horticulteurs anglais, et qu'ils porteront hadt
le drapeau français !... Ma foi, j'ai risqué le drapeau ; çâ fait
généralement très-bien; je suis persuadé c{ue, iiiàintehaht, tous
les horticulteurs dje JPrance voht envoyer leur adhésion pour
l'Expositioh iiilërnàtionale de Londres 1 87 1 , et qu'il n'en restera
plus un seul pour celle de Lyon ; car Lyon aura aussi la sienne
à la môme époque.
Ces Expositions internationales sont contagieuses comme la
petite vérole , toutes les i^illë^ \èè atltapent, et je ne désespère
pas d'en voir bientôt une au hameau de Radis-lès-Fouilleuses,
montée par une société anonyme, comme cblïé de tyoh, avec
liii capital dé garantie de 50(i,ObO fi*. O^and donc seroHà rioiis
âssêzraisdrinablesjiout'userd'u'rie chose, sârife jamais eh abuser?
\]hè autre inventiôli toiit aiussi contagieuse, dont oh abuse,
et qui menîice de devenir aussi envahissante et aiissi perni-
cieuse que Vorpliconisme; c'est le coopérai ivisîuè littéraire fet
scieniifiquc. Je coiiiprends leà sofclélés coopératives pour la bou-
langerie, la boucherie, Tépicci-ie ; niais liaîichemeril pour une
société coopé^alive' dés dmi^ de l'irt^trucliori, je cesse absolu-
ment d'en comprendre l'écOno'mic ; si ce n'est qu'on voudrait
peul-ôlre créer un haras pour la production, à bon marché,
d'une grande quantité d'ânes savants. Elle existe et fonctionne
déjà celte société ; car elle est en train de bdttre la caisse dans
hhappcl. Voici la réclame c|u'on tient de nie faire lire dans
le n°du l*^' juin de ce journal.
« La Société cocpérative des amis de l'instruction (I) vient
(<) rSe feraii-flle jas mieux de pendie ce tilre : Socielc dcmucratico-cûopc-
rativc d'aduiuulioii et d exaltation rnuluellei? [•. H.
— 168 — .
d'organiser une série d'explorations scientifiques populaires.
Elle nous prie d'annoncer que plusieurs de ses sociétaires feront
dimanche 5 juin, à Meudon, une course botanique sous la di-
rection de M. Verlot, chef de Técole botanique du xMuséum.
3) Afin de rendre fructueuse cette excursion, deux conférences
sur le même sujet seront faites à la bibliothèque, par M. Pois-
son, conservateur (????) des collections botaniques au Muséum
les 2 et 3 juin à 8 heures du soir. y> ,
Où allons-nous, mon Dieu ! Allons, vote pour moi, j'volerai
pour loi!... Kt on dit qu'il n'y a plus d'enfants!.. .
F. Herincq.
L'EXPOSTTION HORTICOLE DE PARIS.
Si je sais par oîi prendre cette exposition, je veux bien que
le loup me croque ! Je me garderai donc de le savoir, main-
tenant, car le loup me croquerait, et une foule de braves gens
— dans leur jubilation — seraient capables d'en illuminer
l'intérieur de leur cœur ; je ne tiens pas absolument à leur
procurer si doux et grand plaisir.
Je voudrais commencer par quelque chose qui empoigne,
comme on dit, tout de suite le lecteur, et l'attacher par d'au-
tres choses qui le forcerait à lire jusqu'à ma signature inclusi-
vement. Ecrire avec la certitude qu'on ne sera pas lu, — et
c'est le sort des comptes rendus d'exposition d'horticulture,
— ce n'est pas encourageant, c'est même peu fait pour don-
ner des idées entraînantes .
Si j'écrivais pour des <l Jenny, ouvrières au cœur content
de peu, )) je ne serais pas embarrassé. Je débuterais par les
belles Giroflées de M. Thibaut-Prudent, ou bien encore par les
magnifiques et incomparables Réséda de MM. Duvaux et
Greste, et je serais sûr d'être lu jusqu'à la fin en promettant
— 169 -
de faire coiînaître, dans le courant de mon compte-rendu, le
moyen d'en obtenir de pareils. xMais les pauvres Jenny ne me
lisent [)as; je puis dire de suite que ces habiles horlicul leurs
obtiennent leur beaux Uésédas, en les arrosant, tout simple-
ment, une fois par semaine avec avec des épaves de di-
gestion humaine, et les autres jours avec de l'eau pure.
Il parait que c'est un excellent engrais ; seulement quand
on en veut fai}.*e usage pour les plantes cultivées dans les ap-
partements, on se trouve bien de placer, au préalable, les pots
sur l'appui de la fenêtre et de fermer les croisées aussitôi après
cet arrosement; cette précaution n'est pas inutile.
J'avais songé aux Pensées comme principe attractif. Parler
fleurs de Pensée, c'est rappeler quelques doux souvenirs.
Qui n'a pas, en effet, reçu ou envoyé au moi.'is une fleur de
Pensée dans sa jeune existence ? Mais j'ai craint que mes
lecteurs et lectrices, trop béatement [)longés dans les pen-
sées d'autrefois, ne m'abandonnent seul avec celles que
JM.M. Baldlard, Vautrin, Falaise et Tripct avaient exposées.
Et, franchement, écrire pour soi tout seul que ces Pensées
étaient superbes; que M. Balillard en avait exposé deux
lots, pour se donner le malin plaisir d'attraper deux mé-
dailles d'un coup, ce serait brûler son huile et user son
encre bien inutilement.
Les plantes annuelles variées, surtout quand elles sont cul-
tivées et groupées comme Tétaient celles que la maison
Vilmorin exposait, m'avaient paru capables (ï empoigner un
ami de flore, comme les hauts faits de Rocambole f»?poî^/îe/<^
les lecteurs de Ponson, qui n'ont pas encore pu abandonner
leur héros. En effet, celte masse variée de formes et de cou-
leurs attire et retient lougierups; mais jo me suis rappelé
la réflexion d'une dame qui contemplait celte u^crvei lieuse
collection, — auprès de laquelle él; it celle de M. Guénot.
— « Pour obtenir, di.sait-i'lle, un jarcul lésnllat, il [.nit
— 170 -^
avoir un jardinier, un vrai jardinier poiif àé bon et... »
Elle n'acheva pas sa pensée; celle- réflexion la fit partir.
Il est bien" certain que les plantes comme celles dont il est
question , ne se contentent pas des soins que peuvetit
donner les jardiniers d'occasion qui pullulent actuellement sur
le sol de notre belle patrie. Comme disait cette dame, pour
obtenir un pareil résultat, il faut bien connaître et entendre —
non pas les lois sublimes de la physiologie végétale — mais
simplement la culture sans physiologie; or, les jardiniers qui
possèdent cette culture sont rares et cotés hauts sur le marché.
Par conséquent j'ai fait à mon tour cette réileiion : si mes lec-
teur allaient se trouver, par hasard, dans la position de cette
dame qui n'avait pas certainement, à en juger par son gros
soupir et sa retraite subite, de jardiîlier pour de bon? mais eh
leur parlant, au début de mon article, de plantes qui en exigent
un, ils vont jeter ma prose sur leur table, en disant que ce n'est
pas la peine de lire des choses qu'il est impossible de pos-
séder.
J'ai donc renoncé à commencer par les plantes annuelles,
q:ii comptent celte année trois nouveautés dans le lot Vilinofin :
Giiia liniflora, Immortelle à bradées naine à grandes fleurs
rouges^ Perilla nankmensis à feuilles panachées de rose.
M'aurait-on lu et suivi si j'avais débuté par les Aiicubd?
Assurément non ! Les deux lots de MM. Croux et Diirand
étaient 1res intéressants, sans doute, parle grand nombre de
variétés qui les comj;osaient; mais ce sont des Auciiba, et
qu'est-ce qui a le courage de s'intéresser, je le demande, à des
Auciiba'^
Je n'ai vu aucune chance de succès en parlant tout d'abord
deVAbiesHemontii, charmant petit arbuste en pain de sucre,
c'est vr;ji, et qu'on dit être nouveau, ca [leut ôlre encore vrai ;
mais le Sapin sent trop le cimetière, et, comme généralement
la perspective du séjour des morts n'a rien d'entraînant, on
— 171 —
m'eût aLandonné de suite à mon triste sort ; j'en étais pour
mes frais d'écriture.
Les Bhododendron de M. Croux m'ont tenu indécis pendant
longtemps. Ce sont des arbrisseaux qui ont de l'œil. Et puis je
voyais en eux, à causederélymologiedu nom {Rosier en arbre),
une transition pour parler de la remarquable collection de
Rosiers de M. Margoltin. En citant tes variétés Ville de Saint-
Denis, Victor Vcrdier, Comte de ISanteuil, Docteur Andnj, Comte
Cavour, sans oublier mes amours : Jean Cherpin, Prince im-
périal èlAnna Diesbach à (leurs très-lâchement pleines, j'aurais
proclamé naturellement que la Rose est bien toujours lalieine
des fleurs, et le mot reine écrit, je m'écrierai toujours natu-
rellement :
Ali! à propos de Reine, il en est une nouvelle, la Pijrclhre;
elle est devenue positivement une Reine Marguerite vivace. Et,
à l'appui de celte opinion, qui n'est nullement hasardée, j'eusse
cité le lot de M. Duvivier, composé, parait-il, de 24 variétés,
mais dans lequel je dois avouer avoir eu mille peines à en dis-
tinguer quatre : Rose perfection dans les rouges; Princesse de
Metternichf Mme Billard et Mont-Blanc dans les blanches.
En suivant cette iilière j'arrivais, encore naturellement, aux
Pivoines de ]MM. Courtois Gérard et Pavard; aux /r?.s de MM .Yvon
et Giiénot, qui me permettaient d'entrer en relation avec les
coHeciions de plantes vivaces fleuries très-intéressantes de
MM.Yvon et Bonnet. Les fleurs sont toujoursattrayanlesel,enne
citant pas trop de noms latins, je pouvais espérer me mainte-
nir en lecture. Mais, de ces plantes vivaces fleuries, il me fal-
lait— pour être un peu méthodique — parler des plantes médi-
cinales de M. Telotle, et des plantes panachées de M. Yvon,
qui certainement ont beaucoup d'intérêt pour ceux qui ont re-
coins 3iux simples dans leurs maladies, ou qui aiment à con-
templer des natures à moitié mortes. Or, parmi les abonnés de
l'Horticulteur français, il en est peu, me suis-je dit, qui doivent
^ 172 —
croire en la vertu des simples, et il en est encore moins qui doi-
vent admirer la beauté des cadavres ; par conséquent la grande
majorité m'abandonnera à la première citation de Neîiuphar
luira ou de Pissenlit [oliis aureo plus ou moins variegato mar-
giîuitis, et encore ici je me trouverai avoir écrit la suite pour
ma satisfaction toute particulière. Comme je ne pousse pas
l'admiration de mon incontestable mérite (!!) jusque-là, j'ai
renoncé à commencer mon compte rendu par les Rhododen-
drons. J'ai peut être eu tort; car j'en aurais fini maintenant
avec les plantes de pleine air, si ce n'est qu'il me resterait
encore h parier de la Irès-intéressante collection de Fougères
de M. Durand, dans laquelle les connaisseurs admiraient les
Osmwida speclabilis, cinnamomea ou inierrupta.
,Mon embarras a été bien plus grand, quand j'ai cherché
mon entrée en matière parmi les plantes de serre.
Le Pétunia, qui avait comme représentant un joli lot de
M. Emile Ghaté, a perdu dans l'estime publique, depuis qu'on
fait (les variétés à fleurs doubles informes, et des variétés à
fleurs simples panachées qui se dépanachent avec trop d'ai-
sance et defacihté. Il n'est plus fait ^our empoigner, et, malgré
tout le talent que j'aurais pu déployer pour entraîner mes lec-
teurs à sa suite, on m'aurait jeté dans un coin.
Le vieux Géranium, que les savants appellent Pe/ar^onmm
zonak'inquinans, me souriait assez ; il est fort répandu dans
le monde ; il est le bien venu partout, même et surtout là où le
jardinier vrai ou de hasard brille par son absence. Avec les
doubles, me disais-je, on peut entraîner loin son lecteur. Mais,
examen fait de mes notes, j'ai trouvé que dans le lot de
M. Hornet, qui en avait une collection presque complè(^\
formée à grands frais, j'avais eu beaucoup de peine à en dis-
tinguer seulement une demi-douzaine : deux roses, deux rouges,
et la Victoire de Lyon. Et puis j'ai réfléchi que tous les ans
c'est à peu près la même chose, quant aux exposants. Or j'ai
— 173 —
pensé qu'en lisant les premiers mots, mes lecteurs ne manque-
raient pas de dire :(C On le connaît l'article : c'est toujours le môme
cliché depuis 20 ans. » Us auraient alors déposé religieuse-
ment mon numéro dans un autre coin quelcont^ue, et je me trou-
vais avoir écrit pour les araignés qui ne suivront pas les confé-
rences de la Société déinocratico-coopérative des amis de l'in-
struction horticole que j'ai grande envie de fonder, pour me faire
nommer président. Mais écrire pour des araignés démocra-
tiques et sociables, j'ai trouvé que ma dignité se trouverait
compromise ; mon projet de donner le pas aux Géraniums
fut abandonné. Ceci ne retire, bien entendu, aucun mérite
aux collections exposées. MM. Thibaut et Keleleêr avaient^,
comme toujours, un magnifique choix qu'ils pourraient peut-
être encore épurer; M. Emile Chaté exposait une nombreuse
collection très-intéressante, composée à peu près de toutes les
variétés nouvelles de ces dernières années ; il les avait réu-
nies pour juger, par lui-même, de la valeur de chacune d'elles,
ou de la ressemblance trop grande que peut offrir un certain
nombre de ces nouveautés avec les variétés anciennes; il a
fort à faire.
En jetant un coup d'œil rapide sur ces collections de Ce-
ranium de MM. Thibaut-Keteleêr, Kmile Chaté, Hornet et
Lierval, on se rendait bien compte de la nécessité d'un
pareil travail synonymique. Ainsi, parmi les doubles roses,
il y a une dernière nouveauté nommée Madame Boutard, qu'on
peAit facilement confondre avec Madame Lemoine qui, elle,
pourrait être parfaitement remplacée par Impératrice Eugénie f
ou par Mane Croasse, ou bien encore ])-jlv Louise Delesalle, sans
porter trop préjudice à Facquéreur, à moins qu'il ne soit déjà
possesseur de Abel Carrière, de Marie Elisabeth, ou autres à
fleurs roses. Pour trouverla différence entre toutes ces variétés,
il faut recourir au microscope, et compter le nombre des
granules rouges qui se trouvent dans chaque cellule des pé-
— I7i —
taies pour produire la coloration plus ou moins intense des
fleurs : la difiérence est seulement là. Dans Madame Doutard,
on en compte 11,009; dans Madame Lemoine, 10,997; dans
Abcl Carrière, 10,983, etc. IMais pour se livrer à ce genre
d'exercice, il faut avoir une grande habitude du microscope^ ,
êlre doué d'une patience allemande, et avoir beaucoup de
temps à perdre ; encore ne saisit-on pas toujours le nombre
exact des fameux granules colorants.
Pour les variétés à flaurs rouges^ beaucoup plus nombreu-
ses, la difficulté est augmentée par les fractions de granules
qui exigent des opérations algébriques, très-compliquées,
pour arriver à l'unité. Au risque de me faire écharper par les
producteurs, j'avouerai que je n'ai pu trouver la moindre
différence dans les nombres, et que la taille seule a pu me
guider. De toute celte centaine de variétés de Géranium à fleurs
rouges doubles, j'en ai vu seulement deux : une Tom-Pouce,
et une pas Tora-Pouce. Quant à Victoire de Lyon, elle parait
très-différente par le coloris; n'ayant vu la pknte qu'en boulon
commençant à montrer le bout des pétales, je ne puis rien dire.
Dans les variétés à fleurs simples, les différences sont aussi
faciles â établir. J'ai noté Mlle Nilson comme le plus beau
rose, et Vestale comme le plus beau blanc . Parmi les rouges,
Fournaise me semble devoir occuper la première place ; mais
si un fournisseur donnait, en guise de Fournaise, soit Gloire de
Douais ou Rubens, ou Jean Sisley, ou Ervoy, ou. First Favorite,
le plus malin ne verrait que du feu dans la substitution.
Splendeur est un blanc à cœur saumoné. Dame blanche ei Marquis
d'He fard sont dans le même genre, mais le cœur est plus clair
dans la première et de couleur orange dans le second. Madame
Lemonier est tout à fait saumon ; Madame Double en diffère
par le bord blanc des pétales.
La collection de Géranium zonale à feuilles panachées, ex-
posée par MM. Thibaut et Keleleôr, m'a permis de CQa slater
-* 175 —
que Bronze maiel, Her mycsty, Ejyptian queen. Van Dyck^
Beautij Williams, Deauty Caulderdale elEdward lîenderson^eic,
ressemblent à des z,0!iale ordinaires qui aur.'\ient Irop ba, c'est-
à-dire, qui seraient gorgées d'eau ; le fond est d'un vert jaune
maladif, ce ([ui fait ressorlir la zone fon-^é. Comme variété à
bord jaune clair, avec couleur rouge dans la zono, si vous ne
pouvez pas avoir Ainy, vous n'aurez qu'à demander Ilalia
y./iila, ou Honey Combe; et dans le cas où, le fournisseur vous
eriverrait Beauly of Guestwick, ou Lady of Sliallot, ou Golden
may queen^ ne vous plaignez pas. Gomme variétés à feuilles l)or-
çlées de jaune canarie, à défaut de Sophie Cussak , recevez sans
mot dire Sophie Dumaresque ou Lady Cullum, ou Golden Eay, ou
liucy Griève. Quant aux chloroiiques Castlemilck , Syluer
may queen, international, ils se valent par l'éclat de leur
pâleur.
Le Pelargonium à grandes fleurs et fantaisies étaient riche-
ment représentés par les lots de M.M. Thibaut Keteleêr, Al-
phonse Dufoy, Louvel et Barlou ; noug donnerons dans un
prochain numéro une liste des variétés de choix que nous
avons notées, et qui nous mènerait trop loin en la transcrivant
ici. J'ajouterai seulement que le Jury a récompensé deux
gains nouveaux : Triomphe de Saint-Mandé de M. Joseph
Chaté^ splendide variété à flaur rouge, qui sera une merveil-
leuse plante démarche; et Eugénie Lar son nier, waTiéié co-
quette très-florifère, mais que j'avais tout bonnement prise
pour Emile Bihorel; cela tient probablement à leur grande
.ressemblance.
Avec mon air de dire que je ne voulais pas commencer
par les Géranium, il me semble que j'en ai pas mal dit sur
leur compte, et qu'il est temps de passer à un autre g enre.
Soit donc les Azalées de rinde; brillantes et pimpantes
comme toujours, étaient celles de >I.\I. Van Aoker et Barlou.
11 y en avait deux beaux grands sujets appartenant à Leroy
— 176 —
Isidore fort admirés par les amaleurs-connarsseursj ils étaient,
ceux-là, splendides.
Un genre qui, chaque année, attire les visiteurs, c'est le
genre calcéolaire. M. Vilmorin en avait un lot d'une culture
peu commune ; les autres lots appartenaient à M.M. Moyse,
Plateau et Grandjean.
J'aurais dû offrir aux Coleus les honneurs de la première
page; ceux que MM. Morlet, Lierval et Welker avaient pré-
sentés étaient dignes d'une pareille place : Morleti et Thomasi
de 31. Morlet étaient très-remarques des amateurs en ce genre ;
car ici je m'efface : la beauté des feuilles est pour moi une
beauté de pure convention et je ne la comprends pas : j'en
excepte toutefois le Coleus Saisonif qui offi'e des coloris si vifs
et variés que les feuilles alors ressemblent à des fleurs.
Je m'extasie bien un peu aussi, chaque année, devant les
Caladium de M. Bleu; mais c'est absolument pour n'avoir
pas l'air d'un crétin et par déférence pour l'homme dévoué
qui se livre exclusivement à la production de nouvelles va-
riétés. Dans le lot exposé le 27 dernier, il m'a semblé qu'il y
avait plusieurs nouveautés qui étaient bien cousines germaines
avec des anciennetés. Prudence, Monsieur Bleu, ne soyez
pas trop bon père ; sachez sacrifier les nouveau-nés qui res-
semblent trop à leurs aînées. Emilie Verdier.est une charmante
petite plante bien distincte avec ses feuilles blanc carné à
nervures etbDrds verts veinés de blanc; Meyerbeer avec ses
nervures vertes et ronges ; Dachartre avec sa teinte rosé sur
fond blanc, sont encore distinctes ; mais Edmond André me
paraît de trop d;ms la collection, à moins qu'on ne le préfère
à Henderson, ce à quoi je n'ai rien à redire.
J'ai aussi pour le Bégonia une admiration d'estime : c'est
curieux, très-intéressant, mais, pour rester en contemplation
devant eux^ il faut être possédé de l'envie de compter le
uombre des petits points qui se trouvent sur la face argentée
— 177 —
de Madame Hermcq-, après tout, c'est un amusement comme
un autre. M. Emile Chaté en exposait une nombreuse col-
lection , dans laquelle se trouvaient Boliviensis en fleurs ,
Madame Alphonse Lavallée , Duchartrei , Secrétaire Morren ,
Mada)ne Mézard, Robusta, Imperatur^ etc.
C'est du milieu de ce groupe de Bégonia que se dressait
un Canna panaché, nouveauté de M. Chaté, àfeuilles marquées
de bandes obliques alternativement verbes et pourpre brun
foncé.
Celte fois, les plantes à grands feuillages n'étaient représen-
tées que par les Palmiers, Dracœna, et Fougî'res de MM. Cban-
tin, Lierval, Savoie et Luddcmann ; on nous avait fait grâce
des Sapins, des Houx et des Troènes. Le lot de Palmiers
de M. Lierval était composé de 80 espèces rares ou précieuses ,'
comme les VerschaffeUia melanochetes, Brahea spinosa, Onco-
sperma naîi-houtlcana , etc. ; les collections Savoie et Ludde-
mann comprenaient, surtout, des petites jdantes d'espèces
d'appartements. Quant à M. Cbanlin, il exposait de beaux
et grands exemplaires eu Latania borbonica, Brahea dulcis,
Thrinax elegans, Ceroxghnn niveum , etc.
En Fougères , il avait de superbes Cyathea meduliaris et
dealbata, Balantiiun antarcticuni, Cibotiuni Beirichianum.
M. Lierval eu exposait une très-riche collection.
Parmi les Pwidanus du lot Lierval, je citerai son magnifi-
que re//ea?a, \QPorieana à feuilles disposées sur trois faces; le
candelabrum ; les ornata et Vandermeerschii , excellentes
plantes pour appartement , et une espèce innommée de Ma-
dagascar, dont les feuilles sont couvertes d'une poussière
blanche cireuse très-remarquable.
Les Broméliacées avaient queli|ues représentants dans les
lots de MM. Lierval et Luddemann. C'est le Bromelia bracteata
de M. Lierval, qui a été, cette année, l'enfant chéri des visi-
teurs ; tout le monde le demandait : les grands journaux même
J»«/H870. 42
— 178 —
en ont pai'lé. Cette espèce est^ en effet, très-curieuse t elle oiîre
un fruit d'Ananas du plus beau rouge.
Les Orchidées de MM. Luddeuianu, Linden, Chantin et
Chenu étaient aussi Irès-rechercliées. On admirait de fartes et
belles touffes de Cypiipediitm barbalum superbum, villo^iinif
Hookerii superbiens ; Callleija Mosiœ, Aerides falcatum, Lœlia
purpurata, Stanopea saccata superba de M. Luddemann j le
Selefiipediiim caiidatum du lot de M. Chenu ; les Mesospinidium
sa?i(juineum, Odontoglossiim Ehrcnbcrgii nœvium et Pescatorei
de la coUeclion Linden.
Comme collections déplantes de serres variées, on" comptait
d'abord celle de M. Lierval, la plus nombreuse en espèces
rares ^et nouvelles ; puis celle de M. Nadaillac, remarquable
par lîÀ belle culture et la vigueur des sujets ; de M. Grandjean,
amateur comme le précédent, et daus laquelle se trouvaient
beaucoup de bonnes nouveautés, au nombre desquelles on peut
citer le Delechampia Roezlei, qui est loin de tenir, d'après les
plantes exposées, ce que les dessius des journaux anglais avaient
promis; enfin le lot des plantes nouvelles de M. Linden.
Dans le lot Lierval, je signalerai les Dracœna Gailfoylei, à
feuilles rubanées rose et jaune pâle, CyanophyUum speclandum
à feuilles veloutées, Alocasia hybrida, Ledenbergia rosea œnea, '
Fittoniagigantea, Tillandsia Lindeni, Dracœna Liervaliiy Co-
leûs Saisoni, qui n'est pas mort, comme on en faisait courir le
bruit, Phyllagathis rotundifoîia, Philodendron impériale, Bi-
gnonia argyrea violescens aux feuilles marbrées de rose lilacé
clair et vert cuivré.
Quant aux plantes nouvelles de M. Linden, elles portent les
noms : Dioscorea eldorado, Dracœna lentiginosa,' Xanthosoma
'Wallisiij CissusLindehii, Acer palmatam foliis rhticulalis,Ma'
rozamia &yl.indrica, Dracœna lulescens striata, AUernanlhera
cdmabilis lalifolia.
Vu résumé les amateurs-connaisseuM ont dû être charm's
1
— 179 —
decefte eJfposKion; ils ont pu trouvera moissonner. Les ad-
mirateurs d'ensemble n'ont pas été satisfaits; il leur mau-
qtiait de gros spécimens à eflet. Ils auraient voulu un plus
grand nombre Je fortes plantes dms le genre des C/mjsanf.he-
mumfrutesccns, deM. Giroux. des Az liées de M. Isidore L.îroy,
àcsCyanop/njllummagnifictnnôeM. Gliantin, ou des colonnes
en lierre, surmontées de Géranium comme celles de M. Lassus.
Il est bien cerlam qu'une grande quantité de forts sujeis en*
plantes ileuries n'aurait pas fait mal dans le piy.sage; mais,
telle quelle était, celte exposition n'a pas fait regretter les vin-t
sous d'entrée que le public paye, maintenant, sans la moindre
observation; c'est passé dans nos mœurs.
Enfin, comme couronnement de l'édifice, je rappellerai les
incomparables Asperges de M. Louis Lhérault, et j'enregistrerai
les Pommes Calville et Apis conservées de M. Chevalier- les
primeurs en Pèches, Prunes, Raisins, Melon, Ananas, etc.', de
MM Crémont, de M- veuve Entraygues, et de l'exposant por-
tant le n° 126, le jour de l'ouverture de l'I^xposilion. S'il n'est
pas satisfait de cette mention au numéro, qu'il s'en prenne à
la Société d'horticulture qui avait ouvert les portes avant le
travail du Jury, et qui a privé, ainsi, les exposants du bénéfice
qu'ils auraient pu tirer de l'afaaence des visiteurs, si leur nom
avait été placé à chaque lot; l'absence de ces noms n'a pas
permis, en effet, aux amateurs de prendre des notes.
Et maintenant, que j'ai fait tout mon possible pour être
gentil envers tout le monde, advienne que pourra.
F. Herlncq.
PECHE ROBERT LAVALLÉE (Pl. VI).
La Pèche que nous figurons, dnns ce numéro, a été rccolt(5e
5ur un arbre tige plein vent, provenant d'nn semis fait, à Se-
— 180 —
grez, il y a quelques années, avec les noyaux de Pêche de
vigne provenant du Mans. Elle était la compagne de deux ou
trois cents autres, dont quelques-unes étaient encore plus
grosses. On peul juger, par là, ce qu'on pourra obtenir d'un
arbre en espalier et traité, t[uant au nombre de fruits à con-
server, â la manière deMonIreuil, c'est-à-dire en ne laissant
que 8 à 10 pôùhes par môlre sur chaque branche.
Cette Pêche, quia été reconnue nouvelle par les maîtres es
science pomologique, est toutefois proche parente delà Che^
vreuse tardive et delà Reine des vergers.
L'arbre est très-vigoure ix, excessivement fertile et tardif;
il mûrit ses fruits durant la dernière quinzaine de septembre.
Ses fleurs sont petites, de couleur r isée; le calice est cam-
panule rouge brun, à tube glabre et à dents arrondies, duve-
teuses inlérieurement; les pétales sont obovales concaves, à
'peine plus longs que les dents du calice, rosés sur le limbe, et
rouge sang sur l'onglet; les étamines nombreuses, inégiles, ont
le filet couleur carmin; l'ovaire est conique duveteux, sur-
monté d'un style velu à sa bise, glab['3 s ipirieirement, et
dépassant à peine les étamines. La floraison a heu à la fin
d'avril.
Les feuilles sont lancéolées, glabres, obfussment dentelées,
pourvues de 4 à 6 glandes inégales et de deux formes : 2 sont
pétiolaires, arrondies, et 2 ou 4, occupant la place des dents, à
la base du limite, sont réniformes.
Le jeune bois est vert olive plus ou moins fortement teinté
de rouge brun.
Le fruit est de première grosseur et de première qualité ; il
est allongé, terminé par un mamelon assez fortement ac-
cusé, et marqué d'un sillon longitudinal profond; sa chair
blanche, Irès-succulenle, recèle une eau abondante très agréa-
ble ; enfin sa peau, fortemeiit pourprée du cô!é du soleil, et vert
jaune teinté de rose du côté de l'ombre, a le fin duvet di^s
— 181 —
joues rosées du jeune et charmant Bébé auquel nous avons
dédié cette délicieuse Pèche.
F. Herincq.
CEANOTHUS VELUTINUS.
Ce Ceanothus, introduit depuis quelques années dans les
cultures européennes, est une espèce cnlifornienne décou-
verte, par le voyageur Perry, dans les monlaj^nes rocheuses,
sur le territoire de Colorado compris entre le 39' et 41« degrés
de latitude.
C'est un petit arbuste très-élégant à la cyme bien arrondie
qui se couvre, vers la mi-mai, d'innombrables petites pa-
nicules de fleurs légères, blanches, d'une odeur agréable
analogue à celles du Robinia faux Acacia, mais plus faible,
plus douce.
Son fi'uillage est Ircs-beau et persistant ; il est composé de
feuilles ovaks elliptiques, longues de 4 centim. sur environ
3 de largeur, asccz épaisses, bordées de irès-fines dents,
d'un beau vert foncé et glabres en-dessus, de couleur vert
pâle, ou plus ou moins jaunâtre et très-faiblement veloutées
en-dessous.
Par le temps de plantes à feuillage qui court, ce Ceanothus
Inclut inus pourrait être présenté comme tel aux amateurs.
Mais nous lui croyons un plus grand mérite. Par l'abondance
de ses fleurs blanches, il est bel et bien un arbuste d'ornement,
et il me semble qu'il serait ti ès-recherché sur les marchés,
dès le premier printemps, comme plante d'appartement;
élevé en serre, il fleurirait plus tôt, et cultivé, comme plante
de jardin d'hiver il aurait du succès.
Tout le monde a admiré la floraison de ce joli Ceanothus
dans l'École de Segrez, où le sujet fleuri est livré en pleine
terre depuis cinq ans.
— ■182 —
Chaque année, on l'enveloppait de paille pour le garantir
des gelées ; mais le résultat de cette prëcaulion était la chute de
toutes ses feuilles, et la pourriture de l'extrémité herbacée de
ses rameaux où se développent les panicules. Cet hiver,
je n'ai fait mettre qu'un simple toit en pqille supporté, au-
dessus, par 4 piquets et mon Ceanothus n'a perdu aucune
feuille; toutes les ramificalions sont actuellement garnies de
fl'eurs tellement nombreuses que l'arbuste paraît couvert de
neige.
Cette espèce n'atteint guère que 1 mètre à 1 m. 50 cent,
de hauteur.
Alph. La VALLÉE.
NOTE SUR LA FRUCTIFICATION DU STRELITZIA
REGINtE (1).
Tous les amateurs connaissent, pour l'avoir vue ou pour en
avoir entendu parler, la magnifique musacée, qui porte le nom
de Slrclilzia regmœ; on ne peut rien voir de plus éclatant que
les fleurs de cette plante, où se trouvent associées les nuances
tranchées du jaune et du bleu de ciel, et dans une disposition
telle, qu'on croirait, de loin^ voir la tète et le bec d'un oiseau
singulier plutôt que les pétales d'une fleur. C'est dune un or-
nem.ent très-distingué pour les serres.
Les plants de Slreiitzia sont rares et chers. Tous les auteurs,,
en s'exlasianl sur la beauté hors ligne de cette plante, n'ont pas
manqué de piirler de la difûciilté de sa multiplication. Le Boii
ardinier porte qu'on ne peut le multiplier que par là division
des touffes. JM^iis c'est là un exf)édient tiès-dangereux pour
une plante dont les racines sont grosses et charnues et qui
entrent jiar conséquent assez facilement en pourriture.
(1) Ânn. Soc. d'iiort. de Maine-et-Loire, 1810, p. 49.
— 183 -
J'ai cru devoir aider la nature, quoique les auteurs affirment
que la chose est impossible à cause des organes reproducteurs.
Les étamines, en effet, insérées dans l'intérieur du tube, ne
peuvent pas communiquer le pollen de leurs fleurs aux trois
stigmates placés à l'extrémité el au-delà d'un étranglement :
la fleur se flétrit ainsi sans qu'il y ait eu fécondation.
J'ai donc aidé à la fécondation, en dilatant le tube ou plutôt
en l'ouvrant au moyen d'un petit morceau de bois, et en intro-
duisant le pollen sur les stigmates.
Ce simple moyen a suflTi pour assurer la fécondation du
Strelitzia regmœ, et des graines ont été récollées dans le cou-
rant de l'année 1869 dans la serre tempérée do Mme de Ber-
nard, à la Petite-Fontaine, route des Ponts-de-Cé.
J. JouAN, jardinier.
LE SOUFFLET INJECTEUR PILLON.
Dimanche dernier, j'ai fait avec M. Emile Chalé des expé-
riences Irès-inléressanles sur la destruction des insectes qui
font tant de ravages dans les jardins. Notre ennemi était le
puceron vert, et le kermès que l'on trouve sur les plantes des
serres chaudes. Nous expérimentions un nouvel instrument in-
venté par M. Pillon, et qui nous a été fourni par un fabricant,
M. Bodevin,rue Héaumur, 26. Cet instrument, très-simple et
trîîs curieux, se nomme soufflet injnctcur] son vérilable nom
devrait être soiifflel pulvérisateur. C'est, ainsi que son nom
l'indique, un soufflet, tiès-bien construit, muni d'une boule
mobile qui contient le li([uide et le petit appareil qui sert à le
pulvériser. Le dessin ci-joint donne la figure exacte de l'appa-
reil.
Il est très léger, il ne pèse que COO grammes; il est donc
irès-iacilc à manier sans fatigue; c'est ce que l'expérience m*a
— 184. —
prouvé. J'ai pu me servir de cet instrument pendant deux
heures sans é[>rouver de fatigue sensible. Voici comme on s'en
sert. On remplit la boule du liquide destructeur; on referme
l'ouverture avec le bouchon, puis on se sert de l'instrument
dans toutes les positions sans avoir à se préoccuper du con-
tenu de la boule; cel!e-ci^ très-mobile, se trouvant toujours
en équilibre. On souffle et aussitôt il sort de l'instrument
une pluie très-fme semblable à un nuage; elle pénètre
la plante dans les plus petits interstices et va tuer l'insecte
le plus caché; elle mouille promptement et partout la plante
qui est soumise à son action. Le moyen par lequel cet instru-
ment divise le Hquide en milliards de gouttelettes est très-cu-
rieux. Lèvent qui sort du soufflet aspire et entraîne l'air qui
se trouve dans le tuyau placé près de lui à angle droit ; le vide
se fait dans le tuyau; immédiatement la pression de l'air fait
remonter le liquide dans le tube et affleurer le bord où le cou-
rant d'air lesaisitet le divise en pluie très-fine. On voit quec'est
une application d'un phénomène de la nature, une petite trombe
d'air enfermée dans un soufflet et mise à notre disposition. Par
la simplicité de sa construction, les dérangements sont très-
rares. C'est une petite merveille de l'industrie, jointe à la
science. Il réunit plusieurs avantages : celui du bon marché
d*abord, question très-importante, vitale même, puisque le
— 185 —
plus grand nombre pourra se le procurer. Il remplit ensuite
parfaitement son but ; ce qui n'est pas commun parmi les objets
brevetés s. g. d g.
Cet inslrument n'a pas de similiiire dans l'industrie du mo-
bilier horticole, où les inslrumenls pulvérisateurs des liquides
sont inconnus, surtout dans les conditions de perfection, de
bon marché et d'exlrêaie commodité que présente celui-ci.
Tous ceux qui ont assisté à ces expériences ont été émer-
veillés du bon résultat, et je crois devoir le faire connaître aux
lecteurs de l'Horiicidteur français.
Bien que construit pour les liquides, j'ai eu la curiosité
de l'essayer avec la [)Oudreinseclici(Je; le résultat a été le méaie
qu'avec ceux-ci; la poudre a jailli avec force en nua<:e, et
toutes les parties de la plante en ont été presque immédiate-
ment recouvertes. Pour moi, c'est déjà un perfectionnement
sur tous les instruments en usage pour l'emploi des poudres
insecticides. Ceux qui l'acquerront, auront donc deux instru-
ments réunis en un seul.
Les liquides employés pour la destruction des insectes re-
viennent Souvent à un prix élevé; le [)roblème à lésoudre
était de trouver un instrument qui puisse, avec la moindre
quantité possible, obtenir le plus d'effet possible. Ce soufflet
résout le problème du bon marché d'une manière remarquable
Nous avons opéré sur des verveines inft^stées de pucerons;
l'agent deslrueteur était l'acide phénique dissous dans son
poids d'alcool, dans la proportion de 2 millièmes, soit deux
grammes du composé par litre d'eau. Nous avons pesé la
boule après chaque expérience, et, vérifications faites, nous
avons trouvé qu'il nous fallait, pour chaque plante, selon sa
grosseur, 30, 40, 50 et 60 grammes de liijuide. Chaque plante
était bien trempée dans toutes ses' parties et telle qu'elle eût
été, si elle avait été exposée longtemps à une forte pluie.
Quand j'ai quitté le jardin, les pucerons étaient presque
— 186 —
tous morts ; les plus gros seuls prcsentaient des signes de vie.
Cette expérience a bien réussi; elle a mis en relief les excel-
lentes qualités du soufflet pulvérisateur; mais ella n'est pas
suffisante pour indiquer la valeur du liquide destructeur; nous
la continuerons et nous varierons les liquides. Je tiendrais
beaucoup à pouvoir obtenir une certaine quantité de formules
très-exactes et d'un effet sur ; ce serait un excellent résultat
pour les horticulteurs. Nous tiendrons nos lecteurs au courant
de ces expériences.
A. Ferrier.
PLANTES NOUVELLES.
Dahlia arborea. Sous ce nom M. Ch. Hubert, horticulteur
à Hyères, annonce un nouveau Dahlia, qui n'est pas, dit-il,
le Dahlia imperialis^ mais une espèce distincte et tout à fait
inédite, propre au jardin de plein air dans le Midi, et au jardin
d'hiver pour les régions plus septentrionales. Sa hauteur est
de 2 mètres; il forme une touffe ramifiée à grandes feuilles
d'un vert sombre ; et, vers la fin de décembre, là plante se
couvre d'une innombrable quantité de fleurs de couleur mauve,
dont une température à zéro, n'arrête pas le développement.
Il y a quelques 15 à 20 ans, nous avons vu^ dans les collec-
tions de botanique, un Dahlia arborea,- mais qui, depuis, en a
disparu. Est ce le même? La description incomplète que nous
avons sous les yeux, ne permet pas de décider. Quoi qu'il en
soit, un Dahlia en aibre est toujours le bien venu ; nous re-
commandons celui de M.M. Hubert, qui annoncent encore,
dans leur catalogue, les quelques bonnes plantes suivantes :
Modiola geranioides. Plante du Brésil de la famille des
Mauves, vivace, étalée, à feuilles profondément découpées, et à
petites fleurs d'un violet foncé.
Palava flcxuosa* Autre Mal vacée du Bré^il, annuelle et dont
— 187 —
le principal mérite réside dans sa floraison abondante; ses
fleurs sont violet foncé.
Salvia argentea vera. Sauge à feuillage ornemental d'un
beau blanc d'argent et soyeux.
Solanum Warceioiczioidfs. Espèce à feuillage ornemental
haute de 3 à 4 mètres, et très-rustique à Hyères; ses feuilles de
3o à 40 centim. de longueur, découpées en lanières profondes
sur les cotés, sont de couleur ferrugineuse dans lejeune âge ; ses
fleurs blanches ou blanc violâtre, sont disposées en grappes ; et
les fruits de la grosseur d'une cerise prennent une légère teinte
jaunâtre en mûrissant.
Tagetespatula nana favi/îora.\aT\é[é deVŒWleià'lndieTiamf
à fleurs toutes tuyautées, au lieu d'ètreligulées ; leur couleur est
irn beau jaune orangé, avec un étroit liséré de rouge marron
au sommet et à l'intérieur des fleurons.
Géranium {Pelargonium zonale). Les semis fournissent
toujours leur contingent de variétés à fleurs doubles : M. Ren-
datler annonce : Boucharlat aîné, cerise vif éclatant, à grosse
ombelle ; Marie liendatler, rose tendre glacé de blanc et à
reflets argentés satinés.
M. Grousse a obtenu : ili"" Hmiy Jacotot, plante Jiaine, fleurs
rose de Chine foncé ; M. le comte Talou rose foncé forte-
ment ombré et reflété d'une teinte saumonée ; Gloire des dou-
bles^ issu d'un Géranium zonale à fleurs simplks [Marie
Stuart), et M. Crousse le déclare franchement. « Celte variété,
dit-il, est la déviation la plus marquante qui ait réussi (foutes
les autres h fleurs doubles ayant Beauté deSuresne, pour type)
et elle présente, comme caractères propres aux simples : un
petit bois, un petit feuillage et une floraison continuelle. Les
fleurs bien doubles sont d'un joli coloris cerise vif, œil
blanc au centre... Peut-être cette variété est elle le point de
départ d'ime série de Géranium doubles d'une floraison aussi
abondante que les Tom- Pouce simples, d
^ Î88 ---
M. Delesalle met au commerce les variétés : Laurent Dele-
salle, rouge ponceau très-foncé, et Bouquet tout fait, vermil-
lon orangé très-clair. —Froufrou, cerise brillant, et Lumineux ^
couleur minium orange vif, sont les deux gains mis en vente
par M. Bruant. — Nous rappelons pour mémoire : Victoire
de Lyon et Clémence Hoyer^ gains de M. Jean Sisley, annoncés
par M. Alégatière, de Lyon, et dont nous avons déjà parlé.
Les Géranium à fleurs simples sont : Anna Pfitzer et Souvenir
d'Etienne, de M. Rendatler ; — M"" Luxer, Roi des roses
et Maurice Richard, de M. Crousse ; — Alfred Denecker,
M. Meurillon, Inkermann, Toilette de Flore, Léon Willoguaux,
Arlequin, Coquette^ de M. Delesalle; — et Poitevin^ de
M. Bruant.
Bégonia. M. Linden, de Bruxelles, annonce un Bégonia
vernicosa, rampant, à feuilles très- grandes arrondies aiguës,
d'un beau vert luisant en dessus, rouge en dessous ainsi
que le pétiole qui est hérissé de petites stries terminées par
des poils renversés ; ses fleurs sont nombreuses, roses et
blanches. M. Linden porte aussi, comme nouveauté, le Bégonia
rosœflora, espèce des Andes du Pérou, dont nous avons déjà
parlé (1869, p. 458, pi. 5); lés fleurs sont d'un beau rouge vif,
très-grandes ; nous le rappelons donc comme mémoire ; on
ne saurait trop parler des bonnes plantes.
Ce genre s'enrichit chaque jour de quelques belles et
bonnes variétés jardinières.
MM. Thibaut et Keteleér,, horticulteurs, rue Houdan, .87,
à Sceaux (Seine), viennent d'en mettre au commerce quatre
nouvelles, obtenues par M. Boutard et qui sont la flne fleur
de pois de ce genre : nous les connaissons : Bijou de Bou-
gemont a ses feuilles oblongues longuement acuminées, pour-
vues de pétioles courts, d'un rouge foncé ainsi que le des-
sous des feuilles : la face supérieure est presque entière-
ment d'un blanc d'argent, et elle reflète une t-einte roseuié-
— 189 —
talliqiie dans les jeunes feuilles ; — Louis Boutard a les feuilles
pourpre foncé en dessous et la face snpirieare d'un vert noi-
râtre parsemé d'une myriade de petits points blancs; — Mar-
quise de Nadaillac ; ses feuilles ont le pétiole et le dessous
des feuilles rouges; la face supérieure est marquée d'une
très-large zone blanche, sur le milieu, et le bord d'un verC
sombre est couvert de points blancs irréguliers et très-serrés.
Ces trois Bégonia sont des hybrides de Bégonia subpellata et
d'une variété du Rejc; ils ont des tigi3s courtes et des feuilles
plus fermes que les variétés acaules, et sont moins sujets, par
ce fait, de souffrir de l'humidité. Le quatrièmtî est le S/na-
ragdinavenulosa, hybride du smaragdinaetdu dc-edalea, c'est
une plante trapue à feuilles arrondies velues, d'un vert clair,
finement veiné de brun.
Gloxinia à fleurs dressées. M. Vallerand, l'heureux lauréat de
l'exposition universelle de !8i57 pour le Gloxinia à fleurs fine-
ment pointillées, n'a pas épuisé ses ressources : les dernières
nouveautés qu'il a cédées à l'établissement Thibaut et Keteleêr,
sont toujours dignes des premières. Ce sont : Baron Bild, plante
naine; fleur blanche semje de nombreux points très-serrés de
coule'jr violet foncé, avec la gorge lilas relevée d'un ré.>eau
violet clair; Baronne BUd, fliur grandj blanche ponctuée de
rose carminé, avec gorge blanc de crème fortement rayée et
ponctuée de lilas ; E. Lenormand, fleur blanche ponctuée de
bleu violacé, avec gorge rayée et ponctuée de lilas, marquée
d'une zone très- prononcée couleur lilas carminé ; Ferdinand
Lesseps, fleur très grande, violet foncé, striée et mouchelée de
blanc, à gorge blanc jaunâtre r.iyéa de lilas violet; Louise de
Suède, fleur rose clair ponctuée de rose carminé, avec le
pourtour rose foncé, et la gorge blaiche très-finement rayée
et pointillée lilas clair ; Maia'.m Bauim, fleur blanjhe for-
tement marquée de gros points violets, à gorge blanche lé-
gèrement rayée de lilas et marquée d'une zone violet azir^;
— 190 —
Madame de LcBseps^ fleiir blanche finement pointillée de bleu
et de lilas, à gorge blanc soufré, ponctuée et poiniillée de bleu
et de lilas ; Madame ThiébatUt, fleur largement bordée dé
blanc pur, avec une zone centrale de points lilas carminé,, et
la gorge blanche marquée de gros points marrons au fond
et de points violets à l'orifice; Mademoiselle Aline, fleur bleu
pourpre, très-foncé au centre, et bleu violacé clair au bord,
avec le tube violet clair; Mademoiselle Nilsson, fleur blanche
pointillée rose carminé à gorge blanche rayée de lilas clair
avec une zone de carmin franc •, 0 salo san, fleur blanche à
tube violet pourpré pondue de marron; Roi de Siùde, fleur
blanche ponctuée de violet magenta, à points plus gros et plus
foncés près la goi-ge qui est lilas clair, rayée de lilas carminé j
— Madame Robillardf plante naine à fleur violet clair, rayée,
bordée de blanc légèrement lîlacé, avec la gorge jaune soufre ;
Mademoiselle Âdhle Ribaut, plante naine à fleur rose, rayée et
bordée de blanc, à gorge blanche. Ces deux dernières variétés
sont des gains de M. Rosciaud, auquel on doit aussi de bien
jolies plantes de ce genre.
Canna. A la page 19, nous avons annoncé les nouveautés
de M. Chaté ; voici maintenant celles de M. Nardy de Monplai-
sir-Lyon : — Jacques Plantier, à feuilles larges vert foacQ,
bordé pourpre fondu ; fleurs orange veiné de capucine vif;
Madame Schmitt, feuilles d'un vert métallique ; fleurs orange
vineux ; Prince Impérial, feuilles vertes ; fleurs d'un beau rouge
éclatant. Celte dernière variété a été obtenue par M. Ghrélien,
jardinier en chef du fleuriste du parc de la Tête-Noire^ à Lyon.
Ern. Bonard.
CHICORÉE FRISÉE DE LA PASSION.
J'ai parlé plusieurs fois de cette nouvelle Chicorée annon-
cée comme très -rustique, et supportant parfaitement nos hi-
vers en plein air; mais chaque fois c'était pour constater l'in *
succès de culture. Je crois devoir y revenir encore aujourd'hui ,
pour faire connaître les rasuUats contraires ohl6has pir
M. Louesse, ancien associé de la miisoa B ossin, grainier, et le
mode de culture que réclame cette variété pour réussir en
plein air. « Elle est essenliellement d'iiiver, dit-il dans
une note présentée à la Société d'horticulture de Paris,
puisqu'elle a supporté, cette année, 13 degrés de froid, à la
condition toutefois de la cultiver en plate-bande, le long
d'un mur exposé au midi ou au levant. Plantée en plein
carré, elle ne m'a pas réussi depuis deux ans que je la ouliive.
Il en a été de môme chez plusieurs jardiniers de mon voisi-
nage. Il lui faut donc l'abri d'un mur qui la protège contre les
grands froids, ce qu'elle a du reste de commun avec les laitues
d'Iiiver cultivées en plein air. C'est en tout point la culture
de Laitue Passion d'hiver.
2) On sème du 15 au 30 août sur un bout de planche terreau-
tée; on repique le plant à une distance de 30 à 33 centimètres,
dans une terre bien amendée. Au printemps, on donne un
bon serfouissage, et on étend sur le sol une bonne épaisseur
de terreau ou de paillis. Quand la chicorée a acquis tout son
développement, on la lie pour la faire blanchir.»
M. Louesse engage ses collègues à cultiver cette Chicorée
qui, (( par sa rusticité et son aptitude à supporter les froids de
nos hivers, offre une ressource précieuse commesalade de prin-
temps, puisque sans couche ni châssis, on peut en obtenir le
produit de bonne heure et cela, sans baaucoup de soins. »
Toutelois, ily a. Iol coaddion. sine qud non: le muretl'expo-
sitiondu midi, sans lesquels, pour la Chicorée de la Paisioii,
il n'y a point de salut; le jugement que nous avons toujours
porté sur elle se trouve donc contirmé .
L. CORDIER.
— 192 —
Travayx dy moîs de Jyîlîel.
Jardin Potager. On continue, pour les couches, les opérations du moîs pré-
cédent; on veille sur les Melons, les Patates et les Aubergines qui les couvrent.
En pleine terre, on sème Poireaux, Ciboule,. Chicorée de Meaux, Scarole et
Choux-fleur; on met en place ieux qu'on a semés le mois dernier. On peut encore
semer des Navels, Raiponces, en mêlant des Radis, des Carottes demi-longues
pour rhivor, et, à la fin du mois, de la Chicorée blanche, de l'Oignon blanc pour
être rrpiqné en oclobre, et de la Scorznnère pour passer l'hiver ; on met en place
le Céleri turc, et on en butte tous les quinze jours pour en avoir loujoursde bon
à être consommé; c'est le meilleur temps pour l'arrachage des Échalotles et l'Ail.
Jardin fruitier. Il faut visiter fréquemment les espaliers; palisser, ébonr*
gcnnncr, découvrir, sans trop les dégarnir, les fruits dont on veut avancer la
maturation; veiller'avcc attention à maintenir l'équil'bre des arbres, arquer ou
pincer les branches vigoureuses; dépalisser et dresser les faibles. Regarnir les
vides des espaliers ou des quenouilles, par le proctdé de la greffe par approche
lies rameaux herbacés. Dans les journées Irès-chaudes arroser les pieds des arbres
nouvellement plantés, surtout les Pêchers, et seringuer les feuilles.
Vers la fin du mois on greffe en écusson, à œil dormant, les Cerisiers, Pêchers,
Abricotiers, Poiriers, etc., dont la sève s'arrête de bonne heure; et à œil pous-
sant tous les arbres dont la végétation se prolonge jusqu'aux gelées.
Jardin d'agrément. Arroser, palisser, élaguer, mettre en place les plantes
d'automne, ébourgconner les Dahlias, relever et mettre sur les tablettes, dans
un endroit sain et aéré, les bulbes ou griffes de Jonquilles, Narcisses, Jacinthes,
Tulipes, Renoncules. Anémones, etc., aussitôt que les feuilles ou hampes seront
desséchées; marcotter les Œillets, semer les Cinéraires et les Lupins.
Serres. Les plantes restées en serre ne demandent plus que des arrosemcnts,
de Tair et un peu d'ombre quand le soleil est trop ardent.
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SOMMAIRE DES ARTICIES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F. Heriacq, Chronique, — A. Lescuylr, Platycrater arguta (E'I. Vil). —
EnG. DE MARTRAc.^Y, L;i Bruyère odorante. — Pail Hauguel, Observations sur
la fécondation du Strelitzia. — Mas, La cueillette des fruits. — La pluie
et la lune.— Henry Qievilly, Purification des eaux putrides et malsaines.
CmiONIQUE
Réclamation et rectification au sujet de ma dernière chronique et du compte
•rendu de l'Exposition; l'homme n'est pas parfait. Effet désastreux d'un ar-
roscment imité de ceux employés parles exposants de Résédas; formule. Pro-
testation des cent et quelques Géraniums doubles, au sujet de mon apprécia-
tion microscopique-, ils veulent tous être le plus beau; harmonie. Nous no
voulons pas nuire au commerce des nouveautés; mais nous défendons les in-
térêts des acheteurs et combattons l'abus. Un défenseur des sociétés coopé-
ratives me traite d'éteignoir et d'arislo. Ma réponse. Ce qu'on apprend dans
les cours publics et dans les conférences. La fausse science; deux prouves
tirées des erreurs consignées dans deux livres d'horticulture : entêtement, fa-
tuité des auteurs : la sève descendante fait le pied do grue au sommet des
arbres jusqu'au mois d'août avant de descendre; la sévc qui descend au mois
d'août favorise le développement des principes sucrés des cerises qui mû-
rissent au mois de juin; azote, hydrogène, latitude et longitude, confusion et
contradiction de l'auteur; vaisseau et faisceau ; fibres ou vaisseau; etc., com-
ment en'fia on acquiert la vraie science.
Je m'en étais toujours douté; l'homme, bien qu'il pose pour
chef-d'œuvre de la création, n'est positivement pas un être par-
fait ; car il ne se connaît pas, et il lui manque absolument ce
qu'il faut pour se bien connaître, pour apprécier la valeur de
ses actes ou de ses œuvres.
Jusqu'à ce jour j'avais si bonne opinion de moi, que je me
regardais comme un être plus que partait; aujourd'hui j'ai la
preuve que je suis des plus mipaifaits : non-seulement je ne
me connais pas, mais je ne comprends même pas mes œuvres.
En prenant la plume, le mois dernier, pour édire ma chro-
JmVet 1870. 13-
— 194 —
niqiie et le compte rendu de l'Exposition, je m'étais promis de
faire quelque chose de très-anodin, et, en les relisant pour la
correction des épreuves, je les avais trouvés tels que je le dé-
sirais : à l'eau de fleur d'oranger : c'est-à-dire des modèles de
sagesse et de modération. J'étais tout à fait content de moi.
« Cruelle erreur, sur eux, je verse encore des larmes. »
Depuis quinze jours je suis abreuvé, en effet, de reproches
plus amers que le Quassia amara avec lequel on détruit les pu-
cerons ; de tous côtés on me menace du supplice infligé aux
sujets criminels du Grand-Turc. Oui ! il y a des gens qui pous-
sent la charité chrétienn-e jusqu'à vouloir m'empaler pour me
faire gagner le paradis. Ma prose, disent quelques-uns de mes
honorables correspondants, n'a jamais été aussi venimeuse; mes
traits, disent les autres, a n'ont jamais été plus lancinants : je
suis un meurtrier ; je suis un assassin ! ... ^ Et moi qui me van-
tais, en terminant, d'avoir été gentil envers tout le monde!
« C'est à n'y rien comprendre, i comme on chante dans le Do-
mino noir, de l'Opéra-Gomique; et, en effet, je n'y comprends
rien.
Le premier reproche qui m'a été adressé, sous enveloppe,
vient d'une dame. Elle m'accuse d'être le meurtrier d'un beau
Pelargonium auquel elle tenait comme à la prunelle de ses
deux beaux grands yeux, et qui est mort subitement, dit-elle,
à la suite d'un arrosement imité de ceux des exposants de
Résédas de l'Exposition.
Mon aimable correspondante, a le droit, sans doute, d'être
affligée de la mort prématurée de son Pelargonium ; mais cela
ne suffit pas pour m'accuser de meurtrier. Je proteste contre
cette accusation de pélargonicide. Tout ce qu'on peut me re-
procher c'est de l'imprévoyance. J'aurais dû prévoir que ies
personnes disposées à imiter les exposants de Résédas, pour-
raient employer cet engrais dans toute sa pureté, et qu'alors
— 195 —
elles tueraient leurs plantes ; j'aurais donc dû ajouter, que pour
l'employer avec succès et sans dangers dans les eaux d'arrose-
ment, il n'en faut que un cinqutbme ; soit un litre pour 4 litres
d'eau. Je regrette d'avoir oublié de donner cette formule ; snns
cet oubli, il y aurait, en France, un Pelargonium de plus, et
une fausse accusation de moins.
Après cette épitre féminine, est venu un vrai déluge de ré-
criminations des cent et quelques Géranium zonale à fleurs
doubles. Ceux-là n'y vont pas de mains mortes : je suis un as-
sassin ; je tue le commerce des nouveautés ; je suis un aveugle,
un diffamateur, etc., etc. îls me demandent une rétractation.
Chacun, en particulier, veut me faire déclarer qu'il est le plus
beau, le plus magnifique, et très-difTérent des autres qui,
ajoute-t-il naïvement a parte , se ressemblent en effet tous. Il
y en a même un qui m'a envoyé deux témoins, voulant m'em-
broclier, sans façon, si je ne déclare pas qu'il est le seul beau,
le seul acceptable, qu'il possède toutes les qualités réunies.
Je proteste encore contre cette manière gracieuse de faire dire
la vérité pas vraie aux gens; mais comme après tout je tiens
fort à n'être point embroché, je proclame donc que le Géra-
nium aux deux témoins est archi-supérieuraux cent et quelques
autres qui n'ont aucun rapport entre eux, aucune ressemblance
qui puisse faire prendre l'un pour l'autre et que les amateurs
peuvent les acheter tous indistinctement, avec une entière con-
fiance. Si maintenant MM. les producteurs de Géranium dou-
bles ne sont pas satisfaits de cette déclaration, je suis tout
disposé à reproduire m extenso leurs lettres; seulement je les
préviens qu'avant la fin de l'année ils se seront mutuellement
égorgés, tant est merveilleuse l'unanimité avec laquelle ils
dénigreut réciproquement leurs produits, et me donnent rai-
son.
Les peuples sont bien toujours des frères ! mais les confrères
d'un même pays sont fameusement ennemis ! . . .
— 196 —
Touchante, très-touchante, l'harmonie sociale et commer-
ciale. . . . mais en musique.
En signalant les productions similaires qu'on vend* sous
des noms différents, en horticulture, je ne crois pas porter
atteinte au commerce honnête des nouveautés; je crois au
contraire le servir. Du reste j'ai à défendre aussi bien les
intérêts des amateurs que ceux des horticulteurs. Que les
producteurs ne donnent que du bon et du nouveau vrai ; ils
n'auront jamais à craindre le dénigrement de Y Horticulteur
français ; mais quand ils donneront des nouveautés pourrire^
ils peuvent être assurés qu'il n'hésitera pas à les signaler à
l'attention des amateurs. L'abus lui fait horreur; il le com-
battra énergiquement, envers et contre tous.
Voici plus grave, plus sérieux. C'-est un admirateur, un
enthousiaste des Sociétés coopératives des amis de l'instruc-
tion. 11 me traite carrément d'éteignoir, d'aristo, qui veut
perpétuer l'ignorance dans laquelle croupissent les jardi-
niers.
Tout beau, cher monsieur. Si quelqu'un craint la lumière,
ce n'est pas dans V Horticulteur français qu'il se cache ; et
quant à vouloir perpétuer l'ignorance horticole, nous avons
donné des preuves du contraire.
En traitant de jeu d'enfant les Sociétés coopératives pour
l'instruction, j'ai voulu montrer simplement que ces Sociétés
n'ont rien de sérieux, et ne servent qu'à flatter l 'amour-propre
de quelques pauvres diables incompris et méconnus, qui ont
plus de présomption que de science.
Toutes les conférences, tous les cours possibles sur l'hor-
ticulture, sur l'arboriculture, qu'on cherche à étendre jusque
dans les campagnes, ne feront pas plus de vrais, de bons jar-
diniers, que toutes les conférences pour l'instruction du
peuple n'ont produit d'ouvriers instruits et savants. L'homme
qui veut réellement s'instruire^ ne court pas les conférences.
— 197 —
Ce n'est pas au cours d'un conférencier que Henri Murger, ce
délicieux bohème, enfant du peuple, a appris à écrire de si
délicieuses choses. Ce n'est pas davantage en suivant les cours
de nos plus savants botanistes, que Poiteau est devenu le pre-
mier jardinier de France, et qu'il a pu écrire les ouvrages
sérieux dont il a doté l'horticulture. C'est par le travail, par
des études sérieuses et suivies; c'est en pâlissant sur les livres
des savants émérites, dans le silence de la mansarde, qu'on
peut acquérir le savoir et la science. Les cours et les confé-
rences n'ont jamais produit qtie des présomptueux et des fats,
qui courent après de vaines sciences pour paraUre savants, et
qui^ aveuglés par les vapeurs enivrantes de l'orgueil, finissent
par se mentir à eux-mêmes, en se prenant pour des érudits.
L'horticulture, malheureusement, fourmille de ces sortes de
savants, depuis l'invention des conférences sur l'arboricul-
ture.
Deux mobiles poussent l'homme à s'instruire; la curiosité
naturelle qui fait naître le désir de connaître tout ce qui se
passe autour de soi, pour sa satisfaction personnelle ; et la fa-
tuité, l'orgueil qui trouve un nouvel attrait à se faire estimer
comme instruit et savant. Les conférences ont été inventées
pour satisfaire à ce dernier sentiment. On y attrape sans fa-
tigues quelques bribes de toutes espèces de choses ; mais comme
il n'est pas facile de saisir au lancé de la parole le véritable
sens de toutes les propositions que développe le professeur,
on en prend quelques-unes à contre SBns, et alors, ces erreurs
sont funestes, car on les soutient mordicus, de par le savant
professeur au cours duquel on a assisté.
Mieux vaut dans ce cas — oui, je le soutiens — l'ignorance
que ce faux savoir, d L'ignorance n'a jamais fait de mal, dit
J.-J. Rousseau, l'erreur est seule funeste. On ne s'égare point
parce qu'on ne sait pas, mais parce qu'on croit savoir 3) et notre
pauvre science horticole nous en fournit de nombreuses
— 198 —
preuves. Je vais en offrir deux à mon honorable accusateur,
en expiation de son aveugle admiration pour les Sociétés coo-
pératives des amis de l'instruction horticole.
Première preuve. Un éditeur m'apporte un jour le manuscrit
d'un ouvrage sur le Pécher, avec prière de le lire et de lui
en donner mon opinion. La première partie consacrée à la
physiologie est archimauvaise. Voici entre autres erreurs celle
que j'avais signalée à l'éditeur:
« La sève descendante est aussi nommée sève d'août, parce que c'est vers
cette époque qu'on en remarque le mouvement Cette s.éve n'est
autre chose que la première (sève ascendante) qui élaborée, etc., redes-
cend entre les couches d'aubier et de liber, etc.. »
Je ne cite que celle-là ; car autrement il me faudrait re^
produire toute la première partie de ce Hvre.
L'auteur étant venu me trouver, je lui indiquai d'abord
ce passage à retoucher comme entaché d'un peu d'obscurité,
pour ménager sa susceptibilité ; je lui proposai d'enlever
les mots : nommée sève d'août, mais mon homme n'en voulut
jamais démordre parce que, m'a-t-il dit, .c'est au cours de
M. Decaisne qu'il avait pris ses notes !.. . . J'ai eu beau pro-
tester, au nom du professeur, contre cette assertion, il a per-
sisté, et il soutient que M. Decaisne professe, dans son cours,
que la sève monte au printemps dans le haut des arbres,
et que là, elle fait le pied de gru jusqu'au T' août, moment
où elle commence à redescendre entre les couches d'aubier
et de liber et qu'alors ce elle constifue les organes de la
fructification et favorise le développement des principes sucrés
des fruits pour en compléter la maturité, y) Voilà comment les
gens qui suivent les cours pubhcs interprètent les principes
exposés par les professeurs. Pour les autres bourdes, voir
Méthode élémentaire pour tailler et conduire les Pêchers en
espaliers, par J. Lachaume. Cette lecture édifiante permet-
tra d'attendre patiemment que la sève d'août descende, pour
— 499 —
compléter la maturité des Cerises qui mûrissent dans le
mois de juin.
Deuxième preuve du funeste résultat de l'instruction popu-
laire par les cours et conférences. — Un jardinier doué
d'une certaine intelligence veut conquérir les sciences dont
la connaissance lui paraît absolument nécessaire, pour bien
cultiver d'après les règles de l'art. Il suit pendant un an, pen-
dant deux ans peut-être, les cours de botanique, les cours de
culture, de chimie, de physique, de géologie, etc., du Mu-
séum, et,' le soir, il va entendre les conférenciers, qui appren-
nent en 15 leçons, l'astronomie, la gréogaphie, l'algèbre, etc.
Il prend force notes, et un beau jour, quand il les retrouve,
la tête lui tourne ; il se croit un émule des Brongniart
des Decaisne, des Frémy. des Becquerel, des Arago, etc.
Tous ces savants ont travaillé 10 ans et plus sur les bancs
des écoles, dirigés par des maîtres éminents ; pendant i 0 à
15 ans ils se sont livrés à des études profondes sur la science
que chacun d'eux enseigne, et c'est ainsi qu'ils sont parvenus
à acquérir les connaissances spéciales qui en font des profes-
seurs distingués.
Notre jardinier, lui, n'a pas mis tant de temps à conquérir
les connaissances de chacun de ces professeurs ; en deux ans,
il a emmagasiné, dans son cerveau, le savoir en entier de
tous ces savants; puis un matin, en voyant l'ignoi-ance de la
plupart des hommes qui se disent jardiniers, l'idée lui vint
naturellement de les instruire. Les sciences qu'il a acquises
dans les cours et" conférences, il les met à leur disposition.
Il veut, dans des Entretiens familiers — imitant modes-
tement Lamartine — donner des nations de chimie, de phy-
sique, d'astronomie et bien entendu de botanique , dont la
connaissance, dil-il, dans sa préface, est « indispensable à
l'intelligence d'une foule de phénomènes que ne peuvent et ne
doivent vraiment pas ignorer les jardiniers dignes de ce nom. »
-=- 200 —
Mais, ajoute-t-il avec une sainte modestie, « peut-être nous
accusera-t-on d'avoir voulu jouer le rôle de savant — (ce serait
de la calomnie) — de n'avoir eu d'autre but que de faire
parade de nos connaissances. Ce serait bien à tort, et cett€ ac-
cusation, du reste de peu de valeur en elle-même, tomberait
bientôt par l'observation des faits„ » — Il aurait pu ajouter :
exposés dans mon livre.
En efTet, voici les notions de sciences qu'il développe dans
la première partie de son livre, et qui doivent « jeter tant de
lustre » sur le jardinier qui les répétera à son maître, où à ses
confrères qu'il regardera du haut de sa grandeur :
Page 19. « V hydrogène est un des deux éléments (le plus
abondant) qui constituent l'eau. Et page 60 : c Veau se com-
pose de deux éléments : V oxygène et lliydrogène dans les pro-
portions suivantes : sur 100 parties il y en a environ 85 d'oxy-
gène et {o dliydrogène. » Mais, s'il n'y a que 15 pour iOO
d'hydrogène, il n'est pas l'élément le plus abondant^ comme
l'enseigne l'auteur à la page 19 de son savant livre.
Page 20 : « V azote, est-il dit, se trouve aussi — ■ quoique en
TRÈS-PETITE quantité — dans Vair atmosphérique. Et page 49 :
< Sur 100 parties d'air^ la science a constaté quil y a environ
78 d'azote y 21 d'oxygène et 1 d'acide carbonique. »
Il me semble, avec ma pauvre petite intelligence, que s'il y a
78 pour 1 00 d'azote, ce gaz est au contraire en très-grande
quantité? Mais l'auteur cultive avec amo:u' les contradictions.
Écoutez encore celle-ci. Nous sommes dans le domaine de la
géographie; car il traite de tout; de la fabrication du baro-
mètre, du thermomètre, etc. Ce qui m'étonne c'est qu'il n'a
pas commencé son livre par les notions de grammaire « pour
j)arler et pour écrire correctement on se sert de mots ; les mots
sont composés de lettres, etc., etc. y>
On demande^ à la page 87, ce qu'on entend par les mots lati-
tude et longitude. La réponse est ainsi formulée à la page 88 :
— 201 -~
« De cesdeux lignes principales [acce terrestre et équateur), l'une, un
peu plus courte (à cause de l'aplatissement des pôles), a été considérée
comme marquant la largeur de la terre, d'où le nom de latitude ;
l'autre, au contraire un peu plus longue, en a été considérée comme
en marquant la longueur ; de là aussi le nom de longitude. Du
reste, il vous suffira, pour bien comprendre tous ces détails, de jeter
les yeux sur une cane géographique, sur un planisphère ou bien
une sphère ; vous y remarquerez des lignes qui les coupent en entier
dans les directions que je vous ai indiquées ; les unes vont de bai en
haut ou de haut en bas ; ce sont celles qui indiquent la latitude ; les au-
tres les coupent en sens opposé ; ce sont celles qui indiquent la
longitude. »
<•
Écoutez la suite; c'est curieux : après la méprise vient la
contradiction.
« Toutes ces lignes sont placées à des distances déterminées et égales
les unes des autres, et chacune de ces lignes correspond à un certain
nombre de degrés qui sont dits de latitude si on les compte à partir de
l'équateur en allant vers les pcMes, de longitude au contraire, si on
les compte dans le sens opposé à l'équateur »
On pourra croire qu'après cela on peut tirer le rideau; pas
du tout. Il y a plus fort encore dans la partie botanique; c'est
comme chez Nicolet. Pas de phrase sans une ou deux erreurs^
L'auteur confoild tout : les fibres sont des vaisseaux, et les
vaisseaux des fibres; « les vaisseaux du latex communi-
quent entre eux mais non avec les vaisseaux propres » . Il prend
vaisseau pour faisceau^ et donne (page 125) le nom de vais-
seau fibreux à tous ces vaisseaux ou fibres, qui sont enchevê-
trés les uns dans les autres mais jamais disposés bout à bout.
Dans cette même page 123, voici les autres preuves d'i-
gnorance qui s'y trouvent :
a On donne le nom de vaisseaux à des tubes plus ou moins allongés,
creux, effilés, terminés en pointe à leur extrémité. »
Et si vous allez dire à l'auteur du livre qu'il fait confusion ;
que ce qu'il décrit comme vaisseaux sont les fibres des bota-
— 202 —
nistes, il vous répondra ce qu'il m'a répondu ; «Les botanistes
comme les autres savants ne savent pas ce qu'ils disent. »
Comprenez cette définition du tissu cellulaire :
« On appelle tissu cellulaire ou utriculaire celui qui paraît ne
présenter que des cellules ou des utricules appliquées ou superposées
sans aucune apparence de liaisons ou de vaisseaux. »
Mais je m'arrête, car il me faudrait citer toutes les pages du
livre, et mon illustre accusateur anonyme, qui se fait le défen-
seur de la société coopérative pour l'instruction horticole,
pourrait bien ne plus être de force à comprendre la fausseté
des assertions de l'auteur. J'espère qu'il a compris les bourdes
grossières au sujet deV azote, de Vlnjclrogene, de la latitude prise
pour longitude, etc., voilà le résultat le plus clair de l'enseigne-
ment par les cours publics. Et pourtant l'homme qui a si cruel-
lement dénaturé renseignement des maîtres de la science est
un homme intelligent; c'est une illustration; il fait autorité
dans le monde horticole; il y a même des gens qui ne jurent
que par lui. Les conférences des sociétés coopératives par des
professeurs qui ne sont pas toujours des savants de première
qualité, n'en produiront pas d'autres. L'élève jardinier ou autre,
dont rintelligence n'est pas aidée par une solide instruction
primaire, ne peut pas saisir le sens vrai de toutes les propo-
sitions abstraites de la science, quelle qu'acné soit. S'il prend
des notes, elles sont tronquées et il rapproche dans le même
corps de phrase des définitions qui appartiennent à des propo-
sitions tout à fait différentes : de là, confusion et erreur. C'est ce
que montrent parfaitement les citations contradictoires que nous
avons faites. Il est facile de se faire une idée du genre de sa-
voir que possédera à la fin du cours un tel élève. Un jardinier
de cette nature — quoique dise certain auteur — déconsidère
plus la science qu'il exerce, que le jardinier le plus ignorant^
qui se livre mécaniquement au métier qu'il pratique avec sim -
plicité. On excuse l'homme sans instruction qui reste simple,
— 203 —
sans prétention, et rien n'empêche qu'on ait pour lui de l'es-
time. Mais on se moque impitoyablement du faux-savant parce
qu'il est toujours arrogant, seul moyen d'en imposer au sot ; s'il
n'est pas l'esclave de son maître comme le dit l'auteur que nous
citons, il idevient son jouet, celui même des autres domesti-
ques ; et le mépris de tout le monde -- mépris bien mérité —
couronne l'œuvre de ce sot pétri d'orgueil et de présomption.
Voilà, je le répète, ce que produisent les cours et les confé-
rences; les sociétés coopératives ne produiront pas plus. Ce
système d'instruction pour l'horticulture est funeste. Depuis
quelques années, il a amené la production de livres insensés
comme ceux que je viens de citer ; il porte partout l'erreur et la
fausse science, qui non-seulement jettent le ridicule sur celui
qui en fait parade, mais qui font d'un bon ouvrier, un fat et un
paresseux.
J'ai connu de braves garçons, excellents ouvriers et jardi-
niers habiles avant de venir à Paris. Depuis qu'ils ont suivi les
conférences des arboiiculteurs; qu'ils ont assisté aux cours du
soir ; qu'ils croient connaître les lois de la physiologie végétale;
qu'ils ont entendu parler d'acide carbonique, etc.; ils sont de-
venus impossibles. Ils n'ont que les mots physiologie et acide
carbonique à la bouche; mais en revanche, ils n'ont que très-
peu de durillons aux mains. Je les aimais beaucoup dans leur
ignorance des lois de la physiologie; maintenant qu'ils ont en-
tendu parler de la décomposition du fameux acide carbonique,
qui joue un si grand rôle dans l'existence du jardinier qui se dit
savant, je les fuis comme la peste. Mon accusateur anonyme
en dira ce qu'il voudra ; mais je le défie de vivre plus de huit
jours, sans attaque d'apoplexie, avec un jardinier qui a suivi
des cours et conférences quelconques ; car un tel jardinier ne
peut plus recevoir d'observation, sans vous dégager, en pleine
figure, les lois de la décomposition de l'acide carbonique, et à
la manière de l'auteur ci-dessus mentionné, bien entendu.
=— 204 —
Je me résume :
L'ignorance n'est pas un crime ; elle est préférable au faux
savoir; et j'aime mieux cent fois avoir affaire à un jardinier qui
ignore les notions dénaturées de toutes les sciences, qui ne sont
pas absolument nécessaires pour bien cultiver, qu'à ce fastueux
imbécile qui fait parade, tout le jour, de sciences qu'il ne com-
prend pas.
Le faux savoir est une source inépuisable d'erreurs dans les-
quelles se noie constamment la vérité. Il naît d'une instruction
boiteuse ou bâtarde, et il n'engendre que fatuité, accompagnée
toujours de l'arrogance nécessaire pourenimposer aux ignorants
ou aux hommes craintifs qui n'osent pas se prononcer sur la
qualité de ce savoir. Je puis avoir de l'estime — ■ sans déroger
■^~ pour l'ignorance, et je lui en montre quand elle ne provient
pas du vice; mais je ne puis en avoir pour le faux savoir arro-
gant qui se moque des incrédules ; pour lui, je n'ai jamais eu et
n'aurai jamais qu'un bon faisceau de verges^ pour le fouailler
d'importance.
Je m'incline avec respect et admiration devantla vraie science.
Mais quiconque veut la posséder, doit éviter ces cours, et sur-
tout ces conférences des sociétés coopératives pour l'instruc-
tion populaire, où les professeurs exaltent mutuellement leur
science et leurs vertus. Le vrai savoir ne s'acquiert que par
le travail forcé ; par la lecture des bons livres, et surtout —
pour le jardinier — du grand livre de la nature. Lire beau-
coup, avec attention, avec réflexion; ne jamais quitter une
phrase avant d'en avoir compris le vrai sens, tel est, pour'moi
et selon moi, le seul moyen d'acquérir le*s connaissances sé-
rieuses et utiles, qui font un bon, un vrai jardinier, que mailre
et domestiques estimeront, parce que ce savoir-là est tou-
jours modeste, et que l'homme qui le possède ne cherche pas
à s'en faire un marchepied, pour dominer ses camarades.
F. Herincq.
— 205
PLATYCRATEU ARGUTA (Pl. VIII).
Le genre Platycrater doit son nom à la forme des fleurs sté-
riles delà plante : il est tiré du grec platijs, ample, et krater,
vase en forme de coupe antique. Sa place, dans les familles na-
turelles, est à côté des Hydrangea ou Hortensia qui appartien-
nent, comme chacun sait, à la famille des Saxifragées. Il se
compose de deux espèces, dont le Pfatycrater argutay que nous
figurons, et qui a été introduit du Japon par Siebold.
Comme les Hydrangea, il ades ileursde deux formes et de
deux sortes : des stériles et des fertiles. Les fleurs stériles, qui
constituent son mérite ornemental, sont très-amples, en forme
de coupe obsciirément découpée en trois ou quatre lobes, de
couleur blanc verdâtre ou rosé et ornés d'un réseau de fmes
veinules roses; la corolle et les étamines font défaut complète-
ment, et on ne trouve, au centre, qu'un rudiment d'ovaire. Les
fleurs fertiles se composent d'un calice tubuleuxdontle tube est
soudé à l'ovaire, et dont le limbe est partagé en 4 lobes. La
corolle est blanche à 4 pétales; les étamines, en nombre indé-
fini et à anthères à 4 loges, forment une sorte de houppe jaune
au centre de laquelle on aperçoit les stigmates finement pa-
pilleux qui terminent les deux styles. Le fruit est une capsule
à 2 loges renfermant plusieurs graines très-petites, linéaires-
oblongues, fixées siur un placenta pariétal.
-4^8 Platycrater arguta est un petit arbrisseau à tiges et ra-
meaux cylindracés retombants ou rampants, émettant même
des' racines quand ils traînent sur le sol. Ses feuilles sont op-
posées, simples, pétiolées,' oblongues, finement dentelées,
d'un vert gai en dessus, un peu jaunâtre en dessous. Les fleurs
sont disposées en corymbes lâches au sommet des rameaux ;
les fleurs fertiles occupent le centre et les stériles la circonfé-
— 206 —
rence de rinflorescence. La fleuraison a lieu au mois de juin .
et les fruits mûrissent au mois d'août.
Cet arbrisseau, qui a été seulement livré au commerce l'an-
née dernière par M. Lemoine, de Nancy, a été trouvé par Sie-
bold dans les vallées supérieures du Japon, le long des sources,
et grimpant sur les parois des rochers humides, a Nous l'a-
vons trouvé, dit cet intrépide el courageux introducteur
[Flore du Japon, page 65), dans l'île deKinsiu sur les bords d'un
torrent de 1 ,200 pieds au-dessus du niveau de la mer, en so-
ciété du joli Salix intégra de Thunberg. :» D'après le rapport
d'un botaniste japonais, Wudagawa Joan, ami de Siebold, le
Platycrater se trouve aussi dans les montagnes de l'île de Nip-
pon. Il est connu au Japon sous le nom de Bai-kwa-ama-tsja^
ce qui veut dire, paraît-il, Thé céleste à fleurs de Prunier, à
cause de son usage dans quelques provinces. On fait, avec ses
feuilles, une infusion qui sert à laver et baptiser l'idole du
Sjaka (Buddha), le jour de la fête de naissance du Dieu.
Le Platycrater est cultivé dans presque tout le Japon : mais il
prospère mieux dans les climats septentrionaux. On le plante
au bord des étangs avec le Gardénia radicans et différentes
espèces d'Iris, d' Alisma et de Sagittaire.
Sa culture en France est donc assurée.
0. Lescdyer.
LA BRUYÈRE ODORANTE.
Pendant un court séjour que je fis à la délicieuse île Port-
Crox, une des îles d'Hyères, ce qui m'a le plus frappé, c'est la
délicate odeur quij chaque matin, saluait mon réveil, et m'en^
gageait à la promenade sur le versant ouest de la vallée cen-
traie que commande le fort Napoléon. Il était littéralement
— 207 --
couvert de hautes bruyères de plus de 4 à 5 mètres, qui for-
maient comme une forêt vierge dans laquelle on ne pouvait
avancer, qu'en se faufilant de côté, entre les tiges de ce ra-
vissant arbrisseau, qui mesurent jusqu'à 40 à 50 centim. de
circonférence. C'était de là que s'exhalait celte odeur suave
qui embaumait toute Tile. Les fleurs de cette Bruyère, qui
apparaissent au commencement de mars, sont blanches ou
blanc rosé, très-odorantes et forment de splendides bouquets
naturels au sommet des rameaux.
Il est tiès-étonnant que celle ravissante Bruyère, qui est
VErica arborea des botanistes, ne soit pas plus répandue dans
le commerce horticole. Elle vaut cerlaipement les autres es-
pèces du Cap, comme effet floral, et elle a, sur elles, l'avan-
tage d'être odorante.
Pour le midi et l'ouest de la France, ce serait un magnifique
arbre d'ornement des jardins et parcs ; pour le centre et le
nord, on en ferait un bel arbuste de jardin d'hiver ; cultivée en
pot, cette Bruyère aurait du succès sur les marchés comme
plante d'appartement.
Elle a du reste attiré l'attention de la Société d'acclim.ata-
lion. Dans la séance de février dernier, M. Geoifroy St-liilaire
en a mis sous les yeux de l'assemblée un bouquet, qui lui a
été envoyé par M. Quillo, capitaine de vaisseau de la marine
impériale, et qui provenait des jardins de 13rest, oii cette,
belle espèce a été introduite par les officiers de marine vers
1825. Le premier pied introduit existe encore, parait-il, dans
le jardin botanique de Brest_, qui recèle, pour l'histoire de Tac-
climatation, des trésors qu'un jardinier habile a réunis là autre-
fois, et dont les noms, comme celui du jardinier, sont à peu près
inconnus des hommes qui s'occupent de la culture des plantes.
Rappelons donc ici le nom de ce digne jardinier, de l'ex-
cellent Noël, qui, sans ambition, a diiigé pendant de longues
années le jardin botanique de Brest, dans lequel on voit en-
— 208 —
core aujourd'hui les enfants précieux qu'il y a plantés et que
tout le monde ignore. On cite souvent les jardins de Toulon,
de Cherbourg ; les belles plantes qu'on y trouve; jamais un
mot de celles que quelques rares amateurs connaisseurs ad-
mirent dans celui de Brest. J'avais leurs noms en notes ;
mais, hélas ! la poussière de onze années ne permet plus de
découvrir la moindre trace; et ma mémoire, depuis quelques
temps, manque à tous ses devoirs; elle ne se rappelle seule-
ment que le plaisir que j'éprouvai, en voyant tous ces beaux
spécimens d'arbres rares et précieux.
Elle avait oublié, cette mauchte mémoire, jusqu'au pied de
Bruyère dont parle l,e Bulletin de la Société d'acchmatation,
et qui, d'après les renseignements fournis par M. Blanchard,
le jardinier chef actuel, mesure aujourd'hui 5 mètres 40 de
hauteur, et la tige 40 centimètres de circonférence au niveau
du sol ; malheureusement on s'attend tous les jours à le
perdre. Mais partout oii il exisie un jardin^ et dans les ci-
metières, dit M. Blanchard, on rencontre cette Bruyère assez
communément; elle se multiplie facilement de graines et re-
lève d'elle-même dans les bordures de buis. Ce fait permet
d'espérer que sa culture est possible sur d'aulres points de la
France, où réussissent les Alalernes, les Chênes-verts, avec
lesquels elle croit spontanément à l'île Port-Crox.
Gomme toutes les Bruyères, on la propage par semis en ter-
rines; les graines pas ou peu recouvertes; la terre tenue hu-
mide constamment et abritée d'un morceau de verre de vitre
qui repose sur les bords de la terrine. On tient ce semis en
serre, et on repique le plant très-jeune dans des petits godets.
Mais ce procédé ne produit que lentement de beaux sujets. Le
bouturage est le moyen le plus généralement employé par les
horticulteurs; c'est celui que je conseille de suivre. Les meil-
leures indications que j'ai trouvées sur cette opération de bou-
turage des Bruyères sont dues à M. Louis Neumann, l'habile
— 209 —
jardinier des serres froides du jardin des Plantés de Paris ; je
ne puis mieux faire que de reproduire ce qu'il dit sur ce sujet
dans le Nouveau Jardinier illustré, dont il est le collaborateur
pour les plautes de serres.
a Les boutures se font de février jusqu'à juin. On choisit
les extrémités des rameaux vigoureux ; la longueur peut varier
de 1 cent, et demi à 4 cent, au plus ; on enlève avec des ci-
seaux les petites feuilles sur toute la partie qui doit être en-
terrée. Le sable siliceux de terre de bruyère est ce qu'il y a
de meilleur pour ce genre de bouturage. Mais on place un lit de
terre de bruyère en-dessous pour alimenter les racines qui se
développeront. On les pique dans le sable sec, puis on arrose
avec un arrosoir à pomme très-fine pour les consolider. Les
pots à boutures doivent être garnis de tessons jusqu'à moitié.
On doit les placer sous châssis à froid et près du jour ; on peut
cependant plonger les pots dans une couche de tannée tiède
(12 à IS*^ centigrade), quoiqu'elles puissent reprendre sans
celte précaution. On recouvre les pots de petites cloches, qu'on
essuie une ou deux fois par jour, pour enlever l'humidité qui
les fait fondre. Au bout d'un mois et demi, les boutures sont
en état d'être séparées. On repique en petits godets, qu'on re-
place, pendant quelques jours, sous de plus grandes cloches,
jusqu'à ce que les jeunes plantes soient bien reprises. »
Ensuite quand les plantes commencent à grandir on pince
les tiges et principaux rameaux pour les faire ramifier et obte-
nir des sujets bien faits. Pendant toute la période de culture en
pot, il faut avoir soin de bien arroser; le succès ou l'insuccès
dépend de l'arrosement, et cette opération nepeut se décrire ;
c'est une affaire d'œil.
Cultivez ma Bruyère, et quand vous l'aurez vue en fleurs^
vous voudrez faire le voyage de l'île Port-Grox, petit Eden
moderne, pour y contempler les bois de Bruyère, et en aspirer
le doux et agréable parfum. Seulement, je crois devoir prévenir
Jut//é^ JH70. . 14
— 210 —
qu'on est en train de les détruire pour faire des pipes avec la
racine ! Horreur ! n'est-ce pas ?
EUG. DE MaRTRAGNY.
OBSERVATIONS SUR LA FÉCONDATION DES STRELIT2IÂ.
Dans le numéro de juin dernier, M. J. Joiian, en traitant de
la fécondation du Strelitzia reginœ, a oublié de mentionner une
chose très-importante et digne de remarque.
Voulez-vous une réussite assurée de la fécondation des Stre-
litzia'^ imprégnez les stigmates, avec la liqueur neciarifère qui
coule de la base des fleurs, avant l'emploi du pollen. Nous avons
opéré souvent, sans cette liqueur, et toujours^ dans ce cas,
nous avons échoué. Au contraire le succès a été complet quand
nous avons opéré, comme il vient d'être dit. M. Jouan n'a pas
fait attention à ceci, et cela nous étonne qu'il ait réussi; mais
peut-être le petit bâton, avec lequel il opérait, était-il barbouillé
de cette hqueur; car, nous le répétons, jamais la fécondation
n'a produit d'effet, sans l'imprégnation préalable des stigmates
avecla sécrétion nectarifère.
M. Jouan affirme, d'après les auteurs, dit-il, que la féconda-
lion des Strelitzia est impossible; mais alors d'où nous sont
venus les Strelitzia rutilans, imperialis, aurora, citrina, vi-
trea, etc.? Nous engageons M. Jouan à lire l'excellent ouvrage
de M. Lecoq, sur la fécondation naturelle et artificielle des vé-
gétaux .
Paul Hauguel.
— 2H —
LA CUEILLETTE DES FRUITS.
La récolte des fruits est déjà commencée et se continuera
pendant trois mois pour les différentes espèces ; nous pensons
que quelques observations sur cette opération, une des plus
importantes de l'arboriculture, seront bien accueillies de nos
abonnés. Obtenir un fruit dans toute la perfection qu'il est sus-
ceptible d'acquérir, tel est le but final des travaux et des soins
multipliés du cultivateur d'arbres fruitiers, et il ne peut être
atteint que par une récolte faite à propos. Un fruit de bonne
variété cuçilli intempestivement peut être mauvais ou tout au
moins de qualité inférieure, et cependant il est bien souvent
abandonné à des mains inintelligentes. Que les intéressés en
soient prévenus et prennent leurs précautions.
Le travail proprement dit de la cueillette exige des soins,
sinon de l'intelligence ; il faut ménager les productions frui-
tières, espoir de l'avenir, et ne pas froisser le fruit, afin de lui
assurer toute sa beauté et une conservation plus facile. Mais
le point délicat, celui duquel dépend tout le succès, c'est le
choix du moment oii il doit être détaché, ayant reçu de la sève
tous les principes de saveur et n'en ayant perdu aucun par son
séjour trop prolongé sur l'arbre. Dans les ouvrages spéciaux,
l'énoncé de l'époque ordinaire de maturité de chaque variété,
qui complète sa description, n'est qu'une indication plus ou
moins approximative. Ce moment favorable de la cueillette
peut varier beaucoup suivant la saison, le sol et l'exposition,
et le cultivateur doit mettre enjeu toute son aptitude d'obser-
vation pour le saisir lorsqu'il est arrivé. Lui donner plus de
certitude dans cette appréciation, tel est le but de ces quelques
lignes.
En procédant par ordre de maturité, nous commencerons
par les cerises. La Cerise ne doit jamais être cueillie que com-
— 212 —
plétement mûre; et l'on dit avec raison que le prolétaire,-
obligé déménager sa bourse, mange de meilleures Cerises que
le riche, plus soucieux du luxe des primeurs que de la satisfac-
tion du goût de ses convives . La Cerise change bientôt de cou-
leur et même avant d'avoir atteint toute sa grosseur ; aussi
combien d'impatients d'appétits ou du gain se hâtent trop d'en
jouir! Quelle différence cependant de saveur et de qualités hy-
giéniques entre une Cerise à peine rougie et celle dont la peau
s'est colorée d'un beau pourpre foncé passant jusqu'au noir
pour certaines variétés, entre une Cerise aux couleurs blafar-
des et celle dont le ton chaud, ambré ou transparent, indique
que le sucre est achevé dans sa chair !
Les différentes variétés de Cerises se divisent en quatre
classesassez distinctes : les Guignes à chair plus ou moins molle,
bien juteuse et sucrée; les Bigarreaux à chair ferme, cro-
quante et souvent très-sucrée ; les Cerises proprement dites à
chair tendre, sucrée et acidulée ; et les Griottes à chair plus
ferme et décidément acide. Les fruits des deux premières clas-
ses atteignent leur maximum de quahté quelques jours après
qu'ils ont acquis toute la couleur dont l'intensité est diffé-
rente pourchaque variété ; trop longtemps après, la chair des
Guignes s'amollit trop, laisse évaporer son sucre et son par-
fum et déchue même quelquefois jusqu'à la fadeur ; les Bigar-
reaux perdent leur consistance croquante, leur chair devient
creuse autour du noyau et subit une sorte de décomposition
qui en dénature le sucre et le parfum. Les Cerises proprement
dites se colorent presque toutes très-prématurément ; elles sont
entre-cueilUes, c'est-à-dire détachées de l'arbre à plusieurs
reprises, à mesure qu'elles arrivent au ton décisif de l'entière
maturité avant qu'elles aient perdu le brillant de leur coloris
et que leur peau soit devenue terne, indice d'un commence-
ment de fermentation intérieure qui altère la fraîcheur de
leurs sucs mélangés de douceur et d'une agréable acidité.
-~ 213 —
La pluparf des variétés de Griottes peuvent rester longtemps
à l'arbre et ne réclament une cueillette anticipée que si elles
sont destinées au liquoriste ou au confiseur. Leur chair est or-
dinairement pourvue d'une certaine dose d'astringence qui
contribue à les maintenir longtemps au même degré de mata-
ration, et même, souvent, elles sont préférées lorsqu'ayant
perdu une partie de leur eau de végétation, la proportion de
leur sucre toujours assez faible est devenue plus appréciable.
L'Abricot doit être détaché avant que sa couleur soit de-
venue trop mate, sinon il serait pâteui et son jus moins relevé;
sa peau doit avoir encore toute sa vivacité de ton, et s'il ne
faut pas faire effort pour les séparer du rameau, il ne doit pas
non plus tomber trop facilement dans la main. Rangé avec
précaution dans un panier où les lits ne seront pas entassés, il
sera déposé au fruitier dont la fraîcheur, en modérant le tra-
vail de la maturation, lui conservera toute son eau rarement
trop abondante.
Les Prunes seront cueilhes au moment où le développement
de leur arôme, leur facilité à céder aux secousses imprimées à
l'arbre, annoncent leur entière maturité. Deux ou trois jours
de séjour au fruitier leur donneront un jus plus abondant et
plus relevé. Evitez de les arracher si elles résistent ; elles achè-
veraient bien leur eau au fruitier, mais elles seraient sans su-
cre et sans parfum. Quelques variétés à peau épaisse, à chair
un peu consistante, gagnent à être attendues jusqu'au point où
leur peau s'affaisse ou se ride légèrement ; leur sucre est alors
plus concentré, sans qu'elles aient perdu leur parfum, et leur
chair est devenue plus fondante. Nous pourrions citer, de ce
nombre, la Goutte d'or, la Mirabelle tardive et la Fulton des
Américains qui est de bonne consommation jusque dans la pre-
mière quinzaine de novembre.
A bientôt la cueillette des Pèches, des Poires et des Pommes.
On conçoit plus facilement que l'on ne peut définir le
— 214 —
meilleur point où une Pêche doit être détachée de l'arbre, afin
d'arriver à toute sa perfection. Elle commence à développer
un léger arôme ; sa peau s'assouplit en se dilatant et ne parait
plus aussi exactement assujettie aux fibres de la chair. On
pressent, à travers son épaisseur, que les cellules qu'elle re-
couvre commencent à se gorger de sucs. Le moment est venu
où le fruit, semblant fléchir sous unelégère pression de tonte
la surface de la paume de la main et cédant au mouvement de
rotation que lui impriment les doigts réunis à son point d'at-
tache, arrive à la main qui ne le serre qu'autant qu'il ne puisse
lui échapper.
Les Pèches doivent être placées, sur un lit, dans un panier
plat, et maniées avec précaution; le moindre froissement nui-
rait à leur apparence et à leur quablté ; leur eau s'évaporerait
bien vite par la plus légère meurtrissure. Mises une nuit ou
deux à la fraîcheur du fruitier, leur excellence ne laisse plus
rien à désirer. Ce séjour au fruitier sera de plus longue durée à
proportion que le fruit sera d'une variété plus tardive, dont la
cueillette doit être faite plus longtemps d'avance. Toutes les
Pêches à peau lisse, Brugaons ou Nectarines, gagnent en
finesse et en succulence lorsqu'elles ont lentement achevé
leur maturation au conservatoire, et même quelques*-unes sont
à leur meilleur point lorsqu'elles commencent à se flétrir,
La cueillette des Poires est plus compliquée que celle des
fruits à noyaux ; leur maturité est à prévoir plutôt qu'à cons-
tater ; un très-petit nombre, nous dirons même aucune, ne
devant rigoureusement attendre sur l'arbre le moment de la
consommation. Des différentes variétés de poires mûrissent
pendant presque toute l'année ; cette prévision de maturité
exige donc des appréciations aussi différentes qu'il y a de
catégories de ces variétés.
Une Poire d'été ne sera pas récoltée comme une Poire d'au-
tomne, comme une Poire d'hiver. Plus une Poire est de matu-
— 215 —
rite précoce, moins longtemps d'avance il convient delà cueil-
lir. Ainsi, les Poires mûrissant au commencement de juillet
sontà cueillir trois ou quatre jours avant maturité, et si elles
sont cassantes ou à chair un peu ferme, deux jours suffisent.
Prenant pour exemple deux variétés bien connues : un Doyenné
de juillet cueilli quatre ou cinq jours d'avance aura une eau
plus abondante, plus relevée que s'il eût jauni sur l'arbre : un
Blanquet, au contraire, aura plus de sucre et n'aura pas en-
core perdu son eau au moment où il aura revêtu la livrée d'un
jaune doré de l'entière maturité.
A mesure que nous avançons dans la saison, l'époque de la
cueillette des Poires sera plus anticipée ; ainsi celles du mois
d'août attendront facilement quinze jours au fruitier, en amé-
liorant la finesse de leur parfum, sans perdre de leur eau. Telle
variété exige plus, telle autre exige moins; c'est une étude à
faire, en échelonnant les époques de récolte pour la môme va-
riété et en appréciant ensuite celle qui a donné les meilleurs
résultats. L'expérience prouve qu'un Beurré GifFard mérite
d'être cueilli plus près de maturité qu'un Beurré d'Amanlis.
Mais, me direz- vous, comment prévoir qu'une Poire sera à son
entière maturité dans trois jours, dans quatre jours, dans
quinze jours? Les gens exercés ne se trompent guère à l'aspect
du fruit, et vous devez vous efforcer d'arriver, par l'observa-
tion, à ce tact d'appréciation. Cependant voici un petit moyen
dont vous pourrez vous servir, surtout pour les Poires d'été, en
attendant que vous soyez devenu plus habile. Il est rare que
quelques fruits atteints par les insectes ou mal conformés ne
tombent prématurément de l'arbre avec toutes les couleurs de
l'entière maturité ; cueillez alors tous ceux les mieux exposés
et parvenus à leur volume complet, et si quelques-uns, cachés
sous le feuillage, vous paraissent en retard, renvoyez-en la cueil-
lette jusqu'à ce qu'ils soient arrivés au même point de gros-
seur et d'apparence. J'ai aussi vu employer un excellent
— 216 —
moyen pour juger de l'état de maturation des variétés de Poires
destinées au usages de la cuisine et de la confiserie, auxquelles
une cueillette trop précoce ou trop tardive enlèverait beaucoup
de leur valeur. A l'approche de l'époque tardive ordinaire de
leur maturité, de temps en temps on en ouvre quelques-unes,
et lorsque l'on remarque que leurs pépins commencent à
brunir, le moment de la cueillette est arrivé. Ce moyen serait-
il bon pour la plupart des variétés de Poires destinées à la table?
C'est une expérience à faire.
Les Poires mûrissant en octobre seront cueillies dès la fin de
septembre et s'achèveront très-bien au fruitier sous l'influence
d'une température peu élevée ; celles de novembre, décembre
ettoutl'hiver, attendront sur l'arbre jusqu'à ce que le feuillage,
par sa couleur et son aspect terne, annonce que la sève va bien-
tôt cesser de circuler. Si le sol est sec et léger, l'exposition
chaude, la cueillette sera avancée ; elle sera^ au contraire, re-
tardée pour les mêmes variétés si le sol est aqueux et compacte
et l'exposition froide. Ainsi, dans les petits jardins de la ville,
anciennement étabhs^ pourvus d'un terreau abondant dans
lequel les rayons du soleil se concentrent et maintiennent une
température élevée et où la chaleur de l'air se multiplie par
la réverbération des murs de clôture, un Doyenné d'hiver
sera récolté de bonne heure si l'on ne veut le voir arriver à ma-
turité avant la fin de novembre. S'il est venu sur un arbre'
planté en rase campagne, dans un sol argileux et dont l'expo-
sition incline au iiord, il n'aura pas perdu sa facilité de conser-
vation en ne le cueillantqu'aux jours qui précèdent les premières
gelées. En principe, plus une Poire est de maturité ta'rdive.
plus l'époque de sa récolte doit être reculée. Certaines variétés
d'une conservation à toute épreuve, mûrissant seulement au
printemps, gagnent sur l'arbre tant qu'il n'a pas encore
perdu ses feuilles, et même, si l'on n'attendait pas jusqu'à ce mo-
ment, la chair de leur fruit ne serait pas achevée dans sa tex-
— 217 —
ture et dans ses sucs, et bientôt ils se rideraient et seraient
de nulle valeur.
Ce que nous venons de dire des Poires s'applique, en grande
partie, aux Pommes que l'on doit cependant récolter encore
plus longtemps d'avance. Les Pommes à chair tendre se ride-
ront moins si on les laisse plus longtemps à l'arbre, mais aussi
leur maturation sera moins prolongée. LesPommes à chair
dure, cassante, gagneront jusqu'au moment de l'arrél de la
sève et ne perdront rien de leur faculté de longue conservation.
Les observations précédentes tendent à établir qu'un bon
fruitier est aussi nécessaire à l'amélioration des fruits d'été
qu'à la conservation des fruits d'hiver.
iMàs.
(Extrait de la Revue Agricole et Horticole du Gers.)
LA LUNE ET LA PLUIE.
Pends-toi, Lune, ma mie; il a plu et tu n'étais pas là. Tu
étais nouvelle le 28 juin ; ton premier (juartier était le 6 juillet,
et c'est le 2 juillet que le temps a changé. Pends-toi, Lune,
ma mie.
Elle doit être bien en colère après moi la Lune. Voilà
que de tous côtés m' arrivent des renforts; tout le monde
s'acharne après elle; mon grelot a produit son effet.
Ainsi le Bien public, journal de la Côte-d'Or, publie sur
ce sujet un article plein d'intérêt, dont nous extrayons les
passages suivants :
« Rien ne peut consoler les vignerons et les horticulteurs
quand ils voient les bourgeons de leurs Vignes, les fleurs de
leurs Pêchers, de leurs Poiriers, devenus noirs, détruits par les
rayons de la terrible lune rousse ! Voyons au moins si les
reproches qu'on lui fait sont fondés, et si cette lune est^ à
un degré quelconque, responsable du mal qu'on lui impute.
— 2t8 —
3) Tous les ans, au printemps, il s'établit dans nos climats
tempérés, une lutte, un combat, entre le chaud et le froid,
entre les '^nts glacés qui continuent à souffler de temps en
temps du nord , encore couvert d'une épaisse couche de
neige, et les vents du sud que nous envoie la zone équinoxiale,
toujours chaude comparativement à notre Europe. La bataille
a plus ou moins de durée ; la victoire reste plus ou moins de
temps indécise,, suivant les circonstances qu'il serait trop long
d'énuméreret que dans nos pays à saisons indécises^, mal faites,
mal déterminées, il est impossible de prévoir et de calculer.
L'automne présente un phénomène analogue et parfois aussi
tranché : les premiers jours d'octobre sont trop souvent mar-
qués par des gelées précoces qui grillent nos Haricots verts,
nos Dahlias, nos Résédas, les Capucines, etc., etc. Et après
quelques jours de froid, il n*est pas rare de jouir, pendant un
mois ou deux, d'une température tiède et agréable. Le mai
causé par le froid précoce de l'automne n'est rien, comparé à
celui que causent les gelées tardives du printemps , celles-ci
tuent les espérances de l'avenir, détruisent les choses de pre-
mière nécessité, les éléments de nos jouissances et de nos ri-
chesses... Au mois d'octobre, on peut porter légèrement le
petit désagrément de n'avoir plus de Capucines pour parer la
salade.
3) Quand le ciel est couvert pendant la nuit, et surtout de
grand matin, il ne gèle pas. Les grands désastres arrivent
quand le ciel est clair, très-clair-; d'où vient cette différence
dans les effets produits? La voici : De même que la terre s'é-
chaulfe sous l'action du soleil pendant le jour, elle se refroidit
la nuit pendant l'absence du soleil. Il y a échange de tempéraure
entre la voûte céleste et le sol ; mais pour que cet échange ait
lieu, il faut qu'ils se regardent, qu'ils se voient : c'est ce qu'on
appelle le rayonnement. Un nuage interposé entre eux pro-
duit un effet analogue à celui que produirait sur vous une
— 219 —
couverture, un paletot dont vous vous envelopperiez pour
passer la nuit à la belle étoile, sans courir le risque de mourir
de froid. C'est pour la même raison qu'on a recommandé de
hrùler, dans les vignes, soit du famier, du goudron ou d'autres
substances produisant une épaisse ou lourde fumée ; elle se
répand sur la surface du sol, lui fait, ainsi qu'aux plantes qui
végètent, une espèce de manteau qui empoche en partie le
rayonnement.
3) Malheureusement ce moyen, toujours coûteux^ n'est pas
commode à avoir constamment sous la main, et cependant, il
faut pouvoir l'employer pour ainsi dire instantanément; car,
au moment où l'on s'y attend le moins, un ciel couvert peut
s'éclaircir tout d'un coup, le rayonnement a lieu, et le proprié-
taire qui s'est endormi tranquille sur l'assurance que lui donnait
un ciel entièrement pris et même une pluie abondante et
tiède, ne voit plus, à son réveil, que des pousses roussies, ge-
lées, que les premiers rayons du soleil vont achever de dé-
truire tout à fait.
3) J'ai écrit tout à l'heure le mot pluie... Si le temps s'é-
claircit et se refroidit tout d'un coup pendant la nuit, surtout
à l'approche du matin, et que les vignes, les arbres fruitiers,
aient été mouillés auparavant, oh ! alors le mal est extrême,
la ruine est complète. On dit que, en Bourgogne, les consé-
quences de pareilles gelées se font sentir parfois plusieurs an-
nées de suite. Pour continuer ma comparaison de la couver-
ture, .c'est comme si on s'exposait à passer une nuit en plein
air, tout nu et sortant de l'eau.
T> Un de nos compatriotes a exphqué pourquoi les vignes
plantées dans les bas gèlent plus volontiers que celles qui
occupent des coteaux ou des sommets; c'est un effet qui se
rattache au rayonnement et à la propriété des gaz de se strati-
lier toujours de teUe façon que les couches les plus froides oc-
cupent les parties inférieures de l'espace dans lequel elles
peuvent se répandre.
— 220 —
î En quoi l'astre de la lune, qu'il soit roux ou de toute autre
couleur, qu'il soit Lune de mars, ou Lune d'avril, peut-il être
responsable de ce qui se passe à 90,000 lieues (de 4 kilomètres
chacune) au-dessous de lui, et comment, en bonne conscience,
lui imputer les malheurs qui résultent de la sérénité de ce
ciel? Cette sérénité, nous l'avons dit, est la conséquence de
l'arrivée d'un vent qui vient des régions boréales au lieu de
venir du sud ou de l'ouest ; les régions d'où il nous arrive sont
seulement à 5 ou 600 lieues de nous, au grand maximum à 8
ou 900 lieues... Certes, la lune ne peut être que bien inno-
cente de l'effet désastreux de ces vents glacés.
» Mais l'homme veut connaître les causes de ce qui lui
arrive ; sans être absolument difficile sur le mérite des raisons
qu'on lui donne^ il lui en faut. Il demande sur qui ou sur quoi
il doit faire retomber ses plaintes, ses malédictions ; les gelées
d'avril ou de mai ne sont à redouter que quand le temps est
clair, et c'est alors seulement qu'on peut voir la lune... Donc
c'est elle qui est le seul coupable, et on la chasserait bien vite
du ciel si on pouvait. C'est une croyance populaire, vieille
comme le monde, et que tous les raisonnements ont laissée
debout ; elle satisfait à ce besoin qu'a notre esprit de connaître
les causes des choses et de savoir à qui doit incomber la res-
ponsabilité. En définitive, cela ne fait de mal à personne. »
De son côté M. Willermoz a traité la question de l'influence
de la lune sur la végétation, d'une manière très-remarquable
dans le Bulletin de la Société d'horticulture du Rhône ; M, Por-
cher a cru utile de faire l'analyse de ce petit travail et de la
publier dans le Bulletin de la Société d'Orléans, auquel les
Annales de la Société de Maine-et-Loire l'ont empruntée.
Il résulte des recherches opérées par M. Villermoz que c'est
Aristole, et sa docte cabale, qui ont inventé les fables qu'on
débite sur les effets de la lune. Il n'est donc pas étonnant que
ces croyances aient été adoptées et propagées avec confiance,
— vu la parfaite loyauté du mailre, — par tous les illustres
— 221 —
savants, ses contemporains, ou qui sont venus après lui,
Virgile, Pline, Galien, etc.
En résumé M. Villermoz range au nombre des erreurs et des
préjugés populaires les effets attribués à la lune sur la végé-
tation, et M. Porcher termine ainsi son analyse :
<!: La moralité qu'il faut déduire de cette conclusion, c'est
que les agriculteurs elles horticulteurs doivent éviter de perdre
un temps précieux^ lorsque le temps est opportun pour se
livrer aux opérations de la culture. Ils n'ont besoin, pour cela,
ni de consulter les phases de la lune, ni les almanachs. Nous
leur dirons, comme l'auteur, en terminant : Ne croyez pas à
l'influence de la lune sur les végétaux : semez, plantez, taillez
et coupez lorsque le temps est favorable. Ne renvoyez pas au
lendemain ce que vous pouvez faire le jour môme, et rappelez-
vous que le temps perdu est irréparable. >
Ainsi soit-il. L'affaire est entendue ; nous n'en parlerons
plus. F. Herincq.
PURIFICATION DES EAUX PUTRIDES ET MALSAINES.
Purifier et rendre salubres des eaux stagnantes ou coulantes,
contenant des matières corrompues et des déjections nauséa-
bondes, pour obtenir un engrais puissant, tel est l'intéressant
problème qu'un grand nombre de personnes compétentes ont
cherché à résoudre depuis quelques années et dont nous pou -
vons aujourd'hui annoncer la solution.
Depuis longtemps, en effet, des cités entières, des villages,
môme de simples individus s'étaient préoccupés de cette im-
portante amélioration, et ingénieurs, chimistes et praticiens
avaient mis leur science et leur zèle à son service. Dès lors de
nombreux procédés furent vantés et prônés ; mais ces théories
qui parurent plausibles dans le principe, s'évanouirent promp-
— 222 —
tement devant la pratique avec laquelle elles étaient incom-
patibles. Ainsi, entre autres, on conseille d'employer le charbon
de bois, désinfectant bien connu, ou encore de mélanger l'eau
impure avec une petite quantité d'eau de chaux. Or, on reconnut
bientôt que ce réactif, qui pouvait, il est vrai, clarifier le liquide
corrompu, était nuisible à la vie des êtres qui vivent dans son
sein, tels que les poissons ; et_, en outre, il ne pouvait pas plus
qu'avant l'opération servir pour les lessivages ou Fart culi-
naire. Enfin, selon l'antique et vulgaire expression, on trouva
à force de chercher.
M. Le Chatelier, ingénieur en chef des mines, émit l'idée
de se servir du sulfate d'alumine et commença bientôt l'ex-
périence suivante, conjointement avec M. Léon Durand-Claye^
directeur adjoint du laboratoire des ponts et chaussées.
Dans une quantité donnée d'eau sale et putréfiée, provenant
même des égoùts, on mélangea une proportion connue de sul-
fate d'alumine liquide à j 0° Beaumé. Sous l'influence de cet
agent, si utile à l'industrie sous d'autres rapports, les ma-
tières malsaines se précipitèrent et la masse totale expéri-
mentée se divisa en deux parties bien distinctes. L'une de-
vint semblable à une boue noire, spécimen d'engrais, suscep-
tible d'être desséchée et pulvérisée; l'autre partie n'était plus
qu'une eau limpide et claire, dépourvue de ses principes mal-
faisants et, en outre, propre à la cuisson des légumes, aux les-
sivages et agréable aux poissons, loin de leur être nuisible.
Convaincue de ces faits, une société se créa bientôt, sous les
auspices de l'administration municipale de la ville de Paris et
l'habile direction de MM. Mill et Alfred DuranJ-Claye, ingé-
nieurs, pour recueillir les eaux d'égout, à la sortie du grand
collecteur à Asnières, et expérimenter ce procédé dans de vastes
bassins, créés par elle, à cet etfet, dans la plaine de Gennevil-
liers (Seine) . Ces bassins qui se trouvent, à proximité d'une
importante fabrique de sulfate d'alumine, sont disposés de
— 223 —
façon à pouvoir irriguer et arroser les champs voisins avec
l'eau d'égoût à son arrivée, selon le désir des cultivateurs
riverains et moyennant une bien faible rétribution. Mais le
principal but propose en les créant, a été de retenir le dépôt
boueux, précieux comme engrais, et de rendre au fleuve, après
l'avoT purifiée, l'eau de son affluent malsain.
De plus, la ville de Paris a acheté, en cet endroit, un énorme
champ d'expériences pour l'essai de la culture des plantes de
produit ou d'agrément et oii des irrigations périodiques et fer-
tilisantes ont donné naissance à une végétation luxuriante sur
laquelle la Société centrale d'Horticulture s'exprimait en ces
termes (mai 1869) :
(( Afin de mieux reconnaître l'action fertilisante de l'eau
)) noire des égouts et du terreau qu'elle dépose, l'adminis-
V tralion municipale a fait l'acquisition d'un champ compléte-
JD ment épuisé par une culture sans fumier et dans lequol un
» fermier en était venu jusqu'à ne plus pouvoir obtenir même
)> de maigres récoltes d'avoine. Cette terre a été labourée
î" profondément, après quoi on y a mélangé le dépôt de l'eau
y> d'égoùt. On voit que les produits qu'on en obtient dès cet
» instant sont comparables à ceux que donne la culture ma-
i> raîchère courante, tandis que précédemment, il est certain
y> qu'on n'aurait pu rien retirer de ce sol épuisé. »
Depuis lors les produits de cette sorte de colonie horticole,
et particulièrement ceux de celte année, sont d'une richesse de
végétation qui fait l'admiration des visiteurs.
Pour compléter ces renseignements, sur l'élablissement de
Gennevilliers, laissons parler les chiffres, qui ont toujours une
grande éloquence au début d'une spéculation ou d'une expé-
rience.
Les collecteurs de la rive gauche et de la rive droite réunis
ensemble à Asnières et le collecteur départemental à St-Denis,
donnent ensemble, par jour, un débit d'environ 260,000 mètres
— 224 —
cubes d'eau d'égout ou environ 95 millions de mètres cubes
par an.
Par suite du dépôt qui ensable le lit de la Seine, les frais de
dragage se montent à environ cent mille francs par an, car un
mètre cube d'eau sortant du collecteur renferme jusqu'à trois
kilogrammes de matières fertilisantes. La quantité de ce
terreau peut donc s'élever, par an, jusqu'à 285 millions de
kilogrammes d'engrais pur.
Un crédit de 800,000 fr. a été d'abord ouvert par la ville de
Paris. Provisoirement cinq ou six mille mètres cubes d'eau
sont purifiés chaque jour.
Les ingénieurs distingués, que nous avons nommés, de-
mandent, pour frais d'installation, dix millions et environ un
million pour l'exploitation annuelle. Ces chiffres qui paraissent
énormes, se trouveront compensés par la vente de l'engrais
et le bienfait d'une eau salubre alimentant la capitale, qui
désormais n'aura plus à envier la plantureuse végétation,
semblablement produite aux portes d'Edimbourg, de Milan et
de Valence.
Enfin, faite en grande ou en petite quantité, cette clarifica-
tion, au moyen d'un produit chimique peu coûteux, procure
non-seulement un précieux fertihsant, mais assainit encore
toute eau putride, depuis la mare exhalant ses odeurs fétides
et malsaines devant Thabitation du villageois, jusqu'au fleuve
dont l'onde corrompue baigne et aUmente les cités populeuses.
C'est à ces titres divers et à cause des avantages qu'elle pré-
sage que nous avons cru qu'elle méritait d'être signalée à tous
les amis du progrès utile et bienfaisant.
Henri Quevilly.
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MM. Û' BOISDUVAL, H. HAMET,
V. CHATEL, F. HERINCQ, A. DE LAVALETTE,
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SOUS LA DIRECTION DK
M. F. HERINCQ,
RÉDACTECR EN CHEF.
iTTicaé ào mcséom d'histoibe MiLTURELLe UE Paris,
Collaborateur du Stanael Jet niamei, des figures du Bon JarUInltt,
Ex-Rédacteur principal de la SocUii Whoriicuiiure di la Semt ,
Membre boaoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'borticulture, etc.
L'Horticnltear Français parait le a le chaque mois, par liTraison de 32 pages de texte
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DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE
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l'histoire la description, la figure des fruits anciens et des fruits modernes
LES PLUS généralement CONNUS ET CULTIVÉS,
Par André LEROY,
pépiniériste,
Cbevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président
du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger.
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SOMMAIRE DU IVUHERO D'AOUT.
F. Herincq, Chronique. — 0. Leschyer. le Weigelia Lowii (PI. VIII). —
Ern. Bernard. Les Phlox : choix des meilleures variétés. — Louesse. Les Cactus
Rafinesquiana et vulgaris. — Eue. de Martragay. Laurier-Cerise à
larges feuilles. — G. d'Hangest. Boulures de Rosiers. — Guenin-Gauthrot. Moyen
de faire fructifier le Poirier. — F. Herincq. Kote pour servir à l'histoire de la
Végétation : suppression de fruits sur le Pêcher ; Pêches sur un rameau sans
feuilles. — Dagorno aîné. Cul I are dt's Choux-fleurs à Paris et aux environs. —
V F. Herinco. La Géothermie. — Totius. Petites nouvelles;, rusticité; vitalité des
grettes d'arbres fruitiers ; Champignons cultivés dans des écuries ; Pommes de terre
du Chili; Orangers nains delà Chine; Violette double de Brandi ; étiquettes; Vallota
purpurea; piège à Loirs; destruction du Tigre; destruction des Courtilières. —
Travaux du mois de Septembre.
CHRONIQUE
Caractère d'une chronique. Procédé Duchesne-Thoureau pour la culture de la
Vigne; opposition de recelé des mutilations; ses objections au sujet de ce
système ; adhésion de la Société d'horticulture de l'Aube et du congrès vi-
licole de Beaune. Procédé Clos, pour répandre l'erreur au sujet du Radia
sauvage amélioré. Rusticité au Benthamia fragifera à Toulouse- assertion
à réformer à son égard dans le Manuel des plantes de Jacques et Herincq;
Toulouse n'est pas où levain peuple pense. Statistique horticole du déparle-
• ment de la Haute-Garonne. La violelle de Parme doit être débaptisée. On
déraisonne toujours autour de l'inâueDce de la greffe et du sujet.
Mon être tout entier est pénétré de tristesse. Vingt fois j'ai
pris la plume pour commencer ma tâche mensuelle, et vingt
fois je l'ai déposée ne trouvant pas im mot à tracer. C'est que,
quand les engins de la mort moissonnent peut-être des exis-
tences amies, quel que soit la légèreté du cerveau, le cœur est
peu disposé à lancer des fusées joyeuses; et ma conviction est
qu'une chronique ne doit pas être un diluvium de bombes
asphyxiantes, comme un discours académique. Mes adver-
saires diront ce qu'ils voudront de cet aveu ; ils me traiteront,
s'ils veulent, d'esprit léger, d'ennemi de la science et des
— 226 —
institutions scientifiques, peu m'importe. Je démontrerai,
quand il le faudra, qu'çn dévoilant des abus, qu'en frappant
d'ironie certains faits et les actes de certains hommes_, j'ai
toujours servi, avec le plus entier désintéressement, ce qu'on
prétend que je cherche à desservir. Si V Horticulteur français
ne suffit pas, j'ai de plus paissants moyens de publicité que
j 'appellerai j alors, à mon aide, pour faire la lumière sur ce
que des intérêts purement .personnels veulent tenir dans Je
sombre obscur ; cliaeun verra si je trahis ou si je sers les
intérêts qui me sont confiés.
En attendant, continuons de combattre pour la ^oire de
l'horticulture, et le salut de quelques vieux routiniers qui
s'encroûtent dans les anciennes méthodes et qui se prétendent
cependant grands amis du progrès.
Parmi les procédés de culture de la Vigne qui ont été mis
en évidence depuis quelques années, il en est un qui occupe
actuellement beaucoup les arboriculteurs, non pas parce que
il est agréé et proclamé dans le monde horticole ; bien au con-
traire. Ce système n'a été révélé, pour ainsi dire, au public,
que par des controverses et des dénégations sans nombre,
quand il n'était pas accueilli avec un profond dédain, au sein
de certaines sociétés d'horticulture : ce système est une sorte
d'hybride de la non-taille, et de la taille à long bois.
Et je l'avoue, mon opinion était un peu celle de tout ce
monde, c'est-à-dire que, subissant l'entraînement général^ je
ne me permettrais pas de supposer que les hommes considé-
rables-qui avaient condamné le procédé, se fussent prononces
sans une pleine et entière connaissance de cause. En outre,
rien ne m'autorisait à croire qjie la passion, ou tout autre mo-
bile plus ou moins inavouable, eût dicté les décisions souve-
raines que, comme tant d'autres, j'acceptais de confiance, sans
chercher à les contrôler, Mais depuis l'aiTaire du fameux Radis
sauvage amélioré, je sais ce que valent le contrôle et l'ap-
— 227 —
probation de certains hommes, de certaines sociétés d'hor-
ticulture.
Dans cette question de la Vigne, une chose, toutefois, m'a-
vait frappé : c'était le courage et l'énergie qu'en toute occa-
sion déployait le promoteur de ce système, M. Duchesne-
Thoureau, qui, depuis neuf ou dix ans^ persistait et s'ohstinait
aie rapporter incessamment sur le terrain de la discussion,
malgré l'unanime improbation de nos arboriculteurs, et quand
il savait, à l'avance, que dans toutes nouvelles discussions sa
voix serait étouffée par les dénégations d'une assemblée pré-
venue contre lui, et qu'il serait seul à soutenir son sys-
tème.
Malgré l'inégalité de la lutte — un contre tous — M. Du-
chesne n'a pas reculé d'une semelle ; son courage n'a pas fai-
bli. Il est vrai que, dans plusieurs concours horticoles et agri-
coles des départements, il a remporté divers succès qui, — il
faut le dire aussi^ — au lieu de lui être utiles, n'ont fait que
soulever plus d'hostilités de la part des partisans de l'école
adverse.
La Société (T horticulture de l'Aube^ qui pendant longtemps a
tenu rigueur à M. Ducliesne, a fini par reconnaître qu'elle avait
eu tort de fermer les yeux et de rejeter son procédé, sur de
simples assertions acceptées de confiance et sans examen. Dans
un long rapport très-circonstancié, une commission composée
d'hommes spéciaux et bien connus de cette société, déclare et
proclame hautement, aujourd'hui, que les cultures viticoles de
M. Duchesne, loin d'être défectueuses, comme l'assure l'école
adverse, sont au contraire tellement supérieures à ce qui est
pratiqué en général, que, grâce à son initiation, une voie nou-
velle et féconde est ouverte ^ l'horticulture; qu'en un mot
l'auteur de ce procédé a été victime de préventions que rien
ne justifie. Et ladite commission, voulant confirmer par une
adhésion, sans réserve, l'utilité des cultures qui lui ont été sou-
— 228 — -
mises, n*a point hésité à demander pour M. Duchesne une
médaille de vermeil.
Presque en même temps le congrès universel de viticulture
réuni à Beaune (Côte-d'Or), statuait sur le même procédé de
culture en décernant, à l'auteur, une médaille d'or; et, au der-
nier concours agricole du Palais de l'industrie à Paris, chacun
s'arrêtait et admirait, comme nous, les produits remarquables
exposés, par M. Duchesne, et s'informait des procédés de
culture qui permettent d'obtenir des résultats aussi prodi-
gieux.
Aussi, ai-je quelque peu modifié mes impressions premières,
qui n'étaient pas précisément favorable au procédé Duchesne,
et suis-je surpris de voir l'opposition acharnée qu'on conti-
nue de lui faire, dans des sociétés qui se déclarent, toujours,
instituées pour le progrès de l'horticulture, mais qui défen-
dent, il est vrai, avec un égal acharnement, l'erreur. et les pré-
jugés, sans autres faits que la bonne foi des inventeurs.
Actuellement, se voyant battus, les défenseurs de l'école
delà nmtilation des arbres réduisent leur opposition à trois
objections :"!• que le procédé Duchesne est impraticable sous
le climat de Paris; 2"* que les raisins n'acquièrent pas un degré
parfait de maturité sous le climat de Paris; 3° que la produc-
tion exagérée de ce procédé ne peut pas être maintenue pendant
de longues années, sans préjudice pour l'arbre ou le cépage.
Or, M. Duchesne a fait, sur plusieurs points aux environs de
Paris, des applications de son système; j'en ai vu quelques-
unes, et je n'hésite pas à déclarer que je suis convaincu et dé-
cidé à défendre un mode de culture qui produit des résultats
aussi surprenants. Mais nous laisserons la parole à M. Du-
chesne, qui veut bien développer lui-même son procédé dans
\' Horticulteur ; nous en commencerons la publication dans un
prochainlnuméro, et nous en recommandons tout particulière-
ment la lecture.
— 229 —
En fait de procédé, en voici un qui est employé par la So-
ciété d'horticulture de la Haute-Garonne, pour» venir en. aide à
sa sœur de Paris en détresse :
« On connaît, dit l'honorable président Clos, les expériences
par lesquelles M. Carrière est arrivé à faire du Raplianus ra^
phanistrum une plante domestique. La valeur et le succès de
ces expériences ayant été contestés, elles ont été renouvelées
dans le sein de la Société impériale et centrale d'horticulture,
et les résultats ont été le* miêmes que ceux obtenus par M. Car-
rière. ».
Qu'ai-je donc fait à l'honorable président de laSociétô d'hor-
ticulture de la Haute-Garonne, pour qu'il rapporte ainsi l'his-
toire dans le dernier bulletin de cette Société? Il n'ignore pas
cependant que la Société impériale et centrale n'a pas de
sem, c'est-à-dire de jardin, et ^qu'elle n'a pas pn, par consé-
quent, renouveler les expériences qui, en outre, demandent
au moins quatre années pour donner les résultats. Il sait aussi,
car c'est inscrit au journal de celte Société, que les premiers
essais entrepris par quelques membres du comité des cultures
expérimentales, en dehors de son sein, et sans y avoir été in-
vité par elle, ont été bouleversés complètement, et que ces
essais ont été abandonnés. Qu'ai-je donc pu faire — je me le
redemande — à cet honorable président, ami de la vérité et du
progrès scientifique, pour écrire ainsi l'histoire ? En tout cas,
je ne recommande pas son procédé aux autres présidents de
sociétés, pour propager l'erreur et l'absurde; car ce n'est pas
précisément de l'honnêteté scientifique. Et on trouve étonnant
que je doute parfois de la sincérité des assertions de certains
savants ! On serait incrédide à moins.
La même numéro des Annales de la Société d'horticulture
de la Haute-Garonne; contient un article tres-intéressant sur
la rusticité du Benthamia fragiferay dans lequel se trouvent
ces passages : <t On lit, dit le D' Clos, dans le Manuel général
— 230 —
des planteSj, de Jacques et Herincq, au sujet du Benthamia
fragifera, arbrisseau du Nepaul : « Jusqu'aujourd'hui ce bel
arbrisseau est cultivé en orangerie ; dans le midi il est pro-
bable qu'il pourrait supporter le froid de nos hivers, 3)0r, ajoute
M. Clos, deux faits prouvent sa parfaite rusticité sous le climat
toulousain... Il y a donc lieu de réformer cette assertion... » —
Bien bon ce brave M. Clos. Franchement j'ignorais que Toulouse
fût situé dans le nord de la France. Qu'ai-je donc fait, encore
une fois, à M. le président pour qu'il m'en veuille ainsi ? Cette
petite haine mal déguisée ne troublera pas ce soir mon pai-
sible sommeil. Je suis tellement habitué aux petites choses
qu'on débite de toute part contre moi, que je m'amuse et ris
de bon cœur des petitesses de tous ces petits esprits, qui s'a-
baissent à employer de si pauvres moyens de vengeance. Je
me sens grandir en les voyant se faire si petits. Décidé-
ment tous les savants ne sont pas de grands hommes et il
y en a qui rnanquent absolument de noblesse et de di-
gnité
Toulouse fournit autre chose que de ces petitesses d'esprit :
son territoire produit pour 7,65-4,488 fr. de bons légumes,
oh trouve dans les Annales de sa Société d'horticulture un
tableau statistique résumant l'importance des cultures po-
tagères et maraictières du département de la Haute-Garonne,
que, naïvement, je plaçais dans la région méridionale de la
France. Excellent M. Clos ; comme Sganarelle, il a changé
tout cela, et mon ignorance fait que je l'ignorais î Donc : l'é-
tendue des vergers, pépinières et jardins de la Haute-Garonne
est évaluée à 4,427 hectares 95 centiares , ce qui, à raison
d'une population de 495,777 habitants, représente une su-
perticie de 90 centiares environ par habitant.
Le tableau suivant est très-instructif, en ce qu'il montre la
production relative de chaque plante, et celles qui sont les
plus avantageuses à cultiver :
— 231 —
Nombre d'hectares Produit total. Valeur totale,
cultivés. ,
Haricots frais 811 9,538 hectol. 195,090 fr.
— secs '. . . 4,079 33,877 — 8'4,465
Fèves et féverolles fraîches... 776 13,388 — 153,614
— — sèches. . . 7,693 94,099 — 1,262,888
Lentilles 327 3,368 — 9S,467
Pois frais 324 6,168 — M 7,431
— secs 872 7,582 — 181,279
Choux ; 1,440 325,009 q. m. 2,931,708
Carottes, navels et panais. ... 346 58,650 — 509,251
Citrouilles et courges 128 44,451 — 273,128
Melons et pastèques 38 14,i42 — 214,464
Asperges 47 1,479 — 62,318
Salades diverses. 119 18,052 — 210,705
Autres légumes 209 15,740 — 526,400
Artichaux 40 3,476 — 80,280
Si ce tableau est exact, 17^241 hectares, cultivés en plantes
maraîchères et légumière's, auraient produit une somme de
7,634,488 fr., soit en moyenne 442 fr. par hectare. Mais on
peut voir, s'il n'y a pas d'erreur dans les chiffres, que le chou
est beaucoup plus avantageux à cultiver, puisque 1,440 hec-
tares ont rapporté 2,931,708 fr., ;^tandis que 7,695 hectares de
fèves sèches n'ont produit que 1,262,888. La moyenne par
hectare pour les choux serait environ de 2,035 fr., tandis que
pour les fèves elle n'est que dp 1 64, les haricots frais de 240 fr.
On voit, par cette résultante, toute l'importance de ces ta-
bleaux pour les cultivateurs. Mais il y a erreur, bien cerlaine-
uient; la différence est trop grande. Après cela, c'est de la
statistique^ et chacun conilaît la valeur de ses allégations.
Ainsi, par exemple, à la page 57 du même Bulletin, on dit
cette fois que « le rendement de la terre des marais, à Tou-
louse, n'est pas inférieur à 1,200 fr. par hectare et qu'il s'é-
lève parfois à 2 et 3,000 fr...
Une culture qui a pris une grande extension dans cette ville
est celle de la Violette de Parme, que ces messieurs de la
Haute-Garonne demandent à débaptiser. M. de Gomiecourt,
dans son rapport sur la création, à Toulouse, d'une école
— 232 —
régionale agricole, s'exprime sur cette question en ces termes :
« La Violette dite de Parme, quHl serait bien phs juste de
désigner sous le nom de Violette de Toulouse, puisqu'elle as-
sure aux habiles cultivateurs voisins de la ville des rémuné-
rations annuelles de plus de quatre-vingt mille francs, etc. b
On continue à déraisonner autour de l'influence delà greffe,
sur le sujet et du sujet sur la greffe. Les partisans de cette in-
fluence s'appuient sur deux cas : sur un Abutilon et sur un
Jasminum. Il y a bien des milliers de faits contraires ; mais
pour eux ils ne prouvent rien. Un seul fait suffit aux savants
pour établir un principe : Qu'un enfant, par exemple, naisse
un jour avec de longues oreilles pointues, et aussitôt ils éta-
bliront, sans sourciller, que l'espèce humaine appartient au
genre Asinus qui se traduit, en français, par le mot âne. On
serait peut-être plus près, ici, de la vérité que dans la ques-
tion de l'influence de la greffe ; car des cas d'ânerie se
révèlent-très souvent chez des individus appartenant à notre
intelligente et spirituelle espèce.
F. Herincq.
WEIGELIA LOWII (PL. VIII).
Parmi les nombreuses variétés de Weigelia livrées au com-
merce depuis quelques années, le, Lowii. est certainement le
plus curieux par le coloris foncé de ses fleurs.
Son origine n'a pas été donnée. On aurait pu ce pend a ut faire
descendre ce nouveau venu du Weigelia rosea fécoadé par le
W. multiflora. Le fait d'hybridation était facile à établir ; mais
M. Lemoine, de Nancy, a pensé qu'on ne le croirait pas et il
s'est contenté d'annoncer son nouveau gain en ces termes :
€ C'est le Weigelia rosea produisant des fleurs régulières, trois
fois grandes comme celles du Diervilla multiflora de couleur
'fiiith.-rl /ti'n.fi'/
— 233 —
rouge sang-dragon, boutons àe même couleur mais plus pour-
pré cramoisi. »•
En effet, le Weigelia Lowii est un arbrisseau vigoureux, à
feuilles ovales opposées, dentelées, d'un beau vert tendre et
à fleurs grandes, comme dans le W. rosea; mais ces fleurs
sont presque régulières, et forment des grappes terminales.
Leur couleur est tout à fait celle du W. multiflora ; c'est un
rouge brun très-foncé presque noir. Celte nouvelle variété est
la plus distincte et la plus intéressante du genre.
0. Lesguyer.
LES PHLOX.
Choix de variétés,
Depiiis 1834 que parurent les premiers Plilox perfectionnés,
le nombre des variétés n'a fait que croître. C'est par centaines,
aujourd'hui, qu'on les compte. Mais comme pour tous les
genres sur lesquels les cultivateurs ont porté leur attention,
celui-ci a besoin d'être soumis à l'examen pour en sortir les
variétés les plus méritantes et les plus distinctes. Sans doute
elles diffèrent toutes entre elles par certains caractères plu»
ou moins appréciables. Pour le collectionneur qui s'attache
aux nuances, toutes sont acceptables; mais pour l'amateur or-
nemaniste qui cherche des couleurs à opposer l'une à l'autre,
pour faire des groupes, les coloris bien tranchés sont très-li-
mités dans ce genre ; c'est pour lui que nous avons fait un
choix qui réduit considérablement le nombre de variétés.
On peut diviser les Phlox en cinq séries : les blancs purs,
les fonds blancs, les roses, et les rouges, qui varient du rouge'
vif au rouge foncé avec des nuances de lilas, de violet et de
saumon ; enfin les panachés. Voici notre choix :
Blanc pur.
Roi des blancs, est toujours le plus beau; ses fleurs sont
grandes, formant de fortes panicules coniques. Plante naine
trapue.
Fond hianc.
Madame Domage. Plante trapue ; fleurs grandes à œil carminé
nettement tranché, et disposées en larges panicules ramifiées.
Comtesse de la Panousse. Grande fleur à œil carmin vif se
fondant sur les bords avec le blanc, et formant de larges pa-
nicules.
Christine Nilsson. Moins élevé que le précédent, à fleurs
plus petites, mais à panicules plus compactes.
Roses.
Gloire de Neuilly. Rameux ; fleurs rose andrinople nuancé
de saumoné, avec œil carmin vif.
L'Avenir. A rameaux dressés, à grandes fleurs rose sau-
moné, en panicule pyramidale rameuse. Très-florifère.
Rêve d^or. Plus cuivré que le précédent, et à panicules éta-
lées ombelliformes.
Auguste Février . Plante naine trapue, à fleurs rose solfé-
rino avec œil carmin vif, en forte panicule.
M. Saison. Fleurs rose pourpré avec œil carmin vif.
Gloire des armes. Variété naine, à fleurs roses.
Hébé. Plante naine trapue, à fleurs rose lilacé clair avec œil
purpurin.
Rouges.
V. Bonneau. Rouge pourpre foncé en panicule pyramidale.
Atropurpurea. Le plus foncé des rouges.
Charles Turner. Fleurs rouge carminé saumoné.
Figaro. Fleurs rouge saumoné vif Irès-éclatant.
— 235 —
Panachés.
Croix de Saint-Louis. Fleurs violet du Japon ou violet rouge
avec cinq bandes blanches fornlant la croix de Malte.
Liervalii. Fleurs rose vif avec cinq bandes comme dans le
précédent.
Telles sont les variétés qui offrent les nuances les plus
tranchées.
Parmi les nouveautés dernières, nous n'avons distingué que
le Phlox Lierval à fleurs rouge ardoisé; teinte fausse, mais de
laquelle pourra sortir une nuance nouvelle.
Pour les collectionneurs, nous ajouterons la liste des nou-
veautés de M. Lierval; elle comprend : xM'" Marie Saison,
M"" Guilloteaux, Comtesse de Fernandona; Duchesse de Bauf-
fremont, M"» Moisset, M""" Verlot, M. Conrad, M. de la Devan-
saye, "M. Duchartre, M. Gardner Brewer, M. Guilloteaux,
M. Goldenschuch, M. Herincq, M. Rafarin, Souvenir de
M. Poitevin, Triomphe du Parc de Neuilly.
Nous ajouterons que les Phlox sont des plantes voraces qui
aiment Tair et la bonne nourriture, et que, pour en obtenir une
belle floraison_, il faut les planter à l'automne, presque aussi-
tôt après le dessèchement des 'fleurs. On les plante en éclat
d'un seul brin. On laisse la tige, qu'on ne retranche que quand
elle est parfaitement desséchée. En opérant ainsi, on a, l'année
suivante, des panicules très- amples.
Ern. Bonard.
LES OPUNTIA RAFINESQUIANA ET VULGARIS (1).
L'annonce d*une Gactéé asseï rustique pour supporter les
hivers, sous le climat de Paris, est un fait assez étrange pour
(1) Journal Société impériale et centrale d'Horticulture de France.
— 236 —
devoir attirer l'attention des amateurs de nouveautés; j'ai dû,
comme beaucoup d'autres personnes, chercher à me procurer
cette espèce qu'on voit déjà dans plusieurs collections et qui
porte le nom d'Opuntia Rafinesquiana, de Engelmann. N'en
ayant que peu d'individus a ma disposition, je les ai plantés,
pour plus de sécurité, dans un terrain sec, en pente et parfai-
tement abrité; ils ont fait une pousse pendant la saison,
c'est-à-dire qu'ils ont augmenté d'une division ou raquette à
la façon des Opuntia ; laissés à eux-mêmes pendant la saison
rigoureuse et sans couverture d'aucune sorte, ils ont très-bien
passé l'hiver. Lorsque je les ai examinés au mois de mars, je
les ai trouvés seulement un peu ridés et ramollis ; mais bientôt
ils se sont raffermis et ont repris leur couleur verte habituelle ;
depuis la fin d'avril ils sont en végétation. V Opuntia Ra fines-
quiana a, par conséquent, supporté un froid de treize degrés,
quia été la température la plus basse de l'hiver dernier. On
nous assure que plus au nord, il a enduré jusqu'à vingt degrés
de froid, ce qui viendrait confirmer l'entière rusticité de cette
espèce.
Il est vraiment digne d'attention de voir une plante apparte-
nant à la famille des Cactées se conserver sous une couche de
neige et exposée à toutes les rigueurs de nos hivers, et cela
sans en souffrir en rieu. UOpuntia vulgaris résiste bien à quel-
ques degrés de froid dans certaines contrées; mais je crois
qu'il ne supporterait pas les froids que peut endurer YOpun"
tia Rafinesquiana (1).
C'est de l'Amérique du Nord, dans les États-Unis^ que nous
est venue cette singulière plante^ qu'on rencontre en quantité
dans le Misso:iri, l'Illinois et même dans certaines parties du
Mexique . Elle y produit des fruits violets, allongés, plus petits
(I) Cette espèce est tout aussi rustique que le Bafinesquiana; une forte touffe
passé l'hiver dernier en plein air, à Paris, sans souffrir. F. HERtNCQ.
— 237 —
que la Figue-d'Inde; on en Vend sur les marchés de New- York,
où ils sont recherchés par les enfants ; ce qui indiquerait qu'ils
ont peu de valeur.
L'emploi de VOpuntia Rafinesquiana dans nos cultures sera
celui de plante de rocailles. En le plantant sur les rochers, au
plein soleil et dans une position à l'abri des coups de vent,
dans un sol qui ne retienne pas l'humidité, on en fera une
plante qui attirera les regards par sa forme insohte et cojitras-
tera singulièrement avec toutes celles que nous possédons
déjà; l'étrange structure de ce végétal, appartenant à des
formes qu'on ne voit que dans les serres, sera un ornement de
plus pour les jardins, où sa grande rusticité le fera rechercher.
VOpuntia Rafinesquiana se multiplie, comme les autres espèces
de ce genre, par la séparation des plaques ou raquettes, qui
s'enracinent facilement ; les fleurs en sont jaunes.
LOUESSE.
LAURIER CERISE A LARGES FEUILLES.
On a fait grand bruit autour d'un Laurier cerise, trouvé par
M. Berlin, de Versailles, dans un semis de Prunus Colchica ou
Caucasica, et qui a pris place dans le commerce sous le nom
de Cerasus ou Prunus Laurocerasus latifolia. Nous avons vu
le pied'mère à l'Exposition de Paris Pannée dernière. C'était
un bel arbre de forme pyramidale, à rameaux dressés garnis de
feuilles épaisses, d'un beau vert. foncé luisant, et d'une gran-
deur réellement extraordinaire. Mais cette ampleur du feuil-
lage appartient-elle à la variété, ou n'est-ce qu'un caractère
individuel dû à un excès de nourriture et qui disparaîtra sur
les sujets qui proviendront de la multiplication du pied mère?
Telle est la question qu'on se pose actuellement. M. Astié, de
Toulouse , dit avoir vu dans l'établissement d'horticulture
de M. Smith un exemplaire de moyenne force de ce nou-
— 238 —
veau Laurier cerise, qui ne se distinguait en rien du Laurier
cerise ordinaire. <?: Le feuillage même, dit-il, n'offrait rien de
bien exceptionnel. » Mais l'individu d'après lequel parle
M. Astié avait été mutilé, et il se demande si \e Laurier cerise à
larges feuilles « ne prend son véritable caractère que lorsque
le pied est un peu fort. » Nous ne saurions le dire; nous avons
vu le pied mère, et son feuillage était d'une ampleur extraor-
dinaire. Eug. DE Martragny.
BOUTURES DE ROSIERS.
C'est le vrai moment de faire les boutures de Rosiers. Voici
la méthode que décrit M. d'Hangest dans le Bulletin de la So-
ciété de Picardie :
On bouture tant qu'il y a de la végétation et même jus-
qu'au mois d'octobre. On emplit des petits pots de 1 5 à 20 cent,
de la même terre dont on se sert pour faire les semis, et on
plante dans chacun de ces pots 4 boutures bien en bois, bien
acùtées ; on les place le plus près possible de la circonférence
extérieure, et on les serre avec les doigts pour qu'elles ne
soient pas exposées à être déplantées ; on arrose les pots avec
un arrosoir à petit goulot et on les place sous une cloche.
Chaque cloche contient 12 pots contenant chacun 4 bou-
tures, ce qui fajt 48 boutures par cloche . Après avoir replacé
les cloches, on les assujettit bien contre la terre pour qu'il
n'entre pas d'air dans l'intérieur et on ne les lève que tous les
12 ou 15 jours pour s'assurer que les boutures n'ont pas besoin
d'eau et pour enlever les branches mortes ou les moisissures
qui pourraient se produire. Pendant l'hiver, au moment des
gelées, on couvre les cloches avec du fumier, ou mieux encore
avec des feuilles jusqu'au sommet et on enlève cette couverture
quand le temps devient plus clément. Au printemps, quand la
— 239 —
végétation se réveille, les boutures qui sont déjà en racines
produisent des feuilles et poussent vigoureusement. Alors on
enlève les cloches au commencement d'avril, progressivement,
en ayant soin de les remettre le soir quand les nuits sont trop
froides, et au mois de mai on se trouve en possession d'une
assez grande quantité de Rosiers francs de pied.
• Quand les Rosiers sont en pleine végétation, au mois de mai,
on retourne les pots sens dessus dessous, et on en fait sortir les
4 Rosiers avec soin, et en ménageant bien les racines ; on les
sépare et on repique chacun d'eux, soit en pleine terre, soit
dans des pot§ plus grands remplis de terr'e bien fumée. Pour
que ces plantes remises en pots réussissent parfaitement, en-
terrez les pots jusqu'en haut, paillez-les et arrosez-les souvent.
Il faut que les cloches renfermant les boutrures soient exposées
au midi ou du moins au levant.
G. d'Hangest.
MOYEN DE FAIRE FRUCTIFIER LE POIRIER.
Sur la demande de M. Lanier, une Commission de la So-
ciété d'horticulture de Troyes est allée visiter les arbres frui-
tiers du parc de M. de la Motte, arbres traités par M. Lanier,
et amenés à une fructification considérable, par suite d'une
opération peu usitée et d'un effet certain.
En effet, la Commission a constaté une belle végétation, des
arbres robustes^ couverts- de fiuits en abondance, et une
préparation convenable pour la production de l'année pro-
chaine.
.Le traitement appliqué à ces arbres est base sur la conser-
vation des. brindilles, combinée avec le pincement. Ainsi, un
rameau grêle qui naît sur une branche de charpente est une
brindille ; elle se met plus ou moins à fruit, suivant sa consti-
— 240 —
tution. Trop forte, elle se transforme en gourmand; trop
faible, elle s'annule; il s'agit de l'obtenir de moyenne force. Si
au début de la végétation elle paraît largement empâtée et
trop vigoureuse, M . Lanier la pince ou la rogne en vert, à
peu près vers le mois de juin ; la pousse nouvelle sera proba-
blement une brindille fruitière.
Si cependant elle s'emportait trop, on lui appliqueraiit le
cassement, c'est-à-dire que l'on coupe son extrémité, qui n'est
déjà plus herbacée, fin juillet ou commencement d'août.
Les brindilles moyennes ne subissent aucune opération ;
elles se mettent naturellement à fruit, au bout d'une année ou
deux.
Les brindilles trop maigres sont taillées l'hiver à quelques
yeux ; car elles manquent de force pour produire ; une fois
taillées, elles se couronnent à fruit.
On obtient ainsi une très-belle fructification : ce sont les yeux
de l'extrémité du rameau-brindille qui donnent les plus belles
Poires. Nous avons rapporté des échantillons magnifiques de
Triomphe de Jodoigne, Nouveau Poiteau, Doyenné d'hiver.
Beurré d'Hardenpont, ainsi ^traités ; et il est à remarquer que
les arbres sont vigoureux et couverts de lambourdes pour
l'année prochaine.
Les brindilles, après leur production, sont taillées court, et
il en sort de nouvelles : ou bien on les coupe à moitié, si elles
portent d'autres boutons à fruits.
L'abandon des brindilles n'est pas ce qu'on peut appeler
une opération nouvelle, mais elle était négligée; on s'est trop
lancé depuis quelque temps vers les méthodes qui mutilent les
arbres. D'un autre côté, on ne l'avait pas raisonnée comme
M. Lanier, qui sait la combiner avec la taille, le pincement et
le cassement, et eu a ainsi fait un système rationnel, emprunté
pour ainsi dire à la nature. D'après les beaux résultats que
nous avons vus au château de Montceaux, nous n'hésitons pas à
— 241 —
recommander ce mode de traitement qui, d'ailleurs, est indis-
pensable aux arbres très- vigoureux, aux espèces peu fertiles ;
il offre, en outre, l'avantage d'exiger beaucoup moins de soins
pour l'arboriculteur. C'est à considérer.
Guenin-Gauthrot.
NOTE POUR SERVIR A L'HISTOIRE SUR LA VÉGÉTATION.
{Suppression de fruits sur le Pêcher; Pêches sur un rameau
sans feuilles.)
Nous avons émis ce principe physiologique, contraire aux
principes admis par la science moderne : que les feuilles ne
sont pas les organes exclusifs d'élaboration et de modification
de la sève , mais que chaque organe transforme et élabore les
liquides séveux qu'il reçoit, selon sa nature et ses besoins. A
l'appui de cette théorie, nous croyons devoir reproduire un
passage du compte rendu de la séance du 9 juin 1870 delà
Société impériale et centrale d'horticulture de France, inséré
au journal, page 326 :
« M. Lepère met sous les yeux de la compagnie des échan-
tillons de diverses sortes de branches à fruits du Pêcher et
donne de vive voix des détails circonstanciés relativement à
la manière dont chacune d'elles doit être traitée. Il montre
que, cette année, la floraison du Pêcher s'étant opérée dans de
bonnes conditions, toutes les fleurs, presque sans exception,
ont noué leur fruit. Il y a donc sur les arbres une quantité con-
sidérable de Pêches dont il est essentiel de diminuer beaucoup
le nombre pour qu'elles acquièrent un beau volume, sans que
l'arbre en soit épuisé. Il insiste sur ce point que chaque ra-
meau fructifère ne doit nourrir qu'une ou au plus deux Pêches.
i> Il fait voir aussi des rameaux sur lesquels un ou deux
fruits sont attachés vers l'extrémité, sans feuille ni bourgeon
'Août 1810. 16
^ 242 —
au-delà; seulement, vers la base du rameau se trouve un ra-
meau de remplacement. M. Lepère affirme que les fruits ainsi
placés atteignent aussi bien que les autres leur parfait déve-
loppement. ))
Tout le monde qui étudie la physiologie sur la nature vi-
vante a observé et constaté le fait signalé par M. Lepère ; il
n'y a pas de Pêcher qui, chaque année, n'en présente un exem-
ple. Or, puisque ces Pêches ne reçoivent pas de sève descen-
dante élaborée par les feuilles, elles ont donc élaboré elles-
mêmes la sève ascendante brute, qui arrive directement du
sol dans leurs tissus. C'est donc dans les cellules de ces tissus
que la sève brute est transformée, au début de la végétation,
en liquide nourricier des cellules nouvelles qui s'ajoutent aux
anciennes pour accroître le volume du fruit; c'est donc toujours
dans l'intérieur de toutes les cellules qui constituent le fruit
parvenu à son dernier développement, que la sève brute sa-
pide est élaborée et transformée en jus sucré et vineux qu'on
recherche et savoure dans une bonne Pêche. Nos adversaires
auraient mauvaise grâce à soutenir, ici, le contraire.
F. Heringq.
CULTURE DES CHOUX-FLEURS A PARIS ET AUX
ENVIRONS (1).
g 1. — Des Clioux'fleurs de primeur et de printemps.
Le Chou-fleur dit Petit-Salomon se cultive pour la haute pri-
meur. On le sème du 8 au 1 0 septembre dans un terrain léger
et bien préparé. Si le temps est beau et si l'exposition où est
fait le semis est favorable, on peut opérer à Tair hbre ; dans le
cas contraire, il est essentiel de poser des châssis sur le semis
il) Belg. horticole.
— 243 —
en les soutenant au moyen de pots à fleurs, de manière à em-
pêcher l'action des pluies fréquentes et des brouillards, qui
font naître souvent, sur les plantes du Meunier qui les fait périr
ou en retarde beaucoup le développement et leur nuit môme
jusqu'à leur maturité.
, Il importe d'élever le plant de telle sorte qu'il ait assez poussé
pour être bon à repiquer sous châssis, -ayant une première
feuille, dans la première huitaine d'octobre. On repique sous
châssis, dans un terrain bien préparé et bien situé. Si le ter-
rain oii doit se faire le repiquage n'est pas dans de bonnes
conditions de légèreté, on le couvre d'une couche de bon ter-
reau de fumier ou de feuilles sur 3 à 5 cent, d'épaisseur, selon
que le terrain l'exige. Après la première quinzaine qui suit le
repiquage, si ces jeunes plantes semblent disposées à une vé-
gétation rapide, on doit les tenir au grand air, jour et nuit ; il
importe même de leur donner quelquefois l'accès de l'air libre,
dans la crainte qu'elles ne deviennent trop tendres, ce qui ar-
rive quelquefois et peut alors amener de graves inconvénients.
D'un autre côté, l'excès de végétation peut les rendre très-dif-
ficiles à préserver des fortes gelées, ou encore les disposer à
montrer leurs boutons trop tôt^ ce qui arrive quelquefois par-
tiellement dans cette variété.
Si l'on est obligé, ce qui arrive quelquefois^ d'enlever les
châssis qui couvrent les Choux repiqués, on doit veiller avec
soin à ce que les premières gelées blanches n'atteignent pas les
plantes ; car c'est souvent pour elles une cause de destruction
par l'effet de la maladie charbonneuse qui vient à la suite.
Lorsqu'on cultive, avec les soins convenables, des plants de
Choux-fleur dit Pelit-Salomon , vers le 20 jusqu'à la fin de
novembre, on doit les renfoncer. S'ils sont dans de bonnes con-
ditions de végétation, cela se fait dans le même terrain ; on
peut les arracher et les replanter ensuite à la même place sans
labourer la terre, pourvu qu elle ait été bien préparée pour le
— 244 —
repiquage et qu'elle soit, comme il a été dit plus haut, en bon
état de légèreté : mais on doit, lors du renfonçage, ne mettre
que 70 à 80 pieds, au plus, sous chaque châssis, tandis qu'au
repiquage on peut en placer 150. Le renfonçage des plants
est un très-bon préservatif contre les fortes gelées et contre
l'humidité de l'hiver. ,
Le jardinier qui élève ces plantes dans de bonnes conditions
pourra les planter en place du 15 janvier à la fin de ce mois,
sur des couches déjà éteintes. Cette plantation se fait au mi-
lieu d'une culture de laitue noire assez avancée, ou parmi des
épinards dits de Hollande. On doit se tenir en garde contre la
chaleur des couches, car les plants de Choux-fleurs brûlent
très-facilement. Il est très-bon de mettre alors, par châssis, 8 ou
9 Choux au plus et, à mesure qu'ils grandissent, d'élever les
coffres de manière à conserver une certaine distance entre eux
et les verres, afin d'éviter de les couvrir dans le cas de petites
gelées de 1 à 3 degrés centigrades. Les Choux-fleurs ditsPetit-
Salomon, cultivés dans de bonnes conditions, atteignent une
bonne maturité du 10 mai à la fin du même mois. Vers la fin
d'avril et aux premiers jours de mai, époque où ils tendent à
montrer leurs boutons, il faut avoir soin dé les arroser fré-
quemment. Si le temps est beau et sec, il faut les arroser tous
les jours abondamment. Ce sont en effet les arrosages fréquents
qui en avancent la maturité^ en améliorent la qualité et les
rendent tendres et blancs. Pour les avancer, il est très-bon de
pratiquer les arrosements sous les châssis.
Le Chou-fleur Gros-Salomon se cultive de la même façon et
appartient à la même variété ; il arrive à la maturité dans la
fin de mai et jusqu'au 20 juin, quoiqu'il ait été semé à la même
époque et cultivé de la même manière. Il n'existe bien qu'une
variété de Chou-fleur dit Salomon : le gros a été distingué par
nos anciens jardiniers qui l'ont tiré d'une dégénérescence du
petit, en vue d'augmenter le volume du produit. Or, tandis
— 245 ^
que, d'ordinaire, raccroissement du volume ne s'opère qu'au
détriment delà qualité, il n'en a pas été ainsi pour la plante en
question : il est connu, en. effet, que le Chou-fleur Gros-Salo-
mon a autant de qualité que le Petit; seulement il est beaucoup
moins hâtif. Or, par une culture bien entendue du Chou-fleur
dit Petit-Salomon, on peut en obtenir une récolte printanière
de plus, à cause de sa précocité, et avoir ainsi dans la culture
des Choux-fleurs un meilleur résultat pécuniaire.
Il ne serait cependant pas prudent, pour les jardiniers, d*a-
bandonner la culture du Chou-fleur Gros-Salomon , en se
plaçant uniquement au point de vue de l'intérêt pécuniaire. En
effet, il a l'avantage de fournir à la consommation des Choux-
fleurs d'excellente qualité au moment où la haute primeur est
épuisée et où les produits de pleine terre ne sont pas encore ar-
rivés. Nous féHcitons nos anciens cultivateurs d'avoir opéré un
progrès réel par l'obtention du Chou-fleur Gros-Stilomon qui
est un légume parfait et qui a, pour le consommateur, l'avan-
tage de venir à un moment de l'année où autrefois on était
privé de Choux-fleurs.
En résumé, il est bien compris que les Choux-fleurs Petit et
Gros-Salomon font partie de la culture printanière, mais que le
Petit est de haute primeur, tandis que le Gros est printanier.
§ 2. — Culture des Choux- fleurs pour l'été.
Pour l'été on cultive le Chou-fleur Lenormand et le demi-
dur. On doit semer l'un et l'autre du 12 au 15 septembre, tous
deux à la même époque, les repiquer avec soin dans un bon
terrain, sous châssis, vers le 15 octobre, et leur donner un ren-
fonçage du 25 novembre au 10 décembre, si la végétation a
fait beaucoup de progrès ; cette opération est toujours bonne à
pratiquer en vue de la conservation du plant destiné à passer
l'hiver. Ce plant doit être enfoncé à 0"" 70 et 0°» 80 sous les
châssis. Par ce moyen, il est facile à préserver du froid avec
— 246 —
Taide d'une couverture formée d'un paillasson ou d'une lé-
gère couche de fumier sec ou de feuilles jetées à la main sur
les vitres. . .
On doit avoir soin de découvrir chaque fois que le temps le
permet, car il ne serait pas prudent de tenir ces jeunes plantes
couvertes pendant plusieurs jours de suite ; il est même bon en
temps d'hiver, de donner de l'air quand le temps est propice;
or, il est presque toujours facile de le faire, les plants de Choux-
fleurs devant toujours être placés à la meilleure exposition de
nos jardins.
Les plantes de Choux doivent rester sous les châssis pendant
tout le mois de mars, dans la crainte des gelées souvent rigou-
reuses de cette saison. Mais ils doivent être tenus constamment
au grand air, afin qu'ils se trouvent en état d'être mis en place
dans les premiers jours d'avril.
Le Chou-fleur Lenormand est supérieur au demi-dur pour
la culture et même pour la consommation. Il a l'avantage de
venir à très-bonne maturité dans un terrain sec et d'être pour
la consommation d'une qualité parfaite; si on le plante dans
un bon terrain et qu'on ait le soin de l'espacer de 0" 70 à
0°" 80, on en obtient des résultats parfaits, vers la fin de juin,
sans avoir pratiqué beaucoup d'arrosages ; il faut même être
prudent en ce cas.
Le Chou-fleur Lenormand offre aux cultivateurs un avantage
sérieux : c'est de donner des produits magnifiques sans arro-
sages et d'avoir une précocité d'environ un mois d'avance sur
le demi-dur; cela est très-avantageux dans les terrains des
environs de Paris pour les récoltes à obtenir successivement.
Le Choux-fleur demi-dur se cultive de la même manière que
le Chou-fleur Lenormand : il peut être planté à la même époque,
il doit être espacé de la même manière ; il n'exige pas de
grands arrosements jusqu'au moment oii il se dispose à pren-
dre le bouton j mais, vers la fin dejuin, on peut compter qu'il
■— 247 —
doit recevoir dix litres d'eau par jour, à moins que les pluies
ne soient fréquentes.
Si l'on veut obtenir de beaux et bons produits de cette va-
riété, vers la fin de juin, on doit disposer du fumier de vieille
couche encore bon et assez long, et en former un tapis d'envi-
ron 0"" 05 d'épaisseur. Ce moyen est très-efficace pour rendre
moins nécessaire l'extrême abondance des arrosements au
mois de juillet, quoiqu'il ne faille pas pour cela épargner l'eau.
Le vrai Chou-fleur demi-dur joue un très-grand rôle dans les
cultures des environs de Paris, et il rend de très-grands ser-
vices à la consommation ; le point culminant de sa récolte a
lieu entre l'été et l'automne, à un moment où il reste seul
dans nos jardins.
Nous devons, dès lors, tenir grand compte de cette excel-
lente variété qui alimente nos marchés pendant la plus grande
partie de l'année.
On peut encore semer de la variété demi-dur au 26 novem-
bre. Le semis se fait alors sous cloche où il passe l'hiver. Au
mois de février, on repique sur une couche tiède et on obtient
ainsi des produits magnifiques à la fin de juillet.
0% peut également semer cette variété dans les premiers
jours de'mai sur une couche demi-chaude et à l'air libre. Au
bout d'un mois environ, on a déjà des plants bons à mettre
en place au milieu de cultures de Melons de première saison ;
vers la fin d'août, on en obtient des récoltes magnifiques.
Nous ferons remarquer avec insistance à nos jardiniers que,
pour les semis de Choux-fleurs à faire en mai et juin, on «loit
avoir grand soin de pailler le semis avec du fumier de cheval
qui ait encore l'odeur d'urine le plus possible, afin d'éviter la
lerrette ou puce noire (Attise) qui détruit parfois totalement
les semis. Si on a réussi à la germination, il ne faut pas se croire
pour cela délivré complètement de ces insectes destructeurs;
car.il arrive parfois que, quand les Choux-fleurs changent de
— 248 —
feuilles, ils surviennent en assez grand nombre, de manière à
détruire en peu de jours un semis dont on était très-satisfait.
Dans ces circonstances fâcheuses, il est un moyen simple et
peu coûteux dont on doit faire usage : on bassine le semis, au
moyen d'un arrosoir à trous très-fms, avec l'eau de tabac. On
établit par-dessus le semis de petits treillages élevés d'envi-
ron 0"" 10 de terre;, sur lesquels, pendant qu'il fait soleil, on
étend une toile assez serrée. Il s'établit ainsi un courant d'air
qui déplaît énormément à ces petits animaux destructeurs, qui
disparaissent en quelques jours. Il est toujours essentiel de
faire le semis au nord, autant que possible, dans le but d'ob-
vier à ce désagrément.
Le Chou-fleur Lenormand et le demi-dur sont les deux meil-
leures variétés à cultiver pour l'éié.
Dagorno aîné.
{La suite au prochain numéro).
LA GÉOTHERMIE.
La géothermie est l'art de chauffer la terre ; c'est un art
tout nouveau qui erre encore à l'aventure.
M. Naudin avaii émis l'idée, il y a quelque 15 ou 20 ans,
qu'en chauffant le sol d'un jardin, par exemple, on pourrait
y cultiver des plantes exotiques des régions tempérées et
même chaudes, sans abris et sans craindre de les perdre par
le froid de nos hivers : la chaleur du sol, disait- il, les préser-
verait de la gelée.
Personne, que je sache, n'a essayé de mettre en pratique
l'idée de M. Naudin; on n'était pas assez certain du résultat
annoncé par notre savant confrère.
M. Vanoni, entrepreneur de fumisterie, vient d'appUquer ce
système pour la culture de primeurs; mais eu couvrant toute-
fois le terrain de serre ou de coffres vitrés. ,Ce n'est plus
— 249 —
précisément, dans ce cas, la géothermie rêvée par M. Nau-
din : c'est la culture ordinaire des primeuristes dans laquelle
la couche de fumier est avantageusement remplacée par un
courant d'air chaud provenant d'un calorifère muni d'un ap-
pareil de ventilation et de saturation ; système très -ingénieux,
et qui a déjà donné d'excellents résultats dans les expériences
entreprises par M. Vanoni, sous la direction de M. Helye,
chef de culture au jardin des Plantes de Paris.
Nous avons visité ces cultures expérimentales, établies ave-
nue de Saint-Mandé, à Paris, et elles sont très-intéressantes.
Les serres sont à deux pentes 'et ayant chacune deux bâches
de 4 mètre de largeur, séparées par un sentier de 80 centi-
mètres. Ces bâches ont, pour ainsi dire, deux étages : un
plancher les partage en deux : le rez de chaussée constitue la
chambre de chaleur, et le premier étage est rempU de terre
sur 40 centim. environ d'épaisseur. Mais ce premier étage ne
recouvre pas dans toute sa longueur la chambre de chaleur; il
est arrêté par une cloison en briques, à l'extrémité opposée à
l'entrée, à 25 ou 20 centimètres du mur de la serre, de ma-
nière à laisser entre cette cloison et le mur une ouverture qui
communique à la chambre inférieure et par laquelle s'échappe
la chaleur qui entre alors dans la serre, chassée avec force
par le nouveau calorique que produit l'appareil, et qui, après
avoir passé au-dessus d'un réservoir d'eau pour s'imprégner
d'humidité, entre dans cette chambre chaude par une ouver-
ture opposée à l'ouverture de sortie.
Par cet ingénieux système, non-seulement la terre est chauf-
fée, mais l'air de la serre est agité ; il y a une sorte de cou-
rant qui passe sur les plantes, et qui les empêche de s'allon-
ger, de s'étioler, comme dans les serres ordinaires oh la
chaleur est dégagée sur place par des tuyaux qui circulent le
long des murs.
Outre ce courant d'air chaud, il y a un système de ventila-
— 250 —
tion qui ajoute encore à la mobilité de l'air, et permet de ré-
gler la température ambiante dans les environs de 1 8 degrés
centigrades.
Les plantes enfermées dans de pareilles serres ne se croient
pas prisonnières; au milieu de cet air agité, sans cesse renou-
velé, elles s'imaginent vivre en pleine liberté, dans leur mi-
lieu normal, et cette satisfaction les dispose à donner de beaux-
et abondants produits, comme ceux que nous avons vus.
Les premières expériences ont porté sur les plantes sui-
vantes : Haricots, Pommes de terre, Asperges, Radis, Carottes,
Choux-fleurs, Laitue, Romaine, Melons, Concombres, Ananas,
Fraisiers, etc. Et succès complet sur toute la ligne.
Le système géothermique de M. Vanoni peut tout aussi
bien s'appliquer aux simples coffres qu'aux serres.
Mais... il y a toujours dans les innovations de ce genre un
fâcheux mais^ et celui du système géothermique porte exclusi-
vement pour nous sur le prix d'établissement, et sur les frais de
chauffage. Aujourd'hui, les quelques expériences qui ont été
faites à la fin de la saison ne permettent pas encore de donner
des chiffres exacts; attendons.
Quoi qu'il en soit, nous croyons que ce système est appelé à
rendre d'immenses services, surtout dans les régions du Nord,
où la couche est insuffisante pour la culture des primeurs ; et
les Russes, dès qu'ils le connaîtront, s'empresseront certaine-
ment d'en faire l'application. Pour eux, il y aura toujours éco-
nomie dans son emploi.
F. Herincq.
PETITES NOUVELLES.
Rusticité. M. Monay, de Toulon, a adressé, à la Société d'ac-
cHmatation de Paris, les détails suivants sur le degré de rusti-
cité de quelques plantes : Sa propriété est située dans le coin le
— 251 —
plus abrité du littoral méditerranéen, et le thermomètre y des^
cend rarement à zéro. Pendant les froids rigoureux de la fin de
décembre, rien n'a soulfert chez lui, à l'exception de VEuca-
lyptiis globulus, dont les feuilles seules se sont desséchées sous
l'influence du mistral ; les Orangers et les Citronniers n'ont pas
été atteints. Parmi les Palmiers, il a constaté la rusticité des
espèces suivantes : Corypha amtralis, Latània borbonica, Cha"
mœrops excelsa, Jubœa spectabilis, Seaforthia elegans, Cocos
flexuosa. Le Cocos australis a légèrement souffert, le Musa en-
sefe a parfaitement résisté. Toutes cesespèces, d'après M. Monay,
ne craignent pas un froid de 3 ou 4 degrés, pourvu que le vent
ne souffle pas.
Vitalité des greffes d'arbres fruitiers. Les greffes peuvent
conserver leur vitalité beaucoup plus longtemps qu'on le croit.
Le journal the Field rapporte le fait suivant : Au mois d'avril
1868, la Société d'horticulture de Victoria, en Austrahe, ayant
reçu de Ghiswich Garden (Angleterre) des greffes d'arbres frui-
tiers coupées au mois d'octobre 1867, ne put les utiliser à leur
arrivée, parce qu'elle n'avait pas d'arbres en état d'être
greffés; il fallut conserver ces greffes jusqu'au mois d'août
suivant. Malgré un intervalle de neuf mois qui s'est écoulé
entre le moment où les greffes ont été coupées et celui où elles
ont été utilisées, 66 Pommiers, 72 Poiriers, 24 Figuiers, 5 Pru-
niers et 5 vignes furent sauvés. Cette réussite prouve donc
que n'importe quelles espèces d'arbres fruitiers peuvent être
introduits dans des pays lointains avec la certitude d'un par-
fait succès et presque sans frais.. Une caisse d'un volume mo-
déré peut contenir des milliersfde greffes. Hermétiquement
fermée, on peut, dans la traversée, traiter cette «aisse comme
une marchandise ordinaire.
Champignons cultivés dans desécuries. D'après le même journal
(the Field) , les Bulletins de la Société d'acchmatation don-
nent les renseignements suivants sur cette culture : « Le baron
— 252 —
Joseph d'Hoogvarst, de Limmal, a obtenu de très-bons résultats
jen cultivant les Champignons dans de petites caisses disposées
les unes au-dessus des autres comme les rayons d'une biblio-
thèque ; le tout étant placé dans une écurie. Les caisses ont à
peu près 1 m. 20 de long sur 0 m. 30 centimètres de large. Un
rideau coulant sur une tringle dérobe la culture à l'action de
la lumière. L'expérience n'a pas été accompagnée d'émanations
malsaines pour les chevaux. Les couches étaient formées de
fumier de chevaux richement nourris. L'auteur de cette note
recommande cette forme de culture en faisant ressortir combien
elle prend peu de place et qu'elle n'exige aucun soin. D'après
lui-, elle devrait surtout être tentée dans les grandes villes.
Pour cette culture le fumier de cheval peut être remplacé
par des feuilles mortes. D'après l'auteur de la note du journal
the Fieldy qui en a dernièrement renouvelé l'expérience, trois
parties de feuilles mortes et une partie de terre végétale bien
mélangées, et arrosées, à mesure que la fermentation avance,
avec de l'urine venant directement de l'écurie, donnent des
couches à Champignons aussi excellentes que celles faites avec
le meilleur fumier de cheval.
Pommes de terre du Chili. Le docteur Funck a introduit dans
ces derniers temps, pour la Société d'acclimatation de Berlin,
les dernières variétés de Pommes de terre qui manquaient à
cette Société pour compléter sa collection de Pommes de terre
du Chili. De son côté le professeur Philipi, de Santiago, a en-
voyé, à cette même Société, plusieurs Pommes de terre des hauts
plateaux de Bolivie. L'Allemagne se trouve ainsi dotée de
toutes les variétés de ce pays et surtout de Pommes de terre
sauvages, qui promettent de rendre de grands services, tant
pour la production contre la maladie, que pour l'introduction
de variétés nouvelles.
Orangers nains de la Chine. M. le docteur Martin annonce à
la Société d'acclimatation de Paris l'envoi des quatre Orangers
— 253 —
nains cultivés à Pékin, oh ils sont traités comme plantes de
serres et rentrés soigneusement, sous peine de ne pouvoir ré-
sister aux froids rigoureux de l'hiver. Deux de ces Orangers
appartiennent au Citrus microcarpa, de Bunge ; dans le Sud les
Chinois appellent cet oranger Kum-quat ; dans le Nord on le
■connaît sous le nom de Kin-kû. Le fruit est rond et ne dépasse
pas la grosseur d'une Cerise. Les Chinois l'estiment beaucoup
pour la fabrication des confitures. L'autre espèce d'Oranger est
le Kint-sao. Les fruits sont oblongs, et ont à peu près la forme
et la grosseur du fruit du Jujubier. Les fruits de ces Orangers
mûrissent vers le mois de janvier.
Violette double de Brandy. Cette variété, encore inconnue en
France ou tout au moins fort rare, a les fleurs d'un beau bleu
violet, striées de rouge et très-odorantes. D'après une note de
M. Otto, insérée au Journal de la Société de Hambourg, cette
violette se force très-bien dans une serre froide. On en relève
simplement à l'automne des pieds provenant de la pleine terre ;
on les empote et on les rentre dans la serre ; vers le 15 janvier
suivant les fleurs apparaissent. Cette variété supporte parfai-
tement l'hiver à Hambourg, où le froid est plus rigoureux
qu'en France ; elle est par conséquent acquise à nos parterres.
Etiquettes. M. Paul Simon a présenté à la Société d'horticul-
ture de Paris des étiquettes courantes pour arbres fruitiers, qui
paraissent répondre à tous les besoins, s'il faut en croire le
Comité des arts et industries de cette Société. « Ce sont, dit le
Bulletin, de petites plaques de zinc sur lesquelles on écrit avec
une encre dont M. Simon a trouvé la recette dans un livre, et
qui est composée de la manière suivante : 10 grammes d'eau
distillée additionnés d'un gramme dé chlorure de platine et
d'un gramme de gomme arabique. L'écriture tracée avec ce
liquide devient immédiatement assez noire pour être parfaite-
ment lisible, et l'expérience prouve qu'elle est ineffaçable ; car
les étiquettes présentées par M . Simon , et qui ont été faites
avant l'hiver, ont supporté toute la mauvaise saison sans avoir
— 254 —
été altérées le moins du monde. Dans une séance du Co-
mité d'arboriculture de la Société parisienne, on a tracé des
caractères sur du zinc avec cette encre et, dès que ces carac-
tères ont été secs, un frottement énergique avec le doigt n'a pu
les effacer. Le vinaigre seul peut faire disparaître l'encre dont
il s'agit ; mais alors les caractères restent comme gravés dans
le métal.
Vallota purpurea est une charmante Amaryllis à 'grandes
fleurs d'un beau roùge écarlate. A l'occasion delà présentation
d'un pied fleuri à la Société impériale et centrale d'horticulture
de France, M. Dr. Andry a fait connaître que cette plante se
recommande par la beauté de ses fleurs et par le peu de diffi-
culté qu'elle offre pour la culture. Elle vient sans peine, dit-il,
et fleurit très-bien, tenue simplement dans un cofl're froid.
Elle s'accommode même de la culture d'appartement par la-^
quelle on en obtient aisément la floraison. Ses grandes fleurs
durent environ un mois. Elle fleurit habituellement vers l'au-
tomne; mais quelquefois aussi on en obtient les fleurs en mai
et juin.
Piège à Loirs. M. Auge, serrurier à Dammarie-les-Lys, près
Melun, a imaginé un piège qui parait être avantageux, dit le
Journal de la Société d'horticulture de Paris, par la facilité
avec laquelle il agit, et aussi parce qu'il peut très-bien être
suspendu verticalement à un niur ou un espalier, de manière
à prendre les Loirs au lieu même oh ils vont faire leurs dépré-^
dations.
Destruction du Tigre. D'après M. Rivière, on peut combattre
avec succès le Tigre du Poirier, en projetant, sur les arbres, de
l'alcool réduit à l'état de bruine très-fine et presque de pous-
sière liquide au moyen du soufîlet-injecteur de M. Pillon dont
nous avons parlé dernièrement. L'alcool, assure M. Rivière,
tout en produisant un effet énergique sur les insectes, ne nuit
pas aux plantes, n'en altère pas même les pousses les plus déh-
ates. Depuis plusieurs années qu'il fait usage de ce liquide, il
— 255 —
ne l'a jamais vu produire des effets désastreux. Le jus de
tabac produit aussi de très-bons résultats, d'après M. Andry.
M. Hardy confirme cette action ; depuis quatre ans, il s'en sert
avec succès au potager de Versailles, dans la proportion de un
dixième de jus pour 9 dixièmes d'eau. M. Forney, un homme
qui sait tout et connaît tout, a affirmé, à une des séances de la
Société impériale, que le meilleur procédé pour détruire le Tigre,
consiste à projeter de l'eau bouillante sur l'écorce des arbres
attaqués par cet insecte, et que pas un n'échappe à son ac-
tion. Ce que M. le docteur Boisduval déclare ne pas croire;
car, dit-il, le Tigre dépose ses œufs vers le bout des rameaux
et à la base des bourgeons terminaux ; par conséquent l'eau
ne peut pas les atteindre. C'est ce que confirme le résultat ob-
tenu par M. Corbay, qui a échaudé tous ses arbres, sur la re-
commandation de M. Forney; au printemps suivant, les arbres
ainsi échaudés ont eu plus d'insectes que jamais.
Ùestruction des Courtilihres. M. Vigneron de la Jousselan-
dière, de Nantes, a publié, dans le Journal de la Société nantaise
d'horticulture, un rapport sur les Courtilières, dont il nous
a adressé un exemplaire à part, et dans lequel il fait l'histoire
de ce terrible insecte, et des moyens de destruction. Il a es-
sayé de tous : des pots remphs d'eau et enfoncés à fleur de
terre ; des tas de fumier sous lesquels viennent se réfugier ces
animaux ; l'huile et la solution de savon noir versés dans les
trous, etc. L'auteur les a essayé tous, mais sans grands suc-
cès. Il a imaginé alors le procédé suivant, à l'aide duquel il a
détruit en une année plus de 5,000 CourtiUères : Placer de
distance en distance, dans les allées du jardin, une couche de
terre légère et meuble, sur environ o centimètres d'épaisseur,
80 de longueur et 40 à .50 de largeur, en ayant soin de laisser
une portion de l'allée à découvert entre cette couche de terre
et les planches cultivées. On recouvre ces tas avec les mau-
vaises herbes arrachées dans les plates-bandes, ou, faute de
mieux, avec de l'herbe fraîche coupée, de la vieille paille ou du
— 256 —
vieux foin. Tous les trois ou quatre jours, on enlève avec soin
la couverture et on trouve les Courtilières réfugiées dans la
terre. M. Vigneron de la Jousselandièrefait usage de ce procédé
depuis mai jusqu'en octobre ; il prend ainsi chaque année une
grande quantité de ce redoutable ennemi des jardins.
Travaux du mois de Septembre.
Potager, On continue de semer en pleine terre, des Radis, Raves, Carottes
hâtives, Pimpernelle, Poireaa, Cerfeuil, Chicorée fine d'Italie, Laitues diverses.
Mâche, Épinard; Choux pommés hâtifs, Choux-fle >rs, etc. — On prépare les
meules à Champignons; on continue de butter le Céleris ou on l'arrache, ainsi
que le Cardon, pour le faire blanchir, en les plantant profondément en rigoUes
dans du terreau .
Pépinière. On veille toujours à l'équilibration des arbres ou espaliers; pincer
long, coucher et palisser les branches vigoureuses; dépalisser et redresser les
oranches faibles; découvrir les fruits trop ombragés.
Jardin d'agrément. Récolte des graines, et semis d'automne {voir page 4 44,
1851). Vers la fin du mois, on peut commencer à planter dans des pots ou à
mettre en carafes, pour les appartements, les Oignons de Narcisse de Constan-
linople, grand Primo et Soleils d'or, les Jacinthes, les Crocus, Tulipes hâtives.
— Il faut avoir soin de choisir des Oignons très-réguliers, bien fermes, et la
couronne, oii naissent les racines, tres-saine. On peut attendre le mois d'oc-
tobre pour planter ces ci nous en pleine terre.
Serres. Les nuits commencent à devenir fraîches; on doit rentrer, dans la
deuxième quinzaine, les plantes deserres chaudes; rempoter, avant, celles qui
en auraient besoin; les arrosements doivent être donnés préférablement le
matin . On dispose, vers la fin du mois, les panneaux des serres tempérées,
châssis, bâches, etc.
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SOMMAIRE DU NUMEllO UE SEPTEMBRE.
. llKiii.Ncy. Chronique. — K. Herincq. De l'Acclimatation. — o. Lesccyeb.
Antigonon leptopus (l'ig. IX). — Ern. Bonabd. I„i Pervenche do Mada-
gascar. — 0. l.i:scuYi;ii. I.a Violette cornue (viola coniula). — Dagor^o aîné.
Ciill lire des Choux-fleurs (--iiilci. — F. Astik. Préparation du Crambé ou Chou
marin. — L. C-ouDiKR. Potiron tendre de Buonos-Ayres (Hapallito ticrno). —
1'. AsriK. I.e^ Pelargonium zoualeà IIcuin doubles; leur valeur décorative;
aliiis de nouvelles variétés. — Victor Chatkl. Moyeu de coiisci ver les Pommes
de terre. — X Travaux du mois d'Aoùl.
CHRONIQUE
ïjHortkullear françui>i suspendu pendant la guerre; uion embarras eu repre-
nant la plume de chroniqueur •. mon sort n'est pas digne d'envie^ instincts
natifs de la bestialité cbcz l'Iioname. Reprenons le travail Les perles de l'hor-
ticulture; puissance de l'industrie horticole à Paris; caractère du jardinier
français. Un projet d'Ecole d'horticulture potagère moderne, renversé paruu
projet d'Ecole •d'horticulture maraîchère démocratique; exécution sommaire
du second projet : les maraîchers en chaire. Culture des glacis des fortifi-
cations en plantes potagères, pour nourrir les Parisiens pendant le siège,
liésullals; mystification; légumes exposés el vendus le 5i5 décembre en fa-
veur des soldats blessés; leur provenance; tromperie et jactance; les lé-
gumes ne se font pas on 15 jours. Prix des légumes à Paris pendant le siège;
causes des prix élevés de ces légumes. L'idée de faire des légumes sur les
fortifications; M. Laizier et les débilanls de bonheur des peuples. Résultai
final.
Une année s'est écoulée depuis l'apparition du dernier nu-
méro de VHorticulteur français, dont hi publication a été in-
terrompue par les coups de canon des Prussiens, qui m'ont
forcé de déposer la plume de la défense horticole, pour prendre
le grand sabre de la défense nationale; mais, je le déclare en
toute sincérité, ce grand sabre n'a fait de mal à personne, et
iJ ne m'a occasionné aucune égratignure : mes amis, — si j'en
ai au delà du mur d'enceinte, — peuvent calmer leurs inquié-
tudes.
Aujourd'hui la plume m'est rendue; je n'en remercie nul-
lement le ciel, car je suis très-embearrassé d'elle. Tenu isolé
du reste des peuplades plus uu moins civilisées de la terre,
Septembre !87l', p^ra ru Août 1871 . 17
~ 258 —
qui ont assisté tranquillement à toutes nos petites et grandes
boucheries extra et intra-muros, j'ignore ce qui s'est dit, ce
qui s'est fait, au delà du fameux cercle que nous n'avons pu
briser, malgré notre bruyante humeur belliqueuse. Dès lors,
avec la plume de chroniqueur en main, je trouve que mon
sort n'est pas absolument digne d'envie, et, en ce moment
suprême de la reprise du travail, je suis presque comme cer-
tains de mes anciens camarades de la milice citoyenne : je me
laisserais aller volontiers aux regrets de ne pas pouvoir conti-
nuer, indéfiniment, le rôle de défenseur de la pairie... derrière
les remparts, bien entendu. C'est beaucoup moins ennuyeux
que d'écrire une chronique; on ne se figure pas la dépense
d'imagination qu'on est parfois obligé de taire pour arriver,
par une succession d'idées pas trop saugrenues, à la fin de sa
lâche. Mais enfin, puisqu aucun gouvernement ne peut assurer
indéfiniment à l'homme l'existence de la bête brute, c'est-à-
dire la vie sans travail, soumettons-nous à cette nécessité de
travailler pour gagner notre nourriture. Du reste le pain qu'on
gagne ainsi est moins amer que celui qu'on jette en pâture aux
ours mal léchés des révolutions, à cet amas d'ivrognes, de
paresseux, de présomptueux incapables, tous saturés du plus
pur despotique orgueil, et qui sacrifient tout — jusqu'à l'hon-
neur et leur patrie — pour satisfaire à ces deux instincts natifs
de ia bestialité : repos et volupté. Pour l'homme des révolu-
tions tout, en eflet, est là; le dernier acte de la4ragédie que
nous avons jouée, pendant près d'iman, nous en fournit de
nombreuses et incontestables preuves. Reprenons donc le tra-
vail ; non-seulement il est la source de tous les biens, jnais il
est la meilleure entrave qu on puisse opposer au retour de
l'instinct sauvage qui n'est jamais complètement éteint chez
l'homme civilisé. Et^ certainement, si tous les fameux pro-
consuls de la Commune s'étaient livrés davantage au travail
el moins à l'exercice des clubs et des cabarets, ils n'auraient
— 259 —
pas étalé, d'abord, leur incapacité à l'Hôtel-de- Ville, et ils
n'auraient pas eu à exercer, ensuite, leur haine sur des pauvres
innocents et sur des monuments sans défense,, ce qui dénote,
chez eux, autant de bêtise et de lâcheté que de férocité.
Travaillons, reprenons courage, et avec un peu de peine
nous parviendrons à relever notre pauvre pays qu'on a voulu
abattre. La lâche est rude sans doute, car les désastres sont
grands; mais la volonté et l'union conslituent une force toute
puissante, qui peut renverser les plus gigantesques obstacles;
unissons donc toutes nos volontés, et que celle de la
Providence s'accomplisse.
L'Horticulture n'a pas été plus épargnée que les autres in-
dustries, dans ce grand combat livré parla barbarie à la vraie
civilisation. Les pertes du commerce des plantes sont très-con-
sidérables. Nous pourrions faire un sombre tableau des ruines
horticoles que nous avons tristement contemplées; mais
en esquissant ces navrants paysages, il faudrait citer les éta^
blissements ainsi dévastés, et chaque chef de maison m'accu-_
serait de nuire à son commeice, en éloignant ses clients qui
iraient ailleurs, dans la crainte de n'être plus servis chez lui
comme autrefois. Passons donc en silence devant ces tristes
épaves. Du reste les dégâts matériels sont à peu près partout
réparés, et les vides dans les collections sont déjà comblés.
!)ès aujourd'hui le commerce parisien est en mesure de satis-
faire aux demandes les plus sévères j il s'est relevé tout seul
de ses ruines, tant est puissant le ressort de l'industrie hor-
ticole en notre beau pays.
La Société centrale d'Horticulture de France s'était empres-
sée^ toutefois, d'otîrir son concours aux victimes des guerres
prussiennes et communeuses, en réclamant pour elles ou en
appuyant les demandes d'indemnités qu'elles pourraient faire.
Dans sa séance du 23 février, elle avait nommé une commission
chargée de recueillir les renseignements et de constater les
— 260 -
dégâts éprouvés; mais elle comptait sans ses hôtes. Le jardi-
nier français est essentiellement Français ; il veut bien recevoir,
mais il n'entend pas qu'on fouille dans ses affaires, pour s'as-
surer si sa demande est fondée ou non ; il trouve ce procédé in-
convenant et vexatoire ! Dans la séance du 9 mars, un membre
de la commission d'enquête fit connaître, en effet, à cette com-
pagnie [Journal de la Société centrale, tome V, page 28) a que
la commission chargée, par elle, de faire un relevé des dégâts
causés à l'Horticulture parisienne par le siège de Paris, ren-
contre une difficulté sérieuse auprès des horticulteurs qui, gé-
néralement, font difficulté de lui fournir les éléments de ce
relevé-. »
La Société d'Horticulture de Paris s'est contentée de prendre
acte de la rencontre de ces difficultés, afin que les horticulteurs
ne puissent accuser, plus tard, elle et le gouvernement de n'a-
voir rien fait pour l'Horticulture parisienne plus ou moins
ruinée.
Les jardiniers auraient très-mauvaise grâce à récriminer ainsi;
surtout messieurs les maraîchersqui, pendant le siège, ont été
l'objet de faveurs toutes particuhères de la part 'du gouverne-
ment de la Défense nationale et de la Société d'Horticulture. En-
registrons-les ici, pour en consacrer le souvenir, et pour montrer
aussi que si l'Horticulture, en France, ne marche pas plus ra-
pidement dans la voie du progrès, ce n'est pas toujours la
faute des gouvernants qui ne peuvent pas tout faire. A plu-
sieurs époques ou a tenté de fonder des écoles d'Horticulture;
et chaque fois — cnacun sait ça — le plus bel insuccès a cou-
ronné l'œuvre. Les promoteurs, alors, d'en rejeter la faute sur
ie gouvernement qui, disaient-ils, avait toujours la manie de
vouloir faire des civels sans lièvres, c'est-à-dire de fonder des
écoles d'Horticulture avec des professeurs qui n'étaient pas
horticulteurs praticiens.
Or. l'année dernière, an moment où les regards se portaient
— 2G1 —
aulre part que sur les promenades peu fleuries de la capiiale,
un homme, voulut profiter de la présence des Prussiens aux
environs de Paris pour créer une école d'Horticulture potagère
moderne, dans le jardin des Tuileries, mais toujours avec l'aide
et la protection du gouvernement ; car, en France, nous ne
savons rien faire sans lui. Notre hômmg alla donc crier fa-
mine, pour les Parisiens, chez M. le ministre de 1 instruction
publique, promettant de faire pousser — à la moderne —
de beaux Choux pour les assiégés, sans attendre la saison
nouvelle. Poussé par le flot de la misère publique qui montait
crescendo et par sa [)hilanthropie bien connue, M. le mi-
nistre allait octroyer , à l'homme du potager moderne , le
jardin des Tuileries et les fonds nécessaires à la création de
son école, quand il fut avisé que cette école moderne n'avait
rien de sérieux ; que son fondateur était un homme en
effet purement moderne , c'est-à-dire un homme très-peu
habitué au travail. On offrit alors eu échange, à Son Exe, le
projet d'une vraie école d'Horticulture maraîchère démocra-
tique, dans laquelle toutes les sciences, toutes les opérations du
jardinage^ tout ce qui concerne cet état, en un mot, serait pro-
fessé et enseigné, par de vrais maraîchers, pris à la source la
plus pure, c'est-à-dire dans les marais Saint-Antoine, Picpus,
Cliaronne, etc.
Cette nouvelle proposition fut agréée, et aussitôt un écri-
vain distingué, auteur d'une foule de petits et gros livres sur
l'Horticulture et l'Agriculture classiques, reçut mission de fon-
der cet établissement d'enseignement pratique, unique en son
genre, et entouré de toutes les chances possibles de succès.
Notre savant confrère se rendit, en conséquence, dans les ré-
gions où se trouvent les meilleurs crus de la science maraî-
chère, pour recruter son personnel enseignant. Sur son passage
le peuple applaudissait et tous les maraîchers qui jusqu'alors
avaient trouvé a. très-mauvaise » l'idée d'une école d'Horticul-
— 262 —
tnre, ]a trouvèrent excellente, nette fois qu'on venait leur
ofTiir des chaires pour enseigner l'art de planter des Choux
correctement ; ils n'avaient pas assez d'éloges pour le gouver-
nement de la Défense nationale qui comprenait si bien, di-
saient-ils, les vrais intérêts du peuple! Les hommes sont bien
tous et partout les mêmes, depuis le premier jusqu'au dernier
échelon vje F échelle sociale.
Ceci se passait dans le courant du mois de novembre der-
nier, en plein siège.
Encouragés par ce premier succès, M}1. les maraîchers pro-
posèrent, au gouvernement, de mettre en culture maraîchère
tous les terrains vacants de Paris, pour approvisionner de lé-
gumes frais les pauvres Parisiens qui, à ce moment, en étaient
réduits au hareng saur — un pour trois jours; — le ministre
des subsistances accorda avec empressement ces terrains. Les
maraîchers demandèrent, alors, tous les fumiers des différents
services de la ville et de l'administration de la guerre ; les fu-
miers furent accordés. Ils réclamèrent ensuite — insatiables,
ces maraîchers — ils réclamèrent l'exemption du service mili-
taire, de la garde nationale, pour eux et leurs fils ; et les fils
furent exemptés du service des tranchées, et les pères du ser-
vice des remparts, etc., etc., etc.
Le résultat de toutes ces concessions et exemptions a été
celui-ci :
1° Emploi considérable de fumier;
2° Exemption du service de la garde nationale de tous les fils
de famille de MM. les maraîcl>ers ;
S*" Zéro élèves, à Técole maraîc^ière, à moins de compter
comme tels les 14 ou 1,500 solides garçons — fils de famille
suscités — exemptés du service militaire, pour veiller à la garde
des petits Pois qu'on devait nous faire manger en vert, et que
ces jeunes citoyens ont laissé geler, par une des plus belles
nuits du mois de janvier.
— 263 —
io Enfin zéro légumes mangeables ; mais abondance de
plants de toutes sortes, avec lesquels MM. les maraîchers ont
pu regarnir leurs marais, après la signature de la paix.
En résumé, de cette école pratique et des cultures munici-
pales, il ne reste plus que le terrain en pleine friche, et le sou-
venir de l'énorme quantité de fumier qui devait produire des
légumes en abondance pour la population assiégée^ mais qui a
été absorbé uniquement pour faire pousser du plant à l'usage
de MM. les maraîchers. •
C'est ainsi que les gouvernements croient faire quelque
chose dans l'intdi'ét public, et qu'ils ne font rien. Le peuple
alors murmure, elles hommes qui le gouvernent, tout étonnés
de l'entendre murmurer, de répéter en chœur, comme dans le
Domino noir :
« Je n'y puis rien comprendre. »
Pendant toute la durée du siège, les journaux n'ont fait
qu'entretenir la population parisienne des brillantes cultures
étabhes, par ces habiles maraîchers, jusque sur les glacis des
fortifications, et qui devaient lui procurer de beaux et abon-
dants légumes. Les pauvres gardes nationaux de service aux
remparts risquaient parfois un œil , par-dessus les épaule-
ments ou dans les embrasures des pièces de canon, pour voir
les Choux promis ; mais, hélas ! les ,alacis sont restés veufs de
Choux, tout le temps du siège, et les pauvres Parisiens avaient
fini par oublier jusqu'à la forme pommée de ce précieux légume.
Les membres du gouvernement ont été plus heureux. Le
25 décembre, à la vente faite au ministère de l'instruction
publique, en laveur des soldats blessés, la commission ma-
raîchère exposa, 'devant eux, plusieurs lots de légumes, pré-
sentés comme les résultats obtenus par les jardiniers de
Paris, sur les terrains incultes et à l'aide du fumier concédés
par l'administration municipale dans, le courant du mois de
novembre.
— 261 ~>,
Les membres du goavernernent ont pu voir des Clionx. des
Choux-fleurs, Céleri turc et Céleri-rave, Salsifis, Cerfeuil bul-
beux, Pomme de terre, Potirons, Igname de Chine, etc., etc.
Et en voyant tous ces beaux légumes ^ ils se félicitaient
d'avoir mis 200 hectares de terrains vagues à la disposition
des maraîchers, qui étaient arrivés aussi rapidement n d'aussi
merveilleux résultats ; ils étaient convaincus que Paris n'avait
l'ius à craindre ni la famine ni les Prussiens.
Je n'aurais pas parlé de cette gigantesque et sublime mys-
tification, si elle ne venait pas jeter un trouble profond dans
l'esprit des personnes peu versées dans l'art de la culture
maraîchère. En lisant toutes ces notes de journaux et notam-
ment celles du Journal de la Société d'HorticuUure de Paris,
on peut croire, en t-fî'et, qu'avec derintelligence, de la perspi-
cacité, de la science, etc., etc., — comme celles que possèdent
les maraîchers de Paris, au dire du Journal de la Société cen-
trale, — on parvient à suppléer au temps, et à obtenir, en
deux mois, des légumes qui demandent normalement neuf
mois de culture pour arriver à l'état d'être livrés à la con-
sommation. Que des journalistes s'amusent à bafouer leurs
lecteurs, en leur racontant les choses les plus impossibles,
on le comprend; c'est dans l'habitude des écrivains des
feuilles publiques. Mais que des jardiniers, qui ont reçu des
concessions de terrains pour produire des légumes devant
aider à l'ahmentation d'une population menacée de famine,
viennent effrontément montrer aux chefs du gouvernement
des légumes conservés en caves, comme résultat de savants
travaux exécutés sur les terrains concédés depuis deux mois,
pour faire croire, à ces chefs et au pubhc, « au talent et
à la supériorité incontestable des cultivateurs maraîchers de
Paris... à la renommée dont ils jouissent justement depuis
longtemps..., elc. » [Joiirn. Soc. dliorl. de Paris, 1871,
p. 536) et, cela, au risque de répandre les idées les plus
fausses sur les principes de la culture maraîchère, c'est un
procédé que nous n'hésitons pas à blâmer hautement, et, d'au-
tant, qu'il cache un trafic honteux, dans un moment où tout
Français devait faire acte d'abnégation, ou tout au moins de
désintéressement. Non-seulement ces maraîchers ont trompé
les, ministres et le public, mais ils semblent dire cpie le gouver-
nement n'a rien fait, nu que peu de chose, pour eux, <( Sans
doute, dit un membre de la Société d'Horticulture de Paris
(Journ., p. 23), les horticulteurs doivent être reconnaissants
de quelques facilités [\) que leur a concédées l'administration
municipale pour l'obtention de fumiers^ et des exemptions du
service militaire.,.. Mais si des résultats sérieux ont été obte-
nus, si des légumes ont été livrés à la consommation malgré la
rigueur de la saison hiiwrnale.... c'est à l'expérience de nos
jardiniers maraîchers (pi'on en est redevable, etc. »
Devant une pareille jactance, nous ne pouvons nous em-
])êcher de réduire à leur juste valeur le talent et la supé-
riorité (le MM. les maraîchers, qui, avant tout, se sont mon -
très très habiles dans l'art de la spéculation.
Oui, en effet, MM les maraîchers de Paris ont pu offrir,
pendant le siège, des légumes qui ont été payés au poids de
l'or; mais ces légumes ne provenaient pas de cultures pra-
tiquées sur des (( terrains incultes, qui n'avaient été ni fumés,
ni depuis longtemps travaillés, )) et dont ils n'étaient en pos-
session que depuis la fin de novembre. Ces légumes sortaient
des magasins, où ils avaient été entassés jusqu'au moment de
l'investissement complet, et d'autres, ceux de la saison, prove-
naient des marais qu'on n'avait jamais cessé de cultiver.
Je le répète, on ne crée pas, de toutes pièces, en quelques
jours, des légumes qui demandent de six à neuf mois de cul-
ture pour acquérir leur maturité.
Et veut-on savoir, maintenant, à quels prix ces habiles jar-
diniers vendaient les produits si rapidement et si merveilleu-
— 266 ^
sèment obtenus ? Voici ceux c|ui ont été publiés par le Journal
de la Société à/ Horticulture de Paris-, l'auteur de la note
les donne comme lui ayant été fournis par les producteurs
mêmes. Outre l'intérêt historique, ces prix établissent encore
la somme de patriotisme que MM= les maraîchers du départe-
ment do la Seine ont dépensée pour aidera la défense de Paris,
et ils montrent si ces honorables industriels ont su profiter
d'un malheur public pour rançonner plus que de raison leurs
concitoyens.
Voici donc les prix de quelques-uns des fameux légumes
soi-disant obtenus en moins de deux mois sur les terrains et
avec le fumier concédés par l'administration municipale :
5 Laitues ont été vendues 7 fr. » c.
3 Scaroles 8 y)
5 Céleris (1) 5 ))
1 Salade de Céleri et Mâche 12 50
1 Chou Î6 ))
! Chou-fleur. 4 »
1 botte de Radis 2 50
1 Cardon 30 »
1 botte de Poireaux 18 ))
1 botte de Carottes 19 »
1 hectolitre Pommes de terre. ... 26 ))
1 Radis noir. . 7 ))
1 Potiron 25 »
1 lot de Mâches 4 50
1 botte de Navets 6 50
En présence de ces cliitïres, tout commentaire est superflu ;
(I) Je pourrais donner le nom d'ua maraîcher qui avait 7000 pieds de
Céleris en jauge, et qui a refusé de les vendre 2 fr, la pièce, espérant que
les prix monteraient encore. Mais la gelée a tout détruit en une nuit, et Dieu
sait si j'ai battu des mains en appreng,nt ce désastre, juste punition du ciel!
— 267 —
mais si les autres commerçants avaient suivi l'exemple de nos
patriotiques confrères, que serions-nous devenus pendant cinq
mois de siège? '
A ce reproche, qui leur a été adressé, ils ont d'abord ré-
pondu^ que l'exagération de ces prix était causée p;u' la rapa-
cité des intermédiaires, entre eux et les consommateurs ; mais
les prrx "que nous venons de donner sont ceux des objets
vendus par les producteurs. Ensuite, ils ont accusé la com-
pagnie des Omnibus d'avoir vendu le fumier très-cher. Autre
mauvaise raison ; la compagnie des Omnibus n'est pour rien
dans cette affaire, car, je le répète, ce n'est pas avec le fumier
qui leur a été fourni pendant le siège que MM. les maraîchers
ont obtenu les Potirons qu'ils ont vendus 25 fr. ; les Gardons
vendus 30 fr.; les Pommes de terre que j'ai payées, moi-même,
comme Bergeret, 26 francs l'hectolitre ; les Choux pommés
achetés 16 fr.^ et ainsi de tous les légumes que M. Laizier a
présentés comme résultats de culture pendant le siège, mais que
les maraîchers de Paris n'ont jamais pu obtenir, je le répète,
du 12 novembre au 2o décembre, voire même au 28 janvier,
quel que soit le merveilleux de la rapidité de leurs méthodes
parfaites de culture et quand ils auraient employé tous les
anciens fumiers impériaux.
Je n'ai jamais compris cette extravagance d'idée de la part
de M. Laizier, président de la commission des maraîchers de
Paris, qui sait comment pousse un Chou. Elle ne m'aurait pas
surpris, si elle était sortie du cerveau d'un de ces braves et
excellents républicains chevronnés, c'est-à-dire de la veille ^
qui se disent seuls possesseurs de l'amphore fameuse et inson-
dable renfermant lentes les libertés et tous les bonheurs des
pcu(d(.'S, mais de laquelle ils n'ont jamais pu rien faire sortir,
si ce n'est du sang et'^le la misère. Ces braves gens sont telle-
ment irréfléchis, qu'ils auraient pu croire, très-facilement,
qu'on pouvait produire, par décret , un Chou pommé , un
— 268 —
Chou-fleui', comme on a iait, par décret, un directeur général
des plantations de la ville de Paris, du citoyen Cavalier dit
Pipe-en-Bois, ex-grand cultivateur de carambolage au café
Procope, aujourd'hui, probablement, inspecteur de colonisation
d'une de nos colonies quelconques. Pour ces braves et excel'
lents débitanis de bonheur et de liberté populaires, qui croient
plus ou moins sincèrement à la réalisation de leur boniment,
l'homme peut tout quand il veut, et il n'y aurait rien d'é-
tonnant qu'ils aient, encore actuellement, la conviction — su-
perticielle peut-être — que si le gouvernemeut de la Défense
nationale l'avait bien voulu, les maraîchers de Paris auraient
pu produire des Choux pommés de qualité supérieure, en moins
de 8 jours, sur les glacis des fortifications, et en telle abon-
dance, que le moment psychologique de de Mollke était reculé
indéfiniment et que les Prussieiis auraient été ainsi obligés de
lever le siège de Paris !
Quoi qu'il en soit^ l'idée — burlesque tant qu'on voudra,
mais avant tout républicaine, c'est-à-dire irréfléchie — de faire
pousser, en quelques heures, des Choux sur les fortifications
pour nourrir les défenseurs de Paris, aura toujours eu un ré-
sultat final dont profitera, certainement, la science horticole.
Le peuple parisien reconnaissant, pour le bien-être qu'il éprou-
vait à regarder chaque matin , par-dessus les épaulements
des remparts, si les Choux poussaient sur les glacis, a nommé
député, au Corps législatif, un des auteurs de cette fameuse
et démocratique idée!
Et qu'on vienne dire, après cela, que le peuple français n'est
pas toujours le peuple le plus naïf, le plus exploitable et
le plus exploité du monde !...
F. Herinco.
2t)0
DE L'ACCLIMATATION.
L'hiver de 1870-1871 a porté un coup terrible à cette inno-
r.ente fiction scientifique qu'on appelle acclimatation, et en vertu
de laquelle on peut habituer un être quelconque, soit plante soit
animal, à vivre dansunchmat différent de celui pour lequelil
a été créé, et à supporter une température beaucoup plus basse
que celle de son climat natif.
Nous avons toujours été l'adversaire de racclimatation ;
nous tivons toujours regardé comme une erreur le principe sur
lequel repose cette science, et nous l'avons combattue, parce
que nous avons vu en elle una sorte de Calpé, qui s'oppose à
la marche de nouvelles conquêtes scientifiques, et au pied de
lac[uelle tout vient se briser et s'anéantir. En effet, pendant
qu'on caresse et soutient une douce hérésie, le progrès est en-
rayé, car on le maintient aux arrêts, la chaîne au cou.
Naturellement, notre opposition a été fort peu goûtée des
hommes qui acceptent révérencieusement toutes les opinions
des savants, sous le fallacieux prétexte qu'il faut respecter les
idées des auteurs qui ont une certaine notoriété dans la science;
et les épithèles les plus mal sonnantes ne nous ont pas été
épargnées. Pendant longtemps nous avons combattu, seul
contre tous, cette vieille opinion de nos pères : qu'on peut
acclimater des plantes et des animaux. Aujourd'hui, deux bo-
tanistes viennent — je ne dirai pas se ranger sous ma bannière,
ce serait irrévérencieux de ma part, — mais ils viennent ap-
porter le poids de leur autorité. Ils ont profité de la pivsence des
Prussiens, aux environs de Paris, pour aller passer F hiver dans
le midi, et se livrer à l'étude de l'acchmatation des végétaux.
Ce qu'ils ont vu leur a paru si peu en harmonie avec ce qu'ils
avaient entndu dire, ({uaussitôt de retour dans la capitale du
— 270 —
monde savant, ils se sont posé chacun cette question : « l'ac-
climatation vraie exisie.-t-elle réellement? »
Dans la séance du 23 mars de la Société d'Horticulture de
Paris, M. Duchartre s'est répondu : € Dupetit-Thouars avait
raison : «chercher à acclimater une plante, c'est poursuivre
une chimère; » et. dans la séance du 24 mars de la Société
d'acclimata'ion, M. Gliatin a déclaré à ses collègues qu'il ne
croyait plus au principe pour le développement duquel celte
Société a été fondée. De là grand mécontentement et protes-
tation. M. de Quatrefages a réclamé en faveur de l'acclima-
tation, en reconnaissant toutefois : que l'acclimalation sans
modification des êtres est un rêve; qu'elle n'est possible que
par suite de la formation de races déterminées, et adoptées
physiologiquement a" un milieu nouveau.
M. Duchartre ne paraît pas partager cette manière de voir
du savant président de la Société d'acchmatation. Dans une
longue note insérée au compte rendu de la séance du 23 mars
de la Société d'Horticulture de Paris, il appelle l'attention des
partisans de l-acclimatation, au sujet de la mort des Eucalyptus
cjlohulus et Agave americana^ qu'on regardait comme accli-
matés définitivement dans le midi de la France. Nous repro-
duisons celte noie à peu près in extenso :
« Depuis un certain nombre d'années, dit-il, la création,
incontestablement utile, d'une grande Société-mère spéciale,
qui a eu bientôt un grand nombre de' Sociétés correspondantes
ou affihées sur presque tous les points du globe, a mis à la
mode le mot d'acclimatation. Après avoir admis, avec pleine
raison, qu'on pourrait acclimater, dans nos contrées, des végé-
taux empruntés à des contrées analogues aux nôtres pour le
climat, pour l'ensemble des conditions climatériques, on a
pensé qu'on pourrait encore, grâce à des cultures successives
dans des stations intermédiaires, amener une espèce propre
aux régions chaudes à prospérer finalement dans des pays tem-
— 271 —
pérés ou même froids. L'exagération de cette idée est devenue
telle, qu'on a pu lire, dans mi journal scientifique français, un
long article destiné à exposer cette thèse singulière, que si les
plaines des euvirons de Paris n'étaient pas encore plautées en
Bananiers. Arbrtis à pain, Cannes à sucre, etc., c'était unique-
ment, selon l'auteur, par suite de la routine invétérée chez nos
(Cultivateurs (!!!) On en est enfin venu à un tel abus du mot
«acclimater, 3> qu'un savant, des plus distingués à d'autres
litresj a écrit un mémoire sur des végétaux acclimatés dans
une excellente orangerie. »
(f Or, il y a déjà bien longtemps que Dupetit-Thouars, ex-
cellent esprit et physiologiste éclairé, quoique parfois systéma-
tique,' avait appelé l'acclimataiion : la douce chimère de la cul'
ture. M. Duchartre pense que Dupetit-Thouars avait parfaite-
ment raison, et que chercher à cultiver une plante sous un
cHmat sans analogie marquée avec le sien propre, en d'autres
termes, à l'acclimater, c'est poursuivre une chimère, à moins
qu'on ne soit assez heureux, par une rare série prolongée d'ac-
'tions exercées avec une rare sagacité, ou par l'effet d'accidents
sans cause connue, pour en obtenir une race plus rustique,
moins sensible au froid et aux autres influences climatériques
que le type duquel elle sera sortie; mais- ces cas sont encore
bien rares, s'ils existent môme en réalité. Ainsi, dit M. Du-
chartre^ pour citer des végétaux très-connus, sous combien de
formes différentes se présentent aujourd'hui les Haricots, les
Pommes de terre, les Dahlia, etc, etc. ! Néanmoins en connait-
on qui soient aujourd'hui moins sensibles à la gelée que ceux
qui ont en premier lieu trouvé place dans les jardins, à une
date bien éloignée, au moins quant aux deux premiers? VA-
gave americana a été importé du Nouveau-Monde depuis plus
de trois siècles, puisque Glusius l'a vu déjà en Espagne, en
lo03. 11 existait aussi dès cette époque en Italie. De là^ il n'a
pas tardé à se répandre dans la pluparfdes pays que baigne la
Méditerranée, et, dans certains de ces pays, il est devenu fort
abondant. Or, les contrées méditerranéennes offrent une assez
grande inégalité au point de vue de leur température pour
que, si cette espèce avait dû subir V influence modificatrice
qu'on a voulu accorder à la culture sous des climats différents,
elle dût être aujourd'hui parfaitement acclimatée. Sans être
commun dans les environs de Béziers, V Agave y est cependant
assez répandu soit dans les jardins, soit en groupes isolés dans
la campagne. Il en existait, avant Thiver, bon nombre de
pieds végétant ainsi, sans culture ni abri, dont la force indi-
tpait qu'ils occupaient la place depuis longtemps déjà. Après
l'hiver M. Duchartre n'en a plus retrouvé un seul en vie, même
dans des expositions bien abritées. L'Agave americana n'est
donc pas acclimaté dans le midi de la France, plus de trois
siècles après son introduction en Europe.
)) Quant à V Eucalyptus glohulus, il n'y a que peu d'années
cj[u'il nous a été. apporté d'Australie; aucun hiver réellement
rigoureux n'étant surven^i depuis qu'on l'a planté en assez
grande abondance dans nos départements méditerranéens, on'
s'est flatté de l'idée qu'il était déiinitivement acquis à cette
partie de la France. On a même proposé de l'utiliser pour tirer
parti de certains terrains, à cause de la rapidité avec laquelle
il se développe. Or, il n'a pas supporté les gelées de l hiver (1)
et même l'état de ses feuilles et de son écorce attestait qu'il
avait déjà péri avant que le froid fût arrivé à son maximum.
On voit donc qu'il ne faut pas se presser de chanter victoire
quant à l'acquisition de végétaux originaires de pays plus
chauds que le noire, ou, pour employer l'expression consacrée,
cjuanl à l'acchmatation de végétaux étrangers. S'il y a une série
d'hivers peu rigoureux, ces nouveaux venus résistent j mais
(1) A Montpellier, le therniomèlrc est descendu à 16 degrés au-dessous
de zéro.
— 273 —
dès que survient un de ces hivers exceptionnels que M. Renoii
croit revenir en France à peu près tous les quarante ans,
comme ceux de 1709, 1749, 1789, 1826, et poin* le midi,
1870-1871, les espèces que nous nous flattions d'avoir défini-
tivement acquises succombent au froid et nous démontrent
ainsi notre erreur. — ce Au reste, dit en terminant M. Du-
chartre, le plus ou moins d'abondance des sucs dans le tissu
d'une plante, surtout peut-être l'humidité ou la sécheresse du
sol, influent beaucoup sur la puissance avec laquelle le froid
agit sur les plantes. Je viens d'en avoir la preuve par un fait
qui me semble mériter d'être cité. VAspidislra elatior, espèce
originaire" de la Chine, est tenue, pendant l'hiver, en serre
tempérée ou en serre froide. J'en ai deux pieds plantés dans
deux caisses rempHes de terre de bruyère qui, pendant mon
absence, sont restés absolument abandonnés tout cet hiver
dans une cuisine où le froid a été assez fort et assez prolongé
pour que l'eau qui remplissait l'un des réservoirs qu'on
nomme fontaine à fdtre ait fini par ne former qu'un seul bloc
de glace. Ces deux Aspidistra n'ont nullement soufïert et, au
moment présent, ils sont en fort bon état. »
Dans cette même séance de la Société d'Horticulture,
M. Cliatin a confirmé ce qu il a dit à la Société d'acchmatation et
appuyé l'opinion de M. Duchartre. Selon lui on abuse beaucoup
du mot acclimatalion : quand une plante étrangère vient bien
dans nos pays, dit-il, on proclame aussitôt quelle y est accli-
matée, tandis que le résultat observé tient uniquement à ce
qu'elle a trouvé dans son nouveau séjour des conditions ana-
logues à celles au milieu desquelles elle vivait naturellement
Dans d'autres cas, l'acclimatation semble définitive pendant
une série d'années : mais un hiver plus rigoureux quel es
premiers suffit pour détruire toutes les es[)érances qu'on avait
conçues. M. Chatin fait observer en outre que Thumidité et l;i
sécheresse influent beaucoup sur l'intensité avec laquelle agit
Septembre i S" 1 . Ib
— 274 —
la gelée sur différents pieds de la même espèce végétale. Ainsi,
dit-il, au printemps^ les chênes ont souvent leurs jeunes pousses
gelées dans les bas-fonds et non sur les coteaux où il y a moins
d'humidité ; l'olivier succombe souvent au froid après des
pluies ; l'avoine d'automne gèle fréquemment sur les terres
.humides, tandis qu'elle persiste si on la sème dans des terres
sèches.
Ces deux savants botanistes pouvaient déduire de tous ces
faits le principe physiologique que voici, et que nous énon-
cerons en attendant qu'ils le développent pour leur compte :
Tout végétal, ou plutôt, tout être végétal spécifique a reçu
delà nature une constitution cjui lui permet de supporter une
température inférieure, jusqu'à un degré donné. Chaque fois
donc qu'une plante quelconque est transplantée dans un climat
différent du sien, cette plante vit et se développe tant que la
température de ce climat ne descend pas au-dessous du degré
minimum pour lequel cette plante est constituée, c'est-à-dire
du degré de froid qu'elle peut supporter, et auquel la tempé-
rature de son pays natal peut accidentellement descendre. Par
conséquent une plante pourra vivre dans un pays moins chaud
que le sien, aussi longtemps que la température ne descendra
pas au degré qui lui aurait donné la mort dans son climat
même. Elle y vivra 10 ans, 20 ans, 50 ans, si pendant toute
cette période la température n'atteint pas le degré de froid
qui la fait mourir; mais aussitôt que ce degré sera atteint,
la plante périra. Tous les soins qu'on lui aura donnés pendant
cette plus ou moins longue période de culture acclimatative
ne lui aura pas fait acquérir la plus petite somme de rusticité.
Je le répète, toute plante est constituée pour supporter un
certain degré de froid, et elle peut vivre n'importe dans quel
climat, tant que la température ne descend pas au-dessous du
degré de froid que la plante peut supporter, d'après la consti-
tution originelle de l'espèce. Or, toute plante est dite ac»
— 275 —
climatée, par les partisans de l'acclimatation, tant que la
température ne descend pas au degré de froid mortel de
l'espèce. 11 n'y a pas d'autre acclimatation ; la culture ne
peut pas plus opérer le miracle des modifications du tempé-
rament, que celui de la transformation constitutive des organes
des végétaux. Quant à la création de races plus rustiques, la
culture est encore à nous en fournir le premier exemple.
Que les partisans de l'acclimatation en prennent donc leur
parti. Ils pourront encore néanmoins jouir de quelques beaux
arbres de pays plus chauds que le nôtre, pendant plusieurs
années; mais il faut, dès aujourd'hui, qu'ils s'attendent à des
déceptions qui seront d'autant plus cruelles, qu'ils auront joui
plus longtemps de la vue d'un beau sujet acclimaté.
F. Herinco.
ANTIGONON LEPTOPLS (Pl. IX).
Cette plante, introduite dans ces dernières aimées, du Mexi-
que, est encore peu répandue dans les cultures ; c'est une mer-
veilleuse rivale du Bougainvillea, dit M. Hooker, par l'abon-
dance des élégantes grappes qu'elle développe et par la belle
couleur rouge de ses fleurs.
VAntigonon est une plante vivace , grimpante, à tiges li-
gneuses grêles, et à rameaux anguleux tomenteux. Les feuilles
sont alternes, pétiolées, de forme ovale, entières, terminées eu
une petite pointe au sommet, échancrées en cœur à la base,
tomenteuses en dessous dans le jeune âge, puis glabres.
Les stipules opposées aux feuilles ont la forme d'écaillés.
Les fleurs, d'une belle et éclatante couleur rouge, sont portées
par un pédicelle très-grêle capillaire, et disposées en grappes
rassemblées dans la partie supérieure des rameaux en splen-
dides panicules retombantes; chaque grappe est terminée par
une sorte de vrille rameuse.
— 276 -
Les fleurs, qui ont un centimètre et pins de grandeur, sont
composées d'un simple calice coloré, à 5 sépales inégaux :
3 sont extérieurs, largement cordiformes ou ovale é chancre en
cœur, et 2 sont intérieurs de forme oblongue; tous les cinq d'un
très-beau rouge éclatant. Comme chez toutes les plantes de la
• grande classe des Apétales, il n'y a pas de corolle. Les éta-
mines sont au nombre de 8, de même grandeur, avec des filets
subulés, soudés entre eux en une sorte de cupule qui s'insère
au fond du calice. L'ovaire est triangulaire, surmonté de
3 styles soudés inférieurement. Cet ovaire devient un fruit
sec nommé akène, à une seule loge qui renferme une graine
dressée ; il est enveloppé dans les sépales qui persistent après la
floraison, comme dans beaucoup de piaules de cette famille et
notamment dans les oseilles.
Cette belle plante, qui est originaire du Mexique occidental,
et dont on a retrouvé des spécimens en Californie et dans la
Nouvelle-Grenade, a été introduite il y a trois ans en Angle-
terre où elle a fleuri dans le mois d'octobre de l'année qui a
suivi son introduction ; ce qui indique une plante vigoureuse
et facile à fleurir. Elle est de serre tempérée, et même de serre
froide ; ce sera une ravissante et précieuse plante pour les
jardins d'hiver. On la multiplie de graines semées en terrines;
on repique le plant en godet qu'on place sur une couche tiède
ou en serre pour pousser rapidement à la végétation, .^a
multiplication est également très-iacile par bouture en serre.
0. Lesciyer.
LA PEPiVENCHK DE MADAGASCAR.
Cette ravissante Pervenche ligneuse, qui peut atteindre
à deux mètres de hauteur, élevée en espaher dans nos serres
et jardins d'hiver, est cultivée, par certains jardiniers de Paris,
pour les marchés, et traitée alors comme plante annuelle.
— 277 —
Dans cette condition cette Pervenche devient aussi une de nos
plus joJies plantes d'ornement pour la décoration des jardins.
Cette Pervenche aime les sols légers et chauds ; un la mul-
tiplie par le semis.
Pour obtenir des plantes de serres ou d'appartement, on
sème dès janvier ou février; mais pour les plantes de pleine
terre on ne sème qu'au mois de mars en terrine^ tenue en
serre ou sur couche. Quand le plant a 4 ou 5 centimètres, on
le repique en petit godet qu'on replace sur couche et sous
châssis, en donnant de l'air le plus souvent possible, lorsque
le. temps est convenable.
Cette Pervenche ne se ramifie pas facilement ; il faut donc,
pour en obtenir de beaux pieds, aider à la ramification par le
pincement. On exécute cette opération quand le plant a 6 ou
7 feuilles ; il se développe alors 5 ou 6 rameaux qui donnent
naissance à de charmantes fleurs roses ou blanches; pour ob-
tenir une plus abondante floraison, on repince tous les ra-
meaux provenant du premier pincement ; mais on retarde la
floraison d'un mois.
Le meilleur sol factice pour la Pervenche de Madagascar ou
Pervenche rose {Vinca roseu} est celui qui est composé de terre
de bruyère mélangée d'un tiers de bon terreau. J'en ai vu de
ravissantes corbeilles, l'année dernière, dans les jardins du
palais deCompiègne. Que sont-elles devenues, hélas!
1^^. BONARD.
VIOLETTE CORNUE.
[Viola cornuta.)
Cette Violette, qui appartient à la section des Pensées, est une
des plus précieuses du genre par l'élégance et l'abondance de
ses fleurs, et par la durée de la floraison. Elle est voisine des
— 278 —
Violettes de Rouen et éperonnée {Viola Rothomagensis et
calcarata)]; mais elle leur est préférable au point de vue orne-
mental.
Ses tiges sont glabres, menues, anguleuses, couchées, puis
redressées supérieurement, très- variables dans leur longueur,
pouvant atteindre jusqu'à 40 centimètres. Elles sont plus ou
moins fortement coudées au point d'insertion des feuilles.
Les feuilles sont alternes, pétiolées, ovales, à peine échan-
crées en cœur à la base, glabres à leurs deux faces, crénelées
et ordinairement ciliées sur les bords^ obtuses au sommet,
et longues de 3 à 4 centimètres ; elles sont accompagnées
d'oreillettes ou stipules ovales -lancéolées; fortement dentelées
ou laciniées à leur base et ciliées sur les bords.
Les fleurs sont très-grandes, de couleur violet clair avec
œil blanc crème, ou de couleur jaune ou blanc pur, ce qui
constitue trois variétés. Elles sont solitaires à l'aisselle des
feuilles^ et portées sur des pédoncules de 10 centim. de
longueur. Le calice est à 5 sépales étroits, lancéolés, aigus,
appendiculés à la base. La corolle est large de trois centim.
et plus ; les deux pétales supérieurs sont obliquement dressés,
oblongs, spatulésj les deux latéraux sont plus petits, étalés
et rapprochés du pétale inférieur qui est beaucoup plus large,
largement obovale, brièvement et brusquement acuminé et
prolongé inférieurement- en un éperon mince et long de 15 à
20 millimètres.
Cette espèce charmante, originaire des Pyrénées, pousse
admirablement dans nos jardins, soit au soleil, soit à l'ombre,
et forme de larges touffes émaillées de ravissantes fleurs
depuis le mois de mars jusqu'en août.
La culture est toute simple. (Quoique vivace, on la sème sim-
plement en plein sol bien ameubli, comme pour la Pensée,
et on la repique ensuite à demeure. Dans les parties om-
breuses, sur les bords de massifs d'arbres et d'arbustes,
— 279 —
elle se plait admirablement, et fleurit abondamment. C'est une
plante qui n'est pas assez répandue.
0. Lescuyer.
CULTURE DES CHOUX-FLEURS A PARIS ET AUX
ENVIRONS (swîfe)(l).
g 3. — Culture des Choux- fleurs pour r automne.
Pour cette saison, il existe deux variétés de Choux-fleurs
parfaitement connues des cultivateurs ; ce sont : le tendre
d'automne et le demi-dur déjà nommé.
On sème le tendre d'automne du 1<" au 8 juin, dans un bon
terrain et au nord autant que possible, afin de faciliter la ger-
mination, et pour éviter les insectes bien connus qui attaquent
ces semis. Il ne faut pas semer trop épais, afin de préparer des
plants robustes! et bien venants. On devra avoir grand soin
d'arroser de manière à donner au jeune plant une végétation
rapide qui permette de le mettre en place vers le 15 juillet au
plus tard. On peut planter alors sur de vieilles couches, parmi
des cultures de Melons, en ayant bien soin surtout d'arroser et
d'ombrager au moment de la plantation.
Dans cette saison, les rayons du soleil gênent beaucoup la
marche de la végétation des jeunes plantes. On peut égale-
ment planter en pleine terre, dans un bon terrain, en prenant
les mêmes soins et en espaçant toujours les pieds d'environ
0™ 60. Si on plante sur de vieilles couches, au milieu de cul-
tures de Melons^ la maturité arrive un mois plus tôt.
Le Chou-fleur tendre d'automne se cultive habituellement
de cette manière, et on en obtient la maturité du 15 au 20
septembre ; si on le plante en pleine terre, la récolte se fait
en octobre.
(1) Voirie dernier numéro, août 1870, page 242.
— 280 -
Pour la fin de l'automne, on cultive le Chou-fleur demi-dur
de la même manière, c'est-à-dire qu'où le sème dans les mêmes
conditions, mais du 8 au 15 juin ; on le plante généralement
en pleine terre. Il est inutile de le planter sur de vieilles cou-
ches, attendu que la maturité n'a pas besoin d'être avancée. Le
Chou-fleur demi-dur est le vrai Chou-fleur d'automne ; on en
fait la récolte en novembre et jusqu'au 20 décembre. ïl existe
des localités où le Chou-fleur demi-dur se récolte en hiver; cela
lient un peu au sol ou à l'époque du semis. On peut semer le
Chou-fleur demi-dur du 10 au 20 juin, ce qui fait une diffé-
rence très-grande pour la récolte.
La meilleure époque pour semer le Chou-fleur demi-dur pour
l'automne est du 10 au to juin. Si on le cultive dans de bonnes
conditions, la récolte doit se faire du 1" novembre à la fm de
ce mois : cela tient au terrain et à la manière dont la culture
a été dirigée.
Il serait inutile de cultiver le Chou-fleur Lenormand pour
l'automne ; le produit en serait beaucoup inférieur à celui des
autres variétés.
§ 4. — Culture des Choux- fleurs pour P hiver.
Le Chou-fleur demi-dur se prolonge souvent pour l'hiver;
cela tient à la localité et au mode de culture.
Le vrai Chou-fleur d'hiver est le dur qui se sème du 15 au
20 juin. Planté en pleine terre, dans un bon terrain, du 20 au
25 juillet, il atteint sa maturité fin de décembre. Cette variété
offre un inconvénient assez grave : le Chou-fleur dur d'hiver
arrive à bonne maturité très-tard, et par cette raison il se trouve
exposé à des gelées assez fréquentes qui causent aux cultiva-
teurs de très-grands embarras.
On est parfois obligé de faire des fosses et d'y enjauger les
Choux à cause de la rigueur des gelées. Ce travail est très-coû-
teux et peu lucratif. Par cette raison, il est très-bon d'élever
— 281 —
du Chou-fleur dur pour l'hiver, mais en petite quantité. Quand
cette variété a été atteinte par quelques gelées, ce qui arrive
généralement, elle est peu de garde : alors les jardiniers doi-
vent apprécier. Je crois que le Chou -fleur demi-dur semé au
20 juin, planté, lin juillet dans des localités tardives, pourra
se conserver aussi facilement que le Chou-fleur dur d'hiver et
aura beaucoup moins à redouter les gelées. Il arrive souvent
que, vers le i5 décembre, le Chou-fleur dur ne marque ims le
bouton; il est venu à cette époque des gelées qui ont fait déses-
pérer de la récolte ; c'est pourquoi nous recommandons de ne
les élever qu'en petite quantité.
Le Chou-fleur demi-dur et le dur sont les deux variétés bien
connues pour l'hiver. C'est aux cultivateurs de chaque localité
à juger quel est celui des deux qu'ils doivent cultiver, ainsi que
l'époque où ils doivent en faire le semis.
Dans les cultures des environs de Paris, on cultive en très-
petite quantité le vrai Chou -fleur dur d'hiver. Mais il est très-
bon d'en espacer les pieds au moins de 0»! 80 et de les planter
en rangs très -éloignés, afin qu'ils prennent beaucoup d'exten-
sion avant les gelées et qu'ils développent une tige dure et so-
lide. Cela est un préservatif contre les fortes ^gelées, et, si le
temps impose l'obligation d'enjauger ces Choux, l'enlèvement
en est beaucoup plus facile.
Il ne faut pas semer trop tard les Choux-fleurs d'hiver, soit
le dur, soit le demi-dur, en vue de les conserver plus long-
temps; ce serait une grande erreur. Le Chou-fleur dur d'hiver
semé tard ne forme pas de tige, et pour cette raison il prend le
bouton dès qu'il est à demi venu. Dans ce cas, s'il y a un mo-
ment de temps doux, il arrive à maturité avant le demi-dur,
avec une pomme élargie comme un verre à boire.
Dagorno aîné
— 282 "—
PRÉPARATION DU GRAMBÉ OU CHOU MARIN.
Ce légume a fait^ i' y a quelques années, une apparition de
peu de durée dans nos potagers. Nous l'avons vu figurer dans
certains lots d'exposition de plantes maraîchères, mais nous
croyons qu'il n'a pas été donné suite aux essais d'introduc-
tion qui avaient été tentés parmi nous. Personne n'ignore
l'esprit routinier qui dirige les consommateurs et la répugnance
obstinée avec laquelle un produit nouveau est tout d"abord
repoussé, quelle que soit sa valeur. L'exemple mémorable de
l'accueil qui fut fait d'abord à la Pomme de terre donne la me-
sure de la disposition des esprits à cet égard. On ne peut trop
reprocher aux horticulteurs maraîchers, qui sont en réalité
des industriels, de ne pas maintenir dans leurs jardins une
plante dont ils ne trouvent pas l'écoulement. D'un autre côté,
le dédain des consommateurs se justifie par l'ignorance où ils
sont du parti que l'on peut tirer d'un produit. Il est dès lors
indispensable, quand on recommande un légume nouveau,
de faire connaître la meilleure préparation qui lui convient.
C'est ce que M. Rœquet fait en ces termes pour le Crambé, dans
le Bulletin de la Soc. d'Hort. de Compiègne : •
« Après avoir récolté les feuilles, on les passe quelques mi-
nutes à l'eau bouillante afin de les blanchir, comme on dit en
termes de cuisine, ou mieux afin d'en enlever l'amertume. On
retire les feuilles cuites du Crambé ^ on les met égoutter dans
une passoire, et on les accommode au maigre ou au gras à la
manière des Choux-fleurs. Pour ce qui est de l'eau de cuisson,
qui est devenue toute violette, elle n'est bonne à rien si ce
n'est à arroser les composts. On a dit que le Crambé participait,
pour le goût, du Chou-fleur et de l'Asperge. La véritdest qu'il
a une odeur d'Asperges qu'on ne saurait contester, mais rien
de plus, rien de moins. Il a une saveur propre qui ne ressemble
— 28B -
à celle d'aucun autre légume, et qui n'en constitue pas moins
un mets très-appétissant, avec l'avantage précieux d'arriver
sur les tables une dizaine de jours au moins avant les Asperges
de pleine terre. »
F. AsTiÉ.
(Ann. Soc. d'Hort. Haute-Garonne.)
POTIRON TENDRE DE BUÉNOS-AYRES,
[Rapallito tierno.)
M. le ministre de la République Argentine a fait connaître
à la Société d'acclimatation une variété de Potiron qui
provient de Buénos-Ayres où il est connu sous le nom de
Rapallito tierno, et qu'il cultive avec succès depuis plusieurs
années à Brunoy, pri^s Paris.
Ce Potiçon ne trace pas comme les autres variétés. On le
mange quand il a atteint le volume d'une grosse Pomme de
reinette, soit en salade, cuit, coupé en tranches et môle à
des haricots verts, après avoir pris soin d'enlever les plus fortes
graines qui se rencontrent à l'intérieur; soit aussi farci
comme les Aubergines ; soit encore cuit dans le pot au feu
comme des Carottes ou des Panais.
Ce Potiron est farineux et plus sucré que le Potiron ordi-
naire de France ; cueilli avant la parfaite maturité, il se con-
serve jusqu'en mars.
La culture est celle du Melon en pleine ^erre. C'est-à-dire
qu'on le sème en pots et sur couche à la même époque que
les Melons. Dans les premiers jours du mois de mai on le met
en place. A cet effet on creuse à l"" 30 de distance des trous
carrés qu'on remplit de fumier et sur lesquels on élève un fort
cône de terre mélangée de terreau. On plante le jeune pied de
Rapallito au sommet de la butte, et on recouvre d'une cloche
— 28-1 —
que l'on maintient jusqu'au moment où les gelées ne sont
plus à craindre ; plus tard, en avançant dans la belle saison,
on peut semer en place. Cette variété aime beaucoup l'eau ;
il faut l'arroser fréquemment. Par mesure de sûreté, pour
conserver la variété dans toute sa pureté, i! sera bon de la
planter éloignée des autres variétés de cucurbitacées.
M. le ministre de la République Argentine l'a recommandée
tout particulièrement à la Société d'acclimatation.
L. GORDIER.
I i;i III» ■—
LES PELARGONIUM ZONALE A FLEURS DOUBLES.
Leur valeur décorative ; abus de nouvelles variétés.
Dans un article inséré dans le Bulletin de la Société d'Horti-
culture de la Dordogne (1870, p. 13), et relatif à l'emploi
des fleurs dans les jardins, M. Batise, après avoir parlé des Pe-
largonium zonale à fleurs simples et de ceux à feuilles pana-
chées, ajoute : ce Nous ne parlerons que pour mémoire des
variétés à fleurs doubles : la plupart de celles qu'on possède
sont trop peu florifères, trop vigoureuses ou d'une végétation
trop irrégulière pour être employées comme les autres. C'est
un type, qui probablement a de l'avenir, mais qui a besoin
d'être travaillé, comme disent les horticulteurs. »
Nous avons tout d'abord pleinement partagé sur ce point
la manière de voir de M. Batise. L'année dernière, nous avions
formé une corbeille de Pelargonium zonale à fleurs doubles
dans un terrain riche et frais. Leur végétation avait été exu-
bérante, car les feuilles fort épaisses atteignaient 0'" 20 de dia-
mètre. Quanta la floraison, elle avait été insigniflante. Cette
année, un nouvel essai nous a donné de meilleurs résultats :
nos 120 pieds pris parmi les 7 ou 8 variétés ayant paru les
premières dans le commerce, mis dans un nouveau terrain plus
__ 285 —
sec que le précédent et à une exposition différente, ont abon-
damment fleuri et sans interruption. Nous avons eu toutefois
l'occasion de remarquer que dans la plate-bande oii étaient
placés ces divers pieds, les fleurs étaient plus nombreuses aux
extrémités que dans la partie centrale, et cela, abstraction faite
soit des variétés, soit de la force des sujets. Cette circonstance
s'explique pour nous par cette considération que, des deux
bouts de la plate-bande, l'un se trouvait assez rapproché d'un
grand arbre, et l'autre de nombreuses 'plantes ligneuses grim-
pantes, d'une végétation vigoureuse. Ce voisinage, gênant
pour beaucoup de plantes, a suffi pour modérer l'emportement
des Pelargonium zonale à fleurs doubles, les a amenés ainsi à
donner de nombreuses fleurs . mais n'a pas cependant trop
arrêté leur développement.
Si les conséquences que nous déduisons des faits que nous
avons eu occasion d'observer sont vraies, il-suffirait^ pour ob-
tenir des variétés de Pelargonium zonale à fleurs pleines, une
floraison abondante, de les cultiver dans un sol d'une richesse
moyenne, de manière à arrêter un peu leur vigueur.
Ailleurs que dans notre jardin, au square de la place Belle-
cour, à Lyon, nous avons eu occasion de voir, cette année, un
massif de Pelargonium zonale à fleurs doubles, d'une floraison
très-brillante. Il nous paraît donc que d'ores et déjà on peut
ranger ces variétés parmi les bonnes plantes d'ornement. En
attendant qu'elles donnent des ombelles un peu moins abon-
dantes que dans les variétés à fleurs simples, ce léger désavan-
tage est bien compensé par la force, la bonne tenue, la belle
forme hémisphérique de ces ombelles, et par la persistance
des fleurs.
En rendant compte de l'Kxposilioii qui a eu lieu à Paris, au
mois de mai dernier, M. F. Herincq s'élève avec raison, à l'é-
gard des Pelargonium zonale à fleurs doubles, contre la mul-
tiplicité fictive des variétés présentées qui, dill'érentes par les
— 286 —
noms, ne se distinguent guère soit de celles déjà connues^ soit
entre elles, pnr aucun caractère particulier. (Hort. franc. 1870,
p. 1 72.) Le jury, lors de notre dernière Exposition, a pu faire
une remarque semblable ; on y voyait, en effet, beaucoup de
plantes presque identiques, qui, à ne consulter que les noms, .
devaient former autant de variétés distinctes et nouvelles. Il y
a là un abus que nous avons eu souvent l'occasion de signaler
et dont les amateurs et les maisons d'Horticulture de second
ordre sont trop souvent victimes. L'on peut bien admettre
jusqu'à un certain point la bonne foi et l'illusion complaisante
de quelques amateurs engoués de leurs obtentions ; mais les
grands établissements, non moins que les Sociétés d'Horticul-
ture, devraient se montrer un peu plus réservés, lorsque les
uns mettent au commerce, ou que les autres patronnent
des variétés prétendues inédiles; leur contrôle devrait être
plus sévère. Nous souhaitons qu'il se rencontre des horticul-
teurs assez consciencieux pour faire une étude attentive des
Pelargonium zonale à fleurs doubles, mises au commerce, de
manière à n'admettre dans les collections que des variétés
tranchées et d'un niérite réel.
Pour nouS;, nous croyons devoir entrer dans celte voie en
signalant ici le peu de valeur de la variété Mme Rose Char-
ineuœ, dérivée, comme on sait, du Tom-Pouce à fleurs simples.
Elle a, en effet, le même défaut que cette dernière variété.
Elle ne peut soutenir l'ardeur de notre soleil ; à peine écloses,
ses fleurs noircissent et se fanent; elles sont d'ailleurs peu
abondantes. C'est donc, du moins pour notre région, une va-
riété à écarter des collections.
F. "ASTIER,
(De la Soc. d'Hoit. de Haute-Garonne.)
— 287 —
MOYEN DE COiNSERVER LES POMMES DE TERRE.
Les Pommes de terre arrachées de trop bonne heure, c'est-à-
dire avant leur complète maturité, ne se conservent pas ; elles
brunissent, noircissent et pourrissent bientôt. Pour les con-
server, on les saupoudre fortement de poussière de charbon ou
de charbonnette (braise de fours à pain ou à chaux), et on les
remue souvent, afin de changer la direction de la scve qui se
porte dans les yeux et de retarder la germination. On obtient
encore de bons résultats en les conservant au milieu de la terre
fortement mélangée de plâtre, de chaux, de cendres de bois
ou même de houille. Il Tant prendre ces [jrécautions le plus
tôt possible après lès avoir arrachées. Avec ces mêmes précau-
tions, elles se conserveront parfaitement, sans être remuées,
dans des trous de un à deux mètres de profondeur (les plus
profonds seront les meilleurs), creusés dans le sol et qu'on
aura recouverts de terre fortement tassée. Il faut au moins
50 centimètres de terre au-dessus de la dernière couche de
Pommes de terre, qui devra se trouver au moins à cette pro*
fondeur au-dessous de la surface du sol. Pour empêcher les
Pommes de terre de verdir et de prendre un goût acre (fui les
rend insalubres, il faut avoir bien soin de les priver entière-
ment de l'action du jour.
Les Pommes de terre qui ont verdi au jour sont, au con-
traire, les meilleures de toutes pour semence (i).
Victor Ghatel. •
(1) Les revendeurs de Paris emploient un procédé Irès-efficace de conser-
vation des Pommes de terre. Ils passent les tubercules au four, après la cuisson
du pain et les y laissent pendant quelques minutes ; cela suffit pour llétrir
les Pommes de terre, dont la peau se ride, et pour faire périr leurs yeux
qui ne peuvent plus se développer. En portant du four, les tubercules sont
portés dans la cave, oii ils ne tardent pas à reprendre Ibumiditc qu'ils ont
perdue. Ce procédé ne peut être employé, naturellemenl, que pour les Pommes
de terre destinées à l'alimentation.
— 288 —
Travaox eu mm d'août
Potager. Les chaleurs du mois d'août nécessitent de copieux arrosemcnts aux
Choux-Fleurs, Choux, Cardons, Céleri, etc. ; les Concombres, Cornichons, veu-
lent aussi des bassinages nombreux. — A mesure que les Artichauts cessent
de produire, il faut couper immédiatement les tiges au niveau du sol, en fai-
sant attention de ne pas endommager les œilletons qui commencent à se déve-
lopper. — Toutes les Laitues doivent être l'objet d'une attention soutenue de
la part du jardinier; il faut lier les Laitues et les Scaroles, empailler les Car-
dons ^ et Céleri pour les faire blanchir selon le besoin de la consommation;
semer de la Romaine d'hiver, de la Laitue de la Passion, qu'on replante sur
rolière. On peut encore à bonne exposition, semer dans les premiers jours du
mois, des Haricots pour récolter en vert, pour les conserves d'hiver; mais alors
le terreau etles arroscments ne doivent pas manquer, on sème aussi, Radis roses^
Oignon blanc, Poireau, Salsifis, Scorzonères, Épinards, Cerfeuil, Navet^ Mâches,
Carottes, Choux-Fleurs, Choux de Milan, Pommiers hâtifs. Si on veut avoir du
plant de Fraisier Qualre-Saisons, il faut, dès les premiers jours du mois, laisser
les coulants se développer librement, on les paille un peu pour faciliter rémis-
sion des racines. On veillera enfin à abattre, avec le dos d'un râteau, toutes les
tiges d'Oignons qui seraient restées debout, pour que la sève se concentre dans
l'Oignon et en augmente le volume.
Jardin fruitier . Palisser, ébourgeonner, pincer, sont les principaux travaux
à opérer; on doit avoir soin aussi de découvrir les fruits qui approchent de la
maturité, et profiler de cette opération pour visiter les branches malades, soit par
la gomme, le chancre, etc. — On commence la greffe à oeil dormant, à .mesure
que le bois sur lequel on veut pratiquer est parfaitement aoûté.
Jardin d'agrément . Les travaux de ce mois sont à peu près les mêmes pour
l'entreUcn. On commence à greffer les Rosiers en écussonà œil dormant; on sèvre
les OEillets qu'on aurait marcotté le mois précédent, et on les plante dans des
pots ou en pleine terre. 11 faut s'empresser de lever et mettre en place les plantes
annuelles d'automne repiquées en pépinière, telles que Reine-Marguerite ,
Bà'samine et Rose d'Inde, etc. On sème des Quarantaines pour les repi-
quer en pots et qu'on abrite pendant l'hiver, des Giroflées grosse espèce, Calcéc-
laires. Cinéraires, Pensées, Pelargonium, Pivoines, Renoncules, etc.
Serre. Comme au mois de juillet.
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DES AMATEORS ET DES PRINCIPAUX HORTICDLTEDRS DE FRANCE
sous LA DIRECTION DE
M. F. HERINCQ,
EÉUACTEUR EN CHEF.
ATTACHB 10 HDSEDM d'uISTOIHE ^ATDIIELLe Ui PA&IS,
Collaborateur du ilunuel Je$ l'tamei, des flgures du Bon Janllnitt,
Ex-Bédacteur principal de la S;MU Wiionicuiiure Je la Stine ,
Membre honoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture, etc.
l/HorticulteurFrauçais parait le i> de chaque moi:{, par livniisou de 52 payes de telle
grand iii-8, et d'uue plauche grafée et coloriée avec le plus grand soin.
! Paris 10 fr. par an.
Départements. 11 fr. —
. Étranger ... 15 fr. —
Toutes les demandes irabonnement devront être aocoiupugii''cs d'un lion du montant de l'abuane-
ment sur la poste ou sur une maison de Paris, et au uom de iM. E. DONNAUD, rue Cassette, 9.
Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon
sur la ijoste ou sur une malsonde l'aris, sont avertis ijue nous leur ferons présenter une quit-
tance de DOUZE francs. Cette augmentation de UN franc sert à payer les frais de négociation de
la Iraito qui leur est adressée.
■"»"|> uSiQiiaii ii(ii n«
PARIS
MBRAIRIE DE E. DONNAUD. ÉDITEUR
RUE CASSETTE. 9.
1870-4871
Witf. lex Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau dujournaUrue Cat-
ielte, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues pmrus dens te
mois et dont nous avons reçu un exemplaire.
CULTURE SPÉCIALE DE ROSIERS
de JOJ^epIl J§Cii^WART2;3 horticulteur
43 , rue du Repos , 45 , à la Guillotière ( LYON )
M. GUILLOT père, horticulteur rosiériste, 43, rue du Repos, à Lyon, se décide, après tant d'années
de fatigues et de travail opiniâtre, pendant lesquelles il nous a livré de si bonnes et belles roses, à prendre
un peu de repos, si bien gagné. Il a cédé son bel établissement à M. Joseph SCHWARTZ, qui, depuis
déjà six ans, dirigeait rétablissement ; c'est donc à lui que les clients de M. GUILLOT père doivent
adresser leurs commandes. Cette année, M. SCHWARTZ met au commerce six variétés nouvelles de
roses ; André Durand, André Ri^otard, M""^ Cieorges Scbwartz, prince Stirbey, Virgile'
hybride remoniante, et Vaucanson, hybride de noisette.
SÉCATEURS ~
de ^iusiuve €)&UVMil3lIM9 à iW&geut (Haute-Marne)
M. Gustave COUVREUR, de Nogent (Hante-Marne), fabrique un excellent Sécateur doat le fer
et l'acier employés sont d'une qualit'^ irréprochable; les manches sont recouverts en buis, ce qui fatigue
moins le main et donne à l'ouvrier une plus grande force. Ce Sécaienr ne craint pas d'ailleurs de subir
les plus dures épreuves ; on peut prendre un gros morceau d'épine sec , et, malgré toute la résistance
offerte, ce morceau de bois sera facilement coupé, sans que les James du Sécateur soient détériorées.
Le prix du Sécateur, garni démanches en buis cl garanti par le fabricant, est des plus restreint.
On l'envoie franco à qui en fait la demande à M. Gustave COUVREUR.,à Nogent (Haute-Marne), contre
un bon sur la poste ou des timbres-poste: 3 fr., S fr, 30 c, 3 fr. 95 et 4 fr. 95 c, selon les di-
mensions : 47 centimètres, 19 4/2, 22 et 25 centimètres.
FRAISIERS, FRAMBOISIERS, GROSEILLIERS
ET GLAYEULS
WILLIAM GLOËDE, successeur de F. GLOEDE, son père
Collection de 100 Fraisiers (10 variétés) à 10 et 20 francs contre mandai de poste.
En vente : Les bonnes Fraises, 5 francs.
Prière debien s'adresser, pour éviter toil rclard : ■WILLIAM GLOÉDE, horticultei;r, rue de rHôtel-Dieu, 11° 3,
à Beauvais (Oise).
SON HISTOIRE, SA CULTURE
Suivi d'une monographie des espèces et des variétés principales
Par E. GHATÉ fils, horticulteur.
Un Tolnme in- f 6 colombier. — ÎPrix : brocls»* , fi fr, ftrt
CULTURE DES PLANTES AQUATIQUES
Par M. D. HÉLYE
Cbef de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris
Un joli volume iu-:->.2 colombier, orné de gravures. — Prix : 1 fr. 50.
CULTURE DE L'ASPERGE
PAR T. LENORMAND, HORTICULTEUR
Un volume in-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan.
Prix : 1 fr. 85.
SOMMAIIIK DU IVIJMERO D'OCTOBRE.
l''. Herincq. Chronique. — F. Herincq. M. Joigneaux et ses Maraîchers; rt'-
ponsc à un arlicle du Siccle. — 0. Lescuyer. Arnebia longiflora (IM. X). —
EuG. DE Martragny. Lcs Althsea, en forme de rosiers Liges. — Ern. Broux. Multi-
plication de la Centaurea candidissima. — .Iulks .Iarlot. Le Phalaris
arundinacea picta , et les Pelargonium zonale à feuilles iianachées.
— L. CoRDiER. Salsifis nouveau. — S. C. La Greffe d'hiver. — Demahis. Ma-
ladie de la Vigne par le PlujUoxeru. — Ern. Bonard. Revue des Journaux étran-
gers : Plantes nouvelles ou rares. — X Travaux du mois de Novembre.
CHRONIQUE
Le conseil municipal de Versailles et l'Horlicullure. Le fleuriste de la ville
de Paris et l'école des ponts et chaussées-, balayeurs et jardiniers. La dis-
location du marché du quai aux Fleurs à Paris -, une question à cet effet.
Le cryptogamiiisme et le parasitisme : maladie de la Pomme de terre, el de
la Vigne : le Phylloxéra elles agriculteurs; résultat d'une souscription dans
le Midi, pour la destruction des Phylloxères. Circulaire du ministre de l'agri-
culture au sujet de cet insecte. — Nécrologie : Lierval, Rendaller, Séné-
clauze, Billiard, Lemaire, Lecoq,
Dans son rapport sur rinstruction publique, le conseil mu-
nicipal de Versailles émet im vœu qui nous intéresse ; celui de
la création d'un cours d'horticulture à l'usage des enfants de
écoles : (( Votre commission, dit le rapporteur, comme celles
qui l'ont précédée, exprime encore une fois le vœu que la So-
ciété d'Horticulture organise des cours utiles aux enfants de
nos écoles. Nous répéterons ici ce que nous avons déjà eu
l'occasion de dire ailleurs : Il est bien singulier que Versailles,
dont la seule industrie spéciale est la culture des fleurs, n'ait
pas de cours régulier d'horticulture . Des écoles de ce genre
existent dans des pays voisins; elles y sont florissantes et for-
ment des élèves distingués que l'on recherche et que Ton paye
souvent très-cher. Nos chefs d'exploitation horticole se plai-
gnent de ne trouver que très-difîicilement des contre-maîtres
instruits, capables d'agir avec méthode, comprenant bien ce
Octobre 1870, p ni en oclobre 1871 . 19
— 290 —
qu'ils font, parce qu'ils ont reçu des notiojis exactes de bota-
nique et de sciences naturelles. Versailles semble être une des
villes qui présentent les meilleures conditions pour un pareil
enseignement. Il est regrettable que la Société d'Horticulture
ne se rende pas aux vœux exprimés souvent par le conseil
municipal, qui ne lui refuserait pas une subvention, si elle
était nécessaire. 11 y a là place pour une création qui hono-
rerait notre ville, et qui en même temps lui serait fort profi-
table. ))
Le conseil municipal de Versailles est bien bon de s'inté-
resser à notre pauvre horticulture ; il serait à désirer que celui
de Paris en fit autant ; car iious avons aussi maintenant un
conseil municipal à Paris, dans lequel même il y a trois ou
quatre médecins. — L'horticulture parisienne a grand be-
soin, en effet, non pas de médecins aliénistes, mais qu'on
s'occupe un peu d'elle. Nous avions espéré, un instant,
qu'une école naîtrait du fleuriste delà Muette, et du jardin
fruitier du bois de Vincennes; il nous avait semblé voir là
es premières ébauches de cette institution depuis si longtemps
réclamée ; mais c'était une illusion d'optique ; le jardin de la
Muette est en train de se transformer en succursale de l'école
des ponts et chaussées. On vient de nommer directeur de ce
jardin un ingénieur qui, évidemment, est un homme intelli-
gent et qui l'a prouvé en prenant possession de son poste. Il
a fait, aussitôt, de tous les jardiniers chefs de sections, des
inspecteurs du balayage des places et promenades pubhques
de Paris, et les anciens inspecteurs du balayage, qui sont un
peu ingénieurs, ont pris la place des multiplicateurs chefs
susdits. Très-prochainement les balayeurs, qui tiennent un
peu aussi aux ponts er, chaussées, quitteront le, balai pour
prendre le râteau au jardin de la Muette, et les jardiniers
de la Muette seront chargés de l'entretien des trottoirs des
rues de Paris. Ainsi le veut M. le grand ingénieur en chef
— 29i —
des promenades publiques; le tout pour la plus grande gloire
de l'horticulture et les intérêts particuliers des amis des
ponts et chaussées. République ou Empire, c'est, comme on
voit, toujours la même chose : les fauteuils et les trônes pour-
ront changer par suite de vétusté, mais les hommes ne chan-
geront jamais.
Cette intronisation des ingénieurs dans le jardinage muni-
cipal de Paris amènera peut-être, après tout, une amélioration
bien désirable de l'emplacement du marché dit du quai aux
Fleurs. Ce pauvre marché est tout disloqué depuis le gouver-
nement des grands hommes de la Commune. L'emplacement
Lobau est occupé, depuis l'incendie de rhôtel de ville, par les
décombres du palais municipal, et les marchandes qui s'y te-
naient sont reléguées actuellement sur le Pont-au- Change, à
un kilomètre de l'autre portion du marché Lobau qui continue
de tenir sur le quai, en face de l'hôtel de ville ; le hasard seul
les fait découvrir. Est-ce que MM. les ingénieurs chargés des
intérêts du commerce horticole de la capitale ne pourraient
pas livrer, à ces marchandes, l'ancien emplacement du quai
aux Fleurs, situé entre le tribunal du commerce, la caserne-
préfecture et le nouvel Hôtel-Dieu? Il n'y a que quelques
tombereaux de pierres à macadam a enlever ; ce ne serait pas
une grande dépense. Si M. l'ingénieur en chef de l'horticul-
ture parisienne connaissait la situation du commerce des
plantes, il n'est pas douteux qu'il s'empresserait de rélabhr
ce marché où il était autrefois; mais il est probable que l'in-
génieur horticole en chef de Paris s'occupe autant de l'horti-
culture parisienne que M. le colonel du génie auxiliaire s'est^
occupé des travaux de défenses militaires exécutés par sa
légion pendant le siège. Quoi qu'on fasse, Képublique ou
Empire^ on rencontrera toujours aussi abondamment, sur le
bord des eaux crouTrissantes, cette fameuse, esfiècé .^rampante
que Linné a nommée Ciimularius sinecuristis,.Qt qu il signale
— 292 —
dit-on, dans sa philosophie scientifique, comme une pre-
mière transformation d'un effrayant cryptogame parasite,
qu'Ovide décrit, paraît-il, dans ses Métamorphoses, sous le
nom de Gangrœna socialis, qui porte la mort dans tous les
corps organisés chez lesquels il s'introduit. Rien ne peut dé-
truire cette espèce maudite ; il est impossible de trouver, dails
les corps qui en sont infestés, des parties assez saines à Taide
desquelles on pourrait essayer son extirpation.
C'est comme pour le Botritys infestans de la Pomme de
terre; les tubercules les plus sains employés à la régénéra-
tion de la plante de Parmentier en sont tout aussi facilement
atteints.
L'action du cryptogamitisme et du parasitisme est d'une
puissance qui défie toutes les forces humaines.
Aussi, ce Botrytis, qui cause la maladie de la Pomme de
terre^ continue-t-il à vivre nonchalamment sur ses tubercules,
sans plus se soucier de tous les moyens proposés et appliqués
Dour le détruire. Cette année encore, il exerce ses ravages
d'une manière désespérante ; il semblerait que l'odeur prus-
sienne favorise son développement.
De même du petit puceron parasite Phylloxéra vastatrix
qui s'attaque à la racine de la Vigne, et nous menace d'une
'pépie universelle; il résiste aussi à tous les moyens d'action
employés contre lui. Il est vrai que pour le Phylloxéra,
comme pour le Gangrœna socialis, nous rencontrons la même
apathie^ la même indifférence chez les individus intéressés à
leur destruction. La Société d'agriculture de l'Hérault avait
ouvert une souscription pour l'organisation d'études et d'ex-
périences relatives à la nouvelle maladie de l'arbuste dont le
produit est si fort apprécié des descendants de Noé. Eh bien !
cette souscription a fourni une somme si modique, que le
D' Cazalis ne peut retenir un profond soupir.
« Que faire, dit-il, dans une de ses chroniques du Messager
— 293 —
agricole du Midi, avec d'aussi modiques ressources? Nous
avons déjà dit que, pour préserver un pays des horribles ra-
vages causés par le Phylloxéra, il faut détruire de suite toutes
les souches où le puceron commence à se montrer. Par mal-
heur, les propriétaires ne veulent consentir à arracher les
souches atteintes que si on leur accorde de larges indem-
nités. — Nous avons fait arracher les souches malades à Lan-
sargues ; mais, tout près de la Vigne où cette opération a été
faite, se trouvent encore huit à dix souches puceronnées que
le propriétaire n'a voulu à aucun prix laisser arracher. En
prenant cette résolution que nous ne nous permettrons pas de
qualifier comme elle le mériterait, dit iM. Cazalis, ce proprié-
taire assume une responsabihté terrible. ))
Il s'en moque pas mal cet honnête propriétaire. N'avons-
nous pas vu, pendant la guerre, des hommes refuser du pain
aux soldats français et courir le porter aux soldats de Guil-
laume pour garantir leur foyer, sans se soucier de la ruine
du reste de la France à laquelle ils concouraient en agissant
ainsi? Gangrœna socialis, partout et toujours.
Le danger est tellement menaçant que le ministre de Tagri-
culture s'est détourné un instant des occupations pohtiques
dans lesquelles tout le monde est absorbé, pour s'occuper de
cet ennemi microscopique dont l'invasion en France peut
causer des dégâts aussi terribles que l'invasion des armées
prussiennes. Voici, en effet, la circulaire qu'il a adressée der^
nièrement aux préfets :
« Monsieur le préfet, depuis quelques années une nouvelle maladie
sévit avec violence sur une assez grande étendue de vignobles. La
rapidité avec laquelle elle se propage ne permet pas de négliger aucun
des moyens propres h en prévenir ou à en atténuer les funestes effets.
Une commission centrale, composés dépavants et de praticiens expéri-
mentes, a été instituée près de mou ministère avec la mission de re-
chercher l'origine du fléau, ainsi que les mesures à prendre pour en
circonscrire les ravases.
^ 294 ...
» Cette commission, dans les diverses séances qu'elle a tenues au
ministère de l'agriculture et du commerce, a été unanime à recon-
naître que la cause du mal est bien le puceron, dit Philloo-era vmtatrix,
dont l'existence a été constatée sur les racines de !a Vigne. En présence
de ce fa^.t, qui paraît acquis à la science, cette commission a émis
l'avis qu'il y avait certaines précautions à prendre par les propriétaires
de vignobles infestés. Elle a exprimé le désir que cet avis lut porté à la
connaissan33 des intéressés, à titre de conseil.
» J'ai doiiG Fhonneur, Monsieur le préfet, de vous prier de donner
à la présente circulaire toute la publicité désirable, en faisant observer
aux populations qu'il s'agit ici, à la fois, de leur intérêt particulier et
de l'"intér3t public.
M La commission conseille aux viticulteurs d'arracher scrupuleusement
tout plant de Viguidout les racines sont attaquées par le puceron,
de remuer profondément ie sol pour mettre à découvert toutes les ra-
cines et de brûler sur place le cep et les racines, en ajoutant les brous-
' sailles nécessaires pour soumettre la terre infestée de pucerons à un
fort écobuage.
» Dans le cas où l'insecte attaque les feuilles, il y développe des
galles placées à leur face intérieure, véritables nids, pleins d'œufs et
d'insectes destinés à se répandre sur les racines. Pour arrêter leur pro-
pagation, il est indispensable d'enlever avec le plus grand soin toutes
les feuilles attaquées.
« La notice, publiée par la commission centrale et dont je vous
transm.ettrai plusieurs exemplaires, en vous priant de les distribuer aux
principaux viticulteurs de votre département, mettra les intéressés à
même de reconnaître le caractère de la maladie et de distinguer les
feuilles atteintes. »
En attendant cette notice, nous publions, dans ce numéro, un
résumé des travaux de MM. Planchon et Lichtenstein auquel
nous renvoyons ceux qui veulent s'éclairer sur cette ciuestion.
De la maladie à la mort la transition est tellement natu-
relle que le plus souvent on passe de l'une à l'autre sans le
vouloir .
C'est, hélas ! ce qui est arrivé à plusieurs de nos confrères
durant la période de silence que nous a imposée l'invasion
prussienne.
Nous avons, en effet, à enregistrer la mort de MM. Lierval,
— 295 -
nendatler, Sénéclanze Billiard, Lemaire et Lecoq, nos conci-
toyens, qui tons ont rendu des services sérieux à l'horticul-
tiu'e.
La nécessité de reproduire, àanç^ Y Horticidieur français, use
lettre que le SiMe, dans son amour de la vérité (l),na pas
cru devoir reproduire, en réponse à un article puBlié dans son
numéro du 19 septembre dernier, nous oblige à remettra au
prochain numéro les quelques mots que nous avons consacrés
à nos regrettés confrères. F. Heringq,
M. JOIGNl^AUX ET SES MARAICHERS,
Le journal le S/èc/p vient de prendre en mains la défense des
maraîchers de Paris, que nous avons blâmés au sujet de leur
conduite anti-fraternelle et peu patriotique perdant le siège.
Très-partisan de la Ubre discussion, el afin de m-^ttre nos
lecteurs en mesure d'apprécier !a valeur des arguments, et de
décider ensuite, entre les deux parties, de quel côté est la vé-
rité, je comuience par reproduire, de l'article du Siecle,lf^,R pas-
sages les plus saillants qui ont la prétention de justifier ce que
nous avons blâmé j je ne comprends la liberté de la presse que
dans ces conditions. Le Siècle la comprend autrement ; car il est
encore à insérer la lettre justificative que je lui ai adressée,
tout fraternellement le 2 de ce mois.
Voici ce que dit ce journal dans son numéro du 1 7 septembre
dernier :
(c Nous avons eu et nous avons l'abondance (en parlant lé-
5) gumes), parce que, sans aucun doute, les jardiniers ont fait
(I) On lit dans le Petit Moniteur du 12 courant: « Le 4* conseil de guerre
vient de juger l'affaire du journal le Sidrle, inculpé de compte rendu de mau-
vaise foi. Le gérant a été condamné à 4,000 fr. d'amende, à la minorité de
faveur de trois voix; lès quatre autres s'étant prononcées pour une peine plus
forte.
— 296 —
» du plant en quantité. Il faut les en féliciter ; cependant il se
» rencontre un esprit chagrin -r- (on a oublié mon fiel) — qui
)) les en blâme et leur reproche toutes sortes d'énormités qui
y sont autant de mensonges.
y> Les maraîchers de Paris n'ont rien promis qu'ils n'aient
)) tenu. Ils ont mis en culture environ 14 hectares de terrain
y> improductif (1)^ et n'ont jamais pris, vis-à-vis dupubliCjl'en-
ji) gagement de fabriquer en quelques semaines ce qui deman-
:i) daii plusieurs mois. Ils se sont engagés tout simplement :
y> 1° à repiquer tout ce qu'ils pourraient sauver de plants dans
)) la banlieue ; 2" à faire de la verdure ; S*" à multiplier les
)) semis, pour faire face aux besoins qui se produiraient après
)) le siège. Et c'est ce qui a lieu.
i> Jamais entreprise ne fut plus à découvert que celle-ci ;
)) une commission de plusieurs membres de la Société cen-
3> traie d'horticulture les a visités à deux ou trois reprises, et
i> en a témoigné hautement sa satisfaction, non-seulemenfc en
)) présence du ministre, mais encore dans le journal de la
)) Société En ce temps-là, il y aurait eu quelque mérite à
3> critiquer ou à produire des observations Où donc alors
3) était M. Herincq, notre critique d'aujourd'hui? Pourquoi ne
3) parlait-il pa^? ou s'il parlait, pourquoi joignait-il ses éloges
)) à ceux de tout le monde, et nous envoyait-il ses regrets
)) d'avoir eu, sous l'Empire, de mauvais procédés à notre en-
)) droit? C'est cjue la période du 4 septembre était encore en
3) faveur. A présent, que la réaction a trouvé sa voie, il lui
5> emboîte le pas. M. Herincq suit les courants, il ne les re-
j> monte point.
)) Les chefs maraîchers, les Laizier, les Stainville, etc., ont
» accompli largement leur devoir pendant le siège de Paris;
(1) Sur 200 qui ont été mis à leur disposition: ils n'ont pas abusé! F. H.
— 297 —
)) c'est à leurs efforts et à leurs conseils que nous devons l'a-
3> bondance et le bas prix des légumes dans ces derniers temps.
» Que cela contrarie M. Herincq, c'est possible ; mais je n'y
)) peux rien. i>
Le tout signé P. Joigneaux.
Je m'attendais à une riposte de la part de l'honorable député
de Paris et j'avais blindé mes épaules pour recevoir ce qu'il
appelle pirttoresquement une volée de bois vert, et qu'il admi-
nistre à quiconque contrarie ses vues ou n'approuve pas toutes
ses entreprises.
Ma précaution a été inutile. L'honorable député de Paris
s'est amendé, depuis qu'il est question de demander l'amnistie
pour les hommes qui, après avoir été pardonnes à la suite des
tentatives insurrectionnelles du 31 octobre et du 28 janvier, se
sont empressés de montrer à l'Europe entière qu'ils étaient di-
gnes de la clémence du gouvernement de la défense nationale, en
recommençant le 18 mars dernier, par l'assassinat 'du général
Clément Thomas, et en finissant par celui du commandant
Chaudey, rédacteur du Siècle! M. Joigneaux, en effet, se borne,
cette fois, à me signaler à l'attention des partisans de la Répu-
blique au pétrole, comme un réactionnaire de la pire espèce,
qui voudrait voirie peuple mourir de faim, puisque je suis
contrarié^ dit-il, de voir l'abondance 'et le bon marché des
légumes.
M. Joigneaux n'est peut-être pas tout à fait dans le vrai
quand il attribue aux elTorts des maraîchers de Paris l'abon-
dance et le bon marché des légumes. L'abondance vient de la
province qui avait aussi ses réserves de l'année dernière, et
qu'elfe a écoulées sur Paris aussitôt la circulation rétablie.
C'est aussi l'avis de M. Laizier, un des chefs maraîchers de
M. Joigneaux. Dans la séance de la Société d'horiiculture
du 9 février, au sujet « des prix élevés qu'ont atteints les
légumes que pouvait offrir la saison, y> le procès- verbal porte
— 298 —
ceci : « M. Laizier dit qne les cultivateurs situés au delà des
)) lignes prussiennes ont fait, l'année dernière, une abon-
3) dante récolte de beaux et bons légumes, tels que choux,
^ pommes de terre, carottes, navets, etc., et que si le'jiassage
3) de la ligne occupée par l'ennemi était moins diliicile, que
D le ravitaillement se fît plus facilement enfin, Paris pourrait
ï> recevoir, en quelc[ues jours, une énorme quantité de ces
3) produits divers. »
Ainsi, M. Laizier connaissait ces immenses ressources pour
l'approvisionnement de Paris, aussitôt que les portes seraient
ouvertes, et il se serait amusé h faire du plant, pendant le siège,
pour subvenir aux besoins d'une époque pour laquelle il savait
que Paris recevrait ((f une* énorme quantité )) de .ces légumes
divers ! Pour qui donc M. Joigneaux nous prend-il ? L'idée de
M. Joigneaux et O^ était bien réellement de faire du légume
pour la période du siège, ou, pour être plus dans le vrai, de
faire un peu de bruit dans le public, de faire parler d'eux, et
tout simplement pour les besoins de leur avenir.
M. Joigneaux déclare que toutes mes assertions sont des
énormités mensongères; il appelle en témoignage les commis-"
sions de la Société d'horticulture de Paris, et le journal de
ladite Société, pour affirmer son dire : que les maraîchers ne
s'étaient engagés qu'à faire du pJant.
Notre confrère du Siècle h. été très-mal insjiiré, car partout
les commissions et le journal parlent légumes, et jamais plant.
Voici quelques-uns des témoignages invoqués par l'honorable
député de la Seine.
Le secrétaire général expose que. ....
« Des démarches ont été faites auprès du gouvernement en
j> vue d'obtenir des avantages particuHers pour les horlicul-
5> teurs qui voudraient se livrer à la culture des légumes
)) hàlifs pour Tapprovisionnement de Paris pendant le siège -»
(procès-verbal de la séance du 24 nov.; journ. 1870^ p. 527).
— 299 —
« Monsieur le ministre, La Société d'horticulture s'était déjà
i> préoccupée, par l'entremise de son Comité des cultures
,>) maraîchères et spécialement par les soins du Président de
)) ce Comité, M. Laizier, de la question de la production plus
3) éiendue et plus hâtive de certaines plantes alimentaires. . ... »
ce Sous la direction de M. Laizier,... et de notre confrère,
» M. Joigneaux, délégué à cet effet par le gouvernement, des
» terrains ont été mis à la disposition des cultivateurs ma-
» raîchers ; mais, pour hâter le développement des végé-
1» taux ainsi cultivés et en obtenir prompîement des produits
» utiles, il faudrait des fumiers. » Ceci est extrait de la lettre
du Président de la Société, au ministre de l'agriculture, pour
obtenir des fumiers de cheval. M. Joigneaux trouvera cette
lettre au Journal de cette Société, année 1870, p. 528.
Je pourrais prolonger les citations de ce genre; mais j'espère
que ces deux suffisent pour prouver qu'on parlait de faire du
vrai légume et non du jeune plant.
Je passe à la haute satisfaction exprimée par les commis-
sions. € Plusieurs membres font observer (séance du 23
5) février) que l'on a beaucoup parle des cultures légumières
)> dirigées par les mandataires de l'administration, et qu'on
y> exalte les résultats obtenus ; quant aux nouveaux ter-
» rains (les terrains concédés par l'administration), on a pu y
2) récolter partiellement quelques produits qui ont été vantés
)) comme satisfaisants ; mais la commission, qui est allée vi-
)) siter les cultures maraîchères des faubourgs, n'a pu être
)) mise à même de constater les résultats obtenus sur les nou-
3) veaux emplacements qui y avaient été indiqués. y>
Et le rapporteur de la commission, dans son rapport quelque
peu amphigourique et euqihatique, im.ité du genre italien,
fait connaître pourquoi cette commission n'a pas pu constater
les résultats des cultures de M. Joigneaux :
(T En partie, dit-il, parce que les personnes qui la gui-
— 300 —
» daient (les Laizier ou les Stainville) ont eu de la peine à en
)) indiquer l'emplacement; en partie parce que la nuit est
)) venue arrêter nos observations. )) Ceci est écrit en toutes
lettresau journal invoqué par M. Joigneaux, année 1870^p. 536.
Comment admettre, après cet aveu si sincère du rapporteur,
que la commission a témoigné hautement sa satisfaction à
M. le ministre sur les splendides résultats de l'entreprise Joi-
gneaux, Laizier et consorts ; entreprise tellement à découvert_,
que les hommes chargés de la mener à bonne fin, ont de la
peine à se rappeler l'emplacement des terrains qu'ils cul-
tivent, si ce n'est, toutefois, le soir, quand la nuit, la bien-
veillante nuit, ne permet plus à la commission, qui a témoigné
hautement sa satisfaction, de pousser jusque-là son explora-
tion? C'est sublime de découvert et de sincérités!
J'ai confondu, dit l'honorable député, des légumes de ré-
serve offerts gracieusement aux ministres avec des légumes
nouveaux; le lecteur va juger si j'ai fait confusion. Voici ce
que porte le procès-verbal de la séance de la Société d'horti-
culture du 22 décembre :
<L A propos des résultats déjà obtenus par les jardiniers de
» Paris, M. Laizier dit que, lors de la vente en faveur des
» blessés de notre armée, qui a eu lieu au ministère de l'in-
)) struction pubhque, à l'occasion de la fête de Noël, il a pu
» faire figurer de nombreux lots de légumes dont voici Ténu-
3) mération. i>
Et dans cette énumération figurent : Choux-fleurs, Céleri,
Cardon, Cerfeuil bulbeux. Potiron, Igname de la Chine, Radis
noir^ etc., qui, tous^ demandent un peu plus de ^0 jours pour
acquérir leur maturité ; il est vrai que les minisires et le public
ne sont pas forcés de le savoir.
Si, après l'exposé de ces témoignages, M. Joigneaux, main-
tient que mes assertions sont toujours des énormités menson-
gères, c'est qu'alors les mots qui servent à qualifier les actes
— 301 —
ont changé leur signification, pendant que la période de régé-
nération sociale du 18 mars était en pleine vigueur. Dans ce
cas je ne répudie pas le titre de réactionnaire dont me gratifie
l'honorable député de Paris.
M. Joigneaux demande où j'étais pendant le siège et pour-
quoi je n'ai pas protesté contre ces cultures hétéroclites, à
l'époque où la période du 4 septembre était en faveur.
Ma réponse est très-simple : J'étais où devait se trouver
« toute âme bien née, qui ne compte pas avec le nombre de ses
années 3), quand il s'agit de défendre l'honneur et le sol de
son pays. Et si je n'ai pas critiqué une entreprise aussi à dé-
couvert que la sienne, c'est parce que V Horticulteur français
avait suspendu sa publication, M. Joigneaux le sait très-bien,
et nullement parce que la faveur dont jouissait la période
du i septenlbre me faisait craindre pour ma personne ; car, je
l'avoue bien sincèrement, sans l'habile écrivain du Siècle, j'i-
gnorerais encore qu'il y avait à craindre des citoyens qui ont
proclamé la Répubhque française à Paris, le 4 septembre, sans
mandat régulier des autres citoyens de la France. Je me félicite
alors de mon silence.
M. Joigneaux est étonné de ce que je le critique après lui
avoir envoyé des éloges sous l'Empire.
Triste époque que celle où nous vivons ! Par ce temps de ré-
publicanisme qui court, la franchise est chose tellement rare^
que les républicains mêmes ne la comprennent plus, quand, par
hasard, ils en rencontrent quelques cas. Eh ! mon Dieu, ma con-
duite envers M. Joigneaux est bien simple. En homme qui
n'appartient à aucun parti, et qui, par conséquent, n'a pas de
parti pris, j'adresse au même individu, quel qu'il soit, ami ou
adversaire, des éloges quand il le mérite, et je le blâme quand
ses actes ou ses œuvres sont blâmables. C'est tellement na-
turel que, à mon tour, je suis étonné de l'étonnement de
M. Joigneaux.
-- 302 —
Enfin, l'habile écrivain du Siècle assure que si nous avons
les légumes à bon marché, c'est grâce aux efforls des maraî-
chers de Paris, et particulièrement aux Laizier, aux Slain-
ville, etc.
Cette appréciation iinale manque un peu d'exactitude. Si
les légumes sont à bas prix, ce n'est pas aux efforts patrio-
tiques de nos maraîchers parisiens que nous devons ce résul-
tat, mais bien à la concurrence désolante (!) de la province,
comme l'a si bien dit M. Laizier; car, si nos maraîchers
étaient encore seuls à nous alimenter, ils pourraient bien tou-
jours vendre, comme pendant le siège, au peuple qui ne
touchait que 1 fr. 50 par jour : un Chou 16 fr., une botte
de Carottes 19 fr. ; une botte de Radis roses 2 IV. 25. Je
connais un de ces maraîchers qui a vendu 20 mille plants
de Choux à 1 fr. la pièce. Comment M. Juigneaux veut-il que
les malheureux cultivateurs c|ui ont acheté leurs plants à ce
prix puissent, après 5 ou 6 mois de culture, fournir un beau
Chou pommé que les ménagères payent, sur les marchés, la
modique somme de dix centimes, deux sous !
Si l'abondance et le bas prix des légunies contrarient quel-
qu'un, l'honorable député de Paris peut être assuré que ce
n'est pas l'écrivain qui, au risque de s'attirer bien des haines,
a blâmé les maraîchers que le Siècle défend aujourdjhui, en
ieur reprochant d'avoir profité d'un malheur public, pour
édifier leur fortune sur les ruines de leur pays et sous la protec-
liôn des obus prussiens.
F. Herincq.
ARNEBIA LONGIFLORA (Pl. X).
Le genre Arnebia appartient à la famille des Borraginées,
dans laquelle se trouve la Bourrache, les Cousoudes, le .^lyo-
— 303 —
sotis, elc; il est très-voisin du genre Lithospermwn, et si
voisin, que certains botanistes des deux ne font qu'un, en
réunissant les Arnebia aux Lithos|)ermes 11 est bien certain
que la différence botanique est assez difficile à établir; elle
réside tout simplement dans le stigmate, qui est à deux loijes
dans les Lithospermum, et à quatre lobes dans les Arnebia, Il y
a cependant, dans le faciès, un je ne sais quoi qui fait recon-
naître facilement ces deux genres.
Les plantes du genre Arnebia sont des herbes des régions
orientales de l'Europe : l'Egypte , la Perse, le Caucase , la
Sibérie orientale, sont les berceaux des 8 à 10 espèces connues
jusqu'à ce jour.
V Arnebia longiflora, que nous figurons dans ce numéro, Crst
originaire de l'Arménie; c'est un botaniste voyageur français,
M. Balanza, qui l'a introduit au Jardin des plantes de Paris, où
nous avons admiré ses jolies fleurs jaunes, marquées à la gorge
de la corolle de cinq petits croissants de couleur rouge j)Ourpre
foncé, ayant leurs pointes en dehors, ti est voisin de VAriiebia
cchioicles et, comme lui vivac-e et rustique, peut supporter je
plein air sous notre climat. Les tiges atteignent de 30 à
10 centimètres de hauteur ; elles sont toutes terminées par un
épi en crosse de ces jolies fleurs dont nous avons parlé. Ce
sera une très-bonne plante pour corbeilles ou plates-bandes
d'espèces variées.
0. Lescuyer.
LES ALTH/EA en forme DE ROSIERS TIGES.
Pendant la durée du glorieux Empire, qui nous laisse une pe-
tite cane à payerd''une dizaine de milliards, j'apercevais, dans
le jardin réservé du monarque doni l'incapacité a été, jusqu'à
— 304 —
la fin, méconnue, des sortes de Rosiers admirablement fleuris
dans le courant des mois d'août et septembre, et je regrettais
de ne pouvoir en reconnaître les variétés, qui me paraissaient
incontestablement, franchement remoniantes et dignes d être
signalées aux amateurs de ce beau genre.
Aujourd'hui que ce jardin est ouvert au public^ j'ai été tout
surpris de retrouver des Althœa {Hibiscus syriacus) là où, pen-
dant dix ou quinze ans^ je croyais admirer des Rosiers !
Celte découverte n'a pas été une déception pour moi, bien
au contraire ; je venais de surprendre l'application de la forme
Rosier tige à un arbuste charmant, qui fleurit à une époque
oîiles arbustes et arbrisseaux fleuris sont rares dans les jardins,
et qui, malgré ce précieux avantage, est rarement cultivé.
Ce peu de succès des Althrea en arbre tient, évidemment, au
mode de culture qu'on leur apphque, ou, pour être plus dans
le vrai, à l'absence complète de soins.
On se figure, en effet, que les arbrisseaux et arbustes, à
l'exception du Rosier, n'ont pas besoin d'être taillés; qu'une fois
plantés, on ne leur doit plus rien. Sans doute, ils peuvent se pas-
ser du concours du jardinier ; mais quand une main habile di-
rige l'évolution de leurs ramifications, ils produisent une flo-
raison autrement behe que celle qu'ils donnent quand on les
abandonne à eux-mêmes. Les Althœa sont dans ce cas. Les
sujets non taillés se chargent d'un fouillis de brindilles portant
chacune quelques petites fleurs qui disparaissent sous un
épais feuillage. Mais tout autre est la floraison lorsque
chaque année, au printemps, on taille à l'épaisseur d'un écu
tous les rameaux qui se sont développés l'année précédente
sur les branches principales. Alors de nouvelles pousses
naissent vigoureusement dans le courant de l'été, et à l'ais-
selle de chaque feuille surgissent de belles et larges fleurs
presque aussi grandes que celle des Roses-Trémières, et qui
se succèdent jusqu'en octobre.
— 305 —
Des buissons d'AUhœa ainsi taillés sont des arbrisseaux ad-
mirables ; élevés sur une tige en tête de Rosiers, ce sont des
arbustes ravissants.
Cetteespèce, qui est originaire d'Orient, a les fleurs rouges;
mais la culture en possède plusieurs variétés de couleurs di-
verses, les unes à Heurs simples, les autres à fleurs doubles.
Parmi les variétés à fleurs simples nous citerons : totus albus
à fleurs blanc pur; variegata, fleurs panachées rouge et
blanc ; vioJacea, ou violette; fasiuosa, fleurs roses.
Dans les variétés à fleurs pleines ce sont : alba plena sero-
lina, variété tardive à fleurs doubles blanches; ardens, rouge
vif; carnea, rose chair; cœru/m, pourpre ardoisé; e/e^^anfzs-
sima, panaché de rose et de blanc; rosea, rose; rubra, rouge;
onemonœflora, pourpre; speciosa, très-belle variété à larges
fleurs panachées de rouge et de blanc, etc.
On multiplie toutes ces variétés de greff"e sur racines de l'es-
pèce type, qu'on obtient de graines semées au printemps
dans des terrines remplies de terre de bruyère.
On repique dans des pots pour pouvoir rentrer le jeune
plant eu orangerie pendant les 12 ou 3 premières années ; puis
ou livre à la pleine terre.
Pour obtenir des Althœa en forme de rosier tige^ on dresse
le sujet sur un seul scion, jusqu'à la hauteur de un mètre par
exemple ; là on le taille, puis on pince les bourgeons pour ob-
tenir les sortes de coursons sur lesquels chaque année on ra-
battra la taille. Cette l'orme est vraiment charmante.
Eug. DE Martragny.
Octobre 1871". 20
306 -
MULTIPLICATION DE LA CENTAUREA GANDIDISSIMA.
Lorsque je travaillais au jardin de la Muette, j'ai remarqué
que^ souvent, sur un cent de belles boutures de cette char-
mante plante, il n'y en avait qu'une trentaine, au plus une
quarantaine, qui parvenaient à émettre des À-acines. C/est après
avoir vu cette difficulté de reprise que j'ai essayé plus de
vingt procédés de bouturage, pour voir si je ne parviendrais
pas à un résultat plus complet; à force de chercher, j'ai fini
en effet par trouver le véritable mode de multipHcation de
cette Centaurea, qui joue un si grand rôle dans l'ornementation
des jardins, par son beau feuillage blanc.
L'époque qui me réussit le mieux est du 10 au 20 août. En
coupant de très-bonnes boutures de cette Centaurea, il fau
mettre de côté toutes celles qui sont atteintes d'un peu de
noir, en les coupant, et ne conserver que celles qui sont bien
vertes ou bien portantes. Alors on les prépare, en les coupant
auprès du nœud, comme on fait pour toutes les boutures. Je
dispose aussitôt des coffres à froid, mais en plein soleil, de
manière à avoir une profondeur de 25 centimètres, et je place
des pots de 8 centim. remplis de bonne terre franche bien
tamisée, en les, espaçant de 10 centim. les uns des autres.
Dès que le premier rang de pots est ainsi préparé et placé,
je repique mes boutures, à l'aide d'un petit bâton aiguisé,
une dans chaque pot, et aussitôt je les arrose en évitant de
mouiller les feuilles. Après ce premier rang je dispose le
second, puis le troisième, etc., jusqu'à ce que le coffre en soit
plein î je couvre ensuite avec les panneaux vitrés.
Les jours suivants, aussitôt que le soleil donne sur le châssis,
il faut ombrer légèrement, pour briser les rayons soiaireS;, et
désombrer dès que le soleil ne frappe plus sur les plantes j
~ 307 ~
mais il ne faut pas donner d'air ; ces jeunes boutures doivent
être sans air, et ne doivent pas être tenues trop humides.
Une dizaine de jours après leur mise en pots, ces boutures
ont besoin d'un nettoyage, c'est-à-dire qu'il faut enlever les
feuilles pourries ou qui jaunissent ; on doit faire cette opéra-
tion avec précaution, en se servant d'un couteau bien tran-
chant pour ne pas donner de secousse aux plantes, ni aux pots,
parce que, comme ces boutures sont très-lourdes, en les re-
muant, on pourrait casser les jeunes racines en voie de forma-
tion et qui sont très-tendres.
Aussitôt qu'on s'aperçoit que des boutures ont des racines
à plein pot, on les enlève du châssis ; on les rempote, et on les
traite comme les plantes faites.
C'est en opérant ainsi que je suis arrivé à faire reprendre de
80 à 90boutuxes sur 100. Depuis deux ans que je pratique
ainsi, j'obtiens toujours le même résultat. C'est ce qui m'a
décidé à faire connaître mon moyen à mes confrères, par la
voie de VEorticulteur français.
Ernest Broux,
jardinier à Rosay (Eure).
LE PHALAPJS ARUNDINACEA PIGTA Eï LES PELAR-
GONIUM ZONALE A FEUILLES PANACHÉES.
« Out of evii cornes goocl. »
Décidément le proverbe anglais a encore une fois raison :
Du mal vient le bien. Le siège de Paris, cause de tant d'infor-
tunes et de ruines, nous a valu, par suite des désastres dont
l'horticulture parisienne a été frappée, d'étudier la valeur et
l'emploi de certaines plantes.
Sans ces malheurs, nous aurions comme par le passé, oîi
nous avions tout en abondance, continué la garniture de nos
— 308 —
massifs et de nos corbeilles comme nous avions l'habilude de
le faire, sans nous préoccuper par quelle plante nous pour-
rions remplacer telle autre plante, si celle-ci venait à nous
manquer.
Un de mes amis, grand amateur d'horticulture, habite une
charmante petite maison à Saint-Mandé; c'est une copie fidèle
d'un de ces riants cottages qui font l'ornement du comté de
Surrey. Le jardin est un petit Eden dont les frais gazons rap-
pellent ceux de Sydenham palace et de Kew garden's. Avec
tout cela mon ami n'était pas heureux. L'hiver avait été
rude, le combustible avait manqué, et, de tout ce que renfer-
mait sa petite serre, il ne lui restait que quelques Pelargonium
zonale, Ageratum, Coleus, Galcéolaires. Les Pelargonium zo-
nale à feuilles panachées : flover of the day, Manglesii, Lady
Plymouth, etc., qui, les années précédentes, faisaient l'orne-
ment de ses corbeilles et de ses massifs, avaient tous été vic-
times du siège, et mon ami se désespérait de ne rien trouver
pour combler ce vide. Je l'engageai d'essayer de planter en
place, comme bordures, autour d'un grand massif de Coleus
Verschaffeltii, des Phalaris arundinacea picta ou roseau pa-
naché.
Cette graminée, dont on connaît l'excessive rusticité, re-
prit rapidement, et j'eus le soin, pour la maintenir à une
hauteur de 15 à 20 centimètres, de renouveler le pincement
des chaumes chaque fois que cela était nécessaire.
Un découpage à la bêche, de temps à autre, est aussi de ri-
gueur pour maintenir la bordure dans ses limites.
J'ajouterai que cet essai a complètement donné le résultat
que j"en attendais! Le feuillage de cette plante, qui est rubané
de blanc jaunâtre ou de rose, et ressort extraordinairement bien
sur le vert du gazon , peut défier celui des Pelargonium Man-
glesii, Lady Plymouth et autres variétés à feuillage panaché.
Quoique ce mode d'emploi du Phalaris soit né de la guerre,
— 309 —
je n'en continuerai pas moins, pendant la paix^ à faire de très-
jolies bordures avec cette graminée, et je répéterai, comme à
Albion : Oui oj evil cornes good.
Jules Jarlot.
NOUVEAU SALSIFIS BLANC.
Ce nouveau Salsifis a été présenté à la Société d'Horticulture
de l'Hérault, dans le courant de l'année dernière. AI. Martin
Hivernale, qui le signale dans le Bulletin de cette Société, lui
attribue une racine parfaitement simple, et qui ue rouille pas.
Comparé avec le Salsifis que nous possédons, le nouveau venu
a été reconnu bien supérieur. Semé en même temps, en terre
sèche et en terre humide, il a donné une très-grosse et très-
belle racine, tandis que celui cultivé anciennement a produit,
dans les mêmes terres, une racine très-ordinaire et souvent
rouillée.
Après essai, la Société de l'Hérault a reconnu que les éloges
appliqués au nouveau Salsifis sont bien mérités. Cette plante
a donné, à l'auteur de la note à laquelle nous empruntons ces
détails, M. Rivemale, des racines très-développées en lon-
gueur et en grosseur, non ramifiées, lisses^ fines et d'un goût
très-agréable. Mais contraireuient aux assertions de l'oblen-
teur de cette nouvelle variété, qui prétend qu'une fois la
graine levée on n'a plus qu'à maintenir le terrain dans un
état de propreté, sans arroser, M. Rivemale recommande de
donner de copieux arrosements ; c'est à cette seule condition,
dit-il, qu'on peut obtenir de beaux produits comme ceux qu'il
a obtenus.
L. GORDIER.
-. 310 —
LA GREFFE D'HIVER (i).
Un jardinier du XVP siècle, du nom de Landais et qui a
laissé quelques écrits, avait annoncé que la greffe en fente des
arbres fruitiers pouvait se faire pendant l'hiver avec autant de
chances de succès que dans toute autre saison. La découverte
de Landais passa inaperçue comme beaucoup d'autres et l'on
continua de grefîer au printemps comme par le passé.
En 1859, M. Laure, agriculteur distingué à qui Ton doit un
bon livre sur l'agriculture du Midi de la France, est revenu
sur la greffe d'hiver et a fait connaître les expériences que fit,
à ce sujet, en 1836, un jardinier, M. Flory.
€ Le sieur Flory, dit M. Laure, ayant été appelé en dé-
cembre 1 836 pour tailler un ' fruitier, apporta chez lui
quelques brins d'un poirier dont il désirait se procurer l'espèce,
avec le projet de les enfouir pour les conserver jusqu'à
l'époque des greffes en fente ; mais quand il fut à sa pépinière,
il eut la pensée de les conserver en les enfouissant et en même
temps en les greflant en fente sur cinq sauvageons. Comme ce
n'était là qu'un essai, il n'eut pas une grande foi dans son
opération, surtout lors des fortes gelées du mois de janvier
suivant. En effet, que devait-il attendre de greffes et de sujets
secs et entièrement privées de sève? Aussi, quel ne fut pas son
étonnement et sa satisfaction quand il aperçut, dans le mois
de mars, les yeux de ses cinq greffes commençant à se déve-
lopper, lorsque les yeux de toutes ses autres greffes en fente,
faites dans les premiers jours du mois de mars, n'avaient pas
même encore stossi
P
y> Les résultats de ces greffes d'hiver, dont pas une seule ne
manqua, furent que dans le mois d'octobre suivant, deux sur
cinq purent être transplantées et mises en place et que les
H) Revue agricole de VAreyron,
— 3H —
trois autres prirent bien plus de développement que les greffes
faites en mars. '
» Flory répéta ses greffes d'hiver l'année suivante sur près
de cent sujets dont plusieurs hors de terre. Le succès fut aussi
complet que celui de l'aimée précédente. Ce qu'il y eut de
bon, c'est que les greffes faites au-dessus du sol et non enfon-
cées se développèrent avec autant d'énergie que celles faites à
quelques centimètres de profondeur. »
M. Laurecite plusieurs exemples de greffe d'hiver tous suivis
de succès, et que n'ont pas empêchés les froids les plus rigou-
reux.
D'après ce qui précède, la greffe en fente en hiver, ou plutôt
à la nn de l'automne, permettrait de gagner une année sur la
greffe de printemps, comme le fait aussi la plantation d'au-
tomne.
Mais le moment de la greffe peut être avancé, et il n'est pas
nécessaire d'à (tendre jusqu'au mois de décembre. Dans un des
numéros de la Revue des jardins et des champs, M. Bouillard
rappelle que 1" greffe en fente d'automne peut être employée
avec avantage pour suppléer à la greffe en écusson que la sé-
cheresse n';a pas permis de pratiquer.
« Les premières fraîcheurs du mois de septembre, dit
3) M. Bouillard, seront très-favorables à la reprise des greffes
5) en fente que l'on peui appliquer sur tous les arbres à fruits
i> à pépins, Poiriers, Pommiers, etc.; le Cerisier surtout
D réussit crès-bien à l'automne.
)) Les essences d noyaux telles que Pruniers, Pêchers, Abri-
D cotiers, sont plus rebelles à la reprise, mais réussissent cè-
)) pendant, en ayant soin d'ombrer convenablement les greffes
y> et de choisir le moment où il circule encore assez de sève
:& pour souder le scion avant l'hiver, ce qui peut varier
» suivant le degré de chaleur et l'humidité du sol. »
S. C.
— 312 —
MALADIE DE LA YîGNE PAR LE PHYLLOXERA (1).
MM. Planchon et Lichstentein, à qui nous devons les études
si complètes sur le Phylloxéra vastairix qui cause la nouvelle
maladie de la Vigne dont il est question depuis quelques an-
nées, ont communiqué à l'Académie des sciences le résultat de
leurs observations sur cet insecte.
De ces observations il résulte que la supposition faite par
ces auteurs, de l'identité du Phylloxéra qui vit sur les racines
et de celui qui vit sur les feuilles, oîi il produit des excrois-
sances en forme de galles, cette supposition est aujourd'hui
confirmée.
Les jeunes insectes radicicoles ou gallicoles ne présentent
aucune diflerence. Les mères pondeuses des galles et les
mères aptères des racines étaient, au contraire, assez dissem-
blables de forme et de mœurs. Les premières, isolées au fond
d'une galle, peuvent y pondre jusqu'à 200 œufs. Leur corps,
finement chagriné, ne porte pas de tubercules (il y a cepen-
dant des exceptions, confirmées d'ailleurs par Signoret, et
l'on trouve parfois des formes mal définies, à tubercules plus
ou moins développés). Les secondes, groupées sur les racines,
pondent 30 ou 40 œufs; plus allongées, elles portent, après
leurs mues, 6 rangées de tubercules mousses sur le dos et le
rebord ventral.
Ces différences étstut connues, le polymorphisme des aphi-
dietis et des coccidées n'implique pas une difTérence d'es-
pèce^ mais seulement des formes alternantes ou jjaralleles,
modifiées suivant les conditions de l'existence, rentrant l'une
dans l'autre ou dérivant l'une de l'autre par des voies de filia-
tions inconnues. C'est ce qu'on pouvait conclure des pre-
(1) Voir Chronique.
— 313 —
mières expériences de MM. Planchon et Lichtenstein et de
M. Laliman; mais ces expériences, insuffisantes, ne pouvaient
donner lieu qu'à présomption, aujourd'hui il y a certitude.
Le 12 juillet 1870, MM. Planchon et Lichtenstein ont en-
fermé des Phylloxéra de galles avec des racines fraîches. Les
jeunes sortant des galles par centaines, ne trouvant pas de
feuilles, se sont fixés sur les racines. Au bout de deux jours,
ils formaient des groupes serrés, parmi lesquels on voyait des
femelles adultes portant les tubercules caractéristiques, et tous,
par leurs formes, leurs mœurs, leurs œufs, se confondaient avec
les Phylloxéra des racines.
Voilà donc un fait établi; la forme gallicole ou aérienne
peut devenir la forme radicicole ou souterraine. Maintenant,
comment peut s'opérer, dans la nature, la filiation d'une forme
à l'autre ?
Voici l'hypothèse de MM. Planchon et Lichtenstein; les
Phylloxères ailés sortis de terre à l'état de nymphes, puis pas-
sés à l'état parfait, transportés par les vents, pondent proba-
blement leurs deux ou trois œufs sur les tiges et les feuilles.
Ces œufs donnent des individus aptères qui produisent les pre-
mières galles. Les jeunes sortis de ces galles forment de nou-
velles galles sur les feuilles en voie d'évolution (Signoret, La-
liman). L'évolution des feuilles terminée, en septembre, les
insectes abondent sur les racines, où ils s'établissent seuls ou
en compagnie d'autres qu'ils y trouvent déjà et dont ils re-
vêtent la forme .
Cetfe supposition est plausible, mais l'incertitude est com-
plète sur les filiations qui ramènent l'insecte ailé. Cette forme
rare sur les racines se produit-elle nécessairement chez les
aptères souterrains après un nombre déterminé de générations
agames (par la pathénogénèse) ? ou bien est-elle due seulement
à certaines conditions dénutrition ou autres circonstances par-
ticulières? adhuc subjudice lis est (l'aJïaire est encore à juger).
=- 314 —
A la siiilo de cette communication, M. Milne-Edwards a fait
remarquer que les galles ouvertes ne sont pas toujours aban-
données. Il a trouvé dans la cavité de ces galles de jeunes Phyl-
loxères en nombre considérable et de taille microscopique.
Les vignerons ne doivent donc pas considérer comme inof-
fensives les feuilles qui portent des galles ouvertes, mais au
contraire les récolter et les brûler avec soin. Cette opération,
pratiquée en grand, devrait sans aucun doute détruire, et à
peu de frais, une grande quantiié de reproducteurs avant
qu'ils ne soient descendus sur les racines, et ralentir les pro-
grès du mal.
Dans une lettre adressée le 19 juin 1870 à la Société des
agriculteurs de France, MM. Planchon et Lichtenstein avaient
attribué les Etats-Unis d'Amérique comme patrie du Phyl-
loxéra, ou du moins ils avaient signalé une espèce extrême-
ment voisine qui attaque, quoique moins idolemment, depuis
12 ou 13 a îi s, les Vignes de l'Illinois, du Missouri, de New-
York, etc. Les naturalistes américains Asa-Fitch, Walsh,
Schimer, Riiez, Font fort bien décrite. .
« Pourquoi les ravages de cet insecte sont-ils plus terribles
en Europe que dans sapatrio? Ne serait-ce pas parce que les
insectes parasites ou plutôt, mangeurs de ces pucerons sont
très-nombreux en Amérique et manquent en Europe ?j)
Walsli et Riley citent au moins cinq insectes comme des-
tructeurs du Phylloxéra [Pemphigus vitifoliœ de Fitch^ et
Dactyîosphora vitifoliœ àe, Scbim'er). Ces cinq insectes appar-
tiennent aux genres Sc?/m/iMs (coléoptères), Syrphus (diptères),
Hemerobius (névroptères), Anthocœris (hémiptères). Les in-
sectçs de ces genres, qui vivent en Europe, dévorent les Phyl-
loxères du Chêne [Phylloxéra quer eus, Lalinmn) ,
Peut-on importer ces insectes en France? Les auteurs se dé-
clarent pour l'affirmative et offrent de le démontrer; aussi
M. Drouyn deLhuys, président de la Société des agriculteurs
— 315 —
de France, a-t-il chargé une commission de la Société d'aocli-
m.'îlation d'étudier la question de l'importation des insectes
dcsiructeurs du Phylloxéra, question que MM. Planchon et
Lichlenstein, LaHman et Signoret nous paraissent capables^
plus que tous les autres,, de suivre efficacement.
Quant aux remèdes à appliquer à la Vigne, M. Petit fils, de
Marseille, conseille 1" de déchausser profondément la plante à
l'époque des plus grands froids (décembre et janvier); 2° de la
fumer; 3" de l'arroser et de lui dcmner de fréquents labours,
un au moins à bras, et les autres à la charrue.
D'autre part, un viticulteur de Vaucluse signale au Mercure
optécien le bon effet obtenu par l'acide sulfureux gazeux. Il dé-
couvre les racines à 0"" 15 centim. et entoure les ceps infestés
de soufre concassé qu'il enflamme le matin, en ayant soin que
le soufre fondu ne puisse couler sur les racines. Dans les vi-
gnobles importants, on pratique une tranchée dans toutes les
allées et on procède sur trois rangs aux fumigations sulfu-
reuses.
Un propriétaire de Sisteron (Basses-Alpes) écrit au Messager
du Midi que tous les procédés recommandables ont échoué
chez lui, sauf la fumure avec du fumier ordinaire additionné
d'une légère proportion dephénurede potassium (?) — N'est-ce
pas plutôt du phénate de potasse?
Toutefois, maintenant qu'est démontrée, grâce à MM. Plan-
chon et Lichtensfein, l'identité des deux formes aérienne et
souterraine du Phylloxéra, le remède qui se présente comme
devant être le plus facilement applicable et le plus elficace, est
la visite fréquente des ceps, en été, et la destruction des feuilles
alFectées des galles caractéristiques.
.T. Demahis.
(La Cnliure.)
316 —
REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS.
MoRMODES Greènii (Botanical Magazine 5802). Orchidée de
l'Amérique tropicale à pseudo-bulbes ovoïdes-allongés portant
des feuilles glauques en dessous, lancéolées-allongées lon-
gues de 30 à 35 centim. et des grappes pendantes multiflores ;
les fleurs sont grandes à sépales et pétales étalés ovales-
oblongs, jaune jiâle en dehors, jaune foncé en dedans, marqués
de nombreux points rouge-marron ; le labelle rétréci et arqué
inférieurement est dilaté au sommet en une sorte de cuiller
frangée et de couleur violette.
Velloziaelegans (Bot. Mag. 5803). Cette plante, qui res-
semble assez à des Hypoxis, appartient à la famille des Vel-
loziées, ou des Hœmodoracées, voisine de la famille des
Amaryllidées. Elle est originaire de Madagascar et son intro-
duction est due à M. Fox Talbot, qui l'a présentée à la Société
d'Edimbourg, où le D"" Balfour lui a successivement donné les
noms de Talbotia elegans pour faire plaisir à son introducteur ;
puis de Vellozia Talbotii pour que la déception de M. ïalbot
ne soit pas complète ; malheureusement, M. Oliver, botaniste
à Kew_, l'avait déjà décrite sous le nom de Vellozia elegans,
nom sous lequel cette plante est figurée dans le Botanical
Magazine. Sa tige est grêle, dressée, haute de 30 à 35 centim.,
garnie de feuilles longues, à l'aisselle desquelles naissent des
pédoncules qui portent de 3 à 5 fleurs blanches à sépales
presque égaux. Plus intéressante que ornementale. Culture des
Hypoxis. Sous châssis froid en hiver.
Calochortus UNiFLORUs de Hooker ou Cyclobothra uniflora de
Kunth (Bot. Mag. 5804). LiHacée de la Cahfornie, trouvée
dans les plaines aux environs de San -Francisco par le D"" Bo-
— 317 —
lancier; elle n'atteint pas plus de 10 à 15 centimètres; son
oignon, ovoïde-allongé, donne naissance à 2 feuilles en fer de
lance, et à une hampe qui porte de 1 à 3 fleurs très-longue-
ment pédicellees, de couleur rosée avec les anthères violettes.
Châssis froid pendant l'hiver.
Iris nudicaulis de Lamark, ou Iris bohemica de Smith
(B. M. 5806). Espèce voisine de Vlris germanica^ mais distincte
par ses fleurs pourpre foncé avec l'onglet des pétales jaune
rayé de rouge. Rustique et de plein air.
EuiA VESTiTA de Lindley, ou Denclrobium vestitum de Wal-
llrh (B. xM. 5807). Orchidée toute velue, découverte dans les
îles de Manille et Bornéo par Wallich, ancien directeur du
jardin botanique de Calcutta, et importée en Europe par
M. Vilson Sanders. Sa tige est dressée; ses feuilles sont
coriaces lancéolées, et ses fleurs, disposées en longues grappes
pendantes garnies de grandes bractées jaune paille à la base et
ronge au sommet, offrent des sépales rouge orange, et des
pétales blancs. Espèce de serre chaude.
Androsage pubescens de la Flore- française, ou Androsace
alpina de Gaudin (B. M. 5808). Charmante miniature indigène
aux montagnes du Dauphiné, des Pyrénées et des Alpes suisses,
formant de charmantes toulfes gazonnantes, émaillées de
fleurs blanches avec œil jaune. Pour rochers bien drainés.
Blandfordia alrea de Hooker (B. M. 5809). Lihacée de la
iNouvclle-Galles du sud, en Australie, importée par MM. Veitch
et Sons. Plante vivace à racines fibreuses, et à feuilles dis-
tiques, roides, linéaires, longues de 25 à 30 centim.; les fleurs,
au nombre de 4 ou 5 sur des hampes grêles, sont jaune orange,
en forme de clochette à 6 segments dont 3 externes sont
terminés par une pointe verte. Châssis froid pendant l'hiver.
Gladiolus cruentus, décrit en 1868 par M. Moore dans le
Gardencr Chronicle, et figuré dans le Botanical Magazine
n" 5810. Magnifique espèce trouvée à Port-Natal, sur la côte
— 318 —
orientale de l'Afrique, dans la Cafrerie, et qui se rapproche
beaucoup de nos belles variétés du G. gandavensis. Ses fleurs
sont largement campanulées avec ses segments obovales
échancrés, d'un beau rouge écarlate ; les deux segments laté-
raux sont marqués d'une zone transversale plus pâle dans la-
quelle se trouvent une inimité de petits points écarlates. Cul-
ture des glaïeuls ordinaires.
Vanda DENisoNiANA, décrite par Reichenbach en 1869 dans
le Gardener Chronicle ; le Botanical nous montre, dans sa
planche 5811, les johes grappes de fleurs blanches de cette
Orchidée originaire des montagnes d'Arracan.
Aloe Croucheri de Hooker (B. M. 5812). Espèce dépourvue
de tige et dont les feuilles étalées, cartilagineuses, allongées
en forme de tangue, sont marquées de points blancs. Ses fleurs,
enlongues grappes paniculées, sont allongées, arquées, roses à
la base, blanc verdâtre avec stries plus vertes dans la moitié
supérieure.
Dahlia imperulis de Roezl (B. M. 5813). L'introduction de
ce beau Dahlia en arbre, figuré l'année dernière dans le Bota-
nical Magazi7ie, remonte à l'année 1862. bitroduit, à cette
épofjue, dans le jardin de Zurich, oîi M. Rœzl envoyait toutes
ses collections de plantes mexicaines, il a été mis au commerce
par M. Salter, horticulteur à Versailles ; mais il n'a pas eu
grand succès, car il a disparu rapidement de la scène horti-
cole. C'est cependant une belle plante; elle est arborescente
et atteint jusqu'à 4 et 5 mètres de hauteur ; ses branches
étalées, portent des feuilles très-amples et sont terminées par
de grands capitules de couleur rosée, larges de 15 à 18 cen-
timètres. Par sa nature' ligneuse et arborescente, cette grande
et belle espèce ne peut être employée que difficilement pour
l'ornementation des jardins. Sa place est dans les grands
jardins d'hiver. On pourrait toutefois la traiter comme les
Montagnea et Ferdinanda.
-^ 319 —
Jerdonia iNDiGA fBot. Mag. 5814). Jolie petite plante de la
famille des Gesnériées, voisine des Streptocarpus et des Vidy-
mocarpus. Ses feuilles, longues de3 à 4 cent., en cœur, offrent
une panachure d'un vert pâle ou branche de chaque côié de la
nervure médiane. La hampe, haute de 8, à 10 cent., porte une
ou deux fleurs lilacé pâle avec des stries rouges dans l'intérieur
du tube. Ce nouveau genre est dédié au major Jerdon, de
l'armée de i'inde, qui s'intéresse beaucoup à l'introduction,
en Angleterre, de plantes nouvelles vivantes. Celle-ci a été dé-
couverte dans les montagnes de Nellighery, par M. Wright, et
introduite au jardin de Kew par le major Beddone. Serre
chaude, culture des Streptocarpus.
Phalcenopsis Parishii de Reichenbach (B. M; 5813). Cette
Orchidée, décrite par le Gardener Chronicle dès 1865, est
épiphyte et produit des grappes de petites fleurs bbuiches
avec large labelle deltoïde et de couleur pourpre. Elle a été
découverte dans les forêts de Birmèse par M. Parish, et c'est
M. Low, de Clapton, qui l'a livrée au commerce. Serre chaude.
MoNOLENA PRiMUL^FLOâA de Hooker (-B. M. 5818). C'est ce
qu'or trouve aussi, chez les horticulteurs, sous le nom de Ber-
tolonia primuîœflora. Très-curieuse Mélastomacée de la Nou-
velle-Grenade, introduite par M. Bull, horticulteur à Chelsea.
D'un rhizome charnu naissent des feuilles en cœur, rouge
pourpre en dessous, et de nombreuses hampes grêles portant
chacune 2 ou 3 fleurt» rose carné. Serre chaude.
Delphinium nudicaule de Torrey et Asa Gray (B. M. 5819).
Espèce vivace découverte en Californie par David Douglas,
qui en envoya des graines à M. Thompson de Ipsvich (An-
gleterre). Elle ressemble au D. cardinale, mais les pani-
cules sont plus lâches ; la couleur des sépales est rouge
orangeetles pétales sont jaune brique. Elle fleurit en juillet.
e
Jardin potager. Le potager commence à revêtir sa tenue d'hiver; mais le
Poireau, le Céleri, les Choux, la Chicorée, la Scarole et la Laitue d'hiver, etc.,
couvren;^ encore le terrain. Pour prolonger sa jouissance de Fraise, on place
des châssis sur les planches; il faut songer à la plantation de nouveaux frai-
siers. Lorsqu'on craint la gelée, on arrache une partie des diSérenls légumes,
pour les rentrer dans la serre aux légumes, ou les mettre en jauge pour les
couvrir de feuilles ou litière sèche, afin d'en avoir toujours à sa oisposilion.
On prépare également la couverture pour les Artichauts, Céleri, Chicorée, Sca-
role, etc., restés en place. On arrache les Choux-fleurs qui commencent à mar-
quer pour les planter dans la serre aux légumes, ou dans des tranchées sur
lesquelles on pose des châssis. A défaut de serres et châssis, on peut couper
les Choux-fleurs au-dessous de la tête, en supprimant les plus grandes feuilles,
et on les suspend avec une ficelle dans un cellier. Pour ceux dont la tête n'est
pas encore formée, il faut les couvrir pendant la gelée, et les découvrir dès que
la température est radoucie. On butte le Céleri en place ou on l'enterre profon-
dément dans du terreau pour le faire blanchir. On repique encore sur côlière :
Choux d'York, Cabus et Laitues d'hiver.
Vers la fia du mois, on commence à forcer les Asperges, soit en plaçant un
châssis, entouré de réchaud, sur une planche d'Asperges en pleine terre, soit
en plantant des griffes sur couche chaude et sous châssis. On sème encore,
sur de vieilles couches chaudes ou sur terreau et sous cloches de la Laitue
crêpe et gotte, Romaine, Choux-fleurs ; sur couche tiède. Laitue à couper,
Radis hâtifs j on repique aussi les Salades et Choux-fleurs semés en octobre.
Jardin fruitier. Trois opérations appellent l'attention du jardinier : le défon-
cement, la plantation et la taille des arbres. Pour la plantation, il n'y a aucun
inconvénient à replanter sur l'emplacement d'un arbre ii.ort ou épuisé,
pourvu qu'on fasse un trou plus grand qu'il ne le serait dans un terrain neuf, et
qu'on renouvelle la lerre. On ne peut laiiler, dans ce mois, qu'un petit nombre
d'aibres fruitiers, ce sont les vieux sujets épuisés j les jeunes, plus vigoureux,
peuvent attendre jusqu'aux derniers jours de février.
Dès qu'on craint les gelées, on doit rassembler toutes les branches des Fi-
guiers, à l'aide de cordes, et les envelopper de litière sèche ; ou bien on creuse
de petites tranchées au pied des arbres, dans lesquelles on rabat les branches
en les y maintenant avec des crochets en Dois ; on les recouvre ensuite d'une
épaisseur de terre suffisante pour que la gelée ne les atteigne pas.
Jardin, d'agrément. On va encore quelquefois dans son parterre jouir des
charmâmes iieurs de Chrysanthèmes, et contempler trisiement les derniers
Asters, ou chercher ^^s derniers brins de Réséda. Apres avoir taillé les Rosiers
de Bengale, et couvert de feuilles les plantes et arbustes qui craignent les
froids, arracher les Dahlias pour rentrer leurs tubercules dans une pièce bien
sèche et à l'abri de la gelée, séparer et planter les plantes vivaces. Tulipes,
Jacinthes et ISarcisses, etc., on peut dire adieu pour longtemps au jardin
d'agrément.
Serres. Les plantes de cette température n'exigent que peu de soins pendant
ce mois ; il faut seulement arroser avec discernement ; bassiner de temps en
temps les feuilles de Camélia : veiller à maintenir la température au degré
nécessaire, en observant que la température de la nuit soit plus basse que celle
du jour; renouveler l'air toutes les lois que le temps le permet; et, enfin, entre-
tenir les plantes dans un état parfait de propreté.
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RUE CASSETTE, 9.
1870-1871
MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs caialoques an bureau du journal, rue Cas*
selle, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le noin des catalogues paras dansle
mois et dont nous avons reçu un exemplaire.
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déjà six ans, dirigeait l'établissement ; c'est donc à lui que les clients de M. GUILLOT père doivent
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SOMMAIRE DU NDMÉRO D'OCTOBRE.
F. IIerixcq. Chronique. — Rapport adressé au Ministre de l'agriculture sur
le Phylloxéra, avec planches (PI. XI). — Eue. de Maktragisy. Le Jasmin
de Virginie greffé sur Catalpa. — Simon Louis, frères. Note sur l'origine du
Lilas Varin et sur ses variations. — F. Herincq. Culture forcée des arbres
fruitiers et des Jacinthes. — Alex. Mac'lod. Du reboisement des parcs et des
semis d'arbres. — Ern. Bonard. Plantes nouvelles.
CHRONIQUE
État de l'horliculiure en Franco. Les Pelargonium zonale blancs doubles de
Cari Petzol -, lettre de M. Boucharlat aîué sur celte variété; eËforts des se-
meurs français pour l'obtenir. — Catalogues pour l'automne de 1871 et le
printemps de 1872 : de MM. Boucharlat aîné, Sim-^n-Louis, Bertier-Ren-
datler, Lemoine, Jules Margollin Jamin (successeur de Jamin-Durand),
Schwartz (successeur de M. GuU'ot père), Levêque et fils. — La Uose Ilichard
Wallace. Catalogues de MM. Guillot fils, Ch. Hubert, Thibaul-Keltekér,
Ballet frères. Exposition de Mcaux et Londres, succès de MM. Ballet;
Catalogues de M. Bruant et de divers.
Dans notre avant -dernière chronique, nous annoncions
que, malgré nos désastres, les horticulteurs parisiens étaient en
mesure de satisfaire aux demandes qui pourraient leur être
faites. Il en est de même pour les horticulteurs des autres ré-
gions de la France ; de tous côtés nous arrivent catalogues,
prospectus, circulaires et prix courants pour l'année horticole
1871-1872; nous allons leur consacrer cette chronique.
Mais d'abord, connaissez-vous l'établissement d'horticuî-
ture de Cari Petzol à Dresde, dans le nouvel Empire allemand ?
Non ! tant mieux pour vous; car il parait que le chef de cette
maison est de première force sur l'exploitation des gens cré-
dules qui croient en l'honnêteté germanique. Dans son cata-
logue il annonce le fameux Pelargonium zonale double blanc
Or, voici les renseignements que nous adresse, sur son compte,
Novembre 1 871 , 21
~ 322 —
M. Boucharlat aine, horticulteur à Cuire-lès-Lyon (Rhône) ;
ils méritent l'insertion.
Cuire, le 2 octobre 1871.
MonsieurHeriacq,vous qui faites si courageusement la chasse aux char-
latans horticoles, je viens vous en signaler un qui n'a pas eu son pareil,
et dont je crois être la première victime, vu mon amour pour les belles
nouveautés, les Pelargonium à grandes fleurs et zonale à fleurs simples
et doubles, etc. — Depuis deux ans on attend le Pelargonium zonale
blanc double. Or une maison horticole de Dresde (Saxe) voyant tout le
prix que l'horticulture, eu général, attache à cette plante, a imaginé,
— n'ayant pas pu, sans doute, emporter nos pendules, — de battre
monnaie avec ce Pelargonium double blanc si impatiemment attendu,
persuadé qu'il aurait beaucoup d'acheteur même au comptant ; car il
annonçait qu'il n'expédierait pas autrement.
En mars dernier, je recevais, en efl'et, une circulaire de l'établissement
Garl Petzol, à Dresde, circulaire ornée de quatre médailles décernées,
autant qu'on peut le voir à l'exergue, par une société m/erna^/ona/e.
Dans un long préambule, on annonce deux Pelargonium blancs doubles.
Le premier s'appelle Varga, du nom de l'obtenteur, et le second porte
l'épithète de Triumph.
Bien que ces nouveautés venaient d'un pays ennemi, je n'hésitai pas
à demander -1 2 plantes; car rhorticulture n'entre pas dans les questions
de la politique. J'écrivis de me les adresser, comme il était dit : « contre
remboursement.» Au mois d'avril, je reçus de la gare de Genève un avis
d'aller retirer un colis contre 250 fr. de remboursement. Les plantes
que j'y trouvai étaient comme des fils, et presque mortes; mais, mon
amour pour le Géranium double blanc me les fit tellement soigner que
j'ai réussi à les sauver. J'écrivis à l'expéditeur pour lui demander pour-
quoi il ne m'avait pas avisé 'de son envoi; point de réponse. Bref j'an-
nonçai en France et en Angleterre, que je possédais les deux Géranium
zonale doubles blancs et j'attendis avec impatience leur floraison que je
n'ai pu obtenir qu'en août dernier. Mais, ô cruelle déception ! c'étaient,
le croiriez-vous, tout simplement des Géranium madame Lemoine roses !
Voilà, Monsieur Herincq, le fait que je tiens à vous signaler; donnez-
lui le nom que vous voudrez. Quant, à moi, terrifié d'indignation d'avoir
été trompé par un;pareil A//emanc?, jelui ai écrit de suite et l'ai menacé
de faire ce que je fais aujourd'hui, s'il ne me restituait pas l'argent qu'il
m'a ainsi extorqué; mais point de réponse: il tient plus à mon argent
qu'à son honneur. J'ai été assez heureux, dans mon malheur, malgré
les avantages que j'avais trouvés, de n'avoir pas voulu Uvrer ces nou-
— 323 —
veautés, à aucun prix, avant d'avoir vu leur floraison. Je vous au-
torise, dans l'intérêt de l'horticulture, à publier ma lettre, afin que ce
maître fripon ne fasse pas d'autres dupes.
Votre tout dévoué,
BouciiARLAT aîné.
Depuis que les braves enfants de Saint-Flour, en Auvergne,
ont obtenu, sans trop savoir comment, le premier Pelargonium
zonaie-inquinans, à fleurs doubles, la této tourne, en effet, aux
amateurs de Géranium ; c'est à qui arrivera premier avec le
double blanc ! Ils fécondent, refécondent et surfécondent tous
les doubles rouges et doubles roses avec les blancs simples les
plus purs , ou les blancs simples avec les doubles roses et
rouges, mais, comme sœur Anne, ils ne voient rien^ absolu-
ment rien venir, que des fleurs qui verdoient , c'est-à dire
beaucoup de Pelargoniums à fleurs vertes ; phénomène curieux
du reste, mais que n'explique pas précisément la théorie de
l'hybridation, et qui ne fait pas tout à fait le bonheur des cher-
cheurs du double blanc.
Il est singulier qu'on ait obtenu , du premier coup,
le double rose par le croisement d'un rouge double et d'un
rose simple, et que le double blanc mette autant de mauvais
vouloir à sortir d'un blanc simple fécondé par un double rose
ou double rouge; les hybridateurs nous donneront sans doute
un de ces jours la clef de cette obstination végétale. En atten-
dant, nous nous joignons à M. Boucharlat aine pour flétrir,
comme il le mérite, l'impur Allemand, qui n'a pas voulu être
en reste avec ses compatriotes, de retour de leur peu glo-
rieuse campagne de France.
M. Boucharlat aine, chemin de la Croix-Rousse, 30, à Cuire
(Lyon), est un des rares hommes qui se livrent à l'horticulture
bien plus par amour pour les plantes que par intérêt. Nous
avons vu comment il en a été récompensé. Dans son pros-
pectus de plantes nouvelles choisies dans de nombreux semis
— 324 —
opérés par lui, il annonce : 1° quatre nouveaux Pelargonium à
grandes fleurs : M"^ Robinson Woolfield, M™'' Rougier Sar-
relte? M™^ Max Nisson, Madeleine Liabaud; 2° trois Pelargonium
zonale à fleurs doubles : Vicomtesse Elisabeth de Chatelux,
Duc de Massimo, et Antonio Galcagno ; 5° neuf Pelargonium zo-
nale à fleurs simples : Caméléon, Gustave Henri, l'Étincelant,
comtesse de Montfort, M. Guérin Neveu^ Sir William Rollisson,
MonDébut(de Guillot fils), M^^*^ Marie Vacogne, Duc de Magenta;
4° deux Pelargonium zonale à feuilles panachées : Galypso,
Stella-variegata et un Pelargonium genre unique : le Sceptre.
Les Verveines — genre qui entre dans les spécialités de l'établis-
sement — sont au nombre de 25, dont 9 verveines dites ita-
liennes; pour l'énumération, nous renvoyons au prospectus.
Nous rectifierons, en finissant, et sur la demande expresse de
l'honorable M. Roucharlat, une faute d'impression très-grave,
au sujet du Pelargonium zonale double Vicomtesse de Chatelux.
Il est dit dans la description : (s: Ombelle de 22 centimètres de
DIAMÈTRE 5) ; c'est de circonférence qu'il faut lire^ et qu'il avait
écrit. Cette mesure impossible est tellement une faute d'impri-
meur, qu'il en existe une autre, non moins grave, que M. Bou-
charlat ne nous a pas prié de relever, mais que nous signalons
parce qu'elle peut nuire à ses intérêts. On indique le siège
de l'établissement à Caluire ! Or il est probable que les per-
sonnes qui écriraient à cette adresse verraient leur lettre re-
venir avec cette observation au dos : Caluire, pays inconnu.
C'est en effet à Cuirey quartier des maisons neuves, à la
Croix-Rousse (Lyon) , que se trouve l'établissement Boucharlat
aîné.
MM, Simon Louis, de Metz, contrairement aux bruits qui ont
circulé, sont toujours en possession de leurs riches et admi-
rables pépinières. Grâce aux mesures prises par eux dès les
premiers jours de Finvestissement de Metz, leurs cultures
ont pu être à peu près entièrement préservées de la dévastation
— 325 —
pendant le siège. Les dégâts, purement matériels, qu'ils ont eu
, à supporter ont laissé complètement intactes leurs nombreuses
collections d'arbres de toutes sortes. Le supplément à leur ca-
talogue général offre un très-grand nombre d'espèces qui,
par suite de la non-vente des sujets préparés pour la saison
dernière, se trouvent représentés par des spécimens de pre-
mier choix. Le l^'" supplément est relatif aux arbres et ar-
bustes d'ornement, le 2» aux arbres fruitiers et aux Fraisiers.
A ces deux catalogues supplémentaires sont joints deux pros-
pectus : l'un pour les Rosiers et l'autre pour les Nouveautés
i?iédites, que cet établissement livre au commerce à partir du
\<^^ novembre courant ; les nouveautés sont : /Esculus hip-
pocastanum digitata major ^ Clematis patens Lucie y Hibiscus
syriacus macranthus foliis tricolor (nom un peu trop long),
Ligustrum vulgare foliis albo-maculatis, Padus racemosa ro-
tiindifoHa,Syringa rolhomagensis meiensis et Thuya occidentalis
denudata. On en trouvera la description à l'article • P/an/e5
nouvelles. — Par suite des malheureux événements qui font de
Metz une ville allemande, MM. Simon Louis ont dû apporter
quelques modifications dans l'organisation de leur exploitation.
Ils ont transporté «en France», disent-ils, pour rester Français,
à Bruyères- le-Châtel(Seine-et-Oise), prèsArpajon, une partie
de leur affaire de Graines, et c'est à Plantières que se trouve
actuellement le siège de l'établissement des pépinières. Ils en-
gagent donc leurs clients à s'adresser directement à Plantières,
près Metz, pour tout ce qui a rapport aux pépinières et plantes
de serres.
De Metz, pour revenir â Paris, nous devons passer natu •
Tellement à Nancy, puits intarissable de nouveautés. Dans celte
ville, deux établissements nous ont donné signe de vie —
Bertier et Lemoine — en nous adressant leurs prix courants de
plantes nouvelles.
M. Bertieii-Rendatlkk, gendre et successeur de notre re-
- 32G —
gretté confrère Rendatler, continue de marcher dans la voie
ouverte par son beau-père. Les Pentstemon lui ont fourni trois *
nouveautés : M. Havard, M. Baumann et Lanzezeur. LesGem-
nium doubles également trois gains nouveaux : Henry
Person, M™^ Pasquier et M. Van-Houtte ; les Géranium simples
nouveaux comptent pour cinq : Bergère, Ghâteaudun, Comte
Hug, Emblème, Mont Valérien. Cet établissement possède en
outre beaucoup d'autres nouveautés provenant des princi-
paux semeurs de ce genre, et d'autres genres de plantes de
serre et de pleine terre.
M. Lemoine s'est acquis une grande réputation dans le com-
merce des nouveautés. Intelligent, très-actif,ilne laisse échapper
aucun gain méritant. Malgré l'occupation allemande, il a réuni
une légion de plantes nouvelles. Parmi les espèces de serre
froide, c'est d'abord Bégonia alata coccinea ; puis 4 Pelar-
gonium zonale à fleurs simples : Claude de la Meurthe, Géné-
ral Faidherbe, Président Grévy, Président Thiers : ensuite
deux zonale à fleurs pleines : Patriote Lorrain, Préfet de
Lyon. En plantes vivaces, son catalogue annonce : Aquilegia
alpina superba, Phlox arlequin, Châtiment, et M. Kuss :
Clématite Lucie Lemoine, à grande fleur blanche pleine, et
enfin des nouveautés d'autres obtenteurs dans les genres
Fuchsia, Pelargonium, Pétunia, Chrysanthèmes, Delphi-
nium, Pentstemon et Phlox. — Une bonne occasion d'écouler
sa monnaie prussienne : M. Lemoine annonce que les tha-
lers seront acceptés en payement pour la valeur de 3 fr.
75 c.
M. Jules Margottin fils vient de créer un établissement à
Bourg-la-Reine (Seine), près la station du chemin de fer. Ses
pépinières, qui ont écliap[)é aux désastres de la guerre, sont
composées des plus belles variétés de Rosiers existants, les
mêmes que possède son père. Le nom de Margottin est un nom
qui n'a nul besoin de recommandation : sa réputation, étayée
— 327 —
des plus belles roses sorties de l'établissement de M. Margottin
père, dispense de tout éloge.
L'établissement Jamin-Durand, situé dans la même localité,
route de L'hay, passe aux mains de M. Durand fils. Ce jeune
et intelligent pépiniériste, dans sa circulaire annonçant la mise
en vente d'une Fraise nouvelle, le D' Morcre, promet de faire
tous ses efforts pour maintenir la réputation d'un établisse-
ment fondé par son grand-père, M. Jamin (Jean-Laurent), et
qui jouit dans le monde horticole d'une célébrité qu'il veut
conserver comme le plus précieux des patrimoines. Malgré les
désastres causés dans ses pépinières par deux guerres succes-
sives, il annonce qu'il est en mesure de satisfaire sa clientèle
comme par le passé .
Deux autres rétrocessions ont eu lieu dans le courant de
cette année.
M. GuiLLOT père, rosiériste à Lyon, se décide, après tant
d'années de fatigues et de travail opiniâtre pendant lesquelles
il nous a livré de si bonnes et de si belles roses, à prendre un
peu de repos, bien mérité et honorablement gagné. Il a
cédé son bel établissement à M. Joseph SchAvartz, qui, depuis
bientôt six ans, dirigeait ses 'cultures. C'est donc à M. Joseph
Schwartz, 43, rue du Repos, à la Guillotière (Lyon), que les
clients de M. Guillot père doivent adresser leur commande.
Cette année cet établissement met au commerce six variétés
nouvelles de Rosiers : André Durand, Auguste Nigotard,
M°^^ George Schwartz, Prince Stirbey, Virgile (hybrides re-
montants) et Vaucanson (hybride de noisette). Plus les Rosiers
nouveaux de divers semeurs.
M. Gloede, le célèbre fraisiériste, de Beau vais (Oise), cède
également son établissement à son fils, M. WiUiani Gloëde.
Cet établissement, situé rue de l'Hôtel-Dieu, est affecté à la
culture des Fraisiers, des Framboisiers, des Groseilhers et des
Glaïeuls.
— 328 —
[. LÉvÈQUE et fils, horticulteurs, autrefois boulevard de
THôpital, à Paris, ont transporté leur établissement rue du
Liégat, n° 26, à Ivry, près Paris (Seine). Cet établissement,
qui jouit d'une rare probité, vient de publier son prix courant
pour marchands, des nouveautés en Rosiers, Glaïeuls, Pi-
voines, Phlox, Gamellia, Azalea indica qui sont ses spéciahtés.
MM. Lévêque^ qui se sont montrés très-sévères dans l'émission
de leurs nouveautés, ne mettent encore, cette année, qu'un
Rosier nouveau, qu'ils dédient au noble et généreux étranger
Sir Richard Wallage, qui a voulu partager nos dangers et nos
misères pendant le siège, et qui a si largement payé celte
triste hospitalité par des dons en argent considérables, pour
aider le gouvernement à soulager les souffrances de la po-
pulation parisienne. Nous nous associons à la pensée de
MM. Lévêque^ qui ont voulu témoigner de leur reconnaissance
envers le digne héritier du marquis d'Herfort, en baptisant
leur nouveau gain : Rosier Richard Wallace.
M. GuiLLOT iils, chemin des Pins, à Lyon, est encore un
rosiérisle auquel nous ne refuserons jamais notre recomman-
dation. On dit avec quelque raison : « tel est le père, tel est
le fils^ )) et ici le proverbe est inconiestable et incontesté :
rhonnêteté commerciale est ici don de famille. Les nouveaux
Rosiers que M. Guillot fils met cette année au commerce
sont : Comtesse de Nadaillac, Madame Camille, Mademoiselle
Cécile Berthod (Rosiers thé), abbé Bramerel, Baronne Louise
Uxkull, OEillet fantaisie (hybrides remontants), et Catherine
Bonnard, qui est un hybride non remontant.
L'établissement Ch. Hubert et C% à Hyères (Var), a pour
spéciahté la culture pour la production des graines de fleurs,
d'arbres et d'arbustes d'ornement, indigènes et exotiques.
Il ne compte que vingt-cinq années d'existence, mais ce sont
vingt-cinq années de succès. Les frères Hubert mettent en
effet un zèle digne d'éloges à rechercher toutes les plantes qui
_ 329 —
peuvent concourir à l'embellissement de nos jardins, et ils les
multiplient avec activité, pour arriver à la récolle des graines ;
chaque année ils introduisent, ainsi, un grand nombre d'espèces
nouvelles ou de variétés perfectionnées. Le catalogue général
pour 1871 et 1872 en contient plusieurs très-dignes d'atten-
tion. La première partie de ce catalogue comprend les plantes
nouvelles et recommandables ; la seconde est réservée aux
Graminées et Cypéraeées ornementales nouvelles. Dans la
troisième se trouvent les plantes méritantes déjà connues ;
puis viennent les séries de Cucurbitacées. Pour les plantes de
ces quatre séries, MM. Hubert donnent la description et leur
appréciation sur chacune d'elles. La seconde division du cata-
logue est une simple énumération des espèces dont ils ont des
graines disponibles ; et enfin vient la liste de leur belle col-
lection de Ca/ma avec indication delà hauteur, de la couleur
des fleurs et celle du feuillage ; cette collection comprend
434 espèces ou variétés. Nous ferons connaître dans notre
prochain numéro, qui paraîtra dans quelques jours, la plupart
de ces nouveautés.
MM. Thibaut kt Keteleér, à-Sceaux (Seine), sont peut-être
les horticulteurs qui ont été les plus éprouvés pendant le siège.
Leur belle et riche collection de plantes de haute serre chaude :
Orchidées, Broméliacées, etc., a été entièrement détruite par
le froid. Ils viennent de publier un extrait du catalogue de
IST-â, qui contient les plantes disponibles pour l'aulomue
1871. Excepté les Orchidées, dont la multiplication n'est pas
rapide, ces honorables et savants horticulteurs sont en me-
sure de satisfaire aux demandes de leurs clients, et notamment
en ce qui concerne les arbustes de plein air : Fougères, Coni-
fères, etc. Nous signalerons pour le plein air quelfjues bonnes
espèces d'introduction récente : Desmodium japonicum, Ju-
glans macrophylla, Idesia polycarpa, Parrotia persica, Pteros-
tyrax hispida, Quercus daymio, Stuartia grandiflora, sur les-
— 330 —
quels nous reviendrons. Ce qui recommande l'établissement
Thibaut-Keteleêr, c'est la parfaite et rigoureuse détermina-
tion de toutes leurs plantes, et la sévère exécution des com-
mandes.
MM. Baltet frères, horticulteurs-pépiniéristes à Troyes
(Aube), n'ont rien perdu de leur activité. La publication de
plusieurs notices et de leur catalogue ne leur a pas fait né-
gliger les Expositions. La France, hélas ! n'en a pas eu beaucoup
cette année. La ville de M eaux est à peu près la seule, à notre
connaissance, qui ait fêté Flore et Pomone ; un peu plus, elle
faisait les honneurs de cette fête aux soldats de Guillaume^ car
c'est le lendemain ou le surlendemain de l'évacuation de la
ville par l'armée prussienne que s'ouvraient les portes de
cette Exposition. MM. Baltet n'étaient pas désireux, paraît-il,
de montrer leurs beaux fruits aux pillards germaniques ; ils
savaient à quoi s'en tenir sur la manière dont les sujets de
l'empereur d'Allemagne respectent le bien d'autrui. C'est à
Londres qu'ils ont montré les produits de leur jardin fruitier,
qui, au dire du journal anglais Gardener's Chronicle, ont fait
l'admiration des Anglais, et tout spécialement des membres
du Jury. Quatre premiers prix ont été leur récompense : 1° mé-
daille d'or pour la collection de Poires la plus complète ; 2° mé-
daille de vermeil pour la collection la plus remarquable de
Poires de dessert ; 5° grande médaille d'argent pour le plus
beau lot de Poires à cuire ; 4° prix spécial en vermeil pour
leur collection de 150 variétés de Pommes. Un groupe de
50 variétés de Poires de semis a été renvoyé à un comité de la
Société horticulturale, qui doit en faire l'examen et ensuite un
rapport ; car les Anglais ne décident pas, comme en France,
séance tenante, de la nouveauté ou du mérite d'un fruit; et
certes, je suis loin de les blâmer. Félicitation à MM. Baltet de
leur beau et brillant succès. Il paraît, du reste, au dire d'un
de nos correspondants de Londres, qui a eu l'honneur de dé-
— 331 —
guster quelques-unes de leurs Poires, que leurs collections
étaient des choix extra, comme beauté et surtout comme qua-
lité : nous regrettons de ne pouvoir en donner la liste.
M. Bruant, à Poitiers (Vienne), dans un supplément pour
1871-1872 à son catalogue raisonné, annonce toutes les nou-
veautés d'arbres fruitiers qu'il a en multiplication, ainsi que
les anciennes naturellement. Il cite parmi les nouveaux ou peu
répandus : 23 Abricotiers, 21 Cerisiers, 28 Pêchers, 2 Poi-
riers nouveaux mis au commerce par l'établissement : Ray-
mond de Monlaur et comte de Chambord ; plus une longue
série de variétés peu répandues ; puis les Pommiers, Pruniers^
Vignes, etc. La deuxième partie du catalogue est consacrée
aux arbres et arbustes d'ornement, etc.
F. Herincq.
•
P. S. Depuis la composition de ce numéro, dont la pubHca-
tion a été retardée pour des causes indépendantes de notre
volonté, nous avons reçu les catalognes suivants :
DuviviER, grainier-fleuriste et pépiniériste, 2, quai de La
Mégisserie^ Paris. Oignons à fleurs, prix courant (sans remise)
pour marchands. Graines de choix pour jardiniers.
Naudet (Isidore), horticulteur, marchand grainier,38,rue de
Bondy, près le boulevard Saint-Marlin, à Paris. Catalogue de
Rosiers, Glaïeuls, Pivoines, Phlox, Camellia, Azalea indica, etc. . .
Nouveautés disponibles.
Loise-Chauvière, grainier, horticulteur, cultivateur et pé-
piniériste, 14, quai de la Mégisserie, Paris. Catalogue de
Glaïeuls, variétés nouvelles, plantes de serre et plantes vivaces
de pleine terre.
P. A. GoNTiER, successeur de Guenot, marchand grainier-
fleuriste, 6, quai de Gèvres, Paris. Catalogue d'oignons à
fleurs, plantes bulbeuses de toute nature.
Legendrè-Garriau, marchand grainier, horticulteur, 8, ave-
~ 332 —
nue Victoria, Paris. Catalogue d'oignons-fleurs et plantes
bulbeuses. Grande variété.
F. MoREAU dit Louis, horticulteur-pépiniériste, 3, avenue de
Sceaux, Fontenay-aux-Roses (Seine). Catalogue d'arbres frui-
tiers, arbres, arbustes et des plantes herbacées d'utilité ou
d'ornement.
Croux et fils, horticulteurs-pépiniéristes à Aulnay-les-Sceaux
(Seine). Extrait du catalogue général, prix réduit pour mar-
chands, sans remise. Conifères, arbres forestiers et d'ornement,
arbustes variés, plantes grimpantes en pots, arbres fruitiers
et jeunes plants.
L. Renault, marchand grainier, fleuriste-pépiniériste, 18,
rue de l'Arcade, Paris. Catalogué d'oignons k fleurs, plantes à
bulbes et tubercules, griffes et pattes. Arbres et arbustes d'or-
nement^ arbres fruitiers.
CoTTiN (Alfred), pépiniériste à Sannois, près Paris (Seine-et-
Oise). Catalogue descriptif et raisonné, arbres fruitiers et
d'ornement ; culture spéciale de pleine terre.
DuvAL (Hippolyte), pépiniériste à Montmorency (Seine-et-
Oise). Catalogue des espèces et variétés du genre rosier.
MALADIE DE LA VIGNE PAR LE PHYLLOXERA (PL XI).
Rapport adressé au Ministre de V agriculture.
Nous avons parlé à plusieurs reprises de cette maladie qui
a paru pour la première fois dans la vallée du Rhône en 1864
ou en 1865. Nous complétons aujourd'hui les renseignements
que nous avons déjà donnés en publiant une planche repré-
sentant l'insecte et le mal qu'il produit (1), et en reproduisant
quelques extraits du rapport adressé au ministre de l'agricul-
ture parla coumiission chargée d'étudier cette terrible maladie
(1) Cette planche est empruntée à Vlw^ectologie agricole^ publiée par
M. Donnaud, éditeur, rue Cassette, n° 9, Paris.
— 333 —
qui est devenue un véritable fléau pour les vignobles du Midi,
et qui ne cesse de s'étendre en gagnant les départements
limitrophes des départements envahis.
(( Le trait extérieur le plus caractéristique de la nouvelle
maladie, dit le rapport, celui qui a le plus frappé tous les obser-
vateurs, c'est l'existence, dans toutes les parcelles atteintes
depuis peu, d'un centre d'atlaque qui s'élargit sans cesse. Les
ceps, environnant ce premier foyer d'infection, s'étiolent et
jaunissent déplus en plus jusqu'à ce qu'ils soient complète-
ment desséchés. Quand la parcelle a une certaine étendue et
quand le mal est suffisamment intense, au lieu d'un centre
d'attaque, on en trouve plusieurs. Il ressort de ces faits,
observés partout, que la maladie de la Vigne se propage de
deux manières : de proche en proche et à distance. L'extension
progressive des divers centres d'attaque, dont nous venons de
parler, nous révèle le premier mode de propagation ; leur
existence simultanée sur plusieurs points éloignés les uns des
autres nous révèle le second. L'expérience nous a d'ailleurs
appris, bien des fois, que la nouvelle maladie de la Vigne pro-
cède par bonds irréguliers et qu'elle fait souvent une brusque
apparition à de grandes distances des foyers d'infection déjà
connus. Quand on examine les racines des Vignes attaquées,
on s'aperçoit facilement qu'elles sont le siège des altérations
les plus profondes : on les trouve toujours molles et pourries ;
leurs tissus, hypertrophiés et sans consistance, ne résistent pas
à la pression des doigts.
3) Ces graves désordres sont occasionnés par une espèce de
puceron, auquel on a donné le nom de Phylloxéra vastatrix.
Ce puceron, presque invisible à l'œil nu, s'établit sur les
racines de la Vigne et les pique de son suçoir afin de se
nourrir de leurs sucs. Ces piqûres multipliées irritent proba-
blement les tissus et amènent leur hypertrophie. Elles produi-
sent souvent sur le chevelu des racines des nudosités (voir la
— 334 —
planche XI, fig. 5) ou sortes de renflements noueux tout à
fait caractéristiques qui établissent une distinction fondamen-
tale entre la maladie nouvelle et tous les autres genres d'altéra-
tions observés dans les Vignes, tels que la pourridie ou blan-
quet, espèce de pourriture produite par des champignons
souterrains, et la maladie de la Camargue, qui a déjà fait périr
dans cette contrée un assez grand nombre de plantations.
i> On remarque en même temps que les Phylloxéra^ auteurs
de ces graves désordres, ne restent jamais sur les racines qui
commencent à se décomposer. Dès qu'un point pourrit, ils se
portent immédiatement sur un autre. En un mot ils produisent
la pourriture, ils la précèdent sans cesse et ne la suivent
jamais.
i> Jusqu'à ce jour, aucun de nos cépages n'a été épargné
par la nouvelle maladie de la Vigne ; mais on signale dans les
environs de Bordeaux quelques variétés américaines qui n'ont
pas été encore attaquées, quoique entourées de Vignes malades
depuis trois ans.
3) D'après les études faites dans ces derniers temps les
Phylloxéra vivent sous deux formes différentes : à l'état aptère,
c'est-à-dire sans ailes (pi. XI, figures très-grossies i , 2, 3) et
à l'état ailé (pi. XI, figure très-grossie 4); ils ne sont jamais
vivipares ; en toute saison et sous les deux formes qu'ils affec-
tent, ils ne pondent jamais que des œufs. Nous devons ajouter
que les individus observés jusqu'à ce jour, et le nombre en
est grand, ont toujours été femelles.
» Le Phylloxéra mâle, qu'on cherche depuis longtemps, n'a
encore été trouvé ni à l'état aptère, ni à l'état ailé.
)) Voici quelles sont les principales phases de la vie de ces
insectes. Ils hivernent sur les racines de la Vigne à l'état d'in-
sectes aptères, jamais à l'état d'œufs. Tant que la température
est rigoureuse, ils restent plongés dans un état complet d'en-
gourdissement ; mais, dès que la chaleur commence à faire
— 335 --
sentir son influence, tous les individus épargnés par le froids,
et par les humidités de l'hiver reprennent une vie nouvelle ;
ils se nourrissent avec abondance et se mettent immédiatement
à pondre des œufs. Leur multiplication devient bientôt
effrayante et ne s'arrête plus que dans le courant du mois
d'octobre. C'est pendant cette période, qui dure de sept à
huit mois dans le midi, que les pucerons font leurs plus grands
dégâts (1).-
5) Le Phylloxéra à l'état non ailé est essentiellement voué à
l'a vie souterraine ; il chemine probablement sur les racines
de la Vigne, en suivant les nombreuses fissures qu'on trouve à
leur surface. Mais il ne reste pas toujours dans cet état. Pen-
dant la saison chaude, on voit, de loin en loin, quelques rares
individijs présentant sur leur corselet de petits appendices des-
tinés à devenir des ailes. Les insectes ainsi conformés sont de
véritables nymphes qui ne tardent pas à se dépouiller de leur
enveloppe et à se transformer en insectes parfaits possédant
des ailes et des yeux bien caractérisés. C'est probablement
quand ils ont pris cette forme que les Phylloxéra sont soulevés
et emportés par les vents à des distances souvent très-considé-
rables. On ne pourrait pourtant pas affirmer que les pucerons
aptères ne peuvent pas, eux aussi, dans certaines conditions,
être transportés par les vents.
(1) D'apràs MM. Planchon et Lichtcnslcin, eu prenant approximativement
le chiffre vingt comme une moyenne raisonnable du nombre d'œufg pondus par
un de ces pucerons, et le cbiffre huit comme celui des pontes possible, entre
le 15 mars et le 45 octobre, on trouverait, par le calcul, cette progression
effrayante du nombre croissant des individus ayant pour point d'origine une
seule femelle : en mars, 20; en avril, 400-, en mai; 8,Û00; en juin, i 60,000;
en juillet, 3,200,000; en aoûl, 64,000,000; en septembre, 1 ,280,000,000; en
octobre, 25,600,000,000, c'esl-à-dire plus de 25 milliards. Cette progression
explique très-bien, comment des ravages, à peine perceptibles au printemps,
deviennent un vrai désastre à l'automne.
(Note de la rédaction du journal.)
— 336 -
î) Tous les Phylloxéra ailés — qui sont excessivement rares
— sont des femelles pondant des œufs et donnant ainsi nais-
sance à des pucerons non ailés.
y> On rattache à l'existence de l'insecte sous sa forme ailée
un fait d'une haute importance. Dans la vallée du Rhin et plus
encore dans le Bordelais, on a observé, pendant l'été, quel-
ques ceps excessivement rares, dont les feuilles étaient cou-
vertes de galles d'une forme particulière; la saillie vërruqueuse
est au-dessous et l'ouverture est au-dessus de la feuille. Ce
caractère constant établit une distinction radicale entre les gal-
les dont il s'agit et toutes les autres galles ou boursouflures
qu'on trouve sur les feuilles de la Vigne. Ces galles sont des
nids remplis de pucerons aptères, ressemblant beaucoup
à ceux que l'on trouve sur les raisins. On croit pouvoir attri-
buer la formation de ces galles et l'apparition des habitants
qu'elles renferment aux insectes provenant des œufs pondus
par les Phylloxéra ailés.
y> Comme on le voit, le Phylloxéra a deux genres de vie. Il
reste presque toujours caché sous terre ; mais, à certains
moments, quelques rares individus jouissent d'une véritable
existence aérienne. La vie souterraine de cet insecte est assez
bien connue ; il n'en est pas de même de la seconde. y>
La commission croit devoir appeler l'attention des entomolo-
gistes sur ce point et sur celui de l'existence des mâles et des
époques de fécondation.
€ Telles sont les conditions — continue le rapport — dans
lesquelles se présente la nouvelle maladie de la Vigne. Depuis
qu'on la connaît, uiie foule de moyens ont été proposés pour
la combattre. Aucun d'eux n'a complètement réussi. En trou-
vera-t-on de plus actifs a l'avenir?
:s) En attendant que la science nous ait fourni de véritables
moyens de défense, la commission est d'avis qu'il y a lieu, dès
à présent, de conseiller aux agriculteurs et aux municipahtés
— 337 -
d'imiter l'exemple donné dans l'Hérault et dans la Gironde,
où Ton n'a pas hésité à arracher les ceps, à les brûler et à
désinfecter le sol par un sérieux écobuage. Elle conseille, dans
ie même ordre d'idées, de ramasser les feuilles portant des
galles et de les brûler.
3) Ces mesures défensives, analogues à celles qu'on a prises
contre la peste bovine, ont l'avantage de détruire un grand
nombre d'insectes qui pourraient se propager et répandre la
maladie dans les vignobles environnants. Prescrites à propos
et mises a exécution avec ensemble et sous une surveillance
intelligente, elles peuvent arrêter le progrès du mal et ie faire
reculer. Mais ces mesures immédiates, que le ministère peut
recommander comme extrêmement urgentes, le mois d'août
étant bien des plus dangereux pour la propagation énergique
du Phylloxéra, des souscrij)!ions a l'aide desquelles les socié-
tés, comices ou syndicats pourront subvenir aux indemnités
réclamées par certains propriétaires de Vignes condamnés à la
destruction, ne sauraient dispenser de chercher ailleurs un re-
mède d'une application plus facile. Toutefois, autant la Com-
mission s'exprime avec conviction lorsqu'il s'agit de conseiller
des mesures de police rurale, autant elle veut rester réservée
lorsqu'il est question des règles de conduite ;i tracer à ceux
qui s'occuperont de cette question ; elle laisse le champ libre
à toutes les idées
D L'arrachage des ceps malades et leur emploi, avec d'autres
combustibles, à l'écobuage du sol infesté, la cueillette et la
destruction par le feu des feuilles portant les galles spéciales
du Phylloxéra circonscriront la marche de la maladie et mar-
queront un temps d'arrêt. Les personnes qui se voueront aux
recherches qu'on désire provoquer, auront ainsi le temps né-
cessaire pour atteindre le but ; car, il ne faut pas l'oublier,
dans les problèmes complexes de l'agriculture, il n'est pas
permis d'improviser, et, plus que jamais, il n'est donné à per-
JSovembre 487<. i!2
— 338 —
sonne en pariai cas, de deviner la nature en passant (l). »
(Extrait du rapport de la Commission instituée par le
Ministre de l'agriculture.)
LE JASMIN DE VIRGINIE GREFFÉ SUR CATALPA.
Parmi les nombreuses greffes hétérogènes qui ont été prati-
quées au jardin d'expériences et d'acclimatation du château de
Segrez, la plus remarquable, au point de vue' de l'effet pitto-
resque et ornemental, est sans contredit celle du Jasmin de
Virginie {Bignonia radicans), espèce grimpante, sur le Ca-
talpa qui est un arbre.
L'opération, pratiquée il y a trois ans, a parfaitement réussi.
Le Catalpa qui a éié greffé est un arbre dont le tronc ,haut de
2 mètres, se divise , à cette hauteur, en plusieurs branches
grosses comme le bras, et qui se ramifient chacune en trois ou
quatre rameaux de 3 à 4 centim. de diamètre. Ces rameaux
ayant été rabattus à 30-40 centim. nu-dessus de la bifurca-
tion ont reçu chacun deux greffons de Jasmin de Virginie
par la greffe en fente. Quelques petites ramilles avaient été
conservées, vers la partie supérieure des gros rameaux gref-
fés^ pour appeler ia sève, et dans le courant de l'été, la
suppression d'un certain nombre de leurs bourgeons, le pin-
cement d'un certain nombre d'autres favorisèrent l'attache
des greffons, qui ne lardèrent pas à développer leurs pre-
mières feuilles. L'année suivante, les mêmes opérations fu-
rent pratiquées sur les bourgeons du Catalpa, et les premiers
rameaux du Bignonia prirent du corps par le développement
de leurs bourgeons. Cette année, le Catalpa offrait le pins sin-
(!) Depuis la publicatiop de ce rapport, on a constaté l'existence du Phyl-
loxéra mâle; il a été observé à l'éiat ailé.
- 339 -
gulier et le plus admirable effet. Du milieu d'un large et abon-
dant feuillage s'éohappaient^, de tous côtés, de nombreux
rameaux à feuillage léger^ tous terminés par de beaux bouquets
des grandes et brillantes fleurs rouges du Bignonia que cliacun
connaît. Il y avait dans ce Catalpa, ainsi greffé, quelque chose
de si bizarre et de si merveilleux à la fois, que les personnes
les moins pénétrées du feu sacré^ de l'horticulture restaient
en contemplation devant lui, tournant tout autour pour péné-
trer le mystère.
Nous signalons le succès de ce genre de greffage pour le
recommander à nos lecteurs et appeler leur attention sur une
opération qui peut apporter un nouvel élément à l'art d'em-
bellir les parcs et les jardins.
EUG. DE MaRTRAGNY.
NOTE SUR L'ORIGINE DU LILAS VARIN ET SUR SES
VARIATIONS.
Tout le monde connaît aujourd'hui, pour l'avoir admiré
dans tous les jardins et pour en avoir fait au printemps un de
ces monstrueux bouquets qu'il fournit à profusion, le magni-
fique arbuste dont nous sommes heureux d'oifrir une superbe
variété (I), qui, par son coloris, variera agréablement ces
bouquets, auxquels on ne pouvait faire qu'un reproche, celui
d'être trop uniformes ; nous voulons parler du lilas que l'on
nomme vulgairement Lilas Varin ou Lilas de Rouen [Syringa
rothomagensis), et dont l'origine est assez controversée pour
que nous rapportions à ce propos les deux versions généra-
lement admises sur cette origine.
Quelques auteurs prétendent que cette espèce (?) a été intro-
(1) Voir à l'article : Plantes nouvelles : Seringa rolhonaagensis mplcnsis.
(Rédact.)
— 340 —
duite de la Chine, et la nomment même Syrmga chinensis ;
d'autres, avec plus de raison à noire avis, le disent avoir été
obtenu au jardin botanique de Rouen par un JVL Varin, et le
donnent comme un hybride du Lilas commun et du Lilas de
Perse, ce qui nous paraît très-rationnel, attendu qu'il est par-
faitement intermédiaire dans toutes ses parties entre ces deux
espèces et qu'il ne donne jamais de graines.
Cet arbrisseau a produit jusqu'ici, évidemment par dimor-
phisme, deux variétés bien distinctes : la première^ qui a reçu
le nom de son propagateur M. Sauget. d'où Lilas Sauget, mé-
riterait d'être beaucoup plus répandue qu'elle ne l'est, car elle
surpasse de beaucoup le type par ses fleurs d'un beau rouge
lilas et sa constitution plus robuste. La seconde, livrée au com-
merce par M. Lemoine^ de Nancy, sous le qualificatif alba^ se
distingue par le coloris de ses fleurs d'un blanc lilacé, qui sont
aussi un peu moins grandes, à corolle imparfaitement étalée,
et par la taille plus réduite de l'arbrisseau.
Enfin, celle que nous offrons aujourd'hui au commerce s'est
produite à Metz sur une très-forte touffe du Lilas Varin. (Voir
page 550.)
SiMQN Louis frères,
Pépiniéristes à Plantières, près Metz. '
CULTURE FORCÉE DES ARBRES FRUITIERS ET DES
JACINTHES.
C'est en décembre que commence le travail de la culture
forcée des arbres fruitiers et des oignons à fleurs.
Pour les arbres fruitiers, les sujets doivent être plantés en
pots depuis au moins le printemps précédent, et parfaitement
repris, très-sains, mais sans paraître trop vigoureux; car la
productivité ou la stérilité d'un arbre à fruit est en raison du
— 341 —
degré de vigueur du sujet. Plus un arbre pousse vigoureuse-
ment, plus il est difficile à mettre à fruits; plus il est faible
au contraire, plus on a de facilité à obtenir sa fructification. Il
semblerait que les sujets faibles ont conscie.ice de leur fin
prochaine, et qu'ils se hâlent de produire leurs fruits pour per-
pétuer leur espèce. Ce singulier phénomène ne se produit pas
seulement chez les végétaux, on l'observe également chez les
animaux, et l'espèce humaine ne fait pas exception.
Lorsque les arbres, — Cerisiers, Pruniers, Framboisiers,
Groseilliers, Pêcliers, Vignes, etc., — sont })lacés dans la serre
à forcer, on chautTe très- peu d'abord; suffisamment pour obtenir
une chaleur douce capable de provoquer seulement l'évolution
des bourgeons à fruits, sans exciter l'évolution rapide des
bourgeons à bois, qui absorberaient alors la plus grande partie
de la sève au détriment de la floraison. Une trop forte chaleur
au début de l'opération de forçage a, en outre, pour résultat
de faire développer les bourgeons à fruits en bourgeons à bois,
ce qui n'est pas le but qu'on se propose. Le maximum de tem-
pérature;, qui est 25 degrés, ne doit être attemt qu'après la
floraison, quand les fruits sont bien noués. Alors il n'y a plus à
crahidre la coulure ou la transformation des fleurs par excès
de chaleur. Quant au degré de la température à maintenir
dans la serre à forcer jusqu'au moment de la floraison, nulle
règle à établir; c'est la marche de la végétation qui sert de
guide, et c'est par l'observation qu'on active ou qu'on ralentit
le feu de son fourneau; il y a là h tour de main, que la plume
est impuissante à décrire.
Pendant la première période de chauffage, avant l'évolution
des bourgeons, la serre peut rester couverte de paillassons
jour et nuit pour conserver la chaleur interne et économiser le
combustible; mais dès que la période d'évolution commence,
on doit découvrir la serre toutes les fois que le soleil apparaît ,
car la lumière est absolument nécessaire à la formation de cer-
— 312 —
tains principes qui entrent dans les éléments constitutifs des
végétaux, et tout particulièrement les matières colorantes.
Une serre à forcer doit être construite de manière à pouvoir
établir une forte ventilation et courant d'air chaud, car l'agi-
tation de l'air intérieur de la serre, à un certain moment, est
une condition de réussite dans la culture forcée.
La fécondation des fleurs, dans la nature, est favorisée par
les vents qui disséminent la poussière fécondante, ou par les
insectes qui la portent de l'antlicre sur le stigmate. Dans une
serre, l'air est généralement calme, pas la moindre brise; les
insectes n'y sont pas admis, et, dès lors, les plantes n'ayant
rien pour les aider à accomplir l'acte le plus important do
leur existence, voient leurs fleurs tomber sans rien pro-
duire. Dans la culture forcée, le jardinier doit donc venir en
aide à ses arbres. S'il est doué de beaucoup de patience, il peut
porter lui-même le pollen sur le stigmate; mais si l'impatience
est un de ses défauts, et que, de plus, le temps lui manque, il
n'a qu'à établir un courant d'air, et la fécondation est assurée.
Mais il faut bien se garder, quand on ne possède pas un
ventilateur à air chaud, d'étabhr ce courant en ouvrant la
porte et un châssis placé à l'autre bout de la serre; ce double
courant d'air froid, en frappant sur les tissus tendres des
fleurs, arrête tout à coup le mouvament séveux, et cet arrêt
momentané, si court qu'il soit, détermine la désarticulation
des pédoncules et la chute des fleurs.
A défaut de ventilateur, on donne l'air par un châssis du
haut de préférence, au moment le plus chaud de la journée, et
en présence du soleil. L'air du dehors, étant plus froid que
l'air de la serre et, par conséquent plus lourd, descend natu-
rellement par son poids dans la région basse. En tombant
ainsi, il déplace l'air chaud de la région supérieure, le refoule
à droite, à gauche, partout, et le courant intérieur est établi.
Comme l'air extérieur s'empare, au contact de l'air chaud,
— 3^3 -
d'une partie du calorique de ce dernier, il se trouve, par cette
raison, suffisamment chaud quand il arrive dans la région
occupée par les fleurs, et il opère alors, sans danger, la dissé-
mination de la poussière poUinique qui vivifie les ovules, ce
qui assure l'altachage des ovaires et la production des fruits.
Mais pendant que l'air extérieur opère lui-même, il faut
chauffer régulièrement, pour ne pas laisser trop tomber la cha-
leur ; car dans le forçage il ne faut pas de transition ; la tempé-
rature doit être régulière, et c'est graduellement qu'on doit
arriver au maximum de 25 degrés, qui est la température de
la période qu'on peut appeler période maturative.
Un bouquet de Jacinthes pour finir.
C'est le moment de mettre en pots les oignons de Tulipes
précoces et de Jacinthes, pour les forcer en serre. Les Jacinthes
ne seront belles qu'autant qu'elles auront été élevées très-
près des vitres, recevant ainsi beaucoup de lumière.
Pour mon compte, voici les variétés que je préfère, et j'a-
voue que j'ai un faible pour les simples Leurs fletu's sont
moins grosses, c'est vrai, mais je ne juge pas la beauté au vo-
lume ni au poids.
Parmi les variétés à fleurs simples qui ont obtenu mes sui-
frages, en voici une vingtaine de premier choix : rouges :
Agnès, Goldsmilh, LordGrey,Norma, Solfatare; — violettes:
Améthyste, Charles, l'Unique, Monsignor van Urée; — blan-
ches : Alba superbissima, Blanche formidable, Grand Vain-
queur, Maria Cornelia; — jaunes : Chateaubriand^ Citronnière,
Grande jaune; — bleues : Amiral deCuligny, Emicus, Général
Pélissier, la Nuit.
En Jacinthes à fleurs doubles, voici cellessur lesquelles j'ai
jeté mon dévolu : rouges : Alida Catharina, Bouquet royal,
Bouquet tendre^ Gagel, Hugo Grolius; — violettes : Grootvorst,
Lord Cowley; — blanches : A la mode, Prince de Waterloo,
Grand-vainqueur, Pyrène, La Tour d'Auvergne; — jaunes :
— 344 —
Goethe, Jaune suprême, Mine de soufre, Piet Hein ; — bleues :
Bouquet Constant, Bucentaurus, Garrick, madame Marmont,
Hélicon.
F. Herincq.
DU REBOISEMENT DES PARCS ET DES SEMIS D'ARBRES.
Les proprié'aires de grand parc, ou qui possèdent quelques
terrains boisés, sont souvent très-embarrassés quand il faut
regarnir certaines parties de leur propriété. Où et comment se
procurer le plant nécessaire; quelle quantité et à quelle di-
stance doit-on planter, etc., sont autant de questions qui agi-
tent et qui reviennent tour à tour à l'esprit.
On peut, dirons-nous, se procurer du jeune plant d'arbres,
au mille, chez la plupart des pépiniéristes, et la plantation se
fait, le plus ordinairement, à la distance de 1 mètre. Dans les
terrains secs et arides, où la végétation est maigre et l'ac-
croissement très lent, on peut planter plus serré ; au contraire,
dans les terres fortes et fertiles, la distance peut être de
1 mètre 30. Quoi qu'il en soit, on peut établir que la moyenne
de plants à employer sur une surface donnée est de 10,000 par
hectare.
Pour le reboisement en grand, c'est un mauvais système de
planter de suite comme le recommandent certains auteurs, à la
distance accordée aux arbres de hautes tiges ou de futaies. Quel
que soit le but qu'on se propose, établissement ou reboisement
partiel de taillis ou de futaies, la dislance doit être la même,
entre 0 60 et 1 m. 30, suivant la nature du sol, et le climat. Il
faut que les plants s'abritent et se protègent mutuellement,
dans leur jeune âge, contre le soleil, les hâles, les gelés, etc.,
ce qui ne peut avoir lieu quand on plante à 6 ou 8 mètres de
distance ; c'est graduellement, au fur et à mesure que les
arbres acquièrent de la force, qu'on retranche, chaque année,
— 345 —
les plus faibles, jusqu'à ce que la distance réglementaire soit
atteinte.
Quand il s'agit de combler seulement quelques vides, dans
les futaies des parcs, les propriétaires, souvent, font arracher
dans leur propriété du plant qui a poussé sous bois. Mauvais,
très-mauvais système. Les plants de cette provenance ne
produisent jamais de beaux arbres; ils sont généralement mal
constitués ; leurs pousses sont grêles, parce que leurs bour-
geons se sont durcis avant le temps, n'ayant jamais reçu l'ac-
tion bienfaisante du grand air et du soleil, et, de plus, la racine
est réduite au pivot primitif, sans le moindre chevelu; lare-
prise est dès lors difficile, et quand par hasard elle a lieu, les
sujets boudent pendant plusieurs années. J'ai vu des Frênes
et des Chênes, provenant de semis naturels sous bois et trans-
plantés pour regarnir des futaies, metire dix ans pour gagner
1 mètre en hauteur et un centimètre environ en circonférence.
Le reboisement en grand peut être fait, également, par
graines qu'on sème ou à la volée, ou en lignes, ou en po-
quets. Dans ce cas il faut semer aussitôt après la récolte des
graines, ou avoir soin de les faire stratifier, quand le semis ne
peut pas être pratiqué à cette époque ; car la plupart des
graines de nos arbres forestiers perdent rapidement leur fa-
culté germinative, ou bien, quand les graines sont semées tar-
divement ou à contre-saison, la germination se fait très-capri-
cieusement et incomplètement. Une partie des graines germent
la première année, et, pour d'autres, la germination ne s'effectue
qu'un an ou deux ans après. Par conséquent, quand on sème
en pépinière, il ne faut pas se hâter de labourer l'emplacement
d'un semis d'arbres qui n'aurait réussi qu'imparfaitement la
première année; en l'entretenant avec soin, on en obtient de
nouveaux p'anis les années suivantes.
Les semis sur place ne conviennent guère qu'aux espèces
essentiellement forestières, comme le Bouleau, Charme,
— 346 —
Erable, Frêne, Hêtre, Pins maritime et sylvestre. Sapin, etc.
La quantité de graines nécessaire à l'ensemencement d'une
surface déterminée est très-variable et subordonnée surtout
à l'espèce. Voici, d'après le Catalogue delà maison Vilmorin,
les données générales sur les quantités par hectare, des prin-
cipales essences employées pour les reboisements, en suppo-
sant que chaque espèce soit adoptée seule et sans mélange :
Acacia blanc, ou Robinier [Robinia pseudo-acacia). On
sème rarement en place ; on fait les semis en pépinières, et de
préférence en avril ou mai. Pour obtenir le nombre de plants
nécessaire pour garnir un hectare de terrain, 1 à 2 kilogrammes
de graines suffit ; pour semer en place, en rigoles ou bandes, il
en faudrait 42 à 15 kilogr. et de 20 à 25 kilogr. pour les semis
à la volée.
AiLANTE, ou Vernis du japon {Ailanthus glandiilosa). On
sème en pépinière, en avril-mai, à raison de 2 à 3 kilo-
grammes de graines, pour garnir un hectare en plants.
Aune {Alnus commiinis). On sème rarement en place; le
semis en pépinière donne de meilleurs résultats. On sème à
l'automne, en hiver et au printemps. Pour semer en place à
la volée, il faut de 10 à 12 kilogr. de graines j le semis en ri-
goles ou en bandes n'exige que 6 à 8 kil., et il n'en faut que
1 à 2 kil. pour semis en pépinière, qui fournira le plant néces-
saire à la plantation d'un hectare.
Bouleau {Betula alha). Le semis en place est le plus usité;
on sème à l'automne et au printemps, en mélangeant la graine
avec du sable fin ou cendre lessivée, et en choisissant un temps
de pluie ou de neige . Pour le semis à la volée, il faut de 30 à
40 kilogr. à l'hectare ; 24 à 30 pour le semis en rigole et seu-
lement de 1 à 2 kil. pour obtenir en pépinière le plant d'un
hoctare.
Charme {Carpiniis Betulus). On sème cette essence plutôt
en rigoles ou bandes qu'à la volée. Il convient de nettre les
— 347 —
graines en stratification pendant deux hivers, et de ne semer
que la deuxième année au printemps, parce que le semis di-
rect met deux ans à lever, et que durant cette période une par-
tie des graines est détruite par les animaux. Quand on sème la
première année sans faire slratifier les graines, il faut alors
semer en automne, autrement on perdrait encore une année.
Pour ensemencer à la volée un hectare, il faut de 45 à 50 kilogr.;
il n'en faut que 30 à 33 kil, pour les semis en bandes, et 1 kil.
500 gr. à 2 kil. suffisent pour semis en pépinière.
Châtaignier {Castanea vesca). La Châtaigne doit être stra-
tifiée dans du sable et semée à la fin de l'hiver en bgnes ou
par poquets; dans ce cas il faut de 350 à 450 kilogr. de se-
mence par hectare. Mais il est préférable de semer en pépi-
nière et de repiquer le plant ; il ne faut alors que 50 kil. de
Châtaignes jiour replanter un hectare.
Chêne. Les graines des Chênes de toutes espèces ont l)esoin
d'être mises en stratification dès la récolte; autrement une
grande partie ne germe pas. On sème à la fin de l'hiver de
préférence en place à la volée ou en lignes ; le repiquage est
peu usité. Les graines déjà germées pendant la stratification
peuvent être également utilisées. Pour l'hectare il faut 750 à
900 kilogr. de graines pour semis à la volée, 500 à GOO pour
les semis en lignes ou poquets, et seulement 100 à 150 pour
le plant préparé en pépinière.
Erables {Acer). On peut semer en place, à la fin de l'hiver,
avec des graines mises en stratification aussitôt après la récolte ;
il faut 60 h G5 kil. pour semis à la volée et de 40 à 45 pour
les semis en lignes ou en bandes ; mais il est pi'éférable de se-
mer en pépinière et de repiquer le plant; dans ce cas 7 kil.
500 gr. à 10 kilogr. de graines suffisent pour l'hectare.
Frêne commun [Fraxinus Orniis). Ce n'est guère que la
deuxième ou la troisième année de semis que la graine de
Frêne germe. 11 faut donc la mettre en stratification pendant
— 348 —
deux ans, et la semer à la fin du deuxième hiver; dans cett
condition elle germe peu de temps après. On pratique rare-
ment le semis en place, qui demande 40 à 45kil. à l'hectare
quand on sème à la volée, et 27 à 30 kil. pour les semis en
hgnes. Le semis en pépinière est plus sûr, et 2 à 3 kil. de
graines suffisent pour fournir le plant nécessaire au reboise-
ment d'un hectare.
Hêtre commun, y ay A'RT) {F ag us sylvatica). La graine de hêtre
perd facilement ses facultés germinalives. On doit la faire
stratifier pendant l'hiver et semer au printemps suivant ; la
germination est alors très-rapide. On peut encore semer aus-
sitôt après la récolte des faînes; mais les animaux^ qui en sont
très-friands, endotruisent une grande partie. Les semis se font
à raison de 325 à 425 kiL pour semis à la volée; 250 à 300
kiL pour Hgnes ou rigoles, et 6 li ?0 pour semis en pépinière.
Orme {Ulmus) . Le semis en pépinière, avec l à 2 kil. de
graines, est préférable au semis en place, qui exige d'être fait
dans on semis de plantes annuelles (sarrasin ou céréales mé-
langés), soit à la volée avec 28 à 30 kil. de graines par hectare
ou en bandes alternatives à raison de 18 à 22 kil. Cette pré-
caution est nécessaire pour favoriser le développement des
jeunes plants, qui ont besoin d'être garantis des ardeurs du
soleil. On sème en juin aussitôt après la récolte.
Tilleul (Ti/m). Le Tilleul se sème parfois en place à rai-
son de 20 à 25 kiL à l'hectare pour le semis à la volée, ou
15 à 20 kil. pour les rigoles ou bandes ; mais il est préférable
de faire le plant en pépinière ; il faut seulement 1 à 2 kilogr.
de graines.
Mélèze d'Europe [Larix Europœa). On sème rarement en
place cette espèce ; le semis en pépinière est préféré, et ce n'est
pas eans raison. Toutes les graines de Mélèze ne sont pas fer-
tiles ; on compte généralement qu'iJ y en a deux tiers de mau-
vaises. Aussi l'emploie-t-on à raison de 15 à 20 kilogr., en
— 349 —
graines désailées pour semis à la volée d'un hectare ; 10 à 15
kil.pour semis en lignes ou bandes, et 1 à2 kil. pour semis en
[)épinière3.
Pin maritime, connu également sous les noms de Pin des
Landes, Pin du Mans et Pin de Bordeaux; c'est le Pinus pi-
naster ou marilima des botanistes. — C'est le semis en place
qui est \d plus usité. Dans les terrains légers, siliceux, et pour
les contrées chaudes oii les sécheresses de printemps sont fré-
quentes, les semis doivent être faits préférablement vers la fin
de l'été ou à l'automne ; mais ils réussissent mieux à la tin de
l'hiver et au printemps dans les bonnes terres et dans les ré-
gions tempérées. Dans le semis à la volée on emploie de 20 à
30 kil. à l'hectare; 10 à 12 kil. pour semis en rigoles ou
bandes, et 1 ou 2 kil. pour obtenir le plant en pépinières.
Pin sylvestre, qui porte aussi les noms de Pin de Riga, et
Pin du nord [Pinus sylvestris). De tous les Pins, le Pin syl-
vestre est celui qui a le plus de valeur, au point de vue de l'ex-
ploitation pour son bois. On le sème ordinairement en place
au printemps, ou à la fin de l'été et en automne suivant le sol
et le chmat, comme pour le Pin maritime : 6 à 8 kil. de graines
pour semis à la volée, ou 3 à 5 kil. pour rigoles ou bandes.
Mais la germination est très-inégale : une partie a lieu dès la
première année, et l'autre partie s'effectue successivement
pendant plusieurs années. Le semis en pépinière est peu
usité; il ne faut -qu'un kilogr. de graines pour obtenir le plant
d'un hectare. MM. Vilmorin proposent un mélange qui nous
paraît très-avantageux. C'est île mélanger à la graine de Pin
sylvestre une certaine proportion de graines de Pin maritime,
qui est généralement meilleur marché, ce qui diminue la
quantité de Pin sylvestre et permet de réaliser une certaine
économie dans le prix d'achat de la semence. Les premières
éclaircies portent sur le Pin maritime, qui finit par disparaître
et laisse le champ libre au Pin sylvestre.
-- 350 —
Le Pin oeDriançon ou Pin mvgeo {Pinus mughus ou montana)
se sème en place et de préférence en pépinière, dans les mêmes
conditions que le Pin sylvestre.
Le Pin Larigio ou de Corse ne réussit pas toujours très-bien
par semis en place qui exige de 8 à 1 5 kilogr. suivant la qualité
de la graine — pour les semis à la volée et de 6 à 8 pour les
semis en rigoles, lignes ou bandes ; mais comme la graine est
d'un prix élevé, il y a avantage et économie à semer en pépi-
nière à raison de 2 kil. 500 à 3 kil. pour le plant de l'hectare.
Le Pin noir d'Autriche {Pimis nigra austriaca) se sème dans
les mêmes conditions que le Pin Laricio.
Sapin Epicéa ou Pesse (Picea exceha ou Abiespicea). Le se-
mis en place réussit bien avec 20 à 25 kil. de gr. semée à la
volée, ou 8 à 10 kil. pour semis en rigoles, lignes ou bandes;
mais le semis en pépinière avec un kilogr. de graines est pré-
férable, et c'est celui qui est généralement adopté.
Sapin commun, dit aussi Sapin argenté, Sapin croisé, Sa-
pin pectine, Sapin de Normandie (Abies pecttnatà). On sème
préférable ment cette espèce en place, en lignes ou en poquets
à raison de 50 à 60 kilogr. de graines à l'hectare. Les semis
doivent être faits aussitôt après la récolte, car les graines
perdent rapidement leur faculté germinative. Pour le semis en
pépinière, peu usité, il ne faut que 2 à 3 kilogr. de graines pour
fournir la quantité de plant nécessaire au repeuplement d'un
hectare.
Alex. Maclou.
PLANTES NOUVELLES.
Syrikga rothomagensis metensis, autrement dit^ Lilas de
Rouen, de Metz (Simon Louis). Le Lilas de Rouen qu'on
nomme aussi vulgairement Lilas Varin, est un arbrisseau ma-
— 351 —
gnifique qui fleurit à profusion au printemps, et dont chaque
branche est un splendide bouquet. La variété annoncée par
MM. Simon Louis s'est produite sur une forte touffe de ce
Lilas Varin ; c'est donc ce que nous appelions autrefois naïve-
ment un accident^ un jeu de la nature. Aujourd'hui que la sim-
plicité est bannie de partout, même des jardins, on dit : « c'est
du dimorphisme'^ » ce mot-là vous a tout de suite un cachet de
science qui fait bien dans le paysage ; mais le Lilas de Metz
fera encore mieux ; car on le dit supérieur au Lilas Varin. Les
fleurs sont aussi grandes, très-bien ouvertes, d'un magnifique
coloris carné pâle légèrement lilacé .
Clematis patens. var. Lucie (Simon Louis). La Clématite pa-
ïens, introduite depuis plusieurs années du Japon, est une de
nos plus belles plantes grimpantes, très-rustique, ne deman-
dant que la terre ordinaire , se plaisant à toutes les expositions
et donnant de nombreuses et très-grandes fleurs d'un beau
bleu de ciel. Elle a produit un très-grand nombre de variétés^
entre autres les remarquables clématites Louisa flore pleno,
Louise, Marie, Clara, splendida perfecta, etc., sorties des cul-
tures des frères Simon Louis, de Metz Elle vient de produire
dans le même établissement, la variété Lucie qui ne le cède en
rien à sesainées. Ses fleurs sont grandes, nombreuses à pétales
larges, arrondies à l'extrémité, d'un superbe coloris pourpre
violacé très-foncé, nuancé de carmin ; le bord de ces pétales
est d'un beau bleu, et la place occupée par les trois nervures
centra:les est d'une teinte plus clair, tandis que le revers de ces
pétales est blanc bordé de lilas. Les étamines, à anthères d'un
brun rougeâtre et à filets blanc pur, forment une rosette qui se
détache admirablement sur la couleur foncée de la fleur . C'est
une très-belle plante, très-florifère.
Clématite Lucie Lemoine (Lemoine) est une autre variété de
la même espèce, obtenue par M. Lemoine, de Nancy, et qui
n'a rien de commun avec la Clématite Lucie des frères Simon
— 352 —
Louis. Elle ne peut être comparée, dit l'obten leur, qu à la Clé-
matite Jolm Goiild Veitch; mais elle a sur elle la supériorité de
la forme et celle de la duplicature. Ses fleurs sont très-doubles,
blanches, larges de 11 à 12 centimètres, et se composent de
75 à 90 pétales des mieux étoffés ; les étarnines sont jaunes et
rayonnantes autour de la masse des pistils qui occupent le
centrio La floraison de cette nouvelle variété a lieu au com-
mencement de juin, en pleine terre; à la première phase de
l'épanouissement, ses fleurs ont une forme sphérique qui rap-
pelle celle des Zinnia à fleurs doubles ; tout à fait ouvertes
c'est tout à fait la forme d'un gigantesque Zinnia double blanc.
La Clématite Lucie Lemoine est Irès-rustique, çt tous ses ra-
meaux sont florifères .
tEsgulus hippocastanum DiGiTATA MAJOR (Slmou Louis). Le
marronnier à feuilles digitées est une forme du marronnier
ordinaire, tellement différent du type, que certains auteurs en
ont fait une espèce distincte. Elle constitue un petit arbre à
feuillage ridé, d'un vert pâle et à folioles petites en forme de
coin. Par la nature même de son feuillage, cette variété a un
aspect maladif qui ne plaît pas toujoui?s aux admirateurs des
belles et fortes constitutions. La sous-variété 7ncijor des frères
Simon Louis, tout en présentant le caractère ridé des feuilles,
n'a pas l'aspect rachitique du digitata; elle s'en distingue par
la vigueur et les dimensions plus fortes de l'arbre ; par ses
feuilles plus grandes, d'un vert très-foncé, et à la surface
unie.
LlGUSTRUM VULGARE FOLIIS ALBO MACULATIS (SimOU Louis). Si
Linné vivait encore, il ferait des sauts de carpes en voyant pa-
reil nom ; fort heureusement qu'ils ne s'appliquent qu'à des
arbres panachés. Ce Troëne a les feuilles irrégulièrement mar-
brées et veinées de blanc.
(A continuer.)
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tetle,^, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mtttons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le
««« et dont nous avo7is reçu un exemplaire.
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un peu de repos, si bien gagné. Il a cédé son bel établissement à M. Josef-h SCHWARTZ, qui, dep
déjà six ans, dirigeait l'établissement; c'est donc à lui que les clients de iM. GUILLOT père doiv(
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SOMMAIRE DU NUMERO DE DÉCEMBRE.
F. Herinco. Chronique. — Un mot sur Lierval, Rcndatlel, Billiard, Sénéclausc,
Lemaire et Lecoq. — 0. Lescuyer. Bégonia castanesefolia? — L. ConniEn.
Les premiers Pois de pleine terre. — Lun. Guilloteacx. La Poire Belle-Ange-
vine. — Dr JoRissENNE. De l'influence du sujet et de la greffe l'un sur l'autre.
— iÎRN. BoNARD. Revue des journaux étrangers. — Table des raalières contenues
dans le Xll" volume de la Mie série. Années 1870-1871.
CHRONIQUE
Un mol sur Lierval, Renilatlcr, Hilliard, Sénéclause, Lemaire et Lecoq.
L'année qui vient de s'écouler a fait de grands et doulou-
reux vides dans la république des fleurs. Nous avons donné,
dans un précédent numéro, les noms de ces victimes de la
mort; nous ajoutons, dans celui-ci, les quelques lignes que
nous avions consacrées à leur mémoire.
Lierval était un de ces hommes, — comme il y en a peu,
— qui font passer les intérêts de la chose à laquelle ils sont
attachés avant leurs intérêts personnels ; il fit plutôt de la
science horticole que du commerce. C'est à lui que nous
devons le perfectionne inent des Phlox, des Canna et la pro-
pagation des belles plantes découvertes par Porte, cette autre
victime de la science horticole, mort il y a quelques années
dans un voyage d'exploration dans les Indes.
Quant à Lierval, resté seul sous les murs de Paris pendant
le siège, avec un fils, — jeune enfant de 14 ans — la mort
fut pour lui un bienfait; car elle fit cesser les horribles et atro-
ces tortures de la faim qu'il endurait stoïquement, espérant
toujours sauver quelques-unes de ses plantes qu'il aimait
tant!
Rendatler, horticulteur à Nancy, était un des plus habiles
Décembre 4 871 . 23
— 354 —
multiplicateurs et semeurs français. Les Pétunia, les Phlox, les
Pentstemon, les Pensées, les Delphi?iium, les Pelargonium zo-
nale et inquinans se sont enrichis, par lui, de nombreux gains
qui ont valu à notre regretté confrère plus de 2 00 -médailles.
Comme Lierval, Rendatler est mort victime de la guerre.
Ame ardente et patriotique, il fut profondément affecté de
l'occupation de Nancy par les armées prussiennes ; la tristesse
s'empara de son cœur, et il s'éteignit au milieu des défaillances
que lui" faisait éprouver la vue de l'uniforme des maîtres de
sa ville adoptive. Il a laissé son établissement à son gendre,
M. Bertier, qui, nous n'en doutons pas, saura maintenir la ré-
putation de l'établissement Rendatler.
- BiLLiARD fils, dit la Graine, pépiniériste à Fontenay-aux-
Roses, s'était acquis une certaine renommée comme semeur.
Son père se livrait à la production de jeunes plants d'arbres
pour les pépiniéristes, et il ensemençait, chaque année, plu-
sieurs hectares de terrain, d'oîi le surnom de la Graine sous
lequel il était connu dans le commerce; mais ce brave homme
livrait son plant à ses collègues, sans se préoccuper des formes
différentes que pouvaient offrir certains sujets. Nature simple
et honnête, Billiard père ne comprenait pas la spéculation
basée sur la présence de deux ou trois poils disséminés à la
face supérieure ou. inférieure des feuilles. Son fils, en prenant
la direction de l'établissement, se trouva bientôt en relation
avec des horticulteurs spécialistes qui attirèrent son attention
sur les variations qui se manifestent dans les semis^, et^ dès
ce moment , Bihiard fils prit rang parmi les producteurs de
nouveautés. On lui doit de nombreuses variétés d'arbustes,
dont quelques-unes ont un mérite réel.
Sénéclause compte aussi parmi les nouvellistes. Il s'occu-
pait surtout de conifères, et cette famille lui doit un nombre de
variétés incommensurable, — trop incommensurable même.
Aujourd'hui qu'il n'est plus, la plupart de ses gains dispa-
— 355 —
raîtront du commerce, et nous ne doutons pas que son suc-
cesseur ne soit le premier à faire une sévère épuration de cette
collection.
Lëmaire a été toute sa vie une nature malheureuse. Comme
homme, il était de relations douces et agréables ; mais comme
savant, c'était un buisson d'Epine noire, inabordable. Pourvu
d'une grande et forte instruction, il débuta, dans la vie pu-
blique, par rUniversité. D'abord professeur d'humanités, puis
maître de pension, il se fit jardinier avecTespoir d'y trouver
une existence meilleure : mais il ne trouva que la vie beso-
gneuse qu'il avait rencontrée dans l'enseignement. Ayant fait
de la botanique en amateur, ses connaissances, en cette science,
étaient superficielles, ce qui l'amena, naturellement^ à se
prendre pour le plus grand botaniste des cinq parties du
monde. Il était atteint tout particulièrement de la maladie du
Nobis, c'est-à-dire qu'il faisait, quand même, des espèces nou-
velles pour pouvoir mettre, à la suite du nom de la plante,
le Nobis fameux, rêve de tous les savants de catégorie infé-
rieure, qui vont soufflant à tous les vents du ciel : « cette
espèce est de nous : Nobis ! )) Lemaire tenait beaucoup à ses
dénominations spécifiques, et il exhalait sa sainte colère, en
phrases grecques et latines, chaque fois qu'un botaniste dé-
crivait, sous un autre nom, une de ses espèces sans le nommer.
Il a rendu toutefois de grands services à l'horticulture comme
écrivain. On lui doit différentes publications sur la famille
des Cactées à laquelle il avait voué un culte tout particu-
lier ; il fut successivement rédacteur du -Jardin fleuriste et
de r Horticulteur universel. En 1845, les difficultés de sa
position à Paris le poussèrent, vers la Belgique, oi!i il devint
le rédacteur de la Flore des serres, de M. Van-Houtte, puis
de Mllustration horticole journal de l'établissement Vers-
chaffeld. Mais en 1869, cet étabhssement ayant été cédé à
M. Linden, la rédaction du journal fut confiée à une autre
- 33(5 -
plume, et le malheureux Lemaire rentra en France, pour
y mourir de misère, peut-être même de faim. C'est le sort
de la plupart des écrivains honnêtes, cpii n'ont pour vivre
que le produit de leur plume. On les exploite ; et quand on a
tiré d'eux tout ce qu'il est possible de tirer, on l6s met tout
simplement à la porte ; ainsi fut traitée une des gloires de
l'horticulture française, le vénérable et savant Poiteau. En
consacrant quelques lignes à notre compatriote, dans la Bel-
gique horticole, M. Edouard Morren termine ainsi sa notice :
ce 11 a beaucoup contribué, sinon à la prospérité commerciale
de rhorticulture gantoise, au moins à sa renommée cosmopolite
et scientifique ; on lui devait de la reconnaissance. Ce fut un
pénible moment quand la plume se brisa dans ses mains :
nouveau Bélisaire, il partit cherchant en vain un foyer hospi-
talier ; les désastres de sa patrie vinrent encore Fassaillir et
ajouter aux angoisses de ses derniers jours. »
Legoq était, comme Lemaire, un écrivain très-érudit ; mais
il avait, en plus, quelques soixante ou quatre-vingt mille livres
de rente, amassées dans le commerce du café de gland doux,
ce qui lui permit de faire de la botanique tout simplement
pour charmer ses loisirs. Aussi, tous ses écrits D'août rien du
sérieux et de l'aridité des œuvres d'un savant pure race;
c'était de la science légère et plutôt du romantisme que de la
science. Digne émule de Darwin, il se laissait emporter par
son génie, et alors il voyait dans les phénomènes les plus
naturels — au point de vue scientifique — des tableaux su-
blimes et des plus gracieux, qu'il peignait avec une richesse
d'expressions, avec une profusion de fleurs de rhétorique qui
dépassaient souvent les limites de la hcence accordée à la
poésie. On peut sans doute exalter le merveilleux de certains
phénomènes naturels, mais il ne faut pas — pour inspirer de
l'intérêt et captiver l'attention — que cette exaltation dénature
les faits, car on tombe dans l'absurde et le ridicule. C'est ce qui
— 357 —
arrivait parfois à M. Lecoq. Nos lecteurs peuvent se rappeler
sa fameuse note présentée à la Société botanique de France,
sur les mouvements convulsifs d'un Caladiumei les jets d''eau
lancés par ses feuilles (1). Notre botaniste-poëte était évidem-
ment de très-bonne foi; mais, comme tous les hommes dont
le cerveau est visité par le delirium poétique, il évoquait les
agents les plus fantastiques pour décrire les merveilles de la
nature, et quand les ressorts de son cerveau de poëte étaient
détendus, il restait convaincu que c'était réellement arrivé
comme il l'avait écrit. M. Lecoq, qui était le fondateur du
Jardin des plantes de Clermont-Ferrand, s'est particulièrement
occupé de l'hybridation, qu'il a enrichie de faits merveilleux,
auxquels il manque peut-être un peu d'exactitudt. Au fond,
excellent homme, et digne citoyen. 11 a légué une partie de
son immense fortune à la ville de Clermont, pour l'entretien
des collections, dont il a doté le musée, et du Jardin des
plantes dont il était le directeur.
F. Hkringq.
acca-- —
BEGOiMAX...(FiG. Xil).
Le Bégonia que nous figurons dans ce numéro, est un des
plus précieux du genre. Il supporte parfaitement le plein air et
la pleine terre pendant la belle saison, et il devient un des plus
déhcieux ornements de nos parterres. Il y a quelques années
déjà que le jardin de la ville de Paris en a fait de ravissantes
corbeilles et des bordures dans les squares et promenades pu-
blics. Depuis il s'est répandu dans les jardins particuliers, et il
a eu une certaine vogue — bien méritée — sur les miarchés
aux fleurs de la capitale. Malheureusement la guerre a arrêté
(1) Horticulteur français, 1867 p. 133.
— 358 -
son essoT" ; il a presque disparu des cultures parisiennes, et son
nom est actuellement introuvable.
Dans certains jardins bourgeois, on le connaii sous le nom
deBegonia fagifolia; dans d'auires c'est sous celui daAundersii?
Au Jardin des plantes de* Paris, on en possède un pauvre petit
pied étiqueté Bégonia castaneœfolia, et c'est sous cette déno-
mination c^ue nous l'avons trouvé en multiplication , chez
MM. Thibaut et Ketelèer, rue Houdan, à Sceaux (Seine).
Or, ce charmant et ravissant Bégonia n'est pas du tout le
fagifolia ; il n'a aucune ressemblance avec ce dernier, quia des
feuilles poilues et des petites fleurs blanches. Ce n'est pas da-
vantage le Bégonia qui était cultivé, vers 1846, au jardin d'Or-
léans et en Suisse sous le nom de castaneœfolia, à l'époque oii
M. Alphonse Decandolle a pubhé sa monographie des Begonia-
cées (1 864). La'plante qui portait alors ce nom, et que ne men-
tionne pas M. Klotzsch dans son travail monographique de cette
famille, n'est pas autre que le Bégonia fruticosa d'Alphonse
Decandolle, et type du genre Trendelenburgia du botaniste
prussien. Qu'elle soiiBegoniaou Trendelenburgia. cette ancienne
plante, cultivée sous le nom de castaneœfolia , ne ressemble en
rien au Bégonia castaneœfolia cultivé actuellement ; ses fleurs
sont toutes petites, blanc rosé, et ses feuilles ont assez la forme
de celles du Bégonia fuchsioides.
Le J5e^o?iia qu'on cultive aujourd'hui à la Muette, au Muséum,
chez MM. Thibaut Ketelèer, etc.^ sous ce nom de castaneœfolia,
et qui a pénétré au jardin de Segrez sous celui de fagifolia^
est une jolie plante rustique, haute de 35 à 40 centimètres, à
tige rouge , semi-ligneuse ; ses feuilles qui ressemblent^ — si
l'on veut — à celles du châtaignier, sont glabres, longues de 5 à
7 centimètres, d'un beau vert luisant en dessus, plus ou moins
teintées de rouge en dessous, et dentelées sur les bords. Les
fleurs mâles sont d'un beau rose carné, avec un petit paquet
d'élamines jaunes au centre. Les fleurs femelles ont lovaire
— 359 —
d'un carrnin pourpré à 3 ailes, les pétales extérieurs sont de
même couleur que l'ovaire sur la face extérieure et ceux de
l'intérieur rosés, comme les fleurs mâles.
Cette plante se fait très-bien en touffe, et supporte admira-
blement la pleine terre pendant Tété, et n'importe à quelle
exposition. A l'approche des froids on la relève pour la rem-
poter et la faire hiverner en serre ordinaire. Sa multiplication
est très-facile et t'^ès-rapide par boutures.
Ce Bégonia est un exemple de la valeur problématique de la
nomenclature horticole. On donne des noms à tort et à travers,
et on arrive ainsi à la plus repoussante confusion. Nous nous
garderons, selon notre habitude, d'ajouter à celle du genre
Bégonia, en donnant un nom nouveau à celui que nous figu-
rons ; en le désignant sous la lettre algébrique X ; nous laissons
ce soin à ceux de nos confrères qui se prennent au sérieux, et
qui sont à la recherche de toutes les occasions pour mettre leur
nom à la suite de celui d'une plante : histoire de passer pour
un vrai et grand botaniste.
0. Lesguyer.
LES PREMIERS POIS DE PLEINE TERRE.
Rien ne vaut les petits pois, quand ils sont tendres, frais,
bienaccommodés^à la manière du baron Brisse avec ou sans
pigeon, ou simplement au petit lard passé préalablement au
bon beurre, comme il est indqué dans les 366 Menus (1).
Les grands amateurs de primeurs sèment, au petit bonheur,
leurs premiers pois, à la Sainte-Catherine, vers la fin de no-
vembre ; ces pois viennent ou ne viennent pas, le succès dépend
(1) La librairie Donnaud, rueCasseUe, 9, Paris, vient d'en publier la 5" édition.
J — 360 —
-^de la température de l'hiver. C'est donc le hasard qui préside
aux destinées de ces précoces cultures.
Les gens plus raisonnables, qui n'abandonnent rien à l'in-
connu, ne sèment les pois de première saison en pleine terre
que dans le courant de février. Us préparent le terrain par de
bons labours, et si le sol est léger, ils lui donnent un bon engrais
bien consommé ; si au contraire c'est une terre forte, ils l'a-
mendent simplement avec de la marne, des cendres, du plâ-
tre, etc. L'engrais doit être administré avec discernement. Le
cultivateur ne doit pas oublier que l'excès de nourriture, chez
les végétaux, pousse seulement à la production des feuilles, en
transformant les organes floraux en organes foliacés. Dans la
culture des plantes à graines ou à fruits, comme les plantes qui
nous occupent, il faut, par conséquerît, fumer modérément :
autrement on obtient de la verdure en abondance dans laquelle
on n'aperçoit que quelques rares gousses de pois.
Les terrains fumés l'année précédente et qui ont reçu des
plantes cultivées pour leurs feuilles, sont les meilleurs terrains
pour la culture des petits pois : en bonne culture, on ne met
jamais deux années de suite des plantes de même nature danr^
le même emplacement.
La variété qui réussit le mieux comme pois de première
saison en pleine terre, est le Pois Prince Albert. Quand on pos-
sède de vieilles couches, on y sème ses pois pour en activer la
végétation. A défaut de couche on peut semer sous cloches, ou
bien encore dans de longues caisses en bois, ayant au moins
15 centimètres de profondeur.
On a généralement l'habitude de faire tremper les pois dans
l'eau avant de les semer. C'est une mauvaise habitude, s'il faut
en croire M. Frédéric Burvenich; un horticulteur belge, qui
paraît bien entendre la culture des plantes potagères. « Ne
mettez jamais à macérer vos graines dans l'eau, dit-il, pour les
faire gonfler et activer la germination ; c'est un moyen dont les
— 361 —
bons résultats font l'exception. » Comme il s'agit de repiquer
les pois, on sème dans un endroit restreint et aussi dru que
possible, avant la germination on peut tenir le semis constam-
ment couvert de paillassons ; mais aussitôt que les tiges poin-
tent, il faut donner de la lumière et de l'air.
Le plant est bon au repiquage aussitôt que les petites tiges,
qui sont arquées en crosse en sortant de terre, se sont redres-
sées et ont pris la direction verticale ; plus tard, les racines sont
trop développées, les plantes boudent, restent faibles, et ne
donnent qu'un médiocre produit. Quand le repiquage est fait
on le couvre de long fumier pour le garantir des hâles de mars
ou des gelées printanières.
Cette culture de pois par le repiquage est un moyen d'obtenir
une récolte plus hâtive. Elle demande peut-être un peu plus
de soins que la culture en place. Ainsi, il ne faut pas trop
pousser à la germination en recourant à la clialeur artificielle;
on obtient dans ce cas un plant tendre, délicat, qui soulfre
lorsqu'il est livré à l'air libie.
Il faut aussi faire bien attention de ne pas prendre du plant,
trop développé. Plus le plant pousse lentement, et plus petit
on le repique, plus on est certain du succès.
L. CORDIER.
LA POIRE BELLE-AINGEVINE.
Depuis quelque temps cette belle Poire est le sujet de toutes
les conservations^ depuis l'humble chaumière jusqu'au ma-
jestueux château aux lambris dorés. Dans la première on dis-
cute l'avantage de sa culture au point de vue des gros béné-
fices qu'ion en peut tirer: on vend ces mauvaises Poires-là
10 francs la pièce, disent les uns; bien plus que ça disent les
autres ; car la beauté se paye toujours plus cher que la bonté.
— 362 —
Dans les châteaux on s'extasie devant la forme et la grosseur
de la Belle-Angevine, et chacun de vanter ses fraîches et vives
couleurs.
Les journaux d'horticulture même lui consacrent de temps
en temps quelques pages, pour déchirer le voile qui enveloppe
sa naissance, et constater que, malgré son origine ténébreuse,
elle ne fait pas moins (( honorablement son chemin », et tou-
jours l'admiration des convives.
On parlera de sa gloire
Sous les chaumes bien longtemps.
C'est ce que l'honorable M. Bossin, est <( heureux de consta-
ter D, dit-il, dans une noie qu'il vient de pubher pour faire
connaître que ses recherches, sur l'origine de ce fruit, ont été
infructueuses; qu'iln'est pas plus avancé en 1871 que le 17 no-
vembre 1 841 , jour heureux pour lui, car il a produit, dit-il, un
certain effet sur les membres de la Société royale d'horticulture
devant lesquels il se présentait en séance, avec une Poire Boli-
var de 750 grammes, et qui n'était autre qu! mie Belle- An-
gevine. Depuis ce moment, il déclare avoir cherché partout sans
rien trouver. 11 cite presque tous les livres de pomologie,
excepté le plus important : le savant et intéressant Diction-
naire de ^pomologie, de M. André Leroy, dans lequel se
trouve ce que cherche M. Bossin, qui doit posséder ce pré-
cieux livre; car il est dans toutes les mains des personnes
s'occupant de fruits. Nous croyons donc, puisqu'on remet
sur le tapis la question de l'origine de cette Poire, qui fait si
« honorablement son chemin d — comme dit l'honorable M. Bos-
sin, — nous croyons donc, qu'il est intéressant de reproduire
la partie historique de l'article Poire Angevine du dictionnaire
de M. André Leroy dont les connaissances en pomologie ne
sont contestées par personne, et qui a fait fouiller — grâce à
son immense fortune — les hvresles j)^i/s étrangers, jusqu'aux
livres des Hébreux, pour trouver les renseignements néces-
— 363 —
saires à l'établissement de l'histoire des anciens fruits. Voici
ce qu'il dit de m l'honorable :o Poire- Angevine.
(L Historique. — Si la Poire Belle-Angevine était aussi
bonne que son coloris est brillant, sa forme jolie^ son volume
considérable, elle occuperait la première place parmi ses con-
génères ; mais elle paye de mine, et voilà tout. Cependant il
existe pour ce fruit, de la part des Parisiens en particulier,
un engouement tel, que nous avons lu ce qui suit dans une
feuille 'politique de la capitale :
« En traversant la place du Châtelet, j'ai remarqué dans la vitrine
du restaurant Victoria, six énormes Poires dans un panier surmonté
de cette inscription : « Poires Belles- ArKjevinea, 150 francs les six. —
25 francs la pièce, c'est pour rien, surtout si l'on se rappelle qu'il y a
deux ans le fameux Chevet exposait de ces fruits à « 120 francs la
paire. » {L'Union, novembre 1863.)
(( Toutefois, ce sont là des prix niusités, car le coût ordinaire
de ces fruits, lorsqu'ils ont toute la beauté voulue pour orner
un dessert, dépasse -l'arement une dizaine de francs la pièce.
Quant à la grosseur, elle varie beaucoup. Ou en a exposé dans
les concours horticoles qui pesaient : en 1846, à Tours, 2 kil.
250 ; — en 18G4, à Cholet, 2 kil. 02b ; — en 1847, à Brionne
(Eure), 1 kil. 300; — en 1862, à Chartres, 1 kil. 064 j — enfin,
également en 1862, à Nérac (Lot-et-Garonne), un trochet de
quatre Poires dépassa 3 kilogrammes.
« Le nom sous lequel ce Poirier est généralement cultivé a
dû faire présumer qu'il était originaire d'Angers; et l'on
n'aura même conservé aucun doute sur ce point, en présence
des lignes ci-dessous, écrites par le professeur Poiteau en
1843 :
G Voici l'histoire de la Poire Belle-Angevine! telle qu'elle m'a étéra-
contée à Angers, en Juillet 1843, par M. Audusson père, jardinier de
ladite ville : «Cette Poire provient d'un semis fait par moi il y a envi-
ron trente-cinq ans; l'arbre a fructifié pour la première fois à l'âge de
— 364 —
neuf ans. A la seconde fructification, quand j'ai vu que sa forme était
très-belle, je l'ai nommée Belle -Angevine, a Poiteau, Bev. hort. t. Y,
p. 483.)
ce Cette note, qui semble si précise, si complète en ses détails,
était cependant entièrement controuvée; mais ce qui nous
étonne, c'est que sa publication ne fut suivie d'aucune rectifi-
cation, puisque deux ans plus tard le même recueil oîi elle
avait été insérée la reproduisit sous la signature Bossin (1).
(Voir Eev, hort., 1849, p. 415.) Non, la Belle-Angevirffe « ne
provient pas d'un semis fait en nos murs, vers 1808 ; on l'y
introduisit, au contraire, en 1821, sous le nom à' Inconnue à
compote, qu'elle y garda plusieurs années. Voici du reste le
compte rendu fidèle des faits qui l'amenèrent sur le sol ange-
vin : — C'était, nous venons de le dire, en 1821. M. Alphpnse
Audusson, alors attaché à la pépinière du Luxembourg, di-
rigée par le savant Hervy, ayant offert à cet arboriculteur
douze Poiriers de Duchesse, acce[)ta en échange un Poirier
étiqueté Inconnue à compote et l'envoya à son père qui le
planta et lui enleva, vers 1842, le nom sous lequel il l'avait
reçu pour lui donner celui de Belle-Ange vi ne Telle est la
vérité (2).
<( Et maintenant, essayons de déterminer l'origine de cette
Poire géante.
(( En ce qui nous concerne, il nous a semblé longtemps
qu'elle provenait d'Eltham, en Angleterre, et n'était autre que
la Saint-Germain du docteur Sevedale, également appelée Union,
(1) C'est ainsi qu'on perpétue l'erreur. Serait-ce par hasard parce que M. A.
Leroy rapporte ce fait — de reproduction — que M. Bossia n'a pas cité l'o-
rigine donnée par le dictionnaire de pomologie? Ce ue serait pas d'un historien
bien sérieux. Si tous les auteurs agissaient ainsi, nous aurions de singulières
histoires, et la vérité ne se ferait pas souvent jour. F. H.
(2) Quand parfois nous mettons en doute le témoignage de certains obten-
teurs sur l'origine de certaines variétés, avons-uous tort et sommes-nous donc
si blâmable? F. H.
— 365 — '
Mais récemment, ayant trouvé dans un ouvrage anglais du
XVIIP siècle la description exacte de ce dernier fruit, qui y
est dit « rond et vert foncé » , nous sommes resté convaincu
de son manque d'identité avec la Poire oblongue et jaune
d'or nommée Belle-Angevine. (Voir Muller, Dictionnaire des
jardiniers, 1786, t. VI, p. 173.) Revenant alors à nos anciens
pomologues, et les étudiant, le passage ci- dessous de Mer-
let, l'arboriculteur le plus éclairé du XVIII" siècle^ nous a
frappé.
« Poire Bellissime d'hiver^ de Bur. -—Elle est jaune et rouge, belle à
peindre, d'une grosseur extraordinaire, bien plus élevée et enflée que
le Cadillac, meilleure et assez tendre. Son eau étant douce et relevée,
elle est des meilleures mise au four. » {Abrégé des bons fruits, édit.
1690, p. 110.)
« Ici, tout ne se rapproche-t-il pas des caractères de laBelle-
Angavine : couleur, grosseur, forme, époque de maturité,
qualité pour la cuisson? — Oui, et notre opinion se confirme
par ce fait, qu'aucun auteur, depuis Merlet, n'a cité la Bel-
lissime d'hiver de Biir; d'où suit qu'elle reçut bien prompte-
ment un autre nom : celui de Poire Trésor ou d'Amour, peut-
être, Mayer figurant sous cette appellation, dans sa Pomonia
franconica, en 1776, un fruit qui offre très-exactement le
faciès de la Belle-Angevine? S'il en est ainsi, ce fameux Poi-
rier, dont on n'a parlé pour la première fois qu'en 1690, se-
rait originaire de Bur. Mais de quel Bur? car il en existe plu-
sieurs. Nous croirions aisément qu'il s'agirait ici d'une localité
avoisinant Versailles, Merlet ayant décrit de préférence les
fruits nouveaux gagnés sous le ciel de Paris, qu'il habitait.
« Observations. — On doit, malgré l'opinion de divers pomo-
logues, considérer comme faux synonymes de la Belle-Ange-
vine, les noms suivants, s'appliquant à des variétés qui n'ont
rien de commun avec cette dernière : Angora, Belle de Jersey,
Grand Monarque, Mansuette, Uvedale's Saint-Germain. Il im-
~ 366 —
porte aussi de ne pas confondre la Poire d'Amour ou Trésor
décrite par Duhamel en 1708 {Traité des arbres fruitiers, t. II,
p. 236), avecla Belle -angevine; elle en diffère essentielle-
ment, ainsi qu'on peut s'en assurer en se reportant aux pages
120-122 de ce volume (1), où nous l'avons minutieusement
décrite. Ces noms d'Amour et de Trésor reviennent sifréquem-
ment dans la nomenclature des Poiriers, que, là, l'erreur serait
facile à commettre. On l'évitera en se rappelant que la Poire
Trésor ou d'Amour supposée la même que la Belle-Angevine,
est uniquement celle dont s'occupa Mayer en 1776, ainsi que
nous l'avons dit plus haut (André Leroy, Dict. de Pomologie,
t. I, page 190). »
Pour compléter l'histoire de cette fameuse Poire, nous di-
rons qu'elle a été décrite et vendu© sous 22 noms, ce qui
prouve son mérite à Vœil! et les voici, d'après M. André
Leroy : Bellissime d'hiver de Bur, Trésor, d'Amour, Duchesse
de Berry d'hiver, Bolivar d'hiver, Royale d'Angleterre'. Beauté
de Tervueren, Comtesse de Tervueren, Grosse de Bruxelles,
Solitaire, faux-Bohvar, très-grosse de Bruxelles, Abbé Mon-
gein, Anderson, Berthebirn, Gros-fin-or, Poire d'hiver. Grosse
dame Je'cinne, Poire d'horticulture, de kilo, Louise bonne d'hi-
ver, Poire la Quinlinye.
Comme on a pu le voir, ce Poirier est d'un assez bon rapport.
Mais il ne vient bien que greffé sur Cognassier; pour en obtenir
de belles grosses PoireS;, l'espalier est nécessaire, et il lai faut
l'exposition du midi ou du levant pour que ses fruits prennent
le frais et riche coloris que bien des convives lui envient.
LUD. GUILLOTEAUX.
(<) Dictionnaire de Pomologie^ d^Aadré Leroy, tome 1.
— 367 —
DE L'INFLUENCE DU SUJET ET DE LA GREFFE L'UN
SUR L'AUTRE (1).
La physiologie de la greffe est encore très-incoinplétement
connue. Sur la question de l'influence que peut exercer le
sujet sur le greffon ou réciproquement, les physiologistes et
les praticiens s'accordent cependant à reconnaître que la force
et l'activité sont susceptibles de se modifier ; c'est là un fait
constaté depuis des siècles et utilisé continuellement en hor-
ticulture comme en arboriculture, pour augmenter ou dimu-
nuer la vigueur, la marche rapide, etc., des espèces ou des va-
riétés. Les pomologues ont observé, en outre, que le sujet
peut avoir quelque action sur les qualités des fruits de
la greffe, telles que le goût, la dureté, la finesse des chairs,
l'abondance ou l'absence de sels calcaires^, etc.
Au contraire, les autres qualités conservent leur indépen-
dance. La greffe est précisément utiHsée pour la conservation
des types nouveaux qui se produisent. Cependant les varia-
tions de forme qui se rencontrent parfois par accident, sur un
rameau, et qu'on parvient souvent à fixer par la greffe, sont
plus difficiles à maintenir et retaurnent fréquemment au type.
Quelques observateurs ont cru voir davantage, et prétendent
que l'action du sujet sur la greffe peut devenir spécifique.
M. Hildebrand fit, y a quelques années, des expériences sur
diverses variétés de Pommes de terre. Il annonça qu'il avait
obtenu d'un œil, pris sur un tubercule rouge et inséré sur un
blanc, un produit mixte qu'il décrit ainsi : ce L'une des extré-
mités était ronde et blanche, le milieu blanc rayé de rouge,
et l'extrémité antérieure était allongée et tout à fait rouge (2).
Cette opération a été reprise par divers expérimentateurs,
(\) Extrait de la Belgique horticole.
(2) Nos lecteurs se rappellent comment nous avons traité et reçu cette
— 368 —
nofaDiment par MM. Kocli et Bouché, à Berlin, et M. Regel à
Saint-Pétersbourg, avec des résultats opposés aux vues de
M. Hildebrand.
M. Bouché a même dit, à la séance du 21 Juin 1870 de la
Société des Amis de la nature, de Berlin, que dans la prétendue
greffe des Pommes de terre, soit qu'on implante un œil à la
place d'un autre, ou qu'on adapte un morceau de tubercule à
un autre tid)ercule, il n'y a pas cicatrisation, mais simple jux-
taposition.
Mais les expériences de M. Regel méritent tout spéciale-
ment d'être rapportées pour leur exactitude. Elles ont été
publiées dans le Gartenflora (janvier 1871).
Au printemps de 1869, M. Regel fit un premier essai sem-
blable aux expériences de M. Hildebrand. Après avoir extrait
les yeux d'un tubercule blanc, il y plaça un œil de tubercule
rouge ou d'une autre variété. Les Pommes de terre ainsi opé-
rées furent déposées dans une serre et recouvertes d'une mince
couche de terre. Rien ne poussa. C'était donc à refaire .
M. Regel renouvela, en effet, l'expérience au printemps sui-
vant. Cette fois, il laissa d'abord les Pommes de terre donner
des jets longs comme un doigt. Ceux-ci furent alors coupés en
coin à leur base et introduits dans d'autres variétés de tuber-
cules qu'il avait dépouillés de tous les yeux visibles ; il en mit
deux sur. chaque tubercule. On les plaça dans une serre^ les
extrémités greffées regardant en haut, et recouvertes d'une lé-
gère couche de terre, de manière qu'on pût facilement observer
leur développement. Une cloche de verre recouvrit chaque
tubercule et une étiquette indiqua la qualité du sujet et de la
greffe.
assertion de M. Hildebrand, quand elle a été communiquée à la Société
d'iiorticulture de Paris, par M. Duchartre. Les faits exposés dans cette
note montrent que nous avions bien jugé de la valeur du savant alle-
mand. F. H.
— 369 —
La plupart des sujets poussèrent. Beaucoup d'yeux, qui
avaient échappé à l'observation, s'accrurent également, après
quatre semaines environ; ceux-ci furent tous excisés, ainsi
que le reste des yeux devenus visibles. Puis on planta les
Pommes de terre à un pied de profondeur dans des pots. Quand
ils eurent acquis un certain degré de développement, on les
transporta enfin en pleine terre.
A l'automne, la récolte fat faite. M. Regel constata que les
tubercules obtenus ressemblaient aux tubercules qui avaient
fourni les jets greffés.
Cette expérience, fort bien conduite, permettait de tirer une
conclusion aussi nette parce qu'on avait enlevé tout bourgeon
aux tubercules servant de sujets. M. Hildebrand avait négligé
ce soin ; et le tubercule qu'il a donné comme une forme in-
termédiaire, n'est probablement qu'un sport (assez fréquent
chez les variétés rouges de Pommes de terre) el qui marque
une tendance à retourner au type primitif.
Vient ensuite une observation de M. Caspary sur une Rose
rouge à cent feuilles servant de sujet à une Rose moussue
blanche, qui avait donné successivement des fleurs roses,
puis des fleurs complètement semblables à celles du sujet. Est-
ce un retour au type primitif favorisé par la greffe, comme le
croit M. Braun ? Est-ce une supercherie de quelque jardinier ?
Nous dirons, avec M. Regel, que le cas est fort ambigu et laisse
le champ libre à mainte exphcation. Il faut des expériences
claires et bien suivie pour renverser une loi confirmée chaque
Jour depuis plusieurs siècles.
Nous ne donnons aucune créance aux faits avancés par
M. Renier. Un Hêtre pourpre aurait donné à un pied au-dessous
d'une greffe de Hêtre commun une pousse semblable à celui-
ci. — Ce qu'il a dit du Ptelea trifoliata et du Broussonetia, est,
de son propre aveu, très-incertain.
Ou a voulu aussi interpréter de la même façon la contagion
Décembre I 874 . 24
— 370 —
de la panachure par la greffe ; mais ceci est un fait pathologi-
que, un fait de contamination par contact immédiat. Le
'Jasmin, le Cerisier ont offert ce phénomène à Sageret ; Le-
moine l'observa sur les Abutilon. Chaque ibis, la panachure
s'est communiquée seule. M. Magnus a cru voir dans la figure
qui accompagne la notice de M. Morren sur ce sujet, que VA-
hutilon striatum s'était modifié sèus l'influence de ï Abutilon
Thonipsoni. Il n'en est rien, on peut le vérifier encore sur la
plante que le peintre a copiée ; les feuilles de V Abutilon stria-
tum panaché ressemblent à celles de son type vert.
D G. JORISSENNE. -
REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS.
Botanical Magazine.
Erythrochiton hypophyllanthus de Planchon (Bot. Mag.
5824). Arbuste de la famille des Rutacées très-curieux par la
disposition de ses belles fleurs blanches de la grandeur de
celles du laurier rose, et qui naissent sur la nervure médiane
de la ace inférieure des feuilles. 11 a été introduit dans Téta-
bUssement de M. Linden en 1852 ou 1853. par le voyageur
Schlim qui le découvrit dans les ravins de rochers situés dans
la province de Ocagna, à la Nouvelle-Grenade, à 800 ou 900
mètres au-dessus du niveau de la mer. On le cultive en serre
chaude.
LiNARiA TRisTis, de Miller (B. M. 5827). Plante vieille comme
Hérode Tétrarque, et que Linné avait nommée Antirrliinum
triste. Elle croit en Espagne, dans les rochers du fameux
Gibraltar. C'est une petite plante vivace, à fleurs jaunes, en
masque, et dont les lèvres et le palais sont de couleur pourpre
marron.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE DOUZIÈiME VOLUME, IIP SÉRIE.
1870-1871
l. — Janvier.
PAGES.
F. Herincq. Chronique : Bouquet de Violettes gigantesque. Violette Wil-
son. Les thermomètres des opticiens du quai des Lunettes. Pro-
nostic de M. Nick ; principes sur lesquels il établit ses prophéties.
Nul ne croit à la science des Mathieu . Gomment on s'y prend
pour devenir un Mathieu quelconque. Centenaire de Humbolt ;
un mot sur la vie et les travaux de cet illustre savant 5
0. Lescuyer. Cobœa penduUflora (l'I. I) 45
Eug. de Martragny. Le Gazon et les Pourpiers 46
Ernest Bonard ; Plantes nouvelles 48
Leroy Mabille. Plantation automnale et hivernale des Pommes de terre 20
BoiSDuvAL. Note sur les ravages occasionnés par la grande Tipule sur les
Fraisiers , 28
X. Petites, nouvelles : Expositions 34
^ Travaux du mois de janvier 32
I[. — Février.
F. Herincq. Chronique : Résultat du défi portée l'auteur des Radis de
famille et de mes observations crttiques sur les plantes domesti-
ques • la Carotte améliorée de Vilmorin; on confond le Radis dé-
généré avec le Radis sauvage; naïveté d'une Commission d'Hor-
ticulture ; on abuse de la eréduUiè des gens: histoire d'un
chaoïpignoniste-médeoin. Ce que valent les textes et les témoi-
gnages. La théorie de M. Nick sur la pluie et le beau temps.
La Société des agriculteurs de France et la physiologie végétale.
Cours d'agronomie au Muséum. Mort de l'obtenteur du Fuchsia
cornehsseii. 33
0. Lescuyer. Palava flexuosa (Pi. II) 43
A. DE Talou. Revue des journaux étrangers 44
Ern. Bonard. Plantes nouvelles -, variétés jardinières 48
Simon Louis. Les Aucuba 50
LiJD. GuiLLOTEAU. Lcs Pommlers Doucin et de Paradis 54
L. CoRDiER. L'engrais humain 57
Ern. Bonard. Petites nouvelles ' 60
X Catalogues pour 1870 63
X Travaux du inois de février . . . 64
372
III. -- Mars.
PAGES.
F. Herincq. Chronique : L'hiver de 1870; assassinat d'un Cactus et
d'un Tacsonia d'Alphonse Karr par la gelée ; état de )a végéta-
tion au commencement de janvier dans la région méditerranéenne.
Prix de quelques légumes à Paris; ce qu'on vend comme Laitue
au marché du quartier Saint-Marcel. Dégel, orage et geJée du mois
de mars; dicton populaire. Encore l'influence de la lune. Résul-
tat obtenu par le comité des cultures expérimentales de la Société
d'horticulture de Paris^au sujet du Radis de famille ; le Cerfeuil
bulbeux maméliorable ; le Persil bulbeux, la Carotte et les Pommes
de terre déperfectionnés . Le génie des peuples barbares, comparé
au génie des peuples civilisés. On demande la transformation de la
racine grêle de Giroflée en racine charnue, par les procédés connus.
L'hérédité du mal ; inoculation de la panachure ; influence de la
greffe sur le sujet ; les Abutilons panachés 65
J. Decaisne. Observations sur un Diospyros de la Chine à fruit comes-
tible 75
0. Lescuter. Le Tacsonia eriantha (PI. III) 78
ERN. BoNARD. Plantes nouvelles; variétés jardinières 80
EuG. DE Martragny. Le Disa grandiflora et les Orchidées de serre froide. 82
F. Herincq. De la graine et des semis 86
F. Herincq. Notions de taille sans physiologie végétale 91
X Travaux du mois de mars 96
IV. — Avril.
F. Herincq. Le printemps; le Marronnier du vingt mars. Culture géo-
thermique de Saint-Mandé. Influence des chemins de fer sur les cli-
mats et la végétation; découverte de M. Glaisher, de l'observatoire
de Greenwieh . Influence des chats sur la fécondation du trèfle,
d'après Darwin. La Modestie aux prises avec la Vérité 97
Carrière et Herincq. Observations sur les Diospyros costata et schi-tse 102
David. Notes sur quelques plantes de la Mongolie et sur les fruits du
nord de la Chine 114
F. Herincq. La graine et les semis (suite) 117
0. Lescuyer Le Coleus Saisonii (PI. IV) et choix d'autres variétés ... 122
L. CoRDiER. Les pois précoces nouveaux 123
tiRN. BONARD. Plantes nouvelles 124
X Expositions ^27
X Catalogues pour 1870 427
A Travaux du mois d'avril • 12
— 373 ~
V. — Mai.
PAGES.
F. Herincq. Chronique. Lutte entre l'hiver et le printemps; effet des gelées
tardives et de la s(^cheresse. Exposition d'horticulture de Paris. La
432* Exposition de Gand; nouveautés qui y figuraient. De Tiiorticul-
ture en Belgique et en France. Statistique au sujet de la Violette.
Glaïeuls de M. Souchet. Les maraîchers de Paris. Culture ma-
raîchère en Belgique, en Prusse. Bill du parlement anglais pour
réprimer la fraude dans la vente des graines. Liquide pour favori-
ser la reprise des boutures; complaisance des commissions de so-
ciété d'horticulture; un exemple entre mille. Réflexions et conseils. 130
F. Herincq. Sur le rapport des commissions du Radis sauvage amélioré 136
O. Lescuyer. Le Weigelia La vallée (PI. V) 145
J. B. Weber. Une plante propre à garnir les tiges de rosiers 145
II. De Frémont. Sur la rusticité de quelques plantes 149
F. Herincq. Bibliographie ; Histoire des plantes par M. Bâillon ; la
Tiuffe par M. Chatin; Nouveaux éléments de botanique par M . L.
Marchand; Petit Guide pour le jardin maraîcher, par M. ISardy. 151
X Petites nouvelles : Floralies russes ; fourmi ; Carotte grelot
hâlive ; arrosements des fraisiers -158
X Catalogues pour 1 870 i59
X Travaux du mois de mai , , 160
VI. — Juin.
F. Herincq. Chronique. Un bois de Séquoia gigantea en France; ten-
tative de M. Ernest Baroche. L'Ailanthe comme arbre forestier;
la valeur de son bois. Les Eucalyptus, Rusticité de quelques Pal-
miers; un Palmier fruitier à introduire. Culture du Jalap à Paris.
Influence des expositions atmosphériques sur la végétation. Ex-
positions universelles d'horticulture à Londres et à Lyon. Visite
de M. Maxwel Masters aux présidents des comités français. So-
ciété d'admiration mutuelle dite Société coopérative des amis
de l'instruction scientifique Ig^
F. Herincq. Compte rendu de l'Exposition d'horticulture du 27 mai à
Paris 4 68
F. Herincq. Pêche Robert La vallée (PI. VI) i79
A. Lavallée. Le Ceanothus velutinus. 181
J. JouAN. Note sur la fructification du Strelitzia reginae . 182
A. Ferrier. Le soufflet injecteur Pilon 183
Ern. Bonard. Plantes nouvelles 186
L. CoRDiER. La Chicorée frisée de la Passion 190
X Travaux du mois de juin 192
- 374 —
VII. — Juillet.
PAGES.
F-, Herincq. Chronique : Effet désastreux de certains arrosements. Le^
Géranium doubles veulent être tous le plus beau. Nous défendons
les intérêts de tous et combattons tous les abus. On me traite d'é-
teignoir : ma réponse. Ce qu'on apprend dans les cours publics et
dans les conférences publiques. Fausse science; les livres d'horti-
culture fourmillent d'erreurs j entêtement et fatuité des auteurs
au sujet de la sève descendante, de l'azote, hydrogène, etc., etc.
Comment on acquiert la vraie science. ........... 193
O. Lescuyer. Le Platycrater arguia(Pl. Vil) 205
EoG. DE Martragny. La Bruyère odorante 206
Padl Hadgdel. Observations sur la fécondation du Strelitzia 240
Mas, La cueillette des fruits 2H
X La pluie et la lune ..... = 247
Henri Qdevilly. Purification des eaux putrides et malsaines 221
VIII. — Août.
F. Herincq. Chronique. Caractère d'une chronique. Procédé Duchesne-
Thoureau pour la culture de la Vigne : objections à ce système ;
adhésion de la Société d'horliculture de l'Aube et du congrès viti-
cole de Beaune. Procédé Clos pour répandre l'erreur au sujet du
Radis sauvage amélioré. Rusticité du Benlhamia fragifera à Tou-
louse. Statistique horticole dij département delà Haute-Garonne.
La Violette de Parme débaptisée. On déraisonne, toujours autour
de l'influence de la greffe et du sujet 225
O Lescuyer. Le Weigelia Lowii (PL YIII).. 232
Ern. Bonard. Le Phlox : choix des meilleures variétés 233
Louesse. Les Opuntia Uafinesquiana et vulgaris. . . • 235
EUG. DE Martragny. Laurier-cerise à larges feuilles. ........ 237
G. d'Hangest. Bouîures de Rosiers 238
Gdénin Gadtrot. Moyen de faire fructifier le Poirier 239
F. Herincq. Note pour servir à Thisioire de la végétation : suppression
de fruits sur le Pêcher 241
Dagorng aîné. Culture du Chou-fleur à Paris et aux environs 242
F. Herincq, La Géothermie 248
ToTius. Petites nouvelles : rusticité, vitalité des greffes d'arbres fruitiers-
Champignons cultivés dans des écuries': Pommes de terre du Chili ;
Orangers nains de la Chine : Violette double de Brandi ; étiquettes:
Vallota purpurea; piège à loirs; destruction du Tigre et de la
Courtillière. 250
X. . . . . . Travaux du mois d'août 256
— 375 —
IX. — Septembre.
PAGES,
F. FlERiNCQ. Chronique. Pendant la guerre. Les pertes de l'iiorticul-
cultnre. Caractère du jardinier français. Lutte entre l'École d'iior-
ticulture potagère et l'École d'horticulture maraîchère démocra-
tique. Les maraîchers en chaire. Culture des glacis dos forliflcations
en plantes potagères pour nourrir les Parisiens. Résultats : lé-
gumes exposés le 23 décembre, et leur provenance. Mystification.
Prix des légumes pendant le siège. Les maraîchers et les débi-
tants de bonheur des peuples. Résultat final 237
F. Herincq. De l'acclimatatiou 269
O. Lescdyer. Antigonon leptopus (PI. IX) 275
Ern. Bonard. La Pervenche de Madagascar 27f;
0. Lescdyer. La Violette cornue (Viola cornuta). 277
Dagorno aîné. Culture des Choux-fleurs 279
J. AsTiÉ. Préparation du Crambé ou Chou marin 282
L. CoRDiER. Potiron tendre de Ruenos-Ayres (HapalMto tiorno) 283
J. AsTiÉ, Les Pelargoninm zonale à fleurs doubles; leur valeur décora-
tive-, abus de nouvelles variétés 284
VtCTOR Chatel . Moyeu de conserver les Pommes de terre 287
X Travaux du mois de septembre 288
X. — Octobre.
F. ITerincq. Chronique. Le conseil municipal de Versailles et Thorti-
culture. Le fleuriste de la ville de Paris et l'École des ponts et
chaussées; les balayeurs et jardiniers permutent. Dislocation du
marché du quai aux fleuis à Paris. Une question à cet efl"et.
Cryptogamiiisme et parasitisme. Maladie de la Pomme de terre
et de la Vigne : le Phylloxéra et les agriculteurs; r(^sultat d'une
souscripsion dans 1 ; midi, pour la destruction des Phylloxèrcs.
Circulaire du ministre de Pagriculture au sujet de cet insecte.
Nécrologie '. 289
F. Herincq. Monsieur Joigneaux et ses maraîchers : Réponse h un arti-
cle du Siècle 295
0 Lescuyer. Arnebia longiflora (Pi. X) 302
EuG. DE Martragny. Lcs Althaea en forine de Rosiers tiges 303
Ern. Broux. Multiplication de la Centaurea candidissima. ...... 306
Jules Jarlot. Le Phalaris arundinacea picta et les Pelnrgoniuin zonale
à feuilles panachées. 307
L. CoRDiER. Salsifis nouveau. , 309
S. G.. .La greffe d'hiver 310
Demahis. Maladie de la Vigne pav le Phylloxéra 312
Ern. Bonard. Revue des journaux anglais; plantes nouvelles ou rares. 316
X Travaux du mois d'octobre 2 9
— 376 —
XI. — Noverabre.
r. ,T r, PAGES.
r, Hkrincq. Chronique. Etal de rhorticultiue en France. Pelargonium
zonale blanc double ; lettre de M. Boucharlat aîné sur cette va-
riété; efforts des semeurs français pour l'obtenir. Catalogues pour
l'automne de -IST^ et le printemps de 1872, de MM. Boucbarlal
aine, Simon-Louis, Bertier-Rendatler, Lemoine, Jules Margottin
Jamin, Schartz successeur de Guillot père, Levêque et fils, Guillot
fils, Ch. Hubert, Thibaut et Keteleêr, Baltet frères, Bruant, etc.
— La Rose Richard Wallace. Expositions de Meaux, de Londres ;
succès de MM. Baltet, de Troyes 321
Ministère DE l'agriculture. Rapport sur le Phylloxéra (Pi. XI}. . . . 332
EuG. DE Martragay. Le Jasmin de Virginie greffé sur Catalpa 338
Simon-Louis, frères. Notes sur l'origine du Lilas Varin et sur ses varia-
tions ... 339
F. Herincq. Culture forcée des arbres fruitiers et des Jacinthes. . . . 340
Alex. Maclou. Du reboisement des parcs, et des semis d'arbres . . . 344
Ern. Bonard. Plantes nouvelles 350
XII. — Décembre.
F. IlERiNCQ. Chronique. Un mot snr Lieival, Uendatler, Billard, Séné-
clause, Lemaire et Lecoq 353
0. Lescuyer. Bégonia X 357
L. CoRDiER. Les premiers Pois de pleine terre 359
LuD. GuiLLOTEAux. La Poire Belle Angevine 361
D"" JoRissENNE. De l'influence du sujet et de la greffe l'un sur l'autre. . 367
Ern. Bonard. Revue des journaux étrangers 370
Table des matières contenues dans le XII^ volume de la IIP série. An-
nées 1870-1871 371
X Travaux du mois de décembre 384
PLANTES FIGURÉES COLORIÉES.
PAG.
1. Cobaea penduliflora. ... 15
II. Palava flexuosa 43
III. Tacsonia e-iantha. ... 78
IV. Coleus .Saisonii .122
V. Weigelia Lavallei. ... 145
VI. Pêche Robert La vallée. . 179
VU. Platycrater arguta. . . . 205
PAG.
VIII. Weigelia Lowii 222
IX. Antigonon leptopus. . . 275
X. Arnebia longiflora. ... 302
XI. Phvlloxera vaslatris. In-
secte de la maladie de
la Vigne 332
XII. Bégonia castaneœfolia?. . . 357
PLANTES NOIRES.
PAG. 1 PAG.
Tipule des potager , ..... 30 ) Soufflet injecieur 184
— 377 —
TABLE ANALYTIQUE.
Abies polita, 131 ; — Remoniii, 170.
Abies : semis, 350.
Abricotier miime, 97.
Abricot : cueillette, 213.
Abricots de la Chine, 116.
AbiUilon Thompsoni : influence de sa
greffe sur le sujet, et de son sujet sur
les greffes, 73,370.
Abutilon vacciné, 73.
Acacia blanc : semis, 3i6.
Acclimatation (observations sur 1'), 269.
Acer : semis, 347.
Acer tataricum, 115:, — rnfinerve var.
albo-limbata, 45.
Aerides de serre froide, 83
Aesculus hippocasianum digitata ma-
jor, 325, 352.
Anguloa de serre froide, 83.
Ag;ave dealbata nana, 13!.
Ailanthe comme arbre forestier, 164;
— semis, 346.
Allantbus glandnlosus comme arbre
forestier, 16i; — semis, 346.
Akebia quinata, 109.
Alnus communis : semis, 346.
Aloe croucheri, 318.
Allhaea en forme de Rosiers tiges, 303.
Amélioration des plantes : notre opi-
nion, 144.
Ampélopsis serjanjaefolia, humulifolia,
116.
Androsace pubescens alpina, 317.
Aneries scientifiques, 232.
Anthurium, trllobum, hybridum, 13!.
Antigonon leplopus (PI. IX), 275.
Antirrhinum triste, 370.
Août : travaux, 288.
Aquilegia viridiflora, 115; — nou-
veaux, 326.
Araucaria Rulei elegans, glauca, 131.
Arbres forestiers : semls^ 344.
Arbres fruitiers : culture forcée, 340.
Ardisia mollis, 130-
Arnebialongiflora (P. X), 302.
Arpophyllum de serre froide, 83.
Arrosement à l'engrais humain, voir
chronique, 193.
Asperges à Erfurt, 134.
Aspidistra : rusUcité, 273.
Aucuba (les), 50.
Aulne : semis, 346.
Avril : travaux, 96,
Azalées de l'Inde nouvelles, 131, 132.
Azéroles de Chine, 116.
0
Bâillon : Histoire des plantes, 151 .
Baltei frères à rExposiiion de Londres,
330.
Bambou, 61 .
Barkeria de serre froide, 83.
Bégonia nouveaux, 176, 188, 326; —
castanœfolia el fagifolia (PI. XII),
357.
Bcnthamia fragifera : sa rusticité, 149,
2 29.
Bertier-Rendaller, ses nouveautés, 325.
Berlolonia primulseflora, 319.
Betula alba : semis, 346.
Bibliographie : Histoire des plantes,
par iM. Bâillon; La Truffe, par
M. Clialin; Nouveaux éléments de
botanique, par M. L. Marchand;
Guide pour le jardin maraîcher, par
Nardy, 1 51 .
Bignonia tomentosa de Thunberg, 109 ;
— picta,130.
' Bignonia radicans greffé sur Catalpa,
j 338.
Billiard, la Graine, 354.
I Blandrordldi aurea, 317; — Cunning-
I hami, 181 .
I Boucliarlat aîné et ses uouveautés, 323.
Bouleau : ?emis, 346.
Bouture : eau pour favoriser la reprise,
135.
Brassavola de serre froide, 83.
Brassia de serre froide, 83.
Bromelia bracteala, 177.
j Bruant et ses nouveautés, 331 .
1 Bruyère odorante : sa culture, 206.
378
Caladium, 176; — prince Albert Ed-
ward, 130.
Calanthe de serre froide, 83.
Calochortus uniflorus, 316.
Campanule : semis, 121.
Canna nouveaux, 19, 190; — pana-
ché, 177; — tricolor, 130.
Cardon du siège de Paris, 266.
Cari Petzol et le Géranium à fleurs
doubles blanches, 321 .
Carotte grelot hâtive, 159; _ amé-
liorée, 36, 139 ; — dégénérée, 70.
Carottes du siège de Paris, 266.
Carpinus Betulus : semis, 346.
Caryopteris mongolica, 115.
Castanea vesca : semis, 347.
Catalogues d'horticulture pour 1 871 et
1872, 63, 127, 159, 321.
Catalpa : semis, 121,
Cattleya de serre froide, 83.
Ceanothus velutinus, plante de mar-
ché, 18 J.
Cedrela sinensis, 114.
Céleris à Erfurt, 134; — du siège de
Paris, 266.
Celtis muku, 109.
Centaurea candidissima : sa multipli-
cation, 306.
Cerasus Laurocerasus latifolia, 237.
Cerise : cueillette, 21 1 ; — de la Chine
116.
Cerisiers : culture forcée, 341 .
Ceropegia Saundersoni, 44.
Chamécerisier. Voir Lonicera, 20.
Cbamaecyparis obtusa filicoides'. lyco-
podioides, nana aurea pisifera, pili-
fera, 131.
Chamœrops : rusticité, 149, 165, 251 .
Champignons cultivés dans des écu-
ries, i?o1 .
Charme : semis, 346 .
Châtaignier : semis, 347.
Chatin. La Trufïe. 151.
Chats : leur influence sur la féconda-
dation du Trèfle, 100.
Chênes : semis, 347.
Chèvrefeuilles. Voir Lonicera, 20.
Chicorée frisée de la Passion, 19i).
Chine (sur les fruits du nord de la),
114.
Choux à Erfurt, 134; — du siège de
Paris, 266.
Choux-lleurs : culture à Paris et aux
environs, 242, 279 ; — culture à Er-
furt, 134; — du siège de Paris. 266.
Chou marin : sa préparation culinaire,
282.
Chrysanthèmes nouveaux, 19.
Cineraria asplenifolia, 49.
Citronniers : rusticité, 251 .
Citrus microcarpa, 253.
Clematis frulicosa, 115.
Clématites nouvelies, 32 1, 351.
Clos : son procédé pour propager l'er-
reur, 229.
Oobaea penduliflora (PI. I);15.
Cochliostsma jacobianum, 131 .
Cocotier de Chili ; rusticité, 165.
Cocos australis, flexuosa : rusticité,
149, 251.
Cocos Yalaï : Palmier à fruit comesti-
ble, 165.
Cœlogyne de serre froide, 84.
Coings de la Chine, 116.
Coleus Saisoaii (PI. 1Y),'122; — nou-
veaux, 123, 176.
CoUetia cruciata : rusticité, 149.
CoHomia : germination, 120.
Commissions des sociétés d'horticul-
ture, 133 ; — du radis sauvage amé-
lioré, 136.
Concombres à Erfurt, 134.
Goopérativisme scientifique, 167.
Corypha australis : rusticité, 149,165,
231.
Cours d'horticulture. Vœu du conseil
municipal de Versailles, 289.
Courtilières : movens de destruction,
255 .
Crambé maritime, sa préparation cu-
linaire, 282.
Cresson alénois : germination, 119.
120.
Croton irregulare, 1 30. — maximum,
131.
Culture forcée, 340.
Cyclobothra uniflora, 316.
Cymbidium de serre froide, 84.
Cypripedium Parifhii, 44; — de serre
froide, 84.
D
Dahlia arborea, 186; miperialis, 318.
Daphne elegantis.sima. 131.
Darwin : les chats et le Trèfle, 100.
Dasylirion Hartweeianum. 131.
Dendrobium nudicaule, 319; — vesti-
tum, 317.
Dendrobium de serre froide, 84.
379 —
Desmodium japonicum, 329.
Didactyle, 84.
Dieffenbachia eburnea, nobilis, 4 31.
Ûioscorea Eldorado, 13^ .
Diospyros kaki, schi-tze, coslata, 39,
57, 1 02, 'H 6 ;— japoaica, 4 09 .
Disa grandiflora, 82,
Dorsteniâ argentata, 45.
Dracsena nouveaux, 130. 131 .
Duchesne-Thoureau : système de taille,
236.
Ë
Eaux putrides (purifications jdes). 221.
Ecoles d'horticulture moderne et dé-
mocratique, 260.
Echeveria agavoides, i 31 .
Eléments de botanique, par M. h. Mar-
chand, 151 .
Engrais humain, 57.
Enseignement horticole. Voir Chroni-
que^ 196, 260.
Epidendrum de serre froide. 84.
Epinards chinois, 117.
Erables: semis, 347.
Erfurt : production maraîchère, 1 34.
Erica arborea : sa culture, 206; —
vestita, 317.
Eriopsis de serre froide, 84.
Erreurs propagées par certainsauleurs.
Voir Chronique, 197.
Erythrochilon liypophyllanthus, 370.
Etiquettes l'aul-Simon, 2o3 .
Eucalyptus ; ruslicité. 149, 16S, 251 .
Exogonium j urga, 16-J.
ExposUion atmosphérique : son in-
fluence sur la végétation, 166.
Expositions : Paris, î 30, 1 68 ; — Gand :
plantes nouvelles, 130; — Londres,
166.
F
Fagus sylvatica : semis, 348.
Fayard : semis, 348.
Fécondation du Trèfle opérée par les
chats, 100.
Février : travaux, 32.
Ficus dealbata, 131 .
Figuiers : vitalité des grefl'es, 251.
Fleuristes de la ville de Paris, 290 ;
— condition d'admission.
Fleurs des cimetières : produit de la
vente, 133.
Floralies russes, 158.
Fougères : semis, 121 .
Fourmi, 159.
Fragara horrida, 109.
Fraisiers (arrosements des), 159; —
ravagés par les Tipules, 28.
Framboisiers : cultuie forcée, 341.
Fraude : sa répression en Angleterre,
134.
Fraxinus ornus : semis, 347.
Frêne : semis, 347.
Fruits : cueillette, 211 .
Gand : exposition ; plantes nouvelles.
130.
Garniture des liges de rosiers, 145.
Gelée : effet pendant l'hiver de 1869-
70. 149.
Géographie des plantes. 13.
Géothermie, 97, 2i8.
Géranium à fleurs doubles. Abus des
variétés nouvelles, 195, 284.
Géranium à fleurs doubles blanches,
321
Géranium. Voir Pelargonium.
Gesnériacées nouvelles, 126.
Gilia linlflora, MO.
Gladiolus crueutus, 317.
Glaïeul, produit de i-a vente, 133.
Gledilschia sincnsis. 109.
Gloxinia nouveaux, 189.
<iobi, désert de la Chine, 116.
Graine et les semis (élude sur la), 86,
117.
Graines ; vente à Erfurt, 134.
Greffe -, son influence sur le sujet, 73,
• 367.
Greffe d'hiver (de la), 310.
Greffes d'arbres fruitiers : leur vitalilé,
251.
Grias amorensis, 131.
(îroseilliers : culture forcée, 341 .
Guide pour le jardin maraîcher, par
M. Nardy, 151.
Guiilot fils et ses Rosiers nouveaux,
328.
Hêtre : semis, 348.
Hibiscus syriacus. Voir Althœa, 303.
Hibiscus nouveaux, 325.
380
Histoire des plantes, par M. Bâillon,
151.
Hiver de ^ 870 ; ses dégâts, 65.
Horticulture en France (état de 1'),
321.
Hoteia japonica, 109; — aurea varie-
gata, 130.
Humboldt (Alexandre), sa vie et ses
travaux, 12.
I
Idesia polycarpa, 329.
Immortelle naine à gr, fl. rouges,
170.
Instruction horticole. Voir chronique,
196.
Iris nudicaulis, bohemica, 317.
Jacinthes: culture forcée, 343.
Jalap, 165.
Jasmin de Virginie greffé sur Catalpa,
338.
Jerdonia indica, 319.
Joigneaux (M.) et ses maraîchers, 295.
Juboea spectabilis : rusticité, 149, <65,
251.
Juglans macrophylla, 329.
Juillet : travaux, 192.
Juin ; travaux, 128.
Jujubiers de la Chine, 116.
Juniperus rigida japonica, 131 .
K
Kaki. Voir Diospyros.
Karakoto (montagne) ; sa végétation,
115.
Kin-Ku, Orange de Chine, 253.
Kint-sao, Oranger de Chine, 253.
Kum quat, Orange de Chine, 233.
Laelia de serre froide, 84.
Laitues du siège de Paris, 266.
Larixeuropœa : semis, 348,
Latania borbonica : rusticité, 251 .
Laurier-cerise à larges feuilles, 237.
Lecoq, 356.
Légumes .- leur culture et leur prix
pendant le siège de Paris, 261 . —
d'Erfurt, 134. — Dans la Haute-
Garonne, 230.
Lemaire, 355.
Lemoine et ses nouveautés, 326.
Lespedeza bicolor, 117.
Lévêque et fils : leur Rosier nouveau,
328.
Levistona australis, humilis: rusticité,
163.
Lierval, 353.
Ligustrum nouveaux, 325, 352.
Lilas Varin ou de Rouen : son origine
et ses variations, 339. — Sauget,
340.
Lilium longiflorum albo-iBarginatum,
131.
Linaria tristis, 370.
Loirs : piège, 254.
Lomaria gibba var, Belli, 431 .
LoFiicera nouveaux, 20.
Lune : son influence, 68, 217.
Luzerne de la Chine, 116.
Lycaste de serre froide, 84.
M
Macadamia ternifolia, 131.
Mâches du siège de Paris, 266.
Mai : travaux, 160.
MïU: germination, 120.
Maraîcher (Guide du), par M. Nardy,
151 .
Maraîchers de Paris et leurs cultures
pendant le siège, 261 , 295. — Leur
•nombre et leur chiffre d'affaires,
133. —D'Erfurt, 134.
Maranta Bismarkiana, 131.
Marchand (Léon). Eléments de bota-
nique, 151 .
Marché aux fleurs de Paris, 291.
Marmode Greenii, 45.
Mars : travaux, 6i.
Masdevallia, 84,
Maxillaria de serre froide, 84.
Meiracyllium de serre froide, 84.
Mélèze d'Europe, 348.
Melon, germination, 1 20; — moyen de
les mettre à l'abri des pucerons,
61.
Mesospinidium de serre froide, 84.
Modioîa gerenioides, 186,
Mouolena primulaeflora, 319.
Mongolie (notes sur quelques plantes
— 381 —
de la) et sur les fruits du nord de la
Chiue, 114.
Mormodes Greenii, 31 6.
Mou-sou, plante chinois, 116.
Musa enseté : rusticité, 251 .
Nardy. Guide pour le Jardin maraî-
cher, loi.
Nasonia de serre froide, 84.
Navets du siège de Paris, 266.
Néfliers en Chine, 116.
JNick : ses pronostics, 8.
Nigelle : germination, 1 20.
Nœgelia (Gesnériacécs) nouveaux, 1 26.
Noix de la Chine, 116.
Nouvelles^ (petites), 158.
Novembre : travaux, 320.
0
Odoutoglossum roseura, 131; — de
serre froide, 84.
Oncidium de serre froide, 85.
Opuntia rafinesquiana et vulgaris, 235.
Orangers nains de la Chine, 252.
Orangers : rusticité, 251.
Orchidées, 1 78 : semis, 1 21 ; — de
serre froide, 82.
Ormes : semis, 348.
Orlous (pays des) : sa végétation,115.
Oseille (prix de 1'), 66.
Osmuiida, 172.
Oulachan (montagnes d') : sa végéta-
tion, 115.
Ourato, (province de Chine) : sa vé-
gétation, 114.
Padus nouveau, 325.
Palava flexuosa (PI. Ilj, 43, 186.
Panachure : sa contagion, 74.
Paris ; le fleuriste transformé et son
marché aux fleurs, 290 ; — ses
maraîchers, 133, 261 ; — exposi-
tions, 130, 168.
Parrotia persica, 329.
Paulownia, 109.
Pêche Robert Lavallée (PI. VII), 179;
— de la Chine, 116; — cueil-
lette, 213 ; — sur rameau sans
feuilles, 241.
Pêchers : culture forcée, 341.
Pelargonium, 172; — nouveaux, 18,
19, 48,175, 187, 324, 326 ;— zonale
à fleurs doubles blanches, 321 ; —
valeur décorative ; abus de nou-
velles variétés, 284 ; — à feuilles
panachées, remplacées par le Pha-
laris arundinacea picta, 307.
Pentstemon nouveaux, 49.
Peperomia VerschatTellii, 131.
Perilla panaché de rose, 170.
Persil bulbeux déperfectionné, 60, 69,
Persil (prix du\ 66.
Pertes de l'horticulture pendant la
guerre, 258. *
Pervenche de Mandagascar •. sa cul-
ture, 277.
Pesse : semis, 350.
Pétunia nouveaux, 19, 81.
Phalaris arundinacea jjicla et les Pe-
largonium à feuilles panachées,307.
PhalaenopsisTarishii, 319.
Pliilodendrum Daguense, 131.
Phlox nouveaux, 235, 326^ — choix
de variétés, 233.
Phœnix reclinata, farinifera, daclyli-
fera : rusticité, 165.
Pliormium Colensoi variegatum, 131.
Phylloxéra ou nouvelle maladie de la
Vigne, 292, 312, 332.
Picea japonica, 131;
Piège à loirs, 254.
Pins : semis, 349.
Pinus : semi'^, 349.
Pissenlit (prix du), 66.
Pivoines nouvelles, 49.
Plantes nouvelles, 18,
130, 186, 316, 324.
aux différents genres.
Plalycrater arguta (PI. VIII), 205.
Plectopoma (Gesnériacées) nouveaux,
126.
Pleione de serre froide, 86.
Podocarpus elegantissimus, 131 .
Poireaux du siège de Paris, 266.
Poire Belle-Angevine : son origine,
361. ^
Poires de la Chine, 116.
Poires : cueillette, 21 4.
Poiriers : moyen de les faire fructi-
fier, 239; — vitalité des greffes,251.
Pois précoces nouveaux, 123-, — les
premiers de pleine terre, 359.
Pomme de terre : plantation autom-
nale et hivernale, 20 ; — dégéué-
semis, 350.
44, 80, 124,
350. — Voir
— 382 —
rée, 71; — malade, 292; — moyen
de conservation , 287 ; — prix
pendant la siège de Paris, 266.
Pomme de terre du Chili, 252 ; — de
Marceau, 60.
Pommes de la Chine, 416.
Pommes : cueillette, 217.
Pommiers Doucin et de Paradis.
Pommiers : viialité des greffes, 251 .
Portulacca dans les gazons, 1 6.
Potiron tendre de Buénos-Avres, 283.
Potiron du siège de Paris, 266.
Pourpiers dans les gazons, 16.
Primula pederaoutana, 45.
Prunes de la Chine, 416; — : cueil-
lette, 213.
Pruniers : vitalité des greffes, 231; —
culture forcée 341 •
Pronostics de M. Nick, 8.
Prunus Laurocerasus latifolia, 237; —
aspera, 109.
Pterostyrax hispida, 329.
Ptychosperma Alexatidrae, 131 .
Purification des eaux putrides, 221 .
Pyrèlhre, 171
Quercus daymio, 329.
R
Radis sauvage amélioré : Rapport de
la Commission, 33, 68, 1 36; — dégé-
néré, 39, 71 ; — du siège de Paris,
266.
Radis de familles : Rapport de la Com-
mission de la Société d'horticulture
de Paris, 136.
Raisins de la Chine, 116.
Rajauia quinata de Thunberg, 109.
Rapallito tierno, 283.
Rave dégénérée, 71 .
Reboisement, 344.
Rendatler, 353.
Restrepia de serre froide, ,86 .
Retinospora plumosa, 131.
Rhododendron, 171; — nouveaux,132.
Robioia : semis, 346.
Robinier : semis, 346.
Roezl : les graines de son voyage, 61 .
Romaine (prix de la;, 67.
Rosembergia penduiiflora, 15.
Rosier Richard Wallace, 328; — nou-
veaux, 124, 328; — durée de la
germination, 120; — méthode de
bouturage, 238.
Russes (Floralies), 158.
Rusticité des quelques végétaux, 149,
250.
S
Sabal palmetto : rusticité,' 163.
Salsifis blanc nouveau, 309.
Salvia argentea vera, 187.
Sânchezia glaucophylla, 131.
Sapins : semis, 330.
Sarracenia llava major, 131 .
Scaroles du siège de Paris, 2(>6.
Schwartz, successeur de Guillot père :
ses l'osiers nouveaux, 327.
Seaforthia elegans : rusticité, 251.
Sécheresse et chemins de fer, 98.
Selaginella species nova de la Califor-
nie, 131.
Semis et la graine (étude survies), 86,
117.
Semis des arbres forestiers, 344.
Sénéclause, 354.
Septembre : travaux, 256.
Séquoia gigantea : essai de grande
culture, 161; — variété panachée^
131.
Sève descendante. Voir, 241 .
Simon-Louis frères : leurs pépinières
et leurs nouveautés, 325.
Sinapis alba : germination, 119.
Skimmia oblata alba variegata, 131.
Sobralia de serre froide, 86.
SolanumWarcewiczioides, 187.
Sophora alopecuroides, 113.
Sophronitis de serre froide, 86,
Soufflet injecteur Filion, ■\S3.
Spiraea aruacus, de Thui-berg, 109.
Strelitzia reginae : fécondation et fruc-
tification, 182, 210.
Stuartia grandifiora, 329.
Suppression des fruits : 241 .
Syringa rothomagensis : son origine
et ses variations, 339; — chinensis,
340; — nouveaux, 325. 330.
T
Tacsonia eriantha (PI. III), 78.
Tagetes patula nana faviflora, 187.
Taille de la Vigne, 226.
Taille des arbres fruitiers sans physio-
logie, 91 .
Talbotia elegans, 46, 316.
Température et chemin de fer, 99.
Thermomètres du quai des Lunettes,7.
383
Thibaut et Keleleêr, et leurs collec-
tions reformées, 329.
Thlaspi : germination, liO.
Thunbergia alata pour garnir les tiges
de Rosiers, <47.
Thuya nouveau, 325.
Tigre : procédé de destruction, 254.
Tilia : semis, 348.
Tilleul : semis 348.
Tipula oleracea : ses ravages avec fig.
noire, 2S.
Tlpule des jardins(avec figure en noir):
ses ravages sur les Traisiers, 28.
Torenia auriculaefoiia, 48.
Toulouse : statistique liorticole, 230.
Transformation des plantes : notre
opinion, 7u, 4 44.
Transwesia glaucescens : rusticité, 149.
Trendelenburgia, 358.
Trichoceroa de serre froide, 86.
Trichopilis de serre froide, 86.
Truffe (la), par M , C ha tin, 151 .
Ulmus : semis 348.
Valota purpurea, 254.
Vanda denisoniana, 318.
Végétation (note pour servir à l'his-
toire (ie la), 241.
Veitchia Johannis, 131.
Vcllozia elegans, Talbotii, 46, 316.
Vernis du Japon : arbre forestier, 1C4;
— : semis 346.
Veronica. Voir Véroniques.
Véroniques nouvelles, 19.
Versailles et l'horticulture, 289.
Verveines nouvelles, '19,3.4.
Vigne : sa nouvelle maladie, 292, 312,
332; — culture forcée, 341; — sys-
tème Duchesne Thoureau, 226; '—
vitalité des greffes,*25 1 .
Vilmorin père. Son opinion au sujet
de l'amélioration et de la transfor-
mation des plantes par la culture,
137.
Vinca rosea : sa culture, 277.
Viola cornuta, 277.
Violette cornue, 277: — double de
Brandy, 253; — de Wilson, 6; -^ de
Parme, sa culture à Toulouse, 231.
Violette : statistique de la vente, 133,
231; — bouquet gigantesque, 5.
Vitalité des greffes d'arbres fruitiers,
251.
Vitis amurensis, 116 ; Labrusca, fici-
folia, 109.
w
Wallaoe (Richard) Rosier nouveau ,
388.
Weigclia Lavallei (Pi. V), '20- —
LoAvii(Pl. VIII), 232;— Ilender-
soni, Lemoinei, 49.
Wetfrea macrophylla, 130.
Wigondia, imperialis, 48.
Xanthoceras, 11*.
Xylynacaulha medio lutea, Verschaffelti
foliis aureo-slriatis, Regeli, Vander-
doncktî, 131.
Vucca funifera, 131
384 —
Fotager. Cest pendant le mois de mars que l'artichaut exige le plus de soins.
On peut commencer vers le <5 à dégarnir les souches de la terre et du fumier
entassés à chaque pied : la litière sèche doit rester à portée pour recouvrir si la
température l'exigeait. Aussitôt que le hâle n'est plus à craindre, il faut enlever
à chaque souche les œilletons superflus et ne laisser que les deux plus beaux j
après c'ette opération, il faut arroser copieusement les artichauts et leur donner
une bonne couverture de fumier. C'est aussi pendant ce mois qu'on sème,
laboure et fume les asperges. Le fumier de cheval est le meilleur pour ce dernier
usage: mais, dans les terrains très-secs, on doit employer le fumier de vache;
l'un et l'autre doit être à moitié décomposé. On plante choux-pommés, choux-
fleurs* fraisiers, laitues, oignon blanc, ^iseille, poireau, romaines. On fait les
semis de carottes, chicorée sauvage, ch ma- fleurs, choux-cabus de Saint-Denis,
de Milan, de Bruxelles, épinards, fèves, i l^■oule8, cresson alénois, panais, persil,
poireau, tous les pois, radis rose et noir, salsifis, scorzonères, pommes de terre
Vers ia fin du mois : céleri à couper, cerfeuil, choux Quintal et de Poméranie*
toutes les laitues, romaines blondes et grises.
Les couches et châssis exigent beauconp d'attention, car, à cette époque,
les réchauds dont on entoure les couches sont trop forts : il se produit des coups
de chaleur qui détruisent toute la récolte ; il faut aussi veiller aux coups de so-
leil, qui produisent le même effet.
On sème sur couche : concombres, melonSf piments, tomates, raves, salade
et fournitures diverses.
Jardin fruitier. Finir la taille, labourer et pailler les plates-bandes.
9 Jardin d'agrément. Terminer les labours, travaux de propreté, la taille des
arbustes divers et la plantation des plantes vivaces ; faire des boutures d'arbres
et d'arbrisseaux. On sème en pleine terre : Giroflée de Mahon, Adonis, Coreopsis,
Nigelles, Réséda, Nemophila, Clarkia, GHia, Crépis roses. Giroflée jaune, Malope,
Œillets de Chine, Pois de senteur, Reines-Marguerites , Capucines, Volubilis,
Collinsia bicolor^ Siléné à fleurs roses. Balsamines, Belles de Nuit et Belles de
Jour, Muflier, Pétunia, Thlaspi, Scabieuse ou Fleur des Veuves, Phacelia,
Linaria bipariia. On sème sur couche: Célosia Crête de coq, Amarantes.
Balsamines, Reines-Marguerites, Calcéolaires, Quarantaine, Martinia, Cosmos.
On place aussi sur couche les tubercules de Dahlia pour déterminer la végé-
tation des bourgeons, les séparer ensuite et les mettre en pot jusqu'au moment de
les livrer en pleine terre.
Serres. C'est en mars que les Camellia sont dans toute leur beauté; il faut
leur donner des arrosages modérés et entretenir avec soin la propreté des feuil-
lages. Pour les autres plantes, même soin que pour le mois précédent ; mais on
Veillera pour éviter l'efi'et des coups de soleil; on blanchit les vitres avec de la
chaux, ou l'on tend des toiles.
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