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Full text of "L'Horticulteur franais de mil huit cent cinquante et un : journal des amateurs et des intrts horticoles"

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L'HORTICILTEIIR 

FRANÇAIS 

DE  MIL  HUIT   CEM    CIAQIAKTE   ET   UN 

JDIiïMilL 

des  Amateurs  et  des  Intérêts  horticoles 

RÉDIGÉ  PAR 

F.   HERIWCQ 

ATTACHÉ  AU  MUSEUM  d'hiSTOIRE  NATURELLE  DE   PARIS, 
COLLABORATEUR  DU  RÉGNE  VÉGÉTAL,    ÙU   NOUVEAU  JARDINIER    ILLUSTRÉ, 
DU  MANUEL  DES  PLANTES,   ANCIEN  RÉDACTEUR  DE  LA  SOCIÉTÉ 
NATIONALE  d'HORTICULTURE  DE  LA  SEINE,    ETC. 


Annie  lS70-7f 


PARIS 


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E.  DONNAUD,   LIBRAIRE-EDITEUR 

Rue  Cassette,  9 


N"  1. 


«80*  Année. 


tH'SO. 


m  mi  mwi  ©ikit  ©[iKi^[!î)i*\K]iri  i?  m 

JOURNAL  DES  AMATEUIIS  ET  DES  INTÉUÊÎS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CDLTURE    RAISONNER,    LA    DESCHIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   PLANTES, 

ET   NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,   DES  FRUITS  ET  DES  LÉGDMES,  LA  DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ   AVEC   LE  CONCOURS 

DES  AfflATEORS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICDLTEORS  DE  FRANCE 

sous   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN  CHEF, 

ATTACaÉ     Ad     MCSÉCM     d'UISTOIRE     NATURELLE    UE     TARIS, 
COllallorateur    du     Manuel     des     Plamet,    des     figures    du    Bon     Jardlulei, 

Ex-Rédacteur  principal  de  la  SocUié  iritonicuiiure  </«  la  .Soin» , 
Membre   honoraire   et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'horticulture,   etc. 


l/ilorticnlteur  Français  parait  le  !i  de  chaque  mois,  par  lirraison  de  32  payes  de  texte 
grand  in-8,  et  d'une  planche  gratée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin. 

i  Paris 10  fr.  par  an. 
Départements.    11  fr.      — 
Étranger 15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  rt'aljonncmeiit  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  et  au  nom  de  M.  E.OONNADD,  rue  Cassette,  9. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  piiste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  (|ue  nous  leur  ferons  présenter  une  'piit- 
tanee  «le  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  ù  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
«870 


WQ^Xcy^. 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  dujournal,rue  Cas- 
sette, 9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraitnt  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parut  dans  le 
mois  et  dont  n'^us  avons  reçu  un  exemplaire, 


PÉPINIÈRES  DES   FRÈRES  SIMON-LOUIS 

A  METZ  (MOSELLE). 


CATALOGUES   GÉNÉRAUX,    DESCRIPTIFS  ET  RAISONNÉ 

PRE5]]£RE   partie,  DES    VARIÉTÉS   DE    FRUITS.    1    fr.  20  c. 

DEUXIÈME  PARTIE,  DES  ESPÈCES  ET  VARIÉTÉS  D'ARBRES,  D'ARBUSTES  ET  D'ARBRISSEAUX 

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Composant   les  collections  de  l'Etablissement. 


Brochures  grand  in-8°  franco  par  la  poste. 


DICTIONNAIRE    DE    PÛMOLOGIE 

CONTENANT 
l'histoire,  la  description,  la  figure  des  fruits  akcieks  et  des  fruits  modernes 

LES   plus   généralement   CONNUS   ET   CULTIVÉS, 

Par  André  LEROY, 

PÉPl.MÉRISTE, 

Chevalier  de   la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  président 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de,Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


2  volumes  grand  in-8°. 
Tome  1"  A-C,  389  variétés. 
Tome   2«    D— Z,  526       — 

Prix:     broché,  1©  fr.   le    Tolume, 

Soit  20  francs  pour  l'exemplaire  complet. 

L'ouvrage  est  tei^miné. 


L'flORTiCULTËliR  FRANÇAIS 


DE  MIL  UlIT  CENT  0.\Q11AATE  ET  ll:\ 


t'ïui^  --  Inipiimeiie  de  E.  Dok>'aud,  rue  Cassette  9. 


L'IlORTlffllTEi  FRANJlilS 


DE   MIL   HUIT    CEÎVT   CIÎVQIANTE   ET  UN 


JOURNAL 


Ï)ES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 


KKhir.K    PAR 


F.  IlERINCO 


ATTACHÉ    AU    MUSÉUM    D  HISTOIRE    NATURELLE    DE    PARIS, 
COLLABORATEUR   DU   RÉGINE   VÉGÉTAL,  DU   NOUVEAU   JARDINIER    ILLUSTRÉ, 
DU   MANUEL   DES   PLANTES,    ANCIEN    RÉDACTEUR   DE   LA  SOCIÉTÉ 
NATIONALE   d'hORTICULTURE  DE   LA   SEINE,   ETC. 


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^"^-^  Année   \m 


LIBRARY 

NEW  VoaK 

hoï.^nxa:. 


.  PARIS 

lî.  DONNAUD,  LIBRAIRE-ÉDITELli 


Rue    Cassette,  9^ 


V,    Il   CCC   LXX 


SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  UANS   CK  NUMÉRO. 

F.  Ukrinco,  Chronique  —  0.  Lescuyf.u,  Cobsea  penduliflora  (PI.  I).—  Eug.de 
M\rtra(;ny,  le  Gazon  et  les  Pourpiers.  —  Ekn.  Bonard,  Plantes  nouvelles 
obtenues  dans  les  jardins.  —  Le  Roy  Mabille,  Pomme  de  terre  :  Plantation 
aiiloinnale  et  hivernale  (février).  —  Boisduval,  Noie  sur  les  ravages  occasionnés 
cette  année  dans  la  culture  de  Fraisiers,  jiar  la  Grande  Tipule  des  jardins 

.  ITipiila  olcraccaj.  —  X...  Petites  nouvelles  ;  Expositions  et  Floralies  russes.  — 
X...  Travaux  du  mois  de  février. 


CHRONIQUE 

Un  bouquet  de  violettes  gigantesque  :  Violette  Wilson  de  M.  Uamel.  Les  ther- 
momètres sont  comme"  les  baromètres  et  les  météorologistps  qui  prophé- 
tisent la  pluie  et  le  beau  temps-,  singulière  divergence  d'opinions  des  ther- 
momètres des  opticiens  du  quai  des  Lunettes.  Les  pronostics  de  M.  Nick, 
pour  l'année  qui  s'écoule;  principes  sur  lesquels  il  établit  ses  prophéties: 

il  a  dit  juste une  fois  sur  dix.  Nul  ne  croit  à   la  science  des  Mathieu, 

mais  tout  le  monde  consulte  ses  oracles;  sceptique  et  spirituel,  ('oniment 
on  s'y  prend  pour  devenir  un  Mathieu  quelconque.  Le  centenaire  de  llum- 
boldt,  célébré  dans  presque  tous  les  pays  civili.sés  :  un  mot  sur  la  vie  et  les 
travaux  de   cet  illustre  savant. 

Paris,  le  ic"  janvier  ■1870. 

En  ce  jour  solennel  d'échange  mutnel  de  petits  cadeaux 
qui  entretiennent  l'amitié,  dit-on,  je  voudrais,  chers  lecteurs, 
et  surtout  aimables  lectrices,  pouvoir  vous  adresser  autre 
chose  que  ce  vœu  banal  de  bonne  année  et  de  bonne  santé, 
qu'on  sort  chaque  année  de  son  écrin  ;  mais  les  temps  sont  durs. 
Il  me  serait  bien  doux  cependant  de  vous  ofîrir  un  bouquet  de 
violettes  comme  celui  qu'un  prince  de  la  finance  parisienne 
vient  d'envoyer  à  la  femme  d'un  prince  de  la  finance  london- 
nienne  !  mais,  je  le  répète,  les  temps  sont  durs,  et  un  pareil 
bouquet  doit  coûter  quelques  bons  louis  d"or;  jugez-en  ! 

Je  l'ai  vu  chez  maître  Burel,  horticulteur^  rue  du  Helder,  et 
j'ose  dire  que  c'est  le  plus  merveilleHx,  le  plus  gigantesque 

Ja7ivier  \S10.  1 


—  6  — 

bouquet  de  violettes  qui  soit  sorti  de  la  main  d'une  fleuriste. 
Je  l'ai  mesuré,  et  il  avait  deux  mètres  quarante  centimètres 
de  circonférence  :  14  têtes  pouvaient  en  même  temps  l'ap- 
procher pour  aspirer  le  parfum  qui  commençait  à  n'être  plus 
précisément  très-agréahle,  tant  il  est  vrai  que  l'excès  en  tout 
gale  les  meilleures  choses.  J'ai  assisté  au  pesage,  et  son  poids 
était  de  36  kilogrammes  !  J'ai  poussé  la  curiosité  jusqu'à  vou- 
loir connaître  combien  il  y  avait  d'humbles  fleurs  de  violettes, 
dans  ce  bouquet  qui  n'avait  plus  rien  d'humble^  et  j'en  ai 
compté  41,500!  Je  garantis  l'exactitude  de  ce  chififre  à  un 
cent  près.  Il  faut  que  la  dame  de  Londres  soit  une  bien  forte 
femme,  pour  pouvoir  tenir  à  la  main  ce  petit  bouquet  de  vio- 
lettes de  72  livres  !  style  de  nos  aïeux. 

Mais  ce  qu'il  faut  admirer  dans  ce  bouquet,  c'est,  dirait 
M.  Prud'homme,  la  patience  et  le  talent  de  l'artiste.  Faire  uu 
bouquet  à  la  main  de  80  centimètres  de  diamètre,  avec  des 
fleurs  dont  la  queue  n'a  pas  toujours  5  centimètres  de  lon- 
gueur, c'est  donner  la  preuve  d'une  rare  patience  et  d'une 
grande  habileté.  Qu'aurait-il  été  ce  bouquet,  si  maître  Burel 
avait  eu  à  sa  disposition  la  fameuse  violette  Wilson?' 

Cette  Violette  Wilson,  inconnue  des  bouquetières,  est  une  nou- 
velle variété,  peut-être  même  une  espèce,  à  très-longue  queue 
et  qui  pourra  bien  un  jour,  par  ce  fait,  supplanter  notre  vio- 
lette des  bois,  dont  la  courte  queue  rend  très-difficile  la  con- 
fection des  petits  bouquets  si  chers  aux  dames  parisiennes. 
Elle  est  très-odorante,  d'une  très-belle  couleur  violette,  son 
pédicelle  ou  queue  a  jusqu'à  20  et  même  30  centimètres  de 
longueur.  C'est  M.  Ramel,  l'introducteur  et  le  vulgarisateur 
des  Eucalyptus,  en  Europe,  qui  en  a  fait  la  découverte  sur  des 
murs  en  ruines  de  la  citadelle  d'Oran  en  Algérie,  en  compa- 
gnie de  l'ami  auquel  il  l'a  dédiée.  Je  ne  la  connais  encore  que 
chez  lui,  au  jardin  botanique  de  l'École  de  médecine  de  Paris, 
et  à  Segrez  ;  elle  n'est  pas  au  commerce,  que  je  sache,  mais  elle 


—  7  — 

mérite  de  l'être.  Malheureusement  sa  rusticité  ne  va  pas  jus- 
qu'à lui  permettre  de  passer  l'hiver, 'à  Paris,  sans  abri.  Sa  cul- 
ture est  celle  de  la  violette  de  Parme,  et  nous  avonsfailli  perdre 
les  quelques  pieds  que  nous  avons  à  Segrez,  par  la  gelée  qui 
est  survenue  brusquement  au  commencement  de  décembre  ; 
sans  la  neige  qui  les  couvrait,  c'en  était  fait  d'eux  ;  car  nous 
avons  eu_,  là,  13  degrés  de  froid  ,  du  moins  notre  thermomètre 
indiquait  cette  température;  ce  qui  ne  veut  pas  dire  que 
tel  était  bien  le  réel  degré  de  froidure. 

Les  thermomètres,  en  effet,  sont  un  peu  comme  les  baro- 
mètres et  les  météorologistes  qui  prophétisent  de  la  pluie  et  du 
beau  temps  ;  ils  ne  sont  pas  toujours  d'une  rigoureuse  exacti- 
tude, même  ceux  des  maîtres.  Ainsi,  un  jour  de  la  semaine 
dernière,  je  passais,  dans  la  matinée,  par  le  Pont-Neuf,  et 
comme  tout  bon  Parisien,  je  consultai  le  thermomètre  de  l'in- 
génieur Chevalier;  il  marquait  7»  5/10  au-dessus  de  zéro, 
ligne  des  orangers  et  myrtes.  J'en  avisai  un  autre  à  l'angle 
du  quai  des  Lunettes,  chez  Secrétan;  celui-là  indiquait  8  4/10, 
soit  un  degré  de  différence,  et  pourtant  tous  deux  étaient 
à  la  même  exposition,  à  10  pas  de  distance,  regardant  le 
bon  roi  Henri.  En  continuant  juon  chemin  j'en  rencontrai 
plusieurs  autres  qui  différaient  aussi  d'opinion  sur  le  degré  de 
la  température  atmosphérique.  Le  thermomètre  de  l'ingénieur 
Soury  voulait  que  la  chaleur  soit  de  6°  5/10  ;  celui  de  l'ingé- 
nieur Boucart  affirmait  qu'elle  était  de  9  degrés,,  température 
des  puits  profonds  et  des  sources;  Richebourg  en  avait  un,  à  sa 
porte,  qui  indiquait  5";  à  côté,  celui  de  Fournier  marquait 
7";  enfin  chez  Boissel,  le  sein  était  à  6°  7/10.  Comment  ne 
pas  faire  naître  des  contestations  sur  les  degrés  de  rusticité  de 
certains  végétaux,  quand  on  a^,  à  sa  disposition,  des  instru- 
ments d'une  pareille  précision  ! 

J'avais  donc  raison  de  dire  que  thermomètres,  baromètres 
et   Mathieu,    de    tous  pays,    ne    brillent    pas    par  l'exac- 


—  8   — 

titude  de  leurs  indications  ou  prophéties.  Et  je  ne  crois  pas 
qu'il  faille  en  excepter  M.  Nick,  de  Périgueux,  le  plus  moderne 
des  Mathieu,  qui  inscrit  ses  prédictions  au  Petit  ofjîciel  du 
soir. 

Voici,  en  effets  ce  que  le  savant  périgourdin  nous  prédit 
après  avoir  compulsé  tous  les  registres  de  l'Observatoire  de 
Paris,  que  l'honorable  directeur,  M.  Leverrier,  a  mis  à  sa  dis- 
position; ce  qui  va  bien  étonner  le  monde  entier  y  compris 
tous  les  astres. 

«  Le  prochain  hiver  sera-t-il  rigoureux,  oui  ou  non?  » 
Telle  est  la  question  que  s'est  posée,  M.  Nick,  tout  comme  un 
siaiple  particuher  qui  n'a  pas  le  moyen  de  faire^  à  l'avance, 
d'abondante  provision  de  bois.  «  Chacun,  se  répond-il,  essaye 
de  résoudre  cette  question  à  sa  manière  :  les  uns  se  basent  sur 
l'épaisseur  des  pelures  d'oignons  ;  les  autres  s'appuient  sur  la 
physionomie  des  saisons  précédentes  et  raisonnent  par  analo- 
gie, ou  sur  l'émigration  des  oiseaux  nomades,  mais  toutes  ces 
données  n'ont  rien  de  sérieux  ;  les  miennes  seules  sont  sé- 
rieuses.  I) 

Les  principes  sur  lesquels  sont  établis  ses  pronostics  repo- 
sent, en  effet,  sur  l'action  mécanique  de  la  lune  qui  dissipe  les 
vapeurs  légères  et  mange  les  nuages. 

J'avoue  que  j'ai  peine  à  comprendre  comment  un  corps  si- 
tué en  dehors  de  notre  atmosphère,  à  une  infinité  de  portées 
de  canon,  peut  agir  mécaniquement  sur  les  nuages  de  quelques 
points  seulement  de  notre  planète  ;  car  la  lune  ne  mange  pas 
les  nuages  partout,  puisqu'il  pleut  souvent  à  Paris  quand  il 
fait  beau  à  Lyon  et  trop  sec  à  Marseille. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  d'après  ces  principes,  qui  sont  ceux 
de  Mathieu  de  la  Drôme,  que  M.  Nick  décrète,  au  Petit  journal 
officiel,  que  l'hiver  de  1869-1870  aura  une  certaine  analogie 
—  une  certaine  analogie,  le  mot  est  heureux  — a\ec  celui  de 
1867-1868.   ((  Il  sera  marqué,  dit-il,   par  des  froids  rigou- 


—  9   - 

reux  •>;  —  préparons  'donc  nos  paillassons  —  «  des  gelées 
blanches  se  manifesteront  frobahlcment  —  ce  n'est  pas  plus 
sûr  que  cela  :  probablement  —  vers  les  5,  13,  et  25  novembre; 
dos  froids  intermittents  assez  vifs  se  feront  sentir  vers  les  5, 
9, 13, 18,  22  et  28  décembre,  principalement  pendant  les  deux 
premières  dizaines;  ces  froids  serojit  accorii pagnes  de  neiges 
abondantes,  particulièrement  vers  les  li^  20  et  27.  » 

Voilà  pour  le  passé  et  le  présent;  on  peut  parfaitement  ap- 
précier l'exactitude  de  ces  pronostics  ;  donnons-nous  donc  ce 
plaisir.  Il  a  dit  juste  une  fois,  pour  la  gelée  du  5  décembre, 
qui  a  été  accompagnée  de  neige  abondante  que  le  perspicace 
météorologiste  de  Périgueux  annonçait  tout  particulièrement 
pour  le  1 1 .  Mais  qu'est-ce  que  5  jours  d'écart?  Bagatelle  !  Et 
puis,  la  neige  n'a  t-elle  pas  pu  rencontrer  en  route  un  obstacle 
qui  a  retardé  sa  chute?  Ces  retards  arrivent  presque  journelle- 
ment pour  les  trains  de  chemins  de  fer, 'et  les  navires  qui  cir- 
culent sur  les  océans.  On  ne  peut  donc  pas  rendre  responsable 
de  cet  écart  les  principes  sur  lesquels  reposent  les  pronostics 
d.e  M.  Nick.  Tomber  juste  une  fois  sur  10,  c'est  un  résultat  qui 
dépasse  toute  espérance,  et  peu  s'en  est  fallu  que  ce  ne  soit  2 
sur  1 0  ;  car  il  annonçait  de  la  gelée  pour  le  28,  et  c'est  dans  la 
nuit  du  2i  au  25  qu'elle  s'est  fait  sentir.  Cette  fois  c'est  une 
avance  de  4  jours  ;  mais  il  se  pourrait  que  ce  soit  la  gelée  an- 
noncée pour  le  22  qui  a  subi  aussi  un  retard  de  2  jours;  et  ce 
retard  s'expliquerait  très-bien  :  il  pleuvait  si  fort  le  22,  que  la 
gelée  a  dû  évidemment  se  mettre  à  l'abri  quelque  part,  pour 
attendre  la  fin  de  l'averse,  qui  n'est  survenue  que  le  vendredi 
au  soir  24-.  On  a  pu  voir  comment  cette  pauvre  gelée  s'est  em- 
pressée (le  fonctionner  pendant  la  messe  de  minuit,  aussitôt 
apiès  la  chute  de  la  dernière  goutte  d'eau,  sur  l'injonction, 
sans  nul  doute,  de  M.  Nick  ou  du  dernier  quartier  de  la  lune 
qui  prenait  possession  de  la  haguette  magique  deux  jours  après, 
c'est-à-dire  le  26. 


—  10  — 

C'est  une  bien  belle  science,  il  faut  en  convenir,  que  cette 
science  des  Mathieu  et  des  Nick.  Quels  services  immenses  elle 
va  rendre  aux  horticulteuts  !  D'un  côté  économie  :  quand  ils 
sauront  que  l'hiver  ne  sera  pas  rigoureux,  ils  ne  feront  que  peu 
ou  point  de  paillassons;  d'un  autre  côté  plaisir  :  car  ils  pour- 
ront préméditer  bien  à  l'avance  une  partie  d'été,  quand  ils  sau^» 
ront  que  des  pluies  intermittentes  viendront  faire  leurs  arro- 
sements  pendant  la  première,  ou  la  deuxième,  ou  la  troisième 
dizaine  du  mois  de  juin  ou  d'août. 

Qu'elle  aimable  science!  Et  pourtant  nul  ne  veut  y  croire...; 
mais  tout  le  monde  s'empresse  de  consulter  ses  oracles,  pour 
savoir  si  le  temps  ne  doit  pas  changer,  ou  si  l'on  est  loin  d'un 
nouveau  quartier  de  lune.  Et  on  ose  dire  que  nous  sommes 
'un  peuple  spirituel  et  sceptique.  Calomnie,  pure  calomnie! 
Nous  sceptiques  !  allons  donc  !  Nous  avons  cru  au  zouave  Jacob  ; 
nous  croyons  en  la  divinité  terrestre  d'une  tireuse  de  cartes 
et  en  la  translucidité  d'une  somnambule;  nous  croyons  en  la 
science  des  Nick;  nous  croyons  encore  et  toujours  à  l'influence 
de  la  lune,  aux  Carottes  sauvages  améliorées  de  Vilmorin,  à 
la  transformation  et  perfectionnement  des  Radis  de  famille,  à 
la  sève  descendante  que  personne  n'a  jamais  vue  descen- 
dre, etc.,  etc.  Or,  quand  on  croit  à  tout  cela  on  ne  peut  pas 
être  sceptique:  mais  on  ne  peut  pas  être  non  plus  très-intel- 
ligent ni  spirituel.  Je  le  dis  bien  sincèrement  et  sans  flatterie. 

Et  puisque  nous  croyons  si  bien  en  tout,  servons-nous  donc 
—  pour  notre  gouverne  —  la  suite  du  plat  Nick. 

Le  savant  météorologiste  prophète  de  Périgaeux  continue 
ainsi  ses  pronostics  pour  le  premier  trimestre  de  1870  : 

e  Le  froid  reprendra  avec  plus  d'intensité  et  de  persistance 
dans  la  première  et  la  deuxième  dizaine  de  janvier,  particuliè- 
rement du  4  au  5;  la  neige  vers  le  2,  9,  16.  La  troisième 
dizaine  sera  moins  froide,  assez  agitée  et  plus  humide. 

»  Le  mois  de  février  sera  plus  accidenté  que  le  mois  de 


—  11  — 

janvier;,  humide  et  relativement  doux^  sauf  quelques  gelées 
partielles  qui  se  produiront  vers  les  5, 10, 16,  21 . 

B  Le  rayonnement  nocturne  se  manifestera  encore  dans  la 
pi?emière  dizaine  de  mars^  mais  avec  peu  d'intensité.  Ce  mois 
sera  assez  accidenté  et  plutôt  humide  que  sec,  comme  le  mois 
de  février.  » 

Maintenant  les  jardiniers  peuvent  prendre  leurs  dispositions 
pour  ne  pas  être  surpris  par  les  froids;  s'il  leur  arrive  quelque 
malheur,  ils  ne  devront  s'en  prendre  qu'à  eux;  j'ai  fait  ce  que 
je  devais. 

J'ajouterai  encore  un  mot,  cependant,  à  l'intention  des  per- 
sonnes qui  voudraient  devenir  un  Mathieu  quelconque,  ou  seu- 
lement se  passer  des  pronostics  des  autres. 

Pour  annoncer  avec  certitude  ïe  temps  qu'il  doit  faire  l\  des 
époques  déterminées,  voici  comment  il  faut  procéder.  On  éta- 
blit, pour  cha(|ue  mois,  une  série  de  dates  avec  un  écart  de  4  à 
6  jours  entre  chacune  d'elles;  soit  par  exemple  3,  9,  15,  18, 
22,  28.  Ceci  fait,  on  prélude  ainsi,  comme  M.  Nick  : 

a:  Considérant  que  plus  la  résultante  des  forces  est  élevée, 
plus  le  ciel  est  couvert-,  et  qu'au  contraire,  plus  la  résultante 
des  forces  est  faible,  plus  la  lune  mange  de  nuages  et  consé- 
quemment  plus  le  ciel  est  clair;  considérant  en  outre  que,  le 
V^  janvier  1799,  la  lune  a  mangé,  pour  ses  étrennes,  tous  les 
nuages  qui  obscurcissaient  l'horizon,  il  en  résulte  que  l'été  de 
1870  aura  une  certaine  analogie  avec  celui  de  l'année  1799. 
En  conséquence  :  il  y  aura  des  chaleurs  intermittentes  pendant 
le  mois  de  mai,  et  principalement  vers  les  a,  9,  13,  18,  22  et 
28;  mais  il  est  présumable  que  des  pluies  intermittentes 
viendront  pour  atténuer  l'aridité  de  la  sécheresse,  et  ces  pluies 
tomberont  particulièrement  vers  les  7.  11,  16,  20,  24  et 
30,  etc.,  etc.  Et  ainsi  pour  les  autres.  S'il  arrive  que  la  pluie 
tombe  un  des  jours  indiqués,  on  fait  insérer  bien  vite  dans  les 
journaux  ce  petit  entrefilet  :  <(  Chacun  a  pu  contrôler  la  mer- 


i9    

veilleuse  exactitude  des  principes  sur  lesquels  reposent  les 
pronostics  du  savant  M.  Mathieu  de  la  Garonne.  La  pluie  qu'il 
avait  annoncée  est  tombée  juste  le  jour  indiqué  par  lui,  etc. 
-7-  Si  au  contraire  c'est  dans  l'intervalle  de  deux  dates,  on  dit  : 
—  «  Il  avait  annoncée,  que  la  pluie  tomberait  vers  le  24,  elle  est 
en  effet  tombée  le  22;  mais  le  ciel  menaçait  depuis  deux  jours; 
on  ne  peut  pas  prédire  avec  plus  de  précision  la  probabi- 
lité du  temps,  etc.,  etc.  Ce  n'est  pas  plus  difficile,  et  le  tour 
est  joué.  On  passe  alors  pour  un  génie,  et  votre  descendance 
voit,  avec  un  bonheur  suprême,  la  génération  contemporaine 
fêter  votre  centenaire,  comme  on  vient  de  le  faire  pour  Alexandre 
de  Humboldt,  et  Napoléon  V\ 

C'est  un  usage,  en  etïet,  qui  commence  —  que  ces  manifes- 
tations du  centenat  —  et  on  va  le  mettre  à  la  mode  pour  faire 
tomber  les  statues  qui  abusent  de  la  permission  d'envahir  les 
places  publiques. 

C'est  pour  Napoléon  1'%  qu'on  a  inauguré  cette  invention. 
Mais  l'année  1769  n'a  pas  produit  que  l'empereur  de  ce  nom; 
elle  a  fourni  au  monde  savant  l'occasion  de  célébrer  le  cen- 
tenaire d'une  de  nos  plus  illustres  célébrités  scientifiques  : 
Alexandre  de  Humboldt,  auquel  l'horticulture  est  redevable  de 
nombreuses  plantes  nouvelles,  et  d'un  beau  travail  sur  la 
géographie  botanique,  qui  rendrait  de  bien  grands  services  aux 
horticulteurs,  si  les  horticulteurs  avaient  le  temps  d'étudier 
cette  science  un  peu  plus  exacte  que  celle  de  la  météorologie 
des  Mathieu.  A  ce  point  de  vue,  de  Humboldt  nous  appar- 
tient; il  a  droit  à  notre  reconnaissance  et  à  un  petit  speech. 

Alexandre  de   Humboldt   est  né    à   Berlin,   en    1769,    do 
parents  riches  et  d'une  très-grande  famille.   A  l'âge  de  7  ans, 
il  eut  pour  précepteur  Campe,  l'auteur  du  Robinson  allemand; 
ce  c[ui  explique  tout  naturellement  son  goût  et  sa  passion  des 
voyages. 

En  quittant  l'université  de  Gottinguc,  à  l'âge  de  21  ans,  il 


-    13  — 

commença  à  se  préparer  pour  ses  grandes  entreprises  scienti- 
fiques. 11  fit  son  premier  voyage  sur'les  bords  du  Rhin  en  com- 
pagnie du  botaniste  Forsler,  et  ce  n'est  qu'après  dix  années 
d'études  préparatoires   qu'il  partit  du  port  de  Corogne,  en 
Espagne^  pour  l'Amérique.  Tous  les  travaux  qu'il  y  accomplit  : 
explorations,  observations,  collections  sont  de  la  plus  haute 
valeur  scientifique.  Il  avait  déjà  commencé  ses  études  sur  les 
moyennes  ciimatologiques,   dont  le  résultat,  connu   sous  le 
nom  de  «  lignes  isothermes  )),  fut  une  de  ses  contributions  les 
plus  originales  à  la  science.  Avec  l'intuition  du  génie,  il  vit 
que  la  distribution  de  la  température  obéit  à  certaines  lois,  et, 
de  l'observation,  de  la  combinaison  des  faits,  il  enseigna  aux 
géographes  à  tracer,  sur  leurs  cartes,  ces  courbes  dont  les 
ondulations  expriment  les  lois  de  la  climatologie  à  la  surface 
de  tout  un  hémisphère.  Un  des  premiers  bénéfices  de  la  riche 
moisson  qu'il  recueillit  durant  ce  voyage,  fut  son  tableau  de 
géographie  botanique,  représentant  les  principaux  traits  physi- 
ques du  continent  américain.  —Ayant  remarqué,  en  effet,  que 
la  végétation  change  de  caractère  à  mesure  qu'elle  s'élève  sur 
le  flanc  des  hautes  montagnes  et  s'échelonne  ainsi  le  long  des 
pentes  en  gradins  successifs,  il  conçut  l'idée  de  dessiner  une 
montagne  conique,  et  d'indiquer,  surles  contours,  les  diUerents 
aspects  de  la 'surface,  depuis  le  niveau  de  la  mer  jusqu'aux 
pics  les  plus  élevés.  Avec  ce  tableau,  il  suffit  d'un  coup  d'oeil, 
pour  saisir  la  succession  des  zones  de  végétation,  et  la  distri^ 
bution  géographique  des  plantes.  Il  étendit  ensuite  ces  com- 
paraisons à  la  zone  tempérée  et  à  la  zone  arctique,  montrant 
alors  que,  à  mesure  qu'on  s'avance  vers  le  nord,  la  succession 
des  plantes  au  niveau  de  l'océan  correspond  à  leur  échelonne- 
ment sur  le  flanc  des  hautes  montagnes  ;  si  bien  que,  près  du 
pôle  arctique,  la  végétation  présente  une  ressemblance  remar- 
quable avec  celle  qu'on   rencontre  sous  les  tropiques,  à  la 
limite  des  neiges  perpétuelles,  etc.,  etc. 


_   14  — 

De  Hiiniboldt  fit  de  nombreuses  collections  de  plantes  et 
d'animaux,  et  des  expériences  physiques  sur  les  êtres  vivants 
qui  n'ont  pas  moins  profité  à  la  science;  mais  il  faut  dire  aussi 
qu'il  avait  pour  compagnon  un  jeune  botaniste  plein  d'ar- 
deur,, Bonpland,  qui  s'occupait  spécialement  de  la  récolte  des 
plantes. 

Après  cinq  années  de  pénibles  explorations  dans  ces  plaines 
immenses  qui  s'étendent  entre  l'Océan  et  le  bassin  de  l'Oré- 
noque,  le  Rio-negro,  les  Amazones  et  les  défilés  des  Cordil- 
lières,  gravissant  les  plus  hautes  montagnes,  visitant  les  cra- 
tères à  peine  éteints,  Â.  de  Humboldt  revint  en  France  en  pas- 
sant par  le  Mexique,  la  Havane  et  Philadelphie.  C'était  en 
1 804.  Il  vint  se  fixer  à  Paris,  et  commença  la  publication  du 
résultat  de  ses  voyages,  qui  comprend  toutes  les  branches  de 
l'histoire  naturelle ,  plus  la  géographie ,  la  physique ,  la 
météorologie^  l'astronomie,  etc. 

Alexandre  de  Humboldt  était  une  grande  et  noble  illustra- 
tion scientifique  qui  n'avait  pas  de  patrie.  Il  était  de  tous  les 
pa«  où  fleurissaient  les  sciences;  mais  il  aimait  principale- 
ment la  France,  parce  que,  à  cette  époque,  on  aimait  beaucoup 
la  science  en  France.  Aussi,  son  centenaire  a-t-il  été  célébré 
dans  presque  tous  les  pays  civilisés. 

A  Berlin,  l'Académie  des  sciences  et  toutes  les  sociétés 
savantes  de  l'Allemagne  lui  ont  consacré  des  séances  spé- 
ciales, dans  lesquelles  des  discours  ont  été  prononcés  et  fort 
applaudis. 

En  Angleterre,  des  cérémonies  analogues  ont  eu  lieu.  En 
Amérique^  on  lui  a  rendu  les  honneurs  publics. —  Philadelphie 
a  eu  une  véritable  fête  internationale,  et  à  Boston,  la  Société 
d'histoire  naturelle  s'était  assuré  le  concours  de  M.  Agassis, 
qui  a  prononcé  un  éloquent  discours  d'autant  plus  religieuse- 
ment écouté,  que  chacun  connaissait  les  longues  relations 
d'amitié  qui  ont  existé  entre  ces  deux  éminents  savants. 


—   \o   — 
A  Paris,  les  sociétés  savantes  se  sont  empressées  de  ne  point 
concourir  du  tout  à  la  fôte  du  centenaire  de  Humboldt  ;  la 
colonie  allemande  seule  a  organisé  une  petite  réunion,  presque 
de  famille,  pour  fêter  la  mémoire  de  l'auteur  du  Cosînos. 

F.  Heulnco. 


COBiEA  PENDULIFLORA  (Pl.  I). 

Tout  le  monde  connaît  le  Cobœa  si  recherché  des  amateurs 
de  petits  jardins  et  des  heureux  mortels  des  villes  possédant  un 
balcon  ou  une  terrasse  ;  c'est  lui  qui  leur  apporte,  en  eftet, 
l'ombre  et  la  fraîcheur,  et  qui  offre  à  leurs  yeux  un  élégant 
rideau  de  tendre  verdure,  parsemée  de  belles  et  grandes  fleurs 
en  cloche  de  couleur  pourpre  marbré. 

Un  voyageur  botaniste,  M.  Fendler,  en  a  découvert  une  autre 
espèce  dans  les  montagnes  de  Caracas,  à  une  hauteur  de  2,000 
mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  qui  a  été  baptisée 
par  M.  Karsten,  dans  sa  flore  de  Colombie,  Rosenbergia  pen- 
duliflora.  C'est  elle  que  nous  figurons  dans  ce  numéro  sous 
le  nom  de  Cohœa  penduliflora,  nous  rangeant  à  l'opinion  de 
M.  Hookerqui  ne  voit  pas  autre  chose,  en  elle,  qu'un  Co6fm. 

Son  introduction  en  Europe  est  due  à  M.  Ernst,  qui  en 
envoya  des  graines  au  jardin  royal  de  Londres  oîi  la  plante  a 
fleuri  en  décembre  18G8,  dans  les  serres  à  Palmiers. 

Sa  tige  est  grimpante,  glabre^  d'un  vert  pâle;  les  feuilles 
sont  alternes,  pourvues  de  vrilles  et  de  larges  stipules  comme 
dans  l'ancien  Cobœa  scandens. 

La  différence  réside  essentiellement  dans  la  fleur  qui  tout 
d'abord  est  d'un  jaune  verdâtre  clairet  pendante.  Le  calice  est 
a  cinq  lobes  oblongs  aigns,  avec  un  tube  très-court  muni  de 
cinq  bosses  arrondies  à  sa  base.  La  corolle  est  irès-remar- 
quable  et  ne  manque  pas  d'élégance  par  la  disposition  de  ces 


—  16  — 
cinq  lobes  qui  se  détachent  da  tube  à  peine  long  de  2  centi- 
mètres —  en  lanières  longues  et  étroites  (10  centim.  sur 
4  millini,)  comme  des  rubans  un  peu  ondulés.  Les  étamines, 
au  nombre  de  cinq,  ont  une  anthère  oblongue  jaune,  versatile, 
fixée  au  sommet  d'un  très-long  filet  rouge  ;  toutes  les  étamines 
s'écartent  horizontalement  et  passent  entre  les  lanières  de  la 
corolle.  Le  style  est  également  très-long,  presque  une  fois  plus 
long  que  la  corolle,  de  couleur  vert  jaunâtre  clair,  et  terminé 
par  trois  stigmates  filiformes. 

Celte  curieuse  espèce  est  considérée  actuellement  comme 
plante  de  serre  chaude  ;  mais  il  est  probable  qu'elle  deviendra, 
comme  celle  qui  l'a  devancée  dans  les  pays  civilisés,  plus  dé- 
mocratique, et  qu'elle  daignera  condescendre  à  orner,  pendant 
l'été,  les  tonnelles  des  petits  jardins,  et  les  balcons  du  5e  étage^ 
où  d'élégants  treillages  s'empresseront  de  lui  offrir  un  géné- 
reux appui. 

0.  Lesguyer. 


LE  GAZON  ET  LES  POURPIERS. 

Ceci  n'est  ni  un  conte  ni  une  fable,  comme  pourrait  le 
donner  à  penser  le  titre  de  cet  article;  c'est  un  simple  fait  que 
j'ai  observé  chez  un  de  mes  amis,  et  qui  m'a  paru  digne  d'être 
révélé  aux  amateurs  de  gazon  fleuri. 

Tous  les  goûts  sont  dans  la  nature  :  les  uns  aiment  une  verte 
pelouse  bien  unie,  exclusivement  composée  de  ray-grass,  et  ils 
arrachent  impitoyablement^  alors,  la  plus  petite  fleur  de. pâ- 
querette pour  ne  pas  rompre  l'uniformité  de  la  teinte  verte  de 
leur  pelouse.  Les  autres,  au  contraire,  regrettent  de  ne  point 
voir  poindre,  au-dessus  du  vert  gazon,  quelques  jolies  petites 
fleurs  de  coucous  ou  primevères,  des  petits  bouquets  de  trèfles, 
d'élégantes  grappes  simples  de  cardamine  des  prés,  ou  d'au- 


~   17  — 

très  plantes  qui  peavent  vivre  en  bonne  harmonie  entre  elles^ 
sans  porter  atteinte  à  la  bonne  santé  de  la  pelouse  et  qui 
égayent  un  peu  le  paysage.  C'est  pour  ces  derniers  que  je 
rapporte  le  fait  en  question. 

Un  terrain  avait  été  occupé,  pendant  plusieurs  années,  par 
un  jardin  fleuriste  disposé  en  plates -bandes  qui  recevaient  des 
plantes  de  toutes  sortes^  et  notamment  des  plantes  annuelles. 
L'année  dernière,  on  fit  de  ce  fleuriste  une  sorte  de  petit  par- 
terre avec  pelouse  et  corbeilles.  Le  gazon  était  en  ray-grass  le 
plus  pur,  et  jusqu'au  mois  de  juillet,  sa  pureté  fut  rigoureuse- 
ment maintenue  par  des  sarclages.  Mais  à  cette  époque  le  jar- 
dinier voyant  apparaître  quelques  plantes  à  petites  feuilles 
charnues  et  cylindriques,  voulut  voir  ce  qu'elles  produiraient; 
il  les  fit  respecter,  et  un  beau  matin  on  fut  agréablement  surpris 
de  voir  les  pelouses  émailléesde  nombreuses  et  grandes  fleurs 
de  pourpiers,  rouges,  roses,  blanches,  jaunes,  qui  brillaient 
d'un  éclat  inusité  au  milieu  de  la  couleur  verte  du  ray-grass. 
Et  comme  bien  l'on  pense,  ces  pourpiers  furent  conservés,  et 
pendant  toute  l'arrière-saison,  ils  n'ont  pas  cessé  d'orner  les 
pelouses  du  petit  parterre.  Ces  plantes  provenaient  de  graines 
enfouies  dans  le  sol,  pendant  la  culture  du  terrain  en  jardin 
fleuriste,   et  qui  avaient  été  ramenées  à  la  surface  par  les  tra- 
vaux de  vallonnement  des  pelouses  du  pelii  jardin.  Ce  Pour 
pier  est  le  Portulacca  grandiflora,  plante  annuelle  du  Brésil 
qui  a  donné  plusieurs  variétés  dont  quelques-unes  ont  reç: 
les  noms  de  Thellnssonii,  Tliornburnii,  caryophylloïcles. 

Ces  herbes  ont  des  tiges  étalées  très-rameuses,  et  leurs  fleurs, 
rouge  violet  avec  une  tache  blanche  à  la  base  des  pétales  dans 
le  type,  naissent  à  l'ais'selle  des  feuilles  de  la  partie  supé» 
rieure  des  rameaux  ;  elles  peuvent  mesurer  de  six  à  sept  cen- 
timètres et  ne  s''ouvrent  qu'au  soleil. 

Le  Portulacca  Thcllussonii  ,a  les  fleurs  écartâtes  avec  lo 
centre  blanc  ;  —    le  T/iombumii  les  a  jaune  foncé,  tiquetées 

Janviev   -1870.  2 


.„.  18  — 

de  rouge  à  la  base;  —  clans  [ecaryophijlloïdes.  elles  sont  d'un 
rose  tendre,  striées  de  rose  foncé  et  de  lilas.  Il  y  a  en  outre 
les  variétés  :  blanc  strié  ;  panachée  de  jaune  et  de  blanc  ; 
orange;  rose  pâle,  et  enfin  les  variétés  à  fleur  pleine,  qui 
offrent  à  peu  près  toutes  les  nuances  des  variétés  à  fleur  simple. 
Jusqu'à  présent,  on  n'a  utilisé  les  Pourpiers  que  pour  faire 
des  bordures,  pour  décorer  le  dessus  des  grandes  caisses, 
les  balcons,  les  terrasses,  les  glacis,  les  rochers  et  les  ruines 
exposées  au  midi. 

Je  les  propose  aujourd'hui  pour  émailler  gaiement  les 
pelouses  qui  sont  établies  dans  les  terrains  sablonneux,  secs  et 
exposés  au  soleil  le  plus  ardent.  On  peut  les  semer  au  prin- 
temps, soit  en  même  temps  que  la  graine  de  gazon,  soit  sur 
les  anciennes  pelouses,  dans  les  parties  dénudées  qu'on  béquil- 
lera  d'abord  pour  ameublir  la  terre,  et  qu'on  chargera  ensuite 
d'un  peu  de  terreau  après  les  semis  opérés.  Ou  bien  encore, 
on  pourrait  semer  sur  couche  et  repiquer  les  jeunes  plants  dans 
les  éclaircies  du  gazon.  Dans  l'un  ou  l'autre  cas,  on  obtiendra 
une  belle  floraison  pendant  toute  l'arrière-saison,  comme  celle 
que  j'ai  tant  admirée  en  septembre  dernier. 

Eug.  de  Martragny. 


PLANTES  NOUVELLES 

OBTENUES    DANS    LES    JARDINS. 

M.  Boucharlat  aîné,  à  Guire-les-Lyon,  annonce  pour  l'an- 
née 1870  un  grand  nombre  de  nouveautés  qui  seront  au 
commerce  à  dater  du  16  janvier. 

En  Pelargonium  à  fleur  double,  ce  sont  :  Volcan,  rouge 
vermillon  orangé;  floribunda,  rouge  ombré;  Madame  Bou- 
charlat, rose  vif  de  Heur  de  pêcher;  Docteur  Adrien  Sicard, 
vermillon  pur. 


—  19  — 

f.es  Pelargonium  à  fleur  simple  s'appellent  :  Gloire  de  saint 
Louis,  Abondance,  Bélisaire,  Madame  Baudrand,  Etendard 
des  Nossegay^  Signor  Sangali,  Reine  Blanche.  Les  zonales 
h  grande  fleur  sont  :  Edouard  Trouin,  Hug  Low,  Calot, 
rosea  compacta,  Comte  Paolo  Taverna, Boule  de  neige,  Made- 
moiselle Marie  Opoix,  Mutabilis^,  Madame  E.  G.  Henderson, 
Lucius  le  Nain.  Enfin  un  Pelargonium  unique  nommé  rubes- 
cens. 

Les  Pétunia  doubles  sont  inscrits  sous  les  noms  de  :  Boule 
violette,  Dame  blanche,  Tom  Pouce,  la  Candeur,  la  Vierge^ 
Evelina,  Cléopâtre,  Sidonie,  monstruosa  piena,  violacea 
plena.  Calypso,  resplendens,  mirandum,  M.  Opoix,  Pluton, 
l'Étonnant,  M.  Ambr.  Verschaffelt,  M.  Buyron. 

Des  Chrysanthèmes —  hors  ligne  —  forme  aponaise,  on 
nom  :  Admiranda,  Simon  Delaux,  Blanche  de  Castille,  Ma- 
dame Ghniard,  Crykand,  Ci-Syang,  Y-Kang-Kang,  Griterion, 
pyramidalis,  Surprise,  Soleil  d'or,  Sans  pareil,  Clorinde, 
marginata.  —  D'autres  Chrysanthèmes  à  formes  diverses,  et 
non  japonaises,  apparaîtront  à  la  même  époque  ;  ce  sont  :  Dis- 
tinction, Bismark,  Madame  Etienne,  multitlora,  Impératrice, 
Belle  Aurore,  Rose  d'amour,  Reine  des  blanches,  Précocité. 

Les  nouveautés  en  Verveines  sont  :  M.  Crousse,  Coquette 
du  Grand-Duché,  Grand-duc  de  Bade,  Elvina,  Octavie. 

Enfin  les  Véroniques  rosa-alba,  compacta  superba  et  le 
Lantana  Caméléon  terminent  la  liste  des  plantes  nouvelles 
de  l'établissement  de  M.  Boucharlat. 

Dans  le  catalogue  de  M.  Chaté,  rue  Sibuet,  9  (boulevard 
Picpus,  40),  Paris,  nous  trouvons  plusieurs  nouveautés  inté- 
ressantes : 

Canna  Adolphe  Weich,  à  feuilles  longues  de  80  cent,  vert" 
foncé   avec  large  bordure    rouge   pourpre,  et  à  fleurs  rose 
orangé  ;  —  Hendersonii,  à  feuilles  vert  glauque  longues  de 
60  cent,   et  à  très-grandes  fleurs  rouge  carmin  bordées  de 


'—  20  — 

lignes  du  jaune  le  plus  pur;  — Auguste  Joiyneaiix,  à  feuilles 
très-grandes  d'un  beau  verl;^  et  à  fleurs  extra -grandes,  rouge 
ponceau  vif  parsemées  de  petites  maculatures  marron;  — 
Coîîite  de  Lambertye,  à  feuilles  larges  bordées  de  pourpre,  et 
à  fleurs  très-grandes  jaune  aurore. 

Bégonia  Emile  Chaté,  Louis  Lignot,  Madame  Lignot,  Gloire 
de  Montereau  et  excelsa. 

Les  Pelargoniwn  zonales  doubles  sont  :  Jean  Sisley,  Bouquet 
de  Livry,  Madame  Jules  Smith,  Charles  Dagneau,  Triomphe 
de  Vincennes.  —  Les  variétés  à  grande  fleur  ont  reçu  les 
noms  dB  :  Comte  Albert  de  Larochefoucauld,  Elisa  Lama- 
tabois,  François  Herincq,  Madame  Elie  Reclus,  Madame  Eu- 
gène Mangé  et  Souvenir  de  ma  grand'mère. 

M.  Billiard  fils  (dit  la  Graine),  à  Fontenay-aux-Roses,  a 
obtenu,  lui,  les  Weigelia  M.  André  Leroy  et  Madame  Car- 
rière, ainsi  que  4  Lonicera  Chamaecerasus  tartarica  :  speciosa, 
elegans,  bicolor,  et  graciHs. 

Ern.  BoNARD. 
(^  mivre.) 


POMME  DE  TERRE. 

Plantation  automnale  et  hivernale  (i). 

La  Pomme  de  terre^  parmi  les  plantes,  occupe  le  premier 
rang  après  le  blé,  sous  le  rapport  de  l'aUrnentation.  Ne  lui 
demandons  pas  plus  qu'elle  ne  peut  donner,  mais  exigeons 
d'elle  tout  ce  que  nous  pouvons  en  attendre.  On  ne  sait  pas,  ou 
plutôt  on  a  oublié,  tout  ce  que  vaut  Fanti- famine,  comme  l'ap- 
pelait Parmentier.  Mûre,  elle  contient  beaucoup  plus  de  sub- 
stances nutritives  que  quand  elle  ne  l'est  pas,  ce  qu'elle  a  de 

:'l)  Journal  de  l'Agriculture. 


—  21   — 

commun  avec  toutes  les  plantes  du  monde,  et  elle  n'est  mûre 
qu'autant  qu'elle  a  végété  pendant  tout  le  temps  qu'elle  peut 
végéter  ;  c'est  encore  en  quoi  elle  ressemble  à  toutes  les  plantes 
que  Dieu  a  créées.  Laissons-la  donc  végéter  aussi  longtemps 
que  possible,  c'est-à-dire  plantons-la  en  automne,  afin  que 
nos  pauvres,  s'ils  en  mangent  vingt  et  une  fois  par  semaine, 
comme  dit  spirituellement  M.  Villeroy,  fassent  vingt  et  un 
repas  un  peu  plus  réparateurs  qu'aujourd'liui. 

Mais  encore  dans  tout  cela  n'ai-je  parlé  que  de  la  qualité,  il 
faut  aussi  voir  l'abondance.  Tous  ceux  qui  ont  pratiqué  la 
plantation  automnale  ont  déclaré  avoir  fait  des  récoltes  dou- 
bles. Si  donc  ces  mômes  pauvres,  au  lieu  d'avoir  un  kilo- 
gramme de  Pommes  de  terre  qui  ne  contiennent  que  de  l'eau, 
en  ont,  pour  le  même  prix,  deux  kilogrammes-de  nourrissants, 
n'est-ce  pas  quatre  fois  préférable?  N'est-ce  pas  là  un  com- 
mencement du  programme  depuis  si  longtemps  cherché  et 
toujours  insaisissable  de  la  vie  à  bon  marché  (1)? 

M.  Villeroy,  attaquant  ma  méthode,  dit  que  dans  la  localité 
qu'il  habite  on  plante  rarement  avant  le  mois  d'avril,  que 
quelquefois  la  plantation  se  prolonge  jusque  dans  le  mois  de 
mai,  «  et  pourtant  les  Pommes  de  terre  mûrissent.  »  Je  regrette 
de  ne  pas  pouvoir  partager  sa  manière  de  voir  là-dessus;  mais 
je  dis  que  ces  pommes  de  terre  ne  sont  pas  mûres.  La  dessicca- 
tion des  tiges  ne  prouve  pas  la  maturité  ;  car  enfin  il  faut  bien 
qu'un  jour  ou  l'autre  elles  se  dessèchent,  quand  même  la  plan- 
tation se  serait  faite  en  juin  ou  en  juillet;  à  ce  compte,  les 
Pommes  de  terre  seraient  toujours  mûres.  Des  Pommes  de 


(1)M.  de  RaiuneviUc,  qui  a  pratiqué  la  plantation  automnale  pendant  plu- 
sieurs années,  et  qui  n'y  vnyaitaue««e  difficulté  pour  la  grande  culture,  disait 
que,  chez  lui,  le  produit  moyen  du  Bienfaiteur  était  de  30  pour  1  de  semence 
et  pas  une  de  malade!  Le  respectable  agronome  avait  si  bien  régénéré' la  pré- 
cieuse plante,  que  déjà  il  était  arrivé  à  en  obtenir  presque  le  même  produit 
que  du  temps  de  Valmont  de  Bomare,  30  à  40  pour  i. 


—  22  — 

terre  abandonnées  dans  le  sol  ou  plantées  au  commencemeE.. 
d'octobre  ne  perdent  leui'S  tiges  que  dix  ou  onze  mois  après, 
quelquefois  près  d'un  an;  donc  il  leur  a  fallu  tout  ce  temps 
pour  compléter  leur  maturité.  Jusqu'à  quel  point  peuvent  être 
mûres  celles  qui  n'ont  végété  que  quatre  ou  cinq  mois?  Une 
plante  peut-elle  mûrir  également  en  quatre  mois,  en  six  mois, 
en  huit  mois,  en  onze?  Je  m'en  rapporte  à  M.  Villeroy  lui- 
même. 

M.  Villeroy  dit  encore  que  quand  on  plante  les  Pommes  de 
terre  trop  tôt,  au  printemps,  avant  que  la  terre  soit  suffisam- 
ment desséchée,  elles  ne  germent  pas  pour  cela  plus  tôt.  C'est 
possible  pour  certaines  terres,  et  je  dirai  pour  la  centième  fois 
que  c'est  aux  cultivateurs  à  prendre  conseil  de  leur  terrain. 
Ne  faisons  pas  de  règle  trop  générale  ;  telle  chose  est  possible 
ici  et  ne  l'est  pas  là.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que,  dans  les 
quatre  concours  qui  ont  eu  lieu  dans  mon  arrondissement, 
presque  toujours  les  plantations  de  février  l'ont  emporté  sur 
celles  de  mars  et  d'avril  en  abondance  et  en  qualité.  Bien 
plus,  sur  884  expériences  comparatives  faites  en  Angleterre, 
ce  sont  les  plantations  de  février  qui  ont  donné,  proportion 
gardée,  le  plus  de  bonnes  récoltes  (1).   Et  remarquez  que  le 

(1)  Les  résultats  de  ces  884  expériences  sont  trop  d'accord  avec  ma  théorie 
pour  que  je  les  passe  sous  silence  : 

Bonnes  récolles.     Mauvaises  récoltes. 


67  plantations 

d'automne 

ont  donné 

56 

41. 

442          — 

de  février 

— 

431 

44. 

224          — 

de  mars 

— 

4  36 

88. 

252          — 

d'avril 

— 

105 

4  47. 

499          — 

de  mai 

~ 

44 

455. 

C'est-à-dire  que  les  bonnes  récoltes  ont  été  ;  en  automne  83,  6  p.  100  ;  en 
février,  de  92,  2;  en  mars  de  60,  7;  en  avril  de  41,  7;  en  mai  de  22,  1.  Ou 
bien,  les  mauvaises  récoltes  ont  été:  en  automne  de  16,  4  p.  100;  en  février 
de  7,  8,  en  mars,  de  39,  3;  en  avril  de  58,  3;  en  mai  de  77,  9.  C'est-à-dire, 
que  plus  l'on  a  différé  la  plantation,  plus  les  tubercules  plantés' étaient  déjà 


,  23  

climat  tempéré  du  Boulonnais  et  de  l'Angleterre  ne  peut  pas 
être  ici  invoqué  comme  circonstance  favorable,  puisque,  à 
cette  époque,  les  grands  froids  sont  passés.  C'est  donc  aux  cul- 
tivateurs, de  quelque  pays  qu'ils  soient,  à  essayer. 

xMaiSj  quand  même  les  Pommes  de  terre  plantées  en  février 
resteraient  stationnaires^  elles  auraient  au  moins  cet  avantage 
de  ne  pas  s'échaufTer  dans  les  caves^  où  elles  germent  et  s'é- 
puisent à  donner  de  longues  pousses  qu'il  faudra  bientôt  arra- 
cher. Et  puis,  voyez  le  tubercule  après  cela,  surtout  si  l'on  a 
attendu  jusqu'au  mois  de  mai  :  comme  il  est  mou,  crispé, 
ratatiné,  vidé,  épuisé!  Voilà  la  semence  que  l'on  charge  delà 
production  !  J'ai  entendu  dire,  bien  des  fois,  que  la  Pomme  de 
terre,  au  mois  de  mai,  n'était  plus  bonne  à  manger.  Quoi  ! 
elle  ne  vaut  plus  rien  pour  la  bouche  et  elle  est  encore  bonne  à 
reproduire  l'espèce! 

«  La  maladie  a  successivement  diminué,  répond,  M.  Yil- 
leroy,  puis  elle  a  disparu  comme  elle  était  venue.  ))  Il  est 
vrai  qu'on  plante  généralement  plus  tôt;  aussi  y  a-t-il  atténua- 
tion du  mal.  Mais  y  a-t-il  disparition?...  Demandez  à  M.  Des- 
sin, qui  disait,  l'année  dernière,  que  ses  voisins  perdent  an- 
nuellement la  moitié  de  leur  récolte,  quelquefois  les  deux 
tiers;  mais  ils  plantent  en  avril  et  en  mai,  et  M.  Bossin,  qui 
est  à  même  de  comparer,  qualifie  cela  de  mauvaise  habitude. 

»  On  propose  une  foule  de  remèdes,  tous  ont  été  inu- 
tiles. »  Tous  ceux  qui  ont  planté  de  bonne  heure,  soit  en 
automne,  comme  MM.  de  Rainneville,  Tougard,  de  Saubiac, 
Vilmorin,  de  Monlagnac ,  Jourdier  et  autres^  soit  dans  la 
première  quinzaine  de  février,  comme  MM.  Bossin  et  Capet, 


vidés,  épuisés  par  une  végétation  inutile,  plus  la  récolte  a  été  mauvaise.  Est- 
ce  clair?  Maintenant  connaît-on  la  cause  de  la  maladie?  Si  l'on  me  dit  que  les 
plantations  d'automne  sont  battues  par  celles  de  février,  je  renverrai  à  l'obser- 
vation de  M.  de  Rainneville,  à  la  fin  de  cette  note. 


_  24-— 

ont  va  leur  plant  se  régénérer  graduellement,  et  cette  régéné- 
ration a  été  d'autant  plus  rapide  qu'ils  ont  donné  plus  de 
tbmps  à  leur  Pommes  de  terre  pour  mûrir,  et  qu'en  môme 
temps  ils  se  sont  servis  de  Pommes  de  terre  régénérées.  C'est-à- 
dire  que  plus  le  plant  reproducteur  a  été  parfait,  plus  tôt  la 
race  s'est  relevée.  C'est  encore  en  cela  que  la  Parmentière 
ressemble,  non  pas  seulement  à  toutes  les  plantes  du  monde, 
mais  à  tous  les  êtres  organisés  que  Dieu  a  jetés  dans  ce  vaste 
univers.  Si  mon  estimable  contradicteur  veut  bien.se  donner 
la  peine  de  relire  ce  que  j'ai  dit  à  ce  sujet  dans  le  n°  40  du 
Bulletin  de  r Agriculture  de  1867  et  au  n"  4  de  1868,  je  ne 
doute  pas  que  bientôt  il  ne  soit  aussi  chaud  partisan  que  moi 
de  la  régénération  progressive. 

Il  y  a  encore  un  point  sur  lequel  M.  Viîleroy,  M.  Ritter, 
M.  Risler  et  moi,  ne  sommes  pas  d'accord.  Ici,  je  vais  faire  de 
la  pure  théorie;  je  laisse  de  côté  l'application  pratique,  ces 
trois  messieurs  étant  meilleurs  juges  que  moi. 

Mes  honorables  contradicteurs,  qui  feraient  rechercher  la 
discussion  comme  un  plaisir,  tant  ils  y  mettent  de  formes, 
pensent  que  le  froid  qui  règne  dans  leur  pays  ne  permettrait 
pas  la  plantation  automnale.  Si  leur  sous-sol  ne  permet  pas 
d'enterrer  la  Pomme  de  terre  à  20  ou  25  centimètres,  je  n'ai 
rien  à  dire;  mais  dans  le  cas  contraire,  je  ne  pourrai  pas  être 
de  leur  avis,  et  cela  pour  plusieurs  raisons.  D'abord  je  citerai 
l'exemple  de  M.  de  Montaigne,  dans  l'Alher,  qui  plante  en  oc- 
tobre; puis  de  M.  Enjaibai,  dans  l'Ariége,  qui  plante  en  no- 
vembre pour  récoller  en  mars  ou  avril  (longtemps  avant  qu'on 
ait  planté  en  Alsace),  puis  celui  de  M.  Saubiac^  qui  m'annon- 
çait que  dans  la  Haute-Garonne,  des  Pommes  de  terre  aban- 
données dans  le  sol  avaient  résisté  à  une  gelée  qui  avait  fait 
périr  des  masses  déplantes  et  d'arbustes  de  pleine  terre. 

En  second  lieu,  j'appellerai  toute  l'attention  de  ces  mes- 
sieurs sur  la  réflexion  qui  va  suivre  d'un  journaliste  anglais. 


—  25  — 
Dans  une  de  mes  brochures,  j'avais  rappelé  l'expérience  de 
M.  Capel,  dont  tous  les  tubercules,  plantés  à  14  cenlimètres 
de  profondeur,  ont  péri  par  la  gelée,  et  celle  de  M.  le  comte  de 
Rainneville  qui,  ayant  enterré  les  siens  à  22  ou  25  centimètres, 
au  moyen  d'une  bonne  raie  de  charrue,  les  a  tous  vus  lever  au 
printemps,  bien  que  la  gelée  eût  pénétré  à  33  centimètres.  Le 
Gardeners'  Chronicle  du  10  avril  1852,  en  rendant  compte  de 
cette  brochure,  a  dit  : 

«  Aux  yeux  des  hommes  les  plus  expérimentés  de  ce  pays, 
la  question  de  la  plantation  d'automne  est,  depuis  quelques 
années  déjà,  une  question  tranchée  :  M.  Leroy-Mabille  ne  nous 
apprend  donc  rien  de  nouveau.  Mais  il  confirme  par  des  faits 
irrécusables  tous  les  avantages  de  la  pratique,  et  il  montre 
combien  peu  est  fondée  la  crainte  que  partagent  beaucoup  de 
personnes,  que  les  tubercules  plantés  en  automne  ne  gèlent  en 
terre.  Sur  ce  point,  ses  remarques  sont  frappantes,  et  .nous 
concluons  en  les  reproduisant.  » 

Ici  le  journal  reproduit,  en  effet,  quelques-unes  de  mes  ob- 
servations, plus  les  deux  expériences  que  je  viens  de  rappeler, 
et  il  ajoute  : 

«  M.  Leroy  arrive  à  celte  conclusion:  que  la  Pomme  de  terre 
ne  peut  pas  résister  à  la  gelée  lorsqu'elle  est  trop  près  de  la 
surface  du  sol,  mais  qu'elle  a  celte  faculté  si  elle  est  enterrée 
assez  profondément,  sans  doute,  dit-il,  parce  que  le  froid  y  est 
moins  rigoureux,  et  peut-être  aussi  parce  qu'il  n'y  arrive  que 
graduellement  et  se  retire  de  même;  ce  qui  est  précisément  ce 
que  nous  avons  si  souvent  affirmé  nous-même  sans  avoir  pu 
jamais  en  convaincre  personne.  » 

Il  paraît  qu'il  en  est  de  même  en  France...  et  même  en  Ba- 
vière, mais  ce  que  l'on  perd  de  vue  trop  généralement,  c'est  la 
contrée  dont  la  Pomme  de  terre  est  originaire,  et  le  froid  ex- 
trême auquel  elle  y  résiste.  Je  laisse  parler  là-dessus  le  savant 
Virey  : 


—  26  — 

«  La  nouvelle  espèce  de  Pomme  de  terre  découverte  à  Ve- 
nezuela (Mexique)  et  décrite  par  le  Journal  de  Pharmacie^  ne 
serait  pas  plus  difficile  h  acclimaler  dans  nos  régions  froides 
que  l'ancienne  née  également  près  de  l'équateur,  mais  sur  des 
terres  élevées,  comme  le  plateau  de  Quito,  àplusde  1400  toises 
(2800  mètres)  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  dans  la 
chaîne  des  Cordillières  à  une  hauteur  telle  que  le  froment  et  le 
maïs  ne  peuvent  plus  y  croître  à  cause  du  froid.  » 

Je  crois  donc  pouvoir  dire,  après  cela,  que  la  Pomme  de 
terre  n'a  rien  à  craindre  du  froid  dans  notre  Europe.  Et  ce- 
pendant encore,  malgré  ce  que  je  viens  de  dire,  et  tout  parti- 
san que  je  suis,  en  principe,  de  laplantation  autom.nale,  je  dis 
qu'il  ne  faut  pas  l'essayer  en  grand  pour  commeucer;  je  dis 
même  que  j'adopte  complètement  l'amendement  de  M .  Bossin, 
qui  a  aplani  les  difiiculiés  de  ma  méthode  en  ne  plantant  que 
dans. la  première  quinzaine  de  février.  La  raison,  c'est  que  je 
craindrais,  en  insistant  trop  sur  les  plantations  d'automne  et 
en  voulant  marcher  trop  vite,  de  compromettre  encore  une  fois 
le  succès. 

Je  déclare  donc  que^  provisoirement,  je  passe,  avec  armes 
et  hagages,  sous  les  drapeaux  de  M.  Bossin;  dix-huit  années 
consécutives  de  récoltes  saines  et  abondantes  sont  un  ensei- 
gnement assez  puisant.  Plus  tard,  quand  on  aura  goûté  de  la 
plantation  hâtive,  on  avancera  peu  à  peu  et  peut-être  fera-t- 
on comme  M.  de  Rainneville  qui  en  était  venu  à  planter  en 
septembre .  Mais  en  attendant,  ce  dont  je  ne  démordrai  pas, 
ce  que  je  maintiendrai  envers  et  contre  tous,  unguibus  etrostro, 
c'est  que  les  Pommes  de  terre  de  mon  cher  confrère  en  Par- 
mentier  ne  sont  pas  complètement  mûres,  et  je  viens  d'en  don- 
ner la  raison.  Or,  pour  la  Pomme  de  terre  comme  pour  toutes 
les  plantes  du  monde  (je  demande  pardon,  si  je  reviens  si 
souvent  sur  cette  expression,  mais  on  a  fait  de  la  pauvre  plante 
]e  paria  du  règne  végétal,  et  l'on  s'étonne  qu'elle  soit  malade!), 


pour  la  Pomme  de  terre,  dis-je,  comme  pour  quelque  plante 
que  ce  soit^  il  faut  une  semence  aussi  mûr  que  possible.  Je  dis 
donc  que  pour  marcher  rapidement  à  la  régénération  de  la 
précieuse  anti-famine^  sans  rien  compromettre,  il  faut  planter 
des  Pommes  de  terre  en  automne,  en  quantité  suffisante  pour 
avoir  de  la  semence  ;  les  recouvrir  de  fumier  pour  les  préserver 
de  la  gelée^  si  le  sous-sol  ne  permet  pas  une  plantation  plus 
profonde  ;  ne  les  arracher  que  lorsque  les  tiges  seront  bien 
ianées,  et  les  employer  ensuite  comme  semences  pour  la 
grande  culture,  qui  se  ferait  aussitôt  que  l'état  du  sol  le  per- 
mettrait, au  temps  choisi  par  M.  Bossin,  s'il  était  possible. 
Quand  on  aura  essayé  cette  méthode  pendant  deux  ou  trois  ans 
de  suite,  mes  honorables  contradicteurs  pourront  dire  que  le 
remède  est  tout  trouvé. 

Mais  de  grâce,  lorsque  nous  essayerons  la  culture  autom- 
nale, mettons-nous  dans  les  conditions  requises  pour  réussir. 
Plantons  à  une  profondeur  sulhsante  pour  nous  mettre  à 
l'abri  de  la  gelée,  soit  120  ou  25  centimètres  ;  ne  plantons  que 
dans  des  terrains  secs  qui  permettent  cette  profondeur_,  car 
s'ils  sont  humides,  le  plant  pourrira;  ne  nous  servons  que 
de  tubercules  entiers  ;  —  pas  de  fumier  frais  ;  —  et  surtout 
employons  toujours  le  plant  régénéré  obtenu  par  ce  moyen. 
M.  de  Rainneville  avait  déjà  dit,  en  terminant  une  de  ses 
instructions  :  «:  Quelques  personnes  de  notre  connaissance  ont 
planté  avant  l'hiver,  et  elles  ont  récolté  des  tubercules  gâtés. 
Nous  les  invitons  à  hre  avec  attention  les  conditions  expo- 
sées plus  haut,  elles  verront  que  toutes  n'ont  pas  été  sauve- 
gardées comme  l'indique  M.  Le  Uoy-Mabille.  »  Et  moi  j'a- 
jouterai :  Ne  vous  étonnez  pas  si,  malgré  toutes  vos  précau- 
tions^ vous  obtenez  encore  des  tubercules  gâtés  la  première 
année;  le  mal  est  ancien,  et  il  faut  bien  lui  donner  le  temps 
de  se  guérir  ;  on  ne  guérit  pas  ime  maladie  chronique  à  la 
première  tisrme. 


—  28  — 

Dans  le  Bulletin  de  r Agriculture  du  11  avril  1868,  M.  Des- 
breiix  afTirmait  avoir  planté  en  novembre  dans  un  terrain 
à  sous-sol  imperméable,  et  n'avoir  pas  réussi.  Vraiment,  je 
le  crois  bien;  les  conditions  énoncées  plus  haut  n'ont  pas  été 
remplies.  M.  Desbreux  ne  croit  pas  à  la  régénérescence  dans 
le  règne  végétal  comme  dans  le  règne  animal  ;  cependant  il 
reconnaît  que  «  des  individus  affaiblis  par  une  cause  quel- 
conque ne  peuvent  procréer  que  des  êtres  faibles,  v  et  il  se 
résume  en  disant  que  «  le  sûr  moyen  préventif  est  de  retarder 
la  végétation  printanière  et  déplanter  le  plus  tôt  possible,  alors 
que  la  terre  est  dans  un  état  convenable.  Quant  au  remède, 
ajoute-t-il,  il  est  encore  à  trouver.  » 

On  le  voit  donc  bien,  planter  le  plus  tôt  possible.,  voilà  ce  que 
tout  le  monde  dit,  sans  réfléchir  que  de  cette  plantation  hâtive 
ressort  nécessairement  une  maturité  un  peu  plus  complète  ; 
d'où  il  suit  que  c'est  le  défaut  de  maturité  qu'il  faut  com- 
battre. Eh  bien,  que  le  respectable  M.  Desbreux,  qui  nie  lu 
régénérescence  dans  le  règne  végétal,  se  donne  la  peine  de 
planter  le  plus  tôt  possible,  pendant  plusieurs  années  de  suite 
dans  du  terrain  bien  sec,  il  obtiendra  des  individus  plus 
adultes  que  leurs  pères,  par  conséquent  plus  forts  qu'eux, 
et  qui,  à  leur  tour  procréeront  d'autres  individus  plus  forts 
qu'eux-mêmes.  Il  verra  ensuite  si  «  le  remède  est  encore  à 
trouver.  5)  Le  Roy-Mabille. 

NOTE  SUR  LES  RAVACiES  OCCASIONNÉS  CETTE  ANNÉE 
DANS  LA  CULTURE  DE  FRAISIERS, 

PAK  LA  GRANDE  TiPULE  DES  JARDINS  (Tipula  oleraceo)  (1). 

Au  mois  de  mai  de  cette  année,  M.  Ferdinand  Jamin  nous 


(1)    Nous  empruntons  cet  article  à  l'inlércssaDt  et  utile  journal  Vlnsecto^ 
îoqie  agricole.  Donnaud,  éditeur,  9,  rue  Cassette.  40  fr.  par  an. 


—  29   — 

apporta,  à  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture  de 
F'rance,  des  larves  qui  causaient  de  grands  dommages  dans  ses 
plantations  de  fraisiers,  à  Bourg-la-Reine.  C'était  pendant  la 
nuit,  disait-il,  que  ces  espèces  de  chenilles  commettaient  leurs 
déprédations.  Elles  rongeaient  le  cœur  et  les  radicelles  de  la 
plante,  et  les  fraisiers  attaqués  devenaient  si  chétifs  que  la  flo- 
raison n'avait  pas  lieu  et  que  les  plus  maltraités  périssaient. 
M.  Jamin,  qui  est  un  habile  observateur,  voulant  se  rendre 
compte  de  la  cause  du  mal,  fouilla  la  terre  autour  des  plantes 
malades  et  trouva,  autour  de  chaque  pied,  un  certain  nombre 
de  larves  dont  les  unes  étaient  presque  aussi  grosses  qu'une 
plume  d'oie  et  les  autres  moitié  plus  petites;  il  nous  en  remit 
plus  d'une  cinquantaine  pour  les  étudier  et  en  faire  l'éduca- 
tion. C'est  ce  que  nous  avons  fait. 

Ces  larves  dépourvues  de  pattes  comme  celles  des  diptères, 
longues  d'environ  25  millimètres,  sont  entièrement  lisses, 
d'un  gris  terreux  comme  certaines  chenilles  d'AgrotiSf  appelées 
vers  gris  parles  cultivateurs;  leur  peau  est  dure  et  très-coriace, 
ce  qui  leur  a  fait  donner  par  Gurtis  {Gardeners'  Clironicle)  le 
nom  de  vers  à  jaquette  de  cuir  :  elles  offrent  de  chaque  côté 
une  raie  longitudinale  plus  pâle  que  le  fond,  un  peu  blanchâtre  : 
leur  tête  est  noirâtre,  cornée  et  un  peu  rétractile  :  lorsqu'elles 
veulent  se  déplacer,  elles  font  sortir  de  leur  extrémité  anale 
cinq  petites  pointes  noires  qui  leur  servent  de  point  d'appui 
pour  avancer. 

Nous  sommes  parvenu  à  élever  avec  des  fraisiers  et  des  pri- 
mevères, cultivés  en  pot  et  recouverts  d'une  sorte  de  cloche  en 
gaze,  la  majeure  partie  des  larves  qui  nous  ont  été  confiées  par 
M.  Jamin.  Leur  croissance  est  beaucoup  plus  lente  que  celle  des 
chenilles  et  leur  appétit  moins  développé  ;  elles  finissent  ce- 
pendant, en  rongeant  peu  à  peu,  par  dévorer  entièrensent  le 
cœur  de  la  plante  et  de  toutes  les  radicelles.  Pendant  le  jour, 
elles  sont  complètement  enfoncées  en  terre  et  l'on  ne  se  doute 


—  30  -- 

pas  de  leur  présence;  mais,  la  nuit,  nous  les  avons  vues  sortir, 
à  moitié  ou  même  aux  deux  tiers,  les  unes  se  tenant  droites 
.  comme  des  petites  quilles,  et  les  autres  fléchies  en  arc  de  cercle 
sur  la  plante  dont  elles  mangeaient  le  cœur.  Depuis  le  mois  de 
mai  jusqu'au  mois  d'août,  leur  développement  a  marché  très- 
lentement.  Dans  les  premiers  jours  de  ce  dernier  mois,  les  unes 
se  sont  changées  en  nymphes  et  les  autres  sont  restées  à  l'état 
de  larves .  Les  nymphes  sont  très-curieuses  :  elles  sont  presque 
aussi  longues  que  les  larves  elles-mêmes  ;  elles  sont  également 
d'un  gris  terreux,  pourvues  de  deux  petites  cornes  et  de  petites 
épines  qui  leur  servent  à  accomplir  des  mouvements  de  pro- 
gression lorsqu'arrive  le  moment  deTéclosion.  Au  moment  où. 
ce  grand  Diptère  sort  de  son  enveloppe,  il  a  le  corps  très-long, 
d'un  gris  bleuâtre  glauque,  comme  farineux  :  au  bout  de 


Tipiile  des  potagers,  femelle. 

quelques  heures  la  couleur  devient  cendrée  ;  le  museau,  les 
antennes  et  les  longues  pattes  sont  d'un  roussâtre  ferrugineux  ; 
le  corselet  est  brunâtre  strié  de  noir;  les  ailes,  plus  longues 
que  le  corps,  sont  d'une  teinte  un  ji^u  enfumée  et  étendues 
dans  le  repos. 

Nous  n'avons  pas  pu  réussir  à  obtenir  en  captivité  l'accou- 
plement de  cette  grande  tipule.  Notre  honoré  collègue  et  très- 
savant  observateur,  M.  Goureau^  pense  que  les  femelles,  dont 
le  corp*s  est  distendu  par  des  centaines  d'œufs,  pondent  en  vo- 
lant ou  lorsqu'elles  sont  posées  sur  les  herbes,  et  que  les  œufs 
sont  lancés  comme  par  un  fusil  à  vent.  Ils  sont,  dit-on,  noirs 
comme  de  la  poudre- de  chasse. 


—  31   — 

Les  larves  de  cette  lipule  ont  été  celte  année,  dans  quelques 
localités,  un  véritable  fléau  pour  les  cultivateurs  de  fraisiers. 
Dans  les  jardins,  elles  rongon.t  aussi  les  racines  des  reines- 
marguerites,  des  balsamines,  de  la  laitue,  de  la  chicorée^  etc. 

Il  n'y  a  pas  d'autre  moyen  de  les  détruire  que  de  fouiller  le 
matin  de  bonne  heure  au  pied  des  plantes  malades,  ou  d'arroser 
la  terre  avec  de  l'eau  dans  laquelle  on  a  fait  dissoudre  un  peu 
de  sulfure  de  chaux.  (C'est-à-dire  le  mélange  dissous  d'un  peu 
de  sulfate  de  chaux  avec  le  sulfure  de  calcium,  qu'on  obtient 
en  faisant  bouillir  de  la  fleur  de  soufre  avec  un  lait  de  chaux.) 

D'    BOISDUVAL. 

PETITES  NOUVELLES. 

Exposition.  —  La  Société  de  botanique  et  d'agriculture  de 
Gand  annonce  une  exposition  d'horticulture  pour  le  mois  d'a- 
vril prochain,  du  JO  au  13.  Cette  exposition  est  tout  à  fait  lo- 
cale ;  les  membres  de  la  Société  seuls  sont  admis  à  con- 
courir. 

La  Société  royale  de  Bruxelles  annonce  aussi  un  grand  con- 
cours de  Roses  pour  le  27  avril  ;  on  dit  les  prix  très-impor- 
tants. Est-ce  que  les  lauriers  de  la  Société  des  Rosiéristes  de 
Brie  -Comte-Robert  empêcherait  les  Belges  de  dormir? 

A  Londres,  on  commence  déjà  à  parler  d'une  nouvelle 
exposition  universelle  d'horticulture  pour  l'année  1871.  Mais 
au  lieu  de  réunir  en  une  seule  fois  tous  les  produits  de  l'horti- 
culture, on  les  répartirait — paraît-il —  en  plusieurs  années, 
de  sorte  que  l'exposition  serait  non- seulement  universelle,  mais 
qu'elle  deviendrait  perpétuelle.  Ces  expositions  successives 
s'ouvriraient  chaque  année,  le  l*-^  mai,  pour  être  closes  le 
30  septembre. 

On  parle  encore  d'une  exposition  internationale  de  fruits, 
qui  se  tiendra  l'année  prochaine  en  Crimée.  Les  Russes  ont 
pris  goût  aux  Floralies. 


—  32  — 

Travayx  eu  mois  ^e  Février, 


Jardin  d'agrément .  On  peut  commencer  à  la  fin  du  mois  les  semis  de  gazons 
et  de  plantes  annuelles  de  pleine  terre  qui  ne  supportent  pas  le  repiquage,  telles 
que  giroflée  de  Mahon,  pavot,  coquelicot,  adonis,  coreopsis,  nigelles,  pieds  d'a- 
louette, réséda,  nemophila,  clarkia,  gilia,  etc.  On  plante  en  motte  les  plantes 
vivaces  et  bisannuelles  qui  n'auraient  pu  l'être  à  l'automne,  telles  que  campa- 
nules, digitales,  coquelourdes,  œillet  de  poëte,  etc.  Les  bordures  de  pâquerettes, 
mignardises,  etc.,  peuvent  être  aussi  replantées,  si  les  gelées  ne  sont  pas  trop 
fortes.  C'est  encore  le  moment  de  semer  sur  couche  les  quarantaines,  giroflée, 
amarante,  cobéa,  verveine,  sensitive,  pétunia,  pervenche,  rose,  etc.  On  doit 
tailler  ou  éplucher  les  arbustes,  et  avancer  le  plus  possible  les  labours. 

Jardin  fruitier.  On  continue  activement  les  labours,  les  plantations  et  la 
taille.  Mais  le  groseillier  noir  ou  cassis  ne  doit  être  taillé  qu'au  moment  où  les 
feuilles  commencent  à  se  développer;  il  en  est  de  même  des  framboisiers.  On 
peut  commencer,  si  le  temps  le  permet,  de  mettre  la  main  aux  fraisiers  qui  ont 
dû  être  fumés  avant  l'hiver  ;  on  émiette  le  fumier,  on  débarrasse  le  cœur  des 
plantes,  et  si  le  terrain  est  préparé,  on  peut  planter  du  nouveau  plant.  Enfin, 
s'il  y  a  des  punaises  sur  le  bois  des  pêchers,  il  faut  les  détruire,  en  brossant,  par 
un  beau  temps,  toutes  les  branches  qui  en  sont  garnies. 

Potager .  On  sème  en  pleine  terre  l'oignon,  les  pois  hâtifs,  tels  qus  michaux, 
nain  de  Hollande,  prince  Albert,  d'Auvergne,  des  lentilles,  des  fèves  de  ma- 
rais, etc.  Dans  la  seconde  quinzaine,  ce  sont  :  salsifis,  scorsonères,  poireau,  panais, 
carotte,  épinards,  cerfeuil,  persil,  pimprenelle,  cresson  alénois,  chicorée  sauvage, 
et  des  petites  laitues  de  printemps  dans  les  planches  d'oignon.  Ces  diflférentes 
salades  et  fournitures  doivent  être  semées  très-serrées,  sans  quoi  les  feuilles 
deviennent  très-dures;  la  chicorée  surtout  est  très-amère.  On  repique  de  la 
romaine  verte,  oignons,  choux-pommés,  choux-fleurs,  oseille.  Vers  la  fin  du 
.  mois,  on  peut  semer  choux-fleurs,  gros  choux  cabus  de  Saint-Denis,  de  Milan  ; 
pomme  de  terre  Marjolin,  comice  d'Amiens,  etc. 

Les  couches  et  châssis  reçoivent  de  nouveaux  semis  de  pois,  haricots,  fèves, 
concombres,  melons,  choux  rouge^  choux-fleurs,  aubergine,  piment,  radis  roses» 
raves,  céleri.  Ou  y  repique  les  cucurbitacées  semées  le  mois  précédent,  ainsi 
que  des  laitues  pommées  et  des  romaines.  On  continue  le  forçage  des  asperges 
et  des  fraisiers. 

Serres.  Maintenir  une  chaleur  suffisante  pour  entretenir  la  vie  des  plantes, 
mais  pas  assez  élevée  pour  provoquer  la  végétation.  Donner  de  l'air  toutes  les 
fois  que  la  température  extérieure  le  permettra,  et  arroser  avec  modération  le« 
plantes  qui  sont  encore  dans  leur  période'de  repos. 


Paris. —  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnapd,  rue  Cassette,  9. 


M.  RENDATLER,  horticulteur  à  Nancy,  re- 
connaît une  erreur  commise  involontairement 
sur  son  dernier  supplément  de  1870.  Au  lieu 
d'un  premier  prix  pour  la  Collection  de  Pétunias, 
obtenu  au  Concours  rég-ional  de  Nancy,  du  ^5  juin 
1869,   ce  n'est  qu'an  second   prix. 

M.    LHUILLIER ,    horticulteur    à    Nancy,    a    ob- 
tenu le  premier   prix. 


Librairie    de    E.    DONNAUD ,    rue    Cassette,     9. 


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TRAITANT  DES  INSECTES  UT.ILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS.  DES  INSECTES  NUISIBLES 

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RÉDIGÉ   PAR 

MM.   D'  BOISDUVAL,   H.   HAMET, 

V.  CHATEL,    F.    HERINCQ,  A.    DE    LAVA  LETTE, 

MAURICE  GIRARD,  J.   P.   MÉGNIN,   D--  BALBIANI, 

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1870. 


JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CDLTURE    RAISONNÉK,    LA    DESCIlirTION    ET    L'HISTOIRE    DES    PLANTES , 

ET    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TEUIIE,    DES  FRUITS  ET   DES  LÉGUMES,  LA  DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

POBLIÉ   AVEC    LE   CONCOURS 

DES  AMATEDRS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICOLTEORS  DE  FRANCE 

sous   LA    DIRECTION    DE 

M.  F.  HERINCQ. 

RÉDACTEUR  EN   CHEF. 

MTiCnÊ     kV     MVSËCM     u'UISTOIRE     N;lTUnELLe    DE     PARIS, 
Collaborateur    du     Stan^el     Jei     Plamel,    des     figures    du   Bon     Jantlnltt, 

Ex-Rédacteur  principal  de  la  SocUié  J' honicuiiure  </«  la  Semt , 
Membre   bonuraire    et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'borticulture,   etc. 


L'IIorticalteur  Français  paraît  le  S  de  chaque  mois,  par  Urraison  de  32  payes  de  texte 
grand  in-8,  et  d'ane  planche  grafée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin. 

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Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagni^es  d'un  lion  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  on  sur  une  maison  de  Caris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNAUD,  rue  Cassette,  0. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'alionnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  ur(*senter  une  quit- 
tance ae  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UiS  franc  sert  à  payer  les  frais  de  uégociation  de 
)a  traite  qui  leur  est  adressée. 


■a""|>'!gttei'  {  m 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,  ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1870 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
sette, 9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraitui  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


HAAGE  ET  se 

A  B?-FT?-T   (rF.TJSSa) 
Horticulteurs    et    Marcliands    Grainiers 

Viennent  de  recevoir,  après  la  publication  de  leurs  catalogues  :  Zizania  aquatica,  le 
Uiz  sauvage  ou  Avoine  aquatique  de  l'Amérique  du  Nord,  introduction  d'une  certaine 
importance  pour  l'utilisation  de  terrains  marécageux,  d'eaux  stagnantes,  des  bords  de  lacs, 
étangs,  fleuves  et  rivières.  Les  graines,  qu'on  préfère  au  riz  pour  leur  goût  agréable,  sont 
très-nutritives  et  un  moyen  excellent  pour  engraisser  le  bétail  ;  en  état  vert,  la  .plante  sert 
encore  de  nourriture  pour  les  bêtes  à  cornes;  c'est  une  annuelle  qui,  pour  ainsi  dire,  pros- 
père sans  autres  soins  à  lui  donner  que  de  la  semer  en  place.  Une  fois  introduite,  elle  sr 
propage  naturellement  au  moyen  de  ses  graines  qui  tombent  à  leur  maturité  et  lèvent  au 
printemps  prochain.  Prix  :  franco  par  la  poste,  le  kilo,  45  fr.  ;  15  grammes,  1  fr. 

Corypha  australis,  graines  fraîches,  100  bonnes  sur  100;  franco  par  la  poste 
JOO  graines,  25  fr.  ;  1 0  graines,  3  fr. 


DICTIONNAIRE    DE    POMOLOGIE 

CONTENANT 

l" HISTOIRE,    LA   DESCRIPTION,    LA   FIGLRE   DES   FRUITS   ANCIENS   ET  DES  FRUITS   MODERNES 
LES   PLUS   GÉNÉRALEMENT    CONNUS   ET   CULTIVÉS, 

Par  André  LEROY, 

PÉPINIÉRISTE, 

Chevalier  do   la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  président 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


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Soit  20  francs  pour  l'eseinplaire   complet  de  l'HISTOIRE   DU   POIRIER. 


SOMHâlRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NDMËRO. 

F.  Hkrincq.  Chronique.  —  0.  Lescuyer,  Palava  flexuosa.  —  A.  de  Talou, 
Revue  des  journaux  étrangers.  — Ern.  Bonard,  Plantes  nouvelles  :  variétés 
jardinières.  —  Simon  (Louis),  les  Aucuba.  —  L.  Guillotkau,  les  Pommiers 
Houcin  et  i'aradis. —  L.  Cordier,  l'Engrais  humain.  —  Ern.  Board,  Petites 
Nouvelles  :  Pomme  de  terre  Marceau  ;  Persil  à  grosse  racine;  Bambous  nou- 
veaux ;  graines  du  voyage  de  Hoczl;  moyen  de  mettre  les  Melons  à  l'abri  des  pu- 
cerons; jardin-laboratoire  de  Collioure;  fleuriste  de  la  ville  de  Paris  ;  catalogues 
d'horticulture,  —  X...,  Travaux  du  mois  de  mars. 


«IRONIQUE 

Résultat  du  défi  porté  à  l'auteur  des  Radis  de  famille.  Une  commission  est 
nommée;  pourquoi  faire?  elle  n'est  qu'un  prétexte  à  nouvelle  discussion  sur 
la  théorie  et  la  Carotte  Vilmorin.  D'une  faiblesse  de  la  nature  humaine  sur- 
git l'implacable  discorde,  qui  arrête  le  progrès  scientifique.  Comment  on 
accepte  ou  repousse  les  idées  nouvelles.  On  conteste  encore  mes  assertions 
au  sujet  des  plantes  domestiques.  J'accepte  les  nouvelles  hostilités,  mais  je 
n'accepte  pas  le  terrain  sur  lequel  on  veut  poser  la  question;  je  me  méfie 
des  textes  et  des  témoignages.  Comment  on  a  annoncé  les  Radis  de  fa- 
mille à  Saint-Pétersbourg.  Ce  que  je  demande.  Erreur  de  l'auteur  au  sujet 
de  Diospyros.  Que  peut  la  Commission  qui  a  vu  ses  Radis.  Facétie  d'un 
médecin  devant  l'Académie  des  sciences  au  sujet  de  champignons.  La 
théorie  de  M.  Nick  est  jugée.  Session  de  la  Société  libre  des  Agriculteurs 
de  France  ;  ses  vœux  au  sujet  de  l'enseignement  de  l'horticulture,  et  de  la 
physiologie  végétale  dans  les  écoles  primaires.  Cours  d'agronomie  du  Mu- 
séum. Fâcheuse  nouvelle. 

Dans  le  numéro  du  mois  de  septembre  dernier,  page  263, 
je  portais  le  défi,  à  l'auteur  des  Radis  de  famille,  de  repro* 
duire,  devant  une  commission  d'hommes  compétents  et  sans 
parti-pris,  le  résultat  qu'il  prétend  avoir  obtenu  du  Radis 
sauvage,  par  des  semis  successifs  et  la  sélection. 

A  ce  défi  il  a  répondu  par  la  demande,  à  la  Société  im- 
périale et  centrale  d'horticulture  de  France,  d'une  commission; 
mais  ce  n'est  pas  pour  recommencer  devant  elle  les  expé- 
riences qui  lui  ont  fourni  tant  de  beaux  Navets  ;  il  l'a  demandée 
pour  lui  montrer  seulement  les  bords  non  fleuris  de  la  Bièvie, 
Février  M"i{).  t  3 


—  34  — 

entre  la  rue  de  Buffon  et  la  rue  de  Poliveau,  où  se  trouve 
tout  ce  que  la  nature  a  pu  produire  en  Raves  et  Radis,  qui 
ont  été  présentés  comme  les  humbles  sujets  de  la  cinquième 

génération  du  Radis  sauvage  transformé  ! C'est,  en  vérité, 

par  trop  sublime. 

Mais  cette  demande  de  commission,  il  faut  le  dire,  n'est 
qu'un  prétexte.  Le  rapport  qui  doit  en  être  la  conséquence 
va  permettre  de  ramener  la  discussion  sur  la  Carotte  Vilmorin, 
et  de  tancer  d'importance  celui  qui  a  osé  se  permettre  de 
contredire  ses  admirateurs.  Il  fallait  s'y  attendre. 

Une  des  nombreuses  faiblesses  de  la  nature  humaine  est,  en 
effet,  de  ne  pouvoir  souffrir  la  contradiction  et  de  ne  jamais 
pardonner  à  ses  contradicteurs  ;  chacun  a  la  prétention  d'avoir 
en  poche  la  vérité  vraie,  la  vérité  indiscutable,  et  quiconque 
ose  en  douter  est  traité,  incontinent^  d'intelligence  en  mauvais 
état,  d'esprit  à  l'envers,  morose  ou  jaloux. 

Sachant  que  cette  faiblesse  est  une  maladie  originelle,  c'est- 
à-dire  que  possède  tout  être  humain  en  naissant,  et  qu'elle 
ne  fait  que  croître  et  embellir  avec  l'âge  de  l'individu,  on  ne 
devrait  pas  se  formaliser  quand  on  est  ainsi  maltraité  par  un 
adversaire  qu'on  a  contredit.  Malheureusement  tout  le  monde 
n'a  pas,  comme  nous,  la  raison  d'accepter  sans  rancune  tou- 
tes les  effluves  plus  ou  moins....  quelconques,  de  la  vanité 
froissée;  dans  la  discussion  on  se  fâche,  on  s'irrite  et 

«  L'implacable  discorde... 

»  Foulant  aux  pieds  les   lois,  l'honneur  et  le  devoir, 

survient,  qui  accumule,  dans  son  inconscience,  entraves  sur 
entraves,  dans  le  chemin  où  veut  s'engager  le  progrès  scientifi- 
que. Car_,  en  général,  c'est  triste  à  dire,  on  accepte  ou  on  re- 
pousse une  idée,  un  principe,  un  fait  nouveau,  non  pas  parce 
que  l'étude  ou  l'observation  répétée  engage  à  l'accepter  ou  à 
la  repousser;  non!  on  l'accepte  ou  on  la  repousse,  unique- 


—  35  — 

ment  par  soumission  au  maître,  par  amitié  ou  inimitié  pour 
l'auteur;  il  est  bien  certain  que  si  j'étais  l'inventeur  des 
Carottes  et  Radis  améliorés,  on  ne  serait  pas  aussi  empressé  à 
accepter  les  faits  et  on  aurait  raison. 

J'ai  tort  —  j'en  conviens  —  de  ne  point  pratiquer  ce  sys- 
tème qui  a  un  grand  avantage.  Il  est,  en  effet,  à  la  physio- 
logie sociale,  ce  que  les  semis  successifs  et  la  sélection  sont,  au 
dire  de  MM.  Vilmorin,  Darwin  et  consorts,  à  la  physiologie  vé- 
gétale, c'est-à-dire  qu'il  vous  transforme  très-rapidement  :  de 
rien  qu'on  est,  il  vous  fait  devenir  tout  de  suite  quelque 
chose  ;  je  tiens  à  la  disposition  des  curieux  un  très-grand 
nombre  d'exemples  à  l'appui  du  merveilleux  effet  de  ce  système . 
J'ai  donc  tort  de  ne  pas  l'apphquer,  et  d'avoir  au  contraire  la 
funeste  habitude  de  soumettre  toutes  les  nouvelles  découvertes 
à  l'alambic  de  l'observation,  pour  en  extraire  la  pure  vérité; 
cette  opération  me  conduit  souvent  à  ne  point  ratifier  tous 
les  faits  avancés,  ce  qui  me  vaut  cette  universelle  réputation 

de de  n'être  point  précisément  le  vil  courtisan  de  toutes 

les  vanités  gcientifiques.  Je  paye  cher,  il  est  vrai,  cette  manie 
de  ne  pas  vouloir  endosser  la  livrée  de  l'esclavage;  car...  tou- 
jours grondent  sur  ma  tôte  les  foudres  des  puissants,  sans 
compter  ceux  des  médiocrités  et  des  nulHtés  vaniteuses.  Mais 
j'ai,  du  moins,  la  satisfaction  de  pouvoir  toujours  me  re- 
garder sans  rougir;  et  c'est  bien  bon  de  vivre  ainsi. 

Mes  Observations  critiques  sur  les  plantes  domestiques, 
qui  sont,  comme  toujours,  le  fruit  d'études  et  d'observations 
sérieuses,  ont  mis  certains  admirateurs  de  la  Carotte  et  du 
Radis  améliorés  en  un  tel  état  de  sulfuration,  c'est-à-dire  de 
colère,  c^ue  cet  état  est  devenu,  chez  eux,  permanent,  et  qu'ils 
cherchent,  depuis  longtemps,  un  procédé  simple  et  peu  coù- 
teu^i  pour  m'anéantir  en  démontrant  que  toutes  mes  assertions 
sur  ces  plantes  sont  complètement  controuvées.  Ce  procédé, 
ils  viennent  eniin  de  le  trouver;  la  première  partie  a  reçu  son 


—  36  — 

exécution,  c'est  la  demande  de  commission  :  la  seconde  verra 
prochainement  le  jour,  et  la  voici  : 

A  l'occasion  du  rapport  qui  doit  être  présenté  à  la  Société 
d'Horticulture  de  Paris,  par  la  commission  qui  a  visité  les 
Radis  de  la  cinquième  génération,  un  membre  de  cette  Société, 
ancien  commis  de  la  maison  Vilmorin-Andrieux  et  compagnie, 
prendra  la  parole  pour  déclarer  qu'il  a  vu,  de  ses  propres 
yeux  vu,  M.  Vilmorin  père  récolter  des  graines  de  Carotte 
sauvage  dans  les  champs,  et  les  semer  en  son  jardin  de  Ver- 
rières. Un  autre  membre  tirant  parti  de  cette  déclaration 
reprendra  les  hostilités  et  démontrera  que  je  me  suis  plus  que 
témérairement  avancé,  en  déclarant  que  M.  Vilmorin  a  re- 
connu —  sur  les  observations  à  lui  faites  par  M.  Decaisne  — 
que  sa  Carotte  n'était  pas  le  résultat  de  semis  successifs  et  de 
la  sélection,  mais  bien  le  fait  d'une  hybridation  naturelle 
qu'il  n'avait  pas  prévue,  et  qui  a  été  opérée  par  les  Carottes 
cultivées  dans  sa  propriété. 

Certes,  j'aurais  très-mauvaise  grâce  de  me  plaindre  de  cette 
petite  hostilité  qui  prouve,  une  fois  de  plus,  que  ['Horticulteur 
français,  en  prenant  en  main  la  question  de  la  transformation 
et  de  l'améhoration  des  plantes  sauvages  par  la  culture  sans  le 
concours  de  l'hybridation  artificielle,  est  resté  tidèle  à  ses 
principes,,  qui  sont  de  répandre  la  lumière  et  de  combattre  les 
erreurs  que  la  routine,  ce  terrible  ennemi  de  tout  progrès, 
veut  maintenir  ou  propager.  J'accepte  donc  à  l'avance  toutes 
les  conséquences  de  cette  hostilité  que  j'ai  provoquée,  et  je 
puis  assurer  mes  honorables  adversaires  que  je  ne  leur  garde- 
rai aucune  rancune  pour  les  choses  agréables  qu'ils  pourront 
m'adresser.  Mais  ce  que  je  n'accepte  pas  et  ne  puis  accepter, 
c'est  le  terrain  sur  lequel  ils  se  placent. 

Les  textes  et  les  témoignages  qu'ils  invoquent  et  veulent 
invoquer,  ne  peuvent  rien  pour  faire  la  lumière  sur  la  question 
en  litige.  S'il  s'agissait  d'une  question  de  haute  philosophie  ; 


—  37  — 

s'il  s'agissait,  par  exemple,  de  décider  si  c'est  l'intelligence  ou 
l'instinct  qui  pousse  le  noble  rejeton  d'un  grand  savant  vers 
le  sein  de  sa  mère  et  lui  indique  la  manière  de  s'en  servir,  je 
comprendrais  la  discussion  qu'ils  veulent  poursuivre  et  j'ad- 
mettrais, alors,  l'appel  en  témoignage  de  tous  les  philosophes  de 
tous  les  temps  et  de  tous  les  lieux,  voire  même  des  nourrices  de 
la  Bourgogne  et  de  Nogent-le-Rotrou;  mais  ici,  il  s'agit  tout 
simplement  d'un  fait  matériel  qui  se  résume  à  ceci  :  M.  Vilmo- 
rin prétend  qu'en  semant  de  la  graine  de  Carotte  sauvage  on 
obtient  de  la  Carotte  cultivée;  M.  Decaisne  déclare  avoir  semé 
pendant  cinq  ans  de  la  graine  de  Carotte  sauvage,  et  n'avoir 
jamais  obtenu  que  de  la  Carotte  sauvage,  jusqu'au  jour  oh  il  a 
opéré  l'hybridation  avec  le  pollen  de  la  Carotte  cultivée  ;  et 
moi  je  soutiens  que  la  culture  ne  peut  pas  transformer  une 
espèce  en  une  autre  espèce,  comme  dans  l'histoire  du  Radis  ! 
Qui  a  tort,  qui  a  raison? 

Que  peuvent,  je  le  demande,  pour  trancher  la  question^  les 
textes  de  tous  les  Vilmorin  et  des  Darwin,  et  que  peut  surtout 
le  témoignage  inattendu  d'un  ancien  commis  qui  déclare 
naïvement  avoir  vu  son  maître  récolter  des  graines  sur  les 
Carottes  des  champs?  Rien  !  rien  !  rien  !  Ce  qui  peut  témoigner 
pour  ou  contre  l'influence  de  la  culture,  c'est-à-dire  des  semis 
successifs  sans  hybridation,  dans  l'amélioration  et  la  déviation 
des  types  sauvages  et  mettre  fin  aux  débats,  ce  sont  des  faits, 
des  faits,  des  faits!  Un  seul  ne  suffit  pas;  il  peut  provenir 
d'un  désordre  accidentel  dans  l'organisme  d'une  plante  et  n'être 
ainsi  qu'une  monstruosité,  une  anomalie.  Vouloir  asseoir  ou 
défendre  une  théorie  sur  un  fait  isolé,  ce  n'est  pas  se  montrer 
sérieux  ;  car  chacun  sait  que  la  passion  aveugle,  et  que  l'homme 
passionné,  qui  veut  prouver  quelque  chose,  détruit  ou  garde  le 
silence  sur  tout  ce  qui  est  contraire  à  ce  qu'il  prétend  démon- 
trer. J'ai  vu  un  savant  agir  ainsi,  et  chacun  peut  voir,  dans  les 
comptes  rendus   du  congrès  horticole  de  Saint-Pétersbourg^ 


—  38  — 

comment  on  y  a  présenté  le  Radis  de  famille.  On  a  rappelé 
l'histoire  delà  trop  fameuse  Carotte  de  M.  Vilmorin;  mais  on 
s'est  bien  gardé  de  rapporter  le  résultat  négatif  des  expériences 
du  professeur  de  culture  du  jardin  des  Plantes  de  Paris. 

Voilà  pourquoi  je  me  méfie  toujours  des  textes  et  des  té- 
moignages; voilà  pourquoi  je  n'ai  aucune  confiance  dans  les 
théories  qui  ne  reposent  que  sur  un  seul  fait  obtenu  ou  préparé 
dans  l'ombre  d'un  jardin  privé;  voilà  pourquoi,  enfin,  je  de- 
mande aux  défenseurs  de  la  théorie  Vilmorin  de  produire  des 
faits,  des  faits,  des  faits,  aux  heu  et  place  de  témoignages  et  de 
citations  d'auteurs,  qui  n'ont  jamais  parlé  de  la  Carotte  Vil- 
morin  que  d'après  les  textes  de  l'inventeur  même. 

Ce  que  je  demande  n'est  pas  impossible.  Puisque  M.  Vilmo- 
rin a  obtenu  si  facilement  la  transformation  de  la  Carotte  sau- 
vage, le  premier  venu  peut  l'obtenir  tout  aussi  bien.  Que  ses 
partisans  recommencent  ses  expériences  au  grand  jour;  qu'ils 
montrent,  chaque  année,  le  degré  des  modifications  subies  ; 
alors  le  public  jugera.  Jusque-là,  nous  sommes  en  droit  de  sou- 
tenir que  M.  Vilmorin  s'est  trompé  ;  que  sa  théorie  repose  sur 
une  erreur. 

Quant  au  Radis  de  famille,  qu'on  peut  opposer  à  nos  déné- 
gations, comme  deuxième  fait,  rien  ne  prouve  que  l'auteur 
n'ait  pas  confondu  et  n'ait  pris,  pour  du  Radis  sauvage,  le  Radis 
cultivé  qu'on  rencontre  parfois  dans  nos  champs  à  l'état  typi- 
que, comme  il  existe  aux  îles Ténériffe,  en  Abyssinie,  en  Chine, 
à  Montevideo  et  tant  d'autres  régions  tempérées,  c'est-à-dire 
avec  des  petites  racines  grêles,  ligneuses,  comme  il  en  a  été 
présenté  à  la  séance  du  12  août  dernier,  de  la  société  de  Paris, 
quelques  pieds  trouvés  dans  les  plaines  incultes  de  Clichy  (1). 

(I)  Le  savant  rédacteur  du  procès-verbal  de  cette  séance  les  enregistre 
comme  «  tro'is  plantes  semblables  au  tij-pe  normal  du  Raphanns  RaphaJiistrum, 
sur  lesquels  cependant  se  trouvaient  des  siliques  beaucoup  plus  développées,  à 
parois  plus  charnues^  qm  rappellent  celles  du  Raifort  cultivé».  «M.   Forest, 


—  39  — 

Notre  savant  confrère  fait  parfois  de  ces  confusions;  le  Gar- 
dener^s  Chronicle  en  relève  encore  une  au  sujet  d'un  Diospyros 
de  plein  air,  que  l'auteur  des  Radis  a  pris  pour  le  Diospyros 
Kaki,  qui  n'a  jamais  pu  supporter  le  climat  parisien.  Il  n'y  a 
donc  rien  d'étonnant  qu'il  ait  pris  le  Radis  cultivé  dégénéré 
pour  le  Radis  sauvagefSi  nous  le  calomnions,  il  a  un  moyen 
bien  sim|)le  de  nous  confondre  et  de  nous  forcera  l'aire  amende 
honorable  :  c'est  de  reproduire,  lui  aussi,  les  mêmes  résultats, 
en  recommençant  ses  expériences  au  grand  jour,  avec  de  la 
graine  de  Raphanus  Raphanistrum  pour  de  vrai,  récoltée  dans 
les  champs  par  des  personnes  étrangères  à  la  question  et  qui 
suivront  les  opérations  pour  bien  établir  et  enregistrer  le  degré 
de  transformation  de  chaque  génération. 

Car,  enfin,  la  commission  qui  a  été  visiter  dernièrement  sa 
5e  génération  ne  peut  rien  décider.  Les  membres  ne  peuvent 
que  déclarer  qu'ils  ont  vu  des  Raves  de  toutes  couleurs  et  de 
toutes  grosseurs  ;  ils  ne  peuvent  pas  affirmer  qu'elles  provien- 
nent de  Radis  sauvage,  puisqu'ils  n'ont  pas  assisté  à  toute  la 
série  d'opérations  de  cette  prétendue  transfiguration;  ce  serait 
donner  un  triste  gage  de  l'indépendance  et  de  l'impartialité  de  ces 
sortes  de  commissions,  si  celle  des  Radis  posait  des  conclusions 
affirmatives.  On  pourrait  alors  semer  des  graines  de  beaux  et 
bons  Navets,  et,  en  déclarant  à  une  commission  qu'ils  provien- 
nent de  graine  de  la  moutarde  des  champs  [Sinapis  arvensis)^ 
on  ferait  confirmer,  en  s'appuyant  sur  les  textes  de  Vilmorin, 
que  le  fait  est  parfaitement  et  rigoureusement  exact. 

Ce  ne  serait  pas  la  première  fois  qu'on  abuserait  de  la  crédu- 
lité des  savants.  N'a-t-on  pas  vu,  il  y  a  quelques  années,  un 


dit  encore  le  procès-verbal,  assure  que,  dans  les  terres  fraaches  de  la  Brie,  — 
là  oii  l'auteur  des  Radis  de  famille  a  pris  ses  graines  —  on  trouve  à  la  fois 
ces  deux  formes  ou  races  du  Raifort  sauvage  bien  distinctes  par  leurs  siliques.  » 
Ainsi  là,  à  la  Société  d'Horticulture  de  Paris,  on  confond  aussi  le  Radis 
cultivé  dégénéré  avec  le  Radis  sauvage  ! 


—  40  -- 

médecin  présenter,  à  l'Académie  des  sciences,  des  Champignons 
de  taille  gigantesque,  qui  provenaient,  disait-il,  d'un  mode 
particulier  de  culture,  consistant  à  faire  germer  des  spores  sur 
des  plaques  de  verre!...  Une  commission  fut  nommée  par  l'A- 
cadémie, et,  par  extraordinaire,  elle  voulut  fonctionner.  C'est 
alors  qu'on  apprit  que  le  facétieux  médacin  récoltait  ses  Cham- 
pignons tout  simplement  dans  la  cave  d'un  marchand  de  vin 
du  quai  Valmy,  particulièrement  favorable  au  développement 
de  l'Agaric  qui  y  croissait  spontanément.  Et  les  Chênes  truf- 
fiers  de  l'Exposition  !   etc 

Si  la  commission  de  la  Société  d'horticulture  avait  imité  la 
commission  de  l'Académie  des  sciences,  en  demandant  à 
l'auteur  des  Radis  de  famille  d'opérer  devant  elle  et  avec  elle, 
la  question  serait  bien  certainement  aujourd'hui  vidée;  car  il 
aurait  refusé  de  s'exécuter,  comme  le  cultivateur  de  Champi- 
gnons sur  plaque  de  verre,  sachant  très-bien  qu'il  ne  pourra 
jamais  produire  avec  le  Radis  sauvage  que  du  Radis  sauvage. 
Que  la  commission  lui  fasse  la  proposition,  et  elle  verra.  S'il 
refuse,  elle  aura  la  preuve  qu'il  a  voulu  en  imposer  au  public 
et  à  la  science,  exactement  comme  l'homme  aux  Champignons 
du  quai  Valmy. 

Ce  serait  par  trop  facile  vraiment  de  venir  dire  :  Voici  !  cela 
est  !  il  faut  l'accepter  sans  conteste  ;  car  il  n'est  permis  à 
personne  de  mettre  en  doute  la  bonne  foi  de  qui  que  ce  soit,  et 
encore  moins  la  mienne  ! . . . , 

Il  importe  de  protester  contre  une  telle  prétention,  qui  tend 
à  se  généraliser  dans  le  monde  horticole,  et  qui  ouvrirait  un 
champ  sans  fin  à  l'erreur  et  à  l'absurde-,  nous  protestons  donc 
contre  ces  procédés  de  commissions  qu'on  emploie,  pour  faire 
admettre  dans  la  science  les  erreurs  les  plus  grossières  comme 
des  vérités  incontestables. 

En  demandant  de  nouvelles  expériences  pour  contrôler  les  2 
ou  3  faits  contestés  sur  lesquels  on  veut  appuyer  la  théorie  de  la 


—  M  '— 

transformation  des  êtres,  je  ne  crois  pas  sortir  des  bornes  de  la 
bienséance,  ni  des  limites  d'une  sage  et  honnête  controverse. 

Donc,  plus  de  discussion;  des  faits,  des  faits,  des  faits. 
Quand  on  nous  en  aura  fourni  plusieurs  ;  quand  on  nous  aura 
fait  voir  chaque  année  la  transformation  graduelle  de  la  racine 
du  Radis  et  de  la  Carotte  sauvage,  uniquement  opérée  par  les 
semis  successifs  et  la  sélection^  alors  nous  nous  inclinerons 
humblement  devant  les  auteurs  et  défenseurs  de  la  théorie 
Vilmorin,  et  nous  ne  serons  pas  les  moins  empressés  à  la 
défendre,  à  la  propager.  iMais  jusque-là ,  nous  maintenons 
que  M.  Vilmorin  s'est  mépris  sur  la  cause  de  la  transformation 
des  racines  de  la  Carotte  sauvage,  et  nous  persistons  à  sou- 
tenir que  l'inventeur  des  Radis  de  famille  a  semé  des  graines 
de  Radis  cultivé  dégénéré,  croyant,  de  bonne  foi,  semer  de  la 
graine  de  Radis  sauvage.  11  suffit  de  comparer  les  fruits  de  ces 
deux  espèces  pour  voir  que  nous  n'avons  pas  tort  de  main- 
tenir cette  assertion. 

— Chacun  a  pu  voir  et  juger  aussi  de  la  valeur  de  cette  autre 
prétendue  théorie  sur  la  prédiction  du  temps,  par  ce  qui  s'est 
passé  dans  le  mois  de  janvier. 

M.  Nick  avait  prédit  de  la  gelée  pendant  les  deux  premières 
dixaines  de  janvier,  et  nous  n'avons  jamais  eu  moins  de  8  à 
10  degrés  au-dessus  de  zéro!  La  troisième  dixaine  devait  être 
plutôt  humide  que  sèche  ;  c'est  pendant  tout  ce  temps  qu'il  a 
gelé  à  7-8  degrés  !  Il  est  donc  temps  d'en  finir  aussi  avec  tous 
ces  prophètes  qui  propagent  l'erreur  partout  et  maintiennent 
nos  cultivateurs  dans  cet  état  d'ignorance  et  de  superstition, 
qui  ne  permet  pas  à  l'esprit  de  lumière  de  pénétrer  dans  ces 
intelligences  si  fatalement  défrichées. 

Mais  s'il  fallait  expurger  les  sciences,  même  les  sciences 
officielles,  de  toutes  les  erreurs  qu'elles  propagent,  quelle  razzia, 
mon  Dieu  !  il  n'en  resterait  pas  grand  chose  ! . . . 

—  Décidément  l'horticulture  est  en  grande  estime  dans  la 


^"  42  — 

haute  région  de  la  sphère  agronomique.  Durant  la  session  de 
la  société  libre  des  agriculteurs,  qui  vient  de  se  tenir  à  Paris,  il 
n'a  été  question  que  d'elle  :  «  C'est  par  l'horticulture,,  messieurs^ 
disaient  tous  les  orateurs,  que  nous  régénérerons  l'agriculture  ; 
apprenons  donc  aux  instituteurs  à  tailleries  arbres  -,  car  dans  la 
taille  des  arbres,  il  y  a  l'application  de  toutes  les  lois  sublimes 
de  la  physiologie  végétale,  sans  la  connaissance  de  laquelle 
il  est  impossible  de  savoir  faire  pousser  un  grain  de  blé.  Oui  ! 
messieurs,  quandles  enfants  denos  campagnes  auront  appris  la 
physiologie  végétale  en  taillant  les  quatre  Poiriers  du  jardin 
du  maître  d'école,  ils  pourront  appliquer  les  merveilleux  prin- 
cipes qui  régissent  la  circulation  delà  sève  ascendante  et  des- 
cendante au  mouvement  de  la  charrue  qui  retourne  la  terre,  et 
à  celui  du  bras  qui  répand  le  blé  dans  les  sillons.  Demandons 
donc  au  gouvernement,  messieurs,  que  la  taille  soit  scienti- 
fiquement démontrée  dans  les  écoles  de  campagne  ;  car,  je  le 
répète,  le  salut  de  noire  agriculture  est  dans  la  taille  des  arbres 
fruitiers  et  pas  autre  part,  etc.  » 

Ah  !  qu'il  en  a  été  dit  de  bonnes  durant  cette  session  !  et 
l'étude  de  la  physiologie  n'est  pas  la  moindre.  Evidemment, 
ceux  qui  demandent  qu'on  instruise  nos  petits  paysans  sur  la 
physiologie  végétale,  n'ont  jamais  cherché  à  appliquer  eux- 
mêmes  ses  merveilleuses  lois  à  la  taille  des  arbres  et  à  rai- 
sonner leur  action  ;  car  ils  auraient  vu,  parles  résultats,  qu'on 
obtient  juste  le  contraire  de  ce  que  le  professeur  indique, 
d'après  les  merveilleuses  lois  de  la  physiologie  végétale,  dont 
on  abuse  étrangement  depuis  quelques  années.  Et  le  gouver- 
nement semble  le  comprendre  ;  car  il  vient  de  supprimer  les 
cours  d'agronomie  du  Muséum,  et  de  rendre  les  jeunes  insti- 
tuteurs, pour  lesquels  ils  avaient  été  créés,  à  leurs  élèves. 

—  Fâcheuse  nouvelle  pour  finir.  Tout  le  monde  connaît  les 
beaux  Fuchsia  à  calice  blanc  qui  ont  fait  la  réputation  de  Gor- 
nelissen.  Ces  Fj^c/isia,  paraît-il,  ont  tous  été  obtenus  par  un 


—  43  — 

amateur  peu  jaloux  de  popularité,  qui  en  cédait  la  propriété  à 
Cornelissen  sans  tambour  ni  trompette.  Cet  amateur  n'est 
plus  ;  il  vient  de  mourir.  S'il  a  emporté  le  secret  de  faire 
des  Fuchsia  Cornelissen,  leurs  admirateurs  peuvent  mettre 
un  crépë  au  dernier.  Le  nom  de  cet  amateur  est  toujours 
resté  inconnu  ;  il  mériterait  cependant  d'être  inscrit  sur  les 
tablettes  de  Flore  —  style  consacré  —  avec  ceux  de  tous  les 
hommes  qui  ont  enrichi  la  floriculture  de  bonnes  et  intéres- 
santes nouveautés. 

F.  Heuinco. 


PALAVA  FLEXUOSA  (Pl.  II). 

Le  genre  Palava,  qui  appartient  à  la  famille  des  Malvacées, 
est  composé  d'herbes  à  feuilles  souvent  lobées  et  plus  ou  moins 
découpées.  Les  fleurs,  qui  naissent  à  l'aisselle  des  feuilles,  sont 
solitaires,  longuement  pédonculées  et  de  couleur  pourpre  plus 
ou  moins  foncé  ;  elles  sont  dépourvues  de  calicule  ;  le  calice 
est  à  5  lobes  ;  la  corolle  a  .5  pétales  ;  les  étamines  très-nom^ 
breuses  sont  soudées  en  un  long  tube  dont  la  base  enveloppe 
les  ovaires  également  très-nombreux  disposés  toutaulour  d'un 
axe  qui  se  termine  par  une  infinité  de  styles  filiformes  oblique- 
ment tronqués  au  sqmmet. 

Le  Palava  fleœuosa,  de  M.  M  asters  du  Gardeners'  Chronicle, 
que  nous  figurons  dans  ce  numéro,  est  une  plante  annuelle, 
poilue,  à  rameaux  redressés.  Les  feuilles  sont  divisées  en  trois 
segments  qui  sont  eux-mêmes  plus  ou  moins  profondément 
lobés.  Le  pédoncule  des  fleurs  est  plus  long  que  les  feuilles  ;  le 
calice  est  marqué  d'un  disque  pourpre  foncé  à  sa  base,  et  les 
pétales  sont  d'une  jolie  couleur  mauve  clair  très-agréable  aux 
yeux. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  à  Saint-Lorenzo,  au  Pérou,  par 
M.  Léon,  de  Lima,  qui  en  envoya  des  graines  à  M.  Hooker,  et  en 


_  44  — 

même  temps  introduite  par  MM.  Veitch,  qui  en  avaient  reçu  les 
graines,  en  1867,  de  leur  collecteur,  M.  Pearce.  Elle  est  très- 
rustique  et  se  plaît  parfaitement  dans  les  jardins  à  bonne 
exposition  chaude,  et  en  terre  bien  meuble.  On  la  sème  au 
printemps,  en  place  ou  bien  en  pot  tenu  sur  couche  et 
mis  en  place  plus  tard,  pour  en  obtenir  une  fleuraison  plus 
précoce.  La  maison  Vilmorin  en  annonce  les  graines  dans  son 
catalogue  de  nouveautés  pour  1870. 

Ce  Palava  flexuosa  rappelle  tout  à  fait,  par  le  port,  le  feuil- 
lage et  les  fleurs,  une  de  nos  plantes  indigènes  de  la  même  fa- 
mille, le  Malva  moschata,  qu'on  rencontre  dans  presque  toutes 
les  prairies  sèches  et  qui,  lui  aussi, ferait  très-bonne  mine  dans 
nos  parterres. 

0.  Lesguyer. 


REVUE  DES  JOURNAUX  ÉTRANGERS. 

Cypripedium  Parishii  (Gardener's  Chronicle  et  Bot.  Mag., 
5791).  Très-belle  Orchidée  de  l'Inde,  découverte  par  le  Révé- 
rend Parislî  dans  les  montagnes  de  Moulmayne  et  qui  vient  de 
fleurir  dans  le  jardin  de  Kew.  La  tige,  dépourvue  de  pseudo- 
bulbe, porte  des  feuilles  distiques  en  forme  de  lanière,  coriaces; 
la  hampe,  qui  a  jusqu'à  60  à  70  centim.  de  longueur,  porte, 
au  sommet,  3  à  5  fleurs  à  sépales  et  labelle  de  couleur  ver- 
dâtre,  et  à  pétales  trois  fois  plus  longs  que  les  sépales,  en  forme 
de  lanière  étroite  contournée,  pourpre  foncé,  avec  la  base  ver- 
dâtre  maculée  de  pourpre. 

Ceropegia  Sanndersoni  (Bjot.  Mag.,  5792).  Nom  donné  par 
M.  Decaisne  à  une  plante  grimpante  de  la  famille  des  Asclépia- 
dées,  originaire  de  Natal,  et  qui  est  très-originale  et  curieuse 
par  la  construction  des  fleurs.  Ces  fleurs  peuvent  avoir  de 
7  à  8  cent,  de  longueur;  elles  sont  d'un  blanc  verdâtre  maculé 


—  45  — 

de  vert  sur  le  limbe.  Le  tube  de  la  corolle  est  très-étroit  et 
arqué  à  la  base  ;  mais  à  3  cent,  de  son  point  d'insertion,  il  se 
dilate  tout  à  coup  et  prend  la  forme  d'un  entonnoir  demi- 
transparent  couronné  par  cinq  lobes  étalés  et  connés  formant 
comme  une  sorte  d'ombrelle.  Ses  feuilles  sont  épaisses,  char- 
nues, et,  en  l'absence  des  fleurs,  on  pourrait  prendre  cette 
plante  pour  une  vanille,  tant  ces  deux  feuillages  se  ressemblent. 

Acerrufinerve\diV.  albo-limbata  (Bot.  Mag.,  5793).  L'Acer  ru- 
finerve  est  une  espèce  d'Érable  du  Japon,  figurée  par  Siebold 
dans  sa  flore  du  Japon.  Ses  feuilles  en  cœur  à  la  base,  et  à 
3-5  lobes  bordés  de  dentelures  denticulées,  sont  glabres 
en  dessus  et  en  dessous,  excepté  sur  les  nervures  de  la  face 
inférieure  qui  sont  couvertes  d'un  duvet  roux.  —  Dans  la  va- 
riété albo-limbata,  les  bords  sont  marbrés  de  blanc  et  de  ver- 
dâtre. 

Primida pedemontana  (Bot.  Mag.,  5794).  Joli  petit  Primevère 
des  Alpes  suisses,  de  la  section  des  Auricules,  c'est-à-dire  à 
feuilles  un  peu  charnues  lisses.  Ses  fleurs,  d'un  beau  rose 
pourpre,  forment  d'élégants  bouquets  portés  par  un  pédoncule 
racidal  de  5  ou  6  cent.  Comme  toutes  les  plantes  des  Alpes, 
cette  charmante  espèce  est  d'une  culture  difficile  ;  il  lui  faut  un 
sol  bien  drainé,  et  la  garantir  de  l'humidité  pendant  l'hiver, 
autrement  elle  fond  très-rapidement. 

Dorstenia  argentata  (Bot.  Mag.,  5795).  Plante  très-remar- 
quable, de  la  famille  des  Mûriers,  par  ses  inflorescences  et  les 
panachures  de  ses  feuilles  ;  elle  est  originaire  des  provinces  du 
sud  du  Brésil,  d'où  elle  a  été  importée  au  jardin  royal  de  Kew, 
par  M.  Wilson  Saunders.  C'est  une  plante  herbacée,  à  feuilles 
alternes,  en  forme  de  fer  de  lance,  obscurément  sinueuses  sur 
les  bords,  d'un  vert  clair  uniforme  en  dessous,  mais  d'un  beau 
vert  foncé  en  dessus,  avec  des  marbrures  irrégulières  de  cou- 
leur blanc  d'argent.  Les  fleurs  sont  tout  à  fait  insignifiantes, 
mais  curieusement  agencées  sur   un    réceptacle  très-dilaté, 


—  46    — 

large,  sorte  de  figue  ouverte  et  très-étalée.  A  la  maturité,  les 
petits  fruits  des  espèces  de  ce  genre  sont  lancés  naturellement 
de  ce  réceptacle  à  des  distances  de  plusieurs  mètres,  par  un  effet 
de  contraction  des  alvéoles  dans  lesquelles  ils  sont  implantés. 
Ce  sont  des  plantes  de  serre  chaude. 

Marmodes  Gréenii  (Bot.  Mag.,  5802).  Le  genre  Marmodes 
appartient  à  la  famille  des  Orchidées,  et  comprend  des  espè- 
ces originaires  de  l'Amérique  tropicale.  Celle  que  figure  le 
journal  anglais  de  M.  Hooker  a  été  dédiée  à  M.  Charles  Green, 
qui  a  enrichi  les  jardins  d'Angleterre  d'immenses  collections 
de  plantes  vivantes.  Elle  est  pourvue  de  pseudo-bulbes  qui  por- 
tent plusieurs  grandes  feuilles  et  de  belles  grappes  pendantes, 
de  nombreuses,  grandes  et  magnifiques  fleurs  jaune  clair 
entièrement  criblées  de  gros  points  rouges. 

Vellozia  elegans  (Bot.  Mag._,  5803).  Le  genre  Vellozia  est  un 
de  ces  genres  dont  la  structure  particulière  met  le  savant  dans 
l'embarras  quand  il  s'agit  de  leur  assigner  une  place  dans  les 
familles  naturelles.  Ce  n^est  ni  une  Amaryllidée,  ni  une  Iddée, 
ni  une  Hsemodoracée  ;  pour  lever  toute  diificulté,  on  en  a  fait  la 
famille  des  Velloziées.  Ses  fleurs  ressemblent  à  celles  des 
Hypoxis  ;  celles  du  V.  elegans  soni  blanches. 

Cette  plante  provient  de  graines  reçues  du  Cap  et  de  Mada- 
gascar, par  M.  Fox  Talbot,  auquel  le  professeur  Balfour  l'avait 
dédiée  sous  le  nom  de  Vellozia  Talhoti,  et  même  sous  le  nom 
générique  de  Talbolia  elegans;  mais  on  a  reconnu  qu'elle  était 
itentique  au  Vellosîa  elegans  du  professeur  Oliver.  Comme 
plante  ornementale  on  peut  la  classer  parmi  les  moins  orne- 
mentales. 

Calochortus  uniflorus  (Bot.  mag.,  3804).  Jolie  petite  Liliacée 
de  la  Californie,  à  petit  bulbe  gros  comme  une  noisette,  don- 
nant naissance  à  2  feuilles  Irès-étroitement  lancéolées,  longues 
de    10  à   12  centimètres,  et  d'une  hampe  plus   courte  sur 


—  47  — 

laquelle  se  développent  successivement  plusieurs  petites  fleurs 
roses  très -longuement  pédicellées  ,  étalées,  et  à  anthères 
bleues. 

Rhodotypos  Kerrioides  (Bot.  Mag.,  5805).  Il  y  a  longtemps 
que  nous  en  avons  parlé  ;  nos  lecteurs  le  connaissent. 

Iris  nudicaulis  (Bot.  Mag.,  5806).  Vieille  espèce  de  Lamarck, 
originaire  de  la  Bohème  et  de  Silésie,  et  qui  n'ajoute  aucune 
nuance  nouvelle  à  toutes  celles  fournies  par  les  Iris  germa- 
nica. 

Eria  vestita  (Bot.  Mag.,  5808). Espèce d'Orchidéede  Manille, 
que  Lindley  a  figurée  déjà  en  1845  dans  le  Botanical  Register. 
Ses  fleurs,  d'un  joli  rouge  orange,  sont  très-curieuses  par  leur 
villosité  et  par  leur  éperon  relativement  très-gros  ;  les  sépales 
sont  rapprochés  et  donnent  à  la  fleur  une  apparence  de  fleur 
refermée. 

Blandfordia  aurea  (Bot.  Mag.,  5809).  Plante  australienne  de 
la  famille  des  Lys,  à  feuilles  Irès-élroites,  longues  de  25  à 
30  centim.,  et  dont  la  hampe  un  peu  plus  longue  porte,  au 
sommet,  5  ou  7  fleurs  en  cloche  d'un  beau  jaune  d'or,  à  sépales 
terminés  par  un  point  vert. 

Gladiolus  cruentus  [Bot.  Mag.,  5810).  Splendide  GlVieulori- 
ginaiie  de  Pari-Natal,  et  qui  a  fleuri  en  septembre  1868  chez 
M.  Bull,  horticulteur  à  Chelsea;  sa  fleur  est  largement  étoffée, 
comme  celle  du  Gandavensis^  à  6  divisions  obovales  d'un  rouge 
sang  vif,  avec  les  deux  intérieures  latérales  marquées  d'une 
zone  transversale  blanc  rosé,  pointillé  rouge.  C'est  une  très- 
excellente  acquisition. 

Vanda  Denisoniana  (Bot.  Mag.,  5811).  Espèce  nouvelle  à 
fleur  blanc  pur,  originaire  des  montagnes  d'Arracan. 

Aloe  Crouclieri  (Bot.  Mag.,  5812).  Ce  nouvel  Aloe  a  ses 
feuilles  toutes  radicales  étalées,  en  forme  de  langue  très-allon- 
gée, vert  clair,  marquées  de  nombreuses  taches  blanches.  Les 
fleurs  longuement  tubuleuses,  arquées,  pendantes,  sont  rose 


—  48  — 

pâle  à  la  base  et  blanc  verdâtre  striées   de  vert  foncé  au 
sommet  ;  elles  forment  de  longues  grappes  paniculées. 

A.  DE  Talou. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Variétés  jardinières. 

Nancy  a  toujours  des  trésors  de  nouveautés  à  offrir  aux  ama- 
teurs. A  partir  du  1 0  de  ce  mois,  M.  Lemoine  met  en  vente  les 
variétés  suivantes  : 

Wigandia  imperialis.  Supérieur  à  ses  congénères  Cara- 
cassana,  Vigieri  etmexicana.  Les  feuilles  de  1  m.  25  à  1  m.  40 
de  longueur,  sur  55  à  60  centim.  de  largeur,  conservent  une 
disposition  dressée  dans  leur  jeunesse,  pour  arriver  à  l'horizon- 
tale à  l'âge  adulte.  Leur  surface  est  couverte  de  longs  poils 
soyeux  reflétés  d'argent.  Les  fleurs  sont  blanches  et  lilas  rosé. 
Plantée  en  pleine  terre,  à  l'air  libre  au  printemps,  la  plante 
atteint,  dans  le  courant  de  la  végétation  de  l'été,  2  mètres  de 
hauteur. 

Torenia  auriculœfolia.  C'est  une  espèce  naine,  sans  tige, 
ayant  le  faciès  d'une  Auricule.  Elle  est  de  serre  tenipérée,  et 
montre,  en  toutes  saisons,  des  fleurs  à  larges  lobes  du  bleu  le 
plus  brillant  tout  veiné  et  bordé  de  blanc. 

Pelargonium  zonale.  Encore  un  double:  C.  Glijm,  plante  très- 
naine  à  fleurs  grandes,  couleur  écarlate  orangé,  formant  de 
larges  ombelles.  —  Les  simples  sont  :  Duchesse  d'Anmale, 
fleurs  carmin  rose  nuancé  blanc  au  centre  ;  de  Lesseps,  fleurs 
régulières  écarlate  à  point  blanc  ;  Madame  Duthoo- Bertrand  y 
plante  trapue^  à  fleurs  couleur  mauve  carminé,  marqué  de 
blanc  aux  pétales  supérieurs.  —  Sous  la  dénomination  de  va- 
riétés à  reflets  bronzés,  M.   Lemoine  annonce  quatre  nou- 


—  49  — 

veautés  :  Chevandier  de  Valdrôme,  Flambeau,  Panthéon  eiPea- 
body.  «  La  variété  Madame  Mézard,  dit  M.  Lemoine,  n'a  que  de 
pâles  couleurs  et  une  mauvaise  forme  à  côté  de  ces  nouvelles 
productions. 

Cineraria  aspknifoUa,  variété  à  feuillage  blanc  cendré,  qui 
diffère  da  C.  maritima  par  la  forme  de  ses  feuilles  qui  rappel- 
lent celles  de  certains  Asplenium.  —  Le  Cineraria  lastrœfolia 
a  les  feuilles  régulièrement  lobées  jusqu'à  la  nervure  médiane  ; 
ces  deux  variétés  sont  sorties  da  Cineraria  acanthifolia. 

Pentstemon.  Six  nouvelles  variétés  enricliissent  encore  ce 
beau  genre  :  Bossuet,  rouge  vineux  à  gorge  blanche  ;  Colysée^ 
violet  à  gorge  blanc  strié  de  pourpre  ;  Gustave  Lambert,  lilas 
rose,  àgorge  blanche  tigrée  de  lilas;  /'Arca(//m,  rouge  carmin 
^brillant^  goi'S^  marmorée  de  blanc  et  de  cramoisi  ;  le  Kédive, 
pourpre  vineux,  à  lobes  violacés  ;  Suez  y  carmin  à  gorge  blan- 
che. 

Weigelia  Hendersoni,  Lemoinei  et  Lowii  sont  les  dernières 
nouveautés  en  ce  genre  ;  le  premier  est  d'un  beau  rose  et  les 
deux  autres  d'un  pourpre  foncé,  presque  noir  dans  le  dernier. 

MM.  Rendatler  et  Grousse,  de  Nancy,  annoncent  aussi,  nous 
a-t  on  dit,  plusieurs  bonnes  nouveautés,  mais  nous  n'avons  pas 
reçu  encore  leurs  catalogues;  à  huitaine,  comme  on  dit  au 
Palais. 

Pivoines.  M.  Joseph  Baumann  s'est  rendu  acquéreur  de 
deux  Pivoines  en  arbre,  gains  d'un  semeur  heureux  de  Gand, 
M.  Goethals.  Ces  deux  nouveautés  ont  fait  grand  bruit  en 
Belgique.  Le  journal  de  l'Académie  d'horticulture  de  Gand 
n'y  allait  pas  de  main  morte.  «Tout  le  monde,  dit-il,  amateur 
ou  horticulteur,  a  couru  voir  et  revoir  ces  Pivoines,  et  leur 
propriétaire  doit  avoir  les  oreilles  littéralement  rebattues  des 
louanges  qui  lui  ont  été  adressées  à  leur  sujet  et  de  l'admira- 
tion générale  qu'elles  ont  excitée.  »  Ces  deux  nouvelles  Pi- 
voines s'appellent  :  Souvenir  de  Gand  et  Gloire  des  Belges. 
Féorier    ISIO.  4 


—  50  — 

En  Pivoines  herbacées^  voici  celles  de  M.  Calot  :  Augustin 
Dhour,  pourpre  écarlate  ;  Comte  de  Gomer,  rosiforme  beau  rouge 
pourpre  velouté  ;  Constant  Devred,  en  coupe,  pourpre  clair  sa- 
tiné ;  Madame  Barillet-Deschamps,  rose  très-tendre  bordé  de 
blanc;  Madame  Jules  Calot,  blanc  carné  à  teintes  jaunes  ;  Ma- 
dame Loise  Mère,  blatic  carné  soyeux,  accidenté  de  carmin  ; 
Mademoiselle  Rose  Rendatlei\  beau  rose  tendre  satiné,  à  reflets 
lilas  ;  Maréchal  Vaillant,  rouge  violacé  pourpré  ;  M.  Barrai, 
rose  tendre;  M.  BariUet'DescJiarnps,  forme  anémone,  carmin 
pourpre  éclairé  de  teintes  blanches  ;  Loms  Van-Houtte,  cerise 
pourpre  éclatant,  forme  anémone  ;  Souvenir  de  V Exposition 
universelle^  cerise  clair  à  reflets. 

Ernest  Bonard. 


LES    ÂUCUBA    (I). 

Le  genre  Aucuba  rej)résenté,  il  y  quelques  années  encore, 
par  une  seule  et  unique  plante  femelle  à  feuille  ponctuée,  re- 
gardée jusqu'alors  comme  le  type  de  l'espèce,  s'est  enrichi 
promptementd'un  grand  nombre  de  magnifiques  formes,  dues 
d'abord  aux  inlroduclions  japonaises,  et  ensuite  aux  nombreux 
semis  qu'ont  permis  de  faire  les  graines  produites  par  l'ad- 
jonction des  individus  mâles  qui  faisaient  partie  de  ces  intro- 
ductions. Aujourd'hui  les  collections  sont  tellement  nom- 
breuses et  il  airive  des  nouveautés  en  ce  genre  de  tant  de 
sources  ditîérenles,  qu'il  est  assez  difficile  de  se  reconnaître 
dans  les  dénominations  plus  ou  moins  justes  et  plus  ou  moins 
bien  appliquées,  données  par  les  introducteurs  ou  les  obten- 
teurs.  Dans  la  nomenclature  ci-dessous,  nous  plaçons  à  la  tète 
du  c«-enre  l'une  des  introductions  nouvelles  à  feuilles  vertes, 


(1)  Extrait  du  catalogue  général  descriptif  et  raisonné  des  espèces  ligneuses 
d'einemeal  de  plein  air,  des  frères  Simon-Louis,  horticulteurs  à  Meiz, 


—  51   — 

considérée  avec  raison  comme  le  type  de  l'espèce,  reléguant  au 
l'ang  de  variété  panachée  l'ancienne  forme  à  feuille  maculée. 
—  Nous  indiquons  le  sexe  de  toutes  les  variétés  chez  lesquelles 
il  nous  est  connu. 

AUCUBA  HiMALAïCA  (fœmina). 

Quoique  originaire  de  l'Inde  ,  cette  plante  n'est  regardée 
par  les  botanistes  que  comme  une  simple  forme  de  VAucuba 
japonica.  Elle  n'en  diffère,  en  effet,  que  par  ses  feuilles  lon- 
gues et  étroites,  tourmentées,  irrégulièrement  dentées,  à  dents 
obtuses,  et  par  ses  fruits  plus  longs  et  plus  atténués . 
Variétés  Mascula,  ou  mâle. 

—       Macrophjlla  à  feuilles    beaucoup  plus  longues  : 
très-belle  variété. 

AUCUBA    JAPONICA. 

Viridis  fœmina  (\evl,  femelle),  feuille  d'un  beau  vert,  relati- 
vement petite. 

Viridis  mascula  (vert,  mâle),  feuilles  grandes,  marquées  de 
rares  maiîules  jaunâtres. 

Albo-variegata  (femelle),  à  feuilles  panachées  de  blanc. 

Augustifolia,  de  Keteleêr  (femelle),  feuilles  vertes,  très- 
étroitement  lancéolées. 

Arborea  (femelle),  variété  d'une  grande  vigueur,  h  grandes 
feuilles  et  produisant  beaucoup  d'effet. 

Aurea  (femelle), feuilles  à  grandes  dents;  les  jeunes  entière- 
ment jaunes,  passant  au  vert  en  conservant  toujours  un  reflet 
doré  ;  variété  très-remarquable. 

Bico /or  (mâle),  feuilles  marquées  au  centre,  ^rès  de  la  ner- 
vure médiane,  d'une  très-large  tache  jaunâtre. 

Bicolor  elegans,  analogue  au  précédent,  mais  à  feuilles  plus 
tourmentées. 

Bicolor  Fortunei  (mâle). 


—  52  — 

Dentaia  de  Siebold  (femelle) . 

Dentata  variegata  (femelle).  * 

Elegans  (femelle). 

Grandidens,  feuilles  très-grandes,  à  grandes  dents,  très- 
agréablement  maculées  de  jaune. 

Grandis  (femelle)^,  feuilles  vertes,  très-grandes. 

Hermaphrodita,  de  Gaujard;  celte  curieuse  variété  a  l'avan- 
tage de  posséder  les  deux  sexes;  feuilles  vertes,  allongées 
tourmentées. 

llicifolia  à  feuilles  de  houx. 

Latifolia  grandis,' de  Desfossé-Thuillier  (femelle). 

Latimaculata  (femelle).  Cette  variété;,  connue  avant  l'intro- 
duction des  plantes  mâles,  est  le  résultat  d'un  accident  de 
branche  fixé,  de  l'ancienne  variété  à  feuille  maculée.  Ehe  s'en 
distingue  par  ses  feuilles  souvent  plus  grandes  et  alors  un  peu 
chagrinées  buUées,  marquées  irrégulièrement  de  grandes  ta- 
ches d'un  jaune  blanchâtre. 

Lo7igifolia,  de  Standish  (femelle),  feuilles  vertes,  longue- 
ment et  étroitement  lancéolées. 

Longifelia  aurea-nmculata,  feuilles  maculées  de  jaune  d'or. 

Loîigifolia  aurea- variegata  (femelle),  feuilles  panachées  de 
jaune  d'or, 

Luteocarpaj  fruit  jaune  ;  feuilles  vertes. 

Macrodontha  (mâle),  feuilles  vertes,  très-grandes,  bien 
pleines,  très-belle  variété. 

Macrophylla,  de  Thibaut  et  Keteleêr  ;  feuilles  vertes,  énormes, 
largement  dentées. 

Macrophylla  dentata,  de  Thibaut  et  Keteleêr;  feuilles  vertes, 
très-grandes,  longuement  dentées. 

Maculata  (mâle),  feuiUes  grandes,  plus  ou  moins  maculées, 
ou  pictées  de  blanc  jaunâtre.  Belle  variété,  qui  nous  paraît 
être  l'une  des  plus  robustes. 

Marmorata,   de  William  Bull  (mâle).  Toute  nouvelle  im- 


—  53  ■— 

portation  japonaise.  Comparée  à  la  précédente,  de  laquelle  elle 
se  rapproche  le  plus,  cette  variété  se  distingue  par  ses  feuilles 
plus  courtes  et  moins  dentées,  d'un  coloris  plus  brillant,  le 
fond  d'un  vert  très-foncé,  entièrement  mouchetées  de  points 
et  de  macules  d'un  jaune  brillant.  C'est  la  plus  distincte  des 
variétés  à  feuilles  maculées. 

Medio  argenteapicta. 

Medio-variegata  (mâle),  dans  le  genre  du  bicolor  ou  bicolor 
elegans,  mais  paraît  en  différer. 

Ovata,  de  Siebold  (mâle);  feuilles  vertes,  très-larges. 

Picta,  de  Siebold,  limbata  (femelle)  de  Standish  et  Aucuba 
foliis  aureo  marginatis  des  horticulteurs  ;  feuilles  largement 
marginées  de  jaune.  Variété  très-constante  et  l'une  des  plus 
belles. 

Picturata,  de  Gaujard;  feuilles  très-larges,  particulièrement 
marbrées  et  nuancées  de  jaune. 

Picturata,  de  Thibaut  et  Keteleèr  (mâle)  ;  feuilles  tourmen- 
tées, vertes,  parfois  marquées  au  centre  d'une  large  tache 
jaune. 

Punctata,  des  horticulteurs  (femelle);  c'est  l'ancienne  forme 
à  feuille  ponctuée. 

Pygmœa  (mâle),  plante  très-naine,  à  feuilles  vertes. 

Robusta  maculata  (mâle),  feuilles  largement  et  diversement 
maculées. 

Salicifolia  (femelle).  Diffère  peu  de  la  variété  longifolia. 

Sulphurea,  les  feuilles  offrent  de  nombreuses  macules,  ce 
qui  donne  à  l'ensemble  de  la  plante  un  aspect  soufré. 

Viridis  latifolia,  de  Dauvesse  (femelle);  feuilles  larges  et 
vertes. 

Viridis  longifolia  (femelle).  Se  distingue  de  celui  que  nous 
avons  pris  pour  type  femelle  du  genre,  par  ses  feuilles  peu 
dentées,  plus  allongées. 


—  5'^  — 

Viridismacrophylla,  deDauvesse  (mâle);  feuilles  vertes  très- 
larges. 

Les  Aucuba  demandent  une  bonne  terre,  plutôt  humide  que 
sèche  :  une  exposition  abritée  des  fortes  gelées  et  surtout  du 
grand  soleil.  Par  leurs  fruits  rouges  et  leur  beau  feuillage 
varié  et  persistant^  ils  produisent  l'effet  le  plus  ravissant,  et 
ils  sont  appelés  à  jouer  un  grand  rôle  dans  l'ornementation 
des  jardins. 

Simon-Louis  (frères), 

Horticulteurs  à  Metz. 


LES  POMMIERS  DOUCLN  ET  DE  PARADIS. 

On  m'a  souvent  demandé  :  qu'est-ce  que  c'est  que  le  Pom- 
mier doucin?  en  quoi  diffère-t-il  du  Pommier  de  Paradis 
et  du  Pommier  franc  ? 

Cette  question,  je  l'avoue,  m'a  toujours  fort  embarrassé. 
Tout  ce  que  j'ai  pu  répondre  jusqu'ici,  le  voici  : 

Le  Pommier  franc  est  une  sorte  de  Pommier  sauvage  qu'on 
muhiplie  dansles  pépinières,  par  semis,  pour  en  faire  des  sujets 
à  greffer  et  produire  des  arbres  très-vigoureux,  particulière- 
ment des  Pommiers  à  haute  tige. 

Le  Pommier  doucin,  lui,  est  aussi  un  Pommier  qui  sert  de 
sujet  pour  greffer;  mais  au  lieu  d'être  multiplié  par  graines  on 
le  propage  par  bouture  et  marcotte.  N'ayant  point  une  grosse 
racine  pivotante,  mais  seulement  des  petites  racines  adven- 
tives  qui  naissent  du  bourrelet  de  la  bouture,  sa  végétation  est 
plus  faible  que  celle  du  Pommier  franc  de  semis  ;  on  l'emploie 
pour  greffer  des  variétés  qu"on  veut  former  en  pyramides,  et 
on  en  obtient  des  arbres  qui  se  mettent  à  fruits  plus  prompte- 
ment  que  ceux  greffés  sur  franc. 

Le  Paradis  est  aussi  un  Pommier  qu'on  multiplie  par  bou- 


—  55  — 

ture  et  marcotte  ;  sa  végétation  est  encore  plus  faible  que  celle 
du  Paradis,  et  c'est  pour  cela  qu'il  est  employé  comme  sujet 
quand  on  veut  former  des  petits  Pommiers  nains  qu'on 
appelle  particulièrement  Paradis,  et  qui  se  mettent  très-vite  à 
fruits. 

Quant  à  l'essence  de  ces  trois  sortes  de  Pommiers,  c'est-à-dire 
sont-ils  des  espèces  qu'on  trouve  àl'état  sauvage  dans  la  nature , 
ou  de  simples  variétés  trouvées  dans  les  semis  de  pépinières? 
je  n'ai  jamais  pu  le  savoir,  et  je  crois  qu'il  n'y  a  pas  de  honte 
à  le  dire  humblement. 

Comme  cette  question  vient  d'être  l'objet  d'une  commu- 
nication de  M.  Decaisnc,  au  journal  anglais  Gardeners  chro- 
nicle,  j'ai  pensé  qu'il  serait  bon  de  faire  connaître  l'opinion  de 
ce  savant,  et,  à  cet  efïèt^  voici  le  lésumé  de  cet  article,  d';ipiès 
la  traduction  de  notre  confrère  M.  Morren  : 

«  Du  Pommier  de  Paradis.  Y oiûoiv  établiniiu!  limile  précise 
entre  le  Pommier  de  Paradis  et  le  Doiicin.  c'est  chercher  la 
pieri'ephilosophale.  La  forme  des  pétales,  les  styles  pubescenls 
ou  glabres  sont  des  caractères  aussi  variables  que  l'aspect  des 
arbres  mêmes.  Les  Pommiers  sauvages  de  nos  bois  sont  géné- 
ralement sans  épines,  les  feuilles  glabres  ou  pubescentes,  et 
les  fruits  de  couleur  jaune.  Les  pommiers  sauvages  ne  torment 
jamais  d'arbres  comme  le  feraient  les  Poiriers  sauvages,  les 
conditions  étant  les  mêmes.  Les  Pommiers  donnent  des  buissons 
avec  ou  sans  racines  rampantes  ;  de  là  cette  phrase  de  Tourne- 
fort  :  d  Malus  pumilaquœ  potius  frutex  quam  arhor  fructu  can~ 
dido,  Pirus  paradisiaca.  »  Le  nom  de  Pommier  de  Paradis  ou 
Fîchet  était  déjà  cité  du  temps  de  Ruellius,  en  1336.  On 
trouve  le  passage  suivant  dans  VAhrégé  pour  les  arbres  nains 
(p.  55)  :  ((  Pour  avoir  bonne  race  de  Pommier  Paradis,  il  faut 
prendre  de  celui  qui  porte  des  Pommes  toutes  blanches  ;  les 
autres,  qu'on  appelle  communément  des  Boiittes-terres,  sont  des 
espèces  de  francs  qui  jettent  beaucoup  de  bois.  -»  On  connais- 


—  36  — 

sait  donc,  à  cette  époque,  la  multiplication  par  bouture,  et  le 
Pommier  Paradis  était  recommandé  à  cet  effet.  Rien  ne  prouve 
que  le  Pyrus  malus  prœcox  de  Pallas  soit  une  espèce  sauvage 
particulière  à  la  Russie  ;  et  la  preuve,  c'est  que  la  plante  n'a 
pas  de  nom  russe  et  que  Pallas  la  désigne  par  des  dénomina- 
tions allemandes,  tandis  que  la  Pomme  ordinaire  et  le  Malus 
baccata  ont  des  noms  vulgaires  en  Russie^  enïartarie,  etc. 

«  En  Russie ,  comme  chez  nous ,  les  Pommiers  sauvages 
n'ont  en  général  pas  d'épines. 

y>  Généralement  les  Pommiers  russes  sont  épineux  ;  le  bois  est 
violet  brunâtre,  comme  dans  nos  sauvageons  ;  les  feuilles  sont 
glabres  ou  pubescentes.  J'en  ai  reçu  de  Novgorod,  district  de 
Krestz;  de  Kherson,  de  Karkow,  de  Moscou.  Ces  derniers  sont 
épineux  ou  sans  épines;  il  en  est  de  même  pour  ceux  que  j'ai 
reçus  de  Savoie.  Quant  à  la  couleur  des  fruits,  j'en  ai  vu  de 
jaunes  et  rouges,  de  ianmes  {fructu  candido)  et  de  panachés, 
comme  sur  les  Pommiers  cultivés. 

2)  Le  moment  de  la  floraison  n'est  pas  non  plus  un  caractère 
bien  assuré  :  voyez  le  Marronnier  du  20  mars  et  tant  d'autres 
faits;  d'ailleurs,  toute  plante  n'a-t-elle  pas  des  races  précoces 
et  des  races  tardives?  Pallas  n'indique  d'ailleurs  pas  la  date 
de  la  floraison  du  Malus  prœcox  ;  on  ne  peut  attribuer  la  pré- 
cocité qu'à  la  Pomme  de  Saint-Jean,  analogue  de  la  Poire  de 
Saint-Jean,  mûrissant  à  la  fin  de  juin. 

))  Selon  moi,  il  n'y  a  qu'une  espèce  de  Pommier  sauvage 
en  Europe,  et  elle  varie  comme  toutes  les  autres;  dans  les 
champs,  dans  les  jardins,  la  nature  suit  les  mêmes  procédés, 
multipliant  les  espèces  en  modifiant  plus  ou  moins  les  formes. 
C'est  une  erreur  de  croire  que  nos  Pommiers  sauvages  se  di- 
visent en  deux  groupes  distincts  :  l'un  à  feuilles  pubescentes  et 
à  fruits  doux  (Ma^us  communis),  l'autre  à  feuilles  glabres  et 
à  fruits  acides  {Malus  acerba).  Prenez  des  exemples  en  bon 
nombre  et  de  localités  diverses,  vous  ne  trouverez  pas  la  hgne 


-  57  — 

de  démarcation.  J'ai'  devant  moi  des  branches  de  Pommiers, 
couvertes  de  fruits  et  de  feuilles;  il  y  en  a  de  glabres  ;  d'autres 
sont  duveteuses,  et  cependant  tous  les  fruits  sont  jaunes.  Je 
l'ai  déjà  dit  :  il  y  a  300  ans  que  le  Pommier  a  été  multiplié 
par  boutures;  une  race  a  été  établie.  Les  jardiniers  sont  enclins 
à  dogmatiser  :  une  variété  ne  réussit- t-elle  pas  chez  eux,  ils 
disent  qu'elle  dégénère  ;  d'ailleurs,  on  n'a  pas  fait  d'observa- 
tions générales  et  systématiques;  delà  tant  d'absurdités  que 
l'on  a  imprimées. 

»  En  résumé  —  dit  M.  Decaisne  — j'accorde  qu'une  espèce 
puisse  varier  considérablement,  mais  je  ne  puis  admettre  qu'elle 
se  transforme  eu  une  autre  ;  un  Pommier  ne  peut  pas  devenir 
Poirier  et  je  ne  crois  guère  aux  transformations  du  Raphanis- 
/rwm  (Radis  sauvage)  en  Raphanus  (radis  cultivé)  de  VJEgilops  et 
de  tant  d'autres  dont  on  fait  si  grand  bruit.  » 

—  Notre  rédacteur  en  chef  n'est  pas  seul,  comme  on  voit,  à 
protester  contre  ces  prétendues  transformations  opérées  dans 
les  jardins  sous  l'influence  delà  culture. 

L.  GUILLOTEAU. 


L'ENGRAIS  HUMAIN. 

La  question  des  engrais  est  une  question  capitale  pour  le 
cultivateur  et  néanmoins  elle  est  très-mal  entendue  en  horticul- 
ture. Il  en  est  un  des  plus  précieux,  les  excréments  humains, 
qu'on  laisse  perdre,  sous  le  prétexte  que  ce  n'est  pas  propre; 
comme  si  le  fumier  ne  contenait  pas  les  excréments  des  ani- 
maux de  tontes  sortes. 

Nous  partageons  à  cet  égard  les  idées  que  M.  Corenwender 
émet  dans  les  Archives  de  l'horticulture  du  Nord  : 

((  Personne  n'ignore,  dit-il,  que  les  excréments  humains 


—  ^8  — 

sont  utilisés  depuis  un  temps  immémorial  dans  le  département 
du  Nord  pour  la  fertilisation  des  terres  ;  on  peut  attester  que 
c'est  principalement  à  cet  engrais  que  l'agriculture  de  cette 
contrée  doit  son  incontestable  supériorité.  Le  fermier  flamand 
se  moque,  avec  raison,  de  ces  cultivateurs  pusillanimes  qui, 
dans  la  plupart  des  contrées  de  l'Europe,  ont  pour  les  matières 
excrémentielles  une  répugnance  invincible,  et  qui  se  croi- 
raient deshonorés  s'ils  recueillaient  ces  engrais  précieux  pour 
fumer  leurs  champs.  Il  serait  bien  plus  autorisé  à  penser  ainsi 
s'il  savait  que  les  gens,  qui  ont  ces  faiblesses,  vivent  souvent 
dans  des  habitations  malsaines,  rarement  nettoyées,  et  qui  ré- 
pandent jusqu'au  loin  une  odeur  infecte.  Pour  nos  contrées, 
l'engrais  liquide  est  recueilli  précieusement  dans  des  citernes 
cimentées,  bien  étancliees,  d"où  on  ne  les  retire  que  pour  les 
porter  dans  les  champs.  Au  contraire,  presque  partout  ailleurs 
on  le  laiSvSe  s'écouler  dans  les  cours  d'eau  ou  s'infiltrer  dans  le 
sol.  Souvent  il  pénètre  dans  les  nappes  souterraines  qui  servent 
aux  besoins  des  hommes  et  des  animaux.  La  pompe  aspire 
cette  eau  et  la  ménagère  en  fait  usage  pour  cuire  les  légumes 
et  préparer  le  bouillon.  Nos  praticiens  du  Nord  nous  paraissent 
mieux  avisés;  ils  font  passer  prudemment  les  excréments  par 
le  corps  des  légumes;  ces  végétaux  usuels  les  absorbent,  les 
modifient  dans  leur  constitution  immédiate  et  les  changent  en 
aliments  précieux  et  succulents.  » 

L'urine  seule  est  un  excellent  engrais  et  il  est  triste  d'en 
voir  perdre  une  aussi  grande  quantité;  notre  confrère, 
M.  Briand,  jardinier  en  chef  à  TEcole  normale  de  Cluny,  m'a 
dit  obtenir  de  très-bons  résultats  en  l'ajoutant,  pour  un  sep- 
tième, dans  ses  eaux  d'arrosements,  une  ou  deux  fois  par 
semaine. 

Sans  doute,  ce  n'est  pas  très-agréable  d'aspirer  les  odeurs 
qui  s'exhalent  des  engrais  humains;  mais  il  est  facile  aujour- 
d'hui de  les  désinfecter. 


—  59  — 

M.  Payen  a  fait  connaître,  dans  une  séance  de  la  Société  im- 
périale et  centrale  d'agriculture  de  France,  le  système  de 
M.  Goux  qui  ne  laisse  rien  à  désirer  sous  ce  rapport.  Il  consiste 
à  garnir  les  tonneaux,  qui  reçoivent  la  matière  fécale,  d'un  mé- 
lange absorbant,  composé  de  25  à  30  pour  100  de  chiffons  de 
laine;  50  à  54  pour  100  dépoussière  de  greniers  à  fourrage,  et 
de  \  0  pour  1 00  de  poussier  de  charbon  provenant,  soit  de  fonds 
de  magasins  ou  de  bateaux,  soit  même  de  carbonisation  de 
branchages,  ramilles  ou  bruyères,  avec  addition  de  4  ou  5 
pour  100  de  sulfate  de  fer  en  menus  cristaux.  On  garnit  l'inté- 
rieur du  tonneau  d'une  couche  de  12  centimètres,  en  moyenne, 
de  ce  mélange,  de  manière  à  former  une  sorte  de  muraille  in- 
terne en  talus,  doublant  toute  la  paroi  du  tonneau  et  compo- 
sée, comme  on  le  voit,  de  substances  poreuses  très-absor- 
bantes qui  préviennent  presque  entièrement  la  fermentation 
putride.  Lorsque  le  tonneau  est  plein,  on  répand  à  sa  surface 
.une  couche  de  poussière  de  charbon  et  on  le  transporte  daus 
un  endroit  pour  faire  le  dépôt  général.  On  en  forme  alors  des 
tas  qui  dégagent  une  odeur  à  peu  près  nulle.  M.  Moll,  du  con- 
servatoire des  Arts  et  Métiers,  fi  expérimenté  ce  système  et  il 
regarde  cet  engrais.comme  équivalant  à  une  bonne  poudrette  ; 
M.  Bella,  directeur  de  l'école  de  Grignon,  en  a  obtenu  un 
succès  complet. 

Nous  recommandons  donc,  à  nos  confrères,  de  ne  point  laisser 
perdre  plus  longtemps  un  aussi  précieux  engrais,  et  d'avoir 
dans  un  coin  de  leur  jardin  un  tonneau  préparé  d'après  le 
système  de  M.  Goux.  Ils  pourront  l'employer  sans  craindre 
de  donner  une  mauvaise  odeur  à  leurs  légumes  ;  car  il 
n'est  pas  absolument  prouvé  que  l'odeur  des  engrais  pénètre 
dans  les  tissus  des  végétaux.  C'est  un  simple  préjugé  et  rien 
de  plus. 

L.    CORDIER. 


—  60  -^ 

PETITES  NOUVELLES. 

Pomme  de  terre  de  Marceau. 

Rapportée  d'Amérique  vers  1 867  par  un  officier  de  marine, 
M.  Vavin  fils,  commandant,  alors,  le  navire  le  Marceau  d'où 
son  nom  ;  elle  a  été  trouvée  de  très-bonne  qualité  par  M.  Va- 
vin  père,  président  de  la  Société  d'horticulture  de  Pontoise, 
qui  en  distribua  à  ses  amis  et  connaissances.  Cette  variété, 
d'origine  étrangère^  se  conserve  très -longtemps,  au  dire  de 
M.  CoUardeau,  qui  en  a  présenté,  cette  année,  à  la  Société  d'hor- 
ticulture, et  à  la  Société  d'acchmatation  de  Paris;  il  en  a  gardé, 
jusqu'à  la  fin  du  mois  de  mai  dernier,  des  tubercules  qui,  à 
cette  date,  étaient  encore  très-sains  et  bons  à  manger.  Elle 
n'égale  pas  tout  à  fait  la  Marjolm  pour  la  bonté,  mais  elle  la 
surpasse  considérablement  pour  la  productioui  M.  CoUardeau 
connaît  des  jardiniers  qui,  en  ayant  adopté  la  culture,  y  ont 
trouvé  la  source  d'importants  bénéfices  qu'ils  n'avaient  jamais 
réalisés  auparavant  avec  les  autres  variétés. 

Persil  à  grosse  racine. 

Un  de  nos  compatriotes,  M.  Marguerit te,  jardinier  à  Varsovie, 
a  envoyé  à  la  Société  d'horticulture  de  Paris  des  racines  de  ce 
Persil  qui,  dit-il,  sont  très-estimées  en  Pologne  et  en  Russie. 
D'après  une  note  d'un  chef  de  cuisine  d'une  grande  maison, 
on  les  emploie  dans  tous  les  mets  et  potages  dans  lesquels  il 
entre  des  racines  ou  légumes  quelconques,  ou  encore  en  gar- 
niture de  grosses  pièces  de  viande,  en  les  apprêtant  comme  le 
céleri  bulbeux.  Ce  Persil  sert  de  légume  d'assaisonnement,  et 
pour  cet  usage  on  le  préfère  au  Panais.  De  l'avis  de  S.  Exe.  le 
maréchal  Vaillant,  il  y  a  peu  de  légumes  meilleurs  que  ces  ra- 
cines de  Persil,  dont  les  feuilles  sont  aussi  bonnes  que  celles 
du  Persil  ordinaire.  C'est  donc  une  plante  à  propager  en 
France  ;  les  racines  alimentaires  ne  sont  pas  très-communes 
dans  nos  potagers. 


—  61   — 

Bambous. 

M.  le  docteur  Turrel,  de  Toulon,  fait  connaître  à  la  Société 
d'acclimatation  de  Paris  que  les  Bambusa  mitis^  Quilioi,  aU" 
rea,  violescens,  graciliSj  et  une  espèce  indéterminée,  végètent 
admirablement  sous  le  climat  méditerranéen.  «  Le  Bambusa 
gracilis  et  l'espèce  indéterminée  paraissent  moins  intéres- 
sants, dit-il,  que  les  autres,  dont  nous  espérons  beaucoup  et 
qui  offrent  des  caractères  originaux. 

Graines  du  voyage  de  M.  Roezl. 

M.  Roezl,  très- connu  en  horticulture  par  ses  voyages  et  les 
nombreuses  plantes  du  Mexique  qu'il  a  introduites  en  Europe,  a 
eu  l'heureuse  idée  de  se  servir  du  chemin  de  fer  nouveau,  du 
«  Pacific  Railway  »,  qui  traverse  tout  le  continent  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  pour  explorer  ces  territoires  immenses  et  riches 
en  plantes  qui  ont  le  grand  avantage  d'être  à  peu  près  toutes 
nouvelles  pour  nos  jardins,  et  surtout  d'être  parfaitement  rus- 
tiques pour  supporter  le  climat  de  l'Europe  centrale.  Il  a  fait 
ce  voyage  pour  son  propre  compte,  entraîné  par  sa  passion 
pour  les  explorations,  et  dans  l'espoir  d'enrichir  les  jardins 
d'Europe  de  belles  plantes  nouvelles.  M.  Ortgies,  du  jardin 
botanique  de  Zurich,  un  ancien  ami  de  M.  Roezl,  s'est,  chargé 
delà  vente  de  ses  introductions.  C'est  donc  à  lui  qu'il  faut  s'a- 
dresser pour  en  devenir  acquéreur.  —  Dans  les  listes-prospec- 
tus qui  sont  distribuées  à  cet  effet,  nous  avons  remarqué  quel- 
ques bonnes  espèces  dont  l'énumération  serait  par  trop  fasti- 
dieuse. Toutes  ces  graines  ont  été  récoltées  en  automne  de  1869 
dans  les  montagnes  Rocheuses,  les  montagnes  d'Utah  et  dans 
la  Sierra-Nevada  en  Californie.  M.  Ortgies  a  cru  agir  dans  l'in- 
térêt des  acheteurs,  en  vendant  l'édition  entière  de  chaque  es- 
pèce, et  en  refusant  de  vendre  de  petites  quantités;  Tacqué- 
reur  est,  en  effet,  certain  de  posséder  seul  les  plantes  qu'il 
achètera  ainsi. 

Moyen  démettre  les  Melons  à  V  abri  des  pucerons. 

M.  Eugène  Gouet,  iardinier  à  Brinches,  a  trouvé  le  moyen 


—  62  — 

de  se  garantir  des  pucerons  qui  infestent  les  Melons.  Ce  moyen 
est  très-simple  :  après  avoir  chargé  ses  couches  de  18  à 
20  centimètres  de  terre  forte  mais  bien  divisée  et  amendée,  il 
lave  avec  soin  ses  coffres  et  ses  châssis,  et  les  badigeonne  en- 
suite intérieurement  avec  un  lait  de  chaux.  Il  plante  ses  Me- 
lons, les  paille,  et  saupoudre  enfin  le  paillis  d'une  légère 
couche  de  chaux  éteinte  depuis  quelque  temps.  En  procédant 
ainsi,  il  assure  que  les  pucerons  n'envahissent  plus  ses  cultures 
de  Melons. 

Jardin-laboratoire  de  CoUioure. 

Notre  collègue  M.  Naudin,  que  l'état  de  santé  force  à  passer 
une  partie  de  l'année  dans  le  midi  de  la  France,  ne  renonce  pas 
pour  cela  à  ses  études  scientifiques  et  horticoles.  Il  nous  an- 
nonce qu'il  veut  fonder  à  CoUioure  (Pyrénées-Orientales),  petit 
village  admirablement  situé  sur  les  bords  de  la  mer,  un  jardin- 
laboratoire,  destiné  à  toutes  les  recherches  de  botanique,  de 
physique  végétale,  de  culture,  d'hybridation,  d'acclimata- 
tion, etc.  Cette  entreprise  est  toute  privée  ;  l'État  n'est  pour 
rien  dans  cette  affaire. 

Fleuriste  de  la  ville  de  Paris. 

L'administration  du  jardin  de  la  ville  de  Paris  vient  de  pu- 
blier les  conditions  d'admission  et  de  séjour  des  élèves  jardi- 
niers pour  1870  ;  les  voici  : 

d  Être  âgé  de  18  ans  révolus;  présenter  une  pièce  pou- 
»  vant  servir  à  constater  l'identité  :  posséder  les  premières 
3)  conditions  de  l'art  horticole  et  avoir  fait  pendant  un  an,  au 
y>  moins,  de  la  culture  pratique. 

»  L'administration  alloue  mensuellement  aux  aspirants 
3>  comme  rémunération  de  leur  travail  : 

))  Pendant  les  3  premiers  mois 60  fr. 

))       —        les  3  mois  suivants 70 

D       —        les  3  mois  suivants 80 

3)   Cette   période  écoulée ,  l'aspirant   peut   être  admis  au 


-  63    ~ 

jo  litre  d'élève  ;  l'allocation  mensuelle  est  alors  portée,  sui- 
))  vant  ses  aptitudes  et  ses  capacités,  à  85  fr.,  90  fr  .,  et  au- 
))  dessus. 

3)  Afin  de  rendre  leur  instruction  aussi  complète  que  pos- 
))  sible,  les  aspirants  et  les  élèves  seront  occupés  successive- 
))  ment  dans  les  diverses  sections  de  cultures  de  la  ville  de 
))  Paris,  et  y  seront  assujettis  aux  règlements  concernant  les 
»  chefs  et  ouvriers. 

5)  Lorsqu'ils  désirent  quitter  le  service,  ils  doivent  en  pré- 
))  venir  leur  chef  quinze  jours  à  l'avance,  et  ne  peuvent  ré- 
3)  clamer  le  payement  de  ce  qui  leur  est  dû,  avant  le  jour  de 
:»  la  paye,  qui  a  lieu  du  8  au  1 0  de  chaque  mois.  » 

Ern.  BoNARD. 


CATALOGtlËS  D'HORTICULTURE 

POUR  1870. 

Bruant,  à  Poitiers.  Plantes  nouvelles  :  Pelutiia,  Pélargoûium,  Verveines  et 

Duhlia. 
CrouHse,  à  Nancy.  Plantes  nouvelles  obtenues  de  semis  dans  rétablissement  : 

Deipliniium,  (leraniuni,  Héliotropes^  Lanlauaj  Pétunia,  l*eulsleraou. 
Delesalle  (Henri),  àTliuiiieiiil  près  Lille  (iNord).  Plantes  nouvelles  :  Pelargo- 

luuui  zonale,  Pcluuia,  Verveines. 
Duflot,  quai  de   la  Mégisserie,   î,   Paris,   Supplément  aux  Catalogues    des 

graines  iie  fleurs,  potagères,  fourragères:  Oignons.  Nouveautés  et  récentes 

iniroiluctions. 
Duraud,  à  Bourg-la-Reine  (Seine).  Arbres  fruitiers,  arbres  d'ornements,  ar- 

bufclus  et  rosier*. 
Haag^c  et  Hiclimidt,  àErlurth  (Prusse).  Nouveautés  de  graines,  et  de  plantes 

d'oruemeut  de  pleine  terre  et  de  serres.  —  Catalogue  général  de  graines  de 

plantes  d'ornement  potagères  ;  Plantes  vivaces,  de  serre,  etc. 
Hubcr  (frères),  ;i  Hyères  (Var).  Catalogue  de  graines  de  plantes  nouvelles 

pour  1870.   Spécialités:  graines  de  fleurs,  d'arbres    et  d'arbustes  d'orne- 
ment indigènes  et  exotiques. 
lioise-Chanvière.  Catalogues  des  Fraisiers  et  Lilium. 
lloutceny  aîné,  à  Villefranche  (Rhône).    Catalogue  de  graines  potagères  et 

fourragères  ei  de  fleurs. 

Reudatler,  à  Nancy.  Plantes  nouvelles  obtenues  dans  l'établissement  : 
Pétunia,  Géranium,  Héliotropes,  Pentstemon,  et  autres  plantes  rares  ou 
nouvelles. 

ISahut,  à  Montpellier.  Catalogue  des  principales  espèces  de  végétaux  et  de  nou- 
veautés en  arbres,  arbrisseaux  et  arbustes. 

Vilmorin-Andrieux  et  Comp.,  4,  quai  de  la  Mégisserie,  Paris.  Catalogue 
général  de  grainesde  plantes  dornement,  fourragères,  potagères.  Nouveautés. 


Potager.  Cest  pendant  le  mois  de  mars  que  l'artichaut  exige  le  plus  de  soin». 
On  peut  commencer  vers  le  i5  à  dégarnir  les  souches  de  la  terre  et  du  fumier 
entassés  à  chaque  pied  :  la  litière  sèche  doit  rester  à  portée  pour  recouvrir  si  la 
température  l'exigeait.  Aussitôt  que  le  hâle  n'est  plus  à  craindre,  il  faut  enlever 
à  chaque  souche  les  œilletons  superflus  et  ne  laisser  que  les  deux  plus  beaux  ; 
après  cette  opération,  il  faut  arroser  copieusement  les  artichauts  et  leur  donner 
une  bonne  couverture  de  fumier.  C'est  aussi  pendant  ce  mois  qu'on  sème, 
laboure  et  fume  les  asperges.  Le  fumier  de  cheval  est  le  meilleur  pour  ce  dernier 
usage;  mais,  dans  les  terrains  très-secs,  on  doit  employer  le  fumier  de  vache; 
l'un  et  l'autre  doit  être  à  moitié  décomposé.  On  plante  choux-pommés,  choux- 
fleurs^^  fraisiers,  laitues,  oignon  blanc,  oseille,  poireau,  romaines.  On  fait  les 
semis  de  carottes,  chicorée  sauvage,  choux-fleurs,  choux-cabus  de  Saint-Denis, 
de  Milan,  de  Bruxelles,  épinards,  fèves,  ciboules,  cresson  alénois,  panais,  persil, 
poireau,  tous  les  pois,  radis  rose  et  noir,  salsifis,  scorzonères,  pommes  de  terre 
Vers  ia  fin  du  mois  :  céleri  à  couper,  cerfeuil,  choux  Quintal  et  de  Poméranie' 
toutes  les  laitues,  romaines  blondes  et  grises. 

Les  couches  et  châssis  exigent  beaucoup  d'attention,  car,  à  cette  époque, 
les  réchauds  dont  on  entoure  les  couches  sont  trop  forts  :  il  se  produit  des  coups 
de  chaleur  qui  détruisent  toute  la  récolte  j  il  faut  aussi  veiller  aux  coups  de  so- 
leil, qui  produisent  le  même  effet. 

On  sème  sur  couche  :  concombres,  melons,  piments,  tomates,  raves,  salade 
et  fournitures  diverses. 

Jardin  fruitier.  Finir  la  taille,  labourer  et  pailler  les  plates-bandes. 
9  Jardin  d'agrément.  Terminer  les  labours,  travaux  de  propreté,  la  taille  des 
arbustes  divers  et  la  plantation  des  plantes  vivaces;  faire  des  boutures  d'arbres 
et  d'arbrisseaux.  On  sème  en  pleine  terre  :  Giroflée  de  MÎihon,  Adonis,  Coreopsis, 
Nigelles,  Réséda,  Nemophila,  Clarkia,  Gilia,  Crépis  roses,  Giroflée  jaune,  Malope, 
Œillets  de  Chine,  Pois  de  senteur,  Reines-Marguerites  ,  Capucines,  Volubilis, 
Collinsia  bicolor,  Siléné  à  fleurs  roses,  Balsamines,  Belles  de  Nuit  et  belles  de 
Jour,  Muflier,  Pétunia,  Thlaspi^  Scabieuse  ou  Fleur  des  Veuves,  Phacelia, 
Linaria  bipartia.  On  sème  sur  couche:  Célosia  Crête  de  coq,  Amarantes, 
Balsamines,  Reines-Marguerites,  Calcéolaires,  Quarantaine,  Martinia,  Cosmos. 

On  place  aussi  sur  couche  les  tubercules  de  Dahlia  pour  déterminer  la  végé- 
tation des  bourgeons,  les  séparer  ensuite  et  les  mettre  en  pot  jusqu'au  moment  de 
les  livrer  en  pleine  terre. 

Serres.  C'est  en  mars  que  les  Camellia  sont  dans  toute  leur  beauté;  il  faut 
leur  donner  des  arrosages  modérés  et  entretenir  avec  soin  la  propreté  des  feuil- 
lages. Pour  les  autres  plantes,  même  soin  que  pour  le  mois  précédent  ;  mais  on 
Veillera  pour  éviter  l'efi'et  des  coups  do  soleil;  on  blanchit  les  vitres  avec  de  lu 
chaux,  ou  l'on  tend  des  toiles. 


Paris. —  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnaliu,  rue  Cassette,  9. 


LA    MEILLEURE   ASPERGE 


EST 


'ASPERGE  HATIVE  LOUIS  LIIÊRAULT 

cdaille  d'or  (unique)   à  l'Exposition   universelle   de    1867. 
(j'or  de  la  Société    impériale    et    centrale    d'Horticulture  de 

France,  1869. 
d^or  de  l'Empereur  (1869)   et   cinquante  autres  récompenses 

pour  cette  variété. 


LOUIS     LHÉRAULT    (seul    dépositaire), 

Horticulteur -Cultivateur  d'Asperges,   de  Figuiers   et   de    Vignes, 

14,   rue   de  Calais,    à   ARGENTEUIL  (Seine-et-Oise) . 


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TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS.  DES  INSECTES  NUISIBLES 

ET  DE  LEURS  DÉGÂTS 

<fc    DES  MOYENS    PRATIQUES   DE    LES    ÉVITER 

RÉDIGÉ  PAR 

MM.   D'  BOISDUVAL,   H.   HAMET, 

V.  CHATEL,    F.    HERINCQ,    A.    DE    LAVALETTE, 

MAURICE  GIRARD,  J.   P.   MÉGNIN,   D^  BALBIANI, 

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ANNÉE    1870. 

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NOPEAU  JARDINIER 


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ALPH.  LftVALLÉE  —  L.  NEUMANN  —  B-  VERLOT  —  CELS  —COURTOIS- 
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20*  Année. 


1^70. 


JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

COHTEHAXT 

LA    CDLTCRE    RAISONNER,    LA   DESCniPTION    ET    L'HISTOIRE    DES  PLANTES, 

ET    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRDITS  ET   DES  LÉGOMES,  LA   DESCRIPTION 

ET    L'DSAGE   DES  INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ  AVEC  LK  CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICDLTEORS  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

BÉDACTECR  EN  CHEF. 

ATTACBC     iO     MDSÉDM     D'BISTOinE     NITCREI.LE    DE     PARIS, 

Collaborateur    du     Manuel     ici     Plamei,    dos     flgures    du   Bon     JanlMer, 
Ex-Rédacteur    principal   «le  la    SocUli  (Thoniculiure  i/«   la    Seine  , 

Membre   honoraire   et   correspondant  de   plusieurs   Sociétés  d'horticulture,   etc. 


l/norticaltenr  Français  paraît  le  S  de  chaque  mois,  par  lirr.iison  de  32  payes  de  (exle 
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Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  l'aris,  etau  nom  de  M.  E.  DONNAUD,  rue  Cassette,  9. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  liiiste  ou  sur  une  uiiiison  de  l'aris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  UOUZK  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  uégociatiga  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


■  0— >'cgeei  <  m 


PARIS 


LIBRAIRIE  DE  E.  DONNÂUD; 

RUE  CASSETTE.  9. 
1870 


ÉDITEUR 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  cataloiiues  an  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
sette, 9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  a  faire  connaître  par  la  vois  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  pane  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


LA   MEILLEURE   ASPERGE 


EST 


L'ASPERGE  IIÂTIVE  LOUIS  LHÉRÂULT 

Médaille  d'or  (unique)  à  l'Exposition  universelle   de    1867. 

_       d'or  de  la  Société    impériale    et    centrale    d'Horticulture  dq 

France,  1869.  | 

—       d'or  de  l'Empereur  (1869)   et   cinquante  autres  récompenses^ 

pour  cette  variété. 


LOUIS    LHÉRAULT    (seul    dépositaire), 

Horticulteur-Cultivateur  d'Asperges.,   de  Figuiers   et   de    Vignes, 

14,   rue   de  Calais,    à   ARGENTEUIL  (Seine-et-Oise) . 


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CONTENANT 

L'HISTOIRE,    LA   DESCRIPTION,    LA   FIGURE   DES   FRUITS  ANCIENS   ET   DES   FRUITS   MODERNES 
LES  PLUS   GÉNÉRALEMENT   CONNUS  ET   CULTIVÉS, 

Par  André  LEROY, 

PÉPIKIÉRISTE, 

Chevalier  de  la  Lésion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France  ancien  président 

du  Corake  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis    et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


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iiOlIlMAmE  DES  AiiTICLbS  CONTENUS  DANS   CE  NUMERO. 

F.  Herincq,  Chronique,  —  J.  Decais.ne,  Observations  sur  un  Diospyros  de  la 
Chine,  à  fruit  (ûmestiijic'.  —  0.  Leschyeu,  Le  Tacsonia  eriantha  (PI.  111).  — 
EiiN.  BoNARD,  Plantes  nouvelles;  variétc>  jardinières.  —  En,,  de  Martragny, 
le  Disa  grandiflora  et  les  Orchidées  de  serre  froide.  —  F.  Herincq,  de  la 
graine  et  des  semis.  —  F.  Herixcq,  Notions  de  taille  sans  physiologie  végé- 
tale. —  X...,  Travaux,  du  mois  d'avril. 


CHRONIQUE 

L'hiver  de  1870,  à  Paris  et  dans  le  Midi;  assassiaat  d'un  Cactus  et  'd'un 
Tacsonia  d'Alphonse  Karr  par...  la  gelée;  état  de  la  végétation,  au  com- 
mencement  de  janvier,  dans  la  région  méditerranéenne.  Prix  de  quelques 
légumes  à  Paris;  ce  qu'on  vend  comme  Laitue  et  Romaine  au  marché  du 
quartier  Saint- Marcel.  Dégel,  orage  et  gelée  du  mois  de  mars  ;  dicton  popu- 
laire; encore  l'inlluence  de  la  lune.  Funeste  résultat  de  l'entreprise  du  co- 
mité des  cultures  expérimentales  de  la  Société  d'horticulture  de  Paris^au  sujet 
du  Radis  de  famille  ;  le  Cerfeuil  bulbeux  inaméliorable;  le  Persil  bulbeux,  la 
Carotte  et  les  Pommes  de  terre  déperfectionnés.  Le  génie  des  peuples  bar- 
bares nos  ancêtres  comparé  au  génie  des  peuples  civilisés.  Un  demande  la 
transformation  de  la  racine  grêle  de  Girollée  en  racine  charnue,  par  les 
procédés  connus.  L'hérédité  du  mal  ;  inoculation  de  la  panachure  ;  inlluence 
de  la  greffe  sur  le  sujet;  les  abutilons  panachés. 

Le  petit  bout  d'hiver  que  nous  avons  eu^  dans  le  courant  de 
février,  a  fait  pousser  les  hauts  cris  à  la  population  française 
en  général,  et  à  celle  de  la  capitale  en  particulier.  Pour  huit  et 
dix  degrés  de  froid  qu'on  a  dû  enregistrer  pendant  deux  jours  à 
Paris,  et  ensuite  trois  à  cinq  durant  une  dizaine  de  jours,  tout  le 
monde  s'est  plaint  de  la  rigueur  des  frimas.  Il  faut  que  nous 
soyons  bien  délicats  pour  trouver  rude  un  pareil  hiver  ;  car 
enfin  la  Seine  qui,  l'été,  promène  nos  joyeux  canotiers,  n'a 
promené  que  quelques  petits  glaçons  pendant  deux  jours 
seulement,  et  elle  n'a  pas  daigné  prendre  comme  elle  fai- 
sait autrefois  chaque  année  !  Si- nous  continuons,  nous  protes- 
terons bientôt  contre  tout  hiver  dont  la  température  ne  se 
maintiendra  pas  à  dix  degrés  au-dessus  de  zéro  ! 

Mars  1870.  b 


—  66  — 

Je  comprends  les  plaintes  des  habitants  de  nos  provinces  du 
midi  ;  ils  ont  été  fortement  éprouvés  cette  année.  Rarement 
chez  eux  le  thermomètre  traverse  la  ligne  qui  sépare  le  chaud 
du  froid,  et  la  neige  est  chose  légendaire.. Cet  hiver  ils  ont  eu 
plus  d'un  mètre  de  neige  ;  à  Cannes,  d'après  M.  Laffay,  huit 
degrés  de  froid  ont  détruit  toutes  les  plantes  exotiques  cultivées 
depuis  longtemps  dans  les  jardins,  et  Alphonse  Karr  écrivait 
au  commencement  de  janvier  dernier  : 

€  Après  quelques  jours  d  un  froid  que  je  n'avais  pas  vu  aussi 
rigoureux  depuis  dix-sept  ans  que  je  suis  en  Italie'et  en  Pro- 
vence (froid  dont  vous  feriez  à  Paris  vos  beaux  jours  d'hiver) 
mais  qui,  je  le  crains,  m'a  assassiné  un  Cactus,  un  Tacsonia  et 
plusieurs  Héliotropes,  le  soleil  revient  rendre  la  couleur  et  la 
vie  à  ce  pays  qui,  sans  soleil,  n'est  qu'une  triste,  pâle  et  morte 
lithographie.  La  mer  est  calme  et  bleue  ;  les  premiers  Narcisses 
fleurissent  sur  les  cohines  ;  les  Violettes  sont  en  fleurs  sous  les 
arbres;  les  Anémones  étaient  leurs  feuillage  découpé  :  les  Giro- 
flées ouvrent  leurs  étoiles  jaunes;  les  Jonquilles  commencent 
à  percer  la  terre  au  pied  des  Cameilia  épanouis.  Le  4  janvier 
l'hiver,  qui  a  duré  plus  de  huit  jours,  est  bien  avancé  ici.  ï) 

Nous  aussi,  à  Paris,  nous  pouvions  dire  à  celte  époque,: 
l'hiver  est  bien  avancé  ;  nous  avons  joui,  en  effet,  depuis, 
d'un  vrai  printemps  jusqu'aux  premiers  jours  de  février  ;  mais 
alors  le  froid  a  repris  plus  fort  que  jamais,  et  les  maraîchers 
en  ont  profité  pour  vendre  leurs  produits  des  prix  fabuleux. 

Les  pauvres  ménagères  parisiennes  ont  payé  la  Mâche  1  fr. 
oOlalivre,  et  au  mardi  gras  —  alors  que  la  Violette  commençait 
ici  aussi  à  fleurir  sous  les  arbres  —  elle  valait  encore  1  fr.  20! 
l'Oseille  a  valu  à  ce  moment  2  fr,  50  la  livre  ;  le  Pi&senHt  1  fr.  ; 
on  ne  pouvait  pas  avoir  de  Poireau  à  moins  de  15  et  1 0  cen- 
times la  pièce  ;  2  francs  les  Épinards  pour  un  plat  microsco- 
pique; et  on  m'assure,  dans  le  faubourg  Saint-Germain,  que  le 
Persil  a  été  j^ayé  jusqu'à  100  sous  la  botte  à  la  halle. 


67   — 

Quant  à  la  salade  de  Laitue  et  de  Romaine,  c'est  absolument 
du  luxe  pour  les  habitants  des  quartiers  pauvres.  Au  marché 
de  la  place  d'Italie  on  ne  vend  que  les  feuilles  extérieures 
détachées  des  Laitues  et  Romaines  expédiées,  disent  les  mar- 
chands, en  Angleterre  :  le  cœur  pour  MM.  les  Anglais,  les 
épluchures  pour  les  bons  Parisiens. 

AU  rirjht!  oui,  c'est  ma  foi  bien  ! 

Et  pourta'nt  nous  jouissons  d'un  temps  magnifique  depuis 
plusieurs  jours;  le  dégel  s'est  opéré  lentement,  gentiment,  sans 
trop  de  gâchis,  et  cette  fois  encore  librement,  sans  aucune 
pression  lunaire.  Il  a  arboré  son  drapeau 4e  samedi  19  février; 
la  pleirïe  lune  était  le  16  et  le  dernier  quartier  le  Î22  ;  son  in- 
dépendance est  donc  incontestable.  J'îii  rencontré  cependant 
un  brave  cultivateur  qui  le  mettait  encore  sur  le  compte  de  la 
lune  :  ce  C'est  bien  le  vrai  dégel,  allez,  me  disait-il  le  diman- 
che, car  c'est  après-demain  le  dernier  quartier,  d  Je  dois 
ajouterqu'un  autre  m'avait  dit  le  vendredi  précédent^  alous  que 
la  température  commençait  à  mollir  :  «  Je  crois  bien  que  nous 
allons  avoir  le  dégel  ;  ça  ne  serait  pas  étonnant,  car  c'était 
uvant'hipr  la  pleine  lune  !  »  Avec  les  partisans  de  l'influence 
lunaire,  il  y  a  toujours  d-'^  " '"'"'imodements,  comme  on 
voit. 

Mais  un  phénomène  curieux,  qui  peut-être  est  unique  dans 
l'histoire  météorologique^  est  celui  qui  s'est  produit  le  lende- 
main des  Cendres.  A  peine  les  derniers  débris  de  glaçons 
étaient-ils  fondus,  qu'un  violent  orage  s'est  déchaîné,  à  sept 
heures  du  soir,  sur  notre  brillante  cité,  accompagné  de  splen- 
dides  éclairs,  qui  rendaient  jaunes  de  jalousie  les  nombreux 
becs  de  gaz  parisiens.  Ce  spectacle  estival  a  paru  d'autant  plus 
beau,  qu'il  n'était  nullement  attendu  ;  toutefois,  on  ne  doit  pas 
s'en  réjouir,  s'il  faut  en  croire  ce  dicton  populaire  : 

yuauii  ii  tonne  en  mars, 
Uonhoaime,  gare  ! 


—  68  — 

C'est  un  mauvais  présage  (i  ).  Tant  pis  pour  les  consomma- 
teurs de  salade  ;  car  les  maraîchers,  sous  le  fallacieux  prétexte 
que  cet  orage  de  mars  annonce  une  suite  de  mauvais  jours,  ne 
baisseront  pas  le  prix  de  leurs  Mâches,  et  nos  ménagères  con- 
tinueront de  les  payer  toujours  24  sous  la  livre.  Ainsi  vont  les 
choses  :  prospérité  d'un  coté  ;  extension  *du  paupérisme  de 
l'autre;  triste  antithèse  qui  confirme  la  vérité  de  cette  maxime 
de  l'Évangile  :  Nul  ne  peut  servir  deux  maîtres  ; 'ce  qu'il  fera 
pour  plaire  à  l'un  ne  conviendra  pas  à  l'autre.  Ainsi  sera  jus- 
qu'à la  fin  des  siècles. 

Une  chose  qui  poisrra  bien  aussi  aller  jusque  là  sans  avoir 
de  lin,  c'est  l'entreprise  du  comité  des  cultures  expérimen- 
tales de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture  de 
France,  concernant  la  grande  question  à  l'ordre  du  jour,  la 
transformation  des  plantes  par  la  culture.  Voici  ce  qui  vient 
de  lui  arriver. 

Les  membres  de  ce  comité,  voulant  répéter  l'expérience  du 
Radis  sauvage  —  sans  y  avoir  été  invité  par  le  grand  conseil 
ou  comité  de  censure  — ,  avait  semé  des  graines  dans  le  jardin 
d'un  des  membres  de  ce  comité,  situé  à  la  colonie  de  Clichy, 
dont  le  sol  est  arrosé  et  fertilisé  par  les  eaux  d'égouls  de  Paris. 
Un  jardinier  voisin^  bi^n  connu  dans  toute  la  France  par  les 
beaux  légumes  qu'il  a  présentés   au  palais  de  Saint-Gloud, 


y\)  Eu  effet,  au  moment  de  mettre  sous  presse  (7  mars)  la  gelée  a  fait  retour. 
Hier  dimanche  6,  la  terre  croulait,  et  ce  malin  7,  cinq  degrés  au-dessous  de 
zéro  se  faisaient  sentir  à  Segrez,  à  6  heures  du  matin.  Peut-on  dire  que  c'est 
un  mouvement  de  lune?  La  nouvelle  lune  était  le  2;  la  reprise  de  la  gelée  est 
le  6,  et  le  premier  quartier  sera  le  40.  Qu'on  ose  dire  ici  qu'il  y  a  intluence 
lunaire!  Il  est  vraiment  pénible  de  voir  l'aveuglement  des  masses,  au  sujet 
de  tous  ces  préjugés,  de  toutes  ces  vieilles  rengaines  si  facélieusement  combi- 
nées par  les  grands  prêtres  de  l'antiquité,  qui  s'élevaient  ainsi  des  autels  sur 
l'ignorance  et  la  bêtise  des  peuples.  Retrouver  les  mêmes  absurdités  et  les 
mêmes  croyances  en  Tau  de  grâce  4870,  eh  bien  !  vrai,  cela  ne  prouve  pas  eu 
faveur  des  citoyens  qui  prétendent  constituer  le  peuple  le  plus  intelligent  du 
monde...  ;  au  contraire!. .. 


—  69  — 

l'année  dernière,  avait  accepté  la  mission  de  veiller  sur  ces 
expériences.  Il  s'en  acquitta  rigoureusement,  tant  qu'il  ne  fut 
que  le  voisin  du  jardin  où  les  graines  avaient  été  semées.  Mais 
un  jour  il  devint  possesseur  titulaire  de  cette  parcelle  de  ter- 
rain, de  par  la  concession  de  l'administration  municipale  de 
Paris  ;  et  alors  ce  brave  gardien  bouleversa  le  champ  d'expé- 
rience du  comité  expérimental,  pour  y  semer  du  Cerfeuil  bul- 
beux, qui.  paraît-il,  est  d'im  rapport  bien  plus  assuré  que  le 
produit  des  graines  de  Radis  sauvage. 

Mais  grande  fut  la  colère  des  membres  du  oomité  qui  se  li- 
vraient à  des  expériences  —  sans  y  avoir  été  invitée  par  le 
grand  conseil.  —  On  accusa  le  pauvre  gardien  de  toutes  espè- 
ces de  choses  et  même  davantage  encore,  en  pleine  séance  de  la. 
Société  —  sans  même  y  avoir  été  autorisé  par  le  grand  conseil. 
—  Il  gesticula  beaucoup  d'abord  pour  se  défendre  et  finit  par 
déclarer  qu'il  ne  savait  pas  que  c'était  aussi  sérieux  que  ça. 
d  Un  membre  du  comité  ni  a  dit,  dit-il,  qu'on  n'obtiendrait  ja- 
mais rien,  que  c'était  pour  rire;  alors  j'ai  pensé  que  ce  n'était 
pas  la  peine  d'employer  un  si  bon  terrain  pour  rien.  3) 

Cet  aveu  excita  des  murmures,  dos  apostrophes,  qui  cou- 
vraient la  sonnette  du  président.  Enfin,  un  membre  proposa  un 
ordre  du  jour  motivé  ;  mais  comme  il  ne  s'est  trouvé  personne 
.  armé  d'assez  de  courage  pour  le  signer  avec  lui,  on  a  passé  à 
l'ordre  du  jour  pur  et  simple. 

Mais  le  comité  ne  se  tient  pas  pour  battu  ;  il  va  resemer 
d'autres  graines  —  sans  y  être  invité  par  le  grand  conseil,  — 
et  cette  fois,  il  n'en  confiera  pas  la  garde  à  \m  cultivateur  de 
Cerfeuil  bulbeux,  et  bien  moins  encore  à  un  cultivateur  de 
Persil  bulbeux,  qui  pourrait,  à  son  tour,  détruire  le  champ 
d'expérience,  pour  tenter  le  perfectionnement  de  cette  racine 
qui  se  déperfectionne  avec  une  aisance  et  une  rapidité  déses- 
pérante, s'il  faut  en  croire  M.  le  D'  Andry.  Nous  souhaitons  à 
MM.  du  comité  des  cultures  expérimentales  meilleure  chance 


—   70  — 

cette  fois.  En  tout  cas  qu'ils  ne  se  découragent  pas.  Il  faut  que 
des  faits  nouveaux  viennent  démontrer  la  témérité  des  hommes 
qui  soutiennent  une  théorie  qu'on  étaye  de  faits  douteux  que 
personne  n'a  vérifiés. 

Mais  on  aura  beau  faire,  des  exemples  viendront  à  chaque 
instant  témoigner  contre  cette  prétention  de  la  culture  à  trans- 
former à  volonté,  pour  ainsi  dire,  une  plante  en  une  autre,  et 
la  lumière  se  fera . 

Non^  la  culture  n'a  pas  une  aussi  puissante  influence  ;  si  elle 
la  possédait,  elle  agirait  sur  la  conservation  de  toutes  les  trans- 
formations et  améliorations  qu'on  lui  attribue;  c'est  ce  qu'elle 
ne  fait  pas. 

Le  dernier  numéro  du  journal  de  la  Société  d'horticulture  de 
Paris,  enregistre,  page  24,  un  fait  qui  le  prouve  :  cr  M.  Andry 
dit  que  la  racine  de  Persil  à  grosse  racine,  prise  parmi  celles 
dont  on  devait  l'envoi  à  M,  Marguerite,  de  Varsovie,  qui  lui 
avait  été  remise  pour  qu'il  voulut  la  faire  préparer  et  en  re- 
connaître ensuite  la  qualité  comme  aliment,  lui  a  semblé  fort 
bonne.  Quant  au  Persil  de  la  même  variété,  qu'il  avait  semé 
dans  son  jardin  et  qu'il  croyait  devoir  lui  donner  des  produits 
assez  développés  pour  pouvoir  être  mangés,  il  n'a  produit  que 
des  racines  grêles,  rameuses,  nullement  comestibles.  3) 

On  conviendra  qu'il  est  au  moins  singulier  qu'une  force 
améliorante  devienne  une  force  détériorante  quand  on  la  fait 
agir  sur  une  plante  qu'elle  aurait  primitivement  améliorée. 
Mais,  dit-on,  si  ces  racines  se  sont  trouvées  grêles,  rameuses  et 
immangeables,  c'est  que  le  semis  a  été  fait  trop  dru,  que  les 
racines,  trop  serrées^  n'ont  pas  pu  se  développer.  Cette  raison 
est  fort  spécieuse.  Je  ne  sais  comment  le  D'  Andry  a  semé  son 
Persil;  mais  j'ai  semé  l'année  dernière  des  Carottes  demi-lon- 
gues; j'ai  semé  très-clair_,  ce  qui  n'a  pas  empêché  le  semis  de 
me  donner  un  dixième  de  Carotte  à  racines  grêles,  rameuses 
comme  celles  de  la  Carotte  sauvage.  Et  la  terre  est  une  bonne 


—  71    — 

terre  de  jardin,  qui  avait  été  fortement  fumée  l'année  même. 
En  voici  un  autre  cas  emprunté  au  Bulletin  de  la  Société 
d'acclimatation  :  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  directeur  du  jar- 
din des  plantes  de  Bordeaux,  ayant  reçu  l'année  dernière,  de  la 
Société  d'acclimatation  de  Paris,  des  Pommes  de  terre  Vêlez,  les 
mit  en  expérience.  «  II  y  avait,  dit-il,  i  8  tubercules,  moyens  en 
apparence,  mais  qui,  comparés  à  ceux  qu'ils  ont  produits,  pour- 
raient passer  pour  gros Plantés  le  25  février  (8  dans  l'école 

de  botanique,  et  1 4  dans  le  jardin  à  multiplication),  les  tuber- 
cules ne  furent  récoltés  que  vers  le  milieu  d'octobre.. .  Le  pro- 
duit des  quatre  pieds  de  l'école  consiste  en  tubercules  extrê- 
mement nombreux,  plus  petits  que  ceux  d'aucune  autre 
variété  de  moi  connue;  leur  grosseur  ne  dépassait  guère  rare- 
ment celle  d'une  noix  moyenne  et  descendait  jusqu'à  celle  d'une 
noisette.  La  récolte  des  quatorze  pieds  du  jardin  à  multiplica- 
tion fut  nulle  (!)  »  —  Le  point  d'exclamation  est  de  M.  Du- 
rieu. 

Singulières  forces  améliorantes  que  les  milieux  et  la  culture 
du  Bordelais!  Quoi  qu'en  disent  nos  adversaires,  c'est  partout 
de  même,  dans  tout  le  midi  delà  France,  en  Espagne,  etc.,  tous 
nos  légumes  perdent  leurs  qualités  et  leurs  caractères,  et  re- 
tournent aux  types  primitifs.  Or,  jamais  le  radis  et  la  rave 
n'ont  donné  du  Radis  sauvage  [Raphanus  raphanistrum),  mais 
bien  toujours  le  même  radis  cultivé  {Raphanus  sativus),  avec 
cette  différence  que  la  l'acine  est  grêle,  ligneuse,  au  lieu  d'être 
grossç  et  charnue. 

Et  ce  n'est  pas  la  culture,  je  le  maintiens,  qui  a  déterminé 
la  transformation  des  racines  grêles  en  racines  charnues  de  la 
•  Carotte,  de  la  Betterave,  du  Navet,  du  Chou-rave  etc.  S'il  en 
était  ainsi,  il  faudrait  admettre  que  les  peuples  barbares,  nos 
pères,  qui  nous  ont  transmis  ces  pjrécieux  légumes,  étaient  bien 
autrement  intelligents  que  nous,  puisqu'ils  ontdeviné,  de  suite, 
à  la  simple  inspection,  que  la  racine  grêle  de  la  Betterave  de  nos 


—  72  — 

côtes  était  susceptible  de  se-  transformer  en  racine  très  char- 
nue et  sucrée,  et  qu'il  suffisait  de  soumettre  ia  plante  à  une 
culture  en  règle,  pour  opérer  cette  transformation  ;  de  même 
pour  les  autres  espèces  transformées  par  nos  ancêtres  !  C'est 
réellement  heureux  qu'ils  soient  venus  au  monde  avant  nous, 
pour  nous  léguer  ce  précieux  fruit  de  leur  conception  intellec- 
tuelle ;  car  nous,  inventeurs  de  toutes  espèces  de  mitrailleuses  et 
des  vélocipèdes,  nous  ne  pouvons  pas  inventer  la  moindre 
racine  nouvelle!  Quand  nous  avons  voulu  essayer  notre  intel- 
ligence, nous  sommes  tombés,  tout  de  suite,  dans  la  contre- 
façon ;  nous  n'avons  pu  que  reproduire  ce  qui  existait  déjà,  des 
Carottes  et  des  Radis  !  Il  ne  manque  pas  cependant  de  racines 
sauvages  à  améliorer.  Allons,  messieurs  les  transformateurs, 
sortez  un  peu  de  l'ornière  ;  prenez  de  la  graine  de  Giroflée  des 
murailles ,  semez-la  à  l'automne  en  changeant  son  milieu,  et, 
en  continuant  ainsi  pendant  cinq  ans,  vous  aurez  doté  la 
boutique  des  fruitiers  d'une  racine  toute  nouvelle,  succulente, 
sucrée  et  délicieuse,  d'un  genre  inconnu.  A  l'œuvre  donc!  Un 
pareil  résultat  confondra  les  incrédules,  et  vous  vaudra  l'estime 
et  la  reconnaissance  des  amis  du  merveilleux,  qui^  en  ce  mo- 
ment, font  des  efforts  inouïs  pour  faire  triompher  les  principes 
de  l'hérédité  du  mal,  de  la  contagion  de  la  panachure  par  ino- 
culation, de  l'influence  de  la  greffe  sur  le  sujet,  et  réciproque- 
ment, de  l'hybridation  par  les  sèves,  etc.,  etc. 

Depuis  quelques  années,  ces  idées  ont  pris  de  la  consistance 
auprès  de  certains  savants  distingués,  qui  n'ont  cependant  rien 
de  panaché  dans  le  cerveau,  du  moins  il  n'y  paraît  pas  exté- 
rieurement. 

J'ai  déjà  parlé  de  l'influence  d'une  moitié  de  Pomme  de 
terre  rouge,  sur  une  moitié  de  Pomme  de  terre  blanche;,  et 
de  l'influence  exercée  par  le  simple  voisinage  d'unPommier  de 
Châtaignier  sur  des  pommes  de  Calville  :  les  Pommes  de  terre 
avaient  produit  des  tubercules  rouges  et  blancs,  et  les  Pommes 


—  73  -- 

de  Calville  avaient  piqué  du  rouge  du  côté  du  Pommier  de 
Châtaignier.  Toutes  ces  jolies  choses  se  sont  passées  sous  le 
soleil  prussien  ;  on  n'a  fait  que  proclamer  seulement  la  véra- 
cité de  ces  faits,  non  pas  sous  les  voûtes  de  l'hospice  de  Cha- 
renton,  mais  bien  à  découvert,  sous  le  beau  ciel  de  la  France. 

Aujourd'hui,  il  ne  s'agit  plus  ni  de  Pomme  ni  de  Pomme  de 
terre  ;  ce  sont  les  panachures  qui  entrent  en  lice,  les  panachu- 
res  qu'un  rien  fait  naître,  et  qu^i^ri  rien  aussi  fait  disparaître. 
•  Voici  les  faits  panachés  que  notre  confrère  et  excellent  ami 
M.  Edouard  Morren  apporte  en  faveur  de  l'influence  de  la  greffe 
sur  le  sujet. 

Un  certain  Abutilon  Thompsoni  —  importé  il  y  deux  ans  par 
M.  Veitch,  des  Indes  occidentales  ou  modernement  dit  Améri- 
que australe  —  offre  une  panachure  de  feuillage  hautement  pri- 
sée dans  le  monde  horticole,  (c  Or,  dit  M.  Morren,  cet  Abuti- 
lon a  communiqué  sa  panachure  à  diverses  autres  espèces  et 
variétés  sur  lesquelles  on  l'a  greffé.  L'expérience  réussit  parti- 
culièrement bien  avec  les  Ahutilôn  slriatum,  venosiim  eivexil- 
larium.  Si  l'on  greffe  sur  l'une  ou  l'autre  de  ces  plantes  un  ra- 
meau d' Abutilon  Thompsonii,  les  nouvelles  pousses  qu'elles  ne 
tardent  pas  à  émettre  portent  un  feuillage  non  moins  panaché 
que  le  greffon 3> 

Mais  ce  n'est  pas  tout.  Lorsqu'on  greffe  un  Abutilon  vexilla- 
rm/?2  à  feuillage  bien  vert,  sur  V Abutilon  Thompsonii  foliisvarie- 
gatisjldgveiïe  montre  bientôt  çà  et  là,  dit  M.  Morren,  sur  les 
anciennes  feuilles,  des  gouttelettes  jaunes,  qui,  en  se  multi- 
pHant,  se  confondent  en  bigarrures  de  diverses  formes,  et  les 
feuilles  nouvelles  sont  toutes  bigarrées  de  blanc. 

Plus  fort  encore.  L'infection  est  tellement  puissante  qu'il 
suffit  de  vacciner  un  Abutilon  vert  avec  un  petit  morceau  de 
pétiole  d'un  Abutilon  panaché,  pour  qu'aussitôt  toutes  les 
feuilles  du  vacciné  deviennent  bariolées  de  blanc  et  de  jaune! 
((  Tous  ces  faits,   dit  M.  Morren,   établissent  d'une  manière 


—  74  — 
incontestable  la  transmissibilité  de  la  panachure  du  feuillage 
d'une  plante  à  une  autre  par  une  sorte  d'inoculation,  et  natu- 
rellement l'influence  de  la  greffe.. .  Les  observations  que  nous 
avons  constatées  à  Liège,  dit-il,  ne  se  rapportent  pas  à  un  fait 
isolé  :  les  mêmes  phénomènes  se  sont  produits  en  Angle- 
terre, chez  M.  Lemoine  à  Nancy,  chez  M.  Van  Houtte  à 
Gand,  etc.,  etc.  5) 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  partager  les  convictions  de  mon 
ami  M.  Morren  ;  je  crains  qu'il  ne  se  soit  laissé  trop  emporter 
par  l'amour  du  merveilleux.  Pour  établir  d'une  manière  incon- 
testable l'influence  de  la  greffe  sur-  le  sujet,  il  faut  des  faits 
autrement  sérieux  que  ceux  produits  par  des  panachures 
d'Abutilon,  qui,  de  tous  les  végétaux,  est  celui  qui  se  pana- 
che et  se  dépanache  avec  la  plus  grande  facilité.  Il  est  in- 
contestable que  la  panachure  est  la  manifeslation  d'im  état 
maladif,  et  qu'elle  apparaît  tout  particulièrement  sur  les  indi- 
vidus débiles  et  chétifs  ;  M.  ]\iorren  le  reconnaît  parfaitement. 
Or,  l'amputation  que  subit  iê  sujet  greffe  n'est-il  pas  déjà  une 
cause  de  maladie,  parle  désordre  qu'elle  amène  dans  le  mou- 
vement séveux  ?  Du  reste,  je  le  répète,  il  n'y  a  pas  de  plantes 
qui  se  panachent  avec  plus  de  facilité  que  les  AbiUilon  cités  par 
l'auteur  de  la  Contagion  de  la  panachure .  On  en  f;iit  ce  qu'on 
veut  pour  ainsi  dire,  tant  la  matière  verte  des  feuilles  se  dé- 
compose facilement.  On  en  rencontre  chaque  jour  c|ui,  sans 
être  greffés,  présentent  des  rameaux  portant  des  feuilles  d'un 
beau  vert  uniforme,  et  d'autres  rameaux  qui  sont  ornés  de 
feuilles  le  plus  admirablement  panachées.  Je  montrais,  hier 
encore,  à  ls\.  HouUet,  chef  des  serres  au  Muséum,  un  jeune 
Abutilon  vexillarium  dont  tous  les  rameaux  avaient  leurs 
feuilles  inférieures  d'un  beau  vert  foncé,  quand  toutes  celles  de 
la  moitié  supérieure  des  rameaux  étaient  panachées  de  jaune 
plus  ou  moins  clair.  Ce  fait  se  présente  partout,  et  M.  Delépine 
aîné,  dans  un  article  sur  V influence  de  la  greffe  sur  le  sujet,  pu- 


—  75   — 

blié  dans  les  Annales  de  la  Société  d'horticulture  de  Maine-et- 
Loire  (1)  reconnaît  aussi,  en  parlant  de  ce  phénomène  des 
Abutilon  panachés,  «  que  quelquefois  ces  Abutilon  à  feuille 
verte  donnent,  sans  être  greffés,  quelques  scions  à  feuilles  pa- 
nachées. 

Je  ne  crois  pas  que  le  phénomène  exposé  par  M.  Morren 
contirme,  aussi  incontestablement  qu'il  le  dit^  l'influence  de  la 
greffe  sur  le  sujet,  puisque,  d'une  part,  tous  les  sujets  greffés 
avec  dès  greffons  de  variétés  panachées  ne  subissent  pas  l'af- 
fection dont  est  atteinte  la  greffe,  et,  d'antre  part,  que  le  phé- 
nomène do  variégation  se  manifeste  naturellement  sur  des  in- 
dividus des  mômes  espèces  à' Abutilon  qui  n'ont  pas  été 
greffés. 

M.  Morren  s'est  trop  hâté,  je  le  crains,  pour  poser  des  con- 
clusions en  faveur  de  l'influence  delà  greflè.  Aux  «résultats 
qui  ont  été  répétés,  dit-il,  plusieurs  centaines  de  fois,  »  je 
pourrais  opposer  des  milliers  de  résultats  obtenus  et  répétés 
chaque  année  sur  plusieurs-centaines  d'espèces  et  variétés,  et 
qui  établissent  aussi,  d'une  manière  incontestable,  C]ue  la 
greffe  n'exerce  aucune  influence  sur  le  sujet,  pas  plus  que  le 
sujet  sur  la  greffe.  S'appuyer  sur  des  panachures,  surtout  des 
panachures  de  malvacées,  pour  consolider  les  principes  de  cette 
influence,  élaborés  en  Allemagne,  c'est  s'appuyer  sur  une 
chose  plus  fragile  encore  que  la  fragilité  humaine. 

F.  Heringq. 


OBSERVATIONS  SUR  UN  DIOSPYROS  DE  LA  CHINE 
A  FRUIT  COMESTIBLE. 

Le  Garclenefs  Chronicle,  dans  son  numéro  du  8  janvier  der- 
nier, a  publié  une  lettre  très-intéressante  de  M.  Decaisne  que 

(1)  1869,  3*  trimestre,  page  494. 


—  Te- 
nons ci'oyons  devoir  reproduire,  car  elle  concerne  une  espèce 
de  Diospyros  ou  Plaqueminier  à  fruit  comestible  propre  au 
climat  du  nord  de  l'Europe,  et  qui  a  été  confondu  par  un  cer- 
tain auteur  avec  le  Diospyros  k'aki.  En  voici  la  traduction  : 

F.  H. 
Monsieur, 

Vous  avez  si  souvent  et  avec  tant  de  raison  appelé  l'attention 
de  vos  lecteurs  sur  le  tort  que  causent  à  l'horticulture  les 
noms  incorrects  donnés  aux  plantes,  que  je  vous  demande  la 
permission  d'appeler  l'attention  sur  une  de  ces  erreurs^  pour 
qu'elle  puisse  être  corrigée  aussi  promptement  que  possible. 
Dans  le  numéro  d'août  i869  de  la  Revue  horticole,  p.  284, 
a  été  insérée  une  note  sur  la  floraison  et  la  fructification,  au 
Muséum,  d'un  Diospyros,  auquel  l'auteur  de  l'article  donne  le 
nom  du  vrai  Diospyros  kaki.  Ce  prétendu  vrai  Kaki  difi'ère 
considérablement  de  l'espèce  décrite  par  Ksempfer,  qui  est 
un  arbuste  appartenant  aux  régions  chaudes  et  tempérées  de 
la  Chine.  La  plante  cultivée  en  plein  air  au  Muséum  est,  au 
contraire,  une  espèce  de  la  Mongolie  et  du  nord  de  la  Chine 
qui  a  été  décrite,  il  y  a  déjà  40  ans,  par  M.  de  Bunge,  sous  le 
nom  de  Diospyros  Schi-tse,  h  la  page  42  de  l'énumération  des 
plantes  du  nord  de  la  Chine.  Elle  est  connue  à  Pékin  sous  le 
nom  de  Kai-tsame-Tsen. 

L'auteur  de  l'article  publié  par  la  Revue,  ayant  appris  que  la 
plante  cultivée  au  Muséum  n'était  pas  le  vrai  Kaki  (1)  lui  donna 
aussitôt  le  nom  de  Diospyros  costata,  comme  s'il  s'agissait  réel- 
lement d'une  nouvelle  espèce,  kii  appliquant,  en  outre,  un  nom 
fort  mal  choisi,  puisqu'il  indique  un  état  anormal  du  fruit. 
C'est  ainsi  que  le  même  auteur  a,  en  peu  de  mois,  donné  deux 
noms  àlamême  plante,  et  commis  conséquemment  deux  graves 


(1)  C'est  le  professeur  de  culture  qui  le  prévint  bienveillamment  qu'il  avait 
fait  confusion.  F.  H. 


—  77  — 

erreurs  :  l'une  en  enregistrant  la  fructification,  sous  le  climat 
de  Paris,  d'une  espèce  originaire  de  contrées  chaudes,  l'autre 
en  donnant  un  nom  nouveau  à  un  arbre    décrit  avec  grand 
soin  il  y  a  40  ans  (1831).  Le  Diospyros  Schi-tse,  de  Bunge,  dif- 
fère sous  beaucoup  de  rapports  du  D.  kaki;  ses  feuilles  sont 
complètement  glabres,  de  forme  elliptique,  courtement  acumi- 
nées  ;  ses  fleurs  sont  solitaires  ;  le  calice  est  soyeux  dans  la  partie 
cachée  par  le  fruit  qui  atteint  souvent  le  volume  d'une  grosse 
Pêche,  et  qui  est  de  couleur  brun  orange  ou  rouge  foncé.  Ces 
fruits,  comme  le  remarque  M.  Bunge,  contiennent  de  8  à  12 
graines,  ou,  plus  communément,  sont  complètement  dépourvus 
de  noyaux,  ce  que  constatent  les  lettres  que  j'ai  reçues  de  Chine 
de  MM.  Eugène  Simon  et  A.  David,  qui  m'ont,  en  outre,  adressé 
des  dessins  de  ce  fruit.  Je  n'aurais  pas  pris  la  peine  de  relever 
ces  erreurs,  si  elles  ne  faisaient  pas  un  tort  réel  à  l'horticul- 
ture, et  si  elles  n'étaient  pas  de  nature  à  égarer  les  amateurs, 
en  leur  faisant  considérer  la  culture  du  D.  kaki  comme  propre 
à  réussir  dans  le  nord  de  l'Europe.  Comme  je  crois  que  le  Dios- 
pyros Schi-tse  est  le  seul  qui  soit  suiïisamment  rustique  pour 
prendre  rang  parmi  les  arbres  fruitiers  de  l'Europe  septen- 
trionale, j'ai  jugé  qu'il  élait  à  propos  de  publier  le  vrai  nom 
sous  lequel  il  devait  être  désigné  et  propagé.  On  doit  laisser 
le  fruit  du  Diospyros  Schi-tse  complètement  blettir  avant  de  le 
manger  ;  son  goût  rappelle  celui  de  la  marmelade  de  Prunes 
ou  d'Abricots.  On  en  consomme  de  grandes  quantités  à  Pé- 
kin, où  le  Kaki  ne  peut  parvenir  à  maturité. 

J.Decaisne, 

Professeur  de  cullurc  au  Muséum.  (Jardiu 
des  plantes  de  Paris.) 


—  78  -- 

TAGSONIA  ERIANTHA  (PI.  III). 

Cette  magnifique  plante,  de  la  famille  des  Passiflores,  que 
M.  Bentham  .considère  comme  une  espèce  nouvelle,  a  été  dé- 
couverte de  1841  à  1843  par  le  voyageur  botaniste  Tliéodor 
Hartweg,  collecteur  de  la  Société  horticulturale  de  Londres,  qui^ 
à  cette  époque,  explorait  les  régions  australes  de  l'Amérique, 
comprenant  les  provinces  de  Guayaquil ,  les  montagnes  de 
Loxa,  les  Andes  de  Quito,  la  Nouvelle-Grenade,  particulière- 
ment les  environs  de  Bogota  et  les  bords  de  la  Madeleine. 

Hartweg  ne  l'avait  observée  que  cultivée  dans  les  cours  et 
jardins  de  Quito,  et  jamais  à  l'état  sauvage.  Il  ne  paraît  même 
pas  l'avoir  introduite  vivante  en  Europe,  car  ce  n'est  c[ue  dans 
ces  dernières  années  que  le  commerce  anglais  l'a  propagée  et 
qu'elle  a  passé  le  détroit  ;  elle  est  actuellement  chez  les  hor- 
ticulteurs français  qui  tiennent  la  nouveauté. 

Son  introduction,  à  l'état  vivant,  est  due  au  professeur  Ja- 
messon,  qui  l'.a  trouvée  sauvage  dans  les  forêts  des  Andes 
tempérées  de  la  Nouvelle-Grenade,  près  du  volcan  de  Pi- 
chincha,  entre  3,300  à  4,300  mètres  d'altitude.  On  peut  la  con- 
sidérer comme  acquise  à  la  serre  tempérée  et  même  au  jardin 
d'hiver. 

Comme  aspect  et  comme  couleur  de  fleurs,  le  Tacsonia 
eriantha  ressemble  beaucoup  à  l'ancien  Tacsonia  mollissima  ; 
oh  serait  tenté  de  dire  que  c'est  lui.  Si  le. professeur  Jamesson 
ne  le  décrivait  pas  comme  une  plante  a  native  of  the  volcano 
of  Pichinclia,  »  j'en  ferais  hardiment  une  simple  variété 
sortie  du  T.  mollissima,  qui  est  très  communément  cultivé 
dans  les  jardins  de  Quito .  Quoi  qu'il  en  soit,  voici  ce  qu'il  est  : 

Sa  tige  est  grimpante,  glabre,  anguleuse,  garnie  de  feuilles 
alternes,  munies  de  stipules  comme  demi-circulaires  dentées  et 
terminées  par  une  arête.  Le  pétiole,  qui  mesure  4  centi- 
mètres environ  de  longueur,  porte,  vers  son  sommet,  2,  4  eut) 


_.  79  — 

glandes  ;  le  limbe  est  large  de  16  à  18 centimètres  et  profondé- 
ment partagé  en  trois  lobes  ovales  bordés  de  petites  dents  cal- 
leuses; la  face  supérieure  est  glabre,  et  l'inférieure,  tomen- 
teuse^  blanche  entre  les  nervures,  est  marquée  d'un  élégant 
réseau  noirâtre.  Les  fleurs  sont  solitaires  à  l'aisselle  des 
feuilles:  elles  sont  portées  par  un  pédoncule  long  de  3  à  4 
centimètres,  garni,  à  son  sommet,  de  bractées  foliacées  soudées 
entre  elles,  longues  de  3  centimètres,  tomenteuses,  blanches  et 
veinées  comme  la  face  inférieure  des  feuilles.  Le  calice  a  un 
tube  cyhndrique  long  de  10  à  12  centimètres,  d'un  beau  vert 
clair^  et  qui  est  couronné  par  5  divisions  oblongues  d'une 
belle  et  fraîche  couleur  rose,  avec  une  large  nervure  dor- 
sale vert  jaunâtre.  Les  cinq  pétales  sont  similaires,  c  est-à-dire 
qu'ils  ressemblent  aux  divisions  calicinales,  moins  la  nervure 
dorsale  verte  qui  n'existe  pas.  Ouant  à  la  couronne  qui  garnit 
la  gorge,  elle  n'apporte  rien  à  l'éclat  de  la  fleur  ;  elle  est 
composée  de  petites  écailles  qui  ne  peuvent  intéresser  que  le 
botaniste.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  étamines  à  anthères  d'or 
et  de  l'ovaire  surmonté  de  ses  trois  clous  pistillaires  ;  ce 
sont  des  accessoires  charmants  qui  ajoutent  à  la  beauté  de  cette 
magnilique  et  curieuse  tleur. 

Le  Tacsonia  erianlha  ne  manquera  pas  d'amateurs  et  d'ad- 
mirateurs. 

La  culture  du  Tacsonia  moUissima  s'applique^  en  tout  point, 
d  ce  nouveau  venu.  Il  pourra  certainement  supporter  la  pleine 
terre  dans  les  jardins  du  midi  de  la  France  ;  mais,  sous  le 
climat  de  Paris,  il  lui  faudra  l'abri  d'une  terre  tempérée  ou 
d'un  bon  jardin  d'hiver. 

En  général,  les  Tacsonia  sont  tous  de  magnifiques  plantes 
d'ornement  ;  malheureusement  ils  fleurissent  très-rarement 
en  Europe.  Ce  n'est  pas  par  suite  de  tempérament  délicat, 
bien  au  contraire  ;  ce  sont  des  plantes  très-rustiques  qui  crai- 
gnent la  trop  forte  chaleur.  C'est  la  haute  température  qu'on 


—  80  — 

leur  applique  généralement  qui  nuit  à  leur  floraison  et  qui 
détermine  l'enYahisseraent  des  poux  collants. 

Pour  en  obtenir  une  belle  végétation,  une  floraison  assu- 
rée et  brillante,  il  faut  les  planter  en  pleine  terre  dans  une 
serre  ou  jardin  d'hiver  tempéré,  dans  la  partie  la  mieux 
éclairée  et  bien  ventilée.  En  leur  donnant,  en  outre,  une  bonne 
terre  mêlée  de  terreau  de  feuilles  et  de  fréquents  seringages 
pendant  la  belle  saison,  on  peut  être  assuré  d'un  plein  succès. 
Il  va  sans  dire  qu'il  faut  les  rabattre  tous  les  ans  pour  éviter 
l'encombrement. 

Le  meilleur  mode  de  multiplication  est  le  bouturage  ;  on 
tient  les  boutures  étouffées  sous  cloche  et  sur  couche  chaude. 

0.  Lesguyer. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Vanétés  iardiniires. 

Pétunia.  On  doit  à  M.  Rendatler,  de  Nancy,  une  belle  série 
de  variétés  de  cette  plante.  Les  variétés  à  fleurs  doubles  den- 
telées sont  :  Emile  Hafarin,  blanc  de  neige  pur  avec  les  lobes 
frangés  ;  Jlplwnse  Carême,  plante  naine,  rose  vif  carminé, 
taché  et  rubané  d'argent  ;  Canal  de  Suez,  semi-double  blanc 
porcelaine,  avec  centre  orné  d'une  rosace  maculée  violet  j 
Eléonore,  blanc  taché  de  violet  ;  Kœichen  Buchner,  blanc  ma- 
culé lilas  ;  M"'^  de  Mazure,  rose  groseille  des  Alpes,  bordée 
de  blanc  avec  reflets  carminés.  Les  doubles  non  dentelées 
sont  ;  Ami  Cosle,  blanc  avec  réseau  rose  ;  Elise  Rochefort,  blanc 
rayé  violet  pourpre  ;  F.  Herincq,  blanc  bordé  et  réticulé  de 
couleur  mauve  ;  Gerson,  blanc  avec  larges  macules  rose  cent 
feuilles  ;  Gustave  Lambert,  rose  tendre  veiné  réticulé  carmin 
et  moucheté  de  blanc  ;  Joséphine  Scheurer,  blanc  taché  de  hlas, 
avec  cercle  blanc  ;  Lambliu,  violet  sablé  blanc  ',Léon  Lapré- 


—  81   — 

t'Oie,  amarante  velouté,  strié,  veiné,  réticulé  cramoisi  sur  fond 
blanc  ;  Malesherbes,  rose  foncé  ombré  violet;  Marie  Van  Houtte, 
blanc  nuancé  de  rose  ;  Meyerbeer,  beau  rose  cent  feuilles  liséré 
blanc  ;  Minerve,  lilas  rosé,  veiné  et  réticulé  de  cramoisi,  ma- 
culé blanc  ;  M.  Gazel,  blanc  avec  larges  taches  groseille,  et 
pétales  ornés  d'une  large  macule  carmin  ;  M'""  Gebhard,  cen- 
tre blanc  largement  bordé  violet  pensée,  liseré  blanc  ; 
M""'  Motel,  lilas  clair,  bordé  blanc,  centre  violet  pâle  ; 
M.  Burdin  aine,  rouge  cocardeau,  centre  pourpre  ;  Stanislas, 
pourpre  foncé  à  reflets  violet,  légèrement  maculé  de  blanc. 

Ses  variétés  à  fleurs  simples  sont  :  Brillant,  Buffon,  César, 
Charles  Geoffroy,  Raphaël,  Tapageur,  Ulysse. 

M.  Crousse,  de  Nancy,  en  met  aussi  au  commerce  plusieurs, 
savoir  :  dans  les  fleurs  doubles  :  Gloire  des  Pétunia,  fleur  énorme 
blanc  carné  nacré,  avec  centre  maculé  d'un  riche  pourpre 
velouté^  à  pétales  profondément  laciniés  ;  Henri  Delesalle, 
rouge  violet  foncé  fortement  maculé  et  bordé  blanc  ;  Jean 
Bose,  blanc  glacé  avec  quelques  pétales  maculés  de  lilas  ; 
Wilhelma,  rose  vif  fortement  carminé,  marginé  blanc,  à  centre 
rouge  foncé  ;  '^William  Bollisson,  blanc  à  pointes  vertes  lavé  çà 
et  là  d'une  teinte  rose  carné.  Dans  les  fleurs  simples  ce  sont  : 
Enchanteur,  Léon  Garnier,  le  Progrès. 

On  doit  à  M.  Delesalle,  horticulteur  àThumesnil,  près  Lille, 
les  Pétunia  à  fleurs  doubles  :  Talma,  Caprice  des  dames, 
Augustine  Bernard,  Admiration,  Cupidon,  M°"  Jouveneaux, 
Florian,  M.  Gelein,  Lowagie,  Aurélie  Blomir  et  Guillaume 
Aussens. 

Les  Pétunia  muUijlores  ou.  Lilliput,  forment  une  race  naine    . 
et  ramifiée,  à  petites  feuilles ,  à  fleurs  petites,  nombreuses 
et  très-mignonnes. 

M.  Bruant,  de  Poitiers,  s'est  appliqué  à  perfectionner  cette 
'  race,  et  il  en  annonce  de  nouvelles  variétés;  celles  à  fleurs 
doubles  sont  :  Sportsman,  amarante  vif,  maculé  blanc;  Charme, 
Mars  4  870.  (i 


—  82  — 

lilas  réticulé  pourpre,  bordé  blanc  lilacé  ;  Satin  blanc, 
blanc  de  satin  brillant  ;  Berthe  Fer  té,  corolle  extérieure  cra- 
moisi pourpre  très-largement  étoile  blanc  pur,  avec  rosace 
centrale  pourpre  ;  Vélocipède,  pourpre  intense  largement  ma- 
culé blanc  ;  Olympe  Dardenne,  pourpre  vif,  strié  longitudinale- 
ment  et  bordé  de  blanc.  —  Les  variétés  lilliputiennes  à  fleurs 
simples  sont  :  Constellation,  Unique,  Délicieux,  et  Muscadin. 
M.  Bruant  annonce,  en  outre,  les  variétés  à  grandes  fleurs 
doubles  :  Conseiller  Ravaud,  Jean  Sisley,  Patrie,  Fashionable, 
Baudry  et  Hamel,  la  Neige,  Trophée,  Marquise  de  Faucher, 
Jules  Menoreau.  —  Ses  variétés  à  fleurs  simples  ont  pour 

nom  :  Pégase,  Diadème,  Voie  lactée  et  Héro. 

Ern.  BoNAUD. 

[La  mite  au  prochain  numéro.). 


Le  DISA  GRANDIFLORA 

ET  LES  ORCHIDÉES  DE  SERRE  FROIDE. 

Dans  un  voyage  que  j'ai  fait  l'été  dernier,  en  Allemagne  et 
en  Hollande,  j'ai  été  très-surpris  de  voir  des  Orchidées  culti- 
vées sur  les  fenêtres,  comme  on  cultive  ici,  en  France,  la  Gi- 
roflée et  la  Jacinthe.  L'espèce  la  plus  répandue  est  celle  qui 
porte  le  nom  de  Disa  grandi flora.  C'est  une  des  plus  belles 
Orchidées,!  par  ses  magnifiques  fleurs  de  couleur  éearlate  vif. 
J'en  ai  vu  de  très-beaux  pieds,  chez  un  horticulteur  d'Amster- 
dam, M.  Groenewegen,  qui  venait  d'en  recevoir  directement 
un  fort  envoi  du  cap  de  Bonne-Espérance.  Sa  culture  est 
des  plus  faciles  :  on  la  plante  dans  de  la  terre  de  bruyère 
mêlée  de  terre  tourbeuse  et  de  sphagnum,  et  l'hiver  on  la 
rentre  simplement  en  serre  froide.  C'est  une  plante  très-recom^ 
mandable. 

En  Angleterre,  la  culture  des  Orchidées  de  serre  froide  est 
également  en  grande  vogue,  et  les  résultats  objtenu^,  en  Bel- 


83   - 


gique,  dit  M.  Linden,  de  Bruxelles,  sont  réellement  merveil- 
leux. Telles  espèces,  cultivées  en  principe  dans  la  serre 
chaude  où  elles  ne  produisaient  que  des  hampes  chétives  et 
des  fleurs  réduites  de  moitié,  deviennent  méconnaissables  par 
leur  beau  développement,  lorsqu'on  les  soumet  à  une  tempé- 
rature analogue  à  celle  des  hautes  régions  de  la  chaîne  des 
Andes. 

La  culture  en  serre  froide,  c'est-à-dire  chauffée  à  la  tempé- 
rature des  Camellia,  produit  une  floraison  et  une  végétation 
plus  puissantes  que  celles  obtenues  en  haute  serre  chaude, 
et  elle  a  l'avantage  de  permettre  aux  amateurs  de  circuler 
dans  la  serre  sans  craindre  les  transitions  subites  de  tempé- 
rature si  dangereuses  pour  la  s;mté. 

Voici,  d'après  M.  Linden,  de  Bruxelles^  et  M.  William  Bull, 
de  Chelsea  (Angleterre),  un  choix  d'espèces  qui  conviennent 
particulièrement  [)Our  la  culture  en  serre  froide. 

Nous  pourrions  citer  encore  beaucoup  d'autres  espèces  ; 
mais  nous  croyons  qu'avec  la  liste  que  nous  avons  dressée, 
les  amateurs  pourront  trouver  de  quoi  garnir  une  serre  froide 
d'une  certaine  étendue;  espérons  que  la  culture  des  Orchi- 
dées obtiendra  en  France  la  même  vogue  qu'en  Angleterre  et 
dans  les  pays  voisins. 


Aerides  Warneri. 
Anguloa  eburnea. 
Arpophyllum  spicatum. 
Barkeria  melanocaulon. 
^ —     Skinneri. 

—  spectabiHs. 
Brassavola  glauca. 

—  nodosa. 
Brassia  cinnabarina. 

—  cinnamomea. 

—  verrucosa  major. 


Calanthe  veratrifolia. 
Cattleya  Acklandiae. 

—  citrina. 

—  crispa. 

—  guttata. 

—  labiata . 

—  maxima. 

—  Mossiae. 

—  Skinneri. 

—  Trianaae. 

~-        —     splendens. 


—  84  — 


Cœlogyne  cristata, 

—  speciosa. 
Cymbidium  Mastersii. 
Cypripedium  barbatum. 

—  —     superbum. 

—  concolor. 

—  Fairrieanum. 

—  hirsutissimum. 

—  Hookeri. 

—  insigne, 

—  —     Maulei. 
Cypripedium  purpuratum, 

—  Pearcei. 

—  venustnm. 
Dendrobium  calceolaria. 

—  chrysanthum. 

—  speciosum . 
Didactyle  meridensis. 

—     Iripetala. 
Epidendrum     atro  -  purpu- 
reum. 

—  Brassavolae. 

—  campylostaiix. 

—  erubescens. 

—  prismatocarpum. 

—  Sophronitis. 

—  verrucosum. 

—  virens . 

—  virgatum. 

—  vitellinum. 
Eriopsis  biloba. 
Laelia  acuminata. 

—  alba. 


Ltclia  autumnalis. 

—  furfuracea. 

—  majalis. 

—  Perrini. 

—  superbiens. 
Lycaste  aromatica. 

—  aurantiaca, 

—  balsamea. 

—  costata. 

—  cruenta. 

—  Deppei. 

—  lanipes. 

—  macrophylla. 

—  Reichenbachi. 
Masdevallia  civilis . 

—  coccinea. 

—  leontogiossa. 

—  ochthodes. 

—  obscura . 

—  pumila. 
Maxillaria  acutipetaia. 

—  leptosepala. 

—  luteo-alba. 

—  nigrescens. 

—  ochroleuca. 

—  pic  ta. 

—  splendens. 

—  venusta. 

—  tenuifolia. 
Meiracyllium  Sophronotis. 
Mesospinidium  sanguineum. 
Nasonia  punctata. 
Odontoglossum  Alexandra?. 


85  — 


Odontoglossum     Alexandrie 
var.  TriaïifBi. 

—  —     var.  Bowmanni. 

—  angustatum. 

—  astranthum.    ' 

—  auro-piirpureiim . 

—  .bictoniense. 

—  brevifolium. 

—  cariniferum. 

—  Gervantesii . 

—  cirrosum. 

—  citrosmiim. 

—  conslrictuii). 

—  cordatum .. 

—  cristatum. 

—  crocatiim. 

—  coronarium. 

—  ■  densiflorum. 

—  gloriosurii. 
• —  grande. 

—  Halli. 

—  Krameri. 

—  lœve . 

—  Lindleyanum. 

—  luteo-purpureum. 

—  maculatum. 

—  membranaceum. 

—  myanthum. 

—  naevium. 

—  nebulosuni. 

—  odorat  um. 

—  pardinum . 

—  Pescatorei. 


Odontogloss.  phaloenopsis. 

—  prasinura. 

—  pulchellum. 

—  radiatum. 

—  ramosissimum. 

—  Riche  nheimi. 

—  roseum. 

—  Schlieperianiim. 

—  Schlimi. 

—  stellatum. 

—  triumphans . 

—  Cro-Skinneri . 

—  zebrinum. 
Oncidium  abortivnm. 

—  abruptum. 

—  acinaceum. 

—  andigenum . 

—  aurosum. 

—  bifolium. 

—  calanthum. 

—  crispum. 

—  cucuUatum. 

—  falcipetalum. 

—  hastalum. 

—  incurvum. 

—  le.ucochilum. 

—  linguiforme. 

—  macranthum. 

—  nubigenum. 

—  ornilhorynchum. 

—  phalœnopsis. 

—  serratum. 

—  splendidum. 


—  86 


Oncidium  superbiens. 
Pleione  Wallichianca . 
Restrej)ia  antennifera . 
Sobralia  dichotoma. 

—  lilacina. 

—  macrantha. 

—  rosea. 

—  Ruckeri. 

—  violacea. 
Sophronitis  cernua. 


Sophronitis  coccinea. 

—  grandiflora. 

—  violacea . 
Trichoceroa  muralis . 

—  platyceros. 
Trichopilis  maculata. 

—  sanguinolenta. 

—  suavis. 

—  tortilis. 

—  Tiirialvœ. 


Eug.  DE  Martragny 


DE  LA  GRAINE  ET  DES  SEMIS. 

Tout  être  organisé,  animal  ou  végétal,  naît  d'un  œuf,  du- 
quel il  sort  après  un  temps  plus  ou  moins  prolongé  d'incuba- 
tion, ou  autrement  dit  de  couvage. 

L'incubation  de  l'œuf  est  tantôt  interne  ou  sur  la  mère  même, 
et  alors  l'individu  apparaît  débarrassé  de  son  enveloppe  ;  c'est 
ce  qui  arrive  pour  les  êtres  dits  vivipares.  Ce  phénomène  se 
produit  dans  le  règne  animal  et  est  particulier  aux  animaux 
mammifères  :  il  est  très-rare  dans  le  règne  végétal,  et  encore 
doit-on  le  regarder  plutôt  comme  une  monstruosité  que  comme 
un  fait  naturel.  On  l'observe  néanmoins,  très-communément, 
chez  plusieurs  espèces  du  genre  Allium  et  notamment  la  Ho- 
cambolle,  l'Ail,  VEchalotte  dont  les  inflorescences  sont  garnies 
de  nombreuses  petites  bulbilles  qui  opèrent,  souvent,  leur  pre- 
mier développement  ou  germination  sur  la  plante  mère;  on 
en  trouve  encore  un  exemple  chez  certains  sujets  du  Poa  bul- 
bosa,  qui  portent,  au  sommet  de  leurs  tiges,  des  petites  plantes 
germées  en  guise  de  fleurs,  etc. 

D'autres  fois    l'incubation    est  externe,    c'est-à-dire  que 


—  87  — 

l'œuf  est  d'abord  expulsé  de  l'individu  mère,  et  ensuite  couvé, 
ou,  autrement  dit,  placé  dans  des  conditions  favorables  à 
l'accomplissement  de  certains  phénomènes  vitaux,  pour  dé- 
terminer l'éclosion  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  chez  les  oiseaux,  les 
poissons,  et  pour  toutes  les  plantes.  Tous  les  êtres  qui  nais- 
sent ainsi,  sont  appelés^,  pour  cette  raison,  des  êtres  ovipares. 
Dans  le  règne  animal,  c'est  la  mère  qui  couve  ses  œufs;  dans 
le  règne  végétal,  c'est  la  terre  qui  est  la  couveuse. 

Pour  l'œuf  animal,  la  chaleur  est  le  seul  agent  nécessaire  à 

l'accomplissement  du  phénomène  de  l'éclosion  ;  et  chacun  sait 

"  que  l'œuf  qui  subit  un  refroidissement,  par  l'abandon  trop  pro- 

.  longé  de  la  couveuse,  ne  parvient  pas  au  but  final  :  l'animal 

meurt  dans  la  coquille. 

La  graine  ou  œuf  végétal  exige  aussi,  pour  germer  ou 
éclore,  une  certaine  somme  de  chaleur  ;  mais,  en  outre,  il  lui 
faut  de  l'air  et  de  l'humidité  proportionnés  au  degré  de  la 
température  du  sol,  et,  comme  l'œuf  animal,  elle  ne  germe  pas 
si  elle  subit  une  trop  grande  fluctuation  dans  les  degrés  de  cha- 
leur, d'air  et  d'humidité.  De  même,  un  milieu  trop  chaud 
sans  humidité  dessèche  et  tue  le  germe.  Sous  l'influence 
d'une  grande  sécheresse,  les  phénomènes  chimiques  qui  doi- 
vent préparer  les  aliments  au  jeune  embryon  ne  se  produisent 
pas,  et  le  germe  meurt  ainsi  d'une  sorte  d'inanition  au  milieu 
de  l'abondance.  Enfin  trop  d'humidité  décompose  ou  fait  pour- 
rir la  graine,  sans  provoquer  le  moindre  développement  du 
germe  qui  meurt  de  la  putridité. 

11  importe  donc,  comme  on  voit,  de  placer  œufs  ou  graines 
dans  le  milieu  qui  convient  à  chacun  d'eux,  et  de  les  y 
maintenir,  avec  le  moins  possible  de  variations,  jusqu'au  jour 
de  l'éclosion  ou  de  la  germination. 

Mais,  s'il  suffit  de  placer  un  œuf  sous  une  couveuse  pour  en 
obtenir  cette  éclosion,  il  ne  faut  pas  croire  que  la  chose  soit 
aussi  simple  pour  déterminer  la  germination  de  la  graine." 


—  88  — 

Le  même  milieu  ne  convient  pas  à  toutes  les  graines  ;  car 
toutes  n'ont  pas  la  même  structure.  Elles  diffèrent  essentielle- 
ment suivant  les  espèces  auxquelles  elles  appartiennent  ;  de  là 
des  conditions  différentes  pour  l'accomplissement  des  phéno- 
mènes précurseurs  de  la  germination  ;  delà,  aussi,  naturelle- 
ment, des  milieux  différents  pour  faire  les  semis.  Or,  ou  ne  peut 
connaître  le  milieu  qui  convient  spécialement  à  telle  espèce  de 
graine,  qu'en  connaissant  bien  sa  structure  intérieure.  Par 
conséquent,  une  petite  promenade  dans  le  domaine  de  la 
science,  avant  d'abandonner  nos  graines  à  leur  couveuse,  ne 
peut  que  nous  aider  à  trouver^  d  priori,  les  meilleures  condi- 
tions de  germination  qui  conviennent  à  chacune  de  celles  que 
nous  pourrons  avoir  à  confier  à  la  terre  ;  nous  allons  faire  cette 
promenade  pittoresquement,  le  moins  ennuyeusemenk  possible. 

Donc,  ce  bel' arbre  qui  est  là-bas,  au  fond  de  votre  jardin, 
et  dont  la  cime  dépasse  de  beaucoup  le  mur  de  clôture,  pro- 
vient de  bien  peu  de  chose  ;  il  a  cela  de  commun,  du  reste,  avec 
nous,  grands  orgueilleux  que  nous  sommes  ;  vous  ne  vous  en 
doutez  pas.  Voici  son  origine  et  son  histoire  : 

Il  était  une  fois  un  bel  et  grand  arbre  appartenant  à  la  même 
espèce  que  le  vôtre,  et  qui  était  tout  couvert  de  fleurs.  Une 
d^elles  toutefois  n'était  pas  encore  épanouie  ;  le  bouton  était 
même  très-petit.  Néanmoins  il  contenait  un  ovaire,  au  fond  du- 
quel on  pouvait  distinguer,  avec  une  forte  loupe,  un  tout  petit 
mamelon,  plein  comme  une  pomme  de  terre,  et  composé  de 
myriades  de  cellules  invisibles  à  la  loupe,  mais  que  le  micros- 
cope montrait  toutes  semblables  entre  elles.  Quelques  jours 
après,  le  bouton  ayant  grossi,  on  vit  que  le  mamelon  s'était 
un  peu  allongé,  et,  vers  sa  base,  on  apercevait,  à  l'aide  de  la 
loupe,  comme  une  sorte  de  bourrelet  circulaire  ;  un  peu.  plus 
tard,  il  offrait  un  second  bourrelet  au-dessous  du  premier. 

Ces  deux  bourrelets  n'étaient  pas  —  comme  bien  on  pense  — 
pour  le  garantir  contre  les  chutes  qu'il  pourrait  faire;  ils 


—  89  — 

étaient  les  premières  ébauches  des  deux  espèces  de  sacs  qui 
devaient  constituer  plus  tard  l'enveloppe  de  la  graine. 

En  effets  huit  ou  dix  jours  après,  le  petit  mamelon  avait  dis- 
paru; les  deux  bourrelets  s'étaient  allongés  en  s'amincissant, 
et  tellement  allongés  qu'ils  formaient  comme  deux  fourreaux 
emboités  l'un  dans  l'autre  et  ^ enveloppant  complètement  le 
mamelon^  excepté  son  sommet  ;  on  l'apercevait  par  un  tout 
petit  trou  qu'avaient  laissé  les  deux  fourreaux  ou  enveloppes, 
et  que  les  botanistes  ont  nommé  micropyle. 

Ainsi,  ce  petit  mamelon  que  nous  avons  vu  complètement 
nu  au  début,  s'était  vêtu  en  quelques  jours  —  qu'on  me  passe 
cette  comparaison  pittoresque  —  d'un  gilet  de  flanelle  et  d'une 
chemise  ;  seulement  il  avait  mis  le  tout  par  dessus  sa  tète, 
et  c'est  l'ouverture  du  col,  de  ces  deux  vêtements,  qui  a  constitué 
le  micropyle.  Dans  cet  état,  il  était  ce  qu'on  appelle  un  ovule  ; 
c'est  la  première  enfance  de  la  graine.  Comme  chaque  chose 
doit  avoir  un  nom  pour  mieux  la  désigner  quand  on  en  parle, 
M.  Mirbel  a  nommé  pri7nine%  fourreau  extérieur  ou  che- 
mise; et  secondine,  le  fourreau  intérieur  ou  gilet  de  flanelle. 
Quant  au  mamelon  ainsi  renfermé  dans  sa  double  enveloppe, 
on  l'appelle  ou  niicleus  ou  nucelle ,  ce  qui  veut  dire  noyau. 

Jusque-là  ce  mamelon  nucellaire  était  resté  plein;  mais  aus- 
sitôt qu'il  fut  enveloppé  de  toute  part,  il  se  fit  en  lui  uiie  sorte 
de  révolution  :  une  des  cellules  qui  le  composaient  —  la  cel- 
lule la  plus  centrale  —  prit  tout  à  coup  un  très-grand  déve- 
loppement; elle  absorba  celles  qui  l'entouraient,  refoula  les 
autres  vers  la  circonférence,  et  ili  en  est  résulté,  que  ce  ma- 
melon interne  ou  noyau  s'est  trouvé  creusé  et  composé  alors  : 
d'une  épaisse  membrane  que  M.  Mirbel  appelle  tercine,  d'une 
cavité  centrale  tapissée  par  la  paroi  même  de  cette  grande 
cellule  nommée  quiniine  par  le  même  auteur,  et  sac  embryon- 
naire par  M.  Adolphe Brongniart. 

Mais  la  quartine,  va-t-on  dire,  où  est-elle?  Elle  est  seule- 


—  90    - 

ment  dans  le  beau  mémoire  de  M.  Mirbel  sur  l'ovule  ;  comme 
la  planète  Leverrier,  nul  n'a  encore  pu  l'apercevoir  ailleurs. 
Il  n'y  a  donc  pas  de  honte  à  se  tromper,  puisque,  quand  on  se 
trompe,  c'est,  comme  on  voit,  en  illustre  compagnie. 

Le  moment  où  le  sac  embryonnaire  se  formait  était  aussi 
le  moment  où  le  bouton  s'ouvrait.  On  s'aperçut  alors  que  l'in- 
térieur de  ce  sac  était  rempli  d'un  liquide  plus  ou  moins  dense 
nommé  liquide  protoplasmique,  et  que  son  sommet,  corres- 
pondant au  micropyle  ou  petit  trou  des  enveloppes  primine  et 
secondine,  était  occupé  par  deux  petites  cellules  accolées  l'une 
à  l'autre.  Voilà,  mon  cher  lecteur,  l'origine  de  votre  bel  arbre 
de  là-bas.  C'est,  en  effet,  une  de  ces  deux  cellules,  nommées 
vésicules  embryonnaires,  qui  est  devenue  lui.  Vous  voyez  qu'il 
provient  de  bien  peu  de  chose.  Mais  comment  s'est  opérée  cette 
fameuse  transformation?  demanderait-on.  Très-simplement, 
comme  opère  toujours  la  nature. 

A  peine  la  fleur  était-elle  épanouie,  que  les  anthères  s'ouvri- 
rent et  laissèrent  échapper  le  pollen.  Un  grain  alla  tomber  sur 
le  stigmate  ou  tète  de  l'ovaire,  et  là,  au  dire  des  savants,  il 
aurait  émis  un  tube  qui  s'est  allongé,  allongé,  allongé,  en 
pénétrant  au  travers  du  tissu  conducteur,  qui  remplit  le  cou  de 
l'ovaire,  scientifiquement  n^ommé  style,  et  serait  parvenu  jus- 
qu'au sommet  de  la  cavité  ovarienne  où  résidait  l'ovule  muni 
de  ses  deux  vésicules  embryonnaires.  Arrivé  là,  l'extrémité  de 
ce  tube  pollinique  aurait  cherché  le  micropyle;  l'ayant  trouvé, 
toujours  au  dire  de  la  science  officielle,  il  s'y  serait  engagé,  et, 
rencontrant  enfin  le  point  où  se  trouvaient  les  deux  vésicules 
embryonnaires,  il  l'aurait  touché  plus  ou  moins  délicatement, 
selon  les  auteurs,  en  prononçant  ces  paroles  adressées  aux  sus- 
dites vésicules  :  «  Je  vous  apporte  la  vie  ;  allez,  croissez  pour 
muitipher  !  y> 

A  partir  de  ce  moment,  on  vit,  en  effet,  se  produire  le  triste 
phénomène  de  l'absorption  du  plus  faible  par  le  plus  fort.  De 


—  91  -- 
même  que  Caïn  tua  son  frère  Abel  pour  n'avoir  plus  à  partager 
la  nourriture  avec  lui,  de  môme  une  des  vésicules  embryonnai- 
res absorba  l'autre  pour  n'avoir  pas  à  partager  l'aliment  proto- 
plasmique  qui,  alors,  s'organisa  en  cellules  tout  autour  d'elle 
pour  former  le  fœtus  végétal,  c'est-à-dire  l'embryon. 

A  mesure  que  cet  embryon  s'organisait  ainsi,  on  vit  la  tleur 
perdre  de  sa  fraîcheur,  et  l'ovaire  grossir  ;  la  corolle  se  tlé- 
trissait  de  plus  en  plus  ;  elle  finit  un  jour  par  se  dessécher  et 
tomber;  l'ovaire  devint  un  peu  plus  tard  fruit,  et  l'ovule 
devenait  graine  renfermant  dans  son  sein  la  petite  plantuliî 
parfaite  qui  est  devenu  ce  grand  arbre  !  !  ! 

N'est-ce  pas  que  c'est  beau  le  travail  de  la  nature!  et  comme 
l'étude  des  phénomènes  qui  président  à  la  création  d'une  plante 
la  plus  insignifiante  est  bien  autrement  intéressante  que  l'étude 
de  toutes  ces  impuretés  littéraires,  artistiques  et  théâtrales,  dans 
laquelle  se  plonge,  néanmoins,  l'immense  majorité  delà  géné- 
ration actuelle  !  Et  dire  qu'il  y  a  des  gens  qui  osent  demander: 
((.  A  quoi  que  ça  sert  de  Connaître  la  botanique?  »  Maliieureux  ! 
qui  ne  connaissez  que  les  joies  du  patinage  sur  le  lac  d'un 
bois  de  Boulogne  quelconque,  et  qui  demandez  au  théâtre  du 
Châtelet  ou  autre  l'ahment  nécessaire  au  développement  de 
votre  intelHgence,  je  vous  plains  de  tout  mon  cœur.  Le  spec- 
tacle qu'offre  l'étude  de  la  botanique  développe  bien  autres 
ment  les  facultés  intellectuelles,  et  il  n'altère  ni  les  nobles 
sentiments  du  cœur,  ni  la  salubrité  du  corps ! 

F.   Herincq. 

{Lo  suite  ou  prochnin  numéro). 


NOTIONS   DE    TAILLE   SANS    PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE. 

Les  professeurs  et  auteurs  de  livres  sur  la  taille  des  arbres 
fruitiers  s'empressent,  plus  que  jamais,  de  faire  intervenir  la 


—  92  — 

fameuse  formvile  :  ce  d'après  les  lois  sublimes  de  la  physiologie 
végétale  »,  pour  donner  une  petite  teinte  scientifique  à  leur 
enseignement.  Ils  ignorent  que  le  mot  lois  effraye  toujours  les 
plus  paisibles  et  les  plus  honnêtes  amis  de  Pomone,  qui  trem- 
blent alors  de  voir  apparaître  un  huissier  porteur  d'une  feuille 
de  papier  timbré  ;  car  la  vue  d'un  huissier  dans  l'exercice  de  ses 
fonctions  n'a  jamais  été  une  vue  très-agréable  pour  les  timides 
et  les  innocents.  Mais  ils  sont  bien  autrement  eîTrayés^,  les  braves 
gens,  quand  les  mots  «  physiologie  végétale  d  viennent  ensuite 
frapper  leurs  oreilles  :  ils  blêmissent  et  sont  pris  tout  à  coup 
de  tremblements  nerveux.  La  membrane  du  tympan  perçoit 
bien  encore  les  sons  qui  sortent  de  la  bouche  du  professeur, 
mais  il  y  a  un  tel  trouble  au  siège  de  rintelligence,  qu'il  leur 
est  impossible  de  saisir  le  sens  des  mots  :  ce  n'est,  dans  leur 
tète,  que  chocs  et  contre-chocs,  confusion,  désordre,  obscurité. 
Cet  état  gagne  le  professeur  ou  l'auteur  qui  se  met  alors  à 
divaguer  et  à  ne  plus  se  comprendre. 

J'ai  toujours  regretté  cette  manie,  des  tailleurs  d'arbres,  de 
faire  intervenir  ainsi  des  lois  scientifiques  mal  assises  et  sou- 
vent en  opposition  avec  les  faits  acquis;  ils  ne  font  que  produire 
l'obscurité  autour  des  opérations  qu'ils  enseignent,  quand  ils 
ont  affaire  à  des  personnes  intelligentes^  et  ils  développent  un 
orgueil  démesuré  chez  les  intelligences  ohtiisiuscules,  autrement 
dit  bornées,  qui  ne  retiennent  qu'une  chose  de  ce  grand  attirail 
de  fausse  science,  la  formule  mémorable  :  «  d'après  les  lois 
de  la  physiologie  végétale  »  ;  et  Dieu  sait  à  combien  de  mau- 
vaises sauces  ils  la  mettent  ! 

De  braves  et  modestes  garçons  jardiniers  m'ont  souvent 
avoué  leur  répugnance  à  ouvrir  un  livre  pour  apprendre  la 
lailledes  arbres.  Dès  les  premières  pages,  ils  éprouvent,  disent- 
ils,  un  tel  dégoût  de  tout  ce  pathos  physiologique,  qu'ils  jettent 
au  loin  le  livre  et  continuent  de  s'en  rapporter  au  hasard  pour 
tailler  les  arbres  qui  leur  sont  confiés.  C'est  aussi  l'aveu  que 


—  93  - 

font  journellement  des  amateurs  sérieux,  qui  voudraient  se 
livrer  à  l'exercice  si  agréable  et  si  hygiénique  de  l'horticulture  ; 
mais  ils  sont  effrayés  et  battent  en  retraite  devant  les  grands 
mots  et  les  grandes  phrases  embrouillées  des  auteurs  et  des 
professeurs  d'arboriculture.  Il  y  a  cependant  moyen  d'enseigner 
simplement,  clairement  et  brièvement  la  taille  des  arbres  frui- 
tiers. 

Profitons  de  la  saison  pour  le  démontrer. 

La  taille  des  arbres  fruitiers  a  pour  but  de  faire  produire  de 
beaux  fruits  en  moyenne  quantité  ;  de  maintenir  la  fertilité  des 
arbres  et  de  réduire  leur  dimension,  sans  nuire  à  leur  produc- 
tivité, pour  pouvoir  en  planter  le  plus  possible  sur  une  étendue 
de  terrain  limitée.  Le  problème  ainsi  posé  est  facile  à  résou- 
dre, sans  recourir  aux  principes  douteux  de  la  physiologie. 

L'arbre  fruitier,  avant  sa  première  fructification,  se  décom- 
pose ainsi  :  1"  la  flèche  ou  la  tige  qui  constitue  l'axe  même  de 
l'arbre;  i2^  les  branches  dites  charpenlières,  qui  naissent  de 
l'axe  ou  delà  flèche,  et  qui  forment  la  charpente  de  l'arbre  sur 
laquelle  se  développent  cinq  sortes  de  production  :  les  rameaux 
à  bois,  les  brindilles,  les  dards,  les  lambourdes  et  les  ro- 
settes. 

Pour  mettre  un  arbre  à  fruits  voici  ce  qu'il  faut  faire  : 

Etablir  d'abord  les  branches  charpentières  tout  autour  de  la 
flèche  aussi  régulièrement  que  possible,  pour  former  une  pyra- 
mide, ou  sur  deux  lignes  opposées  pour  une  palmette  ;  ces 
branches,  dans  les  deux  cas,  doivent  être  toujours  simples  et 
fortement  espacées,  surtout  dans  les  pyramides,  afin  que  l'air 
et  le  soleil  puissent  pénétrer  jusque  dans  l'intérieur  de  l'arbre. 

Tout  œil  d'une  branche  charpenLière  peut  devenir  ou 
rameau  à  bois,  ou  production  fruitière;  c'est  la  taille  qui 
détermine  ce  qu'il  sera.  Une  branche  vigoureuse,  dont  l'œil 
terminal  seulement  est  supprimé  par  la  taille,  offre  à  la  première 
pousse  le  phénomène  suivant  :  les  2  ou  3  yeux  supérieurs  se 
développent  en  vigoureux  bourgeons  à  bois  ;  les  yeux  qui  vien- 


—  94  — 

nent  en  dessous  ne  produisent  que  des  petits  bourgeons  plus 
ou  moins  longs  et  grêles  :  ce  sont  de  futurs  rameaux  fruitiers  ; 
les  plus  longs  sont  les  brindilles,  les  plus  courts  très-pointus 
sont  des  dards  ;  à  la  suite  des  dards  se  forment  quelques  petits 
bouquets  de  feuilles  nommés  rosettes,  puis,  dans  toute  la  por- 
tion inférieure,  les  yeux  ne  se  développent  plus;  ils  sont  plus 
ou  moins  gonflés  ;  ceux  de  la  base  sont  à  peine  visibles,  ce 
sont  eux  qu'on  appelle  des  yeux  latents. 

Toutes  ces  productions  ne  subissent  pas  la  taille.  Voici 
comment  on  doit  traiter  chacune  d'elles  ; 

Avant  de  taiiler  le  rameau  supérieur,  qui  doit  prolonger  la 
branche  charpentière  ou  bien  la  flèche,  il  faut  se  rendre  bien 
compte  de  la  vigueur  de  l'arbre,  par  l'examen  du  nombre  d'yeux 
qui  se  sont  plus  ou  moins  développés  pendant  la  végétation  de 
l'année  précédente.  Si  la  portion  du  rameau  de  prolongement 
a  été  taillée  sur  le  10*  œil  — ^  je  suppose  —  et  qu'il  n'y  ait  que 
les  cinq  supérieurs  qui  se  soient  développés,  c'est  un  indice 
que  l'arbre  n'est  pas  assez  vigoureux  pour  être  taillé  aussi 
long  ;  car  il  faut  que  tous  les  yeux  se  développent,  afin  que,  plus 
tard,  la  branche  se  trouve  garnie  parfaitement,  de  sa  base  à 
l'extrémité,  de  productions  fruitières.  Donc,  si  sur  10  yeux, 
5  seulement  se  sont  développés,  il  faut  tailler  la  fois  suivante 
le  rameau  de  prolongement  sur  le  5^"  ou  le  6^  œil,  en  comptant 
naturellement  de  la  base.  Pour  la  flèche,  tous  les  yeux  doivent 
se  développer  en  bourgeons  à  bois;  il  faut  donc  tailler  plus 
court  que  pour  la  branche  de  charpente,  et  aider,  par  un  moyen 
artificiel,  le  cran  ou  l'incision,  l'évolution  des  yeux  de  la  base. 

Tous  les  autres  rameaux  à  bois  qui  se  trouvent  en-dessous 
du  rameau  de  prolongement  des  branches  charpentières  doi- 
vent être  supprimés  :  on  les  taille  alors  sur  l'empâtement  qui 
possède  des  yeux  latents,  lesquels  produiront  des  brindilles  ou 
des  dards. 

Les  brindilles  qui  viennent  en  dessous  des  rameaux  à  bois 
ne  doivent  jamais  être  taillées  ;  on  casse  les  plus  longues  sur 


—  95  — 

le  quatrième  ou  sur  le  cinquième  œil,  suivant  leur  vigueur  ; 
on  ne  touche  pas  à  celles  qui  n'ont  que  quelques  centimètres 
de  longueur  ;  ces  brindilles  se  transforment,  en  2  ou  3  ans,  en 
branches  fruitières. 

On  ne  taille  jamais  non  plus  les  dards,  qui  deviennent  des 
lambourdes;  l'œil  terminal,  d'abord  pointu,  se  gonfle  les  années 
suivantes  et  devient  bouton  à  fruits.  Donc  respect  aux  dards  et 
aux  lambourdes . 

Il  faut  aussi  ne  point  abattre  tous  les  yeux  portés  sur  un 
petit  pied  et  qui  garnissent  la  portion  inférieure  des  rameaux  ; 
ce  sont  les  yeux  des  rosettes  qui  ne  tardent  pas  non  plus  à 
porter  fruits. 

Après  la  première  fructification,  les  lambourdes  se  gonflent 
au  sommet  et  se  couvrent  de  petits  yeux  qui  tous  se  transfor- 
ment en  boutons  à  fruits  ;  mais,  pour  cela,  il  ne  faut  pas  tailler 
ces  lambourdes,  autrement  les  yeux  restants  s'allongeraient 
en  grêles  brindilles.  Donc  respect  aux  lambourdes  qui  ont 
donné  leurs  fruits  ;  elles  se  ramifient  et  constituent  ce  (|u'on 
appelle  alors  des  bourses. 

A  partir  de  ce  moment,  la  fertilité  de  l'arbre  est  assurée.  Si 
plus  tard  les  bourses  deviennent  monstrueuses  par  la  ramifica- 
tion et  trop  productives,  on  en  supprime  une  partie,  mais  avec 
circonspection,  et  on  taille  le  sommet  de  chacune  de  leurs 
ramifications  seulement  pour  les  rafraîchir. 

En  résumé  la  conduite  d'un  arbre  fruitier  consiste  : 

1  "  A  tailler  les  rameaux  à  bois  de  prolongement  suivant  la 
vigueur  de  l'arbre  et  le  nombre  des  yeux  qui  se  sont  développés 
à  la  taille  de  Tannée  précédente; 

2"  A  supprimer  tous  les  gourmands  et  à  tailler  sur  empâte- 
ment tous  les  autres  rameaux  à  bois  ; 

3°  A  casser  les  brindilles  trop  longues  pour  faire  transformer 
l'œil  en  bouton  à  fruits  ; 

4"*  A  ne  jamais  tailler  ni  casser  les  dards,  lambourdes  et  brin- 
dilles courtes  ; 


—  96  — 

5o  A  ne  tailler  les  lambourdes  que  quand  les  bourses  sont 
vieilles,  trop  rameuses  et  ne  donnent  plus  que  de  petits  fruits  ; 

6°  Enfm,  à  attendre,  pour  retrancher  du  fruit,  que  les  ovaires 
soient  parfaitement  formés,  et  jamais  pendant  la  floraison,  mal- 
gré le  conseil  des  maîtres  en  la  matière  :  il  ne  faut  supprimer 
que  quand  on  est  certain  de  ce  qu'on  a.  F.  Herincq. 


Les  travaux  de  ce  mois  difl'èrent  peu  de  ceux  du  mois  précédent. 

Potager.  Ou  peut  semer  maiulenant  en  pleine  terre  toutes  sortes  de  légumes, 
tels  que  radis,  raves,  épinards,  laitues,  romaines,  chicorée  d'été,  céleris,  choux 
de  Milan  et  de  Bruxelles,  brocolis  violets,  navets  hâtifs,  betteraves,  haricots,  pois, 
potirons,  etc.  On  plante  les  laitues,  choux-fleurs,  concombres,  aubergines,  etc., 
élevés  sur  couche;  les  artichauts,  asperges,  fraisiers,  etc.  On  sème  encore  sous 
châssis  des  haricots,  melons,  choux-fleurs,  aubergines,  tomates,  pour  obtenir  des 
récoltes  à  différentes  saisons. 

Jardins  fruitiers.  On  achève  la  taille  des  arbres  vigoureux,  et,  vers  la  fin  du 
mois,  quand  les  bourgeons  ont  acquis  une  longueur  de  deux  à  trois  centimètres, 
on  supprime  ceux  qui  sont  inutiles  ou  nuisibles  au  parfait  développement  de 
l'arbre.  On  termine  les  greffes  en  fente;  on  veille  les  arbres  en  fleurs,  afin  de  les 
protéger,  par  un  abri  quelconque,  des  gelées  tardives  qui  peuvent  détruire  toute 
la  récolte. 

Jardins  d'agrément.  On  repique  en  place  les  plantes  élevées  sur  couche;  on 
continue  aussi  la  plantation  des  plantes  vivaces  ;  les  semis  de  plantes  indiquées 
au  mois  de  mars:  plus  les  Belles  de  nuit,  capucines,  haricots  d'Espagne,  lupins, 
œillets  et  roses  d'Inde,  volubilis,  etc.  Il  faut  se  hâter  de  terminer  la  plantation 
des  arbustes  d'ornement. 

Serres.  Le  soleil  commence  à  prendre  de  la  force;  on  peut  se  dispenser  de 
faire  du  feu  dans  les  serres.  Il  faut  donner  de  l'air  toutes  les  fois  que  le  temps 
le  permet,  et  arroser  en  raison  de  la  chaleur  et  de  l'état  de  végétation  des  plan- 
tes. On  pratique  les  boutures  et  les  greffes  de  différentes  plantes. 


Paris  —  imprinieiie  horticole  de  E.  Donnaui»,  rue  Cassette,  9. 


LIBRAIRIE   DE  E.   DONNAUD,   ÉDITEUR, 

RDE  CASSETTE,  9,  A  PARIS. 


ESSAI 

SUR  L'ENTOMOLOGIE  HORTICOLE 

COMPRENANT 

L'HISTOIRE    DES    INSECTES  NUISIBLES  A  L'HORTICULTURE 

AVEC 

L'indication  des  moyen»  propr<!i  à  les  ^■loîgn.-rou  ô  les  dé<ruir.5  et  L'HISTOIRE:  DES  INSECTES 
ET  AUTKES  ARilMAUX  UTILES  AUX  CULTURES 

Par   le    D^  BOISDUVAL. 

Ouvrage  illustré  de  125  figures  gravées  sur  bois,  et  orné  du  portrait  de  l'auteur  gravé  sur  acier. 

I*pix  :   ïiroché.  H  franc** 

LE  CHAMPIGNON  &  SA  CULTURE 

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GUIDE 

POUR  RECONNAITRE   LES  CHAMPIGNONS 

COJIESTIBLES  ET  VENENEUX 

DU  PAYS  DE  FRANCE 

PAR 

KRŒNISHFRANGK 

BOTANISTE 

Un  joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravures  coloriées.—  Prix,  broché  :  5  fr. 


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L'ORTÎ 

SES     PROPRIÉTÉS    ALIMENTAIRES 

MÉDICALES,  AGRICOLES  ET  INDUSTRIELLES 

PAR 

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LA   MEILLEURE   ASPERGE 

EST 

L'ASPERGE  HATIVE  LOUIS  LHÉRAULT 

Médaille  d'or  (unique)  à  l'Exposition   universelle   de    1867. 

—  d'or  de  la  Société   impériale    et    centrale    d'Horticulture  ( 

France,  1869. 

—  d'or  de  l'Empereur  (1869)   et   cinquante  autres  récompens» 

pour  cette  variété. 


LOUIS     LHERAULT    (seul    dépositaire), 

Horticulteur- Cultivateur  d'Asperges,   de  Figuiers   et   de   Vignes, 

14,   rue  de  Calais,    à  ARGENTEUIL  (Seine-et-Oise) . 


VENTE  DE  GRIFFES,  DE  FÉVRIER  A  MAI.  (Demander  le  Catalogue 

DICTIONNAIRE    DE    POMOLOGIE 

CONTENANT 

l'histoire,  la  description,  la  figure  des  fruits  anciens  et  des  fruits  moderkes 
les  plus  généralement  connus  et  cultivés, 

Par  André  LEROY, 

PÉPINIÉRISTE, 

Chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  présideni 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d"horticuUure  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  aericolcs  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


EN    VENTE 

2  volumes  grand  ia-8". 
Tome  1"  A-C,  389  variétés. 


i.'lo  varié  les. 
Tome   i"    D— Z,  526 

Prix:     broclié,   1©  fr.   le    Tolume, 

Soil  20   francs   rour  l'exemplaire   complet  de  l'IllSTOll'.E   DU   POIRIER. 


François    BESSONNET, 

RUE  DES   RELIGIEUSES,    18,   AUX   SABLES- D'OLONNE. 

Marchand  Grainier.  —  Spécialité  de  Graines  d.e  Choux  Moellier  vra 

et  autres. 


sinnuii'.E  lies  AimciKs  (;o.\tkm!s  oains  ck  iXUiiRiio. 

.  llKRiNcg,  Chronique.  —  GAUitiÈiiE  et  IIerincq,  —  Ohsorvalions  sur  les  Dios- 
pyros  costata  el  Schi-tse.  —  David.  Noies  sur  quelques  piaules  de  la  Mon- 
golie el  sur  les  liiiits  du  nord  de  ki  Chine.  —  0.  Lescuyer,  Le  Goleus  Sai- 
sonii  (l'I.  IV)  cl  choix  d'aulrcs  vaii  lés.  —  F.  Heripscq,  La  graine  cl  les  semis 
(Siiilc).  —  L.ConniER.  Les  Pois  précoces  nouveaux.  —  Ern.  Bonard,  Plantes 
nouvelles.  —  Expositions  pour  1S70.  —  Catalogues  pour  187U.  —  X..., 
Travaux  du  mois  de  mai. 


CHRONIQUE 

Le  printemps  ;  le  Marronnier  du  vingt  mars.  Culture  géothermique  de  Saint- 
Mandé.  Nouvelle  apportée  par  les  journaux  américains;  inlluoncc  des  chemins 
de  fer  sur  les  climats  et  la  végétation-,  découverte  de  M .  Glaisher,  de  INdoser- 
vatoire  de  Greenwich  ;  il  abuse  de,  s-a  haute  position.  Une  charade  qui  n'en 
est  pas  une  :  le  trèfl  ;,  les  chats  et  Darwin;  sublimité  scieatiûqae  ;  com- 
menl  on  fait  des  théories.  La  modestie  aux  prises  avec  la  vérité. 

Depuis  le  20  mars  dernier  nous  sommes  en  printemps  et 
V Abricotier  munie  était  en  fleurs  depuis  déjà  15  jours;  c'est 
un  bien  bel  arbre.  A  Paris,  ce  jour-là,  les  curieux  avaient  en- 
vahi, de  bonne  heure,  le  jardin  des  Tuileries,  pour  assister  à 
réclusion  des  bourgeons  du  fameux  Marronnier.  Mais  les 
bons  Parisiens,  quoique  armés  de  tous  les  appareils  possibles 
d'optique,  ne  purent  apercevoir  la  moindre  feuille.  L'arbre 
avait  failli  à  ses  habitudes  ;  il  ne  portait  que  de  gros  bourgeons 
qui  n'attendaient,  il  est  vrai,  qu'un  petit  rayon  de  soleil  pour 
éclore;  mais  le  rayon  n'avait  pas  l'air  de  se  presser. 

Un  des  curieux  se  récriait,  paraît-il  :  Pourquoi  n'a-t-on  pas 
établi  autour  un  appareil  géothermique?  il  y  a  longtemps  qu'il 
serait  feuille  ! 

Je  tiens  ce  détail  d'un  jardinier  de  la  vieille  école,  qui  est 
venu  me  demander  ce  que  c'était  que  cette  chose-là. 

—  C'est  l'art,  dis-je,  de  forcer  les  plantes  en  chauffant  la 
terre  au  lieu  de  chauffer  l'air  comme  on  foit  pour  les  serres. 

Avril  1870.  7 


—  98  — 

On  établit  dans  le  sol  d'un  jardin,  des  tuyaux  de  chaleur  qui 
font  l'office  d'une  couche  defamier;  c'est-y-dire  qu'ils  échauf- 
fent la  terre,  et  cette  chaleur  de  fond  — comme  on  dit  en  jar- 
dinage —  provoque  et  active  la  végétation  des  plaates . 

—  Alors,  dit  mon  brave  jardinier,  c'est  ça  que  fait  à  Saint - 
Mandé  un  monsieur  du  jardin  des  Plantes,  dans  la  propriété 
voisine  de  la  mienne? 

—  Précisément. 

En  effet,  noire  collègue  M.  Hélye  vient  d'étabhr,  sur  une 
assez  grande  échelle,  à  Saint-Mandé,  cetLe  culture  géother- 
mique, d'après  les  idées  émises,  il  y  a  quelques  années,  par 
M.  Naudin.  A  proprement  parler,  cette  culture  n'est  pas 
nouvelle.  C'est  la  culture  sur  couche;  mais  au  lieu  de  pro- 
duire la  chaleur  de  fond  par  le  fumier,  on  la  produit  à 
l'aide  de  tuyaux  qui  communiquent  avec  un  appareil  de  chauf- 
fage. Uien  denouveau  sous  le  ciel  :  la  couche  de  fumier  rem- 
placée par  des  tuyaux  de  calorifère,  voilà  toute  la  découverte. 

Les  journaux  américains  nous  en  apportent  une  bien  autre- 
ment intéressante  et  qui  fait  la  lumière  slu^  ces  changements  cli- 
malériques  qu'on  observe,  depuis  quelques  années,  dans  di- 
verses régions  de  notre  globuleuse  planète. 

D'après  un  grand  savant  du  pays  des  Yankees,  les  chemins 
de  fer  seraient  positivement  la  cause  de  ces  changements.  Il  a 
constaté  que  depuis  la  construction  de  la  grande  ligne  de  la 
Californie,  les  sécheresses  sont  moins  fréquentes  dans  les  dis- 
tricts qu'elle  traverse,  et  que  la  végétation  est  bien  plus  active, 
bien  plus  luxueuse  qu'avant.  Le  même  phénomène  s'est  aussi 
produit  dans  le  district  occidental  de  l'Ohio  qui  est  tout  ré- 
ticulé de  lignes  ferrées. 

Il  n'y  a  pas,  comme  on  voit_,  à  en  douter,  et  il  ne  faut  plus 
rire  de  nos  concitoyens  qui  mettent  sur  le  compte  des  chemins 
de  fer,  tous  les  maux  qui  aifligent  nos  végétaux  depuis  que  les 
Parisiens  vont  àSaint-Germain-en-Laye  conduits  par  la  vapeur. 


—  99  — 

Celte  influence  des  chemins  de  fer,  au  dire  du  savant  amé- 
ricain, ce  lient  à  la  conductibilité  des  rails,  qui  permet  à  l'élec- 
tricité de  se  mouvoir  à  la  surface  de  sol  !  3) 

Sont -ils  forts  ces  Américains,  sont-ils  forts  !  Embarrassés  de 
rien  ;  explication  à  tout  !  Cependant  ils  ne  sont  pas  comme*  le 
brigadier  dubrave  Pandor,  deNadault;  ils  n'ont  pas  toujours 
raison.  Ainsi,  pour  Faction  des  chemins  de  fer,  il  y  a  erreur  de 
leur  pari,  bien  évidemment.  Depuis  que  notre  pays  est  sillonné 
de  rails,  —  conducteurs  de  l'électricité  —  nous  éprouvons  de 
grandes  sécheresses  qui  désolent  parfois  nos  intelligents  culti- 
vateurs. Il  est  vrai  que  cet  effet  différent  peut  facilement  s'ex- 
phquer.  Si  les  chemins  de  fer  américains  déterminent  un  phé- 
nomène qui  est  le  contraire  de  la  sécheresse,  c'est  que,  là-bas, 
l'électricité  opère  la  combinaison  des  deux  éléments  de  l'eau, 
—  l'oxygène  et  l'hydrogène —  qui  se  promènent  tout  le  long 
de  la  ligne  ferrée  ;  si  en  France  le  phénomène  est  le  contraire 
de  l'humidité  c'est  que,  ici,  l'électricité  décompose  Feau  en 
opérant,  par  l'étincelle,  la  séparation  des  deux  éléments  con- 
stitutifs du  principe  aqueux.  Autre  lieu  autres  moeurs.  En  France 
on  ne  se  conduit  pas  comme  en  Améri(jue,  c'est  clair.   Les 
lignes  ferrées  ne  font  pas  exception,  et  non-seidement  elles 
déterminent  la  sécheresse  ou  Fhumidité,  selon  les  pays,  mais 
elles  agissent  encore  sur  la  température  atmosphérique,  par 
suite  du  frottement  des  roues  de  vagons  sur  les  rails,  ce  qui 
produit   un  dégagement  de  chaleur,  laquelle  chaleur  élève 
naturellement  la  température  de  Fair  ambiant. 

Ce  principe  vient  aussi  d'être  développé  par  un  grand  sa- 
vant, —  qui  cette  fois  est  anglais,  —  M.  Ghiisher  de  l'obser- 
vatoire de  Greenwich.  Il  étabht,  très-clairement,  que  l'adoucis- 
sement siiinalé  de  la  température  moyenne  de  nos  hivers,  est 
positivement  dû  à  Faction  des  chemins  de  fer  répandus  à  la 
surface  du  sol  de  F  Angleterre,  delà  Belgique  et  delà  France!... 
Brigadier  Glaisher,  vous  êtes  certainement  plus  profondé- 


—  400  — 

ment  pénétré  de  l'élément  scientifique  que  moi,  puisque  vous 
êtes  un  savant  de  l'observatoire  de  Greenwich,  et  pourtant  je 
ne  puis  pas  vous  répondre  comme  l'ami  Pandore  :  Brigadier, 
vous  avez  raison!  Non  !  je  trouve,  au  contraire,  que  vous  avez 
tort  d'abuser  de  votre  haute  position  pour  vous  moquer  des 
pauvres  gens.  Quant  à  moi,  je  veux  bien  admettre  une  simple 
coïncidence,  entre  l'élévation  de  la  température  moyenne  de 
nos  hivers,  et  la  présence  des  chemins  de  fer  à  la  surface  du 
globe,  mais  rien  de  plus.  Il  est  vrai  que  je  suis  d'une  faiblesse 
extrême  sur  la  science  des  corrélations. 

Ainsi  la  semaine  dernière,  je  n'ai  pas  pu  répondre  à  cette, 
question  qui  m'a  été  jjosée  par  un  de  nos  abonnés  :  €  Qu'elle 
sorte  de  relation  peut-il  bien  exister  entre  les  chats  et  le  trèfle, 
et  pourquoi  ce  dernier  ne  fructifie- t-il  que  dans  les  pays  où  il 
y  a  beaucoup  de  descendants  de  maître  Rodillard  ? 

Je  répondis  à  mon  aimable  correspondant  :  Cher  monsieur, 
vous  me  posez  une  mauvaise  charade  du  Charivari,  j'ai  l'hon- 
neur de  vous  informer  que  je  n'ai  jamais  pu  expliquer  même 
les  logogriphes  du  Monde  illustré. 

Le  lendemain  je  recevais  une  nouvelle  lettre  par  laquelle  on 
m'instruisait  que  ce  que  je  prenais  pour  une  charade  était  un 
théorème  très-sérieux  de  Darwin,  du  savant  et  illustre  auteur  de 
la  séduisante  théorie  de  la  transformation  des  êtres.  «  Ouvrez 
son  livre^  me  disait-on,  et  vous  y  verrez  que  le  trèfle  ne  peut 
fructifier  que  dans  les  pays  où  il  y  a  des  chats  ;  parce  que  le 
chat  est  l'ennemi  des  mulots  ;  que  le  mulot  est  l'ennemi  des 
Bourdons  ;  que  le  Bourdon  est  l'ami  intime  du  Trèfle  !...  y> 

Mon  correspondant  avait  raison;  j'avais  oubhé  cette  propo- 
sition darwienne  qui,  pendant  longtemps,  fit  mon  bonheur! 
D'après  Darwin,  qui  passe  pour  un  homme  sérieux,  le  Trèfle 
a  besoin,  en  effet,  du  concours  des  Bourdons  pour  opérer  la  fé- 
condation de  ses  ovaires.  Et  ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'un  jour 
il  vit  des  champs  de  Trèfle  envahis  par  des  légions  de  Bour- 


—  101   — 

dons,  et  que  la  plante  produisit  beaucoup  de  fruits;  tandis 
qu'un  autre  jour,  aynnt  recouvert  une  potée  de  Trèfle  d'un 
voile  pour  empêcher  les  Bourdons  d'opérer  la  fécondation^  il 
n'en  put  recueillir  aucune  graine.  L'influence  des  Bourdons, 
dit-ii^  est  ici  bien  établie.  Or,  les  mulots  ou  souris  des 
champs  sont  très-friands  de  couvains  de  Bourdons.  Quand  ils 
en  rencontrent  dans  la  terre,  c'est  peureux  le  plus  beau  jour  de 
leur  vie  ;  c'est  comme  qui  dirait  un  dîner  chez  les  Frères  Pro- 
vençaux, ou  un  souper  au  café  Anglais.  Ils  mangent  tout.  Par 
conséquent  ils  privent  le  Trèfle  de  son  auxiliaire  dans  l'acte  de 
fécondation. 

Voilà  pourquoi  le  Trèfle  ne  donne  pas  de  fruits  dans  les 
pays  où  il  n'y  a  pas  de  chats  pour  détruire  les  mulots  qui  se 
nourrissent  de  Bourdons;  et  que,  au  contraire,  cette  légumi- 
neuse  fructifie  dans  les  pays  où  il  y  a  de  bons  matous,  qui 
croquent  les  mulots,  et  assurent  une  paisible  existence  aux 
Bourdons,  qui  se  livrent  alors,  sans  périls  et  sans  crainte,  aux 
douces  et  agréables  fonctions  pour  lesquelles  ils  ont  été  gra- 
duellement et  insensiblement  transformés  !... 

J'avoue  que  je  n'aurais  jamais  découvert  cette  corrélation 
du  chat  et  du  Trèfle.  D'abord,  parce  que  il  y  a  des  chats  dans 
tous  les  pays  où  le  Trèfle  est  cultivé;  et  c|u"ensuite,  en  voyant 
une  potée  de  Trèfle  sous  voile  ne  point  donner  de  fruits, 
j'aurais  mis  sa  stérilité  tout  simplement  sur  le  compte  de  l'im- 
mobilité de  l'air  sous  l'enveloppe  protectrice,  comme  cela  ar- 
rive sous  les  châssis  de  Melons  de  première  saison,  quand  le 
temps  trop  rigoureux  ne  permet  pas  de  lever  un  instant  les 
panneaux  vitrés  au  moment  de  la  floraison  ;  comme  cela  ar- 
rive pour  les  arbres  fruitiers  qu'on  force  en  serre,  quand  on 
n'étabUt  pas  une  ventilation  qui  agite  l'air  intérieur"  pendant 
la  durée  de  l'épanouissement  des  fleurs.  Mais  faire  intervenir 
un  maître  Rominarjrobis  dans  la  fructification  d'un  Cerisier  !  — 
car  les  Bourdons  ne  doivent  pas  seulement  concourir  à  la  fé- 


—   102  — 

conrlation  du  Trèfle,  -jnmnis,  an  erand  jamais  !  Pour  découvrir 
des  choses  aussi  merveilleuses,  il  faut  la  puissante  et  ingé- 
nieuse imagination  de  Darwin  ; 

Car  c'est  comire 
Ce  grarifl  homme 

Établit 

Non  ?ans  bruit 

Toute!!  ses  théories  ! 

Mais  ((  qui  frap}De  l'air,  bon  Dieu  I  de  ces  lugubres  cris  ?  » 
C'est,  paraîl-il,  la  Modestie  aux  prises  avec  la  Vérité.  Son 

humble  manteau  s'est  entr'ouvert  durant  le  débat,  et  la  foule 

ayant  aperçu  la  pourpre  orgueilleuse  dont  elle  est  vêtue,  en 

dessous,  lui  crie  haro  ! 

J'ai  déjà  vu  de  ces  modesties-là.  C'est  très-drôle,....  mais 

c'est  bien  triste...-  Voyez  vous-même,  lecteurs;  vous  n'avez 

qu'à  suivre. 

F.  Héringq. 

OBSERVATIONS  SUR  LES  DIOSPYROS  COSTATA 
ET  SCHI-TSE. 

Réplique  de  M.  Carrière. 

Dans  notre  dernier  numéro,  page  75,  nous  avons  publié  une 
letfi^e  de  M.  Decaisne  insérée  dans  un  journal  anglais,  le  Garde- 
nefs  Chronicle,  relative  aux  noms  incorrects  donnés  aux 
plantes  'par  quelques  horticulteurs,  et  à  une  espèce  de  Pla- 
queminier  {Diospyros}  à  fruits  comestibles  du  Nord  de  la 
Chine.  Nous  avons  reproduit  cette  lettre  pour  deux  motifs.  Le 
premier  pour  faire  connaître  un  nouvel  arbre  fruitier;  le  se- 
cond pour  montrer  que  nous  ne  sommes  pas  seul  à  nous  élever 
contre  les  fausses  déterminations  des  plantes  horticoles,  et 
que  nous  avons  avec  nous  le  professeur  du  Muséum  et  les 
savants  rédacteurs  du  journal  anglais. 


—  103  — 

Mais  cette  lettre,  de  M.  Decaisne,  a  amené  l'antenr  du  Dios- 
pyros  coslata  à  une  réplique  dans  le  Gardeners  Chronicle. 
Comme  avant  (out  nous  voulons  la  vérité,  nous  reproduisons 
cette  répli(|ue,  sans  même  y  avoir  été  invité  par  l'auteur.  Pour 
nons,  les  hommes  ne  sont  rien.  Le  principe  est  tout.  Il  s'agit 
ici  de  faire  la  lumière  sur  un  arbre  qui  peut  avoir  de  l'avenir 
dans  nos  cultures;  ce  n'est  qu'avec  la  plus  grande  sincérité 
qu'on  pourra  y  parvenir.  Nous  sommes  désintéressé  dans  la 
question  Si  nous  prenons  part  au  débat,  ce  sera  seulement 
pour  éclairer  le  lecteur  sur  quelques  passages  de  la  note  et 
redresser  quelques  citations  incorrectes,  et  pour  montrer  en- 
suite le  mal  que  produit  une  erreur  de  détermination. 

Ceci  dit,  voici  la  note  de  l'auteur  du  Diospyros  costata  ;  c'est 
la  traduction  littérale,  le  mot  à  mot  pour  ainsi  dire  de  celle  qui 
a  été  publiée  en  anglais;  nous  aurions  craint  d'en  modifier 
l'expression ,  en  cherchant  à  lui  donner  une  tournure  plus 
française  (1). 

«  Monsieur  le  rédacteur,  à  la  page  39,  M.  Decaisne  m'accuse  de  faire 
grand  tort  à  la  science  en  commettant  nombre  d'erreurs  dont  les  prin- 
cipales sont  :  1"  d'avoir  confondu  le  Diospyros  Schi-tse  avec  \e  Dios- 
pyros  Kaki  de  Linné  tils.;  2°  qu'après  lui  avoir  donné  ce  nom  et  avoir 
fait  uuf  nouvelle  étude,  j'ai  appelé  ma  i>lante  Diospyros  costata.  Mais 
je  veux  démonfrer  que  ma  plante  n'est  pas  la  même  que  celle  men- 
tionnée par  M.  Bunge  ;  je  comparerai  la  description  de  ce  botaniste 
avec  celle  donnée  par  M.  Decaisne. 

»  La  description  du  Diospyros  Schi-tse  de  M.  Bunge  (Enuméralion 
des  plantes  du  Nord  de  la  Chine,  n»  237,  p.  42.)  peut  se  traduire  ainsi  : 

»  Diospyros  a  rameaux  tomenteux  ainsi  que  les  pédoncules  et  la 
base  du  calice;  feuilles  largement  obovales-oblongues,  aiguës,  gubes- 


(1)  Nous  recevons  un  numéro  de  la  Revue  dans  lequel  l'auteur  reproduit  sa 
leUre  envoyée  au  journal  anglais.  Eu  la  lisant,  nous  remarquons  que  la  di- 
rection àwGardener' s  Chronicle  en  la  tiaduisaul  en  anglais,  l'a  <  xpurgée  de  toutes 
les  inconvenauces  que  conlieat  l'original  français,  et  que  nous-niême  uous 
aurions  supprimées,  et  nous  nous  demandous,  en  outre,  si  l'auteur  a  Lieu 
réellement  sa  raison.  V.  11, 


—   104  — 

ceiites  à  la  face  supérieure,  légèrement  poilues  en  dessous;  fleurs  axil- 
laires  solitaires;  pédoncules  accompagnés  de  deux  bradées;  fruit  très- 
gros,  déprimé,  ne  contenant  que  peu  de  graines.  —  Se  trouve  presque 
sauvage  à  la  base  des  montagnes  et  est  cultivé  fréquemment.  Fleurit 
en  mai.  —  Cette  espèce  ne  paraît  se  rapporter  exactement  à  aucune  de 
celles  déjà  décrites;  elle  semble  voisine  du  Diospyros  orixensis,  et  se 
dislingue  du  Diospyros  Kaki  par  ses  fleurs  solitaires.  L'arbre  a  le  port 
d'un  ample  Pommier  ou  Poirier  (The  tree  bas  the  habit  of  a  wide- 
spreading  apple  or  pear  tree)  (1).  Les  feuilles  sont  grandes  et  les  fleurs 
dépassent  de  quatre  fois  la  grandeur  de  celles  du  Diospyros  Lotus.  Le 
fruit  est  magnifique,  de  couleur  jaune  rougeâtre  et  de  la  grosseur  d'une 
très-grosse  pomme  (large  apple);  en  général  il  ne  contient  pas  de 
graines.  »  —  Or,  il  est  difficile,  sinon  impossible,  de  faire  concorder  la 
description  donnée  par  Bunge  avec  celle  de  M.  Decaisne.  Où,  dans  la 
description  de  M,  Bunge,  est-il  dit  que  «  l'arbre  vient  des  parties 
chaudes  de  la  Chine?  »  (The  tree  corne  from  the  warm  parts  of 
China?)  (2);  que  «  les  feuilles  sont  presque  elliptiques  et  complètement 
glabres?  >^  Où  M.  Decaisne  a-t-il  vu  dans  la  description  du  Diospyros 
Schi-tse  «  que  lé  fi-uit  est  de  la  grosseur  d'une  pêche  (3)  ;  qu'il  con- 
tient de  huit  à  douze  graines  et  qu'il  est  de  couleur  brune  (4)  ;  qu'il 
'a  besoin  d'être  blet  pour  être  mangé  et  qu'il  peut  être  comparé  à  de  la 
marmelade  de  prunes  ou  d'abricots  (*)?que  l'on  en  consomme  de  gran- 
des quantités  à  Pékin  »  où  le  D.  Kaki  ne  peut  parvenir  à  maturité?  et 
beaucoup  d'autres  choses  dont  M,  Bunge  ne  dit  rien,  tout  en  étant 
cependant  le  seul  auteur  qui  ait  vu  et  décrit  cette  espèce.  Quant  à  la 
présence  de  côtes  sur  les  fruits  de  M.  Bunge,  elle  n'a,  suivant  toute 
probabilité,  pas  été  constatée  par  l'observateur,  et,  pour  se  soustraire  à 
cette  difficulté,  M,  Decaisne  affirme  que  les  côtes  sont  exceptionnelles.' 
Mais  quelle  autorité  M.  Decaisne  peut-il  invoquer?  Je  suis  d'une  opi- 
nion différente,  etj'affirme  que  le  caractère  en  question  n'est  pas  excep- 
tionnel, mais  constant  (5). 

M.  Decaisne,  dans  sa  lettre,  soutient  que  j'ai  confondu  une  espèce 


(1)  Ces  numéros  renvoient  aux  notes  et  observations  qui  suivent  cette  lettre 
et  qui  nous  appartiennent.  F.   H. 

(*)  L'opinion  de  M.  Decaisne,  quant  à  la  nature  du  fruit,  lui  a  probablement 
été.  suggérée  par  les  observalions  qu'il  a  faites  en  examinant  celui  récollé  sur  le 
Diospyros  costata;  ce  ne  peut  être  sur  celui  du  D.  Schi-tse  qu'il  n'a  pas  vu,  et 
qui  n'a  été  décrit  par  aucun  auteur.  (Carrière.) 


—   105  — 

des  contrées  chaudes  avec  une  espèce  du  nord  de  la  Chine.  Ceci  encore 
est  une  présomption.  Thunberg,  qui  a  habité  le  Japon,  dit  que  le 
Kaki  y  est  spontané  et  qu'on  Ty  cultive  aussi  très-fréquemment;  qu'il 
.  croît  dans  les  environs  de  Nagasaki,  ce  qui  a  été  confirmé  par  beaucoup 
d'écrivains  qui  ont  visité  le  Japon"  (6).  (M.  Carrière  ici  ajoute  une  des- 
cription très-étendue  de  sa  plante,  en  vue  de  moQlrer  combien  elle  est 
différente  du  Schi-tse  ;  mais  nous  sommes  forcés  de  la  supprimer,  en 
renvoyant  nos  lecteurs  à  la  Revue  horticole  où  ils  trouveront  cette  des- 
cription.) (Observation  du  journal  anglais.)  Il  me  reste  maintenant  à 
faire  connaître  comment,  après  avoir  considéré  ma  plante  comme  le 
vrai  D.  Kaki,  j'ai  changé  d'opinion  et  lui  ai  donné  le  nom  de  costata. 
J'ai  remarqué  qu'il  y  avait  dans  l'herbier  du  Muséum  un  échantillon 
récolté  à  Formose,  par  Oldhara,  n''299,  qui  se  rapporte  absolument  à 
ma  plante,  et  que  les  descriptions  faites  par  Thunberg  et  autres  auteurs 
s'appliquent  si  bien  à  elle  que  je  me  considérais  comme  étant  en  droit 
de  lui  conserver  le  nom  de  Kaki  (7)  (voir  Thunberg  «  Flora  Japonica  » 
page  <57,  où  se  trouve  une  description  qui  correspond  très-complète- 
ment avec  celle  que  j'ai  donnée  du  Diospyros  costata).  Mais  comme 
d'un  côté  diff'érenls  auteurs  ont  déjà  donné  ce  nom  à  des  plantes  très- 
diflférenfes,  et  que  d'autre  part  le  nom  de  Kaki  sert  à  désigner  au  Japon 
et  en  Chine  le  nom  générique  appliqué  à  toutes  les  espèces  de  Dios- 
pyros, et  que  les  fruits  de  ces  plantes  sont  toujours  appelés  Kaki  (abso- 
lument de  même  que  nous  appelons  pommes  les-  fruits  de  tous  nos 
pommiers),  et  comme  il  existe  une  grande  confusion  entre  les  dififé- 
rentes  espèces,  il  en  résulte  que  le  nom  de  Kaki  non-seulement  n'a 
aucune  signification  précise,  mais  qu'il  donne  lieu  à  la  plus  grande 
confusio^.  C'est  ce  qui  m'a  conduit  à  penser  que,  pour  mettre  un  terme 
à  cet  état  de  choses,  il  était  préférable  d'adopter  le  nom  de  cosiata,  quj 
a  l'avantage  d'être  approprié  à  ma  plante,  et  d'être  une  des  formes  du 
D.  Kaki,  décrite  par  Thunberg.  Uue  autre  considération  me  conduisit 
à  rejeter  le  nom  de  Kaki  donné  par  le  fils  de  Linné  ;  c'est  que  cet  auteur 
ne  connaissait  pas  la  plante  "qu'il  a  baptisée,  comme  il  ressort  avec 
évidence  de  la  maigre  description  qu'il  en  donne,  tout  à  fait  insuffisante 
pour  caractériser  cette  espèce,  et  qui  pourrait  tout  aussi  bien  s'appli- 
quer à  la  plupart  des  autres  du  genre.  Voir  Linn.  fils,  suppl.  p.  439. 
Tout  ce  qui  a  été  dit  ,  par  conséquent ,  démontre  avec  évidence  : 
<°que,  au  lieu  d'embrouiller  la  question,  je  l'ai  éclaircie;  2°  que, 
loin  de  nuire  à  l'horticulture  et  d'induire  en  erreur  les  amateurs,  j'ai 


—  106  — 

rendu  un  service  en  déblayant  les  difficultés  et  en  faisant  progressei"  à 
la  fois  la  science  et  riioiticultiire;  3"  que,  rontrairement  à  ce  que 
M.  Decaisne  m'a  si  vivement  reproché,  je  n'ai  commis  aucune  erreur, 
mais  que  j'en  ai  relevé  quelques-unes -que  d'autres  avaient  faites;. 
4°  que  le  Diospyros  costata,  Carr.,  n'est  pas  le  même  que  le  D.  Scbi-tse 
de  Bunge,  comme  l'affirme  M.  Decaisne,  mais  bien  une  espèce  nou- 
velle, et  qui  ne  se  trouve  nulle  part,  en  Europe,  qu'au  Jardin  des  Plantes 
de  Paris  ;  5°  que  les  deux  noms  que  j'ai  donnés  à  ma  plante  ne  sont  pas 
seulement  expliqués,  mais  bien  justifiés;  6"  que  le  caractère  (les  côtes 
du  fruii)  sur  lequel  je  me  suis  fondé  pour  établir  mon  espèce,  loin 
d'être  exceptionnel,  comme  M.  Decaisne  Taftirme,  est  constant  et 
normal  ;  7°  qu'il  y  a  au  Japon  plusieurs  sortes  de  Kaki  qui  ont  été  con- 
fondues les  unes  avec  les  autres,  et  que  puisque  le  mot  Kaki  est  em- 
ployé génériquement  dans  ce  pays,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  conti- 
nuer à  le  conserver  pour  caractériser  une  espèce;  que  ces  plantes  sont 
originaires  des  parties  froides  et  tempérées  du  Japon,  et  non  pas  des 
contrées  chaudes  de  la  Chine,  et  que,  par  conséquent,  contrairement  à 
ce  qu'a  dit  iM.  Decaisne,  elles  peuvent  être  cultivées  dans  le  nord  de 
l'Europe.  Ce  qui  a  induit  M.  Decaisne  en  erreur,  c'est  qu'il  a  regardé 
comme  étant  le  Diospyros  Kaki  l'espèce  qui  se  trouve  cultivée  dans 
quelques  jardins,  quoiqu'elle  en  ditîère  considérablement  par  tousses 
caractères;  celui-là  est  délicat,  il  ne  peut  pas  supporter  le  climat  de 
Paris  en  plein  air,' mais  au  pontraire  mûrit  très-bien  ses  fruits  dans  le 
midi  de  la  France,  à  Antibes.  Cette  espèce  aussi  appelée  Diospyros  Kaki 
est  probablement  originaire  du  Népaul.  Je  tenterai  de  démontrer  ceci 
par  la  suite,  car  j'ai  l'intention  de  publier  une  description  accompagnée 
d'une  figure.  (Cette  raison  dit  le  journal  anglais  nous  fait  penser  qu'il 
n'est  pas  nécessaire  de  rapporter  ici  la  description  de  M.  Carrière.) 

En  conséquence,  quoique  j'aie  été  conduit  à  des  conclusions  complè- 
tement différentes  de  celles  de  M.  Decaisne,  il  en  résulte,  j'en  ai  la 
conviction,  qu'il  me  sera  reconnaissant  d'avoir  cherché  à  le  seconder 
dans  la  difficile  tâche  qu'il  a  entreprise  et  qu'il  poursuit  si  active- 
ment, de  servir  la  science  en  combattant  toutes  les  erreurs  qui  vien- 
nent l'entraver.  E.  A.  Carrière. 
Gardencr's  Chronicle  and  agricultural  Gazette. 
-_  ISo  jo.   —  5  mars  4870.  —  Page  b'If . 

El  maintenant  qu'on  me  permette  quelques  observations 
pour  rectifier  certains  faits  dénaturés  parl'auteurde  eelteletlre  : 


—  107  — 

r  Le  port  du  Diospym^  schi-isc,  dit-il,  dans  sa  traduction 
française,  est  celui  du  Pommier  ou  du  Poirier.  11  y  a  ici  erreur 
de  la  part  du  latiniste  cjui  a  traduit  Bunge.  Nous  avons  con- 
sulté l'ouvrage  cité  pour  nous  éclairer,  et  Bunge  dit  :  «  Pyri 
mali  qui  est  le  génitif,  si  je  ne  me  trompe,  de  Pyrns  malus^ 
nom  botanique  donné  par  Linné  au  Pommier  comestible. 
Dans  la  description  de  Bimge^  il  n'y  a  pas  entre  les  deux 
mots  la  moindre  conjonction  alternative  vel,  ou  aut  ;  par  con- 
séquent Pyri  mali  veut  dire  simplement  du  Pommier  et  non 
du  Pommier  ou  du  Poirier.  Le  dernier  des  vrais  botanistes  et 
le  dernier  des  collégiens  de  neuvième  n'auraient  pas  commis 
pareille  faute. 

T  Autre  erreur  d'une  haute  gravité.  Dans  la  lettre  de  M.  De- 
caisne,  il  n'est  pas  dit,  comme  le  prétend  M.  Carrière,  «  que 
l'arbre  de  Bunge  vient  des  parties  chaudes  de  la  Chine  :  ))  mais 
bien  que  la  plante  cultivée  au  Muséum  est  <?:  une  plante  de  la 
Mongolie  et  du  nord  de  la  Chine  ;   voici  le   texte  anglais  : 
«  A  plant  of  Mongolia  and  the  norlli  of  China.  3)  Il  est  dit, 
au  contraire,  que  c'est  le  Kaki  décrit  par  Ka^mpfer  qui  est 
des  parties   chaudes  et  tempérées  de  la  Chine  (voir  Horti- 
culteur français,  p.  76,  lignes  14  à  21).  Nous  aimons  à  croire 
que  M.  Carrière  a  fait  involontairement  confusion  en  lisant 
le  Journal  anglais,   ou  que,  troublé   par  la  colère,  il  a  mal 
compris  son  traducteur  ;  autrement  ce  serait    plus  que    de 
mauvais  goût  de  faire  dire  à  son  adversaire  le  contraire  de  ce 
qu'il  a  dit,  pour  se  donner  le  malin  et  facile  plaisir  de  le  mettre 
en  contiadiclion  avec  lui-même.  Eu  employant  de  tels  pro- 
cédés, on  \nent  facilement  à  bout  d'un  adversaire,  aux  yeux 
du  public  peu  clairvoyant,  qui  vous  applaudit  et  vous  délivre 
la  palme  de  vaincpieur  ;  mais,  je  le  répète,  cela  manque  abso- 
lument de  bon  goût  :  il  y  a  un  autre  mot  dans  la  langue  fran- 
çaise, qui  qualifie  parfaitement  ce  procédé.   Le  savant  doit 
avoir  non  seulement  le  courage  de  ses  opinions,  de  ses  idées; 


—    108  — 

il  doit  aussi  et  surtout  posséder  celui  de  reconnaître  et  d'a- 
vouer ses  erreurs  ;  le  progrès  de  la  science  est  à  ce  prix. 

3°  Où  M.  Decaisne  a-t-il  vu  dans  Bunge,  dit  M.  Carrière, 
que  le  fruit  est  de  la  grosseur  d'une  Pêche?  Franchement 
c'est  par  trop  chercher  la  petite  bète  :  quelle  différence  y  a-t-il 
entre  grosseur  d'une  grosse  Pomme,  expressions  de  Bunge,  et 
grosseur  de  Pèche  ?  Je  serais  curieux  de  savoir  aussi  comment 
M.  Carrière  pourrait  établir  la  différence  entre  une  feuille  lar- 
gement obovale-oblongue  et  une  feuille  presque  elliptique? 

4°  M.  Carrière  demande,  page  104,  à  son  contradicteur,  oii  il 
a  vu  dans  Bunge  cjue  le  fruit  est  de  couleur  brune.  Il  n'est  pas 
dit,  dans  la  lettre  que  nous  avons  publiée,  que  le  fruit  est  brun  ; 
mais  bien  de  couleur  brun  orange  ou  rouge  foncé.  (Voy.  Horti- 
culteur français,  p.  77,  ligne  9.) 

Quant  aux  questions  de  marmelade  et  autres  suivantes,  le 
professeur  de  culture  ne  dit  pas,  dans  sa  lettre,  que  ces  ren- 
seignements sont  tirés  de  Bunge  ;  il  a  cru  qu'il  pouvait  les  em- 
prunter, pour  compléter  l'histoire  du  Diospyros  schi-tse.  aux 
nombreux  documents  qui  lui  ont  été  adressés  avec  des  des- 
sins, en  même  temps  que  l'arbre  actuellement  cultivé  au  Mu- 
séum, par  M.  Simon^  un  de  nos  représentants  de  la  France  en 
Chine",  et  par  l'abbé  David,  missionnaire  apostolique,  qui  en 
parle  même  dans  la  note  que  nous  publions  dans  ce  numéro 
(p..  116);  ces  renseignements  sont  bien  autrement  exacts  que 
tous  ceux  qu'on  peut  tirer  des  livres  de  Thunberg. 

5°  Le  caractère  des  côtes  du  fruit  n'appartient  pas  exclusi- 
vement au  prétendu  costata,  comme  l'affirme  son  auteur;  car 
Loureiro,  dans  sa  Flore  de  la  Cochinchine,  dit  que  le  fruit  du 
kaki  est  une  baie  à  4  angles  arrondis  n  Bacca  ^-gono-rotwida  » . 
Le  fruit  de  l'arbre  du  Muséum  n'est  pas  autrement  costé.  Le 
nom  de  costata  n'est  donc  pas  précisément  justifié. 

6°  M.  Carrière  invoque  le  témoignage  de  Thunberg.  Mais 
s'il  était  plus  versé  dans  la  phytographie  botanique,  il  saurait 


—  109  —  , 

que  Thunbergest,  de  tous  les  botanistes,  celui  qui  s'est  le  plus 

livré  à  l'exercice  des  méprises  an  sujet  des  plantes  du  Japon. 

Admirateur  aveugle  de  Linné,  dont  il  était  le  disciple,  il  voyait 

partout  les  espèces  linnéennes,   et  quand  il  en  a  distingué 

des  nouvelles,  c'est  que  la  différence,  avec  celles  de  son  maître, 

étaitbiengrande.  Ainsi,  pour  n'en  citer  que  quelques  exemples, 

il  a  cru  voir  dans  VHoteia  japonica  une  Saxifragée,  le  Spirœa 

aruncus  de  la  famille  des  Rosacées  ;  il  a  pris  une  Araliacée, 

VHelwingia  ruscifolia,  pour  une  plante,   de  la   famille  des 

Santalacées.  Il  a  décrit  sous  le  nom  de  Bignonia  tomentosa  un 

arbre  d'une  toute  autre  famille,  et  bien  connu  de  tout  le 

le  monde,  le  Paulownia  ;  il  met  dans  le  genre  Rajania,  placé 

dans  les  monocotylédones,  sous  le  nom  de  Rajania  quinata, 

cette  charmante   plante,   dont  nous  avons  figuré  les  fruits 

l'année  dernière,  X'Akehia  quinata,  qui  est  une  dicotylédone. 

Il  a  vu  le  Vilis  labrusca  dans  le  Vitis  ficifolia.  Il  va  même 

jusqu'à  prendre  un  Micocoulier  pour  un  Prunier,  le  Cellis 

muku  qu'il  appelle  Prunus  aspera  ;  c'est  avec  un  Gleditschia, 

le  sinensis,  qu'il  a  fait  son  Fragara  horrida!  etc.  Si  nous 

voulions  poursuivre  nos  citations  nous  n'en  finirions  pas.  Le 

témoignage  de  Thunberg  n'est  pas  une  invocation  heureuse, 

comme  on  voit,  et  sa  description  pourrait  bien  n'avoir  |^as 

plus  de  valeur,  aux  yeux  des  botanistes  non  intéressés  dans  la 

question,  que  celle  de  Linné  n'en  a  aux  yeux  de  M.  Carrière. 

Quant  à  la  localité  de  Nagasaki  donnée  par  M.  Carrière  comme 

étant  celle  du  Kaki  signalée  par  Thunberg,  M.    Carrière  a 

oublié  de  dire  qu'elle   s'applique  seulement  à  la  variété  B, 

dont  le  fruit  est  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon,  et  que 

Siebold,  —  qui  a  séjourné  longtemps  au  Japon,  et  que  tout 

le  monde  connaît,  —  considère  comme  une  espèce  nouvelle, 

qu'il  décrit,  dans  un  appendice  à  sa  Flore  du  Japon,  sous  le 

nom  de  Diospyros  japonica . 

7"  M.  CaiTi_ère  dit  avoir  trouvé  dans  l'herbier  du  Muséaai, 


—  ilO  — 

un  échantillon  de  Diospijros  Kaki  provenant  de  l'île  Formose  et 
ressemblant  tout  à  fait  à  sa  plante,  ce  qui  l'autorisait  à  dire 
que  l'arbre  cultivé  dans  l'établissement  était  le  D.  Kaki. 
M.  Carrière  aurait  pu  voir,  sans  trop  d'attention  et  de  recher- 
ches, que  cet  échantillon  n'appartient  pas  à  celte  espèce  ;  car 
un  des  botanistes  du  Muséum  a  écrit,  il  y  a  bien  longtemps 
déjà,  à  l'angle  droit  supérieur  de  son  étiquette,  cet  adverbe 
latin  :  nequaquam,  que  M.  Carrière  n'a  probablement  pas  com- 
pris, bien  qu'il  soit  placé  là  pour  apprendre  aux  personnes 
qui  consultent  Therbier,  que  cet  échantillon  n'appartient  nul- 
lement à  l'espèce  dont  le  nom  est  inscrit  sur  l'étiquette. 

Si  la  première  partie,  de  cette  lettre,  manque  un  peu 
d'exactitude  dans  les  citations  et  témoignages,  la  seconde  me 
paraît  manquer  absolument  de  clarté  et  de  netteté  ;  car  il  est 
diliicile,  sinon  impossible,  au  milieu  de  toutes  les  contradic- 
tions qui  se  croisent  et  s'entre-croisent,  de  saisir  l'opinion  der- 
nière de  l'auteur.  Tous  ces  Kaki  qui  ne  sont  pas  des  Kaki  parce 
qu'un  de  ces  Kaki  ressemble  à  un  autre  Kaki  qui  est  bien  un 
Kaki,  mais  qui  ne  doit  plus  porter  le  nom  de  Kaki  puisque 
tous  les  A'a/ji  s'appellent  Kaki,  eic,  etc.,  forment  une  déh- 
cieuse  marmelade,  qui  n'a  rien  de  celle  de  Prune  ou  d'Abricot, 
mais  dans  laquelle  se  complaît  tellement  l'auteur  qu'il  n'en 
veut  plus  sortir. 

A  la  lecture  de  ce  ravaudage  de  science  antique,  on  voit, 
avec  peine,  que  l'auteur  se  met  au  niveau  de  tous  ces  écrivains 
et  soi-disant  savants  pétris  de  la  présomption  la  plus  effré- 
née; qui  n'acceptent  la  contradiction  et  l'observation  de 
personne;  qui  jettent  la  confusion  et  mettent  le  désordre 
oarlout  et  dans  tout  ;  et  qui  croient  se  donner  raison,  en  em^ 
ployant,  envers  les  hommes  qui  signalent  leurs  erreurs  ou  qui 
dévoilent  leur  nullité,  des  procédés  que  réprouve  l'honnêteté 
scientifique,  et  un  langage  en  dehors  de  toute  convenance.  La 
lettre  originale  de  M.  Carrière  est  un  modèle  en  ce  genre. 


—  m  — 

Celle  que  nous  avous  reproduite  a  été  tellement  expurgée,  par 
le  rédacteur  du  journal  anglais,  qu'elle  ne  ressemble  en  rien  — 
quant  a  la  forme —  à  celle  que  l'auteur  vient  de  publier  dans 
un  journal  français^  En  la  lisant  on  est  effrayé  des  désordres 
que  la  colère  et  l'orgueil  produisent  dans  le  cerveau  humain... 

Pour  une  question  comme  celle  que  ce  Diospyros  vient  de 
soulever,  question  essentiellement  et  purement  scientifique, 
notre  confrère  aurait  pu  faire  valoir  ses  mauvaises  raisons,  — 
car  elles  me  font  cet  effet  là,  —  avec  un  peu  plus  de  modéra- 
tion et  de  respect.  Car  enfin  son  adversaire  est  j)rûfesseur 
de  culture  au  Muséum,  et,  comme  tel,  responsable  de  la  dé- 
termination des  plantes  que  l'établissement  distribue  chaque 
année,  aux  établissements  similaires  et  aux  particuliers  qui 
sont  en  relation  d'échanges  avec  lui.  Or,  en  voyant  son  pépi- 
niériste déterminer  à  tort  et  à  travers  des  plantes  auxquelles  il 
doit  seulement  donner  des  soins  de  culture  et  de  multiplica- 
tion, il  était  tout  naturel  —  du  moins  il  me  semble  — que  ce 
professeur  cherchât  à  sauvegarder  l'honneur  de  l'établisse- 
ment, en  relevant  les  erreurs,  sans  cesse  renouvelées,  de  son 
subordonné,  qui  n'a  pas  charge  de  déterminer  les  espèces  in- 
connues de  lui,  et  qui  ne  tient  aucun  compte  des  observations 
officieuses  et  bie:ivei liantes  qu'il  reçoit.  Le  professeur  auquel 
incombe  cette  mission  délicate,  était  donc  dans  son  droit  — du 
moins  il  me  semble  encore  —  en  rectifiant  la  nomenclature 
des  plantes  cultivées  sous  sa  direction  ;  c'était  même  un  de- 
voir, et  il  eût  été  bien  coupable  de  garder  plus  longtemps  le 
silence,  puisque,  par  son  silence,  il  aidait  à  propager  une  er- 
reur que  les  ennemis  du  Muséum  n'auraient  pas  manqué 
d'imputer  aux  botanistes  de  l'établissement  et  qui  pouvait 
jeter  le  discrédit  sur  cette  institution  scientifique. 

L'auteur  du  Diospyros  costata  aurait  dû  le  comprendre  et 
se  montrer  moins  impérieux,  en  cherchant  à  rectifier  une 
erreur  —  bien  pardonnable  -    signalée  par  son  professeur. 


—  H2  — 

Il  aurait  dû  surtout  se  rappeler  ses  débuts  dans  la  carrière 
d'auteurs  et  ne  pas  oublier  les  commencements  de  son  Traité 
des  Conifères.  Dédaignait-il  alors  aussi  impérieusement  les 
observations  et  les  corrections  du  professeur  de  culture?  Je  ne 
sais,  mais  tous  les  jardiniers  et  employés  du  Muséum  pour- 
raient répondre,  parait-il^  à  cette  question...  Et  puis  il  sait 
bien,  en  son  for  intérieur,  qu'il  est  impossible  au  même 
homme  d'être  à  la  fois  :  un  habile  jardinier  praticien,  un  pro- 
fond philosophe,  un  économiste  distingué  et  un  botaniste  tout  à 
fait  hors  hgne  qui  ne  se  trompe  jamais.  Car  aujourd'hui,  avec 
les  150  à  200  mille  espèces  de  plantes  décrites  par  les  bota- 
nistes de  tous  les  pays,  la  détermination  des  plantes  exige 
une  grande  habitude  d'observation,  de  longues  et  laborieuses 
recherches  dans  les  livres  écrits  dans  toutes  les  langues.  Or, 
l'auteur  du  Diospyros  costata  ne  possède  probablement  que 
très-superficiellement  les  langues  de  Virgile,  de  Shakespeare  et 
de  Goethe,  —  comme  en  témoigaent  les  négligences  de  tra- 
ductions qu'on  relève  dans  ses  écrits;  et,  en  outre,  il  ne  peut 
donner  beaucoup  de  temps  à  ces  sortes  de  recherches  qu'en 
négligeant  ses  travaux  habituels  de  jardinage.  Il  est  tout  na- 
turel, dans  ces  conditions,  qu'il  ne  puisse  se  livrer  qu'à  la 
production  d'une  exubérance  d'erreurs,  dont  le  résultat  est  de 
porter  le  trouble  dans  la  nomenclature  horticole,  et  dans  les 
relations  entre  amateurs  et  horticulteurs.  Car  l'amateur  qui 
croit  acquérir  une  espèce  nouvelle,  reconnue  telle  par  un  per- 
sonnage du  jardin  des  Plantes  de  Paris,  et  qui  s'aperçoit,  peu 
de  temps  après,  que  son  fournisseur  lui  a  envoyé  une  plante 
qu'il  cultive  depuis  longtemps,  cet  amateur,  dis- je,  accusera 
aussitôt  l'horticulteur  de  l'avoir  trompé  ;  il  ne  s'en  prendra 
nullement  à  l'auteur  de  cette  prétendue  espèce  nouvelle,  cpii 
déclare,  dans  sa  modestie,  ne  se  tromper  jamais. 

Voilà  pourquoi  nous  combattons  tous  ces  faiseurs  d'espèces 
qui,  par  ce  sot  orgueil  de  voir  figurer  leur  nom^  à  la  suite  d'un 


—  113    — 

nom  de  plante,  ne  craignent  pas  de  comprometlre  les  intôrêls 
du  commerce  horticole  et  d'embrouiller  la  nomenclature  bota- 
nique qu'ils  ont  la  présomption  de  débrouiller.  C'est  chose 
sérieuse  que  Tintroduction,  dans  la  culture,  d'une  espèce  nou- 
velle ou  d'un  nom  nouveau.  Les  horticulteurs  le  comprennent 
si  bien,  que  nous  en  voyons,  chaque  jour,  même  des  étrangers, 
s'adresser  aux  botanistes  du  Muséum  et  autres  de  Paris,  pour 
obtenir  les  noms  exacts  des  plantes  qu'ils  cultivent  et  qui  leur 
sont  inconnues  ;  nous  pouvons  ajouter,  que  maints  écrivains  ne 
dédaignent  pas,  non  plus,  de  venir  prendre  des  renseignements 
auprès  d'eux,  et  qu'en  les  publiant  ils  oublient  de  citer  la 
source.  On  comprend,  par  ces  faits,  que  nous  Irojivions  singu- 
lier que  le  pépiniériste  de  cet  établissement  préfère  s'en  rap- 
porter à  sa  science,  pour  nommer  toutes  plantes  qu'il  ne  con- 
naît pas  ;  et  le  nombre  en  est  grand,  hélas  !  rien  qu'à  juger  par 
les  fausses  espèces  nouvelles  qu'il  prend  soin  de  décrire. 

Eu  résumé  et  pour  dégager  complètement  la  vérité  de 
l'obscurité  dont  M.  Carrière  s'est  plu  à  l'entourer,  je  me  con- 
tenterai do  lui  adresser,  pour  celte  fois,  deux  questions,  aux- 
quelles même  il  n'est  pas  forcé  de  répondre  : 

1"  Oui  ou  non  a-t-il  publié  en  1869,  un  Diospyros  sous  le 
nom  de  vrai  kaki,  en  ayant  soin  de  répéter  «  ïSous  disons 
vrai  kaki  »?  • 

2"  Oui  ou  non  a-t-il  changé,  en  1870,  après  avis  officieux, 
ce  nom  de  vrai  kaki  en  celui  de  Diospyros  coslatat 

Tout  est  là  !  M.  Carrière  a  beau  embrouiller  la  question,  elle 
se  réduit  à  ces  deux  termes  :  Ou  c'est  le  kaki,  ou  ce  n'est  pas 
lui.  Si  ce  n'est  pas  lui,  pourquoi  M.  Carrière  Fa-t-il  proclamé 
\evrai  kaki  en  1861)  ;  et  si  c'est  lui,  pourquoi  alors  le  débap- 
tiser en  1870?  Je  le  répète,  M.  Carrière  n'est  pas  obligé  de  me 
répondre. 

Que  notre  confrère  s'amuse  à  faire  des  théories  avec  celles 
des  autres  tant  qu'il  voudra,  c'est  son  droit  ;  mais  nous  l'enga» 

AvriliSlO.  8 


—   114  — 

geons  à  moins  faire  d'espèces  nouvelles,  surtout  avec  les 
plantes  cultivées  au  Muséum,  c'est  pour  lui  un  devoir,  car  ici 
la  question  touche  un  peu  au  service  intérieur.  Mais  se  ren- 
dra-t-il  à  ce  sage  et  amical  conseil  ?  C'est  si  grand  et  si  bon 
de  dire  :  mon  droit  !  C'est  mon  droit  !  et  c'est  si  humiliant, 
pour  certains  caractères,  d'avoir  à  remplir  un  devoir!... 

F.  Herincq. 

{La  suite  à  un  prochain  numéro.) 


NOTES  SUR  QUELQUES  PLANTES  DE  LA  MONGOLIE 

ET    SUR    LES   FRUITS   DU  NORD  DE   LA    CHINE    (1). 

C'est  en  pleine  Mongohe  que  me  parvient  votre  lettre  du 
mois  de  juin  (I8G6)  par  laquelle  vous  avez  la  bonté  de  m'an- 
noncer  la  réception  des  objets  que  j'avais  confiés  à  M.  Pichon. 
Je  suis  heureux  qu'il  ait  eu  la  chance  de  vous  remettre  en  vie 
le  Xanthoceras;  pour  le  Cedrela  sinensis,  je  crois  réellement 
que  c'est  une  plante  délicate  et  importée  à  Pékin.  Je  n'ai 
jamais  pu,  malgré  vos  pressantes  recommandations,  en  ob- 
tenir de  bonnes  graines.  Toutes  me  paraissent  avortées;  aussi 
n'ai-je  jamais  rencontré  un  seul  jeune  individu  sous  les  vieux 
qui  se  trouvent  à  Pékin.  Je  ferai  cependant  tout  mon  possible 
pour  vous  procurer  cet  arbre  précieux  qui  enrichirait,  comme 
vous  le  dites,  d'une  famille  particulière  nos  arbres  forestiers. 

Vous  savez  peut-être  que  j'ai  passé  huit  mois  de  l'année 
dernière  dans  l'Ourato.  J'y  ai  dépensé  beaucoup  d'argent, 
perdu  mon  temps  et  mes  peines,  car  le  pays  est  très-pauvre, 
bien  qu'on  m'eût  dit  le  contraire  à  Pékin  ;  je  me  suis  avancé 
jusqu'à  environ  deux  cents  lieues  à  l'ouest  de  cette  capitale; 


(1)  Extrait  d'une  lettre  de  M.  l'abbé  A.  David,  adressée  à  M.  Decaisne  et 
publiée  dans  le  dernier  cahier  de  la  Flore  des  serres. 


—   115     - 

cependant  mon  herbier  est  intéressant.  La  Flore  de  ly  chaîne 
de  rOulachan,  où  jamais  Européen  n'avait  mis  les  pieds,  h  un 
caractère  particulier.  Beaucoup  d'espèces  communes  dans  les 
montagnes  de  Pékin  et  de  Jehol  ne  se  rencontrent  plus  ici. 
Parmi  les  plus  intéressants,  je  note  une  Ancolie  à  fleurs  vertes 
[Aquilegia  viridiflora)  qui  abonde;  une  jolie  légumineuse  à 
fleurs  roug-e  de  sang  {Lessertia);  une  sorte  de  Sophora  herbacé 
à  nombreuses  fleurs  blanches  très  odorantes  {Sophora  alopecw 
roides);  un  liseron  épineux  à  fleurs  roses,  un  Rhamnus  à  lon^ 
gués  feuilles  hné.'iires.  C'est  là  que  j'ai  trouvé  le  Xanliioceras, 
le  grand  Genévrier  cultivé  à  Pékin  [Jxmiperus  excelsa),  un 
Peuplier  et  deux  arbustes  assez  curieux  dont  l'un  est  une  Clé- 
matite à  tiges  droites  et  à  fleurs  jaunes  pendantes  (Clematis 
fruticosa)y  l'autre,  un  joli  petit  arbuste  à  fleurs  bleus  (Caryop- 
teris  mongolica).  J'ai  récolté  aussi  de  bons  fruits  d'un  Rosier  à 
fleurs  jaunes.  Mais  en  somme,  la  végétation  de  l'Ourato  est 
assez  pauvre;  j'ai  parcouru  le  pays  entier,  en  plusieurs  direc- 
tions, et  je  crois  avoir  réuni  à  peu  près  tout  ce  qu'on  peut  y 
rencontrer.  L'Ourato,  dont  la  chaîne  peut  avoir  de  l'ouest  à 
l'est,  jusque  vers  Karakoto,  une  longueur  dé  80  lieues,  sur  une 
profondeur  d'une   douzaine  de  lieues,   ne   présente   j)as  de 
hautes  montagnes;  ses  forêts,  dont  on  me  faisait  une  si  brillante 
description  ta  Pékin,  sont  aujourd'hui  à  peu  près  détruites; 
quelques  vallées  situées  à  l'ouest  présentent  encore  quelques 
bois  de  Pins  entremêlés  de  PeupHers,  de  Genévriers,  d'Erables 
[Acer  talaricum),  d'Ormes  à  larges  samares,  et,  dans  les  en- 
droits rocailleux,  quelques  Thuias.  Deux  on  trois  Saules,  un 
Tilleul,  un  Padus  croissant  au  bord  des  ruisseaux  ;  mais  ni 
Frêne,  ni  Micocoulier,  ni  Sureau,  ni  Ailante,  ni  Vilis,  ni  Hl)o- 
dodendron;  le  Chêne  lui-même  est  excessivement  rare.  Le 
pays  des  Ortous  constitue  une  immense  plaine  alluviale  que 
traverse  le  fleuve  Jaune,  au  bord  duquel  j'ai  rencontré  un 
ïamarix  a  feuilles  relativement  larges.  Partout  où  la  culiuio  a 


—  H6  — 

été  possible,  on  la  voit  exercée  par  les  Chinois,  qui  chassent 
devant  eux  les  populations  mongoles  pastorales.  Celles-ci, 
d'ici  à  peu,  se  trouveront  sans  ressources,  refoulées  jusqu'au 
grand  désert  de  Gobi,  dont  j'ai  pu  apercevoir  les  sables  jaunes 
et  mouvants. 

Vous  aurez  sans  doute  reçu  la  lettre  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
vous  adresser  de  Pékin,  et  dans  laquelle  je  vous  donnais  quel- 
ques détails  sur  les  produits  du  nord  de  la  Chine  ;  ces  derniers 
se  réduisent  à  quelques  Poires,  Pommes  et  Pèches  de  qualité 
fort  médiocre;  les  Abricots  sont  meilleurs;  une  seule  petite 
Cerise  est  iasigniûante  ;  les  prunes  blanche  et  rouge  ne  valent 
rien. 

Nos  Diospyros  {Diospijros  Schi-tse)  greffés  donnent,  en  au- 
tomne, de  magnifiques  et  excellents  fruits  qu'on  mange  blets  ; 
nous  n'avons  pas  ici  le  Diospyros  kaki  qui  nous  vient  du  sud, 
de  môme  que  les  Coings.  Point  de  Néfliers,  mais  beaucoup 
d'Azéroles  sur  les  marchés;  plusieurs  variétés  de  Noix  ;  l'une 
d'elles,  ainsi  que  vous  le  verrez  en  herbier  provient  d'un  arbre 
dont  les  feuilles  comptent  plus  de  19  foholes.  Le  Raisin  sau- 
vage mangeable  que  j'ai  envoyé  (Vitis  amurensis)  pourrait 
bien  être  la  souche  de  la  plupart  des  Vignes  chinoises;  les 
autres  espèces   sauvages  à   fruit  bleu  et  a  fruit  rouge  cerise 
{Ampélopsis  serjaniœfolia  et  humulifolia)  s'éloignent  beaucoup 
des  Vignes  européennes;  leurs  fruits  ne  sont  pas  mangeables. 
Les  Jujubiers  nous  donnent  aussi  de  nombreuses  et  excellentes 
variétés  de  Jujubes  ;  mais  il  est  probable  que  le  cHmat  de  la 
France  ne  sera  pas  assez  sec  pour  la  culture  de  cet  arbre. 
Je  vous  envoie  ci-inclus  de  la  graine  de  Mou-Sou  (i)  à  fleurs 


(1)  On  sait  que  les  journaux  russes  ont  beaucoup  vanté,  dans  ces  dernière» 
années,  une  plante  fourragère  chinoise  qu'ils  désignaient  sous  le  nom  de  Mou- 
Sou.  C'est  d'après  ce  renseignement  que  je  me  suis  adressé  à  M.  l'abbé  David 
pour  en  obtenir  de  la  graine,  qui  m'a  donné  la  Luzerne  commune;  mais  elle 
nous  a  aussi  appris  que  cette  plante  présente,  comme  en  Europe,  deux  types  ; 


—    117    — 

bleues,  appelée  domestique  par  nos  Chinois  {Medicago  saliva) 
et  du  Mou-Sou  a  fleurs  jaunes,  dit  sauvage  {Medicago  falcala). 
Les  deux  espèces  sont  cultivées  comme  plantes  fourragères, 
mais  si  rarementjqu'il  m'a  fallu  beaucoup  de  peine  pour  avoir 
cette  semence;  les  Chinois  en  mangent  les  jeunes  pousses, 
comme  des  E  pinards,  et  ils  donnent  le  nom  de  î\Iou-Sou  a  la 
plupart  des  légumineuses  herbacées  à  trois  folioles. 

Je  vous  recommande  un  charmant  arbuste  papilionacé  qui 
couvre  toutes  les  collines  de  la  Mongolie  qu'il  orne  de  ses 
nombreuses  grappes  de  fleurs  roses,  inodores  et  qui  se  succè- 
dent pendant  plusieurs  mois,  le  Lespedeza  bicoîor  (1). 

A.  David 


missionnaire  apostolique. 


LA  GRAINE  ET  LES  SEMIS 

{Suite.) 

Depuis  que  l'ovaire  est  devenu  un  fruit,  la  graine  a  pris 
également  de  l'embonpoint,  et  pour  suivre  la  mode,  elle  a 
modifié  un  peu  son  accoutrement  pour  pouvoir  donner  un 
autre  nom  aux  difTérentes  pièces  qui  le  composent.  Ainsi,  sa 
primine  s'appelle  testa  et  sa  secondine  prend  le  nom  de  teg- 
men'j  mais  ces  deux  fourreaux  ne  font  plus  qu'un;  ils  ont 
été  soudés  ensemble  pour  former  le  spermoderme,  ce  qui  veut 
tout  simplement  dire  enveloppe  de  la  graine  :  le  tegmen  est 
comme  qui  dirait  la  doublure  du  testa.  On  y  aperçoit  encore  le 
micropyle;  c'est  par  ce  petit  trou  que  sortira  la  petite  racine 
pendant  la  germination. 

Sous  cette  enveloppe  ou  spermoderme  se  trouve  la  nucelle, 

l'un  cultivé  à  fleurs  bleues  [Medicago  sativa),  l'autre  sauvage,  à  fleurs  jaunes 
(Medicago  falcata);  elle  nous  apprend  de  plus  que  celte  plante  fourragère  est 
d'origine  mongole  et  non  de  la  Média,  comme  on  le  croyait.  Dcne. 

(<)  Voir  Hort.  frariçais^  année  1869,  page  330  et  pi.  XI. 


—  118  — 

qui,  lui  aussi,  a  changé  de  nom  ;  c'est  maintenant  l'amanc^e.  Cette 
amande  est  composée  de  Vembryon  et  d'un  corps  particulier 
nommé  par  les  uns  périspermef  par  les  aulTes  eîidosperme,  albu- 
men, etc.;  c'est  lui  qui  entoure  généralement  l'embryon  ;  c'est 
une  masse  de  tissu  que  la  nature  prévoyante  a  placé  là  pour 
emmagasiner  le  principe  nutritif  qui  alimentera  le  germe  pen- 
dant la  première  phase  de  la  germination. 

Mais  toutes  les  graines  ne  présentent  pas  cette  même  orga- 
nisation. Dans  beaucoup,  cet  albumen  manque  complètement  ; 
c'est  le  cas  de  l'amande,  du  pépin  de  poire,  du  marron  d'Inde, 
de  la  noix,  du  pois,  du  haricot,  des  graines  de  giroflées,  de 
choux,  de  raves,  de  radis,  etc.  Dans  toutes  ces  graines,  l'em- 
bryon a  des  cotylédons  plus  ou  moins  épais,  qui  sont  pourvus 
de  l'élément  nutritif  nécessaire  à  la  nourriture  du  germe, 
jusqu'au  moment  où  sa  petite  radicule  sortant  par  le  micropyle 
pourra  la  puiser  dans  le  sol.  Ces  sortes  de  graines,  ainsi  privées 
d'albumen,  germent  en  général  plus  rapidement  que  celles  qui 
en  sont  pourvues,  parce  que,  dans  ce  cas,  le  tissu  des  cotylédons 
est  un  tissu  tendre  et  charnu,  que  l'eau  et  la  chaleur  du  sol 
pénètrent  facilement. 

La  germination  plus  ou  moins  lente  des  graines  est  due  à  la 
nature  des  tissus  de  l'enveloppe  ou  spermoderme,  et  aussi  à 
celle  de  l'albumen. 

Plus  le  testa  est  solide,  cartilagineux^  osseux,  etc.,  plus 
difficile  est  la  pénétration  de  l'eau  et  l'action  de  la  chaleuF  ; 
plus  de  temps,  par  conséquent,  il  faut  pour  obtenir  l'accomplis- 
sement des  phénomènes  chimiques  qui  préludent  à  la  germina- 
tion ;  c'est  alors  qu'on  doit  recourir  à  la  couche  et  au  châssis. 
Il  en  est  de  même  pour  l'albumen;  il  est  tantôt  charnu, 
tantùl  huileux,  corné,  mince  ou  épais.  Pour  les  graines  qui 
ont  un  albumen  corné  très-dur,  il  faut  plus  de  chaleur  et 
d'humidité  que  pour  les  graines  à  albumen  farineux  ou  charnu; 
les  semis  sur  couche  ou  en  serre  sont  encore  dans  ce  cas  né- 


—  119  — 

cessaires,  et  si  l'enveloppe  est  dur,  cornée  comme  dans  le  Né- 
lombo,  on  use  cette  enveloppe  en  frottant  sur  une  pierre,  pour 
faciliter  la  pénétration  de  l'air  et  de  clialeur. 

Quant  aux  graines  qui  ont  un  albumen  ou  un  embryon  à 
cotylédons  plus  ou  moins  huileux,  comme  la  noix,  le  gland,  le 
café,  elles  perdent  très-rapidement  leur  faculté  germinative  ; 
il  faut  les  conserver  dans  le  fruit  ou  bien  les  semer  aussitôt 
après  la  récolte,  ou,  s'il  y  a  impossiblilité  de  les  semer,  les 
mettre  en  stratification  ;  c'est-à-dire  enterrer  dans  du  sable 
sec,  assez  profondément  pour  les  garantir  de  l'action  de  l'air. 

Résumons  donc  cette  partie  théorique  : 

Les  graines  dont  l'enveloppe  est  mince,  molle,  germent  plus 
rapidement  que  celles  qui  ont  un  spermoderme  épais,  li- 
gneux ou  corné  ou  qui  sont  renfermées  dans  une  coque  comme 
dans  l'amande,  etc. 

Les  graines  qui  n'ont  point  d'albumen  mettent  moins  de 
temps  à  germer  que  celles  (pii  en  sont  pourvues. 

Les  graines  qui  ont  un  albumen  corné,  comme  le  café  et 
celles  des  palmiers,  germent  plus  difficilement  et  plus  lente- 
ment que  les  graines  (jui  unt  l'albumen  charnu  ou  farineux; 
une  forte  chaleur  de  fond  est  même  nécessaire  pour  déterminer 
leur  germination. 

•  Les  graines  à  albumen  sec,  farineux,  conservent  plus  long- 
temps leur  faculté  germinative  que  les  graines  dont  l'albumen 
contient  des  matières  grasses. 

Les  graines  à  albumen  huileux  doivent  être  semées  aussitôt 
après  la  récolte  ou  mises  en  stratification,  autrement  elles  ne 
germent  plus. 

Toutes  les  graines  n'ont  pas  besoin  d'une  égale  somme  de 
chaleur  pour  opérer  leur  germination.  Il  en  est  qui  peuvent 
germer  à  la  température  de  zéro,  et  qui,  à  celte  température, 
mettent  de  1 1  à  17  jours  pour  germer;  telles  sont  les  graines 
du  Sinapisalba,  d'après  M.  Alph.  de  Candolle,  Le  cresson  aie- 


—  120  — 

nois  peut  germer  encore  à  la  température  de  1°  4  au-dessus  de 
zéro,  mais  pas  au-dessous  ;  le  CoUomia  coccinea,  la  Nigelle,  le 
Thlaspi  ne  germent  pas  au-dessous  de  5  degrés  au-dessus  de 
zéro;  le  Maïs  ne  commence  à  germer  que  cjuand  la  tempéra- 
ture du  sol  est  à  9,  et  pour  le  melon  il  faut  qu  elle  soit  à  17. 

Ainsi,  chaque  espèce  de  plantes  exige  une  certaine  tempé- 
rature pour  la  germination  de  sa  graine.  Au-dessous  de  celte 
température  les  graines  ne  germent  pas,  et  même  elles  pour- 
rissent si  le  sol  est  humide.  Il  y  a,  par  conséquent,  une  limite 
au-dessous  de  laquelle  on  ne  peut  obtenir  la  germination  des 
graines^  et  chaque  espèce  a,  pour  ainsi  dire,  lu  sienne. 

C'est  pour  ne  point  connaître  ces  limites  que  tant  de  per- 
sonnes ne  réussissent  pas  dans  leurs  semis.  Elles  sèment  trop 
tôt  ;  elles  sèment  avant  que  le  sol  ait  le  degré  voulu  de  tempé- 
rature pour  l'accomplissement  des  phénomènes  chimiques  qui 
accompagnent  la  végétation,  et  leui's  graines  pourrissent. 

Pour  semer  avec  succès,  —  quant  à  la  température  du  sol,  — 
il  faut  attendre  que  la  chaleur  de  la  surface  de  la  terre  soit 
au  moins  à  10  degrés  au-dessus  de  zéro.  L'observation  a  dé- 
montré que  c'est  entre  10  et  20  degrés  que  la  germination, 
de  la  plupart  des  plantes  de  plein  air,  s'opère  le  mieux. 

Il  en  résulte  que  l'époque  des  semis  varie  suivant  le  climat  ; 
et,  sous  le  même  climat,  elle  peut  encore  varier;  car,  suivant 
que  le  sol  est  sableux  ou  argileux,  il  met  ou  moins  de  temps  ou 
plus  de  temps  à  acquérir  le  degré  de  chaleur  propre  à  opérer  la 
germination  des  graines. 

L'espace  de  temps  nécessaire  à  l'accomplissement  de  la  germi- 
nation varie  aussi  selon  les  espèces.  Le  cresson  alénois  peut  ger- 
mer, dans  de  bonnes  conditions,  du  jour  au  lendemain,  tandis 
que  la  graine  de  Rosier,  placée  dans  les  mêmes  conditions,  ne 
germera  que  l'année  suivante  et  parfois  la  seconde  année . 

A  ces  considérations  de  chaleur  et  d'humidité  du  sol,  il  faut 
ajouter  la  profondeur  à  laquelle  peuvent  germer  les  graines. 


—   121    — 

Cette  profondeur  varie  également  selon  les  espèces.  Il  est 
des  espèces  dont  les  graines  germent  à  la  surface  du  sol,  quand 
ce  sol  est  maintenu  dans  un  état  régulier  et  constant  de  fraî- 
cheur. D'autres,  au  contraire,  dont  les  graines  ne  germent 
qu'autant  qu'elles  sont  profondément  enterrées. 

Au  poids  et  au  volume  des  graines,  on  peut  connaître  à 
priori  la  profondeur  qui  convient  à  chacune  d'elles.  Ainsi,  les 
spores  des  Fougères,  les  graines  excessivement  fines  ou  légères 
d'Orchidées  ne  doivent  pas  être  enterrées. 

Les  graines  ailées  de  Catalpa,  les  graines  fines  de  Campanule, 
dite  Miroir  Vénus ,  en  tombant  naturellement  des  plantes 
qui  les  portent,  ne  s'enfoncent  pas  très-profondément  dans  le 
.sol  et  pourtant  elles  germent  parfaitement.  11  faut  donc  imiter 
la  nature  et  ne  couvrir  que  très-peu  en  saupoudrant  seulement 
de  sable  ou  de  terreau  tamisé  toutes  les  graines  fines  ou  ailées. 

On  enterre  ensuite,  en  raison  de  la  grosseur,  les  autres  es- 
pèces de  graines  ;  mais  3  à  5  centimètres  est  la  limite  extrême, 
des  plus  grosses,  comme  pour  celles  des  Haricots,  par  exemple. 

Des  graines  enterrées  plus  profondément  (1)  et  soustraites,  par 
ce  fait,  à  l'action  de  l'humidité  de  l'air  et  de  la  chaleur,  ne  ger- 
ment pas,  mais  ne  perdent  pas  néanmoins  leur  faculté  germi- 
native.  Elles  peuvent  rester  ainsi  de  nombreuses  années,  des 
siècles  même  ,  et  germer  aussitôt  que  des  travaux  de  terrasse- 
ments les  auront  ramenées  à  la  profondeur  qui  convient  à  leur 
germination. 

Et  maintenant,  préparons  nos  graines  ;  le  temps  de  semer 
approche.  Observons  bien  les  quelques  préceptes  que  nous 
venons  d'énumérer,  et  nous  pouvons  compter  99  germinations 
sur  100  graines  semées.  C'est  la  grâce  que  je  vous  souhaite. 

F.  Herincq. 

(1)  J'ai,  toutefois,  obtenu  la  germination  de  féveroUes  à  40  centimètres  de 
profondeur;  mais  le  sol  était  du  terreau  très-consommé  et  très-meuble. 


—  122  — 

COLEUS  SAÎSONIÎ  (Pl.  IV). 

Ce  CoIeus,on  se  le  rappelle,  a  été  la  merveille  de  l'exposition 
d'horticulture  de  Paris,  en  mai  de  l'année  dernière.  11  se  trou- 
vait dans  le  lot  de  M.  Lierval,  un  de  nos  habiles  horticulteurs 
parisiens,  et  son  origine  est  celle  de  la  grande  majorité  des 
variétés  :  il  doit  le  jour  au  hasard.  C'est  un  rameau  qui  Ta 
produit  ;  c'est  un  accident  d'une  variété  de  Coleus  Veitchii  qui 
a  été  fixé  par  M.  Lierval.  « 

Ce  Coleus  Saisonii,  malheureusement,  a  pour  la  famille  un 
culte  profond;  il  est  très-difficile  de  lui  faire  oublier  ses  pa- 
rents; quoiqu'on  fasse  il  revient  presque  toujours  à  l'auteur 
de  ses  jours,  an  Coleus  Veitchii.  Toutes  ces  belles  et  brillantes 
couleurs,  dont  la  nature  l'a  alTublé,  n'ont  itucune  influence 
sur  lui;  il  n'y  tient  pas;  il  n'aime  pas  le  flafla;  il  n'est  pas  de 
son  époque.  A  loutesil  préfère  le  teint  chocolat  de  sa  mère  — 
et  c'est  réellement  fâcheux. 

Pour  lui  conserver  sa  magnifique  panachure  de  ronge,  de 
rose,  de  blanc,  de  vert  et  de  couleur  chocolat,  il  faut  veiller 
avec  la  plus  grande  attention  à  ses  velléités  de  retour  aux 
types  et  supprimer  tous  Jes  rameaux  qui  n'offrent  point  son 
caractère.  Mais  c'est  surtout  pour  la  multiplication  qu'il  faut 
avoir  grand  soin  de  ne  prendre  que  des  boutures  qui  portent 
exactement  ses  couleurs.  C'est  pour  n'avoir  pas  pris  cette  pré- 
caution que  la  plupart  des  premiers  acquéreurs  du  Coleus 
Saisonii,  l'ont  perdu.  C'est  ici  surtout — pour  ces  sortes'de  va- 
riations —  que  la  sélection  peut  exercer  sa  puissance,  et  qu'il 
faut  la  mettre  à  profit.  Ce  serait  fâcheux,  vraiment,  si  une  aussi 
charmante  plante  disparaissait  des  collections. 

Le  genre  Coleus,  dont  le  nombre  des  variétés  est  déjà  très- 
considérable,  s'est  encore  enrichi,  cette  année,  de  plusieurs 
belles  nouveautés.  M.  Morlet,  horticulteur  à  Avon^  près  Fon- 


—  123  — 

tainebleaii,  en  met  trois  an  commerce,  qui  portent  les  noms  de 
Billotii,  Morletlii  et  Thomasii. 

Le  Billotii  a  le  centre  des  feuilles  de  couleur  rouge  orange 
nuancé  de  plus  ou  moins  foncé,  encadré  d'un  liseré  jaune  large 
d'un  demi-centimètre  :  les  feuilles  sont  longues  de  18  à  20  cent, 
sur  9  à  11  de  largeur. 

Morietii  a  des  feuilles  de  12  à  14  cent,  de  largeur,  sur  3  de 
largeur;  le  fond  est  vert  jaune  sur  lequel  coureut  toutes  les 
nervures  de  couleur  rouge  pourpre  foncé  ou  marron  clair,  qui 
semblent  naître  de  la  base  du  limbe  oh  se  trouve  concentrée  la 
couleur  brune. 

Thomasii  a  ses  feuilles  de  16  à  19  centimètres  do  longueur 
sur 9  à  10  de  largeur;  le  fond  du  limbe  est  d'un  beau  vert  vif 
parcouru  d'un  réseau  carmin  foncé. 

Pour  fmir,  nous  ajouterons  une  liste  d'une  douzaine  d'un  pe- 
tit choix  que  nous  avons  fait,  l'autre  jour,  chez  M.  Chaté,  qui 
possède  tout  ce  que  les  Coleus  ont  pu  fournir  en  variétés.  En 
voici  simplement  les  noms  :  Ratemanni,  Albert-Victor,  Ba- 
ronness  Rothschild,  Beaulyof  Vidinore,  Beauty  of  Saint  John's 
Vood,  Duk  of  Edimburgli,  Empress,  quean  Victoria,  Prince 
Arthur,  Prince  ofWhales,  Princesse  royale,  Princesse  Louise, 
Crimson,  Surprise,. Princesse  Bealrixet  Modèle,  etc.  U  y  en  a 
4  de  plus  que  la  douzaine  promise;  mais  on  ne  s'en  plaindra 

pas. 

0.  Lescuyer. 


LES  POIS  PRÉCOCES. 

M.  Teinturier,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  la  Seine- 
Inférieure,  recommande  trois  variétés  anglaises  de  Pois  comme 
très-précoces  et  très-productifs. 

Bechs  Gem  est  placé  en  première  ligne,  comme  Pois  nain  et 
hàlif.  Ses  mailles  sont  très-rapprochées  ;  il  a  deux  gousses  à 


—  124  — 

chaque  maille,  ce  qui  en  fait  un  Pois  très -productif.  Son 
nanisme  et  sa  précocité  permettent  sa  culture  près  des  espa- 
liers, devant  les  murs. 

Rùiy  Leader.  Variété  très- précoce,  mais  plus  élevée  que  la 
précédente;  elle  est  muigre  de  tige  et  de  fleurs,  garnit  très-peu 
les  rames,  et  ne  produit  qu'une  recolle  moyenne.  Ce  n'est  que 
par  sa  grande  précocité  qu'elle  peut  trouver  place  dans  un 
potager. 

Daniel  0.  Book.  Variété  très-vigoureuse,  la  plus  productive 
des  Pois  précoces  à  rames.  Ses  tiges  sont  fortes  et  s'élèvent  de 
1°  à  1"  30  ;  elles  portent  généralement  deux  fleurs  à  chaque 
maille  :  c'est,  dit  M.  Teinturier,  une  excellente  variété. 

Le  Pois  Laxton's  alpha  est  une  variété  recommandée  par 
M.  Van  Houlte.  Il  a  des  tiges  peu  ramifiées,  et  prend  deux 
cosses  à  chaque  maille,  depuis  le  premier  nœud  jusqu'au 
dernier,  et  s'arrêtant  à  1  mètre  de  hauteur  au  maximum.  Ses 
cosses  sont  très-grandes;  elles  ont  la  forme  du  Pois  serpette  ou 
d'Auvergne  qui  est  la  souche  mère,  dit-on,  du  Pois  taxions 
prolific,  lequel  serait  intervenu,  avec  la  variété  hâtive,  ad- 
vancer,  pour  produire  le  Pois  Laxtons  alpha^  qui  est  une  ob- 
tention de  M.  Laxton.  La  graine  est  verte,  ridée,  d'excellente 
qualité.  —  Cette  variété  est  le  premier  Pois  ridé  véritablement 
précoce;  les  autres  variétés  de  cette  nature  appartiennent,  dit 
M.  Van  Houtte,  à  la  seconde  et  surtout  à  la  troisième  saison, 
celles  des  Pois  tardifs. 

L.    CORDIER. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Variétés  jardinières. 

Bosiers.  Le  genre  Rosier  est  inépuisable.  Dans  le  catalogue 
des  nouveautés  de  novembre  dernier  que  nous  recevons  de 


—  125  — 

M.  Eugène  Verdier,  rue  Danois,  no  3,  Paris,  le  dernier  porte  le 
numéro  66,  et  ce  n'est  pas  tout  ce  que  la  France  a  produit. 
M.  Eugène  Verdier  ne  relate ,  dans  ce  catalogue,  que  les 
variétés  qu'il  a  multipliées  cet  hiver,  pour  la  consommation 
de  ce  printemps,  et  il  a  dû  faire  nécessairement  un  choix; 
nous  avons  déjà  cité  les  gains  sortis  de  ses  semis  en 
novembre  dernier,  nous  n'y   reviendrons  pas. 

M.  Charles  Verdier,  rue  Duméril,  Paris,  annonce  :  Alexan- 
dre de  Humholdt,  hybride  remontant  à  fleurs  beau  rose  vif 
liséré  de  blanc,  et  Blanche  de  Méru,  autre  hybride  à  fleurs 
d'un  blanc  légèrement  rosé  en  ouvrant,  passant  au  blanc 
pur,  et  disposées  en  corymbes. 

M.  Margottin,  à  Bourg-la-Reine  (Seine),  a  obtenu  deux  va- 
riétés nouvelles  d'hybrides  :  Charles  Turner,  à  fleur  très- 
grande  s'ouvrant  en  forme  de  coupe,  d'un  beau  rouge  vif 
éclatant,  et  Mademoiselle  Juliette  Halphen^  à  fleur  grande 
d'un  beau  rose  chair  vif. 

M.  Liabaud,  de  Lyon,,  est  le  producteur  de  :  Albion,  Baron 
Chaurand,  Jeanne  Guillot,  Jules  Seurre,  tous  hybrides. 

M.  Fontaine,  de  Châtillon  (Seine),  a  produit  :  Adelina  Patti, 
Enfant  de  Chàlillon,  mademoiselle  Berthe  Baztherai,  et 
Ville  de  Laon. 

M.  Lévêque  et  fils,  boulevard  de  l'Hôpital,  Paris,  est 
l'obtenteur  de  Mademoiselle  Favart,  charmante  rose,  de  forme 
parfaite,  d'un  teint  rose  très-clair  satiné  et  légèrement  liséré 
de  blanc.  C'est  une  variété  de  Rosier  Ile  Bourbon,  très-florifère. 
M.  Hippolyle  Jamain,  annonce  un  autre  rosier  de  la  même 
section  :  Amélie  de  la  Chapelle,  .fleurs  de  grandeur  moyenne, 
rose  carné  tendre. 

Les  nouveautés  de  la  section  des  Portlands  ou  Perpétuels  ne 
sont  pas  aussi  faciles  à  obtenir,  paraîl-il,  car  les  variétés  se 
comptent  facilement  ;  cette  année  en  offre  deux  aux  amateurs  : 
Madame  Feij-Pranard  (Cherpin),  à  fleurs  rose  pâle  teinté  de 


—  426  —       • 
blanc  en  été  ;  et  Marie  de  Saint-Jean  (Damaisin),  fleurs  beau 
blanc  pur. 

Les  Rosiers  mousseux  remontants  doivent  à  M.  Moreau 
une  charmante  compagne  :  Madame  William  Paul,  très-re- 
montante, à  fleurs  d'un  beau  rose  vif. 

Gesnériacés.  L'établissement  Van  Houtte,  de  Gand^,  a  obtenu 
deux  séries  de  variétés  vraiment  splendides,  s'il  faut  en  croire 
les  figures  qu'il  en  a  publiées.  La  première  série  comprend  : 

Nœgelia  fulgida  bicolor,  à  fleur  mi -partie  vermillon  et  mi- 
partie  d'un  blanc  tout  marbré;  —  Damo,  fleur  toute  saupou- 
drée de  rose  avec  la  gorge  jaune  d'or  constellée  de  points 
vermillon  ;  —  Donderstrall,  fleur  carmin  foncé,  à  gorge  jaune 
d'or  pointillé  cochenille  et  à  lobes  blancs  rayés  d'un  pointillé 
rose  en  lignes  régulières  ;  —  Droom,  large  fleur  couleur  chair, 
ornée  sur  fond  crème  de  dessins  très-ouvrés  ;  —  Margenlicht, 
fleur  d'un  beau  jaune  d'or  pur;  —  Nachtegaal,  fleur  incarnat 
avec  un  pointillé  chair  sur  fond  blanc  ;  —  Zucht,  fleur  rouge 
virantau  corail^  avec  le  cadre  intérieur  moucheté  chamois. 

La  seconde  série  est  composée  de  :  Plectopoma  candidumy 
fleurs  très-grand  blanc,  de  neige  à  larges  macules  lilas  à  gorge 
citron,  constellée  d'un  pointillé  carmin  vif;  —  bicolor,  grand 
feuillage  à  revers  pourpre  ;  fleur  grande  à  tube  couleur 
chair  teint  de  rouge  à  l'intérieur,  jaune  citron  à  l'exté- 
rieur, pur  le  tout  pointillé  régulièrement  de  couleur  safran; 
—  scintillans,  fleur  grande  rose  pourpre,  à  tube  citron 
parsemé  de  points  écartâtes  ;  —  suave  roseum,  fleur  grande 
d'un  rose  le  plus  suave,  à  impériale  jaune  d'or;  —  corallinum, 
feuillage  vert  d'un  rose  le  plus  foncé  velouté  noir  ;  fleur  très- 
grande  rouge  corail,  à  impériale  chrome  ;  —  triumphans,  fleur 
lilas,  blanche  à  l'intérieur,  ornée  d'une  moucheture  amarante, 
surmontant  une  aigrette  jaune  citron. 

ËRN.    BONARD. 


—    127  — 

Expositions  pour  1870. 

Deux  expositions  auront  lieu  à  Paris,  dans  le  Palais  de  l'In- 
dustrie aux  Champs-Elysées,  en  même  temps  que  l'exposition 
des  Beaux- Arts.  La  première  —  exposition  générale  —  du 
27  mai  au  l*'^juin;  la  seconde  — exposition  permanente  — 
se  prolongera  jusqu'au  20  juin.  Tous  les  horticulteurs  et  ama- 
teurs français  et  étrangers  peuvent  concourir.  Pourront  figurer 
à  ces  expositions  toutes  les  plantes  utiles  ou  d'agrément,  de 
serre  ou  de  plein  air,  à  quelque  division  horticole  qu'elles  ap- 
partiennent. Les  demandes  d'admission  devront  être  adressées, 
du  !«'  au  15  mai,  à  M.  le  Président  de  la  Société,  rue  de 
Grenelle,  n*  84;  les  plantes  seront  reçues  les  25  et  26,  de  6  h. 
du  malin  à  4  heures  du  soir. 

D'ans  le  courant  d'avril  il  y  aura  expositions  à  Gand  du  tO 
au  13  ;  à  Strasbourg  du  17  au  18  et  à  Bruxelles  du  24  au  26. 

Le  mois  de  mai  aura  celles  du  Havre  le  1"^;  de  Cette  du  18 
au  22  ;  Versailles  du  22  au  24  ;  Evreux  du  26  au  29. 

En  juin,  elles  ouvriront  à  Bordeaux  le  2,  et  à  Caen  le  16. 

Pour  le  mois  de  juillet  le  Havre  en  aura  une  seconde  le 
premier  dimanche,  et  Avranches  aura  la  sienne  du  23  au  25. 


CATALOGUES  D'HORTICULTURE 

POUR  \&-,0. 

Conrtols-Gérard,  rue  du  Pont-Neuf,  24,  Paris.  Catalogne  général  des 
graines  de  plantes  potagères,  fourragères,  ûeurs,  etc.  —  Jd,  des  plantes 
ntiuvelles. 

Crousse,  à  Nancy.  Catalogue  général  des  plantes  disponibles  pour  le  prin- 
temps de  1870. 

Dcleitalle  (Henri),  à  Thumesnil  (Nord).  Catalogue  et  prix  courant  pour  4  870. 

llavartl  et  Comp.,  14,  rue  Auber,  Paris.  Catalogue  de  graines  de  fleurs^  d'ar- 
bres et  d'arbustes. 

Liemoiue,  à  Nancy.  Catalogue  et  prix  courant  pour  1870.  —  Id.  de  plantes 
nouvelles. 

lilnden  (ancien  établissement  Ambr.  Verschaffelt),  à  Gand.  Supplément  et 
extrait,  des  catalogues  généraux,  et  prix  courant  pour  le  printemps  de  1870. 

Benaiilt^  15,  rue  de  l'Arcade,  Paris.  Catalogue  des  principales  espèces  de 
graines  potagères,  fourragères,  de  fleurs,  d^arbres  et  d'arbustes. 

Bendatler,  à  Nancy,  Catalogue  général  et  prix  courant  des  Plantes  dispo- 
n  blés  pour  1370. 


—    128  — 

Thibaut  et  Ketcleer,  rue  Hcudand,  87,  Sceaux  (Seine),  Catalogue  général 
des  plantes  dispiinibles  pour  l'année  ISIO.  Nouveautés. 

Torcy  et  Vanuier,  à  Melun.  Catalogue  de  graines. 

t'erdier  fEugène)  fils  aîné,  rue  Dunois,  3,  Paris.  Calalog-ue  des  Rosiers  nou- 
veaux de  l'automne  4  8G9  provenant  des  multiplications  hivernales,  et  dispo- 
nibles au  l*'  mai. 

Tilmorin-Andrieux  et  Comp.,  4,  quai  de  la  Mégisserie,  Paris.  Supplément 
aux  catalogues  généraux,  ou  liste  des  Nouveautés. 


Travaux  eu   mm  âe  liau 


Potager.  On  continue  de  semer  en  pleine  terre  toutes  espèces  de  plantes  po- 
tagères :  pois,  fèves,  haricots,  carottes,  chicoréed'été,  cornichons,  choux  divers, 
ehoux-navets,  navets  de  Suède,  etc.,  etc.  On  met  en  place  le  plan  élevé  sur 
couche,  telles  que  tomates,  aubergines,  concombres,  choux-fleurs,  etc. 

On  établit  en  plein  air  des  meules  à  champignons  et  des  couches  tièdcs  ou 
•ourdes  pour  melons  d'arrière-saison  ou  pour  planter  des  patates. 

Jardin  fruitier.  C'est  le  moment  où  il  faut  visiter  assidûment  les  arbres  frui- 
tiers et  porter  son  attention  sur  le  développement  des  branches,  afin  de  suppri- 
mer celles  qui  pourraient  nuire  au  parfait  développement  de  l'arbre,  ou  altérer 
sa  fertilité.  Il  faut  veiller  surtout  à  maintenir  l'équilibre  des  espaliers,  en  dé- 
palissant et  redressant  les  membres  faibles,  en  palissant  au  contraire  très-vigou- 
reusement et  horizontalement  les  parties  vigoureuses,  ou  en  pinçant  les  braa» 
ches  verticales  qui  prendraient  trop  de  développement.  • 

Jardin  d'agrément.  On  peut  livrer  en  pleine  terse,  dans  la  première  quinzaine 
de  ce  mois,  les  héliotropes,  nortensias,  pela,rgo:  _3rî,  pétunias,  verveines.  On 
continue  les  semis  de  plantes  annuelles  du  mois  d'avril;  mais  il  est  un  peu  tard 
pour  les  balsamines,  belles-de-nuit,  malopés,  œillets,  Zinnia,  etc.  Quelques  plant» 
doivent  être  déjà  bons  à  repiquer;  il  faut  y  veiller  et  ne  pas  attendre  qu'ils  soient 
trop  grands;  la  reprise  alors  est  plus  difficile. 

Serres.  Rempotage,  bouturage  et  greffes  herbacées,  sont  les  principaux 
travaux  du  mois.  Dans  la  deuxième  quinzaine  on  sort  les  plantes  d'orangerie,  et 
vers  la  fin  les  plantes  de  serres  tempérées  et  de  serres  chaudes.  Il  faut  avoir 
bien  soin  de  choisir  un  temps  couvert,  autrement  le  soleil  détruirait  les  jeunes 
pousses,  encore  trop  tendres  pour  affronter  ses  rayons  brûlants. 


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Ateeplus  de  SOU*  dessins  idterctlés  dans  le  texte, 

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GRAVÉS  PAR  M;  BISSOH. 

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No  5, 


30*  Année. 


1890. 


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JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CDLTDRE    RAISONNER,    LA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   PLANTES, 

ET    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRDITS  ET   DES  LÉGDMES,  LA  DESCRIPTION 

ET    L'DSAGE    DES   1^STRUME^TS  NOUVEADS, 

PUBLIÉ   AVEC    LE   CONCOURS 

DES  AMATEDRS  ET  DES  PRINCIPADX  HORTICDLTEDRS  DE  FRANCE 

SOUS    LA     DIRECTION    DE 

M.  F.  HERÏNCO, 

X. 

RÉDACTEUR   EN   CHEF. 

ATTACHÉ     AO     MOSÉOM     u'illSTOinE     NATUtlELLB    DE     PARIS, 

Collaborateur     du     Mannel     Jt$     ninmcs,    dos      GgllrOS     du    no»      Janllnler, 
Ex-RédaCtOUr    principal    de   la    Soclélé  irimnicutnire   ,le    in     Stine  , 

Membre   lioaoraire    et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'borticultiire,   etc.  , 


L'Horticulteur  Français  paraît  le  3  de  chaque  mois,  par  iivr.iison  de  32  pages  de  texte 
graud  iu-8,  et  d'uue  planche  gravée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin. 

(   Paris 10  i'r.  par  an. 

PRIX  DE  L'ABONNEMENT  :    J    DÉPARTEMEiNTS.      11    fr.        — 

[  Éthanger  ....     15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  d<:  Paris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNADD,  rue  Cassette,  9. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  boa 
snr  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  ((ue  nous  leur  ferons  nri'senler  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  deU.N  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


1 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,  ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1870 


MM.  les 

selte, 

Nous  m-iions  sut  la  dernière  page  „^  . 

mou  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


MÉDAILLE  D'ARGENT  A   L'EXPOSITION   UNIVERSELLE  DE   1867 

50    MÉDAILLES 

aux  Expositions  de  Paris  et  de  la  Province. 

CULTUUE    SPÉCIALE 

de  Ferdinand  GLOEDE,  horticulteur,  à  Beauvais  {Oise). 


Iiihrairie  de  E.  DONNAUD,  éditeur,  rue  Cassette,  9. 

DICTIONNAIRE    DE    POMOLOGIE 

CONTENANT 

l'histoire    la  description,  la  figure  des  fruits  anciens  et  des  fruits  modernes 

les  plus  géinéralement  connus  et  cultivés, 

Par  André  LEROY, 

PÉPINIÉRISTE, 

Chevalier  de   la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  président 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


EN    VENTE 

2  volumes  grand  in-8°. 

Tome  i"  A— C,  389  variétés.     ) 

}     ôlo  variétés. 
Tome   2«    D— Z,  526      —  j 

Prix:     broché,  lO  fr.   le    volume. 

Soit  20   francs  pour  l'exemplaire   complet  de  l'HISTOIRE   DU   POIRIER. 


CULTURE  DES  PLANTES  AQUATIQUES 

par  M.  D.  HÉLYE 

Chef  de  culture  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris 
Un  joli  volume  in-32  colombier,  orné  de  gravures.  — Prix  :  1  fr.  50. 


CULTURE   DE   L'ASPERGE 

PAR    T.    LENORMAND,   HORTICULTEUR 

Un  volume  in-IG  colombier,  avec  figures  dans  le  texte  et  un  plan. 

Prix  :  1  fr.  25. 


Il 


SON  HISTOIRE ,   SA   CULTURE 

Suivi  d'une  moîiographie   des  espèces  et  des  variétés  principales 
Par  E.  GHATÉ  fils,  horticulteur. 

Un  volume  in-tQ  colombier. — Prix  :    broché,  1  fr.  SO 


SOMMilRE  DES  ARTICIES  CONTENCS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.  IIerincq,  Chronique.  —  F.  Herincq,  Le  Rapport  de  la  Commission  du  Radis 
sauvage  amélioré.  —  0.  Lescuyer,  Le  Weigelia  Lavallei  (PI.  V)  -•- 
J.-B.  Weber,  Une  plante  propre  .'i  garnir  les  ligrs  de  Rosiers.  —  II.  de  FrémOiNT, 
Sur  la  rusticité  de  quelques  plantes.  —  F.  IIérincq,  Bibliographie  :  Histoire 
des  Plantes,  de  M.  Bâillon;  la  Truffe,  par  M.  Chatin  ;  Nouveaux  éléments  de 
Botanique,  par  M.  Léon  Marchand.  Peiit  Gnide  pour  le  jardin  maraîcher,  par 
M.  Nardy.  —  X...,  Petites  nouvel  es  ;  Floralies  russes.  Fourmi,  Carotte 
grelot  hiltve,  Arrosemcnls  des  Fraisiers.  —  Cataloç|ues  pour  1870.  —  X..., 
Travaux  du  mois  de  mai. 


CHRONIQUE 

Lutte  entre  l'hiver  et  le  printemps  ^  effeldes  gelées  tardives  et  de  la  sécheresse 
Exposition  d'horticulture  de  Paris  :  premièie  partie  :  pas  de  médailles,  pas 
d'exposants.  La  132*  exposition  à  Gand-,  noiiveauiés  qui  y  figuraient.  De 
l'horticulture  en  Belgique  et  eu  Franco.  Un  peu  de  statistique  au  sujet  de  la 
Violette.  Les  glaïeu's  de  M.  SoiuheC.  Les  maraîchers  de  Paris.  La  culture 
maraichèiB  en  Belgique  et  en  Prus-e,  et  sa  production.  Le  bill  du  parle- 
ment anglais  pour  réprimer  la  fraude  dms  la  vepte  des  graine.i.  Ce  que  je 
proposerais  si  en  France  le  Corps  législatif  intervenait  dans  cette  même  i]ucs- 
tion  :  abus,  fraudes,  consciences  élastiques;  complaisances  des  commissions 
de  société  d'horticulture;  un  exemple,  entre  mille;  un  liquide  pour  favoriser 
la  reprise  des  boutures;  conduite  de  la  commission  d'enamen.  Réflexion  et 
conseils. 

Le  printemps  a  de  la  peine  à  s'installer  chez  nous  ;  l'hiver 
paraît  ne  point  .vouloir  lui  céder  facilement  la  place^  et  la 
lune  rousse  pousse  à  la  réaction.  Chaque  matin  on  a  de  nou- 
veaux accidents  nocturnes  à  déplorer.  La  semaine  dernière 
c'était  la  Vigne  qui  était  gelée,  les  Pommes  de  terre  qui  étaient 
grillées  ;  hier  c'était  la  chute  des  Abricots,  des  Poires  ;  demain 
on  craindra  pour  autre  chose,  etc.  Et  avec  cela  une  sécheresse 
désespérante  qui  entrave  la  germination  des  graines.  Il  ne  faut 
pas  négliger  de  bassiner  ses  semis,  le  matin  préférablement 
au  soir,  et  d'abriter  ses  espaliers  de  Pêchers  et  de  Vignes  avec 
de  simples  toiles  placées  en  avant,  en  forme  de  rideau.  Mais 
j'espère  que  quand  ce  numéro  paraîtra,  cette  recommandation 
sera^iu  superflu  :  nous  serons  en  plein  joh  mois  de  mai. 

ifai4870.  9 


—  130  — 

Paris,  à  ce  moment-là,  se  trouvera  en  pleine  exposition  gé- 
nérale d'horticulture.  La  première  partie  vient  de  commencer. 
Elle  est  exclusivement  ornementale,  et  c'est  la  Société  d'horti- 
culture de  Paris  qui  s'est  engagée  à  garnir  de  fleurs  la  nef  du 
Palais  de  l'Industrie,  consacrée  à  l'exposition  des  sculptures, 
pour  pouvoir  faire  sa  vraie  exposition  de  printemps  dans 
cette  même  nef,  le  27  courant. 

Pour  obtenir  le  concours  des  horticulteurs,  dans  cette  orne- 
mentation, le  bureau  de  la  Société  a  intercalé  ce  petit  entre- 
filet dans  Vavis  placé  en  tête  du  n°  de  mars  de  son  journal  : 
«  Les  personnes  qui  y  prendront  part  y  trouveront,  dans  l'im- 
mense affluence  des  visiteurs  alors  au  Palais  de  l'Industrie, 
un  moyen  de  publicité  dont  ils  n'obtiendraient  l'équivalent 
ni  dans  aucune  autre  circonstance,  ni  dans  aucun  autre 
lieu,  )) 

C'est  ce  moyen  de  publicité  qui  remplace  les  médailles. 

Mais  les  horticulteurs  n'ont  pas  l'air  d'apprécier  beaucoup 
ce  genre  de  publicité  sans  médailles;  pas  un  n'a  lépondu  à 
l'appel  de  la  Société,  qui  s'est  trouvée  dans  la  triste  nécessité 
d'acheter  aux  marchés  aux  fleurs,  -des  Pelargonium,  des  An- 
thémis et  des  quarantaines  pour  garnir  le  parterre  de  la  grande 
nef.  Rien  à  voir,  par  conséquent,  pour  l'amateur,  avant  le 

27, 

En  atlendant,  voici^des  nouvelles  de  la  132'  exposition  de  la 
Société  royale  d'agriculture  et  de  botanique  de  Gand,  la  pa- 
trie des  Van-Houtte,  des  Ambroise  et  Jean  Verschatfelt,  des 
Linden,  des  Van  Gaert,  etc.  Elle  a  eu  lieu  du  10  au  13  avril 
dernier. 

Les  plantes  nouvelles  ne  manquaient  pas.  Dans  le  lot  de 
M.  Jean  Verschaffelt,  se  trouvaient  :  Ardisia  mollis,  Bignonia 
picta,  Phormium  Colensoi,  Dracsena  regina,  Croton  irregu- 
lare,  Caladium  prince  Albert  Edward,  Pelargonium  Howarth 
Ashton,  Hotea  japonica  aureo-variegaia,  Canna  tricolor,  Wet- 


—  131  — 

trca  macrophylla,  Blandfordia  Ciinninghami,  Sarracenia  flava 
major,  un  Séquoia  gigantea  panaché.  Les  Araucaria  Rulei,  ele- 
gans  et  glauca;  Abies  polita,  Yucca  funifera,  Dasylirion  Hart- 
wegianum  ,  Agave  dealbata  nana,  Xylynacanfha  medio  lutea, 
Verschafrelti  foliis  aureo-striatis,  Regeli,  Vandordonckti  et 
Echeveria  agavoides. 

L'ancien  établissement  Ambroise  Verscbaffelt,  appartenant 
actuellement  à  M.  Linden,  exposait  beaucoup  de  nouveautés 
que  nous  avons  vues  à  l'Exposition  universelle  de  Paris  en 
4867,  et  qui  commencent  à  n'être  plus  précisément  des  intro- 
ductions nouvelles,  bien  qu'elles  concouraient  encore  comme 
telles.  Ce  sont:  Dracsena  Guilfoylei  etlentiginosa,  Griasamo- 
rensis,  P'icus  dealbata,  Gochliostema  jacobianimi,  Peperomia 
Verschaffeltii,  Sanchezia  glaucophylla,  Anthurium  hybridum. 
Puis  quelques  espèces  plus  nouvelles,  ou  qui  n'ont  pas  au- 
tant couru  les  expositions  :  DracîBnalutesceus  striata,  Maranta 
Bismarkiana,  Pliilodendrum  Daguense,  Dieffenba  liia  nobilis 
Anthurium  trilobum,  Dioscorea  Eldorado,  Odontoglossum  ro- 
seum,  etc. 

M.  Van  Gaert  avait  aussi  son  petit  lot  de  nouveautés.  Sela- 
ginella  species  nova  de  la  Californie,  Lomaria  gibba,  viir.  Belli 
Lilium  longillorum  albo-marginatum,  DiefFeubaclua  eburnea 
Macadamia  ternifolia,  Skimmia  oblata  albo-varitgata,  Croton 
maximum,  Daphne  eleganlissima,  Veitchia  Johannis,  Ptychos- 
perma  Alexandrae,  Phormium  Colensoï  variegalum,  Bland- 
fordia  Cunninghami.  En  conifères  :  Picea  Japonica ,  Gha- 
mœcyparis  obtusa  filicoides  et  ses  var.  lycopodioidcs,  nana 
aurea,  pisifera  pi  il  fera  ;  Relinospora  plumosa,  Juniperus  ri- 
gida  et  japonica,  Podocarpus  elegantissimus,  etc.,  etc. 

L'établissement  Van-Houtte  brillait  par  son  absence  ;  mais 
plusieurs  de  ses  nouveautés  figuraient  dans  les  lots  de  diffé- 
rents exposants,  entre  autres  les  Azalées  Mme  Louis  Van- 
Houtte,  Mme  Van  Langsenhove,  M"e   ^[^^ie   Van-Houtte,  qui 


—  132  — 

se  trouvaient  dans  le  lot  de  M.  Ed.  Vandercruyssen,  en  com- 
pagnie d'autres  nouveautés  qui  portent  les  noms  de  Princesse 
Stéphanie  Clotilde,  la  Victoire,  Neptune,  Merveille,  la  Sur- 
prise, la  Géante,  Splendeur,  et  deux  serais  de  l'exposant. 

En  Rhododendrum  nouveaux,  M.  de  Coninck  avait  présenté 
Léopold  II,  mistriss  John  Clutton,  mistriss  Fitz-Gérald,  Lady 
Émily  Peel,  Mme  Carvalho  et  Lord  John  Russel,  qui  accom- 
pagnaient une  belle  et  nombreuse  collection  de  variétés  plus 
anciennes. 

M.  Joseph  Vervaene  avait  plusieurs  semis  de  Rhododendrum 
et  d'Azalées  non  nommés.  M.  Boelens  et  fils  les  Azalées 
nouvelles  :  Napoléon  III,  Mme  Lemonier,  Rosea  splendida, 
Souvenif  du  baron  Heynderycx,  Adolf  Masquelier  et  belle 
Aurore.  —  Dans  le  loi  de  M.  Lieven  Brugge,  on  trouvait  en- 
core les  Azalées  Bakator  blanc,  Alcanlino,  Balafont,  Was- 
hington, Reinette  de  Cassel,  Borowitsky,  et  trois  semis  de 
l'exposant  :  Napoléonis,  Parkinsonii,  Gardénia. 

Mais  assez  de  nouveautés  à  la  clef  ! 

Comme  collection,  les  Camellia  étaient  richement  repré- 
sentés par  les  lots  de  MM.  Brugge  et  Camille  Vanden  Bossche  ; 
les  plus  belles  collections  de  Rhododendrum  appartenaient  à 
M.  de  Coninck  et  Joseph  Vervaene.  Les  Azalées  étaient  aussi 
très-nombreuses  et  sortaient  des  cultures  de  MM.  Brugge,  de 
Ghellinck,  Van  Inweghe,'Jean  Vervaene. 

Quant  aux  plantes  diverses  de  serres,  M.  Linden  marche 
toujours  à  la  tête  des  exposants.  M.  Alexis  Dallière  avait  deux 
belles  collections  de  Caladium  et  de  Maranta,  qui  méritent 
une  mention. 

Cette  exposition  de  Gand,  a  montré  que  les  amis  de  Flore 
•  sont  toujours  nombreux  et  empressés  en  Belgique  ;  car  parmi 
les  exposants  il  y  avait  beaucoup  d'amateurs. 

En  France,  le  culte  des  plantes  se  perd  ;  les  amateurs  de- 
viennent de  plus  en  plus  rares.  On  aime  simplement  les  fleurs, 


—  133  — 

ce  qui  est  bien  différent.  Le  pot  de  Giroflée,  de  Réséda,  est 
fort  recherché  et  le  bouquet  de  Violettes  l'emporte  sur  tout 
les  Macadamia,  les  Dieffenbachia,  les  Picea,  les  Chamœcy- 
paris,  etc.  C'est  même  effrayant  la  quantité  de  Violettes  que 
Mesdames  de  Paris  consomment  chaque  année.  M.  Edouard 
Morren,  dans  son  rapport  sur  l'horticulture  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  1867,  nous  apprend  que,  dans  l'année  1868,  il  çi 
été  vendu,  à  la  halle  de  Paris,  plus  de  5  millions  de  paquets  do 
Violettes,   c'est-à-dire   de  gros  bouquets.   Cinq  millions    de 

paquets!  Savez-vous  combien  cela  fait   de  fleurs? Eh! 

bien....,  ni  moi  non  plus  ;  mais  c'est  effrayant  ! 

Et  puisque  nous  venons  de  faire  la  statistique  de  la  Violette, 
faisons-en  pour  quelques  autres  produits  horticoles  j  cela 
variera  un  peu  nos  plaisirs. 

D'après  ce  même  rapport  de  M.  Morren,  M.  Souchet,  de 
Fontainebleau,  débite  pour  60,000  francs  de  Glaïeuls  par 
an.  Si  le  gouvernement  avait  acheté  les  60,000  premiers,  et 
qu'il  les  eût  distribués  aux  instituteurs  de  France  pour  les  pro- 
pager par  les  graines  que  ces  60,000  et  leur  descendance 
auraient  produites,  un  jardin  largo  comme  notre  globe,  et  qui 
joindrait  le  soleil,  ne  serait  pas  encore  assez  grand  pour 
planter  aujourd'hui  tous  les  bulbes!... 

En  1860,  il  a  été  consacré  plus  de  400,000  francs  aux 
fleurs  achetées  pour  les  cimetières  de  Paris,  ce  qui  prouve 
que  si  le  Parisien  est  frivole,  il  a  au  moins  conservt' le  culte 
sacré  des  morts. 

On  compte  à  Paris  et  la  banlieue  1 ,2o0  maraîchers,  qui 
cultiyent  396  hectares  de  terrains;  emploient  546,017  clo- 
ches, 110,069  châssis  vitrés,  et  font  4,933,239  fr.  d'af- 
faires. 

En  Belgique,  la  culture  maraîchère  est  aussi  une  industrie 
très-importante.  D'après  la  statistique  officielle  de  1856, 
l'ensemble  des  jardins  potagers,  de  ce  petit  royaume,  occupe 


—  134  — 

une  surface  de  34,981   hectares,  et  on  estime  à   900  fr.  le 
produit  moyen  annuel  d'un  hectare  de  jardin. 

Un  autre  centre  de  production  maraîchère  est  Erfurt,  en 
Prusse,  la  ville  aux  Giroflées.  Elle  a  exporté,  en  1862,  2  mil- 
lions de  fruits  de  Concombre.  —  Quel  est  le  malheureux  pays 
qui  reçoit  et  consomme  tous  ces  gros  Cornichons?  — 100,000 
kilogr.  de  Choux-fleurs  ;  700,000  kilogr.  de  graines  de  lé- 
gumes et  de  graines  de  fleurs.  Une  plaine  voisine  de  cette 
ville,  et  entrecoupée  de  canaux,  fournit  par  an  :  600,000  pieds 
de  Céleris,  500,000  Choux-fleurs,  500,000  Choux-raves, 
100,000  Choux  pommés  frisés,  12,000  kilogr.  d'Asperges, 
et  l'énorme  chiffre  de  trois  millions  de  bottes  de  Cresson  de 
fontaine,  pour  la  santé  du  corps.  Je  m'exphque  maintenant 
la  belle  carnation  des  Prussiennes  et  la  vigueur  des  com- 
patriotes de  M.  de  Bismark  ! 

Le  commerce  des  graines  est  une  branche  importante  de 
notre  industrie  horticole  ;  mais  il  parait  qu'il  n'est  pas  exempt 
de  fraudes  ;  car  les  étrangers,  et  particulièrement  les  blonds 
sujets  de  la  reine  Victoria  reprochent,  souvent,  à  nos  commer- 
çants^ de  n'être  pas  toujours  très- consciencieux  dans  leurs  li- 
vraisons de  graines.  Je  ne  veux  faire  ici  le  procès  de  personne, 
mais  je  me  permettrai  de  rappeler,  à  MM.  nos  voisins  d'outre- 
Manche  qui  crient  fort  contre  les  commerçants  français,  que 
le  parlement  anglais  a  dû  éditer,  l'année  dernière,  un  Bill  ou 
loi,  pour  réprimer  les  fraudes  des  marchands  grainiers  de  la 
Grande-Bretagne. 

En  France,  notre  Corps  législatif  n'a  pas  été  obligé  jusqu'ici 
d'intervenir  dans  la  question.  Il  est  vrai  que  s'il  entrait  jamais 
dans  celte  voie,  l'année  n'aurait  pas  assez  de  565  jours  pour 
permettre^  à  nos  honorables,  de  voter  toutes  les  lois  nécessaires 
pour  mettre  les  honnêtes  citoyens  à  l'abri  des  abus  et  des 
fraudes  usités  depuis  l'invention  des  consciences  élastiques. 
Si  jamais  cependant  nos  députés  étaient  obligés  d'intervenir, 


—  435  — 

comme  Messieurs  du  parlement  anglais ,  dans  nos  petites 
affaires  horticoles,  je  leur  soumettrais  mi  projet  de  loi  pour 
réprimer  les  trop  grandes  complaisances  qui  envahissent  de 
plus  en  plus  les  commissions  des  sociétés  d'horticulture;  com- 
plaisances  qui  couvrent  et  protègent,  inconsciemment  sans 
doute,  des  fraudes  très-préjudiciables  à  la  science  et  aux  in- 
térêts horticoles.  Un  exemple  entre  mille. 

Il  y  a  environ  deux  ans,  la  Société  d'horticulture  d'un  pays 
très-réputé  pour  le  produit  végétal  bivalve  qui  porte  son  nom, 
fut  appelé  à  se  prononcer  sur  la  valeur  d'un  liquide  qui  favori- 
sait, disait  l'inventeur,  la  reprise  des  boutures.  Elle  nomma 
une  commission,  qui,  après  des  expériences,  rendit  un  rap- 
port favorable  dans  lequel  on  parle  de  80  pour  100  de  bou- 
tures réussies  en  employant  le  liquide,  et  de  40  seulement  — 
juste  la  moitié  des  premières  —  pour  les  boutures  faites  sans 
l'application  du  liquide.  Naturellomcnt  tous  les  amateurs  d'a- 
cheter l'eau  fameuse  ;  mais,  au  lieu  d'obtenir  80  pour  100, 
ils  n'ont  sauvé  que  1,  2,  3,  quelquefois  4  boutures  sur  10!  Or, 
le  80  pour  100  de  la  commission  n'était  qu'un  résultat  fictif;  le 
résultat  réel,  obtenu  par  elle,  a  été  comme  celui  des  douze  per- 
sonnes desquelles  nous  tenons  ces  rensignements,  c'est-à-dire 
de  1  à  4  sur  10.  Il  n'y  arien  ici  qui  nous  surprenne.  Le  liquide 
recommandé  n'est  pas  une  invention  nouvelle;  c'est  l'iiistoire 
du  co//ot//o/i  d'un  Anglais,  M.  Lowe,  qui  a  fait  quelque  bruit 
en  1854  dans  le  monde  horticole,  et  dont  ra[)plicatiou  a  été 
fortement  recommandée  en  France,  sur  la  connaissance  qu'on 
avait  de  la  parfaite  loyauté  de  l'inventeur.  Mais  on  reconnut 
bientôt,  sans  mettre  en  doute  la  loyauté  de  l'inventeur,  que 
le  coUodion  n'exerce  aucune  influence-  favorable  sur  la  pro- 
duction des  racines,  ni  sur  la  conservation  des  boutures  (1),  et 
le  procédé  Lowe  fut  abandonné. 

(<)  Voir  l'arùcle  de   M.    Desbois  maltiplicalour  chezj  M.  Vaa  HouUe,  [pu- 
blié à  cette  époque  dàas  l'Horticulteur  Français  1854,  p.  15J. 


—  136  — 

Pourquoi  la  commission  du  nouveau  liquide  n'a^t-elle  pas 
fait  connaîlrela  réelle  vérité  1  Ah  !  voilà!  La  réponse  à  celte 
question  est  hérissée  d'épines.  Néanmoins  il  n'enlrera  jamais 
dans  mon  esprit  qu'il  y  a  des  complaisants  assez  complaisants 
pour  sacrifier  la  vérité  à  leur  dieu  ventre!... 

,  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  péniFDle  de  voir  des  commissions  hor- 
ticoles agir  avec  une  telle  légèreté.  C'est  ainsi  qu'on  jette  la 
défaveur  sur  les  Sociétés  d'horticulture  ;  car  il  est  impossible, 
après  des  actes  empreints  de  la  plus  incontestable  partiaHté, 
d'avoir  la  moindre  confiance  en  ces  institutions  Quand  on  n'a 
pas  le  courage  de  dire  la  vérité  aux  gens  ;  quand  on  craint  de 
se  faire  des  ennemis  ou  de  perdre  l'amitié  de  personnes  qui  ne 
sont  pas  toujours  dignes  de  conserver  celle  des  autres,  on 
n'accepte  pas  la  mission  de  juger  leurs  actes,  ou  de  vérifier  la 
sincérité  de  leurs  assertions.  En  approuvant  toujours,  comme 
font  les  commissions  d'horticulture,  on  se  rend  coupable  de 
complicité,  et,  dans  l'espèce,  la  complicité  est  plus  condam- 
nable que  l'acte,  puisqu'elle  apporte  une  haute  et  puissante 
consécration  qui  attire  et  augmente  le  nombre  des  dupes. 

F.  Herlngq. 


LE  RAPPORT  DE  LA  COMMISSION   DU  RADTS  SAUVAGE 

AMÉLIORÉ. 

Enfin  !  c'est  décidé,  la  culture  est  une  puissance  de  pre- 
mier ordre,  qui  transforme  tous  les  végétaux  indistinctement 
qu'on  lui  soumet;  c'est  prouvé  parla  Carotte  Vilmorin,  par  la 
Chicor-ée  Jacquin  et....  par  le  déluge....  des  plus  nobles  senti- 
ments !  Ainsi  le  proclame  le  savant  rapporteur  de  la  commis- 
sion du  Radis  des  familles,  dans  son  rapport  à  la  Société  im- 
périale et  centrale  d'horticulture  de  France,  inséré  dans  le 


—  137  — 

journal  de  cette  société,  cahier  de  février  1870,  page  110. 

Désormais  nous  n'avons  plus  qu'à  nous  incliner  devant  le 
dogme  de  la  transmutation  ou  transformation  de  l'espèce. 

En  effet,  s'il  faut  en  croire  ce  rapport,  l'inventeur  du  Radis 
des  familles  n'a  pas  obtenu  simplement  une  de  ces  légères 
variations  qui  constituent  les  variétés  jardinières  ;  il  a  déter- 
miné une  transformation  radicale  de  toutes  les  parties  de  la 
plante;  il  a  fait  avec  du  Radis  sauvage  une  espèce  tout  à  fait 
différente  :  car  non-seulement  la  racine  est  devenue  charnue, 
mais  «  le  développement  des  fruits,  dit  le  rap|)orleur,  est  par- 
faitement en  rapport  avec  celui  des  racines  i>  bien  que  le  semis 
ait  été  fait  en  automne,  époque  qui,  au  dire  des  transforma- 
teurs, n'exerce  d'influence  que  sur  les  organes  souterrains. 
€  Longues,  étroites  et  à  une  seule  loge  au  début,  dit-il,  les 
siliques  du  Radis  sauvage  arrivent  progressivement  à  la  forme 
ventrue  très-développée  des  siliques  du  Radis  cultivé.  Comme 
ces  dernières,  arrivées  à  ce  point,  elles  sont  à  deux  loges.  » 

Les  siliques  du  Radis  cultivé  à  deux  loges  !  Ah  !  Celui  qui  a 
dit  cela  à  M.  le  rapporteur  l'a  induit  singidièrement  en 
erreur.  Mais  peu  importe,  la  question  n'est  pas  là.  Pour  le 
moment  il  s'agit  de  savoir  si  une  espèce  peut  se  transformer 
en  une  autre ,  par  la  culture  ou  autrement.  M.  le  rapporteur 
de  la  Société  d'horticulture  de  Paris  dit  oui  !  les  savants  les 
plus  sérieux,  les  plus  sensés  —  et  M.  Vilmorin  en  tète  — disent 
non  !  Oui,  M.  Vilmorin  père  est  anti-transformisle  !  Jusqu'à 
ce  jour  on  lui  a  prêté  des  idées  qu'il  combat  dans  son  mé- 
moire :  nous  le  démontrons  dans  cette  note. 

Nous  avons  déjà  fait  connaître  l'opinion  du  professeur  de 
culture  du  Muséum  ;  voici  maintenant  celle  du  professeur  de 
botanique  du  même  établissement,  M.  Adolphe  Brongniart, 
qui  est,  en  outre,  premier  vice-président  de  la  Société  impé- 
riale et  centrale  d'horticulture  de  France. 

a: L'espèce,  dit-il  à  la  page  23  de  son  rapport  sur  les 


—  138  — 

progrès  de  la  botanique  phylographique  (1),  malgré,  la  varia- 
bilité qu'elle  peut  présenter  dans  certaines  limites,  nous  pa- 
raît invariable  dans  son  essence  et  ne  pas  pouvoir  se  trans- 
former en  une  autre  espèce  ni  donner  naissance  à  des  espèces 
nouvelles. 

3)  Placée  dans  les  conditions  les  plus  différentes  de  celle  où 
la  nature  l'avait  fait  naître,  la  plante  conserve  ses  caractères 
essentiels  ou  périt;  elle  présente. de  légères  variations,  qui 
n'ont  rien  de  stable  ;  elle  ne  se  modifie  pas  graduellement,  et  ne 
s'acclimate  pas....  i>   ■ 

Telle  est  l'opinion  du  savant  professeur  de  botanique  sur  la 
transformation  des  plantes  :  elle  est  parfaitement  conforme 
aux  faits  observés  et  recueillis  jusqu'à  ce  jour.  La  commission 
de  la  Société  d'horticulture  n'en  a  pas  fait  connaître  de  nou- 
veaux; son  rapporteur  appuie  l'opinion  contraire,  non  pas  sur 
les  résultats  matériels  obtenus  par  des  expériences  entreprises 
par  elle,  mais  par  une  simple  preuve  morale,  ce  Connaissant, 
dit-il  à  la  page  H 3,  la  parfaite  loyauté  qui  caractérise 
M.  Carrière,  la  majorité  de  votre  commission  est  toute  dis- 
posée à  croire  ce  qiCil  nous  a  dit.  ))  Ah!  le  bon  billet  qu'a 
la  Châtre  !  Il  faut  convenir  que  si  M.  le  rapporteur  est  grave 
en  la  forme,  il  n'est  guère  sérieux  quant  au  fond,  ce  Connais- 
sant la  parfaite  loyauté....  ))  Il  est  sublime,  l'argument;  il  n'y 
a  que  les  Sociétés  d'horticulture  pour  en  trouver  de  pareils.  En 
tous  cas  c'est  être  très-habile  de  l'avoir  mis  en  avant  pour 
couvrirla  personne  de  l'inventeur  ;  car  nul  n'a  le  droit  de  mettre 
en  doute  la  parfaite  loyauté  d'un  homme  ou  d'un  écrivain, 
quand  bien  même  cet  écrivain  n'aurait  pas  craint,  pour  se  dé- 
fendre d'une  erreur,  qu'on  lui  impute,  de  dénaturer  la  phrase 
d'un  de  ses  adversaires  pour  lui  faire  dire  le  contraire  de  ce 


(4)  Publicatioa  faite  sous  les  auspices  du  ministère  de  l'iaslructioû  publique 
<868. 


—  439  — 

qu'il  a  dit  et  se  donner  par  cela  raison  (1).  Mais  en  mettant  en 
avant  \a  parfaite  loyauté  de  son  client,  M.  le  rapporteur  n'est 
pas  très-heureux;  car  c'est  aussi  l'argument  in  extremis,  l'ar- 
gument de  la  dernière  extrémité  ;  le  suprême  effort  du  com- 
battant qui  succombe.  Donc,  «  respect  aux  vaincus!  d  Quoi 
qu'il  en  soit  la  commission  a  manqué  à  son  devoir. 

Elle  avait  été  nommée  pour  s'assurer  matériellement  si  les 
assertions  articulées  par  l'inventeur  du  Radis  de  famille 
étaient  exactes,  et  elle  vient  confirmer  ces  assertions  sans 
preuve  matérielle,  mais  seulement  sur  des  assertions  nouvelles 
du  même  individu  !  Franchement,  avec  la  meilleure  volonté 
du  monde,  il  n'est  guère  possible  de  prendre  ce  rapport  au 
sérieux.  Il  est  d'autant  moins  sérieux  que  le  rapporteur  a 
oublié  de  citer  et  de  discuter  les  faits  qu'on  oppose  à  ceux  des 
hommes  qu'il  défend.  Ce  n'Qst  pas  en  employant  ces  procédés 
qu'on  arrivera  à  la  vérité.  C'est  sans  doute  très-habile;  mais 
ce  n'est  pas  ce  qu'on  appelle  de  l'honnêteté  scientifique.  Je  le 
dis  humblement  à  messieurs  de  la  Société  impériale  et  cen- 
trale d'horticulture  de  France. 

On  répète  à  satiété  que  cette  prétendue  amélioration  du 
Radis  sauvage,  par  la  culture,  est  la  confirmation  des  travaux 
de  M.  Vilmorin .  C'est  une  erreur  des  plus  grossières  ;  elle  ne 
confirme  rien  du  tout,  puisque  jamais  l'honorable  obtenteurde 
la  Carotte  améliorée  n'a  émis  cette  théorie  :  «  que  la  culture 
seule  est  la  cause  efficiente  de  la  variation  des  plantes,  et  que 
toutes  les  plantes  sauvages  peuvent  être  (ransformées  et  amé-» 
lioréespar  elle.  «  Si  M.  le  rapporteur,  au  lieu  de  citer  une  petite 
note  de  quelques  lignes  insérée  dans  les  Annales  de  la  société 
royale  d'horticulture  (dans  laquelle  l'auteur  fait  connaître  la 
couleur  des  Carottes  qu'il  a  obtenues),  avait  consulté  le  mé- 
moire présenté  à  la  société  d'horticulture  de  Londres  en  -1840 

(1)  Voir  l'Eort.  franc.  1870,  p.  107  lignes  12  et  suivantes, 


—  140    - 

et  publié  pour  la  'première  fois  en  français,  en  1859,  en  tête 
du  Recueil  des  Notices  de  M.  Louis  Vilmorin,  il  aurait  mieux 
connu  l'opinion  du  savant  honnête  —  modèle  d'honnêteté 
scientifique  —  auquel  on  attribue  la  théorie  absurde  de  la 
transformation  des  plantes  sauvages  par  la  culture  ;  il  aurait 
vu,  au  contraire,  qu'il  en  est  le  plus  sérieux  adversaire,  puis- 
qu'il lui  oppose  de  nombreux  faits.  Mais  tel  est  l'amour  de 
la  vérité  de  nos  adversaires,  qu'ils  gardent  systématiquement 
le  silence  sur  tout  ce  qui  est  contre  les  principes  qu'ils  veulent 
faire  prévaloir. 

Et  puisque  ceux  qui  ont  mission  de  répandre  la  vérité 
l'enveloppent  ainsi  de  nébulosités,  pour  la  cacher  aux  yeux 
de  ceux  qui  veulent  faire  sincèrement  connaissance  avec  elle, 
il  est  de  notre  devoir  d'écarter  les  nuages  qu'on  amoncelle 
autour  d'elle,  au  risque  de  nous  faire  foudroyer  par  tous  les 
Jupiter  olympiens  de  l'horticulture. 

Voici  d'abord  l'opinion  de  M.  Vilmorin  sur  l'espèce  :  c  L'es- 
pèce naturelle,  dit-il,  (1)  est  essentiellement  fixe  et  stable  ;  elle 
ne  varie,  sauf  de  rares  exceptions,  que  dans  les  limites  assignées 
aux  différeuces  individuelles  ;  différences  qui  s'éteignent  et  se 
renouvellent  avec  les  individus,  sans  laisser  de  traces  durables 
et  donner  naissance  à  des  races  nouvelles,  ce  qui  explique 
comment  nous  obtenons  si  facilement  des  variétés  de  nos 
plantes  potagères  déjà  déviées  et  améliorées,  tandis  que  si 
nous  introduisons  dans  la  culture  une  espèce  encore  à  Vétat  na- 
turel, nous  ne  la  voyojis  pas  se  modifier  sensiblement.  i> 

11  est  bien  difficile  de  trouver  dans  ce  passage  du  mémoire 
de  M.  Vilmorin,  le  principe  qu'on  lui  attribue  :  que  la  culture 
est  la  cause  de  la  variation  des  plantes  sauvages.  Mais  les  par- 
tisans de  la  transformation,  par  les  procédés  culturaux, 
seront  bien  obligés  de  se  rendre  à  l'évidence  après  la'  lecture 


(<)  Livre  cité,  page  7, 


—  141  — 

du  passage  suivant,  qui  se  trouve  à  la  page  8,  et  dans  lequel 
l'auteur  combat  cette  opinion,  en  examinant  les  moyens  par 
lesquels  la  transformation  de  nos  plantes  domestiques  a  été 
effectuée. 

«  On  pourrait  croire ^  et  cette  opinion  m'a  été  quelquefois  mani- 
festée par  des  hommes  éclairés,  que,  pour  la  création  des  variétés 
alimentaires  perfectionnées,  il  a  dû  suffire  d'une  nourriture  abon- 
dante et  des  soins  de  la  culture  jardinière,  mais  un  examen 
attentif  ne  permet  d'adopter  cette  opinion  que  dans  un  sens  trés- 
restreint.  Certainement  ces  soins  sont  au  nombre  des  moyens  in- 
dispensables; mais  il  est  indubitable  aussi  que,  seuls,  ils  ne 
suffiraient  pas.  Donnez  au  Chou  sauvage  une  nourriture  très-abon- 
dante, traitez-le  jardinièrement,  vous  lui  procurerez  un  dévelop- 
pement plus  vigoureux,  des  dimensions  plus  fortes;  ses  feuilles 
deviendront  plus  amples;  ses  tiges  plus  hautes  ;  vous  en  ferez  un 
Chou  cavalier,  ou  le  Chou  vert  hranchu  ;  mais  jamais,  par  ces 
moyens  seuls,  vous  n'en  ferez  un  Chou  pommé  (1).  //  a  fallu  cer- 
tainement autre  chose.  —  Quelle  est  cette  autre  chose,  ou  plutôt 
quelles  autres  choses'^  Cest  là  leproblemesur  lequel  j' appelle  l'at- 
tention, non  pas  pour  le  Chou  seulement,  mais  pour  maintes 
autres  plantes. 

Et  maintenant,  que  M.  le  rapporteur  écoute  la  suite,  lui  qui 
m'a  soutenu  un  jour^  au  Jardin  des  Plantes,  que  M.  Vilmorin 
n'avait  jamais  expérimenté  que  sur  la  Carotte  :  elle  se  trouve  à 
la  page  9  du  Recueil  de  M.  Lo.uis  Vilmorin.  On  veut  éviter  la 
vérité,  eh  bien,  je  poursuivrai  ses  ennnemis,  en  la  traînant  à 
ma  suite,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  reçue  et  acclamée  partout. 

c:  Souvent  occupé  de  cette  question,  termine  M.  Vilmorin, /a» 
cherché  à  ni  éclairer  sur  elle  par  des  expériences;  j'en  ai  suivi 


(1)  J'en  ai  en  ce  moment  l'exemple  sous  les  yeux.  Depuis  deux  ans  j'essaie 
le  Brassica  sylvestris^  dont  j'ai  dû  les  graines  à  l'obligeance  de  M.  Loudou  et 
du  Révérend  Thomas  Bree;  les  individus  les  plus  rigoureux  sont  ceux  qui  s'é- 
loignent le  plus  de  la  disposition  à  pommer.  (Note  de  M.  Vilmorin.) 


—  142  - 

sur  diverses  plantes  dans  la  mie  de  les  améliorer,  sur  la  Laitue 
vivace  [Lactuca.perennis),  sur  le  Tetragonia,  le  Solanum  stolo- 
nifervm,  le  Brassica  orientalis  ;  plusieurs  années  d'épreuves  ne 
rnont  jusqu'ici  fait  obtenir  de  ces  espèces  aucune  modification 
SENSIBLE.  Mais  la  Carotte  sauvage,  que  j'avais  comprise  dans  les 
mêmes  essais,  s' est  améliorée ,  au  contraire,  de  la  manière  la  plus 
prononcée ^ 

Pourquoi  donc  le  rapport  ne  mentionne-t-il  pas  ces  expérien- 
ces et  leur  insuccès,  qui  prouvent  à  M.  Vilmorin  «  quil  faut 
autre  chose  que  la  culture  pour  obtenir  la  déviation  d\m  type  spé' 
cifîque,  et  à  nous  qu'il  n'est  pas  l'auteur  de  cette  absurde  ttiéorie 
de  la  transformation?  Pourquoi  n'avoir  pas  parlé  de  cette  autre 
chose  qui  a  fait  dévier  ses  Carottes  et  que  nous  avons  enregis- 
trée dans  nos  observations  critiques  (1)  :  la  mouche ,  comme  di- 
sent les  faiseurs  de  graines  de  carottes,  que  doit  cependant 
connaître  M.  le  rapporteur,  ou  l'hybridation,  commel'a  démon- 
tré le  professeur  de  culture  du  Muséiun,  iM.  Decaisne,  par  des 
expériences  faites  dans  cet  établissement  et  que,  au  besoin, 
M.  Verlot,  secrétaire  général  adjoint  de  la  Société,  aurait  pu 
certifier  véritables,  puisqu'il  leur  a  donné  les  soins  de  culture 
ordinaire  ? 

Ah  !  c'est  que  M.  le  rapporteur  n'a  aucune  confiance  dans 
les  expériences  du  Muséum,  comme  il  me  l'a  dit  un  jour  ;  elles 
n'ont  pour  lui  aucune  valeur;  ce  sont  des  expériences  de 
laboratoire  qui  ne  signifient  çien  ;  c'est  de  l'horticulture  en 
chambre  ! 

Il  croit  cependant  au  Radis  sauvage  qui  aurait  été  amélioré 
dans  ce  même  laboratoire  du  Muséum.  Mais  il  est  vrai  que  s'il 
"y  croit,  ce  n'est  pas  parce  que,  au  mois  de  septembre  dernier, 
on  lui  a  montré  déjeunes  pieds  de  Radis  prétendu  sauvage,  re- 
piqués dans  douze  godets  de  deux  pouces,  et  qu'il  n'a  pas  vu 

(1)  L'Horticulteur  français  4869,  page  149. 


—  143  — 

semer.  Non  !  Il  y  croit  parce  que,  €  connaissant  la  parfaite 
loyauté,  etc.,  etc. ^  »  le  reste  comme  au  rapport.  C'est  tout  sim- 
plement sublime  ! 

Voilà  oîi  conduit  l'esprit  de  parti.  Il  passionne  d'abord, 
il  aveugle  ensuite,  et,  dans  cet  état  de  cécité,  il  est  impossible 
de  marcher  droit  dans  le  chemin  qui  mène  au  temple  de  la 
Vérilé. 

Je  regrette  bien  sincèrement  que  la  Société  impériale  et 
centrale  d'horticnltnre  de  France  se  soit  laissé  entraîner  dans 
cette  fâcheuse  affaire  ;  car  elle  apporte  un  poids  énorme  à  un 
principe  complètement  faux,  qui  n'avait,  comme  soiUien,  que 
le  nom  d'un  homme  faussement  invoqué,  puisque  cet  homme 
nie  positivement  l'influence  de  la  culture  dans  la  transforma- 
tion de  la  Carotte,  en  déclarant  que  cette  transformation, 
comme  celle  des  Choux,  des  Laitues,  etc.^  est  due  à  autres 
choses  que  la  culture,  lesquelles  autres  choses  il  déclare, 
honnêtement,  ne  point  connaître.  Est-il  donc  si  étonnant,  après 
cela,  qu'il  ait  avoué,  à  M.  Decaisne,  que  l'hybridation  n'a  pas 
été  étrangère  au  résultat  obtenu  par  lui  ? 

M.  le  rapporteur  parle  d'expériences  entreprises  par  le 
comité  des  cultures  expérimentales.  Mais  il  fallait  attendre 
le  résultat,  pour  confirmer  la  parfaite  loyauté  de  l'inventeur 
des  Radis  de  famille  ;  il  n'y  a  pas  péril  en  la  demeure,  et  cette 
précipitation,  au  contraire,  peut  avoir  de  fâcheuses  consé- 
quences- Si  les  résultats  sont  négatifs,  par  exemple,  que  fera 
la  Société?  Elle  se  rétractera;  mais  elle  n'empêchera  pas 
que  le  principe  se  perpétuera  toujours  sous  sa  protection; 
car  les  membres  qui  ont  lu  le  rapport  qu'elle  vient  de  publier 
le  proclameront  auprès  de  leurs  amis  et  connaissances,  et 
quand  la  rectification  arrivera,  on  ne  mettra  pas  autant  d'em- 
pressement à  la  répandre.  Et,  du  reste  il  sera  impossible  de 
retrouver  tous  les  adhérents,  qui  pourront  bien  alors  ne  plus 
lire  son  journal.  —  Voilà  pourquoi  il  est  si  difficile  de  dé- 


—  iu  — 

raciner  Terreur  ;  voilà  pourquoi  aussi  il  ne  faut  jamais  con- 
firmer un  fait  sans  en  avoir  contrôlé  matériellement  et  à  plu- 
sieurs reprises  l'exactitude. 

Le  rapport  de  la  Société  d'horticulture  sur  les  Radis  pré- 
tendus sauvages  améliorés,  ne  nous  a  donc  nullement  con- 
vaincus de  la  sincérité  des  assenions  avancés  au  sujet  de 
cette  question,  et  nous  persistons  à  regarder  l'origine  de  nos 
plantes  domestiques  comme  accidentelle  et  non  comme  ré- 
sultat de  procédés  culturaux.  Ce  sont  des  accidents  plétho- 
riques qui  ont  été  trouvés  sur  des  plantes  sauvages,  comme  on 
rencontre  tous  les  jours,  dans  la  nature,  des  fleurs  accidentelle- 
ment doubles,  et  que  l'homme  a  su  conserver  par  la  culture. 
Quoi  qu'il  fasse,  le  jardhiier  n'obtiendra  jamais,  comme 
l'a  dit  l'honorabie  M.  Vilmorin,  du  Chou  sauvage  un  Chou 
pommé,  ou  un  Chou-rave,  ou  un  Chou-fleur,  etc.  Qu'on  nous  dé- 
montre le  contraire  en  produisant  une  racine  nouvelle,  mais  en 
dehors  des  genres  qui  fournissent  nos  racines  alimentaires  ;  car, 
malgré  toute  notre  confiance  en  la  parfaite  loyauté  des  inven- 
teurs, nous  redoutons  les  méprises  et  les  erreurs  involontaires 
qu'un  amour-propre  mal  placé  ne  permet  plus  ensuite  d'avouer. 

Nous  regardons  donc  toujours  les  Radis  de  famille  comme 
variétés  du  Radis  cultivé,  obtenues  de  graines  provenant  de 
sujets  dégénérés,  ou  plulôt  qui  ont  fait  retour  au  type  spéci- 
fique, le  Rapha7ius  sativus,  espèce  bien  distincte  du  Radis 
sauvage  Raphanus  Raphanistrum.  Nos  observations,  sur  plu- 
sieurs plantes  légumières,  nous  ont  démontré,  en  effet,  que 
ces  sujets  ainsi  dégénérés  sont  les- plus  affolés  et  qu'ils  produi- 
sent un  plus  grand  nombre  de  variétés  que  les  sujets  les  mieux 
coDStitués.  Nous  réservons  cette  question  pour  plus  tard. 

F.  Herincq. 


—  145  — 

WEIGELIA  LAVALLEI  (Pl.  V). 

Ce  nouveau  Weigelia  annoncé  par  M.  Lemoine,  de  Nancy, 
sous  le  nom  de  Diervilla  {Wei(jeUa)  hybrida  Lavallci,  est  une 
production  hybjide  çblenue,  d'après  cet  liorliculteur,  du  croi- 
sement opéré,  par  lui,  sur  le  Weigelia  arborea  grandi [lorQ.f 
à  fleurs  d'un  blanc  jaunâtre,  par  le  Weigelia  muUiflora  à 
fleurs  pourpre  vineux. 

Ses  fleurs,  formant  de  longues  grappes  flexibles,  ont  la 
grandeur  des  fleurs  du  Weigelia  arborea,  et  la  couleur  est  in- 
termédiaire entre  celles  des  parents,  c'est-à-dire  qu'elle  est 
d'un  rouge  pourpre. 

Mais  le  grand  mérite  de  cette  nouvelle  variété  est  de  fleurir 
dès  le  plus  jeune  âge  ;  des  boutures  de  quelques  centin. êtres  se 
couvrent  de  fleurs.  Celle  variété  est  excessivement  floribonde 
cbez  les  sujets  vigoureux  et  forts;  les  branches  latérales  sont 
tellement  fleuries  qu'elles  s'infléchissent  gracieusement  sur  le 
poids 'de  la  production  florale. 

Pour  la  culture  forcée,  le  Weigelia  Lavallei  est  une  des  meil- 
leures acquisitions. 

Comme  élévation,  il  peut  atteindre  2  et  3  mètres. 

(L  J'ai  dédié  ce  produit,  dit  M.  Lemoine  dans  son  catalogue,  à 
M.  Alphonse  Lavallée,  amateur  savant  et  bien  connu  pour  sa 
compétence  en  matière  d'arbustes.  y> 

0.  Lesguyer. 


UNE  PLANTE  PROPRE  A  GARNIR  LES  TIGES 
DE  ROSIERS  (i). 

II  y  a  six  ans,  nous  assistions  aux  utiles  leçons  d'horticul- 
ture que  le  savant  directeur  du  jardin  des  Plantes  de  Paris 


0)  Extrait  Buîl.  soc.  d'hort,  de  la  Côte-d'Or. 

Mai  4870.  40 


—  116  — 

fait  annuellement  dans  l'amphithéâtre  de  la  galerie  de  géo- 
logie au  muséum  de  Paris. 

Dans  une  de  ses  leçons,  sur  l'ornementation  des  jardins,  le 
savant  professeur  blâmait  vivement  lamode^  de  mauvais  goût, 
qui  veut  que  dans  tous  les  jardins  on  cultive  surtout  des 
■Rosiers  greffés  sur  tige;  ces  arbustes  ressemblent  alors  à  un 
bouquet  perché  sur  une  baguetle  plus  ou  moins  élevée  ;  un 
hideux  tuteur ,  un  échalas,  nécessaire  par  la  fragilité  et  la 
flexibilité  de  cette  haute  tige,  qui  ne  saurait  résister  aux  vio- 
lences des  vents,  vient  encore  ajouter  à  cet  aspect  désa- 
gréable. 

M.  Decaisne  conseillait  aussi  de  cultiver  les  Rosiers,  soit 
en  touffe,  soit  en  colonne  ou  en  palissade  contre  un  treillage, 
selon  les  espèces,  choisissant  celle  de  ces  formes  qui  serait  le 
plus  en  harmonie  avec  le  mode  de  végétation  de  la  variété  que 
l'on  veut  cultiver  et  de  l'emplacement  que  l'on  désire  orner. 

Préférant  de  beaucoup  ce  mode  de  culture,  nous  n'hésitons 
pas  à  le  recommander  aux  amateurs  partout  où  ce  sera  pos- 
sible; en  effet,  rien  de  plus  floribond  et  de  plus  en  harmonie 
avec  la  végétation  des  Rosiers  sarmenteux,  qu'un  berceau  de 
Rosa  indica  major,  une  façade  garnie  du  Rosier  multiûore, 
ou  un  tronc  d'arbre  transformé  en  une  colonne  de  fleurs  à 
odeur  suave,  en  l'entourant  de  quelques  pieds  du  Rosier 
Ayrshire. 

Nous  en  dirons  autant  de  ces  charmants  massifs  de  Rosiers 
francs  de  pied  :  hybrides,  Noisettes,  Rengales,  Ile  Rourbon, 
autant  de  ces  déliineuses  bordures  de  Rosiers  Lawrances, 
fleuris  pendant  toute  la  belle  saison  ;  pour  nous,  il  c&t  regret- 
table que  ces  charmantes  espèces,  souvent  abandonnées,  aient 
laissé  dans  les  jardins  modernes  trop  de  place  aux  plantes 
à  feuillage . 

Quelle  que  soit  la  valeur  de  cette  critique,  la  mode  est  une 
impérieuse  maltresse  à  laquelle  il  faut  toujours  céder;  et  puis, 


—   147   — 

il  faut  bien  le  reconnaître,  le  Rosier  greffé  sur  tige  présente 
de  nombreux  avantages  ;  autour  de  lui  on  peut  faire  croître 
de  charmantes  et  délicates  plantes,  ce  qui  serait  impossible 
avec  les  Rosiers  francs  de  pied  ;  cette  tige  grêle,  ce  vilain  tu- 
teur, peuvent  être  dissimulés  par  une  colonne  de  verdure  et 
de  fleurs  ;  c'est'  ce  que  nous  avons,  depuis  plusieurs  années, 
tenté  avec  succès  au  jardin  des  Plantes  de  Dijon. 

Peu  de  plantes  grimpantes  conviennent  parfaitement  pour 
cet  emploi;  les  unes,  telles  que  Maurandia,  Lophospermum, 
Eccremocarpus,  etc.,  etc.,  sont  trop  maigres  et  ne  garnissent 
pas  bien  cette  tige  que  l'on  voudrait  dissimuler. 

Les  auti-eSj  telles  que  les  difTorentes  espèces  d'Ipomés.  Ca- 
pucines, Gourdes,  Cobeea,  etc.,  sont  trop  vigoureuses,  épui- 
sent le  Rosier  au  pied  duquel  on  les  plante,  puis,  par  leurs 
nombreuses  et  vigoureuses  pousses,  cacheraient  totalem(nl  la 
tête  du  Rosier,  si  on  n'avait  pas  le  soin  de  les  rogner  pres- 
que journellement  ;  malgré  toutes  ces  précautions,  elles  se 
dégarnissent  encore  trop  promptement  de  la  base,  autre  in- 
convénient qui  n'est  pas  moins  fâcheux. 

Une  seule  nous  donne  des  résultats  satisfaisants  ;  nous  rem- 
ployons depuis  plusieurs  années  avec  un  plein  succès  sur  pres- 
que tous  nos  Rosiers. 

Nous  voulons  parler  du  Thunbergia  alata. 

Cette  plante,  bien  qu'originaire  de  l'Afrique  orientale  et  du 
Cap,  vit  très-bien  en  plein  air,  dans  la  belle  saison,  sous  le 
chniat  de  toute  la  France.  Ses  tiges  grêles  et  grimpantes  vé- 
gètent avec  assez  de  vigueur  pour  garnir  une  tige  de  Rosier 
en  peu  de  temps.  Il  suffit  de  les  fixer  avec  quelques  attaches, 
et- de  supprimer  avec  un  grand  soin  les  pousses  qui  tente- 
raient de  pénétrer  dans  l'intérieur  de  la  tète  du  Rosier  ;  cette 
opération  fait  refouler  la  sève  vers  les  parties  inférieures  d'où 
sortent  de  nombreuses  jeunes  pousses  qui  bientôt  forment  une 
colonne  épaisse  et  compacte  couverte  de  fleurs. 


—  148  — 

Les  personnes  qui  possèdent  un  massif  de  Rosiers  à  tiges 
peuvent  laisser  une  partie  des  rameaux  trainer  à  terre  pour 
cacher  cette  dernière;  car  cette  jolie  acanthacée  fleurit  égale- 
ment bien  en  rampant  par  terre,  où  elle  peut  former  de  très- 
jolies  bordures. 

La  floraison  commence,  dans  les  années  ordinaires,  en  juin, 
et  se  coniinue  pendant  toute  la  belle  saison. 

Nous  cultivons  de  préférence  la  variété  orange  à  œil  noir  ; 
ces  deux  couleurs  contrastent  très-agréablement. 

Nous  faisons  des  semis  plutôt  en  avril  qu'en  mars,  sur 
couche  chaude,  parce  que  les  jeunes  plants  irop  forls  languis- 
sent beaucoup  à  la  transplantation  en  plein  air  ;  quand  les 
plants  ont  quelques  feuilles,  on  les  repique  par  deux  ou  trois 
dans  de  petits  pots  remplis  de  terre  mélangée  de  terreau  et 
de  terre  de  bruyère,  que  l'on  enterre  sur  couches  chaudes,  en 
les  ombrant  pendant  quelques  jours  pour  faciliter  la  reprise. 
Aussitôt  celle-ci  assurée,  on  leur  donne  de  l'air  pour  qu'ils  se 
fortifient  en  attendant  leur  mise  en  place,  qui  doit  avoir  lieu 
dans  la  deuxième  quinzaine  de  mai. 

Nous  recommandons,  lors  du  repiquage,  de  mettre  deux 
ou  trois  plants  dans  chaque  pot,  car  un  seul  de  ces  pots  suf- 
fira alors  pour  la  plantation  à  faire  au  pied  de  chaque  Rosier. 

Une  terre  riche  en  engrais  bien  décomposé,  tenue  fraîche 
et  meuble,  est  celle  qui  convient  le  mieux  à  cette  plante. 

La  récolte  des  graines  demande  de  l'attention  ;  elle  doit  se 
faire  pendant  que  les  capsules  paraissent  encore  verdâtres,  car 
elles  s'ouvrent  avec  élasticité  et  laissent  échapper  les  graines 
avant  de  paraître  complètement  mûres. 

On  doit  employer  les  graines  fraîches  autant  que  possible  ; 
la  levée  se  fait  alors  plus  rapidement. 

J.-B.  Weber, 

Jardinier-chef  de  U  ville  de  Dijon. 


—  149  — 

REMARQUES  SUR  LA  RUSTICITÉ  DE  QUELQUES  VÉGÉ- 
TAUX, ET  SUR  L'EFFET  DU  FROID  PENDANT  L'HIVER 
DE  1869-70. 

Nous  avons  reçu  de  Rrix,  près  Valogne,  la  lettre  suivante 
qui  confirme  les  faits  annoncés  par  IM.  Hauguel,  au  sujet  du 
Chamœrops  excelsa  qui  résiste  aux  hivers,  sur  les  côtes  de 
Normandie,  et  pour  lequel  notre  collaborateur  de  Martragny, 
avait  émis  l'année  dernière  un  doute. 

Voici  la  lettre  : 

f  Brix,  9  mars  1870. 

«Monsieur, 

»  Considérant  l'hiver  comme  passé,  je  suis  bien  aise  de  vous  faire 
connaître  les  résultats  de  son  influence  sur  quelques-uns  des  arbres 
exotiques  que  nous  cultivons  ici.  Cet  hiver  a  été  très-rigourenx,  mais 
l'intensité  du  froid,  dont  le  maximum  a  été  de  12°  dans  la  nuit  du  26 
janvier  a  fait  moins  de  mal  qu'un  vent  violent  de  N.-E.  qui  a  soufflé 
avec  persévérance  en  janvier  et  février  et  qui  était  accompagné  par  un 
froid  variant  de  —80—6°— 5%  etc.  L'effet  de  ce  vent  violent  et  froid  a 
été  très-marqué  ici,  ainsi  nos  landes  {ulex]  et  nos  routes  exposées  à 
son  action  sont  desséchées  en  partie. 

T>  Voici  maintenant  l'effet  du  froid  sur  nos  arbres  :  le  Benthamia 
fragifera  a  eu  une  grande  partie  de  ses  feuilles  desséchée'^,  ce  qui  ne 
lui  était  jamais  arrivé  ici  ;  je  pense  pourtant  que  la  tloraison  n'en  sera 
pas  tiop  altérée,  le  Tramwesia  glaucesccns  ne  souffre  pas. 

»  Les  Chamœrops  humilis  et  excelsa  résistent  parfaitement  ;  les  Cocos 
amtralU  ont  parfaitement  résisté  même  sans  neige  sur  leurs  feuilles. 

»  L'hiver  prochain  j'essayerai  le  Coryplia  amtralis  et  le  Jubea  spec- 
tabilis  ;  les  Eucabjptus  globulus  perdront  de  leurs  feuilles  mais  ne 
mourront  pas. 

»  Le  Phillocladus  est  toujours  parfait- et  rArawcana  du  Brésil  n'a 
pas  éprouvé  la  moindre  atteinte.  > 

»  Veuillez,  etc.  »  L.  Herpin  de  Frémont.  »  . 

Deux  faits  ressortent  de  celte  lettre  :  l'influence  incontestée 


—  150  — 

de  la  mer,  et  les  effets  du  \ent  qui  sont  plus  pernicieux  que 
la  gelée  même.  Nous  avions  déjà  remarqué  cet  effet  des  cou- 
rants d'air,  et  cette  année  nous  l'avons  bien  constaté  sur  plu- 
sieurs végétaux  ligneux  relativement  rustiques. 

Ainsi  un  Evonymus  japonica,  planté  au  bout  d'une  .allée 
bordée  de  grands  arbres,  a  été  gelé  en  partie  :  la  .moitié  qui 
se  trouvait  faire  saillie  dans  l'allée  a  été  entièrement  détruite, 
tandis  que  l'autre  qui  ne  recevait  pas  le  vent  coulis  de  l'allée, 
n'a  pas  eu  une  feuille  atteinte.  - 

Dans  les  environs  de  Bourg-la-Reine,  une  pépinière  com- 
posée de  '  Lauriers  amande  a  été  fortement  endommagée  ; 
presque  tous  les  sujets  ont  été  gelés,  tandis  qu'à  vingt  pas 
plus  loin,  des  arbres  de  la  même  espèce  n'ont  pas  du  tout 
souffert  ;  c'est  très-probablement  que  les  premiers  étaient  ex- 
posés à  des  courants  d'air  froid.  ^ 

Il  faut  bien  peu  de  chose  pour  garantir  de  la  gelée.  A  Segrez 
nous  avons  parfaitement  réussi  à  faire  passer  de  grands  Ca- 
mellias  de  trois  mètres  de  hauteur,  en  plein  air,  avec  un 
simple  paillasson  étalé  en  dessus  en  forme  de  parasol;  il 
commençait  à  fleurir  dès  le  1 5  avril  dernier. 

Un  paillasson  dressé  simplement  devant  des  Colletia  cruciata, 
horrida,  etc.,  ne  le  protégeant  pas  en  dessus,  ont  parfaitement 
résisté  aux  13°  de  froid  qui  ont  été  constatés  dans  cette  loca- 
lité. Tous  les  Chamœrops  excelsa,  jeunes  et  vieux,  n'ont  eu 
pour  protection  que  le  paillasson  étendu  au-dessus  de  leur 
tête,  et  pas  un  n'a  souffert. 

Ce  toit  protecteur  nous  a  mieux  réussi  que  la  paille  qui  en- 
veloppe entièrement  la  plante.  Tous  les  arbustes  ainsi  em- 
paillé's  ont  eu  leurs  tiges  gelées,  ou  tout  au  moins  toutes  leur 
feuilles  sont  tombées. 

Ce  système  de  poupée  est  vicieux,  en  ce  que  la  paille  mouillée 
soit  par  la  pluie,  soit  par  la  neige,  devient  un  foyer  d'humidité, 
qui  favorise  l'action  du  froid  sur  les  tissus  des  végétaux. 


—  151   — 

Toutefois,  nous  ne  recommandons  pas  plus  l'un  que  l'autre, 
car  le  froid  a  mille  manières  d'agir  :  il  respecte  un  jour  des 
sujets  qu'il  extermine  le  lendemain .  F.  Herincq. 


BIBLIOGRAPHIE. 

Histoire  des  Plantes  ;  La  Truffe;  Nouveaux  Éléments  dliistoire  naturelle;  Petit 
Guide  -pour  le  jardin  maraîcher. 

Histoire  des  plantes,  par  M.  Bâillon.  Le  savant  professeur 
poursuit  sa  tâche  en  botaniste  rompu  à  toutes  les  difficultés  de 
la  science.  Depuis  que  nous  avons  annoncé  ses  monographies 
des  Renonculacées,  Dilléniacées,  Magnoliacées,  et  Anonacées, 
la  Hbrairie  Hachette  en  a  fait  paraître  sept  autres  :  les  Moni- 
miacées,  Rosacées,  Gonnaracées,  Légumineuses-Mimosées, 
Légumineuses-Caesalpiniées,  Légumineuses-Papilionacées,  et 
Protéacées  ;  on  nous  annonce  un  nouveau  cahier  (sous  presse) 
qui  contiendra  les  monographies  des  Laurinées,  Éléagnées  et 
Myristicées. 

G'est  toujours  le  même  travail' consciencieusement  élaboré  ; 
consciencieusement  exécuté.  Les  gravures  sur  bois  intercalées 
dans  le  texte  sont  toujours  très-nombreuses;  les  dessins,  artis- 
tement  tracés  par  M.  Faguet,  sous  la  direction  de  l'auteur,  ont 
été  aussi  très-admirablement  gravés;  au  point  de  vue  scien- 
tifique, ils  sont  d'une  rare  exactitude. 

On  trouvera  sans  doute  étrange  de  voir,  dans  l'ordre  natu- 
rel, les  Monimiacées  prendre  rang  entre  les  Anonacées  et  les 
Rosacées  ;  puis  les  Protéacées,  Lauracées  venir  après  les  Légu- 
mineuses. Pour  les  botanistes  c|ui  en  sont  encore  aux  méthodes 
naturelles  élaborées  sous  le  premier  Empire,  ils  ont  de  quoi  y 
perdre  leur  latin .  Des  apétales  confondus  avec  des  polypé- 
tales;  despérigynesau  milieu  des hypogynes,  etc.,  ce  sera  pour 
eux  le  renversement  de  toutes  les  sages  doctrines  scientifiques, 
et  ils  gémiront  sur  le  sort  de  la  méthode  de  Jussieu. 


—  152  — 

M.  Bâillon  n'est  pas  le  premier  qui  ait  porté  la  main  sur 
l'œuvre  de  l'auteur  du  Gênera  plantarum  ;  tous  les  botanistes 
qui  se  sont  occupés  de  classification,  tout  en  admirant  l'œuvre 
du  maître  l'ont  attaqué,  plus  ou  moins,  même  jusque  dans  Ips 
fondations. 

Le  premier  qui  porta  la  pioche  sacrilège,  sur  cette  méthode, 
fut  Decandoile.  La  classification  du  savant  Genevois  est  bien 
au-dessous  de  celle  de  Jussieu  au  point  de  vue  philosophique. 
Il  renverse  tout  simplement  l'ordre  du  Gênera  ;  commence  par  ce 
qu'il  regarde  comme  végétaux  les  plus  parfaits  pour  des- 
cendre aux  imparfaits,  et  change  les  noms  des  divisions.  Il 
dit  Vasculaires  au  heu  de  Colylédonées,  détruisant  tout  d'un 
coup  la  base  de  l'édifice  érigé  par  de  Jussieu  qui  est  :  Acotylé- 
donées,  mono-et  dicotylédonées,  abandonnant  ainsi  l'embryon 
pour  s'appuyer  sur  la  tige_,  et  commettant  aussitôt  cette  grave 
erreur  :  qu'il  y  a  des  tiges  qui  croissent  en  dedans  (endo- 
gènes), etc.  Puis  Schultz  vint,  qui  prend  comme  DecandoUç 
pour  point  de  départ  la  structure  interne  (végétaux  cellulaires 
et  vasculaires),  d'oti  il  déduit  ses  principes  de  division  phy- 
siologique,  et  établit  ses  homorganes,  hélérorganes,  synor- 
ganes^  etc.  Lindley,  lui,  emprunte  a  tout  le  monde  pour  con- 
struire sa  méthode  :  il  prend  à  Linné,  en  changeant  les  noms 
toutefois,  de  cryptogames  et  phanérogames  qu'il  appelle 
asexuel  le  s  ei  sexuelles  ;  il  em^Yun[e  les  vasculaires  et  les  en- 
dogènes  à  Decandoile,  et  il  suit  de  Jussieu  à  travers  les  po- 
lypétales,  monopétales  et  apétales,  appelant  ces  derniers  tn- 
complets.  Unger  et  Endlicher  prennent  pour  assise  la  structure 
anatomique  et  le  mode  de  développement  des  végétaux,  d'où 
deux  divisions  premières  :  Thallophytes,  eiCormophytes;  puis 
viennent  les  divisions  et  subdivisions,  dans  lesquelles  figurent 
les  apétales,  monopétales  et  polypétales  de  Jussieu  :  quant 
aux  épigynes,  hypogynes  et  périgynes,  il  n'en  est  plus  ques- 
tion. Enfin  M.  Brongniart  subordonne  l'embryon  aux  organes 


—  153  — 

de  la  reproduction,  et  partage  les  végétaux  d'abord  en  deux 
grandes  divisions,  comme  Linné  :  Cryptogames  et  Phanéroga- 
mes; pais  les  phrinérogamss  sont  divisés  en  2  embranchements  : 
monocotylédones  et  dicotylédones;  ces  derniers  sont  subdivisés 
en  monopétales  et  polypélales.  La  classe  des  apétales  de  Jussieu 
est  détruite,  et  les  végétaux  qui  en  faisaient  partie  sont  dissé- 
minés dans  les  polypétales,  M.  Brongniart  les  considérant 
comme  un  état  imparfait  d'organisation  ou  d'avortement  de  la 
corolle.  Il  en  est  résulté  qu'on  trouve  les  Urticées  à  côté  des 
Renonculacées,  les  Amaranthacées  à  côté  des  Garyophyllées, 
les  Platanes  non  loin  des  Ombellifères,  les  Euphorbiacées 
dans  le  voisinage  des  Malvacées,  etc.,  etc.  Quant  à  la  division 
établie  d'après  l'insertion  des  étamines,  M.  Brongniart  con- 
serve les  hypogynes  et  péri gy nés,  rangeant  dans  ces  derniers 
les  épigynes.  La  classification  de  Jussieu  est,  comme  on  voit, 
quelque  peu  endommagée  par  tous  les  auteurs  qui  se  sont  oc- 
cupés du  classement  des  végétaux. 

M.  Bâillon,  dans  son  histoire  des  plantes,  a  suivi  le  courant. 
Il  admet  dans  son  livre  la  première  division  de  Jussieu  fon- 
dée d'après  le  nombre  des  cotylédons  de  l'embryon,  mais 
c'est  pour  suivre  une  coutume  et  non  pour  consacrer  le  prin- 
cipe; car  il  ne  lui  parait  pas  logique,  dit-il,  d'établir  une  clas- 
sification avant  de  connaître  exactement  les  caractères  de  tous 
les  objets  qu'on  a  à  classer.  Toutefois,  on  peut  voir  qu'il  ne 
tient  aucun  compte  de  la  présence  ou  de  l'absence  de  la  corolle, 
et  que  l'insertion  des  étamines  a,  pour  lui,  encore  moins  de  va- 
leur, puisqu'il  rapproche  les  Rosacées  des  Renonculacées.  C'est 
que,  en  effet,  à  part  l'insertion  des  étamines  et  la  présence  de 
stipules,  une  Potentille  ressemble  singulièrement  à  une  Re- 
noncule. C'est  beaucoup,  diront  les  partisans  de  l'insertion. 
Pas  autant  que  cela,  pourra  répondre  M.  Bâillon,  puisque  les 
Pivoines,  de  la  famille  des  Renonculacées,  sont  péiigynes 
comme  les  Potentillesl 


—  154  — 

Mais  me  voilà  loin  de  mon  sujet.  Je  voulais  simplement  dire 
que  l'œuvre  de  M.  Bâillon  s'était  enrichie  de  nouvelles  livrai- 
sons,—  puisque  j'ai  fait  connaître  dès  le  début  mon  apprécia- 
tion sur  ce  magnifique  et  intéressant  livre,  —  et  je  me  trouve 
dans  les  hautes  régions  phytographiques  pour  lesquelles  n'a 
^sls  été  h'iiV Horticulteur  français.  Redescendons  donc  et  fai- 
sons ample  provision  de  leste,  pour  ne  plus  monter  si  haut. 

Donc,  prenez  la  monographie  des  Monimiacées,  et  d'après 
les  jolies  gravures,  qui  émaillent  le  texte,  vous  verrez  pourquoi 
M.  Bâillon  y  place  les  Calycanthus,  et  pourquoi  elles  se  trou- 
vent à  côté  des  Rosacées. 

Vous  saurez  ensuite,  en  passant  à  la  partie  historique,  que 
Técorce  du  Calycanthus  flortdus  est  substituée,  en  médecine,  à 
récorce  de  la  Cannelle.  Vous  apprendrez  quels  senties  végétaux 
qui  fournissent  le  bois  de  tambour,  le  bois  gilet,  le  bois  à  allu- 
mer des  habitants  des  îles  mascareignes  ;  et  quel  est  l'arbre 
qui  porte  la  Pomme  Jacot,  le  Pot  de  chambre  Jacot,  ou  la 
Pomme  de  singe,  etc.  La  monographie  des  Rosacées,  qui  vient 
après  vous  offrira  un* autre  attrait;  celle  des  Légumineuses 
est  peut-être  encore  plus  intéressante.  Du  reste  tout  est  at- 
trayant dans  ce  livre  qui  ne  sacrifie  rien,  toutefois,  à  la  partie 
scientifique.  Car,  après  l'étude  approfondie  de  toutes  les  séries 
delà  famille,  au  point  de  vue  des  caractères,  des  affinités,  de  la 
distribution  géographique,  etc.,  l'auteur  donne  un  Gênera,  en 
latin,  oîi  tous  les  genres  sont  décrits  très-minutieusement, 
pour  faciliter  l'étude  ou  la  détermination  des  genres. 

La  Truffe.  Etude  des  conditions  générales  de  la  production 
truffière,  par  M.  Ad.  Chatin,  professeur  de  botanique  à  l'école 
supérieure  de  pharmacie  de  Paris.  —  Si  vous  voulez  des  truffes, 
semez  des  glands,  a  dit  le  comte  de  Gasparin;  M.  Chatin  pense 
de  même.  Dans  le  livre  qu'il  vient  de  publier  à  la  librairie 
Bouchard  Huzard,  il  se  livre  à  la  recherche  des  données  les 
plus  sûres  pour  parvenir  à  la  production  rationnelle  de  ce 


—  155   — 

Champignon  qui  est,  dit-il,  aussi  sain  que  réparateur,  et  qui 
est  l'objet  d'un  commerce  considérable  :  il  s'en  consomme 
chaque  année  paraît-il  pour  50  millions  de  francs.  A  la  suite 
d'un  voyage  d'un  mois,  dans  les  pays  trufûers,  il  a  pu  se  con- 
vaincre que  les  reproches  adressés  aux  truiîes  ne  sont  pas 
fondés.  Actuellement  il  ne  craint  pas  d'être  de  l'avis  de 
Louis  XVIII,  dont  la  compétence  gastronomique  ne  peut  être 
mise  en  doute,  et  qui  disait  au  docteur  Portai  :  Les  Truffes, 
docteur,  ne  sont  pas  ce  qu'un  vain  peuple  pense.  Donc,  dévorons- 
en  sans  crainte,  car  ce  ne  sont  pas  davantage  des  piqûres 
d'insectes  ;  M.  Chatin  le  démontre  très-clairement  en  combat- 
tant les  idées  de  mon  ancien  adversaire  dans  cette  question, 
M.  Jacques  Valserres. 

Après  avoir  passé  en  revue  toutes  les  espèces  de  Truffes 
l'auteur  fait  connaître  les  arbres  trufûers  ;  il  résulte  decetle  re- 
vue, que  les  chênes  ne  sont  pas  les  seuls  à  abriter  ce  Champi- 
gnon; par  conséquent  on  peut  conclure  que  le  Chêne  truflier 
n'estpas  précisément  une  vérité.  La  Truffe  a  été  trouvée  sous 39 
essences  d'arbres,  dont  7  espèces  de  chênes  et  32  autres  végé- 
taux, parmi  lesquels  se  trouvent  la  Vigne,  le  Buis,  la  Ronce,  le 
Rosier  églantier,  etc.  11  me  serait  impossible  de  suivre  M.  Cha- 
tin dans  son  livre.  Tout  cequejepuis  dire,  c'est  qu'ilm'a  beau- 
•  coup  intéressé,  et  qu'il  intéressera  bien  davantage   encore 
celui  qui  voudrait  se  livrer  à  la  culture  des  Truffes  ;  culture 
possible,  et  dont  la  seule  difficulté  consiste  à  créer  le  miheu 
dans  lequel  peut  se  développer  et  croître  ce  délicieux  Cham- 
pignon. Je  dis  délicieux  par  pure  déférence  pour  les  amateurs. 
Qu'on  me  permette  de  placer  ici  une  bonne  anecdote  que  se 
plaisait  à  raconter  l'excellent  et.regretté  M.  Léveillé,  que  la 
mort  vient  de  nous  enlever,  et  dont  la  vie  a  été  partagée  entre 
les  malades  et  l'étude  des  Champignons.  Il  passait  un  de  ses 
examens  de  médecine  qui  portait  sur  l'histoire  naturelle.  L'exa- 
minateur lui  présente  un  bocal  hermétiquement  clos,  dans  le- 


—  156  — 

quel  il  y  avait  une  chose  à  peu  près  ronde,  rugueuse  et  noire. 
«  Pourriez'vous  me  dire  le  nom  de  cet  objet?  lui  dit  le  grave 
professeur.  €  Le  jeune  Léveillé  regarde,  tourne  et  retourne 
le  bocal,  et  répondit  avec  assurance  :  €  C'est  une  galle-in- 
secte, î  Le  professeur  de  sourire  en  disant  :  «  Vous  en  êtes 
bien  sur  ? 

—  Aussi  sur  qu'on  peut  l'élre  en  ne  voyant  l'objet  qu'à  tra- 
vers un  bocal,  répondit  le  jeune  étudiant  ;  car  on  ne  pourrait 
l'affirmer  qu'en  coupant  l'objet  en  deux. 

—r  Eh  bien  !  coupez,  je  vous'y'aulorise.  d 

D'un  coup  de  scalpel  la  masse  globuleuse  fut  ouverte,  et  l'é- 
lève montra  au  savant  professeur  les  loges  intérieures  dans 
lesquelles  s'étaient  nichés  les  insectes. 

«En  voilà  la  preuve,  5)  dit-il. 

C'était  une  truffe  appartenant  à  l'espèce  de  M.  Jacques 
Valserres. 

Le  pauvre  professeur  ne  savait  plus  quelle  contenance 
tenir. 

—  Vous  avez  raison,  et  pourtant,  ajouta-t-il,  voilà  25  ans 
que  je  la  montre  et  la  fais  reconnaître  à  tous  mes  élèves  pour 
une  Truffe  ! 

Et  l'auditoire  d'applaudir.  «  C'est  que,  en  effet,  me  disait 
cet  excellent  M.  Léveillé,  il  se  trouve  souvent  de  ces  galles 
parmi  les  Truffes  qu'on  vend  dans  le  commerce,  d  Faites  donc 
attention,  lecteurs,  quand  vous  voudrez  faire  truffer  une  dinde. 

Nouveaux  Éléments  dliisloire  naturelle ,   par  MM.  Gervais, 
Léon  Marchand  et  V.  Raulin.  Cet  ouvrage  a  été  rédigé  con- 
formément aux  programmes  officiels  de   1866,  pour  l'ensei- 
gnement secondaire  spécial^  et  il  est  publié  par  la  librairie . 
Hachette. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  cinq  parties  ;  mais  chaque  partie 
est  traitée  de  manière  que  chacune  d'elles,  peut  devenir  un  livre 
complet,  une  étude  complète  de  ces  sciences,  mais  à  des  degrés 


_  157  — 

différents.  Ainsi  le  premier  volume,  qui  vient  de  paraître,  est 
une  sorte  d'étude  préparatoire.  Les  auteurs  promi^nent  l'élève 
au  milieu  de  la  nature,  lui  montrent  l'ensemble  sans  entrer 
dans  les  détails  minutieux  qui  fatiguent  rapidement  l'esprit. 
C'est,  qu'on  me  passe  la  comparaison,  la  manière  qu'un  cicé- 
rone intelligent  emploie  pour  faire  connaître  sa  ville  à  un 
étranger.  Il  lui  fait  pai'courir  d'abord  vaguement  celle  ville, 
lui  fait  observer  la  rivière  qui  la  traverse,  et  les  grandes  rues 
qui  y  aboutissent;  il  le  promène  ensuite  sur  les  boulevards; 
les  places,  les  squares,  les. jardins  publics,  les  musées,  et  de 
temps  en  temps,  il  lui  fait  admirer  les  plus  beaux  monu- 
ments qui  se  trouvent  dans  cliacun  de  ces  boulevards,  de  ces 
places,  etc.  De  sorte  que  le  soir  venu,  l'étranger  connaît  l'en- 
semble delà  ville;  il  pourrait  la  quitter,  et  raconter  en  ren- 
trant cliez  lui  quels  sont  tous  les  grands  éléments  qui  entrent 
dans  la  composition  de  celte  ville.  Mais  si  le  temps  lui  permet 
d'y  séjourner  plusieurs  jours,  le  cicérone  lui  fait  voir  alors  le 
lendemain  une  partie  de  la  ville  plus  en  détail  ;  il  n'avait  vu 
que  la  façade  des  musées,  cette  fois  on  y  entre,  mais  on  les 
traverse  rapidement,  et  ce  n'est  qu'après  avoir  vu  ainsi  clia([ue 
quartier,  qu'il  le  reconduit  à  nouveau  pour  examiner  cliaque 
cliose  en  détail.  De  cette  manière,  on  le  comprend,  quelque 
soit  le  temps  qu'il  reste  dans  la  ville,  il  la  connaît,  mais  plus 
ou  moins  parfaitement. 

Tel  est  le  princi[)e  qui  a  présidé  ^  la  rédaction  de  ces  Nou' 
teaux  Élémeiils  cC histoire  nalurcUe.  Pour  ce  qui  nous  regarde, 
c'est-à-dire  la  botanique,  M.  Léon  Marchand,  professeur 
agrégé  à  l'école  de  pharmacie  de  Paris,  l'a  traitée  en  maître. 
Le  Colza  lui  sert  d'exemple  pour  définir  l'individu^  l'espèce  et 
les  organes  de  la  végétation.  Avec  la  Giro/lée^  il  définit  le« 
parties  qui  constituent  la  fieur  ou  organe  de  la  reproduction, 
et  ainsi  avec  d'autres  plantes  vulgaires,  il  parvient  à  donner 
une  idée  générale  de  la  plante.  Des  gravures  nombreuses  et 


—  158  — 

très-soignées,  viennent  aider  encore  à  l'explication  des  textes, 
qui,  du  reste,  n'avaient  pas  besoin  de  cela"  pour  être  compris, 
car  le  jeune  professeur  est  très-clair  dans  ses  démonstrations. 

La  zoologie  par  M.  Gervais,  et  la  géologie  par  M:  Raulin, 
sont  Iraitées  avec  le  même  soin  et  le  même  talent. 

Petit  Guide  pour  le  jardin  maraîcher,  par  M.  Nardy  aîné. 
L'auteur  de  ce  petit  guide  est  jardinier  à  Monplaisir-Lyon.  Par 
conséquent  il  sait  ce  que  vaut  le  temps.  Pour  n'en  point  faire 
perdre  en  vaine  lecture,  il  a  résumé,  dans  des  tableaux^  la  cul- 
ture de  toutes  les  plantes  potagères,  et  les  notions  sur  les  semis 
et  les  plantations.  Dans  une  première  colonne  se  trouvent  les 
noms  des  plantes  ;  la  seconde  est  consacrée  à  l'indication  des 
moyens  de  reproduction  ou  de  multiplication^  et  de  la  durée 
germinative  des  graines.  Viennent  ensuite  celles  indiquant  les 
époques  des  semis  et  des  plantations;  les  époques  de  la  con- 
sommation, et  dans  une  dernière  sont  consignées  les  observa- 
tions spéciales  avec  quelques  notions  culturales.  Cette  idée  est 
ingénieuse ,  et  ce  petit  cahier,  qui  ne  coûte  que  50  centimes, 
rendra  de  grands  services  aux  personnes  qui  n'ont  pas  le  temps 
de  lire  les  gros  livres  sur  la  culture  des  plantes  potagères. 

F.  Herincq. 

PETITES  NOUVELLES. 
Floralies  russes.—  Les  Sociétés  d'horticulture  de  la  Bel- 
gique sontbien  autrement  actives  que  celles  de  la  France  ;  c'est 
triste  à  dire,  mais  c'est  la  vérité»  Outre  les  bulletins  de  cha- 
cune d'elles,  qui  contiennent  toujours  des  faits  intéressants, 
elles  publient  une  œuvre  commune,  chaque  année,  sous  le  titre  : 
Bulletin  de  lai  fédération  des  Sociétés  d'horticulture  de  la  Bel- 
gique. Celui  de  cette  année  est  consacré  aux  Floralies  russes, 
c'est-à-dire  à  Texposition  et  au  congrès  qui  ont  eu  lieu  à 
Saint-Pétersbourg  au  mois  de  mai  dernier  ;  il  contient  le  ré- 
sumé de  tout  ce  qui  s'est  fait  et  de  tout  e.e  qui  a  été  vu. 


—  i59  — 

Fourmi. —  Ce  petit  animal,  au  cœur  de  roc,  n'aime  pas,  au 
dire  d'un  jardinier  de  Beauvais,  Fodeur  des  feuilles  de  Noyer. 
Donc,  un  moyen  infaillible  de  le  faire  déloger,  c'est  de  déposer 
de  ces  feuilles  sur  les  fourm?lières  ;  on  ne  les  détruit  pas,  mais 
on  envoie  les  fourmis  thésauriser  ailleurs. 

Carotte  grelot  hâtive.  — Cette  variété  qui  est  encore  dési- 
gnée sous  les  noms  de  Carotte  très-courte  à  châssis  et  Carotte 
toupie,  est  celle  qui  doit  êlre.préférablement  cultivée,  d'après 
M.  Laizier,  maraîcher  à  Clichy,  parce  qu'elle  est  la  plus  hâ- 
tive et  que  sa  racine  est  la  meilleure  de  toutes.  En  trois  mois 
on  en  obtient  les  plus  beaux  produits. 

Arrosement  des  Fraisiers.  —  M.  Lerebours,  de  Neuilly,  a 
fait  une  expérience,  en  vue  d'éclairer  la  question  contestée  par 
quelques  personnes,  de  l'arrosement  des  Fraisiers  à  gros  fruits 
pour  en  obtenir  une  seconde  récolte.  Dans  ce  but,  il  a  exagéré 
les  arrosements  à  l'aide  de  tuyaux  qui  lui  donnent  de  l'eau  à 
discrétion,  et  pendant  presque  tout  le  mois  d'octobre  il  a  récolté 
sur  ses  Fraisiers,  des  Fraises  superbes  et  d'un  parfum  exquis. 
Les  pieds  qui  lui  ont  donné  cette  seconde  récolte  sont,  relati- 
vement aux  autres,  dans  le  rapport  de  8  à  10  et  appartiennent 
aux  variétés  Madeleine  Lerebours  et  Excellente. 


CATALOGUES  U'HÛRTIGULTURE  POUR  LE  PRINTEMPS  1>E  1870. 

Aldebert  (Mme  veuve),  à  Lille  (Nord).  Catalogue  de  nouveautés  et  spécia- 
lités en  Rosiers,  Dahlias,  Pelagoruiums,  et  en  général  de  plantes  de  col- 
leclioDS. 

Bull  (William),  horticulteur  à  Chelsea  (Angleterre).  Catalogue  de  plantes 
nouvelles,  rares  et  belle»,  en  bout?  genre,  cultivées  dans  eet  établissement. 
(Prix,  un  shilling.) 

DuYi-vier,  quai  de  la  Mégisserie,  n°  2,  Paris.  Catalogue  de  graines  des 
piaules  potagères  et  fourragères,  avec  notés  abrégées  sur  la  culture  et  l'é- 
poque des  seaiis;  —  Supplémeut  au  Catalogue  général. 

H.  Jamaiii,  rue  de  la  Glacière,  Paris.  Rosiers  nouveaux. 

liierval,  rue  de  Rouvray,  5,  à  Neuilly  (Seine).  Catalogue  prix  courant  ;  cul- 
ture spéciale  dp.  nouveautés  et  de  plantes  à  feuillage. 

IVartly  aîné,  à  Montplaisir  (Lyon).  Plantes  nouvelles  obtenues  dans  l'établis- 
sement :  Canna,  Géraniums,  Œillets  remontants.  Pétunia,  Verveine. 

Rong'ier-ChauTière,  152,  rue  de  la  Roquette,  Paris.  Catalogue  général  de 
Dahlia,  et  Catalogue  prix  courant  des  plantes  cultivées  dans  l'établissement. 


-.  160  — 


Terdier  (Charles),  12,  rue  Duraéril,  Paris.  Nouveautés  pour  le  printemps 
de  4870  ;  Rosiers  et  Caladium. 

Travaux  iu  mm  de  hm. 


Potager.  Le  jardinier  doit  toujours  penser  à  l'avenir;  si  les  légumes  abondent 
ce  mois-ci,  il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  mois  d'automne;  il  doit  continuer 
ses  semis  de  choux-fleurs,  brocolis,  choux-navels,  navets,  radis  roses  et  noirs, 
choux  à  grosses  côles,  de  Milan,  de  Bruxelles,  chicorée,  scarole,  laitues,  hari- 
cots, pois  de  Clamart,  etc. 

Jardin  fruitier.  Le  pincement,  l'ébourgeonnage  et  le  palissage  sont  les  prin- 
cipaux travaux  du  mois.  Les  branches  nouvelles  qui  s'emportent  trop  devront 
être  pincées;  mais  il  faut  bien  se  garder  de  les  couper  trop  court;  tous  les  bour- 
geons de  la  base  se  développeraient,  et  à  la  taille  prochaine  on  se  trouverait 
très-embarrassé  par  la  présence  d'une  foule  de  faux  bourgeons.  On  doit  se  con- 
tenter de  pincer  seulement  l'extrémité,  ainsi  que  le  recommande  M.  Lepère,  et 
si  plusieurs  bourgeons  se  développant  au  sommet  faisaient  confusion,  on  les 
taille  en  vert  au-dessus  du  bourgeon  inférieur  qu'on  pourra  lui-même  pincer  si 
son  élongation  est  trop  rapide.  Pour  l'ébourgeonnement  du  pêcher,  on  peut  en- 
lever sans  inconvénient  tous  les  bourgeons  qui  se  trouvent  sur  les  branches  frui- 
tières, au-dessous  des  fruits,  et  qui  pourraient  gêner  dans  le  palissage  ;  le  bour- 
geon terminal  qu'on  peut  rogner  indistinctement,  suffit  pour  appeler  la  sève 
nécessaire  à  la  maturation  des  pêches. 

Jardin  d'agrément.  Les  soins  de  propreté,  placement  des  tuteurs,  palissades 
des  plantes  grimpantes,  sont  à  peu  près  ce  que  réclament  les  jardins  d'agrément, 
On  plante  les  Dahlias,  et  met  en  place  les  plantes  repiquées  en  pépinières,  et 
pendant  la  belle  saison,  telles  que  Pétunia,  Chrisanthéme  frutescent,  Pelar- 
gonium,  Ilàbrotamnus. 

Les  semis  de  plantes  annuelles  du  mois  dernier  peuvent  se  continuer  dans  les 
premiers  jours  du  mois  ;  mais  il  est  trop  tard  pour  les  Reines-Marguerite  et  les 
grosses  Giroflées  jaunes.  C'est  le  bon  moment  de  semer  les  espèces  vivaces  et 
bisannuelles,  telles  que  Primevères,  Ancolies,  Phlox,  Pieds  d'Alouettes  vivaces. 
Croix  de  Jérusalem,  Roses  Tremières,  CEillet  de  Poètes,  Campanules,  Digitales, 
Coquelourde»,  etc. 


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SUR  L'ENTOMOLOGIE  HORTICOLE 

COMPRENANT 

HISTOIRE    DES    INSECTES  NUISIBLES  A  L'HORTICULTURE 

AVEC 

Ki'lmdieation  des  moyena  propres  &  les  éloigner  ou  aies  détruiro  et  I.'UISTOIRE  DES  IMSECXES 

EX  AXJXRES  AWIHIAUX  UTICES  AUX  CULXUItES 

Par   le    Dr  BOISDUVAL. 

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TRAITANT  DES  IN$ECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS,  DES  INSECTES  NUISIBLES 

ET  DE  LEURS  DÉGÂTS 

âc    DES  MOYENS    PRATIQUES   DE    LES    ÉVITER 

RÉDIGÉ   PAR 

MM.   D""  BOISDUVAL,   H.    HAMET, 

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GERARD   —  J.-B.    VERLOT  —  PAVARD  —    BUREL 
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JOURML  DES  AMATEURS  ET  DES  INTERETS  UORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CDLTDRE    RAISONNER,    \A    DKSCliirTlON    ET    L'IllSTOinE    DES   PLANTES, 

ET    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TEIlllE.    DES  FliUlTS  ET   DES  LÉGUMES,  LA  DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   I^STIlliME^TS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ   AVKC   LK   CONCOURS 

DES  AMATEORS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICDLTEDRS  DE  FRANCE 

SOUS    LA    DIRECTION    OK 

M.  F.  HERINCQ, 

BÉDACTEDU  EN   CnEF. 
kTtkcni    ta    Mcst'OM    d'histoire    iiATunEi.Le  de    PAniti, 

CollallOraleiir    du     Manuel     Jn     l'Iamei,    dos      figures     du    Bon      JanllHfi, 
Ex-lté(lacteiir    principal   lIC  la    Socléli  •i'li„ilituliurr  Je   la    Seine  , 

Membre    bouuraire    et   curresiiuiutaiil  de    plusieurs    Sociétés   d'Iiorticiiltnre,    etc. 


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LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

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seltf,^,  et  de  communiquer  .^..,  ^^  ,,,. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  pui/e  ..„ 

mois  et  dont  nous  avo7is  reçu  un  exemplare 


sont  priés  défaire  parvenir  leurs  calnlo{iiies  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
er tout  ce  qulls  auraitHl  d'intér^sxaul  à  faire  connaître  par  la  vole  du  journal, 
miière  pai/e  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  dex  ca!ah>r/u>'S  parux  doux  te 


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CONTENANT 
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Les  ptus  généralement  co:1nus  et  cultivés, 
Par  André  LEROY, 

PÉPINIÉRISTE, 

Chevalier  de   la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  président 

du  Comice  liorlicolc  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


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Tome  1"  A— C,  389  variétés.     ) 

}     91  o  variétés. 
Tome   2«    D-Z,  526      —  j 

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Soit  20  francs  pour  l'exemplaire  complet  de  l'HISTOIRE   DU  POIRIER, 


SON  HISTOIRE ,   SA   CULTURE 

Suivi  d'une  monographie   des  espèces  et  des  variétés  principales 
Par  E.  ÇHATÉ  fils,  horticulteur. 

Un  volume  in-lG  colombier.— Prix  :    bpocbé ,  1  fr.  50 


CULTURE  DES  PLANTES  AQUATIQUES 

par  M.  D.  HÉLYE 

Chef  de  culture  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris 
Un  joli  volume  in-32  colombier,  orné  de  gravures.  —  Prix  :  i  fr.  50. 


CULTURE  DE   L'ASPERGE 

PAR    T.    LENORMAND,   HORTICULTEUR 
Un  volume  ia-16  colombier,  avec  figures  dans  le  texte  et  un  plan. 
Prix  :  1  fr.  «5. 


SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS  CE  NDHËRO. 

F.  IfEniNCQ,  Chronique.  —  F.  Herincq,  L  Exposition  d'horticulture  du  27  mai  à 
Paris.  —  F.  IIi:ki>cq,  Pêche  Robert-Lavallée  (PI.  VI).  —  A.  Lavallék,  Le 
Ceanothus  velutinus.  —  J.  Jouan,  Noie  sur  l;i  IVuLlilication  du  Sbralitzia 
regiaae.    —  A.  Feriueu,  Le.  Soufflet  injecte ur  Pilon,    avec  figures  noires. 

—  EaN.  BoxARD,  Plantes  nouvelles. —  L.  Guuoier,  La  Cliicorée  frisée  de  la  Passion, 

—  X...,  Travaux  du  mois. 


CHRONIQUE 

Un  bois  de  Séquoia  gigantea  ea  France;  tentative  de  M.  Ernest  Baroche-  in- 
succès probable;  oiiuvdise  coiiiitioQ  d'établissem^at  ;  cffot  fàclieux  •  les  ea- 
ncmis  du  progrès  agricole  s'en  frotleront  les  mains;  mais  échec  n'est  pas- 
mat.  L'Ailanlhe  comme  arbi'e  forestier;  la  valeur  de  soa  b)is.  L-^s  E  ica- 
lyptuà.  Ilisticité  de  qiclquiis  Palmiers  dans  le  midi;  un  Palmier  fruitier  à 
introduire.  Culture  di  Jalap  à  Paris.  Inflience  des  expositions  almo^plié- 
riques.  Expo-itions  universelles  interniUoaales  de  Londres  et  de  Lyon  pour 
1871.  Visite  d.î  VI.  Mixwell  Masters,  aux  présidiints  des  coTiit-^s  franciis  au 
sujet  de  I  expoiiti')n  de  Londres;  résiltaL.  La  Société  iraiiiiraliou  mutuelle 
dite  Société  coopérative  des  amis  de  l'instruction  scientifique. 

L'autre  jour,  en  gravissiint  péniblement,  sous  le  feu  d'un  so- 
leil torride,  la  montée  de  la  Grippe  qui  longe  le  parc  de  Gui- 
trancourt,  aux  environs  de  iVhntes,  je  me  suis  cru —  mais  pour 
un  instant  seulement  —  sur  quelque  haut   plateau   califor- 
nien, dominant  une  vaste  forêt  habitée  par  des  géants  du 
règne  végétal,  le  Séquoia  (jUjanlea.  Je  voyais  poindre,  en  effet, 
sur  le  versant  ouest  do  cette  butte  inculte,  des  masses  de  peiites 
cymes  séquoiennes,  et  mon  imagination  aidant,  je  pouvais  les 
prendre  pour  les  extrémités  des  flèches  de  Séquoia  gigantesques 
qui  se  seraient  élancés,  d'une  vallée  profonde,  jusqu'au  niveau 
d'une  crête  de  montagne  quelconque  du  pays  aux  pépites  d'or. 
J'ai  cherché  à  me  faire  illusion;  mais  la  tour  de  Mantes,  où  fut 
inhumé  Philippe-Auguste,  et  qui  se  dressait  dans  le  lointain, 
me  rappelait,  sans  cesse,  quoj'étais  seulement  dans  les  environs 
de  Paris.  Ce  que  je  pouvais  prendre,  avec  b^iaucoup  d'imagi- 
nation, pour  des  extrémités  de  Séquoia  géants,  était  tout  bon- 

Juin  1870»  4t 


«-  162  — 

nement  des  Séquoia  naissauU  que  M.  Ernest  Çiroohe  avait 
fait  planter  sur  ce  coleau  aride,  qui,  jusqu'à  ce  jour,  n'a  pu 
pourrir  que  des  CaroUcs  sauvages;  et,  ma  foi,  un  bois  en  mi- 
niature de  Snquoia  gigan'ea,  en  France,  était  bien  aussi  inté- 
ressant qu'une    foiôt  californienne.  Je  me  bovnai  donc  à  la 
réalité,  c'est-à-dire  à  examiner  cette  tenlalive  de  culture  en 
grand  de  l'arbre  géant  de  la  C;»lifornie  ;  tentative  qui,  mal- 
heureusement, nuira  plus  qu'elle  ne  servira  à  la  propagation 
da  Séquoia  comme  arbre  forestier  européen;   carie  résultat 
n'encouragera  pas  les  voisins  de  M.  Ernest  Barocheà  l'imiter, 
et  lui-même  conclura  t-il,  d3  l'insujcès  certain  de  son  expé- 
rience, que  le  Séquoia  ne  peut  entrer  dans  l'aménagement  de 
nos  forêts. 

Il  est  bien  certain,  cependant,  que  le  Séquoia  est  un  arbre 
rustique,  qui  résiste  parfaitement  à  nos  hivers  les  plus  rigou- 
reux, et  qu'on  peut,  dès  lors,  regarder  comme  positivement 
acquis  à  la  sylviculture  européenne.  Malheureusement,  dans 
notre  pays,  les  innovations  sérieuses,  utiles,  sont  difficiles  ; 
l'agriculteur  est  tellement  routinier,  qu'il  ne  sort  de  la  voie 
suivie  par  ses  pères  que  poussé  par  la  jalousie  que  font  naître 
les  succès  de  ses  voisins. 

Aussi,  les  hommes  intelligents,  qui  travaillent  au  progrès  de 
notre  agriculture,  doivent-ils  agir  avec  prudence  auprès  des 
habitants  des  campagnes,  et  ne  les  faire  jamais  assister  qu'à 
des  expériences  dont  le  succès  est  certain,  assuré  par  des  es- 
sais tentés  à  huis  clos.  Non-seulement  le  routinier  est  heureux 
-de  voir  l'intelligence  se  tromper,  mais  il  s'appuie  sur  ses  in- 
succès poup  excuser  son  apathie,  plutôt  que  son  antipathie 
pour  le  progrès  ;  il  n'est  pas  aussi  indifférent  que  cela  aux 
gains .  Quand  il  voit  son  voisin  empocher  cent  sous,  en  perfec- 
tionnant ses  cultures,  quand  lui  a  bien  de  la  peine  à  en  tirer 
50  avec  celles  de  ses  aïeux,  il  sait  très-bien  modifier  les 
siennes. 


—  103    - 

U  n'est  pas  besoin,  alors,  de  le  prêcher  beaucoup;  il  faut 
même  ne  le  point  prêclier  du  tout  ;  an  seul  exemple  fait  plus 
qu'un  déluge  de  piroles.  Parmeniier  connaissait  bien  son  genre 
humain,  quand  il  faisait  garder,  pendant  le  jour,  son  champ 
de  pomme  de  terre  dans  la  plaine  de  Grenelle,  et  qu'il  relirait 
ses  gardiens  pendant  la  nuit.  Prêchons  comme  lui  d'exemples. 

Ces  réflexions  me  sont  suggérées  par  le  milieu  dans  lequel 
M.Ernest  Baroche  a  placé  ses  Sfr/wom.  Sans  doute  cet  arbre  croît 
dans  les  terrains  sableux  \  mais  il  faut  que  ces  terrains  soient 
assez  profonds  pour  que  les  arbres  puissent  solidement  s'y  at- 
tacher par  leurs  racines.  Or,  le  sol  de  la  Grippe,  à  Guitrancourt^ 
n'a  aucune  profondeur;  c'est  de  la  poussière  qui  repose  sur  la 
pierre  calcaire,  et,  pendant  les  chaleurs  d'été,  les  rayons  du 
soleil  pénètrent  entièrement  la  faible  couche  de  cette  terre 
ponssiéreuse  qui  devient  brûlante.  Le  Séquoia,  quelle  que  soit 
sa  tempérance,  ne  trouvera  jamais,  là,  de  quoi  se  sustenter;  ses 
racines  seront  brûlées  parle  soleil,  et,  dans  le  cas  heureux  où 
les  racines  résisteraient  à  l'action  du  feu  du  ciel,  il  est  plus  que 
probable  qu'elles  ne  pourraient  pas  opposer  une  grande  ré- 
sistance aux  vents,  étant  superficielles,  puisque  la  couche  de 
pierre  est  à  30  ou  40  cent,  delà  surface  du  sol. 

L'essai  de  M.  Ernest  Baroche,  à  Guitrancourt,  ne  sera  pas 
heureux,  je  le  crains;  il  n'aura  que  fourni,  aux  cultivateurs 
routiniers,  l'occasion  de  se  frotter  les  mains.  Qu'il  ne  se  dé- 
courage cependant  pas.  Le  Seciuoia  réussit  parfaitement  en 
France;  les  gelées  n'ont  sur  lui-  aucune  prise.  Il  est  sobre 
comme  un  Arabe,  c'est  vrai;  mais  il  lui  faut  un  bon  point  d'ap- 
pui, et  un  sous-sol  sableux  un  peu  humide  ne  lui  est  pas  désa- 
gréable. M.  Ern.  Baroche  peut  le  trouver  très-facilement  dans 
quelques  parties  de  ses  bois;"ce  n'est  que  partie  remise  :  échec 
.     n'est  pas  nini  !  * 

Un  autre  arbre,  qui  mériterait  aussi  une  large  place  dans 
nos  forêts,  et  qu'on  né  trouve  encore  que  dans  les  parcs,  c'est 


—  104  — 

l'Ailanthe  ou  Vernis  à[i  ia^on  (kilanlhus  glandulosus).  Nous 
n'avons,  en  France,  aucune  idée  de  la  valeur  de  cette  espèce. 
Son  tronc  est  très-élevé,  très-droit.  Le  bois  est  moins  dense 
que  celui  du  Chêne,  mais  il  est  bien  supérieur  comme  densité 
"  au  bois  de  i'Orme  ;  l'élasticité  et  la  ténacité  sont  plus  grands 
que  dans  ces  deux  essences.  Des  expériences  ont  été  faites 
ces  temps-ci;  des  plancties  d'Ailanlhe  exposées  à  l'air  sans 
abri  ni  peinture,  se  sont  parfaitement  conservées  pendant 
vingt-sept  ans.  Le  bois  se  scie  très-facilement  et  acquiert  en- 
suite, exposé  à  l'air,  une  grande  dureté.  En  Amérique,  on  fa- 
brique, avec  ce  bois,  des  outils  pour  l'agriculture  et  il  ne  se 
forme  ni  fentes  ni  crevasses  ;  ses  branches  se  prêtent  facile- 
ment à  la  confection  du  charbon  de  bois,  et  son  tronc  est  très- 
propre  à  la  charpente. 

C'est  un  arbre  très-précieux  qui  pousse  très  rapidement,  et 
qui  doit  prendre  place  dans  nos  bois  et  forets  ;  nous  le  recom- 
mandons aux  forestiers. 

L'attention  des  acclimatateurs  est  portée,  depuis  quelques 
années,  sur  certains  habitants  végétaux  de  l'AustraUe,  ]es  Eu- 
calyptus; s'il  faut  en  croire  quelques  écrivains,  ce  sont  des  ar- 
bres qui  intéressent  Sdalemenl  Ijs  m'riJionaax  et  ce  serait  au 
même  titre  que  les  Palmiers,  c'esl-à-dire  comme  arbre  d'agré- 
ment. Pour  nos  lecteurs  des  régions  privilégiées  de  la  France, 
c'est  déjà  quelque  chose;  mais  nous  croyons  ces  écrivains 
mal  renseignés;  dans  un  prochain  numéro,  nous  ferons  con- 
naître les  résultats  obtenus." 

Voici  quelques  renseignements  sur  la  rusticité  de  plusieurs 
Palmiers  que  nous  empruntons  aux  observations  de  M.  Naudin 
publiées  dans  le  dernier  bulletin  de  la  Société  d'acclimatation 
de  Paris.  A  Gollioure,  où  notre  confrère  a  établi  son  jardin 
d'expériences,  la  température  est  descendue,  dans  la  dernière 
semaine  de  décembre  dernier,  à  6  degrés  au-dessous  de  zéro. 
Beaucoup  de  végétaux  exotiques,  qu'on  y  regardait  comme 


—  465  — 
invulnérables,  ont  éié  tués  roides  par  ce  froid.  Ont  résisté  :  un 
Phœnix  reclinata,  de  la  Cafrerie,  qui  a  perdu  tontes  ses 
feuilles,  mais  le  cœur  étant  bon,  il  repartira  ;  le  Lrvislonia  ou 
Corypha  australis;  le  Phœninc  farinifera,  charmante  espèce 
demi-naine  très-pittoresque,  le  Sabal  palmelto  des  Etals-Unis 
du  sud;  \e  Levislonia humilis  àe  la  Nouvelle-Hollande;  le  Jii- 
bœa  spcclabilis  ou  Cocotier  du  Chili,  dont  la  rusticité  est  à  toute 
épreuve  ,  enfin  le  Phœnix  dactylifera  ou  Dattier  et  les  Cha- 
mœrops  qui  n'ont  rien  à  craiudre  des  iiivers  les  plus  rigou- 
reux ôe  celte  région  méditerranéenne. 

Tous  ces  Palmi('rs  ont  éié  ensevelis  [)eudant  12  jours  sous 
un  mètre  de  neige;  M.  Naudin  les  regardait  comme  perdus;  ils 
étaient  complètement  aplatis  comme  le  senties  plantes  des  her- 
biers ;  on  les  croyait  morts,  mais  aussitôt  que  la  neige  fut 
fondue,  tous  ces  jeunes  Palmiers  se  redressèrent,  et  finalement, 
aujourd'hui,  ils  se  portent  tous  très-bien.  M.  Naudin  conclut 
de  là  que  les  Palmiers  sont  plus  robustes  et  plus  endurants. des 
intempéries  que  leurs  provenances  tropicales  ou  quasi-tropi- 
cales né  le  feraient  supposer  au  premier  jibord.  Aussi  recom- 
mande-t-il,  à  la  Société  d'acclimatation  un  Palmier  fruitier,  le 
Cocos  yataï  de  d'Orbigny.  «  C'est,  dit-il,  un  des  plus  rustiques 
de  la  famille  et  probablement  l'égal,  sous  ce  rapport,  du  Jitbœa 
sj)ectabilis,  qui  est  rustique,  même  à  Montpellier  oîi  les  hivers 
ne  sont  j)as  doux.  De  plus,  c'est  un  arbre  fruitier  de  premier 
ordre,  et  même  un  arbre  agricole,  en  ce  sens  que  les  noyaux 
huileux  de  ses  grosses  drupes  sucrées  sont  fort  recherchés  du 
bétail  qu'ils  engraissent  rapidement.  » 

La  Société  d'acclimatation  rendrait  donc  un  réel  service  aux 
cultivateurs  de  la  Provence  et  de  l'Algérie  en  introduisant  une 
bonne  quanlité  de  graines  de  ce  précieux  Palmier. 

Une  introduction  intéressante,  dont  parle  le  jardinier  en 
chef  du  jardin  de  celte  Société,  M.  Quiliou,  est  celle  du  Jalap 
{Exogonium.purga);  c'est  une  espèce  de  convolvulacée  ou  volu- 


—  166  — 

bilis,  qui  rend  de  grands  services  rmx  IMexicains  et  aux  Euro- 
péens qui  en  font  un  usage  modéré  d'après  ordonnance  de 
médecin.  M.  Qiiihou  ne  paraît  pas  satisfait  du  résultat  qu'il 
obtient  depuis  deux  ans,  dans  la  culture  de  cette  plante;  les 
petits  tubeicules  qui  se  forment  n'arrivent  pas,  dit-il,  à  matu- 
rité, faute  de  chaleur,  et  il  est  obligé  de  itiaintenir  ces  plants  en 
végétation  dans  la  serre  chaude  pour  les  conserver.  Il  est  moins 
heurtux,  dans  ce  cas,  que  le  jardin  de  l'école  de  médecine,  oii 
le  Jalap,  depuis  plusieurs  années,  passe  parfaitement  en  pleine 
terre,  dehors,  mûrit  ses  tubercules,  et  montre  même  ses  jolies 
fleurs  en  clochette.  Sa  rusticité  n'est  pas  douteuse,  le  succès  ou 
l'insuccès  tient,  évidemment,  aux  soins  de  culture  ou  à  un 
simple  effet  d'exposition. 

On  ne  se  rend  pas  assez  compte  de  l'influence  de  l'exposition  ; 
elle  est  énorme,  et  peut  déterminer  une  avance  ou  un  retard 
d'un  mois  au  moins  dans  la  floraison  d'une  plante  automnale  ; 
assurer  ou  faire  manquer  la  maturation  des  espèces  de  région 
chaude.  Cette  année  encore  j'ai  constaté  une  différence  de 
1 2  jours  dans  la  floraison  des  Iris  exposés  au  midi  et  au  nord. 
Les  premières  fleurs  des  Iiis  exposés  au  midi  se  sont  dévelop- 
pées le  15maij  tandis  que  celles  de  l'exposition  nord  n'ont 
commercé  àfleurir  que  le  27. 

Et  puisque  je  parle  exposition,  rappelons  que,  l'année  pro- 
chaineily  en  aura  une,  d'un  autre  genre,  à  Londres  :  unegrande 
Exposiiion  universelle  d'hortîcuknre.  Un  comité  français  a  été 
nommé,  qui  doit  recueillir  les  adhésions  des  horticulteurs; 
MM.  Dioiiin  de  Lhuys  et  Decaisne  en  sont  les  présidents.  A  celte 
occasion  nous  avons  eu  l'agrénble  et  flatteuse  visite  d'une  des 
rotabilitcs  horticoles  de  l'Angleterre,^!.  Maxwell Masters,rédac-  | 
leur  en  chef  du  CardenersChronirlc.Cc  savant  est  venu  à  Paris 
pour  conférer,  avec  les  [irér^idunts  de  sections  agricoles  et  hor- 
ticoles. Mais  je  crois  qu'il  est  reparti  comme  il  était  venu  ,  sans 
le  moindre  rtAseignement  sur  les  intentions  des  horticulteurs 


^  167  — 

et  agriculteurs  français.  Personne  ne  s'en  est  encore  occupé. 
Aussi,  en  nous  quittant,  nous  d-t-il  agréàbleriient  et  spirituelle- 
iiient  reproclié  de  ri'iivoir  pas,  en  Fratlce,  une  activité  bien 
dévorante  pour  aider  au  succès  des  expositions  horticoles  in- 
ternationales. Comme  il  a  i-aisôn!  J'espère  toutefois  que  nos 
horticuiletirs  tiencli?orit  a  honneur  dfe  rùoiitrer  leurs  produits,  à 
côté  dé  ceiix  des  horticulteurs  anglais,  et  qu'ils  porteront  hadt 
le  drapeau  français  !...  Ma  foi,  j'ai  risqué  le  drapeau  ;  çâ  fait 
généralement  très-bien;  je  suis  persuadé  c{ue,  iiiàintehaht,  tous 
les  horticulteurs  dje  JPrance  voht  envoyer  leur  adhésion  pour 
l'Expositioh  iiilërnàtionale  de  Londres  1 87 1 ,  et  qu'il  n'en  restera 
plus  un  seul  pour  celle  de  Lyon  ;  car  Lyon  aura  aussi  la  sienne 
à  la  môme  époque. 

Ces  Expositions  internationales  sont  contagieuses  comme  la 
petite  vérole ,  toutes  les  i^illë^  \èè  atltapent,  et  je  ne  désespère 
pas  d'en  voir  bientôt  une  au  hameau  de  Radis-lès-Fouilleuses, 
montée  par  une  société  anonyme,  comme  cblïé  de  tyoh,  avec 
liii  capital  dé  garantie  de  50(i,ObO  fi*.  O^and  donc  seroHà  rioiis 
âssêzraisdrinablesjiout'userd'u'rie  chose,  sârife  jamais  eh  abuser? 

\]hè  autre  inventiôli  toiit  aiussi  contagieuse,  dont  oh  abuse, 
et  qui  menîice  de  devenir  aussi  envahissante  et  aiissi  perni- 
cieuse que  Vorpliconisme;  c'est  le  coopérai ivisîuè  littéraire  fet 
scieniifiquc.  Je  coiiiprends  leà  sofclélés  coopératives  pour  la  bou- 
langerie, la  boucherie,  Tépicci-ie  ;  niais  liaîichemeril  pour  une 
société  coopé^alive'  dés  dmi^  de  l'irt^trucliori,  je  cesse  absolu- 
ment d'en  comprendre  l'écOno'mic  ;  si  ce  n'est  qu'on  voudrait 
peul-ôlre  créer  un  haras  pour  la  production,  à  bon  marché, 
d'une  grande  quantité  d'ânes  savants.  Elle  existe  et  fonctionne 
déjà  celte  société  ;  car  elle  est  en  train  de  bdttre  la  caisse  dans 
hhappcl.  Voici  la  réclame  c|u'on  tient  de  nie  faire  lire  dans 
le  n°du  l*^'  juin  de  ce  journal. 

«  La  Société  cocpérative  des  amis  de  l'instruction  (I)  vient 

(<)  rSe  feraii-flle   jas  mieux  de  pendie  ce  tilre  :   Socielc  dcmucratico-cûopc- 
rativc  d'aduiuulioii  et  d  exaltation  rnuluellei?  [•.  H. 


—  168  — . 

d'organiser  une  série  d'explorations  scientifiques  populaires. 
Elle  nous  prie  d'annoncer  que  plusieurs  de  ses  sociétaires  feront 
dimanche  5  juin,  à  Meudon,  une  course  botanique  sous  la  di- 
rection de  M.  Verlot,  chef  de  Técole  botanique  du  xMuséum. 

3)  Afin  de  rendre  fructueuse  cette  excursion,  deux  conférences 
sur  le  même  sujet  seront  faites  à  la  bibliothèque,  par  M.  Pois- 
son, conservateur  (????)  des  collections  botaniques  au  Muséum 
les  2  et  3  juin  à  8  heures  du  soir.  y>  , 

Où  allons-nous,  mon  Dieu  !  Allons,  vote  pour  moi,  j'volerai 
pour  loi!...  Kt  on  dit  qu'il  n'y  a  plus  d'enfants!.. . 

F.  Herincq. 


L'EXPOSTTION  HORTICOLE  DE  PARIS. 

Si  je  sais  par  oîi  prendre  cette  exposition,  je  veux  bien  que 
le  loup  me  croque  !  Je  me  garderai  donc  de  le  savoir,  main- 
tenant, car  le  loup  me  croquerait,  et  une  foule  de  braves  gens 

—  dans  leur  jubilation  —  seraient  capables  d'en  illuminer 
l'intérieur  de  leur  cœur  ;  je  ne  tiens  pas  absolument  à  leur 
procurer  si  doux  et  grand  plaisir. 

Je  voudrais  commencer  par  quelque  chose  qui  empoigne, 
comme  on  dit,  tout  de  suite  le  lecteur,  et  l'attacher  par  d'au- 
tres choses  qui  le  forcerait  à  lire  jusqu'à  ma  signature  inclusi- 
vement. Ecrire  avec  la  certitude  qu'on  ne  sera  pas  lu,  — et 
c'est  le  sort  des  comptes  rendus  d'exposition  d'horticulture, 

—  ce  n'est  pas  encourageant,  c'est  même  peu  fait  pour  don- 
ner des  idées  entraînantes . 

Si  j'écrivais  pour  des  <l  Jenny,  ouvrières  au  cœur  content 
de  peu,  ))  je  ne  serais  pas  embarrassé.  Je  débuterais  par  les 
belles  Giroflées  de  M.  Thibaut-Prudent,  ou  bien  encore  par  les 
magnifiques  et  incomparables  Réséda  de  MM.  Duvaux  et 
Greste,  et  je  serais  sûr  d'être  lu  jusqu'à  la  fin  en  promettant 


—  169  - 

de  faire  coiînaître,  dans  le  courant  de  mon  compte-rendu,  le 
moyen  d'en  obtenir  de  pareils.  xMais  les  pauvres  Jenny  ne  me 
lisent  [)as;  je  puis  dire  de  suite  que  ces  habiles  horlicul leurs 
obtiennent  leur  beaux  Uésédas,  en  les  arrosant,  tout  simple- 
ment, une  fois  par  semaine  avec avec  des  épaves  de  di- 
gestion humaine,  et  les  autres  jours  avec  de  l'eau  pure. 

Il  parait  que  c'est  un  excellent  engrais  ;  seulement  quand 
on  en  veut  fai}.*e  usage  pour  les  plantes  cultivées  dans  les  ap- 
partements, on  se  trouve  bien  de  placer,  au  préalable,  les  pots 
sur  l'appui  de  la  fenêtre  et  de  fermer  les  croisées  aussitôi  après 
cet  arrosement;  cette  précaution  n'est  pas  inutile. 

J'avais  songé  aux  Pensées  comme  principe  attractif.  Parler 
fleurs  de  Pensée,  c'est  rappeler  quelques  doux  souvenirs. 
Qui  n'a  pas,  en  effet,  reçu  ou  envoyé  au  moi.'is  une  fleur  de 
Pensée  dans  sa  jeune  existence  ?  Mais  j'ai  craint  que  mes 
lecteurs  et  lectrices,  trop  béatement  [)longés  dans  les  pen- 
sées d'autrefois,  ne  m'abandonnent  seul  avec  celles  que 
JM.M.  Baldlard,  Vautrin,  Falaise  et  Tripct  avaient  exposées. 
Et,  franchement,  écrire  pour  soi  tout  seul  que  ces  Pensées 
étaient  superbes;  que  M.  Balillard  en  avait  exposé  deux 
lots,  pour  se  donner  le  malin  plaisir  d'attraper  deux  mé- 
dailles d'un  coup,  ce  serait  brûler  son  huile  et  user  son 
encre  bien  inutilement. 

Les  plantes  annuelles  variées,  surtout  quand  elles  sont  cul- 
tivées et  groupées  comme  Tétaient  celles  que  la  maison 
Vilmorin  exposait,  m'avaient  paru  capables  (ï empoigner  un 
ami  de  flore,  comme  les  hauts  faits  de  Rocambole  f»?poî^/îe/<^ 
les  lecteurs  de  Ponson,  qui  n'ont  pas  encore  pu  abandonner 
leur  héros.  En  effet,  celte  masse  variée  de  formes  et  de  cou- 
leurs attire  et  retient  lougierups;  mais  jo  me  suis  rappelé 
la  réflexion  d'une  dame  qui  contemplait  celte  u^crvei lieuse 
collection,  —  auprès  de  laquelle  él;  it  celle  de  M.  Guénot. 
—    «    Pour   obtenir,    di.sait-i'lle,    un  jarcul   lésnllat,   il  [.nit 


—   170  -^ 

avoir  un  jardinier,  un  vrai  jardinier  poiif  àé  bon  et...  » 
Elle  n'acheva  pas  sa  pensée;  celle- réflexion  la  fit  partir. 
Il  est  bien"  certain  que  les  plantes  comme  celles  dont  il  est 
question ,  ne  se  contentent  pas  des  soins  que  peuvetit 
donner  les  jardiniers  d'occasion  qui  pullulent  actuellement  sur 
le  sol  de  notre  belle  patrie.  Comme  disait  cette  dame,  pour 
obtenir  un  pareil  résultat,  il  faut  bien  connaître  et  entendre  — 
non  pas  les  lois  sublimes  de  la  physiologie  végétale  —  mais 
simplement  la  culture  sans  physiologie;  or,  les  jardiniers  qui 
possèdent  cette  culture  sont  rares  et  cotés  hauts  sur  le  marché. 
Par  conséquent  j'ai  fait  à  mon  tour  cette  réileiion  :  si  mes  lec- 
teur allaient  se  trouver,  par  hasard,  dans  la  position  de  cette 
dame  qui  n'avait  pas  certainement,  à  en  juger  par  son  gros 
soupir  et  sa  retraite  subite,  de  jardiîlier  pour  de  bon?  mais  eh 
leur  parlant,  au  début  de  mon  article,  de  plantes  qui  en  exigent 
un,  ils  vont  jeter  ma  prose  sur  leur  table,  en  disant  que  ce  n'est 
pas  la  peine  de  lire  des  choses  qu'il  est  impossible  de  pos- 
séder. 

J'ai  donc  renoncé  à  commencer  par  les  plantes  annuelles, 
q:ii  comptent  celte  année  trois  nouveautés  dans  le  lot  Vilinofin  : 
Giiia  liniflora,  Immortelle  à  bradées  naine  à  grandes  fleurs 
rouges^  Perilla  nankmensis  à  feuilles  panachées  de  rose. 

M'aurait-on  lu  et  suivi  si  j'avais  débuté  par  les  Aiicubd? 
Assurément  non  !  Les  deux  lots  de  MM.  Croux  et  Diirand 
étaient  1res  intéressants,  sans  doute,  parle  grand  nombre  de 
variétés  qui  les  comj;osaient;  mais  ce  sont  des  Auciiba,  et 
qu'est-ce  qui  a  le  courage  de  s'intéresser,  je  le  demande,  à  des 
Auciiba'^ 

Je  n'ai  vu  aucune  chance  de  succès  en  parlant  tout  d'abord 
deVAbiesHemontii,  charmant  petit  arbuste  en  pain  de  sucre, 
c'est  vr;ji,  et  qu'on  dit  être  nouveau,  ca  [leut  ôlre  encore  vrai  ; 
mais  le  Sapin  sent  trop  le  cimetière,  et,  comme  généralement 
la  perspective  du  séjour  des  morts  n'a  rien  d'entraînant,  on 


—  171  — 

m'eût  aLandonné  de  suite  à  mon  triste  sort  ;  j'en  étais  pour 
mes  frais  d'écriture. 

Les  Bhododendron  de  M.  Croux  m'ont  tenu  indécis  pendant 
longtemps.  Ce  sont  des  arbrisseaux  qui  ont  de  l'œil.  Et  puis  je 
voyais  en  eux,  à  causederélymologiedu  nom  {Rosier  en  arbre), 
une  transition  pour  parler  de  la  remarquable  collection  de 
Rosiers  de  M.  Margoltin.  En  citant  tes  variétés  Ville  de  Saint- 
Denis,  Victor  Vcrdier,  Comte  de  ISanteuil,  Docteur  Andnj,  Comte 
Cavour,  sans  oublier  mes  amours  :  Jean  Cherpin,  Prince  im- 
périal  èlAnna  Diesbach  à  (leurs  très-lâchement  pleines,  j'aurais 
proclamé  naturellement  que  la  Rose  est  bien  toujours  lalieine 
des  fleurs,  et  le  mot  reine  écrit,  je  m'écrierai  toujours  natu- 
rellement : 

Ali!  à  propos  de  Reine,  il  en  est  une  nouvelle,  la  Pijrclhre; 
elle  est  devenue  positivement  une  Reine  Marguerite  vivace.  Et, 
à  l'appui  de  celte  opinion,  qui  n'est  nullement  hasardée,  j'eusse 
cité  le  lot  de  M.  Duvivier,  composé,  parait-il,  de  24  variétés, 
mais  dans  lequel  je  dois  avouer  avoir  eu  mille  peines  à  en  dis- 
tinguer quatre  :  Rose  perfection  dans  les  rouges;  Princesse  de 
Metternichf  Mme  Billard  et  Mont-Blanc  dans  les  blanches. 

En  suivant  cette  iilière  j'arrivais,  encore  naturellement,  aux 
Pivoines  de  ]MM. Courtois  Gérard  et  Pavard;  aux /r?.s  de  MM  .Yvon 
et  Giiénot,  qui  me  permettaient  d'entrer  en  relation  avec  les 
coHeciions  de  plantes  vivaces  fleuries  très-intéressantes  de 
MM.Yvon  et  Bonnet.  Les  fleurs  sont  toujoursattrayanlesel,enne 
citant  pas  trop  de  noms  latins,  je  pouvais  espérer  me  mainte- 
nir en  lecture.  Mais,  de  ces  plantes  vivaces  fleuries,  il  me  fal- 
lait— pour  être  un  peu  méthodique — parler  des  plantes  médi- 
cinales de  M.  Telotle,  et  des  plantes  panachées  de  M.  Yvon, 
qui  certainement  ont  beaucoup  d'intérêt  pour  ceux  qui  ont  re- 
coins  3iux  simples  dans  leurs  maladies,  ou  qui  aiment  à  con- 
templer des  natures  à  moitié  mortes.  Or,  parmi  les  abonnés  de 
l'Horticulteur  français,  il  en  est  peu,  me  suis-je  dit,  qui  doivent 


^   172  — 

croire  en  la  vertu  des  simples,  et  il  en  est  encore  moins  qui  doi- 
vent admirer  la  beauté  des  cadavres  ;  par  conséquent  la  grande 
majorité  m'abandonnera  à  la  première  citation  de  Neîiuphar 
luira  ou  de  Pissenlit  [oliis  aureo  plus  ou  moins  variegato  mar- 
giîuitis,  et  encore  ici  je  me  trouverai  avoir  écrit  la  suite  pour 
ma  satisfaction  toute  particulière.  Comme  je  ne  pousse  pas 
l'admiration  de  mon  incontestable  mérite  (!!)  jusque-là,  j'ai 
renoncé  à  commencer  mon  compte  rendu  par  les  Rhododen- 
drons. J'ai  peut  être  eu  tort;  car  j'en  aurais  fini  maintenant 
avec  les  plantes  de  pleine  air,  si  ce  n'est  qu'il  me  resterait 
encore  h  parier  de  la  Irès-intéressante  collection  de  Fougères 
de  M.  Durand,  dans  laquelle  les  connaisseurs  admiraient  les 
Osmwida  speclabilis,  cinnamomea  ou  inierrupta. 

,Mon  embarras  a  été  bien  plus  grand,  quand  j'ai  cherché 
mon  entrée  en  matière  parmi  les  plantes  de  serre. 

Le  Pétunia,  qui  avait  comme  représentant  un  joli  lot  de 
M.  Emile  Ghaté,  a  perdu  dans  l'estime  publique,  depuis  qu'on 
fait  (les  variétés  à  fleurs  doubles  informes,  et  des  variétés  à 
fleurs  simples  panachées  qui  se  dépanachent  avec  trop  d'ai- 
sance et  defacihté.  Il  n'est  plus  fait  ^our  empoigner,  et,  malgré 
tout  le  talent  que  j'aurais  pu  déployer  pour  entraîner  mes  lec- 
teurs à  sa  suite,  on  m'aurait  jeté  dans  un  coin. 

Le  vieux  Géranium,  que  les  savants  appellent  Pe/ar^onmm 
zonak'inquinans,  me  souriait  assez  ;  il  est  fort  répandu  dans 
le  monde  ;  il  est  le  bien  venu  partout,  même  et  surtout  là  où  le 
jardinier  vrai  ou  de  hasard  brille  par  son  absence.  Avec  les 
doubles,  me  disais-je,  on  peut  entraîner  loin  son  lecteur.  Mais, 
examen  fait  de  mes  notes,  j'ai  trouvé  que  dans  le  lot  de 
M.  Hornet,  qui  en  avait  une  collection  presque  complè(^\ 
formée  à  grands  frais,  j'avais  eu  beaucoup  de  peine  à  en  dis- 
tinguer seulement  une  demi-douzaine  :  deux  roses,  deux  rouges, 
et  la  Victoire  de  Lyon.  Et  puis  j'ai  réfléchi  que  tous  les  ans 
c'est  à  peu  près  la  même  chose,  quant  aux  exposants.  Or  j'ai 


—  173  — 

pensé  qu'en  lisant  les  premiers  mots,  mes  lecteurs  ne  manque- 
raient pas  de  dire  :(C  On  le  connaît  l'article  :  c'est  toujours  le  môme 
cliché  depuis  20  ans.  »  Us  auraient  alors  déposé  religieuse- 
ment mon  numéro  dans  un  autre  coin  quelcont^ue,  et  je  me  trou- 
vais avoir  écrit  pour  les  araignés  qui  ne  suivront  pas  les  confé- 
rences de  la  Société  déinocratico-coopérative  des  amis  de  l'in- 
struction horticole  que  j'ai  grande  envie  de  fonder,  pour  me  faire 
nommer  président.  Mais  écrire  pour  des  araignés  démocra- 
tiques et  sociables,  j'ai  trouvé  que  ma  dignité  se  trouverait 
compromise  ;  mon  projet  de  donner  le  pas  aux  Géraniums 
fut  abandonné.  Ceci  ne  retire,  bien  entendu,  aucun  mérite 
aux  collections  exposées.  MM.  Thibaut  et  Keleleêr  avaient^, 
comme  toujours,  un  magnifique  choix  qu'ils  pourraient  peut- 
être  encore  épurer;  M.  Emile  Chaté  exposait  une  nombreuse 
collection  très-intéressante,  composée  à  peu  près  de  toutes  les 
variétés  nouvelles  de  ces  dernières  années  ;  il  les  avait  réu- 
nies pour  juger,  par  lui-même,  de  la  valeur  de  chacune  d'elles, 
ou  de  la  ressemblance  trop  grande  que  peut  offrir  un  certain 
nombre  de  ces  nouveautés  avec  les  variétés  anciennes;  il  a 
fort  à  faire. 

En  jetant  un  coup  d'œil  rapide  sur  ces  collections  de  Ce- 
ranium  de  MM.  Thibaut-Keteleêr,  Kmile  Chaté,  Hornet  et 
Lierval,  on  se  rendait  bien  compte  de  la  nécessité  d'un 
pareil  travail  synonymique.  Ainsi,  parmi  les  doubles  roses, 
il  y  a  une  dernière  nouveauté  nommée  Madame  Boutard,  qu'on 
peAit  facilement  confondre  avec  Madame  Lemoine  qui,  elle, 
pourrait  être  parfaitement  remplacée  par  Impératrice  Eugénie f 
ou  par  Mane  Croasse,  ou  bien  encore  ])-jlv  Louise  Delesalle,  sans 
porter  trop  préjudice  à  Facquéreur,  à  moins  qu'il  ne  soit  déjà 
possesseur  de  Abel  Carrière,  de  Marie  Elisabeth,  ou  autres  à 
fleurs  roses.  Pour  trouverla  différence  entre  toutes  ces  variétés, 
il  faut  recourir  au  microscope,  et  compter  le  nombre  des 
granules  rouges  qui  se  trouvent  dans  chaque  cellule  des  pé- 


—   I7i  — 

taies  pour  produire  la  coloration  plus  ou  moins  intense  des 
fleurs  :  la  difiérence  est  seulement  là.  Dans  Madame  Doutard, 
on  en  compte  11,009;  dans  Madame  Lemoine,  10,997;  dans 
Abcl  Carrière,  10,983,  etc.  IMais  pour  se  livrer  à  ce  genre 
d'exercice,  il  faut  avoir  une  grande  habitude  du  microscope^  , 
êlre  doué  d'une  patience  allemande,  et  avoir  beaucoup  de 
temps  à  perdre  ;  encore  ne  saisit-on  pas  toujours  le  nombre 
exact  des  fameux  granules  colorants. 

Pour  les  variétés  à  flaurs  rouges^  beaucoup  plus  nombreu- 
ses, la  difficulté  est  augmentée  par  les  fractions  de  granules 
qui  exigent  des  opérations  algébriques,  très-compliquées, 
pour  arriver  à  l'unité.  Au  risque  de  me  faire  écharper  par  les 
producteurs,  j'avouerai  que  je  n'ai  pu  trouver  la  moindre 
différence  dans  les  nombres,  et  que  la  taille  seule  a  pu  me 
guider.  De  toute  celte  centaine  de  variétés  de  Géranium  à  fleurs 
rouges  doubles,  j'en  ai  vu  seulement  deux  :  une  Tom-Pouce, 
et  une  pas  Tora-Pouce.  Quant  à  Victoire  de  Lyon,  elle  parait 
très-différente  par  le  coloris;  n'ayant  vu  la  pknte  qu'en  boulon 
commençant  à  montrer  le  bout  des  pétales,  je  ne  puis  rien  dire. 

Dans  les  variétés  à  fleurs  simples,  les  différences  sont  aussi 
faciles  â  établir.  J'ai  noté  Mlle  Nilson  comme  le  plus  beau 
rose,  et  Vestale  comme  le  plus  beau  blanc  .  Parmi  les  rouges, 
Fournaise  me  semble  devoir  occuper  la  première  place  ;  mais 
si  un  fournisseur  donnait,  en  guise  de  Fournaise,  soit  Gloire  de 
Douais  ou  Rubens,  ou  Jean  Sisley,  ou  Ervoy,  ou.  First  Favorite, 
le  plus  malin  ne  verrait  que  du  feu  dans  la  substitution. 
Splendeur  est  un  blanc  à  cœur  saumoné.  Dame  blanche  ei  Marquis 
d'He  fard  sont  dans  le  même  genre,  mais  le  cœur  est  plus  clair 
dans  la  première  et  de  couleur  orange  dans  le  second.  Madame 
Lemonier  est  tout  à  fait  saumon  ;  Madame  Double  en  diffère 
par  le  bord  blanc  des  pétales. 

La  collection  de  Géranium  zonale  à  feuilles  panachées,  ex- 
posée par  MM.  Thibaut  et  Keleleôr,  m'a  permis  de  CQa  slater 


-*  175  — 

que  Bronze  maiel,  Her  mycsty,  Ejyptian  queen.  Van  Dyck^ 
Beautij  Williams,  Deauty  Caulderdale  elEdward  lîenderson^eic, 
ressemblent  à  des  z,0!iale  ordinaires  qui  aur.'\ient  Irop  ba,  c'est- 
à-dire,  qui  seraient  gorgées  d'eau  ;  le  fond  est  d'un  vert  jaune 
maladif,  ce  ([ui  fait  ressorlir  la  zone  fon-^é.  Comme  variété  à 
bord  jaune  clair,  avec  couleur  rouge  dans  la  zono,  si  vous  ne 
pouvez  pas  avoir  Ainy,  vous  n'aurez  qu'à  demander  Ilalia 
y./iila,  ou  Honey  Combe;  et  dans  le  cas  où, le  fournisseur  vous 
eriverrait  Beauly  of  Guestwick,  ou  Lady  of  Sliallot,  ou  Golden 
may  queen^  ne  vous  plaignez  pas.  Gomme  variétés  à  feuilles  l)or- 
çlées  de  jaune  canarie,  à  défaut  de  Sophie  Cussak  ,  recevez  sans 
mot  dire  Sophie  Dumaresque  ou  Lady  Cullum,  ou  Golden  Eay,  ou 
liucy  Griève.  Quant  aux  chloroiiques  Castlemilck ,  Syluer 
may  queen,  international,  ils  se  valent  par  l'éclat  de  leur 
pâleur. 

Le  Pelargonium  à  grandes  fleurs  et  fantaisies  étaient  riche- 
ment représentés  par  les  lots  de  M.M.  Thibaut  Keteleêr,  Al- 
phonse Dufoy,  Louvel  et  Barlou  ;  noug  donnerons  dans  un 
prochain  numéro  une  liste  des  variétés  de  choix  que  nous 
avons  notées,  et  qui  nous  mènerait  trop  loin  en  la  transcrivant 
ici.  J'ajouterai  seulement  que  le  Jury  a  récompensé  deux 
gains  nouveaux  :  Triomphe  de  Saint-Mandé  de  M.  Joseph 
Chaté^  splendide  variété  à  flaur  rouge,  qui  sera  une  merveil- 
leuse plante  démarche;  et  Eugénie  Lar  son  nier,  waTiéié  co- 
quette très-florifère,  mais  que  j'avais  tout  bonnement  prise 
pour  Emile  Bihorel;  cela  tient  probablement  à  leur  grande 
.ressemblance. 

Avec  mon  air  de  dire  que  je  ne  voulais  pas  commencer 
par  les  Géranium,  il  me  semble  que  j'en  ai  pas  mal  dit  sur 
leur  compte,  et  qu'il  est  temps  de  passer  à  un  autre  g  enre. 

Soit  donc  les  Azalées  de  rinde;  brillantes  et  pimpantes 
comme  toujours,  étaient  celles  de  >I.\I.  Van  Aoker  et  Barlou. 
11  y  en  avait  deux  beaux  grands  sujets  appartenant  à  Leroy 


—   176  — 
Isidore  fort  admirés  par  les  amaleurs-connarsseursj  ils  étaient, 
ceux-là,  splendides. 

Un  genre  qui,  chaque  année,  attire  les  visiteurs,  c'est  le 
genre  calcéolaire.  M.  Vilmorin  en  avait  un  lot  d'une  culture 
peu  commune  ;  les  autres  lots  appartenaient  à  M.M.  Moyse, 
Plateau  et  Grandjean. 

J'aurais  dû  offrir  aux  Coleus  les  honneurs  de  la  première 
page;  ceux  que  MM.  Morlet,  Lierval  et  Welker  avaient  pré- 
sentés étaient  dignes  d'une  pareille  place  :  Morleti  et  Thomasi 
de  31.  Morlet  étaient  très-remarques  des  amateurs  en  ce  genre  ; 
car  ici  je  m'efface  :  la  beauté  des  feuilles  est  pour  moi  une 
beauté  de  pure  convention  et  je  ne  la  comprends  pas  :  j'en 
excepte  toutefois  le  Coleus  Saisonif  qui  offi'e  des  coloris  si  vifs 
et  variés  que  les  feuilles  alors  ressemblent  à  des  fleurs. 

Je  m'extasie  bien  un  peu  aussi,  chaque  année,  devant  les 
Caladium  de  M.  Bleu;  mais  c'est  absolument  pour  n'avoir 
pas  l'air  d'un  crétin  et  par  déférence  pour  l'homme  dévoué 
qui  se  livre  exclusivement  à  la  production  de  nouvelles  va- 
riétés. Dans  le  lot  exposé  le  27  dernier,  il  m'a  semblé  qu'il  y 
avait  plusieurs  nouveautés  qui  étaient  bien  cousines  germaines 
avec  des  anciennetés.  Prudence,  Monsieur  Bleu,  ne  soyez 
pas  trop  bon  père  ;  sachez  sacrifier  les  nouveau-nés  qui  res- 
semblent trop  à  leurs  aînées.  Emilie  Verdier.est  une  charmante 
petite  plante  bien  distincte  avec  ses  feuilles  blanc  carné  à 
nervures  etbDrds  verts  veinés  de  blanc;  Meyerbeer  avec  ses 
nervures  vertes  et  ronges  ;  Dachartre  avec  sa  teinte  rosé  sur 
fond  blanc,  sont  encore  distinctes  ;  mais  Edmond  André  me 
paraît  de  trop  d;ms  la  collection,  à  moins  qu'on  ne  le  préfère 
à  Henderson,  ce  à  quoi  je  n'ai  rien  à  redire. 

J'ai  aussi  pour  le  Bégonia  une  admiration  d'estime  :  c'est 
curieux,  très-intéressant,  mais,  pour  rester  en  contemplation 
devant  eux^  il  faut  être  possédé  de  l'envie  de  compter  le 
uombre  des  petits  points  qui  se  trouvent  sur  la  face  argentée 


—  177  — 

de  Madame  Hermcq-,  après  tout,  c'est  un  amusement  comme 
un  autre.  M.  Emile  Chaté  en  exposait  une  nombreuse  col- 
lection ,  dans  laquelle  se  trouvaient  Boliviensis  en  fleurs  , 
Madame  Alphonse  Lavallée ,  Duchartrei ,  Secrétaire  Morren , 
Mada)ne  Mézard,  Robusta,  Imperatur^  etc. 

C'est  du  milieu  de  ce  groupe  de  Bégonia  que  se  dressait 
un  Canna  panaché,  nouveauté  de  M.  Chaté,  àfeuilles  marquées 
de  bandes  obliques  alternativement  verbes  et  pourpre  brun 
foncé. 

Celte  fois,  les  plantes  à  grands  feuillages  n'étaient  représen- 
tées que  par  les  Palmiers,  Dracœna,  et  Fougî'res  de  MM.  Cban- 
tin,  Lierval,  Savoie  et  Luddcmann  ;  on  nous  avait  fait  grâce 
des  Sapins,  des  Houx  et  des  Troènes.  Le  lot  de  Palmiers 
de  M.  Lierval  était  composé  de  80  espèces  rares  ou  précieuses ,' 
comme  les  VerschaffeUia  melanochetes,  Brahea  spinosa,  Onco- 
sperma  naîi-houtlcana ,  etc.  ;  les  collections  Savoie  et  Ludde- 
mann  comprenaient,  surtout,  des  petites  jdantes  d'espèces 
d'appartements.  Quant  à  M.  Cbanlin,  il  exposait  de  beaux 
et  grands  exemplaires  eu  Latania  borbonica,  Brahea  dulcis, 
Thrinax  elegans,  Ceroxghnn  niveum ,  etc. 

En  Fougères  ,  il  avait  de  superbes  Cyathea  meduliaris  et 
dealbata,  Balantiiun  antarcticuni,  Cibotiuni  Beirichianum. 
M.  Lierval  eu  exposait  une  très-riche  collection. 

Parmi  les  Pwidanus  du  lot  Lierval,  je  citerai  son  magnifi- 
que re//ea?a,  \QPorieana  à  feuilles  disposées  sur  trois  faces;  le 
candelabrum  ;  les  ornata  et  Vandermeerschii  ,  excellentes 
plantes  pour  appartement ,  et  une  espèce  innommée  de  Ma- 
dagascar, dont  les  feuilles  sont  couvertes  d'une  poussière 
blanche  cireuse  très-remarquable. 

Les  Broméliacées  avaient  queli|ues  représentants  dans  les 
lots  de  MM.  Lierval  et  Luddemann.  C'est  le  Bromelia  bracteata 
de  M.  Lierval,  qui  a  été,  cette  année,  l'enfant  chéri  des  visi- 
teurs ;  tout  le  monde  le  demandait  :  les  grands  journaux  même 

J»«/H870.  42 


—  178  — 
en  ont  pai'lé.  Cette  espèce  est^  en  effet,  très-curieuse  t  elle  oiîre 
un  fruit  d'Ananas  du  plus  beau  rouge. 

Les  Orchidées  de  MM.  Luddeuianu,  Linden,  Chantin  et 
Chenu  étaient  aussi  Irès-rechercliées.  On  admirait  de  fartes  et 
belles  touffes  de  Cypiipediitm  barbalum  superbum,  villo^iinif 
Hookerii  superbiens  ;  Callleija  Mosiœ,  Aerides  falcatum,  Lœlia 
purpurata,  Stanopea  saccata  superba  de  M.  Luddemann  j  le 
Selefiipediiim  caiidatum  du  lot  de  M.  Chenu  ;  les  Mesospinidium 
sa?i(juineum,  Odontoglossiim  Ehrcnbcrgii  nœvium  et  Pescatorei 
de  la  coUeclion  Linden. 

Comme  collections  déplantes  de  serres  variées,  on" comptait 
d'abord  celle  de  M.  Lierval,  la  plus  nombreuse  en  espèces 
rares  ^et  nouvelles  ;  puis  celle  de  M.  Nadaillac,  remarquable 
par  lîÀ  belle  culture  et  la  vigueur  des  sujets  ;  de  M.  Grandjean, 
amateur  comme  le  précédent,  et  daus  laquelle  se  trouvaient 
beaucoup  de  bonnes  nouveautés,  au  nombre  desquelles  on  peut 
citer  le  Delechampia  Roezlei,  qui  est  loin  de  tenir,  d'après  les 
plantes  exposées,  ce  que  les  dessius  des  journaux  anglais  avaient 
promis;  enfin  le  lot  des  plantes  nouvelles  de  M.  Linden. 

Dans  le  lot  Lierval,  je  signalerai  les  Dracœna  Gailfoylei,  à 
feuilles  rubanées  rose  et  jaune  pâle,  CyanophyUum  speclandum 
à  feuilles  veloutées,  Alocasia  hybrida,  Ledenbergia  rosea  œnea,  ' 
Fittoniagigantea,  Tillandsia  Lindeni,  Dracœna  Liervaliiy  Co- 
leûs  Saisoni,  qui  n'est  pas  mort,  comme  on  en  faisait  courir  le 
bruit,  Phyllagathis  rotundifoîia,  Philodendron  impériale,  Bi- 
gnonia  argyrea  violescens  aux  feuilles  marbrées  de  rose  lilacé 
clair  et  vert  cuivré. 

Quant  aux  plantes  nouvelles  de  M.  Linden,  elles  portent  les 
noms  :  Dioscorea  eldorado,  Dracœna  lentiginosa,'  Xanthosoma 
'Wallisiij  CissusLindehii,  Acer  palmatam  foliis  rhticulalis,Ma' 
rozamia  &yl.indrica,  Dracœna  lulescens  striata,  AUernanlhera 
cdmabilis  lalifolia. 
Vu  résumé  les  amateurs-connaisseuM  ont  dû  être  charm's 


1 


—  179  — 

decefte  eJfposKion;  ils  ont  pu  trouvera  moissonner.  Les  ad- 
mirateurs d'ensemble  n'ont  pas  été  satisfaits;  il  leur  mau- 
qtiait  de  gros  spécimens  à  eflet.  Ils  auraient  voulu  un  plus 
grand  nombre  Je  fortes  plantes  dms  le  genre  des  C/mjsanf.he- 
mumfrutesccns,  deM.  Giroux.  des  Az  liées  de  M.  Isidore  L.îroy, 
àcsCyanop/njllummagnifictnnôeM.  Gliantin,  ou  des  colonnes 
en  lierre,  surmontées  de  Géranium  comme  celles  de  M.  Lassus. 
Il  est  bien  cerlam  qu'une  grande  quantité  de  forts  sujeis  en* 
plantes  ileuries  n'aurait  pas  fait  mal  dans  le  piy.sage;  mais, 
telle  quelle  était,  celte  exposition  n'a  pas  fait  regretter  les  vin-t 
sous  d'entrée  que  le  public  paye,  maintenant,  sans  la  moindre 
observation;  c'est  passé  dans  nos  mœurs. 

Enfin,  comme  couronnement  de  l'édifice,  je  rappellerai  les 
incomparables  Asperges  de  M.  Louis  Lhérault,  et  j'enregistrerai 
les  Pommes  Calville  et  Apis  conservées  de  M.  Chevalier-  les 
primeurs  en  Pèches,  Prunes,  Raisins,  Melon,  Ananas,  etc.',  de 
MM  Crémont,  de  M-  veuve  Entraygues,  et  de  l'exposant  por- 
tant  le  n°  126,  le  jour  de  l'ouverture  de  l'I^xposilion.  S'il  n'est 
pas  satisfait  de  cette  mention  au  numéro,  qu'il  s'en  prenne  à 
la  Société  d'horticulture  qui  avait  ouvert  les  portes  avant  le 
travail  du  Jury,  et  qui  a  privé,  ainsi,  les  exposants  du  bénéfice 
qu'ils  auraient  pu  tirer  de  l'afaaence  des  visiteurs,  si  leur  nom 
avait  été  placé  à  chaque  lot;  l'absence  de  ces  noms  n'a  pas 
permis,  en  effet,  aux  amateurs  de  prendre  des  notes. 

Et  maintenant,  que  j'ai  fait  tout  mon  possible  pour  être 
gentil  envers  tout  le  monde,  advienne  que  pourra. 

F.  Herlncq. 


PECHE  ROBERT  LAVALLÉE  (Pl.  VI). 

La  Pèche  que  nous  figurons,  dnns  ce  numéro,  a  été  rccolt(5e 
5ur  un  arbre  tige  plein  vent,  provenant  d'nn  semis  fait,  à  Se- 


—  180  — 

grez,  il  y  a  quelques  années,  avec  les  noyaux  de  Pêche  de 
vigne  provenant  du  Mans.  Elle  était  la  compagne  de  deux  ou 
trois  cents  autres,  dont  quelques-unes  étaient  encore  plus 
grosses.  On  peul  juger,  par  là,  ce  qu'on  pourra  obtenir  d'un 
arbre  en  espalier  et  traité,  t[uant  au  nombre  de  fruits  à  con- 
server, â  la  manière  deMonIreuil,  c'est-à-dire  en  ne  laissant 
que  8  à  10  pôùhes  par  môlre  sur  chaque  branche. 

Cette  Pêche,  quia  été  reconnue  nouvelle  par  les  maîtres  es 
science  pomologique,  est  toutefois  proche  parente  delà  Che^ 
vreuse  tardive  et  delà  Reine  des  vergers. 

L'arbre  est  très-vigoure  ix,  excessivement  fertile  et  tardif; 
il  mûrit  ses  fruits  durant  la  dernière  quinzaine  de  septembre. 

Ses  fleurs  sont  petites,  de  couleur  r  isée;  le  calice  est  cam- 
panule rouge  brun,  à  tube  glabre  et  à  dents  arrondies,  duve- 
teuses inlérieurement;  les  pétales  sont  obovales  concaves,  à 
'peine  plus  longs  que  les  dents  du  calice,  rosés  sur  le  limbe,  et 
rouge  sang  sur  l'onglet;  les  étamines  nombreuses,  inégiles,  ont 
le  filet  couleur  carmin;  l'ovaire  est  conique  duveteux,  sur- 
monté d'un  style  velu  à  sa  bise,  glab['3  s  ipirieirement,  et 
dépassant  à  peine  les  étamines.  La  floraison  a  heu  à  la  fin 
d'avril. 

Les  feuilles  sont  lancéolées,  glabres,  obfussment  dentelées, 
pourvues  de  4  à  6  glandes  inégales  et  de  deux  formes  :  2  sont 
pétiolaires,  arrondies,  et  2  ou  4,  occupant  la  place  des  dents,  à 
la  base  du  limite,  sont  réniformes. 

Le  jeune  bois  est  vert  olive  plus  ou  moins  fortement  teinté 
de  rouge  brun. 

Le  fruit  est  de  première  grosseur  et  de  première  qualité  ;  il 
est  allongé,  terminé  par  un  mamelon  assez  fortement  ac- 
cusé, et  marqué  d'un  sillon  longitudinal  profond;  sa  chair 
blanche,  Irès-succulenle,  recèle  une  eau  abondante  très  agréa- 
ble ;  enfin  sa  peau,  fortemeiit  pourprée  du  cô!é  du  soleil,  et  vert 
jaune  teinté  de  rose  du  côté  de  l'ombre,  a  le  fin  duvet  di^s 


—  181  — 

joues  rosées  du  jeune  et  charmant  Bébé  auquel  nous  avons 
dédié  cette  délicieuse  Pèche. 

F.  Herincq. 

CEANOTHUS  VELUTINUS. 

Ce  Ceanothus,  introduit  depuis  quelques  années  dans  les 
cultures  européennes,  est  une  espèce  cnlifornienne  décou- 
verte, par  le  voyageur  Perry,  dans  les  monlaj^nes  rocheuses, 
sur  le  territoire  de  Colorado  compris  entre  le  39'  et  41«  degrés 
de  latitude. 

C'est  un  petit  arbuste  très-élégant  à  la  cyme  bien  arrondie 
qui  se  couvre,  vers  la  mi-mai,  d'innombrables  petites  pa- 
nicules  de  fleurs  légères,  blanches,  d'une  odeur  agréable 
analogue  à  celles  du  Robinia  faux  Acacia,  mais  plus  faible, 
plus  douce. 

Son  fi'uillage  est  Ircs-beau  et  persistant  ;  il  est  composé  de 
feuilles  ovaks  elliptiques,  longues  de  4  centim.  sur  environ 
3  de  largeur,  asccz  épaisses,  bordées  de  irès-fines  dents, 
d'un  beau  vert  foncé  et  glabres  en-dessus,  de  couleur  vert 
pâle,  ou  plus  ou  moins  jaunâtre  et  très-faiblement  veloutées 
en-dessous. 

Par  le  temps  de  plantes  à  feuillage  qui  court,  ce  Ceanothus 
Inclut inus  pourrait  être  présenté  comme  tel  aux  amateurs. 
Mais  nous  lui  croyons  un  plus  grand  mérite.  Par  l'abondance 
de  ses  fleurs  blanches,  il  est  bel  et  bien  un  arbuste  d'ornement, 
et  il  me  semble  qu'il  serait  ti ès-recherché  sur  les  marchés, 
dès  le  premier  printemps,  comme  plante  d'appartement; 
élevé  en  serre,  il  fleurirait  plus  tôt,  et  cultivé,  comme  plante 
de  jardin  d'hiver  il  aurait  du  succès. 

Tout  le  monde  a  admiré  la  floraison  de  ce  joli  Ceanothus 
dans  l'École  de  Segrez,  où  le  sujet  fleuri  est  livré  en  pleine 
terre  depuis  cinq  ans. 


—  ■182  — 

Chaque  année,  on  l'enveloppait  de  paille  pour  le  garantir 
des  gelées  ;  mais  le  résultat  de  cette  prëcaulion  était  la  chute  de 
toutes  ses  feuilles,  et  la  pourriture  de  l'extrémité  herbacée  de 
ses  rameaux  où  se  développent  les  panicules.  Cet  hiver, 
je  n'ai  fait  mettre  qu'un  simple  toit  en  pqille  supporté,  au- 
dessus,  par  4  piquets  et  mon  Ceanothus  n'a  perdu  aucune 
feuille;  toutes  les  ramificalions  sont  actuellement  garnies  de 
fl'eurs  tellement  nombreuses  que  l'arbuste  paraît  couvert  de 
neige. 

Cette  espèce  n'atteint  guère  que  1  mètre  à  1  m.  50  cent, 
de  hauteur. 

Alph.  La  VALLÉE. 

NOTE  SUR  LA  FRUCTIFICATION  DU  STRELITZIA 
REGINtE  (1). 

Tous  les  amateurs  connaissent,  pour  l'avoir  vue  ou  pour  en 
avoir  entendu  parler,  la  magnifique  musacée,  qui  porte  le  nom 
de  Slrclilzia  regmœ;  on  ne  peut  rien  voir  de  plus  éclatant  que 
les  fleurs  de  cette  plante,  où  se  trouvent  associées  les  nuances 
tranchées  du  jaune  et  du  bleu  de  ciel,  et  dans  une  disposition 
telle,  qu'on  croirait,  de  loin^  voir  la  tète  et  le  bec  d'un  oiseau 
singulier  plutôt  que  les  pétales  d'une  fleur.  C'est  dune  un  or- 
nem.ent  très-distingué  pour  les  serres. 

Les  plants  de  Slreiitzia  sont  rares  et  chers.  Tous  les  auteurs,, 
en  s'exlasianl  sur  la  beauté  hors  ligne  de  cette  plante,  n'ont  pas 
manqué  de  piirler  de  la  difûciilté  de  sa  multiplication.  Le  Boii 
ardinier  porte  qu'on  ne  peut  le  multiplier  que  par  là  division 
des  touffes.  JM^iis  c'est  là  un  exf)édient  tiès-dangereux  pour 
une  plante  dont  les  racines  sont  grosses  et  charnues  et  qui 
entrent  jiar  conséquent  assez  facilement  en  pourriture. 


(1)  Ânn.  Soc.  d'iiort.  de  Maine-et-Loire,  1810,  p.  49. 


—  183   - 

J'ai  cru  devoir  aider  la  nature,  quoique  les  auteurs  affirment 
que  la  chose  est  impossible  à  cause  des  organes  reproducteurs. 

Les  étamines,  en  effet,  insérées  dans  l'intérieur  du  tube,  ne 
peuvent  pas  communiquer  le  pollen  de  leurs  fleurs  aux  trois 
stigmates  placés  à  l'extrémité  el  au-delà  d'un  étranglement  : 
la  fleur  se  flétrit  ainsi  sans  qu'il  y  ait  eu  fécondation. 

J'ai  donc  aidé  à  la  fécondation,  en  dilatant  le  tube  ou  plutôt 
en  l'ouvrant  au  moyen  d'un  petit  morceau  de  bois,  et  en  intro- 
duisant le  pollen  sur  les  stigmates. 

Ce  simple  moyen  a  suflTi  pour  assurer  la  fécondation  du 
Strelitzia  regmœ,  et  des  graines  ont  été  récollées  dans  le  cou- 
rant de  l'année  1869  dans  la  serre  tempérée  do  Mme  de  Ber- 
nard, à  la  Petite-Fontaine,  route  des  Ponts-de-Cé. 

J.  JouAN,  jardinier. 


LE  SOUFFLET  INJECTEUR  PILLON. 

Dimanche  dernier,  j'ai  fait  avec  M.  Emile  Chalé  des  expé- 
riences Irès-inléressanles  sur  la  destruction  des  insectes  qui 
font  tant  de  ravages  dans  les  jardins.  Notre  ennemi  était  le 
puceron  vert,  et  le  kermès  que  l'on  trouve  sur  les  plantes  des 
serres  chaudes.  Nous  expérimentions  un  nouvel  instrument  in- 
venté par  M.  Pillon,  et  qui  nous  a  été  fourni  par  un  fabricant, 
M.  Bodevin,rue  Héaumur,  26.  Cet  instrument,  très-simple  et 
trîîs  curieux,  se  nomme  soufflet  injnctcur]  son  vérilable  nom 
devrait  être  soiifflel  pulvérisateur.  C'est,  ainsi  que  son  nom 
l'indique,  un  soufflet,  tiès-bien  construit,  muni  d'une  boule 
mobile  qui  contient  le  li([uide  et  le  petit  appareil  qui  sert  à  le 
pulvériser.  Le  dessin  ci-joint  donne  la  figure  exacte  de  l'appa- 
reil. 

Il  est  très  léger,  il  ne  pèse  que  COO  grammes;  il  est  donc 
irès-iacilc à  manier  sans  fatigue;  c'est  ce  que  l'expérience  m*a 


—  184.  — 

prouvé.  J'ai  pu  me  servir  de  cet  instrument  pendant  deux 
heures  sans  é[>rouver  de  fatigue  sensible.  Voici  comme  on  s'en 


sert.  On  remplit  la  boule  du  liquide  destructeur;  on  referme 
l'ouverture  avec  le  bouchon,  puis  on  se  sert  de  l'instrument 
dans  toutes  les  positions  sans  avoir  à  se  préoccuper  du  con- 
tenu de  la  boule;  cel!e-ci^  très-mobile,  se  trouvant  toujours 
en  équilibre.  On  souffle  et  aussitôt  il  sort  de  l'instrument 
une  pluie  très-fme  semblable  à  un  nuage;  elle  pénètre 
la  plante  dans  les  plus  petits  interstices  et  va  tuer  l'insecte 
le  plus  caché;  elle  mouille  promptement  et  partout  la  plante 
qui  est  soumise  à  son  action.  Le  moyen  par  lequel  cet  instru- 
ment divise  le  Hquide  en  milliards  de  gouttelettes  est  très-cu- 
rieux. Lèvent  qui  sort  du  soufflet  aspire  et  entraîne  l'air  qui 
se  trouve  dans  le  tuyau  placé  près  de  lui  à  angle  droit  ;  le  vide 
se  fait  dans  le  tuyau;  immédiatement  la  pression  de  l'air  fait 
remonter  le  liquide  dans  le  tube  et  affleurer  le  bord  où  le  cou- 
rant d'air  lesaisitet  le  divise  en  pluie  très-fine.  On  voit  quec'est 
une  application  d'un  phénomène  de  la  nature,  une  petite  trombe 
d'air  enfermée  dans  un  soufflet  et  mise  à  notre  disposition.  Par 
la  simplicité  de  sa  construction,  les  dérangements  sont  très- 
rares.  C'est  une  petite  merveille  de  l'industrie,  jointe  à  la 
science.  Il  réunit  plusieurs  avantages  :  celui  du  bon  marché 
d*abord,  question  très-importante,  vitale  même,  puisque  le 


—  185  — 

plus  grand  nombre  pourra  se  le  procurer.  Il  remplit  ensuite 
parfaitement  son  but  ;  ce  qui  n'est  pas  commun  parmi  les  objets 
brevetés  s.  g.  d  g. 

Cet  inslrument  n'a  pas  de  similiiire  dans  l'industrie  du  mo- 
bilier horticole,  où  les  inslrumenls  pulvérisateurs  des  liquides 
sont  inconnus,  surtout  dans  les  conditions  de  perfection,  de 
bon  marché  et  d'exlrêaie  commodité  que  présente  celui-ci. 

Tous  ceux  qui  ont  assisté  à  ces  expériences  ont  été  émer- 
veillés du  bon  résultat,  et  je  crois  devoir  le  faire  connaître  aux 
lecteurs  de  l'Horiicidteur  français. 

Bien  que  construit  pour  les  liquides,  j'ai  eu  la  curiosité 
de  l'essayer  avec  la  [)Oudreinseclici(Je;  le  résultat  a  été  le  méaie 
qu'avec  ceux-ci;  la  poudre  a  jailli  avec  force  en  nua<:e,  et 
toutes  les  parties  de  la  plante  en  ont  été  presque  immédiate- 
ment recouvertes.  Pour  moi,  c'est  déjà  un  perfectionnement 
sur  tous  les  instruments  en  usage  pour  l'emploi  des  poudres 
insecticides.  Ceux  qui  l'acquerront,  auront  donc  deux  instru- 
ments réunis  en  un  seul. 

Les  liquides  employés  pour  la  destruction  des  insectes  re- 
viennent Souvent  à  un  prix  élevé;  le  [)roblème  à  lésoudre 
était  de  trouver  un  instrument  qui  puisse,  avec  la  moindre 
quantité  possible,  obtenir  le  plus  d'effet  possible.  Ce  soufflet 
résout  le  problème  du  bon  marché  d'une  manière  remarquable 
Nous  avons  opéré  sur  des  verveines inft^stées  de  pucerons; 
l'agent  deslrueteur  était  l'acide  phénique  dissous  dans  son 
poids  d'alcool,  dans  la  proportion  de  2  millièmes,  soit  deux 
grammes  du  composé  par  litre  d'eau.  Nous  avons  pesé  la 
boule  après  chaque  expérience,  et,  vérifications  faites,  nous 
avons  trouvé  qu'il  nous  fallait,  pour  chaque  plante,  selon  sa 
grosseur,  30,  40,  50  et  60  grammes  de  liijuide.  Chaque  plante 
était  bien  trempée  dans  toutes  ses' parties  et  telle  qu'elle  eût 
été,  si  elle  avait  été  exposée  longtemps  à  une  forte  pluie. 

Quand  j'ai  quitté  le  jardin,  les  pucerons   étaient  presque 


—  186  — 

tous  morts  ;  les  plus  gros  seuls  prcsentaient  des  signes  de  vie. 
Cette  expérience  a  bien  réussi;  elle  a  mis  en  relief  les  excel- 
lentes qualités  du  soufflet  pulvérisateur;  mais  ella  n'est  pas 
suffisante  pour  indiquer  la  valeur  du  liquide  destructeur;  nous 
la  continuerons  et  nous  varierons  les  liquides.  Je  tiendrais 
beaucoup  à  pouvoir  obtenir  une  certaine  quantité  de  formules 
très-exactes  et  d'un  effet  sur  ;  ce  serait  un  excellent  résultat 
pour  les  horticulteurs.  Nous  tiendrons  nos  lecteurs  au  courant 

de  ces  expériences. 

A.  Ferrier. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Dahlia  arborea.  Sous  ce  nom  M.  Ch.  Hubert,  horticulteur 
à  Hyères,  annonce  un  nouveau  Dahlia,  qui  n'est  pas,  dit-il, 
le  Dahlia  imperialis^  mais  une  espèce  distincte  et  tout  à  fait 
inédite,  propre  au  jardin  de  plein  air  dans  le  Midi,  et  au  jardin 
d'hiver  pour  les  régions  plus  septentrionales.  Sa  hauteur  est 
de  2  mètres;  il  forme  une  touffe  ramifiée  à  grandes  feuilles 
d'un  vert  sombre  ;  et,  vers  la  fin  de  décembre,  là  plante  se 
couvre  d'une  innombrable  quantité  de  fleurs  de  couleur  mauve, 
dont  une  température  à  zéro,  n'arrête  pas  le  développement. 
Il  y  a  quelques  15  à  20  ans,  nous  avons  vu^  dans  les  collec- 
tions de  botanique,  un  Dahlia  arborea,-  mais  qui,  depuis,  en  a 
disparu.  Est  ce  le  même?  La  description  incomplète  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  ne  permet  pas  de  décider.  Quoi  qu'il  en 
soit,  un  Dahlia  en  aibre  est  toujours  le  bien  venu  ;  nous  re- 
commandons celui  de  M.M.  Hubert,  qui  annoncent  encore, 
dans  leur  catalogue,  les  quelques  bonnes  plantes  suivantes  : 

Modiola  geranioides.  Plante  du  Brésil  de  la  famille  des 
Mauves,  vivace,  étalée,  à  feuilles  profondément  découpées,  et  à 
petites  fleurs  d'un  violet  foncé. 

Palava  flcxuosa*  Autre  Mal  vacée  du  Bré^il,  annuelle  et  dont 


—  187  — 

le  principal  mérite  réside  dans  sa  floraison  abondante;  ses 
fleurs  sont  violet  foncé. 

Salvia  argentea  vera.  Sauge  à  feuillage  ornemental  d'un 
beau  blanc  d'argent  et  soyeux. 

Solanum  Warceioiczioidfs.  Espèce  à  feuillage  ornemental 
haute  de  3  à  4  mètres,  et  très-rustique  à  Hyères;  ses  feuilles  de 
3o  à  40  centim.  de  longueur,  découpées  en  lanières  profondes 
sur  les  cotés,  sont  de  couleur  ferrugineuse  dans  lejeune  âge  ;  ses 
fleurs  blanches  ou  blanc  violâtre,  sont  disposées  en  grappes  ;  et 
les  fruits  de  la  grosseur  d'une  cerise  prennent  une  légère  teinte 
jaunâtre  en  mûrissant. 

Tagetespatula  nana  favi/îora.\aT\é[é  deVŒWleià'lndieTiamf 
à  fleurs  toutes  tuyautées,  au  lieu  d'ètreligulées  ;  leur  couleur  est 
irn  beau  jaune  orangé,  avec  un  étroit  liséré  de  rouge  marron 
au  sommet  et  à  l'intérieur  des  fleurons. 

Géranium  {Pelargonium  zonale).  Les  semis  fournissent 
toujours  leur  contingent  de  variétés  à  fleurs  doubles  :  M.  Ren- 
datler  annonce  :  Boucharlat  aîné,  cerise  vif  éclatant,  à  grosse 
ombelle  ;  Marie  liendatler,  rose  tendre  glacé  de  blanc  et  à 
reflets  argentés  satinés. 

M.  Grousse  a  obtenu  :  ili""  Hmiy  Jacotot,  plante  Jiaine,  fleurs 
rose  de  Chine  foncé  ;  M.  le  comte  Talou  rose  foncé  forte- 
ment ombré  et  reflété  d'une  teinte  saumonée  ;  Gloire  des  dou- 
bles^ issu  d'un  Géranium  zonale  à  fleurs  simplks  [Marie 
Stuart),  et  M.  Crousse  le  déclare  franchement.  «  Celte  variété, 
dit-il,  est  la  déviation  la  plus  marquante  qui  ait  réussi  (foutes 
les  autres  h  fleurs  doubles  ayant  Beauté  deSuresne,  pour  type) 
et  elle  présente,  comme  caractères  propres  aux  simples  :  un 
petit  bois,  un  petit  feuillage  et  une  floraison  continuelle.  Les 
fleurs  bien  doubles  sont  d'un  joli  coloris  cerise  vif,  œil 
blanc  au  centre...  Peut-être  cette  variété  est  elle  le  point  de 
départ  d'ime  série  de  Géranium  doubles  d'une  floraison  aussi 
abondante  que  les  Tom- Pouce  simples,  d 


^   Î88  --- 

M.  Delesalle  met  au  commerce  les  variétés  :  Laurent  Dele- 
salle,  rouge  ponceau  très-foncé,  et  Bouquet  tout  fait,  vermil- 
lon orangé  très-clair.  —Froufrou,  cerise  brillant,  et  Lumineux ^ 
couleur  minium  orange  vif,  sont  les  deux  gains  mis  en  vente 
par  M.  Bruant.  —  Nous  rappelons  pour  mémoire  :  Victoire 
de  Lyon  et  Clémence  Hoyer^  gains  de  M.  Jean  Sisley,  annoncés 
par  M.  Alégatière,  de  Lyon,  et  dont  nous  avons  déjà  parlé. 

Les  Géranium  à  fleurs  simples  sont  :  Anna  Pfitzer  et  Souvenir 
d'Etienne,  de  M.  Rendatler  ;  —  M""  Luxer,  Roi  des  roses 
et  Maurice  Richard,  de  M.  Crousse  ;  —  Alfred  Denecker, 
M.  Meurillon,  Inkermann,  Toilette  de  Flore,  Léon  Willoguaux, 
Arlequin,  Coquette^  de  M.  Delesalle;  —  et  Poitevin^  de 
M.  Bruant. 

Bégonia.  M.  Linden,  de  Bruxelles,  annonce  un  Bégonia 
vernicosa,  rampant,  à  feuilles  très- grandes  arrondies  aiguës, 
d'un  beau  vert  luisant  en  dessus,  rouge  en  dessous  ainsi 
que  le  pétiole  qui  est  hérissé  de  petites  stries  terminées  par 
des  poils  renversés  ;  ses  fleurs  sont  nombreuses,  roses  et 
blanches.  M.  Linden  porte  aussi,  comme  nouveauté,  le  Bégonia 
rosœflora,  espèce  des  Andes  du  Pérou,  dont  nous  avons  déjà 
parlé  (1869,  p.  458,  pi.  5);  lés  fleurs  sont  d'un  beau  rouge  vif, 
très-grandes  ;  nous  le  rappelons  donc  comme  mémoire  ;  on 
ne  saurait  trop  parler  des  bonnes  plantes. 

Ce  genre  s'enrichit  chaque  jour  de  quelques  belles  et 
bonnes  variétés  jardinières. 

MM.  Thibaut  et  Keteleér,,  horticulteurs,  rue  Houdan,  .87, 
à  Sceaux  (Seine),  viennent  d'en  mettre  au  commerce  quatre 
nouvelles,  obtenues  par  M.  Boutard  et  qui  sont  la  flne  fleur 
de  pois  de  ce  genre  :  nous  les  connaissons  :  Bijou  de  Bou- 
gemont  a  ses  feuilles  oblongues  longuement  acuminées,  pour- 
vues de  pétioles  courts,  d'un  rouge  foncé  ainsi  que  le  des- 
sous des  feuilles  :  la  face  supérieure  est  presque  entière- 
ment d'un  blanc  d'argent,  et  elle  reflète  une  t-einte  roseuié- 


—  189  — 

talliqiie  dans  les  jeunes  feuilles  ;  —  Louis  Boutard  a  les  feuilles 
pourpre  foncé  en  dessous  et  la  face  snpirieare  d'un  vert  noi- 
râtre parsemé  d'une  myriade  de  petits  points  blancs;  —  Mar- 
quise  de  Nadaillac  ;  ses  feuilles  ont  le  pétiole  et  le  dessous 
des  feuilles  rouges;  la  face  supérieure  est  marquée  d'une 
très-large  zone  blanche,  sur  le  milieu,  et  le  bord  d'un  verC 
sombre  est  couvert  de  points  blancs  irréguliers  et  très-serrés. 
Ces  trois  Bégonia  sont  des  hybrides  de  Bégonia  subpellata  et 
d'une  variété  du  Rejc;  ils  ont  des  tigi3s courtes  et  des  feuilles 
plus  fermes  que  les  variétés  acaules,  et  sont  moins  sujets,  par 
ce  fait,  de  souffrir  de  l'humidité.  Le  quatrièmtî  est  le  S/na- 
ragdinavenulosa,  hybride  du  smaragdinaetdu  dc-edalea,  c'est 
une  plante  trapue  à  feuilles  arrondies  velues,  d'un  vert  clair, 
finement  veiné  de  brun. 

Gloxinia  à  fleurs  dressées.  M.  Vallerand,  l'heureux  lauréat  de 
l'exposition  universelle  de  !8i57  pour  le  Gloxinia  à  fleurs  fine- 
ment pointillées,  n'a  pas  épuisé  ses  ressources  :  les  dernières 
nouveautés  qu'il  a  cédées  à  l'établissement  Thibaut  et  Keteleêr, 
sont  toujours  dignes  des  premières.  Ce  sont  :  Baron  Bild,  plante 
naine;  fleur  blanche  semje  de  nombreux  points  très-serrés  de 
coule'jr  violet  foncé,  avec  la  gorge  lilas  relevée  d'un  ré.>eau 
violet  clair;  Baronne  BUd,  fliur  grandj  blanche  ponctuée  de 
rose  carminé,  avec  gorge  blanc  de  crème  fortement  rayée  et 
ponctuée  de  lilas  ;  E.  Lenormand,  fleur  blanche  ponctuée  de 
bleu  violacé,  avec  gorge  rayée  et  ponctuée  de  lilas,  marquée 
d'une  zone  très- prononcée  couleur  lilas  carminé  ;  Ferdinand 
Lesseps,  fleur  très  grande,  violet  foncé,  striée  et  mouchelée  de 
blanc,  à  gorge  blanc  jaunâtre  r.iyéa  de  lilas  violet;  Louise  de 
Suède,  fleur  rose  clair  ponctuée  de  rose  carminé,  avec  le 
pourtour  rose  foncé,  et  la  gorge  blaiche  très-finement  rayée 
et  pointillée  lilas  clair  ;  Maia'.m  Bauim,  fleur  blanjhe  for- 
tement marquée  de  gros  points  violets,  à  gorge  blanche  lé- 
gèrement rayée  de  lilas  et  marquée  d'une  zone  violet  azir^; 


—  190  — 

Madame  de  LcBseps^  fleiir  blanche  finement  pointillée  de  bleu 
et  de  lilas,  à  gorge  blanc  soufré,  ponctuée  et  poiniillée  de  bleu 
et  de  lilas  ;  Madame  ThiébatUt,  fleur  largement  bordée  dé 
blanc  pur,  avec  une  zone  centrale  de  points  lilas  carminé,,  et 
la  gorge  blanche  marquée  de  gros  points  marrons  au  fond 
et  de  points  violets  à  l'orifice;  Mademoiselle  Aline,  fleur  bleu 
pourpre,  très-foncé  au  centre,  et  bleu  violacé  clair  au  bord, 
avec  le  tube  violet  clair;  Mademoiselle  Nilsson,  fleur  blanche 
pointillée  rose  carminé  à  gorge  blanche  rayée  de  lilas  clair 
avec  une  zone  de  carmin  franc  •,  0  salo  san,  fleur  blanche  à 
tube  violet  pourpré  pondue  de  marron;  Roi  de  Siùde,  fleur 
blanche  ponctuée  de  violet  magenta,  à  points  plus  gros  et  plus 
foncés  près  la  goi-ge  qui  est  lilas  clair,  rayée  de  lilas  carminé  j 
—  Madame  Robillardf  plante  naine  à  fleur  violet  clair,  rayée, 
bordée  de  blanc  légèrement  lîlacé,  avec  la  gorge  jaune  soufre  ; 
Mademoiselle  Âdhle  Ribaut,  plante  naine  à  fleur  rose,  rayée  et 
bordée  de  blanc,  à  gorge  blanche.  Ces  deux  dernières  variétés 
sont  des  gains  de  M.  Rosciaud,  auquel  on  doit  aussi  de  bien 
jolies  plantes  de  ce  genre. 

Canna.  A  la  page  19,  nous  avons  annoncé  les  nouveautés 
de  M.  Chaté  ;  voici  maintenant  celles  de  M.  Nardy  de  Monplai- 
sir-Lyon  :  —  Jacques  Plantier,  à  feuilles  larges  vert  foacQ, 
bordé  pourpre  fondu  ;  fleurs  orange  veiné  de  capucine  vif; 
Madame  Schmitt,  feuilles  d'un  vert  métallique  ;  fleurs  orange 
vineux  ;  Prince  Impérial,  feuilles  vertes  ;  fleurs  d'un  beau  rouge 
éclatant.  Celte  dernière  variété  a  été  obtenue  par  M.  Ghrélien, 
jardinier  en  chef  du  fleuriste  du  parc  de  la  Tête-Noire^  à  Lyon. 

Ern.  Bonard. 

CHICORÉE  FRISÉE  DE  LA  PASSION. 

J'ai  parlé  plusieurs  fois  de  cette  nouvelle  Chicorée  annon- 
cée comme  très -rustique,  et  supportant  parfaitement  nos  hi- 


vers  en  plein  air;  mais  chaque  fois  c'était  pour  constater  l'in  * 
succès  de  culture.  Je  crois  devoir  y  revenir  encore  aujourd'hui , 
pour  faire  connaître  les  rasuUats  contraires  ohl6has  pir 
M.  Louesse,  ancien  associé  de  la  miisoa  B ossin,  grainier,  et  le 
mode  de  culture  que  réclame  cette  variété  pour  réussir  en 
plein  air.  «  Elle  est  essenliellement  d'iiiver,  dit-il  dans 
une  note  présentée  à  la  Société  d'horticulture  de  Paris, 
puisqu'elle  a  supporté,  cette  année,  13  degrés  de  froid,  à  la 
condition  toutefois  de  la  cultiver  en  plate-bande,  le  long 
d'un  mur  exposé  au  midi  ou  au  levant.  Plantée  en  plein 
carré,  elle  ne  m'a  pas  réussi  depuis  deux  ans  que  je  la  ouliive. 
Il  en  a  été  de  môme  chez  plusieurs  jardiniers  de  mon  voisi- 
nage. Il  lui  faut  donc  l'abri  d'un  mur  qui  la  protège  contre  les 
grands  froids,  ce  qu'elle  a  du  reste  de  commun  avec  les  laitues 
d'Iiiver  cultivées  en  plein  air.  C'est  en  tout  point  la  culture 
de  Laitue  Passion  d'hiver. 

2)  On  sème  du  15  au  30  août  sur  un  bout  de  planche  terreau- 
tée;  on  repique  le  plant  à  une  distance  de  30  à  33  centimètres, 
dans  une  terre  bien  amendée.  Au  printemps,  on  donne  un 
bon  serfouissage,  et  on  étend  sur  le  sol  une  bonne  épaisseur 
de  terreau  ou  de  paillis.  Quand  la  chicorée  a  acquis  tout  son 
développement,  on  la  lie  pour  la  faire  blanchir.» 

M.  Louesse  engage  ses  collègues  à  cultiver  cette  Chicorée 
qui,  ((  par  sa  rusticité  et  son  aptitude  à  supporter  les  froids  de 
nos  hivers,  offre  une  ressource  précieuse  commesalade  de  prin- 
temps, puisque  sans  couche  ni  châssis,  on  peut  en  obtenir  le 
produit  de  bonne  heure  et  cela,  sans  baaucoup  de  soins.  » 

Toutelois,  ily  a.  Iol  coaddion. sine  qud  non:  le  muretl'expo- 
sitiondu  midi,  sans  lesquels,  pour  la  Chicorée  de  la  Paisioii, 
il  n'y  a  point  de  salut;  le  jugement  que  nous  avons  toujours 
porté  sur  elle  se  trouve  donc  contirmé . 

L.    CORDIER. 


—  192  — 


Travayx  dy  moîs  de  Jyîlîel. 


Jardin  Potager.  On  continue,  pour  les  couches,  les  opérations  du  moîs  pré- 
cédent; on  veille  sur  les  Melons,  les  Patates  et  les  Aubergines  qui  les  couvrent. 

En  pleine  terre,  on  sème  Poireaux,  Ciboule,.  Chicorée  de  Meaux,  Scarole  et 
Choux-fleur;  on  met  en  place  ieux  qu'on  a  semés  le  mois  dernier.  On  peut  encore 
semer  des  Navels,  Raiponces,  en  mêlant  des  Radis,  des  Carottes  demi-longues 
pour  rhivor,  et,  à  la  fin  du  mois,  de  la  Chicorée  blanche,  de  l'Oignon  blanc  pour 
être  rrpiqné  en  oclobre,  et  de  la  Scorznnère  pour  passer  l'hiver  ;  on  met  en  place 
le  Céleri  turc,  et  on  en  butte  tous  les  quinze  jours  pour  en  avoir  loujoursde  bon 
à  être  consommé;  c'est  le  meilleur  temps  pour  l'arrachage  des  Échalotles  et  l'Ail. 

Jardin  fruitier.  Il  faut  visiter  fréquemment  les  espaliers;  palisser,  ébonr* 
gcnnncr,  découvrir,  sans  trop  les  dégarnir,  les  fruits  dont  on  veut  avancer  la 
maturation;  veiller'avcc  attention  à  maintenir  l'équil'bre  des  arbres,  arquer  ou 
pincer  les  branches  vigoureuses;  dépalisser  et  dresser  les  faibles.  Regarnir  les 
vides  des  espaliers  ou  des  quenouilles,  par  le  proctdé  de  la  greffe  par  approche 
lies  rameaux  herbacés.  Dans  les  journées  Irès-chaudes  arroser  les  pieds  des  arbres 
nouvellement  plantés,  surtout  les  Pêchers,  et  seringuer  les  feuilles. 

Vers  la  fin  du  mois  on  greffe  en  écusson,  à  œil  dormant,  les  Cerisiers,  Pêchers, 
Abricotiers,  Poiriers,  etc.,  dont  la  sève  s'arrête  de  bonne  heure;  et  à  œil  pous- 
sant tous  les  arbres  dont  la  végétation  se  prolonge  jusqu'aux  gelées. 

Jardin  d'agrément.  Arroser,  palisser,  élaguer,  mettre  en  place  les  plantes 
d'automne,  ébourgconner  les  Dahlias,  relever  et  mettre  sur  les  tablettes,  dans 
un  endroit  sain  et  aéré,  les  bulbes  ou  griffes  de  Jonquilles,  Narcisses,  Jacinthes, 
Tulipes,  Renoncules.  Anémones,  etc.,  aussitôt  que  les  feuilles  ou  hampes  seront 
desséchées;  marcotter  les  Œillets,  semer  les  Cinéraires  et  les  Lupins. 

Serres.  Les  plantes  restées  en  serre  ne  demandent  plus  que  des  arrosemcnts, 
de  Tair  et  un  peu  d'ombre  quand  le  soleil  est  trop  ardent. 


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sous    LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN  CHEF, 

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PÉPIMÉRISTE, 

Ghevalier  de  la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  président 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


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SOMMAIRE  DES  ARTICIES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.   Heriacq,  Chronique,   —  A.   Lescuylr,  Platycrater  arguta  (E'I.  Vil).  — 
EnG.  DE  MARTRAc.^Y,  L;i  Bruyère  odorante.  —  Pail  Hauguel,  Observations  sur 

la  fécondation  du  Strelitzia.  —  Mas,  La  cueillette  des  fruits.  — La  pluie 

et  la  lune.—  Henry  Qievilly,  Purification  des  eaux  putrides  et  malsaines. 


CmiONIQUE 


Réclamation  et  rectification  au  sujet  de  ma  dernière  chronique  et  du  compte 
•rendu  de  l'Exposition;  l'homme  n'est  pas  parfait.  Effet  désastreux  d'un  ar- 
roscment  imité  de  ceux  employés  parles  exposants  de  Résédas;  formule.  Pro- 
testation des  cent  et  quelques  Géraniums  doubles,  au  sujet  de  mon  apprécia- 
tion microscopique-,  ils  veulent  tous  être  le  plus  beau;  harmonie.  Nous  no 
voulons  pas  nuire  au  commerce  des  nouveautés;  mais  nous  défendons  les  in- 
térêts des  acheteurs  et  combattons  l'abus.  Un  défenseur  des  sociétés  coopé- 
ratives me  traite  d'éteignoir  et  d'arislo.  Ma  réponse.  Ce  qu'on  apprend  dans 
les  cours  publics  et  dans  les  conférences.  La  fausse  science;  deux  prouves 
tirées  des  erreurs  consignées  dans  deux  livres  d'horticulture  :  entêtement, fa- 
tuité des  auteurs  :  la  sève  descendante  fait  le  pied  do  grue  au  sommet  des 
arbres  jusqu'au  mois  d'août  avant  de  descendre;  la  sévc  qui  descend  au  mois 
d'août  favorise  le  développement  des  principes  sucrés  des  cerises  qui  mû- 
rissent au  mois  de  juin;  azote,  hydrogène,  latitude  et  longitude,  confusion  et 
contradiction  de  l'auteur;  vaisseau  et  faisceau  ;  fibres  ou  vaisseau;  etc.,  com- 
ment en'fia  on  acquiert  la  vraie  science. 


Je  m'en  étais  toujours  douté;  l'homme,  bien  qu'il  pose  pour 
chef-d'œuvre  de  la  création,  n'est  positivement  pas  un  être  par- 
fait ;  car  il  ne  se  connaît  pas,  et  il  lui  manque  absolument  ce 
qu'il  faut  pour  se  bien  connaître,  pour  apprécier  la  valeur  de 
ses  actes  ou  de  ses  œuvres. 

Jusqu'à  ce  jour  j'avais  si  bonne  opinion  de  moi,  que  je  me 
regardais  comme  un  être  plus  que  partait;  aujourd'hui  j'ai  la 
preuve  que  je  suis  des  plus  mipaifaits  :  non-seulement  je  ne 
me  connais  pas,  mais  je  ne  comprends  même  pas  mes  œuvres. 

En  prenant  la  plume,  le  mois  dernier,  pour  édire  ma  chro- 
JmVet  1870.  13- 


—  194  — 

niqiie  et  le  compte  rendu  de  l'Exposition,  je  m'étais  promis  de 
faire  quelque  chose  de  très-anodin,  et,  en  les  relisant  pour  la 
correction  des  épreuves,  je  les  avais  trouvés  tels  que  je  le  dé- 
sirais :  à  l'eau  de  fleur  d'oranger  :  c'est-à-dire  des  modèles  de 
sagesse  et  de  modération.  J'étais  tout  à  fait  content  de  moi. 

«  Cruelle  erreur,  sur  eux,  je  verse  encore  des  larmes.  » 

Depuis  quinze  jours  je  suis  abreuvé,  en  effet,  de  reproches 
plus  amers  que  le  Quassia  amara  avec  lequel  on  détruit  les  pu- 
cerons ;  de  tous  côtés  on  me  menace  du  supplice  infligé  aux 
sujets  criminels  du  Grand-Turc.  Oui  !  il  y  a  des  gens  qui  pous- 
sent la  charité  chrétienn-e  jusqu'à  vouloir  m'empaler  pour  me 
faire  gagner  le  paradis.  Ma  prose,  disent  quelques-uns  de  mes 
honorables  correspondants,  n'a  jamais  été  aussi  venimeuse;  mes 
traits,  disent  les  autres,  a  n'ont  jamais  été  plus  lancinants  :  je 
suis  un  meurtrier  ;  je  suis  un  assassin  ! ...  ^  Et  moi  qui  me  van- 
tais, en  terminant,  d'avoir  été  gentil  envers  tout  le  monde! 
«  C'est  à  n'y  rien  comprendre,  i  comme  on  chante  dans  le  Do- 
mino  noir,  de  l'Opéra-Gomique;  et,  en  effet,  je  n'y  comprends 
rien. 

Le  premier  reproche  qui  m'a  été  adressé,  sous  enveloppe, 
vient  d'une  dame.  Elle  m'accuse  d'être  le  meurtrier  d'un  beau 
Pelargonium  auquel  elle  tenait  comme  à  la  prunelle  de  ses 
deux  beaux  grands  yeux,  et  qui  est  mort  subitement,  dit-elle, 
à  la  suite  d'un  arrosement  imité  de  ceux  des  exposants  de 
Résédas  de  l'Exposition. 

Mon  aimable  correspondante,  a  le  droit,  sans  doute,  d'être 
affligée  de  la  mort  prématurée  de  son  Pelargonium  ;  mais  cela 
ne  suffit  pas  pour  m'accuser  de  meurtrier.  Je  proteste  contre 
cette  accusation  de  pélargonicide.  Tout  ce  qu'on  peut  me  re- 
procher c'est  de  l'imprévoyance.  J'aurais  dû  prévoir  que  ies 
personnes  disposées  à  imiter  les  exposants  de  Résédas,  pour- 
raient employer  cet  engrais  dans  toute  sa  pureté,  et  qu'alors 


—  195  — 

elles  tueraient  leurs  plantes  ;  j'aurais  donc  dû  ajouter,  que  pour 
l'employer  avec  succès  et  sans  dangers  dans  les  eaux  d'arrose- 
ment,  il  n'en  faut  que  un  cinqutbme  ;  soit  un  litre  pour  4  litres 
d'eau.  Je  regrette  d'avoir  oublié  de  donner  cette  formule  ;  snns 
cet  oubli,  il  y  aurait,  en  France,  un  Pelargonium  de  plus,  et 
une  fausse  accusation  de  moins. 

Après  cette  épitre  féminine,  est  venu  un  vrai  déluge  de  ré- 
criminations des  cent  et  quelques  Géranium  zonale  à  fleurs 
doubles.  Ceux-là  n'y  vont  pas  de  mains  mortes  :  je  suis  un  as- 
sassin ;  je  tue  le  commerce  des  nouveautés  ;  je  suis  un  aveugle, 
un  diffamateur,  etc.,  etc.  îls  me  demandent  une  rétractation. 
Chacun,  en  particulier,  veut  me  faire  déclarer  qu'il  est  le  plus 
beau,  le  plus  magnifique,  et  très-difTérent  des  autres  qui, 
ajoute-t-il  naïvement  a  parte ,  se  ressemblent  en  effet  tous.  Il 
y  en  a  même  un  qui  m'a  envoyé  deux  témoins,  voulant  m'em- 
broclier,  sans  façon,  si  je  ne  déclare  pas  qu'il  est  le  seul  beau, 
le  seul  acceptable,  qu'il  possède  toutes  les  qualités  réunies. 

Je  proteste  encore  contre  cette  manière  gracieuse  de  faire  dire 
la  vérité  pas  vraie  aux  gens;  mais  comme  après  tout  je  tiens 
fort  à  n'être  point  embroché,  je  proclame  donc  que  le  Géra- 
nium aux  deux  témoins  est  archi-supérieuraux  cent  et  quelques 
autres  qui  n'ont  aucun  rapport  entre  eux,  aucune  ressemblance 
qui  puisse  faire  prendre  l'un  pour  l'autre  et  que  les  amateurs 
peuvent  les  acheter  tous  indistinctement,  avec  une  entière  con- 
fiance. Si  maintenant  MM.  les  producteurs  de  Géranium  dou- 
bles ne  sont  pas  satisfaits  de  cette  déclaration,  je  suis  tout 
disposé  à  reproduire  m  extenso  leurs  lettres;  seulement  je  les 
préviens  qu'avant  la  fin  de  l'année  ils  se  seront  mutuellement 
égorgés,  tant  est  merveilleuse  l'unanimité  avec  laquelle  ils 
dénigreut  réciproquement  leurs  produits,  et  me  donnent  rai- 
son. 

Les  peuples  sont  bien  toujours  des  frères  !  mais  les  confrères 
d'un  même  pays  sont  fameusement  ennemis  ! . . . 


—   196  — 

Touchante,  très-touchante,  l'harmonie  sociale  et  commer- 
ciale. . . .  mais  en  musique. 

En  signalant  les  productions  similaires  qu'on  vend*  sous 
des  noms  différents,  en  horticulture,  je  ne  crois  pas  porter 
atteinte  au  commerce  honnête  des  nouveautés;  je  crois  au 
contraire  le  servir.  Du  reste  j'ai  à  défendre  aussi  bien  les 
intérêts  des  amateurs  que  ceux  des  horticulteurs.  Que  les 
producteurs  ne  donnent  que  du  bon  et  du  nouveau  vrai  ;  ils 
n'auront  jamais  à  craindre  le  dénigrement  de  Y  Horticulteur 
français  ;  mais  quand  ils  donneront  des  nouveautés  pourrire^ 
ils  peuvent  être  assurés  qu'il  n'hésitera  pas  à  les  signaler  à 
l'attention  des  amateurs.  L'abus  lui  fait  horreur;  il  le  com- 
battra énergiquement,  envers  et  contre  tous. 

Voici  plus  grave,  plus  sérieux.  C'-est  un  admirateur,  un 
enthousiaste  des  Sociétés  coopératives  des  amis  de  l'instruc- 
tion. 11  me  traite  carrément  d'éteignoir,  d'aristo,  qui  veut 
perpétuer  l'ignorance  dans  laquelle  croupissent  les  jardi- 
niers. 

Tout  beau,  cher  monsieur.  Si  quelqu'un  craint  la  lumière, 
ce  n'est  pas  dans  V Horticulteur  français  qu'il  se  cache  ;  et 
quant  à  vouloir  perpétuer  l'ignorance  horticole,  nous  avons 
donné  des  preuves  du  contraire. 

En  traitant  de  jeu  d'enfant  les  Sociétés  coopératives  pour 
l'instruction,  j'ai  voulu  montrer  simplement  que  ces  Sociétés 
n'ont  rien  de  sérieux,  et  ne  servent  qu'à  flatter  l 'amour-propre 
de  quelques  pauvres  diables  incompris  et  méconnus,  qui  ont 
plus  de  présomption  que  de  science. 

Toutes  les  conférences,  tous  les  cours  possibles  sur  l'hor- 
ticulture, sur  l'arboriculture,  qu'on  cherche  à  étendre  jusque 
dans  les  campagnes,  ne  feront  pas  plus  de  vrais,  de  bons  jar- 
diniers, que  toutes  les  conférences  pour  l'instruction  du 
peuple  n'ont  produit  d'ouvriers  instruits  et  savants.  L'homme 
qui  veut  réellement  s'instruire^  ne  court  pas  les  conférences. 


—  197  — 

Ce  n'est  pas  au  cours  d'un  conférencier  que  Henri  Murger,  ce 
délicieux  bohème,  enfant  du  peuple,  a  appris  à  écrire  de  si 
délicieuses  choses.  Ce  n'est  pas  davantage  en  suivant  les  cours 
de  nos  plus  savants  botanistes,  que  Poiteau  est  devenu  le  pre- 
mier jardinier  de  France,  et  qu'il  a  pu  écrire  les  ouvrages 
sérieux  dont  il  a  doté  l'horticulture.  C'est  par  le  travail,  par 
des  études  sérieuses  et  suivies;  c'est  en  pâlissant  sur  les  livres 
des  savants  émérites,  dans  le  silence  de  la  mansarde,  qu'on 
peut  acquérir  le  savoir  et  la  science.  Les  cours  et  les  confé- 
rences n'ont  jamais  produit  qtie  des  présomptueux  et  des  fats, 
qui  courent  après  de  vaines  sciences  pour  paraUre  savants,  et 
qui^  aveuglés  par  les  vapeurs  enivrantes  de  l'orgueil,  finissent 
par  se  mentir  à  eux-mêmes,  en  se  prenant  pour  des  érudits. 
L'horticulture,  malheureusement,  fourmille  de  ces  sortes  de 
savants,  depuis  l'invention  des  conférences  sur  l'arboricul- 
ture. 

Deux  mobiles  poussent  l'homme  à  s'instruire;  la  curiosité 
naturelle  qui  fait  naître  le  désir  de  connaître  tout  ce  qui  se 
passe  autour  de  soi,  pour  sa  satisfaction  personnelle  ;  et  la  fa- 
tuité, l'orgueil  qui  trouve  un  nouvel  attrait  à  se  faire  estimer 
comme  instruit  et  savant.  Les  conférences  ont  été  inventées 
pour  satisfaire  à  ce  dernier  sentiment.  On  y  attrape  sans  fa- 
tigues quelques  bribes  de  toutes  espèces  de  choses  ;  mais  comme 
il  n'est  pas  facile  de  saisir  au  lancé  de  la  parole  le  véritable 
sens  de  toutes  les  propositions  que  développe  le  professeur, 
on  en  prend  quelques-unes  à  contre  SBns,  et  alors,  ces  erreurs 
sont  funestes,  car  on  les  soutient  mordicus,  de  par  le  savant 
professeur  au  cours  duquel  on  a  assisté. 

Mieux  vaut  dans  ce  cas  —  oui,  je  le  soutiens  —  l'ignorance 
que  ce  faux  savoir,  d  L'ignorance  n'a  jamais  fait  de  mal,  dit 
J.-J.  Rousseau,  l'erreur  est  seule  funeste.  On  ne  s'égare  point 
parce  qu'on  ne  sait  pas,  mais  parce  qu'on  croit  savoir  3)  et  notre 
pauvre  science   horticole  nous  en   fournit   de   nombreuses 


—  198  — 

preuves.  Je  vais  en  offrir  deux  à  mon  honorable  accusateur, 
en  expiation  de  son  aveugle  admiration  pour  les  Sociétés  coo- 
pératives des  amis  de  l'instruction  horticole. 

Première  preuve.  Un  éditeur  m'apporte  un  jour  le  manuscrit 
d'un  ouvrage  sur  le  Pécher,  avec  prière  de  le  lire  et  de  lui 
en  donner  mon  opinion.  La  première  partie  consacrée  à  la 
physiologie  est  archimauvaise.  Voici  entre  autres  erreurs  celle 
que  j'avais  signalée  à  l'éditeur: 

«  La  sève  descendante  est  aussi  nommée  sève  d'août,  parce  que  c'est  vers 

cette  époque  qu'on  en   remarque  le  mouvement Cette  s.éve  n'est 

autre  chose  que  la  première  (sève  ascendante)  qui  élaborée,  etc.,  redes- 
cend entre  les  couches  d'aubier  et  de  liber,  etc..  » 

Je  ne  cite  que  celle-là  ;  car  autrement  il  me  faudrait  re^ 
produire   toute  la  première  partie  de  ce  Hvre. 

L'auteur  étant  venu  me  trouver,  je  lui  indiquai  d'abord 
ce  passage  à  retoucher  comme  entaché  d'un  peu  d'obscurité, 
pour  ménager  sa  susceptibilité  ;  je  lui  proposai  d'enlever 
les  mots  :  nommée  sève  d'août,  mais  mon  homme  n'en  voulut 
jamais  démordre  parce  que,  m'a-t-il  dit,  .c'est  au  cours  de 
M.  Decaisne  qu'il  avait  pris  ses  notes  !.. . .  J'ai  eu  beau  pro- 
tester, au  nom  du  professeur,  contre  cette  assertion,  il  a  per- 
sisté, et  il  soutient  que  M.  Decaisne  professe,  dans  son  cours, 
que  la  sève  monte  au  printemps  dans  le  haut  des  arbres, 
et  que  là,  elle  fait  le  pied  de  gru  jusqu'au  T'  août,  moment 
où  elle  commence  à  redescendre  entre  les  couches  d'aubier 
et  de  liber  et  qu'alors  ce  elle  constifue  les  organes  de  la 
fructification  et  favorise  le  développement  des  principes  sucrés 
des  fruits  pour  en  compléter  la  maturité,  y)  Voilà  comment  les 
gens  qui  suivent  les  cours  pubhcs  interprètent  les  principes 
exposés  par  les  professeurs.  Pour  les  autres  bourdes,  voir 
Méthode  élémentaire  pour  tailler  et  conduire  les  Pêchers  en 
espaliers,  par  J.  Lachaume.  Cette  lecture  édifiante  permet- 
tra d'attendre  patiemment  que  la  sève  d'août  descende,  pour 


—  499  — 

compléter   la   maturité   des  Cerises  qui  mûrissent  dans  le 
mois  de  juin. 

Deuxième  preuve  du  funeste  résultat  de  l'instruction  popu- 
laire par  les  cours  et  conférences.  —  Un  jardinier  doué 
d'une  certaine  intelligence  veut  conquérir  les  sciences  dont 
la  connaissance  lui  paraît  absolument  nécessaire,  pour  bien 
cultiver  d'après  les  règles  de  l'art.  Il  suit  pendant  un  an,  pen- 
dant deux  ans  peut-être,  les  cours  de  botanique,  les  cours  de 
culture,  de  chimie,  de  physique,  de  géologie,  etc.,  du  Mu- 
séum, et,' le  soir,  il  va  entendre  les  conférenciers,  qui  appren- 
nent en  15  leçons,  l'astronomie,  la  gréogaphie,  l'algèbre,  etc. 
Il  prend  force  notes,  et  un  beau  jour,  quand  il  les  retrouve, 
la  tête  lui  tourne  ;  il  se  croit  un  émule  des  Brongniart 
des  Decaisne,  des  Frémy.  des  Becquerel,  des  Arago,  etc. 
Tous  ces  savants  ont  travaillé  10  ans  et  plus  sur  les  bancs 
des  écoles,  dirigés  par  des  maîtres  éminents  ;  pendant  i  0  à 
15  ans  ils  se  sont  livrés  à  des  études  profondes  sur  la  science 
que  chacun  d'eux  enseigne,  et  c'est  ainsi  qu'ils  sont  parvenus 
à  acquérir  les  connaissances  spéciales  qui  en  font  des  profes- 
seurs distingués. 

Notre  jardinier,  lui,  n'a  pas  mis  tant  de  temps  à  conquérir 
les  connaissances  de  chacun  de  ces  professeurs  ;  en  deux  ans, 
il  a  emmagasiné,  dans  son  cerveau,  le  savoir  en  entier  de 
tous  ces  savants;  puis  un  matin,  en  voyant  l'ignoi-ance  de  la 
plupart  des  hommes  qui  se  disent  jardiniers,  l'idée  lui  vint 
naturellement  de  les  instruire.  Les  sciences  qu'il  a  acquises 
dans  les  cours  et"  conférences,  il  les  met  à  leur  disposition. 
Il  veut,  dans  des  Entretiens  familiers  —  imitant  modes- 
tement Lamartine  —  donner  des  nations  de  chimie,  de  phy- 
sique, d'astronomie  et  bien  entendu  de  botanique ,  dont  la 
connaissance,  dil-il,  dans  sa  préface,  est  «  indispensable  à 
l'intelligence  d'une  foule  de  phénomènes  que  ne  peuvent  et  ne 
doivent  vraiment  pas  ignorer  les  jardiniers  dignes  de  ce  nom.  » 


-=-  200  — 

Mais,  ajoute-t-il  avec  une  sainte  modestie,  «  peut-être  nous 
accusera-t-on  d'avoir  voulu  jouer  le  rôle  de  savant  —  (ce  serait 
de  la  calomnie)  —  de  n'avoir  eu  d'autre  but  que  de  faire 
parade  de  nos  connaissances.  Ce  serait  bien  à  tort,  et  cett€  ac- 
cusation, du  reste  de  peu  de  valeur  en  elle-même,  tomberait 
bientôt  par  l'observation  des  faits„  »  —  Il  aurait  pu  ajouter  : 
exposés  dans  mon  livre. 

En  efTet,  voici  les  notions  de  sciences  qu'il  développe  dans 
la  première  partie  de  son  livre,  et  qui  doivent  «  jeter  tant  de 
lustre  »  sur  le  jardinier  qui  les  répétera  à  son  maître,  où  à  ses 
confrères  qu'il  regardera  du  haut  de  sa  grandeur  : 

Page  19.  «  V hydrogène  est  un  des  deux  éléments  (le  plus 
abondant)  qui  constituent  l'eau.  Et  page  60  :  c  Veau  se  com- 
pose de  deux  éléments  :  V oxygène  et  lliydrogène  dans  les  pro- 
portions suivantes  :  sur  100  parties  il  y  en  a  environ  85  d'oxy- 
gène et  {o  dliydrogène.  »  Mais,  s'il  n'y  a  que  15  pour  iOO 
d'hydrogène,  il  n'est  pas  l'élément  le  plus  abondant^  comme 
l'enseigne  l'auteur  à  la  page  19  de  son  savant  livre. 

Page  20  :  «  V azote,  est-il  dit,  se  trouve  aussi  — ■  quoique  en 
TRÈS-PETITE  quantité  —  dans  Vair  atmosphérique.  Et  page  49  : 
<  Sur  100  parties  d'air^  la  science  a  constaté  quil  y  a  environ 
78  d'azote  y  21  d'oxygène  et  1  d'acide  carbonique.  » 

Il  me  semble,  avec  ma  pauvre  petite  intelligence,  que  s'il  y  a 
78  pour  1 00  d'azote,  ce  gaz  est  au  contraire  en  très-grande 
quantité?  Mais  l'auteur  cultive  avec  amo:u'  les  contradictions. 
Écoutez  encore  celle-ci.  Nous  sommes  dans  le  domaine  de  la 
géographie;  car  il  traite  de  tout;  de  la  fabrication  du  baro- 
mètre, du  thermomètre,  etc.  Ce  qui  m'étonne  c'est  qu'il  n'a 
pas  commencé  son  livre  par  les  notions  de  grammaire  «  pour 
j)arler  et  pour  écrire  correctement  on  se  sert  de  mots  ;  les  mots 
sont  composés  de  lettres,  etc.,  etc.  y> 

On  demande^  à  la  page  87,  ce  qu'on  entend  par  les  mots  lati- 
tude et  longitude.  La  réponse  est  ainsi  formulée  à  la  page  88  : 


—  201  -~ 

«  De  cesdeux lignes  principales  [acce  terrestre  et  équateur),  l'une,  un 
peu  plus  courte  (à  cause  de  l'aplatissement  des  pôles),  a  été  considérée 
comme  marquant  la  largeur  de  la  terre,  d'où  le  nom  de  latitude  ; 
l'autre,  au  contraire  un  peu  plus  longue,  en  a  été  considérée  comme 
en  marquant  la  longueur  ;  de  là  aussi  le  nom  de  longitude.  Du 
reste,  il  vous  suffira,  pour  bien  comprendre  tous  ces  détails,  de  jeter 
les  yeux  sur  une  cane  géographique,  sur  un  planisphère  ou  bien 
une  sphère  ;  vous  y  remarquerez  des  lignes  qui  les  coupent  en  entier 
dans  les  directions  que  je  vous  ai  indiquées  ;  les  unes  vont  de  bai  en 
haut  ou  de  haut  en  bas  ;  ce  sont  celles  qui  indiquent  la  latitude  ;  les  au- 
tres les  coupent  en  sens  opposé  ;  ce  sont  celles  qui  indiquent  la 

longitude.  » 

<• 

Écoutez  la  suite;  c'est  curieux  :  après  la  méprise  vient  la 
contradiction. 

«  Toutes  ces  lignes  sont  placées  à  des  distances  déterminées  et  égales 
les  unes  des  autres,  et  chacune  de  ces  lignes  correspond  à  un  certain 
nombre  de  degrés  qui  sont  dits  de  latitude  si  on  les  compte  à  partir  de 
l'équateur  en  allant  vers  les  pcMes,  de  longitude  au  contraire,  si  on 
les  compte  dans  le  sens  opposé  à  l'équateur » 

On  pourra  croire  qu'après  cela  on  peut  tirer  le  rideau;  pas 
du  tout.  Il  y  a  plus  fort  encore  dans  la  partie  botanique;  c'est 
comme  chez  Nicolet.  Pas  de  phrase  sans  une  ou  deux  erreurs^ 
L'auteur  confoild  tout  :  les  fibres  sont  des  vaisseaux,  et  les 
vaisseaux  des  fibres;  «  les  vaisseaux  du  latex  communi- 
quent entre  eux  mais  non  avec  les  vaisseaux  propres  » .  Il  prend 
vaisseau  pour  faisceau^  et  donne  (page  125)  le  nom  de  vais- 
seau fibreux  à  tous  ces  vaisseaux  ou  fibres,  qui  sont  enchevê- 
trés les  uns  dans  les  autres  mais  jamais  disposés  bout  à  bout. 

Dans  cette  même  page  123,  voici  les  autres  preuves  d'i- 
gnorance qui  s'y  trouvent  : 

a  On  donne  le  nom  de  vaisseaux  à  des  tubes  plus  ou  moins  allongés, 
creux,  effilés,  terminés  en  pointe  à  leur  extrémité.  » 

Et  si  vous  allez  dire  à  l'auteur  du  livre  qu'il  fait  confusion  ; 
que  ce  qu'il  décrit  comme  vaisseaux  sont  les  fibres  des  bota- 


—  202  — 

nistes,  il  vous  répondra  ce  qu'il  m'a  répondu  ;  «Les  botanistes 
comme  les  autres  savants  ne  savent  pas  ce  qu'ils  disent.  » 
Comprenez  cette  définition  du  tissu  cellulaire  : 

«  On  appelle  tissu  cellulaire  ou  utriculaire  celui  qui  paraît  ne 
présenter  que  des  cellules  ou  des  utricules  appliquées  ou  superposées 
sans  aucune  apparence  de  liaisons  ou  de  vaisseaux.  » 

Mais  je  m'arrête,  car  il  me  faudrait  citer  toutes  les  pages  du 
livre,  et  mon  illustre  accusateur  anonyme,  qui  se  fait  le  défen- 
seur de  la  société  coopérative  pour  l'instruction  horticole, 
pourrait  bien  ne  plus  être  de  force  à  comprendre  la  fausseté 
des  assertions  de  l'auteur.  J'espère  qu'il  a  compris  les  bourdes 
grossières  au  sujet  deV azote,  de  Vlnjclrogene,  de  la  latitude  prise 
pour  longitude,  etc.,  voilà  le  résultat  le  plus  clair  de  l'enseigne- 
ment par  les  cours  publics.  Et  pourtant  l'homme  qui  a  si  cruel- 
lement dénaturé  renseignement  des  maîtres  de  la  science  est 
un  homme  intelligent;  c'est  une  illustration;  il  fait  autorité 
dans  le  monde  horticole;  il  y  a  même  des  gens  qui  ne  jurent 
que  par  lui.  Les  conférences  des  sociétés  coopératives  par  des 
professeurs  qui  ne  sont  pas  toujours  des  savants  de  première 
qualité,  n'en  produiront  pas  d'autres.  L'élève  jardinier  ou  autre, 
dont  rintelligence  n'est  pas  aidée  par  une  solide  instruction 
primaire,  ne  peut  pas  saisir  le  sens  vrai  de  toutes  les  propo- 
sitions abstraites  de  la  science,  quelle  qu'acné  soit.  S'il  prend 
des  notes,  elles  sont  tronquées  et  il  rapproche  dans  le  même 
corps  de  phrase  des  définitions  qui  appartiennent  à  des  propo- 
sitions tout  à  fait  différentes  :  de  là,  confusion  et  erreur.  C'est  ce 
que  montrent  parfaitement  les  citations  contradictoires  que  nous 
avons  faites.  Il  est  facile  de  se  faire  une  idée  du  genre  de  sa- 
voir que  possédera  à  la  fin  du  cours  un  tel  élève.  Un  jardinier 
de  cette  nature  —  quoique  dise  certain  auteur  —  déconsidère 
plus  la  science  qu'il  exerce,  que  le  jardinier  le  plus  ignorant^ 
qui  se  livre  mécaniquement  au  métier  qu'il  pratique  avec  sim  - 
plicité.  On  excuse  l'homme  sans  instruction  qui  reste  simple, 


—  203  — 

sans  prétention,  et  rien  n'empêche  qu'on  ait  pour  lui  de  l'es- 
time. Mais  on  se  moque  impitoyablement  du  faux-savant  parce 
qu'il  est  toujours  arrogant,  seul  moyen  d'en  imposer  au  sot  ;  s'il 
n'est  pas  l'esclave  de  son  maître  comme  le  dit  l'auteur  que  nous 
citons,  il  idevient  son  jouet,  celui  même  des  autres  domesti- 
ques ;  et  le  mépris  de  tout  le  monde  --  mépris  bien  mérité  — 
couronne  l'œuvre  de  ce  sot  pétri  d'orgueil  et  de  présomption. 

Voilà,  je  le  répète,  ce  que  produisent  les  cours  et  les  confé- 
rences; les  sociétés  coopératives  ne  produiront  pas  plus.  Ce 
système  d'instruction  pour  l'horticulture  est  funeste.  Depuis 
quelques  années,  il  a  amené  la  production  de  livres  insensés 
comme  ceux  que  je  viens  de  citer  ;  il  porte  partout  l'erreur  et  la 
fausse  science,  qui  non-seulement  jettent  le  ridicule  sur  celui 
qui  en  fait  parade,  mais  qui  font  d'un  bon  ouvrier,  un  fat  et  un 
paresseux. 

J'ai  connu  de  braves  garçons,  excellents  ouvriers  et  jardi- 
niers habiles  avant  de  venir  à  Paris.  Depuis  qu'ils  ont  suivi  les 
conférences  des  arboiiculteurs;  qu'ils  ont  assisté  aux  cours  du 
soir  ;  qu'ils  croient  connaître  les  lois  de  la  physiologie  végétale; 
qu'ils  ont  entendu  parler  d'acide  carbonique,  etc.;  ils  sont  de- 
venus impossibles.  Ils  n'ont  que  les  mots  physiologie  et  acide 
carbonique  à  la  bouche;  mais  en  revanche,  ils  n'ont  que  très- 
peu  de  durillons  aux  mains.  Je  les  aimais  beaucoup  dans  leur 
ignorance  des  lois  de  la  physiologie;  maintenant  qu'ils  ont  en- 
tendu parler  de  la  décomposition  du  fameux  acide  carbonique, 
qui  joue  un  si  grand  rôle  dans  l'existence  du  jardinier  qui  se  dit 
savant,  je  les  fuis  comme  la  peste.  Mon  accusateur  anonyme 
en  dira  ce  qu'il  voudra  ;  mais  je  le  défie  de  vivre  plus  de  huit 
jours,  sans  attaque  d'apoplexie,  avec  un  jardinier  qui  a  suivi 
des  cours  et  conférences  quelconques  ;  car  un  tel  jardinier  ne 
peut  plus  recevoir  d'observation,  sans  vous  dégager,  en  pleine 
figure,  les  lois  de  la  décomposition  de  l'acide  carbonique,  et  à 
la  manière  de  l'auteur  ci-dessus  mentionné,  bien  entendu. 


=—  204  — 

Je  me  résume  : 

L'ignorance  n'est  pas  un  crime  ;  elle  est  préférable  au  faux 
savoir;  et  j'aime  mieux  cent  fois  avoir  affaire  à  un  jardinier  qui 
ignore  les  notions  dénaturées  de  toutes  les  sciences,  qui  ne  sont 
pas  absolument  nécessaires  pour  bien  cultiver,  qu'à  ce  fastueux 
imbécile  qui  fait  parade,  tout  le  jour,  de  sciences  qu'il  ne  com- 
prend pas. 

Le  faux  savoir  est  une  source  inépuisable  d'erreurs  dans  les- 
quelles se  noie  constamment  la  vérité.  Il  naît  d'une  instruction 
boiteuse  ou  bâtarde,  et  il  n'engendre  que  fatuité,  accompagnée 
toujours  de  l'arrogance  nécessaire  pourenimposer  aux  ignorants 
ou  aux  hommes  craintifs  qui  n'osent  pas  se  prononcer  sur  la 
qualité  de  ce  savoir.  Je  puis  avoir  de  l'estime  — ■  sans  déroger 
■^~  pour  l'ignorance,  et  je  lui  en  montre  quand  elle  ne  provient 
pas  du  vice;  mais  je  ne  puis  en  avoir  pour  le  faux  savoir  arro- 
gant qui  se  moque  des  incrédules  ;  pour  lui,  je  n'ai  jamais  eu  et 
n'aurai  jamais  qu'un  bon  faisceau  de  verges^  pour  le  fouailler 
d'importance. 

Je  m'incline  avec  respect  et  admiration  devantla  vraie  science. 
Mais  quiconque  veut  la  posséder,  doit  éviter  ces  cours,  et  sur- 
tout ces  conférences  des  sociétés  coopératives  pour  l'instruc- 
tion populaire,  où  les  professeurs  exaltent  mutuellement  leur 
science  et  leurs  vertus.  Le  vrai  savoir  ne  s'acquiert  que  par 
le  travail  forcé  ;  par  la  lecture  des  bons  livres,  et  surtout  — 
pour  le  jardinier  —  du  grand  livre  de  la  nature.  Lire  beau- 
coup, avec  attention,  avec  réflexion;  ne  jamais  quitter  une 
phrase  avant  d'en  avoir  compris  le  vrai  sens,  tel  est,  pour'moi 
et  selon  moi,  le  seul  moyen  d'acquérir  le*s  connaissances  sé- 
rieuses et  utiles,  qui  font  un  bon,  un  vrai  jardinier,  que  mailre 
et  domestiques  estimeront,  parce  que  ce  savoir-là  est  tou- 
jours modeste,  et  que  l'homme  qui  le  possède  ne  cherche  pas 
à  s'en  faire  un  marchepied,  pour  dominer  ses  camarades. 

F.  Herincq. 


—  205 


PLATYCRATEU  ARGUTA  (Pl.  VIII). 

Le  genre  Platycrater  doit  son  nom  à  la  forme  des  fleurs  sté- 
riles delà  plante  :  il  est  tiré  du  grec  platijs,  ample,  et  krater, 
vase  en  forme  de  coupe  antique.  Sa  place,  dans  les  familles  na- 
turelles, est  à  côté  des  Hydrangea  ou  Hortensia  qui  appartien- 
nent, comme  chacun  sait,  à  la  famille  des  Saxifragées.  Il  se 
compose  de  deux  espèces,  dont  le  Pfatycrater  argutay  que  nous 
figurons,  et  qui  a  été  introduit  du  Japon  par  Siebold. 

Comme  les  Hydrangea,  il  ades  ileursde  deux  formes  et  de 
deux  sortes  :  des  stériles  et  des  fertiles.  Les  fleurs  stériles,  qui 
constituent  son  mérite  ornemental,  sont  très-amples,  en  forme 
de  coupe  obsciirément  découpée  en  trois  ou  quatre  lobes,  de 
couleur  blanc  verdâtre  ou  rosé  et  ornés  d'un  réseau  de  fmes 
veinules  roses;  la  corolle  et  les  étamines  font  défaut  complète- 
ment, et  on  ne  trouve,  au  centre,  qu'un  rudiment  d'ovaire.  Les 
fleurs  fertiles  se  composent  d'un  calice  tubuleuxdontle  tube  est 
soudé  à  l'ovaire,  et  dont  le  limbe  est  partagé  en  4  lobes.  La 
corolle  est  blanche  à  4  pétales;  les  étamines,  en  nombre  indé- 
fini et  à  anthères  à  4  loges,  forment  une  sorte  de  houppe  jaune 
au  centre  de  laquelle  on  aperçoit  les  stigmates  finement  pa- 
pilleux  qui  terminent  les  deux  styles.  Le  fruit  est  une  capsule 
à  2  loges  renfermant  plusieurs  graines  très-petites,  linéaires- 
oblongues,  fixées  siur  un  placenta  pariétal. 
-4^8  Platycrater  arguta  est  un  petit  arbrisseau  à  tiges  et  ra- 
meaux cylindracés  retombants  ou  rampants,  émettant  même 
des'  racines  quand  ils  traînent  sur  le  sol.  Ses  feuilles  sont  op- 
posées, simples,  pétiolées,'  oblongues,  finement  dentelées, 
d'un  vert  gai  en  dessus,  un  peu  jaunâtre  en  dessous.  Les  fleurs 
sont  disposées  en  corymbes  lâches  au  sommet  des  rameaux  ; 
les  fleurs  fertiles  occupent  le  centre  et  les  stériles  la  circonfé- 


—  206  — 

rence  de  rinflorescence.  La  fleuraison  a  lieu  au  mois  de  juin  . 
et  les  fruits  mûrissent  au  mois  d'août. 

Cet  arbrisseau,  qui  a  été  seulement  livré  au  commerce  l'an- 
née dernière  par  M.  Lemoine,  de  Nancy,  a  été  trouvé  par  Sie- 
bold  dans  les  vallées  supérieures  du  Japon,  le  long  des  sources, 
et  grimpant  sur  les  parois  des  rochers  humides,  a  Nous  l'a- 
vons trouvé,  dit  cet  intrépide  el  courageux  introducteur 
[Flore  du  Japon,  page  65),  dans  l'île  deKinsiu  sur  les  bords  d'un 
torrent  de  1 ,200  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  en  so- 
ciété du  joli  Salix  intégra  de  Thunberg.  :»  D'après  le  rapport 
d'un  botaniste  japonais,  Wudagawa  Joan,  ami  de  Siebold,  le 
Platycrater  se  trouve  aussi  dans  les  montagnes  de  l'île  de  Nip- 
pon. Il  est  connu  au  Japon  sous  le  nom  de  Bai-kwa-ama-tsja^ 
ce  qui  veut  dire,  paraît-il,  Thé  céleste  à  fleurs  de  Prunier,  à 
cause  de  son  usage  dans  quelques  provinces.  On  fait,  avec  ses 
feuilles,  une  infusion  qui  sert  à  laver  et  baptiser  l'idole  du 
Sjaka  (Buddha),  le  jour  de  la  fête  de  naissance  du  Dieu. 

Le  Platycrater  est  cultivé  dans  presque  tout  le  Japon  :  mais  il 
prospère  mieux  dans  les  climats  septentrionaux.  On  le  plante 
au  bord  des  étangs  avec  le  Gardénia  radicans  et  différentes 
espèces  d'Iris,  d' Alisma  et  de  Sagittaire. 

Sa  culture  en  France  est  donc  assurée. 

0.  Lescdyer. 


LA  BRUYÈRE  ODORANTE. 

Pendant  un  court  séjour  que  je  fis  à  la  délicieuse  île  Port- 
Crox,  une  des  îles  d'Hyères,  ce  qui  m'a  le  plus  frappé,  c'est  la 
délicate  odeur  quij  chaque  matin,  saluait  mon  réveil,  et  m'en^ 
gageait  à  la  promenade  sur  le  versant  ouest  de  la  vallée  cen- 
traie  que  commande  le  fort  Napoléon.    Il  était  littéralement 


—  207   -- 

couvert  de  hautes  bruyères  de  plus  de  4  à  5  mètres,  qui  for- 
maient comme  une  forêt  vierge  dans  laquelle  on  ne  pouvait 
avancer,  qu'en  se  faufilant  de  côté,  entre  les  tiges  de  ce  ra- 
vissant arbrisseau,  qui  mesurent  jusqu'à  40  à  50  centim.  de 
circonférence.  C'était  de  là  que  s'exhalait  celte  odeur  suave 
qui  embaumait  toute  Tile.  Les  fleurs  de  cette  Bruyère,  qui 
apparaissent  au  commencement  de  mars,  sont  blanches  ou 
blanc  rosé,  très-odorantes  et  forment  de  splendides  bouquets 
naturels  au  sommet  des  rameaux. 

Il  est  tiès-étonnant  que  celle  ravissante  Bruyère,  qui  est 
VErica  arborea  des  botanistes,  ne  soit  pas  plus  répandue  dans 
le  commerce  horticole.  Elle  vaut  cerlaipement  les  autres  es- 
pèces du  Cap,  comme  effet  floral,  et  elle  a,  sur  elles,  l'avan- 
tage d'être  odorante. 

Pour  le  midi  et  l'ouest  de  la  France,  ce  serait  un  magnifique 
arbre  d'ornement  des  jardins  et  parcs  ;  pour  le  centre  et  le 
nord,  on  en  ferait  un  bel  arbuste  de  jardin  d'hiver  ;  cultivée  en 
pot,  cette  Bruyère  aurait  du  succès  sur  les  marchés  comme 
plante  d'appartement. 

Elle  a  du  reste  attiré  l'attention  de  la  Société  d'acclim.ata- 
lion.  Dans  la  séance  de  février  dernier,  M.  Geoifroy  St-liilaire 
en  a  mis  sous  les  yeux  de  l'assemblée  un  bouquet,  qui  lui  a 
été  envoyé  par  M.  Quillo,  capitaine  de  vaisseau  de  la  marine 
impériale,  et  qui  provenait  des  jardins  de  13rest,  oii  cette, 
belle  espèce  a  été  introduite  par  les  officiers  de  marine  vers 
1825.  Le  premier  pied  introduit  existe  encore,  parait-il,  dans 
le  jardin  botanique  de  Brest_,  qui  recèle,  pour  l'histoire  de  Tac- 
climatation,  des  trésors  qu'un  jardinier  habile  a  réunis  là  autre- 
fois, et  dont  les  noms,  comme  celui  du  jardinier,  sont  à  peu  près 
inconnus  des  hommes  qui  s'occupent  de  la  culture  des  plantes. 

Rappelons  donc  ici  le  nom  de  ce  digne  jardinier,  de  l'ex- 
cellent Noël,  qui,  sans  ambition,  a  diiigé  pendant  de  longues 
années  le  jardin  botanique  de  Brest,  dans  lequel  on  voit  en- 


—   208  — 

core  aujourd'hui  les  enfants  précieux  qu'il  y  a  plantés  et  que 
tout  le  monde  ignore.  On  cite  souvent  les  jardins  de  Toulon, 
de  Cherbourg  ;  les  belles  plantes  qu'on  y  trouve;  jamais  un 
mot  de  celles  que  quelques  rares  amateurs  connaisseurs  ad- 
mirent dans  celui  de  Brest.  J'avais  leurs  noms  en  notes  ; 
mais,  hélas  !  la  poussière  de  onze  années  ne  permet  plus  de 
découvrir  la  moindre  trace;  et  ma  mémoire,  depuis  quelques 
temps,  manque  à  tous  ses  devoirs;  elle  ne  se  rappelle  seule- 
ment que  le  plaisir  que  j'éprouvai,  en  voyant  tous  ces  beaux 
spécimens  d'arbres  rares  et  précieux. 

Elle  avait  oublié,  cette  mauchte  mémoire,  jusqu'au  pied  de 
Bruyère  dont  parle  l,e  Bulletin  de  la  Société  d'acchmatation, 
et  qui,  d'après  les  renseignements  fournis  par  M.  Blanchard, 
le  jardinier  chef  actuel,  mesure  aujourd'hui  5  mètres  40  de 
hauteur,  et  la  tige  40  centimètres  de  circonférence  au  niveau 
du  sol  ;  malheureusement  on  s'attend  tous  les  jours  à  le 
perdre.  Mais  partout  oii  il  exisie  un  jardin^  et  dans  les  ci- 
metières, dit  M.  Blanchard,  on  rencontre  cette  Bruyère  assez 
communément;  elle  se  multiplie  facilement  de  graines  et  re- 
lève d'elle-même  dans  les  bordures  de  buis.  Ce  fait  permet 
d'espérer  que  sa  culture  est  possible  sur  d'aulres  points  de  la 
France,  où  réussissent  les  Alalernes,  les  Chênes-verts,  avec 
lesquels  elle  croit  spontanément  à  l'île  Port-Crox. 

Gomme  toutes  les  Bruyères,  on  la  propage  par  semis  en  ter- 
rines; les  graines  pas  ou  peu  recouvertes;  la  terre  tenue  hu- 
mide constamment  et  abritée  d'un  morceau  de  verre  de  vitre 
qui  repose  sur  les  bords  de  la  terrine.  On  tient  ce  semis  en 
serre,  et  on  repique  le  plant  très-jeune  dans  des  petits  godets. 
Mais  ce  procédé  ne  produit  que  lentement  de  beaux  sujets.  Le 
bouturage  est  le  moyen  le  plus  généralement  employé  par  les 
horticulteurs;  c'est  celui  que  je  conseille  de  suivre.  Les  meil- 
leures indications  que  j'ai  trouvées  sur  cette  opération  de  bou- 
turage des  Bruyères  sont  dues  à  M.  Louis  Neumann,  l'habile 


—  209  — 

jardinier  des  serres  froides  du  jardin  des  Plantés  de  Paris  ;  je 
ne  puis  mieux  faire  que  de  reproduire  ce  qu'il  dit  sur  ce  sujet 
dans  le  Nouveau  Jardinier  illustré,  dont  il  est  le  collaborateur 
pour  les  plautes  de  serres. 

a  Les  boutures  se  font  de  février  jusqu'à  juin.  On  choisit 
les  extrémités  des  rameaux  vigoureux  ;  la  longueur  peut  varier 
de  1  cent,  et  demi  à  4  cent,  au  plus  ;  on  enlève  avec  des  ci- 
seaux les  petites  feuilles  sur  toute  la  partie  qui  doit  être  en- 
terrée. Le  sable  siliceux  de  terre  de  bruyère  est  ce  qu'il  y  a 
de  meilleur  pour  ce  genre  de  bouturage.  Mais  on  place  un  lit  de 
terre  de  bruyère  en-dessous  pour  alimenter  les  racines  qui  se 
développeront.  On  les  pique  dans  le  sable  sec,  puis  on  arrose 
avec  un  arrosoir  à  pomme  très-fine  pour  les  consolider.  Les 
pots  à  boutures  doivent  être  garnis  de  tessons  jusqu'à  moitié. 
On  doit  les  placer  sous  châssis  à  froid  et  près  du  jour  ;  on  peut 
cependant  plonger  les  pots  dans  une  couche  de  tannée  tiède 
(12  à  IS*^  centigrade),  quoiqu'elles  puissent  reprendre  sans 
celte  précaution.  On  recouvre  les  pots  de  petites  cloches,  qu'on 
essuie  une  ou  deux  fois  par  jour,  pour  enlever  l'humidité  qui 
les  fait  fondre.  Au  bout  d'un  mois  et  demi,  les  boutures  sont 
en  état  d'être  séparées.  On  repique  en  petits  godets,  qu'on  re- 
place, pendant  quelques  jours,  sous  de  plus  grandes  cloches, 
jusqu'à  ce  que  les  jeunes  plantes  soient  bien  reprises.  » 

Ensuite  quand  les  plantes  commencent  à  grandir  on  pince 
les  tiges  et  principaux  rameaux  pour  les  faire  ramifier  et  obte- 
nir des  sujets  bien  faits.  Pendant  toute  la  période  de  culture  en 
pot,  il  faut  avoir  soin  de  bien  arroser;  le  succès  ou  l'insuccès 
dépend  de  l'arrosement,  et  cette  opération  nepeut  se  décrire  ; 
c'est  une  affaire  d'œil. 

Cultivez  ma  Bruyère,  et  quand  vous  l'aurez  vue  en  fleurs^ 
vous  voudrez  faire  le  voyage  de  l'île  Port-Grox,  petit  Eden 
moderne,  pour  y  contempler  les  bois  de  Bruyère,  et  en  aspirer 
le  doux  et  agréable  parfum.  Seulement,  je  crois  devoir  prévenir 

Jut//é^  JH70.  .  14 


—  210  — 

qu'on  est  en  train  de  les  détruire  pour  faire  des  pipes  avec  la 
racine  ! Horreur  !  n'est-ce  pas  ? 

EUG.    DE    MaRTRAGNY. 


OBSERVATIONS  SUR  LA  FÉCONDATION  DES  STRELIT2IÂ. 

Dans  le  numéro  de  juin  dernier,  M.  J.  Joiian,  en  traitant  de 
la  fécondation  du  Strelitzia  reginœ,  a  oublié  de  mentionner  une 
chose  très-importante  et  digne  de  remarque. 

Voulez-vous  une  réussite  assurée  de  la  fécondation  des  Stre- 
litzia'^ imprégnez  les  stigmates,  avec  la  liqueur  neciarifère  qui 
coule  de  la  base  des  fleurs,  avant  l'emploi  du  pollen.  Nous  avons 
opéré  souvent,  sans  cette  liqueur,  et  toujours^  dans  ce  cas, 
nous  avons  échoué.  Au  contraire  le  succès  a  été  complet  quand 
nous  avons  opéré,  comme  il  vient  d'être  dit.  M.  Jouan  n'a  pas 
fait  attention  à  ceci,  et  cela  nous  étonne  qu'il  ait  réussi;  mais 
peut-être  le  petit  bâton,  avec  lequel  il  opérait,  était-il  barbouillé 
de  cette  hqueur;  car,  nous  le  répétons,  jamais  la  fécondation 
n'a  produit  d'effet,  sans  l'imprégnation  préalable  des  stigmates 
avecla  sécrétion  nectarifère. 

M.  Jouan  affirme,  d'après  les  auteurs,  dit-il,  que  la  féconda- 
lion  des  Strelitzia  est  impossible;  mais  alors  d'où  nous  sont 
venus  les  Strelitzia  rutilans,  imperialis,  aurora,  citrina,  vi- 
trea,  etc.?  Nous  engageons  M.  Jouan  à  lire  l'excellent  ouvrage 
de  M.  Lecoq,  sur  la  fécondation  naturelle  et  artificielle  des  vé- 
gétaux . 

Paul  Hauguel. 


—  2H  — 

LA  CUEILLETTE  DES  FRUITS. 

La  récolte  des  fruits  est  déjà  commencée  et  se  continuera 
pendant  trois  mois  pour  les  différentes  espèces  ;  nous  pensons 
que  quelques  observations  sur  cette  opération,  une  des  plus 
importantes  de  l'arboriculture,  seront  bien  accueillies  de  nos 
abonnés.  Obtenir  un  fruit  dans  toute  la  perfection  qu'il  est  sus- 
ceptible d'acquérir,  tel  est  le  but  final  des  travaux  et  des  soins 
multipliés  du  cultivateur  d'arbres  fruitiers,  et  il  ne  peut  être 
atteint  que  par  une  récolte  faite  à  propos.  Un  fruit  de  bonne 
variété  cuçilli  intempestivement  peut  être  mauvais  ou  tout  au 
moins  de  qualité  inférieure,  et  cependant  il  est  bien  souvent 
abandonné  à  des  mains  inintelligentes.  Que  les  intéressés  en 
soient  prévenus  et  prennent  leurs  précautions. 

Le  travail  proprement  dit  de  la  cueillette  exige  des  soins, 
sinon  de  l'intelligence  ;  il  faut  ménager  les  productions  frui- 
tières, espoir  de  l'avenir,  et  ne  pas  froisser  le  fruit,  afin  de  lui 
assurer  toute  sa  beauté  et  une  conservation  plus  facile.  Mais 
le  point  délicat,  celui  duquel  dépend  tout  le  succès,  c'est  le 
choix  du  moment  oii  il  doit  être  détaché,  ayant  reçu  de  la  sève 
tous  les  principes  de  saveur  et  n'en  ayant  perdu  aucun  par  son 
séjour  trop  prolongé  sur  l'arbre.  Dans  les  ouvrages  spéciaux, 
l'énoncé  de  l'époque  ordinaire  de  maturité  de  chaque  variété, 
qui  complète  sa  description,  n'est  qu'une  indication  plus  ou 
moins  approximative.  Ce  moment  favorable  de  la  cueillette 
peut  varier  beaucoup  suivant  la  saison,  le  sol  et  l'exposition, 
et  le  cultivateur  doit  mettre  enjeu  toute  son  aptitude  d'obser- 
vation pour  le  saisir  lorsqu'il  est  arrivé.  Lui  donner  plus  de 
certitude  dans  cette  appréciation,  tel  est  le  but  de  ces  quelques 
lignes. 

En  procédant  par  ordre  de  maturité,  nous  commencerons 
par  les  cerises.  La  Cerise  ne  doit  jamais  être  cueillie  que  com- 


—  212  — 

plétement  mûre;  et  l'on  dit  avec  raison  que  le  prolétaire,- 
obligé  déménager  sa  bourse,  mange  de  meilleures  Cerises  que 
le  riche,  plus  soucieux  du  luxe  des  primeurs  que  de  la  satisfac- 
tion du  goût  de  ses  convives .  La  Cerise  change  bientôt  de  cou- 
leur et  même  avant  d'avoir  atteint  toute  sa  grosseur  ;  aussi 
combien  d'impatients  d'appétits  ou  du  gain  se  hâtent  trop  d'en 
jouir!  Quelle  différence  cependant  de  saveur  et  de  qualités  hy- 
giéniques entre  une  Cerise  à  peine  rougie  et  celle  dont  la  peau 
s'est  colorée  d'un  beau  pourpre  foncé  passant  jusqu'au  noir 
pour  certaines  variétés,  entre  une  Cerise  aux  couleurs  blafar- 
des et  celle  dont  le  ton  chaud,  ambré  ou  transparent,  indique 
que  le  sucre  est  achevé  dans  sa  chair  ! 

Les  différentes  variétés  de  Cerises  se  divisent  en  quatre 
classesassez  distinctes  :  les  Guignes  à  chair  plus  ou  moins  molle, 
bien  juteuse  et  sucrée;  les  Bigarreaux  à  chair  ferme,  cro- 
quante   et  souvent  très-sucrée  ;  les  Cerises  proprement  dites  à 
chair  tendre,  sucrée  et  acidulée  ;  et  les  Griottes  à  chair  plus 
ferme  et  décidément  acide.  Les  fruits  des  deux  premières  clas- 
ses atteignent  leur  maximum  de  quahté  quelques  jours  après 
qu'ils  ont  acquis  toute  la   couleur  dont  l'intensité  est  diffé- 
rente pourchaque  variété  ;  trop  longtemps  après,  la  chair  des 
Guignes  s'amollit  trop,  laisse  évaporer  son  sucre  et  son  par- 
fum et  déchue  même  quelquefois  jusqu'à  la  fadeur  ;  les  Bigar- 
reaux perdent  leur  consistance  croquante,  leur  chair  devient 
creuse  autour  du  noyau  et  subit  une  sorte  de  décomposition 
qui  en  dénature  le  sucre  et  le  parfum.  Les  Cerises  proprement 
dites  se  colorent  presque  toutes  très-prématurément  ;  elles  sont 
entre-cueilUes,  c'est-à-dire  détachées  de  l'arbre  à  plusieurs 
reprises,  à  mesure  qu'elles  arrivent  au  ton  décisif  de  l'entière 
maturité  avant  qu'elles  aient  perdu  le  brillant  de  leur  coloris 
et  que  leur  peau  soit  devenue  terne,  indice  d'un  commence- 
ment de  fermentation  intérieure  qui  altère   la  fraîcheur  de 
leurs  sucs  mélangés  de  douceur  et  d'une  agréable  acidité. 


-~  213  — 

La  pluparf  des  variétés  de  Griottes  peuvent  rester  longtemps 
à  l'arbre  et  ne  réclament  une  cueillette  anticipée  que  si  elles 
sont  destinées  au  liquoriste  ou  au  confiseur.  Leur  chair  est  or- 
dinairement pourvue  d'une  certaine  dose  d'astringence  qui 
contribue  à  les  maintenir  longtemps  au  même  degré  de  mata- 
ration,  et  même,  souvent,  elles  sont  préférées  lorsqu'ayant 
perdu  une  partie  de  leur  eau  de  végétation,  la  proportion  de 
leur  sucre  toujours  assez  faible  est  devenue  plus  appréciable. 

L'Abricot  doit  être  détaché  avant  que  sa  couleur  soit  de- 
venue trop  mate,  sinon  il  serait  pâteui  et  son  jus  moins  relevé; 
sa  peau  doit  avoir  encore  toute  sa  vivacité  de  ton,  et  s'il  ne 
faut  pas  faire  effort  pour  les  séparer  du  rameau,  il  ne  doit  pas 
non  plus  tomber  trop  facilement  dans  la  main.  Rangé  avec 
précaution  dans  un  panier  où  les  lits  ne  seront  pas  entassés,  il 
sera  déposé  au  fruitier  dont  la  fraîcheur,  en  modérant  le  tra- 
vail de  la  maturation,  lui  conservera  toute  son  eau  rarement 
trop  abondante. 

Les  Prunes  seront  cueilhes  au  moment  où  le  développement 
de  leur  arôme,  leur  facilité  à  céder  aux  secousses  imprimées  à 
l'arbre,  annoncent  leur  entière  maturité.  Deux  ou  trois  jours 
de  séjour  au  fruitier  leur  donneront  un  jus  plus  abondant  et 
plus  relevé.  Evitez  de  les  arracher  si  elles  résistent  ;  elles  achè- 
veraient bien  leur  eau  au  fruitier,  mais  elles  seraient  sans  su- 
cre et  sans  parfum.  Quelques  variétés  à  peau  épaisse,  à  chair 
un  peu  consistante,  gagnent  à  être  attendues  jusqu'au  point  où 
leur  peau  s'affaisse  ou  se  ride  légèrement  ;  leur  sucre  est  alors 
plus  concentré,  sans  qu'elles  aient  perdu  leur  parfum,  et  leur 
chair  est  devenue  plus  fondante.  Nous  pourrions  citer,  de  ce 
nombre,  la  Goutte  d'or,  la  Mirabelle  tardive  et  la  Fulton  des 
Américains  qui  est  de  bonne  consommation  jusque  dans  la  pre- 
mière quinzaine  de  novembre. 

A  bientôt  la  cueillette  des  Pèches,  des  Poires  et  des  Pommes. 

On  conçoit    plus  facilement  que   l'on  ne  peut  définir  le 


—  214  — 

meilleur  point  où  une  Pêche  doit  être  détachée  de  l'arbre,  afin 
d'arriver  à  toute  sa  perfection.  Elle  commence  à  développer 
un  léger  arôme  ;  sa  peau  s'assouplit  en  se  dilatant  et  ne  parait 
plus  aussi  exactement  assujettie  aux  fibres  de  la  chair.  On 
pressent,  à  travers  son  épaisseur,  que  les  cellules  qu'elle  re- 
couvre commencent  à  se  gorger  de  sucs.  Le  moment  est  venu 
où  le  fruit,  semblant  fléchir  sous  unelégère  pression  de  tonte 
la  surface  de  la  paume  de  la  main  et  cédant  au  mouvement  de 
rotation  que  lui  impriment  les  doigts  réunis  à  son  point  d'at- 
tache, arrive  à  la  main  qui  ne  le  serre  qu'autant  qu'il  ne  puisse 
lui  échapper. 

Les  Pèches  doivent  être  placées,  sur  un  lit,  dans  un  panier 
plat,  et  maniées  avec  précaution;  le  moindre  froissement  nui- 
rait à  leur  apparence  et  à  leur  quablté  ;  leur  eau  s'évaporerait 
bien  vite  par  la  plus  légère  meurtrissure.  Mises  une  nuit  ou 
deux  à  la  fraîcheur  du  fruitier,  leur  excellence  ne  laisse  plus 
rien  à  désirer.  Ce  séjour  au  fruitier  sera  de  plus  longue  durée  à 
proportion  que  le  fruit  sera  d'une  variété  plus  tardive,  dont  la 
cueillette  doit  être  faite  plus  longtemps  d'avance.  Toutes  les 
Pêches  à  peau  lisse,  Brugaons   ou  Nectarines,   gagnent  en 
finesse  et  en  succulence  lorsqu'elles  ont  lentement  achevé 
leur  maturation  au  conservatoire,  et  même  quelques*-unes  sont 
à  leur  meilleur  point  lorsqu'elles  commencent  à  se  flétrir, 
La  cueillette  des  Poires  est  plus  compliquée  que  celle  des 
fruits  à  noyaux  ;  leur  maturité  est  à  prévoir  plutôt  qu'à  cons- 
tater ;  un  très-petit  nombre,  nous  dirons  même  aucune,  ne 
devant  rigoureusement  attendre  sur  l'arbre  le  moment  de  la 
consommation.  Des  différentes  variétés  de  poires  mûrissent 
pendant  presque  toute  l'année  ;  cette  prévision  de  maturité 
exige  donc  des  appréciations   aussi  différentes  qu'il  y  a  de 
catégories  de  ces  variétés. 

Une  Poire  d'été  ne  sera  pas  récoltée  comme  une  Poire  d'au- 
tomne, comme  une  Poire  d'hiver.  Plus  une  Poire  est  de  matu- 


—  215  — 

rite  précoce,  moins  longtemps  d'avance  il  convient  delà  cueil- 
lir. Ainsi,  les  Poires  mûrissant  au  commencement  de  juillet 
sontà  cueillir  trois  ou  quatre  jours  avant  maturité,  et  si  elles 
sont  cassantes  ou  à  chair  un  peu  ferme,  deux  jours  suffisent. 
Prenant  pour  exemple  deux  variétés  bien  connues  :  un  Doyenné 
de  juillet  cueilli  quatre  ou  cinq  jours  d'avance  aura  une  eau 
plus  abondante,  plus  relevée  que  s'il  eût  jauni  sur  l'arbre  :  un 
Blanquet,  au  contraire,  aura  plus  de  sucre  et  n'aura  pas  en- 
core perdu  son  eau  au  moment  où  il  aura  revêtu  la  livrée  d'un 
jaune  doré  de  l'entière  maturité. 

A  mesure  que  nous  avançons  dans  la  saison,  l'époque  de  la 
cueillette  des  Poires  sera  plus  anticipée  ;  ainsi  celles  du  mois 
d'août  attendront  facilement  quinze  jours  au  fruitier,  en  amé- 
liorant la  finesse  de  leur  parfum,  sans  perdre  de  leur  eau.  Telle 
variété  exige  plus,  telle  autre  exige  moins;  c'est  une  étude  à 
faire,  en  échelonnant  les  époques  de  récolte  pour  la  môme  va- 
riété et  en  appréciant  ensuite  celle  qui  a  donné  les  meilleurs 
résultats.  L'expérience  prouve  qu'un  Beurré  GifFard  mérite 
d'être  cueilli  plus  près  de  maturité  qu'un  Beurré  d'Amanlis. 
Mais,  me  direz- vous,  comment  prévoir  qu'une  Poire  sera  à  son 
entière  maturité  dans  trois  jours,  dans  quatre  jours,  dans 
quinze  jours?  Les  gens  exercés  ne  se  trompent  guère  à  l'aspect 
du  fruit,  et  vous  devez  vous  efforcer  d'arriver,  par  l'observa- 
tion, à  ce  tact  d'appréciation.  Cependant  voici  un  petit  moyen 
dont  vous  pourrez  vous  servir,  surtout  pour  les  Poires  d'été,  en 
attendant  que  vous  soyez  devenu  plus  habile.  Il  est  rare  que 
quelques  fruits  atteints  par  les  insectes  ou  mal  conformés  ne 
tombent  prématurément  de  l'arbre  avec  toutes  les  couleurs  de 
l'entière  maturité  ;  cueillez  alors  tous  ceux  les  mieux  exposés 
et  parvenus  à  leur  volume  complet,  et  si  quelques-uns,  cachés 
sous  le  feuillage,  vous  paraissent  en  retard,  renvoyez-en  la  cueil- 
lette jusqu'à  ce  qu'ils  soient  arrivés  au  même  point  de  gros- 
seur  et  d'apparence.  J'ai  aussi   vu  employer  un  excellent 


—  216  — 

moyen  pour  juger  de  l'état  de  maturation  des  variétés  de  Poires 
destinées  au  usages  de  la  cuisine  et  de  la  confiserie,  auxquelles 
une  cueillette  trop  précoce  ou  trop  tardive  enlèverait  beaucoup 
de  leur  valeur.  A  l'approche  de  l'époque  tardive  ordinaire  de 
leur  maturité,  de  temps  en  temps  on  en  ouvre  quelques-unes, 
et  lorsque  l'on  remarque  que  leurs  pépins  commencent  à 
brunir,  le  moment  de  la  cueillette  est  arrivé.  Ce  moyen  serait- 
il  bon  pour  la  plupart  des  variétés  de  Poires  destinées  à  la  table? 
C'est  une  expérience  à  faire. 

Les  Poires  mûrissant  en  octobre  seront  cueillies  dès  la  fin  de 
septembre  et  s'achèveront  très-bien  au  fruitier  sous  l'influence 
d'une  température  peu  élevée  ;  celles  de  novembre,  décembre 
ettoutl'hiver,  attendront  sur  l'arbre  jusqu'à  ce  que  le  feuillage, 
par  sa  couleur  et  son  aspect  terne,  annonce  que  la  sève  va  bien- 
tôt cesser  de  circuler.  Si  le  sol  est  sec  et  léger,  l'exposition 
chaude,  la  cueillette  sera  avancée  ;  elle  sera^  au  contraire,  re- 
tardée pour  les  mêmes  variétés  si  le  sol  est  aqueux  et  compacte 
et  l'exposition  froide.  Ainsi,  dans  les  petits  jardins  de  la  ville, 
anciennement  étabhs^  pourvus  d'un  terreau  abondant  dans 
lequel  les  rayons  du  soleil  se  concentrent  et  maintiennent  une 
température  élevée  et  où  la  chaleur  de  l'air  se  multiplie  par 
la  réverbération  des  murs  de  clôture,  un  Doyenné  d'hiver 
sera  récolté  de  bonne  heure  si  l'on  ne  veut  le  voir  arriver  à  ma- 
turité avant  la  fin  de  novembre.  S'il  est  venu  sur  un  arbre' 
planté  en  rase  campagne,  dans  un  sol  argileux  et  dont  l'expo- 
sition incline  au  iiord,  il  n'aura  pas  perdu  sa  facilité  de  conser- 
vation en  ne  le  cueillantqu'aux  jours  qui  précèdent  les  premières 
gelées.  En  principe,  plus  une  Poire  est  de  maturité  ta'rdive. 
plus  l'époque  de  sa  récolte  doit  être  reculée.  Certaines  variétés 
d'une  conservation  à  toute  épreuve,  mûrissant  seulement  au 
printemps,  gagnent  sur  l'arbre  tant  qu'il  n'a  pas  encore 
perdu  ses  feuilles,  et  même,  si  l'on  n'attendait  pas  jusqu'à  ce  mo- 
ment, la  chair  de  leur  fruit  ne  serait  pas  achevée  dans  sa  tex- 


—  217  — 

ture  et  dans  ses  sucs,  et  bientôt  ils  se  rideraient  et  seraient 
de  nulle  valeur. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  des  Poires  s'applique,  en  grande 
partie,  aux  Pommes  que  l'on  doit  cependant  récolter  encore 
plus  longtemps  d'avance.  Les  Pommes  à  chair  tendre  se  ride- 
ront moins  si  on  les  laisse  plus  longtemps  à  l'arbre,  mais  aussi 
leur  maturation  sera  moins  prolongée.  LesPommes  à  chair 
dure,  cassante,  gagneront  jusqu'au  moment  de  l'arrél  de  la 
sève  et  ne  perdront  rien  de  leur  faculté  de  longue  conservation. 

Les  observations  précédentes  tendent  à  établir  qu'un  bon 
fruitier  est  aussi  nécessaire  à  l'amélioration  des  fruits  d'été 
qu'à  la  conservation  des  fruits  d'hiver. 

iMàs. 

(Extrait  de  la  Revue  Agricole  et  Horticole  du  Gers.) 


LA  LUNE  ET  LA  PLUIE. 

Pends-toi,  Lune,  ma  mie;  il  a  plu  et  tu  n'étais  pas  là.  Tu 
étais  nouvelle  le  28  juin  ;  ton  premier  (juartier  était  le  6  juillet, 
et  c'est  le  2  juillet  que  le  temps  a  changé.  Pends-toi,  Lune, 
ma  mie. 

Elle  doit  être  bien  en  colère  après  moi  la  Lune.  Voilà 
que  de  tous  côtés  m' arrivent  des  renforts;  tout  le  monde 
s'acharne  après  elle;  mon  grelot  a  produit  son  effet. 

Ainsi  le  Bien  public,  journal  de  la  Côte-d'Or,  publie  sur 
ce  sujet  un  article  plein  d'intérêt,  dont  nous  extrayons  les 
passages  suivants  : 

«  Rien  ne  peut  consoler  les  vignerons  et  les  horticulteurs 
quand  ils  voient  les  bourgeons  de  leurs  Vignes,  les  fleurs  de 
leurs  Pêchers,  de  leurs  Poiriers,  devenus  noirs,  détruits  par  les 
rayons  de  la  terrible  lune  rousse  !  Voyons  au  moins  si  les 
reproches  qu'on  lui  fait  sont  fondés,  et  si  cette  lune  est^  à 
un  degré  quelconque,  responsable  du  mal  qu'on  lui  impute. 


—  2t8  — 

3)  Tous  les  ans,  au  printemps,  il  s'établit  dans  nos  climats 
tempérés,  une  lutte,  un  combat,  entre  le  chaud  et  le  froid, 
entre  les  '^nts  glacés  qui  continuent  à  souffler  de  temps  en 
temps  du  nord  ,  encore  couvert  d'une  épaisse  couche  de 
neige,  et  les  vents  du  sud  que  nous  envoie  la  zone  équinoxiale, 
toujours  chaude  comparativement  à  notre  Europe.  La  bataille 
a  plus  ou  moins  de  durée  ;  la  victoire  reste  plus  ou  moins  de 
temps  indécise,,  suivant  les  circonstances  qu'il  serait  trop  long 
d'énuméreret  que  dans  nos  pays  à  saisons  indécises^,  mal  faites, 
mal  déterminées,  il  est  impossible  de  prévoir  et  de  calculer. 
L'automne  présente  un  phénomène  analogue  et  parfois  aussi 
tranché  :  les  premiers  jours  d'octobre  sont  trop  souvent  mar- 
qués par  des  gelées  précoces  qui  grillent  nos  Haricots  verts, 
nos  Dahlias,  nos  Résédas,  les  Capucines,  etc.,  etc.  Et  après 
quelques  jours  de  froid,  il  n*est  pas  rare  de  jouir,  pendant  un 
mois  ou  deux,  d'une  température  tiède  et  agréable.  Le  mai 
causé  par  le  froid  précoce  de  l'automne  n'est  rien,  comparé  à 
celui  que  causent  les  gelées  tardives  du  printemps ,  celles-ci 
tuent  les  espérances  de  l'avenir,  détruisent  les  choses  de  pre- 
mière nécessité,  les  éléments  de  nos  jouissances  et  de  nos  ri- 
chesses... Au  mois  d'octobre,  on  peut  porter  légèrement  le 
petit  désagrément  de  n'avoir  plus  de  Capucines  pour  parer  la 
salade. 

3)  Quand  le  ciel  est  couvert  pendant  la  nuit,  et  surtout  de 
grand  matin,  il  ne  gèle  pas.  Les  grands  désastres  arrivent 
quand  le  ciel  est  clair,  très-clair-;  d'où  vient  cette  différence 
dans  les  effets  produits?  La  voici  :  De  même  que  la  terre  s'é- 
chaulfe  sous  l'action  du  soleil  pendant  le  jour,  elle  se  refroidit 
la  nuit  pendant  l'absence  du  soleil.  Il  y  a  échange  de  tempéraure 
entre  la  voûte  céleste  et  le  sol  ;  mais  pour  que  cet  échange  ait 
lieu,  il  faut  qu'ils  se  regardent,  qu'ils  se  voient  :  c'est  ce  qu'on 
appelle  le  rayonnement.  Un  nuage  interposé  entre  eux  pro- 
duit un  effet  analogue  à  celui  que  produirait  sur  vous  une 


—  219  — 

couverture,  un  paletot  dont  vous  vous  envelopperiez  pour 
passer  la  nuit  à  la  belle  étoile,  sans  courir  le  risque  de  mourir 
de  froid.  C'est  pour  la  même  raison  qu'on  a  recommandé  de 
hrùler,  dans  les  vignes,  soit  du  famier,  du  goudron  ou  d'autres 
substances  produisant  une  épaisse  ou  lourde  fumée  ;  elle  se 
répand  sur  la  surface  du  sol,  lui  fait,  ainsi  qu'aux  plantes  qui 
végètent,  une  espèce  de  manteau  qui  empoche  en  partie  le 
rayonnement. 

3)  Malheureusement  ce  moyen,  toujours  coûteux^  n'est  pas 
commode  à  avoir  constamment  sous  la  main,  et  cependant,  il 
faut  pouvoir  l'employer  pour  ainsi  dire  instantanément;  car, 
au  moment  où  l'on  s'y  attend  le  moins,  un  ciel  couvert  peut 
s'éclaircir  tout  d'un  coup,  le  rayonnement  a  lieu,  et  le  proprié- 
taire qui  s'est  endormi  tranquille  sur  l'assurance  que  lui  donnait 
un  ciel  entièrement  pris  et  même  une  pluie  abondante  et 
tiède,  ne  voit  plus,  à  son  réveil,  que  des  pousses  roussies,  ge- 
lées, que  les  premiers  rayons  du  soleil  vont  achever  de  dé- 
truire tout  à  fait. 

3)  J'ai  écrit  tout  à  l'heure  le  mot  pluie...  Si  le  temps  s'é- 
claircit  et  se  refroidit  tout  d'un  coup  pendant  la  nuit,  surtout 
à  l'approche  du  matin,  et  que  les  vignes,  les  arbres  fruitiers, 
aient  été  mouillés  auparavant,  oh  !  alors  le  mal  est  extrême, 
la  ruine  est  complète.  On  dit  que,  en  Bourgogne,  les  consé- 
quences de  pareilles  gelées  se  font  sentir  parfois  plusieurs  an- 
nées de  suite.  Pour  continuer  ma  comparaison  de  la  couver- 
ture, .c'est  comme  si  on  s'exposait  à  passer  une  nuit  en  plein 
air,  tout  nu  et  sortant  de  l'eau. 

T>  Un  de  nos  compatriotes  a  exphqué  pourquoi  les  vignes 
plantées  dans  les  bas  gèlent  plus  volontiers  que  celles  qui 
occupent  des  coteaux  ou  des  sommets;  c'est  un  effet  qui  se 
rattache  au  rayonnement  et  à  la  propriété  des  gaz  de  se  strati- 
lier  toujours  de  teUe  façon  que  les  couches  les  plus  froides  oc- 
cupent les  parties  inférieures  de  l'espace  dans  lequel  elles 
peuvent  se  répandre. 


—  220  — 

î  En  quoi  l'astre  de  la  lune,  qu'il  soit  roux  ou  de  toute  autre 
couleur,  qu'il  soit  Lune  de  mars,  ou  Lune  d'avril,  peut-il  être 
responsable  de  ce  qui  se  passe  à  90,000  lieues  (de  4  kilomètres 
chacune)  au-dessous  de  lui,  et  comment,  en  bonne  conscience, 
lui  imputer  les  malheurs  qui  résultent  de  la  sérénité  de  ce 
ciel?  Cette  sérénité,  nous  l'avons  dit,  est  la  conséquence  de 
l'arrivée  d'un  vent  qui  vient  des  régions  boréales  au  lieu  de 
venir  du  sud  ou  de  l'ouest  ;  les  régions  d'où  il  nous  arrive  sont 
seulement  à  5  ou  600  lieues  de  nous,  au  grand  maximum  à  8 
ou  900  lieues...  Certes,  la  lune  ne  peut  être  que  bien  inno- 
cente de  l'effet  désastreux  de  ces  vents  glacés. 

»  Mais  l'homme  veut  connaître  les  causes  de  ce  qui  lui 
arrive  ;  sans  être  absolument  difficile  sur  le  mérite  des  raisons 
qu'on  lui  donne^  il  lui  en  faut.  Il  demande  sur  qui  ou  sur  quoi 
il  doit  faire  retomber  ses  plaintes,  ses  malédictions  ;  les  gelées 
d'avril  ou  de  mai  ne  sont  à  redouter  que  quand  le  temps  est 
clair,  et  c'est  alors  seulement  qu'on  peut  voir  la  lune...  Donc 
c'est  elle  qui  est  le  seul  coupable,  et  on  la  chasserait  bien  vite 
du  ciel  si  on  pouvait.  C'est  une  croyance  populaire,  vieille 
comme  le  monde,  et  que  tous  les  raisonnements  ont  laissée 
debout  ;  elle  satisfait  à  ce  besoin  qu'a  notre  esprit  de  connaître 
les  causes  des  choses  et  de  savoir  à  qui  doit  incomber  la  res- 
ponsabilité. En  définitive,  cela  ne  fait  de  mal  à  personne.  » 

De  son  côté  M.  Willermoz  a  traité  la  question  de  l'influence 
de  la  lune  sur  la  végétation,  d'une  manière  très-remarquable 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'horticulture  du  Rhône  ;  M,  Por- 
cher a  cru  utile  de  faire  l'analyse  de  ce  petit  travail  et  de  la 
publier  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'Orléans,  auquel  les 
Annales  de  la  Société  de  Maine-et-Loire  l'ont  empruntée. 

Il  résulte  des  recherches  opérées  par  M.  Villermoz  que  c'est 
Aristole,  et  sa  docte  cabale,  qui  ont  inventé  les  fables  qu'on 
débite  sur  les  effets  de  la  lune.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que 
ces  croyances  aient  été  adoptées  et  propagées  avec  confiance, 
—  vu  la  parfaite  loyauté  du  mailre,  —  par  tous  les  illustres 


—  221   — 

savants,  ses  contemporains,  ou  qui  sont  venus  après  lui, 
Virgile,  Pline,  Galien,  etc. 

En  résumé  M.  Villermoz  range  au  nombre  des  erreurs  et  des 
préjugés  populaires  les  effets  attribués  à  la  lune  sur  la  végé- 
tation, et  M.  Porcher  termine  ainsi  son  analyse  : 

<!:  La  moralité  qu'il  faut  déduire  de  cette  conclusion,  c'est 
que  les  agriculteurs  elles  horticulteurs  doivent  éviter  de  perdre 
un  temps  précieux^  lorsque  le  temps  est  opportun  pour  se 
livrer  aux  opérations  de  la  culture.  Ils  n'ont  besoin,  pour  cela, 
ni  de  consulter  les  phases  de  la  lune,  ni  les  almanachs.  Nous 
leur  dirons,  comme  l'auteur,  en  terminant  :  Ne  croyez  pas  à 
l'influence  de  la  lune  sur  les  végétaux  :  semez,  plantez,  taillez 
et  coupez  lorsque  le  temps  est  favorable.  Ne  renvoyez  pas  au 
lendemain  ce  que  vous  pouvez  faire  le  jour  môme,  et  rappelez- 
vous  que  le  temps  perdu  est  irréparable.  > 

Ainsi  soit-il.  L'affaire  est  entendue  ;  nous  n'en  parlerons 
plus.  F.  Herincq. 


PURIFICATION  DES  EAUX  PUTRIDES  ET  MALSAINES. 

Purifier  et  rendre  salubres  des  eaux  stagnantes  ou  coulantes, 
contenant  des  matières  corrompues  et  des  déjections  nauséa- 
bondes, pour  obtenir  un  engrais  puissant,  tel  est  l'intéressant 
problème  qu'un  grand  nombre  de  personnes  compétentes  ont 
cherché  à  résoudre  depuis  quelques  années  et  dont  nous  pou  - 
vons  aujourd'hui  annoncer  la  solution. 

Depuis  longtemps,  en  effet,  des  cités  entières,  des  villages, 
môme  de  simples  individus  s'étaient  préoccupés  de  cette  im- 
portante amélioration,  et  ingénieurs,  chimistes  et  praticiens 
avaient  mis  leur  science  et  leur  zèle  à  son  service.  Dès  lors  de 
nombreux  procédés  furent  vantés  et  prônés  ;  mais  ces  théories 
qui  parurent  plausibles  dans  le  principe,  s'évanouirent  promp- 


—  222  — 

tement  devant  la  pratique  avec  laquelle  elles  étaient  incom- 
patibles. Ainsi,  entre  autres,  on  conseille  d'employer  le  charbon 
de  bois,  désinfectant  bien  connu,  ou  encore  de  mélanger  l'eau 
impure  avec  une  petite  quantité  d'eau  de  chaux.  Or,  on  reconnut 
bientôt  que  ce  réactif,  qui  pouvait,  il  est  vrai,  clarifier  le  liquide 
corrompu,  était  nuisible  à  la  vie  des  êtres  qui  vivent  dans  son 
sein,  tels  que  les  poissons  ;  et_,  en  outre,  il  ne  pouvait  pas  plus 
qu'avant  l'opération  servir  pour  les  lessivages  ou  Fart  culi- 
naire. Enfin,  selon  l'antique  et  vulgaire  expression,  on  trouva 
à  force  de  chercher. 

M.  Le  Chatelier,  ingénieur  en  chef  des  mines,  émit  l'idée 
de  se  servir  du  sulfate  d'alumine  et  commença  bientôt  l'ex- 
périence suivante,  conjointement  avec  M.  Léon  Durand-Claye^ 
directeur  adjoint  du  laboratoire  des  ponts  et  chaussées. 

Dans  une  quantité  donnée  d'eau  sale  et  putréfiée,  provenant 
même  des  égoùts,  on  mélangea  une  proportion  connue  de  sul- 
fate d'alumine  liquide  à  j  0°  Beaumé.  Sous  l'influence  de  cet 
agent,  si  utile  à  l'industrie  sous  d'autres  rapports,  les  ma- 
tières malsaines  se  précipitèrent  et  la  masse  totale  expéri- 
mentée se  divisa  en  deux  parties  bien  distinctes.  L'une  de- 
vint semblable  à  une  boue  noire,  spécimen  d'engrais,  suscep- 
tible d'être  desséchée  et  pulvérisée;  l'autre  partie  n'était  plus 
qu'une  eau  limpide  et  claire,  dépourvue  de  ses  principes  mal- 
faisants et,  en  outre,  propre  à  la  cuisson  des  légumes,  aux  les- 
sivages et  agréable  aux  poissons,  loin  de  leur  être  nuisible. 

Convaincue  de  ces  faits,  une  société  se  créa  bientôt,  sous  les 
auspices  de  l'administration  municipale  de  la  ville  de  Paris  et 
l'habile  direction  de  MM.  Mill  et  Alfred  DuranJ-Claye,  ingé- 
nieurs, pour  recueillir  les  eaux  d'égout,  à  la  sortie  du  grand 
collecteur  à  Asnières,  et  expérimenter  ce  procédé  dans  de  vastes 
bassins,  créés  par  elle,  à  cet  etfet,  dans  la  plaine  de  Gennevil- 
liers  (Seine) .  Ces  bassins  qui  se  trouvent,  à  proximité  d'une 
importante  fabrique  de  sulfate  d'alumine,   sont  disposés  de 


—  223  — 

façon  à  pouvoir  irriguer  et  arroser  les  champs  voisins  avec 
l'eau  d'égoût  à  son  arrivée,  selon  le  désir  des  cultivateurs 
riverains  et  moyennant  une  bien  faible  rétribution.  Mais  le 
principal  but  propose  en  les  créant,  a  été  de  retenir  le  dépôt 
boueux,  précieux  comme  engrais,  et  de  rendre  au  fleuve,  après 
l'avoT  purifiée,  l'eau  de  son  affluent  malsain. 

De  plus,  la  ville  de  Paris  a  acheté,  en  cet  endroit,  un  énorme 
champ  d'expériences  pour  l'essai  de  la  culture  des  plantes  de 
produit  ou  d'agrément  et  oii  des  irrigations  périodiques  et  fer- 
tilisantes ont  donné  naissance  à  une  végétation  luxuriante  sur 
laquelle  la  Société  centrale  d'Horticulture  s'exprimait  en  ces 
termes  (mai  1869)  : 

((  Afin  de  mieux  reconnaître  l'action  fertilisante  de  l'eau 
))  noire  des  égouts  et  du  terreau  qu'elle  dépose,  l'adminis- 
V  tralion  municipale  a  fait  l'acquisition  d'un  champ  compléte- 
JD  ment  épuisé  par  une  culture  sans  fumier  et  dans  lequol  un 
»  fermier  en  était  venu  jusqu'à  ne  plus  pouvoir  obtenir  même 
)>  de  maigres  récoltes  d'avoine.  Cette  terre  a  été  labourée 
î"  profondément,  après  quoi  on  y  a  mélangé  le  dépôt  de  l'eau 
y>  d'égoùt.  On  voit  que  les  produits  qu'on  en  obtient  dès  cet 
»  instant  sont  comparables  à  ceux  que  donne  la  culture  ma- 
i>  raîchère  courante,  tandis  que  précédemment,  il  est  certain 
y>  qu'on  n'aurait  pu  rien  retirer  de  ce  sol  épuisé.  » 

Depuis  lors  les  produits  de  cette  sorte  de  colonie  horticole, 
et  particulièrement  ceux  de  celte  année,  sont  d'une  richesse  de 
végétation  qui  fait  l'admiration  des  visiteurs. 

Pour  compléter  ces  renseignements,  sur  l'élablissement  de 
Gennevilliers,  laissons  parler  les  chiffres,  qui  ont  toujours  une 
grande  éloquence  au  début  d'une  spéculation  ou  d'une  expé- 
rience. 

Les  collecteurs  de  la  rive  gauche  et  de  la  rive  droite  réunis 
ensemble  à  Asnières  et  le  collecteur  départemental  à  St-Denis, 
donnent  ensemble,  par  jour,  un  débit  d'environ  260,000  mètres 


—  224  — 

cubes  d'eau  d'égout  ou  environ  95  millions  de  mètres  cubes 
par  an. 

Par  suite  du  dépôt  qui  ensable  le  lit  de  la  Seine,  les  frais  de 
dragage  se  montent  à  environ  cent  mille  francs  par  an,  car  un 
mètre  cube  d'eau  sortant  du  collecteur  renferme  jusqu'à  trois 
kilogrammes  de  matières  fertilisantes.  La  quantité  de  ce 
terreau  peut  donc  s'élever,  par  an,  jusqu'à  285  millions  de 
kilogrammes  d'engrais  pur. 

Un  crédit  de  800,000  fr.  a  été  d'abord  ouvert  par  la  ville  de 
Paris.  Provisoirement  cinq  ou  six  mille  mètres  cubes  d'eau 
sont  purifiés  chaque  jour. 

Les  ingénieurs  distingués,  que  nous  avons  nommés,  de- 
mandent, pour  frais  d'installation,  dix  millions  et  environ  un 
million  pour  l'exploitation  annuelle.  Ces  chiffres  qui  paraissent 
énormes,  se  trouveront  compensés  par  la  vente  de  l'engrais 
et  le  bienfait  d'une  eau  salubre  alimentant  la  capitale,  qui 
désormais  n'aura  plus  à  envier  la  plantureuse  végétation, 
semblablement  produite  aux  portes  d'Edimbourg,  de  Milan  et 
de  Valence. 

Enfin,  faite  en  grande  ou  en  petite  quantité,  cette  clarifica- 
tion, au  moyen  d'un  produit  chimique  peu  coûteux,  procure 
non-seulement  un  précieux  fertihsant,  mais  assainit  encore 
toute  eau  putride,  depuis  la  mare  exhalant  ses  odeurs  fétides 
et  malsaines  devant  Thabitation  du  villageois,  jusqu'au  fleuve 
dont  l'onde  corrompue  baigne  et  aUmente  les  cités  populeuses. 
C'est  à  ces  titres  divers  et  à  cause  des  avantages  qu'elle  pré- 
sage que  nous  avons  cru  qu'elle  méritait  d'être  signalée  à  tous 
les  amis  du  progrès  utile  et  bienfaisant. 

Henri  Quevilly. 


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ET    L'DSAGE   DES   I^STRUMENTS  NOUVEAOX, 

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DES  iffiTEORS  f T  DES  PRINCIPAUX  HORTICDLTEDR^  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DK 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTECR  EN   CHEF. 
iTTicaé    ào    mcséom    d'histoibe    MiLTURELLe   UE   Paris, 

Collaborateur    du     Stanael     Jet    niamei,    des     figures    du   Bon     JarUInltt, 

Ex-Rédacteur  principal  de  la  SocUii  Whoriicuiiure  di  la  Semt , 
Membre   boaoraire   et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'borticulture,   etc. 


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tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  DN  franc  sert  à  pa^er  les  frais  de  négociation  de 
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Par  André  LEROY, 

pépiniériste, 

Cbevalier  de  la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  président 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


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SOMMAIRE  DU  IVUHERO    D'AOUT. 

F.  Herincq,  Chronique.  —  0.  Leschyer.  le  Weigelia  Lowii  (PI.  VIII).  — 
Ern.  Bernard.  Les  Phlox  :  choix  des  meilleures  variétés.  —  Louesse.  Les  Cactus 
Rafinesquiana   et  vulgaris.  —  Eue.  de  Martragay.  Laurier-Cerise  à 

larges  feuilles.  — G.  d'Hangest.  Boulures  de  Rosiers.  —  Guenin-Gauthrot.  Moyen 
de  faire  fructifier  le  Poirier.  —  F.  Herincq.  Kote  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
Végétation  :  suppression  de  fruits  sur  le  Pêcher  ;  Pêches  sur  un  rameau  sans 
feuilles.  —  Dagorno  aîné.  Cul I  are  dt's  Choux-fleurs  à  Paris  et  aux  environs.  — 
V  F.  Herinco.  La  Géothermie.  —  Totius.  Petites  nouvelles;,  rusticité;  vitalité  des 
grettes  d'arbres  fruitiers  ;  Champignons  cultivés  dans  des  écuries  ;  Pommes  de  terre 
du  Chili;  Orangers  nains  delà  Chine;  Violette  double  de  Brandi  ;  étiquettes;  Vallota 
purpurea;  piège  à  Loirs;  destruction  du  Tigre;  destruction  des  Courtilières.  — 
Travaux  du  mois  de  Septembre. 


CHRONIQUE 

Caractère  d'une  chronique.  Procédé  Duchesne-Thoureau  pour  la  culture  de  la 
Vigne;  opposition  de  recelé  des  mutilations;  ses  objections  au  sujet  de  ce 
système  ;  adhésion  de  la  Société  d'horticulture  de  l'Aube  et  du  congrès  vi- 
licole  de  Beaune.  Procédé  Clos,  pour  répandre  l'erreur  au  sujet  du  Radia 
sauvage  amélioré.  Rusticité  au  Benthamia  fragifera  à  Toulouse-  assertion 
à  réformer  à  son  égard  dans  le  Manuel  des  plantes  de  Jacques  et  Herincq; 
Toulouse  n'est  pas  où  levain  peuple  pense.  Statistique  horticole  du  déparle- 
•  ment  de  la  Haute-Garonne.  La  violelle  de  Parme  doit  être  débaptisée.  On 
déraisonne  toujours  autour  de  l'inâueDce  de  la  greffe  et  du  sujet. 

Mon  être  tout  entier  est  pénétré  de  tristesse.  Vingt  fois  j'ai 
pris  la  plume  pour  commencer  ma  tâche  mensuelle,  et  vingt 
fois  je  l'ai  déposée  ne  trouvant  pas  im  mot  à  tracer.  C'est  que, 
quand  les  engins  de  la  mort  moissonnent  peut-être  des  exis- 
tences amies,  quel  que  soit  la  légèreté  du  cerveau,  le  cœur  est 
peu  disposé  à  lancer  des  fusées  joyeuses;  et  ma  conviction  est 
qu'une  chronique  ne  doit  pas  être  un  diluvium  de  bombes 
asphyxiantes,  comme  un  discours  académique.  Mes  adver- 
saires diront  ce  qu'ils  voudront  de  cet  aveu  ;  ils  me  traiteront, 
s'ils  veulent,  d'esprit  léger,  d'ennemi  de  la  science  et  des 


—  226  — 

institutions  scientifiques,  peu  m'importe.  Je  démontrerai, 
quand  il  le  faudra,  qu'çn  dévoilant  des  abus,  qu'en  frappant 
d'ironie  certains  faits  et  les  actes  de  certains  hommes_,  j'ai 
toujours  servi,  avec  le  plus  entier  désintéressement,  ce  qu'on 
prétend  que  je  cherche  à  desservir.  Si  V Horticulteur  français 
ne  suffit  pas,  j'ai  de  plus  paissants  moyens  de  publicité  que 
j 'appellerai j  alors,  à  mon  aide,  pour  faire  la  lumière  sur  ce 
que  des  intérêts  purement  .personnels  veulent  tenir  dans  Je 
sombre  obscur  ;  cliaeun  verra  si  je  trahis  ou  si  je  sers  les 
intérêts  qui  me  sont  confiés. 

En  attendant,  continuons  de  combattre  pour  la  ^oire  de 
l'horticulture,  et  le  salut  de  quelques  vieux  routiniers  qui 
s'encroûtent  dans  les  anciennes  méthodes  et  qui  se  prétendent 
cependant  grands  amis  du  progrès. 

Parmi  les  procédés  de  culture  de  la  Vigne  qui  ont  été  mis 
en  évidence  depuis  quelques  années,  il  en  est  un  qui  occupe 
actuellement  beaucoup  les  arboriculteurs,  non  pas  parce  que 
il  est  agréé  et  proclamé  dans  le  monde  horticole  ;  bien  au  con- 
traire. Ce  système  n'a  été  révélé,  pour  ainsi  dire,  au  public, 
que  par  des  controverses  et  des  dénégations  sans  nombre, 
quand  il  n'était  pas  accueilli  avec  un  profond  dédain,  au  sein 
de  certaines  sociétés  d'horticulture  :  ce  système  est  une  sorte 
d'hybride  de  la  non-taille,  et  de  la  taille  à  long  bois. 

Et  je  l'avoue,  mon  opinion  était  un  peu  celle  de  tout  ce 
monde,  c'est-à-dire  que,  subissant  l'entraînement  général^  je 
ne  me  permettrais  pas  de  supposer  que  les  hommes  considé- 
rables-qui  avaient  condamné  le  procédé,  se  fussent  prononces 
sans  une  pleine  et  entière  connaissance  de  cause.  En  outre, 
rien  ne  m'autorisait  à  croire  qjie  la  passion,  ou  tout  autre  mo- 
bile plus  ou  moins  inavouable,  eût  dicté  les  décisions  souve- 
raines que,  comme  tant  d'autres,  j'acceptais  de  confiance,  sans 
chercher  à  les  contrôler,  Mais  depuis  l'aiTaire  du  fameux  Radis 
sauvage  amélioré,  je  sais  ce  que  valent  le  contrôle  et  l'ap- 


—  227  — 

probation  de  certains  hommes,  de  certaines  sociétés  d'hor- 
ticulture. 

Dans  cette  question  de  la  Vigne,  une  chose,  toutefois,  m'a- 
vait frappé  :  c'était  le  courage  et  l'énergie  qu'en  toute  occa- 
sion déployait  le  promoteur  de  ce  système,  M.  Duchesne- 
Thoureau,  qui,  depuis  neuf  ou  dix  ans^  persistait  et  s'ohstinait 
aie  rapporter  incessamment  sur  le  terrain  de  la  discussion, 
malgré  l'unanime  improbation  de  nos  arboriculteurs,  et  quand 
il  savait,  à  l'avance,  que  dans  toutes  nouvelles  discussions  sa 
voix  serait  étouffée  par  les  dénégations  d'une  assemblée  pré- 
venue contre  lui,  et  qu'il  serait  seul  à  soutenir  son  sys- 
tème. 

Malgré  l'inégalité  de  la  lutte  —  un  contre  tous  —  M.  Du- 
chesne  n'a  pas  reculé  d'une  semelle  ;  son  courage  n'a  pas  fai- 
bli. Il  est  vrai  que,  dans  plusieurs  concours  horticoles  et  agri- 
coles des  départements,  il  a  remporté  divers  succès  qui,  —  il 
faut  le  dire  aussi^  —  au  lieu  de  lui  être  utiles,  n'ont  fait  que 
soulever  plus  d'hostilités  de  la  part  des  partisans  de  l'école 
adverse. 

La  Société  (T horticulture  de  l'Aube^  qui  pendant  longtemps  a 
tenu  rigueur  à  M.  Ducliesne,  a  fini  par  reconnaître  qu'elle  avait 
eu  tort  de  fermer  les  yeux  et  de  rejeter  son  procédé,  sur  de 
simples  assertions  acceptées  de  confiance  et  sans  examen.  Dans 
un  long  rapport  très-circonstancié,  une  commission  composée 
d'hommes  spéciaux  et  bien  connus  de  cette  société,  déclare  et 
proclame  hautement,  aujourd'hui,  que  les  cultures  viticoles  de 
M.  Duchesne,  loin  d'être  défectueuses,  comme  l'assure  l'école 
adverse,  sont  au  contraire  tellement  supérieures  à  ce  qui  est 
pratiqué  en  général,  que,  grâce  à  son  initiation,  une  voie  nou- 
velle et  féconde  est  ouverte  ^  l'horticulture;  qu'en  un  mot 
l'auteur  de  ce  procédé  a  été  victime  de  préventions  que  rien 
ne  justifie.  Et  ladite  commission,  voulant  confirmer  par  une 
adhésion,  sans  réserve,  l'utilité  des  cultures  qui  lui  ont  été  sou- 


—  228  — - 

mises,  n*a  point  hésité  à  demander  pour  M.  Duchesne  une 

médaille  de  vermeil. 

Presque  en  même  temps  le  congrès  universel  de  viticulture 

réuni  à  Beaune  (Côte-d'Or),  statuait  sur  le  même  procédé  de 

culture  en  décernant,  à  l'auteur,  une  médaille  d'or;  et,  au  der- 
nier concours  agricole  du  Palais  de  l'industrie  à  Paris,  chacun 
s'arrêtait  et  admirait,  comme  nous,  les  produits  remarquables 
exposés,  par  M.  Duchesne,  et  s'informait  des  procédés  de 
culture  qui  permettent  d'obtenir  des  résultats  aussi  prodi- 
gieux. 

Aussi,  ai-je  quelque  peu  modifié  mes  impressions  premières, 
qui  n'étaient  pas  précisément  favorable  au  procédé  Duchesne, 
et  suis-je  surpris  de  voir  l'opposition  acharnée  qu'on  conti- 
nue de  lui  faire,  dans  des  sociétés  qui  se  déclarent,  toujours, 
instituées  pour  le  progrès  de  l'horticulture,  mais  qui  défen- 
dent, il  est  vrai,  avec  un  égal  acharnement,  l'erreur. et  les  pré- 
jugés, sans  autres  faits  que  la  bonne  foi  des  inventeurs. 

Actuellement,  se  voyant  battus,  les  défenseurs  de  l'école 
delà  nmtilation  des  arbres  réduisent  leur  opposition  à  trois 
objections  :"!•  que  le  procédé  Duchesne  est  impraticable  sous 
le  climat  de  Paris;  2"*  que  les  raisins  n'acquièrent  pas  un  degré 
parfait  de  maturité  sous  le  climat  de  Paris;  3°  que  la  produc- 
tion exagérée  de  ce  procédé  ne  peut  pas  être  maintenue  pendant 
de  longues  années,  sans  préjudice  pour  l'arbre  ou  le  cépage. 
Or,  M.  Duchesne  a  fait,  sur  plusieurs  points  aux  environs  de 
Paris,  des  applications  de  son  système;  j'en  ai  vu  quelques- 
unes,  et  je  n'hésite  pas  à  déclarer  que  je  suis  convaincu  et  dé- 
cidé à  défendre  un  mode  de  culture  qui  produit  des  résultats 
aussi  surprenants.  Mais  nous  laisserons  la  parole  à  M.  Du- 
chesne, qui  veut  bien  développer  lui-même  son  procédé  dans 
\' Horticulteur  ;  nous  en  commencerons  la  publication  dans  un 
prochainlnuméro,  et  nous  en  recommandons  tout  particulière- 
ment la  lecture. 


—  229  — 

En  fait  de  procédé,  en  voici  un  qui  est  employé  par  la  So- 
ciété d'horticulture  de  la  Haute-Garonne,  pour» venir  en.  aide  à 
sa  sœur  de  Paris  en  détresse  : 

«  On  connaît,  dit  l'honorable  président  Clos,  les  expériences 
par  lesquelles  M.  Carrière  est  arrivé  à  faire  du  Raplianus  ra^ 
phanistrum  une  plante  domestique.  La  valeur  et  le  succès  de 
ces  expériences  ayant  été  contestés,  elles  ont  été  renouvelées 
dans  le  sein  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture, 
et  les  résultats  ont  été  le*  miêmes  que  ceux  obtenus  par  M.  Car- 
rière. ». 

Qu'ai-je  donc  fait  à  l'honorable  président  de  laSociétô  d'hor- 
ticulture de  la  Haute-Garonne,  pour  qu'il  rapporte  ainsi  l'his- 
toire dans  le  dernier  bulletin  de  cette  Société?  Il  n'ignore  pas 
cependant  que  la  Société  impériale  et  centrale  n'a  pas  de 
sem,  c'est-à-dire  de  jardin,  et  ^qu'elle  n'a  pas  pn,  par  consé- 
quent, renouveler  les  expériences  qui,  en  outre,  demandent 
au  moins  quatre  années  pour  donner  les  résultats.  Il  sait  aussi, 
car  c'est  inscrit  au  journal  de  celte  Société,  que  les  premiers 
essais  entrepris  par  quelques  membres  du  comité  des  cultures 
expérimentales,  en  dehors  de  son  sein,  et  sans  y  avoir  été  in- 
vité par  elle,  ont  été  bouleversés  complètement,  et  que  ces 
essais  ont  été  abandonnés.  Qu'ai-je  donc  pu  faire  —  je  me  le 
redemande — à  cet  honorable  président,  ami  de  la  vérité  et  du 
progrès  scientifique,  pour  écrire  ainsi  l'histoire  ?  En  tout  cas, 
je  ne  recommande  pas  son  procédé  aux  autres  présidents  de 
sociétés,  pour  propager  l'erreur  et  l'absurde;  car  ce  n'est  pas 
précisément  de  l'honnêteté  scientifique.  Et  on  trouve  étonnant 
que  je  doute  parfois  de  la  sincérité  des  assertions  de  certains 
savants  !  On  serait  incrédide  à  moins. 

La  même  numéro  des  Annales  de  la  Société  d'horticulture 
de  la  Haute-Garonne;  contient  un  article  tres-intéressant  sur 
la  rusticité  du  Benthamia  fragiferay  dans  lequel  se  trouvent 
ces  passages  :  <t  On  lit,  dit  le  D'  Clos,  dans  le  Manuel  général 


—  230  — 

des  planteSj,  de  Jacques  et  Herincq,  au  sujet  du  Benthamia 
fragifera,  arbrisseau  du  Nepaul  :  «  Jusqu'aujourd'hui  ce  bel 
arbrisseau  est  cultivé  en  orangerie  ;  dans  le  midi  il  est  pro- 
bable qu'il  pourrait  supporter  le  froid  de  nos  hivers,  3)0r,  ajoute 
M.  Clos,  deux  faits  prouvent  sa  parfaite  rusticité  sous  le  climat 
toulousain...  Il  y  a  donc  lieu  de  réformer  cette  assertion...  »  — 
Bien  bon  ce  brave  M.  Clos.  Franchement  j'ignorais  que  Toulouse 
fût  situé  dans  le  nord  de  la  France.  Qu'ai-je  donc  fait,  encore 
une  fois,  à  M.  le  président  pour  qu'il  m'en  veuille  ainsi  ?  Cette 
petite  haine  mal  déguisée  ne  troublera  pas  ce  soir  mon  pai- 
sible sommeil.  Je  suis  tellement  habitué  aux  petites  choses 
qu'on  débite  de  toute  part  contre  moi,  que  je  m'amuse  et  ris 
de  bon  cœur  des  petitesses  de  tous  ces  petits  esprits,  qui  s'a- 
baissent à  employer  de  si  pauvres  moyens  de  vengeance.  Je 
me  sens  grandir  en  les  voyant  se  faire  si  petits.  Décidé- 
ment tous  les  savants  ne  sont  pas  de  grands  hommes  et  il 
y  en  a  qui  rnanquent  absolument  de  noblesse  et  de  di- 
gnité  

Toulouse  fournit  autre  chose  que  de  ces  petitesses  d'esprit  : 
son  territoire  produit  pour  7,65-4,488  fr.  de  bons  légumes, 
oh  trouve  dans  les  Annales  de  sa  Société  d'horticulture  un 
tableau  statistique  résumant  l'importance  des  cultures  po- 
tagères et  maraictières  du  département  de  la  Haute-Garonne, 
que,  naïvement,  je  plaçais  dans  la  région  méridionale  de  la 
France.  Excellent  M.  Clos  ;  comme  Sganarelle,  il  a  changé 
tout  cela,  et  mon  ignorance  fait  que  je  l'ignorais  î  Donc  :  l'é- 
tendue des  vergers,  pépinières  et  jardins  de  la  Haute-Garonne 
est  évaluée  à  4,427  hectares  95  centiares ,  ce  qui,  à  raison 
d'une  population  de  495,777  habitants,  représente  une  su- 
perticie  de  90  centiares  environ  par  habitant. 

Le  tableau  suivant  est  très-instructif,  en  ce  qu'il  montre  la 
production  relative  de  chaque  plante,  et  celles  qui  sont  les 
plus  avantageuses  à  cultiver  : 


—  231  — 

Nombre  d'hectares  Produit  total.  Valeur  totale, 

cultivés.  , 

Haricots  frais 811  9,538  hectol.  195,090  fr. 

—       secs '.   .  .  4,079  33,877  —  8'4,465 

Fèves  et  féverolles   fraîches...  776  13,388  —  153,614 

—                —          sèches.    .    .  7,693  94,099  —  1,262,888 

Lentilles 327  3,368  —  9S,467 

Pois   frais 324  6,168  —  M  7,431 

—     secs 872  7,582  —  181,279 

Choux ;  1,440  325,009  q.  m.  2,931,708 

Carottes,  navels  et  panais. ...  346  58,650  —  509,251 

Citrouilles   et  courges 128  44,451  —  273,128 

Melons  et    pastèques 38  14,i42  —  214,464 

Asperges 47  1,479  —  62,318 

Salades  diverses. 119  18,052  —  210,705 

Autres  légumes 209  15,740  —  526,400 

Artichaux 40  3,476  —  80,280 

Si  ce  tableau  est  exact,  17^241  hectares,  cultivés  en  plantes 
maraîchères  et  légumière's,  auraient  produit  une  somme  de 
7,634,488  fr.,  soit  en  moyenne  442  fr.  par  hectare.  Mais  on 
peut  voir,  s'il  n'y  a  pas  d'erreur  dans  les  chiffres,  que  le  chou 
est  beaucoup  plus  avantageux  à  cultiver,  puisque  1,440  hec- 
tares ont  rapporté  2,931,708  fr.,  ;^tandis  que  7,695  hectares  de 
fèves  sèches  n'ont  produit  que  1,262,888.  La  moyenne  par 
hectare  pour  les  choux  serait  environ  de  2,035  fr.,  tandis  que 
pour  les  fèves  elle  n'est  que  dp  1 64,  les  haricots  frais  de  240  fr. 

On  voit,  par  cette  résultante,  toute  l'importance  de  ces  ta- 
bleaux pour  les  cultivateurs.  Mais  il  y  a  erreur,  bien  cerlaine- 
uient;  la  différence  est  trop  grande.  Après  cela,  c'est  de  la 
statistique^  et  chacun  conilaît  la  valeur  de  ses  allégations. 
Ainsi,  par  exemple,  à  la  page  57  du  même  Bulletin,  on  dit 
cette  fois  que  «  le  rendement  de  la  terre  des  marais,  à  Tou- 
louse, n'est  pas  inférieur  à  1,200  fr.  par  hectare  et  qu'il  s'é- 
lève parfois  à  2  et  3,000  fr... 

Une  culture  qui  a  pris  une  grande  extension  dans  cette  ville 
est  celle  de  la  Violette  de  Parme,  que  ces  messieurs  de  la 
Haute-Garonne  demandent  à  débaptiser.  M.  de  Gomiecourt, 
dans  son  rapport  sur  la  création,  à  Toulouse,  d'une   école 


—  232  — 

régionale  agricole,  s'exprime  sur  cette  question  en  ces  termes  : 
«  La  Violette  dite  de  Parme,  quHl  serait  bien  phs  juste  de 
désigner  sous  le  nom  de  Violette  de  Toulouse,  puisqu'elle  as- 
sure aux  habiles  cultivateurs  voisins  de  la  ville  des  rémuné- 
rations annuelles  de  plus  de  quatre-vingt  mille  francs,  etc.  b 

On  continue  à  déraisonner  autour  de  l'influence  delà  greffe, 
sur  le  sujet  et  du  sujet  sur  la  greffe.  Les  partisans  de  cette  in- 
fluence s'appuient  sur  deux  cas  :  sur  un  Abutilon  et  sur  un 
Jasminum.  Il  y  a  bien  des  milliers  de  faits  contraires  ;  mais 
pour  eux  ils  ne  prouvent  rien.  Un  seul  fait  suffit  aux  savants 
pour  établir  un  principe  :  Qu'un  enfant,  par  exemple,  naisse 
un  jour  avec  de  longues  oreilles  pointues,  et  aussitôt  ils  éta- 
bliront, sans  sourciller,  que  l'espèce  humaine  appartient  au 
genre  Asinus  qui  se  traduit,  en  français,  par  le  mot  âne.  On 
serait  peut-être  plus  près,  ici,  de  la  vérité  que  dans  la  ques- 
tion de  l'influence  de  la  greffe  ;  car  des  cas  d'ânerie  se 
révèlent-très  souvent  chez  des  individus  appartenant  à  notre 
intelligente  et  spirituelle  espèce. 

F.  Herincq. 


WEIGELIA  LOWII  (PL.  VIII). 

Parmi  les  nombreuses  variétés  de  Weigelia  livrées  au  com- 
merce depuis  quelques  années,  le,  Lowii.  est  certainement  le 
plus  curieux  par  le  coloris  foncé  de  ses  fleurs. 

Son  origine  n'a  pas  été  donnée.  On  aurait  pu  ce  pend  a  ut  faire 
descendre  ce  nouveau  venu  du  Weigelia  rosea  fécoadé  par  le 
W.  multiflora.  Le  fait  d'hybridation  était  facile  à  établir  ;  mais 
M.  Lemoine,  de  Nancy,  a  pensé  qu'on  ne  le  croirait  pas  et  il 
s'est  contenté  d'annoncer  son  nouveau  gain  en  ces  termes  : 
€  C'est  le  Weigelia  rosea  produisant  des  fleurs  régulières,  trois 
fois  grandes  comme  celles  du  Diervilla  multiflora  de  couleur 


'fiiith.-rl     /ti'n.fi'/ 


—  233  — 

rouge  sang-dragon,  boutons  àe  même  couleur  mais  plus  pour- 
pré cramoisi.  »• 

En  effet,  le  Weigelia  Lowii  est  un  arbrisseau  vigoureux,  à 
feuilles  ovales  opposées,  dentelées,  d'un  beau  vert  tendre  et 
à  fleurs  grandes,  comme  dans  le  W.  rosea;  mais  ces  fleurs 
sont  presque  régulières,  et  forment  des  grappes  terminales. 
Leur  couleur  est  tout  à  fait  celle  du  W.  multiflora  ;  c'est  un 
rouge  brun  très-foncé  presque  noir.  Celte  nouvelle  variété  est 
la  plus  distincte  et  la  plus  intéressante  du  genre. 

0.  Lesguyer. 


LES  PHLOX. 

Choix  de  variétés, 

Depiiis  1834  que  parurent  les  premiers  Plilox  perfectionnés, 
le  nombre  des  variétés  n'a  fait  que  croître.  C'est  par  centaines, 
aujourd'hui,  qu'on  les  compte.  Mais  comme  pour  tous  les 
genres  sur  lesquels  les  cultivateurs  ont  porté  leur  attention, 
celui-ci  a  besoin  d'être  soumis  à  l'examen  pour  en  sortir  les 
variétés  les  plus  méritantes  et  les  plus  distinctes.  Sans  doute 
elles  diffèrent  toutes  entre  elles  par  certains  caractères  plu» 
ou  moins  appréciables.  Pour  le  collectionneur  qui  s'attache 
aux  nuances,  toutes  sont  acceptables;  mais  pour  l'amateur  or- 
nemaniste qui  cherche  des  couleurs  à  opposer  l'une  à  l'autre, 
pour  faire  des  groupes,  les  coloris  bien  tranchés  sont  très-li- 
mités dans  ce  genre  ;  c'est  pour  lui  que  nous  avons  fait  un 
choix  qui  réduit  considérablement  le  nombre  de  variétés. 

On  peut  diviser  les  Phlox  en  cinq  séries  :  les  blancs  purs, 
les  fonds  blancs,  les  roses,  et  les  rouges,  qui  varient  du  rouge' 
vif  au  rouge  foncé  avec  des  nuances  de  lilas,  de  violet  et  de 
saumon  ;  enfin  les  panachés.  Voici  notre  choix  : 


Blanc  pur. 

Roi  des  blancs,  est  toujours  le  plus  beau;  ses  fleurs  sont 
grandes,  formant  de  fortes  panicules  coniques.  Plante  naine 
trapue. 

Fond  hianc. 

Madame  Domage.  Plante  trapue  ;  fleurs  grandes  à  œil  carminé 
nettement  tranché,  et  disposées  en  larges  panicules  ramifiées. 

Comtesse  de  la  Panousse.  Grande  fleur  à  œil  carmin  vif  se 
fondant  sur  les  bords  avec  le  blanc,  et  formant  de  larges  pa- 
nicules. 

Christine  Nilsson.  Moins  élevé  que  le  précédent,  à  fleurs 
plus  petites,  mais  à  panicules  plus  compactes. 

Roses. 

Gloire  de  Neuilly.  Rameux  ;  fleurs  rose  andrinople  nuancé 
de  saumoné,  avec  œil  carmin  vif. 

L'Avenir.  A  rameaux  dressés,  à  grandes  fleurs  rose  sau- 
moné, en  panicule  pyramidale  rameuse.  Très-florifère. 

Rêve  d^or.  Plus  cuivré  que  le  précédent,  et  à  panicules  éta- 
lées ombelliformes. 

Auguste  Février .  Plante  naine  trapue,  à  fleurs  rose  solfé- 
rino  avec  œil  carmin  vif,  en  forte  panicule. 

M.  Saison.  Fleurs  rose  pourpré  avec  œil  carmin  vif. 

Gloire  des  armes.  Variété  naine,  à  fleurs  roses. 

Hébé.  Plante  naine  trapue,  à  fleurs  rose  lilacé  clair  avec  œil 
purpurin. 

Rouges. 

V.  Bonneau.  Rouge  pourpre  foncé  en  panicule  pyramidale. 
Atropurpurea.  Le  plus  foncé  des  rouges. 
Charles  Turner.  Fleurs  rouge  carminé  saumoné. 
Figaro.  Fleurs  rouge  saumoné  vif  Irès-éclatant. 


—  235  — 

Panachés. 

Croix  de  Saint-Louis.  Fleurs  violet  du  Japon  ou  violet  rouge 
avec  cinq  bandes  blanches  fornlant  la  croix  de  Malte. 

Liervalii.  Fleurs  rose  vif  avec  cinq  bandes  comme  dans  le 
précédent. 

Telles  sont  les  variétés  qui  offrent  les  nuances  les  plus 
tranchées. 

Parmi  les  nouveautés  dernières,  nous  n'avons  distingué  que 
le  Phlox  Lierval  à  fleurs  rouge  ardoisé;  teinte  fausse,  mais  de 
laquelle  pourra  sortir  une  nuance  nouvelle. 

Pour  les  collectionneurs,  nous  ajouterons  la  liste  des  nou- 
veautés de  M.  Lierval;  elle  comprend  :  xM'"  Marie  Saison, 
M""  Guilloteaux,  Comtesse  de  Fernandona;  Duchesse  de  Bauf- 
fremont,  M"»  Moisset,  M"""  Verlot,  M.  Conrad,  M.  de  la  Devan- 
saye,  "M.  Duchartre,  M.  Gardner  Brewer,  M.  Guilloteaux, 
M.  Goldenschuch,  M.  Herincq,  M.  Rafarin,  Souvenir  de 
M.  Poitevin,  Triomphe  du  Parc  de  Neuilly. 

Nous  ajouterons  que  les  Phlox  sont  des  plantes  voraces  qui 
aiment  Tair  et  la  bonne  nourriture,  et  que,  pour  en  obtenir  une 
belle  floraison_,  il  faut  les  planter  à  l'automne,  presque  aussi- 
tôt après  le  dessèchement  des  'fleurs.  On  les  plante  en  éclat 
d'un  seul  brin.  On  laisse  la  tige,  qu'on  ne  retranche  que  quand 
elle  est  parfaitement  desséchée.  En  opérant  ainsi,  on  a,  l'année 

suivante,  des  panicules  très- amples. 

Ern.  Bonard. 


LES  OPUNTIA  RAFINESQUIANA  ET  VULGARIS  (1). 

L'annonce  d*une  Gactéé  asseï  rustique  pour  supporter  les 
hivers,  sous  le  climat  de  Paris,  est  un  fait  assez  étrange  pour 

(1)  Journal  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture  de  France. 


—  236  — 

devoir  attirer  l'attention  des  amateurs  de  nouveautés;  j'ai  dû, 
comme  beaucoup  d'autres  personnes,  chercher  à  me  procurer 
cette  espèce  qu'on  voit  déjà  dans  plusieurs  collections  et  qui 
porte  le  nom  d'Opuntia  Rafinesquiana,  de  Engelmann.  N'en 
ayant  que  peu  d'individus  a  ma  disposition,  je  les  ai  plantés, 
pour  plus  de  sécurité,  dans  un  terrain  sec,  en  pente  et  parfai- 
tement abrité;  ils  ont  fait  une  pousse  pendant  la  saison, 
c'est-à-dire  qu'ils  ont  augmenté  d'une  division  ou  raquette  à 
la  façon  des  Opuntia  ;  laissés  à  eux-mêmes  pendant  la  saison 
rigoureuse  et  sans  couverture  d'aucune  sorte,  ils  ont  très-bien 
passé  l'hiver.  Lorsque  je  les  ai  examinés  au  mois  de  mars,  je 
les  ai  trouvés  seulement  un  peu  ridés  et  ramollis  ;  mais  bientôt 
ils  se  sont  raffermis  et  ont  repris  leur  couleur  verte  habituelle  ; 
depuis  la  fin  d'avril  ils  sont  en  végétation.  V Opuntia  Ra fines- 
quiana  a,  par  conséquent,  supporté  un  froid  de  treize  degrés, 
quia  été  la  température  la  plus  basse  de  l'hiver  dernier.  On 
nous  assure  que  plus  au  nord,  il  a  enduré  jusqu'à  vingt  degrés 
de  froid,  ce  qui  viendrait  confirmer  l'entière  rusticité  de  cette 
espèce. 

Il  est  vraiment  digne  d'attention  de  voir  une  plante  apparte- 
nant à  la  famille  des  Cactées  se  conserver  sous  une  couche  de 
neige  et  exposée  à  toutes  les  rigueurs  de  nos  hivers,  et  cela 
sans  en  souffrir  en  rieu.  UOpuntia  vulgaris  résiste  bien  à  quel- 
ques degrés  de  froid  dans  certaines  contrées;  mais  je  crois 
qu'il  ne  supporterait  pas  les  froids  que  peut  endurer  YOpun" 
tia  Rafinesquiana  (1). 

C'est  de  l'Amérique  du  Nord,  dans  les  États-Unis^  que  nous 
est  venue  cette  singulière  plante^  qu'on  rencontre  en  quantité 
dans  le  Misso:iri,  l'Illinois  et  même  dans  certaines  parties  du 
Mexique .  Elle  y  produit  des  fruits  violets,  allongés,  plus  petits 


(I)  Cette  espèce  est  tout  aussi  rustique  que  le  Bafinesquiana;  une  forte  touffe 
passé  l'hiver  dernier  en  plein  air,  à  Paris,  sans  souffrir.        F.  HERtNCQ. 


—  237  — 

que  la  Figue-d'Inde;  on  en  Vend  sur  les  marchés  de  New- York, 
où  ils  sont  recherchés  par  les  enfants  ;  ce  qui  indiquerait  qu'ils 
ont  peu  de  valeur. 

L'emploi  de  VOpuntia  Rafinesquiana  dans  nos  cultures  sera 
celui  de  plante  de  rocailles.  En  le  plantant  sur  les  rochers,  au 
plein  soleil  et  dans  une  position  à  l'abri  des  coups  de  vent, 
dans  un  sol  qui  ne  retienne  pas  l'humidité,  on  en  fera  une 
plante  qui  attirera  les  regards  par  sa  forme  insohte  et  cojitras- 
tera  singulièrement  avec  toutes  celles  que  nous  possédons 
déjà;  l'étrange  structure  de  ce  végétal,  appartenant  à  des 
formes  qu'on  ne  voit  que  dans  les  serres,  sera  un  ornement  de 
plus  pour  les  jardins,  où  sa  grande  rusticité  le  fera  rechercher. 
VOpuntia  Rafinesquiana  se  multiplie,  comme  les  autres  espèces 
de  ce  genre,  par  la  séparation  des  plaques  ou  raquettes,  qui 
s'enracinent  facilement  ;  les  fleurs  en  sont  jaunes. 

LOUESSE. 


LAURIER  CERISE  A  LARGES  FEUILLES. 

On  a  fait  grand  bruit  autour  d'un  Laurier  cerise,  trouvé  par 
M.  Berlin,  de  Versailles,  dans  un  semis  de  Prunus  Colchica  ou 
Caucasica,  et  qui  a  pris  place  dans  le  commerce  sous  le  nom 
de  Cerasus  ou  Prunus  Laurocerasus  latifolia.  Nous  avons  vu 
le  pied'mère  à  l'Exposition  de  Paris  Pannée  dernière.  C'était 
un  bel  arbre  de  forme  pyramidale,  à  rameaux  dressés  garnis  de 
feuilles  épaisses,  d'un  beau  vert. foncé  luisant,  et  d'une  gran- 
deur réellement  extraordinaire.  Mais  cette  ampleur  du  feuil- 
lage appartient-elle  à  la  variété,  ou  n'est-ce  qu'un  caractère 
individuel  dû  à  un  excès  de  nourriture  et  qui  disparaîtra  sur 
les  sujets  qui  proviendront  de  la  multiplication  du  pied  mère? 
Telle  est  la  question  qu'on  se  pose  actuellement.  M.  Astié,  de 
Toulouse ,  dit  avoir  vu  dans  l'établissement  d'horticulture 
de  M.  Smith  un  exemplaire  de  moyenne  force  de  ce  nou- 


—  238  — 

veau  Laurier  cerise,  qui  ne  se  distinguait  en  rien  du  Laurier 
cerise  ordinaire.  <?:  Le  feuillage  même,  dit-il,  n'offrait  rien  de 
bien  exceptionnel.  »  Mais  l'individu  d'après  lequel  parle 
M.  Astié  avait  été  mutilé,  et  il  se  demande  si  \e  Laurier  cerise  à 
larges  feuilles  «  ne  prend  son  véritable  caractère  que  lorsque 
le  pied  est  un  peu  fort.  »  Nous  ne  saurions  le  dire;  nous  avons 
vu  le  pied  mère,  et  son  feuillage  était  d'une  ampleur  extraor- 
dinaire. Eug.  DE  Martragny. 


BOUTURES  DE  ROSIERS. 

C'est  le  vrai  moment  de  faire  les  boutures  de  Rosiers.  Voici 
la  méthode  que  décrit  M.  d'Hangest  dans  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété de  Picardie  : 

On  bouture  tant  qu'il  y  a  de  la  végétation  et  même  jus- 
qu'au mois  d'octobre.  On  emplit  des  petits  pots  de  1 5  à  20  cent, 
de  la  même  terre  dont  on  se  sert  pour  faire  les  semis,  et  on 
plante  dans  chacun  de  ces  pots  4  boutures  bien  en  bois,  bien 
acùtées  ;  on  les  place  le  plus  près  possible  de  la  circonférence 
extérieure,  et  on  les  serre  avec  les  doigts  pour  qu'elles  ne 
soient  pas  exposées  à  être  déplantées  ;  on  arrose  les  pots  avec 
un  arrosoir  à  petit  goulot  et  on  les  place  sous  une  cloche. 

Chaque  cloche  contient  12  pots  contenant  chacun  4  bou- 
tures, ce  qui  fajt  48  boutures  par  cloche .  Après  avoir  replacé 
les  cloches,  on  les  assujettit  bien  contre  la  terre  pour  qu'il 
n'entre  pas  d'air  dans  l'intérieur  et  on  ne  les  lève  que  tous  les 
12  ou  15  jours  pour  s'assurer  que  les  boutures  n'ont  pas  besoin 
d'eau  et  pour  enlever  les  branches  mortes  ou  les  moisissures 
qui  pourraient  se  produire.  Pendant  l'hiver,  au  moment  des 
gelées,  on  couvre  les  cloches  avec  du  fumier,  ou  mieux  encore 
avec  des  feuilles  jusqu'au  sommet  et  on  enlève  cette  couverture 
quand  le  temps  devient  plus  clément.  Au  printemps,  quand  la 


—  239  — 

végétation  se  réveille,  les  boutures  qui  sont  déjà  en  racines 
produisent  des  feuilles  et  poussent  vigoureusement.  Alors  on 
enlève  les  cloches  au  commencement  d'avril,  progressivement, 
en  ayant  soin  de  les  remettre  le  soir  quand  les  nuits  sont  trop 
froides,  et  au  mois  de  mai  on  se  trouve  en  possession  d'une 
assez  grande  quantité  de  Rosiers  francs  de  pied. 

•  Quand  les  Rosiers  sont  en  pleine  végétation,  au  mois  de  mai, 
on  retourne  les  pots  sens  dessus  dessous,  et  on  en  fait  sortir  les 
4  Rosiers  avec  soin,  et  en  ménageant  bien  les  racines  ;  on  les 
sépare  et  on  repique  chacun  d'eux,  soit  en  pleine  terre,  soit 
dans  des  pot§  plus  grands  remplis  de  terr'e  bien  fumée.  Pour 
que  ces  plantes  remises  en  pots  réussissent  parfaitement,  en- 
terrez les  pots  jusqu'en  haut,  paillez-les  et  arrosez-les  souvent. 
Il  faut  que  les  cloches  renfermant  les  boutrures  soient  exposées 

au  midi  ou  du  moins  au  levant. 

G.  d'Hangest. 


MOYEN  DE  FAIRE  FRUCTIFIER  LE  POIRIER. 

Sur  la  demande  de  M.  Lanier,  une  Commission  de  la  So- 
ciété d'horticulture  de  Troyes  est  allée  visiter  les  arbres  frui- 
tiers du  parc  de  M.  de  la  Motte,  arbres  traités  par  M.  Lanier, 
et  amenés  à  une  fructification  considérable,  par  suite  d'une 
opération  peu  usitée  et  d'un  effet  certain. 

En  effet,  la  Commission  a  constaté  une  belle  végétation,  des 
arbres  robustes^  couverts-  de  fiuits  en  abondance,  et  une 
préparation  convenable  pour  la  production  de  l'année  pro- 
chaine. 

.Le  traitement  appliqué  à  ces  arbres  est  base  sur  la  conser- 
vation des.  brindilles,  combinée  avec  le  pincement.  Ainsi,  un 
rameau  grêle  qui  naît  sur  une  branche  de  charpente  est  une 
brindille  ;  elle  se  met  plus  ou  moins  à  fruit,  suivant  sa  consti- 


—  240  — 

tution.  Trop  forte,  elle  se  transforme  en  gourmand;  trop 
faible,  elle  s'annule;  il  s'agit  de  l'obtenir  de  moyenne  force.  Si 
au  début  de  la  végétation  elle  paraît  largement  empâtée  et 
trop  vigoureuse,  M .  Lanier  la  pince  ou  la  rogne  en  vert,  à 
peu  près  vers  le  mois  de  juin  ;  la  pousse  nouvelle  sera  proba- 
blement une  brindille  fruitière. 

Si  cependant  elle  s'emportait  trop,  on  lui  appliqueraiit  le 
cassement,  c'est-à-dire  que  l'on  coupe  son  extrémité,  qui  n'est 
déjà  plus  herbacée,  fin  juillet  ou  commencement  d'août. 

Les  brindilles  moyennes  ne  subissent  aucune  opération  ; 
elles  se  mettent  naturellement  à  fruit,  au  bout  d'une  année  ou 
deux. 

Les  brindilles  trop  maigres  sont  taillées  l'hiver  à  quelques 
yeux  ;  car  elles  manquent  de  force  pour  produire  ;  une  fois 
taillées,  elles  se  couronnent  à  fruit. 

On  obtient  ainsi  une  très-belle  fructification  :  ce  sont  les  yeux 
de  l'extrémité  du  rameau-brindille  qui  donnent  les  plus  belles 
Poires.  Nous  avons  rapporté  des  échantillons  magnifiques  de 
Triomphe  de  Jodoigne,  Nouveau  Poiteau,  Doyenné  d'hiver. 
Beurré  d'Hardenpont,  ainsi  ^traités  ;  et  il  est  à  remarquer  que 
les  arbres  sont  vigoureux  et  couverts  de  lambourdes  pour 
l'année  prochaine. 

Les  brindilles,  après  leur  production,  sont  taillées  court,  et 
il  en  sort  de  nouvelles  :  ou  bien  on  les  coupe  à  moitié,  si  elles 
portent  d'autres  boutons  à  fruits. 

L'abandon  des  brindilles  n'est  pas  ce  qu'on  peut  appeler 
une  opération  nouvelle,  mais  elle  était  négligée;  on  s'est  trop 
lancé  depuis  quelque  temps  vers  les  méthodes  qui  mutilent  les 
arbres.  D'un  autre  côté,  on  ne  l'avait  pas  raisonnée  comme 
M.  Lanier,  qui  sait  la  combiner  avec  la  taille,  le  pincement  et 
le  cassement,  et  eu  a  ainsi  fait  un  système  rationnel,  emprunté 
pour  ainsi  dire  à  la  nature.  D'après  les  beaux  résultats  que 
nous  avons  vus  au  château  de  Montceaux,  nous  n'hésitons  pas  à 


—  241  — 

recommander  ce  mode  de  traitement  qui,  d'ailleurs,  est  indis- 
pensable aux  arbres  très- vigoureux,  aux  espèces  peu  fertiles  ; 
il  offre,  en  outre,  l'avantage  d'exiger  beaucoup  moins  de  soins 
pour  l'arboriculteur.  C'est  à  considérer. 

Guenin-Gauthrot. 


NOTE  POUR  SERVIR  A  L'HISTOIRE  SUR  LA  VÉGÉTATION. 

{Suppression  de  fruits  sur  le  Pêcher;  Pêches  sur  un  rameau 
sans  feuilles.) 

Nous  avons  émis  ce  principe  physiologique,  contraire  aux 
principes  admis  par  la  science  moderne  :  que  les  feuilles  ne 
sont  pas  les  organes  exclusifs  d'élaboration  et  de  modification 
de  la  sève ,  mais  que  chaque  organe  transforme  et  élabore  les 
liquides  séveux  qu'il  reçoit,  selon  sa  nature  et  ses  besoins.  A 
l'appui  de  cette  théorie,  nous  croyons  devoir  reproduire  un 
passage  du  compte  rendu  de  la  séance  du  9  juin  1870  delà 
Société  impériale  et  centrale  d'horticulture  de  France,  inséré 
au  journal,  page  326  : 

«  M.  Lepère  met  sous  les  yeux  de  la  compagnie  des  échan- 
tillons de  diverses  sortes  de  branches  à  fruits  du  Pêcher  et 
donne  de  vive  voix  des  détails  circonstanciés  relativement  à 
la  manière  dont  chacune  d'elles  doit  être  traitée.  Il  montre 
que,  cette  année,  la  floraison  du  Pêcher  s'étant  opérée  dans  de 
bonnes  conditions,  toutes  les  fleurs,  presque  sans  exception, 
ont  noué  leur  fruit.  Il  y  a  donc  sur  les  arbres  une  quantité  con- 
sidérable de  Pêches  dont  il  est  essentiel  de  diminuer  beaucoup 
le  nombre  pour  qu'elles  acquièrent  un  beau  volume,  sans  que 
l'arbre  en  soit  épuisé.  Il  insiste  sur  ce  point  que  chaque  ra- 
meau fructifère  ne  doit  nourrir  qu'une  ou  au  plus  deux  Pêches. 

i>  Il  fait  voir  aussi  des  rameaux  sur  lesquels  un  ou  deux 
fruits  sont  attachés  vers  l'extrémité,  sans  feuille  ni  bourgeon 

'Août  1810.  16 


^  242  — 

au-delà;  seulement,  vers  la  base  du  rameau  se  trouve  un  ra- 
meau de  remplacement.  M.  Lepère  affirme  que  les  fruits  ainsi 
placés  atteignent  aussi  bien  que  les  autres  leur  parfait  déve- 
loppement. )) 

Tout  le  monde  qui  étudie  la  physiologie  sur  la  nature  vi- 
vante a  observé  et  constaté  le  fait  signalé  par  M.  Lepère  ;  il 
n'y  a  pas  de  Pêcher  qui,  chaque  année,  n'en  présente  un  exem- 
ple. Or,  puisque  ces  Pêches  ne  reçoivent  pas  de  sève  descen- 
dante élaborée  par  les  feuilles,  elles  ont  donc  élaboré  elles- 
mêmes  la  sève  ascendante  brute,  qui  arrive  directement  du 
sol  dans  leurs  tissus.  C'est  donc  dans  les  cellules  de  ces  tissus 
que  la  sève  brute  est  transformée,  au  début  de  la  végétation, 
en  liquide  nourricier  des  cellules  nouvelles  qui  s'ajoutent  aux 
anciennes  pour  accroître  le  volume  du  fruit;  c'est  donc  toujours 
dans  l'intérieur  de  toutes  les  cellules  qui  constituent  le  fruit 
parvenu  à  son  dernier  développement,  que  la  sève  brute  sa- 
pide  est  élaborée  et  transformée  en  jus  sucré  et  vineux  qu'on 
recherche  et  savoure  dans  une  bonne  Pêche.  Nos  adversaires 
auraient  mauvaise  grâce  à  soutenir,  ici,  le  contraire. 

F.  Heringq. 


CULTURE  DES  CHOUX-FLEURS   A  PARIS   ET   AUX 
ENVIRONS  (1). 

g  1.  —  Des  Clioux'fleurs  de  primeur  et  de  printemps. 

Le  Chou-fleur  dit  Petit-Salomon  se  cultive  pour  la  haute  pri- 
meur. On  le  sème  du  8  au  1 0  septembre  dans  un  terrain  léger 
et  bien  préparé.  Si  le  temps  est  beau  et  si  l'exposition  où  est 
fait  le  semis  est  favorable,  on  peut  opérer  à  Tair  hbre  ;  dans  le 
cas  contraire,  il  est  essentiel  de  poser  des  châssis  sur  le  semis 

il)  Belg.   horticole. 


—  243  — 

en  les  soutenant  au  moyen  de  pots  à  fleurs,  de  manière  à  em- 
pêcher l'action  des  pluies  fréquentes  et  des  brouillards,  qui 
font  naître  souvent,  sur  les  plantes  du  Meunier  qui  les  fait  périr 
ou  en  retarde  beaucoup  le  développement  et  leur  nuit  môme 
jusqu'à  leur  maturité. 

,  Il  importe  d'élever  le  plant  de  telle  sorte  qu'il  ait  assez  poussé 
pour  être  bon  à  repiquer  sous  châssis, -ayant  une  première 
feuille,  dans  la  première  huitaine  d'octobre.  On  repique  sous 
châssis,  dans  un  terrain  bien  préparé  et  bien  situé.  Si  le  ter- 
rain oii  doit  se  faire  le  repiquage  n'est  pas  dans  de  bonnes 
conditions  de  légèreté,  on  le  couvre  d'une  couche  de  bon  ter- 
reau de  fumier  ou  de  feuilles  sur  3  à  5  cent,  d'épaisseur,  selon 
que  le  terrain  l'exige.  Après  la  première  quinzaine  qui  suit  le 
repiquage,  si  ces  jeunes  plantes  semblent  disposées  à  une  vé- 
gétation rapide,  on  doit  les  tenir  au  grand  air,  jour  et  nuit  ;  il 
importe  même  de  leur  donner  quelquefois  l'accès  de  l'air  libre, 
dans  la  crainte  qu'elles  ne  deviennent  trop  tendres,  ce  qui  ar- 
rive quelquefois  et  peut  alors  amener  de  graves  inconvénients. 
D'un  autre  côté,  l'excès  de  végétation  peut  les  rendre  très-dif- 
ficiles à  préserver  des  fortes  gelées,  ou  encore  les  disposer  à 
montrer  leurs  boutons  trop  tôt^  ce  qui  arrive  quelquefois  par- 
tiellement dans  cette  variété. 

Si  l'on  est  obligé,  ce  qui  arrive  quelquefois^  d'enlever  les 
châssis  qui  couvrent  les  Choux  repiqués,  on  doit  veiller  avec 
soin  à  ce  que  les  premières  gelées  blanches  n'atteignent  pas  les 
plantes  ;  car  c'est  souvent  pour  elles  une  cause  de  destruction 
par  l'effet  de  la  maladie  charbonneuse  qui  vient  à  la  suite. 

Lorsqu'on  cultive,  avec  les  soins  convenables,  des  plants  de 
Choux-fleur  dit  Pelit-Salomon ,  vers  le  20  jusqu'à  la  fin  de 
novembre,  on  doit  les  renfoncer.  S'ils  sont  dans  de  bonnes  con- 
ditions de  végétation,  cela  se  fait  dans  le  même  terrain  ;  on 
peut  les  arracher  et  les  replanter  ensuite  à  la  même  place  sans 
labourer  la  terre,  pourvu  qu  elle  ait  été  bien  préparée  pour  le 


—  244  — 

repiquage  et  qu'elle  soit,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  en  bon 
état  de  légèreté  :  mais  on  doit,  lors  du  renfonçage,  ne  mettre 
que  70  à  80  pieds,  au  plus,  sous  chaque  châssis,  tandis  qu'au 
repiquage  on  peut  en  placer  150.  Le  renfonçage  des  plants 
est  un  très-bon  préservatif  contre  les  fortes  gelées  et  contre 
l'humidité  de  l'hiver.  , 

Le  jardinier  qui  élève  ces  plantes  dans  de  bonnes  conditions 
pourra  les  planter  en  place  du  15  janvier  à  la  fin  de  ce  mois, 
sur  des  couches  déjà  éteintes.  Cette  plantation  se  fait  au  mi- 
lieu d'une  culture  de  laitue  noire  assez  avancée,  ou  parmi  des 
épinards  dits  de  Hollande.  On  doit  se  tenir  en  garde  contre  la 
chaleur  des  couches,  car  les  plants  de  Choux-fleurs  brûlent 
très-facilement.  Il  est  très-bon  de  mettre  alors,  par  châssis,  8  ou 
9  Choux  au  plus  et,  à  mesure  qu'ils  grandissent,  d'élever  les 
coffres  de  manière  à  conserver  une  certaine  distance  entre  eux 
et  les  verres,  afin  d'éviter  de  les  couvrir  dans  le  cas  de  petites 
gelées  de  1  à  3  degrés  centigrades.  Les  Choux-fleurs  ditsPetit- 
Salomon,  cultivés  dans  de  bonnes  conditions,  atteignent  une 
bonne  maturité  du  10  mai  à  la  fin  du  même  mois.  Vers  la  fin 
d'avril  et  aux  premiers  jours  de  mai,  époque  où  ils  tendent  à 
montrer  leurs  boutons,  il  faut  avoir  soin  dé  les  arroser  fré- 
quemment. Si  le  temps  est  beau  et  sec,  il  faut  les  arroser  tous 
les  jours  abondamment.  Ce  sont  en  effet  les  arrosages  fréquents 
qui  en  avancent  la  maturité^  en  améliorent  la  qualité  et  les 
rendent  tendres  et  blancs.  Pour  les  avancer,  il  est  très-bon  de 
pratiquer  les  arrosements  sous  les  châssis. 

Le  Chou-fleur  Gros-Salomon  se  cultive  de  la  même  façon  et 
appartient  à  la  même  variété  ;  il  arrive  à  la  maturité  dans  la 
fin  de  mai  et  jusqu'au  20  juin,  quoiqu'il  ait  été  semé  à  la  même 
époque  et  cultivé  de  la  même  manière.  Il  n'existe  bien  qu'une 
variété  de  Chou-fleur  dit  Salomon  :  le  gros  a  été  distingué  par 
nos  anciens  jardiniers  qui  l'ont  tiré  d'une  dégénérescence  du 
petit,  en  vue  d'augmenter  le  volume  du  produit.  Or,  tandis 


—  245  ^ 

que,  d'ordinaire,  raccroissement  du  volume  ne  s'opère  qu'au 
détriment  delà  qualité,  il  n'en  a  pas  été  ainsi  pour  la  plante  en 
question  :  il  est  connu,  en. effet,  que  le  Chou-fleur  Gros-Salo- 
mon  a  autant  de  qualité  que  le  Petit;  seulement  il  est  beaucoup 
moins  hâtif.  Or,  par  une  culture  bien  entendue  du  Chou-fleur 
dit  Petit-Salomon,  on  peut  en  obtenir  une  récolte  printanière 
de  plus,  à  cause  de  sa  précocité,  et  avoir  ainsi  dans  la  culture 
des  Choux-fleurs  un  meilleur  résultat  pécuniaire. 

Il  ne  serait  cependant  pas  prudent,  pour  les  jardiniers,  d*a- 
bandonner  la  culture  du  Chou-fleur  Gros-Salomon ,  en  se 
plaçant  uniquement  au  point  de  vue  de  l'intérêt  pécuniaire.  En 
effet,  il  a  l'avantage  de  fournir  à  la  consommation  des  Choux- 
fleurs  d'excellente  qualité  au  moment  où  la  haute  primeur  est 
épuisée  et  où  les  produits  de  pleine  terre  ne  sont  pas  encore  ar- 
rivés. Nous  féHcitons  nos  anciens  cultivateurs  d'avoir  opéré  un 
progrès  réel  par  l'obtention  du  Chou-fleur  Gros-Stilomon  qui 
est  un  légume  parfait  et  qui  a,  pour  le  consommateur,  l'avan- 
tage de  venir  à  un  moment  de  l'année  où  autrefois  on  était 
privé  de  Choux-fleurs. 

En  résumé,  il  est  bien  compris  que  les  Choux-fleurs  Petit  et 
Gros-Salomon  font  partie  de  la  culture  printanière,  mais  que  le 
Petit  est  de  haute  primeur,  tandis  que  le  Gros  est  printanier. 

§  2. —  Culture  des  Choux- fleurs  pour  l'été. 

Pour  l'été  on  cultive  le  Chou-fleur  Lenormand  et  le  demi- 
dur.  On  doit  semer  l'un  et  l'autre  du  12  au  15  septembre,  tous 
deux  à  la  même  époque,  les  repiquer  avec  soin  dans  un  bon 
terrain,  sous  châssis,  vers  le  15  octobre,  et  leur  donner  un  ren- 
fonçage  du  25  novembre  au  10  décembre,  si  la  végétation  a 
fait  beaucoup  de  progrès  ;  cette  opération  est  toujours  bonne  à 
pratiquer  en  vue  de  la  conservation  du  plant  destiné  à  passer 
l'hiver.  Ce  plant  doit  être  enfoncé  à  0""  70  et  0°»  80  sous  les 
châssis.  Par  ce  moyen,  il  est  facile  à  préserver  du  froid  avec 


—  246  — 

Taide  d'une  couverture  formée  d'un  paillasson  ou  d'une  lé- 
gère couche  de  fumier  sec  ou  de  feuilles  jetées  à  la  main  sur 
les  vitres.  .  . 

On  doit  avoir  soin  de  découvrir  chaque  fois  que  le  temps  le 
permet,  car  il  ne  serait  pas  prudent  de  tenir  ces  jeunes  plantes 
couvertes  pendant  plusieurs  jours  de  suite  ;  il  est  même  bon  en 
temps  d'hiver,  de  donner  de  l'air  quand  le  temps  est  propice; 
or,  il  est  presque  toujours  facile  de  le  faire,  les  plants  de  Choux- 
fleurs  devant  toujours  être  placés  à  la  meilleure  exposition  de 
nos  jardins. 

Les  plantes  de  Choux  doivent  rester  sous  les  châssis  pendant 
tout  le  mois  de  mars,  dans  la  crainte  des  gelées  souvent  rigou- 
reuses de  cette  saison.  Mais  ils  doivent  être  tenus  constamment 
au  grand  air,  afin  qu'ils  se  trouvent  en  état  d'être  mis  en  place 
dans  les  premiers  jours  d'avril. 

Le  Chou-fleur  Lenormand  est  supérieur  au  demi-dur  pour 
la  culture  et  même  pour  la  consommation.  Il  a  l'avantage  de 
venir  à  très-bonne  maturité  dans  un  terrain  sec  et  d'être  pour 
la  consommation  d'une  qualité  parfaite;  si  on  le  plante  dans 
un  bon  terrain  et  qu'on  ait  le  soin  de  l'espacer  de  0"  70  à 
0°"  80,  on  en  obtient  des  résultats  parfaits,  vers  la  fin  de  juin, 
sans  avoir  pratiqué  beaucoup  d'arrosages  ;  il  faut  même  être 
prudent  en  ce  cas. 

Le  Chou-fleur  Lenormand  offre  aux  cultivateurs  un  avantage 
sérieux  :  c'est  de  donner  des  produits  magnifiques  sans  arro- 
sages et  d'avoir  une  précocité  d'environ  un  mois  d'avance  sur 
le  demi-dur;  cela  est  très-avantageux  dans  les  terrains  des 
environs  de  Paris  pour  les  récoltes  à  obtenir  successivement. 

Le  Choux-fleur  demi-dur  se  cultive  de  la  même  manière  que 
le  Chou-fleur  Lenormand  :  il  peut  être  planté  à  la  même  époque, 
il  doit  être  espacé  de  la  même  manière  ;  il  n'exige  pas  de 
grands  arrosements  jusqu'au  moment  oii  il  se  dispose  à  pren- 
dre le  bouton  j  mais,  vers  la  fin  dejuin,  on  peut  compter  qu'il 


■—  247  — 

doit  recevoir  dix  litres  d'eau  par  jour,  à  moins  que  les  pluies 
ne  soient  fréquentes. 

Si  l'on  veut  obtenir  de  beaux  et  bons  produits  de  cette  va- 
riété, vers  la  fin  de  juin,  on  doit  disposer  du  fumier  de  vieille 
couche  encore  bon  et  assez  long,  et  en  former  un  tapis  d'envi- 
ron 0""  05  d'épaisseur.  Ce  moyen  est  très-efficace  pour  rendre 
moins  nécessaire  l'extrême  abondance  des  arrosements  au 
mois  de  juillet,  quoiqu'il  ne  faille  pas  pour  cela  épargner  l'eau. 
Le  vrai  Chou-fleur  demi-dur  joue  un  très-grand  rôle  dans  les 
cultures  des  environs  de  Paris,  et  il  rend  de  très-grands  ser- 
vices à  la  consommation  ;  le  point  culminant  de  sa  récolte  a 
lieu  entre  l'été  et  l'automne,  à  un  moment  où  il  reste  seul 
dans  nos  jardins. 

Nous  devons,  dès  lors,  tenir  grand  compte  de  cette  excel- 
lente variété  qui  alimente  nos  marchés  pendant  la  plus  grande 
partie  de  l'année. 

On  peut  encore  semer  de  la  variété  demi-dur  au  26  novem- 
bre. Le  semis  se  fait  alors  sous  cloche  où  il  passe  l'hiver.  Au 
mois  de  février,  on  repique  sur  une  couche  tiède  et  on  obtient 
ainsi  des  produits  magnifiques  à  la  fin  de  juillet. 

0%  peut  également  semer  cette  variété  dans  les  premiers 
jours  de'mai  sur  une  couche  demi-chaude  et  à  l'air  libre.  Au 
bout  d'un  mois  environ,  on  a  déjà  des  plants  bons  à  mettre 
en  place  au  milieu  de  cultures  de  Melons  de  première  saison  ; 
vers  la  fin  d'août,  on  en  obtient  des  récoltes  magnifiques. 

Nous  ferons  remarquer  avec  insistance  à  nos  jardiniers  que, 
pour  les  semis  de  Choux-fleurs  à  faire  en  mai  et  juin,  on  «loit 
avoir  grand  soin  de  pailler  le  semis  avec  du  fumier  de  cheval 
qui  ait  encore  l'odeur  d'urine  le  plus  possible,  afin  d'éviter  la 
lerrette  ou  puce  noire  (Attise)  qui  détruit  parfois  totalement 
les  semis.  Si  on  a  réussi  à  la  germination,  il  ne  faut  pas  se  croire 
pour  cela  délivré  complètement  de  ces  insectes  destructeurs; 
car.il  arrive  parfois  que,  quand  les  Choux-fleurs  changent  de 


—  248  — 

feuilles,  ils  surviennent  en  assez  grand  nombre,  de  manière  à 
détruire  en  peu  de  jours  un  semis  dont  on  était  très-satisfait. 

Dans  ces  circonstances  fâcheuses,  il  est  un  moyen  simple  et 
peu  coûteux  dont  on  doit  faire  usage  :  on  bassine  le  semis,  au 
moyen  d'un  arrosoir  à  trous  très-fms,  avec  l'eau  de  tabac.  On 
établit  par-dessus  le  semis  de  petits  treillages  élevés  d'envi- 
ron 0""  10  de  terre;,  sur  lesquels,  pendant  qu'il  fait  soleil,  on 
étend  une  toile  assez  serrée.  Il  s'établit  ainsi  un  courant  d'air 
qui  déplaît  énormément  à  ces  petits  animaux  destructeurs,  qui 
disparaissent  en  quelques  jours.  Il  est  toujours  essentiel  de 
faire  le  semis  au  nord,  autant  que  possible,  dans  le  but  d'ob- 
vier à  ce  désagrément. 

Le  Chou-fleur  Lenormand  et  le  demi-dur  sont  les  deux  meil- 
leures variétés  à  cultiver  pour  l'éié. 

Dagorno  aîné. 
{La  suite  au  prochain  numéro). 


LA  GÉOTHERMIE. 

La  géothermie  est  l'art  de  chauffer  la  terre  ;  c'est  un  art 
tout  nouveau  qui  erre  encore  à  l'aventure. 

M.  Naudin  avaii  émis  l'idée,  il  y  a  quelque  15  ou  20  ans, 
qu'en  chauffant  le  sol  d'un  jardin,  par  exemple,  on  pourrait 
y  cultiver  des  plantes  exotiques  des  régions  tempérées  et 
même  chaudes,  sans  abris  et  sans  craindre  de  les  perdre  par 
le  froid  de  nos  hivers  :  la  chaleur  du  sol,  disait- il,  les  préser- 
verait de  la  gelée. 

Personne,  que  je  sache,  n'a  essayé  de  mettre  en  pratique 
l'idée  de  M.  Naudin;  on  n'était  pas  assez  certain  du  résultat 
annoncé  par  notre  savant  confrère. 

M.  Vanoni,  entrepreneur  de  fumisterie,  vient  d'appUquer  ce 
système  pour  la  culture  de  primeurs;  mais  eu  couvrant  toute- 
fois le  terrain  de  serre  ou  de  coffres  vitrés.  ,Ce  n'est  plus 


—  249  — 

précisément,  dans  ce  cas,  la  géothermie  rêvée  par  M.  Nau- 
din  :  c'est  la  culture  ordinaire  des  primeuristes  dans  laquelle 
la  couche  de  fumier  est  avantageusement  remplacée  par  un 
courant  d'air  chaud  provenant  d'un  calorifère  muni  d'un  ap- 
pareil de  ventilation  et  de  saturation  ;  système  très -ingénieux, 
et  qui  a  déjà  donné  d'excellents  résultats  dans  les  expériences 
entreprises  par  M.  Vanoni,  sous  la  direction  de  M.  Helye, 
chef  de  culture  au  jardin  des  Plantes  de  Paris. 

Nous  avons  visité  ces  cultures  expérimentales,  établies  ave- 
nue de  Saint-Mandé,  à  Paris,  et  elles  sont  très-intéressantes. 

Les  serres  sont  à  deux  pentes  'et  ayant  chacune  deux  bâches 
de  4  mètre  de  largeur,  séparées  par  un  sentier  de  80  centi- 
mètres. Ces  bâches  ont,  pour  ainsi  dire,  deux  étages  :  un 
plancher  les  partage  en  deux  :  le  rez  de  chaussée  constitue  la 
chambre  de  chaleur,  et  le  premier  étage  est  rempU  de  terre 
sur  40  centim.  environ  d'épaisseur.  Mais  ce  premier  étage  ne 
recouvre  pas  dans  toute  sa  longueur  la  chambre  de  chaleur;  il 
est  arrêté  par  une  cloison  en  briques,  à  l'extrémité  opposée  à 
l'entrée,  à  25  ou  20  centimètres  du  mur  de  la  serre,  de  ma- 
nière à  laisser  entre  cette  cloison  et  le  mur  une  ouverture  qui 
communique  à  la  chambre  inférieure  et  par  laquelle  s'échappe 
la  chaleur  qui  entre  alors  dans  la  serre,  chassée  avec  force 
par  le  nouveau  calorique  que  produit  l'appareil,  et  qui,  après 
avoir  passé  au-dessus  d'un  réservoir  d'eau  pour  s'imprégner 
d'humidité,  entre  dans  cette  chambre  chaude  par  une  ouver- 
ture opposée  à  l'ouverture  de  sortie. 

Par  cet  ingénieux  système,  non-seulement  la  terre  est  chauf- 
fée, mais  l'air  de  la  serre  est  agité  ;  il  y  a  une  sorte  de  cou- 
rant qui  passe  sur  les  plantes,  et  qui  les  empêche  de  s'allon- 
ger, de  s'étioler,  comme  dans  les  serres  ordinaires  oh  la 
chaleur  est  dégagée  sur  place  par  des  tuyaux  qui  circulent  le 
long  des  murs. 

Outre  ce  courant  d'air  chaud,  il  y  a  un  système  de  ventila- 


—  250  — 

tion  qui  ajoute  encore  à  la  mobilité  de  l'air,  et  permet  de  ré- 
gler la  température  ambiante  dans  les  environs  de  1 8  degrés 
centigrades. 

Les  plantes  enfermées  dans  de  pareilles  serres  ne  se  croient 
pas  prisonnières;  au  milieu  de  cet  air  agité,  sans  cesse  renou- 
velé, elles  s'imaginent  vivre  en  pleine  liberté,  dans  leur  mi- 
lieu normal,  et  cette  satisfaction  les  dispose  à  donner  de  beaux- 
et  abondants  produits,  comme  ceux  que  nous  avons  vus. 

Les  premières  expériences  ont  porté  sur  les  plantes  sui- 
vantes :  Haricots,  Pommes  de  terre,  Asperges,  Radis,  Carottes, 
Choux-fleurs,  Laitue,  Romaine,  Melons,  Concombres,  Ananas, 
Fraisiers,  etc.  Et  succès  complet  sur  toute  la  ligne. 

Le  système  géothermique  de  M.  Vanoni  peut  tout  aussi 
bien  s'appliquer  aux  simples  coffres  qu'aux  serres. 

Mais...  il  y  a  toujours  dans  les  innovations  de  ce  genre  un 
fâcheux  mais^  et  celui  du  système  géothermique  porte  exclusi- 
vement pour  nous  sur  le  prix  d'établissement,  et  sur  les  frais  de 
chauffage.  Aujourd'hui,  les  quelques  expériences  qui  ont  été 
faites  à  la  fin  de  la  saison  ne  permettent  pas  encore  de  donner 
des  chiffres  exacts;  attendons. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  croyons  que  ce  système  est  appelé  à 
rendre  d'immenses  services,  surtout  dans  les  régions  du  Nord, 
où  la  couche  est  insuffisante  pour  la  culture  des  primeurs  ;  et 
les  Russes,  dès  qu'ils  le  connaîtront,  s'empresseront  certaine- 
ment d'en  faire  l'application.  Pour  eux,  il  y  aura  toujours  éco- 
nomie dans  son  emploi. 

F.  Herincq. 


PETITES  NOUVELLES. 

Rusticité.  M.  Monay,  de  Toulon,  a  adressé,  à  la  Société  d'ac- 
cHmatation  de  Paris,  les  détails  suivants  sur  le  degré  de  rusti- 
cité de  quelques  plantes  :  Sa  propriété  est  située  dans  le  coin  le 


—  251  — 

plus  abrité  du  littoral  méditerranéen,  et  le  thermomètre  y  des^ 
cend  rarement  à  zéro.  Pendant  les  froids  rigoureux  de  la  fin  de 
décembre,  rien  n'a  soulfert  chez  lui,  à  l'exception  de  VEuca- 
lyptiis  globulus,  dont  les  feuilles  seules  se  sont  desséchées  sous 
l'influence  du  mistral  ;  les  Orangers  et  les  Citronniers  n'ont  pas 
été  atteints.  Parmi  les  Palmiers,  il  a  constaté  la  rusticité  des 
espèces  suivantes  :  Corypha  amtralis,  Latània  borbonica,  Cha" 
mœrops  excelsa,  Jubœa  spectabilis,  Seaforthia  elegans,  Cocos 
flexuosa.  Le  Cocos  australis  a  légèrement  souffert,  le  Musa  en- 
sefe  a  parfaitement  résisté.  Toutes  cesespèces,  d'après  M.  Monay, 
ne  craignent  pas  un  froid  de  3  ou  4  degrés,  pourvu  que  le  vent 
ne  souffle  pas. 

Vitalité  des  greffes  d'arbres  fruitiers.  Les  greffes  peuvent 
conserver  leur  vitalité  beaucoup  plus  longtemps  qu'on  le  croit. 
Le  journal  the  Field  rapporte  le  fait  suivant  :  Au  mois  d'avril 
1868,  la  Société  d'horticulture  de  Victoria,  en  Austrahe,  ayant 
reçu  de  Ghiswich  Garden  (Angleterre)  des  greffes  d'arbres  frui- 
tiers coupées  au  mois  d'octobre  1867,  ne  put  les  utiliser  à  leur 
arrivée,  parce  qu'elle  n'avait  pas  d'arbres  en  état  d'être 
greffés;  il  fallut  conserver  ces  greffes  jusqu'au  mois  d'août 
suivant.  Malgré  un  intervalle  de  neuf  mois  qui  s'est  écoulé 
entre  le  moment  où  les  greffes  ont  été  coupées  et  celui  où  elles 
ont  été  utilisées,  66  Pommiers,  72  Poiriers,  24  Figuiers,  5  Pru- 
niers et  5  vignes  furent  sauvés.  Cette  réussite  prouve  donc 
que  n'importe  quelles  espèces  d'arbres  fruitiers  peuvent  être 
introduits  dans  des  pays  lointains  avec  la  certitude  d'un  par- 
fait succès  et  presque  sans  frais..  Une  caisse  d'un  volume  mo- 
déré peut  contenir  des  milliersfde  greffes.  Hermétiquement 
fermée,  on  peut,  dans  la  traversée,  traiter  cette  «aisse  comme 
une  marchandise  ordinaire. 

Champignons  cultivés  dans  desécuries.  D'après  le  même  journal 
(the  Field) ,  les  Bulletins  de  la  Société  d'acchmatation  don- 
nent les  renseignements  suivants  sur  cette  culture  :  «  Le  baron 


—  252  — 

Joseph  d'Hoogvarst,  de  Limmal,  a  obtenu  de  très-bons  résultats 
jen  cultivant  les  Champignons  dans  de  petites  caisses  disposées 
les  unes  au-dessus  des  autres  comme  les  rayons  d'une  biblio- 
thèque ;  le  tout  étant  placé  dans  une  écurie.  Les  caisses  ont  à 
peu  près  1  m.  20  de  long  sur  0  m.  30  centimètres  de  large.  Un 
rideau  coulant  sur  une  tringle  dérobe  la  culture  à  l'action  de 
la  lumière.  L'expérience  n'a  pas  été  accompagnée  d'émanations 
malsaines  pour  les  chevaux.  Les  couches  étaient  formées  de 
fumier  de  chevaux  richement  nourris.  L'auteur  de  cette  note 
recommande  cette  forme  de  culture  en  faisant  ressortir  combien 
elle  prend  peu  de  place  et  qu'elle  n'exige  aucun  soin.  D'après 
lui-,  elle  devrait  surtout  être  tentée  dans  les  grandes  villes. 

Pour  cette  culture  le  fumier  de  cheval  peut  être  remplacé 
par  des  feuilles  mortes.  D'après  l'auteur  de  la  note  du  journal 
the  Fieldy  qui  en  a  dernièrement  renouvelé  l'expérience,  trois 
parties  de  feuilles  mortes  et  une  partie  de  terre  végétale  bien 
mélangées,  et  arrosées,  à  mesure  que  la  fermentation  avance, 
avec  de  l'urine  venant  directement  de  l'écurie,  donnent  des 
couches  à  Champignons  aussi  excellentes  que  celles  faites  avec 
le  meilleur  fumier  de  cheval. 

Pommes  de  terre  du  Chili.  Le  docteur  Funck  a  introduit  dans 
ces  derniers  temps,  pour  la  Société  d'acclimatation  de  Berlin, 
les  dernières  variétés  de  Pommes  de  terre  qui  manquaient  à 
cette  Société  pour  compléter  sa  collection  de  Pommes  de  terre 
du  Chili.  De  son  côté  le  professeur  Philipi,  de  Santiago,  a  en- 
voyé, à  cette  même  Société,  plusieurs  Pommes  de  terre  des  hauts 
plateaux  de  Bolivie.  L'Allemagne  se  trouve  ainsi  dotée  de 
toutes  les  variétés  de  ce  pays  et  surtout  de  Pommes  de  terre 
sauvages,  qui  promettent  de  rendre  de  grands  services,  tant 
pour  la  production  contre  la  maladie,  que  pour  l'introduction 
de  variétés  nouvelles. 

Orangers  nains  de  la  Chine.  M.  le  docteur  Martin  annonce  à 
la  Société  d'acclimatation  de  Paris  l'envoi  des  quatre  Orangers 


—  253  — 

nains  cultivés  à  Pékin,  oh  ils  sont  traités  comme  plantes  de 
serres  et  rentrés  soigneusement,  sous  peine  de  ne  pouvoir  ré- 
sister aux  froids  rigoureux  de  l'hiver.  Deux  de  ces  Orangers 
appartiennent  au  Citrus  microcarpa,  de  Bunge  ;  dans  le  Sud  les 
Chinois  appellent  cet  oranger  Kum-quat  ;  dans  le  Nord  on  le 
■connaît  sous  le  nom  de  Kin-kû.  Le  fruit  est  rond  et  ne  dépasse 
pas  la  grosseur  d'une  Cerise.  Les  Chinois  l'estiment  beaucoup 
pour  la  fabrication  des  confitures.  L'autre  espèce  d'Oranger  est 
le  Kint-sao.  Les  fruits  sont  oblongs,  et  ont  à  peu  près  la  forme 
et  la  grosseur  du  fruit  du  Jujubier.  Les  fruits  de  ces  Orangers 
mûrissent  vers  le  mois  de  janvier. 

Violette  double  de  Brandy.  Cette  variété,  encore  inconnue  en 
France  ou  tout  au  moins  fort  rare,  a  les  fleurs  d'un  beau  bleu 
violet,  striées  de  rouge  et  très-odorantes.  D'après  une  note  de 
M.  Otto,  insérée  au  Journal  de  la  Société  de  Hambourg,  cette 
violette  se  force  très-bien  dans  une  serre  froide.  On  en  relève 
simplement  à  l'automne  des  pieds  provenant  de  la  pleine  terre  ; 
on  les  empote  et  on  les  rentre  dans  la  serre  ;  vers  le  15  janvier 
suivant  les  fleurs  apparaissent.  Cette  variété  supporte  parfai- 
tement l'hiver  à  Hambourg,  où  le  froid  est  plus  rigoureux 
qu'en  France  ;  elle  est  par  conséquent  acquise  à  nos  parterres. 

Etiquettes.  M.  Paul  Simon  a  présenté  à  la  Société  d'horticul- 
ture de  Paris  des  étiquettes  courantes  pour  arbres  fruitiers,  qui 
paraissent  répondre  à  tous  les  besoins,  s'il  faut  en  croire  le 
Comité  des  arts  et  industries  de  cette  Société.  «  Ce  sont,  dit  le 
Bulletin,  de  petites  plaques  de  zinc  sur  lesquelles  on  écrit  avec 
une  encre  dont  M.  Simon  a  trouvé  la  recette  dans  un  livre,  et 
qui  est  composée  de  la  manière  suivante  :  10  grammes  d'eau 
distillée  additionnés  d'un  gramme  dé  chlorure  de  platine  et 
d'un  gramme  de  gomme  arabique.  L'écriture  tracée  avec  ce 
liquide  devient  immédiatement  assez  noire  pour  être  parfaite- 
ment lisible,  et  l'expérience  prouve  qu'elle  est  ineffaçable  ;  car 
les  étiquettes  présentées  par  M .  Simon ,  et  qui  ont  été  faites 
avant  l'hiver,  ont  supporté  toute  la  mauvaise  saison  sans  avoir 


—  254  — 

été  altérées  le  moins  du  monde.  Dans  une  séance  du  Co- 
mité d'arboriculture  de  la  Société  parisienne,  on  a  tracé  des 
caractères  sur  du  zinc  avec  cette  encre  et,  dès  que  ces  carac- 
tères ont  été  secs,  un  frottement  énergique  avec  le  doigt  n'a  pu 
les  effacer.  Le  vinaigre  seul  peut  faire  disparaître  l'encre  dont 
il  s'agit  ;  mais  alors  les  caractères  restent  comme  gravés  dans 
le  métal. 

Vallota  purpurea  est  une  charmante  Amaryllis  à  'grandes 
fleurs  d'un  beau  roùge  écarlate.  A  l'occasion  delà  présentation 
d'un  pied  fleuri  à  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture 
de  France,  M.  Dr.  Andry  a  fait  connaître  que  cette  plante  se 
recommande  par  la  beauté  de  ses  fleurs  et  par  le  peu  de  diffi- 
culté qu'elle  offre  pour  la  culture.  Elle  vient  sans  peine,  dit-il, 
et  fleurit  très-bien,  tenue  simplement  dans  un  cofl're  froid. 
Elle  s'accommode  même  de  la  culture  d'appartement  par  la-^ 
quelle  on  en  obtient  aisément  la  floraison.  Ses  grandes  fleurs 
durent  environ  un  mois.  Elle  fleurit  habituellement  vers  l'au- 
tomne; mais  quelquefois  aussi  on  en  obtient  les  fleurs  en  mai 
et  juin. 

Piège  à  Loirs.  M.  Auge,  serrurier  à  Dammarie-les-Lys,  près 
Melun,  a  imaginé  un  piège  qui  parait  être  avantageux,  dit  le 
Journal  de  la  Société  d'horticulture  de  Paris,  par  la  facilité 
avec  laquelle  il  agit,  et  aussi  parce  qu'il  peut  très-bien  être 
suspendu  verticalement  à  un  niur  ou  un  espalier,  de  manière 
à  prendre  les  Loirs  au  lieu  même  oh  ils  vont  faire  leurs  dépré-^ 
dations. 

Destruction  du  Tigre.  D'après  M.  Rivière,  on  peut  combattre 
avec  succès  le  Tigre  du  Poirier,  en  projetant,  sur  les  arbres,  de 
l'alcool  réduit  à  l'état  de  bruine  très-fine  et  presque  de  pous- 
sière liquide  au  moyen  du  soufîlet-injecteur  de  M.  Pillon  dont 
nous  avons  parlé  dernièrement.  L'alcool,  assure  M.  Rivière, 
tout  en  produisant  un  effet  énergique  sur  les  insectes,  ne  nuit 
pas  aux  plantes,  n'en  altère  pas  même  les  pousses  les  plus  déh- 
ates.  Depuis  plusieurs  années  qu'il  fait  usage  de  ce  liquide,  il 


—  255  — 

ne  l'a  jamais  vu  produire  des  effets  désastreux.  Le  jus  de 
tabac  produit  aussi  de  très-bons  résultats,  d'après  M.  Andry. 
M.  Hardy  confirme  cette  action  ;  depuis  quatre  ans,  il  s'en  sert 
avec  succès  au  potager  de  Versailles,  dans  la  proportion  de  un 
dixième  de  jus  pour  9  dixièmes  d'eau.  M.  Forney,  un  homme 
qui  sait  tout  et  connaît  tout,  a  affirmé,  à  une  des  séances  de  la 
Société  impériale,  que  le  meilleur  procédé  pour  détruire  le  Tigre, 
consiste  à  projeter  de  l'eau  bouillante  sur  l'écorce  des  arbres 
attaqués  par  cet  insecte,  et  que  pas  un  n'échappe  à  son  ac- 
tion. Ce  que  M.  le  docteur  Boisduval  déclare  ne  pas  croire; 
car,  dit-il,  le  Tigre  dépose  ses  œufs  vers  le  bout  des  rameaux 
et  à  la  base  des  bourgeons  terminaux  ;  par  conséquent  l'eau 
ne  peut  pas  les  atteindre.  C'est  ce  que  confirme  le  résultat  ob- 
tenu par  M.  Corbay,  qui  a  échaudé  tous  ses  arbres,  sur  la  re- 
commandation de  M.  Forney;  au  printemps  suivant,  les  arbres 
ainsi  échaudés  ont  eu  plus  d'insectes  que  jamais. 

Ùestruction  des  Courtilihres.  M.  Vigneron  de  la  Jousselan- 
dière,  de  Nantes,  a  publié,  dans  le  Journal  de  la  Société  nantaise 
d'horticulture,  un  rapport  sur  les  Courtilières,  dont  il  nous 
a  adressé  un  exemplaire  à  part,  et  dans  lequel  il  fait  l'histoire 
de  ce  terrible  insecte,  et  des  moyens  de  destruction.  Il  a  es- 
sayé de  tous  :  des  pots  remphs  d'eau  et  enfoncés  à  fleur  de 
terre  ;  des  tas  de  fumier  sous  lesquels  viennent  se  réfugier  ces 
animaux  ;  l'huile  et  la  solution  de  savon  noir  versés  dans  les 
trous,  etc.  L'auteur  les  a  essayé  tous,  mais  sans  grands  suc- 
cès. Il  a  imaginé  alors  le  procédé  suivant,  à  l'aide  duquel  il  a 
détruit  en  une  année  plus  de  5,000  CourtiUères  :  Placer  de 
distance  en  distance,  dans  les  allées  du  jardin,  une  couche  de 
terre  légère  et  meuble,  sur  environ  o  centimètres  d'épaisseur, 
80  de  longueur  et  40  à  .50  de  largeur,  en  ayant  soin  de  laisser 
une  portion  de  l'allée  à  découvert  entre  cette  couche  de  terre 
et  les  planches  cultivées.  On  recouvre  ces  tas  avec  les  mau- 
vaises herbes  arrachées  dans  les  plates-bandes,  ou,  faute  de 
mieux,  avec  de  l'herbe  fraîche  coupée,  de  la  vieille  paille  ou  du 


—  256  — 

vieux  foin.  Tous  les  trois  ou  quatre  jours,  on  enlève  avec  soin 
la  couverture  et  on  trouve  les  Courtilières  réfugiées  dans  la 
terre.  M.  Vigneron  de  la  Jousselandièrefait  usage  de  ce  procédé 
depuis  mai  jusqu'en  octobre  ;  il  prend  ainsi  chaque  année  une 
grande  quantité  de  ce  redoutable  ennemi  des  jardins. 


Travaux  du  mois  de  Septembre. 


Potager,  On  continue  de  semer  en  pleine  terre,  des  Radis,  Raves,  Carottes 
hâtives,  Pimpernelle,  Poireaa,  Cerfeuil,  Chicorée  fine  d'Italie,  Laitues  diverses. 
Mâche,  Épinard;  Choux  pommés  hâtifs,  Choux-fle  >rs,  etc.  —  On  prépare  les 
meules  à  Champignons;  on  continue  de  butter  le  Céleris  ou  on  l'arrache,  ainsi 
que  le  Cardon,  pour  le  faire  blanchir,  en  les  plantant  profondément  en  rigoUes 
dans  du  terreau . 

Pépinière.  On  veille  toujours  à  l'équilibration  des  arbres  ou  espaliers;  pincer 
long,  coucher  et  palisser  les  branches  vigoureuses;  dépalisser  et  redresser  les 
oranches  faibles;  découvrir  les  fruits  trop  ombragés. 

Jardin  d'agrément.  Récolte  des  graines,  et  semis  d'automne  {voir  page  4  44, 
1851).  Vers  la  fin  du  mois,  on  peut  commencer  à  planter  dans  des  pots  ou  à 
mettre  en  carafes,  pour  les  appartements,  les  Oignons  de  Narcisse  de  Constan- 
linople,  grand  Primo  et  Soleils  d'or,  les  Jacinthes,  les  Crocus,  Tulipes  hâtives. 
—  Il  faut  avoir  soin  de  choisir  des  Oignons  très-réguliers,  bien  fermes,  et  la 
couronne,  oii  naissent  les  racines,  tres-saine.  On  peut  attendre  le  mois  d'oc- 
tobre pour  planter  ces  ci  nous  en  pleine  terre. 

Serres.  Les  nuits  commencent  à  devenir  fraîches;  on  doit  rentrer,  dans  la 
deuxième  quinzaine,  les  plantes  deserres  chaudes;  rempoter,  avant,  celles  qui 
en  auraient  besoin;  les  arrosements  doivent  être  donnés  préférablement  le 
matin .  On  dispose,  vers  la  fin  du  mois,  les  panneaux  des  serres  tempérées, 
châssis,  bâches,  etc. 


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ITTACHÉ     AD     MUSEUM     d'bISTOIRE     KATCRELLK    DE     fA&IS, 

Collaborateur  du    .Wni.»*/   Jn   riamei,  des    figures   du  Bo»    JardMtr, 

Ei-Réflacteur  [>riiici|<al  «le  la  SocUié  WHamcuiiurf  Je  la  Seint 

Memltre   honoraire   et  correspouJant  Je   plusieurs   Sociétés  d'horticulture,   etc. 


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LesSouscriptciirsdesdépartementsqui  n'enverraient  p  f, avec  leur  demande  d'abonnement  im  boo 
surla  i)i>sie  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  .jne  nous  leurrerons  présenter  unennit- 
tance  de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


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LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
< 870 -1871 


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If  u  I  ^'"'"''^"''^"'■s  sont  priés  de  faire  parvenir  leurs  catalof/ues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
teiie,  j,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

/yofis  mêlions  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
moxs  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


RECETTES 


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MÉNAGES   BOURGEOIS 

ET    DES    PETITS    MÉNAGES 

AVEC   LA    MANIÈRE   DE  SERVIR    A   NOUVEAU    TOUS   LES   RESTES 
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SOMMAIRE  DU   NUMEllO   UE  SEPTEMBRE. 

.  llKiii.Ncy.  Chronique.  —  K.  Herincq.  De  l'Acclimatation.  —  o.  Lesccyeb. 
Antigonon  leptopus  (l'ig.  IX).  —  Ern.  Bonabd.  I„i  Pervenche  do  Mada- 
gascar.  —  0.  l.i:scuYi;ii.  I.a  Violette  cornue  (viola  coniula).  —  Dagor^o  aîné. 
Ciill lire  des  Choux-fleurs  (--iiilci.  —  F.  Astik.  Préparation  du  Crambé  ou  Chou 
marin.  —  L.  C-ouDiKR.  Potiron  tendre  de  Buonos-Ayres  (Hapallito  ticrno).  — 
1'.  AsriK.  I.e^  Pelargonium  zoualeà  IIcuin  doubles;  leur  valeur  décorative; 
aliiis  de  nouvelles  variétés.  —  Victor  Chatkl.  Moyeu  de  coiisci  ver  les  Pommes 
de  terre.  —  X Travaux  du  mois  d'Aoùl. 


CHRONIQUE 

ïjHortkullear  françui>i  suspendu  pendant  la  guerre;  uion  embarras  eu  repre- 
nant la  plume  de  chroniqueur •.  mon  sort  n'est  pas  digne  d'envie^  instincts 
natifs  de  la  bestialité  cbcz  l'Iioname.  Reprenons  le  travail  Les  perles  de  l'hor- 
ticulture;  puissance  de  l'industrie  horticole  à  Paris;  caractère  du  jardinier 
français.  Un  projet  d'Ecole  d'horticulture  potagère  moderne,  renversé  paruu 
projet  d'Ecole  •d'horticulture  maraîchère  démocratique;  exécution  sommaire 
du  second  projet  :  les  maraîchers  en  chaire.  Culture  des  glacis  des  fortifi- 
cations en  plantes  potagères,  pour  nourrir  les  Parisiens  pendant  le  siège, 
liésullals;  mystification;  légumes  exposés  el  vendus  le  5i5  décembre  en  fa- 
veur des  soldats  blessés;  leur  provenance;  tromperie  et  jactance;  les  lé- 
gumes ne  se  font  pas  on  15  jours.  Prix  des  légumes  à  Paris  pendant  le  siège; 
causes  des  prix  élevés  de  ces  légumes.  L'idée  de  faire  des  légumes  sur  les 
fortifications;  M.  Laizier  et  les  débilanls  de  bonheur  des  peuples.  Résultai 
final. 

Une  année  s'est  écoulée  depuis  l'apparition  du  dernier  nu- 
méro de  VHorticulteur  français,  dont  hi  publication  a  été  in- 
terrompue par  les  coups  de  canon  des  Prussiens,  qui  m'ont 
forcé  de  déposer  la  plume  de  la  défense  horticole,  pour  prendre 
le  grand  sabre  de  la  défense  nationale;  mais,  je  le  déclare  en 
toute  sincérité,  ce  grand  sabre  n'a  fait  de  mal  à  personne,  et 
iJ  ne  m'a  occasionné  aucune  égratignure  :  mes  amis,  —  si  j'en 
ai  au  delà  du  mur  d'enceinte,  —  peuvent  calmer  leurs  inquié- 
tudes. 

Aujourd'hui  la  plume  m'est  rendue;  je  n'en  remercie  nul- 
lement  le  ciel,  car  je  suis  très-embearrassé  d'elle.  Tenu  isolé 
du  reste  des  peuplades  plus  uu  moins  civilisées  de  la  terre, 

Septembre  !87l',  p^ra  ru  Août  1871  .  17 


~  258  — 

qui  ont  assisté  tranquillement  à  toutes  nos  petites  et  grandes 
boucheries  extra  et  intra-muros,  j'ignore  ce  qui  s'est  dit,  ce 
qui  s'est  fait,  au  delà  du  fameux  cercle  que  nous  n'avons  pu 
briser,  malgré  notre  bruyante  humeur  belliqueuse.  Dès  lors, 
avec  la  plume  de  chroniqueur  en  main,  je  trouve  que  mon 
sort  n'est  pas  absolument  digne  d'envie,  et,  en  ce  moment 
suprême  de  la  reprise  du  travail,  je  suis  presque  comme  cer- 
tains de  mes  anciens  camarades  de  la  milice  citoyenne  :  je  me 
laisserais  aller  volontiers  aux  regrets  de  ne  pas  pouvoir  conti- 
nuer, indéfiniment,  le  rôle  de  défenseur  de  la  pairie...  derrière 
les  remparts,  bien  entendu.  C'est  beaucoup  moins  ennuyeux 
que  d'écrire  une  chronique;  on  ne  se  figure  pas  la  dépense 
d'imagination  qu'on  est  parfois  obligé  de  taire  pour  arriver, 
par  une  succession  d'idées  pas  trop  saugrenues,  à  la  fin  de  sa 
lâche.  Mais  enfin,  puisqu  aucun  gouvernement  ne  peut  assurer 
indéfiniment  à  l'homme  l'existence  de  la  bête  brute,  c'est-à- 
dire  la  vie  sans  travail,  soumettons-nous  à  cette  nécessité  de 
travailler  pour  gagner  notre  nourriture.  Du  reste  le  pain  qu'on 
gagne  ainsi  est  moins  amer  que  celui  qu'on  jette  en  pâture  aux 
ours  mal  léchés  des  révolutions,  à  cet  amas  d'ivrognes,  de 
paresseux,  de  présomptueux  incapables,  tous  saturés  du  plus 
pur  despotique  orgueil,  et  qui  sacrifient  tout  —  jusqu'à  l'hon- 
neur et  leur  patrie  —  pour  satisfaire  à  ces  deux  instincts  natifs 
de  ia  bestialité  :  repos  et  volupté.  Pour  l'homme  des  révolu- 
tions tout,  en  eflet,  est  là;  le  dernier  acte  de  la4ragédie  que 
nous  avons  jouée,  pendant  près  d'iman,  nous  en  fournit  de 
nombreuses  et  incontestables  preuves.  Reprenons  donc  le  tra- 
vail ;  non-seulement  il  est  la  source  de  tous  les  biens,  jnais  il 
est  la  meilleure  entrave  qu  on  puisse  opposer  au  retour  de 
l'instinct  sauvage  qui  n'est  jamais  complètement  éteint  chez 
l'homme  civilisé.  Et^  certainement,  si  tous  les  fameux  pro- 
consuls de  la  Commune  s'étaient  livrés  davantage  au  travail 
el  moins  à  l'exercice  des  clubs  et  des  cabarets,  ils  n'auraient 


—  259  — 

pas  étalé,  d'abord,  leur  incapacité  à  l'Hôtel-de- Ville,  et  ils 
n'auraient  pas  eu  à  exercer,  ensuite,  leur  haine  sur  des  pauvres 
innocents  et  sur  des  monuments  sans  défense,,  ce  qui  dénote, 
chez  eux,  autant  de  bêtise  et  de  lâcheté  que  de  férocité. 

Travaillons,  reprenons  courage,  et  avec  un  peu  de  peine 
nous  parviendrons  à  relever  notre  pauvre  pays  qu'on  a  voulu 
abattre.  La  lâche  est  rude  sans  doute,  car  les  désastres  sont 
grands;  mais  la  volonté  et  l'union  conslituent  une  force  toute 
puissante,  qui  peut  renverser  les  plus  gigantesques  obstacles; 

unissons  donc  toutes  nos  volontés,  et que  celle  de  la 

Providence  s'accomplisse. 

L'Horticulture  n'a  pas  été  plus  épargnée  que  les  autres  in- 
dustries, dans  ce  grand  combat  livré  parla  barbarie  à  la  vraie 
civilisation.  Les  pertes  du  commerce  des  plantes  sont  très-con- 
sidérables. Nous  pourrions  faire  un  sombre  tableau  des  ruines 
horticoles  que  nous  avons  tristement  contemplées;  mais 
en  esquissant  ces  navrants  paysages,  il  faudrait  citer  les  éta^ 
blissements  ainsi  dévastés,  et  chaque  chef  de  maison  m'accu-_ 
serait  de  nuire  à  son  commeice,  en  éloignant  ses  clients  qui 
iraient  ailleurs,  dans  la  crainte  de  n'être  plus  servis  chez  lui 
comme  autrefois.  Passons  donc  en  silence  devant  ces  tristes 
épaves.  Du  reste  les  dégâts  matériels  sont  à  peu  près  partout 
réparés,  et  les  vides  dans  les  collections  sont  déjà  comblés. 
!)ès  aujourd'hui  le  commerce  parisien  est  en  mesure  de  satis- 
faire aux  demandes  les  plus  sévères  j  il  s'est  relevé  tout  seul 
de  ses  ruines,  tant  est  puissant  le  ressort  de  l'industrie  hor- 
ticole en  notre  beau  pays. 

La  Société  centrale  d'Horticulture  de  France  s'était  empres- 
sée^ toutefois,  d'otîrir  son  concours  aux  victimes  des  guerres 
prussiennes  et  communeuses,  en  réclamant  pour  elles  ou  en 
appuyant  les  demandes  d'indemnités  qu'elles  pourraient  faire. 
Dans  sa  séance  du  23  février,  elle  avait  nommé  une  commission 
chargée  de  recueillir  les  renseignements  et  de  constater  les 


—   260   - 

dégâts  éprouvés;  mais  elle  comptait  sans  ses  hôtes.  Le  jardi- 
nier français  est  essentiellement  Français  ;  il  veut  bien  recevoir, 
mais  il  n'entend  pas  qu'on  fouille  dans  ses  affaires,  pour  s'as- 
surer si  sa  demande  est  fondée  ou  non  ;  il  trouve  ce  procédé  in- 
convenant et  vexatoire  !  Dans  la  séance  du  9  mars,  un  membre 
de  la  commission  d'enquête  fit  connaître,  en  effet,  à  cette  com- 
pagnie [Journal  de  la  Société  centrale,  tome  V,  page  28)  a  que 
la  commission  chargée,  par  elle,  de  faire  un  relevé  des  dégâts 
causés  à  l'Horticulture  parisienne  par  le  siège  de  Paris,  ren- 
contre une  difficulté  sérieuse  auprès  des  horticulteurs  qui,  gé- 
néralement, font  difficulté  de  lui  fournir  les  éléments  de  ce 
relevé-.  » 

La  Société  d'Horticulture  de  Paris  s'est  contentée  de  prendre 
acte  de  la  rencontre  de  ces  difficultés,  afin  que  les  horticulteurs 
ne  puissent  accuser,  plus  tard,  elle  et  le  gouvernement  de  n'a- 
voir rien  fait  pour  l'Horticulture  parisienne  plus  ou  moins 
ruinée. 

Les  jardiniers  auraient  très-mauvaise  grâce  à  récriminer  ainsi; 
surtout  messieurs  les  maraîchersqui,  pendant  le  siège,  ont  été 
l'objet  de  faveurs  toutes  particuhères  de  la  part  'du  gouverne- 
ment de  la  Défense  nationale  et  de  la  Société  d'Horticulture.  En- 
registrons-les ici,  pour  en  consacrer  le  souvenir,  et  pour  montrer 
aussi  que  si  l'Horticulture,  en  France,  ne  marche  pas  plus  ra- 
pidement dans  la  voie  du  progrès,  ce  n'est  pas  toujours  la 
faute  des  gouvernants  qui  ne  peuvent  pas  tout  faire.  A  plu- 
sieurs époques  ou  a  tenté  de  fonder  des  écoles  d'Horticulture; 
et  chaque  fois  —  cnacun  sait  ça  —  le  plus  bel  insuccès  a  cou- 
ronné l'œuvre.  Les  promoteurs,  alors,  d'en  rejeter  la  faute  sur 
ie  gouvernement  qui,  disaient-ils,  avait  toujours  la  manie  de 
vouloir  faire  des  civels  sans  lièvres,  c'est-à-dire  de  fonder  des 
écoles  d'Horticulture  avec  des  professeurs  qui  n'étaient  pas 
horticulteurs  praticiens. 

Or.  l'année  dernière,  an  moment  où  les  regards  se  portaient 


—  2G1   — 

aulre  part  que  sur  les  promenades  peu  fleuries  de  la  capiiale, 
un  homme,  voulut  profiter  de  la  présence  des  Prussiens  aux 
environs  de  Paris  pour  créer  une  école  d'Horticulture  potagère 
moderne,  dans  le  jardin  des  Tuileries,  mais  toujours  avec  l'aide 
et  la  protection  du  gouvernement  ;  car,  en  France,  nous  ne 
savons  rien  faire  sans  lui.  Notre  hômmg  alla  donc  crier  fa- 
mine, pour  les  Parisiens,  chez  M.  le  ministre  de  1  instruction 
publique,  promettant  de  faire  pousser  —  à  la  moderne  — 
de  beaux  Choux  pour  les  assiégés,  sans  attendre  la  saison 
nouvelle.  Poussé  par  le  flot  de  la  misère  publique  qui  montait 
crescendo  et  par  sa  [)hilanthropie  bien  connue,  M.  le  mi- 
nistre allait  octroyer ,  à  l'homme  du  potager  moderne ,  le 
jardin  des  Tuileries  et  les  fonds  nécessaires  à  la  création  de 
son  école,  quand  il  fut  avisé  que  cette  école  moderne  n'avait 
rien  de  sérieux  ;  que  son  fondateur  était  un  homme  en 
effet  purement  moderne  ,  c'est-à-dire  un  homme  très-peu 
habitué  au  travail.  On  offrit  alors  eu  échange,  à  Son  Exe,  le 
projet  d'une  vraie  école  d'Horticulture  maraîchère  démocra- 
tique, dans  laquelle  toutes  les  sciences,  toutes  les  opérations  du 
jardinage^  tout  ce  qui  concerne  cet  état,  en  un  mot,  serait  pro- 
fessé et  enseigné,  par  de  vrais  maraîchers,  pris  à  la  source  la 
plus  pure,  c'est-à-dire  dans  les  marais  Saint-Antoine,  Picpus, 
Cliaronne,  etc. 

Cette  nouvelle  proposition  fut  agréée,  et  aussitôt  un  écri- 
vain distingué,  auteur  d'une  foule  de  petits  et  gros  livres  sur 
l'Horticulture  et  l'Agriculture  classiques,  reçut  mission  de  fon- 
der cet  établissement  d'enseignement  pratique,  unique  en  son 
genre,  et  entouré  de  toutes  les  chances  possibles  de  succès. 

Notre  savant  confrère  se  rendit,  en  conséquence,  dans  les  ré- 
gions où  se  trouvent  les  meilleurs  crus  de  la  science  maraî- 
chère, pour  recruter  son  personnel  enseignant.  Sur  son  passage 
le  peuple  applaudissait  et  tous  les  maraîchers  qui  jusqu'alors 
avaient  trouvé  a.  très-mauvaise  »  l'idée  d'une  école  d'Horticul- 


—  262  — 

tnre,  ]a  trouvèrent  excellente,  nette  fois  qu'on  venait  leur 
ofTiir  des  chaires  pour  enseigner  l'art  de  planter  des  Choux 
correctement  ;  ils  n'avaient  pas  assez  d'éloges  pour  le  gouver- 
nement de  la  Défense  nationale  qui  comprenait  si  bien,  di- 
saient-ils, les  vrais  intérêts  du  peuple!  Les  hommes  sont  bien 
tous  et  partout  les  mêmes,  depuis  le  premier  jusqu'au  dernier 
échelon  vje  F  échelle  sociale. 

Ceci  se  passait  dans  le  courant  du  mois  de  novembre  der- 
nier, en  plein  siège. 

Encouragés  par  ce  premier  succès,  M}1.  les  maraîchers  pro- 
posèrent, au  gouvernement,  de  mettre  en  culture  maraîchère 
tous  les  terrains  vacants  de  Paris,  pour  approvisionner  de  lé- 
gumes frais  les  pauvres  Parisiens  qui,  à  ce  moment,  en  étaient 
réduits  au  hareng  saur  —  un  pour  trois  jours;  —  le  ministre 
des  subsistances  accorda  avec  empressement  ces  terrains.  Les 
maraîchers  demandèrent,  alors,  tous  les  fumiers  des  différents 
services  de  la  ville  et  de  l'administration  de  la  guerre  ;  les  fu- 
miers furent  accordés.  Ils  réclamèrent  ensuite  —  insatiables, 
ces  maraîchers  —  ils  réclamèrent  l'exemption  du  service  mili- 
taire, de  la  garde  nationale,  pour  eux  et  leurs  fils  ;  et  les  fils 
furent  exemptés  du  service  des  tranchées,  et  les  pères  du  ser- 
vice des  remparts,  etc.,  etc.,  etc. 

Le  résultat  de  toutes  ces  concessions  et  exemptions  a  été 
celui-ci  : 

1°  Emploi  considérable  de  fumier; 

2°  Exemption  du  service  de  la  garde  nationale  de  tous  les  fils 
de  famille  de  MM.  les  maraîcl>ers  ; 

S*"  Zéro  élèves,  à  Técole  maraîc^ière,  à  moins  de  compter 
comme  tels  les  14  ou  1,500  solides  garçons  —  fils  de  famille 
suscités  —  exemptés  du  service  militaire,  pour  veiller  à  la  garde 
des  petits  Pois  qu'on  devait  nous  faire  manger  en  vert,  et  que 
ces  jeunes  citoyens  ont  laissé  geler,  par  une  des  plus  belles 
nuits  du  mois  de  janvier. 


—  263   — 

io  Enfin  zéro  légumes  mangeables  ;  mais  abondance  de 
plants  de  toutes  sortes,  avec  lesquels  MM.  les  maraîchers  ont 
pu  regarnir  leurs  marais,  après  la  signature  de  la  paix. 

En  résumé,  de  cette  école  pratique  et  des  cultures  munici- 
pales, il  ne  reste  plus  que  le  terrain  en  pleine  friche,  et  le  sou- 
venir de  l'énorme  quantité  de  fumier  qui  devait  produire  des 
légumes  en  abondance  pour  la  population  assiégée^  mais  qui  a 
été  absorbé  uniquement  pour  faire  pousser  du  plant  à  l'usage 
de  MM.  les  maraîchers.  • 

C'est  ainsi  que  les  gouvernements  croient  faire  quelque 
chose  dans  l'intdi'ét  public,  et  qu'ils  ne  font  rien.  Le  peuple 
alors  murmure,  elles  hommes  qui  le  gouvernent,  tout  étonnés 
de  l'entendre  murmurer,  de  répéter  en  chœur,  comme  dans  le 
Domino  noir  : 

«  Je  n'y  puis  rien  comprendre.  » 

Pendant  toute  la  durée  du  siège,  les  journaux  n'ont  fait 
qu'entretenir  la  population  parisienne  des  brillantes  cultures 
étabhes,  par  ces  habiles  maraîchers,  jusque  sur  les  glacis  des 
fortifications,  et  qui  devaient  lui  procurer  de  beaux  et  abon- 
dants légumes.  Les  pauvres  gardes  nationaux  de  service  aux 
remparts  risquaient  parfois  un  œil ,  par-dessus  les  épaule- 
ments  ou  dans  les  embrasures  des  pièces  de  canon,  pour  voir 
les  Choux  promis  ;  mais,  hélas  !  les  ,alacis  sont  restés  veufs  de 
Choux,  tout  le  temps  du  siège,  et  les  pauvres  Parisiens  avaient 
fini  par  oublier  jusqu'à  la  forme  pommée  de  ce  précieux  légume. 

Les  membres  du  gouvernement  ont  été  plus  heureux.  Le 
25  décembre,  à  la  vente  faite  au  ministère  de  l'instruction 
publique,  en  laveur  des  soldats  blessés,  la  commission  ma- 
raîchère exposa,  'devant  eux,  plusieurs  lots  de  légumes,  pré- 
sentés comme  les  résultats  obtenus  par  les  jardiniers  de 
Paris,  sur  les  terrains  incultes  et  à  l'aide  du  fumier  concédés 
par  l'administration  municipale  dans,  le  courant  du  mois  de 
novembre. 


—  261  ~>, 

Les  membres  du  goavernernent  ont  pu  voir  des  Clionx.  des 
Choux-fleurs,  Céleri  turc  et  Céleri-rave,  Salsifis,  Cerfeuil  bul- 
beux, Pomme  de  terre,  Potirons,  Igname  de  Chine,  etc.,  etc. 

Et  en  voyant  tous  ces  beaux  légumes  ^  ils  se  félicitaient 
d'avoir  mis  200  hectares  de  terrains  vagues  à  la  disposition 
des  maraîchers,  qui  étaient  arrivés  aussi  rapidement  n  d'aussi 
merveilleux  résultats  ;  ils  étaient  convaincus  que  Paris  n'avait 
l'ius  à  craindre  ni  la  famine  ni  les  Prussiens. 

Je  n'aurais  pas  parlé  de  cette  gigantesque  et  sublime  mys- 
tification, si  elle  ne  venait  pas  jeter  un  trouble  profond  dans 
l'esprit  des  personnes  peu  versées  dans  l'art  de  la  culture 
maraîchère.  En  lisant  toutes  ces  notes  de  journaux  et  notam- 
ment celles  du  Journal  de  la  Société  d'HorticuUure  de  Paris, 
on  peut  croire,  en  t-fî'et,  qu'avec  derintelligence,  de  la  perspi- 
cacité, de  la  science,  etc.,  etc.,  —  comme  celles  que  possèdent 
les  maraîchers  de  Paris,  au  dire  du  Journal  de  la  Société  cen- 
trale, —  on  parvient  à  suppléer  au  temps,  et  à  obtenir,  en 
deux  mois,  des  légumes  qui  demandent  normalement  neuf 
mois  de  culture  pour  arriver  à  l'état  d'être  livrés  à  la  con- 
sommation. Que  des  journalistes  s'amusent  à  bafouer  leurs 
lecteurs,  en  leur  racontant  les  choses  les  plus  impossibles, 
on  le  comprend;  c'est  dans  l'habitude  des  écrivains  des 
feuilles  publiques.  Mais  que  des  jardiniers,  qui  ont  reçu  des 
concessions  de  terrains  pour  produire  des  légumes  devant 
aider  à  l'ahmentation  d'une  population  menacée  de  famine, 
viennent  effrontément  montrer  aux  chefs  du  gouvernement 
des  légumes  conservés  en  caves,  comme  résultat  de  savants 
travaux  exécutés  sur  les  terrains  concédés  depuis  deux  mois, 
pour  faire  croire,  à  ces  chefs  et  au  pubhc,  «  au  talent  et 
à  la  supériorité  incontestable  des  cultivateurs  maraîchers  de 
Paris...  à  la  renommée  dont  ils  jouissent  justement  depuis 
longtemps...,  elc.  »  [Joiirn.  Soc.  dliorl.  de  Paris,  1871, 
p.    536)  et,    cela,  au  risque  de  répandre  les  idées  les  plus 


fausses  sur  les  principes  de  la  culture  maraîchère,  c'est  un 
procédé  que  nous  n'hésitons  pas  à  blâmer  hautement,  et,  d'au- 
tant, qu'il  cache  un  trafic  honteux,  dans  un  moment  où  tout 
Français  devait  faire  acte  d'abnégation,  ou  tout  au  moins  de 
désintéressement.  Non-seulement  ces  maraîchers  ont  trompé 
les, ministres  et  le  public,  mais  ils  semblent  dire  cpie  le  gouver- 
nement n'a  rien  fait,  nu  que  peu  de  chose,  pour  eux,  <(  Sans 
doute,  dit  un  membre  de  la  Société  d'Horticulture  de  Paris 
(Journ.,  p.  23),  les  horticulteurs  doivent  être  reconnaissants 
de  quelques  facilités  [\)  que  leur  a  concédées  l'administration 
municipale  pour  l'obtention  de  fumiers^  et  des  exemptions  du 
service  militaire.,..  Mais  si  des  résultats  sérieux  ont  été  obte- 
nus, si  des  légumes  ont  été  livrés  à  la  consommation  malgré  la 
rigueur  de  la  saison  hiiwrnale....  c'est  à  l'expérience  de  nos 
jardiniers  maraîchers  (pi'on  en  est  redevable,  etc.  » 

Devant  une  pareille  jactance,  nous  ne  pouvons  nous  em- 
])êcher  de  réduire  à  leur  juste  valeur  le  talent  et  la  supé- 
riorité (le  MM.  les  maraîchers,  qui,  avant  tout,  se  sont  mon - 
très  très  habiles  dans  l'art  de  la  spéculation. 

Oui,  en  effet,  MM  les  maraîchers  de  Paris  ont  pu  offrir, 
pendant  le  siège,  des  légumes  qui  ont  été  payés  au  poids  de 
l'or;  mais  ces  légumes  ne  provenaient  pas  de  cultures  pra- 
tiquées sur  des  ((  terrains  incultes,  qui  n'avaient  été  ni  fumés, 
ni  depuis  longtemps  travaillés,  ))  et  dont  ils  n'étaient  en  pos- 
session que  depuis  la  fin  de  novembre.  Ces  légumes  sortaient 
des  magasins,  où  ils  avaient  été  entassés  jusqu'au  moment  de 
l'investissement  complet,  et  d'autres,  ceux  de  la  saison,  prove- 
naient des  marais  qu'on  n'avait  jamais  cessé  de  cultiver. 

Je  le  répète,  on  ne  crée  pas,  de  toutes  pièces,  en  quelques 
jours,  des  légumes  qui  demandent  de  six  à  neuf  mois  de  cul- 
ture pour  acquérir  leur  maturité. 

Et  veut-on  savoir,  maintenant,  à  quels  prix  ces  habiles  jar- 
diniers vendaient  les  produits  si  rapidement  et  si  merveilleu- 


—  266  ^ 

sèment  obtenus  ?  Voici  ceux  c|ui  ont  été  publiés  par  le  Journal 
de  la  Société  à/ Horticulture  de  Paris-,  l'auteur  de  la  note 
les  donne  comme  lui  ayant  été  fournis  par  les  producteurs 
mêmes.  Outre  l'intérêt  historique,  ces  prix  établissent  encore 
la  somme  de  patriotisme  que  MM=  les  maraîchers  du  départe- 
ment do  la  Seine  ont  dépensée  pour  aidera  la  défense  de  Paris, 
et  ils  montrent  si  ces  honorables  industriels  ont  su  profiter 
d'un  malheur  public  pour  rançonner  plus  que  de  raison  leurs 
concitoyens. 

Voici  donc  les  prix  de  quelques-uns  des  fameux  légumes 
soi-disant  obtenus  en  moins  de  deux  mois  sur  les  terrains  et 
avec  le  fumier  concédés  par  l'administration  municipale  : 

5  Laitues  ont  été  vendues 7  fr.     »    c. 

3  Scaroles 8  y) 

5  Céleris  (1) 5  )) 

1  Salade  de  Céleri  et  Mâche 12  50 

1  Chou Î6  )) 

!   Chou-fleur. 4  » 

1   botte  de  Radis 2  50 

1   Cardon 30  » 

1   botte  de  Poireaux 18  )) 

1  botte  de  Carottes 19  » 

1   hectolitre  Pommes  de  terre.      ...  26  )) 

1   Radis  noir.     . 7  )) 

1   Potiron 25  » 

1   lot  de  Mâches 4  50 

1  botte  de  Navets 6  50 

En  présence  de  ces  cliitïres,  tout  commentaire  est  superflu  ; 


(I)  Je  pourrais  donner  le  nom  d'ua  maraîcher  qui  avait  7000  pieds  de 
Céleris  en  jauge,  et  qui  a  refusé  de  les  vendre  2  fr,  la  pièce,  espérant  que 
les  prix  monteraient  encore.  Mais  la  gelée  a  tout  détruit  en  une  nuit,  et  Dieu 
sait  si  j'ai  battu  des  mains  en  appreng,nt  ce  désastre,  juste  punition  du  ciel! 


—  267  — 

mais  si  les  autres  commerçants  avaient  suivi  l'exemple  de  nos 
patriotiques  confrères,  que  serions-nous  devenus  pendant  cinq 
mois  de  siège?  ' 

A  ce  reproche,  qui  leur  a  été  adressé,  ils  ont  d'abord  ré- 
pondu^ que  l'exagération  de  ces  prix  était  causée  p;u'  la  rapa- 
cité des  intermédiaires,  entre  eux  et  les  consommateurs  ;  mais 
les  prrx  "que  nous  venons  de  donner  sont  ceux  des  objets 
vendus  par  les  producteurs.  Ensuite,  ils  ont  accusé  la  com- 
pagnie des  Omnibus  d'avoir  vendu  le  fumier  très-cher.  Autre 
mauvaise  raison  ;  la  compagnie  des  Omnibus  n'est  pour  rien 
dans  cette  affaire,  car,  je  le  répète,  ce  n'est  pas  avec  le  fumier 
qui  leur  a  été  fourni  pendant  le  siège  que  MM.  les  maraîchers 
ont  obtenu  les  Potirons  qu'ils  ont  vendus  25  fr.  ;  les  Gardons 
vendus  30  fr.;  les  Pommes  de  terre  que  j'ai  payées,  moi-même, 
comme  Bergeret,  26  francs  l'hectolitre  ;  les  Choux  pommés 
achetés  16  fr.^  et  ainsi  de  tous  les  légumes  que  M.  Laizier  a 
présentés  comme  résultats  de  culture  pendant  le  siège,  mais  que 
les  maraîchers  de  Paris  n'ont  jamais  pu  obtenir,  je  le  répète, 
du  12  novembre  au  2o  décembre,  voire  même  au  28  janvier, 
quel  que  soit  le  merveilleux  de  la  rapidité  de  leurs  méthodes 
parfaites  de  culture  et  quand  ils  auraient  employé  tous  les 
anciens  fumiers  impériaux. 

Je  n'ai  jamais  compris  cette  extravagance  d'idée  de  la  part 
de  M.  Laizier,  président  de  la  commission  des  maraîchers  de 
Paris,  qui  sait  comment  pousse  un  Chou.  Elle  ne  m'aurait  pas 
surpris,  si  elle  était  sortie  du  cerveau  d'un  de  ces  braves  et 
excellents  républicains  chevronnés,  c'est-à-dire  de  la  veille ^ 
qui  se  disent  seuls  possesseurs  de  l'amphore  fameuse  et  inson- 
dable renfermant  lentes  les  libertés  et  tous  les  bonheurs  des 
pcu(d(.'S,  mais  de  laquelle  ils  n'ont  jamais  pu  rien  faire  sortir, 
si  ce  n'est  du  sang  et'^le  la  misère.  Ces  braves  gens  sont  telle- 
ment irréfléchis,  qu'ils  auraient  pu  croire,  très-facilement, 
qu'on  pouvait   produire,  par  décret ,  un  Chou  pommé ,  un 


—  268  — 

Chou-fleui',  comme  on  a  iait,  par  décret,  un  directeur  général 
des  plantations  de  la  ville  de  Paris,  du  citoyen  Cavalier  dit 
Pipe-en-Bois,  ex-grand  cultivateur  de  carambolage  au  café 
Procope,  aujourd'hui,  probablement,  inspecteur  de  colonisation 
d'une  de  nos  colonies  quelconques.  Pour  ces  braves  et  excel' 
lents  débitanis  de  bonheur  et  de  liberté  populaires,  qui  croient 
plus  ou  moins  sincèrement  à  la  réalisation  de  leur  boniment, 
l'homme  peut  tout  quand  il  veut,  et  il  n'y  aurait  rien  d'é- 
tonnant qu'ils  aient,  encore  actuellement,  la  conviction  — su- 
perticielle  peut-être  —  que  si  le  gouvernemeut  de  la  Défense 
nationale  l'avait  bien  voulu,  les  maraîchers  de  Paris  auraient 
pu  produire  des  Choux  pommés  de  qualité  supérieure,  en  moins 
de  8  jours,  sur  les  glacis  des  fortifications,  et  en  telle  abon- 
dance, que  le  moment  psychologique  de  de  Mollke  était  reculé 
indéfiniment  et  que  les  Prussieiis  auraient  été  ainsi  obligés  de 
lever  le  siège  de  Paris  ! 

Quoi  qu'il  en  soit^  l'idée  —  burlesque  tant  qu'on  voudra, 
mais  avant  tout  républicaine,  c'est-à-dire  irréfléchie  — de  faire 
pousser,  en  quelques  heures,  des  Choux  sur  les  fortifications 
pour  nourrir  les  défenseurs  de  Paris,  aura  toujours  eu  un  ré- 
sultat final  dont  profitera,  certainement,  la  science  horticole. 
Le  peuple  parisien  reconnaissant,  pour  le  bien-être  qu'il  éprou- 
vait à  regarder  chaque  matin  ,  par-dessus  les  épaulements 
des  remparts,  si  les  Choux  poussaient  sur  les  glacis,  a  nommé 
député,  au  Corps  législatif,  un  des  auteurs  de  cette  fameuse 
et  démocratique  idée! 

Et  qu'on  vienne  dire,  après  cela,  que  le  peuple  français  n'est 

pas  toujours  le  peuple  le  plus naïf,  le  plus  exploitable  et 

le  plus  exploité  du  monde  !... 

F.  Herinco. 


2t)0 


DE  L'ACCLIMATATION. 

L'hiver  de  1870-1871  a  porté  un  coup  terrible  à  cette  inno- 
r.ente  fiction  scientifique  qu'on  appelle  acclimatation,  et  en  vertu 
de  laquelle  on  peut  habituer  un  être  quelconque,  soit  plante  soit 
animal,  à  vivre  dansunchmat  différent  de  celui  pour  lequelil 
a  été  créé,  et  à  supporter  une  température  beaucoup  plus  basse 
que  celle  de  son  climat  natif. 

Nous  avons  toujours  été  l'adversaire  de  racclimatation  ; 
nous  tivons  toujours  regardé  comme  une  erreur  le  principe  sur 
lequel  repose  cette  science,  et  nous  l'avons  combattue,  parce 
que  nous  avons  vu  en  elle  una  sorte  de  Calpé,  qui  s'oppose  à 
la  marche  de  nouvelles  conquêtes  scientifiques,  et  au  pied  de 
lac[uelle  tout  vient  se  briser  et  s'anéantir.  En  effet,  pendant 
qu'on  caresse  et  soutient  une  douce  hérésie,  le  progrès  est  en- 
rayé, car  on  le  maintient  aux  arrêts,  la  chaîne  au  cou. 

Naturellement,  notre  opposition  a  été  fort  peu  goûtée  des 
hommes  qui  acceptent  révérencieusement  toutes  les  opinions 
des  savants,  sous  le  fallacieux  prétexte  qu'il  faut  respecter  les 
idées  des  auteurs  qui  ont  une  certaine  notoriété  dans  la  science; 
et  les  épithèles  les  plus  mal  sonnantes  ne  nous  ont  pas  été 
épargnées.  Pendant  longtemps  nous  avons  combattu,  seul 
contre  tous,  cette  vieille  opinion  de  nos  pères  :  qu'on  peut 
acclimater  des  plantes  et  des  animaux.  Aujourd'hui,  deux  bo- 
tanistes viennent  — je  ne  dirai  pas  se  ranger  sous  ma  bannière, 
ce  serait  irrévérencieux  de  ma  part,  —  mais  ils  viennent  ap- 
porter le  poids  de  leur  autorité.  Ils  ont  profité  de  la  pivsence  des 
Prussiens,  aux  environs  de  Paris,  pour  aller  passer  F  hiver  dans 
le  midi,  et  se  livrer  à  l'étude  de  l'acchmatation  des  végétaux. 
Ce  qu'ils  ont  vu  leur  a  paru  si  peu  en  harmonie  avec  ce  qu'ils 
avaient  entndu  dire,  ({uaussitôt  de  retour  dans  la  capitale  du 


—  270  — 

monde  savant,  ils  se  sont  posé  chacun  cette  question  :  «  l'ac- 
climatation vraie  exisie.-t-elle  réellement?  » 

Dans  la  séance  du  23  mars  de  la  Société  d'Horticulture  de 
Paris,  M.  Duchartre  s'est  répondu  :  €  Dupetit-Thouars  avait 
raison  :  «chercher  à  acclimater  une  plante,  c'est  poursuivre 
une  chimère;  »  et.  dans  la  séance  du  24  mars  de  la  Société 
d'acclimata'ion,  M.  Gliatin  a  déclaré  à  ses  collègues  qu'il  ne 
croyait  plus  au  principe  pour  le  développement  duquel  celte 
Société  a  été  fondée.  De  là  grand  mécontentement  et  protes- 
tation. M.  de  Quatrefages  a  réclamé  en  faveur  de  l'acclima- 
tation, en  reconnaissant  toutefois  :  que  l'acclimalation  sans 
modification  des  êtres  est  un  rêve;  qu'elle  n'est  possible  que 
par  suite  de  la  formation  de  races  déterminées,  et  adoptées 
physiologiquement  a" un  milieu  nouveau. 

M.  Duchartre  ne  paraît  pas  partager  cette  manière  de  voir 
du  savant  président  de  la  Société  d'acchmatation.  Dans  une 
longue  note  insérée  au  compte  rendu  de  la  séance  du  23  mars 
de  la  Société  d'Horticulture  de  Paris,  il  appelle  l'attention  des 
partisans  de  l-acclimatation,  au  sujet  de  la  mort  des  Eucalyptus 
cjlohulus  et  Agave  americana^  qu'on  regardait  comme  accli- 
matés définitivement  dans  le  midi  de  la  France.  Nous  repro- 
duisons celte  noie  à  peu  près  in  extenso  : 

«  Depuis  un  certain  nombre  d'années,  dit-il,  la  création, 
incontestablement  utile,  d'une  grande  Société-mère  spéciale, 
qui  a  eu  bientôt  un  grand  nombre  de'  Sociétés  correspondantes 
ou  affihées  sur  presque  tous  les  points  du  globe,  a  mis  à  la 
mode  le  mot  d'acclimatation.  Après  avoir  admis,  avec  pleine 
raison,  qu'on  pourrait  acclimater,  dans  nos  contrées,  des  végé- 
taux empruntés  à  des  contrées  analogues  aux  nôtres  pour  le 
climat,  pour  l'ensemble  des  conditions  climatériques,  on  a 
pensé  qu'on  pourrait  encore,  grâce  à  des  cultures  successives 
dans  des  stations  intermédiaires,  amener  une  espèce  propre 
aux  régions  chaudes  à  prospérer  finalement  dans  des  pays  tem- 


—  271   — 

pérés  ou  même  froids.  L'exagération  de  cette  idée  est  devenue 
telle,  qu'on  a  pu  lire,  dans  mi  journal  scientifique  français,  un 
long  article  destiné  à  exposer  cette  thèse  singulière,  que  si  les 
plaines  des  euvirons  de  Paris  n'étaient  pas  encore  plautées  en 
Bananiers.  Arbrtis  à  pain,  Cannes  à  sucre,  etc.,  c'était  unique- 
ment, selon  l'auteur,  par  suite  de  la  routine  invétérée  chez  nos 
(Cultivateurs  (!!!)  On  en  est  enfin  venu  à  un  tel  abus  du  mot 
«acclimater,  3>  qu'un  savant,  des  plus  distingués  à  d'autres 
litresj  a  écrit  un  mémoire  sur  des  végétaux  acclimatés  dans 
une  excellente  orangerie.  » 

(f  Or,  il  y  a  déjà  bien  longtemps  que  Dupetit-Thouars,  ex- 
cellent esprit  et  physiologiste  éclairé,  quoique  parfois  systéma- 
tique,' avait  appelé  l'acclimataiion  :  la  douce  chimère  de  la  cul' 
ture.  M.  Duchartre  pense  que  Dupetit-Thouars  avait  parfaite- 
ment raison,  et  que  chercher  à  cultiver  une  plante  sous  un 
cHmat  sans  analogie  marquée  avec  le  sien  propre,  en  d'autres 
termes,  à  l'acclimater,  c'est  poursuivre  une  chimère,  à  moins 
qu'on  ne  soit  assez  heureux,  par  une  rare  série  prolongée  d'ac- 
'tions  exercées  avec  une  rare  sagacité,  ou  par  l'effet  d'accidents 
sans  cause  connue,  pour  en  obtenir  une  race  plus  rustique, 
moins  sensible  au  froid  et  aux  autres  influences  climatériques 
que  le  type  duquel  elle  sera  sortie;  mais-  ces  cas  sont  encore 
bien  rares,  s'ils  existent  môme  en  réalité.  Ainsi,  dit  M.  Du- 
chartre^ pour  citer  des  végétaux  très-connus,  sous  combien  de 
formes  différentes  se  présentent  aujourd'hui  les  Haricots,  les 
Pommes  de  terre,  les  Dahlia,  etc,  etc.  !  Néanmoins  en  connait- 
on  qui  soient  aujourd'hui  moins  sensibles  à  la  gelée  que  ceux 
qui  ont  en  premier  lieu  trouvé  place  dans  les  jardins,  à  une 
date  bien  éloignée,  au  moins  quant  aux  deux  premiers?  VA- 
gave  americana  a  été  importé  du  Nouveau-Monde  depuis  plus 
de  trois  siècles,  puisque  Glusius  l'a  vu  déjà  en  Espagne,  en 
lo03.  11  existait  aussi  dès  cette  époque  en  Italie.  De  là^  il  n'a 
pas  tardé  à  se  répandre  dans  la  pluparfdes  pays  que  baigne  la 


Méditerranée,  et,  dans  certains  de  ces  pays,  il  est  devenu  fort 
abondant.  Or,  les  contrées  méditerranéennes  offrent  une  assez 
grande  inégalité  au  point  de  vue  de  leur  température  pour 
que,  si  cette  espèce  avait  dû  subir   V influence  modificatrice 
qu'on  a  voulu  accorder  à  la  culture  sous  des  climats  différents, 
elle  dût  être  aujourd'hui  parfaitement  acclimatée.  Sans  être 
commun  dans  les  environs  de  Béziers,  V Agave  y  est  cependant 
assez  répandu  soit  dans  les  jardins,  soit  en  groupes  isolés  dans 
la  campagne.  Il  en  existait,  avant  Thiver,  bon  nombre  de 
pieds  végétant  ainsi,  sans  culture  ni  abri,  dont  la  force  indi- 
tpait  qu'ils  occupaient  la  place  depuis  longtemps  déjà.  Après 
l'hiver  M.  Duchartre  n'en  a  plus  retrouvé  un  seul  en  vie,  même 
dans  des  expositions  bien  abritées.  L'Agave  americana  n'est 
donc  pas  acclimaté  dans  le  midi  de  la  France,  plus  de  trois 
siècles  après  son  introduction  en  Europe. 

))  Quant  à  V Eucalyptus  glohulus,  il  n'y  a  que  peu  d'années 

cj[u'il  nous  a  été. apporté  d'Australie;  aucun  hiver  réellement 

rigoureux  n'étant  surven^i  depuis  qu'on  l'a  planté  en  assez 

grande  abondance  dans  nos  départements  méditerranéens,  on' 

s'est  flatté  de  l'idée  qu'il  était  déiinitivement  acquis  à  cette 

partie  de  la  France.  On  a  même  proposé  de  l'utiliser  pour  tirer 

parti  de  certains  terrains,  à  cause  de  la  rapidité  avec  laquelle 

il  se  développe.  Or,  il  n'a  pas  supporté  les  gelées  de  l  hiver  (1) 

et  même  l'état  de  ses  feuilles  et  de  son  écorce  attestait  qu'il 

avait  déjà  péri  avant  que  le  froid  fût  arrivé  à  son  maximum. 

On  voit  donc  qu'il  ne  faut  pas  se  presser  de  chanter  victoire 

quant  à  l'acquisition  de  végétaux  originaires  de  pays   plus 

chauds  que  le  noire,  ou,  pour  employer  l'expression  consacrée, 

cjuanl  à  l'acchmatation  de  végétaux  étrangers.  S'il  y  a  une  série 

d'hivers  peu  rigoureux,  ces  nouveaux  venus  résistent  j  mais 


(1)  A  Montpellier,  le  therniomèlrc   est  descendu  à  16   degrés  au-dessous 
de  zéro. 


—  273  — 
dès  que  survient  un  de  ces  hivers  exceptionnels  que  M.  Renoii 
croit  revenir  en  France  à  peu  près  tous  les  quarante  ans, 
comme  ceux  de  1709,   1749,  1789,  1826,  et  poin*  le  midi, 
1870-1871,  les  espèces  que  nous  nous  flattions  d'avoir  défini- 
tivement acquises  succombent  au  froid  et  nous  démontrent 
ainsi  notre  erreur.  —  ce  Au  reste,  dit  en  terminant  M.  Du- 
chartre,  le  plus  ou  moins  d'abondance  des  sucs  dans  le  tissu 
d'une  plante,  surtout  peut-être  l'humidité  ou  la  sécheresse  du 
sol,  influent  beaucoup  sur  la  puissance  avec  laquelle  le  froid 
agit  sur  les  plantes.  Je  viens  d'en  avoir  la  preuve  par  un  fait 
qui  me  semble  mériter  d'être  cité.  VAspidislra  elatior,  espèce 
originaire"  de  la  Chine,  est  tenue,  pendant  l'hiver,  en  serre 
tempérée  ou  en  serre  froide.  J'en  ai  deux  pieds  plantés  dans 
deux  caisses  rempHes  de  terre  de  bruyère  qui,  pendant  mon 
absence,  sont  restés  absolument  abandonnés   tout  cet  hiver 
dans  une  cuisine  où  le  froid  a  été  assez  fort  et  assez  prolongé 
pour  que   l'eau   qui  remplissait  l'un   des   réservoirs    qu'on 
nomme  fontaine  à  fdtre  ait  fini  par  ne  former  qu'un  seul  bloc 
de  glace.  Ces  deux  Aspidistra  n'ont  nullement  soufïert  et,  au 
moment  présent,  ils  sont  en  fort  bon  état.  » 

Dans    cette  même   séance  de   la  Société   d'Horticulture, 
M.  Cliatin  a  confirmé  ce  qu  il  a  dit  à  la  Société  d'acchmatation  et 
appuyé  l'opinion  de  M.  Duchartre.  Selon  lui  on  abuse  beaucoup 
du  mot  acclimatalion  :  quand  une  plante  étrangère  vient  bien 
dans  nos  pays,  dit-il,  on  proclame  aussitôt  quelle  y  est  accli- 
matée, tandis  que  le  résultat  observé  tient  uniquement  à  ce 
qu'elle  a  trouvé  dans  son  nouveau  séjour  des  conditions  ana- 
logues à  celles  au  milieu  desquelles  elle  vivait  naturellement 
Dans  d'autres  cas,   l'acclimatation  semble  définitive  pendant 
une  série  d'années  :  mais  un  hiver  plus  rigoureux  quel  es 
premiers  suffit  pour  détruire  toutes  les  es[)érances  qu'on  avait 
conçues.  M.  Chatin  fait  observer  en  outre  que  Thumidité  et  l;i 
sécheresse  influent  beaucoup  sur  l'intensité  avec  laquelle  agit 
Septembre  i  S"  1 .  Ib 


—  274  — 

la  gelée  sur  différents  pieds  de  la  même  espèce  végétale.  Ainsi, 
dit-il,  au  printemps^  les  chênes  ont  souvent  leurs  jeunes  pousses 
gelées  dans  les  bas-fonds  et  non  sur  les  coteaux  où  il  y  a  moins 
d'humidité  ;  l'olivier  succombe  souvent  au  froid  après  des 
pluies  ;  l'avoine  d'automne  gèle  fréquemment  sur  les  terres 
.humides,  tandis  qu'elle  persiste  si  on  la  sème  dans  des  terres 
sèches. 

Ces  deux  savants  botanistes  pouvaient  déduire  de  tous  ces 
faits  le  principe  physiologique  que  voici,  et  que  nous  énon- 
cerons en  attendant  qu'ils  le  développent  pour  leur  compte  : 

Tout  végétal,  ou  plutôt,  tout  être  végétal  spécifique  a  reçu 
delà  nature  une  constitution  cjui  lui  permet  de  supporter  une 
température  inférieure,  jusqu'à  un  degré  donné.  Chaque  fois 
donc  qu'une  plante  quelconque  est  transplantée  dans  un  climat 
différent  du  sien,  cette  plante  vit  et  se  développe  tant  que  la 
température  de  ce  climat  ne  descend  pas  au-dessous  du  degré 
minimum  pour  lequel  cette  plante  est  constituée,  c'est-à-dire 
du  degré  de  froid  qu'elle  peut  supporter,  et  auquel  la  tempé- 
rature de  son  pays  natal  peut  accidentellement  descendre.  Par 
conséquent  une  plante  pourra  vivre  dans  un  pays  moins  chaud 
que  le  sien,  aussi  longtemps  que  la  température  ne  descendra 
pas  au  degré  qui  lui  aurait  donné  la  mort  dans  son  climat 
même.  Elle  y  vivra  10  ans,  20  ans,  50  ans,  si  pendant  toute 
cette  période  la  température  n'atteint  pas  le  degré  de  froid 
qui  la  fait  mourir;  mais  aussitôt  que  ce  degré  sera  atteint, 
la  plante  périra.  Tous  les  soins  qu'on  lui  aura  donnés  pendant 
cette  plus  ou  moins  longue  période  de  culture  acclimatative 
ne  lui  aura  pas  fait  acquérir  la  plus  petite  somme  de  rusticité. 

Je  le  répète,  toute  plante  est  constituée  pour  supporter  un 
certain  degré  de  froid,  et  elle  peut  vivre  n'importe  dans  quel 
climat,  tant  que  la  température  ne  descend  pas  au-dessous  du 
degré  de  froid  que  la  plante  peut  supporter,  d'après  la  consti- 
tution originelle  de   l'espèce.   Or,    toute  plante  est  dite  ac» 


—  275  — 

climatée,  par  les  partisans  de  l'acclimatation,  tant  que  la 
température  ne  descend  pas  au  degré  de  froid  mortel  de 
l'espèce.  11  n'y  a  pas  d'autre  acclimatation  ;  la  culture  ne 
peut  pas  plus  opérer  le  miracle  des  modifications  du  tempé- 
rament, que  celui  de  la  transformation  constitutive  des  organes 
des  végétaux.  Quant  à  la  création  de  races  plus  rustiques,  la 
culture  est  encore  à  nous  en  fournir  le  premier  exemple. 

Que  les  partisans  de  l'acclimatation  en  prennent  donc  leur 
parti.  Ils  pourront  encore  néanmoins  jouir  de  quelques  beaux 
arbres  de  pays  plus  chauds  que  le  nôtre,  pendant  plusieurs 
années;  mais  il  faut,  dès  aujourd'hui,  qu'ils  s'attendent  à  des 
déceptions  qui  seront  d'autant  plus  cruelles,  qu'ils  auront  joui 
plus  longtemps  de  la  vue  d'un  beau  sujet  acclimaté. 

F.  Herinco. 


ANTIGONON  LEPTOPLS  (Pl.  IX). 

Cette  plante,  introduite  dans  ces  dernières  aimées,  du  Mexi- 
que, est  encore  peu  répandue  dans  les  cultures  ;  c'est  une  mer- 
veilleuse rivale  du  Bougainvillea,  dit  M.  Hooker,  par  l'abon- 
dance des  élégantes  grappes  qu'elle  développe  et  par  la  belle 
couleur  rouge  de  ses  fleurs. 

VAntigonon  est  une  plante  vivace ,  grimpante,  à  tiges  li- 
gneuses grêles,  et  à  rameaux  anguleux  tomenteux.  Les  feuilles 
sont  alternes,  pétiolées,  de  forme  ovale,  entières,  terminées  eu 
une  petite  pointe  au  sommet,  échancrées  en  cœur  à  la  base, 
tomenteuses  en  dessous  dans  le  jeune  âge,  puis  glabres. 

Les  stipules  opposées  aux  feuilles  ont  la  forme  d'écaillés. 
Les  fleurs,  d'une  belle  et  éclatante  couleur  rouge,  sont  portées 
par  un  pédicelle  très-grêle  capillaire,  et  disposées  en  grappes 
rassemblées  dans  la  partie  supérieure  des  rameaux  en  splen- 
dides  panicules  retombantes;  chaque  grappe  est  terminée  par 
une  sorte  de  vrille  rameuse. 


—  276  - 

Les  fleurs,  qui  ont  un  centimètre  et  pins  de  grandeur,  sont 
composées  d'un  simple  calice  coloré,  à  5  sépales  inégaux  : 
3  sont  extérieurs,  largement  cordiformes  ou  ovale  é chancre  en 
cœur,  et  2  sont  intérieurs  de  forme  oblongue;  tous  les  cinq  d'un 
très-beau  rouge  éclatant.  Comme  chez  toutes  les  plantes  de  la 
•  grande  classe  des  Apétales,  il  n'y  a  pas  de  corolle.  Les  éta- 
mines  sont  au  nombre  de  8,  de  même  grandeur,  avec  des  filets 
subulés,  soudés  entre  eux  en  une  sorte  de  cupule  qui  s'insère 
au  fond  du  calice.  L'ovaire  est  triangulaire,  surmonté  de 
3  styles  soudés  inférieurement.  Cet  ovaire  devient  un  fruit 
sec  nommé  akène,  à  une  seule  loge  qui  renferme  une  graine 
dressée  ;  il  est  enveloppé  dans  les  sépales  qui  persistent  après  la 
floraison,  comme  dans  beaucoup  de  piaules  de  cette  famille  et 
notamment  dans  les  oseilles. 

Cette  belle  plante,  qui  est  originaire  du  Mexique  occidental, 
et  dont  on  a  retrouvé  des  spécimens  en  Californie  et  dans  la 
Nouvelle-Grenade,  a  été  introduite  il  y  a  trois  ans  en  Angle- 
terre où  elle  a  fleuri  dans  le  mois  d'octobre  de  l'année  qui  a 
suivi  son  introduction  ;  ce  qui  indique  une  plante  vigoureuse 
et  facile  à  fleurir.  Elle  est  de  serre  tempérée,  et  même  de  serre 
froide  ;  ce  sera  une  ravissante  et  précieuse  plante  pour  les 
jardins  d'hiver.  On  la  multiplie  de  graines  semées  en  terrines; 
on  repique  le  plant  en  godet  qu'on  place  sur  une  couche  tiède 
ou  en  serre  pour  pousser  rapidement  à  la  végétation,  .^a 
multiplication  est  également  très-iacile  par  bouture  en  serre. 

0.  Lesciyer. 


LA  PEPiVENCHK  DE  MADAGASCAR. 

Cette  ravissante  Pervenche  ligneuse,  qui  peut  atteindre 
à  deux  mètres  de  hauteur,  élevée  en  espaher  dans  nos  serres 
et  jardins  d'hiver,  est  cultivée,  par  certains  jardiniers  de  Paris, 
pour  les   marchés,  et  traitée  alors  comme  plante  annuelle. 


—  277  — 

Dans  cette  condition  cette  Pervenche  devient  aussi  une  de  nos 
plus  joJies  plantes  d'ornement  pour  la  décoration  des  jardins. 

Cette  Pervenche  aime  les  sols  légers  et  chauds  ;  un  la  mul- 
tiplie par  le  semis. 

Pour  obtenir  des  plantes  de  serres  ou  d'appartement,  on 
sème  dès  janvier  ou  février;  mais  pour  les  plantes  de  pleine 
terre  on  ne  sème  qu'au  mois  de  mars  en  terrine^  tenue  en 
serre  ou  sur  couche.  Quand  le  plant  a  4  ou  5  centimètres,  on 
le  repique  en  petit  godet  qu'on  replace  sur  couche  et  sous 
châssis,  en  donnant  de  l'air  le  plus  souvent  possible,  lorsque 
le.  temps  est  convenable. 

Cette  Pervenche  ne  se  ramifie  pas  facilement  ;  il  faut  donc, 
pour  en  obtenir  de  beaux  pieds,  aider  à  la  ramification  par  le 
pincement.  On  exécute  cette  opération  quand  le  plant  a  6  ou 
7  feuilles  ;  il  se  développe  alors  5  ou  6  rameaux  qui  donnent 
naissance  à  de  charmantes  fleurs  roses  ou  blanches;  pour  ob- 
tenir une  plus  abondante  floraison,  on  repince  tous  les  ra- 
meaux provenant  du  premier  pincement  ;  mais  on  retarde  la 
floraison  d'un  mois. 

Le  meilleur  sol  factice  pour  la  Pervenche  de  Madagascar  ou 
Pervenche  rose  {Vinca  roseu}  est  celui  qui  est  composé  de  terre 
de  bruyère  mélangée  d'un  tiers  de  bon  terreau.  J'en  ai  vu  de 
ravissantes  corbeilles,  l'année  dernière,  dans  les  jardins  du 
palais  deCompiègne.  Que  sont-elles  devenues,  hélas! 

1^^.    BONARD. 


VIOLETTE  CORNUE. 

[Viola  cornuta.) 

Cette  Violette,  qui  appartient  à  la  section  des  Pensées,  est  une 
des  plus  précieuses  du  genre  par  l'élégance  et  l'abondance  de 
ses  fleurs,  et  par  la  durée  de  la  floraison.  Elle  est  voisine  des 


—  278  — 

Violettes  de  Rouen  et  éperonnée  {Viola  Rothomagensis  et 
calcarata)];  mais  elle  leur  est  préférable  au  point  de  vue  orne- 
mental. 

Ses  tiges  sont  glabres,  menues,  anguleuses,  couchées,  puis 
redressées  supérieurement,  très- variables  dans  leur  longueur, 
pouvant  atteindre  jusqu'à  40  centimètres.  Elles  sont  plus  ou 
moins  fortement  coudées  au  point  d'insertion  des  feuilles. 
Les  feuilles  sont  alternes,  pétiolées,  ovales,  à  peine  échan- 
crées  en  cœur  à  la  base,  glabres  à  leurs  deux  faces,  crénelées 
et  ordinairement  ciliées  sur  les  bords^  obtuses  au  sommet, 
et  longues  de  3  à  4  centimètres  ;  elles  sont  accompagnées 
d'oreillettes  ou  stipules  ovales -lancéolées;  fortement  dentelées 
ou  laciniées  à  leur  base  et  ciliées  sur  les  bords. 

Les  fleurs  sont  très-grandes,  de  couleur  violet  clair  avec 
œil  blanc  crème,  ou  de  couleur  jaune  ou  blanc  pur,  ce  qui 
constitue  trois  variétés.  Elles  sont  solitaires  à  l'aisselle  des 
feuilles^  et  portées  sur  des  pédoncules  de  10  centim.  de 
longueur.  Le  calice  est  à  5  sépales  étroits,  lancéolés,  aigus, 
appendiculés  à  la  base.  La  corolle  est  large  de  trois  centim. 
et  plus  ;  les  deux  pétales  supérieurs  sont  obliquement  dressés, 
oblongs,  spatulésj  les  deux  latéraux  sont  plus  petits,  étalés 
et  rapprochés  du  pétale  inférieur  qui  est  beaucoup  plus  large, 
largement  obovale,  brièvement  et  brusquement  acuminé  et 
prolongé  inférieurement- en  un  éperon  mince  et  long  de  15  à 
20  millimètres. 

Cette  espèce  charmante,  originaire  des  Pyrénées,  pousse 
admirablement  dans  nos  jardins,  soit  au  soleil,  soit  à  l'ombre, 
et  forme  de  larges  touffes  émaillées  de  ravissantes  fleurs 
depuis  le  mois  de  mars  jusqu'en  août. 

La  culture  est  toute  simple.  (Quoique  vivace,  on  la  sème  sim- 
plement en  plein  sol  bien  ameubli,  comme  pour  la  Pensée, 
et  on  la  repique  ensuite  à  demeure.  Dans  les  parties  om- 
breuses,   sur   les    bords  de  massifs  d'arbres    et  d'arbustes, 


—  279  — 
elle  se  plait  admirablement,  et  fleurit  abondamment.  C'est  une 
plante  qui  n'est  pas  assez  répandue. 

0.  Lescuyer. 

CULTURE  DES  CHOUX-FLEURS  A  PARIS  ET  AUX 

ENVIRONS  (swîfe)(l). 

g  3.  — Culture  des  Choux- fleurs  pour  r automne. 

Pour  cette  saison,  il  existe  deux  variétés  de  Choux-fleurs 
parfaitement  connues  des  cultivateurs  ;  ce  sont  :  le  tendre 
d'automne  et  le  demi-dur  déjà  nommé. 

On  sème  le  tendre  d'automne  du  1<"  au  8  juin,  dans  un  bon 
terrain  et  au  nord  autant  que  possible,  afin  de  faciliter  la  ger- 
mination, et  pour  éviter  les  insectes  bien  connus  qui  attaquent 
ces  semis.  Il  ne  faut  pas  semer  trop  épais,  afin  de  préparer  des 
plants  robustes!  et  bien  venants.  On  devra  avoir  grand  soin 
d'arroser  de  manière  à  donner  au  jeune  plant  une  végétation 
rapide  qui  permette  de  le  mettre  en  place  vers  le  15  juillet  au 
plus  tard.  On  peut  planter  alors  sur  de  vieilles  couches,  parmi 
des  cultures  de  Melons,  en  ayant  bien  soin  surtout  d'arroser  et 
d'ombrager  au  moment  de  la  plantation. 

Dans  cette  saison,  les  rayons  du  soleil  gênent  beaucoup  la 
marche  de  la  végétation  des  jeunes  plantes.  On  peut  égale- 
ment planter  en  pleine  terre,  dans  un  bon  terrain,  en  prenant 
les  mêmes  soins  et  en  espaçant  toujours  les  pieds  d'environ 
0™  60.  Si  on  plante  sur  de  vieilles  couches,  au  milieu  de  cul- 
tures de  Melons^  la  maturité  arrive  un  mois  plus  tôt. 

Le  Chou-fleur  tendre  d'automne  se  cultive  habituellement 
de  cette  manière,  et  on  en  obtient  la  maturité  du  15  au  20 
septembre  ;  si  on  le  plante  en  pleine  terre,  la  récolte  se  fait 
en  octobre. 

(1)  Voirie  dernier  numéro,  août  1870,  page  242. 


—  280  - 

Pour  la  fin  de  l'automne,  on  cultive  le  Chou-fleur  demi-dur 
de  la  même  manière,  c'est-à-dire  qu'où  le  sème  dans  les  mêmes 
conditions,  mais  du  8  au  15  juin  ;  on  le  plante  généralement 
en  pleine  terre.  Il  est  inutile  de  le  planter  sur  de  vieilles  cou- 
ches, attendu  que  la  maturité  n'a  pas  besoin  d'être  avancée.  Le 
Chou-fleur  demi-dur  est  le  vrai  Chou-fleur  d'automne  ;  on  en 
fait  la  récolte  en  novembre  et  jusqu'au  20  décembre.  ïl  existe 
des  localités  où  le  Chou-fleur  demi-dur  se  récolte  en  hiver;  cela 
lient  un  peu  au  sol  ou  à  l'époque  du  semis.  On  peut  semer  le 
Chou-fleur  demi-dur  du  10  au  20  juin,  ce  qui  fait  une  diffé- 
rence très-grande  pour  la  récolte. 

La  meilleure  époque  pour  semer  le  Chou-fleur  demi-dur  pour 
l'automne  est  du  10  au  to  juin.  Si  on  le  cultive  dans  de  bonnes 
conditions,  la  récolte  doit  se  faire  du  1"  novembre  à  la  fm  de 
ce  mois  :  cela  tient  au  terrain  et  à  la  manière  dont  la  culture 
a  été  dirigée. 

Il  serait  inutile  de  cultiver  le  Chou-fleur  Lenormand  pour 
l'automne  ;  le  produit  en  serait  beaucoup  inférieur  à  celui  des 
autres  variétés. 

§  4.  —  Culture  des  Choux- fleurs  pour  P hiver. 

Le  Chou-fleur  demi-dur  se  prolonge  souvent  pour  l'hiver; 
cela  tient  à  la  localité  et  au  mode  de  culture. 

Le  vrai  Chou-fleur  d'hiver  est  le  dur  qui  se  sème  du  15  au 
20  juin.  Planté  en  pleine  terre,  dans  un  bon  terrain,  du  20  au 
25  juillet,  il  atteint  sa  maturité  fin  de  décembre.  Cette  variété 
offre  un  inconvénient  assez  grave  :  le  Chou-fleur  dur  d'hiver 
arrive  à  bonne  maturité  très-tard,  et  par  cette  raison  il  se  trouve 
exposé  à  des  gelées  assez  fréquentes  qui  causent  aux  cultiva- 
teurs de  très-grands  embarras. 

On  est  parfois  obligé  de  faire  des  fosses  et  d'y  enjauger  les 
Choux  à  cause  de  la  rigueur  des  gelées.  Ce  travail  est  très-coû- 
teux et  peu  lucratif.  Par  cette  raison,  il  est  très-bon  d'élever 


—  281    — 

du  Chou-fleur  dur  pour  l'hiver,  mais  en  petite  quantité.  Quand 
cette  variété  a  été  atteinte  par  quelques  gelées,  ce  qui  arrive 
généralement,  elle  est  peu  de  garde  :  alors  les  jardiniers  doi- 
vent apprécier.  Je  crois  que  le  Chou -fleur  demi-dur  semé  au 
20  juin,  planté,  lin  juillet  dans  des  localités  tardives,  pourra 
se  conserver  aussi  facilement  que  le  Chou-fleur  dur  d'hiver  et 
aura  beaucoup  moins  à  redouter  les  gelées.  Il  arrive  souvent 
que,  vers  le  i5  décembre,  le  Chou-fleur  dur  ne  marque  ims  le 
bouton;  il  est  venu  à  cette  époque  des  gelées  qui  ont  fait  déses- 
pérer de  la  récolte  ;  c'est  pourquoi  nous  recommandons  de  ne 
les  élever  qu'en  petite  quantité. 

Le  Chou-fleur  demi-dur  et  le  dur  sont  les  deux  variétés  bien 
connues  pour  l'hiver.  C'est  aux  cultivateurs  de  chaque  localité 
à  juger  quel  est  celui  des  deux  qu'ils  doivent  cultiver,  ainsi  que 
l'époque  où  ils  doivent  en  faire  le  semis. 

Dans  les  cultures  des  environs  de  Paris,  on  cultive  en  très- 
petite  quantité  le  vrai  Chou  -fleur  dur  d'hiver.  Mais  il  est  très- 
bon  d'en  espacer  les  pieds  au  moins  de  0»!  80  et  de  les  planter 
en  rangs  très -éloignés,  afin  qu'ils  prennent  beaucoup  d'exten- 
sion avant  les  gelées  et  qu'ils  développent  une  tige  dure  et  so- 
lide. Cela  est  un  préservatif  contre  les  fortes  ^gelées,  et,  si  le 
temps  impose  l'obligation  d'enjauger  ces  Choux,  l'enlèvement 
en  est  beaucoup  plus  facile. 

Il  ne  faut  pas  semer  trop  tard  les  Choux-fleurs  d'hiver,  soit 
le  dur,  soit  le  demi-dur,  en  vue  de  les  conserver  plus  long- 
temps; ce  serait  une  grande  erreur.  Le  Chou-fleur  dur  d'hiver 
semé  tard  ne  forme  pas  de  tige,  et  pour  cette  raison  il  prend  le 
bouton  dès  qu'il  est  à  demi  venu.  Dans  ce  cas,  s'il  y  a  un  mo- 
ment de  temps  doux,  il  arrive  à  maturité  avant  le  demi-dur, 
avec  une  pomme  élargie  comme  un  verre  à  boire. 

Dagorno  aîné 


—  282  "— 

PRÉPARATION  DU  GRAMBÉ  OU  CHOU  MARIN. 

Ce  légume  a  fait^  i'  y  a  quelques  années,  une  apparition  de 
peu  de  durée  dans  nos  potagers.  Nous  l'avons  vu  figurer  dans 
certains  lots  d'exposition  de  plantes  maraîchères,  mais  nous 
croyons  qu'il  n'a  pas  été  donné  suite  aux  essais  d'introduc- 
tion qui  avaient  été  tentés  parmi  nous.  Personne  n'ignore 
l'esprit  routinier  qui  dirige  les  consommateurs  et  la  répugnance 
obstinée  avec  laquelle  un  produit  nouveau  est  tout  d"abord 
repoussé,  quelle  que  soit  sa  valeur.  L'exemple  mémorable  de 
l'accueil  qui  fut  fait  d'abord  à  la  Pomme  de  terre  donne  la  me- 
sure de  la  disposition  des  esprits  à  cet  égard.  On  ne  peut  trop 
reprocher  aux  horticulteurs  maraîchers,  qui  sont  en  réalité 
des  industriels,  de  ne  pas  maintenir  dans  leurs  jardins  une 
plante  dont  ils  ne  trouvent  pas  l'écoulement.  D'un  autre  côté, 
le  dédain  des  consommateurs  se  justifie  par  l'ignorance  où  ils 
sont  du  parti  que  l'on  peut  tirer  d'un  produit.  Il  est  dès  lors 
indispensable,  quand  on  recommande  un  légume  nouveau, 
de  faire  connaître  la  meilleure  préparation  qui  lui  convient. 
C'est  ce  que  M.  Rœquet  fait  en  ces  termes  pour  le  Crambé,  dans 
le  Bulletin  de  la  Soc.  d'Hort.  de  Compiègne  :  • 

«  Après  avoir  récolté  les  feuilles,  on  les  passe  quelques  mi- 
nutes à  l'eau  bouillante  afin  de  les  blanchir,  comme  on  dit  en 
termes  de  cuisine,  ou  mieux  afin  d'en  enlever  l'amertume.  On 
retire  les  feuilles  cuites  du  Crambé ^  on  les  met  égoutter  dans 
une  passoire,  et  on  les  accommode  au  maigre  ou  au  gras  à  la 
manière  des  Choux-fleurs.  Pour  ce  qui  est  de  l'eau  de  cuisson, 
qui  est  devenue  toute  violette,  elle  n'est  bonne  à  rien  si  ce 
n'est  à  arroser  les  composts.  On  a  dit  que  le  Crambé  participait, 
pour  le  goût,  du  Chou-fleur  et  de  l'Asperge.  La  véritdest  qu'il 
a  une  odeur  d'Asperges  qu'on  ne  saurait  contester,  mais  rien 
de  plus,  rien  de  moins.  Il  a  une  saveur  propre  qui  ne  ressemble 


—  28B  - 

à  celle  d'aucun  autre  légume,  et  qui  n'en  constitue  pas  moins 

un  mets  très-appétissant,  avec  l'avantage  précieux  d'arriver 

sur  les  tables  une  dizaine  de  jours  au  moins  avant  les  Asperges 

de  pleine  terre.  » 

F.  AsTiÉ. 

(Ann.  Soc.  d'Hort.  Haute-Garonne.) 


POTIRON  TENDRE  DE  BUÉNOS-AYRES, 

[Rapallito  tierno.) 

M.  le  ministre  de  la  République  Argentine  a  fait  connaître 
à  la  Société  d'acclimatation  une  variété  de  Potiron  qui 
provient  de  Buénos-Ayres  où  il  est  connu  sous  le  nom  de 
Rapallito  tierno,  et  qu'il  cultive  avec  succès  depuis  plusieurs 
années  à  Brunoy,  pri^s  Paris. 

Ce  Potiçon  ne  trace  pas  comme  les  autres  variétés.  On  le 
mange  quand  il  a  atteint  le  volume  d'une  grosse  Pomme  de 
reinette,  soit  en  salade,  cuit,  coupé  en  tranches  et  môle  à 
des  haricots  verts,  après  avoir  pris  soin  d'enlever  les  plus  fortes 
graines  qui  se  rencontrent  à  l'intérieur;  soit  aussi  farci 
comme  les  Aubergines  ;  soit  encore  cuit  dans  le  pot  au  feu 
comme  des  Carottes  ou  des  Panais. 

Ce  Potiron  est  farineux  et  plus  sucré  que  le  Potiron  ordi- 
naire de  France  ;  cueilli  avant  la  parfaite  maturité,  il  se  con- 
serve jusqu'en  mars. 

La  culture  est  celle  du  Melon  en  pleine  ^erre.  C'est-à-dire 
qu'on  le  sème  en  pots  et  sur  couche  à  la  même  époque  que 
les  Melons.  Dans  les  premiers  jours  du  mois  de  mai  on  le  met 
en  place.  A  cet  effet  on  creuse  à  l""  30  de  distance  des  trous 
carrés  qu'on  remplit  de  fumier  et  sur  lesquels  on  élève  un  fort 
cône  de  terre  mélangée  de  terreau.  On  plante  le  jeune  pied  de 
Rapallito  au  sommet  de  la  butte,  et  on  recouvre  d'une  cloche 


—  28-1  — 

que  l'on  maintient  jusqu'au  moment  où  les  gelées  ne  sont 
plus  à  craindre  ;  plus  tard,  en  avançant  dans  la  belle  saison, 
on  peut  semer  en  place.  Cette  variété  aime  beaucoup  l'eau  ; 
il  faut  l'arroser  fréquemment.  Par  mesure  de  sûreté,  pour 
conserver  la  variété  dans  toute  sa  pureté,  i!  sera  bon  de  la 
planter  éloignée  des  autres  variétés  de  cucurbitacées. 

M.  le  ministre  de  la  République  Argentine  l'a  recommandée 
tout  particulièrement  à  la  Société  d'acclimatation. 

L.    GORDIER. 


I  i;i  III»      ■— 


LES  PELARGONIUM  ZONALE  A  FLEURS  DOUBLES. 

Leur  valeur  décorative  ;  abus  de  nouvelles  variétés. 

Dans  un  article  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d'Horti- 
culture de  la  Dordogne  (1870,  p.  13),  et  relatif  à  l'emploi 
des  fleurs  dans  les  jardins,  M.  Batise,  après  avoir  parlé  des  Pe- 
largonium  zonale  à  fleurs  simples  et  de  ceux  à  feuilles  pana- 
chées, ajoute  :  ce  Nous  ne  parlerons  que  pour  mémoire  des 
variétés  à  fleurs  doubles  :  la  plupart  de  celles  qu'on  possède 
sont  trop  peu  florifères,  trop  vigoureuses  ou  d'une  végétation 
trop  irrégulière  pour  être  employées  comme  les  autres.  C'est 
un  type,  qui  probablement  a  de  l'avenir,  mais  qui  a  besoin 
d'être  travaillé,  comme  disent  les  horticulteurs.  » 

Nous  avons  tout  d'abord  pleinement  partagé  sur  ce  point 
la  manière  de  voir  de  M.  Batise.  L'année  dernière,  nous  avions 
formé  une  corbeille  de  Pelargonium  zonale  à  fleurs  doubles 
dans  un  terrain  riche  et  frais.  Leur  végétation  avait  été  exu- 
bérante, car  les  feuilles  fort  épaisses  atteignaient  0'"  20  de  dia- 
mètre. Quanta  la  floraison,  elle  avait  été  insigniflante.  Cette 
année,  un  nouvel  essai  nous  a  donné  de  meilleurs  résultats  : 
nos  120  pieds  pris  parmi  les  7  ou  8  variétés  ayant  paru  les 
premières  dans  le  commerce,  mis  dans  un  nouveau  terrain  plus 


__  285  — 

sec  que  le  précédent  et  à  une  exposition  différente,  ont  abon- 
damment fleuri  et  sans  interruption.  Nous  avons  eu  toutefois 
l'occasion  de  remarquer  que  dans  la  plate-bande  oii  étaient 
placés  ces  divers  pieds,  les  fleurs  étaient  plus  nombreuses  aux 
extrémités  que  dans  la  partie  centrale,  et  cela,  abstraction  faite 
soit  des  variétés,  soit  de  la  force  des  sujets.  Cette  circonstance 
s'explique  pour  nous  par  cette  considération  que,  des  deux 
bouts  de  la  plate-bande,  l'un  se  trouvait  assez  rapproché  d'un 
grand  arbre,  et  l'autre  de  nombreuses 'plantes  ligneuses  grim- 
pantes, d'une  végétation  vigoureuse.  Ce  voisinage,  gênant 
pour  beaucoup  de  plantes,  a  suffi  pour  modérer  l'emportement 
des  Pelargonium  zonale  à  fleurs  doubles,  les  a  amenés  ainsi  à 
donner  de  nombreuses  fleurs .  mais  n'a  pas  cependant  trop 
arrêté  leur  développement. 

Si  les  conséquences  que  nous  déduisons  des  faits  que  nous 
avons  eu  occasion  d'observer  sont  vraies,  il-suffirait^  pour  ob- 
tenir des  variétés  de  Pelargonium  zonale  à  fleurs  pleines,  une 
floraison  abondante,  de  les  cultiver  dans  un  sol  d'une  richesse 
moyenne,  de  manière  à  arrêter  un  peu  leur  vigueur. 

Ailleurs  que  dans  notre  jardin,  au  square  de  la  place  Belle- 
cour,  à  Lyon,  nous  avons  eu  occasion  de  voir,  cette  année,  un 
massif  de  Pelargonium  zonale  à  fleurs  doubles,  d'une  floraison 
très-brillante.  Il  nous  paraît  donc  que  d'ores  et  déjà  on  peut 
ranger  ces  variétés  parmi  les  bonnes  plantes  d'ornement.  En 
attendant  qu'elles  donnent  des  ombelles  un  peu  moins  abon- 
dantes que  dans  les  variétés  à  fleurs  simples,  ce  léger  désavan- 
tage est  bien  compensé  par  la  force,  la  bonne  tenue,  la  belle 
forme  hémisphérique  de  ces  ombelles,  et  par  la  persistance 
des  fleurs. 

En  rendant  compte  de  l'Kxposilioii  qui  a  eu  lieu  à  Paris,  au 
mois  de  mai  dernier,  M.  F.  Herincq  s'élève  avec  raison,  à  l'é- 
gard des  Pelargonium  zonale  à  fleurs  doubles,  contre  la  mul- 
tiplicité fictive  des  variétés  présentées  qui,  dill'érentes  par  les 


—  286  — 

noms,  ne  se  distinguent  guère  soit  de  celles  déjà  connues^  soit 
entre  elles,  pnr  aucun  caractère  particulier.  (Hort.  franc.  1870, 
p.  1 72.)  Le  jury,  lors  de  notre  dernière  Exposition,  a  pu  faire 
une  remarque  semblable  ;  on  y  voyait,  en  effet,  beaucoup  de 
plantes  presque  identiques,  qui,  à  ne  consulter  que  les  noms,  . 
devaient  former  autant  de  variétés  distinctes  et  nouvelles.  Il  y 
a  là  un  abus  que  nous  avons  eu  souvent  l'occasion  de  signaler 
et  dont  les  amateurs  et  les  maisons  d'Horticulture  de  second 
ordre  sont  trop  souvent  victimes.  L'on  peut  bien  admettre 
jusqu'à  un  certain  point  la  bonne  foi  et  l'illusion  complaisante 
de  quelques  amateurs  engoués  de  leurs  obtentions  ;  mais  les 
grands  établissements,  non  moins  que  les  Sociétés  d'Horticul- 
ture, devraient  se  montrer  un  peu  plus  réservés,  lorsque  les 
uns  mettent  au  commerce,  ou  que  les  autres  patronnent 
des  variétés  prétendues  inédiles;  leur  contrôle  devrait  être 
plus  sévère.  Nous  souhaitons  qu'il  se  rencontre  des  horticul- 
teurs assez  consciencieux  pour  faire  une  étude  attentive  des 
Pelargonium  zonale  à  fleurs  doubles,  mises  au  commerce,  de 
manière  à  n'admettre  dans  les  collections  que  des  variétés 
tranchées  et  d'un  niérite  réel. 

Pour  nouS;,  nous  croyons  devoir  entrer  dans  celte  voie  en 
signalant  ici  le  peu  de  valeur  de  la  variété  Mme  Rose  Char- 
ineuœ,  dérivée,  comme  on  sait,  du  Tom-Pouce  à  fleurs  simples. 
Elle  a,  en  effet,  le  même  défaut  que  cette  dernière  variété. 
Elle  ne  peut  soutenir  l'ardeur  de  notre  soleil  ;  à  peine  écloses, 
ses  fleurs  noircissent  et  se  fanent;  elles  sont  d'ailleurs  peu 
abondantes.  C'est  donc,  du  moins  pour  notre  région,  une  va- 
riété à  écarter  des  collections. 

F.  "ASTIER, 
(De  la  Soc.  d'Hoit.  de  Haute-Garonne.) 


—  287  — 

MOYEN  DE  COiNSERVER  LES  POMMES  DE  TERRE. 

Les  Pommes  de  terre  arrachées  de  trop  bonne  heure,  c'est-à- 
dire  avant  leur  complète  maturité,  ne  se  conservent  pas  ;  elles 
brunissent,  noircissent  et  pourrissent  bientôt.  Pour  les  con- 
server, on  les  saupoudre  fortement  de  poussière  de  charbon  ou 
de  charbonnette  (braise  de  fours  à  pain  ou  à  chaux),  et  on  les 
remue  souvent,  afin  de  changer  la  direction  de  la  scve  qui  se 
porte  dans  les  yeux  et  de  retarder  la  germination.  On  obtient 
encore  de  bons  résultats  en  les  conservant  au  milieu  de  la  terre 
fortement  mélangée  de  plâtre,  de  chaux,  de  cendres  de  bois 
ou  même  de  houille.  Il  Tant  prendre  ces  [jrécautions  le  plus 
tôt  possible  après  lès  avoir  arrachées.  Avec  ces  mêmes  précau- 
tions, elles  se  conserveront  parfaitement,  sans  être  remuées, 
dans  des  trous  de  un  à  deux  mètres  de  profondeur  (les  plus 
profonds  seront  les  meilleurs),  creusés  dans  le  sol  et  qu'on 
aura  recouverts  de  terre  fortement  tassée.  Il  faut  au  moins 
50  centimètres  de  terre  au-dessus  de  la  dernière  couche  de 
Pommes  de  terre,  qui  devra  se  trouver  au  moins  à  cette  pro* 
fondeur  au-dessous  de  la  surface  du  sol.  Pour  empêcher  les 
Pommes  de  terre  de  verdir  et  de  prendre  un  goût  acre  (fui  les 
rend  insalubres,  il  faut  avoir  bien  soin  de  les  priver  entière- 
ment de  l'action  du  jour. 

Les  Pommes  de  terre  qui  ont  verdi  au  jour  sont,  au  con- 
traire, les  meilleures  de  toutes  pour  semence  (i). 

Victor  Ghatel.  • 


(1)  Les  revendeurs  de  Paris  emploient  un  procédé  Irès-efficace  de  conser- 
vation des  Pommes  de  terre.  Ils  passent  les  tubercules  au  four,  après  la  cuisson 
du  pain  et  les  y  laissent  pendant  quelques  minutes  ;  cela  suffit  pour  llétrir 
les  Pommes  de  terre,  dont  la  peau  se  ride,  et  pour  faire  périr  leurs  yeux 
qui  ne  peuvent  plus  se  développer.  En  portant  du  four,  les  tubercules  sont 
portés  dans  la  cave,  oii  ils  ne  tardent  pas  à  reprendre  Ibumiditc  qu'ils  ont 
perdue.  Ce  procédé  ne  peut  être  employé,  naturellemenl,  que  pour  les  Pommes 
de  terre  destinées  à  l'alimentation. 


—  288  — 

Travaox  eu  mm  d'août 


Potager.  Les  chaleurs  du  mois  d'août  nécessitent  de  copieux  arrosemcnts  aux 
Choux-Fleurs,  Choux,  Cardons,  Céleri,  etc.  ;  les  Concombres,  Cornichons,  veu- 
lent aussi  des  bassinages  nombreux.  —  A  mesure  que  les  Artichauts  cessent 
de  produire,  il  faut  couper  immédiatement  les  tiges  au  niveau  du  sol,  en  fai- 
sant attention  de  ne  pas  endommager  les  œilletons  qui  commencent  à  se  déve- 
lopper. —  Toutes  les  Laitues  doivent  être  l'objet  d'une  attention  soutenue  de 
la  part  du  jardinier;  il  faut  lier  les  Laitues  et  les  Scaroles,  empailler  les  Car- 
dons ^  et  Céleri  pour  les  faire  blanchir  selon  le  besoin  de  la  consommation; 
semer  de  la  Romaine  d'hiver,  de  la  Laitue  de  la  Passion,  qu'on  replante  sur 
rolière.  On  peut  encore  à  bonne  exposition,  semer  dans  les  premiers  jours  du 
mois,  des  Haricots  pour  récolter  en  vert,  pour  les  conserves  d'hiver;  mais  alors 
le  terreau  etles  arroscments  ne  doivent  pas  manquer,  on  sème  aussi,  Radis  roses^ 
Oignon  blanc,  Poireau,  Salsifis,  Scorzonères,  Épinards,  Cerfeuil,  Navet^  Mâches, 
Carottes,  Choux-Fleurs,  Choux  de  Milan,  Pommiers  hâtifs.  Si  on  veut  avoir  du 
plant  de  Fraisier  Qualre-Saisons,  il  faut,  dès  les  premiers  jours  du  mois,  laisser 
les  coulants  se  développer  librement,  on  les  paille  un  peu  pour  faciliter  rémis- 
sion des  racines.  On  veillera  enfin  à  abattre,  avec  le  dos  d'un  râteau,  toutes  les 
tiges  d'Oignons  qui  seraient  restées  debout,  pour  que  la  sève  se  concentre  dans 
l'Oignon  et  en  augmente  le  volume. 

Jardin  fruitier .  Palisser,  ébourgeonner,  pincer,  sont  les  principaux  travaux 
à  opérer;  on  doit  avoir  soin  aussi  de  découvrir  les  fruits  qui  approchent  de  la 
maturité,  et  profiler  de  cette  opération  pour  visiter  les  branches  malades,  soit  par 
la  gomme,  le  chancre,  etc.  —  On  commence  la  greffe  à  oeil  dormant,  à  .mesure 
que  le  bois  sur  lequel  on  veut  pratiquer  est  parfaitement  aoûté. 

Jardin  d'agrément .  Les  travaux  de  ce  mois  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour 
l'entreUcn.  On  commence  à  greffer  les  Rosiers  en  écussonà  œil  dormant;  on  sèvre 
les  OEillets  qu'on  aurait  marcotté  le  mois  précédent,  et  on  les  plante  dans  des 
pots  ou  en  pleine  terre.  11  faut  s'empresser  de  lever  et  mettre  en  place  les  plantes 
annuelles  d'automne  repiquées  en  pépinière,  telles  que  Reine-Marguerite  , 
Bà'samine  et  Rose  d'Inde,  etc.  On  sème  des  Quarantaines  pour  les  repi- 
quer en  pots  et  qu'on  abrite  pendant  l'hiver,  des  Giroflées  grosse  espèce,  Calcéc- 
laires.  Cinéraires,  Pensées,  Pelargonium,  Pivoines,  Renoncules,  etc. 

Serre.  Comme  au  mois  de  juillet. 


Paris  "  Imprimerie  horticole  de  E.  DoNNÀrm,  rue  Casseltf,  9. 


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L  '  O  R  T  I 


SES     PROPRIETES     ALIMENTAIRES 

MÉDICALES,  AGRICOLES  ET  INDUSTRIELLES 

PAR 

Arthur  ELOFFE 

Un  joli  volume  in-32  colombier  avec  gravures.  —  Prix,  broché  :  i  fr.  50. 


Librairie  de  E.Donnaud,  rue  Cassette,  9. 


ANNÉE    1871 

NOUVEAU  JARDINIER 

ILLUSTRÉ 

RÉDIGÉ   PÀB 

MM.  F.  HERINCQ 

ALPH.  LAVftLLÉE  —  L.  NEUMfiNN  —  B.  VERLOT  —  CELS  —  COURTeiS- 

6ERARD   —  J  -B.    VERLOT  —  PflVARD  —    BUREL 

ârecplos  de  SOd  dessins  intercalés  dans  le  texte, 

DE 

MM.  GOURION.   FAGUET,    MAUBERT   ET    RIOCREUX 
GRAVÉS  PAR  H.  BISSON. 

lN-i8  JÉSDSDEPLDS  DE  !,800  PAG.  PRIX BR.:  7  Fr.  CART.t  8  Fr.REl.:  9  Fr. 

ESSAI 

SUR  L'ENTOMOLOGIE  HORTICOLE 

COMPRENANT 

L'HISTOIRE    DES    INSECTES  NUISIBLES  A  L'HORTICULTURE 

AVEC 

l^'tadleation  des  mojrens  propres  à  les  éloigner  ou  aies  dctriiiro  et  X.'HISTOIRE  DES  IIVSECTES 
EX  AUTRES  AIViaïAUX  UTILES  AUX  CULTURES 

Par   le    Dr  BOISDUVAL. 

OuTrage  illustré  de  425  figures  gravées  sur  bois,  et  orné  du  portrait  de  l'auteur  gravé  sur  acier. 

Prix  t  broché,  6  francs. 


GUIDE 

POUR  RECONNAITRE   LES  CHAMPIGNON! 

COMESTIBLES  ET  VÉNÉNEUX 

DU  PAYS  DE  FRANCE 

PAR 

KRŒNÎSHFRANCK 

BOTAMISTE 

Un  joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravures  coloriées.—  Prix,  broché:  5  fr. 


Paris.  —  Imprimerie  horticole  de  E.  Dom>(add,  rue  Cassette,  9. 


N"  f  O. 


SO*  Auuée. 


1890-1891. 


JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  IIORTICGLES 

CONTENANT 

LA    CDLTURE    BAISONNÉK,    LA    DESClllPTlON    ET    L'HISTOIRE    DES    PLANTES, 

ET    NOTAMMENT  DES  ESl'ÉCES  DE    PLEINE  TEUUE.    DES  FKDITS  ET   DES  LÉGUMES,  LA   DESCaiPTlON 

ET    LUSACE    DES   I^ST^tMEl^rS  NOUVEAUX, 

PDBLIK   AVEC   LE   CONCOUBS 

DES  AMATEORS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICDLTEDRS  DE  FRANCE 

sous   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

EÉUACTEUR  EN   CHEF. 

ATTACHB     10     HDSEDM     d'uISTOIHE     ^ATDIIELLe     Ui     PA&IS, 
Collaborateur    du     ilunuel     Je$     l'tamei,    des     flgures    du   Bon     Janllnitt, 

Ex-Bédacteur  principal  de  la  S;MU  Wiionicuiiure  Je  la  Stine , 
Membre   honoraire   et   correspondant  de   plusieurs   Sociétés  d'horticulture,   etc. 


l/HorticulteurFrauçais  parait  le  i>  de  chaque  moi:{,  par  livniisou  de  52  payes  de  telle 
grand  iii-8,  et  d'uue  plauche  grafée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin. 

!   Paris 10  fr.  par  an. 
Départements.     11  fr.      — 
.  Étranger    ...     15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  irabonnement  devront  être  aocoiupugii''cs  d'un  lion  du  montant  de  l'abuane- 
ment  sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  et  au  uom  de  iM.  E.  DONNAUD,  rue  Cassette,  9. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas, avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  ijoste  ou  sur  une  malsonde  l'aris,  sont  avertis  ijue  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  Iraito  qui  leur  est  adressée. 


■"»"|>  uSiQiiaii  ii(ii  n« 


PARIS 

MBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD.   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE.  9. 
1870-4871 


Witf.  lex  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  dujournaUrue  Cat- 
ielte,  9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  pmrus  dens  te 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


CULTURE  SPÉCIALE  DE  ROSIERS 

de  JOJ^epIl  J§Cii^WART2;3  horticulteur 

43 ,    rue    du    Repos ,    45  ,    à    la    Guillotière     (  LYON  ) 

M.  GUILLOT  père,  horticulteur  rosiériste,  43,  rue  du  Repos,  à  Lyon,  se  décide,  après  tant  d'années 
de  fatigues  et  de  travail  opiniâtre,  pendant  lesquelles  il  nous  a  livré  de  si  bonnes  et  belles  roses,  à  prendre 
un  peu  de  repos,  si  bien  gagné.  Il  a  cédé  son  bel  établissement  à  M.  Joseph  SCHWARTZ,  qui,  depuis 
déjà  six  ans,  dirigeait  rétablissement  ;  c'est  donc  à  lui  que  les  clients  de  M.  GUILLOT  père  doivent 
adresser  leurs  commandes.  Cette  année,  M.  SCHWARTZ  met  au  commerce  six  variétés  nouvelles  de 
roses  ;  André  Durand,  André  Ri^otard,  M""^  Cieorges  Scbwartz,  prince  Stirbey,  Virgile' 
hybride  remoniante,  et  Vaucanson,  hybride  de  noisette. 

SÉCATEURS  ~ 

de  ^iusiuve  €)&UVMil3lIM9  à   iW&geut  (Haute-Marne) 

M.  Gustave  COUVREUR,  de  Nogent  (Hante-Marne),  fabrique  un  excellent  Sécateur  doat  le  fer 
et  l'acier  employés  sont  d'une  qualit'^  irréprochable;  les  manches  sont  recouverts  en  buis,  ce  qui  fatigue 
moins  le  main  et  donne  à  l'ouvrier  une  plus  grande  force.  Ce  Sécaienr  ne  craint  pas  d'ailleurs  de  subir 
les  plus  dures  épreuves  ;  on  peut  prendre  un  gros  morceau  d'épine  sec ,  et,  malgré  toute  la  résistance 
offerte,  ce  morceau  de  bois  sera  facilement  coupé,  sans  que  les  James  du  Sécateur  soient  détériorées. 
Le  prix  du  Sécateur,  garni  démanches  en  buis  cl  garanti  par  le  fabricant,  est  des  plus  restreint. 
On  l'envoie  franco  à  qui  en  fait  la  demande  à  M.  Gustave  COUVREUR.,à  Nogent  (Haute-Marne),  contre 
un  bon  sur  la  poste  ou  des  timbres-poste:  3  fr.,  S  fr,  30  c,  3  fr.  95  et  4  fr.  95  c,  selon  les  di- 
mensions :  47  centimètres,  19  4/2,  22  et  25  centimètres. 


FRAISIERS,  FRAMBOISIERS,  GROSEILLIERS 


ET     GLAYEULS 


WILLIAM  GLOËDE,  successeur  de  F.  GLOEDE,  son  père 

Collection  de  100  Fraisiers  (10  variétés)  à  10  et  20  francs  contre  mandai  de  poste. 

En  vente  :  Les  bonnes  Fraises,   5  francs. 

Prière  debien  s'adresser,  pour  éviter  toil  rclard  :  ■WILLIAM  GLOÉDE,  horticultei;r,  rue  de  rHôtel-Dieu,  11°  3, 

à  Beauvais  (Oise). 


SON    HISTOIRE,    SA   CULTURE 

Suivi  d'une  monographie  des  espèces  et  des  variétés  principales 
Par  E.  GHATÉ  fils,  horticulteur. 

Un   Tolnme  in- f  6  colombier. — ÎPrix  :     brocls»* ,   fi  fr,   ftrt 


CULTURE  DES  PLANTES  AQUATIQUES 

Par  M.  D.  HÉLYE 

Cbef  de  culture  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris 
Un  joli  volume  iu-:->.2  colombier,  orné  de  gravures.  —  Prix  :  1  fr.  50. 


CULTURE   DE   L'ASPERGE 

PAR    T.    LENORMAND,   HORTICULTEUR 

Un  volume  in-16  colombier,  avec  figures  dans  le  texte  et  un  plan. 

Prix  :  1  fr.  85. 


SOMMAIIIK  DU  IVIJMERO   D'OCTOBRE. 

l''.  Herincq.  Chronique.  —  F.  Herincq.  M.  Joigneaux  et  ses  Maraîchers;  rt'- 
ponsc  à  un  arlicle  du  Siccle.  —  0.  Lescuyer.  Arnebia  longiflora  (IM.  X).  — 
EuG.  DE  Martragny.  Lcs  Althsea,  en  forme  de  rosiers  Liges.  —  Ern.  Broux.  Multi- 
plication de  la  Centaurea  candidissima.  —  .Iulks  .Iarlot.  Le  Phalaris 
arundinacea  picta ,  et  les  Pelargonium  zonale  à  feuilles  iianachées. 
—  L.  CoRDiER.  Salsifis  nouveau.  —  S.  C.  La  Greffe  d'hiver.  —  Demahis.  Ma- 
ladie de  la  Vigne  par  le  PlujUoxeru.  —  Ern.  Bonard.  Revue  des  Journaux  étran- 
gers :  Plantes  nouvelles  ou  rares.  —  X Travaux  du  mois  de  Novembre. 


CHRONIQUE 

Le  conseil  municipal  de  Versailles  et  l'Horlicullure.  Le  fleuriste  de  la  ville 
de  Paris  et  l'école  des  ponts  et  chaussées-,  balayeurs  et  jardiniers.  La  dis- 
location du  marché  du  quai  aux  Fleurs  à  Paris  -,  une  question  à  cet  effet. 
Le  cryptogamiiisme  et  le  parasitisme  :  maladie  de  la  Pomme  de  terre,  el  de 
la  Vigne  :  le  Phylloxéra  elles  agriculteurs;  résultat  d'une  souscription  dans 
le  Midi,  pour  la  destruction  des  Phylloxères.  Circulaire  du  ministre  de  l'agri- 
culture au  sujet  de  cet  insecte.  —  Nécrologie  :  Lierval,  Rendaller,  Séné- 
clauze,  Billiard,  Lemaire,  Lecoq, 

Dans  son  rapport  sur  rinstruction  publique,  le  conseil  mu- 
nicipal de  Versailles  émet  im  vœu  qui  nous  intéresse  ;  celui  de 
la  création  d'un  cours  d'horticulture  à  l'usage  des  enfants  de 
écoles  :  ((  Votre  commission,  dit  le  rapporteur,  comme  celles 
qui  l'ont  précédée,  exprime  encore  une  fois  le  vœu  que  la  So- 
ciété d'Horticulture  organise  des  cours  utiles  aux  enfants  de 
nos  écoles.  Nous  répéterons  ici  ce  que  nous  avons  déjà  eu 
l'occasion  de  dire  ailleurs  :  Il  est  bien  singulier  que  Versailles, 
dont  la  seule  industrie  spéciale  est  la  culture  des  fleurs,  n'ait 
pas  de  cours  régulier  d'horticulture .  Des  écoles  de  ce  genre 
existent  dans  des  pays  voisins;  elles  y  sont  florissantes  et  for- 
ment des  élèves  distingués  que  l'on  recherche  et  que  Ton  paye 
souvent  très-cher.  Nos  chefs  d'exploitation  horticole  se  plai- 
gnent de  ne  trouver  que  très-difîicilement  des  contre-maîtres 
instruits,  capables  d'agir  avec  méthode,  comprenant  bien  ce 

Octobre  1870,  p  ni  en  oclobre  1871 .  19 


—  290  — 

qu'ils  font,  parce  qu'ils  ont  reçu  des  notiojis  exactes  de  bota- 
nique et  de  sciences  naturelles.  Versailles  semble  être  une  des 
villes  qui  présentent  les  meilleures  conditions  pour  un  pareil 
enseignement.  Il  est  regrettable  que  la  Société  d'Horticulture 
ne  se  rende  pas  aux  vœux  exprimés  souvent  par  le  conseil 
municipal,  qui  ne  lui  refuserait  pas  une  subvention,  si  elle 
était  nécessaire.  11  y  a  là  place  pour  une  création  qui  hono- 
rerait notre  ville,  et  qui  en  même  temps  lui  serait  fort  profi- 
table. )) 

Le  conseil  municipal  de  Versailles  est  bien  bon  de  s'inté- 
resser à  notre  pauvre  horticulture  ;  il  serait  à  désirer  que  celui 
de  Paris  en  fit  autant  ;  car  iious  avons  aussi  maintenant  un 
conseil  municipal  à  Paris,  dans  lequel  même  il  y  a  trois  ou 
quatre  médecins.  —  L'horticulture  parisienne  a  grand  be- 
soin, en  effet,  non  pas  de  médecins  aliénistes,  mais  qu'on 
s'occupe  un    peu   d'elle.  Nous  avions  espéré,    un  instant, 
qu'une  école  naîtrait   du  fleuriste  delà  Muette,  et  du  jardin 
fruitier  du  bois  de  Vincennes;  il  nous  avait  semblé  voir  là 
es  premières  ébauches  de  cette  institution  depuis  si  longtemps 
réclamée  ;  mais  c'était  une  illusion  d'optique  ;  le  jardin  de  la 
Muette  est  en  train  de  se  transformer  en  succursale  de  l'école 
des  ponts  et  chaussées.  On  vient  de  nommer  directeur  de  ce 
jardin  un  ingénieur  qui,  évidemment,  est  un  homme  intelli- 
gent et  qui  l'a  prouvé  en  prenant  possession  de  son  poste.  Il 
a  fait,  aussitôt,  de  tous  les  jardiniers  chefs  de  sections,  des 
inspecteurs  du  balayage  des  places  et  promenades  pubhques 
de  Paris,  et  les  anciens  inspecteurs  du  balayage,  qui  sont  un 
peu  ingénieurs,  ont  pris  la  place  des  multiplicateurs  chefs 
susdits.  Très-prochainement  les  balayeurs,  qui  tiennent  un 
peu  aussi  aux  ponts  er,  chaussées,  quitteront  le,  balai  pour 
prendre  le  râteau  au  jardin  de  la  Muette,  et  les  jardiniers 
de  la  Muette  seront  chargés   de  l'entretien  des  trottoirs  des 
rues  de  Paris.  Ainsi  le  veut  M.  le  grand  ingénieur  en  chef 


—  29i  — 

des  promenades  publiques;  le  tout  pour  la  plus  grande  gloire 
de  l'horticulture  et  les  intérêts  particuliers  des  amis  des 
ponts  et  chaussées.  République  ou  Empire,  c'est,  comme  on 
voit,  toujours  la  même  chose  :  les  fauteuils  et  les  trônes  pour- 
ront changer  par  suite  de  vétusté,  mais  les  hommes  ne  chan- 
geront jamais. 

Cette  intronisation  des  ingénieurs  dans  le  jardinage  muni- 
cipal de  Paris  amènera  peut-être,  après  tout,  une  amélioration 
bien  désirable  de  l'emplacement  du  marché  dit  du  quai  aux 
Fleurs.  Ce  pauvre  marché  est  tout  disloqué  depuis  le  gouver- 
nement des  grands  hommes  de  la  Commune.  L'emplacement 
Lobau  est  occupé,  depuis  l'incendie  de  rhôtel  de  ville,  par  les 
décombres  du  palais  municipal,  et  les  marchandes  qui  s'y  te- 
naient sont  reléguées  actuellement  sur  le  Pont-au- Change,  à 
un  kilomètre  de  l'autre  portion  du  marché  Lobau  qui  continue 
de  tenir  sur  le  quai,  en  face  de  l'hôtel  de  ville  ;  le  hasard  seul 
les  fait  découvrir.  Est-ce  que  MM.  les  ingénieurs  chargés  des 
intérêts  du  commerce  horticole  de  la  capitale  ne  pourraient 
pas  livrer,  à  ces  marchandes,  l'ancien  emplacement  du  quai 
aux  Fleurs,  situé  entre  le  tribunal  du  commerce,  la  caserne- 
préfecture  et  le  nouvel  Hôtel-Dieu?  Il  n'y  a  que  quelques 
tombereaux  de  pierres  à  macadam  a  enlever  ;  ce  ne  serait  pas 
une  grande  dépense.  Si  M.  l'ingénieur  en  chef  de  l'horticul- 
ture parisienne  connaissait  la  situation  du  commerce  des 
plantes,  il  n'est  pas  douteux  qu'il  s'empresserait  de  rélabhr 
ce  marché  où  il  était  autrefois;  mais  il  est  probable  que  l'in- 
génieur horticole  en  chef  de  Paris  s'occupe  autant  de  l'horti- 
culture parisienne  que  M.  le  colonel  du  génie  auxiliaire  s'est^ 
occupé  des  travaux  de  défenses  militaires  exécutés  par  sa 
légion  pendant  le  siège.  Quoi  qu'on  fasse,  Képublique  ou 
Empire^  on  rencontrera  toujours  aussi  abondamment,  sur  le 
bord  des  eaux  crouTrissantes,  cette  fameuse,  esfiècé  .^rampante 
que  Linné  a  nommée  Ciimularius  sinecuristis,.Qt  qu  il  signale 


—  292  — 
dit-on,  dans  sa  philosophie  scientifique,  comme  une  pre- 
mière transformation  d'un  effrayant  cryptogame  parasite, 
qu'Ovide  décrit,  paraît-il,  dans  ses  Métamorphoses,  sous  le 
nom  de  Gangrœna  socialis,  qui  porte  la  mort  dans  tous  les 
corps  organisés  chez  lesquels  il  s'introduit.  Rien  ne  peut  dé- 
truire cette  espèce  maudite  ;  il  est  impossible  de  trouver,  dails 
les  corps  qui  en  sont  infestés,  des  parties  assez  saines  à  Taide 
desquelles  on  pourrait  essayer  son  extirpation. 

C'est  comme  pour  le  Botritys  infestans  de  la  Pomme  de 
terre;  les  tubercules  les  plus  sains  employés  à  la  régénéra- 
tion de  la  plante  de  Parmentier  en  sont  tout  aussi  facilement 
atteints. 

L'action  du  cryptogamitisme  et  du  parasitisme  est  d'une 
puissance  qui  défie  toutes  les  forces  humaines. 

Aussi,  ce  Botrytis,  qui  cause  la  maladie  de  la  Pomme  de 
terre^  continue-t-il  à  vivre  nonchalamment  sur  ses  tubercules, 
sans  plus  se  soucier  de  tous  les  moyens  proposés  et  appliqués 
Dour  le  détruire.  Cette  année  encore,  il  exerce  ses  ravages 
d'une  manière  désespérante  ;  il  semblerait  que  l'odeur  prus- 
sienne favorise  son  développement. 

De  même  du  petit  puceron  parasite  Phylloxéra  vastatrix 
qui  s'attaque  à  la  racine  de  la  Vigne,  et  nous  menace  d'une 
'pépie  universelle;  il  résiste  aussi  à  tous  les  moyens  d'action 
employés  contre  lui.  Il  est  vrai  que  pour  le  Phylloxéra, 
comme  pour  le  Gangrœna  socialis,  nous  rencontrons  la  même 
apathie^  la  même  indifférence  chez  les  individus  intéressés  à 
leur  destruction.  La  Société  d'agriculture  de  l'Hérault  avait 
ouvert  une  souscription  pour  l'organisation  d'études  et  d'ex- 
périences relatives  à  la  nouvelle  maladie  de  l'arbuste  dont  le 
produit  est  si  fort  apprécié  des  descendants  de  Noé.  Eh  bien  ! 
cette  souscription  a  fourni  une  somme  si  modique,  que  le 
D'  Cazalis  ne  peut  retenir  un  profond  soupir. 

«  Que  faire,  dit-il,  dans  une  de  ses  chroniques  du  Messager 


—  293  — 

agricole  du  Midi,  avec  d'aussi  modiques  ressources?  Nous 
avons  déjà  dit  que,  pour  préserver  un  pays  des  horribles  ra- 
vages causés  par  le  Phylloxéra,  il  faut  détruire  de  suite  toutes 
les  souches  où  le  puceron  commence  à  se  montrer.  Par  mal- 
heur, les  propriétaires  ne  veulent  consentir  à  arracher  les 
souches  atteintes  que  si  on  leur  accorde  de  larges  indem- 
nités. —  Nous  avons  fait  arracher  les  souches  malades  à  Lan- 
sargues  ;  mais,  tout  près  de  la  Vigne  où  cette  opération  a  été 
faite,  se  trouvent  encore  huit  à  dix  souches  puceronnées  que 
le  propriétaire  n'a  voulu  à  aucun  prix  laisser  arracher.  En 
prenant  cette  résolution  que  nous  ne  nous  permettrons  pas  de 
qualifier  comme  elle  le  mériterait,  dit  iM.  Cazalis,  ce  proprié- 
taire assume  une  responsabihté  terrible.  )) 

Il  s'en  moque  pas  mal  cet  honnête  propriétaire.  N'avons- 
nous  pas  vu,  pendant  la  guerre,  des  hommes  refuser  du  pain 
aux  soldats  français  et  courir  le  porter  aux  soldats  de  Guil- 
laume pour  garantir  leur  foyer,  sans  se  soucier  de  la  ruine 
du  reste  de  la  France  à  laquelle  ils  concouraient  en  agissant 
ainsi?  Gangrœna  socialis,  partout  et  toujours. 

Le  danger  est  tellement  menaçant  que  le  ministre  de  Tagri- 
culture  s'est  détourné  un  instant  des  occupations  pohtiques 
dans  lesquelles  tout  le  monde  est  absorbé,  pour  s'occuper  de 
cet  ennemi  microscopique  dont  l'invasion  en  France  peut 
causer  des  dégâts  aussi  terribles  que  l'invasion  des  armées 
prussiennes.  Voici,  en  effet,  la  circulaire  qu'il  a  adressée  der^ 
nièrement  aux  préfets  : 

«  Monsieur  le  préfet,  depuis  quelques  années  une  nouvelle  maladie 
sévit  avec  violence  sur  une  assez  grande  étendue  de  vignobles.  La 
rapidité  avec  laquelle  elle  se  propage  ne  permet  pas  de  négliger  aucun 
des  moyens  propres  h  en  prévenir  ou  à  en  atténuer  les  funestes  effets. 
Une  commission  centrale,  composés  dépavants  et  de  praticiens  expéri- 
mentes, a  été  instituée  près  de  mou  ministère  avec  la  mission  de  re- 
chercher l'origine  du  fléau,  ainsi  que  les  mesures  à  prendre  pour  en 
circonscrire  les  ravases. 


^  294   ... 

»  Cette  commission,  dans  les  diverses  séances  qu'elle  a  tenues  au 
ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce,  a  été  unanime  à  recon- 
naître que  la  cause  du  mal  est  bien  le  puceron,  dit  Philloo-era  vmtatrix, 
dont  l'existence  a  été  constatée  sur  les  racines  de  !a  Vigne.  En  présence 
de  ce  fa^.t,  qui  paraît  acquis  à  la  science,  cette  commission  a  émis 
l'avis  qu'il  y  avait  certaines  précautions  à  prendre  par  les  propriétaires 
de  vignobles  infestés.  Elle  a  exprimé  le  désir  que  cet  avis  lut  porté  à  la 
connaissan33  des  intéressés,  à  titre  de  conseil. 

»  J'ai  doiiG  Fhonneur,  Monsieur  le  préfet,  de  vous  prier  de  donner 
à  la  présente  circulaire  toute  la  publicité  désirable,  en  faisant  observer 
aux  populations  qu'il  s'agit  ici,  à  la  fois,  de  leur  intérêt  particulier  et 
de  l'"intér3t  public. 

M  La  commission  conseille  aux  viticulteurs  d'arracher  scrupuleusement 
tout  plant  de  Viguidout  les  racines  sont  attaquées  par  le  puceron, 
de  remuer  profondément  ie  sol  pour  mettre  à  découvert  toutes  les  ra- 
cines et  de  brûler  sur  place  le  cep  et  les  racines,  en  ajoutant  les  brous- 
'  sailles  nécessaires  pour  soumettre  la  terre  infestée  de  pucerons  à  un 
fort  écobuage. 

»  Dans  le  cas  où  l'insecte  attaque  les  feuilles,  il  y  développe  des 
galles  placées  à  leur  face  intérieure,  véritables  nids,  pleins  d'œufs  et 
d'insectes  destinés  à  se  répandre  sur  les  racines.  Pour  arrêter  leur  pro- 
pagation, il  est  indispensable  d'enlever  avec  le  plus  grand  soin  toutes 
les  feuilles  attaquées. 

«  La  notice,  publiée  par  la  commission  centrale  et  dont  je  vous 
transm.ettrai  plusieurs  exemplaires,  en  vous  priant  de  les  distribuer  aux 
principaux  viticulteurs  de  votre  département,  mettra  les  intéressés  à 
même  de  reconnaître  le  caractère  de  la  maladie  et  de  distinguer  les 
feuilles  atteintes.  » 

En  attendant  cette  notice,  nous  publions,  dans  ce  numéro,  un 
résumé  des  travaux  de  MM.  Planchon  et  Lichtenstein  auquel 
nous  renvoyons  ceux  qui  veulent  s'éclairer  sur  cette  ciuestion. 

De  la  maladie  à  la  mort  la  transition  est  tellement  natu- 
relle que  le  plus  souvent  on  passe  de  l'une  à  l'autre  sans  le 
vouloir . 

C'est,  hélas  !  ce  qui  est  arrivé  à  plusieurs  de  nos  confrères 
durant  la  période  de  silence  que  nous  a  imposée  l'invasion 
prussienne. 

Nous  avons,  en  effet,  à  enregistrer  la  mort  de  MM.  Lierval, 


—   295    - 

nendatler,  Sénéclanze  Billiard,  Lemaire  et  Lecoq,  nos  conci- 
toyens,  qui  tons  ont  rendu  des  services  sérieux  à  l'horticul- 
tiu'e. 

La  nécessité  de  reproduire,  àanç^  Y Horticidieur  français,  use 
lettre  que  le  SiMe,  dans  son  amour  de  la  vérité  (l),na  pas 
cru  devoir  reproduire,  en  réponse  à  un  article  puBlié  dans  son 
numéro  du  19  septembre  dernier,  nous  oblige  à  remettra  au 
prochain  numéro  les  quelques  mots  que  nous  avons  consacrés 
à  nos  regrettés  confrères.  F.  Heringq, 


M.  JOIGNl^AUX  ET  SES  MARAICHERS, 

Le  journal  le  S/èc/p  vient  de  prendre  en  mains  la  défense  des 
maraîchers  de  Paris,  que  nous  avons  blâmés  au  sujet  de  leur 
conduite  anti-fraternelle  et  peu  patriotique  perdant  le  siège. 

Très-partisan  de  la  Ubre  discussion,  el  afin  de  m-^ttre  nos 
lecteurs  en  mesure  d'apprécier  !a  valeur  des  arguments,  et  de 
décider  ensuite,  entre  les  deux  parties,  de  quel  côté  est  la  vé- 
rité, je  comuience  par  reproduire, de  l'article  du  Siecle,lf^,R  pas- 
sages les  plus  saillants  qui  ont  la  prétention  de  justifier  ce  que 
nous  avons  blâmé  j  je  ne  comprends  la  liberté  de  la  presse  que 
dans  ces  conditions.  Le  Siècle  la  comprend  autrement  ;  car  il  est 
encore  à  insérer  la  lettre  justificative  que  je  lui  ai  adressée, 
tout  fraternellement  le  2  de  ce  mois. 

Voici  ce  que  dit  ce  journal  dans  son  numéro  du  1 7  septembre 
dernier  : 

(c  Nous  avons  eu  et  nous  avons  l'abondance  (en  parlant  lé- 
5)  gumes),  parce  que,  sans  aucun  doute,  les  jardiniers  ont  fait 

(I)  On  lit  dans  le  Petit  Moniteur  du  12  courant:  «  Le  4*  conseil  de  guerre 
vient  de  juger  l'affaire  du  journal  le  Sidrle,  inculpé  de  compte  rendu  de  mau- 
vaise foi.  Le  gérant  a  été  condamné  à  4,000  fr.  d'amende,  à  la  minorité  de 
faveur  de  trois  voix;  lès  quatre  autres  s'étant  prononcées  pour  une  peine  plus 
forte. 


—  296  — 

»  du  plant  en  quantité.  Il  faut  les  en  féliciter  ;  cependant  il  se 
»  rencontre  un  esprit  chagrin  -r-  (on  a  oublié  mon  fiel)  —  qui 
))  les  en  blâme  et  leur  reproche  toutes  sortes  d'énormités  qui 
y  sont  autant  de  mensonges. 

y>  Les  maraîchers  de  Paris  n'ont  rien  promis  qu'ils  n'aient 
))  tenu.  Ils  ont  mis  en  culture  environ  14  hectares  de  terrain 
y>  improductif  (1)^  et  n'ont  jamais  pris,  vis-à-vis  dupubliCjl'en- 
ji)  gagement  de  fabriquer  en  quelques  semaines  ce  qui  deman- 
:i)  daii  plusieurs  mois.  Ils  se  sont  engagés  tout  simplement  : 
y>  1°  à  repiquer  tout  ce  qu'ils  pourraient  sauver  de  plants  dans 
))  la  banlieue  ;  2"  à  faire  de  la  verdure  ;  S*"  à  multiplier  les 
))  semis,  pour  faire  face  aux  besoins  qui  se  produiraient  après 
))  le  siège.  Et  c'est  ce  qui  a  lieu. 

i>  Jamais  entreprise  ne  fut  plus  à  découvert  que  celle-ci  ; 
))  une  commission  de  plusieurs  membres  de  la  Société  cen- 
3>  traie  d'horticulture  les  a  visités  à  deux  ou  trois  reprises,  et 
i>  en  a  témoigné  hautement  sa  satisfaction,  non-seulemenfc  en 
))  présence  du  ministre,  mais  encore  dans  le  journal  de  la 

))  Société En  ce  temps-là,  il  y  aurait  eu  quelque  mérite  à 

3>  critiquer  ou  à  produire  des  observations Où  donc  alors 

3)  était  M.  Herincq,  notre  critique  d'aujourd'hui?  Pourquoi  ne 
3)  parlait-il  pa^?  ou  s'il  parlait,  pourquoi  joignait-il  ses  éloges 
))  à  ceux  de  tout  le  monde,  et  nous  envoyait-il  ses  regrets 
))  d'avoir  eu,  sous  l'Empire,  de  mauvais  procédés  à  notre  en- 
))  droit?  C'est  cjue  la  période  du  4  septembre  était  encore  en 
3)  faveur.  A  présent,  que  la  réaction  a  trouvé  sa  voie,  il  lui 
5>  emboîte  le  pas.  M.  Herincq  suit  les  courants,  il  ne  les  re- 
j>  monte  point. 

))   Les  chefs  maraîchers,  les  Laizier,  les  Stainville,  etc.,  ont 
»  accompli  largement  leur  devoir  pendant  le  siège  de  Paris; 

(1)  Sur  200  qui  ont  été  mis  à  leur  disposition:  ils  n'ont  pas  abusé!    F.  H. 


—  297  — 
))  c'est  à  leurs  efforts  et  à  leurs  conseils  que  nous  devons  l'a- 
3>  bondance  et  le  bas  prix  des  légumes  dans  ces  derniers  temps. 
»  Que  cela  contrarie  M.  Herincq,  c'est  possible  ;  mais  je  n'y 
))  peux  rien.    i> 

Le  tout  signé  P.  Joigneaux. 

Je  m'attendais  à  une  riposte  de  la  part  de  l'honorable  député 
de  Paris  et  j'avais  blindé  mes  épaules  pour  recevoir  ce  qu'il 
appelle  pirttoresquement  une  volée  de  bois  vert,  et  qu'il  admi- 
nistre à  quiconque  contrarie  ses  vues  ou  n'approuve  pas  toutes 
ses  entreprises. 

Ma  précaution  a  été  inutile.  L'honorable  député  de  Paris 
s'est  amendé,  depuis  qu'il  est  question  de  demander  l'amnistie 
pour  les  hommes  qui,  après  avoir  été  pardonnes  à  la  suite  des 
tentatives  insurrectionnelles  du  31  octobre  et  du  28  janvier,  se 
sont  empressés  de  montrer  à  l'Europe  entière  qu'ils  étaient  di- 
gnes de  la  clémence  du  gouvernement  de  la  défense  nationale,  en 
recommençant  le  18  mars  dernier,  par  l'assassinat 'du  général 
Clément  Thomas,  et  en  finissant  par  celui  du  commandant 
Chaudey,  rédacteur  du  Siècle!  M.  Joigneaux,  en  effet,  se  borne, 
cette  fois,  à  me  signaler  à  l'attention  des  partisans  de  la  Répu- 
blique au  pétrole,  comme  un  réactionnaire  de  la  pire  espèce, 
qui  voudrait  voirie  peuple  mourir  de  faim,  puisque  je  suis 
contrarié^  dit-il,  de  voir  l'abondance 'et  le  bon  marché  des 
légumes. 

M.  Joigneaux  n'est  peut-être  pas  tout  à  fait  dans  le  vrai 
quand  il  attribue  aux  elTorts  des  maraîchers  de  Paris  l'abon- 
dance et  le  bon  marché  des  légumes.  L'abondance  vient  de  la 
province  qui  avait  aussi  ses  réserves  de  l'année  dernière,  et 
qu'elfe  a  écoulées  sur  Paris  aussitôt  la  circulation  rétablie. 
C'est  aussi  l'avis  de  M.  Laizier,  un  des  chefs  maraîchers  de 
M.  Joigneaux.  Dans  la  séance  de  la  Société  d'horiiculture 
du  9  février,  au  sujet  «  des  prix  élevés  qu'ont  atteints  les 
légumes  que  pouvait  offrir  la  saison,  y>  le  procès- verbal  porte 


—  298  — 

ceci  :  «  M.  Laizier  dit  qne  les  cultivateurs  situés  au  delà  des 
))  lignes  prussiennes  ont  fait,  l'année  dernière,  une  abon- 
3)  dante  récolte  de  beaux  et  bons  légumes,  tels  que  choux, 
^  pommes  de  terre,  carottes,  navets,  etc.,  et  que  si  le'jiassage 
3)  de  la  ligne  occupée  par  l'ennemi  était  moins  diliicile,  que 
D  le  ravitaillement  se  fît  plus  facilement  enfin,  Paris  pourrait 
ï>  recevoir,  en  quelc[ues  jours,  une  énorme  quantité  de  ces 
3)  produits  divers.  » 

Ainsi,  M.  Laizier  connaissait  ces  immenses  ressources  pour 
l'approvisionnement  de  Paris,  aussitôt  que  les  portes  seraient 
ouvertes,  et  il  se  serait  amusé  h  faire  du  plant,  pendant  le  siège, 
pour  subvenir  aux  besoins  d'une  époque  pour  laquelle  il  savait 
que  Paris  recevrait  ((f  une*  énorme  quantité  ))  de  .ces  légumes 
divers  !  Pour  qui  donc  M.  Joigneaux  nous  prend-il  ?  L'idée  de 
M.  Joigneaux  et  O^  était  bien  réellement  de  faire  du  légume 
pour  la  période  du  siège,  ou,  pour  être  plus  dans  le  vrai,  de 
faire  un  peu  de  bruit  dans  le  public,  de  faire  parler  d'eux,  et 
tout  simplement  pour  les  besoins  de leur  avenir. 

M.  Joigneaux  déclare  que  toutes  mes  assertions  sont  des 
énormités  mensongères;  il  appelle  en  témoignage  les  commis-" 
sions  de  la  Société  d'horticulture  de  Paris,  et  le  journal  de 
ladite  Société,  pour  affirmer  son  dire  :  que  les  maraîchers  ne 
s'étaient  engagés  qu'à  faire  du  pJant. 

Notre  confrère  du  Siècle  h.  été  très-mal  insjiiré,  car  partout 
les  commissions  et  le  journal  parlent  légumes,  et  jamais  plant. 
Voici  quelques-uns  des  témoignages  invoqués  par  l'honorable 
député  de  la  Seine. 

Le  secrétaire  général  expose  que. .... 

«  Des  démarches  ont  été  faites  auprès  du  gouvernement  en 
j>  vue  d'obtenir  des  avantages  particuHers  pour  les  horlicul- 
5>  teurs  qui  voudraient  se  livrer  à  la  culture  des  légumes 
))  hàlifs  pour  Tapprovisionnement  de  Paris  pendant  le  siège -» 
(procès-verbal  de  la  séance  du  24  nov.;  journ.  1870^  p.  527). 


—  299  — 

«  Monsieur  le  ministre,  La  Société  d'horticulture  s'était  déjà 
i>  préoccupée,  par  l'entremise  de  son  Comité  des  cultures 
,>)  maraîchères  et  spécialement  par  les  soins  du  Président  de 
))  ce  Comité,  M.  Laizier,  de  la  question  de  la  production  plus 
3)  éiendue  et  plus  hâtive  de  certaines  plantes  alimentaires. . ...  » 

ce  Sous  la  direction  de  M.  Laizier,...  et  de  notre  confrère, 
»  M.  Joigneaux,  délégué  à  cet  effet  par  le  gouvernement,  des 

»  terrains ont  été  mis  à  la  disposition  des  cultivateurs  ma- 

»  raîchers ;  mais,  pour  hâter  le  développement  des  végé- 

1»  taux  ainsi  cultivés  et  en  obtenir  prompîement  des  produits 
»  utiles,  il  faudrait  des  fumiers.  »  Ceci  est  extrait  de  la  lettre 
du  Président  de  la  Société,  au  ministre  de  l'agriculture,  pour 
obtenir  des  fumiers  de  cheval.  M.  Joigneaux  trouvera  cette 
lettre  au  Journal  de  cette  Société,  année  1870,  p.  528. 

Je  pourrais  prolonger  les  citations  de  ce  genre;  mais  j'espère 
que  ces  deux  suffisent  pour  prouver  qu'on  parlait  de  faire  du 
vrai  légume  et  non  du  jeune  plant. 

Je  passe  à  la  haute  satisfaction  exprimée  par  les  commis- 
sions. € Plusieurs  membres  font  observer  (séance  du  23 

5)  février)  que  l'on  a  beaucoup  parle  des  cultures  légumières 
)>   dirigées  par  les  mandataires  de  l'administration,  et  qu'on 

y>  exalte  les  résultats  obtenus ;  quant  aux  nouveaux  ter- 

»  rains  (les  terrains  concédés  par  l'administration),  on  a  pu  y 

2)  récolter  partiellement  quelques  produits  qui  ont  été  vantés 
))  comme  satisfaisants  ;  mais  la  commission,  qui  est  allée  vi- 
))  siter  les  cultures  maraîchères  des  faubourgs,  n'a  pu  être 
))  mise  à  même  de  constater  les  résultats  obtenus  sur  les  nou- 

3)  veaux  emplacements  qui  y  avaient  été  indiqués.  y> 

Et  le  rapporteur  de  la  commission,  dans  son  rapport  quelque 
peu  amphigourique  et  euqihatique,  im.ité  du  genre  italien, 
fait  connaître  pourquoi  cette  commission  n'a  pas  pu  constater 
les  résultats  des  cultures  de  M.  Joigneaux  : 

(T En  partie,  dit-il,  parce  que  les  personnes  qui  la  gui- 


—  300  — 

»  daient  (les  Laizier  ou  les  Stainville)  ont  eu  de  la  peine  à  en 
))  indiquer  l'emplacement;  en  partie  parce  que  la  nuit  est 
))  venue  arrêter  nos  observations.  ))  Ceci  est  écrit  en  toutes 
lettresau  journal  invoqué  par  M.  Joigneaux,  année  1870^p.  536. 

Comment  admettre,  après  cet  aveu  si  sincère  du  rapporteur, 
que  la  commission  a  témoigné  hautement  sa  satisfaction  à 
M.  le  ministre  sur  les  splendides  résultats  de  l'entreprise  Joi- 
gneaux,  Laizier  et  consorts  ;  entreprise  tellement  à  découvert_, 
que  les  hommes  chargés  de  la  mener  à  bonne  fin,  ont  de  la 
peine  à  se  rappeler  l'emplacement  des  terrains  qu'ils  cul- 
tivent, si  ce  n'est,  toutefois,  le  soir,  quand  la  nuit,  la  bien- 
veillante nuit,  ne  permet  plus  à  la  commission,  qui  a  témoigné 
hautement  sa  satisfaction,  de  pousser  jusque-là  son  explora- 
tion? C'est  sublime  de  découvert  et  de  sincérités! 

J'ai  confondu,  dit  l'honorable  député,  des  légumes  de  ré- 
serve offerts  gracieusement  aux  ministres  avec  des  légumes 
nouveaux;  le  lecteur  va  juger  si  j'ai  fait  confusion.  Voici  ce 
que  porte  le  procès-verbal  de  la  séance  de  la  Société  d'horti- 
culture du  22  décembre  : 

<L  A  propos  des  résultats  déjà  obtenus  par  les  jardiniers  de 
»  Paris,  M.  Laizier  dit  que,  lors  de  la  vente  en  faveur  des 
»  blessés  de  notre  armée,  qui  a  eu  lieu  au  ministère  de  l'in- 
))  struction  pubhque,  à  l'occasion  de  la  fête  de  Noël,  il  a  pu 
»  faire  figurer  de  nombreux  lots  de  légumes  dont  voici  Ténu- 
3)  mération.  i> 

Et  dans  cette  énumération  figurent  :  Choux-fleurs,  Céleri, 
Cardon,  Cerfeuil  bulbeux.  Potiron,  Igname  de  la  Chine,  Radis 
noir^  etc.,  qui,  tous^  demandent  un  peu  plus  de  ^0  jours  pour 
acquérir  leur  maturité  ;  il  est  vrai  que  les  minisires  et  le  public 
ne  sont  pas  forcés  de  le  savoir. 

Si,  après  l'exposé  de  ces  témoignages,  M.  Joigneaux,  main- 
tient que  mes  assertions  sont  toujours  des  énormités  menson- 
gères, c'est  qu'alors  les  mots  qui  servent  à  qualifier  les  actes 


—  301   — 

ont  changé  leur  signification,  pendant  que  la  période  de  régé- 
nération sociale  du  18  mars  était  en  pleine  vigueur.  Dans  ce 
cas  je  ne  répudie  pas  le  titre  de  réactionnaire  dont  me  gratifie 
l'honorable  député  de  Paris. 

M.  Joigneaux  demande  où  j'étais  pendant  le  siège  et  pour- 
quoi je  n'ai  pas  protesté  contre  ces  cultures  hétéroclites,  à 
l'époque  où  la  période  du  4  septembre  était  en  faveur. 

Ma  réponse  est  très-simple  :  J'étais  où  devait  se  trouver 
«  toute  âme  bien  née,  qui  ne  compte  pas  avec  le  nombre  de  ses 
années  3),  quand  il  s'agit  de  défendre  l'honneur  et  le  sol  de 
son  pays.  Et  si  je  n'ai  pas  critiqué  une  entreprise  aussi  à  dé- 
couvert que  la  sienne,  c'est  parce  que  V Horticulteur  français 
avait  suspendu  sa  publication,  M.  Joigneaux  le  sait  très-bien, 
et  nullement  parce  que  la  faveur  dont  jouissait  la  période 
du  i  septenlbre  me  faisait  craindre  pour  ma  personne  ;  car,  je 
l'avoue  bien  sincèrement,  sans  l'habile  écrivain  du  Siècle,  j'i- 
gnorerais encore  qu'il  y  avait  à  craindre  des  citoyens  qui  ont 
proclamé  la  Répubhque  française  à  Paris,  le  4  septembre,  sans 
mandat  régulier  des  autres  citoyens  de  la  France.  Je  me  félicite 
alors  de  mon  silence. 

M.  Joigneaux  est  étonné  de  ce  que  je  le  critique  après  lui 
avoir  envoyé  des  éloges  sous  l'Empire. 

Triste  époque  que  celle  où  nous  vivons  !  Par  ce  temps  de  ré- 
publicanisme qui  court,  la  franchise  est  chose  tellement  rare^ 
que  les  républicains  mêmes  ne  la  comprennent  plus,  quand,  par 
hasard,  ils  en  rencontrent  quelques  cas.  Eh  !  mon  Dieu,  ma  con- 
duite envers  M.  Joigneaux  est  bien  simple.  En  homme  qui 
n'appartient  à  aucun  parti,  et  qui,  par  conséquent,  n'a  pas  de 
parti  pris,  j'adresse  au  même  individu,  quel  qu'il  soit,  ami  ou 
adversaire,  des  éloges  quand  il  le  mérite,  et  je  le  blâme  quand 
ses  actes  ou  ses  œuvres  sont  blâmables.  C'est  tellement  na- 
turel que,  à  mon  tour,  je  suis  étonné  de  l'étonnement  de 
M.  Joigneaux. 


--  302  — 

Enfin,  l'habile  écrivain  du  Siècle  assure  que  si  nous  avons 
les  légumes  à  bon  marché,  c'est  grâce  aux  efforls  des  maraî- 
chers de  Paris,  et  particulièrement  aux  Laizier,  aux  Slain- 
ville,  etc. 

Cette  appréciation  iinale  manque  un  peu  d'exactitude.  Si 
les  légumes  sont  à  bas  prix,  ce  n'est  pas  aux  efforts  patrio- 
tiques de  nos  maraîchers  parisiens  que  nous  devons  ce  résul- 
tat, mais  bien  à  la  concurrence  désolante  (!)  de  la  province, 
comme  l'a  si  bien  dit  M.  Laizier;  car,  si  nos  maraîchers 
étaient  encore  seuls  à  nous  alimenter,  ils  pourraient  bien  tou- 
jours vendre,  comme  pendant  le  siège,  au  peuple  qui  ne 
touchait  que  1  fr.  50  par  jour  :  un  Chou  16  fr.,  une  botte 
de  Carottes  19  fr.  ;  une  botte  de  Radis  roses  2  IV.  25.  Je 
connais  un  de  ces  maraîchers  qui  a  vendu  20  mille  plants 
de  Choux  à  1  fr.  la  pièce.  Comment  M.  Juigneaux  veut-il  que 
les  malheureux  cultivateurs  c|ui  ont  acheté  leurs  plants  à  ce 
prix  puissent,  après  5  ou  6  mois  de  culture,  fournir  un  beau 
Chou  pommé  que  les  ménagères  payent,  sur  les  marchés,  la 
modique  somme  de  dix  centimes,  deux  sous  ! 

Si  l'abondance  et  le  bas  prix  des  légunies  contrarient  quel- 
qu'un, l'honorable  député  de  Paris  peut  être  assuré  que  ce 
n'est  pas  l'écrivain  qui,  au  risque  de  s'attirer  bien  des  haines, 
a  blâmé  les  maraîchers  que  le  Siècle  défend  aujourdjhui,  en 
ieur  reprochant  d'avoir  profité  d'un  malheur  public,  pour 
édifier  leur  fortune  sur  les  ruines  de  leur  pays  et  sous  la  protec- 
liôn  des  obus  prussiens. 

F.  Herincq. 


ARNEBIA  LONGIFLORA  (Pl.  X). 

Le  genre  Arnebia  appartient  à  la  famille  des  Borraginées, 
dans  laquelle  se  trouve  la  Bourrache,  les  Cousoudes,  le  .^lyo- 


—  303  — 

sotis,  elc;  il  est  très-voisin  du  genre  Lithospermwn,  et  si 
voisin,  que  certains  botanistes  des  deux  ne  font  qu'un,  en 
réunissant  les  Arnebia  aux  Lithos|)ermes  11  est  bien  certain 
que  la  différence  botanique  est  assez  difficile  à  établir;  elle 
réside  tout  simplement  dans  le  stigmate,  qui  est  à  deux  loijes 
dans  les  Lithospermum,  et  à  quatre  lobes  dans  les  Arnebia,  Il  y 
a  cependant,  dans  le  faciès,  un  je  ne  sais  quoi  qui  fait  recon- 
naître facilement  ces  deux  genres. 

Les  plantes  du  genre  Arnebia  sont  des  herbes  des  régions 
orientales  de  l'Europe  :  l'Egypte ,  la  Perse,  le  Caucase  ,  la 
Sibérie  orientale,  sont  les  berceaux  des  8  à  10  espèces  connues 
jusqu'à  ce  jour. 

V Arnebia  longiflora,  que  nous  figurons  dans  ce  numéro,  Crst 
originaire  de  l'Arménie;  c'est  un  botaniste  voyageur  français, 
M.  Balanza,  qui  l'a  introduit  au  Jardin  des  plantes  de  Paris,  où 
nous  avons  admiré  ses  jolies  fleurs  jaunes,  marquées  à  la  gorge 
de  la  corolle  de  cinq  petits  croissants  de  couleur  rouge  j)Ourpre 
foncé,  ayant  leurs  pointes  en  dehors,  ti  est  voisin  de  VAriiebia 
cchioicles  et,  comme  lui  vivac-e  et  rustique,  peut  supporter  je 
plein  air  sous  notre  climat.  Les  tiges  atteignent  de  30  à 
10  centimètres  de  hauteur  ;  elles  sont  toutes  terminées  par  un 
épi  en  crosse  de  ces  jolies  fleurs  dont  nous  avons  parlé.  Ce 
sera  une  très-bonne  plante  pour  corbeilles  ou  plates-bandes 
d'espèces  variées. 

0.  Lescuyer. 


LES  ALTH/EA  en  forme  DE  ROSIERS  TIGES. 

Pendant  la  durée  du  glorieux  Empire,  qui  nous  laisse  une  pe- 
tite cane  à  payerd''une  dizaine  de  milliards,  j'apercevais,  dans 
le  jardin  réservé  du  monarque  doni  l'incapacité  a  été,  jusqu'à 


—  304  — 

la  fin,  méconnue,  des  sortes  de  Rosiers  admirablement  fleuris 
dans  le  courant  des  mois  d'août  et  septembre,  et  je  regrettais 
de  ne  pouvoir  en  reconnaître  les  variétés,  qui  me  paraissaient 
incontestablement,  franchement  remoniantes  et  dignes  d  être 
signalées  aux  amateurs  de  ce  beau  genre. 

Aujourd'hui  que  ce  jardin  est  ouvert  au  public^  j'ai  été  tout 
surpris  de  retrouver  des  Althœa  {Hibiscus  syriacus)  là  où,  pen- 
dant dix  ou  quinze  ans^  je  croyais  admirer  des  Rosiers  ! 

Celte  découverte  n'a  pas  été  une  déception  pour  moi,  bien 
au  contraire  ;  je  venais  de  surprendre  l'application  de  la  forme 
Rosier  tige  à  un  arbuste  charmant,  qui  fleurit  à  une  époque 
oîiles  arbustes  et  arbrisseaux  fleuris  sont  rares  dans  les  jardins, 
et  qui,  malgré  ce  précieux  avantage,  est  rarement  cultivé. 

Ce  peu  de  succès  des  Althrea  en  arbre  tient,  évidemment,  au 
mode  de  culture  qu'on  leur  apphque,  ou,  pour  être  plus  dans 
le  vrai,  à  l'absence  complète  de  soins. 

On  se  figure,  en  effet,  que  les  arbrisseaux  et  arbustes,  à 
l'exception  du  Rosier,  n'ont  pas  besoin  d'être  taillés;  qu'une  fois 
plantés,  on  ne  leur  doit  plus  rien.  Sans  doute,  ils  peuvent  se  pas- 
ser du  concours  du  jardinier  ;  mais  quand  une  main  habile  di- 
rige l'évolution  de  leurs  ramifications,  ils  produisent  une  flo- 
raison autrement  behe  que  celle  qu'ils  donnent  quand  on  les 
abandonne  à  eux-mêmes.  Les  Althœa  sont  dans  ce  cas.  Les 
sujets  non  taillés  se  chargent  d'un  fouillis  de  brindilles  portant 
chacune  quelques  petites  fleurs  qui  disparaissent  sous  un 
épais  feuillage.  Mais  tout  autre  est  la  floraison  lorsque 
chaque  année,  au  printemps,  on  taille  à  l'épaisseur  d'un  écu 
tous  les  rameaux  qui  se  sont  développés  l'année  précédente 
sur  les  branches  principales.  Alors  de  nouvelles  pousses 
naissent  vigoureusement  dans  le  courant  de  l'été,  et  à  l'ais- 
selle de  chaque  feuille  surgissent  de  belles  et  larges  fleurs 
presque  aussi  grandes  que  celle  des  Roses-Trémières,  et  qui 
se  succèdent  jusqu'en  octobre. 


—  305  — 

Des  buissons  d'AUhœa  ainsi  taillés  sont  des  arbrisseaux  ad- 
mirables ;  élevés  sur  une  tige  en  tête  de  Rosiers,  ce  sont  des 
arbustes  ravissants. 

Cetteespèce,  qui  est  originaire  d'Orient,  a  les  fleurs  rouges; 
mais  la  culture  en  possède  plusieurs  variétés  de  couleurs  di- 
verses, les  unes  à  Heurs  simples,  les  autres  à  fleurs  doubles. 

Parmi  les  variétés  à  fleurs  simples  nous  citerons  :  totus  albus 
à  fleurs  blanc  pur;  variegata,  fleurs  panachées  rouge  et 
blanc  ;  vioJacea,  ou  violette;  fasiuosa,  fleurs  roses. 

Dans  les  variétés  à  fleurs  pleines  ce  sont  :  alba  plena  sero- 
lina,  variété  tardive  à  fleurs  doubles  blanches;  ardens,  rouge 
vif;  carnea,  rose  chair;  cœru/m,  pourpre  ardoisé;  e/e^^anfzs- 
sima,  panaché  de  rose  et  de  blanc;  rosea,  rose;  rubra,  rouge; 
onemonœflora,  pourpre;  speciosa,  très-belle  variété  à  larges 
fleurs  panachées  de  rouge  et  de  blanc,  etc. 

On  multiplie  toutes  ces  variétés  de  greff"e  sur  racines  de  l'es- 
pèce type,  qu'on  obtient  de  graines  semées  au  printemps 
dans  des  terrines  remplies  de  terre  de  bruyère. 

On  repique  dans  des  pots  pour  pouvoir  rentrer  le  jeune 
plant  eu  orangerie  pendant  les  12  ou  3  premières  années  ;  puis 
ou  livre  à  la  pleine  terre. 

Pour  obtenir  des  Althœa  en  forme  de  rosier  tige^  on  dresse 
le  sujet  sur  un  seul  scion,  jusqu'à  la  hauteur  de  un  mètre  par 
exemple  ;  là  on  le  taille,  puis  on  pince  les  bourgeons  pour  ob- 
tenir les  sortes  de  coursons  sur  lesquels  chaque  année  on  ra- 
battra la  taille.  Cette  l'orme  est  vraiment  charmante. 

Eug.  DE  Martragny. 


Octobre  1871".  20 


306  - 


MULTIPLICATION  DE  LA  CENTAUREA  GANDIDISSIMA. 

Lorsque  je  travaillais  au  jardin  de  la  Muette,  j'ai  remarqué 
que^  souvent,  sur  un  cent  de  belles  boutures  de  cette  char- 
mante plante,  il  n'y  en  avait  qu'une  trentaine,  au  plus  une 
quarantaine,  qui  parvenaient  à  émettre  des  À-acines.  C/est  après 
avoir  vu  cette  difficulté  de  reprise  que  j'ai  essayé  plus  de 
vingt  procédés  de  bouturage,  pour  voir  si  je  ne  parviendrais 
pas  à  un  résultat  plus  complet;  à  force  de  chercher,  j'ai  fini 
en  effet  par  trouver  le  véritable  mode  de  multipHcation  de 
cette  Centaurea,  qui  joue  un  si  grand  rôle  dans  l'ornementation 
des  jardins,  par  son  beau  feuillage  blanc. 

L'époque  qui  me  réussit  le  mieux  est  du  10  au  20  août.  En 
coupant  de  très-bonnes  boutures  de  cette  Centaurea,  il  fau 
mettre  de  côté  toutes  celles  qui  sont  atteintes  d'un  peu  de 
noir,  en  les  coupant,  et  ne  conserver  que  celles  qui  sont  bien 
vertes  ou  bien  portantes.  Alors  on  les  prépare,  en  les  coupant 
auprès  du  nœud,  comme  on  fait  pour  toutes  les  boutures.  Je 
dispose  aussitôt  des  coffres  à  froid,  mais  en  plein  soleil,  de 
manière  à  avoir  une  profondeur  de  25  centimètres,  et  je  place 
des  pots  de  8  centim.  remplis  de  bonne  terre  franche  bien 
tamisée,  en  les, espaçant  de  10  centim.  les  uns  des  autres. 

Dès  que  le  premier  rang  de  pots  est  ainsi  préparé  et  placé, 
je  repique  mes  boutures,  à  l'aide  d'un  petit  bâton  aiguisé, 
une  dans  chaque  pot,  et  aussitôt  je  les  arrose  en  évitant  de 
mouiller  les  feuilles.  Après  ce  premier  rang  je  dispose  le 
second,  puis  le  troisième,  etc.,  jusqu'à  ce  que  le  coffre  en  soit 
plein î  je  couvre  ensuite  avec  les  panneaux  vitrés. 

Les  jours  suivants,  aussitôt  que  le  soleil  donne  sur  le  châssis, 
il  faut  ombrer  légèrement,  pour  briser  les  rayons  soiaireS;,  et 
désombrer  dès  que  le  soleil  ne  frappe  plus  sur  les  plantes  j 


~  307  ~ 

mais  il  ne  faut  pas  donner  d'air  ;  ces  jeunes  boutures  doivent 
être  sans  air,  et  ne  doivent  pas  être  tenues  trop  humides. 

Une  dizaine  de  jours  après  leur  mise  en  pots,  ces  boutures 
ont  besoin  d'un  nettoyage,  c'est-à-dire  qu'il  faut  enlever  les 
feuilles  pourries  ou  qui  jaunissent  ;  on  doit  faire  cette  opéra- 
tion avec  précaution,  en  se  servant  d'un  couteau  bien  tran- 
chant pour  ne  pas  donner  de  secousse  aux  plantes,  ni  aux  pots, 
parce  que,  comme  ces  boutures  sont  très-lourdes,  en  les  re- 
muant, on  pourrait  casser  les  jeunes  racines  en  voie  de  forma- 
tion et  qui  sont  très-tendres. 

Aussitôt  qu'on  s'aperçoit  que  des  boutures  ont  des  racines 
à  plein  pot,  on  les  enlève  du  châssis  ;  on  les  rempote,  et  on  les 
traite  comme  les  plantes  faites. 

C'est  en  opérant  ainsi  que  je  suis  arrivé  à  faire  reprendre  de 
80  à  90boutuxes  sur  100.  Depuis  deux  ans  que  je  pratique 
ainsi,  j'obtiens  toujours  le  même  résultat.  C'est  ce  qui  m'a 
décidé  à  faire  connaître  mon  moyen  à  mes  confrères,  par  la 
voie  de  VEorticulteur  français. 

Ernest  Broux, 

jardinier  à  Rosay  (Eure). 


LE    PHALAPJS    ARUNDINACEA   PIGTA  Eï   LES    PELAR- 
GONIUM  ZONALE  A  FEUILLES  PANACHÉES. 

«  Out  of  evii  cornes  goocl.  » 

Décidément  le  proverbe  anglais  a  encore  une  fois  raison  : 
Du  mal  vient  le  bien.  Le  siège  de  Paris,  cause  de  tant  d'infor- 
tunes et  de  ruines,  nous  a  valu,  par  suite  des  désastres  dont 
l'horticulture  parisienne  a  été  frappée,  d'étudier  la  valeur  et 
l'emploi  de  certaines  plantes. 

Sans  ces  malheurs,  nous  aurions  comme  par  le  passé,  oîi 
nous  avions  tout  en  abondance,  continué  la  garniture  de  nos 


—  308  — 

massifs  et  de  nos  corbeilles  comme  nous  avions  l'habilude  de 
le  faire,  sans  nous  préoccuper  par  quelle  plante  nous  pour- 
rions remplacer  telle  autre  plante,  si  celle-ci  venait  à  nous 
manquer. 

Un  de  mes  amis,  grand  amateur  d'horticulture,  habite  une 
charmante  petite  maison  à  Saint-Mandé;  c'est  une  copie  fidèle 
d'un  de  ces  riants  cottages  qui  font  l'ornement  du  comté  de 
Surrey.  Le  jardin  est  un  petit  Eden  dont  les  frais  gazons  rap- 
pellent ceux  de  Sydenham  palace  et  de  Kew  garden's.  Avec 
tout  cela  mon  ami  n'était  pas  heureux.  L'hiver  avait  été 
rude,  le  combustible  avait  manqué,  et,  de  tout  ce  que  renfer- 
mait sa  petite  serre,  il  ne  lui  restait  que  quelques  Pelargonium 
zonale,  Ageratum,  Coleus,  Galcéolaires.  Les  Pelargonium  zo- 
nale  à  feuilles  panachées  :  flover  of  the  day,  Manglesii,  Lady 
Plymouth,  etc.,  qui,  les  années  précédentes,  faisaient  l'orne- 
ment de  ses  corbeilles  et  de  ses  massifs,  avaient  tous  été  vic- 
times du  siège,  et  mon  ami  se  désespérait  de  ne  rien  trouver 
pour  combler  ce  vide.  Je  l'engageai  d'essayer  de  planter  en 
place,  comme  bordures,  autour  d'un  grand  massif  de  Coleus 
Verschaffeltii,  des  Phalaris  arundinacea  picta  ou  roseau  pa- 
naché. 

Cette  graminée,  dont  on  connaît  l'excessive  rusticité,  re- 
prit rapidement,  et  j'eus  le  soin,  pour  la  maintenir  à  une 
hauteur  de  15  à  20  centimètres,  de  renouveler  le  pincement 
des  chaumes  chaque  fois  que  cela  était  nécessaire. 

Un  découpage  à  la  bêche,  de  temps  à  autre,  est  aussi  de  ri- 
gueur pour  maintenir  la  bordure  dans  ses  limites. 

J'ajouterai  que  cet  essai  a  complètement  donné  le  résultat 
que  j"en  attendais!  Le  feuillage  de  cette  plante,  qui  est  rubané 
de  blanc  jaunâtre  ou  de  rose,  et  ressort  extraordinairement  bien 
sur  le  vert  du  gazon ,  peut  défier  celui  des  Pelargonium  Man- 
glesii, Lady  Plymouth  et  autres  variétés  à  feuillage  panaché. 

Quoique  ce  mode  d'emploi  du  Phalaris  soit  né  de  la  guerre, 


—  309  — 

je  n'en  continuerai  pas  moins,  pendant  la  paix^  à  faire  de  très- 
jolies  bordures  avec  cette  graminée,  et  je  répéterai,  comme  à 
Albion  :  Oui  oj  evil  cornes  good. 

Jules  Jarlot. 


NOUVEAU  SALSIFIS  BLANC. 

Ce  nouveau  Salsifis  a  été  présenté  à  la  Société  d'Horticulture 
de  l'Hérault,  dans  le  courant  de  l'année  dernière.  AI.  Martin 
Hivernale,  qui  le  signale  dans  le  Bulletin  de  cette  Société,  lui 
attribue  une  racine  parfaitement  simple,  et  qui  ue  rouille  pas. 
Comparé  avec  le  Salsifis  que  nous  possédons,  le  nouveau  venu 
a  été  reconnu  bien  supérieur.  Semé  en  même  temps,  en  terre 
sèche  et  en  terre  humide,  il  a  donné  une  très-grosse  et  très- 
belle  racine,  tandis  que  celui  cultivé  anciennement  a  produit, 
dans  les  mêmes  terres,  une  racine  très-ordinaire  et  souvent 
rouillée. 

Après  essai,  la  Société  de  l'Hérault  a  reconnu  que  les  éloges 
appliqués  au  nouveau  Salsifis  sont  bien  mérités.  Cette  plante 
a  donné,  à  l'auteur  de  la  note  à  laquelle  nous  empruntons  ces 
détails,  M.  Rivemale,  des  racines  très-développées  en  lon- 
gueur et  en  grosseur,  non  ramifiées,  lisses^  fines  et  d'un  goût 
très-agréable.  Mais  contraireuient  aux  assertions  de  l'oblen- 
teur  de  cette  nouvelle  variété,  qui  prétend  qu'une  fois  la 
graine  levée  on  n'a  plus  qu'à  maintenir  le  terrain  dans  un 
état  de  propreté,  sans  arroser,  M.  Rivemale  recommande  de 
donner  de  copieux  arrosements  ;  c'est  à  cette  seule  condition, 
dit-il,  qu'on  peut  obtenir  de  beaux  produits  comme  ceux  qu'il 
a  obtenus. 

L.    GORDIER. 


-.  310  — 

LA  GREFFE  D'HIVER  (i). 

Un  jardinier  du  XVP  siècle,  du  nom  de  Landais  et  qui  a 
laissé  quelques  écrits,  avait  annoncé  que  la  greffe  en  fente  des 
arbres  fruitiers  pouvait  se  faire  pendant  l'hiver  avec  autant  de 
chances  de  succès  que  dans  toute  autre  saison.  La  découverte 
de  Landais  passa  inaperçue  comme  beaucoup  d'autres  et  l'on 
continua  de  grefîer  au  printemps  comme  par  le  passé. 

En  1859,  M.  Laure,  agriculteur  distingué  à  qui  Ton  doit  un 
bon  livre  sur  l'agriculture  du  Midi  de  la  France,  est  revenu 
sur  la  greffe  d'hiver  et  a  fait  connaître  les  expériences  que  fit, 
à  ce  sujet,  en  1836,  un  jardinier,  M.  Flory. 

€  Le  sieur  Flory,  dit  M.  Laure,  ayant  été  appelé  en  dé- 
cembre 1 836  pour  tailler  un  '  fruitier,  apporta  chez  lui 
quelques  brins  d'un  poirier  dont  il  désirait  se  procurer  l'espèce, 
avec  le  projet  de  les  enfouir  pour  les  conserver  jusqu'à 
l'époque  des  greffes  en  fente  ;  mais  quand  il  fut  à  sa  pépinière, 
il  eut  la  pensée  de  les  conserver  en  les  enfouissant  et  en  même 
temps  en  les  greflant  en  fente  sur  cinq  sauvageons.  Comme  ce 
n'était  là  qu'un  essai,  il  n'eut  pas  une  grande  foi  dans  son 
opération,  surtout  lors  des  fortes  gelées  du  mois  de  janvier 
suivant.  En  effet,  que  devait-il  attendre  de  greffes  et  de  sujets 
secs  et  entièrement  privées  de  sève?  Aussi,  quel  ne  fut  pas  son 
étonnement  et  sa  satisfaction  quand  il  aperçut,  dans  le  mois 
de  mars,  les  yeux  de  ses  cinq  greffes  commençant  à  se  déve- 
lopper, lorsque  les  yeux  de  toutes  ses  autres  greffes  en  fente, 
faites  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  mars,  n'avaient  pas 


même  encore  stossi 


P 


y>  Les  résultats  de  ces  greffes  d'hiver,  dont  pas  une  seule  ne 
manqua,  furent  que  dans  le  mois  d'octobre  suivant,  deux  sur 
cinq  purent  être  transplantées  et  mises  en  place  et  que  les 


H)  Revue  agricole  de  VAreyron, 


—  3H   — 

trois  autres  prirent  bien  plus  de  développement  que  les  greffes 
faites  en  mars.    ' 

»  Flory  répéta  ses  greffes  d'hiver  l'année  suivante  sur  près 
de  cent  sujets  dont  plusieurs  hors  de  terre.  Le  succès  fut  aussi 
complet  que  celui  de  l'aimée  précédente.  Ce  qu'il  y  eut  de 
bon,  c'est  que  les  greffes  faites  au-dessus  du  sol  et  non  enfon- 
cées se  développèrent  avec  autant  d'énergie  que  celles  faites  à 
quelques  centimètres  de  profondeur.  » 

M.  Laurecite  plusieurs  exemples  de  greffe  d'hiver  tous  suivis 
de  succès,  et  que  n'ont  pas  empêchés  les  froids  les  plus  rigou- 
reux. 

D'après  ce  qui  précède,  la  greffe  en  fente  en  hiver,  ou  plutôt 
à  la  nn  de  l'automne,  permettrait  de  gagner  une  année  sur  la 
greffe  de  printemps,  comme  le  fait  aussi  la  plantation  d'au- 
tomne. 

Mais  le  moment  de  la  greffe  peut  être  avancé,  et  il  n'est  pas 
nécessaire  d'à  (tendre  jusqu'au  mois  de  décembre.  Dans  un  des 
numéros  de  la  Revue  des  jardins  et  des  champs,  M.  Bouillard 
rappelle  que  1"  greffe  en  fente  d'automne  peut  être  employée 
avec  avantage  pour  suppléer  à  la  greffe  en  écusson  que  la  sé- 
cheresse n';a  pas  permis  de  pratiquer. 

«  Les  premières  fraîcheurs  du  mois  de  septembre,  dit 
3)  M.  Bouillard,  seront  très-favorables  à  la  reprise  des  greffes 
5)  en  fente  que  l'on  peui  appliquer  sur  tous  les  arbres  à  fruits 
i>  à  pépins,  Poiriers,  Pommiers,  etc.;  le  Cerisier  surtout 
D  réussit  crès-bien  à  l'automne. 

))  Les  essences  d  noyaux  telles  que  Pruniers,  Pêchers,  Abri- 
D  cotiers,  sont  plus  rebelles  à  la  reprise,  mais  réussissent  cè- 
))  pendant,  en  ayant  soin  d'ombrer  convenablement  les  greffes 
y>  et  de  choisir  le  moment  où  il  circule  encore  assez  de  sève 
:&  pour  souder  le  scion  avant  l'hiver,  ce  qui  peut  varier 
»  suivant  le  degré  de  chaleur  et  l'humidité  du  sol.  » 

S.  C. 


—  312  — 
MALADIE  DE  LA  YîGNE  PAR  LE  PHYLLOXERA  (1). 

MM.  Planchon  et  Lichstentein,  à  qui  nous  devons  les  études 
si  complètes  sur  le  Phylloxéra  vastairix  qui  cause  la  nouvelle 
maladie  de  la  Vigne  dont  il  est  question  depuis  quelques  an- 
nées, ont  communiqué  à  l'Académie  des  sciences  le  résultat  de 
leurs  observations  sur  cet  insecte. 

De  ces  observations  il  résulte  que  la  supposition  faite  par 
ces  auteurs,  de  l'identité  du  Phylloxéra  qui  vit  sur  les  racines 
et  de  celui  qui  vit  sur  les  feuilles,  oîi  il  produit  des  excrois- 
sances en  forme  de  galles,  cette  supposition  est  aujourd'hui 
confirmée. 

Les  jeunes  insectes  radicicoles  ou  gallicoles  ne  présentent 
aucune  diflerence.  Les  mères  pondeuses  des  galles  et  les 
mères  aptères  des  racines  étaient,  au  contraire,  assez  dissem- 
blables de  forme  et  de  mœurs.  Les  premières,  isolées  au  fond 
d'une  galle,  peuvent  y  pondre  jusqu'à  200  œufs.  Leur  corps, 
finement  chagriné,  ne  porte  pas  de  tubercules  (il  y  a  cepen- 
dant des  exceptions,  confirmées  d'ailleurs  par  Signoret,  et 
l'on  trouve  parfois  des  formes  mal  définies,  à  tubercules  plus 
ou  moins  développés).  Les  secondes,  groupées  sur  les  racines, 
pondent  30  ou  40  œufs;  plus  allongées,  elles  portent,  après 
leurs  mues,  6  rangées  de  tubercules  mousses  sur  le  dos  et  le 
rebord  ventral. 

Ces  différences  étstut  connues,  le  polymorphisme  des  aphi- 
dietis  et  des  coccidées  n'implique  pas  une  difTérence  d'es- 
pèce^ mais  seulement  des  formes  alternantes  ou  jjaralleles, 
modifiées  suivant  les  conditions  de  l'existence,  rentrant  l'une 
dans  l'autre  ou  dérivant  l'une  de  l'autre  par  des  voies  de  filia- 
tions inconnues.  C'est  ce  qu'on  pouvait  conclure  des   pre- 

(1)  Voir  Chronique. 


—  313  — 

mières  expériences  de  MM.  Planchon  et  Lichtenstein  et  de 
M.  Laliman;  mais  ces  expériences,  insuffisantes,  ne  pouvaient 
donner  lieu  qu'à  présomption,  aujourd'hui  il  y  a  certitude. 

Le  12  juillet  1870,  MM.  Planchon  et  Lichtenstein  ont  en- 
fermé des  Phylloxéra  de  galles  avec  des  racines  fraîches.  Les 
jeunes  sortant  des  galles  par  centaines,  ne  trouvant  pas  de 
feuilles,  se  sont  fixés  sur  les  racines.  Au  bout  de  deux  jours, 
ils  formaient  des  groupes  serrés,  parmi  lesquels  on  voyait  des 
femelles  adultes  portant  les  tubercules  caractéristiques,  et  tous, 
par  leurs  formes,  leurs  mœurs,  leurs  œufs,  se  confondaient  avec 
les  Phylloxéra  des  racines. 

Voilà  donc  un  fait  établi;  la  forme  gallicole  ou  aérienne 
peut  devenir  la  forme  radicicole  ou  souterraine.  Maintenant, 
comment  peut  s'opérer,  dans  la  nature,  la  filiation  d'une  forme 
à  l'autre  ? 

Voici  l'hypothèse  de  MM.  Planchon  et  Lichtenstein;  les 
Phylloxères  ailés  sortis  de  terre  à  l'état  de  nymphes,  puis  pas- 
sés à  l'état  parfait,  transportés  par  les  vents,  pondent  proba- 
blement leurs  deux  ou  trois  œufs  sur  les  tiges  et  les  feuilles. 
Ces  œufs  donnent  des  individus  aptères  qui  produisent  les  pre- 
mières galles.  Les  jeunes  sortis  de  ces  galles  forment  de  nou- 
velles galles  sur  les  feuilles  en  voie  d'évolution  (Signoret,  La- 
liman). L'évolution  des  feuilles  terminée,  en  septembre,  les 
insectes  abondent  sur  les  racines,  où  ils  s'établissent  seuls  ou 
en  compagnie  d'autres  qu'ils  y  trouvent  déjà  et  dont  ils  re- 
vêtent la  forme . 

Cetfe  supposition  est  plausible,  mais  l'incertitude  est  com- 
plète sur  les  filiations  qui  ramènent  l'insecte  ailé.  Cette  forme 
rare  sur  les  racines  se  produit-elle  nécessairement  chez  les 
aptères  souterrains  après  un  nombre  déterminé  de  générations 
agames  (par  la  pathénogénèse)  ?  ou  bien  est-elle  due  seulement 
à  certaines  conditions  dénutrition  ou  autres  circonstances  par- 
ticulières? adhuc  subjudice  lis  est  (l'aJïaire  est  encore  à  juger). 


=-  314  — 

A  la  siiilo  de  cette  communication,  M.  Milne-Edwards  a  fait 
remarquer  que  les  galles  ouvertes  ne  sont  pas  toujours  aban- 
données. Il  a  trouvé  dans  la  cavité  de  ces  galles  de  jeunes  Phyl- 
loxères  en  nombre  considérable  et  de  taille  microscopique. 

Les  vignerons  ne  doivent  donc  pas  considérer  comme  inof- 
fensives les  feuilles  qui  portent  des  galles  ouvertes,  mais  au 
contraire  les  récolter  et  les  brûler  avec  soin.  Cette  opération, 
pratiquée  en  grand,  devrait  sans  aucun  doute  détruire,  et  à 
peu  de  frais,  une  grande  quantiié  de  reproducteurs  avant 
qu'ils  ne  soient  descendus  sur  les  racines,  et  ralentir  les  pro- 
grès du  mal. 

Dans  une  lettre  adressée  le  19  juin  1870  à  la  Société  des 
agriculteurs  de  France,  MM.  Planchon  et  Lichtenstein  avaient 
attribué  les  Etats-Unis  d'Amérique  comme  patrie  du  Phyl- 
loxéra, ou  du  moins  ils  avaient  signalé  une  espèce  extrême- 
ment voisine  qui  attaque,  quoique  moins  idolemment,  depuis 
12  ou  13  a îi s,  les  Vignes  de  l'Illinois,  du  Missouri,  de  New- 
York,  etc.  Les  naturalistes  américains  Asa-Fitch,  Walsh, 
Schimer,  Riiez,  Font  fort  bien  décrite. . 

«  Pourquoi  les  ravages  de  cet  insecte  sont-ils  plus  terribles 
en  Europe  que  dans  sapatrio?  Ne  serait-ce  pas  parce  que  les 
insectes  parasites  ou  plutôt, mangeurs  de  ces  pucerons  sont 
très-nombreux  en  Amérique  et  manquent  en  Europe  ?j) 

Walsli  et  Riley  citent  au  moins  cinq  insectes  comme  des- 
tructeurs du  Phylloxéra  [Pemphigus  vitifoliœ  de  Fitch^  et 
Dactyîosphora  vitifoliœ  àe,  Scbim'er).  Ces  cinq  insectes  appar- 
tiennent aux  genres  Sc?/m/iMs  (coléoptères),  Syrphus  (diptères), 
Hemerobius  (névroptères),  Anthocœris  (hémiptères).  Les  in- 
sectçs  de  ces  genres,  qui  vivent  en  Europe,  dévorent  les  Phyl- 
loxères  du  Chêne  [Phylloxéra  quer eus,  Lalinmn) , 

Peut-on  importer  ces  insectes  en  France?  Les  auteurs  se  dé- 
clarent pour  l'affirmative  et  offrent  de  le  démontrer;  aussi 
M.  Drouyn  deLhuys,  président  de  la  Société  des  agriculteurs 


—  315  — 

de  France,  a-t-il  chargé  une  commission  de  la  Société  d'aocli- 
m.'îlation  d'étudier  la  question  de  l'importation  des  insectes 
dcsiructeurs  du  Phylloxéra,  question  que  MM.  Planchon  et 
Lichlenstein,  LaHman  et  Signoret  nous  paraissent  capables^ 
plus  que  tous  les  autres,,  de  suivre  efficacement. 

Quant  aux  remèdes  à  appliquer  à  la  Vigne,  M.  Petit  fils,  de 
Marseille,  conseille  1"  de  déchausser  profondément  la  plante  à 
l'époque  des  plus  grands  froids  (décembre  et  janvier);  2°  de  la 
fumer;  3"  de  l'arroser  et  de  lui  dcmner  de  fréquents  labours, 
un  au  moins  à  bras,  et  les  autres  à  la  charrue. 

D'autre  part,  un  viticulteur  de  Vaucluse  signale  au  Mercure 
optécien  le  bon  effet  obtenu  par  l'acide  sulfureux  gazeux.  Il  dé- 
couvre les  racines  à  0""  15  centim.  et  entoure  les  ceps  infestés 
de  soufre  concassé  qu'il  enflamme  le  matin,  en  ayant  soin  que 
le  soufre  fondu  ne  puisse  couler  sur  les  racines.  Dans  les  vi- 
gnobles importants,  on  pratique  une  tranchée  dans  toutes  les 
allées  et  on  procède  sur  trois  rangs  aux  fumigations  sulfu- 
reuses. 

Un  propriétaire  de  Sisteron  (Basses-Alpes)  écrit  au  Messager 
du  Midi  que  tous  les  procédés  recommandables  ont  échoué 
chez  lui,  sauf  la  fumure  avec  du  fumier  ordinaire  additionné 
d'une  légère  proportion  dephénurede  potassium  (?)  — N'est-ce 
pas  plutôt  du  phénate  de  potasse? 

Toutefois,  maintenant  qu'est  démontrée,  grâce  à  MM.  Plan- 
chon et  Lichtensfein,  l'identité  des  deux  formes  aérienne  et 
souterraine  du  Phylloxéra,  le  remède  qui  se  présente  comme 
devant  être  le  plus  facilement  applicable  et  le  plus  elficace,  est 
la  visite  fréquente  des  ceps,  en  été,  et  la  destruction  des  feuilles 
alFectées  des  galles  caractéristiques. 

.T.  Demahis. 

(La  Cnliure.) 


316  — 


REVUE  DES  JOURNAUX  ÉTRANGERS. 


MoRMODES  Greènii  (Botanical  Magazine  5802).  Orchidée  de 
l'Amérique  tropicale  à  pseudo-bulbes  ovoïdes-allongés  portant 
des  feuilles  glauques  en  dessous,  lancéolées-allongées  lon- 
gues de  30  à  35  centim.  et  des  grappes  pendantes  multiflores  ; 
les  fleurs  sont  grandes  à  sépales  et  pétales  étalés  ovales- 
oblongs,  jaune  jiâle  en  dehors,  jaune  foncé  en  dedans,  marqués 
de  nombreux  points  rouge-marron  ;  le  labelle  rétréci  et  arqué 
inférieurement  est  dilaté  au  sommet  en  une  sorte  de  cuiller 
frangée  et  de  couleur  violette. 

Velloziaelegans  (Bot.  Mag.  5803).  Cette  plante,  qui  res- 
semble assez  à  des  Hypoxis,  appartient  à  la  famille  des  Vel- 
loziées,  ou  des  Hœmodoracées,  voisine  de  la  famille  des 
Amaryllidées.  Elle  est  originaire  de  Madagascar  et  son  intro- 
duction est  due  à  M.  Fox  Talbot,  qui  l'a  présentée  à  la  Société 
d'Edimbourg,  où  le  D""  Balfour  lui  a  successivement  donné  les 
noms  de  Talbotia  elegans  pour  faire  plaisir  à  son  introducteur  ; 
puis  de  Vellozia  Talbotii  pour  que  la  déception  de  M.  ïalbot 
ne  soit  pas  complète  ;  malheureusement,  M.  Oliver,  botaniste 
à  Kew_,  l'avait  déjà  décrite  sous  le  nom  de  Vellozia  elegans, 
nom  sous  lequel  cette  plante  est  figurée  dans  le  Botanical 
Magazine.  Sa  tige  est  grêle,  dressée,  haute  de  30  à  35  centim., 
garnie  de  feuilles  longues,  à  l'aisselle  desquelles  naissent  des 
pédoncules  qui  portent  de  3  à  5  fleurs  blanches  à  sépales 
presque  égaux.  Plus  intéressante  que  ornementale.  Culture  des 
Hypoxis.  Sous  châssis  froid  en  hiver. 

Calochortus  UNiFLORUs  de  Hooker  ou  Cyclobothra  uniflora  de 
Kunth  (Bot.  Mag.  5804).  LiHacée  de  la  Cahfornie,  trouvée 
dans  les  plaines  aux  environs  de  San -Francisco  par  le  D""  Bo- 


—  317  — 

lancier;  elle  n'atteint  pas  plus  de  10  à  15  centimètres;  son 
oignon,  ovoïde-allongé,  donne  naissance  à  2  feuilles  en  fer  de 
lance,  et  à  une  hampe  qui  porte  de  1  à  3  fleurs  très-longue- 
ment pédicellees,  de  couleur  rosée  avec  les  anthères  violettes. 
Châssis  froid  pendant  l'hiver. 

Iris  nudicaulis  de  Lamark,  ou  Iris  bohemica  de  Smith 
(B.  M.  5806).  Espèce  voisine  de  Vlris  germanica^  mais  distincte 
par  ses  fleurs  pourpre  foncé  avec  l'onglet  des  pétales  jaune 
rayé  de  rouge.  Rustique  et  de  plein  air. 

EuiA  VESTiTA  de  Lindley,  ou  Denclrobium  vestitum  de  Wal- 
llrh  (B.  xM.  5807).  Orchidée  toute  velue,  découverte  dans  les 
îles  de  Manille  et  Bornéo  par  Wallich,  ancien  directeur  du 
jardin  botanique  de  Calcutta,  et  importée  en  Europe  par 
M.  Vilson  Sanders.  Sa  tige  est  dressée;  ses  feuilles  sont 
coriaces  lancéolées,  et  ses  fleurs,  disposées  en  longues  grappes 
pendantes  garnies  de  grandes  bractées  jaune  paille  à  la  base  et 
ronge  au  sommet,  offrent  des  sépales  rouge  orange,  et  des 
pétales  blancs.  Espèce  de  serre  chaude. 

Androsage  pubescens  de  la  Flore-  française,  ou  Androsace 
alpina  de  Gaudin  (B.  M.  5808).  Charmante  miniature  indigène 
aux  montagnes  du  Dauphiné,  des  Pyrénées  et  des  Alpes  suisses, 
formant  de  charmantes  toulfes  gazonnantes,  émaillées  de 
fleurs  blanches  avec  œil  jaune.  Pour  rochers  bien  drainés. 

Blandfordia  alrea  de  Hooker  (B.  M.  5809).  Lihacée  de  la 
iNouvclle-Galles  du  sud,  en  Australie,  importée  par  MM.  Veitch 
et  Sons.  Plante  vivace  à  racines  fibreuses,  et  à  feuilles  dis- 
tiques, roides,  linéaires,  longues  de  25  à  30  centim.;  les  fleurs, 
au  nombre  de  4  ou  5  sur  des  hampes  grêles,  sont  jaune  orange, 
en  forme  de  clochette  à  6  segments  dont  3  externes  sont 
terminés  par  une  pointe  verte.  Châssis  froid  pendant  l'hiver. 

Gladiolus  cruentus,  décrit  en  1868  par  M.  Moore  dans  le 
Gardencr  Chronicle,  et  figuré  dans  le  Botanical  Magazine 
n"  5810.  Magnifique  espèce  trouvée  à  Port-Natal,  sur  la  côte 


—  318  — 

orientale  de  l'Afrique,  dans  la  Cafrerie,  et  qui  se  rapproche 
beaucoup  de  nos  belles  variétés  du  G.  gandavensis.  Ses  fleurs 
sont  largement  campanulées  avec  ses  segments  obovales 
échancrés,  d'un  beau  rouge  écarlate  ;  les  deux  segments  laté- 
raux sont  marqués  d'une  zone  transversale  plus  pâle  dans  la- 
quelle se  trouvent  une  inimité  de  petits  points  écarlates.  Cul- 
ture des  glaïeuls  ordinaires. 

Vanda  DENisoNiANA,  décrite  par  Reichenbach  en  1869  dans 
le  Gardener  Chronicle  ;  le  Botanical  nous  montre,  dans  sa 
planche  5811,  les  johes  grappes  de  fleurs  blanches  de  cette 
Orchidée  originaire  des  montagnes  d'Arracan. 

Aloe  Croucheri  de  Hooker  (B.  M.  5812).  Espèce  dépourvue 
de  tige  et  dont  les  feuilles  étalées,  cartilagineuses,  allongées 
en  forme  de  tangue,  sont  marquées  de  points  blancs.  Ses  fleurs, 
enlongues grappes  paniculées,  sont  allongées,  arquées,  roses  à 
la  base,  blanc  verdâtre  avec  stries  plus  vertes  dans  la  moitié 
supérieure. 

Dahlia  imperulis  de  Roezl  (B.  M.  5813).  L'introduction  de 
ce  beau  Dahlia  en  arbre,  figuré  l'année  dernière  dans  le  Bota- 
nical Magazi7ie,  remonte  à  l'année  1862.  bitroduit,  à  cette 
épofjue,  dans  le  jardin  de  Zurich,  oîi  M.  Rœzl  envoyait  toutes 
ses  collections  de  plantes  mexicaines,  il  a  été  mis  au  commerce 
par  M.  Salter,  horticulteur  à  Versailles  ;  mais  il  n'a  pas  eu 
grand  succès,  car  il  a  disparu  rapidement  de  la  scène  horti- 
cole. C'est  cependant  une  belle  plante;  elle  est  arborescente 
et  atteint  jusqu'à  4  et  5  mètres  de  hauteur  ;  ses  branches 
étalées,  portent  des  feuilles  très-amples  et  sont  terminées  par 
de  grands  capitules  de  couleur  rosée,  larges  de  15  à  18  cen- 
timètres. Par  sa  nature' ligneuse  et  arborescente,  cette  grande 
et  belle  espèce  ne  peut  être  employée  que  difficilement  pour 
l'ornementation  des  jardins.  Sa  place  est  dans  les  grands 
jardins  d'hiver.  On  pourrait  toutefois  la  traiter  comme  les 
Montagnea  et  Ferdinanda. 


-^  319  — 

Jerdonia  iNDiGA  fBot.  Mag.  5814).  Jolie  petite  plante  de  la 
famille  des  Gesnériées,  voisine  des  Streptocarpus  et  des  Vidy- 
mocarpus.  Ses  feuilles,  longues  de3  à  4  cent.,  en  cœur,  offrent 
une  panachure  d'un  vert  pâle  ou  branche  de  chaque  côié  de  la 
nervure  médiane.  La  hampe,  haute  de  8,  à  10  cent.,  porte  une 
ou  deux  fleurs  lilacé  pâle  avec  des  stries  rouges  dans  l'intérieur 
du  tube.  Ce  nouveau  genre  est  dédié  au  major  Jerdon,  de 
l'armée  de  i'inde,  qui  s'intéresse  beaucoup  à  l'introduction, 
en  Angleterre,  de  plantes  nouvelles  vivantes.  Celle-ci  a  été  dé- 
couverte dans  les  montagnes  de  Nellighery,  par  M.  Wright,  et 
introduite  au  jardin  de  Kew  par  le  major  Beddone.  Serre 
chaude,  culture  des  Streptocarpus. 

Phalcenopsis  Parishii  de  Reichenbach  (B.  M;  5813).  Cette 
Orchidée,  décrite  par  le  Gardener  Chronicle  dès  1865,  est 
épiphyte  et  produit  des  grappes  de  petites  fleurs  bbuiches 
avec  large  labelle  deltoïde  et  de  couleur  pourpre.  Elle  a  été 
découverte  dans  les  forêts  de  Birmèse  par  M.  Parish,  et  c'est 
M.  Low,  de  Clapton,  qui  l'a  livrée  au  commerce.  Serre  chaude. 

MoNOLENA  PRiMUL^FLOâA  de  Hooker  (-B.  M.  5818).  C'est  ce 
qu'or  trouve  aussi,  chez  les  horticulteurs,  sous  le  nom  de  Ber- 
tolonia  primuîœflora.  Très-curieuse  Mélastomacée  de  la  Nou- 
velle-Grenade, introduite  par  M.  Bull,  horticulteur  à  Chelsea. 
D'un  rhizome  charnu  naissent  des  feuilles  en  cœur,  rouge 
pourpre  en  dessous,  et  de  nombreuses  hampes  grêles  portant 
chacune  2  ou  3  fleurt»  rose  carné.  Serre  chaude. 

Delphinium  nudicaule  de  Torrey  et  Asa  Gray  (B.  M.  5819). 
Espèce  vivace  découverte  en  Californie  par  David  Douglas, 
qui  en  envoya  des  graines  à  M.  Thompson  de  Ipsvich  (An- 
gleterre). Elle  ressemble  au  D.  cardinale,  mais  les  pani- 
cules  sont  plus  lâches  ;  la  couleur  des  sépales  est  rouge 
orangeetles  pétales  sont  jaune  brique.  Elle  fleurit  en  juillet. 


e 


Jardin  potager.  Le  potager  commence  à  revêtir  sa  tenue  d'hiver;  mais  le 
Poireau,  le  Céleri,  les  Choux,  la  Chicorée,  la  Scarole  et  la  Laitue  d'hiver,  etc., 
couvren;^  encore  le  terrain.  Pour  prolonger  sa  jouissance  de  Fraise,  on  place 
des  châssis  sur  les  planches;  il  faut  songer  à  la  plantation  de  nouveaux  frai- 
siers. Lorsqu'on  craint  la  gelée,  on  arrache  une  partie  des  diSérenls  légumes, 
pour  les  rentrer  dans  la  serre  aux  légumes,  ou  les  mettre  en  jauge  pour  les 
couvrir  de  feuilles  ou  litière  sèche,  afin  d'en  avoir  toujours  à  sa  oisposilion. 
On  prépare  également  la  couverture  pour  les  Artichauts,  Céleri,  Chicorée,  Sca- 
role, etc.,  restés  en  place.  On  arrache  les  Choux-fleurs  qui  commencent  à  mar- 
quer pour  les  planter  dans  la  serre  aux  légumes,  ou  dans  des  tranchées  sur 
lesquelles  on  pose  des  châssis.  A  défaut  de  serres  et  châssis,  on  peut  couper 
les  Choux-fleurs  au-dessous  de  la  tête,  en  supprimant  les  plus  grandes  feuilles, 
et  on  les  suspend  avec  une  ficelle  dans  un  cellier.  Pour  ceux  dont  la  tête  n'est 
pas  encore  formée,  il  faut  les  couvrir  pendant  la  gelée,  et  les  découvrir  dès  que 
la  température  est  radoucie.  On  butte  le  Céleri  en  place  ou  on  l'enterre  profon- 
dément dans  du  terreau  pour  le  faire  blanchir.  On  repique  encore  sur  côlière  : 
Choux  d'York,  Cabus  et  Laitues  d'hiver. 

Vers  la  fia  du  mois,  on  commence  à  forcer  les  Asperges,  soit  en  plaçant  un 
châssis,  entouré  de  réchaud,  sur  une  planche  d'Asperges  en  pleine  terre,  soit 
en  plantant  des  griffes  sur  couche  chaude  et  sous  châssis.  On  sème  encore, 
sur  de  vieilles  couches  chaudes  ou  sur  terreau  et  sous  cloches  de  la  Laitue 
crêpe  et  gotte,  Romaine,  Choux-fleurs  ;  sur  couche  tiède.  Laitue  à  couper, 
Radis  hâtifs  j  on  repique  aussi  les  Salades  et  Choux-fleurs  semés  en  octobre. 

Jardin  fruitier.  Trois  opérations  appellent  l'attention  du  jardinier  :  le  défon- 
cement,  la  plantation  et  la  taille  des  arbres.  Pour  la  plantation,  il  n'y  a  aucun 
inconvénient  à  replanter  sur  l'emplacement  d'un  arbre  ii.ort  ou  épuisé, 
pourvu  qu'on  fasse  un  trou  plus  grand  qu'il  ne  le  serait  dans  un  terrain  neuf,  et 
qu'on  renouvelle  la  lerre.  On  ne  peut  laiiler,  dans  ce  mois,  qu'un  petit  nombre 
d'aibres  fruitiers,  ce  sont  les  vieux  sujets  épuisés  j  les  jeunes,  plus  vigoureux, 
peuvent  attendre  jusqu'aux  derniers  jours  de  février. 

Dès  qu'on  craint  les  gelées,  on  doit  rassembler  toutes  les  branches  des  Fi- 
guiers, à  l'aide  de  cordes,  et  les  envelopper  de  litière  sèche  ;  ou  bien  on  creuse 
de  petites  tranchées  au  pied  des  arbres,  dans  lesquelles  on  rabat  les  branches 
en  les  y  maintenant  avec  des  crochets  en  Dois  ;  on  les  recouvre  ensuite  d'une 
épaisseur  de  terre  suffisante  pour  que  la  gelée  ne  les  atteigne  pas. 

Jardin,  d'agrément.  On  va  encore  quelquefois  dans  son  parterre  jouir  des 
charmâmes  iieurs  de  Chrysanthèmes,  et  contempler  trisiement  les  derniers 
Asters,  ou  chercher  ^^s  derniers  brins  de  Réséda.  Apres  avoir  taillé  les  Rosiers 
de  Bengale,  et  couvert  de  feuilles  les  plantes  et  arbustes  qui  craignent  les 
froids,  arracher  les  Dahlias  pour  rentrer  leurs  tubercules  dans  une  pièce  bien 
sèche  et  à  l'abri  de  la  gelée,  séparer  et  planter  les  plantes  vivaces.  Tulipes, 
Jacinthes  et  ISarcisses,  etc.,  on  peut  dire  adieu  pour  longtemps  au  jardin 
d'agrément. 

Serres.  Les  plantes  de  cette  température  n'exigent  que  peu  de  soins  pendant 
ce  mois  ;  il  faut  seulement  arroser  avec  discernement  ;  bassiner  de  temps  en 
temps  les  feuilles  de  Camélia  :  veiller  à  maintenir  la  température  au  degré 
nécessaire,  en  observant  que  la  température  de  la  nuit  soit  plus  basse  que  celle 
du  jour;  renouveler  l'air  toutes  les  lois  que  le  temps  le  permet;  et,  enfin,  entre- 
tenir les  plantes  dans  un  état  parfait  de  propreté. 


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ESSAI 

SUR  L'ENTOMOLOGIE  HORTICOLE 

COMPRENANT 

L'HISTOIRE    DES    INSECTES  NUISIBLES  A  L'HORTICULTURE 

AVEC 

E.'ln4ieatloades  taojcam  propres  à   les   éloigner  on  aies  dêtruiru  et  I^'HISTOIRE  DES  INSECTES 
ET  AUTRES  A:«I»2AÏJX  UTILES  AUX  CULTURES 

Par   le    D'  BOISDUVAL. 

Ouvrage  illustré  de  425  tigures  gravées  sur  bois,  et  orné  du  portrait  de  l'auteur  gravé  sur  acier. 

Prix  :  broché,  G  francit 


GU  IDE 

POUR  RECONNAITRE   LES  CHAMPIGNONS 

COMESTIBLES  ET  VÉNÉNEUX 

DU  PAYS  DE  FRANCE 

PAR 

KRŒNISHFRANCK 

BOTANISTE 

Un  joli  volume  iii-32  colombier^  avec  gravures  coloriées. —  Prix,  broché  :  6  fr. 


l'nii?.  —  IrajM'imerie  horticole  de  K.  Do^^AUD,  rue  Casselle,  9. 


No  -fil. 


SO*  Année. 


1890-1891. 


JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CUITCRE    RAISONNÉE,    LA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   PLANTES, 

ET   NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,   DES  FRUITS  ET  DES  LÉGDMES,  LA  DESCRIPTION 

ET    L'DSAGE   DES  INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PDBLIÉ  AVEC   LE  CONCOURS 

OES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANGE 

sous   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN  CHEF. 
imcHé   ic    HcsEDM    d'distoibe    xattrelle  de   paris, 

Collaborateur    du    Manuel    du    niantti,   des     figures    du  Bon    Janilnltr, 

Ex-Rédacteur  principal  de  la  SocUid  tthorucuiiurt  dt  la  Seint , 
Membre   bonoraire  et  correspondant  de  plusieurs   Sociétés  d'horticulture,  etc. 


L'Horlicaltenr  Français  parait  le  S  de  chaqae  mois,  par  lirraison  de  32  payes  de  teile 
grand  ia-8,  et  d'une  planche  graTée  et  coloriée  arec  le  plas  grand  soin. 

[  Paris 10  fr.  par  an. 

PRIX  DE  L'ABONNEMENT  :  j    DÉPARTEMENTS.     11  fr.       — 

[  Étranger 15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'ahonne- 
ment  sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNAOD,  rue  Cassette,  9. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pa»,avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  paieries  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 

1870-1871 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  caialoques  an  bureau  du  journal, rue  Cas* 
selle,  9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  noin  des  catalogues  paras  dansle 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


CULTURE  SPECIALE  DE  ROSIERS 

de  J®feCpia  ^Cfci^'WAilT^^  horticulteur 
45 ,    rue    du    Repos ,    45  ,    à    la    Guillotière     (  LYON  ) 

M.  GUILLOT  père,  horticulteur  rosiériste,  43,  rue  du  Repos,  à  Lyon,  se  décide,  après  tant  d'années 
de  fatigues  et  de  travail  opiniâtre,  pendant  lesquelles  il  nous  a  livré  de  si  bonnes  et  belles  roses,  à  prendre 
un  peu  de  repos,  si  bien  gagné.  Il  a  cédé  son  bel  établissement  à  M.  Joseph  SCHWARTZ,  qui,  depuis 
déjà  six  ans,  dirigeait  l'établissement  ;  c'est  donc  à  lui  que  les  clients  de  M.  GUILLOT  père  doivent 
adresser  leurs  commandes.  Cette  année,  M.  SCHWARTZ  met  au  commerce  six  variétés  nouvelles  de 
roses  :  André  Dunand,  Auguste  Biiçotard,  M"*^  Georges  Schwartz,  prince  Stirbey, 
Virgile  hybride  remontante,  et  "Vaucanson,  hybride  de  noisette. 

CULTURE  PRATIQUE  DES  CINÉRAIRES 

Par  E.  CHATÉ,  horticulteur 
Joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravures. —  Prix,  broché  :  1  fr.  25 


FRAISIERS,  FRAMBOISIERS,  GROSEILLIERS 


ET    GLAYEULS 


WILLIAM  GLOEDE,  successeur  deF.  GLOÊDE,  son  pêro 

Collection  de  100  Fraisiers  (10  variétés)  à  10  et  20  francs  contre  mandat  de  poste. 
En  vente  :  Les  bonnes  Fraises,  2  francs. 

Prière  de  bien  s'adresser,  pour  éviter  tout  retard  :  WILLIAM  GLOËDE,  horticulteur,  rue  de  l'Hôtel-Dieu,  n»  3, 

à  Beauvais  (Oise). 

LES     ORIGINES 

DU 

CHEVAL  DOMESTIQUE 

D'APRÈS  LA  PALÉONTOLOGIE,  LA  ZOOLOGIE.  L'HISTOIRE  ET  LA  PHILOSOPHIE 

PAR    C.-A.    PIÈTREMENT 

Chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  Vétérinaire  en  \"  aux  lanciers  de  la  garde 

1  volutoe  in-S".  —  Prix  :  8  fr. 


CULTURE  DE  L'ASPERGE 

PAR    T.    LENORIVIAND,     HORTICULTEUR 

Un  volume  in-16  colombier,  avec  figures  dans  le  texte  et  un  plan. 
Pris  :  1  fr.  Sô,, 


CULTURE  DES.  PLANTES  AQUATIQUES 

Par  M.  D.  HÉLYE 

Chef  de  culture  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris 
Un  joli  volume  in-32  colombier,  orné  de  gravures.  —  Prix  :  i  fr.  50. 


SOMMAIRE  DU  NDMÉRO  D'OCTOBRE. 

F.  IIerixcq.  Chronique.  —  Rapport  adressé  au  Ministre  de  l'agriculture  sur 
le  Phylloxéra,  avec  planches  (PI.  XI).  —  Eue.  de  Maktragisy.  Le  Jasmin 
de  Virginie  greffé  sur  Catalpa.  —  Simon  Louis,  frères.  Note  sur  l'origine  du 
Lilas  Varin  et  sur  ses  variations.  — F.  Herincq.  Culture  forcée  des  arbres 
fruitiers  et  des  Jacinthes.  —  Alex.  Mac'lod.  Du  reboisement  des  parcs  et  des 
semis  d'arbres.  —  Ern.  Bonard.  Plantes  nouvelles. 


CHRONIQUE 


État  de  l'horliculiure  en  Franco.  Les  Pelargonium  zonale  blancs  doubles  de 
Cari  Petzol  -,  lettre  de  M.  Boucharlat  aîué  sur  celte  variété;  eËforts  des  se- 
meurs français  pour  l'obtenir.  —  Catalogues  pour  l'automne  de  1871  et  le 
printemps  de  1872  :  de  MM.  Boucharlat  aîné,  Sim-^n-Louis,  Bertier-Ren- 
datler,  Lemoine,  Jules  Margollin  Jamin  (successeur  de  Jamin-Durand), 
Schwartz  (successeur  de  M.  GuU'ot  père),  Levêque  et  fils.  —  La  Uose  Ilichard 
Wallace.  Catalogues  de  MM.  Guillot  fils,  Ch.  Hubert,  Thibaul-Keltekér, 
Ballet  frères.  Exposition  de  Mcaux  et  Londres,  succès  de  MM.  Ballet; 
Catalogues  de  M.  Bruant  et  de  divers. 


Dans  notre  avant -dernière  chronique,  nous  annoncions 
que,  malgré  nos  désastres,  les  horticulteurs  parisiens  étaient  en 
mesure  de  satisfaire  aux  demandes  qui  pourraient  leur  être 
faites.  Il  en  est  de  même  pour  les  horticulteurs  des  autres  ré- 
gions de  la  France  ;  de  tous  côtés  nous  arrivent  catalogues, 
prospectus,  circulaires  et  prix  courants  pour  l'année  horticole 
1871-1872;  nous  allons  leur  consacrer  cette  chronique. 

Mais  d'abord,  connaissez-vous  l'établissement  d'horticuî- 
ture  de  Cari  Petzol  à  Dresde,  dans  le  nouvel  Empire  allemand  ? 
Non  !  tant  mieux  pour  vous;  car  il  parait  que  le  chef  de  cette 
maison  est  de  première  force  sur  l'exploitation  des  gens  cré- 
dules qui  croient  en  l'honnêteté  germanique.  Dans  son  cata- 
logue il  annonce  le  fameux  Pelargonium  zonale  double  blanc 
Or,  voici  les  renseignements  que  nous  adresse,  sur  son  compte, 
Novembre  1 871 ,  21 


~    322   — 

M.  Boucharlat  aine,   horticulteur  à  Cuire-lès-Lyon  (Rhône)  ; 
ils  méritent  l'insertion. 

Cuire,  le  2  octobre  1871. 

MonsieurHeriacq,vous  qui  faites  si  courageusement  la  chasse  aux  char- 
latans horticoles,  je  viens  vous  en  signaler  un  qui  n'a  pas  eu  son  pareil, 
et  dont  je  crois  être  la  première  victime,  vu  mon  amour  pour  les  belles 
nouveautés,  les  Pelargonium  à  grandes  fleurs  et  zonale  à  fleurs  simples 
et  doubles,  etc.  — Depuis  deux  ans  on  attend  le  Pelargonium  zonale 
blanc  double.  Or  une  maison  horticole  de  Dresde  (Saxe)  voyant  tout  le 
prix  que  l'horticulture,  eu  général,  attache  à  cette  plante,  a  imaginé, 
—  n'ayant  pas  pu,  sans  doute,  emporter  nos  pendules,  —  de  battre 
monnaie  avec  ce  Pelargonium  double  blanc  si  impatiemment  attendu, 
persuadé  qu'il  aurait  beaucoup  d'acheteur  même  au  comptant  ;  car  il 
annonçait  qu'il  n'expédierait  pas  autrement. 

En  mars  dernier,  je  recevais,  en  efl'et,  une  circulaire  de  l'établissement 
Garl  Petzol,  à  Dresde,  circulaire  ornée  de  quatre  médailles  décernées, 
autant  qu'on  peut  le  voir  à  l'exergue,  par  une  société  m/erna^/ona/e. 
Dans  un  long  préambule,  on  annonce  deux  Pelargonium  blancs  doubles. 
Le  premier  s'appelle  Varga,  du  nom  de  l'obtenteur,  et  le  second  porte 
l'épithète  de  Triumph. 

Bien  que  ces  nouveautés  venaient  d'un  pays  ennemi,  je  n'hésitai  pas 
à  demander  -1 2  plantes;  car  rhorticulture  n'entre  pas  dans  les  questions 
de  la  politique.  J'écrivis  de  me  les  adresser,  comme  il  était  dit  :  «  contre 
remboursement.»  Au  mois  d'avril,  je  reçus  de  la  gare  de  Genève  un  avis 
d'aller  retirer  un  colis  contre  250  fr.  de  remboursement.  Les  plantes 
que  j'y  trouvai  étaient  comme  des  fils,  et  presque  mortes;  mais,  mon 
amour  pour  le  Géranium  double  blanc  me  les  fit  tellement  soigner  que 
j'ai  réussi  à  les  sauver.  J'écrivis  à  l'expéditeur  pour  lui  demander  pour- 
quoi il  ne  m'avait  pas  avisé 'de  son  envoi;  point  de  réponse.  Bref  j'an- 
nonçai en  France  et  en  Angleterre,  que  je  possédais  les  deux  Géranium 
zonale  doubles  blancs  et  j'attendis  avec  impatience  leur  floraison  que  je 
n'ai  pu  obtenir  qu'en  août  dernier.  Mais,  ô  cruelle  déception  !  c'étaient, 
le  croiriez-vous,  tout  simplement  des  Géranium  madame  Lemoine  roses  ! 

Voilà,  Monsieur  Herincq,  le  fait  que  je  tiens  à  vous  signaler;  donnez- 
lui  le  nom  que  vous  voudrez.  Quant,  à  moi,  terrifié  d'indignation  d'avoir 
été  trompé  par  un;pareil  A//emanc?,  jelui  ai  écrit  de  suite  et  l'ai  menacé 
de  faire  ce  que  je  fais  aujourd'hui,  s'il  ne  me  restituait  pas  l'argent  qu'il 
m'a  ainsi  extorqué;  mais  point  de  réponse:  il  tient  plus  à  mon  argent 
qu'à  son  honneur.  J'ai  été  assez  heureux,  dans  mon  malheur,  malgré 
les  avantages  que  j'avais  trouvés,  de  n'avoir  pas  voulu  Uvrer  ces  nou- 


—  323  — 

veautés,  à  aucun  prix,  avant  d'avoir  vu  leur  floraison.  Je  vous  au- 
torise, dans  l'intérêt  de  l'horticulture,  à  publier  ma  lettre,  afin  que  ce 
maître  fripon  ne  fasse  pas  d'autres  dupes. 

Votre  tout  dévoué, 

BouciiARLAT  aîné. 

Depuis  que  les  braves  enfants  de  Saint-Flour,  en  Auvergne, 
ont  obtenu,  sans  trop  savoir  comment,  le  premier  Pelargonium 
zonaie-inquinans,  à  fleurs  doubles,  la  této  tourne,  en  effet,  aux 
amateurs  de  Géranium  ;  c'est  à  qui  arrivera  premier  avec  le 
double  blanc  !  Ils  fécondent,  refécondent  et  surfécondent  tous 
les  doubles  rouges  et  doubles  roses  avec  les  blancs  simples  les 
plus  purs ,  ou  les  blancs  simples  avec  les  doubles  roses  et 
rouges,  mais,  comme  sœur  Anne,  ils  ne  voient  rien^  absolu- 
ment rien  venir,  que  des  fleurs  qui  verdoient ,  c'est-à  dire 
beaucoup  de  Pelargoniums  à  fleurs  vertes  ;  phénomène  curieux 
du  reste,  mais  que  n'explique  pas  précisément  la  théorie  de 
l'hybridation,  et  qui  ne  fait  pas  tout  à  fait  le  bonheur  des  cher- 
cheurs du  double  blanc. 

Il  est  singulier  qu'on  ait  obtenu ,  du  premier  coup, 
le  double  rose  par  le  croisement  d'un  rouge  double  et  d'un 
rose  simple,  et  que  le  double  blanc  mette  autant  de  mauvais 
vouloir  à  sortir  d'un  blanc  simple  fécondé  par  un  double  rose 
ou  double  rouge;  les  hybridateurs  nous  donneront  sans  doute 
un  de  ces  jours  la  clef  de  cette  obstination  végétale.  En  atten- 
dant, nous  nous  joignons  à  M.  Boucharlat  aine  pour  flétrir, 
comme  il  le  mérite,  l'impur  Allemand,  qui  n'a  pas  voulu  être 
en  reste  avec  ses  compatriotes,  de  retour  de  leur  peu  glo- 
rieuse campagne  de  France. 

M.  Boucharlat  aine,  chemin  de  la  Croix-Rousse,  30,  à  Cuire 
(Lyon),  est  un  des  rares  hommes  qui  se  livrent  à  l'horticulture 
bien  plus  par  amour  pour  les  plantes  que  par  intérêt.  Nous 
avons  vu  comment  il  en  a  été  récompensé.  Dans  son  pros- 
pectus de  plantes  nouvelles  choisies  dans  de  nombreux  semis 


—  324  — 

opérés  par  lui,  il  annonce  :  1°  quatre  nouveaux  Pelargonium  à 
grandes  fleurs  :  M"^  Robinson  Woolfield,  M™''  Rougier  Sar- 
relte?  M™^  Max  Nisson,  Madeleine  Liabaud;  2°  trois  Pelargonium 
zonale  à  fleurs  doubles  :  Vicomtesse  Elisabeth  de  Chatelux, 
Duc  de  Massimo,  et  Antonio  Galcagno  ;  5°  neuf  Pelargonium  zo- 
nale  à  fleurs  simples  :  Caméléon,  Gustave  Henri,  l'Étincelant, 
comtesse  de  Montfort,  M.  Guérin  Neveu^  Sir  William  Rollisson, 
MonDébut(de  Guillot  fils),  M^^*^ Marie  Vacogne, Duc  de  Magenta; 
4°  deux  Pelargonium  zonale  à  feuilles  panachées  :  Galypso, 
Stella-variegata  et  un  Pelargonium  genre  unique  :  le  Sceptre. 
Les  Verveines — genre  qui  entre  dans  les  spécialités  de  l'établis- 
sement —  sont  au  nombre  de  25,  dont  9  verveines  dites  ita- 
liennes; pour  l'énumération,  nous  renvoyons  au  prospectus. 
Nous  rectifierons,  en  finissant,  et  sur  la  demande  expresse  de 
l'honorable  M.  Roucharlat,  une  faute  d'impression  très-grave, 
au  sujet  du  Pelargonium  zonale  double  Vicomtesse  de  Chatelux. 
Il  est  dit  dans  la  description  :  (s:  Ombelle  de  22  centimètres  de 
DIAMÈTRE  5)  ;  c'est  de  circonférence  qu'il  faut  lire^  et  qu'il  avait 
écrit.  Cette  mesure  impossible  est  tellement  une  faute  d'impri- 
meur, qu'il  en  existe  une  autre,  non  moins  grave,  que  M.  Bou- 
charlat  ne  nous  a  pas  prié  de  relever,  mais  que  nous  signalons 
parce  qu'elle  peut  nuire  à  ses  intérêts.  On  indique  le  siège 
de  l'établissement  à  Caluire  !  Or  il  est  probable  que  les  per- 
sonnes qui  écriraient  à  cette  adresse  verraient  leur  lettre  re- 
venir avec  cette  observation  au  dos  :  Caluire,  pays  inconnu. 
C'est  en  effet  à  Cuirey  quartier  des  maisons  neuves,  à  la 
Croix-Rousse  (Lyon) ,  que  se  trouve  l'établissement  Boucharlat 
aîné. 

MM,  Simon  Louis,  de  Metz,  contrairement  aux  bruits  qui  ont 
circulé,  sont  toujours  en  possession  de  leurs  riches  et  admi- 
rables pépinières.  Grâce  aux  mesures  prises  par  eux  dès  les 
premiers  jours  de  Finvestissement  de  Metz,  leurs  cultures 
ont  pu  être  à  peu  près  entièrement  préservées  de  la  dévastation 


—  325  — 

pendant  le  siège.  Les  dégâts,  purement  matériels,  qu'ils  ont  eu 
,  à  supporter  ont  laissé  complètement  intactes  leurs  nombreuses 
collections  d'arbres  de  toutes  sortes.  Le  supplément  à  leur  ca- 
talogue général  offre  un  très-grand  nombre  d'espèces  qui, 
par  suite  de  la  non-vente  des  sujets  préparés  pour  la  saison 
dernière,  se  trouvent  représentés  par  des  spécimens  de  pre- 
mier choix.  Le  l^'"  supplément  est  relatif  aux  arbres  et  ar- 
bustes d'ornement,  le  2»  aux  arbres  fruitiers  et  aux  Fraisiers. 
A  ces  deux  catalogues  supplémentaires  sont  joints  deux  pros- 
pectus :  l'un  pour  les  Rosiers  et  l'autre  pour  les  Nouveautés 
i?iédites,  que  cet  établissement  livre  au  commerce  à  partir  du 
\<^^  novembre  courant  ;  les  nouveautés  sont  :  /Esculus  hip- 
pocastanum  digitata  major ^  Clematis  patens  Lucie  y  Hibiscus 
syriacus  macranthus  foliis  tricolor  (nom  un  peu  trop  long), 
Ligustrum  vulgare  foliis  albo-maculatis,  Padus  racemosa  ro- 
tiindifoHa,Syringa  rolhomagensis  meiensis  et  Thuya  occidentalis 
denudata.  On  en  trouvera  la  description  à  l'article  •  P/an/e5 
nouvelles.  —  Par  suite  des  malheureux  événements  qui  font  de 
Metz  une  ville  allemande,  MM.  Simon  Louis  ont  dû  apporter 
quelques  modifications  dans  l'organisation  de  leur  exploitation. 
Ils  ont  transporté  «en  France»,  disent-ils,  pour  rester  Français, 
à  Bruyères- le-Châtel(Seine-et-Oise),  prèsArpajon,  une  partie 
de  leur  affaire  de  Graines,  et  c'est  à  Plantières  que  se  trouve 
actuellement  le  siège  de  l'établissement  des  pépinières.  Ils  en- 
gagent donc  leurs  clients  à  s'adresser  directement  à  Plantières, 
près  Metz,  pour  tout  ce  qui  a  rapport  aux  pépinières  et  plantes 
de  serres. 

De  Metz,  pour  revenir  â  Paris,  nous  devons  passer  natu  • 
Tellement  à  Nancy,  puits  intarissable  de  nouveautés.  Dans  celte 
ville,  deux  établissements  nous  ont  donné  signe  de  vie  — 
Bertier  et  Lemoine  —  en  nous  adressant  leurs  prix  courants  de 
plantes  nouvelles. 

M.  Bertieii-Rendatlkk,  gendre  et  successeur  de  notre  re- 


-    32G  — 

gretté  confrère  Rendatler,  continue  de  marcher  dans  la  voie 
ouverte  par  son  beau-père.  Les  Pentstemon  lui  ont  fourni  trois  * 
nouveautés  :  M.  Havard,  M.  Baumann  et  Lanzezeur.  LesGem- 
nium  doubles  également  trois  gains  nouveaux  :  Henry 
Person,  M™^  Pasquier  et  M.  Van-Houtte  ;  les  Géranium  simples 
nouveaux  comptent  pour  cinq  :  Bergère,  Ghâteaudun,  Comte 
Hug,  Emblème,  Mont  Valérien.  Cet  établissement  possède  en 
outre  beaucoup  d'autres  nouveautés  provenant  des  princi- 
paux semeurs  de  ce  genre,  et  d'autres  genres  de  plantes  de 
serre  et  de  pleine  terre. 

M.  Lemoine  s'est  acquis  une  grande  réputation  dans  le  com- 
merce des  nouveautés.  Intelligent,  très-actif,ilne  laisse  échapper 
aucun  gain  méritant.  Malgré  l'occupation  allemande,  il  a  réuni 
une  légion  de  plantes  nouvelles.  Parmi  les  espèces  de  serre 
froide,  c'est  d'abord  Bégonia  alata  coccinea  ;  puis  4  Pelar- 
gonium  zonale  à  fleurs  simples  :  Claude  de  la  Meurthe,  Géné- 
ral Faidherbe,  Président  Grévy,  Président  Thiers  :  ensuite 
deux  zonale  à  fleurs  pleines  :  Patriote  Lorrain,  Préfet  de 
Lyon.  En  plantes  vivaces,  son  catalogue  annonce  :  Aquilegia 
alpina  superba,  Phlox  arlequin,  Châtiment,  et  M.  Kuss  : 
Clématite  Lucie  Lemoine,  à  grande  fleur  blanche  pleine,  et 
enfin  des  nouveautés  d'autres  obtenteurs  dans  les  genres 
Fuchsia,  Pelargonium,  Pétunia,  Chrysanthèmes,  Delphi- 
nium,  Pentstemon  et  Phlox.  —  Une  bonne  occasion  d'écouler 
sa  monnaie  prussienne  :  M.  Lemoine  annonce  que  les  tha- 
lers  seront  acceptés  en  payement  pour  la  valeur  de  3  fr. 
75  c. 

M.  Jules  Margottin  fils  vient  de  créer  un  établissement  à 
Bourg-la-Reine  (Seine),  près  la  station  du  chemin  de  fer.  Ses 
pépinières,  qui  ont  écliap[)é  aux  désastres  de  la  guerre,  sont 
composées  des  plus  belles  variétés  de  Rosiers  existants,  les 
mêmes  que  possède  son  père.  Le  nom  de  Margottin  est  un  nom 
qui  n'a  nul  besoin  de  recommandation  :  sa  réputation,  étayée 


—  327  — 

des  plus  belles  roses  sorties  de  l'établissement  de  M.  Margottin 
père,  dispense  de  tout  éloge. 

L'établissement  Jamin-Durand,  situé  dans  la  même  localité, 
route  de  L'hay,  passe  aux  mains  de  M.  Durand  fils.  Ce  jeune 
et  intelligent  pépiniériste,  dans  sa  circulaire  annonçant  la  mise 
en  vente  d'une  Fraise  nouvelle,  le  D'  Morcre,  promet  de  faire 
tous  ses  efforts  pour  maintenir  la  réputation  d'un  établisse- 
ment fondé  par  son  grand-père,  M.  Jamin  (Jean-Laurent),  et 
qui  jouit  dans  le  monde  horticole  d'une  célébrité  qu'il  veut 
conserver  comme  le  plus  précieux  des  patrimoines.  Malgré  les 
désastres  causés  dans  ses  pépinières  par  deux  guerres  succes- 
sives, il  annonce  qu'il  est  en  mesure  de  satisfaire  sa  clientèle 
comme  par  le  passé . 

Deux  autres  rétrocessions  ont  eu  lieu  dans  le  courant  de 
cette  année. 

M.  GuiLLOT  père,  rosiériste  à  Lyon,  se  décide,  après  tant 
d'années  de  fatigues  et  de  travail  opiniâtre  pendant  lesquelles 
il  nous  a  livré  de  si  bonnes  et  de  si  belles  roses,  à  prendre  un 
peu  de  repos,  bien  mérité  et  honorablement  gagné.  Il  a 
cédé  son  bel  établissement  à  M.  Joseph  SchAvartz,  qui,  depuis 
bientôt  six  ans,  dirigeait  ses  'cultures.  C'est  donc  à  M.  Joseph 
Schwartz,  43,  rue  du  Repos,  à  la  Guillotière  (Lyon),  que  les 
clients  de  M.  Guillot  père  doivent  adresser  leur  commande. 
Cette  année  cet  établissement  met  au  commerce  six  variétés 
nouvelles  de  Rosiers  :  André  Durand,  Auguste  Nigotard, 
M°^^  George  Schwartz,  Prince  Stirbey,  Virgile  (hybrides  re- 
montants) et  Vaucanson  (hybride  de  noisette).  Plus  les  Rosiers 
nouveaux  de  divers  semeurs. 

M.  Gloede,  le  célèbre  fraisiériste,  de  Beau  vais  (Oise),  cède 
également  son  établissement  à  son  fils,  M.  WiUiani  Gloëde. 
Cet  établissement,  situé  rue  de  l'Hôtel-Dieu,  est  affecté  à  la 
culture  des  Fraisiers,  des  Framboisiers,  des  Groseilhers  et  des 
Glaïeuls. 


—  328  — 

[.  LÉvÈQUE  et  fils,  horticulteurs,  autrefois  boulevard  de 
THôpital,  à  Paris,  ont  transporté  leur  établissement  rue  du 
Liégat,  n°  26,  à  Ivry,  près  Paris  (Seine).  Cet  établissement, 
qui  jouit  d'une  rare  probité,  vient  de  publier  son  prix  courant 
pour  marchands,  des  nouveautés  en  Rosiers,  Glaïeuls,  Pi- 
voines, Phlox,  Gamellia,  Azalea  indica  qui  sont  ses  spéciahtés. 
MM.  Lévêque^  qui  se  sont  montrés  très-sévères  dans  l'émission 
de  leurs  nouveautés,  ne  mettent  encore,  cette  année,  qu'un 
Rosier  nouveau,  qu'ils  dédient  au  noble  et  généreux  étranger 
Sir  Richard  Wallage,  qui  a  voulu  partager  nos  dangers  et  nos 
misères  pendant  le  siège,  et  qui  a  si  largement  payé  celte 
triste  hospitalité  par  des  dons  en  argent  considérables,  pour 
aider  le  gouvernement  à  soulager  les  souffrances  de  la  po- 
pulation parisienne.  Nous  nous  associons  à  la  pensée  de 
MM.  Lévêque^  qui  ont  voulu  témoigner  de  leur  reconnaissance 
envers  le  digne  héritier  du  marquis  d'Herfort,  en  baptisant 
leur  nouveau  gain  :  Rosier  Richard  Wallace. 

M.  GuiLLOT  iils,  chemin  des  Pins,  à  Lyon,  est  encore  un 
rosiérisle  auquel  nous  ne  refuserons  jamais  notre  recomman- 
dation. On  dit  avec  quelque  raison  :  «  tel  est  le  père,  tel  est 
le  fils^  ))  et  ici  le  proverbe  est  inconiestable  et  incontesté  : 
rhonnêteté  commerciale  est  ici  don  de  famille.  Les  nouveaux 
Rosiers  que  M.  Guillot  fils  met  cette  année  au  commerce 
sont  :  Comtesse  de  Nadaillac,  Madame  Camille,  Mademoiselle 
Cécile  Berthod  (Rosiers  thé),  abbé  Bramerel,  Baronne  Louise 
Uxkull,  OEillet  fantaisie  (hybrides  remontants),  et  Catherine 
Bonnard,  qui  est  un  hybride  non  remontant. 

L'établissement  Ch.  Hubert  et  C%  à  Hyères  (Var),  a  pour 
spéciahté  la  culture  pour  la  production  des  graines  de  fleurs, 
d'arbres  et  d'arbustes  d'ornement,  indigènes  et  exotiques. 
Il  ne  compte  que  vingt-cinq  années  d'existence,  mais  ce  sont 
vingt-cinq  années  de  succès.  Les  frères  Hubert  mettent  en 
effet  un  zèle  digne  d'éloges  à  rechercher  toutes  les  plantes  qui 


_  329  — 

peuvent  concourir  à  l'embellissement  de  nos  jardins,  et  ils  les 
multiplient  avec  activité,  pour  arriver  à  la  récolle  des  graines  ; 
chaque  année  ils  introduisent,  ainsi, un  grand  nombre  d'espèces 
nouvelles  ou  de  variétés  perfectionnées.  Le  catalogue  général 
pour  1871  et  1872  en  contient  plusieurs  très-dignes  d'atten- 
tion. La  première  partie  de  ce  catalogue  comprend  les  plantes 
nouvelles  et  recommandables  ;  la  seconde  est  réservée  aux 
Graminées  et  Cypéraeées  ornementales  nouvelles.  Dans  la 
troisième  se  trouvent  les  plantes  méritantes  déjà  connues  ; 
puis  viennent  les  séries  de  Cucurbitacées.  Pour  les  plantes  de 
ces  quatre  séries,  MM.  Hubert  donnent  la  description  et  leur 
appréciation  sur  chacune  d'elles.  La  seconde  division  du  cata- 
logue est  une  simple  énumération  des  espèces  dont  ils  ont  des 
graines  disponibles  ;  et  enfin  vient  la  liste  de  leur  belle  col- 
lection de  Ca/ma  avec  indication  delà  hauteur,  de  la  couleur 
des  fleurs  et  celle  du  feuillage  ;  cette  collection  comprend 
434  espèces  ou  variétés.  Nous  ferons  connaître  dans  notre 
prochain  numéro,  qui  paraîtra  dans  quelques  jours,  la  plupart 
de  ces  nouveautés. 

MM.  Thibaut  kt  Keteleér,  à-Sceaux  (Seine),  sont  peut-être 
les  horticulteurs  qui  ont  été  les  plus  éprouvés  pendant  le  siège. 
Leur  belle  et  riche  collection  de  plantes  de  haute  serre  chaude  : 
Orchidées,  Broméliacées,  etc.,  a  été  entièrement  détruite  par 
le  froid.  Ils  viennent  de  publier  un  extrait  du  catalogue  de 
IST-â,  qui  contient  les  plantes  disponibles  pour  l'aulomue 
1871.  Excepté  les  Orchidées,  dont  la  multiplication  n'est  pas 
rapide,  ces  honorables  et  savants  horticulteurs  sont  en  me- 
sure de  satisfaire  aux  demandes  de  leurs  clients,  et  notamment 
en  ce  qui  concerne  les  arbustes  de  plein  air  :  Fougères,  Coni- 
fères, etc.  Nous  signalerons  pour  le  plein  air  quelfjues  bonnes 
espèces  d'introduction  récente  :  Desmodium  japonicum,  Ju- 
glans  macrophylla,  Idesia  polycarpa,  Parrotia  persica,  Pteros- 
tyrax  hispida,  Quercus  daymio,  Stuartia  grandiflora,  sur  les- 


—  330  — 

quels  nous  reviendrons.  Ce  qui  recommande  l'établissement 
Thibaut-Keteleêr,  c'est  la  parfaite  et  rigoureuse  détermina- 
tion de  toutes  leurs  plantes,  et  la  sévère  exécution  des  com- 
mandes. 

MM.  Baltet  frères,  horticulteurs-pépiniéristes  à  Troyes 
(Aube),  n'ont  rien  perdu  de  leur  activité.  La  publication  de 
plusieurs  notices  et  de  leur  catalogue  ne  leur  a  pas  fait  né- 
gliger les  Expositions.  La  France,  hélas  !  n'en  a  pas  eu  beaucoup 
cette  année.  La  ville  de  M  eaux  est  à  peu  près  la  seule,  à  notre 
connaissance,  qui  ait  fêté  Flore  et  Pomone  ;  un  peu  plus,  elle 
faisait  les  honneurs  de  cette  fête  aux  soldats  de  Guillaume^  car 
c'est  le  lendemain  ou  le  surlendemain  de  l'évacuation  de  la 
ville  par  l'armée  prussienne  que  s'ouvraient  les  portes  de 
cette  Exposition.  MM.  Baltet  n'étaient  pas  désireux,  paraît-il, 
de  montrer  leurs  beaux  fruits  aux  pillards  germaniques  ;  ils 
savaient  à  quoi  s'en  tenir  sur  la  manière  dont  les  sujets  de 
l'empereur  d'Allemagne  respectent  le  bien  d'autrui.  C'est  à 
Londres  qu'ils  ont  montré  les  produits  de  leur  jardin  fruitier, 
qui,  au  dire  du  journal  anglais  Gardener's  Chronicle,  ont  fait 
l'admiration  des  Anglais,  et  tout  spécialement  des  membres 
du  Jury.  Quatre  premiers  prix  ont  été  leur  récompense  :  1°  mé- 
daille d'or  pour  la  collection  de  Poires  la  plus  complète  ;  2°  mé- 
daille de  vermeil  pour  la  collection  la  plus  remarquable  de 
Poires  de  dessert  ;  5°  grande  médaille  d'argent  pour  le  plus 
beau  lot  de  Poires  à  cuire  ;  4°  prix  spécial  en  vermeil  pour 
leur  collection  de  150  variétés  de  Pommes.  Un  groupe  de 
50  variétés  de  Poires  de  semis  a  été  renvoyé  à  un  comité  de  la 
Société  horticulturale,  qui  doit  en  faire  l'examen  et  ensuite  un 
rapport  ;  car  les  Anglais  ne  décident  pas,  comme  en  France, 
séance  tenante,  de  la  nouveauté  ou  du  mérite  d'un  fruit;  et 
certes,  je  suis  loin  de  les  blâmer.  Félicitation  à  MM.  Baltet  de 
leur  beau  et  brillant  succès.  Il  paraît,  du  reste,  au  dire  d'un 
de  nos  correspondants  de  Londres,  qui  a  eu  l'honneur  de  dé- 


—  331  — 

guster  quelques-unes  de  leurs  Poires,  que  leurs  collections 
étaient  des  choix  extra,  comme  beauté  et  surtout  comme  qua- 
lité :  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  en  donner  la  liste. 

M.  Bruant,  à  Poitiers  (Vienne),  dans  un  supplément  pour 
1871-1872  à  son  catalogue  raisonné,  annonce  toutes  les  nou- 
veautés d'arbres  fruitiers  qu'il  a  en  multiplication,  ainsi  que 
les  anciennes  naturellement.  Il  cite  parmi  les  nouveaux  ou  peu 
répandus  :  23  Abricotiers,  21  Cerisiers,  28  Pêchers,  2  Poi- 
riers nouveaux  mis  au  commerce  par  l'établissement  :  Ray- 
mond de  Monlaur  et  comte  de  Chambord  ;  plus  une  longue 
série  de  variétés  peu  répandues  ;  puis  les  Pommiers,  Pruniers^ 
Vignes,  etc.  La  deuxième  partie  du  catalogue  est  consacrée 
aux  arbres  et  arbustes  d'ornement,  etc. 

F.  Herincq. 

• 

P.  S.  Depuis  la  composition  de  ce  numéro,  dont  la  pubHca- 
tion  a  été  retardée  pour  des  causes  indépendantes  de  notre 
volonté,  nous  avons  reçu  les  catalognes  suivants  : 

DuviviER,  grainier-fleuriste  et  pépiniériste,  2,  quai  de  La 
Mégisserie^  Paris.  Oignons  à  fleurs,  prix  courant  (sans  remise) 
pour  marchands.  Graines  de  choix  pour  jardiniers. 

Naudet  (Isidore),  horticulteur,  marchand  grainier,38,rue  de 
Bondy,  près  le  boulevard  Saint-Marlin,  à  Paris.  Catalogue  de 
Rosiers,  Glaïeuls,  Pivoines,  Phlox,  Camellia,  Azalea  indica, etc. . . 
Nouveautés  disponibles. 

Loise-Chauvière,  grainier,  horticulteur,  cultivateur  et  pé- 
piniériste, 14,  quai  de  la  Mégisserie,  Paris.  Catalogue  de 
Glaïeuls,  variétés  nouvelles,  plantes  de  serre  et  plantes  vivaces 
de  pleine  terre. 

P.  A.  GoNTiER,  successeur  de  Guenot,  marchand  grainier- 
fleuriste,  6,  quai  de  Gèvres,  Paris.  Catalogue  d'oignons  à 
fleurs,  plantes  bulbeuses  de  toute  nature. 

Legendrè-Garriau,  marchand  grainier,  horticulteur,  8,  ave- 


~  332  — 

nue  Victoria,  Paris.  Catalogue  d'oignons-fleurs  et  plantes 
bulbeuses.  Grande  variété. 

F.  MoREAU  dit  Louis,  horticulteur-pépiniériste,  3,  avenue  de 
Sceaux,  Fontenay-aux-Roses  (Seine).  Catalogue  d'arbres  frui- 
tiers, arbres,  arbustes  et  des  plantes  herbacées  d'utilité  ou 
d'ornement. 

Croux  et  fils,  horticulteurs-pépiniéristes  à  Aulnay-les-Sceaux 
(Seine).  Extrait  du  catalogue  général,  prix  réduit  pour  mar- 
chands, sans  remise.  Conifères,  arbres  forestiers  et  d'ornement, 
arbustes  variés,  plantes  grimpantes  en  pots,  arbres  fruitiers 
et  jeunes  plants. 

L.  Renault,  marchand  grainier,  fleuriste-pépiniériste,  18, 
rue  de  l'Arcade,  Paris.  Catalogué  d'oignons  k  fleurs,  plantes  à 
bulbes  et  tubercules,  griffes  et  pattes.  Arbres  et  arbustes  d'or- 
nement^ arbres  fruitiers. 

CoTTiN  (Alfred),  pépiniériste  à  Sannois,  près  Paris (Seine-et- 
Oise).  Catalogue  descriptif  et  raisonné,  arbres  fruitiers  et 
d'ornement  ;  culture  spéciale  de  pleine  terre. 

DuvAL  (Hippolyte),  pépiniériste  à  Montmorency  (Seine-et- 
Oise).  Catalogue  des  espèces  et  variétés  du  genre   rosier. 

MALADIE  DE  LA  VIGNE  PAR  LE  PHYLLOXERA  (PL  XI). 

Rapport  adressé  au  Ministre  de  V agriculture. 

Nous  avons  parlé  à  plusieurs  reprises  de  cette  maladie  qui 
a  paru  pour  la  première  fois  dans  la  vallée  du  Rhône  en  1864 
ou  en  1865.  Nous  complétons  aujourd'hui  les  renseignements 
que  nous  avons  déjà  donnés  en  publiant  une  planche  repré- 
sentant l'insecte  et  le  mal  qu'il  produit  (1),  et  en  reproduisant 
quelques  extraits  du  rapport  adressé  au  ministre  de  l'agricul- 
ture parla  coumiission  chargée  d'étudier  cette  terrible  maladie 

(1)  Cette  planche  est  empruntée  à  Vlw^ectologie  agricole^  publiée  par 
M.  Donnaud,  éditeur,  rue  Cassette,  n°  9,  Paris. 


—  333  — 

qui  est  devenue  un  véritable  fléau  pour  les  vignobles  du  Midi, 
et  qui  ne  cesse  de  s'étendre  en  gagnant  les  départements 
limitrophes  des  départements  envahis. 

((  Le  trait  extérieur  le  plus  caractéristique  de  la  nouvelle 
maladie,  dit  le  rapport,  celui  qui  a  le  plus  frappé  tous  les  obser- 
vateurs, c'est  l'existence,  dans  toutes  les  parcelles  atteintes 
depuis  peu,  d'un  centre  d'atlaque  qui  s'élargit  sans  cesse.  Les 
ceps,  environnant  ce  premier  foyer  d'infection,  s'étiolent  et 
jaunissent  déplus  en  plus  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  complète- 
ment desséchés.  Quand  la  parcelle  a  une  certaine  étendue  et 
quand  le  mal  est  suffisamment  intense,  au  lieu  d'un  centre 
d'attaque,  on  en  trouve  plusieurs.  Il  ressort  de  ces  faits, 
observés  partout,  que  la  maladie  de  la  Vigne  se  propage  de 
deux  manières  :  de  proche  en  proche  et  à  distance.  L'extension 
progressive  des  divers  centres  d'attaque,  dont  nous  venons  de 
parler,  nous  révèle  le  premier  mode  de  propagation  ;  leur 
existence  simultanée  sur  plusieurs  points  éloignés  les  uns  des 
autres  nous  révèle  le  second.  L'expérience  nous  a  d'ailleurs 
appris,  bien  des  fois,  que  la  nouvelle  maladie  de  la  Vigne  pro- 
cède par  bonds  irréguliers  et  qu'elle  fait  souvent  une  brusque 
apparition  à  de  grandes  distances  des  foyers  d'infection  déjà 
connus.  Quand  on  examine  les  racines  des  Vignes  attaquées, 
on  s'aperçoit  facilement  qu'elles  sont  le  siège  des  altérations 
les  plus  profondes  :  on  les  trouve  toujours  molles  et  pourries  ; 
leurs  tissus,  hypertrophiés  et  sans  consistance,  ne  résistent  pas 
à  la  pression  des  doigts. 

3)  Ces  graves  désordres  sont  occasionnés  par  une  espèce  de 
puceron,  auquel  on  a  donné  le  nom  de  Phylloxéra  vastatrix. 
Ce  puceron,  presque  invisible  à  l'œil  nu,  s'établit  sur  les 
racines  de  la  Vigne  et  les  pique  de  son  suçoir  afin  de  se 
nourrir  de  leurs  sucs.  Ces  piqûres  multipliées  irritent  proba- 
blement les  tissus  et  amènent  leur  hypertrophie.  Elles  produi- 
sent souvent  sur  le  chevelu  des  racines  des  nudosités  (voir  la 


—  334  — 

planche  XI,  fig.  5)  ou  sortes  de  renflements  noueux  tout  à 
fait  caractéristiques  qui  établissent  une  distinction  fondamen- 
tale entre  la  maladie  nouvelle  et  tous  les  autres  genres  d'altéra- 
tions observés  dans  les  Vignes,  tels  que  la  pourridie  ou  blan- 
quet,  espèce  de  pourriture  produite  par  des  champignons 
souterrains,  et  la  maladie  de  la  Camargue,  qui  a  déjà  fait  périr 
dans  cette  contrée  un  assez  grand  nombre  de  plantations. 

i>  On  remarque  en  même  temps  que  les  Phylloxéra^  auteurs 
de  ces  graves  désordres,  ne  restent  jamais  sur  les  racines  qui 
commencent  à  se  décomposer.  Dès  qu'un  point  pourrit,  ils  se 
portent  immédiatement  sur  un  autre.  En  un  mot  ils  produisent 
la  pourriture,  ils  la  précèdent  sans  cesse  et  ne  la  suivent 
jamais. 

i>  Jusqu'à  ce  jour,  aucun  de  nos  cépages  n'a  été  épargné 
par  la  nouvelle  maladie  de  la  Vigne  ;  mais  on  signale  dans  les 
environs  de  Bordeaux  quelques  variétés  américaines  qui  n'ont 
pas  été  encore  attaquées,  quoique  entourées  de  Vignes  malades 
depuis  trois  ans. 

3)  D'après  les  études  faites  dans  ces  derniers  temps  les 
Phylloxéra  vivent  sous  deux  formes  différentes  :  à  l'état  aptère, 
c'est-à-dire  sans  ailes  (pi.  XI,  figures  très-grossies  i ,  2,  3)  et 
à  l'état  ailé  (pi.  XI,  figure  très-grossie  4);  ils  ne  sont  jamais 
vivipares  ;  en  toute  saison  et  sous  les  deux  formes  qu'ils  affec- 
tent, ils  ne  pondent  jamais  que  des  œufs.  Nous  devons  ajouter 
que  les  individus  observés  jusqu'à  ce  jour,  et  le  nombre  en 
est  grand,  ont  toujours  été  femelles. 

»  Le  Phylloxéra  mâle,  qu'on  cherche  depuis  longtemps,  n'a 
encore  été  trouvé  ni  à  l'état  aptère,  ni  à  l'état  ailé. 

))  Voici  quelles  sont  les  principales  phases  de  la  vie  de  ces 
insectes.  Ils  hivernent  sur  les  racines  de  la  Vigne  à  l'état  d'in- 
sectes aptères,  jamais  à  l'état  d'œufs.  Tant  que  la  température 
est  rigoureuse,  ils  restent  plongés  dans  un  état  complet  d'en- 
gourdissement ;  mais,  dès  que  la  chaleur  commence  à  faire 


—  335  -- 

sentir  son  influence,  tous  les  individus  épargnés  par  le  froids, 
et  par  les  humidités  de  l'hiver  reprennent  une  vie  nouvelle  ; 
ils  se  nourrissent  avec  abondance  et  se  mettent  immédiatement 
à  pondre  des  œufs.  Leur  multiplication  devient  bientôt 
effrayante  et  ne  s'arrête  plus  que  dans  le  courant  du  mois 
d'octobre.  C'est  pendant  cette  période,  qui  dure  de  sept  à 
huit  mois  dans  le  midi,  que  les  pucerons  font  leurs  plus  grands 
dégâts  (1).- 

5)  Le  Phylloxéra  à  l'état  non  ailé  est  essentiellement  voué  à 
l'a  vie  souterraine  ;  il  chemine  probablement  sur  les  racines 
de  la  Vigne,  en  suivant  les  nombreuses  fissures  qu'on  trouve  à 
leur  surface.  Mais  il  ne  reste  pas  toujours  dans  cet  état.  Pen- 
dant la  saison  chaude,  on  voit,  de  loin  en  loin,  quelques  rares 
individijs  présentant  sur  leur  corselet  de  petits  appendices  des- 
tinés à  devenir  des  ailes.  Les  insectes  ainsi  conformés  sont  de 
véritables  nymphes  qui  ne  tardent  pas  à  se  dépouiller  de  leur 
enveloppe  et  à  se  transformer  en  insectes  parfaits  possédant 
des  ailes  et  des  yeux  bien  caractérisés.  C'est  probablement 
quand  ils  ont  pris  cette  forme  que  les  Phylloxéra  sont  soulevés 
et  emportés  par  les  vents  à  des  distances  souvent  très-considé- 
rables. On  ne  pourrait  pourtant  pas  affirmer  que  les  pucerons 
aptères  ne  peuvent  pas,  eux  aussi,  dans  certaines  conditions, 
être  transportés  par  les  vents. 


(1)  D'apràs  MM.  Planchon  et  Lichtcnslcin,  eu  prenant  approximativement 
le  chiffre  vingt  comme  une  moyenne  raisonnable  du  nombre  d'œufg  pondus  par 
un  de  ces  pucerons,  et  le  cbiffre  huit  comme  celui  des  pontes  possible,  entre 
le  15  mars  et  le  45  octobre,  on  trouverait,  par  le  calcul,  cette  progression 
effrayante  du  nombre  croissant  des  individus  ayant  pour  point  d'origine  une 
seule  femelle  :  en  mars,  20;  en  avril,  400-,  en  mai;  8,Û00;  en  juin,  i 60,000; 
en  juillet,  3,200,000;  en  aoûl,  64,000,000;  en  septembre,  1 ,280,000,000;  en 
octobre,  25,600,000,000,  c'esl-à-dire  plus  de  25  milliards.  Cette  progression 
explique  très-bien,  comment  des  ravages,  à  peine  perceptibles  au  printemps, 
deviennent  un  vrai  désastre  à  l'automne. 

(Note  de  la  rédaction  du  journal.) 


—  336  - 

î)  Tous  les  Phylloxéra  ailés  —  qui  sont  excessivement  rares 
—  sont  des  femelles  pondant  des  œufs  et  donnant  ainsi  nais- 
sance à  des  pucerons  non  ailés. 

y>  On  rattache  à  l'existence  de  l'insecte  sous  sa  forme  ailée 
un  fait  d'une  haute  importance.  Dans  la  vallée  du  Rhin  et  plus 
encore  dans  le  Bordelais,  on  a  observé,  pendant  l'été,  quel- 
ques ceps  excessivement  rares,  dont  les  feuilles  étaient  cou- 
vertes de  galles  d'une  forme  particulière;  la  saillie  vërruqueuse 
est  au-dessous  et  l'ouverture  est  au-dessus  de  la  feuille.  Ce 
caractère  constant  établit  une  distinction  radicale  entre  les  gal- 
les dont  il  s'agit  et  toutes  les  autres  galles  ou  boursouflures 
qu'on  trouve  sur  les  feuilles  de  la  Vigne.  Ces  galles  sont  des 
nids  remplis  de  pucerons  aptères,  ressemblant  beaucoup 
à  ceux  que  l'on  trouve  sur  les  raisins.  On  croit  pouvoir  attri- 
buer la  formation  de  ces  galles  et  l'apparition  des  habitants 
qu'elles  renferment  aux  insectes  provenant  des  œufs  pondus 
par  les  Phylloxéra  ailés. 

y>  Comme  on  le  voit,  le  Phylloxéra  a  deux  genres  de  vie.  Il 
reste  presque  toujours  caché  sous  terre  ;  mais,  à  certains 
moments,  quelques  rares  individus  jouissent  d'une  véritable 
existence  aérienne.  La  vie  souterraine  de  cet  insecte  est  assez 
bien  connue  ;  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  seconde.  y> 

La  commission  croit  devoir  appeler  l'attention  des  entomolo- 
gistes sur  ce  point  et  sur  celui  de  l'existence  des  mâles  et  des 
époques  de  fécondation. 

€  Telles  sont  les  conditions  —  continue  le  rapport  —  dans 
lesquelles  se  présente  la  nouvelle  maladie  de  la  Vigne.  Depuis 
qu'on  la  connaît,  uiie  foule  de  moyens  ont  été  proposés  pour 
la  combattre.  Aucun  d'eux  n'a  complètement  réussi.  En  trou- 
vera-t-on  de  plus  actifs  a  l'avenir? 

:s)  En  attendant  que  la  science  nous  ait  fourni  de  véritables 
moyens  de  défense,  la  commission  est  d'avis  qu'il  y  a  lieu,  dès 
à  présent,  de  conseiller  aux  agriculteurs  et  aux  municipahtés 


—  337  - 

d'imiter  l'exemple  donné  dans  l'Hérault  et  dans  la  Gironde, 
où  Ton  n'a  pas  hésité  à  arracher  les  ceps,  à  les  brûler  et  à 
désinfecter  le  sol  par  un  sérieux  écobuage.  Elle  conseille,  dans 
ie  même  ordre  d'idées,  de  ramasser  les  feuilles  portant  des 
galles  et  de  les  brûler. 

3)  Ces  mesures  défensives,  analogues  à  celles  qu'on  a  prises 
contre  la  peste  bovine,  ont  l'avantage  de  détruire  un  grand 
nombre  d'insectes  qui  pourraient  se  propager  et  répandre  la 
maladie  dans  les  vignobles  environnants.  Prescrites  à  propos 
et  mises  a  exécution  avec  ensemble  et  sous  une  surveillance 
intelligente,  elles  peuvent  arrêter  le  progrès  du  mal  et  ie  faire 
reculer.  Mais  ces  mesures  immédiates,  que  le  ministère  peut 
recommander  comme  extrêmement  urgentes,  le  mois  d'août 
étant  bien  des  plus  dangereux  pour  la  propagation  énergique 
du  Phylloxéra,  des  souscrij)!ions  a  l'aide  desquelles  les  socié- 
tés, comices  ou  syndicats  pourront  subvenir  aux  indemnités 
réclamées  par  certains  propriétaires  de  Vignes  condamnés  à  la 
destruction,  ne  sauraient  dispenser  de  chercher  ailleurs  un  re- 
mède d'une  application  plus  facile.  Toutefois,  autant  la  Com- 
mission s'exprime  avec  conviction  lorsqu'il  s'agit  de  conseiller 
des  mesures  de  police  rurale,  autant  elle  veut  rester  réservée 
lorsqu'il  est  question  des  règles  de  conduite  ;i  tracer  à  ceux 
qui  s'occuperont  de  cette  question  ;  elle  laisse  le  champ  libre 
à  toutes  les  idées 

D  L'arrachage  des  ceps  malades  et  leur  emploi,  avec  d'autres 
combustibles,  à  l'écobuage  du  sol  infesté,  la  cueillette  et  la 
destruction  par  le  feu  des  feuilles  portant  les  galles  spéciales 
du  Phylloxéra  circonscriront  la  marche  de  la  maladie  et  mar- 
queront un  temps  d'arrêt.  Les  personnes  qui  se  voueront  aux 
recherches  qu'on  désire  provoquer,  auront  ainsi  le  temps  né- 
cessaire pour  atteindre  le  but  ;  car,  il  ne  faut  pas  l'oublier, 
dans  les  problèmes  complexes  de  l'agriculture,  il  n'est  pas 
permis  d'improviser,  et,  plus  que  jamais,  il  n'est  donné  à  per- 
JSovembre  487<.  i!2 


—  338  — 

sonne  en  pariai  cas,  de  deviner  la  nature  en  passant  (l).  » 

(Extrait  du  rapport  de  la  Commission  instituée  par  le 
Ministre  de  l'agriculture.) 


LE  JASMIN  DE  VIRGINIE  GREFFÉ  SUR  CATALPA. 

Parmi  les  nombreuses  greffes  hétérogènes  qui  ont  été  prati- 
quées au  jardin  d'expériences  et  d'acclimatation  du  château  de 
Segrez,  la  plus  remarquable,  au  point  de  vue'  de  l'effet  pitto- 
resque et  ornemental,  est  sans  contredit  celle  du  Jasmin  de 
Virginie  {Bignonia  radicans),  espèce  grimpante,  sur  le  Ca- 
talpa qui  est  un  arbre. 

L'opération,  pratiquée  il  y  a  trois  ans,  a  parfaitement  réussi. 
Le  Catalpa  qui  a  éié  greffé  est  un  arbre  dont  le  tronc  ,haut  de 
2  mètres,  se  divise ,  à  cette  hauteur,  en  plusieurs  branches 
grosses  comme  le  bras,  et  qui  se  ramifient  chacune  en  trois  ou 
quatre  rameaux  de  3  à  4  centim.  de  diamètre.  Ces  rameaux 
ayant  été  rabattus  à  30-40  centim.  nu-dessus  de  la  bifurca- 
tion ont  reçu  chacun  deux  greffons  de  Jasmin  de  Virginie 
par  la  greffe  en  fente.  Quelques  petites  ramilles  avaient  été 
conservées,  vers  la  partie  supérieure  des  gros  rameaux  gref- 
fés^ pour  appeler  ia  sève,  et  dans  le  courant  de  l'été,  la 
suppression  d'un  certain  nombre  de  leurs  bourgeons,  le  pin- 
cement d'un  certain  nombre  d'autres  favorisèrent  l'attache 
des  greffons,  qui  ne  lardèrent  pas  à  développer  leurs  pre- 
mières feuilles.  L'année  suivante,  les  mêmes  opérations  fu- 
rent pratiquées  sur  les  bourgeons  du  Catalpa,  et  les  premiers 
rameaux  du  Bignonia  prirent  du  corps  par  le  développement 
de  leurs  bourgeons.  Cette  année,  le  Catalpa  offrait  le  pins  sin- 


(!)  Depuis  la  publicatiop  de  ce  rapport,  on  a  constaté  l'existence  du  Phyl- 
loxéra mâle;  il  a  été  observé  à  l'éiat  ailé. 


-  339    - 

gulier  et  le  plus  admirable  effet.  Du  milieu  d'un  large  et  abon- 
dant feuillage  s'éohappaient^,  de  tous  côtés,  de  nombreux 
rameaux  à  feuillage  léger^  tous  terminés  par  de  beaux  bouquets 
des  grandes  et  brillantes  fleurs  rouges  du  Bignonia  que  cliacun 
connaît.  Il  y  avait  dans  ce  Catalpa,  ainsi  greffé,  quelque  chose 
de  si  bizarre  et  de  si  merveilleux  à  la  fois,  que  les  personnes 
les  moins  pénétrées  du  feu  sacré^  de  l'horticulture  restaient 
en  contemplation  devant  lui,  tournant  tout  autour  pour  péné- 
trer le  mystère. 

Nous  signalons  le  succès  de  ce  genre  de  greffage  pour  le 
recommander  à  nos  lecteurs  et  appeler  leur  attention  sur  une 
opération  qui  peut  apporter  un  nouvel  élément  à  l'art  d'em- 
bellir les  parcs  et  les  jardins. 

EUG.    DE   MaRTRAGNY. 


NOTE  SUR  L'ORIGINE    DU  LILAS  VARIN   ET    SUR  SES 

VARIATIONS. 

Tout  le  monde  connaît  aujourd'hui,  pour  l'avoir  admiré 
dans  tous  les  jardins  et  pour  en  avoir  fait  au  printemps  un  de 
ces  monstrueux  bouquets  qu'il  fournit  à  profusion,  le  magni- 
fique arbuste  dont  nous  sommes  heureux  d'oifrir  une  superbe 
variété  (I),  qui,  par  son  coloris,  variera  agréablement  ces 
bouquets,  auxquels  on  ne  pouvait  faire  qu'un  reproche,  celui 
d'être  trop  uniformes  ;  nous  voulons  parler  du  lilas  que  l'on 
nomme  vulgairement  Lilas  Varin  ou  Lilas  de  Rouen  [Syringa 
rothomagensis),  et  dont  l'origine  est  assez  controversée  pour 
que  nous  rapportions  à  ce  propos  les  deux  versions  généra- 
lement admises  sur  cette  origine. 

Quelques  auteurs  prétendent  que  cette  espèce  (?)  a  été  intro- 


(1)  Voir  à  l'article  :  Plantes    nouvelles  :  Seringa  rolhonaagensis  mplcnsis. 

(Rédact.) 


—   340  — 

duite  de  la  Chine,  et  la  nomment  même  Syrmga  chinensis  ; 
d'autres,  avec  plus  de  raison  à  noire  avis,  le  disent  avoir  été 
obtenu  au  jardin  botanique  de  Rouen  par  un  JVL  Varin,  et  le 
donnent  comme  un  hybride  du  Lilas  commun  et  du  Lilas  de 
Perse,  ce  qui  nous  paraît  très-rationnel,  attendu  qu'il  est  par- 
faitement intermédiaire  dans  toutes  ses  parties  entre  ces  deux 
espèces  et  qu'il  ne  donne  jamais  de  graines. 

Cet  arbrisseau  a  produit  jusqu'ici,  évidemment  par  dimor- 
phisme,  deux  variétés  bien  distinctes  :  la  première^  qui  a  reçu 
le  nom  de  son  propagateur  M.  Sauget.  d'où  Lilas  Sauget,  mé- 
riterait d'être  beaucoup  plus  répandue  qu'elle  ne  l'est,  car  elle 
surpasse  de  beaucoup  le  type  par  ses  fleurs  d'un  beau  rouge 
lilas  et  sa  constitution  plus  robuste.  La  seconde,  livrée  au  com- 
merce par  M.  Lemoine^  de  Nancy,  sous  le  qualificatif  alba^  se 
distingue  par  le  coloris  de  ses  fleurs  d'un  blanc  lilacé,  qui  sont 
aussi  un  peu  moins  grandes,  à  corolle  imparfaitement  étalée, 
et  par  la  taille  plus  réduite  de  l'arbrisseau. 

Enfin,  celle  que  nous  offrons  aujourd'hui  au  commerce  s'est 
produite  à  Metz  sur  une  très-forte  touffe  du  Lilas  Varin.  (Voir 
page  550.) 

SiMQN  Louis  frères, 

Pépiniéristes  à  Plantières,  près  Metz.  ' 


CULTURE  FORCÉE  DES  ARBRES  FRUITIERS  ET  DES 

JACINTHES. 

C'est  en  décembre  que  commence  le  travail  de  la  culture 
forcée  des  arbres  fruitiers  et  des  oignons  à  fleurs. 

Pour  les  arbres  fruitiers,  les  sujets  doivent  être  plantés  en 
pots  depuis  au  moins  le  printemps  précédent,  et  parfaitement 
repris,  très-sains,  mais  sans  paraître  trop  vigoureux;  car  la 
productivité  ou  la  stérilité  d'un  arbre  à  fruit  est  en  raison  du 


—  341  — 

degré  de  vigueur  du  sujet.  Plus  un  arbre  pousse  vigoureuse- 
ment, plus  il  est  difficile  à  mettre  à  fruits;  plus  il  est  faible 
au  contraire,  plus  on  a  de  facilité  à  obtenir  sa  fructification.  Il 
semblerait  que  les  sujets  faibles  ont  conscie.ice  de  leur  fin 
prochaine,  et  qu'ils  se  hâlent  de  produire  leurs  fruits  pour  per- 
pétuer leur  espèce.  Ce  singulier  phénomène  ne  se  produit  pas 
seulement  chez  les  végétaux,  on  l'observe  également  chez  les 
animaux,  et  l'espèce  humaine  ne  fait  pas  exception. 

Lorsque  les  arbres,  —  Cerisiers,  Pruniers,  Framboisiers, 
Groseilliers,  Pêcliers,  Vignes,  etc.,  —  sont  })lacés  dans  la  serre 
à  forcer,  on  chautTe  très- peu  d'abord;  suffisamment  pour  obtenir 
une  chaleur  douce  capable  de  provoquer  seulement  l'évolution 
des  bourgeons  à  fruits,  sans  exciter  l'évolution  rapide  des 
bourgeons  à  bois,  qui  absorberaient  alors  la  plus  grande  partie 
de  la  sève  au  détriment  de  la  floraison.  Une  trop  forte  chaleur 
au  début  de  l'opération  de  forçage  a,  en  outre,  pour  résultat 
de  faire  développer  les  bourgeons  à  fruits  en  bourgeons  à  bois, 
ce  qui  n'est  pas  le  but  qu'on  se  propose.  Le  maximum  de  tem- 
pérature;, qui  est  25  degrés,  ne  doit  être  attemt  qu'après  la 
floraison,  quand  les  fruits  sont  bien  noués.  Alors  il  n'y  a  plus  à 
crahidre  la  coulure  ou  la  transformation  des  fleurs  par  excès 
de  chaleur.  Quant  au  degré  de  la  température  à  maintenir 
dans  la  serre  à  forcer  jusqu'au  moment  de  la  floraison,  nulle 
règle  à  établir;  c'est  la  marche  de  la  végétation  qui  sert  de 
guide,  et  c'est  par  l'observation  qu'on  active  ou  qu'on  ralentit 
le  feu  de  son  fourneau;  il  y  a  là  h  tour  de  main,  que  la  plume 
est  impuissante  à  décrire. 

Pendant  la  première  période  de  chauffage,  avant  l'évolution 
des  bourgeons,  la  serre  peut  rester  couverte  de  paillassons 
jour  et  nuit  pour  conserver  la  chaleur  interne  et  économiser  le 
combustible;  mais  dès  que  la  période  d'évolution  commence, 
on  doit  découvrir  la  serre  toutes  les  fois  que  le  soleil  apparaît , 
car  la  lumière  est  absolument  nécessaire  à  la  formation  de  cer- 


—  312  — 

tains  principes  qui  entrent  dans  les  éléments  constitutifs  des 
végétaux,  et  tout  particulièrement  les  matières  colorantes. 

Une  serre  à  forcer  doit  être  construite  de  manière  à  pouvoir 
établir  une  forte  ventilation  et  courant  d'air  chaud,  car  l'agi- 
tation de  l'air  intérieur  de  la  serre,  à  un  certain  moment,  est 
une  condition  de  réussite  dans  la  culture  forcée. 

La  fécondation  des  fleurs,  dans  la  nature,  est  favorisée  par 
les  vents  qui  disséminent  la  poussière  fécondante,  ou  par  les 
insectes  qui  la  portent  de  l'antlicre  sur  le  stigmate.  Dans  une 
serre,  l'air  est  généralement  calme,  pas  la  moindre  brise;  les 
insectes  n'y  sont  pas  admis,  et,  dès  lors,  les  plantes  n'ayant 
rien  pour  les  aider  à  accomplir  l'acte  le  plus  important  do 
leur  existence,  voient  leurs  fleurs  tomber  sans  rien  pro- 
duire. Dans  la  culture  forcée,  le  jardinier  doit  donc  venir  en 
aide  à  ses  arbres.  S'il  est  doué  de  beaucoup  de  patience,  il  peut 
porter  lui-même  le  pollen  sur  le  stigmate;  mais  si  l'impatience 
est  un  de  ses  défauts,  et  que,  de  plus,  le  temps  lui  manque,  il 
n'a  qu'à  établir  un  courant  d'air,  et  la  fécondation  est  assurée. 
Mais  il  faut  bien  se  garder,  quand  on  ne  possède  pas  un 
ventilateur  à  air  chaud,  d'étabhr  ce  courant  en  ouvrant  la 
porte  et  un  châssis  placé  à  l'autre  bout  de  la  serre;  ce  double 
courant  d'air  froid,  en  frappant  sur  les  tissus  tendres  des 
fleurs,  arrête  tout  à  coup  le  mouvament  séveux,  et  cet  arrêt 
momentané,  si  court  qu'il  soit,  détermine  la  désarticulation 
des  pédoncules  et  la  chute  des  fleurs. 

A  défaut  de  ventilateur,  on  donne  l'air  par  un  châssis  du 
haut  de  préférence,  au  moment  le  plus  chaud  de  la  journée,  et 
en  présence  du  soleil.  L'air  du  dehors,  étant  plus  froid  que 
l'air  de  la  serre  et,  par  conséquent  plus  lourd,  descend  natu- 
rellement par  son  poids  dans  la  région  basse.  En  tombant 
ainsi,  il  déplace  l'air  chaud  de  la  région  supérieure,  le  refoule 
à  droite,  à  gauche,  partout,  et  le  courant  intérieur  est  établi. 
Comme  l'air  extérieur  s'empare,  au  contact  de  l'air  chaud, 


—  3^3     - 

d'une  partie  du  calorique  de  ce  dernier,  il  se  trouve,  par  cette 
raison,  suffisamment  chaud  quand  il  arrive  dans  la  région 
occupée  par  les  fleurs,  et  il  opère  alors,  sans  danger,  la  dissé- 
mination de  la  poussière  poUinique  qui  vivifie  les  ovules,  ce 
qui  assure  l'altachage  des  ovaires  et  la  production  des  fruits. 
Mais  pendant  que  l'air  extérieur  opère  lui-même,  il  faut 
chauffer  régulièrement,  pour  ne  pas  laisser  trop  tomber  la  cha- 
leur ;  car  dans  le  forçage  il  ne  faut  pas  de  transition  ;  la  tempé- 
rature doit  être  régulière,  et  c'est  graduellement  qu'on  doit 
arriver  au  maximum  de  25  degrés,  qui  est  la  température  de 
la  période  qu'on  peut  appeler  période  maturative. 

Un  bouquet  de  Jacinthes  pour  finir. 

C'est  le  moment  de  mettre  en  pots  les  oignons  de  Tulipes 
précoces  et  de  Jacinthes,  pour  les  forcer  en  serre.  Les  Jacinthes 
ne  seront  belles  qu'autant  qu'elles  auront  été  élevées  très- 
près  des  vitres,  recevant  ainsi  beaucoup  de  lumière. 

Pour  mon  compte,  voici  les  variétés  que  je  préfère,  et  j'a- 
voue que  j'ai  un  faible  pour  les  simples  Leurs  fletu's  sont 
moins  grosses,  c'est  vrai,  mais  je  ne  juge  pas  la  beauté  au  vo- 
lume ni  au  poids. 

Parmi  les  variétés  à  fleurs  simples  qui  ont  obtenu  mes  sui- 
frages,  en  voici  une  vingtaine  de  premier  choix  :  rouges  : 
Agnès,  Goldsmilh,  LordGrey,Norma,  Solfatare;  —  violettes: 
Améthyste,  Charles,  l'Unique,  Monsignor  van  Urée;  —  blan- 
ches :  Alba  superbissima,  Blanche  formidable,  Grand  Vain- 
queur, Maria  Cornelia;  — jaunes  :  Chateaubriand^  Citronnière, 
Grande  jaune;  — bleues  :  Amiral  deCuligny,  Emicus,  Général 
Pélissier,  la  Nuit. 

En  Jacinthes  à  fleurs  doubles,  voici  cellessur  lesquelles  j'ai 
jeté  mon  dévolu  :  rouges  :  Alida  Catharina,  Bouquet  royal, 
Bouquet  tendre^  Gagel,  Hugo  Grolius;  —  violettes  :  Grootvorst, 
Lord  Cowley;  —  blanches  :  A  la  mode,  Prince  de  Waterloo, 
Grand-vainqueur,  Pyrène,  La  Tour  d'Auvergne;  —  jaunes  : 


—  344  — 

Goethe,  Jaune  suprême,  Mine  de  soufre,  Piet  Hein  ;  —  bleues  : 

Bouquet  Constant,  Bucentaurus,  Garrick,  madame  Marmont, 

Hélicon. 

F.  Herincq. 


DU  REBOISEMENT  DES  PARCS  ET  DES  SEMIS  D'ARBRES. 

Les  proprié'aires  de  grand  parc,  ou  qui  possèdent  quelques 
terrains  boisés,  sont  souvent  très-embarrassés  quand  il  faut 
regarnir  certaines  parties  de  leur  propriété.  Où  et  comment  se 
procurer  le  plant  nécessaire;  quelle  quantité  et  à  quelle  di- 
stance doit-on  planter,  etc.,  sont  autant  de  questions  qui  agi- 
tent et  qui  reviennent  tour  à  tour  à  l'esprit. 

On  peut,  dirons-nous,  se  procurer  du  jeune  plant  d'arbres, 
au  mille,  chez  la  plupart  des  pépiniéristes,  et  la  plantation  se 
fait,  le  plus  ordinairement,  à  la  distance  de  1  mètre.  Dans  les 
terrains  secs  et  arides,  où  la  végétation  est  maigre  et  l'ac- 
croissement très  lent,  on  peut  planter  plus  serré  ;  au  contraire, 
dans  les  terres  fortes  et  fertiles,  la  distance  peut  être  de 
1  mètre  30.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  établir  que  la  moyenne 
de  plants  à  employer  sur  une  surface  donnée  est  de  10,000  par 
hectare. 

Pour  le  reboisement  en  grand,  c'est  un  mauvais  système  de 
planter  de  suite  comme  le  recommandent  certains  auteurs,  à  la 
distance  accordée  aux  arbres  de  hautes  tiges  ou  de  futaies.  Quel 
que  soit  le  but  qu'on  se  propose,  établissement  ou  reboisement 
partiel  de  taillis  ou  de  futaies,  la  dislance  doit  être  la  même, 
entre  0  60  et  1  m.  30,  suivant  la  nature  du  sol,  et  le  climat.  Il 
faut  que  les  plants  s'abritent  et  se  protègent  mutuellement, 
dans  leur  jeune  âge,  contre  le  soleil,  les  hâles,  les  gelés,  etc., 
ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  quand  on  plante  à  6  ou  8  mètres  de 
distance  ;  c'est  graduellement,  au  fur  et  à  mesure  que  les 
arbres  acquièrent  de  la  force,  qu'on  retranche,  chaque  année, 


—  345  — 

les  plus  faibles,  jusqu'à  ce  que  la  distance  réglementaire  soit 
atteinte. 

Quand  il  s'agit  de  combler  seulement  quelques  vides,  dans 
les  futaies  des  parcs,  les  propriétaires,  souvent,  font  arracher 
dans  leur  propriété  du  plant  qui  a  poussé  sous  bois.  Mauvais, 
très-mauvais  système.  Les  plants  de  cette  provenance  ne 
produisent  jamais  de  beaux  arbres;  ils  sont  généralement  mal 
constitués  ;  leurs  pousses  sont  grêles,  parce  que  leurs  bour- 
geons se  sont  durcis  avant  le  temps,  n'ayant  jamais  reçu  l'ac- 
tion bienfaisante  du  grand  air  et  du  soleil,  et,  de  plus,  la  racine 
est  réduite  au  pivot  primitif,  sans  le  moindre  chevelu;  lare- 
prise  est  dès  lors  difficile,  et  quand  par  hasard  elle  a  lieu,  les 
sujets  boudent  pendant  plusieurs  années.  J'ai  vu  des  Frênes 
et  des  Chênes,  provenant  de  semis  naturels  sous  bois  et  trans- 
plantés pour  regarnir  des  futaies,  metire  dix  ans  pour  gagner 
1  mètre  en  hauteur  et  un  centimètre  environ  en  circonférence. 

Le  reboisement  en  grand  peut  être  fait,  également,  par 
graines  qu'on  sème  ou  à  la  volée,  ou  en  lignes,  ou  en  po- 
quets.  Dans  ce  cas  il  faut  semer  aussitôt  après  la  récolte  des 
graines,  ou  avoir  soin  de  les  faire  stratifier,  quand  le  semis  ne 
peut  pas  être  pratiqué  à  cette  époque  ;  car  la  plupart  des 
graines  de  nos  arbres  forestiers  perdent  rapidement  leur  fa- 
culté germinative,  ou  bien,  quand  les  graines  sont  semées  tar- 
divement ou  à  contre-saison,  la  germination  se  fait  très-capri- 
cieusement et  incomplètement.  Une  partie  des  graines  germent 
la  première  année,  et,  pour  d'autres,  la  germination  ne  s'effectue 
qu'un  an  ou  deux  ans  après.  Par  conséquent,  quand  on  sème 
en  pépinière,  il  ne  faut  pas  se  hâter  de  labourer  l'emplacement 
d'un  semis  d'arbres  qui  n'aurait  réussi  qu'imparfaitement  la 
première  année;  en  l'entretenant  avec  soin,  on  en  obtient  de 
nouveaux  p'anis  les  années  suivantes. 

Les  semis  sur  place  ne  conviennent  guère  qu'aux  espèces 
essentiellement    forestières,  comme     le    Bouleau,    Charme, 


—  346  — 

Erable,  Frêne,  Hêtre,  Pins  maritime  et  sylvestre.  Sapin,  etc. 
La  quantité  de  graines  nécessaire  à  l'ensemencement  d'une 
surface  déterminée  est  très-variable  et  subordonnée  surtout 
à  l'espèce.  Voici,  d'après  le  Catalogue  delà  maison  Vilmorin, 
les  données  générales  sur  les  quantités  par  hectare,  des  prin- 
cipales essences  employées  pour  les  reboisements,  en  suppo- 
sant que  chaque  espèce  soit  adoptée  seule  et  sans  mélange  : 

Acacia  blanc,  ou  Robinier  [Robinia  pseudo-acacia).  On 
sème  rarement  en  place  ;  on  fait  les  semis  en  pépinières,  et  de 
préférence  en  avril  ou  mai.  Pour  obtenir  le  nombre  de  plants 
nécessaire  pour  garnir  un  hectare  de  terrain,  1  à  2  kilogrammes 
de  graines  suffit  ;  pour  semer  en  place,  en  rigoles  ou  bandes,  il 
en  faudrait  42  à  15  kilogr.  et  de  20  à  25  kilogr.  pour  les  semis 
à  la  volée. 

AiLANTE,  ou  Vernis  du  japon  {Ailanthus  glandiilosa).  On 
sème  en  pépinière,  en  avril-mai,  à  raison  de  2  à  3  kilo- 
grammes de  graines,  pour  garnir  un  hectare  en  plants. 

Aune  {Alnus  commiinis).  On  sème  rarement  en  place;  le 
semis  en  pépinière  donne  de  meilleurs  résultats.  On  sème  à 
l'automne,  en  hiver  et  au  printemps.  Pour  semer  en  place  à 
la  volée,  il  faut  de  10  à  12  kilogr.  de  graines  j  le  semis  en  ri- 
goles ou  en  bandes  n'exige  que  6  à  8  kil.,  et  il  n'en  faut  que 
1  à  2  kil.  pour  semis  en  pépinière,  qui  fournira  le  plant  néces- 
saire à  la  plantation  d'un  hectare. 

Bouleau  {Betula  alha).  Le  semis  en  place  est  le  plus  usité; 
on  sème  à  l'automne  et  au  printemps,  en  mélangeant  la  graine 
avec  du  sable  fin  ou  cendre  lessivée,  et  en  choisissant  un  temps 
de  pluie  ou  de  neige .  Pour  le  semis  à  la  volée,  il  faut  de  30  à 
40  kilogr.  à  l'hectare  ;  24  à  30  pour  le  semis  en  rigole  et  seu- 
lement de  1  à  2  kil.  pour  obtenir  en  pépinière  le  plant  d'un 
hoctare. 

Charme  {Carpiniis  Betulus).  On  sème  cette  essence  plutôt 
en  rigoles  ou  bandes  qu'à  la  volée.  Il  convient  de  nettre  les 


—  347   — 

graines  en  stratification  pendant  deux  hivers,  et  de  ne  semer 
que  la  deuxième  année  au  printemps,  parce  que  le  semis  di- 
rect met  deux  ans  à  lever,  et  que  durant  cette  période  une  par- 
tie des  graines  est  détruite  par  les  animaux.  Quand  on  sème  la 
première  année  sans  faire  slratifier  les  graines,  il  faut  alors 
semer  en  automne,  autrement  on  perdrait  encore  une  année. 
Pour  ensemencer  à  la  volée  un  hectare,  il  faut  de  45  à  50  kilogr.; 
il  n'en  faut  que  30  à  33  kil,  pour  les  semis  en  bandes,  et  1  kil. 
500  gr.  à  2  kil.  suffisent  pour  semis  en  pépinière. 

Châtaignier  {Castanea  vesca).  La  Châtaigne  doit  être  stra- 
tifiée dans  du  sable  et  semée  à  la  fin  de  l'hiver  en  bgnes  ou 
par  poquets;  dans  ce  cas  il  faut  de  350  à  450  kilogr.  de  se- 
mence par  hectare.  Mais  il  est  préférable  de  semer  en  pépi- 
nière et  de  repiquer  le  plant  ;  il  ne  faut  alors  que  50  kil.  de 
Châtaignes  jiour  replanter  un  hectare. 

Chêne.  Les  graines  des  Chênes  de  toutes  espèces  ont  l)esoin 
d'être  mises  en  stratification  dès  la  récolte;  autrement  une 
grande  partie  ne  germe  pas.  On  sème  à  la  fin  de  l'hiver  de 
préférence  en  place  à  la  volée  ou  en  lignes  ;  le  repiquage  est 
peu  usité.  Les  graines  déjà  germées  pendant  la  stratification 
peuvent  être  également  utilisées.  Pour  l'hectare  il  faut  750  à 
900  kilogr.  de  graines  pour  semis  à  la  volée,  500  à  GOO  pour 
les  semis  en  lignes  ou  poquets,  et  seulement  100  à  150  pour 
le  plant  préparé  en  pépinière. 

Erables  {Acer).  On  peut  semer  en  place,  à  la  fin  de  l'hiver, 
avec  des  graines  mises  en  stratification  aussitôt  après  la  récolte  ; 
il  faut  60  h  G5  kil.  pour  semis  à  la  volée  et  de  40  à  45  pour 
les  semis  en  lignes  ou  en  bandes  ;  mais  il  est  pi'éférable  de  se- 
mer en  pépinière  et  de  repiquer  le  plant;  dans  ce  cas  7  kil. 
500  gr.  à  10  kilogr.  de  graines  suffisent  pour  l'hectare. 

Frêne  commun  [Fraxinus  Orniis).  Ce  n'est  guère  que  la 
deuxième  ou  la  troisième  année  de  semis  que  la  graine  de 
Frêne  germe.  11  faut  donc  la  mettre  en  stratification  pendant 


—  348  — 

deux  ans,  et  la  semer  à  la  fin  du  deuxième  hiver;  dans  cett 
condition  elle  germe  peu  de  temps  après.  On  pratique  rare- 
ment le  semis  en  place,  qui  demande  40  à  45kil.  à  l'hectare 
quand  on  sème  à  la  volée,  et  27  à  30  kil.  pour  les  semis  en 
hgnes.  Le  semis  en  pépinière  est  plus  sûr,  et  2  à  3  kil.  de 
graines  suffisent  pour  fournir  le  plant  nécessaire  au  reboise- 
ment d'un  hectare. 

Hêtre  commun,  y ay A'RT)  {F ag us  sylvatica).  La  graine  de  hêtre 
perd  facilement  ses  facultés  germinalives.  On  doit  la  faire 
stratifier  pendant  l'hiver  et  semer  au  printemps  suivant  ;  la 
germination  est  alors  très-rapide.  On  peut  encore  semer  aus- 
sitôt après  la  récolte  des  faînes;  mais  les  animaux^  qui  en  sont 
très-friands,  endotruisent  une  grande  partie.  Les  semis  se  font 
à  raison  de  325  à  425  kiL  pour  semis  à  la  volée;  250  à  300 
kiL  pour  Hgnes  ou  rigoles,  et  6  li  ?0  pour  semis  en  pépinière. 

Orme  {Ulmus) .  Le  semis  en  pépinière,  avec  l  à  2  kil.  de 
graines,  est  préférable  au  semis  en  place,  qui  exige  d'être  fait 
dans  on  semis  de  plantes  annuelles  (sarrasin  ou  céréales  mé- 
langés), soit  à  la  volée  avec  28  à  30  kil.  de  graines  par  hectare 
ou  en  bandes  alternatives  à  raison  de  18  à  22  kil.  Cette  pré- 
caution est  nécessaire  pour  favoriser  le  développement  des 
jeunes  plants,  qui  ont  besoin  d'être  garantis  des  ardeurs  du 
soleil.  On  sème  en  juin  aussitôt  après  la  récolte. 

Tilleul  (Ti/m).  Le  Tilleul  se  sème  parfois  en  place  à  rai- 
son de  20  à  25  kiL  à  l'hectare  pour  le  semis  à  la  volée,  ou 
15  à  20  kil.  pour  les  rigoles  ou  bandes  ;  mais  il  est  préférable 
de  faire  le  plant  en  pépinière  ;  il  faut  seulement  1  à  2  kilogr. 
de  graines. 

Mélèze  d'Europe  [Larix  Europœa).  On  sème  rarement  en 
place  cette  espèce  ;  le  semis  en  pépinière  est  préféré,  et  ce  n'est 
pas  eans  raison.  Toutes  les  graines  de  Mélèze  ne  sont  pas  fer- 
tiles ;  on  compte  généralement  qu'iJ  y  en  a  deux  tiers  de  mau- 
vaises. Aussi  l'emploie-t-on  à  raison  de  15  à  20  kilogr.,  en 


—  349  — 

graines  désailées  pour  semis  à  la  volée  d'un  hectare  ;  10  à  15 
kil.pour  semis  en  lignes  ou  bandes,  et  1  à2  kil.  pour  semis  en 
[)épinière3. 

Pin  maritime,  connu  également  sous  les  noms  de  Pin  des 
Landes,  Pin  du  Mans  et  Pin  de  Bordeaux;  c'est  le  Pinus  pi- 
naster  ou  marilima  des  botanistes.  —  C'est  le  semis  en  place 
qui  est  \d  plus  usité.  Dans  les  terrains  légers,  siliceux,  et  pour 
les  contrées  chaudes  oii  les  sécheresses  de  printemps  sont  fré- 
quentes, les  semis  doivent  être  faits  préférablement  vers  la  fin 
de  l'été  ou  à  l'automne  ;  mais  ils  réussissent  mieux  à  la  tin  de 
l'hiver  et  au  printemps  dans  les  bonnes  terres  et  dans  les  ré- 
gions tempérées.  Dans  le  semis  à  la  volée  on  emploie  de  20  à 
30  kil.  à  l'hectare;  10  à  12  kil.  pour  semis  en  rigoles  ou 
bandes,  et  1  ou  2  kil.  pour  obtenir  le  plant  en  pépinières. 

Pin  sylvestre,  qui  porte  aussi  les  noms  de  Pin  de  Riga,  et 
Pin  du  nord  [Pinus  sylvestris).  De  tous  les  Pins,  le  Pin  syl- 
vestre est  celui  qui  a  le  plus  de  valeur,  au  point  de  vue  de  l'ex- 
ploitation pour  son  bois.  On  le  sème  ordinairement  en  place 
au  printemps,  ou  à  la  fin  de  l'été  et  en  automne  suivant  le  sol 
et  le  chmat,  comme  pour  le  Pin  maritime  :  6  à  8  kil.  de  graines 
pour  semis  à  la  volée,  ou  3  à  5  kil.  pour  rigoles  ou  bandes. 
Mais  la  germination  est  très-inégale  :  une  partie  a  lieu  dès  la 
première  année,  et  l'autre  partie    s'effectue   successivement 
pendant  plusieurs  années.  Le  semis  en    pépinière  est   peu 
usité;  il  ne  faut -qu'un  kilogr.  de  graines  pour  obtenir  le  plant 
d'un  hectare.  MM.  Vilmorin  proposent  un  mélange  qui  nous 
paraît  très-avantageux.  C'est  île  mélanger  à  la  graine  de  Pin 
sylvestre  une  certaine  proportion  de  graines  de  Pin  maritime, 
qui  est   généralement  meilleur  marché,  ce  qui  diminue  la 
quantité  de  Pin  sylvestre  et  permet  de  réaliser  une  certaine 
économie  dans  le  prix  d'achat  de  la  semence.  Les  premières 
éclaircies  portent  sur  le  Pin  maritime,  qui  finit  par  disparaître 
et  laisse  le  champ  libre  au  Pin  sylvestre. 


--  350  — 

Le  Pin  oeDriançon  ou  Pin  mvgeo  {Pinus  mughus  ou  montana) 
se  sème  en  place  et  de  préférence  en  pépinière,  dans  les  mêmes 
conditions  que  le  Pin  sylvestre. 

Le  Pin  Larigio  ou  de  Corse  ne  réussit  pas  toujours  très-bien 
par  semis  en  place  qui  exige  de  8  à  1 5  kilogr.  suivant  la  qualité 
de  la  graine  —  pour  les  semis  à  la  volée  et  de  6  à  8  pour  les 
semis  en  rigoles,  lignes  ou  bandes  ;  mais  comme  la  graine  est 
d'un  prix  élevé,  il  y  a  avantage  et  économie  à  semer  en  pépi- 
nière à  raison  de  2  kil.  500  à  3  kil.  pour  le  plant  de  l'hectare. 

Le  Pin  noir  d'Autriche  {Pimis  nigra  austriaca)  se  sème  dans 
les  mêmes  conditions  que  le  Pin  Laricio. 

Sapin  Epicéa  ou  Pesse  (Picea  exceha  ou  Abiespicea).  Le  se- 
mis en  place  réussit  bien  avec  20  à  25  kil.  de  gr.  semée  à  la 
volée,  ou  8  à  10  kil.  pour  semis  en  rigoles,  lignes  ou  bandes; 
mais  le  semis  en  pépinière  avec  un  kilogr.  de  graines  est  pré- 
férable, et  c'est  celui  qui  est  généralement  adopté. 

Sapin  commun,  dit  aussi  Sapin  argenté,  Sapin  croisé,  Sa- 
pin pectine,  Sapin  de  Normandie  (Abies  pecttnatà).  On  sème 
préférable  ment  cette  espèce  en  place,  en  lignes  ou  en  poquets 
à  raison  de  50  à  60  kilogr.  de  graines  à  l'hectare.  Les  semis 
doivent  être  faits  aussitôt  après  la  récolte,  car  les  graines 
perdent  rapidement  leur  faculté  germinative.  Pour  le  semis  en 
pépinière,  peu  usité,  il  ne  faut  que  2  à  3  kilogr.  de  graines  pour 
fournir  la  quantité  de  plant  nécessaire  au  repeuplement  d'un 
hectare. 

Alex.  Maclou. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Syrikga  rothomagensis  metensis,  autrement  dit^  Lilas  de 
Rouen,  de  Metz  (Simon  Louis).  Le  Lilas  de  Rouen  qu'on 
nomme  aussi  vulgairement  Lilas  Varin,  est  un  arbrisseau  ma- 


—  351   — 

gnifique  qui  fleurit  à  profusion  au  printemps,  et  dont  chaque 
branche  est  un  splendide  bouquet.  La  variété  annoncée  par 
MM.  Simon  Louis  s'est  produite  sur  une  forte  touffe  de  ce 
Lilas  Varin  ;  c'est  donc  ce  que  nous  appelions  autrefois  naïve- 
ment un  accident^  un  jeu  de  la  nature.  Aujourd'hui  que  la  sim- 
plicité est  bannie  de  partout,  même  des  jardins,  on  dit  :  «  c'est 
du  dimorphisme'^  »  ce  mot-là  vous  a  tout  de  suite  un  cachet  de 
science  qui  fait  bien  dans  le  paysage  ;  mais  le  Lilas  de  Metz 
fera  encore  mieux  ;  car  on  le  dit  supérieur  au  Lilas  Varin.  Les 
fleurs  sont  aussi  grandes,  très-bien  ouvertes,  d'un  magnifique 
coloris  carné  pâle  légèrement  lilacé . 

Clematis  patens.  var.  Lucie  (Simon  Louis).  La  Clématite  pa- 
ïens, introduite  depuis  plusieurs  années  du  Japon,  est  une  de 
nos  plus  belles  plantes  grimpantes,  très-rustique,  ne  deman- 
dant que  la  terre  ordinaire  ,  se  plaisant  à  toutes  les  expositions 
et  donnant  de  nombreuses  et  très-grandes  fleurs  d'un  beau 
bleu  de  ciel.  Elle  a  produit  un  très-grand  nombre  de  variétés^ 
entre  autres  les  remarquables  clématites  Louisa  flore  pleno, 
Louise,  Marie,  Clara,  splendida  perfecta,  etc.,  sorties  des  cul- 
tures des  frères  Simon  Louis,  de  Metz  Elle  vient  de  produire 
dans  le  même  établissement,  la  variété  Lucie  qui  ne  le  cède  en 
rien  à  sesainées.  Ses  fleurs  sont  grandes,  nombreuses  à  pétales 
larges,  arrondies  à  l'extrémité,  d'un  superbe  coloris  pourpre 
violacé  très-foncé,  nuancé  de  carmin  ;  le  bord  de  ces  pétales 
est  d'un  beau  bleu,  et  la  place  occupée  par  les  trois  nervures 
centra:les  est  d'une  teinte  plus  clair,  tandis  que  le  revers  de  ces 
pétales  est  blanc  bordé  de  lilas.  Les  étamines,  à  anthères  d'un 
brun  rougeâtre  et  à  filets  blanc  pur,  forment  une  rosette  qui  se 
détache  admirablement  sur  la  couleur  foncée  de  la  fleur .  C'est 
une  très-belle  plante,  très-florifère. 

Clématite  Lucie  Lemoine  (Lemoine)  est  une  autre  variété  de 
la  même  espèce,  obtenue  par  M.  Lemoine,  de  Nancy,  et  qui 
n'a  rien  de  commun  avec  la  Clématite  Lucie  des  frères  Simon 


—  352  — 

Louis.  Elle  ne  peut  être  comparée,  dit  l'obten leur,  qu  à  la  Clé- 
matite Jolm  Goiild  Veitch;  mais  elle  a  sur  elle  la  supériorité  de 
la  forme  et  celle  de  la  duplicature.  Ses  fleurs  sont  très-doubles, 
blanches,  larges  de  11  à  12  centimètres,  et  se  composent  de 
75  à  90  pétales  des  mieux  étoffés  ;  les  étarnines  sont  jaunes  et 
rayonnantes  autour  de  la  masse  des  pistils  qui  occupent  le 
centrio  La  floraison  de  cette  nouvelle  variété  a  lieu  au  com- 
mencement de  juin,  en  pleine  terre;  à  la  première  phase  de 
l'épanouissement,  ses  fleurs  ont  une  forme  sphérique  qui  rap- 
pelle celle  des  Zinnia  à  fleurs  doubles  ;  tout  à  fait  ouvertes 
c'est  tout  à  fait  la  forme  d'un  gigantesque  Zinnia  double  blanc. 
La  Clématite  Lucie  Lemoine  est  Irès-rustique,  çt  tous  ses  ra- 
meaux sont  florifères . 

tEsgulus  hippocastanum  DiGiTATA  MAJOR  (Slmou  Louis).  Le 
marronnier  à  feuilles  digitées  est  une  forme  du  marronnier 
ordinaire,  tellement  différent  du  type,  que  certains  auteurs  en 
ont  fait  une  espèce  distincte.  Elle  constitue  un  petit  arbre  à 
feuillage  ridé,  d'un  vert  pâle  et  à  folioles  petites  en  forme  de 
coin.  Par  la  nature  même  de  son  feuillage,  cette  variété  a  un 
aspect  maladif  qui  ne  plaît  pas  toujoui?s  aux  admirateurs  des 
belles  et  fortes  constitutions.  La  sous-variété  7ncijor  des  frères 
Simon  Louis,  tout  en  présentant  le  caractère  ridé  des  feuilles, 
n'a  pas  l'aspect  rachitique  du  digitata;  elle  s'en  distingue  par 
la  vigueur  et  les  dimensions  plus  fortes  de  l'arbre  ;  par  ses 
feuilles  plus  grandes,  d'un  vert  très-foncé,  et  à  la  surface 
unie. 

LlGUSTRUM    VULGARE  FOLIIS  ALBO    MACULATIS   (SimOU  Louis).  Si 

Linné  vivait  encore,  il  ferait  des  sauts  de  carpes  en  voyant  pa- 
reil nom  ;  fort  heureusement  qu'ils  ne  s'appliquent  qu'à  des 
arbres  panachés.  Ce  Troëne  a  les  feuilles  irrégulièrement  mar- 
brées et  veinées  de  blanc. 

(A  continuer.) 


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do  !••■'■  ordre  pour  cette  variété,  qui  est  supérieure 
encore  par  ses  qualités  à  celles  que  j'ai  désignées  sous 
l09  noms  d  ASPERGES  INTERMÉDIAIRES 
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iTIAtllé     *D     MCSEOItl     u'UlSTOlBB     MÀTUKLLLIi    DE     PARIS, 

CoIlalKiraUiiir   du    Mum-tl    >/<.■<    /Vau»»,  des    Tigurcs   du  Don    JurJiHiti, 

Ex-UMlICtOllr    principal    de   la    Sodéti  iCho.lUullure  <i«    la     Selnt  , 

Membre   honoraire   el  correspondant  de   plusieurs   Sociétés  d'borticulturc,   etc. 


L'Uurticulteiir  Français  paruit  le  !>  do  chaque  mois,  par  livraisuu  de  3'i  pages  de  texte 
graud  iii-8,  et  d'une  planche  (jravce  et  coloriée  avec  le  plas  graud  soin. 

iPAHis 10  fr.  par  an. 
Départements.     41  fr.      — 
Étuangeu  ....     15  fr.      — 

Toutes  les  demandt^s d'abonnement  ilevront  être  accnmpagn<^es  d'un  lion  du  oiontant  de  l'ahonne- 
mcntsnr  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  et  au  nom  de  iM.  E.  DONKADO,  rue  Cassette,  9. 

Les Souscript'Mirsdes départements  qui  n'enverraient  {)its, avec  leur  demande  d'abonnement,  un  boa 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  île  Paris,  sont  avertis  i(ue  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance <le  DOUZE  francs.  Cette  aiisinentatiou  de  U.N  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  iraile  qui  leur  est  «dressée. 


^»  ii^iOfle^'itiiiO 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1870-1871 


.90- 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
tetle,^,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mtttons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
«««  et  dont  nous  avo7is  reçu  un  exemplaire. 


CULTURE  SPECIALE  DE  ROSIERÎ 

de  JOISeph  ISCK^WAUTZ^  horticulteur 
45 ,    rue    du    Repos ,    43 ,    à    la    Guillotière     (  LYON  ) 

M.  GUILLOT  père,  horticulteur  rosiériste,  43,  rue  du  Repos,  à  Lyon,  se  décide,  après  tant  d'ann 
de  fatigues  et  de  travail  opiniâtre,  pendant  lesquelles  il  nous  a  livré  de  si  bonnes  et  b  lies  roses,  à  preni 
un  peu  de  repos,  si  bien  gagné.  Il  a  cédé  son  bel  établissement  à  M.  Josef-h  SCHWARTZ,  qui,  dep 
déjà  six  ans,  dirigeait  l'établissement;  c'est  donc  à  lui  que  les  clients  de  iM.  GUILLOT  père  doiv( 
adresser  leurs  commandes.  Celle  année,  M.  SCHWARTZ  met  au  commerce  six  variétés  nouvelles 
roses  :  André  Dnnand,  Angnste  Ri^otard,  11'"'^  Georges  Scliwartz,  prince  Stirb« 
Virgile  hybride  reraonlante,  et  Vaacanson,  hybride  de  noisette. 

CULTURE  PRATIQUE  DES  CINERAIRE 

Par  E.  GHATÉ,  horticulteur 
Joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravir  es. —  Prix,  broché  :  1  fr.  25 

FRAISIERS,  FRAMBOISIERS,  GROSEILLIERS 

ET     GLA-YEULS 


•WILLIAM  GLOEDE,  successeur  de  F.  GLOËDE,  son  pêi 

Collection  de  100  Fraisiers  (10  variétés)  à  iO  cl  îO  francs  coiiire  mandai  de  poste. 

En  vente  :  les  bonnes  Fraises,   "2  francs. 

Prière  de  bien  s'adresser,  pour  éviter  tout  relard  :  "WILLIAM  GLOËDE,  horlicuUenr,  nie  de  l'Hôlel-Dieu,  \fi 

à  Beauvais  (Oise) 

LES     ORIGINE^ 

DU 

CHEVAL  DOMESTIQUE 


D'APEÈS  LA  PALÉONTOLOGIE,  LA  ZOOLOGIE,  L'EISTOIRE  ET  LA  PHILOSOPHIE 

.C."A.    PIÉTREMI 

Légion  d  honneur,  Vétérinaire  en   I'"  aux  lai 

i  volume  in -8".  —  Prix  :  8  fr. 


PAR    C.-A.    PIÈTREMENT 

Chevalier  de  la  Légion  d  honneur,  Vétérinaire  en  I'-  aux  lanciers  de  la  girde 


CULTURE   DE   L'ASPERGE 

PAR    T.    LENORMAND,     HORTICULTEUR 

Un  volume  in-IG  eolombicr,  avec  ligures  dans  le  leste  et  un  plan. 

Prix  :  1   fr.  «ô. 


CULTURE  DES  PLANTES  AQUATIQUES 

Par  M.  D.  HÉLYE 

Chef  de  culture  au  Muséum  d'iiisloùe  naturelle  de  Paris 
l]n  joli  volume  in-3?  colombior,  ornédc  {^r.nuros.  —  Prix  :  ^  fr.  50. 

LE     CHAMPIGMOK 

ET  SA    CULTURE 

PAR     M.     LAIZIER 

i  vol.  in-32  colombier,   orné  do  gravures.  Prix  :  80  ceni. 


SOMMAIRE  DU  NUMERO   DE  DÉCEMBRE. 

F.  Herinco.  Chronique.  —  Un  mot  sur  Lierval,  Rcndatlel,  Billiard,  Sénéclausc, 
Lemaire  et  Lecoq.  —  0.  Lescuyer.  Bégonia  castanesefolia?  —  L.  ConniEn. 
Les  premiers  Pois  de  pleine  terre.  —  Lun.  Guilloteacx.  La  Poire  Belle-Ange- 
vine. —  Dr  JoRissENNE.  De  l'influence  du  sujet  et  de  la  greffe  l'un  sur  l'autre. 
—  iÎRN.  BoNARD.  Revue  des  journaux  étrangers.  —  Table  des  raalières  contenues 
dans  le  Xll"  volume  de  la  Mie  série.  Années  1870-1871. 


CHRONIQUE 

Un  mol  sur  Lierval,  Renilatlcr,  Hilliard,  Sénéclause,  Lemaire  et  Lecoq. 

L'année  qui  vient  de  s'écouler  a  fait  de  grands  et  doulou- 
reux vides  dans  la  république  des  fleurs.  Nous  avons  donné, 
dans  un  précédent  numéro,  les  noms  de  ces  victimes  de  la 
mort;  nous  ajoutons,  dans  celui-ci,  les  quelques  lignes  que 
nous  avions  consacrées  à  leur  mémoire. 

Lierval  était  un  de  ces  hommes,  —  comme  il  y  en  a  peu, 
—  qui  font  passer  les  intérêts  de  la  chose  à  laquelle  ils  sont 
attachés  avant  leurs  intérêts  personnels  ;  il  fit  plutôt  de  la 
science  horticole  que  du  commerce.  C'est  à  lui  que  nous 
devons  le  perfectionne inent  des  Phlox,  des  Canna  et  la  pro- 
pagation des  belles  plantes  découvertes  par  Porte,  cette  autre 
victime  de  la  science  horticole,  mort  il  y  a  quelques  années 
dans  un  voyage  d'exploration  dans  les  Indes. 

Quant  à  Lierval,  resté  seul  sous  les  murs  de  Paris  pendant 
le  siège,  avec  un  fils,  —  jeune  enfant  de  14  ans  —  la  mort 
fut  pour  lui  un  bienfait;  car  elle  fit  cesser  les  horribles  et  atro- 
ces tortures  de  la  faim  qu'il  endurait  stoïquement,  espérant 
toujours   sauver  quelques-unes   de  ses  plantes  qu'il  aimait 

tant! 

Rendatler,  horticulteur  à  Nancy,  était  un  des  plus  habiles 

Décembre  4  871 .  23 


—  354  — 

multiplicateurs  et  semeurs  français.  Les  Pétunia,  les  Phlox,  les 
Pentstemon,  les  Pensées,  les  Delphi?iium,  les  Pelargonium  zo- 
nale  et  inquinans  se  sont  enrichis,  par  lui,  de  nombreux  gains 
qui  ont  valu  à  notre  regretté  confrère  plus  de  2 00 -médailles. 
Comme  Lierval,  Rendatler  est  mort  victime  de  la  guerre. 
Ame  ardente  et  patriotique,  il  fut  profondément  affecté  de 
l'occupation  de  Nancy  par  les  armées  prussiennes  ;  la  tristesse 
s'empara  de  son  cœur,  et  il  s'éteignit  au  milieu  des  défaillances 
que  lui"  faisait  éprouver  la  vue  de  l'uniforme  des  maîtres  de 
sa  ville  adoptive.  Il  a  laissé  son  établissement  à  son  gendre, 
M.  Bertier,  qui,  nous  n'en  doutons  pas,  saura  maintenir  la  ré- 
putation de  l'établissement  Rendatler. 
-  BiLLiARD  fils,  dit  la  Graine,  pépiniériste  à  Fontenay-aux- 
Roses,  s'était  acquis  une  certaine  renommée  comme  semeur. 
Son  père  se  livrait  à  la  production  de  jeunes  plants  d'arbres 
pour  les  pépiniéristes,  et  il  ensemençait,  chaque  année,  plu- 
sieurs hectares  de  terrain,  d'oîi  le  surnom  de  la  Graine  sous 
lequel  il  était  connu  dans  le  commerce;  mais  ce  brave  homme 
livrait  son  plant  à  ses  collègues,  sans  se  préoccuper  des  formes 
différentes  que  pouvaient  offrir  certains  sujets.  Nature  simple 
et  honnête,  Billiard  père  ne  comprenait  pas  la  spéculation 
basée  sur  la  présence  de  deux  ou  trois  poils  disséminés  à  la 
face  supérieure  ou. inférieure  des  feuilles.  Son  fils,  en  prenant 
la  direction  de  l'établissement,  se  trouva  bientôt  en  relation 
avec  des  horticulteurs  spécialistes  qui  attirèrent  son  attention 
sur  les  variations  qui  se  manifestent  dans  les  semis^,  et^  dès 
ce  moment ,  Bihiard  fils  prit  rang  parmi  les  producteurs  de 
nouveautés.  On  lui  doit  de  nombreuses  variétés  d'arbustes, 
dont  quelques-unes  ont  un  mérite  réel. 

Sénéclause  compte  aussi  parmi  les  nouvellistes.  Il  s'occu- 
pait surtout  de  conifères,  et  cette  famille  lui  doit  un  nombre  de 
variétés  incommensurable,  —  trop  incommensurable  même. 
Aujourd'hui  qu'il  n'est  plus,  la  plupart  de  ses  gains  dispa- 


—  355  — 

raîtront  du  commerce,  et  nous  ne  doutons  pas  que  son  suc- 
cesseur ne  soit  le  premier  à  faire  une  sévère  épuration  de  cette 
collection. 

Lëmaire  a  été  toute  sa  vie  une  nature  malheureuse.  Comme 
homme,  il  était  de  relations  douces  et  agréables  ;  mais  comme 
savant,  c'était  un  buisson  d'Epine  noire,  inabordable.  Pourvu 
d'une  grande  et  forte  instruction,  il  débuta,  dans  la  vie  pu- 
blique, par  rUniversité.  D'abord  professeur  d'humanités,  puis 
maître  de  pension,  il  se  fit  jardinier  avecTespoir  d'y  trouver 
une  existence  meilleure  :  mais  il  ne  trouva  que  la  vie  beso- 
gneuse qu'il  avait  rencontrée  dans  l'enseignement.  Ayant  fait 
de  la  botanique  en  amateur,  ses  connaissances,  en  cette  science, 
étaient  superficielles,  ce  qui  l'amena,  naturellement^  à  se 
prendre  pour  le  plus  grand  botaniste  des  cinq  parties  du 
monde.  Il  était  atteint  tout  particulièrement  de  la  maladie  du 
Nobis,  c'est-à-dire  qu'il  faisait,  quand  même,  des  espèces  nou- 
velles pour  pouvoir  mettre,  à  la  suite  du  nom  de  la  plante, 
le  Nobis  fameux,  rêve  de  tous  les  savants  de  catégorie  infé- 
rieure, qui  vont  soufflant  à  tous  les  vents  du  ciel  :  «  cette 
espèce  est  de  nous  :  Nobis  !  ))  Lemaire  tenait  beaucoup  à  ses 
dénominations  spécifiques,  et  il  exhalait  sa  sainte  colère,  en 
phrases  grecques  et  latines,  chaque  fois  qu'un  botaniste  dé- 
crivait, sous  un  autre  nom,  une  de  ses  espèces  sans  le  nommer. 
Il  a  rendu  toutefois  de  grands  services  à  l'horticulture  comme 
écrivain.  On  lui  doit  différentes  publications  sur  la  famille 
des  Cactées  à  laquelle  il  avait  voué  un  culte  tout  particu- 
lier ;  il  fut  successivement  rédacteur  du  -Jardin  fleuriste  et 
de  r Horticulteur  universel.  En  1845,  les  difficultés  de  sa 
position  à  Paris  le  poussèrent,  vers  la  Belgique,  oi!i  il  devint 
le  rédacteur  de  la  Flore  des  serres,  de  M.  Van-Houtte,  puis 
de  Mllustration  horticole  journal  de  l'établissement  Vers- 
chaffeld.  Mais  en  1869,  cet  étabhssement  ayant  été  cédé  à 
M.  Linden,  la  rédaction  du  journal  fut  confiée  à   une  autre 


-    33(5     - 

plume,  et  le  malheureux  Lemaire  rentra  en  France,  pour 
y  mourir  de  misère,  peut-être  même  de  faim.  C'est  le  sort 
de  la  plupart  des  écrivains  honnêtes,  cpii  n'ont  pour  vivre 
que  le  produit  de  leur  plume.  On  les  exploite  ;  et  quand  on  a 
tiré  d'eux  tout  ce  qu'il  est  possible  de  tirer,  on  l6s  met  tout 
simplement  à  la  porte  ;  ainsi  fut  traitée  une  des  gloires  de 
l'horticulture  française,  le  vénérable  et  savant  Poiteau.  En 
consacrant  quelques  lignes  à  notre  compatriote,  dans  la  Bel- 
gique horticole,  M.  Edouard  Morren  termine  ainsi  sa  notice  : 
ce  11  a  beaucoup  contribué,  sinon  à  la  prospérité  commerciale 
de  rhorticulture  gantoise,  au  moins  à  sa  renommée  cosmopolite 
et  scientifique  ;  on  lui  devait  de  la  reconnaissance.  Ce  fut  un 
pénible  moment  quand  la  plume  se  brisa  dans  ses  mains  : 
nouveau  Bélisaire,  il  partit  cherchant  en  vain  un  foyer  hospi- 
talier ;  les  désastres  de  sa  patrie  vinrent  encore  Fassaillir  et 
ajouter  aux  angoisses  de  ses  derniers  jours.  » 

Legoq  était,  comme  Lemaire,  un  écrivain  très-érudit  ;  mais 
il  avait,  en  plus,  quelques  soixante  ou  quatre-vingt  mille  livres 
de  rente,  amassées  dans  le  commerce  du  café  de  gland  doux, 
ce  qui  lui  permit  de  faire  de  la  botanique  tout  simplement 
pour  charmer  ses  loisirs.  Aussi,  tous  ses  écrits  D'août  rien  du 
sérieux  et  de  l'aridité  des  œuvres  d'un  savant  pure  race; 
c'était  de  la  science  légère  et  plutôt  du  romantisme  que  de  la 
science.  Digne  émule  de  Darwin,  il  se  laissait  emporter  par 
son  génie,  et  alors  il  voyait  dans  les  phénomènes  les  plus 
naturels  —  au  point  de  vue  scientifique  —  des  tableaux  su- 
blimes et  des  plus  gracieux,  qu'il  peignait  avec  une  richesse 
d'expressions,  avec  une  profusion  de  fleurs  de  rhétorique  qui 
dépassaient  souvent  les  limites  de  la  hcence  accordée  à  la 
poésie.  On  peut  sans  doute  exalter  le  merveilleux  de  certains 
phénomènes  naturels,  mais  il  ne  faut  pas  —  pour  inspirer  de 
l'intérêt  et  captiver  l'attention  —  que  cette  exaltation  dénature 
les  faits,  car  on  tombe  dans  l'absurde  et  le  ridicule.  C'est  ce  qui 


—  357  — 

arrivait  parfois  à  M.  Lecoq.  Nos  lecteurs  peuvent  se  rappeler 
sa  fameuse  note  présentée  à  la  Société  botanique  de  France, 
sur  les  mouvements  convulsifs  d'un  Caladiumei  les  jets  d''eau 
lancés  par  ses  feuilles  (1).  Notre  botaniste-poëte  était  évidem- 
ment de  très-bonne  foi;  mais,  comme  tous  les  hommes  dont 
le  cerveau  est  visité  par  le  delirium  poétique,  il  évoquait  les 
agents  les  plus  fantastiques  pour  décrire  les  merveilles  de  la 
nature,  et  quand  les  ressorts  de  son  cerveau  de  poëte  étaient 
détendus,  il  restait  convaincu  que  c'était  réellement  arrivé 
comme  il  l'avait  écrit.  M.  Lecoq,  qui  était  le  fondateur  du 
Jardin  des  plantes  de  Clermont-Ferrand,  s'est  particulièrement 
occupé  de  l'hybridation,  qu'il  a  enrichie  de  faits  merveilleux, 
auxquels  il  manque  peut-être  un  peu  d'exactitudt.  Au  fond, 
excellent  homme,  et  digne  citoyen.  11  a  légué  une  partie  de 
son  immense  fortune  à  la  ville  de  Clermont,  pour  l'entretien 
des  collections,  dont  il  a  doté  le  musée,  et  du  Jardin  des 
plantes  dont  il  était  le  directeur. 

F.  Hkringq. 


acca--      — 


BEGOiMAX...(FiG.  Xil). 

Le  Bégonia  que  nous  figurons  dans  ce  numéro,  est  un  des 
plus  précieux  du  genre.  Il  supporte  parfaitement  le  plein  air  et 
la  pleine  terre  pendant  la  belle  saison,  et  il  devient  un  des  plus 
déhcieux  ornements  de  nos  parterres.  Il  y  a  quelques  années 
déjà  que  le  jardin  de  la  ville  de  Paris  en  a  fait  de  ravissantes 
corbeilles  et  des  bordures  dans  les  squares  et  promenades  pu- 
blics. Depuis  il  s'est  répandu  dans  les  jardins  particuliers,  et  il 
a  eu  une  certaine  vogue  —  bien  méritée  —  sur  les  miarchés 
aux  fleurs  de  la  capitale.  Malheureusement  la  guerre  a  arrêté 

(1)  Horticulteur  français,  1867  p.   133. 


—  358   - 

son  essoT"  ;  il  a  presque  disparu  des  cultures  parisiennes,  et  son 
nom  est  actuellement  introuvable. 

Dans  certains  jardins  bourgeois,  on  le  connaii  sous  le  nom 
deBegonia  fagifolia;  dans  d'auires  c'est  sous  celui  daAundersii? 
Au  Jardin  des  plantes  de*  Paris,  on  en  possède  un  pauvre  petit 
pied  étiqueté  Bégonia  castaneœfolia,  et  c'est  sous  cette  déno- 
mination c^ue  nous  l'avons  trouvé  en  multiplication  ,  chez 
MM.  Thibaut  et  Ketelèer,  rue  Houdan,  à  Sceaux  (Seine). 

Or,  ce  charmant  et  ravissant  Bégonia  n'est  pas  du  tout  le 
fagifolia  ;  il  n'a  aucune  ressemblance  avec  ce  dernier,  quia  des 
feuilles  poilues  et  des  petites  fleurs  blanches.  Ce  n'est  pas  da- 
vantage le  Bégonia  qui  était  cultivé,  vers  1846,  au  jardin  d'Or- 
léans et  en  Suisse  sous  le  nom  de  castaneœfolia,  à  l'époque  oii 
M.  Alphonse  Decandolle  a  pubhé  sa  monographie  des  Begonia- 
cées  (1 864).  La'plante  qui  portait  alors  ce  nom,  et  que  ne  men- 
tionne pas  M.  Klotzsch  dans  son  travail  monographique  de  cette 
famille,  n'est  pas  autre  que  le  Bégonia  fruticosa  d'Alphonse 
Decandolle,  et  type  du  genre  Trendelenburgia  du  botaniste 
prussien.  Qu'elle  soiiBegoniaou  Trendelenburgia.  cette  ancienne 
plante,  cultivée  sous  le  nom  de  castaneœfolia ,  ne  ressemble  en 
rien  au  Bégonia  castaneœfolia  cultivé  actuellement  ;  ses  fleurs 
sont  toutes  petites,  blanc  rosé,  et  ses  feuilles  ont  assez  la  forme 
de  celles  du  Bégonia  fuchsioides. 

Le  J5e^o?iia  qu'on  cultive  aujourd'hui  à  la  Muette,  au  Muséum, 
chez  MM.  Thibaut  Ketelèer,  etc.^  sous  ce  nom  de  castaneœfolia, 
et  qui  a  pénétré  au  jardin  de  Segrez  sous  celui  de  fagifolia^ 
est  une  jolie  plante  rustique,  haute  de  35  à  40  centimètres,  à 
tige  rouge  ,  semi-ligneuse  ;  ses  feuilles  qui  ressemblent^  —  si 
l'on  veut —  à  celles  du  châtaignier,  sont  glabres, longues  de  5  à 
7  centimètres,  d'un  beau  vert  luisant  en  dessus,  plus  ou  moins 
teintées  de  rouge  en  dessous,  et  dentelées  sur  les  bords.  Les 
fleurs  mâles  sont  d'un  beau  rose  carné,  avec  un  petit  paquet 
d'élamines  jaunes  au  centre.  Les  fleurs  femelles  ont  lovaire 


—  359  — 

d'un  carrnin  pourpré  à  3  ailes,  les  pétales  extérieurs  sont  de 
même  couleur  que  l'ovaire  sur  la  face  extérieure  et  ceux  de 
l'intérieur  rosés,  comme  les  fleurs  mâles. 

Cette  plante  se  fait  très-bien  en  touffe,  et  supporte  admira- 
blement la  pleine  terre  pendant  Tété,  et  n'importe  à  quelle 
exposition.  A  l'approche  des  froids  on  la  relève  pour  la  rem- 
poter et  la  faire  hiverner  en  serre  ordinaire.  Sa  multiplication 
est  très-facile  et  t'^ès-rapide  par  boutures. 

Ce  Bégonia  est  un  exemple  de  la  valeur  problématique  de  la 
nomenclature  horticole.  On  donne  des  noms  à  tort  et  à  travers, 
et  on  arrive  ainsi  à  la  plus  repoussante  confusion.  Nous  nous 
garderons,  selon  notre  habitude,  d'ajouter  à  celle  du  genre 
Bégonia,  en  donnant  un  nom  nouveau  à  celui  que  nous  figu- 
rons ;  en  le  désignant  sous  la  lettre  algébrique  X  ;  nous  laissons 
ce  soin  à  ceux  de  nos  confrères  qui  se  prennent  au  sérieux,  et 
qui  sont  à  la  recherche  de  toutes  les  occasions  pour  mettre  leur 
nom  à  la  suite  de  celui  d'une  plante  :  histoire  de  passer  pour 
un  vrai  et  grand  botaniste. 

0.  Lesguyer. 


LES  PREMIERS  POIS  DE  PLEINE  TERRE. 

Rien  ne  vaut  les  petits  pois,  quand  ils  sont  tendres,  frais, 
bienaccommodés^à  la  manière  du  baron  Brisse  avec  ou  sans 
pigeon,  ou  simplement  au  petit  lard  passé  préalablement  au 
bon  beurre,  comme  il  est  indqué  dans  les  366  Menus  (1). 

Les  grands  amateurs  de  primeurs  sèment,  au  petit  bonheur, 
leurs  premiers  pois,  à  la  Sainte-Catherine,  vers  la  fin  de  no- 
vembre ;  ces  pois  viennent  ou  ne  viennent  pas,  le  succès  dépend 


(1)  La  librairie  Donnaud,  rueCasseUe,  9,  Paris,  vient  d'en  publier  la  5"  édition. 


J  —  360  — 

-^de  la  température  de  l'hiver.  C'est  donc  le  hasard  qui  préside 
aux  destinées  de  ces  précoces  cultures. 

Les  gens  plus  raisonnables,  qui  n'abandonnent  rien  à  l'in- 
connu, ne  sèment  les  pois  de  première  saison  en  pleine  terre 
que  dans  le  courant  de  février.  Us  préparent  le  terrain  par  de 
bons  labours,  et  si  le  sol  est  léger,  ils  lui  donnent  un  bon  engrais 
bien  consommé  ;  si  au  contraire  c'est  une  terre  forte,  ils  l'a- 
mendent simplement  avec  de  la  marne,  des  cendres,  du  plâ- 
tre, etc.  L'engrais  doit  être  administré  avec  discernement.  Le 
cultivateur  ne  doit  pas  oublier  que  l'excès  de  nourriture,  chez 
les  végétaux,  pousse  seulement  à  la  production  des  feuilles,  en 
transformant  les  organes  floraux  en  organes  foliacés.  Dans  la 
culture  des  plantes  à  graines  ou  à  fruits,  comme  les  plantes  qui 
nous  occupent,  il  faut,  par  conséquerît,  fumer  modérément  : 
autrement  on  obtient  de  la  verdure  en  abondance  dans  laquelle 
on  n'aperçoit  que  quelques  rares  gousses  de  pois. 

Les  terrains  fumés  l'année  précédente  et  qui  ont  reçu  des 
plantes  cultivées  pour  leurs  feuilles,  sont  les  meilleurs  terrains 
pour  la  culture  des  petits  pois  :  en  bonne  culture,  on  ne  met 
jamais  deux  années  de  suite  des  plantes  de  même  nature  danr^ 
le  même  emplacement. 

La  variété  qui  réussit  le  mieux  comme  pois  de  première 
saison  en  pleine  terre,  est  le  Pois  Prince  Albert.  Quand  on  pos- 
sède de  vieilles  couches,  on  y  sème  ses  pois  pour  en  activer  la 
végétation.  A  défaut  de  couche  on  peut  semer  sous  cloches,  ou 
bien  encore  dans  de  longues  caisses  en  bois,  ayant  au  moins 
15  centimètres  de  profondeur. 

On  a  généralement  l'habitude  de  faire  tremper  les  pois  dans 
l'eau  avant  de  les  semer.  C'est  une  mauvaise  habitude,  s'il  faut 
en  croire  M.  Frédéric  Burvenich;  un  horticulteur  belge,  qui 
paraît  bien  entendre  la  culture  des  plantes  potagères.  «  Ne 
mettez  jamais  à  macérer  vos  graines  dans  l'eau,  dit-il,  pour  les 
faire  gonfler  et  activer  la  germination  ;  c'est  un  moyen  dont  les 


—  361   — 

bons  résultats  font  l'exception.  »  Comme  il  s'agit  de  repiquer 
les  pois,  on  sème  dans  un  endroit  restreint  et  aussi  dru  que 
possible,  avant  la  germination  on  peut  tenir  le  semis  constam- 
ment couvert  de  paillassons  ;  mais  aussitôt  que  les  tiges  poin- 
tent, il  faut  donner  de  la  lumière  et  de  l'air. 

Le  plant  est  bon  au  repiquage  aussitôt  que  les  petites  tiges, 
qui  sont  arquées  en  crosse  en  sortant  de  terre,  se  sont  redres- 
sées et  ont  pris  la  direction  verticale  ;  plus  tard,  les  racines  sont 
trop  développées,  les  plantes  boudent,  restent  faibles,  et  ne 
donnent  qu'un  médiocre  produit.  Quand  le  repiquage  est  fait 
on  le  couvre  de  long  fumier  pour  le  garantir  des  hâles  de  mars 
ou  des  gelées  printanières. 

Cette  culture  de  pois  par  le  repiquage  est  un  moyen  d'obtenir 
une  récolte  plus  hâtive.  Elle  demande  peut-être  un  peu  plus 
de  soins  que  la  culture  en  place.  Ainsi,  il  ne  faut  pas  trop 
pousser  à  la  germination  en  recourant  à  la  clialeur  artificielle; 
on  obtient  dans  ce  cas  un  plant  tendre,  délicat,  qui  soulfre 
lorsqu'il  est  livré  à  l'air  libie. 

Il  faut  aussi  faire  bien  attention  de  ne  pas  prendre  du  plant, 
trop  développé.  Plus  le  plant  pousse  lentement,  et  plus  petit 
on  le  repique,  plus  on  est  certain  du  succès. 

L.    CORDIER. 


LA  POIRE  BELLE-AINGEVINE. 

Depuis  quelque  temps  cette  belle  Poire  est  le  sujet  de  toutes 
les  conservations^  depuis  l'humble  chaumière  jusqu'au  ma- 
jestueux château  aux  lambris  dorés.  Dans  la  première  on  dis- 
cute l'avantage  de  sa  culture  au  point  de  vue  des  gros  béné- 
fices qu'ion  en  peut  tirer:  on  vend  ces  mauvaises  Poires-là 
10  francs  la  pièce,  disent  les  uns;  bien  plus  que  ça  disent  les 
autres  ;  car  la  beauté  se  paye  toujours  plus  cher  que  la  bonté. 


—  362  — 

Dans  les  châteaux  on  s'extasie  devant  la  forme  et  la  grosseur 
de  la  Belle-Angevine,  et  chacun  de  vanter  ses  fraîches  et  vives 
couleurs. 

Les  journaux  d'horticulture  même  lui  consacrent  de  temps 
en  temps  quelques  pages,  pour  déchirer  le  voile  qui  enveloppe 
sa  naissance,  et  constater  que,  malgré  son  origine  ténébreuse, 
elle  ne  fait  pas  moins  ((  honorablement  son  chemin  »,  et  tou- 
jours l'admiration  des  convives. 

On  parlera  de  sa  gloire 

Sous  les  chaumes  bien  longtemps. 

C'est  ce  que  l'honorable  M.  Bossin,  est  <(  heureux  de  consta- 
ter D,  dit-il,  dans  une  noie  qu'il  vient  de  pubher  pour  faire 
connaître  que  ses  recherches,  sur  l'origine  de  ce  fruit,  ont  été 
infructueuses;  qu'iln'est  pas  plus  avancé  en  1871  que  le  17  no- 
vembre 1 841 ,  jour  heureux  pour  lui,  car  il  a  produit,  dit-il,  un 
certain  effet  sur  les  membres  de  la  Société  royale  d'horticulture 
devant  lesquels  il  se  présentait  en  séance,  avec  une  Poire  Boli- 
var de  750  grammes,  et  qui  n'était  autre  qu! mie  Belle- An- 
gevine. Depuis  ce  moment,  il  déclare  avoir  cherché  partout  sans 
rien  trouver.  11  cite  presque  tous  les  livres  de  pomologie, 
excepté  le  plus  important  :  le  savant  et  intéressant  Diction- 
naire de  ^pomologie,  de  M.  André  Leroy,  dans  lequel  se 
trouve  ce  que  cherche  M.  Bossin,  qui  doit  posséder  ce  pré- 
cieux livre;  car  il  est  dans  toutes  les  mains  des  personnes 
s'occupant  de  fruits.  Nous  croyons  donc,  puisqu'on  remet 
sur  le  tapis  la  question  de  l'origine  de  cette  Poire,  qui  fait  si 
«  honorablement  son  chemin  d —  comme  dit  l'honorable  M.  Bos- 
sin, —  nous  croyons  donc,  qu'il  est  intéressant  de  reproduire 
la  partie  historique  de  l'article  Poire  Angevine  du  dictionnaire 
de  M.  André  Leroy  dont  les  connaissances  en  pomologie  ne 
sont  contestées  par  personne,  et  qui  a  fait  fouiller  —  grâce  à 
son  immense  fortune  —  les  hvresles  j)^i/s  étrangers,  jusqu'aux 
livres  des  Hébreux,  pour  trouver  les  renseignements  néces- 


—  363  — 

saires  à  l'établissement  de  l'histoire  des  anciens  fruits.  Voici 
ce  qu'il  dit  de  m  l'honorable  :o  Poire- Angevine. 

(L  Historique.  —  Si  la  Poire  Belle-Angevine  était  aussi 
bonne  que  son  coloris  est  brillant,  sa  forme  jolie^  son  volume 
considérable,  elle  occuperait  la  première  place  parmi  ses  con- 
génères ;  mais  elle  paye  de  mine,  et  voilà  tout.  Cependant  il 
existe  pour  ce  fruit,  de  la  part  des  Parisiens  en  particulier, 
un  engouement  tel,  que  nous  avons  lu  ce  qui  suit  dans  une 
feuille  'politique  de  la  capitale  : 

«  En  traversant  la  place  du  Châtelet,  j'ai  remarqué  dans  la  vitrine 
du  restaurant  Victoria,  six  énormes  Poires  dans  un  panier  surmonté 
de  cette  inscription  :  «  Poires  Belles- ArKjevinea,  150  francs  les  six.  — 
25  francs  la  pièce,  c'est  pour  rien,  surtout  si  l'on  se  rappelle  qu'il  y  a 
deux  ans  le  fameux  Chevet  exposait  de  ces  fruits  à  «  120  francs  la 
paire.  »  {L'Union,  novembre  1863.) 

((  Toutefois,  ce  sont  là  des  prix  niusités,  car  le  coût  ordinaire 
de  ces  fruits,  lorsqu'ils  ont  toute  la  beauté  voulue  pour  orner 
un  dessert,  dépasse  -l'arement  une  dizaine  de  francs  la  pièce. 
Quant  à  la  grosseur,  elle  varie  beaucoup.  Ou  en  a  exposé  dans 
les  concours  horticoles  qui  pesaient  :  en  1846,  à  Tours,  2  kil. 
250  ;  —  en  18G4,  à  Cholet,  2  kil.  02b  ;  —  en  1847,  à  Brionne 
(Eure),  1  kil.  300;  —  en  1862,  à  Chartres,  1  kil.  064  j  —  enfin, 
également  en  1862,  à  Nérac  (Lot-et-Garonne),  un  trochet  de 
quatre  Poires  dépassa  3  kilogrammes. 

«  Le  nom  sous  lequel  ce  Poirier  est  généralement  cultivé  a 
dû  faire  présumer  qu'il  était  originaire  d'Angers;  et  l'on 
n'aura  même  conservé  aucun  doute  sur  ce  point,  en  présence 
des  lignes  ci-dessous,  écrites  par  le  professeur  Poiteau  en 
1843  : 

G  Voici  l'histoire  de  la  Poire  Belle-Angevine!  telle  qu'elle  m'a  étéra- 
contée  à  Angers,  en  Juillet  1843,  par  M.  Audusson  père,  jardinier  de 
ladite  ville  :  «Cette  Poire  provient  d'un  semis  fait  par  moi  il  y  a  envi- 
ron trente-cinq  ans;  l'arbre  a  fructifié  pour  la  première  fois  à  l'âge  de 


—  364  — 

neuf  ans.  A  la  seconde  fructification,  quand  j'ai  vu  que  sa  forme  était 
très-belle,  je  l'ai  nommée  Belle -Angevine,  a  Poiteau,  Bev.  hort.  t.  Y, 
p.  483.) 

ce  Cette  note,  qui  semble  si  précise,  si  complète  en  ses  détails, 
était  cependant  entièrement  controuvée;  mais  ce  qui  nous 
étonne,  c'est  que  sa  publication  ne  fut  suivie  d'aucune  rectifi- 
cation, puisque  deux  ans  plus  tard  le  même  recueil  oîi  elle 
avait  été  insérée  la  reproduisit  sous  la  signature  Bossin  (1). 
(Voir  Eev,  hort.,  1849,  p.  415.)  Non,  la  Belle-Angevirffe  «  ne 
provient  pas  d'un  semis  fait  en  nos  murs,  vers  1808  ;  on  l'y 
introduisit,  au  contraire,  en  1821,  sous  le  nom  à' Inconnue  à 
compote,  qu'elle  y  garda  plusieurs  années.  Voici  du  reste  le 
compte  rendu  fidèle  des  faits  qui  l'amenèrent  sur  le  sol  ange- 
vin :  — C'était,  nous  venons  de  le  dire,  en  1821.  M.  Alphpnse 
Audusson,  alors  attaché  à  la  pépinière  du  Luxembourg,  di- 
rigée par  le  savant  Hervy,  ayant  offert  à  cet  arboriculteur 
douze  Poiriers  de  Duchesse,  acce[)ta  en  échange  un  Poirier 
étiqueté  Inconnue  à  compote  et  l'envoya  à  son  père  qui  le 
planta  et  lui  enleva,  vers  1842,  le  nom  sous  lequel  il  l'avait 

reçu  pour  lui  donner  celui  de  Belle-Ange vi ne Telle  est  la 

vérité  (2). 

<(  Et  maintenant,  essayons  de  déterminer  l'origine  de  cette 
Poire  géante. 

((  En  ce  qui  nous  concerne,  il  nous  a  semblé  longtemps 
qu'elle  provenait  d'Eltham,  en  Angleterre,  et  n'était  autre  que 
la  Saint-Germain  du  docteur  Sevedale,  également  appelée  Union, 


(1)  C'est  ainsi  qu'on  perpétue  l'erreur.  Serait-ce  par  hasard  parce  que  M.  A. 
Leroy  rapporte  ce  fait  —  de  reproduction  —  que  M.  Bossia  n'a  pas  cité  l'o- 
rigine donnée  par  le  dictionnaire  de  pomologie?  Ce  ue  serait  pas  d'un  historien 
bien  sérieux.  Si  tous  les  auteurs  agissaient  ainsi,  nous  aurions  de  singulières 
histoires,  et  la  vérité  ne  se  ferait  pas  souvent  jour.  F.  H. 

(2)  Quand  parfois  nous  mettons  en  doute  le  témoignage  de  certains  obten- 
teurs  sur  l'origine  de  certaines  variétés,  avons-uous  tort  et  sommes-nous  donc 
si  blâmable?  F.  H. 


—  365  — ' 
Mais  récemment,  ayant  trouvé  dans  un  ouvrage  anglais  du 
XVIIP  siècle  la  description  exacte  de  ce  dernier  fruit,  qui  y 
est  dit  «  rond  et  vert  foncé  » ,  nous  sommes  resté  convaincu 
de  son  manque  d'identité  avec  la  Poire  oblongue  et  jaune 
d'or  nommée  Belle-Angevine.  (Voir  Muller,  Dictionnaire  des 
jardiniers,  1786,  t.  VI,  p.  173.)  Revenant  alors  à  nos  anciens 
pomologues,  et  les  étudiant,  le  passage  ci- dessous  de  Mer- 
let,  l'arboriculteur  le  plus  éclairé  du  XVIII"  siècle^  nous  a 
frappé. 

«  Poire  Bellissime  d'hiver^  de  Bur.  -—Elle  est  jaune  et  rouge,  belle  à 
peindre,  d'une  grosseur  extraordinaire,  bien  plus  élevée  et  enflée  que 
le  Cadillac,  meilleure  et  assez  tendre.  Son  eau  étant  douce  et  relevée, 
elle  est  des  meilleures  mise  au  four.  »  {Abrégé  des  bons  fruits,  édit. 
1690,  p.  110.) 

«  Ici,  tout  ne  se  rapproche-t-il  pas  des  caractères  de  laBelle- 
Angavine  :  couleur,  grosseur,  forme,  époque  de  maturité, 
qualité  pour  la  cuisson?  —  Oui,  et  notre  opinion  se  confirme 
par  ce  fait,  qu'aucun  auteur,  depuis  Merlet,  n'a  cité  la  Bel- 
lissime d'hiver  de  Biir;  d'où  suit  qu'elle  reçut  bien  prompte- 
ment  un  autre  nom  :  celui  de  Poire  Trésor  ou  d'Amour,  peut- 
être,  Mayer  figurant  sous  cette  appellation,  dans  sa  Pomonia 
franconica,  en  1776,  un  fruit  qui  offre  très-exactement  le 
faciès  de  la  Belle-Angevine?  S'il  en  est  ainsi,  ce  fameux  Poi- 
rier, dont  on  n'a  parlé  pour  la  première  fois  qu'en  1690,  se- 
rait originaire  de  Bur.  Mais  de  quel  Bur?  car  il  en  existe  plu- 
sieurs. Nous  croirions  aisément  qu'il  s'agirait  ici  d'une  localité 
avoisinant  Versailles,  Merlet  ayant  décrit  de  préférence  les 
fruits  nouveaux  gagnés  sous  le  ciel  de  Paris,  qu'il  habitait. 

«  Observations.  —  On  doit,  malgré  l'opinion  de  divers  pomo- 
logues, considérer  comme  faux  synonymes  de  la  Belle-Ange- 
vine, les  noms  suivants,  s'appliquant  à  des  variétés  qui  n'ont 
rien  de  commun  avec  cette  dernière  :  Angora,  Belle  de  Jersey, 
Grand  Monarque,  Mansuette,  Uvedale's  Saint-Germain.  Il  im- 


~  366  — 

porte  aussi  de  ne  pas  confondre  la  Poire  d'Amour  ou  Trésor 
décrite  par  Duhamel  en  1708  {Traité  des  arbres  fruitiers,  t.  II, 
p.  236),  avecla  Belle -angevine;  elle  en  diffère  essentielle- 
ment, ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  en  se  reportant  aux  pages 
120-122  de  ce  volume  (1),  où  nous  l'avons  minutieusement 
décrite.  Ces  noms  d'Amour  et  de  Trésor  reviennent  sifréquem- 
ment  dans  la  nomenclature  des  Poiriers,  que,  là,  l'erreur  serait 
facile  à  commettre.  On  l'évitera  en  se  rappelant  que  la  Poire 
Trésor  ou  d'Amour  supposée  la  même  que  la  Belle-Angevine, 
est  uniquement  celle  dont  s'occupa  Mayer  en  1776,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  plus  haut  (André  Leroy,  Dict.  de  Pomologie, 
t.  I,  page  190).  » 

Pour  compléter  l'histoire  de  cette  fameuse  Poire,  nous  di- 
rons qu'elle  a  été  décrite  et  vendu©  sous  22  noms,  ce  qui 
prouve  son  mérite  à  Vœil!  et  les  voici,  d'après  M.  André 
Leroy  :  Bellissime  d'hiver  de  Bur,  Trésor,  d'Amour,  Duchesse 
de  Berry  d'hiver,  Bolivar  d'hiver, Royale  d'Angleterre'.  Beauté 
de  Tervueren,  Comtesse  de  Tervueren,  Grosse  de  Bruxelles, 
Solitaire,  faux-Bohvar,  très-grosse  de  Bruxelles,  Abbé  Mon- 
gein,  Anderson,  Berthebirn,  Gros-fin-or,  Poire  d'hiver.  Grosse 
dame  Je'cinne,  Poire  d'horticulture,  de  kilo,  Louise  bonne  d'hi- 
ver, Poire  la  Quinlinye. 

Comme  on  a  pu  le  voir,  ce  Poirier  est  d'un  assez  bon  rapport. 
Mais  il  ne  vient  bien  que  greffé  sur  Cognassier;  pour  en  obtenir 
de  belles  grosses  PoireS;,  l'espalier  est  nécessaire,  et  il  lai  faut 
l'exposition  du  midi  ou  du  levant  pour  que  ses  fruits  prennent 
le  frais  et  riche  coloris  que  bien  des  convives  lui  envient. 

LUD.    GUILLOTEAUX. 


(<)  Dictionnaire  de  Pomologie^  d^Aadré  Leroy,  tome  1. 


—  367   — 

DE  L'INFLUENCE   DU  SUJET  ET  DE    LA  GREFFE    L'UN 
SUR  L'AUTRE  (1). 

La  physiologie  de  la  greffe  est  encore  très-incoinplétement 
connue.  Sur  la  question  de  l'influence  que  peut  exercer  le 
sujet  sur  le  greffon  ou  réciproquement,  les  physiologistes  et 
les  praticiens  s'accordent  cependant  à  reconnaître  que  la  force 
et  l'activité  sont  susceptibles  de  se  modifier  ;  c'est  là  un  fait 
constaté  depuis  des  siècles  et  utilisé  continuellement  en  hor- 
ticulture comme  en  arboriculture,  pour  augmenter  ou  dimu- 
nuer  la  vigueur,  la  marche  rapide,  etc.,  des  espèces  ou  des  va- 
riétés. Les  pomologues  ont  observé,  en  outre,  que  le  sujet 
peut  avoir  quelque  action  sur  les  qualités  des  fruits  de 
la  greffe,  telles  que  le  goût,  la  dureté,  la  finesse  des  chairs, 
l'abondance  ou  l'absence  de  sels  calcaires^,  etc. 

Au  contraire,  les  autres  qualités  conservent  leur  indépen- 
dance. La  greffe  est  précisément  utiHsée  pour  la  conservation 
des  types  nouveaux  qui  se  produisent.  Cependant  les  varia- 
tions de  forme  qui  se  rencontrent  parfois  par  accident,  sur  un 
rameau,  et  qu'on  parvient  souvent  à  fixer  par  la  greffe,  sont 
plus  difficiles  à  maintenir  et  retaurnent  fréquemment  au  type. 
Quelques  observateurs  ont  cru  voir  davantage,  et  prétendent 
que  l'action  du  sujet  sur  la  greffe  peut  devenir  spécifique. 

M.  Hildebrand  fit,  y  a  quelques  années,  des  expériences  sur 
diverses  variétés  de  Pommes  de  terre.  Il  annonça  qu'il  avait 
obtenu  d'un  œil,  pris  sur  un  tubercule  rouge  et  inséré  sur  un 
blanc,  un  produit  mixte  qu'il  décrit  ainsi  :  ce  L'une  des  extré- 
mités était  ronde  et  blanche,  le  milieu  blanc  rayé  de  rouge, 
et  l'extrémité  antérieure  était  allongée  et  tout  à  fait  rouge  (2). 

Cette  opération  a  été  reprise  par  divers  expérimentateurs, 


(\)  Extrait  de  la  Belgique  horticole. 

(2)  Nos  lecteurs  se  rappellent  comment  nous  avons  traité  et  reçu  cette 


—  368  — 
nofaDiment  par  MM.  Kocli  et  Bouché,  à  Berlin,  et  M.  Regel  à 
Saint-Pétersbourg,  avec  des  résultats  opposés  aux  vues  de 
M.  Hildebrand. 

M.  Bouché  a  même  dit,  à  la  séance  du  21  Juin  1870  de  la 
Société  des  Amis  de  la  nature,  de  Berlin,  que  dans  la  prétendue 
greffe  des  Pommes  de  terre,  soit  qu'on  implante  un  œil  à  la 
place  d'un  autre,  ou  qu'on  adapte  un  morceau  de  tubercule  à 
un  autre  tid)ercule,  il  n'y  a  pas  cicatrisation,  mais  simple  jux- 
taposition. 

Mais  les  expériences  de  M.  Regel  méritent  tout  spéciale- 
ment d'être  rapportées  pour  leur  exactitude.  Elles  ont  été 
publiées  dans  le  Gartenflora  (janvier  1871). 

Au  printemps  de  1869,  M.  Regel  fit  un  premier  essai  sem- 
blable aux  expériences  de  M.  Hildebrand.  Après  avoir  extrait 
les  yeux  d'un  tubercule  blanc,  il  y  plaça  un  œil  de  tubercule 
rouge  ou  d'une  autre  variété.  Les  Pommes  de  terre  ainsi  opé- 
rées furent  déposées  dans  une  serre  et  recouvertes  d'une  mince 
couche  de  terre.  Rien  ne  poussa.  C'était  donc  à  refaire . 

M.  Regel  renouvela,  en  effet,  l'expérience  au  printemps  sui- 
vant. Cette  fois,  il  laissa  d'abord  les  Pommes  de  terre  donner 
des  jets  longs  comme  un  doigt.  Ceux-ci  furent  alors  coupés  en 
coin  à  leur  base  et  introduits  dans  d'autres  variétés  de  tuber- 
cules qu'il  avait  dépouillés  de  tous  les  yeux  visibles  ;  il  en  mit 
deux  sur.  chaque  tubercule.  On  les  plaça  dans  une  serre^  les 
extrémités  greffées  regardant  en  haut,  et  recouvertes  d'une  lé- 
gère couche  de  terre,  de  manière  qu'on  pût  facilement  observer 
leur  développement.  Une  cloche  de  verre  recouvrit  chaque 
tubercule  et  une  étiquette  indiqua  la  qualité  du  sujet  et  de  la 
greffe. 

assertion  de  M.  Hildebrand,  quand  elle  a  été  communiquée  à  la  Société 
d'iiorticulture  de  Paris,  par  M.  Duchartre.  Les  faits  exposés  dans  cette 
note  montrent  que  nous  avions  bien  jugé  de  la  valeur  du  savant  alle- 
mand. F.  H. 


—  369  — 

La  plupart  des  sujets  poussèrent.  Beaucoup  d'yeux,  qui 
avaient  échappé  à  l'observation,  s'accrurent  également,  après 
quatre  semaines  environ;  ceux-ci  furent  tous  excisés,  ainsi 
que  le  reste  des  yeux  devenus  visibles.  Puis  on  planta  les 
Pommes  de  terre  à  un  pied  de  profondeur  dans  des  pots.  Quand 
ils  eurent  acquis  un  certain  degré  de  développement,  on  les 
transporta  enfin  en  pleine  terre. 

A  l'automne,  la  récolte  fat  faite.  M.  Regel  constata  que  les 
tubercules  obtenus  ressemblaient  aux  tubercules  qui  avaient 
fourni  les  jets  greffés. 

Cette  expérience,  fort  bien  conduite,  permettait  de  tirer  une 
conclusion  aussi  nette  parce  qu'on  avait  enlevé  tout  bourgeon 
aux  tubercules  servant  de  sujets.  M.  Hildebrand  avait  négligé 
ce  soin  ;  et  le  tubercule  qu'il  a  donné  comme  une  forme  in- 
termédiaire, n'est  probablement  qu'un  sport  (assez  fréquent 
chez  les  variétés  rouges  de  Pommes  de  terre)  el  qui  marque 
une  tendance  à  retourner  au  type  primitif. 

Vient  ensuite  une  observation  de  M.  Caspary  sur  une  Rose 
rouge  à  cent  feuilles  servant  de  sujet  à  une  Rose  moussue 
blanche,  qui  avait  donné  successivement  des  fleurs  roses, 
puis  des  fleurs  complètement  semblables  à  celles  du  sujet.  Est- 
ce  un  retour  au  type  primitif  favorisé  par  la  greffe,  comme  le 
croit  M.  Braun  ?  Est-ce  une  supercherie  de  quelque  jardinier  ? 
Nous  dirons,  avec  M.  Regel,  que  le  cas  est  fort  ambigu  et  laisse 
le  champ  libre  à  mainte  exphcation.  Il  faut  des  expériences 
claires  et  bien  suivie  pour  renverser  une  loi  confirmée  chaque 
Jour  depuis  plusieurs  siècles. 

Nous  ne  donnons  aucune  créance  aux  faits  avancés  par 
M.  Renier.  Un  Hêtre  pourpre  aurait  donné  à  un  pied  au-dessous 
d'une  greffe  de  Hêtre  commun  une  pousse  semblable  à  celui- 
ci.  —  Ce  qu'il  a  dit  du  Ptelea  trifoliata  et  du  Broussonetia,  est, 
de  son  propre  aveu,  très-incertain. 

Ou  a  voulu  aussi  interpréter  de  la  même  façon  la  contagion 

Décembre  I  874 .  24 


—  370  — 

de  la  panachure  par  la  greffe  ;  mais  ceci  est  un  fait  pathologi- 
que, un  fait  de  contamination  par  contact  immédiat.  Le 
'Jasmin,  le  Cerisier  ont  offert  ce  phénomène  à  Sageret  ;  Le- 
moine  l'observa  sur  les  Abutilon.  Chaque  ibis,  la  panachure 
s'est  communiquée  seule.  M.  Magnus  a  cru  voir  dans  la  figure 
qui  accompagne  la  notice  de  M.  Morren  sur  ce  sujet,  que  VA- 
hutilon  striatum  s'était  modifié  sèus  l'influence  de  ï Abutilon 
Thonipsoni.  Il  n'en  est  rien,  on  peut  le  vérifier  encore  sur  la 
plante  que  le  peintre  a  copiée  ;  les  feuilles  de  V Abutilon  stria- 
tum panaché  ressemblent  à  celles  de  son  type  vert. 

D  G.    JORISSENNE.     - 


REVUE  DES  JOURNAUX  ÉTRANGERS. 

Botanical    Magazine. 

Erythrochiton  hypophyllanthus  de  Planchon  (Bot.  Mag. 
5824).  Arbuste  de  la  famille  des  Rutacées  très-curieux  par  la 
disposition  de  ses  belles  fleurs  blanches  de  la  grandeur  de 
celles  du  laurier  rose,  et  qui  naissent  sur  la  nervure  médiane 
de  la  ace  inférieure  des  feuilles.  11  a  été  introduit  dans  Téta- 
bUssement  de  M.  Linden  en  1852  ou  1853.  par  le  voyageur 
Schlim  qui  le  découvrit  dans  les  ravins  de  rochers  situés  dans 
la  province  de  Ocagna,  à  la  Nouvelle-Grenade,  à  800  ou  900 
mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  On  le  cultive  en  serre 
chaude. 

LiNARiA  TRisTis,  de  Miller  (B.  M.  5827).  Plante  vieille  comme 
Hérode  Tétrarque,  et  que  Linné  avait  nommée  Antirrliinum 
triste.  Elle  croit  en  Espagne,  dans  les  rochers  du  fameux 
Gibraltar.  C'est  une  petite  plante  vivace,  à  fleurs  jaunes,  en 
masque,  et  dont  les  lèvres  et  le  palais  sont  de  couleur  pourpre 
marron. 


TABLE  DES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  LE  DOUZIÈiME  VOLUME,  IIP  SÉRIE. 

1870-1871 


l.  —  Janvier. 

PAGES. 

F.  Herincq.  Chronique  :  Bouquet  de  Violettes  gigantesque.  Violette  Wil- 
son.  Les  thermomètres  des  opticiens  du  quai  des  Lunettes.  Pro- 
nostic de  M.  Nick  ;  principes  sur  lesquels  il  établit  ses  prophéties. 
Nul  ne  croit  à  la  science  des  Mathieu .  Gomment  on  s'y  prend 
pour  devenir  un  Mathieu  quelconque.  Centenaire  de   Humbolt  ; 

un  mot  sur  la  vie  et  les  travaux  de  cet  illustre  savant 5 

0.  Lescuyer.  Cobœa  penduUflora  (l'I.  I) 45 

Eug.  de  Martragny.  Le  Gazon  et  les  Pourpiers 46 

Ernest  Bonard  ;  Plantes  nouvelles 48 

Leroy  Mabille.  Plantation  automnale  et  hivernale  des  Pommes  de  terre      20 
BoiSDuvAL.  Note  sur  les  ravages  occasionnés  par  la  grande  Tipule  sur  les 

Fraisiers , 28 

X. Petites, nouvelles  :  Expositions 34 

^ Travaux  du  mois  de  janvier 32 

I[.  —  Février. 

F.  Herincq.  Chronique  :  Résultat  du  défi  portée  l'auteur  des  Radis  de 
famille  et  de  mes  observations  crttiques  sur  les  plantes  domesti- 
ques •  la  Carotte  améliorée  de  Vilmorin;  on  confond  le  Radis  dé- 
généré avec  le  Radis  sauvage;  naïveté  d'une  Commission  d'Hor- 
ticulture ;  on  abuse  de  la  eréduUiè  des  gens:  histoire  d'un 
chaoïpignoniste-médeoin.  Ce  que  valent  les  textes  et  les  témoi- 
gnages. La  théorie  de  M.  Nick  sur  la  pluie  et  le  beau  temps. 
La  Société  des  agriculteurs  de  France  et  la  physiologie  végétale. 
Cours  d'agronomie  au  Muséum.  Mort  de  l'obtenteur  du  Fuchsia 

cornehsseii. 33 

0.  Lescuyer.  Palava  flexuosa  (Pi.  II) 43 

A.  DE  Talou.  Revue  des  journaux  étrangers 44 

Ern.  Bonard.     Plantes  nouvelles -,  variétés  jardinières 48 

Simon  Louis.  Les  Aucuba 50 

LiJD.  GuiLLOTEAU.  Lcs  Pommlers  Doucin  et  de  Paradis 54 

L.  CoRDiER.  L'engrais  humain 57 

Ern.  Bonard.     Petites  nouvelles '      60 

X Catalogues  pour  1870 63 

X Travaux  du  inois  de  février  .   .   . 64 


372 


III.  --  Mars. 


PAGES. 

F.  Herincq.  Chronique  :  L'hiver  de  1870;  assassinat  d'un  Cactus  et 
d'un  Tacsonia  d'Alphonse  Karr  par  la  gelée  ;  état  de  )a  végéta- 
tion au  commencement  de  janvier  dans  la  région  méditerranéenne. 
Prix  de  quelques  légumes  à  Paris;  ce  qu'on  vend  comme  Laitue 
au  marché  du  quartier  Saint-Marcel.  Dégel,  orage  et  geJée  du  mois 
de  mars;  dicton  populaire.  Encore  l'influence  de  la  lune.  Résul- 
tat obtenu  par  le  comité  des  cultures  expérimentales  de  la  Société 
d'horticulture  de  Paris^au  sujet  du  Radis  de  famille  ;  le  Cerfeuil 
bulbeux  maméliorable  ;  le  Persil  bulbeux,  la  Carotte  et  les  Pommes 
de  terre  déperfectionnés .  Le  génie  des  peuples  barbares,  comparé 
au  génie  des  peuples  civilisés.  On  demande  la  transformation  de  la 
racine  grêle  de  Giroflée  en  racine  charnue,  par  les  procédés  connus. 
L'hérédité  du  mal  ;  inoculation  de  la  panachure  ;  influence  de  la 

greffe  sur  le  sujet  ;  les  Abutilons  panachés 65 

J.  Decaisne.  Observations  sur  un  Diospyros  de  la  Chine  à  fruit  comes- 
tible        75 

0.  Lescuter.  Le  Tacsonia  eriantha  (PI.  III) 78 

ERN.  BoNARD.  Plantes  nouvelles;  variétés  jardinières 80 

EuG.  DE  Martragny.  Le  Disa  grandiflora  et  les  Orchidées  de  serre  froide.      82 

F.  Herincq.  De  la  graine  et  des  semis 86 

F.  Herincq.  Notions  de  taille  sans  physiologie  végétale 91 

X Travaux  du  mois  de  mars 96 


IV.  —  Avril. 

F.  Herincq.  Le  printemps;  le  Marronnier  du  vingt  mars.  Culture  géo- 
thermique de  Saint-Mandé.  Influence  des  chemins  de  fer  sur  les  cli- 
mats et  la  végétation;  découverte  de  M.  Glaisher,  de  l'observatoire 
de  Greenwieh .  Influence  des  chats  sur  la  fécondation  du  trèfle, 

d'après  Darwin.  La  Modestie  aux  prises  avec  la  Vérité 97 

Carrière  et  Herincq.  Observations  sur  les  Diospyros  costata  et  schi-tse  102 
David.  Notes  sur  quelques  plantes  de  la  Mongolie  et  sur  les  fruits  du 

nord  de  la  Chine 114 

F.  Herincq.  La  graine  et  les  semis  (suite) 117 

0.  Lescuyer  Le  Coleus  Saisonii  (PI.  IV)  et  choix  d'autres  variétés  ...  122 

L.  CoRDiER.  Les  pois  précoces  nouveaux 123 

tiRN.  BONARD.  Plantes  nouvelles 124 

X Expositions ^27 

X Catalogues  pour  1870 427 

A Travaux  du  mois  d'avril • 12 


—  373  ~ 
V.  —  Mai. 


PAGES. 

F.  Herincq.  Chronique.  Lutte  entre  l'hiver  et  le  printemps;  effet  des  gelées 
tardives  et  de  la  s(^cheresse.  Exposition  d'horticulture  de  Paris.  La 
432*  Exposition  de  Gand;  nouveautés  qui  y  figuraient.  De  Tiiorticul- 
ture  en  Belgique  et  en  France.  Statistique  au  sujet  de  la  Violette. 
Glaïeuls  de  M.  Souchet.  Les  maraîchers  de  Paris.  Culture  ma- 
raîchère en  Belgique,  en  Prusse.  Bill  du  parlement  anglais  pour 
réprimer  la  fraude  dans  la  vente  des  graines.  Liquide  pour  favori- 
ser la  reprise  des  boutures;  complaisance  des  commissions  de  so- 
ciété d'horticulture;  un  exemple  entre  mille.  Réflexions  et  conseils.  130 
F.  Herincq.  Sur  le  rapport  des  commissions  du  Radis  sauvage  amélioré     136 

O.   Lescuyer.  Le  Weigelia  La  vallée  (PI.  V) 145 

J.  B.  Weber.  Une  plante  propre  à  garnir  les  tiges  de  rosiers 145 

II.  De  Frémont.  Sur  la  rusticité  de  quelques  plantes 149 

F.  Herincq.  Bibliographie  ;  Histoire  des  plantes  par  M.  Bâillon  ;  la 
Tiuffe  par  M.  Chatin;  Nouveaux  éléments  de  botanique  par  M .  L. 
Marchand;  Petit  Guide  pour  le  jardin  maraîcher,  par  M.  ISardy.     151 

X Petites  nouvelles  :  Floralies  russes  ;  fourmi  ;  Carotte  grelot 

hâlive  ;  arrosements  des  fraisiers -158 

X Catalogues  pour  1 870 i59 

X Travaux  du  mois  de  mai ,   ,      160 


VI.  —  Juin. 

F.  Herincq.  Chronique.  Un  bois  de  Séquoia  gigantea  en  France;  ten- 
tative de  M.  Ernest  Baroche.  L'Ailanthe  comme  arbre  forestier; 
la  valeur  de  son  bois.  Les  Eucalyptus,  Rusticité  de  quelques  Pal- 
miers; un  Palmier  fruitier  à  introduire.  Culture  du  Jalap  à  Paris. 
Influence  des  expositions  atmosphériques  sur  la  végétation.  Ex- 
positions universelles  d'horticulture  à  Londres  et  à  Lyon.  Visite 
de  M.  Maxwel  Masters  aux  présidents  des  comités  français.  So- 
ciété  d'admiration  mutuelle  dite  Société  coopérative  des   amis 

de  l'instruction  scientifique Ig^ 

F.  Herincq.  Compte  rendu  de  l'Exposition  d'horticulture  du  27  mai  à 

Paris 4  68 

F.  Herincq.  Pêche  Robert  La  vallée  (PI.  VI) i79 

A.  Lavallée.  Le  Ceanothus  velutinus. 181 

J.  JouAN.  Note  sur  la  fructification  du  Strelitzia  reginae  . 182 

A.  Ferrier.  Le  soufflet  injecteur  Pilon 183 

Ern.  Bonard.  Plantes  nouvelles 186 

L.  CoRDiER.  La  Chicorée  frisée  de  la  Passion 190 

X Travaux  du  mois  de  juin 192 


-    374  — 
VII.  —  Juillet. 

PAGES. 

F-,  Herincq.  Chronique  :  Effet  désastreux  de  certains  arrosements.  Le^ 
Géranium  doubles  veulent  être  tous  le  plus  beau.  Nous  défendons 
les  intérêts  de  tous  et  combattons  tous  les  abus.  On  me  traite  d'é- 
teignoir  :  ma  réponse.  Ce  qu'on  apprend  dans  les  cours  publics  et 
dans  les  conférences  publiques.  Fausse  science;  les  livres  d'horti- 
culture fourmillent  d'erreurs  j  entêtement  et  fatuité  des  auteurs 
au  sujet  de  la  sève  descendante,  de  l'azote,  hydrogène,  etc.,  etc. 
Comment  on  acquiert  la  vraie  science.   ...........     193 

O.  Lescuyer.   Le  Platycrater  arguia(Pl.  Vil) 205 

EoG.  DE  Martragny.   La  Bruyère  odorante 206 

Padl  Hadgdel.  Observations  sur  la  fécondation  du  Strelitzia 240 

Mas,  La  cueillette  des  fruits 2H 

X La  pluie  et  la  lune .....    = 247 

Henri  Qdevilly.  Purification  des  eaux  putrides  et  malsaines 221 

VIII.  —  Août. 

F.  Herincq.  Chronique.  Caractère  d'une  chronique.  Procédé  Duchesne- 

Thoureau  pour  la  culture  de  la  Vigne  :  objections  à  ce  système  ; 
adhésion  de  la  Société  d'horliculture  de  l'Aube  et  du  congrès  viti- 
cole  de  Beaune.  Procédé  Clos  pour  répandre  l'erreur  au  sujet  du 
Radis  sauvage  amélioré.  Rusticité  du  Benlhamia  fragifera  à  Tou- 
louse. Statistique  horticole  dij  département  delà  Haute-Garonne. 
La  Violette  de  Parme  débaptisée.  On  déraisonne,  toujours  autour 

de  l'influence  de  la  greffe  et  du  sujet 225 

O  Lescuyer.  Le  Weigelia  Lowii  (PL  YIII).. 232 

Ern.  Bonard.  Le  Phlox  :  choix  des  meilleures  variétés 233 

Louesse.   Les  Opuntia  Uafinesquiana  et  vulgaris.   .   .    • 235 

EUG.  DE  Martragny.  Laurier-cerise  à  larges  feuilles.  ........     237 

G.  d'Hangest.  Bouîures  de  Rosiers 238 

Gdénin  Gadtrot.  Moyen  de  faire  fructifier  le   Poirier 239 

F.  Herincq.  Note  pour  servir  à  Thisioire  de  la  végétation  :  suppression 

de  fruits  sur  le  Pêcher 241 

Dagorng  aîné.  Culture  du  Chou-fleur  à  Paris  et  aux  environs 242 

F.  Herincq,  La  Géothermie 248 

ToTius.  Petites  nouvelles  :  rusticité,  vitalité  des  greffes  d'arbres  fruitiers- 
Champignons  cultivés  dans  des  écuries':  Pommes  de  terre  du  Chili  ; 
Orangers  nains  de  la  Chine  :  Violette  double  de  Brandi  ;  étiquettes: 
Vallota  purpurea;  piège  à  loirs;  destruction  du  Tigre  et  de  la 

Courtillière. 250 

X.   .   .   .   .    .  Travaux  du  mois  d'août 256 


—  375  — 
IX.  —  Septembre. 

PAGES, 

F.  FlERiNCQ.  Chronique.  Pendant  la  guerre.  Les  pertes  de  l'iiorticul- 
cultnre.  Caractère  du  jardinier  français.  Lutte  entre  l'École  d'iior- 
ticulture  potagère  et  l'École  d'horticulture  maraîchère  démocra- 
tique. Les  maraîchers  en  chaire.  Culture  des  glacis  dos  forliflcations 
en  plantes  potagères  pour  nourrir  les  Parisiens.  Résultats  :  lé- 
gumes exposés  le  23  décembre,  et  leur  provenance.  Mystification. 
Prix  des  légumes  pendant  le  siège.  Les  maraîchers  et  les  débi- 
tants de  bonheur  des  peuples.   Résultat  final 237 

F.  Herincq.  De  l'acclimatatiou 269 

O.   Lescdyer.  Antigonon  leptopus  (PI.  IX) 275 

Ern.  Bonard.  La  Pervenche  de  Madagascar 27f; 

0.  Lescdyer.  La  Violette  cornue  (Viola  cornuta). 277 

Dagorno  aîné.  Culture  des   Choux-fleurs 279 

J.  AsTiÉ.  Préparation  du  Crambé  ou  Chou  marin 282 

L.  CoRDiER.   Potiron  tendre  de  Ruenos-Ayres  (HapalMto  tiorno) 283 

J.  AsTiÉ,  Les  Pelargoninm  zonale  à  fleurs  doubles;  leur  valeur  décora- 
tive-, abus  de  nouvelles  variétés 284 

VtCTOR  Chatel  .  Moyeu  de  conserver  les  Pommes  de  terre 287 

X Travaux  du  mois  de  septembre 288 

X.  —  Octobre. 

F.  ITerincq.  Chronique.  Le  conseil  municipal  de  Versailles  et  Thorti- 
culture.  Le  fleuriste  de  la  ville  de  Paris  et  l'École  des  ponts  et 
chaussées;  les  balayeurs  et  jardiniers  permutent.  Dislocation  du 
marché  du  quai  aux  fleuis  à  Paris.  Une  question  à  cet  efl"et. 
Cryptogamiiisme  et  parasitisme.  Maladie  de  la  Pomme  de  terre 
et  de  la  Vigne  :  le  Phylloxéra  et  les  agriculteurs;  r(^sultat  d'une 
souscripsion  dans  1  ;  midi,  pour  la  destruction  des  Phylloxèrcs. 
Circulaire  du  ministre  de  Pagriculture  au  sujet  de  cet  insecte. 

Nécrologie '. 289 

F.  Herincq.  Monsieur  Joigneaux  et  ses  maraîchers  :  Réponse  h  un  arti- 
cle du  Siècle 295 

0    Lescuyer.  Arnebia  longiflora  (Pi.  X) 302 

EuG.  DE  Martragny.  Lcs  Althaea  en  forine  de  Rosiers  tiges 303 

Ern.  Broux.  Multiplication  de  la  Centaurea  candidissima.   ......     306 

Jules  Jarlot.  Le  Phalaris  arundinacea  picta  et  les  Pelnrgoniuin  zonale 

à  feuilles  panachées. 307 

L.  CoRDiER.   Salsifis  nouveau. , 309 

S.  G..    .La  greffe  d'hiver 310 

Demahis.    Maladie  de  la  Vigne  pav  le  Phylloxéra 312 

Ern.  Bonard.  Revue  des  journaux  anglais;  plantes  nouvelles  ou  rares.     316 
X Travaux  du  mois  d'octobre 2  9 


—  376  — 

XI.  —  Noverabre. 

r.  ,T  r,  PAGES. 

r,  Hkrincq.  Chronique. Etal  de  rhorticultiue  en  France.  Pelargonium 
zonale  blanc  double  ;  lettre  de  M.  Boucharlat  aîné  sur  cette  va- 
riété; efforts  des  semeurs  français  pour  l'obtenir.  Catalogues  pour 
l'automne  de  -IST^  et  le  printemps  de  1872,  de  MM.  Boucbarlal 
aine,  Simon-Louis,  Bertier-Rendatler,  Lemoine,  Jules  Margottin 
Jamin,  Schartz  successeur  de  Guillot  père,  Levêque  et  fils,  Guillot 
fils,  Ch.  Hubert,  Thibaut  et  Keteleêr,  Baltet  frères,  Bruant,  etc. 
—  La  Rose  Richard  Wallace.  Expositions  de  Meaux,  de  Londres  ; 

succès  de  MM.  Baltet,  de  Troyes 321 

Ministère  DE  l'agriculture.  Rapport  sur  le  Phylloxéra  (Pi.  XI}.   .   .   .     332 

EuG.  DE  Martragay.  Le  Jasmin  de  Virginie  greffé  sur  Catalpa 338 

Simon-Louis,  frères.  Notes  sur  l'origine  du  Lilas  Varin  et  sur  ses  varia- 
tions     ...     339 

F.  Herincq.  Culture  forcée  des  arbres  fruitiers  et  des  Jacinthes.  .  .  .  340 
Alex.  Maclou.  Du  reboisement  des  parcs,  et  des  semis  d'arbres  .  .  .  344 
Ern.  Bonard.  Plantes  nouvelles 350 

XII.  —  Décembre. 

F.  IlERiNCQ.  Chronique.  Un  mot  snr  Lieival,  Uendatler,  Billard,  Séné- 
clause,  Lemaire  et  Lecoq 353 

0.  Lescuyer.  Bégonia  X 357 

L.  CoRDiER.  Les  premiers  Pois  de  pleine  terre 359 

LuD.  GuiLLOTEAux.  La  Poire  Belle  Angevine 361 

D""  JoRissENNE.  De  l'influence  du  sujet  et  de  la  greffe  l'un  sur  l'autre.    .  367 

Ern.   Bonard.  Revue  des  journaux  étrangers 370 

Table  des  matières  contenues  dans  le  XII^  volume  de  la  IIP  série.  An- 
nées 1870-1871 371 

X Travaux  du  mois  de  décembre 384 


PLANTES  FIGURÉES  COLORIÉES. 


PAG. 

1.  Cobaea  penduliflora.  ...        15 

II.  Palava  flexuosa 43 

III.  Tacsonia  e-iantha.    ...       78 

IV.  Coleus  .Saisonii .122 

V.  Weigelia  Lavallei.     ...     145 

VI.  Pêche  Robert  La  vallée.    .     179 
VU.  Platycrater  arguta.   .    .   .     205 


PAG. 

VIII.  Weigelia  Lowii 222 

IX.  Antigonon   leptopus.     .    .  275 

X.   Arnebia  longiflora.    ...  302 
XI.   Phvlloxera  vaslatris.   In- 
secte de  la  maladie  de 

la  Vigne 332 

XII.   Bégonia  castaneœfolia?.  .  .  357 


PLANTES  NOIRES. 

PAG.  1  PAG. 

Tipule  des  potager  ,    .....       30  )  Soufflet  injecieur 184 


—  377  — 


TABLE  ANALYTIQUE. 


Abies  polita,  131  ;  —  Remoniii,  170. 

Abies  :  semis,  350. 

Abricotier  miime,  97. 

Abricot  :  cueillette,  213. 

Abricots  de  la  Chine,  116. 

AbiUilon  Thompsoni  :  influence  de  sa 
greffe  sur  le  sujet,  et  de  son  sujet  sur 
les  greffes,  73,370. 

Abutilon  vacciné,  73. 

Acacia  blanc  :  semis,  3i6. 

Acclimatation  (observations  sur  1'),  269. 

Acer  :  semis,  347. 

Acer  tataricum,  115:,  —  rnfinerve  var. 
albo-limbata,  45. 

Aerides  de  serre  froide,  83 

Aesculus  hippocasianum  digitata  ma- 
jor, 325,  352. 

Anguloa  de  serre  froide,  83. 

Ag;ave  dealbata  nana,  13!. 

Ailanthe  comme  arbre  forestier,  164; 
—  semis,  346. 

Allantbus  glandnlosus  comme  arbre 
forestier,  16i;  —  semis,  346. 

Akebia  quinata,  109. 

Alnus  communis  :  semis,  346. 

Aloe  croucheri,  318. 

Allhaea  en  forme  de  Rosiers  tiges,  303. 

Amélioration  des  plantes  :  notre  opi- 
nion, 144. 

Ampélopsis  serjanjaefolia,  humulifolia, 
116. 

Androsace  pubescens  alpina,  317. 

Aneries  scientifiques,  232. 

Anthurium,  trllobum,  hybridum,  13!. 

Antigonon  leplopus  (PI.  IX),  275. 

Antirrhinum  triste,  370. 

Août  :  travaux,  288. 

Aquilegia  viridiflora,  115;  —  nou- 
veaux, 326. 

Araucaria  Rulei  elegans,  glauca,  131. 

Arbres  forestiers  :  semls^  344. 

Arbres  fruitiers  :  culture  forcée,  340. 

Ardisia  mollis,  130- 

Arnebialongiflora  (P.  X),  302. 

Arpophyllum  de  serre  froide,  83. 


Arrosement  à   l'engrais  humain,  voir 

chronique,  193. 
Asperges  à  Erfurt,  134. 
Aspidistra  :  rusUcité,  273. 
Aucuba  (les),  50. 
Aulne  :  semis,  346. 
Avril  :  travaux,  96, 
Azalées  de  l'Inde  nouvelles,  131,  132. 
Azéroles  de  Chine,  116. 


0 


Bâillon  :  Histoire  des  plantes,  151 . 
Baltei  frères  à  rExposiiion  de  Londres, 

330. 
Bambou,  61  . 

Barkeria  de  serre  froide,  83. 
Bégonia  nouveaux,   176,  188,  326;  — 

castanœfolia  el   fagifolia  (PI.    XII), 

357. 
Bcnthamia  fragifera  :  sa  rusticité,  149, 

2  29. 
Bertier-Rendaller,  ses  nouveautés,  325. 
Berlolonia  primulseflora,  319. 
Betula  alba  :  semis,  346. 
Bibliographie  :    Histoire  des  plantes, 

par     iM.    Bâillon;     La    Truffe,   par 

M.  Clialin;  Nouveaux  éléments  de 

botanique,    par   M.   L.    Marchand; 

Guide  pour  le  jardin  maraîcher,  par 

Nardy,  1 51 . 
Bignonia  tomentosa  de  Thunberg,  109  ; 

—  picta,130. 
'  Bignonia  radicans  greffé  sur  Catalpa, 
j      338. 

Billiard,  la  Graine,  354. 
I  Blandrordldi  aurea,  317;  —   Cunning- 
I      hami,  181  . 

I  Boucliarlat  aîné  et  ses  uouveautés,  323. 
Bouleau  :  ?emis,  346. 
Bouture  :  eau  pour  favoriser  la  reprise, 

135. 
Brassavola  de  serre  froide,  83. 
Brassia  de  serre  froide,  83. 
Bromelia  bracteala,  177. 
j  Bruant  et  ses  nouveautés,  331 . 
1  Bruyère  odorante  :  sa  culture,  206. 


378 


Caladium,  176;  —  prince  Albert  Ed- 
ward, 130. 

Calanthe  de  serre  froide,  83. 

Calochortus  uniflorus,  316. 

Campanule  :  semis,  121. 

Canna  nouveaux,  19,  190;  —  pana- 
ché, 177;  —  tricolor,  130. 

Cardon  du  siège  de  Paris,  266. 

Cari  Petzol  et  le  Géranium  à  fleurs 
doubles  blanches,  321 . 

Carotte  grelot  hâtive,  159;  _  amé- 
liorée, 36,  139  ;  —  dégénérée,  70. 

Carottes  du  siège  de  Paris,  266. 

Carpinus  Betulus  :  semis,  346. 

Caryopteris  mongolica,  115. 

Castanea  vesca  :  semis,  347. 

Catalogues  d'horticulture  pour  1 871  et 
1872,  63,  127,  159,  321. 

Catalpa  :  semis,  121, 

Cattleya  de  serre  froide,  83. 

Ceanothus  velutinus,  plante  de  mar- 
ché, 18  J. 

Cedrela  sinensis,  114. 

Céleris  à  Erfurt,  134;  —  du  siège  de 
Paris,  266. 

Celtis  muku,  109. 

Centaurea  candidissima  :  sa  multipli- 
cation, 306. 

Cerasus  Laurocerasus  latifolia,  237. 

Cerise  :  cueillette,  21 1  ;  —  de  la  Chine 
116. 

Cerisiers  :  culture  forcée,  341 . 

Ceropegia  Saundersoni,  44. 

Chamécerisier.  Voir  Lonicera,  20. 

Cbamaecyparis  obtusa  filicoides'.  lyco- 
podioides,  nana  aurea  pisifera,  pili- 
fera,  131. 

Chamœrops  :  rusticité,  149,  165,  251 . 

Champignons  cultivés  dans  des  écu- 
ries, i?o1 . 

Charme  :  semis,  346 . 

Châtaignier  :  semis,  347. 

Chatin.  La  Trufïe.  151. 

Chats  :  leur  influence  sur  la  féconda- 
dation  du  Trèfle,  100. 

Chênes  :  semis,  347. 

Chèvrefeuilles.  Voir  Lonicera,  20. 

Chicorée  frisée  de  la  Passion,  19i). 

Chine  (sur  les  fruits  du  nord  de  la), 
114. 

Choux  à  Erfurt,  134;  —  du  siège  de 
Paris,  266. 

Choux-lleurs  :  culture  à  Paris  et  aux 
environs,  242,  279  ;  —  culture  à  Er- 
furt, 134;  — du  siège  de  Paris.  266. 


Chou  marin  :  sa  préparation  culinaire, 
282. 

Chrysanthèmes  nouveaux,  19. 

Cineraria  asplenifolia,  49. 

Citronniers  :  rusticité,  251 . 

Citrus  microcarpa,  253. 

Clematis  frulicosa,  115. 

Clématites  nouvelies,  32 1,  351. 

Clos  :  son  procédé  pour  propager  l'er- 
reur, 229. 

Oobaea  penduliflora  (PI.  I);15. 

Cochliostsma  jacobianum,  131 . 

Cocotier  de  Chili  ;  rusticité,  165. 

Cocos  australis,  flexuosa  :  rusticité, 
149,  251. 

Cocos  Yalaï  :  Palmier  à  fruit  comesti- 
ble, 165. 

Cœlogyne  de  serre  froide,  84. 

Coings  de  la  Chine,  116. 

Coleus  Saisoaii  (PI.  1Y),'122;  —  nou- 
veaux, 123,  176. 

CoUetia  cruciata  :  rusticité,  149. 

CoHomia  :  germination,  120. 

Commissions  des  sociétés  d'horticul- 
ture, 133  ;  —  du  radis  sauvage  amé- 
lioré, 136. 

Concombres  à  Erfurt,  134. 

Goopérativisme  scientifique,  167. 

Corypha  australis  :  rusticité,  149,165, 
231. 

Cours  d'horticulture.  Vœu  du  conseil 
municipal  de  Versailles,  289. 

Courtilières  :  movens  de  destruction, 
255 . 

Crambé  maritime,  sa  préparation  cu- 
linaire, 282. 

Cresson  alénois  :  germination,  119. 
120. 

Croton  irregulare,  1 30.  —  maximum, 
131. 

Culture  forcée,  340. 

Cyclobothra  uniflora,  316. 

Cymbidium  de  serre  froide,  84. 

Cypripedium  Parifhii,  44;  —  de  serre 
froide,  84. 


D 


Dahlia  arborea,  186;  miperialis,  318. 
Daphne  elegantis.sima.  131. 
Darwin  :  les  chats  et  le  Trèfle,  100. 
Dasylirion  Hartweeianum.  131. 
Dendrobium  nudicaule,  319; —  vesti- 

tum,  317. 
Dendrobium  de  serre  froide,  84. 


379  — 


Desmodium  japonicum,  329. 

Didactyle,  84. 

Dieffenbachia  eburnea,  nobilis,  4  31. 

Ûioscorea  Eldorado,  13^ . 

Diospyros  kaki,  schi-tze,  coslata,  39, 

57,  1 02,  'H  6  ;—  japoaica,  4  09 . 
Disa  grandiflora,  82, 
Dorsteniâ  argentata,  45. 
Dracsena  nouveaux,  130.  131 . 
Duchesne-Thoureau  :  système  de  taille, 

236. 


Ë 


Eaux  putrides  (purifications  jdes).  221. 

Ecoles  d'horticulture  moderne  et  dé- 
mocratique, 260. 

Echeveria  agavoides,  i  31 . 

Eléments  de  botanique,  par  M.  h.  Mar- 
chand, 151 . 

Engrais  humain,  57. 

Enseignement  horticole.  Voir  Chroni- 
que^ 196,  260. 

Epidendrum  de  serre  froide.  84. 

Epinards  chinois,  117. 

Erables:  semis,  347. 

Erfurt  :  production  maraîchère,  1 34. 

Erica  arborea  :  sa  culture,  206;  — 
vestita,  317. 

Eriopsis  de  serre  froide,  84. 

Erreurs  propagées  par  certainsauleurs. 
Voir  Chronique,  197. 

Erythrochilon  liypophyllanthus,  370. 

Etiquettes  l'aul-Simon,  2o3  . 

Eucalyptus  ;  ruslicité.  149,  16S,  251  . 

Exogonium  j  urga,  16-J. 

ExposUion  atmosphérique  :  son  in- 
fluence sur  la  végétation,  166. 

Expositions  :  Paris,  î  30, 1 68  ;  —  Gand  : 
plantes  nouvelles,  130;  —  Londres, 
166. 


F 


Fagus  sylvatica  :  semis,  348. 

Fayard  :  semis,  348. 

Fécondation  du  Trèfle  opérée  par  les 

chats,  100. 
Février  :  travaux,  32. 
Ficus  dealbata,  131 . 
Figuiers  :  vitalité  des  grefl'es,  251. 
Fleuristes  de  la   ville  de  Paris,  290  ; 

—  condition  d'admission. 
Fleurs  des  cimetières  :  produit  de  la 

vente,  133. 


Floralies  russes,  158. 

Fougères  :  semis,  121 . 

Fourmi,  159. 

Fragara  horrida,  109. 

Fraisiers  (arrosements  des),  159;  — 

ravagés  par  les  Tipules,  28. 
Framboisiers  :  cultuie  forcée,  341. 
Fraude  :  sa  répression  en  Angleterre, 

134. 
Fraxinus  ornus  :  semis,  347. 
Frêne  :  semis,  347. 
Fruits  :  cueillette,  211 . 


Gand  :  exposition  ;  plantes  nouvelles. 

130. 
Garniture  des  liges  de  rosiers,  145. 
Gelée  :  effet  pendant  l'hiver  de  1869- 

70.  149. 
Géographie  des  plantes.  13. 
Géothermie,  97,  2i8. 
Géranium  à  fleurs  doubles.  Abus  des 

variétés  nouvelles,  195,  284. 
Géranium  à  fleurs  doubles  blanches, 

321 
Géranium.  Voir  Pelargonium. 
Gesnériacées  nouvelles,  126. 
Gilia  linlflora,  MO. 
Gladiolus  crueutus,  317. 
Glaïeul,  produit  de  i-a  vente,  133. 
Gledilschia  sincnsis.   109. 
Gloxinia  nouveaux,  189. 
<iobi,  désert  de  la  Chine,  116. 
Graine  et  les  semis  (élude  sur  la),  86, 

117. 
Graines  ;  vente  à  Erfurt,  134. 
Greffe  -,  son  influence  sur  le  sujet,  73, 
•   367. 

Greffe  d'hiver  (de  la),  310. 
Greffes  d'arbres  fruitiers  :  leur  vitalilé, 

251. 
Grias  amorensis,  131. 
(îroseilliers  :  culture  forcée,  341 . 
Guide  pour  le  jardin  maraîcher,  par 

M.  Nardy,  151. 
Guiilot  fils  et   ses  Rosiers  nouveaux, 

328. 


Hêtre  :  semis,  348. 

Hibiscus  syriacus.  Voir  Althœa,  303. 

Hibiscus  nouveaux,  325. 


380 


Histoire  des  plantes,  par  M.  Bâillon, 

151. 
Hiver  de  ^  870  ;  ses  dégâts,  65. 
Horticulture  en  France   (état  de    1'), 

321. 
Hoteia  japonica,  109;  —  aurea  varie- 

gata,  130. 
Humboldt  (Alexandre),  sa  vie  et  ses 

travaux,  12. 


I 


Idesia  polycarpa,  329. 

Immortelle    naine    à   gr,    fl.    rouges, 

170. 
Instruction  horticole.  Voir  chronique, 

196. 
Iris  nudicaulis,  bohemica,  317. 


Jacinthes:  culture  forcée,  343. 

Jalap,  165. 

Jasmin  de  Virginie  greffé  sur  Catalpa, 

338. 
Jerdonia  indica,  319. 
Joigneaux  (M.)  et  ses  maraîchers,  295. 
Juboea  spectabilis  :  rusticité,  149,  <65, 

251. 
Juglans  macrophylla,  329. 
Juillet  :  travaux,  192. 
Juin  ;  travaux,  128. 
Jujubiers  de  la  Chine,  116. 
Juniperus  rigida  japonica,  131 . 


K 


Kaki.  Voir  Diospyros. 

Karakoto  (montagne)  ;   sa  végétation, 

115. 
Kin-Ku,  Orange  de  Chine,  253. 
Kint-sao,  Oranger  de  Chine,  253. 
Kum  quat,  Orange  de  Chine,  233. 


Laelia  de  serre  froide,  84. 
Laitues  du  siège  de  Paris,  266. 
Larixeuropœa  :  semis,  348, 
Latania  borbonica  :  rusticité,  251 . 
Laurier-cerise  à  larges  feuilles,  237. 
Lecoq,  356. 


Légumes  .-  leur  culture  et  leur  prix 
pendant  le  siège  de  Paris,  261 .  — 
d'Erfurt,  134.  —  Dans  la  Haute- 
Garonne,  230. 

Lemaire,  355. 

Lemoine  et  ses  nouveautés,  326. 

Lespedeza  bicolor,  117. 

Lévêque  et  fils  :  leur  Rosier  nouveau, 
328. 

Levistona  australis,  humilis:  rusticité, 
163. 

Lierval,  353. 

Ligustrum  nouveaux,  325,  352. 

Lilas  Varin  ou  de  Rouen  :  son  origine 
et  ses  variations,  339.  —  Sauget, 
340. 

Lilium  longiflorum  albo-iBarginatum, 
131. 

Linaria  tristis,  370. 

Loirs  :  piège,  254. 

Lomaria  gibba  var,  Belli,  431 . 

LoFiicera  nouveaux,  20. 

Lune  :  son  influence,  68,  217. 

Luzerne  de  la  Chine,  116. 

Lycaste  de  serre  froide,  84. 


M 


Macadamia  ternifolia,  131. 

Mâches  du  siège  de  Paris,  266. 

Mai  :  travaux,  160. 

MïU:  germination,  120. 

Maraîcher  (Guide  du),  par  M.  Nardy, 
151  . 

Maraîchers  de  Paris  et  leurs  cultures 
pendant  le  siège,  261 ,  295.  —  Leur 
•nombre  et  leur  chiffre  d'affaires, 
133.  —D'Erfurt,  134. 

Maranta  Bismarkiana,  131. 

Marchand  (Léon).  Eléments  de  bota- 
nique, 151 . 

Marché  aux  fleurs  de  Paris,  291. 

Marmode  Greenii,  45. 

Mars  :  travaux,  6i. 

Masdevallia,  84, 

Maxillaria  de  serre  froide,  84. 

Meiracyllium  de  serre  froide,  84. 

Mélèze  d'Europe,  348. 

Melon,  germination,  1 20;  —  moyen  de 
les  mettre  à  l'abri  des  pucerons, 
61. 

Mesospinidium  de  serre  froide,  84. 

Modioîa  gerenioides,  186, 

Mouolena  primulaeflora,  319. 

Mongolie  (notes  sur  quelques  plantes 


—  381    — 


de  la)  et  sur  les  fruits  du  nord  de  la 

Chiue,  114. 
Mormodes  Greenii,  31 6. 
Mou-sou,  plante  chinois,  116. 
Musa  enseté  :  rusticité,  251 . 


Nardy.  Guide  pour  le  Jardin    maraî- 
cher, loi. 
Nasonia  de  serre  froide,  84. 
Navets  du  siège  de  Paris,  266. 
Néfliers  en  Chine,  116. 
JNick  :  ses  pronostics,  8. 
Nigelle  :  germination,  1  20. 
Nœgelia  (Gesnériacécs)  nouveaux,  1 26. 
Noix  de  la  Chine,  116. 
Nouvelles^  (petites),  158. 
Novembre  :  travaux,  320. 


0 


Odoutoglossum  roseura,  131;  —  de 
serre  froide,  84. 

Oncidium  de  serre  froide,  85. 

Opuntia  rafinesquiana  et  vulgaris,  235. 

Orangers  nains  de  la  Chine,  252. 

Orangers  :  rusticité,  251. 

Orchidées,  1 78  :  semis,  1 21  ;  —  de 
serre  froide,  82. 

Ormes  :  semis,  348. 

Orlous  (pays  des)  :  sa  végétation,115. 

Oseille  (prix  de  1'),  66. 

Osmuiida,  172. 

Oulachan  (montagnes  d')  :  sa  végéta- 
tion, 115. 

Ourato,  (province  de  Chine)  :  sa  vé- 
gétation, 114. 


Padus  nouveau,  325. 

Palava  flexuosa  (PI.  Ilj,  43,  186. 

Panachure  :  sa  contagion,  74. 

Paris  ;  le  fleuriste  transformé  et  son 
marché  aux  fleurs,  290  ;  —  ses 
maraîchers,  133,  261  ;  —  exposi- 
tions, 130,  168. 

Parrotia  persica,  329. 

Paulownia,  109. 

Pêche  Robert  Lavallée  (PI.  VII),  179; 
—  de  la   Chine,    116;    —    cueil- 


lette,  213  ;  —   sur    rameau    sans 

feuilles,  241. 
Pêchers  :  culture  forcée,  341. 
Pelargonium,  172;  —  nouveaux,   18, 
19,  48,175,  187,  324,  326  ;—  zonale 
à  fleurs  doubles   blanches,  321  ;  — 
valeur   décorative  ;  abus    de    nou- 
velles variétés,  284  ;  —  à    feuilles 
panachées,  remplacées  par  le   Pha- 
laris  arundinacea  picta,  307. 
Pentstemon  nouveaux,  49. 
Peperomia  VerschatTellii,  131. 
Perilla  panaché  de  rose,  170. 
Persil  bulbeux  déperfectionné,  60,  69, 
Persil  (prix  du\  66. 
Pertes  de    l'horticulture  pendant    la 

guerre,  258.    * 
Pervenche  de  Mandagascar  •.  sa  cul- 
ture, 277. 
Pesse  :  semis,  350. 
Pétunia  nouveaux,  19,  81. 
Phalaris  arundinacea  jjicla  et  les  Pe- 
largonium à  feuilles  panachées,307. 
PhalaenopsisTarishii,  319. 
Pliilodendrum  Daguense,  131. 
Phlox  nouveaux,  235,  326^   —   choix 

de  variétés,  233. 
Phœnix   reclinata,   farinifera,  daclyli- 

fera  :  rusticité,  165. 
Pliormium  Colensoi  variegatum,  131. 
Phylloxéra  ou  nouvelle  maladie  de  la 

Vigne,  292,  312,  332. 
Picea  japonica,  131; 
Piège  à  loirs,  254. 
Pins  :  semis,  349. 
Pinus  :  semi'^,  349. 
Pissenlit  (prix  du),  66. 
Pivoines  nouvelles,  49. 
Plantes  nouvelles,  18, 
130,  186,    316,   324. 
aux  différents  genres. 

Plalycrater  arguta  (PI.  VIII),  205. 

Plectopoma  (Gesnériacées)  nouveaux, 
126. 

Pleione  de  serre  froide,  86. 

Podocarpus  elegantissimus,  131 . 

Poireaux  du  siège  de  Paris,  266. 

Poire  Belle-Angevine  :  son  origine, 
361.    ^ 

Poires  de  la  Chine,  116. 

Poires  :  cueillette,  21  4. 

Poiriers  :  moyen  de  les  faire  fructi- 
fier, 239;  —  vitalité  des  greffes,251. 

Pois  précoces  nouveaux,  123-,  — les 
premiers  de  pleine  terre,  359. 

Pomme  de  terre  :  plantation  autom- 
nale et  hivernale,  20  ;  —  dégéué- 


semis,  350. 


44,    80,    124, 
350.  —  Voir 


—  382  — 


rée,  71;  —  malade,  292;  —  moyen 
de  conservation  ,  287  ;  —  prix 
pendant  la  siège  de  Paris,  266. 

Pomme  de  terre  du  Chili,  252  ;  —  de 
Marceau,  60. 

Pommes  de  la  Chine,  416. 

Pommes  :  cueillette,  217. 

Pommiers  Doucin  et  de  Paradis. 

Pommiers  :  viialité  des  greffes,  251 . 

Portulacca  dans  les  gazons,  1 6. 

Potiron  tendre  de  Buénos-Avres,  283. 

Potiron  du  siège  de  Paris,  266. 

Pourpiers  dans  les  gazons,  16. 

Primula  pederaoutana,  45. 

Prunes  de  la  Chine,  416;  —  :  cueil- 
lette, 213. 

Pruniers  :  vitalité  des  greffes,  231;  — 
culture  forcée  341  • 

Pronostics  de  M.  Nick,  8. 

Prunus  Laurocerasus  latifolia,  237;  — 
aspera,  109. 

Pterostyrax  hispida,  329. 

Ptychosperma  Alexatidrae,  131 . 

Purification  des  eaux  putrides,  221 . 

Pyrèlhre,  171 


Quercus  daymio,  329. 


R 


Radis  sauvage  amélioré  :  Rapport  de 
la  Commission,  33,  68,  1 36;  —  dégé- 
néré, 39,  71  ;  —  du  siège  de  Paris, 
266. 

Radis  de  familles  :  Rapport  de  la  Com- 
mission de  la  Société  d'horticulture 
de  Paris,  136. 

Raisins  de  la  Chine,  116. 

Rajauia  quinata  de  Thunberg,  109. 

Rapallito  tierno,  283. 

Rave  dégénérée,  71 . 

Reboisement,  344. 

Rendatler,  353. 

Restrepia  de  serre  froide,  ,86 . 

Retinospora  plumosa,  131. 

Rhododendron,  171;  —  nouveaux,132. 

Robioia  :  semis,  346. 

Robinier  :  semis,  346. 

Roezl  :  les  graines  de  son  voyage,  61 . 

Romaine  (prix  de  la;,  67. 

Rosembergia  penduiiflora,  15. 

Rosier  Richard  Wallace,  328;  —  nou- 
veaux, 124,  328;  —  durée  de  la 
germination,  120;  —  méthode  de 
bouturage,  238. 


Russes  (Floralies),  158. 
Rusticité  des  quelques  végétaux,  149, 
250. 


S 


Sabal  palmetto  :  rusticité,'  163. 

Salsifis  blanc  nouveau,  309. 

Salvia  argentea  vera,  187. 

Sânchezia  glaucophylla,  131. 

Sapins  :  semis,  330. 

Sarracenia  llava  major,  131 . 

Scaroles  du  siège  de  Paris,  2(>6. 

Schwartz,  successeur  de  Guillot  père  : 
ses  l'osiers  nouveaux,  327. 

Seaforthia  elegans  :  rusticité,  251. 

Sécheresse  et  chemins  de  fer,  98. 

Selaginella  species  nova  de  la  Califor- 
nie, 131. 

Semis  et  la  graine  (étude  survies),  86, 
117. 

Semis  des  arbres  forestiers,  344. 

Sénéclause,  354. 

Septembre  :  travaux,  256. 

Séquoia  gigantea  :  essai  de  grande 
culture,  161;  —  variété  panachée^ 
131. 

Sève  descendante.  Voir,  241 . 

Simon-Louis  frères  :  leurs  pépinières 
et  leurs  nouveautés,  325. 

Sinapis  alba  :  germination,  119. 

Skimmia  oblata   alba  variegata,  131. 

Sobralia  de  serre  froide,  86. 

SolanumWarcewiczioides,  187. 

Sophora  alopecuroides,  113. 

Sophronitis  de  serre  froide,  86, 

Soufflet  injecteur  Filion,  ■\S3. 

Spiraea  aruacus,  de  Thui-berg,    109. 

Strelitzia  reginae  :  fécondation  et  fruc- 
tification, 182,  210. 

Stuartia  grandifiora,  329. 

Suppression  des  fruits  :  241 . 

Syringa  rothomagensis  :  son  origine 
et  ses  variations,  339;  —  chinensis, 
340;  —  nouveaux,  325.  330. 


T 


Tacsonia  eriantha  (PI.  III),  78. 
Tagetes  patula  nana  faviflora,  187. 
Taille  de  la  Vigne,  226. 
Taille  des  arbres  fruitiers  sans  physio- 
logie, 91 . 
Talbotia  elegans,  46,  316. 
Température  et  chemin  de  fer,  99. 
Thermomètres  du  quai  des  Lunettes,7. 


383 


Thibaut  et  Keleleêr,  et  leurs  collec- 
tions reformées,  329. 

Thlaspi  :  germination,  liO. 

Thunbergia  alata  pour  garnir  les  tiges 
de  Rosiers,  <47. 

Thuya  nouveau,  325. 

Tigre  :   procédé   de   destruction,  254. 

Tilia  :  semis,  348. 

Tilleul  :  semis  348. 

Tipula  oleracea  :  ses  ravages  avec  fig. 
noire,  2S. 

Tlpule  des  jardins(avec  figure  en  noir): 
ses  ravages  sur  les  Traisiers,  28. 

Torenia  auriculaefoiia,  48. 

Toulouse  :  statistique  liorticole,  230. 

Transformation  des  plantes  :  notre 
opinion,  7u,  4  44. 

Transwesia  glaucescens  :  rusticité,  149. 

Trendelenburgia,  358. 

Trichoceroa  de  serre  froide,  86. 

Trichopilis  de  serre  froide,  86. 

Truffe  (la),  par  M  ,  C  ha  tin,  151 . 


Ulmus  :  semis  348. 


Valota  purpurea,  254. 

Vanda  denisoniana,  318. 

Végétation  (note  pour  servir  à  l'his- 
toire (ie  la),  241. 

Veitchia  Johannis,  131. 

Vcllozia  elegans,  Talbotii,  46,  316. 

Vernis  du  Japon  :  arbre  forestier,  1C4; 
—  :  semis  346. 

Veronica.  Voir  Véroniques. 

Véroniques  nouvelles,  19. 

Versailles  et  l'horticulture,  289. 

Verveines  nouvelles,  '19,3.4. 


Vigne  :  sa  nouvelle  maladie,  292,  312, 
332;  —  culture  forcée,  341;  —  sys- 
tème Duchesne  Thoureau,  226;  '— 
vitalité  des  greffes,*25 1 . 

Vilmorin  père.  Son  opinion  au  sujet 
de  l'amélioration  et  de  la  transfor- 
mation des  plantes  par  la  culture, 
137. 

Vinca  rosea  :  sa  culture,  277. 

Viola  cornuta,  277. 

Violette  cornue,  277:  —  double  de 
Brandy,  253;  —  de  Wilson,  6;  -^  de 
Parme,  sa  culture  à  Toulouse,  231. 

Violette  :  statistique  de  la  vente,  133, 
231;  —  bouquet  gigantesque,  5. 

Vitalité  des  greffes  d'arbres  fruitiers, 
251. 

Vitis  amurensis,  116  ;  Labrusca,  fici- 
folia,  109. 


w 


Wallaoe  (Richard)   Rosier   nouveau  , 

388. 
Weigclia  Lavallei    (Pi.    V),    '20-   — 

LoAvii(Pl.    VIII),    232;—  Ilender- 

soni,  Lemoinei,  49. 
Wetfrea  macrophylla,  130. 
Wigondia,  imperialis,  48. 


Xanthoceras,  11*. 

Xylynacaulha  medio  lutea,  Verschaffelti 

foliis  aureo-slriatis,  Regeli,  Vander- 

doncktî,  131. 


Vucca  funifera,  131 


384  — 


Fotager.  Cest  pendant  le  mois  de  mars  que  l'artichaut  exige  le  plus  de  soins. 
On  peut  commencer  vers  le  <5  à  dégarnir  les  souches  de  la  terre  et  du  fumier 
entassés  à  chaque  pied  :  la  litière  sèche  doit  rester  à  portée  pour  recouvrir  si  la 
température  l'exigeait.  Aussitôt  que  le  hâle  n'est  plus  à  craindre,  il  faut  enlever 
à  chaque  souche  les  œilletons  superflus  et  ne  laisser  que  les  deux  plus  beaux  j 
après  c'ette  opération,  il  faut  arroser  copieusement  les  artichauts  et  leur  donner 
une  bonne  couverture  de  fumier.  C'est  aussi  pendant  ce  mois  qu'on  sème, 
laboure  et  fume  les  asperges.  Le  fumier  de  cheval  est  le  meilleur  pour  ce  dernier 
usage:  mais,  dans  les  terrains  très-secs,  on  doit  employer  le  fumier  de  vache; 
l'un  et  l'autre  doit  être  à  moitié  décomposé.  On  plante  choux-pommés,  choux- 
fleurs*  fraisiers,  laitues,  oignon  blanc,  ^iseille,  poireau,  romaines.  On  fait  les 
semis  de  carottes,  chicorée  sauvage,  ch  ma- fleurs,  choux-cabus  de  Saint-Denis, 
de  Milan,  de  Bruxelles,  épinards,  fèves,  i  l^■oule8,  cresson  alénois,  panais,  persil, 
poireau,  tous  les  pois,  radis  rose  et  noir,  salsifis,  scorzonères,  pommes  de  terre 
Vers  ia  fin  du  mois  :  céleri  à  couper,  cerfeuil,  choux  Quintal  et  de  Poméranie* 
toutes  les  laitues,  romaines  blondes  et  grises. 

Les  couches  et  châssis  exigent  beauconp  d'attention,  car,  à  cette  époque, 
les  réchauds  dont  on  entoure  les  couches  sont  trop  forts  :  il  se  produit  des  coups 
de  chaleur  qui  détruisent  toute  la  récolte  ;  il  faut  aussi  veiller  aux  coups  de  so- 
leil, qui  produisent  le  même  effet. 

On  sème  sur  couche  :  concombres,  melonSf  piments,  tomates,  raves,  salade 
et  fournitures  diverses. 

Jardin  fruitier.  Finir  la  taille,  labourer  et  pailler  les  plates-bandes. 
9  Jardin  d'agrément.  Terminer  les  labours,  travaux  de  propreté,  la  taille  des 
arbustes  divers  et  la  plantation  des  plantes  vivaces  ;  faire  des  boutures  d'arbres 
et  d'arbrisseaux.  On  sème  en  pleine  terre  :  Giroflée  de  Mahon,  Adonis,  Coreopsis, 
Nigelles,  Réséda,  Nemophila,  Clarkia,  GHia,  Crépis  roses.  Giroflée  jaune,  Malope, 
Œillets  de  Chine,  Pois  de  senteur,  Reines-Marguerites ,  Capucines,  Volubilis, 
Collinsia  bicolor^  Siléné  à  fleurs  roses.  Balsamines,  Belles  de  Nuit  et  Belles  de 
Jour,  Muflier,  Pétunia,  Thlaspi,  Scabieuse  ou  Fleur  des  Veuves,  Phacelia, 
Linaria  bipariia.  On  sème  sur  couche:  Célosia  Crête  de  coq,  Amarantes. 
Balsamines,  Reines-Marguerites,  Calcéolaires,  Quarantaine,  Martinia,  Cosmos. 

On  place  aussi  sur  couche  les  tubercules  de  Dahlia  pour  déterminer  la  végé- 
tation des  bourgeons,  les  séparer  ensuite  et  les  mettre  en  pot  jusqu'au  moment  de 
les  livrer  en  pleine  terre. 

Serres.  C'est  en  mars  que  les  Camellia  sont  dans  toute  leur  beauté;  il  faut 
leur  donner  des  arrosages  modérés  et  entretenir  avec  soin  la  propreté  des  feuil- 
lages. Pour  les  autres  plantes,  même  soin  que  pour  le  mois  précédent  ;  mais  on 
Veillera  pour  éviter  l'efi'et  des  coups  de  soleil;  on  blanchit  les  vitres  avec  de  la 
chaux,  ou  l'on  tend  des  toiles. 


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