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Full text of "L'Hotel-Dieu de Paris au XVII et au XVIIIe siecle. --"

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THE  LIBRARY 


:e  Ontario  Insti 


for  Studies  in  Education 


Toronto,  Canada 


REPUBLIQUE     FRANÇAISE 

LIBEU  1  É— ÉGAI.l  lÉ— inATlCHNn  É 


Administration  générale  de  l'Assistance  publique  à  Paris 


L'HOTEL-DIEU 


DE   PARIS 


AU    XVir^ET    AU    XVIir   SIECLE 


Marcel    FOSSEYEUX 

DOCTEUR    ES    LETTRES 
SOUS-ARCHIVISTE    DE    l'aSSISTANCE    PUBLIQUE 


BERGER-LEVRAULT    ET    C'%    ÉDITEURS 


PARIS 

3,    RUE    DES    BEAUX-ARTS 


NANCY 

l8,    RUE    DES    GLACIS 


T'    'î 


PREFACE 


■<  Il  faudrait  avoir  souvent  dans  l'esprit  le 
contraste  d'une  fêle  de  Versailles,  d'un  Opéra 
de  Paris,  où  tous  les  plaisirs  et  toutes  les  muni- 
ficences sont  réunies  avec  tant  d'art,  et  d'un 
Hôtel-Dieu,  où  toutes  les  douleurs,  tous  les 
dégoûts  de  la  mort  sont  entassés  avec  tant 
d'horreur.  » 

VohrwRE  {Dicl.p/iilns.,  art.  Charité). 


«  La  Bibliothèque  historique  de  la  France  m'a  in- 
diqué tous  les  historiens  qui  ont  écrit  sur  Paris.  Je  me 
les  suis  procurés,  et  j'en  ai  extrait  tout  ce  qui  concerne 
THôtel-Dieu...  Les  Malingre,  les  Lamarre,  les  Félibien, 
les  Sauvai,  les  Lebeuf,  les  Piganiol,  les  Jaillot  m'ont 
fourni  seuls  tous  les  faits,  toutes  les  ordonnances,  tous 
les  titres  et  tous  les  règlemens  dont  j'offre  une  suite 
chronologique  depuis  660  jusqu'en  1787...  Je  ne  parle 
point  des  archives  de  T Hôtel-Dieu,  je  ne  les  ai  point 
consultées  (i)  :  je  le  devois,  je  le  désirois  beaucoup:  mais 
MM.  les  Commissaires  de  l'Académie  des  sciences  ont 
eu  besoin,  pour  leur  travail,  de  renseignemens  bien 
moins  essentiels  que   ceux   d'une  communication  d'ar- 


(i)  Toutefois  Ruiidonneau  a  pu  a  voir  connaissance  des  différenis  «  Kiats  au  vrai  "del'H.-D., 
qu'il  a  succinctement  analysés:  celui  de  i6.)o  à  la  bibl.  Mazarine,  celui  de  i(53i  à  la  bibl.  des 
l'éres  de  la  Doctrine  chrétienne,  celui  de  i6()3  à  la  bibl.  du  Roi,  avec  beaucoup  d'autres 
pièces  intéressantes  concernant  l'II.-D.  dans  un  portefeuille  qui  est  étiqueté,  dit-il  (p.  121), 

..hôpitaux  de  Paris  ... 


Il  I,  HOTF.L-DIKf    AT-    XVII"'    ET    AU    XVIII"    SIECLE 

chivcs  :  ils  les  ont  demandés,  et  n'ont  rien  obtenu.  » 
C'est  en  ces  termes  que  Rondonneau  de  La  Motte 
indique  les  sources  de  son  Essai  historique  sur  l'Hôtel- 
Dicu  de  Paris,  paru  en  1787,  «  chez  Tauteur,  à  T Hôtel 
de  Noailles,  rue  Saint-Honoré,  près  la  place  Vendôme, 
chez  Nyon  Taîné,  libraire,  rue  du  Jardinet,  et  chez  tous 
les  libraires  qui  vendent  des  nouveautés  ». 

La  démolition  partielle  de  THôtel-Dieu  venait  d'être 
décidée,  ainsi  que  sa  reconstruction,  et  Rondonneau,  en 
dédiant  son  livre  à  tous  les  «  citoyens  qui  ont  souscrit  en 
faveur  des  quatre  nouveaux  hôpitaux  «  (i),  pensait  que 
la  circonstance  était  favorable  pour  présenter  au  public 
l'histoire  «  d'un  hôpital  célèbre  par  son  ancienneté,  par 
les  bienfaiteurs  illustres  qui  ont  accru  à  la  fois  ses  bâ- 
timens  et  ses  revenus,  par  le  zèle  et  la  charité  sans 
bornes  avec  lesquels  on  y  a  toujours  accueilli  et  traité 
également  le  citoyen  et  l'étranger,  le  chrétien  et  le  turc, 
le  juif  et  l'idolâtre,  de  quelque  sexe  et  condition  qu'il  fût  ; 
par  la  sagesse  des  règlemens  qui  l'ont  rendu  florissant  ; 
par  les  malheurs  qu'il  a  essuyés  ;  enfin  par  les  circons- 
tances qui  se  sont  réunies  depuis  cinquante  ans,  pour 
faire  réclamer  à  bon  droit,  du  gouvernement,  son  dépla- 
cement et  sa  reconstruction  ». 

Mais  il  ne  se  faisait  pas  lui-même  illusion  sur  les 
lacunes  que  pouvait  contenir  son  «  Essai  »,  puisque 
les  archives  de  l' Hôtel-Dieu  ne  s'étaient  point  ouvertes 
pour  lui,/  pas  plus  que  pour  Tenon  ;  nous  pouvons  encore 
mieux  juger  que  lui  de  l'insuffisance  de  son  œuvre,  essen- 
tiellement de  circonstance  (2),  et  sur  laquelle  il  est  inu- 


(1)  Il  don  ne  lui-môme  à  la  suite  de  son  épître  dédicatoire  les  3  premières  listes  des  sous- 
cripteurs qui  ont  versé  lo.ooo  livres  et  au-dessus,  et  dont  les  noms  devaient  être  inscrits 
sur  quatre  tables  de  bronze,  à  l'entrée  de  chacun  des  quatre  hôpitaux  projetés. 

(2)  Lapprobalion,  datée  du  23  avril  1787,  et  donnée  par  ordre  de  monseigneur  le  garde 
des  sceaux,  indique  que  cet  ouvrage  est  «  exécuté  de  manière  propre  à  faire  naître  dans  le 
cœur  des  citoyens  le  désir  de  concourir  au  bien  d'un  établissement  si  uiile  à  riiumanité». 
Il  se  termine  par  une  lettre  d'un  philanilirope  à  l'auteur,  «sur  quelques  nouvelles  ressources 
que  la  bienfaisance  nationale  peut  offrir  au  gouvernement  pour  la  construction  et  l'ameu- 
blement des  quatre  hôpitaux  »,  en  particulier  le  projet  d'un  ouvrage  périodique  intitulé  : 
"Annales  de  la  bienfaisance»  ou  «Journal  des  âmes  sensibles  ». 


tile  d'insister  :  c'est  une  compilation  d'historiens,  qui  ne 
font  eux-mêmes  que  se  répéter  les  uns  les  autres,  et  qui 
sont  à  peu  près  négligeables  pour  nous. 

Plus  heureux  que  Rondonneau,  nous  avons  main- 
tenant à  notre  disposition  la  magnifique  collection  des 
archives  de  THôtel-Dieu,  qui  seule  pouvait  permettre 
d'en  écrire  l'histoire.  Le  temps  a  déjà  fait  son  œuvre 
de  destruction,  et  les  liasses,  les  registres  tenus  et 
dissimulés  avec  tant  de  soins  ne  sont  plus  intacts.  Du 
moins  ce  qu'il  en  reste  présente  un  ensemble  assez  vaste 
pour  qu'il  soit  permis,  sans  trop  de  lacunes,  de  recons- 
tituer la  vie  de  cet  établissement  qui  tient  une  place 
si  importante  dans  le  Paris  de  l'ancien  régime.  De 
plus,  le  recul  du  temps  permet  aujourd'hui  d'en  juger 
sans  passion,  comme  sans  réticences,  l'administration 
et  son    fonctionnement. 

C'est  ce  qu'a  fait,  pour  la  période  du  moyen  âge, 
M.  Coyecque,  dans  les  deux  volumes  parus  en  i8gi 
dans  la  Collection  des  Mémoires  dé  la  Société  de 
l'Histoire  de  Paris.  Son  Histoire  de  V Hôtel-Dieu  au 
moyen  âge,  suivie  de  publications  de  documents  pour 
la  période  comprise  entre  i3i6  et  i552,  comprend 
une  époque  bien  distincte  dans  l'histoire  du  grand 
hôpital  parisien  ;  l'érudition,  la  clarté  de  cette  étude, 
que  l'on  peut  considérer  comme  définitive,  interdisait 
d'y  revenir.  Restait  à  entreprendre  pour  l'ancien 
régime,  c'est-à-dire  plus  spécialement  pour  les  xvii"  et 
xviii"  siècles,  ce  que  M.  Coyecque  avait  fait  pour  la 
période  antérieure.  Aussi  bien  diverses  études  frag- 
mentaires ou  publications  de  textes  ont  été  entreprises 
concernant  cette  période,  mais  l'intérêt  qu'elles  pré- 
sentent ne  faisait  que  plus  vivement  sentir  l'absence 
de  tout  travail  d'ensemble.  Malgré  les  deux  volumes 
d'extraits  des  i6i  registres  des  délibérations  du  Bureau 
de  THôtel-Dieu  de  i  53i  à  1792,  publiés  par  Brièle  dans 
la  Collection  des  documents  pour  servir  à  l'histoire  des 


i.'hotkl-dif.i;  au  xvii'^  kt  au  xvni''  siixle 


hôpitaux  de  Paris  (i)  (t.  ï  et  II,  i88i-i883)  ;  malo-ré  les 
extraits  puises  dans  la  collection  des  25o  cartons  des  dons 
et  lei^s,  qui  forment  presque  en  entier  le  tome  IV  des 
documents  précités  ;  maloré  les  Notes  sur  l'ancien 
Hôtel-Dieu  de  Paris  relatives  à  la  lutte  des  adminis- 
trateurs laïques  contre  le  pouvoir  spirituel  et  aux  abus 
et  désordres  commis  par  les  religieuses  et  les  chapelains 
de  i5o5  à  i-jSg  (2),  publiées  par  A.  Rousselet  en  1888, 
et  extraites  des  liasses  en  ^rrande  partie,  malgré  Touvrage 
intitulé  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  et  les  sœurs  augustines 
(65o  à  1810)  de  A.  Chevalier  (3),  écrivant  surtout  pour 
glorifier  les  sœurs  du  temps  passé,  alors  que  le  précédent 
auteur  était  préoccupé  d'en  rechercher  les  tares,  l'his- 
toire de  r Hôtel- Dieu  restait  à  écrire,  et  nous  Favons 
tenté. 

11  n'y  a  pas  lieu  d'insister  longuement  sur  les  sources 
utilisées.  L' Inventaire-Sommaire,  publié  par  Brièle, 
de  1881  à  1886  (4),  et  le  Récolement  des  archives  histo- 
riques des  hospices,  et  hôpitaux  de  Paris  (5)  renseignent 
utilement,  malgré  les  quelques  lacunes  qui  s'y  rencontrent, 
sur  ce  que  les  archives  de  l'Assistance  publique  possèdent 
concernant  THôtel-Dieu  (6).  Ajoutons-y  le  fonds  nouveau 
qui  est  venu  récemment  compléter  cet  ensemble  (7),  qui 
a  été  notre  véritable  champ  d'exploration. 


(1)  C'est  à  bon  droit  que  M.  Coyecque  regrette  qu'à  cette  publication  fragmentaire,  d'une 
utilité  trop  restreinte,  on  n'ait  pas  préféré  l'établissement  d'une  table  générale  des  matières 
des  noms  de  personnes  et  des  noms  de  lieux  contenus  dans  ces  161  registres  (o.  c,  p.  7). 

(:)  Paris,  18H8,  \n-A'.  I»ublication  du  Progrès  médical,  232  p.,  avec  préface  du  D"'  Bour- 
ncville.  II  s'agit,  dit,  dans  sa  préface,  l'auteur  qui  s'est  borné  à  recueillir  des  citations  liabi- 
lement  choisies,  «  de  fournir  des  arguments  à  tous  ceux  qui,  comme  nous,  voudraient  voir 
tous  les  établissements  hospitaliers  de  France  enlevés  aux  religieuses  et  confiés  à  des  la'ïques. 
Nous  espérons  que  ces  notes  ouvriront  les  yeux  aux  ennemis  de  la  laïcisation,  celle  œuvre 
philantliropiquc  et  éminemment  républicaine»  (p.  xxxii). 

(3)  Paris,  Champion,  Hioi,   in-8»,  353  p. 

(t)  La  publication,  entreprise  en  1866,  chez  P.  Dupont,  était  achevée  en  1S71,  mais  fut 
anéantie  à  cette  époque  avec  une  partie  des  archives.  La  réimpression  eut  lieu  en  1881  pour 
le  t.  L  en  1884  et  1886  pour  les  2  autres  tomes. 

(?)  Paris.  1876,  1*10  p.  Réimprimé  en  annexe  au  rapport  65  du  Conseil  municipal  (igoS). 

((",)  Sur  les  arch.  de  l'A.  P.,  voy,.  H.  Bordier  et  L.  Brièle,  les  Arcli.  hospitalières  de  Paris- 
Paris,  1877.  in-8»,  et  bibi.  de  IKcole  des  Chartes,  XXXIL  223-225. 

(71  .\.  Mesureur  et  Fosseyeux,  les  Arcli.  de  l'A.  P.,  Luc  Addition  au  fonds  de  l'H.-D.  : 
Paris,  j<)(>5,  in-8«. 


Les  ditTércnts  autres  dépôts  publics  contiennent  éga- 
lement un  certain  nombre  de  manuscrits  et  de  pièces  sur 
riIôtel-Dieu.  Nous  en  avons  établi  la  liste  aussi  complète 
que  possible.  Ces  pièces  ont  été  pour  nous  un  contrôle 
plutôt  qu'un  enseignement  ;  car  la  plupart  nous  étaient 
déjà  connues  par  le  fonds  de  l'Assistance  publique,  dont 
elles  forment  des  «  doubles  »,  des  «  expéditions  » 

On  verra  que  nous  avons  volontairement  limité  notre 
sujet  à  la  période  qui  commence  vers  1610  environ,  pour 
finir  à  1789.  Nous  n'avons  pas  cru  devoir  empiéter  sur 
répoque  révolutionnaire  qui  forme  une  phase  critique  de 
riiistoire  hospitalière,  et  qui  à  elle  seule  mériterait  une 
étude  particulière.  D'autre  part,  si  au  début  de  quelques 
chapitres  nous  avons  cru  devoir  remonter  à  une  date  an- 
térieure à  16 10,  c'est  qu'il  nous  fallait,  pour  l'explication 
des  faits,  renouer  le  passé  au  préseni.  Enfin,  nous  avons 
laissé  de  côté  l'histoire  des  Incurables,  bien  que  son 
administration  ne  fût  qu'un  rameau  détaché  de  celle  de 
l'Hôtel-Dieu,  parce  qu'elle  nous  eût  entraîné  trop  loin  et 
qu'elle  a  fait  déjà  l'objet  de  publications  sérieuses,  mais 
incomplètes  (i). 

Il  n'en  était  pas  de  même  de  Saint-Louis  que  nous  ne 
pouvions,  sous  peine  de  lacune  grave,  détacher  de  notre 
sujet  pour  la  période  qui  nous  occupait,  et  qui,  d'ailleurs, 
à  tous  points  de  vue,  faisait  partie  intégrante  de  THôtel- 
Dieu.  Telle  que  nous  l'avons  ainsi  restreinte,  notre  étude 
présentait  encore  assez  d'ampleur  et  de  variété  pour 
former  un  chapitre  vivant  et  pittoresque  de  la  vie  pari- 
sienne de  Tancien  régime. 

Nous  tenons  en  terminant  à  adresser  nos  remercie- 
ments à  M.  G.  Mesureur,  directeur  général  de  l'admi- 
nistration de  l'Assistance  publique,  dont  la  sollicitude 
éclairée  pour  les  lettres  nous  a  été  un  précieux  cncoura- 


(1)  11.  Feulaid,  IHûpiUrl  Laciincc,  ancien  /loairicc  des  Incurables  {lô^^-t^^-i)  :  l':'"''*'. 
iS8^,  in-4%  107  p.—  L.  Bricle,  De  rOriffine  Jr  /7/'-r/,-.-  Av  hunrjh!.->:  l-r.  Joulcl  Je 
Cliàtillon;  Paris,  in-8",  i883,  72  p. 


L  HOTKL-niKf    AU    WII*    ET    AU    XYIIl''    SIKCLK 


gemcnt,àM.  André  Mesureur,  archiviste  de  l'adminis- 
tration de  TAssistance  publique,  qui  n'a  cessé  de  nous 
donner  les  conseils  d'un  ami,  à  MM.  Hayet,  directeur 
de  l'Ecole  d'Alembert,  Flo^ny  et  David  qui,  en  relisant 
nos  épreuves,  nous  ont  fait  profiler  de  leur  expérience  et 
de  leur  savoir. 

M.    FOSSEYEUX 


BIBLIOGRAPHIE 


MANUSCRITS 


ARCHIVES     DE     L'ASSISTANCE     PUBLIQUE 

Les  Archives  de  l'Assistance  publique  ont  été  la  principale  source  de  notre 
travail. 

Pour  les  xvir  et  xv!!!"  siècles,  les  deux  grandes  collections  les  plus  impor- 
tantes concernant  l'H.-D.  sont  celles  des  cartons  de  dons  et  legs  et  des  registres 
de  délibérations.  Nous  renvoyons,  pour  leur  inventaire,  aux  ouvrages  suivants  : 

L.  Brièle,  Inventaire-Sommaire  des  Archives  de  l'Assistance  publique 
(t.  I  et  II,  H.-D.)  ;  Paris,  i-  éd.  18G9-1870,  2"  éd.  18S2-1884,  in-4». 

L.  Brièle,  Documents  pour  servir  à  l'histoire  des  hôpitaux  de  Pai-is;  Paris, 
Impr.  nat.,  4  vol.,  i88i-i885  (i). 

L.  Brièle,  Récolement  des  Archives  historiques  de  l'Assistance  publique  qui 
ont  échappé  à  l'incendie  de  mai  1871,  dressé  en  1876.  (Ce  récolement  a  été 
reproduit  in  extenso  en  annexe  au  Rapport  65  du  Conseil  municipal,  session 
de  igo3.) 

A.  BoiNET,  Catalogue  des  manusci-its  des  Archives  de  l'Assistance  publique  ; 
Paris,  190g,  in-8.  (Public,  du  min.  de  l'instr.  publ.) 

A.  Mesureur  et  M.  Fosseveux,  Une  Addition  au  fonds  de  l'Hôtcl-Dicu  ; 
Paris,  1905,  in-8». 

M.  Fosseveux,  Accroissement  des  séries  des  Archives  de  l'Assistance 
publique  (1902-1912);  Paris,  in-8''  (sous  presse). 


ARCHIVES     NATIONALES 

série   B 

B-  marine  220,  n°  5 10.  Dépêche  de  la  marine  sur  l'escorte  des  barques 
chargées  de  blé  pour  l'H.-D.  (1710). 

B3  marine  140,  fol.  52-53.  Mémoire  des  administrateurs  à  Pontchartrain, 
au  sujet  d'une  somme  de  10.000  1.  placée  à  la  «  grosse  aventure  »  sur  3  na- 
vires :  le  Maurepas,  la  Toison,  le  Saint-Louis,  et  due  par  la  Compagnie  des 
Indes  (1710). 


(Il  Ces  volumes  reproduisent  un  choix,  malheureusement  arbitraire,  des  délibérations 
du  liurcau  de  IH.-D.  de  i53i  à  1790  (t.  I  et  11),  des  extraits  de  la  collection  des  compte» 
(i364-i599)  (t.  III),  des  extraits  de  la  collection  des  dons  et  legs,  .wir-wiii»  s.  (t.  IV). 

II 


l'hOTF.L-DIEI-    au    XVI  le    ET    AU    XVIIle    SIF.CLE 


ShRIE     E.  —  CONSEIL   DES    FINANCES    ET   CONSEIL   D  ETAT 

E  9040,  n«  174.  Arrct  du  27  nov.  1717  accordant  pour  les  provisions 
de  l'H.-D.  un  1/2  muid  de  franc-salé  en  supplément  de  la  provision  habi- 
tuelle. 

E  <i''i4»,  n-  3.  Arrêt  du  i"  fcvr.  1723  accordant  à  l'H.-D.  la  franchise  du 
péage  de  l'a  Tour  de  Ban  sur  le  Rhône,  pour  184  pièces  voiturées  en  1720. 

É  9<io*,  n-  3«_).  Arrêt  du  29  mars  1723  accordant  à  l'H.-D.  la  franchise  pour 
400  muids  de  vin  en  sus  des  800  muids  ordinaires. 

E  1053»,  n*  73.  Arrêt  du  17  janv.  1730  (eaux  et  forêts)  ordonnant  la  mise 
du  quart  de  réserve  dans  un  canton  de  bois  appartenant  à  l'H.-D.  dans  le 
ressort  de  la  maîtrise  de  Sainte-.Menehould  (baronnie  du  Thour)  et  le  règle- 
ment en  surplus  en  coupes  à  l'âge  de  25  ans;—  n»  jb,  arrêt  du  17  janv.  1730 
ordonnant  la  mise  du  quart  en  réserve  et  le  règlement  des  coupes  de  25  ans 
dans  les  bois  de  l'H.-D.  situés  dans  le  ressort  de  la  maîtrise  de  Clermont 
en  Beauvoisis  (Charmont,  le  Bellay,  etc.);  —  n»  80,  arrêt  du  17  janv.  1730 
ordonnant  le  règlement  des  coupes  de  bois  dépendant  de  l'H.-D.  situés  dans 
la  maîtrise  de  Lion  en  Normandie,  à  l'âge  de  25  ans; —  arrêt  du  17  janv. 
1730  ordonnant  le  quart  en  réserve,  le  règlement  d'une  coupe  de  bois  de 
25  ans,  et  permettant  la  coupe  de  62  chênes  dépérissants,  dans  le  dépar- 
tement de  Blois  et  Berry. 

E  10571^,  n»  i33.  Arrêt  de  la  Cour  des  aides  du  23  mai  1730  déchargeant 
l'H.-D.  des  droits  du  pont  de  Joigny  et  d'entrée  à  Paris  de  400  muids  de  vin, 
outre  les  800  muids  habituels  pour  1728-1730. 

E  io59T>,  n"  160.  Arrêt  du  25  juill.  1730  déchargeant  TH.-D.  des  droits  du 
pont  de  Joigny  et  d'entrée  à  Paris  de  400  muids  de  vin,  outre  les  800  muids, 
pour  l'année  1729-1730. 

E  1078s  n"  r5.  Arrêt  du  5  févr.  1732  déchargeant  l'H.-D.  des  droits 
d'entrée  de  400  muids  de  vin  pour  l'année  1730-1731. 

E  1082,  n'  i3.  Arrêt  du  6  mai  1732  déchargeant  l'H.-D.  des  droits  du  pont 
de  Joigny  et  d'entrée  de  Paris  de  400  muids  pour  l'année  1 731-1732. 

E  1090-*,  n"  20.  Arrêt  du  3  février  1733.  —  Id.,  pour  l'année  1732-1733. 

E  1681B,  n"  II.  Arrêt  du  12  septembre  1790  confirmant  la  réserve  faite 
dans  le  bois  de  la  baronnie  du  Thour  et  permettant  d'exploiter  à  mesure  jJes 
des  coupes  ordinaires  les  arbres  anciens. 

E  1876,  25  août  1693.  Rejet  d'une  opposition  des  administrateurs  de 
l'H.-D.  et  de  IHôp.  gén.  contre  le  brevet  et  les  lettres  patentes  de  déc.  1691 
faisant  don  et  remise  d'une  somme  de  20.000  livres  empruntée  sur  les  deniers 
du  Consistoire  de  Charenton  par  feu  sieur  prince  de  Tarente,  par  obligation 
du  i5  nov.  16Ô7,  passée  au  profit  de  M'  Charles  Soulet,  avocat,  suivant  la 
requête  présentée  par  Ch.  duc  .de  la  Trémouille,  prince  de  Tarente  et  de 
Talmont,  pair  de  France,  et  appartenant  à  S.  M.  en  vertu  de  l'éditd'oct.  iG85 
portant  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 

E  1887,  i"' août  1694.  Arrêt  levant  la  surséance  portée  par  les  lettres  d'Etat 
obtenues  et  à  obtenir  par  le  C'°  de  Marans  contre  les  administrateurs  de 
l'H.-D.  en  vertu  de  la  déclaration  du  23  mars  1680. 

S:iRIE     F. —   ADMINISTRATION   GÉNÉRALE  DE    LA  FRANCE 

Procès-verbaux  du  Conseil  de  commerce. —  F<2  85,  p.  124,  28  févr.  1738. 
Mémoire  des  administrateurs  de  l'H.-D.  demandant  la  permission  de  tirer 
d'.\nglctcrre,  en  exemption  de  droits,  du  plomb  et  de  l'étain  pour  la  recons- 


BIBLIOGRAPHIE  IX 

truction  Je  cet  hôpital  récemment  incendié.  Examen  de  la  question  desav-.ir 
s'il  convient  de  permettre  en  général  l'eiUiée  du  plomb  et  de  l'étain  venant 
d'Angleterre.  (L'inventaire  anal3'tique  des  procès-verbaux  du  Conseil  de 
commerce  (1700-1791)  a  été  dressé  par  P.  Bonnassieux,  igoo,  in-4".) 

F'"'  i3S.  Contient  diflcrents  mémoires  envoyés  à  Turgot  en  1774  et  1775  pour 
la  réforme  des  hôpitaux,  et  principalement  de  l'H.-D. 

F'"'  243.  États- de  situation  de  la  caisse  des  hôpitaux  (1789-1790). 

Fis  245.  Contient  quelques  pièces  concernant  l'H.-D.  :  demande  de  location 
d'une  boutique  se  trouvant  dans  les  nouveaux  bâtiments  à  l'encoignure  du 
pont  et  de  la  rue  de  la  Bùcherie  (1781);  demande  de  fourniture  de  lits  (1781)  ; 
demande  d'entreprise  de  travaux,  etc. 

Fu.  397.  Ne  concerne  pas  spécialement  l'H.-D.,  mais  on  y  trouve  l'état  des 
sommes  payées  sur  le  Trésor  royal  aux  maisons  religieuses  pour  leur  tenir  lieu 
des  droits  d'entrée  sur  les  vins,  d'après  l'arrêt  du  3  juin  1788  (l'M.-D.  y  figure 
pour  une  somme  de  212.000  1.) 

Fi''  1956.  Travaux  de  reconstruction  de  l'Il.-D.  (17S3-1788). 

SKRIE    G.  —   .\DMINISTRATIOXS  FINANCIÈRES 

Papiers  dit  contrôle  général. —  G-"  440.  Dossier  concernant  les  droits 
d'entrée.  Tableaux  donnant  la  consommation  de  l'H.-D.  et  des  Incurables  en 
bœufs,  moutons,  veaux,  de  1708  à  171 3,  et  pendant  les  6  premiers  mois 
de  1714. 

SÉRIE    H.  —  ADMINISTRATION   PROVINCIALE 

Délibérations  du  Bureau  de  la  Ville  de  Paris,  etc.— H-  1778-1880.  Outre  la 
collection  des  registres  de  délibérations  de  la  Ville  de  Paris  C1499-1784) 
(H'-  1 778-1 880),  en  cours  de  publication  sous  les  auspices  du  service  des  travaux 
historiques  de  la  N'ille  de  Paris,  il  existe  aux  Archives  nationales  un  carton  de 
copies  de  diverses  délibérations  concernant  les  hôpitaux  et  hospices  au  xvii"  et 
xviii»  s.  parmi  lesquelles  les  suivantes  concernant  l'H.-D    : 

Hi  1452.  Ce  carton  contient  un  dossier  concernant  l'H.-D.  (1772-1789), 
notamment  des  mémoires  et  projets  sur  la  reconstruction  de  l'hôpital 
après  l'incendie  de  1772,  des  plans  de  reconstruction  à  St-Louis,  aux  Capucins 
du  faubourg  St-Jacques,  et  d'agrandissement  sur  l'emplacement  actuel,  un  plan 
de  ril.-D.  au  moment  de  l'incendie,  une  proposition"  du  s'  Frenard  sur  un 
nouvel  emplacement  à  donner  à  l'H.-D.,  la  minute  d'un  plan  de  réforme 
(avril  1778),  une  copie  des  protestations  du  Bureau  contre  l'établissement  d'une 
caserne  dans  les  locaux  des  archives  (178g), 

H2  1964(1601-1786).  Hôpitaux  et  établissements  de  bienfaisance; 

Demandes  d'autorisations  de  pardons  adressées  par  le  prévôt  des  marchands 
au  St-Siège  (14  août  1601,  9  août  1616,  10  décembre  1629); 

Présentation  au  Parlement  d'aministrateurs  de  l'H.-D.  (1654-1786); 

Mandement  de  l'archevêque  de  Paris  au  sujet  de  l'incendie  de  1772,  et  arrêt 
du  Parlement  ordonnant  des  quêtes  en  faveur  de  l'H.-D.  (1772); 

Lettres  de  Terray  au  prévôt  des  marchands  et  de  Morat,  directeur  des 
pompçs. 

(Les  autres  pièces  concernent  le  St-Esprit,  la  Charité,  les  Haudriettes,  l'hos- 
pice de  M™»  Necker,  etc.;  l'administration  provinciale;  mélanges;  atîairesdiverses.) 

IF'  3663'^.  Comptes  1457-1458. 

H^  3664*.  Comptes  1465-1466. 

IP  3665*.  Comptes  1492. 

H^  3666*.  Comptes  i495-i5o5. 


I.'hOTKL-DIKU    au    XVII<=    KT    au    XVIII"    SIECLE 


(Nous  n'indiquons  que  pour  mémoire  ces  comptes  qui  ne  se  rapportent  pas 
à  la  période  que  nous  étudions.) 

SIÎBIE    K.  —  MONUMENTS    HISTORIQUES 

Copies  de  Charles.—  K  179,  liasse  22.  i3  pièces  sur  l'H.-D. 

K  180,  liasse  3.   i3  pièces  sur  l'H.-D. 

K   182,  liasse  i.  26  pièces  sur  l'H.-D. 

Mlle  de  Paris.—  K  953.  Deux  sentences  de  la  prévôté  de  Paris  en  faveur 
de  l'H.-D.  contre  des  propriétaires  de  maisons  rue  de  la  Mortellerie  chargées  de 
cens  et  redevances  envers  l'H.-D.  (i526). 

K  9(34.  Arrêt  pour  faire  payer  des  sommes  dues  à  l'H.-D.  (i536). 

Saint-Germain-des-Prés.—  K  1024,  I  à  V.  109  pièces  concernant  l'H.-D.,  puis 
diverses  pièces  concernant  l'Hôpital  général,  les  Incurables,  St-Jacques-aux-Pèle  - 
rins. 

Statut  imprimé  du  Chapitre  de  l'Eglise  de  Paris  donnant  à  l'H.-D.  les 
lits  des  chanoines  (1168)  avec  divers  arrêts  du  Parlement  (Le  Prest.,  1681). 
Liste  d'administrateurs. 

Extrait  des  registres  des  cnsaisinemcnts  de  l'abbaye  de  St-Germain-des-Prés, 
de  l'année  1671. 

Vente  d'une  pièce  de  terre  à  l'hôpital  des  Incurables  par  la  famille  de  La 
Baroullicre  (1657). 

États  au  vray...  de  IM.-D.  Impr.,  xvii"  s. 

Contrats,  expéditions  de  quittances  et  transactions  concernant  les  droits 
d'indemnité  dus  par  l'H.-D.  à  l'abbaye  (xvii»  s.)  et  acquisitions  faites  par  l'H.-D. 
dans  la  censivc  de  St-Germain-des-Prés. 

Arpentage  des  terres  du  Grand-Pressoir  (1735). 

Rapport  des  commissaires  de  l'Académie  des  sciences  sur  le  projet  d'un 
nouvel  H.-D.  (1783). 

SÉRIE     L.  —  MONUMENTS   ECCLÉSIASTIQUES 

Chapitre  (Archevêché).—  L  Sgo  à  SgS  (olim  532  à  537). 

L  590,  I  3  20.  Fondations,  originaux  (1122  à  1480);—  22  à  26,  inventaires 
d'objets  et  biens  des  religieuses  (1498-1522); —  27,  extrait  des  registres  capi- 
tulaircs  de  Notre-Dame  touchant  l'H.-D.  du  8  sept.  i326  au  7  août  1695  ; 
41  cahiers  in-4"'  sans  pagination  (manquent  les  n"  28,  29,  3o).  A  la  fin  se 
trouve  copie  d'un  mémoire  pour  le  Chapitre  de  Paris  touchant  sa  juridiction 
spirituelle;  copie  d'un  cahier  écrit  de  la  main  de  Cl.  Joly,  chantre  de 
Notre-Dame  ;  —  28  à  29,  arrêts  du  Parlement  (i5o5-i696);  —  36,  «état  au 
vrai  »  de  i663,  i  broch; —  37  à  39,  mémoire  sur  la  maladie  qui  a  attaqué  les 
femmes  en  couches  (1782)  avec  extrait  des  registres  des  délibérations  des 
6  mars  et  3o  avril  1782. 

L  591,  I  à  5i  (1373  à  1754).  DitVércnts  arrêts,  édits  et  extraits  de  délibéra- 
tions capitulaires  (86  pièces). 

L  592,  I  à  42  (i38  pièces).  Procès  criminels  faits  par  le  bailli  du 
Chapitre  (i5i5-i634);  sentences  et  informations,  avec  de  curieux  certificats 
médicaux. 

L  593,  I  à  5i.  Rentes  dues  au  Chapitre  de  Notre-Dame  sur  diverses  maisons 
à  Paris  (xvu'  et  xviu»  s.).  Exemption  du  droit  de  passage  de  Messieurs  du  Cha- 
pitre sur  le  pont  de  l'H.-D.  Statut  du  Chapitre  et  arrêts  concernant  les  lits  de 
chanoines  décédés.  Mémoire  établissant  les  droits  de  juridiction  spirituelle  du 
Chapitre  sur  l'il.-D.  et  sur  St-Louis  (25  juill.  1773).  Pièces  concernant  une 
femme  qui  aurait  recouvré  la  vue  et  ce  prétendu  miracle  (i653). 


BIBLIOGRAPHIR 


L  594,  I  à  3i.  Informations  el  procès  (42  pièces)  (1497-1595).  31-42.  Pièces 
concernant  les  chapelains  de  l'hôpital  St-Louis  (52  pièces)  (1739-175 1). 

L  595.  Procédure  et  arrêt  pour  M"  du  Chapitre  de  Notre-Dame,  seuls 
supérieurs  spirituels  de  l'H.-D.,  contre  le  curé  de  la  Madeleine,  qui  prétendait 
avoir  le  droit  d'exercer  les  fonctions  curiales  à  l'H.-D.  (1778-1782).  (Contient 
des  extraits  des  registres  du  Chapitre  de  Notre-Dame  touchant  l'H.-D., 
depuis    1260.) 

Ordres  monastiques. —  L  760.  Etat  des  gens  de  mainmorte  possédant  des 
biens  dans  la  censive  de  l'abbaye  de  St-Germain-des-Prés  (xviii»  s.)  l'H.-D.,  les 
Incurables. 

L  791,  n"  12.  3  pièces  sur  les  abords  de  l'H.-D.  (i553-i554). 

L  939.  Procès  entre  l'H.-D.  et  les  Chartreux  (1490)  qui  demandent 
décharge  des  dimes  sur  une  pièce  de  terre  à  Issy,  qu'ils  font  labourer  eux- 
mêmes  (1490). 

Chapitre  de  :Sotre-Dame  (Délibérations}.  —  LL  105-232*2.  Reg.  cap.  de 
1326  à  1790.  Un  dépouillement  des  délibérations  capitulaires  touchant  l'H.-D. 
a  été  fait  au  xvii°  s.  par  le  Chapitre  pour  justifier  ses  prétentions  à  la  juri- 
diction spirituelle  et  même  temporelle  de  l'H.-D.  Ce  recueil  est  conservé 
dans  le  carton  L  590,  cote  27.  Par  suite  de  la  disparition  déjà  ancienne  des 
cahiers  28,  29  et  3o,  il  ne  compte  plus  que  41  cahiers  de  6  feuillets  en  papier 
(o  m.  240  X  0  m.  170).  Le  dernier  extrait  est  daté  du  7  août  1695,  ce  qui 
indique  la  date  approximative  du  recueil.  (Voy.  ci-dessus). 

Le  6"  feuillet  du  cahier  43  et  le  cahier  44  comprennent  un  Mémoire  pour 
Messieurs  du  Chapitre  de  Paris  touchant  leur  juridiction  spirituelle  dansYH.-ï)., 
copie  d'un  cahier  écrit  de  la  main  de  M.  Joly,  chantre  et  chanoine  de  N.-D. 
de  Paris,  supérieur  de  l'H.-D.,  probablement  le  même  que  Cl.  Joly,  chanoine 
de  N.-D.  depuis  i63i,  élu  chantre  en  1671  et  qui  mourut  le  i5  janv.  1700(1). 

Un  nouveau  dépouillement  des  délibérations  du  Chapitre  de  N.-D.  relatives 
à  l'H.-D.,  a  été  entrepris  au  xix°  s.  par  M.  Coyecque,  pour  la  période  comprise 
entre  i326  et  iSSg,  et  porte  sur  37  registres,  LL  208-243  (anciennes  cotes); 
il  forme  le  2«  vol.  de  son  Histoire  de  Paris  au  moyen  âge ,  et  il  est  accom- 
pagné d'un  index. 

Il  serait  trop  long  de  donner  ici  le  dépouillement  complet  de  tous  les  regis- 
tres capitulaires  pour  le  xvir  et  le  xviii»  s.  En  voici  deux  à  titre  d'indication: 

LL  188.  Remplacement  de  Lesecq  par  Lavocat  (i635-i636)  comme  maître 
de  l'H.-D.,  fol.  9(19  janv.  i635)  ;  fol.  65,  visite  de  l'H.-D.,  i5  août  i635  ; 
fol.  89,  réception  de  filles  blanches;  fol.  i23,  élection  et  institution  d'une 
prieure  et  d'une  sous-prieure  ;  fol.  178^  supplique  des  religieuses  de  l'hôpital 
de  Montdidier,  chassées  par  l'invasion,  pour  être  reçues  à  l'H.-D.  (29  août  i636); 
fol.  194,  requête  des  religieuses  de  l'H.-D.  demandant  l'augmentation  de  leur 
nombre,  insérée  au  milieu  des  délib.  ;  fol.  21 5,  statuts  pour  les  professes 
(28déc.  i636). 

LL  198  (i65o-i65i),  fol.  72.  Projets  de  statuts  pour  les  religieuses 
(19  mars  i65o);  fol.  218,   désignation  de  chapelains  des  malades  (23  sept.  i65o). 

LL  267-268.  Il  existe  sous  cette  cote  un  répertoire  dressé  vers  1750  par 
Sarrasin,  archiviste  du  Chapitre  de  N.-D.,  des  extraits  des  registres  capitulaires 
concernant  l'H.-D.  (?). 

(1)  A.  Franklin,  les  Ane.  bibl.  de  Paris  (collect.  de  l'IIist.  gC-n.  de  Paris)  ;  Impr.  nat., 
1864-1873,  3  vol.  gr.  in-4°,  t.  I,  p.  32,  34. 

(2)  Un  inventaire  sommaire  de  cette  collect.  a  été  donné  par  M.  Grassoreilie,  dans  Bull, 
de  la  Soc.  de  l'Hist.  de  Paris  et  de  V Ile-de-France,  1881,  p.  169-173.  Voy.  aussi  sur  celle 
collect.unart.de  Léon  Le  Grand,  dans  /e  fî/f'//og-rj;:/;emoit'/-ne;sept.-déc.  1900,  p.  333-3;  1. 


l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    KT    AU    XVni«    SIIXLE 


Le  t.  1  va  de  i326à  lyôo  ;LL  267).  Le  t.  Il  de  lySo  à  1766  (LL  2CS).  Ordre 
alphabéiiquc  des  matières  (LL  269). 

Ces  extraits  sont  rarement  in  extenso,  mais  l'analyse  en  est  suffisamment 
explicite.  Ils  mentionnent  les  prises  de  voile,  les  élections  de  maître,  les 
visites  des  supérieurs,  les  différends  du  Chapitre  avec  les  autres  autorités,  etc. 
Ils  mentionnent  le  n"  des  registres  à  qui  sont  empruntés  les  délibérations  et 
procès-verbaux.  Des  analyses  marginales  en  facilitent  la  consultation. 

LL  385a.  Statuts  des  chapelains  de  l'Hôtel-Dieu  (1692)  (ms.  rel. ,  gr.  in-8«j 
190  p.).  —  Ce  manuscrit  est  divisé  en  3  livres: 

I»  Exercices  communs  à  tous  les  prêtres  et  chapelains,  tant  à  ceux  du 
chœur  qu'à  ceux  des  malades  ; 

2«  Service  divin  qui  se  chante  journellement  dans  l'Église  de  Paris; 

3'  Service  des  chapelains  des  malades. 

SIÎRIE     M.  —    ORDRES  MILITAIRES   ET    HOSPITALIERS 

Sorbonnc. —  M  74,  n°  5G,  22  avril  1664.  Acte  par  lequel  MM.  les  adminis- 
rateurs  de  l'H.-D.,  légataire  universel  de  M.  Le  Masle,  prieur  des  Roches,  re- 
connaissent que  MM.  delà  Sorbonne  leur  ont  cy-devant  mis  es  mains  une 
quittance  de  i.ooo  1.  qu'ils  ont  reçue  pour  les  quartiers  de  juill.  i653,  de  la 
rente  de  4.000  1.  donnée  et  transportée  par  ledit  prieur  des  Roches  à  la 
maison  de  la  Sorbonne  pour  demeurer  quitte  par  lesdits  s"  de  la  Sorbonne  des 
pareils  i.ooo  1.  qu'ils  avaient  reçus  pour  le  quartier  de  juill.  i652  qui  appar- 
tenait à  TH.-D.  suivant  la  sentence  de  l'Hôtel  de  Ville. 

Le  carton  M  -676,  renfermant  les  réponses  faites  à  la  commission  des 
réguliers,  et  les  états  fournis  au  contrôleur  général  dès  finances  en  vertu  delà 
déclaration  du  6  févr.  1764,  contient  les  réponses  des  Incurables,  de  l'Hôp. 
Saint-Jacques,  de  la  Charité,  mais  rien  sur  TH.-D. 

SÉRIE   O. —    SECRÉTARIAT    DE    LA    MAISON  DU    ROI 

O'*  24,  fol.  108-109.  Déclaration  portant  révocation  des  arrêts  des  surséances, 
lettres  d'estat,  de  repy,  en  faveur  de  l'H.-D.,  de  l'Hôp.  gén.  et  des  Enfants- 
Trouvés   (23  mars  1680). 

Oi*  28,  fol.  347,  409  v°.  Don  du  Petit-Châtelet  à  l'H.-D.  (18  sept.  1684;. 

O'*  34,  fol.  4,  99  V..  Lettres  patentes  de  janv.  1690  ef  3o  janv.  1690  sur 
l'administration  de  l'H.-D. 

O'*  43,  n»  48.  Autorisation  au  chirurgien  de  S.  A.  Royale  de  Savoie  de  rester 
2  mois  à  l'H.-D.  pour  se  perfectionner  aux  accouchements  (1699). 

Oi*  396.  Dépêche  du  27  févr.  1752  concernant  la  volaille  de  Carême  de 
l'H.-D.,  arrêtée  à  Rocquencourt,  près  Versailles. 

Oi*  4o3.  Dépêche  du  i3  juill.  1761,  fol.  325  v°.  Requête  des  administrateurs 
demandant  à  être  autorisés  à  acquérir  une  maison,  rue  de  la  Bùcherie,  du  prix 
de  8.000  livres  pour  en  employer  le  terrain  à  la  construction  de  nouvelles 
salles.— Dépêche  du  26  nov.  1761,  fol.  471  v°.  Requête  des  administrateurs 
demandant  à  être  autorisés  à  vendre  une  maison,  rue  Pavée,  paroisse  Saint- 
Aiidré-des-Arts,  pour  employer  le  prix  en  rentes. 

O'*  404,  2  avril  1762,  fol.  i3o  v».  Requête  des  administrateurs  demandant  à 
à  être  autorisés  à  faire  l'acquisition  d'une  maison,  rue  des  Brodeurs,  contiguë 
a  celle  des  Incurables,  laquelle  vient  d'être  adjugée  par  décret  forcé  pour 
7.500  livres. 

O'*  405,  27  août  17G3,  fol.  377.  Convention  faite  entre  les  administrateurs 


BIBLIOGRAPHIE  XIII 

de  l'H.  D.  et  les  maîtres  maçons  et  charpentiers  en  qualité  d'administrateurs 
de  la  Confrérie  de  St-Blaise  concernant  l'acquisition  du  terrain  et  emplacement 
de  la  chapelle  St-Blaise  et  de  2  maisons  contiguës,  le  tout  rue  Galande,  pour 
y  établir  un  hôpital  des  Convalescents,  et  contrat  entre  les  maîtres  maçons- 
charpentiers  et  les  religieuses  de  l'Assomption  à  l'effet  d'acquérir  une  chapelle 
et  une  maison  attenant,  rue  de  la  Mortellerie,  où  était  ci-devant  établi  leur 
monastère. 

01*407,  3o  mai  1765,  fol.  200  v.  Demande  des  administrateurs  de  l'H.-D. 
pour  être  autorisés  à  recevoir  tous  dons  et  legs  faits  ou  à  faire  au  profit  de  la 
maison  et  vendre  et  aliéner  tous  les  biens  qui  lui  seront  à  charge  ainsi  qu'à 
acquérir  à  sa  convenance. 

Oi  618.  Dossier  sur  le  droit  des  pauvres  perçu  à  l'Opéra  de  1776  à  1789. 
Pièces  sur  le  procès  de  i  760-1 762. 

Oi  845.  Dossier  sur  le  droit  des  pauvres  perçu  à  la  Comédie-Française  de 
169g  à  1778. 

Oi  1690.  Un  dossier  concernant  l'H.-D.  au  xviii"  s.(i740-i785)  et  compre- 
nant en  particulier  un  mémoire  de  Le  Jeune,  docteur  de  la  Société  royale  de 
Navarre,  ancien  curé  de  St^Laurent,  en  faveur  des  pauvres  malades  de  l'H.-D. 
(5  sept.  1748),  touchant  la  reconstruction  de  l'H.-D.  ;  un  projet  de  translation 
et  de  reconstruction  par  Poyet,  architecte  de  Mgr  le  baron  de  Breteuil  ;  la  récla- 
mation des  religieusesde  l'H.-D.  contre  les  projets  de  reconstruction  (4Juill.  1785). 

SÉRIE   P. —    REGISTRES    DE    LA    CHAMBRE    DES    COMPTES 

P  2307,  p.  699,  27  nov.  1544.  Continuation  de  l'octroi  d'une  somme  de 
687  1.  7  s.  1 1  d.  à  prendre  par  égales  portions,  à  la  Chandeleur,  l'Ascension 
et  la  Toussaint,  pour  l'approvisionnement,  sur  le  Trésor  public. 

P  2343,  p.  347,  4  juin.  î6o5.  Octroi  du  franc-salé;  droit  d'acheter  un  muid 
et  demi  de  sel  au  prix  marchand.  (Cf.  4  juill.  1484,  22  déc.  i5i8.) 

P  2344,  p.  195,  5  mai  1607.  Octroi  de  10  s.  sur  chaque  muid  de  vin,  pour 
la  construction  de  l'hôp.  St-Louis. 

P  2347,  p.  273.  Octroi  à  perpétuité  de  5  s.  sur  chaque  minot  de  sel 
(3o  août  i6[3). 

P  2371,  p.  409,  juill.  164G.  Confirmation  de  privilèges. 

P  2390,  p.  85 1.  Lettres  pat.  mai  1690.  Capitaux  de  l'H.-D.  et  des  Incu- 
rables, permission  de  vente  d'immeubles  jusqu'à  concurrence  de  1.200.000  1. 
pour  l'H.-O.  et  800.000  1.  pour  les  Incurables,  avec  décharge  de  la  taxe  du 
8°  denier. 

P  2412,  p.  859.  Lettres  pat.,  3o  juin  1709,  portant  permission  de  faire 
entrer  sans  payer  aucun  droit  2oomuidsdc  vin,  2  pipes  d'eau-de-vie  et  i  minot 
de  sel,  en  plus  des  quantités  habituelles. 

P  2413,  p.  37,  7  janv.  17 10.  Permission  de  vente  d'immeubles,  avec  décharge 
de  droits,  jusqu'à  concurrence  de  800.000  1. 

P  2-414,  p.  i3r7,  4  déc.  1712.  Lettres  pat.  accordant  décharge  de  tous 
droits  d'entrée  pour  4  pipes  d'eau-de-vie  et  un  quart  d'esprit-de-vin. 

P  2417,  p.  363.  Lettres  pat.  d'avril  171 5  accordant  à  l'H.-D.  une 
indemnité  de  8.000  1.  à  payer  parles  fermiers  du  pied  fourché  pour  tenir  lieu 
du  droit  d'exemption  d'entrée  des  bestiaux. 

P  2420,  p.  1097,  22  juin  1720.  Rappel  de  privilèges  antérieurs. 

SÉRIE    Q. —    TERRIER    DU    ROI 

Qi*  1099I-2.  Censive  de  Paris,  passim.  Mention  de  maisons  appartenant  à 
l'H.-D.  situées  dans  la  censive  rovale. 


i/mOTHL-DIEI-    au    XVII''    KT    AT    WU\<^    SIECLE 


Qi*  1099-^*.  Fiefs  appartenant  aux  gens  de  mainmorte,  fol.  65  v%  H.-D. 
Déclaration  du  27  févr.  1G60.  Sentence  du  9  avril  1672. 

SÉRIE    S. —    DIKNS    DES    CORPORATIONS    SUPPRIMEES 

Domaine  ecclésiastique,  Cliapitre,  etc.—  S  i.  Maisons  du  Chapitre  Notre- 
Dame  adossées  à  IH.-D.  (xin'-xviir  s.). 

S  q.  Échange  avec  le  chapitre  Notre-Dame  de  maisons  rues  de  la  Bûcherie, 
Cocatrix  et  de  Perpignan  ;  plan  {1764). 

S  3o.  Vente  au  chapitre  St-Germain  de  partie  du  cimetière  des  Innocents 
pour  l'élargissement  de  la  rue  de  la  Ferronnerie  (1669-1675). 

S  7?,  n»  20.  Maisons  prèsSt-Landry,  dans  la  censive  St-Germain-l'Auxerrois. 

S  83''  ,  n"  I.  Rente  due  au  chapitre  St-Aignan  sur  une  maison  du  fief 
Galande  '1299). 

S  80,  n"  47.  Donation  faite  à  l'H.-D.  de  cens  et  rentes  au  Clos  Bruneau  par 
Hugues  de  Viry,  chanoine  de  Paris  (mai  1624). 

S  i63*  .  Échange  du  fief  Galande,  sis  à  Bagneux  (1654). 

S  i63,  doss.  6.  Maisons  et  terres  à  Bagneux  (i 230-1720). 

S  1G4,  n«  90.  Vente  de  terrains  à  Châtillon-sous-Bagneux  (1288). 

S  16G.  Déclaration  de  la  ferme  de  l'H.-D.  à  Bagneux  (11  janv.  1648). 

S  198.  Échange  de  la  ferme  de  Brégy-en-Multien  avec  le  chapitre  Notre-Dame 
et  anciens  titres  de  cette  ferme  (1496-1693). 

S  198.  Acquisitions  de  deux  maisons  vis-à-vis  Notre-Dame  échangées 
avec  le  chapitre  Notre-Dame  (lôgS).  (Cf.  S.  246.) 

S  2o5,  n"  24.  Bail  à  cens  des  terres  sises  à  Compans  (i3i8). 

S  2o5.  Dimes  à  Compans  (xiv-xviii"  s.). 

S  2o5.  Transaction  avec  le  chapitre  Notre-Dame  et  le  chancelier  Boucherai 
au  sujet  des  réparations  de  l'église  de  Compans  (1694;. 

S  235.  Maisons  de  l'ile  St-Louis,  surcens  (1748). 

S  246.  Échange  avec  le  chapitre  Notre-Dame  de  la  partie  de  la  seigneurie 
d'Épiais  et  de  la  ferme  de  Brégy  contre  deux  maisons  sises  vis-à-vis  Notre- 
Dame,  tenant  à  l'H.-D.  (11  juill.  1693). 

S  255.  Échange  avec  le  chapitre  Notre-Dame  à  Épone  (16  sept.  1626;. 

S  3i2*  ,  n»  79.  Censive  de  l'H.-D.  à  l'Hay  (29  juin  i385).' 

S  329.  Cession  au  chapitre  Notre-Dame  de  dimes  à  Mory  et  au  Tremblay 
(août  1259). 

S  340".  Arpentage  et  plans  des  dimes  de  l'H.-D.  à  Orly  (1675). 

S  38o*  .  Transaction  avec  le  chapitre  de  Paris  au  sujet  des  dimes  de  Fresnes 
et  Rungis  ^12  mai  1681). 

S  38i.  Mémoire  au  sujet  du  prieuré  de  St-Julien-le-Pauvre  (xyiii"  s.). 

S  1347.  Propriétés  de  l'H.-D.  dans  la  censive  de  St-Martin-des-Champs 
(déclaration  au  terrier,  xviir  s.). 

S  1517.  Propriétés  de  l'H.-D.;  cession  de  censive  par  l'abbaye  de  Ste-Gene- 
viéve  (xvn*  s.). 

S  1537.  Propriétés  dans  la  censive  Ste-Geneviève  (déclaration  au  ter- 
rier, xviii*  s.). 

S  28G3.  Bail  à  cens  à  Jean  Pichore  de  5  arpents  (quartier  de  terre  le  long 
des  fossés  de  la  ville,  i5io). 

S  2911.  Accord  entre  l'H.-D.  et  l'abbé  de  St-Germain-des-Prés  concernant 
32  arpents  de  terre  à  Issy  (5  avril  i555). 

S  325o.  Titre  nouvel  de  3o  1.  de  rente  dû  à  la  fabrique  deGallardon  (Eure- 
et-Loir;  par  l'H.-D.  ^5  sept.  1682). 


RIBLIOGRAPHIE 


S  3412.  Carton  concernant  la  paroisse  St-Landry.  Un  dossier  de  27  picci.s 
a  trait  au  contrat  fait  par  J.-M.  Lhôte,  avocat,  et  sa  femme,  avec  l'H.-D. 
(i5  janv.  i65g)  en  vue  d'assurer  le  payement  d'une  rente  de  35o  1.  faite  par 
donation  du  12  janv.  i656  à  l'église  St-Landry  (don  de  10.000  1.  au  lieu  de 
7.000,  principal  de  35o  1.).  L"H.-D.,  en  1732,  cessa  de  payer  sous  prétexte  de 
vouloir  rembourser  ;  la  fabrique  de  St-Landry  prétendit  que  la  rente  était  non 
rachctable,  il  y  eut  procès;  l'H.-D.  fut  condamné,  par  arrêt  du  Parlement  du 
2  août  1735,  à  passer  un  nouveau  titre  de  rente.  Parmi  ces  pièces  se  trouve  un 
mémoire  imprimé  de  20  p.,  intitulé  :  Mémoire  signifié  servant  d'avertissement 
et  de  toutes  pièces  d'écriture  que  domtcnt  par  devant  vous  nos  seigneurs  du  Par- 
lement en  la  Grand'Chambre,  les  curé  et  marguilliers  de  la  paroisse  St-Landry 
en  la  Cité,  défendeurs  et  demandeurs,  contre  les  maîtres,  gouverneurs  et  admi- 
nistrateurs de  l'H.-D.  de  Paris,  in-fol.,  1735. 

S  ^93i.  Carton  concernant  divers  hôpitaux.  Un  dossier  de  11  pièces  a  trait 
à  riI.-D.  parmi  lesquelles:  les  lettres  pat.  de  1690  portant  règlement  pour 
l'administration  de  TH.-D.;  des  extraits  des  titres  constitutifs  d'une  rente  de 
16  1.  due  sur  la  terre  de  Picquigny,  près  Amiens,  rente  remboursée  le 
29  nov.  1786  par  le  C"  d'Artois;  un  titre  nouvel  de  rente  de  4  1.  2  s.  6  d.  à 
l'abbaye  de  St-Germain-des-Préssurune  maison  rue  de  la  Colombe  (i  i  mai  1772). 


SERIE    X. —   SEQUESTRE    DES   PARTICULIERS 

T  i53---''.  Procédure  au  nom  de  Marie-Louise  Goufficr  contre  les  adminis- 
trateurs de  l'H.-D.  (1764-1779). 

T  ioi5.  Plan  de  réforme  économique  de  l'H.-D.  et  état  des  gages  (1787;, 
dans  les  papiers  de  Thomassin,  garde-magasin  des  subsistances  militaires  à 
St-Omer,  ancien  employé  de  l'hôpital. 

T  1340.  Succession  de  Françoise  Chalopin,  supérieure  des  convalescentes  de 
l'H.-D.  (testament  du  i5  janv.  1783  en  faveur  de  Marie  Guillemot  de  Kermaint). 
Fr.  Chalopin,  tille  d'un  avocat  au  Parlement,  de  famille  bourguignonne,  avait 
été  nommée  le  19  mars  1766,  en  remplacement  de  sa  sœur,  qui  occupait  les 
mêmes  fonctions  depuis  le  i5  mai  1730. 

SÉRIE    U.  —  ARRÊTS    DE    COURS   DIVERSES 

U  539,  f.  XLVni  de  la  table  des  matières  des  arrêts  du  Parlement,  «  Matières 
ecclésiastiques  »,  mot  «  Hôpitaux»,  passim,  arrêts  concernant  l'H.-D.  jusqu'en 
1662  (Voy.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.,  n.   a.,  8369). 

SÉRIE  X. —   REGISTRES    DES    ARRÊTS    DU    PARLEMExNT 

XiA  8602  à  8843,  passim.  Indiquent  en  particulier  les  prestations  de  serment 
des  administrateurs. 

SÉRIE  Y. —  REGISTRES   DES    INSINUATIONS   AU   CHATELET 

Y  86  à  494,  passim,  pour  les  testaments,  à  partir  du  i5  sept.  1339.  (Une 
partie  a  été  publiée  pour  le  xvi"  s.  par  Campardon  et  Tueley,  dans  la  Coll.  des 
Trav.  hist.  de  la  V.  de  P.,  Paris,  Impr.  nat.,  1909.) 

Y  12465.  Procès-verbal  du  commissaire  Dorival  sur  rincendie  de  1772. 


L  HOTEL-DIEf    Al*    XVn<=    ET    AT    XVIIl' 


SÉRIE    AD. —  COLLECTION   aONDOXNEAU 

AD»"'!.  Divers  arrêts  imprimés  concernant  la  fondation  de  Nevers,  divers 
legs  et  donations,  divers  privilèges,  etc.  Un  seul  ne  figure  pas  dans  les  collec- 
tions des  archives  de  l'A.  P.  C'est  le  suivant  : 

Arrêt  du  Cons.  d'État  du  19  août  1676  déchargeant  IH.-D.  du  recours  pré- 
tendu par  M.  Claude  de  Bullion  de  Longchesne  pour  raison  de  14.250  1. 
demandées  par  le  chargé  du  recouvrement  des  taxes  pour  la  confirmation  de 
jouissance  pendant  3o  années  des  biens  ecclésiastiques  aliénés  à  cause  de  la 
;crre  des  grand  et  petit  Pamphou,  vendus  par  IH.-D.  à  dame  Angélique  Faure, 
\euve  de  M.  de  Bullion,  mère  du  seigneur  de  Longchesne. 

AD-xiv  2  et  3.  Édits,  arrêts,  lettres  patentes  concernant  les  hôpitaux,  parmi 
lesquels  un  certain  nombre  concernant  TH.-D.  Ils  figurent  dans  les  recueils 
imprimés  des  archives  de  l'A.  P. 


BIBLIOTHEQUE     DE     L'ARSENAL 

Ms.  6o5.  Manuale  sive  modiis  administrandi  sacramenta  ecclesiastica  ad 
ccclesiœ  Parisiensis  usum.  Parch.,  3i  feuillets,  fol.  3i:  Forma  jiiramenti  pres- 
byterortim  in  Domo  Dei. 

Ms.  674.  Recueil  Le  Camus,  t.  IV,  n"  87,  fol.  235.  Statuts  pour  les  lits  des 
chanoines  de  Notre-Dame  qui  appartiennent  à  l'H.-D.  par  leur  décès  '1592,. — 
N'  108,  fol.  401.  Mémoire  sur  le  privilège  dexemptions  de  tous  droits  de  TH.-D. 

Ms.  2565.  Recueil  factice  comprenant,  entre  autres  pièces:  1°  mémoire  de 
ce  qui  est  observé  pour  la  Compagnie  des  dames  de  charité  de  l'H.-D.,  pour 
en  former  d'autres  semblables  es  autres  villes  du  royaume  (impr.,  8  p.)  ;  — 
2°  procès-verbaux  manuscrits  des  assemblées  pour  les  pauvres,  tenues  en  i656, 
dans  la  chambre  de  Le  Conte,  administrateur  de  l'H.-D.,  par  les  délégués  de 
la  Compagnie  du  St-Sacrement. 

Ms.  2853.  Recueil  de  pièces  prorenant  du  marquis  de  Paulmy,  n"  14,  fol.  168. 
Mémoire  aux  administrateurs  de  l'H.-D.  pour  l'assemblée  du  Grand  Bureau 
(16  mars  1740).  (Il  s'agit  d'une  requête  de  Sottier,  fermier  du  domaine  de 
Gonesse.) 

Ms.  53o6,  n°  II,  fol.  79.  Mémoire  aux  administrateurs  de  IH.-D.  au  sujet 
des  exercices  d'anatomie  et  d'opérations  de  chirurgie  (1745^  'impr.,  8  p.). 

Ms.  58o3.  Recueil  Saillant,  t.  I,  n°  i3,  fol.  274.  Lettre  d'une  religieuse  de 
IH.-D.,  fugitive. 

.Ms.  10269.  Archives  de  la  Bastille,  H.-D.  Détails  ressortissant  à  l'adminis- 
tration du  lieutenant  de  police  (1725-1776  (56  fol.). 

Ms.  12707.  Id.  Billets  de  décès  donnés  par  les  prêtres  vicaires  de  IH.-D. 
1735). 

BIBLIOTHÈQUE     X.\TIONALE 

Mss.  tr.  6<J'so-6ô87.  «  Mes  Loisirs,  ou  journal  d'événements  tels  qu'ils  par- 

nnent  à  ma  connaissance  »  par  S. -P.  Hardy  (1764-1789',  passim. 

Ms.  fr.  6801.  Dépenses  pour  les  établissements  charitables,  arrêtées  par  la 

main  duroi  et  des  ministres(i7i4-i7gi).x\Tn' s.,  papier,  346  feuillets,  390x230. 

On  remarque  notamment  :  état  des  rentes  appartenant  à  l'H.-D.  sur  les  aides 

et  gabelk-s   qui  peuvent  être  sujettes  à  la  diminution  des  2/5,  suivant  l'édit 


BtBLIOGRAPHIF. 


du  mois  de  déc.  171 3,  et  des  rentes  sur  rilùtel  de  Ville  sujettes  à  la  diminu- 
tion du  1/4. 

Ms.  fr.  8o63.  Collection.  Dupré,  t.  XVIII.  Règlements  sur  la  police  concer- 
nant les  pauvres,  les  Iiôpitaux.  On  y  trouve,  fol.  367  et  sqq.,  la  liste  des  arrêts 
du  Parlement  touchant  IH.-D.  Simple  énumération  chronologique,  incomplète. 

Ms.  fr.  8i3o.  Recueil  sur  la  mendicité  fait  par  ordre  de  Turgot.  On  y  trouve 
notamment  une  copie  des  mémoires  adressés  au  Contrôleur  général,  soit  pour 
procurer  des  fonds  pour  reconstruire  l'H.-D.,  soit  pour  l'amélioration  de  ses 
revenus,  mémoires  dont  les  originaux  sont  aux  Archives  nationales,  dans  la 
liasse  Fi-'iiSS,  et  que  Turgot  envoyait  en  communication  à  Tarchevèque  de 
Toulouse  pour  avis.  (Cf.  lettres  des  24  déc.  1774,  20  juin  1775,  avec  réponses 
de  ce  dernier,  9  mars,  i3  janv.  1775,  etc.) 

Ms.fr.  8633.  Comptes  de  la  paneterie  de  IH.-D.  de  Paris(i655-i6(53).xvii's. 
papier,  665  feuillets,  3 10  X  240. 

Mss.  11364,  ii365.  Recueil  de  pièces  sur  les  hôpitaux  (de  la  bibl.  de 
I.amoignon,  xviii'  s.).  Ce  recueil  est  surtout  important  pour  l'histoire  de  l'Hôpi- 
il  général.  Cependant,  au  manuscrit  11364,  on  trouve  diverses  pièces  concer- 
lant  l'H.-D.  :  fol.  469,  pièces  au  sujet  d'un  litige  qui  s'est  élevé  pour  le  règlement 
du  legs  Blérancourt;  — fol.  487,  opposition  de  l'H.-D.  sur  le  prix  du  duché  de 
Rethelois  touchant  la  fondation  de  M.  de  iNevers;  —  fol.  52 1  et  sqq.,  extraits 
des  délib.  de  l'H.-D.  20  nov.  1641,  20  nov.  i653,  29  août  1657,  etc.,  concernant 
la  réception  du  premier  président  du  Parlement;  —  fol.  575,  trois  mémoires 
concernant  les  religieuses  de  l'H.-D.  qui  sont  des  plaidoyers  en  faveur  des 
-udennes  constitutions  et  des  droits  du  Chapitre  contre  le  coup  d'État  de  1722 
^:  les  entreprises  de  sœur  de  la  Miséricorde  (non  signés  ni  datés). 

Ms.  fr.  14489.  Annales  de  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement  de  Paris,  par 
d'Argenson  (1627-1663),  contenant  des  renseignements  sur  l'oeuvre  de  la 
visite  des  pauvres  malades.  Ces  Annales  ont  été  publiées  en  1900,  avec  des  notes, 
par  dom  Beauchet-Filleau. 

Mss.  fr.  15647-15648,  fol.  74.  Règl.  du  Chapitre  de  Notre  Dame  pour  l'H.-D. 
de  Paris,  fol.  179:  H.-D. 

Mss.  fr.  16750-16731.  Papiers 'du  président  Achille  HI  de  Harlay,  pièces 
diverses  manuscrites  et  imprimées  concernant  les  mendiants,  les  vagabonds, 
les  aumônes  publiques,  les  hôpitaux  de  Paris,  notamment  l'H.-D.  et  la  Charité, 
principalement  pendant  les  dernières  années  du  xvir  s.  et  les  premières  années 
du  xvui"  s.,  2  vol.  in-fol.  On  remarque  notamment:  états  de  redevances  de 
l'Opéra  et  de  la  Comédie  (1702-1706);  un  état  du  revenu  fixe  de  l'H.-D.;  un 
ctat  des  recettes  et  dépenses  au  8  nov.  1699;  un  état  des  bœtifs  et  moutons 
consommés  de  1698  à  '1703  ;  une  estimation  de  la  place  rue  des  Fossés- 
Monsieur-le-Prince  appartenant  à  l'H.-D.  ;  un  état  des  rentes  viagères  dues 
par  l'H.-D.  (mai  1698). 

Mss.  fr.  i86o5,  18606,  18607  (ancien  fonds  St-Germain).  Un  dépouillement 
de  ces  3  manuscrits  existe  dans  le  manuscrit  17016,  fol.  5i  à  63. 

Ces  3  volumes  reliés  en  parchemin  blanc,  dits  Portefeuille  de  Achille  III 
Je  Harlay,  faisaient  partie  de  l'importante  collection  privée  du  premier  pré- 
-ident  (i),  et  comprennent  des  actes  officiels,  arrêts  du  Parlement,  de  la  Chambre 
royale,  de  la  Cour  des  aides,  lettres  patentes,  mémoires,  requêtes  et  règlements, 
pièces  imprimées,  manuscrits  ou  brochures.  Le  fonds  Harlay  constitue  par 
Achille  I",  premier  président  au  Parlement,  continué  par  Christophe  de  Harlay, 

(I)  Sur  Achille  III  de  Harlay,  premier  président  du  Parlement  sous  Louis  XIV,  voy. 
E.  Pilastre,  Achille  HI  de  H^irlay  ;  Paris,  Calmann-Lcvy. 


I.'HOTEL-DIEf    AT    WW-    ET    AT    XVIIl 


SKRIK    AD. —  COLLECTION   RONDOxNNEAU 

AD»"»^!.  Divers  arrêts  imprimés  concernant  la  fondation  de  Nevers,  divers 
legs  et  donations,  divers  privilèges,  etc.  Un  seul  ne  figure  pas  dans  les  collec- 
tions des  archives  de  l'A.  P.  C'est  le  suivant  : 

Arrêt  du  Cons.  d'État  du  19  août  1676  déchargeant  IH.-D.  du  recours  pré- 
tendu par  M.  Claude  de  Bullion  de  Longchesne  pour  raison  de  14.250  1. 
demandées  par  le  chargé  du  recouvrement  des  taxes  pour  la  confinnation  de 
jouissance  pendant  3o  années  des  biens  ecclésiastiques  aliénés  à  cause  de  la 
terre  des  grand  et  petit  Pamphou,  vendus  par  l'H.-D.  à  dame  Angélique  Faure, 
veuve  de  M.  de  Bullion,  mère  du  seigneur  de  Longchesne. 

\Dsi\iet3,  Édits,  arrêts,  lettres  patentes  concernant  les  hôpitaux,  parmi 
lesquels  un  certain  nombre  concernant  l'H.-D.  Ils  figurent  dans  les  recueils 
imprimés  des  archives  de  l'A.  P. 


BIBLIOTHEQUE     DE     L'ARSENAL 

Ms.  6o5.  Manuale  sive  tnodiis  administrandi  sacramenta  ecclesiastica  ad 
ccclcsiœ  Parisiensis  usum.  Parch.,  3i  feuillets,  fol.  3i:  Forma  jiiramenti  pres- 
bvterontm  in  Domo  Dei. 

Ms.  674.  Recueil  Le  Camus,  t.  IV,  n°  87,  fol.  235.  Statuts  pour  les  lits  des 
chanoines  de  Notre-Dame  qui  appartiennent  à  IH.-D.  par  leur  décès  (1592). — 
N"  108,  fol.  401.  Mémoire  sur  le  privilège  d'exemptions  de  tous  droits  de  l'H.-D. 

Ms.  2565.  Recueil  factice  comprenant,  entre  autres  pièces:  1°  mémoire  de 
ce  qui  est  observé  pour  la  Compagnie  des  dames  de  charité  de  l'H.-D.,  pour 
en  former  d'autres  semblables  es  autres  villes  du  royaume  (impr.,  8  p.)  ;  — 
2°  procès-verbaux  manuscrits  des  assemblées  pour  les  pauvres,  tenues  en  i656, 
dans  la  chambre  de  Le  Conte,  administrateur  de  l'H.-D.,  par  les  délégués  de 
la  Compagnie  du  St-Sacrement. 

Ms.  2853.  Recueil  de  pièces  provenant  du  marquis  de  Paulmy,  n°  14,  fol.  168. 
Mémoire  aux  administrateurs  de  l'H.-D.  pour  l'assemblée  du  Grand  Bureau 
(16  mars  1740}.  (Il  s'agit  d'une  requête  de  Sottier,  fermier  du  domaine  de 
Gonesse.) 

Ms.  53oG,  n°  II,  fol.  79.  Mémoire  aux  administrateurs  de  l'H.-D.  au  sujet 
des  exercices  d'anatomie  et  d'opérations  de  chirurgie  (1745)  (impr.,  8  p.). 

Ms.  58o3.  Recueil  Saillant,  t.  I,  n°  i5,  fol.  274.  Lettre  d'une  religieuse  de 
IH.-D.,  fugitive. 

Ms.  10269.  Archives  de  la  Bastille,  H.-D.  Détails  ressortissant  à  l'adminis- 
tration du  lieutenant  de  police  (1725-1776  (56  fol.). 

Ms.  12707.  Id.  Billets  de  décès  donnés  par  les  prêtres  vicaires  de  l'H.-D. 
(.755). 

BIBLIOTHÈQUE     NATIONALE 

Mss.  fr.  6680-6687.  «  Mes  Loisirs,  ou  journal  d'événements  tels  qu'ils  par- 
viennent à  ma  connaissance  »  par  S. -P.  Hardy  (1764-1789),  passim. 

Ms.  fr.  6801.  Dépenses  pour  les  établissements  charitables,  arrêtées  par  la 
main  du  roi  et  des  ministres  (1714-1 791).  xviii' s.,  papier,  346  feuillets,  390x230. 
On  remarque  notamment  :  état  des  rentes  appartenant  à  l'H.-D.  sur  les  aides 
et  gabelles  qui  peuvent  être  sujettes  à  la  diminution  des  2/5,  suivant  l'édit 


IBLIOGRAPHIF. 


du  mois  de  déc.  171 3,  et  des  rentes  sur  riintcl  de  Ville  sujettes  ù  la  diminu- 
tion du   1/4. 

Ms.  fr.  8o63.  ColJcction  Duprc,  t.  XVIII.  Règlements  sur  la  police  concer- 
nant les  pauvres,  les  hôpitaux.  On  y  trouve,  fol.  367  et  sqq.,  la  liste  des  arrêts 
du  Parlement  touchant  l'H.-D.  Simple  énumération  chronologique,  incomplète. 

Ms.  fr.  81 3o.  Recueil  sur  la  mendicité  fait  par  ordre  deTurgot.  On  y  trouve 
notamment  une  copie  des  mémoires  adressés  au  Contrôleur  général,  soit  pour 
procurer  des  fonds  pour  reconstruire  l'H.-D.,  soit  pour  ramélioraiion  de  ses 
revenus,  mémoires  dont  les  originaux  sont  aux  Archives  nationales,  dans  la 
liasse  Fi-^iSS,  et  que  Turgot  envoyait  eu  communication  à  l'archevêque  de 
Toulouse  pour  avis.  (Cf:  lettres  des  24  déc.  1774,  20  juin  1775,  avec  réponses 
de  ce  dernier,  9  mars,  i3  janv.  1775,  etc.) 

Ma.  fr.  8633.  Comptes  de  la  paneterie  de  l'H.-D.  de  Paris(i655-i665).xvir  s. 
papier,  665  feuillets,  3io  X  240. 

Mss.  11364,  II 365.  Recueil  de  pièces  sur  les  hôpitaux  (de  la  bibl.  de 
Lamoignon,  xviii"  s.).  Ce  recueil  est  surtout  important  pour  l'histoire  de  l'Hôpi- 
tal général.  Cependant,  au  manuscrit  11364,  on  trouve  diverses  pièces  concer- 
nant l'H.-D.  :  fol.  469,  pièces  au  sujet  d'un  litige  qui  s'est  élevé  pour  le  règlement 
du  legs  Blérancourt;  — fol.  487,  opposition  de  l'H.-D.  sur  le  prix  du  duché  de 
Rethelois  touchant  la  fondation  de  M.  de  Nevers;  —  fol.  52 1  et  sqq.,  extraits 
des  délib.  de  l'H.-D.  20  nov.  1641,  20  nov.  i653,  29  août  1637,  etc.,  concernant 
la  réception  du  premier  président  du  Parlement;  —  fol.  bjb,  trois  mémoires 
concernant  les  religieuses  de  l'H.-D.  qui  sont  des  plaidoyers  en  faveur  des 
anciennes  constitutions  et  des  droits  du  Chapitre  contre  le  coup  d'Etat  de  1722 
et  les  entreprises  de  sœur  de  la  Miséricorde  (non  signés  ni  datés). 

Ms.  fr.  14489.  Annales  de  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement  de  Paris,  par 
d'Argenson  (1627-1663),  contenant  des  renseignements  sur  l'œuvre  de  la 
visite  des  pauvres  malades.  Ces  ^«wa/es  ont  été  publiées  en  igoo,  avec  des  notes, 
par  dom  Beauchet-Filleau. 

Mss.  fr.  1 5647-1 3648,  fol.  74.  Règl.  du  Chapitre  de  Notre  Dame  pour  l'H.-D. 
de  Paris,  fol.  179:  H.-D. 

Mss.  fr.  16750-16751.  Papiers  'du  président  Achille  111  de  Harlay,  pièces 
diverses  manuscrites  et  imprimées  concernant  les  mendiants,  les  vagabonds, 
les  aumônes  publiques,  les  hôpitaux  de  Paris,  notamment  l'H.-D.  et  la  Charité, 
principalement  pendant  les  dernières  années  du  xvii"  s.  et  les  premières  années 
du  xviii"  s.,  2  vol.  in-fol.  On  remarque  notamment:  états  de  redevances  de 
l'Opéra  et  de  la  Comédie  (1702-1706);  un  état  du  revenu  fixe  de  l'H.-D.;  un 
état  des  recettes  et  dépenses  au  8  nov.  1699;  un  état  des  bœufs  et  moutons 
consommés  de  1698  à  1703  ;  une  estimation  de  la  place  rue  des  Fossés- 
Monsieur-le-Prince  appartenant  à  l'H.-D.  ;  un  état  des  rentes  viagères  dues 
par  l'H.-D.  (mai  1698). 

Mss.  fr.  i86o5,  18606,  18607  (ancien  fonds  St-Germain).  Un  dépouillement 
de  ces  3  manuscrits  existe  dans  le  manuscrit  17016,  fol.  5i  à  63. 

Ces  3  volumes  reliés  en  parchemin  blanc,  dits  Portefeuille  de  Achille  III 
de  Harlay,  faisaient  partie  de  l'importante  collection  privée  du  premier  pré- 
sident (i),  et  comprennent  des  actes  officiels,  arrêts  du  Parlement,  de  la  Chambre 
royale,  de  la  Cour  des  aides,  lettres  patentes,  mémoires,  requêtes  et  règlements, 
pièces  imprimées,  manuscrits  ou  brochures.  Le  fonds  Harlay  constitué  par 
Achille  I'%  premier  président  au  Parlement,  continué  par  Christophe  de  Harlay, 

(i)  Sur  Achille  III  de  Harlay,  premier  président  du  Parlement  sous  Louis  Xl\',  voy. 
E.  Pilastre,  .lc7;///t'  UI  de  HarlSy  ;  Paris,  Calmann-Lévy . 


L  HOTEL-nFi;r    au    XVir    ET    AU    XVIIIc    SIKCLE 


ambassadeur  de  France  sous  Henri  IV,  par  Achille  de  Harlay,  procureur 
général,  par  Achille  III,  fut  cédé  par  Achille  IV  à  Chauvelin,  avocat  général 
au  Parlement,  d'où  il  passa  entre  les  mains  des  bénédictins  de  St-Germain- 
des-Prés;  il  fut  transporté  en  1794  à  la  Bibliothèque  nationale. 

Ces  3  manuscrits  concernent  les  anciens  établissements  hospitaliers 
de  Paris  ;  la  partie  qui  a  trait  à  l'H.-D.  forme  la  moitié  environ  du 
2*  manuscrit,  fol.  là  182;  la  plupart  des  pièces  sont  imprimées  (i).  On 
remarque:  extraits  des  registres  du  Parlement  du  2  mai  i5o5  au  3o  déc.  iSgy  ; 
—  de  la  Cour  des  aides,  2G  oct.  1624  (exemptions  de  droit)  ;  —  édit  du  Roi, 
C)  mars  1627  (don  et  octroi  de  5  s.  sur  muid  de  vin);  —  arrêt  du  Conseil, 
17  juin  1G37  (^o"  '^^  '0  S-  sur  minot  de  sel)  ;  — extrait  des  registres  du  Par- 
lement, 23  déc.  i65o  (quêtes)  ;  —  extrait  des  registres  du  Conseil  d'Etat  (quêtes), 
8  nov.  iG5i  ;  —  lettres  patentes,  12  févr.  i652  (publications  d'indulgenceg)  ;  — 
extrait  des  registres  du  Conseil  d'Etat,  26  mars  1654  (exemption  de  droits  de 
péage,  i3  mars  i655  (quêtes,  etc.);  —  diverses  affiches  (quêtes,  règlements,  bou- 
cherie de  Carême). 

Ms.  fr.  18758.  Recueil  de  plusieurs  titres,  papiers  et  enseignements  concernant 
les  gens  de  mainmorte  (i  127-1644)  ;  —  fol.  202  à  204,  échange  d'une  pièce  de 
terre  à  Créteil,  entre  l'H.-D.  et  le  nommé  Gedoyn. 

Ms.  fr.  21804,  t.  CCLX  de  la  collection  Delamare.—  H.-D.  (13G4-1737), 
f°'  i34  à  33 1.  Mélange  de  pièces  manuscrites  et  imprimées.  Copies  d'arrêts, 
édits  et  déclarations,  prises  dans  la  bibliothèque  de  M.  Chauvelin.  États  au 
vrai,  mémoires  pour  le  Chapitre  de  Notre-Dame.  États  de  revenus  et  dépenses. 
Ms.  fr.  22393.  «  Statuts  et  constitutions  pour  les  religieuses  de  l'H.-D.,  par 
messire  François  Lavocat,  prestre,  conseiller  aumosnier  du  roi,  abbé  de  Nostre- 
Dame  d'Homblières  et  chanoine  de  l'Église  de  Paris  »  (1646).  Fidèlement  trans- 
crits sur  l'original  de  l'auteur  cette  présente  année  1648.  xvw  s.,  papier,  xii 
et  691  p.,  420.  X  280,  rel.  veau,  aux  armes  de  Michel  le  Masle. 

Ms.  fr.  23494.  Recueil  de  pièces  imprimées  et  manuscrites  relatives  à  l'assem- 
blée du  clergé  de  France  de  1660-1661,  à  différentes  églises  et  établissements 
de  Paris;  —  fol.  228,  supplique  au  roi  des  «  pensionnaires  »  de  l'H.-D.  contre 
les  administrateurs  qui  n'ont  pas  vendu  les  biens  (déclar.  du  18  janv.  1690), 
ont  retiré  2/3  des  pensions  depuis  5  ans,  la  moitié  des  pensions,  et  encore  un 
nouveau  tiers  de  sorte  qu'ils  reçoivent  200  livres  au  lieu  de  600  livres. 

Ms.  fr.,  n.  a.,  46.  Collection  de  matières  judiciaires,  administratives  et 
financières,  comprenant  5  vol.  (xviii"  s.)  La  partie  concernant  l'H.-D.  forme  les 
fol.  I  à  33  du  t.  IV;  ce  sont  des  résumés  d'arrêts  et  d'ordonnances  incom- 
plets et  sans  intérêt. 

Mss.  fr.,  n.  a.,  2o5o-2o5i.  Statuts  et  constitutions  des  religieuses  de  l'H.-D. 
de  Paris  (année  1722).  Copie  collationnée.  Le  ms  2o5i  contient  des  remarques 
sur  ces  statuts  et  constitutions,  xviii"  s.,  papier,  568  p.  et  102  feuillets,  430  X  200. 
Ms.  fr.,  n.  a.,  4017.  Recueil  de  discours  et  lettres  de  convulsionnaires  (1748). 
Toutes  paraissent  de  la  sœur  La  Croix,  mère  Sainte-Cécile,  de  l'H.-D.  Les 
lettres  sont  adressées  à  MM.  de  Saint-Exupéri,  de  Janson,  chanoines,  et  à 
l'archevêque  Christophe  de  Beaumont. 

COLLECTION   JOLV   DE   FLEURY 

21,  doss.  169.  Lettre  relative  à  la  réception  du  D'-  Cambcl,  médecin  accou- 
cheur (19  cet.  1721). 

(i)  Quelques-unes  de  ces  pièces  sont  reproduites,  mais  sans  critique,  sans  choix,  dans  la 
thèse  de  médecine  du  D'  Marius  balmon,  le  Portefeuille  dAchiUc  de  Harlay  ;  Paris,  Jouve, 
1909,  p.  1^4  à  200, 


BIBLIOGRAPHIE  XIX 

39,  doss.  394.  Lettres  au  sujet  du  committimus  au  grand  sceau  demande 
par  les  administrateurs  de  l'H.-D.  (14  mars  1723). 

39,  doss.  404.  Lettres,  mémoires  et  délibérations  relatifs  au  sieur  Gruger, 
premier  chirurgien  du  roi  de  Danemark,  demandant  à  être  admis  dans  la  salle 
des  accouchements  (mai  1725). 

45,  doss.  457.  Déiib.  relative  à  la  vente  de  la  viande  pendant  le  Carême 
!"'■  avril  1726). 

5i,  doss.  5 12.  Nouvelles  constitutions  du  Chapitre  pourl'H.-D.  de  Paris  (1722). 

52,  doss.  53 1.  Lettre  du  cardinal  de  Fleury  pour  faire  entrer  une  sage-femme 
à  l'H.-D.  (i3  févr.  1727). 

53,  doss.  55o.  Lettres  du  cardinal  de  Fleury,  du  duc  de  Gesvres  et  du  comte 
de  Maurepas,  demandant  une  place  de  sage-femme  pour  la  nommée  Boucikelli 
(mars-avril  1727). 

61,  doss.  619.  Pièce  concernant  l'emploi  de  chirurgien  pour  les  accou- 
chements à  l'H.-D.  (24  mars  1728). 

62,  doss.  628.  Pièces  concernant  la  réception  d'une  sage-femme  à  l'H.-D. 
sur  la  recommandation  de  M""  de  Brunswick  et  de  Ja  princesse  royale  de  Saxe 
(12  mai  1728). 

69,  doss.  716.  Remise  accordée  par  Louis  X\'  à  l'H.-D.  pour  l'indemnité  d'une 
maison  acquise  par  la  nation  de  Picardie  en  échange  d'une  maison  de  l'H.-D. 

14  janv.  1729;. 

70,  doss.  72G.  Requête  de  l'H.-D.  de  Paris  comme  créancier  et  exerçant  les 
droits  de  Regnault,  son  agent,  un  des  fermiers  du  duc  de  Lorraine  qui  pré- 
tendaient être  créanciers  du  duc  et  demandaient  à  saisir  le  domaine  de  Barrois 
(1728). 

72,  doss.  773.  Pièce  concernant  la  réception  à  l'H.-D.  d'un  chirurgien 
recommandé  par  le  roi  de  Sardaigne  et  le  cardinal  de  Fleury  (3o  juin  1729). 

1 13,  doss.  io38.  Demande  formulée  par  l'H.-D.  d'avoir  pour  juge  en  première 
instance,  en  matière  d'impositions,  la  Cour  des  aides  de  Paris  (22  déc.   1731). 

128,  doss.  1178.  Pièces  concernant  l'entrée  de  sages-femmes  surnuméraires 
à  l'H.-D.,  par  ordre  du  roi  Louis  XV,  sur  la  recommandation  du  roi  de  Sar- 
daigne (juin  1733). 

i33,  doss.  1238.  Projet  non  mis  à  exécution  d'après  lequel  le  veau  doit  être 
vendu  à  l'H.-D.  pendant  le  Carême  seulement  en  morceaux  de  3,  4  ou  5  livres 
(févr. -mars  1734). 

172,  doss.  1618.  Pièce  concernant  l'incendie  de  1737. 

186,  doss.  1788.  Refus  opposé  à  Bourdenaux,  chirurgien,  qui  demandait  son 
admission  pour  s'instruire  dans  l'art  des  accouchements  (19  avril  1730). 

197,  doss.  1859.  Lettre  de  cachet  contre  le  sieur  Coulon,  sacristain,  qui 
confessait  sans  pouvoirs  (oct.  1739). 

204,  doss.  1964.  Carême  de  1741  ;  prix  de  l'H.-D. 

21 3,  doss.  2io5.  Lettres  de  terrier  pour  l'H.-D.  ;  ferme  de  Charment  (sept.  1742). 

227,  doss.  2288.  Réception  d'une  sage-femme  polonaise  à  l'H.-D.  par  déiib. 
secrète  (janv.  1745). 

228,  doss.  2304.  Mémoire  sur  la  question  de  savoir  si  les  droits  de  la  caisse 
de  Sceaux  et  de  Poissy  sont  dus  par  l'H.-D.  et  l'Hôp.  gén. 

23 1,  doss.  2372.  Liste  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  l'H.-I). 
(2  févr.  1746). 

234,  doss.  2390.  Déiib.  duBureau  sur  l'admission  des  apprenties  sages-femmes 
(3o  juin  1733). 

260,  doss.  2609.  Projet  concernant  les  registres  d'entrée  et  de  sortie  à  l'H.-D. 


l'hOTEL-DIFI-    AT-    XVIK    TT    AV    yiXlW    SIECLK 


269,  doss.  2719.  Piccc  concernant  la  demande  faite  par  Mcrtrud,  chirurgien 
et  d'ém'onstrateur  au  Jardin  du  roi,  alin  d'obtenir  des  cadavres  de  l'H.-D.  (1740:  ; 
—  doss.  27.33,  2734,  pièces  concernant  les  sages-femmes  de  IH.-D. 

270,  doss.  2747.  Pièces  concernant  les  adjudicataires  qui  se  sont  présentés 
pour  fournir  à  i''H.-D.  la  viande  pendant  le  Carême  (1749). 

275  doss.  2S33.  Contestation  entre  le  Chapitre  et  les  administrateurs  con- 
cernant l'autorité  spirituelle  (1749)  ;  —  doss.  2823,  projets  pour  établir  des  mé- 
decins résidents  (1749),  lettres  de  l'administrateur  Vigneron. 

2-6,  doss.  2835.  Arrêt  concernant  la  délivrance  d'un  extrait  de  baptême  de 

rH.-D.'(i749)- 

279,  doss.  2873.  Mémoire  en  faveur  de  l'H.-D.  et  de  l'Hôp.  gén.  pour  pré- 
venir le  retranchement  de  leurs  droits  sur  les  spectacles  (i75o;. 

280,  doss.  2896.  Pièces  concernant  une  demande  du  roi  de  Sardaigne  ten- 
dant à  autoriser  Reynicr,  chirurgien  piémontais,  à  faire  un  cours  d'accou- 
chement à  l'H.-D.  (mai  i/So). 

281,  doss.  2904.  Demande  d'admission  d'un  chirurgien  étranger  dans  la  salle 
des  accouchements  de  l'H.-D.  (1750). 

284,  doss.  2g5i,  demande  d'admission  à  l'H.-D.  faite  par  des  religieuses  de 
province  pour  y  être  traitées  (1739  et  1749)  ;  —  doss.  2952,  pièces  concernant 
la  pension  des  religieuses  de  l'H.-D.,  transférées  pour  cause  de  convulsions 
aux  V'isitations  de  La  Flèche  et  de  Saumur(  1748- 1749). 

286,  doss.  2974.  Fixation  du  prix  de  la  viande  (févr.  1751. 

287,  doss.  2997.  Lettre  des  administrateurs  à  d'Argenson  au  sujet  des  deux 
Piémontaises  dont  le  roi  de  Sardaigne  demandait  l'admission  dans  la  salle  des 
accouchées  (mars  175 1). 

288,  doss.  3037.  Pièce  concernant  l'admission  d'une  sage-femme  (1750;. 
362,  doss.  4037.  Permission  demandée  par  l'H.-D.  d'acquérir  et  d'échanger 

des  immeubles  pour  la  construction  de  nouvelles  salles  (xvxii»  s.). 

365,  doss.  41 19.  Représentations  de  l'H.-D.  et  de  l'Hôp.  gén.  sur  les  dettes 
à  répéter  par  eux  contre  la  Comédie  française  et  italienne  à  l'occasion  du 
projet  de  réunion  du  spectacle  de  l'Opéra-Comique  à  la  Comédie  italienne 
(xviii  s.). 

379,  doss.  4298.  Projet  de  réforme  de  l'administration  et  du  traitement  des 
malades  de  l'H.-D.  par  entreprise,  traité  et  soumission  d'une  compagnie. 

383,  doss.  4360.  Projet  de  lettres  patentes  à  l'effet  d'autoriser  l'H.-D.  à  ac- 
quérir un  emplacement  appartenant  aux  maçons  pour  y  établir  un  hôpital  de 
convalescents  (1763). 

418,  doss.  4820.  Vol  à  l'H.-D.  (1766). 

421,  doss.  4883.  Autorisation  de  tenir  les  boucheries  de  Carême  (1767). 

437,  doss.  5202.  Observations  sur  un  projet  de  règlement  présenté  par  le 
chirurgien  Moreau,  relatif  au  stage  dès  élèves  en  chirurgie  à  l'H.-D.,  à  la  Cha- 
rité et  aux  Invalides  (1768). 

441,  doss.  5307.  Mémoires,  lettres  et  arrêtés  du  Parlement  concernant  le 
traitement  des  prisonniers  malades  à  l'H.-D.  (1769). 

446,  doss.  5372.  Appel  comme  d'abus  interjeté  par  le  procureur  général  de 
la  destitution  de  la  sœur  Ste-Julienne,  mère  du  noviciat,  et  de  la  nomination 
d'une  autre  religieuse,  sœur  de  la  Trinité  (1765). 

445,  doss.  5522.  Appel  comme  d'abus  interjeté  au  Parlement  de  Paris  par 
le  procureur  général  de  différentes  élections  et  nominations  de  supérieure, 
sous-prieure  et  maîtresse  des  novices  et  autres  oflRcières  et  religieuses  de  l'H.-D 


BIBLIOGRAPHIF.  XXI 

479,  doss.  5953.  Plainte  portée  par  un  administrateur,  Le  Roy  de  Lisa,  w<n 
mentionné  dans  ÏAlmauacli  royal  (^1776). 

490,  doss.  Ô079.  .Difficultés  entre  le  Chapitre  de  Notre-Dame  et  le  curé  de 
la  paroisse  de  la  Madeleine  en  la  Cité  sur  le  droit  de  faire  les  inhumations  des 
personnes  dccédées  à  l'H.-D.  qui  ont  demandé  à  ne  pas  être  enterrées  dans  le 
cimetière  commun  de  l'hôpital  (1777)- 

520,  doss.  6O84.  Lettres  patentes  prorogeant  pendant  un  an  en  faveur  de 
l'H.-D.  l'octroi  de  3o  sols  par  muid  de  vin  (i78o'. 

526,  doss.  6774.  Id.  (1781). 

327,  doss.  68o3.  Pièces  concernant  Tenregistrement  au  Parlement  des  lettres 
pat.  du  22  avril  1781. 

53 1,  doss.  6887.  Réunion  du  Bureau  général  en  la  maison  du  Par\'is,  et  non 
dans  le  palais  archiépiscopal  en  raison  de  la  vacance  du  siège  (1782). 

545,  doss.  71 18.  Lettres  patentes  concernant  le  don  fait  par  le  roi  de 
l'emplacement  du  Petit-Chàtelet  (1781). 

547,  doss.  7154.  Difficultés  entre  les  collèges  de  chirurgie  et  de  pharmacie 
et  le  Bureau  de  l'H.-D.  au  sujet  du  chirurgien  gagnant  maîtrise  (1779). 

555,  doss.  73.20.  Pièces  concernant  l'élection  de  la  prieure  et  des  officiers 
de  l'H.-D.  (1783). 

559,  doss.  7407.  Prorogation  du  droit  de  3o  sols  (178G]. 

12 10-12 II.  Administration. 

121 2-12 1 3.  États.  Années  i742-i77[. 

12 14.  Chirurgiens  et  médecins. 

i2i5.  Sages-femmes. 

1216.  Personnel  religieux. 

12 17.  Revenus  et  dépenses. 

Le  détail  de  ces  8  volumes  a  été  donné  par  M.  C.  Bloch,  dans  son  Inventaire- 
Sommaire  des  volumes  de  la  collection  Joly  de  Fleury,  concernant  l'assistance 
et  la  mendicité  ;  Paris,  1908,  in  8°,  p.  45  et  sqq. 

1244,   fol.    181.  Dossier  concernant  l'application  de   l'édit  de   1749. 

1246,   fol.  214.  Chirurgiens,  1775. 

1589.  Testaments  en  faveur  de  di\ijrs  hôpitaux  à  la  fin  du  xvin»  s.  Quelques- 
uns  concernent  l'H.-D.,  notamment:  fol.  108,  L.  de  La  Porte,  ancien  maître 
boulanger  à  Paris,  12.000  1.  (4  mai  1785); — fol.  175,  V»  Gervais,  2.000  1. 
(10  nov.  1785); — fol.  228,  comte  de  Varax,  brigadier  des  armées  du  roi, 
cousin  de  M.  de  Sartine,  3o.ooo  1.  {i5  juin  1785)  ;  —  fol.  236,  Claude  Perrin, 
ancien  musicien  pensionnaire  du  roi,  400  1.  (22  mai  1787). 

2536,  fol.  r52.  Lettres  de  l'administrateur  Perreau  à  La  Reynie,  concernant 
une  révolte  à  St-Louis  (1670). 

2542,  fol.  217.  Observations  des  administrateurs  sur  le  projet  de  lettres 
patentes  de  1779. 

COLLECTION    MOREL    DE    THOISY    (iMPRIMÉS) 

Bien  que  faisant  partie  du  département  des  imprimés,  on  peut  citer  les 
t.  LXH  et  LXIII  de  la  collection  de  Thoisy,  t.  I  et  II  de  la  3°  série  [Z  2284]  qui 
contiennent  un  certain  nombre  de  manuscrits  et  de  pièces  imprimées  concer- 
nant les  hôpitaux.  Sur  l'H.-D.,  on  y  trouve  notamment  : 

Supplique  des  administrateurs  au  Parlement  demandant  une.qucte  générale 
(déc.  i636). 

Jugement  rendu  en  faveur  de  l'H.-D-,  enjoignant  aux  receveurs  et  payeurs 
de   rentes  de  l'Hôtel  de  Ville  de  payer  à  l'H.-D.   les  arrérages  des   rentes  qui 


l'hOTF.L-DIKI-    Al-    XVIIc    FT    AT    XYIII»    SIÈCLE 


lui  sont  dus  le  premier  et  par  préférence  aux  autres  rentiers,  et  qu'il  serait  à 
cette  fin  employé  le  premier  sur  leurs  feuilles,  tant  à  celles  qui  commencent 
à  la  lettre  A  qu'à  celles  qui  commencent  à  la  lettre  Z  en  rétrogradant 
22  janv.  i65o),  t.  IL 

Partage  des  emplois  des  administrateurs  de  l'H.-D.  (lôyS),  t.  II. 

Décret  du  7  dcc.  1678  nommant  J.  Roger  receveur  général,  t.  II. 

Lettres  patentes  du  18  janvier  1694  autorisant  la  Ville  de  Paris  à  emprunter 
:V)n.ooo  1.  pour  les  dépenses  de  l'H.-D.  et  de  l'Hôp.  gcn.,  t.  IL 

Déclarations  du  roi  pour  la  subsistance  des  pauvres  de  l'H.-D.  et  de  l'Hôp. 
gcn.  (3  sept,  et  22  oct.  1709). 

(Vov.  aussi  les  pièces  indiquées  par  Corda  dans  son  Recueil  de  factums  et 
documents  judiciaires,  t.  IV,  p.  257-260.) 

BIBLIOTHÈQUE    DE    L'ACADÉMIE    DE    MÉDECINE 

Ms.  57  (ancien  ion).  Pratique  de  l'H.-D.  de  Paris  contenant  le  traité  de  toutes 
1  es  opérations  qui  s'y  font,  comme  aussi  la  manière  de  traiter  les  maladies 
externes  qui   arrivent  au   corps  humain  (1719),  par  Petit  (xviii»  s.,  papier,  iv- 

284  p.) 

Ms.  58  (ancien  1012).  Pratique  de  l'H.-D.  de  Paris  (1726-1728).  «  Prastique  de 
l'Hostel-Dieu  de  Paris,  tants  de  médecine  que  de  chirurgie,  ordonnée  par  Messieurs 
les  chirurgiens  dudit  Hotelle-Dieu,  avec  une  formulle  des  médicaments  qui  se 
pratique  dans  ledit  Hotelle-Dieu,  et  les  observations  sur  les  opérations  faites 
par  M.  Thibault,  chirurgien  majors  dudit  Hotelle,  et  plusieurs  autres  que  je 
vcult  faire,  par  M.  Boudou,  à  présent  chirurgien  major  dudits  Hotelle-Dieu  ; 
avec  la  manière  de  traite  les  playes,  et  ulcerres,  et  fractures  et  thumeurs,  que 
je  les  ai  traitez  telle  et  veu  pratiquer  pendant  que  je  travaillé  dans  laditte 
maison,  et  un  traité  des  maladies  vénériennes,  par  moy  Ithier  Menard,  chirur- 
gien audit  Hostelle-Diôu,  en  1726,  1727  et  1728.  »  (xviii»  s.,  papier,  228  et  58  p.) 


ARCHIVES  DE    LA  PREFECTURE  DE  POLICE 

COLLECTION    LAMOIGNON 

On  trouve  notamment  aux  volumes  suivants: 

Vol.  II,  fol.  875.  Ord.  de  police  du  20  févr.  i638.  Défense  de  vendre  de  la 
viande  pendant  le  Carême  ailleurs  qu'à  l'H.-D.  (Rejet  de  l'arrêt  du  Parlement 
du  4  févr.  i558.) 

12,  fol.  971.  Lettre  pat.  du  7  déc.  1648,  accordant  la  maîtrise  aux  apothi- 
caires de  l'H.-D. 

23,  fol.  g3.  Arr.  du  Cons.  d'Etat  du  3o  mars  1706  confirmant  l'II.-D.  dans 
ses  exemptions  de  droits. 

24,  fol.  517.  Déclar.  du  roi  contenant  règlement  pour  la  contribution  à  la 
subsistance  des  pauvres  de  l'Hôp.  gén.,  de  l'H.-D.  et  des  pauvres  des  paroisses 
de  Paris  (3  sept.  1709);  —  fol.  549,  déclar.  du  roi  du  25  sept.  1709  mainte- 
nant l'H.-D.  dans  ses  exemptions  de  droits  sur  les  marchandises  et  provisions 
qui  lui  sont  destinées;  —  fol.  56i,  déclar.'du  roi  du  22  oct.  1709  interprétant 
celle  du  3  sept.  1709;  —  fol.  641,  arr.  du  Parlement  du  20  janv.  1710  concer- 
nant l'exécution  de  la  déclaration  du  22  oct.  1709  ;  —  fol.  904,  arr.  du  Parlement 
du  18  mars  171 1  sur  le  même  sujet. 


RIRLIOGRAPHIF. 


32,  fol.  441.  Ait.  du  Parlement  du  i3  août  1737  ordonnant  une  quête 
générale  à  la  suite  de  Tincendie  qui  a   eu  lieu  à  rH.-D. 

33,  fol.  i35.0rd.  du  Bureau  de  la  Ville  du  i3  juin  1738  faisant  défense 
de  se  baigner  et   de  pécher  du  Terrain  au  Petit-Pont,  en  faveur  de  l'H.-D. 

34,  fol.  533.  Ord.  du  roi  du  10  juill.  1741  défendant  les  enrôlements 
à  l'H.-D. 

BIBLIOTHÈQUE     HISTORIQUE     DE     LA 
VILLE    DE    PARIS 

Ms.  i272i.«\"ie  de  Demoiselle  Marie-Louise  Charpentier  Destournelles, 
dite  la  mère  de  la  Miséricorde,  religieuse  hospitalière  de  l'H.-D.  de  Paris  » 
(1679- 1742).  Copie  ms.  faite  vers  1787,  i  vol.  in-4<'. 

Ms.  12729.  Notices  nécrologiques  et  autres  extraites  en  grande  partie  du 
calendrier  historique  de  l'Église  de  Paris  de  Le  Fèvre.  Note  sur  la  fourniture  du 
pain  à  l'H.-D.  en  1762  et  1763  (8  feuillets,  in-S»,  xviii"  s.,  i56  p.). 

Ms.  14301.  Partie  du  domaine  de  l'H.-D.  (région  sud-est  de  Paris)  :  plans 
et  élévations  des  maisons,  enclos,  etc.  53  plans  mss.  en  i  atlas  in-4<>,  vers  1770. 

Ms.  26619  (papiers  Chéreau),  passim,  et  notamment  p.  740(17  juin  1669). 
Transaction  entre  les  administrateurs  de  l'H.-D.  et  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris  au  sujet  du  legs  de  Le  Masle  des  Roches. 


BIBLIOTHEQUE    DU     XVP    ARRONDISSEMENT 

COLLECTION  PARENT  DE  ROSAN 

Ms.  1 3.  Désignation  de  l'abbé  Poulard  comme  prédicateur  de  l'Avent  à  l'H.-D. 
par  l'archevêque  Le  Clerc  de  Juigné  (1782). 

Ms.  18.  Billets  de  la  loterie  de  la  Ville  de  Paris  en  faveur  des  hôpitaux  (1787). 

Ms.  25.  Documents  relatifs  au  cimetière  de  Clamart  (xviii»  et  xix"  s.)  (extrait 
des  Arch.  de  la  Seine),  et  sur  le  cimetière  des  protestants  étrangers  de  la  rue 
de  l'Hopital-St-Louis. 

Ms.  78.  Dessins  et  gravures.  Portrait  de  Fr.  Doublet  (i 751-1795),  médecin 
des  hôpitaux,  par  C.-N.  Cochin  (1787},  gravé  par  B.  Roger  (1809). 


BIBLIOTHEQUE    DU    SEMINAIRE    DE   SAINT-SULPICE 

Rituel  de  l'Hôtel-Dieu  (i 527-1 552),   66  feuillets  parch.  22  x  '6. 

Au  dos  se  trouve  le  titre  suivant:  «  Ordinarium  et  preccs  Domus  Dei 
parisicnsis  ;  nomina  magistrorum,  priorissarum  et  sororum.  »  Il  contient  des 
additions  du  xvii"  et  du  xviii"  s. 

(Ce  rituel  a  été  analysé  par  E.  Coyecque,  in  Bull,  de  U  Société  de  l'Hist.  de 
Paris,  1908,  p.   189-209.) 

ARCHIVES    DE    LA    SEINE 

Séries  anciennes  (accroissement)  :  68  (IH;.  H.-D.,  1399- 1776.  Pièces  con- 
cernant \'illeparisis,  la  princesse  de  Montauban,  etc. 


■Dirr    AU    XVII«   ET    AU    XVIIP    SIECLE 


Département,  ancien  régime,  AI,  collections  législatives  :  H.-D.,  1774-1780  : 
privilèges.—  H»,  H.-D.,  1657-1732,  placard  pour  la  boucherie  de  Carême, 
1739;  donations,  legs  de  Marguerite  de  Gondi,  marquise  de  Maignela7(i65o)  ; 
procédures  ;  certificat  de  décès,  approvisionnements. 

Fonds  des  domaines  :  H.-D.,  propriétés:  642  =  32 ro  :  maison  rue  du  Bac 
(i-8o-iSo3)  ;  —  97  =  1437,  maison  rue  des  Fossés  de  la  Liberté  (rue  Monsieur- 
le-Prince)  vendue  le  27  messidor  an  Ul  ;  —  679  -  2991,  maison  place  de 
l'Indivisibilité,  no  9;  —  579  =  2991,  maison  rue  de  Thorigny. 

Sommier  des  propriétés  nationales  :  Passim,  aux  noms  de  rues,  indication 
avec  la  valeur  et  le  prix  de  location  des  maisons  restituées  aux  hospices  en 
vertu  de  la  loi  du  16  vendémiaire  an  V. 

Les  Arch.  de  la  Seine  contenaient  autrefois  89  registres  de  naissance  (1627- 
1789)  et  i65  registres  de  décès  (i  594-1780)  de  l'ancien  H.-D.,  brûlés  en  1871 
'd'après  l'inventaire  d'Aubert  en  i85o,  ms.  du  min.  de  l'instr.  publ.)  Voy.  aussi 
Taillandier,  Notice  hist.  sur  les  anc,  reg;  d'état  civil  à  Paris,  dans  Ann.  hist. 
de  la  Soc.  de  VHisi.  de  Fr.,  1847. 


BIBLIOTHÈQUE    DE     LA     CHAMBRE     DES     DÉPUTÉS 

Ms.  337.  Recueil  de  jurisprudence,  p.  40.  «  Ensuji:  l'ordre  que  l'on  tient  au 
gouvernement  du  temporel  de  l'Hostel-Dieu  de  Paris»,  à  la  suite  de  2  mss. 
concernant  l'Hôp.  du  St-Esprit  et  celui  de  la  Trinité. 

Ms.  341.  Recueil  de  pièces  diverses  sous  forme  d'expéditions  adressées 
au  greffe  du  Parlement,  à  fin  d'enregistrement,  entre  1645  et  1675,  provenant 
probablement  de  Talon  ;  —  t.  IV,  fol.  182,  rétablissement  de  mouvance  de  la 
grosse  tour  du  Louvre  du  fief  de  la  Grande  Maison  ou  Ferme  de  l'H.-D.,  à 
Chavillc,  acquis  de  l'H.-D.   de  Paris  par  Le  Tellier,  secrétaire  d'Etat  (1662). 


.    BIBLIOTHEQUE     DU     SENAT 

Ms.  948.  Détails  des  hôp.  de  la  Ville  de  Paris  et  des  maisons  de  force  du 
royaume  (1754). 

Recueil  de  mémoires  judiciaires  : 

Ms.  1 168,  p.  319.  Mémoire  sur  l'H.-D.  et  l'hôpital  de  la  Charité  (impr.,  8  p.). 

Ms.  1 175,  p.  99.  Procès.  Mémoire  pour  les  maîtres,  gouverneurs  et  adminis- 
trateurs de  l'H.-D.  de  Paris  contre  les  syndics  de  l'union  des  créanciers  des  ci- 
devant  soi-disant  Jésuites  (1767,  in-4°,  Lambert,  16  p.). 

Ms.  1190,  p.  769.  Remontrances  à  M"  les  doyen,  chanoines  et  Chapitre  de 
N.-D.  de  Paris  par  les  religieuses  de  l'H.-D.  (1769,  in-4«). 


ARCHIVES     DU     MINISTERE     DES 
AFFAIRES  ÉTRANGÈRES 

Ile-de-France.  Ms.  1598,  fol.  141.  Demande  d'admission  à  la  salle  des  accou- 
chées de  chirurgiens  étrangers(i"  mars  1725). 

Ms.  1602,  fol.  45.  Mémoire  pour  les  administrateurs  de  l'H.-D.  au  sujet  de 
la  réception  de  sages-femmes  étrangères  (2  juilL  i733). 


BIBLIOGRAPHIF, 


Ms.  1609,  fol.  181.  Lettre  au  comte  de  Maurepas,  ministre  et  secrétaire  d'État, 
concernant  l'agrandissement  de  l'H.-D.  (projet  de  reconstruction  à  l'île  des 
Cygnes),  par  Le  Jeune,  ancien  curé  de  St-Laurent  (1748);  —  fol.  221,  autre 
mémoire  sur  le  même  sujet; —  fol.  246,  lettre  à  Maurepas  sur  le  même  sujet 
:'iG  sept.  1748). 

Ms.   1612.  Mémoire  sur  le  même  sujet  (i75i). 

BIBLIOTHÈQUE     DE     L'INSTITUT 

Fonds  Godefroy.  —  542,  fol.  i83.  Copies  de  lettres  pat.  et  mém.  de  Le  Jeune 
sur  un  projet  de  translation  de  l'H.-D.  (1748). 

ARCHIVES     NOTARIALES 

Il  existe  dans  les  archives  de  l'étude  Delafon,  actuellement  boulevard  de 
Strasbourg,  à  côté  des  séries  ordinaires  des  minutes,  un  fonds  spécial  constitué 
par  des  minutes  d'actes  concernant  d'une  part  l'H.-D.,  d'autre  part  les  Incu- 
rables. La  série  H.-D.,  d'après  le  Registre  des  offices  de  Delarue  (1786),  com- 
mencerait en  i65o  pour  fimr  en  1676;  cette  date  est  certainement  erronée, 
car  les  documents  se  poursuivent  jusqu'au  commencement  du  xviii»  s.  Ils  se 
présentent  au  début,  suivant  l'usage  résultant  de  l'ordonnance  de  153^,  sous  la 
forme  de  registres  ;  à  partir  du  xvii»  s.,  ce  sont  des  actes  isolés,  déposés  dans 
des  layettes  dont  le  nombre  est  de  cinquante  environ. 

L'état  actuel  de  l'installation  matérielle  du  minutier  en  rend  l'accès  à  peu 
près  impossible,  et  nous  devons  ces  renseignements  à  M.  Coyecque  qui  a  eu 
l'occasion,  il  y  a  quelque  20  ans,  à  une  époque  où  cette  installation  était  moins 
défectueuse,  de  procéder  à  une  exploration  de  ce  fonds;  la  partie  correspon- 
dant au  xvi"  s.  prendra  vraisemblablement  place  dans  l'inventaire-sommaire  de 
ce  minutier,  dont  le  tome  I,  consacré  au  26  premiers  articles  (  1498- 1 345),  a 
déjà  paru  dans  la  collection  de  VHistoire  générale  de  Paris  sous  le  titre  de 
Recueil  d'actes  notariés  relatifs  à  l'Histoire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France 
au  XVI*  s.,  Paris,  igoS,  in-fol. 

Les  pièces  de  ce  fonds  se  composent  de  testaments  (legs  universel  de  Cl.  de 
La  Place,  ancien  recteur  de  l'Université  de  Paris,  26  mai  1666;  de  Claude  Masse, 
commis  au  greffe  des  requêtes  du  palais,  21  août  i665;  de  Gérard  Blavet,  doc- 
teur en   médecine,   18  juillet   i65b;  de  Gautier  Tallier,  prêtre  de  l'Oratoire, 

29  avril  i665;  de  Jacques  lluet,  avocat  en  Parlement,  i"  août  16S7);  de  deux  mar- 
chés de  travaux  et  plans  (corps  de  logis  dans  la  cour  de  St-Julicn-le-Pauvre, 

30  avril  1666,  plan  du  cimetière  de  la  Trinité,  24  janvier  1681);  de  contrats  de 
rentes  viagères,  de  fondations  de  lits  (Pierre  Hubert,  27  mai  1690;  J.-B.  Chas- 
sebras,  curé  delà  Madeleine  en  la  Cité,  25  mai  1672  ;  Claude  Housset,  seigneur 
du  Houssay,  28  janvier  1696;  Nicolas  Lecaron,  prêtre,  bachelier  en  théologie, 
7  juillet  1666)  ;  de  papiers  terriers  (fiefs  d'Autonne,  Baudoyer,  St-Julieu-le- 
Pauvrc,  Tirechappe,  iG  janvier  ir)92);  de  baux,  d'inventaires,  etc. 

BIBLIOTHÈQUES     ET    ARCHIVES     DE     PROVINCE 

AJAGCIO   (bibliothèque   DE    LA  VILLE) 

Ms.  57.  Constitutions  faites  en  i652  pour  les  religieuses  de  l'H.-D.  de  Pari? 
par  le  Chapitre  de  Paris,  leur  supérieur,  et  revues  en  1725  (468  p.). 


I.'hOTKL-DIFU    au    XVII"    et    AT    XVIII«    SIECLE 


BESANÇON    (bibliothèque   DE    LA   VILLe) 

Ms.  140,  r-  io3-3o8.  Statuts  donnes  aux  chapelains  de  l'H.-D.  par  le  Cha- 
pitre de  la' cathédrale  de  Paris  le  26  juin  iG52,  avec  une  table  des  chapitres 
en  tête.  (Armoiries  de  Nicolas  de  Mesgrigny,  chanoine  'de  Paris  et  prieur  de 
Souvigny.) 

CAMBRAI  (bibliothèque  DE    LA   VILLE) 

Ms.  1264.  Pièces  sur  l'administration  de  l'H.-D.  Précis  des  motifs  des 
modifications  apportées  par  l'arrêt  d'enregistrement  du  20  juillet  lySi  à  la 
déclaration  du  24  mars  précédent  (8  feuillets). 

CARPENTRAS   (BIBLIOTHÈQUE   DE    LA   VILLe) 

Collection  Peiresc,  ms.  2106,  p.  296.  Traité  de  la  pratique  de  l'H.-D.  de 
Paris,  suivant  les  médecins  et  les  chirurgiens  les  plus  experts.  Discours  de 
M.  Petit,  m"  chirurgien  dudit  H.-D.,  p.  522-56i .  Composition  des  médicaments 
de  ril.-D.  de  Paris  (xviii"  s.) 

ROUEN    (bibliothèque    DE  LA   VILLe) 

Collection  Coquebert  de  Montbret,  ms.  2095,  p.  28.  Mémoire  présenté  à 
M.  le  Premier  Président  par  les  administrateurs  de  l'H.-D.  et  de  l'Hôp.  gén., 
p.  121.  Incendie  de  l'H.-D.,  août  1737. 

Ms.  2491.  «  Vie  de  la  Très  révérande  mère  Agnès  de  St-Landry,  de  l'ordre  de 
St-Augustin,  très  digne  supérieure  des  religieuses  de  l'H.-D.  de  Paris»  (morte 
le  25  janvier  1672)  (xviii*  s.) 

TOULOUSE    (bibliothèque   DES  ARCHIVES) 

Ms.  3i  (F22).  «  Recueil  des  privilèges  donnez  par  les  roys  à  l'Hostel-Dieu  de 
Paris  avec  divers  arrests  du  Conseil  d'Estat,  de  cour  de  Parlement  et  autres 
compagnies  souveraines,  comme  aussi  divers  actes  de  justices  subalternes  :  le 
tout  pour  la  confirmation  desdits  privilèges.  M.DCLH  »  (titre  imprimé).  Le 
recueil  manuscrit  qui  suit  s'étend  de  1208  à  1654.  En  tête,  table  des  actes  par 
règne,  et  petite  table  des  matières,  379  p. 

Instruction  des  formes  requises  aux  eslections  des  60  filles  suivant  la  fon- 
dation de  M.  et  M""  de  Nevers,  par  contrat  du  28  mars  079.  Suivent  les  pro- 
cès-verbaux de  ces  élections  annuelles  de  i58oà  i65o. 

Estât  au  vray  du  bien  et  revenu  de  l'H.-D.  de  Paris,  i65i,  VIII,  74  (impr.) . 

MEAUX   (bibliothèque) 

Mémoire  pour  les  prieurs  et  religieuses  hospitalières  de  l'H.-D.  de  Paris 
contre  M.M.  les  Administrateurs  du  temporel.  Plaintes  des  religieuses  contre 
le  règlement  du  16  juill.  1787;  exposé  des  faits  tels  qu'ils  se  passaient  depuis 
onze   siècles. 


Arch.  de  la  Ville,  publiées  par  Jongleux,  3«  vol.  Envoi  de  3  religieuses  de 
Paris  et  de  l'h«jpital  St-Louis,  et  de  A.  Guillcmain,  chirurgien,  lors  de  la  peste 
de   1G28. 


BIBLIOGRAPHIE 


Collection  Tarbé,  i4<S.  Lettre  autographe  de  Dom.  de  La  Rochefoucauld 
archevêque  de  Rouen,  qui  sollicite  le  payement  d'une  somme  due  à  l'H.-D. 
pour  le  traitement  des  soldats  malades.  (Paris,  27  janv.  lyGS.) 


Arch.  hospit.,  B  33o.  La  Charité  ou  Aumône  générale,  4  cahiers  in-folio 
concernant  la  boucherie  de  Carême  de  l'H.-D.  de  Paris  (1700-1746). 

SOISSONS 

Arch.  hospit.,  Sgô»  reg.  Compte,  règle  et  manière  de  vivre  des  religieuses  de 
Paris  (1526-1527). 

ARCHIVES    DE  l'aISNE 

Arch.  hospit.,  B  3461.  Concerne  des  bois  de  l'H.-D.  (1668-1671). 

ARCHIVES     DE    LA    SARTHE 

Dossier  B  10.  Siège  présidial  de  la  sénéchaussée  du  Maine.  Minutes  du 
greffe  des  experts  (i 743-1 744),  pièce  341.  Visite  avant  la  vente  de  3  maisons 
dont  l'H.-D.  est  propriétaire  au  Mans,  paroisse  de  la  Couture,  en  vertu  du 
legs  de  M"  Martin  Gautier  (26  oct.  1743). 

ARCHIVES    DE    SEINE-ET-MARNE 

H  792  (carton).  Procédure  entre  l'H.-D.  et  Anne  Hervard,  conseiller  du  roi, 
seigneur  de  Mitry,  concernant  une  redevance  en  blé  due  par  te  dernier.  Titre 
nouvel  passé  avec  l'H.-D.  par  l'intendant  de  l'abbaye  de  Chelles  de  2  muids  de 
grain  à  prendre  sur  la  grange  et  les  dîmes  de  Maurepas,  paroisse  de  Mitry, 
Autre  titre  nouvel  par  le  chapitre  de  N.-D.  de  Dammartin,  d'une  rente  de 
3o  sous,  due  sur  90  arpents  de  terre  (1690-1785).—  H  791  (carton).  Baux  de  la 
ferme  de  l'H.-D.,  située  à  Compans,  et  de  2  lots  de  terre,  sis  à  Moussy-Ie-Neuf, 
Moussy-le- Vieux,  Villeneuve-s. -Dammartin  (1776- 1788). 

Supplément  à  la  série  H.— H»  (cahier).  Mémoire  pour  les  religieuses  de  l'H.-D. 
contre  les  administrateurs  du  temporel.  Plaintes  des  religieuses  contre  le  rè- 
glement du  16  juin.  1787. 

Supplément  à  la  série  E.— E  1777  (carton).  Bail  à  la  famille  de  Montesquiou- 
Fczensac  de  la  seigneurie  de  Coulommiers,  dans  lequel  se  trouvent  rappelées 
les  conditions  d'exécution  de  la  fondation  de  Nevers. 


IMPRIMÉS 

Nous  avons  eu  recours,  le  moins  possible,  aux  livres  imprimés.  La  plupart 
des  historiens  de  Paris  ont  parle  de  TH.-D.,  mais  d'une  façon  très  sommaire, 
et  sans  grand  intérêt.  Nous  ne  saurions  ici  donner  une  bibliographie  des  ou- 
vrages généraux  sur  Paris.  Voici  cependant  quelques  indications  concernant 
les  ouvrages  les  plus  importants  : 


L  HOTF.I.-Dirr    AT    XYII'    KT    AV    XVIII''    SIKCLF. 


OUVRAGES    SUR    LHISTOIRE    DE    PARIS 

Abbé  Lebkuf,  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris;  Paris, 
1754,  iu-i2. 

Dans  la  rumprcssion  faite  en  i883,  Paris,  in-8»,  la  partie  concernant 
St-Christophc  et  riI.-D.  se  trou%e  au  t.  I,  p.  i5  à  18,  et  ne  comporte  d'ailleurs 
aucune  indication  pour  la  période  qui  nous  intéresse.  Lebeuf  discute  surtout  la 
question  de  la  fondation  de  TH.-D.  par  saint  Landr)^ 

Dans  1  "édition  de  Cocheris,  Paris,  i863,  in-8%  la  partie  concernant  l'H.-D. 
se  trouve  t.  I,  p.  18  à  22  ;  les  notes  et  additions  et  la  bibliographie,  p.  60  à  67. 
Des  documents  des  Archives  nationales,  Cocheris  ne  cite  que  les  cartons 
L532  à  537  de  la  section  historique.  Il  ajoute  comme  imprimes  quelques  mé- 
moires et  pièces  de  la  Mazarine. 

F.  BouRNON,  dans  ses  Rectifications  et  additions  à  l'ouvrage  de  Lebeuf, 
Paris,  i8go,  in-8»,  ajoute,  p.  7,  8,  les  comptes  du  xv"  s.  [H  3633-3636]  et  les 
statuts  des  chapelains  sous  une  fausse  cote  [LL  488"]. 

J.  Du  Breul,  le  Théâtre  des  antiquité:^  de  Paris,  Paris,  1639,  in- 12,  cite  à 
son  chapitre  H.-D.,  p.  57-62,  le  texte  de  l'inscription  concernant  Oudart  de 
Mocreux,  le  fondateur  de  la  chapelle,  celui  de  l'inscription  mise  contre  les 
nouveaux  bâtiments  de  la  salle  St-Thomas,  construits  sous  Henri  IV",  des 
extraits  du  poème  de  Boterays,  Ltitetia,  et  du  «  livre  noir  «  du  trésor  du  Cha- 
pitre concernant  l'attribution  à  l'H.-D.  des  lits  des  chanoines. 

Germain  Brice,  Description  nouvelle  de  la  Ville  de  Paris,  Paris,  1706,2  vol. 
in- 12,  t.  II,   p.  450-452,  consacre  à  l'H.-D.  quelques  lignes  sans  importance. 

FÉLiBiEN  et  LoBiNEAU,  Histoire  de  la  Ville  de  Paris,  Paris,  G.  Desprez  et 
J.  Dessessartz,  1725,  5  vol.  in-f°  (2  de  texte  et  3  de  preuves)  (une  table  détaillée 
indique  les  passages  qui  ont  trait  à  l'H.-D). 

Delamare,  Traité  de  la  police,  1722-1738,  4  vol.  in-f°.  Voy.  en  particulier 
au  t.  II,  livre  rv,  titre  i3,  ce  qui  concerne  les  épidémies  et  la  contagion. 

[Dezallier  D'ARGEmiLLrE],  Vojage  pittoresque  de  Paris^ 'Pdiïis,  1778,  in-12, 
se  contente  de  citer,  p.  2  5,  le  portail  de  Gamard,  faisant  face  à  la  rue  du  Fouarre. 

Le  Maire,  Paris  ancien  et  nouveau;  Paris,  i685,  3  vol.  in-12,  t.  III, 
p.  127-140,  copie  les  précédents. 

H.  Sauval,  Histoire  et  recherches  des  aniiquités  de  la  Ville  de  Paris,  Paris, 
1724,  in-f°,  t.  I,  p.  519  à  524,  parle  de  la  fondation  de  l'H.-D.,  des  adminis- 
trateurs, des  religieuses,  des  salles  (donn€  le  nom  des  12  salles  en  exercice,  de 
son  temps),  des  directeurs,  des  malades,  des  médecins,  sans  aucune  référence 
d'ailleurs. 

PiGANioL  DE  La  Force,  Description  historique  de  la  Ville  de  Paris,  Paris, 
1765,  in-12,  t.  I,  p.  398  à  40S,  donne  le  nom  des  salles,  les  textes  de  l'ins- 
cription d'Olivier  Patru  qui  se  trouvait  sur  la  porte  de  la  salle  St-Charl-es  con- 
cernant les  libéralités  de  Pomponne  de  Bellièvre,  de  celle  qui  figurait  sur  le 
portail  de  la  rue  de  la  Bùcherie,  de  celle  qui  relatait  la  fondation  de  la  cha- 
pelle par  Oudart  de  Mocreux,  de  l'épitaphe  du  chanoine  Fr.  Ithier 
Chastelain  (1662). 

Jaillot,  Recherches  critiques,  historiques  et  topographiques  sur  la  Ville  de 
Paris,  Paris,  1722,  in-S",  premier  quartier:  la  Cité,  t.  I,  p.  100  à  114,  discute, 
après  Lebeuf,  la  question  de  la  fondation  de  TH.-D.  par  saint  Landry,  et  fait  un 
rapide  historique  de  l'administration  et  des  transformations  de  la  maison. 

Hurtaut  et  Magny,  Dictionnaire  historique  de  la  Ville  de  Paris  et  de  ses 
enrii-ons,  Paris,  1779,  4  vol.  in-S»,  à  l'art.  Hôpitaux,  t.  III,  p.  216-220,  réédite 
l'inscription  d'Olivier  Patru  et  celle  de  la  salle  St-Thomas. 


niBLIOGRAPHIF, 


O.  DouEN,  la  Révocation  de  ledit  de  Nantes  à  Paris,  Paris,  1897,  2  vol. 
in-4»,  reproduit  en  appendice,  au  t.  II,  le  registre  des  abjurations  conservé  aux 
arch.'de  l'A.  P. 

H.  MoNiN,  Etat  de  Paris  en  i~8g,  Paris,  1S89,  in-8»,  consacre  uu  chapitre, 
le  chap.  IX,  au  Parlement  et  à  la  grande  police  des  hôpitaux. 

HoFFDAiiiiR,  Paris  à  travers  les  âges,  Paris,  i885,  in-f»,  t.  I,  Notre-Dame  et 
rilôtel-Dieu,  p.  49-55,  précieux  surtout  par  les  illustrations. 

F.  DE  GuiLHERMY,  Dcscription  arcfiéologiquc  des  monuments  de  Paris,  Paris, 
2  édit.,  1854,  in-r2,  donne,  p.  366-372,  quelques  notions  très  sommaires  sur 
TH.-D.  et  St-Julien-le-Pauvre. 


OUVRAGES     DHISTOIRE     ADMINISTRATIVE     ET     HOSPITALIÈRE 

P.  HÉLVOT,  Histoire  des  ordres  monastiques,  religieux  et  militaires  et  des 
congrégations  séculières  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  qui  ont  été  établies  jusqu'à 
présent,  contenant  leur  origine,  fondation,  progrès,  événements  considérables, 
leur  décadence  ;  suppression  ou  réformes,  Paris,  1714-1719,8  vol.  in-4'',  con- 
sacre un  chapitre  du  t.  III,  p.  184  et  sqq.,  aux  religieuses  hospitalières  de 
l'M.-D.  et  donne  3  gravures  représentant  un  ancien  frère  profès,  une  religieuse 
en  tenue  ordinaire,  une  religieuse  en  habit  de  cérémonie. 

Chamousset,  Œuvres  complètes,  publiées  par  Cotton  des  Houssayes  ;  Paris, 
1783,  2  vol.  in-i2,  t.  I,  p.  i35-222.  Réforme  de  l'H.-D. 

Art.  Hôtel-Dieu  de  l'Encyclopédie  ('749-1777)  fait  par  Diderot;  du 
Dict.  de  la  police,  de  DesEssarts  (i 786-1 790),  8  vol.  in-4'',  ^^  l'art.  Hôpital,  de 
nombreux  répertoires,  dictionnaires  de  jurisprudence,  etc.,  cités  dans  C.  Bloch, 
l'Ass.  et  l'État,  bibliogr.,  p.  xxiii  et  suiv. 

Tenon,  Mémoires  sur  les  hôpitaux  de  Paris  ;T*av'is,  1788,  in-4»,  Lxxiv-472  p., 
vendu  au  profit  des  hôpitaux  de  Paris.  Les  3»  et  4'  mémoires  concernent 
spécialement  l'H.-.D.  (3"  Où  l'on  détermine  ce  que  l'H.-D.  occupe  de  terrain 
et  où  Ton  recherche  l'emplacement  qui,  dans  une  ville  conviendrait  le 
mieux  à  ses  hôpitaux.  — 4"  Description  de  la  maison  des  malades  de  l'H.-D. 
de  Paris). 

C.  Bloch  et  A.  TuETEY,  Procès-verbaux  et  rapports  du  Comité  de  moidicité 
de  la  Constituante  [i-jçio-iygi)  ;  Paris,  in-8°.  (Doc.  sur  l'Hist.  de  la  Révolution 
française.) 

La  visite  de  l'H.-D.  et  dépendances  se'trouve  dans  la  Suite  du  rapport  fait 
au  nom  du  Comité  de  mendicité  des  visites  faites  dans  les  divers  hôpitaux 
de  Paris,    p.  627  et  sqq. 

A.  ToETËY,  l'Assistance  publique  à  Paris  pendant  la  Révolution,  Paris, 
(publ.  de  la  Ville  de  Paris),  au  t.  I,  1890,  les  hôpitaux  et  hospices  (17S8-1791), 
l'introduction  et  l'H.-D.,  p.  96,  bien  que  dépassant  notre  époque,  donne  des 
renseignements  sur  l'état  de  l'H.-D.  à  la  fin  de  l'ancien  régime. 

Flammermont,  Remontrances  du  Parlement  de  Paris  au  xvin»  siècle  ;  Paris, 
3  vol.  in-4»,  1888  [Doc.  inéd.  de  l'H.  de  F.],  passim,  sur  le  rôle  du  Parlement 
dans  l'administration  des  hôpitaux. 

De  Boislisle,  Correspondance  des  contrôleurs  généraux,  3  vol.  in-4»  [Doc. 
inéd.  de  FH.  de  F.],  passim. 

C.  ToLLET,  les  Édifices  hospitaliers  depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours  ; 
Paris,  1892,  in-f»,  p.  55  à  92.  H.-D.  du  vu  au  xix"  s.,  p.  92  à  97;  l'hôpital 
St-Louis,  texte  concernant  surtout  l'ordonnance  des  bâtiments.  Illustration 
abondante. 


I.'hOTI-.L-DIEU    Al-    XVIl"    ET    AU    XVIII«    SIECLE 


A.  IIussoN,  Éludes  sur  les  hôpitaux  de  Paris,  Paris,  1862,  in-4«,  607  p.,  a 
iiiscrc,  app.  G,  p.  479-504,  une  note  référencée  sur  IH.-D.  et  les  constructions 
hospitalières  au  moyen  âge,  et  reproduit  deux  planches  de  reconstitution  de 
\'iolIct-Ic-Duc,  représentant  l'ancienne  entrée  de  l'H.-D.  et  l'ancienne  façade 
sur  la  rue  du  Petit-Pont,  avant  l'incendie  de  1772. 

L.  Lai.lemand,  Histoire  de  la  Charité,  Paris,  4  tomes  parus,  in-8»,  t.  IV 
(1910),  Temps  modernes  (du  xvi'  au  xix'  s.),  est  amené  à  parler  à  différentes 
reprises  de  l'H.-D.,  notamment  p.  478  et  suiv.,  mais  d'une  façon  très  sommaire, 
l'auteur  s'occupant  de  toutes  les  matières  d'assistance,  non  seulement  en 
France  et  en  Europe,  mais  en  Amérique,  en  Chine,  etc.  Esprit  confessionnel 
très  marqué. 

M.  BoucHET,  V Assistance  sotis  la  Révolution,  Paris,  1909,  in-8»,  thèse  de 
droit,  contient  un  chapitre  préliminaire  sur  l'assistance  sous  l'ancien  régime, 
sans  grande  originalité. 

Lk  Maguet,  le  Monde  médical  parisien  sous  le  grand  roi;  Mâcon,  1899, 
in-S".  Référencé;  quelques  notes  sur  l'H.-D. 

D'  Mac  Auliffe,  la  Révolution  'et  les  liôpitaux  de  Paris,  1789,  1790,  1791  ; 
Paris,  1901,  in-S»,  thèse  de  médecine. 

L.  Lallemand,  la  Révolution  et  les  pauvres  ;  Pans,  1898,  in-8''.  L'introduc- 
tion, la  seule  partie  qui  intéresse  notre  sujet  :  quinze  années  de  réformes  hospi- 
talières (1774-1789),  a  fait  l'objet  d'un  tirage  à  part. 

L.  Parturier,  l'Assistance  à  Paris  sous  l'ancien  régime  et  la  Révolution. 
Etude  sur  les  diverses  institutions  dont  la  réunion  a  formé  l'administration 
générale  de  l'Assistance  publique  à  Paris;  Paris,  Larose,  1897,  in-8°  (thèse  de 
droit),  chap.  sur  l'H.-D.,  p.   9  à  61. 

V"  d'Avenel,  Histoire  économique  de  la  propriété,  des  denrées,  de  tous  les 
prix  en  général,  de  i2ooi  1800,  Paris,  5  vol.  in-S",  1894- 1900,  cite  fréquement 
les  prix  fournis  par  l'H.-D.,  d'après  les  inventaires  de  Brièle. 

Dr  P.  Delaunay,  le  Monde  médical  parisien  au  xvui^  s.,  Paris,  1906,  in-S", 
consacre  un  chapitre  aux  «  médecins  fonctionnaires  »  et  à  ceux  de  l'H.-D., 
p.  76-87.  Abondante  bibliographie. 

[Alletz],  Tableau  de  l'humanité  et  de  la  bienfaisance,  on  précis  historique 
des  charités  qui  se  font  dans  Paris...,  Paris,  1769,  in-i6,  note  sommaire  sur 
l'H.-D.,  p.  38-58,  donne  le  nom  des  salles  avec  le  nombre  de  lits. 

D'  Marius  Salmon,  le  Portefeuille  d'Achille  de  Harlay,  Paris,  1909,  in-8<', 
contient  la  transcription  de  diverses,  pièces  contenues  dans  les  manuscrits 
i86o5,  18606,  18607  ^^  la  Bibl.  nat.  concernant  les  hôpitaux  de  Paris.  Ouvrage 
sans  ordre  ni  critique. 

Histoire  de  l'Académie  royale  des  sciences,  année  1771,  in-4'',  parue  eu 
1774.  Voy.,  p.  83o,  récapitulation  des  baptêmes,  mariages,  mortuaires  et  enfants 
trouvés  de  la  ville  et  faubourgs  de  Paris,  depuis  l'année  1709  jusques  y  com- 
pris l'année  1770,  avec  réimpression  de  l'état  des  entrées  et  sorties  par  mois 
de  l'H.-D.  pour  1670  et  1671. 

F.  DE  Guilhermv,  Inscriptions  de  la  France  du  v  au  xvin»  siècle,  Paris, 
1873,  in-4°,  t.  I,  p.  63i  à  649,  donne  les  textes  suivants:  inscription  du 
bas-relief  funéraire  d'Henri  Rousseau  (1445),  actuellement  à  St-Julien-le-Pauvre, 
mais  provenant  de  l'ancienne  église  de  l'H.-D.;  inscription  concernant 
Pomponne  de  Bellièvre  (vers  1657);  inscriptions  commémoratives  du  legs 
Benjamin  Petitpicd  (vers  1694),  du  legs  de  Lopriac  (vers  1744). 

M.  Fosseveux,  Inventaire  des  objets  d'art  appartenant  à  l'Administration 
générale  de  l'Assistance  publique  à  Paris,  Paris,  1910,  in-8%  cite  également 


BIBLIOGRAPHIE 


outre  les  précédentes,  p.  141  et  sqq.,  les  textes  des  inscriptions  concernant  les 
donations  du  marquis  et  de  la  marquise  de  Thibouville  (xvii'  s.),  de  Louis  de 
La  Vallée  (171 3),  actuellement  conservées  à  la  Pharmacie  centrale  des  hôpitaux. 

VioLLET-LE-Duc,  Dictiouttaire  raisonné  d'architecture  ;  Paris,  10  vol.  in-H-, 
t.  VI,  i863  p.  99,  art.  H.-D.  (S'arrête  au  xv«  s.) 

^\\VLTi-s-\^ois\.,  Dictionnaire  d'économie  charitable,  on  exposition  théorique, 
historique  et  pratique  de  l'assistance  religieuse  publique  et  privée,  ancienne  et 
moderne  ;  Paris,  i853,  in-4».  (Fait  partie  de  la  3°  Eacycl.  théol.  de  Migne.) 

OUVRAGES    SUR    LHOTEL-DIEU 

Ainsi  que  nous  le  disons  dans  la  préface,  le  seul  ouvrage  important  paru  sur 
l'H.-D.,  en  dehors  de  celui  de  Coyecque  pour  le  moyen  âge,  est  le  suivant  : 
RoNDONNEAu  DE  La  Motte,  Essai  historique  sur  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  ;  Paris, 
Nyon  l'ainé,  et  chez  l'auteur,  1787,  in-8°,  258  p.  Ouvrage  de  circonstance  écrit 
au  moment,  où,  comme  le  croit  l'auteur,  «  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  va  cesser 
d'exister  dans  l'emplacement  où  il  est  »  à  la  suite  de  la  souscription  faite  pour 
la  construction  de  quatre  nouveaux  hôpitaux.  L'ouvrage  de  Rondonneau,  qui 
n'a  pas  pu  consulter  les  archives  de  l'H.-D.,  est  fait  par  ordre  chronologique, 
d'après  les  ouvrages  des  divers  historiens  de  Paris,  Leheuf,  Piganiol,  Jaillot, 
Sauvai,  Malingre,  Delamare,  etc.,  et  se  termine  par  une  «  lettre  d'un  philan- 
throphc  à  l'auteur  sur  quelques  nouvelles  ressources  que  la  bienfaisance 
nationale  peut  offrir  au  gouvernement  pour  la  construction  et  l'ameublement 
des  quatre  hôpitaux  ».  Le  chapitre  le  plus  intéressant  et  le  seul  où  il  y  ait  à 
retenir  est  le  chapitre  v,  où  il  donne  des 'détails  sur  les  incendies  de  1737  et 
1772,  et  sur  les  projets  contemporains  de  reconstruction  de  l'H.-D. 

Albin  Rousselet,  Notes  sur  l'ancien  Hôtel-Dieu  de  Paris,  relatives  à  la 
lutte  des  administrateurs  laïques  contre  le  pouvoir  spirituel,  avec  préface 
du  D-  Bourneville  ;  Paris,  1888,  22  5  p.  in-8». 

Suite  de  textes  pris  dans  la  collection  manuscrite  des  registres  de  délibé- 
rations de  l'H.-D.  et  destinés  à  faire  ressortir  «  les  abus  commis  par  les  reli- 
gieuses et  les  chapelains  ».  «  Ces  notes,  dit  le  préfacier,  font  tomber  le  voile  des 
religieuses,  les  mettent  à  nu  et  les  font  juger  à  leur  valeur  exacte.  » 

Al.  Chevalier,  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  et  les  sœurs  Augustines  (65o  à  1810), 
Paris,  1901,  in-8*,  553  p.,  est  au  contraire  une  défense  des  religieuses,  en 
prévision  d'une  laïcisation  alors  éventuelle  de  l'H.-D.,  et  aujourd'hui  accomplie. 
L'auteur  donne  quelques  pièces  justificatives  qui  n'ont  aucun  rapport  avec 
l'histoire  de  l'H.-D.  Cet  ouvrage  a  pourtant  quelque  intérêt  en  ce  sens  que 
lauicur  a  eu  communication  des  archives  particulières   de  la  communauté. 

Les  projets  de  réforme  hospitalière  qui  parurent  à  la  suite  de  l'incendie  de 
riI.-D.  en  1772,  de  la  Commission  créée  en  1777  par  Neckcr,  de  l'enquête  de 
l'Académie  des  sciences  (1785-1788),  se  trouvent  mentionnés  dans  Tournel-.x, 
Bibliographie  de  l'Histoire  de  Paris  (n«'  i5i37  à  i5i56)  ;  dans  la  bibliographie 
du  volume  de  M.  C.  Bloch,  l'Assistance  et  l'État  en  France  à  la  veille  de  la 
Révolution  (p.  xxxvii)  ;  dans  G.  Granier,  Essai  de  Bibliographie  charitable  ; 
Paris,  i8gi,  in-8»,  n"  1907  et  sqq.,  et  n"  1979  et  sqq.  Nous  ne  croyons  pas 
devoir  reproduire  cetie  liste  ;  les  plus  importants  sont  cités  au  cours  du  volume. 

Nous  ajoutons  seulement:/'/^»  général  d'un  projet  de  l'Hôtel-Dieu  de 
M'  le  Roy,  de  l'Académie  royale  des  sciences,  imaginé  en  1J73  ;  cet  édijice 
disposé  d'après  les  principes  de  la  physique  et  de  la  médecine  devait  être  placé 


I.  HOTEL-DIEU    AT    XVII'=    ET    AU    XVIIF    SIECLE 


au  bout  du  cours  Li  Reine;  composé  pour  l'architecture  et  dessiné  par  Ch. 
I'r.  \'ii;i.,  architecte  de  l'Hôpital  général  de  Paris,  gravé  par  L.  Taraval, 
inspecteur  de  l'église  du  Roule,  en  1781  (o, '^5X0, 57).  (Bibl.  nat.,  G°  D  5486.) 

Plan  général  d'hospices  royaux  ayant  pour  objet  de  former  dans  la  Ville 
et  Faubourgs  de  Paris  des  établissements  pour  6.000  pauvres  malades,  par 
Tellès-Dacosta  ;  Paris,  1789,  in-4''.  (Bibl.  nat.,  G°  FF  11677.) 

Récit  de  ce  qui  s'est  passé  tendant  à  la  construction  d'un  nouvel  Hôtel-Dieu. 
Année  1773  ;  Paris,  1773,  in-4". 

Henriette  Carrier,  les  Origines  de  la  Maternité  de  Paris.  Les  maîtresses 
sages-femmes  et  l'office  des  accouchées  de  l'ancien  Hôtel-Dieu  (  1 378-1 796)  ; 
Paris,  1888,  in-8?'.  Assez  bon  résumé  fait  par  une  sage-femme  de  Lariboisière. 

D'  A.  CoRLiEu,  Médecins  et  Chirurgiens  de  l'Hôtel-Dieu  {Galette  des 
hôpitaux.,  i3,  29  janv.,  2  févr.  1901)  et  France  médicale  (10  juin,  ib,  29  juill., 
3,  12,  19  août,  21  octobre  1898).  Liste  de  noms,  d'ailleurs  incomplète. 

Duhamel  du  Monceau,  Moyens  de  conserver  la  santé  aux  équipages  de 
vaisseaux,  Paris,  1759,  in-12,  contient,  p.  227-242,  une  description  et  un  plan 
de  St-Louis. 

G.  CoRjMu,  A  l'hôpital  il  y  a  deux  siècles  : 'l'Hôtel-Dieu,  les  compagnons 
chirurgiens  externes  ;  Paris,  1897,  in-8%  thèse  de  médecine. 

[Doucet],  Mémoire  sur  la  maladie  qui  a  attaqué  en  différents  tems  les 
femmes  en  couche  à  l'Hôtel-Dieu,  lu  à  l'une  des  assemblées  de  la  Faculté 
(16  sept.  J782),  in-4'',  9  P- 

M.  DoiGNY,  Histoire  de  l'hôpital  Saint-Louis  depuis  la  fondation  jusqu'au 
XIX»  siècle;  Paris,  191c,  in-S",  thèse  de  médecine.  Simple  résumé  chronolo- 
gique de  délibérations,  et  des  Mém.  de  Tenon. 

Lettres  patentes,  arrests,  règlemens  et  autres  titres  concernant  les  privilèges 
accorde^  par  les  roys  de  France  à  l'Hostel-Dieu  de  Paris,  in-4».  Bibl.  A.  P., 
Eij,  sans  pagination  spéciale.  Nous  désignons  ce  recueil  dans  le  -corps  de  notre 
ouvrage   par  l'abréviation  suivante  :  H.-D.,  lettres  patentes  et  am-èts. 

H.-D.,  Recueil  de  Règlemens  et  autres  pièceSj  4  vol.  in-4;.  Bibl.  A.P.,  En, 
chaque  tome  paginé.  Nous  désignons  ce  recueil  par  l'abrévation  :  Règl.  H.-D. 
Ces  deux  recueils  sont  d'un  intérêt  capital  poux  notre  ouvrage. 

Citons  pour  mémoire  quelques  articles  de  vulgarisation  parus  sur  l'ancien 
H.-D.: 

D.  Delaunay,  l'Ancien  Hôtel-Dieu,  dans  le  Jamis,  Arch.  internationales 
pour  l'étude  de  la  médecine  et  de  la  géographie  médicale,  i5  août- 
i5  sept,  igoi,  9  p.  —  Abbé  Gauthier,  l'Ancien  Hôtel-Dieu  et  les  sœurs 
Augustines,  dans  la  Cité,  bulletin  de  la  Soc.  archéol.  et  hist.  du  4.'  arrondis- 
ment,  avril  et  juill.  1908,  p.  114  et  211.  —  Prof.  Gil.sev.t,  l'Ancien  Hôtel-Dieu, 
leçon  d'ouverture  à  la  clinique  de  TH.-D.,  dans  Paris  médical^  i"janv.  191 1. 


N.  B. —  Pour  les  ou\ragL>  usuels  concernant  l'histoire  de  Paris,  Lebeuf, 
Jaillot,  Sauvai,  Delamarc,  Corrozct,  nous  n'avons  pas  répété  les  titres  dans 
le  corps  de  l'ouvrage. 


ICONOGRAPHIE 

BIBLIOTHÈQUE      NATIONALE 

CABINET   DES    ESTAMPES 


Topographie.— W\  25  5.  Vue  et  perspective  du  pont  de  l'H.-D.,  par  Aveline 
(se  vend  à  Paris,  sur  le  Petit-Pont,  au  Croissant). 

Petit-Pont  de  l'H.-D.  Jaime  del.  (1877)  ;  —  Vue  du  grand  portail  de 
l'Hostel-Dieu  bâti  par  M.  Gamart,  Jean  Marot  fecit.  P.  Mariette  cxcudit  (vers 
1660)  ;  —  Dessins  et  coupes  du  fourneau  des  étuves  (5  lavis)  (1758)  ;  — Six  gra- 
vures représentant  des  scènes  de  la  vie  des  religieuses  :  Procession  de  la  salle 
du  Rosaire,  les  premiers  dimanches  du  mois,  à  3  heures  de  l'après-midi;  —  le 
noviciat;  — le  repas  des  malades;  —  le  réfectoire  des  religieuses;  — les  lavan- 
dières —  exercices  des  religieuses  à  5  h.   1/2  du  matin. 

Ve  gi.  Plans  des  diverses  salles  de  l'H.-D.,  petit  in-folio  de  41  planches 
imprimées,  avec  légendes  très  détaillées.  Très  précieux  pour  la  topographie 
des  locaux. 

Supplément  à  la  topographie  de  Paris.  Grand  calque  offrant  un  plan  géomé- 
tral  de  l'H.-D.  antérieur  à  1772(11°  5465  du  3i"  au  36*  quartier). 

Collection  Gaiguières.—  Tombeaux.  Pu  11  a,  fol.  144.  Calque  d'un  monument 
en  marbre  blanc  avec  épitaphe,  de  J.-Ph.  de  Bertier,  abbé  de  St-Vincent  de 
Senlis,  mort  en  1667,  bienfaiteur  de  l'H.-D., .qui  se  trouvait  dans  la  chapelle 
(le  même  Pe  ij,  fol.  22).  (N»  3097  de  VInventaire  Bouchot.) 

Costumes. —  Pc  18,  fol.  26.  Dessin  d'une  tapisserie  à  fonds  de  feuillage 
avec  une  biche  couronnée  aux  armes  de  Bavière,  exécutée  pour  la  duchesse  de 
Bavière,  morte  en  1662,  et  qui  appartenait  à  l'H.-D.  {N°  1774,  id.) 

Collection  Destailleurs  (Paris).—  T.  IV.  699.  [Hubert  Robert].  \'ue  de 
l'incendie  de  17712  (aquarelle);  —  700.  Anonyme.  Incendie  de  1772  (aqua- 
relle) ;  —  701.  Fawkes.  Incendie  de  1772  (dessin  encre  de  Chine);  —  702.  Gabriel 
DE  SAINT-A.UBLN.  Ruiues  (1773)  (aquarellc)  ;  —  703.  Gabriel  de  Saint-Aubin. 
Ruines  (1773)  (aquarelle);  — 704.  [Nicolle].  Le  pont  de  N.-D.,  l'H.-D.  et  le 
Petit  Châtelet  (aquarelle);—  705.  [Lallemand].  Le  pont  St-Charles  (dessin 
encre  de  Chine);— 706.  A.  B.  (i853).  Crypte  à  l'H.-D.  (dessin  lavé  en  bistre)  ; — 
707.  Anonyme  (1822).  Cagnards  (dessin  lavé  en  bistre)  ;  — 708.  Anonyme  (an  XI). 
Vue  extérieure  de  l'église,  du  côté  de  Paris  (croquis  à  la  plume)  ;  —  709.  Anonyme 
Les  Cagnards  (dessin). 

T.  V.  954.  Germain.  Vue  de  l'ancien  H.-D.,  de  l'Archevêché,  de  l'abside 
et  du  terrain  N.-D.,  des  Quais  (aquarelle)  ;  —956.  A.  Moitte.  N.-D.,  le  Cloître, 
l'H.-D.  en  1787  (aquarelle). 


I.'hOTRL-DIEI-    au    XVIic    FT    Al'    XVIIie    SIKCLE 


T.  \I.  1157.  Anonyme.  Pont  au  Double  à  l'H.-D.  de  Paris  (aquarelle);  — 
iiD.S.  Anonvmk.  Pont  au  Double  démoli  en  1847.  Salle  St-Edme  démolie  en 
1S28  (aquarelle-  ;  —  i  i.Sg.  Anonyme.  Pont  de  l'H.-D.  (dessin  encre  de  Chine,  ;  — 
iiG:^.  [Bonington].  Pont  de  l'H.-D.  (aquarelle). 

L'exactitude  des  dessins  de  la  collection  Destailleurs,  que  l'on  peut  rappro- 
cher des  dessins  qui  sont  à  Carnavalet,  est  très  sujette  à  caution. 

Collection  //e»«»i.— Anonyme.  Une  salle  de  l'H.-D.  au  xviii»  s.  Mr.  le  ci- 
devant  duc  de  Chartres,  accompagné  de  son  gouverneur,  vient  soigner  un 
malade  (1790)  (n»  10821). 


MUSEE     CARNAVALET 

Breughel  de  Velours.  Procession  de  la  Ligue  passant  rue  du  Marché-Palud, 
devant  la  salle  du  Légat,  et  sortant  de  la  rue  Neuve  N.-D.  (iSgo). 

Raguenet.  Incendie  de  1772  (peinture,  P  278). 

J.-B.  OuDRV.  Incendie  du.  Petit-Pont  (17 18)  et  façade  de  l'H.-D.  (peinture, 
P  249). 

Hubert  Robert.  Incendie  de  1772  (2)  (peinture,  P  175). 

G.  Saint-Aubin.  L'Ancien  H.-D.  après  l'incendie  de  1772  (dessin  au  bistre, 
D446). 

Hubert  Robert.  Les  ruines  de  l'H.-D.  après  l'incendie  de  1772  (deux 
dessins),  la  salle  Jaune,  la  salle  du  Légat,  D  425-427. 

Anonyme.  L'Ancien  H.-D.  avant  l'incendie  de  1772  (peinture,  P  670). 

PÉRiGNON. —  Le  pont  de  l'H.-D.  vers  1789  (dessin,  D  S-jS). 

Sur  ces  tableaux,  voy.  Bonnardot,  Iconographie  du  Vieux  Paris,  dans 
Rev.  univ.  des  arts,  mai  1857  et  oct.  i858. 

Voy.  aussi  Estampes,  cartons  8r,  82,  loi  : 

Van  Merlen.  Place  du  Parvis  en  i65o  (gravure)  ; —  I.  Silvestre.  Entrée  de 
l'H.-D.  en  i65o  (gravure)  ; —  Manesson-Mallet,  Géométrie  pratique.  Vue  de 
l'H.-D.,  du  côté  du  Petit-Pont,  en  1702,  donne  une  perspective  du  portail  sur 
la  rue  du  marché-Palud   à  l'entrée   du   Petit-Pont. 

Une  salle  de  l'H.-D.,  gravure  sur  bois  du  xvi»  s.,  en  tête  d'un  ms.  de  la 
Bibl.  de  Bourgogne,  à  Bruxelles,  intitulé  :  le  Pardon,  grâces  et  Facultés  octroyés 
à  Mgr.  l'archevêque  patriarche  de  Bourges  et  primat  d'Aquitaine,  aux  bienfai- 
teurs de  l'Hostel-Dieu  de  Paris. 

Procession  de  la  châsse  de  Ste-Geneviève  gravée  par  Blanchard  etLePAUTRR, 
éditée  par  Jollain,  1689.  (Vue  des  bâtiments  de  l'H.-D.  sur  le  Parvis.) 

Il  faudrait  ajouter  des  vues  du  xix°  s.  représentant  les  anciens  bâtiments 
qui  avaient  gardé  leur  physionomie,  notamment  les  eaux-fortes  de  Mervon  (le 
Petit-Pont,  i85o),  de  Brunet-Debaines  (les  Cagnards,  1872),  de  A.  Varin  (le 
Pont  St-Charles,  i838),  de  Martinet  (le  pont  de  l'H.-D.),  de  Martial  (1859),  etc., 
et  les  reproductions  faites  par  Lenôtre  dans  son  ouvrage  sur  les  Quartiers  de 
Paris  pendant  la  Révolution;  Paris,  E.  Bernard,  1896  :  l'H.-D.  de  1790  à  1800, 
t.  III,  p.  27;  les  cagnards,  le  Petit-Pont,  le  pont  St-Charles,  l'H.-D.,  dessins 
de  Lallemand. 

MUSÉE     DU     LOUVRE 

.\mende  honorable  de  Favras,  dessin  original  de  Prieur.  (Vue  des  bâtiments 
de  l'H.-D.  sur  le  Parvis,  à  l'époque  de  la  Révolution.) 


ICONOGRAPHIE 


ARCHIVES   DE    L'ASSISTANCE    PUBLIQUE 

Les  plans  conserves  aux  Arch.  de  TA.  P.  ont  élé  indiqués  dans  les  inven- 
taires de  L.  Brièle. 

ARCHIVES    NATIONALES 

N  III.  Seine,  3«  classe,  n»  209.  Plan  et  figure  du  territoire  de  la  censive  de 
riI.-D.,  au  lieu  dit  du  Mont-de-Mesly,  en  la  commune  de  Créteil  (levé  en  1G68;. 

N'=  210.  Plan  de  la  censive  de  l'H.-D.  sise  au  village  de  Créteil  (s.  d.),  district 
de  Bourg-Égalité,  canton  de  Charenton-le-Pont. 

N'  265.  Plan  d'une  partie  du  territoire  de  Créteil  et  bornages  des  dépen- 
dances de  TH.-D.  (levé  en  1674). 

N"  825.  Explication  et  légende  du  plan  et  arpentage  des  terres  de  l'H.-D., 
et  de  celles  des  fiefs  de  Longueil  et  de  Champs-sur-Marne,  fait  par  Jubin  en 
oct.  1721. 

N"  947.  Le  plan  et  délimitation  des  terres  entre  l'abbaye  de  St-Denis  et 
l'H.-D.  à  la  Courneuve,  marqué  au  catal.  des  Arch.  nat.  comme  concernant 
l'H.-D.  de  Paris,  concerne  l'H.-D.  de  St-Denis. 


BIBLIOTHEQUE  HISTORIQUE  DE  LA  VILLE  DE  PARIS 

Fonds  \'aquer,  Qi  52.  Un  grand  nombre  de  croquis  relatifs  aux  piles  et 
cagnards  de  l'ancien  H.-D.,  marques  de  tâcherons  relevées  sur  les  piles  des 
cagnards. 


Sur  le  cimetière  des  Innocents,  je  citerai  simplement  le  plan  géométral,  de 
juin.  1756,  du  Cabinet  des  estampes,  où  se  trouve  marque  le  terrain  de  l'H.-D. 
à  l'extrémité  ouest  de  la  chapelle  Pommereux  et  la  porte  St-Eustache  ;  l'eju- 
forte  d'IsRAEL  Silvestre  (vers  i65o)  ;  l'estampe  sur  bois  qui  se  trouve  dans  le 
texte  des  Traités  de  Philosophie  naturelle  de  Pierre  Arnault  de  la  Ciieval- 

LERIE    (1612,    in-4). 

En  ce  qui  concerne  St-Louis,  Cabinet  des  estampes  de  la  Bibl.  nat.,  collec- 
tion Destailleurs  et  musée  Carnavalet  : 

Maréchal  (1786).  Vue  de  l'hôpital  St-Louis,  dessin  lavé  en  bistre  (n»'  728  et 
730  de  la  collection  Destailleurs). 

Mariette  (rue  St-Jacques).  Plan  cavaliei  au  xv!!"  s.  (vers  1690).  (Voy. 
Description  de  Paris,  t.  IV,  p.  74,  gravure.) 

Rousseau  (gravure  xvii*  s.).  L'hôpital  St-Louis  où  l'on  met  les  pestiférés. 

Israël  Silvestre  (vers  iGSq).  Vue  de  l'église  de  l'hôpital  St-Louis,  hors  de 
la  porte  du  Temple. 

Claude  de  Chastillon  (dessin).  Vue  de  l'hôpital  St-Louis.  (Voy.  l'Œuvre 
de  Cliàtillon  et  la  Topograpliie  française  de  Claude  de  Chastillon,  1648,  in-fol.) 

Plan  de  l'hôpital  St-Louis  en  1715.  (Arch.  de  l'A.  P.,  reproduit  dans  Pr.-]'. 
Coinm.  du  ]'ieiix-Pai-is,  6  juill.  1899.) 


UHOTÈL-DIEU 

AU    XVIP 
ET   AU   XVIIP   SIÈCLE 


CHAPITRE    PREMIER 


L'ADMINISTRATION 


Son  caractère.  Son  évolution.  Les  pouvoirs  qui  se  partagent  la  direction  de 
l'Hôtel-Dieu. —  i°  le  chapitre  et  la  juridiction  spirituelle  :  maître, 
chapelains,  religieuses. —  2»  la  municipalité  :  les  épidémies;  les  travaux. — 
3°  LE  parlement  :  les  mesures  financières  et  administratives;  la  Compagnie 
du  Saint-Sacrement  ;  les  dames  de  charité. —  4°  le  pouvoir  central  : 
le  lieutenant  général  de  police. 

L'administration  :  les  administrateurs  ;  les  salariés  :  greffier,  receveur,  panetier, 
dépensier,  notaire,  garçons  et  filles  de  service;  le  personnel  à  la  fin  du 
xviii»  siècle.   Le  rayonnement  de  l'Hôtel-Dieu  en  France  et  à  l'ciranger. 


Nous  allons  assister  pendant  deux  siècles  à  la  transformaticn 
d'un  établissement  qui  avait  encore  au  début  du  xvii«  siècle  le 
caractère  de  l'antique  Maison-Dieu  du  moyen  âge,  maison  «  natio- 
nale »  puisqu'elle  était  en  partie  entretenue  par  les  quêtes  et  les 
pardons  de  toutes  les  provinces  (i),  et  par  les  legs  des  habitants  de 
toutes  les  villes  de  France,  —  internationale  même,  puisque,  dans 
leur  lettre  au  pape  du  14  août  1601,  sollicitant  l'autorisation  de 
quêtes  et  pardons  dans  le  royaume,  les  échevins  de  la  Ville  de 
Paris  parlent  d'assurer  «  la  continuelle  nourriture  de  toutes  sortes 
de  pauvres  et  malades,  de  toute  nation,  sexe,  âge  ou  condition  »  (2) 
—  en  hôpital  purement  parisien  et  destiné  à  une  collectivité  sociale 
bien  délimitée,  celle  des  malades  et  des  blessés;  enfin,  d'autre  part, 
à  la  transformation  d'un  établissement  soumis  à  la  juridiction  du 


(i)  Encore  à  la  fin  du  xviii°  siècle  les  administrateurs  prétendent  que  ril.-h.  >•  étant  une 
institution  de  charité  et  de  bienfaisance  universelle,  adroit  aux  aumônes  de  tout  le  royaume  .. 
Mais  ils  avouent  que  seul  le  diocèse  d'Amiens  a  continué  à  contribuer  a  ses  revenus,  pour 
une  somme  infime  d'ailleurs  de  200  1.  par  an.  (Délib.  3  avril  1780,  reg.  i5o,  fol.    i-jo.) 

(2)  Arch.  nat.,   H  1792,  fol.  596  v».  (Délib.  V.  de  P.,  t.  XII  ;  Paris,  1909,  in-fol.,  p.  .i().|. 


l'hOTEL-DIEI:    AT-    XVIie    ET    AU    XVIHe    SIECLE 


Chapitre  de   Notre-Dame  et   à   la   protection  de    la   municipalité 

parisienne,  en  un  établissement  placé  sous  la  dépendance  du  roi,  du  | 

Parlement,  et  de  la  lieutenance  générale  de  police,  c'est-à-dire  à  la  j 

mainmise  du  pouvoir  central  sur  une  institution  autrefois  presque  | 

autonome,  suivant  d'ailleurs  une  loi  constante  observée  dans  les  'i 
autres  branches  de  l'administration  aux  xvii«  et  xviii«  siècles. 

On  peut  dire  que,  déjà  au  début.du  xvii«=  siècle,  le  Chapitre  de  \ 

Notre-Dame  n'a  plus  qu'une  surveillance  limitée  sur  le  «  spirituel .)  j 

de  la  maison,  qui  a  de  moins  en  moins  d'importance.  Les  délibé-  ' 

rations  capitulaires  n'ont  plus  de  valeur  qu'autant   qu'elles  sont  ' 
ratifiées  par  le  bureau  laïc,  par  les  administrateurs  du  «  temporel  «. 
L'administration  de  l'Hôtel-Dieu  est  d'ores  et  déjà,  malgré  quelques 

apparences,   une  administration    laïque,   et  les  quelques   conflits  ' 

soulevés  entre  les  deux  pouvoirs  finiront  toujours  par  la  victoire  ^ 

des  administrateurs.  Dautre  part,  la  municipalité  parisienne,  qui  1 
avait  toujours  soutenu  l'Hôtel-Dieu  comme  une  des  parties  de  son 

domaine,  est  petit  à  petit,  dans  ses  prérogatives  de  protection  comme  i 

dans  ses  projets  d'organisation,  en  temps  d'épidémie  par  exemple,  \ 

effacée  par  le  Parlement  qui,  dès  la  seconde  moitié  du  xvii«  siècle,  j 

correspondant  à  l'établissement  définitif  de  la  monarchie  absolue,  j 

met  la  main  sur  l'administration  des  établissements  hospitaliers.  , 

Nous  allons  suivre  rapidement  les  phases  de  cette  évolution, 
en  étudiant,  vis-à-vis  de  l'Hôtel-Dieu,  l'importance  et  l'influence 
de  ces  trois  pouvoirs,  dégagées  à  l'aide  de  leurs  délibérations  res- 
pectives. Aussi  bien  nous   avons  la  bonne  fortune   de   posséder  i 
tous  les  éléments  nécessaires  à  cette  étude  :  registres  des  délibé- 
rations   capitulaires,    registres    des    délibérations   de  la   Ville  de  i 
Paris,  registres  des  actes  du  Parlement,  enfin  registres  des  deli-  ■ 
bérations  de  l'Hôtel-Dieu  (  i  ).  De  la  confrontation  de  ces  documents,  \ 
il  ressort  quelques  principes  généraux  qu'il  y  a  lieu  d'exposer,  en  se  | 
bornant    d'ailleurs   à   quelques    idées    directrices    et    à    quelques  i 
exemples  probants,  car  l'abondance  même  de  la  documentation  \ 
serait  un  sérieux  écueil  si  l'on  cherchait  à  être  complet  dans  une 
étude  qu'il  importe  de  restreindre  à  des  considérations  d'ensemble. 
Nous  allons  donc  étudier  successivement  le  rôle  du  Chapitre,  —  i 
celui  de  la  Municipalité,  —  celui  du  Parlement,  —  celui  du  pouvoir 
central,  avant  de  voir  fonctionner  l'administration  elle-même.  i 


<i)  Voy.  la  Libliografliie. 


L  ADMINISTRATION 


LE     CHAPITRE 

En  donnant  la  liste  complète  des  délibérations  capitulaires 
concernant  rHôtel-Dicu  jusqu'en  i539,  dans  son  2«  volume  de 
V Histoire  de  l'Hotel-Dieu  an  moyen  âge,  M.  Coyecque  en  fait 
ressortir  l'importance  pour  l'histoire  de  l'établissement,  importance 
qui,  dit-il,  représente  celle  des  délibérations  du  Bureau  pour  les 
xvii"  et  xvni^  siècles.  En  étudiant  les  délibérations  capitulaires  pour 
les  xvne  et  xviii'=  siècles,  on  se  rend  compte  immédiatement  du 
changement  qui  s'est  opéré.  Le  Chapitre  est  confiné  dans  les 
droits  de  sa  juridiction  spirituelle,  et  encore  ne  peut-il  l'exercer 
sans  l'agrément  et  le  contrôle  des  administrateurs,  d'où  divers 
conflits  que  nous  allons  rappeler. 

Ces  délibérations  capitulaires  nous  révèlent  les  actes  principaux 
oi^i  se  manifeste  l'intervention  des  deux  membres  du  Chapitre 
chargés  de  la  surveillance  de  l'Hôtel-Dieu,  qui  portent  le  titre 
de  «  visiteurs  »  de  l'Hôtel-Dieu  et  sont  désignés  à  l'assemblée 
général  de  la  Saint-Jean  (i)  :  la  nomination  et  l'installation  du 
«  maître  au  spirituel  »  ;  la  désignation  des  chapelains  ;  la  récep- 
tion, vêture  et  «  probation  »  des  religieuses;  les  lettres  d'obé- 
dience permettant  la  sortie  de  ces  religieuses  ;  la  visite  annuelle 
et  «  le  chapitre  »  ou  assemblée  du  personnel  religieux  de  la  mai- 
son ;  la  revision  des  statuts  de  la  communauté  et  l'approbation 
des  élections  des  dignitaires  ;  l'érection  d'autels  ou  de  chapelles; 
la  publication  des  indulgences  et  des  jubilés,   et  c'est  tout  (2). 

En  définitive,  cette  juridiction  spirituelle  ne  diffère  guère  de 
celle  qui  peut  s'exercer  à  l'égard  de  toute  communauté  religieuse  ; 
mais  elle  n'en  est  pas  moins  singulière,  en  ce  sens  qu'elle 
écarte  complètement  toute  ingérence  de  l'archevêque.  Le  Cha- 
pitre de  Notre-Dame  en  a  fait  les  statuts,  «  pour  ne  despendre 
ladite  maison  »,  dit  une  note  du  xvii"  siècle,  «  d'aulcuns  généraulx, 
provinciaulx,  abbez,  prieurs  ou  aultres,  et  pas  mesme  de  l'Arche- 
vesque  de  Paris  «.  Ce  sera  un  événement  lorsque  le  cardinal  de 
Noailles  viendra  —  une  fois  par  hasard  —  s'agenouiller  dans  la 
petite  église  de  l'Hôtel-Dieu,  comme  viendrait  tout  autre  per- 
sonnage d'importance,  mais  sans  d'ailleurs  se  permettre  la  moin- 
dre intrusion  dans  le  domaine  réservé  au  Chapitre,  qui  défendait 


(i)  J.  Meuret,  le  Cliafitre  de  Notre-Dame  de  Paris  en  rygo  ;  Paris,  in-8  [1904],  p.  i53. 

(2)  A  l'enterrement  du  doyen  du  cliapitre,  son  cercueil,  en  passant  devant  l'Hôtel-Dieu, 
était  encensé  par  les  chapelains  entourés  des  sœurs  en  habit  de  chœur.  (Description  histo- 
rique des  curiosités  de  l'Eglise  de  Paris;  Paris,  GuefTier,  1763,  in- 12,  p.  423.) 


'HOTF.L-niFr    AU    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


jalousement  ses  droits.  Un  seul  archevêque,  qui  eut  un  peu  plus 
de  caractère  que  ses  prédécesseurs,  Christophe  de  Beaumont, 
aurait  pu  être  tenté  de  s'immiscer  dans  les  affaires  de  l'Hôtel-Dieu  ; 
mais  il  eut  alors  un  autre  champ  pour  exercer  son  activité  :  l'Hô- 
pital général. 

■  Le  pouvoir  du  Chapitre  s'exerçait  surtout  par  Tintermédiaire 
du  «  maître  au  spirituel  »,  personnage  sans  importance  qui  se 
borne  à  gérer  les  affaires  de  la  communauté. 


LE    MAITRE    AU    SPIRITUEL 

Le  maître  au  spirituel,  en  effet,  n'est  plus  qu'une  sorte  de 
supérieur  des  chapelains,  depuis  que  les  statuts  (i)  de  i535  Tont 
dépossédé  de  ses  attributions  temporelles.  Il  ne  les  a  pas  toutes 
perdues,  d'ailleurs,  mais  elles  sont  assez  mal  définies. 

Les  statuts  de  i652  portent  (2)  qu'il  est  établi  dans  la  maison, 
«  de  l'autorité  du  Chapitre,  pour  veiller  au  culte  divin,  et  à  l'office 
canonial  qui  s'y  chante,  comme  aussi  pour  prendre  garde  à  ce  que 
les  malades  soient  assistés  spirituellement,  temporellement,  et 
généralement  pour  maintenir  en  toutes  choses  la  gloire  de  Dieu 
et  l'augmentation  de  son  culte  dans  l'Hôtel-Dieu  ».  Un  autre 
document  de  la  première  moitié  du  xvii^  siècle  indique  qu'il  doit 
prendre  garde,  en  l'absence  des  gouverneurs  et  administrateurs, 
«  à  ce  qui  est  du  temporel  de  ladicte  maison,  et  en  tout  cas  en 
advertir  lesdits  administrateurs,  et  ayant  mesmes  plain  pouvoir 
aux  choses  spirituelles,  à  qui  tous,  relligieux,  relligieuses,  chap- 
pelains,  officiers,  serviteurs,  et  tous  ceux  qui  sont  demeurans 
dedans  l'enclos  de  ladicte  maison  luy  doibvent  obeyr  en  ce  qui 
regarde  le  spirituel  ». 

Le  maître  est  assisté  d'un  «  sous-maitre  »  qui  n'a  pas  d'ailleurs 
d'attributions  spéciales,  sauf  la  conduite  des  enjants  de  chœur, 
choisis  parmi  d'honnêtes,  mais  pauvres  familles,  à  qui  on  apprend 
le  latin,  et  qui  sont  soumis  à  une  discipline  assez  sévère  et  toute 
ecclésiastique  (3)  ;  on  les  destine  en  effet  à  la  prêtrise,  et  ils  devien- 
nent, après  leur  stage  comme  enfants  de  chœur,  des  enfants  à  la 
robe  noire,  portant  déjà  soutane  avant  d'être  chapelains  (4). 


(1)  Sur  la  réforme  de  l'Hôtel-Dieu  au  xvi«  s.,  voy.  Coyecque,  o.  c.  t.  I,  ch.  vu. 

(2)  Arch.  nat.,  LL  383a,  fol.  77. 

(3)  Voy.  à  ce  sujet  les  détails  donnés  par  F.-L.  Chartier,  l'Ancien  Chapitre  de  Xotre- 
Dame  de  Paris  et  sa  maîtrise  ;  Paris,  Perrin,  1897,  in-12. 

(4)  Quelques-uns  même  au  xvi-  siècle  étaient  mis  dans  des  collèges  pour  parfaire  leurs 
études.  Cf.  «  Pour  une  année  et  demye  de  la  pension  de  Noël  Duboys,  enfant  de  cueur  dudit 
H.-D..  estant  au  colleige  de  S"  Barbe,  24  1.  par.  (Comptes,  iSSg,  54°  reg.);—  A  Pierre  Le 


L  ADMINISTRATION 


Le  maître  tient  un  journal  ou  registre  «  des  choses  les  plus 
remarquables  qui  se  passent  dans  la  maison  »  et  qui  regardent 
son  office.  Ce  journal  écrit  au  jour  le  jour  contient  des  rensei- 
gnements précieux  pour  l'histoire  de  rétablissement,  et  parfois 
des  indications  intéressantes  sur  certains  événements  parisiens  (i). 
Nous  possédons  deux  registres  du  maître  au  spirituel,  l'un  allant 
d'août  1661  à  octobre  1738,  l'autre  du  16  mai  1740  au  9  fé- 
vrier 1779.  On  y  voit  consignés,  entre  autres  choses,  les  serments 
que  prêtaient  entre  les  mains  du  maître  les  «  apprentisses  »  sages- 
femmes  (2),  les  publications  de  ban  des  mariages  des  gens  de 
la  maison,  les  notifications  d'indulgences  (3),  les  probations  et' 
réceptions  des  religieuses,  leurs  décès,  les  élections  de  prieures, 
les  services  solennels,  etc. 

L'installation  d'un  maître  au  spirituel  ne  manquait  pasde  solen- 
nité. En  voici  un  exemple  :  «  Messire  Mathieu  Faulte  de  Ribiere. 
prêtre  du  diocèse  de  Limoges,  docteur  en  théologie  de  la  maison 
et  société  de  Sorbonne,  ayant  obtenu  par  ses  grades  la  cure  de 
S^  Landry  en  la  Cité,  ets'étantdemisde  la  place  de  maître  de  l'Hôtel- 
Dieu,  MM.  les  doyen  et  chanoines  de  l'Eglise  de  Paris  ont  choisi 
pour  lui  succéderlapersonne  demessire  JeanEtienne  Merlier,  prêtre 
du  diocèse  de  Paris,  docteur  en  théologie  de  la  maison  et  société 
de  Sorbonne,  cy  devant  premier  vicaire  de  l'église  paroissiale 
SI  Nicolas  des  Champs  à  Paris,  lequel  après  avoir  prêté  le  serment 
accoutumé,  en  présence  de  M'"^  du  chapitre  de  l'Eglise  de  Paris, 
entre  les  mains  de  M""  l'abbé  d'Harcourt,  doyen,  le  16  mai  1740, 
a  pris  possession  au  chœur  de  Notre-Dame,  et  a  été  mis  en 
possession  dudit  Hôtel-Dieu,  par  MM.  d'Harcourt,  doyen,  Dela- 
marre,  pénitencier  de  l'église  de  Paris,  MM.  Couvein,  théologal, 
de  Barcos,  chanoine,  étant  malades,  tous  quatre  supérieurs  et 
visiteurs  de  l'Hôtel-Dieu.  Le  mardi  suivant  M""  d'Harcourt  a 
présenté  au  bureau  de  M^s  les  administrateurs  du  temporel  la  per- 
sonne de  M""  Jean  Etienne  Merlier,  auxquels  il  a  déclaré  que, 
conformément  à  la  nomination  du  Chapitre  de  l'Église  de  Paris, 


Lorme.escollier  del'H.-D.  estudiant  au  collège  de  Navarre,  12  1.  10  s.  t.  pour  demye  année 
pour  subvenir  à  ses  études  (Comptes,  iSyS,  11 5»  reg.); —  A  François  Martin,  enfant  de 
ceur,  à  présent  escollier  dud.  H.-D.,  estudiant  au  colleige  de  S'»  Barbe,  3o  1.  t.  pour  une 
année  de  sa  pension  (Comptes,   iSyô,  121°  reg.).  <> 

(i)  Mai  1694:  procession  de  S'»  Geneviève  (t.  I,  p.  127);—  mars  1702,  «  Le  Roy  est  venu  à 
IHôtel-Dieu  pour  le  jubilé  u;— 8  juin  1773  :«  Arrivée  de  M"°»  la  daupliine  à  Notre-Dame  et 
à  l'Hôtel-Dieu  »,  etc.  (Voy.  A.  Boinet,  Catalogue  des  ?«ss.  des  Archives  de  l'A.  P.;  Paris, 
Pion,  igo8,  in-8»,  p.  i5.) 

(2)  T.  II,  in  fine,  en  retournant  le  volume  (14  juin  lySo-  19  juin  1787). 

(3)  Notamment  indulgence  de  7  ans  pour  les  «  mourants  prononçant  de  cœur  ou  de  bouche 
le  saint  nom  de  Jésus»  (bref  d'Innocent  XII,  26  févr.  1692,)  et  pour  ceux  qui  se  confessent  et 
communient  le  jour  de  Saint-Jean-Baptiste,  patron  de  céans  (t.  I,  p.  1 17). 


l'hOTEL-DIFI-    AV    XVIie    F.T    AU    XVIII«    SIECLK 


il  l'avait  mis  en   possession    du  spirituel   de   THôtel-Dieu  (i)  >;. 

Quand  un  maître  meurt  en  fonctions,  son  corps  est  embaumé 
et  enterre  dans  le  chœur  de  l'église  de   THôtel-Dieu  (2). 

Malgré  son  pouvoir  presque  absolu  sur  les  chapelains  et  la 
communauté,  le  maître  est  soumis  tous  les  ans  à  Tinspection  du 
doyen  et  des  deux  chanoines  «  visiteurs  »  de  l'Hôtel-Dieu,  qui 
jugent  en  dernier  ressort  de  toutes  les  affaires  importantes,  en 
particulier  des  différends  qui  peuvent  surgir  entre  le  maître  au 
spirituel  et  les  administrateurs.  A  vrai  dire,  le  maître  ne  fait  rien 
sans  en  référer  au  Chapitre,  dont  il  n'est  que  le  «  délégué  »  à 
l'Hôtel-Dieu,  et  dont  il  suit  docilement  la  politique. 

Les  chanoines  «  visiteurs  »  font  tous  les  ans,  au  mois  de 
décembre,  le  jour  de  la  fête  des  Saints-Innocents,  accompagnés 
du  doyen,  la  visite  des  tabernacles,  des  ciboires,  des  ornements, 
de  la  sacristie,  des  registres  tenus  par  le  chapelain  du  banc  (3),  et 
s'assurent  que  tout  est  en  bon  ordre  et  bien  entretenu  (4),  puis 
vont  visiter  les  fonts  baptismaux  et  les  vases  des  saintes  huiles 
qui  sont  dans  la  chapelle  de  la  salle  du  Légat,  enfin  montent  à  la 
communauté  recevoir  les  clefs  de  la  mère'prieure,  visitent  les  locaux 
et  tiennent  le  «  chapitre  »  ou  assemblée  annuelle,  où  l'on  rappelle 
le  personnel  religieux  à  l'observation  des  statuts  et  règlements. 

LES    FRÈRES 

La  délibération  du  20  novembre  161 5  (5)  mentionne  encore,  à 
côté  des  chapelains,  prêtres  séculiers,  5  religieux  profès  :  ce  sont  les 
derniers  représentants  de  l'ordre  des  frères  que  le  Chapitre  laissait 
s'éteindre,  faute  de  sujets  capables  pour  le  recruter  ;  les  deux  der- 
nières réceptions  de  frères  eurent  lieu  en  1 608.  En  1620,  le  Chapitre 
fit  défense  au  maître  de  lui  proposer,  à  l'avenir,  «  aucun  novice  qui 
ne  fut  instruit  et  capable  d'entendre  les  religieuses  en  confession  » . 
et  refusa  deux  novices  «  enfans  de  chœur  eslevés  en  cet  hostel,  et  ne 
voulut  les  admettre  à  faire  profession  »  (6).  Cet  ordre  des  frères  s'était 


(i)  Journal..,  t.  11^  p.  i. 

(2)  Cf.  le  23  mars  1741  le  corps  de  M'  Merlier,  maître  au  spirituel,  est  inhumé  dans  le 
chœur  de  l'église  de  l'H.-D.,  «  au-dessus  de  l'aigle,  du  côté  gauche  ».  (Journal  du  maître 
au  spirituel,  t.  II,  p.  3.) 

(3)  Cf.  4  juin  1751,  Relation  de  la  visite  de  l'H.-D.  par  M'  de  S'  Exupéri,  doyen.  Le 
Blanc,  et  de  Barcos,  chanoines,  visiteurs  de  l'H.-D.  (Délib.  capit.,  Arch.  nat.,  LL268,  à  la 
date.) 

(4)  Le  maître  n'a  pas  le  droit  de  disposer  des  objets  de  la  sacristie  sans  l'autorisation  du 
Bureau;  voy.  plaintes  à  ce  sujet.  (Délib.  3  juin  1667,  reg.  35,  fol.  114  v».) 

(5)  Reg.  12,  fol.  924. 

(6)  Arch.  nat.,  L.  593,  mémoire  de  Lelong,  chanoine,  liv.  II,  ch.  11.  p.  i53.Un  des  der- 
niers admis  fut  Jean  Bourgeois  qui  fut  sous-maître  et  maître  de  IH.-D. 


L  ADMINISTRATION 


signalé,  au  xvr  siècle,  par  sa  lutte  contre  le  Chapitre  qui  avait  installé 
à  leur  place,  en  i  548,  des  chapelains  séculiers  ;  ils  avaient  refusé  de 
se  soumettre  à  l'obédience  des  religieux  de  Saint-Victor  (i)  et 
s'étaient  pourvus  en  cour  de  Rome  contre  l'arrêt  du  Parlement 
qui  les  avait  fait  sortir  de  l'Hôtel-Dieu.  Ils  avaient  obtenu  leur 
retour  par  un  nouvel  arrêt  du  Parlement  du  22  mai  i55o,  et  le 
Chapitre  avait  reçu,  le  23  février  i55i,  notification  d'une  bulle 
pontificale  leur  permettant  de  reprendre  leur  ancien  habit.  Apres 
le  départ  des  religieux  de  Saint- Victor,  ils  furent  rétablis  dans 
la  plupart  de  leurs  anciennes  fonctions  ;  leur  gouvernement  ne  fut 
qu'une  suite  de  scandales  et  de  malversations,  Jusqu'à  la  fin  du 
xvi«  siècle,  et  l'on  s'étonne  que  le  Chapitre  les  ait  si  longtemps 
supportés   (2). 

LES    CHAPELAINS 

Sous  l'autorité  du  «  maître  »  sont  les  chapelains,  dont  les 
Statuts,  datant  de  i  535,  furent  renouvelés  en  1 652,  en  même  temps 
que  ceux  des  religieuses. 

Ils  n'étaient  que  4  en  i535  ;  ils  étaient  14  en  i652,  dont 
6  chapelains  du  chœur  et  8  chapelains  des  malades  (3).  Ils  sont 
présentés  par  le  maître  au  spirituel  et  viennent  de  tous  les  diocèses 
de  France,  mais  surtout  de  la  Picardie,  de  la  Normandie  et  de 
l'Auvergne.  Ils  commencent  par  être  chapelains  des  malades,  puis 
passent,  à  l'ancienneté,  chapelains  du  chœur.  Quelques-uns  arrivent 
à  la  dignité  de  sous-maître,  de  maître,  ou  sont  nommés  curés  (4). 

Les  chapelains  du  chœur  sont  spécialement  chargés  de  l'église 
et  des  offices  ;  ils  préparent  les  processions,  les  expositions  du  Saint- 
Sacrement,  le  «  paradis  »  du  vendredi  saint,  les  reposoirs,  font  le 
catéchisme  aux  domestiques  de  la  maison  une  fois  par  semaine, 
disent  toutes  les  prières  de  leur  état,  confessent  les  religieuses, 
accompagnent  les  convois  de  jour  aux  Innocents,  à  tour  de  rôle, 
chaque  semaine,  les  convois  de  nuit  à  la  Trinité,  veillent  à  ce  que 
les  «  emballeurs  »  déposent  saintement  les  morts  sans  les  tirer  par 
les  pieds,  les  mettent  dans  la  fosse  en  les  couvrant  de  terre  sans  se 
contenter  de  les  déposer  à  même  le  sol  et  de  les  recouvrir  d'un  peu 
de  terre,  ne  chargent  pas  trop  le  chariot,  pour  que  l'essieu  ne  se 

(i)  Bulle  du  pape  Paul  III,  18  juillet  i53g;  arrêt  du  Parlement,  18  août  1540.  Sur 
cette  nouvelle  constitution  de  l'H.-D.  et  ce  changement  d'obédience,  voy.  Coyecque,  o.  c, 
t.  I,  p.    193  et  sqq. 

(2)  Le  bureau  fut  sur  le  point  d'appeler  les  jésuites  en  i586.  (Délib.  18  juin,  reg.  7,  p.  61.) 

(3)  Les  chapelains  sont  inscrits  au  rôle  de  la  capitation,  ainsi  que  le  maître  au  spirituel, 
ce  dernier  pour  67  1.  en  i6g6  et  les  premiers  pour  33  1.  ou  22  1.  (Arch.  nat.,  Zipio.) 

(4)  Voy.  la  formule  de  serment  des  chapelains,  Bibl.  Ars.,  ms.  6o5  :  Manuale  sivc 
modus  administrandi  sacramenta  ecclesiastica  ad  ecclesiœ  parisiensis  usitm,  fol.  3i, 


)n:u  Af  xvire  et  au  xvi 


rompe  pas,  ce  qui  est  fréquemment  arrivé,  et  suivent  avec  leur 
lanterne,  tant  pour  se  conduire  que  pour  obvier  à  la  chute  des  corps 
qui  pourraient  tomber  du  chariot  sans  que  les  emballeurs  s'en 
aperçoivent  (i).  Il  leur  est  recommandé,  naturellement,  de 
pratiquer  toutes  les  vertus  chrétiennes,  de  s'efforcer  à  réaliser 
dans  leur  vie  le  conseil  de  saint  Bernard  (2):  Lucere  pafum  est, 
ardere  bomim  est,   liicere  et  ardere   perfectum. 

Quel  est  l'emploi  du  temps  d'un  chapelain  du  chœur?  Il 
se  lève  vers  5  heures,  descend  faire  une  oraison  mentale  vers 
8  heures,  dans  la  chambre  du  maître,  puis  dit  sa  messe  à 
l'église,  dîne  à  1 1  h.  1/2  au  réfectoire,  se  rend  ensuite  à 
l'église  dire  le  Miserere  et  le  De  Projundis  pour  les  bienfaiteurs, 
et  se  retire  dans  sa  chambre  où  il  peut  faire  quelque  lecture 
pieuse,  sans  qu'il  lui  soit  permis  de  vaquer  dans  les  salles  ni  de 
causer  avec  les  religieuses  ;  le  soir,  le  souper  est  à  6  h.  1/2, 
également  au  réfectoire,  où  il  existe  deux  tables  séparées, 
l'une  pour  le  maître,  le  sous-maître  et  les  chapelains,  l'autre 
pour  les  enfants  de  chœur  et  les  enfants  de  la  robe  noire.  Le 
lundi,  à  I  heure,  il  assiste  à  une  «  conférence  »  dans  la  chambre 
du  maître.  Tous  les  ans,  il  fait  une  «  retraite  »  de  huit  jours,  soit 
à  l'Hôtel-Dieu  ou  à  Saint-Louis,  soit  dans  un  couvent  de  son 
choix,  chez  les  Jésuites,  à  Saint-Lazare,  à  l'Oratoire,  à  Saint-Sulpice, 
par  exemple  ;  mais  il  ne  doit  pas  y  avoir  en  retraite  plus  de  2  cha- 
pelains à  la  fois.  S'il  est  malade,  on  lui  donne  un  domestique 
pour  le  soigner,  et  les  religieuses  peuvent  lui  envoyer  quelques 
douceurs.  S'il  meurt  (3),  on  l'enterre  dans  l'église  de  l'Hôtel-Dieu. 

Les  chapelains  des  malades,  qui  sont  au  nombre  de  8,  à  partir 
de  i652,  ont  des  occupations  plus  variées  et  plus  absorbantes. 
Ils  se  partagent  ainsi  leurs  fonctions  :  l'un  d'eux  est  au  banc  pour 
recevoir  et  enregistrer  les  malades  qui  ont  reçu  du  chirurgien  de 
la  porte  le  petit  mereau  indiquant  qu'ils  sont  admis,  et  après  avoir 
recueilli  les  renseignements  nécessaires,  il  leur  attache  au  bras 
droit  le  petit  papier  roulé  où  est  inscrit  leur  nom,  et  qui  servira 
à  les  reconnaître  en  cas  de  décès  (4).  Un  second  est  occupé  à 
l'administration  des  sacrements  de  baptême,  communion  et 
extrême-onction,  dans  toutes  les  salles  et  offices  de  la  maison  (5).  Les 

(1)  Arch.  nat.,  LL  385a  ,  fol.  loi. 

(2)  Liv.   II,  De  Conjide,  in  fine   (préface  des  statuts,  p.  7). 

(3)  Cf.  Le  20  mars  1742  est  décédé  Corneille  Mac-Mahon.  prêtre  irlandais,  de  Limerick, 
docteur  de  Sorbonne  ;  il  était  demeuré  19  ans  dans  la  maison  et  avait  toujours  donné 
des  e.xemples  de  vertu  et  d'un  zèle  vraiment  ecclésiastique;  il  a  été  inhumé  dans  le 
^liœur,  sous  le  siège  des  chantres.  (Arch.  A.  P.,  Journal  du  maître  au  spirituel,  t.  II,  p.  6.) 

(4)  Arch.  nat.,  LL  385a  ,  fol.  146. 

(5)  Au    moyen  âge,    celui  qui   se    tenait  au   banc  de  la    réception    devait  confesser   et 


ADMINISTRATION 


6  autres  vaquent  à  la  confession  des  malades.  Ils  ont  chacun  leur 
district  (i).  Le  premier  confesse  ceux  de  la  salle  Saint-Thomas, 
de  la  salle  Saint-Denis,  et  la  moitié  du  grand  rang  de  la  salle  de 
l'infirmerie  jusqu'à  la  salle  des  taillés  ;  le  second,  ceux  de  la  salle 
Saint-Côme  et  les  accouchées  ;  le  troisième,  ceux  de  la  salle  du 
Rosaire  ;  le  quatrième,  ceux  de  la  salle  Saint-Jean-Baptiste,  ou 
infirmerie,  sauf  ceux  qui  sont  du  côté  du  couvent  des  sœurs, 
réservés  au  premier;  le  cinquième,  ceux  de  la  salle  des  Innocents 
(salle  basse),  des  taillés,  de  la  salle  Saint-Augustin  (salle  jaune), 
de  la  salle  Saint-Lazare  (véroles),  de  la  salle  Sainte-Geneviève 
(vérolées)  ;  enfin,  le  sixième,  ceux  de  la  salle  Sainte-Marthe 
(le  Légat). 

Ils  changent,  d'ailleurs,  tous  les  i5  jours,  suivant  un  roulement 
qui  commence  chaque  quinzaine,  le  samedi  après  dîner.  Les  cha- 
pelains du  banc  peuvent  sortir  un  après-dîner  par  semaine,  pour 
«   prendre  l'air  ». 

Outre  le  registre  du  banc  ou  registre  d'entrée,  ils  tiennent  le 
registre  des  baptêmes,  puis  un  registre  des  testaments  et  un 
registre  des  abjurations  (2). 

Les  chapelains  reçoivent,  en  effet,  «  les  testaments  des  pauvres 
malades  qui  veulent  tester  auparavant  que  mourir,  et  aussi 
qui  veulent  déposer  quelque  chose  pour  la  décharge  de  leur 
conscience,  décharger  ou  accuser  des  complices  ».  Ils  doivent,  en 
ce  cas,  appeler  deux  témoins  «  signandaires  »,  de  préférence 
d'autres  chapelains,  veiller  à  ce  que  le  malade  soit  dans  «  son 
bon  sens  »,  et  rédiger  ses  intentions  le  plus  nettement  et  le  plus 
brièvement  possible.  Ils  doivent  également  délivrer  expédition 
du  testament  après  la  mort  du  malade,  autant  de  fois  qu'on  leur 
demandera,  le  signer  et  l'attester  en  la  forme  ordinaire,  et  se 
contenter  de  ce  qu'on  leur  offre  sans  rien  demander  pour  l'expé- 
dition (3). 


faire  communier  les  malades  aussitôt  après   leur  admission.  Les  statuts  supprimèrent  la 
communion. 

(1)  Statuts,  p.  i33. 

(2)  En  1743,  le  procureur  du  roi  au  Châtelet  exige  que  les  registres  de  baptême, 
mariage  et  sépulture  soient  tenus  en  double  et  remis  tous  les  ans  au  greffe  du  Châtelet. 
Mais  les  administrateurs  défendent  de  donner  satisfaction,  ainsi  que  pour  le  registre  de 
vcture,  probation  et  profession.  {Journal  du  maître  au  spirituel,  t.  Il,  p.  12.)  En  1746, 
on  délivre  aux  ecclésiastiques  des  formules  imprimées  pour  les  extraits  baptistaires  et  mor- 
tuaires. (Voy.  L.  Cahen,  la  Question  de  l'état  civil  à  Paris  au  xyiii»  s.,  dans  la  Révolution, 
14  sept.   1909.) 

(3)  Arch.  A.  P..  n»  141 3.  «  Testaments  de  malades  de  l'H.-Uieu,  signés  par  les  testa- 
teurs et  les  témoins  choisis  parmi  les  prêtres  de  l'hôpital.  »  (Le  i»-- volume  va  de  1644  à 
i655,  le  2»,  de  1680  à  1694,  le  3%  de  1735  à  1768,  le  4°,  de  1768  à  1783.)  Au  xviii»  s.,  le 
directeur  des  domaines  essaya  d'exiger  le  droit  d'insinuation  pour  les  extraits  de  testaments 
ainsi  délivrés,  sous  prétexte  d'un  préjudice  porté  aux  droits  des  fermiers  généraux,  mais 
le  Bureau  résista.  (Délib.  17  mars  1776,  reg.  145  bis,  fol.  65.) 


L'HOTKL-Dir.r    AT    XYIIp    ET    AU    XVIIP    SIECLE 


Il  se  glisse  parfois  des  abus  dans  cette  réception  des  testaments 
des  malades;  le  maître  est  obligé  d'interdire,  en  1741,  dans  ces 
testaments,  toute  clause  qui  accorderait  à  un  chapelain  plus  de 
20  sols  pour  son  assistance  à  un  convoi  aux  Saints-Innocents,  ou 
dans  une  autre  paroisse  (i). 

Le  rôle  des  chapelains  auprès  des  malades  n'est  pas,  en  effet, 
toujours  désintéressé.  En  i663,  au  sujet  d'un  testament  fait 
par  Catherine  Langlais,  morte  à  THôtel-Dieu,  qui  a  laissé  de 
l'argent  pour  «  des  annuels  et  services  et  autres  tels  emplois 
pour  la  défunte  »,  le  Bureau  remarque  (2)  que,  depuis  quelque 
temps,  les  chapelains  «  font  non  seulement  faire  des  dispositions 
testamentaires  pour  services  à  THôtel-Dieu  qui  tournent  à  leur 
profit,  mais  mesme  vont  à  ceux  qui  doivent  de  l'argent  aux  défunts, 
et  le  reçoivent  quand  ceux  qui  le  doivent  veulent  bien  le  donner  ». 

Deux  ans  plus  tard,  le  Bureau  retire  aux  chapelains  l'argent  des 
fondations  de  messes,  «  messieurs  du  spirituel,  dit  la  délibération 
du  23  octobre  i665  (3),  n'ayant  aucun  droit  d'en  connaître  ». 

On  les  accuse  même,  en  1676,  d'aller  au  domicile  des  «  pauvres 
morts  à  l'Hôtel-Dieu  »,  d'y  prendre  et  donner  décharge  par  écrit 
de  ce  qu'ils  y  trouvent  appartenant  au  défunt,  qu'il  ait  fait  testament 
ou  non,  sans  rien  rapporter  à  la  caisse  de  la  maison,  soit  qu'ils 
gardent  le  tout,  soit  qu'ils  le  délivrent  aux  religieuses  qui,  ajoute 
la  délibération  (4),  y  envoient  aussi  quelquefois  leurs  servantes  et 
garçons  d'office.  Inutile  de  dire  que  le  Bureau  trouve  le  procédé 
«  mauvais  ». 

Enfin  une  des  principales  fonctions  des  chapelains  des  malades 
est  la  conversion  des  hérétiques  et  des  infidèles  ;  elle  devait  s'opérer 
par  étapes,  après  de  courts  sermons  et  quelques  avertissements  bien 
sentis;  si  le  malade  était  en  état  de  lire,  on  lui  confiait  même 
quelque  manuel  propre  à  l'amener  à  la  vérité,  îa  Méthode  7iouvelle, 
facile  et  solide  de  convaincre  de  nullité  la  religion  prétendue 
réformée,  par  M.  Véron,  éditée  chez  J.  Cottereau,  à  «  la  Prudence  », 
ou  bien  VAb?-égé  des  méthodes  de  traiter  des  controverses,  par  le 
même  Véron,  chez  Louis  Boulanger,  à  «  l'Image  Saint-Louis,  »  ou 
bien  encore,  chez  le  même  éditeur,  l'Antiquité  de  la  doctrine 
orthodoxe,  par  Jean  Lefèvre.  Lorsque  l'hérétique  était  en  danger 
de  mort,  un  simple  acte  de  foi  suffisait  ;  il  recevait  son  «  absolution  » 
de  l'hérésie,  et  sa  conversion  était  dûment  mentionnée  au  registre 


(1)  Aich.  A.  p.,  Journal  du  maître  au  spirituel,  t.  II,  p.   i. 

(2)  Délib.  5  oct.  i663,reg.  3i,  p.  232  v».  Voy.  aussi  2  déc.  1667,  reg.  35,  p. 

(3)  Reg.  33,  fol.  198  r». 

(4)  Délib.  24  janvier  1676,  reg.  44,  fol.  i8  v». 


I.  ADMINISTRATION  I  f 

des  abjurations.  Si  la  maladie  était  peu  grave,  le  cérénionial  prenait 
plus  d'apparat  et  le  nouveau  converti  devait  recevoir  le  baptême 
dans  l'église  (i). 

Le  Chapitre  adjoignit  même,  en  1642  (2),  6  prêtres  de  la  Mission 
aux  chapelains,  pour  concourir  à  cette  œuvre.  Grâce  à  ces  confes- 
seurs, dit  Abelly  (3),  «il  y  eut,  dès  la  première  année,  plus  de 
760  personnes,  dévoyées  de  la  vraie  foi,  tant  luthériens,  calvinistes, 
que  turcs,  dont  plusieurs  avoient  esté  blessez  et  pris  sur  mer,  ensuite 
menez  à  Paris  et  envoyez  à  l'Hostel-Dieu,  qui  se  convertirent  et 
embrassèrent  la  religion  catholique.»  Le  Chapitre  de  Notre-Dame 
alla  même  jusqu'à  conrier,  par  délibération  du  23  septembre  1650(4), 
au  supérieur  du  collège  des  Bons-Enfants,  qui  n'était  autre  que 
Vincent  de  Paul,  le  pouvoir  de  déléguer  à  l'Hôtel-Dieu,  au  nom 
du  Chapitre,  soit  des  religieux  de  la  congrégation  des  Pères  de  la 
Mission,  soit  des  prêtres  habitant  réellement  au  collège,  pour 
recevoir  la  confession  des  malades  (5). 

C'est  encore  à  l'action  de  Vincent  de  Paul  qu'il  faut  attribuer  la 
iondation,  en  1660,  de  2  prêtres  pour  les  agonisants,  par  M^^^  de 
Suze  (6),  l'une  des  dames  de  charité  de  l'Hôtel-Dieu.  Leur 
nombre  fut,  en  i685,  porté  à  4  (7).  Ils  étaient  logés,  nourris  et 
appointés,  choisis  par  le  Chapitre,  comme  les  autres  chapelains,  et 
devaient  employer  leur  temps  libre  aux  confessions  générales. 

Il  y  a  un  confesseur  spécial  pour  les  malades  étrangers  qui 
reçoit  des  honoraires  sur  les  dépenses  de  la  sacristie  (8). 

Enfin  des  prédicateurs  sont  appelés  pour  certaines  fêtes;  une 
légère  rétribution  leur  est  accordée.  M.  de  Ducal,  docteur  en  Sor- 
bonne,  qui  a  prêché  en  1705,  depuisl'Epiphanie  jusqu'au  dimanche 

(1)  Il  existe  aux  arcli.  de  l'A.  P.,  n°  1422,  un  registre  des  abjurations  où  sont  portés  les 
noms  des  réforme's  qui  avaient  dû  abjurer  le  protestantisme  pour  se  faire  soigner;  au  bas 
des  procès-verbaux  se  trouvent  les  signatures  des  témoins,  maîtres  au  spirituel,  prêtres  ou 
autres  personnages  (1698-1713).  11  a  été  publié  en  partie  par  G.  Douen,  la  Révocation  de 
iRdit  de  Nantes  à  Paris;  Paris,  Fischbaclier,  1894,  3  vol.  in-40,  t.  II. 

(2)  Délib.  capit.  29  mars  1642.  (Arch.  nat.,  LL  267,  fol.  278  v<>.)  Ces  6  prêtres  étaient 
MM.  Kilian  Calughan,  Cii.  Rulliiat,  Pierre  le  Clerc,  Guillaume  Tranchant,  Malhurin  Ménart 
et  Florent  Arnaut. 

(3)  La  Vie  du  vénérable  serviteur  de  Dieu  Vincent  de  Paul;  Paris,  Lambert,  1Ô64, 
in-4°,  2  lomes  en  i  vol.  t.  I,  ch.xxix,  p.  140. 

(4)  Arch.  nat.,  LL  198,  fol.  218. 

\b)  C'est  le  6  mars  1624  que  Vincent  de  Paul  prit  possession  du  principalat  du  collège 
des  Bons-Enfants  d'après  un  acte  qui  se  trouve  aux  Arch.  nat.,  M  106.  Deux  ans  plus  tard 
il  fondait  la  congrégation  de  la  Mission  et  obtenait  le  8  juin  1627  l'union  des  biens  du 
collège  à  cette  congrégation. 

(6)  Délib.  14  nov.  lôSg  et  acte  du  4  août  1660.  Il  s'agit  de  Françoise  de  Mailliane, 
veuve  de  Jacques  Honoré  de  la  Baume,  comte  de  Suze.  ("Voy.  Avis  aux  religieuses  de 
l'Hôtel-Dieu  de  Paris,  par  leurs  supérieurs;  Paris,  Ch.  Ballard,  1676,  in-18.) 

(7)  Délib.   16  mai  i685,  reg.  33,  fol.  78  r». 

(8)  De  1705  à  1711,  c'est  un  nommé  Muller  (État  des  dépenses  de  la  sacristie).  A  côté  du 
prêtre  allemand  il  y  eut  aussi,  du  moins  à  une  certaine  époque,  un  prêtre  irlandais.  (Ron- 
donneau,  Essai  hist.  sur  l'H.  D.  ;  Paris,  1787,  in-12,  p.  94.) 


L'HOTIX-niF.r    AU    XVIie    ET    AU    XVIII'^    SIECLE 


de  la  Quinquagésimc,  reçoit    12  livres,    c'est-à-dire    2   livres  par 
sermon  (i).  1 

Il  était  défendu   aux   chapelains  de   dire  la  messe  en   dehors        1 
de  l'Hôtel-Dieu  (2),  sauf  pour  des  cas  exceptionnels,  mariage  de 
famille,  mort  de  parents  ;  les  chapelains  des  malades  avaient  une 
salle  qui  leur  était  affectée  où  chacun  disait  sa  messe;  le  sacristain 
était  chargé  de  leur  partager  les  messes  de  fondation  inscrites  sur        ] 
un  registre  spécial  ;  les  chapelains  du  chœur  disaient  leurs  messes        i 
à  Téglise  ou  dans  le  cloître,  ; 

Les  ecclésiastiques  du  chœur,  des  salles  et  du  banc  ne  devaient 
pas  s'approprier  l'argent  qu'ils  pouvaient  recevoir  pour  dire  des 
messes,  mais  le  remettre  au  Bureau  (3). 

A  la  sacristie  étaient  attachés  des  garçons  chargés  de  répondre  j 
aux  messes  (ils  selevaient,  chacun  leur  semaine,  à  3  heures  du  matin  j 
pour  disposer  ce  qui  concerne  l'office),  de  nettoyer  tous  les  jours  | 
les  stalles,  les  autels,  de  frotter,  de  «  housser  »  l'orgue,  d'avertir  les  , 
chapelains  quand  un  malade  devait  être  administré,  de  recevoir  les 
malades  et  de  les  transporter  sur  des  brancards  avec  bonté  1 
et  douceur.  ! 

On  disait  ordinairement  à  l'église  2  grand'messes  par  jour,  sauf  I 
les  veilles  de  fête  et  pardons  ;  au  début  du  xviii^  siècle,  il  restait 
chaque  année  au  moins  400  grand'messes  de  fondation  que  l'on  , 
n'avait  pu  dire  ;  le  sacristain  les  mettait  au  nombre  des  messes  1 
basses;  mais  celles-ci  étaient  au  nombre  de  iS.ooo  et  il  ne  s'en  j 
acquittait  pas  plus  de  12  par  jour;  les  ecclésiastiques  avaient  déjà  j 
de  la  peine  à  dire  les  messes  de  dévotion  dont  ils  étaient  chargés  ; 
(convois,  messes  du  Saint-Sacrement  le  jeudi),  de  sorte  qu'il  restait, 
par  an,  400  grand'messes  et  7.000  messes  basses  de  fondation  1 
dont  on  ne  s'acquittait  point  (4)  ! 

Une  note  insérée  dans  le  «  Journal  du  maître  au  spirituel  »  à  la  ■ 
date  du  i3  mai  1742  (5),  rapportant  que  l'abbé  Laisné,  musicien  de  ! 
Notre-Dame,  s'était  donné  la  liberté,  sans  la  permission  du  maître,  '  i 
de  venir  à  l'orgue  de  l'église  chanter  des  motets,  pendant  l'élévation 
de  la  grand'messe,  indique  qu'à  cette  occasion  il  fut  défendu  par  ! 
les  supérieurs  et  par  le  Bureau  de  chanter  des  motets  dans  l'église       1 

(0  Arch.  A.  P.,  n«  1423.  État  de  dépenses  de  la  sacristie.  En  1706,  nous  trouvons  comme 
prédicateurs:  3  capucins,  i  prémontré,  i  docteur  en  Sorbonne,  i  bénédictin,  i  religieux 
de  la  Merci  ;  le  tarif  uniforme  est  de  2  1.  par  sermon.  | 

(2)  Règlement  des  messes  de  la  sacristie  fait  en  1775.  (Arch.  A.  P.,  liasse  874.) 

(?)  Suivant  un  usage  pratiqué  dans  la  plus  grande  partie  des  paroisses,  on  retenait  aux         ■ 
héritiers  des  ecclésiastiques,  en  cas  de  décès  dans  la  maison,  une  somme  de  40  1.  pour  frais 
d'enterrement. 

(4)   Mémoire  au  sujet  de    l'état   présent  de    la    sacristie   par  rapport    aux    messes    de         ! 
fondation  et  extraordinaires  ou  de  dévotion  (23  avril  1720).  Arcii.  A.  P.,  liasse  874.  1 

(5)T.  II,  p.  7.  i 


L  ADMINISTRATION  I  3 

de   l'Hôtel-Dieu    pour   quelque    raison    que   ce    soit,  comme  dV 
souffrir  de  musique  à  aucune  cérémonie. 

Chaque  semaine,  le  sacristain  dressait  et  affichait  l'état  des 
messes  qui  devaient  être  dites  (i).  Il  ne  saurait  être  question  de 
donner  une  liste,  même  approximative,  de  toutes  les  fondations  de 
messes.  Celles  qui  se  célébraient  tous  les  jours  de  Tannée,  en  1662, 
étaient  la  messe  des  bienfaiteurs,  à  l'issue  des  matines,  les  messes 
basses,  fondées  par  Pamphile  de  Lacour,  gouverneur  (contrat  du 
20  décembre  1647);  P^^  ^^  demoiselle  Gabrielle  du  Raynier  de 
Doré  (contrat  du  8  novembre  1641);  par  Vincent  Novellot, 
conseiller  au  Parlement  (contrat  du  27  avril  1648);  par  Charles 
Malon,  seigneur  de  Bercy  (contrat  du  16  mars  i635)  ;  par  Charles 
Picot,  chanoine  de  la  Sainte-Chapelle  (contrat  du  21  février  i652)  ; 
par  Charles  Davismeudy  (contrat  du  18  août  i656);  par  Nicolas 
Boivin,  bourgeois  de  Paris  (testament  du  22  mars  i683)  ;  Jean  Nau, 
conseiller  (testament  du  1 2  mars  i683)  ;  Jean  Gobelin,  conseiller  au 
Parlement  (contrat  du  11  juillet  1657)  ;  Jérôme  Le  Tellier  (contrat 
du  22  août  1659);  le  cardinal  Mazarin,  qui  se  célébrait  à  4  heures 
du  matin,  à  partir  du  mois  de  juin  1662;  Jacques  Josse  (con- 
trat du  16  décembre  1662),  etc.  Il  y  avait  d'autres  messes  spéciales 
pour  chaque  jour  de  la  semaine,  ou  à  certains  jours  du  mois  (2), 
un  salut  fondé  tous  les  samedis  de  l'année,  par  Denis  Conanier. 
mesureur  de  grains  (contrat  du  21  février  1541),  un'  autre  le 
premier  dimanche  de  Carême,  le  dimanche  de  la  Passion,  le  jour 
de  Pâques  et  de  l'Assomption,  par  Guillaume  Merlin  (contrat  du 
2  décembre  1569),  un  troisième  le  samedi  du  dimanche  de  la 
Passion,  par  Christophe  Foucault,  bourgeois  de  Paris  (testament 
du  II  juillet  i565),  à  l'octave  du  Saint-Sacrement  et  pour  la  fête 
de  la  Visitation  de  la  Vierge  (2  juillet),  par  dame  Marie  Pingre 
(contrat  du  dernier  mars  1648),  enfin  le  salut  du  Saint-Sacrement 
tous  les  jeudis  de  l'année,  fondé  par  Jean  Bourgeois,  maître  au 
spirituel  (contrat  du  20  mars  1661)  (3). 

Nous  pouvons  avoir    une  idée    de    la    valeur    des  maîtres   au 

(i)  Arcli.  A.  p.,  n»  1423  .«État  delà  recette  des  convoys,  hautes  messes  et  services  qui 
ont  eu  lieu  à  l'H.-D.  de  lyoS  à  1711,  suivi  d'un  état  de  la  dépense  de  la  sacristie  de  l'H.-D. 
de  170?  il  1709.»  N»  i424.«Registresdesmesses  de  lasacristiedel'H.-D.de  Paris»  (t.  I,  I7i5:i 
17  19,  et  t.  II,  de  1763  à  1782I.  N°  1426.  «Martyrologe  des  messes,  obits,  salus  et  suffrages 
fondez  en  l'Hostel-Dieu  de  Paris,  qui  s'y  chantent  et  célèbrent  pendant  le  cours  de  chacune 
année.  Escrit  en  1662,  pour  servir  au  maître  de  l'H.-D.» 

(2)  Tous  les  ans,  à  la  fête  de  Noël,  le  peuple  était  admis  à  la  messe  de  minuit,  qui  se 
disait  sur  les  autels  dressés  dans  chacune  des  salles  de  l'hôpital;  mais,  à  cause  de  l'inconvé- 
nient présenté  pour  les  grands  malades,  cet  usage  fut  supprimé  le  20  décembre  1758  par 
les  administrateurs. 

(3)  Voy.  d'autre  part  :  Ordre  des  fêtes  annuelles  et  solennelles  selon  le  bréviaire  de 
Paris,  ainsi  que  de  celles  qui  sont  propres  et  particulières  à  l'Hostel-Dieu  de  Paris,  et  a 
leurs  différents  degrés  de  solennité.  (Délib.  3i  août  i763,  reg.  i32,  fol.  292.) 


L'HOTF.L-DIFf    AU    XVII''    ET    AV    XYIII-^    SIECLE 


spirituel  il  v  en  eut  de  meilleurs  —  eu  rappelant  les  scandales 

provoques  en  i635  par  Tun  d'eux,  Nicolas  Lesecq,  véritable 
aventurier,  qui  se  faisait  saisir  par  les  huissiers  et  bâtonner  par 
les  soldats,  pourri  de  dettes,  ce  qui  ne  l'empêchait  pas  de  faire 
construire  dans  sa  maison  de  la  rue  Plâtrière  une  galerie  pour 
espionner  le  duc  d'Épernon,  son  voisin,  qui  était  alors  en  dis- 
f^râce  (i).  Il  était  fils  d"un  fripier,  dit  le  grand  Michel  Lesecq  le 
Balafré,  et  sa  mère  était  fille  d'un  marchand  devin  de  la  rue  Saint- 
Denis  :  il  les  ruina  par  le  Jeu.  A  l'Hôtel-Dieu.  il  injurie  tous  ceux 
qu'il  rencontre,  jure  et  sacre  à  tort  et  à  travers,  menace  les  embal- 
leurs du  fouet  et  du  carcan,  vole  le  bois  des  malades.  Malgré 
tout,  le  Chapitre  le  soutient  contre  les  administrateurs,  parce  qu'il 
essaye  de  faire  revenir  à  l'Hôtel-Dieu  le  régime  antérieur  à  l'édit 
de  i5o5,  et  que  le  clergé  espère  toujours  recouvrer  ses  droits 
perdus  sur  le  gouvernement  temporel  de  la  maison  depuis  cette 
époque.  Les  chanoines  font  bien  une  enquête  (2)  pour  la  forme 
en  présence  des  scandales  qui  leur  sont  signalés  par  des  plaintes 
incessantes,  mais  ils  ne  sont  pas  pressés  d'aboutir  ;  ils  dési- 
gnent deux  des  leurs,  de  Vertamont  et  Lavocat,  pour  mener 
à  bien  cette  enquête,  le  18  août  1634  ;  le  21  août,  les  enquê- 
teurs reçoivent  les  dépositions  de  35  religieuses,  «  appelées  par 
voyes  de  scrutain  »,  dépositions  contradictoires,  mais  dont  quel- 
ques-une§  sont  fort  révélatrices  des  mœurs  grossières  et  du  carac- 
tère violent  du  maître  au  spirituel  (3).  Aussi  les  administrateurs 
n'hésitent  pas  à  demander  audience  au  Parlement,  et  à  faire,  en 
présence  du  procureur  général,  le  récit  des  désordres  qu'ils  doivent 
supporter,  et  offrent  leur  démission,  si  l'état  de  choses  doit  conti- 
nuer. 

Le  Parlement,  par  arrêt  du  12  janvier  i635,  commet  quatre 
conseillers  pour  informer  du  différend,  Nicolas  Leclerc,  Samuel 
Delanave,  Christophe  Perrot  et  Claude  Leclerq,  et  l'interrogatoire 
a  lieu  le  jour  même  (4).   Les   administrateurs,  persuadés  qu'à  la 


(i)  Information  faite  par  M.  Mailly  de  Laryesur  le  sieur  Lesecq  (8  oct.  i634).  Arcii.  A.  P.. 
liasse  873. 

(2)  «  Procès-verbal  faict  à  l'Hostel-Dieu  de  Paris  par  Anthoine  de  Vertamont,  archidiacre 
de  .losas,  et  François  Lavocat,  chambrier,  chanoines  de  l'église  de  Paris  sur  les  plaintes 
faictes  au  chapitre  de  quelques  désordres  et  divisions  qui  sont  audit  Hostel-Dieu,  entre  le 
vicaire,  religieux  et  religieuses  dudit  hospital,  ledit  vicaire  dudit  chapitre  étant  à  présent 
M.  Nicolas  Lesecq,  et  ayant  esté  à  ce  requis  par  vénérable  doyen  et  chapitre  de  ladite  église 
par  conclusion  capitulaire  du  18  août  1634.  (Arch.  A.  P.,  liasse  875.) 

(3)  Le  brouillon  du  procès-verbal  des  dépositions  a  été  conservé  dans  la  liasse  875 
des  Arch.  de  l'A.  P.,  et  transcrit  par  A.  Rousselet,  Notes  sur  l'anc.  Hôtel-Dieu  de  Paris; 
Paris,  1888,  in-8,  p.  61  etsqq. 

(4)  Plainte  des  seigneurs  gouverneurs  de  l'Hostel-Dieu  contre  le  sieur  Lesecq,  maître 
au  spirituel,  et  mémoire  pour  faire  interroger  les  otficiers  de  l'Hostel-Dieu  contre  Vl.  Nicolas 
Lesecq,  12  janvier  i635.  (Arch.  A.  P.,  liasse  873.) 


L  ADMINISTRATION 


suite  de  cet  interrogatoire  accablant  on  expulserait  le  maître  au 
spirituel,  lui  envoyèrent  les  huissiers,  Pahin  et  Vatier,  pour  lui 
signifier  l'ordre  de  se  retirer  ;  mais  ils  ne  trouvèrent  que  son 
domestique,  à  qui  ils  laissèrent  leur  exploit.  Il  fallut  recourir  au 
Conseil  d'État  qui  donna  gain  de  cause  à  Lesecq  par  un  arrêt  du 
27  janvier  i635,  obligeant  les  administrateurs  à  le  loger  et  à  le 
nourrir,  rendant  responsables  de  cette  obligation  «  Claude  Laday, 
prebstre  pannetier,  Pierre  Briart,  despensier,  Pierre  Guinier,  som- 
melier, Charles  Delahaye  et  Denys  Louis,  porteurs,  et  les  sieurs 
commis  au  re'gime  et  gouvernement  temporel  dudict  Hostel-Dieu  ». 

Cependant  le  Chapitre  n'osa  pas  soutenir  jusqu'au  bout  la 
lutte  contre  les  administrateurs  ;  en  présence  des  plaintes  si  jus- 
titie'es  dépose'es  contre  Lesecq,  il  le  renvoya  (i)  à  la  suite  d'une 
conférence  où  se  trouvaient  le  doyen,  de  Vertamont  et  Lavocat, 
les  enquêteurs  précédemment  désignés,  et  le  président  de  Bailleul. 
Les  administrateurs,  d'accord  avec  le  Chapitre,  nommèrent  un 
nouveau  maître,  et  tout  rentra  dans  l'ordre. 

Cela  ne  veut  pas  dire  que  tout  danger  de  conflit  entre  les  admi- 
nistrateurs et  le  spirituel  fût  à  jamais  écarté.  A  chaque  instant, 
même  sous  de  futiles  prétextes,  le  feu  qui  couve  se  réveille.  En 
janvier  i663,  le  Bureau  fait  afficher  dans  la  maison  le  règlement  de 
la  salle  des  accouchées  sans  consulter  Boucher,  le  maître  au  spi- 
rituel ;  les  exemplaires  sont  effacés  avec  du  charbon  ou  de  la  boue 
Qu  bien  on  colle  par-dessus  des  images  du  crucifix  ;  le  différend 
n'est  apaisé  que  grâce  à  une  intervention  de  «  madame  la  première 
présidente  »  (2). 

Quelques  mois  plus  tard,  le  même  Boucher  prononce  «  des 
paroles  injurieuses  et  scandaleuses  contre  l'honneur  de  la  Com- 
pagnie »,  et  ce  n'est  que  sur  les  instances  de  M.  de  Lauzon,  l'un 
des  directeurs  spirituels  de  la  maison,  que  l'affaire  s'arrange  quinze 
jours  après  (3). 

Le  24  janvier  1692,  le  maître  et  les  chapelains  demandent  une 
augmentation  de  salaire  ;  le  Bureau  n'ayant  pas  voulu  l'accorder, 
ils  se  mettent  en  grève  et  refusent  de  dire  les  messes  ;  l'arche- 
vêque de  Paris  dut  s'entremettre  pour  faire  cesser  le  conflit. 

A  chaque  profession  de  religieuses,  ce  que  l'on  appelle  dans 
les  actes  capitulaires  les    «   vota  solemnia    »,  par  opposition   à 


(i)  Mémoire  et  résolution  pour  l'establissement  des  affaires  entre  les  seigneurs  du  Chapi- 
tre et  les  seigneurs  administrateurs  au  temporel  (février  i633)  et  .Mémoire  de  ce  qui  a 
été  proposé  par  monsieur  le  Premier  Président  et  messieurs  du  Chapitre.  (Arch.  A.  P.,  liasse 
873.) 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  873,  et  délib.  2  mars  i663,  rcg.  3i,  fol.  10. 

(3)  Délib.  12,  ig,  26oct.  i663,  reg.  3i,  fol.  236,  239,  242. 


l6  I.'HOTEI--DlF.f    AU    XYIl»^    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

«  rhabitus  »,  qui  est  la  simple  prise  d'habit  des  filles  blanches,  les 
administrateurs  laïques  et  les  chanoines  visiteurs  se  réunissaient 
en  un  repas  qui  avait  lieu  à  l'Hôtel-Dieu  ;  mais,  en  cas  de  conflit 
trop  aigu  entre  les  deux  corps,  le  dîner  était  supprimé. 

En  1/35,  se  produisit,  selon  les  termes  du  «  Mémoire  des  admi- 
nistrateurs de  l'Hôtel-Dieu  »,  une  «  entreprise  de  la  part  de 
Messieurs  du  Chapitre  ».  Ceux-ci  en  effet  nommèrent  chapelain  de 
Saint-Louis,  Stéphan,  ancien  chapelain  de  THôtel-Dieu  ;  ils  lui 
donnèrent  tous  les  pouvoirs  tant  pour  confesser  que  pour  remplir 
les  autres  fonctions  de  la  place,  et  chargèrent  le  maître  deTHôtel- 
Dieu  de  le  présenter  aux  administrateurs  pour  l'agréer  et  l'inscrire 
sur  leurs  registres.  Mais  les  administrateurs  virent  dans  ce  procédé 
le  dessein  bien  arrêté  de  s'emparer  de  l'administration  temporelle 
de  l'Hôtel-Dieu.  Aussi  élevèrent-ils  les  plus  vives  protestations  et 
refusèrent  de  reconnaître  Stéphan.  Sans  doute,  le  Bureau  ne  con- 
teste point  au  Chapitre  son  droit  sur  le  spirituel,  mais  le  chape- 
lain de  Saint-Louis  a  un  pouvoir  mixte  du  temporel  et  du  spirituel, 
et  toute  place  dont  le  pouvoir  est  mixte  appartient  de  droit  aux 
administrateurs  du  temporel.  De  plus,  c'est  grâce  à  un  legs  fait  à 
l'Hôtel-Dieu  (i)  par  Poitevin  de  Bourdeilles,  chirurgien,  que  le 
culte  a  été  établi  à  Saint-Louis  ;  le  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu  ne 
nomme-t-il  pas  enfin  les  quatre  chapelains  des  Incurables  depuis 
1637,  celui  de  Sainte-Anne,  de  Saint-Julien  le  Pauvre,  de  Cham- 
prosay  ;  Saint-Louis  et  l'Hôtel-Dieu  ne  forment-ils  pas  qu'une 
même  maison  ? 

A  cela  les  membres  du  Chapitre  répondent,  en  s'appuyant  sur 
les  textes,  que,  le  25  février  1668,  Gilles  Lorite  a  été  élu  par  les 
chanoines  et  son  élection  inscrite  le  même  jour  sur  les  registres  du 
Chapitre,  et  que  le  29  février  c'est  le  maître  de  l'Hôtel-Dieu  qui  l'a 
mené  à  Saint-Louis,  a  fait  appeler  les  domestiques  au  son  de  la 
cloche  etleur  a  recommandé  de  lui  obéir.  Mêmes  mentions  aux  actes 
capitulaires  du  17  Juin  1676  (2),  du  2  juillet  1694  et  du  6  juin  1719 
pour  l'installation  à  Saint-Louis  de  Heurtel,  Leuillier  et  de 
Legrand.  Ils  s'appuient  également  sur  le  texte  de  la  5^  partie  du 
chapitre  3o  des  constitutions  de   1725  (3j,  où  il  est  dit  «  qu'il  y 


(i)  De  Bourdeilles  avait  légué  une  somme  de  20.000  1.  à  charge  de  dire  une  messe 
basse  quotidienne  à  l'H.-D.  et  à  S.-Louis.  (Délib.  16  nov.  1678,  reg.  40,  fol.  197  V».) 

(2)  Hodie,  sut  finem  Capituli  Domini  Decanus,  Cantor,  et  Delebarde,  Canonici  pari- 
siennes Domiis  Dei  et  administratores  sett  visitatores  a  capituli  deputati  nominaveriint  et 
instituenint  in  capellanum  Xenodochii  Sancti  Ludovici  Magistrum  Adrianum  Heurtel, 
capellantim  ejusdem  Domus  Dei  ad  id  numeris  abeundum  loco,  magistri  Œgidii  Lorite 
senescentis  quandiu  prœfatis  Dominis  placuerit,  actuni  die  et  anno  in  supra.  (Reg.  cap., 
i3  juin  1676.) 

(3)  Homologuées  au  Parlement  le  17  mai  1725. 


LE    BAIIMENTDU     ROSAIRE     El    LE    PONl'    AU    DOUBLE,    D'aPRÈS    ISAAC    S1LVES1RE    {XVll"   SIECLE) 


11 


U.0 


3.  —  VUE   DE   l'HOTEL' 


•DIEU,    d'après    ISAAC   SILVESTRE    (XVII»   SIÈCLE) 


L  ADMINISTRATION 


aura  tous  les  ans  un  confesseur  nommé  par  les  visiteurs  de 
rHôtel-Dieu  pour  entendre  les  confessions  des  sœurs  envoyées 
à  Saint-Louis,  ou  autre  maison  hors  Paris,  auquel  confesseur 
les  sœurs  se  confesseront  pendant  le  peu  de  temps  qu'elles  passe- 
ront dans  l'une  desdites  maisons  pour  le  rétablissement  de  leur 
santé  ».  Mais  le  Bureau  de  l'Hôtel-Dicu  conteste  l'authenticité  de 
ces  registres  et  actes  capitulaires,  qui  nont  rien  de  conforme  à 
la  réalité,  et  doivent  être  regardés  «comme  un  ouvrage  de  ténèbres 
dont  les  auteurs  sont  inconnus  et  sans  caractère,  et  ne  peuvent 
prévaloir  sur  les  nominations  authentiques  du  Bureau,  et  sur 
l'usage  continuel  et  public  qu'il  a  fait  de  son  droit  ».  Si  le  chape- 
lain de  Saint-Louis  a  des  fonctions  temporelles,  c'est  par  assimi- 
lation avec  le  sacristain  de  l'Hôtel-Dieu,  qui  est  également  chargé 
«  de  plusieurs  soins  temporels,  sous  l'autorité  seule  du  Bureau  et 
sans  aucune  dépendance  de  Messieurs  du  Chapitre  ».  S'ils  ont 
appelé  au  synode  le  chapelain  de  Saint-Louis,  ils  l'ont  fait  sans 
aucun  droit,  par  entreprise  sur  les  prérogatives  de  l'ordinaire,  et 
rien  ne  prouve  d'ailleurs  que  le  chapelain  ait  obéi  à  cette  convo- 
cation (i);  d'ailleurs  cela  n'enlève  rien  au  droit  de  nomination; 
bien  plus,  si  le  chapelain  a  besoin,  par  rapport  au  spirituel,  de 
besoins  plus  étendus  qu'il  n^en  a,  c'est  à  l'archevêque,  et  non  au 
Chapitre,  qu'il  doit  avoir  recours. 

La  contestation  dura  de  1739  à  1 751,  et  se  termina  par  un  arrêt 
du  Parlement  du  27  février  1751  (2),  maintenant  les  adminis- 
trateurs de  l'Hôtel-Dieu  dans  leur  droit  de  nomination  des 
chapelains  de  Saint-Louis,  «  avec  défense  au  Chapitre  de  les  y 
troubler  »,  sans  toucher  en  rien  d'ailleurs  au  droit  de  juridiction 
spirituelle  du  Chapitre  (3).  Celui-ci,  sur  le  rapport  de  Farjonel,  son 
agent  d'affaires,  avait  eu  la  prudence  de  se  désister  de  l'instance, 
en  réservant  toutefois  «  tous  les  droits  et  juridiction  du  Chapitre 
en  autres  choses  »  (4). 


f  i)  Extractum  e  sinodo  venerabiliiim  D.  D.  decani  et  capiltili pjrisioisis  celebrata  aiiiio 
millesimo  septuagesimo  trigesimo  sexto,  die  autem  Martis,  vigesima  octava  febriiarii  : 
«  Seqnuntur  nomina  et  cognomina  omnium  qui  Ituic  a  sanctœ  sinodo  intéresse  et  vadimo- 
nium  obire  tenentur  et  comparere  sub  pœna  canonica  :  Canonici  S.  Aniani  in  ecclesi.t 
parisiensi  vicarii  S.  Aniani,  curati  et  canonici  S.  Joannis  Rotundi,  Canonici  S.  Dionisii  de 
Passu,  et  alii  Beneficiati presbiteri  Diaconi  et  subdiaconi  ecclesiœ  parisiensis,  clerici  mati- 
nariim.  Macicoti  eichori,  et  alii  ojjîciari clerici  nec  non  ejusdcm  ecclesiœ  Capellani,  ac  etiam 
magistcr,  et  capellani  Domus  Dei  et  Capellanus  liospitalis  saiicli  Ludovici,  etc. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  65.  Arch.  nat.,  L  594,  et  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  1217. 

(3)  Pendant  ce  procès,  les  chapelains  furent  :  Pourein  (1738-1740),  Laty  (1740-1746), 
ancien  desservant  de  Sarcelles,  «habitué»  de  Saint-Germain-l'Auxcrrois,  et  Jean  Bourgci, 
confesseur  de  l'Hôtel-Dieu. 

(4)  Arcli.  nat.,  LL  2Ô8. 


l8  l'hOTEL-DIEU    au    XVI1«    et    au    XVIIF    SIECLE 


LES    RELIGIEUSES 

Les  statuts  de  i535  avaient  fixé  à  80  le  nombre  des  religieuses 
de  THôtel-Dieu,  40  sœurs  professes  et  40  filles  blanches  ou 
novices  (i  '.  Lorsqu'une  sœur  vient  à  mourir,  c'est  la  plus  ancienne 
fille  blanche  qui  lui  succède  au  voile  et  à  la  profession.  Une  jeune 
fille  qui  veut  faire  son  noviciat  à  l'Hôtel-Dieu  doit  se  présenter 
au  Bureau,  accompagnée  de  ses  parents  et  apporter  «  son  acte 
de  baptistoire  ».  On  la  conduit  ensuite  au  maître,  à  la  prieure  ou 
à  la  sous-prieure,  qui  sont  chargées  de  connaître  ses  capacités,  et, 
sitôt  reçue,  on  l'installe  au  milieu  des  autres.  Il  n'y  a  pas,  comme 
dans  d'autres  couvents,  de  différence  entre  les  religieuses  et  les 
novices.  Jusqu'à  ce  qu'elles  aient  fait  profession,  on  peut  les  ren- 
voyer, si  leur  service  n'est  pas  satisfaisant. 

La  prieure  et  la  sous-prieure  concourent  au  soin  de  toute  la 
maison,  et  ont  «  intendance  et  vigillances  »  sur  toutes  les  reli- 
gieuses. 

Tous  les  vendredis,  le  maître  fait  assembler  et  convoquer  le 
chapitre,  «  le  faict  sonner  à  ce  que  chacun  s'y  trouve,  pour  pour- 
veoir  à  leurs  defaultz  tant  de  leurs  statuz  que  mœurs,  à  chacune 
d'elles,   dont  il  reçoit  les  plaintes  et  y  donne  ordre  ». 

Les  religieuses  ont  le  privilège  d'être  inhumées  dans  l'église 
de  l'Hôtel-Dieu,  comme  le  maître  et  les  chapelains.  Les  statuts 
de  i535  avaient  interdit  aux  sœurs  de  sortir  en  ville  pour  soigner 
les  malades,  «  s'ils  ne  sont  princes,  ou  constitués  en  grande  préla- 
ture  ou  de  grande  noblesse,  pour  les  dangers  manifestes  qui  en 
pourraient  advenir  »  (art.  128).  Mais  le  Parlement  n'approuva  p-as 
cette  restriction.  Les  sœurs  continuèrent  à  sortir.  Le  Bureau,  dans 
sa  délibération  du  24  octobre  iSjB,  enjoignit  à  la  prieure  «  de 
n'envoyer  les  religieuses  garder  les  malades  en  ville  sans  le  congié 
de  messieurs  du  Chapitre  »  (2)  :  elles  ne  rendaient  pas  toujours 
compte  aux  administrateurs  des  deniers  perçus  par  elles,  néanmoins 
les  ressources  produites  par  ces  gardes  en  ville  empêchaient  le 
Bureau  d'exiger  la  supression  de  cette  vieille  coutume. 

Les  religieuses  devaient  assister  jusqu'à  leur  mort  les  chanoines 
malades.  Diverses  délibérations  laissent  supposer  que  cet  usage 


(i)  On  appelait  filles  blanches  les  novices  par  opposition  aux  religieuses  professes  dont 
l'habit  consistait  en  une  robe  noire  sur  laquelle  elles  mettaient  un  sarraut  de  toile  blanche  en 
forme  d'aube  descendant  jusqu'aux'talons,  lorsqu'elles  étaient  de  service  auprès  des  malades, 
un  grand  manteau  et  une  guimpe  carrée,  pour  les  cérémonies.  (Cf.  Hélyot,  Hist.  des  ord. 
mon.  relig.;  Paris,  Coignard,  1721,  8  vol.  in-4«,  t.  III,  p.  184.) 

(2)  Nous  voyons  en  i656  le  Chapitre  envoyer  une  sœur  chez  M"»  de  Lesdiguières,  nièce 
du  cardinal  de  Retz,  très  malade.  (Délib.  capit.,  29  mai  i656,  reg.  65,  fol.  387.) 


L  ADMINISTRAI  IO> 


tomba  en  désuétude  des  le  xvi^  siècle,  malgré  les  etïorts  du  Chapitre 
pour  le  faire  revivre  au  xvii^  siècle  (il. 

Lorsqu'une  religieuse  professe  meurt,  c'est  le  maître  qui  célèbre 
l'office  à  ses  obsèques;  de  plus,  chaque  prêtre  doit  autant  que 
possible  dire  une  messe  basse  pour  elle,  soit  dans  le  «  chapitre  » 
en  présence  du  corps,  soit  à  la  chapelle  de  son  office  dans  les  salles 
de  malades.  Lorsqu'on  administre  «  l'Extrême-Onction  et  le 
S^  Viatique  »,  tout  le  clergé  de  la  maison  doit  être  présent,  y 
compris  les  enfants  de  chœur,  de  même  qu'au  convoi,  à  moins 
d'empêchement  pour  le  service  des  malades  ;  durant  tout  le  temps 
que  se  donne  l'extrême-onction,  on  sonne  en  volée  la  moyenne 
cloche,  soit  que  la  messe  soit  dite  à  l'infirmerie,  soit  qu'on  apporte 
les  saintes  espèces  de  l'église  à  l'infirmerie.  Lorsque  la  malade 
meurt,  son  corps  est  exposé,  le  plus  promptement  possible,  dans 
le  «  chapitre  »,  où  le  clergé  récite  les  «  Recommandaces  »  et  les  «  Sept 
Pseaumes  »  de  la  pénitence.  Pendant  le  convoi,  il  est  porté  par 
quatre  religieuses,  pendant  que  quatre  autres  tiennent  des  cierges 
allumés,  aux  quatre  coins  ;  la  défunte  est  revêtue  de  ses  habits  de 
profession  avec  le  voile,  tient  une  petite  croix  entre  ses  mains 
jointes,  et  sa 'face  est  découverte.  Après  la  messe,  avant  de  des- 
cendre le  corps  dans  la  fosse,  la  prieure  lui  recouvre  la  face  d'un 
linge,  et  les  religieuses  «  accommodent  »  le  corps  dans  la  bière  (2). 

La  seconde  moitié  du  xvi«  siècle  avait  été  une  période  d'abus  de 
toutes  sortes,  que  le  Bureau  avait  essayé  en  vain  de  réprimer.  Les 
religieuses  sortaient  à  leur  guise  soigner  des  malades  en  ville,  ce  qui 
n'empêchait  pas,  ces  Jours  d'absence,  que  leurs  portions  fussent 
réclamées  à  l'office  ;  les  administrateurs  n'étaient  pas  tenus  au  cou- 
rant de  ce  qu'elles  recevaient  ;  elles  avaient  des  serviteurs  et  des 
chambrières  à  discrétion;  naturellement  le  service  s'en  ressentait 
et  les  plaintes  affluaient.  Le  Bureau  s'en  prenait  au  maître  qui 
négligeait  ses  devoirs  de  surveillance.  Il  lui  est  enjoint,  par  délibé- 
ration du  24 octobre  \by2>  (3)  «  de  faire  mieulx  son  debvoir  et  avoir 
plus  grand  soing  et  sollicitude  au  traitement  des  paouvres  mallades 
qu'il  n'a  faict  par  cy  devant  et  que  tous  les  jours  il  aille  par  les  salles 
desdictz  mallades  veoir  comme  iceulx  mallades  sont  traictez  et 
pansez  et  que  s'il  y  trouve  quelque  faulte  faicte  par  les  relligieuses 
et  filles  blanches,  qu'il  la  repare  ou  face  reparer  incontinent...  Item 

(1)  Délib.  capit.  des  29  déc.  1664  et  5  janv.  i665. 

(2)  Cérémonial  de  l'église  pour  l'administration  du  Saint-\'iatique  et  de  l'Extrême-Onc- 
tion aux  religieuses  de  l'Hostel-Dieu  de  Paris,  de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  selon  l'ordre  et 
l'usage  de  l'Eglise  de  Paris  et  du  rituel  du  diocèse...,  avec  l'approbation  et  permission  de  mes- 
sieurs les  vénérables  doyen,  chanoines  et  chapitre  de  l'Eglise  de  Paris,  supérieurs  dudit 
Hostel-Dieu  ;  Paris,  Christophe  Ballard,  in-4°,   1675,  140  p.  (Bibl.  A.  P.) 

(3)  Reg.  4,  fol.  463,  et  aussi  reg.  5i,  7  janv.  1578. 


i/hOTFL-DIEU    au    XVII»    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


si  aulcuncs  relligieuses  sont  rebelles  et  désobéissantes  a  esté 
enjoinct  audict  maistre  d'en  advertir  incontinent  mesdicts  sieurs  du 
chappitre  affin  d'y  pourveoir».  Les  filles  blanches  étaient  en  si 
grand  nombre  et  occasionnaient  une  telle  dépense  que  la  délibé- 
ration du  3o  mai  iSjS  (i)  ordonna  au  maître  et  à  la  prieure  de 
surseoir  à  leur  recrutement. 

Les  religieuses  veulent  avoir  une  cuisine  spéciale  et  se  font 
distribuer  crues  leurs  portions  de  viande,  ce  qui  leur  permet  d'en 
disposera  leur  guise  ;  c'est  du  moins  ce  que  nous  apprend  une 
délibération  du  3i  décembre  i56i  (2)  qui  signale  et  interdit  cet 
abus  :  «  A  esté  ordonné  pour  les  grands  inconveniens  et  abbus  qui 
se  commettent  audit  Hostel-Dieu  pour  la  chair  et  pitance  des 
relligieuses,  qui  leur  est  délivrée  céans,  tant  au  moien  de  ce  qu'ilz 
vendent  ou  donnent  leur  dite  pitance  que  aussi  bien  qu'elles  ont 
ordinairement  des  personnes  de  la  ville,  auxquels  elles  baillent  les- 
dites  pitances,  a  raison  de  quoy  pour  leur  réfection  et  nourriture  il 
fault  qu'elles  prennent  les  portions  des  mallades,  ce  qui  n'est  rai- 
sonnable et  licite  de  faire...,  que  il  sera  fait  defences  aux  despensier, 
bouchers  et  cuysiniers  de  délivrer  aucune  chair  crue  aux  relli- 
gieuses, ains  leur  bailleront  et  distribueront  cuyte  ainsy  que  par 
cy  devant  et  d'ancienneté  a  este  faict,  c'est  assavoir  qu'elles  envoy- 
ront  quérir  leurs  dites  pitances,  soit  pour  celles  qui  seront  mallades 
ou  celles  qui  seront  en  santé  en  la  cuysine  dudit  Hostel-Dieu  par 
ce  que  lesdites  relligieuses  qui  sont  servantes  des  mallades  doibvent 
estre  substantees,  nourries  et  alimentées  de  pareilles  et  semblables 
viandes  que  lesdits  pauvres  malades  qu'elles  servent  ». 

D'après  un  état  daté  de  1607  (3),  voici  comment  étaient  réparties 
les  religieuses  dans  les  différents  offices  ou* salles:  8  dans  la 
salle  du  Pont,  8  dans  celle  des  «  navrez  »,  8  dans  les  salles  Saint- 
Denis  et  Saint-Thomas,  1 1  dans  la  salle  de  l'infirmerie,  6  dans  la 
petite  salle  des  lits  jaunes,  1 1  dans  la  salle  du  Légat,  i  dans  la 
salle  des  accouchées,  i  à  la  porte,  2  à  l'apothicairerie,  2  à  la  pouil- 
lerie,  3  au  couvent,  2  à  «  l'essuiment  »,  3  à  l'infirmerie  des  reli- 
gieuses et  filles,  8  à  la  chambre  aux  draps,  3  à  la  communauté, 
2  au  noviciat,  10  pour  veiller,  10  à  la  petite  lavanderie,  8  à  la 
grande  lavanderie  ;  il  y  avait  enfin  les  valétudinaires  et  celles  qui 
étaient,  soit  à  Saint-Louis,  soit  à  Saint-Marcel.  La  mère  prieure  et 
la  mère  sous-prieure  sont  toujours  à  la  chambre  aux  draps. 


(i)  Reg.  5,  fol.  481  r». 

(2)  Reg.  3,  fol.  128, 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  875.  Cet  état  est  certainement  postérieur  à  1607,  car  alors  l'hôpital 
Saint-Louis  n'était  pas  construit. 


L  ADMINISTRATION 


Le  nombre  des  sœurs  limité  à  loo  fut  porte  en  i63G  i  à  120, 
en  raison  de  l'ouverture  de  Saint-Louis  et  de  Saint-Marcel,  et  du 
service  de  garde  en  ville. 

Ce  nombre  s'augmenta  encore,  en  temps  d'épidémie,  si  bien 
que  le  23  octobre  1654(2)  le  Bureau  décide  de  réduire  de  nouveau 
le  nombre  des  religieuses  à  «  six-vingt  »,  et  enjoint  à  la  mère 
prieure  de  déclarer  les  noms  des  religieuses  sorties  ou  décédées,  ce 
qu'elles  négligent  de  faire. 

La  mère  prieure  élue  par  la  communauté  ne  dépend  directement 
ni  du  chapitre,  ni  du  maître,  ni  des  administrateurs,  dont  elle 
essaye  parfois  de  contrecarrer  l'autorité  (3)  ;  elle  jouit  dans  sa 
sphère  d'une  autonomie  parfaite,  et,  sur  les  religieuses,  d'un 
pouvoir  absolu.  Mais  pour  toutes  les  questions  de  principe,  l'éla- 
boration des  statuts,  rien  ne  se  fait  sans  le  Chapitre,  qui  gouverne 
déjà  par  le  maître  et  les  chapelains. 

Elle  a,  en  dehors  de  son  rôle  de  surveillance  générale,  un  office 
propre,  la  lingerie,  la  chambre  aux  draps  comme  on  disait  alors  ; 
ce  n'est  pas  une  sinécure  ;  il  faut  s'assurer  des  besoins  en  linge  des 
malades  et  du  personnel,  mettre  de  côté  les  vieux  draps  et  les 
vieilles  chemises  dans  «  la  chambre  à  la  mort  »  pour  les  transfor- 
mer en  linceuls,  et  les  mauvais,  en  charpie  et  en  pansements;  il 
faut  raccommoder  tout  le  linge  ;  enfin  la  chambre  aux  draps,  qui  se 
trouve  au-dessus  de  la  salle  Saint-Denis,  contient  également  la 
réserve  du  mobilier,  dont  on  doit  tenir  un  inventaire. 

Cet  office  est  distinct  de  celui  de  la  poiiillerie,  confié  à  une 
«  ancienne  »  religieuse,  aidée  d'une  jeune  sœur,  dont  la  fonction 
consiste  à  empaqueter  et  à  conserver  les  habits  des  malades,  à  les 
marquer  pour  les  connaître,  à  les  rendre  en  cas  de  guérison,  à 
vendre  ceux  qui  n'ont  pas  été  remis.  On  porte  également  à  la 
«  pouillerie  »  les  lits  des  malades  «  gastez,  pourriz  ou  descousus  ». 

A  Voffîce  des  accouchées,  où  il  y  a  également  une  «  ancienne  » 
religieuse  et  une  jeune  sœur,  le  rôle  des  religieuses  consiste  surtout 
à  recevoir  les  femmes  qui  sont  admises  par  la  maîtresse  sage- 
femme.  Les  statuts  de  i535  ont  interdit  aux  religieuses,  par 
décence,  d'assister  aux  accouchements  :  Et  ne  detur  sororibus 
aut  filiabus  occasio  deliquendi,  propterea  quœ  passim  videntiir  et 


(Il  Arch.  nat.,  LL  i88,  fol.  194.  Délib.  capit.  du  27001.  i636,  etdu  Bureau  du  10  doc.  i6?ô, 
reg.  17.  fol.  121. 

(2)  Reg.  22,  fol.  91  r». 

(3)  Elle  est  entourée  toutefois  d'un  conseil  de  «  discrètes».  On  appelle  ainsi  un  certai:; 
nombre  de  sœurs,  choisies  parmi  les  plus  anciennes,  «  avec  lesquelles  la  mère  prieure  conf< 
rera  et  prendra  avis  des  choses  qui  peuvent  recevoir  difficulté  dans  la  conduite  spirituelle  i' 
temporelle  de  la  maison  ».  (Cf.Constitutions  de  1722,  3°  partie.) 


i/hOTKI.-DIEU    au    XVII"    F.T    au    XVIIie    SIECLE 


audiuntur  in  aula  jacentium  sive  puerperarum  qua  non  decet  castas 
et  deo  dedicatas sorores  audire  et  vide7'e{i).  C'est  la  religieuse,  par 
contre,  qui  a  soin  d'ouvrir  et  fermer  la  fenêtre  de  la  «  Tour  du 
Limbe  »,  «  qui  est  ung  tour  carrée  par  où  l'ong  jette  les  enfans 
mornez  que  l'on  apporte,  tant  de  ceste  ville  de  Paris  que  des 
faulbourgs  et  aultres  lieux  circonvoisins,  avec  lesquelz  on  y  jette 
un  minot  ou  environ  de  chaux  vive  pour  les  brusleret  consommer 
et  empescher  la  trop  grande  puanteur,  duquel  tour  elle  en  ferme 
la  clef  et  ne  la  baille  à  personne  ». 

L'office  de  l'apothiquairerie  comprend  également  une  religieuse 
«  ancienne  »,  une  jeune  sœur  et  un  garçon  qui  les  aide  à  préparer 
les  drogues  ;  c'est  la  jeune  sœur  qui,  aidée  de  l'apothicaire,  s'en  va 
porter  les  «  médecines  »  de  salle  en  salle. 

Une  «  ancienne  »  religieuse  est  également  préposée  à  Voffice  de  la 
porte;  elle  est  aidée  de  deux  garçons  qui  ont  soin  des  lampes,  tant 
des  salles  que  des  autels  et  des  «  confessionnaires  »  ;  ils  doivent 
également  le  matin  à  8  heures  tenir  «  la  torche  »  devant  le  chape- 
lain qui  porte  le  saint-sacrement  par  toutes  les  salles  des  malades; 
quant  à  la  religieuse  portière  qui  veille  à  ce  que  l'on  ne  sorte  rien 
de  la  maison,  elle  se  tient  <r  au  bout  de  l'hostel  Notre-Dame,  qui  est 
en  entrant  audit  Hostel-Dieu,  lequel  ellea  soing  de  parer,  et  l'image 
de  la  Vierge,  des  ornements  qu'elle  a  en  sa  garde,  et  mect  es  mains 
des  sieurs  gouverneurs  tous  les  deniers  qu'elle  reçoit  es  jours  des 
Pardons  de  toute  l'année,  le  lendemain  de  chaque  pardon...». 

En  dehors  de  ces  grands  offices  établis  par  les  administrateurs, 
il  y  en  a  quatre  autres  auxquels  nomme  la  mère  prieure,  c  L'office 
du  couvent^  qui  consiste  à  mettre  les  nappes  au  réfectoire  pour  le 
souper  et  le  dîner  des  religieuses  ;  à  s'occuper  du  pain  et  du  vin,  de 
la  nourriture.  Il  y  a  deux  services  au  réfectoire,  l'un  pour  les  reli- 
gieuses des  offices,  l'autre  pour  celles  des  salles.  Il  y  a  également 
deux  tables,  l'une  pour  les  professes,  qui  sont  assises  d'un  seul 
côté,  et  l'autre,  une  table  basse,  au  milieu  du  réfectoire,  pour  les 
filles  blanches.  On  fait  la  lecture  pendant  les  repas,  à  l'issue  desquels 
les  religieuses  vont  dire  grâces  (2).  » 

L'office  de  Vessiiiment  consiste  «  à  prendre  garde  »  aux  draps 
qui  sont  mis  aux  grandes  lessives  qui  se  font  toutes  les  6  semaines 
et  aux  petites  lessives,  tous  les  i5  jours;  de  cet  office  dépendent 
en  effet  deux  autres  offices,  la  grande  lavanderye,  où  se  trouve  une 
maîtresse  et  deux  religieuses  ;  la  maîtresse  demeure  à  la  rivière  pour 


(i)  Arrêt  du  Parlement,  lo  sept.  i535. 

(2)  Ces  détails  et  les  suivants  sont  extraits  d'un  mémoire,  non   daté,  que  le  greffier  du 
Bureau  avait  oublié  d'inscrire  et  qui  se  trouve  inséré  au  reg.  i3  des  délib.  (années  i6i6-i623). 


L  ADMINISTRATION 


lordre  les  draps  et  les  envoyer  pour  compte  à  la  dame  de  Tessui- 
ment  ;  Tune  des  religieuses  prépare  les  repas  qui  se  prennent  en 
commun  pour  l'office  ;  la  deuxième  est  aidée  de  quatre  apprentisses, 
d'un  garçon  «  sandrier  «,  qui  va  partout,  dans  les  fours  des  tui- 
leries et  ailleurs,  demander  de  la  cendre  pour  l'Hôtel-Dieu,  de 
garçons  emballeurs  qui  transportent  le  linge  de  l'essuiment  à  la 
rivière  et  vice  versa  ;  le  linge  des  chapelains  se  blanchit  dans  un 
cuvier  à  part  et  «  se  lave  en  un  lieu  séparé  des  autres  ».  Toute  reli- 
gieuse doit  à  son  tour,  pendant  un  an,  être  maîtresse  de  cet  office. 
Après  quoi,  elle  devient  maîtresse  de  la  petite  lavanderye,  où  elle 
reste  également  un  an,  et  où  elle  gouverne  les  «  petites  lavandières  » 
qui  sont  au  nombre  de  six,  office  très  pénible  où  il  faut  laver  tous 
les  jours  à  la  rivière,  même  en  hiver,  les  draps  des  «  griefs  » 
malades,  «  qui  font  soulz  eux  et  se  gastent  »,  et  où  il  faut  même 
parfois  travailler  la  nuit. 

Outre  ces  offices,  les  religieuses  ont  le  «  gouvernement  »  des 
salles,  chacune  des  salles  ayant  à  sa  tête  une  «  cheftaine  »  ou 
«  chevetaine  ». 

Le  recrutement,  dans  la  première  moitié  du  xviie  siècle,  ne  fut 
pas  toujours  très  facile.  En  i636,  lorsqu'il  décida  de  porter  de 
loo  à  120  le  nombre  des  religieuses,  le  Bureau  fut  obligé  de 
permettre  aux  religieuses,  «  en  cas  qu'il  ne  s'en  puisse  trouver, 
de  se  servir  d'une  ou  deux  servantes  en  chacune  office  qui  seront 
tyrées  desdicts  mallades,  comme  pareillement  de  garsons  pour  les 
ayder  et  secourir  »  (i).  On  n'exigeait  même  pas  à  cette  époque  que 
les  religieuses  sussent  lire  et  écrire.  A  la  séance  du  Bureau  du 
10  décembre  i636,  le  premier  président,  annonçant  l'intention  du 
Bureau  d'élever  le  nombre  des  religieuses,  se  plaint  que  l'on  fasse 
apprendre  à  lire  et  à  écrire  aux  religieuses,  «  et  que  l'on  n'en  veuille 
point  recevoir  qu'elles  ne  sussent  lire  et  écrire,  ce  qui  n'est  pas 
nécessaire  en  la  maison  »  ;  le  maître  au  spirituel  répond  qu'il  est 
besoin  que  quelques-unes  des  religieuses  sachent  lire  et  écrire, 
notamment  la  chevetaine  pour  écrire  le  nombre  des  malades  de 
son  office,  le  nom  des  décédés,  etc.,  mais  que  d'ailleurs  on  n'a 
jamais  refusé  aucune  postulante  sous  ce  prétexte,  quand 
elle  satisfait  aux  conditions  requises.  Le  Bureau  de  son  côté  se 
méfiait  de  celles  «  qui  font  trop  les  dames  et  s'en  font  accroire  »  (2) 
ainsi  que  de  celles  qui  avaient  pris  l'habitude  de  «  bigotter  ». 

Jusqu'en  i636,  il  n'y  a  pas  de  novices;  les  filles  qui  se  divisent 
en  «  filles  en  approbation  »,  «  filles  blanches  »  et  «filles  à  chaperon  », 


(i)  Délib.  27  oct.  i636,  reg.  17,  fol.  io5 
(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  873. 


24  l/HOTr-.L-DIF.r    AU    XVIIc    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

sont  sous  la  conduite  ou  direction  de  quelqu'une  des  vingt  ou 
vingt-cinq  plus  anciennes  religieuses,  qui  lui  est  assignée  par  le 
maître  ou  Ja  prieure.  La  religieuse  chargée  ainsi  d'une  novice 
s'appelle  «  la  mère  de  religion  »  ;  elle  doit  lui  enseigner  Tesprit  de 
la  religion,  la  façon  de  vivre  dans  la  maison,  le  moyen  d'observer 
les  règles,  la  charité  à  servir  les  malades,  etc.  Cette  méthode  est 
d'ailleurs  très  défectueuse,  car  elle  supprime  toute  unité  de  direction 
dans  la  maison,  chacune  des  «  mères  »  anciennes  ayant  ses  ten- 
dances propres,  qu'elle  s'efforce  d'inculquer  aux  nouvelles 
venues,  «  les  unes,  dit  un  document  de  la  première  moitié  du 
xvii*  siècle  (i),  s'adonnant  à  la  méditation  qui  les  distrait  du  service 
des  pauvres,  les  auttres  s'applicquant  à  la  fréquentation  des  sa- 
crements et  s'arrestant  à  la  communion  tous  les  Jours,  d'autres 
recherchant  des  conférences  spirituelles  qui  voudraient  employer 
un  temps  démesuré  tous  les  jours,  voire  à  toutes  heures  avec  leurs 
confesseurs,  ce  qui  les  destourne  toutes  grandement  du  service  des 
pauvres  qui  est  le  but  principal  et  quasi  tout  ce  qu'il  fault  apprendre 
aux  jeunes  et  faire  pratticquer  aux  relligieuses,  ce  qu'on  ne  peult 
espérer  qu'en  coupant  la  racine  d'où  pullulent  toutes  ces  choses 
superflues  etinfructueuses,  scavoir  la  multiplicité  des  mères  ».  De  là 
en  effet  naissent  des  brigues,  d'abord  pour  être  nommée  mère,  puis 
entre  mères,  «  des  petites  ligues  et  partialitez  »,  que  l'auteur  anonyme 
de  cette  note  compare  au  désordre  qui  se  glissa  dans  la  primitive 
église,  dont  saint  Paul  se  plaint  dans  la  première  aux  Corinthiens, 
wmsquisqiie  vestrum  dicit  ego  qiiidem  siim  Paiili,  ego  vero  ego 
autem  Christi. 

Un  autre  mémoire  daté  de  i635  (2),  s'appuyant  sur  le  fait  que 
les  religieuses  gardent  par  devers  elles  leur  peculium,  et  même 
cachent  leurs  biens  chez  des  personnes  de  la  ville,  propose  la 
création  d'une  nouvelle  charge,  celle  de  «  dépositaire  »  des  reli- 
gieuses, pour  les  habituer  à  mettre  tous  leurs  biens  en  commu- 
nauté ;  mais  cette  proposition  ne  paraît  pas  avoir  eu  de  suite;  elle 
indique  en  tout  cas  l'état  d'esprit  qui  régnait  à  cette  époque  dans  le 
personnel  des  religieuses  touchant  le  vœu  de  pauvreté. 

L'année  1634  fut  une  année  critique  pour  la  communauté.  Les 
administrateurs  ont  imposé  un  nouveau  règlement  que  le  Chapitre 
trouve  trop  dur;  il  envoie  à  ce  sujet  des  supplications  au  Bureau  ; 
chaque  autorité  reçoit  des  plaintes  de  son  côté;  la  division  est  à 
son  comble;  il  se  forme  deux  camps,  celui  des  anciennes  et  celui 
des  nouvelles. 


(1)  Arch.  A.  p.,  liasse  875. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  873. 


L  ADMINISTRATION 


Il  y  a  «  deux  bandes  d'hospitalières,  dont  les  unes  ne  font  que 
lever  les  yeux  et  les  mains  au  ciel,  cependant  que  les  autres  suent 
le  travail  de  la  charité,  de  sorte  qu'on  ne  se  soucie  guère  maintenant 
de  soulager  les  malades,  pourvu  qu'on  soit  dans  le  couvent  jusqu^'à 
10  heures  du  soir  en  méditations  et  conférences  spirituelles,  où  le 
directeur  se  trouve  bien  souvent  ». 

Tandis  que  le  doyen  et  le  Chapitre  insistent  pour  que  les  reli- 
gieuses et  les  filles  blanches  fassent  une  demi-heure  de  méditation 
chaque  matin,  les  administrateurs  trouvent  que  «  la  méditation  est 
un  exercice  pénible  qui  ne  convient  qu'à  de  forts  et  rares  esprits, 
dans  les  vagues  de  laquelle  les  âmes  faibles  s'égarent  bien  souvent 
et  quelquefois  s'y  perdent,  nullement  convenable  aux  religieuses 
de  THôtel-Dieu  qui  ont  choisi  pour  leur  part  l'exercice  de  la 
charité,  qui  se  pratique  au  secours,  assistance,  service  des  pauvres 
malades,  en  quoi  leur  vœu  les  oblige  de  vaquer  et  non  à  la  médi- 
tation ». 

Les  vieilles  religieuses,  la  prieure,  qui  est  depuis  48  ans  dans  la 
maison,  «  l'apotiquaresse  »,  religieuse  depuis  38  ans,  goûtent  peu 
ces  «  nouveautés  »,  et  se  plaignent  que  les  novices  <(  font  aujour- 
d'hui tellement  les  entendues  qu'on  ne  les  peult  plus  supporter  ». 

C'est  en  i652  que  les  augustines  reçurent  les  nouveaux  statuts 
qui  restèrent  Jusqu'à  la  Révolution  l'acte  constitutif  de  leur  com- 
munauté, sauf  une  légère  interruption,  de  1722  a  1725,  au  moment 
de  la  crise  Janséniste,  dont  nous  aurons  occasion  de  parler. 
L'auteur  en  était  François  Lavocat,  chanoine  de  Paris,  abbé 
d'Humblières  et  aumônier  du  roi,  qui  avait  été,  pendant  plus  de 
12  ans,  visiteur  de  l'Hôtel-Dieu,  et  avait,  dit  une  délibération 
capitulaire  du  29  mars  i65o,  formé  le  dessein  «  de  rédiger  en 
bon  ordre  l'état  de  tout  ce  que  devaient  faire,  tant  la  prieure,  la 
sous-prieure  et  les  officières  que  les  autres  religieuses  et  novices 
pour  la  gloire  de  Dieu,  le  culte  divin,  le  salut  de  leurs  âmes  et 
le  service  temporel  et  spirituel  des  pauvres  malades  ».  Lavocat 
mourut  le  i5  Janvier  1646  (i),  et  son  œuvre  fut  mise  au  point 
par  Bochart  et  de  Mesgrigny,  chanoines  et  visiteurs  de  l'Hôtel- 
Dieu,  qui  la  soumirent  au  Chapitre  ;  ce  dernier  en  confia  l'examen 
à  son  doyen,  J.-B.  de  Contes,  conseiller  d'État  ordinaire;  il  remit 
son  rapport  à  l'assemblée  générale  du  25  Juin  i652  (2),  qui 
approuva  les  nouvelles  constitutions,  dont  copie  «  signée  par  le 
notaire  du   chapitre  et   duement  scellée  »   fut  remise  à  la  mère 

(1)  Il  Son  corps»,  dit  une  note  qui  se  trouve  en  tête  des  constitutions,  «  repose  à  N.-Dame. 
devant  l'autel  delà  Vierge,  et   son  cœur  proche  le  maître   autel  de  IH.-Dieu  ». 

(2)  Arcli.  nat.,  LL  267,  fol.   286. 


26  l'hOTEL-DIFI-    au    XVI  [«^    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

prieure  (^i).  Elles  étaient  rabouiissement  d'une  réforme  poursuivie 
depuis  plusieurs  années,  depuis  la  mission  <s  extraordinaire  » 
confiée  le  2  janvier  i635  à  Lavocat  par  le  Chapitre,  et  qui  avait 
eu  déjà,  pour  premiers  résultats,  la  création,  en  i636,  du  noviciat  (2), 
sous  la  direction  de  la  mère  Geneviève  Bouquet,  des  élections 
triennales  aux  divers  offices,  et  d'un  règlement  d'admission  pour 
les  filles  blanches  (29  décembre  i636).  Avant  i6?6,  en  effet,  il  n'y 
avait  pas  de  véritable  «  communauté».  Les  visiteurs  durent  instituer 
l'usage  en  commun  des  vêtements  et  du  linge,  désigner  un 
dortoir  (3).  D'autre  part,  les  filles  blanches  restaient  plusieurs 
années  avant  de  parvenir  à  la  probation,  et,  en  raison  de  leurs 
longs  services,  on  finissait  par  les  admettre,  même  quand  elles 
ne  possèdent  pas  les  qualités  requises  «  pour  le  service  de  Dieu 
et  des  pauvres  »  ;  le  Chapitre  décida  que,  3  ans  après  leur  entrée, 
les  professes  devraient  désigner,  par  un  vote  qui  lui  serait 
transmis,  celles  qui  paraissaient  capables  d'observer  les  vœux,  et 
celles  qui  n'y  paraissaient  pas  propres,  «  soit  à  cause  de  leur 
tournure  d'esprit^  soit  à  cause  de  leur  faiblesse  corporelle  »,  et  qui 
seraient  aussitôt  «  mises  hors  de  l'Hôtel-Dieu  »,  ce  qui  n'empêchera 
pas  les  premières  d'être  soumises  aux  suffrages  de  rassemblée 
capitulaire,  avant  d'être  reçues  à  l'année  de  probation  et  à  la 
profession  (4).  Enfin,  les  religieuses  préposées  aux  offices  claustraux 
'porterie,  pouillerie,  apothicairerie,  lavanderie  et  communauté] 
devaient  être  élues  de  3  ans  en   3  ans. 

Les  constitutions  de  i652  ne  font  guère  que  confirmer  ces 
différentes  réformes,  déjà- accomplies.  Aux  trois  vœux  ordinaires 
de  pauvreté,  de  chasteté  et  d'obéissance,  elles  en  ajoutent  un 
quatrième,  celui  de  «  servir  les  pauvres  malades  »  (5  .  La  prieure 
reçoit,  au  détriment  du  maître,  une  extension  de  ses  pouvoirs 
pour  tout    ce  qui  concerne  la  discipline  ;   les  sœurs  doivent   lui 


(i)  Nous  ne  possédons  ni  l'original,  ni  la  copie  remise  à  la  mère  prieure,  mais  un  exem- 
plaire ayant  appartenu  à  Michel  le  Masle,  prieur  des  Roches,  chanoine  de  X.-Dame,  confrère 
de  François  Lavocat,  et  qui  porte  le  n»  22393  des  Mss.  fr.  de  la  Bibl.  nat.  C'est  un  ms.  in  fol. 
de  691  feuillets  intitulé  :  Statuts  et  constitutions  pour  les  religieuses  de  l'H.-D.  de  Paris, 
fidèlement  transcrits  sur  l'original  de  l'auteur,  M.  Lavocat,  supérieur  de  1  Hostel,  chanoine 
de  Notre-Dame,  cette  présente  année   164S. 

(2)  Arch.  nat.,  LL  187,  fol.  297  (i"  mars  i636). 

(3)  Arch.  nat.,  LL  2G7,  fol.  268. 

(4)  Arch.  nat.,LL  188,  fol.  2i5.  Délib.  capit.  28  déc.  i63ô. 

(5)  «  Il  faut  qu'elles  sachent  que  ce  vœu  les  oblige  si  étroitement  qu'il  ne  leur  est  loisible 
de  quitter  ou  de  se  dispenser  du  service  des  malades,  auquel  elles  sont  destinées  par  l'obéis- 
sance, sans  une  très  grande  nécessité;  et  que  si,  par  leur  absence  ou  négligence,  les 
malades  ont  quelque  incommodité  notable  en  leur  santé,  ou  quelque  intérêt  en  ce  qui 
regarde  le  salut  de  leur  âme,  elles  en  répondront  devant  Dieu,  qui  leur  demandera  compte 
très  exact,  à  l'heure  de  la  mort,  des  services  négligés  et  des  charités  omises  parleurs  fautes 

et  par  leurs  négligences  ».  (2«  partie,  ch.  v.) 


L  ADMINISTRATION  2" 

laisser  «  l'entière  disposition  d'elles-mêmes  et  de  toutes  leurs 
affaires  »,  et  elle  a  le  droit  d'aller  dans  les  cellules  voir  ce  qui 
est  en  leur  possession.  «  Elle  leur  laissera  ce  qui  est  nécessaire, 
mais  elle  retranchera  toute  superfluité  contraire  à  la  pauvreté  et 
simplicité  religieuse,  qui  sont  deux  vertus  qui  doivent  être  insé- 
parables des  personnes  consacrées  à  Dieu  en  la  sainte  religion  »  (i). 
Elle  nomme  toutes  les  oflfîcières;  mais,  pour  qu'elle  ne  soit  pas 
tentée  d'abuser  de  ses  pouvoirs,  on  lui  adjoint  un  conseil  de  «  dis- 
crètes »,  composé  de  6  sœurs  professes  «  choisies  parmi  les  plus 
sages,  prudentes  et  capables  de  bons  conseils,  avec  lesquelles  elle 
confère  et  prend  avis  des  difficultés  qui  surviennent  dans  la 
conduite  spirituelle  et  temporelle  de  la  maison  »  (2).  Nous  ne 
pouvons  d'ailleurs  nous  étendre  sur  toutes  les  questions  relatives 
à  la  discipline  religieuse  :  admission  des  postulantes,  des  filles 
blanches,  réception  des  novices  à  la  profession,  chapitres  généraux 
annuels,  chapitre  de  Ia«  coulpe»le  lundi  de  chaque  semaine,  etc.  (?). 
En  i655,  les  religieuses  présentent  un  mémoire  tendant  à 
augmenter  leur  nombre;  sur  128  religieuses  existantes,  il  y  en  a 
10  «  qui  ne  peuvent  plus  servir  et  beaucoup  d'autres  qui  sont  dans 
la  môme  impuissance  (4)»,  sans  qu'on  les  désigne  nommément; 
mais  le  Bureau  maintient  sa  délibération  du  3i  juillet  1654  prescri-- 
vant  la  réduction  du  nombre  des  religieuses  fixé  à  120  (5).  Malgré 
ces  décisions,  une  religieuse  fut  reçue  par  la  prieure  au  mois  de  mai 
suivant  (6),  ce  qui  amena  les  protestations  du  Bureau,  en  parti- 
culier de  M.  Cramoisy,  rappelant  la  délibération  du  i5  juillet  iSSg, 
«  par  laquelle  il  paraît  que  le  Bureau*  doit  avoir  beaucoup  plus 
d'authorité  sur  la  conduite  et  les  personnes  des  religieuses  qu'il 
n'en  a  maintenant  ».  A  la  séance  du  2  juillet  i655,  le  président 
décide  de  faire  une  démarche  auprès  du  doyen  du  Chapitre  pour 
lui  faire  connaître  l'avantage  qu'il  y  aurait  «  que  Messieurs  les 
les  directeurs  du  spirituel  fussent  bien  et  unis  avec  le  Bureau, 
qu'il  serait  à  propos  qu'ils  vinssent  quelquefois  au  Bureau  pour 
conférer  ensemble  ».  Mais  ces  derniers  firent  des  difficultés  pour 
venir  au  Bureau,  alléguant  que  les  jours  ne  s'accommodaient  point 


(i)  3«  partie,  cli.  xvi. 

(2)  3o  partie,  cii.  xiii. 

(3)  On  en  trouvera  un  résumé  dans  l'ouvr.  de  A.  Chevalier,  l'Hôtel-Dieu  de  Paris 
et  les  sœurs  Augustines  (65o  à  1810);  Paris,  Ciiampion,   1901,  in-S",  p.  343  à33i. 

(4)  «État  du  nombre  des  salles  de  malades  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  et  des  offices  de  la 
maison,  et  combien  il  y  a  de  religieuses,  soit  professes  soit  novices,  occupées  au  service 
des  salles  et  offices,  rédigé  par  M.  Bourgeois,  maître  au  spirituel  »,  lu  à  la  séance  du 
Bureau  du  5   février    i655.   (Reg.  22,   fol.   io3.) 

(5)  Délib.   16  avril   i655,   reg.   22.,  fol.  i23  v». 

(6)  Délib.  12  mai  i655,  reg.  22,  fol.  i52  r». 


l'hOTEL-DIFU    au    XVIIc    et    au    XVIIie    SIECLE 


avec  ceux  du  Chapitre  ;  une  délégation  du  Bureau  se  rendit 
auprès  du  doyen  le  5  septembre  i655,  à  l'issue  de  la  procession 
du  Rosaire  qui  se  faisait  le  premier  dimanche  de  chaque  mois  à 
l'Hôtel-Dieu,  et  la  question  des  pouvoirs  du  spirituel  et  du 
temporel  fut  de  nouveau  agitée  (i).  A  la  séance  du  Bureau  du 
5  novembre,  le  doyen,  J.-B.  de  Contes,  et  M.  de  Gamaches, 
visiteur  de  THôtel-Dieu,  firent  une  entrée  solennelle  avec  leurs 
chapes  noires  de  chanoines,  et  réclamèrent  une  réponse  au 
mémoire  concernant  l'augmentation  des  religieuses,  ajoutant  qu'ils 
ne  croyaient  point  que  la  réception  des  religieuses  dépendît  de 
l'administration  temporelle.  M.  Lhoste  répondit  qu'en  effet  le 
Bureau  laissait  au  spirituel  le  soin  de  connaître  des  capacités  des 
religieuses,  de  leur  réception  ou  de  leur  renvoi,  mais  qu'à  l'égard 
de  l'augmentation  de  leur  nombre,  «  cela  était  du  temporel  »,  ou 
du  moins  de  l'un  et  de  l'autre  ensemble,  et  il  ne  manqua  pas 
d'ajouter  que  le  grand  nombre  «  d'incomoditez  signalées  de  la  part 
des  religieuses  venait  de  ce  que  l'on  négligeait  de  pratiquer  une 
chose  qui  était  autrefois  observée,  c'est  à  savoir  qu'on  ne  recevait 
point  de  religieuse  qu'elle  n'eust  esté  visitée  et  jugée  capable  par 
les  médecins  »  (2).  Ainsi,  absence  de  visite  médicale,  absence  de 
contrôle  en  ce  qui  concerne  l'instruction  des  postulantes  :  on 
conçoit  qu'avec  un  pareil  régime  le  recrutement  fut  assez 
médiocre  (3). 

En  principe,  la  communauté  ne  réclamait  pas  de  dot  à  l'entrée 
des  religieuses,  mais  les  choses  changèrent  peu  à  peu. 

Une  délibération  du  7  juillet  i656,  concernant  les  religieuses 
envoyées  à  l'hôpital  de  Bourges,  porte  que,  à  cette  époque,  «  on 
ne  reçoit  plus  à  l'Hôtel-Dieu  de  religieuses  que  moyennant  une 
grande  dot  que  l'on  dit  monter  à  présent  jusqu'à  i.5oo  livres, 
dont  il  arrive  que  celles  qui  ont  plus  de  comodité  de  payer  la 
somme  qu'on  demande  estants  choisies,  et  non  les  plus  propres  au 
service  des  malades,  il  y  a  tousjours  un  grand  nombre  de  religieuses 
malades  et  infirmes  qui  ne  rendent  aucun  service  à  la  maison  et 
luy  sont  à  charge  »  (4).  Il  est  certain  qu'à  cette  époque  le  recru- 
tement n'était  plus  le  même  qu'autrefois  où  l'on  choisissait  surtout 
des  filles  d'artisans,  fortes  et  robustes,   soumises  au  préalable  à 


II)  Voy.  le  récit  de  cette  entrevue  à  la  séance  du  i"  oct.   i655,   reg.  223.  fol.  63. 

(2)  Délib.  5   nov.   1655,   reg.  23,  fol.  87  v. 

(3)  Le  Bureau  autorisa  cependant  l'augmentation  des  religieuses,  au  nombre  de  10, 
sans  compter  celles  qui  avaient  été  reçues  par  la  prieure  sans  son  consentement.  Le 
nombre  des  religieuses  fut  encore  augmenté  au  xviii»  s.  Il  était  en  1723  de  140,  dont 
94  professes,  36   novices  et  10  postulantes. 

(4)  Reg.  23,   fol.    265  r». 


I.  ADMINISTRATION 


une  visite  médicale.  Toutefois,  la  prieure  se  défend  d'imposer 
une  dot  aux  postulantes,  et  répond  «  que  ce  n'est  pas  l'argent  qu'on 
considère  dans  les  filles  qui  se  présentent  pour  estre  religieuses, 
qu'on  en  a  receu  quelques  unes  qui  aportoient  fort  peu  de  choses, 
et  qu'on  voudroit  quelquefois,  si  cela  se  pouvoit  faire,  donner  de 
l'argent  pour  avoir  des  filles  qui  eussent  les  conditions  nécessaires 
pour  le  service  des  malades  »  (i).  Tout  cela  est  assez  vague. 

Les  sommes  données  par  les  parents  à  la  communauté  lors  de 
la  réception  de  leurs  filles  paraissent  avoir  été,  en  effet,  assez 
variables,  suivant  leur  situation  de  fortune.  Ces  sommes  étaient 
généralement  réclamées  quand  les  novices  mouraient  avant  d'être 
religieuses.  En  décembre  i656,  un  père  réclame  une  partie  des 
600  livres  qu'il  a  «  baillées  »  pour  la  réception  de  sa  fille  morte 
novice  à  l'Hôtel-Dieu  (2).  A  la  suite  de  contestations  avec  la  prieure, 
le  Bureau  décide,  à  la  séance  du  24  janvier  1657,  que  l'argent, 
auparavant  versé  dans  ces  circonstances  à  la  prieure,  serait  remis 
entre  les  mains  du  receveur  par  les  parents  des  jeunes  filles  pour 
employer. ce  que  les  parents  auront  donné  «  libéralement  »,  suivant 
leurs  intentions  ;  en  effet,  il  est  posé  en  principe  que  cela  dépend 
«de  leur  pure  charité  et  libéralité  »  (3).  Mais  les  religieuses  conti- 
nuèrent à  réclamer  directement  de  l'argent  ;  le  Bureau  «  en  voit 
la  preuve  dans  les  ouvrages  qu'elles  font  faire  sans  en  rien 
demander  au  Bureau,  qui  sont  pour  l'ordinaire  despences 
superflues  et  inutiles,  que  pour  obvier  à  cela,  il  est  besoin  de  scavoir 
si  on  pouvoit  obliger  les  pères  et  mères  des  filles  présentées  au 
Bureau  pour  estre  religieuses,  de  faire  serment  s'ils  n'ont  point 
promis  ou  donné  quelque  chose  pour  leur  réception,  leur  faire 
entendre  qu'il  y  a  simonie  autant  à  prometre  ou  donner  de 
l'argent  pour  ce  sujet  que  de  le  demander,  à  moins  qu'il  soit  ofert 
librement  et  par  motif  de  charité  »  (4). 

Le  consentement  des  parents  ou  d'un  tuteur  était  nécessaire 
pour  la  réception  des  religieuses  mineures,  bien  que  plusieurs  fois 
cette  formalité  ait  été  supprimée  par  la  prieure  (5).  Le  Bureau  exige 
même,  en  i656,  en  présence  d'abus  répétés,  que  les  pères,  mères, 
tuteurs  ou  personnes  fondées  de  procuration,  signent  sur  la 
minute  du  registre  du  Bureau  leur  consentement  pour  la  réception 
de   leur   fille  (6),    si  elle   a   été  reçue   en    leur  absence. 


(1)  Reg.  23,  fol.  266  r°. 

(2)  Délib.  i3  déc.  i636,rcg.  23,  fol.  332  v». 

(3)  Délib.  24  janv.  1657,   reg.  24,  fol.  i3  r». 

(4)  Délib.  28  avril   1637,  reg.  24,   fol.  70  r». 
(51  Délib.  i3  sept.  i636,  reg.  23,  fol.   297. 

(6)  Délib.  27  oct.  1657,  reg.  23,  fol.   3i3. 


L  HOTFL-DIEU    AU    XVII«    ET    AU    XV!II<^    SIECLE 


Prohations  et  professions  étaient  l'occasion  de  fêtes  religieuses 
et  de  sermons  dans  l'église  de  THôtel-Dieu.  Quelques-uns  de  ces 
sermons,  ceux  de  l'abbé  Mulot,  qui  eut  quelque  notoriété  au 
xvme  siècle  (i),  ont  été  imprimés.  Les  actes  signés  des  professes 
sont  conservés  dans  les  registres  des  Conclusions  capitulaires. 

Le  jansénisme  vint,  au  xviiie  siècle,  troubler  pendant  quelques 
années  la  maison  des  pauvres.  Sous  le  «  pontificat  »  du  cardinal 
de  Noailles,  qui  était  lui-même  teinté  de  jansénisme,  le  Chapitre 
laissa  s'introduire  «  la  doctrine  »  dans  la  plupart  des  couvents  dont 
il  était  le  supérieur  spirituel.  On  peut  même  penser  qu'à  l'Hôtel- 
Dieu  il  y  contribua,  si  l'on  s'en  rapporte  à  certains  passages  des 
Mémoires  de  l'abbé  Le  Gendre,  chanoine  de  Notre-Dame, 
secrétaire  de  M^'  de  Harlay,  archevêque  de  Paris,  et  abbé  de 
Clairfontaine  (2),  qui  fut  chargé  plus  tard  de  rétablir  la  concorde 
dans  la  maison.  Les  chanoines  qui  dogmatisaient  à  THôtel-Dieu 
«  y  étaient  d'autant  plus  les  maîtres,  écrit-il,  que  ce  sont  de  ces 
gens  à  qui  l'esprit  du  parti  [janséniste],  dont  ils  étaient  grands 
zélateurs,  donnait  la  hardiesse  de  tout  oser,  et  que  d'ailleurs 
ils  étaient  avoués  par  M.  l'archevêque,  premier  administrateur 
né  de  la  maison,  et  par  M""  Joly  de  Fleury,  procureur  général, 
qui  se  mêlait  volontiers  du  spirituel  de  l'Hôtel-Dieu  autant  que 
du  temporel...  Ce  sont  eux  qui  l'avaient  mis  en  goût  des  affaires 
de  FHôtel-Dieu  en  lui  vantant,  ainsi  qu'à  M^^^  la  procureur 
générale,  le  mérite  des  précieuses,  particulièrement  une  sœur  de 
la  Miséricorde  qu'ils  exaltaient  fort  ».  Or  il  se  trouve  que 
nous  avons  conservé  le  récit  de  la  vie  de  cette  sœur  de  la 
Miséricorde  »  (3)  et  que  nous  pouvons  apprécier  en  tout  état  de 
cause  l'état  d'esprit  de  ces  «  précieuses  »  d'un  nouveau  genre  (4). 

Fille  de  Guillaume  Charpentier,  seigneur  de  Lunaisi  et  des 
Tournelles,  et  de  Louise-Marie  d'Aubonne,  Marie-Louise- 
Claire   des     Tournelles,    qui   était    restée    dans    le     monde    jus- 

(1)  Abbé  Mulot,  Essai  de  sermons  prêches  à  l'Hôtel-Dieu  de  Parts  ;  Paris.  CI. -P.  Berton, 
1781,  in-i2  (Bibl.  nat.  D  433i3).  Comprend  les  sermons  prêches  le  2  sept.  1777, 
à  la  profession  d'Aimée  du  Tillet  et  Charlotte  Sergent,  le  12  oct.  1779,  à  la  probation  de 
M""  Maury,  le  22  mai  1780,  à  la  profession  de  Thérèse  Galot.  Le  Journal  intime  de  l'abbé 
Mulot  (1 777-1 782)  a  été  publié  par  Tourneux,  in  Mém.  Soc.  Hist.  de  Paris,  t.  XXIX,  1902. 

(2)  Mém.  de  l'abbé  Le  Gendre,  publiés  d'après  un  ms.  authentique;  Paris,  Charpentier, 
i863,  I  vol.  :n-8,  p.  368  et  suiv.  C'est  cet  abbe'  Legendre  qui,  par  testament  du4févr.  1733, 
légua  à  l'Université  69.760  1.  pour  la  fondation  de  plusieurs  prix  «  d'éloquence,  de  poésie 
et  de  musique  »,  d'où  devait  sortir  l'institution  du  «  Concours  général  ». 

(3)  L'usage  de  prendre  un  nom  de  religion  ne  datait  que  du  xvii»  siècle.  Ce  fut  Gene- 
viève Bouquet  qui  la  première  prit  le  nom  de  «  sœur  du  Saint-Nom  de  Jésus  »  pour  ajou- 
ter à  l'abnégation  de  toute  pensée  mondaine  chez  les  sœurs.  (Martin-Doisy,  Dictionnaire 
d'économie  charitable...;  éd.  Migne,  Paris,  i835,  4  vol.  in-4'>,  t.  I,  p.  208.) 

(4)  Bibl.  hist.  de  la  V.  de  P.,  ms.  12721  :  Vie  de  demoiselle  Marie-Louise  Charpentier 
des  Tournelles,  dite  la  mère  de  la  Miséricorde,  religieuse  hospitalière  de  l'Hôtel-Dieu 
de  Paris  (i6-()-tj42.j  (Copie  manuscrite,  fajte  vers  1767,  i  vol.  in-4.) 


I,  ADMINISTRAI  ION 


qu'à  22  ans,  avait  fréquente  à  la  cour  de  la  duchesse  du 
Maine,  assisté  aux  bals  et  aux  fêtes  de  la  cour  de  Louis  XIV, 
reçu  une  éducation  soignée,  comprenant  la  danse,  le  dessin,  la 
la  peinture,  la  musique,  les  langues  mortes  et  vivantes,  même  le 
latin,  qui  s'était  enfin,  dans  sa  jeunesse,  «  entourée  de  tout 
l'appareil  fastueux  de  Babylone  »,  pour  parler  comme  sa  bio- 
graphe, n'était  certes  pas  du  même  milieu  que  les  autres  sœurs 
d'une  condition  plus  humble  et  d'un  horizon  plus  borné,  mais  plus 
aptes  aux  grossières  et  fatigantes  besognes  de  la  vie  hospitalière. 
Ne  s'était-elle  pas  présentée,  en  1707,  à  la  prieure,  des  aigrettes 
sur  la  tète,  du  rouge  et  des  mouches  sur  le  visage,  au  sortir 
d'une  visite  à  Notre-Dame?  Connaissant  ces  détails,  on  s'étonnera 
moins  maintenant  du  terme  de  «  précieuses  »  sous  la  plume  du 
bon  chanohie.  Elle  écrivait  de  nombreuses  lettres,  recevait  des 
visites  ;  n'en  était-ce  pas  assez  pour  se  faire  mal  voir  des  sœurs 
surchargées  de  travail,  qui  n'avaient  guère  le  temps  de  prêter 
l'oreille    aux   nouveautés  du  dehors  (i)  ? 

Cependant  la  sœur  de  la  Miséricorde,  guidée  par  Lenoir, 
chanoine  de  Notre-Dame,  et  Jean  Soanen,  évêque  de  Senez,  jansé- 
nistes ardents,  se  livrait  à  des  austérités  exceptionnelles,  portant 
une  croix  de  fer  armée  de  pointes  sur  le  dos,  et  des  bracelets 
d'épine,  pour  surmonter  le  sommeil,  se  lavant  les  mains  dans  les 
bassins  des  malades  «  et  ne  les  essuyant  que  très  grossièrement 
afin  de  réparer  par  le  sentiment  de  la  mauvaise  odeur  la  satisfac- 
tion que  son  odorat  avait  recherchée  et  éprouvée,  lorsque  dans  le 
monde  elle  se  frottait  les  bras  et  les  mains  avec  des  pommades  de 
senteur  et  des  pâtes  de  toute  espèce  »  (2),  Elle  ne  se  contentait 
point  de  ces  austérités  ;  poussée  par  l'amour  des  «  nouveautés 
religieuses  »  qu'entretenaient  plusieurs  membres  du  Chapitre 
soutenus  par  le  cardinal  de  Noailles,  elle  témoignait  en  faveur  des 
miracles  de  «  Monsieur  de  Paris»,  puis  elle  signait  en  1718  un 
acte  d'adhésion  à  l'appel  de  l'archevêque  et  du  Chapitre  au  futur 
concile  contre  la  Bulle  Unigenitiis  (3),  avec  les  ecclésiastiques  et  le 
maître  de  l'Hôtel-Dieu,  M.  Quignon.  Cette  campagne  janséniste,, 
continuée  par  la  nomination  irrégulière  d'une  prieure  qui  n'avait 
eu  que  i5  voix  contre  70,  mère  de  Sainte-Gertrudc,  faite  par 
M.    de   Gontaut,    doyen   du   Chapitre,  aboutit  à  la   revision  des 


(1)  L'Hôpital  général  eut  aussi  sa  crise  de  jansénisme,  Cf.  remontrances  du  Parlement  de 
1751,  1732,  1753.  Voy.  Glasson,  le  Parlement  de  Paris:  son  rôle  politique  depuis  le  régne 
de  Charles  VU  jusqu'à  la  Révolution;  Paris,  1901,2  vol.  in-8°,  t.  Il,  p.  i65. 

(2)  Bibl.  liist.  V.  de  P.,  ms.  12721.  fol.  22. 

(3)  Arch.  nat.,  LL  267,  4  0ct.  1718.  Sur  l'affaire  de  la  Bulle  Unigenitus  sous  I.cuis  Xl\'. 
voy.  Le  Roy,  La  France  et  Rome  de  l'jou  a  J7i5  ;  Paris,  1891,  1  vol.  in-8°. 


L  HOTEL-DIEL"    AI 


anciennes  constitutions,  décidée  dans  la  réunion  capitulaire  du 
10  mars  1722,  et  au  vote  de  nouvelles  constitutions  approuvées 
le  5  septembre  1722,  par  arrêt  du  Parlement,  grâce  à  l'influence 
de  Joly  de  Fleury.  Elles  fixaient  l'élection  (i)  tous  les  deux  ans, 
le  lendemain  de  la  Saint-Jean-Baptiste,  «  jour  du  chapitre  général 
où  la  compagnie  a  coutume  de  choisir  ses  officiers  »,  de  deux 
visiteurs  de  THôtel-Dieu,  «  entre  MM.  les  capitulans  prestres  », 
dont  les  fonctions  ne  devaient  pas  durer  plus  de  6  ans  ; 
MM.  Courier  et  Chevalier,  les  deux  visiteurs  nommés,  s'en  firent 
adjoindre  un  troisième  par  le  Chapitre  pour  tenir  la  main  à  l'exécu- 
tion des  nouvelles  constitutions  :  ce  fut  M.  Goulard,  archidiacre 
de  Josas  (2).  Puis  on  procéda  à  l'élection  d'une  nouvelle  prieure 
le  18  mai  1723  :  sœur  Saint-Anselme  eut  48  voix,  et  sœur  Saint- 
Edme  42.  En  présence  d'une  pareille  discorde,  qui  menaçait  la 
tranquillité  et  les  soins  des  malades,  Maurepas,  secrétaire  d'État 
et  des  commandements  de  Sa  Majesté,  fit  surseoir  à  l'élection,  par 
lettre  du  20  juin  1723,  et  sur  l'avis  du  Conseil  ecclésiastique  (3) 
désigna  le  chanoine  Le  Gendre  «  pour  connaître  des  différends 
qu'il  y  avait  entre  les  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  ». 
Après  interrogatoire  des  93  religieuses  professes,  chacune  en 
particulier  suivant  son  rang  de  réception,  après  des  conférences 
tenues  chaque  semaine  pendant  plus  de  21  mois  avec  M.  de  Fréjus, 
le  futur  cardinal  et  ministre  de  Louis  XV,  le  procureur  général 
Joly  de  Fleury,  puis  M.  Portail,  nouveau  premier  président,  et 
en  cette  qualité  «  administrateur  né  »  de  l'Hôtel-Dieu  ;  après  une 
entrevue  avec  les  deux  partis  de  la  communauté,  celui  de  la  prieure, 
qui  tenait  pour  les  anciennes  constitutions,  et  celui  des  «  miséri- 
cordieuses »,  des  jeunes,  menées  par  la  sœur  de  la  Miséricorde  (4) 
et  soutenues  par  Joly  de  Fleury,  le  véritable  auteur  des  nouvelles 
constitutions  ;  après  des  négociations  dont  il  faut  lire  le  savoureux 
récit  dans  les  Mémoires  de  Le  Gendre  (5),  les  nouvelles  constitu- 

(i)  En  effet,  au  nombre  des  deux  visiteurs  prévus  par  les  anciennes  constitutions,  se 
trouvait  le  doyen,  depuis  quelques  années,  et  on  pouvait  craindre  que  cette  tradition  ne 
devînt  un  droit  pour  eux  par  la  suite. 

(2)  Voy.  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  n.  a.  2o5o-2o5i.  Statuts  et  constitutions  des  religieuses  de 
l'Hôtel-Dieu  de  Paris.  Année  1722  (ancien  LL  084  des  Arch.  nat.)  Le  ms.  2o5o  contient  les 
statuts  en  5  parties:  i»  Service  divin;  2»  Vertus  religieuses;  3»  Offices  delà  maison; 
4°  Noviciat;  5»  Service  des  pauvres.  Le  ms.  2o5i  contient  des  remarques  sur  ces  consti- 
tutions. On  en  trouvera  d'abondants  extraits  dans  A.  Chevalier,  o.  c,  p.  428-439. 

(3)  Le  Conseil  ecclésiastique  devant  qui  se  portait  les  grandes  affaires  du  clergé,  régu- 
lier ou  séculier,  se  composait  alors  du  roi,  du  régent,  du  cardinal  de  Rohan,  évêque  de 
Strasbourg  et  grand  aumônier  de  France,  du  cardinal  de  Bissy,  évêque  de  Meaux  et  abbé 
de  St-Germain-des-Prés,  de  M.  de  Fleury,  ancien  évêque  de  Fréjus,  et  M.  de  Tressan, 
évêque  de  Nantes. 

(4)  Elle  mourut  d'un  cancer,  à  64  ans,  le  23  déc.  1742,  après  35  ans  de  profession. 

(3)  Voici  comment  il  apprécie  les  nouvelles  constitutions:  «  Autant  j'étais  charmé  de  la 
pieuse  abondance  de  ces  anciennes  constitutions  (elles  comprenaient  2  mss.  in-fol.  de  400  p.) 


L  ADMINISTRATION 


lions  furent  abolies,  et  le  Parlement  rendit  l'arrêt  du  17  mai  1725, 
déclarant  que  «  les  constitutions  faites  en  i652  par  les  doyen, 
chanoines  et  Chapitre  de  l'église  de  Paris,  seuls  supérieurs 
spirituels  de  l'Hùtel-Dieu,  pour  les  religieuses  dudit  Hôtel,  ainsy 
qu'elles  ont  été  arrestées  par  délibération  du  Chapitre  du  14  may 
du  présent  mois,  seront  et  demeureront  homologuées  pour  être 
seules  exécutées  selon  leur  forme  et  teneur.  »  Le  Gendre  ne  finit 
par  vaincre  le  procureur  général  Joly  de  Fleury  que  grâce  à  l'appui 
de  «  M.  de  Fréjus  »  qui  déjoua  cette  tentative  de  mainmise  du  jansé- 
nisme sur  l'Hôtel-Dieu.  D'ailleurs,  le  Chapitre  rentré  en  grâce  un 
mois  après  reçut  de  Maurepas  une  nouvelle  lettre  du  25  juin  1725 
lui  annonçant  que  le  roi  lui  permettait  de  nommer,  comme  de 
coutume,  des  visiteurs  à  l'Hôtel-Dieu  (i). 

Mais  l'alerte  avait  été  vive  dans  ce  milieu  de  gens  d'église.  Nous 
en  avons  trouvé  un  autre  écho  dans  trois  mémoires,  conservés 
dans  un  recueil  de  pièces  sur  les  hôpitaux  qui  fit  partie  de  la 
collection  Lamoignon  (2),  plaidoyers  très  vifs  en  faveur  des  droits 
du  Chapitre.  On  y  apprécie  ainsi  le  rôle  de  la  mère  des  Tournelles  : 
u  Parmi  les  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu,  il  y  a  une  personne  d'un 
esprit  vif  et  d'une  imagination  ardente,  propre  à  faire  un  parti  ; 
les  belles-lettres  et  la  poésie  lui  sont  familières  ;  elle  écrit  et  parle 
avec  politesse,  elle  est  adroite  et  insinuante,  elle  prend  parti  dans 
les  affaires  de  l'église,  elle  est  ferme  dans  le  temps  des  éclats,  et 
souple  dans  celui  des  accommodements  ;  quel  que  soit  le  motif  qui 
a  fait  agir  cette  religieuse,  soit  ambition,  soit  amour  de  la 
nouveauté,  il  est  certain  qu'elle  a  pendant  plusieurs  années  disposé 
toutes  choses  pour  attaquer  les  anciennes  constitutions  et  pour 
leur  porter  le  coup  mortel  qui  est  arrivé  en  1722.  Pour  y  parvenir 
elle  a  commencé  par  s'attirer  l'estime  et  l'amitié  de  trois  ou  quatre 
chanoines  de  Paris  (3),  elle  a  su  choisir  les  plus  propres  à  goûter  et 
à  suivre  ses  intentions,  et  les  plus  capables  d'exécuter  de  grands 
desseins  ;  ce  sont  des  gens  habiles,  heureux  dans  les  négociations, 
féconds  en  expédients,  inébranlables  dans  leurs  entreprises;  à  leur 
faveur  elle  a  su  gagner  les  puissances  de  l'Eglise  et  du  Parlement; 


600  p.),  autant  étois-je  dégoûté  de  la  sécheresse  des  nouvelles  ;  il  y  a  dans  celles-ci  du 
clinquant  en  quelques  endroits,  de  l'or  en  aucun  ;  hors  deux  ou  trois  articles  qui  peuvent 
contribuer  à  une  police  plus  exacte,  non  seulement  il  n  y  a  rien  qui  mérite  louange  mais 
quasi  tout  est  à  blâmer...  Selon  ce  système,  les  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu  n'eussent  plus 
été  des  religieuses,  mais  des  filles  de  communauté,  menant  une  vie  ordinaire,  et  qui, 
sans  être  gênées  par  des  règles,  se  seroient  volontairement  jointes  ensemble  pour  soigner 
les  pauvres.  »  (p.  377-78). 

(i)  Arcli.  nat.,  LL  232i'-.  Lettre  orig.  au  milieu  d'extraits  de  délib.  capit. 

(2)  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  11364,  fol.  i-jb  et  suiv. 

(3)  MM.  Payen,  d'Eaubonne,  Couët. 

3 


I-'hOTEL-DIKU    au    XVI 1*=    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


elle  se  fit  un  parti  dans  le  Chapitre...»,  et  l'auteur  anonyme  de  ces 
mémoires  oppose  à  ce  zèle  brouillon  les  vertus  évangéliques  de 
la  prieure,  «une  fille  humble,  simple,  laborieuse,  uniquement 
appliquée  au  service  des  pauvres,  soumise  à  ses  supérieurs,  zélée 
pour  l'ancienne  discipline  de  la  maison».  Si  les  anciennes  constitu- 
tions avaient  été  établies  par  «  des  violences  et  des  artifices  »,  nous 
venons  de  voir  par  quels  subterfuges  et  quelles  négociations  elles 
furent  abolies. 

Des  jansénistes  aux  convulsionnaires,  la  transition  est  aisée. 
Après  sa  crise  de  jansénisme,  il  eût  été  étonnant  que  le  commu- 
nauté n'eût  point  sa  crise  de  «  convulsionisme  ».  A  vrai  dire  cette 
dernière  fut  peu  importante.  Il  n'y  eut  guère  que  deux  sœurs 
«  secouristes  »  à  FHôtel-Dieu,  du  moins  à  notre  connaissance, 
mère  Sainte-Félicité  et  mère  Sainte-Cécile,  de  son  nom  sœur 
La  Croix.  Elles  trouvèrent  d'ailleurs,  sinon  une  protection,  du 
moins  une  indulgente  pitié  de  la  part  de  la  prieure.  Il  leur  faJlut 
pourtant  quitter  la  maison  en  mai  1748.  La  plus  convaincue,  ou 
tout  au  moins  la  plus  ardente,  mère  Sainte-Cécile,  a  écrit  en 
juin  1748,  de  sa  retraite,  «  du  fond  de  sa  solitude  »,  selon  son 
expression,  diverses  lettres  à  ses  supérieurs  ecclésiastiques  (i),  les 
chanoines  de  Saint-Exupéri,  de  Barcos,  Le  Blanc,  Janson,  dont 
elle  avait  subi,  avant  sa  «  fuite  «,  un  interrogatoire  en  règle,  à 
l'archevêque  de  Beaumoni  enfin,  à  qui  elle  ne  craint  pas  de  dire  : 
«  Vous  êtes  devenu  le  dissipateur  du  troupeau  de  Jésus-Christ  au 
lieu  que  par  votre  qualité  vous  devriez  en  être  et  le  père  et  le  zélé 
défenseur.  »  Amie  de  diverses  sœurs  de  Port-Royal,  elle  était 
«  conduite  »  par  «  M.  de  Senez».  Au  reste  son  départ  et  ses  mani- 
festes ne  paraissent  pas  avoir  troublé  beaucoup  ses  compagnes.  On 
n'était  déjà  plus  aux  beaux  temps  des  miracles  opérés  par  l'inter- 
cession,du  diacre  Paris  et  qui  avaient  failli  amener,  quinze  ans 
auparavant,  tout  Paris  à  l'Hôtel-Dieu.  C'est  une  histoire  typique 
en  effet  que  celle  de  la  veuve  Delorme.  Figurons-nous  une  malade 
—  en  l'espèce  Gabrielle  Gantier,  veuve  de  Pierre  Delorme,  frap- 
pée de  paralysie  subite,  transportée  à  l'Hôtel-Dieu,  à  la  date  du 


(i)  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  n.  a.  4107.  Recueil  de  discours  et  lettres  de  convulsionnaires,  dont 
l'ensemble  parait  être  de  la  mère  Sainte-Cécile.  <<  Je  crois  l'œuvre  des  convulsions,  écrit-elle 
le  18  juin  1748  à  ses  supérieurs  (fol.  285),  une  œuvre  divine.  Je  crois  qu'elle  a  pris  son  ori- 
gine sur  le  tombeau  du  Bx  François  de  Paris,  mort  en  odeur  de  sainteté.  Je  crois  que 
Dieu  est  le  mobile  de  cette  œuvre  admirable,  ayant  ressenti  toutes  sortes  d'effets  miraculeux 
dans  l'àme  et  sur  le  corps  depuis  8  années  que  j'ai  le  bonheur  d'être  sous  sa  main  en  qua. 
lité  de  convulsionnaire.  Je  condamne,  rejette  et  anathématise  l'impie  et  exécrable  constitu- 
tion Uiii'r^enilus  qui  abolit  et  anéantit*par  ses  erreurs  diaboliques  tout  le  bien  qui  se  ferait 
dans  l'église  si  elle  n'avait  pas  apporté  avec  elle  un  esprit  de  vertige  qui  séduit  tous  ceux  à 
qui  Dieu  ne  donne  pas  la  force  de  lui  résister.  » 


I/ADMINISTRATTOX  35 

4  août  1731  (i) —  qu'une  foule  de  plusieurs  centaines  de  per- 
sonnes accompagne  jusqu'à  son  lit,  dans  la  salle  Sainte-Martine, 
et  revient  voir  tous  les  jours,  sans  que  le  Bureau  ose  intervenir.  Il 
ne  prit  du  moins  de  mesures  que  lo  jours  après  (2),  lorsque  le  scan- 
dale menaçait  de  dépasser  toutes  les  bornes.  C'est  qu'il  y  a  dans  le 
cas  de  cette  femme  une  circonstance  particulière.  Elle  a  été  frappée 
de  paralysie  au  tombeau  du  diacre  Paris.  Cela  suffit  pour  émouvoir 
tout  Paris,  prêtres,  curieux,  oisifs,  et  même  les  autres.  Sur  les 
escaliers  de  la  salle  Sainte-Martine,  la  procureuse  générale  croisait 
la  duchesse  d'Aiguillon;  les  chanoines  Goulard,  Courcier  et  de 
Barcos,  visiteurs  de  l'Hôtel-Dieu,  se  livraient,  de  la  part  de  l'ar- 
chevêque Vintimille  (3),  à  des  interrogatoires  répétés  de  la  pauvre 
femme,  tandis  que  le  notaire  Bouron,  appelé  par  Chaulin,  son 
confesseur,  recevait  sa  déposition  en  bonne  et  due  forme,  en  pré- 
sence d'une  trentaine  de  prêtres  et  de  laïcs,  et  que  le  chirurgien  de 
la  maison,  Boudou,  lui  faisait  subir  force  saignées  (4).  Pour 
Chaulin,  l'auteur  de  la  «  relation  »,  il  n'y  a  aucun  doute  sur  la 
nature  de  son  mal  ;  elle  a  été  frappée  par  châtiment  céleste  pour 
son  manque  de  foi,  qu'elle  avouait  elle-même,  envers  les  miracles 
du  «  saint  diacre  »  (5). 

En  regard  de  ces  crises  mystiques,  de  ces  disputes  théologiques, 
plaçons  le  dévouement  ignoré  de  toutes  celles  dont  on  ne  parle 
point,  qui  furent,  en  silence,  les  servantes  des  pauvres.  Filles 
d'humbles  artisans  de  la  capitale,  douées  des  robustes  vertus  de  la 
Française,  elles  se  donnèrent,  sans  compter,  à  une  vie  de  labeurs 
et  d'amertunes,  toujours  placées  en  face  de  l'image  de  la  mort. 
N'oublions  pas,  à  leur  honneur,  ce  quatrième  vœu  de  leurs  consti- 


(i)  Relation  de  la  manière  dont  Gabrielle  Gantier,  veuve  Delorme.  a  été  frappée  d'une 
paralysie  subite  au  tombeau  de  M.  de  Paris,  le  4  d'aoust  lySi,  avec  un  détail  des  circons- 
tances singulières  qui  ont  précédé  et  suivi  cet  événement,  recueillies  par  M.  Chaulin,  prêtre, 
docteur  en  tiiéologie  de  la  Faculté  de  Paris,  confesseur  de  la  malade  ;  1732,  i  brocli.,  33  p.> 
in-4°.  (Communiquée  par  M.  A.  Gazier.) 

(2)  Délib.  14  août  1732,  reg.  100,  fol.  3o2.  La  veuve  Delorme  demeurait  sur  le  pont  au 
Change,  à  l'Image  Saint-Etienne,  chez  M.  Etienne,  orfèvre.  La  salle  Sainte-Martine  fut 
fermée  par  crainte  de  vols  et  autres  désordres,  et  aussi  pour  procurer  à  la  malade  le  repos 
et  la  tranquillité  dont  elle  avait  besoin. 

(3)  Vintimille  avait  lancé  le  i3  juillet  173 1  un  mandement  contre  un  prétendu  miracle 
opéré  sur  le  tombeau  du  diacre,  mais  n'avait  réussi  qu'à  éveiller  l'attention  publique.  Le 
i3  août,  23  curés  de  Paris  signalaient  3  nouveaux  miracles,  et  le  4  octobre,  i3  autres 
étaient  constatés,  faisant  l'objet  de  nombreuses  «  relations  »,  dont  celle  de  Chaulin  n'est  qu'un 
exemple. 

(4)  Le  témoignage  de  Boudou  est  invoqué  par  Carré  de  Montgeron  dans  le  cas  de  Marie- 
Anne  Couronneau,  convulsionnaire,  qu'il  avait  déclarée  incurable  la  veille  de  sa  guérison 
au  tombeau  du  diacre,  i3  juin  1731.  [La  Vérité  des  miracles  opérés  à  l'intercession  de 
M.  de  Paris  et  autres  appellans...,  présenté  à  S.  M.  le  2g  juillet  1737,  p.  19.) 

(3)  «  Une  infinité  de  personnes  attaquées  de  diverses  infirmités  se  font  porter  tous  les 
jours  au  tombeau  du  saint  diacre,  et  ceux-là  seuls  y  sont  guéris  dont  il  plait  à  Dieu  de 
récompenser  la  foy.  »  (Chaulin,  Relation...,  p.  29.) 


36  T.'hOTFI.-DIFT-    AT-    XVIie    ET    AV    XVIIP    SIF.CLK 

tutions,  de  servir  les  pauvres  malades  et  d'aller  soigner  les  conta- 
gieux à  Saint-Louis  :  «  Aussi  faut-il  qu'elles  sachent  que  ce  vœu  les 
oblige  si  étroitement  qu'il  ne  leur  est  loisible  de  quitter  ou  de  se 
dispenser  du  service  des  malades,  auquel  elle  sont  destinées  par 
l'obéissance,  sans  une  très  grande  nécessité  ;  et  que  si,  parleur 
absence  ou  négligence,  les  malades  reçoivent  quelque  incommodité 
notable  en  leur  santé,  ou  quelque  intérêt  en  ce  qui  regarde  le  salut 
de  leur  âme,  elles  en  répondront  devant  Dieu,  qui  leur  demandera 
compte  très  exact  à  l'heure  de  la  mort,  des  services  négligés  et  des 
charités  omises...  » 

Il  est  regrettable,  par  contre,  de  les  voir  en  certaines  circons- 
tances essayer  d'éluder  les  décisions  des  administrateurs  ou  de 
contrecarrer  leurs  projets. 

Le  Bureau  dut  leur  interdire  de  recueillir  dans  leur  commu- 
nauté des  religieuses  malades  d'autres  monastères  (i)  qui  devaient 
être  reçues  chez  les  Hospitalières  de  la  place  Royale,  de  la 
Roquette,  du  faubourg  Saint-Marceau  ou  de  Saint-Mandé. 

En  1787,  elles  tentèrent  de  s'opposer  au  règlement  fait  le 
16  juillet  par  les  administrateurs  pour  les  nouvelles  salles  qui 
furent  ouvertes  le  2  août  (2). 

Le  3o  septembre,  elles  adressèrent  au  contrôleur  général 
Lambert  un  mémoire  où  elles  réclamaient  les  anciennes  coutumes. 
Le  Bureau,  auquel  on  communiqua  ce  mémoire,  pria  le  con- 
trôleur général  d'écrire  à  la  mère  prieure  «  qu'il  est  informé  que 
le  règlement  dont  elle  se  plaint  a  été  concerté  avec  le  gouvernement, 
et  qu'ayant  été  arrêté  dans  une  assemblée  générale,  il  a  les 
caractères  suffisants  pour  faire  loy  dans  l'Hôtel-Dieu,  et  qu'il 
doit  être  exécuté  par  provision  »,  ce  qui  fut  fait.  Mais  les  sœurs 
ne  se  tinrent  pas  pour  battues.  La  sœur  de  La  Croix,  prieure, 
envoya  un  huissier,  M«  de  Ligneul,  au  Bureau,  le  19  octobre,  «  pour 
protester  de  nullité»,  notamment  contre  les  articles  23,  41  et  42  du 
règlement  (3),  «  contre  et  au  préjudice  des  droits  desdites 
requérantes  »,  et  interjeter  appel  «  par  devant  nos  seigneurs  du 
Parlement,  juges  directs  et  en  première  instance  de  toutes  causes 
de  l'Hôtel-Dieu  ».  A  la  suite  de  cet  acte  d'opposition,  le  contrôleur 
général  adressa  un  projet  de  mémoire  pour  tâcher  de  concilier  les 


(1)  Délib.   iS  févr.  1739,  reg.  108,  fol.  78,  et  délib.   9  juillet  1749.  reg.  118,  fol.   i63. 

(2)  Sur  les  incidents  de  1787-1788,  voy.  Bibl.  nat.,  Jol)'  de  Fleury,  121 1,  fol.  140  et 
suiv. 

(3)  Le  23°  concernait  le  renvoi  des  malades  guéris,  le  4 1^  portait  que  la  distribution  des 
aliments  se  ferait  en  présence  des  chirurgiens,  conformément  aux  ordonnances  des  méde- 
cins, et  le  42*'  indiquait  les  précautions  à  prendre  pour  que  cette  distribution  se  fasse 
successivement  dans  les  2  ou  3  salles  qui  devaient  former  le  département  de  chaque  chi- 
rurgien. 


L  ADMINISTRATION 


deux  parties.  Les  religieuses  envoyèrent  le  12  décembre  un  acte 
d'assignation  en  la  grand'chambre  du  Parlement.  Le  Bureau  fut 
mis  au  courant  de  ces  faits  dans  ses  séances  du  20  et  28  décembre, 
et  rédigea  un  mémoire  en  réponse  à  celui  des  religieuses.  Si  le 
règlement  du  16  juillet  n'est  pas  homologué,  c'est,  dit-il,  qu'il  n'a 
pas  cru  devoir  l'imposer  avant  d'en  avoir  fait  l'épreuve.  «  C'est 
à  la  sagesse  de  l'administration  de  les  peser  [les  règlements]  pour 
en  faire  l'usage  que  M.  le  Procureur  général  jugera  convenable.  » 
Le  16  janvier  1788,  le  Bureau  demande  aux  médecins  leur  avis 
sur  les  réformes.  Le  chirurgien  Desault  insiste  vivement  pour 
l'application  du  règlement  ;  le  Bureau,  le  3o  janvier,  décide  que  le 
règlement  du  16  juillet  sera  exécuté  dans  les  salles  de  chirurgie, 
puis,  le  6  février,  qu'il  le  sera  dans  toute  la  maison,  à  partir  du 
ic--  mars(i).  Non  seulement  les  sœurs  n'avaient  pas  été  heureuses 
dans  leurs  réclamations,  mais  elles  avaient  été  particulièrement 
mal  inspirées.  Elles  montrèrent  trop,  dans  cette  occasion,  qu'elles 
représentaient  dans  l'Hôtel-Dieu  les  anciens  abus  et  les  vieilles 
méthodes  contre  les  tentatives  de  réforme  et  les  progrès  de 
l'hygiène. 

En  définitive,  le  Chapitre  avait  échoué  dans  toutes  ses  tentatives 
de  restauration  du  pouvoir  temporel.  Bien  plus,  il  avait  eu  le 
dessous  dans  tous  les  conflits  soulevés  contre  les  administrateurs. 
Il  n'est  qu'un  seul  point  sur  lequel  clercs  et  laïques  se  seront 
trouvés  d'accord,  c'est  dans  la  lutte  contre  l'hérésie.  En  1620, 
lorsque  les  ministres  protestants  demandèrent  l'autorisation 
d'entrer  à  l'Hôtel-Dieu  et  à  Saint-Louis  pour  visiter  les  malades 
de  leur  religion  (2),  le  Chapitre  et  le  Bureau  se  joignirent  pour  les 
en  empêcher  et  pour  présenter  un  mémoire  à  la  grand'chambre 
du  Parlement  tendant  à  leur  interdire  l'accès  de  ces  établissements. 

Quant  à  l'archevêque,  sa  présence  au  Bureau,  depuis  la  déclara- 
tion du  12  décembre  1698,  au  même  titre  que  celle  des  premiers 
présidents  du  Parlement,  de  la  Chambre  des  comptes  et  de  la  Cour 
des  aides,  ne  doit  pas  faire  illusion.  Son  influence  ne  fut  jamais 
notable.  Elle  devait  s'exercer  d'ailleurs  avec  plus  de  succès  sur  un 
autre  établissement  rival,  l'Hôpital  général.  Cependant  ses 
fonctions  de  président  né,  la  présence  du  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu 
à  l'archevêché,  oij  se  tinrent  les  séances  plénières  à  partir  de 
1698,  donnent  à  l'archevêque  de  Paris  certaines  apparences  de 
pouvoir  à  l'Hôtel-Dieu.  Mais    c'est    une    tutelle    nominale,    qui 


(i)  Voy.  chap.  iv. 

(2)  Délib.  capit.,    26  juillet    i6\q  et   i5   févr.   1620,  reg.   3i,  fol.  41  :    ministri  /une 
qui  petinit  permissionem  dosmati-^.rnd!.  et  consolamii  Jurrcticos  injirmos  m  Domo  Dct. 


38  i/HOTr-L-niRr  au  xvii"  kt  au  xviii"  sif:cle 

n'a  rien  de  comparable  à  celle  qu'exerçaient  dans  les  premiers 
temps  l'évéque  de  Paris  sur  la  Maison-Dieu,  comme  sur  les  écoles 
qui  étaient  de  fondation  épiscopale  (i).  Le  rôle  d'un  Noailles 
n'est  plus  rien  vis-à-vis  de  l'Hôtel-Dieu  de  l'ancien  régime, 
comparé  à  celui  d'un  Maurice  de  Sully  vis-à-vis  de  IHôtel-Dieu 
du  moyen  âge.  Tout  au  plus  a-t-il  quelque  influence  dans  le  choix 
des  administrateurs,  en  présentant  quelques  candidats  personnels. 
Il  peut  apaiser  les  conflits  qui  s'élèvent  entre  le  Chapitre  et  le 
Bureau  de  l'hôpital,  et  il  le  fait  quand  son  intérêt  est  en  jeu.  Il 
sert  d'intermédiaire,  en  qualité  de  président,  entre  le  Bureau  et  le 
roi,  pour  réclamer  des  aumônes  et  des  subsides.  Il  donne  des 
mandements  en  temps  de  calamité  aux  curés  de  son  ^iocèse,  pour 
autoriser  des  quêtes  exceptionnelles  en  faveur  de  la  maison.  Sa 
protection  est  loin  d'être  négligeable,  mais  enfin  il  n'a  aucun  rôle 
prépondérant,  aucun  droit  spécial  dans  l'administration  et  ne 
cherche  d'ailleurs  pas  à  s'immiscer  dans  les  affaires  du  temporel.  Le 
voisinage  de  l'archevêché  et  de  l'Hôtel-Dieu,  legs  du  passé,  ainsi 
qu'une  tradition  séculaire,  habilement  entretenue,  continuent  seuls 
à  le  maintenir  dans  ses  fonctions  honoraires  et  onéreuses  de 
protecteur  des  pauvres  et  des  malades. 

L'intérêt,  l'affection  même,  portés  à  l'Hôtel-Dieu  par  les 
archevêques  de  Paris,  depuis  le  cardinal  de  Noailles  jusqu'à 
Christophe  de  Beaumont,  ne  sauraient  cependant  être  mis  en  doute. 
Tandis  que  le  Chapitre  est  en  perpétuels  procès  avec  les  adminis- 
trateurs, tandis  que  les  chanoines  rusent,  la  plupart,  pour  se 
dérober  au  droit  concédé  à  l'Hôtel-Dieu  d'avoir  leur  lit  quand  ils 
changent  d'office,  nous  voyons  Noailles  partager  toute  sa  fortune 
entre  l'Hôtel-Dieu,  l'Hôpital  général  et  les  Enfants-Trouvés; 
Vintimille  suivre  cet  exemple,  et  faire  de  l'Hôtel-Dieu  et  des 
Enfants-Trouvés  ses  légataires  universels  ;  Christophe  de  Beau- 
mont  souscrire  largement  pour  la  reconstruction  de  IHôtel-Dieu. 
Après  l'incendie  de  1772,  c'est  à  l'archevêché  que  furent  hospita- 
lisées les  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu.  Ainsi,  à  travers  les  âges, 
était  un  instant  renouée  l'antique  tutelle  de  l'Église  de  Paris  sur 
sa  Maison-Dieu  (2).  Cette  générosité  qui  aurait  pu  s'appliquer  à 


(1)  Il  y  a  encore  dans  le  diocèse  de  petits  hôpitaux  qui  sont  de  fondation  épiscopale  et 
qui  doivent  rendre  leurs  comptes  à  l'archevêché.  (Cf.  arrêt  du  Parlement  du  28  avril 
1673  toucliant  la  reddition  des  comptes  de  fabrique  des  églises  paroissiales  de  Paris  et  des 
hôpitaux  de  fondation  arcliiépiscopale.  Bibl.  nat.,  ms.  ii364,  fol.  233  bis.) 

(2)  En  revenant  processionnellement  de  S»»  Geneviève,  le  jour  des  Rameaux,  les  arche- 
vêques de  Paris  faisaient  une  station  au  Petit-Châtelet,  et  délivraient  un  prisonnier.  Après 
la  démolition  du  Petit-Châtelet,  cette  cérémonie  de  «  l'attolite  portas  »  se  fit  à  la  porte  de 
l'H.-D.  donnant  sur  le  Petit-Pont.  (Délib.,  20  mars  1782,  reg.  i52,  fol.  237,  et  Meuret, 
o.  c.,p.  91.) 


L  ADMINISTRATION 


des  œuvres  exclusivement  cle'ricales  est  sans  doute  dans  les  tradi- 
tions de  l'ancien  régime,  mais  elle  indique  en  tout  cas  la  conscience 
chez  ces  prélats  d'un  devoir  de  protection  morale  envers  des 
établissements  qui  s'en  fiaient  en  définitive  à  la  charité  publique, 
et  dont  ils  connaissaient  les  besoins  et  les  services. 


LA    MUNICIPALITE 

L'étude  des  registres  des  délibérations  de  la  Ville  de  Paris  n'est 
pas  moins  utile  que  celle  des  registres  des  délibérations  du  Cha- 
pitre pour  apprécier  le  rôle  du  prévôt  des  marchands  et  des  échevins 
dans  l'administration  de  l'Hôtel-Dieu.  Comment  n'y  eùt-il  pas  eu 
de  nombreux  points  de  contact  entre  l'élément  municipal  et  une 
administration  qui,  quoique  autonome,  se  trouve  appelée  à  Jouer 
un  rôle  prépondérant  en  cas  d'épidémie,  en  cas  de  disette,  en  cas 
de  guerre  civile  ou  étrangère  ?  La  collaboration  du  Bureau  de  la 
Ville  et  du  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu  fut  en  effet  assez  étroite  toutes 
les  fois  qu'il  s'agit  de  prendre  des  mesures  sévères  contre  «  la  con- 
tagion ».  Il  y  eut  bien  un  essai  d'indépendance  de  la  municipalité 
vis-à-vis  de  l'Hôtel-Dieu,  en  1606,  lorsque  le  Bureau  delà  Ville 
essaya  de  lutter  par  ses  propres  moyens  contre  l'épidémie  de  peste, 
mais  ses  essais  ne  furent  pas  heureux,  et  bientôt  il  s'en  remit 
complètement  à  l'Hôtel-Dieu  du  soin  d'organiser,  sous  le  contrôle 
du  Parlement,  la  défense  sanitaire  de  Paris. 

N'oublions  pas  que  ce  fut  en  i5o5  la  municipalité  parisienne 
qui  prit  en  mains  l'administration  du  temporel  de  l'Hôtel-Dieu,  et 
que  les  huit  gouverneurs  laïques,  renouvelables  par  moitié  tous 
les  trois  ans,  étaient  élus  par  la  Ville.  Sans  doute  déjà  le  Parlement, 
qui  commençait  à  prendre  conscience  de  son  rôle,  avait  participé 
à  la  réforme  ;  c'est  devant  un  conseil  composé  de  ses  délégués, 
de  ceux  de  la  Ville,  de  la  Chambre  des  comptes  et  du  Chapitre, 
que  le  receveur  général  institué  par  le  nouveau  règlement  devait 
rendre  ses  comptes.  Mais  il  ne  faut  pas  exagérer  son  importance  à 
cette  époque.  L'arrêt  du  2  mai  i5o5  (i)  ne  fut  pas  pris  sur  son  ini- 
tiative comme  l'a  très  bien  montré  M.  Coyecque  (2),  et  cette  «  réfor- 
mation »  de  l'Hôtel-Dieu,  qui  fut  comme  une  première  laïcisation, 
semble  bien  avoir  été  l'œuvre  de  la  Ville  autant  que  celle  du 
Parlement.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'exemple  de  Paris  s'étendit  dans  les 


(i)  Arch.  nat.,  Parlement,  Conseil,  X'  a  i5io,  fol.  87. 
(2)  Coyecque,  o.  c,  I,  181. 


40 


I.'hOTF.I.-DTFA-    ai-    XVIje    F,T    AU    XYIII^    SIF.CLR 


provinces,  et  une  série  de  mesures  analogues  à  celles  de  i5o5  furent 
prises,  parla  suite,  dans  divers  hôpitaux,  Reims,  Senlis,  etc.  fi), 
en  attendant  que  Tordonnance  de  Blois  vienne  consacrer,  en 
mai  1  5/9  (art.  65),  le  contrôle  de  TÉtat  et  le  contrôle  municipal  sur 
l'administration  hospitalière. 

L'édit  de  mai  1607  qui  cédait  à  THôtel-Dieu  la  maison  de  santé 
Saint-Marcel  achetée  par  la  Ville  pour  renfermer  les  contagieux 
mettait  à  sa  charge  les  appointements  de  deux  prévôts  de  la  santé 
et  de  quatre  archers,  les  uns  pour  la  Ville,  les  autres  pour  l'Univer- 
sité. Leur  office  était  de  faire  conduire  les  malades  frappés  de  conta- 
gion, et  n'ayant  pas  les  moyens  de  se  faire  traiter,  dans  les  deux 
«  sanitats  »  du  Temple  et  de  Saint-Marcel  ;  ils  devaient  assister  eux- 
mêmes  les  «  officiers  »  des  hôpitaux  pour  enlever  les  malades  des 
«  maisons  gastées  ».  De  plus,  pour  les  malades  qui  avaient  le  moyen 
de  se  faire  traiter  à  domicile,  l'Hôtel-Dieu  devait  payer  des  gages 
raisonnables  à  deux  barbiers-chirurgiens  chargés  de  donner  leurs 
soins  exclusivement  aux  contagieux,  sous  peine  de  «  punition  exem- 
plaire ».  Le  plan  de  défense  de  Paris  contre  l'épidémie  se  trouvait 
ainsi  fixé  par  la  concentration  de  tous  les  services  dans  la  main 
d'une  même  administration,  l'Hôtel-Dieu.  C'est  bien  ce  qu'avait 
voulu  obtenir,  à  l'assemblée  de  «  police  générale  »  tenue  au 
Palais  en  la  salle  Saint-Louis,  les  prévôt  des  marchands  et  échevins, 
en  raison  de  «  l'expérience  des  relligieuses  et  officiers  en  telles 
contagions,  et  bon  ordre  qui  a  esté  de  tout  temps  étably  dans  cette 
maison  ».  Cette  centralisation  des  pouvoirs  publics  ne  pouvait  en 
effet  que  donner  de  bons  résultats.  Les  prévôts  de  la  santé  fonc- 
tionnèrent pendant  tout  le  cours  du  xvii«  siècle. 

«  La  surintendance  des  pauvres  »  dont  était  investi  le  prévôt 
des  marchands  se  faisait  sentir  ailleurs,  dans  l'administration  du 
Grand  Bureau  des  pauvres  (2)  qu'il  présidait,  dans  les  mesures 
prises  par  les  «  quarteniers  »  pour  faire  rentrer  les  deniers  de 
«  l'aumône  générale  »  (3),  enfin  dans  les  ordres  de  police  donnés 
pour  le  renfermement  ou  le  rapatriement  des  mendiants. 

C'est  surtout  en  matièrede  travaux  que  l'Hôtel-Dieu  se  trouvait 
dépendre  des  décisions  du  Bureau  delà  Ville,  et  plus  d'une  fois  ses 
projets  furent  retardés  par  les  objections  et  même  les  empêche- 
ments de  la  municipalité.  Il  devait  se  soumettre  d'autre  part  aux 


(1)  Cf.  J.  Brillon,  Dict.  des  arrêts;  1727,  6  vol.  in-fol.  t.  III,  p.  616  et  suiv. 

(2)  Le  Bureau  de  cette  adm.  se  composait  de  conseillers  au  Parlement,  de  conseillers  de 
ville,  de  chanoines  de  Notre-Dame,  de  curés  de  Paris,  du  procureur  du  roi  au  Châtelet  et 
de  quelques  autres  personnes  notables  et  charitables.  (Félibien  et  Lobineau,  Hist.  de  la  Ville 
de  Paria;  5  vol.  in-fol.,   t.  V,  p.  284.  L.  p.  du  7  nov.  1544.) 

(3;  Cf.  Arch.  nat.,  H'-î  1794,  fol.  55,  84,  90,  95,  535. 


I.  ADMINISTRATION  41 


«  visites  ))  des  bâtiments  exigées  par  le  maître  des  œuvres  de  la 
Ville,  et  aux  divers  règlements  de  la  voirie  (i).  Il  dépendait  de  la 
Ville  pour  les  concessions  d'eau,  pour  l'établissement  de  mou- 
lins à  eau,  pour  le  droit  de  construire  des  arcades  «  au-dessus 
et  au-dessous  »  des  rues,  pour  les  exemptions  de  guet  ou  de 
garde  (2). 

La  prérogative  à  laquelle  le  Bureau  de  la  Ville  semble  tenir  le 
plus  est  l'investiture  des  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu,  de  ces 
«  gouverneurs  du  temporel  »,  qui  depuis  i5o5  ont  petit  à  petit 
annihilé  l'influence  du  Chapitre,  confiné  dans  ses  attributions  spi- 
rituelles, et  qui  sont  les  maîtres  de  l'heure.  Ce  corps  se  recrutait 
depuis  le  xvii»  siècle  par  cooptation,  mais  les  nominations  étaient 
soumises  à  une  double  formalité,  l'investiture  du  prévôt  des  mar- 
chands etéchevins,  et  le  serment  devant  la  grand'chambre  du  Par- 
lement. La  municipalité  n'avait  ainsi  Jamais  d'hostilité  à  craindre 
des  membres  de  ce  Bureau  dont  elle  était  la  protectrice  naturelle. 
N'était-ce  pas  le  prévôt  des  marchands  et  les  échevins  de  la  Ville  de 
Paris  qui  écrivaient  au  pape,  en  1601  (3),  au  nom  de  l'Hôtel-Dieu, 
pour  demander  l'autorisation  de  faire  des  pardons  et  quêtes,  esti- 
mant qu'il  était  de  leur  devoir  «  de  procurer  autant  qu'il  était  en 
leur  puissance  le  bien  de  la  chose  commune,  notamment  en  ce 
touche  le  soulagement  des  pauvres  »  ?  Ce  qui  blessa  le  plus  la 
municipalité  parisienne  dans  la  déclaration  de  i656,  créant  l'Hô- 
pital général,  ce  fut  d'être  privée  de  «  la  connaisance  »  des  élections 
des  administrateurs  et  de  leur  présentation  au  Parlement,  comme 
elle  faisait  à  l'Hôtel-Dieu,  et  elle  s'en  plaignit  d'ailleurs  amè- 
rement (4). 

Il  y  avait  toujours  quelque  échevin  ou  ancien  échevin  parmi  les 
membres  du  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu.  Ce  n'est  toutefois  qu'en  1690, 
par  les  lettres  patentes  de  Janvier,  registrées  au  Parlement  le 
10  février,  que  le  prévôt  des  marchands  fut  désigné  pour  faire  partie 
de  droit  du  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu,  en  même  temps  que  les  pre- 
miers présidents  du  Parlement,  de  la,  Chambre  des  comptes  et  de  la 
Chambre  des  aides.  Ces  mêmes  lettres  patentes  accordaient  même 
au  prévôt  alors  en  charge,  Claude  Le  Peletier,  conseiller  d'Etat,  la 


(i)  Voy.  les  Loix  des  bâtiments  suivant  la  coutume  de  Paris,  par  Desgodeis  ;  Paris,  chez 
les  Libraires  associés,  1787,  in-S». 

(2)  La  concession  de  ces  droits  directement  par  le  roi  aux  administrateurs  de  l'Hôpital 
général  fut  l'un  des  principaux  griefs  mis  en  avant  à  la  conférence  du  16  mars  i638  entre 
les  députés  de  l'Hôtel  de  Ville  et  ceux  de  l'Hôpital  général.  (Bibl.  nat.,ms.  fr.  11364,  fol. 
332-335.) 

(3)  Arch.nat.,  H2  1964  (copie). 

(4)  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  ii364,  fol.  332-335.  Conférence  du  lô  mars  i658  entre  les  députés 
de  l'Hôtel  de  Ville  et  ceux  de  l'Hôpital  général. 


l/nOTr^L-DIF-r    AU    XVII^    ET    AU    XVIIie    SIKCLE 


faveur  spéciale  d'exercer  ses  fonctions  d'administrateur  à  l'expi- 
ration de  ses  fonctions  municipales. 

A  la  conférence  du  i6  mars  i658,  entre  les  députés  de  l'Hôtel 
de  Ville  et  ceux  de  l'Hôpital  général,  pour  l'examen  de  plusieurs 
articles  de  la  déclaration  de  i656,  qui  blessaient  les  membres  de 
la  municipalité  parisienne  (i),  l'un  des  griefs  mis  en  avant  par  ces 
derniers  fut  qu'ils  étaient  privés  du  droit  d'assister  aux  comptes 
annuels  rendus  par  le  receveur  de  l'Hôpital  général,  contrairement 
à  ce  qui  se  passait  à  l'Hôtel-Dieu.  Le  représentant  de  l'Hôpital 
général,  Leschassier,  qui  prit  la  parole  pour  réfuter  les  objections 
du  Bureau  de  Ville,  répondit  fort  à  propos  que  ni  le  prévôt  ni  les 
échevins  n'avaient  jamais  assisté  à  la  reddition  des  comptes  du  rece- 
veur de  l'Hôtel-Dieu.  En  tout  cas,  la  municipalité  paraissait  tenir 
beaucoup  à  ce  droit  théorique  que  lui  avait  donné  l'arrêt  de  i5o5. 
Ce  fut  d'ailleurs  la  dernière  de  ses  réclamations. 


LE    PARLEMENT 

Il  suffit  de  se  reporter  aux  arrêts  du  Parlement  qui  concernent 
l'Hôtel-Dieu  pour  se  rendre  compte  qu'aucune  décision  importante 
ne  pouvait  être  prise  par  le  Bureau,  sans  qu'intervînt  un  arrêt  du 
Parlement  qui  se  trouve  ainsi  le  guide  de  ses  destinées.  Mais 
l'influence  du  Parlement  se  fait  encore  sentir  plus  impérieusement 
par  l'intermédiaire  des  membres  du  Bureau  eux-mêmes,  parmi 
lesqu'els  dominent  les  «  parlementaires  »  (2). 

Aussi  bien,  dès  le  début  du  xvii*  siècle,  c'est  le  Parlement  de 
Paris  qui,  d'accord  avec  le  prévôt  des  marchands  et  les  échevins, 
prend  la  direction  des  mesures  exceptionnelles  nécessitées  par  les 
fréquentes  épidémies  de  peste.  Il  est  l'arbitre  suprême  en  cas  de 
conflit,  et  veille  à  l'exécution  de  ses  arrêts  et  ordonnances. 

D'autre  part,  lui  seul  autorise  les  emprunts  en  cas  de  crise 
financière,  et  de  sa  volonté  dépend  l'avenir  même  de  l'établis- 
sement qui  a  tout  intérêt  à  se  ménager  des  intelligences  dans  la 
place.  D'ailleurs,  à  partir  de  1690,  la  présence  du  premier  président 
au  bureau  de  l'Hôtel-Dieu  est  un  sûr  garant  de  l'entente  entre  les 
deux  administrations. 

A  partir  de  i656,  dans  toutes  les  graves  circonstances,  c'est 
le  premier    président  du    Parlement  qui    réunit  à  son  hôtel  les 

(i)  Bibl.  nat,  ms.fr.  11364,  fol.  332-335. 

(2)  Les  serments  des  administrateurs  devant  la   grand'cliambre    sont  relatés  dans   les 
registres  du  Parlement. 


I.  ADMINISTRATFON 


Bureaux  de  l'Hôtel-Dieu  et  de  l'Hôpital  général  pour  aviser  aux 
mesures  à  prendre.  C'est  lui  qui  met  d'accord  les  deux  adminis- 
trations pour  les  règlements  d'admission  de  malades,  qui  lève  les 
difficultés  et  prévient  les  conflits  (i).  C'est  qu'en  effet  les  deux 
établissements  se  complètent,  mais  c'est  surtout  l'Hôpital  général 
qui  a  besoin  de  IHôtel-Dieu  pour  hospitaliser  ses  malades.  Ce 
n'est  qu'à  la  fin  du  xvin«  siècle  qu'il  aura  ses  «  infirmeries  », 
lorsque  l'Hôtel-Dieu  refusera  définitivement  de  recevoir  ses 
malades.  Non  seulement  l'Hôpital  général  a  les  scorbutiques  de 
Bicétre  et  de  la  Salpétrière  à  traiter,  mais  des  accouchées  à  déli- 
vrer, qui  sont  d'ailleurs  toujours  reçues,  puisque  l'Hôtel-Dieu  ne 
refuse  aucune  femme  au  dernier  mois  de  sa  grossesse,  à  moins 
qu'elle  ne  soit  «  gâtée  ». 

Enfin,  il  y  a  la  question  des  enfants.  En  1690  (2),  les  deux 
administrations  se  mettent  d'accord  ;  l'Hôpital  général  accepte 
les  enfants,  même  à  la  mamelle,  qui  sont  à  la  charge  de  l'Hôtel- 
Dieu,  parce  qu'ils  y  sont  nés  ou  que  leurs  mères  y  sont  mortes, 
à  condition  que  l'Hôtel-Dieu  ne  mette  plus  les  enfants  malades 
qu'on  lui  confie  dans  les  salles  communes  où  ils  sont  voués 
à  la  mort,  mais  dans  une  maison  dépendant  de  Saint-.Tulien- 
le-Pauvre  qui  leur  serait  réservée  ;  en  vertu  de  cette  convention, 
la  maison  des  Enfants-Rouges  devait  revenir  à  l'Hôpital  général. 

Le  Parlement  se  trouve  être  ainsi  une  sorte  d'arbitre  entre  les 
deux  administrations  ;  il  est  assez  difficile  de  savoir  s'il  en  favorisait 
une  au  détriment  de  l'autre,  car  ce  sont  des  motifs  qui  ne  s'avouent 
point  dans  les  délibérations  ;  mais  à  voir  les  réclamations  fré- 
quentes qui  se  produisent  de  la  part  de  l'Hôtel-Dieu,  surtout  à 
partir  du  xvm^  siècle,  il  paraît  probable  que  le  Parlement  protège 
surtout  l'Hôpital  général,  où  son  influence  trouve  un  terrain  neuf 
à  s'exercer.  Mais  celui-ci  obtient-il  un  privilège?  Aussitôt  l'Hôtel- 
Dieu  réclame  et  l'obtient  à  son  tour  ;  c'est  une  lutte  qui  ne  finira 
qu'avec  l'ancien  régime.  Les  administrateurs  de  l'Hôpital  général 
jouissent  du  droit  de  committimus  au  petit  sceau  depuis  l'édit 
d'août  1669  (3);  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  le  réclament 


(i)  Délib.  4  août  1677,  reg.  4?,  fol.  i53  r».  Voy.  liste  des  arrôts  du  Parlement  concer- 
nant l'Hôtel-Dieu,  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  8o63  (t.  XVIII  delà  collect.  Dupré)  et  Table  de  l.o 
Nain.  Voy.  aussi  Monin,  Etat  de  Paris  en  /  7,S_9  ;  Paris,  1889,  in-8°  (Doc.  relatifs  à  IH. 
de  P.  pend,  la  Rév.),  ch.  ix,  le  Parlement  et  la  grande  police  des  hôpitaux. 

(2)  Délib.   16  sept.  1690,  reg.   Sg. 

(3)  Éd.  de  1669,  titre  IV,  art.  14,  contenant  l'énumération  de  toutes  les  personnes 
auxquelles  appartient  ce  privilège.  Le  commilimus  au  petit  sceau  autorisait  les  personnes 
qui  en  étaient  pourvues  à  porter  leurs  causes  devant  la  chambre  des  requêtes  du  Parlement 
sans  passer  par  les  juges  inférieurs.  Le  commitimus  au  grand  sceau  permettait  de  porter 
les  causes  directement  devant  les  maîtres  des  requêtes  du  Palais.  (Cf.  Guyot,  Rcf.  de 
jurixprttd.,   art.  Committimus.) 


44  i/hoti;i.-uii;u  au  xviie  kt  au  xyiii^  suxle 

et  Tobtiennent  en  1704.  En  1724,  les  premiers  reçoivent  le  droit 
de  committimus  au  grand  sceau.  Les  seconds,  pour  ne  pas  rester 
en  retard,  le  demandent  et  l'obtiennent  en  1728.  Il  fallait,  avant 
tout,  ne  rien  céder  au  voisin,  et  les  administrateurs  de  l'ancien 
régime  sont  très  jaloux,  on  le  sait,  de  privilèges  et  de  distinctions  (i). 
On  le  vit  bien  à  l'assemblée  extraordinaire  du  dimanche 
27  novembre  1768  (2),  tenue  au  Palais,  dans  la  grand'chambre, 
entre  les  députés  des  divers  corps  ecclésiastiques  et  laïcs  de  la  Ville. 
Les  délégués  du  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu  ne  sont  appelés  pour 
prendre  séance,  par  le  premier  président,  qu'après  les  délégués 
du  Bureau  de  l'Hôpital  général.  Aussitôt  ils  font  une  protestation 
«  particulière  »  insérée  au  procès-verbal  de  la  séance  pour  «  cons- 
tater que  l'appel  qui  a  été  fait  de  l'administration  de  l'Hôpital 
général  avant  le  leur  ne  pourra  nuire  ni  préjudicier  au  droit  et 
possession  constante  oîi  ils  sont  d'être  en  toutes  occasions  nommés 
les  premiers,  l'Hôtel-Dieu  étant  le  plus  ancien  hôpital  de  Paris». 
Le  premier  président  répond  qu'il  n'a  fait  que  suivre  l'ordre 
adopté  au  procès-verbal  de  l'assemblée  de  1693,  qu'au  surplus, 
Tordre  de  nomination  ni  les  places  entre  les  différents  corps  ne 
peuvent  être  «  tirés  à  conséquence  »  (3).  Cette  hostilité  contre 
l'administration  rivale,  on  a  déjà  pu  la  constater  à  la  séance  de 
protestation  du  Bureau  de  la  Ville  de  i658,  contre  les  prérogatives 
accordées  aux  administrateurs  de  l'Hôpital  général  par  l'édit 
de  i656.  Elle  n'a  cessé  de  se  manifester  depuis.  C'est  que  l'Hôtel- 
Dieu  sent  bien  que  le  premier  président  est  toujours  disposé  à 
favoriser  les  intérêts  du  nouvel  établissement  ;  n'en  avons-noiis 
pas  la  preuve  dans  la  correspondance  des  contrôleurs  généraux  (4) 
qui  sont  particulièrement  sollicités  de  prendre  en  main  la  cause 
de  l'Hôpital  général  contre  l'Hôtel-Dieu  ? 


(i)   Arcli.    A.  ['.,   liasse   864.   Le    receveur    de   l'H.-D.  obtint    également    cette   faveur, 

(2)  J.  Flammermont,  Remontrances  du  Parlement  de  Paris  au  XVIII'  siècle  ;  Paris, 
3  vol.  in-4»,  1888-1898  (Doc.  inéd.  de  l'H.  de  F.),  t.  III,  p.  1),  remontrance  du  22  nov.  1768 
sur  la  cherté  du  blé  et  du   pain. 

(3)  Délib.  7  déc.  1768,  reg.  137,  fol.  36o.  Voici  l'ordre  dans  lequel  opinèrent  les  dé- 
putés: le  premier  président,  les  gens  du  roi,  le  lieutenant  général  de  police,  le  lieutenant 
criminel,  le  procureur  du  roi  au  Châtelet,  le  corps  de  ville,  les  députés  des  corps  ecclésias- 
tiques, en  commençant  par  le  chapitre  de  Noire-Dame  et  Sainte-Geneviève,  les  administra- 
teurs des  deux  hôpitaux,  les  autres  corps  laïcs,  le  doyen  et  les  substituts  du  procureur 
général,  le  prévôt  de  l'Ile-de-France,  le  lieutenant  criminel  de  robe  courte,  le  chevalier 
du  fruet,  les  députés  des  trésoriers  de  France,  ceux  de  la  Cour  des  aides,  de  la  Chambre 
des  comptes,  de  la  Chambre  des  enquêtes  et  des  requêtes,  de  la  grand'chambre,  enfin,  les 
cinq  présidents  à  mortier.  On  voit,  par  cette  énumération,  que  l'ordre  de  préséance  des 
administrateurs  est  au  premier  rang  des  corps  laïcs. 

{4)  Cf.  de  Boislisle,  Corrcsp.  des  contrôleurs  généraux  des  finances,  1874-1897,  3  vol. 
in-4«.  (Doc.  inéd.  de  l'H.  de  F.).  Cf.  Lettres  de  Le  Peletier  P.  P'.,  du  3i  déc.  1710;  de 
d'Aguesseau,  proc.  gén.,  en  1711  et  en  1713  ;  de  de  Harlay,  des  14  et  19  mars  1703.  Ce  der- 
nier va  jusqu'à  dire,  en  parlant  delà  maison  des  Enfants-Trouvés:  «  Nous  forcerons  l'Hô- 
tel-Dieu à  la  vendre.  » 


L  AnMINISTRATlO^ 


A  différentes  reprises,  c'est  le  premier  président  qui  impose 
à  l'Hôtel-Dieu  les  malades  de  l'Hôpital  général.  C'est  lui  qui, 
en  1726  et  en  1740,  fait  mettre  à  Saint-Louis  les  blés  achetés  pour 
les  subsistances  publiques,  malgré  l'opposition  du  Bureau  ;  c'est  lui 
qui,  en  1760,  obtient  un  prêt  de  l'Hôtel-Dieu  à  l'Hôpital  général, 
prêt  qu'il  désirait  de  200.000  livres  et  qui  fut  réduit  à  1 20.000  livres, 
remboursable  à  raison  de  10.000  livres,  après  une  résistance  opi- 
niâtre des  administrateurs  qui  cédèrent  sur  la  promesse  formelle 
du  premier  président  de  ne  jamais  renouveler  ce  précédent  et  de 
veiller  lui-même  au  remboursement  (i).  On  ajouta  même  dans  la 
délibération  que  ce  consentement  du  Bureau  devait  être  considéré 
«  comme  la  preuve  la  plus  forte  qu'il  puisse  offrir  [au  premier 
président]  de  son  respect  et  de  son  attachement  ». 

Si  l'Hôpital  général  est  l'établissement  de  prédilection  du 
Parlement,  ainsi  que  les  Quinze-Vingts,  hospice  de  fondation 
royale  dont  le  supérieur  est  le  grand  aumônier  de  France  (2),  et  les 
prisonniers  (3)  placés  sous  sa  sauvegarde  particulière,  il  n'en  est 
pas  moins  appelé  à  décider  de  toutes  les  affaires  importantes  de 
l'Hôtel-Dieu,  qui  se  ménage  son  appui,  et,  en  dernier  ressort, 
exécute  ses  volontés. 

L'influence  du  Parlement  fut,  surtout  à  partir  de  la  fin  du 
xviie  siècle,  une  influence  de  laïcité  ;  il  soutient  le  Bureau  dans  ses 
conflits  avec  le  Chapitre,  et  même,  sans  qu'il  y  ait  conflit,  il  veille  à 
ses  prérogatives.  Un  curieux  incident  qui  se  produit  en  1660  nous 
révèle  cet  état  d'esprit.  L'ofïicial  du  Chapitre,  d'accord  avec  le 
doyen,  a  fait  un  règlement  concernant  les  testaments  des  malades 
décédés  à  l'Hôtel-Dieu,  le  «  salaire  »  des  chapelains  et  les  certificats 
qu'ils  délivrent.  Le  Bureau  approuve  ce  règlement,  mais  le 
procureur  général  du  Parlement,  qui  assiste  à  la  séance,  demande 
d'en  faire  établir  un  tout  pareil,  dont  se  servira  le  Bureau,  par  le 
Parlement,  «  pour  ne  pas  donner  trop  d'autorité  à  Messieurs  du 
Chapitre,  si  l'Hôtel-Dieu  se  servait  de  leur  règlement  »  (4). 


(i)  Délib.  i3  août  1760,  reg.  129,  fol.  317.  L'Hôpital  général,  pressé  par  les  créanciers, 
ne  trouvait  alors  personne  à  qui  emprunter,  et  c "est  l'archevêque  qui  avait  mis  le  premier 
président  et  le  procureur  général  au  courant  d'une  réserve  de  aSo.ooo  livres  qui  se  trouvait 
disponible  dans  les  coffres  de  l'H.-D.,  dont  il  avait   obtenu  une  clef, 

(2)  Flammermont,  o.  c,  remontrance  du  3oaoùt  ijbi  sur  la  déclaration  du  24  mars  17? i 
portant  règlement  sur  l'administration  de  l'Hôpital  général  ;  remontrances  des  27-29  mai  17S3, 
2  1-23  mai  1784,  6  mars  1783,  sur  l'administration  des  Quinze-Vingts,  etc. 

(3)  Aubert,  le  Parlement  et  les  prisonniers.  (Bull.  Soc.  H.  de  P.,  iSg'i,  p.  101.) 

(4)  Délib.  10  janv.  1680,  reg.  48,  fol.  5  r». 


46  i.'hotf.l-diku  au  xvii"  kt  ac  xviii«  siècle 


LA    COMPAGNIE    DU    SAINT-SACREMENT 

Cette  influence  en  faveur  de  la  laïcité  (i)  n'est  pas,  d'ailleurs, 
contradictoire,  —  malgré  les  apparences,  —  avec  l'influence  que  prit 
à  l'Hotel-Dieu,  au  milieu  du  xvii«  siècle,  la  fameuse  Compagnie 
du  Saint-Sacrement,  «  la  cabale  des  dévots  ».  On  sait  maintenant, 
par  de  récents  travaux  sur  l'influence  de  cette  société  secrète  (2), 
que  ces  pieux  laïques  se  trouvaient  souvent  en  lutte  avec  le  clergé 
lui-même,  et,  en  particulier,  certains  de  ses  dignitaires,  quand  ils 
contrecarraient  ses  projets  ou  s'écartaient  de  ses  vues  intimes. 
Cette  influence,  d'ailleurs,  ne  dura  pas,  la  Compagnie  ayant  trouvé 
à  l'Hôpital  général  un  terrain  mieux  préparé  pour  ses  entreprises. 
Quant  aux  religieux  de  la  Charité,  ils  ne  voulurent  jamais  recevoir 
ses  délégués. 

En  parcourant  ses  Annales,  œuvre  de  René  de  Voyer  d'Ar- 
genson  (3),  on  trouve  des  traces  fréquentes  de  l'influence  qu'elle 
s'efforçait  d'exercer  à  l'Hôtel-Dieu,  où  elle  avait  organisé  des  visites 
de  laïques.  Dès  1 633,  elle  prend  des  mesures  concernant  les  confes- 
sions :  «  Ceux  qui,  par  son  ordre,  visitoient  l'Hôtel-Dieu,  écrit 
d'Argenson  (4),  remarquèrent  que  les  prêtres  de  cet  hôpital  ne 
pouvoient  pas  suffire  à  entendre  toutes  les  confessions  des  malades, 
principalement  de  ceux  qui  vouloient  en  faire  de  générales  et,  sur 
l'avis  qu'on  en  donna  dans  l'assemblée,  elle  trouva  à  propos 
d'exciter  les  supérieurs  des  maisons  religieuses  et  des  communautés 
de  Paris  d'y  envoyer  de  leurs  prêtres  un  des  jours  de  la  semaine 
qui  leur  serait  le  plus  commode.  Cette  sollicitation  eut  d'abord 
un  assez  bon  effet.  Les  Minimes  promirent  pour  le  lundi,  les 
Jésuites  pour  le  mardi,  les  Pères  delà  doctrine  chrétienne  pour  le 
mercredi  es  Carmes  déchaussés  pour  le  jeudi,  les  Jacobins  ré- 
formés pour  le  vendredi,  les  Feuillants  pour  le  samedi  et  les  PP.  de 
l'Oratoire  pour  le  dimanche.  Mais  cela  ne  fut  réglé  que  pendant  une 
année.  Il  y  eut  ensuite  beaucoup  de  relâchement  ;  on  les  sollicita 
de  nouveau.  Ils  recommencèrent  un  peu  à  travailler,  mais,  enfin,  la 
plupart  abandonnèrent  et  l'on  fut  contraint  de  prier  tous  les  ecclé- 
siastiques de  la  Compagnie  de  suppléer  au  défaut  de  ceux  qui  n'y 
pourraient  aller  aussi  régulièrement  qu'il  le  falloit,  et  cela  s'est 
toujours  fait,  tandis  que  la  Compagnie  a  subsisté.  »  Non  seulement 


(i)  Voy.  à  ce  sujet  Flammermont,  o.  c,  t.  I,  préface. 

(2)  R.  Allier,  la    Cabale  des  dévots;  Paris,   1902,  i  vol.  in-i6.—  E.  Brunel,  la  Charité 
paroissiale  à  Paris;  Caen,  1906,  in-8». —  Rébelliau,  Rev.  des  Deux  Mondes  (2«  sem.  igoS). 

(3)  Bibl.   nat.,  nis.   fr.    14489,    publié   par   Dom  Beaucliet-Filleau  ;   Paris,    1900,   in-8. 

(4)  Beaucliet-Filleau,  Ann.,  p.  46. 


L  ADMINMSTRA TION 


les  confessions,  mais  tous  les  autres  secours  spirituels  la  préoc- 
cupent. En  i635eten  i636,  la  Compagnie  envoie  un  député  auprès 
des  administrateurs  pour  que  Ton  organise  le  catéchisme  aux 
malades  et  aux  convalescents.  En  i  65q,  une  petite  Compagnie,  «  une 
filiale  »,  se  forme  sous  l'impulsion  de  Duplessis-Montbard  (i),  un 
des  membres  les  plus  influents,  et  elle  a  une  ramification  à  THôtel- 
Dieu,  sous  la  surveillance  d'un  administrateur,  M.  de  Gaumont  (2). 
Un  autre  administrateur,  M.  Le  Conte,  réunissait  dans  sa  cham- 
bre, à  IHotel-Dieu,  depuis  i656,  le  Comité  central  des  compa- 
gnies paroissiales  de  charité  de  Paris,  qui  était  de  même  un  rameau 
de  la  Compagnie  (3).  Les  délégués  des  compagnies  paroissiales 
étaient  au  nombre  de  deux  par  paroisse,  élus  pour  6  mois  seulement. 
Les  séances  avaient  lieu  les  premiers  lundis  du  mois  de  2  à 
4  heures.  Il  s'agissait,  en  particulier,  «  de  promouvoir  le  bien  et 
empêcher  le  mal  qui  se  commet  tous  les  jours,  d'avoir  une  chari- 
table correspondance  entre  elles  [les  paroisses],  pour  travailler 
avec  plus  d'union  aux  bonnes  œuvres  qui  sont  à  faire  dans 
l'étendue  des  paroisses,  et  s'entraider  mutuellement  pour  les  faire 
réussir  avec  succès  ». 

En  ce  qui  concerne  THôtel-Dieu,  la  Compagnie  du  Saint- 
Sacrement  porta  ses  efforts  particulièrement  sur  l'abus  de  la  vente 
de  la  viande  qui  se  faisait  à  THôtel-Dieu  pendant  le  Carême,  grâce 
au  privilège  que  nous  indiquerons  au  chapitre  suivant.  «  Cette 
affaire,  nous  dit  d'Argenson  (4),  a  donné  de  Toccupation  à  la 
Compagnie  tant  qu'elle  a  subsisté.  Elle  a  procuré  des  règlements 
pour  la  vente  de  la  viande  pendant  le  Carême,  sur  les  certificats 
des  médecins,  et  pour  la  taxe  de  cette  viande  en  faveur  des  pauvres 
malades  de  la  ville.  Et,  sur  ce  qu'au  préjudice  des  défenses,  un 
boucher  eut  l'audace  de  vendre  de  la  viande  à  qui  en  vouloit  acheter, 
M.  le  Président  Le  Bailleul  le  condamna  à  une  grosse  amende  sur 
les  sollicitations  qu'on  lui  en  fit  par  les  soins  de  la  Compagnie.  » 

La  Compagnie  trouve  encore  un  auxiliaire  plus  puissant  dans 
la  personne  de  Guillaume  de  Lamoignon,  premier  président,  à 


(1)  (I  On  remarqua  dans  une  assemblée  que  le  sacrement  de  confirmation  n'était  presque 
pas  connu  parmi  les  mendiants.  Sur  quoi  M.  Renard  fut  prié  d'aller  à  l'Hôtel-Dieu  en 
instruire  les  convalescents  afin  que  tous  ceux  qui  seroient  en  état  de  pouvoir  ou'i'r  le  caté- 
chisme apprissent  la  nécessité  de  ce  sacrement.  »  (Beaucliet-Filleau,  .-l)i;i.,  p.  63). 

(2)  «  Le  26»  de  juin  [lôSg]  M.  du  Plessis-.Montbar  fit  rapport  à  l'assemblée  du  premier 
établissement  de  la  petite  compagnie  qui  se  formoit  pour  le  secours  spirituel  des  malades 
et  des  agonisants  de  l'Hôtel-Dieu  ;  elle  fut  commencée  par  des  confrères  de  la  Compagnie  ; 
on  y  fit  des  règles  particulières  pour  y  admettre  des  personnes  du  dehors  et  Dieu  y  donna 
dans  la  suite  tant  de  bénédictions  que  cette  petite  compagnie  servoit  comme  de  noviciat 
pour  être  reçu  dans  la  grande,  parce  qu'on  découvroit  par  là  les  sentiments  de  vertu  et 
de  charité  dont  ceux  qui  la  fréquentoient  étoient  remplis.  •>  (Beauchet-Filleau,  .l/in.,  p.  187.) 

(3)  Voy.  pr.-verb.  de  quelques-unes  de  ces  assemblées  du  comité.  (13ibl.  Ars.,  ms.  2565.) 
{4)  Beauchet-Filleau,  Ann.,  p.  63. 


48  l'hotel-dieu  au  xvii"  et  au  xviip  siècle 

partir  de  i658  \i),  qui  en  fait  partie  avec  de  nombreux  collègues, 
de  iMesmes,  Méliand,  de  Bernières,  Aubéry,  Le  Fèvre  d'Ormes- 
son,  Barillon  de  Morangis,  sans  compter  Voyer  d'Argenson. 
Avec  lui  se  multiplient  les  arrêts  concernant  l'interdiction  des  jeux 
qui  rapportent,  nous  le  verrons,  de  grosses  amendes  à  l'Hôtel-Dieu, 
et  ces  a  fameuses  assemblées  de  duels  »  qui  mirent  tant  en  colère 
Mazarin  12),  bien  qu'elles  fussent  subventionnées  par  le  roi  et  par 
de  hauts  personnages  (3).  On  se  doutait,  dans  le  public,  de  cette 
influence  occulte  des  dévots.  Ne  voyons-nous  pas  Gui  Patin  écrire 
à  A.  Falconet,  le  6  août  1660  ;  «  Paris  est  plein  aujourd'hui  de 
faux  prophètes.  Nous  avons  des  scribes  et  des  pharisiens,  des 
fripons,  des  filous  même,  en  matière  de  religion.  On  ne  vit  jamais 
plus  de  religion  et  de  moinerie  et  jamais  si  peu  de  charité.  Tous 
ces  gens-là  se  servent  du  nom  de  Dieu  pour  faire  leurs  affaires  et 
tromper  le  monde.  La  religion  est  un  grand  manteau  qui  met  bien 
des  fourbes  à  couvert  (4).  »  Toujours  est-il  que,  lorsque  Mazarin 
saisit  la  justice,  Lamoignon  put  adoucir  l'arrêt,  mais  non  en 
empêcher  l'exécution.  L'arrêt  de  suppression  date  du  i  3  décem- 
bre 1660  ;  il  faisait  seulement  défense  «  à  toute  personne  de  faire 
aucunes  assemblées  sans  lettres  patentes  vérifiées  »,  et  d'Argenson, 
dans  son  historique,  ne  craint  pas  d'affirmer  que  «  l'esprit  [de  la 
Compagnie]  se  conserva  tout  entier  »  de  1661  à  1666.  Ce  fut 
Lamoignon  qui  sauva  ses  papiers.  Au  reste  ce  «  dévot  «  ne  paraît 
pas  avoir  été  d'un  esprit  aussi  étroit  que  plus  d'un  de  ses  confrères; 
recevant  à  Bàville,  érigé  en  marquisat  depuis  1670,  Racine  et 
Boileau,  travaillant  avec  Foucroy  et  Auzanet  à  l'unification  des 
lois  françaises,  n'était-il  pas  le  familier  du  libre  penseur  Gui 
Patin,  avec  qui  il  était  le  premier  à  rire  des  jésuites  et  des  moines, 
quand  il  échappait  à  son  partenaire  quelque  bon  mot  contre  eux  (5)? 


LES     DAMES    DE     CHARITE 

Si  parmi  les  membres  de  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement, 
nous  rencontrons  de  nombreux  «  parlementaires»,  ce  sont  pres- 
que exclusivement  à  des  familles  du   Parlement  qu'appartiennent 


(i)  Il  mourut  le  lo  déc.  1677.  Son  testament  daté  de  1676  a  été  publié  dans  la  Cor- 
resp.  Itist.  etarchéol.,  1897,  p.  238.  Son  ora'son  funèbre  fut  prononcée  le  7  déc.  1678  au 
collège  delà  Marche  et  le  18  févr.  1679  à  Saint-Nicolas-du-Chardonnet  par  Fléchier. 

(2)  Voy.  propos  rapporté  par  Le  Tellier.  (Beauchet-Filleau,  Ann.,  p.  260.) 

(3)  Notamment  par  Fouquet. 

(4)  Voy.  aussi  lettre  du  28  sept.  1660,  citée  par  Pic,  Gui  Patin;  Paris,  1911,  in-12,  p.  i53. 
(3)  Lettre  du  19  févr.  1659.   Lamoignon  demeurait  alors  dans  l'hôtel  de  la   rue   Pavée, 

dont  il  n'était  que  locataire,  et  qui  ne  fut  acheté  que  par  son  fils.  Cf.  Sellier,  les  Anciens 
Hôtels  de  Paris;  Paris,  1909,  in-8"',  p.  355. 


L  ADMINISTRATION 


49 


«  les  dames  de  charité  «,  qui,  à  la  même  époque,  fréquentent 
l'Hôtel-Dieu,  et  bientôt  y  prennent  une  influence  exagérée,  qui 
gênera  les  administrateurs,  cependant  tout  dévoués  à  leur  œuvre. 
Ce  fut  une  véritable  invasion  de  bonnes  volontés  brouillonnes 
et  une  émulation  de  bienfaits  inutiles.  Cette  ingérence  indiscrète 
et  maladroite  se  fit  sentir  dans  toutes  les  branches  de  Tadmi- 
nisiration.  Ne  vit-on  pas,  en  1661,  M"^  de  Lamoignon  écrire  à 
l'administrateur  Lhoste  pour  lui  demander  de  mettre  dans  des 
lits  séparés  les  malades  blessés  dans  «  les  bâtiments  et  ateliers  » 
du  roi,  en  attendant  que  l'hôpital  de  la  Charité  obtienne  un  fonds 
du  roi  pour  les  recevoir  (i)  ?  Ne  la  vit-on  pas  insister  pour  la 
nomination  d'une  maîtresse  sage-femme  que  refusait  d'agréer  le 
Bureau  ?  Heureusement  que  d'autres  œuvres,  l'Hôpital  général, 
les  Enfants-Trouvés,  les  Prisons,  les  Charités  des  paroisses, 
détournèrent  bientôt  à  leur  profit  l'activité  de  ces  dévotes,  riches 
veuves,  filles  désabusées,  ou  simplement  oisives,  et  aussi  parfois 
apôtres  de  vertu  et  de  dévouement,  qui  s'offraient  à  la  conso- 
lation  des  malades  comme  dautres  aux  plaisirs  de  la  Cour. 

Sans  doute,  dès  le  moyen  âge,  la  contribution  de  la  charité 
privée  à  l'œuvre  quasi  officielle  qu'était  l'Hôtel-Dieu  n'était  pas 
rare.  Les  orfèvres  offraient  tous  les  ans  à  Pâques  un  grand  banquet 
à  tous  les  malades,  et  leurs  femmes  venaient  administrer  elles- 
mêmes  les  aliments  aux  pauvres,  vêtues  pompeusement,  «  comme 
la  solennité  le  requiert  »,  nous  dit  Du  Breul  (2),  mais  ce  n'était  là 
qu'une  manifestation  collective,  qui  finit  d'ailleurs  par  dégénérer 
en  abus  (3).  En  1608,  à  la  délibération  du  25  janvier,  un  des  gou- 
verneurs est  prié  «  de  dire  aux  honnestes  dames  qui  se  sont  offertes 
de  venir  à  l'Hostel-Dieu  pour  veoir  disner  et  soupper  les  pauvres, 
qu'elles  y  seront  bien  venuz  toutes  fois  et  quantes  qu'elles  voul- 
dront,  et  que  sy  elles  désirent  par  charité  y  distribuer  delà  viande, 
qu'elles  l'envoyent  toute  creue  à  la  cuisine  dudict  Hostel-Dieu  pour 


(i)  Délib.  3  août  1661,  reg.  29,  fol.  161  v.  II  s'agit  des  ouvriers  occupés  à  la  construc- 
tion du  Louvre. 

(2)  Théâtre  des  antiquité^  de  Paris,  éd.  1659,  liv.  I,  p.  60.  Du  Breul  cite  à  ce  sujet  les 
vers  de  Boterays  dans  son  poémè  «  De  Lutetia  »  : 

Ex  Acheronte  rediix  titmitlo,  quo  Cliristtis  in  auras 
Exiit,  insignes  cidtu,  atque  monilibits  auro, 
Arte  marilorum  inclusis,  propriisque  nitcntes, 
Mercibtis,  attrijîcum  sponsœ,  convivia  egenis, 
Paschacelque  epiilas  prœbent.  Non  corpora  fœdis, 
Ulceribus,  sanie  putriqne  Jltientia  tabo. 
Avertunt  nias  :  pielas  dura  omnia  vincit. 

(3)  Voy.  délib.  25  mars  1587,  reg.  8,  fol.  36.  Toutefois  ce  banquet  ne  fut  supprimé  que 
vers  1596;  les  registres  de  la  corporation  donnent  le  nombre  des  malades  et  malheureux 
traités  jusqu'à  cette  époque.  E.  Levasseur,  Hist.  des  classes  ouvrières...  avant  178g  ;  Paris, 
1901 ,  2  vol.  in-4»,  t.  II,  ch.  vni,  p.  733,  prétend  que  les  orfèvres  ne  rompirent  cette  tradition 
qu'à  la  Fronde. 


l'hOT^L-DIEU    au    XVII"    FT    au    XVIIF    SIECLE 


la  faire  cuire,  affin  de  la  veoir  distribuer  en  leur  présence  avec  des 
confitures,  sy  leur  charité  sextend  d'en  distribuer  «.  Mais  le 
Bureau  voit  tout  de  suite  les  inconvénients  d'une  pareille  autori- 
sation. Dès  le  i6  juillet  de  la  même  année,  il  prie  «  les  dames  et 
damoiselles  qui  ont  entrepris,  par  dévotion,  de  veoir  et  observer 
le  traictemcnt  qui  est  faict  aux  malades  dedans  la  maison,  de  laisser 
faire  aulx  religieuses  leurs  charges  et  se  contenter  de  prendre  garde 
que  lesdictes  religieuses  fascent  leur  debvoir  »,  et,  le  1 1  avril  1612, 
il  est  obligé  de  défendre  aux  religieuses  de  recevoir  les  au- 
mônes en  pain,  vin  et  viande,  «  attendu  qu'ilz  aportent  plus  d'in- 
commodité ausdits  malades  que  de  proffit,  avec  beaucoup  de 
confusion  ». 

Mais  l'idée  allait  être  reprise,  avec  plus  de  méthode,  sous  la 
direction  de  Vincent  de  Paul  et  l'initiative  de  Louise  de  Ma- 
rillac  (i),  de  la  présidente  Goussault  (2)  et  de  quelques  autres 
dames  de  piété.  Ces  dernières,  qui  allaient  souvent  visiter  les 
malades  de  l'Hôtel-Dieu,  eurent  recours  à  «  Monsieur  Vincent  «  en 
le  priant  d'étendre  son  action  sur  cette  maison.  Mais  comme 
M.  Vincent,  nous  dit  son  biographe,  Abelly,  évêque  de  Rodez,  «  se 
conduisoit  en  toutes  choses  avec  prudence  et  discrétion,  il  ne  crut 
pas  devoir  porter,  comme  l'on  dit,  la  faux  en  la  moisson  d'autruy, 
n'y  s'ingérer  de  faire  aucune  chose  dans  un  hôpital  qui  avoit  pour 
directeurs  et  administrateurs,  tant  au  spirituel  qu'au  temporel,  des 
personnes  qu'il  estimoit  très  sages  et  très  capables  d'y  apporter  les 
règlements  nécessaires  »  (3).  Sur  les  instances  de  l'archevêque  de 
Paris,  J.-F.  de  Gondi,  le  frère  de  Philippe-Emmanuel  de  Gondi, 
général  des  galères  et  ami  de  Vincent  de  Paul,  l'association  des 
des  dames  de  la  Charité  pour  la  visite  des  malades  finit  par  se 
constituer  en  1634;  Vincent  de  Paul,  dans  les  assemblées  prépara- 
toires, mit  toute  sa  persuasion  à  donner  à  cet  apostolat  le  caractère 
de  prudence  et  de  discrétion  qui  lui  convenait.  Ces  femmes  appar- 
tenaient à  la  haute  bourgeoisie  de  l'époque  ;  c'étaient  M'"*  de 
Villesavin,    veuve   de    Phélippeaux,    seigneur    de  Villesavin    (4)  ; 

(i)  Voy.  Gobillon,  Vie  de  .1/"=  Legras  ;  Paris,  1676,  in-i6,  et  Mt'"'  Baunard,  Viede  la  véné- 
rable Louise  de  Marillac...;  Paris,  1898,  in-8°. 

(2)  M"»»  Goussault,  de  son  nom  Geneviève  Fayet,  veuve  à  47  ans,  en  i63i,  d'Antoine  de 
Sauvigny,  président  de  la  Cliambre  des  comptes,  possédait  un  domaine  important  à  Bour- 
gneuf,  en  Anjou.  Les  premières  assemblées  de  l'œuvre  se  tinrent  dans  son  hôtel  de  la  rue  du 
Roi-de-Sicile. 

(3)  Abelly.  0.  c.,p.  i32  :  «  D'estre  toujours  à  l'H.-D.  »,  écrivait-il  encore  à  M"»  Le  Gras,  «  il 
n'est  pas  expédient  :  mais  d'y  aller  et  venir,  il  est  à  propos.  Ne  craignez  pas  de  trop  entre- 
prendre en  faisant  le  bien  qui  se  présente  à  vous  ;  mais  craignez  le  désir  d'en  faire  plus  que 
vous  ne  faites  et  que  Dieu  ne  vous  donne  le  moyen  de  faire.  La  pensée  d'aller  au  delà  me 
fait  trembler  de  peur,  parce  qu'elle  me  semble  un  crimeaux  enfansdela  Providence.»  ild., 
p.  i35.) 

(4)  Elle  habitait  un  des  beaux  hôtels  de  la  place  Royale. 


l'administration  5i 


M'"-^  de  Bailleul,  femme  d'un  surintendant  des  finances;  NW^  de 
Sainctot(i),  femme  d'un  trésorier  de  France;  M'"«  Polallion  (Marie 
Lumague),  la  fondatrice  des  Filles  de  la  Providence  à  Cha- 
ronne  (2);  M"><=  du  Mecq;  M"»*  Pierre  Séguier  (Elisabeth  d'Aligre), 
femme  d'un  chancelier  de  France;  M^^de  Traversay  (Anne  Petau), 
veuve  d'un  conseiller  au  Parlement  de  Paris  (3j;  la  présidente 
de  Herse  (4);  Charlotte  de  Ligny,  parente  de  M,  Olier  ; 
M'"«  Fouquet  (Marie  Maupeou)  (5)  ;  M"«  Viole  (6), etc.  (7).  Pour 
préparer  les  douceurs  qu'elles  voulaient  offrir  aux  malades,  ces 
dames  louèrent  une  chambre  près  de  l'Hôtel-Dieu  et  confièrent 
ce  service  aux  Filles  de  la  Charité,  fondées  l'année  précédente, 
en  i633.  Chacune  à  leur  jour,  quatre  ou  cinq  ensemble,  elles 
allaient  dans  les  salles,  ceintes  d'un  tablier,  distribuer,  de  lit  en  lit, 
des  confitures,  de  la  gelée,  du  pain  blanc,  du  biscuit,  des  poires 
cuites,  des  rôties  au  sucre.  Au  soulagement  corporel,  qui 
n'était  qu'un  prétexte,  elles  joignaient  l'assistance  spirituelle  des 
âmes,  pour  laquelle  M.  Vincent  «  fit  imprimer  un  petit  livret  qui 
contenait  les  points  principaux  desquels  il  était  plus  nécessaire 
d'instruire  les  pauvres  malades  »  (8). 

Il  ne  paraît  pas  s'être  élevé  de  conflits  entre  ces  laïques  et  les 
religieuses,  grâce  à  l'influence  de  Vincent  de  Paul,  qui  dirigeait  en 
réalité  les  unes  et  les  autres,  par  l'intermédiaire  de  la  sœur  Gene- 
viève Bouquet.  Il  l'avait  connue  à  la  cour  de  Marguerite  de 
Valois,  où  il  était  resté  environ  2  ans,  d'avril  16 10  à  mai  161 2  (9), 
et  il  lui  avait  sans  doute  inspiré  la  vocation  hospitalière,  en  161 3, 
avant  son  départ  pour  la- cure  de  Clichy.  Ayant  fait  profession  à 
35  ans,  en  1629,  après  être  restée  1 5  ans  fille  blanche,  cette  sœur  se 
fit  remarquer  pendant  les  9  ans  de  son  priorat,  et  dans  les  autres 
offices,  par  l'influence  de  son  zèle  et  de  ses  vertus,  qui  l'ont  fait 


(i)  C'était  une  amie  de  la  famille  Pascal;  ses  filles  étaient  élevées  avec  Jacqueline. 

(2)  Voy.  Collin,  Vie  de  véritable  servante  de  Dieu  Marie  Lu/nagite,  morte  en  1 65  7;  Paris, 
1744,  in-i2. 

(3)  Elle  demeurait  rue  Saint-Martin  chez  son  frère  le  président  Meliand.  Elle  fonda 
en  i635  le  monastère  de  la  Conception,  rue  Saint-Honoré. 

(4)  Elle  demeurait  rue  Pavée.  C'était  une  des  correspondantes  de  François  de  Sales. 

(5)  On  ne  l'appelait  jamais  que  «  la  bonne  et  sainte  »  M»»  Fouquet.  Ses  5  filles  entrèrent 
à  la  Visitation  et  son  fils  fut  le  fameux  surintendant  des  finances. 

(6)  Elle  demeurait  rue  de  la  Harpe.  Elle  fut  trésorière  de  l'œuvre  jusqu'à  sa  mort 
(4  avril  1678). 

(7)  Nous  retrouvons  presque  tous  ces  noms  parmi  les  dames  bienfaitrices  des  Enfants- 
Trouvés  (A.  Bonneau,  M-^'  de  Miramion ;  Paris,  i8ô8,  in-8»,  p.  m)  et  Relations  de 
Charles  de  Bernières;  Paris,  Savreux,  i65o-i655,  in-4<'. 

(8)  Abelly,  o.  c,  liv.  I,  ch.  xxix,  p.   i3i  à  140. 

(9)  Sa  biographie  se  trouve  p.  245-254  dans  V  Avis  aux  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu 
de  Paris,  par  leurs  supérieurs;  Paris,  Christophe  Ballard,  1676,  i  vol.  in-16,  348  p. 
(Bibl.    Maz.  21 149.) 


l'hOTEL-OIF.U    au    XVIie    KT    AU    XVin«    SIECLE 


souvent  proposer  comme  un  modèle  de  la  religieuse  hosj>italière 
de  l'époque  (i). 

A  côté  du  nom  de  la  sœur  Geneviève  Bouquet,  il  faut  rappeler 
celui  de  cette  énigmatique  Marthe  d'Oraison,  fille  du  marquis 
d'Oraison,  née  au  château  de  Cadenet,  en  Provence,  en  1592, 
mariée  à  16  ans  au  baron  d'Allemagne,  qui,  veuve  à  18  ans,  fonde 
un  couvent  de  capucines  à  Marseille,  vient  à  Paris  au  couvent  des 
capucines  du  faubourg  Saint-Honoré,  se  fait  remarquer  par  ses 
pénitences  et  ses  austérités,  s'en  va  «  gueuser  »  et  mendier  par  la 
ville  comme  une  pauvresse,  oublieuse  du  monde  et  d'elle-même, 
se  place  comme  servante  pour  s'humilier,  vient  à  l'Hôtel-Dieu 
visiter  les  malades  les  plus  sordides,  puis  un  jour  y  reste  avec  per- 
mission du  maître,  alors  le  P.  de  La  Haye,  bénédictin,  et  de  la 
prieure,  qui  lui  donnent  un  petit  coin  pour  se  loger,  où  elle  reste 
jusqu'à  sa  mort,  à  35  ans,  en  1627.  Elle  soignait  principalement 
les  malades  de  la  salle  du  Légat,  sans  avoir  dans  la  maison  un  rôle 
défini.  «  Une  de  ses  dévotions  particulières  »,  dit  l'auteur  de  VAvis 
aux  religieuses  (2),  «  estoit  de  donner  à  boire  aux  pauvres,  pour 
quoy  elle  alloit  elle-mesme  à  la  rivière  avec  deux  cruches  qu'elle 
apportoit  pleines  d'eau,  ce  qu'elle  faisoit  plusieurs  fois  le  jour  avec 
une  joie  indicible  ».  Elle  voulut,  ajoute-t-il,  être  pauvre  avec 
confusion.  A  sa  mort,  la  communauté  aurait  voulu  garder  son 
corps,  mais  les  capucines  le  réclamèrent,  et  elle  fut  inhumée  dans 
leur  église,  à  côté  de  M«»«  de  Mercœur. 

La  mission  des  dames  visiteuses  et  des  Filles  de  la  Charité  fut 
fixée  par  un  règlement  en  12  articles  (3),  préparé  par  Vincent 
de  Paul,  et  qui  servit  de  modèle  aux  autres  règlements  des 
compagnies  de  charité  des  paroisses,  éclos  vers  la  même  époque  (4). 
Comme  les  dames  de  charité  étaient  devenues  très  nombreuses, 
elles  se  divisèrent  le  travail,  les  unes,  au  nombre  de  14,  furent 
désignées  pour  «  l'œuvre  spirituelle  »,  c'est-à-dire  l'édification  des 
malades,  et  devaient  se  rendre  à  l'hôpital,  deux  par  deux,  une 
fois  par  semaine  pendant  3  mois,  de  2  à  4  heures  ;  c'étaient  les 


(i)  Voy.  à  ce  sujet  les  lettres  écrites  à  M"»  Le  Gras  dans  les  Lettres  de  saint  Vincent 
de  Paul,  publiées  par  les  lazaristes,  notamment  celle  du  27  mai  i636. 

(2)  Avis...,  p.  234  et  sqq.  Voy.  aussi  l'Amour  de  la  pauvreté,  descrite  en  la  vie  et 
en  la  mort  de  haute  et  puissante  dame,  Marthe  d'Oraison,  baronne  d'Allemagne,  vicom- 
tesse de  Valernes,  par  Pierre  Bonnet,  docteur  ecclésiastique  d'Avignon  ;  Paris,  Pierre 
Rocolet,  i632,  in-8,  et  Hilarion  de  Geste,  minime,  Darnes  illustres...,  in-4»,  t.  II, 
p.  7o3  ;  enfin  un  ouvrage  récent  de  Marie  Tay,  Marthe  d'Oraison,  baronne  d'Allemagne, 
fondatrice  des  capucines  de  Marseille  (1590-1627)  ;  Clermont-Ferrand,  1898,  i  vol.  in-12. 

(3)  On  en  trouvera  le  texte  dans  le  recueil  factice  de  la  Bibl.  de  l'Ars.,  ms.  2563,  sous  ce 
titre:»  Mémoire  de  ce  qui  est  observé  par  la  Gompagnie  desdames  de  charité  del'Hôtel-Dieu 
■de  Paris  pour  en  former  d'autres  semblables  es  autres  villes  du  royaume  ».  Impr.,  8  p. 

(4)  Voy.  Brunet,  o.  c,  ch.  v. 


l'administration  53 


«  dames  de  rinstruction  »  ;  les  autres  furent  détachces  au  soulage- 
ment corporel  ;  c'étaient  les  distributrices  d'aliments,  au  nombre 
de  120,  n'allant  à  l'hôpital  qu'une  fois  par  mois,  la  visite  journa- 
lière étant  assurée  par  4  dames  (i).  Chacune  de  ces  dames  avait 
d'ailleurs  plusieurs  domestiques  pour  apprêter  et  distribuer  les 
«  collations  et  gâteries  ». 

Au  premier  rang  des  familières  de  THôtel-Dieu  se  trouvait 
la  marquise  de  Maignelais,  Charlotte-Marguerite  de  Gondi,  tante 
du  futur  cardinal  de  Retz,  «  ma  sage  marquise  »  comme  l'appelait 
toujours  Henri  IV,  qui,  veuve  après  trois  ans  de  mariage,  consacra 
sa  vie  à  la  charité,  sous  les  conseils  de  Vincent  de  Paul  dont  elle 
fut  Tune  des  plus  généreuses  bienfaitrices,  et  du  P.  de  Bérulle 
qui  devint  son  directeur  de  conscience  (2).  Son  immense  fortune 
—  i5o.ooo  livres  de  rentes —  s'en  alla  toute  aux  couvents  et  aux 
œuvres  pieuses.  Oratoire,  Missions,  Capucines,  couvent  de  Sainte- 
Madeleine,  hôpital  de  la  Charité,  Incurables,  Quinze- Vingts, 
Hôtel-Dieu,  jusqu'à  l'hôtel  de  la  Trémoille,  qu'elle  habitait,  rue 
Saint-Honoré,  donné  le  12  mai  1623  au  couvent  des  capucines  (3). 
«  Elle  alloit  souvent  à  l'Hôtel-Dieu  »,  nous  dit  son  biographe, 
le  P..  Marc  de  Bauduin,  capucin  (4),  «  visiter  les  pauvres  ; 
elle  entroit  généreusement  dans  toutes  les  salles,  sans  craindre 
ni  les  puanteurs  ni  toutes  les  sortes  de  maladies  qui  donnoient 
de  l'horreur;  elles  les  voyoient  avec  plaisir;  c'estoient  des  objets 
et  des  parfums  délicieux;  outre,  les  grands  biens  qu'elle  y  faisoit 
en  général,  elle  donnoit  encore  en  particulier  aux  nécessiteux; 
en  les  visitant  elle  les  exhortoit  et  les  encourageoit  à  souffrir 
avec  une  charité  non  pareille,  et  lorsqu'elle  trouvoit  quelque 
jeune  fille  convalescente,  elle  s'informoit  qui  elle  estoit,  si  elle 
avoit  son  père  et  sa  mère,  ou  quelque  proche  parent  pour  se 
retirer  ou  veiller  sur  elle  ».  Elle  visitait  également  les  prisonniers, 
les  pauvres  honteux,  «  les  veuves  dans  l'impuissance  et  dans  la 
vieillesse  à  qui  elle  donnoit  un  ordinaire  réglé  qui  ne  manquoit 
jamais  »,  payait  des  loyers,  des  médicaments  et  répandait  partout 
d'abondantes  aumônes.   Chez  elle  la  visite  des  malades  n'était  pas 

(i)  Après  la  présidente  Goussault,  la  Compagnie  des  dames  de  charité  eut  successivement 
pour  supérieures  M™»»  de  Soucarière,  de  Lamoignon  et  d'Aiguillon.  (Abbé  Maynard, 
Saint  Vincent  de  Paul,  sa  vie,  son  temps:  Paris,  1860,  4  vol.  in-h«,  t.  III,  p.  3ii.) 

(2)  \hbé  Houssaye,  Le  P.  de  Bérulle  et  les  Carmélites  de  Paris;  Paris,  1876,  in-8,  et 
R.  Clia'n*clauze,  Saint  Vincent  de  Paul  et  les  Gontdi;  Paris,  1882,  in-8,  p.  149-171. 

(3)  Elle  laissa  dans  son  testament  424.000  livres  à  diverses  maisons,  sans  compter  le 
reste  de  son  bien  donné  à  l'H.-D.,  soit  18.000  livres.  Testament  de  M"'  la  marquise  de 
Maignelay  ;  Paris,  Le  Prest,  1659,  in-4»,  28  p.  Elle  mourut  en  i63o.  (Arcli.  A.  P., 
liasse  1432.) 

(4)  Vie  de  T.  haute,  T.  puissante...  dame  Cfi.-M.  de  Gondy.  marquise  de  Maignelais; 
Paris,  V«  Buon,  1666,  346  p.  in-i6,  avec  portrait,  p.  218. 


L  HOTEL-DIEf    AU    XVII«    ET    AU    XVII 


un  simple  passe-temps  de  femme  inoccupée  entre  deux  réceptions  ; 
il  correspondait  à  une  véritable  réforme  de  sa  vie  ;  au  lendemain  de 
son  veuvage  elle  avait  quitté  ses  somptueux  vêtements  de  soie  et  de 
et  de  velours  pour  ne  porter  que  des  robes  de  laine  de  couleur  grise 
ou  violette  ;  elle  mettait  une  coiffe  qui  lui  couvrait  la  plus  grande 
partie  de  la  tête,  avec  un  rabat  fort  simple.  Une  croix  de  Saint- 
François  remplaça  sa  croix  de  diamants;  elle  vendit  sa  vaisselle 
d'or  et  d'argent,  ses  bagues,  ses  pierreries  ;  elle  ne  garda  pas  même 
un  miroir;  elle  voulait  se  défaire  aussi  de  son  carrosse  qu'elle  avait 
fait  tendre  de  laine  grossière  ;  elle  ne  le  garda  que  parce  qu'on  lui 
fit  comprendre  «  qu'elle  se  mettrait  dans  l'impuissance  d'aller 
visiter  les  prisonniers  et  les  malades  de  l'Hôtel-Dieu  »  (i). 

Ce  renoncement  n'a  d'égal  que  celui  de  Marie  Hérynx  ;  née  le 
6  mai  1644,  mariée  à  18  ans  avec  un  conseiller  à  la  Cour  des  aides, 
Hélyot,  parent  du  P.  Hélyot,  du  tiers  ordre  franciscain  de  Picpus, 
auteur  de  V Histoire  des  ordres  monastiques,  elle  perd  à  4  ans  un 
fils  chéri,  fait  à  partir  de  ce  jour  un  testament  qui  gratifie  l'Hô- 
pital général  de  100.000  livres,  se  condamne  à  l'ascétisme  le  plus 
rigoureux,  aux  œuvres  charitables  les  plus  mortifiantes,  et  meurt 
à  3j  ans,  en  1682,  demandant  à  être  enterrée  comme  les  pauvres, 
au  cimetière  de  Saint-Gervais,  sa  paroisse.  C'est  surtout  à  l'Hôtel- 
Dieu  qu'elle  exerce  sa  charité.  «  Elle  alloit  »,  nous  dit  son  biographe, 
le  P.  Crasset  {2),  jésuite,  «les  lundis  au  Saint-Esprit,  les  mercredis 
à  l'Hôtel-Dieu,  les  vendredis  au  matin  à  Sainte-Geneviève  et  le 
soir  à  l'Hôtel-Dieu  pour  entendre  l'instruction  qu'on  faisoit  aux 
malades  ;  elle  donnoit  à  celui  qui  faisoit  le  catéchisme  des  livres 
de  dévotion,  des  chapelets  et  des  médailles  pour  les  distribuer  aux 
personnes  qu'il  instruisoit  ;  elle  alloit  ensuite  dans  les  salles  visiter 
les  malades,  mais  les  femmes  seulement.  »  Elle  arrivait,  vêtue 
comme  une  misérable,  auprès  des  malades,  distribuait  des  petits 
pains,  peignait  les  enfants,  choisissant  les  têtes  «  les  plus  galeuses  », 
assistait  les  mourants,  opérait  des  conversions...  «  L'ardeur  de  sa 
sainteté  attiroit  à  l'Hôtel-Dieu  grand  nombre  de  personnes  qui 
désiroient  la  voir  et  lui  parler  ;  on  ne  peut  dire  tout  le  bien  qu'elle 
y  faisoit  et  combien  elle  en  a  retirées  du  vice  autant  par  ses 
discours  que  par  ses  exemples  ».  Nous  ne  suivrons  pas  son  pieux 
biographe  dans  le  récit  de  tous  les  actes  de  dévouement  qu'il  relate 
copieusement  ;  cueillons  seulement  ce  passage  :  «  Il  y  avoit  à 
l'Hôtel-Dieu  une  femme  dont  le  corps  étoit  comme  une  boule  ;  les 

I)  Elle  fut  enterrée  aux  Capucines,  aux  côtés  de  la  reine  Louise  de  Lorraine,  de  la 
ducliesse  de  Mercceur,  de  M"°«  de  Guise,  mais  donna  son  cœur  aux  Carmélites. 

(2)  Vie  de  A/""  Hélyot  ;  Paris,  Micliallet,  rue  Saint-Jacques,  à  limage  Saint-Paul,  i683, 
in-8,  p.  37.  Il  existe  une  réédition  de  cette  Vie  par  l'abbé  de  Mentis  ;  Paris,  Gueffier,  1786. 


I.  ADMINISTRATION 


extrémités  lorsqu'elle  étoit  enfant  avoient  été  mangées  par  un 
cochon  ;  elle  étoit  de  plus  paralytique  de  la  langue;  elle  ne  vouloit 
pas  que  les  religieuses  l'approchassent.  Madame  Hélyot  l'ayant 
connue  la  jugea  propre  à  exercer  sa  charité  et  sa  patience  ;  elle 
commença  par  lui  témoigner  beaucoup  d'amitié  et  de  compas- 
sion ;  elle  faisoit  son  lit,  lui  mettoit  les  morceaux  à  la  bouche  et 
avoit  le  talent  de  l'apaiser  et  de  comprendre  ce  qu'elle  desiroit  », 
et  quelques  lignes  plus  loin,  le  P.  Çrasset  ajoute  :  «  Quand  il  y 
avoit  quelque  malade  difficile  à  l'hôpital,  on  recouroità  M'"«  Hélyot 
qui  réussissoit  à  le  mettre  à  la  raison.  « 

Madeleine  de  Lamoignon,  sœur  du  premier  président  Guil- 
laume de  Lamoignon,  ainsi  que  sa  mère  la  présidente,  née  Marie 
des  Landes,  morte  en  i65i,  est  à  la  tête  de  toutes  les  œuvres 
charitables  de  l'époque,  et  si  on  ne  cite  pas  d'elle  tous  les  traits 
de  renoncement  d'une  M""^  Hélyot,  du  moins  son  biographe, 
le  P.  d'Orléans,  jésuite  (i),  nous  la  présente  recevant  les  pauvres, 
au  Palais  où  se  trouve  l'hôtel  de  son  père,  le  président  Chrétien 
de  Lamoignon  :  «  Tous  les  matins  on  voyoit  d'un  côté  dans  sa 
chambre  un  malade  demandant  des  remèdes  qu'elle  faisoit 
faire  chez  elle  avec  soin,  de  l'autre  une  nourrice  avec  son  enfant  ; 
là  une  femme  abandonnée  d'un  mari  libertin  et  vagabond,  ici  un 
artisan  ruiné  à  qui  elle  procuroit  de  l'ouvrage...,  tantôt  un  conva- 
lescent décharné  à  qui  elle  faisoit  prendre  du  bouillon,  tantôt  un 
un  orphelin  qu'elle  prenoit  soin  de  faire  mettre  en  métier.  ^^ 
L'Hôtel-Dieu,  les  Enfants-Trouvés,  l'Hôpital  général,  sont  tour  à 
tour  l'objet  de  sa  sollicitude,  sans  oublier  les  pauvres  prisonniers, 
dont  s'occupait  particulièrement  sa  belle-sœur,  la  présidente  de 
Nesmond  (2)  ;  son  zèle  s'exerce  aussi  dans  les  faubourgs  déshérités 
du  Paris  d'alors,  où  la  misère  est  la  plus  effrayante,  le  faubourg 
Saint- Victor,  le  faubourg  Saint-Marceau,  le  faubourg  Saint- 
Laurent. 

Le  zèle  de  M"'^  de  Lamoignon  ne  laissait  pas  parfois  que  d'ctre 
gênant  pour  l'administration  de  l'Hôtel-Dieu.  En  particulier,  les 
recommandations  incessantes  faites  aux  religieuses,  et  même  à  la 
salle  des  accouchées,  allaient  souvent  contre  les  règlements  ;  c'est 
ainsi  qu'elle  fit  admettre  des  protégées  enceintes  de  quelques 
mois  à  peine.  En  1659,  la  maîtresse  sage-femme,  M°"=Moreau,  refuse 
une  malade  adressée  par  la  première  présidente  ;  celle-ci  insiste. 


(i)  Bibl.  nat.,ms.  fr.  23985.  Née  le  18  sept.  1609,  Madeleine  de  Lamoignon  fui  enterrée 
aux  Cordeliers  avec  sa  famille,  mais ^ son  cœur  fut  donné  à  la  Visitation  du  faubourg 
Siint-Jacques,  où  une  de  ses  sœurs,  Élizabeth,  était  religieuse.  Voy.  aussi  Louis  Masson, 
Madeleine  de  Lamoignon  {i6og-iô8j);  Lyon,  1896,  in-12,  avec  portrait. 

(2)  Théodore  Nesmond,  maître  des  requêtes,  avait  épousé  Anne  de  Lamoignon. 


56  i.'HOTrT.-nir-.r  at;  xviie  et  au  xviii'^  siècle 

demande  un  nouvel  examen  ;  le  diagnostic  fait  par  M"^"^  Le  Vacher 
est  le  même;  la  femme  n'est  pas  enceinte;  nouvelle  intervention  de 
la  pirésidente;  les  gouverneurs  décident,  le  i6  avril,  que  la  femme 
supposée  grosse  sera  transférée  à  la  salle  Saint-Augustin  et 
soumise  à  l'examen  des  médecins,  puis,  le  23  avril,  prononcent  son 
expulsion,  à  laquelle  on  est  obligé,  d'ailleurs,  de  surseoir.  Les 
plaintes,  depuis  ce  jour,  affluent  contre  M""^  Moreau,  et  le  Bureau 
fait  enquêtes  sur  enquêtes  (i)  ;  il  n'hésite  pas  à  dire  que  ces 
plaintes  «  proviennent  de  personnes  mal  informées,  ou  qui  désirent 
introduire  dans  l'Hôtel-Dieu  une  autre  sage-femme  à  leur 
dévotion  ».  Ils  visent  les  dames  de  charité  qui  offrent  même,  en 
présence  de  la  démission  de  M'"<=  Moreau,  de  fournir  à  l'Hôtel- 
Dieu  «  des  sages-femmes  expertes  et  charitables  qui  se  soumettront 
aux  règlements  du  Bureau  et  dont  elles  payeront  les  gages,  à 
condition  qu'on  leur  permette  d'avoir  l'œil  sur  ce  qui  se  passe 
dans  la  salle  des  accouchées  ».  Mais  le  Bureau,  qui  ne  veut  point 
de  cette  ingérence,  nomme  le  24  septembre  une  candidate  à  lui, 
y[me  Gaïan,  veuve  de  France  ;  M""  de  Lamoignon  écrit  pour 
recommander  la  dame  de  Billy  ;  le  Bureau  répond  qu'il  est  trop 
tard,  que  le  choix  est  fait  ;  alors  la  campagne  recommence  ;  le 
maître  au  spirituel,  les  religieuses,  personne  ne  veut  avoir  de 
rapports  avec  la  nouvelle  sage-femme  qui  se  retire  en  juin  1662. 
M""'=  la  première  présidente  peut  arriver  alors  à  ses  fins,  et  son 
mari  propose  au  Bureau,  qui  l'accepte  cette  fois,  Françoise  de 
Billy,  veuve  de  Gilles  Cornet,  maître  tailleur  d'habits  (2),  reçue  par 
Bouchet,  chirurgien,  Courtois,  de  Garbes  et  de  Sartes,  méde- 
cins. Comment  n'aurait-il  pas  cédé  aux  instances  de  sa  sœu.r, 
ce  premier  président  qui  écrivait  :  «  Je  ne  crois  pas  jamais  que 
mon  père  ait  eu  le  moindre  mécontentement  de  mes  sœurs  ; 
je  ne  dis  pas  seulement  en  des  choses  considérables,  mais 
dans  les  moindres  qu'on  se  puisse  imaginer...  Pour  moi,  quand 
je  songe  au  temps  où  j'ai  goûté  la  douceur  d'être  auprès  de 
lui  avec  elles,  je  ne  trouve  pas  que  j'aie  jamais  eu  de  joie  en  ma 
vie  qui  puisse  entrer  en  comparaison  avec  celle-là  (3).  » 

Même  ardeur  chez  la  duchesse  d'Aiguillon  (4),  nièce  de 
Richelieu,  la  bienfaitrice  de  toutes  les  communautés  de  Paris, 
dont  Vincent  de  Paul  dit  lui-même,  dans  une  de  ses  lettres, 
que,  lorsqu'elle  entrait  à  l'Hôtel-Dieu  pour  donner  elle-même  la 


(i)  Délib.  16  janv.,  4  févr.,  20  févr.  1660,  reg.  28,  fol.    i3  v,  23  v»,  42  v». 

(2)  Délib.  28  sept.  1662,  reg.  3o,  fol.  217  v». 

(3)  Cité  par  Gaillard,  dans  sa  Vie  de  Lamoignon,  à  la  suite  de  son  Histoire  de  C.hai-lemagnc: 
Paris,  1782,  in-i6,  t.  11,  p.  32. 

(4)  Voy.  Bonneau-Avenant,  la  Duchesse  d'Aiguillon  ;  Paris,  1879,  in-8,  p.  442  et  suiv. 


L  ADMINISTRATION 


^7 


collation  aux  malades,  la  tête  levée  et  le  visage  rayonnant,  «  elle 
avait  l'air  si  transporté  qu'on  aurait  dit  qu'elle  arrivait  à  une 
tète  ».  Semblable  esprit  de  mortification,  mais  plus  discret,  chez 
la  comtesse  de  Suze,  autre  veuve  «  dont  le  principal  soin  estoit 
de  panser  les  pauvres  galeux  et  d'ensevelir  les  morts  pour  lesquels 
elle  faisoit  des  prières  dans  la  chambre  des  trespassez,  la  face 
contre  terre.  Mais  elle  estoit  toujours  masquée,  ne  voulant  point 
se  faire  connaître  d'aucun  dans  la  maison  ;  pourquoy  elle  y 
entroit  seule  et  faisoit  tenir  ses  gens  à  la  porte,  leur  detfendant 
d'entrer  »  (i).  Il  semble  vraiment  que,  selon  le  mot  prêté  par 
son  biographe,  l'abbé  de  Choisy  (2)  à  M'"''  de  Miramion,  «  le 
chemin  des  hôpitaux  soit  le  chemin  du  ciel  ». 

Cette  œuvre  de  la  «  visite  »,  encouragée  par  le  Chapitre, 
protégée  par  le  Parlement,  avait  reçu  sa  consécration  officielle 
dans  les  constitutions  de  i652  (3)  qui  recommandent  aux  sœurs 
augustines  la  plus  grande  «  affabilité  »  pour  ces  auxiliaires 
bénévoles  et  fortunées. 

Dans  une  assemblée  générale  tenue  le  1 1  juillet  lôS/,  trois  ans 
avant  sa  mort  (27  septembre  1660),  Vincent  de  Paul  pouvait  dire: 
«  J'ai  vu  naître  l'œuvre,  j'ai  vu  que  Dieu  l'a  bénie  ;  je  l'ai  vue 
commencer  par  une  simple  collation  que  l'on  portait  aux  malades, 
et  maintenant  j'en  vois  les  suites  si  avantageuses  à  sa  gloire  et 
au  bien  des  pauvres.  »  Il  n'avait  cessé  de  la  suivre  et  de  l'inspirer 
de  près  ou  de  loin  ;  étant  en  mission  dans  les  provinces,  il  écrivait 
à  ses  chères  dames  pour  stimuler  leur  zèle  ou  s'enquérir  de 
leurs  besoins.  En  1649  (4"),  dans  un  moment  de  détresse  pour  la 
population  parisienne,  il  leur  avait  conseillé,  pour  subvenir 
aux  besoins  les  plus  pressants,  d'emprunter  quelques  milliers 
de  livres  «  comme  officières  de  la  Charité  ».  Par  la  duchesse 
d'Aiguillon,  par  la  présidente  de  Lamoignon,  il  avait  pour  lui 
les  deux  forces  du  temps,    la   Cour  et  le  Parlement. 

Sous  l'influence  de  Vincent  de  Paul,  l'Hôtel-Dieu  devint  un 
vaste  champ  d'édification  et  de  mortification,  non  seulement  pour 
les  dames  de  la  haute  société  qui  désiraient  faire  leur  salut,  mais 
aussi  pour  les  gentilshommes  convertis,  en  quête  de  bonnes  œuvres. 


(i)  Voy.  Avis  aux  religieuses  de  l'H.-D. 

(2)  Abbé  de  Choisy^  Vie  de  A/m»  de  Miramion  ;  Paris,  1706,  in-4<',  p.  Sy.  M°>«  de  Miramion 
laissa  dans  son  testament  une  somme  de  i5o  livres  pour  la  «  collation  »  de  l'H.-D. 

(3)  5»  partie,  ch.  x,  p.  82.  «  Quand  les  dames  viendront  pour  donner  la  collation  aux 
malades,  les  sœurs  les  recevront  religieusement  et  civilement  avec  affabilité,  et  leur 
montreront  les  plus  malades  et  ceux  qui  auront  le  plus  de  nécessités  pour  qu'elles  les 
assistent  plus  particulièrement,  puis  elles  se  retireront  pour  s'occuper  de  leur  service 
ordinaire. 

(4)  Lettre  du  11  févr.  1649  (éd.  Dumoulin,   1880,  2  vol.    in-12). 


58  l'hoticl-dieu  au  xvi 


Son  disciple,  le  jeune  baron  de  Renty,  marié  à  22  ans  avec 
Elisabeth  de  Balzac  d'Antragues,  dii  adieu  à  27  ans  à  la  cour  et 
à  tous  les  emplois  de  vanité  et  d'ambition  ;  il  se  donne  tout  entier 
à  la  visite  des  pauvres,  des  malades  et  des  prisonniers  :  «  Nous 
Tavons  vu,  dit  son  biographe  (i),  venir  ici  [à  l'Hôtel-Dieu] 
l'espace  de  12  ans  et  plus  avec  une  grande  assiduité.  Entrant  et 
sortant,  il  s'en  alloit  droit  à  l'église  devant  le  Saint-Sacrement, 
et  demeuroit  longtemps  en  sa  présence,  ce  qui  donnoit  de  la 
dévotion  à  tous  ceux  qui  le  voioient  ;  c'étoit  à  son  entrée  pour 
offrir  son  action  à  Notre  Seigneur  et  lui  demander  les  grâces 
qui  luy  estoient  nécessaires  et  à  sa  sortie  pour  le  supplier  de 
la  bénir  et  de  la  rendre  efficace.  Après  il  venoit  dans  les  salles 
où  il  exerçoit  sa  charité  envers  les  pauvres  malades  depuis  2  heures 
jusqu'à  5  heures  du  soir  les  enseignant  et  les  soulageant  dans 
tous  leurs  besoins.  Nous  l'avons  vu  panser,  médicamenter  et 
essuier  les  plaies  et  les  ulcères.  Nous  l'avons  vu  plusieurs  fois 
baiser  les  pieds  des  malades  et  aider  à  ensevelir  les  morts.  De 
plus,  il  a  eu  la  charité  de  monstrer  aux  religieuses  à  faire  de 
l'onguent  qui  leur  estoit  inconnu  et  de  le  faire  luy-mesme  devant 
elles.  Quelquefois  et  le  plus  souvent  il  venoit  seul,  et  quelquefois 
aussi  il  estoit  accompagné  de  quelques  seigneurs  de  grande 
condition  qui,  animez  d'un  tel  exemple,  le  vouloient  aucunement 
imiter  et  avoir  part  à  des  œuvres  si  saintes.  » 

Il  faudrait  encore  citer  H. -Marie  Boudon,  plus  tard  archi- 
diacre d'Évreux,  qui,  vers  1646,  avait  réuni  dans  une  maison  delà 
rue  Saint-Doriiinique  d'Enfer,  au  faubourg  Saint-Jacques,  quelques 
jeunes  gens,  avec  qui  il  s'entraînait  à  la  visite  des  hôpitaux.  «  C'est- 
dans  ce  triste  séjour  [à  l'Hôtel-Dieu],  écrit  Pierre  Colet  (2),  où  la 
mort  choisit  à  l'aise  ses  victimes,  qu'on  le  voyoit  appliqué  tantôt  à 
enseigner  à  un  malade  comment  il  faut  s'y  prendre  pour  faire  une 
bonne  confession,  tantôt  à  disposer  un  moribond  au  grand  et 
prochain  voyage  de  l'éternité,  quelquefois  à  soutenir  les  pas  mal 
affermis  d'un  convalescent.  » 

D'autre  part,  une  sorte  de  Compagnie  de  pieux  laïcs  s'organisa 
vers  la  fin  du  xvn«  siècle  pour  visiter  les  malades  de  l'Hôtel-Dieu, 
et  put  remplir  tranquillement  son  office  jusqu'en  1749.  A  cette  date 
elle  fut  dissoute  «  pour  soupçon  de  jansénisme  »,  sur  l'initiative  de 


(i)  Père  J.-B.  Saint-Jure,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  Vie  de  M'  de  Renty  ;  Paris,  Pierre 
le  Petit,  i65i,  in-4°,  p.  107.  J. -Baptiste  de  Renty,  seigneur  de  Citrj',  baron  de  Lan- 
delles,  etc.,  né  en  161 1  au  château  de  Beny,  près  de  Bayeux,  mort  à  Paris  à  37  ans, 
le  24  avril  1649. 

(2)  Vie  de  H.-M.  Boudon,  archidiacre  d'Evreux;  Paris,  Hérissant,  1753,  in-12,  p.  99. 
Boudon  mourut  le  3i  août  1702,  à  79  ans. 


I.  AnMIN'ISIRATION  5q 

rarchevêque  Christophe  de  Beaumont.  Il  fit  refuser  à  ceç  «  visi- 
teurs »  l'entrée  de  la  maison  par  M.  de  Saint-Exupéri,  doyen  du 
Chapitre,  et  par  M.  de  Vassy,  le  maître  au  spirituel.  «  On  voyoit 
ces  Messieurs,  nous  disent  les  Nouvelles  ecclésiastiques  (i)  qui 
relatent  le  fait  avec  indignation,  distribués  dans  les  différentes  salles 
de  l'Hôtel-Dieu,  entretenir  les  malades  avec  bonté,  compatir  à 
leurs  souffrances,  leur  en  faire  sentir  le  prix,  proportionner  aux 
besoins  de  chaque  particulier  les  lectures  de  piété  dont  ils  accom- 
pagnoient  leurs  avis...  Ils  aidoient  les  agonisans  à  faire  une  sainte 
mort.  Les  dimanches  et  les  fêtes,  lorsque  toutes  les  messes  étoient 
dites,  ils  lisoient  dans  les  salles  de  distance  en  distance  l'Épitre  et 
l'Évangile  du  jour...  Ils  faisoient  eux-mêmes  publiquement  la 
prière  du  soir.  »  Ils  opéraient  directement,  s'évertuant  à  ne  gêner 
ni  les  prêtres  ni  les  religieuses,  et  auraient  même  refusé  au  car- 
dinal de  Noailles  l'érection  de  leur  association  en  confrérie.  Ils 
avaient  simplement  une  autorisation  du  maître  au  spirituel,  et  il 
n'est  nulle  part  parlé  d'eux  dans  les  délibérations  du  Bureau  qui 
paraît  les  avoir  ignorés.  On  ne  connaissait  même  ni  leur  nom  ni 
leur  adresse,  puisqu'on  se  servit  de  ce  prétexte,  en  1749,  pour 
les  éloigner  de  la  maison.  Lorsqu'on  exigea  un  certificat  de  leur 
curé  attestant  leur  orthodoxie,  ils  se  retirèrent.  Ils  furent  rem- 
placés dans  leur  apostolat,  selon  les  Nouvelles,  par  la  Compagnie 
de  charité  de  Saint-Sulpice.  Ainsi,  bien  qu'elle  eût  perdu  de  son 
importance,  cette  œuvre  de  la  visite  des  malades  persistait  au 
travers  des  événements. 

Si  nous  avons  pu  rattacher  par  un  lien  moral,  du  moins  pour 
le  xvii«  siècle,  l'œuvre  de  la  visite  des  malades  à  l'influence  du 
Parlement,  il  importe  de  ne  pas  perdre  de  vue  son  action  admi- 
nistrative sur  l'hôpital. 

LE  COUP  d'état  de   1771 

Cette  influence  du  Parlement  sur  l'administration  de  l'Hôtel- 
Dieu  se  fit  sentir,  au 'xviii^  siècle,  d'une  façon  manifeste,  en  177 1,  à 
l'occasion  du  coup  d'État  Maupeou.  C'est  dans  la  nuit  du  20  au 
21  janvier  1771  que  les  38  membres  du  Parlement,  qui  avaient  refusé 
d'enregistrer  «  l'édit  de  règlement  et  de  discipline  »  du  27  novem- 
bre 1770,  furent  exilés  par  lettres  de  cachet,  sans  pouvoir 
communiquer  entre  eux,  en  même  temps  qu'un  arrêt  du  Conseil 
supprimait  et  confisquait  leurs  offices.  Le  Conseil  du  roi,  chargé 
de  rendre  la  justice,  sur  ordre  exprès  de  Louis  X\\  fut  installé  par 


(i)  Nouvelles  ecclésiastiques,  lo  avr.  1749  (1749,  p.  57). 


60  I.'hOTF.L-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


Maupeou  dès  le  24  janvier.  La  répercussion  de  ce  coup  d'Etat 
contre  le  Parlement  fut  sensible  sur  toutes  les  administrations. 
La  Cour  des  aides,  qui,  le  22  mars,  avait  protesté,  fut  supprimée, 

et    son    président,    Malesherbes,  exilé  ;    le    Châtelet  fut  cassé  et  : 
reconstitué  le  27  mai.  Le  dimanche  4  août,  le  Bureau  de  THôtel- 

Dieu  s'assemble  extraordinairement,  à  3  heures  de  relevée,  «  sur  la  j 

réquisition  du  plus  grand  nombre  des  membres  qui  le  composent  »  ;  | 
le  gouvernement  leur  demande   par  une  lettre   du   28   juillet  de 

s'expliquer,  disent-ils,  «  sur  des  objets  sur  lesquels  leur  attache-  ^ 

ment  aux  lois  et  leur  respect  pour  le  roi  leur  auraient  fait  désirer  •• 

de  garder,  s'il  eût  été  possible,  le  silence  le  plus  absolu  »  ;  aussi,  ] 
«   réfléchissant  que  l'administration  des  hôpitaux   n'est    pas  une 

charge  à  laquelle  les  administrateurs  se  soient  liés  pour  toute  la  \ 

durée  de  leur  vie,  mais  iiiie  fonctioji  libre  et  charitable^  et  que  les  | 

circonstances  ne  sont  plus  les  mêmes  que  lorsqu'ils  l'ont  acceptée  »,  \ 
ils  reconnaissent  que  le  seul  moyen  de  concilier  ce  que  chacun  de 

ses  membres  doit  au  roi,  à  l'État  et  à  soi-même,  est  de  renoncer  , 

par  eux  aux  titre  et  qualité  d'administrateur.  Deux  seuls  restèrent,  '■ 

Le  Roy  de  Lisa,   procureur  aux   eaux  et    forêts,    et  Mirleau  de  i 
Neuville,  fermier  général  ;   tous  les  autres,   de  Tilière,   Delaville 

du  Portault,  Durant,  de  Lambon,  Brochant,  Lecouteulx  de  Vertron,  \ 
Dupont,    Poan,    Marchais    de    Migneaux,    Marrier    de    Vossery, 
donnèrent  leur  démission. 

En  présence   de  ces  événements,  il    y   eut    séance   extraordi-  ( 

naire,   le    17   août,   à  l'archevêché,  convoquée  par  le   procureur  \ 

général,  Joly  de  Fleury.  Outre  l'archevêque,  y  assistaient   Bertier  j 

de    Sauvigny,    premier    président    du    Parlement  ;    de    Sartine,  J 

conseiller  d'État  et  lieutenant  général  de  police  ;  Bignon,  conseil-  \ 

1er  d'État  et  prévôt  des  marchands,  et  les  2  administrateurs  qui  ] 

s'étaient  séparés  de  leurs  collègues.  En  attendant  que  l'on  puisse  \ 

trouver   10  remplaçants,  l'archevêque  propose  6  candidats  «  dont  j 

l'acceptation   peut   être   regardée   comme   certaine  par  leur  zèle  '\ 
pour  l'intérêt  des  pauvres  et  le  bien  public  »,  qui  sont  agréés  par 

«  la  Compagnie  »  :Moustier,  Gissey,  Papillon,  Chastelus,  Perrin  ] 

et   Montgolfier.   De  plus  le    Bureau  décide   qu'une  lettre   signée  I 

de  l'archevêque,  président  né  du  Bureau,  et  du  prévôt  des  mar-  i 

chands,  au  nom  du   corps  de  la  ville,  sera  écrite  à  chacun  des  ^ 

démissionnaires    pour   leur   réclamer    tous   les   titres   et    papiers  j 

qu'ils  pourraient  avoir  conservés  concernant  l'administration  de  { 

l'hôpital.  j 

Les  nouveaux  administrateurs,  dont  le  nombre  ne  fut  jamais  i 

complété,  restèrent  en  fonctions  jusqu'en  1775.  Après  l'avènement  | 

de   Louis   XVI    et    le    rétablissement   des    Parlements,    ils   furent  ! 


L  ADMINISTRATION 


contraints  à  leur  tour  d'offrir  leur  démission,  et,  le  i*""  fe'vrier  1775, 
les  10  administrateurs  qui  avaient  résigné  leurs  fonctions,  le 
4  août  1774,  furent  invités  à  les  reprendre,  pour  les  exercer  comme 
auparavant. 

Mais  le  Parlement  qui  avait  annihilé  en  partie  Tinfluence  des 
magistrats  municipaux  avait  vu  à  son  tour  ses  attributions  dimi- 
nuées par  le  lieutenant  général  de  police  ;  nous  ne  parlerons  pas 
en  effet  de  l'intendant  de  la  généralité  de  Paris  qui,  à  l'encontre 
de  ses  collègues  de  province,  n'avait  guère  qu'une  charge  hono- 
rifique   (i). 


LE    POUVOIR    CENTRAL 

Les  «  dépendances  »  de  l'Hôtel-Dieu  que  nous  venons  d'exa- 
miner, vis-à-vis  des  corps  constitués,  Chapitre,  Municipalité, 
Parlement,  ne  présenteraient  qu'un  aspect  incomplet  des  limites 
ou  des  obstacles  que  pouvait  rencontrer  son  administration,  si 
nous  n'y  ajoutions  l'action  du  pouvoir  central. 

LA    LIEUTENANCE    GÉNÉRALE    DE    POLICE 

La  création,  en  1667,  d'une  nouvelle  charge  sous  l'influence 
toute-puissante  de  Colbert,  celle  du  lieutenant  général  de  police  à 
Paris,  représentant  du  pouvoir  central,  diminua  l'importance  de 
l'autorité  municipale,  au  point  de  l'annihiler  petit  à  petit,  surtout 
en  ce  qui  concerne  les  mesures  d'hygiène  urbaine  et  d'administra- 
tion hospitalière. 

Le  «  lieutenant  général  de  police,  écrit  M.  Chassaigne,  profi- 
tant des  occasions,  des  négligences,  de  l'intérêt  public,  avec  l'aide 
du  roi,  vainqueur  des  juridictions  rivales,  était  le  maître  de  l^aris. 
La  vie  entière  de  la  grande  ville  était  suspendue  à  ses  ordres.  Il 
réunissait  entre  ses  mains  les  attributions  modernes  du  Conseil 
municipal  et  des  deux  préfectures.  Ses  relations  étaient  constantes 
avec  l'intendant  de  la  généralité,  touchant  les  hospices,  les  établis- 
sements de  charité  et  les  prisons...  (2).  »  Dès   1690,  il  entre  aux 

(i)  Voy.  A.  de  Boislisle,  les  Intendants  de  la  généralité  de  Paris,  dans  les  Mcm.  de  la 
Soc.  Hist.  de  Paris,  t.  VII,  1880,  p.  271. 

(2)  Marc  Chassaigne,  la  Licutcnance  générale  de  police  de  Paris  ;  Paris,  Rousseau, 
1906,  in-8,  p.  143  ;  Ars.,  Fonds  de  la  Bastille  10269  (Santé).  Administration  des  hôpitaux 
de  Paris:  détails  ressortissant  à  l'administration  du  lieutenant  de  police  (années  1725-1776, 
56  fol.);  Bibl.  de  la  V.  de  P.,  ms.  29736;  Etat  au  vrai  des  recettes  et  dépenses  de  la  Ville 
pour  1753.  Fonctions  du  lieutenant  général  de  police,  5°:  L'administration  des  prisons 
d'Etat  et  des  hôpitaux. 


62  l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

Bureaux  de  l'Hôtel-Dieu  et  de  rHopital  général,  comme  membre 
de  droit,  avec  Tarchevêque  et  les  premiers  présidents  du  Parlement, 
de  la  Chambre  des  comptes  et  de  la  Cour  des  aides.  Son  influence 
se  fait  sentir  alors  d'une  manière  constante  dans  tous  les  détails 
de  la  vie  hospitalière  (i). 

C'est  lui  qui  fait  transporter  à  l'Hôtel-Dieu  les  malades  de  la 
ville,  tout  en  encourageant  l'institution  des  hospices  de  charité  des 
paroisses  ;  qui  exécute  toutes  les  ordonnances  concernant  la 
répression  du  vagabondage  et  de  la  mendicité  ;  qui  envoie  les 
enfants  trouvés  à  la  Couche  ou  à  la  maison  du  faubourg  Saint- 
Antoine  ;  qui  distribue,  en  temps  d'épidémie,  les  remèdes  et  les 
secours  exceptionnels  accordés  par  le  roi. 

Il  se  crée  ainsi,  petit  à  petit,  au  xviii«  siècle,  et  sous  l'influence 
d'hommes  particulièrement  actifs  et  avisés,  comme  Sartine  ou 
Lenoir  (2),  une  œuvre  nouvelle  d'assistance  parisienne,  et  qui 
laisse  loin  derrière  elle  l'action  des  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu 
ou  de  l'Hôpital  général,  défenseurs  des  traditions  surannées. 
Ouverture  en  1777  du  Mont-de-Piété  (3),  de  la  Filature  des  indi- 
gents (4),  fondation  d'une  maison  à  Vaugirard  pour  les  enfants 
vénériens  (5),  transfert  des  cimetières  hors  de  la  ville,  établisse- 
ments de  secours  pour  noyés  et  asphyxiés,  amélioration  du 
placement  des  enfants  de  Paris  mis  en  nourrice  dans  les  campa- 
gnes (6);  on  peut  dire  que  toutes  ces  mesures  sont  l'œuvre  de  la 
lieutenance  générale  de  police  qui,  en  face  des  difficultés  où  se 
débattent  les  anciennes  administrations,  représente  seule,  à  la 
veille  de  la  Révolution,  la  vie  et  le   progrès  (7). 

A  l'Hôtel-Dieu,  le  lieutenant  général  de  police  surveille  en  par- 
ticulier les  salles  dites  «  de  force»,  comme  la  salle  Sainte-Martine, 
où  l'on  traite  les  femmes  et  les  filles  malades  de  la  Salpêtrière- 
Ainsi,  en  1753  (8j,  il  se  plaint  au  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu,  d'accord 

(1)  A.  Gazier,  la  Police  à  Paris  en  1770,  Mémoire  du  commissaire  au  Ciiàtelet 
Lemaire,  dans  les  Mém.  de  la  Soc.  Hist.  de  Paris,  t.  V,    1878,  p.  i. 

(2)  Sur  l'œuvre  des  lieutenants  généraux  de  police,  outre  Cliassaigne,  voy.  Peuchet, 
Mémoires  tirés  des  archives  de  la  police,  in-4»,  t.  VIII,  p.  39  et  suivantes,  et  des  Essarts, 
Dict.  iiniv.  de  police  ;  Paris,  1786-1790,  8  vol.  in-4». 

(3)  Ange  Blaize,  Des  Monts-de-Piété  et  des  banques  de  prêt  sur  gage  en  France  et  dans 
les  divers  Etats  de  l'Europe  ;  Paris,  i856,  2  vol.  in-8. 

(4)  Tesson,  la  Filature  des  indigents,  dans  les  pr.-v.  de  la  Comm.  du  Vieux-Paris,  1909, 
p.  240  et  suiv. 

(3)  D"-  Pignot,  l'Hôpital  du  Midi  et  ses  origines;  Paris,  i885,  in-8,  p.  107  et  suiv. 

(6)  Gardanne,  Détails  de  la  nouvelle  direction  des  nourrices,  i  broch.  in-4»,  i775,  et 
Code  des  nourrices,  ou  Recueil  des  arrêts  et  ordonnances,  concernant  les  nourrices  et 
meneurs;  Paris,  1781. 

(7)  Détails  sur  quelques  établissements  de  la  Ville  de  Paris,  par  Lenoir;  Paris,  1780, 
in-i2  (demandés  par  S.  M.  Impériale  la  reine  de  Hongrie).  Il  est  à  remarquer  que,  dans  ce 
rapport  du  lieutenant  général  de  police,  il  n'est  pas  question  de  l'Hôtel-Dieu, 

(8)  Délib.   4  juillet  1733,  reg.  122,  fol.  172. 


I,  ADMINISTRATION  63 

avec  le  procureur  général  au  Parlement,  que  ces  malades  y  res- 
tent trop  longtemps  après  leur  guérison,  parviennent  à  s'évader, 
pour  la  plupart,  et  compromettent  la  tranquillité  publique.  Le 
Bureau  renvoya  en  effet  quelque  temps  après  3  i  malades  (i),  ce 
qui  provoqua  une  sédition  de  la  part  de  ces  femmes  qui  ne  se 
souciaient  guère  de  réintégrer  les  cabanons  de  la  Salpêtrière.  Ces 
révoltes  n'étaient  pas  rares  non  plus  à  la  salle  Saint-Landry,  où 
étaient  hospitalisés  les  «malades  de  force»  de  la  Salpêtrière  et  de 
Bicêtre,  et  plus  d'une  fois  le  guet  dut  venir  rétablir  l'ordre  troublé 
par  ces  mutins  (2). 

Mais  c'est  surtout  dans  les  mesures  de  renfermement  ou  d'hos- 
pitalisation des  mendiants  que  se  fait  sentir  son  action  ;  il  fait 
exécuter  les  ordres  du  roi  et  du  Parlement,  souvent  inspirés  par 
lui,  car,  dans  les  circonstances  importantes,  il  est  toujours  appelé 
à  délibérer  dans  les  séances  plénières  où  il  faut  prendre  des  déci- 
sions rapides  touchant  la  sûreté  de  la  Ville. 

C'est  lui  qui,  en  1694,  fait  ouvrir  Saint-Louis  aux  malades  de  la 
banlieue.  Il  est  décidé  qu'au  lieu  de  les  recevoir  à  l'Hôtel-Dieu, 
trop  encombré,  on  les  admettra  directement  à  Saint-Louis,  sauf 
toutefois  ceux  de  Versailles  (3).  Dès  le  mois  de  mai,  sur  l'ordre  du 
roi  (4),  Bicêtre  se  trouvant  plein,  on  y  envoie  les  pauvres  mendiants 
de  la  campagne  affluant  vers  Paris  ;  la  dépense  est  supportée,  pour 
les  valides,  par  l'Hôpital  général,  pour  les  malades,  par  l'Hôtel-Dieu. 
Enfin,  au  mois  de  septembre  (5),  le  Bureau  fait  publier  aux  prônes 
des  paroisses  Saint-Paul,  Saint-Nicolas-des-Champs,  Saint-Lau- 
rent, Saint-Sauveur,  Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle,  Saint- 
Eustache  et  Saint-Roch,  «  que  les  pauvres  familles  étans  proches 
et  du  côté  de  l'hôpital  Saint-Louis,  qui  auront  des  femmes  non 
enceintes,  des  filles  et  aussi  des  petits  enfants  au-dessous  de  l'âge 
de  5  ans  malades,  pourront  les  y  faire  mener  et  conduire,  qu'ils  y 
seront  receus,  traitez  et  soignez  de  même  qu'à  l'Hostel-Dieu  »  (6). 

(i)  Délib.  6  mars  lyS^,  reg.  i23,  fol.  i65. 

(2)  Toute  capcure  d'un  malfaiteur  par  la  police  restait  interdite,  en  principe,  à  l'intérieur 
de  l'H.-p.,  en  vertu  de  l'antique  droit  d'asile  ;  mais,  dans  la  pratique,  le  Bureau  ne  refu- 
sait guère  l'entrée  des  salles  quand  il  était  pressenti. 

(3)  Délib.    19  juin  1604,  reg.  63,  fol.  60  v». 

(4)  Déjà  l'année  précédente,  où  la  disette  était  déjà  grande,  le  roi  avait  voulu  faire  éta- 
blir à  Saint-Louis  des  fours  pour  la  distribution  du  pain  nécessaire  au  public,  mais  le  Par- 
lement s'y  opposa  et  ils  furent  établis  aux  Tuileries. 

(5)  La  cherté  des  vivres  avait  tellement  augmenté  que  ITL-D.  dut  rogner  la  ration  ordi- 
naire de  pain  et  de  viande,  c'est-à-dire  qu'on  ne  donna  plus,  à  l'avenir,  au.\  deu.K  tiers  des 
malades  que  chacun  3  quarterons  de  pain  et  60  livres  de  viande. pour  chaque  centaine, et 
à  l'autre  tiers  une  demi-livre  de  pain  et  3  œufs  ;  les  poulets  rôtis  furent  supprimés  et  on  ne 
donna  plus  qu'une  douzaine  et  demie  de  poules  pour  bouillir.  (Délib.  24  juil.  1694,  reg.  63, 
fol.  77  v».) 

(6)  L'abbé  de  Choisy,  dans  sa  Vie  de  M-^'  de  Miramion,  attribue  à  tort  le  mérite  de 
cette  décision  à  M"'»  de  Miramion,  alors  dame  de  charité  à  l'H.-D.,  qui  fit  une  démarche  en 
ce  sens  auprès  du  premier  président  de  Harlay. 


64  l'hOTEL-DIKU    au    XVl|g    et    au    XVIIie    SIÈCLK     ^^ 

Saint-Louis  devient  donc  pour  sa  région  un  véritable  hôpital  ; 
Barbant  fut  désigné  comme  chirurgien  temporaire  ;  cela  dura  peu  ; 
le  i8  décembre,  Saint-Louis  était  fermé  et  les  malades  qui  sV 
trouvaient  encore  renvoyés  à  THôtel-Dieu. 

Le  lieutenant  général  de  police,  chargé  de  veiller  particulière- 
ment sur  l'approvisionnement  de  la  Ville,  n'hésite  pas,  dans  les 
années  de  disette,  à  s'adresser  aux  hôpitaux,  dont  il  connaît  les 
réserves  en  blé.  Berryer,  en  1/5  i,  demande  à  l'Hôtel-Dieu  d'envoyer 
à  la  Halle  12  muids  de  blé  pour  mettre  sur  le  marché.  Sartine 
renouvelle  cette  demande  en  1 768  (  i  ),  en  promettant  de  remplacer  le 
blé  envoyé  par  du  blé  de  meilleure  qualité.  Les  réserves  qui  aupara- 
vant étaient  de  2  ans  ne  sont  plus  que  de  8  à  9  mois  (2),  et  l'Hôtel- 
Dieu  cherche  à  se  dérober  ;  il  envoie  cependant  3o  setiers,  puis 
5  muids,  en  attendant  que  le  Parlement  prenne  des  mesures  contre 
les  trafiquants  (3). 

Il  est  chargé  de  fixer  tous  les  ans  avant  le  Carême  le  prix  de 
la  viande  pour  la  boucherie  de  l'Hôtel-Dieu. 

Il  veille  à  la  perception  du  droit  d'entrée  sur  les  spectacles,  car 
il  est  également  chargé  de  la  surveillance  des  théâtres  et  lieux  de 
plaisirs. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  la  sécurité  même  de  l'Hôtel-Dieu  qui  ne 
dépende  de  lui,  grâce  à  la  garde  établie  par  ses  soins  en  1772  sur 
le  Petit-Pont  (4). 

Ainsi  son  action  est  multiple  et  son  appui  précieux.  Comme  son 
pouvoir  émane  directement  du  roi,  dont  il  est  le  représentant 
incontesté,  l'Hôtel-Dieu  ne  pouvait  échapper,  indirectement,  à  son 
emprise  (5). 

l'inspecteur   général    des   HOPITAUX   CIVILS 

Une  nouvelle  charge  vint  encore,  à  la  fin  du  xvni^  siècle,  sous  le 
ministère  Necker,  renforcer  l'influence  du  pouvoir  royal,  celle 
«  d'inspecteur  général  des  hôpitaux  civils  et  maisons  de  force  »  du 


(1)  Lettres  des  22  sept,  et  26  oct.  1768.  Paris  possédait  alors  une  nouvelle  Halle  aux  blés 
depuis  1762.  (Biollay,  les  Anciennes  Halles  de  Paris,  Mém.  Soc.  Hist.  de  Paris,  t.  III,  1876.) 

(2)  La  consommation  annuelle  de  l'H.-D.  est  alors  de  600  muids.  (Délib.  3o  sept.  1768, 
reg.  137,  fol.  3o3.) 

(3)  Assemblée  générale  de  police  du  27  nov.  1768. 

(4)  Délib.  3  août  1772,  reg.  142,  fol.  197.  L'année  suivante,  l'H.-D.  prit,  pour  sa  sécu- 
rité, tant  de  nuit  que  de  jour,  12  gardes  choisis  parmi  les  anciens  caporaux  et  soldats  du 
régiment  des  gardes-françaises,  ce  qui  fit  i5  gardes  avec  les  3  qui  assuraient  déjà  l'ordre 
au  pont  Saint-Charles  et  au  pont  au  Double.  (Délib.  11  janv.  1773.)  On  leur  délivra,  en 
1776,  i5  fusils  et  i5  baïonnettes  de  l'Arsenal.  (Délib.  8  mai  1776,  reg.  146,  fol.  173.) 

(5)  "Il  ne  doit  y  avoir  qu'un  magistrat  pour  la  ville  comme  il  n'y  a  qu'un  évêque  »,  dit 
Delamare,  o.  c,  l,  i.)o,  en  faisant  allusion  au  lieutenant  général  de  police. 


l'administration  65 

royaume  (i).  Cette  fonction  fut  confiée  à  Colombier,  docteur  de  la 
Faculté  de  Paris  (2),  assisté  de  deux  adjoints  :  Thouret  (3)  et 
Doublet  (4).  Colombier  était  chargé  de  diverses  missions  en  pro- 
vince, mais  son  action  s'exerçait  particulièrement  à  Paris.  Nous  le 
voyons  s'occuper  activement  de  l'organisation  du  nouvel  hospice 
de  charité  de  la  paroisse  Saint-Sulpice,  créé  par  M">«  Necker.  A 
l'Hôtel-Dieu,  il  assiste,  en  qualité  de  représentant  du  ministre, 
aux  diverses  délibérations  du  Bureau  où  furent  discutés,  mis  en 
avant  par  la  commission  de  i  -j-j-j^  les  projets  de  réforme  et,  en  1 78 1 , 
à  celles  qui  suivirent  la  publication  des  lettres  patentes  préparées 
par  le  gouvernement. 

Enfin,  auprès  du  contrôle  général,  apparaît  un  nouveau  fonc- 
tionnaire, «  le  commissaire  du  roi  pour  tout  ce  qui  trait  aux  hôpi- 
taux »,  Chaumont  de  La  Millière,  dont  les  rapports  avec  l'Hôtel- 
Dieu  sont  également  des  plus  étroits. 

L'administration  hospitalière,  sur  qui  le  «  grand  aumônier  » 
avait  autrefois  la  haute  main  (5),  semble  faire  retour  au  pouvoir 
royal,  mais  par  l'intermédiaire  de  magistrats  et  de  fonction- 
naires laïcs.  La  Révolution  allait  brusquement  interrompre  leurs 
efforts  et  leurs  espérances. 


LES    ADMINISTRATEURS 

Après  avoir  montré  leurs  dépendances  vis-à-vis  des  divers 
corps  constitués  et  du  gouvernement,  ainsi  que  les  limites  apportées 
à  leur  autorité  ou  leur  pouvoir,  voyons  maintenant  les  admi- 
nistrateurs dans  leur  sphère  d'action,  dans  leur  domaine  propre. 
Ayant  de  bonne  heure  renoncé  aux  formalités  de  l'élection,  pres- 
crites en  i5o5,  ils  se  recrutent  par  cooptation,  n'ayant  conservé 
pour  leur  réception  que  les  deux  formalités  essentielles,  la  présen- 

(I)  Notons  qu'au  xvii»  s.,  le  pouvoir  royal  avait  porté  tous  ses  efforts  sur  la  création  des 
hôpitaux  généraux.  On  peut  s'en  rendre  compte  aisément  en  parcourant  la  Corr.  admin. 
sous  le  règne  de  Louis  XIV  {4  vol.,  Doc.  inéd.),  qui  est  muette  sur  l'H.-D.  et  oùl'Hôp. 
gén.  figure  à  diverses  reprises  (t.  II,  4  déc.  1684,  18  mars,  17  nov.,  i3  déc.  1692,  28  nov. 
1703,  5  juin.  1704). 

(2I  Voy.  son  projet  de  réforme  de  l'H.-D.,  adressé  à  la  commission  de  1777.  (Arch.  nat., 
H   1452.) 

(3)  Michel-Augustin  Thouret  (1749-1810)  devait  faire  partie  plus  tard  du  Comité  de 
mendicité  et  se  signaler  comme  rapporteur  du  bureau  du  bien  public  à  l'Assemblée  natio- 
nale. Il  était  le  frère  du  constituant  J.-G.  Thouret.  (Voy.  Lebègue,  Thouret;  Paris,  1910, 
in-8°.) 

(4)  François  Doublet  est  l'auteur  des  Observations  faites  dans  le  département  des  hôpi- 
taux civils;  Paris,  1785-1787,  3  vol.  in-12,  où  il  donne  de  nombreux  détails  sur  le  régime 
de  divers  établissements  de  Paris  et  de  province. 

(5|  Voy.  Guyot  et  Merlin,  Traité  des  droits,  fonctions,  franchises,  prérogatives  et  pri- 
vilèges annexés  en  France  à  chaque  dignité  ;  Paris,  1786-1788,  4  vol.  in-4»,  t.  I,  p.  435. 


66  I.'hOTEL-DIEU    au    XVII«=    et    au    XVIIie    SIECLE 


tation  au  Bureau  de  la  Ville  et  le  serment  devant  la  grand'chambre 
du  Parlement.  Ils  sont  12  au  lieu  de  8,  depuis  1690  ;ils  ont  à  leur 
tête  un  comité  directeur  de  membres  de  droit,  sorte  de  conseil 
supérieur  institué  par  le  pouvoir  central  pour  mettre  tous  les  hôpi- 
taux du  royaume  sous  la  dépendance  d'une  administration  uniforme. 
Ce  comité  directeur  se  compose  de  Tarchevêque,  président  né  du 
Bureau,  à  Paris,  comme  dans  toutes  les  villes,  du  premier  prési- 
dent du  Parlement,  de  la  Chambre  des  comptes,  de  la  Cour  des 
aides,  du  procureur  général  au  Parlement,  du  lieutenant  général 
de  police,  du  prévôt  des  marchands  (i). 

FONCTIONS    DES    ADMINISTRATEURS 

Au  XVII*  siècle,  les  administrateurs  se  réunissent  au  Bureau, 
tous  les  mercredis  et  vendredis,  à  9  h.  1/2  du  matin,  et  la  séance  dure 
jusqu'à  I  heure  environ.  Le  président,  au  début  et  à  la  fin  de 
chaque  séance,  récite  la  prière,  l'hymne  Veni  sancte  Spiritus,  au 
début,  et,  à  la  fin,  le  psaume  Laiidate  Domimim  omnes  gentes  (2). 
Seuls  assistent  à  l'assemblée,  avec  les  administrateurs,  le  receveur 
et  le  greffier  ;  le  notaire  et  le  solliciteur  des  atîaires  de  l'Hôtel- 
Dieu  doivent  se  tenir  dans  un  cabinet  voisin  à  la  disposition  du 
Bureau  si  on  les  fait  appeler  ;  de  même  les  procureurs  du  Parlement 
et  du  Châtelet,  «  qui  occupent  pour  l'Hôtel-Dieu  »,  sont  tenus  de 
se  rendre  au  Bureau  quand  ils  y  sont  mandés  (3). 

En  dehors  des  assemblées  ordinaires,  il  y  a  chaque  mois  une 
assemblée  extraordinaire  pour  rendre  compte  des  «  procès  et 
affaires  »,  et  où  assistent  les  procureurs  et  solliciteurs. 

Tous  les  vendredis,  le  maître  de  l'Hôtel-Dieu  soumet  au 
contrôle  du  Bureau  son  livre  où  figurent  les  dons,  aumônes  et 
testaments  de  la  semaine. 

En  dehors  de  la  surveillance  générale  sur  l'état  des  pauvres, 
le   service  des    officiers,    le    bon    ordre    de    la    maison,     chaque 


(i)  Il  est  curieux  de  noter  qu'un  Conseil  supifrieur  de  ce  genre  fut  nommé  en  1767  (ar- 
rêts du  Conseil  des  24  janv.  et  12  sept.)  pour  l'administration  des  finances  de  la  Ville  ;  le 
Bureau  ne  conserva  que  la  régie  et  l'administration  ordinaire  ;  toutes  les  recettes  et  dépenses 
extraordinaires  et  même  l'apurement  des  comptes  de  gestion  dépendirent  de  ce  Conseil 
composé,  en  nombre  égal,  de  6  membres  pris  dans  chacune  des  trois  Cours  souveraines: 
Parlement,  Cour  des  aides,  Chambre  des  comptes;  de  2  quarteniers,  2  bourgeois  et 
des  officiers  du  Bureau.  (Cf.  Des  Cilleuls,  Organisation  des  finances  parisiennes  sous 
l'ancien  régime;  Paris,  1894,  in-8«.) 

(2)  Noms  et  emplois  de  MM.  les  administrateurs  de  l'H.-D.  de  Paris  au  mois  de  mars 
1659,  p.  4.  (Arch.  A.  P.,  liasse  870.) 

(3)  Id.,  p.  27.  De  leur  côté,  les  administrateurs  se  rendent  tous  les  vendredis  à  l'assem- 
blée de  police  générale  qui  se  tenait  après  l'audience  ordinaire  du  lieutenant  civil,  au 
xvii"  s.,  avant  la  création  de  la  lieutenance  générale  de  police,  et  où  assistaient  les  16  com- 


L  ADMINISTRATION 


07 


administrateur  est  pourvu  d'un  département  particulier  dont  il 
doit  s'occuper  plus  spécialement.  Ainsi,  d'après  l'état  des  emplois 
dressé  en  1659  (i),  chacun  des  onze  administrateurs  a  son  travail 
bien  délimité. 

Sébastien  Cramoisy  (2),  ancien  échevin  et  juge  consul,  Jean- 
Marie  Lhoste,  ancien  avocat  au  Parlement,  et  Jean  de  Gaumont  (3), 
avocat  au  Parlement,  ont  la  tenue  du  registre  des  privilèges  de  la 
maison,  des  règlements  et  du  tableau  des  administrateurs  en 
fonctions   depuis    i5o5. 

Les  mêmes  et  Fabien  Perreau,  sieur  de  la  Charnoye,  ont 
la  surveillance  des  procès  et  différends  ;  ils  ont  encore  la  con- 
servation du  trésor  des  chartes  de  l'Hôtel-Dieu,  dont  un  inven- 
taire a  été  fait  depuis  peu,  «  et  chacun  d'eux  a  une  clef  des 
trois  différentes  serrures  qui  sont  à  la  porte  dudit  trésor,  afin 
qu'aucun  d'eux  ne  puisse  y  entrer  sans  le  consentement  des 
deux  autres  «  ;  ils  sont  chargés,  enfin,  de  veiller  à  l'exécution  des 
fondations,  ainsi  qu'à  tout  ce  qui  est  nécessaire  au  chœur  et  à  la 
sacristie. 

J.-B.  Forne  (4),  ancien  juge  consul,  J. -M.  Lhoste  et  F.  Perreau 
ont  le  soin  de  faire  livrer  à  l'Hôtel-Dieu  les  lits  des  chanoines. 

Perreau  et  A.  Le  Vieulx,  conseillers  de  ville,  anciens  échevins, 
et  P.  Hélyot,  conseiller  et  secrétaire  du  roi,  conseiller  de  ville  et 
ancien  échevin,  ont  la  surveillance  du  registre  du  contrôle  où  le 
receveur  note  les  avis  de  dons,  legs  et  aumônes,  du  registre  des 
dépenses  du  receveur,  des  troncs  de  Notre-Dame,  et  «  boîtes  »  des 
autres  églises  de  Paris  et  paroisses  du  royaume. 

René  de  La  Haye,  ancien  échevin  et  juge  consul,  Claude 
Robineau,  conseiller  et  secrétaire  du  roi,  Laurent  Pépin,  con- 
seiller et  secrétaire  du  roi,  ont  dans  leurs  attributions  les  bâti- 
ments et  réparations. 

Enfin,  les  administrateurs  se  partagent  également  la  visite  des 
fermes,  la  signature  des  baux,  contrats,  transactions,  la  surveil- 


missaires  de  quartier,  les  lieutenants  criminel  et  particulier,  le  lieutenant  criminel  de  robe 
courte,  le  doyen  et  le  sous-doyen  des  conseillers,  différents  jurés  de  corps  de  métier  et 
2  bourgeois  notables  de  chaque  quartier.  (Delamare,  o.  c,  IV,  22b,  et  Cliassaigne,  o.  c,  27.) 
(i)  Les  membres  de  droit  qui  sont  exceptés  des  emplois  particuliers  sont  Guillaume  de 
Lamoignon,  premier  président  au  Parlement  ;  René  de  Longueil,  pr<^sident  au  Parlement  ; 
Jacques  Amejot,  président  à  la  Cour  des  aides,  et  Antoine  Le  Febvre,  ancien  pre'vôt  des 
marciiands,  conseiller  du  roi  en  ses  Conseils  et  au  Parlement. 

(2)  Il  s'agit  de  Sébastien  II  Cramoisy,  le  plus  grand  éditeur  de  son  temps,  directeur  de 
rimpr.  roy.  du  Louvre  en  1640,  échevin  en  1641,  juge  consul  en  i652,  mort  en  16Ô9. 
(Cf.  Aug.  Bernard,  Hist.  de  l'Impr.  roy.  du  Louvre;  Paris,  1867,  in-S".) 

(3)  Jean  de  Gaumont,  membre  de  la  Ci»  du  Saint-Sacrement.  |Cf.  Annales.)  Il  mourut 
en  i()63. 

(4)  Fondateur  du  couvent  des  Pénitents  de  Courbevoie.  (.Vrch.  nat.,  S  433ô.) 


68  l'hOTEL-DIF.IT    au    XYII»    KT    au    XVIIie    SIECLE 

lance  des  maisons  annexes,  Saint-Louis,  Incurables,  Convalescents, 
Sainte-Anne,  prieuré  et  hôpital  Saint-Julien-le-Pauvre,  des 
opérations  du  receveur,  des  divers  offices  (pouillerie,  sommellerie, 
cuisine,  etc.),  des  serviteurs.  Il  se  forme  ainsi  de  véritables 
commissions,  comme  nous  dirions  aujourd'hui,  au  sein  de  ce 
Conseil  de  surveillance  d'alors,  commission  des  travaux,  du 
domaine,  du  personnel,  des   finances,   etc. 

La  moins  occupée  n'est  pas  celle  qui  est  chargée  «  des 
assemblées  des  duels  afin  d'aviser  aux  moyens  de  prévenir  et 
empêcher  ce  crime,  ou  de  le  faire  punir  quand  il  aura  été 
commis,  en  faisant  condamner,  tant  la  mémoire  des  défunts  qui 
auront  été  tués  ou  blessés,  que  ceux  qui  se  seront  battus  ou  qui 
s'en  trouveront  coupables  ;  recevoir  les  avis,  ouïr  les  dénoncia- 
teurs, en  faire  donner  les  mémoires  à  Mg^"  le  Procureur  général, 
s'informer  de  toutes  les  circonstances,  des  personnes  et  de  l'action, 
des  biens  et  des  preuves,  et  des  noms  et  qualités  et  demeures  de 
ceux  qui  en  pourraient  déposer,  et  en  dresser  un  mémoire  pour 
y  avoir  recours  en  temps  et  lieu,  ne  faire  aucune  remise  ni 
composition  du  tiers  appartenant  à  l'Hôtel-Dieu,  ni  des  frais 
pour  quelque  personne,  ni  pour  telle  cause  ou  prétexte  que  ce 
puisse  être,  sinon  après  que  la  confiscation  aura  été  adjugée  (i)  ». 

Dans  le  nouveau  partage  des  emplois,  édité  le  21  juin  1675  (2), 
en  dehors  des  divers  départements  établis  précédemment,  nous 
trouvons  une  répartition  des  administrateurs,  pour  la  visite  des 
salles,  dont  ils  sont  chargés  alternativement,  chacun  ayant  son  mois: 
«  MM.  Le  Conte,  Perreau,  Le  Vieulx  et  Marsollier  auront  les 
mois  de  juillet,  octobre  lôyS,  janvier,  avril,  juillet  et  octobre  1676; 
—  MM.  Chuppé,  Accart  et  Guilloire  (3)  auront  les  mois  d'août 
et  novembre  1675,  février,  mai,  août  et  novembre  1676  ; 
--  MM.  Perriquet,  Choart  (4)  et  Baussan  auront  les  mois  de 
septembre  et  décembre  1675,  mars,  juin,  septembre  et  décem- 
bre 1676  ».  Une  répartition  très  précise  est  faite  également  pour 
le  département  des  troncs;  les  administrateurs,  deux  par  deux, 
ont  une  série  de  paroisses  déterminées.  Il  est  bien  spécifié, 
d'ailleurs,  que  ce  partage  «  n'empêche  pas  que  chacun  des  admi- 


(i)  Koms  et  emplois...,  p.  9. 

(2)  A  Paris,  Impr.  de  Le  Prest,  imprimeur  du  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu,  rue  Saint-Jacques, 
à  la  Couronne  de  France,  ig  p.  in-fol. 

(3)  Chuppé  demeurait  rue  de  l'Observance;  Accart,  'Vieille-Rue-du-Temple;  Guilloire, 
cul-de-sac  Saint-Dominique.  (Abraham  du  Pradel,  Livre  commode  des  adresses  de 
l'jrispour  iGg2;  édit.  Ed.  Fournier,  Paris,  Daffis,  1878,  in-16, 1,p.  1 12.)  Ciiuppéestl'auteur 
d'observations  sur  la  coutume  de  Paris,  conservées  à  la  Bibl.   nat.,  ms.  fr.  n.  a.  11728-29. 

(4)  Voy.  Arcli.  A.  P.,  liasse  868,  prestation  de  serment  en  la  grand'chambre  du  Parle- 
ment des  sieurs  Accart,  Choart  et  Baussan,  nommés  gouverneurs  en  1673. 


l'admimstration  6q 


nistrateurs  ne  puisse  travailler  aux  emplois  qui  ne  sont  pas  de 
leur  département,  soit  pour  l'utilité  de  la  maison  dont  ils  ont  le 
soin  général  et  en  commun,  soit  à  cause  du  soulagement 
réciproque  qu'ils  se  doivent  les  uns  aux  autres,  en  cas  d'absence 
ou  d'autre  empêchement  des  commissaires  particuliers  ». 

Nous  avons  également  des  partages  d'emplois  pour  le  xviii=  siè- 
cle, notamment  en  1723,  en  1747  et  en  1758. 

En  1723,  le  Bureau  est  partagé  en  10  commissions  et  chacun 
des  administrateurs  fait  partie  de  plusieurs  :  la  1^%  composée  de 
MM.  Garnot,  Vigneron,  de  Tilière  (i),  Maigret,  Légal  (2),  de 
Frontonville  (3),  a  dans  ses  attributions  l'approvisionnement  en 
blés  et  charbons;  la  2«,  composée  de  MM.  Garnot,  Houdiart, 
Maigret,  Légal,  Gallois,  de  Fromonville,  des  Malpeines  (4), 
du  Portault,  se  partage  la  visite  des  fiefs,  seigneuries,  fermes  et 
terres,  c'est  la  commission  du  domaine  ;  la  3«,  composée  de 
MM.  Garnot,  Vigneron,  Maigret,  de  La  Chabrerie,  Légal,  Gallois, 
des  Malpeines,  du  Portault  (5),  surveille  l'approvisionnement  en 
vin,  verjus  et  vinaigre,  et  plus  particulièrement  les  vendanges  de 
Champrosay,  où  elle  se  rend  tous  les  ans  pour  voir  sur  place  les 
travaux  à  faire  dans  les  vignes  ;  la  4",  composée  de  MM.  Houdiart, 
Maigret,  Légal,  Garnot,  Vigneron,  de  Fromonville,  des  Malpeines, 
à  l'inspection  des  viandes  de  boucherie,  de  la  vente  en  Carême, 
des  graisses  et  suifs,  de  la  chandelle,  etc.  ;  la  5«,  composée 
de  MM.  Garnot,  Vigneron,  Houdiart,  Maigret,  Légal,  Gallois, 
de  Fromonville,  des  Malpeines,  du  Portault  (6),  prend  soin  de 
l'apothicairerie,  des  onguents  et  des  eaux-de-vie,  surveille  le 
service  des  médecins,  chirurgiens,  religieuses,  officiers,  c'est  la 
commission  du  personnel  ;  la  6*  a  dans  ses  attributions  les  achats 
de  drap,  étoffes,  mercerie,  etc.  ;  la  7%  les  réparations,  tant  de 
l'Hôtel-Dieu  et  des  établissements  annexes,  que  des  maisons  et  des 
fermes,  l'achat  des  matériaux  et  l'exécution  des  marchés  ;  la 
8*  veille  à  l'exécution  des  fondations,  et  à  tout  ce  qui  concerne  le 


(1)  G.-N.  Taupinart  de  Tilière,  écuyer,  conseiller  du  roi,  substitut  du  procureur  géné- 
ral, demeurait  rue  Saint-André-des-Ai'ts.  Il  fut  président  du  Grand  Bureau  des  pauvres. 

(2)  C.-M.  Légal,  écuyer,  conseiller  secrétaire  du  roi  et  avocat  au  Parlement, 
demeurait  rue  des  Deux-Boules. 

(3)  P.  Cœuret  de  Fromonville,  écuyer,  conseiller  du  roi,  auditeur  à  la  Chambre  des 
comptes,  demeurait  rue  des  Poitevins. 

(4)  Marc-.Vntoine-Ldonard  des  Malpeines,  conseiller  du  roi  au  Châtelet,  demeurait  rue 
Hautefeuille.  Il  donna,  en  1768,  600  volumes  à  la  Bibl.  de  Saint-Victor,  abbaye  où  se  trou- 
vait son  frère  l'abbé  Léonard.  (Arch,,  nat.,  LL  146 1.)  Il  fut  enterré  dans  l'église  Saint-Côme. 
(Cocheris,  o.  c,  t.  ill,  3i2.) 

(3)  C.-F.  Delaville  du  Portault,  conseiller  à  la  Cour  des  aides,  demeurait  rue  des  Cor- 
deliers. 

(6)  Voy.  la  liste  complète  des  administrateurs  de  i5o5  à    1789  aux  Pièces   justificatives. 


i/noTEr.-ninu  au  xyii»  et  au  xyiii^  siècle 


culte,  les  religieuses,  les  chapelains;  la  9^  a  le  soin  des  rentes, 
des  octrois,  des  droits  sur  les  spectacles,  des  comptes  du  receveur, 
c'est  la  commission  des  finances  ;  elle  s'occupe  aussi  des  archives, 
et  doit  y  faire  mettre  tous  les  actes  passés  avec  l'Hôtel-Dieu, 
«  et  ceux  dans  lesquels  il  se  trouvera  avoir  intérêt,  trois  mois  au 
plus  tard  après  la  passation  desdits  actes,  ainsi  que  les  procé- 
dures, jugements  et  arrêtés  concernant  les  droits  dudit  Hôtel-Dieu, 
et  les  faire  ajouter  à  l'inventaire  général  des  biens,  dont  il  sera  fait 
tous  les  ans  un  recollement  »  (i)  ;  la  lo*',  enfin,  se  partage  l'exé- 
cution et  le  renouvellement  des  baux  des  maisons  de  la  Ville  et 
faubourgs,  divisées  en  12  quartiers,  ainsi  que  des  troncs, 
pardons,  etc. 

En  1758,  nous  retrouverons  le  même  partage  en  dix  lots 
des  attributions  qui  paraissent  avoir  été  définitivement  fixées  ;  on  se 
borne  à  changer  à  la  main,  sur  les  états,  les  noms  des  adminis- 
trateurs décédés  ou  renouvelés. 

En  vertu  des  lettres  patentes  de  juillet  1780  et  avril  178 1,  œuvre 
de  Necker,  les  administrateurs  devaient  présenter  un  compte 
annuel  imprimé  aux  frais  de  l'État,  à  l'imprimerie  royale,  con- 
tenant :  1°  le  nombre  des  journées  de  malades  reçus  et  traités 
pendant  l'année  ;  2°  la  quantité  de  personnes  attachées  au  service 
de  l'hôpital  ;  3°  les  recettes  et  dépenses  de  toutes  natures.  Ce  docu- 
ment ne  fut  jamais  publié. 

LES    SALARIÉS 

Pour  les  aider  dans  leur  gestion,  les  administrateurs  ont  sous 
leurs  ordres  des  salariés  qui,  eux  aussi,  se  partagent  les  principaux 
rouages  de  l'administration. 

Le  greffier.  —  Il  existe  un  greffier  qui  a  pour  fonction  de 
recueillir  les  délibérations  du  Bureau,  de  les  mettre  d'abord  sur 
un  «  plumitif  »,  dont  il  fait  lecture  à  l'assemblée  suivante,  pour 
correction  s'il  y  a  lieu,  ensuite  de  les  insérer  dans  un  registre 
«  relié  en  bonne  forme,  dont  tous  les  feuillets  sont  cotés  et  para- 
phés par  deux  administrateurs  »  (2). 

Le  greffier  ne  doit  délivrer  aucune  expédition  des  délibérations, 
sans  ordre  du  Bureau,  sauf  aux  personnes  intéressées:  administra- 
teurs, receveur,  panetier,  notaire,  procureur,  agents  d'affaires. 

(i)  Subdivision  faite  entre  MM.  les  administrateurs  de  l'H.-D.  de  Paris,  du  partage  des 
emplois,  arrêtée  en  l'Assemblée  générale  tenue  à  l'Archevêché  le  12  mai  1723.  (Paris, 
6  sept.  174.7.  De  l'Impr.  de  Cl.  Hérissant,  rue  Neuve-Notre-Dame,  à  la  Croix-d'Or  et  aux 
Trois  Vertus,  i5  p.,  in-4,  p.    11.) 

(2)  Ce  sont  ces  registres  qui  forment  la  collection  des  délib.  du  Bureau  conservée  aux 
Arch.  de  lA.  P. 


L  ADMINISTRATION  7I 

L'Hôtel-Dieu  entretient  en  effet  un  certain  nombre  «  d'agents 
et  solliciteurs  «  (i),  chargés  de  suivre  ses  «affaires»  devant  les 
diverses  juridictions:  Parlement,  Conseil  du  roi  et  des  finances, 
Chambre  des  comptes  et  du  trésor  ;  ils  ont  pour  mission  de  retirer 
les  jugements  chez  les  greffiers,  et  les  actes  chez  les  notaires  pour 
les  remettre  au  Bureau,  de  recevoir  les  loyers  des  maisons,  de 
renouveler  les  baux,  de  mettre  les  écriteaux  de  locations,  etc.  Leurs 
fonctions  sont  indépendantes  des  emplois  officiels  que  nous 
énumérons. 

Le  receveur. —  Le  receveur  est  nommé  par  l'administration 
pour  6  ans  et  prête  serment  devant  le  Bureau  à  son  entrée  en 
charge.  Il  prend  place  dans  toutes  les  assemblées  générales  et  par- 
ticulières avec  «  Messieurs  les  administrateurs  »  ;  il  opine  et  il  a 
voix  délibérative.  Il  établit  les  comptes  en  dépenses  et  en  recettes, 
à  partir  du  i"  janvier,  de  3  mois  en  3  mois  (2).  Les  comptes  sont 
apurés  et  clos  par  le  Bureau  assisté  d'un  ou  plusieurs  conseillers 
ou  auditeurs  commis  (3)  par  la  Chambre  des  comptes,  pour  «  oyr  et 
examiner  les  comptes  des  receveurs  généraux  de  l'Hôtel-Dieu  ». 

Avant  1649,  ses  appointements  étaient  de  «  cinq  cents  cinquante 
livres  tournois  par  an,  vallant  neuf  vingt  trois  écus  sol,  20  sous 
tournois,  plus  8  écus  sol.  20  sous  tournois  (25  livres  tournois)  », 
pour  le  salaire  de  son  «  clerc»  (4).  A  partir  de  1649,  la  charge 
devient  «  charitable  »,  c'est-à-dire  gratuite.  Les  receveurs  «  chari- 
tables »,  depuis  1649,  sont  en  général  de  notables  commerçants, 
des  bourgeois,  des  fonctionnaires  en  retraite,  voire  même  d'an- 
ciens échevins  ou  anciens  consuls  de  la  Ville  (5).  A  chaque 
changement  de  receveur,  il  est  fait  un  inventaire  des  «  monnaies  » 
du  coffre-fort. 

Le  bureau  de  la  recette  se  trouve  dans  la  maison  du  Bureau, 
sur  le  parvis,  au  coin  de  la  rue  S§int-Pierre-aux-Bœufs  ;  c'est  là  que 
se  trouvent  la  caisse  dont  le  receveur  a  seul  la  clef,  ainsi  que  les 
pièces  justificatives  de  la  recette  et  de  la  dépense,  les  sommiers,  et 
toutes  les  pièces  comptables.  La  caisse  n'est  ouverte  que  2  jours 
par  semaine,  de  9  heures  à  midi.  Les  jours  de  recette  et  les 
jours  d'assemblée  (le  mercredi  de  chaque  semaine  à  3  heures;,  un 


(i)  Cf.  les  dilTérents  «  partages  des  emplois  »  ;  celui  de  i6-5  en  mentionne  trois. 

(2)  Contrat  fait  devant  les  notaires  du  Châtelet  avec  le  sieur  Hieraulme  pour  faire 
la  recette  de  l'Hôtel-Dieu.  sous  la  caution  de  Jean  Martin,  doct.  en  médecine  de  l'Univer- 
sité de  Paris,  demeurant  rue  delà  Truanderie  (i<S  avril  ibgi).  (Arch.A.  P.,  liasse  868.) 

(3)  Arrêts  du  Parlement,  4  sept.  i556,  16  oct.  1574,  20  cet.  iSgo,  1°'  juill.  iSgi, 
9  févr.  1601.  (Arch.  A.  P.,  liasse  868.) 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  868.  Procès-verbal  de  la  visite  des  coffres  de  François  Hieraulme 
(14  mars  i636). 

(5)  Voy.  la  liste  des  receveurs  de  IH.-D.  aux  Pièces  justificatives. 


l'hOTEL-DIEU    AV    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


carrosse  va  prendre  le  receveur  chez  lui  pour  ramener  au  Bureau, 
A  la  caisse  on  reçoit  tous  les  revenus  ordinaires  et  casuels  de 
THôtel-Dieu  et  on  en  donne  quittance  ;  on  y  reçoit  également  tous 
les  remboursements  des  principaux  de  rentes;  on  paye  les  rentes 
et  autres  charges  ordinaires  de  la  maison,  suivant  les  états  ordon- 
nancés par  le  Bureau, 

Le  receveur  a  sous  ses  ordres,  au  xviii^  siècle,  deux  commis 
nommés  et  appointés  par  le  Bureau,  qui,  avec  les  quittances,  vont 
recevoir  les  rentes  sur  la  Ville,  sur  les  fermes,  sur  les  recettes  gé- 
nérales, sur  le  domaine  de  la  ville,  sur  les  pays  d'États  et  les  droits 
d'octroi.  Les  loyers  de  maisons  et  les  fermages  de  la  campagne  se 
payent  au  Bureau  de  la  recette.  Les  commis  tiennent  deux  journaux 
jour  par  jour,  celui  de  la  recette  et  celui  de  la  dépense.  Ces  jour- 
naux sont  arrêtés  tous  les  trois  mois  ou  tous  les  six  mois  par 
quatre  administrateurs  (i)  commissaires  nommés  à  cet  effet,  et  qui 
donnent  décharge;  après  cette  opération,  le  receveur  remet  aux 
archives  les  pièces  justificatives  de  la  recette  et  de  la  dépense  qui 
ont  été  arrêtées. 

Au  xviii*  siècle,  les  procurations  définissent  ainsi  la  charge  du 
«  receveur  général  et  charitable  »  :  «.,, faire  la  recette  des  arrérages 
des  rentes  sur  les  aides  et  gabelles,  sur  les  recettes  générales  des 
Finances,  sur  les  tailles,  sur  les  domaines  et  bois  et  autres  revenus 
de  Sa  Majesté,  sur  les  domaines  particuliers  engagés  et  autres,  sur 
l'ancien  et  nouveau  clergé  de  France,  sur  les  États  du  Languedoc, 
de  Bretagne  et  autres  pays  d'États,  les  taxations  sur  le  domaine, 
sur  le  Trésor  royal,  ordonnances,  gratifications,  pensions  et  toutes 
autres  sommes  qui  sont  et  seront  à  prendre  sur  le  Trésor  royal, 
taxations  et  rentes  sur  les  cours,  souveraines  et  autres  compagnies, 
rentes  sur  le  sceau  de  France,  greffes,  augmentations  de  gages, 
sommes  à  recevoir  des  Fermiers  généraux  pour  pied  fourché,  droit 
de  Péages  et  autres,  les  arrérages  de  rentes  sur  le  Domaine  de  la 
Ville  de  Paris  et  sur  tous  les  autres  droits  appartenant  à  ladite 
Ville,  sur  les  Communautés  religieuses  et  séculières,  sur  Fabriques 
et  autres  corps,  sur  Particuliers,  le  produit  des  octrois  sur  les  vins 
et  liqueurs,  sur  le  sel  et  autres  denrées  et  marchandises  ;  ensemble 
toutes  les  autres  formes  de  rentes,  biens  et  revenus  dus,  échus  du 
passé,  et  qui  seront  dus  ou  écherront  à  l'avenir,  qui  se  trouveront 
appartenir  à  l'Hôtel-Dieu  et  aux  hôpitaux  de  Saint-Louis,  Sainte- 
Anne,  Saint-Julien-le-Pauvre  et  Saint-Valère  (2)  ». 

(i)  Passim.  Délib.  21  janv.,  22  avril,  i5  juill.  1761,  reg.  i3o,  fol.  26,  140,  23i. 

(2)  Les  Incurables  ont  une  administration  financière  et  un  domaine  séparés  de  ceux  de 
VHôtel-Dicu. 


L  ADMINISTRATION 


Le  notaire.  —  L'Hôtel-Dieu  avait  un  notaire  qui  était  égale- 
ment celui  des  Incurables.  Il  devait  produire  gratuitement  tous 
les  actes  et  se  contenter  du  payement  des  actes  réglés  par  les  parti- 
culiers à  THôtel-Dieu  (i).  Il  devait  envoyer  au  greffier  la  veille  de 
chaque  réunion  du  Bureau  les  minutes  des  contrats,  baux  et  autres 
actes  dressés,  pour  les  soumettre  à  ses  délibérations.' 

Il  restait  notaire  de  THôtel-Dieu  pendant  toute  la  durée  de 
sa  charge  :  A.  Le  Moyne  de  1608  à  161  ?,  Fr.  Le  Moyne  de  16 14 
à  i6?9,  Ph.  Le  Moyne  de  1640  à  1676,  J.  Chuppin  de  1676  à  1690, 
Courtois  de  1690  à  1719,  Binois  de  17 19  à  1721 ,  Baudouin  de  1721 
à  1729,  Crestiennot  de  1729  à  1748,  Fourestier  de  1748  à  1756, 
Poultier  de  1756  à  1779,  Toussaintde  i779àran  IL  Déplus  (2), c'est 
toujours  la  même  étude  qui  est  chargée  des  intérêts  de  THôtel- 
Dieu.  Un  notaire  unique  lui  suffisait  pour  toutes  ses  propriétés 
puisque,  d'après  leurs  statuts,  revisés  en  1679  (3),  les  notaires  du 
Chàtelet  avaient  le  droit  d'instrumenter  dans  tout  le  royaume,  à 
condition  d'avoir  leur  domicile  dans  la  capitale. 

Le  dépensier.  —  Le  dépensier  s'occupe  de  tout  ce  qui  con- 
cerne le  ravitaillement  de  la  maison,  sauf  le  pain  et  le  vin,  qui  for- 
ment deux  offices  spéciaux.  Il  achète  la  viande,  la  volaille,  le 
poisson,  les  légumes,  les  fruits.  Les  jardins  de  Champrosay  sont 
devenus  insuffisants  pour  la  fourniture  des  légumes,  qui  se  trans- 
portaient autrefois  par  le  coche  de  Corbeil,  et  il  faut  faire  prendre 
presque  tout  à  la  Halle,  y  compris,  pour  les  jours  maigres,  les 
paniers  de  merlans,  maquereaux  et  limandes. 

Le  dépensier  reçoit  des  provinces,  suivant  des  marchés  faits  au 
préalable  avec  les  fournisseurs,  les  œufs,  le  beurre,  les  pruneaux, 
le  riz. 

Il  distribue  la  chandelle  à  tous  les  offices  et  il  est  chargé  enfin 
de  toutes  les  menues  dépenses  de  la  maison,  dont  il  doit  tenir  une 
comptabilité  spéciale,  depuis  le  repassage  des  ciseaux  jusqu'au 
raccommodage  du  «  chifond  »  pour  les  besoins  de  la  cuisine. 

Il  tient  jour  par  jour  un  registre  des  «  dépenses  de  la  halle  », 
un  état  du  beurre  et  des  œufs.  Ce  n'est  pas  une  sinécure  que  d'as- 
surer les  vivres  d'une  telle  maison.  Pour  un  seul  trimestre  de 
l'année  1727,  il  a  été  acheté  245.000  œufs,  au  prix  de  5.376  livres 
et  4.000  livres  de  beurre  au  prix  de  1.70  livres  ;  pour  le  seul  mois 


(1)  Délib.  du  27  août  17^9.  Arcli.  A.  P.,  liasse   872.  Cf.  le  tarif  des  actes  remboursés. 

(2)  Voy.  A.-.J.-A.  Thomas,  Notariat  .in  départ,  de  la  Seine  ;  Paris,  in-fol.,  1862,  p.  36. 
Cette  étude  est  actuellement  celle  de  M»  Delafon,  boulevard  de  Strasbourg,  à  Paris. 

(3)  S. -F.  Langloix,  Traité  des  droits,  privilèges  et  fonctions  des  conseillers  du  Roy, 
notaires,  gardes-notes  et  gardes-scel  de  S.  M.  au  Chàtelet  de  Paris  ;  Paris,  J.-B.  Geignard, 
1738,  in-4». 


74 


l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIIP    SIECLE 


de  mars  de  Tannée  1775,  il  a  été  dépensé  à  la  Halle,  pour  les 
légumes,  une  somme  de   1.685  1.  14  s.  (i). 

L'achat  des  étoffes  forme  une  partie  importante  de  sa  charge. 
A  partir  de  1751,  un  règlement  imposa  dans  les  marchés  de 
fourniture  l'indication  du  «  bon  d'aunage  »  de  chaque  pièce, 
variant  avec  les  fabricants  ;  les  aunages  de  chaque  fabrique  durent 
être  marqués  par  les  fournisseurs  sur  leur  facture  détaillée.  Cer- 
taines étoffes  achetées  par  l'Hôtel-Dieu  n'avaient  point  d'aunage, 
comme  la  flanelle  blanche  de  Reims,  l'étamine  noire  ou  grise, 
la  «  londre  »  et  «  demie  londre  »  grise,  noire,  verte,  blanche  et 
marron,  la  serge  à  doubler  ou  le  blicourt  noir.  Il  n'en  était  pas 
de  même  du  tricot  gris  et  blanc  dont  la  pièce  était  de  25  aunes 
dont  on  ne  payait  que  20,  du  drap  de  berry  dont  on  donnait 
17  aunes  pour  16;  de  la  tiretaine  grise  et  blanche,  débitée  en 
pièces  de  5o  à  60  aunes  sur  lesquelles  on  gagnait  2  aunes  ;  le  mol- 
leton blanc  de  Beauvais  contenant  21  à  24  aunes  la  pièce,  avec 
boni  de  i  aune;  le  «  Saint-Lô  »  bleu,  blanc  et  noir  fin,  «  l'espa- 
gnolette »  blanche,  facturés  à  16  aunes  pour  17;  la  o  mouy  » 
blanche,  verte,  rouge,  noire,  de  21  à  23  aunes,  la  ratine  noire  et 
blanche,  de  i5  à  17  aunes  la  pièce  ;  la  finette  de  Saint-Lô,  noire 
et  blanche  ;  la  flanelle  blanche  commune  de  Beauvais,  sur  les- 
quelles on  bénéficiait  d'une  aune  par  pièce  (2). 

Le  dépensier  tient  le  grand  livre  où  se  trouvent  consignées 
toutes  les  fournitures  faites  par  ordre  du  Bureau  aux  prieure, 
sous-prieure  et  religieuses  préposées  aux  divers  offices,  cuisine, 
apothicairerie,  etc.,  avec  les  prix,  quantités,  frais  accessoires,  un 
livre  d'extrait  où  il  inscrit  les  marchandises  achetées  en  province 
et  pour  lesquelles  il  y  a  un  compte  de  crédit  ;  un  journal  de  menues 
dépenses  pour  les  salles  et  offices  (bonnets,  bas,  sandales,  sabots, 
ustensiles  divers,  faïences,  lait  d'ânesse  et  de  chèvre)  ;  ces  trois 
registres  sont  cotés  et  parafés  par  l'un  des  commissaires  du 
Bureau  (3). 

Il  est  assisté  d'un  sous-dépensier,  plus  particulièrement  chargé 
des  dépenses  de  la  cuisine,  achats  de  marée,  fruits,  légumes  et  des 
provisions  pour  les  vendanges  de  Champrosay. 


(1)  Nous  possédons  les  dépenses  de  la  Halle  pour  une  partie  de  l'année  1775,  les  états 
du  beurre  et  des  œufs  pour  les  années  1723  à  1728  (Arch.  A.  P.,  fonds  nouveau  del'H.-D.), 
puis  les  états  généraux  mensuels  de  recettes  et  dépenses  pour  les  années  1732  à  T769  (liasse 
60)  ;  les  registres  journaux  de  dépenses  de  1773  à  1778,  1779  à  1785,  1786  à  1791  (liasses  62 
à  64)  ;  les  livres  journaux  de  la  recette  en  volaille  et  de  la  livraison  à  la  mère  d'office  pour 
la  cuisine,  de  1779  à  1791  (liasse  53)  ;  les  registres  delà  boucherie  de  charnage,  par  opposi- 
tion à  la  boucherie  de  Carême,  de  1746  à  1733,  1753  à  1762,  1762  à  1782  (liasses 43  à  45). 


(2)  Délib.  28  avril  175 1,  reg.  120,  fol.  io3. 

(3)  Délib.  igdéc.  1730,  reg.  99,  fol.  385. 


L  ADMINISTRATION  73 

Le  dépensier  est  remboursé  par  quittances  présentées  au 
receveur  général  d'après  ses  registres  de  comptabilité.  Il  est  comp- 
table également  des  objets  d'argenterie,  étain,  faïence,  linge,  ser- 
vant au  réfectoire  des  ecclésiastiques,  officiers  et  domestiques.  Il 
fait  état  de  tout  ce  qui  est  envoyé  par  le  Bureau  à  l'hôpital  Saint- 
Louis.  11  paye  l'achat  des  matériaux  et  les  journées  des  ouvriers 
pour  les  ouvrages  de  maçonnerie,  sur  les  états  de  l'inspecteur  des 
bâtiments.  Enfin  il  tient  la  comptabilité  de  la  boucherie  de  Carême. 

L'approvisionnement  est  ainsi  estimé  en  1690.  La  dépense  de 
boucherie  se  monte  à  60.000  livres,  représentant  9.300  moutons 
et  veaux,  pesant  257.300  livres,  et  201  bœufs  pesant  1 12.700  livres  ; 
la  ration  ordinaire  des  malades  est  d'une  livre  pour  les  deux  repas 
et  du  double  pour  les  domestiques  ;  le  veau  et  le  mouton  reviennent 
à  3  s.  8  d.  la  livre,  le  bœuf  i  s.  1 1  d.  (i). 

Viennent  ensuite  les  volailles,  que  l'on  réserve  aux  «  griefs  » 
malades,  à  raison  de  douze  à  dîner  et  autant  à  souper,  déduction 
faite  du  Carême,  où  le  boucher  les  fournit  gratuitement,  avec 
quelques  jarrets  de  veau  et  les  issues;  la  dépense  est  estimée  à 
4.902  1.  10  s.,  auxquels  il  faut  ajouter  5oo  livres  pour  le  lard. 

Il  se  consomme  600.000  œufs  représentant  une  dépense  de 
14.438  1.  10  s.,  au  prix  de  34  livres  le  i.ooo  environ  ;  22.000  livres 
de  beurre  frais  ou  salé,  à  environ  6  s.  6  d.  la  livre,  soit  une  dépense 
de  7.05  I  1.  4  s.,  et  20.000  pruneaux,  à  6  livres  le  100,  soit  i  .200  li- 
vres. 

11  faut  ajouter  l'huile  d'olive,  le  sucre  et  la  cassonnade  pour  la 
cuisine  et  l'apothicairerie,  soit  729  1.  5  s.  8  d.  ;  8  setiers  de  pois 
à  18  livres  le  setier,  soit  144  livres;  23  milliers  de  carpes,  pour 
les  jours  maigres,  à  40  livres  le  100,  soit  9.200  livres,  la  marée  et 
le  hareng  frais,  pour  2.320  livres  ;  i3.8oo  pièces  de  morue  à  raison 
de  25  livres  le  100,  soit  2.071  1.  4  s.:  puis  ce  qu'on  appelle 
«  les  herbes  »,  citrouilles,  betteraves,  carottes,  navets  et  autres 
légumes  pour  2.775  livres,  enfin  le  sel  qui  revient  à  38  livres 
tournois  le  minot. 

Lès  dépenses  de  l'apothicairerie  s'élèvent  à  8. 5oo  livres;  les 
drogues,  médicaments  et  onguents  s'achètent  à  «  l'espicier  »  par  or- 
donnance du  Bureau,  sur  les  mémoires  et  certificats  du  médecin 
et  se  livrent  aux  mains  des  deux  religieuses  chargées  de  l'office. 

Le  lait  qui  n'est  usité,  en  dehors  de  la  pharmacie,  que  pour 
l'office  des  accouchées,  représente  une  dépense  de  756  livres, 
soit  27  muids  à  2  sols  la  pinte. 


(I)  Sur  le  commerce  de  la  boucherie,  voy.  Delamare,  o.  c,  t.   III,  liv.  V,  titre  x.\,  p.  22. 


L  HOTKL-DIKU    AU    XVII<=    KT    AU    XVIII 


L'Hôtel-DicLi  est  exempté  de  tout  droit  pour  les  drogues 
servant  à  la  composition  des  remèdes,  ainsi  que  pour  2  pipes 
d'eau-de-vie  par  an.  Au  xviii^  siècle,  l'exemption  fut  portée 
pour  l'eau-de-vie  jusqu'à  6  et  10  pipes  (i)  ;  c'était,  ainsi  que 
l'esprit-de-vin,  le    remède  par    excellence  pour  le    scorbut. 

La  dépense  du  «  luminaire  »  qui  s'élève  à  1.200  livres  com- 
prend la  cire  pour  l'église,  le  service  des  fondations  et  l'huile  pour 
les  lampes  des  salles.  La  chandelle  ne  se  distribue  que  de  quinzaine 
en  quinzaine  dans  les  salles,  les  cuisines,  les  offices,  les  caves,  le 
couvent  ;  il  s'en  consomme  6.5oo  livres  à  32  livres  le  100.  Ce  n'est 
qu'à  la  fin  du  xviii*  siècle  que  quelques  réverbères  furent  établis 
dans  les  cours  de  la  maison. 

Si  nous  passons  au  xviii«  siècle,  nous  pouvons,  d'après  les 
comptes  du  dépensier,  que  nous  possédons  pour  la  période 
comprise  entre  1732  et  1791,  suivre  la  variation  des  prix  des 
principaux  objets  de  consommation  à  Paris  à  cette  époque  (2). 

La  viande  de  boucherie,  qui  ne  coûtait  que  5  sous  la  livre  en 
1735,  revenait  à  8  sous  en  1752.  Le  lard,  vendu  au  marché  du  par- 
vis, coûtait,   en  1735,  9  s.    11    d.  ;   il   monte  à  partir  de   1750  à 

1 1  sous  pour  atteindre  une  moyenne  de  12  sous  à  partir  de  1772. 
Les  poulets  valent  10  livres  la  douzaine  en   [733,  8  livres  en 

1752,  9  livres  en  1754,  atteignent  12  livres  en  1767,  et  même 
16  livres  en  1768,  et  se  maintiennent  à  10  livres  jusqu'à  la 
Révolution. 

Le  beurre  frais  vaut  10  sous  tournois  la  livre  en  1731,  varie 
entre  8  et  10  sous  les  années  suivantes  jusqu'à  1776,  où  il  atteint 

12  sous,  et  augmente  encore  jusqu'à  valoir  18  sous  en  1785  et 
19  sous  en   1786. 

Le  fromage  de  gruyère  revient  à  4  sous  parisisla  livre  en  1745, 
8  sous  en  1752,  12  sous  en  1778,  i3  sous  en  1786. 

Les  œufs  se  payent  28  livres  tournois  le  millier  (soit  1.040  œufs) 
en  1731,  22  livres  en  1732,  26  livres  en  1735,  3o  livres  en  1738, 
34  livres  en  1741,  26  livres  en  1747,  oscillent  entre  25  livres 
et  3o  livres  de  1760  à  1760,  de  3o  à  40  livres  de  1760  à  1770, 
baissent  un  peu  de  1770  à  1780,  et  remontent  progressivement 
de    1780    à    1789,    jusqu'à   valoir  47  livres  cette  dernière  année. 

Le  sucre  vaut  10  sous  tournois  en  1732,  18  sous  en  1745,  i  livre 
en  1755,  retombe  à  14  et  i5  sous  les  années  suivantes,  remonte 
à  partir  de  1780,  et  se  paye,  en  1789,  19  s.  3  d. 

(1)  Voy.  arrêts  12  mars  1710,  1712,  1721.  La  pipe  valait  environ  393  litres. 

(2)  Ces  prix  ont  été  utilisés  en  particulier  par  M.  le  vicomte  d'Avenel  dans  les  tableaux 
de  son  Hist.  écon.  de  la  propriété,  des  salaires,  des  denrées,  de  1200  jusqu'en  iSoo; 
Paris,  5  vol.  in-4»,  1894-1903.. 


L  ADMINISTRATION 


Le  vin  se  paye,  en  ijSS,  -]■]  livres  le  muid  de  272  litres,  83  livres 
en  1738,  75  livres  en  1741,  loi  livres  en  1773. 

L'huile  comestible  valait,  en  1735,  i3  sous  la  livre,  et  jusqu'en 
1789  ne  monta  progressivement  que  jusqu'à  18  sous.  L'huile  à 
brûler  ne  valait  que  6  sous  la  livre  en  moyenne  et  atteignit  1 2  sous 
seulement  en  1787. 

Le  suif  était  payé,  en  1732,  2  1.  3  s.  la  mesure,  c'est-à-dire 
20  livres  pesant,  en  1736,  i  1.  16  seulement,  en  173g,  2  I.  2, 
en  1748,  i  1.  18,  en  lySo,  2  1.  5  et  atteignit  vers  1780  son  cours  le 
plus  haut,  2  1.  10.  Le  prix  de  la  cire  était  beaucoup  plus  élevé  ; 
brute  elle  valait,  en  1736,  i  1.  i3,  et,  en  bougie,  2  1.  2,  en  1750, 
I  1.  17  et  2  1.  1 1,  en  1773,  2  1.  10  et  2  1.  16  ;  la  livre  de  bougie 
atteignit  3  1.2  en  1786. 

Tous  ces  prix  payés  par  l'Hôtel-Dieu  sont  des  prix  privilégiés  ; 
il  est  certain  que  le  public  qui  achetait  au  détail  payait  sensible- 
ment plus  cher.  On  peut  d'ailleurs  les  comparer  à  ceux  que  Ton 
trouve  dans  les  comptes  de  certains  autres  établissements  pari- 
siens, comme  les  communautés  ou  les  collèges  (r),  ou  ceux  qui 
ont  été  utilisés  dans  certains  livres  spéciaux  (2),  ainsi  que  par 
M.  G.  Bienaymé  dans  divers  articles  du  Journal  de  la  Société 
de  statistique  ou  de  V Annuaire  statistique  de  la  Ville  de  Paris  (3). 

Le  panetier.  —  L'office  de  la  paneterie  était  l'un  des  plus 
chargés.  Le  panetier  s'occupe  d'abord  de  l'achat  des  blés,  avoines, 
pailles,  bois  de  chauffage,  de  la  livraison  des  blés  aux  meuniers, 
des  vendanges,  notamment  de  celles  de  Champrosay,  qui  sont  les 
plus  importantes,  et  dont  il  fait  conduire  le  vin  dans  les  caves  de 
l'Hôtel-Dieu.  Il  exerce  son  autorité  sur  la  boulangerie  de  la  mai- 
son, sur  les  garçons  boulangers  et  les  garçons  des  greniers. 

Le  panetier  et  la  religieuse  chargée  de  la  boulangerie  tiennent 
le  registre-journal  de  la  distribution  du  pain,  le  registre  de  la 
dépense  en  deniers  et  en  nature,  le  registre  de  la  distribution  des 
bois  neuf,  pelard,  de  traverse,  des  cotrets  et  du  charbon,  le 
registre  de  compte  des  fermiers,  relatant  les  recettes  en  deniers 
provenant  de  la  vente  des  petits  blés,  les  dépenses  de  mouture, 


(1)  Notamment  le  collège  Louis-le-Grand,  l'hospice  des  Quinze-Vingls,  les  Ci^lestins, 
Saint-Martin  des  Champs,  etc.,  conservés  aux  Arcli.  nat. 

(2)  Benoiston  de  Chàteauneuf,  ^ec/iercAes  sur  les  consommations  de  tout  genre  de  la 
Ville  de  Paris  en  i  S  i  y,  comparées  a  ce  qu'elles  étaient  en  178g;  Paris,  i82i,in-8,  et  Lavoi- 
sier,  de  l'Ac.  des  sciences,  De  la  Richesse  territoriale  du  royaume  de  France,  imprimé 
par  ordre  de  l'Assemblée  nationale  ;  Paris,  1791.  (Ses  recherches  portent  sur  les  10  années 
précédentes.) 

|3)  Le  Coût  de  la  vie  à  Paris,  à  diverses  époques  ;  Nancy,  1896,  41  p.  in-8,  avec  supplé- 
ment, en  1899,  18  p.  L'ouvrage  de  Husson,  les  Consommations  de  Paris  ;  Paris,  i856, 
in-8,  concerne  exclusivement  le  xix»  s. 


i.'hotel-dif.u  au  xvn«  et  au  xviii<=  sif.cle 


avoine,  orge,  paille  et  chapons,  les  dépenses  de  battage,  l'achat  de 
foin  pour  les  chevaux,  le  payement  de  divers  serviteurs,  sans 
compter  le  registre-brouillard  «  servant  à  soulager  la  mémoire  et 
sur  lequel  est  écrit  toutes  sortes  de  recettes  et  de  dépenses,  tant  en 
nature  qu'en  deniers,  article  par  article,  et  date  par  date,  afin  de  ne 
rien  oublier  »  (i). 

Il  y  avait  à  l'Hôtel-Dieu  une  boulangerie  et  primitivement  un 
moulin  à  eau.  Mais,  lorsque  les  eaux  de  la  rivière  baissaient,  la 
roue  était  immobilisée,  et  il  fallait  recourir  au  moulin  à  bras.  On 
renonça  bien  vite  à  moudre  le  grain  dans  l'établissement,  et  on  le 
porta  au  Pont-aux-Meuniers,  ou  aux  «  chambres  de  maître 
Hugues  »  (2),  Lorsque  le  domaine  rural  s'étendit,  i'Hôtel-Dieu  se 
servit  des  moulins  de  ses  fermes,  notamment  celle  du  Pressoir, 
puis  des  moulins  de  Gonesse. 

Au  moyen  âge,  on  ne  faisait  au  four  de  l'hôpital  que  quatre 
cuissons  par  semaine  ;  aussi  on  était  obligé  d'acheter  du  pain  en 
ville  et  aux  Halles.  Le  personnel  de  la  boulangerie  ne  comportait 
qu'un  frère  boulanger,  un  «  maistre  varlet  du  four  »  et  deux  aides. 

En  1640,  il  se  compose  d'un  gindre  et  de  cinq  garçons  boulan- 
gers dont  les  gages  s'élèvent  au  total  à  25o  livres.  Le  panetier  reçoit 
200  livres  ;  de  plus,  il  est  logé  dans  la  maison  des  «  officiers  »  de 
l'Hôtel-Dieu,  rue  Saint-Christophe,  au  coin  de  la  rue  delà  Juiverie. 

En  i65i,  les  panetier,  boulangers,  gindres  et  garçons  des 
greniers  reçoivent  ensemble  700  livres. 

L'Hôtel-Dieu  ne  fut  jamais  aussi  bien  outillé  que  l'Hôpital 
général  qui  eut  à  sa  disposition  pour  toutes  ses  maisons  une  bou- 
langerie centrale  qui  lui  servait  en  même  temps  de  boucherie  et  de 
magasin,  la  maison  de  Scipion,  qui  a  conservé  encore  aujourd'hui 
cette  destination. 

De  plus,  en  nommant  le   panetier,  les  administrateurs  (3)  lui 

donnent  «  plein  pouvoir  et  puissance  de  pour  eux toucher  et 

recevoir  des  fermiers,  rentiers,  tenanciers,  débiteurs  et  tous 
autres  qu'il  appartiendra,  tous  et  chacun  les  loyers,  fermages, 
arrérages  de  rentes,  de  baux,  d'héritages,  et  tous  autres  revenus 
des  maisons,  fermes,   redevances,  droits,  rentes  et  autres  biens  » 

fi)  Il  existe  aux  Arch.  de  l'A.  P.  (fonds  nouveau  de  l'H.-D.,  liasses  3o  à  35),  4  registres 
papier,  années  1746-1770  ;des  registres  brouillards;  i  registre  journal  pour  la  distribution 
du  pain  et  la  réception  du  blé  pour  lySS  ;  i  registre  d'inventaire  des  meubles  et  ustensiles, 
relatifs  à  la  paneterie,  au  i<"  janvier  1742  ;  5  registres  pour  la  distribution  du  pain  pour 
les  années  1744,  1743,  1748,  1749,  1752  ;  3  registres  de  recettes  et  dépenses  pour  1743; 
16  registres  d'extraits  et  livres  journaux  de  la  dépense  en  deniers  et  en  nature  de  1743  à  1773 
16  registres  de  vente  du  son  et  du  gruau  de  1736  a  1777  ;  14  registres  de  distribution  de 
bois  de  1758  à  1766. 

(2)  Coyecque,  o.  c,  t.  I,  p.  83. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  868.  Procurations  pour  la  charge  de  panetier. 


L  ADMINISTRATION 


appartenant  à  THôtel-Dieu,  situés  hors  Paris,  soit  en  argent,  soit 
en  grains. 

Le  panetier  donnait  quittance  au  nom  des  administrateurs, 
exerçait  toutes  les  poursuites  nécessaires,  se  rendait  sur  place  en 
cas  de  besoin  ;  il  devait  tenir  «  bons  et  fidèles  »  registres  de  ses 
recettes  et  dépenses  et  rendre  compte  de  sa  gestion  au  Bureau 
toutes  les  fois  qu'il  en  serait  requis.  Pour  résumer  d'un  mot  ses 
attributions,  nous  Tappelerions  aujourd'hui  le  régisseur  des  biens 
ruraux. 

Le  sous-panetier,  placé  sous  l'autorité  immédiate  du  panetier, 
doit  comme  lui  être  célibataire.  Il  est  logé,  meublé,  nourri,  chauffé, 
éclairé,  blanchi,  touche  3oo  livres.  On  lui  fournit  de  plus  un  cheval. 

Il  doit  faire  en  effet  chaque  année  la  visite  de  toutes  les  fermes. 
Le  détail  de  ses  inspections  est  fort  minutieux.  D'après  l'instruction 
du  20  Juin  1759  (i),  il  doit  examiner  «  si  la  maison  est  garnie  de 
meubles,  l'écurie  de  bons  chevaux,  l'étable  de  vaches  et  en  quel 
nombre,  si  le  colombier  est  peuplé  et  tenu  en  bon  ordre,  s'il  a  un 
fort  troupeau,  si  ce  sont  des  moutons  ou  des  brebis,  si  la  basse-cour 
est  bien  fournie  de  volailles,  si  les  lieux  de  marchés  sont  proches  ou 
éloignés;  si  les  denrées  se  vendent  avantageusement,  quel  en  est  le 
prix  courant,  si  le  fermier  mène  une  vie  frugale,  s'il  est  adonné  au 
vin,  à  la  bonne  chère,  s'il  est  entendu  dans  le  labour,  s'il  sème  lui- 
même,  s'il  a  de  bons  bergers,  de  bons  charretiers,  s'il  va  souvent  faire 
sa  ronde  dans  les  champs  pour  voir  par  lui-même  si  les  charretiers 
labourent  les  terres  trop  ou  trop  peu  avant  ;  il  s'informera  aussi  si 
sa  femme  est  bonne  ménagère,  si  elle  a  soin  d'avoir  des  servantes 
bien  entendues,  si  la  laiterie  est  tenue  proprement  et  en  bon  état  ; 
il  redoublera  ses  attentions  dans  le  cas  où  le  fermier  serait  veuf,  ou 
aurait  convolé  en  secondes  noces,  surtout  s'il  y  avait  des  enfants  du 
premier  lit,  afin  de  connaître  le  caractère  de  la  femme  qui  est  à  la 
tète  du  ménage  et  de  pouvoir  en  cas  d'abus  en  avertir  MM.  les  admi- 
nistrateurs ». 

Il  doit  veiller  également  à  la  rentrée  des  fermages,  à  la  culture, 
avoir  soin  surtout  que  le  fermier  ne  dessole  point  les  terres  et  les 
laisse  reposer  l'année  de  jachère,  être  présent  aux  arpentages 
que  les  fermiers  sont  tenus  de  faire  faire  dans  le  courant  de  la 
7°  année  de  leurs  baux,  prendre  garde  que  ces  derniers  n'interver- 
tissent les  coupes  de  bois  et  laissent  le  nombre  suffisant  d'étalons  de 
bonne  espèce  et  qualité,  bien  venant  et  bien  filés,  s'entendre  avec 
les  officiers  des  maîtrises  particulières  pour  l'exécution  des  ordon- 


(I)  Reg.  128,  fol.  241  et  suiv 


80  l'hOTFL-DIKU    ai:    XVIie    ET    AU    XYIII"    SIKCLF. 

nances  des  grands-maîires  des  eaux  et'  forêts,  organiser  les  coupes 
et  les  adjudications  de  vente  de  bois,  suivre  le  payement  des  rentes 
foncières  et  des  redevances  en  grains,  se  faire  présenter  les  quit- 
tances et  faire  établir  les  «  titres  nouvels  »,  enfin  exiger  des  cueille- 
rets  pour  les  terres  tenues  en  fief  ou  en  seigneurie. 

Sous  les  ordres  du  panetier  se  trouve  encore  le  sommelier  qui 
reçoit  le  vin  acheté  par  le  Bureau,  et  prend  toutes  les  mesures 
propres  à  sa  conservation,  dans  les  grandes  caves  en  ogive  qui  se 
trouvent  sous  la  salle  Saint-Denis.  A  partir  du  xviii*  siècle,  il  lui 
est  adjoint  un  sous-sommelier,  dont  les  gages  étaient,  en  1762,  de 
i5o  livres.  Le  Bureau  nommait  aussi  un  dégustateur  chargé  de 
contrôler  les  fournitures  des  marchands  adjudicataires.  Enfin, 
pour  le  soutirage  des  vins,  le  sommelier  prenait  des  compagnons 
tonneliers,  au  nombre  d'une  douzaine  environ,  qui  étaient  nourris 
dans  l'établissement  et  recevaient  35  sous  par  jour. 

D'après  le  règlement  du  11  août  1752  (-1),  le  sommelier  devait 
remettre  aux  archives  toutes  les  feuilles  et  billets  ayant  servi  à  la 
vérification  de  ses  comptes  du  vin  et  de  l'eau-de-vie,  faire  certifier 
par  le  panetier  l'état  du  vin  acheté  ou  provenant  des  vendanges, 
et  par  le  dépensier  l'état  des  droits  payés  pour  l'entrée  de  ses 
vins. 

Nous  verrons  au  chapitre  suivant  à  quelles  difficultés  ces 
entrées  donnaient  lieu,  pour  l'exonération  des  frais  résultant  des 
privilèges  de  l'Hôtel-Dieu.  Cette  provision  était  considérable. 
Fixée  à  800  muids  par  arrêt  du  8  novembre  i65i,  elle  fut  succes- 
sivement augmentée  de  100  muids  en  1708,  de  200  muids  en  1709, 
pour  arriver  enfin  à   1.200  muids. 

Le  sommelier  n'achetait  pas  que  du  vin  «  commun  »  ;  nous 
voyons  par  exemple,  qu'en  1750,  sur  les  1.949  muids  de  l'achat 
total,  il  y  a  200  muids  de  vin  rouge  d'Auxerre  et  des  envi- 
rons, «  de  première  cuve,  des  bons  crus  et  non  des  moindres  », 
180  muids  de  vin  rouge  d'Arrenaison  (2),  «  des  premières  cuves  de 
la  côte  et  non  de  la  plaine,  bon  et  supérieur  »,  700  muids  de  vin 
rouge  du  Maçonnais  et  Beaujolais,  «  de  la  côte  et  non  des  plaines, 
et  des  premières  cuves  »  ;  et  pour  le  vin  blanc,  à  côté  des  3oo  muids 
de  vin  de  Blaisois  et  des  environs,  des  crus  communs,  200  muids 
de  vin  d'Anjou  des  premières  cuves,  et  également  de  la  côte. 

Enfin  le  vignoble  de  Champrosay,  s'étendant  sur  46  arpents, 
produisait  des  vins  estimables,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  soins 
dont  il  était  l'objet,  et  qui   coûtaient  plus   de   2.000   livres    par 


(1)  Reg.  i3i,  fol.  241  et  suiv. 

(2)  Auj.  Renaison,  dép.  delà  Loire,  arr.  de  Roanne 


:.  —    PERSPECTIVE    DES    PONTS    DE  L  HOTEL-DIEU 


6.—    LE    BRAS  Di:   SEINE  EN  IRE    LES  BATLMEXTS   DE    LHOIEL-DIEU 


L  ADMINISTRATION 


an.  Ces  vignes  étaient  distribuées  par  closeries  à  des  vignerons, 
tenus  de  les  façonner  pendant  l'année,  à  raison  de  40  livres 
larpent,  plus  le  logement,  et  sans  compter  les  «  secondes  fosses  » 
qui  se  payaient  séparément  (i). 

Le  sommelier  était  également  chargé  de  l'achat  de  l'eau-de- 
vie  (2)  dont  il  se  faisait  une  grande  consommation  pour  les  blessés 
et  les  scorbutiques  de  Saint-Louis,  et  du  vinaigre,  qui  était,  au 
xviiie  siècle  du  moins,  échangé  pour  la  lie,  à  raison  de  2  muids  de 
lie  pour  un  muid  de  vinaigre  (3). 

La  distribution  du  vin  était  chose  assez  compliquée  (4).  Les 
compagnons  chirurgiens  étaient  chargés  de  dénombrer  tous  les 
soirs  les  malades  des  offices  auxquels  ils  étaient  préposés,  d'en 
inscrire  le  compte  sur  une  feuille  de  papier  qui  se  trouvait  à  cet 
etîet  sur  une  table  de  la  salle  Saint-Denis,  et  lorsque  tous  avaient 
inscrit  leurs  chiffres,  le  dernier  compagnon  arrivé  la  portait  au 
maître  chirurgien  qui  la  certifiait.  On  en  faisait  quatre  copies, 
pour  l'administrateur  résident,  pour  le  panetier,  pour  le  dépen- 
sier, pour  le  sommelier. 

Les  salles  étaient  divisées,  pour  la  distribution  du  vin,  en  salles 
à  troispoissons  (un  demi-setier  environ),  à  deux  poissons,  à  un 
poisson  et  demi,  et  à  un  demi-poisson. 

Mais,  outre  ces  distributions  fixes,  il  y  avait  les  distributions 
extraordinaires  pour  les  besoins  de  la  nuit,  pour  les  malades  les 
plus  faibles,  enfin  pour  tous  les  gros  ouvrages,  aussi  bien  des 
domestiques  que  des  chirurgiens  et  ecclésiastiques. 

L'inspecteur  des  salles.  —  A  partir  de  la  fin  du  xvii«  siècle, 
l'Hôtel-Dieu  eut  un  inspecteur  des  salles  qui  remplaça  l'adminis- 
trateur résident,  et  dont  les  fonctions  furent  fixées  définitivement 
en  1752  (5).  Choisi  et  nommé  par  le  Bureau,  il  était  nourri, 
meublé,  chauffé,  éclairé,  blanchi  et  touchait  5oo  livres  d'appoin- 
tements. Il  devait  être  célibataire,  ni  trop  jeune  ni  trop  vieux, 
«  de  figure  et  de  caractère  à  imposer  aux  malades  et  aux  domes- 


(i)  Journal  des  recettes  et  dépenses,  tant  en  deniers  qu'en  nature  de  la  terre  et  seigneurie 
de  Champrosay  (1748-1752).  Arcli.  A.  P.  (fonds  nouveau  de  l'H.-D.,  liasse  56). 

(2)  Livres  journaux  de  la  distribution  de  l'eau-dc-vie  pour  les  années  1767  a  1791.  Arch. 
A.  P.  (id.,  liasse  42). 

(3)  Marché  fait  avec  lesieur  Lobet,  marchand  vinaigrier  à  Paris  {1748).  Arch.  A.  P.  (id., 
liasse  54). 

(4)  Arch.  A.  P.  (fonds  nouveau  de  IH.-D.,  liasses  36  à  43).  Voy.  Comptes  du  somme- 
lier, 45  feuillets  de  1624,  et  6  feuillets  de  1748,  registres*  de  distribution  de  vin  pour  les 
années  lySS  à  1742,  1760  à  1756,  1769  à  1782,  1784  à  1786,  1787  à  1791  ;  livres  journaux 
de  distribution  d'eau-de-vie  de  1767  a  1791  ;  journaux  sommaires  de  dépenses  journalières 
de  vin,  de  1761  à  1791. 

(5)  Voy.  20  déc.  1752.,  reg.  121,  fol.  2ioetsuiv.  Avant  la  création  de  cette  fonction, 
c'étaient  les  administrateurs  qui  la  remplissaient  ;  il  y  avait  au  xvu<>  s.  un  administrateur 
résident  qui  changeait  tous  les  mois. 

6 


82  I.'hOTFL-IMF.U    au    XVII«    F.T    au    XVIIie    SIECLE 

tiques  et  autres  personnes  de  la  maison  «  (i).  Tous  les  Jours,  à 
partir  de  3  heures  de  raprès-midi,  il  comptait  les  malades  de 
toutes  les  salles,  même  celle  des  accouchées,  «  sans  les  regarder 
ni  les  examiner,  et  faisant  semblant  de  ne  pas  reconnaître  celles 
qu'il  pourrait  avoir  vues  ».  Il  avait  à  cet  effet  des  listes  imprimées 
pour  chaque  salle. 

Il  avait  autorité  sur  le  suisse,  les  portiers,  les  emballeurs,  en  un 
mot  sur  tous  les  domestiques  de  la  maison,  dont  il  surveillait  le 
service  et  la  conduite.  Il  tenait  un  registre  du  personnel  avec  les 
dates  d'entrée  et  de  sortie,  y  compris  les  garçons  bouchers,  portiers, 
charretiers  et  boulangers. 

Il  avait  la  surveillance  également  de  la  consultation  et  des  chi- 
rurgiens, devait  s'informer  si  les  malades  étaient  traités  avec 
douceur  et  humanité,  éloigner  les  étrangers  et  les  visiteurs  au 
moment, des  opérations,  faire  sortir  les  rôdeurs,  les  vagabonds,  les 
convalescents,  envoyer  les  vénériens  et  les  incurables  à  Bicétre  ou 
à  la  Salpêtrière,  les  enfants  à  la  Pitié. 

Il  surveillait  enfin  la  vente  des  habits  des  décédés,  la  destruc- 
tion des  chiens  errant  dans  les  salles  que  les  emballeurs  étaient 
chargés  de  tuer,  empêchait  de  mettre  des  pots  de  fleurs  sur  les 
fenêtres  et  se  rendait  tous  les  ans  le  jour  de  la  Toussaint  et  le 
jour  des  Morts  au  cimetière  de  Clamart,  pour  prévenir  tout 
désordre,  de  concert  avec  les  escouades  du  guet  qui  étaient  mises 
à  sa  disposition. 

C'était  le  grand  policier  de  la  maison.  Il  était  aidé  dans  son 
office  à  la  fin  du  xviii<=  siècle  par  trois  sous-inspecteurs. 

GARÇONS    ET    FILLES   DE    SERVICE 

Nous  arrivons  maintenant  à  ce  que  nous  appelons  aujour- 
d'hui le  personnel  hospitalier.  Il  exista  de  tout  temps,  concurrem- 
ment avec  les  religieuses,  des  garçons  et  filles  de  service.  Ce  n'est 
toutefois  qu'à  partir  de  1692  qu'ils  reçurent  des  gages  en  argent, 
45  livres  pour  les  garçons,  et  36  livres  pour  les  filles  ;  les  premiers 
sont  alors  au  nombre  de  45,  les  secondes,  de  32  (2). 

En  même  temps  on  les  dota  d'un  uniforme,  justaucorps  pour 
les  garçons,  jupes  et  manteaux  de  serge  d'une  même  étoffe  pour 
les  filles;   tout  le  linge  devait  être  uni  et  sans  dentelles  ;  les  gar- 


(0  En  1752,  on  reçoit  comme  inspecteur  un  garçon  «  de  belle  représentation  »,  ancien 
garde  du  corps,  blessé  à  Ettlingen,  et  depuis  quatre  ans  aux  Invalides.  (Délib.  24  nov.  1752, 
reg.  121,  fol.  191.) 

(2)  Délib.  2  juill.  1692,  reg.  61 ,  fol.  88  v. 


L  ADMINISTRATION 


çons  devaient  porter  des  bonnets  et  point  de  chapeaux,  les  filles 
des  cornettes  et  point  de  coiffes  noires. 

Un  règlement  fut  de  plus  adopté  dans  deux  séances  extraordi- 
naires tenues  les  5  et  12  Juillet  1692  à  rarchevêché.  Les  garçons 
étaient  payés  au  Bureau  et  les  filles  dans  une  salle  de  l'hôpital  en 
présence  de  deux  administrateurs  qui  signaient  les  états  de  décharge 
pour  le  receveur.  Tous  devaient  être  reçus  par  le  Bureau.  Ceux 
qui  ne  restaient  pas  un  mois  entier  n'avaient  droit  à  aucune  rétri- 
bution. Personne  ne  devait  ni  découcher  ni  changer  d'offices 
sans  ordre  du  Bureau,  ni  sortir  de  la  maison  sans  billet  de  la 
mère  prieure.  En  cas  de  sortie,  il  fallait  passer  par  la  porte  de 
l'église,  sauf  les  boulangers  et  cuisiniers  qui  sortaient  par  la  porte 
de  la  cour  des  cuisines.  Garçons  et  filles  étaient  responsables  de  la 
vaisselle,  du  linge  et  des  ustensiles  qui  se  perdaient  ou  étaient 
dérobés  dans  les  offices.  Enfin,  en  cas  de  maladie,  ils  devaient  se 
suppléer,  sans  que  le  Bureau  fût  astreint  à  prendre  des  rempla- 
çants (i). 

Cependant,  au  xviii*'  siècle,  il  arriva  fréquemment  que  l'on  dut 
prendre  des  domestiques  surnuméraires,  dites  «  ambulantes  «, 
pour  suppléer  les  autres  et  remédier  au  manc[ue  de  religieuses, 
comme  «  ces  filles  delà  chambre  d'en  bas»,  dont  18  seulement 
étaient  gagées,  et  8  ne  reçurent  une  paye  que  lorsque  le  Bureau 
régularisa  leur  situation  (2). 

Enfin  on  avait  recours  aux  convalescents  que  les  religieuses 
gardaient  pour  faire  les  gros  ouvrages,  en  leur  donnant  un  surcroit 
de  ration,  et  qui,  tantôt  malades,  tantôt  infirmiers,  se  perpétuaient 
dans  la  maison.  Ils  paraissaient  ne  rien  coûter  à  l'Hôtel-Dieu.  En 
réalité,  c'était  une  véritable  plaie  qui  fut  celle  de  tout  l'ancien 
régime.  On  accusait  même  ces  convalescents  de  revendre  aux 
malades  les  portions  qui  leur  étaient  fournies  par  les  religieuses  ; 
les  plaintes  des  médecins  sont  formelles  à  cet  égard. 

Il  faut  attendre  la  fin  du  xviii«  siècle  et  la  reconstruction  de 
nouvelles  salles  pour  trouver  un  nouveau  règlement  sur  les 
domestiques,  qui  sont  désignés  alors  sous  le  nom  d'infirmiers 
et  d'infirmières. 

En  1787,  le  Bureau  arrête  que,  pour  les  nouvelles  salles  recons- 
truites et  ouvertes  le  2  août  de  cette  même  année,  celles  du  rez- 
de-chaussée,  de  Saint-Landry  et  de  Sainte-Monique,  on  mettra  un 
infirmier  ou  une  infirmière  pour  10  malades,  dans  les  salles  où  ils 
couchent  seuls,  et  un  pour  i5  dans  les  autres,  plus  deux  hommes 


(0  Arch.  A.  p.,  liasse  880. 

(2)Arcli.  A.  P.  Oélib.  i6  avril  1749,  reg.  118,  fol.  90. 


84  l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    F.T    AU    XVIIie    Slî.ri.K 

de  peine  pour  chaque  salle  de  femmes  qui  contiendra  plus  de 
60  malades;  il  y  aura  par  salle  une  religieuse  faisant  fonctions  de 
surveillante. 

Les  gages  sont  augmentés  ;  les  infirmiers  reçoivent  60  livres,  un 
habit  neuf  tous  les  quatre  ans,  une  veste  et  un  pantalon  d'étotte 
chaude  et  solide  pour  l'hiver,  une  veste  et  un  pantalon  plus  légers, 
pour  l'été,  enfin  le  linge  de  corps.  Les  plus  anciens  ou  les  plus 
méritants,  à  tour  de  rôle,  au  bout  de  5  ans  de  services,  et,  pourvu 
que  ce  nombre  ne  dépasse  pas  un  sixième,  peuvent  obtenir  une 
forte  paye  de  90  livres. 

Les  infirmières  reçoivent  48  livres,  sont  habillées,  entretenues 
de  linge  ;  un  sixième  d'entre  elles  peut  également  obtenir,  au  bout 
de  5  ans  de  services,  une  haute  paye  de  72  livres,  une  moitié  pour 
ancienneté,  une  moitié  pour  celles  «  dont  la  conduite,  l'intelligence 
et  l'affection  au  soin  des  malades  mériteront  d'être  distinguées  «. 

On  crée  même  un  service  de  remplacement  de  8  infirmières  et 
8  infirmiers  sans  gages,  mais  nourris  et  habillés,  pour  suppléer  les 
titulaires  en  cas  de  maladie,  de  retraite  ou  de  mort,  et  employés 
provisoirement,  les  filles  à  la  lingerie,  les  garçons  à  la  paneterie  ; 
ces  surnuméraires  devaient  toucher  au  bout  d'un  an,  les  hommes 
3  livres  par  mois,  et  les  filles  2  livres,  au  cas  où  ils  n'auraient  pas 
encore  été  titularisés. 

Les  infirmiers  et  infirmières  touchant  la  haute  paye  formaient 
une  classe  différente  des  autres  ;  leur  nombre  était  proportionné 
dans  chaque  salle,  et  les  «  premières  infirmières  »,  ainsi  qu'on  les 
nomme  déjà,  comme  de  nos  Jours,  avaient,  pour  marque  distinctive, 
le  collet  ou  le  parement  de  leur  veste  d'une  couleur  différente. 

Les  uns  et  les  autres  étaient  sous  l'autorité  des  religieuses  de 
leur  salle,  de  la  mère  prieure,  de  l'inspecteur  et  des  sous-inspec- 
teurs des  salles.  Ils  mangeaient  au  réfectoire  et  devaient  toujours 
avoir,  même  en  ville,  «  l'habit  de  la  maison  ». 

Tout  domestique  qui  avait  contracté  une  maladie  dans  Texer- 
cice  de  ses  fonctions  était  soigné  dans  la  maison  et  réintégré  dans 
sa  place  après  guérison. 

Enfin  ceux  qui  devenaient  infirmes  après  i5  ans  de  services,  ou 
qui  se  trouvaient  hors  d'état  de  remplir  leurs  fonctions  pour  cause 
de  vieillesse,  devaient  continuer  à  être  nourris  et  habillés  dans  la 
maison.  Aussi,  pour  éviter  de  trop  lourdes  charges,  une  limite 
d'âge  fut  fixée  pour  l'admission  à  40  ans  (i). 


(0  Quelques-uns  obtenaient  une  véritable  pension  de  retraite,  comme  Lombard,  péager 
du  pont  au  Double  depuis  lyS.),  qui  reçut,  en  1768,  une  pension  de  3oo  1.,  après  56  ans 
de  services,  à  72  ans.  (Délib.  9  mars  1768.) 


L  ADMINISTRATION 


Ce  règlement  avait  été  pris,  d'accord  avec  M.  de  La  Millière, 
intendant  des  finances,  chargé  du  département  des  iiôpitaux,  pour 
supprimer  ces  convalescents  infirmiers,  «  cette  espèce  de  gens  de 
la  lie  la  plus  méprisable  et  la  plus  paresseuse  du  peuple,  qui  ne 
consentoit  à  rester  sans  gages  dans  l'Hotel-Dieu  que  dans  Tespé- 
rance  de  s'en  dédommager,  soit  en  recevant  des  gratifications 
en  vivres  pour  les  vendre  aux  malades,  soit  en  volant  tout  ce  qui 
leur  tomboit  sous  la  main,  soit  en  rançonnant  les  malades  pour 
les  petits  services  qu'ils  leur  rendoient  »  (i).  C'était  un  effort  très 
méritoire  pour  relever  la  condition  matérielle  et  morale  du  per- 
sonnel. Mais  la  Révolution  ne  lui  permit  pas  de  porter  tous  ses 
fruits. 

LE    PERSONNEL    A    LA    FIN    DU    XVIII^    SIECLE 

Le  personnel  de  l'Hôtel-Dieu  avait  augmenté  dans  des  pro- 
portions considérables  dès  la  deuxième  moitié  du  xvii*  siècle. 
Au  xviii*  |siècle,  le  nombre  a  presque  doublé. 

En  1737  (2),  il  y  a  8  chapelains  du  chœur  et  i3  chapelains  des 
malades.  Les  religieuses  et  novices  sont  au  nombre  de  148.  Les 
médecins  sont  au  nombre  de  7,  et  les  médecins  expectants  au 
nombre  de  7  également,  sans  compter  2  topiques  nourris  au 
déjeuner  et  au  souper.  L'apothicairerie  comprend  8  personnes. 
En  dehors  du  maître  chirurgien,  il  y  a  i  premier  compagnon 
gagnant  maîtrise,  12  compagnons  internes  et  12  chirurgiens 
commissionnaires  nourris.  A  la  paneterie-boulangerie  il  y  a 
12  personnes,  à  la  cuisine  23,  à  la  cave  3,  aux  bâtiments  5. 
Ajoutons  4  tailleurs,  i  fille  couturière,  5  cordonniers,  3  garçons 
et  2  filles  à  l'office  aux  chiffons,  4  garçons  à  l'office  aux  habits, 
3  à  l'office  aux  chemises,  i  à  l'office  aux  sandales,  i  à  l'office 
de  l'essuiement,  18  garçons  à  la  petite  lavanderie  ;  puis,  dans 
les  salles  (y  compris  Saint-Louis),  59  garçons  et  68  filles  pour 
1.272  lits  de  malades,  dont  yyy  grands,  394  petits  et  loi  cou- 
chettes :  en  tout,  256  hommes  et  263  femmes,  soit  519  personnes, 
religieuses  et  ecclésiastiques  compris.  Dans  ce  nombre,  il  y  en  a 
479  jouissant  d'un  lit  dans  la  maison,  ce  qui  porte  en  réalité  le 
nombre  des  lits  à  1.751.  Ce  personnel  —  quel  qu'il  soit —  sauf 
les  maîtresses  sages-femmes,  doit  être  célibataire;  au  total,  il 
coûte  40.843  livres. 


(i)  Supplément  au  mémoire  remis  à   ^L  le  Procureur  général  par  l'administration    de 
H.-D.  de  Paris. 
(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  880. 


86  l'hoti;l-dieu  av  xviie  kt  au  xvni'=  siècle 

Cette  proportion  énorme  est  encore  dépassée  si  nous  nous  repor- 
tons à  l'état  du  i5  juin  1788  (i).  On  y  relève  24  prêtres,  dont 
I  confesseur  allemand,  et  4  enfants  de  chœur;  72  religieuses,  y 
compris  celles  de  Saint-Louis,  et  10  novices,  plus  20  filles  «  de  la 
chambre  d'en  haut»,  qui  se  consacrent  au  service  des  malades  sans 
faire  de  vœux  et  sans  recevoir  de  gages  ;  14  officiers  dont  i  inspec- 
teur des  salles  et  3  sous-inspecteurs,  i  pour  les  salles,  i  pour  la 
cuisine,  i  pour  les  écuries;  34  chirurgiens;  10 apothicaires,  5  sages- 
femmes  et  2  visiteuses  des  femmes  malades,  en  tout  5i  officiers  ou 
officières  de  santé,  tous  nourris;  17  gardes,  suisses  ou  portiers, 
23  personnes  employées  à  la  cuisine,  10  à  la  boulangerie,  4  gar- 
çons bouchers,  i5  ouvriers  chaudronniers,  tailleurs,  cordonniers, 
tonneliers,  14  emballeurs,  6  réfectoriers,  2  sous-sommeliers, 
8  cochers  et  charretiers  dont  3  à  Saint-Louis,  i  fossoyeur,  2  bate- 
liers, 2  réverbériers,  5  domestiques,  20  filles  «  de  la  chambre  d'en 
bas  »,  occupées  dans  les  salles  et  dans  les  offices  sous  les  ordres 
des  religieuses;  dans  les  salles,  i33  garçons  et  124  filles  ;  dans  les 
offices,  29  garçons  et  22  filles;  aux  lavanderies,  38  domestiques; 
enfin  16  garçons  et  4  filles  surnuméraires,  pour  assurer  les 
remplacements,  et  employés  aux  gros  ouvrages  sous  les  ordres  de 
la  prieure,  en  tout  690  personnes  nourries.  Si  on  ajoute  le  person- 
nel de  Saint-Louis,  on  arrive  à  un  total  de  792,  enfin,  avec  les  per- 
sonnes appointées  et  non  nourries,  dont  les  médecins,  à  8 1 6  agents 
du  personnel  (2).  On  conçoit  l'étonnement  de  Tenon  devant  cette 
«  masse  énorme  «  que  représentait  l'Hôtel-Dieu,  et  la  difficulté  d'y 
faire  des  réformes. 

LES     ADMINISTRATEURS    A    LA    FIN  DU    XVIIle    SIECLE 

Aussi  ne  faut-il  pas  s'étonner  de  voir  les  protestations  se  faire 
jour  contre  le  conservatisme  des  administrateurs  des  hôpitaux. 

Sans  doute  ceux  de  l'Hôtel-Dieu  étaient  soumis  à  plus  de  con- 
trôle que  ceux  de  l'Hôpital  général,  de  qui  l'avocat  général  du 
Parlement  disait  en  i  y6y  :  «  Il  n'y  a  point  de  corps  dans  le  royaume 
auquel  il  ait  été  donné  des  pouvoirs  aussi  étendus  (3)  »,  et  que  le 
Comité  de  mendicité  appellera  «  un  édifice  gothique  », 

(i)  Arch.  A.  p.,  liasse  880. 

(2)  Il  faut  y  ajouter  i.ioo  journées  annuelles  d'ouvriers  temporaires,  bluteurs,  ton- 
neliers, etc. 

(3)  L'art.  12  de  ledit  de  i656  leur  avait  donne'  «  tout  pouvoir  et  autorité  de  direction  et 
administration,  connaissance,  juridiction,  police,  correction  et  châtiment  sur  tous  les  pau- 
vres mendiants  »  delà  ville. 


L  ADMINISTRATION' 


Mais  les  administrateurs  de  THôtel-Dieu  se  montraient,  au 
même  point,  jaloux  de  leurs  privilèges  et  de  leur  autorité.  Ils 
avaient  fini  par  se  nommer  à  vie,  au  lieu  de  se  remplacer  tous  les 
trois  ans,  comme  le  voulait  le  règlement  primitif.  Les  inconvénients 
de  cette  «  stabilité  »  n'avaient  pas  échappé  à  Necker,  qui  voit  dans 
leur  répartition  des  charges,  dans  leur  division  en  «  départements  », 
la  source  d'un  esprit  de  conservatisme  étroit,  avec,  pour  consé- 
quence, une  hostilité  égoïste  contre  toute  tentative  de  réforme  (i). 
On  commençait  à  mettre  les  vices  de  la  gestion  des  établisse- 
ments hospitaliers  au  compte  de  l'arbitraire  et  du  bon  plaisir  de 
leurs  administrateurs  (2). 

D'autre  part,  au  xviii«  siècle,  la  jurisprudence  tendait  à  rendre 
les  administrateurs  des  hôpitaux  responsables  de  leur  gestion. 
Dans  l'exposé  d'un  arrêt  du  17  juin  1767,  le  procureur  général  du 
Parlement  de  Paris  constate  dans  ses  conclusions  que  les  recettes 
et  les  dépenses  relatives  à  l'hôpital  de  Pontoise  n'ont  pas  eu  lieu 
avec  exactitude,  d'où  pourrait  résulter  contre  les  administrateurs, 
en  faveur  de  l'hôpital,  une  action  en  garantie  pour  raison,  soit 
des  insolvabilités  qui  pourraient  être  survenues  des  débiteurs, 
soit  des  poursuites  qui  seraient  faites  par  les  fournisseurs  pour 
se  procurer  leur  payement  (3). 

Le  pouvoir  central  ne  s'est  jamais  départi  sans  doute  de  sa 
mission  de  contrôle  des  finances  hospitalières,  mais  elle  est  souvent 
illusoire.  En  1775,  une  importante  mesure  est  prise  par  Turgot.  Un 
arrêt  du  Conseil  porte  «  qu'aucuns  hôpitaux  et  communes  ne  seront 
autorisés  à  faire  d'emprunts,  sans  un  fonds  d'amortissement  ».  Le 
payement  des  arrérages,  «  devenu  une  charge  perpétuelle  »,  disait  le 
rapport  de  Turgot,  «  s'oppose  à  l'amélioration  de  leur  administra- 
tion. Les  hôpitaux  doivent  affecter  au  remboursement  des  capitaux 
empruntés  un  fonds  annuel  qui  ne  pourra  recevoir  d'autre  destina- 
tion et  qui  sera  augmenté  chaque  année  du  montant  des  arrérages 
éteints.  Les  administrateurs  sont  responsables  de  cette  mesure.  » 

Le  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu  se  maintint  sans  changement 
jusqu'au  mois  d'août  1789.  A  la  séance  du  19  août  1789, 
«  considérant  que  les  cahiers  remis  aux  députés  de  la  Ville  de 
Paris  à  l'Assemblée  nationale  portent  un  vœu  formel  des  citoyens 
de  donner  à  l'administration  une  nouvelle  organisation  [^\  que  c'est 


(i)  Necker,  De  l'Administr.  des  finances,  170.),  3  vol.  in-8»,  t.  III,  ch.  xvi. 

(2)  Encyclop.  métliod.  [Jurisprudence,  X],  mot  :  «  MendicitC-  ». 

(3)  Cité  par  M.  Doisy,  o.  c,  I,  iSg. 

(4)  En  effet  on  lit  dans  le  cahier  du  Tiers  :  «  L'assemblée  de  Paris  mettra  au  nombre 
de  ses  premiers  et  de  ses  plus  importants  travaux  de  s'occuper  des  hôpitaux  de  Paris,  et  en 
attendant  les  comptes  de  tous  les  hôpitaux  tant  en  recette  qu'en  dépense  seront  rendus  au 


8S  I.'hOTF.L-DIF.U    AT    XVir    ET    AU    XVIII«    SIKCLF. 

en  qualité  de  citoyens  que  les  membres  qui  forment  le  Bureau  ont 
été  présentés  au  Parlement  parle  corps  municipal,  et  qu'il  doit  en 
conséquence  faciliter  l'exécution  des  vues  des  citoyens  «,  le  Bureau 
rédigea  une  lettre  de  démission  collective  adressée  à  la  munici- 
palité, tout  en  offrant  de  continuer  ses  fonctions  Jusqu'à  son  rem- 
placement. 

Le  lendemain,  20  août,  le  comité  du  district  de  Notre-Dame 
s'emparait  de  la  maison  du  Bureau,  sur  le  parvis,  et  faisait  placer 
à  la  porte  deux  canons  et  des  soldats  en  faction.  Le  Bureau  adressa 
une  protestation  au  marquis  de  La  Fayette,  commandant  général 
de  la  garde  nationale  parisienne. 

Ce  fut  en  vain.  Il  fallait  loger,  coûte  que  coûte,  100  hommes 
de  troupes  «  réglées  »,  que  le  district  attendait  pour  le  dimanche  23, 
venant  de  la  caserne  de  Lourcine,  et  il  n'y  avait  aucun  accommo- 
dement possible,  ni  avec  le  comité  du  district,  ni  avec  le  comité  des 
casernes  qui  donna  le  24  août  des  ordres  formels  pour  le  logement 
des  soldats  (i);  lorsque  le  Bureau  voulut  se  réunir  le  26  août, 
dans  son  local  habituel,  il  trouva  la  maison  occupée  militairement. 

Le  Bureau  continua  toutefois  à  tenir  ses  séances  à  l'Hôtel-Dieu 
même,  dans  le  local  appelé  bureau  de  la  dépense,  pendant  que  l'on 
déménageait  à  la  hâte  la  maison  du  Bureau,  sur  les  ordres  réitérés 
de  La  Fayette.  Les  représentants  de  la  Commune  de  Paris  accep- 
tèrent, à  leur  séance  du  3i  août  (2),  l'offre  des  administrateurs  de 
rester  en  charge  jusqu'à  ce  que  le  plan  de  la  municipalité  ait  été 
définitivement  arrêté. 

Ils  avaient  envoyé  en  même  temps  qu'à  Bailly,  maire  de  Paris, 
un  exemplaire  de  leur  protestation  à  Nicolay,  premier  président  de 
la  Chambre  des  comptes,  à  Leclerc  de  Juigné,  archevêque,  à  Joly 
de  Fleury,  procureur  général  ;  ceux-ci  dans  leurs  réponses  ne  purent 
que  leur  témoigner  leurs  regrets  de  l'événement,  et  les  féliciter  de 
leur  zèle  pour  le  bien  des  pauvres  (3). 

Ils  ne  se  tinrent  pas  pour  battus.  Ils  envoyèrent  au   mois  de 


public  tous  les  ans  par  la  voie  de  l'impression  >>,  et  dans  celui  du  Clergé  de  Paris  intra 
wzz/ros  «  que  dans  les  États  généraux,  il  soit  rendu  compte  de  toutes  les  sommes  perçues 
pour  les  hôpitaux  et  notamment  pour  l'H.-D.  de  Paris,  afin  qu'elles  soient  appliquées  sui- 
vant leur  destination,  et  que  de  concert  avec  la  chambre  ecclésiastique  desdits  Etats,  il  soit 
remédié  aux  abus  qui  auraient  pu  se  glisser  soit  dans  l'administration  de  l'intérieur  soit  dans 
les  biens  de  cet  hôpital  et  des  autres  ».  L.  Chassin,  les  Elections  et  les  cahiers  de  178g; 
Paris,  1887-1889,  4  vol.in-8,  t.  III,  p.3io,  36i. 

(i)  Assemblée  des  représentants  de  la  Commune  de  Paris,  comité  des  casernes,  ordre 
du  24  août  1789,  signé:  Buisson,  Viot,  Lesserier,  Dumont,  secrétaire,  Thuriot  de  la  Rosière, 
président.  Délib.  26  août  1789,  reg.  iSg.  (Ce  registre  est  compose  de  pièces  détachées  et  non 
recopiées.) 

(2)  Procès-verbal  signé  :  'Vauvillers,  présid.  ;  Vincendon,  présid.  ;  Brousse,  Desfauchires, 
de  Joby,  secrétaires. 

(3)  Ces  réponses  sont  annexées  à  la  délib.  du  2  sept.  1789,  reg.  139. 


AnMINtSTRATION 


septembre  un  nouveau  mémoire  manuscrit  aux  représentants  de 
de  la  Commune  à  l'Hôtci  de  Ville,  à  chacun  des  membres  du 
district  de  Notre-Dame,  au  maire  de  Paris,  à  La  Fayette.  De  leur 
coté,  les  membres  du  comité  du  district  faisaient  tous  leurs  efforts 
pour  obtenir  le  déménagement  des  archives  et  la  cession  de  ce 
nouvel  immeuble,  nécessaire  au  logement  des  soldats.  M.  de 
Jussieu,  lieutenant  du  maire,  avait  été  chargé  du  département  des 
hôpitaux  et  cherchait  une  solution  à  Tamiable  pour  mettre  fin 
au  conflit. 

Cependant  le  Bureau  tenait  toujours  ses  séances,  vaquait  aux 
affaires  courantes,  recevait  les  visites  ches  délégués  de  la  munici- 
palité ou  des  commissaires  de  l'Assemblée  nationale  chargés  de 
Textinction  de  la  mendicité  (i),  exécutait  les  ordres  de  Chaumont 
de  La  Minière,  intendant  des  finances  au  département  des  hôpitaux . 
Il  attendait  toujours  son  remplacement  qui  ne  venait  pas.  Le 
1 9  janvier  1 79 1 ,  il  renouvelle  sa  démission,  et,  comme  on  ne  prenait 
aucune  décision,  il  prend  le  parti,  le  23  février,  de  se  retirer  défini- 
tivement le  i5  avril.  Cette  lettre  de  démission  envoyée  à  la  muni- 
cipalité, puis  au  Directoire  du  département  de  Paris,  était  signée  : 
Le  Couteulx,  Dupont,  Marchais,  de  Tilière  (2),  BouUenois,  Martin, 
Robineau,  Vente,  Olivier,  A.-J.  Silvestre  de  Sacy  (3). 

Le  i3  avril  au  soir  seulement  les  administrateurs  reçurent  une 
lettre  de  Pastoret,  procureur  général  syndic  du  département  de 
Paris,  désignant  pour  les  remplacer  une  commission  provisoire 
composée  de  Moulinot,  Cousin,  Thouret,  Cabanis  et  Aubry- 
Dumesnil. 

A  partir  du  i  5  avril  1 79 1 ,  ce  sont  ces  nouveaux  administrateurs 
qui  signent  les  registres  des  délibérations,  lesquelles  s'arrêtent  à  la 
date  du  18  janvier  1792.  Nous  n'irons  pas  au  delà. 


L'esprit  de  réforme  qui  s'est  fait  jour  à  la  hn  du  xviii^  siècle,  et 
qui  n'a  pas  manqué  de  souligner  les  abus  perpétués  dans  les 
administrations  hospitalières,   ne  doit  pas  nous  faire    oublier  le 


(i)  Il  s'agit  du  comité,  présidé  par  La  Roclicfoucauld-I.iancourt.  et  qui  avait  pour 
secrétaires  l'rieur  et  l'abbé  de  Bonnefoy.  (Dclib.  28  avril,  26  mai  1790,  9  févr.  1791, 
reg.  160  et  161,  même  observation  que  pour  le  reg.  lig.) 

(2)  Taupinard  de  Tilière  était  conseiller  à  la  Cour  des  aides  ;  il  existe  de  lui  un  beau 
portrait  par  Ant.  Vestier,  légué  par  sa  veuve  à  l'H.-D.  en  iSSy. 

(3)  Silvestre  de  Sacy,  conseiller  à  la  Cour  des  monnaies,  connu  par  ses  tra- 
vaux de  linguistique,  demeurait  alors  rue  des  Fossés-Monsieur-le-Prince,  et  se  retira, 
en  1793,  à  Ognes,  près  de  Nanteuil-le-Haudouin.  (H.  Derenbourg,  5.  de  Sacy;  Paris,  1895. 
in-8».) 


90  L  HOTEL-DIF.U    AU    XVIie   ET    AU    XVIIie    SIF.CLE 

renom  qui  s'est  attaché  à  THôtel-Dieu  durant  tout  Tancien 
régime. 

Le  lustre  que  lui  donnait  son  ancienneté  et  la  protection  royale, 
qui  ne  s'était  jamais  démentie,  nous  le  verrons,  à  travers  les  siècles, 
mettait  en  relief  son  administration  aux  yeux  des  hôpitaux  de 
province,  et  même  de  l'étranger,  tandis  que  la  réputation  de  ses 
services  médicaux,  en  particulier  de  l'office  des  accouchées,  deve- 
nait mondiale.  Quelques  exemples  montreront  aisément  quel  fut 
ce  rayonnement  de   l'Hôtel-Dieu  aux  xvii*  et  xviii«  siècles. 

D'abord  ce  sont  les  religieuses  augustines  qui  sont,  surtout  au 
début  du  xvii^  siècle,  une  pépinière  d'hospitalières  pour  toute  la 
France. 

En  1628,  l'archevêque  et  les  échevins  de  Bourges,  alors  ravagé 
par  la  peste,  s'adressent  à  l'Hôtel-Dieu  pour  avoir  des  religieuses 
et  autres  «  officiers  »  ;  le  Bureau  envoie  trois  religieuses  et  un 
chapelain  (i). 

En  i63o,  une  sœur  de  l'Hôtel-Dieu  devient  supérieure  de 
l'hôpital  de  Loches,  au  diocèse  de  Tours  (2). 

En  1643,  le  duc  et  la  duchesse  de  Longueville  obtiennent  du 
Chapitre,  grâce  à  l'appui  de  J.-F.  Paul  de  Gondi,  alors  coadjuteur 
de  l'archevêque  de  Paris,  l'envoi  à  Châteaudun,  dont  ils  désiraient 
réformer  l'hôpital,  de  deux  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu  «  pour 
recevoir  et  diriger  les  filles  destinées  au  service  des  pauvres  malades 
dudit  hôpital  ».  Les  deux  sœurs  professes  envoyées  à  Châteaudun, 
par  permission  capitulaire  du  2  octobre  1 643  (3),  Geneviève  Bouquet 
et  Marie  Loré,  qui  avaient  été  précédées  dans  cette  ville  par  Claude 
Bouquet,  chapelain  de  l'Hôtel-Dieu,  restèrent  d'ailleurs  très  peu 
de  temps  dans  le  diocèse  de  Chartres,  et  furent  rappelées  peu  après, 
«  les  affaires  et  lieux  dudict  hôpital  n'estant  encore  en  estât  ny 
disposées,  dit  la  lettre  d'obédience  du  4  novembre  1643  (4),  tant 
pour  vostre  réception  et  installation  ny  pour  faire  ledict  establis- 
sement  à  cause  des  difficultez  et  oppositions  faites  à  l'exécution  ». 
A  la  suite  de  divers  abus,  des  sœurs  de  la  Charité  de  Saint- 
Vincent  furent,  par  accord  du  i"  juillet  1654  (5),  installées  à 
Châteaudun. 

Ce  sont   encore  des   Parisiennes,  ces  trois  augustines,  sœurs 


(i)  Délib.  6  sept.  1628,  reg.  14,  fol.  zgS  ;  délib.  capit.  3i  mars  1628,  reg.  54,  fol.  46. 

(2)  Délib.  capit.  8  avril  i63o,  reg.  54,  fol.  23i.  Une  nouvelle  religieuse  y  fut  envoyée 
comme  supérieure  en  i656.  (Délib.  capit.  21  juin  i656,  reg.  65,  fol.  412.) 

(3)  Arch.  nat.,  LL  192,  fol.  499. 
(4)Arch.  nat.,  LL  196A,  fol.  403. 

(3)  A.  de  Belfort,  Arch.  de  la  Maison-Dieu  de  Châteaudiai,  introd.  vàv  Merlet,   1881, 
in-8«,  p.  33. 


L  ADMINISTRATION  QI 


Marie  de  Saint-François,  Claude  de  Saini-Augustin  et  Alexis,  qui 
sont  appelées  à  Thôpital  de  Poitiers  en  1644  (O1  pour  remplacer 
la  direction  laïque  installée  depuis  i63o,  et  à  qui  le  contrat  du 
19  juillet  1644  assure  une  somme  annuelle  de  1.200  livres.  Mais 
les  circonstances  qui  déterminèrent  leur  appel  nous  sont  inconnues  ; 
nous  savons  seulement  que,  mal  installées,  elles  partirent  en 
i658  (2),  remplacées  à  leur  tour  par  des  laïques.  Elles  restèrent 
d'ailleurs  à  Clermont,  où,  grâce  à  la  protection  de  la  reine  mère, 
elles  avaient  obtenu  l'autorisation  d'ouvrir  un  petit  hôpital,  rue 
des  Trois-Piliers. 

A  différentes  reprises,  THôtel-Dieu  de  Corbeil  fut  desservi  par 
les  religieuses  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris.  En  i63o,  c'est  une 
augustine  de  Paris  qui  est  supérieure  de  la  maison  de  Corbeil  (3). 
En  1671,  l'hôpital  est  desservi  par  des  religieuses  venues  de  Paris, 
et  on  songe  même  à  unir  les  deux  établissements.  Le  Bureau  s'y 
oppose  sagement  et  fait  revenir  les  sœurs,  non  sans  une  oppo- 
sition opiniâtre  de  la  part  des  habitants  de  Corbeil,  qui  ont  retenu 
deux  des  religieuses,  avec  «  leurs  meubles  et  hardes  »  (4). 

D'autres  villes  encore  demandèrent  et  obtinrent  des  religieuses 
de  l'Hôtel-Dieu,  Nevers  en  1664(5),  Clermont  en  i665  (6),  Tour- 
nai en  1686  (7),  sur  la  prière  de  Louvois. 

D'autre  part,  les  religieuses  de  province  ou  d'autres  commu- 
nautés parisiennes  viennent  faire  leur  apprentissage  à  l'Hôtel-Dieu. 
Le  Bureau  accorde  généralement  cette  permission  pour  3  mois, 
pendant  lesquels  elles  apprennent  à  faire  les  pansements,  la  saignée, 
et  à  «  médicamenter  »  les  malades.  Il  serait  trop  long  de  donner  la 
liste  de  toutes  les  mentions  que  nous  avons  relevées  de  ces  envois 
en  apprentissage  à  l'Hôtel-Dieu,  accordés  sur  la  demande  des 
évéques  ou  des  prieures.  Il  en  vient  surtout  des  diocèses  limitro- 
phes, Meaux,  Noyon  (8),  Troyes  (9),  Amiens.  Ce  ne  sont  jamais 
d'ailleurs  que  des  permissions  individuelles,  exception  faite  en  i636 


(i)  Bibl.  mun.  de  Poitiers,  cart.  52,  1348,  et  Biillon,  Dict.  des  arrêts,  t.  III,  p.  G34. 
Lettres  pat.  de  nov.  1645,  registrées  27  mars  1646,  portant  confirmation  de  l'établissement 
de  religieuses  hospitalières  de  la  communauté  de  l'H.-D.  de  Paris,  dans  les  villes  de  Loches, 
Chinon,  Riom,  Clermont  et  Poitiers. 

(2)  D'L.  Delmas,  Hist.  de  l'H.-D.  de  Poitiers;  Paris-Poitiers,  Oudin,  1891,  in-8»,  p.  32. 

(3)  Délib.  capit.,  reg.  54. 

(4)  Délib.  6  févr.,  12  août  1671,  et  Dufour,  Hôtel-Dieu  de  Corbeil.  (Soc.  hist.  et  archéol. 
de  Corbeil,  XI°  année,  190 5.) 

(5)  Délib.  3o  avril  1664,  reg.  32,  fol.  q5  v». 

(6)  Délib.  18  nov.   i665,  reg.  33,  fol.  209  r°. 

(7)  Délib.  26  avril  1686,  reg.  34,  fol.  67  r»  et  délib.  capit.,  3  févr.  1686  et  10  déc.  1687. 
Tournai  était  alors  ville  française  depuis  1667  et  ne  fut  restituée  qu'au  traité  dUtrecht. 

(8)  Délib.  17  janv.  1629,  reg.  14,  fol.  326. 

(9)  Délib.  II  mai  1629,  reg.  14,  fol.  335. 


L  HOTRL-DIF.r    AIT    XVIie    ET    ATT    XYIII"    SIECLE 


pour  les  religieuses  de  rhopiial  de  Montdidier,  chassées  de  Picardie 
par  la  guerre,  en  même  temps  qu'une  partie  de  la  population  de  la 
ville,  et  qui  sont  recueillies  provisoirement  à  THôtel-Dieu,  grâce  à 
leur  qualité' de  sœurs  de  l'ordre  de  Saint- Augustin  (i).  La  condition 
d'avoir  fait  un  stage  à  l'Hôtel-Dieu  paraît  même  avoir  été  imposée 
à  certaines  postulantes  pour  être  reçues  religieuses  de  chœur 
gratuitement  dans  certains  couvents  (2).  Nous  trouvons  enfin 
quelques  rares  laïques  qui  obtiennent  cette  faveur,  comme 
Mlle  Villot,  fondatrice  d'œuvres  de  charité  dans  la  paroisse  Sainte- 
Marguerite,  au  faubourg  Saint-Antoine  (3j. 

L'office  des  accouchées  de  son  côté  est  une  véritable  école  de 
sages-femmes,  la  seule  qu'il  y  ait  dans  tout  le  royaume.  Cela 
suffit  pour  expliquer  sa  réputation.  Aussi  bien,  il  n'est  guère  de 
praticien  connu,  de  passage  à  Paris,  qui  ne  veuille  y  faire  un  stage. 
Le  Bureau  a  toutes  les  peines  possibles  pour  résister  à  cet  envahis- 
sement, car  les  médecins  étrangers  mettent  en  œuvre  les  plus 
hautes  recommandations  pour  parvenir  à  leurs  fins,  parfois  même 
celle  du  roi,  et  finissent  par  obtenir  gain  de  cause,  alors  que  les 
médecins  français  sont  le  plus  souvent  écartés.  Ainsi,  en  i658  (4), 
le  médecin  écossais  Michel  Young,  et,  en  1659  (5),  le  chirurgien 
irlandais  André  Bechist  obtiennent  cette  faveur. 

Il  y  eut  d'ailleurs  tellement  d'abus  qu'au  xviii''  siècle,  dans  tous 
les  règlements  concernant  l'office  des  accouchées,  l'Hôtel-Dieu 
édicté  la  fermeture  de  la  salle  aux  médecins  étrangers.  Il  résiste 
en  1731  (6)  au  roi  et  à  Maurepas  qui  recommandent  Jacques 
Payerne,  chirurgien  de  la  maison  du  roi  d'Espagne,  venu  en 
France  pour  se  perfectionner  dans  la  pratique  des  accouchements, 
comme  il  avait  résisté  en  1721  à  la  duchesse  douairière  d'Orléans 
demandant  la  même  faveur  pour  Géal,  ou  en  1723  à  M.  de  La 
Vrillière  pour  un  chirurgien  du  roi  d'Angleterre.  Cependant, 
en  1725  (7),  Maurepas  avait  recommandé  Cruger,  premier  chirur- 


(1)  Délib.  3  sept.  i636,  reg.  17,  fol.  94.  V.  de  Beauvillé,  Hist.  de  la  ville  de  Montdidier; 
Paris,  1857,  3  vol.  in-4°. 

(2)  Cf.  Permissions  accordées  au  xviii"  s.  à  des  novices  des  annonciades  célestes  de 
Saint-Denis  (délib.  29  janv.  1737)  ;  carmélites  de  Croncels-lès-Tro)'es  (délib.  19  févr.  1732)  ; 
couvent  des  Hautes-Bruyères  (délib.  16  oct.  i733);  abb.  d'Hières  (délib.  12  mai  1762); 
calvaire,  rue  de  Vaugirard  (délib.  20  mai  1743);  annonciades  célestes  de  Sens  (délib. 
10  mai  1733);  abb.  de  Pont-aux-Dames  (délib.  4  déc.  1744I  ;  ursulines  de  la  rue  Sainte- 
Avoie  (délib.  27  févr.  1750);  dominicaines  rue  de  Charonne  (délib.  3i  mars  1756);  abb. 
royale  de  Saint-Cyr  (délib.  14  janv.  1737);  abb.  de  Saint-Antoine  (délib.  27  août  1745)  ; 
ursulines  de  Saint-Cloud  (délib.  18  août  1741);  d'Argenteuil  (délib.  23  janv.  1734),  etc. 

(3)  Délib.  23  févr.  1738,  reg.  107,  fol.  70. 

(4)  Délib.  16  juillet  i6ig,  reg.  26,  fol,   160  v». 
(3)  Délib.  12  sept.  1639,  reg.  27,  fol.  3o  v». 

(6)  Délib.  6  juin  1731,  reg.  100,  fol.   196. 

(7)  Délib.  7  mars  1725,  reg.  94,  fol.  63. 


l'administration  q3 

gien  du  roi  de  Danemark,  et  on  avait  accepté  de  le  recevoir,  le 
roi  de  Danemark  insistant  à  cause  du  prochain  accouchement  de 
la  reine  son  épouse. 

Cette  faveur  avait  été  encore  accordée  en  1716  (i)  à  Guillaume 
Meitland,  chirurgien  écossais,  recommandé  par  le  duc  d'Orléans  ; 
en  17 18  (2),  à  Anne-François  de  Lor,  chirurgien  du  duc  de 
Lorraine  ;  à  André  Verne,  chirurgien  à  Turin,  envoyé  par  le  roi  et 
la  reine  de  Sicile;  à  Robert  Junet,  chirurgien  écossais,  tous  recom- 
mandés également  par  le  duc  d'Orléans,  qui  avait  fait  encore 
admettre,  en  1717  (3),  J.-B.  Balbis,  chirurgien  du  prince  de  Cari- 
gnan,  protégé  de  la  reine  de  Sicile.  La  durée  de"  ces  permissions 
était  uniformément  de  trois  mois. 

Il  arrive  souvent  à  l'Hôtel-Dieu  de  soutenir  de  son  autorité  les 
hôpitaux  de  province  dans  leurs  difficultés  ou  leurs  procès.  Nous 
le  voyons  en  i658  promettre  son  appui  aux  administrateurs  de 
THôtel-Dieu  d'Angers,  alors  en  lutte  contre  les  chanoines  réguliers 
qui  veulent  s'introduire  dans  l'administration  de  l'hôpital  (4).  En 
1667,  ce  sont  les  religieuses  de  l'Hôiel-Dieu  de  Château-Thierry 
qui  s'adressent  à  lui  pour  demander  de  les  soutenir  contre  les  frères 
hospitaliers  de  la  Charité,  qui  réclament  l'administration  et  le 
«  pansement»  des  hommes  dans  cet  hôpital  (5).  En  1672,  c'est 
THôtel-Dieu  de  Sisteron  qui  prie  le  Bureau  de  vouloir  bien  charger 
son  procureur  de  prendre  soin  d'une  instance  le  concernant,  pen- 
dante au  Parlement  de  Paris,  par  appel  du  Châtelet,  en  offrant  de 
lui  payer  tous  les  frais  (6). 

D'autres  fois,  il  s'agit  simplement  de  renseignements  adressés 
sur  certains  détails  d'administration  ;  Lyon  demande  des  instruc- 
tions pour  la  nourriture  et  l'entretien  des  enfants  trouvés  (7)  ; 
Soissons  prend  conseil  pour  lutter  contre  la  peste  (8)  ;  Rouen 
sollicite  communication  des  règlements  pour  s'en  inspirer  (9)  ; 
Saint-Quentin  réclame  un  certificat  constatant  qu'à  Paris  l'Hôtel- 
Dieu  est  exonéré  de  la  taxe  pour  le  nettoiement  des  boues,  afin 


(1)  Délib.  3o  déc.  1716,  reg.  85,  fol.  263. 

(2)  Délib.  20  mai  1718,  reg.  87,  fol.  70  v». 

(3)  Délib.  I"  sept.  1717,  reg.  86,  fol.  91  v. 

(4)  Délib.  10  juillet  i658,  i4Janv.  et  3  déc.  1660,  12  août  i66i.  Voy.  Béraud,  l'Hôtel-Dieu 
d'Angers,  (Mé m.  Soc.  acad.  de  Maine-et-Loire,  XI»  vol.,  1862,  p.  ii3),  et  Célestin  Port, 
Inventaire  et  chartricr  de  l'Hôp.  Saint-Jean-d'Angers,  p.  544. 

(5)  Délib.  20  mai  1667,  et  Fréd.  Henriet,  l'Hôtel-Dieu  de  Château-Thierry  (Ann.  Soc. 
hist.  Château-Thierry,  1896,  p.  147). 

(6)  Délib.  5  févr.  1672.  Voy.  encore  l'appel  fait  par  les  directeurs  de  l'Hôp.  gén.  de 
Tulle  en  procès  contre  l'évêque  pour  l'entreiien  des  enfants  trouves  (délib.  1 1  janv.  1696). 

(7)  Délib.  19  mars  1659,  reg.  26,  fol.  55  r». 

(8)  Délib.  22  juin  1668,  reg.  36.  fol.  i3o  v». 

(9)  Délib.  26  févr.  1672,  reg.  40,  fol.  32. 


94  l'hOTEL-DIF.U    au    XYII»    et    au    XVIII'^    SIECLE 

d'obtenir   une   décharge   analogue   (i)  ;    Tours    veut    des    rensei- 
gnements sur  les  enfants  expose's  dans    la  cathédrale  (2). 

Ecole  de  sages-femmes,  école  d'infirmières,  religieuses  sans 
doute, —  mais  alors  il  n'y  en  avait  point  d'autres, —  l'Hôtel-Dieu 
fut  tout  cela  pendant  l'ancien  régime,  et  c'est  ce  qui  lui  donne,  mal- 
gré son  hygiène  déplorable  et  sa  mortalité  eflfrayante,  un  relief  que 
nul  autre  établissement  ne  put  se  flatter  d'égaler.  Les  administra- 
teurs avaient  conscience  d'être  à  la  tète,  comme  ils  le  répétaient 
souvent  dans  leurs  mémoires,  d'un  hôpital  unique,  dont  la  renom- 
mée était  universelle,  et  dépassait  de  beaucoup  les  limites  du 
royaume.  Ils  en  tiraient  d'ailleurs  plus  d'orgueil  que  de  vanité. 
Leurs  attaches  avec  le  gouvernement,  avec  tous  les  grands  corps 
du  royaume,  leur  valaient  un  appui  qui  rendait  encore  plus  effi- 
caces leurs  efforts  pour  conserver  cette  suprématie  mondiale. 


(i)  Délib.  4  janv.  1673,  reg.  41,  fol.  4. 

(2)  Délib.  4  et  23  janv.  1675.  Voy.  encore  Orléans  (3  août  1671). 


CHAPITRE  II 


LES    REVENUS 


L'Hôtel-Dieu  et  la  royauté. —  Principales  sources  de  revenus  :  lo  privilèges: 
les  pardons  et  quêtes,  la  boucherie  de  Carême,  les  lits  de  chanoines. — 
2»  DROITS  ATTRIBUÉS  :  Ics  saisies^  les  amendes,  les  droits  sur  les  vins 
(1626-1690),  les  confiscations  des  biens  des  duellistes,  les  droits  sur  les 
spectacles,  les  loteries. —  3»  péage  du  pont  au  double. —  4°  exemptions  de 
TAXES. —  5°  DOMAINE. —  6°  LEGS  ET  FONDATIONS:  les  fondations  particulières. 

LES  BUDGETS  :  la  luttc  pour  le  monopole  des  libéralités,  les  crises  financières, 
les  emprunts  et  rentes  viagères,  le  budget  de  la  charité  à  Paris  à  la  fin 
de  l'ancien  régime. 


Nous  avons  vu  quels  étaient  les  rapports  de  l'administration 
de  THôtel-Dieu  avec  les  grands  corps  constitués  et  avec  le  gouver- 
nement. Il  nous  reste  à  envisager  ses  relations  avec  le  pouvoir 
protecteur  par  excellence,  la  royauté. 

La  charité  a  toujours  été  l'apanage  particulier  des  rois  (i),  et  le 
soin  du  pauvre  et  du  malade  a  fait  partie  dès  les  premiers  temps 
des  prérogatives  royales  avant  que  fût  organisée  toute  assistance 
publique  ou  privée.  La  royauté,  aux  xvii«  et  xviii«  siècles,  ne  s'est 
pas  départie  envers  les  hôpitaux  de  cette  politique  bienfaisante,  et 
elle  leur  a  renouvelé  les  privilèges  accordés  au  cours  des  siècles 
antérieurs. 

L'Hôtel-Dieu  de  Paris  en  particulier  se  trouvait  bien  placé 
pour  ressentir  les  effets  de  cette  sollicitude  toute  paternelle.  Il 
n'eut  gardé  de  laisser  tomber  en  désuétude  les  avantages  octroyés, 


(i)  Le  Bref,  dans  son  Traité  de  la  souveraineté  des  rois,  paru  en  i632,  revendique 
pour  le  roi  le  privilège  des  grandes  aumônes,  «  car  bien  qu'elles  soient  très  louables  en 
toutes  sortes  de  personnes,  néanmoins  celui  qui  les  ferait  au-dessus  du  Prince  souverain  se 
rendrait  suspect  à  l'Etat  ». 


96  l'hOTEL-DIEU    Al-    XVlie    ET    AU    XVIII«    SIECLE 

et,  à  chaque  changement  de  règne,  il  se  fit  renouveler  par  des  lettres 
patentes,  dûment  registrées  en  Parlement,  les  exemptions  dont  il 
jouissait,  non  sans  en  obtenir  quelques  nouvelles.  La  protection 
royale  mettait  également  l'Hôtel-Dieu  à  l'abri  de  certains  mouve- 
ments de  réforme.  C'est  ainsi  que,  sous  le  règne  de  Louis  XIII, 
il  était  resté  en  dehors  de  la  sphère  d'action  de  la  «  Chambre 
de  réformation  des  hôpitaux  »  (i). 

L'histoire  des  rapports  de  la  royauté  et  de  l'Hôtel-Dieu  tient 
donc  presque  toute  dans  l'énumération  de  ces  privilèges  et  exemp- 
tions de  droits  que  nous  allons  rapidement  passer  en  revue. 
C'est  la  première  source  importante,  quoique  indirecte,  des  revenus 


PRIVILEGES 


Nous  sommes  loin  des  temps  où  Philippe-Auguste  faisait  don 
à  l'Hôtel-Dieu  de  toutes  les  pailles  et  litières  de  sa  maison  de  Paris, 
toutes  les  fois  qu'il  en  sortirait  pour  aller  coucher  ailleurs  (2)  ;  où 
saint  Louis  répondait  aux  ministres  qui  se  plaignaient  de  ses 
trop  grandes  charités  env  ers  l'Hôtel-Dieu  :  'c  il  est  quelquefois 
nécessaire  que  les  rois  excèdent  un  peu  dans  la  dépense  ;  et  s'il  y  a 
de  l'excès,  j'aime  mieux  que  ce  soit  en  aumônes  qu'en  choses 
superflues  et  de  luxe  (3)  »  ;  où  Charles  le  Bel  lui  accordait,  à  titre 
perpétuel,  le  don  fait  par  ses  prédécesseurs  de  200  charretées  de 
bois  à  prendre  dans  les  forêts  royales  ;  où  le  roi  Jean  lui  concédait 
la  confiscation  de  la  moitié  du  pain  «  qui  ne  seroit  pas  de  poids  », 
et  les  corps  des  pourceaux  tués  dans  les  rues  de  Paris.  Mais  si  les 
conditions  de  la  vie  sociale  se  sont  transformées,  les  rois  continuent 
à  considérer  comme  intangibles  les  privilèges  accordés  aux  hôpi- 
taux, et  en  particulier  à  l'hôpital  par  excellence,  l'Hôtel-Dieu  de 
Paris. 

Les  exemptions  ou  les  dons  en  nature  sont  devenus  droits 
et  octrois  de  bienfaisance,  mais  toutes  les  lettres  patentes  rappel- 
lent les  anciennes  prérogatives  obtenues  de  la  faveur  royale. 
En  1693,  dans  son  mémoire  à  Louis  XIV,  daté  du  5  avril  1693, 
Colbert  demand-e  s'il  doit   exiger    des   hôpitaux,    en   particulier 

(i)  Du  lYioins  nous  n'avons  trouvé  aucune  indication  à  cet  égard  dans  le  carton  Zi»  lo 
des  Arch.  nat.,  qui  concerne  l'œuvre  de  cette  chambre  de  réformation,  établie  en  1612  (Ché- 
ruel,  Dict.  des  Institutions;  Paris,  1S84,  2  vol.  in-12,  t.  I,  p.  554),  et  il  n'y  est  faitnulle  part 
allusion  dans  les  délibérations  du  Bureau. 

(2)  Regl.  II. -D.,  I,  i3,  lettres  pat.  de  mars  1208,  confirmées  par  ordre  de  Jean  II  en  i358. 

(3)  Rondonneau,  o.  c,  p.  3o. 


LES    REVENUS 


de  rHôtel-Dieu  et  de  THôpital  général,  le  payement  des  taxes 
établies  sur  les  propriétaires  de  maisons  bâties  dans  les  faubourgs 
de  Paris  malgré  les  ordonnances,  et  le  roi  écrit  en  marge,  dans 
sa  réponse  datée  de  Nancy,  le  8  août  suivant  :  «  Mon  intention 
est  qu'on  remette  aux  hospitaux  dont  vous  me  parlez  la  taxe  qu'on 
a  faite  ;  dites-leur  plus  tost  que  plus  tard  pour  qu'ils  m'en  ayent 
obligation  (i).  »  Quand  il  s'agit  des  hôpitaux,  les  sévérités  du 
terrible  ministre  s'arrêtent  devant  la  bienveillance  royale.  Les 
requêtes  des  administrateurs  sont  examinées  sur-le-champ,  et, 
lorsque  le  déficit  des  finances  ne  permet  pas  de  leur  donner 
entière  satisfaction,  ils  obtiennent,  nous  le  verrons,  à  force  d'insis- 
tance, de  sérieuses  concessions. 

Ces  dispositions  favorables  furent  encore  accrues,  à  la  fin  de 
l'ancien  régime,  par  la  politique  «  charitable  »  des  Turgot  (2)  et 
des  Necker  (3)  qui  considéraient  l'assistance  comme  un  devoir 
d'État  et  engagèrent  le  gouvernement  dans  une  série  de  mesures 
reprises   ensuite  par  la   Révolution  et  le  xix*=  siècle. 

LES    PARDONS     ET    QUÊTES 

L'un  des  premiers  et  des  plus  anciens  privilèges  royaux  dont 
bénéficiait  l'Hotel-Dieu  était  celui  des  pardons  et  des. quêtes  qui 
s'étendaient  non  seulement  sur  Paris,  mais  sur  tout  le  royaume. 

Un  règlement  pour  les  quêtes  avait  été  fait  par  Louis  XIII 
en  16 14.  Elles  formaient  encore  à  cette  époque,  comme  au 
xvi''  siècle,  une  part  importante  du  revenu  casuel  de  l'Hotel-Dieu. 
Mais,  malgré  les  efforts  des  administrateurs  pour  maintenir  cette 
source  de  recettes,  elle  va  bientôt  se  tarir.  Les  quêtes  faites  dans 
divers  diocèses  par  les  agents  de  l'Hôtel-Dieu  rapportent  encore 
4.500  livres  en  1640,  mais  n'en  produisent  plus  que  3. 000  en 
i65i,  et  2.800  en  i663  (4).  Les  quêtes  faites  dans  les  églises  de 
Paris  rapportent  à  peine  2.000  livres  au  milieu  du  xvii-^  siècle  (5). 

La  recette  la  plus  importante  provenait  des  sept  pardons,  qui 
avaient  lieu  le  jour  de  la  Circoncision,   le  premier  dimanche  de 


(1)  Colbert,  Mém.,  lettres  et  corresp.,  éd.  Clément,  8  vol.  in-S»,  t.  II  [Finances],  ccxxxvi. 

(2)  Turgot,   encore   intendant,   écrivait  en    1770  :   «  Le  soulagement  des  hommes  qui 
souffrent    est  le  devoir  de  tous,  et  toutes  les  autorités  se  réuniront  pour  y  concourir.  » 

(3)  «  C'est  au  Gouvernement de  faire,  pour  [la]  classe  nombreuse  et  déshéritée,  tout  ce 

que  l'ordre  et  la  justice  lui  permettent l'administration  saura  découvrir  les  devoirs  de  la 

société    envers  l'infortURe dans   la   distribution  des   impôts,  dans   l'établissement  des 

travaux  publics dans  toutes  les  dispositions  propres  à  prévenir  la  misère  et  la  mendicité 

qui  marche  à  la  suite.  »  (Necker,   Administr .  des  finances,  éd.  de  1784,  in-8»,  III,  162.) 

(4)  Rondonneau,  o.  c.,p.  117. 

(5)  En  1640,  1.750  l.;en  i65i,i  .800  I. 


l'hOTEL-DIKU    au    XVII«    et    au    XVIIie    SIECLE 


Carcme,  le  dimanche  de  la  Passion, le  jour  de  Pâques,  de  l'Assomp- 
tion, de  la  Notre-Dame  de  septembre  et  le  jour  de  Noël,  Cette 
recette  s'élève  à  io.5oo  livres  en  1540,  i5.ooo  en  i65i,  21.000 
en  i663. 

Les  pardons  ne  vont  pas  sans  frais  ;  il  faut  payer  l'imprimeur, 
le  tapissier  de  Notre-Dame,  le  sonneur  de  cloches,  la  décoration 
de  l'établissement  (i).  En  province,  il  faut  entretenir  des  agents, 
souvent    obligés    d'engager    des    poursuites    et    des    procès. 

Dès  le  xvr'=  siècle,  l'Hôtel-Dieu  dut  adresser  des  plaintes  au 
Parlement,  en  présence  de  l'opposiiion  qu'il  trouvait  dans  certains 
diocèses  pour  la  publication  de  ses  pardons.  Il  obtint  un  arrêt  du 
6  septembre  i543  (2),  requérant  «  aux  arcevêques,  evêques,  doyens, 
chanoines,  chapitres  et  curés  de  ce  dit  notre  royaume,  leurs  vicaires, 
secrétaires,  officiers,  et  à  tous  autres  qu'il  appartiendra,  de  permettre 
libère  et  gratis  auxdiis  commis  et  quêteurs  de  l'Hôtel-Dieu  de 
publier  ou  faire  publier  leurs  pardons  et  indulgences  selon  la 
forme  de  leurs  bulles,  faire  leurs  quêtes  et  mettre  troncs  ou 
boiietes  es  églises  pour  recevoir  les  aumônes..,  en  leur  faisant 
inhibitions  et  detîenses...  de  ne  prendre  ne  exiger  aucune  chose 
pour  lesdites  permissions  ou  placets,  directement  ou  indirecte- 
ment, en  quelque  manière  que  ce  soit  ».  Un  arrêt  ultérieur  du 
9  juillet  1545  permit  même  au  procureur  général  de  faire  informer 
à  sa  requête  de  ce  qui  a  été  fait  à  cet  égard,  ce  qui  laisse  supposer 
que  plusieurs  diocèses  continuaient  à  exiger  une  contribution 
pour   l'apposition   des   «  placets  »   de  l'Hôtel-Dieu  (3). 

L'Hôtel-Dieu  voulait  faire  le  trust  de  la  bienfaisance.  En  iSSy, 
ayant  appris  que  les  pauvres  de  Paris  avaient  obtenu  un  pardon 
pour  le  jour  de  Noël,  il  s'empresse  de  présenter  une  requête  au 
Parlement  qui  ordonne  (4)  que  les  pardons  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris 
'(  seront  quêtes  le  jour  et  fête  de  Noël,  sans  qu'aucuns  autres 
pauvres  de  la  Ville  de  Paris  puissent  faire  quêter  le  même  jour, 
et    sauf   à   eux    à   se  pourvoir  pour  leur  être  distribué   un  autre 


(i)  Cf.Arch.  A.  P.,  comptes  de  iSyS,  i58o,  i586.  Les  joursdo  pardon  et  de  jubilé,  le  roiet 
)a  reine  ne  dédaignaient  pas  de  venir  à  l'H .  -D.,  où  Ion  baisait  les  reliques  ;  ils  laissaient 
après  leur  visite  une  forte  aumône;  en  1669,  Louis  XIV  qui  a  visité  l'établissement  fait 
porter  5oo  louis  d'or  par  son  premier  aumônier,  et  )a  reine  40  louis.  (Délib.  24  avril  1669, 
reg.  37,  fol.  87  yo.) 

(2)  Réi,-l.  H.-D.,  I,  97. 

(3)  Plusieurs  de  ces  placards  ont  e'té  retrouvés  et  même  reproduits.  A  ceux  qui  ont  été 
énumérés  par  Coyecque,  o.  c,  I,  p.  142-144  et  BgS,  on  peut  ajouter  celui  qui  a  servi  au 
.Mont-Saint-Micliel,  daté  de  i533,  signalé  dans  une  notice  du  Bull,  de  la  Soc.  des  antiq.  de 
Xormandie,  t.XVIU,  1898,  p.  402-415,  et  reproduit  dans  lc7i«//.  de  la  Soc.  de  l'/ust.  de  Paris., 
t.  XXXII,  1905, 107.  Un  autre  de  i5ii,  signalé  dans  les  .Uf'w.  t^e  la  Soc.  d'archéol.  lorraine, 
i883,  et  publié  également  dans  le  Bull,  de  l'Iiisl.  de  Paris,  XV,  97,  etc. 

(4)  Régi.  H.-D.,  I,  117,  arrêt  du  18  déc.   1537. 


i.i  s   ri-,vi:ni's  gq 

jour  ».  Bien  plus,  en  i559  (Oi  ^^  obtient  un  nouvel  arrêt  portant 
défenses  «  à  tous  prélats  du  ressort  [du  Parlement]  et  à  leurs 
vicaires,  secrétaires,  commis  ou  députés,  de  bailler  permission  de 
faire  quêtes  et  publications  de  pardons  [dans  leurs  diocèses]  six 
semaines  avant  et  six  semaines  après  leâ  jours  destinez  pour  la 
publication  des  pardons  de  l'Hôtel-Dieu  ». 

La  protection  du  roi  s'ajoutait  à  celle  du  Parlement.  Dans  un 
«  mandement  et  déclaration  «  du  19  février  iSgS  (2),  Henri  IV 
recommande  «  à  tous  les  archevêques,  évêques,  abbés,  abbesses, 
prieurs,  prieures,  doyens,  chanoines,  chapitres,  curés,  vicaires, 
chapelains,  marguilliers,  fabriciens  et  autres  gens  ayant  charges  es 
églises,  ainsi  qu'aux  lieutenants,  maréchaux,  baillis,  gouverneurs, 
prévôts,  sénéchaux,  capitaines,  gardes  des  ponts,  passages,  juri- 
dictions, destrois,  etc.,  de  recevoir  benignement  et  gratieuse- 
ment  les  messagers,  clelxs  et  procureurs  de  l'Hôtel-Dieu  qui  s'en 
vont  en  toutes  villes,  villages,  pays,  terres  et  seigneureries. 
annoncer,  divulguer  et  déclarer  les  pardons,  rémissions  et  indul- 
gences de  l'Hôtel-Dieu  «.  La  sauvegarde  royale  n'était  pas  inutile 
dans  cette  période  de  troubles  et  de  guerres,  dont  le  royaume 
venait  d'être  secoué,  et  qui  se  maintenaient  encore  dans  certaines 
contrées. 

Les  messagers  de  l'Hôtel-Dieu  avaient  également  le  droit  de 
mettre  des  troncs  dans  toutes  les  églises  du  royaume,  de  faire 
saisir  le  revenu  temporel  des  évêques  qui  auraient  provoqué  des 
empêchements  (3). 

L'Hôtel-Dieu  était  obligé  de  faire  renouveler  à  chaque  chan- 
gement de  règne,  et  par  les  nouveaux  papes,  ses  privilèges 
louchant  les  pardons  et  indulgences;  aussi  trouvons-nous  de  nom- 
breuses lettres  patentes  confirmatives  de  ces  droits  (4).  Les  évêques 
profitaient  d'un  changement  de  titulaire  à  la  papauté  pour  contes- 
ter la  valeur  des  bulles  octroyées  par  ses  prédécesseurs. 

Il  se  faisait  à  Paris  dans  toutes  les  églises,  paroisses  et  cou- 
vents, les  dimanches  et  fêtes,  des  quêtes  en  faveur  de  l'Hôtel-Dieu 
par  des  dames,  choisies  par  les  marguilliers,  qui  en  devaient 
remettre  le  produit,  tous  les  trois  mois,  au  receveur  (5)  ;  enfin  des 

il)  Règl.  II. -D.,   l,  121,  arrct  du  18  sept.   i^tq. 

(2)  Règl.  H.-D.,  1,  201,  lettre  de  déclaration  du  2  oct.  i6o3  et  bulle  de  Clément  VUI, 
datée  des  calendes  de  déc.   1601. 

(3)  Règl.  H.-D.,  I,  243,441,  lettres  de  Louis  XIII,  i3  février  1614,  de  Louis  XIV, 
12  février  i652,  adressées  au.\  Parlements  de  Paris,  Toulouse,  Rouen,  Bordeaux,  Ai.\, 
Dijon,  Rennes,  Grenoble,  Pau  et  Metz. 

(4)  Règl.  H.-D.,  passim,  lettres  patentes,  juill.  i6^G,  12  févr.  i652,  12  févr.  170.1, 
3o  mars    1706,  i3    sept.    1709,   mai    1720. 

(3)  Règl.  H.-D.,  passim,  arrêts  19  déc.  i556,  5  mars  1602,  28  juin  1604,  10  et  16  juin  i623 
23  déc.  i65o,  \'i  mars  i655,  etc. 


'hotel-dikii  au  xvn«  et  au  xviii"  siècle 


quêtes  exceptionnelles  à  domicile  en  cas  de  disette  ou  de  calamité, 
comme  en  i63i  (i)  pour  faire  face  aux. dépenses  de  la  maison 
obérée  par  de  nouvelles  constructions,  ou  en  i636,  en  présence  de 
la  «  contagion  »  (2).  On  recevait  aussi  bien  les  deniers  que  les  draps 
et  linges  pour  panser  les  «  navrés  »  et  ensevelir  les  morts.  Ces 
quêtes  à  domicile  étaient  désignées  sous  le  vocable  de  «  levée 
volontaire  par  forme  d'aumône  ». 

Comme  pour  les  pardons,  l'Hôtel-Dieu  essayait  de  garder  le 
monopole  des  quêtes.  Ainsi,  à  la  suite  d'un  différend  avec 
rhôpital  de  la  Charité,  évoqué  devant  le  bailli  de  Troyes,  il  obtint 
un  arrêt  du  12  mars  i633  faisant  défenses  «  aux  pauvres  religieux, 
prieur  et  couvent  de  l'hôpital  Saint-Jean-Baptiste  de  l'ordre  de  la 
Charité  »,  de  faire  publier  «  indulgences  et  pardons,  placer  troncs 
ni  faire  quêtes  les  jours  de  Pâques  et  Noël  en  aucune  église  hors 
la  Ville  de  Paris  ». 

LA    BOUCHERIE   DE    CARÊME 

Une  autre  coutume  ecclésiastique  fut  pour  l'Hôtel-Dieu  une 
source  assez  importante  de  revenus,  du  moins  jusqu'au  xviii^  siècle. 
De  tout  temps  l'Eglise  avait  jugé  à  propos  d'adoucir  les  rigueurs 
édictées  en  temps  de  Carême  et  de  permettre,  sous  certaines 
conditions,  l'usage  de  la  viande.  «  On  choisit  pour  cela  »,  dit  Dela- 
mare  (3)  «  en  chaque  ville,  un  ou  plusieurs  bouchers,  selon  son 
étendue,  à  qui  l'on  permet  de  faire  un  commerce  de  nécessité.... 
Cela  se  pratiquait  à  Paris,  comme  ailleurs,  autrefois  ;  mais  la 
difficulté  d'avoir  l'inspection  sur  les  bouchers  d'une  aussi  grande 
ville,  pour  les  empêcher  d'abuser  de  cette  permission,  fit  prendre 
le  party  d'en  fixer  le  débit  dans  un  seul  lieu  pour  toute  la  Ville. 
L'Hôtel-Dieu,  où  le  besoin  de  la  viande  en  Carême  doit  être  plus 
grand  qu'en  aucun  lieu,  fut  choisi  pour  cela  (4).  » 

C'est  un  arrêt  du  Parlement  du  2  mars  iS/S  qui  «  fit  défenses  à 
tous  bouchers,  rôtisseurs,  vivandiers,  hôteliers,  cabaretiers  et  à 
toutes  autres  personnes,  de  vendre,  débiter  et  donner  à  manger 


(i)  Règl.  H.-D.,  I,  327,  arrêt  du  Parlement,  23  déc.   i636. 

(2)  Règl.  H.-D.,  I,  297,    arrêt  du  Parlement,  3   févr.    i63i,  les2'3  de  la  levée  de  i63i 
étaient  pour  l'H.-D.,  l'autre  tiers  pour  les  hôpitaux  des  pauvres  enfermés. 

(3)  Traité  de  la  police,  t.  I,  p.  337. 

(4)  On  retrouve  ce  privilège  à  \'\iôxe\-ï>\&a  à' kngers  (CoWtt,  Edifices  hospitaliers...; 
Paris,  1892,  in-fol.,  p.  134),  à  celui  de  Meulan  {Notice hist.  sur  la  corporation  des  niattres 
bouchers  de  Meulan;  Meulan,  1889,  in-i2,  p.  12),  à  l'Hôtel-Dieu  et  à  l'Hôpital  général  de 
Clermont-Ferrand,  à  partir  de  1773  (J.  Coiffier,  l'Ass.  publ.  dans  la  généralité  de  Riom  au 
XVIII*  s.;  Clermont-Ferrand,  1905,  in-S",  p.  189),  à  Riom,  en  1720  (Grasset,  Hôpitaux  de 
Riom,  p.  58)  ;  à  Brioude,  au  cours  duxviii»  s.  (.Arch.  dép.  Puy-de-Dôme,  inv.,  série  C,  952), etc. 
Voy.  aussi  Perret,  Recherches  sur  l'anc.  boucherie  de  l'hôp.  de  Lyon;  Lyon,  1860,  in-8°,. 
45  p. 


I.KS    REVENUS 


pendant  le  Carême,  aucune  viande  de  boucherie,  volaille,  ni  gibier, 
à  peine,  pour  chaque  contravention  de  loo  livres  parisis  d'amende, 
bannissement  et  punition  corporelle.  Défend  sous  les  mêmes  peines 
aux  habitans  des  villes  et  villages  des  environs  de  Paris  d'y 
envoyer,  ou  d'y  en  apporter.  Permet  néanmoins  aux  personnes  qui 
se  trouveront  malades  pendant  le  Carême,  après  qu'elles  en  auront 
obtenu  permission,  d'envoyer  quérir  de  la  viande  à  la  boucherie 
de  THôtel-Dieu,  laquelle  se  tiendra  au  parvis  de  Notre-Dame,  et 
non  ailleurs.  Enjoint  au  boucher  de  l'Hôtel-Dieu  de  la  tenir  garnie 
de  bonne  viande  de  toutes  sortes  pour  le  secours  des  malades,  la 
vendre  à  prix  raisonnable  à  ceux  qui  auront  permission  d'en 
manger,  faire  registre  de  la  quantité  et  du  prix  de  la  chair  qu'il 
vendra  aux  malades,  ensemble  de  leurs  noms  et  demeures,  sur 
peine  d'amende  arbitraire  (i).  «  Un  autre  arrêt  du  5  février  iSgS 
contient  les  mêmes  dispositions.  La  permission  dont  il  est  parlé 
devait  être  donnée  en  principe  par  l'évêque  de  Paris  (2). 

Quelques  jours  avant  le  Carême,  le  Parlement  prenait  un  arrêt 
réglant  la  police  et  la  discipline  qui  devaient  s'observer  à  la  bou- 
cherie de  l'Hôtel-Dieu,  et  fixant  le  prix  de  la  viande  (3).  Puis  le 
roi  rendait  une  ordonnance  qui  donnait  entrée  à  un  «  officier  de 
robe  courte  »  avec  «  ses  archers  »  dans  tous  les  lieux  de  la  ville  et 
faubourgs  de  Paris,  pour  faire  des  visites,  saisir  la  viande,  et,  «  selon 
la  qualité  des  personnes  »,  emprisonner  les  contrevenants. 

On  conçoit  aisément  en  effet  à  quels  subterfuges  pouvait  prêter 
pareille  défense  dans  une  ville  comme  Paris,  et  combien  il  était 
difficile  de  dépister  les  fraudeurs.  Une  ordonnance  de  police  du 
i"  mars  i65g  dut  étendre  l'interdiction  jusqu'à  Charenton,  «  où 
les  libertins  et  les  débauchez  allaient  manger  de  la  viande  »  (4). 
A  Charenton,  en  effet,  où  les  protestants  avaient  leur  temple,  les 
prescriptions  en  vigueur  n'étaient  pas  observées.  Delamare  note 
même  le  contre-coup  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  sur 
la  vente  de  la  viande.  Il  constate  que  le  jour  de  Pâques  i685 
Taffluence  était  beaucoup  moindre  à  Charenton  que  les  années 
précédentes,  et  il  ajoute  :   «  Les  P.  R.  disent  que  cette  diminution 


(i)  Arch.  A.  P.,  fonds  nouveau  de  l'H.-D.,  registres  pour  les  années  1746  à  1792. 

(2)  Selon  les  prescriptions  de  l'Église,  les  conditions  normales  pour  obtenir  la  dispense 
ctaient  :  la  maladie,  la  faiblesse,  la  vieillesse,  la  nécessité.  Ceux  qui  l'obtenaient  devaient 
remplacer  l'abstinence  par  les  dons  dont  le  produit  devait  appartenir  à  l'Eglise.  (Cf.  Tho- 
niassin,  Discipline...;  Paris,  i685,  2  vol.  in-12.) 

(3)  Le  prix  de  la  taxe  était  affiché  dans  tout  Paris,  avec  les  différents  arrêts  portant 
l'interdiction  de  la  vente.  Voy.  plusieurs  de  ces  affiches  dans  le  Recueil  des  affiches  des  jurés- 
crieurs.  (Bibl.  nat.,  F  4S-â2.) 

(4)  E.-H.  Vollet,  art.  Boucherie  de  la  Grande  Encyclopédie,  prétend  qu'un  édit  de  Henri  IV 
iivait  édicté  la  peine  de  mort  contre  les  bouchers  vendant  de  la  viande  en  Carême,  mais  sans 
citer  la  date;  nous  n'avons  pu  retrouver  cet  édit. 


I.'hOTF.L-DIIîU    au    XVII<=    et    au    XYIIP    SIECLE 


est  causée  par  le  nombre  des  familles  qui  se  sont  retirées  ;  celles 
qui  ont  été  converties  y  ont  aussi  un  peu  contribué,  mais  ils 
n'aiment  pas  à  faire  cet  aveu.  L'on  pourrait  joindre  à  cette 
remarque  une  observation  qui  a  été  faite  cette  année  à  l'Hôtel-Dieu 
que  Ton  a  vendu  pendant  le  Carême  un  quart  moins  de  viande  que 
la  dernière  année.  Je  me  suis  rendu  certain  de  cet  article  par  le 
boucher  même  qui  en  a  fait  le  débit  (i).  » 

Il  n'y  avait  pas  que  les  protestants  parmi  les  clients  de  THôtel- 
ûieu.  «  Les  religionnaires  ayant  la  liberté  de  faire  venir  de  la  viande 
de  Charenton,  il  n'y  a  presque  pas  de  catholique  malade  qui  ne 
profite  de  cette  occasion  ^^  avoue  Nicolas  Andry,  dans  son  Traité 
des  alimens  de  Carême,  où  il  estime  à  37.000,  en  171 3,  le  nombre 
des  personnes  qui  font  gras  (2).  «  Il  fallait,  il  y  -â  80  ans  », 
dit-il,  «  porter  à  l'Hôtel-Dieu  des  attestations  d'un  curé  et  d'un 
médecin  (3),  la  nature  de  la  maladie  et  la  qualité  de  la  viande  qui  y 
convenait.  C'était  du  veau  quand  il  y  avait  de  la  fièvre,  et  du  bœuf 
quand  il  y  avait  cours  du  ventre.  Car  ce  n'était  que  de  la  grosse 
viande  qui  se  permettait  ou  se  débitait  alors.  L'usage  de  la  volaille 
était  inconnu,  bien  différent  de  celui  d'aujourd'hui  qui  fournit  des 
ressources  aux  impies  et  aux  libertins  qui  trouvent  pour  de  l'argent 
de  quoi  satisfaire  leur  sensualité  et  leurs  débauches.  Car  ils  ont  à 
discrétion  des  perdrix,  des  bécasses,  des  faisans,  des  lapins,  tous 
mets  qu'il  est  aussi  rare  et  dangereux  d'accorder  à  des  infirmes.  » 
Notre  auteur,  fidèle  gardien  de  la  tradition,  prêche  —  mais  en 
vain  —  l'abstinence  de  la  viande. 

C'est  en  vain  également  que  l'on  continue  à  édicter  des  peines 
sévères  contre  les  fraudeurs,  par  exemple  d'après  la  déclaration  du 
I"  avril  1726,  mise  au  carcan  pendant  trois  jours  de  marché, 
prison  pendant  trois  mois,  amende  de  3. 000  livres,  dont  le  tiers  au 
dénonciateur  et  le  reste  à  l'Hôtel-Dieu,  déchéance  de  la  maîtrise 
pour  les  bouchers,  rôtisseurs,  cabaretiers,  hôteliers,  aubergistes, 
perte  de  leurs  privilèges,  franchises  et  immunités  pour  les  com- 
munautés séculières  et  régulières,  confiscation  des  marchandises  et 
des  voitures  au  profit  de  l'Hôtel-Dieu,  amendes  diverses  contre 
les  propriétaires  des  maisons  où  se  fera  la  vente  prohibée. 

Les  administrateurs  avaient  même,  pour  empêcher  la  fraude,  le 


(i)  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  7030,  fol.  41,  cité  par  O.  Douen,  la  Révocation  de  l'Edil  de  Xantcs 
a  Paris;  Paris,  3  vol.  in-4»,  1897,  t.  I,  p.  16 1. 

(2)  Nicolas  Andry,  conseiller  lecteur  et  professeur  roïal,  docteur  régent  de  la  Faculté  de 
médecine  de  Paris,  etc.,  Traité  des  alimens  de  Carême;  Paris,  J.-B.  Coignard,  rue  Saint- 
Jacques,  à  la  Bible  d'or,  1713,  2  vol.  in- 12.  (Bibl.  nat.,  T  c  22  6.) 

(3)  Bibl.  nat.,  ms.  Clairambault  538,  fol.  3.  Lettre  des  docteurs  de  la  Faculté  de  méde- 
cine à  messieurs  les  curés  de  Paris  au  sujet  des  dispenses  de  carême  accordées  parles  curés 
sans  le  visa  de  la  Faculté  (5  mars  1726)  ;  Paris,  impr.  P.-N.  Lottin,  1726. 


LES    RICVENTS  I03 

droit  de  réquisition  sur  les  officiers  des  troupes  et  des  re'giments 
des  gardes  françaises  et  suisses  (i).  Le  lieutenant  général  de  police 
devait  tenir  la  main  à  l'exécution  des  ordonnances.  Il  faisait 
faire  des  perquisitions,  notamment  dans  les  hôtels  des  princes, 
ambassadeurs,  seigneurs  de  la  cour,  plus  spécialement  soupçonnés, 
puis  dans  les  auberges,  hôtelleries,  cabarets,  non  seulement  de 
Paris,  mais  de  la  banlieue,  oui  l'on  allait  pour  faire  bonne  chère  à 
Charenton,  à  Charentonneau,  à  la  Pissote,  au  château  de  Vin- 
cennes,  à  Saint-Denis,  à  Saint-Cloud  (2). 

Le  18  mars  1729  (3),  un  brigadier  ambulant  des  fermes  du  roi 
vient  «  remontrer  »  au  Bureau  qu'il  avait  trouvé  le  16  mars,  près 
de  la  barrière  de  Picpus,  5  soldats  des  gardes  françaises, 
chargés  de  plus  de  100  livres  de  viande  de  boucherie,  qu'il  avait 
essayé  de  les  saisir,  mais  que  ces  derniers  avaient  passé  la 
barrière,  qu'il  les  avait  poursuivis  avec  les  commis  de  sa  brigade 
et  fait  fermer  la  barrière  de  l'Annonciade  par  laquelle  ils  voulaient 
se  sauver  ;  ne  pouvant  plus  fuir  ils  avaient  mis  l'épée  à  la  main  ; 
les  commis  de  leur  côté  s'étaient  mis  en  défense,  baïonnette  au 
fusil  ;  finalement  un  des  soldats  avait  été  blessé  et  porté  à  l'Hôtel- 
Dieu  où  il  mourut,  et  le  directeur  général  des  aides  avait  dû 
faire  une  enquête  à  ce  sujet. 

L'année  suivante  (4),  bagarre  encore  plus  grave,  du  côté  de  la 
Chapelle,  entre  plusieurs  soldats  du  régiment  des  gardes  françaises 
et  la  brigade  des  fermes  du  quartier  Saint-Martin  ;  les  soldats 
passaient  en  fraude  4  agneaux,  et  ne  se  gênèrent  pas  pour  donner 
des  coups  de  sabre  aux  gardes  des  fermes.  Mais  deux  jours  après, 
dans  une  échauffourée,  à  la  Courtille,  deux  soldats  étaient  tués 
par  les  brigadiers.  L'Hôtel-Dieu  vendait  chèrement  son  privilège. 
En  1732,1e  Bureau  s'émeut  des  fraudes  qui  se  commettaient 
à  la  maison  de  Scipion  où  on  vendait  publiquement  de  la  viande 
pendant  le  Carême;  il  adresse  une  plainte  à  M.  Desvieux,  admi- 
nistrateur de  l'Hôpital  général,  qui  en  réfère  à  l'un  des  7  entrepre- 
neurs de  la  fourniture  des  vivres  (5)  ;  celui-ci  répond  qu'on  tue 
toutes  les  semaines  à  Scipion  4  bœufs,  4  veaux  et  20  moutons  qui 
sont  envoyés  sur  certificats  des  sœurs  à  la  Salpêtrière,  la  Pitié, 
Bicêtre,  les  Enfants-Rouges,  le  Saint-Esprit,  les  Enfants-Trouvés 

(1)  Regl.  H.-D.,  III,  333,  déclaration  du  roi  perlant  défenses  de  vendre  de  la  volaille, 
viande,  gibier  et  œufs  pendant  le  Carême,  ailleurs  que  dans  la  boucherie  de  l'H.-D.  sous 
les  peines  y  portées. 

(2)  Régi.  H.-D.,  III,  passim,  ord.  du  19  janv.   1743,  de  174?,  1746,  1747,  1748,  etc. 

(3)  Délib.,  reg.  98.  fol.  ii3. 

(4)  Uélib.  14  mars  i73o,  reg.  99,  fol.  82. 

(5)  Délib.  29  févr.  1732,  reg.  ici,  fol.  99.  Us  fournissaient  la  viande  à  l'Môp.  gén.  à 
5  s.  la  livre,  tandis  que  l'H.-D.  la  vendait  10  s. 


I04 


l/HOTFL-DIEr    AU    XVIie    ET    AU    XVni<=    SIECLE 


de  la  rue  Neuve-Notre-Dame  et  du  faubourg  Saint-Antoine,  et 
Sainte-Pélagie,  qu'il  ne  peut  y  avoir  fraude  à  Scipion  que  sur  le 
reliquat  de  viande  qu'il  offre  de  vendre  à  l'Hôtel-Dieu  ;  il  consent 
à  ce  que  Ton  mette  des  gardes  aux  portes  de  la  maison,  et  même  à 
ce  que  des  gardes  conduisent  la  viande  distribuée  dans  les  établis- 
sements de  THôpital  général  ;  il  demande  seulement,  pour  lui  et  ses 
associés,  la  permission  de  prendre  de  la  viande  pour  sa  famille. 
L'Hôtel-Dieu  refuse  cet  accommodement  et  charge  un  ins- 
pecteur de  police  (i)  d'établir  des  gardes  à  Scipion  aux  endroits 
convenables,  de  saisir  la  viande  qui  en  sortirait,  sauf  celle  qui  serait 
destinée  aux  établissements  de  l'Hôpital  général  (2). 

La  fourniture  de  la  boucherie  de  Carême  exigeait  des  achats 
considérables.  Dès  le  mois  de  janvier  de  chaque  année,  le  Bureau 
se  préoccupait  des  adjudications  nécessaires.  Il  achetait  les  bœufs 
dans  le  Haut  Limousin,  les  moutons  dans  les  Flandres,  les  per- 
dreaux, chapons  et  poulardes,  ainsi  que  le  beurre  et  les  œufs,  en 
Normandie  (31.  Il  fallait  se  munir  de  registres,  de  papier,  de  bro- 
chettes, de  cages  et  claies  pour  la  volaille,  acheter  les  grains 
et  l'orge  pour  la  nourrir  et  l'engraisser,  payer  le  bouvier  chargé  de 
«  l'aménage  »  des  moutons  et  des  bœufs,  solder  les  frais  d'affi- 
ches (4),  donner  des  gratifications  aux  sergents  du  guet  à  pied 
qui  avaient  fait  des  saisies  de  viande,  à  l'exempt  et  à  sa  brigade, 
qui  avaient  fait  des  visites  pour  empêcher  les  fraudes. 

Les  archers  préposés  à  l'exécution  du  privilège  de  THôtel-Dieu 
allaient  quelquefois  si  loin  dans  la  répression  que  le  Bureau  était 
obligé  de  les  rappeler  à  l'ordre,  et  de  les  avertir  «  d'estre  plus 
retenus  dans  leurs  fonctions  et  d'avoir  égard  à  la  qualité  des 
personnes  »  (5). 

L'Hôtel-Dieu,  d'ailleurs,  récompensait  les  services  qu'on  lui 
rendait  en  accordant  gratuitement  de  la  viande  de  Carême,  par 
exemple  aux  Récollets,  voisins  de  Saint-Louis,  et  aux  Capucins, 
voisins  de  Sainte-Anne,  qui  allaient  confesser  les  malades  de  ces 
hôpitaux  quand  ils  étaient  ouverts. 


(i)  L'H.-D.  venait  justement  d'obtenir  du  lieutenant  général  de  police  un  2"  exempt 
pour  les  recherches  et  saisies.  (Délib.  29  févr.  1732.) 

(2)  Délib.  4  mars  1732,  reg.  loi,  fol.  109. 

(3)  Cf.  marché  avec  Laurent  Cliaillon,  marchand  poulailler  à  Falaise.  (Délib.  26  avril 
1686,  reg.  54,  fol.  63  v.)  L'H.-D.  achetait  également  du  lard,  de  la  graisse,  etc.  11  y  avait 
une  foire  du  lard,  le  mercredi  saint,  au  parvis;  c'est  pour  cela,  croit-on,  que  l'on  appelait 
«  Grand  Jeûneur  »  la  statue  qui  se  trouvait  entre  la  fontaine  du  parvis  et  la  porte  de  l'H.-D., 
parce  qu'il  était  seul  à  ne  pas  prendre  sa  part  aux  victuailles.  Cf.  Suite  de  la  révélation,  ou 
le  second  oracle  rendu  par  le  Jeûneur  du  parvis  Notre-Dame  ;  1649,  in-4°- 

(4)  En  1686,  l'avance  consentie  à  Thomas  Kiechler,  commis  da  la  dépense  à  l'H.-D.  pour 
la  boucherie  de  Carême,  est  de  1.200  1. 

(5)  Délib.  20  mars  1686,  reg.  64,  fol.  43  r«. 


LES    R  F  VENTS  lO? 

Les  saisies  de  viande  avaient  lieu  principalement  aux 
anciennes  barrières  Saint-Martin,  Saint-Germain,  Saint-Antoine, 
Gaillon,  du  Trône,  ou  bien  étaient  effectuées  aux  «  brigades  » 
des  faubourgs,  de  la  Courtille,  de  Saint-Marcel,  et  même  de 
Bourg-la-Reine. 

L'hôpital  des  Incurables  lui-même  avait  besoin  d'un  «  passe- 
port »  délivré  par  les  administrateurs  pour  faire  venir  de  ses 
fermes,  et  entrer  par  la  porte  Saint- Victor  4  veaux  chaque  semaine 
de   Carême  (i). 

Comme  bien  on  pense,  les  fraudeurs  ne  se  trouvaient  pas 
seulement  dans  le  peuple,  mais  chez  les  grands,  surtout  chez  eux. 
Ne  voit-on  pas  des  gentilshommes,  comme  le  marquis  de 
Bellefond,  le  prince  d'Harcourt,  passer  eux-mêmes  de  la  viande 
en  contrebande  dans  leur  carrosse  ?  des  rôtisseries  établies, 
-au  mépris  des  ordonnances,  chez  le  prince  de  Talmont,  les  ducs 
d'Uzès,  de  la  Trémouille,  de  Rohan,  d'Humières,  à  l'hôtel  de 
Soissons,  à  l'hôtel  Soubise,  à  l'hôtel  de  Nevers,  et  jusque  dans 
les  maisons  du  roi,  ou  louées  pour  le  logement  de  ses  officiers, 
auxchâteaux  deVincennes,  de  Madrid,  de  la  Muette,  aux  Tuileries, 
au   Luxembourg,  au  Palais-Royal  (2)  ? 

Le  !'''■  mars  i656,  le  Bureau  décide  d'aller  en  corps  au  Louvre 
«  supplier  très  humblement  la  Royne  d'user  de  son  authorité 
comme  elle  a  fait  les  années  passées  pour  empescher  qu'on  tienne 
boucherie  dans  les  maisons  des  princes,  seigneurs  et  ambassadeurs 
pendant  ce  caresme,  attendu  le  préjudice  que  les  pauvres  soufri- 
roient  estans  à  leurs  dépens  que  la  boucherie  se  tiendra  cette  année, 
et  a  esté  arresté  que  l'on  présentera  à  la  Royne  un  mémoire  des 
maisons  où  ces  boucheries  défendues  ont  accoustumé  d'être 
tenues  ».  Les  fraudeurs  étaient  donc  bien  connus  (3),  mais  tous  ne  se 
prêtaient  pas  de  bonne  grâce  aux  enquêtes  et  aux  visites,  entre 
autres  la  duchesse  de  Berry,  qui  fit  écrire  par  le  comte  de  Somery 
aux  administrateurs  que,  «  si  quelqu'un  a  l'insolence  de  venir  visi- 
ter chez  elle,  il  n'en  sortyra  que  par  les  fenêtres  ». 


(i)  Délib.  22  févr.  1686.  La  même  année,  les  sœurs  hospitalières  de  la  place  Royale 
obtiennent  un  passeport  pour  faire  entrer  par  la  porte  Saint-Antoine,  les  lundi,  mercredi 
et  samedi,  3o  1.  de  bœuf,  un  demi-veau,  2  moutons  et  2  volailles.  (Délib.  20  févr.,  reg.  54, 
fol.  29  r».) 

(2)  Un  nommé  Gardy  est  condamné  à  être  attaché  au  carcan  devant  le  Grand-Châtelet, 
le  28  avril  lôSg,  avec  une  fressure  de  veau  pendue  au  col,  pour  avoir  vendu  de  la  viande 
publiquement  pendant  le  Carême,  dans  une  loge  située  dans  l'enclos  du  jardin  des  Tui- 
leries. Une  pauvre  femme,  en  1686,  prisonnière  depuis  trois  mois  pour  avoir  apporté  un 
quartier  de  veau,  demande  sa  liberté  et  on  la  renvoie  à  M.  de  La  Reynie.  (Délib.  27  mars 
1686,  reg.  54,  fol.  46  v«.) 

(3)  Bibl.  nat,,  Joly  de  Fleury,  1212,  fol.  63,  signale  particulièrement  une  boucherie 
de  la  rue  des  Fossés-Montmartre  et  une  boucherie  de  la  rue  du  Cherche-Midi,  où  la  con- 
trebande était  facile  à  cause  de  réloignemcnt  des  quartiers. 


l'hOTFL-DIEU    au    XVIIc    et    Al-    XVII 


C'est  à  peu  pris  le  sort  que  subirent,  le  i  3  mars  1 656,  les  archers 
du  lieutenant  criminel  qui  s'étaient  rendus  à  l'hôtel  de  Guise  pour 
empêcher  la  vente  qui  s'y  faisait.  Le  26  mars  1707,  il  y  eut  même 
au  faubourg  Saint-Germain  une  rébellion  assez  sérieuse  contre 
l'exempt  et  les  archers  préposés  aux  fraudes,  de  plus  en  plus  nom- 
breuses au  xviii"  siècle,  et  que  ne  peuvent  empêcher,  ni  la  sévérité 
des  ordonnances  ni  le  zèle  des  administrateurs  ;  aussi  le  revenu 
diminue  d'année  en  année. 

Nombreux  étaient  cependant  les  clients  de  l'Hôtel-Dieu.  En 
1695,  nous  trouvons,  entre  autres,  Dubois,  prévôt  des  marchands, 
de  July,  maître  des  comptes,  de  Bonneuil,  introducteur  des 
ambassadeurs,  Le  Camus,  premier  président  de  la  Cour  des  aides, 
Nicolaï,  premier  président  de  la  Cour  des  comptes,  les  «  pour- 
voyeurs »  de  «  Madame  »,  de  a  Mff""  le  Prince  »  de  Madame  la 
duchesse  d'Orléans,  de  Madame  de  Nemours,  de  M.  de  Lorraine, 
et  du  roi  lui-même,,  qui  ne  consomme  cependant  que  204  livres  de 
volailles  pendant  tout  le  Carême,  tandis  que  M.  le  Prince 
en  achète  1.086  livres.  Ne  faut-il  pas  fournir  également  pour 
leurs  malades  les  nombreuses  communautés  plus  ou  moins 
hospitalières  de  la  capitale,  et  les  «  charités  »  des  paroisses  ? 

Une  seule  boucherie,  même  en  temps  de  Carême,  ne  pouvait 
guère  suffire;  aussi  le  Parlement  dut  autoriser  plusieurs  bouche- 
ries à  débiter  de  la  viande,  mais  pour  le  compte  de  THôtel-Dieu 
et  tout  en  maintenant  son  privilège. 

Ces  boucheries  autorisées  et  tenues  par  ses  préposés 
étaient  celles  du  faubourg  Saint-Germain,  près  de  l'Abbaye, 
de  la  vieille  porte  Saint-Honoré,  du  Marais  du  Temple,  et 
de  Beauvais  (i).  Les  locataires  devaient  en  donner  les  clefs  à 
l'un  des  administrateurs,  le  premier  jour  du  Carême,  au  matin, 
sans  prétendre  aucun  loyer.  La  viande  ne  devait  être  délivrée 
que  sur  certificat  du  médecin  et  permission  du  pénitencier  du 
Chapitre  ou  du  curé  de  la  paroisse  des  malades.  11  y  avait  des 
accommodements  nombreux  ;  les  listes  des  clients  qui  nous 
ont  été   conservées  sont  significatives   à  cet    égard    (2). 


(i)  Arrêt  2  janv.  1704,  reproduit  par  Delamare,  o.  c,  p.  338.  La  boucherie  de  Beauvais 
se  trouvait  cul-de-sac  au  Lard,  et  rue  Lenoir-Saint-Honoré  (auj.  des  Bourdonnais).  Cf. 
Lazard,  Arch.  Seine,  Fonds  des  Domaines;  Paris,  1904,  in-8°,  p.  20.  Origine,  mémoire,  liqui- 
dation (1636-1840,  506-930).  On  ajouta  au  xviii"  siècle  à  ces  boucheries  autprisées  celles  du 
cimetière  Saint-Jean,  de  la  Halle,  du  faubourg  Saint-Antoine,  du  château  des  Tuileries, 
puis  du  marché  d'Aguesseau,  faubourg  Saint-Honoré.  L'H.-D.  en  refusa  une  aux  habitants 
de  Vaugirard  qui  avaient  fait  une  pétition  (Délib.  21  janv.  1761,  reg.  i3o,  fol.  36)  et  à  ceux 
de  Chaillot.  (Délib.  12  févr.  1749,  reg.  118,  fol.  44.) 

(2)  A.  Mesureur  et  M.  Fosseyeux,  Add.  au  fonds  de  l'H.-D.,  p.  3i.  35,  37.  La  marquise 
de  Sabran  au  xviii»  siècle  doit  pour  140  1.  de  viande;  or,  elle  a  pour  140.000  I.  de  dettes,. 
et  1.200  1.  seulement  d'actif.  (Délib.  i3  juill.  1768,  reg.  137,  fol.  2i3.i 


L'usage  des  œufs  était  défendu  ainsi  que  celui  de  la  viande. 
Comme  les  fruitiers  et  regrattiers  ne  laissaient  pas  d'en  vendre: 
tous  les  ans  une  ordonnance  de  police  (i)  en  interdisait  le 
débit  dans  les  boutiques  et  marchés,  et  enjoignait  aux  mar- 
chands forains  de  porter  leurs  provisions  à  THùtel-Dieu,  sous 
peine  de  confiscation  et  d'amende. 

Les  prix  de  vente,  au  milieu  du  xvii''  siècle,  étaient  les  suivants  : 
veau,  mouton  et  bœuf,  7  sous  la  livre  (2)  ;  chapon,  3o  sous  ; 
poule,  20  sous  ;  poulet,  i5  sous;  pigeonneau,  6  sous  ; 
volaille,  10  sous  (3).  De  plus,  le  boucher  de  l'Hôtel-Dieu  qui 
acceptait  ces  prix  s'engageait  à  fournir  toute  l'année  de  la  viande 
à  la  maison  au  prix  de  4  sous  moins  un  liard,  et  à  lui  donner  gra- 
tuitement, pendant  le  Carême,  36  volailles  par  jour.  Au  xviif  siècle, 
les  prix  étaient  sensiblement  augmentés.  La  viande  était  taxée  à 
10  sous  la  livre  en  1732,  à  9  sous  en  1733  (4,  à  8  sous 
en  1734;  elle  resta  taxée  à  ce  prix  jusqu'à  la  suppression  de  la 
boucherie   de   Carême. 

En  1717,  on  a  consommé,  du  jeudi  1 1  février  au  jeudi  25  mars, 
un  total  de  324  bœufs,  1.669  moutons,  2.004  veaux  pour  la  bou- 
cherie de  l'Hôtel-Dieu  ;  196  bœufs,  1.026  moutons,  1.199  veaux, 
pour  celle  de  Beauvais  ;  90  bœufs,  490  moutons,  519  veaux,  pour 
la  boucherie  Saint-Honoré  ;  11 1  bœufs,  570  moutons,  660  veaux^ 
pour  la  boucherie  Saint-Germain  ;  98  bœufs,  507  moutons, 
595  veaux,  pour  la  boucherie  du   Marais. 

La  comptabilité  était  très  compliquée.  Il  y  avait  des  états  de 
récapitulation  pour  chaque  boucherie,  des  états  pour  les  «  abattis  », 
pour  l'achat  des  chevaux,  pailles,  avoines,  tombereaux,  harnais 
et  autres  dépenses  pour  les  «équipages»,  l'achat  d'étaux  et  d'us- 
tensiles, la  consommation  de  bois  et  de  chandelles,  tant  aux 
boucheries  qu'aux  fondoirs,  le  blanchissage  et  le  «  dépérissement  v 
du  linge. 

Le  personnel  qui  s'occupe  de  la  boucherie  de  Carême  devient 
de  plus  en  plus  nombreux.  Sans  compter  l'inspecteur  de  police 
et  l'exempt,  chargés  de  la  recherche  et  de  la  confiscation  des 
viandes  vendues  frauduleusement,  il  y,  a  tous  les  garçons 
embauchés  pour  les  différents  travaux  préparatoires,  jusqu'au 
moment  où  la  viande  est  apportée  dans  les  étaux  ;  Chamousset 
estime   leur    nombre  à   24,  au  salaire  de  3o  livres,  nourris  pen- 


(1)  Delamare,  o.  c,  p.  33g,  cite  celle  du  i3  fcvr.  1698,  signée  par  de  Voyer  d'Argenson. 

(2)  On  entendait  ainsi  le  bœuf,  le  veau  et  le  mouton  pesés  ensemble  et  par  tiers. 

(?)  Affiches  des  jurés-crieitrs,  t.  I,  carême  do  i6m  (26  fcvr.  i65i).  Bibl.  nat.,  F  iS-iî'-. 
(^)  Id.,  affiche  du  14  févr.  1733. 


io8 


l'hOTF.L-DIEU    au    XVII*    ET    AU    XVIII*    SIECLE 


dant    35   jours,  et  d'ailleurs,   selon  lui,  pour   la  plupart  incapa- 
bles,   et  ne  sachant   pas  leur  métier  (i). 

Le  be'ne'fice  se  maintint  jusqu'en  1770,  c'est-à-dire  tant  que  le 
prix  de  vente  fut  supérieur  au  prix  de  revient  ;  il  est  d'ailleurs  assez 
variable,  comme  on  peut  s'en  rendre  compte  par  le  tableau  sui- 
vant (2]: 


Années 

Bénéfice  (en  livres) 

Prix  de  revient  (par  livre) 

Taxe 

1752 

19.167 

7    S.    2 

8  s. 

1753 

79.118 

6        9 

» 

1754 

43.656 

7        4 

» 

1755 

55.417 

7        5 

)> 

1756 

137.639 

6        8 

» 

1757 

80.348 

7        4 

» 

1758 

108. 3io 

7        - 

» 

1739 

92.879 

7        2 

» 

1760 

77-487 

7        5 

» 

1761 

121.460 

6      11 

» 

1762 

151.692 

6        9 

» 

1763 

126.243 

6      1 1 

» 

1764 

116. 5ii 

7        I 

» 

1765 

162.352 

6        8 

), 

1766 

76.546 

7        7 

» 

1767 

9.690 

7       II 

). 

1768 

44.83q 

7       10 

» 

1769 

788 

8         r 

» 

En  1770  et  177 1,  le  prix  de  revient  augmente  ;  il  est  de  9  s.  4 
et  9  s.  6.  Le  prix  de  vente  reste  taxé  à  8  sous;  aussi  le  déficit  se 
chiffre,  la  f^  année,  à  1 55.552  livres,  la  2%  à  158.094;  la  consom- 
.mation  était  alors  considérable  ;  au  lieu  de  1.984  bœufs  débités  en 
1752,  on  en  consommait  3.856  en  1771  ;  la  consommation  des 
veaux  était  montée  de  4.160  à  4.222,  et  celle  des  moutons  de  5.638 
à  12.405. 

L'Hôtel-Dieu  dut  recourir  à  son  fonds  de  réserve  pour  couvrir 
•ce  déficit,  mais  la  situation  ne  pouvait  se  prolonger.  D'autre  part, 
le  lieutenant  de  police  n'osait  pas  élever  le  prix  de  la  taxe,  à  cause 
de  la  cherté  des  autres  denrées,  du  blé  notamment,  et  aussi   «  de 


(i)  Œuvres  complètes;  Paris,  1783,  in-8°,  t.  IV,  p.  357  et  sqq.  Les  chiffres  donnés  par 
lui  dans  son  mémoire  au  ministre  ont  trait  à  une  époque  antérieure  à  sa  publication.  11 
proposait  dans  son  plan  de  réforme  de  diviser  ces  garçons  en  7  bandes,  une  bande  de  6 
pour  fondre  les  graisses  et  le  suif,  dont  2  à  20  écus  et  les  autres  à  40  1.,  puis  6  autres 
bandes  de  4  hommes  pour  les  autres  opérations,  avec  un  chef  à  60  1.,  un  second  à  5o  1., 
un  3'  à  40  1.,  un  40  à  3o  1.,  soit  un  total  de  1.400  1.  plus  la  nourriture,  estimée  à  i.o5o  ]., 
•en  tout  2.450  1.  pour  la  dépense  du  personnel  qui,  avec  son  système,  revenait  à  l'H.-D.  à  5. 2 00  1. 

(2)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  12 10,  fol.  390. 


.ES    REVENUS 


la  fcrmentaiioli  que  les  circonstances  occasionnoient  dans  cette 
grande  ville»  (i)  ;  on  craignait  de  mécontenter  le  peuple  et  de 
provoquer  des  soulèvements. 

Comme,  d'autre  part,  la  répression  de  la  fraude  devenait  de 
plus  en  plus  difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible,  il  fallut  aviser, 
et  Turgot  fit  supprimer  le  privilège  par  la  déclaration  royale  du 
25  décembre  1774,  registrée  au  Parlement  le  10  janvier  1775  (2L 
On  reconnaît  dans  les  «  considérants  »  qu'il  est  devenu  plus  oné- 
reux que  profitable  à  l'Hôtel-Dieu,  et  «  qu'il  n'est  pas  moins  préju- 
diciable au  public  par  les  abus  qui  en  résultent  nécessairement, 
par  les  fraudes  multiples  à  la  faveur  desquelles  on  est  parvenu  à  en 
éluder  l'effet».  Le  commerce  et  l'entrée  des  viandes,  gibier  et  vo- 
lailles dans  la  ville,  faubourgs  et  banlieue  de  Paris  étaient  déclarés 
libres.  Il  était  établi,  à  cet  etïet,  un  marché  à  Sceaux,  un  marché  à 
la  Halle  pour  les  veaux  et  différents  marchés  pour  la  volaille. 
L'Hôtel-Dieu  recevait,  comme  compensation,  une  indemnité  an- 
nuelle de  5o.ooo  livres  sur  la  caisse  de  Poissy  (3),  payable  le 
I"  mai  par  l'adjudicataire  des  fermes  générales. 

Mercier  pouvait  écrire  dans  son  Tableau  de  Paris  (4)  :  «  Les 
boucheries  sont  ouvertes  en  plein  carême,  tant  à  l'usage  des  protes- 
tants et  des  malades,  que  de  tous  ceux  enfin  qui  veulent  faire  gras. 
Il  est  vrai  que  le  bigot  en  passant  y  jette  des  yeux  courroucés,  et 
qu'en  rentrant  chez  lui,  il  crie  contre  ce  scandale  ;  mais  heureuse- 
ment que  l'administration  a  senti  qu'il  convenoit  de  laisser  à 
chaque  estomac  et  à  chaque  conscience  la  liberté  du  gras  ou  du 
maigre.  Les  curés  des  paroisses  se  prêtent  eux-mêmes  facilement  à 
la  dispense.  On  remplace  l'abstinence  par  une  légère  aumône,  et 
tout  le  monde  s'en  trouve  mieux. 

«  Où  est  le  temps  où  l'on  étoit  obligé,  lorsqu'on  vouloit  envoyer 
un  bouillon  à  un  malade,  de  le  cacher  dans  une  boite  à  perruque  ? 
Dans  ma  jeunesse,  j'ai  vu  arrêter  le  dîner  du  Prince  de  Condé 
qu'on  lui  portoit  de  son  hôtel  au  Jeu  de  paume  de  la  rue  Maza- 
rine  (5).  Les  estafiers  de  je  ne  sais  quelle  juridiction  avoient  saisi 
le  potage  et  les  poulardes  de  Son  Altesse  Sérénissime.  Ces  puéri- 
lités ont  pris  fin  :  mais  quelques  sots  gémissent  encore  sur  l'aboli- 


(i)  Derouville,  Compte  général  des  recettes  et  dépenses  (1750-1788).  Bibl.  A.  P.,   E  2  20. 

(2)  Cf.  Recueil  de  pièces  imprimées;  Bibl.  hist.  de  la  Ville  de  Paris,  rec.  i,  S  117. 

(3)  La  caisse  de  Poissy,  plusieurs  fois  modifiée,  supprimée  en  1714,  rétablie  en  173?. 
remplaçait  l'ancienne  association  des  jurés  vendeurs  qui  étaient  responsables  du  prix  des 
ventes  des  marchands  forains  ;  supprimée  à  nouveau  en  1791,  elle  fut  rétablie  en  1802. 

(4)  Ed.  d'Amsterdam,  1783,  t.  V,  p.   142. 

(3)  L'ancien  jeu  de  paume,  dit  de  la  Bouteille,  qui  fut  transformé  en  théâtre  dit  de 
Guénégaud  (n°  42  actuel)  ;  il  y  avait  un  autre  jeu  de  paume,  celui  des  .Métayers,  où  la  troupe 
de  Molière  ouvrit  l'Illustre  Théâtre  (n*  12  actuel). 


l'hotkl-diku  au  xvn"  et  au  xv 


tion  de  l'ancienne  rigueur  qui  plaçoit  dans  les  rues  des  emporteurs 
de  tous  les  dinés  accommodés  au  gras.  » 

LES    LITS    DE    CHANOINES 

L'Hôtel-Dieu  possédait  un  autre  privilège,  plus  ancien  encore 
que  celui  de  la  vente  de  boucherie  en  Carême,  car  il  figure  dans 
les  statuts  du  Chapitre  de  1 168.  Il  consistait  à  recevoir,  avec  leur 
garniture  :  ejus  culcitram  cum  piilvinari  el  linteaminibiis,  les  lits 
des  chanoines  décédés  ou  résignant  leur  prébende. 

En  1592  (i),  le  Chapitre  voulut  apporter  une  restriction  a  cette 
coutume  qui  avait  toujours  été  observée.  Il  prétendit  ne  devoir  qu'un 
coutil  de  plume  avec  le  traversin  et  les  deux  draps,  ce  qui  était 
toute  la  garniture  du  lit  dans  ce  «  bon  vieil  temps  plein  de  fruga- 
lité, où  tout  était  en  linge  et  non  pas,  comme  maintenant,  en  or, 
argent  et  soie,  venant  de  manufactures  étrangères  et  compliqué  de 
ciel,  de  custodes,  de  courte-pointes,  de  loudiers,  de  couvertures  ». 
Mais  l'Hôtel-Dieu  réclama  le  lit  entier  et  complet,  «  tellement  que 
les  chanoines  étant,  comme  il  advient  souvent,  de  très  bonnes  et 
grandes  maisons  et  gens  de  grands  moyens,  sont  à  louer,  s'ils  se 
servent  en  leur  usage  d'un  lit  qui  soit  en  toutes  ses  parties  riche 
et  précieux,  puisqu'il  est  enfin  destiné  aux  pauvres,  auxquels  par 
ce  moyen  l'aumône  ainsi  vouée  sera  plus  profitable  ».  Ce  fut  aussi 
l'avis  du  Parlement  dans  son  arrêt  du  3o  décembre  iSgj.  Nous 
voyons  même,  au  xvii"  siècle,  le  lit  de  l'archevêque  concédé, 
en    1654  (2),  à   l'Hôtel-Dieu. 

L'attribution  des  lits  de  chanoines  devient  un  véritable 
impôt  (3).  Ainsi,  en  i683,  Vallot,  qui  résigne  sa  prébende  pour 
devenir  conseiller  au  Parlement,  envoie  au  portier  un  méchant 
lit  qui  ne  valait  pas  3o  livres;  l'Hôtel-Dieu  l'assigne  en  Justice 
et  le  fait  condamner  à  reprendre  son  lit  et  à  payer  3oo  livres.  C'est 
le  prix  normal  du  temps  ;  nous  sommes  loin  du  lit  de  20  sous  des 
statuts  primitifs  :  lectiim  viginti  solidos  valentem  ! 

En  effet,  en  i65o,  le  lit  de  Cocquelay,  conseiller  au  Parlement 
et  ancien  chanoine,  a  été  estimé  3oo  livres  ;  de  même,  celui  de 
Mornac  ;  celui  de  l'évêque  de  Meaux  fut  payé,  en  1659, 
1.200    livres,   par    Le   Masle  des   Roches;     celui  de  l'évêque  de 


(i)  Déjà  en  i586  il  y  avait  eu  un  procès  concernant  le  lit  de  J.  de  Lugerie,  chanoine, 
décédé  ;  la  sentence  des  requêtes  du  l'alais  du  7  juill.,  confirmée  par  arr.  du  Parlement 
du  3o  déc.  i386,  en  avait  déclaré  l'attribution  aux  pauvres.  (Règl.  H.-D.,  I,  147.) 

(2)  Régi.  H.-D.,  I,  499.  Arr.  du  Parlement  18  juill.  1634.  \'oy.  aussi  sur  l'attribution 
de  lits  les  arrêts  des  16  sept.   i65o,  22  avril    i65i,  3o  déc.  1660,  3i  déc.  1661,  2  août  iôôj. 

(3)  Marlin-Doisy,  o.  c,  éd.  Migne,  i855,  in-4'>,  t.  IV,  p.  890. 


LES    REVENUS  I  i  i 

Noyon,  en  1660,  3oo  livres  par  les  héritiers;  en  1666,  celui  de 
Dalençon,  5oo  livres  ;  celui  de  Thévenin,  600  livres  ;  celui 
de  Despaisse,  33o  livres.  En  1667,  Séguier,  chanoine  et  théologal, 
nommé  évêque  de  Lomhez,  baille  3oo  livres  ;  Foucault,  en  1668, 
donne  5oo  livres;  Le  Masle  des  Roches,  en  1677,  5oo  livres; 
Lavocat,  pourvu  en  1677  de  Tévéché  de  Boulogne,  donne 
3oo  livres,  et  de  La  Brunetière,  de  l'évêché  de  Saintes,  com- 
pose à  3oo  livres. 

L'Hôtel-Dieu  acceptait,  on  le  voit,  des  «compositions  »  avan- 
tageuses, sans  doute,  tout  en  ayant  l'air  de  ne  point  user  de  rigueur 
envers  les  chanoines  ou  leurs  héritiers,  qui  pourraient  avoir 
«  quelque  affection  »  de  conserver  les  lits. 

Ces  prix  n'avaient  pas  augmenté  auxviii'^  siècle  (i).  Le  lit  de  l'abbé 
de  Salha  est  vendu  à  l'adjudication  i83  livres,  le  27  Juillet  1739; 
celui  de  l'abbé  Desfriches,  3oo  livres,  le  14  novembre  1759  ;  celui 
de  Le  Febvre  de  Mesgrigny,  3oo  livres,  en  1763  ;  celui  de  M.  de 
Barcos,  821  livres,  en  1764  ;  celui  de  Lefebvre  d'Eaubonne, 
400  livres,  la  même  année. 


LES     DROITS     ATTRIBUES 

Ces  privilèges  sont,  aux  xvir  et  xviii'=  siècles,  comme  des 
survivances  d'un  autre  âge  ;  nous  arrivons  maintenant,  aux 
laxes  et  droits  attribués  à  THotel-Dieu  qui  font  partie  plus 
particulièrement  de  Thistoire  financière  de  Tépoque  qui  nous 
occupe. 

LES    SAISIES 

Par  déclaration  de  Louis  XIII,  du  3o  mai  161 1,  registrée  au 
Parlement  le  25  juin,  l'Hôtel-Dieu  est  appelé  à  bénéficier  de  la 
saisie  des  bagues,  joyaux  et  autres  objets  provenant  des  jeux  et 
brelans.  Il  s'agissait  de  refréner  la  passion  du  jeu  qui  s'était  intro- 
duite dans  le  royaume  depuis  quelques  années  avec  la  suite  de 
Marie  de  Médicis  (2).  Elle  était  portée  à  un  tel  point  qu'on  avait 
vu,  dit  la  déclaration,  «  plusieurs  des  sujets  et  officiers,  après  avoir 
esdits  brelans,  aux  jeux  de  cartes  et  de  dez,  dissipé  ce  que  l'indus- 
trie de  leurs  pères  leur  avoit  avec  un  long  travail   honorablement 

(1)  Les  délib.  de  l'H.-D.  se  trouvent  êtreainsi  une  source  précieuse  pour  l'état  civil  des 
iicmbres  du  Chapitre,  dont  le  décès  est  toujours  annoncé  au  Bureau. 

(2)  Batiffol,  Alt  temps  de  Louis  XIH,  et  Marie  de  Médicis,  Lx  vie  intime  d'une  reine   de 
i'rancean  xvii'  siècle  (s.  d.),  in-S",  p.  104  et  sqq. 


LHOTEL-DIEU    AU    XVII«    ET    AU    XVIII<=    SIECLE 


acquis,  cstre  contraints  d'emprunter  de  grandes  et  notables  sommes- 
et  icelles  encore  perdues  et  consommées,  faire  banqueroute  à  leurs- 
créanciers,  à  la  ruine  de  plusieurs  bonnes  familles  «. 

Ces  académies  de  jeu  étaient  favorisées  par  les  industriels, 
orfèvres,  lapidaires.  Joailliers,  tapissiers,  qui  prêtaient  eux-mêmes 
de  l'argent  aux  joueurs.  Le  même  arrêt  prononçait  la  confiscation 
au  profit  du  domaine  du  roi  contre  les  propriétaires  des  maisons 
qui  les  affermeraient  «  à  personnes  reconnues  tenir  brelans  et  rece- 
voir joueurs  à  cette  fin  ». 

En  plein  xviii^  siècle,  la  dame  Baillot,  demeurant  rue  du  Poitou, 
au  Marais,  est  condamnée,  par  sentence  de  police  du  Châtelet  du 
i5  novembre  1748,  en  application  de  cette  déclaration,  à 
3.000  livres  d'amende  pour  avoir  tenu  une  assem.blée  de  biribi  (i), 
en  même  temps  que  les  enjeux,  se  montant  à  25.940  1.  1 1  s.,  étaient 
saisis  et  envoyés  à  l'Hôtel-Dieu. 

Outre  le  biribi,  les  principaux  jeux  de  hasard  qui  tombaient 
sous  le  coup  de  la  loi  étaient  le  hoca,  la  bassette,  la  barcarole,  le 
pharaon.  Les  arrêts  prohibitifs  du  Parlement  furent  innom- 
brables (2)  et  impuissants  à  empêcher  le  développement  de  la  furie 
du  jeu. 

Les  confiscations  étaient  faites  en  faveur  de  l'Hôtel-Dieu,  en 
vertu  de  la  déclaration  de  161 1,  mais  l'attribution  était  prononcée 
chaque  fois  par  sentence  de  police.  Le  Bureau,  pour  déve- 
lopper cette  source  de  profit,  donnait  des  gratifications  impor- 
tantes aux  inspecteurs  chargés  des  perquisitions  (3).  Elles  se 
pratiquaient  surtout  chez  les  demi-mondaines  de  l'époque,  qui. 
ne  se  gênaient  guère  pour  enfreindre  les  ordonnances,  et  ne 
paraissaient  pas  craindre  beaucoup  les  contraventions.  Mais  la 
charité  ne  se  préoccupe  pas  de  la  source  plus  ou  moins  pure 
de  ses  revenus. 

Les  inspecteurs  ne  se  font  pas  faute,  non  plus,  de  recevoir  des 
deux  mains,  et  ceux  qui  sont  chargés  de  la  partie  des  jeux  sont 
considérés  comme  favorisés  ;  ne  citait-on  pas  un  inspecteur  des 
jeux  qui    s'était  retiré  avec   40.000  livres  de    rentes  (4)  ?   On  ne 


(i)  Le  biribi  est  désigné  dans  cette  sentence  comme  jeu  de  hasard,  au  même  titre  que  le 
pharaon  et  le  lansquenet. 

(2)  En  dehors  de  la  déclaration  du  3o  mai  i6i  i,  on  peut  citer  les  arrêts  des  8  juill.  1661 , 
16  sept.  i663,  29  mars  1664,  23  nov.  1680,  i5  janv.  1691,  8  févr.  1708,  puis  les  ordonnances 
des  i"  juill.  1717,  21  mars  1722,  12  nov.  1731,  18  avril  1741,  7  mai  1749,  29  nov.  1757, 
12  déc.  1759,  21  avril  1765,  i'^'  mars  1781.  (Poloni,  Du  jeu  au  point  de  vue  pénal;  Paris, 
1901,  in-8°,  p.  1 19.— C.  Frèrejouan  du  Saint,  le  Jeu  au  point  de  vue  civil, pénal  et  régle- 
mentaire ;  Paris,  1893,  in-8.) 

(3)  Voy.  délib.  i"  août,  i5sept.  i753;  9  janv.,  i3  mars,  22  mai,  18  oct.  1754;  i<"févr., 
5  avril  1738;  11  févr.  1761,  etc. 

(4)  Guyot,  Rép.  univ.jurispr.,  art.  Inspecteur,  t.  IX,  p.  201. 


Li:S    REVENUS 


punissait  d'ailleurs  que  les  petits.  On  sait  assez,  par 'le  Journal 
de  Dangeau,  que  la  cour  ne  se  privait  pas  de  cette  importante 
distraction,  et  que  M™'  de  Montespan  fut  une  des  plus  g»randes 
joueuses  du  xvii'^  siècle  (i). 


LES  AMENDES 

L'Hôtel-Dieu,  comme  les  autres  hôpitaux,  reçoit,  le  cas 
échéant,  le  tiers  des  amendes  auxquelles  sont  condamnés  tous 
les  contrevenants  aux  ordonnances  royales,  aux  privilèges  de 
corporations  et  communautés.  Il  suffit  d'en  réunir  quelques 
exemples. 

Lorsque  la  communauté  des  passementiers-rubaniers  obtient 
la  déclaration  du  2  5  septembre  1694  (2),  défendant  aux  tailleurs 
d'habits  de  faire  des  boutons  de  drap  et  d'étoffe,  l'amende  est 
fixée  à  5oo  livres,  dont  un  tiers  applicable  aux  hôpitaux  des  lieux 
des  contrevenants. 

Lorsqu'un  sieur  Marins  obtient  du  roi  un  privilège  qui  lui 
garantit  pendant  cinq  ans,  à  partir  de  1710,  le  monopole  de  l'in- 
vention des  parapluies  de  poche,  il  est  spécifié  que  les  contre- 
facteurs seront  punis  de  i.ooo  livres  d'amende,  dont  un  tiers 
applicable  à  l'Hôtel-Dieu  (?). 

Lorsque  le  roi  accorde  son  privilège  pour  l'impression  de 
l'ouvrage  de  M.  de  Callières,  intitulé  Traité  de  la  manière  de 
négoeier  avec  les  souverains,  le  26  novembre  171 5,  l'amende 
rixée  pour  les  libraires  qui  imprimeraient  indûment  cet  ouvrage 
est  de   i.5oo  livres,  dont  un  tiers  applicable  à  l'Hôtel-Dieu  (4). 

On  pourrait  allonger  à  loisir  cette  énumération,  sans  pouvoir 
fixer  d'ailleurs  la  part  éminemment  variable  de  cet  apport  dans  les 
recettes  de  la  maison. 


LES  DROITS  SUR  LES  VINS 

En  1626,  l'Hôtel-Dieu  devait  36. 000  livres  à  ses  fournisseurs, 
marchands  de  vin,  bouchers,  toiliers,  épiciers  et  autres  ; 
25.000   livres    à    ses   ouvriers    maçons,   charpentiers,    plombiers, 


(i)  Voy.    aussi    P.   Clc'ment,    Li    Police  sous   Louis  XIV;   Paris.    isô6,    in-8».   p.  80 
Lettres  inéd.  de  Feiiquiùres,  IV,  277  ;  Depping,  Corrcsp.  adm....  II,  p.  bG'i,  371. 

(2)  Elle  fut  complétée  par  l'interdiction  delà  fabrication  des  boutons  de  corne  par  arr 
du  16  janv.  1712.  (RègL  H.-D.,  III,  129.) 

(3)  A.  Franklin,  Dict.  des  arts,  métiers  et  professions...  ;  Paris,  190?,  in-4°,  p.  5p. 

(4)  Arch.  A.  P.,  H.-D.,  legs  de  Callières. 


I  14  I-  HOTKI.-DII.r    AU    XVII«    F.T    AU    XVIII<=    SIIXLF. 

serruriers.  Il  avait  constiiuJ  des  renies  sur  particuliers,  et  même 
émis  des  obligations  à  terme.  Il  était  menacé  de  poursuites.  La 
contagion  sévissait  sur  Paris.  Bref,  une  catastrophe  était  inévi- 
table. Elle  fut  évitée  pourtant,  grâce  à  Toctroi  de  3  sols  à 
prendre  sous  forme  de  dotation  à  perpétuité  sur  les  ?o  sols 
prélevés  sur  chaque  muid  de  vin  entrant  à  Paris,  qui  lui  fut 
accordé  par  arrêt  du  Conseil  d'État  du  28  mars  1626. 

Cet  octroi  de  bienfaisance  vint  s'ajouter  à  celui  de  10  sols 
sur  chaque  minot  de  sel  vendu  et  débité  dans  les  greniers  de  la 
généralité  de  Paris,  dont  il  bénéficiait  déjà,  par  lettres  patentes 
de  mai  1607,  pour  la  construction  de  Thôpital  Saint-Louis. 

Les  revenus  de  ces  octrois  étaient  primitivement  prélevés  par 
des  commis  de  l'Hôtel-Dieu  qui  en  reversaient  le  montant  entre 
les  mains  du  receveur  général.  Mais,  en  i635.  cette  perception 
directe  fut  remplacée  par  une  somme  forfaitaire  de  35.3oo  livres, 
payée  par  l'adjudicataire  des  droits  d'entrée  du  vin,  et  une  somme 
de  5i.ooo  livres,  délivrée  par  le  fermier  des  gabelles,  payable  de 
quartier  en  quartier,  ce  qui  diminuait  le  revenu. 

L'Hôtel-Dieu,  par  un  arrêt  du  Conseil  des  finances  du 
17  juin  1637,  obtint  de  se  faire  payer  tous  les  mois,  et  par  un 
arrêt  du  Conseil  d'État  du  17  juin  1637,  de  ne  pas  renouveler  à 
leur  expiration  les  baux  faits  avec  les  fermiers  de  ces  droits 
d'entrée,  mais  de  les  percevoir  à  nouveau  lui-même. 

Par  déclaration  du  28  janvier  1690,  le  roi  accorde  à  IHàtel- 
Dieu,  ainsi  qu'à  l'Hôpital  général,  un  nouvel  octroi  de  bienfai- 
sance (i),  consistant  en  un  droit  de  3o  sols  par  muid  de  vin 
entrant  dans  Paris.  Il  s'agit  de  pourvoir  à  la  situation  critique 
de  ces  établissements,  qui  se  trouvaient  dans  l'impossibilité  de 
payer  les  arrérages  des  rentes  viagères  qu'ils  avaient  constituées 
à  fonds  perdu. 

Cet  octroi  devait  être  levé  pendant  trois  ans  et  huit  mois, 
mais  il  fut  renouvelé  tous  les  trois  ans  ^2),  jusqu'à  la  Révolution. 
D'après  l'arrêt  du  Conseil  d'État  du  3i  janvier  1690,  cette  levée 
devait  être  faite  par  Christophe  Charrière,  fermier  général  des 
aides,  et  les  sommes  remises  aux  receveurs  de  l'Hôtel-Dieu  et 


{!)  Chaque  taxe  avait  une  désignation  propre  faisant  connaître  à  quelle  partie  dos  frais 
généraux  de  l'État  ou  de  la  Ville  elle  avait  pour  objet  de  pourvoir.  Ainsi  en  1544  les  cinq 
sols  des  fortilications  pour  mettre  Paris  en  ctat  de  défense,  l'octroi  des  fontaines,  en  iSçy, 
les  «  3  sols  des  bastardeaux  »  en  i63o,  pour  la  construction  de  diguesou  de  quais^les  «  20  sols 
de  Sedan»  ou  droit  d'une  livre  demandé  en  1641  à  la  suite  de  la  défaite  de  la  Marfée, 
pour  lever  quelques  milliers  d'hommes.  (Cf.  A.  de  Saint-Julien  et  G.  Bienaymé,  Histoire  des 
droits  d'entrée  et  d'octroi  de  Paris  ;  Paris,  i88(.',  in-8»,  passim.  et  E.  Fougère,  l'Ociroi  de 
Paris,  histoire  et  législation;  Paris,  1904,  in-S».  p.  3.) 

(2)  Régi.  H.-D.,  II,  443,  545,  599,  etc. 


de  l'Hôpital  général,  dans  la  proportion  suivante  :  14  parts  pour 
l'Hotel-Dieu  et    5    pour  THôpital    général,    «    les    19    faisant   le 

tout  »    (II. 

Dès  Tannée  suivante,  les  habitants  de  Chaillot,  devenu  le 
faubourg  de  la  Conférence  depuis  l'édit  d'érection  de  la  paroisse 
en  faubourg,  essayèrent  de  se  faire  exempter  de  ce  droit  pour 
le  vin  du  cru  de  leur  territoire.  L'arrêt  du  Conseil  d'État  du 
22  mai  1691  les  débouta  de  leurs  prétentions.  Les  Minimes 
de  Chaillot  ne  furent  pas  plus  heureux  dans  leurs  réclama- 
tions (2). 

LES   CONFISCATIONS  DES  BIENS   DES  DUELLISTES 

En  vertu  de  l'article  9  du  règlement  fait  par  les  maréchaux 
de  France,  tout  gentilhomme  qui  s'était  battu  en  duel  devait  «  tenir 
prison  «  pendant  six  mois,  ou  bien  se  racheter  par  une  amende 
de  i.5oo  livres,  applicable  à  THôtel-Dieu  (3).  Pour  permettre 
aux  commissaires  désignés  par  le  Bureau  d'aller  «  dans  les 
provinces  informer  des  crimes  de  duels  »,  le  roi  accorda  une 
provision  de  3. 000  livres  sur  lesquels  furent  payés  les  frais  de 
voyage,  quitte  à  les  imputer  par  la  suite  sur  les  amendes  recou- 
vrées. Ces  3.000  livres  fui-ent  tout  de  suite  insuffisantes,  car  les 
voyages  revenaient  cher,  et  les  peines  prononcées  touchaient 
souvent  des  personnes  insolvables.  Le  Bureau  sentit  bien  tout 
de  suite  qu'il  pourrait  éprouver  plus  de  déboires  que  de  profit  de 
cette  décision,  par  laquelle  on  avait  eu  en  vue  «  premièrement 
la  gloire  de  Dieu  et  l'intérêt  du  public  »  (4), 

Pour  faire  rentrer  les  deniers,  on  employa  le  système  des 
dénonciateurs  qui  touchaient  un  cinquième  de  la  somme  perçue, 
en  cas  d'attribution  des  biens  d'un  duelliste;  cette  somme  fut 
bientôt  portée  au  tiers  pour  les  confiscations  n'excédant  pas 
20.000  livres  (5).  L'Hôtel-Dieu  était  d'ailleurs  obligé  de  s'adresser 
souvent  à  la  grand'chambre  du  Parlement  pour  se  faire  adjuger 


(i)  L'arrêt  subséquent  du  26  juin  1691  divisa  ainsi  le  produit  de  cet  octroi  :  34.. 000  1, 
pour  les  Enfants-Trouvés,  20.000  i.  pourl'H.-D  ,  14.000  L  pour  l'Hôpital  général.  {Régit 
,H.-D.,lï,  423.)  Voy.  aussi  arr.  7  juin  1693,  id.,  p.  453. 

(2)  Arr.  du  27  nov.  i6qi.  {Régi.  H.-D.,  II,  435.) 

(3)  Délib.  22  févr.  i658,  reg.  25,  fol.  3o  r°.  La  répression  du  duel  était  déjà  organisée 
auparavant  par  lord,  de  Moulins(i366),  les  ord.  de  mai  1579,  de  1602,  1609,  les  éd. de  1624, 
1643.  (M.  Andriveau,  De  la  Répression  pénale  du  duel;  Paris,  1893,  in-8«,  p.  17  à  33.) 

(4)  Délib.  1"  mars  i658,  reg.  25,  fol.  33  r°.  Il  s'agissait,  nous  l'avons  vu,  d'une  oeuvre 
pieuse  entreprise  par  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement. 

(5)  Délib.  24  juill.  i658,  reg.  25,  fol.  11 5.  En  1660,  P.  Desgodets,  jardinier  desTaîleries, 
touche  5oo  I.  comme  dénonciateur  du  duel  des  sieurs  de  Plainville  et  de  Gondreville.  (Oélib, 
21  mai.) 


L  HOTFL-DIEU    AU    XVIie    ET    AU    XVll 


les  biens  d'un  duelliste  et  ceux  de  ses  complices,  comme  en  i653  (i) 
pour  les  biens  du  marquis  de  Villars  de  la  Baume,  tue'  en  1646, 
ou  en  i655  (2),  ceux  du  marquis  de  Beaujeu  et  du  baron  des 
Barres,  qui  s'étaient  battus  et  tués  au  bois  de  Boulogne  en  i653. 

L'édit  d'août  1679  (?)  permit  aux  juges  d'attribuer  sur  les 
deux  tiers  des  biens  des  condamnés  pour  duel  ce  qui  leur 
paraîtrait  équitable  pour  la  nourriture  et  l'entretien  des  femmes 
et  des  enfants  des  duellistes.  La  déclaration  du  28  octobre  171 1  (4) 
porta  jusqu'aux  deux  tiers  de  la  valeur  des  biens  des  condamnés 
l'amende  qui  leur  serait  adjugée  sur  ce  qu'ils  se  trouveraient  pos- 
séder dans  les  provinces  où  la  confiscation  n'aurait  pas  lieu. 

Une  recrudescence  de  duels  qui  eut  lieu  après  la  mort  de 
Louis  XIV  rendit  nécessaire  l'édit  du  22  février  1 72?,  registre  en  lit 
de  justice  (5),  qui  renouvela  les  dispositions  des  précédents 
édits. 

LES  DROITS  SUR  LES  SPECTACLES 

C'est  seulement  en  171 6  que  l'Hôtel-Dieu  reçut  un  neuvième 
par  augmentation  du  droit  de  sixième  qui  se  percevait  déjà  depuis 
l'ordonnance  du  28  février  1699  en  faveur  de  l'Hôpital  général  (6), 
<f  pour  les  places  et  entrées  aux  opéras,  comédies  et  autres  spectacles 
publics  qui  se  jouent  à  Paris  par  la  permission  de  Sa  Majesté, 
sans  aucune  diminution  ni  retranchement,  sous  prétexte  de  frais 
ou  autrement».  Cette  ordonnance  du  roi  du  5  février  1716  (7)  fut 
obtenue  par  la  protection  du  régent,  le  duc  d'Orléans,  à  qui  les 
administrateurs  avaient  adressé  une  requête  pressante.  Les  sommes 
recueillies  devaient  être  affectées  aux  bâtiments  des  nouvelles  salles 
en  construction. 

Dès  1719,  les  directeurs  de  l'Opéra,  Francine  et  Dumont,  et  les 
Comédiens  Français  et  Italiens,  prétendirent  ne  payer  le  sixième  et 
le    neuvième,    attribués    à    l'Hôpital   général  et   à   l'Hôtel-Dieu, 


(i)  Délib.  19  déc.  i633,  reg.  21,  foî.  275  r«. 

(2)  Délib.  28  mai  i655,  reg.  22,  fol.  174  r». 

(3)  Ed.  contenant  règl.  général  pour  la  répression  du  duel.  (Néron,  II,  148,  et  Isambert, 
XIX,  209.) 

(4)  Déclaration  portant  règl.  pour  la  confiscation  au  profit  des  hôpitaux  des  biens  des 
condamnés  pour  duel  en  e.Kécution  de  l'art.  i3  de  l'édit  d'août  1679.  (Néron,  II,  433.) 

(3)  Isambert,  XXI,  2i3. 

(6)  Régi.  H.-D.,  lettres  patentes,  23  févr.  1699,  3o  août  1701,  8  janv.  1715.  A  Lyon,  dès 
le  xvi's.,  les  comédiens  prenaient  eux-mêmes  l'initiative  des  versements  dans  les  caisses 
des  hôpitaux. 

(7)  Règl.  H.-D.,  III,  i83,  avec  la  requête  au  régent,  imprimée  séparément.  lien  existe 
également  un  texte  dans  un  «  Mémoire  sur  les  spectacles  •■,  dont  il  y  a  une  expédition  aux 
Arcli.  nat.  et  à  celles  de  la  Comédie-Française.  Le  6"  et  le  9°  réunis  formaient  ce  qu'on  appe- 
lait u  le  quart  des  pauvres  »,  expression  qui  subsista  jusqu'en   1789. 


LES    REVENUS 


qu'après  avoir  prélevé  sur  leurs  recettes  les  frais  de  représentaiion. 
L'ordonnance  du  4  mars  1719  mit  fin  à  ces  prétentions  (i)  et  fixa 
pour  la  première  fois  une  jurisprudence  qui  allait  être  souvent 
contestée  par  la  suite. 

Les  ordonnances  de  police  des  6  février  et  17  mai  1732  (2) 
fixèrent  le  règlement  de  la  perception  du  neuvième  de  l'Hôtel-Dicu. 
Elles  établirent  des  contrôleurs,  assistant  aux  comptes  de  chaque 
représentation,  signant  les  feuilles  de  recettes  avec  les  directeurs 
de  théâtre,  et  touchant  à  la  fin  de  la  séance  le  neuvième  des 
recettes,  remis  immédiatement  au  receveur  général  de  rHùtcl- 
Dieu.  On  ne  procède  pas  autrement  encore  aujourd'hui. 

Dans  l'ordonnance  du  5  février  1716,  il  n'est  parlé  que  de 
THôtel-Dieu,  mais  Le  Clerc  du  Brillet  (3),  dans  son  Éloge  de  Dela- 
mare,  prétend  que  le  roi  ne  lui  fit  don  du  nouveau  droit  de  bienfai- 
sance sur  les  spectacles  «  qu'à  condition  expresse  d'en  rendre  une 
somme  convenable  à  M.  de  La  Mare,  pour  récompense  de  ses  longs 
services,  pour  dédommagement  des  avances  qu'il  a  faites  pour  la 
composition  et  l'impression  de  son  Traité  de  la  police,  ouvrage  si 
utile  au  public  «.  Dans  le  traité  que  l'Hôtel-Dieu  fit  avec  Delamare 
pour  la  part  qui  devait  lui  revenir  de  ce  don,  celle-ci  fut  fixée  à 
3oo.ooo  livres.  Il  faut  signaler  que  la  sœur  de  Delamare  était  alors 
prieure  de  THôtel-Dieu  et  que,  d'autre  part,  il  était  protégé  par  le 
premier  président  de  Mesmes  et  le  procureur  général  d'Aguesseau, 
qui  le  recommandèrent  au  régent  (4).  Il  n'avait  encore  paru,  en  1 7 1 6, 
que  2  tomes  du  fameux  Traité  de  la  police,  et  il  en  restait  3  à  éditer. 
II  fut  convenu  dans  le  contrat  passé  entre  l'Hôtel-Dieu  et  le  com- 
missaire du  roi  que  le  Bureau  se  chargerait,  sur  le  revenu  du  droit 
sur  les  spectacles,  de  consacrer  aux  frais  de  recherches,  copies  et 
impression,  la  moitié  des  20.000  livres  qu'on  s'engageait  à  payer 
pendant  les  dix  premières  années,  et  des  10.000  livres  pendant  les 
dix  suivantes;  l'autre  moitié  devait  être  donnée  aux  héritiers  (5). 

Les  historiens  du  droit  des  pauvres  (6)  n'ont  pas  manqué  de 


(i)  Il  faut  croire  pourtant  que  ces  prétentions  faillirent  être  admises,  car  il  existe  aux 
Arch.  nat.,  dans  les  reg.  du  Secrétariat  de  la  Maison  du  Roi  (QI  62,  fcj,  148).  une  ord.  du 
9  juin.  1718  décrétant  que  le  prélèvement  du  quart  ne  se  fera  qu'après  celui  des  frais  fixés 
à  600  1.  pour  l'Opéra,  3oo  1.  pour  la  Comédie-Française,  1 5o  1.  pour  la  Comédie-Italienne. 
En  marge  on  lit  :  la  présente  ord.  demeure  nulle  au  moyen  de  celle  du  4  mars  1719. 

(2)  Règl.  H.-D.,  III,  401,411. 

(3)  Cité  par  Rondonneau,  o.  c,  p.  i5q. 

(4)  Delamare  s'était  cassé  la  cuisse  droite  le  20  mars  171?. 

(5)  Délib.  du  5  févr.  1716  et  22  mai  1722.  Le  produit  de  la  vente  devait  être  partagé  pen- 
dant 20  ans  entre  Delamare,  l'H.-D.  et  ses  héritiers,  et  après  20  ans  appartenir  exclusive- 
ment àl'H.-D. 

16)  Ed.Bécliet,  le  Droit  des  paurres.Piinn,  if9i,in-8°,  cli.  i.— F.  Worms,  Rjfportsur  le 
droit  des  pauvres  ;  Paris,  Hénon,  1898,  in-4«.— "j.  Bonnassies,  le  Droit  des  pauvres  avant  et 
après    fj  S  g,  dans  les  Spectacles  forains  et  la  Co7iicdie-Fra>içaisc  ;  Paris,   18/5,   in-12.— 


Il8  i/hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIII<-    SIECLE 

rappeler  les  antécédents  de  ce  droit,  les  lettres  patentes  de 
Charles  VI,  du  24  avril  1407,  acccordant  aux  ménétriers  de  Saint- 
Julien  de  «  demander  et  cueillir  Taumône  Saint-Julien  aux  noces 
où  ils  seront  loués,  et  par  dons  accoutumés  »  ;  l'arrêt  du  Parlement 
du  27  janvier  1541,  autorisant  les  Confrères  de  la  Passion  à  repré- 
senter leurs  mystères  de  i  heure  à  5  heures  de  l'après-midi  et 
réclamant,  pour  cette  faveur,  i.ooo  livres  tournois  «  à  bailler 
aux  pauvres,  sauf  à  ordonner  plus  grande  somme,  à  cause  que 
le  peuple  sera  distrait  du  service  divin  et  que  cela  diminuera  les 
aumônes  ». 

Mais  ce  n'étaient  là  que  des  cotisations  intermittentes,  que  l'on 
cessait  bientôt  de  payer  (i).  Le  Parlement,  au  xvii^  siècle,  se  bor- 
nait généralement  à  assujettir  les  troupes  parisiennes,  lorsqu'elles 
allaient  jouer  dans  les  provinces,  à  donner  une  représentation  au 
profit  des  hôpitaux  de  Paris,  représentation  qu'il  fallait  renouveler 
chaque  mois,  si  le  séjour  se  prolongeait. 

C'est  ainsi  que  Molière  fut  contraint,  en  i658,  par  décision  du 
Parlement,  à  verser  la  recette  d'une  représentation  entre  les  mains 
des  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  (2).  Les  maisons  religieuses 
s'adressaient  aussi  aux  comédiens  pour  leurs  charités  (3).  On  a 
conservé,  entre  autres,  les  requêtes  des  Pères  Cordeliers  et  des 
Petits  Augustins  réformés  du  faubourg  Saint-Germain,  à 
«  l'Illustre  Compagnie  de  la  Comédie  du  Roi  »,  ce  qui  ne  les 
empêcha  pas  de  refuser  de  recevoir  les  comédiens  en  «  terre  sainte  ». 

Lorsque  le  quart  des  pauvres  fut  régulièrement  établi,  les  comé- 
diens supprimèrent  ou  diminuèrent  considérablement  leurs  sub- 
sides volontaires  aux  religieux  et  aux  pauvres. 

Nous  ne  saurions  rappeler  en  détail  tous  les  conflits  qui  s'éle- 
vèrent au  xviii^  siècle  entre  les  administrateurs  des  hôpitaux  et  les 
théâtres  (4)  et  les  difficultés  rencontrées  par  l'Hôtel-Dieu  dans  le 
recouvrement  de  ce  droit. 

L'ordonnance  de  1732,  qui  établissait  des  contrôleurs  du  droit 
des  pauvres,  ne  fut  pas  longtemps  appliquée,  ou  même  ne  le  fut 


G.  Cros-Mayrevieille,  le  Droit  des  pauvres  sur  les  spectacles  en  Europe;  Paris,  1889,  in-8<>. 
—  Conférence  Molé-Tocqueville,  Rapport  de  M.  Hesse,  p.  156-194  (Annuaire  de  1877). — 
R.de  Guillin,  Du  Droit  des  pauvres  sur  les  spectacles  à  Paris;  Paris,  1900,  in-8°. 

(i)  Dès  i588,  les  Confrères  de  la  Passion  ne  payent  plus  que  3oo  1.  aux  Enfants  de  la 
Trinité.  (Des  Essarts,  les  Trois  Théâtres  de  Paris;  Paris,   1767,  in-12,  p.  37.) 

(2)  F.  Worms,  o.  c,  p.  9. 

(3)  Les  trois  reg.  de  la  troupe  de  Molière  (1663-64,  1664-65,  1672-73),  ceux  de  l'hôtel 
Guénégaud,  ceux  de  la  Comédie-Française,  à  dater  de  i65o,  indiquent  presque  tous  les  jours 
Je  don  aux  pauvres,  aux  capucins,  i  1.  18  s.,  quelquefois  plus.  (J.  Bonnassies,  les  Spectacles 
forains  et  la  Comédie-Française  ;  Paris,  1875,  in-12,  p.  140.) 

(4)  Une  ord.  du  3o  janv.  1713  avait  assujetti  au  payement  de  la  taxe  les  petits  théâtres 
des  foires  Saint-Germain  et  Saint-Laurent.  (Code  de  l'Hôpital  général,  p.  562.) 


LES    REVENUS  I I9 


pas  du  tout,  car  ces  contrôleurs  ne  paraissent  pas  jamais  avoir  été 
nommés.  On  eut  recours,  de  nouveau,  au  forfait  (i);  au  bout  de 
peu  de  temps,  l'arriéré  à  payer  se  trouvait  considérable.  Ainsi,  en 
1 742,  les  Comédiens  Français  se  trouvaient  tellement  obérés  que  le 
roi  leur  accorda,  par  ordonnance  du  3o  décembre,  une  gratification 
de  72.000  livres,  à  titre  d'indemnité  des  pertes  occasionnées  par  la 
guerre  ;  elle  fut  employée  presque  entièrement  à  payer  l'arriéré  dû 
aux  hôpitaux  (2). 

En  1750,  d'Argenson,  ministre  de  la  guerre,  qui  avait  la  grande 
police  dans  ses  attributions,  projeta  de  supprimer  le  droit  des 
pauvres  en  supprimant  les  pauvres  eux-mêmes,  qu'il  voulait  dépor- 
ter dans  les  colonies,  et  une  décision  du  roi  du  i'^''  janvier  1750 
suspendit  même  le  payement  du  quart  des  pauvres  dans  tous  les 
théâtres.  Les  sommes  néanmoins  furent  comptées  et  mises  sous 
séquestre;  on  fit  bien,  car  les  difficultés  et  les  réclamations  étaient 
trop  nombreuses  et  l'ordonnance  du  20  février  1751  (?)  prescrivit 
le  payement  intégral  de  leurs  droits  aux  hôpitaux  et  la  commu- 
nication aux  contrôleurs  des  feuilles  de  produits  de  chaque  repré- 
sentation ainsi  que  des  registres  de  recette. 

En  1757,  les  administrateurs  voulurent  mettre  en  vigueur  l'or- 
donnance du  17  mai  1732  relative  à  l'établissement  de  ces  con- 
trôleurs ;  le  registre  d'assemblées  de  la  Comédie-Française  parle  d'un 
mémoire  présenté  le  25  avril  au  duc  de  Richelieu,  premier  gentil- 
homme de  la  Chambre,  pour  le  prier  de  s'opposer  à  l'exécution 
d'une  sommation  verbale  faite  par  les  hôpitaux  d'avoir  à  acquitter 
le  droit  chaque  jour  de  représentation.  Les  «  Comédiens  Français  » 
réussirent,  comme  précédemment,  à  se  soustraire  à  cette  obligation 
qu'ils  regardaient  comme  trop  onéreuse  ce  qui  prouve  qu'ils  détour- 
naient une  partie  de  la  taxe  réglementaire.  Ils  s'engagèrent  seu- 
lement, en  1759,  à  payer  mensuellement;  ils  n'en  firent  rien 
d'ailleurs.  En  février  1759,  ils  devaient  à  l'Hôpital  général  24.873  1. 
6  s.  8  d.  et  à  l'Hôtel-Dieu,  9.177  1.  i3  s.  1 1  d.  d'arriéré. 

Les  hôpitaux  furent  également  frustrés,  à  partir  de  1750  environ, 
par  l'établissement  de  petites  loges,  louées  à  l'année,  et  dont  la 
location  par  abonnement  échappait  à  la  taxe  ;  les  administrateurs 
s'adressèrent  au  Parlement  pour  faire  cesser  cet  abus  et  obtinrent, 
le    3  mai   1760,   un  arrêt  qui  leur  permit  de  faire  assigner   les 

(i)  Le  concessionnaire  de  IH.-D.  était  un  sieur  La  Rivière;  ses  comptes  liaient  rtîguliè- 
lement  rendus  au  receveur.  (Délib.  2?  fcvr.  1740,  reg.  109,  p.  70.) 

(2)  Acte  du  7  juin  1743,  passé  devant  M"  Lemoine  et  Savigny,  cité  par  Bonnassies,  o.  c, 
p.  162. 

(3)  Régi.  H.-D.,  IV,  9.  Voy.  aussi  lettre  de  d'Argenson  à  M.  de  Bernage.  Lexccution 
du  projet  de  dégrèvement  de  1760  fut  renouvelé  en  1736  par  un  mémoire  des  Comédiens 
Français  et  Italiens  qui  se  trouve  aux  Arch.  de  la  Comédie-Française. 


L  HOTF.L-DIKU    AU    XVIF    KT    AU     XVIIl 


théâtres.  Mais  ceux-ci  demandèrent  révocation  de  Tinstance  au 
Conseil  et  un  arrêt  ordonna  la  communication  de  leur  requête  aux 
administrateurs  des  hôpitaux.  Ils  avaient  d'ailleurs,  dès  le  com- 
mencément  de  la  procédure,  suspendu  tout  payement,  même  sur 
les  recettes  à  Tentrée.  De  leur  côté,  les  hôpitaux  adressèrent  un 
long  mém'oire  de  protestation  à  Sartine,  lieutenant  général  de 
police  [i]. 

L'Hôtel-Dieu  prétendait  avoir  été  frustré,  en  g  ans,  de 
1. 161.280  livres.  L'affaire,  après  de  nombreux  démêlés  et  pourpar- 
lers, aboutit  à  la  transaction  du  28  mai  1762  (2),  qui  abandonnait 
aux  théâtres  la  remise  de  ce  qu'ils  avaient  retenu  dans  le  passé  sur 
les  locations  et  les  abonnements,  leur  accordait  un  atermoiement 
pour  le  payement  de  leurs  débets  sur  les  recettes  à  l'entrée  et,  sur- 
tout, une  réduction  considérable  sur  la  moyenne  du  droit  qui  était 
fixé  à  3/20  du  produit  total  des  spectacles  pour  l'Hôpital  général  et 
au  i/io  pour  l'Hôtel-Dieu,  déduction  faite  de  3oo  livres  pour  les 
frais  de  représentation.  L'abonnement  de  la  Comédie-Française 
était  fixé  à  60.000  livres,  celui  de  la  Comédie-Italienne  à  55. 000, 
celui  de  l'Opéra  à  70.000.  Le  principe  de  la  perception  sur  la 
totalité  des  produits  des  spectacles,  y  compris  les  abonnements  et 
locations  de  loges,  était  admis. 

Les  difficultés  recommencent  en  177 1  à  propos  du  renouvelle- 
ment des  abonnements.  Celui  de  l'Opéra  est  porté  à  72.000  livres. 
Mais  les  deux  Comédies  refusent  de  subir  une  augmentation  ;  elles 
présentent  au  Conseil  un  mémoire  pour  obliger  les  hôpitaux  à 
renouveler  l'abonnement  sur  l'ancienne  base.  Ce  mémoire  est  ren- 
voyé au  lieutenant  général  de  police,  lequel  le  communique  aux 
administrateurs  qui  y  répondent.  Les  Comédiens  sont  obligés,  par 
arrêt  du  27  mars  1 771,  de  communiquer  leurs  registres,  et  les  admi- 
nistrateurs s'aperçoivent  que  les  Comédiens  ont  payé  aux  pauvres 
1. 16 1.280  livres  de  moins  que  s'ils  avaient  eu  à  acquitter  le  quart, 
tandis  que  la  modération  de  l'abonnement  ne  devait  les  faire 
bénéficier  que  de  519.978  livres.  Ils  présentent  leur  requête  au 
Conseil  le  12  août  1771  ;  celle-ci  reste  égarée  dans  les  bureaux.  Ils 
la  renouvellent  le  18  mars  1778.  Les  Comédiens  en  présentent 
également  une  nouvelle  et  continuent  à  ne  payer  que  60.000  et 
55.000  livres  i3].  Le  débat  se  prolonge.  En   1779,  les  Comédiens 


(1)  Rcffl.  H.-D.,  IV,  ?i7. 

(2)  Le  texte  qui  se  trouve  dans  les  Arch.  de  la  Comédie-Française  a  été  reproduit  par 
Bonnassies,  o.  c,  p.  171.  Cet  auteur,  qui  a  consulté  spécialement  les  Arch.  de  la  Comédie- 
Française,  ne  craint  pas  de  qualifier  de  fantastiques  les  comptes  présentés  à  cette  occasion 
par  les  Comédiens.  (Voy.  aussi  Arch.  nat.,  O  '  618  et  O  '  845.) 

(3)  Toutefois,  dans   un  document  tiré  des  Arcli.   de   l'Opéra,  cité  par  Bonnassies,  1« 


I.KS    RF.VFNUS 


demandent  la  diminution  de  l'abonnement  dans  un  Précis  contre 
les  administrateurs  ;  les  hôpitaux  répondent  Tannée  suivante  par 
un  Mémoire  imprimé,  où  ils  refont  à  nouveau  Thistorique  de  la 
question  (i  . 

Le  procès  durait  encore  quand  la  loi  des 4,  5,  6  août  1789  abolit 
l'impôt  du  droit  des  pauvres,  qu'allait  rétablir  la  loi  du  7  frimaire 
an  V.  Les  contemporains  avaient  accepté  d'ailleurs  sans  murmurer 
cette  taxe  sur  les  plaisirs,  et  Voltaire  écrivait  dans  son  Dictionnaire 
philosophique  :  «  Par  une  police  admirable,  les  voluptés  même  et 
le  luxe  servent  la  misère  et  la  douleur.  Les  spectacles  de  Paris  ont 
payé,  année  commune,  un  tribut  de  plus  de  cent  mille  écus  à 
l'hôpital.  » 


L'Hôtel-Dicu  se  trouva  le  seul  à  peu  près,  parmi  les  établisse- 
ments hospitaliers,  à  ne  pas  profiter  des  nombreuses  loteries  orga- 
nisées, surtout  au  xvin"  siècle,  pour  venir  en  aide  aux  communautés 
et  aux  hôpitaux  [2)  :  loterie  des  Enfants-Trouvés,  en  1717;  loterie 
royale,  devenue  monopole  d'État  en  1776,  englobant  celle  de  la 
Pitié,  établie  par  arrêté  du  7  septembre  1762,  et  des  Enfants-Trou- 
vés, supprimant  toutes  les  loteries  particulières  (3),  supprimée  à 
son  tour  en  l'an  II  pour  renaître  le  9  vendémaire  an  VI. 

Il  ne  profita  pas  non  plus  de  l'emprunt  de  12  millions  rem- 
boursables en  un  an,  par  voie  de  loterie,  au  profit  des  hôpitaux, 
fait  par  la  Ville  de  Paris,  autorisée  par  arrêt  du  Conseil  d'Etat 
du  i3  octobre  1787;  puis  du  dixième  de  la  somme  des  lots  et 
primes    (5o.ooo    billets,     10.000     lots,     2    primes    de    faveur    de 


Comédie-Italienne  aurait  payé,  en  1788,  60.000  1.  :  voici  quel  était  le  produit  général  du  droit 

indiqué  pour  cette  année  1788  : 

/     Opéra 72.000   I 

\     Comédie-Française 60.000  f 

Abonnement..  <     Comédie-Italienne 60.000   >     264.000  1. 

i    Variétés  amusantes 60.000  i 

[     Beaujolais 12.000  ] 


Qu, 


Audinoi 3o.ooo 

Nicolet 3o.ooo 


réellement  ^'^«'^^ ^°-"""  68.o5o  I. 

j     Salle 6.000  1 

f '-'"■•"  [     Divers 2.o3o  / 

Total.    .   .       332. 000  1. 
(i)  Délih.  12  mai  1779.  Texte  reproduit  par  Nielly   et   Seigneur,  le  Droit  des pauvre.'<  : 
Paris,  1903,  in-8",  p.  21. 

(2)  Code  de  l'Hôp.  gén.,  p.  3i9  à  326.  —  J.  Dusaulx,  Rapport  et  projet  de  décret  sur  Lr 
suppression  desjeu.v  de  hasard,  tripots  et  loteries;  Paris,  1792,  in-8»,  5o  p.  —  Rapport  de 
Lecouteulx-Canteleu  au  Conseil  des  Anciens  sur  les  loteries,  séance  du  5  germinal  an  \', 
in-8'',  16  p.— J.  Corblet,  Étude  historique  sur  les  loteries  ;  Paris,  1861.  in-S".  —  A.  Thirouin. 
les  Loteries  (tlièse)  ;  Paris,  1901,  in-S",  39  p. 

(3)  Rcgl.  //.-D.,  arrêts  du  Conseil  d'État  des  20  sept.  1727,9  déc.   175.1^.  26  avr.    1777. 


I.  HOTEL-DIEr 


a-    XVIJi'    KT    AIT    XVIIie    SIKCLE 


20.000  livres  au  premier  et  dernier  billets  sortants),  déduction 
faite  des  tarais  de  l'emprunt,  qui  devait  constituer  un  fonds  affecté 
aux  dépenses  ayant  pour  objet  «  l'établissement  des  nouveaux 
hôpitaux  ordonné  pour  suppléer  à  Finsuffisance  de  THôtel-Dieu  », 
puisque  cet  argent  fut  confisqué  par  l'État  (i). 

Enfin,  nous  ne  trouvons  aucune  trace  d'une  somme  quelconque 
reçue  sur  cette  Caisse  des  hôpitaux  civils  (2),  fondée,  croit-on, 
par  Necker,  au  moyen  de  dons  du  roi  ,  et  du  produit  du  droit, 
cédé  par  l'archevêque  de  Paris,  «  de  dons  faits  lors  de  la  conclu- 
sion de  leurs  baux  par  les  fermiers  généraux,  les  administrateurs 
des  domaines  et  de  la  régie  des  aides  ». 


PEAGE     DU     PONT-AU-DOUBLE 

Nous  ne  saurions  oublier,  parmi  les  revenus  de  l'Hôtel-Dieu, 
encore  qu'ils  fussent  peu  importants,  les  produits  du  péage  du 
Pont-au-Double.  De  1734  à  1744,  la  recette  moyenne  oscille  entre 
10.000  et  12.000  livres.  De  1765  à  1779,  les  recettes  sont  les  sui- 
vantes (3)  : 


1765  .  . 

.  .  14.  3  10  livres 

1773  .  . 

.  .  15.164 livres 

1766  .  . 

.  .  14.843  - 

1774  •  ■ 

.  15.446  — 

,767  .  . 

.  .  14.363  — 

1775  .  . 

.  15.423  — 

1768 .  . 

.  .  14.530  - 

.776  .  . 

.  17.403  - 

1769  .  . 

.  .  15.237  - 

'777  •  • 

.  I 5 . 346  — 

1770  .  . 

.  .  15.948  - 

1778  .  . 

.  15.793  - 

I77I  .  . 

.  .  T4.527  - 

1779  •  • 

.  16. .194  — 

1772  .  . 

.  .  14.314  — 

De  1780  à  1785,  le  total  des  recettes  présente  moins  de  régula- 
rité (4)  ;  après  être  monté  jusqu'à  23. 000  livres  en  1782,  il  redes- 
cend à  14.000  en  1783  et  à  t3.ooo  en  1784;  il  faut  dire  qu'entre 
ces  dates  on  avait  démoli  le  Petit-Châtelet,  et  qu'à  partir  du  3o  sep- 
tembre 1782  on  put  passer  à  toute  heure  du  jour  sur  l'emplacement 
du  Petit-Châtelet,  ce  qui  donnait  de  «  l'air  »  dans  la  circulation 
du  quartier. 


(i)  Voy.  J.  Corblet,  o.  c,  p.  26. 

(2)  Camille  Bloch,  o.  c,  3o3-3o4,  et  Tuetey,  0.  c,  t.  I,  p.  i  à  1 1. 

(3)  Arch.  A.  P.  Registres  de  recettes  (de  1734  a  1783).  Il  y  a  une  lacune  de  1774  (octobre) 
à  1764  inclus,  dans  les  3  registres  qui  forment  la  i"  liasse  du  fonds  nouveau  de  l'H.-D. 
Le  préposé  au  péage  a  eu  soin  d'ouvrir  à  chaque  page  du  compte  mensuel  une  sixième 
colonne  d'observations  dans  laquelle  il  a  enregistré  les  faits  dont  la  mémoire  lui  a  paru 
digne  d'être  conservée  ;  cette  partie  ne  manque  pas  d'intérêt  pour  l'histoire  parisienne. 
Brille  en  a  donné  des  extraits.  (Iiiv.,  t.  IV,  p.  3i2  et  sqq.) 

(4)  Lorsque  les  deniers  cessèrent  d'avoir  cours,  ils  furent  remplacés  par  les  liards. 


LES    RKVENUS 


EXEMPTIONS     DE     TAXES 

De  tout  temps,  rHoiel-Dieu  avait  joui  de  privilèges  spéciaux 
pour  son  approvisionnement.  Dès  le  mois  de  juin  1248,  saint 
Louis  Tavait  déchargé,  par  lettres  patentes,  de  tous  impôts  «  pour 
les  vivres  et  nécessités  des  pauvres  »,  et,  en  octobre  1269,  de 
TOUS  péages  par  eau  et  par  terre  ;  puis  Charles  V  l'avait  exempté 
des  aides  sur  le  vin  pour  ses  provisions,  «  provenant  tant  de  son 
cru  que  d'achat  »  (lettres  patentes  du  20  septembre  1367)  ; 
Charles  VII,  de  l'aide  de  8  sols  sur  chaque  queue  de  vin  entrant  à 
Paris  pour  sa  provision  (i);  François  l",  des  droits  d'aide  sur 
tout  le  bétail  acheté  pour  sa  provision,  ailleurs  qu'au  marché  de 
Paris  (2),  et  même  de  l'aide  extraordinaire  de  2  s.  6  d.  imposée 
sur  le  vin  sortant  et  entrant  à  Paris,  en  1544,  pour  la  contribution 
des  fortifications. 

Henri  IV,  continant  la  sollicitude  de  ses  prédécesseurs,  permit, 
par  lettres  patentes  du  22  octobre  094,  d'amener  chaque  semaine 
pour  la  provision  de  l'hôpital  3  bœufs  et  10  moutons  «  franchement 
et  quittement  de  tous  droits  et  impositions  »  ;  cette  quantité  fut  aug- 
mentée, en  I  597,  de  3  bœufs  et  i  5  moutons  (3).  En  1 60 1 ,  les  fermiers 
du  droit  de  i  5  sols  sur  chaque  muid  de  vin  entrant  à  Paris,  Jacques 
Deschamps  et  ses  associés,  soutenus  par  le  prévôt  des  marchands 
et  les  échevins,  essayent  de  lui  faire  payer  ce ^  droit,  mais  l'arrêt 
de  la  Cour  des  aides  du  i3  décembre  1601  les  déboute  de  leurs 
prétentions  et  déclare  l'Hôtel-Dieu  exempt  du  droit  jusqu'à 
concurrence  de  280  muids  de  vin  par  an. 

Henri  IV  renouvelle  également  les  exemptions  dont  jouissait 
l'Hôtel-Dieu  pour  sa  provision  de  sel,  en  lui  octroyant  un  muid 
et  demi  à  prendre  par  an  au  grenier  à  sel  de  la  Ville  de  Paris,  qu'il 
payera  seulement  au  prix  marchand,  «  franc  et  quitte  »  du 
droit  de  gabelle  (4).  L'adjudicataire  général  des  greniers  à  sel  du 
royaume,  Claude  Josse,  était  déchargé  d'autant  sur  la  somme 
qu'il  devait  remettre  à  «  l'Épargne  »  du  roi. 

(i)  H.-D..  I.cltrcx  yalcnlcs  cl  <.7n\'ls.  p.   17.  Lettres  patentes,  25  juillet  1419. 

(2)  Rèf^l.  H.-D.,  I,  93,  lettres  patentes  données  à  Fontainebleau  le  23  novembre  iJSp.  La 
ferme  du  bétail  à  pied  fourché  vendu  au  marché  de  Paris  avait  été  adjugée  en  n23  aux 
<•  maîtres  jurés»  bouchers  et  autres  suppôts  dudit  état  de  boucherie  moyennant  12.000  1. 
Le  Parlement,  par  arrêt  du  28  avril  i523,  avait  exempté  des  droits  un  certain  nombre  de 
personnes. 

[3]  Rcpl.  H.-D.,  1.  189,  lettres  patentes  données  à  Saint-Germain,  le  29  décembre  1397. 
registréesen  la  Chambre  du  Trésor  le  4  mars  iSgS. 

(4)  Kcf^l.  H.-D.,  I,  211,  édit  du  4  juillet  i6o3,  registre  en  Ha  Chambre  des  comptes  le 
8  août,  et  en  la  Cour  des  aides  le  i"  septembre.  Ce  privilège  fut  renouvelé  par  lettres 
patentes  de  Louis  XIII  de  juin  i633,  de  Louis  XIV,  de  juillet  1646. 


24  I.  HOTKL-BIP.U    AU    XVII*-    Kl 


Au  cours  du  XVII''  siècle,  tous  les  privilèges  précédemment 
accordés  furent  renouvelés,  soit  à  l'occasion  de  procès,  soit 
spontanément.  Nous  ne  pouvons  que  mentionner  les  principales 
décisions. 

Une  sentence  de  l'élection  de  Paris  du  ?o  mai  1616  maintient 
l'exemption  de  toute  imposition  d'entrée  sur  le  bétail  à  pied 
fourché  (i).  Un  arrêt  de  la  Cour  des  aides  du  27  mars  1628 
accorde  une  nouvelle  exemption  de  6  livres  sur  le  muid  et  demi 
de  sel  payé  par  lui  au  prix  marchand,  malgré  les  prétentions  des 
«  grenetiers,  controlleurs  et  officiers  «  du  grenier  à  sel  de  Paris, 
dont  la  tentative  sera  reprise  d'ailleurs  à  diverses  époques  par  les 
adjudicataires  des  gabelles  (2). 

Pour  ses  exemptions  de  droits  d'entrée,  THôtel-Dieu  rencontre 
des  résistances  qu'il  lui  faut  vaincre,  à  chaque  instant,  en  s'adres- 
sant  au  Parlement  ou  au  Conseil  d'État.  En  i652,  le  procureur 
du  roi  au  grenier  à  sel  refuse  de  délivrer  l'augmentation  d'un 
muid  et  demi  et  dix  minots  de  sel  (3^,  au  prix  marchand 
accordé  par  arrêt  du  Conseil  d'État  du  22  novembre  i65i,  qui 
n'a  pas  encore  été  registre  en  la  Cour  des  aides.  Le  Conseil  d'État 
est  obligé  de  prendre  un  nouvel  arrêt  du  3o  janvier  i652, 
ordonnant  à  Jacques  Dattin,  adjudicataire  général  des  gabelles, 
et  aux  officiers  du  grenier  à  sel,  de  faire  la  livraison  demandée  (4^. 
L'Hôtel-Dieu  se  trouve  d'ailleurs  confirmé,  par  l'arrêt  du  Conseil 
d'État  du   17  juin  i655  (5),   dans  son  privilège  de    «  franc-salé  ». 

Non  seulement  les  bateaux  portant  la  provision  de  vin  étaient 
parfois  arrêtés  aux  péages,  mais  aussi  ceux  qui  apportaient  les 
blés  et  le  charbon.  Ainsi,  en  1660,  l'Hôtel-Dieu  a  acheté  du  bois 
«  à  des  officiers  qui  ont  droit  de  chauffage  en  la  forêt  de  Fontai- 
nebleau »  et  fait  marché  pour  le  transport  avec  un  voiturier  par 
eau  de  Melun  ;  les  bateaux  sont  saisis,  et  il  est  obligé  de  s'adresser 
au  Conseil  d'État  pour  se  faire  décharger  des  droits  du  domaine 
du  roi  [6)  et  de  barrage. 


(i)  Règl.  H.-D.,  I,  249,  instance  entre  Jean  de  Comminges,  procureur  de  Marin  Gondin. 
boucher,  fournisseur  de  l'H.-D.,  et  Jacques  Decaulx,  procureur  de  Nicolas  Buchet,  fer- 
mier du  bétail  à  pied  fourché  entrant  «  en  cette  ville  et  faulxbourgs,  banlieue  et  blancs- 
murs  de  Paris  ». 

(2)  Règl.  H.-D.,}.,  293,  3oi,  321.  Voy.  arrêts  de  la  Cour  des  aides  des  25  oct.  1629,  3  juin 
i63i,  29  mai  1634. 

(3)  Au  temps  de  Henri  IV,  le  prix  du  minot  de  sel,  soit  100  livres,  valait  8  1.  5  s.  2  d.,dans 
les  pays  de  grandes  gabelles.  En  1661,  le  sel  se  payait  à  Paris  42  1.  4  s.  2  d.  (Lavisse- 
Hist.  de  Fr..  t.  VU  [\"  partie),  1906,  p.  196,  et  E.-P.  Beaulieu,  les  Gabelles  sous  Louis  XIV; 
Paris,  1903,  in-8».) 

(4)  Règl.  H.-D.,  I,  437,  arrêt  renouvelé  le  26  juillet  i653,  confirmé  par  lettres  patentes 
du  roi  de  juillet  i653,  et  la  sentence  du  grenier  à  sel  du  3  septembre  i633. 

(5)  Règl.  H.-D.,  I,  525.  Voy.  aussi  l'ordonnance  des  commissaires  du. Conseil  du 
23  juin  i656;  id.,  I,  55i,  et  l'arrêt  du  Conseil  d'État  du  28  sept.  i656;  id.,  I,  563. 

(6)  Règl.  H.-D.,  II,  9,  arrêt  du  17  nov.  1660  ;  id.,  II,  17,  arrêt  du  20  janv.   1661. 


En  1661,  le  fermier  des  40  sols  pour  muid  de  vin  passant 
«  dessus  et  dessous  »  les  ponts  de  Joigny  veut  lui  faire  payer  la 
taxe;  il  obtient  contre  lui  un  arrêt  le  menaçant  de  3. 000  livres 
d'amende,  à  peine  de  répétition  (i). 

En  1662,  il  a  acheté  à  Péronne  200  muids  de  blé  qui  doivent 
arriver  par  bateau  à  partir  du  pont  de  Leveste-lès-Noyon  sur 
Oise.  Il  est  obligé  de  se  faire  donner  des  lettres  de  sauvegarde 
et  passeport  2),  pour  les  droits  de  «.  péage,  travers,  ponts  et 
chaussées  ». 

En  i663,  François  Chapelle,  propriétaire  des  offices  de 
courtiers  et  jaugeurs  de  tonneaux  en  la  généralité  de  Paris,  lui 
a  fait  payer  les  droits  de  courtage  et  jaugeage  pour  chaque 
muid  de  vin  passant  sous  les  ponts  de  Sens.  Il  obtient  contre  lui 
un  arrêt  du  Conseil  d'État,  qui  lui  fait  restituer  les  sommes 
indûment  perçues,  et  le  menace  de  5oo  livres  d'amende  en  cas  de 
récidive  (3).  La  même  année,  c'est  le  fermier  du  maréchal  de 
Villeroy  aux  péages  du  pont  de  Corbeil  qui  fait  saisir  un  tonneau 
de  cendres  à  blanchir,  dont  il  obtient  la  mainlevée. 

Ce  n'est  pas  seulement  en  province,  mais  encore  à  Paris  qu'on 
est  tenté  de  passer  outre  à  ses  privilèges.  Ainsi,  en  i663,  il  se  fait 
rendre  26  sous  que  le  sieur  Godart  et  ses  commis  ont  perçu  pour 
droit  de  «  barrage  et  domaine  »  à  la  porte  de  la  Conférence  pour 
un  ballot  de  toile  venant  d'Alençon  (4). 

Il  serait  trop  long  d'énumérer  tous  les  procès  faits  à  THôtel- 
Dieu  à  l'occasion  de  ses  exemptions.  Ils  se  retrouvent  dans  toutes 
les  contrées  où  il  s'approvisionne,  à  Ferrières,  Château-Landon, 
Nemours,  pour  ses  vins  et  huiles,  qui  arrivent  «  sur  la  rivière  de 
Loin  »  (5)  ;  à  Melun.  pour  ses  bateaux  de  cendres  (6);  à  Cravant, 
Auxerre,  Joigny,  pour  ses  vins  (7)  ;  à  Cravant,  pour  les  cendres 
faites  dans  les  forêts  «  de  Morvant  »  (8;. 

L'arrêt  du  Conseil  d'État  du  3o  mars  1706  (9)  ne  cache  pas 
que  nonobstant  «  des  privilèges  si  bien  établis  »,  les  jaugeurs, 
rouleurs  et  déchargeurs  de  vin,  les  mesureurs  et  porteurs  de  grains, 
les  contrôleurs  de  la  marchandise  de  foin,  les  auneurs  de  toile. 


(1)  Rùgl.  H.-D.,  II,  21,  airCt  du  Conseil  d'Etat,  17  fcvr.  1661. 

(2)  Rcgl.  H.-D.,  II,  3y,  id.,  27  avril  1662. 

(3)  Régi.  H.-D.,  11,  ôi,  id.,  28  avril  i663. 

(4)  Rcgl.  H.-D.,  II,  i63,  id.,  9  juin  i683. 

(5)  Régi.  H.-D.,  II,  181,  arr.  du  Parlement,  20  mars  1670. 

(6)  Régi.  H.-D.,  II,   i85,  arr.  de  la  Cour  des  aides  du  28  mars  1670. 

(7)  Régi.  H.-D.,  Il,  189,  arr.  du  Conseil  d'iitat  du  16  mars  1671;  id.,  i5  janvier  1671. 
{Régi.  H.-D.,  II,  193.) 

(8)  Arr.  des  juges  ordonnes  par  le  roi  pour  juger  en  dernier  ressort  et  sans  appel  les 
procès  des  reformations  des  eaux  et  forets  de  France  au  siège  géntiral  de  la  Table  de 
marbre  du  Palais  à  Paris  du  8  lévrier  1680.  [Régi.  H.-D.,  11,  297.) 

(9)  Régi.  H.-D.,  Il,  6o3. 


126  l'hOTKL-DIEU    au    XVII«    et    au    XVIIl'     SIÈCLE 

les  gardes  de  nuit,  les  metteurs  à  port,  les  mesureurs  et  porteurs 
de  bois,  les  mouleurs  et  autres  officiers  sur  le  bois,  et  d'une 
manière  générale,  tous  les  officiers  de  la  Ville  de  Paris  veulent 
exiger  leurs  droits  ;  ils  font  des  procès  à  l'Hôtel-Dieu  et  à  l'Hôpital 
général,  pour  en  être  payés,  ainsi  qu'à  leurs  marchands  et  voi- 
turiers. 

L'Hôtel-Dieu  continue  néanmoins  à  recevoir  des  exemptions 
d'impôts  pour  ses  provisions  qui  se  font  de  plus  en  plus  importantes. 
Son  vin  est  déchargé  par  arrêt  du  24  mars  1 646  (  i  )  de  tous  les  droits 
d'entrée  et  autres,  savoir  les  10  sols  des  aides,  les  5  sols  pour  la 
généralité,  les  5  sols  des  pauvres,  les  5  deniers  de  la  ceinture  de 
la  reine,  les  2  sols  des  barrages.  Cette  provision  est  fixée  par 
différents  arrêts  à  800  muids  (2). 

La  provision  de  vin  se  faisait  surtout  «  au  pays  de  Bourgogne  n 
de  même  que  celle  des  cendres  pour  les  lessives.  S'il  n'était  rien 
perçu  à  l'entrée  de  Paris,  il  y  avait  de  nombreux  droits  de  péages 
qu'il  fallait  acquitter  en  cours  de  route,  2  sous  par  muid  à 
Gravant,  3  s.  4  oboles  à  Auxerre,  2  sous  à  Joigny,  8  s.  2  d. 
à  Villeneuve-le-Roi,  10  s.  i  d.  à  Sens,  4  sous  à  Pont-sur-Yonne, 
2  sous  à  Montereau,  2  s.  8  d.  à  Saint-Mesmin,  8  deniers  à  Melun, 
Souvent  les  provisions  étaient  arrêtées  à  l'un  de  ces  péages. 
L'Hôtel-Dieu  obtint  en  1654  un  arrêt  du  Conseil  d'État  (3\ 
faisant  défenses  aux  fermiers  ou  commis  aux  recettes  de  ces  péages 
d'exiger  des  droits  pour  les  vins  et  cendres  qui  lui  étaient  destinés. 

En  1654,  une  imposition  nouvelle  de  3  sous  par  livre  sur  les 
droits  d'entrée  sur  le  vin  et  de  8  sous  parisis  pour  le  barrage, 
s'ajoute  aux  anciens  droits.  Il  s'en  fait  décharger  par  un  arrêt 
du  17  décembre  1654(4). 

En  i655,  ce  sont  les  receveurs  et  commis  à  la  recette  du  droit 
de  20  sous  pour  muid  appelé  «  maubouge  »  (5)  qui  veulent  faire 
payer  l'Hôtel-Dieu;  il  obtient  l'arrêt  du  27  octobre  i655  le 
déchargeant  de  ce  nouveau  droit,  et  la  mainlevée  de  toutes  les 
saisies  faites  à  cette  occasion  (6). 

La  provision  fixée  à  800  muids  est  vite  devenue  insuffisante; 

(1)  Ré^rl.  H.-D.,  I,  3-7. 

(2)  Ràgl.  H.-D.,  I,  421,  ord.  des  g  oct.  1647,  12  oct.  16+8,  27  oct.  1649,  29  nov.  i65o. 
Arrêt  du    Conseil  d'Etat,  8  nov.  i65i. 

(3)  Rcgl.  H.-D.,  I,  487.  Voy.  aussi  arrêts  des  i5  nov.  i656  (I,  5-1)  et  10  nov.  1637  (577I. 
Ces  droits  avaient  été  augmentés  par  de  nouvelles  concessions  :  leur  ensemble  revenait  pour 
chaque  muid  de  vin  à  3  1.  4  s.  6  d.  Voy.  AI.  Thomas,  la  Bourgogne  Je  166 r  à  i  ■/ 1 5  ; 
Paris,  1844,  et  Callery,  Hist.  du  système  général  des  droits  de  douane  aux  xvi»  et 
XVII»  siècles,  dans  Rev.  hist.,  janv.   1902. 

(4)  Rcgl.  H.-D.,  I,  307. 

(5)  Du  nom  de  l'adjudicataire  Jean  .Maubouge. 

(6)  Rcgl.  H.-D.,  I,  53i. 


I.KS    REVENUS 


aussi  rHotcI-Dieu  est  oblige  de  se  faire  exempter  pour  le  com- 
plément de  sa  provision,  soit  loo  muids  supplémentaires  en  1708 
et  400  muids  en  1721  (i).  Il  achète  à  cette  époque  beaucoup 
en  Languedoc,  et  les  mêmes  difficultés  qu'en  Bourgogne  se 
retrouvent  aux  péages  de  la  Voulte,  de  Saint-Vallier,  de  Vienne,  de 
Valence  (2).  Il  avait  même  un  commissionnaire  dans  le  pays, 
chargé  d'acheter  sa  provision  et  celle  des  Incurables. 

Il  n'est  pas  exempt  des  mêmes  tracasseries  pour  ses  provisions 
de  poisson.  Les  aides  de  Dieppe  restituent,  en  17 17,  3i  livres 
perçues  sur  7  hambourgs  ou  barils  de  saumons  (3),  et  le  bureau  de 
la  Pointe  25  1.  i  s.  2  d.  perçus  sur  une  provision  de  200  morues 
vertes  achetées  à  Nantes. 

En  171 1,  les  administrateurs  demandèrent  au  contrôleur  généra^ 
des  finances  à  être  déchargés  du  payement  du  droit  de  pied  fourché 
pour  le  bétail,  que  leurs  prédécesseurs  avaient  laissé  payé  pai 
négligence,  malgré  les  lettres  patentes  d'exemption,  depuis  1648. 
D'après  un  calcul  présenté  dans  leur  mémoire,  cette  dépense 
s'élevait  pour  eux  à  19. 118  livres,  dont  5.3i8  pour  336  bœufs 
à  raison  de  i5  1.  16  s.  7  d.  de  droit  par  pièce,  9.120  livres 
pour  6.840  moutons,  à  raison  de  i  1.  6  s.  8  d.,  et  4.680  livres 
pour  1.200  veaux,  à  raison  de  3  1.  18  s.  Mais  en  présence  de  l'op- 
position des  fermiers  généraux  qui  firent  valoir  les  craintes  d'abus 
et  de  fraude,  au  lieu  d'accorder  l'exemption  du  droit  par  pièce  de 
bétail,  le  contrôle  général  fit  simplement,  par  décision  du 
28  août  1714,  une  remise  annuelle  fixe  de  7.500  livres  à  l'Hôtel- 
Dieu,  moyennant  quoi  il  devait  payer  le  droit  ordinaire  (4). 

Les  cuirs,  achetés  pour  son  usage  (5),  avaient  le  privi- 
lège, dès  leur  arrivée  à  la  Halle  aux  cuirs,  d'être  visités,  con- 
trôlés et  marqués,  sans  attente  et  sans  aucun  frais  par  les  vendeurs 
et  contrôleurs  des  cuirs.  Ces  cuirs,  pour  être  reconnus,  devaient 
être  marqués  des  lettres  H.  D. 

De  même,  ses  provisions  de  toile  étaient  exemptes  des  droits 
perçus    à    leur  entrée   dans  Paris   par  les    auneurs  de   toile   [6]; 


(1)  Rcgl.H.-D.,  m,  273,  arr.  du  i3  mai  1721. 

(2)  iît'g-/. //.-D.,  III,  passim,  arr.  du  16  avril  171 1,  ordonnant  la  mainlevée  de  pièces 
saisies  par  le  receveur  des  péages  de  Vienne;  du  3  août  1712,  au.>c  péages  de  la  Voulte  et 
Saint-Vallier;  du  2^  mai  1748,  au  péage  de  la  V^oulte  ;  du  17  déc.  1739,  aux  péages  de 
Vienne  et  V'alence. 

(3)  Régi.  H.-D.,  III,  193,  arr.  21  juin  1717. 

(4)  Arch.  nat.,  G^  440.  Papiers  du  contrôle  général,  note  en  niai.je  du  mémoire  de 
l'H.-D.,  «accordé  7.500  1.  »  (28  août  17 14). 

(3)  Rcgl.  H.-D.,  III,  307,  arr.  du  Parlement,  7  sept.  1742.  Cette  marque  des  cuirs 
était  exigée  par  les  édits  de  juin  i585,  janv.  1396,  et  le  règl.  du  ty  mai  1738. 

{6)  Régi.  H.-D.,  U,  bS-,  III,  49,  283,  lettres  patentes,  i"  mars  i;)),  23  sept.  170;), 
12  mai  1722. 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVII''    ET    AU    XVIII'^    SIECLE 


plusieurs  commis  préposés  à  la  perception  de  ce  droit  sont  con- 
damnés en  1722  à  restituer  les  sommes  indûment  perçues  (i). 

Il  échappe  également  aux  droits  réclamés  au  port  au  blé  par 
les  mesureurs  de  grains  qui  sont  obligés  de  restituer,  en  171 1  2), 
8  livres  pour  droits  d'entrée  perçus  sur  2  setiers  de  blé  et  2  muids 
d'orge,  ainsi  qu'aux  droits  dus  à  la  communauté  des  «  officiers  con- 
trôleurs jurés  planchéeurs  et  commissaires  au  nettoiement  des 
ports  pavés  de  la  Ville  »  (3]. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  l'Hôtel-Dieu  fut  exempté  pour  ses 
provisions  de  viande  des  droits  établis  en  1704  à  l'occasion  de  la 
création  des  offices  d'inspecteurs  aux  boucheries  «  dans  les  villes 
et  bourgs  fermés  du  royaume  »  {4),  pour  veiller  à  la  qualité  des 
viandes  débitées  par  les  bouchers,  et  tenir  la  main  à  l'exécution 
des  règlements    de    police  ;    il   était   attribué    à    ces    inspecteurs 

3  livres  par  bœuf  ou  vache,   12  sous   par  veau  ou  par   génisse, 

4  sous  par  mouton,  brebis  ou  chèvre.  L'adjudication  de  ces  droits 
fut  accordée,  pour  Paris,  à  Élie  Biest  pour  6  ans  9  mois  (5)  ;  le 
droit  de  consommation  des  hôpitaux  de  Paris  fut  fixé,  par  arrêt  du 
Conseil  d'État,  à  10.000  livres,  dont  3.65i  1.  8  s.  pour  IHôtel- 
Dieu.  Ces  sommes  devaient  être  payées  aux  hôpitaux  par  le 
fermier  des  droits  d'inspecteurs  (6).  Une  nouvelle  répartition  de 
ces  sommes  fut  faite  en  1706,  sur  la  réclamation  de  l'hôpital 
Sainte-Catherine,  qui  avait  été  omis  ;  la  part  de  THôtel-Dieu  fut 
réduite  à  3.63o  1.  8  s.  (7). 

L'Hôtel-Dieu  fut  déchargé,  par  Tédit  de  juin  1703,  pour  ses 
provisions  de  bois,  des  droits  de  2  sols  par  voie  de  bois  vendus 
et  débités  sur  les  chantiers  et  sur  les  ports  établis  par  la  réunion 
des  offices  héréditaires  de  trésoriers  de  bourse  commune  8)  avec 
les  cent  contrôleurs-marqueurs  créés  par  l'édit  de  janvier  1703, 
qui  augmentait  également  les  gages  «  des  offices  de  jurés  mouleurs 
de  bois,  aides,  chargeurs  et  contrôleurs  des  quantités  » .  La  «  finance  » 
délivrée  au  roi  pour  la  création  de  ces  cent  offices  nouveaux  de 
contrôleurs  s'élevait  à  440.000  livres,  et  pour  l'augmentation  des 
gages  à  1. 100. 000  livres  sur  le  pied  du  denier  16  ;  pour  couvrir  ces 


(1)  Rcg-l.  H.-D.,  III,  279,  arr.  du  Parlement,  24  mars  1722. 

(2)  Régi.  H.-D.,  III,  107,  arr.  du  Parlement,  6  juill.   171 1. 

(3)  Régi.  H.-D.,  III,  III,  arr.  du  Parlement,  16  juill.  171 1. 

(4)  Règl.  H.-D.,  II,  58i,  édit  de  févr.  1704. 

(5)  Règl.  H.-D.,  II,  587,  arr.  du  i"  mars  1704. 

(6)  Régi.  H.-D.,  II,  595,  arr.  du  4  juill.  170?. 

(7)  Rcgl.  H.-D.,  II,  6i5,  arr.  du  Conseil  d'Etat  du  14  sept.  1706. 

18)  L'édit  d'août  1696  avait  créé  et  érigé  en  offices  héréditaires  à  chacune  des  commu- 
nautés, corps  et  compagnies  du  royaume,  un  trésorier-receveur  et  payeur  de  leurs 
deniers  entrant  en  bourse  commune. 


LES    REVENUS  120 


frais,  était  créé  ce  nouveau  droit  de  2  ,sols,  qui  devait  être  réparti 
ainsi  entre  chacune  des  communautés  :  i  sol  pour  celle  des 
mouleurs,  5  deniers  pour  chacune  des  communautés  des  aides  à 
mouleurs  et  chargeurs  de  bois,  et  2  deniers  pour  celle  des  con- 
trôleurs des  quantités  (i). 

L'Hôtel-Dieu  échappe  ainsi  à  Tune  des  contributions  les  plus 
lourdes  de  l'ancien  régime,  celle  qui  provenait  de  la  création 
incessante  de  nouveaux  offices  pour  combler  le  déficit  croissant 
des  finances  ;  on  a  pu  dire  que  «  ce  beau  secret  de  finances 
de  lever  par  voie  d'offices  une  taille  immense  et  néanmoins 
insensible  même  volontaire  et  désirée,  sur  l'ambition  et  la  folie 
des  aisés  du  royaume  »  était  «  une  manne  qui  ne  manque 
jamais,  un  fonds  sans  fond,  une  source  que,  puisant  journel- 
lement,  on    ne  peut   épuiser  (2)  ». 

L'Hôtel-Dieu  se  considère  comme  exempté  en  principe  de  tous 
les  droits,  non  seulement  des  droits  d'imposition  sur  les  denrées  et 
marchandises,  mais  des  droits  sur  les  actes  de  justice.  En  effet,  en 
i325,  Charles  le  Bel  avait  accordé  des  lettres  patentes  portant  que 
les  lettres  de  chancellerie  et  les  actes  de  justice  lui  seraient  expédiés 
gratuitement,  et  François  I'^'' avait  ordonné  en  octobre  1547  que, 
sous  prétexte  d'exempts  ou  non  exempts,  privilégiés  ou  non  privi- 
légiés, l'Hôtel-Dieu  ne  pourrait  jamais  être  assujetti  aux  droits. 

Ces  exemptions  se  continuent  au  cours  des  xvii"  et  xviii« 
siècles.  Par  l'édit  de  juillet  i685,  portant  création  des  offices  de 
conservateurs  des  hypothèques  et  établissement  des  droits  relatifs 
à  leurs  fonctions,  l'Hôtel-Dieu  est  exempté  de  ces  droits  pour 
toutes  expéditions,  oppositions,  mainlevées,  certificats  ou  extraits 
dont  il  aura  besoin.  Les  lettres  patentes  du  25  septembre  1709 
enjoignent  pareillement  au  fermier  du  greffe  des  «insinuations», 
créé  par  l'édit  de  décembre  1703,  d'expédier  et  d'enregistrer  gratui- 
tement les  contrats  et  autres  actes  concernant  l'Hôtel-Dieu. 

D'après  les  mêmes  principes,  l'arrêt  du  Conseil  d'État  du 
i5  décembre  171 1  prononce  contre  les  commissaires  aux  ventes, 
créés  par  l'édit  de  septembre  1708,  l'exemption  en  faveur  de 
l'Hôtel-Dieu  des  droits  à  eux  attribués  pour  les  procès-verbaux 
des  ventes  de  meubles,  auxquels  il  aurait  intérêt,  soit  comme  léga- 
taire universel,  soit  à  tout  autre  titre. 

En  vertu  de  la  déclaration  du  roi  du  22  juillet  1702  et  de  l'arrêt 

(1)  Les  mouleurs  étaient  ainsi  appelés  à  cause  de  l'anneau  ou  moule  qui  servait  de 
mesure.  Sur  toutes  ces  «  communautés  »,  voy.  Delamare,  o.c,  t.  IV,  p.  897  à  925,  le  chapitre 
intitulé  «  Des  otïiciers  sur  les  ports  de  Paris  pour  la  police  du  commerce  du  bois  ».  et  les 
pièces  justificatives. 

(2)  Loyseau,  Traite  des  ojiccs,  cité  par  Lavisse,  Hist.  Je  France  ;  Hachette,  t.  VII.  i,  368. 


L  HOTF.r  -niK.r  au  xviie  kt  au  xviiie  siècle 


du  Conseil  d'État  du  25  Juillet  suivant,  l'Hôtel-Dieu  devait  payer 
le  sixième  denier  pour  les  biens  acquis  des  gens  de  mainmorte  (i). 
L'article  2  de  cette  déclaration  avait  donné  la  faculté  aux 
détenteurs  d'être  confirmés  pour  3o  ans  dans  la  possession  des 
biens  en  payant  le  huitième  denier,  en  vertu  de  la  déclaration  du 
?i  octobre  1675  (2).  L'Hùtel-Dieu  avait  payé  le  huitième  denier 
en  1675;  mais,  en  1702,  en  présence  des  sommes  considérables 
dont  M^  Claude  Buquet,  chargé  du  recouvrement,  poursuivait 
impitoyablement  le  payement,  il  présenta  une  requête  au  roi 
suivie  de  l'arrêt  du  Conseil  d'État  du  19  Juin  1703  (3),  qui,  sur 
le  rapport  de  Fleuriau  d'Armenonville,  déchargea  les  hôpitaux 
de  cette  imposition  pour  les  biens  «  enfermés  dans  leur  clôture». 

L'Hôtel-Dieu  se  fit  exempter,  en  1669,  pour  ses  fermes,  à  titre 
de  <(  monastère  et  hôpital  de  fondation  royale  »  et  «  comme  faisant 
partie  du  clergé  de  France  >;  (4),  du  vingtième  denier  de  surcens 
sur  les  revenus  des  îles,  îlots,  pêches  et  moulins,  sur  les  rivières 
de  Marne  et  Seine,  droit  établi  par  l'édit  d'avril  1668,  et  que 
François  Euldes,  fermier  général  du  domaine,  chargé  du 
recouvrement  de  cet  impôt,  prétendait  lui  faire  payer  ;  ce 
dernier  avait  même  assigné  les  administrateurs  devant  Hachette, 
Regnault  et  Rouillé,  trésoriers  généraux  de  France  à  Paris,  com- 
missaires députés  pour  l'exécution  de  la  déclaration  du  roi 
d'avril  1668;  mais  l'arrêt  du  Conseil  d'État  du  23  décembre  1669 
accorda  à  l'Hôtel-Dieu  la  Jouissance  «  des  surséances  »  accordées 
aux  autres  bénéficiaires  ;  la  même  exemption  lui  fut  octroyée  le 
10  mars  1670  pour  les  biens  des  Incurables. 

Un  arrêt  du  7  février  1696  déchargea  l'Hôtel-Dieu  du  payement 
des  taxes  pour  raison  de  franc-alleu,  réclamé  en  exécution  de  l'édit 
d'août  1692  (5). 

En  1761,  s'appuyant  sur  tous  ces  précédents,  il  refuse 
de  payer  le  droit  de  3  livres  par  maison  que  le  préposé  du 
recouvrement  des  sommes  dues  pour  le  rachat  de  la  taxe  des  boues 
et  lanternes  veut  lui  faire  payer,  en  plus  de  cette  taxe,  pour  droit 


(1)  Arch.  A.  P.,  liasse  437.  Déclaration  du  roy  pour  le  6»  denier  ecclésiastique  donnée 
à  Versailles  le  22  juill.  1702.  Paris,  de  l'iraprinierie  de  Frédéric  Léonard,  «  seul  impri- 
meur ordinaire  du  roy  pour  la  Guerre,  les  Finances  et  la  Monoye  ».  Voy.  aussi  :  Déclara- 
tion du  roy  pour  le  6=  denier  laïque,  donné  à  Marly  le  1 1  juill.  1702,  et  l'arrêt  du  Conseil 
d'Etat  du  29  août  1702,  portant  règlement  pour  le  recouvrement  des  sommes  provenant 
du  6»  denier  ecclésiastique  et  laïque. 

(2)  Régi.  H. -D.,  II,  271. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  437.  Arr.  du  Conseil  d'Etat  portant  que  les  hôpitaux  payeront 
le  6«  denier  des  biens  acquis  par  eux  des  ecclésiastiques  et  gens  de  mainmorte  à  l'exception 

de  ceux  qui  composent  leur  clôture  (19  juin  i7o3). 

(4)  Régi.  H.-D.,  II,  173.  Arr.  des  i"  mars,  20  mai,  23  déc.  1669. 

(5j  Recueil  sur  le  droit  d'amortissement,  t.  II,  f"  347.  (Bibl.  nat.,  F  21941.) 


.FS    RFVKXrS  î  3  I 


de  quittance  (il.  La  déclaration  du  3  octobre  1745  atïranchissait  de 
la  taxe  elle-même  les  lieux  employe's  à  Tusage  des  pauvres  et  des 
personnes  qui  sont  à  leur  service  (2)  ;  cette  taxe  était  fixée  au 
46'  du  loyer.  L'Hùtel-Dieu  était  imposé  pour  une  somme  de 
65.573  livres  (3),  depuis  l'édit  de  janvier  1704,  qui  avait  ordonné  le 
rachat  de  cette  taxe  par  les  propriétaires  des  maisons  (4). 

Il  est  encore  dispensé,  par  divers  arrêts  du  Conseil  d'État  (5),  du 
droit  de  «  parisis  »,  dû  sur  la  propriété  de  valeurs  qui  lui  étaient 
léguées,  comme  la  propriété  pour  un  tiers  des  aides  d'Angers  et  de 
Melun   provenant  du  legs  Sillery,   ou  celle  des  aides  de  Villejuif. 

Pour  ses  propriétés,  l'Hùtel-Dieu  se  refuse  également  à 
acquitter  les  droits  de  mainmorte,  conformément  aux  articles  17 
de  l'édit  de  1691  et  i  5  de  l'édit  de  1703,  d'après  lesquels  «  tous  les 
gens  de  mainmorte,  administrateurs  d'hôpitaux,  maires  et 
échevins,  consuls,  syndics,  capitouls,  jurats,  manans  et  habitans 
des  villes,  bourgs,  bourgades,  villages  et  autres  gens  de  main- 
morte généralement  quelconques  »  sont  tenus  de  fournir  au  greffe 
tous  les  10  ans  la  déclaration  générale  de  leurs  biens  affermés  et 
non  affermés,  et  qui  obligent  de  même  les  fermiers  des  gens  de 
mainmorte  à  faire  enregistrer  leurs  baux  au  greffe. 

Les  administrateurs  des  hôpitaux  prétendirent  se  libérer  de  ces 
obligations,  mais  l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  2  septembre  1692 
et  les  lettres  patentes  du  19  octobre  1717  ordonnèrent  l'exécution 
des  édits  de  1691  et  de  1703.  De  plus,  un  article  de  la  déclaration 
de  1704  spécifia  que,  «  suivant  Tédit  de  décembre  1691,  les  preneurs 
et  fermiers  des  domaines  des  gens  de  mainmorte  sont  tenus  de 
faire  enregistrer  leurs  baux,  ce  qui  se  trouve  fort  à  charge  à  ceux 
qui  prennent  à  ferme  des  biens  situés  hors  du  diocèse  du  chef-lieu 
des  bénéfices  ou  des  communautés  laïques  ou  séculières  auxquels 
ils  appartiennent,  et  que,  dans  ce  cas,  ces  baux  pourront  être  enre- 
gistrés et  contrôlés  à  la  diligence  des  bénéficiers  ou  communautés 
qui  les  auront  passés  au  greffe  de  leur  diocèse  ». 

Cependant  l'Hôtel-Dieu  s'est  toujours  refusé  à  cette  formalité. 
En  vain,  le  commis  à  l'exercice  du  greffe  pour  le  clergé  a  réclamé 


(i)  Arch.  A.  P.,  liasse  .py.  Lettre  à  Bertin,  contrôleur  giinéral,  4  mars  1761. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  437.  L'II.-D.  y  comprenait,  outre  ses  bâtiments,  la  maison  où  se 
tenait  le  bureau,  celle  des  archives,  celle  des  convalescentes  rue  de  la  Bûclierio.  (\'oy.  lettre 
au  lieutenant  général  de  police,  8  sept.   1763.) 

|3)  Arch.  A.  P. ,  liasse  437.  Mémoire  remis  par  M.  Desmalpeines  à  M.  de  Sartine,  lieute- 
nant giinéral  de  police,  le  3  oct.  1763,  pour  obtenir  décharge  des  3  maisons  précitées. 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  437.  A.  Chevalier,  Notice  historique  sur  le  nettoiement  de  Paris, 
dans  les  Ann.  d'Iiyg.,  t.  XLII,  I8.^9,  et  Ed.  Fournier,  les  Lanternes,  histoire  de 
l'ancien  écliiirage  à  Paris  ;  Pavis,  1834,  in-12. 

(3)  Règl.  H.-D.,  1,  547,  363.  Arr.  des  14  juin  et  28  sept.  i656. 


L'HOTFX-DIF.r    AU    XVII^    ET    AU    XVIIF    SIECLE 


depuis  3û  ans  l'état  des  biens  affermés  ;  des  poursuites  ont  été 
décidées.  Sur  une  sentence  obtenue  par  défaut,  les  administrateurs 
ont  demandé  la  suspension  des  poursuites;  ils  ont  promis  de  se 
mettre  en  règle,  c'est-à-dire  de  fournir  un  état  sommaire  de  leurs 
biens  affermés  et  de  ceux  qu'ils  font  valoir,  et  d'envoyer  les  baux 
d.^s  biens  situés  hors  du  diocèse  pour  y  être  enregistrés.  Mais  ils 
o:it  bientôt  rétracté  leur  parole,  et  les  poursuites  ont  été  con- 
tinuées par  Thierry,  procureur   au  Parlement  (i). 

Suivant  la  délibération  du  mercredi  14  avril  1779,  son  agent 
d'affaires  informe  le  greffier  du  Bureau  des  domaines  des  gens 
de  mainmorte,  que  l'Hôtel-Dieu  persiste  dans  son  refus,  et  a 
donné  pouvoir  à  M"  Lanier,  son  procureur  ordinaire,  de  sou- 
tenir ses  intérêts. 

Il  essaye  aussi  d'échapper  à  la  taille  et  à  la  capitation  ;  en  171 5, 
il  prend  parti  pour  les  jardiniers  du  faubourg  de  Gloire,  paroisse 
S-iint-Laurent,  détenteurs  de  marais  lui  appartenant,  contre  les 
syndic,  marguilliers,  collecteurs  de  la  paroisse  de  la  Chapelle-Saint- 
Denis,  qui  voulaient  leur  faire  payer  la  taille. 

Il  obtient  de  même  un  dégrèvement  d'une  surtaxe  dont  a  été 
imposé,  en  i655,  par  les  collecteurs  des, tailles,  son  fermier  des 
Brosses  d'Intreville  (2)  au  bailliage  d'Orléans. 

Il  refuse  encore  de  payer  la  capitation,  établie  par  l'édit  du 
i3  janvier  lôgS,  prétendant  que  les  gens  au  service  des  pauvres 
sont  exempts  de  cet  impôt  (3).  A  différentes  reprises,  M.  de  la  Groiie, 
1j  receveur  de  la  capitation  du  quartier  Saint-Martin,  a  envoyé 
diis  avertissements  pour  faire  payer  à  son  bureau,  rue  des  Gravil- 
liers,  au  coin  de  la  rue  des  Vertus,  le  rôle  dû  pour  le  personnel 
dj  Saint-Louis,  soit  27  1.  7  s.  ;  par  ses  réclamations  auprès  de 
Bignon,  prévôt  des  marchands,  il  trouve  moyen  de  se  faire 
donner  décharge  de  cette  taxe,  tant  pour  son  personnel  que 
pjur  celui  de  Saint-Louis;  cependant  les  receveurs  ne  cessent 
di  faire  de  nouvelles  tentatives  et  d'envoyer  leurs  rôles.  Le  nou- 
veau prévôt,  de  La  Michodière,  refuse  l'exemption,  par  lettre 
du   3i    août    1776. 

Mais  son  personnel  jouissait  d'un  privilège  spécial.  Les  lettres 
patentes   des    4    février    1645    et   7    décembre    1648,    confirmées 

(i)  Arch.  A.  P..  liasse  662.  Mémoire  contre  l'H.-D. 

(2)  Régi.  H.-D.,  I,  5i  I.  Arr.  du  Cons.d"Etal,  6  mars  i655.  Intreville,  comm.  d'Eure-et-Loir 

(3)  D'après  les  déclarations  du  roi  des  I2  mars  1701  et  9  juillet  1715,  tous  propriétaires, 
principaux  locataires  et  ciiefs  de  famille,  sont  tenus  de  donner  au  10  janvier  de  chaque 
année  des  états  et  déclarations  exactes  d'eux  certifiées,  contenant  le  nombre,  les  noms  et 
qualités  des  personnes  qui  habitent  dans  leurs  maisons,  à  peine  de  5o  livres  d'amende,  et 
du  double  de  la  taxe  des  personnes  qu'ils  auront  omis,  ou  dont  ils  auront  déguisé  les  qualités, 
dont  moitié  appartiendra  aux  dénonciateurs. 


LES    REVENUS  l33 


en  mai  1720  (i),  accordaient  le  droit  de  maîtrise  à  tous  les 
ouvriers  qui  avaient  servi  6  années  à  THôtel-Dieu  :  tailleurs, 
boulangers,  tonneliers,  maçons,  menuisiers,  cordonniers,  char- 
rons, etc.  Toutefois  il  y  avait  certaines  restrictions.  Ainsi 
l'arrêt  du  Parlement  du  21  mars  1680  (2)  confirmant  la  maîtrise 
accordée  à  Robert  Censé,  gindre  et  principal  boulanger,  qui  n'a 
fait  qu'une  «  légère  expérience,  et  sans  frais  »,  à  THôtel-Dieu, 
spécifie  qu'à  l'avenir  il  ne  pourrait  y  avoir  de  pareille  réception 
de  maîtrise  dans  la  corporation  des  «  boulangers-talmiers  «  de  la 
ville  et  faubourgs  de  Paris,  que  de  6  ans  en  6  ans.  Pour  être  reçu 
maître  charron-carrossier,  il  suffit  également  à  Charles  Vastier 
d'avoir  servi  6  ans  à  l'Hôtel-Dieu  et  de  faire  une  «  légère  expé- 
rience de  2  roues  seulement,  et  sans  aucuns  frais  ni  droits  »  (3). 

Citons  encore  l'exemption  concernant  les  alignements  et 
ouvertures  des  rues  de  Paris.  La  déclaration  du  roi  du 
10  avril  1783  s'exprime  ainsi  à  l'article  4:  «  Chacun  des  proprié- 
taires de  maisons,  bàtimens,  et  murs  de  clôture  situés  sur  les 
rues,  sera  tenu  de  contribuer  aux  frais  des  plans  ordonnés,  au 
prorata  des  toises  de  face  de  sa  propriété,  laquelle  contribution 
nous  avons  fixée,  à  l'égard  des  plans  à  lever,  à  5  sols  par  toise 
de  maisons  et  bàtimens  de  face  sur  la  rue  ;  et  pareillement  à 
3  sols  par  toise  de  mur  de  clôture,  et  à  la  moitié  seulement  pour 
les  plans  déjà  levés,  et  qui  seront  seulement  recollés.  N'entendons 
que  puissent  être  assujettis  à  ladite  contribution  les  édifices  ou 
établissemens  publics,  lîi  les  maisons  appartenantes  aux  Hôpi- 
taux (4).  » 

L'Hôtel-Dieu  et  l'Hôpital  général  furent  enfin  exemptés  des 
droits  à  payer  pour  les  offices  d'inspecteurs  des  bâtiments,  créés 
en  1709  (5),  droits  fixés  par  un  tarif  spécial:  2  s.  6  d.  pour 
chaque  muid  de  plâtre  cuit,  i5  sous  par  toise  cube  de  plâtre  cru, 
6  deniers  par  marque  de  chaque  sac  de  plâtre  de  la  contenance 
de  2  boisseaux. 

Non  seulement  l'Hôtel-Dieu,  mais  ses  maisons,  ses  fermes, 
ses  métairies  étaient  placées  sous  la  sauvegarde  royale  ;  ses  fer- 
miers étaient  exemptés    du  logement  des    gens  de  guerre,  et  de 

(1)  Régi.  H.-D.,  III,  235.  Arr.  du  Cons.  d'État  du  i6  mai  1720,  et  [Alletz]  Tableau  de 
l'humanité  et  de  la  bienfaisance  ;  Paris,   1768,  in-18,  p.  47. 

(2)  Rèffl.  H.-D.,  II,  3oi. 

(3)  Rég-l.  H.-D.,  II,  3 II.  Lettre  du  procureur  du  roi  au  Cliàtelet,  2  août  1680. 

(4)  Code  de  l'Hôp.  gén.,  p.  227. 

(3)  Règl.  H.-D..  III,  67,  Édit  de  die.  170g.  Ces  200  offices  nouveaux  furent  créés  pour 
remplacer  les  100  offices  héréditaires  d'inspecteurs,  visiteurs,  mesureurs  et  contrôleurs  de 
matériaux  créés  par  édit  de  juin  1705,  et  les  40  offices  de  conseillers  inspecteurs,  créés 
par  édit  de  janvier  1707. 


i34  l'hotel-dieu  au  xvif  et  au  xv 


ceux  de  la  suite  du  roi,  à  qui  il  était  défendu  d'y  prendre  «  vivres, 
fourrages,  ni  autres  effets  quelconques»  (i).  Tous  les  rois 
accordent  à  leur  tour  des  lettres  de  sauvegarde  et  veillent  à  leur 
exécution  (2).  Pour  garder  ses  propriétés  de  «  toutes  violences 
et  oppressions  »,  il  lui  était  même  permis  de  mettre  sur  ses  maisons 
des  «  panonceaux  et  bastons  royaux  aux  armes  de  France  », 
comme  signe  extérieur  de  la  protection  royale. 

D'après  le  modèle  qui  en  a  été  retrouvé  (3),  ces  panonceaux 
étaient  des  plaques  de  tôle  de  o  m.  40  x  o  m.  3o,  peintes  aux 
armes  de  France  et  de  Navarre,  avec  les  colliers  dorés  des  ordres 
de  Saint-Michel  et  du  Saint-Esprit  et  Tinscription  :  «  Sauvegarde 
du  Roy  pour  l'Hôtel-Dieu  de  Paris»   (4). 

Il  ne  faut  pas  s'étonner  de  Timportance  que  prenait  cette 
sauvegarde  si  l'on  se  rappelle  que  le  logement  des  troupes  était 
regardé  à  bon  droit,  sous  l'ancien  régime,  comme  une  véritable 
calamité  publique.  L'édit  de  i683  n'avait-il  pas  défendu  aux 
villes  d'aliéner  leurs  biens  ou  d'emprunter,  «  si  ce  n'est  en  cas 
de  peste,  logement  de  troupes,  ruine  ou  incendie  d'églises  »  (5)  ? 

L'Hôtel-Dieu  qui  a  obtenu  des  lettres  de  sauvegarde  pour 
épargner  à  ses  fermiers  le  logement  des  soldats  obtient  également 
d'être  déchargé  des  contributions  au  ban  et  arrière-ban  pour  les 
fiefs  qui  lui  appartiennent,  situés  dans  différents  bailliages, 
à  Senlis,  pour  les  années  1674  et  1675  (6);  à  Orléans,  pour  la 
terre  des  Brosses  d'Intreville  et  de  la  Salle  d'Outreville  (7),  dont 
il  est  «  seigneur»  ;  à  Étampes,  pour  le  fief  d'Aubray,  paroisse  de 
Mérobert  (8). 

Mais,  en  temps  de  guerre  et  de  troubles,  ces  privilèges  n'étaient 
pas  toujours  observés  ;  on  en  a  de  nombreux  exemples  (9). 


(i)  Lettres  de  sauvegarde  de  Charles  IX  (ii  juin  i566),  de  Henri  III  d"  déc.  iSyS),  de 
Henri  IV  (5  juillet  i59i),qui  ne  font  que  répéter  d'ailleurs  celles  de  Philippe  YI  (i345), 
du  roi  Jean  (i353),  de  Charles  VI  (i383).. 

(2)  Voy.  lettres  du  3  juillet  i5g2  portant  mainlevée  de  la  saisie  faite  sur  le  fermier  de 
Brie-Comte-Robert,  par  le  receveur  du  domaine.  Lettres  patentes  de  sauvegarde  de 
Louis  XIII  pour  la  ferme  de  Charmont,  i5  févr.  i6i3.  {Régi.  H.-D.,  I,  237.) 

(3)  Voy.  Coyecque,  Bull,  de  la  Soc.  de  l'Hist.  de  P.,  1901,  p.  106. 

(4)  Arch.  A.  P.,  Compte  de  i556,  84»  reg.  «  A  Pierre  du  Boys,  maistre  ymagier  à  Paris 
IX  1.  t.  pour  avoir  par  luy  faict  et  livré  2  douzaines  des  armoyries  du  roy  pour  mectreaux 
fermes  dudict  Hostel-Dieu,  suivant  les  lectres  patentes  du  roy  nostre  sire  de  ne  loger  ni 
fouraiger  esdictes  fermes  » 

(5)  Voy.  Lavisse,  o.  c,  t.  VII,  !■■=  partie,  p.  338. 

(6)  Régi.  H.-D.,  II,  233.  Sentence  du  bailliage  de  Senlis  du  23  févr.  1675. 

(-/]  Régi.  H.-D.,  Il,  33 1.  Sentence  du  bailliage  d'Orléans  du  18  janvier  1675  (id.,  p.  239) 
(rôle fixé  à  100  1.)  et  du  28  mai  1689.  Outreville,  aujourd'hui  hameau  de  lacomm.  d'Allaines 
(Eure-et-Loir). 

(8)  Régi.  H.-D.,  II,  353.  Sentence  du  bailliage  d'Etampes,  4  juin  1689. 

(9)  Arch.  A.  P.,  Compte  de  i56o,  9»  reg.  «  A  Jean  de  la  Vacherie,  sergent  royal  en  la 
prévosté  de  l'hostel  et  François  Robin,  archer  de  la  garde  du  roy,  soubz  la  charge  de  M.  le 


35 


Ses  maisons  sont  également  exemptes  des  visites  des  salpêtriers 
et  placées  sous  la  sauvegarde  de  l'artillerie  de  France  qui  défend 
d'y  «  fouiller  et  gratter  »  (i). 

Pour  ses  fermiers,  il  obtient  aussi  l'exemption  des  droits  sur 
les  foins,  sainfoins,  luzernes,  etc.,  pour  la  quantité  nécessaire  à  la 
nourriture  des  chevaux  employés  à  la  culture  des  terres  (2). 

Enfin,  pour  éviter  le  payement  toujours  onéreux  des  droits 
d'indemnité,  il  avait  recours  au  procédé  ingénieux,  et  souvent 
employé  par  les  gens  de  mainmorte,  qui  consistait  à  désigner  un 
homme  «  vivant  et  mourant  »  pour  le  représenter,  et  dont  le 
décès  entraînait  simplement  la  perception  des  droits  de  muta- 
tion (3). 

Pour  toutes  ces  exemptions  de  droits,  il  est  justiciable  en 
grande  partie  de  la  Chambre  des  comptes.  Sans  doute,  aucun 
texte  ne  le  fait  dépendre  de  son  contrôle,  et  ses  membres  n'ont 
pas,  vis-à-vis  de  l'Hôtel-Dieu,  le  pouvoir  du  Parlement  et  de 
la  municipalité.  Mais  elle  enregistre  le  texte  de  ses  privilèges  (4). 
Elle  peut  lui  octroyer  dés  amendes  ou  secours  (5)  pris  sur  les 
recettes  générales  des  finances  ou  des  tailles,  lui  faire  remise 
des  droits  seigneuriaux  (6).  Ses  membres  ne  manquent  pas 
d'ailleurs,  suivant  une  vieille  tradition,  de  lui  envoyer  leurs 
aumônes  (7).  De  plus,  avant  même  que  le  premier  président  fît 
partie  de  droit  du  Bureau,  l'un  des  présidents  était  habituellement 
choisi  pour  être  administrateur,  et  la  Chambre  paraissait  tenir 
à  cette  prérogative  (8). 

On  ne  s'étonnera  pas,  en  présence  des  complications  créées  par 
ces  exemptions,  dont  nous  n'avons  donné  qu'une  faible  idée,  que 


prévost  de  Thostel,  la  somme  de  12  I.  t.  pour  avoir  esté  en  plusieurs  fermes  appartenant 
audictH.-D.  faire  déloger  les  gens  de  court,  et  pour  les  faire  payer  pour  la  despense  faicte 
par  leurs  chevaulx  qui  ont  logé  ausdictes  fermes.» 

(1)  Règ!.  H.-D.,  II,  2o5.  Arrêts  des  25  mai  1672,  25  mai  1680,  6  octobre  1686. 

(2)  Règl.  H.-D.,  III,  471.  Arrêt  du  Parlement  du  3o  juin  1740,  concernant  les  terres 
situées  hors  de  la  barrière  des  Carmes. 

(3)  Cf.  Bonde,  le  Dotnaine  des  Hospices  de  Paris  ;  Paris,  1906,  in-S",  p.  6. 

(4)  Bibl.  nat.,  ms  fr.  n.  a.  1647  (coUect.  Clément  de  Boissy  sur  la  juridiction  et  la  juris- 
prudence de  la  Chambre  des  comptes). 

(5)  Bibl.  nat.,  ms  fr.,  n.  a.,  1647,  fol.  421 ,  6  mai  1(320  :  Sur  la  remontrance  du  procureur 
général,  la  Cliambre  accorde  3. 000  1.  à  l'H-l).  sur  la  somme  de  3o.ooo  1.  à  laquelle  elle 
a  condamné  Dubray,  fermier  des  37  s.  6  d.  pour  passeport  du  muid  de  sel  qui  se  retire  de 
Brouage. 

(6)  Id.,  18  août  i658:  remise  de  lods  et  ventes  à  l'IL-D.  pour  terres  léguées  par  M"'»  de 
Bassompierre. 

(7)  Id.,  fol.  449.  Produit  des  aumônes  en  1695  :  1 18.325  1.  6  s.  8d.  à  1  H.-D.,  261.375I.  iqs. 
à  l'Hôp.  gén.,  37,000  1.  aux  Enfants-Trouvés. 

(8)  Id.,  f»  402,  14  nov.  1628.  «  La  Chambre  a  arrêté  que  MM"  de  l'H.-D.  seront 
mandés  pour  scavoir  pourquoy  ils  n'ont  point  prié  quelqu'un  de  M.M.  les  présidents  de 
la  Chambre  pour  accepter  la  charge  d'administrateur,  depuis  le  décès  de  feu  M.  le  premier 
président,  ainsi  qu'il  avait  été  fait  par  le  passé.  » 


l36  i/hOTF.L-DIEU    ai;    XVIIc    KT    au    XVIIie    SIÈCLE 

le  Tiers  ait,  en  1789,  dans  ses  cahiers,  demandé  que  «  les  droits 
d'entrée  à  Paris  pour  la  portion  affectée  aux  hôpitaux  et  aux 
dépenses  de  la  Ville,  soient  convertis  en  une  imposition  plus  simple 
et  d'une  perception  plus  facile  (1)  ». 

LE     DOMAINE 

On  conçoit  que,  défendu  par  un  pareil  réseau  d'exemptions  et 
de  privilèges,  le  domaine  de  l'Hôtel-Dieu  ait  constitué  une  source 
importante  de  revenus. 

Il  s'est  constitué  petit  à  petit,  à  travers  les  siècles,  grâce  aux 
dons,  aux  fondations  de  toutes  sortes,  aux  aliénations  résultant 
des  rentes  à  fonds  perdu,  aux  achats  même.  Il  est  l'une  des  plus 
grosses  préoccupations  de  l'administration  qui  veille  sur  lui  avec 
une  sollicitude  particulière.  Il  est  l'occasion  de  procès  et  de  diffé- 
rends sans  nombre.  Mais  en  définitive  c'est  à  lui  que  l'Hôtel-Dieu 
doit  sa  durée  et  sa  conservation. 

Tandis  que  tous  les  autres  revenus  fléchissent  ou  se  tarissent, 
la  valeur  des  terrains  se  décuple,  les  immeubles  se  louent  à  un 
taux  toujours  plus  avantageux.  Les  administrateurs  le  savent  bien; 
ils  ne  se  résoudront  à  aliéner  une  partie  de  ce  domaine  qu'en  pré- 
sence de  crises  irrémédiables,  et  ils  s'élèveront  avec  la  dernière 
énergie  contre  les  projets  de  Necker  tendant  à  la  vente  totale 
de  leurs  immeubles.  Leur  politique  n'a  jamais  varié  sur  ce  point, 
et  c'est  grâce  à  leur  persévérance,  à  leur  ténacité,  que  persiste 
encore  aujourd'hui  le  domaine  des  hospices,  patrimoine  séculaire, 
demeuré  à  travers  toutes  les  ruines. 

Ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  l'état  dressé  par  M.  Coyecque, 
le  domaine  urbain  de  l'Hôtel-Dieu  en  i5o5  (2)  se  compose  pri- 
mitivement de  maisons  situées  dans  la  Cité,  maisons  provenant 
de  dons  pour  la  plupart,  maisons  vétustés  qui  seront,  petit  à  petit, 
englobées  par  les  bâtiments,  démolies  au  fur  et  à  mesure  des 
besoins  ou  vendues  à  la  Ville  pour  l'agrandissement  du  Parvis  (3). 

Ce  qu'était  ce  domaine  primitif,  nous  pouvons  encore  en  juger 
par  l'état  des  locations  qui  figurent  sur  a  l'état  au  vrai  »  de  1640. 
Cet  état  est  d'ailleurs  tout  à  fait  incomplet  ;  si  l'on  se  reporte  au 
terrier  de  Paris,   conservé  aux  Archives  nationales  (4),    on    voit 

(il  Ch.-L.  Chassin,  les  Élections  et  les  Cahiers  Je  Paris;  Paris,  i8Sq,  4  vol.  in-8»,  t.  III, 
p.  363. 

(2)  Coyecque,  o.  c,  t.  I,  App.,  p.  201. 

(3)  Voy.  lettres  patentes  du  4  sept.  1756  permettant  cession  à  la  Ville  de  3  maisons  sur 
le  Parvis,  pour  être  démolies.    . 

(4)  Arch.  nat.,  Qi  10992,  f»' 4,  9,  35,  41,  43,  47,  54,  60,  61,  65,  68,  71,  72,  Si. 


I.KS    RKVKNt\S 


que   les   maisons    appartenant    à   l'Hôtel-Dieu,  dans   la  Cité  (i), 
sont  beaucoup  plus  nombreuses. 

Nous  donnons  en  appendice  l'état  détaillé  du  domaine  urbain 
par  censives.  Ce  domaine  s'est  surtout  accru  à  la  fin  du  xvii^  siècle 
par  la  construction  des  terrains  des  faubourgs,  en  particulier 
du  faubourg  Saint-Germain  (2).  En  1704,  d'après  un  état  dressé 
jtar  quartiers,  le  nombre  des  maisons  appartenant  à  l 'Hôtel-Dieu 
était  de  232  (3). 

Son  domaine  s'est  accru  encore,  en  dehors  de  ses  spéculations 
propres,  par  les  diverses»  unions  »  qui  furent  faites  à  son  profit  (4). 

En  i653,  le  cardinal  Mazarin,  à  la  suite  d'une  visite  à  l'Hôtel- 
Dieu  et  à  la  maison  du  «  Lion  Ferré»,  où  le  Bureau  songeait  à 
établir  ses  convalescents,  avait  autorisé  les  administrateurs  à  dis- 
poser sur  lui  d'une  somme  de  40.000  livres,  et  s'engagea  à  faire 
une  pension  viagère  de  2.5oo  livres  sur  son  abbaye  de  Saint-Etienne 
de  Caen  à  Pierre  Méliand,  prieur  commendataire  du  prieuré  de 
Saint-Julien-le-Pauvre,  à  condition  que  ce  dernier  cède  à  l'Hôtel- 
Dieu  son  prieuré  pour  y  établir  un  hospice  de  convalescents  (5). 

Ce  prieuré  était  alors  en  pleine  décadence.  Dès  le  milieu  du 
xvi^  siècle,  tous  les  cens,  rentes  de  maisons  et  héritages  dans  Paris, 
appartenant  à  Saint-Julien-le-Pauvre,  ne  s'élevaient  plus  qu'à 
63  1.  4  s.  I  d.  (6).  Le  vieux  quartier  de  la  rue  du  Fouarre, 
autrefois  centre  des  écoles,  était  déserté  pour  les  hauteurs 
de  la  montagne  Sainte-Geneviève  où  s'étaient  établis  tous  les 
nombreux  collèges  de  plein  exercice  de  la  nouvelle  Université  ; 
les  maisons  des  anciennes  «nations»  tombaient  en  ruine  et  ne 
se  louaient  plus  ;  enfin  l'impéritie  ou  la  négligence  des  derniers 
prieurs  (7)  avait  encore  accéléré  le  déclin  de  la  mense  de  l'antique 
prieuré  (8). 


(i)  Voy.  A.  Berty,  Trois  îlots  de  la  Cité;  Paris,  Didier,  1860,  in-S°. 

(2)  On  peut  rapprociier  à  cet  eft'el  les  deux  inventaires  de  1600  et  de  1720,  conservés  aux 
Arch.  de  l'A.  B. 

(3)Arch.  A.  P.,  liasse  437.  Ces  232  maisons  étaient  ainsi  réparties  :  la  Cité,  70;  St- 
l'aul,  I  ;  la  Grève,  6;  le  NIarais,  7  ;  St-Antoine,  11  ;  taub.  St-Anioine,  i  ;  St-Avoie,  2  ; 
St-Jacques-la-Bouclierie,  2  ;  St-Martin,  i5  ;  St-Denis,  5  ;  Montmartre,  3  ;  St-Eustaclie,  3  ; 
les  Halles,  3  ;  Ste-Opportune.  3  ;  St-Honoré,  2  ;  le  Louvre,  g;  St-Germain-des-Prés,  9; 
L-  Luxembourg,   12  ;  la  place  Maubert,  10;  St-Benoist,  28  ;  St-André-des-Arcs,  28. 

14I  Martin-Doisy,  de  l'Union  des  hôpitaux  sous  le  règne  de  Louis  XIV,  de  lôgS  à  lyoS, 
dans  Ann.dc  la  Charité,  1 854,  et  Etat  général  des  unions...  de  maladrcrics;  Paris,  1705,  in-8». 

(5)  Le  principal  négociateur  de  cette  all'aire  fut  Colbert,  alors  intendant  des  maisons  du 
cardinal  ;  il  possédait  un  hôtel  dans  la  rue  des  Rats,  démoli  en  1889. 

(6)  Arch.  A.  P.,  liasse  78.  Déclaration  faite  au  terrier  du  roi  par  G.  Raguier,  prieur, 
le    3i   janvier   i537. 

(7)  Arch.  A.  P.,  liasse  78.  Voy.  procès  entre  E.  Thiboust  de  Berry  et  P.  Méliand  qui 
finit  par  faire  déposséder  du  prieuré  son  prédécesseur,  dont  l'incurie  avait  été  si  fatale 
à  l'église  Saint-Julien-le-Pauvre. 

(8)  Voy.  A.  Le  Brun,  l'Église  Sainl-Julien-lc-Pauvre  ;  Paris,  1889,  in-8». 


i38  l'hotel-diku  au  xyii^  et  au  xviii"  siècle 

L'église  elle-même  était  dans  un  état  déplorable.  Le  portail 
s'était  effondré.  «  Il  était  fort  vieil  :  les  piliers  d'icelluy  mynés 
par  le  pied;  ensemble  les  pierres  des  contrepiliers  aussi  mynéés, 
deslyttés  et  fort  corrompues.  L'arcade  du  vitrail  ébranlée  et 
les  pierres  d'icelle  fractionnées,  de  sorte  que  le  portail,  en  l'état 
qu'il  est  n'est  en  suffisante  force  pour  accoter  un  nouveau  bâti- 
ment (i).  » 

D'autre  part,  la  couverture  de  la  grande  nef  ainsi  qu'une  grande 
partie  du  lambris  de  la  nef  centrale  et  des  voûtes  des  bas  côtés 
étaient  tombées,  et,  pour  dire  le  service  divin,  on  avait  dû  établir 
une  cloison  d'ais,  au-dessus  du  grand  autel. 

Il  fallut  faire  quelques  réparations  urgentes  pour  empêcher 
la  pluie  de  détruire  l'édifice,  et,  en  i65i,  Bernard  Roche,  maître 
maçon,  s'engagea,  moyennant  20.000  livres,  à  démolir  le  vieux 
portail  gothique,  à  supprimer  les  deux  travées  de  droite,  et 
à  clore  une  sacristie  nouvelle  avec  les  débris  provenant  des 
démolitions  ;  les  voûtes  furent  refaites  avec  «  clouds,  lattes  et 
piastre  »,  comme  elles  sont  encore  aujourd'hui  ;  le  grand  pignon 
fut  abaissé  pour  que  les  combles  de  la  nouvelle  charpente  fussent 
presque  au  niveau  des  bas  côtés,  et  une  porte  de  pierre  de  taille 
fut  construite,  ornée  d'un  ordre  «ionique»,  avec  niche,  enta- 
blement, fronton  et  croix  de  pierre.  Ainsi  fut  consommé  l'acte 
de  vandalisme  qui  mutila  ce  bijou  de  l'art  gothique  dans  sa 
primitive  pureté  ;  ce  qu'il  en  reste  nous  fait  plus  encore  regretter 
ce  qui  a  disparu,  grâce  à  l'incompréhension  et  à  la  cupidité  des 
hommes  du  grand  siècle  (2). 

Malgré  les  38  maisons  et  jardins  situés  dans  son  enceinte,  rues 
Galande,  Saint-Julien-le-Pauvre,  Saint-Jacques,  de  la  Bûcherie, 
de  la  Harpe,  des  Hauts-Moulins,  des  Marmouzets,  Perpignan  et 
Jean-Pain-Molet,  déclarés  au  terrier  du  roi,  le  3  avril  1660  (3), 
malgré  les  locations  des  terres  situées  sur  le  chemin  de  Montmartre 
au  faubourg  Saint-Jacques  (4),  près  des  Capucins,  à  Vitry,  à 
Villeneuve,  à  Guyancourt,  près  de  Versailles,  les  dîmes  de  Fresnes 


(i)  Arch.  A.  P.,  liasse  I23.  Procès-verbal  de  l'état  des  lieux  et  réparations  qui  sont  à  faire, 
par  Claude  Menardeau,  seigneur  de  Cliampré,  commissaire  en  cette  partie,  pour  Pierre 
Méliand  (8  et  g  mars  i65i). 

(2)  H  ne  saurait  être  question  ici  de  donner  une  description  architecturale  de  l'église 
Saint-Julien-le- Pauvre,  ni  de  refaire  son  histoire.  M.  J.  Viatte,  architecte,  en  a  donné  une 
bonne  monographie,  ornée  de  14  planches,  de  dessins  et  de  plans.  iChâteaudun,  1898, 
in-8».) 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  78,  Déclaration  pour  la  confection  du  papier  terrier,  général  et 
universel  de  S.  Majesté  à  la  chambre  souveraine  du  domaine  établie  au  Palais,  à  Paris 
(3o  avril   lôOo). 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  i2i.  Il  s'agissait  en  particulier  de  carrières. 


LES    REVENUS  I 3g 


et  de  Rungis  (i),  le  prieure  de  Saini-Julieii,  avec  les  charges 
dont  il  était  grevé,  était  un  mauvais  cadeau,  un  cadeau  à  la 
Mazarin. 

C'est  le  3i  octobre  i653  que  Pierre  Méliand,  prieur  commen- 
dataire,  porta  résignation  du  prieuré  entre  les  mains  de  Mê'"  Tar- 
chevêque  de  Paris,  pour  être  annexé  et  incorporé  à  THôtel-Dieu 
«  avec  ses  fruits,  profits,  revenus,  édifices,  chapelle  et  église  ». 

Cette  première  «  procuration  ad  resignandum  »  fut  confirmée 
le  i5  décembre  1657  par  une  seconde  procuration  passée  par 
devant  Jean  Levavasseur,  notaire  apostolique  de  la  cour  archi- 
épiscopale de  Paris,  confirmée  par  une  bulle  du  8  des  ides  de 
mars  1659  ^^  pape  Alexandre  VII,  adressée  à  Tofficial  de  Paris, 
et  «  impétrée  »  par  les  administrateurs.  Une  sentence  de  fulmi- 
nation  des  bulles  d'union  du  prieuré,  rendue  en  l'officialité  de 
Paris  (2),  obligea  rHôtelDieu  à  payer  les  décimes  ordinaires  et 
extraordinaires  dont  était  déjà  taxé  le  prieuré,  et  à  exercer  «  toute 
juridiction,  supériorité,  visite,  correction,  autres  droits  et  préroga- 
tives »  qui  appartenaient  auparavant  à  Tarchevêque  de  Paris.  Enfin 
Louis  XIV,  par  lettres  patentes  de  juin  1697,  confirma  et  approuva 
les  bulles  d'extinction,  de  suppression  et  d'union  des  revenus 
du  prieuré  à  l'Hôtel-Dieu. 

En  1731,  l'Hôtel-Dieu  fut  imposé  sur  les  rôles  des  décimes  et 
subventions  du  clergé  du  diocèse  de  Paris,  pour  iSq  1.  5  s.  On 
avait  pris  pour  base  la  déclaration  faite  en  1726  d'un  revenu 
de  1 .480  1.  19  s.  10  d.  (3).  Malgré  ses  efforts  faits  pour  se  libérer 
de  cette  taxe  due  au  clergé,  sur  les  revenus  du  prieuré,  ou  pour 
la  faire  réduire  (4),  elle  ne  fit  qu'augmenter.  En  1758,  elle  était  de 
I  5o  livres  ;  en  1760,  de  218  ;  de  1766  à  1771,  de  238. 

L'Hôtel-Dieu  fut  plus  heureux  pour  la  taxe  des  boues  et  lan- 
ternes dont  il  fut  déchargé  par  arrêt  du  3  mars  1677  (5).  Il  fut 
également  exempté  en  1677  (6)  d'une  taxe  de  i.5oo  livres,  pour 
«  les  nouveaux  acquêts  »,  établie  en  vertu  de  la  déclaration  du   roi 


(i)  Areli.  A.  P.,  liasse  120. 

(2)  Toutes  les  pièces  de  la  procédure  se  trouvent  aux  Arch.  de  l'A.  P.,  liasse  76. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  76.  Pour  les  époques  antérieures,  nous  avons  la  Déclaraiion  des 
censives,  terres  et  heritaiges...  faite  au  domaine  du  Roi,  le  3i  janv.  13.37.  par  Guillaume 
Raguier,  prieur  commendataire  du  prieuré  de  Longpont  ;  une  déclaration  analogue  faite 
par  les  administrateurs  de  l'H.-D.  le  3o  avril  1660.  (Arch.  A.  P.,  liasse  78.) 

(4)  Une  seule  fois,  en  1733,  le  clergé  consentit  à  réduire  à  100  1.  les  iSg  I.  3  s.  dues  pour 
les  3  années  précédentes.  (Arch.  A.  P.,  liasse  76.) 

(31  La  chapelle  avait  été  ta.xée  sur  le  rôle  du  quartier  de  la  place  Maubert  à  g  1.  12  s. 
pour  le  nettoiement,  et  9I.  2s.6d.  pour  les  chandelles  et  lanternes.  (Arch.  A.  P.,  liasse  124.) 

(6)  Extrait  des  reg.  du  Conseil  d'État  du  2  janv.  1677.  Il  s'agissait  de  l'amortissement 
des  biens  acquis  depuis  la  déclaration  royale  de  1640.  (Arch.  A.   P.,  liasse  124.) 


140  L  HOTEL-DIEU    \V    XVI I»    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

du  23  mars  1672,  et  de  Tarrét  du  Conseil  d'Etat  du  18  no- 
vembre 1673  (i). 

En  1745,  toujours  pour  remédier  aux  charges  qui  lui  incom- 
baient, il  essaya  de  revendiquer  la  propriété  de  la  chiapelle 
Saint-Biaise  (2),  mais  il  fut  débouté  par  un  arrêt  du  Parlement 
du  17  septembre  1748  déclarant  propriétaires  de  la  chapelle 
les  maîtres  maçons  et  charpentiers,  qui  y  avaient  installé  leur 
confrérie  en    1476. 

Quant  à  l'église  Saint-Julien-le-Pauvre,  elle  était  devenue  une 
simple  chapelle  dépendant  de  la  paroisse  Saint-Séverin.  Depuis 
l'arrêt  du  Parlement  du  7  mars  i525  (3),  les  élections  du  recteur 
par  les  quatre  nations  de  l'Université  se  faisaient  aux  Mathurins, 
en  attendant  qu'elles  aient  lieu  au  collège  Louis-le-Grand,  et  la 
confrérie  de  Notre-Dame  des  Vertus  autorisée  par  le  pape  Paul  V, 
en  1606  (4),  qui  avait  son  siège  dans  une  maison  contiguë  à  la 
sacristie,  ne  paraît  pas  jamais  avoir  été  très  prospère. 

Si  les  biens  confisqués  sur  les  protestants,  notamment  ceux 
du  consistoire  de  la  R.  P.  R.,  et  des  pauvres  de  Charenton, 
profitèrent  surtout  à  l'Hôpital  général  (5),  par  contre,  l'Hôtel-Dieu 
reçut  par  arrêt  du  2  juillet  1700,  confirmé  par  lettres  patentes  de 
mars  1701,  les  biens  de  l'ancienne  maladrerie  de  Sainte-Valère, 
abandonnée  primitivement,  sous  le  nom  de  commanderie,  à  Tordre 
de  Malte  (6).  Ces  biens  se  composaient  de  cens,  rentes,  terres  et 
vignes,  sis  à  Villejuif,  Lieusaint,  Corbeil,  où  étaient  les  plus  consi- 
dérables (7),  enfin  d'une  maison  rue  de  Lourcine,  qui  tombait  en 
ruine  et  fut  démolie  pour  faire  place,  en  1780,  à  un  nouvel 
immeuble  (8). 


(i)  Déclaration  du  roi  pour  l'exécution  de  l'édit  de  l'affranchissement  de  francs  fieTs 
du  ressort  des  Parlements  de  Paris  et  Rouen,  et  le  recouvrement  du  droit  de  nouveaux 
acquêts.—  Et  arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  roi  qui  ordonne  l'exécution  des  édits  et  déclara- 
tion pour  la  levée  des  droits  de  francs  fiefs,  affranchissement  d'iceux,  et  nouveaux  acquests 
dans  les  ressorts  des  Parlements  et  Chambres  des  comptes  de  Paris  et  Rouen.  (Arch.  A.  P., 
liasse    124.) 

(2)  Délib.  8  juin  lySi,  reg.  100,  fol.  202,  238.  La  chapelle  Saint-Biaise,  rebâtie  en  1681, 
fut  démolie  en  1765.  Son  revenu  était  en  lôSg  de  485  1.  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  i8.8o3.) 

(3)  Cependant  il  y  avait  encore  eu  une  élection  à  Saint-Julien  en  1626  si  nous  en 
croyons  Ch.  Jourdain,  Hist.  de  l'Université  de  Paris;  Paris,  j888,  2  vol.  in-S»,  t.  I,  p.  219. 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  i23. 

(5)  Déclaration  du  i5  janv.  i683  et  du  21  août  1684.  (Arch.  nat.  0'28,  fol.  3o?,  et  Arch. 
A.  P.,  délib.  4  sept.  1684  et  3i  janv.  i685.)  Le  roi  donna  conjointement  à  l'Hôpital  géné- 
ral et  aux  Nouvelles  Catholiques  le  8  nov.  i685  l'emplacement  du  temple  de  Charenton  ; 
mais  la  part  de  ces  dernières  fut  rachetée  par  l'H.-D.  pour  5. 000  1.  le  10  juill.  1686. 

(6)  "Voy.  arrêt  du  Conseil  d'État  du  22  déc.  1693.  (Brillon,  o.  c,  III,  p.  617,  et  Jail- 
lot,  0.  c,  IV,  place  Maubert,  p.  yS.) 

(7)  Les  biens  de  Corbeil  se  composaient  de  6  arpents  au  lieu  dit  les  «  Roches  »,  6  arpents 
sur  le  grand  chemin  de  Paris  à  Lyon,  et  4  arpents  au  lieudit  les  «  Tartrays  >».  (Arch.  A.  P., 
liasse  75,  et  Arch.  nat.,   S  4877.) 

(8)  Cette  maladrerie  était  louée,  en  lySS,  290  1.  à  l'organiste  de  la  paroisse  Saint-Hippolyte. 


LFS    REVENUS  I4I 

L'Hôiel-Dieu  réclama  également,  mais  sans  succès,  la  chapelle 
Sainte-Apolline,  qui  se  trouvait  rue  Mouffetard,  au  coin  de  la  rue 
delà  Reine-Blanche,  attenant  à  un  cabaret  «  A  la  Ville  de  Bruxelles», 
pour  lequel  elle  servait  de  cellier,  et  dont  les  revenus  consistaient 
en  20  arpents  de  terres  labourables  et  en  marais  ;  ce  furent  les 
doyens  de  Saint-Marcel  (i)  qui  en  obtinrent  l'union  à  leur  profit. 

L'Hôtel-Dieu  se  montrait  fier  de  ses  immeubles;  aussi  quand 
redit  de  janvier  1780  en  prescrivit  la  vente,  les  administrateurs 
les  défendirent  avec  acharnement.  Les  considérants  de  l'édit  étaient 
peu  tendres  pour  «  cette  sorte  de  biens  qui,  surtout  entre  les  mains 
d'une  administration  collective  et  changeante,  dont  les  soins  ne 
peuvent  jamais  égaler  l'activité  de  l'intérêt  personnel,  ne  procu- 
roient  qu'un  très  modique  revenu  et  assujettissoient  à  des  frais 
considérables  d'entretien  et  de  réparation  »,  et,  pour  masquer 
ce  que  cette  opération  projetée  avait  d'un  peu  brutal,  le  gouver- 
nement ne  manquait  pas  de  faire  ressortir  que  les  administra- 
teurs se  trouveraient  déchargés  «  des  soins  journaliers  nécessaires 
pour  la  manutention  et  la  conservation  d'immeubles  aussi  multi- 
pliés ;  au  moyen  de  quoi  leur  attention  pourrait  être  désormais 
dirigée  vers  les  détails  de  bienfaisance  et  de  charité  qui  influent 
si  essentiellement  sur  le  sort  des  pauvres  et  le  soulagement  des 
malades  (2)  ». 

Toutes  ces  objections,  bien  qu'elles  fussent  présentées  pour  la 
défense  de  l'État  qui  voyait  surtout  une  opération  fructueuse  à 
réaliser  en  emplissant  sa  caisse  des  domaines  avec  les  biens  hospi- 
taliers, ne  manquaient  pas  d'une  certaine  valeur.  Il  est  certain  que 
les  administrateurs  se  montraient  de  plus  en  plus  absorbés  par  le 
souci  des  affaires  domaniales  qui  primaient  souvent  l'étude  des 
questions  hospitalières  proprement  dites;  il  suflfit  de  parcourir  les 
registres  de  délibérations  pour  se  rendre  compte,  à  mesure  qu'on 
avance  dans  le  xviii«  siècle,  de  l'importance  prise  par  les  locations 
et  réparations  d'immeubles,  tant  urbains  que  ruraux.  Mais,  par 
contre,  cette  gestion  était  plus  fructueuse  que  ne  voulait  le  voir 
le  gouvernement,  et  les  soins  mêmes  dont  elle  était  entourée  en 
assurait  un  rendement  largement  profitable. 


(i)  Arch.  A.  P.,  liasse  yS.  Monitoire  de  1707  et  dclib.  10  mai  1709:  l'H.-D.  retire  l'ins- 
tance introduite  contre  le  ciiapitre  de  Saint-Marcel.  (Reg.  78,  fol.  70  r».) 

(2)  Nous  trouvons  déjà  les  mêmes  arguments  dans  une  lettre  de  d'Aguesseau  à  un  membre 
da  Parlement  de  Grenoble,  le  i3  avril  i-So,  pour  justifier  l'application  aux  hôpitaux  de 
l'édit  de  1749  :  '<  Personne  n'ignore  que  le  revenu  des  biens  fonds  est  consommé  en  grande 
partie  et  quelquefois  absorbé  entièrement  par  les  réparations  et  autres  charges  ;  à  quoi  il 
faut  ajouter  la  dilViculté  de  trouver  à  alfermer  ou  à  louer  ces  biens  à  leur  juste  valeur,  l'in- 
solvabilité des  fermiers  ou  des  locataires,  les  poursuites,  les  procès...».  (C/'';n7-ei-,  éd.  Par- 
dessus; Paris,  1819,  16  vol..  in-8°,  t.  XIII,  p.  loy.) 


142  l'hOTEL-DIEU    au    XVII«    et    au    XVIIie    SIECLE 

L'hostilité  de  l'État  s'explique  aisément  si  l'on  se  représente 
que  tous  ces  immeubles  ne  «contribuaient  à  ses  besoins»,  selon 
les  termes  des  considérants  de  l'édit  de  1780,  ni  par  par  les  lods 
et  ventes,  ni  par  les  vingtièmes,  ni,  nous  l'avons  vu,  par  aucune 
autre  espèce  d'imposition.  C'était  une  mainmorte  considérable, 
que  n'avaient  pu  entamer  ni  l'édit  d'août  1749,  ni  les  déclarations 
restrictives  de  1762  et  de  mai  1774,  et  qu'il  importait  de  faire 
rentrer  dans  la  circulation  générale. 

Le  Compte  général  des  recettes  et  des  dépenses  (i),  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  et  qui  établit  le  revenu  moyen  de  l'Hôtel-Dieu 
de  1750  à  1788,  nous  indique  la  part  du  domaine  dans  le  total  des 
ressources  hospitalières. 

Sur  un  revenu  moyen  de  1.412.713  livres  (2),  le  loyer  des 
maisons,  échoppes  et  terrains  de  Paris  est  estimé  287.675  ; 
celui  des  fermages  en  argent  98,850,  auquel  il  faut  ajouter  les 
fermages  en  grains  (102  muids,  4  setiers  et  demi,  2  boisseaux 
de  blé  froment),  soit  au  total  un  revenu  qui  atteint  400,000  livres. 

L'étendue  de  ce  domaine  avait  certes  l'inconvénient  de  com- 
pliquer l'administration  de  l'Hôtel-Dieu  et  de  lui  imposer  une 
besogne  assez  lourde.  Mais  il  avait  l'avantage  de  constituer  un 
revenu  indépendant  des  fluctuations  de  la  charité  privée  et  des 
bienfaits  de  l'État.  Il  formait  pour  ainsi  dire  les  assises  mêmes  de 
son  autonomie.  Il  lui  a  permis  de  faire  face  aux  mauvais  jours. 
Bien  plus,  il  s'est  reconstitué  après  la  tourmente  révolutionnaire  ; 
il  a  résisté  au  xix'^  siècle  aux  tentatives  faites  pour  le  convertir  en 
rentes  sur  l'État  (3)  ;  il  a  résisté  aux  convoitises  de  l'État  et  de  la- 
Ville  de  Paris  qui  cherchaient  à  l'absorber.  Il  demeure  encore  dans 
le  budget  de  l'administration  actuelle  de  l'Assistance  publique 
comme  l'aboutissement  de  l'effort  suprême  de  plusieurs  siècles 
pour  constituer  un  patrimoine  autonome,  issu  de  toutes  les  classes 
de  la  nation. 

LES     LEGS     ET     FONDATIONS 

Si  le  domaine  forme  la  partie  fixe  des  revenus  de  l'Hôtel-Dieu, 
les  legs  et  fondations  en  sont  la  partie  essentiellement  variable; 
mais,  avant  d'en  apprécier  la  quotité,  il  importe  de  fixer  par 
par  quelque  notions  juridiques  la  capacité  de  l'Hôtel-Dieu. 

(1)  Bibl.  A.  P.,  E_2  17. 

(2)  A.  Husson,  Étude  sur  les  hôpitaux,  1860,  10-4»,  p.  506,  ;;,  donne  un  cliilTre  légère- 
ment supérieur  :  I.42I.651  1.,  et  Lecouteux-Cantcleu,  duns  un  discours  à  l'Ass.  nat.,  un 
chiffre  inférieur  :  i.3o3.35o  1. 

(3)  Notamment  sous  la  monarchie  de  Juillet.  Cf.  Bonde,  o.  c,  p.  2i3  et  suiv. 


I.FS    REVFXUS 


L'Hôtel-Dieu,  comme  les  hôpitaux  en  général,  les  séminaires 
et  les  collèges,  est  considéré  comme  une  «  communauté  ». 
Charondas  [le  Caron],  au  xvi'=  siècle,  appelle  les  receveurs  de 
l'Hôtel-Dieu,  «receveurs  d'une  communauté»  (i),  et  depuis, 
tous  les  juristes  le  classent  parmi  les  communautés  ecclésias- 
tiques (2).  A  ce  titre,  il  est  capable  de  legs  ;  Tavocat  général  Talon, 
dans  un  arrêt  du  8  avril  1647,  déclare  que  les  hôpitaux  des 
Incurables  et  de  la  Charité  sont  des  «  communautés  approu- 
vées »  (3).  En  1708,  l'avocat  général  G. -François  Joly  de  Fleury 
soutient,  relativement  à  la  capacité  de  legs  universel,  qu'il  n'y  a 
pas  de  distinction  à  faire  entre  l'Hôpital  général  et  les  autres 
communautés  (4).  La  jurisprudence  était  la  même  pour  les  hôpi- 
taux de  province.  Il  n'était  pas  fait  de  distinction  pour  cette 
capacité  entre  les  hôpitaux  sécularisés,  comme  l'Hôtel-Dieu  et 
les  Incurables,  et  les  hôpitaux  conventuels,  comme  la  Charité, 
confondu  avec  la  congrégation  qui  le  possédait  (5),  ou  l'hôpital 
Sainte-Caiherine,  pour  lequel  un  arrêt  du  27  mars  170?  établit 
«qu'il  n'y  a  dans  cet  hôpital  qu'une  seule  mense,  tant  pour  les 
pauvres  que  pour  les  religieuses  qui  le  desservent».  Pourtant, 
Domat  (6),  dans  son  Droit  public,  distingue  nettement  les  hôpitaux 
conventuels  de  ceux    qui    sont  desservis   par   des  congrégations. 

L'hôpital,  de  même  que  l'école,  est  considéré  comme  une 
partie  intégrante  de  l'Église  qui  est  elle-même  une  vaste  commu- 
nauté ;  au  début,  abbayes,  hôpitaux,  écoles  se  confondent  et  ne 
forment  qu'un  établissement  unique.  S'ils  se  scindent  par  la  suite, 
ils  n'en  composent  pas  moins  un  seul  corps.  Tout  l'ancien  droit 
est  imprégné  de  cette  idée  léguée  par  le  moyen  âge,  que  les  pauvres 
et  les  malades  devenus,  par  le  fait  de  leur  situation,  «  membres  du 
Christ  »,  cessent  pour  ainsi  dire  d'être  des  personnes  laïques,  et, 
une  fois  réunis  dans  un  hôpital,  forment  une  église,  si  bien  qu'un 
juriste  peut  écrire  encore  au  début  du  xviii«  siècle:  «  Je  tiens  qu'un 


{1)  Responses  et  décisions  du  droit  français  ;  Paris,  iSSy,  t.  I,  livr.  ii,  p.  5i. 

(2)  Notamment  B.  Auzanet,  Œuvres.  Notes  sur  la  coutume  de  l^aris  ;  Paris,  170S,  iii-fol., 
titre  II,  art.  87.—  De  Héricourt,  Loix  ecclésiastiques  ;  Paris,  1771,  part.  IV,  ch.  m,  n"  26.— 
J.  Bacquet,  Traité  des  droits  de  franc  fief  et  nouveaux  acquêts.  Œuvres;  l'aris.  1744, 
2  vol.  in-fol.,  t.  II,  p.  266,366,  374.—  Durand  de  Maillane,  Dictionnaire  de  droit  cano- 
nique et  de  pratique  bcnéjiciale;  Lyon,  1770,  art.,  Communauté.—  Furgole.  Traité  des 
testamens,  codicilles,   donations  a  cause  de  mort;  Paris,  1779,  part.  I,  ch.  vi,  sect.  1. 

(3)  J.  du  Fresne,  Journal  des  principales  audiences  du  Parlement,  t.  1,  depuis  1622 
jusqu'à  1661  ;  Paris,  1733,  liv.  V,  cliap.  xiv. 

(4)  Id.,  t.  V,  de  1700  à  1710,  parN.Nupied,  1736,  liv.  VIII,  ch.  xlii. 

(5)  Cf.  lettres  patentes  de  mars  1732,  portant  confirmation  des  privilèges  des  couvents 
et  hôpitaux  des  religieux  de  la  Charité  de  l'ordre  de  Saint-Jean-de-Dieu. 

(6)  Domat,  Œuvres;  Paris,  1777,  2  t.  en  i  vol.  in-fol.,  le  Droit  public,  liv.  I,  titre  xviii  ; 
des  hôpitaux. 


144  L  HOTEL-Uir.U    AL"    XVIF    KT    AL'    XYIIl"    SIECLE 

pauvre  est  censé  en  quelque  manière  estre  religieux,  ou  de  l'ordre 
ecclésiastique,  tant  qu'il  demeure  dans  l'hôpital  (i).  » 

Mais  si  l'Église  essayait  de  maintenir  les  hôpitaux  comme  pro- 
priété ecclésiastique,  en  fait,  par  la  série  d'édits  parus  de  i543 
à  1698,  ils  étaient  devenus  des  corps  purement  civils.  L'édit  de 
1666  soumettant  à  l'autorisation  préalable  les  donations  concernant 
les  couvents,  avait  épargné  les  hôpitaux,  mais  l'édit  d'août  1 749  les 
soumit  aux  mêmes  prohibitionsque  les  séminaires  et  collèges,  et  les 
considéra  comme  des  communautés  ne  pouvant  se  former  sans 
l'autorisation  du  souverain  (2). 

En  1728,  d'Aguesseau  demande  l'avis  des  Parlements  sur  la 
question  de  savoir  «  si  les  institutions  d'héritier  ou  legs  universels 
faits  au  profit  des  corps  et  des  communautés  sont  valables,  et  s'il  y 
a  quelque  distinction  à  faire  à  cet  égard  avec  les  hôpitaux  et  autres 
établissements»  ;  l'un  d'eux,  celui  de  Toulouse,  fait  pour  les  hôpi- 
taux une  «  distinction  particulière  »  qui  les  sépare  des  «  monastères» 
et  «  communautés  ecclésiastiques  »  (3),  mais,  du  point  de  vue 
de  la  pure  doctrine,  les  hôpitaux,  issus  de  l'Église  à  l'origine  et 
considérés  pendant  tout  le  moyen  âge  comme  des  communautés 
ecclésiastiques,  conservent,  malgré  les  contradictions  de  la  juris- 
prudence (4).  leur  caractère  de  communauté  jusqu'à  l'édit 
d'août  1749.  Par  cet  édit,  qui  est  un  effort  de  sécularisation, 
une  machine  de  guerre  dressée  contre  l'Église,  l'aboutissement, 
comme  on  l'a  montré,  de  l'assaut  donné  durant  deux  siècles  à  la 
puissance  ecclésiastique  par  les  légistes  et  magistrats  gallicans 
et  jansénistes.  d'Aguesseau  épargne  les  bouillons  des  pauvres,, 
les  maisons  de  charité,  les  écoles  de  charité,  les  œuvres  pieuses, 
qui  ne  sont  ni  des  communautés  ni  des  bénéfices,  mais  il  frappe 
les  hôpitaux  à  cause  de  leur  caractère  de  communautés  religieuses, 
de  gens  de  mainmorte. 

Tandis  que  pour  les  fondations  particulières  <(  qui  ne  tendent  à 
l'établissement  d'aucun  nouveau  corps  »  ni  à  «  l'érection  d'un  nou- 
veau titre  de  bénéfice  »,  il  suffit,  d'après  l'édit,  de  faire  homologuer 
les  actes  ou  dispositions  qui    les  contiennent  aux   Parlements  et 


(i)  Fr.  Des  Maisons,  les  Définitions  du  droit  canon;  Paris,  1700,  3»  éd.,  in-fol.,  Biens 
d'Église,  p.  98,  et  Martin-Doisy,  o.  c,  t.  I,  art.  Administration. 

(2)  Voy.  J.  Salrnon,  la  Fondation  et  l'édit  d'août  J-4g  ;  Paris,  1906,  in-8». 

(3)  Recueil  de  questions  de  jurisprudence,  proposées  par  M.  dAgueseau,  ciiancelier 
de  France,  à  tous  les  Parlements  du  royaume  concernant  les  donations,  les  testaments, 
les  substitutions  et  les  incapacités  de  donner  et  de  recevoir  et  les  matières  bénéficiales, 
avec  les  réponses  du  Parlement  de  Toulouse  sur  les  mêmes  questions.  1749. 

(4)  Denisart,  Collection  de  décisions  nouvelles  et  de  notions  relatives  à  la  jurisprudence; 
Paris,  1789,  art.  Fondations,  et  Guyot,  Répertoire...,  font  des  hôpitaux  des  corps  tantôt 
ecclésiastiques,  tantôt  laïcs,  tantôt  mixtes. 


LES    RF.VKNUS 


Conseils  supérieurs  sur  les  conclusions  et  réquisitions  des  procu- 
reurs généraux  (i),  aucun  nouvel  établissement  de  «  chapitres, 
collèges,  séminaires,  maisons  ou  communautés  religieuses,  même 
sous  prétexte  d'hospices,  congrégations,  confréries,  hôpitaux  ou 
autres  corps  et  communautés,  soit  ecclésiastiques,  séculières  ou 
régulières,  soit  laïques  de  quelque  qualité  qu'elles  soient  »  (2),  né 
peut  être  fondé,  si  ce  n'est  en  vertu  de  lettres  patentes  enregistrées 
aux  Parlements  ;  des  lettres  patentes  sont  également  nécessaires  à 
tous  les  gens  de  mainmorte  pour  toute  acquisition  de  «  fonds  de 
terre,  maisons,  droits  réels,  rentes  foncières  non  rachetables, 
miéme  rentes  constituées  sur  des  particuliers  »  (3),  qu'elle  ait  lieu 
«  par  vente,  adjudication,  échange,  cession  ou  transport,  même 
en  paiement  de  ce  qui  serait  dû,  soit  par  donation  entre  vifs 
pure  et  simple,  ou  faite  à  la  charge  de  services  ou  fondations, 
et  en  général  pour  quelque  cause  gratuite  ou  onéreuse  que  ce  puisse 
être  »;  est  interdite  toute  «  disposition  de  dernière  volonté  »  (4)  don- 
nant aux  gens  de  mainmorte  des  biens  ci-dessus  énumérés  ;  sont 
seuls  autorisés  sans  la  formalité  des  lettres  patentes  les  acqui- 
sitions «  de  rentes  sur  l'État  ou  le  Clergé,  diocèses,  pays  d'État, 
villes  ou  communautés  »  (5)  ;  toute  personne  enfin,  prêtant  son 
nom  à  l'acquisition  ou  à  la  jouissance  de  ces  biens  à  des  gens  de 
mainmorte,  est  passible  d'une  amende  de  3. 000  livres,  et  toute 
somme  payée  pour  l'amortissement  des  biens  sans  justification 
de  lettres  patentes  et  de  leur  arrêt  d'enregistrement,  confis- 
quée au  profit  de  l'hôpital  général   le  plus  voisin  (6), 

Ainsi  l'Hôtel-Dieu  qui  déjà  ne  pouvait  aliéner  sans  autori- 
sation du  roi  ou  du  Parlement,  puisque  ses  biens  considérés 
comme  biens  d'Église  étaient  inaliénables  par  nature,  ne  put  éga- 
lement acquérir  sans  autorisation.  Seul  l'Hôpital  général,  auquel 
ne   s'appliqua    pas  l'édit   d'août    1749  (7),   put   toujours   acquérir 

II)  Art.  3  de  l'édit  d'août  1749,  intitulé  :  Édit  qui  renouvelle  toutes  les  dispositions  des  lois 
précédentes  sur  les  établissements  et  les  acquisitions  des  gens  de  mainmorte,  et  y  ajoute 
les  mesures  les  plus  propres  à  en  assurer  l'exécution.  (Isambert,  XXII,  p.  226.) 

(2)  Art.  I. 

(3)  Art.  14. 

(4)  Art.  17.  Le  même  article  prévoit  les  personnes  interposées  :  «Voulons  que  lesdites 
dispositions  soient  déclarées  nulles,  quand  même  elles  seroient  faites  à  la  charge  d'obtenir 
nos  lettres  patentes,  ou  qu'au  lieu  de  donner  directement  lesdits  biens  auxdits  gens  de 
mainmorte,  celui  qui  en  auroit  disposé,  auroit  ordonné  qu'ils  seroient  vendus  ou  régis  par 
d'autres  personnes,  pour  eu  remettre  le  prix  ou  les  revenus.  )> 

(5)  Art.  18. 

(6)  Art.  23  et  24. 

(7)  En  conséquence  de  l'art.  46  de  l'édit  d'avril  i656,  un  arrêt  du  Parlement  du 
i3  mars  1767  déclara,  conformément  aux  conclusions  du  ministère  public,  l'Hôp.  gén. 
libre  de  vendre,  d'acquérir,  recevoir  ou  posséder,  comme  les  particuliers,  toutes  espèces 
d'immeubles,  sans  qu'on  puisse  appliquer  la  prohibition  portée  par  l'édit  d'août  174g  con- 
cernant les  gens  de  mainmorte.  (Code  de  l'Hôp.  gén.,  éd.  1786,  p.  2.) 


10 


146  l'hOTFL-DIEU    au    XVII«    FT    au    XVIIie    SIECLE 

et    aliéner    sans    autorisation;    il    resta    jusqu'à     la    Révolution 
hors  du  droit  commun  (i). 

LES  FONDATIONS   DE  LITS 

En  même  temps  que  la  jurisprudence,  les  formes  mêmes  des 
libéralités  ont  évolué. 

L'usage,  encore  très  fréquent  au  xvi«  siècle,  des  dons  en  nature, 
se  perd  de  plus  en  plus  au  xvii^  siècle.  Cependant  on  continue 
à  envoyer  des  aumônes  à  l'occasion  de  certains  événements.  En 
1626,  Garrard,  conseiller,  notaire  et  secrétaire  du  roi,  envoie 
100  livres  en  considération  du  bon  traitement  fait  à  son  fils  pendant 
son  séjour  à  Saint-Louis.  En  1627,  Louis  Targer,  conseiller  secré- 
taire du  roi  et  de  ses  finances,  octroie  4.000  livres  au  moment  où 
il  devient  «  adjudicataire  de  l'état  et  office  de  conseiller  du  roi,  tré- 
sorier général  des  finances  de  France  ».  En  1629,  les  marguilliers 
de  Saint-Nicolas-des-Champs  envoient  17  livres  provenant  des 
aumônes  faites  par  les  paroissiens  pour  la  permission  qui  leur  a  été 
donnée  de  manger  du  beurre  pendant  le  Carême.  En  i633,  Cor- 
noualle,  avocat  au  Parlement,  «  aumône  »  293  livres  pour  que  l'on 
prie  pendant  sa  maladie.  En  1637,  René  de  Longueil,  premier 
président  en  la  Cour  des  aides,  envoie  100  livres  à  l'occasion  du 
service  solennel  célébré  à  l'Hôtel-Dieu  pour  le  repos  de  l'âme  de 
"  défunte  mademoiselle  sa  femme  ».  En  1641,  M"«  Ladvocat  remet 
100  livres  la  veille  de  ses  «  épousailles  »,  «  afin  d'obtenir  de  la 
bonté  de  Dieu  la  grâce  de  vivre  en  son  mariage  avec  satisfaction». 
En  i652,  M^'*^  d'Epernon  fait  don  de  2.000  livres  avant  d'entrer 
en  religion. 

Mais  c'est  surtout  à  l'heure  de  la  mort,  lorsqu'il  s'agit  de  la 
rémission  de  ses  péchés,  que  l'on  pense  aux  pauvres,  représentants 
de  Dieu  sur  la  terre,  suivant  l'antique  idée  chrétienne  (2). 

De  là  tous  les  legs  où  les  représentants  de  la  riche  bourgeoisie 
parisienne,  où  les  grands  seigneurs  et  les  artisans,  où  les  cardinaux 
et  les  simples  prêtres,  se  rencontrent  en  une  touchante  union  de 
sentiments  charitables  qui  priment  souvent  les  affections  fami- 
liales. 


(i)  Même  l'édil  de  janvier  1780  concernant  la  vente  des  biens  des  hôpitaux  n'a  eu  d'ap- 
plication à  l'Hôp.  gén.  de  Paris  que  pour  les  ventes  faites  par  enchères  publiques.  Code  de 
l'Hôp.  gén.,  éd.  1786,  table,  p.   i. 

(2)  Coyecque,  0.  c,  I,  p.  i33,  écrit  que  pour  le  moyen  âge,  il  n'a  jamais  rencontré  de  testa- 
ment parisien  qui  ne  renfermât  un  article  en  faveur  de  l'H.-D.  Sur  48  testaments  enregis- 
trés au  Parlement  sous  Charles  VI,  43  renferment  une  clause  pour  l'hôpital.  (Publiés  au 
t.  111  des  Mélanges  liistoriqites.  Doc.  inéd.  S'é  H.  de  F.) 


LES    REVENUS  147 


Puis,  à  partir  surtout  de  la  seconde  moitié  du  xvu=  siècle,  avec 
le  développement  de  la  charité  paroissiale,  sous  l'impulsion  des 
Compagnies  de  charité,  apparaît  une  forme  nouvelle  de  libéralité, 
celle  des  fondations  de  lits.  La  plupart  du  temps,  ces  lits  étaient 
affectés  à  un  malade  d'une  paroisse,  à  la  nomination  du  curé  ou 
des  dames  de  charité.  Ils  portaient  l'image  du  saint  de  la  paroisse 
auxquels  ils  étaient  affectés  (i).  Ainsi  les  5  lits  garnis  donnés 
par  M.  Wassy,  placés  3  pour  les  hommes  dans  la  salle  du  Petit- 
Pont  et  2  pour  les  femmes  dans  la  salle  Jaune,  affectés  à  'des  ma- 
lades de  la  paroisse  Saint-Etienne  du  Mont,  et  qui  devaient  être 
entretenus  par  les  curés  et  marguilliers,  portaient  une  image  de 
saint  Etienne  ;  de  même  un  lit  de  la  salle  Jaune  fondé  par 
M'""  veuve  Badran.  Le  lit  «  garni  »  fondé  par  M.  Duhamel,  curé 
de  Saint-Merry,  à  la  nomination  des  curés  et  dames  de  charité 
de  la  paroisse,  portait  une  image  de  saint  «  Médéric  ».  Au  lit 
fondé  par  M.  Chassebras,  curé  de  la  Madeleine  en  la  Cité,  pour 
une  personne  de  la  paroisse,  étaitapposée  une  «  image  en  broderie  » 
de  sainte  Marie-Madeleine  (2). 

Cette  règle  toutefois  n'était  pas  absolue  ;  le  bienfaiteur  désignait 
souvent  un  nom  de  saint  qui  lui  était  cher.  M.  et  M'"'^  Robichon 
avaient  indiqué,  pour  désigner  les  2  lits  fondés  par  eux,  les 
images  de  sainte  Catherine  et  de  saint  Guillaume.  Les  héritiers 
de  M.  Rouillé,  secrétaire  du  roi,  avaient  fait  apposer  l'image  Saint- 
Jacques  au  lit  fondé  dans  la  salle  du  Petit-Pont.  M.  Galland  avait 
donné  pour  2  pauvres  malades  de  la  paroisse  Saint-Nicolas-des- 
Champs,  et  pour  y  coucher  seuls,  les  lits  Saint-Nicolas  et  Sainte- 
Marguerite.  M'ue  Boullanger  avait  fondé  5  lits  à  perpétuité,  3 
dans  la  salle  Neuve  du  côté  de  la  Bûcherie,  et  2  dans  celle 
des  Prêtres,  les  3  premiers  à  l'image  Saint-Eustache,  et  les 
2  autres  à  l'image  Sainte-Anne;  le  R.  P.  Barthélémy,  prêtre 
de  l'Oratoire  à  Montpellier,  avait  choisi  pour  le  sien  la  Made- 
leine, ainsi  que  Nicolas  Lecaron,  pour  le  lit  fondé  dans  la  salle 
Saint-Charles  (3),  destiné  à  servir  préférablement  à  un  malade 
«  nouveau  converty  pour  estre  seul  dans  ledit  lit  ».  Il  y  avait  aussi 
des  lits  fondés  à  perpétuité  par  M™<=  Rouillé,  dans  la  salle  du 
Rosaire  et  dans  la  salle  Saint-Augustin,  et  par  M™^  d'Herbigny, 
dans  la  salle  Neuve  (lits  Saint-Henry  et  Sainte-Élisabethl,  à   la 


(i)  Les  lits  ordinaires,  depuis  1618,  portaient  un  «  billet  »  de  parchemin,  attaché  par  les 
soins  du  greffier;  ils  étaient  numérotés  par  salles.   (Délib.  21  fév.  1618,  reg.  i3,  fol.  164.) 

(2)  Min.  étude  Delafon,  acte  du  25  mai   1672. 

(3)  Min.  étude  Delafon,  20,  acte  du  7  juillet  1606  ;  la  somme  donnée  était  de  200  1.   de 
rente  plus  i5  1.  t.  comptant  pour  l'achat  du  lit. 


148  T.'HOTKt.-niF.r    AU    XVII"    KT    AU    XVIII«=    SiÈCLF. 

nomination  des  descendants  de  leur  famille  ;  par  M.  Dubois, 
avocat  au  Parlement,  et  M.  de  Vaudrenel,  gentilhomme  de  Mon- 
seigneur, frère  de  Louis  XIV,  pour  des  malades  de  la  paroisse 
Saint-Séverin. 

D'autres  fondations  étaient  encore  plus  explicites.  Ainsi  M.  Da- 
vant  avait  chargé  THôtel-Dieu  de  recevoir  un  officier  ou  soldat 
malade  servant  au  château  de  la  Bastille,  «  qui  doit  être  mis  seul  dans 
un  lit  et  dans  l'endroit  le  plus  commode  »,■  et  dont  la  maladie 
devait  être  certifiée  par  écrit  du  gouverneur  ou  lieutenant  du  roi 
du  château.  M.  Lambert  avait  donné  3o.ooo  livres  dont  le  revenu 
devait  être  employé  à  la  «  nourriture  et  pansement  »  de  5  pauvres 
prêtres  malades,  à  la  nomination  de  Nicolas  Lambert  de  Thorigny, 
et  successivement  à  ses  héritiers. 

Les  fondations  de  lits  étaient  surtout  nombreuses  dans  un 
établissement  comme  celui  des  Incurables,  où  les  donateurs  se 
réservaient,  pour  eux  et  pour  leurs  descendants,  le  choix  du 
titulaire  ;  vers  le  milieu  du  xviiie  siècle,  il  n'y  avait  plus  que  40  lits 
à  la  nomination  du  Bureau,  37  autres  étaient  à  la  nomination  de 
particuliers,  ou  de  sociétés,  comme  les  Jésuites,  la  Faculté  de 
théologie,  l'abbé  de  Saint-Germain-des-Prés,  enfin  le  reste  à  la 
nomination  des  paroisses  (i). 

LES    FONDATIONS    ONÉREUSES 

L'Hôtel-Dieu  asssurait  encore  Texécutiond'uncertain  nombre  de 
fondations  diverses,  qui  n'étaient  pas  parmi  les  moindres  occupa- 
tions du  Bureau. 

Il  distribue,  en  1640,  aux  cordeliers  du  Grand  Couvent, 
22  1.  10  s.  «  pour  employer  en  souliers  »  ;  217  1.  16  s,  aux  cor- 
deliers, jacobins  et  carmes,  employés  en  4  muids  12  de  charbon, 
et  1.800  cottrets  pour  leur  chauffage  au  retour  de  matines  1^2); 
12  1.  10  s.  aux  prisonniers  du  Grand-Châtelet  (3)  ;  100  livres  aux 
prisonniers  des  Grand  et  Petit-Châtelet,  Conciergerie  et  For- 
rÉvêque  (4)  ;  i.oo3  livres,  réparties  entre  21  maisons  et  com- 
munautés et  les  4  prisons  royales  de  Paris  (5)  ;  3o  livres  à  l'Ave- 


(i)    Arch.    nat..   L  709  (état  datant  du   milieu  du  xviii°  siècle).  Voy.   aussi  Min.  étude 
Delafon,  un  grand   nombre  de    contrats  de  fondation  de  lits  aux  Incurables. 

(2)  Fondation  Et.  Huvé  (i3o5),  l'un  des  premiers  administrateurs,  qui  a  légué  la  maison 
des  n  Deux  Cygnes  »,  rue  Saint-Denis. 

(3)  Fondation  d'Orry.  orfèvre.  Cf.  Estât  au  vrai...  de  1640,  p.  36  et  suiv. 

(4)  Fondation  de  la  Hargerie  :  2.000  1.  de  rente  sur  le  sel. 
^5)  Fondation  de  Saint-Prix. 


LES  rkvi:nus  149 


Maria,  suivant  la  fondation  de  M""»^  de  Corbie,  consistant  en 
I.2ÛO  livres  de  rente  sur  le  domaine  de  la  Ville;  175  livres  par 
parts  de  2  5  livres  réparties  entre  les  cordeliers,  les  jacobins, 
les  carmes,  les  augustins,  l'Ave-Maria,  la  Trinité,  la  comman- 
derie  Saint-Antoine,  distribution  dont  est  imposée  la  terre  de 
Charmont,  près  de  Magny-en-Vexin,  léguée  par  Anne  de  la 
Vernade,  veuve  de  messire  de  Harlay,  sieur  de  Monglat  ;  100  livres 
à  la  congrégation  des  Prêtres  Hibernois  (i),  vivant  en  com- 
munauté, suivant  la  fondation  de  M.  de  Pellegé. 

A  ces  fondations  déjà  anciennes  s'en  joignent  bientôt  d'autres 
plus  importantes. 

Par  testament  du  i5  janvier  i5ii,  le  président  Forget 
lègue  100.000  livres  de  rente  sur  le  Domaine  de  la  Ville,  à  charge 
de  distribuer: —  i"  400  livres  à  4  filles  à  marier  choisies  par 
ses  plus  proches  parents;  —  20400-  à  4  filles  à  marier  choisies 
par  les  marguilliers  de  Saint-Eustache  ;  —  3°  400  à  4  filles 
à  marier  choisies  par  les  maire  et  échevins  de  la  ville  d'Am- 
boise  ;  —  4°  240  à  2  religieux  cordelier  et  jacobin  pour  «  faire 
leur  cours  »  en  théologie;  —  5°  60  à  distribuer  aux  «  pauvres 
criminels  »  de  la  Conciergerie  le  vendredi  saint  par  le  Président 
«  qui  présidera  à  la  Tournelle  ». 

C'est  également  pour  les  pauvres  prisonniers  malades  que 
Pierre  Séguier  laisse,  le  29  avril  1654,  ^^^  rente  annuelle  de 
106  livres  à  distribuer  entre  ceux  du  Grand-Châtelet,  pour 
les  deux  tiers  (70  livres),  et  ceux  du  Petit-Châtelet  et  du  For- 
rÉvéque  pour  le  reste. 

Suzanne  Olivier  de  Leuville,  marquise  de  Sénarpont, 
charge  les  administrateurs,  par  contrats  de  donation  des  i  i  et 
20  septembre  1692,  de  distribuer,  chacun  à  leur  tour  selon  Tordre 
de  leur  réception,  12  dots  d'apprentissage  de  120  livres,  en 
faveur  de  6  garçons  et  6  filles  «  natifs  »  de  Paris  (2). 

En  1641,  Gabrielle  du  Raynier  de  Doré,  baronne  du  Thour, 
en  Champagne,  qui  demeurait  à  Paris,  rue  de  la  Truanderie, 
paroisse  Saint-Eustache,  lègue  une  partie  de  ses  biens  à  l'Hôtel- 
Dieu,  à  charge  de  distribuer  tous  les  ans  une  somme  de  i  .800  livres 
à  6  pauvres  écoliers,  et  pareille  somme  pour  mettre  en  métier 
12  pauvres  garçons.  Les  «  bourses    »  des  écoliers  étaient  accor- 


(i)  On  appelait  ■■  Prêtres  Hibernois  »  les  Récollets  irlandais  qui  avaient  obtenu  en  i653, 
dit  Sauvai  (t.  I,  p.  494).  de  l'abbé  de  St-Germain-des-Prés,  la  permission  d'avoir  un  hos- 
pice rue  du  Cherche-Midi,  et  en  i6381e  droit  de  célébrer  l'office  divin  dans  leur  chapelle. 
(Acte  du   i"  juin  i65s,  Arch.  nat.,  L  766.) 

(2)  Arch.  A.  P.,  ms  1412,  fol.  178,  et  délib.  9  mai  1703,  reg.  72,  fol.  45. 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVIie    ET    AU    XYIII»    SIECLE 


dees  pour  5  ans,  3  au  collège  de  Navarre,  3  au  collège  de 
Montaigu,  de  préférence  à  ceux  qui  se  destinaient  à  la  prêtrise. 
Aussi  ceux  qui  avaient  acquis  le  «  degré  »  de  bachelier  en  théo- 
logie pouvaient  encore  bénéftcier  trois  autres  années  de  cette 
bourse  dans  un  séminaire  (i).  Les  apprentis  étaient  pris,  2  à 
la  seigneurie  du  Thour,  2  à  l'hôpital  du  Saint-Esprit,  2  à  la 
Trinité,  2  aux  Enfants-Rouges,  2  à  THôtel-Dieu,  2  à  la  Pitié; 
les  bénéficiaires  étaient  désignés  par  un  tirage  au  sort  qui  avait 
lieu  dans  la  salle  du  Chapitre  de  Notre-Dame,  par  les  soins 
des  intendants  de  la  fondation  choisis  par  la  bienfaitrice,  des 
membres  du  Chapitre,  des  docteurs  et  bacheliers  de  Navarre, 
et  des  supérieurs  de  Montaigu  (2).  Cette  fondation  fut  rétablie 
après  la  Révolution,  lorsque  la  loi  du  16  vendémiaire  an  V  resti- 
tua leurs  biens  aux  hospices  en  leur  imposant  d'acquitter  leurs 
précédentes  obligations,  et  les  bourses  furent  attribuées,  en  1816, 
à  la  Communauté  des  clercs  de  la  chapelle  royale,  rue  du 
Regard,  puis  en    1842   au  séminaire  de   Saint-Sulpice  (3). 

Marie  Le  Camus,  veuve  de  l'intendant  des  finances  Particelli 
d'Hémery,  lègue,  le  23  juin  i655,  1.700  livres  pour  subvenir  à 
l'entretien  d'une  lampe  à  l'église  de  Tanlay  (Yonne),  et  le 
8  avril  1661,  26.000  livres,  pour  l'entretien  d'une  lampe  et 
d'un  vicaire  dans  les  églises  de  Nibelle,  Neploy  et  Saint-Sauveur 
(Loiret).  Elle  avait  également  fondé  5  lits  aux  Incurables,  et 
laissé  une  rente  de  5oo  livres  payable  tous  les  ans  à  la  maison 
de  Saint-Lazare  pour  faire   une  mission  dans  ces   paroisses  (4). 

Par  testament  du  5  septembre  i683,  J.-B.  Colbert,  contrô-' 
leur  général  des  finances,  lègue  aux  hôpitaux  de  ses  terres  de 
Lignières  et  de  Châteauneuf-sur-Cher,  en  Berry  (5),  9.000  livres 
de  rentes,  pour  marier  20  pauvres  filles  qui  devaient  être 
choisies,  à  raison  de  10  dans  chacun  de  ces  deux  hôpitaux, 
par  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu.  Ce  ne  fut  toutefois 
qu'en  1708  (6)  que  ces  derniers,  informés  de  cette  clause,  se 
préoccupèrent  de  la  charge  qui  leur  incombait.  Ils  ne  purent 
d'ailleurs  exécuter  la  fondation  à  cause  des  difficultés  qui  s'éle- 
vèrent entre  les  héritiers  du  testateur,  le  marquis  de  Seignelay, 
son  fils  aîné,  puis  le  comte  de  Seignelay  et  ses  frères.    Pendant 


(1)  Arrct  du  Parlement  du  12  mars  1742. 

(2)  Arcli.  A.    P.     Procès-verbaux    de    ces    élections    de    1783   à   1787,   et    Fonds    du 
Saint-Esprit,  P.-V.  du  23  nov.  1689614  janv.  1690. 

(3)  Arch.  A.  P.  Coll.  desarr.  du  Cons.  gén.  des  hospices,  arr.  i3  mai  1816  et  12  janv.  1842. 

(4)  Arch.  A.  P.  (H.-D.,  fonds  nouveau,  liasse  62.) 

(5)  La  terre  de  Lignières  comprenait  1 1  paroisses,  et  celle  de  Cluiteauneuf  i5. 

(6)  Délib.  3i  août  1708,  reg.  77,  fol.  94. 


LES    REVENUS  I 5 I 


le  cours  des  contestations,  le  comte  de  Seignelay  vendit  la  terre 
de  Chàteauneuf  au  comte  de  Pontchartrain,  et  la  chargea  de 
5oo  livres  de  rente  pour  l'acquit  de  la  moitié  de  la  fondation 
dont  il  s'agit.  Un  arrêt  du  9  mai  17 18,  qui  ordonnait  l'exécu- 
tion de  cette  fondation,  resta  sans  effet.  Les  administrateurs  firent 
assigner,  en  1723,  tous  les  descendants  du  testateur  ainsi  que  le 
comte  de  Pontchartrain,  et  ces  derniers  promirent  le  payement 
des  arrérages  échus;  mais  il  fallut  faire  intervenir  un  nouvel  arrêt 
du  3  décembre  1734  pour  les  condamner  à  payer  ces  arrérages. 
En  1744,  rien  n'était  encore  soldé,  si  bien  que,  du  6  sep- 
tembre i683  au  6  septembre  1744,  il  était  dû,  à  raison  de 
1 .000  livres  par  an,  sur  les  deux  terres  en  question,  61.000  livres. 
Enfin,  après  de  nombreuses  instances  et  conclusions  du  procureur 
général,  intervint  l'arrêt  du  7  septembre  1756  (i),  ordonnant 
l'exécution  de  celui  du  3  décembre  1734,  et  fixant  les  conditions 
d'application  du  testament,  ainsi  que  du  payement  des  arrérages. 
L'emploi  des  sommes  perçues  devait  se  faire  en  acquisitions  de 
rentes,  au  profit  des  hôpitaux  de  Lignières  et  Chàteauneuf.  Les 
listes  des  filles  devaient  être  établies  et  transmises  par  les  pro- 
cureurs fiscaux  aux  administrateurs  chargés  de  choisir  à  leur  tour 
et  de  faire  les  nominations,  le  montant  de  la  dot  devant  être 
fixé  par  le  Parlement.  Toutefois  l'arriéré  ne  fut  complètement 
payé  qu'en  [760,  et  ce  n'est  qu'en  1761,  presque  un  siècle 
après,  que  la  fondation  fut  enfin  exécutée,  le  Parlement  ayant 
fixé,  par  arrêt  du  29  novembre  1760,  à  la  somme  de  200  livres 
la  dot  attribuée  aux  filles  de  Chàteauneuf  (2).  Quant  aux  paye- 
ments concernant  la  terre  de  Lignières,  ils  n'étaient  pas  encore 
déterminés   (3). 

L'administrateur  Jean  Bachelier  donne  So.ooo  livres  en 
i66g,  à  charge  de  lui  servir  une  rente  viagère  de  2.5oo  livres, 
et,  après,  d'affecter,  une  rente  de  i.ooo  livres  à  diverses 
fondations    charitables    (4)  :     établissement     à     la     paroisse     de 

(1)  Rcgl.H.-D.,  IV,  p.  19. 

(2)  Voy.  Dotation  Colbcrt,  Notice  historique,  situation  régularisée  et  complétée  de  la 
rente  de  la  dotation  ;  son  avoir  actuel;  règlement  pour  l'admission  à  l'hôpital  de  Cliàteau- 
neuf  des  malades  pauvres  appartenant  aux  communes  qui  composent  l'ancienne  seigneurie 
de  Chàteauneuf;  Bourges,  1871. 

(3)  Il  est  curieux  de  rapprocher  du  sort  de  la  fondation  Colbcrt,  celle  du  maréchal  de 
Turenne,  qui  légua  en  1675  à  la  ville  de  Négrepelisse  20.000  1.  pour  les  pauvres  qui  se 
convertiraient  au  catholicisme  ;  la  stricte  exécution  de  ledit  de  Nantes  ne  permit  pas  d'uti- 
liser cette  libéralité  qui  fut  affectée  en  1697,  à  un  hôpital,  lequel  ne  fut  ouvert  qu'en  1780, 
plus  d'un  siècle  après!  (La  Fondation  charitable  du  marcclial  de  Turenne  à  Négrepelisse; 
Montauban,  1882,  in-i6.) 

(4)  Donations  ultérieures  des  19  sept.  1672  et  2  mars  1673,  passées  devant  M»  Devin.  La  fonda- 
tion Bachelier  est  encore  représentée  dans  la  fortune  mobilière  de  l'administration  de  l'A.  P. 
par  une  somme  de  i.3t36fr.  (Marescot,  les  Bienfaiteurs  de  l'A.  P.,  1904,  in-S»,  t.  I,  408.) 


L  HOTKL-DIFl'    AU    XYII»-'    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


Villeneuve-Saint-Georges,  pour  enseigner  gratuitement  les  en- 
fants des  riches  et  des  pauvres,  d'un  prêtre  sortant  du  sémi- 
naire de  Saint-Nicolas-du-Chardonnet  ;  établissement  de  deux 
filles  de  la  Charité  à  Villeneuve-Saint-Georges  pour  tenir 
l'école  des  filles  et  secourir  les  pauvres  malades;  puis,  par  son 
testament  du  28  octobre  1687,  il  charge  encore  l'Hôtel-Dieu 
de  fonder  une  école  de  charité,  avec  2  sœurs  et  3  prêtres  au  bourg 
de  Saint-Thierry,  près  de  Merfy  (Marne).  Jean  Bachelier  fixe  que 
l'école  de  Villeneuve  ne  devra  pas  contenir  plus  de  5o  à  60  élèves 
et  que  le  curé  devra  faire  provision  de  plumes,  d'encre  et  de  papier 
pour  distribuer  aux  plus  pauvres  de  ses  écoliers.  Les  sœurs 
devront  fournir  papier,  encre,  plumes,  canifs,  acheter  des  livres 
d'alphabet,  psautiers,  catéchismes  et  autres  pour  apprendre  à 
lire,  «  et  quelques  petits  livres  de  dévotion  qu'elles  distribueront 
suivant  la  nécessité  ». 

De  même  Elisabeth  Massé  de  La  Roche,  veuve  de  Pierre 
Brulard,  bourgeois  de  Paris,  laisse  i5o  livres  de  rente  annuelle  et 
perpétuelle  pour  la  fondation  d'une  école  de  charité  à  Champeaux  - 
en-Brie   (Seine-et-Marne)  (i). 

Aux  termes  de  la  fondation  faite  «  par  Messeigneurs  et  dame 
les  duc  et  duchesse  de  Nivernois  et  de  Rethelois,  princes  de 
Manthoue  et  pairs  de  France  »,  suivant  Pacte  reçu  par 
Pierre  Cayard  et  Claude  Boreau,  notaires  à  Paris,  le  i5  novem- 
bre iDjS  (2),  l'Hotel-Dieu  devait  accorder  tous  les  ans  60  dots  de 
mariage  à  de  pauvres  filles  «  destituées  de  toutes  facultez  et 
moyens  »,  en  leurs  terres  et  seigneuries,  entre  autres  leurs  terres 
du  Berry,  les  châtellenies  d'Ault,  de  Saint-Valery,  de  Cayeux, 
dans  le  Vimeu.  Le  pape  Sixte  V,  par  une  bulle  du  10  novembre 
i586,  accorda  une  indulgence  plénière  le  jour  de  l'élection  des 
jeunes  filles,  le  jour  du  mariage  et  celui  de  l'assignation  de  la 
dot,  à  tous  ceux  qui,  après  s'être  confessés,  avoir  communié 
et  prié  pour  l'exaltation  de  l'Église  et  l'extirpation  des  hérésies, 
auraient  participé  à  l'élection  ou  y  auraient  assisté  comme 
spectateurs,  ainsi  qu'aux  jeunes  filles  élues  et  à  leurs  époux. 
Il  s'agissait  avant  tout  d'une  œuvre  de  piété  plutôt  que  d'assis- 
tance. Il  fallait  empêcher  les  pauvres  filles  de  «  s'abandonner  à 
vice  »,  car  le  mariage,  «  outre  ce  qu'il  relient  leur  âme  et  l'esprit 
plus  a  deliure,  et  en  plus   grand   repos  envers  Dieu   et  garde  de 

(i)  Contrat  du  7"  avr.  1679.  Cette  rente  profite  encore  aujourd'hui  aux  pauvres  de  la 
commune  de  Champeaux  ;  elle  n'est  plus  que  de  128  fr.  38  (d'après  le  nouveau  titre  établi 
par  M"  Morel  d'Arleux,  les  3  et  i3  mai  1897.  (Marescot,  o.  c,  t.  I,  p.  415.) 

(2)  Cette  acte  fut  remanié  le  14  févr.  iSgS.  (Voy.  la  Fonda  lion  du  duc  de  Nivernois; 
Bibl.  Maz.,  A  10492.) 


LFS    REVFNUS  I  5  3 


tomber  en  péché,  peuple  de  lignée  légitime  la  postérité:  il  fait 
qu'avec  moyens  honnêtes  elles  passent  le  cours  de  cette  caducque 
et  fragile  vie  ».  Tous  les  ans,  dans  chaque  paroisse  apparte- 
nant au  duc  et  à  la  duchesse  de  Nevers  [Henriette  de  Clèves], 
ou  placée  sous  leur  haute  justice  devait  élire  une  jeune  fille  (i). 
Il  y  avait  d'abord  élection  dans  chaque  paroisse,  le  mardi  de 
Pâques,  puis  tirage  au  sort  au  chef-lieu  de  la  châtellenie  ou  de  la 
prévôté  ;  le  contrat  de  mariage  avait  lieu  le  lundi  de  la  Pentecôte. 
La  dot  restait  acquise  à  la  jeune  fille,  même  si  elle  n'avait  pas 
trouvé  de  mari,  pourvu  qu'elle  restât  honnête  et  pratiquât  la 
religion  catholique.  Elle  s'élevait  à  i6  écus  et  40  sols  (5o  livres), 
sur  lesquels  on  prélevait  5  sols  pour  la  bague  et  5  sols  pour 
le  contrat.  Dans  la  première  quinzaine  de  juin,  les  greffiers 
de  chacune  des  chàtellenies  devaient  adresser  à  leurs  procu- 
reurs fiscaux  les  procès-verbaux  d'élection  et  les  expéditions  de 
contrat  de  mariage;  ces  derniers  les  faisaient  parvenir  avant 
le  23  juin  au  procureur  du  domaine  du  Nivernais  ou  du  Rethelois, 
enfin  un  duplicata  en  était  envoyé  avant  le  22  juillet  aux  adminis- 
trateurs de  l'Hôtel-Dieu,  ainsi  qu'aux  aumôniers  et  trésoriers  des 
duc  et  duchesse  de  Nivernais,  puis  de  leurs  successeurs,  tandis  que 
les  originaux  étaient  déposés  au  trésor  de  la  Chambre  des  comptes 
à  Nevers  (2).  A  l'Hôtel-Dieu,  une  revision  de  toutes  les  pièces  était 
faite  pour  découvrir  les  omissions  ou  irrégularités  qui  auraient  pu 
se  glisser  ou  se  commettre,  puis  un  rapport  était  adressé  à 
rassemblée  générale  qui  se  tenait  le  2  5  août,  primitivement 
dans  la  chapelle  de  l'hôtel  de  Nevers-Gonzague,  ensuite  aux 
Augustins,  en  présence  du  conseil  et  du  procureur  des  duc  et 
duchesse  de  Nevers,  des  délégués  du  Parlement,  de  la  Chambre 
des  comptes,  de  la  Chambre  des  aides  et  de  deux  religieux  de 
chacun  des  quatre  ordres  mendiants.  C'est  dans  cette  assemblée 
que  les  administrateurs  délivraient  des  contraintes  contre  les  offi- 
ciers, seigneurs,  receveurs  ou  fermiers  qui  avaient  commis  des 
irrégularités  ou  des  omissions  (3).  On  y  distribuait  des  jetons  d'ar- 
gent aux  personnes   présentes,    ainsi    que    diverses  gratifications 

(i)  La  liste  complète  des  communes  qui  se  trouve  dans  l'acte  de  fondation  a  été  repro- 
duite dans  l'opuscule  de  G.  Devisme,  Une  Œuvre  sociale  au  svii»  siècle;  Chàteauroux, 
1906,  in-8,  32  p. 

(2)  Le  procureur  du  domaine  du  Nivernais  recevait  8  écus,  celui  du  Rethelois,  3  écus, 
celui  de  la  principauté  de  Mantoue,  3  écus  20  sols,  celui  de  Saint-Valery,  4  écus,  celui  de 
Lesparre,  5  écus.  Ces  salaires  étaient  payés  par  les  receveurs  ou  fermiers  de  la  châtellenie 
ou  prévôté  principale  où  exerçait  le  procureur. 

(3)  Les  clauses  très  nombreuses  de  la  fondation  que  nous  n'avons  pas  cru  devoir  repro- 
duire étaient  une  source  de  procès  innombrables.  Un  registre  concernant  l'exécution  de- 
là fondation  de  Nevers,  aux  Arch.  de  l'A.  P.,  de  16-10  à  17^0,  ne  contient  pas  moins  de 
47  arrêts  du  Parlement. 


I  54  l'hOTKL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

à  tous  ceux  qui  avaient  participé  à  l'exécution  de  la  fondation. 

Guy  Simon,  marchand  apothicaire,  ancien  consul  et  bour- 
geois de  Paris,  demeurant  rue  Saint-Avoye,  paroisse  Saint-Merry, 
donne,  en  1689,  i.oio  livres  de  rente  (i)  à  charge  d'employer  les 
arrérages,  après  son  décès,  à  doter  des  filles  sortant  de 
l'hôpital  de  la  Miséricorde  ou  des  Cent-Filles,  rue  Censier,  au 
faubourg  Saint-Marceau  (2).  Il  demande,  en  retour,  un  salut  et 
des  prières  du  soir  et  du  matin,  chaque  jour  à  perpétuité  pour 
le  repos  de  son  âme,  dans  la  chapelle  du  cimetière  de  Clamart, 
ainsi  qu'une  messe  basse  à  partir  du  lendemain  de  son  décès, 
qui  devait  être  dite  par  des  ecclésiastiques  de  la  communauté 
de  Mr  de  Champsiergue,  établie  dans  le  cloître  Saint-Marcel,  ou 
partons  autres  ecclésiastiques  désignés   par    l'Hôtel-Dieu. 

Elisabeth  Rouillé,  veuve  de  Lambert  d'Herbigny,  marquis  de 
Thibouville,  fait  diverses  fondations,  échelonnées  de  1704  à  1710, 
à  des  églises  et  communautés  sur  la  somme  de  i  .000  livres  de  rente 
qui  lui  était  versée  par  IHôtel-Dieu  pour  la  donation  faite,  en 
1704,  de  l'hôtel  d'Épernon,  rue  Vieille-du-Temple.  Elle  verse  en 
outre  à  l'Hôtel-Dieu,  à  charge  de  services  religieux,  8.000  livres 
en    1705,   700  en   1708,    12.000  en    1709  (3). 

Un  conseiller  du  Parlement,  Laisné,  laisse,  par  testament  du 
29  avril  1661,  6.000  livres,  à  condition  de  payer  à  un  religieux 
cordelier  de  Paris,  choisi  par  les  trois  plus  anciens  administra- 
teurs, 100  livres,  de  six  mois  en  six  mois,  pour  étudier  la 
philosophie  (4). 

Claude  de  Pontlevoy,  veuve  de  Clément  Métezeau,  architecte 
et  ingénieur  du  roi  (5),  par  contrat  du  3  février  1629,  laisse  une 
somme  de  4.000  livres,  payable  tous  les  4  ans,  pour  «  marier  ou 
faire  religieuse  une  fille  de  noble  extraction  »  à  la  nomination  des 

(i)  Arcli.  A.  P.,  liasse  S^i.  Il  laissait  en  même  temps  à  l'H.-D.  sa  maison  rue  Sainte - 
Avoye,  en  face  la  rue  Simon-le-Franc,  esiimée  12.000  1. 

(2)  Le  choix  devait  appartenir  sa  vie  durant  à  Ch. -Nicolas  Garson,  son  neveu,  curé  de 
Saint-Landry,  conjointement  avec  les  administrateurs  de  la  maison,  et,  à  la  mort  de 
Garson,  à  ces  derniers  seuls.  Il  s'agissait  d'une  dot  pour  entrer  en  religion  dans  un 
monastère  cloitré  de  Paris  ou  des  faubourgs,  ou  au  besoin  des  environs,  sans  que 
cependant  la  maison  religieuse  soit  éloignée  de  plus  de  10  lieues  de  la  capitale.  La  dot 
devait  être  distribuée  de  4  ans  en  4  ans,  pour  qu'elle  put  se  monter  à  4.000  L,  ou  de 
5  ans  en  5  ans,  si  cette  somme  par  la  suite  devenait  insuffisante  pour  entrer  en  religion. 

(3)  M.  Fosseyeux,  Inv.  des  objets  d'art...,  1910,  in-8,  p.  28,  texte  de  l'inscripiion 
commémorative  de  ces  fondations  faites  notamment  aux  Incurables,  à  Saint-Nicolas-des- 
Champs,  à  la  Charité,  à  l'hôpital  du  Saint-Nom-de-Jésus,  ttc. 

(4)  IJne  délib.  du  18  nov.  lySS  arrêta  que  cette  somme  ne  serait  payée  qu'à  un  religieux 
commençant  son  cours  de  philosophie  ou  celui  de  théologie,  le  premier  demandant  2  ans 
et  le  second  3  ans,  et  sur  un  certificat  du  gardien  du  couvent. 

(3)  Il  s'agit  de  Clément  II  Métezeau,  né  à  Dreux  le  5  févr.  i58i,  et  mort  à  Paris  le 
28  nov.  i632,  le  plus  célèbre  de  la  dynastie  des  Métezeau,  architectes  français  des  .xvi«  et 
xvii«  siècles,  sur  lesquels  on  trouvera  des  renseignements  dans  le  livre  de  A.  Berty,  les 
Grands  Architectes  français  de  la  Renaissance  ;  Paris,  1860,  in-8°. 


LES    REVENUS 


administrateurs.  Cette  fondation  fut  exe'cutée  pour  la  première  fois 
en  1671  (i). 

Dans  cette  catégorie  se  placent  aussi  les  fondations  de  ser- 
vices religieux  dont  e'tait  chargé  l'Hôtel-Dieu  :  fondations  Benoise 
pour  un  service  à  Saint-Cloud,  le  i*"""  août,  en  souvenir  du  roi 
Henri  III  ;  Colbert,  pour  un  service  à  Saint-Denis,  le  7  novembre, 
en  souvenir  du  cardinal  Mazarin  ;  Passart,  pour  un  service  à 
Saint-Leu-Saint-Gilles  ;  Belin,  pour  un  service  aux  Mathurins  ; 
Pezart,  pour  un  service  aux  Innocents  ;  d'Émery,  du  5  août  i656, 
pour  l'envoi  à  THôtel-Dieu  des  habits  des  novices  faisant  profes- 
sion au  monastère  des  fifles  Saint-Thomas  ;  dTntreville,  pour  un 
service,  le  quatrième  vendredi  d'après  la  Saint-Martin,  à  l'intention 
du  roi  Henri  III,  sans  compter  ceux  qui  se  disaient  à  l'Hôtel-Dieu. 
Ainsi  Jean  Filesac,  curé  de  Saint-Jean-en-Grève,  et  Philippe  de 
Gamaches,  docteur  en  théologie,  avaient  fondé,  en  1609,  tous  les 
ans  au  i"  avril  un  sermon  complet  avec  la  «  prose  »  Dies  illa,  dies 
irœ,  plus  une  haute  messe  aux  Jours  solennels  où  se  gagnent  les 
pardons  de  l'Hôtel-Dieu,  à  laquelle  devaient  assister  trois  pauvres 
des  plus  valides  «  lesquels  feront  les  prières  contenues  es  bulles 
desdits  pardons  estans  à  genoux  si  possible  et  afin  de  gagner  pour 
la  rémission  de  l'âme  du  défunt  ». 

Une  pensée  identique  avait  inspiré  à  Nicolas  Le  Lièvre,  con- 
seiller du  roi  et  administrateur,  la  fondation,  en  1637,  de 
23  lampes  de  cuivre,  entretenues  à  l'huile,  et  23  chandeliers  de 
bois,  avec  chandelles  de  suif,  pour  éclairer  toutes  les  salles,  à  con- 
dition qu'au  moment  de  les  allumer  les  religieuses  avertissent 
chaque  jour  les  malades  de  dire  un  Requiescat  in  pace  pour  l'âme 
du  bienfaiteur. 

En  définitive,  toutes  ces  fondations,  plus  ou  moins  compliquées 
de  procès,  diminuaient  d'autant  le  revenu  que  l'Hôtel-Dieu 
pouvait  tirer  des  bienfaits  proprement  dits  de  la  charité  publique. 
Elles  occupaient  plus  qu'il  n'était  raisonnable  les  administrateurs, 
mais  ils  étaient  obligés  de  répondre  à  la  confiance  dont  ils  étaient 
l'objet. 

l'exécution  des  testaments 

L'Hôtel-Dieu  avait  eu,  de  tout  temps,  peine  à  recouvrer  les  legs 
qui  lui  étaient  destinés.  Un  arrêt  du  Parlement  du  26  octobre  \5b-j 
«  portant  règlements  pour  les  legs  faits  en  faveur  de  l'Hôtel-Dieu 
par    ceux    qui     y    décèdent  «    nous    apprend    que    les    héritiers 


(1)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  1246,  fol.  175  et  suiv. 


l56  I.'hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

des  défunts,  dès  qu'ils  étaient  avertis  du  legs,  «  prenoient,  lati- 
toient  et  cachoient  lesdits  biens  »,  de  sorte  que  THôtel-Dieu 
en  était  frustré.  Le  Parlement,  dans  l'intérêt  de  THôtel-Dieu, 
lui  permet,  aussitôt  le  testament  connu,  de  «  faire  arrêt  »  sur 
les  biens  des  décédés,  à  charge  d'en  rendre  «  bon  compte  et  reli- 
quat «. 

A  plus  forte  raison,  les  héritiers  essayent-ils  de  détourner  ou  de 
celer  les  testaments,  lorsqu'ils  sont  faits  «  par  écriture  privée  » 
devant  les  notaires,  curés  ou  vicaires  (i).  Là  encore  le  Parlement 
intervient  et  permet  au  procureur  général  d'obtenir  «  monitions  et 
censures  ecclésiastiques  contre  ceux  qui  recèlent  et  détournent  les 
testamens,  dispositions  et  donations  faits  en  faveur  de  l'Hôtel-Dieu 
de  Paris,  et  contre  ceux  qui  retiennent  les  titres  et  enseignemens 
qui  en  font  mention  »  (arrêt  du  19  juin  iSjo). 

Au  xvii«  siècle,  le  Parlement  va  Jusqu'à  enjoindre  aux  notaires  et 
«  personnes  publiques  »  de  déclarer  au  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu  les 
testaments  et  donations  faits  en  sa  faveur  dans  la  huitaine  du  décès 
de  leurs  auteurs,  et  de  les  attacher  «  en  un  tableau  en  leurs 
études  »  (2),  et  même  à  prescrire  une  amende  de  i5o  livres 
contre   les   délinquants  (3). 

Plusieurs  arrêts,  notamment  ceux  du  18  novembre  1662  et  de 
1668,  chargent  les  notaires  ou  les  curés  qui  reçoivent  des  testa- 
ments dans  lesquels  il  y  a  des  fondations  ou  legs,  d'en  avertir  le 
procureur  général  ;  enfin  un  arrêt  du  Conseil  d'État  du  7  mars  1702 
prescrit  le  contrôle  par  les  fermiers  des  droits  de  contrôle  des  actes 
des  notaires,  des  extraits  des  testaments  contenant  des  fondations' 
et  legs  pieux  (4)  en  faveur  des  pauvres  et  hôpitaux. 

L'Hôtel-Dieu  est  parfois  désigné  dans  les  testaments  comme 
bénéficiaire  éventuel  d'une  libéralité,  au  cas  oli  les  conditions 
imposées  par  le  testateur  pour  sa  fondation  première  ne  seraient 
pas  remplies.  Ainsi  quand  Jeanne  de  Mailly  fait  au  xvi^  siècle  une 
donation  à  la  communauté  des  pauvres  de  Montaigu,  il  est  stipulé 
dans  les  actes  que,  si  l'esprit  de  pauvreté  s'atîaiblit  dans  la  commu- 


(i)  Jusqu'à  l'ordonnance  du  mois  d'août  lySS,  dans  les  pays  régis  par  le  droit  coutumier, 
les  testaments  pouvaient  être  faits  devant  deux  notaires,  ou  par-devant  le  curé  de  la  paroisse, 
ou  devant  son  vicaire  et  un  notaire,  ou  devant  le  vicaire  et  trois  témoins,  ceux-ci  «idoines, 
suffisants,  mâles,  âgés  de  20  ans  accomplis  et  non  légataires  ».  L'ordonnance  de  lySS  qui 
unifia  la  jurisprudence  dans  tous  les  tribunaux  du  royaume  édicta,  dans  son  art.  23,  que  les 
testaments  devaient  être  reçus  par  deux  notaires,  ou  un  notaire  assisté  de  deux  témoins, 
mais  les  art.  24,  25  et  26  laissèrent  subsister  les  anciens  usages,  suivant  lesquels  les  testa- 
ments pouvaient  être  reçus  par  les  officiers  de  justice,  les  greffiers  et  les  curés. 

(2)  Rég-l.  H.-D.,  I,  393.  Arrêt  du  11  mai  i65o. 

(3)  Arrêt  du  18  nov.  1662.  'Voy.  aussi  ord.  de  févr.  1731  en  47  articles  fixant  la  jurispru- 
dence, la  nature,  la  forme,  les  charges  et  les  conditions  des  donations. 

(4)  Cité  par  L.  Lalleraand,  o.  c,  t.  IV,  i"  partie,  p.  357. 


LES    REVENUS 


i57 


nauté,  les  biens  iront  à  l'Hôtel-Dieu  (i).  En  1677,  lorsque  le 
président  Perrault  fait  un  legs  de  40.000  livres,  à  charge  de  fonda- 
tion à  la  maison  professe  des  jésuites  (2),  il  stipule  qu'à  défaut 
d'exécution  pendant  2  ans  le  legs  appartiendra  à  l'Hôtel-Dieu. 
Aussi  ce  dernier  ne  manque  pas,  un  siècle  plus  tard,  et  deux  ans 
après  l'abolition  de  l'ordre  et  la  suppression  des  maisons  des 
jésuites,  de  réclamer  le  bénéfice  du  legs,  d'où  procès  avec  les  syn- 
dics de  l'union  des  créanciers  des  jésuites  (3). 

Il  se  passe  souvent  un  fort  délai  entre  la  date  des  testaments  et 
l'exécution  des  legs.  Un  registre  commencé  en  1728  nous  apprend 
qu'un  grand  nombre  de  legs  particuliers  faits  depuis  1664  n'étaient 
pas  encore  payés  (4),  tels  les  10.000  livres  léguées  par  Bernard  de 
Nogaret  de  La  Valette,  duc  d'Épernon,  par  testament  du  18  juillet 
1 66 1 ,  contesté  par  les  héritiers  du  duc  ;  les  i  .000  livres  laissées  par 
Jean  Loyauté,  payeur  de  rentes,  dans  son  testament  du  5  novembre 
1667,  les  5oo  livres  léguées  le  3o  septembre  1671  par  dame 
Lucrèce  Jousselin,  veuve  d'Etienne  Jappin,  baron  de  Bouville. 
Les  i.ooo  livres  et  les  4.000  livres  à  charge  d'acquisition  de 
200  livres  de  rente  pour  la  collation  des  malades  léguées  par 
la  duchesse  d'Aiguillon,  par  testament  olographe  des  17  mai  et 
29  juillet  1674,  n'ont  été  payées  que  le  4  juin  1766,  par  la 
congrégation  de  Saint-Lazare,  dépositaire  des  deniers  de  la 
succession.  Mais  l'exemple  le  plus  typique  est  peut-être  celui  du 
legs  de  François  Namurois,  décédé  le  11  mai  1743,  léguant  ses 
biens  à  l'Hôtel-Dieu  au  cas  où  son  neveu  viendrait  à  mourir  sans 
enfant,  ce  qui  arriva  le  21  octobre  1755,  et  dont  l'hôpital,  à  la  suite 
de  réclamations  successives  des  divers  héritiers  (5),  ne  put  béné- 
ficier qu'en  1781  ! 

L'Hôtel-Dieu  n'accepte  pas  indistinctement  tous  les  legs. 
Quand  les  conditions  paraissent  onéreuses,  il  refuse.  Le 
16  mai  1723,  il  renonce  au  legs  universel  de  l'abbé  de  Fourcy, 
chanoine  de  Notre-Dame,  dont  la  succession,  malgré  de  nombreux 
canonicats,  était  obérée  de  38.679  livres;  en  1724,  à  celui  de 
Pierre-François  Gon  de  La  Hautemaison,  fait  par  testament 
du   26  janvier   1732;   en   1732,  à  celui  de  madame  de   Pompa- 


(i)    M.  Godet, /ti   Congrégation  de  Montaigu  [i^go-ibSo).   (Posit.  de  thèses,    École  des 
chartes,  1910.) 

(2)  Testament  du  24  août  1677. 

(3)  Voy.  Bibl.  Sénat,  nis.  1.175,  f°  99.  Mân.  contre  les  syndics  de  l'union  des  créanciers 
des  Jésuites  ;  Lambert,  1767,  iti  p.  Le  rapporteur  était  l'abbé  Terray. 

(4)  Arcli.  A.  P.,ms.  n»  1414. 

(5)  Voy.  notamment  les  arrêts  des  5  déc.  1759,  4  août  1775,  et  le  mémoire  présenté  le 
8  août  1781  aux  administrateurs  par  les  héritiers  ruinés.  (Règl.  H.-D.,  IV,  375.) 


i58  l'hotel-dieu  au  xyii»  et  au  xviii«  siècle 

dour(i),  dont  les  meubles  et  effets,  dit  l'acie  du  22  juillet  1732, 
seront  à  peine  suffisants  pour  les  créanciers;  en  1740,  à  celui  de 
Claudine  Gigot  de  Pouilly,  qui  avait  légué,  par  testament  du 
II  mars  1736,  une  maison  et  4  arpents  à  Passy  (2)  avec  des  eaux 
minérales,  à  charge  du  payement  de  toutes  les  rentes  et  çlettes 
hypothécaires  qu'elle  pourrait  avoir  le  jour  de  son  décès,  et  de 
plusieurs  pensions  viagères  ;  or,  la  maison  menaçait  ruine,  les 
appartements  étaient  sans  meubles,  et  le  produit  des  eaux,  dit 
l'acte  de  renonciation,  est  un  mystère  qu'il  n'a  pas  été  possible  de 
pénétrer. 

Marie-Louise  Pot  de  Rhodes,  veuve  du  duc  de  Vitry,  par  son 
testament  en  date  du  3  octobre  i683,  demandait  à  être  inhumée 
auprès  de  ses  aïeux,  le  maréchal  de  La  Châtre  et  sa  femme,  à 
Égreville,  mais  comme  cette  terre  n'était  plus  à  elle,  elle  laissait 
600  livres  à  l'Hôtel-Dieu  pour  être  inhumée,  à  défaut,  dans  la 
paroisse  où  elle  décéderait  et  fonder  une  basse  messe  des  morts  à 
perpétuité  ;  l'Hôtel-Dieu  refuse  cette  fondation  par  acte  du  i3  août 
1695,  parce  que  la  terre  d'Égreville  est  rentrée  dans  la  famille,  et 
que  sa  fille  la  duchesse  de  Torcy  peut  exécuter  les  volontés  du 
testament. 

En  1687,  par  acte  du  i3  août,  il  refuse  le  legs  universel  de 
Jean-Antoine  de  Pardaillan  de  Gondrin  de  Montespan  et  de 
Bellegarde,  fait  par  testament  du  17  mars  1687,  en  prévision  des 
multiples  procès  dont  la  succession  est  chargée,  à  «  cause  de  subs- 
titutions, droits  de  légitimes  dettes  et  autres  grands  sujets  de  con- 
testations et  aussi  à  cause  des  clauses  et  conditions  du  testament 
qui  mettront  l'Hôtel-Dieu  en  grand  embarras,  comme  cela  est  arrivé 
pour  la  liquidation  du  legs  universel  de  son  frère,  l'archevêque  de 
Sens,  Louis-Henri  de  Gondrin  (3)  ». 

L'Hôtel-Dieu  cherchait,  autant  que  possible,  à  éviter  les  procès. 
Il  n'en  manquait  pas,  même  quand  les  successions  dont  il  acceptait 
la  charge  paraissaient  brillantes. 

Il  avait  pourtant  le  privilège,  depuis  i5o5,  de  porter  direc- 
tement en  première  instance  en  la  grand'chambre  du  Parlement  de 
Paris  «  ses  procès  et  différends  ».  Au  xvii<=  siècle,  ce  privilège  fut 
contesté  par  quelques  particuliers,  «   au  sujet  principalement  de 

(lUl  s'agit  d'Agnès  Portail,  veuve  de  Nicolas  Machat  de  Pompadour,  colonel  d'infante- 
rie, demeurant  rue  de  Saintonge,  au  Marais,  paroisse  Saint-Nicolas-des-Cliamps.  (Testament 
du  2  tévr.  1732.) 

(2)  Cette  propriété  qui  appartenait  précédemment  à  l'abbé  Le  Ragois,  avait  été  laissée  par 
ce  dernier  à  trois  légataires  qui  avaient  renoncé  successivement  au  legs  :  AL  de  Bercy,  M.  de 
Bretonvilliers,  les  frères  de  la  Charité;  un  arrêt  du  3o  mai  1732  l'avait  déclarée  réunie  à 
l'usufruit  de  sa  nièce,  M"°  de  Pouilly. 

(3)  L'H.  -D.  avait  renoncé  au  legs  de  L.-II.  de  Gondrin  par  acte  du  3  juill.  1680. 


LES    REVENUS  I 5g 

ce  qu'aucunes  des  Parties  intéressées  se  sont  trouvées  de  la 
Religion  prétendue  réformée  »,  ce  qui  donna  lieu  à  diverses 
instances  de  règlement.  Pour  empêcher  ces  contestations  à  l'avenir, 
il  fit  confirmer  son  privilège  par  lettres  patentes  du  2  no- 
vembre i652  (i),  spécifiant  qu'il  serait  exécuté  «  contre  tous  autres 
privilégiés,  même  contre  les  sujets  du  roi  de  la  religion  prétendue 
réformée)).  Néanmoins,  en  i655,  l'Hôtel-Dieu  fut  encore  obligé 
de  s'adresser  au  Conseil  d'État  pour  faire  renvoyer  devant  la 
grand'chambre  du  Parlement  de  Paris  une  instance  pendante  au 
Parlement  de  Dijon,  engagée  contre  Louis  de  Meslin,  écuyer, 
sieur  de  Saint-Seine  (2).  L'ordonnance  d'avril  1667  confirma  le 
droit  de  plaider  en  première  instance  en  la  grand'chambre  du 
Parlement,  et  cela  sans  ajournement  (3).  Enfin,  les  lettres  patentes 
de  décembre  \y3i  attribuèrent  à  la  première  chambre  de  la  Cour 
des  aides  de  Paris  toutes  les  contestations  de  la  compétence  des 
sièges  ressortissant  aux  Cours  des  aides  du  royaume  (4). 


LES     BUDGETS 


Après  avoir  passé  en  revue  les  principales  sources  de  revenus 
de  l'Hôtel-Dieu,  nous  sommes  amenés  à  nous  poser  les  questions 
suivantes:  Équilibrait-il  son  budget?  Ses  ressources  étaient-elles 
suffisantes  ?  Comment  échappait-il  à  la  ruine  les  années  de  crise  ? 


LES  FINANCES   AU   XVII«    SIECLE 

Nous  possédons  des  budgets  imprimés  pour  les  années  1640, 
i65i  et!  663.  Rondonneau  avait  pu  les  consulter  à  la  bibliothèque 
Mazarine  (5).  Chamousset  les  connaissait  également.  Faisant 
allusion  à  la  difficulté  de  se  renseigner  sur  la  situation  des  hôpitaux, 
il  écrivait:  «  Que  votre  administration  soit  moins  mystérieuse  et 
elle  sera  beaucoup  plus  aidée;  nous  avons  plusieurs  comptes  que 
l'administration  de  l'Hôtel-Dieu  faisait  imprimer  dans  le  siècle 
dernier,  par  lequel  on  voit  que  la  fidélité  de  la  gestion  encourageait 

(1)  Régi.  H.-D.,  1,439. 

(2)  Id.,  I,  535.  Arrêt  du  Conseil  d'État,  3i  déc.  i655. 

(3)  Titre  II,  art.  xii.  Le  même  privilège  était  accorde  à  l'Hôp.  gén.  et  au  Grand  Bureau 
des  pauvres. 

(4)  Régi.  H.-D.,  III,  397. 

(3)  Rondonneau,  o.  c,  p.  124.  Il  en  signale  un  second  exemplaire  à  la  bibliothèque  des 
Pères  de  la  Doctrine  chréiienne,  et  un  autre  à  la  Bibliothèque  du  roi,  avec  beaucoup  de 
pièces  intéressantes  concernant  l'H.-D.,  dans  un  portefeuille  étiqueté  «  Hôpitaux  de  Paris  » . 


l6o  l/HOTKI.-niRU    AU    XVII"    KT    AU    XVIII<=    SIECLE 

les  libéralités  des  citoyens  qui  augmentaient  dans  la  même  pro- 
portion que  les  besoins,  en  sorte  que  si  la  dépense  excède  la  recette 
dans  un  compte,  on  voit  dans  le  compte  suivant  la  recette  supé- 
rieure à  la  dépense  même  du  compte  précédent  (i).  » 

Au  budget  de   1640,  les  recettes  sont  les  suivantes: 

Domaine  non  muable  à  Paris  sur  maisons  et  héritages,  sans 
y  comprendre  celles  que  l'Hôtel-Dieu  possède,  3  1.  7  s.  i  d.  ; 

Cens,  surcens,  fonds  de  terre,  dîmes,  hors  Paris,  à  Villepreux_, 
Saint-Ouen-lès-Pontoise,  Montlhéry,   179  1.  9  s.  9  d.; 

Droits  de  lods  et  ventes  sur  ces  cens,   i5o  livres; 

Legs  et  aumônes  sur  la  Recette  générale  de  Paris,  686  1.  8  s.  ; 

Legs  et  aumônes  sur  le  Domaine  de  Paris,  762  1,  3  s.  5  d.  ; 

Rentes  sur  le  poisson  de  mer,  léguée  par  feu  M.  du  Vair,  garde 
des  sceaux  de  France,  3oo  livres  ; 

Rente  au  denier  11  sur  les  ponts  et  chaussées,  i.ooo  livres; 

Rentes  foncières  et  redevances  sur  des  maisons  et  héritages,  à 
Paris,  estimées  474  1.  8  s.  2  d.  ; 

Rentes  de  bail  d'héritage  sur  maisons  à  Paris,  6o3  livres  ; 

Rentes  sur  le  sel  au  denier  12,  6.149  ^-  "4  s-  ; 

Rentes  sur  le  sel  au  denier  16,  4.725  livres  ; 

Rentes  sur  le  Clergé  au  denier  12,  2.452  1.  10  s.  9  d.  ; 

Rentes  sur  les  Aides  au  denier  12,   1.449  ^-  ^^  s.  ; 

Rentes  sur  les  Recettes  générales  au  denier  12,  i  22  1.  i  o  s.  (2). 

Les  quêtes  faites  les  dimanches  et  fêtes  dans  les  paroisses  de 
Paris  (3),  par  les  églises,  rapportent  1.750  livres.  La  boucherie  de 
Carême,  qui  produisait  autrefois  3oo  livres,  ne  rapporte  plus  rien,  ■ 
depuis  que  le  boucher  établi  dans  l'enclos  de  l'Hôtel-Dieu  fournit 
gratuitement,  chaque  jour  du  Carême,  24  volailles  pour  les  «  griefs  » 
malades,  12  pour  bouillir  et  12  lardées  pour  rôtir,  ainsi  que  les 
issues  de  la  viande  et  quelques  jarrets  de  veau. 

Le  droit  de  10  sols  par  minot  de  sel  débité  en  la  généralité  de 
Paris,  accordé  à  titre  définitif  par  Henri  IV  en  1607,  lors  de  la 
construction  de.  Saint-Louis,  et  qui  a  été  remplacé  par  une  assi- 


(i)  Le  titre  exact  de  ces  budgets  est:  Estât  au  vray  du  bien  et  du  revenu  de  l'Hôtel- 
Dieu,  tant  de  ce  qui  est  annuel  et  du  revenu  de  son  domaine,  que  de  ce  qui  est  casuel,  sur 
le  pied  des  trois  et  des  six  dernières  années,  une  commune,  pour  faire  connoitre  au 
public  les  vrayes  nécessite^  des  pauvres  malades  qu'on  est  obligé  d'y  recevoir  de  toutes 
parts,  sans  en  refuser  aucun,  comme  aussi  les  nécessite^  de  l'hôpital  Saint-Louis  et  de 
l'hôpital  Sainte-Anne  qui  en  dépendent. 

(2)  Ces  cinq  dernières  catégories  ne  sont  comptées  que  pour  trois  quartiers;  on  ne 
paye  plus  en  effet  que  tous  les  quatre  mois;  il  y  a  un  trimestre  de  perte  par  an. 

(3)  Tout  au  moins  «  ce  qu'en  rendent  »  les  marguilliers,  dit  le  rapporteur  du  budget  de 
1640.  On  ne  compte  pas  les  quctes  faites  extraordinairement  dans  les  maisons,  en  vertu 
d'arrêts  de  la  Cour,  en  cas  de  nécessité  pressante. 


I.KS    REVENUS  l6l 


gnation  sur  les  gabelles,  «  assez  mal  payée  »,  est  estimé  5o.ooo 
livres. 

Le  droit  de  3  sols  pour  muid  de  vin,  entrant  à  Paris  et  dans 
les  faubourgs,  par  eau  et  par  terre,  faisant  partie  des  3o  sols 
imposés,  a  été  supprimé  et  remplacé  par  une  assignation  sur  le 
fermier  des  3o  sols,  qui  n'en  paye  que  35.3oo  livres. 

Rentes  sur  particuliers  :  néant. 

Rentes  sur  les  aides  de  Télection  de  Paris;  elles  sont  ici  portées 
pour  mémoire;  Jusqu'en  i636,  on  en  a  payé  trois  quartiers  par 
an  ;  depuis  i636,  elles  ne  rapportent  plus  rien. 

Rentes  sur  les  recettes  générales,  SgS  1.  4  s.  6  d. 

Rentes  sur  le  domaine  de  l'Hôtel  de  Ville  au  denier  20,  et 
quelques-unes  au  denier  16,  5.014  livres. 

Rentes  viagères  hors  Paris,   5i  1.  7  s.  6  d. 

Rentes  annuelles  et  perpétuelles  sur  maisons  et  héritages  hors 
Paris,  754  1.  3  s. 

Revenu  casuel  de  la  moitié  du  fief  d'Albic  (i),  200  livres. 

Revenu  du  fief  de  la  Motte,  à  Corbeil  (2),    100  livres. 

Les  loyers  de  maisons  à  Paris  et  dans  les  faubourgs  (3),  ainsi 
que  les  échoppes  adossées  contre  l'Hôtel-Dieu,  du  côté  du  Petit- 
Pont,  comprenant  63  articles,  produisent  un  revenu  annuel  de 
23.753  livres. 

Deux  maisons  ne  rapportent  rien,  celle  où  demeure  le  chirur- 
gien, qui  est  logé  rue  Neuve-Notre-Dame,  et  celle  où  se  tient 
le  Bureau,  au  parvis,  dite  le  «Château  Frileux»,  où  sont  logés 
le  concierge  et  le  greffier  du  Bureau.  Les  échoppes  qui  se  trouvent 
«à  Petit-Pont»,  contre  la  salle  du  Légat,  sont  louées  la  plupart 
à  des  maîtresses  lingères  ;  l'une  de  celles  qui  se  trouvent  sur  le 
perron  du  portail  est  louée  à  deux  imprimeurs.  Le  droit  du 
passage  du  pont  au  Double,  récemment  construit,  est  affermé 
2.400  livres. 

Les  baux  des  fermes  et  héritages  des  champs,  «  baillées 
à  argent  »,  répartis  en  37  articles,  produisent  8.632  1.  17  s. 

Le  revenu  de  22  fermes  «  baillées  à  grain  »,  se  monte  par 
an  à    i55   muids    9  setiers  2  minots   de   blé   froment   et    méteil, 


(i)  Il  consiste  dans  un  droit  de  ad.  sur  chaque  charretée  de  marée  arrivant  aux  Halles. 
(Voy.  Sauvai,  o.  c,  I,  634). 

(2)  Il  consiste  en  une  «  reconnaissance  »  annuelle  versée  par  les  gens  à  qui  on  donne  la 
permission  de  pcciier  «sur  la  rivière  de  Seine». 

(3)  La  plupart  de  ces  maisons  sont  louées  un  prix  infime,  à  cause  de  leur  caducité  ;  aussi 
parmi  les  locataires  nous  ne  trouvons  guère  que  des  artisans,  brodeurs,  tailleurs,  menui- 
siers, buvetiers.  Une  maison  de  la  rue  de  Venise,  dans  la  Cité,  est  louée  aux  marguilliers 
de  Saint-Christophe  ;  une  maison  de  la  rue  des  Oublies  (plus  tard  confondue  avec  la  rue  de 
la  Licorne)  est  louée  pour  200  1.  à  la  Grande  Confrérie  aux  Bourgeois. 


l62  l'hOTKL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE ^ 

6  muids  d'avoine,  4  porcs,  36  chapons,  2.700  bottes  de  foin 
et  I  .goo  bottes  de  «  feurre  pour  servir  au  lit  des  malades  »  ;  mais  il 
n'y  a  pas  lieu  de  compter  toutes  ces  redevances  en  recette,  puis- 
qu'elles sont  loin  de  suffire  à  l'entretien  des  malades. 

Il  en  est  de  même  du  vin,  récolté  à  Bagneux  (8  arpents 
iSperches),  àCréteil(5  arpentsetdemi),à  Champrosay  (21  arpents 

7  perches),  à  Gagny  (5  arpents),  à  Massy  (3  arpents),  à  Villeneuve- 
le-Roi  (3  arpents  et  demi), qui  est  employé  pour  la  consommation 
de  la  maison,  à  laquelle  il  est  loin  de  suffire. 

Par  contre,  pour  la  coupe  des  bois  taillis,  particulièrement  aux 
terres  de  Champrosay,  du  Plessis-Picquet,  des  Noues,  on  peut 
faire  état  d'une  moyenne  annuelle  de  700  livres. 

Il  faut  ajouter  la  recette  de  certains  offices,  la  vente  du  son 
provenant  des  farines  par  l'office  de  la  paneterie,  3. 200  livres; 

La  vente  des  habits  des  malades  décédés  par  l'office  de  la 
pouillerie,  5oo  livres; 

Le  droit  de  fossoyage  au  cimetière  des  Saints-Innocents  pour  les 
corps  inhumés  dans  la  partie  qui  lui  appartient  (i),    120  livres  ; 

Les  gardes  des  religieuses,  3oo  livres; 

Les  pardons  et  les  quêtes  rapportent  beaucoup  moins  qu'au- 
trefois, depuis  qu'à  Notre-Dame,  où  il  n'y  avait  primitivement  que 
les  troncs  de  l'Hôtel-Dieu,  les  autres  communautés  et  la  fabrique 
en  ont  établi  d'autres;  on  estime  leur  revenu  à  lo.Soo  livres. 

Les  deniers  provenant  des  charités  faites  en  divers  diocèses, 
archevêchés  et  évêchés,  ne  se  montent  plus  qu'à  4.500  livres. 

Les  deniers  provenant  des  legs,  aumônes,  amendes,  confis- 
cations, ont  subi  la  concurrence  des  nouvelles  maisons  établies, 
et  ont  baissé  «  d'autant  que  le  peuple  n'a  plus  de  quoi  donner  », 
28.85o  livres. 

Au  chapitre  des  dépenses,  nous  avons  d'abord  les  cens,  dîmes, 
indemnités  et  amortissements  des  maisons  à  Paris,   195  l.  i5  s.; 

Les  cens  et  rentes  sur  maisons  et  héritages  hors  Paris,  1 28 1.  18  s.  ; 

Les  rentes  sur  le  temporel  de  l'Hôtel-Dieu,  91  1.  17  s.  4  d.  ; 

Lesmessesetobitscélébréspourdiversesfondations,  1.494I.  los.; 

Le  coût  des  frais  d'exécution  des  fondations,  les  dépenses 
d'approvisionnement,  d'entretien,  de  réparations  de  bâtiments,  de 
personnel  ;  les  arrérages  des  rentes  constituées  sur  les  particuliers 
à  diverses  époques,  dont  il  reste  dû  24.645  livres.  Cette  somme 
n'a  fait  que  s'accroître,  car  20  ans  plus  tard,  au  budget  de  1662, 
nous   trouvons    une  somme   de    128.407   livres,    dont   77.621   de 

(i)  Toutes  ces  sommes  sont  établies  «sur  le  pied  »  des  6  dernières  années. 


LES    REVENUS  l63 


rentes  viagères,  21.417  de  rentes  amortissables,  2.429  de  rentes 
au  denier  18,  2.537  ^^  rentes  au  denier  20,  3.o52  de  rentes  au 
denier  22,  5. 218  au  denier  24,  5,333  au  denier  3o  et  5. 800  de 
rentes  non   rachetables. 

Les  budgets  de  i65i  et  de  i663  gardent  la  même  physionomie: 
nous  ne  nous  attarderons  pas  à  les  reproduire,  mais  nous  devons 
prendre  acte   des  doutes   qui  furent  émis   sur  leur  exactitude. 

Peu  après  la  mort  de  l'administrateur  Bachelier,  ancien  rece- 
veur, le  17  mars  1688,  parut  une  brochure  anonyme  intitulée 
Mémoires  et  instructions  concernant  le  j'evenii  temporel  de 
l'Hôtel-Dieu,  tendant  à  prouver  que,  de  1660  à  i685,  en  vingt- 
cinq  ans,  les  reliquats  de  comptes  se  montaient  à  près  de  dix 
millions  de  livres,  contrairement  aux  résultats  donnés  par  les 
états  imprimés  (i). 

Les  chiffres  publiés,  et  qui  contredisent  les  publications  offi- 
cielles, sont  tirés,  dit  leur  auteur,  des  registres  de  comptes, 
mis  sous  scellés  à  la  mort  de  Bachelier. 

L'état  de    1640  porte   en  recette  géné- 
rale la  somme  de 197.758  1.    IIS.  3d. 

et  en  dépense 229.376         8       » 

soit  un  excédent  de  dépense  de 3i.5i7       16       9 

L'état  de    i65i    porte  en  recette  géné- 
rale la  somme  de 258. 3i3         7       6 

et  en  dépense 325.624       19       9 

soit  un  excédent  de  dépense  de 67.311        12       3 

Ces  deux  documents  doivent  être  fidèles.  Mais  l'état  de  i683 

porte  en  recette  la  somme  de 360.098       10       i 

et  en  dépense 588. 10 1        i3        » 

soit  un  excédent  de  dépense  de 228.003       14     11 

Or,  cet  excédent  énorme  de  dépense  est  faux  ;  pour  le  prouver, 
il  faut  entrer  dans  le  détail  des  comptes  des  receveurs.  Si  l'on  prend 
la  recette  de  Bachelier  pour  les  années  1 660  et  1 66 1 ,  on  trouve  : 
Reliquat  de  solde  du  prédécesseur  Michel 

Oubry 138.960       11        8 

Recette  générale 1.837.645       17       9 

Dépense  générale 1.775.  5  14       i5        9 

soit  un  excédent  de  recette  de 62.i3i         2        '> 


(1)  Arch.  A.  P., 


i64 


L  HOTEL-DÎEU    AT'    XVIF    ET    AU    XYIIK    SIECLE 


En  examinant  les  articles  de  la  dépense,  on  y  trouve  des  emplois 
en  acquisitions,  rachats  de  rentes,  bâtiments,  par  exemple  : 

Acquisitions 493.162   1. 

Bâtiment  du  pont  de  l'Hotcl-Dieu  [pont  au  Double]         81.976 
qui  joints  aux  62.i3i  1.  2  s.  précédents  font  pour  ces  deux  années 


une  somme  de 

Prenons  ensuite  les  trois  années  sui- 
vantes :  1662,  i663,  1664.  La  recette  géné- 
rale monte  à     3.088.584  1. 

la  dépense  à 2.996.973 

d'où  excédent  de 

Mais,  dans  la  dépense,  on 
trouve  les  emplois  suivants, 
qu'il  y  a  lieu  d'annuler  : 

Acquisitions 

Rachats 

Parties  retardées 

Payé    au    receveur    suivant 

pour  affaiblir  la  solde  de 

ce  compte 


269  1. 


1 1 .61 1 


448.092 
3o3. 374 
219.194 


I  .  I2D.27I 


2.  330.048  1. 
2.246.398 


7    6d. 


143.000   !  

1.762.540    2 

Ce  qui,  avec  le  reliquat  des  2  années  précédentes,  donne  en 
5  ans  un  boni  de  1.762,640  livres.  Or,  d'après  l'imprimé  de  i663, 
on  arrive  au  contraire  à  un  excédent  de  dépense  de  228.000  livres. 

On  peut  se  livrer  au  même  travail  sur  les  comptes  des  receveurs 
suivants  : 

Martin,  i665-i666  : 

Recette 

Dépense 

Excédent 

auquel  il  faut  ajouter  en  acquisitions. 

et  en  rachats  de  rentes 

Soit,  pour  2  ans 

Martin,  1667-1668  : 

Recette 

Dépense 

Excédent 

et,  en  plus,  rachats 

et  reprises  aux  parties  retardées  .    .    . 


Total  d'excédent 


83.650 
741 .666 
120.688 

5 
I 
4 

6 

946 . 004 

10 

6 

1.790.278 
1 .769.651 

18 
19 

7 
5 

20.526 
48 . I 3 I 
187.608 
i58.53i 

19 

I 

14 

i3 

2 

8 

10 

» 

414.888 

8 

8 

LES    RE VENTS  l65 


Petitpied,  1669-1670: 

Recette 2.231.970  l.     2  s.  » 

Dépense 1.982.229      16       8  d. 

Excédent 249.7.^0  5  4 

à  ajouter,  rachats 72.576  7  6 

acquisitions 373.284  »  » 

reprises 238.126  11  » 

Total  d'excédent 933.727      19        i 

Petitpied,  1671-1672  : 

Recette 2.o58.io2        4       7 

Dépense 2.o58.i38      10       7 

Déficit 36        5        9 

Mais  si  on  compte  ce  qu'il  y  a  «  d'utile  »  dans  la  dépense,  on 

arrive,   au  contraire,  à  un  boni  de  615.488    livres.  Continuons 

encore  : 

Rosset,  1673-1674  : 

Recette 2. 184. 664  1.  14s.  1 1  d. 

Dépense 2.183.749        5        6 

Boni 9i5        9        6 

Mêmes  remarques  pour  les  comptes  des  receveurs  Levêque,  de 
1675  à  1678  ;  Roger,  en  1679  ;  Herlau,  de  1680  à  i683,  etc. 

A  ce  raisonnement,  l'Hôtel-Dieu  répond  (i)  que  s'il  y  a  «  des 
emplois  utiles  »  dans  la  dépense,  il  y  a  aussi  des  recettes  dont  les 
pauvres  n'ont  pas  tiré  profit.  Par  exemple,  on  a  pris  des  deniers  à 
rentes  viagères  sur  des  particuliers  ;  si  on  a  gagné  sur  quelques- 
uns,  on  a  perdu  avec  d'autres.  Il  y  a  les  recettes  extraordinaires 
comme  les  coupes  de  bois,  qui  ne  reviennent  que  tous  les  25  ans, 
les  ventes  d'immeubles  et  de  rentes.  Cela  est  si  vrai  que  l'Hôtel- 
Dieu  ne  s'est  «  soutenu  »  qu'en  aliénant  une  partie  de  ses  fonds, 
en  recevant  des  remboursements  considérables  et,  surtout,  en  se 
chargeant  de  payer  des  rentes  viagères  à  des  intérêts  très  onéreux. 
On  ne  parle  pas  de  la  diminution  sur  la  valeur  des  espèces  de 
monnaie,  en  1666,  qui  a  fait  perdre  9.704  I.  1 1  d.  On  ne  se 
rend  pas  compte  qu'en  1680  et  i68r,  il  a  été  obligé  de  rem- 
bourser des  rentes  pour  876.057  livres,  de  vendre  des  immeubles, 
de  payer  pour  809.693  livres  de  rentes  viagères  à  des  taux  très 
onéreux  sur  lesquels  il  a  perdu  considérablement,  et  d'emprun- 


(i)Arcli.  A.  p.,  liasse  868.  Réflexions  et  observations  du  S' Noblet  sur  un  imprimé  ayant 
pour  litre  :  Mémoires  et  instructions  concernant  le  revenu  temporel  de  i'H.-D. 


l66  l'hOTEL-DIEU    au    XVIF    et    au    XVIIie    SIÈCLE 

ter  i6o.56o  livres  à  constitution  de  r,ente,  «  sans  quoi  il  périssait». 
C'est  à  tort  que  l'on  compte  les  «  reprises  »  comme  une  dépense 
utile,  alors  qu'elles  sont,  en  partie,  une  perte  réelle,  à  cause  de  l'in- 
solvabilité des  débiteurs,  malgré  les  soins  des  administrateurs  à 
veiller  aux  recouvrements.  Enfin,  la  vente  des  immeubles,  le  rachat 
des  rentes,  comptés  en  recette,  ne  sont-ils  pas,  en  réalité,  une 
diminution  de  revenus  ? 

Malgré  la  défense  habile  de  THôtel-Dieu,  il  y  a  des  présomp- 
tions assez  fortes  de  penser  que  la  politique  du  Bureau  consistait 
à  présenter  au  public  les  finances  de  la  maison  sous  un  jour  défa- 
vorable, de  manière  à  exciter  la  générosité  des  particuliers  et  celle 
des  pouvoirs  publics  (i). 

L'avis  au  public  qui  précède  l'état  au  vrai  de  1 663  ne  cache  point 
cette  pieuse  intention  :  «  Les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  de 
Paris,  qui  connaissent  les  nécessités  des  pauvres  malades,  ont  estimé 
qu'il  était  de  leur  devoir  de  faire  voir  au  public  un  état  au  vrai  du 
revenu  et  de  la  dépense  de  cette  sainte  maison.  Car  il  est  certain  que 
si  la  charité  des  gens  de  bien  l'abandonne,  comme  elle  l'a  fait  depuis 
plusieurs  années,  il  faut  que  ce  célèbre  hôpital  tombe,  et  que  les 
pauvres  perdent  en  sa  charité  toute  l'espérance  qui  leur  reste  dans 
leurs  misères.  Les  grandes  aumônes  qui  se  faisaient  autrefois  entre 
les  mains  des  administrateurs  sont  cessées,  les  troncs  de  l'Hôtel- 
Dieu  ne  rapportent  plus  ce  qu'ils  rapportaient  par  le  passé  ;  les 
donations,  les  legs  ne  se  font  plus  que  rarement  et  de  sommes  fort 
médiocres,  et  les  legs  universels,  assez  fréquents  aux  siècles  passés, 
maintenant  lui  sont  inconnus  (2),  de  sorte  que  ces  sources  étant' 
taries,  il  faut  nécessairement  que  cette  sainte  piscine  vienne  à  sec, 
et  que  nous  voyions  tomber  en  nos  jours  ce  merveilleux  ouvrage 
de  la  piété  de  nos  pères.  Ce  mal...  vient  de  ce  que  beaucoup  de 
gens  se  sont  faussement  persuadés  que  l'Hôtel-Dieu  est  infiniment 
plus  riche  qu'il  n'est.  Cependant,  on  verra  par  cet  état  que,  quelque 
économie  qu'on  y  apporte,  il  s'en  faut  beaucoup  que  son  revenu 
ne  puisse  fournir  à  sa  dépense.  On  verra  même...  que...,  de 
l'année  1654  au  i^""  décembre  1662,  l'Hôtel-Dieu  a  consumé  de 
son  fonds  la  somme  de  1.225.779  1.  9  s.  Ce  fonds  consumé  ne  rap- 
porte plus   de  revenu,  la  dépense  augmente  de  jour  à  autre,  le 


(i)  En  tout  cas  «  TEtat  au  vrai  »,  de  l'H.-D.  a  le  mérite  d'être  le  premier  document  de  ce 
genre.  Il  faut  attendre  Colbert  pour  trouver,  en  ce  qui  concerne  les  finances  de  l'Etat, 
l'établissement  d'un  «  Etat  au  vrai»,  dressé  par  le  Conseil  des  finances,  et  présenté  à  la 
Chambre  des  comptes,  et  qui  n'était  pas  non  plus  exempt  d'erreurs,  ou  d'infidélités. 
(Lavisse,  Hist.  de  Fr.  ;  Paris,  in-4»,  1906,  t.  VII,  K"  partie,  p.  184.) 

(2)  On  voit  combien  sont  exagérées  ces  récriminations.  C'est  au  contraire  l'époque  des 
legs  les  plus  importants.  Nous  avons  dans  cette  citation  rétabli  l'orthographe  moderne. 


,ES    REVENUS  I  6? 


nombre  prodigieux  de  malades,  qui  autrefois  n'était  que  de  800  à 
900  et  qui  monte  à  plus  de  2.5oo,  depuis  que  les  nouvelles  salles 
sont  occupées,  a  tellement  surchargé  THôtel-Dieu  qu'il  faut  qu'il 
succombe  si  la  piété  publique  ne  lui  aide  pas  à  porter  un  si  grand 
fardeau.  » 

L'appel  de  THôtel-Dieu  fut  entendu.  La  seconde  moitié  du 
xvii"  siècle  est  l'époque  des  legs  les  plus  considérables,  Arnauld 
de  Pomponne  (1698),  Benjamin  Petitpied  (i 694),  J. -Ph.de  Berthier, 
abbé  de  Saint-Vincent  de  Senlis  (1668),  Ythier  Chastelain,  cha- 
noine (1659),  Le  Masle  des  Roches,  grand  chantre  (i658),  Ch.-Fr. 
Talon,  curé  de  Saint-Gervais  (i65i),  J.  Ballesdens  (1675)  et 
Fr.  de  Callières  (1717),  académiciens,  la  duchesse  de  Guise  (1686), 
la  marquise  d'Anglure  (1661),  la  marquise  de  Sénarpont  (1690), 
Christine  de  Heurles,  femme  d'un  seigneur  de  Passy  Cl.  Chahu 
(1676),  et  tant  d'autres.  Mais  dans  quelle  mesure  tous  ces  legs 
enrichirent  l'Hôtel-Dieu,  c'est  ce  que  nous  ne  pouvons  fixer  en 
l'absence  de  comptes  détaillés.  Cette  obscurité  a  été  voulue  par 
l'administration  qui  s'est  bien  gardée  en  tout  cas  de  renouveler 
ses  premières  publications.  Elle  acceptait  l'argent  du  public,  mais 
se  passait  volontiers  de  son  contrôle. 


L  EQUILIBRE     BUDGETAIRE     AU    XVIIF     SIECLE 

Nous  allons  essayer  pourtant  d'établir  pour  le  xviiie  siècle 
l'équilibre  budgétaire.  L'aridité  des  chiffres  ne  saurait  nous  dis- 
penser de  suivre  la  marche  du  budget  avant  d'étudier  la  réper- 
cussion sur  les  finances  hospitalières  des  événements  ou  des 
désastres  publics,  et  de  signaler  les  expédients  employés  pour 
faire   face  aux  nécessités  pressantes. 

En  1701  (i),  nous  relevons  les  chiffres  suivants  : 
Pour  les  recettes  : 

Revenu  fixe  :  livres 

Loyers  de  maisons  à  Paris ii5.ooo 

Fermages  de  la  campagne  et  deniers  de  la  paneterie        58.564 
Rentes  sur  les  aides  et  gabelles,  clergé,  domaines  du 
roi  et  de  la  Ville,  décimes  de  Montpellier  et  an- 
ciens octrois  sur  le  vin  et  le  sel 213.758 

Cens,  rentes  foncières,    rentes   constituées,  fonda- 
tions et  aumônes  fixes 25.3Ô2 

Total 412.684 


(I)  Arch.  A.  P.,  liasse  879.  Etat  ms 


[68 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVIIc    ET    AU    XYIII*    SIECLE 


Revenu  casuel  :  livres 

Octroi  nouveau  sur  le  vin 247. GSy 

Deniers  des  troncs,  quêtes,  pardons,  legs  universels 

etparticuliers,  aumônes, sacristies, lodsetventes  96.241 

Boucherie  de  Carême 3i.202 

Total 3-jb.  100 

Total  général    787.784 

Pouv  les  dépenses  : 

Blé,  décharge,  port,  mesurage,  mouture 69.520 

Vin,  entrées,  droits,  frais  de  cave,  façons  de  vigne, 

fumiers,  échalas '.    .  35.754 

Cuisine,  viande,  volaille,  lard,  poisson  frais,  marée, 

seletdroits,œufs,  beurre, fromage, lait,  légumes, 

fruits,  épices,  huile  d'olive,  sucre,  cassonade    .  139.477 

Apothicairerie,  eau-de-vie,  miel  et  autres  drogues  .  1 1 .935 

Bois,  charbons,  droits  et  frais,  bois  pour  menuiserie  36. 000 

Cendres,  savon,  huile  à  brûler,  chandelles    ....  6.000 

Batterie  de  cuisine,  chaudronnier,  coutelier  ....  5. 000            , 
Toiles  neuves,  vieux  draps,    toiles  pour   ensevelir, 

paillasses 26.000 

Coutils,  plumes,  couvertures  et  brayers 5. 000 

Mercerie,  étoffes,  serges,  fîl 12.000 

Cuir,  bottes,  souliers,  sandales 4.000 

Livres,  papier,  impressions 1.200 

Réparations  de  bâtiments  et  entretien 60.000 

Sacristie,  messes,  cire,  bières 6.000 

Fondations  et  charges  de  legs 3o.ooo 

Honoraires  et  gages  du  personnel 27.000 

Cens,  rentes  foncières  et  constituées i5.ooo 

Entretien  des  chevaux  et  voitures 3. 000 

Frais  de  procès,  avocats,  notaires 10.000 

Rentes  viagères  224.200 

Total 722.086 

Ainsi  la  recette  excède  la  de'pense  de  60.698  livres;  mais,  Tan- 
née précédente,  il  y  avait  un  déficit  de  49.790  livres,  de  sorte  qu'il 
ne  restait  en  caisse,  à  la  suite  de  ces  2  années,  que  10.908  livres. 
Un  autre  état  du  receveur,  daté  du  1 1  février  1702,  mentionne  une 
encaisse  de  23.928  livres. 

Les  années  suivantes,  la  situation  allait  devenir  beaucoup  moins 
bonne,  en  particulier  par  suite  des  retards  apportés  dans  les 
payements  des  rentes  sur  la  Ville  et  sur  le  Roi,  et  des  billets 
des  fermiers.  Au  mois  de  Juillet  1709,  il  manque  au  receveur 
143.609  livres  pour  faire  face  aux  payements  urgents  (i).  L'année 
d'ailleurs  fut  critique,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin. 


(I)  Arch.  A.  p.,  liasse  878. 


LFS    RF.VKNUS 


lOq 


A  la  fin  du  xviii"  siècle,  un  commis  du  receveur,  Derouville, 
qui  avait  occupé  ce  poste  pendant  plus  de  40  ans,  publia  un  État 
général  des  recettes  et  dépenses  de  VHôtel-Dieii,  qui  s'étend  du 
i^r  janvier  ijSo  au  3i  décembre  1788(1).  Ce  travail  présenté  à 
Bailly,  maire  de  Paris,  le  23  septembre  1789,  était  destiné  à 
défendre  l'administration  de  l'Hôtel-Dieu  des  «  soupçons  injurieux 
qui  s'étaient  élevés  contre  elle  et  à  détromper  le  public  qui  a  tou- 
jours été  persuadé  que  l'Hôtel-Dieu  avait  un  revenu  immense  ». 

Ce  tableau  des  finances  de  la  maison  pendant  3g  ans  est  d'au- 
tant plus  précieux  qu'il  est  le  seul  document  d'ensemble  qui  puisse 
nous  permettre  d'apprécier  la  situation  financière  de  l'Hotel-Dieu 
à  cette  époque,  les  délibérations  ne  nous  renseignant  que  très 
imparfaitement  et  d'une  manière  tout  à  fait  fragmentaire.  De  plus, 
Derouville  s'est  servi,  pour  établir  ses  tableaux,  des  livres  authen- 
tiques qu'il  avait  lui-même  dressés,  et  il  y  a  tout  lieu  de  croire 
exacts  les  comptes  qu'il  reproduit. 

La  période  comprise  entre  1 760  et  1 788  peut  être  financièrement 
divisée  en  3  époques.  La  première,  de  1750  à  1761,  présente,  mal- 
gré des  fluctuations,  un  excédent  de  recettes.  La  seconde,  de  1762 
à  1772,  après  quelques  années  prospères,  se  solde  par  un  excédent 
de  dépenses,  La  troisième,  de  1773  à  1788,  voit  s'accroître  et  se 
consommer  le  déficit.  Voici  d'ailleurs  des  chiffres  : 


Sur  l'ensemble  de  ces  12  années,  on  constate  un  excédent  de 
recettes  de  188.612  1.  4  s.  2  d.  Le  déficit  des  premières  années  avait 


(i)  Paris,  V»  Hérissant,  rue  Neuve-Notre-Dame,  1789,10-4»,  42  p.  (Bibl.  A.  P.,  E-  20.) 


'hOTEL-DIEI'    au    XVIie    ET    AU    XYIII"    SIECLE 


dû  être  couvert  par  des  emprunts  faits  à  la  re'serve,  qui  s'étaient 
montés  à  519.789  livres.  Le  boni  des  années  suivantes  permit  d'y 
replacer  446.877  livres.  Cette  réserve  de  l'Hôtel-Dieu  formait  un 
dépôt  particulier,  dont  l'archevêque  de  Paris,  le  premier  président  et 
le  procureur  général  avaient  seuls  les  clefs,  et  qui  n'était  pas  con- 
fondu avec  la  caisse  courante.  Elle  se  composait,  en  1760,  d'une 
somme  de  1.077.606  livres,  à  laquelle  il  faut  ajouter  le  boni  de 
l'exercice  1749,  soit  133.757  livres,  et  de  vieilles  espèces  échangées 
à  la  Monnaie  en  1760  contre  une  somme  de  222.183  livres.  Pen- 
dant la  même  période  1 750-1 761,  les  remboursements  ou  ventes 
de  biens-fonds  s'étaient  élevés  à  688.479  livres  et  les  emplois  de 
deniers  à  i.i35.357  livres.  En  définitive,  il  existait  encore  dans 
la  réserve,  en  1761,  une  somme  de  780.000  livres.  La  situation 
était  bonne. 

Les  1 1  années  suivantes,  la  balance  budgétaire  nous  offre  les 
résultats  suivants  : 


ANNÉES 

RECETTES 

DÉPENSES 

1762 

1763 

1.             s.     d. 
I. 173.087     2     6 
1.296.835  i5  II 
1.280,369    8     » 
1.273.365     6     5 
1.372.233     7    9 
I .254.104  12     5 
I. 170. i3o  18    6 
I. 192.510    3    9 
I. 183.438  19    2 
I. 361.866  II     5 
I .360.995  18  10 

1.            s.     d. 

882. 83o  i3  II 
I. 061. 281  14  6 
1.020.972  16    9 

944.547  I  2 
1.222.079  6  3 
1.332.646  4  8 
1.422.038  5  7 
1.502.788  3  2 
1.572.592  4  2 
I. 719. 446  3  9 
1.382.266   18    5 

1764 

1765 

1766 

1767 

1768 

1769 

1770 

177' 

1772 

Totaux  

13.918.932     4     8 

14.064.490     2    4 

Pour  cette  période,  nous  constatons  un  excédent  de  dépenses  de 
145.557  livres.  Les  5  premières  années  présentent  encore  des  excé- 
dents. Mais,  à  partir  de  1767,  tous  les  ans  il  y  a  déficit;  les 
remplois  (1.287. 192  ^•)  excèdent  les  remboursements  (514.474  1.) 
de  772.717  livres.  La  cherté  du  blé  et  les  pertes  considérables 
éprouvées  sur  la  boucherie  de  Carême  amenèrent,  les  années  sui- 
vantes, une  situation  désastreuse.  En  1770-1771,  on  fut  obligé  de 
retirer  un  dépôt  de  780.000  livres,  si  bien  qu'en  définitive,  au 
3i  décembre  1772,  il  ne  restait  plus  dans  la  caisse  du  receveur 
que  257.006  livres.  L'incendie  du  mois  de  décembre   1772  vint 


LKS    REVENUS 


encore  aggraver  la  situation  déjà  compromise,  et  qui  allait  devenir 
de  plus  en   plus  critique  jusqu'à  la   Révolution. 

En   effet,    de   177?   à    1787,    nous   assistons,    malgré  quelques 
bonnes  années,  à  une  véritable  consolidation  du  déficit  : 


ANNÉES 

RECETTES 

DÉPENSES 

1773 

1774 

1775 

1776 

1777 

1778 

1779 

1780 

1781 

1782 

1783 

1784 

•783 

1786 

1787 

Totaux   

I.            s.      d. 
1.565.062    17     8 
1.353.358  16    6 
1. 391. 751    19     I 
I. 514. 328    4    2 
1. 451.532  i5    8 
1 .391 . 162    8  10 
i. 471. 932    9     8 
1.459.472     I     3 
1.440.242     I     4 
i.533.8i5   19     I 
I. 531.187     »    6 
1.483. 421     6    9 
1.724.405    »     2 
1.663.593     q     4 
1.502.698    4     5 

1.           s.     d. 
I. 560.931    14     4 
I. 514.165   14    8 
1.304.468    18     >, 
I .347.049  10  II 
1.464.930    6  10 
i.5o8.636    8     4 
1.502.242     7     » 
1.544.038    5     5 
1.447.230  14     » 
1.590.423     3     6 
1.494.343  14  II 
1.607.316    9   II 
I .750.536  12     6 
1.623.156     I      3 
1.466.307    6     I 

22.486.964  14     5 

22.725.797    6  10 

L'excédent  de  dépenses  pour  ces  i  5  années  est  de  238. 8?2  livres. 
Mais  cette  fois  l'administration  a  été  plus  prudente,  et  les  rem- 
boursements (752.430  1.)  excèdent  les  remplois  (491.370  1.)  de 
261.060  livres.  Les  conséquences  de  l'incendie  de  1772  se  font 
sentir  sur  toutes  les  années  suivantes.  La  reconstruction  des  bâ- 
timents a  coûté  869.873  livres  réparties  sur  douze  exercices,  de 
1773  à  1784,  et  compensées  simplement,  en  1773,  par  une  recette 
extraordinaire  de  quêtes  et  aumônes  de  160.682  livres;  encore,  sur 
ce  produit  des  quêtes,  fut-il  octroyé  12.000  livres  à  l'Hôpital  géné- 
ral pour  dédommagement  des  frais  d'entretien  des  malades  reçus 
temporairement  dans  ses  établissements.  De  plus  l'ouverture  de 
l'hôpital  Saint-Louis  augmentait  sans  cesse  les  frais  généraux. 

L'année  1788  se  solde  par  un  déficit  de  1 53. 080  livres.  Tou- 
tefois au  !«"■  janvier  1789,  à  la  veille  de  la  Révolution,  si  l'on 
tient  compte  de  la  somme  de  45.040  livres  produite  par  la  vente 
d'immeubles,    il    reste    encore    en    caisse    148.089   livres. 

Voici  d'ailleurs,  pour  cette  dernière  année  d'ancien  régime, 
la  physionomie  du  budget.  Les  recettes  sur  les  biens  patrimoniaux 
sont  les  suivantes  : 


I.  hotkl-dieî;  au  xvir  et  au  xviiie  siècle 


1.       s.  d. 

Actions  de  la  Ci»  des  Indes  (i) 1.012   10  » 

Cens,  rentes  et  redevances  à  Paris 3o2   i5  » 

—                —               hors  Paris.    ...  3.ii5     2  i 

Dettes  actives 1.600     »  » 

Fermages  en  argent  (2) 65. 006     3  0 

Greffes  de  Neufchâtel  (portion  appartenant  à 

l'Hôtel-Dieu) i5o     »  » 

Lods  et  ventes 3.378    2  6 

Loyers  de   maisons 258.753     3  8 

Rentes  dites  fondations 1.375   i5  » 

—  sur  les  aides  et  gabelles 026.837     »  » 

—  —        compagnie   et   communautés  2.539     ^  4 

—  sur  le  domaine  de  la  Ville 34.819     5  4 

—  —           —        du  roi 5.894     2  4 

—  sur  les  États  de  Bretagne. 2.21194 

—  —        Etats  de  Languedoc 3.924     »  » 

—  sur  le  nouveau  clergé 3.o56     »  » 

—  sur  les  particuliers 6.  ni   17  4 

—  sur  la   recette  générale  des    finances  1.373   12  » 
Vente  de  bois 2.700     >■  » 

Total 724.220     »   11 

Il   faut    ajouter,   à  cette  première  catégorie,    les   recettes  sur 
revenus  casuels,  dons  et  octrois  accordés  par  le  roi  (3    : 

1.    s.  d. 

Apprentissage  de  sages-femmes 36o     «  » 

Boucherie  de  Carême 5o.ooo     »  » 

Octroi  sur  le  vin  et  le  sel 106. 23o  i5  3 

Droits  d'entrée  (déduction  faite  des  frais  de 

régie)  (4) 275.660     »  » 

Indemnité  pour  les  entrées 52. 800     »  » 

Legs  et  aumônes  (5) 4.400     »  » 

Legs  universel  Namurois i6.2o5     »  » 

Pied  fourché io.85o  16  10 

Pont  au  Double 12.524  'O  » 

Quêtes  dans  les  paroisses  (6) 277    2  6 

A  reporter 529.306  43   19 

(i)  Ces  18  actions  provenaient  d'un  legs  ancien,  et  l'adaiinistration  avait  toujours  rem- 
placé celles  qui  étaient  remboursées. 

(2)  Cette  somme  n'indique  pas  le  montant  réel  de  tous  les  fermages  de  l'H.-D.,  mais 
simplement  ceux  qui  ont  été  payés  au  cours  de  l'année. 

(3)  On  ne  compte  plus  l'aumône  de  3. 600  1.  accordée  sur  le  Trésor  royal  pour  l'hôpital 
des  Convalescents,  en  1708,  et  qui  n'est  plus  payée  depuis  1772,  mais  seulement  l'octroi 
de  3  s.  par  muid  de  vin,  de  10  s.  par  minot  de  sel,  accordés  par  Henri  IV.  et  1  octroi  de 
20  s.  6  d.  par  muid  de  vin  accordé  par  Louis  XIV  en  1690. 

(4)  Ce  privilège  venait  d'être  supprimé  par  arrêt  du  3i  mai  1788  et  remplacé  par  une 
somme  annuelle  de  212.000  1.,  calculée  à  raison  de  73  1.  2  s.  pour  chaque  individu  nourri 
àTH.-D. 

(5)  Les  lits  de  chanoine  sont  compris  dans  cette  rubrique  ;  ils  ne  rapportaient  plus,  bon 
an  mal  an,  que  700  1. 

(6)  Y  compris  celles  du  diocèse  d'Amiens. 


LES    REVENUS 


1.         S.    d. 

Report 529.306  43   19 

Recette  extraordinaire 2.5o8   14  3 

Spectacles 143.413     4  » 

Troncs 5.142     i  » 

Ventes  des  habits  de  malades 582     5  » 

—  des  petits  cierges  (i) 699     9  3 

Total 681. 655   18  i 

Le  chapitre  des  dépenses  peut  se  diviser  également  en  2  sections  : 

Charges  sur  les  biens  patrimoniaux  :  1.      s.  d. 

Décimes  du  prieuré  Saint-Julien-le-Pauvre.  33o     »  » 

Fondations  ou  renies  payées  à  divers.   .    .    .  30.963     8  7 

Rentes  constituées 1.273     5  » 

—  foncières 645   16  » 

—  viagères 18.816     3  4 

Réparations  des  bâtiments  hospitaliers.    .    .  124.390  10  » 

—  fermes 13.75117  2 

—  maisons 2q.3ii    14  4 

Total 219.482  14  5 

Entretien  des  malades  et  frais  hospitaliers  : 

Apothicairerie 84.433     6  9 

Écurie,  avoine,  foin,  paille 14.386  11  6 

Bandages,    jambes  de   bois  et  instruments 

de  chirurgie 6.428    4  » 

Blanchissage 28.324    4  » 

Blé,  moutures,  sacs,  déchargement,  etc..    .  152.821    14  » 

Bois  à  brûler 108.980  14  7 

Charbon 17.256     4  4 

Dépenses  diverses 28.383   14  7 

—         extraordinaires i-44i     i  6 

Dépense  pour  la  viande  et  cuisine 532. 881     4  6 

—             toiles 92.059  14  7 

Frais  de  bureau  de  recette 2.198  14  7 

Gages  et  appointements 75.751     5  i 

Gratifications 7-178  '9  9 

Lits  et  coucher  des  malades 16.779  '^  9 

Mercerie,   bonneterie,  draperie 24.081    16  6 

Paneterie 5.823   16  6 

Petits  besoins  des  religieuses i.ooo      »  » 

Sacristie 498  1 1  6 

Vins,  droits  d"entrée  et  frais  de  cave    .    .    .  138.764  18  9 

Total 1.339.474     i  i 

Il   était    nécessaire  d'entrer   dans    quelques    détails   sur    cette 

situation  budgétaire  et  de  montrer  au  milieu  de  quelles  difficultés 


(6)  Il  s'agit  des  petits  cierges  qui  se  brûlaient  devant  la  Vierge  du  Petit-Ponl. 


1-4  L  HOTEL-DIEU    AU    XVII^    ET    AU    XVIIia    SIECLE 

eurent  à  se  débattre  les  administrateurs.  Il  faut  ajouter  à  leur 
honneur  qu'ils  s'employèrent  à  les  vaincre  de  tout  leur  crédit 
et  de  toute  leur  activité.  Aussi  cet  examen  des  finances  de  THôtel- 
Dieu  serait  incomplet  si  nous  ne  mettions  en  regard,  comme  une 
sorte  de  correctif,  les  efforts  faits  par  Tadministration  d'une  part 
pour  conserver  ce  que  nous  pouvons  appeler  le  monopole  des 
libéralités,  d'autre  part  pour  conjurer  le  déficit  dans  les  périodes 
de  disette  et  de  misère,  si  fréquentes  sous  l'ancien  régime. 


LA    LUTTE    POUR    LE    MONOPOLE    DES    LIBERALITES 

Pendant  le  moyen  âge,  l'Hôtel-Dieu,  seul  établissement  hospi- 
talier de  Paris,  attire  à  lui  toutes  les  libéralités  particulières, 
toutes  les  faveurs  royales,  toutes  les  indulgences  pontificales  (i). 

Les  quelques  fondations  qui  se  sont  produites  ont  eu  un  carac- 
tère de  spécialité  si  marqué  qu'elles  n'ont  pas  pu  porter  om- 
brage au  monopole  charitable  de  l'Hôtel-Dieu.  Il  s'est  habitué 
à  cette  situation  privilégiée.  Mais  la  loi  de  la  division  du  travail, 
qui  s'applique  aux  œuvres  d'assistance  comme  à  toutes  autres, 
et  dont  les  effets  seront  particulièrement  sensibles  aux  xvii«  et 
xviiie  siècles,  va  porter  des  atteintes  sérieuses  à  ce  monopole. 

La  première  vint  du  Grand  Bureau  des  pauvres.  L'arrêt  du 
Parlement  du  lo  mars  i5y6  ordonna  que  tous  les  dons  et  legs  qui 
seraient  faits  aux  pauvres  sans  distinction  appartiendraient  moitié, 
à  l'Hôtel-Dieu,  moitié  au  Grand  Bureau  des  pauvres  (2),  au  lieu 
de  revenir  en  entier  à  l'Hôtel-Dieu.  Il  essaya,  mais  en  vain,  de 
tourner  l'arrêt.  En  1597,  il  encaisse  une  somme  de  40  écus  «  au- 
mônée  à  la  boête  des  pauvres  »  par  François  Leclerc,  chanoine  de 
Notre-Dame  de  Chartres,  et  Michel  Bonetier,  curé  de  Nogent- 
sur-Cure.  Il  est  condamné  par  arrêt  du  Parlement  du  i3  août  à 
en  rendre  la  moitié  «  aux  commissaires  de  la  communauté  des 
pauvres  de  Paris».  En  1626,  un  sieur  Aubry  lègue  une  somme 
de  1.200  livres  sans  distinction  aux  pauvres  de  Paris.  Une  sen- 
tence du  Châtelet  en  prescrit  le  partage  entre  l'Hôtel-Dieu  et 
le  Grand  Bureau  des  pauvres.  C'est  là  une  première  défaite  ;  il 
y  en  aura  bien  d'autres. 


(i)  Cf.  Bulles  de  Léon  X  et  de  Clément  VII,  confirmant  des  indulgences  accordées  par 
Jules  II  (i5i3-i325),  de  Pie  IV,  de  Clément  VIII,  de  Paul  IV. 

(2)  Sur  le  Grand  Bureau  des  pauvres,  voy.  J.  Laureniie,  A  Travers  l'ancien  Paris  :  Paris, 
1896,  in-12,  p.  39-54,  et  L.  Cahen,  le  Grand  Bureau  des  pauvres  au  milieu  du  xviii^  siè- 
cle; Paris,  1904,  in-8°.  (Bibl.  d'Hist.  mod.,  t.  I.,  fasc.  III.) 


LKS    REVF.xrS  IjS 

En  1622,  on  met  en  avant  un  projet  de  dépôt  de  mendicité 
dans  l'île  de  Grenelle,  vis-à-vis  de  la  Savonnerie,  au  droit  de  la 
descente  de  Chaillot,  «pour  décharger  THôtel-Dieu  de  la  pépi- 
nière de  maladies  que  lui  engendre  la  pauvreté,  faute  d'un  tel 
lieu,  et  le  Grand  Bureau  libéré  de  multitude  de  teigneux  et  véroles 
dont  il  est  chargé».  Louis  XIII  donne  en  février  des  lettres 
patentes  pour  l'établissement  de  cette  «  maison  des  œuvres  de 
miséricorde  »  (i).  Mais  ce  fut  un  projet  mort-né.  Pour  quelles 
raisons  ?  Nous  l'ignorons.  Ne  peut-on  pas  supposer  cependant 
que  l'Hôtel-Dieu  s'opposa  sous  main  à  cette  tentative  comme 
à  tant  d'autres,  pour  conserver  son  monopole  des  œuvres  chari- 
tables ? 

Il  lui  fallut  bientôt  partager  cependant  une  partie  de  ses 
privilèges  et  exemptions  avec  l'Hôpital  général,  la  maison  de  la 
Couche  et  les  Enfants-Trouvés.  L'arrêt  du  Parlement  du  1 1  août 
i552  qui  avait  obligé  les  seigneurs  hauts  justiciers  de  la  ville 
et  des  faubourgs  à  contribuer  à  l'entretien  des  Enfants-Trouvés, 
après  la  création  de  l'hôpital  des  Enfants-Rouges,  en  i536,  et 
la  transformation  de  l'hôpital  de  la  Trinité  en  hospice  d'orphelins 
en  1545,  n'avaient  en  rien  diminué  ses  profits.  Mais  lorsque,  après 
les  guerres  sanglantes  de  la  fin  du  xvi"^  siècle,  la  question  des 
Enfants-Trouvés  redevint  à  l'ordre  du  jour,  et  que,  sous  l'impul- 
sion de  Vincent  de  Paul,  cette  maison  attira  les  privilèges  royaux 
et  les  aumônes  publiques,  l'Hôtel-Dieu  commença  à  s'émouvoir  (2). 

Louis  XIII  donna,  en  1642,  4.000  livres  sur  le  domaine  de 
Gonesse  pour  les  Enfants-Trouvés;  Louis  XIV,  en  1644,  ^^^  livres 
sur  le  revenu  des  cinq  grosses  fermes  (3).  C'était  déjà  un  partage 
inquiétant.  Ce  fut  bien  pis  quand  l'édit  de  juin  1670  unit  la  maison 
de  la  Couche  à  l'Hôpital  général,  tout  en  lui  laissant  le  pouvoir 
«  d'agir,  contracter,  vendre,  aliéner,  acheter,  acquérir,  comparoir 
en  jugement  et  y  procéder,  recevoir  toutes  donations  et  legs 
universels  et  particuliers,  et  généralement  faire  tous  les  autres 
actes  dont  les  hôpitaux  de  notre  dite  ville  et  fauxbourgs  sont 
capables  ». 

(i)  Description  du  grand  ménage  économique  que  le  roi  veut  charitablement  et  miséri- 
cordieusement  y  être  exécuté  par  les  bourgeois  et  les  bourgeoises  de  sa  bonne  ville  de 
Paris  envers  ceux  qui  affluent  en  icelle  et  tombent  Journellement  en  pauvreté,  tant  valides 
qu'invalides,  vagabonds  et  vagabondes  de  l'un  et  l'autre  sexe,  soit  Jeunes  et  vieux,  non 
gardant  le  lit  de  maladie.  (Imprimé  en  i833,  Bibl.  A.  P.) 

(2)  L'H.-D.  s'était  surtout  préoccupé  d'attirer  des  aumônes  avec  les  petits  enfants  délais- 
sés à  kl  porte  de  l'hôpital,  en  les  exposant  à  Notre-Dame.  Cf.  Comptes  de  l'année  i543  : 
<i  3  s.  t.  pour  le  sallaire  d'un  sergent  à  verge  d'avoir  porté  au  berseau  de  l'église  de  Paris 
ung  petit  enfant  qui  avoit  esté  laissé  à  la  porte  dudict  Hostel-Dieu.  »  Sur  ce  berceau, 
voy.  Bouchel,  Trésor  du  droit  français ,  éd.  de  1671,  t.  I,  p.  ioi3. 

(3)  Lettres  pat.  de  juin.  1642  et  de  juin  1644.  CWe  i/e /'//oj?.  g-e'/i.,  éd.  1786,  p.  307  et  3o8. 


lyG  l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIII"    SIFXLE 

Les  concessions  royales  continuèrent.  Le  roi,  lorsqu'il  eut 
réuni,  en  1674,  à  la  Justice  du  Châielet  de  Paris,  les  hautes 
justices  de  l'archevêché,  du  Chapitre  de  Notre-Dame  et  des 
abbayes,  prieurés  et  chapitres  (i),  remplaça  par  une  redevance  de 
20.000  livres  la  part  contributive  mise  précédemment  à  la  charge 
des  justiciers  pour  l'entretien  de  l'hôpital  des  Enfants-Trouvés  (2); 
de  plus,  l'Hôtel-Dieu  dut  partager  avec  ce  dernier  établisse- 
ment une  partie  des  revenus  qu'il  tirait  des  octrois  de  bienfai- 
sance. Ainsi,  sur  38o.ooo  livres  provenant  de  l'octroi  des  vins 
(3o  sous  par  muid),  les  Enfants-Trouvés  recevaient  34.000  livres, 
dont   20.000    de  l'Hôtel-Dieu  et  14.000  de  l'Hôpital  général  (3). 

Il  est  inutile  d'insister  sur  les  pertes  que  firent  subir  à  l'Hôtel- 
Dieu  les  fondations  faites  en  faveur  des  Enfants-Trouvés  (4)  et  la 
réunion  à  leurs  revenus  d'oeuvres  préexistantes  comme  la  confrérie 
de  la  Passion  et  Résurrection  de  Notre-Seigneur,  le  14  avril  1676, 
les  Enfants-Rouges,  le  20  mai  1680,  l'hôpital  Saint-Jacques,  en 
mai  1781  (5). 

La  maison  des  Enfants-Trouvés  n'était  primitivement  qu'une 
masure  au  port  Saint-Landry,  dans  une  ruelle  descendant  à  la 
Seine.  Au  xvii"  siècle,  l'Hôpital  général  loua,  faubourg  Saint-Denis, 
moyennant  1.200  livres,  à  MM.  de  Saint-Lazare  (6),  une  maison 
qui  devint  vite  insuffisante.  Il  fallut  acquérir  une  grande  maison 
avec  ses  dépendances  au  faubourg  Saint-Antoine,  rue  de  Charen- 
ton  (7),  puis  deux  maisons,  rue  Neuve-Notre-Dame,  «la  Margue- 
rite», achetée  le  24  février  1672,  et  «l'Image  Saint-Victor»  le 
23  mars  1688.  Pour  compléter  l'installation,  l'Hôtel-Dieu  fut' 
sollicité  de  vendre,  en  1689,  une  de  ses  maisons  du  parvis, 
située  vis-à-vis  même  de  l'entrée,  et  joignant  les  maisons  déjà 
acquises.  Cette  fois,  il  n'y  tint  plus.  Il  fit  préparer  un  mémoire  (8) 


(i)  Arrêt  du  Conseil  d'État,  i"'  déc.  1674.  Lettres  pat.  confirmatives,  12  févr.  1675.  Code 
de  l'Hôp.  gén.,  p.  314. 

(2)  Les  Enfants-Trouvés  reçurent  en  outre  au  xviii»  siècle  des  allocations  extraordinaires 
comme  le  secours  de  iSo.ooo  1.  assigné  de  1767  à  1769  sur  la  caisse  d'escompte,  et  un 
autre  secours  annuel  de  120.000  L  à  partir  du  9  mars  1767.    Code  de  l'Hôp.  gén.,  p.  317. 

(3)  Arrêt  du  Conseil,  7  juin  1695,  puis,  au  xviii»  siècle,  déclarations  des  25  déc.  1719, 
12  déc.  1773,  22  juin.  1780,  22  juin  1783.  [Rcgl.  H.-D.) 

(4)  L.  Lallemand,  Uti  Chapitre  de  l'histoire  des  Enfants-Trouvés.  La  Maison  de  la 
Couche  à  Paris,  xvii-xviiio  siècles;  Paris,  i885,  in-8,  p.  20  et  sqq. 

(5)  Code  de  l'Hôp.  gén.,  p.  327,  328,  333. 

(6)  Arch.  A.  P.  Reg.  des  délib.  de  la  maison  de  la  Couche,  3i  cet.  1670. 

(7)  Le  26  sept.  1674.  Code  de  l'Hôp.  gén.,  p.  3i3. 

(8)  Mémoire  contenant  les  raisons  qui  doivent  empesclier  la  vente  d'une  maison  apparte- 
nant à  l'H.-D.  de  Paris,  scise  au  Parvis  de  Notre-Dame,  vis-à-vis  de  l'H.-D.,  où  l'on  parle 
des  prérogatives  que  l'H.-D.  a  sur  les  autres  hôpitaux,  comme  hôpital  universel,  le 
premier  et  le  plus  ancien  de  Paris,  et  la  seule  maison  de  santé  en  temps  de  peste,  donné 
au  mois  d'aoust  1689,  par  messire  Claude  Joly,  chantre  et  chanoine  de  l'Eglise  de  Paris, 
l'un  des  supérieurs  au  spirituel  de  l'H.-D.  [Rcgl.  H.-D.,  II,  365.) 


LES    REVENUS 


n 


par  le  chanoine  Claude  Joly(i)  pour  s'opposer  à  cette  acquisi- 
tion, «  tant  pour  la  diminution  de  ses  aumônes  qui  se  trans- 
portent aux  Enfants-Trouvés,  qu'à  cause  du  chant  de  ces  enfants 
qui  troublent  le  service  de  l'Hôtel-Dieu  et  fait  qu'on  ne  s'y  entend 
pas».  Il  est  à  présumer  que  cette  seconde  raison  était  beaucoup 
moins  valable  que  la  première  dans  l'esprit  des  administrateurs. 
L'Hotel-Dieu  envisage  surtout  que  cette  vente  porterait  atteinte  à 
ses  prérogatives.  Claude  Joly,  après  un  bref  historique  de  ses 
privilèges,  conclut  qu'il  est  contre  le  droit  et  la  justice  «  d'oster 
la  possession  en  laquelle  sont  les  anciens  pauvres  pour  la 
transporter  à  d'autres  pauvres  postérieurs  ».  La  seule  raison 
valable  donnée  par  Claude  Joly  était  la  raison  d'hygiène.  La 
rue  Neuve-Notre-Dame,  dit-il,  se  trouvera  entre  deux  hôpitaux 
également  resserrés,  également  insalubres,  et  qui  s'infectent  l'un 
l'autre.  Ne  doit-on  pas  appréhender  «  qu'aux  cérémonies  publi- 
ques, le  roi,  messieurs  les  enfants  de  France,  les  princesses, 
et  généralement  toute  la  cour  ne  soient  exposés  aux  périls  de 
tant  de  petites  véroles,  et  de  toutes  les  autres  infections  que  pro- 
duisent les  enfants,  et  principalement  les  enfants  de  corps  cor- 
rompus par  leurs  débauches  »?  De  plus  la  maison  est  privée 
d'eau  «coulante»  ;  bientôt  la  rue  deviendra  un  cloaque  perpétuel  ; 
les  enfants,  libertins,  n'ayant  qu'une  terrasse  au  lieu  d'une  cour,  en 
seront  réduits  pour  se  distraire  à  jeter  des  pierres  et  des  ordures 
sur  le  parvis  et  jusque  dans  Notre-Dame  ;  ne  feraient-ils  pas 
mieux  de  rester  dans  la  maison  bien  «  aériée»  du  faubourg  Saint- 
Antoine?  Évidemment,  il  s'agit  avant  tout  d'intercepter  les  au- 
mônes de  l'Hôtel-Dieu.  La  maison  en  question  était  louée  aux 
filles  de  la  Charité  qui  y  préparaient  les  douceurs  distribuées 
par  les  dames  de  charité.  Malgré  sa  résistance,  l'Hôtel-Dieu 
dut  céder  devant  l'Hôpital  général.  En  1745,  six  maisons  furent 
encore  achetées  à  l'Hôtel-Dieu  en  même  temps  que  deux  autres 
se  trouvant  rue  Saint-Christophe,  et  appartenant,  l'une  à  la  con- 
frérie Notre-Dame-aux-Bourgeois,  l'autre  aux  Célestins,  et 
sur  leur  emplacement  fut  construit,  par  Boffrand  (2)  la  nouvelle 
maison  de  la  Couche. 


(  1)  Cl.  Joly,  qui  passe  également  pour  être  l'auteur  de  XAvis  aux  religieuses  que  nous 
avons  ciid  dans  notre  premier  chapitre,  est  l'auteur  de  nombreux  factums  dirigés  contre  les 
curés  de  Paris  et  les  régents  de  collèges  avec  qui  il  était  en  guerre  pour  la  direction  des 
écoles.  (Cf.  M.Fosseyeux,  les  Ecoles  de  charité  a  Paris  aux  ww  et  xviii'  siècles  ;  Paris,  1912, 
in-8».) 

(2)  La  pose  delà  première  pierre  eut  lieu  le  26  sept.  1746.  A  cette  occasion,  les  églises 
Saint-Christophe  et  Sainte-Goneviève-des-Ardents  furent  désaffectées  et  leur  prébende 
réunie  à  celle  de  la  Madeleine  en  la  Cité. 


178  l'hOTEL-DIEU    ATT    XVII«    ET    AU    XVIII"    SIECLE 

L'adminisiraiion  de  THôtel-Dieu  est  si  bien  imbue  de  l'idée 
de  son  monopole  charitable  que  toute  fondation  nouvelle  trouve 
en  elle  une  ennemie  irréductible.  En  1624,  la  générosité  de 
M.  d'Orsay  permit  à  quelques  soeurs  hospitalières  du  diocèse 
d'Évreux,  à  la  tête  desquelles  se  trouvait  la  sœur  Françoise 
de  la  Croix  (i),  de  louer  une  grande  maison  située  rue  des  Tour- 
nclles  pour  fonder,  dans  le  genre  de  celui  des  frères  de  la  Charité 
pour  les  hommes,  un  hôpital  pour  les  femmes.  Guichard 
Faure,  maître  d'hôtel  du  roi  (2),  leur  donna  en  mourant  les 
fonds  nécessaires  pour  «  acquérir  la  maison,  la  meubler  et  y 
fonder  12  lits  destinés  aux  femmes  et  filles  malades  qui,  nées 
dans  une  condition  honnête,  mais  sans  fortune,  ne  peuvent  se 
procurer  les  secours  nécessaires  et  se  font  une  peine  de  se  rendre 
à  l'Hôtel-Dieu  »  (3).  Le  Bureau  protesta  aussitôt  devant  le  Parle- 
ment, d'accord  avec  les  frères  de  la  Charité,  contre  cette  fonda- 
tion, contre  les  constitutions  données  par  l'archevêque  de  Paris  à 
cette  congrégation  sous  le  titre  «  'd'hospitalières  de  la  Charité 
Notre-Dame  »,  enfin  contre  les  lettres  patentes  de  confirmation 
accordées  en  janvier  1626.  Le  Parlement,  dans  son  arrêt,  mit 
les  parties  «hors  de  cause  et  de  procès»;  mais,  pour  donner 
satisfaction  au  vicaire  général  de  l'ordre  des  frères  de  la  Charité, 
leur  interdit  d'insérer  le  mot  de  Charité  dans  le  titre  de  la 
congrégation  nouvelle.  Elles  s'appelleront,  désormais,  hospita- 
lières de  Notre-Dame.  D'autre  part,  il  leur  prescrivit  de  se  sou- 
mettre à  l'autorité  de  l'Hôtel-Dieu  et  de  suivre  la  règle 
des  religieuses  qui  le  desservent.  Dans  ce  but,  il  fut  ordonné  que 
«  pour  enseigner  lesdites  religieuses  seront  tirées  dudit  Hostel- 
Dieu  aucunes  religieuses  pour  être  mises  avec  lesdites  hospita- 
lières 7).  En  outre,  le  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu  dut  recevoir  et 
administrer  le  temporel  de  la  congrégation,  et  avec  l'actif  dispo- 
nible faire  édifier  le  nouvel  hôpital. 

Mais,  dépitées  de  cette  tutelle,  elles  résistent,  avec  l'appui  de 
Marie  de  Médicis,  et  obtiennent  des  lettres  de  jussion  destinées  à 
modifier  l'avis  du  Parlement.  Celui-ci  ne  rendit  son  nouvel  arrêt 
que  le  i5  mai  1627.  Les  religieuses  sont  soustraites  à  l'autorité 
directe  du  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu,  mais  leur  établissement  est 
autorisé    comme  hôpital  seulement,  avec  un  nombre    limité    de 

(i)  Bibl.  nul.,  ms.  fi-.  i3.88o.  Vie  de  la  Vénérable  mère  Françoise  de  la  Croix,  institu- 
trice des  hospitalières  de  la  Charité  de  Notre-Dame,  ordre  de  Saint-Augustin,  1744. 

(2)  C'est  ce  qui  explique  que  sa  veuve,  Madeleine  Brulart,  fille  du  chancelier  Brulart  de 
Sillery,  soit  souvent  considérée  comme  la  fondatrice  des  Hospitalières.  (Hurtaut  et  Magny, 
0.  c.,  t.  III,  p.  23o.) 

(3)  Jaillot,  0.  c.,  Quart.  Saint-Antoine,  p.  86. 


LES    REVENUS 


'79 


religieuses,  sous  la  direction  de  deux  notables  bourgeois  tenus  à 
rendre  des  comptes  réguliers,  c'est-à-dire  sur  le  modèle  de 
Tadministraiion  de  l'Hôtel-Dieu.  Elles  reçurent  de  l'archevêque 
de  Paris  une  nouvelle  permission  le  12  juin  1628  et  prononcèrent 
leurs  vœux  le  24  juin  1629.  Dix  ans  après,  elles  fondèrent  une 
nouvelle  maison  à  la  Roquette  (i). 

Si  l'Hôtel-Dieu  ne  s'était  pas  opposé  au  brevet  accordé  à 
Th.  Renaudot  par  arrêts  et  décisions  du  Conseil  d'État  des  3  février 
16 18,  22  février  1624,  8  juin  162g,  pour  rétablissement  de  son 
c(  bureau  d'adresse  charitable  et  de  rencontre  »,  c'est  qu'il  s'agissait 
de  procurer  du  travail  aux  mendiants  qui  infestaient  la  capitale,  et 
qui  risquaient  si  souvent  de  tomber  à  sa  charge.  Mais,  lorsqu'en 
1643,  il  fut  question  de  transformer  ce  bureau  de  consultations 
charitables,  lequel  se  tenait  rue  de  la  Calandre  (2),  près  de  la  rue 
de  la  Bûcherie,  en  «  hostel  des  Consultations  charitables»,  c'est- 
à-dire  en  véritable  hôpital,  pour  lequel  Renaudot  avait  obtenu 
la  concession  d'un  vaste  terrain  englobant  le  rempart  de  la  ville 
entre  la  porte  Saint-Antoine  et  les  religieuses  du  Calvaire  (3), 
l'Hôtel-Dieu,  d'accord  avec  les  échevins,  s'opposa  à  la  «vérifi- 
cation »  en  Parlement  des  lettres  patentes  accordées  par  le  roi.  Il 
fut  aidé  en  la  circonstance  par  le  duc  d'Uzès  et  son  épouse  qui 
ayant  des  propriétés  limitrophes  à  ce  terrain  firent  également 
opposition.  Il  fut  surtout  soutenu  par  l'hostilité  de  la  Faculté  (4), 
et  en  particulier  de  son  doyen  Gui  Patin  qui  prétendit  qu'elle 
avait  seule  le  droit  de  faire  des  consultations  gratuites.  Elle  venait 
en  effet,  pour  mieux  ruiner  les  projets  de  Renaudot,  de  lui 
emprunter  son  idée  et  par  décret  du  26  mars  1639  d'établir  des 
consultations  charitables   (5). 

En  i652,  lorsque  Philippe  CoUot,  avec  ses  associés, 
F.  Thévenin,   J.  Girault  et  A.  Ruffin,  projeta  de  fonder  un  hôpital 

(i)  Tandis  que  la  maison  des  Hospitalières  de  la  Roquette  fut  supprimée  à  la  Révolution, 
la  maison  des  Hospitalières  delà  place  Royale  devint  la  Filature  des  indigents  (14  sept,  i-jyi), 
puis  la  Direction  municipale  des  nourrices  (1867),  enfin  l'ancien  hôpital  Andral  (1880)  ;  elle 
ne  fut  démolie  qu'en  1906.  (Tesson,  Comm.  du   Vieux  Paris  ;  igotî,  p.  236-25o.) 

(2)  Ces  consultations  charitables  avaient  été  établies  en  1640,  sous  la  protection  officielle 
du  secrétaire  d'Etat  des  Noyers,  à  la  suite  de  l'obtention  des  lettres  pat.  du  2  sept.  1640  lui 
donnant  l'autorisation  de  préparer  des  remèdes  gratuits.  Une  quinzaine  de  médecins,  amis 
de  Renaudot,  étaient  réunis  dans  la  salle  et  divisés  en  plusieurs  tables  ;  les  apotliicaires  pré- 
sents exécutaient  les  ordonnances.  (G.  de  la  Tourette,  Théop/n-jste  RenauJot  ;  Paris,  in-&», 
p.  140.) 

(3)  Th.  Renaudot,  Reqtteste  à  la  Royne,  en  faveur  des  pauvres  malades  de  son  royaume, 
in-4»,  s.  d. 

(4)  Voy.  René  Moreau,  la  Défense  de  la  Faculté  dt  médecine  contre  son  calomniateur  ; 
Paris,  in-4»,  1641. 

(5)  On  n'y  délivra  les  médicaments  qu'à  partir  du  décanat  de  G.  du  Val  (1640-1642  J 
(Comment,  ms.,  t.  XVHI.)  Les  docteurs  de  Paris  consultant  charitablement  touchaient 
3o  sols  par  vacation  sur  les  fonds  de  l'LcoIe. 


l80  l'hOTFL-DIEI"    au    XVIie    ET    AU    XYIIF    SIF.CI.K  | 

I 

gratuit  en   dehors  de  la  porte  Saint-Antoine,  pour  l'extraction  de 
la  pierre,  le  Bureau  se  fit  présenter  les  lettres  patentes  concédées    ] 
à   Collot   en  décembre    i65i,   en  vertu  de  l'arrêt  du    Parlement    j 
portant  qu'elles  lui  seraient  communiquées.    Tout    en    approu-    ' 
vant  les  règlements  et  statuts  faits  pour  le  plus  grand    bien   des    | 
malades,    le  Bureau,    se  méfiant   «des  choses  nouvelles  qui  sont 
toujours  applaudies  par  les  spécieux  prétextes  de   la  couleur  que    i 
l'on  y  donne  »,  et  pour  sauvegarder  les  droits  de  l'Hôtel-Dieu,    i 
«qui  est   l'hospital   des  hospitaux  »  (i),   en  même  temps  que   la    j 
liberté  des  chirurgiens  de  la  maison,  «  qui  ont  le  droit  de  pratiquer    î 
cette  opération  non   seulement  à  l'Hôtel-Dieu,  mais  partout  où    ; 
ils   peuvent   être    appelés»,    demande    que   deux  administrateurs    i 
soient   présents  à  la  reddition   des  comptes    du    nouvel   établis- 
sement, ainsi  qu'aux  assemblées  où  pourront  se  décider  quelques    | 
innovations,  enfin  qu'au  cas  où  aucun  descendant  de  ces  opéra-    I 
teurs  ne  se    trouverait  pour  pratiquer  l'extraction  de  la  pierre  — 
ainsi  qu'il  était  prévu  dans  le  règlement  —  la  direction  et  Tadmi-    J 
nistration  de  la  maison,  avec  ses  fondations  et  legs,  reviennent  à    \ 
l'Hôtel-Dieu,  qui  se  chargera  d'exécuter  les  volontés  des  donateurs.     ; 
L'établissement  prévu    ne    vit,  d'ailleurs,  jamais  le  jour  (2). 

En  1657,  les  filles  de  la  Madeleine  (3]  établies  rue  des  Fontaines, 
derrière  l'église  Sainte-Elisabeth,  obtiennent  des  lettres  patentes  ' 
leur  accordant  le  droit  de  faire  des  quêtes  en  ville,  et  de  poser  des 
troncs  dans  les  églises,  «  à  l'instar  »  des  religieux  mendiants  ; 
les  grands  vicaires  de  l'archevêché  présentent  ces  lettres  p.our 
homologation  au  Parlement.  Le  procureur  général  en  ordonne  i 
communication  au  Bureau.  Celui-ci  par  exception  ne  s'oppose 
pas  à  leur  exécution,  sauf  toutefois  dans  la  chapelle  de  l'hôpital,     j 

En  i663,  l'Hôtel-Dieu  s'inquiète  des  aumônes  accaparées  par  \ 
les  frères  hospitaliers  de  la  Charité,  qui  n'en  rendent  pas  ] 
compte,  n'ont  pas  d'administrateurs  laïques,  et,  dit-on,  «  envoient  i 
en  Italie  des  sommes  considérables,  et  font  tourner  au  soulagement  I 
des  étrangers  ce  qui  devroit  être  emploie  pour  les  pauvres  de  ce  J 
royaume  »  [4;.  i 

N'avait-il  pas,  deux  ans  auparavant,  pris  ombrage  d'une  con-     \ 

(1)  Délib.  21  août  i652,  reg.  21,  fol.   182.  j 

(2)  Du  moins  nos  recherches  faites  pour  trouver  trace  de  son  existence  n'ont  pas  abouti.       | 
Il  est  fort  probable  que  IH.-D.  s'arrangea  de  manière  à  faire  échouer  ce  projet.  1 

(3)  Délib.  7  sept.  1657.    Le  roi  s  était  reconnu  «  fondateur  »  de  la  maison   par  lettres      j 
pat.  du  16  nov.  i634,  en  lui  donnant  une  rente  de  3. 000  1.,  et  en  accordant  l'amortissement      i 
des  biens  que  possédait  déjà  le  couvent.  (Arch.  nat.,  S  4740.)  Les  bâtiments  des  Madelon-       ] 
nettes  ont  été  démolis  en   i863   pour  le  percement  de  la  rue  de  Turbigo.  C'était  depuis  la 
Révolution  une  prison  de  femmes,  qui  fut  alors  transférée  rue  de  la  Santé,  sous  le  nom  de 
Nouvelles  Madelonneites.  (Bournon,  o.  c,  166.) 

(4)  Délib.  3  août  i663,  reg.  3i,  fol.  188  r». 


LES    REVENUS 


frérie  établie  à  Saint-Roch  pour  assister  les  malades  de  con- 
tagion et  enterrer  les  morts,  et  qui  avait  à  sa  tête  le  prévôt 
de  la  santé   nommé    par    lui  (i)  ? 

En  1674,  lorsqu'il  s'agit  de  fonder  un  hôpital  de  conva- 
lescents au  faubourg  Saint-Germain  (2),  le  Chapitre  se  plaint 
amèrement  de  ce  projet  qui  enlève  à  l'Hôtel-Dieu  une  somme  de 
220.000  livres,  pour  faire  quoi  ?  «une  retraite  de  fainéants  ».  C'est 
qu'en  effet  cette  nouvelle  maison  échappe  à  la  dépendance  du 
Chapitre.  Aussi  elle  a  tous  les  inconvénients  ;  il  n'y  a  pas  d'eau 
dans  le  quartier;  l'air  du  faubourg  Saint-Germain  est  le  plus 
«  subtil  »  de  Paris,  «  grossier  »  en  tout  temps,  dangereux  en  hiver. 
Les  bons  chanoines  s'apitoient  sur  le  sort  des  pauvres  conva- 
lescents qui  s'en  iront  faire  une  lieue,  cahotés  sur  des  charrettes, 
pour  atteindre,  s'ils  le  peuvent,  ce  lointain  faubourg.  D'ailleurs 
y  a-t-il  beaucoup  de  véritables  convalescents  ?  Pas  plus  de  40  à  5o, 
dit  le  mémoire  du  Chapitre,  en  contradiction  avec  tout  ce  que 
nous  savons.  Et  qu'est-ce  qu'un  véritable  convalescent  ?  «  C'est 
un  homme,  lequel  atténué  par  une  longue  fièvre,  par  quantité  de 
médicaments,  a  évité  la  mort,  mais  par  manière  de  dire  l'a  encore 
sur  les  lèvres  et  qu'un  souffle  de  mauvais  vent  peut  emporter,  c'est 
un  verre  fellé  qu'il  faut  choyer  et  manier  délicatement.  Enhn  c'est 
un  homme  qui  a  besoin,  outre  la  nourriture  des  bouillons  et  des 
consommés  qu'on  peut  trouver  partout,  d'un  grand  repos  et  d'un 
air  convenable  à  sa  faiblesse.  «  Si  l'air  du  faubourg  Saint-Germain 
est  si  nocif  que  le  dit  le  Chapitre,  comment  se  fait-il  que 
justement  à  cette  époque  la  noblesse  y  afflue  et  s'y  fasse  construire 
de  somptueux  hôtels  ?  Mais  nous  savons  ce  que  veulent  dire 
ces  belles  phrases. 

En  1677,  Chuppé,  administrateur, avocat,  «homme  de  beaucoup 
de  science  et  de  loisir  »,  est  chargé  de  rédiger  un  rapport  s'oppo- 
sant  à  la  vérification,  en  cour  de  Parlement,  des  lettres  données  en 
faveur  de  l'établissement  d'un  hôpital  destiné  aux  soldats  malades 
du  régiment  des  gardes  ;  cet  hôpital,  entre  autres  conditions, 
n'aurait  pu  cependant  recevoir  de  legs  dépassant  100  livres  (3). 
M.    de  La  Feuillade,  leur  colonel,  dut  interrompre  les  bâtiments 

(1)  Cette  confrérie  était  alors  en  procès  contre  les  marguilliers  de  l'éslise,  et  IH.-D. 
voulait,  comme  nous  dirions  aujourd'hui,  se  porter  partie  civile  dans  le  procès.  (Délib. 
9  sept.  1661,  reg.  29,  fol.  193  r».) 

(2)  Voy.  Mémoire  instructif  pour  messieurs  les  doyen,  chanoines  et  chapitre  de  l'église 
de  Paris,  supérieurs  spirituels  et  temporels  de  IHôtel-Dieu,  touchant  l'établissement  de 
du  nouvel  hoipital  des  convalescents  au  faubourg  Saint-Germain;  1674,  70  p.  (Maz.,  48027  , 
n»  j5.) 

(3)  Délib.  3  sept.  1677,  20  nov.  1677,  6  mai  1678.  Il  s'agit  de  l'hôpital  que  voulait  créer 
à  la  ViUeneuve-sur-Gravois,  Berthelot,  fermier  général  des  domaines,  qui  offrait  d'y  con- 
sacrer une  somme  de  40.000  1.  (Cf.  D'  Gannal,  Bull.  Soc.  Hist.  de  Paris,  1892,  p.  60.) 


IÔ2  I.  HOTR L-DIRU    AU    XVII«    ET    AU    XVIII«    SIECLE  i 

commencés,  et  demanda  à  THôtel-Dieu,  comme  conséquence  de  : 
son  interdiction,  de  mettre  3o  lits  à  sa  disposition,  oîi  les  gardes  i 
soient  couchés  seuls,  moyennant  5  sous  par  homme.  L'Hôtel-Dieu  ; 
déjà  encombré  promit  seulement  d'hospitaliser  les  plus  gravement 
malades,  mais  refusa  toute  indemnité,  et  rendit,  comme  par  le  ' 
passé,  les  vêlements  des  décédés  à  leurs  capitaines  (i).  ; 

Peut-être  l'Hôtel-Dieu  s'était-il  opposé  aussi,  en  1668,  à  ; 
l'établissement,  dans  la  plaine  de  Grenelle,  d'un  hospice  destiné 
aux  religieux  arrivés  de  Terre  sainte,  et  qui  aurait  pris  le  titre  i 
«  d'hospice  des  frères  mineurs  de  l'ordre  de  Saint-François  de 
Jérusalem»,  ou  hospice  des  Cordeliers  ;  toujours  est-il  que  cet  l 
établissement,  auquel  l'ofïicial  de  Saint-Germain-des-Prés  avait  ' 
donné  son  consentement,  ne  fut  jamais   bâti  (2).  \ 

En  1738,  plusieurs  personnes  charitables  se  préoccupent  de  j 
fonder  une  maison  de  refuge,  pour  prêtres,  bourgeois,  maîtres  et  | 
maîtresses  des  corps  et  métiers  de  la  Ville  de  Paris,  infirmes  et  1 
invalides,  hors  d'état  de  travailler.  Cet  établissement  était  destiné  1 
à  suppléer,  pour  les  prêtres  âgés,  la  maison  de  Saint-François-de-  '- 
Sales  (3),  création  du  cardinal  de  Noailles,  devenue  insuffisante,  et 
pour  les  membres  des  corporations,  les  Petites-Maisons  (4),  tou-  ' 
jours  encombrées.  Le  cardinal  de  Fleury  avait  même  fait  espérer  ! 
que  le  roi  donnerait  pour  cet  hospice  le  terrain  de  l'ancienne  1 
pépinière  située  faubourg  Saint-Honoré,  vers  le  haut  Roule,  i 
Grâce  à  un  emprunt  de  3oo.ooo  livres  et  à  des  aumônes  particu-  ! 
Hères,  on  pensait  réunir  les  fonds  nécessaires  à  la  construction  j 
et  à  l'entretien.  Or,  un  mémoire  manuscrit  (5)  nous  apprend  que  ; 
les  «directeurs  généraux  des  hôpitaux»,  craignant  le  tort  qui  . 
serait  fait  à  leurs  revenus  provenant  des  aumônes,  s'opposèrent  à 
l'exécution  de  cet  établissement.  Cette  fois  encore,  l'Hôtel-Dieu  très  j 
problablement  s'employa  à  faire  échouer  toute  nouvelle  création.     ^ 

Depuis  l'arrêt  du  Parlement  du    10  mars  iSjô,   il  partageait,     ] 

nous  l'avons  vu,  de  moitié  avec  le  Grand  Bureau  des  pauvres,  les     J 

1 

i 

(1)  Délib.  6  mai  1678.  Les  gardes  françaises,  premier  régiment  d'infanterie  qui  formait 
autrefois  la  garde  du  roi,  logeaient  clans  les  différents  faubourgs,  par  2  ou  3  dans  chaque 
maison.   Louis  XIV  eut  l'idée  de  leur  faire  construire  des  casernes,  mais  ce  projet  ne   fut 
mis  à  exécution  que  dans  la  deuxième  moitié  du  xviii'  siècle.  Quant  au  premier  hôpital      ' 
militaire,  celui  du  Gros-Caillou,  il  ne  fut  construit  qu'en  ijSg.  (Voy.  Fanet,  Paris  militaire 

au  xvm«  siècle  ;  les  Casernes;  dans  Méiii.  Soc.  Hist.  de  Paris;  1904,  t.  XXXI,  p.  289.) 

(2)  Arch.  nat.,  L  766.  '\ 

(3)  Elle  se  trouvait  d'abord  située  rue  du  Puits-de-l'Ermite,  près  de  la  Pitié,  puis  fut  ■ 
transportée  à  Issy.  , 

(4)  L'hôpital  des  Petites-Maisons  qui  avait  remplacé  l'ancienne  maladrerie  Saint-Ger-  1 
main  recevait,  en  effet,  outre  les  véroles,  les  insensés  et  les  enfants  teigneux,  quatre  cents  ' 
personnes  vieilles  et  infirmes  des  deux   sexes,  et    fut  l'origine  de    l'hospice   des  Peiits- 
Ménages.  ' 

(5)  Arch.  Min.  aff.  étr.,  ms.   i6o3,  f"  242.  J 


LES    REVENUS 


libéralités  faites  en  termes  généraux.  L'édit  d'avril  i656  lui  en- 
leva cette  prérogative  en  faisant  de  THôpital  général  le  repré- 
sentant légal  des  pauvres.  Les  articles  3i  et  34  de  son  édit  sont 
formels  à  cet  égard  (i). 

C'est  à  titre  de  représentant  légal  des  pauvres  que  l'Hôpital 
général  reçoit,  par  lettres  patentes  du  20  mars  1671,  les  biens  de 
différentes  communautés  supprimées,  qu'il  recueille  par  arrêt 
du  Conseil  d'État  du  1 5  décembre  1676  (2)  les  fondations  dont 
étaient  chargées  des  communautés  et  des  particuliers,  qu'il  se  voit 
adjuger,  en  vertu  de  la  déclaration  royale  du  i5  janvier  i683  ^3), 
tous  les  biens  immeubles,  rentes  et  pensions  données  et  léguées, 
tant  aux  pauvres  de  la  religion  prétendue  réformée  qu'aux  consis- 
toires (4),  et  attribuer,  par  arrêt  du  Parlement  du  3i  inars  171 1, 
les  fonds  et  capitaux  de  rentes  destinés  aux  pauvres  malades  de 
lieux  où  il  n'y  avait  pas  de  confrérie  de  charité  établie. 

C'est  encore  à  ce  titre  que  l'Hôpital  général  soutient  en  1726 
un  curieux  procès  contre  les  héritiers  d'un  sieur  Paul  du  Halde, 
joaillier,  qui  avait  contracté  une  société  commerciale  «  avec 
Dieu  »,  devant  durer  5  ans,  de  1719  a  1724.  Une  moitié  des  béné- 
fices devait  lui  revenir  ;  l'autre  devait  revenir  à  Dieu  en  la  personne 
des  pauvres.  Ses  affaires  prospérèrent.  Mais  il  mourut  en  1725. 
L'Hôpital  général  réclama  la  part  de  Dieu.  Le  tuteur  de  son  enfant 
en  bas  âge  plaida  la  nullité  de  ses  dispositions  ;  l'Hôpital  général 
maintint  ses  prétentions,  et  d'Aguesseau  obtint  un  arrêt  condam- 
nant les  héritiers  à  verser  une  somme  de  8.000  livres  (5). 

(1)  Art.  3i.  —  Tous  dons  et  legs  faits  par  contrats,  testaments  et  autres  dispositions, 
les  adjudications  d'amendes  et  aumônes  faits  en  la  ville  et  faubourgs,  prévôté  et  vicomte 
de  Paris,  en  termes  généraux,  aux  pauvres  et  à  la  communauté  des  pauvres,  sans  aucune 
autre  désignation,  dont  jusqu'à  présent  l'emploi  n'aura  point  été  fait  quoique  les  disposi- 
tions précèdent  ces  présentes,  de  quelque  temps  que  ce  soit  et  toutes  celles  qui  se 
feront  ci-après,  seront  et  appartiendront  audit  Hôpital  général,  et  en  cette  qualité,  pour- 
ront être  revendiquées  par  les  directeurs... 

Art.  34.  —  Nous  déclarons,  suivant  les  anciens  règlements,  que  toutes  les  aumônes  de 
fondation,  soit  en  argent,  grains  ou  autre  nature,  dont  plusieurs  communautés  séculières 
ou  régulières,  et  même  les  particuliers  de  notre  ville  et  faubourgs,  prévôté  et  vicomte  de 
Paris,  sont  chargés  envers  les  pauvres,  seront  et  appartiendront  audit  Hôpital  général,  et 
voulons  qu'en  cette  qualité  elles  puissent  être  vendiquées  par  les  directeurs  et  appliquées 
au  profit  des  pauvres. 

(2)  Code  de  l'Hôp.  gcn..p.  70. 

(3)  Isambert,  o.  c,  t.  XIX,  p.  4x3. 

(4)  En  vertu  de  cette  déclaration,  l'Hôpital  général  reçut,  par  un  brevet  de  don  du 
8  nov.  i685,  l'emplacement  de  l'ancien  temple  de  Charenton,  une  partie  de  ses  bâtiments, 
et  la  propriété  de  4  maisons  bâties  sur  le  fonds  du  consistoire. 

(5)  M»  Pillon,  avocat,  Méni.  pour  le  sieur  de  la  Planche,  tuteur  de  demoiselle  Marie- 
Anne  de  Hansy,  veuve  de  Paul  Duhalde  et  de  J.-P.  Duhalde,  fils  delà  V»  Duhalde,  défen- 
deur et  dematideur  contre  les  administrateurs  de  l'Hôp.  gén..  demandeurs,  in-8»,  14  p., 
Paris,  1726.  —  M°  Guillet  de  Blaru,  avocat,  Mém.  pour  les  directeurs  de  THôp.  gén., 
demandeurs  contre  Fr.  de  la  Planche...,  etc.,  in-8»,  10  p.;  Paris.  1726,  Arch.  A.  P. 
(Cité  par  Valran,  .U/,sére  et  Charité,  p.  75,  et  Lallcmand,  Histoire  de  la  Charité,  t.  IV, 
ir«  partie,  36i.) 


184  I-'hOTEL-DIEU    au    XYIP    KT    AT    XYIIF    SIECLE 

Ajoutons  qu'à  partir  du  xviii'^  siècle,  la  plupart  les  legs 
universels  sont  communs  entre  l'Hôtel-Dieu  et  l'Hôpital  général, 
et  souvent  aussi  les  Enfants-Trouvés.  La  protection  particulière 
dont  ces  deux  derniers  établissements  sont  l'objet  de  la  part  du 
Parlement,  et  que  nous  avons  déjà  signalée,  n'est  pas  étrangère 
sans  doute  à  ce  partage.  Dans  cette  lutte  dont  nous  venons  de 
rappeler  quelques  incidents,  et  dont  l'intérêt  paraît  avoir  échappé 
jusqu'ici  aux  historiens  de  l'assistance  parisienne,  l'Hôtel-Dieu 
avait  été  définitivement  débouté  de  ses  prétentions.  Ce  fait  d'ail- 
leurs s'ajoute  à  ceux  que  nous  avons  déjà  groupés  pour  montrer 
l'œuvre  de  spécialisation  imposée  par  l'évolution  sociale  à 
l'Hôtel-Dieu,  dont  elle  tend  à  circonscrire  de  jour  en  jour  les 
attributions   et  à    limiter  les    ressources. 


LES    CRISES    FINANCIERES  :    EMPRUNTS    ET    RENTES    VIAGERES 

Cette  lutte  des  administrateurs  pour  conserver  le  monopole  de 
la  charité  est  complétée  par  les  efforts  faits  pour  conjurer  le  déficit 
aux  années  de  disette  et  de  malheurs  publics,  et  nous  conduit  à 
étudier  les  divers  expédients  employés  dans  les  crises  financières 
les  plus  importantes,  amenées,  soit  par  la  cherté  des  vivres,  soit 
par  la    nécessité  de  payer  des  travaux  extraordinaires. 

Pour  payer  ses  grands  travaux,  l'Hôtel-Dieu  dut  avoir  recours 
à  l'emprunt.  Son  budget  s'équilibrait  à  peine  pour  l'entretien  des 
malades.  Comment  aurait-il  pu  faire  face  aux  sommes  considé- 
rables que  coûtaient  les  agrandissements  ou  les  grosses  répara- 
tions ?  Pour  la  construction  de  Saint-Louis,  il  emprunte  au  de- 
nier 20.  Parmi  ses  créanciers,  nous  trouvons  le  premier  président, 
Achille  de  Harlay  (i),  M.  Sainctot,  le  chancelier  Et.  d'Aligre,  les 
Carmélites,  Marthe  Gobelin,  veuve  du  président  L'Escalopier, 
Brûlart  du  Broussin,  mari  de  Madeleine  Colbert,  Jacques  de  Bu- 
camp,  contrôleur  général  de  l'ordinaire  des  guerres.  En  1619,  il 
emprunte  60.000  livres  pour  payer  les  travaux  de  la  salle  Neuve  et 
de  l'Infirmerie.  En  i63i,  il  emprunte  20.000  livres  (2)  et  en  i638 
60.000  livres  pour  faire  face  aux  dépenses  de  la  construction  du 
pont  au  Double  et  de  la  salle  du  Rosaire. 

Il  eut  également  recours  à  l'emprunt  pour  nourrir  ses  malades 
dans  la  période  de  désastre  que  fut  la  Fronde.  Il  faut  suivre,  jour 
par  jour,  les  événements  pour  se  rendre  compte  des  ruines  semées 


(i)  Délib.  26  avril  1611,  3  mai  1612,  12  déc.  1617,  3  sept.  1626. 
(2)  Délib.  i5  oct.  i63i. 


LES    RF.VENUS  l85 


par  la  guerre  civile  et  des  inquiétudes  tragiques  subies  alors  par 
la  population  parisienne.  Le  12  février  1649,1e  boucher  Lehoux 
vient  informer  le  Bureau  qu'il  ne  peut  plus  fournir  de  viande  que 
pendant  4  ou  5  jours.  Le  26  février,  il  n'y  a  plus  de  blc  que  pour 
4  jours  et  il  faut  nourrir  1.700  malades.  L'un  des  administrateurs, 
Robineau,  prête  9.000  livres  sans  intérêts  pour  i  an.  Le  Bureau  écrit 
pour  la  quatrième  fois  au  président  du  Parlement,  Le  Bailleul,  afin 
d'obtenir  un  passeport  pour  3o  muids  de  blé  venant  de  Corbeil. 
Il  décide  d'envoyer  deux  requêtes,  l'une  au  Parlement,  l'autre 
à  la  Ville,  pour  les  prier  d'aviser  à  leur  détresse,  «  sinon  que  mes- 
sieurs les  Gouverneurs  seront  contrainctz  de  faire  mettre  lesdicts 
pauvres  en  des  basteaulx  pour  chercher  au  loin  leur  nourriture, 
plustost  que  de  les  veoir  périr  de  faim  à  leurs  yeulx  ».  Le 
.  16  avril,   il  emprunte  20.000  livres  au  denier  20. 

A  la  famine  qui  menace  s'ajoutent  les  dégâts  commis  dans  les 
fermes  par  les  soldats  ;  les  fermiers  viennent  faire  leurs  doléances 
et  demander  les  réparations  les  plus  urgentes  (i).  Au  mois  d'août 
i65o,  il  envoie  un  homme  à  tous  ceux  qui  doivent  des  blés  pour 
en  assurer  le  transport,  en  présence  du  danger  qu'ils  ont  d'être 
pris  et    fourrages  par  les  gens  de  guerre  (2). 

Le  nombre  des  malades  est  tel,  au  début  de  i652,  qu'il 
est  obligé  de  demander  à  Gui  Patin,  doyen  de  la  Faculté  de 
médecine,  3  ou  4  médecins  supplémentaires  (3),  puis,  au  mois  de 
mai,  d'ouvrir  Saint-Louis  pour  y  mettre  des  blessés.  On  craint 
des  désordres,  même  à  l'intérieur  de  l'Hôtel-Dieu,  de  la  part  des 
gens  de  guerre  qui  y  sont  entassés  ;  on  fait  mettre  des  cloi- 
sons pour  qu'ils  ne  puissent  pénétrer  ailleurs  que  dans  les 
salles  qui  leur  sont  réservées. 

De  nouveau,  on  craint  de  manquer  de  blé.  Le  21  juin,  ordre 
est  donné  aux  meuniers  des  7  moulins  de  Paris  de  moudre  chacun 
I  muid  de  blé  par  semaine,  en  payant  le  droit.  Le  3  juillet,  on  rac- 
commode le  moulin  à  blé  monté  pendant  le  blocus  pour  le  placer 
dans  un  jardin  récemment  acheté  à  côté  de  la  maison,  tandis  qu'on 
travaille  sans  relâche  à  construire  un  moulin  à  eau  sur  la  Seine  (4). 
Coup  sur  coup,  l'Hôtel-Dieu  emprunte,  au  mois  d'août, 
60.000  livres  pour  payer  ses  dettes,  puis  iSo.ooo  livres  pour  ache- 

(1)  Notamment  ceux  de  Villacoublay,  Brie-Comte-Robert,  Bagneux,  Louans,  Villemi- 
lan.  (Ddlib.  7  avril  1649.) 

(2)  Ddlib.  3i  août  i65o,  reg.  24,  fol.  57.  Sur  le  pillage  des  blés,  approuvé  par  le  card . 
Mazarin,  voy.  A.  Feillet,  la  Misère  au  temps  de  la  Fronde  ;  Paris,  1886,  in-12,  ch.  viii. 

(3)  Délib.  i5  déc.  1751,  reg.  21,  fol.  i36  v».  Le  nombre  des  malades  dépasse  2.200.  A 
Lyon,  l'H.-D.  dut  également  augmenter  son  personnel.  Cf.  Et.  Dagier,  Hist.  de  l'Hôp.  Gén. 
et  de  l'H.-D.  de  Lyon,  2  vol.  in-8°,  i83o,  t.  Il,  p.  44. 

(4)  Délib.  17  juillet  i652,  reg.  21,  fol.  174  r«. 


L  HOTEL-niEU    AU    XVII''    KT    AT'    XVIII''    SIECLE 


ter  400  muids  de  blé  et  i.Soo  muids  de  vin  (i).  Le  nombre 
des  malades  s'élève  alors  à  3. 000.  Le  revenu  des  octrois  de  bien- 
faisance cesse  d'être  payé  régulièrement.  Sur  l'octroi  de  3  sols 
accordé  par  l'édit  de  février  1626,  sur  les  3o  sols  levés  sur  cha- 
que muid  de  vin  entrant  dans  Paris,  les  fermiers  des  entrées 
doivent  29.423  1.  i  s.  6  d.  pour  3  quartiers  échus  le  3i  décembre 
i652   (2). 

La  disette  réapparut  en  1661  et  1662,  mais  à  Paris  la  popu- 
lation se  borna,  avec  résignation,  à  se  porter  en  foule  aux 
distributions  de  pain  (3).  Louis  XIV  a  exposé,  dans  ses Ijistnictiotîs 
ail  Dauphin,  les  mesures  qu'il  prit  à  cette  occasion  ;  achat  de  blés 
à  l'étranger,  vente  de  ce  blé  à  prix  modique  à  tous  ceux  qui  avaient 
quelques  ressources,  distribution  au  menu  peuple  des  grandes 
villes  ;  on  alla  même  à  vendre  le  pain  à  prix  réduit.  Un  avis 
affiché  dans  Paris  fit  savoir  que  le  10  mai  1662,  à  8  heures  du 
matin,  on  distribuerait  aux  Tuileries  le  pain  du  roi  :  «  Se  donnera, 
disait  l'avis,  la  livre  dudit  pain  à  2  s.  6  d.  et  se  continuera  ladite 
distribution  tous  les  jours,  avec  défense  à  toutes  personnes  de 
prendre  plus  de  pain  que  pour  sa  provision  et  de  le  vendre  et 
regrater  sous  peine  de  punition  corporelle  (4).  » 

En  i658  et  lôSg,  l'Hôtel-Dieu  avait  dépensé  180.000  livres  de 
son  fonds  et,  en  1660  et  1 661,  ce  prélèvement  avait  été  encore  plus 
considérable.  Après  avoir  tenté  vainement  de  se  faire  intéresser  à 
l'adjudication  des  fermes  du  royaume  en  1660  (5),  après  avoir 
songé,  sans  oser  toutefois  s'y  résoudre,  à  faire  mettre  des  affiches 
dans  les  carrefours  pour  présenter  sa  situation  au  public,  en  pré-- 
sence  de  la  mauvaise  volonté  des  curés  qui  négligeaient  de  lire  aux 
prônes  ses  appels  à  la  charité  (6),  il  avait  envoyé,  au  mois  d'oc- 
tobre 1661,  à  Fontainebleau,  une  députation  chargée  d'exposer 
ses  présentes  «  nécessités  «.  Après  avoir  vu  de  Sène,  membre  du 
Conseil  royal  des  finances,  la  commission  fut  reçue  par  le 
maréchal  de  Villeroy,  par  le  chancelier  d'Aligre,  par  Colbert. 
Elle   fut   également    reçue   au     Louvre   par    le   roi    et    la    reine 


(i)  Arrêt  du  Parlement,  i5  juillet  i632,  et  délib.  14  août  i652,  reg.  21,  fol.  180  v». 

(2)  Le  bail  annuel  e'tait  de  39.23o  1.  i3  s.  i  d.  depuis  le  17  juin  lôSy. 

(3)  Voy.  particulièrement  Ch.  Gaignartde  Bernières,  Recueil  de  relations  de  ce  qui  s'est 
passé  pour  l'assistance  des  pauvres,  entre  autres  ceux  de  Paris  et  des  environs,  et  des 
provinces  de  Picardie  et  de  Champagne,  pendant  les  années  i65o-S5  ;  Paris,  Savreux. 
Il  en  existe  des  ex.  à  la  Bibl.  nat.  et  à  la  Bibl.  Ste-Gen.  On  en  trouvera  des  extraits  dans 
l'ouvrage  de  Feillet,  0.  c,  p.  23 1. 

(4)  Ce  ne  fut  qu'en  1664  que  le  blé  redescendit  à  son  taux  normal  de  14  1.  le  setier. 

(5)  Délib.  14  janv.  1660,  reg.  28,  fol.  9  r«. 

(6)Délib.  3ojanv.,  27  févr.  1660,  reg.  28,  fol.  21  r°,  46  r°. 


LES    REVENUS  I 8? 


mère(i).  Mais  les  députés,  en  Hn  de  compte,  n'obtinrent  que  de 
bonnes  paroles.  Bien  plus,  au  mois  de  décembre,  le  doyen  du 
Chapitre,  sollicité  d'établir  un  mandement  commun  pour  faire 
une  quête  en  faveur  de  THôtel-Dieu  et  de  l'Hôpital  général 
réunis,  après  avoir  publié  celui  de  l'Hôpital  général,  refusa  de 
délivrer  celui  de  l'Hôtel-Dieu  qui  en  fut  réduit  à  demander 
une  part  plus  considérable  sur  les  amendes  adjugées  en  chambre 
de  justice  (2). 

Au  mois  de  septembre  i665,  le  président  de  Novion  partant 
pour  aller  tenir  les  Grands  Jours  en  Auvergne,  le  Bureau  ne 
manque  pas  de  lui  déléguer  deux  de  ses  membres,  Perreau  et 
Le  Gendre,  pour  lui  recommander  de  comprendre  l'Hôtel-Dieu 
dans  les  amendes  ordonnées  pendant  sa  «  commission  »  (?). 

Malgré  ses  embarras  financiers,  le  Bureau  cependant  s'était 
refusé,  la  précédente  année  (4),  à  entrer  dans  la  combinaison  du 
sieur  de  Guitry  qui,  ayant  obtenu  des  lettres  patentes,  non 
encore  vérifiées,  pour  l'établissement  de  monts-de-piété  en  France, 
sous  le  nom  de  maisons  de  secours,  lui  avait  offert,  soit  de  lui 
abandonner  le  tiers  du  profit  s'il  voulait  en  entreprendre  l'établis- 
sement à  ses  frais  et  risques,  ou  la  moitié,  s'il  voulait  le  faire  sous 
son  nom.  Les  propositions  furent  rejetées,  sous  prétexte  que  cet 
établissement  était  «  odieux  et  domageable  au  public  par  un  com- 
merce d'uzure  publique  »  et  que  les  lettres  patentes  ne  seraient 
jamais  vérifiées  en  Parlement.  Assurément,  les  monts-de-piété 
établis  sur  le  modèle  de  ceux  qui  fonctionnaient  en  Italie  et  en 
Flandre  étaient  de  véritables  banques  où  se  traitaient  toutes  sortes 
d'opérations  financières;  mais  on  pouvait  les  concevoir,  ainsi  que 
Théophraste  Renaudot,  comme  institution  charitable  (5). 

Le  Bureau  ne  manque  aucune  occasion  de  rechercher  un  pro- 
fit. Ainsi,  au  mois  de  juin  1668  (6),  l'administrateur  Perreau 
apprend  qu'il  s'est  fait  une  grande  quantité  d'expéditions  d'actes  à 
la  chancellerie  du  cardinal  de  Vendôme  pendant  sa  légation  a  latere 
à  présent  terminée,  et  que  le  droit  de  componendo  qui  en  est 
résulté  se  monte  à  une  somme  considérable,  dont  le  tiers  appar- 
tient à  la  congrégation  de  la  Propagation  de  la  foi,  un  autre  tiers  à 
la  chancellerie  de  Rome  et  l'autre   à  l'hôpital  du  Saint-Esprit  de 

(1)  Délib.  26  oct.  1661,  reg.  29,  fol.  222  v». 

(2)  Délib.  17  févr.  1662,  reg.  3o,  fol.  46  v«. 

(3)  Délib.  2  sept.  i665,  reg.  33,  fol.  178  r».  Voy.  Fk'cliier,  Mém.  sur  les  GiwiJs  Jours 
tc7ius  à  Clermont  en  i665-i666  ;  Paris,  1862,  p.  94,  in-S",  AfT.  de  l'H.-D.  de  Clermont. 

(4)  Délib.  16  mai  1664,  reg.  32,  fol.  108  v». 

(b)  Recueil  gênerai  des  questions  traitées  es  conférences  du  Bureau  d'adresse;   Paris, 
i65o,  in-8«,  et  Gilles  de  la  Toureite,  Théophr.  Renaudot;  Paris,  1884,  in-8",  p.  65. 
(6)  Délib.  i3  juin  1668,  reg.  36,  fol.  I23  v». 


lOô  L  HOTI'L-UlKr    AT     XVII^'    I.T    AT     XVIII''    SIF.CI.F. 

Rome,  et  que  le  cardinal  peut  user  de  ce  dernier  tiers  au  profit  de 
tel  hôpital  qu'il  voudra.  Il  en  l'ail  part  au  Bureau  qui  s'empresse, 
avant  de  prendre  une  décision,  «  de  lâcher  de  découvrir  les  senti- 
ments du  cardinal  par  ceux  qui  ont  accès  auprès  de  lui  ». 

Quelques  années  après,  en  1672,  à  la  faveur  d'une  circonstance 
analogue,  il  essaye  de  toucher  une  part  du  reliquat  des  aumônes 
faites  pour  la  subsistance  des  chrétiens  combattant  contre  les  Turc  s 
«  en  Candie  »,  alors  entre  les  mains  de  l'évéque  de  Clermont  et 
inemployés  depuis  la  prise  de  Candie  par  les  Turcs  et  le  retour 
des  chrétiens  (i)  ;  mais  le  roi  en  a  déjà  disposé  en  faveur  de  l'Hô- 
pital général  seul  (2). 

En  i683  (3),  il  n'obtient  que  grâce  à  une  réclamation  la  moitié 
des  biens  des  protestants  affectés  au  soulagement  des  pauvres  de 
leur  religion,  l'Hôpital  général  ayant  failli  avoir  la  totalité  et  gar- 
dant, d'ailleurs,  les  titres  dont  l'Hôiel-Dieu  n'eut  qu'une  copie 
collationnée. 

L'établissement  d'hôpitaux  généraux  dans  les  provinces  par 
ordre  du  roi,  à  partir  de  1660,  vint  tarir  les  revenus  que  l'Hôtel- 
Dieu  tirait  des  pardons  dans  les  divers  diocèses.  Les  évéques  de 
Bretagne  allèrent  jusqu'à  retenir,  en  1677.  les  deniers  provenant 
de  la  publication  des  pardons  pour  les  employer  à  la  fondation 
des  nouveaux  établissements  prescrits  par  le  roi,  et  le  Bureau 
adressa  vainement  une  réclamation  au  seigneur  évéque  de  Saint- 
Brieuc  (4). 

Par  contre,  il  reçoit  des  subsides  inattendus,  même  de  pro- 
vinces éloignées,  comme  les  200  livres  annuelles  des  fermiers  des 
gabelles  du  Languedoc  et  du  Roussillon  (5). 

A  côté  des  emprunts,  l'Hôtel-Dieu  use  du  système  des  rentes 
viagères  (6). 

Ces  constitutions  de  rentes  viagères  sur  les  particuliers,  autori- 
sées par  le  Parlement,  étaient  une  espèce  de  pari  sur  la  vie  humaine 
dont  les  enjeux  étaient,  pour  l'une  des  parties,  le  payement  de  la 


(i)  C'est  le  27  sept.  1669  que  les  Turcs  s'emparèrent  de  la  Canée,  malgré  les  secours 
fournis  aux  Vénitiens  par  les  principales  puissances  de  la  chrétienté. 

(2)  Délib.    17  juin  1672,  reg.  40,  fol.   108  v°. 

(3)  Délib.  9  juin  i683,  reg.  5i,  fol.  88  v».  Il  ne  s'agissait  d'ailleurs  que  d'une  rente 
de  i.ooo  1. 

(4)  Délib.  3o  juin  1677  et  29  avril  1678.  Ces  hôpitaux  étaient  établis  par  le  P.  Chau  - 
rand,  missionnaire  jésuite,  dont  le  rôle  a  été  mis  en  relief  par  C.  Paultre,  Répression  de  la 
mendicité  sons  l'Ancien  Régime;  Pat\s,  1906,  in-S»,  p.  233.  'Voy.  aussi  i?t'c«e/'/  Tiioisy,  ma  t. 
ecclés.,i.  LXIII  (Hôpitaux,  t.  II),  fol.  gl<,  et  Docum.  inédits  de  la  C"  de  Jésus,  t.  XXlll,  p.  36  i . 

(5)  Délib.  20  avril  1689,  reg.  58,  fol.  60. 

^  (6)  Sur  le  mécanisme  des  emprunts,  voy.  Monin,  0.  c,  p.  610,  et  Sagnac,  le  Crédit  de 
l'Etat  et  les  banquiers  à  la  fin  du  xvii»  siècle  et  au  commencement  du  xviii»  siècle,  dans  la 
Rev.  d'Hist.  mod.,  t.  X,  1908,  p.  257. 


.FS    nKVENUS 


i8q 


rente  et,  pour  l'autre,  Tabandon  d'un  capital  ou  d'un  immeuble  (i). 
Aussi,  le  taux  de  l'inte'rêt  en  était  sensiblement  différent  suivant 
les  âges  de  la  vie.  Le  tarif  ap,pliqué  par  l'Hôtel-Dieu  est  le  suivant, 
qui  diffère  quelque  peu  de  celui  de  l'Hôpital  général  (2)  : 


A  ?o  ans,  denier  20 

5  .)  •>.'. 

A  48  ans,  denier  i3 

A  35    —     17 

5  66  0/0 

A  5o    -     12 

A  38    -     16 

6  25  «/" 

A  55    —     1 1 

A  40    —     i5 

6  66  ./„ 

A  60    —     10 

A  45    —     14 

7  14  "h 

7  65 
S  33 
9  09 


L'Hôtel-Dieû,  comme  les  hôpitaux  des  grandes  villes, remplissait 
ainsi  le  rôle  de  nos  Compagnies  d'assurances  sur  la  vie  ;  aussi  le 
gouvernement  trouvait  sa  concurrence  si  redoutable  pour  la  rente 
5  "/o  qu'il  défendit  la  constitution  de  rentes  viagères  à  un  taux 
plus  élevé  que  le  taux  légal,  qui  était  depuis  i665  le  denier  20 
(5%)  (3). 

Il  n'y  a  pas  que  les  riches  et  les  grands  qui  acquièrent  de  ces 
rentes.  Dans  les  contrats,  à  côté  de  gens  de  finances,  avocats,  bour- 
geois, prêtres,  chanoines,  on  trouve  aussi  de  simples  artisans,  mar- 
chands, maîtres  compagnons,  et  jusqu'à  un  «  pourvoyeur  des  mai- 
sons royales  ».  Pour  établir  ces  contrats,  l'Hôtel-Dieu  exigeait  des 
«  extraits  baptistaires  »,  afin  de  contrôler  l'âge  des  rentiers  éven- 
tuels (4). 

Ces  rentes  grossissaient  démesurément  la  mainmorte.  Sans 
doute  il  était  agréable  pour  les  contractants  d'être  ainsi  débarrassés 
de  tout  souci  de  gestion  de  leurs  biens  en  les  aliénant  pour  une 
rente  servie  à  dates  fixes.  Mais  que  de  familles  se  trouvaient  ainsi, 
petit  à  petit,  dépossédées  de  leurs  terres  et  de  leurs  maisons,  «  contre 
l'esprit  de  toutes  les  coutumes  du  royaume  qui  ont  si  soigneu- 
sement pourvu  à  la  conservation  des  biens  dans  les  familles»! 
L'édit  d'août  1661  (5)  vint  mettre  un  frein  à  ce  véritable  agiotage, 
en  défendant  aux  communautés  de  prêter  ainsi  à  fonds  perdu. 
Mais  le  même  édit  exceptait  de  cet  interdit  l'Hôtel-Dieu  et  l'Hôpital 


(i)  Voy.  Potliier,  Œuvres,  éd.  But^net,  1847,  11  vol.,  t.  III,  p.  436,  TraitO  du  contrat 
de  constitution  de  rente,  et  G.  David,  Du  Contrat  de  rente  viagère  ;  Paris,  1904,  in-8°,  p.  19. 

(2)BibI.  nat..  ms.  fr.  11. 36+,  fol.  77.  A  3o  ans,  l'Hôpital  général  ne  prêtait  qu'au 
denier  16.  Il  avait,  pour  65  ans,  des  prêts  au  denier  9,  et  pour  7oans,  des  prètsau  denier8. 
L'Etat,  pour  les  rentes  viagères  émises  en  1693,  divisait  les  rentiers  en  6  classes,  et  leur 
accordait  un  intérêt  variant  de  7  1.  14  (denier  14)  à  14  1.  28.  Voy.  Encycl.  méthod..  Finan- 
ces, 1787,  t.  III,  Rentes).  Les  taux  ordinaires  étaient  le  denier  18  (3,55),  le  denier  14(7,14), 
le  denier  12  (8,33). 

(3)  D'Avenel,  o.  c.,  t.  I,  p.   loi. 

(4)  Aussi  ces  contrats  sont  précieux  pour  l'état  civil  de  l'époque.  II  en  existe  43  pour 
l'année  1679.  (Arch.  A.  P.,  fonds  nouveau.) 

(5)  Isanibert,  0.  c,  XVIII,  7. 


190  L  HOTEL-DIEU    AU    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

général  qui  se  trouvaient  bénéficier,  de  plus,  des  confiscations 
prononcées  en  cas  de  violation  de  Tédit  (i). 

Lorsque  Colbert  veut  les  supprimer,  en  1679,  le  Bureau  s'émeut. 
Le  président,  Le  Camus,  ne  cache  pas  au  ministre  que  c'est  grâce 
à  ces  rentes  que  l'Hotel-Dieu  a  pu  subsister,  et  le  Bureau  décide 
de  présenter  à  Colbert  un  mémoire  concernant  le  produit  des 
rentes  et  l'usage  qu'il  en  a  fait  (2).  Ce  que  Colbert  avait  prévu 
arriva  bientôt.  L'Hôtel-Dieu,  comme  l'Hôpital  général,  comme 
les  Incurables,  à  force  d'user  de  cet  expédient,  dut  suspendre  le 
payement  des  arrérages  des  rentes.  L'édit  de  janvier  1690,  pour 
arrêter  cette  spéculation,  interdit  aux  hôpitaux  de  prendre  de  l'ar- 
gent à  fonds  perdu  pour  constituer  des  renies  viagères,  et,  s'il 
s'agit  de  dons,  de  constituer  des  rentes  viagères  à  un  denier  plus 
haut  que  le  denier  20  (3).  Mais  il  était  déjà  trop  tard.  Le  roi  fut 
obligé  la  même  année  (4)  d'autoriserl'Hôtel-Dieu  et  les  Incurables  (5) 
à  vendre  des  maisons  et  immeubles  pour  le  payement  des  arrérages 
de  ces  rentes  viagères  qui  se  montaient  à  plus  de  660.000  livres. 
Les  créanciers  auraient  été  en  droit  d'ailleurs  de  les  faire  vendre. 
Cette  autorisation  fut  accordée  dans  les  limites  de  i  .200.000  livres 
pour  l'Hôtel-Dieu  et  800.000  livres  pour  les  Incurables,  à  réaliser 
dans  un  espace  de  10  ans  (6).  L'Hôtel-Dieu  était  déchargé  pour 
ces  ventes  de  la  taxe  du  8«  denier,  levée  sur  les  biens  aliénés  par 
les  communautés  laïques  et  ecclésiastiques. 

Mais  en  attendant  il  fallait  faire  patienter  les  créanciers.  Le 
Bureau  s'arrêta  à  l'arrangement  suivant.  On  continua  à  payer 
les  arrérages  entiers  des  rentes  constituées  à  perpétuité  pour  fon- 
dation ou  autrement.  Pour  les  rentes  viagères,  on  paya  en  entier 
les  arrérages  de  celles  de  200  livres  et  au-dessous,  200  livres 
pour  celles  qui  s'élevaient  de  200  à  400  livres,  et  la  moitié  du 
revenu  de  toutes    les  autres.    Le  Conseil  d'État,   en  approuvant 


(i)  Depuis  1634,  le  taux  légal  de  l'intérêt  était  le  denier  i8  (5  1/2  ">;o);  à  partir  de  i665, 
ce  fut  le  denier  20  (5  °/o). 

(2)  Délib.  28  avril  1679,  reg.  47,  fol.  78  v. 

(3)  Règl.  H.-D.,  II,  383.  Edit  du  roy  Louis  XIV,  donné  à  Versailles  au  mois  de  jan- 
vier 1690,  ret^istré  au  Parlement  le  6  février  audit  an.  Voy.  une  pièce  de  vers  «  sur  les 
rentes  de  l'H.-D.  »,  1689,  par  Et.  Pavillon,  Recueil  TraUge,  t.  I,  fol.  63.  (Ars.,  ms.  6341.) 

(4)  Régi.  H.-D.,  II,  395.  Lettres  patentes  du  roy,  registrées  au  Parlement  et  en  la 
Chambre  des  comptes,  les  25  avril  et  11  mai  1690  ;  Paris,  Le  Prest,  rue  St-Jacques,  à  la 
Couronne  de   France. 

(3)  Règl.  H.-D.,  II,  387.  Arrêt  du  Conseil  d'État  en  faveur  des  créanciers  de  l'hôp. 
des  Incurables  pour  la  liquidation  et  payement  de  leurs  dettes,  9  mars  1690  ;  Paris, 
Michallet,  premier  imprimeur  du  roy,  rue  St-Jacques,  à  l'Image  St-Paul,  et  arrêt  du 
17  juin  1690,  concernant  les  créanciers  de  l'hôp.  des  Incurables,  id.,4o3. 

(6)  Sur  les  difficultés  financières  des  Incurables,  on  peut  consulter  Maillet,  Mémorial 
historique  des  Incurables,  ms.  du  xviii*  siècle  aux  Arch.  de  l'A.  P.  ;  il  en  existe  un  extrait 
aux  Arch.  nat.,  FI5  1861. 


LES    REVENUS  iq[ 


les  décisions  du  Bureau,  interdisait  aux  créanciers  (  i  )  de  faire  saisir 
les  fonds  et  revenus  de  THôtel-Dieu  et  faisait  mainlevée  de  toutes 
les  saisies  réelles  et  mobilières,  aux  oppositions  formées  à  la  vente 
des  immeubles,  et  même  des  saisies  des  rentes  appartenant 
à  Hôtel-Dieu  qui  pouvaient  avoir  été  faites  entre  les  mains  des 
payeurs  (2). 

Les  difficultés  allaient  toujours  croissant.  En  1692,  puis  en  1693, 
le  prix  du  blé  avait  considérablement  augmenté.  Il  y  avait  eu  des 
émeutes  à  la  place  Maubert,  au  faubourg  Saint-Antoine.  De  Harlay, 
La  Reynie  furent  obligés  de  prendre  des  mesures  extrêmes.  Comme 
en  1662,  pendant  l'hiver  de  1693,  on  établit  des  fours  dans  la  cour 
du  Louvre  ;  on  y  fit  cuire  100.000  livres  de  pain  par  jour  qui  furent 
vendues  2  sous  la  livre,  moitié  du  prix  de  revient,  avec  défense 
d'en  acheter  pour  le  revendre.  Des  désordres  eurent  lieu.  On  rem- 
plaça le  pain  par  des  secours  en  argent  (120.000  livres  2  fois  par 
semaine),  mais  la  détresse  subsista.  Au  printemps  de  1694,  le 
setier  de  blé  se  vendit  jusqu'à  67  livres  (3),  L'Hôtel-Dieu  fit  porter  à 
la  Monnaie  l'argenterie  de  la  sacristie  qui  produisit  2.725  livres  (4). 
La  cherté  des  vivres  devint  telle  que  l'on  réduisit  les  portions 
de  viande  et  de  vin  des  malades  et  du  personnel  (5). 

La  Ville  de  Paris  fut  autorisée,  par  arrêt  du  Conseil  d'État  et 
par  lettres  patentes  des  2  et  28  janvier  1694  (6),  à  emprunter 
3oo. 000  livres  à  constitution  de  rente  au  denier  18,  pour  les 
employer  aux  besoins  de  l'Hôtel-Dieu  et  de  l'Hôpital  général  ; 
afin  de  payer  les  rentes,  et  pour  garantir  l'émission  de  l'emprunt, 
la  Ville  était  autorisée  à  porter  de  100.000  livres  à  11 5. 000  livres 
par  an  la  redevance  payée  par  le  fermier  général  des  aides  pour 
l'octroi  de  10  sous  par  muid  de  vin  aux  entrées,  institué  par  arrêt 
du  3o  décembre  i653. 

L'Hôtel-Dieu  était  à  peine  sorti  de  cette  crise  qu'il  dut  faire 
face  au  grand  hiver  de  1709,  qui  fut,  bien  qu'en  ait  dit  Voltaire,  un 
moment  de  détresse  sombre.  «J'ai  vu  l'année  1709,  écrivait-il  le 
2  janvier  1775  (7),  j'ai  vu  M"^^  de  Maintenon  manger  du  pain  bis, 
j'en  ai  mangé  pendant  deux  ans  entiers  et  je  m'en  trouvais  bien. 


(1)  Règl.  H.-D.,  II,  417.  Arrêt  du  29  mai  1691.  Délib.  des  3  juin  1690,  24  mars  1691. 

(2)  Règl.  H.-D.,   II,  471.  Voy.  l'arrêt  du    Parlement  du    i5   fevr.  1696,  concernant  les 
rentes  à  vie  dues  par  l'H.-D.  à  François  Sauffoy,  ancien  commissaire  des  guerres. 

(3)  Voy.  lettres  de  La  Reynie  à  de  Harlay,  citées  par  Depping,  Corresp.  admin.,  t.  II, 
p.  629  et  sqq.  et  P.  Clément,  la  Police  sous  Louis  XIV;  Paris,  1886,  in-12,  p.  24g  et  sqq. 

(4)  Délib.  7  avril  1694,  reg.  63,  fol.  35  v». 

(5)  Délib.    24   juin.    1694,  reg.  63,  fol.  77  v».  Voy.  Cocliut,  Repue  des  Deux  Mondes  du 
i5  août  i863. 

(6)  Règl.  H.-D.,  II,  447. 

(7)  Œuvres,  éd.  de  Kehl,  XXX,  541. 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVII«    ET    AU    XYIIF    SIECLE 


Mais  quoi  qu'on  en  ait  dit,  je  n'ai  jamais  vu  aucune  mort  causée 
uniquement  par  l'inanition.  C'est  une  vérité  trop  reconnue  qu'il  y 
a  plus  d'hommes  qui  meurent  de  débauches  que  de  faim.  »  Mais 
les  souvenirs  des  contemporains  sont  moins  gais  que  les  boutades 
rétrospectives  de  Voltaire.  Écoutons  seulement  Saint-Simon  (i)  : 
«  Les  payements  les  plus  inviolables  commencèrent  à  s'altérer. 
Ceux  de  la  douane,  ceux  des  diverses  caisses  d'emprunt,  les  rentes 
de  l'Hôtel  de  Ville  en  tout  temps  si  sacrées,  tout  fut  suspendu, 
ces  dernières  seulement  continuées,  mais  avec  des  délais,  puis  des 
retranchements  qui  désolèrent  presque  toutes  les  familles  de  Paris, 
et  bien  d'autres....  Tout  renchérit  au  delà  du  croyable,  tandis 
qu'il  ne  restoit  plus  de  quoi  acheter  au  meilleur  marché...  ;  grand 
nombre  de  gens  qui,  les  années  précédentes,  soulageoient  les  pau- 
vres se  trouvèrent  réduits  à  subsister  à  grand'peine,  et  beaucoup  de 
ceux-là  à  recevoir  l'aumône  en  secret.  Il  ne  se  peut  dire  com- 
bien d'autres  briguèrent  les  hôpitaux,  naguère  la  honte  et  le 
supplice  des  pauvres  (2).   » 

La  détresse  des  populations  était  telle  que  le  roi  fit  distribuer 
du  sel  aux  pauvres  habitants  des  provinces,  comme  étant  «  une 
partie  des  plus  nécessaires  pour  leur  subsistance  n.  Les  rôles  des 
bénéficiaires  furent  établis  par  les  intendants  et  commissaires  dé- 
partis dans  les  provinces  et  signés  par  les  curés  et  principaux 
habitants  des  paroisses,  qui  s'engageaient  à  payer  une  imposition 
représentant  la  valeur  du  sel  (3).  Des  quêtes  extraordinaires  furent 
faites  à  Paris  dans  chaque  paroisse,  et  des  impositions  établies 
pour  remplacer  l'insuffisance  des  contributions  volontaires.  On' 
espérait  recueillir  So.ooo  livres  par  mois,  destinées  à  l'Hôpital 
général,  à  l'Hôtel-Dieu  et  aux  pauvres  des  paroisses,  sans  préju- 
dice de  la  taxe  ordinaire  du  Grand  Bureau  des  pauvres  (4).  Le  rôle 
des  boues  et  lanternes  fut  doublé  pour  tous  les  propriétaires  et  prin- 
cipaux locataires,  du  i^r  octobre  1709  au  i'^''  octobre  17 10,  ainsi 
que  pour  toutes  communautés  laïques,  ecclésiastiques,  régulières 
et  séculières.  Une  commission  composée  des  administrateurs  des 
deux  hôpitaux  ainsi  que  des  receveurs  des  paroisses  fut  chargée  de 


(1)  Saint-Simon,  Mcm.,  éd.  Gr.  Ecriv.,  t.  XVII,  p.  2o5.  Voy.  aussi  p.  394-397,1.  XVIII, 
p.  i29-i3o. 

(2)  Voy.  de  Boislisle,  le  Grand  Hiver  de  rjorj.  Rev.  des  qiicst.  hist.,  igo3,  t.  XXIII, 
p.  442-509,  et  t.  XXIV,  p.  486-542;  et  F.  I.avieille,  la  Misère  à  Paris  en  /70Q. 
(Posit.  des  mém.  pour  le  diplôme  d'études  sup.  de  la  Fac.  des  lettres,  1906,  p.  190-193.)      " 

(3)  iîèg-/.  H.-D.,  111,41.  Arrêt  pour  le  prêt  du  sel  en  faveur  des  pauvres,  du  21  mai  1709. 

(4)  Régi.  H.-D.,  III,  45.  Déclaration  du  roi,  3  sept.  1709.  Nous  avons  retrouvé  trace  de 
l'organisation  de  ces  quêtes  dans  les  délib.  de  certaines  fabriques,  notamment  à  St-Lau- 
rent.  (Arch.  nat.  LL  816,  fol.  72,  délib.  du  29  sept.  1709  portant  nomination  de  12  rece- 
veurs spéciaux  pour  les  12  quartiers  de  la  paroisse.) 


:S    RKVFN'fS 


recueillir  et  de  se  partager  ces  fonds  extraordinaires  (i).  Enfin  le 
Conseil  d'État  attribua  deux  sommes  de  3.077  1.  18  s.  i  d.  et 
4.084  livres  de  a  revenants-bons  «  sur  les  comptes  de  recettes  des 
receveurs  des  taxes  des  boues  et  lanternes  du  quartier  du  Marais  du 
Temple,  au  receveur  géne'ral  de  THôtel-Dieu,  pour  être  employées 
aux  dépenses  les  plus  pressantes  (2). 

L'Hôtel-Dieu  essaya  de  faire  des  économies  en  retranchant  sur 
ses  dépenses  d'alimentation  :  suppression  du  sucre,  de  la  casso- 
nade, des  confitures,  des  fruits,  du  poulet  rôti;  distribution  du 
pain  24  heures  après  la  cuisson,  rationnement  de  l'huile  d'olive  (3), 
réduction  du  vin,  des  cierges  à  l'église.  Mais  ce  n'étaient  là  que  des 
expédients  d'un  jour.  A  l'assemblée  générale  du  28  septembre  1709, 
le  Bureau,  établissant  le  bilan,  déclare  que  le  déficit  se  monte  à 
349.000  livres.  Il  est  dû  des  sommes  considérables:  45.000  livres 
pour  2  quartiers  des  anciens  octrois  que  n'ont  pas  payées  les  fer- 
miers généraux  ;  10.800  livres  pour  3  années  impayées  de  l'aumône 
accordée  pour  la  subsistance  des  convalescentes  ;  70.000  livres 
pour  les  6  derniers  mois  des  rentes  sur  la  Ville,  i3o.ooo  livres 
promises  par  les  fermiers  généraux.  Les  débiteurs  sont  sollicités  de 
payer  au  plus  vite  et  le  Bureau  demande  à  convertir  en  monnaie  les 
25o.ooo  livres  de  billets  qui  sont  dans  la  caisse  de  l'hôpital  (4). 

Une  fois  de  plus  l'Hôtel-Dieu  a  recours  au  moyen  extrême, 
celui  qu'il  avait  employé  déjà  en  1690,  les  ventes  d'immeubles.  Il 
demande  et  obtient  l'autorisation  d'aliéner  des  propriétés  jusqu'à 
concurrence  de  800.000  livres  (5). 

Enfin  le  roi  lui  accorde  une  loterie,  ouverte  le  16  décembre  1709, 
et  comprenant  2.256  lots  s'élevant  à  400.000  livres,  touspayablesen 
argent,  pour  3oo.ooo  billets  ;  mais  elle  n'eut  pas  le  succès  qu'on  en 
attendait;  les  billets  envoyés  en  province  ne  rentraient  pas,  et  le 
tirage  fut  différé  de  semestre  en  semestre. 

Le  Trésor  épuisé  avait  cessé  de  payer  les  arrérages  de  la  rente  (6). 
En  17 10,  on  annonça  la  reprise  des  payements,   mais  ils  se  firent 


(i)  Rèffl.  H.-D.,  III,  37,  65.  Décl.  du  22  oct.  1709.  Arrêts  du  Parlement  du  i3  oct* 
170g,  du  29  janv.   1710. 

(2)  Arrêt  du  7  avril  i-ri.  11  devait  en  être  fait  de  même  pour  les  autres  receveurs  après 
le  «fin'it»  de  leurs  comptes.  Ces  bonis  devaient  d'ailleurs  être  partagés  avec  l'Hôp. 
gifn.  et  les  Enfants-Trouvés.  La  taxe  n'était  pas  encore  payée  en  1714.  (Cf.  arrêt  du 
Parlement  du  20  déc.  1714.)  L'H.-D.  et  l'Hôp.  gén.  y  renoncèrent  en  1716.  (Délib. 
16  ddc.  1716,  reg.  83,  fol.  23.) 

(3)  Délib.  22  et  28  juin  1709,  reg.  78,  fol.  96  v»  et  99  v.  On  envoie  à  la  Monnaie 
22.000  1.  de  vieilles  espèces  qui  se  trouvaient  en  caisse. 

(4)  Délib.  7  sept.,  29  nov.  1709,  reg.  78,  fol.  i38  et  137. 

(3)  Délib.  29  janv.,  3i  janv.,  3i  mai,   12  sept.  1710,  8  août,  23  sept.  171 1,  reg.  79. 
(6)  En    1710,  l'Etat  devait  2   années  d'intérêt  aux   rentiers.  [Corrcsp.  des  contr.  gén, 
éd.  Boislisle,  t.  III,  p.  023.) 

13 


'94 


'hotel-diku  au  xviu-  i;t  ai'  xyiii-^  siècle 


sur  le  pied  du  denier  20,  quel  qu'ail  été  le  laux  primitif  d'émission 
et  même  après  cette  réduction  on  ne  paya  qu'un  semestre  sur 
deux  (i).  Vers  la  fin  de  171  3,  deux  années  étaient  dues  aux  rentiers 
et  cette  demi-supension  de  payement  pouvait  se  prolonger  indéfi- 
niment. 

C'est  alors  qu"intervint  l'édit  d'octobre  171 3,  ordonnant  que 
toutes  les  rentes  de  l'Hôtel  de  Ville  seraient  converties  en  nouveaux 
contrats  au  denier  25  (4  "/o),  distinguant  les  rentes  acquises  à  prix 
d'argent  avant  le  r-"  janvier  1702,  dont  le  principal  était  conservé 
en  entier  en  y  adjoignant  les  2  années  d'arrérages,  et  les  rentes 
acquises  depuis  le  mois  d'avril  1706,  réduites  aux  3/5.  La  charge 
annuelle  des  rentes  fut  ainsi  diminuée  de  14  millions,  et  leur 
capital  nominal  de  i35  millions.  Forbonnais  nous  rapporte  que 
«  cet  arrangement  causa  un  grand  murmure  »  (2).  Les  hôpitaux 
furent  les  premiers  à  réclamer  et  demandèrent  à  être  remboursés 
de  cette  perte. 

Elle  était  en  efifet  assez  sérieuse.  La  part  des  rentes  de  l'Hôtel- 
Dieu  soumise  à  la  diminution  des  2,5,  suivant  l'édit,  était  de 
893.156  livres,  dont  les  2  5  se  montaient  à  357.262  livres.  Pour 
les  Incurables,  cette  perte  s'élevait  à  44.036  livres  sur  110.092. 
Ce  remboursement  fut  d'ailleurs  accordé,  car  sur  le  mémoire  où 
sont  relatés  ces  chiffres  (3)  nous  lisons  en  marge  :  «  bon  ».  La 
Charité  s'empressa  alors  de  demander  la  même  faveur  ;  l'hôpital 
perdait  51.124  livres  sur  85. 208.  Nous  ignorons  si  sa  requête  reçut 
satisfaction. 

Les  hôpitaux  de  province  étaient  également  touchés,  et  la  situa- 
tion n'était  pas  meilleure  à  Nantes,  à  Marseille,  et  dans  toute 
la  France  en  général  4'. 

Sous  la  Régence,  où  l'on  manquait,  non  pas  de  numéraire,  mais 
de  crédit,  le  pouvoir  central  pousse  les  hôpitaux  à  placer  les 
capitaux,  dont  ils  ont  à  faire  l'emploi,  en  actions  de  la  Compagnie 
des  Indes,  actions  qui  sont  déposées  à  la  banque  de  Law  et 
inscrites  sur  le  registre  des  immeubles.  «  Le  roi  est  informé, 
lit-on  dans  le  préambule  d'un  arrêt  du  Conseil  du  26  avril 
1720  (5),  que  l'intérêt  des  contrats  a  tellement  diminué,  à  cause 

(i)  A.  Vuitry,  le  Désordre  des  finances  et  les  excès  de  la  spéculation  à  la  fin  du  régne 
de  Louis  XIV  et  au  commencement  du  règne  de  Louis  XV  ;  Paris,  i885,  in-.S",  p.  38. 

(2)  Forbonnais,  Recherches  et  considérations  sur  les  finances  de  la  France  de  /5g5  à 
1^2 1  ;  1878,  6  vol.  in-i6,  t.  V,  p.  9  et  suiv. 

(3)  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  8i3o.  Recueil  sur  la  mendicité  fait  par  ordre  de  Turgot. 

(4)  Léon  Maître,  les  Hôpitaux  de  la  Loire-Inférieure  ;  Nantes  1879,  in-8«,  p.  i32; 
A.  FsihTe,  Hist.  des  hôpitaux  de  Marseille,  i854-i836,  in-8»,  t.  I,  p.  495  ;  G.  Valran,  Misère 
et  charité  en  Provence  au  wiii"  siècle,  1899.  in-8«. 

(5)  Cité  par  Martin-Doisj',  o.c,  t.  L  p.  i33. 


I.KS    REVENUS 


de  l'abondance  des  espèces  répandues  dans  le  royaume,  qu'à  peine 
trouve-t-on  à  placer  au  denier  cinquante  (2  "/„)  ».  Et  en  effet 
les  revenus  de  beaucoup  d'hôpitaux  avait  tellement  diminué 
que  plusieurs  pouvaient  à  peine  subsister.  Aussi,  «  ouï  le  sieur 
Law,  conseiller  du  roi  en  ses  conseils,  contrôleur  général  des 
finances,  Sa  Majesté,  de  l'avis  du  duc  d'Orléans,  régent,  défend 
à  tous  les  hôpitaux  du  royaume  de  faire  aucune  nouvelle  cons- 
titution de  rente  à  peine  de  nullité,  à  tous  notaires  d'en  recevoir 
à  peine  de  3. 000  livres  d'amende  ».  Par  contre,  cet  arrêt  per- 
mettait aux  hôpitaux  de  placer  leurs  capitaux  à  la  banque  de  Law, 
en  actions  de  la  Compagnie  des  Indes,  garantie  par  l'État,  à 
l'intérêt  de  2  %  (O- 

En  1726,  la  disette  apparut  à  la  suite  des  pluies  qui  avaient 
provoqué  des  inondations  et  retardé  les  convois  de  blé.  Dès  le 
i3  octobre  1725,  le  Parlement  avait  permis  à  la  Ville  d'utiliser  les 
bâtiments  de  Saint-Louis  pour  y  mettre  les  blés  qui  se  trouvaient 
dans  les  ports  et  risquaient  de  se  gâter.  Ils  devaient  d'ailleurs  y 
être  reportés  dès  qu'ils  pourraient  être  vendus  (2).  Ces  blés  étaient 
venus  de  Rouen  par  bateaux  et  avaient  été  achetés  en  Angleterre 
et  en  Hollande,  par  Convay,  pour  le  compte  de  la  Ville,  qui' avait 
à  cet  effet  emprunté  un  million  au  denier  20.  L'Hôtel-Dieu  essaya 
bien  de  résister  «  aux  ordres  supérieurs  »  ;  mais,  à  la  suite  d'une 
visite  à  Saint-Louis  le  3  mars  1726,  le  lieutenant  général  de  police 
Hérault  constata  que  les  salles,  dont  le  Bureau  gardait  si  jalou- 
sement la  destination  hospitalière,  étaient  déjà  remplies  de 
600  muids  de  blé  apportés  par  les  fermiers  de  l'Hôtel-Dieu  et-  les 
cultivateurs  du  voisinage.  Les  administrateurs  durent  s'exécuter 
en   hâte,  démonter  les  bois  de  lit  et  tenir  les  locaux  prêts. 

Ces  premiers  blés  une  fois  débités  (3),  les  communautés  et 
hôpitaux,  afin  d'éviter  le  retour  de  la  disette,  reçurent  l'ordre  de 
faire  de  nouvelles  provisions  pour  deux  ans.  Celles-ci  furent 
encore  portées  à  Saint-Louis  (4),  l'autre  grenier  de  l'Hôtel-Dieu, 
Sainte-Anne,  se  trouvant  alors  livré  aux  munitionnairesde  l'Hôpital 
général,  qui  y  avaient  mis  leurs  blés  par  ordre  du  Parlement. 

En  1740,  Saint- Louis  sert  de  nouveau  d'entrepôt  pour  les  blés  ; 


(i)  Voy.  A.  Girard,  la  Réorganisation  de  la  Corn  p.  des  Indes  (1719-23),  dans  laRev.d'/iist. 
mod.,l.  X,  190S,  et  Arch.  nat.,  B3  marine  140,  fol.  52,  53.  Sommes  dues  àl'H.-D.,  1710. 

(2)  Arch.  nat.,  H  i85i,  p.  227-229. 

(3)  Tous  les  hôpitaux  durent  porter  leurs  réserves  à  la  Halle.  Samuel  Bernard  acheta 
des  blés  au  compte  de  THôp.  gén.  pour  54.000  1.  et  5i.Ci2  1.  qui  ne  lui  étaient  pas  encore 
payés  en  1733,  et  pour  lesquels  Joly  de  Fleury  réclama  les  intérêts  en  plus  de  la  somme. 
(Arch.  Min.  Aff.  éir.,  ms  1601,  fol.  i23,  et  1602,  fol.  5.) 

(4)  Délib.  27  avril  1729,  reg.  98,  fol.  i65. 


Iq6  L  HOTF.r.-DIEU    AT    XVIie    KT    AI'    XVIU»-    SIKCI.E 

ce  ne  fut  point  faute  de  résistance  de  la  part  du  Bureau  qui  opposa 
la  délibération  du  29  avril  1729.  Mais  il  dut  céder  devant  les  in- 
jonctions du  procureur  général,  Joly  de  Fleury,  et  du  premier 
président,  Le  Peletier  (lettres  des  5  et  6  novembre^  Les  vivres 
étaient  chers,  la  misère  était  à  son  comble.  Il  fallait  à  tout  prix 
rassurer  le  populaire,  ou  tout  au  moins  «  lui  montrer  des  prépa- 
rations qui  calment  ses  inquiétudes  »,  comme  l'écrit  le  5  novembre 
Joly  de  Fleury  à  l'administrateur  Vigneron.  Le  7  décembre,  Joly 
de  Fleury  adressa  une  nouvelle  lettre  encore  plus  pressante,  et, 
le  8,  les  administrateurs  se  résignèrent  à  donner  l'ordre  de  laisser 
entrer  les  blés  à  Saint-Louis,  «  puisque  leurs  représentations  et  la 
délibération  du  29  avril  1729  ne  peuvent  rien  opérer  ».  Le  blé  fut 
placé  dans  3  salles,  et  la4*fut  réservée  aux  lits  démontés  et  entassés 
les  uns  sur  les  autres.  Il  fut  seulement  recommandé  aux  «  préposés 
à  la  conduite  des  blés»  de  ne  pas  trop  charger  les  planchers  comme 
on  l'avait  fait  auparavant,  pour  ne  pas  endommager  les  voûtes. 

Cette  année  1740  fut  non  seulement  une  année  de  disette  à 
cause  du  froid  et  des  pluies,  qui  avaient  compromis  la  récolte, 
mais  encore  fut  marquée  par  une  terrible  inondation  de  la  Seine, 
dont  on  conserva  longtemps  le  souvenir  (i).  On  fit  venir  des  blés 
de  l'étranger,  et  on  accorda  des  gratifications  à  quelques  mar- 
chands (2)  qui  purent  en  fournir.  Le  prix  du  pain  monta  à  5  sols  et 
demi  et  pendant  8  mois  oscilla  entre  4  et  3  sols  et  demi.  Le 
22  septembre,  le  Parlement  réduisit  à  deux  efpèces  le  pain  débité 
dans  les  marchés  et  défendit,  à  cause  de  la  disette  de  l'orge, 
aux  brasseurs  de  fabriquer  delà  bière  pendant  un  an,  et  aux  ami- 
donniers  et  tanneurs  de  se  servir  d'orge  pour  la  préparation  des 
cuirs  et  des  amidons.  Comme  le  pain  était  trop  cher  pour  les  pau- 
vres, Thélusson,  envoyé  de  la  république  de  Genève  à  la  cour  de 
France,  fut  c  hargé  de  procurer  du  riz  pour  être  distribué  dans  les 
paroisses  (3)  ;  des  provisions  furent  amassées  aux  Célestins,  à 
Saint-Germain-des-Prés,  à  Saint-Lazare  ;  des  distributions  de 
riz  eurent  lieu  proportionnellement  par  paroisses  les  22  septembre, 
12  octobre,  9  décembre  1740,  22  février,  6  mars  1741  '4;.  La  navi- 


(1)  L'eau  était  venue,  en  Grève,  jusque  sur  la  première  marciie  de  l'Hôtel  de  Ville. 
(Journal  de  Barbier;  et  relation  de  Bonamy,  Mém.  de  l'Ac.  des  Inscr.  et  Belles-Lettres, 
1741-1743.) 

(2)  Le  20  sept.,  le  Bureau  de  la  Ville  accorde  i.Soo  1.  de  gratification  à  Deherain, 
march.  de  grains,  pour  avoir  fait  arriver  des  blés  à  Paris,  le  27  cet.,  600  1.  à  Jean-Bap- 
liste  Fossoyeux,  également  marchand  de  grains,  etc. 

(3)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  un  :  Mémoire  sur  la  distribution  du  riz  cuit  fait  aux 
pauvres  de  }a  paroisse  St-Eustache  pendant  le  carême  de  1740  (fol.  69). 

(4)  Les  registres  de  délib.  de  la  Ville,  à  qui  sont  emp  runtés  ces  détails,  donnent  la  quan- 
lité  distribuée  pour  chaque  paroisse.  (Arch.  nat.,  H  1839.) 


LES    RF-VENTS  I  gy 

gation  était  interrompue  à  cause  de  rinondation,  d'où  impossibilité 
de  faire  venir  les  blés  et  de  les  moudre,  car  les  moulins  aussi 
étaient  arrêtés.  A  l'Hôtel-Dieu,  les  caves,  les  cagnards  où  l'on 
serrait  le  bois,  les  étuves  où  Ton  faisait  sécher  le  linge,  étaient 
inondés  ;  il  fallut  entasser  les  barriques  dans  les  cours  et  trans- 
porter le  linge  à  Saint-Louis.  On  y  enterra  même  pendant 
quelque  temps  les  morts  de  THôtel-Dieu,  le  cimetière  de  Clamart 
étant  également  couvert  d'eau.  Enfin,  en  présence  du  danger 
qui  menaçait  le  Pont-Rouge,  la  salle  du  Rosaire,  établie  sur  le 
Petit-Pont,  fut  évacuée.  Les  malades  virent  leur  ration  de  pain 
remplacée  par  du  riz,  comme  les  pensionnaires  des  diverses  mai- 
sons de  l'Hôpital  général.  A  la  suite  de  l'arrêt  réduisant  à  deux 
espèces  le  pain  débité  dans  les  marchés  et  boutiques  des  boulan- 
gers, et  interdisant  la  vente  du  petit  pain  mollet,  dont  les  Parisiens 
étaient  si  friands,  le  petit  pain  au  lait  fourni  aux  «  griefs  »  malades 
fut  supprimé  (i). 

Le  peuple  était  «  tout  prêt  à  la  révolte  )>,  suivant  l'expression 
même  de  d'Argenson  (2),  relatant  une  sédition  des  malades  de 
Bicêtre,  qui  eut  lieu  en  septembre,  et  contre  qui  le  guet  et  la  maré- 
chaussée se  trouvaient  «  en  bataille  ».  «  Il  n'y  a  plus  de  pain  à  Paris, 
ajoute-t-il,  sinon  des  farines  gâtées,  qui  brillent  au  four.  On  tra- 
vaille jour  et  nuit  à  Belleville  aux  moulins  à  remoudre  ces  vieilles 
farines    gâtées.     Le   pain    augmente   d'un   sol    par    jour.    Aucun 

marchand  n'ose  ni  ne  veut  apporter  son  blé A  la  Halle  le  pain 

manqua,  mercredi,  dès  7  heures  du  matin.  « 

L'Hôtel-Dieu  n'avait  pas  seulement  à  lutter  contre  la  misère, 
mais  encore  contre  les  mesures  administratives  (3).  L'édit  d'août 
1749,  concernant  les  établissements  et  acquisitions  des  gens  de 
mainmorte,  faisait  défense  par  l'article  14,  particulièrement  impor- 
tant, à  «  tous  les  gens  de  mainmorte  d'acquérir,  recevoir  ni 
posséder  à  l'avenir  aucuns  fonds  de  terre,  maisons,  droits  réels, 
rentes  foncières  ou  non  rachetables,  même  des  rentes  constituées 
sur  des  particuliers,  si  ce  n'est  après  avoir  obtenu  des  lettres 
patentes  pour  parvenir  à  ladite  acquisition  et  pour  l'amortis- 
sement desdits  biens,  et  après  que  ces  lettres  auront  été  enre- 
gistrées à  la  cour  du  Parlement  (4)  ».  L'Hôtel-Dieu  bien  entendu 
essaya  d'échapper   à  ces  dispositions.    Il  fit  observer  qu'il  était 

(i)  Délib.  23  sept.,  reg.  109,  fol.  323. 

(2)  D'Argenson,  Mém.,  t.  III,  19,  24  sept.,  6  nov.   1740. 

(3)  Voy.  mém.  adressé  en  mars  1731  à  M.  le  Procureur  général  (Arch.  A.  P.,  liasse  864), 
et  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  i63q,  fol.  ujS. 

(4)  Edit  du  Roy,  d'août  1749.  De  l'Imp.  de  P. -G.  Simon,  imprimeur  du  Parlement,  rue 
de  la  Harpe,  à  l'Hercule,  1749. 


I,  HOTFL-DIFU    AU    XVIF    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


propriétaire  de  diverses  renies,  la  plupart  modiques,  constituées 
sur  des  particuliers  susceptibles  de  les  rembourser  successivement 
et  que  s'il  fallait,  pour  en  faire  le  remploi,  obtenir  à  chaque 
remboursement  des  lettres  patentes,  les  faire  enregistrer,  faire 
faire  des  informations,  les  frais  absorberaient  la  plus  grande  partie 
des  fonds.  Le  seul  moyen  d'éviter  ces  frais  serait  de  faire  ces 
remplois  en  rentes  sur  le  roi  ou  sur  des  gens  de  mainmorte,  mais 
ce  ne  serait  pas  toujours  facile.  Il  arrive,  en  effet,  que,  lorsque 
des  débiteurs  sont  capables  de  remplir  leurs  engagements,  ils 
abandonnent  des  rentes  sur  particuliers  qui  leur  appartiennent, 
ou  constituent  des  rentes  sur  eux-mêmes.  L'Hôtel-Dieu  sera  privé 
de  ce  moyen  d'éviter  la  ruine  à  ses  débiteurs.  Enfin,  pour  les  Incu- 
rables, chaque  lit  a  dès  revenus  qui  lui  sont  affectés  et  qui  ont 
subi  des  diminutions  importantes.  Les  suppléments  demandés 
aux  nominateurs  ou  autres  intéressés  pour  réparer  ces  pertes  de 
revenus  atteignent  parfois  3.ooo  ou  4.000  livres.  Le  versement  de 
de  ces  sommes  s'effectuera  difficilement,  s'il  faut  observer  les 
formalités  de  l'édit,  qui  lasseront  les  bienfaiteurs.  Il  demande 
donc,  pour  lui  et  les  Incurables,  la  faculté  d'acquérir  et  de 
posséder  des  rentes  sur  particuliers,  de  la  même  manière  que  des 
rentes  sur  le  roi  et  sur  les  gens  de  mainmorte.  Dans  le  passé,  la 
multiplication  de  ces  rentes  constituées  sur  particuliers  a  pu 
contribuer  à  l'accroissement  des  biens  possédés  par  les  gens  de 
mainmorte  parce  qu'il  arrivait  souvent,  ainsi  que  le  font  remar- 
quer les  considérants  de  l'édit  de  1749,  qu'ils  trouvaient  le  moyen 
ou  par  la  négligence  des  débiteurs  à  acquitter  les  arrérages  de 
ces  rentes,  ou  par  les  changements  survenus  dans  leur  fortune, 
de  devenir  propriétaires  des  fonds  mêmes  sur  lesquels  elles 
étaient  constituées.  Mais  cette  crainte  est  devenue  chimérique, 
puisque  l'Hôtel-Dieu  pourra,  faute  de  payement,  faire  saisir  les 
fonds  hypothéqués  et  les  faire  vendre  par  décret,  mais  ne  pourra 
plus  s'en  rendre  adjudicataire. 

Un  tempérament  aux  disposititions  de  l'édit  de  1749  fut 
apporté  quelques  années  après,  par  les  déclarations  du  20  juil- 
let 1762  (i)  et  du  26  mai  1774  (2)  qui  ratifièrent,  par  déroga- 
tion à  l'article  17,  les  legs  d'immeubles  faits  aux  hôpitaux  depuis 
1749,  en  «  considération  de  la  faveur  qu'ils  méritent  ».  Seulement 
les  administrateurs  devaient  exiger  des  héritiers  des  donateurs  la 
valeur  des  biens-fonds,  et  se  faire  rembourser  les  rentes  léguées 


(i)   Cette  déclaration,  qui  figure  dans  Merlin,  ne  fut  enregistrée  ni  à  Paris  ni 
(2)  Isambert,  o.  c,  XXIII,  9. 


LES    REVENUS 


99 


ou  données,  quand  même  elles  auraient  été  stipulées  non  rache- 
tables.  Faute  de  cette  formalité  dans  le  délai  d'un  an,  ces  biens 
pouvaient  être  confisqués  par  le  domaine.  Quant  à  Targent 
que  ces  opérations  devaient  rendre  disponible,  les  hôpitaux 
étaient  engagés  à  le  placer  provisoirement,  à  partir  de  25o  livres, 
entre  les  mains  des  receveurs  des  tailles  et  autres  receveurs  des 
deniers  publics,  qui  devaient  l'accepter  au  denier  25.  A  travers 
ces  mesures,  c'est  toujours  la  mainmorte  que  le  gouvernement 
cherchait  à  atteindre. 

L'édit  de  1749  avait  posé  la  question  de  savoir  si  les  biens  des 
hôpitaux  étaient  biens  laïcs  ou  ecclésiastiques  (i).  Elle  avait 
son  importance  en  présence  des  prérogatives  du  pouvoir  royal  sur 
les  biens  d'église,  et  du  droit  qu'il  s'était  réservé  ci'unir  les  biens 
de  certains  établissements  charitables,  détournés  de  leur  but,  à 
d'autres  établissements  (2).  Mais,  à  la  fin  du  xviii'^  siècle,  une  ques- 
tion autrement  grave  se  posa,  sous  l'influence  de  l'évolution  des 
doctrines  du  droit  public,  à  savoir  si  les  biens  des  hôpitaux  étaient 
biens  d'État,  c'est-à-dire  si  le  roi  pouvait,  non  seulement  en 
contrôler  l'emploi,  mais  en  disposer. 

A  vrai  dire,  dès  le  xvi«  siècle,  on  avait  vu  le  pouvoir  central 
mettre  la  main  sur  les  biens  hospitaliers  comme  sur  le  temporel  du 
clergé  (3).  Mais  c'était  un  pur  expédient  qui  ne  s'appuyait  pas  en- 
core sur  une  théorie  nettement  formulée,  tandis  qu'à  la  fin  du 
xviii^  siècle,  Chamousset  (4),  l'abbé  Bandeau  (5),  les  rédacteurs  de 
V Encyclopédie  (6),  donnaient  un  corps  à  cette  doctrine,  d'après 
laquelle  les  biens  des  hôpitaux  n'étaient  que  des  biens  sociaux  et 
pouvaient,  le  cas  échéant,  être  aliénés  au  profit  de  l'Etat.  Or,  il 
n'était  pas  d'idée  qui  puisse  toucher  les  administrateurs  de  l'Hôtel- 
Dieu  plus  que  celle-là.  On  le  vit  bien  en  177g,  lorsque  le  Bureau 
fut  chargé  d'examiner  le  projet  de  lettres  patentes  préparées  par 
Necker,  qui  devaient  paraître  en  janvier  1780  (7),  et  autorisaient  les 
hôpitaux  à  vendre  leurs  biens  pour  liquider  leurs  dettes  et  verser 
le  surplus  dans  la  caisse  des  domaines. 


(i)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  2419,  et  plus  haut,  p.  145. 

(2)  Voy.  les  divers  édits  d'union  au  xvii»  siècle  et  Arcli.  nat.,  se  lie  V"»,  liste  des  mala- 
dreries,  aumôneriesel  autres  lieux  hospitaliers  réunis  aux  Hôtels-Dieu  par  arrêts  du  Con- 
seil privé  de  1694  à  lyoS. 

(3)  Lavisse,  Hist.  de  France,  t.  V,  i'"  partie,  p.  260-261,  et  Picot, //«/o/re  des  Etats 
généraux,  2«  éd.,  t.  II,  p.  387-388. 

(4)  Plan  général  pour  l'administration  des  hôpitaux,  ch.  m  en  particulier. 

(5)  Idées  d'un  citoyen  sur  les  besoins,  les  droits  et  les  devoirs  des  vrais  pauvres; 
Amsterdam-Paris,  1765,  in-8  (2»  partie  notamment). 

(6)  Mots  :  Hôpital,  Fondation. 

(7)  Arch.  nat.,  AD  XIV3  et  Isambert,  0.  c,  XXVI,  p.  267. 


L  HOTEL-DIEU    ATI    XVH"    ET    AU    XYIII^    SIECLE 


Sans  doute  l'Hôiel-Dieu  avait  déjà  été  autorisé,  en  1690  et  en 
1709,  à  vendre  des  biens  en  temps  de  crise,  mais  cette  fois  il  s'agis- 
sait, comme  on  l'a  dit  (i),  «  d'une  mainmise  de  l'État,  sur  une 
portion  des  biens  hospitaliers  dans  un  but  fiscal  ».  Le  législateur 
comptait  sur  «  l'utilité  essentielle  et  permanente  que  l'État  et 
ses  finances  retireront  ainsi  de  l'emploi  de  ces  capitaux  »  ;  il  assu- 
rait d'ailleurs  aux  hôpitaux  d'autres  ressources  et  multipliait  les 
conditions  de  garantie,  pour  calmer  les  inquiétudes  qu'il  allait 
faire  naître.  Les  protestations  du  Bureau  furent  très  fermes  ; 
il  arrêta  à  sa  séance  du  18  août  1779  un  texte  de  «  représen- 
tations »  très  respectueuses  dans  la  forme,  mais  très  vives,  et 
se  refusait  à  entrer  dans  la  discussion  des  articles  relatifs  à 
l'exécution  de  cette  mesure. 

Il  ne  manquait  pas  de  mettre  en  avant  la  fameuse  «  volonté  des 
fondateurs  »,  mise  en  brèche  déjà  par  Turgot,  dans  VEncyclo- 
pédie  (2),  et  le  secours  qu'ils  avaient  indirectement  procuré  à 
rÉtat,  en  diminuant  d'autant,  par  leurs  libéralités,  les  dépenses 
auxquelles  il  était  tenu.  Il  faisait  surtout  valoir  que  la  conservation 
des  biens  de  l'Hôtel-Dieu  comme  patrimoine  distinct  devait  être 
regardée  «  comme  inhérente  et  essentielle  »  à  la  conservation  même 
de  l'établissement  ;  que  les  fonds  possédés  en  avaient  assuré  la  sta- 
bilité au  cours  des  siècles,  à  travers  les  guerres  étrangères  et  les 
divisions  intestines  ;  que  l'État,  malgré  toutes  ses  garanties,  n'était 
pas  à  l'abri  de  toute  catastrophe  ;  que  les  immeubles  avaient 
l'avantage  unique,  sur  le  numéraire,  de  décupler  et  même  centupler 
de  valeur  à  la  faveur  de  certaines  circonstances  ou  d'échanges 
habiles  ;  enfin,  faisant  allusion  à  l'Hôpital  général,  qui  avait 
approuvé  le  projet  d'édit,  il  indiquait  que,  ne  se  trouvant  point 
dans  la  situation  de  ces  hôpitaux  ayant  la  charge  de  sujets  que 
l'État  leur  confie,  possédant  peu  d'immeubles  et  criblés  de  dettes, 
il  ne  pouvait  qu'être  compromis  dans  son  existence  même  si  les 
dispositions  de  l'édit  étaient  adoptées. 

Elles  furent  adoptées,  mais  non  exécutées  (3);  l'idée  cependant 
demeurait.  Neuf  ans  après,  la  Constituante  invoquait  l'édit 
de  1780  comme  un  précédent  de  la  nationalisation  des  biens  des 
hôpitaux,  et  proclamait  la  confusion  du  patrimoine  hospitalier 
et  du  domaine  de  l'État,  contre  lequel  luttait  avec  ardeur  l'Hôtel- 


(i)  Voy.  Blocli,  O.C.,  p.  3io.  Voy.  aussi  P.  Avril,  les  Origines  de  la  distinction  des  éta- 
blissements publics  et  des  établissements  d'utilité  publique;  Paris,   1900,  in-8">,  p.  89. 

(2)  Voy.  aussi  Fréminville,  Traité  historique  des  dîmes  ;  Paris,  in- 12,  p.  297-300,  pré- 
tendant que  les  biens  des  fondations  sans  objet  rentrent  dans  le  domaine  royal. 

(3)  Voy.  S.  de  EsAMmonl,  Jurisprjidence  des  rentes  ou  code  des  re>!//ers;  Paris,  Méqui- 
gnon,  1734,  in-8,  p.  i63  et  suiv.,  et  Necker,  Administration  des  Jinances,  t.  III,  p.    179. 


LES    RKVKNUS 


Dieu,  représentant  en  matière  financière,  comme  en  matière 
administrative,  la  tradition  et  l'autonomie. 

L'Hôtel-Dieu  fit,  en  1784,  une  opposition  aussi  vive  au  projet 
de  conversion  des  exemptions  de  droits  en  un  abonnement  annuel. 
Une  lettre  fut  adressée  au  contrôleur  général  pour  lui  exposer  les 
objections  qui  s'opposaient  à  cette  mesure  (i),  notamment  les  pertes 
que  produirait  une  augmentation  éventuelle  des  droits  d'entrée, 
ou  bien  l'augmentation  des  consommations  et  du  prix  des  denrées. 

L'Hôpital  général  consulté  était  opposé  également  à  cette 
mesure  (2).  Le  gouvernement,  après  diverses  hésitations,  mais 
finalement  pressé  par  le  besoin  d'argent,  supprima,  par  arrêt  du 
3i  mai  1788  les  exemptions  de  droit  d'entrée  et  de  franc-salé 
pour  l'Hôtel-Dieu  ,  l'Hôpital  général,  les  Incurables  et  les  Inva- 
lides. C'était  un  pas  vers  la  suppression  des  privilèges  et  le  retour 
au  droit  commun. 

Cependant  les  immunités  en  matière  d'impôt  furent  mainte- 
nues pour  les  hôpitaux  par  arrêt  du  5  juillet  1788  (3),  rendu  à 
la  requête  de  l'assemblée  du  clergé.  Une  subvention  annuelle 
en  argent  fixée  à  raison  du  nombre  de  personnes  hospitalisées 
dans  chaque  maison  remplaça  les  exemptions  en  nature.  La  part 
de  l'Hôtel-Dieu  fut  de  2 1 2.000  livres  (4).  On  donna,  comme  motif 
apparent  de  cette  mesure,  les  fraudes  constatées  à  l'occasion  de 
ces  franchises.  La  Révolution  arrivait  ;  la  somme  due  à  IHôtel- 
Dieu  ne  fut  jamais  versée. 

Ici  pourrait  s'arrêter  l'histoire  financière  de  l'Hôtel-Dieu.  Ce 
chapitre  pourtant  impose  une  conclusion.  Après  avoir  essayé  de 
dégager  quelles  étaient  les  ressources  et  les  expédients  financiers 
de  l'établissement,  il  importe  de  déterminer,  à  la  veille  de  la  Révo- 
lution, quelle  est  sa  part  dans  l'ensemble  du  budget  de  la  charité, 
de  le  situer  au  milieu  des  autres  œuvres  d'assistance  parisienne. 

La  «  pitié  la  plus  active  remplissait  les  âmes  »,  dit  Lacretelle 
de  cette  période  de  réformes  sociales  (5)  qui  a  précédé  la  chute  de 
l'ancien  régime,  «  ce  que  craignaient  le  plus  les  hommes  opulents, 
c'était  de  passer  pour  insensibles  ».  Et  Taine  qui  cite  ce  passage 
ajoute  (6):  «  L'archevêque  de  Paris,  qu'on  poursuivra  à  coups  de 


(i)  Délib.  17  mars  1784,  reg.  i34,  fol.  i52. 

(2)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  1234,  fol.  333,  355,  376. 

(3)  Isambert,  o.  c,  XXVIII,  p.  599. 

(4)  Arch.  nat.,  F-"*  397.  La  part  de  IHôp.  gén.  fut  de  3o8.ooo  1.  et  celle  des  Invalldt 
de  35o.ooo  1. 

(5)  D.  de  Lacretelle,  Hist.  de  France  Jii  wiii"  siècle,  1808,  6  vol.  in-8»,  V,  2. 

(6)  Ancien  Régime,  éd.  in-12,  II,  i58. 


I,  HOTFL-DIF.r    AU    XVMe    ET    AI"    XV 


pierres,  a  donné  roo.ooo  écus  pour  améliorer  THôtel-Dieu.  L'in- 
tendant Berticr,  qu'on  massacrera,  a  cadastré  TIle-de-France  pour 
égaliser  la  taille,  ce  qui  lui  a  permis  d'en  abaisser  le  taux  d'un 
huitième,  puis  d'un  quart.  Le  financier  Beaujon  bâtit  un  hôpi- 
tal. Necker  refuse  les  appointements  de  sa  place  et  prête  au  Trésor 
2  millions  pour  rétablir  le  crédit.  »  Assurément  la  philanthropie 
éclairée  fait  des  prodiges  pour  parer  à  la  misère  envahissante.  Mais, 
malgré  le  concours  de  tant  de  bonnes  volontés,  la  détresse  du 
Trésor  public  engloutit  tout.  Ne  voit-on  pas,  en  1788,  le  ministre 
de  Loménie  prendre  et  dépenser  les  fonds  de  la  souscription 
faite  en  faveur  des  hospices?  Il  faut  enfin  envisager  la  proportion 
énorme  des  indigents,  118.784  sur  65o.ooo  habitants  en  1791, 
suivant  le  chiffre  donné  par  Levasseur  (i).  En  face  de  cette 
armée  de  la  misère,  quels  sont  les  fonds  dont  dispose  le  gouverne- 
ment et  les  œuvres  privées,  quel  est  en  un  mot  le  budget  de  la 
charité  à  Paris? 

Les  aumônes  du  roi,  au  svni<^  siècle,  se  faisaient,  sous  l'autorité 
nominale  du  grand  aumônier,  par  l'entremise  d'un  fonctionnaire 
spécial,  le  trésorier  général  des  offrandes  et  aumônes  du  roi, 
dont  l'emploi  fut  supprimé,  en  1779,  sur  le  papier  seulement,  cor 
il  fut  maintenu  en  fonctions,  et  reparut  sous  le  titre  d'adminis- 
trateur particulier  et  payeur  des  chapelles,  oratoires,  aumônes, 
bonnes  œuvres  et  dévotions  du  roi  (2).  Les  pauvres  des  fau- 
bourgs de  Paris  recevaient  tous  les  ans  84.000  livres  (168.000  ir.\ 
D'autre  part,  le  roi  faisait  à  1 1  pauvres,  sur  la  dépense  ordinaire 
de  sa  maison,  une  rente  de  5  I.  12  s.  par  jour  (10  fr.).  Enfin  les 
pauvres  honteu.x;  de  Paris  et  des  hôpitaux  recevaient  6.000  livres 
(12.000  fr.)  (3). 

L'archevêque  donnait  l'aumône  aux  indigents  quand  il  officiait 
à  Notre-Dame.  Barbier  (4)  prétend  qu'il  y  en  avait  parfois  plus  de 
1 .000  réunis  dans  la  cour  de  l'archevêché  du  temps  de  Christophe 
de  Beaumont,  et  que  la  police  interdit  ce  «  trafic  ». 

Le  Chapitre,  qui  distribuait  d'abord  des  rations  de  pain  aux 
portes  du  cloître,  avait  remplacé  ces  distributions  par  un  versement 
de   882  livres  au   Grand   Bureau  des  pauvres.    En    1788,  il  vota 


(1)  E.  Levasseur,  la  Population  française,  t.  III,  p.  i25  n.,  Paris,  1892. 

(2)  11  se  faisait  aussi  à  Fontainebleau  des  distributions  aux  pauvres  directement  par 
l'entremise  du  curé  de  la  paroisse  royale  de  Saint-Louis,  ainsi  qu'à  Versailles  à  l'Infirmerie 
royale. 

(3)  Arch.  nat.,  0<  730.  Voy.  aussi  Etat  des  secours  fournis  par  le  gouvernement, 
d'après  Necker,  cité  par  Bloch,  0.  c.»  p.  3i5. 

(4)  Journal,  VII,  222. 


LES    REVENUS  2o3 


?o.ooo  livres  pour  la  souscription  en  faveur  des  nouveaux  hôpi- 
taux fi]. 

Les  communaute's  religieuses  donnaient  au  curé,  dans  la  plu- 
part des  paroisses,  pour  le  pain  des  pauvres,  une  somme  (2)  qui 
s'élevait  vers  le  milieu  du  xviii^  siècle  à  28.296  livres  (^3).  La  paroisse 
Saint-Médard  jouissait  de  2  lits  aux  Hospitalières  de  la  rue 
Mouffetard,  lesquelles  distribuaient  2.496  livres.  Outre  les  som- 
mes ainsi  consacrées  à  la  charité  paroissiale,  des  communautés 
donnaient  chez  elles  du  pain  (4;,  les  unes  à  des  pauvres  connus 
d'elles,  formant  une  clientèle  pour  laquelle  nous  n'avons  aucune 
espèce  d'évaluation,  les  autres  au  malheureux  qui  se  présentait,  quel 
qu'il  fût  ;  pour  cette  dernière  catégorie,  nous  possédons  une  éva- 
luation en  argent  dont  le  total  s'élève  à  14.532  1.  16  s.  Certains 
ordres  se  montraient  généreux,  comme  les  Chartreux;  d'autres 
Tétaient  beaucoup  moins  ou  réservaient  leurs  charités  pour  leurs 
oeuvres  particulières  ;  ainsi  les  Célestinsqui  donnaient  aux  écoliers 
pauvres,  les  Miramiones  qui  dépensaient  1.200  livres  en  remèdes 
gratuits,  Saint-Martin-des-Champs  qui  fournissait  52  setiers  de 
blé  à  l'Hôpital  général,  l'Oratoire,  Saint-Lazare,  le  séminaire  de 
Saint-Sulpice  qui  se  réservaient  pour  les  familles  connues  d'eux; 
ajoutons  que  les  Chartreux  donnaient  également  une  somme 
importante  aux  écoliers  pauvres. 

Le  rôle  et  l'organisation  des  Compagnies  paroissiales  de  charité 
est  assez  bien  connu  par  des  publications  récentes.  Plus  rares 
sont  les  documents  qui  nous  permettent  d'apprécier  et  de  préciser 
leurs  ressources,  ce  que  Ton  appelait  alors  les  biens  des  indigents. 
Les  contributions  volontaires  des  membres,  et  en  particulier  le 
coffret  à  aumônes  que  l'on  déposait  à  chaque  assemblée  sur  la 
table  du  président,  et  dans  lequel  chacun  en  sortant  devait  déposer 
son  obole,  constituaient  le  principal  de  leurs  revenus;  il  faut  y 
ajouter  les  offrandes,  soit  en  argent,  soit  en  nature,  des  personnes 
étrangères  aux  Compagnies.  Car,  outre  les  dons  en  argent 
distribués  aux  pauvres  honteux  et  aux  ménages,  les  Compagnies 
pratiquaient  l'assistance  aux  malades,  au  moyen  de  médicaments, 
de  nourriture,  de  potages,  etc. 

(i)  J.  Mearet, /e  Chapitre  de  Notre-Dame  en  rjQo;  Paris,  in-8,  p.  i?4. 

(2)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  1589,  fol.  i  et  g. 

(3)  Les  curés  recevaient  à  Sainte-Marguerite  2.712  1.,  à  Saint-Faul,  2.160  1.,  à  Saint- 
Jean-en-Grève,  1.080  1.,  à  Saint-Nicolas-du-CIiardonnet,  3. 600  1.,  à  Saint-Hippolyte,  384I., 
à  Saint-Eticnne-du-Mont,  672  1.,  à  !>aint-André-des-Arcs,  676  1.,  à  Saint-Séverin,  7.200  1., 
à  Saint-Sulpice,  5.976  1.,  à  Saint-Eustaclie,  28  1.,  à  Saint-Roeh,  1.968  I.,  à  la  Madeleine, 
720  1.,  à  Saint-Laurent,  576  1.,  à  Saint-Jacques-du-Haut-Pas^  384  1. 

(4)  Sur  les  aumônes  des  communautés  à  Paris  et  dans  les  provinces,  voy.  Taine,  Ancien 
Régime,  éd.  in. 12,  t.  I,  p.  52-54- 


204  LHOTEL-DIKr    AU    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIKCLE 

Les  indigents  des  paroisses  possédaient,  soit  des  rentes  (i  ,  soit 
des  immeubles.  En  1733,  les  pauvres  de  la  paroisse  Sainte- 
Marguerite  achètent  à  la  duchesse  de  Rohan-Chabot  trois 
maisons  et  une  place  à  bâtir  rue  Saint-Bernard  pour  la  somme  de 
40.000  livres  (2)  qui  furent  payées  en  partie  comptant  par  le  curé 
J.-B.  Goy. 

Parmi  ces  Compagnies  paroissiales,  les  plus  importantes  et  les 
plus  actives  sont  celle  des  Quinze-Jours,  de  la  paroisse  Saint- 
Eustache,  pour  le  rétablissement  des  pauvres  honteux  valides,  qui 
donne  d'abord  6  livres,  mais  va  quelquefois,  après  délibération  et 
deuxième  visite,  jusqu'à  5o  livres  ;  celle  du  Bon-Secours,  dans 
la  même  paroisse,  pour  le  soulagement  et  l'assistance  des  pauvres 
honteux  malades,  employant  9  médecins,  2  chirurgiens,  5  sœurs 
de  charité  distribuant  des  remèdes,  du  linge,  des  aliments,  et 
dont  les  ressources  se  composent  de  rentes,  de  loyers  de  maisons, 
de  dons,  de  revenus  de  fondations,  de  quêtes  qui  se  font  pendant 
la  quinzaine  de  Pâques  et  de  subsides  du  curé  ;  celle  de  Sainte- 
Agnès,  qui  réserve  ses  aumônes  aux  nouveaux  convertis  ayant 
abjuré  à  Saint-Eustache  et  bénéficiant  toutes  les  six  semaines 
de  12,  i5  et  18  livres,  en  dehors  de  l'aumône  que  le  roi  fait 
distribuer  une  fois  l'an  aux  nouveaux  convertis  (3).  A  Saint- 
Roch  (4),  à  Saint-Sulpice,  dans  la  plupart  des  grandes  paroisses, 
on  trouve  des  œuvres  semblables.  A  Saint-Sulpice,  la  dépense 
s'élève  à  environ  3o.ooo  livres  par  an,  seulement  pour  les 
malades  (5);  à  Saint-Roch  la  dépense  par  tête  de  malade  monte 
à  i5  sous  en  été  et  à  17  à  18  sous  en  hiver.  Aussi  Duquesnoy, 
dans  son  Rapport  sur  les  secours  à  domicile  de  l'an  XI,  ne  craint 
pas  d'affirmer  qu'à  Paris,  avant  1789,  les  secours  publics  étaient 
immenses  et  variés  sous  toutes  les  formes  (6). 

Les  prisonniers,  comme  les  indigents  des  paroisses,  avaient 
une  caisse;  leur  revenu  est  estimé  à  8.178  1,  i  s.  6  d.  en  1748 
(23.307  fr.;,  mais  sur  cette  somme,  déduction  faite  des  frais 
divers,    il    n'en   allait  que  3.538    1.  7  s.  9  d.  aux  intéressés   (7). 

(1)  Par  exemple,  Saint-Marcel,  Saint-Ja.ques-du-Haut-Pas.  (Arcli.  nat.,  S  3371.) 

(2)  Arch.  A.  P.,  nouvelle  série,  n°  8. 
l3)  Alletz,  o.  c,  p.  243  et  suiv. 

(4)  Idées  sur  les  secours  à  donner  aux  pauvres  malades  dans  une  grande  ville,  in-8», 
p.  64,  Paris,  1786. 

(5)  Le  budget  total  des  œuvres  de  bienfaisance  de  la  paroisse  s'élève  à  143. 6o5  1. 
en  i778-i779,et  154.000  1.  en  1780-1781.  Voy.  Faydit  deTerssac,  Ordre  d'administration 
pour  le  soulagement  des  pauvres  de  la  paroisse  Saint-Sulpice  ;  Paris,  Crapart,  1777-1778, 
2  tomes  en  i  vol.  in-12. 

(6)  Rapports  au  Conseil  d'administration  des  hospices  civils,  in-4'',  Paris,  fructidor 
an  XI,  p.  1 1. 

(7)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  i3o4,  fol.  17.  Etat  des  revenus  des  prisonniers  (1776-1779). 


LF.S    RF.VFNUS 


Dans  ce  revenu  se  trouvaient  comprises  54  livres  paye'es  par 
THôtel-Dieu  sur  la  fondation  F'orget  et  200  livres  sur  le  legs 
de  Beaulieu. 

Nous  ne  comptons  pas  dans  cette  cnumcration  les  secours 
extraordinaires  accordés  pendant  les  années  d'épidémie  ou  d'inon- 
dation, par  exemple  en  1784.  «  Aucun  prince,  dit  Taine  en  parlant 
de  Louis  XVI  (i),  n'a  été  plus  humain,  plus  charitable,  plus  préoc- 
cupé des  malheureux.,..  On  s'adresse  à  lui,  même  pour  les  acci- 
dents privés....  Pendant  un  hiver  rigoureux,  il  laisse  chaque  jour 
les  pauvres  envahir  ses  cuisines.  Très  probablement  il  est, 
après  Turgot,  l'homme  de  son  temps  qui  a  le  plus  aimé  le 
peuple  (2).  » 

Ajoutons  la  distribution  des  remèdes,  très  en  faveur  depuis  la 
tin  du  xvii«  siècle  (3)  ;  ils  étaient  composés  à  Paris  par  des  méde- 
cins charitables  et  approuvés  par  le  médecin  du  roi;  toutes  les 
œuvres  de  charité  du  royaume  pouvaient  en  profiter.  Il  se  faisait 
d'autre  part  au  Jardin  royal  de  botanique  (Jardin  des  plantes)  des 
distributions  de  simples  pour  les  pauvres  des  paroisses  pari- 
siennes (4). 

Il  y  a  encore  d'autres  essais  d'organisation  de  charité  privée  :  la 
Société  de  charité  maternelle,  créée  par  la  fille  d'un  adminis- 
trateur de  l'Hôpital  général,  M'"^  Fougeret,  née  d'Outremont,  en 
1788  (5),  était  placée  sous  la  protection  directe  du  roi  et  de  la  reine 
qui  avait  accepté  le  titre  de  fondatrice  ;  elle  secourait  les  enfants 
légitimes  en  les  préservant  de  l'abandon  et  déchargeait  non  seule- 
ment l'hôpital  des  Enfants-Trouvés,  mais  encore  l'ofiice  des 
accouchées  de  THôtel-Dieu,  en  favorisant  les  accouchements  à 
domicile;  son  budget  était  assez  important  ;  elle  avait  obtenu 
24.000  livres  sur  les  produits  de  la  loterie  royale  et  recevait  des 
dons,  outre  les  souscriptions  fixées  uniformément  à  4  livres,  ce  qui 


(i)  Ancien  Régime,  éd.  in-12,  t.  II,  p.  160. 

12)  Voy.  Arch.  nat.,  H  1.118,  1419.  Secours  à  diverses  provinces  et  localilcs  maliieu- 
reuses. 

('3|  Ces  remèdes  furent  recommandés  comme  très  excellents  par  l'Assemblée  générale  (iu 
clergé  de  France  de  1670.  (Voy.  la  direction  et  le  secours  des  pauvres  de  la  campagne 
réglés  et  secourus  par  les  aumônes  volontaires  des  habitants,  p.  46,  47,  Bibl.  nat.,  R-' 
199-208.) 

(4)  Décret  de  l'Assemblée  nationale  déclarant  qu'il  ne  sera  plus  distribué  de  drogues  au 
Jardin  des  plantes  pour  les  pauvres  des  paroisses  de  Paris.  (10  sept.  1790.)  (Arch.  nat.,  C  44, 
n»  408.) 

(5)  Ses  statuts  ne  datent  que  de  1789.  Les  réunions  avaient  lieu  aux  Enfants-Trouvés. 
Elle  était  administrée  par  un  comité  de  dames  bienfaitrices,  parmi  lesquelles  se  trouvaient 
Mme  Necker,  la  marquise  de  Lafayette,  la  duchesse  de  Duras,  M""*  Lavoisier,  etc.  (Voy.  Bibl. 
V.  de  P.,  2»  registre  de  délibérations,  14  janv.  1790-26  mars  1793,  mss  non  coté:  Arch. 
nat.,  AD  XIV,  12,  Compte  des  6  premiers  mois,  et  Gille,  la  Société  de  Charité  maternelle 
de  Paris:  Paris,  1887,  in-8».) 


206  r/HOTF.r.-niEC    au    XVIie    F.T    au    XVIIie    SIECLE 

lui  permeiiait  de  donner  des  secours  de  192  livres,  dont  18  livres 
pour  les  couches  de  la  mère,  20  livres  pour  la  layeite,  une  pension 
mensuelle  de  8  livres  jusqu'à  un  an,  de  4  livres  entre  un  an  et 
2  ans,  une  robe  de  10  livres. —  La  Maison  philanthropique,  créée 
en  1780  (i),  comprenait  dans  son  conseil  d'administration  des 
gens  de  haute  noblesse  et  avait  également  le  roi  pour  protecteur  ; 
elle  possédait  un  budget  important,  grâce  à  la  cotisation  annuelle 
de  4  louis  des  membres  qui  étaient  au  nombre  de  633  en  1787,  au 
droit  d'admission  de  2  louis  imposé  à  tous,  et  aux  dons  et 
aumônes  des  particuliers  qu'elle  fut  chargée  de  centraliser  pendan  t 
le  grand  hiver  de  1788,  où  elle  put  secourir  i.5oo  pauvres  (2).  — 
L'Association  de  bienfaisance  judiciaire,  fondée  par  l'avocat 
Boucher  d'Argis,  fils  du  jurisconsulte,  encouragée  également  par 
le  roi,  et  dont  les  membres  payaient  une  cotisation  annuelle 
de  48  livres,  était  d'une  sphère  d'action  beaucoup  plus  res- 
treinte '3:. 

C'est  l'époque  où  Beaumarchais  projette  d'installer,  dans  son 
logis  de  la  rue  Vieille-du-Temple,  l'hôtel  de  Hollande  (4), 
un  institut  de  bienfaisance  au  profit  des  mères  nourrices, 
dont  il  expose  le  plan  dans  une  lettre  aux  auteurs  du  Journal  de 
Paris  (i  3  août  1784]:  «  Je  propose  un  institut  de  bienfaisance  vers 
lequel  toute  femme  reconnue  pauvre,  inscrite  à  sa  paroisse,  puisse 
venir,  son  enfant  au  sein,  avec  l'attestation  du  curé,  vous  dire:  Je 
suis  mère  et  nourrice,  je  gagnais  vingt  sous  par  jour,  mon  enfant 
m'en  fait  perdre  douze.  Vingt  sous  par  jour  font  trente  livres  par 
mois:  offrons  à  cette  nourrice  neuf  livres  de  charité;  les  neuf 
livres  que  son  mari  ne  donne  plus  à  l'étrangère,  en  voilà  dix-huit 
de  rentrées.  La  mère  aura  bien  peu  de  courage  si  elle  ne  gagne  pas 
huit  sous  par  jour  en  allaitant:  voilà  trente  livres  retrouvées.  Mais 
où  est  donc  le  bénéfice?  Sur  cent  pauvres  enfants  qui  naissent,  le 
nourrissage  étranger  en  emporte  soixante,  le  maternel  en  conser- 
vera quatre-vingt-dix.  Chaque  mère  aura  nourri  son  fils  ;   le  père 


|i)  Pcan  de  Saiat-Gilles,  la  Maison  philanthropique  de  Paris,  histoire  de  i  lo  ans 
(1780-18901;  Paris,  1892,  in-i2<'  ;  —  Calendrier  philanthropique,  publié  par  la  Société, 
(années  1786,  1787,  1789)  ;  — Encycl.  méthod.  Jurisprudence,  X,  au  mot  :  Société,  comptes 
de  la  maison  pour  1788. 

(2)  Elle  reçut,  en  1788,  12.000  1.  du  roi,  20.000  1.  de  la  Compagnie  des  Indes,  5.oool. 
de  la  Caisse  d'escompte. 

(3)  André-Jean-Baptiste  Boucher  d'Argis  (1750-1794),  conseiller  au  Ciiàtelet  de 
Paris,  De  la  Bienfaisance  dans  l'ordre  judiciaire  ;  Londres-Paris,  1788,  in-S»,  71  p.,  et 
Ferdinand-Dreyfus,  l'Association  de  bienfaisance  judiciaire  (1787-91),  dans  Rév.  fr., 
14  mai  1904. 

(4)  Sur  l'hôtel  de  Hollande,  voy.  Ch.  Sellier,  Anciens  Hôtels  de  Paris;  Paris,  1910, 
in-S",  p.  93-i3o.  Beaumarchais  l'avait  loué  par  bail  du  9  oct.  1776  au  pri.x  annuel 
de  6.600  1. 


207 


n'ira  plus  en  prison  (pour  mois  de  nourrices  non  payés]  ;  ses  tra- 
vaux ne  cesseront  plus.  Les  femmes  des  pauvres  seront  moins 
libertines,  plus  attachées  à  leurs  ménages:  peu  à  peu  on  se  fera 
une  honte  d'envoyer  au  loin  ses  enfants  :  la  nature,  les  mœurs,  la 
patrie  y  gagneront  également.  Soldats,  ouvriers  et  matelots  en 
sortiront  de  toutes  parts.  On  ne  fera  pas  plus  d"enfants  ;  il  s'en  élè- 
vera davantage.  Voilà  le  mot  :  il  est  bien  important.  Et  moi  donc, 
n'y  mettrai-j'e  rien  ?  Quand  je  devrais  encore  être  traité  d'homme 
vain,  d'ignorant,  de  méchant  et  de  sot  auteur,  j'y  mettrai  tout  mon 
Figaro  ;  c'est  de  l'argent  qui  m'appartient,  que  j'ai  gagné  par  mon 
labeur  à  travers  des  torrents  d'injures  imprimées  ou  épistolaires.  » 
La  Comédie-Française,  imitant  ce  zèle,  consentit  à  consacrer  à 
celte  œuvre  philanthropique  le  produit  de  la  So"  représentation  du 
Mariage  de  Figaro.  Pourtant  l'entreprise  ne  paraît  pas  avoir  pros- 
péré. La  seule  mention  qu'on  en  trouve,  dans  VEtat  actuel  de  Paris 
de  Watin,  de  1788  à  1790,  porte  a  la  rue  Vieille-du-Temple  : 
«  Hôtel  de  Hollande.  Projet  des  mères  nourrices  par  M.  Caron  de 
Beaumarchais  et  dame  son  épouse.  »  Du  moins  elle  fut  acceptée  à 
Lyon  avec  faveur  par  l'archevêque,  M.  de  Montazet,  qui  fonda 
l'Institut  de  bienfaisance  maternelle,  à  qui  Beaumarchais  envoyait 
encore  en  1790  une  somme  de  6.000  livres  (^i). 

Il  faudrait  ajouter  l'argent  distribué  par  l'entremise  des  loges 
maçonniques  qui  se  multipliaient,  etoùles  sentiments  de  fraternité 
conviaient  à  l'assistance  du  prochain.  «  Le  but  que  nous  poursui- 
vons, dit  une  circulaire  officielle  du  Grand-Orient,  datée  de  1 776  (2), 
consiste  à  établir  entre  tous  nos  prosélytes  une  communication 
active  de  sentiments  de  fraternité  et  de  secours  en  tout  genre  ; 
à  faire  revivre  les  vertus  sociales,  à  en  rappeler  la  pratique, 
entin  à  rendre  notre  association  utile  à  chacun  des  individus 
qui  la  composent,  utile  à  l'humanité  même.  »  En  1787,  à 
la  suite  de  l'arrêt  du  22  juin  approuvant  la  fondation  de  4  nou- 
veaux hôpitaux,  le  Grand-Orient  envoya  une  circulaire  aux 
loges  maçonniques  pour  les  inviter  à  participer  à  la  souscrip- 
tion publique,  qui  devait  atteindre,  en  quelques  mois,  2  millions 
de  livres  (3). 


(il  L.  de  Loménie,  Beaumarchais  et  son  temps:  Paris,  i856,  2  vol.  in-8",  t.  II,  p.  36i. 
Citons  encore  comme  exemple  de  charité  privée  celle  du  médecin  Brayer,  rapportée  par 
Mercier  (IV,  80),  qui  tous  les  premiers  jours  du  mois  portait  en  caciiette  à  son  curé  pour 
les  pauvres  honteux  de  sa  paroisse  un  sac  de  i.ooo  1.,  ce  qu'illil  pondant  i5  années  consécu- 
tives. En  1778,  le  Journal  de  Paris,  devenu  «  le  héraut»  des  iufortunes  privées,  avait 
ouvert  une  rubrique  :  «  de  la  bienfaisance  ». 

(2)  Citée  par  Ch.  Bernardin,  Ilisl.  de  la  Fr.-.\Iaç.  ;  Xancy,  1910,  in-8»,  p.  42. 

(3j  L.  Lallemand,  o.  c,  t.  IV,  i'»  partie,  1910,  p.  483. 


208  I.'HOTEL-Dir.r    AV    XVIIf    ET   AU    XVIII«    SIIXLE 

Arrivons  maintenant  aux  hôpitaux.  Nous  possédons  une  éva- 
luation de  leur  revenu  annuel  pour  Tannée  1754  (i   : 

livres 

Hôtel-Dieu 3.004.500. 

Petites-Maisons  et  Grand  Bureau  des  pauvres.  .    .  1.060.000 

Trinité Sao.ooo 

Incurables    i.i35.ooo 

Enfants-Trouvés i  .o36.ooo 

Charité 3 13.640 

Hôpital  des  convaiescent-s 32  000 

,  Quinze-Vingts 392.000 

Miséricorde 167.000 

Saint-Esprit  et  Enfants-Rouges i5o.ooo 

Hospitalières  rue  Mouffetard \ 

—  place  Royale f  ^ 

c^   ■        r-    ,      ■  }         060.000 

—  Sainte-Catherine ( 

—  Saint-Gervais 

Total !S.  580.340 

Dans  cette  évaluation,  les  quêtes  comptent  pour  640.000  livres 
à  l'Hôtel-Dieu  et  36. 000  livres  à  la  Charité  ;  les  remboursements 
de  frais  de  séjour  des  malades  de  l'Hôpital  général  à  THôtel-Dieu, 
pour  go. 000  livres,  et  celui  des  gardes-françaises  ou  suisses  par 
le  trésorier  des  guerres,  pour  i2.5oo  livres  à  THôtel-Dieu  et 
7.640  livres  à  la  Charité. 

Si  nous  comparons  ces  chiffres  avec  ceux  qui  sont  fournis  par 
le  Comité  de  mendicité,  et  publiés  en  annexe  du  Rapport  sur  la 
nouvelle  distribution  des  secours  proposés  dans  le  département  de 
Paris,  en  1791  (2),  nous  constatons  une  baisse  énorme.  Voici  d'ail- 
leurs ce  tableau,  qui  comprend  d'autres  établissements: 


(i)  Bibl.  liist.  V.  de  P.,  ms.  18937,  «  Mémoires  concernant  les  hôpitaux  de  la  Ville  de 
Paris  et  des  maisons  de  force  du  royaume  ».  Le  titre  porte  faussement  l'indication  1743  il 
s'agit,  comme  le  prouve  le  te.xte,  de  l'année  1734.  Le  i"  vol.  manque.  Le  même,  complet, 
se  trouve  à  la  Bibl.  du  Sénat,  ms.  948. 

(2)  Paris,  Impr.  nat.,  p.  34. 


LKS    RFsVKNTS 


ÎO9 


ÉTABLISSEMENTS 

REVENUS 

NOMBRE 

ir.vssiSTÉs 

Hotel-Dieu " 

livres 

1 .3oo.oot) 

3.600.000 

I  .000.000 

400.000 

200.000 

34.000 

24.000 
3o.ooo 
42.000 
3o.ooo 
43.000 
16.000 
33.000 
35o.ooo 
52.000 
24.000 
10.000 
3 6. 000 

2.5(io 

10.000 

1 3 . 000 

426 

208 

22 

16 

128 
22 
20 
16 
43 

376 

Hôpital  des  convalescents 

Maison    royale   de   Santé    (La   Roche- 
foucauld) .....       

Hôpital  de  Charenton                       .    .    . 

Hospice  Saint-Sulpice  (Necker)  .... 
Hospitalières  place  Royale 

—  de  la  Roquette 

—  Saint-Mandé 

—  rue  Mouffetard    ...... 

Petites-Maisons  et  Trinité 

Taxe  des  pauvres  du  Grand  Bureau  .   . 
Hospice  des  écoles  de  chirurgie.   .    .    . 
Hospice  Saint-Jacques  (Cochin).    .    .    . 

Totaux 

7.226.000 

28.789 

Une  note  ajoute  :  «  Il  existe  encore  beaucoup  de  maisons  dont  le 
Comité  n'a  pas  pu  se  procurer  les  revenus.  Il  est  assuré  qu'avec  les 
charités  fondées  le  revenu  total  excédait  8.000.000  de  livres.  «  Le 
Comité  avait  au  moins  essayé  de  faire  dresser  le  tableau  de  ces 
fondations  ;  il  se  trouve  actuellement  aux  Archives  nationales, 
accompagné  d'une  lettre  d'envoi  de  la  municipalité  de  Paris 
département  des  établissements  publics)  du  28  février  1791  aux 
administrateurs  du  Bureau  de  l'Agence  générale  des  biens  natio- 
naux pour  leur  demander  de  le  vérifier  et  de  le  compléter  (i).  Cet 
état  comprend  trois  hôpitaux  qui  ne  sont  pas  portés  sur  la 
liste  imprimée  du  rapport  du  Comité,  les  Quinze-Vingts,  avec  une 
dotation  de  i5o.ooo  livres,  l'hôpital  Saint-Jacques,  44.000  livres, 
et  l'hôpital  Saint-Anastase  et  Saint-Gervais,  36. 000  livres.  Il  faut 
noter  également  que  le  revenu  des  établissements  d'hospitalières 
est  marqué  pour  une  somme  supérieure  à  celle  qui  est  portée  sur 
l'état  imprimé  ;  ainsi  les  Hospitalières  de  la  rue  Mouffetard  figurent 
pour  62.000  livres.  Cette  liste  comprend  aussi  les  orphelinats  et 
les  refuges. 


(1)  Arcli.  nai 


.,  S  7o3i-7o52 


2IO  L  HOTF,T,-l)IEU    AU    XVII"    ET    AU    XVIIF    SIKCLF. 

Ainsi  mis  à  sa  place,  au  milieu  des  institutions  d'assistance  qui 
se  sont  développées  de  tous  côtés,  THôtel-Dieu  ne  nous  apparaît 
plus  comme  un  établissement  privilégié,  mais  comme  un  rouage 
d'une  machine  déjà  complexe.  Non  seulement  beaucoup  de 
choses  se  font  en  dehors  de  lui,  mais  l'activité  charitable  se  porte 
résolunient  à  d'autres  œuvres.  Si  nous  avons  pu  montrer,  comme 
conclusion  de  notre  premier  chapitre,  une  sorte  de  rayonnement 
moral  dû  à  son  antique  renom,  nous  sommes  obligés,  comme  abou- 
tissement de  cette  seconde  étude,  de  constater  un  déficit  et  un 
désordre  croissants  dans  ses  finances.  Institution  vieillie,  à  l'étroit 
dans  son  domaine,  il  nous  apparaît  sur  le  point  de  faillir  à  sa 
mission.  Il  serait  inexact  de  dire,  avec  beaucoup,  que  la  Révolu- 
tion l'a  ruine.  Il  marchait  déjà  à  la  banqueroute. 


CHAPITRE  m 


LES    BATIMENTS 


PROJETS  d'agrandissement  AU  XVI»  SIÈCLE. —  1"  RECONSTRUCTION  DES  SALLKS 
(l6lO)l —  3°  CONSTRUCTION  DE  SAINT-LOUIS. —  4°  LES  MAISONS  DE  SANTÉ  SAINT- 
MARCEL  ET  SAINTE-ANNE. —  5°  RÉPARATIONS  ET  TRANSFORMATIONS  AU  XVII"  SIÈ- 
CLE.—  6»  LA  CHAPELLE. —  7°  LES  CIMETIÈRES  i  Ics  Iiinocents,  la  Trinité, 
Clamart. —  8°  les  constructions  du  xviip  siècle  :  le  bâtiment  Saint-Charles 
(1714-1719),  les  greniers  à  blé  (1722),  le  bâtiment  des   archives. —  9°  les 

INCENDIES    DE    17^7^     1742,     1772. 10"    LES   PROJETS  DE  RECONSTRUCTION    A    LA 

VEILLE   DE  LA   RÉVOLUTION. 


Comment  Taniique  hôpital  Saint-Christophe  fut  transformé 
par  Maurice  de  Sully  en  un  nouvel  Hôtel-Dieu,  entre  1 165  et  1 195, 
sur  le  parvis  de  la  cathédrale  réédifiée,  en  même  temps  que  le 
cloître  et  le  palais  épiscopal  ;  comment  les  constructions  primitives, 
c'est-à-dire  la  chapelle  et  la  salle  Saint-Denis  furent  complétées 
au  xiii^  siècle  parla  salle  Saint-Thomas,  vers  1210,  par  celle  de 
rinfirmerie,  entre  1225  et  i25o,  par  la  salle  Neuve  et  la  chapelle 
du  Petit-Pont,  entre  i25o  et  1260,  c'est  ce  que  M.  Coyecque  a 
montré  dans  son  tableau  de  THôtel-Dieu  du  moyen  àge(i),  oeuvre 
de  rÉi^lise,  élevé  au  cœur  de  Paris,  entre  la  Ville  et  l'Université. 

Nous  allons  maintenant  voir  comment  la  Maison-Dieu  du 
moyen  âge,  qui  ne  reçut  jusqu'au  xvi'=  siècle  que  des  accroisse- 
ments secondaires,  s'est  transformée  et  agrandie  de  manière  à 
devenir  l'Hôtel-Dieu  des  xvii'-  et  xviii«  siècles,  ce  monstrueux  édi- 
fice où  s'entassait  une  population  dépassant  parfois  3. 000  âmes; 
comment  l'obligation  de  répondre  aux  besoins  d'une  ville  nouvelle 
a  ramifié  les  bâtiments  qui  poussaient  des  tentacules  de  toutes 
parts  comme  un  -arbre  congestionné,  jusqu'au  jour  où  1  incendie. 

(I)  Coyei;que,  o.  c,  p.   i55  et  sqq. 


I.  HOTEL-DII-  r    AT     XVII''    KT     AT     XVIir    SIIXLK 


puis     la    Révolution,     vinrent    jeter    bas    le     chêne     antique     et 
mémorable. 


PROJETS  D'AGRANDISSEMENT  AU  XVI"^  SIECLE 

Il  faut  remonter  au  début  du  xvi«  siècle  pour  signaler  le  pre- 
mier projet  d'agrandissement  de  THôtel-Dieu  en  présence  de 
l'exiguïté  des  bâtiments  qui  ne  sont  plus  en  rapport  avec  l'accrois- 
sement de  la  capitale. 

A  l'assemblée  du  Bureau  de  la  Ville  du  3o  novembre  i5i5,  la 
question  de  l'agrandissement  de  l'Hôtel-Dieu  fut  agitée,  à  la  suite 
d'une  première  réunion  tenue  dans  la  Chambre  du  Conseil  au 
Palais,  et  où  le  président  Briçonnet,  l'un  des  administrateurs,  prit 
la  parole  pour  démontrer  «  qu'il  estoit  très  requiz  et  necesse^-e,  pour 
le  bien  commun  de  la  Ville  de  Paris  et  frequentans  en  icelle,  de 
pourveoir  de  logeiz  aux  povres  mallades  que  journellement  l'on 
admenoit  de  toutes  pars  en  grant  nombre  à  l'Ostel  Dieu  de  Paris, 
pour  ce  que  le  logeiz  et  demeure  dud.  Hostel  Dieu  est  si  petit  et 
contrainct  que  souventes  fois  convenoit  recevoir  et  loger  indiffe- 
ranment  les  ungs  avecques  les  autres,  tant  attains  de  malladies 
contagieuses,  que  autrement,  qui  estoit  cause  d'abréger  la  vie  à 
plusieurs  et  danger  que,  de  l'infection  qui  en  povoit  venir,  le  péril 
ne  s'estendist  sur  les  habitans  de  la  ville  ». 

Pour  remédier  h  cette  situation,  il  proposa  «  de  faire  ung  pont 
de  pierre  sur  la  rivière  de  Seine  joignant  aud.  Hostel,  sur  lequel 
pont  seroient  faiz  ediffices  et  bastimens  à  deux  estaiges:le  premier 
serviroit  aux  mallades  ordinaires,  et  le  second  à  y  mettre  les 
mallades  contagieux  ».  Pour  l'exécution  de  ce  plan,  on  comptait 
sur  les  aumônes  des  «  bons  et  notables  bourgeois  »,  sur  les 
pardons  et  les  indulgences  du  pape,  et  sur  la  grâce  de  Dieu.  Après 
en  avoir  délibéré,  le  Bureau  conclut  que  «  Teuvre  est  très  cheri- 
tableet  requiert  bien  provision;  toutes  fois  pour  plusieurs  doubles 
d'inconveniens  touchans  le  lieu  predict  de  fonder  bastiment 
dedans  la  rivière  et  dedans  la  ville^  a  esté  dit  que  Mess"^*  de  la 
Ville,  appeliez  avecques  eulx  aucuns  bourgois  et  gens  en  ce 
congnoissans,  se  transporteront  sur  les  lieux  où  l'on  vouldroit 
fonder  led.  eslargissement  pour  les  veoir  et  considérer  si 
d'ediffice  y  seroit  point  préjudiciable»  (i).  On  se  livra  donc 
à    une    enquête     de     commodo    et     incommodo.-   A    l'assemblée 

(i)  Reg.  dcUb.  du  Bureau  de  l.i   Ville,  Paris,  Imp.  nat.,   i883,  in-4<',  t.  I,  p.  226. 


LES    BATIMENTS  2 I 3 

du  4  juin  i5i6,  on  convoqua  le  procureur  géne'ral  du  roi 
en  la  Cour  des  Aides,  le  lieutenant  de  la  Ville,  les  repré- 
sentants des  «maîtres  des  ponts  de  Paris»  et  des  «  marchands 
voituriers  par  eau  ».  Ces  derniers  tirent  des  objections  très 
sérieuses  sur  les  obstacles  que  causeraient  à  la  navigation 
déjà  très  chargée  du  bras  de  Seine  l'établissement  d'un  nou- 
veau pont.  Les  autres  parlèrent  dans  le  même  sens  ;  ils 
reconnurent  la  nécessité  d'agrandir  l'Hôtel-Dieu,  mais  avant 
tout  celle  de  sauvegarder  les  intérêts  de  la  Ville  et  «  de  la 
Marchandise  de  l'eau  ».  L'un  d'eux  indiqua  qu'il  y  avait  à 
l'Hôtel-Dieu  «  les  chambres  du  roi  et  autres  ediffices  qui  à 
présent  ne  servent  de  rien»  (i);  un  autre  proposa  d'acheter 
au  Chapitre  une  maison  située  près  de  l'hôpital,  et  de 
«  se  servir  de  l'ostel  neuf  où  sont  partie  des  grains  de  la 
maison  »,  également  voisin.  Tous  furent  d'accord  pour  em- 
pêcher l'enregistrement  des  lettres  royaulx  impétrées  au  Par- 
lement par  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu.  Le  projet  fut 
rejeté. 

Le  i3  août  iSig,  des  lettres  patentes  signées  par  François  P"" 
permirent  de  construire  près  de  l'hôtel  de  Nesle  et  du  Pré-aux- 
Clercs  une  maison  destinée  aux  pestiférés,  mais,  faute  d'argent,  ce 
projet  n'eut  de  même  aucune  suite    (2). 

En  i532,  la  situation  étant  toujours  aussi  lamentable, 
l'Hôtel-Dieu  obtint  du  Parlement,  par  arrêt  du  i«r  février, 
l'autorisation  d'échanger  la  maison  du  «  Chat  qui  pêche  », 
au  coin  de  la  ruelle  des  Sablons,  du  côté  de  la  rue  du  Petit- 
Pont,  sur  la  rue  du  Marché-Palu,  contre  un  autre  immeuble 
dans  Paris,  pour  la  convertir,  ainsi  qu'une  maison  adjacente, 
propriété  du  Chapitre  de  la  Sainte-Chapelle,  «  en  une  salle 
neufve  pour  y  loger  et  héberger  les  povres  malades  gisans  en 
icelluy  Hostel-Dieu  en  grant  nombre  »  (3).  Cette  dernière 
ne  fut  construite  toutefois  qu'en  i535,  grâce  à  la  généro- 
sité   du  chancelier    et  légat  en   France    du   pape  Clément  VH, 


(1)  11  s'agit  sans  doute  du  «  corps  d'ostel  »  que  Louis  XI  avait  fait  élever  par  maître 
Hébert  en  1470,  et  qu'on  trouve  mentionné  dans  un  acte  du  12  janvier  '4791  «  ces  cliam- 
bres  que  le  feu  Roy  avait  fait  faire  »,  et  qui  en  effet  ne  servirent  jamais  à  rien.  (Coyecque, 
o.  c,  I,  169.) 

(2)  On  lit  en  effet  dans  les  lettres  patentes  du  i3  dcc.  027  :  <•  Et  que  pour  le  présent 
nous  pouvons  faire  procéder  à  la  continuation  dudit  édifice  de  la  Charité  pour  nos  autres 
grands  et  urgens  affaires,  comme  dit  est,  et  que  nous  avons  été  advertis  que  au  mo'ien 
de  la  contagion  qui  pourroit  être  audit  hostel  de  la  Charité  durant  les  temps  de  peste,  en 
pourrait  advenir  inconvénient  en  nostre  hostel  et  chastcl  du  Louvre  qui  nous  tourneroit 
à  grand  préjudice.  » 

(3)  Arch.  nat.,  Xla  i335,  fol.  83  v». 


2  14  L  HOTF.L-DIKU    AT    XVII<-    ET    AT    XVH:'?    SIKCLR 

Antoine  Duprat  i).  Elle  comprenait  loo  lits  du  prix  de  iio  sols 
tournois  chacun,  en  bois  de  Montargis,  de  6  pieds  de  long  sur  4  de 
large,  à  dossier  de  4  pieds  de  haut,  à  panneaux  pleins  et  le  tout 
'(  enchassillé  »,  et  à  jour  par-dessous  ;  sur  le  chevet  était  «  un  ais 
de  6  pouces  de  large  pour  le  service  des  pauvres  »  et,  sur  toute 
la  longueur,  «  une  petite  forme  qui  se  estera  pour  reposer  les 
dits  pauvres  ».  Cette  salle  qui  reçut  le  nom  de  salle  du  Légat  fut 
décorée  de  3  autels,  de  trèfles  aux  lambris,  et  des  écussons  du  roi 
et  de  a  Mci"  le  Légat  aux  tirans  de  la  salle,  à  l'endroit  des  pénis- 
sons  ». 

En  1548,  FHôtel-Dieu  projeta  de  faire  un  «  sanitat  »  sur  la 
rivière.  Il  demanda  à  la  Ville  de  lui  concéder  les  maisons  qui  se 
trouvaient  sur  le  Petit-Pont.  A  l'assemblée  du  6  juillet,  le 
Bureau  de  la  Ville  refusa,  prétextant  que  «  THostel-Dieu  est 
scitué  au  meilleu  de  la  Ville,  comme  le  cueur  au  meilleur  de 
l'homme,  qui,  au  moyen  du  mauvais  air  ordinaire  estant  en 
icelluy,  peult  infecter  tout  le  reste  du  corps  et  tous  les  mem- 
bres et  endroitz  d'icelle  Ville  ;  aussi,  s'il  estoit  permis  faire 
led.  accroissement,  ce  seroit  mys  du  boys  au  feu,  du  venyn  avec 
du  venyn  »,  et  le  Bureau  proposa  d'établir  ce  sanitat  dans  Tile 
Maquerelle,  ou  autre  lieu  hors  la  Ville,  «  comme  es  autres  villes 
du  royaulme  »  (2). 

Les  administrateurs  pensèrent  alors  à  s'agrandir  du  coté 
opposé,  vers  le  jardin  de  l'évéché  et  du  Port  l'Évéque.  A  l'assemblée 
du  Bureau  de  la  Ville  du  i3  janvier  i562  (3),  ils  avaient  reçu 
toute  faculté  «  pour  achepter  de  Mons^  de  Paris  au  Chappitre 
de  Paris  le  lieu  sur  lequel  le  pourtraict  [présenté]  a  esté  faict  pour 
Tacroissement  dud.  Hostel-Dieu  de  Paris,  et  le  faire  bastir  à  leurs 
despens  selon  led.  pourtraict  ».  Mais  le  Chapitre  se  refusa  à  cette 
combinaison  ;  un  procès  s'engagea  à  ce  sujet.  Le  9  septembre  iSjS 
seulement,  le  Chapitre  délégua  2  chanoines  pour  négocier 
l'échange  de  ses  maisons  du  Port  l'Évéque  contre  d'autres  mai- 
sons du  Port  Saint-Landri,  propriété  de  l'Hôtel-Dieu  (4).  Les  trac- 
tations duraient  encore  au  début  du  xvii<^  siècle. 


(i)  Voy.  Corrozet,  o,  c,  éd.  Bonfons,  in-i6,  i586,  p.  157  v°,  et  marquis  du  Prat,  Vie 
d'Antoine  du  Prat;  Paris,  iSSy,  in-8. 

(2)  Reg.  des  délib.  de  la  Ville,  t.  III,  p.  i3i.  Ces  maisons  du  Petit-Pont  d'ailleurs 
menaçaient  ruine,  et  un  arrêt  du  Parlement  du  8  avril  i53i  ordonna  leur  démolition,  en 
même  temps  que  l'H.-D.  obtenait  «  pour  la  santé  et  commodité  des  povres  malades  et 
angustie  d'icelluy  »,  qu'elles  ne  fussent  point  rebâties,  ainsi  que  le  proposaient  les  prévôt 
des  marchands  et  échevins. 

(3)  Reg.  délib.  de  la  Ville,  t.  V,  p.  1 13. 

(4)  Arch.  nat.,  LL  263,  p.  704,  LL  265,  p.  4. 


LES    BATIMENTS  2  I  5 


RECONSTRUCTION  DES  SALLES  ^ùio) 

Après  les  ruines  semées  partout  par  les  guerres  de  religion,  le 
règne  de  Henri  IV  devait  être  un  règne  réparateur.  Lorsque  la 
sécurité  fut  revenue  dans  les  villes  comnieTa  paix  dans  les  esprits, 
on  se  mit  à  bâtir.  A  Paris,  tandis  que  les  échevins  reprenaient  les 
constructions  de  THôtel  de  Ville  resté  inachevé  (i),  les  adminis- 
trateurs de  THôtel-Dieu  songeaient  de  nouveau  à  restaurer  et  à 
agrandir  riiôpital.  Dès  le  mois  de  mai  iboi,  ils  se  réunirent  pour 
«  faire  la  Visitation  du  péril  éminent  qui  est  aux  salles  de  l'Hôtel- 
Dieu  »  (2).  Une  commission  fut  nommée,  composée  des  adminis- 
trateurs, du  charpentier,  du  médecin,  du  chirurgien,  du  maître, 
de  la  prieure,  et  des  cheftaines  (3).  L'œuvre  la  plus  pressée  était 
la  réfection  de  la  partie  du  bâtiment  qui  donnait  sur  le  petit  bras 
de  la  Seine,  en  particulier  de  6  arcades  supportant  la  salle  Saint- 
Thomas,  dont  la  démolition  et  la  reconstruction  furent  décidées. 

Pendant  la  durée  des  réparations,  une  partie  des  salles  fut 
fermée,  et  on  prit  des  mesures  pour  que  les  travaux  particulière- 
ment délicats  ne  gênent  pas  trop  les  malades  (4);  pour  la  réfection 
des  salles  surplombant  la  rivière,  il  fallut  établir  des  batardeaux  et 
faire  des  fondations  dans  le  lit  du  fleuve,  de  manière  à  construire 
les  piliers  qui  supportaient  les  bâtiments.  Le  Bureau  s'entoura 
pour  cette  œuvre  de  toutes  les  compétences  nécessaires  ;  en  même 
temps  qu'il  confiait  le  soin  des  constructions  à  Claude  Vellefaux, 
que  nous  retrouverons  bientôt  à  la  tête  de  plus  importants  travaux, 
il  demandait  l'avis  de  Guillaume  Marchant,  de  F'rançois  Petit,  de 
Pierre  Guillain,  «  jurés  du  roi  en  l'office  de  maçonnerie  »  (5]. 
Ces  batardeaux  et  pilotis  furent  l'œuvre  du  charpentier  de  la 
maison,  Cl.  delà  Champagne (6).  Les  vitres  historiées  qui  se  trou- 
vaient à  la  fenêtre  du  pignon,  au  bout  de  l'ancienne  salle  Saint- 
Thomas,  furent  replacées  dans  la  nouvelle  salle,  et  on  y  ajouta  les 
armes  du  roi,   de  la  reine  et  du  dauphin  (7).  Cette  réfection   fut 


(i)  Les  chantiers  furent  réouverts  en  i6o5  ;  les  travaux  devaient  se  prolonger  jusqu'en 
1628  ;  on  dut  exproprier  à  cet  effet  une  partie  de  l'hôpital  du  Saint-Esprit.  [Délib.  de  la 
Ville,  août  1607,  et  Arch.  nat.,  Q'   1246.) 

(2)  Délib.  II  mai  1601,  reg.  10,  fol.  3i8. 

(3)  Délib.  20  févr.  1602,  reg.   11,  fol.  21. 

(4)  Délib.  20  févr.,  3i  mai  1602,  reg.  11,  fol.  21,43. 

(5)  Délib.  22  juLn,  10  juill.'  1602,  reg.  ii,  fol.  47-52.  Vellefaux  fut  payé  au  prix  do 
i5  écus  la  toise  pour  la  grosse  maçonnerie. 

(6)  Délib.  7  mars,  11  juill.  i6o3,  reg.    11,  fol.  116,   146. 

(7)  Délib.  28  mai,  23  juill.  i6o3,  reg.  11,  fol.  i34,   i5o. 


2l6  l/HOTEL-DIF,r    AT    XYII"'    ET    AU    XVriF    SIECLE 

complélée  par  la  construction  d'une  galerie  allant  du  dortoir  des 
religieuses  au  grenier  de  la  salle  du  Légat  (i),  et  d'une  voûte  en 
moellons  et  plâtre,  entre  les  arcs  de  piierre  de  taille  qui  existaient 
déjà  dans  cette  dernière  salle  (2).  Ce  n'est  qu'au  mois  de  mars  1609 
que  la  salle  Saint-Thomas  fut  pavée  de  carreaux,  achetés  à  raison 
de  I  o5  sous  par  toise  à.Perignon,  maître  potier  de  terre  à  Paris  (3). 
Une  inscription  en  lettres  dorées  sur  marbre  noir,  adossée  à  l'apo- 
thicairerie,  au-dessus  de  la  menuiserie,  sur  le  mur  du  bâtiment 
faisant  lace  au  parvis,  rappelait  ces  travaux.  Elle  était  ainsi  conçue  : 
«  Monument  de  reconnaissance  pour  les  bienfaits  de  Henri  IV  qui 
a  fait  reconstruire  le  bâtiment  dont  la  caducité  avait  occasionné  la 
ruine  »  (4).  Ce  n'était  que  justice  à  l'endroit  d'un  souverain  qui, 
selon  le  Mercure  français,  «  se  delectoit  aux  bastimens  »,  et  dont 
le  même  ouvrage  disait  :  «  Si  tost  qu'il  fut  maistre  de  Paris  on  ne 
veid  que  maçons  en  besongne.  » 


CONSTRUCTION  DE  SAINT-LOUIS 


Les  épidémies  de  peste  qui  marquèrent  la  fin  du  xvi^  siècle  et 
le  début  du  xviie  siècle  avaient  démontré  notoirement  l'insuffisance 
de  l'Hôtel-Dieu  comme  hôpital  unique  pour  la  capitale,  et,  d'autre 
part,  l'établissement  enserré  entre  le  fleuve  et  Notre-Dame  trouvait, 
nous  l'avons  vu,  des  obstacles  à  tous  ses  projets  d'agrandissement. 
Il  fallait  chercher  d'autres  solutions.  On  se  décida  pour  la  construc- 
tion d'annexés  dans  la  banlieue.  Dès  le  mois  de  mai  1607,  parut 
l'édit  qui  permit  la  création  de  l'hôpital  Saint-Louis.  Après  avoir 
conféré  avec  le  prévôt  des  marchands  et  les  échevins,  et  discuté 
en  Conseil,  Henri  IV  accordait  à  l'Hôtel-Dieu  un  octroi  de 
10  sols  sur  chaque  minot  de  sel  débité  dans  les  greniers  de  la 
généralité  de  Paris,  dont  5  sols  à  perpétuité  et  5  sols  pour  une 
période  de  i5  ans  à  partir  du  i"  octobre  1607,  à  condition  de 
construire  un  bâtiment  destiné  aux  malades  de  la  «  contagion  ». 
hors  des  faubourgs,  du  côté  de  la  ville  Saint-Denis,  à  mettre  en 


(1)  DOlib,  14  janv.  1604,  reg.   ii,f<>l.  204. 

(2)  Tous  ces  travaux,  selon  le  règlement  du  i3  juill.  i6o3  sur  les  bâtiments,  furent  mis 
en  adjudication  ;  le  prix  fut  de  9  1.  la  toise.  (Délib.  9  mars  1607,  reg.  11,  fol.  486.) 

(3)  DC'lib.  i3  mars  1609,  reg.  12,  fol.  129. 

(4)  Pour  le  payement  de  ces  travaux,  l'H.-D.  avait  obtenu  le  bénéfice  de  diverses 
amendes.  (Cf.  Noël  Valois,  Arrêts  du  Cons.  d'État,  2  vol.  in-4<',  t.  II,  p.  3o9,  arrêt  statuant 
sur  les  procès  pendants  entre  Jean  de  Moisset,  contrôleur  général  de  l'argenterie,  Daniil 
Gallières,  et  M»  Pierre  Moynier,  receveur  général  des  gabelles  du  Lyonnais,  condamnant 
ledit  Gallières  au  payement  dune  somme  de  3. 000  livres  qui  sera  employée  aux  répara- 
tions des  bâtiments  de  l'H.-D.  de  Paris  et  du  couvent  de  l'Ave-Maria,  21  mars  1606.) 


•s    RATIMF.NTS 


état  la  maison  de  Saint-Marcel,  et  à  faire  les  réparations  nécessaires 
dans  les  salles  destinées  aux  pestiférés  ;  en  môme  temps  l'Hôtel-Dieu 
se  trouvait  chargé  de  toutes  les  mesures  prophylactiques  à  prendre 
en  cas  d'épidémie,  et  en  particulier  du  payement  des  deux  prévôts 
de  la  santé,  de  leurs  archers  et  des  deux  chirurgiens  chargés  de 
visiter  les  malades  à  domicile. 

C'est  dans  l'espace  compris  entre  la  rue  du  Carême  Prenant  au 
sud,  le  chemin  de  Saint-Maur  au  nord,  le  chemin  de  Meaux  à 
l'ouest,  et  celui  de  Belleville  à  l'est,  que  fut  choisi  l'emplacement 
du  nouvel  hôpital.  Le  terrain  était  élevé  au-dessus  du  niveau  de 
la  Ville,  à  mi-côte  de  la  montagne  de  Belleville  qui  l'abritait  au 
nord.  Il  ét^it  suffisamment  éloigné  des  remparts,  qui  n'étaient  plus, 
à  cette  époque,  que  des  remblais  de  terre  sur  lesquels  s'étaient 
établis  quelques  moulins  et  quelques  bicoques  (i).  Il  n'y  avait  dans 
le  voisinage  immédiat  aucune  habitation  ;  les  plus  proches  étaient 
celles  qui  s'étaient  groupées  autour  de  l'église  Saint-Laurent  et  for- 
maient le  faubourg  du  même  nom,  puis  à  l'ouest  et  à  l'est  les  petites 
maisons  disséminées  dans  les  vergers  de  la  Counille.  Deux  routes 
principales  y  donnaient  accès,  le  chemin  de  la  Courtille  (2), 
partant  de  la  porte  du  Temple,  pour  se  diriger  vers  Belleville,  et  le 
chemin  de  Saint-Laurent  (3),  partant  de  la  porte  Saint-Martin  ; 
quelques  chemins,  unissant  ces  deux  routes,  les  coupaient  transver- 
salement, la  rue  des  Marais,  vers  les  remparts  (4),  la  rue  du 
Carême-Prenant,  au-dessus,  et  plus  loin,  à  mi-côte,  le  chemin 
de  Saint-Maur  n^aboutissant  pas  directement  au  chemin  de  Saint- 
Laurent,  mais  rencontrant  une  autre  route,  le  chemin  de  Meaux, 
plus  tard  le  chemin  de  Pantin  (5),  qui  conduisait  à  Montfaucon. 
A  mi-côte  de  la  montagne  de  Belleville  se  trouvaient  les 
carrières  à  plâtre  qui  allaient  fournir  les  matières  premières 
pour  la  construction  de  Saint-Louis  (6).  Au  sud,  en  appro- 
chant des  remparts,  s'étendaient  des  terres  basses,  humides, 
traversées  par  le  ruisseau  de  Ménilmontant,  appelées  le  Marais,  et 


(1)  A  l'est  de  la  porte  Saint-Martin  se  trouvait,  du  côté  de  l'emplacement  de  Saint- 
Louis,  un  haut  monticule  de  terre,  surmonté  de  moulins  à  vent  :  c'était  le  reste  de  l'enceinie 
de  Charles  V  construite  vers  i35o,  et  qui  suivait  à  peu  près  l'emplacement  des  boulevards 
actuels  de  la  Bastille  à  la  porte  Saint-Denis. 

(2)  Rue  du  Faubourg-du-Temple. 

(3)  Rue  du  Faubourg-Sainr-Martin. 

(4)  Rue  des  Marais  actuelle. 

(5)  Rue  de  la  Grange-au.\-BeIles. 

(6)  On  voit,  en  se  reportant  a  la  carte  géologique  de  G.  Dollfus,  que  l'emplacement  de 
l'hôpital  Saint-Louis  se  trouve  sur  un  filon  de  marnes  encadré  par  deux  couches,  l'une 
au  sud  de  sables  et  grès  de  Beauchamp,  l'autre  au  nord  de  sables  gypseux  et  de  marnes. 
Puis  toute  la  colline  de  Belleville  forme  un  vaste  dépôt  de  gypse. 


2l8  i/kOTEL-DIKT    au    XVIie    ET    Af    XVIIF    SIKCLF. 

OÙ  011  cultivait  des  légumes  pour  l'approvisionnement  de  Paris  (i;. 

La  plupart  des  terrains  qui  se  trouvaient  du  côté  du  chemin  de 
Meaux  appartenaient  aux  religieux  de  Saint-Lazare  qui  possé- 
daient trois  groupes  principaux  de  terres  dans  ces  parages  :  le  !«■•, 
délimité  parla  rue  de  Paradis,  le  chemin  des  Poissonniers  (2),  la 
chaussée  de  la  Chapelle  à  Paris,  et  le  chemin  de  Clignancourt  à 
la  Chapelle  (3),  comprenant  la  maison  et  son  enclos;  le  2*,  com- 
prenant Téglise,  le  presbvtère,  la  foire  et  le  cimetière  Saint- 
Laurent  ;  le  3*^,  la  niaison  des  Récollets  dans  le  champ  des 
Vinaigriers  et  les  terrains  de  Saint-Louis. 

Du  côté  de  la  Courtille  et  du  Carême-Prenant,  les  terrains 
appartenaient  à  divers  cultivateurs  et  bourgeois  de  Paris  ;  ils  étaient 
dans  la  censive  du  Chapitre  de  Notre-Dame  (4)  et  dans  celle  de 
Saint-Martin-des-Champs  (5). 

Les  acquisitions  ne  se  firent  pas  en  bloc,  mais  successivement. 
La  superficie  des  terres  achetées  fut  d'environ  27  ou  28  arpents  ;  la 
dépense  s'éleva  à  6.740  livres  [6). 

Henri  IV,  que  sa  mort  prématurée  empêcha  de  réaliser  le  projet 
d'embellissement  qu'il  avait  fait  pour  la  Ville,  à  l'est  de  l'enclos  du 
Temple  '7),  fut  plus  heureux  pour  l'hôpital  Saint-Louis.  Il  put  voir 
le  monument  presque  terminé.  Divers  plans  en  effet  avaient  été 
dressés  sur  les  ordres  des  administrateurs,  et  l'un  d'eux,  Sainctot, 
s'était  rendu  à  Fontainebleau  pour  les  soumettre  au  roi  ;  celui  qu'il 
avait  choisi  figure  encore  aux  archives  de  l'Assistance  publique, 
exécuté  sur  parchemin,  et  visé  par  Maximilien  de  Béthune,  duc  de 
Sully,  avec  l'inscription  suivante:  «  Le  roy  ayant  veu  les  trois 
plants  qui  lui  ont  été  représentés  pour  la  maison  de  Santé,  a 
ordonné  que  le  présent  sera  suivy. —  Fait  à  Fontainebleau  par 
Nous,  grand  Voier  de  France,  Maximilien  de  Béthune.  » —  Dans 
la  Topographie  française  de  Claude  de  Chastillon,  «  topographe 
ingénieur  du  roi  »,  publiée  en  1648,  figure  un  fort  beau  dessin  de 

(i)  G.  Villain,  Rapport  au  Conseil  municipal  pour  la  construction  de  la  mairie  du 
10°  arrondissement,  iSgb,  in-4°. 

(2)  Rue  du  Faubourg-Poissonnière. 

(3)  Boulevard  de  la  Chapelle. 

(4)  Arch.  nat.,  reg.  cap.,  LL  169,  p.  5,  19  janv.  1608  :  «  Communicabitur  cum  consilio 
quoad  nonnullas  terras  per  dominos  urbis  et  gubernatores  Domus  Dei  emptas  pro  cons- 
tructione  Domus  sanitatis  in  censiva  Dominorum  existentes,  pro  conservatione  jurium 
Dominorum.  •> 

(3)  Arch.  nat.,  déclaration  des  terres  de  la  censive  de  Saint-Manin-des-Champs,  datée 
de  i532,  et  Seine,  2»  classe,  n°  78,  plan  de  1710.  (V'oy.  Tanon,  Hist.  des  justices  des  an- 
ciennes églises  et  communautés  de  Paris  ;  Paris,  i883,  in-8°,  p.  270.) 

(6)  Les  terres  situées  dans  la  censive  du  Chapitre  (cens  commun)  sont  grevés  de  10  d.  t. 
de  cens  par  arpent,  payables  aux  octaves  Saint-Denis  ;  dans  la  censive  de  Saint-Martin- 
des-Champs,  le  taux  de  cens  est  plus  élevé. 

(7)  Sauvai,  o.  c,  t.  I,  liv.  6,  p.  632,  et  Arch.  nat.,  S  5 101, 


r.FS    BATIMENTS 


219 


l'édifice  tel  qu"il  devait  être,  une  fois  entièrement  fini,  mais  rien 
n'autorise  à  penser  qu"il  soit  lui-mcme  l'auteur  du  plan  original, 
comme  on  l'a  souvent  prétendu  au  xvip  siècle.  Nulle  part,  en  effet, 
dans  les  registres  de  délibérations,  ne  se  trouve  mentionné  le  nom 
de  Claude  de  Chastillon. 

Claude  "Vellefaux,  d'après  certains  auteurs  (  i),  n'aurait  été  que 
l'entrepreneur.  Cette  opinion  s'appuie  sur  le  texte  d'une  légende, 
entourant  une  estampe  de  la  Bibliothèque  nationale, datée  de  1641, 
éditée  par  Poinsart,  graveur,  rue  Saint-Jacques,  «  aux  Espics 
murs  »,  et  dont  voici  le  passage  significatif:  «  Dès  l'entreprise 
de  cet  ouvrage,  la  direction  et  surintendance  en  fut  commise 
aux  maistres,  gouverneurs  du  grand  Hostel  Dieu  Notre  Dame 
de  Paris  qui  prirent  la  charge  de  faire  payer  les  massons,  char- 
pentiers, menuisiers,  serruriers  et  vitriers  qui  y  gangnèrent  pour 
la  plus  part,  pour  le  service  qu'ils  y  rendirent  avec  assiduité, 
leur  maîtrise.  Ces  très  dignes  directeurs  estaient  alors,  messire 
Achille  de  Harlay,  premier  président  en  la  Cour  de  Parlement, 
mess.  Mathieu  Marcel,  Nicolas  Hannequin,  Robert  des  Prés,  Pierre 
Saincthault,  Jean  Perrot,  Pierre  Parfaict,  et  le  sieur  Claude  Velk- 
faux,  voyerde  Saint-Germain-des-Prez,  fut  l'architecte  et  conduc- 
teur de  tous  les  bastimens  conformément  au  dessein  qui  lui  en  fut 
fourny  par  le  sieur  Claude  Chastillon,  très  célèbre  ingénieur  et 
topographe  du  Roy,  qui  est  celui  même  qui  en  a  si  curieusement 
désigné  la  présente  figure  ;2].  »  Claude  de  Chastillon  s'est  acquis 
une  célébrité  légitime  comme  auteur  de  la  place  Royale  (3). 
On  peut,  sans  diminuer  sa  réputation,  restituer  Saint-Louis  à 
\'ellefaux. 

Dès  le  début  de  1608,  on  pose  les  fondations  ;'4),  et  on  s'occupe 
de  faire  des  marchés  avec  les  divers  entrepreneurs  qui  doivent 
concourir  aux  bâtiments,  les  charpentiers,  Antoine  le  Redde  et 
Jean  Desfossés  (5),  le  menuisier,  Jean  le  Pas,  le  serrurier,  Jean 
Brotonne(6),  le  vitrier,  Michel  Noël,  le  plombier,  Henri  delà  Rue, 


(1)  Arch.  de  la  Seine,  coll.  Lazare:    l'Hôfilal  Saint-Louis,  quel  en  a  été  l'architecte  ? 

(2)  Une  autre  «  élévation  »  de  l'hôpital  qui  se  trouve  également  à  la  Fiibl.  nat.,  cabinet  des 
estampes,  porte  en  suscription  :  «construit  l'an  1608  par  C.  Chastillon,  chaalonnais  ».  .Mais 
cette  note  n'a  aucune  valeur. 

(3)  L.  Lambeau,  la  Place  royale;  Paris,  190S,  in-S",  p.  172,  175. 

(4)  Délib.  28  mars  1608.  Visite  des  administrateurs  Desprez,  Perrot  et  Sainctot.  Toutes 
les  délibérations  concernant  Saint-Louis  et  Sainte-Anne  sont  réunies  dans  deux  registres 
de  délibérations  spéciales  que  nous  nous  contenterons  de  citer  une  fois  pour  toutes. 

(5)  Contrat  du  3  déc.  1607. 

(6)  Contrat  du  16  juin  1608:  marché  au  prix  de  10  1.  par  cent  de  fer,  sauf  pour  les 
ouvrages  de  la  chapelle  qui  lui  seront  payés  au  prix  de  ceux  des  églises  des  Cordeliers  et 
des  Capucins. 


L  HOTKL-DIFU    AU    XVII»'    KT    AU    XVIIie    SIKCLE 


le  couvreur,  Jean  Camuset  (i),  etc.  Claude  Malingre  (2)  prétend 
qu'il  y  eut  à  la  fois  jusqu-à  200  ou  3oo  ouvriers  au  travail.  Plusieurs 
fournisseurs  furent  assignés  devant  le  prévôt  de  Paris,  pour  mal- 
façon ou  inexécution  des  marchés,  ainsi  le  menuisier  (3),  et  le 
charpentier.  Enfin,  le  19  juin  1609,  on  accorde  12  livres  aux 
maçons  qui  ont  «  planté  le  mai  »  le  jour  de  l'Ascension. 

La  chapelle,  dont  le  gros  œuvre  était  terminé  dès  la  fin  de  1 608, 
est  ouverte  au  public  le  jour  de  la  Saint-Louis,  25  août  1609.  Les 
portes  étaient  en  bois  de  chêne  de  Montargis  (4),  les  vitraux  de 
Toussaint  Leblond  et  de  Louis  Pinaigrier  (5),  les  cloches  d'Antoine 
le  Moine,  fondeur  ordinaire  du  roi  à  l'Arsenal  (6),  les  sculptures  en 
pierre  de  Tonnerre,  de  Nicolas  de  Cambrai,  maître  sculpteur,  rue 
Saint-Denis  (7).  Quant  à  «  l'argenterie  »,  elle  provenait  de  la 
confrérie  des  changeurs  (8)  qui  venait  de  s'éteindre.  Trois  ins- 
criptions en  marbre  noir  furent  placées  sur  le  portail  (9). 

En  16 18,  la  décoration  de  l'autel  et  du  tabernacle  fut  confiée  à 
Henry  Pavillon,  maître  peintre  à  Paris,  et  coûta  i3o  livres;  les 
figures,  colonnes,  lanternes,  balustres,  vases,  consoles,  étaient 
d'or  bruni,  et  le  surplus  d'or  mat  (10).  En  1628,  une  chasuble  de 
velours  violet  avec  son  étole  fut  donnée  par  une  dame  Ménage,  en 
mémoire  de  son  fils,  décédé  à  Saint- Louis,  pour  servir  tous  les  ans 
le  jour  de  la  Saint-Louis.  En  1639(11),  M^^e  de  Bassompierre  donna 
un  soleil  d'argent  de  2  marcs  ;  un  inventaire  daté  de  1671  indi- 
que 14  tableaux  (12).  La  chapelle,  enfin,  avait  un  clocher  bâti 
postérieurement,  et  réparé  en  1671,  les  pluies  ayant  «  gâté  la 
charpente,  faute  d'y  avoir  des  abajours  (i3)  ». 

Dès  son  ouverture,  elle  bénéficia  des  privilèges  pontificaux. 
Une  bulle  du  pape  Paul  IV,  datée  de  1608,  accordait  l'indulgence 
plénière  aux  personnes  qui  la  visiteraient  le  dimanche  qui  suivra 

(1)  Marclié  du  16  juill.  1608,  au  prix  de  10  1.  10  s.  la  toise. 

(2)  Annales  de  la  Ville  de  Paris,  1640,  in-fol. 

(3)  Délib.  5  déc.  1608. 

(4)  Délib.  8  mai  1609. 

(5)  Délib.  22  févr.  1609.  Ils  représentent  le  crucifiement  et  les  portraits  du  roi  et  de  la 
reine.  D'après  le  toisé  fait  par  Claude  Vellefaux  le  16  oct.  1609,  il  y  avait  aux  croisées 
162  pieds  de  verre  peint,  à  raison  de  5o  s.  le  pied,  et  176  pieds  de  bordure  peinte  à  raison 
de  25  s.  le  pied  ;  le  tout  fut  payé  770  1.  17  s.  g  d. 

(6)  Délib.  !"■  juillet  1609,  marché  au  prix  de  66  1.  le  cent.  (Voy.  Fosseyeux,  Inventaire 
des  Objets  d'art;  Paris,  igio,  in-8»,  p.  62.) 

(7)  Délib.  3  juill.  1609.  Les  3  statues  hautes  de  i  m.  et  payées  90  1.  représentaient 
la  Vierge,  saint  Louis  et  saint  Jean-Baptiste. 

(8)  Ord.  du  6  août  1609,  d'après  Félibien,  o.  c,  Preuves,  III,  46. 

(9)  Voy.  le  texte  dans  Du  Breul,  o.  c,  iiv.  111,  p.  747. 

(10)  Délib.  i5  juin  1618. 
(i  i)  Délib.  23  nov,  1639. 
(i2j  Délib.  i3  mai  1671. 
(i3)  Arch.  A.  P.,  liasse  62. 


LES    BATIMENTS 


le  Jour  de  la  Saint-Louis.  Alexandre  VII  confirma  ces  indulgences 
en  les  transportant  à  la  fête  même  de  la  Saint-Louis  (i).  Nous 
savons  qu'au  xviii^  siècle  la  procession  delà  paroisse  Saint-Laurent 
s'y  rendait  le  jour  de  la  Fête-Dieu  (2),  et  celle  de  Saint- 
Eustache,  le  jour  de  Saint-Marc. 

La  chapelle  avait  été  ouverte  avant  la  fin  des  travaux.  Le 
17  décembre  1609,  une  commission  composée  des  administrateurs 
Josse,  Tanneguy,  Desprez,  Sainctot,  de  La  Haye,  Parfaict,  du 
maître,  de  la  sous-prieure,  de  trois  religieuses,  du  greffier,  de 
Vellefaux  et  des  entrepreneurs,  se  rendit  sur  place,  pour  décider 
de  l'attribution  des  pavillons  annexes.  Les  salles  étaient  presque 
achevées. 

L'année  1610  fut  encore  une  année  de  grande  activité;  tout 
devait  être  terminé  pour  le  3i  décembre  ;  il  n'en  fut  rien.  On  com- 
mença seulement  en  octobre  le  pavillon  royal  qui  devait  former 
l'entrée  du  côté  de  la  Courtille.  Il  restait  à  faire  d'importants 
travaux  de  terrassement,  en  particulier  à  combler  les  plâtrières 
et  carrières  voisines  dont  on  s'était  servi.  Les  grands  perrons 
permettant  de  monter  aux  salles  hautes  étaient  terminés  en 
novembre  161 1.  Le  i^'"  mars  161 1,  les  taverniers  et  cantiniers  qui 
tenaient  des  débits  où  les  ouvriers  venaient  manger  avaient  reçu 
l'ordre  de  quitter  la  place,  et  le  concierge  eut  seul  le  privilège  de 
vendre  du  vin.  Il  restait  encore  l'aménagement  qui  fut  l'œuvre  des 
années  161 2  et  et  161?  (3).  En  16 12,  furent  creusés  également  les 
deux  lavoirs,  le  bassin  de  la  grande  cour,  enfin  le  puisard,  construit 
sur  4  arcades,  avec  une  descente  en  pierre  (4). 

Les  années  161 3  et  16 14  où  se  firent  les  règlements  de 
comptes  ne  furent  pas  les  moins  actives  pour  le  Bureau.  Il 
fallut  d'abord  vérifier  les  relevés,  ce  qui  n'alla  point,  comme  il 
était  d'usage,  sans  contestations  et  procès.  Il  y  eut  d'abord  un 
premier  différend  avec  les  entrepreneurs,  au  sujet  des  «  entrevoux  », 
qui  fut  soumis  à  l'arbitrage  de  Pierre  Guillain.  puis  un  second 
avec  les  charpentiers,  Jean  Desfossés  et  Gilles  le  Redde,  porté 
devant  le  Châtelet,  et  terminé,   d'après  le  toisé  fait  par  Fontaine 


(1)  Bulle  de  juin  lôSy,  Arch.  A.  P..  liasse  949,  brûlée  en  1871;  elle  contenait  uneaflîciie 
de  publication  des  pardons  accordés  pour  lu  visite  de  l'archi-hôpital  Saint-Louis. 

(2)  Délib.  2g  mai  1709,  reg.  78,  fol.  78. 

(3)  Le  4  juin.  1612  on  acliète  des  lits  de  bois  de  clÛMie  au  prix  de  26  1.  le  lit  ; 
le  26  juillet  i6i3  trois  chaudières,  représentant  775  livres  de  fonte,  à  Ant.  Le  Moyne,  fon- 
deur à  l'Arsenal. 

(4)  La  pompe  de  ce  puisard  fut  commandée  le  17  avril  i6i3  à  Jean  Laintelaër,  ingénieur 
flamand,  maître  de  la  pompe  de  la  Samaritaine,  moyennant  la  somme  de  2.000  1.  tournois. 
L'usage  de  ces  escaliers  de  pierre  à  l'intérieur  des  puits  n'est  pas  rare  à  l'époque.  On  en 
trouve  un  autre  exemple  à  Bicêtre. 


l/HOTEt.-DIF.U    AU    XVII'-    ET    AU    XV 


et  Amelot,  experts,  par  un  rabais  de  5.738  1.  10  s.,  sur  leur 
mémoire  qui  montait  à  109.730  1.  10  s.;  la  de'pense  totale  de  la 
construction  s'éleva  à  798.410  1.  6  s.  14  d.  (i),  soit,  à  peu  près, 
3  millions  en  valeur  actuelle. 

Il  fallut  recourir  à  l'emprunt  pour  payer  les  entrepreneurs  (2). 
L'impôt  accordé  par  Henri  IV  était  insuffisant.  Aussi  Louis  XIII, 
imitant  la  libéralité  de  son  père,  accorda,  par  lettres  patentes 
d'avril  161 3,  la  possession  à  perpétuité  des  5  sols  apercevoir  par 
minotde  sel,  qui  n'avaient  été  accordés  que  pour  i5  ans  seulement, 
ce  qui,  joint  aux  5  sols  déjà  accordés  à  perpétuité,  faisait  un  impôt 
de  10  sols  à  perpétuité.  Le  produit  de  l'impôt  avait  fourni  pendant 
la  première  période  de  sa  perception,  d'octobre  1607  à  décem- 
bre 1612,  une  somme  de  267.673  1.  8  s.  9  d.  Ajoutons  pour  finir 
de  montrer  quelle  charge  avait  été  pour  l'Hôtel-Dieu  la  construc- 
tion de  Saint-Louis,  que  les  terrains  n'étaient  pas  encore  payés 
et  que  les  plus  gros  créanciers,  MM.  de  Saint-Lazare,  avaient 
déjà   vainement    réclamé  le  montant    des  terres  vendues  (3  . 

Suivant  le  principe  delà  Renaissance,  on  avait  fait  grand,  inau- 
gurant un  système  qui  allait  fournir  un  exemple  néfaste,  malgré 
les  préceptes  de  Philibert  Delorme  :  «  Il  vaudrait  trop  mieux  à 
l'architecte,  selon  mon  advis  (4^  faillir  aux  ornements  des 
colonnes,  aux  mesures  et  fassades  (où  tous  ceux  qui  font  profes- 
sion de  bâtir  s'estudient  le  plus)  qu'en  ces  belles  règles  de  nature 
qui  concernent  la  commodité,  l'usage  et  le  profit  des  bâtiments  et 
non  la  décoration,  beauté  et  enrichissement  des  logis  faits  seule- 
ment pour  le  contentement  des  yeux,  sans  apporter  aucun  fruit  à 
la  santé  et  à  la  vie  des  hommes.  »  VioUet-le-Duc,  dans  ses  études 
sur  les  hôpitaux  du  moyen  âge  conservés  jusqu'à  nous,  ne  craint 
pas  de  les  opposer  à  ceux  du  xvn^  siècle,  «  qui  sont  loin  d'être  des 
modèles  à  suivre  comme  disposition,  au  point  de  vue  de  la  salu- 
brité, de  l'hygiène,  et  du  respect  que  l'on  doit  avoir  pour  les 
malades  pauvres  ».  «  Ces  bâtiments,  dit-il  en  parlant  des  hôpitaux 
du  moyen  âge  (5),  sont  d'un  aspect  monumental  sans  être  riches  ; 
les  malades  ont  de  l'espace,  de  l'air  et  de  la  lumière  ;  ils  sont  sou- 
vent séparés  les  uns  des  autres...  ;  leur  individualité  est  respectée, 
et,  certes,  s'il   est   une   chose   qui  répugne   aux    malheureux  qui 


(1)  Arch.  A.  P.,  liasse  63.   Le  toisé  des  ouvrages  fut  fait  par  Pierre  Guillain  et  Char:es 
David,  jurés  du  roi,  maîtres  des  œuvres  de  la  Ville. 

(2)  Arrêt  du  Parlement  du  4  sept.  1609  autorisant  l'H.-D.  à  emprunter  60.000  1. 

(3)  LH.-D.  avait  vendu,  pour  payer,  les  fermes  des  Puiselets,  des  Marais,  Argeville,  Co- 
gnempuis  et  Bezonville. 

(4)  Œuvres,  éd.  de  1860,  cliap.  vi,  p.  i5. 

(3)  Viollct-le-Duc,  Dictionnaire  de  l'Arcli.  fr.,  t.  VI,  p.   119,  mot  Hôtel-Dieu. 


LES    BATIMF.NTS  •  22  3 

trouvent  un  refuge  dans  ces  établissements,  malgré  les  soins  éclairés 
qu'on  leur  donne,  c'est  la  communauté  dans  dévastes  salles.  » 

Dans  sa  description  de  Saint-Louis,  Tenon  (i),  pourtant  moins 
enthousiaste  que  Duhamel  du  Monceau  (2),  à  qui  il  emprunte  son 
plan  (planche  III],  en  y  ajoutant  le  dessin  de  Claude  de  Chastillon 
(planche  V),  admire  la  belle  ordonnance,  la  double  enceinte  des 
murailles,  les  doubles  cours  qui  Tenveloppent  et  qui  interceptent 
toute  communication  avec  la  ville,  son  tour,  sa  galerie  à  trans- 
mettre les  aliments,  qui  empêchent  la  contagion  de  s'étendre  aux 
serviteurs  employés  à  la  paneterie,  etc.,  et  par  eux  au  dehors,  le 
soin  qu'on  a  eu  d'enfermer  les  religieuses,  prêtres,  chirurgiens, 
infirmiers,  pour  qu'ils  ne  puissent  pas  répandre  la  contagion  (3)  ; 
mais  il  trouve  les  quatre  salles  du  haut  trop  grandes,  et  celles  du 
bas  trop  humides  et  trop  basses  ;4'. 

En  résumé,  d'après  lui,  l'hôpital  ne  convient  qu'à  une  seule 
catégorie  de  contagieux  ;  il  ne  saurait  même  pas  parer  à  ce  qu'il 
appelle  la  «  détérioration  »  des  maladies,  c'est-à-dire  «  l'influence 
de  certains  fiévreux  sur  les  plaies,  si  bien  que  le  mal  se  détériore, 
ou  s'accroît,  par  le  voisinage  de  certaines  maladies,  sans  prendre, 
^comme  dans  la  contagion],  les  caractères  distinctifs  de  ces 
maladies  »  (5^. 

Saint-Louis  se  composait,  au  début,  des  parties  situées  dans 
l'enceinte  limitée  à  ses  quatre  angles  par  les  petits  pavillons  à 
pignons  pointus,  dont  trois  subsistent  encore  6;.  La  chapelle  à 
l'ouest,  le  pavillon  royal  à  l'est,  marquaient  les  deux  points 
extrêmes  de  l'hôpital  ;  du  côté  de  l'ouest,  le  mur  d'enceinte  avait 
un  trajet  rectiligne  et  venait  s'adosser  de  chaque  côté  au  chevet 
de  la  chapelle,  laissant  celle-ci  presque  tout  entière  en  dehor-s,  et 
facilement  accessible  au  public  ;  du  côté  de  l'est,  le  mur  décrivait 
une  courbe,  ou  demi-cercle,  dans  lequel  était  compris  une  partie 
du  pavillon  royal,  l'autre  partie  faisant  directement  façade  sur  la 
campagne,  du  côté  de  la  Courtille,  comme  on  le  voit  sur  l'estampe 
d.'  Claude  de  Chastillon. 


(i)  Mém.  sur  les  /lôfitaiix  Je  Paris;  Paris,  chez  Pierres,  178S,  2°  mém..  p.  60  et  sqq. 

(2)  Description  de  Saint-Louis,  dans  un  ouvrage  intitulé:  Moyens  de  conseiyer  la 
santé  aux  équipages  des  vaisseaux,  avec  la  manière  de  purifier  l'air  des  salles  des  hôpi- 
taux ;  Paris,  Guérin  et  Délateur,  lySg,  in-16,  p.  228-236.  (Bib.  A.  P.,  D2  40.) 

(3)  Sur  les  salles  à  plancher  ouvert  et  à  plancher  fermé,  voy.  son  mém.  sur  les  infirme- 
ries des  trois  principales  prisons  de  la  juridiction  du  Chàtelet  de  Paris.  (Mém.  de  l'Ac.  des 
se,  1780.) 

(4)  Elles  n'avaient  que  1 1  pieds  de  hauteur. 
(3)  Mémoires,  p.  73. 

(61  Le  quatrième  a  élé  démoli  récemment  pour  faire  place  au  nouveau  bâtiment  de  la 
consultation  externe. 


224  '-   HO  li:i.-l)IF.l'    AU     XVII''    KT    AV    XVlIie    SIKCI.F, 

Se  trouvaient  au  dehors  de  l'enceinte  les  jardins,  le  cimetière 
et  le  réservoir.  Le  cimetière,  dont  le  mur  de  clôture  fut  construit 
par  Vellefaux,  fut  inauguré  en  1618,  par  l'évcque  deTroyes,  assisté 
du  président  de  Nicolaï.  Il  avait  3o  toises  de  façade,  i5  de  chaque 
côté  et  2  de  profondeur.  Il  fut  «  béni  »  une  seconde  fois,  en  1640, 
par  l'archevêque  de  Paris.  Le  Bureau  refusa  à  différentes  reprises 
d  y  laisser  transporter  les  terres  d'autres  cimetières,  notamment 
de  celui  de  Saint-Laurent,  en  1659  (i);  cependant,  en  1669  (2), 
il  le  permit  pour  celui  des  Innocents,  dont  une  partie  devait 
être  désaffectée  en  vue  d'élargir  la  rue  de  la  Ferronnerie.  Nous 
voyons  déjà  qu'à  cette  époque  il  est  fait  mention  dans  la  délibé- 
ration du  Bureau  d'un  cimetière  des  hérétiques,  qui  n'aurait 
été  qu'une  emprise  faite  sur  le  cimetière  de  Saint-Louis,  alors  que 
le  cimetière  des  protestants  étrangers,  que  nous  connaissons 
par  divers  autres  documents  (3),  ne  fonctionna  officiellement  que 
vers  1724,  en  exécution  de  l'arrêt  du  20  juillet  1720.  Ce  cimetière 
dépendait  du  département  des  affaires  étrangères  qui  payait  le 
concierge.  Une  décision  du  ministre,  M.  de  Vergennes,  en  1781, 
porta  reconnaissance,  au  profit  de  la  Ville  de  Paris,  du  cimetière 
protestant  de  la  rue  de  l'hôpital  Saint-Louis  (4). 

En  1620,  Vellefaux  fit  acheter  à  deux  jardiniers  de  Pantin 
5oo  ormes  au  prix  de  60  livres  le  cent,  pour  orner  les  cours  de  la 
maison.  Plus  tard,  on  y  mit  des  fleurs  et  des  orangers,  vendus, 
en  1690,  dans  une  année  de  détresse,  en  même  temps  que  les 
jardins  étaient  mis  en  location  (5). 

En  i652,  les  murs  d'enceinte  furent  reconstruits.  Quinze  ans 
après,  en  1667,  ils  étaient  de  nouveau  en  ruine,  «  les  ravines  les 
ayant  jeté  à  bas  »  ;  on  s'aperçut  seulement  à  cette  époque  que  les 
fondations  n'avaient  que  deux  pieds  et  demi  d'épaisseur,  et  que 
les  murs  avaient  été  construits  avec  du  mortier  déterre,  alors  qu'ils 
avaient  été  payés  «  pour 4  pieds  d'épaisseur  à  chaux  et  à  sable  (6)  ». 
Ces  murs  furent  donc  faits  en  pierre,  en  1668,  et  encore  fallut-il 
que  le  Bureau  «  présente  un  placet  à  M.  Colbert,  pour  avoir  per- 


(i)  Délib.  4  avril  1639,  reg.  26,  fol.  7g. 

(2)  Délib.  22  nov.  1669  et  22  janvier  1670,  reg.  37,  fol.  188,  et  reg.  38,  fol    6. 

13 )  Ch.  Read,  les  Sépultures  des  protestants  étrangers  et  régnicoles  à  Paris  au  r  8°  siècle, 
d'après  les  dépôts  de  l'état  civil  incendiés  en  1871,  dans  Bull,  de  la  Soc.  de  l'Hist.  du  pro- 
testantisme français,  t.  XXXVI,  1887. 

(4)  Arch.  nat.,  H  1879,  Reg.  délib.  Ville  de  Paris,  p.  i36,  27  mai  1781,  Bull.  Soc. 
/list.  du  protestantisme,  1862,  t.  XI.  Les  protestants  non  étrangers  avaient  quatre  cime- 
tières dans  Paris,  ceux  de  la  Trinité,  de  Charenton,  de  Saint-Marcel  (rue  aux  Poules), 
de    Saint-Germain  (derrière   Saint-Sulpice). 

(5)  Délib.  26  avril  et  1='  juill.  1690,  reg.  59,  fol.  91  et  ôo. 

(6)  Délib.  24  août  1667,  reg.  3b,  fol.   176  r». 


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7.  —    VUE    PANORAMIQUE    DE    l'hOPITAL    SAINT-LOUIS  AU   XVU»   SIÈCLE 


8.  —  LES  BATIMENTS   DE  l'hOPITAL  SAINT-LOUIS,   D'APRÈS  MARIETTE  (XVII"  SIECLE) 


LKS    BATIMENTS 


mission  de  faire  venir  la  pierre,  attendu  les  deffenses  qui  ont  été 
faites  de  délivrer  de  la  pierre  dure  d'Arcueil  pour  autre  usage  que 
pour  les  bâtiments  du  Louvre,  et  autres  bâtiments  du  Roi  (i)  ». 

En  1/38,  une  partie  des  Jardins  fut  affectée  à  la  culture  des 
plantes  médicinales  (2).  L'enclos  était  pourvu  d'un  puits  et  d'une 
conduite  amenant  l'eau  des  réservoirs  ;  on  fit  abattre  simplement 
quelques  amandiers  qui  auraient  gêné  les  semis.  Ces  plantes 
étaient  destinées  à  l'apothicairerie  de  THôtel-Dieu, 

Dès  le  19  mai  1608,  le  Bureau  de  la  Ville  avait  accordé  à  l'hôpi- 
tal Saint-Louis  3  lignes  d'eau  à  prendre  au  grand  regard  du 
faubourg  Saint-Laurent,  au-dessus  de  l'église.  Cette  minime  con- 
cession, faite  au  moment  de  la  construction,  était  naturellement 
insuffisante.  Aussi  le  Bureau  décida  de  faire  capter  quelques-uns 
des  ruisseaux  de  la  colline  de  Belleville  (3).  Claude  Vellefaux  fit 
les  «  recherches  »  nécessaires,  et,  le  3o  Juin  1 6 1 1 ,  l'Hôtel-Dieu  acquit 
des  Célestins,  pour  3oo  livres  tournois,  3  arpents  de  terres  labou- 
rables, autrefois  plantés  de  vignes,  entre  le  chemin  de  Belleville  à 
Pantin,  et  celui  de  Belleville  à  la  Villeite,  au-dessus  du  village  de 
Belleville  (4),  sur  lesquels  se  trouvait  le  bouillon  principal  des 
eaux  et  le  commencement  des  pierrées  qui  servaient  à  conduire 
les  eaux  à  la  maison  royale  de  Saint-Paul  et  au  parc  des  Tournelles, 
rue  Saint-Antoine.  Trois  ans  auparavant,  le  2  juillet  1608,  il  avait 
acheté  à  Nicolas  Coûteux,  vigneron,  demeurant  à  Belleville,  «  telle 
quantité  de  terres  qu'il  serait  besoin  «,  au  lieu  des  «  Macoûards  », 
pour  trouver  la  source  de  la  fontaine  en  question,  à  raison  de 
?  livres  tournois  pour  chaque  perche  (5).  Comme  la  source  appar- 
tenait au  roi,   Louis  XIII,  par  lettres  patentes  de  juillet  161 1,   la 


(i)  Délib.  14  mars  1668. 

(2)  Délib.  du  mardi  19  août  lySS.  C'est  sur  l'emplacement  de  ce  jardin  que  l'on  a 
édifié  le  bâtiment  actuel  des  enfants  teigneux. 

(3)  La  formation  géologique  de  la  butte  de  Belleville,  dont  le  sol  sablonneux  recouvre 
à  peu  de  profondeur  une  masse  de  marnes  vertes  imperméables,  fait  que  les  eaux  répan- 
dues à  la  surface  sont  rapidement  parvenues,  après  infiltration,  à  la  couclie  des  marnes  sur 
laquelle  elles  forment  une  nappe  variant  avec  l'abondance  des  puits.  (Voy.  Belgrand,  la 
Seine  et  le  bassin  de  Paris;  Paris,  in-4<'.) 

(4)  Ce  sont  les  religieux  de  Saint-Lazare,  propriétaires  à  Belleville,  qui  paraissent  les 
premiers  avoir  utilisé  les  eaux  de  la  colline.  M.  Fagniez  a  publié,  dans  le  Bull,  delà  Soc. 
de  l'H.  de  P.  et  de  l'I.-de-F.  (1874,  p.  8o-85),  un  acte  de  procédure  de  i364  par  lequel  ils 
s'entendirent  avec  la  Ville  pour  la  répartition  à  diverses  fontaines  de  l'eau  dont  •<  le  com- 
mencement des  ruissiaulx  naist  en  leurs  terres  appelées  les  Rigoues,  assises  entre  le  Mais- 
nil-Mautemps  et  Poitronville  ».  Poitronville  est  l'appellation  qui  remplaça  Savies,  ancien 
nom  de  Belleville.  L'étymologie  est  incertaine.  (Voy.  Lebeuf,  o.  c,  t.  I,  p.  483.) 

(?)  Arch.  A.  P.,  liasse  67.  La  dépense  faite  par  Cl.  Vellefaux  pour  la  «  recherche  »  des 
eaux,  d'après  l'état  du  17  avril  i6i3,  s'élève  à  5.697  1.  8  s.,  comprenant  les  journées  des 
ouvriers  et  manœuvres  qui  ont  travaillé  à  faire  les  tranchées,  les  pierres  achetées  pour 
l'établissement  des  pierrées,  le  «  charriage  »,  les  journées  des  maçons,  etc.;  cet  état  est 
complété  par  un  mémoire  de  maçonnerie  de  36. 000  1,  du  i3  nov.  i6i3,  représentant  la 
construction  des  fontaines,  des  puisards,  des  lavoirs,  de  la  pompe. 

15 


226  I.'hOTEL-DIF.U    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

donna  avec  tous  les  regards,  tuyaux,  canaux,  qui  en  dépendaient, 
«  pour  être  unie  et  incorporée  à  Thôpital,  comme  appartenance  et 
dépendance  nécessaire  ». 

Sur  la  requête  des  administrateurs,  le  Bureau  de  la  Ville  accorda 
de  plus,  le  16  juillet  1619,  à  Thôpital  Saint-Louis,  4  lignes  d'eau  à 
prendre  aux  fontaines  de  Belleville  (i).  L'Hôtel-Dieu  avait  fait 
valoir  que,  depuis  i5  mois,  il  y  avait  plus  de  400  malades  dans 
rétablissement,  que  les  religieuses  avaient  plusieurs  fois  «  lavé 
en  même  eau  qui  rend  ordure  et  grande  corruption  ».  Le  Bureau 
avait  confié  en  même  temps  à  Guillain,  maître  des  oeuvres  de  la 
Ville,  chargé  en  cette  qualité  des  fontaines,  le  soin  des  travaux 
consécutifs  à  cette  concession. 

Le  grand  aqueduc  de  la  Ville  était  distant  seulement  de  8  mètres 
du  regard  (2)  de  Saint-Louis.  C'était  un  aqueduc  spécial,  partant 
de  la  place  des  Fêtes,  vers  la  rue  Compans  actuelle,  où  se  trou- 
vaient les  sources  acquises  des  Célestins  en  161 1,  qui  amenait  l'eau 
dans  le  regard  dit  «  chambre  du  chirurgien  »,  d'où  une  conduite 
en  plomb  la  dirigeait  jusqu'à  l'hôpital  (3),  par  les  rues  Saint- 
Laurent  (4)  et  de  la  Chopinette  (5). 

Les  administrateurs  obtinrent,  le  14  mars  1669,  un  arrêt  du 
Parlement  leur  permettant  de  faire  ouvrir  de  nouvelles  tran- 
chées, à  charge  d'indemniser  les  propriétaires  des  terrains,  entre 
la  descente  de  Belleville  et  l'hôpital  Saint-Louis,  suivant  la  pente 
des  eaux,  d'y  faire  passer  une  nouvelle  conduite,  et  d'y  élever  2  ou 
3  regards  pour  la  sûreté  de  cette  conduite.  En  eJSfet,  les  anciens 
tuyaux  se  trouvaient  presque  à  découvert  dans  beaucoup  d'endroits, 
à  cause  des  fouilles  entreprises  dans  les  carrières,  et  des  charrois 
qui    avaient  creusé  de    profondes  ornières  (6). 

La  quantité  d'eau  nécessaire  à  l'établissement  était  encore 
insuffisante,  et,  en  1699,  le  Bureau  de  la  Ville  accorda  une  nouvelle 
concession  de  12  lignes  d'eau  en  superficie,  à  prendre  par  bassinet 


(i)  Arch.  nnt.,  N  1II«  seciion,  3i4-,  5i4;j,  535,  plans  mss.  des  fontaines  de  Belleville 
dressés  de  i635  à  ï63g,  où  l'on  voit  les  tracés  du  rempart,  la  place  du  moulin  de 
l'Ardoise,  les  terrains  du  couvent  des  Filles  du  Calvaire. 

(2)  Il  en  subsisterait  encore  une  substruction  dans  la  cave  d'une  maison  particulière, 
ancien  189,  rue  de  Belleville.  (Voy.  Tesson,  Rapport  sur  l'aqueduc  de  Belleville,  dans 
Pr.-V.  de  la  comm.  du  Vieux-Paris,  6  oct.  1898.) 

(3)  Un  3"  groupe  était  formé  par  l'eau  des  Savies  ou  du  prieuré  Saint-Martin,  réunie  à 
celle  de  la  Ville  vers  1733  ;  elle  était  amenée  au  prieuré  et  au  Temple  par  une  conduite  en 
grès  séparée  de  l'aqueduc  de  Belleville.  Les  moines  l'abandonnèrent,  après  avoir  obtenu 
une  concession  d'eau  de  Seine,  en  1740,  et  l'eau  fut  versée  dans  l'aqueduc  à  la  jonction 
de  la  rue  de  la   Mare  avec  la  ruelle  Saint-Martin  (anciennement  rue  de  Savies). 

(4)  Aujourd'hui  Rebeval. 

(5)  Aujourd'hui  de  Sambre-et-Meuse. 

(6)  Arch.  A.  P.,  liasse  67. 


Li:S    BATUIENTS 


227 


au  regard  de  la  fontaine  des  Récollets,  où  se  rendaient  les  eaux 
publiques  de  la  Ville  provenant  du  Pré-Saint-Gervais  (i).  L'Hôtel- 
Dieu  devait  faire  à  ses  frais  rétablissement  d'une  conduite,  et 
Jean  Beausire,  architecte,  maître  des  œuvres  de  la  Ville  de  Paris, 
assurer  Texécution  des  travaux.  Cette  concession  fut  renouvelée 
ainsi  que  les  précédentes  par  un  brevet  du  Bureau  de  la  Ville  du 
I  2  décembre  1739. 

L'eau  de  Belleville,  outre  son  insuffisance,  était  de  mauvaise 
qualité  (2).  «  L'hôpital  Saint-Louis,  dit  un  rapport  des  administra- 
teurs, en  1787,  n'a  que  des  eaux  de  Belleville,  qui  corrodent  par 
leur  nature  le  linge  qu'on  y  blanchit,  dont  la  crudité  ne  permet  pas 
l'usage  pour  la  boisson,  les  remèdes,  la  cuisson  même  des  légumes, 
de  sorte  qu'on  est  obligé  depuis  que  cet  hôpital  a  été  ouvert  [1772] 
d'y  envoyer  journellement  et  à  de  grands  frais  l'eau  de  Seine  (3).  » 
De  son  côté.  Tenon  écrit  dans  ses  Mémoires  :  «  Il  faudrait  que 
l'eau  qui  vient  de  Belleville  fût  propre  à  la  boisson,  aux  lessives, 
ne  fût  pas  séléniteuse,  que  cet  hôpital  en  eût  suffisamment,  que 
son  égout  [se]  rendant  à  celui  de  Turgot,  fût  couvert,  dallé  dans  le 
fond,  qu'il  eût  en  tête  un  réservoir  de  chasse,  pour  le  nettoyer  (4).  » 

Cet  égout  de  Turgot,  dont  parle  Tenon,  avait  été  construit  en 
1737,  et  la  presque  totalité  des  eaux  de  Belleville  se  déversait  dans 
le  réservoir  du  Calvaire  et  servait  au  nettoyage  de  l'égout  (5). 

L"Hôtel-Dieu,  au  cours  des  xvii*  et  xviii'^  siècles,  avait  accru 


(i)  D'après  Piganiol,  IV,  128,  ce  sont  les  religieux  desservant  l'hôpital  Saint- 
Gervais  qui  ont  donné  leur  nom  (Pré-Saint-Gervais)  aux  magnifiques  prairies  qu'ils  pos- 
sédaient entre  Belleville  et  Romainville,  et  dont  ils  firent  dériver,  par  des  rigoles,  les  eaux 
j  usqu'aux  terrains  environnant  leur  hospice.  Les  4  regards  reconstruits  au  xvii»  siècle, 
la  fontaine  du  Pré,  les  regards  des  Maussins,  du  Trou-Morin  et  des  Ber^iages,  ont  été 
classés  comme  monuments  historiques  par  arrêté  du  4  nov.  1899.  {Pr.-V.  de  lacomm.  du 
Vieux-Paris,  7  déc.  1899.) 

(2)  C'est  également  ce  dont  se  plaignaient  les  habitants  de  l'Enclos  du  Temple  qui  rece- 
V  aient  les  eaux  de  Belleville  dans  un  bassin  placé  devant  le  donjon.  Ils  en  faisaient  peu 
usage  et  elle  servait  principalement  pour  l'arrosage.  Le  regard  Saint-Martin,  rue  des  Casca- 
des, à  Ménilmontant,  porte  encore  les  écussons  des  2  prieurés.  (Guilhermy,  Insc)-.  du  dioc. 
de  Paris,  t.  V,  258. 1 

(3)  L'eau  des  puits  de  la  région  n'était  guère  meilleure  si  l'on  en  croit  un  acte 
du  26  août  1606,  permettant  aux  religieux  de  Saint-François,  dits  Récollets,  du  faubourg 
Saint-Martin,  de  greffer  sur  le  grand  canal  de  la  fontaine,  qui  passe  devant  la  porte  de 
leur  couvent,  une  conduite  d'eau  de  la  grosseur  d'un  petit  pois,  car  «  les  eaux  des  puis, 
qui  sont  dans  leur  couvent,  ne  se  sont  trouvées  bonnes  pour  boire,  nj'  pour  s'en  servir 
aux  usages  accoustumez,  ce  qui  cause  et  apporte  des  maladies  aux  pauvres  religieux.  (Bibl. 
hist.  y.  de  P.,  n.  a.  40,  fol.   109,  copie.) 

(4)  P.  72. 

(3)  Aujourd'hui  les  eaux  de  Belleville  ne  servent  plus  à  aucun  usage,  ni  public  ni  do- 
mestique, mais  elle.s  coulent  toujours  plus  ou  moins  abondamment,  de  sorte  qu'il  est 
indispensable  de  veiller  à  l'écoulement  normal,  et  d'entretenir  les  pierrées  et  les  puisards. 
Il  existe  encore  quelques-uns  de  ces  regards,  vestiges  curieux  des  ouvrages  d'autrefois. 
(Comm.  du  Vieux -Paris,  6  oct.  1898,  et  A.  de  Longpérier,  Mcm.  Soc.  Hist.  de  Paris, 
t.  "VIII,  1881,  p.  287-292  ;  Arch.  nat.,  S6648,  et  E.  Gérards,  Paris  souterrain  ;  Paiis,  1909, 
in-4»,  p.  214.) 


L  HOTEL-DIF.r    AU    XYII^    ET    AU    XVIII<=    SIECLE 


ses  propriétés  autour  de  Saint-Louis,  au  Caréme-Prenant,  à  la 
Courtille,  par  des  achats  faits  à  des  plâtriers,  des  laboureurs,  des 
jardiniers  propriétaires  de  vergers  qui  commençaient  à  prendre 
de  la  valeur  depuis  la  construction  de  l'hôpital  devenu  centre  de 
peuplement.  Ces  terrains,  qui,  en  1610,  valaient  i5o  à  200  livres 
l'arpent,  se  payaient,  3o  ans  plus  tard,  5oo  livres  (i).  L'Hôtel-Dieu 
fit  également  des  échanges  de  manière  à  grouper  toutes  ces  acqui- 
sitions autour  de  l'établissement,  en  cas  d'agrandissement  éven- 
tuel (2). 

L'hôpital  construit,  il  avait  fallu  assainir  le  quartier.  Aux  en- 
virons se  trouvait  l'emplacement  du  fameux  gibet  de  Montfaucon  (3), 
désaffecté,  devenu  voirie,  où  tous  les  habitants  des  quartiers 
Saint-Denis,  Saint-Martin  et  du  Temple  jetaient  leurs  im- 
mondices, les  bêtes  mortes,  les  matières  fécales,  et  où  les  vinaigriers 
des  alentours  venaient  faire  leurs  gravelées.  En  161 8,  à  l'occasion 
de  la  peste,  le  lieutenant  général  de  police  de  Mesmes,  dut  prendre 
une  ordonnance  (4)  interdisant  aux  vinaigriers  «  de  faire  leurs  gra- 
velées et  autreschosesdépendantes  de  leurs  métiers,  audit  lieu  proche 
de  Monfaulcon  «  (5).  Les  boulangers,  bouchers,  écorcheurs  de  che- 
vaux,étaient  tenus,  au  lieu  d'ydéposerleurstripailles  et  ordures,  de  les 
faire  conduire  «  derrière  les  montagnes  tirans  à  côté  des  chemins 
de  Panthin  ou  en  autres  lieux  moins  incommodes  à  l'hôpital  ». 
Enfin,  ordre  fut  donné  de  porter  les  matières  fécales  dans  les  car- 
rières, «  pour  y  reposer  au  moins  3  ans  avant  de  les  reprendre  sur 
les  terres,  sous  peine  de  i.ooo  livres  parisis  d'amende,  confiscation 
des  chevaux  et  charrettes,  et  même  de  prison  et  punition 
corporelle  «. 

Les  carrières    ouvertes  sur  l'emplacement  des  fourches  pati- 


(i)  Sur  toutes  ces  acquisitions,  voy.  Arch.  A.  P.,  liasse  66,  et  Inventaire  de  1722. 

(2)  Plusieurs  de  ces  terrains  provenaient  aussi  de  legs  comme  les  2  arpents,  au 
Champ  des  Vinaigriers,  légués  le  7  avril  1666  par  Charles  Tuppin,  chapelain  ordinaire  de 
la  musique  du  roi  et  chanoine  de  Saint-Jacques-de-l'Hôpital,  ou  les  8  arpents,  à  la  Chapelle  - 
Saint-Denis,  légués  par  Cosnard  de  Trémond. 

(3)  11  existait  encore  du  temps  de  Henri  IV  qui,  lors  du  siège  de  Paris,  fit  mettre 
4  pièces  d'artillerie  sur  la  butte  de  Montfaucon,  et  tirer  quelques  coups  pour  saluer  les 
Parisiens.  (P.  Cayet,  Chronologie  novenaire,  t.  I,  p.  333.) 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  66'.  Cette  ordonnance  du  16  juill.  1618  fut  publiée  à  son  de 
trompe  et  cri  public,  affichée  dans  les  carrefours  et  sur  trois  poteaux  «  mis  es  lieux  émi- 
nans,  l'un  au  bout  du  faubourg  Saint-Martin,  l'autre  au  bout  du  faubourg  du  Temple  et 
l'autre  sur  le  lieu  ». 

(5)  Les  vinaigriers  étaient  constitués  en  corporation  dès  le  xiv» siècle,  mais  leurs  statuts 
du  28  oct.  1394  sont  perdus.  Les  statuts  ultérieurs  sont  de  i3i4  et  de  i638.  Leur  titre 
officiel  était  «  vinaigriers-moustardiers-sauciers-distillateurs  en  eau-de-vie  et  esprit-de- 
vin-buffetiers  ».  (Francklin,  Dictionnaire  des  arts  et  métiers  exercés  dans  Paris,  p.  73 1.) 
Le  champ  des  vinaigriers  a  donné  son  nom  à  la  ruelle  qui  lui  servait  de  limite,  devenue 
la  rue  des  \'inaigriers  (X°  arrond.). 


:S    BATIMRNTS 


22g 


bulaires  étaient  des  carrières  de  plâtre  (i).  Un  acte  du  3  décem- 
bre 1627  donne  la  permission  d'extraire  le  plâtre  de  la  pièce 
de  terre  où  se  trouvait  le  gibet,  dépendant  du  fief  du  «  cens 
commun  «,  propriété  du  Chapitre.  La  butte  qui  se  trouvait  à 
environ  1.200  mètres  du  rempart  figure  encore  sur  la  vue  de 
l'hôpital  Saint-Louis  de  Claude  de  Chàtillon  [1648].  La  voirie  fut 
transportée  plus  loin  (2). 

C'est  la  construction  de  Thôpital  qui  la  fit  disparaître.  Le  gibet 
avait  servi  à  une  époque  assez  récente,  puisque,  en  1584,  y  fut 
pendue  une  sœur  blanche  de  l'Hôtel-Dieu  qui  avait  tué  la  nuit  une 
religieuse  professe  et  frappé  une  autre  sœur  de  plusieurs  coups  de 
couteau.  L'Estoile  qui  rapporte  ce  fait  dans  son  Journal  ajoute  (?) 
que  la  coupable  avait  tenté  de  se  suicider  après  le  crime,  en  se 
précipitant  d'une  haute  fenêtre  de  l'Hôtel-Dieu  dans  la  Seine, 
d'où  on  avait  pu  la  retirer  saine  et  sauve.  Le  Parlement  la  condamna 
à  être  pendue  à  Montfaucon,  «  avec  l'homicide  couteau  ». 

Un  édit  du  19  octobre  1645  (4)  nous  apprend  qu'on  déposait 
à  Montfaucon,  depuis  iSgS,  les  matières  provenant  des  vidanges. 
Il  y  avait  là  un  certain  nombre  de  fosses  où  les  bouchers  devaient 
décharger  leurs  tripailles  et  immondices.  C'est  probablement  vers 
le  milieu  du  xvii''  siècle  que  les  équarrisseurs,  primitivement  ins- 
tallés près  du  Grand-Pont,  puis  près  des  Tuileries  Saint-Honoré, 
s'en  allèrent  à  Montfaucon,  car  l'ordonnance  du  5  août  1667  leur 
enjoint  de  mettre  les  bêtes  mortes  «  dans  les  fosses,  aux  Écus  de 
Biron,  sises  près  Montfaucon,  destinées  à  cet  usage  >k  Malgré 
les  ordonnances  de  police  (5),  beaucoup  restèrent  à  l'intérieur  de 
Paris,  notamment  dans  la  rue  du  Pont-aux-Biches,  près  de  la  rue 
Neuve-Saint-Martin.  Plus  tard,  vers  le  milieu  du  xviii''  siècle,  ils 
eurent  la  permission  de  s'établir  dans  le  voisinage  de  la  voirie  du 
Sud,  un  peu  au  delà  de  la  barrière  des  Fourneaux  (6). 


(i)  Voy.  Sauvai,  o.  c,  t.  II,  p.  585.  Les  carrières  de  Montfaucon  et  de  Belleville  four- 
nissaient au  xviii»  siècle  presque  tout  le  plâtre  expédié  aux  États-Unis,  où  il  manquait, 
d'où  le  nom  de  Carrières  d'Amérique,  qui  est  resté  à  ce  quartier. 

(2)  Nous  en  avons  confirmation  dans  un  acte  de  procédure  entre  un  sieur  Ménard  et  le 
Chapitre  de  Notre-Dame,  en  i63o.  (Arch.  nat.,  reg.  des  trésoriers  de  France,  cité  par 
Lavillegile,  le  Gibet  de  Montfaucon  ;  Paris,  in-12.) 

(3)  Collect.  Petitot,  t.  XLV,  p.  282.  Voy.  aussi  Tanon,  Histoire  des  anciennes  justices 
des  églises  et  communautés  de  Paris;  Paris,  in-8»,  p.  140. 

(4)  Delamare,  o.  c-.,  t.  IV,  p.  284,  et  Arch.  de  la  Préf.  de  pol.,  coll.  Lamoignon,  t.  XV, 
p.  121. 

(5)  Arch.  de  la  Préf.  de  pol.,  coll.  l.amoignon.  Sentences  du  9  août  1698,  du  10  juin 
1701,  1 1  juin   1706. 

(6)  C'est  en  1739  (ord.  du  11  sept.)  que  nous  voyons  pour  la  première  fois  la  police 
interdire  dans  Paris  la  vente  de  la  chair  de  cheval,  et  poursuivre  ceux  qui  allaient  en 
chercher  à  Montfaucon.  Cette  défense  fut  renouvelée  par  les  ord.  du  19  mars  1762, 
3i  mars  1780,  et  un  arréi  du  Conseil  d'Etat  de  1784. 


2  3o  l'hOTEL-DIKU    ai;    XVII"    F.T    au    XYIII-^    SIECLE 

L'hôpital  dut  se  défendre  aussi  contre  les  industries  voisines. 
Le  Bureau  obtint  par  sentence  de  police  du  3o  janvier  1699  la 
suppression  d'une  boyauderie  et  de  diverses  mares  qui  infectaient 
l'air  (i).  Quelque  temps  auparavant,  il  avait  empêché  les  prêtres 
de  Saint-Lazare  de  construire  des  fours  à  plâtre  (2). 

On  peut  voir  ce  qu'était  devenu  ce  quartier  au  début  du 
xviiie  siècle  par  la  statistique  que  fit  dresser  Voyer  d'Argenson, 
lieutenant  général  de  police,  pour  se  rendre  compte  des  besoins  réels 
de  chacun  des  20  quartiers  de  Paris  (3),  créés  par  l'édit  de  dé- 
cembre 1701,  consignée  dans  la  préface  du  Plan  de  Paris  publié 
en  17 14  par  Jean  de  la  Caille.  Sur  10  rues  du  quartier  Saint-Martin, 
7  ne  possèdent  aucune  maison  ;  seules  sont  bâties  les  rues  du 
Faubourg-Saint-Laurent,  du  Faubourg-Saint-Martin  et  la  rue  des 
Fossés  du  faubourg  Saint-Martin,  contenant  en  tout  172  maisons 
éclairées  par  22  lanternes.  La  rue  du  Carême-Prenant,  à  qui  abou- 
tissent 3  ruelles  venant  de  l'hôpital  Saint-Louis,  le  chemin  de 
Saint-Denis,  passant  derrière  l'hôpital,  la  rue  de  l'hôpital  Saint- 
Louis  passant  devant  l'hôpital,  la  rue  des  Marais,  la  rue  Saint-Maur, 
la  rue  des  Récollets  sont  encore  des  chemins  non  bâtis.  Aucun 
commerce  non  plus.  On  relève  une  seule  boucherie  avec  deux 
étaux,  au  faubourg  Saint-Martin,  et  une  avec  un  étal,  au  faubourg 
Saint-Laurent.  Tous  les  grands  établissements  de  la  région. 
Saint- Louis,  Saint-Lazare,  les  Récollets,  avec  leurs  clos,  leurs  pota- 
gers, leurs  basses-cours,  se  suffisaient  à  eux-mêmes. 

Au  début  du  xvni*  siècle,  le  chemin  de  Saint-Maur,  partant  de 
la  haute  Courtille,  fut  prolongé  jusqu'à  la  chaussée  de  Montfaucon- 
ou  grand  chemin  allant  à  Meaux  en  passant  par  Pantin  et  en  cou- 
pant le  chemin  de  Belleville.  L'Hôtel-Dieu  obtint  de  faire  construire 
le  long  de  la  nouvelle  chaussée,  sur  la  partie  qui  lui  appartenait,  un 
mur  de  clôture,  devant  le  réservoir  de  Saint-Louis,  pour  le  protéger 


(i)  Délib.  du  22  août,  i"'  sept.,  24  nov.  lyoS  et  liasse  66-.  Ce  qu'était  alors  une  boyau- 
derie, on  en  peut  juger  par  la  description  suivante  :  «  Ce  sont  quelques  masures  basses  et 
à  rez-de-chaussée,  entourées  de  marres,  sans  fenêtres,  étages,  ni  greniers,  d'où  coulent 
8  égouts  se  déversant  dans  les  marres,  remplis  de  matières  puantes  provenant  des  graisses 
de  boyaux  de  moutons  et  autres,  amassées  depuis  nombres  d'années,  et  croupies  avec  une 
quantité  d'eau  roussâtre  »,  dit  dans  son  rapport  le  commissaire  Grillon  qui  s'y  est  rendu 
par  ordre  du  lieutenant  général  de  police,  d'Argenson,  et  ajoute  «  Les  boyautiers  n'osent  pas 
travailler  sans  auparavant  s'être  remplis  d'eau-de-vie.  » 

(2)  Cf.  Colletet,  les  Tracas  de  Paris: 

La  poussière  blanche  du  piastre 
Dont  peu  de  monde  est  idolâtre. 
Chose  incommode  en  ce  chemin 
Du  long  quartier  de  Saint  Martin. 

(3)  Le  boulevard  du  Temple  avait  été  ouvert  en  vertu  d'un  arrêté  du  Cons.  du  roi  en 
date  du  7  juin  i635;  les  boulevards  Saint-Mariin  et  Beaumarciiais  en  exécution  d'un 
arrêté  du  7  juin  1670;  les  autres  boulevards  par  lettres  patentes  de  juill.  1676.  La  porte 
Saint-Denis  date  de  1672;  la  porte  Saint-Martin  de  1674. 


LES    BATIMENTS  2?  I 


contre  les  vagabonds.  Ce  mur  fut  percé  de  2  portes  qui  donnèrent 
à  rhôpital  accès  sur  cette  rue  (11  juillet  lySb)  (i).  Les  autres 
propriétaires,  sur  les  terres  de  qui  fut  ouverte  la  nouvelle  rue, 
reçurent  des  indemnités.  Le  chemin  de  Saint-Maur  devint  vite 
une  voie  très  fréquentée.  Mais  il  n'était  pas  pavé,  de  même  que 
le  chemin  de  Meaux.    De  là  un  grand  nombre  de  réclamations  (2). 

L'Hôtel-Dieu  (3)  offrit  de  faire  l'avance  du  prix  des  pavés.  Le 
devis  dressé  par  C.  Aubry,  inspecteur  du  pavé  de  Paris,  s'élevait 
à  16.002  1.  1 2  s.  4d.  pour  359  toises  2  pieds  de  longsur  i  5  delarge;  le 
Conseil  d'Étatrendit,  le  25  novembre  1752,  un  arrêt  ordonnant  dans 
ces  conditions  le  pavage  de  la  rue  (4).  La  situation  ne  devint  pas 
meilleure;  les  cloaques  de  Saint-Louis  restèrent  célèbres  jusqu'à 
la  tin  du  xviii«  siècle.  Un  arrêt  du  Conseil  du  18  avril  1788,  homo- 
loguant une  délibération  du  Bureau  de  la  Ville,  en  ordonna  la 
suppression.  Le  devis  des  ouvrages,  maçonnerie,  terrasse,  pavé  et 
autres,  fait  par  l'architecte  Poyet,  s'éleva  à  68.286  1.  6  s.  8  d.  Dans 
un  rapport,  M.  de  Chézy,  inspecteur  du  pavé  de  Paris  (5),  indique 
que  les  trois  principaux  cloaques  étaient  rue  Saint-Maur,  près  de 
la  barrière  du  faubourg  Saint-Martin,  où  séjournaient  les  eaux 
d'un  égout  pratiqué  sous  le  faubourg  Saint-Martin,  rue  des  Récol- 
lets, où  venaient  les  eaux  de  la  rue  Saint-Maur,  à  travers  les  marais 
de  MM.  de  Saint-Lazare,  enfin  rue  du  Carême-Prenant  où  se  déver- 
saient les  eaux  du  lavoir  de  Saint-Louis. 

M.  de  Caumartin,  prévôt  des  marchands,  projeta  d'ouvrir  une 
nouvelle  rue  et  de  construire  des  égouts  aux  environs  de  l'hôpital. 
Le  Bureau,  à  qui  ces  plans  furent  soumis  (6),  répondit  par  une 
longue    suite   d'observations  ;    il    fit   valoir    qu'il    n'y    avait    pas 


(i)  Arch.  A.  P.,  liasse  662.  Le  devis  de  maçonnerie  de  ce  mur  indique  qu'il  sera  cons- 
truit en  bonne  pierre  meulière,  avec  bon  mortier  de  chaux  et  sable  graveleux  de  la  plaine, 
mêlé  d'un  tiers  de  sable  de  rivière,  et  coiffé  au  lieu  de  bordure  et  chaperon  ordinaire  d'un 
rang  de  moellons  bien  choisis.  Il  devra  avoir  24  pouces  d'épaisseur  à  la  base,  18  au  sommet 
et  9  pieds  de  haut;  la  chaux  viendra  de  Senlis  ;  la  terre  provenant  des  tranchées  sera 
rejetée  dans  l'intérieur  de  l'enceinte  qui  va  se  trouver  agrandie. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  66'.  Voy.  en  particulier  celle  du  curé  de  Saint-Laureni,  Cotteret, 
à  l'intendant  des  finances  Trudaine. 

(3)  Arch.  A.  P.,  Jia.sse  661. 

(4)  Les  pavés  devaient  être  de  grès,  de  8  à  10  pouces,  sur  forme  de  sable  de  4  pouces 
d'épaisseur,  au  prix  de  18  1.  la  toise  carrée.  Ces  pavés  étaient  tirés  de  l-'ontainebleau, 
et  aussi  des  environs  de  Pontoise,  l'Ile-Adam,  Mérj',  ou  bien  de  la  vallée  de  l'Yvette. 

(5)  Arch.  nat.,  Qi  1204,  avec  plusieurs  plans  de  l'architecte  Poyet,  et  xi ne  affiche  d'adju- 
dication des  travaux. 

(6)  Un  premier  plan  avait  été  dressé  par  Verniquet,  architecte  et  commissaire  de  la 
voirie  (i»'  mars  1782),  mais  il  n'était  pas  conforme  à  la  déclaration  de  lyôS,  ni  régulier 
dans  toutes  ses  parties.  M.  de  Caumartin  en  fit  dresser  un  autre  (2  août  1782) 
(A.  N.,  Q'  1204).  Toutefois  "Verniquet  reçut,  par  soumission  du  i5  ocl.  1785,  au  prix  total 
de  600.000  !.,  l'entreprise  du  plan  comprenant  le  lever  de  toutes  les  rues  avec  les 
façades,  prescrit  par  l'ord.  du  10  avril  1783.  |H.  Monin,  Travaux  d'E.  Verniquet,  dans 
Bull,  de  la  Bibl.  des  Trav.  hist.  de  la   Ville  de  Paris,  n»  3,    1908.) 


l'hoti;l-dii:l"  av  xvir-  i;t  w  xviii<=  siixlk 


besoin  d'une  rue  nouvelle,  puisqu'il  y  en  avait  déjà  une  qui  abou-  | 
tissait  à  la  porte  de  l'hôpital  Saint-Louis  ;  qu'il  faudrait  abattre  une  ; 
maison  faisant  l'angle  de  la  rue  du  Carême-Prenant  et  de  la  ruelle  ^ 
Saint-Louis  et  valant  20.000  livres  ;  que  le  marais  était  environné  \ 
de  murs  le  long  de  la  rue  actuelle,  qu'il  faudrait  refaire  le  long  de 
la  nouvelle,  sans  compter  diverses  indemnités  à  payer  aux  pro-  ^ 
priétaires  riverains  qui  refuseraient  de  contribuer  au  pavé  de  la  i 
nouvelle  rue. 

Malgré  le  mauvais  vouloir  des  administrateurs,  il  n'en  était  pas 
moins  avéré  que  les  eaux  qui  sortaient  de  l'hôpital  Saint-Louis, 
sans  écoulement,  étaient  pour  le  quartier  un  foyer  de  pestilence. 
En  1784,  le  prévôt  de  La  Villette  chargea  deux  chirurgiens,  Solier 
de  la  Romillais   et  Mallet,  de  faire  un  rapport  sur  les  mesures  à      , 
prendre  pour  préserver  l'hôpital  et  les  habitations  voisines  des  dan- 
gers présentés  par  la  mare  qui  se  trouvait  au  sud  de   Saint-Louis.      1 
L'Hôtel-Dieu  envoya  son  inspecteur  des  bâtiments,  tit  nettoyer  les      j 
puisards  de  l'établissement,  mais,  comme  on  était  en  plein  été  (i),      ' 
et  qu'il  était  dangereux  de  faire  curer  la  mare  en  cette  saison,  se 
borna  à  la  faire  couvrir  de  fagots  afin  d'arrêter  les  exhalaisons.  De     - 
leur  côté,  les  propriétaires  des  terrains  et  des  marais  voisins  récla-      ] 
niaient  vainement  l'ouverture  delà  rue  projetée.  Les  grands  travaux      ^ 
de  voirie  du  quartier  ne  furent  entrepris  qu'au  xix«  siècle. 


LES  MAISONS  DE  SANTE  SAINT-MARCEL  ET 
SAINTE-ANNE 

L'édit  de  mai  1607,  qui  portait  l'octroi  à  perpétuité  pour 
l'Hôtel-Dieu  de  5  sols  sur  chaque  minot  de  sel  vendu  ou  débité 
dans  la  généralité  de  Paris,  à  charge  de  construire  un  hôpital  de 
contagieux  hors  la  porte  du  Temple,  prévoyait  aussi,  à  condition  de 
les  achever,  l'abandon  des  bâtiments  achetés  par  la  Ville  au  fau- 
bourg Saint-Marcel  (2). 

Au  plus  fort  de  la  contagion,  en  1606  et  en  1607,  la  Ville, 
grâce  aux  denierscommuns,  a  levés»  sur  les  habitants,  avait  acheté 
en  effet  pour  y  recevoir  des  malades  2  maisons  sises  rue  de  l'Arba- 
lète   et  rue  des   Vignes   (3),  entre  les  faubourgs  Saint-Jacques   et 


(1)  Ddlib.  28  juill.  1784,  reg.  i54,  fol.  45i. 

(2)  Cet  cdit,  enregistré  dans  la  série  des  volumes  d'ordonnances  du  Parlement  (Arch. 
nat.,  X'a  8646,  fol.  1 1  v),  a  été  analysé  par  Delamare,  o.  c,  t.  I,  p.  618.  On  en  trouve  éga- 
lement un  exemplaire  imprimé  dans  la  collectionRondonneau  (Arch.  nat.,  AD  -f- 142,  n«  26.) 

f3)  Arch.  nat.,  Y  i3.  Bannièresdu  Châtelet,  fol.  i32.  L'une  fut  achetée  le  17  juill.  1606  à 
un  S'  Voisin,  et  l'autre  le  2  mars  1607  à  Antoine  Le  Maire. 


LES    BATIMENTS  233 

Saint-Marceau.  Mais  elle  était  mal  outillée  pour  les  administrer  et 
elle  mit  beaucoup  d'empressement  à  les  céder  à  l'Hôtel-Dieu  La 
délibération  de  police  confiant  à  ce  dernier  la  gestion  de  la  mai- 
son de  Saint-Marcel  est  datée  du  26  mai  1607  ;  dès  le  !«■■  Juin,  les 
3  administrateurs  chargés  spécialement  du  nouvel  établissement, 
d'Aubray,  Josse  et  de  La  Haye  (i),  formulaient  un  règlement. 
établissaient  le  régime  alimentaire,  nommaient  un  nouveau  per- 
sonnel et  donnaient  des  ordres  pour  Tapprovisionnement  et  les 
mesures  de  sûreté.  On  y  envoya  2  chapelains,  8  religieuses,  dont 
2  filles  blanches,  i  chirurgien,  i  garçon  chirurgien,  i  maître  et 
I  garçon  cuisiniers,  3  emballeurs,  i  portier,  i  Jardinier.  Une 
voiture  y  transportait  les  provisions  achetées  par  le  dépensier. 

Tandis  que  la  maison  de  santé  de  la  rive  droite  était  devenue  le 
superbe  établissement  que  nous  savons,  celle  de  la  rive  gauche 
devait  avoir  un  destin  précaire.  Les  agrandissements  prévus  ne 
furent  Jamais  exécutés  ;  Vellefaux  fut  chargé  seulement  (2),  en 
1610  et  161 1,  de  quelques  menues  et  urgentes  réparations.  D'autre 
part,  l'abbé  de  Sainte-Geneviève  réclama  les  droits  d'indemnité  et 
de  lods  et  ventes,  pour  l'acquisition  de  la  propriété,  droits  que  le 
Bureau  refusa  de  payer,  d'où  procès  (3).  L'entretien  enfin  en  deve- 
nait dispendieux,  lorsque  les  locaux  étaient  évacués  ;  les  Jardins 
pourtant  avaient  été  concédés  à  2  Jardiniers,  chargés  d'entretenir 
les  tailles  et  palissades,  à  condition  de  fournir  chaque  Jour,  à 
l'Hôtel-Dieu,   «   les  herbages  »   nécessaires  à  la  cuisine  (4). 

En  161 2,  la  maison  de  Saint-Marcel  reçut  pendant  3  semaines 
les  Irlandais  et  les  étrangers  chassés  de  Paris  à  la  suite  de  l'assem- 
blée tenue  en  la  Chambre  de  Saint-Louis  pour  aviser  des  mesures 
à  prendre  contre  les  mendiants  et  vagabonds  en  attendant  qu'on 
puisse  les  rapatrier  (5).  On  y  mit  également,  en  161  3,  des  «pauvres 
enfermés  »,  11  n'y  avait  plus  alors  comme  personnel  qu'un  chape- 
lain-concierge et  un  portier-Jardinier,  qui  avaient  installé  des  Jeux 
de  boules  et  de  quilles  (6).  En  1620  (7),  on  y  construisit  une  petite 
chapelle,  sur  la  demande  du  P.  Jean  Tyal,  Jésuite.  En  1621,  l'éta- 
blissement s'accrut  d'une  petite  maison  près  de  la  rue  des  Postes, 


(1)  Délib.  3i  mai  1607.  Ces  dclib.  sont  exUaiies  du  reg.  spécial  à  Saint-Louis  et  Sainte- 
Anne,  n-  1440. 

(2)  Délib.  3  févr.    1610,   26    mai     1610,    26    janv.    161 1,  2  mars   161 1,  20  mai    161 1, 
23  juill.  i6i3,  3o  août  i6i3,  4  sept.  1616. 

(3)  Délib.    i3   déc.   161 1,  10   févr.   1612,   8  août    1612,    16   mars    i6i3,   17   juill.    i6i5, 
23  nov.  1617,  10  nov.  1646. 

(4)  Délib.  i»--  juin  1612. 

(5)  Délib.  29  sept.  1612. 

(6)  Délib.  3  août  i6i3. 

(7)  Délib.  20  déc.  1620,  7  mai  1621. 


234  l'hotkl-du;!'  ai:  xvii<--  kt  au  xvin<=  siècle 

au  lieu  dit  «  les  Poteries  >-  (i).  En  1624,  on  y  fit  l'adduction 
d'eau  de  Rungis  (2)  par  les  conduites  venant,  le  long  des  terres  de 
Notre-Dame-des-Champs,  du  regard  des  Carmélites,  au  faubourg 
Saint-Jacques. 

Ces  bâtiments,  ouverts  seulement  en  temps  d'e'pidémie,  comme 
Saint-Louis,  ne  gardèrent  pas  longtemps  leur  destination  primi- 
tive. Dès  le  mois  d'avril  1646,  le  Bureau  apprit  que  M^e  Polallion 
et  quelques  autres  dames  étaient  venues  visiter  les  locaux,  et  que 
l'intention  de  la  reine  était  de  les  acheter.  La  maison,  en  effet,  fut 
destinée  par  Anne  d'Autriche  aux  Filles  de  la  Providence,  et  cette 
concession  fut  confirmée  par  Louis  XIV,  en  1677,  avec  tous  les 
privilèges,  droits  et  exemptions  accordés  aux  hôpitaux  de  fondation 
royale.  L'Hôtel-Dieu  commença  à  chercher  un  autre  emplacement 
pour  son  «  sanitat  »  (3).  Sur  le  rapport  de  M.  Saintot(4),  il  choisit, 
en  1646,  un  terrain  de  20  arpents  environ,  au  lieu  dit  «  Pique- 
houe  »,  entre  le  chemin  dit  des  Prêtres  et  le  chemin  bas  d'Arcueil, 
dans  la  censive  de  Saint-Jean-de-Latran,  tout  au  bout  du  faubourg 
Saint-Jacques  (5). 

La  fouille  des  terres  fut  commencée  dès  le  printemps  de  1648,  et 
les  travaux  entrepris  en  i65i  (6).  Par  contrat  du  7  Juillet  i65i, 
Anne  d'Autriche  donnait  54.000  livres  pour  construire  le  nouvel 
hôpital  qui  devait  s'appeler  Sainte-Anne,  en  échange  de  la  maison 
de  santé  Saint-Marcel  (7).  Cette  dernière  ne  fut  concédée  qu'en 
partie  à  M"«  Polallion  ;  une  autre  part  échut  au  monastère  du 
Val-de-Grâce  (8),  où  la  reine  allait  souvent  faire  ses  dévotions  et 
qu'elle  honorait  d'une  sympathie  particulière  ;  aussi  bien  «  l'in- 
commodité ))  que  sa  santé  aurait  pu  recevoir  en  temps  de  contagion 
de  la  proximité  du  sanitat  fut-elle,  ainsi  qu'il  est  spécifié  au  contrat 
d'échange,  pour  une  bonne  part   dans  cette  détermination. 

La  maison  de  Sainte-Anne  fut  construite  avec  les  pierres 
des  carrières    qui  se  trouvaient  dans  les  terres  mêmes  achetées 

(1)  Délih.  7  avril  1621. 

(2)  Délib.  23  nov.  1624,  11  avril  1623.  C'est  Jean  Lintlaer  qui  fut  chargé  du  travail 
de  canalisation,  et  Cli.  Gamard  de  la  maçonnerie.  Le  9  déc.  i633,  les  apothicaires, 
dont  le  jardin  était  voisin  de  la  maison  de  santé,  obtinrent  la  permission  de  brancher  sur 
cette  conduite  un  tuyau  de  4  lignes  d'eau.  (Cf.  G.  Guiffrey.  Nicolas  Houe),  apothicaire 
parisien,  dans  Mém.  de  la  Soc.  de  l'Hist.  de  Paris,  t.  XXV,  1898,  p.  179,  et  t-lanchon, 
le   Jardin  des  apothicaires  de  Paris,  dans  le  Joiirn.  de  pharmacie  et  de  chimie,  1893-1893. ) 

(3)  Délib.  2  juin  1646. 

(4)  Délib.  9  févr.  1646. 

(3)  Délib.  26  avril  1646.  Les  «  publications  »  d'achat  furent  faites  en  avril  1046  aux  prô- 
nes des  églises  Saint-Jacques-du-Haut-Pas,  Saint-Hippolyte,  Saint-Martinet  Saint-Médard. 

(6)  Délib.  du  12  févr.  1649.  Un  corps  de  garde  fut  établi  dans  la  maison  de  santé 
St-Marcel,  pour  la  sécurité  du  faubourg. 

(7)  Arch.  nat.,  S.  4555,  et  Arch.  A.  P.,  reg.  1440,  p.  3oi. 

^8)  Arrêt  du  Parlement,  4  août  i655.  (Reg.  Parlement,  t.  CCXXXII,  fol.  286.) 


LES    BATIMENTS  2  .->  D 

par  la  reine  ;  la  matière  première  fut  ainsi  obtenue  à  bon  compte. 
L'eau  fut  amenée  des  fontaines  de  Rungis  (i).  Le  pavillon  d'entrée, 
la  clôture,  le  cimetière  étaient  prêts  en  i656  (2).  Les  salles  furent 
commencées  en  i65y.  L'Hôtel-Dieu  acheta  à  ses  frais,  de  ibSj 
à  1660,  divers  terrains  en  dehors  de  l'enclos.  En  1662,  une  partie 
des  constructions  étaient  achevées,  et  le  Bureau  demandait  «  les 
lettres  d'établissement  .)  au  procureur  général  de  la  Cour  des 
aides  (3).  Les  travaux,  à  partir  de  cette  date,  traînèrent  en  longueur. 
En  1666,  le  plan  dressé  en  1657  (4)  était  loin  d'être  terminé; 
il  restait  à  faire  une  partie  du  bâtiment  des  religieuses  au  rez- 
de-chaussée,  lalavanderie,  le  fournil,  le  réfectoire,  etc.  ;  au-dessus,  la 
chambre  aux  draps  et  les  greniers.  Pour  les  malades,  les  salles 
hautes  seulement  étaient  prêtes.  Par  contre,  on  cultivait  les  terres 
avec  ardeur,  et  les  récoltes  de  foin  étaient  abondantes.  En  1667,  le 
montant  des  sommes  dépensées  pour  la  construction  s'élevait  à 
173.666  livres  et  il  y  avait  24.000  livres  engagées  pour  les  nou- 
veaux bâtiments  (5).  D'autre  part,  l'Hôtel-Dieu  se  refusait  à  payer 
au  commandeur  de  Tordre  de  Malte  les  droits  d'indemnité,  delods 
et  de  ventes,  pour  les  terres  situées  dans  sa  censive  (6). 

La  maison  de  Sainte-Anne  restait  toujours  inoccupée,  et,  en 
1678,  l'Hôpital  général,  qui  était  à  la  recherche  d'un  local  pour 
loger  les  femmes  et  filles  débauchées,  alors  à  la  Pitié,  jeta  son 
dévolu  sur  elle.  MaislHôtel-Dieu  ne  se  prétapas  à  la  combinaison 
et  mit  en  avant  ses  incommodités,  notamment  le  grand  éloigne- 
ment  de  Paris  (7).  Par  contre,  il  accorda  à  son  boucher  la  permis- 
sion d'y  serrer  ses  peaux  de  mouton,  en  attendant  leur  revente  (8), 
et  aux  religieuses  qui  y  allaient  prendre  l'air,  de  s'y  ménager  un 
jardin  de  plaisance,  avec  fontaine,  treilles  et  arbres  fruitiers.  Un 
blanchisseur,  qui  s'y  était  installé  sans  permission,  en  1694,  en  fut 
chassé.  En  1698,  on  y  vola  les  tuyaux  de  plomb  des  conduites.  En 
définitive,  cette  tentative  de  création  d'un  hôpital  annexe  sur  la 
rive  gauche  avait  pitoyablement  avorté. 

Sainte-Anne  n'était  plus  au  xviii*^  siècle    qu'une  grosse  ferme 

(1)  Brevet  de  concession  de  144  lignes  d'eau,  i5  juin  1647.  (Arcli.  A.  P.,  reg. 
1440,  p.  3o3.) 

(2)  Déiib.  I"  sept.  i636. 

(3)  Délib.  10  mars,  6  avril,  6  mai  1662. 

(4)  Plan  arrêté  à  la  délib.  du  21  mars  lôSy. 

(5)  L'H.-D.  dut  justifier  en  1667  de  l'emploi  de  la  somme  de  54.000  1.  données  par  la 
reine  mère  ;  l'état  J'ourni  présente  une  dépense  de  96.823  1.  de  maçonnerie,  18.272  1. 
de  charpente,  58.711  1.  de  couverture,  menuiserie,  serrurerie,  et  autres  pour  l'ancien 
bâtiment,  et  de  2.400  1.  déjà  engagées  pour  le  nouveau.  (Délib.  24  août   1667.) 

(6)  Délib.  21,   26  mai,  21,  23  juin.,  23  déc.  1677,  22  janv.  1678,  24Juill.  1684. 

(7)  Délib.  i3  juill.  1678. 

(8)  Uélib.  6  oct.  1679. 


2?6  l'hotel-dii:u  au  xv 


que  les  collecteurs  de  la  paroisse  de  Montrouge  voulaient  imposer 
de  la  taille  (i),  où  THôtel-Dieu  mettait  les  bestiaux  destinés  à  la 
boucherie  de  Carême,  et  dont  on  fouillait  les  terres  pour  en  faire 
des  carrières.  Elle  s'étendait  sur  84  arpents,  dont  47  sur  le  terroir 
de  Saint-Jean-de-Latran,  14  sur  celui  de  Notre-Dame-des-Champs 
et  23  sur  celui  de  Sainte-Geneviève;  l'établissement  entrait  dans  ce 
total  pour  14  arpents  91  perches.  On  y  laissait  pourtant  des  lits  et 
des  provisions  en  cas  d'épidémie,  et  3  administrateurs  commissaires 
étaient  chargés  de  veiller  au  maintien  de  ces  mesures  préventives. 
De  temps  à  autre,  on  l'utilisait  pour  des  besoins  urgents.  Ainsi,  en 
1726,  on  y  déposa,  comme  à  Saint-Louis  et  aux  Incurables,  les 
blés  étrangers  achetés  (2)  par  l'Hôpital  général,  enlevés  seulement 
en  1729.  Les  bâtiments  se  détérioraient.  On  y  planta,  en  1749  (3), 
devant  la  porte  d'entrée,  des  ormes  pour  garantir  du  vent  les 
toitures.  En  1767,  en  présence  de  l'épidémie  de  scorbut  déclarée 
parmi  les  malades  de  force  à  Bicêtre,  l'Hôtel-Dieu,  à  la  demande 
du  premier  président  du  Parlement  et  du  procureur  général,  accepta 
d'y  recevoir  provisoirement  ces  scorbutiques;  l'inspecteur  des  bâti- 
ments y  fit  des  réparations  urgentes  ;  on  y  envoya  tout  le  personnel 
disponible,  prêtres,  religieuses,  chirurgiens,  apothicaires,  domes- 
tiques, du  vin  antiscorbutique,  de  l'eau-de-vie  ;  le  28  avril,  les 
carrioles  de  Bicêtre  amenèrent  45  malades;  le  29,  il  y  en  avait 
73.  Mais  le  Bureau  constata  bientôt  qu'on  lui  adressait,  non 
des  scorbutiques,  mais  toutes  sortes  de  gens.  Sur  les  i3o  malades 
occupant  la  f^  salle,  on  n'en  trouva  seulement  17  atteints  griève- 
ment, 5o  légèrement,  et  5o  autres  insensés,  galeux  ou  hydro- 
piques  ;  de  même  pour  les  malades  de  la  2°  salie.  Le  Bureau  se 
fâcha  ;  ks  administrateurs  délégués  au  département  de  Sainte-Anne 
firent  un  réquisitoire  violent  contre  les  procédés  de  l'Hôpital 
général.  A  la  séance  du  23  mai,  le  Bureau  décida  de  lui  intenter 
un  procès,  le  cas  échéant,  d'autant  plus  que  tous  les  frais  restaient 
à  la  charge  de  l'Hôtel-Dieu.  Devant  ces  menaces,  le  samedi, 
1 1  juillet,  les  derniers  malades  installés  à  Sainte-Anne  regagnaient 
Bicêtre  en  carriole  (4). 

En  1785,  les  administrateurs  du  collège  de  Louis-le-Grand, 
représentés  par  les  présidents  Rolland  et  Le  Rebours,  voulant  pro- 


(i)  5  mars,  2  juill.  1717,  22  déc.  1718.  L'H.-D.  obtint  la  franchise  de  taille,  par  arrêt 
de  la  Cour  des  aides  du  16  mai  1718,  spécifiant  que  les  terres  se  trouvaient  sur  le  terroir 
de  Paris,  St-Jean-de-Latran,  Ste-Geneviève  et  Notre-Dame-des-Champs,  et  non  sur  celui 
de  Montrouge.  (Délib.  24  mai  1719.) 

(2)  Délib.  3o  juill.  1726,  3i  mai  1729. 

(3)  Délib.  29  janv.   1749. 

(4)  Délib.  i5  juill.  1767 


LES    BATIMENTS 


curer  aux  élèves  une  maison  de  récréation  hors  Paris,  s'adres- 
sèrent au  Bureau  pour  en  louer  une  partie  (i).  Il  désigna  l'admi- 
nistrateur chargé  de  la  maison,  Marchais  des  Migneaux,  pour 
s'entendre  avec  eux,  mais  le  projet  n'eut  aucune  suite.  Deux  ans 
après,  l'arrêt  du  22  juin  1787,  pris  par  M.  de  Breteuil,  désigna 
Sainte-Anne  pour  faire  partie,  avec  Saint-Louis,  Sainte-Périne  de 
Chaillot  et  la  maison  des  Hospitalières  de  la  Roquette,  des  4  éta- 
blissements destinés  à  former  le  nouvel  outillage  hospitalier  de  la 
Ville  de  Paris.  L'année  suivante,  les  plans  de  reconstruction  étaient 
approuvés  par  le  roi  et  la  démolition  commencée  (2).  Elle  se 
termina  avec  l'ancien  régime.  L'adjudication  des  matériaux  eut 
lieu  en  février  1790  (?].  Ainsi  finit  l'existence  peu  brillante  de  l'an- 
nexe de  la  rive  gauche. 


REPARATIONS     ET     TRANSFORMATIONS 
AU     XVII-     SIÈCLE 

Après  ce  voyage  des  coteaux  de  Belleville  aux  plateaux  de 
Montrouge,  il  nous  faut  revenir  au  cœur  de  la  Cité,  oli  se  joue  la 
destinée  de  l'Hôtel-Dieu. 

Au  mois  de  janvier  1618,  les  planchers  de  la  petite  chapelle  qui 
se  trouvait  à  l'entrée  de  la  grande  porte  du  côté  du  Petit-Pont 
s'écroulèrent  en  plein  jour  ;  les  deux  grandes  salles  voisines,  la 
salle  Neuve  et  l'Infirmerie,  durent  être  évacuées  au  mois  de  mars, 
ainsi  que  les  dortoirs  des  religieuses  et  officiers  qui  se  trouvaient 
au-dessus  ;  une  partie  des  malades  et  des  religieuses  furent  trans- 
portés à  Saint-Louis.  La  démolition  des  locaux  qui  tombaient  en 
ruine  fut  commencée  en  161 9  (4).  On  ne  s'étonnera  pas  de  leur 
vétusté  si  l'on  rappelle  que  la  salle  de  l'Infirmerie  avait  été  cons- 
truite de  1225  à  i25o  et  la  salle  Neuve  avec  la  chapelle  du  Petit- 
Pont,  de  i25o  à  1260  (5)  ;  ces  bâtiments  avaient  près  de  4  siècles 
d'existence.  Claude  Vellefaux  fut  chargé  de  leur  reconstruction. 
On  les  mit,  à  cette  occasion,  au  niveau  du  plancher  des  salles 
Saint-Thomas  et  Saint-Denis,  au  moyen  d'un  perron  de  4  à 
5  marches,  depuis  le  rez-de-chaussée  de  la  chapelle  du  Petit-Pont 


(i)  Lettre  du  24  janv.  et  délib.  du  26  janv.  1785. 

(2)  Délib.  14  mai  lySS. 

(3)  Délib.  17   févr.   1790. 

(4)  Délib.  23  mars  1618,  3o  janv.  1619,  reg.  i3,  fol.  174,  256. 

(5)  Cartul.  H.-D.  n»'  141,  142,  614,  681,  684.  Sous  Louis  XL  de  1464  à  1466.  la  salle 
Neuve  avait  été  agrandie  aux  dépens  de  la  chapelle  du  Petit-Pont,  où  ne  s'élevait  plus 
qu'un  autel,  celui  de  Ste-Agnès.  (Rondonneau,  o.  c,  "p.  43.) 


i/hOTFL-DIEU    au    XVII"    KT    au    XVIIie    SIECLE 


Jusqu'au  pilier  contre  lequel  finissait  la  salle  du  Légat  ;  cette  opé- 
ration permit  d'exhausser  le  plafond  de  la  salle  des  accouchées  qui 
se  trouvait  alors  au-dessous  de  Tlnfirmerie  ;  le  sol  du  dortoir  des 
religieuses  au-dessus  des  salles  fut  mis  également  au  niveau  de  la 
galerie  faite  en  travers  de  la  salle  Saint-Thomas  pour  aller  de  ces 
dortoirs  à  l'étage  nouvellement  bâti  au-dessus  de  la  salle  Saint- 
Denis.  On  continua  le  puits  et  les  arcades  commencées  sous  la 
chapelle  du  Petit-Pont  (i),  ainsi  que  les  voûtes  de  l'égout  déversant 
les  eaux  à  la  Seine  et  qui  passaient  sous  la  salle  Neuve  et  l'Infir- 
merie. Pour  ces  travaux,  le  Bureau,  qui  se  trouvait  à  court 
d'argent,  dut  emprunter  60.000  livres  (2). 

Ils  ne  donnèrent  pas  d'ailleurs  de  nouvelles  disponibilités,  et 
il  fallait,  coûte  que  coûte,  agrandir  l'Hôtel-Dieu,  puisque  Saint- 
Louis  et  Saint-Marcel  étaient  réservés  en  cas  d'épidémie.  Aussi_, 
dès  1625,  l'architecte  Gamard,  qui  avait  remplacé  Claude  Vellefaux, 
fut-il  chargé  de  dresser  les  plans  d'une  salle  appelée  Bretagne,  le 
long  de  la  Seine,  et  d'un  pont  à  établir  sur  la  rivière  (3).  L'adjudi- 
cation des  travaux  eut  lieu  en  avril  1626  (4".  La  «  Bretagne  »  était 
terminée  en  i63o. 

En  i632,  Gamard  était  chargé  de  refaire  la  terrasse  qui  se  trou- 
vait entre  les  grandes  salles  donnant  sur  la  rivière  (5).  Le  pont, 
qui  se  composait  de  2  travées  de  3  toises  1/2  d'épaisseur,  fut  ter- 
miné en  i632  et  la  réception  de  l'ouvrage  (6)  fut  faite  par  Charles 
David  et  Charles  Benoit,  jurés  maçons,  au  mois  d'août  i632. 
Il  devait  s'appeler  le  pont  au  Double.  Voici  pourquoi  :  le 
25  avril  1634,  les  bourgeois  des  quartiers  voisins  voulant  faire  bàtîr 
un  pont,  l'Hôtel-Dieu  reçut  l'autorisation  (7)  d'ouvrir  un  passage 
au  public  sur  le  pont  qu'il  avait  construit  et  de  prendre  un  double 
pour  chaque  homme  de  pied  et  6  deniers  pour  chaque  homme  de 
cheval,  revenu  qui  devait  être  employé  à  l'entretien  du  «  pont  des 
Pauvres  ». 

(1  )  Il  y  avait  en  effet  des  chapelles  dans  la  plupart  des  salles  ;  de  plus,  à  la  porte  donnant 
sur  le  Petit-Pont,  se  trouvait  une  Vierge  devant  laquelle  le  public  brûlait  des  cierges  ;.  le 
Chapitre  y  disait  une  antienne  le  mardi  des  Rogations  en  allant  dire  la  messe  aux  Carmélites, 
(Descript.  hist.  des  curiosités  de  l'Église  de  Paris;  17Ô3,  in-12,  p.  325.)  On  lui  acheta  en 
1746  une  couronne  d'argent  payée  227  1.  14  s. 

(2)  Délib.  28  juin  et  20  déc.  1619,  reg.  i3,  fol.  291,  325. 

(3l  Délib.  28  janv.  i625,  reg.  14,  fol.  65. 

(4)  Délib  4  avril  1626,  reg.  14,  fol.  141.  L'oeuvre  de  «  charpenterie  »  fut  confiée  à 
Gilles  Le  Kedde,  maître  général  des  œuvres  et  édifices  des  bâtiments  du  roi,  ponts  et  chaus- 
sées de  France.  (Délib.  26  mars  1627,  reg.  14.  fol.  199.) 

(5)  Délib.  2i  mai  i632,  reg.  16,  fol.  i32.  Il  fut  construit  avec  des  pierres  extraites  de  la 
ferme  du  Pressoir,  derrière  le  Luxembourg,  et  coûta  244.993  1. 

(6)  Féline  Romany,  dans  sa  Notice  sur  les  ponts  de  Paris;  Paris,  i865,  in-S»,  donne  les 
dimensions  suivantes  :  2  arches  en  plein  cintre  de  i5  m.  g6  et  de  11  m.  78  de  largeur, 
séparées  par  une  pile  de  3  m.  g5  d'épaisseur. 

(7)  Lettres  patentes  de  mai  1634.  Délib.  29  mai  1634,  reg.  16,  fol.  314. 


LES    BATIMENTS  2?Q 


Le  Parlement  dut,  à  plusieurs  reprises,  intervenir  pour  impo- 
ser la  perception  du  droit  et  même  édicterdes  peines  sévères  contre 
les  délinquants  (i).  Le  droit  de  passage  était  affermé,  en  i636, 
2.400  livres;  en  1640,  3.55o  livres;  en  1648,  5. 000  livres;  en 
1654,  6.000  livres;  en  1698,  7.500  livres,  à  P.  Beaufils  ;  en  1760, 
8. 100  livres,  à  Jean  Reversé  ;  en  1722,  8.25o  livres,  à  Cl.  Laurent  (2). 
Le  passage  était  gratuit  pour  «  les  chanoines,  hauts  vicaires,  digni- 
taires, chapelains,  chantres,  huissiers,  bedeaux  et  officiers  de 
l'Église  de  Paris  [Notre-Dame],  les  baillis,  lieutenant,  greffier  et 
officiers  du  Chapitre  (3)  »,  ainsi  que  pour  les  officiers  et  gens  du 
cardinal,  pour  les  processions,  pour  les  gens  de  THôpital  général 
apportant  des  malades  sur  des  brancards,  pour  ceux  de  la  maison 
des  convalescentes  et  des  greniers  à  blé.  En  1734,  en  présence  de 
l'augmentation  croissante  des  revenus,  le  droit  fut  mit  en  régie  ; 
il  fallut  alors  un  suisse  et  une  autre  personne  pour  seconder  le 
pontonnier  ;  l'affluence  de  passants  était  particulièrement  grande 
les  dimanches  et  fêtes,  à  Noël,  à  la  Chandeleur,  les  jours  oii  le 
roi,  la  reine  et  les  enfants  de  France  venaient  à  Notre-Dame,  les 
jours  de  Te  Deiim,  de  la  fête  de  la  Vierge,  de  réjouissances 
publiques,  d'illuminations,  d'amendes  honorables  à  la  porte  de  la 
cathédrale,  des  «  expéditions  »  de  justice  à  la  place  Maubert,  et 
en  temps  de  jubilé.  Les  gens  manquaient  parfois  d'être  étouffés, 
juraient,  menaçaient  le  pontonnier  incapable,  le  plus  souvent,  de 
maintenir  l'ordre  (4).  L'entrée  était  fermée  par  une  barrière  (5!  où 
se  percevait  le  péage  ;  le  pont  était  éclairé  par  3  lanternes  dont  la 
Ville  fournissait  les  chandelles  (environ  800  par  an)  ;  l'Hôtel-Dieu 
entretenait  seulement  celles  de  la  recette  et  celles  de  la  maison  des 
convalescentes  (environ  665  par  an).  Le  tourniquet  ne  laissait  la 
voie  libre  que  pour  les  piétons,  et  c'est  à  tort  que  Piganiol  (6) 
prétend  «  qu'il  est  rare  d'y  voir  passer  les  gens  de  cheval,  à  cause 
que  les  culées  en  sont  trop  raides  ». 


(i)  Arrêts  des  6  mars  163;,  6  juill.  167Q,  17  nov.  1680,  lettres  patentes  de  juill.  1717. 
[Règl.  H.-D.,  II,  319.) 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  40. 

(3)  Ce  sont  exactement  :  les  bénéficiers,  le  maîire  de  musique,  les  chantres,  le  maître 
de  grammaire,  les  marguilliers  laïcs,  les  francs-sergents,  les  petits  huissiers,  les  grands  et 
les  petits  sonneurs,  les  deux  suisses,  le  concierge  du  Terrain,  le  clerc  de  la  fabrique,  le 
clievecier,  les  sacristains  et  gardes,  d'après  letat  dressé  le  10  août  172g  par  Andry,  secré- 
taire du  Chapitre.  (Arch.  A.   P.,  liasse  40.) 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  40.  (Voy.  mém.  du  S'  Noblet,  «  pontonnier»,  sur  la  régie  du  pont 
de  IH.-D.,  i5  août  1760.) 

(5)  Prèsde  cette  entrJe,  rue  de  la  Bûcherie,  se  trouvait,  installée,  au  xviii»  s.,  uneacrèche». 
L'H.-D.  consentit  à  l'établissement  de  ce  spectacle,  à  condition  de  toucher  le  quart  de 
la  recette. 

(6)  Piganiol,  o.  c,  I,  p.  402. 


240 


L  HOTFL-DIRU    AU    XVII'^    KT    AT    XVIIie    SIKCLF. 


En  i65o,  on  fit  au  fermier  du  pont  une  remise  de 
3oo  livres,  en  raison  des  guerres  et  de  l'inondation  de  1649  (i), 
pendant  laquelle  le  passage  fut  longtemps  interrompu,  la  rue  de  la 
Bûcherie  et  TArchevêché  étant  inondés. 

Au  début  de  i658,  le  passage  sur  le  pont  fut  impraticable  pen- 
dant 8  jours,  à  cause  de  la  fameuse  crue  de  la  Seine  qui  envahit  les 
caves  et  les  salles  basses  de  l'Hôtel-Dieu  {2),  évacuées  à  partir  du 
20  mars.  Cette  crue  fut  la  plus  importante  dont  l'histoire  ait  enre- 
gistré le  souvenir  précis  :  «  Il  y  a  ici  grand  désordre  pour  les  eaux, 
écrivait,  le  26  février  i658,  Gui  Patin  à  son  ami  Spon,  de  Lyon. 
La  rivière  est  tellement  grossie  que  tout  le  monde  a  peur  d'être 
submergé  :  elle  est  aussi  grande  que  jamais,  mais  elle  est  vingt  fois 
plus  rapide  qu'elle  ne  fut  en  l'an  i65i  en  ce  même  mois  de  février. 
On  ne  voit  passer  sur  la  rivière  que  bois,  paille,  paillasses  et  lits, 
qui  sont  des  marques  qu'elle  a  puissamment  fait  des  ravages  par 
où  elle  a  passé  en  venant  à  Paris.  Il  n'est  pas  jusqu'à  la  petite 
rivière  de  Bièvre,  Bibara,  vulgo  rivière  de  Gentilly  ou  des  Gobelins, 
qui  n'ait  fait  rage  dans  le  faubourg  Saint-Marceau  011  elle  a  noyé 
bien  du  monde  et  abattu  des  maisons.  La  Grève  est  si  pleine  d'eau 
que  l'on  n'en  approche  que  par  bateau  ;  toutes  les  rues  prochaines 
en  regorgent.  »  Le  i^^  mars,  le  pont  Marie,  qui  faisait  communi- 
quer l'île  Saint-Louis  avec  le  quai  des  Ormes,  fut  emporté  avec 
22  maisons  et  le  pont  de  l'Hôtel-Dieu  devint,  pour  quelque  temps, 
le  seul  passage  disponible  de  ce  quartier  (3). 

Le  Bureau  a  toutes  les  peines  du  monde  pour  y  maintenir 
l'ordre  ;  tantôt  «  les  gens  de  condition  »  qui  passent  sont  injuriés 
par  les  commis  à  la  recette  ;  tantôt  des  badauds  s'attroupent, 
demandent  à  boire  sur  une  table  qui  se  trouve  à  l'entrée  du  passage; 
tantôt  ce  sont  les  gens  qui  vont  prendre  leurs  repas  à  la  maison 
«  des  Trois  Rois  »  qui  troublent  le  repos  des  malades  de  la  salle 
du  Rosaire,  ou  la  messe  qui  se  dit  à  l'autel  élevé  au  fond  de  cette 
salle  (4). 

En  effet,  au-dessus  du  pont  au  Double,  Gamard  avait  construit 
la  salle  dite  du  Rosaire,  qui  fut  mise  en  service  en  i635.  D'autre 
part,  il  édifiadu  côté  de  la  rue  de  la  Bûcherie  un  portail  monumen- 


(i)  Délib.  4  févr.  j65o,  reg.  21,  fol.  16. 

(2)  Délib.  20  mars  et  8  mal  i658,  reg.  25,  fol.  43,  73. 

(3)  Aux  XVII»  et  XYiiFs.,  les  crues  de  la  Seine  se  reproduiront,  plus  ou  moins  graves, 
tous  les  12  ans  environ;  les  plus  importantes  furent  celles  de  i63i,  i658,  i663,  1671, 
1719,   1733,  1740,  1799.  (Voy.  Pawloski,  les  Crues  de  la  Seine;  Paris,  1910,  in-8».) 

(4)  Délib.  23  nov.  1657,  reg.  24,  fol.  147  v°.  Les  salles  qui  se  trouvaient  sur  le  pont 
furent  démolies  en  i833  ;  le  pont  fut  remplacé  au  même  endroit  par  un  pont  d'une  seule 
arche,  démoli  en   1880,  et  remplacé  parle  pont  actuel  au  droit  de  Notre-Dame. 


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LES    BATIMENTS  24  I 


tal  (i),  terminé  en  i636.  Pour  payer  les  frais  de  ces  constructions, 
1  Hôtel-Dieu  dut  emprunter,  en  1 638,  une  somme  de  60.000  livres. 

Rue  de  Sèvres,  sur  un  terrain  appartenant  à  THôtel-Dieu, 
Gamard  édifiait  encore,  de  i636  à  i638,  les  Incurables  (2)  et 
établissait  à  la  même  époque  l'avant-projet  de  Sainte-Anne. 

En  1643,  l'Hôtel-Dieu  obtint  la  permission  d'établir  un  moulin 
à  eau  sur  bateau  flottant,  dans  le  petit  bras  de  Seine,  au-dessus  du 
lavoir  de  la  maison,  moyennant  une  redevance  de  20  sous  par  an 
au  domaine  de  la  Ville  (3).  On  s'aperçut  vite  qu'en  cet  endroit  les 
eaux  étaient  trop  basses  en  été  pour  permettre  au  moulin  de  ionc- 
tionner  et,  en  i653  (4),  les  administrateurs  reçurent  l'autorisation 
de  transporter  le  moulin  «  au-dessus  et  aval  l'eau  de  l'arche  du 
pont  Notre-Dame  tenant  au  quai  de  Gesvres,  qui  est  la  2^  arche 
dudit  pont  du  côté  de  la  rue  de  la  Tannerie  ».  Le  devant  du  bateau 
devait  être  distant  de  8  toises  de  l'avant-bec  des  piliers  du  pont 
Notre-Dame,  du  côté  de  l'aval  de  l'eau  pour  éviter  «  le  dégravoye- 
ment  «  que  le  tournant  du  moulin  aurait  pu  faire  subir  aux  piliers 
du  pont  ;  la  corde  du  bateau  ne  devait  point  être  attachée  aux  an- 
neaux du  pont,  mais  à  des  pieux  spéciaux;  la  Ville  se  réservait 
enfin  le  droit  de  faire  déplacer  le  bateau  en  cas  de  réparation  des 
piliers  du  pont,  ou  de  toute  autre  nécessité  publique.  Le  moulin 
fut  cédé  à  bail  pour  700  livres  de  loyer  annuel,  mais  son  entretien 
demandait  des  réparations  continuelles  et,  en  présence  de  ces  frais, 
les  administrateurs  durent  se  résigner  à  le  vendre,  avec  l'autori- 
tion  de  la  Ville,  moyennant  2.5oo  livres  (5). 

L'approvisionnement  d'eau  était  un  problème  délicat  pour 
l'Hôtel-Dieu  comme  pour  tous  les  établissements,  malgré  sa  situa- 
tion privilégiée  sur  les  rives  du  fleuve.  Il  n'avait  eu  longtemps  à  sa 
portée  que  l'eau  de  la  Seine,  puis  celle  de  2  puits,  l'un  creusé  sur 
le  bord  de  la  rivière,  l'autre  dans  une  cour  (6).  Ce  n'est  qu'au 
xviie    siècle    qu'il    eut    à    sa   disposition    quelques    lignes    d'eau, 


(i)  11  fallut,  pour  édifier  ce  portail  et  le  pont  actuel,  acheter  3  maisons  rue  de  la 
Bùcherie,  en  1629  et  i63o:  «  le  Port  Rollet  »,  «  l'Image  Ste-Barbe  »    et  «  les  Trois  Rois  ». 

12)  Une  partie  seulement  fut  construite  à  cette  époque;  les  bâtiments  furent  continués 
de  1646  à  1649,  puis  de  1660  à  1664,  enfin  au  xviii»  s.,  de  1744  à  1748  et  de  1750  à  1737. 
(H.  Feulard,  l'Hôp.  Laënnec  ;  Paris,  1884,  in-4»,  p.  25.) 

(3)  Ord.  des  prévôt  des  marchands  et  échevins,  6  août  1643.  Une  visite  préalable  fut 
faite  le  4  août  par  René  Moutier,  lun  des  maîtres  des  ponts  de  la  Ville. 

(4)  Ord.  du  29  mai  i653.  Lettres  patentes  de  juin  i633.  (Arch.  A.  P.,  liasse  267.)  Le 
petit  bras  de  la  Seine,  avant  la  construction  d'un  quai,  était  d'un  très  faible  tirant  d'eau. 
Une  délib.  du  Bureau  de  la  Ville  dit  qu'en  i556  le  petit  bras  est  à  sec  en  été  jusqu'à 
l'hôtel  de  Nesle.  (Tesson,  le  Moulin  de  l'Hôtel-Uieu  sur  la  Seine,  dans  Bull,  de  la  Cité, 
avril  1905.) 

(5)  Délib.  23  févr.  1661,  reg.  29,  fol.  47. 

(6)  Coyecque,  o.  c,  t.  I,  p.  82. 


16 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVII"    ET    AU    XVIII''    SIECLE 


6  lignes  en  1626,  40  lignes  en  1646,  des  aqueducs  de  Rungis,  prises 
au  regard  public  qui  se  trouvait  au  parvis  Notre-Dame.  Mais  c'était 
là  une  quantité  fort  insuffisante.  Il  fallut  la  compléter  par  l'eau  de 
puits,  crue,  mauvaise,  pernicieuse  aux  malades  atteints  de  scorbut 
et  humeurs  froides  et  qu'une  équipe  d'hommes  de  peine  devait 
transporter  dans  lés  offices  et  les  salles  ;  l'eau  de  Seine  corrompue 
par  les  lessives  et  les  immondices  ne  pouvait  servir  ni  à  la  boisson, 
ni  à  la  préparation  des  remèdes,  ni  à  celle  du  pain. 

Par  ordonnance  du  22  mai  1708,  THôtel-Dieu  reçut  la  conces- 
sion gratuite  d'un  pouce  d'eau  à  prendre  à  la  tour  des  pompes  du 
pont  Notre-Dame,  en  plus  de  la  quantité  d'un  demi-pouce  pour 
lequel  il  était  compris  dans  l'état  de  distribution  générale  des  eaux 
du  2  Juin  1643  (i).  Un  appareil  de  contrôle,  une  jauge  (2),  lui 
servait  à  vérifier  les  quantités  livrées. 

Pour  remercier  la  Ville  de  cette  faveur,  FHôtel-Dieu  lui  accorda 
le  droit  de  nomination,  à  perpétuité,  dans  une  des  salles,  à  un  lit 
pour  malade  seul.  Par  brevet  du  9  juillet  1726,  la  Ville  lui  octroya 
de  nouveau  un  demi-pouce  d'eau,  de  manière  à  faire  avec  les 
concessions  précédentes  un  total  de  2  pouces  d'eau  en  superficie  (3) . 
Toutefois,  elle  mit  une  restriction,  à  ses  faveurs  en  ordonnant,  par 
le  brevet  du  12  décembre  1738,  que  ces  2  pouces  seraient  délivrés 
distinctement  par  quatre  ouvertures  de  jauge  faites  dans  un  bassinet 
particulier  à  la  tour  de  la  machine  hydraulique  du  pont  Notre- 
Dame  suivant  Tordre  suivant  des  brevets  de  concession  :  40  lignes 
d'eau  en  superficie,  32  lignes,  144  lignes,.72  lignes,  les  quatre  cours 
faisant  un  total  de  2  pouces.  L'entretien  des  conduites  restait 
d'ailleurs  à  la  charge  de  l'Hôtel-Dieu..  Une  nouvelle  augmentation 
d'un  demi-pouce  d'eau  fut  accordée  par  l'ordonnance  du  5  juin  1 747 
et  délivrée  distinctement  par  une  cinquième  ouverture  de  jauge 
faite  au  bassinet  de  la  tour  de  la  machine  (4). 

En  1758,  l'Hôtel-Dieu  fit  construire  une  pompe  hydraulique 
pour  conduire  l'eau  dans  les  différentes  localités  de  la  maison,  par 

(i)  La  pompe  Notre-Dame,  construite  en  1670,,  ne  fut  démolie  qu'en  18  55.  Le  règlement 
général  de  juridiction  de  l'Hôtel  de  Ville  sur  le  fait  des  fontaines  publiques  datait  de 
l'ord.  roy.  de  mars  1669,  et  fut  confirmé  par  l'édit  de  juin  1700.  (A.  Chevalier.  Notice 
liist.  sur  la  police  et  la  distribution  des  eaux  dans  Paris,  dans  Aiin.  d'hyg.  publ.  et  Je  méd. 
légale  à6  i85i,  t.  XLV,  p.  i3.) 

(2)  Tesson,  Note  sur  la  jauge  des  eaux  de  l'Hôtel-Dieu,  dans  la  France  médicale, 
25  mars  1905,  p.  loi. 

(3)  Un  pouce  d'eau  équivalait  à  20  m.c.  d'eau  par  24  heures. 

(4)  Quand  la  machine  des  pompes  venait  à  manquer,  il  fallait  prendre  des  hommes 
pour  aller  chercher  l'eau  à  la  fontaine  du  Parvis  ou  au  «  Terrain  ».  (DéJib.  16  juin  1737.) 
L'H.-D.  fit  construire  plusieurs  pompes  au  xviii»s.  :  l'une  dans  la  maison  de  la  «  '^'leille- 
Lanterne  »  qui  servait  à  la  cuisson  des  tripes  de  la  boucherie  de  l'H.-D.  en  i  745,  une  autre 
dans  un  puits,  près  de  la  cuisine  de  la  maison,  dans' la  cour  des  chaudronniers,  une  autre 
enfin,  en  1760,  près  des  murs  de  l'archevêché. 


LES    RATIMKNTS 


Ducray,  ingénieur-machiniste  hydraulique,  au  prix  de  2.666  livres, 
ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  se  servir  de  la  pompe  à  cheval  qui  fonc- 
tionnait sur  le  puits  de  la  Grange  (i).. 

Par  le  portail  de  Gamard,  l.'Hôtelr-Dieu  avait  un  débouché  sur 
la  rue  de  la  Bùcherie.  Le  parvis  n'était  plus  son  unique  entrée, 
et  bientôt  son  objectif  fut  de  s'étendre  sur  la  rive  gauche  du 
bras  de  Seine,  et  de  faire  un  nouvel  Hôtel-Dieu  parallèle  au 
premier.  Ce  devait  être  le  bâtiment  Saint-Charles,  construit  en 
deux  parties  et  à  deux  époques  différentes,  la  première,  de  i65i  à 
1661,  la  seconde,  de  1714  à  17 19. 

Dès  162g,  le  Bureau  avait  commencé  l'acquisition  des  maisons 
situées  rue  de  la  Bùcherie  et  aboutissant  à  la  Seine,  depuis  la  rue 
du  Fouarre  jusqu'au  Petit-Pont.  Ces  maisons  étaient  au  nombre 
de  19,  toutes  sans  grande  valeur,  dont  un  plan  de  1750  nous  a 
laissé  l'indication^  très  curieuse  pour  la  topographie  de  Paris  (2). 
C'est  sur  leur  emplacement  que  fut  construit  le  bâtiment  Saint- 
Charles,  du  pont  au  Double  au  Petit-Châtelet  (3j,  continué  plus 
tard  jusqu'au  Petit-Pont. 

Pour  faire  communiquer  ce  bâtiment  avec  la  rive  droite,  l' Hôtel- 
Dieu  fit  construire  en  i65i  un  pont  en  pierre,  muni  d'une  galerie 
vitrée,  appelé  le  pont  Saint-Charles.  Quant  au  bâtiment,  sa  cons- 
truction fut  retardée  par  les  événements  politiques  et  par  la  diffi- 
culté de  se  procurer  de  la  pierre  de  Saint-Leu,  accaparée  d'abord 
pour  la  construction  du  Val-de-Grâce  (4],  puis  par  celle  du  Louvre 
Il  ne  tut  terminé  qu'en  1661  (5). 


LA     CHAPELLE 

En  i665,  l'administrateur  Hélyot  dépensa  5oo  livres  pour  faire 
blanchir  la  chapelle  de  THôtel-Dieu,  en  échange  d'une  corne  de 
licorne  provenant  d'un  don  (6).  Cette  chapelle  avait  été  construite  vers 


(1)  Délib.  26  avril,  20  déc.  lySS,  et  liasse  26. 

(2)  Arcli.  A.  P.,  avec  la  liste  et  la  valeur  de  ces  maisons.  Ce  plan  a  été  reproduit  dans 
Pr.-V.  de  la  comm.  du  Vieux-Paris,  annexe  du  14  mai  1903. 

(3)  Délib.  12  août  i63o,  28  avril,  12  juill.,  i5  sept  i65i  ;  comptes  de  ibb3,  p.  539  à  5'45. 
Ce  bâtiment  était  dû  en  grande  partie  aux  libéralités  de  Pomponne  de  Bellièvre,  qui  légua 
par  surplus  ses  meubles,  vendus  22.000  1.  (Délib.  18  avril  i658.)  Une  inscription,  due  à 
Patru,  rappelait  sa  générosité.  (Voy.  Fosseyeux,  liiv.  des  obj.  d'art,    191 1,  in-8»,  p.  140.) 

(4I  Délib.  16  juin  1654.  Sur  la  construction  du  Val-de-Grâce,  voy.  Rapriclu-Robe  rt, 
le  Val-de-Grâce,  et  sur  le  Louvre,  L.  Mirot,  Mém.  Soc.  Hist.  de  Paris,  1904,  t.  XXXI, 
p.  161  :  les  Travaux  du  Louvre.  Le  surintendant  des  bâtiments  était  alors  M.  de  Ratabon , 
prédécesseur  de  Colbert. 

(5)  Délih.  26  janv.  1660,  20  mai  1661. 

(6)  Délib.  3  déc.  16G4,  reg.  33.  Le  Bureau  l'avait  mise  en  adjudication  sans  succès  en  1Ô62. 


244  L  HOTF.L-DIEr    AU    WIF    ET    AU    XVHie    SIECLE 

I  ?8o  (ij,  grâce  aux  libéralités  d'Oudart  de  Mocreux,  changeur  et 
bourgeois  de  Paris.  Elle  était  enclavée  dans  un  angle  des  bâtiments 
de  l'hôpital,  et  on  voit,  d'après  le  plan  de  Jaillot  notamment,  qu'elle 
était  orientée  de  telle  sorte  que  son  chevet  s'élevait  en  face  de  la 
porte  latérale  du  grand  portail  de  Notre-Dame,  la  porte  Sainte- 
Anne,  dans  la  partie  sud  du  parvis.  Son  périmètre  formait  équerre 
sur  le  parvis  et  servait  de  passage  pour  accéder  aux  bâtiments  de 
l'hôpital. 

Cette  chapelle,  voûtée  en  ogives,  possédait  des  boiseries  et  des 
stalles  datant  du  xiv^  siècle  ;  la  partie  sud  formait  le  chœur  des 
religieuses  et  était  séparée  du  reste  de  l'édifice  par  une  grille  en 
fer  forgé  et  contourné  en  fleurons.  Le  chœur  des  prêtres  était  aussi 
fermé  par  une  grille  en  fer  contourné  de  lacis  entremêlés  de  cuivre 
repoussé.  Le  portail  était  très  modeste  et  précédé  d'un  petit 
porche  ou  avant-solier  en  charpente,  de  forme  ogive  en  accolade, 
porté  sur  des  consoles  et  abritant  un  perron  de  8  à  lo  marches  ;  le 
sol  de  ce  perron  entouré  d'une  grille  de  fer  ornementée  mettait  de 
niveau  le  pavé  de  l'église  avec  l'aire  des  salles  de  Thôpital. 

Des  personnages  de  toutes  sortes  y  étaient  inhumés,  des  cha- 
noines visiteurs  de  la  maison,  comme  M.  de  Champigny,  décédé 
le  i8  juin  i652,  dont  le  cœur  était  enterré  «  à  l'autel  »  ;  des  chape- 
lains des  malades  ou  du  chœur,  comme  Nicolas  Le  Monnier, 
inhumé  le  19  mars  i658,  à  gauche,  «  sous  la  chaire  de  la  robe 
noire  »,  Jacques  Chambellan,  inhumé  le  25  avril  i652,  dans  le 
chœur,  «  sous  les  sièges  des  chapiers  »,  Guillaume  Montauroux 
Dolivari,  inhumé  également  la  même  année  près  des  sièges  des 
chapiers;  quelques  chirurgiens  comme  Jacques  Petit  et  J.-N. 
Moreau,  au  xviii«  siècle,  enfin  quelques  personnages  de  marque, 
décédés àTHôtel-Dieu,  comme  le  grecNathaël  Ato(7'jp'.voç,  archevêque 
de  Sainte-Maure,  décédé  à  l'Hôtel-Dieu,  en  décembre  1661,  inhumé 
dans  le  chœur,  «  au  bas  du  degré  qui  est  soub  la  lampe,  à  main 
gauche,  ou  du  côté  de  l'évangile  ».  Quant  aux  religieuses,  elles 
étaient  inhumées  en  différents  endroits,  «  au  bas  de  l'escalier  de  la 
chaire  »,  «  devant  l'autel  du  Saint-Esprit,  près  de  la  porte  d'entrée 


(i)  Nous  savons  qu'elle  ne  fut  terminée  qu'en  1394.  (Arch.  A.  P.,  liasse  9.)  Lebeuf,  0.  c, 
1. 1,  p.  24,  dit,  par  erreur,  i36o;  il  nous  apprend  que  la  nouvelle  chapelle  était  restée  con- 
sacrée à  St-Christophe,  sous  l'invocation  duquel  l'H.-D.  était  placé  dès  son  origine. 
«  La  chapelle,  quoique  rebâtie  vers  i36o,  est  toujours  sous  le  titre  de  St-Cliristophe,  quoi 
qu'on  paraisse  l'ignorer.»  Cette  indication  est  confirmée  par  Le  Fèvre,  Calendrier  liist.  et 
chronol.  de  l'Egl.  de  Paris,  Paris,  1747,  in-i6,  25  juill.,  p.  257.  Toutefois,  le  cuite  de  St- 
Jean-Baptisie  avait  prévalu  depuis  longtemps  sur  le  sien,  et  c'est  l'efBgie  de  ce  dernier 
saint  qui  figure  sur  le  sceau  usuel  imprimé  de  l'H.-D.  que  nous  trouvons  en  tête  de 
nombreuses  pièces,  et  notamment  des  bulletins  de  décès,  entouré  de  la  légende  suivante: 
«  siGiLLUM.  COMMISSORUM.  DOMUS.  DEi.  PARisiEiNSis.  »  (Coyecque,  0,  C.,  t.  I,  p.  42,  avec 
fac-similés.) 


LES    BATIMENTS  2^5 


du  bas  chapitre  »  (i).  Dans  le  chœur  se  trouvaient  des  épitaphes  de 
bienfaiteurs  (2),  celles  du  chanoine  F.-Ythier  Chasielain,  mort  en 
1661  (3),  et  de  Ph.  Berthier,  abbé  de  Saint-Vincent  de  Senlis, 
décédé  en  1667  (4). 

A  la  sacristie,  le  mobilier  cultuel,  d'après  les  inventaires 
conservés  (5),  était  assez  riche  :  croix  d'argent  enrichies  de 
pierreries,  croix  de  procession,  reliquaire  de  vermeil  doré  «  dans 
lequel  est  enfermée  la  Jambe  d'un  des  saints  Innocents  »,  reliquaire 
garni  de  perles  et  de  pierreries  fausses,  où  sont  les  images  des 
apôtres  saint  Jacques  et  saint  Philippe,  reliquaire  en  forme  de 
croix,  «  où  est  le  bras  de  saint  Adrien  «,  soleils,  ciboires  cise- 
lés, calices  décorés  de  motifs  religieux,  burettes,  bassins,  paix 
d'argent,  vases  de  fleurs,  chasubles,  chappes,  étoles  en  grand 
nombre  pour  les  diverses  fêtes  de  l'année,  missels  couverts  de 
maroquin  rouge  avec  fermoirs  d'argent,  processionnaires  écrits 
à  la  main  sur  parchemin,  rituels  pour  le  service  des  religieuses, 
évangiles,  bréviaires,  enfin  linge  et  parements  d'autel,  dont  un 
devant  de  brocard  d'or  et  d'argent  à  galon  et  petite  frange  d'or 
donné  par  M.  Desroses,  et  un  autre  en  velours  violet  semé  de 
fleurs  de  lis,  de  faux  or,  aux  armes  de  Marie  de  Médicis  (6).  Quant 
à  l'orgue,  il  était  tenu  par  un  organiste,  aux  gages  de  60,  puis  de 
80  livres  par  an  (j). 

L'intérieur  de  la  chapelle  était  éclairé  par  quatre  grandes 
fenêtres  ogivales,  telles  qu'on  les  peut  voir  sur  une  gravure 
d"I.  Silvestre  exécutée  vers  1670,  divisées  par  des  meneaux  avec 
rosaces  contrelobées  dans  les  tympans,  puis  amorties  par  des 
frontons  aigus  chargés  de  crochets  sur  leurs  rampants  profilés  de 
moulures.  Les  intervalles  entre  ces  fenêtres  étaient  ornés  de  niches 
saillantes  à  pignons  aigus  formant  dais  et  retombant  sur  des  colon- 


(i)  Rituel  de  l'Hôrel-Dieu  de  Paris  (i327-i532),  avec  listes  du  personnel  masculin  et 
féminin  du  xiii*  et  xvii»  s.,  dans  Bull.  Soc.  Hist.  de  Paris,  1908,  p.  189-209. 

(2)  Piganiol,  o.  c,  t.  I,  p.  404. 

(3)  Le  Journal  historique  du  chanoine  Chastelain,  conservé  aux  Arch.  de  l'A.  P.,  a  été 
publié,  mais  d'une  façon  défectueuse, "dans  la  Rev.  hist.  nob.  et  biogr.,  2"  série,  t.  Vil,  1871 
p.  71-85,  et  i32-i58. 

(4)  Par  testament  du  25  mai  1667,  il  avait  fait  un  legs  universel  au  profit  de  l'H.-D., 
et  à  charge  de  diverses  fondations,  entre  autres  4  lits  à  l'hôpital  de  la  Charité.  (Arch.  A.  P., 
H.-D.,  dons  et  legs.l 

(5)  Arch.  A.  P.,  liasse  874.  Inv.  des  reliques,  calices,  ornemens  estans  en  la  sacristie 
de  l'H.-D.,  6  août  i6i3,  avril  1620,  i653,  1661,  16  juill.  1681,  26  janv.  1701,  28  juin  1718, 
21  avril  1738,  6  oct.  1762. 

(6)  L'H.-D.  prêta  à  différentes  reprises  son«  argenterie  »  pour  certaines  cérémonies  à 
Notre-Dame,  notamment  le  26  févr.  1766,  pour  le  service  de  Mgr  le  Dauphin,  le  12  juin 
1766  pour  celui  du  roi  Stanislas,  père  de  la  reine,  le  21  nov.  1766  pour  celui  de  la  reine 
douairière  d'Espagne. 

(7)  Délib.  7  août  1733,  28  août  1736,  3  mars  1739. 


246  l/HOTFL-niEU    ai;    XVII«    et    au    XVIIie    SIECLE 

nettes  latérales  pour  abriter  de  grandes  statues  des  saints  protec- 
teurs de  rbôpital  (i).  En  1734,  on  construisit  un  jubé  du  côté  de  la 
sacristie,  le  long  de  la  grille  du  chœur,  pour  les  cérémonies  de 
prises  d'habits  ou  de  profession,  à  cause  de  l'affluence  du  public. 
Le  soubassement  continu  des  murs  de  la  chapelle  était  profilé 
d'une  moulure  à  talon  formant  socle  et  d'une  autre  moulure 
courante  sous  les  fenêtres  pour  simuler  une  corniche.  Enfin 
la  chapelle  n'avait  point  de  toiture,  mais  les  voûtes  étaient 
couvertes  par  une  terrasse  qui  servait  de  promenoir  aux  enfants 
de  chœur  (2). 

En  1666,  de  La  Motte,  intendant  de  l'archevêché,  avait  fait 
abattre  le  mur  élevé  par  THôtel-Dieu,  séparant  le  chemin  des- 
cendant à  la  rivière  du  passage  du  pont  au  Double  du  côté 
de  Notre-Dame,  pour  aménager  des  boutiques  de  libraires  le 
long  de  ce  passage.  Le  Bureau  s'émut  de  ces  constructions 
d'échoppes,  mais  accepta  le  fait  accompli  à  condition  que  l'Arche- 
vêché renouvelât  le  bail  du  jardin  et  de  la  place  joignant  la 
cour  des  cuisines  de  la  maison,  acquis  depuis  par  échange  avec 
M^'-de  Harlay  (3). 

Nous  avons  vu  quelle  résistance  fit  LHôtel-Dieu  aux  proposi- 
tions de  l'Hôpital  général,  au  xviii"  siècle,  quand  ce  dernier 
demanda  la  vente  de  5  maisons  (4)  pour  agrandir  l'installation  des 
Enfants-Trouvés.  Le  parvis  devait  subir,  de  1749  à  1758,  des 
transformations  importantes.  La  maison  du  Bureau  qui  tombait  en 
ruine  fut  démolie  et  reconstruite  (5).  La  vieille  église  Saint-Chris- 
tophe fut  démolie,  et  avec  les  matériaux  on  construisit  la  nouvelle 
chapelle  du  bâtiment  des  Enfants-Trouvés  (6).  Enfin  trois  autres 
maisons  (7)  furent  encore  démolies  et  vendues  à  la  Ville  pour 
l'agrandissement  du  parvis  en  1758.  La  chapelle  ne  fut  démolie 
qu'en  i8o2-i8o3,  avec  les  maisons  adjacentes,  pour  régulariser  le 
parvis  :  mais,  dès  1792,  elle  ne  servait  plus  que  de  magasin  où  l'on 


(1)  Là  sans  doute  se  trouvaient  les  statues  de  St-Landry,  de  St-Louis,  de  Henri  IV,  qui 
fleurèrent  ensuite  dans  la  salle  des  fondateurs  de  l'H.-D.,  et  qui  ont  été  transportées  ré- 
cemment à  St-Julien-le-Pauvre. 

(2)  L.  Troche,  le. Sceau  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris,  dans  Recueil  des  trav.  de  la  Soc.  de 
Sphragistiqiie  de  Raris,  t.  IV,  i855,  p.  122  (en  note). 

(3)  Délib.   12  mai,  9  juin  1666,  reg.  34,  fol.  107,  i32. 

(4)  Ces  maisons  étaient:  une  rue  de  Venise,  deux  rue  Neuve-Notre-Dame,  deux  rue 
de  la  Huclittte,  en  retour  de  la  rue  Neuve-Notre-Dame,  vis-à-vis  du  Parvis.  (Délib.  10  mars 
1745,  reg.  1 14,  fol.  62.) 

(5)  Délib.  3o  avril,  2  juill.  1749,  reg.  118,  fol.  104,   i52. 
(61  Cette  nouvelle  rhapelle  fut  construite  de  1746  à  1731. 

(7)  C'étaient  :  «  la  Hucliette  »,  «  le  Chaudron  »,  sur  le  Parvis,  et  une  maison  rue  de 
Venise.  Le  «  Terrain  »  fut  également  vendu  à  la  Mlle  pour  62.797  1.,  à  raison  de  600  1.  la 
toise.  (Délib.  3i  mai  1758,  reg.  127,  fol.  i53.) 


LES    BATIMENTS  247 


recueillait  et  revendait  le  vieux  linge  destiné  à   la  fabrication   du 
papier  (i). 


LES   CIMETIERES 


L'Hôtel-Dieu,  qui  avait  besoin  d'agrandir  sans  cesse  ses  locaux 
pour  hospitaliser  ses  malades,  éprouvait  les  mêmes  difficultés  pour 
inhumer  ses  morts.  Depuis  longtemps  les  Innocents  et  la  Trinité 
étaient  insuffisants.  Ce  ne  fut  pourtant  qu'à  la  fin  du  xvii«  siècle 
qu'il  ouvrit  l'annexe  de  Clamart  devenu  bientôt  son  champ  de 
sépulture  par  excellence. 

Les  morts,  depuis  le  xiv^  siècle,  étaient  enterrés,  soit  à  la  Trinité, 
où  l'on  creusait  dès  le  début  de  l'année  une  fosse  unique  pour  les 
recevoir,  soit  aux  Innocents,  où  se  trouvait  de  même  une 
fosse  unique,  la  <■<  fosse  aux  pauvres  »,  du  côté  des  halles  de 
la  Lingerie,  tout  au  fond  du  cimetière  ;  elle  servait  également 
aux  prisonniers  de  l'évêché  et  aux  paroissiens  de  Saint-Chris- 
tophe; quand  une  autre  personne  voulait  y  être  inhumée,  l'Hôtel- 
Dieu  prélevait  un  droit  qui  variait  suivant  que  le  corps  était 
enveloppé  dans  un  linceul  ou  enfermé  dans  un  cercueil  (2).  La 
partie  réservée  à  l'Hôtel-Dieu  allait  depuis  le  troisième  pilier 
faisant  clôture  des  trois  dernières  arches  des  galeries  ou  char- 
niers, du  côté  de  la  rue  de  la  Charronnerie,  jusqu'aux  galeries 
qui  se  trouvaient  du  côté  de  la  rue  du  Feure,  et  de  celles-ci 
aux  galeries  des  halles  de  la  Lingerie  (3)  ;  au  milieu  se  trou- 
vait la  chapelle  d'Orgemont,  élevée  par  Pierre  d'Orgemont, 
évéquede  Paris  (4).  Elle  faisait  partie  du  «  parterre  »,  par  opposition 
aux  charniers;  cette  portion  fut  réduite  de  38  à  36  toises  en 
1669  (5).  Malgré  les  indemnités  qui  lui  furent  accordées  à  cette  occa- 


(i)  A. -P. -M.  Gilbert,  Descript.  hist.  de  N.-D.  de  Paris,  p.  48.  C'est  sur  son  empla- 
cement que  fut  élevé  le  portique  à  fronton  grec  et  à  colonne  dorique,  dû  à  l'architecte 
Clavareau.  'L'orgue  aurait  été  transféré  dans  l'ancienne  église  du  noviciat  des  Jésuites,  à 
la  suite  d'une  vente,  et  serait  peut-être  encore  à  la  paroisse  St-1'aul-St-Louis.  (D.  de  Haiisy, 
Note  hist.  sur  la  par.  St-Paiil-St-Loitis,  p.  Sy.) 

(2)  Sentence  du  prévôt  de  Paris  du  23  déc.  i37(,  confirmée  par  arrêt  du  Parlement  du 
29  janv.  1372,  reproduit  par  Félibien,  o.  c,  t.  III,  p.  68.  L'H.-D.  avait  le  profit  des  fos- 
soyages  de  ses  corps,  niiiis  aussi  de  ceux  des  paroisses  StrChristophe  et  Ste-Marine. 
(Cf.  Brièle,  l'Hôpital  Sainte-Catherine  ;  X^arU,  1890,  in-8»,  p.  63.) 

(3)  Visite  du  21  nov.  1442.  Arch.  A.  P.,  compte  de  087. 

(4)  Sur  les  chapelles  du  cimetière,  voy.  Hoffbauër,  Paris  à  travers  les  a'ges,  in-fol., 
t.  II,  p.  27. 

(5)  Arch.  nat.,  S  28,  3o,  32,  33,  3.4,  plans.  Il  n'y  avait  primitivement  que  deux  portes  au 
cimetière,  rue  St-Denis  et  rue  de  la  Ferronnerie  ;  puis  on  en  ouvrit  de  nouvelles,  rue  St- 
Honoré,  et  au  marché  aux  Poirées,  pour  les  convois  des  paroisses  Si-Eustaclie  et  St-Ger- 
main  l'Auxerrois.  (Arch.  A.  P.,  liasse  58.)  , 


248  l'hOTKL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIII«    SIECLE 

sion,  aucun  texte  ne  prouve  que  THôtel-Dieu  fût  propriétaire  de 
la  portion  qui  lui  était  réservée,  et  le  procès  engagé  à  ce  sujet  (i) 
durait  encore  au  moment  de  la  Révolution,  qui  y  mit  fin  sans 
autre  conclusion. 

A  la  Trinité,  une  transaction  avait  décidé  que  le  cimetière 
appartiendrait  pour  moitié  à  THôtel-Dieu  et  pour  moitié  à 
l'hôpital  de  la  Trinité,  et  qu'un  mur  de  clôture  séparerait  les 
deux  parties  ;  mais,  comme  il  était  difficile  de  construire  sur  un 
terrain  fouillé  et  rempli  d'ossements,  on  fit  simplement  la  clôture 
en  «  charpenterie  garnie  d'ais  de  bateaux  coupés  en  pointe  »  (2). 

Au  xvii^  siècle,  de  i652  à  1659,  le  jour  de  la  Toussaint,  l'Hôtel- 
Dieu  faisait  une  procession  au  cimetière  de  la  Trinité,  à  8  heures 
du  soir,  pour  le  soulagement  des  âmes  des  trépassés  ;  mais  cette 
cérémonie  fut  supprimée  en  raison  du  scandale  causé  par  l'af- 
fluence  du  «  menu  peuple  »  qui  s'y  rencontrait,  et  des  plaintes 
adressées  au  Bureau  par  plusieurs  notables  bourgeois  de  Paris 
prétendant  qu'il  s'y  donnait  des  rendez-vous  entre  garçons  et  filles  ; 
il  nous  semble  reconnaître  là  l'action  occulte  des  «  Messieurs  » 
de  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement  (3). 

Les  corps  étaient  transportés  par  le  chariot  jusqu'à  la  Trinité 
ou  aux  Innocents,  par  les  rues  Neuve-Notre-Dame  et  de  la  Juiverie, 
le  pont  Notre-Dame,  la  place  aux  Veaux  et  la  rue  Saint-Denis  (4). 

On  a  calculé  que  pendant  les  7  siècles  que  fut  ouvert  le  cimetière 
des  Saints-Innocents,  qu'i  servait  à  20  paroisses,  il  y  fut  enterré 
1.200.000  cadavres  (5).  Aussi,  dès  le  xvii'=  siècle,  Corrozet  (6) 
prétend  que  la  terre  «  en  était  si  pourrissante  qu'un  corps  humain 
y  est  consumé  en  9  jours  ;  il  y  a  dans  ce  cymetière  tant  d'ossements 
de  trépassés  que  c'est  chose  incréable  ».  Au  xvin«  siècle,  les  plaintes 
contre  l'infection  répandue  par  ces  charniers  furent  si  vives  que 
le  Parlement,  par  arrêt  du  9  juillet  i/B/  (7),  délégua  les  sieurs 
Lémery,  Hunault  et  Geoffroy,  médecins  et  pharmacien  de  THôtel- 

(1)  Arch.  nat.,  L  Sôy'i. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  Sy.  Actes  des  24  janv.  et  22  août  1698.  Le  cimetière  se  trouvait 
dans  la  censive  du  prieuré  de  St-Martin-des-Champs.  (Déclar.  du  12  juin  lôgS.) 

(3)  Délib.  14  nov.  1659. 

(4)  Mi'=  de  Montpensier,  Mémoires,  i652,  II,  281  (collect.  Petitot,  in-8»,  t.  XII):  «  Il 
m'arriva  un  accident  sur  le  Petit-Pont  qui  m'auroit  bien  fait  peur  un  autre  jour  que 
j'aurois  eu  moins  de  choses  dans  l'esprit  ;  mon  carrosse  s'accrocha  à  la  charrette  des  morts 
que  l'on  mène  toutes  les  nuits  de  l'H  .-D.  à  la  Trinité.  Je  ne  fis  que  changer  de  portière,  de 
crainte  que  quelques  pieds  ou  mains  qui  sortoient  ne  me  donnassent  de  par  le  nez.  » 

(5)  On  trouvera  nn  bref  historique  concernant  le  cimetière  des  Innocents,  dans  Héricart 
de  Thury,  les  Catacombes  de  Paris:  Paris,  i8i5,  in-12,  p.  ny. 

"♦    (6)  Ed.  de  i586,  p.  67. 

(7)  Le  rapport,  daté  du  22  mai  1738,  a  été  brûlé  en  1871  dans  l'incendie  des  archives 
de  l'Hôtel  de  Ville,  mais  des  extraits  en  figurent  dans  le  livre  de  'Valentin  Dufour,  la 
Danse  macabre  des  Saints-Innocents  de  Paris. 


LES    BATIMFNTS 


249 


Dieu,  pour  faire  un  rapport  iij.  Ce  fut  seulement  en  1780  (2), 
à  la  suite  d'un  accident  survenu  rue  de  la  Lingerie,  que  le  Parle- 
ment prescrivit  la  fermeture  du  cimetière.  Celui  de  la  Trinité  fut 
également  supprimé  un  peu  avant  la  Révolution. 

Dès  1554,  un  projet  d'établissement  dans  l'île  Maquerelle  (?i 
d'un  cimetière  pour  l'Hôtel-Dieu  avait  été  soumis  au  Bureau  de  la 
Ville.  Use  rattachait  à  un  projet  général  de  translation  de  l'hôpital 
sur  les  terrains  du  fief  de  Saint-Germain,  en  face  de  l'île  ;  les 
épidémies  de  1544,  i545,  1548,  i553  avaient  démontré  le  danger 
des  inhumations  à  l'intérieur  de  Paris  ;  l'arrêt  du  Conseil  privé  du 
roi  du  3  mars  i553  les  avait  même  interdites.  Mais  la  Ville  y  fit 
opposition  par  sa  force  d'inertie  ;  4  moisaprès,  rien  n'était  ordonné, 
et  le  receveur  municipal  n'avait  point  «  baillé  les  deniers  «  ;  le  roi 
envoya  une  lettre  pressante  au  Bureau  de  la  Ville,  le  7  janvier  i556, 
par  un  sergent  à  verge  du  Châtelet;  le  Bureau  étudia  la  question, 
ht  une  enquête  de  commodo  et  incommodo,  puis,  finalement,  après 
avoir  mis  en  cause  les  administrateurs  de  la  Trinité  qui,  disait-il, 
voulaient  vendre  leur  cimetière  pour  s'agrandir  (4),  refusa  pour 
des  raisons  multiples  plus  spécieuses  que  solides,  mais  dont  le  roi 
se  contenta  sans  doute,  car  il  n'insista  pas.  L'île  Maquerelle,  à 
défaut  des  pestiférés  de  l'Hôtel-Dieu  (5),  se  trouva  libre  pour 
recevoir  les  cadavres  des  «  religionnaires  >■>  égorgés  le  jour  de  la 
Saint-Barthélémy. 

Force  fut  donc  à  l'Hôtel-Dieu  de  chercher  un  autre  débouché 
pour  ses  cadavres.  Il  choisit  les  terrains  qui  se  trouvaient  en  face 
la  maison  de  Scipion,  dans  la  censive  du  chapitre  de  Saint-Marcel, 
au  lieu  dit  la  Croix-de-Clamart,  achetés  en  1672  à  Lenoir,  curé 
de  Saint-Hilaire,  et  diverses  maisons  adjacentes  rue  des  Barres 
qui  furent  démolies  pour  l'établissement  du  cimetière.  Il  fut  vite 
rempli.  Au  xviii*  siècle,  on  y  fit  43  fosses  de  4  toises  de  large  sur 
8  de  long  et  9  pieds  de  profondeur,  pouvant  contenir  chacune,  à 
4  rangées  de  corps  l'un  sur  l'autre,  5oo  morts,  en  6  ou  7  couches, 


(1)  Mcm.  Iiist.  et  phys.  sur  le  cimetière  des  Innocents,  1781.  (Journal  de  physique  1783, 
t.  XXII,  p.  409.  reproduit  par  D''  Gannal,  les  Cimetières,  Histoire  et  Législation  ;  Paris, 
t.  I  (seul  paru),  Pièces  justif.,  p.  86.) 

(2)  Arrêt  du  i"  nov.  1780.  Plusieurs  caves  des  maisons  de  la  rue  de  la  Lingerie 
s'étaient  effondrées  sous  le  poids  des  cadavres  amoncelés  dans  une  fosse  commune  ouverte 
en  1779.  (Arcli.  nat.  X'n  8974.) 

|3)  L'île  Maquerelle  commençait  à  la  hauteur  du  pré  de  l'Abbaye  et  du  territoire  de 
Longue-Raye,  représenté  aujourd'hui  par  l'esplanade  des  Invalides  et  les  environs  du  bou- 
levard de  La  Tour-Maubourg,  et  se  terminait  au  point  où  l'avenue  de  La  Bourdonnais  ren- 
contre la  rue  de  l'Université,  ancien  chemin  de  la  Petite-Seine. 

(4)  Arch.  nat.,  H   1783,  fol.   161  et  i63.  (Voy.  aussi  Félibien,  o.  c.,\\\.  XX,  p.  ioi5.) 

(5)  L.-M.  Tisserand,  les  lies  du  fief  de  St-Germain-des-Prés  et  la  question  des  cime- 
tières au  XVI»  s.,  dans  Bull,  de  la  Soc.  de  l'Hist.  de  Paris,  t.  IV,  1877,  p.   120. 


HOTF.L-DIEU    AU    XVI I"^    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


dont  chacune  était  couverte  de  chaux,  à  raison  d'un  demi-boisseau, 
et  de  2  pieds  de  terre  par  corps.  Les  anciennes  fosses  comblées 
comprenaient  12.000  à  18.000  corps,  qu'il  fallut  consumer  avec  de 
la  chaux  (i).  L'Hôtel-Dieu  y  envoyait  une  moyenne  de  8.000  corps 
par  an.  On  peut  se  rendre  compte  de  ce  que  pouvait  être  le 
voisinage  du  cimetière,  où  des  cadavres  restaient  souvent  exposés 
à  l'air  libre  toute  la  journée,  corrompant  l'air  de  leurs  exhalaisons, 
répandant  dans  les  puits  voisins  du  sang  et  du  pus  ;  le  jour,  c'était 
le  rôdement  des  chiens  en  quête  de  nourriture  ;ia  nuit,  l'escapade 
des  étudiants  venant  chercher  des  instruments  de  travail  et  matière 
à  dissection.  Les  réclamations  des  voisins  étaient  incessantes, 
mais  le  Bureau  restait  impuissant. 

En  1764  (.2),  on  entrait  par  une  porte  charretière  à  l'encoignure 
des  rues  des  Foss^és-Saint-Marcel  et  de  la  Muette,  dans  une  cour 
aiî  fond  de  laquelle  s'élevait  un  petit  bâtiment  et  une  cliapelle 
construite  en  1692  ;  à  droite  de  la  cour  se  trouvait  une  autre  porte 
charretière  pour  l'entrée  du  cimetière,  divisé  en  2  parties  :  il  y 
avait  encore  sur  la  rue  des  Fossés-Saint-Marcel  une  autre  porte 
flanquée  d'un  logement  pour  le  fossoyeur. 

Il  y  avait  pour  garder  le  cimetière  un  concierge,  aidé  d'un 
chien  ;  le  concierge  était  chargé  de  creuser  les  fosses  (?)  avec  le 
fossoyeur.  L'Hôtel-Dieu  dut,  en  1769,  fermer  par  une  porte  la 
ruelle  de  la  Muette,  en  face  de  la  rue  du  Fer-à-Moulin,  à  l'autre 
extrémité  de  laquelle  se  trouvait,  vers  la  rue  Saint- Victor,  la  bar- 
rière établie  par  le  bureau  des  fermes  générales,  et  se  transformait, 
le  soir  venu,  en  un  cul-de-sac  désert,  où  se  commettaient  toutes  sor- 
tes de  désordres.  Cette  ruelle  fut  d'ailleurs  élargie  en  1783  par  une 
emprise  faite  sur  le  cimetière,  dont  il  fallut  reconstruire  le  mur  (4). 

En  1752,  on  transporta  à  Clamart  (5)  100  voitures  environ  de 
terres  provenant  du  cimetière  de  Saint-André-des-Arcs,  dont 
l'exhaussement  endommageait  les  bâtiments  voisins,  après  les 
avoir  passées  à  la  claie  pour  qu'il  n'y  restât  ni  ossements  ni  pièces 
anatomiques  (6). 

(i)  R«$sultat  de  la  visite  faite  par  M.  d'Argenson  dans  remplacement  du  cimetière  de  la 
Croix-Clamart,  ancien  et  nouveau,  2  août  1713.  ^Arch.  A.  P.,  liasse  61.) 

(2)  Déclar.  des  cens,  rentes  et  surcens,  dus  au  chapitre.de  St-Marcel,  20  juin  1764. 
(Arch.  A.  P.,  liasse  61,  et  divers  plans  du  xviii"  siècle.) 

(3)  Arch.  A.  P.,  fonds  nouveau  de  l'H.-D.,  liasse  4,  1745,  dépenses:  «...Payé  1961.  au 
sieur  Delaporte,  pour  fouille  de  la  38"  et  de  la  39"  fosses, -et  nourriture  du  chien  destiné  à 
la  garde  dudit  cimetière.  » 

(4)  Reg.  délib.  5  sept.,  5  oct.  1781,  12  juin  17S2,  2S,  janv.  17S4.  Lettres  patentes 
14  mars  1783. 

(3)  Sur  l'origine  du  nom  de  Clamart,  voy.  les  liypoiiicses  de  Jaillot,  o.  c,  t.  IV,  Quar- 
.  tier  de  la  place  Maubert,  p.  io5. 

(6)  Délib.  12  avril  1752,  reg.  121,  fol.  72. 


I.F.S    RAIIMKNIS 


Le  Bureau  permit  également,  en  1784,  que  les  corps  des 
prisonniers  morts  à  la  Conciergerie,  autrefois  inhumés  au  cimetière 
des  Innocents,  moyennant  3  1.  5  sous,  soient  transportés  à  Clamart 
au  prix  de  12  livres,  mais  refusa  le  transport  gratuit  des  corps 
dans  son  chariot  (i). 

De  1781  à  1783,  enfin,  on  transporta  à  Clamart  les  ossements  de 
divers  cimetières  désaffectés,  notamment  ceux  de  Saint-Jacques 
de-la-Boucherie  (1781),  des  paroisses  de  la  Cité  (1781),  de 
Saint-Roch  (1783). 

Faut-il  maintenant  dire  un  mot  de  la  terreur  presque  super- 
stitieuse qu'entretenait  dans  le  peuple  le  chariot  de  l'Hôtel-Dieu, 
et  ce  «  vaste  gouffre  toujours  ouvert  »  de  Clamart?  On  en  trouve 
un  écho  dans  les  pages,  un  peu  dramatisées,  de  Mercier  (2):  «  Ce 
chariot  lugubre  part  tous  les  jours  de  l'Hôtel-Dieu  à  quatre  heures 
du  matin,  il  roule  dans  le  silence  de  la  nuit.  La  cloche  (3)  qui  le 
précède  éveille  à  son  passage  ceux  qui  dorment;  il  faut  se  trouver 
sur  sa  route  pour. bien  sentir  tout  ce  qu'inspire  le  bruit  de  ce  chariot 
et  toute  l'impression  qu'il  répand  dans  l'âme.  On  l'a  vu,  dans 
certains  temps  de  mortalité,  passer  jusqu'à  4  fois  en  24  heures;  il 
peut  contenir  jusqu'à  5o  corps.  On  met  les  enfants  entre  les  jambes 
des  adultes.  »  Après  le  chariot,  voici  le  cimetière  :  «  La  populace 
ne  manque  pas,  le  jour  de  la  fête  des  Morts,  d'aller  visiter  ce  vaste 
cimetière,  où  elle  pressent  devoir  se  rendre  bientôt  à  la  suite  de 
ses  pères  (4).  Elle  prie  et  s'agenouille,  puis  se  relève  pour  aller 
boire.  Il  n'y  a  là  ni  pyramides,  ni  tombeaux,  ni  inscriptions,  ni 
mausolées  :  la  place  est  nue.  Cette  terre  grasse  de  funérailles  est 
le  champ  où  les  jeunes  chirurgiens  vont,  la  nuit,  franchissant  les 
murs,  enlever  les  cadavres  pour  les  soumettre  à  leur  scalpel  inex- 
périmenté. Ainsi,  après  le  trépas  du  pauvre,  on  lui  vole  encore 
son  corps;  et  l'empire  étrange  que  l'on  exerce  sur  lui  ne  cesse 
enfin  que  quand  il  a  perdu  les  derniers  traits  delà  ressemblance 
humaine.  » 


(i)  Arcli.  A.  P.,  liasse  6i.  Les  prisonniers  des  autres  prisons  étaient  enterrés  dans  les 
cimetières  de  leurs  paroisses.  La  paroisse  de  la  Conciergerie  était  St-Barthélemy. 

(2)  Tableau  Je  Paris,  éd.  d'Amsterdam,   lySS,  IH,  cliap.  cCLxx,  p.  i38. 

(3)  Arch.  A.  P.,  fonds  nouveau 'H. -D.  liasse  14,  Journal  du  dépensier,  1738  :  «  ...Payé 
au  né  Moiidon,  fondeur,  la  somme  de  12  livres  pour  le  prix  d'une  clociie  du  poids  d'en- 
viron 3  livres  de  cuivre  jaune  servant  aux  eiiibaleurs  qui  conduisent  le  chariot  des  morts  à 
Clamart.  » 

(4)  C'est  la  paraphrase  de  son  mot  fameux,  si  souvent  cité  :  "  J'irai  à  l'iiôpital,  s'écrie  le 
pauvre  parisien  ;  mon  père  y  est  mort,  j'y  mourrai  aussi  ;  et  le  voilà  à  moitié  consolé. 
Quelle  abnégation,  quelle  profonde  insensibilité!  «  (Mercier,  o.  c,  III,  cclsix,  p.    134.) 


L  HOTI-.L-Dir:r    au    XYII»-    KT    au    XVIII«    SIECLE 


LES     CONSTRUCTIONS     DU     XVIIP    SIECLE 

L'Hôtel-Dieu, au  xviii^siècle, envisagea  trois  moyensde  s'étendre 
sur  place  ;  celui  qui  consistait  à  démolir  le  Petit-Châtelet  pour 
continuer  le  bâtiment  Saint-Charles  était  sans  doute  le  plus 
pratique,  mais  c'était  aussi  le  plus  coûteux,  car  la  dépense  prévue 
était  d'un  million.  Il  y  en  avait  deux  autres:  édifier  des  salles 
sur  l'eau  du  côté  de  la  place  Maubert,  en  face  de  l'Archevêché, 
mais  l'archevêque  n'y  aurait  jamais  consenti  ;  construire  le  long  de 
la  rue  de  la  Bûcherie,  à  la  place  des  maisons  avoisinant  Saint- 
Julien-le-Pauvre,  mais  alors  il  fallait  établir  une  communication 
aérienne  ou  souterraine.  Le  Bureau  fit  dresser  des  devis  de  ces 
différents  projets  pour  les  soumettre  à  une  commission  (i)  qui 
comprenait  l'architecte  Delespine.  Le  premier  projet  fut  adopté, 
mais  il  ne  devait  pas  être  réalisé  de  sitôt  en  présence  des  embarras 
financiers  de  la  maison.  Les  terribles  années  de  la  fin  du  règne 
de  Louis  XIV,  pendant  lesquelles  l'Hôtel-Dieu  faillit  sombrer, 
mirent  obstacle  à  toute  entreprise  de  ce  genre  ;  c'est  à  peine  si 
l'on  pouvait  hospitaliser  la  foule  des  malheureux  qui  se  pressaient 
de  plus  en  plus  nombreux  dans  les  salles  encombrées  et 
malsaines,  et  leur  fournir  la   nourriture    nécessaire. 


LE    BATIMENT    SAINT-CHARLES    (17I4-I719) 

En  17 14,  l'architecte  de  la  ville,  Jean  Beausire,  fut  désigné 
pour  faire  une  visite  minutieuse  avec  «  gens  intelligents  »,  et 
donner  son  avis  sur  les  travaux  projetés  (2).  A  la  suite  de  cette 
visite,  l'Hôtel-Dieu  fut  autorisé  à  «  faire  les  batardeaux  néces- 
saires avec  les  machines  convenables  pour  les  épuisements  d'eau 
jusqu'à  leur  perfection,  à  la  charge  de  ne  nuire  à  la  navigation,  et 
tout  en  prenant  les  alignements  de  la  ville  en  la  manière 
accoutumée  ».  La  Ville  donna  permission,  le  i5  février  1714,  de 
construire  une  «  digue  à  la  tête  du  berceau  régnant  dessous  le 
bâtiment  des  salles  Saint-Charles  pour  conserver  le  mur  qui  va 
être  construit  à  la  tête  de  ce  berceau,  en  y  observant  une  baie  de 
porte  pour  entrer  les  provisions,  et  pratiquer  des  commodités  en  y 
faisant  relever  le  sol et  aussi  de  faire  un  mur  en  arcade  pour 


(1)  Délib.  4  août  1688,  reg.  56,  fol.  i23. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  56.  Ord.  du  prévôt  des  marchands  du  9  fëvr.   1714. 


LES    BATIMENTS  2  53 

continuer  les  bâtiments  des  salles  Saint-Charles  Jusqu'à  Tencoi- 
gnure  du  Petit-Châtelet,  et  d'y  faire  des  cabinets  en  saillie  ».  La 
sentence  d'alignennent  fut  donnée  le  22  février,  à  Totin,  inspecteur 
des  bâtiments,  et  à  l'architecte  Delespine. 

La  première  partie  du  bâtiment,  pour  ne  pas  gêner  la  navigation, 
avait  été  assise,  non  pas  sur  un  mur  de  quai,  du  côté  de  la  Seine, 
mais  sur  des  «  cagnards  «  permettant  à  l'eau  de  passer  sous  le 
bâtiment  comme  il  en  existait  sur  la  rive  droite  (i).  Pour  cette 
nouvelle  partie  du  bâtiment  Saint-Charles,  après  l'enquête  de 
commodo  et  incommoda^  faite  par  Jean  Beausire,  et  qui  révéla 
l'inconvénient  de  ce  système  (2),  on  put,  grâce  à  la  permission  de  la 
Ville,  construire  un  mur  de  quai  en  ligne  droite  depuis  le  pont 
Saint-Charles  jusqu''à  l'encoignure  du  Petit-Châtelet,  et  fermer 
l'entrée  de  la  voûte  qui  se  trouvait  sous  la  première  partie  des 
bâtiments.  Mais  on  y  laissa  une  petite  ouverture  pour  l'entrée  des 
provisions,  qui  purent  y  être  serrées,  grâce  au  relèvement  du  sol 
et  à  la'construction  d'une  canalisation  pour  l'écoulement  des  eaux 
de  la  rue  du  Fouarre.  Il  est  souvent  fait  allusion  à  cette  resserre 
dans  les  délibérations  du  Bureau.  Aussi  bien  fallait-il  user  de  tous 
les  moyens,  en  présence  des  besoins  toujours  croissants  de  la 
maison,  qui  étouffait,  enserrée  de  tous  cotés,  au  milieu  du  dédale 
des  rues  de  la  Cité. 

La  première  pierre  fut  posée  le  12  Juin  17 14,  par  le  cardinal  de 
Noailles,  les  premiers  présidents  du  Parlement,  de  la  Chambre 
des  comptes,  de  la  Cour  des  aides,  le  procureur  général',  le  lieute- 
nant général  de  police,  le  prévôt  des  marchands.  Les  marchés 
pour  la  main-d'œuvre  ne  furent  faits  qu'en  171 5  (3).  Dès  la 
première  année,  17 14,  l'Hôtel-Dieu  avait  engagé  pour  ces  cons- 
tructions 91 .191  livres,  et,  en  17 18,  29.078  livres  (4).  La  dépense 
totale  s'éleva  de  1714a  1 7 1 9,  d'après  les  états  dressés  chaque  année 
par  Totin,  inspecteur  des  bâtiments,  à  451.763  livres. 

Pour  couvrir  ces  dépenses,  l'Hôtel-Dieu  y  consacra  le  montant 
de  deux  legs  récents,  le  legs  Coetmadeu  et  le  legs  Ponthon,  qui  à 


(i)  Pr.-V.  Comm.  du  Vieux-Paris,  1899,  p.  166,  167,  et  igoS,  p.  i32,  i33. 

(î)  Ord.  du  prévôt  des  marchands  du  7  févr.  17 14.  Les  mariniers  convinrent  unani- 
mement que  «  le  passage  de  l'eau  par  la  voûte  existant  sous  la  salle  St-Charles  était  plus 
préjudiciable  qu'utile  à  la  navigation  lors  des  grosses  eaux,  parce  que  l'eau  à  sa  sortie  par 
son  tour  oblique  mettait  les  bateaux  et  trains  de  bois  flotté  en  danger  de  périr  contre  les 
avant-becs  des  piles  des  arches  du  Petit-Pont  «. 

(3)  Déiib.  23  févr.,  8  mai  1715,  reg.  84. 

(4)  Délib.  i»'  avril  1716.  L'ensemble  du  bâtiment  St-Charles  resta  tel  qu'il  avait  été 
construit  jusqu'en  i838.  Il  fut  alors  rescindé  dans  le  sens  de  la  largeur  pour  l'exécution  du 
quai  de  Montebello.  (Ord.  roy.  du  22  mai  1837.)  La  partie  qui  restait  sous  le  nom  d'H.-û. 
annexe  ne  fut  démolie  qu'en  1908.  Quant  à  la  passerelle  qui  avait  remplacé  le  pont  St-Charles, 
elle  fut  démolie  avec  l'ancien  H.-D.  en  1878. 


254  I^  HOTEL-DIF.U    AU    XYII"    KT    AU    XVIIie    SIECLE 

lui  seul  représentait  2i5.5oo  livres  (i).  Ce  fut  encore  insuffisant  ; 
il  demanda  une  loterie,  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  accordée  (2). 
Mais  il  obtint  un  mandement  spécial  du  cardinal  de  Noailles,  lu 
dans  les  églises,  et  affiché,  pour  recommander  aux  fidèles  de 
contribuer  à  la  construction  des  nouvelles  salles  (3)  ;  puis  une 
somme  de  6.000  livres  de  l'assemblée  du  clergé,  sur  les  instances 
de  l'archevêque  de  Narbonne  (4)  ;  enfin  et  surtout  il  y  consacra  les 
sommes  provenant  des  entrées  aux  spectacles  publics,  que  le 
régent,  par  ordonnance  du  5  février  171 6  (5),  venait  d'augmenter 
d'un  neuvième  en  sa  faveur. 

Ce  bâtiment  avait  970  toises  carrées;  il  contenait  plus  des 
deux  tiers  des  malades,  les  anciens  bâtiments  de  la  rive  droite  se 
trouvant  de  plus  en  plus  occupés  parles  services  généraux.  Devenu 
l'Hôtel-Dieu  annexe,  dont  on  se  rappelle  la  sombre  silhouette,  il 
n'a  disparu  qu'en  1908  ;  dès  1789,  les  délégués  du  comité  de  men- 
dicité à  la  visite  de  l'Hôtel-Dieu  écrivaient  :  «  Si  un  incendie  éclatait 
dans  le  bâtiment  méridional,  on  ne  voit  pas  comment  il  serait 
possible  de  sauver  un  seul  des  malades  qui  en  occupent  les  parties 
élevées  vu  le  petit  nombre  d'issues,  leur  étroitesse  et  les  embarras 
multipliés  qui  en  gênent  le  service  (61.  » 

LES    GRENIERS  A   BLÉ   (1722) 

Les  greniers  de  l'Hôtel-Dieu  étaient  depuis  longtemps  insuffi- 
sants pour  contenir  les  provisions  de  la  maison.  On  avait  bien  usé 
du  subterfuge  qui  consistait  à  les  transporter  dans  les  salles  inoc- 
cupées de  Saint-Louis  et  de  Sainte-Anne,  mais,  lorsqu'il  fallait 
ouvrir  ces  établissements  en  temps  d'épidémie,  c'étaient  des  démé- 
nagements précipités  et  des  réparations  coûteuses.  En  1722,  le 
Bureau  cherche  un  emplacement  convenable  pour  construire  de 
nouveaux  greniers  (7).  Il  se  décide  pour  le  terrain  de  la  rue  de  la 
Bûcherie,  occupé  par  une  de  ses  maisons  tombant  en  ruine.  Le 
bâtiment  devait  avoir  17  toises  sur  6,  cinq  étages,  et  contenir 
5oo  muids  de  blé.  La  construction,  d'après  le  devis  de  l'architecte 
Delespine,    fut   estimée   à   70.000   livres.  Totin,  l'inspecteur  des 

(1)  Délib.  20  janv.  1714,  reg.  83,  fol.  10. 

(2)  Délib.  3  ftîvr.  1714,  reg.  83,  fol.  )520. 

(3)  Délib.  23  févr.  17 15,  reg.  84,  fol.  34. 

(4)  Délib.  17  juin.  lyiS;  reg..  84,.  fol..  ri2, 

(5)  Délib.  r*' avril  1716,  r€g.  85;  fol;  75. 

(6)  Visite  de  l'H.-D.  (Blbl.  nat.,  L239,  1019.) 

(7)  Délib.  2  1   janv.,  27  janv.,  11  févr.,  11  mars,  10  avril,  28  avril,  5  mai,  i5  déc.  1722, 
27  janv.,  5  mars,  10  mars,  8  juin,  9  juin,  25  juin,  7,  9,  16  juill.  1723. 


r.KS    BATIMENTS 


bâtiments,  proposa,  pour  donner  une  forme  plus  régulicre  aux 
bâtiments  '  i  ),  d'acquérir  deux  maisons  contiguës,  dont  l'une,  appar- 
tenant à  la  «  nation  de  Picardie  »,  faisait  une  enclave  de  4  pieds  de 
large  et  de  8  toises  de  long  sur  le  terrain  de  THôtel-Dieu,  et  une 
place  pour  servir  de  cour  aux  bâtiments  (2).  Enfin  l'hôpital 
reçut  Tautorisation  de  construire  sous  la  rue  de  la  Bûcherie  un 
souterrain  pour  faire  communiquer  ces  magasins  avec  son  port. 
En  1/38,  la  Ville  lui  céda  un  terrain  de  38o  toises  sur  le  bord  de 
la  Seine,  s'étendant  depuis  l'abreuvoir  de  la  place  Maubertà  l'extré- 
mité de  la  rue  de  la  Bûcherie,  vis-à-vis  du  jardin  de  l'Archevêché, 
jusqu'au  pont  Saint-Charles  (3).  Les  administrateurs  s'engageaient 
à  conserver  les  égouts  de  la  rue  des  Rats  et  de  la  rue  du  Fouarre; 
à  supprimer  la  salle  du  Rosaire  en  bâtissant  des  salles  sur  ce 
terrain,  et  à  la  remplacer  par  un  passage  voûté  ;  à  laisser  libre  enfin 
le  long  de  l'égout  qui  se  trouvait  vis-à-vis  de  la  rue  des  Rats  un 
passage  voûté  pour  que  les  blanchisseuses  puissent  descendre  à  la 
rivière.  Pour  compléter  ce  terrain,  et  toujours  en  vue  d'agrandisse- 
ments ultérieurs,  l'Hôtel-Dieu  acheta  successivement  6  maisons  (4)  : 
«  l'Image  Saint-Nicolas  »  et  «  la  Corne  de  Cerf  »  en  1739, 
«  l'Aventure  »,  «  l'Image  Saint-Jean  »,  «  le  Flacon  »  en  1742, 
«  le  Roi  de  Pologne  »  en  1763  (5  ,  rue  de  la  Bûcherie,  rue  du 
Fouarre,  rue  Galande  et  rue  Saint-Julien-le-Pauvre,  tout  autour 
de  l'enclos  du  prieuré  de  Saint-Julien-le-Pauvre.  Il  pouvait,  sur 
leur  emplacement,  soit  construire  de  nouvelles  salles,  en  les  faisant 
communiquer  avec  le  bâtiment  Saint-Charles,  au  moven  d'une 
passerelle,  soit  agrandir  les  greniers. 

LE  BATIMENT  DES  ARCHIVES 

En  1 738,  l'Hôtel-Dieu,  pour  ses  archives,  dont  la  sécurité  n'était 
rien  moins  qu'assurée,  fit  faire  rue  Saint-Pierre-aux-Bœufs.  sur 
l'emplacement  d'une  maison  achetée  et  démolie  à  cet  effet  (6),  un 

(i)  Délib.  28  août,  2  ocX.  1725,  reg.  94.  fol.  240,  272. 

(2)  Arch.  A.  P..  liasse  3g. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  44.  Concession  de  la  Ville,  i"  juill.  1738.  Lettres  patentes  de 
confirmation,  juill.  1738.  Arrêt  d'enregistrement  au  Parlement  et  au  Bureau  des  finances 
des  lettres  patentes  de  Louis  XV  {,6  sept,  et  27  sept.  1739)  contenant  également  un  plan 
du  terrain. 

(4)  Délib.  14  déc.  1735,  reg.  lo.),  fol.  443. 

(5)  Cette  dernière  achetée  6.000  1.  appartenait  à  Goislard  de  Montsabert. 

(6)  Délib.  16  oct.  1733,  8  juin  1734,  3i  déc.  1737.  Dans  la  cour  de  la  maison,  on  fit 
plus  tard  un  petit  magasin  pour  le  plomb  et  l'étain  que  l'H.-D.  faisait  venir  d'Angleterre. 
(Délib.  6  août  1760.)  Au  rez-de-chaussee,  dans  un  cabinet  voûté,  se  trouvait  le  dépôt  d'argent 
autrefois  dans  un  coffre-fort  placé  dans  un  petit  cabinet  voisin  de  la  salle  des  séances  du 
Bureau,  où  travaillait  le  dépensier;  on  y  transporta  en  174Ô  une  réserve  de  1.437.832  1.  ea 
louis  d'or.  (Délib.  3  mai  1746.) 


256  l"hOTI-L-1)II:U    AV    XVlle    et    au    XVIII«    SIECLE 

bâtiment  spécial,  tout  en  pierre.  Le  plan  fut  dressé  par  Totin, 
inspecteur  des  bâtiments.  Les  murs  mitoyens  des  maisons  voisines 
furent  refaits,  et  les  plus  grandes  précautions  prises  pour  mettre  à 
l'abri  de  la  destruction  ce  trésor  des  chartes.  Le  Bureau  attachait 
la  plus  haute  importance  à  la  conservation  de  ses  titres  qui 
servaient,  en  maintes  occasions,  pour  les  procès,  les  réfections  de 
baux  et  tous  les  actes  concernant  la  gestion  du  domaine  urbain  et 
rural.  Baux,  comptes,  délibérations,  furent  soigneusement  rangés 
dans  les  étages  du  nouveau  bâtiment  et  forment  encore  aujourd'hui, 
aux  archives  de  l'Assistance  publique,  le  fonds  de  l'Hôtel-Dieu, 
malheureusement  brûlé  en  partie  en  1871. 

A  différentes  reprises,  furent  dressés  des  inventaires  de  ces  titres. 

Jean  de  Verdelay,  clerc  et  concierge  du  Bureau,  chargé  de  faire 
«  l'inventaire  des  champs  »,  reçut  en  1649  "^i^  somme  de  20  livres 
tournois  pour  cette  besogne.  En  1546,  on  avait  commandé  à  Henry 
Hardy,  relieur  de  livres,  des  «  épithafes  »  pour  mettre  sur  les 
layettes  «  esquelles  sont  les  rentes  que  ledit  Hostel-Dieu  a  en  la 
ville  de  Paris  »  (i). 

Jean  Mauger,  prêtre,  greffier  du  Bureau,  chargé  par  mandement 
du  i5  juin  i55i  «  de  vacquer  à  la  perfection  »  de  l'inventaire  tant 
des  champs  que  de  la  ville,  reçut  pour  ce  travail  5o  livres  tournois. 
Le  même  avait  déjà  touché,  en  1544,  5  livres  tournois  «  pour  son 
sallaire  d'avoir  escript  et  grossoyé,  faict  relier  et  avoir  fait  couvrir 
et  fourny  de  parchemin  le  statut  sur  la  retïormation  tant  au  che! 
que  des  membres  de  l'Hôtel-Dieu  »  (2). 

En  1  59g,  Pierre  Bezard,  commis  au  greffe  des  eaux  et  forêts, 
fut  chargé  de  faire  l'inventaire  des  titres,  «  tant  des  champs  que  de 
la  ville  »,  avec  les  répertoires  ad  hoc,  moyennant  la  somme  de 
45  sous  par  chaque  cahier  de  «  bon  parchemin  »  (3).  Le  premier 
volume  fut  terminé  en  novembre  1600  (4),  et  présenté  au  Bureau 
qui  le  fit  relier  en  «  parchemin  blanc  gros  et  fort  ». 

En  1641,  l'inventaire  de  ses  nouveaux  titres  et  la  revision  de 
l'ancien  furent  confiés  à  Jacques  Coignet,  avocat  en  Parlement, 
qui  avait  été  déjà  employé  à  cet  office  par  diverses  communautés, 
et  qui  reçut  pour  salaire  20  écus  par  mois,  à  charge  de  travailler 
5  heures  par  jour  (5). 

il)  Dépense  de  12  s.  6  d.  t.  (Compte  de  1546,  64°  reg.) 

(2)  Compte  de  1544,  6o«  reg.  Au  compte  de  i352  est  inscrite  une  somme  de  70  s.  t.  à 
Jean  Perret,  marchand  hôtelier,  pour  avoir  logé  maître  Jehan  Mauger  qui  durant  7  mois 
avait  besogné  au  fait  de  Tinventaire  des  titres  de  l'H.-D.  (76°  reg.) 

(3)  Délib.  14  mai  1699. 

(4)  Délib.  3  nov.  1600.  Cet  inventaire  qui  figure  aux  Arch.  de  l'A.  P.  est  de  beaucoup  le 
plus  intéressant  et  se  réfère  à  des  propriétés  vendues  depuis. 

(D)  Délib.  12  avril  1641,  reg.  18,  fol.  143. 


LF.S    BATIMKNTS 


A  partir  de  i  6qo,  un  «  agent  et  garde  »  des  archives  fut  nommé  aux 
gages  de  i.ooo  livres  avec  logement  dans  la  maison  du  Bureau  (i). 
Mais  ce  conservateur  était  plutôt  un  commis  d'ordre  qu'un  archi- 
viste, car  le  Bureau,  en  1708,  se  décida  à  choisir,  pour  faire  un 
nouvel  inventaire  des  titres,  une  personne  capable  qui  devait 
communiquer  ses  cahiers,  au  furet  à  mesure,  aux  administrateurs 
préposés  à  leur  examen  (2)  ;  ce  fut  P.  Poignant,  qui  reçut,  pour 
ce  travail,  60  sols  par  jour,  payables  par  mois. 

Mais  le  désordre  reparut  bientôt  dans  le  dépôt  où  les  titres  se  trou- 
vaient mêlés  et  dispersés  ;  le  greffier  et  l'huissier  du  Bureau  chargés 
de  leur  classement  étaient  absorbés  (3)  par  leur  besogne  quoti- 
dienne. Un  nouveau  récolement  fut  entrepris  en  prenant  pour  point 
de  départ  celui  de  1709,  et  une  série  de  mesures  prises  pour 
assurer  l'expédition  des  actes  par  le  notaire,  établir  un  état  des 
rentes  viagères,  tenir  un  registre  des  dons  et  legs,  des  fonda- 
tions (4),  etc.  L'inventaire"  complet  des  titres,  fait  par  le  greffier, 
et  terminé  en  1724,  se  composait  de  10  volumes  in-folio,  de  600 
à  700  pages  chacun  (5).  On  nomma  enfin,  du  25  novembre  1739 
au  14  mars  1741,  un  employé,  Dargentel,  payé  100  livres  par  mois, 
qui  portait  le  titre  de  «  déchiffreur  »  et  traduisait  les  anciens  titres 
latins  en  français,  puis  en  1742  un  sieur  Noblet  fut  chargé  du 
"  rangement  »  des  archives  et  toucha  pour  ce  travail  une  somme 
totale  de  1.400  livres  (6).  Pendant  la  Révolution,  la  commission 
des  secours  devait  donner  un  traitement  de  i. 000  livres  au  citoyen 
Courtin  chargé  de  la  recherche  des  titres  féodaux  distraits  des 
litres  de  propriété,  en  exécution  de  l'arrêté  du  28  brumaire 
an  111. 

L'Hôiel-Dieu  était  très  fier  de  ses  archives  et  écartait  tous  les 
travailleurs.  En  i656,  «  un  particulier  «,  non  autrement  désigné  (7), 
en  ayant  demandé  communication,  pour  un  livre  sur  «l'origine, 
établissement,  progrès  et  agrandissement»  des  principales  maisons 
de  Paris,  complété  par  un  livre  de  «  preuves»,  faisant  valoir  qu'il 
avait  obtenu  cette  autorisation  de  plusieurs  communautés,  de 
l'hôpital  de  la  Trinité  entre  autres,  le  Bureau,  non  seulement  ne 
lui   permit  pas  l'accès  du  trésor  des  titres  pour  y  demeurer  seul, 


(1)  Délib.  lî  mars  1690,  reg.  59,  fol.  60. 

(2)  Délib.  8  juin,  5  déc.  1708,  22  mars  1709,  reg.  77,  fol.  58,  116;  reg.  78,  loi.  42. 

(3)  Délib.  10  iuill.  1716,  reg.  85,  fol.  146. 

(4)  Délib.  10  mai  1719,  23  févr.  1720,  reg.  89,  fol.  3.1.. 

(5)  Délib.  20  nov.  1724.  C'est  cet  inventaire  qui  a  servi  au.\  publications  de  Brièle,  qui 
n'en  sont  guère  qu'une  copie. 

(6)  Arch.  A.  P.,  fonds  nouveau  H.-D.,  28°  liasse. 

(7)  Délib.  26  mai  i656. 

17 


2  58  l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIII«    SIÈCLE 

mais  spccitia  qu'il  ne  pourrait  rien  insérer  dans  son  livre  sans  en 
avoir  référé  à  l'un  des  administrateurs.  Cette  tradition  persista 
longtemps  encore  au  xix«  siècle  (i). 


LES    INCENDIES    DE  1737,  1742,  1772 

L'incendie  du  Petit-Pont  en  17 18,  dans  la  nuit  du  27  au 
28  avril,  avec  toutes  les  maisons  qui  s'y  trouvaient  construites, 
avait  incité  l'Hôtel-Dieu  à  prendre  des  mesures  contre  un 
incendie  éventuel  (2).  Il  fit  visiter  tous  les  bâtiments  par  les  archi- 
tectes Delespine  et  Beausire  (3)  chargés  de  dresser  un  programme 
d'ensemble:  construction  d'un  réservoir  d'au  moins  5oo  muids, 
avec  conduites  d'eau  dans  les  offices  des  salles,  achat  de  seaux 
de  cuirs,  crocs  et  outils  divers,  pioches,  haches,  marteaux,  scies, 
leviers  ;  défense  de  fumer  dans  les  salles,  de  mettre  des  bougies 
sur  les  piliers  et' les  tablettes  des  lits;  séparation  de  l'atelier  du 
vitrier  d'avec  le  magasin  au  charbon  (4).  Ce  programme,  comme 
beaucoup  d'autres,  ne  fut  pas  exécuté.  Mais  la  Ville  s'opposa  à 
la  réédification  des  maisons  qui  se  trouvaient  sur  le  Petit-Pont  et 
des  échoppes  adossées  le  long  des  murs  de  l'Hôtel-Dieu  (5),  jus- 
qu'à la  maison  faisant  l'encoignure  de  la  rue  du  Petit-Pont  et  de 
la  rue  Neuve-Notre-Dame.  «  Cet  espace  libre  donna  un  courant 
d'air  à  l'Hôtel-Dieu,  et,  depuis  cette  époque,  on  a  remarqué  que  le 
nombre  des  malades  étant  le  même,  il  en  est  mort  par  an 
quatre  cents  de  moins.  Ainsi,  en  cinquante-quatre  ans,  ce  courant 
d'air  a  sauvé  la  vie  à  plus^  de  vingt  mille  citoyens.  Des  personnes 
dignes  de  foi  tiennent  ce  fait  de  M.  l'abbé  d'Agoult,  doyen  du 
Chapitre  de  Notre-Dame,  lequel,  en  cette  qualité,  étoit  à  la  tête  de 
la  direction  spirituelle  de  l'Hôtel-Dieu  [6],  » 


(i)  Voy.  Préface. 

(2)  L'H.-D.  ne  fut  pas  atteint,  mais  ce  fut  le  receveur  de  l'H.-D.  qui  fut  cliargé  de  cen- 
traliser les  secours  distribués  aux  sinistrés  (arrêts  du  Parlement,  3  mai  et  i8  mai  1718). 
Tous  les  ans,  le  27  avril,  le  Chapitre,  avant  la  messe,  faisait  une  station  à  l'H.-D.,  en  mémoire 
de  la  protection  céleste.  {Descript.  de  l'Eglise  de  Paris,  1763,  in-12,  p.  323.) 

(3)  Jean-Baptiste-Augustin  Beausire,  fils  de  Jean  Beausire,  fut  architecte  de  la  Ville  de 
1706  à  175 1,  comme  son  père  qui  avait  rempli  les  mêmes  fonctions  de  i683  à  1706. 

(4)  Délib.  6  mai  17 18,  reg.  87,  fol.  63. 

(5)  Délib.  10  sept.  1718,  reg.  87,  fol.  12g  v»,  arrêt  du  Parlement  5  sept.  1718.  Seule  fut 
autorisée  la  reconstruction  des  maisons  se  trouvant  le  long  de  la  rue  du  Petit-Pont,  vis- 
à-vis  de  l'H.-D.,  suivant  un  alignement  en  ligne  droite  partant  de  l'encoignure  de  la  rue  de 
la  Huchette  et  de  la  rue  du  Petit-Pont,  et  allant  à  l'encoignure  de  la  rue  du  Petit-Pont  et 
de  la  rue  se  dirigeant  vers  le  Marché  Neuf. 

(6)  Marmontel,  la  Voix  des  Pauvres,  cpître  au  roi  sur  l'incendie  de  l'Hôtel-Dieu; 
Paris,  1773,  in-8,  p.  8,  note  i.  (Bibl.  A.  P.,  Ai  71.) 


LES    BATIMENTS 


Dans  la  nuit  du  i*^""  au  2  août  1737,  le  feu  prit  dans  la  maison 
et  consuma  une  partie  des  bâtiments  (i).  «  On  dit,  raconte  Barbier, 
qu'il  avoit  commencé  à  9  heures  du  soir,  le  jeudi,  que  les  religieuses 
avoient  compté  l'éteindre  par  le  grand  nombre  de  domestiques  et 
de  monde  qui  est  dans  cette  maison  et  par  la  facilité  d'avoir  de 
l'eau  ;  en  sorte  qu'elles  avoient  fermé  leurs  portes.  N'ayant  pas  pu 
en  venir  à  bout,  le  feu  a  fait  de  tels  progrès  qu'à  minuit  les  bâtiments 
du  côté  de  l'archevêché  et  du  Petit-Pont,  où  l'on  paye  [pont  au 
Double],  se  sont  embrasés  de  façon  que  le  danger  étoit  extrême.  Il 
a  fallu  courir  au  secours.  La  désolation  a  été  générale  dans  toutes 
les  salles.  Tout  le  guet  y  est  arrivé.  M.  le  premier  président,  le 
procureur  général,  le  lieutenant  de  police  et  tous  les  autres 
magistrats,  les  soldats  aux  gardes  ont  été  commandés  pour 
venir  travailler.  Les  religieux  mendiants  ont  été  aussi  appelés  ; 
tous  les  malades  sont  sortis,  et  se  sont  réfugiés,  les  uns  dans 
Notre-Dame,  les  autres  dans  les  rues,  et  on  en  a  transporté 
autant  qu'on  a  pu  dans  des  charrettes  à  l'hôpital  Saint-Louis. 
M,  le  premier  président  a  emporté  chez  lui  l'argent  qui  étoit 
dans  la  caisse.  Il  y  a  eu  des  femmes  qui  ont  accouché  dans  les 
rues  ;  tous  les  petits  enfants  nouveau-nés  ont  été  étouffés  par  la 
fumée  (2).  » 

Différentes  personnes  trouvèrent  la  mort,  entre  autres  la  mère 
Saint-Éloi  et  J.  Parmentier,  maître  cordonnier  et  brigadier  des 
pompes  de  la  Ville,  dont  la  veuve,  mère  de  5  enfants,  reçut  du  Bu- 
reau un  secours  de  100  livres  (3)  pendant  dix  ans.  Mais  les  dégâts 
matériels  surtout  furent  importants.  Des  provisions  de  linge  et 
d'étoffes  pour  plusieurs  années  furent  anéanties.  Un  plus  grand 
malheur  ne  fut  évité  que  grâce  aux  «  secours  officieux  de  tous  les 
habitants  de  Paris  »  (4).  Gomme  il  arrive  toujours  en  ces  circons- 
tances, une  commission  fut  nommée  pour  rechercher  les  moyens 
de  prévenir  «  les  accidents  de  feu  ».  Des  services  furent  dits  pour 
les  morts.  Le  linge  sauvé  fut  transporté  à  Saint-Louis  pour  subir 
les  réparations  nécessaires.  Des  quêtes  furent  faites  dans  les  pa- 
roisses par  des  dames  charitables  dont  la  liste  fut  dressée  au  préa- 


(i)  Délib.  6,  9,  i3,  19  août;  3,  6  sept.  ;  4  oc  t.  ;    22,  26,  29  nov.  ijlij,  reg.  106.  Quelques 
mois  plus  tard,  le  26  oct.  1737,  un  incendie  dévorait  la  Cliambre  des  comptes. 

(2)  Journal,  III,  93. 

(3)  Des   gratifications   furent    accordées    aux  officiers    et  archers    du    lieutenant    cri- 
minel, au.K   pompiers   blessés,  et  diverses   pensions   paj^ées  aux   orphelins  des    victimes. 

(Deiib.   26  nov.  1737,  reg.  106,  fol.  288.  Voy.  aussi  déiib.  de  la  Ville,  Arch.  nat.,  H  1857, 
fol.  178  ro.) 

(4)  Délib.  6  août  1737,  reg.  106,  fol.  217,  et  G.  Cerise,  la  Lutte  contre  l'incendie  avant 
i7Sg;  Lyon,  i885,  in-8«,  p.  i5. 


26o  i.'hotf.l-dif.u  au  xvii<=  et  au  xviip  sif.clk 

lable  '  1  .  Quinze  actions  de  la  Compagnie  des  Indes  furent  vendues 
pour  «réparer  les  désordres  ».  On  racheta  2.244  aunes  d'étoffes, 
30.799  aunes  de  toile,  768  couvertures  (84  avaient  été  données 
par  le  prévôt  des  marchands),  3.o85  livres  pesant  de  cuivre  (2), 
6  milliers  de  bois  de  charpente.  L'état  des  quêtes  et  aumônes, 
produit  au  Bureau  le  19  novembre  1737,  accusait  une  recette  de 
29.554  1.  6  s.,  à  laquelle  il  convient  d'ajouter  une  somme  de 
10.000  livres  envoyée  par  S.  A.  S.  Anne-Victoria  de  Savoie,  nièce 
du  prince  Eugène  (3).  Pendant  tout  le  cours  de  1738  on  travailla 
à  ôter  les  décombres,  démolir  les  bâtiments  incendiés  et  les  recons- 
truire, y  compris  les  «  crèches  >>  du  pont  Saint-Charles  et  du  Ro- 
saire (4). 

Un  nouvel  incendie  survint  le  9  janvier  1742  dans  le  local 
où  travaillaient  les  charpentiers  (5);  le  Bureau  se  décida  cette  fois 
à  rédiger  une  «  instruction  pour  prévenir  les  accidents  du  feu  »  (6). 
Il  nomma  2  administrateurs  délégués  qui  firent  une  visite  complète 
des  bâtiments,  en  particulier  des  cheminées  et  des  étuves,  accom- 
pagnés du  contrôleur  des  bâtiments  et  du  charpentier  ordinaire, 
et  signalèrent  toutes  les  défectuosités.  Cette  visite  devait  être 
renouvelée  tous  les  3  mois.  Des  règles  spéciales  furent  édictées 
à  l'avenir  pour  la  construction  des  cheminées.  Des  pompes  furent 
achetées  en  nombre  suffisant  ainsi  que  3oo  seaux  d'osier  doublés 
de  peaux.  On  décida  la  création  d'un  magasin  pour  tous  les 
appareils  nécessaires  en  cas  d'incendie,  des  réservoirs  aux  extré- 
mités de   chaque  corps   de  bâtiment.    Le  règlement  interdit  aux 


(i)  A  St-Jacques-du-Haut-Pas,  comme  il  n'y  avait  que  3  dames  en  état  de  quêter, 
M"»  de  Montagny,  M"«  de  Montchal  et  M"«  Henin,  le  Bureau  ajouta  à  la  liste  M"»»»  de 
Romainville.  Davesdoin,  de  Louvencourt,  de  La  Fautrière,  et  M""^  «iMaboui  et  Navarre. 
(Délib.  3  sept.  1737.)  A  St-Germain-l'Auxerrois,  il  ne  s'est  pas  trouvé  une  seule  dame,  et 
le  curé  dut  offrir  10  prêtres  de  sa  paroisse  pour  faire  la  quête,  MM.  Dufour,  Leroasnier, 
Clialaudat,  Granier,  Clérambourg,  Bauny,  Le  Guy  l'aîné  et  le  cadet.  Chevalier,  Daminois. 

(2)  Délib.  6  sept,  et  4  cet.  1737,  reg.  106,  f»^  253,  263. 

(3)  Délib.  26  nov.  1737,  reg.  106,  foL  288. 

(4)  Arcli.  A.  P.,  fonds  nouveau  H.-D.,  14*  liasse,  1738.  »  Payé  à  divers  compagnons, 
charpentiers,  soldats,  bardeurs,  suisses  et  manœuvres  et  pour  différents  ustensiles  et  maté- 
riaux la  somme  de  2.096  1.  pour  parvenir  à  la  construction  d'un  batardeau...  Payé  5.533  1. 
pour  défaire  le  batardeau,  au  sujet  de  l'enlèvement  des  décombres  tombées  dans  le  bras  de 
la  rivière,  et  pour  le  rétablissement  des  crèches,  tant  celles  du  pont  au  Double  que  celles 
des  deux  costez.  » 

(5)  Lettres  de  Marville  a  Maurepas,  du  10  janvier  1742  :  «  L'Hôtel-Dieu  a  encore  manqué 
de  brûler  cette  nuit.  Le  feu  y  a  pris  dans  l'atelier  des  menuisiers  sur  les  11  h.  1/2  du  soir. 
Le  secours  est  venu  si  à  propos  qu'en  moins  d'une  demi-heure  on  s'en  est  rendu  maitre. 
Il  a  fallu  abattre  un  planclier  et  près  de  25  toises  de  bâtiment  endommagé.  11  n'y  a  eu  d'au- 
tre accident  qu'un  pompier  qui  a  été  blessé  a.  la  tête.  »  (Paris,  1896,  3  vol.  in-8»;  t.  I,  p.  6.) 
Il  y  avait  alors  24  dépôts  de  pompe,  sous  la  direction  de  Dumouriez,  pour  remédier  aux 
incendies,  sans  que  locataires  et  propriétaires  soient  tenus  de  rien  payer.  (Alm.  royal,  1742, 
p.  435-436.) 

(6)  Délib.  14  févr.  1742,  qui  se  trouve,  par  suite  d'oubli,  transcrite  à  la  fin  du  volume 
(iii«  reg.).  Au  mois  de  mars  1749,  il  y  eut  encore  deux  incendies,  l'un  dans  la  cheminée  de 
l'étuve  aux  chemises,  l'autre  dans  un  des  magasins  de  l'apothicairerie. 


LES    BATIMKNTS  20  I 

malades  de  fumer  dans  leur  lit  ou  ailleurs;  l'inspecteur  des  salles 
eut  l'ordre  d'ôter  toutes  les  pipes  qu'il  trouverait,  de  les  briser 
ou  de  les  Jeter  dans  la  rivière  ;  on  interdit  les  chandelles  sur  les 
planchettes  placées  au  chevet  des  lits,  le  se'chage  du  linge  dans  les 
cheminées,  les  fusées  et  feux  d'artifice  à  l'intérieur  de  la  maison 
ou  dans  les  rues  ou  places  adjacentes  par  les  officiers,  chirurgiens, 
domestiques,  même  la  veille  ou  le  jour  de  la  Saint-Jean  ;  enfin 
des  rondes  de  nuit  furent  organisées. 

Ces  mesures,  probablement,  ne  furent  que  transitoires,  et 
en  tout  cas  impuissantes  contre  l'incendie  du  3o  décembre  1772. 
Qu'on  en  lise  le  récit  dans  la  Galette  de  France  [i]^  dans  \q  Journal 
de  l'avocat  Barbier,  dans  le  procès-verbal  du  commissaire  au 
Châtelet,  Dorival  (2),  dans  les  délibérations  du  Chapitre  (3),  ou 
dans  le  Mémoire  de  l'architecte  Moreau  4),  c'est  partout  le  même 
effroi  qui  saisit  en  face  de  ce  désastre  sans  précédent  peut-être 
dans  les  annales  de  la  Cité,  et  qui  frappa  vivement  l'imagination 
des  contemporains.  Parti  du  dépôt  des  suifs  qui  se  trouvait  dans 
les  sous-sols  et  où  il  couva  jusqu'au  milieu  de  la  nuit,  le  feu  se 
répandit  rapidement  dans  les  écuries,  les  bouveries,  les  greniers 
à  foin,  embrasa  tout  à  coup  le  bâtiment  de  la  communauté,  puis 
rinfirmerie,  la  salle  Jaune,  le  Légat,  et  bientôt  plus  de  943  toises 
furent  la  proie  des  flammes,  présentant,  dit  la  Galette,  le  spectacle 
«le  plus  magnifique  et  le  plus  épouvantable».  On  préserva  à 
grand'peine  la  pharmacie,  le  dépôt  des  huiles,  les  caves  des  vins 
et  des  eaux-de-vie.  Le  feu  dura  jusqu'au  lendemain  et  les  pompiers, 
sous  la  direction  de  Morat,  les  gardes-françaises  et  les  gardes- 
suisses,  durent  rester  plusieurs  jours  pour  noyer  les  décombres 
et  veiller  à  la  reprise  du  sinistre.  Plus  de  5oo  malades  se  réfu- 
gièrent à  Notre-Dame,  où  12  moururent.  Les  religieuses  furent 
hospitalisées  à  l'Archevêché  (5).  Toutes  les  autorités  s'étaient 
prodiguées  en  cette  occasion,  de  Brissac,  gouverneur  de  Paris; 
de  La  Michodière,  prévôt  des  marchands;  de  Sartine,  lieutenant 
général  de   police;   Bertier   de    Sauvigny,    premier    président    du 


(1)  C'est  celui  qui  est  reproduit  par  Rondonneau,  o.  c,  p.  ig5  et  suiv. 

(2)  Arch.  liât.,  Y  12463.  \'oy.  aussi  Hard)',  t.  II,  fol.  140,  fol.  lôi. 

(3)  Reproduit  par  A.  Clievalier,  o.  c,  p.  472. 

(4)  Arch.  nat.,  H  1432,  Observations  sur  la  suite  et  les  conséquences  de  l'incendie  de 
l'H.-D.  de  Paris,  7  janv.   1773,  et  aussi  H   1S75,  fol.  80  r°. 

(5)  Christophe  de  Beaumont  se  rendit  dès  le  lendemain  à  Versailles  pour  intéresser  la 
Cour  au  malheur  de  l'H.-D.  Jusqu'au  8  janvier  1773,  il  fournit  le  vivre  et  le  couvert  aux 
malades  et  au  personnel.  (E.  Regnault,  Christophe  de  Beaumont;  Paris,  1882,  2  vol.  in. 8», 
II,  207.1  I^e  leur  côté,  les  chanoines  envoyèrent  3. 000  1.  au  receveur.  {Arch.  nat.,  LL  335ix.} 
Les  aumônes  en  nature  affluèrent  :  le  prince  de  Conti  envoya  20  pièces  de  vin,  le  duc  de 
l'enthièvre  160  paires  de  draps.  Marie-Antoinette  adressa  i.ooo  écus.  (Jo«r/j£i/  encyclo- 
pédique, i5  fcvr.   1773,  II,  p.  186.) 


202  l/HOTKL-niF.II    AU    XVTI=    ET    AU    XYIIP    SIECLE 

Parlement;  Joly  de  Fleury,  procureur  général,  sans  compter 
les  administrateurs,  les  chanoines,  les  magistrats  de  tous  ordres  (i). 
Le  portail  de  Gamard,  près  du  Petit-Pont,  isolé  des  bâtiments  sur 
lesquels  il  portait,  futabattu  par  les  so,ins  de  Moreau,  architecte  de 
la  Ville  (2),  Egresset,  architecte  de  la  police,  et  Boneau,  inspecteur 
des  bâtiments  de  THôtel-Dieu.  Il  y  avait  eu  en  tout  14  morts  et 
19  blessés,  parmi  lesquels  des  pompiers,  des  gardes-françaises  et 
un  capucin.  Les  pertes  matérielles,  d'abord  évaluées  à  2  millions, 
doivent  être  restreintes  à  600.000  livres  environ  (3). 

Ce  fut  un  événement  critique  pour  THôtel-Dieu,  non  seu- 
lement par  les  ruines  accumulées,  mais  par  les  conséquences  éven- 
tuelles. Déjà  plusieurs  projets  avaient  été  mis  en  avant,  depuis 
quelque  vingt  ans,  pour  la  reconstruction  de  l'hôpital.  La  perte 
totale  d'une  partie  de  ses  bâtiments  remettait  à  l'ordre  du  jour  ces 
projets,  autour  desquels  allait  se  jouer  le  sort  même  de  l'établisse- 
ment. 

LES     PROJETS     DE     RECONSTRUCTION 

A     LA     VEILLE     DE     LA     RÉVOLUTION 

Nous  allons,  en  effet,  assister  à  une  lutte  âpre,  ardente,  entre 
le  Bureau,  qui,  iidèle  à  ses  habitudes,  à  ses  traditions,  veut  recons- 
truire sur  place,  et  les  novateurs  de  tout  ordre,  médecins,  archi- 
tectes, philanthropes,  magistrats,  qui  aspirent  à  une  solution 
nouvelle.  Le  passé  et  l'avenir  sont  aux  prises,  en  attendant  que  la 
Révolution  vienne  mettre  d'accord  tous  les  conflits  en  brisant 
l'ordre  social  au  milieu  duquel  les  administrations  rivales  cher- 
chaient à  sauvegarder  leurs  intérêts  sous  le  couvert  du  bien  public. 


(i)  Huit  jours  après  la  catastrophe,  le  7  janvier  lyyS,  il  y  eut  messe  à  Notre-Dame,  sui- 
vie d'une  lettre  pastorale,  pour  remercier  le  ciel  d'avoir  préservé  une  partie  de  la  maison. 
Le  9  janvier,  d'Alembert  écrivait  à  'Voltaire:  «  Ce  qui  vous  étonnera,  c'est  que  dans  le 
mandement  que  l'arclievéque  de  Paris  vient  de  donner  au  sujet  de  l'incendie  de  l'Hôtel-Dieu, 
il  n'y  a  pa?  un  seul  mot  contre  les  philosophes.  Le  prélat  dit  seulement  que  ce  sont  nos 
crimes  qui  sont  cause  de  ce  malheur.  11  n'en  ordonne  pas  moins  des  prières  pour  remercier 
Dieu  de  ce  qu'il  n'y  a  eu  que  3oo  ou  400  de  ces  malheureux  qui  aient  été  brûlés.  Je  m'ima- 
gine que  Dieu  répondra  qu'il  n'y  a  pas  de  quoi.  »  Trois  jours  après,  le  12  janvier,  le  même 
d'Alembert  proposait  à  la  séance  de  l'Académie  d'envoyer  12.000  1.  à  l'archevêque  pour  les 
pauvres  de  IH.-D. 

(21  P.-L.  IMoreau-Desproux,  élève  de  Beausirc,  fut  maître  général  des  bâtiments  de  la 
Ville  de  Paris,  de  1763  à  1769.  (Lance,  o.  c,  II,  i58.) 

(3)  Arch.  A.  P.,  fonds  nouveau  H.-D.,  19»  liasse,  Journal  des  dépenses,  1773-1774;  la 
reconstitution  des  approvisionnements  mentionnés  dans  le  Journal  de  ces  deux  années  se 
monte  à  elle  seule  à  ii8.23i  1.  (une  grande  partie  des  toiles  et  draps  s'achetait  à  Alençon); 
et  27°  liasse,  Registres  des  ordonnances  du  Bureau  payées  par  le  receveur;  le  total  des 
sommes  portées  comme  payées  aux  entrepreneurs  pour  la  reconstruction  des  bâtiments 
incendiés  s'élève  à  492.2.10  1. 


LES    BATIMENTS  2(33 


Tous  les  promoteurs  de  nouveautés  n'étaient  pas  d'ailleurs  des 
esprits  intéressés,  et  plus  d'un  se  rendait  compte  des  besoins  vrai- 
ment urgents  de  la  population,  et  cherchait  par  bienfaisance  — 
le  mot  était  à  la  mode  —  une  solution  au  problème  social  de  l'hos- 
pitalisation des  malades.  On  a  déjà  tracé  avec  maîtrise  le  tableau 
de  ces  efforts  qui  marquent  la  fin  de  l'ancien  régime  (i)  et  qui 
sont  assurément  une  page  glorieuse  au  milieu  des  turpitudes  et  des 
abandons  d'une  société  finissante.  Aussi  n'en  rappellerons-nous 
que  l'essentiel,  en  ce  qui  concerne  l'Hôtel-Dieu. 

Dès  1749,  Le  Jeune,  ancien  vicaire  de  Saint-Laurent,  avait 
projeté  d'établir  l'hôpital  dans  l'île  des  Cygnes,  d'une  superficie  de 
34.300  toises,  «  où  la  salubrité  de  l'air  et  la  commodité  de  l'eau, 
dit  son  mémoire  (2),  y  font  un  assemblage  parfait  ».  La  partie  de 
l'île  vacante  aurait  été  employée  en  jardins  botaniques  et  potagers, 
en  avenues,  en  allées  d'ormes  et  de  tilleuls  et  en  terrain  de  réserve 
pour  le  cimetière.  On  aurait  simplement  conservé  dans  la  Cité  un 
hôpital  de  400  lits  pour  les  blessés  graves,  les  malades  de  la 
Salpêtrière,  etc.  Pour  cette  opération,  l'Hôtel- Dîeu  aurait  emprunté 
6  millions  en  rentes  viagères  au  denier  12.  Ce  projet  de  Le  Jeune, 
selon  Rondonneau  (3),  trouva  autant  de  partisans  que  de  contra- 
dicteurs; ces  derniers  objectaient  la  distance  de  l'île  des  Cygnes 
aux  divers  quartiers  de  Paris,  la  perte  des  aumônes  si  l'Hôtel- 
Dieu  cessait  «  d'être  exposé  aux  yeux  de  tout  Paris,  et  d'être  à 
chaque  instant  l'objet  de  la  ferveur  et  de  la  charité  excitées  plus 
puissamment  par  la  misère  extrême  qui  revendique  ses  droits  à 
chaque  instant  ».  Combattu  par  Carré,  ce  projet  fut  soutenu  par 
M.  de  Nevers,  qui  proposait  d'y  consacrer  pendant  vingt  ans  une 
somme  d'un  million  prise  sur  la  caisse  des  économats  ou  séquestres 
d'abbayes  et  bénéfices  consistoriaux,  destinée  à  réparer  ou  à  cons- 
truire des  églises  et  collèges  (4). 

D'autres  visaient  les  terrains  du  Trocadéro  (5).  On  proposait  la 
création  d'une  maison  de  sûreté  et  de  santé  où  tous  les  étrangers, 


(i)  C.  Bloch,  0.  c.  ;  Paris,  1908,  in-8°. 

(2)  Mercure  de  France,  oct.  1748,  p.  268.—  Mémoire  de  M.  Le  Jeune,  ancien  vicaire  de 
St-Laurent,  sur  le  projet  d'un  H.-D.  dans  l'Isle  des  Cignes.—  Id.,  févr.  1749,  p.  44.—  Lettre 
à  M.  X...  sur  ce  projet,  Arch.  Min.  des  Aff.  étrangères  (mss.  1609,  foL  181,  211,  246,  et 
mss.  1612,  fol.  82),  et  Batcave,  Prq/'ef.s  de  transfert  de  l'H.-D.  à  l'ile  des  Cygnes  au 
xviii»  s.,  dans  Bull,  de  la  Soc.  liùt.  d'Auteuil  et  de  Passy,   igoS,  t.   V,  p.   192-196. 

(3)  Rondonneau,  o.  c,  p.  184.  Voy.  aussi  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  1079,  fol.  18. 

(4)  Voy.  aussi  mémoire  de  Bellami,  commis  au  bureau  des  comptes  du  domaine  de 
l'Hôtel  de  'Ville,  proposant  les  moyens  de  trouver  des  fonds  suffisants  pour  la  reconstruction 
de  l'H.-D.  dans  nie  des  Cygnes  (1769)    (Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  1217,  f«  102  et  suiv.) 

(5)  Plan  général  d'un  projet  d'H.-D.  au  Trocadéro,  de  M.  Le  Roy,  de  l'Acad.  roy.  des 
sciences,  imaginé  pour  l'architecture  et  dessiné  en  1780  par  Ch.-Fr.  'Vie],  architecte  de 
l'Hôpital  général.  (.Mém.  de  l'Acad.  roy.  des  sciences,  1787,  p.  600.) 


264  l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XYIII^    SIECLE 

blessés  ou  malades,  pourraient  être  transportés,  maison  payante, 
sous  la  direction  du  lieutenant  de  police,  avec  gardes-malades, 
médecins,  chirurgiens,  pharmacie,  puis  une  petite  maison  de 
santé  pour  ouvriers  et  domestiques,  où  Ton  payerait,  par  abon- 
nement, 12  livres  par  personne  ou  2  livres  par  jour  (i).  Comme 
emplacement,  on  envisageait  également  un  terrain  appartenant  aux 
Génovéfains,  rue  de  la  Culture-Saince-Catherine,  que  Ton  échange- 
rait pour  la  maison  professe  des  Jésuites,  rue  Saint-Antoine,  ou  bien 
encore  un  terrain,  faubourg  Saint-Antoine,  propriété  des  religieuse  s 
de  l'abbaye,  les  terrains  du  collège  du  Cardinal-Lemoine  (2),  la 
pépinière  royale  du  faubourg  Saint-Honoré,  les  Filles-Dieu,  boule- 
vard Poissonnière,  les  Capucins,  rue  Saint-Honoré,  ou  quelque 
autre  couvent  désaffecté.  Comme  moyens  financiers,  un  ancien 
payeur  des  rentes,  Hurel,  proposait  une  loterie  de  400.000  billets  à 
24  livres  le  billet,  qui  produirait  9.600.000  livres  ;  un  autre,  l'éta- 
blissement d'un  ordre  royal  de  charité,  dit  de  Sainte-Clotilde, 
réservé  aux  femmes  et  destiné  à  produire  des  ressources  abon- 
dantes ;  d'autres  encore,  de  faire  payer  22  livres  aux  malades 
pour  être  seuls  dans  un  lit,  ce  qui  produirait  environ  3. 600  livres 
par  jour,  et  20  sous  par  jour  à  ceux  qui  resteraient  moins  d'un 
mois. 

Notons  encore  les  projets  d'un  dépôt  de  linge  à  l'ile  des  Cygnes 
dans  la  maison  construite  par  la  Compagnie  des  tripiers,  qui  serait 
indemnisée,  et  d'une  boucherie  centrale  à  Scipion,  et  surtout  celui 
de  l'établissement  d'une  Caisse  centrale  des  hôpitaux  qui 'devait  se 
réaliser.  Elle  fonctionnait  en  1780,  puisque  c'est  grâce  à  elle  que 
furent  entreprises  les  infirmeries  de  l'Hôpital  général,  et,  en  1781, 
la  reconstruction  des  bâtiments  de  l'Hôtel-Dieu  (3).  On  pense 
même  qu'elle  pouvait  être  plus  ancienne  (4).  En  1789,  ses  revenus 
se  montaient  à  146.199  livres,  dont  100.000  livres  sur  la  loterie 
royale,  24.000  livres  sur  la  ferme  générale,  22.199  li^'r^s  sur  la 
vente  du  sel  de  salpêtre  (5). 

N'oublions  pas  Chamousset,  «  ce  vertueux  magistrat,  un  des 


(1)  Arch.  nat.,  F'^  i38.  Mémoires  adressés  à  Turgot,  24  déc.  1774,  20  juin  1775,  etc. 

(2)  Dès  le  XVII»  siècle,  on  avait  envisagé  cet  emplacement  pour  l'agrandissement  de 
l'H.-D.  Mémoire  touchant  le  dessein  que  l'on  proposait  de  séparer  l'H.-D.  en  2  maisons, 
l'une  pour  les  jeunes  filles  et  petits  enfants  au  lieu  où  est  l'H.-D.,  et  l'autre  pour  les  hommes 
au  collège  du  Cardinal  Lemoine  dont  le  principal  et  les  boursiers  pourraient  se  retirer  dans 
un  des  autres  collèges  inutiles  que  le  roi  leur  pourrait  donner;  s.  d.,  xvii»  s.  (Bibl.  nat., 
ms.  fr.  n.  a.  46,  fol.  32.) 

(3)  Arch.  nat.,  F "5  243. 

(4)  C.  Bloch,  0.  c,  p.  3o3,  cite  qu'en  1725  il  est  question  d'une  caisse  des  hôpitaux  mise 
à  contribution  pour  l'hôpital  de  Calais. 

(5)  Tuetey,  0.  c,  t.  I    n»  i  (4). 


LKS    BATIMENTS  265 


ornements  de  son  siècle  »,  au  dire  de  Rondonneau  (i),  qui,  dès 
ij56  (2),  dans  une  brochure  intitulée:  Exposition  d'un  plan  pro- 
pose pour  les  malades  de  l'Hôtel-Dieu,  avait  étudié  une  série  de 
réformes  qui  peuvent  se  résumer  ainsi  :  décharger  l'administration 
du  soin  des  malades  et  la  borner  au  gouvernement  des  biens  ; 
confier  tout  ce  qui  regarde  le  service  purement  hospitalier,  le  trai- 
tement, la  nourriture,  etc.,  à  une  société  de  citoyens  dont  l'inté- 
rêt personnel  se  confondrait  avec  l'intérêt  public,  puisqu'on 
donnerait  à  cette  société  5o  livres  par  malade  guéri,  et  rien  pour  ceu  x 
qui  mourraient.  Inutile  de  dire  que  cette  conception  d'une  «  entre - 
prise»  réalisée  pendant  la  Révolution,  avec  des  résultats  détestables, 
trouva  un  accueil  plutôt  hostile  parmi  les  administrateurs  et  leur 
entourage,  accueil  qui  se  traduisit  par  une  série  de  brochures 
présentant  des  objections  au  système  proposé.  Ghamousset  y 
répondit  (3),  et  s'offrit  même  en  1763  à  mettre  son  plan  en  pratique. 
L'incendie  de  1772  vint  donner  une  actualité  nouvelle  à  ses  théories. 
Dans  une  lettre,  il  proposa  de  diviser  l'Hôtel-Dieu  en  2  établis- 
sements, dont  l'un  serait  placé  à  Saint-Louis,  et  l'autre  au  couvent 
des  Cordelières  du  faubourg  Saint-Marceau,  et  en  transportant  à 
l'île  des  Cygnes  et  au  Gros-Caillou  la  buanderie  des  deux  hôpitaux. 
Dans  un  dernier  opuscule,  il  proposait  l'établissement  d'une  mai- 
son de  convalescence  à  Villejuif  (4). 

Le  gouvernement  adopta  en  grande  partie  les  vues  de 
Ghamousset.  Les  lettres  patentes  de  mai  1773,  enregistrées  au 
Parlement  le  i  i  mars  1774,  partageaient  l'Hôtel-Dieu  en  2  établis- 
sements, Saint-Louis  et  Sainte-Anne  agrandis  (5).  Tous  les  bâti- 
ments de  l'hôpital  sur  la  rive  droite  devaient  être  rasés,  et  les 
matériaux  vendus;  les  administrateurs  étaient  autorisés  à  «  dis- 
poser des  maisons,  biens-fonds,  rentes  et  autres  immeubles 
appartenant  à  l'Hôtel-Dieu,  pour  le  prix  être  employé  à  l'acquisi- 
tion d'autres  fonds  produisant  un  revenu  égal  au  revenu  actuel,  et 
le  reste  aux  constructions  ordonnées».  Tous  les  legs  faits  au  cours 
de  l'année  pouvaient  être  employés  à  la  construction  des  nouveaux 


(i)  «Sa  tcte,  écrit  l'abbé  de  V^oisenoo.  était  toujours  en  effervescence  pour  le  bien  de 
l'humanité.  » 

(2)  Réimprimée  en  1737  dans  les  Vues  d'un  citoyen.  (Cf.  iMartin-Ginouvier,  Vit 
Philanthrope  méconnu  du  xviir  s.:  Piarron  de  Ghamousset  ;  l'aris,  1905,  in-8°.) 

(3)  Réponse  aux  objections  sur  l'exposition  du  plan  de  réforme  de  l'H.-D. 

(.()  Voy.  aussi  ses  projets  pour  la  nourriture  des  enfants  au  lait  d'animaux.  (Bibi.  nat., 
.loly  de  Fleury,  12 14,  fol.  89.) 

(3)  Saint-Louis  seul  fut  ouvert.  Dès  1773,  il  était  en  pleine  activité.  Au  !='■  avril  1773, 
il  y  avait  690  malades,  et  du  i--  avril  au  3i  déc.  il  en  fut  envoyé  2.91  i  de  l'H.-D. 
dont  1.485  de  la  ville  et  de  la  campagne,  et  1.426  des  hôpitaux  de  Paris:  Charité,  Salpè- 
trière,  Bicêtre,  Pitié,  soit  en  tout  :  3. 601  personnes  sur  lesquels  il  y  eut  807  décès.  (Délib. 
14  janv.  1774.) 


266  l"hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIII"    SIECLE 

bâtiments,  et  étaient  déchargés  de  tout  droit  de  contrôle,  insinua- 
tion, centième  denier  et  amortissement.  Enfin  le  roi  s'engageait  à 
donner  5o.ooo  livres  par  an  pendant  lo  ans  sur  son  trésor  (i). 

Ces  mesures  ne  devaient  pas  être  exécutées.  Il  y  eut  d'abord 
une  opposition  sourde  de  l'Archevêché  et  du  Chapitre,  qui  ne  se 
souciaient  point  d'être  dépossédés  de  leur  antique  Maison-Dieu, 
dont  le  déplacement  leur  apparaissait  comme  un  sacrilège.  Elle  se 
traduisit  par  un  mémoire  virulent,  suivi  d'une  requête  au  roi, 
signé  par  la  prieure  de  l'Hôtel-Dieu,  sœur  de  la  Nativité,  qui  ne 
craignait  pas  de  traiter  les  novateurs  de  «  faiseurs  de  projets 
poussés  par  l'appât  du  gain  «,  avançant  que  «  25  millions  ne  suffi- 
ront pas  pour  rendre  le  nouvel  Hôtel-Dieu  aussi  commode  et  aussi 
vaste  que  l'ancien,  et  oii  tous  les  bâtiments  soient  aussi  parfai- 
tement distribués».  Ce  mémoire  fut  «  supprimé  »  parle  Parlement 
par  arrêt  du  14  août  1773  (2),  et  la  prieure  et  la  sous-prieure 
furent  obligées  de  venir  le  désavouer  en  pleine  séance  du  Bureau. 
Mais  c'était  pure  comédie,  car  le  Bureau  était  complice  de  cette 
opposition,  tout  en  y  mettant  plus  de  formes,  et,  par  ses  atermoie- 
ments, il  réussit  pendant  plusieurs  années  à  faire  suspendre  l'exé- 
cution des  lettres  patentes  de  1773. 

Cependant  l'idée  d'une  reconstruction  ou  d'une  translation 
faisait  son  chemin.  Les  mémoires  des  médecins,  des  architectes, 
des  philanthropes,  se  multipliaient  ;  Necker,  en  arrivant  au  pouvoir, 
était  trop  averti  pour  ne  pas  en  tenir  compte.  A  la  suite  des  travaux 
d  e  Régnier,  secrétaire  de  l'évêque  de  Rodez  (3),  du  médecin  Antoine 
Petit  (4),  de  Leroy,  membre  de  l'Académie  des  sciences  (5),  de 
John  Aixin  et  de  Coxe,  en  Angleterre  (6),  il  se  décida,  par  arrêt 
du  Conseil  du  17  août  1777,  à  nommer  une  commission  chargée 
de  rechercher  les  moyens  d'améliorer,  non  seulement  l'Hôtel-Dieu, 
mais  tous  les  hôpitaux  de  la  Ville  de  Paris. 

La  commission,  nommée  en  1777  (7),  se  composait  de  7  admi- 


(i)  Le  1"  août  1774,  le  Bureau  réclame  les  premières  5o.ooo  I.  promises,  et  l'arche- 
vêque écrit  à  ce  sujet  au  contrôleur  général  Terray. 

(2)  Rondonneau,  o.  c,  p.  211. 

(3)  Projet  d'un  hôpital  de  malades  ou  H.-Ll,  dans  lequel  les  malades  couchés  chacun 
seul  dans  un  lit  recevraient  les  meilleurs  secours  avec  le  moins  de  frais  possibles.  Divisé  en 
3  parties:  /»  l'emplacement,  2"  les  bâtiments,  3°  l'administration  ;  Londres  et  Paris,  1776, 
in-4°,  24  p. 

(4)  Mémoire  sur  la  meilleure  manière  de  construire  un  hôpital  ;  Paris,  1774,  in-4«. 

(5)  Précis  d'un  ouvrage  sur  les  hôpitaux,  dans  lequel  on  expose  les  principaux  résultats 
des  observations  de  physique  et  de  médecine  qu'on  doit  avoir  en  vue  dans  la  construction 
de  ces  édifces  avec  un  projet  d'hôpital  disposé  d'après  ces  principes.  (Mém.  Acad.  des  se, 
1789,  pp.  585-6oi,  2  pi.) 

(6)  John  Aixin,  Thoughts  on  Hospitals  ;  London,  1771,  in-8».  —  W.  Coxe,  Account  ofthe 
Prisons  and  Hospital  in  Russia,  Sweden  and  Danmark. 

(7)  Arr.  du  Conseil  du  roi,   17  août  1777.  (Arch.  nat.,  ADxivS.) 


LFS    RATIMKNTS  267 

nistrateurs  de  THôtel-Dieu,  de  2  administrateurs  de  l'Hôpital 
général,  d'Outremont  et  Saint-Amand,  de  2  conseillers  d'État, 
d'Argouges  et  de  Bernages,  d'un  maître  des  requêtes,  de  La 
Michodière,  des  curés  de  Saint-Eustache,  Saint-Roch  et  Sainte- 
Marguerite,  appelés,  non  au  titre  d'ecclésiastiques,  mais  comme 
organisateurs  d'œuvres  de  charité  paroissiale  (i),  enfin  du  directeur 
de  la  Société  royale  de  médecine,  deLassonne  (2).  Le  plan  proposé 
à  la  commission  était  très  vaste;  il  comprenait  non  seulement  l'étude 
des  conditions  d'hygiène  à  adopter  pour  la  réforme  des  hôpitaux, 
mais  encore  l'examen  de  leur  situation  financière  et  des  remèdes 
à  y  apporter.  Les  travaux  ne  répondirent  pas  d'ailleurs  à  ce  large 
programme. 

La  question  de  l'Hôtel-Dieu,  que  nous  avons  seule  à  envisager 
ici,  fut  confiée  à  l'examen  d'une  sous-commission  de  7  membres, 
dont  les  conclusions  furent  adoptées  le  22  Juillet  1778  en  réunion 
plénière.  Il  fut  décidé  que  l'Hôtel-Dieu  ne  serait  ni  déplacé  ni 
divisé,  mais  simplement  agrandi.  Un  projet  de  déclaration  com- 
prenant tout  un  ensemble  de  dispositions  administratives  fut  en- 
suite dresséet  reparut  en  1781  (3)sous  formede  lettrespatentes, pres- 
crivant tout  un  plan  de  campagne  pour  laréformede  l'Hôtel-Dieu. 

En  1780,  d'autre  part,  à  la  suite  des  visites  faites  par  Moreau  et 
Mullard,  architectes  de  la  Ville,  Necker  avait  prévu  une  réorgani- 
sation de  Saint-Louis  (4),  qui  serait  confié  aux  frères  delà  Charité  ; 
l'hôpital  devait  contenir  1.570  lits,  être  doté  de  longues  galeries 
faisant  communiquer  les  salles  actuelles  avec  les  quatre  bâtiments 
en  équerre  et  aménagées  en  salles  de  malades,  puis  d'un  bâtiment 
neuf  allant  de  la  porte  d'entrée,  à  gauche,  jusqu'au  corps  de  logis 
des  religieuses,  de  nouvelles  caves  pouvant  contenir  i  .5oo  pièces  de 
vin,  enfin,  de  nouvelles  portes,  l'une  vis-à-vis  du  portail  de  l'église 
pour  les  habitants  du  faubourg  Saint-Laurent,  l'autre,  près  du 
pavillon  royal,  pour  ceux  du  Marais  et  du  faubourg  Saint-Antoine. 
Le  Bureau  fut  fort  ému  de  ce  projet.  A  la  séance  du  i'^'"  mars,  un 
mémoire  fut  rédigé  sur  l'établissement  et  la  destination  de  l'hôpi- 
tal Saint-Louis,  rappelant  les  motifs  mis  en  avant  en  1719  lorsqu'il 
s"était  agi  d'y  installer  la  Monnaie,  et  l'archevêque  fut  chargé  de  le 
remettre  au  directeur  général  des  finances.  Le  1 1  avril,  les  admi- 
nistrateurs furent  convoqués  chez  ce  dernier  en  présence  du  lieu- 


(1)  C.  Bloch,  o.  c,  p.  227. 

(2)  J.-M.-F.  de  Lassonne  (1717-1788),  médecin  de  Marie-Antoinette  et  de  Louis  XVI, 
était  membre  de  l'Académie  des  sciences  depuis  1742. 

(3)  L.  pat.  du  22  avril  1781.  (Isamhert,  XXMI,  p.  11.) 

(4)  Délib.  9  févr.  1780,  reg.  i5o,  fol.  5o. 


268                   i/Hori;L-i)iFr  at'  xvii<=  et  au  xviif  sikclk  : 

tenani  général  de  police,  de  M.  de  La  Millière,  maître  des  requêtes, 

chef  du  service  des  hôpitaux  au  contrôle  général  (  i  )  ;  on  leur  exposa  \ 

que  le  projet  consistait  à  traiter  sur  place  les  hospitalisés  malades  de  i 

la  Pitié,  Bicétre,  la  Salpétrière;  à   établira  THôtel-Dieu  un  certain  j 

nombre  de  lits  à  une  seule  place,  i.ooo  par  exemple,  répartis  entre  ] 

les   différentes    paroisses,  où  les   malades   seraient  admis  sur   un  | 

certificat  d'indigence  de  leur  curé  ;   à  consacrer  THôtel-Dieu  aux  ■ 

blessés,  aux  «  fols  »,  des  deux  sexes,  aux  femmes  grosses  et  accou-  ! 

chées  ;  enfin  à  destiner  Saint-Louis  aux  malades  ne  rentrant  pas  | 

dans  une  des  catégories  précédentes,  c'est-à-dire  excédant  le  nombre  ; 

des  lits  réservés  à  chaque  paroisse,  ou  n'ayant  point  de  domicile  ' 

fixe,  les  provinciaux  et  les  étrangers.  Les  administrateurs  furent  i 
chargés  de  rédiger  leurs  observations  et  de  les  remettre  au  directeur 
général  des  finances. 

Ce  projet  de  Necker  est  tout  à  fait  intéressant  ;  outre  le  principe  j 

humanitaire  de  ne  placer  qu'un  seul  malade  par  lit,  on  y  voit  la  | 

première    idée    des    circonscriptions    hospitalières,    établies    par  j 

paroisses  et  de  la  spécialisation  des  hôpitaux;  mais  il  était  trop  ' 

révolutionnaire  pour  les  administrateurs.  De  même  qu'ils  s'étaient  | 

opposés  de  toute  leur  énergie  aux  projets  mis  en  avant  lors   de  | 

l'incendie  de  1772,  et  avaient  fini  par  obtenir  la  reconstruction  sur  1 

place  des  bâtiments,  ils  résolurent  de   faire  échouer  les  projets  de  1 

Necker.   Pour  répondre  à  l'assertion  du  ministre  que  l'Hôtel-Dieu  j 

jouissait  d'un  revenu  de  1.400.000  livres,  ils  firent  dresser  par  le  > 

receveur   les   comptes   des   dix  dernières  années,  qui  donnèrent,  ] 

année  commune,  un  revenu  de  1.074.382  livres.  Dans  une  lettre  ■ 

écrite  à  M.  de  La  Millière,  Marchais  de  Migneaux  affirma  que  le  | 

moindre  retranchement  des  revenus  amènerait   infailliblement  la  , 

ruine,   et  qu'il  n'était  rien  moins  prouvé  que  le  projet  du  ministre  , 

diminuerait  le  nombre  des  malades  (2).  Le   manque  de  crédit   fit  ■ 

d'ailleurs  échouer  la  tentative  de  Necker.  Mais  un  souffle  de  réforme  1 

avait  néanmoins  troublé  les  vieilles  conceptions  hospitalières.  ] 

Sans  perdre  de  temps,  et  profitant  de  la  démolition  du  Petit- 

Ghâtelet,  enfin  réalisée  en  1781  (3),  depuis  plus  de  60  ans  qu'elle  : 

(i)  Jacques-Louis  de  Chaumont  de  La  Millière  devint  intendant  des  finances;  il  joua  un  ' 
rôle  assez  important  dans  l'administration  des  hôpitaux  à  la  fin  de  l'ancien  régime.  (Arcli. 

nat.,  F  *'=>  233,  diverses  pièces  reproduites  par  Tuetey,  o.  c,  1. 1  et  II.)  ; 

(2)  Délib.  3i  mai  1780,  reg.  i5o,  fol.  256.  j 

(3)  11  y  avait  eu  en  1719  une  première  commission  nommée  pour  étudier  une  solution  1 
pratique,  et,  dès  172  i,  des  lettres  patentes  du  mois  de  septembre  avaient  donné  à  l'H.-U.  '• 
l'emplacement  et  les  matériau.x  du  Petit-Chàtelet,  à  condition  de  rembourser  le  pri.\  de  son  | 
olTice  au  greffier  de  la  geôle  des  prisons  (12.000  1.).  En  1781,  quand  la  question  se  posa 
de  nouveau,  l'H.-D.  obtint  la  suppression  de  cette  dernière  clause.  Les  travaux  de  démo-  ' 
lition  eurent  lieu  au  printemps  de  1782.  Les  prisonniers  furent  transférés  à  la  Force  j 
le  20  mars  1782.  (Délib.  20  févr.,  27  nov.,  11  déc.  1782.)  j 


LES    BATIMENTS  269 

était  dticidée,  les  administrateurs  s'étaient  occupés  de  la  recon- 
struction des  bâtiments  incendiés.  Un  plan  fut  dressé  pour 
Tutilisation  des  terrains  disponibles,  d'accord  avec  Colombier  (i), 
représentant  Joly  de  Fleury  aux  délibérations  du  Bureau.  Ce 
n'est  pas  d'ailleurs  l'architecte  de  l'Hôtel-Dicu,  mais  l'architecte 
du  roi  et  du  département  des  hôpitaux,  Saint-Phar,  qui  fut  chargé 
des  nouvelles  constructions  faites  par  ordre  et  sur  les  deniers  du 
roi,  qui  avait  déjà  engagé  Soo.ooo  livres  pour  la  reconstruction  de 
la  communauté  et  des  deux  salles  incendiées,  et  versa  encore 
500.000  livres  en  1784  (2). 

L'église  fut  réparée  ;  on  construisit  un  nouveau  chœur;  le  pas- 
sage des  malades  par  l'église  fut  supprimé.  D'autre  part,  la  Ville, 
sur  l'emplacement  du  Petit-Châtelet,  établit  le  quai  Bignon  (3), 
depuis  son  ancienne  porte  jusqu'au  pont  Saint-Michel,  parallèle- 
ment à  la  rue  de  la  Huchette. 

Mais  la  solution  adoptée  pour  réparer  le  désastre  de  1772 
souleva  l'opinion  publique  plutôt  qu'elle  ne  Tapaisa.  Loin 
d'être  résolue,  la  question  de  l'Hôtel-Dieu  était  plus  que  ja- 
mais d'actualité.  La  campagne  des  projets  recommença  de  plus 
belle. 

En  1785,  les  architectes  Poyet,  contrôleur  des  bcitiments  de 
la  Ville  (4),  et  Cocqueau,  publièrent  leur  mémoire:  De  la  nécessité 
de  transférer  et  de  reconstruire  l' Hôtel-Dieu,  avec  un  projet  de 
translation  de  cet  hôpital,  qui  provoqua  la  nomination,  en  1785, 
d'une  commission  de  l'Académie  des  sciences  (5)  chargée  d'exami- 
ner les  différents  projets  à  l'ordre  du  jour.  Hardy,  qui  résume  dans 
ses  Mémoires  (6)  le  travail  de  Poyet  (7),  prévoit  son  échec.  C'est 
ce  qui  arriva.  Mais,  par  contre,  le  système  de  répartition  de  l'Hôtel- 
Dieu  en  quatre  hôpitaux  devait  finir  par  prévaloir. 

L'enquête  menée  par  l'Académie  des  sciences  descendit  dans 
les  moindres  détails  et  donna  lieu  à  plusieurs  mémoires,  dont  les 
cinq  mémoires  de  Tenon  sont  les  plus  connus,  et  aux  trois  rapports 


(i)  Colombier,  qui  était  médecin,  avait,  nous  l'avons  vu,  le  titre  d'inspecteur  général 
des  hôpitaux.  Sur  ses  inspections,   voy.  C.  Bloch,  o.  c,  passim. 

(2)  Arcli.  nat.,  Fi^  igSô.  Les  mémoires  des  entrepreneurs  de  1783  à  1788  s'élevaient 
à  689.646  1. 

(3)  Arcli.  nat.,  H  1934  et  1955. 

(4)  Bernard  Poyet,  né  à  Dijon  le  3  mai  1742,  luort  le  6déc.  182.1.  Son  éloge  funèbre  a  été 
fait  par  Vaudoyer  père. 

(5)  Elle  était  composée  de  9  membres:  Lassonnc,  Daubenlon,  Tenon,  Bailly,  Lavoisier, 
I.aplace,  Coulomb,  d'Arcet  et  Tillet. 

(6)  T.  VI,  fol.  228  et.^77. 

(7)  Poyet  donne  un  éiat  des  salles  de  l'H.-D.  avec  la  longueur  et  la  largeur.  {Siipplc- 
mcnt  au  mémoire,  p.  i5i,  mais  il  en  compte  2()  alors  que  les  listes  du  mouvement  de  la 
population  publiées  par  l'II.-D.  en  accusent  18  et  19. 


l'hOTEL-DIEU    au    XVII"    et    au    XVI 


des  22  novembre  1786,  20  juin  1787,  12  mai  1788  (i).  C"est  dans 
ce  dernier  mémoire  que  les  commissaires  proposèrent  un  plan 
dressé  par  Poyei  d'après  leurs  vues. 

Après  avoir  rejeté  la  disposition  en  croix  de  Tarchitecte  Gamard , 
exécutée  en  i658  à  l'hospice  des  Incurables,  celle  en  rayons  diver- 
gents de  Petit  et  Poyet,  présentée  par  le  baron  de  Breteuil  (2),  le 
10  décembre  1785,  pour  un  hôpital  unique  à  élever  dans  Tîle 
des  Cygnes,  après  avoir  adopté  en  avril  1787  les  idées  de  Leroy, 
préconisant  les  bâtiments  rangés  en  lignes  parallèles,  les  commis- 
saires se  décidèrent,  à  la  suite  d'un  voyage  en  Angleterre  de  Tenon 
et  de  Coulomb  (3),  pour  le  principe  de  pavillons  parallèles  et  isolés. 
«  La  disposition  la  plus  salubre  pour  les  hôpitaux  serait  celle  011 
chaque  salle  serait  un  hôpital  particulier,  mais  ce  qui  serait  une 
trop  grande  dépense  quant  aux  salles  devient  praticable  pour  les 
bâtiments.  » 

Le  Bureau  mit  le  même  acharnement  dans  son  opposition  aux 
projets  de  la  commission  de  l'Académie  des  sciences  qu'aux  pro- 
jets de  Necker  (4).  On  devait  démolir  en  partie  l'Hôtel-Dieu  pour 
faire  des  quais,  ne  laisser  au  parvis  qu'un  asile  de  prorapt  secours, 
établir  quatre  Hôtels-Dieu  de  i  .200  et  même  i  .800  lits  chacun,  au- 
dessus  de  l'École  militaire,  à  Sainte-Anne,  aux  Célestins,  à  Saint- 
Louis,  et,  «  comme  l'hôpital  Saint-Louis  qui  est  un  chef-d'œuvre 
en  ce  genre,  auquel  on  ne  pourrait  toucher  sans  le  gâter,  ne  peut 
contenir  que  600  malades  »,  construire  un  nouvel  hôpital,  pour 
y  suppléer,  au  bas  de  Montmartre  (5^ 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  les  objections  faites  à  ce  prgjet, 
exposées  tout  au  long  dans  le  compte  rendu  de  la  séance  du 
7  mars  1787  ;  nous  y  retrouvons,  en  ce  qui  concerne  Saint-Louis, 
les  réserves  maintes  fois  exprimées  :  destination  spéciale  en  cas 
d'épidémie,  manque  d'eau  potable,  etc.  Le  27  avril,  le  baron  de 
Breteuil  écrivit  aux  administrateurs  que   l'intention  du  roi  était 


(i)  Extraits  des  Registres  de  l'Académie  royale  des  sciences,  du  22  nov.  1786  (Paris,  1786, 
in-4»,  128  et  VI  p.),  du  20  juin  1787  (Paris,  1787,  in-4°,  i5  p.),  du  12  mai  1788  (Paris,  1788, 
in-4»,  36  p.).  Quant  aux  cinq  mémoires  de  Tenon,  ils  parurent  réunis  sous  ce  titre: 
Mémoire  sur  les  hôpitaux  de  Paris,  imprimés  par  ordre  du  roi,  avec  figures  en  taille- 
douce;  Paris,  imp.  Pierres,  1788,  in-4«,  Lxxiv-472  p.,  et  furent  vendus  au  profit  des  hôpi- 
taux de  Paris.  (Cf.  demande  de  remboursement  adressée  par  Tenon  en  janv.  1790  au  ministre 
de  la  maison  du  Roi,  dans  Tuetey,  o.  c,  I,  pièce  2.) 

(2)  Le  baron  de  Breteuil  (1730-1807)  dtait  ministre  d'État  depuis  1783  et  chargé- du 
département  de  la  maison  du  roi.  Sur  son  rôle  à  la  veille  de  la  Révolution,  voy.  A.  Chérest, 
la  Chute  de  l'ancien  régime,  3  vol.  1884. 1886,  in-S». 

(3)  C.-A.  Coulomb  (1736-1806),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  est  surtout  connu 
comme  physicien. 

(4)  Délib.  27  janv.  1787,  reg.  157,  non  paginé. 

(5)  Délib.  7  mars  1787,  reg.  157,  non  paginé. 


I.KS    rîATIMKNTS 


d'établir  deux  des  hôpitaux  projetés  à  Saint-Louis  et  sur  les  terrains 
de  Sainte-Anne,  et  de  prendre  les  mesures  nécessaires  à  l'éva- 
cuation de  ces  deux  établissements.  Le  3  mai,  le  Bureau  objecta 
qu'il  y  avait  actuellement  à  Saint-Louis  707  personnes,  dont 
607  malades,  qu'il  était  dans  l'impossibilité  de  les  loger  et  ne  le 
pourrait  faire  sans  provoquer  l'émotion  du  public,  que  d'ailleurs 
l'hôpital  ne  pourrait  être  fermé  sans  une  délibération  prise  en 
assemblée  générale,  et  que  les  circonstances  actuelles  ne  permettaient 
pas  d'en  convoquer  une.  Le  24  mai,  le  baron  de  Breteuil  répondit 
que  l'intention  du  roi  n'était  pas  d'évacuer  les  malades  de  Saint- 
Louis  sur  l'Hôtel-Dieu,  ce  qui  en  effet  y  augmenterait  «  la  con- 
fusion et  le  malaise  »,  qu'il  importait  même  que  l'hôpital  Saint- 
Louis  resttu  toujours  ouvert,  mais  que  l'on  commencerait  par  y 
faire  construire  une  galerie  neuve  pour  1.200  malades  couchés 
chacun  dans  un  lit  (i),  et  que,  lorsqu'on  travaillerait  aux  bâtiments 
actuels,  on  transporterait  les  malades  dans  cette  galerie  ;  il  termi- 
nait en  espérant  qu'après  ces  explications  les  intentions  du  roi  ne 
trouveraient  désormais  aucun  obstacle. 

Le  22  juin  parut  l'arrêt  du  Conseil  portant  établissement  des 
quatre  nouveaux  hôpitaux,  mais  avec  modification  du  plan  primitif. 
Les  quatre  emplacements  désignés  étaient  Saint-Louis,  Sainte- 
Anne,  la  maison  des  Hospitalières  de  la  Roquette  et  l'abbaye  de 
Sainte-F*érine  à  Chaiilot.  Cet  arrêt  fut  transmis  au  Bureau 
de  l'Hôtel-Dieu  par  lettre  du  23  juin,  avec  les  explications 
nécessaires.  Le  Bureau  répondit,  le  27  juin,  par  une  lettre  sèche, 
que  cet  objet  était  de  nature  à  être  porté  à  une  assemblée  géné- 
rale de  l'administration,  et  que  celle  qui  devait  avoir  lieu  le 
lendemain,  28,  se  trouvait  remise  à  cause  de  celle  des  princes 
et  pairs,  fixée  au  même  jour.  A  la  séance  du  i3  juillet,  il  décida 
de  préparer  sur  ce  sujet  un  mémoire  d'observations  de  la  plus 
grande  importance,  et  fit  remettre  une  nouvelle  lettre  au  baron 
de  Breteuil  pour  l'informer  qu'il  se  bornait  aujourd'hui  à  le  prier 
«  de  porter  aux  pieds  du  trône  les  nouvelles  protestations  du 
zèle  qu'il  a  voué  à  l'humanité  souffrante  ».  A  l'assemblée  générale 
du  16  juillet,  il  se  garda  bien  de  soulever  la  question.  Le  29  août, 
il  envoya  au  roi  les  Observations  de  l'administration  de  l'Hôtel- 
Dieu  sur  l'arrêt  du  Conseil  du  22  juin  ijSj,  où  il  exposait  un 
contre-projet  consistant  à  améliorer,  et  non  à  détruire,  et  qui  ne 

(i)  Non  seulement  on  réclamait  un  lit  pour  chaque  malade,  mais  on  posait  aussili 
question  de  chambres  séparées.  Cf.  Christoph  Ludwig  Hoffmann,  BestuUi^iing  dcr 
yothvendigkeit  einem  jedem  kranken  in  einem  Hospitale  sein  eigencs  Zimmer  ^u  geben 
tTraité  confirmant  la  nécessité  de  donner  dans  un  hôpital  à  chaque  malade  une  chambre 
séparée)  ;  Mayence,  1788,  in-8». 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVI I*'    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


présentait  aucun  des  inconvénients  capables  «d'exciter  de  tardifs  \ 
regrets  »,  comme  de  sacrifier  à  Thôpital  Saint-Louis  «  tout  ce  que  j 
le  génie  de  l'architecte  avait  imaginé  de  plus  parfait  pour  Tobjet  \ 
qui  l'occupait)).  Le  Bureau  ajouta  qu'après  avoir  ainsi  libéré  sa  | 
conscience,  et  s'être  déchargé  pour  les  siècles  futurs  des  reproches  ; 
de  la  postérité,  il  n'avait  plus  qu'à  attendre  en  silence  les  décisions  ; 
de  Sa  Majesté  et  à  former  des  vœux  pour  que  de  nouvelles  institu- 
tions, dont  le  but  est  le  bien  de  l'humanité,  ne  produisent  pas  un  ■ 
effet  tout  contraire.  ! 

Mais,  le  i6  février  1788,  M.  deBrcteuil  répondit  au  Bureau  que  | 

le   roi  voulait  voir  au  mois   d'avril  des  ouvriers  à  Sainte-Anne,  i 

Puis,  le   14  mai,   il  l'informa  que  le  roi  avait  définitivement    ap-  ; 

prouvé  le  plan   des   nouveaux   hôpitaux,   et  désirait  «  qu'il   soit  • 

très  incessamment  procédé»    à  la  démolition    des    anciens   bàii-  | 

ments.  Le  Bureau  fit  savoir  le    16  qu'il  recevrait  les  ouvriers  qui  ■ 

seraient   envoyés  à    Sainte-Anne  et  à  Saint-Louis,    mais  qu'il  y  \ 

avait  dans  ce  dernier  établissement  644  malades,  et  qu'il  n'avait  i 

aucune  place  à  leur  donner.  I 

Sainte-Anne  fut  démoli;  l'adjudication  des  matériaux  eut  lieu  1 
au  mois  de  février  1790.  Saint-Louis  fut  sauvé  par  la  Révolution,  j 
plus  encore  que  par  l'obstination  conservatrice  des  administrateurs  ' 
de  l'Hôiel-Dieu,  qui  s'était  trouvée  impuissante  devant  les  projets 
de  réforme  du  gouvernement.  Saint-Louis  avait  d'ailleurs  rencon- 
tré un  défenseur  énergique  et  averti  dans  la  personne  de  Tenon,  '. 
favorable    sans  doute  à  la  création  décidée    de   quatre   hôpitaux  . 
de  1.200   lits,  mais  qui  s'était  très  bien   rendu    compte    que    la  ' 
disposition  de  ses  salles  ne  permettait  pas  de  l'utiliser  pour   un 
hôpital   général,  même  pour  un  hôpital  d'isolement,  et  proposait  j 
de  construire  à  côté  un  hôpital  de  contagieux,  de  manière  à  pro-  1 
fiter  des  magasins  et  services  généraux  déjà  existants,  mais  sans 
toucher  à  l'enceinte  actuelle,  avec  tous  ses  moyens  de  défense  si  ' 
utiles  en  temps  d'épidémie.  | 

John  Howard,  qui  visitait  les  hôpitaux  du  continent  à  l'époque  j 

où  Tenon  s'en  allait  en  Angleterre,  se   montrait  plus  sévère;  il  ; 

déclare   que    l'Hôtel-Dieu  et  l'hôpital  Saint-Louis  sont  les  deux  1 

plus  mauvais  hôpitaux  qu'il  ait  jamais  vus,  et  sont  une  honte  pour  \ 

la  Ville  de  Paris  (i).  C'était  déjà  l'opinion  de  Voltaire  écrivant  au  ; 

médecin  Paulet,  auteur  d'une  histoire  de  Isi  Petite  Vérole  :  «  Vous  , 
avez  dans  Paris  un  Hôtel-Dieu  où  règne  une  contagion  éternelle,  où 


(i)   An    Account  of  the   Présent    State  of  thc  Prisons,  Hotises    of  Correction    and 
Hospitals,  1783. 


LES    BATl.MKNTS 


des  malades  entassés  les  uns  sur  les  autres  se  donnent  récipro- 
quement la  peste  et  la  mort  (i).  » 

Pour  la  souscription  ouverte  en  faveur  des  quatre  nouveaux 
hôpitaux  projetés,  qui  ne  fut  qu'une  escroquerie  de  la  part  du 
gouvernement,  il  y  avait  eu  3  listes  publiées  de  souscripteurs.  La 
1'"%  distribuée  le  5  mars  1787(2),  comprenait  la  liste  de  222  sous- 
cripteurs du  22  Janvier  au  21  février,  parmi  lesquels  plusieurs  ducs 
et  pairs,  grands  seigneurs,  etc.,  inscrits  pour  12.000  livres  cha- 
cun, sauf  le  maréchal,  duc  de  Richelieu,  pour  10.000  livres,  le 
prince  de  Condé  et  ses  enfants  pour  3o.ooo,  l'archevêque  de  Paris 
pour  5o.ooo,  Necker  pour  9.000,  les  40  fermiers  généraux  chacun 
pour  6.000,  le  Chapitre  pour  3o.ooo  ;  les  Chartreux  pour  12.000  ; 
les  6  corps  pour  3oo.ooo,  en  tout  1.703.665  livres.  La  2«  liste,  du 
22  février  au  22  mars,  comprit  les  premiers  commis  du  baron  de 
Breteuil,  100.000  livres  ;  les  régisseurs  généraux  des  aides  et  droits 
réunis,  67.200  livres;  le  corps  de  la  librairie  et  imprimerie  de 
Paris,  6.000  ;  la  communauté  des  perruquiers,  6.000  ;  la  com- 
pagnie des  agents  de  change,  24.000  ;  les  chanoines  de  Sainte- 
Geneviève,  12.000,  etc.,  au  total,  avec  la  l'Miste:  2.007.321  livres. 
La  3"^  liste  (27  mars)  donna  avec  les  précédentes  un  total  de 
2.1  13.217  livres;  la  4''  (21  mai)  2.211.912;  la  5'-%  2.222.807. 
L'élan  était  arrêté.  Aussi  le  Conseil  rendit,  le  i3  octobre  1787, 
un  arrêt  autorisant  la  Ville  de  Paris  à  ouvrir  un  emprunt  de 
12  millions  remboursable  en  un  an,  par  voie  de  loterie  au  proht 
des  hôpitaux  (3).  Bientôt,  Loménie  de  Brienne,  chef  du  conseil 
royal  des  finances,  détourna  de  leur  destination  les  fonds  souscrits 
et  les  versa  dans  la  caisse  de  l'État. 

Le  bâtiment  méridional  ou  bâtiment  Saint-Charles,  dont  Tenon 
nous  a  laissé  des  plans  détaillés  (4),  était  devenu,  à  la  tin  du 
xviiie  siècle,  de  beaucoup  le  plus  important,  puisque,  à  lui  seul,  il 
comprenait  2.627  malades  en  moyenne,  alors  que  les  bâtiments 
du  nord  n'en  contenaient  que  589,  et  les  deux  salles  du  pont  au 
Double,  202.  L'Hôtel-Dieu  s'était  pour  ainsi  dire  transporté  insen- 
siblement de  la  rive  droite  sur  la  rive  gauche. 

L'ancien  Hôtel-Dieu  ne  se  composait  plus  que  de  3  grandes 
salles    au    rez-de-chaussée,    les     salles    Sainte-Marthe    (femmes 


(i)  Lettre  du  22  avril   1768.  Œuvres,  éd.  I-'irmin-Didot,  184.",  in-4»,  t.  XII,  p.  1843. 

(2)  Impr.  nat.,  12  p.  in-4°.  Voy.  Hardy,  t.  VII,  p.  11  (Bibl.  nat.,  mss.  6686)eten  annexe 
aux  divers  journaux  de  l'époque,  notamment  le  Mercure  Je  France. 

(3)  Récit   d'un  des  messieurs  à  la   chambre  des  vacations  du   Parlement  sur  l'arrêt  du 
Conseil  du  I  3  oct.  1787.  (Arch.  nat.,  X'ii8987,  23oct.  1787,  reproduit  par  Mon  in,  o.c.,p.6i6.) 

(4)  Tenon,  o.  c,  pi.  ix,  p.  118,  plans  du  rez-de-cliaussée  et  du  !•••■•  étage,  avec  légende, 
pi.  X,  p.  124,  plans  des  2»  et  3"  étages. 

18 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVII'=    ET    AU    XVII 


fiévreuses),  avec  5o  grands  lits  pour  200  personnes,  et  58  petits 
lits;  Saint-Denis-Saint-Thomas  (hommes  fébricitants),  avec 
?2  grands  lits  pour  128  personnes  et  20  petits  lits  ;  Saint-Côme, 
avec  45  grands  lits  pour  180  personnes  et  3  petits  lits  ;  aux  étages 
supérieurs,  il  avait  conservé  les  lingeries,  les  logements  des  ecclé- 
siastiques, des  religieuses,  des  officiers,  puis,  en  sous-sol,  ces 
magasins  qui  avaient  fourni  un  aliment  tout  prêt  à  Tincendie  de 
1772,  fonderie  aux  suifs,  chandellerie,  chantier  de  la  boulangerie, 
magasins  aux  onguents,  gommes,  résines,  huiles  conservées,  non 
pas  en  tonnes  faciles  à  rouler,  nous  dit  Tenon,  mais  dans  de  vastes 
réservoirs  en  plomb  ;  cuisines,  buanderies,  étuves  à  sécher  le  linge. 

Sur  le  pont  au  Double  se  trouvaient  deux  salles,  au  rez-de- 
chaussée,  le  Rosaire  (hommes  fébricitants),  avec  32  grands  lits 
pour  128  personnes  et  32  petits  lits,  et,  au  i*^""  étage,  Saint-Louis 
;fous),  avec  10  grands  lits  pour  40  personnes  et  2  petits  lits. 

La  partie  non  couverte  du  pont  formait  un  promenoir  pour  les 
hommes,  mais  combien  exigu;  c'était  d'ailleurs  le  seul  qu'il  y  eût 
dans  l'hôpital  ;  il  était  de  plus  garni  d'étendoirs  en  fer  et  à  demeure 
pour  sécher  le  linge-des  lessives. 

Le  bâtiment  Saint-Charles  (i)  comprenait  à  lui  seul  20  salles, 
3  au  rez-de-chaussée,  Saint-Charles  (fébricitants),  avec  1 10  grands 
lits  pour  404  personnes,  9  petits  ;  Saint-Antoine  (fébricitants), 
avec  29  grands  lits  pour  116  personnes  et  29  petits  lits  ;  Saint- 
Roch  (garçons  de  3  à  14  ans),  avec  35  grands  lits  pour  i5o  per- 
sonnes, et  3-  petits  lits; —  5  au  i'^''  étage,  Saint-Pierre-Saint-Paui 
(maladies  chirurgicales,  hommes),  avec  78  grands  lits  pour 
3i2  personnes  et  33  petits  lits;  Saint-Jérôme,  salle  d'opérations 
pour  les  hommes,  qui  ne  comprenait  que  des  petits  lits  au  nombre 
de  20;  Saint-Yves  (prêtres  malade-s),  8  petits  lits;  les  Taillés, 
44  petits  lits  ;  Saint-Nicolas  (maladies  chirurgicales,  femmes), 
avec  35  grands  lits  et  26  petits  ; —  au  2^  étage,  l'office  des  accou- 
chées, divisé  en  4  salles,  Saint-Joseph,  les  accouchées,  les  nour- 
rices, les  femmes  grosses  ;  Sainte-Marguerite  pouvant  contenir  en 
tout  307  femmes,  comportant  des  grands  et  des  petits  lits  ;  puis  les 
salles  Saint-Martine  (fébricitantes),  Sainte-Geneviève  (folles),  la 
Crèche  ou  Sainte-Thérèse  (fillettes  jusqu'à  3  ans),  contenant  égale- 
ment des  grands  et  des  petits  lits  ;  —  enfin  au  3^  étage,  5  salles,  le 
Grand  Saint- Landry  (fiévreuses),  le  Petit-Saint-Landry  (fiévreuses), 
n'ayant  que  des  petits  lits,  Sainte-Monique  (fiévreuses  et  variolées), 
Saint-François  (convalescentes  et  variolées),  35  lits  grands  et  petits. 

(i)  Ces  chiffres  sont  ceux  de  Tenon.  L'état  des  lits  figurant  aux  Arcii.  nat.,  FI'  1861, 
donne  des  chiffres  un  peu  différents. 


LES    BATIMKNTS  275 


Tenon  en  1786  comptait,  pour  les  12  salles  d'hommes,  600  lits, 
dont  378  grands  et  222  petits,  et  pour  les  3  salles  de  femmes  619, 
dont  355  grands  et  264  petits,  au  total  1.219  lits.  Sur  ces  25  salles, 
6  étaient  à  2  rangs  de  lits,  6  à  3  rangs,  i3  à  4  rangs,  la  position 
des  lits  n'étant  assujettie  à  aucune  règle,  les  petits  étant  tantôt 
entremêlés  avec  les  grands,  tantôt  séparés,  situés  tantôt  sur  la 
longueur  des  salles  et  le  pied  des  uns  au  chevet  des  autres,  tantôt 
parallèlement  aux  murs  latéraux,  sans  passage  suffisant  pour  le 
service,  sans  souci  de  l'hygiène  la  plus  élémentaire. 

D'après  la  déclaration  faite  en  1790  (i),  il  y  avait  574  grands 
lits  pour  malades  et  domestiques  dans  les  salles  d'hommes  et  de 
femmes,  176  lits  à  cloison,  874  petits  lits  ou  lits  à  une  personne, 
et  177  berceaux  d'enfants,  soit  au  total  1.701  lits  de  différentes 
espèces.  Dans  ce  nombre  n'étaient  pas  compris  ni  les  48  lits  à 
cloison  et  les  18  petits  lits  pour  58  domestiques  hommes,  dans 
l'ancienne  maison  des  convalescentes,  ni  les  lits  occupés  par  les 
tilles  de  la  chambre  d'en  haut  ;  enfin  à  Saint-Louis  il  y  avait 
466  lits,  dont  3 12  grands,  121  petits  et  33  berceaux. 

L'horreur  qui  se  dégageait  de  la  vue  des  bâtiments  de  l'Hôtel- 
Dieu  avait  frappé  plus  d'un  contemporain  au  xviii*^  siècle  finissant, 
alors  que  les  idées  nouvelles  et  la  sensibilité  romantique  commen- 
çaient à  bouillonner  dans  la  grande  cité.  Les  pages  émues  de 
Mercier,  les  vives  critiques  de  Tenon  sont  empreintes  du  même 
sentiment  d'effroi  devant  ce  gouffre  noir  qui  demeure  au  cœur  de 
la  Ville.  «  Le  spectacle  affreux  qui  s'offrit  à  mes  regards  la  première 
fois  que  j'allai  visiter  l'Hôtel-Dieu,  écrit  un  autre  contemporain  (2), 
vient  encore  effrayer  nTa  pensée,  lorsque  je  trace  ces  mots  :  allez 
visiter  ces  lieux  où  l'État  promet  des  soins  aux  êtres  pauvres  et 
souffrans  ;  goûtez  le  pain  du  convalescent,  entrouvrez  le  lit  du 
malade,  interrogez  jusqu'à  son  douloureux  silence  ;  surtout  que 
votre  arrivée  ne  soit  annoncée  par  aucun  indice;  au  lieu  du  dénue- 
ment, vous  trouveriez  une  abondance  passagère,  l'agonisant  serait 
paré  de  fleurs,  le  mourant  sourirait  peut-être  avec  effort,  mais  cette 
abondance,  ces  fleurs,  ce  sourire,  seraient  l'effet  d'une  coupable 
jonglerie  et  de  la  terreur  infligée  au  malade  par  ses  gardes  effrayés.  » 
On  va  jusqu'à  mettre  en  vers  ce  navrant  spectacle  (3),  et  pourtant 
Paris  s'amuse,  Paris  est  en  fête,  et  l'Opéra  n'a  jamais  brillé  d'un 
éclat  si  resplendissant  ! 

(i)  Etat  général  des  lits  dans  les  dilTérentes  salles  del'H.-D.,  le  12  avril  1790.  (Arch.  nat., 
F15,   1861.) 

(2)  J.-B.  Pujoulx,  Paris  à  la  fin  du  xviip  siècle  ;  Paris,  Mathé,  libraire,  Palais  du  Tribu- 
nat,  sous  les  colonnades  du  passage  Radziwill,  an  IX  (1801),  p.  Soç. 

(3)  Voy.  une  pièce  de  Theveneau,  qui  concourut  pour  le  prix  de  l'Académie  française, 
citée  par  Pujoulx. 


2-6  l'hOTEL-DIEU    au    XVIF    KT    au    XVIII"    SIÈCLE 

En  résumé,  «la  position  de  l'Hôiel-Dieu,  Tespace  resserré  qu'il 
occupe  la  hauteur  et  la  disposition  de  ses  bâtiments,  et  les  incon- 
vénients immenses  qui  en  sont  la  suite,  ont  toujours  été  un  objet 
de  pitié  de  censure  et  de  réclamation  pour  tous  les  bons  citoyens 
qui  s'intéressent  véritablement  au  sort  des  pauvres...  C'est  aux 
régénérateurs  de  la  France  et  à  la  nouvelle  administration  muni- 
cipale de  Paris  qu'est  réservée  sans  doute  la  gloire  d'effectuer  des 
projets  dont  tant  d'intérêts  sollicitent  l'accomplissement  »  (i).  Ces 
paroles  de  La  Rochefoucauld-Liancourt,  à  l'issue  de  sa  visite  de 
l'Hôtel-Dieu  avec  les  membres  du  Comité  de  mendicité  de  la 
Constituante,  sont  la  conclusion  logique  de  ce  chapitre  qui  s'ouvre 
sur  les  généreuses  intentions  de  la  Révolution. 

(,)  Rapport  du  Comité  de  mendicitc,  édit.  C.  Bloch  et  A.  Tuetey  ;  Paris,  .g.-,  in-8», 
p.  638-639. 


CHAPITRE     IV 


LES     MALADES 


LES  DIVERSES  CATÉGORIES  DE  MALADES  :  l'officc  dcs  accouchécs  ;  l'office  dcs  taillés 
l'office  des  contagieux  et  les  «  scorbutaires  )>  ;  les  convalescents. 

LE  TRAITEMENT  DES  MALADES  :  régime  alimentaire,  médicaments,  opérations, 
service  des  salles. 

LES  médecins:  les  apothicaires;  les  dissections;  conflits  avec  le  Collège  de  chi- 
rurgie (1761-1778);  J.-B.  Desault  et  l'hygiène  hospitalière;  les  offices  à  la 
fin  du  xviii"  siècle. 


Comment  était  administré  THùtel-Dieu  ;  d'où  provenaient  ses 
ressources,  quels  étaient  ses  moyens  d'hospitalisation  ?  Nous 
venons  de  le  montrer.  Il  reste  à  nous  poser  une  dernière  question, 
et  ce  n'est  pas  la  moins  importante,  puisqu'elle  s'applique  à  l'objet 
même  de  l'établissement,  à  sa  fin  sociale  :  quels  malades  y  rece- 
vait-on et  comment  étaient-ils  soignés? 


LES     DIVERSES     CATEGORIES     DE     MALADES 

L'Hôtel-Dieu,  qui  au  début  recevait  tout  le  monde,  même  les 
simples  passants,  avait,  dès  le  xvr"  siècle,  écarté  les  teigneux  et  les 
«  véroles  »  (0,  dont  le  soin  incombait  au  Grand  Bureau  des 
pauvres  (2),  à  qui  il  payait  à  titre  d'indemnité  200  livres  par  an 
depuis   1614  (3]  ;  le  Parlement,  dans  son   arrêt,  avait  fait  valoir. 


(1)  I.es  malades  atteints  du  «  mal  de  Naples  gavaient  d'abord  été  reçus  dans  une  maison 
du  faubourg  Saint-Germain  (19  févr.  iSoq),  puis  à  l'hôpital  Saint-Eustaclie  (21  févr.  i558), 
enfin  à  l'iiôpital  de  Lourcine  au  faubourg  Saint-Marceau  (25  sept.   i566). 

(2)  G.  Cahen,  le  Grand  Bureau  des  pauvres  ;  Paris,  ipoS,  in-8°. 

(3)  Arr.  du  Parlement  du  3  mars  1614.  (Arch.  A.  P.,  liasse  878.) 


L  HOTEL-DIF.U    AU    XVII"    ET    AU    XVIIie    SHXLF. 


outre  le  danger  «  d'infection  »  pour  les  autres  malades,  «  que  ce 
seroit  contre  la  décence  et  honnêteté  publique  que  les  filles 
religieuses  de  l'Hôtel-Dieu  soient  employées  à  panser  les  malades  si 
sales  et  si  ords  ».  Les  galeux  qui  étaient  exclus  (i)  furent  cepen- 
dant  admis  à  différentes  reprises,  en  particulier  à  Saint-Louis. 

Les  aveugles,  d'après  l'article  9  du  règlement  de  l'Hôpital  géné- 
ral du  27  avril  i656,  devaient  y  être  hospitalisés,  au  cas  où  il  n'y 
aurait  pas  de  place  aux  Quinze-Vingts  (2)  ;  de  même  les 
«  écrouelleux  »  qui  ne  devaient  pas  séjourner  à  Paris  plus  de 
i5  jours,  ou  I  mois  s'ils  étaient  étrangers,  après  les  fêtes  solen- 
nelles (3),  auxquelles  le  roi  avait  coutume  de  les  «  toucher  «, 
pouvaient,  en  cas  de  besoin  urgent,  recevoir  des  secours  de 
l'Hôpital  général.  Enfin  les  aliénés  incurables  étaient  admis  dans 
les  divers  établissements  de  l'Hôpital  général. 

Pour  les  aliénés  curables,  l'Hôtel-Dieu  réservait  deux  salles 
toujours  pleines  (4).  Leur  nombre  fut  si  grand  à  la  fin  du 
xviiie  siècle—  il  en  venait  alors  de  toutes  les  provinces  (5) —  que 
le  Bureau  se  plaignit  auprès  du  procureur  général  pour  forcer 
Bicêtre  (6)  et  la  Salpêtrière  (7)  à  les  recevoir  après  les  trois  mois 
de  séjour  d'essai  à  l'Hôtel-Dieu,  où  ils  étaient  traités  par  les  bains, 
douches,  saignées,  purgations  et  vésicatoires  aux  jambes.  Les  cas 
s'augmentèrent  tellement  que  les  admissions  à  Bicêtre  passèrent  de 
1 10  en  1784  à  i5o  en  1788  (8). 

A  partir  de  1659,  à  la  suite  d'une  conférence  tenue  le  23  janvier 
au  Parlement  entre  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  et  ceux  de 
l'Hôpital  général,  il  fut  décidé  que  l'Hôtel-Dieu  recevrait  les 
malades  des  établissements  dépendant  de  l'Hôpital  général,  envoyés 
sur  certificat  imprimé  du  médecin  de  l'établissement  d'origine, 
mais  après  examen  du  médecin  visiteur  de  l'Hôtel-Dieu  qui  pourrait 
surseoir   à   leur   réception   s'ils  étaient   atteints  de   peste,  teigne. 


(i)  Délib.  3o  août  1709,  12  nov.  1734,  18  sept.  1739,  14  mai  1749,  14  avril  1754,8  mars  1787. 
Voy.  aussi.  Réflexions  sur  le  ravage  que  fait  la  gale  dans  l'H.-D.;  brocli.  in-12.  32  p. 
(Délib.  10  févr.  1768,  reg.  137,  fol.  38.) 

(2)  J.-L.  Piompsault,  les  Quin:{eVingts ;  Carpentras,  i863,  in-S»,  et  L.  Le  Grand,  les 
Qiiinie-Vingts  ;  Paris,  1902,  in-8«. 

(3;  Ces  fêtes  étaient  Pâques,  Pentecôte,  Toussaint,  Noël.  (Voy.  L.  Landouzy,  le  Toucher 
des  écrouelles;  Paris,  1907,  in-4»,  et  Franklin,  les  Ecrouelles,  Nouvelle  Iconograyhie  de  la 
Salpêtrière,  1891,  in-8''.) 

(4)  C'étaient  les  salles  St-Louis  pour  les  hommes  avec  10  grands  lits  et  2  petits,  et 
Ste-Geneviève  pour  les  femmes  avec  6  };rands  lits  et  8  petits. 

(5)  Délib.  2  août  1780,  reg.  i5o,  fol.  399,  et  s.  du  Comitc  de  mendicité  du  9  févr.   1791. 

(6)  E.  Richard,  Hist.  de  Bicêtre  ;  Paris,  1889,  in-8",  p.  io5. 

(7)  L.  Boucher,  Hist.  de  la  Salpêtrière  ;  Paris,  i883,  in-4»,  P-  ^2. 

(8)  L.  Aubanel  et  A.-M.  Thore,  Recherches  statistiques  sur  l'aliénation  mentale  faites  à 
Bicêtre,  184 1,  in-8°,  et  Tenon,  o.  c,  p.  218,  État  des  maisons  où  on  reçoit  les  fous. 


LF.S    MALADES 


279 


écrouelles,  grosse  vérole  et  autres  maladies  contagieuses  (i).  Les 
femmes  grosses,  reçues  à  Toffice  des  accouchées  un  mois  avant 
Taccouchement,  pouvaient,  sur  certificat  de  la  maîtresse  sage- 
femme  de  FHôtel-Dieu,  être  admises  à  la  maison  de  Scipion, 
dépendant  de  THôpital  général  et  consacrée  au  début  du  xvn"  siècle, 
sous  le  nom  de  Sainte-Marthe,  à  un  asile  de  «  pauvres  enfermés  w 
et  de  femmes  «  grosses  »  avant  d'être  transformée  en  boulangerie  et 
magasin  de  l'Hôpital  général. 

Pour  le  retour  de  ses  malades  convalescents,  l'Hôpital  général 
envoyait  ses  «  carrioles  »  à  l'Hôtel-Dieu  tous  les  mercredis  à 
9  heures  pour  les  hommes  et  garçons  et  le  vendredi,  à  la  même 
heure,  pour  les  femmes  et  les  filles.  Les  vêtements  étaient  rendus 
à  la  sortie. 

Quant  aux  mendiants  amenés  par  les  archers  de  l'Hôpital  général 
ils  n'étaient  reçus  à  l'Hôtel-Dieu  qu'après  3  heures  en  hiver  et 
7  heures  en  été,  et  encore  n'étaient-ils  point  admis  pendant  le 
Carême  (2). 

L'Hôtel-Dieu  dut  résister  à  l'Hôpital  général  qui  voulut 
lui  imposer  ses  «  malades  de  force  ».  Le  Bureau  montra  par 
de  nombreux  exemples  (3)  que  le  Parlement  avait  l'habitude 
d'envoyer  les  prisonniers,  tant  de  la  Conciergerie  que  de  la  tour 
Saint-Bernard,  atteints  de  scorbut,  de  teigne,  ou  de  vérole,  à 
Bicétre  ou  à  la  Salpêtrière.  Aucune  disposition  du  règlement  de 
i656  n'obligeait  l'Hôtel-Dieu  à  les  recevoir,  tandis  qu'en  créant  en 
1684  une  maison  de  force,  l'Hôpital  général  devait  être  tenu  d'en 
soigner  les  pensionnaires  malades.  L'instance  introduite  en  1763 
et  pendante  entre  les  administrateurs  des  deux  maisons  (4)  ne  se 
termina  que  par  l'arrêt  du  28  août  1767,  rendu  à  la  suite  de  5 
audiences,  sur  les  conclusions  de  l'avocat  général,  Joly  de  Fleury, 
«  mettant  les  parties  hors  de  cause  sur  la  demande  des  directeurs 
de  l'Hôpital  général,  tendante  à  ce  que  les  administrateurs  de 
l'Hôtel-Dieu  fussent  tenus  de  recevoir  dans  ledit  Hôtel-Dieu  les 
malades  détenus   de  force    ».    C'est  à   la  suite    de   cet   arrêt    que 


(i)  Pour  le  scorbut,  la  question  était  réservée,  après  avis  de  l'École  de  médecine,  qui 
devait  faire  s.ivoir  si  ce  mal  est  contagieux  ou  non.  (liélib.  3i  janv.  i6?g,  reg.  26,  fol.  25.) 

(2)  Le  nombre  des  malades  envoyés  par  les  diverses  maisons  de  l'Hôp.  gén.  est  relati- 
vement considérable.  Voici  pour  6  mois  de  l'année  i665,  de  janvier  au  3i  août,  la  statistique 
des  envois:  la  Pitié,  246  ;  la  Salpêtrière,  1.448;  Bicètre,  200;  Scipion,  370,  au  total  2.3o3. 
(Bibl.  nat.,  ms.  17.349,  fol.  209.) 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  883.  État  des  arrêts  du  Parlement  de  1722  à  17^3  pour  la  trans- 
lation des  prisonniers  malades,  servant  à  prouver  que  la  Cour  était  dans  l'usage  de  les 
envoyer  dans  les  maisons  dépendantes  de  l'Hôp.  gén.,  comme  étant  des  maisons  de  force, 
et  non  à  l'H.-D.  qu'elle  ne  regardait  point  comme  une  maison  de  force. 

(41  Arch.  A.  P.,  liasse  883.  Mémoire  sur  la  contestation  pendante  entre  les  administra- 
tions de  ril.-D.  et  les  directeurs  de  l'Hôp.  gén. 


280  l'hOTEL-DIIU^    au    XVII"    F.T    AI!    XVIII«    SIÈCLE 


tre 


l'Hôpital  général  se  décida  à  construire  les  infirmeries  de  Bicéti 
et  de  la  Salpêtrière  (i),  terminées  seulement  en  1787  (2). 
L'Hôtel-Dieu  par  contre  cessa  de  recevoir  les  prisonniers  malades 
de  la  Conciergerie  depuis  1787. 

Ces  malades  étaient  très  redoutés.  11  faut  lire  dans  les  Mémoires 
de  d'Argenson  (3)  le  récit  de  la  révolte  du  25  mars  1754:  «  Les 
prisonniers  pour  crimes  capitaux  étant  accumulés  dans  les  cachots 
du  Châtelet  et  de  la  Conciergerie  (4),  on  les  transporte  à  l'Hôtel- 
Dieu  à  mesure  qu'ils  tombent  grièvement  malades...  ;  il  y  a  dans 
cet  hôpital  une  salle  fermée  de  tous  côtés  par  des  barreaux  de  fer 
aux  portes  et  aux  fenêtres.  Ordinairement  il  y  a  4  à  5  malades  de 
ce  genre,  mais  il  s'en  trouve  aujourd'hui  Jusques  à  120.  L'on  n'y  a 
pas  pris  assez  de  précautions,  ei  tout  à  coup  a  paru,  il  y  a  quelques 
jours,  une  conspiration  affreuse  :  ces  prisonniers  se  sont  trouvés 
armés  de  pistolets  et  de  poignards.  Leur  dessein  était  de  mettre  le 
feu  à  l'Hôtel-Dieu  pour  se  sauver  après  avoir  massacré  leurs 
gardes.  De  là  ils  devaient  embraser  tout  Paris,  y  soulever  la  ville, 
mettre  tout  au  pillage.  Mais  cette  entreprise  a  manqué;  cependant 
il  y  a  eu  bien  du  tumulte,  deux  pauvres  sœurs  de  THôtel-Dieu 
ont  été  blessées  à  mort.  »  Cette  même  année,  au  mois  de  mai  1754, 
le  scorbut  éclata  parmi  les  prisonniers  et  l'on  craignit  un  moment 
l'extension  de  l'épidémie.  «  S'il  faut  que  ceci  se  tourne  en  peste, 
écrit  encore  d'Argenson  (5),  rien  n'aura  jamais  été  plus  funeste  et 
plus  pesant  à  la  France,  car  il  faut  observer  que  cela  aura  commencé 
par  le  centre  de  Paris,  et  que  Paris  est  aujourd'hui  le  cœuret  l'étui  de 
tout  le  royaume.  Toute  finance  publique  et  particulière  esta  Paris, 
Ainsi  aucuns  payements  n'iront  plus  si  Paris  est  enveloppé  dans 
une  chaîne  contre  la  peste  (6).  » 

L'Hôtel-Dieu  recevait  aussi  les  enfants  atteints  de  diverses 
affections,  qui  lui  étaient  amenés  des  diverses  maisons  de  l'Hôpital 
général.  11  y  avait  tellement  de  désordre  dans  ces  envois,  faute  de 
registre  d'entrée  et  de  sortie,   qu'en    1744  il  yen  eut  i65  que  la 

(i)  Voy.  L.  Boucher,  la  Salpêtrière  ;  Paris,  i883,  in-4»,  p.  3i. 

(2)  Rapport  de  MM.  les  Commissaires  de  la  Faculté  de  médecine  sur  les  nouvelles  infir- 
meries de  la  Salpêtrière,  1787, 111-4°. 

(3)  D'Argenson,  Mémoires.  (Publ.  de  la  Soc.  H.  de  P.,  9  vol.  in-8,  1859-1867,  VIII,  258.) 

(4)  Sur  ces  cachots,  voy.  A.  Guillot,  Paris  qui  souffre;  Paris,  1888,  in-S",  p.  38.  Il.s 
portaient  les  noms  les  plus  étranges:  la  Barbane,  la  Barbarie,  Baumont,  la  Chausse  d'Hy- 
pocras,  l'Entre-deux  Huis,  Fin  d'aise,  la  Josse,  la  Gloriette,  la  Gourdaine,  la  Griesche,  la 
Motte,  l'Oubliette,  le  Paradis,  Beauvais,  le  Berceau,  la  Boucherie.  Ils  étaient  <•  l'antichambre 
de  la  mort  ». 

(5)  Mém.,  VIII,  285,  2  mai  1754,  et  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  280,  doss.  2902. 

(6)  On  peut  rappeler  aussi  le  cas  de  ce  nouvelliste  Jean  Cabaud  de  Rambaud,  mis  à  la 
Conciergerie  pour  dettes,  puis  au  Grand-Chàtelet,  et  qui,  transféré  à  l'H.-D.  le  23  nov.  17.1(1 
pour  y  subir  l'opération  d'une  tumeur  à  l'épaule,  y  mourut.  (Funck-Brentano,  Figaro  et 
ses  devanciers  ;  Paris,  1909,  in-12,  p.  i58.) 


LES    MALADES 


Pitié  ne  put  retrouver,  et  en  1743,  pour  les  ?  premiers  mois,  104 
qui  ne  figuraient  pas  sur  la  liste  des  morts.  Des -ordres  furent 
donnés  en  1777  par  les  deux  administrations  pour  que  de  pareils 
faits  ne  se  renouvellent  plus.  Les  enfants  trouvés  devaient  être 
pourvus,  en  arrivant,  d'un  état  civil  et  d'un  numéro  matricule,  et 
leur  sortie  ne  s'effectuer  qu'après  le  reçu  d'un  avis  de  convalescence 
envoyé  par  l'Hôtel-Dieu. 

Le  règlement  de  l'hôpital  des  Enfants-Rouges  du  28  novem- 
bre 1758  (i)  prévoyait  à  l'article  9  l'envoi  immédiat  à  l'Hotel-Dieu 
des  enfants  «  attaqués  de  maladies  contagieuses  telles  que  petite 
vérole,  scorbut  et  mauvaise  galle  ».  Par  contre,  les  enfants  atteints 
de  teigne  et  d'humeurs  froides  étaient  envoyés  dans  les  établisse- 
ments de  l'Hôpital  général,  sur  un  certificat  du  chirurgien  de  la 
maison  attestant  la  nature  de  leur  affection. 

En  présence  de  l'effrayante  mortalité  infantile  de  l'Hôtel-Dieu, 
l'hôpital  des  Enfants-Trouvés  du  faubourg  Saint-Antoine  se  décida, 
dans  la  2«  moitié  du  xviii<=  siècle,  à  ne  plus  y  envoyer  d'enfants  et 
à  construire  des  infirmeries,  avec  essai  d'isolement.  La  délibération 
du  9  avril  i7()7,  qui  réduisait  de  800  à  600  le  nombre  des  enfants 
à  recevoir  dans  l'établissement,  porte  que  «  l'usage  d'envoyer  à 
IHôtel-Dieu  les  enfants  attaqués  de  quelque  maladie  grave  pour 
ne  la  point  communiquer  aux  autres,  au  lieu  de  procurer  le  bien 
qu'on  aurait  dû  en  espérer,  a  été  la  cause  de  la  perte  de  tous  ceux 
qui  v  ont  été  envoyés  ;  le  plus  grand  nombre  y  est  mort,  et  le  reste 
en  a  apporté  la  gale  ou  la  teigne,  et  dans  l'espace  de  trois  mois  ces 
mêmes  enfants  revenus  de  l'Hôtel-Dieu  décèdent,  soit  parce  qu'ils 
ne  sont  pas  radicalement  guéris,  soit  parce  que  les  remèdes  qui  leur 
avaient  été  donnés  ont  détruit  leur  tempérament.  »  Aussi  les  envois 
en  traitement  à  l'Hôtel-Dieu  furent  supprimés. 

Les  prêtres  malades  avaient  une  petite  salle  aménagée  spécia- 
lement depuis  1661  au  premier  étage,  au-dessous  de  celle  des 
taillés  (2),  grâce  à  la  générosité  de  M™^  de  Miramion,  qui  com- 
mença, nous  dit  son  biographe  (3),  par  y  fonder  deux  lits,  puis  fit 
ensuite  une  quête  (4),  «  et  comme  personne  ne  la  refusait,  elle  eut 
bientôt  de  quoi  en  fonder  douze  et  un  valet  pour  les  servir  ». 

Rondonneau  signale  aussi  les  «  salles  de  recommandation  »,  qui 
sont  au  nombre  de  trois  ou  quatre,  «  où  la  religieuse  d'office,  de 
qui  cela  dépend,   peut  vous  faire  coucher  seul,   et  vous  procurer 


(1)  Délib.  19  nov.  1777,  reg.  147,101.  519,  etreg.  Hop.  gén.,  févr.  1778. 

(2)  Arch.  A.  P.,  reg.  des  délibérations  du  Bureau  des  Enfants-Trouvés,  à  la  date. 

(3)  Délib.  21  janv.   1661,  reg.  29,  fol.  i5  v».  * 

(4)  Abbé  de  Clioisy,  Vie  de M'^°  de  Miramion;  A.  Dezallier,  1706,  in-4»,  p.  3S. 


l'hOTI-JL-DIEU    AT    XVIie    ET    AU    XVIII"    SIECLE 


mille  douceurs  qu'on  n"a  pas,  ci  qu'on  ne  peut  pas  avoir  dans  les 
autres  salles'»  (i). 

Jusqu'en  1766,  enfin,  THôtel-Dieu  reçut  les  soldats  du  régiment 
des  gardes-françaises,  pour  qui  un  projet  d'hôpital  avait  été  fait 
sans  succès  au  xvii^  siècle,  et  ne  furent  hospitalisés  par  l'adminis- 
tration militaire  qu'en  1766  à  l'ouverture  de  l'hôpital  du  Gros- 
Caillou  (2).  Les  soldats  furent  toujours  très  bien  soignés  par 
l'Hôtel-Dieu  (3)  qui,  en  cas  de  décès,  rendait,  suivant  les  règlements 
militaires,  les  effets  au  capitaine  de  la  compagnie  (4), 

Au  xviiie  siècle,  l'Hôtel-Dieu,  par  suite  de  l'organisation 
méthodique  des  compagnies  de  charité  dans  les  paroisses,  devient 
comme  le  prolongement  de  l'assistance  médicale  à  domicile.  Les 
malades  à  qui  les  sœurs  de  charité  portent  de  la  nourriture  et  des 
remèdes  sont  d'abord  soignés  par  les  médecins  des  compagnies. 
On  ne  les  envoie  à  l'Hôtel-Dieu  que  dans  les  cas  graves,  et  quand 
ils  y  sont  admis  les  compagnies  envoient  des  visiteurs  pour  s'in- 
quiéter de  leur  sort  (5). 

A  Saint-Eustache,  l'assistance  médicale  est  accordée  pour 
3  semaines;  passé  ce  temps,  et  si  le  malade  n'est  pas  guéri,  la  sœur 
de  charité  fait  son  rapport  à  la  compagnie  qui,  si  elle  le  juge  à 
propos,  fait  porter  le  malade  à  l'Hôtel-Dieu,  «  par  la  raison  qu'at- 
tendu la  quantité  des  pauvres  malades,  les  fonds  ne  sont  pas  assez 
abondans  pour  continuer  les  secours  aussi  longtemps  qu'il  seroit 
nécessaire  ». 

A  Saint-Sulpice,  on  fournit  aux  malades,  médecins,  chirur- 
giens, bouillons,  médicaments;  la  portion  consiste  en  un  pain 
mollet  et  un  morceau  de  viande  par  jour,  soit  pour  too  malades 
une  dépense  de  3o.ooo  livres  (6)  environ. 

A  Saint-Roch,  la  dépense  par  tête  de  malade  s'élève,  à  la  fin  du 
xviii^  siècle,  à  i  5  sous  en  été  et  à  17  a  18  sous  en  hiver  ;  le  médecin 


(i)  Rondonneau,  o.c,  p.  85.  Voy.  aussi  à  la  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  12  12  et  12  i3,  une 
série  de  lettres  de  recommandations  adressées  à  la  prieure  en  faveur  de  malades  qui  désirent 
être  couchés  seuls  11742-1771.) 

(2)  Délib.  21  août  1765,  reg.  134,  fol.  261. 

(3)  A  pat  tir  de  1746,  d'Argenson,  ministre  et  secrétaire  d'État  de  la  guerre,  réclama  de 
l'H.-D.  un  état  spécial  par  mois  de  leur  entrée  et  sortie.  (Délib.  29  déc.  1746,  reg.  ii5, 
fol.  357.) 

{4)  Ord.  du  i3  juill.  1689.  Les  administrateurs  des  hôpitaux  doivent  remettre  les  armes 
et  autres  effets  des  soldats  qui  y  sont  décédés,  moyennant  un  écu  pour  tous  frais  funéraires. 
Ord.  du  10  juill.  i6gi.  Les  habits  des  soldats  qui  décéderont  dans  les  iiôpitaux  seront 
remis  gratuitement  à  leurs  capitaines. 

(5)  beux  [visiteurs)  seront  députez  pour  aller  à  TH.-D.  visiter  les  pauvres  malades  et 
particulièrement  ceux  de  la  paroisse.  Règl.  de  la  C'»  d'ecclésiastiques  et  de  laïques  instituée 
en  i653  à  Saint-Etienne-du-Mont  ;  Paris,  1673,  in-16,  p.  6.  (Bibl.  nat.,  R  27208.) 

(6)  Supplément  à  l'ordre  d'administration  pour  le  soulagement  des  pauvres  de  la  par. 
St-Sulpice  ;  Paris,  1777,  in-18,  p.  12. 


LES    MALADES  283 

des  pauvres  est  depuis  20  ans  le  docteur  Sallin,  doyen  de  la  Faculté 
de  médecine,  et  Fauteur  qui  nous  fournit  ces  chiffres  ajoute  (i): 
«  Le  dii^ne  et  vertueux  pasteur  de  la  paroisse  ne  laisse  aller  à 
l'Hôtel-Dieu  que  les  malades  qui  n'ont  aucun  domicile,  ou  qui  ne 
sont  pas  assez  bon  sujets  pour  trouver  un  ami  ou  une  voisine  qui 
veuille  leur  donner  quelque  soin.  » 

A  Sainte-Marguerite,  le  transport  des  malades  à  THôtel-Dieu 
est  compris  dans  les  dépenses  de  la  marmite  des  pauvres;  à  ceux 
qui  restent  à  la  charge  de  la  paroisse,  on  accorde  par  jour  une 
livre  de  viande,  un  pain  mollet  d'une  demi-livre,  du  charbon  et 
des  médicaments  (2). 

En  1773,  232  malades  de  Saint-Eustache  qui  n'ont  pu  être 
«  guéris  sur  la  paroisse  »  sont  transportés  à  l'Hôtel-Dieu  ;  il  en 
coûte  278  1.  16  s.  à  la  compagnie  de  charité  pour  les  «  peines 
d'hommes  »  qui  les  ont  portés  (3).  La  compagnie  avait  pourtant 
3  médecins,  aux  gages  de  600  livres,  trois  chirurgiens,  et  avait 
payé,  pour  cette  année  1773,  742  livres  pour  les  pansements  et  de 
saignées,  1.076  livres  pour  les  médicaments  et  drogues,  744  livres 
d'eau-de-vie,  d'eau  des  Carmes,  d'huile  d'amandes  douces  achetée 
chez  les  épiciers,  2.33o  livres  pour  lelait  des  enfants  à  la  mamelle, 
629  livres  pour  la  farine,  sans  oublier  80  aunes  de  toile  à  i5  sous 
pour  ensevelir  les  morts  (4).  «  Aussi,  écrivait  déjà  Abelly  au 
xvii"  siècle  :  Si  l'on  demandoit  à  5o  ou  60  malades  qui  sont 
assistez  dans  une  paroisse  de  Paris,  par  les  soins  et  au  dépens  de  la 
Confrairie  qui  y  est  établie,  s'ils  aimeroient  mieux  qu'on  les  portast 
à  l'Hostel-Dieu,  ils  repondroient  tous  sans  doute  unanimement, 
qu'on  les  obligera  bien  davantage  de  les  laisser  dans  leur  pauvre 
chambre,  en  leur  continuant  cette  charitable  assistance  qu'on  a 
commencé  à  leur  faire  (5).  » 

Les  petits  hôpitaux  de  paroisses  créés  au  xvii"  siècle  et  qui 
dépendent  des  compagnies  de  charité,  comme  ceux  de  Saint-Merry, 
de  Saint-Jacques-du-Haut-Pas,  de  Saint-Sulpice,  ont  cet  avantage 
sur  l'Hôtel-Dieu  d'offrir  un  lit  pour  chaque  malade.  Mais  leur 
hygiène  n'est  guère  plus  favorable;  on  nous  les  représente  «engloutis 


(i)  Idées  sur  les  secours  à  donner  aux  pauvres  malades  dans  une  grande  ville;  Paris, 
1786,  in-S",  64  p.,  p.  27. 

(2)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  1578.  État  de  d(<pcnses  de  1743  à  1745. 

(3)  Bibl.  liist.  V.  de  P.,  ms  26818.  Compte  que  rend  J.-D.  Trudon  de  Roissy,  conseiller 
du  roi,  notaire  à  ParCs,  administrateur  en  /  7  7 j  de  la  C"  de  Charité  de  N.-D.  de  Bon- 
Secours,  par  S'-  Eustac/ie. 

(4)  La  G>«  de  Charité  fait  en  outre  pour  les  pauvres  des  dépenses  en  nature  (marmite 
7.844  1.,  bouclierie   1.336  1.,  pains  mollets  1.9 17  1.,  bois  702  1.,  etc.) 

(5)  Abelly,  o.  c.  p.  338. 


284  l/nOTFI,-DIi:U    AI-    XVII«    FT    AU    XYIII»    SIECLE 

dans  des  rues  étroites  où  Tair  ne  circule  jamais  qu'obliquement. 
Quant  à  l'administration,  je  la  reprocherai  en  ce  qu'on  n'y  reçoit 
que  les  gens  qui  y  ont  la  plus  grande  protection,  et  que  l'on  n'y 
entre  pas,  que  l'on  soit  de  la  paroisse  ou  non...,  que  l'on  n'y 
soit  recommandé  par  tel  riche  et  puissant  paroissien,  par  tel 
marguillier.  A  lire  sur  le  frontispice  de  ces  hôpitaux,  on  seroit 
tenté  de  croire  cependant  que  tout  paroissien  malade  y  sera  reçu 
tant  qu'il  y  aura  des  lits  vacans.  Mais  je  vois  que  chaque  fondateur 
a  eu  une  restriction  mentale  (i).  » 

On  transportait  à  l'Hôtel-Dieu  tous  les  blessés,  les  victimes 
d'accidents  (2).  Les  maçons  et  journaliers  y  étaient  particulièrement 
nombreux.  «  Toutes  les  paroisses  (3)  ne  fournissent  pas  de  malades 
à  l'Hotel-Dieu,  proportionnellement  à  leur  étendue  ;  la  médiocrité 
a  ses  quartiers  comme  la  richesse,  et  la  grande  misère  est  reléguée 
aux  extrémités  et  dans  les  fauxbourgs.  Les  classes  qui  fournissent 
le  plus  à  cet  hôpital  sont  celle  des  maçons  et  des  manœuvres,  qui 
abondent  dans  une  ville  où  on  bâtit  sans  cesse  et  de  toutes  parts, 
celle  des  Savoyards  et  des  Auvergnats,  qui  sont  ramoneurs  et 
portefaix,  enfin  celle  des  artisans  et  des  ouvriers  gagnant  journée, 
et  qui  sont  sans  ressources  lorsque  la  maladie  interrompt  le 
travail.  La  plupart  de  ces  individus  habitent  en  bandes  dans 
des  charnbres  communes  et  dans  des  quartiers  011  ces  chambres 
sont  moins  chères.  »  Parmi  ces  quartiers,  l'un  des  plus  misérables 
est  le  faubourg  Saint- M  arceau,  dont  Mercier  (4)  nous  a  laissé  une 
description  si  navrante  :  «  C'est  le  quartier  où  habite  la  populace  de 
Paris  la  plus  pauvre,  la  plus  remuante  et  la  plus  indiscîplinable... 
Les  maisons  n'y  ont  point  d'autre  horloge  que  le  cours  du  soleil... 
une  famille  entière  occupe  une  seule  chambre...  On  ne  voit  point 
de  souliers  dans  ces  demeures...  Les  enfants  y  sont  nuds,  et 
couchent  pêle-mêle » 

L'Hôtel-Dieu,  qui  en  principe  hospitalise  les  malades  de  tous 
les  pays  et  de  toutes  les  religions,  hospitalise  bien  entendu  les 
protestants.  Non  seulement  il  les  reçoit,  mais  il  fait  perquisitionner, 
avec  l'assentiment  du  Parlement,  chez  les  particuliers  soupçonnés 
de  tenir  des  hôpitaux  ou  maisons  de  santé  pour  leurs  coreligion- 
naires ;  ces  perquisitions  étaient  suivies  de  la  saisie  du  matériel. 


(1)  [J.-M.  Dufour],  Diogènea  I\7ri.\  ,•  Ailiènes  et  Paris,  Buisson,  1787.  in-12,  p.  92-93. 

(2)  D'après  ledit  de  déc.  1666,  les  chirurj^iens  devaient  faire  déclaration  au  commissaire 
de    police  des  blessés  pansés  ciiez   eux;  le    i»'  mars    1736,   Dûment  est  condamné  à  20  I. 
d'amende  pour  oubli  de  cette  formalité.  (La  Poix  de  Fréminville,  Traite  ^ie  la  police,  p.  212.) 

(3)  [Peuchet],  Encyclop.  inélhod.,  Jurisprudence,  t.  IX  et  X.  Police  et  )nunicipalités ;  Paris, 
I  789-1791,  in-4»,  t.  I,  p.  258. 

(4)  Mercier,  o.  c,  t.  I,  chap.  lxxxv. 


LIS    MALADES  285 

adjugé  à  l'Hôtel-Dieu.  Comment  les  «  hérétiques»  qui  ne  jouissaient 
ni  d'écoles,  ni  de  temples,  auraient-ils  pu  conserver  le  droit  d'avoir 
des  hôpitaux?  Ces  perquisitions  ont  lieu  surtout  à  diverses  reprises, 
de  i655  à  1666  (i),  rue  des  Poulies  (Boules?),  au  faubourg  Saint- 
Marcel,  où  les  protestants  ont  en  effet  un  petit  hôpital  de  i5  à 
20  lits.  C'est  la  période  des  «  abjurations  »  exigées  des  malades  (2), 
sous  l'influence  des  messieurs  de  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement. 
La  déclaration  du  i5  juin  i683  qui  attribua  aux  hôpitaux  les  biens 
des  protestants  destinés  au  soulagement  des  pauvres  (3j  exigeait 
que  les  protestants  soient  traités  dans  les  hôpitaux  «  aussi  charita- 
blement que  les  catholiques,  et  sans  y  pouvoir  être  contraints  de 
changer  de  religion  ».  Mais  cette  clause  ne  fut  pas  observée,  ou 
cessa  de  l'être  à  la  fin  du  xv!!**  siècle,  ainsi  qu'en  témoigne  le 
Registre  des  Abjurations  de  l'Hôtel-Dieu  (4)  de  1698  à  1700.  Au 
reste,  les  perquisitions  dans  les  maisons  soupçonnées  de  rece- 
voir des  malades  protestants  ne  cessèrent  pas  (5). 

Les  protestants,  malgré  les  perquisitions  dont  ils  étaient  fré- 
quemment l'objet,  avaient  pu  conserver  au  xviii«  siècle  une  maison 
de  santé  pour  leurs  malades,  rue  du  Four,  puis  rue  des  Ciseaux  au 
faubourg  Saint-Germain,  dans  une  maison  louée  en  1759  par 
l'aumônier  de  l'ambassadeur  de  Suède  et  celui  de  Danemark,  pour 
les  domestiques  malades  de  ces  deux  ambassades  (6)  ;  cet  établis- 
sement fut  transporté  5  ans  après  rue  de  Sèvre  près  de  la  barrière  ; 
il  n'avait  point  de  revenu  spécial  ;  l'aumônier  de  Suède  payait  la 
dépense  de  la  maison  et  délivrait  les  billets  d'entrée  ;  elle  contenait 
14  lits  montés  et  5  lits  de  sangle,  en  cas  de  besoin;  un  ménage 
suffisait  pour  le  soin  des  malades  que  visitait  un  médecin  suédois, 
le  sieur  Lack.  Les  ouvriers  protestants  résidant  à  Paris  avaient 
formé  une  société  pour  subvenir  aux  dépenses  de  cette  maison,  et 
devaient  donner  12  sous  par  mois,  pour  y  être  reçus  en  cas 
de  maladie  ;   mais   la   plupart    ne  payèrent   pas  la    cotisation,   si 

(i)  Dclib.  i3  août  i6?5,  ii  avril  i6bj,   lo  avril  iG58,  il  mai  i663,  [2  févr.   1666. 

(2)  Abjurations  de  l'H.-D.  (i638  et  ibig).  (Bibl.  nat.,  L»  176/165,  L"  176/173.) 

(3)  On  ne  trouva  pour  cette  destination  qu'une  somme  de  i.ooo  1.,  partagée  entre  l'H.-D. 
et  l'Hôp.  géii.,  qui  conserva  les  originaux  des  titres.  (Délib.  9  juin  i683  et  Arcli.  nat.,  O'  28.) 

(4)  Arch.  A.  1>.  Publié  par  O.  Douen,  la  Révocation  Je  l'Édil  de  Nantes  à  Paris;  1894, 
5  vol.  iii-4°,  t.   III,  p.  485-^88. 

(5)  Perquisition  rue  des  Postes  chez  une  dame  de  Moussy  d'Alisson  (Délib.  23  mars  1679), 
rue  des  Mauvais-Garçons,  également  chez  une  femme.  (Délib.  6  sept,   1684.) 

(6)  Ch.  Read,  dans  Bull.  Hist.du  Protestantisme,  3»  série,  VI,  375,  cite  le  cas  d'un  tail- 
leur de  Zurich,  mort  à  l'H.-D.  en  1718,  sans  abjurer,  dont  le  corps  allait  être  jeté  à  la  voirie: 
on  céda  néanmoins  aux  sollicitations  qui  furent  faites,  et  le  cadavre  fut  inhumé  dans  un 
jardin  aux  frais  de  la  bourse  des  pauvres  de  la  nation  suédoise.  Nous  savons  d'autre  paît 
que  les  étrangers  protestants  avaient  leur  cimetière  au  l'ort-au-Plàtre,  à  la  pointe  de  l'Ar- 
senal, dans  le  chantier  de  M»»  Girardot  de  Chaucour,  marcliandode  bois.  [O.  Doucn,o.c., 
t.  II,  5o8.) 


2  86  I.'hOTF.T.-IMFU    AT'    XVIie    KT    AT    XVin«    SIKCLF. 

bien  que  la  maison  continua  d'être  réservée  aux  Suédois  et  aux 
Danois,  et,  par  faveur  exceptionnelle,  aux  protestants  des  autres 
nations.  Une  note  non  datée  (i),  mais  postérieure  à  ijSo,  nous 
apprend  qu'il  n'y  avait  alors,  dans  la  maison,  qu'un  seul  malade, 
un  confpagnon  imprimeur  de  Strasbourg. 

En  définitive,  l'Hôtel-Dieu  n'avait  réussi  à  éliminer,  et  encore 
partiellement,  que  quelques  catégories  de  contagieux.  Tous 
les  autres  malades  étaient  répartis  dans  la  maison,  sans  aucune 
méthode,  suivant  les  disponibilités  des  locaux,  disposés  en 
«  offices  »,  dont  deux  jouissaient  d'un  règlement  spécial  et  méritent 
d'attirer  particulièrement  notre  attention  :  l'office  des  accouchées 
et  l'office  des  taillés. 

l'office  des  accouchées 

La  salle  des  accouchées,  réparée  en  1618,  était  restée,  au  début 
du  xvii*  siècle,  ce  qu'elle  était  du  temps  de  François  I",  une  salle 
humide,  «  basse  comme  ung  cellier  »,  au  bord  de  l'eau,  où  l'on 
descendait  par  18  ou  20  marches  et  que  le  fleuve  envahissait  quel- 
quefois l'hiver.  En  1649  (2),  les  accouchées  furent  déplacées  et 
transportées  dans  une  des  salles  construites  sur  le  pont.  Elles  y 
étaient  aussi  à  l'étroit  et  couchées  quatre  et  cinq  dans  le  même  lit. 
En  janvier  1661,  «  les  femmes  grosses  et  accouchées  sont  si  pres- 
sées et  serrées  dans  leur  lit,  y  couchant  quatre  à  la  fois  «,  qu'on 
doit  rester  i5  jours  sans  en  admettre  de  nouvelles.  Il  est  question 
alors  de  les  transporter  dans  les  nouveaux  bâtiments  de  la  rive 
gauche,  au  second  étage.  Mais  ce  transfert  n'eut  lieu  qu'en  i663. 
L'encombrement  et  l'infection  restèrent  à  peu  près  les  mêmes. 
Leur  salle  était  au-dessus  de  celle  des  blessés  et  mal  aérée  ;  les 
décès  étaient  particulièrement  fréquents. 

En  1664,  elles  sont  transportées  dans  une  nouvelle  salle  (3), 
la  salle  Saint-Joseph,  également  fort  basse  et  longue  seulement 
de  25o  pieds  (4)  ;  les  fenêtres  donnaient  sur  le  bras  de  Seine 
où  venaient  aboutir  les  latrines  de  l'hôpital,  les  égouts  de  la  bou- 
cherie de  la  montagne  Sainte-Geneviève,  du  marché  de  la  place 
Maubert,  des  quartiers  Notre-Dame  et  Saint-Séverin.  A  la  fin  du 


(1)  Arch.  A.  p.,  mss.  nouv.  série,  8i. 

(2)  «  L'hostel  où  se  dict  la  saincte  messe  dans  la  salle  basse  où  estoient  les  accouchées 
sera  changé  du  lieu  où  il  est  et  posé  contre  le  mur  à  l'oposile  du  lieu  où  il  est  à  présent.  » 
(Délib.  3o  avril  1649,  reg.  20,  fol.  406.) 

(3)  Délib.  12  déc.  1664,  reg.  32,  fol.  220. 

(4)  Elle  renfermait  56  lits,  dont  ^2  grands  à  4  personnes  et  14  petits,  et  pouvait  conte- 
nir 182  malades. 


LES    MALADES  287 

xviu"  siècle,  on  ajouta  bien  au  service  quelques  salles  voisines, 
mais  le  nombre  des  accouchées  augmentant  avec  celui  de  la  popu- 
lation, Tencombrement  y  fut  toujours  aussi  grand  et  l'hygiène  aussi 
détestable.  Tenon  nous  a  fait  la  description  lamentable  des  6  salles, 
avec  leurs  dépendances,  destinées  aux  femmes  enceintes,  aux 
accouchées,  aux  nourrices,  aux  nourrissons  ;  les  femmes  enceintes 
bien  portantes,  les  vénériennes,  les  galeuses,  les  fébricitantes  sont 
mêlées  ;  il  n'y  a  pas  de  berceaux  pour  les  enfants  qui  sont  couchés 
avec  leurs  mères  (i)  ;  Tair  est  infecté  par  les  vapeurs  qui  montent 
des  escaliers  des  salles  Saint-Paul  et  Saint-Nicolas,  où  sont  les 
fiévreux  et  par  les  humeurs  corrompues  des  lits  :  «  Qu'on 
entr'ouvre  ces  lits  de  souffrances,  il  en  sort,  comme  d'un  gouffre, 
des  vapeurs  humides,  chaudes,  qui  s'élèvent,  se  répandent,  épais- 
sissent l'air,  lui  donnent  un  corps  si  sensible,  que  le  matin,  en 
hiver,  on  le  voit  s'entr'ouvrir  à  mesure  qu'on  le  traverse,  et  on  ne 
le  traverse  point  sans  un  dégoût,  qu'il  est  impossible  de  sur- 
monter (2).  » 

A  l'office  des  accouchées,  on  recevait  les  femmes  à  partir  du 
8''  mois  de  leur  grossesse  ;  mais,  la  plupart  du  temps,  elles  ne 
venaient  que  quelques  jours  avant  l'accouchement  (3).  Les  entrées 
étaient  considérables  ;  si  l'on  se  reporte  à  la  statistique  des  nais- 
sances fournie  par  les  registres  de  délibérations  de  1722  à  1786, 
elles  variaient  de  i  .400  à  i  .600  par  an  (4).  Les  parturientes  devaient, 
en  entrant,  apporter  le  «  paquet  »  ou  layette  de  l'enfant  ;  cependant, 
le  Bureau  accordait  aux  indigentes  des  layettes  gratuites.  Elles 
travaillaient  en  attendant  leur  délivrance,  et  ne  devaient  pas  sortir 
de  «  l'office  »  ;  mais  cette  prescription  était  loin  d'être  toujours 
observée  (5).  A  la  suite  d'abus  nombreux,  le  Bureau  fit  faire, 
en  1684,  des  robes  spéciales,  et  même  y  ajouta,  en  17 17,  des 
parements  bleus,  pour   que  les  portiers  pussent  les  reconnaître. 

Au  contraire  de  ce  qui  se  passait  dans  les  autres  salles  ouvertes 
à  tout  venant,  les  visites  étaient  interdites  à  la  salle  des  accouchées, 


(i)  En   1672,  le  maître  au  spirituel  déclara  qu'il  y  en  avait  eu  4  étoufTcs  en  8  mois. 

(2)  Méni.,  p.  238.  Parmi -les  épidémies,  on  peut  signaler  en  particulier  celle  de  1746 
décrite  par  Malouin,  d'après  Col  de  Villars  et  Fontaine,  médecins  de  l'H.-D.,  dans  les 
Mém.  de  l'Acad.  des  sciences  de  1746. 

(3)  «  Les  femmes  enceintes  ne  se  rendent  à  l'H.-D.  que  lorsqu'elles  sont  pressées  par 
la  douleur  ;  les  unes  redoutent  le  séjour  sans  le  connaître,  ou  travaillent  pour  gagner  leur 
subsistance  jusqu'au  dernier  moment,  d'autres  ignorent  le  terme  de  leur  état,  ou  veulent 
cacher  leur  honte  au  public  et  à  elles-mêmes.  » 

(4)  Cette  statistique  a  été  donnée  année  par  année  par  Henriette  Carrier,  dans  son  his- 
toire des  Origines  de  la  Maternité  de  Paris;  Paris,  1888,  in-8»,  p.  47-49-  Ces  chilTres  ne 
comprennent  pas  les  enfants  mort-nés  ;  ce  ne  sont  que  des  états  d'enfants  baptisés.  (Voy. 
aussi  Tenon,  Mém.,  p.  25o.) 

(5)  Délîb.  16  janv.  i658,  27  cet.  1673,  3  juill.  1684,  etc. 


i/hOTFL-DIKU    au    XVII«    V.T    au    XVIII''    SIECLF. 


pour  sauvegarder  le  secret  aux  femmes  de  toutes  conditions  qui  y 
étaient  admises,  et  dont  le  nom  était  porté  sur  un  registre  spécial 
enfermé  à  clef  (i). 

Au  moment  d'accoucher,  les  femmes  étaient  transportées  dans 
une  chambre  appelée  le  «  chaufîoy  »  ou  chauffoir,  sur  un  petit  lit 
bas  spécialement  destiné  à  cet  usage,  et  devant  le  feu  (2),  puis  elles 
retournaient  dans  la  salle,  à  pied  quelquefois.  En  i658,  seulement, 
on  ht  faire  une  chaire  à  bras  portée  par  les  servantes  de  Tofîice 
pour  les  ramener  dans  leur  lit,  et  on  ne  les  fit  lever  que  2  Jours 
après  l'accouchement  (3)  pour  faire  leurs  lits. 

Au  xvin*^  siècle,  les  femmes  qui  nourrissaient,  et  qui,  au  bout 
de  8  ou  10  jours,  tombaient  malade  ou  bien  leurs  enfants, 
passaient  à  la  crèche.  Les  fébricitantes  étaient  conduites  à  Saint- 
Landry,  quelquefois  à  Sainte-Martine  ou  à  Sainte-Marthe.  Celles 
qui  demandaient  des  soins  chirurgicaux  étaient  transportées  à  la 
salle  des  blessées,  ou  Saint-Nicolas,  au  i'^'"  étage,  au-dessous  de 
Sainte-Martine.  Elles  sortaient  habituellement  i5  jours  après 
leurs  couches.  Quand  elles  se  trouvaient  sans  asile,  elles  étaient 
dirigées  sur  la  Salpétrière  ;  mais,  en  1682,  l'Hôpital  général  refusa 
de   recevoir    celles    qui   n'avaient  pas  leur    domicile  à   Paris  (4). 

En  principe,  l'Hôtel-Dieu  ne  devait  pas  recevoir  les  femmes 
syphilitiques,  les  «  gastées  »  ;  toutefois,  elles  étaient  admises  en 
cas  d'extrême  urgence  ;  comme  la  sage-femme  ne  voulait  pas  les 
accoucher,  c'est  un  compagnon  chirurgien  qui  était  chargé  de  ce 
soin  (5).  L'Hôpital  général  refusait  également  de  les  recevoir  et 
les  renvoyait  au  Grand  Bureau  des  pauvres;  ce  n'est  qu'en  1785 
qu'elles  eurent  leur  hôpital  spécial  installé  dans  les  bâtiments 
désaffectés  du  couvent  des  Capucins,  au  faubourg  Saint-Jacques  (6). 

A  partir  de  i6i3,  il  y  eut  2  nourrices  pour  les  enfants,  dont 
plusieurs  auparavant  étaient  morts  «  par  faulte  de  nourriture  et 
allimeniz  «  (7).  On  en  ajouta  2  autres  en  1657  que  les  dames  de 
la  charité  offrirent  de  payer.  En  1703,  il  y  en  avait  8,  mais  ce 
nombre  était  encore  bien  insuffisant.  Quand  les  mères  mouraient 
il   fallait   s'occuper   de    placer  les    orphelins.    La    plupart    étaient 


(i)  Délib.  3  août  et  5  oct.  1674  et  lettre  du  22  mars  1786  à  M.  le  lieatenant  général  de 
police,  en  réponse  à  une  requête  de  l'ambassadeur  de  l'empereur  d'Allemagne  pour  qu'on 
laissât  entrer  à  l'office  des  accouchées  le  sieur  Boir,  accoucheur. 

(2)  Voy.  un  spécimen  dans  Tenon,  0.  c,  p.  346.  Mauriceau  a  fait  également  la  descrip- 
tion du  «  chaufToy  »  de  l'H.-D. 

(3)  Délib.  16  et  18  janv.  i658,  reg.  25,  fol.  10  et  11. 

(4)  Délib.  9  déc.  1682,  reg.  5o,  fol.  209. 

(5)  Délib.  i3  janvier  1659,  19  nov.  1664. 

(6)  D'  A.  Pignot,  l'Hôpital  du  Midi  et  ses  origines;  l'aris,   i885,  in-8°,  p.  93. 

(7)  Délib.  8  févr.   i6i3,  reg.  12,  fol.  649. 


II.  —   UN    GRAND    LIT  DE  l'HOTEL-DIEU    (RECONSTITUTION) 


12.  —    l'intérieur    d'une  salle  au  XVII»   SIECLE,   D  APRES  UNE  ESTAMPE  DE  LA 
BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 


I.KS    MALADES 


envoyés  aux  Enfants-Trouvés,  où  le  plus  grand  nombre  mourait, 
au  dire  de  Tenon,  d'une  maladie  connue  sous  le  nom  d'induration 
ou  de  «  gelée  »  (i). 

En  dehors  des  nourrices,  le  personnel  de  l'office  se  composait, 
au  début  du  xyiii*^  siècle,  d'une  portière,  d'une  remueuse  ou 
servante,  et  d'un  garçon  (2),  et,  en  1789,  de  2  portières,  i  remueuse, 
12  infirmières  aux  gages  de  36  livres,  2  domestiques  mâles  aux 
gages  de  36  livres  appelés  «  calfats  »  et  employés  aux  gros  ouvrages. 
A  la  tète  du  service  se  trouvait  une  religieuse  âgée,  la  dame  des 
accouchées,  qui  en  avait  seule  la  clef  et  assistait  à  la  réception 
avec  la  sage-femme  (3). 

Au  début  duxvn^siècle,  d'aprèsles  règlements  deseptembre  1614 
et  de  décembre  1620,  voici  comment  s'opérait  la  réception  des 
femmes  :  «  Auparavant  qu'elles  puissent  entrer  audict  office,  les 
femmes  grosses  viennent  au  Bureau  demander  au  greffier  d'iceluy 
une  requeste  pour  ce  faire,  lequel  en  a  de  toutes  imprimées,  et  leur 
en  baille  une  où  il  remplit  le  nom  et  le  surnom  de  la  pauvre  femme 
grosse,  le  jour  et  le  mois,  et  l'an,  qu'il  lui  baille,  et  oultre  mect 
qu'elle  sera  visitée  par  la  sage-femme.  Puis  il  lui  baille  pour  aller 
trouver  ladicte  sage-femme,  laquelle  escript  dessus,  à  costé  de 
ladicte  requeste,  le  temps  et  les  mois  que  ladicte  femme  a  encore  à 
accoucher  et  luy  rend. 

«  El  estant  de  retour  audict  Bureau,  sy  ladicte  sage-femme  y 
mect  moins  de  2  mois,  elle  est  à  l'instant  receue,  et  sy  elle  mect 
plus  que  2  mois,  on  mect  sur  sa  requeste,  patience  en  attendant 
le  temps. 

(f  El  le  temps  dezdictz  2  mois,  elle  est  receue  pour  entrer 
audict  Hostel-Dieu,  Ton  luy  mect  sa  requeste  sur  laquelle  l'on 
mect,  soit  receue  et  registrée,  signée  de  l'ung  des  sieursgouverneurs. 

«  Ce  faict,  ladicte  pauvre  femme  s'en  retourne  audict  Hostel- 
Dieu,  et  s'addresse  à  ladicte  antienne  (vieille)  religieuse  que  l'on 
nomme  la  dame  des  accouchées,  à  laquelle  elle  présente  sa 
requeste  et  luy  demande  le  coucher.  Laquelle  prend  ladicte 
requeste  et  l'enfile  à  ung  lacet  avec  les  aultres,  et  à  l'instant  luy 
désigne  et  montre  le  lict  où  elle  couchera,  et  à  l'heure  appelle  sa 
fille  de  religion  (novice),  et  luy  donne  charge  de  veoir  ses  langes 
et  couches...  » 


(i)  Mém.,  p.  280.  Sur  600  enfants  «  gelés»  qui  entrent  par  an  aux  Enfants-Trouvés,  i) 
en  vient  400  et  plus  de  l'H.-D.  Cette  maladie  commence  avec  le  froid  à  la  fin  d'octobre, 
et  disparait  au  retour  de  la  chaleur  au  commencement  de  juin. 

(2)  Arch.  A.  P.,  état  de  distribution  du  vin  du  16  févr.  1703. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  870.  (Règl.  de  161.1,  1620,  i658,  1662,  1693.) 

19 


2Q0  i/hOTEL-DIKU    AU    XVri°    KT    W    XVIIP    SiÈCLF. 

D'après  le  règlement  de  i658,  les  réceptions  ne  sont  plus  faites 
que  les  mardis  et  vendredis  de  chaque  semaine,  de  7  à  9  heures 
du  malin.  Les  femmes  doivent  se  présenter  à  l'entrée  de  la  salle 
des  accouchées  pour  être  visitées  par  la  sage-femme  dans  une 
petite  chambre  destinée  à  cet  effet  ;  elle  doit  faire  cette  visite  en 
personne,  sans  s'en  rapporter  aux  «  apprentisses  ». 

Au  xvin''  siècle,  le  registre  d'entrée  de  l'office  était  tenu  par  un 
chapelain,  qui  venait  tous  les  jours  célébrer  la  messe,  mettait 
au  bras  des  femmes  un  billet  contenant  seulement  leurs  nom,  pré- 
noms et  la  date  de  l'entrée,  puis  portait  les  renseignements  recueillis 
au  prêtre  du  banc,  chargé  de  tenir  le  registre  général  des  entrées. 

Un  médecin  passait  la  visite  chaque  matin,  à  8  heures  en  été, 
et  à  9  heures  en  hiver,  fixait  le  régime  et  prescrivait  les  remèdes. 
L'un  des  12  compagnons  chirurgiens,  logé  et  nourri  dans  la 
maison,  opérait  les  saignées  prescrites,  aidé  d'un  des  45  chirurgiens 
externes  ;  dans  les  cas  graves,  on  appelait  le  premier  chirurgien 
ou  le  compagnon  gagnant  maîtrise  (i),  quelquefois  même,  avant 
le  règlement  de  1661,  des  accoucheurs  de  ville,  réputés  pour  leur 
habileté.  La  plupart  des  grands  accoucheurs  du  xvii'^  siècle, 
Mauriceau  (2),  Saviard  (3),  Philippe  Peu  (4),  Paul  Portai  (5), 
Pierre  Dionis  (6),  G.  de  La  Motte  (7),  avaient  fait  leurs  études  à 
l'Hôtel-Dieu  (8). 

La  principale  responsabilité  du  service  incombait  à  la  maîtresse 
sage-femme  dont  la  charge  était  très  recherchée.  Au  xviii'^  siècle, 
elle  est  logée,  meublée,  nourrie,  chauffée,  éclairée,  blanchie,  et 
touche  400  livres  par  an  ;  elle  doit  manger  avec  les  apprentisses, 
sans  pouvoir  faire  cuire  de  viande  dans  l'office.  Elle  prend 
l'engagement  d'être  «  assidue  et  sédentaire  »  dans  l'Hôtel-Dieu, 
de  n'aller  coucher  en  ville  sous  aucun  prétexte,  de  ne  recevoir  aucun 
pourboire  ni  pour  les  accouchements,  ni  pour  les  baptêmes.  Elle 


(i)  Règl.  de  1661.  Délib.  12  déc.  1659,  18  févr.  et  19  nov.  1660,  21  janv.  i66r,28  mars  i663. 

(2)  iMauriceau  (Fr.)  (1637-1709),  auteur  d'un  Traité  des  maladies  des  femmes  grosses  el 
de  celles  qui  sont  accouchées  ;  Paris,  1668,  in-4»,  d'Observations  sur  la  grossesse;  Paris, 
1695,  1713,  in-4»,  et'-'- 

(3)  Saviard  (Bartliélemy)  (1656-1702),  auteur  d'un  Recueil  d'observations  chirurgicales  ; 
Paris,  1702,  in- 8»,  avait  acquis  sa  maîtrise  après  17  ans  de  travail  à  l'H.-D. 

14)  Peu  (Ph.),  mort  le  10  févr.  1707,  célèbre  par  ses  discussions  avec  Mauriceau,  auteur 
d'une  Pratique  des  accouchements  ;  Paris,  in-S»,  1694. 

'5)  Portai  (Paul),  mort  en  1703,  auteur  d'une  Pratique  des  accouchements  ;  Paris,  in-4<', 
1682. 

(6)  Dionis  (Pierre),  mort  le  1 1  déc.  17 18,  premier  chirurgien  de  mesdames  les  dauphines, 
auteur,  entre  autres,  d'un  Traité  des  accouchements  ;  1718,  in-8°. 

(7)  G.  de  La  Motte  (1665-1737),  auteur  d'un  Traité  complet  des  accouchements  ;  nouy. 
éd.,  Paris,  in-8'>,  1763. 

(8)  Cf.  D'  W'itkowski,  Accoucheurs  et  sages-femmes  célèbres;  Paris,  in-8»,  s.  d.,  p.  92  et 
suiv.,  et  H.  Carrier,  o.  c,  p.  92-134,  qui  reproduit  plusieurs  observations  de  Saviard. 


LES    MALADES  29 l 

doit  être  habillée  «  modestement  »,  traiter  les  femmes  en  couches 
«  avec  douceur  et  charité  »,  conduire  sagement  les  apprentisses,  et 
veiller  à  ce  qu'elles  remplissent  leurs  devoirs  de  religion  (i).  Elle 
ne  peut,  de  même  que  les  apprentisses,  recevoir  personne  dans  sa 
chambre,  pas  même  ses  parents.  Elle  doit  enfin  faire  baptiser  les 
nouveau-nés  le  jour  même  de  leur  naissance,  et  veiller  à  ce  qu'ils 
soient  tenus  sur  les  fonts  par  les  personnes  de  la  maison,  sans  avoir 
recours  à  ces  passants  bénévoles  (2)  appelés  du  perron  de  THôtel- 
Dieu,   qui  s'offraient  à  servir  de  parrains  et  marraines. 

La  réputation  de  certaines  maîtresses  sages-femmes  ne  laissait 
pas  que  d'être  excellente.  Voici  en  quels  termes  une  ancienne 
apprentisse,  M^'^  Baudoin,  parle  de  sa  «  maîtresse  »,  M™^  Le 
Vacher  (3),  dans  une  lettre  adressée  à  Vallant,  le  médecin 
de  mademoiselle  de  Guise  et  de  madame  de  Sablé  (4)  ;  «  Elle 
s'estoit  acquise  beaucoup  d'estime  par  son  mérite  et  par  sa 
pratique  ;  elle  avoit  demeuré  22  ans  dans  l'Hostel-Dieu  de  Paris  ; 
elle  scavoit  asseurement  tout  ce  que  l'on  peut  scavoir  dans  sa 
profession  par  la  pratique  et  par  la  théorie  :  c'estoit  à  mon 
sentiment  une  des  plus  habiles  femmes  du  monde  en  ces  matières. 
Elle  avoit  toutes  les  belles  qualités  qu'une  sage-femme  doit  avoir, 
le  jugement,  l'esprit,  la  mémoire,  la  résolution  et  fermeté  pour 
entreprendre  de  grandes  opérations  quand  elles  se  présentoient. 
Elle  parloit  fort  bien  de  sa  profession,  scavoit  bien  l'anatomie, 
particulièrement  du  bas  ventre  ;  je  luy  ay  veu  ouvrir  plusieurs 
fois  des  femmes  avec  bien  de  l'adresse  et  nous  faisoit  des  leçons 
parfaitement  belles  sur  tout  ce  que  nous  luy  demandions.  Elle  avoit 
encore  cette  belle  qualité  sur  toutes  les  autres,  c'est  que  pour 
rien  du  monde,  elle  n'auroit  engagé  sa  conscience  en  aucune 
lascheté.  Je  vous  demande  pardon,  Monsieur,  si  je  me  suis  fort 
estendue  dans  les  louanges  de  cette  personne,  mais  j'ay  creu  devoir 
cela  à  son  mérite.  En  vérité,  Monsieur,  toutes  celles  qui  sont 
de  cette  profession  devroient  souhaiter,  comme  je  fais,  de  l'imiter 
en  toutes  choses  ;  cela  seroit  extrêmement  nécessaire  et  le  public 
en  seroit  beaucoup  mieux  servi,  car  asseurement,  il  y  a  fort  peu 
de -sages-femmes  qui  sachent  bien  leur  profession  (5).  »  Malheu- 

(i)  Délib.  ()  juin  1764,  reg.  i33,  foL  2  23.  Réception  de  M™»  Delaplace,  veuve  de  J.  Delaplace, 
chirurgien  privilégié  à  Paris,  en  remplacement  de  M""  Violeau,  décédce  le  26  mai  1764. 

(2)  Délib.  3  sept.  1764,  reg.  i33,  fol.  35o. 

(3)  Elle  fat  maîtresse  sage-femme  de  i632  à  i65i,  époque  à  laquelle  elle  donna  sa  dé- 
mission. 

(4)  Cette  lettre  qui  se  trouve  dans  le  portefeuille  de  Vallant,  à  la  Bibl.  de  l'Arsenal,  a  été 
publiée  par  P.-E.  Le  Maguet,  en  app^endice  à  son  ouvrage,  le  Monde  médical  parisien  sous 
le  grand  Roi  ;  Paris,  189g,  in-8»,  p.  3oi. 

(5)  Sur  la  manière  dont  les  sages-femmes  de  l'H.-D.  traitaient  leurs  confrères  diplômées, 
de  St-Côme  ou  du  Cliàtelet,  voy.  un  curieux  pamphlet  à  la  Bibl.  nat.,  18606,  foi.  724. 


2q2  L'HOTI-.I.-DII-.r    AT    XVII"    ET    AU    XVIIF    SIECLE 

reuscmcnt,  toutes  les  maîtresses  sages-femmes  ne  méritent  point 
de  pareils  éloges.  M'"''  Moreau,  veuve  d'un  maître  chirurgien, 
qui  succéda  en  i65i  à  M"""  Le  Vacher,  fut  Tobjet,  ainsi  que  sa 
fille  qui  lui  servait  d'aide,  de  plaintes  continuelles  au  Bureau, 
surtout  à  partir  de  i65g.  On  l'accusait  en  particulier  de  ne  pas 
assez  surveiller  les  apprentisses  dont  l'ignorance  et  l'inexpérience 
étaient  la  cause  d'un  grand  nombre  de  mauvais  accouchements  ; 
deux  administrateurs  furent  chargés  de  faire  un  rapport  à  la 
suite  duquel  six  mois  lui  furent  accordés  «  pour  se  corriger  ». 
Il  faut  dire  que  M'"*^  Moreau  se  trouvait  sollicitée,  à  tout  instant, 
de  faire  échec  aux  règlements  par  les  dames  de  charité  qui 
s'immisçaient  dans  l'administration,  réclamaient  pour  leurs 
protégées,  et  se  trouvaient  fortes  de  l'appui  de  M^^^  la  première 
présidente  qui  fit  même  admettre,  en  i65g,  une  femme  dont  la 
grossesse  ne  fut  pas  reconnue.  Toutefois  les  administrateurs 
tinrent  bon  et  soutinrent  la  maîtresse  sage-femme  malgré  la 
commission  d'enquête  nommée  le  i6  janvier  1660,  à  l'instigation 
du  premier  président  «  pour  la  satisfaction  du  public  ».  Mais, 
fatiguée  de  ces  attaques,  M""'  Moreau  se  retira-  peu  après.  La 
même  campagne  recommença  contre  M"'«  de  France  qui  lui  avait 
succédé,  et  le  Bureau  dut  enfin  accepter,  en  1662,  Françoise  de 
Billy,  la  candidate  de  M™*  la  première  présidente. 

Les  maîtresses  sages-femmes  étaient  toutes  choisies  parmi  des 
veuves  (i),  et  aidées,  le  plus  souvent,  par  des  personnes  de  leur 
famille,  soit  par  leur  sœur,  comme  Marguerite  du  Tertre,  veuve  de 
Jean  Didiot  dit  de  La  Marche,  ancienne  apprentisse,  qui  exerça, 
pendant  16  ans,  à  l'Hôtel-Dieu,  aidée  de  sa  sœur,  dame  du  Trésor, 
soit  par  leur  fille,  comme  Louise  Coquelin,  veuve  de  Michel  Morlet, 
«  très  entendue  dans  sa  profession  »,  mais  que  le  Bureau  dut 
congédier  le  17  novembre  1691,  à  cause  de  sa  mauvaise  conduite 
et  de  celle  de  sa  fille. 

Tantôt  les  administrateurs,  malgré  l'avis  des  médecins,  recru- 
taient des  incapables  (2)  comme  la  dame  Descarreaux,  protégée  du 
prévôt  des  marchands  et  de   «  madame  son   épouse  »,   qui  reçut 

(1)  Nous  trouvons  une  exception  faite  en  faveur  d'une  femme  mariée,  Anne  Carenda, 
âgée  de  47  ans,  choisie  en  175  i,  et  qui  vivait  séparée  depuis  plus  de  20  ans  du  sieur  Violleau, 
son  mari.  Mais  on  eut  soin  de  spécifier  dans  lacté  de  nomination  que,  si  «  elle  venait  à  se 
réunir  avec  son  marj-,  elle  serait  obligée  de  se  retirer  de  l'H.-D.  ». 

(2)  «  J'ai  ce  matin  été  au  bureau  de  MM.  les  Gouverneurs  de  l'H.-D.,  où  j'avois  été 
nommé  par  M.  le  premier  président  et  autres  pour  y  examiner  des  sages-femmes,  et  en 
choisir  celle  que  l'on  trouvera  la  plus  capable  pour  la  faire  sage-femme  de  l'H.-D.,  tant 
pour  accoucher  les  femmes  grosses  que  pour  enseigner  celles  qui  veulent  apprendre  ce  mé- 
tier. M.  notre  doyen  et  moi  en  avons  examiné  deux  qui  ne  sont  que  médiocrement  capables  ; 
la  semaine  prochaine  nous  y  retournerons  pour  en  examiner  d'autres  qui  s'y  présenteront.  » 
(Gui  Patin,  lettre  14  sept.  1680;  éd.  Réveillé-Parisse,  1846,  3  vol.  in-8°,  t.  III,  p.  264.) 


Lr:S    MALADKS 


600  livres  au  lieu  de  3oo  livres  dont  se  contentaient  les  préce'dentes, 
mais  qu'il  fallut  renvoyer  en  1693  (i)  ;  tantôt  ils  avaient  la  chance 
de  trouver  des  sujets  d'e'lite,  comme  Marguerite  du  Tertre,  veuve 
de  La  Marche,  dont  V  Instruction  familière  et  très  facile  faite  par 
questiojis  et  réponses  touchant  toutes  les  choses  principales  qu'une 
sage-femme  doit  savoir  pour  l'exercice  de  son  art,  publiée  en 
1677,  était  écrite  avec  beaucoup  d'ordre  (2),  ou  comme  Claude - 
Hénault,  veuve  Langlois,  entrée  en  1697,  morte  à  l'Hôtel-Dieu  eu 
1714,  et  sa  tille,  la  demoiselle  Langlois  qui  lui  succède,  exerce 
pendant  23  ans,  jusqu'en  1737,  et  reçoit  alors  une  pension  de 
200  livres  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours,  ainsi  que  le  logement  et  la 
nourriture,  «  attendu  les  bons  services  qu'elle  a  rendus  aux 
pauvres,  auprès  desquels  elle  a  épuisé  ses  forces  et  sa  santé  ». 
Le  Bureau,  dans  une  autre  circonstance,  accorda  aux  enfants 
de  Marthe  Jouet,  veuve  du  chirurgien  J.  Delaplace,  maîtresse  sage- 
femme  pendant  11  ans,  et  morte  à  l'Hôtel-Dieu  en  1774,  une 
gratification  de  370  livres.  La  dernière  sage-femme  de  l'Hôtel-Dieu 
sous  l'ancien  régime  devait  être  M""*^  Dugès,  mère  de  M""*^  Lachapelle, 
qui  prit  possession  du  service  en  1775,  et  dont  la  Pratique  des 
accouchements,  parue  en    1820,  est  restée  célèbre  (3). 

Suivant  les  règlements,  et  notamment  celui  du  17  janvier  1693, 
les  apprentisses  devaient  être  présentées  par  la  maîtresse  sage- 
femme,  et  reçues  au  Bureau,  sur  le  vu  de  leur  contrat  de  ma- 
riage, d'un  certificat  de  bonnes  vie  et  mœurs,  signé  de  leur 
curé  ou  vicaire,  ou  de  deux  personnes  considérables  de  leur 
paroisse.  On  ne  devait  prendre  «  ni  femmes  grosses  ni  filles  ». 
La  pension  réclamée  aux  candidates  était  de  180  livres  dont  le 
versement  était  exigé  le  jour  de  leur  inscription  (4).  Elles  devaient 
entrer  par  ordre  de  réception,  «  sans  aucune  préférence  ».  Leur 
noiiibre  était  fixé  à  4  et  le  temps  d'apprentissage  à  3  mois,  après 
quoi  elles  étaient  pourvues  de  leur  certificat,  et  cédaient  la  place 
à  d'autres.  A  certaines  époques,  on  en  prit  5,  mais  il  fut  re- 
connu qu'elles  se  nuisaient  entre  elles,  lorsqu'il  y  avait  plus 
de  4  spectatrices  à  l'accouchement,  et  que  c'était  diminuer 
pour    chacune    le    nombre     des    opérations    absolument    néces- 


(i)  Délib.  4  avril  1693,  reg.  62,  fol.  44.  «  Mgv  le  premier  président  a  dit  avoir  été  assuré  par 
des  personnes  de  probité  que  la  maîtresse  sage-femme  de  l'H.-D.  manque  de  capacité  pour 
les  accouchements  difficiles,  et  juger  délestât  de  grossesse,  qu'il  en  est  arrivé  des  accidents. 
La  Compagnie  a  arresté  qu'elle  serait  changée.  » 

(2)  Siebold,  Hist.  de  Vobstétricie,  trad.  Hergott;  Paris,  1891,  2  vol.,  t.  II,  p.   180. 

(3)  Sur  ces  différentes  sages-femmes,  voy.  ï>e\iicon\,  Biographie  des  sages-femmes  célèbres  ; 
l'aris,  i833,  in-4'>,  notamment  p.  94-93,  p.   141,  etc. 

(.1)  Délib.  19  févr.  1737,  reg.  106,  fol.  64. 


294  f-  HOTEL-DIEU    AU    XVII«    ET    AU    XVIII«    SIECLE 

saires  pour  les  former.  Aussi  leur  nombre  fut-il  toujours  ramené 
à  4.  Malgré  les  règlements,  V  «  école  »  de  THôtel-Dieu  avait, 
nous  l'avons  vu,  une  telle  renommée,  non  seulement  en  France,  • 
mais  encore  à  l'étranger,  que  les  demandes  d'apprentisses  sages- 
femmes  surnuméraires  ne  cessaient  d'affluer  au  Bureau,  et  que 
les  candidates  essayaient  de  tous  les  moyens  pour  passer  avant 
leur  tour  d'inscription.  Les  étrangères  mêmes  se  faisaient  ap- 
puyer par  leurs  souverains  (i)  pour  assister  aux  opérations. 
Le  Bureau,  autant  que  possible,  résistait  à  ces  recommanda- 
tions ;  il  montrait  même  parfois  une  fermeté  inaccoutumée  ; 
ainsi,  le  3o  janvier  ijSS,  il  refuse  à  Payerne,  chirurgien  de  la 
famille  royale  d'Espagne,  qui  avait  été  introduit  dans  la  salle 
des  femmes,  en  vertu  d'une  lettre  de  cachet  du  21  mai  1732  (2), 
le  certificat  qu'il  avait  coutume  de  délivrer  aux  apprentisses 
sages-femmes,  «  ce  qui  seroit  fournir  à  tous  les  chirurgiens 
qui  s'efforcent  depuis  longtemps,  par  toutes  sortes  de  moyens, 
de  s'introduire  dans  cette  salle,  de  quoy  fortifier  leurs  tenta- 
tives et  les  mettre  en  état  de  faire  passer  ce  certificat  qui 
deviendroit  public  par  acquiescement  volontaire  de  la  part  du 
Bureau  et  pour  la  preuve  d'un  usage  favorable  à  leurs  préten- 
tions ». 

Pour  résister  à  ces  tentatives,  l'Hôtel-Dieu  met  en  avant  une 
raison  de  nationalisme.  Le  Bureau  déclare  que  les  «  grands 
avantages  »  que  l'on  trouve  à  «  l'école  »  de  l'Hôtel-Dieu  (le 
mot  y  est  en  toutes  lettres)  doivent  être  le  patrimoine  des 
sujets  du  roi.  Une  enquête  vient  de  prouver  qu'il  y  a  «  disette  » 
de  sages-femmes  dans  les  provinces  et  même  dans  les  villes 
considérables  (?).  Or  «  admettre  dans  l'Hostel-Dieu  des  étran- 
gères pour  y  être  apprentisses,  et  pour  aller  exercer  cette 
profession  dans  leur  pays,  les  admettre  sans  les  obliger  de  se 
faire  inscrire  pour  n'entrer  qu'à  leur  tour,  les  faire  passer  devant  les 
françoises  qui  sont  inscrites...,  ce  seroit  non  seulement  causer  à 
ces  dernières  un  préjudice  infiny  ;  ce  seroit  encore  priver  les  sujets 


(1)  Délib.  3o  juin  1733,  reg.  102,  foL  i85. 

(2)  Voy.  aussi  lettres  de  cacliet  concernant  l'admission  de  Buzan,  cliirurgien  du  roi  de 
Sardaigne,  et  Gruger,  chirurgien  du  roi  de  Danemark  (Bibl.  nat.,  Joiy  de  Fleur\',  i2i5, 
fol.  22-54)  ;  le  refus  opposé  à  Reynier,  ciiir.  piémontais.  (Joly  de  Fleury,  280,  doss.  2896.) 

(3)  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  12 15,  fol.  73-1 12.  Enquête  faite  dans  78  bailliages  du  ressort 
du  Parlement  de  Paris  sur  la  pénurie  des  sages-femmes  (1728-1729).  Il  y  en  a  2  à  Angers, 
I  seule  à  Boulogne-sur-Mer,  2  à  Epernay,  2  à  Laval,  à  Bourges,  on  ne  se  sert  que  de  chi- 
rurgiens, partout  on  se  plaint  de  leur  inipéritie  :  dans  aucun  liôpital  de  province  on  enseigne 
l'art  des  accouchements;  un  prêtre  du  diocèse  de  Léon,  ému  des  accidents  répétés  dus  à 
cette  situation,  écrit  au  cardinal  de  Fleury  pour  lui  proposer  l'établissement  de  sages-femmes 
dans  les  paroisses  de  la  campagne,  instruites  aux  frais  des  peuples  et  qui  seront  dans  l'obli- 
gation de  se  trouver  aux  couches  des  pauvres  et  des  riches. 


LES    MALADES  2QD 

du  Roy  de  leur  patrimoine,  pour  en  enrichir  l'étranger  ».  Ce  serait 
surtout  accroître  la  pénurie  des  sages-femmes  dans  le  royaume, 
si  déplorable  pour  les  populations,  et  au  sujet  de  laquelle  le  procu- 
reur général  recevait  tous  les  Jours  des  plaintes. 

Aussi  ce  dernier  propose  en  17? 5  (i)  de  ne  plus  recevoir 
indistinctement  à  l'Hôtel-Dieu  toutes  celles  qui  se  font  inscrire 
et  dont  la  plupart  sont  Parisiennes,  mais  de  réserver  un  certain 
nombre  de  places  pour  celles  des  provinces,  «  en  préférant  les 
lieux  où  ce  secours  serait  plus  pressant  >>.  Le  Bureau  décide 
à  la  séance  du  26  mai,  en  présence  de  cette  situation,  de  ne 
plus  inscrire  à  l'avenir  sur  les  registres  aucune  de  celles  qui 
se  présenteront  pour  être  apprentisses,  et  de  prendre  seulement 
note  de  leurs  «  noms,  qualités,  origines  et  demeures  »  avec 
la  date  du  jour  où  elles  se  sont  présentées,  pour  transmettre 
le  tout   au  procureur  général. 

Nous  ne  reviendrons  pas  ici  sur  ce  que  nous  avons  dit 
plus  haut  de  la  renommée  de  cette  maternité  de  THôtel-Dieu 
qui,  malgré  toutes  ses  défectuosités,  son  manque  d'hygiène,  était 
la  seule  école  et  la  grande  pépinière  de  sages-femmes  du 
royaume,  et  attirait  par  sa  réputation  tous  les  spécialistes  fran- 
çais et  étrangers.  Il  en  fut  de  même  d'un  autre  de  ses  services 
que  rendit  célèbre  l'habileté  de  ses  opérateurs  :  l'office  des  taillés. 

l'office  des  taillés 

C'est  en  1644  que  fut  créé  l'office  des  taillés.  Il  compre- 
nait une  salle  où  l'on  recevait  les  malades  atteints  de  «  pierre  », 
et  une  salle  d'opérations,  où  se  trouvait  un  banc  sur  lequel  on 
attachait  ceux  qui   devaient  être  opérés. 

Pendant  longtemps  cette  opération  fut  pratiquée  par  des 
spécialistes  ;  ce  n'est  qu'à  la  fin  du  xxw  siècle  qu'elle  fut  con- 
fiée à  des  chirurgiens  ordinaires.  La  salle  des  taillés  avait  un 
règlement  spécial  ,  qui  s'y  trouvait  affiché  (2).  Personne  ne 
devait  y  entrer  au  moment  des  opérations,  sauf  les  médecins, 
les  opérateurs  et  «  ceux  que  la  compagnie  destine  pour  appren- 
dre l'opération  «  ;  pourront  aussi  être  présents  aux  opérations 
«  ceux  des  messieurs  [administrateurs]  qui  s'y  voudront  trouver 
jusques  au  nombre  de  deux  seulement  et  y  faire  entrer  ceux 
qu'ils  jugeront  à  propos,  pourvu  qu'ils  n'excèdent  pas   aussi    le 

(1)  Délib.  26  mai  1733,  reg.  104,  fol.  262. 

(2)  Bihl.  nat.  Règlement  spécial  pour  la  salle  des  taillés  de  l'H.-D.,  ms.  18606,  fol.  181 , 
reproduit  par  Salmon,  o.  c,  p.  195. 


296  l'hotfi.-dtku  au  xvii"  et  ai-  xviip  sikci.f. 

nombre  de  deux  ».  Le  médecin  de  roflice  devait  faire  un  rap- 
port sommaire  de  ce  qui  s'était  passé  à  chaque  opération,  le 
faire  signer  de  ses  confrères  présents  et  l'envoyer  cacheté  au 
greffier  pour  être  lu  à  la  prochaine  séance  du  Bureau.  Celui 
qui  avait  opéré  devait  panser  lui-même  les  malades  ;  mais  il  y 
avait  toujours  un  compagnon  chirurgien  préposé  à  Fofïice, 
«  pour  secourir  extraordinairement  les  malades  s'ils  en  ont 
besoin  ».  Le  médecin  de  l'office  établissait  un  roulement  entre 
les  trois  opérateurs,  et  chacun  opérait  à  son  tour,  mais  de  ma- 
nière à  ce  que  le  principal  opérateur  fit  à  lui  seul  autant  d'opé- 
rations que  les  deux  autres  ;  et  nulle  opération  ne  pouvait 
être    faite    qu'en    sa    présence,    à    moins    qu'il    ne    fût    malade. 

Comme  chez  les  accouchées,  il  y  avait  un  registre  spécial  des 
entrées,  sorties  et  décès  pour  cet  office  ;  on  y  admettait  des 
malades  payants,  et  ces  derniers  pouvaient  choisir  leur  opéra- 
teur: «  Les  enfans  des  personnes  qui  ont  des  biens  et  commo- 
diiez  pour  les  faire  panser  chez  eux  pourront  estre  receus  en 
ladite  salle  des  taillés,  en  indemnisant  l'Hôtel-Dieu  de  la 
dépense  qu'ils  y  feront  :  auquel  cas  le  choix  sera  aux  parens 
et  aux  malades  de  se  faire  tailler  par  tel  des  opérateurs  qu'ils 
voudront  »  ;  les  pauvres,  eux,  n'avaient  pas  le  choix  de  leur 
opérateur,  mais  seulement  leur  père  et  mère  a  quand  ils  viendront 
le  demander  au  Bureau  »  (i).  En  cas  de  mort,  un  chirurgien 
faisait  l'autopsie,  en  présence  de  celui  qui  avait  opéré,  des 
médecins  et  des  autres  opérateurs,  sur  permission  donnée  par 
écrit  de  deux  administrateurs.  Le  médecin  de  l'office  devait 
adresser  un  rapport  écrit  au  Bureau  sur  chacune  de  ces  «  ou- 
vertures »    de   corps  (2). 

Les  premiers  chirurgiens  de  l'Hôtel-Dieu  qui  acquirent  une 
certaine  notoriété  en  pratiquant  la  taille  furent  Jacques  Haran 
qui  avait  succédé  à  Millot  (3)  en  1642,  à  la  suite  d'un  con- 
cours institué  déjà  pour  son  prédécesseur,  et  que  Devaux  qua- 
lifie   de    Domiis    Dei    lithotomiis    dexterrimiis    (4),    et    Pierre- 


(i)  On  vérifiait  avec  soin  les  instruments.  L'art.  i3  du  règlement  porte  :«  On  fera  voir  aux 
médecins  ordinaires  de  la  maison  et  à  tels  autres  médecins  opérateurs  du  dehors  que  le 
Bureau  voudra  bien  appeler  avec  eux,  les  instrumens  dont  le  principal  opérateur  et  lesdits 
Castagnet  et  Portai  se  servent  pour  tailler  afin  de  voir  s'il  n'y  a  rien  à  redire.» 

(2)  On  pratiquait  alors  l'ouverture  du  cadavre  par  une  incision  longitudinale  et  une  inci- 
sion latérale  perpendiculaire  à  la  première  ;  on  enlevait  le  plastron  sternal  en  sectionnant  les 
cartilages  costaux  et  l'on  examinait  les  organes  sans  les  déplacer.  On  examinait  aussi  le 
cerveau  en  faisant  sauter  la  calotte  crânienne. 

(3)  Jean  Millot  remplaça  le  18  juin  i623  Jean  Bonnet  et  se  retira  en  1642;  il  mourut 
le  7  oct.  i63i. 

(4)  Jean  Devaux,  Index  funeretts...  cliirurgorum  parisiensium  (1315-1714);  Trévoux- 
Paris,  1714,  in-i2,  p.  52. 


LES    MALADES 


297 


Gaspard  Gouin,  nommé  sans  concours,  mais  après  examen, 
le  20  mars  1648,  en  remplacement  de  Haran  qui  négligeait 
son  service  (i).  Comme  son  prédécesseur,  il  était  logé,  nourri, 
et  touchait  200  livres  par  an.  Le  Bureau  lui  avait  fait  prêter 
serment  «  de  se  rendre  fort  soigneux  au  pansement  des  ma- 
lades, veiller  incessamment  sur  les  garçons  qui  sont  sous  lui, 
à  ce  que  chacun  fasse  son  devoir,  qu'il  visitera,  soignera  et 
pansera  les  pauvres  malades  à  tous  sujets,  occasions  et  sortes 
de  maladies  qui  se  présenteront,  fidèlement  et  diligemment, 
sans  se  divertir  en  aucune  affaire,  comptera  ou  fera  compter 
chaque  Jour  les  malades,  fera  trouver  ses  gens  prêts  à  l'arrivée 
des  médecins,  pour  écrire  sous  eux  les  saignées,  que  lesdites 
saignées  se  feront  avec  les  chandelles  allumées,  ayant  la 
palette  en  main,  qui  leur  seront  fournies;  les  onguents,  linges 
et  emplâtres  seront  ménagés  et  de  ne  les  laisser  manier  aux 
malades,  ni  les  Jeter  en  la  place;  ne  sera  fait  aucune  dissec- 
tion ni  coupure  de  membres  ou  ouvertures  de  corps,  sans 
conseil  des  médecins:  seront  les  malades  traités  le  plus  dou- 
cement que   faire   se    pourra    et   les    religieuses    respectées   (2).   » 

Mais  les  plus  connus  furent  les  lithotomistes  du  dehors 
appelés  à  l'Hôtel-Dieu,  en  particulier  les  Colot  qui  four- 
nirent une  longue  dynastie  d'opérateurs,  depuis  le  xvi«  jusqu'au 
xviii«  siècle  (3)  :  Philippe  Colot,  chirurgien  et  valet  de  chambre 
du  roi,  que  Gui  Patin,  dans  une  lettre  du  5  décembre  1659, 
appelle  «  grand,  excellent  lithotome  »  ;  Charles  Colot,  opérateur 
du  prince  de  Condé  (i638)  et  du  roi  (1644)  ;  Jacques  Colot,  chirur- 
gien du  prince  de  Condé  en  1644  ;  Louis  Colot,  «  opérateur  du  roi 
pour  la  pierre  »  en  1691  ;  François  Colot,  auteur  d'un  Traité 
de  l'opération  de  la  taille  (in- 12)  publié  après  sa  mort  en  1727 
par  Sénac,   et   dernier  du  nom. 

Il  y  avait  des  familles  chez  qui  l'art  «  de  tirer  les  pier- 
res de  la  vessie  »  se  transmettait  de  père  en  tils  comme  un 
héritage,  et  même  adressaient  des  requêtes  au  Parlement  pour 
se  faire  donner  le  monopole  de  la  lithotomie  ;  ainsi  Jehan 
Paradis  et  Nicolas  Serre,  maîtres  chirurgiens-barbiers    jurés  de 


(i)  Il  resta  en  fonctions  6  ans,  jusqu'au  3i  mars  1634,  et  mourut  le  2?  juillet  1664.  11 
est  ainsi  qualifié  dans  VIndex  funereus...:  «Nosocomii  Parisiensis  ciiirurgus  pra;cipuus  in 
omni  operationum  génère  versatissimus.  » 

(2)  Délib.  20  mars  1648,  reg.  20,  fol.  242.  Pour  cette  citation  un  peu  longue  nous  n'avons 
pas  respecté  l'orihographe  du  texte. 

(3)  Voy.  art.  de  Chéreau.dans  Dict.  des  se.  méd.,  1876,  t.  XIX,  et  Jos.-Fr.-L.  Deschamps, 
Traité  liist.  et  dogmatique  de  l'opération  de  ta  taille;  Parus,  chez  l'auteur,  à  l'hospice 
de  l'Unité  (Charité),  an  IV,  4  vol.  in-S»  t.  II;  ch.  m,  p.  35  et  suiv.  La  méthode  des  Colot 
dtait  celle  qu'on  appelait  aussi  méthode  de  Marianus  Sanctus. 


oqS  l'hOTEL-DIKU    au    XVIie    ET    AU    XYIII^    SIECLE 

Paris,  demandent  en  1600  que  «  toxis  les  pauvres  affligés  de 
cette  maladie  qui  se  présenteront  à  l'Hostel-Dieu  et  au  Bureau 
des  pauvres  pour  être  pansés,  soient  mis  es  mains  desdits 
suppliants  pour  être  purgés  et  préparés,  et  procéder  sur  eux  à 
l'extraction  de  la  pierre  ;  ce  qu'ils  offrent  faire  gratis  aux  pau- 
vres, et  aux  riches  et  moyens  avec  salaire  très  raisonnable  ; 
avec  detfenses  à  toutes  personnes  de  les  troubler  ni  inquiéter 
en  aucune  sorte  (i)  ».  Ainsi  Philippe  Colot,  Charles  Colot, 
Jacques  Girault  et  Antoine  Ruffin  se  proposent,  mais  sans  succès, 
en  octobre  1646,  de  fonder  au  faubourg  Saint-Antoine  une  maison, 
OLi  «  ils  faisoient  estât,  tout  le  long  de  l'année,  de  loger,  panser, 
medicamenter  et  nourrir  gratuitement,  charitablement,  et  à  leurs 
despens,  les  pauvres  malades  affligés  de  la  pierre  (2)  ». 

La  taille  subit  encore  des  perfectionnements  importants  par 
la  nouvelle  méthode  du  frère  Jacques  Baulieu  (3),  qui  avait 
pris  en  même  temps  que  le  nom  de  frère  Jacques  le  costume 
des  récollets  sans  le  capuchon  (4).  Il  avait  fait  à  Amsterdam  des  cures 
qui  l'avaient  rendu  célèbre  dans  toute  la  Hollande,  et  il  avait 
reçu  des  médailles  en  or  à  La  Haye  et  à  Bruxelles.  A  Paris, 
ses  opérations  à  la  Charité  avaient  encore  accru  sa  réputation  (5). 

L'influence  du  premier  président  de  Harlay  lui  ouvrit,  en  1697, 
les  portes  de  l'Hôtel-Dieu,  oli  il  fut  autorisé  à  pratiquer  devant  les 
médecins  et  les  chirurgiens  l'opération  de  la  taille  par  le  procédé 
de  la  méthode  latéralisée  (6),  bien  supérieure  à  celle  du  haut  et  du 
petit  appareil  couramment  employée.  «  Ce  dont  je  m'occupai  le 
plus,  écrit  Lister,  dans  son  Voyage  à  Paris  eii  i6g8  [j]^  c'est  la 
nouvelle  méthode  pratiquée  par  un  religieux  appelé  le  frère  Jacques. 


(i)  Reg.  de  la  Faculté  de  méd.,   t.  IX,  fol.  240  r°. 

(2)  Reg.  de  la  Faculté  de  méd.,  t.  XIII,  fol.  298  r«. 

(3)  Né  à  l'Étendonne  en  i65i,  mort  à  Besançon  en  1719.  (Cf.  Vacher,  maître  en  chi- 
rurgie. Histoire  de  frère  Jacques,  lithotomiste  de  Franche-Comté  ;  Besançon,  1766,  in-i2.1 

(4)  »  Ce  frère,  dit  le  chirurgien  Dionis,  étoit  un  espèce  de  moine,  qui  avoit  l'habit  de 
Recolet  avec  cette  différence  seulement  qu'il  étoit  chaussé,  et  qu'au  lieu  de  capuchon  il 
portoit  un  chapeau.  Il  se  faisoit  appeler  frère  Jacques,  et  il  paroissoit  simple  et  ingénu. 
Il  étoit  sobre,  ne  vivant  que  de  potage  et  de  pain.  Il  n'avoit  pas  d'argent  et  ne  demandoit 
que  quelques  sols  pour  faire  repasser  ses  instruments,  ou  pour  faire  raccommoder  ses  sou- 
liers. Il  s'étoit  fait  une  Religion  à  sa  mode,  avec  des  vœux  dont  il  laissoit  la  liberté  à  son 
Évêque  de  le  dispenser  quand  il  voudroit.  »  (Cours  d'opérations  de  chirurgie,  4°  éd.,  1740, 
in-S",  p.  23q.)  Voy.  aussi  ce  qu'en  dit  Saviard  dans  son  Recueil  d'observations  chirurgicales  ; 
Paris,  in-8»,  1702. 

(5)  A.  hAhow\h(inc,r  Hôpital  delà  Charité  de  Paris  { 1  606-1 S -S);  Paris,  1878,  in-8»,  p.  9. 

(6)  Ce  fut  la  métliode  reprise  plus  tard  par  Cheselden  sur  des  données  vraiment 
scientifiques.  * 

(7)  Voyage  a  Paris,  in-8«,  p.  207.  Voy.  aussi  Deschamps,  o.  c,  t.  II,  p.  77,  et  les  Obser- 
vations sur  la  manière  de  tailler  du  frère  Jacques,  par  iMéry,  chirursien  de  l'H.-D.,  parues 
en  «700.  Ce  dernier  taillait  avec  succès;  il  en  fut  de  même  de  Boudou  et  de  Moreau  qui 
perfectionna  le  liihotome.  (Cf.  thèse  de  son  élève  Dubut,  le  3  cet.  1771,  Devariis  lithotomix 
methodis.)  Deschamps  était  également  élève  de  Moreau. 


LES    MALADES 


-99 


Le  20  avril,  il  tailla  à  THôtel-Dieu  lo  malades  en  moins  d'une 
heure  de  temps;  et  le  troisième  jour  après  Topération,  tous,  à 
l'exception  d'un  seul,  avoient  bon  courage  et  ne  souffroient  plus. 
Il  taille  également  au  grand  ou  au  petit  appareil  ;  dans  les  deux, 
il  enfonce  hardiment  une  large  lancette  ou  un  stylet  dans  le  milieu 
du  muscle  de  la  cuisse,  près  de  l'anus,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  rencon- 
tré le  cathéter  ou  la  pierre  entre  ses  doigts  ;  puis  il  élargit 
l'incision  de  la  vessie  en  proportion  de  la  pierre  au  moyen  d'un 
cerceau  d'argent  ovale  ;  si  cela  ne  va  pas,  il  y  fourre  ses  quatre 
doigts  et  déchire  l'ouverture  ;  et  enfin,  avec  le  bec-de-cane,  il 
retire  la  pierre.  Je  l'ai  vu  opérer  une  seconde  fois  à  l'Hôtel-Dieu  ; 
en  trois  quarts  d'heure,  il  tailla  9  personnes  avec  beaucoup  de 
dextérité.  Il  me  parut  disposé  à  tout  risquer.  Je  fus  malade  de  la 
cruauté  de  cette  opération,  aussi  bien  qu'un  autre  Anglois  plus 
solide  que  moi.  Je  ne  laissai  pas  d'aller  trouver  tous  ces  malades 
à  leur  lit,  et  je  les  trouvai  moins  souffrans  qu'étonnés.  »  Toutefois 
le  succès  de  Baulieu  à  Paris  fut  de  courte  durée.  Dès  le  2  août 
de  la  même  année  1698  (i).  Lister  écrivait:  «  La  réputation  de 
frère  Jacques  s'en  va  grand  train  :  de  ses  45  malades  de  l'Hôtel- 
Dieu,  il  n'y  en  a  plus  que  16  qui  soient  en  vie;  et  à  la  Charité, 
sur  19,  il  n'en  reste  que  11.  Il  a  opéré  dans  les  hôpitaux  de 
Lyon,  et,  dit-on,  avec  moins  de  succès  encore  qu'à  Paris. 
Je  sais  aussi  qu'il  ne  manque  pas  d'ennemis,  ce  qui  me  fait  souvent 
douter  de  ce  quej'en  entends  dire.  M.  Fagon  a  dit  à  M.deTournefort, 
quand  il  alla  lui  présenter  son  livre,  qu'il  avoit  taillé  7  personnes 
à  'Versailles,  dont  6  étoient  vivantes  et  se  portoient  aussi  bien  que 
si  elles  n'avoient  subi  aucune  opération.  «  Il  eut  encore  de 
nombreuses  guérisons  à  Angers  ;  mais  échoua  en  1702,  à  Paris, 
sur  le  maréchal  de  Lorges(2).  Parla  suite,  les  chirurgiens  ordinaires 
de  la  maison  fiirent  seuls  chargés  de  ces  délicates  opérations  qui 
avaient  lieu  à  dates  fixes,  au  printemps  et  à  l'automne,  et  qu'ils 
n'étaient  autorisés  à  entreprendre  qu'après  s'être  exercés  sur  des 
«  corps  morts  ». 

A  la  fin  du  xvni=  siècle  apparurent  à  l'Hôtel-Dieu  des  oculistes 
célèbres,  les  Grandjean,  père  et  fils,  qui,  vers  1783,  pratiquaient 
l'opération  de  la  cataracte  par  le  procédé  de  Daviel  (3).  L'Hôtel- 
Dieu  accueillait  libéralement,  on  le  voit,  tous  les  spécialistes,  et 
faisait   même  tous  ses   efforts  pour   se  les  attacher. 

(i)  Voyage...,  p.  209. 

(2)  Après  avoir  parcouru  presque  toute  l'Europe,  J.  de  Baulieu  se  retira  à  Besançon. 

(3).  V.  Fleury,  Dissertation  sur  la  cataracte;  Paris,  i8o3,  et  A.  Tesson,  Études  sur 
l'hist.  de  la  chir.  oculaire  ;  Paris,  1899.  Une  chaire  de  maladie  des  yeux  fut  créée  en  1705 
par  La  Martinière  au  Collège  de  chirurgie. 


300  l/HOTKL-nir.K    AT    XVIie    KT    AU    XYIII^    SlÈCI.E 


LES   CONTAGIEUX   ET    LES    «   SCORBUTAIRES   » 

Mais  les  malades  qui  contribuèrent  le  plus  à  Tencombrement 
de  l'Hôtel-Dieu,  aux  xvn®  et  xviii«  siècles,  furent  les  «  scorbutaires  » 
et  les  victimes  de  la  «  contagion  »  ou  de  la  «  peste  »;  c'est  sous  ces 
noms  vagues  que  Ton  désignait  sous  l'ancien  régime  les  malades 
atteints  d'affections  souvent  différentes,  mais  qui  présentaient  les  \ 
mêmes  caractères  épidémiques.  ; 

Nous  ne  saurions  retracer  ici  l'histoire  de  ces  épidémies  qui  [ 
avaient  semé  la  crainte  et  l'effroi  au  moyen  âge  et  même  au 
xvi«  siècle,  et  qui  se  perpétuaient  en  plein  Paris  de  Louis  XIV  ou  ; 
de  la  Régence.  Sans  remonter  au  tableau  saisissant  que  Pierre  de  ' 
l'Estoile  dans  ses  Mémoires-Journaux  (i)  -  nous  a  fait  de  la  \ 
peste  de  i58o,  et  aux  mesures  prises  alors  par  le  corps  de  ville  12)  j 
ou  bien  à  la  contagion  de  1 596-1  597  (3),  qui  fut  plus  meurtrière  i 
encore,  il  faut  au  moins  signaler  les  épidémies  du  début  du  \ 
xvn^  siècle,  celles  de  1606-1607,  de  1612,  de  1618,  de  1619,  pendant  \ 
lesquelles  l'Hôtel-Dieu  dut  ouvrir  ses  annexes,  Saint-Louis  et  \ 
Saint-Marcel.  . 

La  méthode  alors  adoptée  pour  lutter  contre  la  contagion  était   | 
celle  .du   transport  forcé,   ou,   selon  l'expression  du  temps,  «   de   : 
l'enlèvement    par    force  ».    Toutes    les    personnes    frappées    de   ( 
contagion  et  logées   en   garni,  dit  un  règlement  de  161 9,  seront   ! 
promptement   enlevées  pour  être    conduites  soit  à  la  maison  de  j 
santé  de  Saint-Marcel,  soit  à  l'hôpital  Saint-Louis;  leurs  maisons   \ 
seront  fermées  avec  des   cadenas,   barres   de  fer  ou   ais  de  bois  ;   i 
défense  est  faite  aux  Parisiens  de  se  faire  soigner  chez  eux,  à  moins 
qu'ils  n'occupent  seuls  une  maison.   Les  chirurgiens  de  l'Hôtel- 
Dieu  seront  chargés  de  soigner  les  malades  transportés  à  Saint- 
Louis  et  à  la  maison  de  santé  [Saint-Marcel].  Si  ces  chirurgiens  ne 
suffisent  pas,  on  leur  adjoindra  des  compagnons  chirurgiens  qui 
pourront  gagner  la  maîtrise  après  sixansd'exercice.  Les  plus  anciens 
se  rendront  à  la  porte  des  deux  maisons  de  santé,  visiteront    et 
recevront  les  malades,   tandis   qu'un  autre  chirurgien  placé  à  la 
porte  du  parvis  Notre-Dame  [à  l'Hôtel-Dieu]  examinera  les  malades 


(r)  Ed.  Jouaust,  in-8»,  t.  I,  p.  356,  36i,  365. 

(2)  Reg.  des  délit,  de  la  Ville  de  Paris  ;  Paris,  Impr.  nat.,  1896,  t.  VIII,  p.  228,  et  Arch. 
nat.,  XlA  1668  et  1670. 

(3|  G.  Potel,  Discours  des  maladies  épidémiques  ou  contagieuses  advenues  a  Paris  j 
en  i6g6,  iSgy,  j6o6el  1607,  comme  aussi  de  161Q  ;  Paris,  i623.—  H.  Stein,  Mesures  1 
prises  à  Paris  pendant  répidémie  de  peste  en  iSgô,  dans  Bull,  de  la  Soc.  de  l'Hist.  de  1 
Paris,  1S84.—  D'  A.  Ciiéreau.Des  Mesures  sanitaires  que  Ion  prenait  à  Paris  au  xv»  et  1 
.\vi»   siècle   contre  les  épidémies,  dans  Ga^.  hcbd.  de  méd.  cl  de  c/iir.,   i88^,  n-  36  et  38.      ! 


LKS    ^[ALADI^S 


et  enverra  à  Saint-Louis  ceux  qui  seront  atteints  de  la  peste  (i). 
Les  mesures  énergiques  en  vigueur  au  xvii*^  siècle  trouvèrent,  en 
1722,  un  adversaire  en  la  personne  du  doyen  de  la  Faculté, 
Ph.  Hecquet,  lequel  estimait  qu\iu  lieu  de  semer  la  terreur  dans  la 
population,  comme  le  faisaient  ces  mesures,  il  fallait  raffermir  les 
esprits  et  soutenir  les  courages  (2). 

Saint-Louis  et  Saint-Marcel  furent  ouverts  successive- 
ment (3)  avec  un  personnel  spécial  de  médecins,  chirurgiens, 
religieuses,  serviteurs  envoyés  de  THôtel-Dieu,  de  mars  16 18  à 
janvier  1620,  en  1622,  en  1623,  en  1625,  en  1628-1629,  ^^'^  i63i, 
en  1 636- 1637.  Les  mesures  prises  étaient  toujours  les  mêmes,  et 
les  dévouements  ne  faisaient  pas  défaut.  En  août  161 9,  Francière, 
chirurgien,  était  mort  à  Saint-Louis;  en  1623,  Dajon,  chapelain 
chargé  de  donner  les  sacrements  aux  moribonds,  avait  reçu, 
par  ordonnance  du  Conseil  du  roi  du  17  novembre  (4),  200  livres 
tournois  de  gratification  pour  sa  conduite;  en  1625,  le  roi  avait 
récompensé  ses  officiers  du  Châtelet  en  leur  faisant  remise  de  la 
taxe  de  leurs  offices  s'élevant  à  6.700  livres  (5)  ;  en  1627,  une 
malade  percluse  de  la  salle  du  Légat,  Anne  Primeville,  qui  était 
allée  à  Saint-Louis  soigner  les  contagieux  avec  les  religieuses,  fut 
guérie  miraculeusement  devant  la  Vierge  de  Notre-Dame  ;  le 
Bureau  voulut  la  garder  comme  religieuse,  mais,  sur  le  désir  de  la 
reine,  elle  se  retira  l'année  suivante  (6).  Tous  les  serviteurs, 
pourtant,  n'étaient  pas  doués  du  même  zèle^  et  le  Bureau  recevait, 
en  1 627,  de  nombreuses  plaintes.  Il  interdisait  à  tout  son  personnel, 
par  mesure  de  prophylaxie,  l'accès  de  la  foire  de  Saint-Germain, 
et  l'entrée  de  l'hôtel  de  Bourgogne. 

En  1623,  la  Faculté  de  médecine  consultée  parles  magistrats 
municipaux  avait  déclaré  que  la  peste  n'était  pas  due  à  la  corrup- 
tion de  l'air,  ainsi  qu'on  se  l'imaginait  couramment,  mais  qu'elle 
avait  été  apportée  de  Rouen  et  de  Beauvais,  «  par  la  voie  du  com- 
merce »  ;  aussi  prit-on  dorénavant  des  mesures  spéciales,  lorsque 
la  contagion  était  signalée  dans  les  provinces,  pour  en  préserver 
Paris.  Le  Parlement,  d'accord  avec  le  Bureau  de  la  Ville,  fut 
chargé  de  nommer,  en  cas  d'épidémie,  les  deux  prévôts  de  la  santé. 


(1)  Delamare,  o.  c,  II,  5^0. 

(2)  Ph.  Hecquet,  Traité  de    la  peste...  où  l'on  fait  voir  le  danger  des  baraques  et  des 
infirmeries  forcées;  Vans,    1722,   in-8°. 

(3)  Délib.  i3  mars,  10  oct.  1618,  2  août,  7  août  1619,  17  janv.  1620.  (Pour  ces  délib.  et 
lessuiv.,  voy.  reg.  spécial  de  St-Louis.) 

(4)  Délib.  II  janv.  i623,  reg.  i3,  fol.  3oo. 

(5)  Arch.  nat.,  Y  i3,  fol.  317.  Brevet  du   28  janv.  1625. 

(6)  Délib.  17  mai  1627,  i3  déc.  162S. 


302  l'hOTKL-DIFU    au    XVIF    KT    au    XVIIie    SiÈCLF, 

Tun  pour  la  rive  droite  [Saint-Louis;;,  l'autre  pour  la  rive  gauche 
[Saint-Marcel],  et  les  archers  de  la  santé,  chargés  de  transporter  les 
malades  dans  les  hôpitaux,  pendant  la  nuit.  Pour  dépister  les 
malades  qui  souvent  cachaient  leur  état  civil  et  leur  adresse,  pour 
ne  pas  nuire  par  exemple  à  leur  commerce  ou  à  leur  industrie  (i), 
les  médecins  reçurent,  de  leur  côté.  Tordre  (2)  de  déclarer  aux 
commissaires  des  quartiers  '(  ceux  qu'ils  sçauront  ou  soupçonneront 
être  atteints  de  la  maladie  contagieuse,  ou  qu'ils  Jugeront  par 
quelques  symptômes  que  cet  accident  leur  peut  arriver  dans  la  suite 
de  leurs  maladies,  à  peine,  en  cas  de  négligence  ou  dissimulation, 
d'être  déchus  de  leur  profession  »  (3  .  C'était  le  système  de  la  décla- 
ration obligatoire. 

Il  était  défendu  aux  chirurgiens  et  barbiers  de  la  Ville  de  visi- 
ter les  malades  de  la  contagion  sous  peine  d'une  amende  de 
400  livres  et  de  la  fermeture  de  leur  boutique  pendant  6  mois  ; 
ce  soin  était  réservé  aux  «  chirurgiens  de  police  »,  aux  gages  de 
100  livres  par  mois,  désignés  spécialement  à  cet  effet,  dans  les 
conditions  requises  notamment  par  l'arrêt  du  Parlement  du 
26  mars  i63o.  En  i63i,  outre  le  chirurgien  de  police  de  la  rive 
gauche,  logé  près  de  la  porte  Saint-Marcel,  et  celui  de  la  rive 
droite,  logé  près  delà  porte  du  Temple,  trois  autres  furent  envoyés 
à  Saint-Louis,  où  ils  furent  logés  et  nourris. 

Le  prévôt  de  la  santé  (4)  prenait  des  mesures  rigoureuses  pour 
la  désinfection  des  appartements,  l'interdiction  de  la  vente  des 
meubles  et  «  hardes»,  les  enterrements.  En  1637,  le  Bureau  fait 
faire  une  «  chaire  »  pour  porter  les  malades  à  Saint-Louis  et  à 
Saint-Marcel,  par  pitié  pour  les  malheureux  qui  se  présentent  à 
l'Hôtel-Dieu,  qui  «  sont  tellement  atténués,  que,  n'y  pouvant  aller, 
ils  demeurent  et  meurent  par  les  chemins  en  plein  jour,  au  grand 
scandale  des  voisins  et  des  g€ns  qui  se  rendent  à  Notre-Dame  ». 
Pour  seconder  le  personnel  de  la  maison,  le  prévôt  de  la  santé 
met  à  la  disposition  de  l'établissement  deux  archers  qui  se  tenaient 
dans  une  petite  loge  aménagée  pour  eux,  près  du  perron  de  la 
porte  d'entrée. 


(i)  Delamare,  o.  c,    II,  540. 

(2)  Arrêt  du  3  oct.  i63i,  renouvelé  le  7  juill.  1668. 

(3)  Delamare,  o.  c,  II,  543.  Une  sentence  de  police  du  Chàtelet  du  21  nov.  i63i  condamna 
à  3oo  1.  d'amende  le  chirurgien  Parmentier,  «  pour  avoir  pansé  deux  particuliers  de  la 
maladie  contagieuse,  sans  en  avoir  donné  avis  au  commissaire  du  quartier  ». 

(4)  Ord.  de  police,  11  oct.  1627,  9  sept.  i63i.  Sur  les  méthodes  de  désinfection  alors  en 
usage,  cf.  Nie.  Habicot,  Problèmes  sur  la  nature,  préservation  cl  cure  de  la  jualadie 
pestilentielle,  1607,  in-8»,  200  p.,  P.  Guibert,  Œuvres  charitables;  Paris,  J.  Jost,  1664, 
en  particulier  Discours  sur  la  peste  et  du  moyen  de  s'en  préserver.  (Delamare,  o.  c, 
liv.  IV.) 


LES    MALADES  ?o':^ 

Il  y  eut  encore  des  alertes  au  printemps  et  à  Tauiomne  de 
1668,  et  Ton  craignit  pour  Paris  la  peste  qui  régnait  alors  à  Sois- 
sons,  à  Laon,  à  Amiens,  à  Rouen,  à  Dieppe,  mais  qui  fut  évite'e 
grâce  aux  mesures  prises  par  La  Reynie  d'accord  avec  le  Parle- 
ment. La  contagion,  peut-on  dire,  enveloppa  Paris  et  arriva  Jus- 
qu'à Villiers-le-Bel  ;  mais  un  véritable  cordon  sanitaire  en  pré- 
serva la  capitale  ;  les  produits  venant  des  villes  contaminées  furent 
soumis  à  une  quarantaine  très  sévère  (i)  ;  la  foire  Saint-Laurent 
fut  interdite.  L'Hôtel-Dieu  avait  tenu  prêt  Saint-Louis  et  Saint- 
Marcel,  mais  n'eut  pas  à  intervenir. 

Dans  la  seconde  moitié  du  ww  siècle  et  au  xvni-  siècle,  la 
«  contagion  »  disparut,  mais  de  nouvelles  épidémies  se  manifes- 
tèrent sous  la  forme  de  scorbut.  11  est  vrai  que  celles-ci,  au  lieu 
d'atteindre  toute  la  population,  furent  localisées  dans  les  établisse- 
ments hospitaliers,  les  prisons,  les  hospices,  au  milieu  des  agglo- 
mérations nombreuses  et  peu  soucieuses  de  l'hygiène,  surtout 
dans  les  maisons  de  l'Hôpital  général,  à  Bicétre,  à  la  Salpêirière, 
où  les  localités  étaient  particulièrement  favorables  à  son  éclosion. 

En  1670,  une  épidémie  très  sérieuse  éclate  à  la  Salpêtrière  (2). 
Des  conférences  ont  lieu  au  début  de  mars  entre  les  administrateurs 
délégués  de  l'Hôtel-Dieu  et  de  l'Hôpital  général  pour  aviser  aux 
mesures  urgentes.  Il  est  impossible  d'utiliser  Sainte-Anne,  en  raison 
de  l'état  des  chemins  qui  sont  «  rompus  «  et  empêche  tout  trans- 
port, puis  de  la  petitesse  des  lits.  Mais  on  ouvre  Saint-Louis,  où  une 
commission  spéciale  organise  le  service  ;  6  religieuses  sont  dési- 
gnées pour  s'y  rendre,  ainsi  qu'un  médecin,  qui  devait  changer  tous 
les  deux  mois  ;  l'établissement  est  prêt  pour  le  14  mars  ;  les  malades 
de  la  Salpêtrière  y  sont  transférés  sans  passer  par  Paris,  mais  par  le 
bac  qui  se  trouve  au-dessus  de  l'Hôpital  général,  et  par  le  chemin 
de  «  Pincourt  »  [Popincourt],  plus  court  et  plus  «  aisé  ».  Des  archers 
de  l'Hôpital  général  sont  désignés  pour  garder  les  abords  de 
Saint-Louis  et  empêcher  les  malades  de  s'évader,  mais  le  Bureau 
de  l'Hôtel-Dieu  leur  refuse  l'accès  de  la  maison  ;  la  visite  des 
malades  a  lieu  les  jeudis  et  dimanches,  et  les  visiteurs  sont  fouillés  ; 
cette  visite  entraîne  des  désordres  de  la  part  de  la  «  menue  popu- 
lace »,  et  l'hôpital  est  consigné  à  partir  d'avril,  sauf  aux  personnes 
«considérables».  Le    18  avril,   on  avait  compté   5i2   malades   et 


(i)  Arrêt  du  i8  avril  1668  interdisant  le  commerce  avec  I.aon,  du  18  mai  avec  Amiens, 
du  27  août  avec  Rouen,  du  3i  oct.  avec  Dieppe.  Déjà,  les  années  précédentes,  de  pareilles 
mesures  avaient  été  prises  envers  Dunkerque  (arr.  21  mai  1666),  Cologne  (arr.  9  juin  1666), 
et  les  villes  de  Hollande  (arr.  28  mai  1664).  (Delamare,  II,  557  et  sqq-) 

(2)  Lettres  de  Gui  Patin  des  i3  mars  et  3o  août  1670.  Son  fils,  Robert  Patin,  était 
médecin  de  l'Hôp.  gén. 


3o4  i^  HOTEL-Dir:u  at^  xvif  et  au  xvrne  siècle 

72  décès.  Le  4  juillet,  répidémie  était  terminée.  Il  y  avait  eu  en  tout 
800  cas  environ  et  1 14  décès. 

Une  nouvelle  épidémie  a  lieu  en  1675,  mais  on  n"ouvre  pas 
Saint-Louis  ;  THôtel-Dieu  reçoit  les  scorbutiques  à  l'Infirmerie  et 
et  à  la  salle  Saint-Côme  et  prend  en  supplément  quelques  chirur- 
giens externes  (i).  En  1677,  nouveaux  cas  ;  on  ouvre  à  Saint-Louis 
les  salles  qui  se  trouvent  près  du  cimetière,  les  autres  étant  réser- 
vées aux  convalescents  que  l'on  venait  d'y  envoyer  (2)  ;  cette  fois 
l'Hôtel-Dieu  refuse  de  recevoir  les  fous  et  les  folles  de  l'Hôpi- 
tal général  atteints  de  scorbut. 

L'épidémie  se  prolonge  ;  en  1681,  il  y  avait  600  scorbutiques 
à  Saint-Louis.  Elle  fléchit  jusqu'en  1684,  puis  augmente  d'inten- 
sité en  i685  ;  le  9  février  i685,  il  y  a  de  nouveau  600  cas  à  Saint- 
Louis,  et  le  Bureau  envoie  deux  chirurgiens  externes  supplémen- 
taires. La  maison  n'est  fermée  qu'en  novembre  1689  (3,. 

Elle  est  réouverte  le  21  février  1699.  Le  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu 
prétendait  qu'il  n'y  aurait  pas  tant  de  scorbutiques  à  IHôpital 
général  si,  aux  fenêtres  des  dortoirs,  il  y  avait  des  a  ventouses  ^>, 
comme  à  l'Hôtel-Dieu,  et  des  cheminées,  où  l'on  fît  de  temps  en 
temps  du  feu  clair,  «  pour  purger  l'air  »  (4).  On  considérait  en  effet 
le  grand  air  comme  le  meilleur  des  remèdes  pour  cette  affection, 
a  On  a  remarqué,  dit  Saviard  (5),  dans  son  Recueil  d'observatiotis 
chirurgicales,  publié  en  1702,  que  les  scorbutiques  de  l'hôpital 
Saint-Louis,  exposés  dans  les  cours,  sur  des  brancards,  aux  ravons 
du  soleil,  y  guérissent  plus  promptement  ».  Quant  à  Gui  Patin, 
qui  donne  son  avis  sur  tout,  il  lui  semble  «  que  ce  mal  est  morbus 
îotius  substantiœ,  maladie  de  pauvres  gens  et  mal  nourris,  une 
lèpre  septentrionale  et  marine,  qui  vient  d'une  corruption  particu- 
lière du  sang  et  des  parties  internes,  qui  bouleverse  l'économie 
naturelle.  Le  bon  pain,  un  peu  de  vin,  du  linge  blanc,  un  bon  air, 
et  au  commencement  de  cette  maladie  une  purgation  médiocrement 
forte,  y  feroient  grand  bien,  de  même  que  de  ne  boire  jamais  de 
mauvaises  eaux...  Qui  guériroit  la  pauvreté  du  peuple  guériroit  bien 
le  scorbut,  iô   » 

«Touscespauvresgens,ditdesoncôtélechirurgienPoupart,quia 

(1)  Délib.  i5  févr.   1675,  reg.  43,  fol.  32  v». 

(2)  Ils  se  rendaient  de  l'H.-D.  à  St-Louis  0  de  leur  pied  ou  dans  le  tombereau  »  ;  cepen- 
dant, en  1687,1e  Bureau  leur  fit  faire  une  carriole  «  exprez  et  commode  ».  (Délib.  16  avril  1687, 
reg.  53,  fol.  74.) 

(3)  Délib.  23  nov.  1689.  On  laisse  pour  la  garder  i  chapelain,  i  garçon,  2  jardiniers, 
i  portier,  i  charretier. 

(4)  Délib.  22  avril  1689,  reg.  58,  fol.  62  v». 

(5)  Cité  par  Tenon,  o.  c,  p.  2o5. 

(6)  Lettre  du   i3  mars  1670.  (Lettres,  édit.  Réveillé-Parisse,  in-8»,  III,  732.) 


l.\  —    LES    lîA  1  I.MENIS    DE    LHOIEL-DIEU     SUIt    LA    RIVE    DROITE     (\IX'=    SIECLE) 


Li:S    MAI.ADF.S  .-<OD 

observé  répidcmiede  1699(1), avoienides  mauxde  teste,  des  convul- 
sions, et  de  si  grandes  démangeaisons  aux  gencives  que  les  enfans 
en  emportoient  des  lambeaux  avec  ]es  ongles.  Le  sangquiensortoit 
étoit  aqueux,  saléeicor[r]osif,  et  la  puanteur  de  la  bouche  insu[p]- 
portable.  Ils  avoient  des  taches  dures  et  livides  aux  jambes  et  aux 
cuisses,  des  [hjémorragies  fréquentes  par  le  nez  et  par  le  fonde- 
ment, et  une  si  grande  foiblesseaux  genoux  qu'ils  ne  marchoient 
qu'en  chancelant...  Quand  on  remuoit  ces  malades  on  entendoit 
un  petit  cliquetis  d'os.  J'ai  remarqué  à  l'ouverture  de  tous  ces 
cadavres,  dans  lesquels  on  entendoit  ce  petit  bruit,  que  les  épiphi- 
ses  étoient  entièrement  séparés  des  os,  qui  en  froissant  les  uns 
contre  les  autres  causoient  ce  cliquetis...  La  plupart  des  cadavres 
qui  ont  été  ouverts  avoient  les  os  noirs,  cariés  et  vermoulus. 
11  s'est  trouvé  des  cadavres  Jusques  à  l'âge  de  quinze  ans  à  qui  en 
pressant  entre  deux  doigts  le  bout  des  côtes  qui  commençoient  à 
se  séparer  des  cartilages,  il  en  sortoit  quantité  de  pourriture  qui 
étoit  la  partie  spongieuse  de  l'os,  de  sorte  qu'après  la  compres- 
sion, il  ne  restoit  plus  de  la  côte  que  deux  petites  lames 
osseuses. ..(2)  » 

En  même  temps  que  des  observations  sur  les  cours  de  la 
maladie  étaient  relevées  soigneusement,  un  grand  nombre  d'autop- 
sies étaient  faites  par  Thibaut,  chirurgien  de  l'Hôtel-Dieu,  et  par 
Poupart  lui-même  (3i. 

Dupont  de  Nemours,  dans  une  brochure  parue  en  1 786,  considère 
le  scorbut  comme  une  maladie  d'hôpital  :  «  Aucune  maladie 
d'hôpital  n'est  pure,  dit- il  (4).  Le  mélange  des  miasmes  qui 
s'échappent  de  tous  les  malades  leur  nuit  à  tous,  et  deux  maladies 


(i)  Hist.de  l'Acad.  roy.  des  sciences,  année  i6gg  ;  Paris,  Bouclot,  1702,  in-4°,  p.  169-172  : 
Etranges  effets  du  scorbut  arrivés  à  Paris  en  1699,  par  M""  Poupart. 

(2)  Il  est  assez  piquant  de  signaler  l'analogie  de  ces  symptômes  du  mal  avec  les  descrip- 
tions relevées  par  Joinville  en  Egypte  sur  les  troupes  de  Louis  IX  en  1249  :«  Et  nous  vint 
la  maladie  de  l'ost  qui  estoit  tex  que  la  chars  de  nos  jambes  seclioit  et  lé  cuirs  devenoit  ta- 
velds  de  noir  et  de  terre  ;  et  à  nous  qui  aviens  tel  maladie  venoit  cliars  pourrie  es  gencives  et 
nulz  n'échapoit.  Le  signe  de  la  mort  estoit  tex  que  là  où  li  nez  seignoit  il  couvenoit  mou- 
rir »  (éd.  Soc.  H.  de  P.,  in-8°,  1868,  p.  io3),  ou  encore  :  «  Nous  vint  une  grant  persécution 
et  la  maladie  en  l'ost,  qui  estoit  telle,  que  la  chair  des  jambes  nous  dessécheoit  jusques  à 
l'os,  et  le  cuir  nous  devenoit  tavelé'  de  noir  et  de  terre,  à  ressemblance  d'une  vieille  iiouze 
qui  a  esté  longtemps  mucée  derrière  des  coffres,  et  oultres,  à  nous  autres  qui  avions  cette 
maladie,  nous  venoit  une  autre  persécution  de  maladie  en  la  bouche,  de  ce  que  nous  avions 
mangé  de  ces  poissons,  et  nous  pourrissoit  la  chair  d'entre  les  gencives,  dont  chacun  estoit 
orriblement  puant  de  la  bouche,  et  en  la  fin  guéres  n'en  escliappoient,  tous  mourussent, 
et  le  signe  de  mort  qu'on  y  congnoissoit  continuellement  estoit  quand  on  se  prenoit  à 
seigner  du  nezs,  et  tantoust  on  estoit  bien  asseuré  d'être  mort  de  brief.  » 

(3)  Poupart  (1661-1708)  avait  été  élève  de  Méry  à  l'H.D.  Il  est  surtout  connu  comme 
naturaliste,  par  son  histoire  à^Vi  formica  Ico  et  du  formica  pulex.  (Voy.  son  éloge  par  Fonte- 
nellc.) 

(4)  Idées  sur  les  secours  à  donner  aux  pauvres  malades  dans  une  grande  ville  ;  Phila- 
delphie, et  se  trouve  à  Paris,  chez  Moutard,  rue  des  Mathurins,  1786,  in-12. 

20 


3o6  I.'HOTr-L-niKU    au    XVII«    F.T    au    XVlIie    SIECLE 

affreuses,  la  fièvre  de  prison  et  le  scorbut  empoisonnent  toujours 
du  plus  au  moins  les  autres  infirmités  dont  on  va  chercher  dans 
les  hôpitaux  une  guérison  incertaine.  » 

Sous  l'ancien  régime,  on  rattachait  au  scorbut  toutes  les  maladies 
intercurrentes,  fièvres,  arthrites,  asthmes,  hydropisies.  Le  traite- 
ment suivi  était  celui  du  médecin  anglais  Lind(i)  :  tenir  les  couloirs 
libres,  c'est-à-dire  le  ventre,  les  voies  urinaires  et  les  conduits 
excrétoires  de  la  peau,  de  manière  à  procurer  une  douce  évaporation 
de  l'acrimonie  scorbutique  et  en  même  temps  adoucir  la  masse  des 
humeurs;  on  purgeait  sur  une  large  échelle  (2).  La  tisane  laxative 
habituelle  se  composait  d'une  infusion  de  2  ou  3  gros  de  séné,  de 
I  gros  de  cristal  minéral,  de  i  ou  2  onces  de  sirop  de  roses  pâles. 

En  1699,  on  y  ajouta  une  nourriture  réconfortante;  on 
accorda  aux  malades  3  poissons  de  vin  au  lieu  d'un  demi-setier, 
et  Ton  mit  dans  leur  vin  4  pintes  par  muid  de  bonne  eau-de-vie  (3). 

L'année  1709  fut  tragique  pour  l'Hôtel-Pieu.  Le  scorbut  fit  sa 
réapparition  comme  dans  toutes  les  années  de  malheurs  ;  au 
mois  de  septembre  il  y  avait  4.500  malades  ;  on  s'empressa 
d'ouvrir  Saint-Louis  pour  isoler  les  scorbutiques;  le  28  septembre 
il  y  en  avait  déjà  plus  de  600,  et  leur  nombre  augmentait  chaque  jour. 

La  situation  financière,  nous  l'avons  vu  (4),  était  lamentable  et 
le  Bureau  déclarait  que,  sans  un  prompt  secours,  la  chute  de 
l'Hôtel-Dieu  était  infaillible. 

Deux  médecins  expectants  furent  désignés  pour  faire  la  visite 
chaque  jour  à  l'hôpital  Saint-Louis  parmi  ceux  qui  furent  nommés 
et  choisis  suivant  le  règlement  du  12  janvier  1709,  qui  adjoignait 
des  médecins  expectants  aux  médecins  ordinaires,  avec  mission  de 
suivre  ceux-ci  dans  leurs  visites  des  salles,  pendant  un  temps 
convenable,  et  au  moins  un  mois  avant  de  faire  seuls  la  visite. 

Nouvelle  épidémie  au  printemps  de  1729  ;  le  12  avril  il  y  a  déjà 
plus  de  800  malades  à  l'Hôtel-Dieu,  dont  la  plupart  viennent  de 
l'Hôpital  général  ;  pour  décharger  la  salle  Saint-Landry  et  la  salle 
Sainte-Martine,  on  en  met  une  partie  dans  le  grenier  de  Saint- 
Antoine  (5);  on  fait  venir  des  bois  de  lit  de  Saint-Louis  ;  on  prend 
3  garçons  et  3  filles  en  surcroît  ;  on  comptait  sur  le  printemps  pour 
atténuer  la  contagion,  mais,  le  froid  persistant,  le  mal  s'accrut  ;  on 


(0   Son    Traité  du   scorbut  parut    à  Edimbourg  en  1753  et  fut  traduit  en  français  en 
1756  ;  il  y  réfute  les  idées  du  médecin  hollandais  Severin  Engalen  sur  les  fièvres  scorbutiques. 

(2)  Voy.  Dict.  de  méd.  et  de  chir.,  art.  Scorbut. 

(3)  Délib.  20.  juin  1699,  reg.  68,  fol.  48  v°. 

(4)  Voy.  chap.  11. 

(5)  C'est  un  grenier  qui  se  trouvait  au-dessus  de  la  salle  St-Landry.  (Délib.  3  avril  173 1, 
reg.  100,  fol.  125.) 


s     M  AI.. AI) 


3o7 


demande  à  THôpital  général  de  ne  plus  envoyer  de  malades. 
Saint-Louis  est  plein  de  blé,  les  lits  sont  cassés  et  démontés.  Grand 
embarras  du  Bureau  ;  le  27  avril  il  décide  de  faire  l'impossible 
pour  ouvrir  la  maison.  En  quelques  jours  le  blé  fut  déménagé  (i); 
à  mesure  que  les  salles  se  vident,  des  ouvriers  rassemblent  les  bois 
et  les  remontent  ;  heureusement  les  garnitures  des  lits  étaient 
restées  dans  la  maison,  de  même  que  le  linge  et  les  ustensiles  de 
cuisine  ;  on  fit  les  réparations  les  plus  urgentes  ;  on  déménagea  le 
bois,  le  vin,  les  remèdes,  les  approvisionnements  de  toutes  sortes, 
enfin,  le  5  mai,  l'hôpital  était  ouvert;  les  malades  de  l'Hôpital 
général  y  furent  envoyés,  sauf  les  prisonniers  scorbutiques  qui 
restèrent  à  l'Hôtel-Dieu. 

A  l'assemblée  générale  tenue  à  l'Archevêché  le  29  avril,  le 
prcniier  président  de  Harlay  promit  de  faire  supporter  une  partie 
des  dépenses  extraordinaires  par  l'Hôpital  général,  comme  en 
1699,  où  ce  dernier  avait  remboursé  ?.ooo  livres.  L'Hôtel-Dieu 
se  trouvait,  en  effet,  dans  une  situation  critique  par  suite  de  la 
réduction  de  ses  rentes  sur  la  Ville  du  denier  20  au  denier  40,  de 
la  conversion  involontaire  faite  en  1720  de  Soo.ooo  livres  d'es- 
pèces en  billets  de  banque,  de  la  cherté  excessive  des  vivres  depuis 
1720,  de  la  contribution  due  pour  la  reconstruction  presque  totale 
des  deux  églises  de  Gonesse  (2),  estimée  So.ooo  livres  ;  enfin,  «  du 
refroidissement  »  des  charités.  Il  fut  convenu  que  l'Hôpital  général 
retirerait  dans  le  délai  de  quinze  Jours  ses  blés  de  Sainte-Anne,  de 
manière  à  remettre  les  lieux  en  état,  ce  qui  eut  lieu  le  3i  mai  ;  que 
l'isolement  des  scorbutiques  se  pratiquerait  à  la  Pitié,  à  la  Salpê- 
trière  et  à  Bicêtre,  pour  prévenir  «  la  communication  du  mal  »  ;  que 
le  cardinal  de  Fleury  demanderait  le  payement  des  somines  dues  par 
le  roi,  ainsi  qu'une  augmentation  des  franchises  pour  les  provisions 
de  l'Hôtel-Dieu;  enfin,  le  prévôt  des  marchands  promit  d'augmen- 
ter, comme  en  1709,  au  moyen  des  réservoirs  delà  Ville,  la  conces- 
sion d'eau  de  Saint-Louis  devenue  insuffisante  pour  les  besoins  des 
salles,  de  la  cuisine,  de  l'apothicairerie  et  du  lavoir.  Des  remèdes 
contre  le  scorbut  furent  offerts  à  l'Hôtel-Dieu  ;  un  sieur  Boisard, 
après  avoir  été  entendu  par  les  2  médecins  de  Saint-Louis  et  par 
Boudou,  maitre  chirurgien,  fut  autorisé,  le  18  Juillet,  à  traiter 
ceux  des  malades  «  qui  n'auraient  plus  rien  à  espérer  des  remèdes 
ordinaires  ».  On  lui  accorda,  pour  son  expérience,  4  malades  à  la 
fois,  mis  dans  une  salle  à  part,  où  il  fut  lui-même  logé  et  nourri, 

[i)  Il  fut  transporte  dans  les  greniers  et  magasins  nouvellement  construits  dans  l'enclos 
St-Julien-le-Pauvre  et  dans  un  grenier  de  l'H.-D.,  appelé  «  le  grenier  de  Dieu  le  Père  ». 
(2)  Sur  l'importance  du  domaine  de  l'H.-D.  à  Gonesse,  voy.  Appendice  :  Domaine. 


3o8  I.HOTEL-DIEU    AU    XYII»    ET    AU    XVIII"    SIECLE 

au  mcine  litre  que  les  autres  chirurgiens,  avec  portions  pareilles  et 
5  demi-sctiers  de  vin  par  jour  (i).  Saint-Louis  fut  fermé  le  28  sep- 
tembre 1729  ;  il  ne  restait  plus  que  3  malades  qui  furent  transférés 
à  rHôtel-Dieu. 

En  1754,  à  la  suite  de  plusieurs  séditions  fomentées  par  les 
malades  de  force,  dans  la  salle  Saint-Landry,  le  Bureau  refuse  de 
recevoir  les  prisonniers  du  Châteletatteints  de  scorbut.  D'Argenson, 
ministre  et  secrétaire  d'État,  proteste  contre  cette  interdiction  (2). 
Le  président  Vigneron,  administrateur,  répond  que  l'intérêt 
public  demande  que  l'Hôtel-Dieu  soit  regardé  comme  un  asile  de 
paix  et  de  tranquillité  et  que,  s'il  en  était  autrement,  «  les  malades 
auraient  la  même  aversion  et  le  même  éloignement  pour  l'Hôtel- 
Dieu  que  ceux  qui  sont  conduits  à  Bicêtre  et  à  la  Salpêtrière,  ce 
qui  pourrait  avoir  des  suites  très  fâcheuses  pour  Paris  et  pour 
l'État  (3)».  D'Argenson  fait  appeler  Vigneron  au  Louvre  et  lui 
propose  de  ne  recevoir  à  l'Hôtel-Dieu  que  les  prisonniers  pour 
dettes,  mais  cette  distinction  ne  satisfait  pas  le  Bureau,  lequel 
remet  un  nouveau  mémoire  à  d'Argenson.  De  son  côté,  l'Hô- 
pital général  déclare  qu'il  est  tenu  de  recevoir  les  mendiants, 
valides  ou  invalides,  mais  non  les  malades  ;  l'article  27  de  l'édit  du 
27  avril  i656  porte,  en  effet,  que  «  lorsque  les  pauvres  seront 
malades  de  maladies  formées,  ils  seront  envoyés  à  l'Hôtel-Dieu 
pour  y  être  traités  »  ;  il  se  plaint  à  d'Argenson  de  la  conduite  de 
l'Hôtel-Dieu  qui  se  refuse  à  ouvrir  Saint-Louis.  Cette  ouverture 
coûtait  cher  en  effet,  et  le  Bureau  ne  s'y  résolvait  qu'en  cas  d'ab- 
solue nécessité. 

En  1760,  les  administrateurs  refusent  les  malades  de  Bicêtre, 
La  situation  était  lamentable  dans  cette  maison  (4).  Boyef,  doyen 
de  la  Faculté  (5),  et  Latier,  médecin  de  l'Hôpital  général,  consta- 
tèrent que  les  malades  étaient  couverts  d'ecchymoses,  de  pustules 
rougeâtres,  de  taches  noires  et  livides.  A  l'infirmerie  Saint- 
Antoine,  destinée  aux  gens  de  service  et  aux  «  bons  pauvres  »,  à 
Saint-Léger,  à  la  Grande-Force,  à  l'infirmerie  Saint-Roch,  les 
malades  entassés  dégageaient  des  vapeurs  putrides,  et  Latier,  qui 
devait  succomber  quelques  jours  après  victime  de  son  dévouement, 

(1)  Délib.  19  juin.  1729,  reg.  98,  fol.  280. 

(2)  Arcli.  A.  P.,  liasse  870,  lettre  du  i3  juin  173.1. 

(3)  Id.,  lettre  du  16  juin  1764. 

(4)  D'  Richard,  Hist.  de  Bicêtre  ;  Paris,  1889,  in-8°,  p.  b-]. 

(5)  J.-B.-N.  Boyer  était  doyen  depuis  1736;  il  avait  déjà  lutté  avec  succès  contre  diverses 
épidémies,  dans  la  généralité  de  Paris  en  1742  et  1745,  dans  le  Beauvaisis  en  1747  et  1730, 
il  Brest  en  1757.  Voy.  en  particulier  sa  Méthode  a  suivre  dans  le  traitement  des  différentes 
maladies  épidémiques  qui  régnent  le  plus  ordinairement  dans  la  généralité  de  Paris; 
Paris,  1761-1762,  in-i2.  (Cf.  Dezeimeris,  Dict.  delaméd.;  Paris,  1828,  4  vol.  in-12.) 


LFS    MALADES  SOQ 


écrivait,  le  lo  mars,  aux  commissaires  de  la  maison  pour  se  plaindre 
du  trop  grand  nombre  d'admissions  à  Bicêtre  :  «  A  Dieu  ne  plaise 
que  la  médecine,  établie  pour  le  soulagement  et  la  consolation  des 
malheureux,  prépare  des  argumens  contre  la  Charité;  mais  en  dé- 
sirant de  tout  son  cœur  que  Bicêtre  agrandi  fasse  pour  tous  les  indi- 
gons  un  asyle  commode  et  salutaire,  le  médecin  se  trouve  obligé 
de  faire  envisager  les  fruits  amers  qu'on  s'expose  à  recueillir  de 
l'hospitalité  exercée  en  faveur  d'un  plus  grand  nombre  que  l'espace 
ne  peut  en  recevoir  (i).  » 

Malgré  leur  refus  de  1760,  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu 
consentirent  en  1767  à  recevoir  les  scorbutiques  de  Bicêtre,  mais 
à  Sainte-Anne  seulement. 

La  dernière  épidémie  un  peu  grave  que  nous  ayons  à  signaler 
est  celle  de  1778.  Dès  le  g  avril,  on  aménage  à  Saint-Louis  les 
«  salles  basses  «,  avec  des  logements  pour  2  garçons  chirurgiens 
et  2  garçons  apothicaires.  Le  médecin  Moreau  prend  toutes  les 
mesures  nécessaires,  de  concert  avec  l'inspecteur  des  bâtiments. 
Le  22  avril,  il  y  avait  à  Saint-Louis  999  malades.  Au  mois  de  mai, 
i5  gardes-suisses  s'y  trouvaient  en  traitement,  atteints  du  mal  ;  on 
avait  aménagé  pour  eux  le  coin  de  salle  le  plus  sain,  oui  ils 
n'étaient  que  2  par  lit,  «  considérant  que  la  conservation  et  la  cure 
plus  prompte  des  soldats  devoit  l'emporter  sur  celles  des  malades 
venus  des  hôpitaux,  qui  sont  moins  utiles  et  précieux  à  l'État  »  (2). 
Les  remèdes  habituels  furent  donnés  dans  la  circonstance;  le 
chirurgien  Pelletan  (3)  proposa  un  nouveau  spécifique  qui  fut 
examiné  par  les  médecins  de  l'Hôtel-Dieu,  avant  d'être  expérimenté 
à  Saint-Louis.  La  mortalité  d'ailleurs  fut  moins  inquiétante  que 
pendant  les  précédentes  épidémies. 

Au  scorbut,  on  peut  rattacher  cette  gale  particulière  à  l'Hôtel- 
Dieu  que  Tenon  (4)  avait  observée  à  la  Salpêtrière  sur  les  malades 
revenant  de  l'hôpital.  «  C'est  une  gale  à  grosses  pustules;  elle  ne 
se  borne  pas  aux  entre-deux  des  doigts,  ni  aux  jarrets  ;  elle  s'étend 
communément  à  toute  l'habitude  du  corps;  elle  occasionne  de 
fréquents  abcès,  surtout  aux  aisselles  et  au  sein  ;  ils  se  mul- 
tiplient, ils  se  succèdent  dans  les  personnes  vigoureuses;  dans  les 
foibles,  l'humeur  plonge  souvent  sur  le  poumon;  jetée  sur  l'œil, 
par  l'effet  d'une  crise,  quelquefois  elle  le  fait  suppurer  et  le  crève 

(1)  Bibl.  nat.,  collect.  Joly  de  Fleury,  i235,  fol.  126. 

(2)  Délib.  i3  mai  1778,  reg.  148,  fol.  194. 

(3)  Ph.-J.  Pelletan  devait  succéder  à  Desault  à  l'II.-D.  et  être  noinm<5  professeur  de  cli- 
nique chirurgicale  à  la  Faculté  de  médecine,  à  la  création  de  cette  <icole.  11  mourut 
le  26  sept.  1829. 

(4)  Mcm...,  p.  201. 


3fO  L'HOTFI.-DIKf    AT'    ?CVI[e    KT    ATT    XVIII<-    SIECLE 

promptement  ;  attaque-t-elle  un  os  porreux,  comme  le  sternum,  il 
est  bientôt  carié  ;  rassemblée  sous  la  peau,  elle  lui  donne  une  cou- 
leur d'un  rouge  brun,  et  elle  attire  une  prompte  suppuration  et  la 
gangrène.  A  la  moindre  répercussion  qui  se  fait,  lorsque  les 
pauvres  se  frottent  de  mercure  pour  faire  disparoître  ces  pustules, 
tantôt  ils  tombent  en  convulsion,  en  paralysie,  tantôt  ils  perdent 
connoissance,  d'autrefois  ils  sont  oppressés,  surpris  de  coliques, 
de  rétention  d'urine,  etc.  » 

Cette  gale  qui  sévissait  avec  fureur  dans  l'hôpital  se  répandait 
dans  la  ville  par  les  soldats,  par  les  indigents,  par  les  vêtements 
rendus  à  la  sortie,  le  plus  souvent  contaminés.  Car  non  seulement 
le  malade  à  l'intérieur  de  l'Hôtel-Dieu  était  livré  à  toutes  les  con- 
tagions possibles,  mais  encore  aucune  mesure  n'était  prise  pour 
empêcher  au  dehors  la  dispersion  des  germes. 

LES    CONVALESCENTS 

L'encombrement  de  THôtel-Dieu  était  encore  dû  pour  une 
bonne  part  aux  convalescents.  Pour  se  débarrasser  de  «  ces  bouches 
inutiles  »,  le  Bureau  ordonnait  aux  médecins  et  chirurgiens  de 
fréquentes  visites  générales  afin  d'exiger  leur  sortie  (i),  mais  les 
sœurs,  qui  lesutilisaient  commeserviteurs  dans  lesdifférenis  offices, 
les  dissimulaient  au  besoin  au  moment  des  visites;  d'autres  fois,  au 
contraire,  elles  réclamaient  le  départ  de  ceux  qui  s'obstinaient  à 
rester.  Ainsi,  en  lôSy,  le  bailli  des  pauvres  (2),  sur  la  demande  du 
Bureau,  vint  à  l'Hôtel-Dieu  saisir  quelques  valides  pour  les 
transporter  à  l'Hôpital  général  à  titre  d'exemple.  Le  Bureau  dut 
même  faire  rendre  par  le  Parlement  l'arrêt  du  6  septembre  1659 
défendant  aux  convalescents,  «  de  s'ingérer  ni  s'immiscer,  ni 
s'entremetre  dans  aucun  employ,  ouvrage  et  service  à  l'Hôtel-Dieu, 
en  quelque  sorte  et  manière  que  ce  puisse  être  ».  Mais  les  bouches 
inutiles  demeuraient  ;  les  délibérations  subséquentes  en  font  foi  (3). 

La  création,  au  milieu  du  xvii*^  siècle,  d'un  quartier  pour  les 
femmes  convalescentes  ne  fut  quun  palliatif  bien  insuffisant. 

Il  était  dû  à  la  générosité  de  Gaspard  de  Fieubet,  trésorier  de 


(i)  Cf.  délib.  des  lo  mai  1628,  3i  déc.  i63i ,  18  nov.  i633,  26  mai  1640,  16  mai  1642, 
14  nov.  1642,  b  iévr.  1644,  24  févr.  16^4,  28  mars  1646,  4  janv.  1647,  i?  )"'"  '649, 
4  juin  i6i3, 17  juin  1654,  7  mai  i635,  12  mai  i655,  14  mai  i655,  19  mai  i635,i2  août  i655, 
6  mai  i656,  17  juill.  i656,  2  août  i656,  4  août  i656,  12  janv.  1657,  12  sept.  1657, 
16  nov.  1657,  i"  déc.  1657,  4  janv.  i638,  22  janv.  i6bg,  3i  janv.  lâSg,  5  fëvr.  i63g,  etc. 

(2)  Le  bailli   des  pauvres  et  ses  archers  dépendaient  de  l'administration  de  l'Hôp.  gén. 

(3)  Cf.  délib.  28  mai  1692,  14  déc.  1708  et  liasse  875. 


LES    MALADES  3l j 

l'Épargne,  qui  avait  donné  en  1645  (1)2  corps  de  logis,  Tun  rue  de 
la  Bûcherie  et  l'autre  sur  les  bords  de  la  Seine  ;  le  premier  était 
loué  600  livres,  le  second  contenait  12  lits  où  les  femmes  avaient 
le  droit  de  rester  trois  jours  et  trois  nuits. 

La  dotation  de  cette  fondation  ne  se  composait  primitive- 
ment que  des  600  livres  rapportées  par  la  location  de  Tun  des 
bâtiments;  elle  fut  augmentée  en  1648,  parla  femme  du  fondateur, 
d'une  rente  de  3. 000  livres  sur  les  tailles  (2).  En  1654,  le  fils  aîné  du 
fondateur,  M.  de  Fieubet,  décédé  maître  des  requêtes,  laissa  une 
pareille  somme  pour  les  convalescentes;  enfin  M^^^de  Fieubet,  à  sa 
mort,  en  1657,  laissa  12.000  livres,  mais  le  fils  aîné  fit  des  difficul- 
tés pour  les  acquitter,  prétendant  qu'on  avait  doublé  le  nombre  des 
lits  de  la  fondation.  Par  transaction  du  18  juin  lôSg  (3),  il  fut 
arrêté  que  le  nombre  des  lits  serait  définitivement  fixé  à  3o  et  que 
les  convalescentes  bénéficiaires  pourraient  y  passer  6  jours  au  lieu 
de  3,  ce  qui  permit  d'hospitaliser  i5o  personnes  par  mois. 

L'hôpital  des  convalescentes  n'aurait  pu  subsister  avec  les  seules 
libéralités  de  la  famille  Fieubet,  si  la  reine  Anne  d'Autriche  (4) 
n'était  venue  à  son  secours,  en  lui  accordant  une  concession  de 
10  minots  de  sel,  payé  au  prix  marchand,  autorisée  par  arrêt  du 
22  novembre  i65i,  eten  faisant  une  aumône  annuelle  de  3. 600  livres, 
toujours  continuée  depuis  sa  mort  par  «  la  majesté  régnante  «  (5). 
Les  dépenses  de  cette  annexe  se  trouvaient  confondues  avec  les 
dépenses  générales  de  l'Hôtel-Dieu. 

Le  choix  de  la  directrice  était  laissé  au  fondateur  et  à  l'aîné  de 
ses  descendants  (6).  La  première  fut  M^'^  de  Sercamanen  (7).  Elle 
avait  fort  à  faire  pour  écarter  les  soldats  et  les  femmes  de  mauvaise 
vie  qui  rôdaient  autour  de  la  maison,  cherchant  des  occasions 
pour  embaucher  les  convalescentes  (8). 

Il  fut  question,  en  i656,  de  donner  à  ce  quartier  des  convales- 
centes une  extension  importante.  C'était  en  effet  pour  l'agrandir  que 
le  cardinal  Mazarin  avait  octroyé,  outre  le  prieuré  de  Saint-Julien, 
une  somme  de  40.000  livres,  mais  l'Hôtel-Dieu  encaissa  l'argent. 


(i)  Contrat  de  donation  du  29  mars  1645.  Gaspard  de  Fieubet  est  souvent  cite-  dans  les 
Lettres  de  M™"  de  Sévigné.  (Collect.  des  Gr.  Écriv.,  t.  XII.  table,  p.  182.) 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  43. 

(3)  Cette  transaction  ne  se  termina,  après  un  différend  de  3  ans  1/2,  qu'après  un  grand 
nombre  de  conférences  qui  eurent  lieu  chez  le  président  de  Lamoignon. 

(4)  Elle  avait    alors  pour  chancelier  le  président   de  Longueil,  surintendant  des  finan- 
ces de  i63o  à  i653,  bèau-frère  de  Fieubet  le  fils. 

(?)  Arch.  A.  P.,  liasse  63,  contenant  les  quittances  ordonnancées  sur  le  Trésor  royal. 

(6)  L.  pat.  du  4  mars  1647. 

(7)  Elle  eut  pour  successeurs  M"«  Colombel,  puis  M"°  Ciialopin. 

(8)  Délib.  21  janv.  i656,  reg.  23,  fol.  i65  v»  notamment. 


3l2  l'hOTHL-DIRU    AT'    XVIie    KT    AU    XVIIF    SIECLF 

garda  le  prieuré  et  ne  fit  rien.  Colbert,  intendant  des  «  maisons  et 
affaires  »  du  cardinal,  pre'senta  des  observations,  mais  tout  n'était 
encore  qu'en  projet  quand  Mazarin  mourut  le  9  mars  1661.  Le  duc 
de  Mazarin  voulant  contribuer  à  l'œuvre  annoncée  donna  à  son  tour 
60.000  livres.  Douze  ans  après,  en  1674,  un  nouveau  bienfaiteur, 
Berthelot,  commissaire  général  des  poudres  et  salpêtres,  offrit 
100.000  livres,  dont  il  versa  60.000  comptant,  se  réservant 
de  parfaire  le  reste  lorsque  les  libéralités  du  cardinal  Mazarin 
auraient  été  employées.  Cette  fois  encore  l'Hôtel-Dieu  accepta, 
mais  ne  fit  rien.  Aussi  Berthelot,  au  bout  de  2  ans,  réclama  ses 
60.000  livres.  Le  Bureau  déclara  qu'il  allait  commencer  les 
constructions,  et,  par  contrat  du  11  septembre  1676,  donna 
décharge  à  Berthelot  des  40.000  livres  qui  lui  restaient  à  payer. 

En  attendant,  il  envoya  les  convalescents  à  Saint-Louis  ;  le 
Parlement  l'avait  autorisé  à  faire  cet  essai.  «  La  cour  a  permis,  dit 
le  texte  de  l'arrêt  du  24  novembre  1676  (i),  aux  maistres  gouver- 
neurs et  administrateurs  del'Hostel-Dieude  faireconduire  enThos- 
pital  de  Sainct-Louis  les  pauvres  convalescens  sortant  del'Hostei- 
Dieu,  qui  n'ont  aucune  retraite  et  moyens  pour  subsister,  et  les  y 
faire  nourrir  et  traiter  durant  le  temps  qu'ils  estimeront  nécessaire 
pour  le  soulagement  desdiis  pauvres  et  le  restablissement  de  leurs 
forces  ;  pour  aprez  avoir  connu,  par  cette  expérience,  l'utilité  que 
cet  establissement  pourra  porter  au  public  et  si  l'Hostel-Dieu  en 
pourra  soustenir  la  despense,  se  retirer  vers  le  Roy,  pour  en  obtenir 
la  confirmation,  etàla  charge  que,  silavilleestoit  affligée  de  mal  con- 
tagieux, lesdits  maistres  gouverneurs etadminisirateurs  seront  tenus 
de  faire  retirer  incessamment  lesdits  convalescens  dudit  hospital 
de  Sainct-Louis  et  le  laisser  libre  pour  l'usage  de  ceux  qui  seront 
attaquez  du  mal  contagieux  ».  L'arrêt  ajoute  dans  ses  considérants 
que  c'est  une  entreprise  «  toute  nouvelle  ».  Le  Parlement  oubliait 
que,  dès  le  3o  mars  i652  (2),  André  Gervaise,  chanoine  de  Notre- 
Dame  de  Reims,  avait  fondé  avec  Angélique  Faure,  veuve  du 
surintendant  de  finances  Claude  de  Bullion,  et  Camus,  ancien 
évêque  de  Belley,  un  hôpital  de  convalescents,  rue  du  Bac,  desservi 
par  les  frères  de  l'hôpital  la  Charité. 

Cet  essai  d'envoi  des  convalescents  à  Saint-Louis  ne  paraît  pas 
avoir  été  très  heureux;  la  plupart  y  retombèrent  malades  et  plu- 
sieurs moururent  ;  le  Bureau,  le  16  mars  1678,  considérant  que, 
sans  doute,   les  religieuses  les   avaient   envoyés  prématurément. 


(1)  Berty  et  Tisserand,  Tofogr.  Iiist.  du  V.  Paris,  région  du  fauboun^ Sainl-Gcrmai 
Paris,  1.882,  in-f«,  p.  423. 

(2)  Arch.  nat.,  L  776. 


LES    MALADES 


décida  qu'aucune  admission  ne  se  ferait  plus  que  sur  l'ordre  des 
médecins  «  qui  répondront  de  leurs  ordonnances  à  ce  sujet  ».  Une 
autre  délibération  du  i5  mars  1680  attribue  ces  morts  fréquentes 
à  ce  que  les  convalescents  se  sont  rendus  à  Saint-Louis  «  à  pied  »  ; 
de  plus  il  y  eut  des  scandales,  une  convalescente  fut  violée  par  un 
chirurgien  externe,  une  autre  manqua  de  l'être  par  un  convales- 
cent (i).  En  1680,  il  n'y  avait  plus  qu'une  salle  occupée  par  les 
convalescents. 

Le  Bureau  se  contenta  à  l'avenir  d'exécuter  les  fondations 
faites  en  faveur  des  convalescents,  en  particulier  celles  de  MM.  de 
La  Perrière,  Tribouillard  et  Amy,  avocat,  qui  consistaient  à  donner 
5  sous  pendant  16  Jours  à  chacun  des  convalescents  sortants  (2). 
Les  distributions  étaient  ainsi  organisées  (3)  au  xvine  siècle  :  les 
jours  de  sortie,  les  lundi,  mercredi  et  samedi  de  chaque  semaine, 
à  midi,  au  son  de  la  cloche,  les  convalescents  s'assemblaient  au 
cloître  vis-à-vis  de  la  chapelle  Sainte-Anne,  dans  l'ordre  de  l'état 
dressé  par  l'inspecteur  des  salles.  Cet  état  était  fait  d'après  les 
listes  fournies  par  les  mères  d'office  qui  avaient  signé  chacune 
leurs  feuilles  et  envoyé  au  préalable  les  sortants  à  la  mère  d'office 
des  chemises  et  à  la  mère  d'office  aux  habits,  pour  retirer  les  vête- 
ments qui  leur  appartenaient.  Une  fois  assemblés  sous  le  cloître, 
les  convalescents  se  mettaient  à  genoux  devant  la  chapelle  Sainte- 
Anne  et  récitaient  un  De  Profundis  ou  un  Pater  pour  le  fonda- 
teur ;  puis  l'inspecteur  faisait  l'appel,  et  le  sacristain  chargé  de  la 
distribution  des  5  sous  les  leur  remettait,  à  mesure  que  le  suisse  les 
faisait  défiler,  et  s'assurait  qu'ils  n'emportaient  rien  appartenant  à 
la  maison.  L'inspecteur,  la  distribution  finie,  remettait  son  état  et 
ses  listes  au  sacristain,  qui  se  faisait  rembourser  par  le  receveur  et 
touchait  pourcet  office  une  gratification  de  100  livres  par  an.  Etaient 
exceptés  de  ces  distributions  les  soldats  des  régiments  des  gardes- 
françaises  et  suisses,  les  convalescents  qui  s'étaient  «  mutinés  »  ou 
qui  avaient  manqué  de  respect,  dans  les  salles  ou  dans  le  cloître, 
ceux  qui,  pour  des  raisons  particulières,  sortaient  les  autres  jours 
que  les  jours  fixés,  enfin  ceux  qui  étaient  amenés  des  autres 
hôpitaux  ou  qui  devaient  y  retourner  ;  quant  à  ceux  qui  n'avaient 
point  de  domicile,  ils  demandaient  à  l'inspecteur  des  salles  un 
billet  signé  de  l'un  des  administrateurs  pour  être  admis  à  Bicêtre 
ou  à  la  Pitié.   Les  filles  et  femmes,    qui  avaient  la  faculté  d'être 

(i)  Délib.  12  juill.  167g.  Toutes  les  délibérations  concernant  les  convalescents  et  le 
prieuré  de  St-Julien-le-Pauvre,  depuis  le  23  nov.  i536  jusqu'au  3i  déc.  1702,  se  trouvent 
réunies  dans  un  registre  spécial   des  Arcli.  de  l'A.  P.,  n»  1.139,  du  classement  de  i823. 

(2)  Délib.  10  janv.  1698,  reg.  67,  fol.  3. 

13)  Délib.  29  déc.  1733,  reg.  102,  fol.  393. 


3  14  i/hOTET -DIFvU    AU    XVIie    KT    AU    XVMI"    SIECLE 

admises  pendant  trois  jours  à  la  maison  des  convalescentes,  étaient 
également  exclues  de  ces  distributions.  Cette  maison  cessa  d'ail- 
leurs de  fonctionner  à  la  fin  du  xviii^  siècle,  et  du  temps  de  Tenon 
une  inscription  seule  rappelait  son  ancienne  destination. 

A  la  sortie,  THôtel-Dieu  fournit  aussi,  sur  billet  du  chirur- 
gien (i),  des  jambes  de  bois  aux  amputés,  des  pieds  de  tôle  ou  de 
cuir,  des  bandages  (2),  des  pessaires  aux  femmes  atteintes  de 
descente  de  matrice  (3). 

Les  principaux  facteurs  de  l'encombrement  permanent  de 
THôtel-Dieu  viennent  ainsi  de  passer  sous  nos  yeux;  les  malades 
de  l'Hôpital  général,  les  scorbutiques,  les  convalescents,  restèrent, 
jusqu'à  la  fin  de  l'ancien  régime,  la  plaie  de  la  maison  qui  pouvait 
déjà  hospitaliser  avec  peine  le  contingent  normal  des  blessés,  des 
victimes  d'accidents,  des  malades  des  paroisses.  Les  adminis- 
trateurs accumulaient  règlements  sur  règlements,  mais  ils  restaient 
impuissants  devant  cet  afflux  toujours  renouvelé.  Empêché  de 
s'agrandir  sur  place,  s'opposant  par  tous  les  moyens  à  l'ouverture 
d'établissements  rivaux,  l'Hôtel-Dieu  se  trouvait  acculé  à  une 
situation  inextricable. 


LE     TRAITEMENT     DES     MALADES 

Le  problème  de  l'hospitalisation  fut  compliqué  pour  les  admi-  l 
nistrateurs  par  celui  de  la  nourriture  et  du  traitement.  Au  milieu 
d'une  agglomération  aussi  dense,  d'admissions  journalières  aussi 
nombreuses,  ce  n'était  pas  chose  facile  d'établir  un  régime  alimen-  ; 
taire  et  une  distribution  de  remèdes,  sans  erreurs  ni  sans  à-coups,  ., 
d'organiser  une  visite  et  une  contre-visite   régulière  des  malades,  ^ 
d'assurer  un   service  de   nuit  satisfaisant.   Malgré   ses  nombreux  ' 
règlements,   le   Bureau   ne  parvint  pas  toujours  à  coordonner  les  '• 
efforts  du  personnel  médical,  ni  à  supprimer  les  abus  qui  se  perpé- 
tuaient malgré  ses  ordres.           •  ^ 

l'outillage  hospitalier  : 

Il  reste  peu  à  dire  après  Tenon  sur  les  fameux  lits  de  THôtel- 
Dieu  ;  c'étaient  de  grands  lits  composés  de  châlits,  ciels,  barres  et     ; 

(i)  Délib.  2  août  1758,  reg.  127,  foL  212. 

(2)  Délib.  5  janv.  1754.  Ces  bandages  achetés  à  l'adjudication  reviennent  à  5o  s.  le  ban- 
dage simple  et  3  1.  le  bandage  double.  j 
l3)  Délib.  3  juin  1750,  reg.  119,  fol.  121.                                                                                         j 


LES    MAr.ADKS  3  I  5 


traverses  en  bois,  d'une  épaisse  et  lourde  paillasse,  d'un  fort  lit  de 
plume,  d\m  traversin  également  de  plume,  de  deux  draps, 
deux  couvertures,  de  rideaux  de  serge  rouge  Thiver  et  de  toile 
blanche  Tété.  Us  portaient  des  étiquettes  volantes  en  carton, 
relatant  les  besoins  des  malades,  etc.,  mais,  comme  chaque  lit 
renfermait  4  ou  6  malades,  on  ne  savait  pas  toujours  au  Juste 
auxquels  elles  se  rapportaient.  Au  pied  et  à  la  tète  se  trouvait 
une  petite  planchette  sur  laquelle  on  rangeait  les  pots  à  tisane.  Il 
est  inutile  d'insister  sur  les  critiques  méritées  faites  au  système 
d'hospitalisation  de  l'Hôtel-Dieu.  Le  lit  est  un  moyen  direct  et  un 
moyen  auxiliaire  de  guérison,  ainsi  que  l'a  fort  bien  établi  Tenon; 
comment  pouvaient-ils  concourir  à  ce  but  «  ces  lits  d'amertume  et 
de  douleur  »,  oi^i  le  sommeil  ne  pouvait  pénétrer  qu'autant  que  les 
malades  dont  ils  étaient  surchargés  se  concertaient  pour  passer 
alternativement  sur  un  banc  une  partie  de  la  nuit.  La  chaleur 
«  morbifique  »  qu'engendraient  ces  grands  lits  à  4  ou  6  personnes 
était  telle  que,  dans  la  salle  Saint-Paul  par  exemple,  on  n'avait  pas 
besoin  de  poêle  pendant  l'hiver. 

Ces  salles  étaient  en  général  chauffées  par  des  poêles  en  fonte  et 
à  tuyaux;  cependant  salle  Saint-Come  se  trouvait  un  poêle  à  feu 
découvert.  Il  y  avait  également  dans  les  salles  des  tables  et  des 
chariots  traînés  sur  4  roues,  pour  la  distribution  des  aliments. 

Le  prix  d'un  lit  complet,  au  milieu  du  xvn«  siècle,  s'élevait  à 
221  1.  5  s.  ;  du  moins  c'est  ce  que  nous  apprend  un  «  mémoire  » 
destiné  aux  personnes  charitables  qui  auraient  l'intention  d'en 
faire  le  don  à  l'Hôtel-Dieu  (i)  ;  voici  d'ailleurs  le  détail  ;  le  bois  de 
lit,  enfoncé  d'ais,  avec  le  dossier,  tablettes  au  chevet  et  au  pied, 
revient  à  45  livres,  les  tringles  de  fer  et  piton,  3  livres  ;  9  aunes  de 
coutil,  à  22  sous  l'aune,  pour  le  lit,  le  traversin  et  l'oreiller,  9  1.  1 8  s,  ; 
5o  livres  de  plume,  à  18  sous  la  livre,  pour  remplir  le  traversin  et 
les  oreillers,  45  livres  ;  7  aunes  de  toile  pour  la  paillasse,  à  i  i  sous 
l'aune,  3  1.  17  s.  ;  3  paires  de  drap,  à  18  sous  l'aune,  27  livres  ; 
une  aune  et  demie  de  toile  pour  les  taies  d'oreillers,  i  1.  10  s.  ; 
2  couvertures  à  3  fils,  blanches,  à  i  3  1.  i  o  s.,  27  livres  ;  i  5  aunes  de 
serge  de  Mouy  pour  les  rideaux  et  les  pentes  à  40  sous  l'aune, 
3o  livres;  les  anneaux,  i  livre;  une  pièce  de  ruban  de  laine  pour 
border  la  serge,  i  livre  ;  i  pièce  de  ruban  de  fil  pour  attacher  les 
anneaux,  5  sous;  3  aunes  de  bure  pour  une  robe  (housse)  à  45  sous 
l'aune,  6  1.  i5  s.;  un  matelas  (mais  ceci  n'est  pas  de  règle), 
20  livres. 

(1)  Avis  aux  personnes  d'iionncur,  de  piété  et  de  eliaritcS  toucliantla  direction  de  l'H.-D 
et  de  ses  nécessitez  présentes.  (Régi.  H.-D.,  IV,  66i,  s.  d.,  mais  du  milieu  du  xvii»  s.) 


3i6  i.'HOTFL-niF.r  au  xvii<=  kt  av  xviiie  sif.ci.k 


Beaucoup  de  testaments  stipulaient  que  les  sommes  étaient  lais- 
sées spécialement  pour  acheter  des  lits  aux  malades;  l'Hôtel-Dieu 
d'ailleurs  afin  d'attirer  les  dons,  inscrivait  au  pied  du  lit  le  nom  du 
bienfaiteur  (i). 

Comme  vêtements,  on  donnait  à  chaque  malade  une  chemise, 
un  bonnet  de  nuit  avec  sa  coiffe,  et,  quand  il  était  en  état  de  mar- 
cher, une  robe  de  chambre  et  des  sandales,  mais  ni  camisole,  ni 
culotte,  ni  bas  (2).  Quant  aux  ustensiles  en  usage,  voici  la  liste  de 
ceux  qui  devaient  se  trouver,  au  xyii»  siècle,  à  l'office  de  chaque 
salle  [3)  :  en  étain,  240  écuelles  et  200  saucières;  2  grands  garde- 
manger  et  I  moyen  ;  i  salière  ;  3  cuillères  couvertes,  pour  faire 
prendre  delà  nourriture  aux  a  griefs»  malades;  2  seringues,  i  cas- 
solette pour  chauffer  les  lavements,  6  canons  pour  les  donner,  de 
diverses  grosseurs;  i  grand  bassin,  i  aiguière  et  i  saucière  pour 
donner  l'extrême-onction  ;  —  en  cuivre,  2  grandes  jattes,  pour  le 
bouillon  de  volaille  ;  2  marmites,  3  chaudrons,  i  grande  chaudière, 
6  lampes  pour  la  salle,  2  poêlons,  2  cassolettes,  pour  mettre  des  sen- 
teurs et  odeurs  dans  la  salle,  i  poêle  «  à  seigner  du  pied  »,  6  bassins 
et  6  palettes  à  queue,  pour  «  seigner  du  bras  »,  2  bassins  pour  laver 
les  pieds  et  les  mains,  5  bénitiers,  i  pour  faire  l'eau  bénite  et  4 petits 
pour  les  agonisants,  1  chaudron  percé  pour  faire  cuire  les  œufs, 

2  tourtières,  i  pot  à  lessive,  5  douzaines  de  bassins  de  chambre  ; 

3  douzaines  d'urinaux  ;  2  grands  réchauds,  2  grandes  fontaines  pour 
l'eau  et  la  «  ptisane  »,  3  paires  de  chandeliers  pour  l'autel  de  la 
salle,  2  cloches,  l'une  pour  l'autel,  l'autre  pour  sonner  la  messe,  le 
dîner,  le  souper  des  malades  et  la  prière  ;  —  enjer,  i  bille  d'acier 
pour  ferrer  l'eau  des  malades,  4  douzaines  d'étuves  pour  leur 
réchauffer  les  pieds,  6  ratissoires  pour  ratisser  la  salle  ;  —  en  bois, 
2  tables,  I  pour  le  dîner  et  le  souper  des  malades,  i  pour  donner 
l'extrême-onction  ;  i  grand  banc  pour  asseoir  les  pauvres  qui 
viennent  pour  être  couchés,  2  grands  coffres  pour  enfermer  les 
draps  ;  i  grande  armoire  pour  serrer  la  vaisselle  ;  12  chaires  pour 
asseoir  les  confesseurs  des  malades;  12  grands  chandeliers  pour 
mettre  le  soir  dans  les  salles;  6  petits  paniers  à  donner  les  œufs, 
I  Jatte  pour  le  sel,  des  mannes  pour  mettre  les  fruits,  le  charbon,  le 


(i)  Voici  un  exemple.  Par  testament  du  4  mars  1647,  Marie  Berault,  veuve  de  Gilles 
Goupilleau,  secrtJtaire  de  la  Ciiambre  du  Roi,  donne  2.000  I.  «  pour  avoir  12  lits  pour  cou- 
cher plus  commodément  les  pauvres  malades,  et  pour  leur  donner  chemises  et  linge  pour 
leurservice,  et  que  les  lits  soient  neufs,  garnisde  paillasse,  matelas,  traversins,  couverture, 
et  que  la  serge  soit  couleur  de  feuille  morte  :  et  que  pour  celle  qui  les  donne  en  tout  soit 
mis  un  billet  au  pied  du  lit  comme  aux  autres,  afin  que  l'on  prie  Dieu  pour  elle  «.  (  Arch.  A.  P., 
liasse  223.) 

(2)  Tenon,   Mcm...,  173. 

(3)  Reg.  H.-D.,  IV,  663. 


LES    MALADES 


menu  linge  des  malades  qui  sont  changés  deux  fois  la  semaine, 
2  armoires  pour  serrer  le  pain  et  le  vin. 

Il  est  inutile  d'ajouter  que  les  religieuses  ont  pour  mission 
d'économiser  linge  et  matériel  :  «  Combien  encore  les  coustures 
d'une  infinité  de  linges  et  d'habits  à  quoy  vous  travaillez  sauvent 
elles  de  despense  à  la  maison?...  De  même  si  vous  ménagez  bien 
le  pain,  le  vin  et  les  viandes  que  l'on  donne  aux  malades,  prenant 
garde  qu'il  n'y  ait  rien  de  perdu  ny  de  diverty  par  leur  malice, 
comme  vous  le  devez  faire  soigneusement,  ne  doutez  point  que  vous 
ne  fassiez  encore  en  cela  de  grandes  aumônes  à  l'Hôtel-Dieu  »  (i). 

Mais,  quelleque  soitleur diligence, elles  ne  peuventempêcher  les 
vols  de  linge  et  d'ustensiles  commis  dans  la  maison.  Ils  sont  pour- 
tant sévèrement  punis.  Qu'il  nous  suffise  d'en  donner  quelques 
exemples  (2).  En  172?,  par  arrêt  du  Parlement  du  4  juin,  Desraisins, 
«  fille  vendant  du  fruit  sur  un  inventaire  »,  convaincue  d'avoir 
volé  des  draps  dans  une  des  salles  de  l'Hôtel-Dieu,  est  condamnée 
à  «  estre  battue  et  fustigée  nue  de  verges  par  l'exécuteur  delà  haute 
justice  au  devant  de  la  principale  porte  du  Châtelet,  et  notamment 
rue  Notre-Dame,  vis-à-vis  la  principale  porte  de  l'Hôtel-Dieu,  et 
audit  lieu  flétrie  d'un  fer  chaud  marqué  d'une  fleur  de  lys  sur 
l'épaule  dextre,  ayant  écriteaux  devant  et  derrière,  portant  ces 
mots  :  Voleuse  de  draps  dans  l'Hôtel-Dieu,  et  ce  fait,  bannie  pour 
cinq  ans  de  la  Ville,  prévôté  et  vicomte  de  la  Ville  de  Paris  (3)  ». 
En  17 19,  Talmart,  porteur  d'eau,  convaincu  d'avoir  volé  du  linge, 
est  condamné  à  être  battu  et  fustigé  nu  de  verges,  banni  pour  3  ans, 
et  à  3  livres  d'amende.  En  1757,  par  arrêt  du  28  septembre, 
Devergié,  garçon  d'office  (4),  condamné  pour  vol  de  chemises, 
«  à  être  pendu  et  étranglé  jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuive,  à  une 
potence  qui  pour  cet  effet  sera  plantée  en  la  place  de  Grève,  préala- 
blement appliqué  à  la  question  ordinaire  et  extraordinaire,  et  ses 
biens  acquis  et  confisqués  au  Roi  ».  En  1760,  Seguin,  emballeur. 


(i)  Avis  i7».v  rcli^rieuses,  p.  64. 

(2)  Arcli.  A.I'.,  liasse  863. 

|3)  Au  moyen  âge,  l'H.-D.  avaitdroitde  moyenne  et  bassejusticesur  ses  familierset domes- 
'. iques.  Un  arrêt  du  Parlement  en  i586  avait  ordonné  au  maître  des  iiautes  œuvres  d'exé- 
cuter sans  autre  salaire  qu'une  redevance  en  vivres  les  sentences  et  jugements  rendus  par 
le  bailli  du  Chapitre  de  N.-D.  contre  les  malfaiteurs  qui  avaient  commis  des  crimes  dans 
]H.-D. 

(4)  «Il  est  de  fait  que  l'H.-D.,  Bicêtre  et  la  Salpctrière  sont  le  refuge  d'une  foule  de  ban- 
dits qui  vont  y  faire  le  métier  de  domestiques  pour  se  dérober  aux  poursuites  de  la  police. 
Ce  métier  est  si  dégoûtant  dans  des  maisons  aussi  nombreuses,  qu'il  est  impossible  de 
mettre  aucune  sévérité  dans  le  choix  de  ceux  qui  doivent  le  remplir  et  qu'on  est  forcé  de 
tolérer  ou  d'ignorer  le  désordre  de  leur  conduite,  lequel  est  d'autant  plus  grand  que  les 
chefs  se  trouvent  trop  loin  des  abus  pour  pouvoir  les  surveiller  et  les  réprimer.  » 
(Cabanis,  Obs.  sur  les  hôpitaux  ;  Paris,  1790,  in-8°,  p.  i3.) 


i/hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIKCLF. 


est  condamné  également  à  être  pendu  en  place  de  Grève,  pour  vol 
de  linge.  En  1760,  le  soldat  Mariot  est  condamné  au  carcan,  à  la 
marque  (i)  et  aux  galères,  pendant  cinq  ans.  En  1769,  le  tailleur 
Denise,  qui  a  volé  trois  chemises,  est  condamné  au  carcan,  au  fouet 
et  à  la  marque  et  à  5  ans  de  détention  à  la  maison  de  force  de 
l'Hôpital  général.  En  1761,  le  voiturier  Duval  est  condamné  au 
carcan  «  pour  y  demeurer  depuis  midi  Jusqu'à  2  heures,  devant  la 
principale  porte  de  THoiel-Dieu  »,  au  fouet,  à  la  marque  et  aux 
galères,  pendant  3  ans,  pour  avoir  volé  du  linge.  En  1760,  la  veuve 
Sabot,  Jardinière,  condamnée  une  première  fois  pour  avoir  vendu 
les  morceaux  d'une  écuelle  d'étain,  volée  à  THôtel-Dieu,  est  con- 
damnée à  nouveau  pour  avoir  vendu  une  chemise  volée  à  THôtel- 
Dieu  et,  pour  infraction  de  ban,  à  9  ans  de  détention  à  THôpital 
général.  En  1756,  le  porteur  de  suif  Bellier,  pour  avoir  volé  du 
suif  avec  effraction,  est  condamné  a  être  pendu  et  étranglé  en  place 
de  Grève.  Les  condamnations  contre  les  malades  «  insolents  »  envers 
les  officiers  de  la  maison  n'étaient  pas  moins  sévères.  C'était  géné- 
ralement le  carcan  suivi  du  bannissement  pour  un  certain  temps  (2). 
L'arrêt  du  Parlement  du  i3  octobre  1740  confirmatif  de  la  sen- 
tence du  lieutenant  criminel  du  Chàtelet  de  Paris  (^3),  condamne 
le  nommé  Rochefort,  gagne-denier,  convaincu  d'excès,  violences 
et  voies  de  fait  envers  l'e  personnel  de  l'hôpital,  à  être  attaché  au 
carcan  sur  la  place  du  Parvis,  vis-à-vis  l'Hôtel-Dieu,  de  midi  à 
2  heures,  avec  des  écriteaux  devant  et  derrière  portant  cette  ins- 
cription :  violences  envers  les  officiers  de  l'Hôtel-Dieu,  et  banni 
pour  3  ans  de  la  Ville,  prévôté  et  vicomte  de  Paris;  cette  sentence 
fut  affichée  dans  les  salles,  et  même  dans  les  autres  hôpitaux, 
suivant  l'usage. 

LE    RÉGIME    ALIMENTAIRE 

Un  nouveau  régime  alimentaire  fut  inauguré  avec  le 
xvir-  siècle  '4).  Aux  malades  de  la  salle  Saint-Thomas,  on 
donne  une  livre  de  bœuf  par  Jour,  et  on  réserve  des  portions 
de  veau  et  de  mouton  pour  les  «  griefs  »  malades  ;  dans  les 
autres  salles  on  donne  pareille  quantité  de  viande,  moitié  bœuf, 
moitié  veau  et  mouton  ;  à   l'ordinaire,  la    viande    est    bouillie  ; 


(i)  II  s'agit  d'un  'V  appliqué  au  fer  chaud  sur  l'épaule  droite. 

(2)  Bibl.  nat.  Les  affiches  des  jurés-crieurs  contiennent  plusieursde  ces  sentences. 

(3)  E.  de  la  Poix  de  Fréminville,  Dict.  ou   Traité  de  la  Police  générale  ;  Paris,  177: 
in-i2,  p.  435. 

(4)  Délib.  II  mai  1601,  reg.  10,  fol.  320. 


LES  MALADES 


19 


le  jeudi  et  le  dimanche,  elle  est  rôtie.  Les  accouchées  ont  deux 
tiers  de  bœuf  et   un    tiers  de  mouton  ou   veau  [ij. 

Le  personnel  est  abondamment  nourri.  Le  maiire  et  le  pa- 
netier  o-nt  chaque  Jour  2  livres  de  mouton  ou  de  veau,  sous 
forme  de  rôti  les  dimanches,  mardis  et  jeudis  ;  les  chapelains, 
les  enfants  de  chœur  ont  du  bœuf  avec  leur  veau  ei  leur  mou- 
ton ;  les  emballeurs  n'ont  que  du  bœuf  toute  la  semaine  ;  le 
sommelier,  le  charretier,  les  boulangers,  le  boucher,  le  cuisinier, 
les  portiers,  les  serviteurs  voient  alterner  le  bœuf  bouilli  ou 
rôti  avec  le  mouton  et  le  veau  ;  la  prieure  a  droit  à  3  livres 
de  veau  ou  de  mouton  par  jour  ;  les  8  anciennes  religieuses  ont 
12  livres  de  veau  ou  de  mouton  par  jour  ;  les  3j  autres,  59  livres 
de  bœuf;  entin  les  «  veilleresses  »,   3  livres  de  bœuf. 

Le  vin  est  délivré  avec  la  même  abondance,  surtout  au  per- 
sonnel ;  tandis  que  les  malades  n'ont  droit  qu'à  un  1/2  setier 
de  vin  mêlé  d'un  tiers  d'eau,  le  maître,  les  chapelains,  la  prieure 
ont  une  pinte  par  jour,  les  religieuses  et  filles  blanches  une  chopine  ; 
le  panetier,  le  sommelier,  le  dépensier,  le  chirurgien  ont  pinte  et 
chopine,  le  médecin  une  pinte  pour  son  déjeuner  :  on  livre  chaque 
jour  pour  l'ensemble  du  personnel  j3  pintes  et  chopines,  et  le 
règlement  défend  au  sommelier  de  mettre  «  de  l'eaue  en  aulcun 
vin,  sinon  au  vin  des  mallades,  à  peyne  de  s'en  prendre  à  luy  (2)  » . 

Les  enfants  ont  jusqu'à  2  ans  du  lait  et  de  la  bouillie,  de 
3  à  4  ans  des  œufs  ;  au-dessus  de  4  ans,  «  de  la  chair  comme 
aux  autres  mallades  hormis  le  vin  (3)  »,  A  partir  de  1612,  en 
présence  de  l'effrayante  mortalité  infaatile,  le  Bureau  prit,  nous 
l'avons  vu,  deux  nourrices  adjointes  à  l'office  des  accouchées  (41, 

Les  religieuses  se  montraient  fort  habiles  pour  préparer  aux 
malades,  en  dehors  de  l'ordinaire,  des  poires,  des  pommes 
cuites  sucrées,  et  autres  douceurs,  dans  leurs  offices,  plus  ou 
moins  en   cachette  du  dépensier  et  des   médecins  {5]. 

Il  y  avait  toujours  à  la  cuisine,  en  cas  de  besoin,  du  bouillon, 
soit  'i  a  la  chair  »,  soit  aux  œufs  ou  beurre,  selon  les  jours  gras 
et  maigres,  et  en  réserve  pour  l'office  des  accouchées  «  de  l'huile 
d'olive,  du  safran,  clou  de  girofle  et  chaux  (6)  ». 

Il)  En  1643  on  leur  accorde  «  une  volaille  au  matin  et  une  au  soir  ».  (Délib.  iSdéc.  1643. 
reg.  18,  fol.  373.) 

(2)  Délib.  22  nov.   i6o3,  reg.  11,  fol.  190. 

(3)  Délib.  2  janv.  1602,  reg.  11,  fol.  i.  En  1634,  grâce  à  la  gc^nérosité  de  la  présidente 
Goussault  et  des  dames  de  charité,  on  leur  donne  du  lait  de  chèvre.  (Délib.  29  mai  1634. ) 

(4)  Délib.  8  févr.  i6i3,  reg.  12,  fol.  64g.  Trois  autres  furent  adjointes  en  1634. 

(5)  Délib.  10  janv.  1617,  reg.  i3. 

(6)  Il  s'agit  de  la  chaux  vive  dont  on  recouvrait  le  corps  des  enfants  mort-nés,  jetés 
dans  la  tour  du  limbe. 


320  l'hOTEI.-DIICU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIÈCLE 

On  donnait  aussi  comme  boisson  courante  une  tisane  faite 
de  chiendent,  réglisse  et  scorsenère. 

La  nourriture  était  peu  variée,  mais  de  bonne  qualité.  Les 
bouillons  et  les  œufs  frais  y  entraient  pour  une  grande  partie. 
Le  bouillon  se  faisait  avec  des  morceaux  de  tranche  de  bœuf, 
de  rouelle  de  veau,  et  de  volaille,  mais  la  préparation  la  plus 
renommée  était  la  gelée  faite  avec  une  rouelle  de  veau  maigre, 
un  chapon  ou  une  poule  à  qui  on  ôtait  les  os,  et  que  l'on 
faisait  bouillir  au  bain-marie  pendant  5  ou  6  heures  dans  un 
pot  vernissé,  luié  au  préalable  avec  du  blanc  d'œ^uf  et  de  la 
farine  pour  attacher  le  couvercle  au  pot  ;  on  obtenait  ainsi  un 
excellent  bouillon  qui  se  tournait  en  gelée  (i). 

La  nourriture  enfin  était  abondante;  le  médecin  Petit  se  plaint 
même  de  malades  «  qui  ont  si  peu  de  discrétion  qu'ils  man- 
gent de  la  viande  outre  la  raison,  et  du  pain  qui  leur  est  très 
pernicieux,  et  par  ce  moyen  se  font  venir  la  pourriture  quoique 
leurs  ulcères  soient  presque  guéris:  j'en  ai  même  vu,  ajoute-il, 
que  la  fièvre  les  reprit  et  ensuite  le  cour  du  ventre  et  en  mourir 
le  tout  par  l'usage  immodéré  du  boire  et  du  manger  (2)  )>.  «  Dans 
les  hôpitaux,  écrit  de  son  côté  Cabanis  (3),  on  distribue  le  bouillon 
de  4  en  4  heures,  et  à  tout  le  hionde  à  la  fois  ;  à  la  Charité  de 
même  qu'à  l'Hôtel-Dieu,  il  est  assez  concentré.  La  quantité  qu'on 
en  donne  à  chaque  malade  est  considérable  ;  elle  est  la  même  pour 
tous,  et,  généralement  parlant,  ils  sont  trop  nourris,  quand  le 
genre  ou  la  période  de  la  maladie  exige  ce  que  j'appelle  la  diète 
sévère.  » 

Ces  gaspillages  n'échappèrent  pas  aux  membres  du  Comité 
de  mendicité.  «Le  nombre  des  portions  entières,  dit  leur  rapport, 
préparées  dans  les  cuisines,  est  égal  au  nombre  d'individus  qui 
se  trouvent  réellement  dans  l'hôpital...  il  en  résulte  un  gaspillage 
intolérable  (4).  »  Ce  qui  manque,  ce  sont  «des  feuilles  de  jour», 
[feuilles  de  vivres],  portant  pour  chaque  malade  le  régime  et  la 
quantité  de  nourriture.  Malgré  ces  abus,  le  prix  de  journée  pour 
les  1.877  ^its  des  25  salles  ne  revenait  qu'à  29  ou  3o  sous  d'après 
les  calculs  du  Comité,  à  27  sous  d'après  ceux  de  Cabanis;  il 
était  moindre  dans  les  hôpitaux  des  paroisses,  18  sous  seulement  à 
l'hospice  de  Saint-Sulpice,  fondé  par  M^'"  Necker  ;  aussi  Cabanis, 
dans  ses   Observations  sur  les  hôpitaux,   écrites   en    1789,    mais 


(i)  Acad.  de  méd.,  ms  b-j,  ancien  loi  i,  fol.  41. 

(2)  Acad.  de  méd.,  ms  by,  ancien  1011. 

(3)  Observations  sur  les  hôpitaux  ;  Paris,  1790,  in-S",  p.  23 
{4)  Ed.  C.  Bloch  et  A.  Tuetey  ;  l^ari.i,  1911,  in-8°,  p.  C44. 


LES    MALADES 


parues  seulement  en  1790,  s'appuiera,  entre  autres  raisons,  sur  ces 
résultats  pour  combattre  rétablissement  projeté  des  quatre  grands 
hôpitaux  dont  nous  avons  rappelé  l'économie  et  préconiser  la 
création  de  petits  hôpitaux  de  i5o  lits. 


LES    MEDICAMENTS 


Les  médicaments  ne  coûtaient  pas  cher;  ils  étaient  presque 
tous  préparés  à  Tapothicairerie,  et  une  grande  pariie  des  herbes 
médicinales  venaient  des  jardins  de  Saint-Louis  ou  de  Sainte- 
Anne  ;  les  plus  fréquemment  employés  étaient  les  purgatifs  et  les 
onguents. 

Les  purgatifs  se  divisaient  en  «  dragogues  »,  «  phlegmagogues  » 
et  «  mélagogues  »  :  c'étaient  le  Julep,  la  gomme-gutte,  l'agaric,  le 
catholicum,  le  suc  épaissi  de  concombre  sauvage,  le  sirop  de 
nerprun,  la  crème  de  tartre,  le  mercure  dulcifié,  le  sel  de  tartre 
soluble,  etc. 

Plus  compliqués  étaient  les  onguents  où  entraient  les  pro- 
duits les  plus  divers,  et  parfois  les  plus  bizarres  :  le  mondificatif 
d'ache,  composé  de  feuilles  d'ache,  d'absinthe,  de  consoude, 
de  millepertuis,  de  millefeuille,  de  centaurée,  de  nicotine,  de 
véronique,  de  pimprenelle,  de  misiane  et  de  cire  ;  le  baume 
d'Arceus,  issu  d'un  mélange  de  gomme,  de  térébenthine  de 
Venise  et  de  suif  de  mouton;  le  pompholix  (i),  où  entraient  la  cire 
blanche,  l'huile  de  morelle,  le  plomb  brûlé,  la  céruse  pulvéri- 
sée ;  le  stirax  (2),  fait  de  cire  jaune,  de  poix  résinée,  de  poix 
de  Bourgogne,  de  gomme  élémie,  de  stirax  liquide,  d'huile  de 
noix  ;  l'onguent  brun  de  la  mère  Sainte-Thècle,  composé  de 
cire  blanche,  de  saindoux,  de  beurre  frais,  de  suif  de  mouton, 
de  litharge,  d'or,  d'huile  d'olive  ;  l'onguent  de  la  mère  Saint-Louis  ; 
le  baume  de  l'hôpital  de  la  Charité  ;  l'onguent  égyptiac  de 
M.  Petit,   etc. 

On  traitait  les  morsures  de  vipères,  scorpions  et  autres  ani- 
niaux  venimeux,  en  appliquant  dessus  de  la  thériaque  «  animée  » 
d'esprit-de-vin  pour  la  délayer,  et  en  administrant  au  patient 
une  eau  cordiale,  faite  d'eau  de  mélisse,  de  chardon  bénit,  de 
reine  des  prés,  de  sel  volatil  de  vipère,  depuis  6  grains  jusqu'à 
i5    selon   les   cas  (?)  ;  les  morsures  considérées  comme  les  plus 


(i)  Les  alcliimistes  appelaient  aussi  de  ce  nom  l'oxyde  de  zinc  floconneux,  ou  lana  philo- 
sophica. 

(2)  On  dit  aujourd'hui  storax. 

(3)  Acad.  de  méd.,  ms.  57,  ancien  loii,  fol.  202. 

21 


i/hOTEI.-DIEU    AI'    XVII«    KT    AV    XVIIF    SIECLE 


graves  étaient  celles  des  chiens  enragés,  pour  lesquelles  le  seul 
remède  était,  avec  la  saignée,  un  pansement  de  suppuratif  et  de 
stirax  sur  la  plaie,  pansement  dont  on  n'ignorait  pas  l'inefficacité, 
car  on  recommandait  également  l'envoi  à  la  mer  ;  les  accidents 
arrivaient  généralement  le  4<-  jour,  et  la  mort  le  40<=  jour  :  «  de 
7  ou  8  traités  à  l'Hôtel-Dieu,  dit  le  médecin  Petit,  il  n'en  est 
réchappé  aucun  ;  on  les  ouvrit  ;  on  ne  trouva  aucune  malignité  au 
cerveau,  mais  dans  l'estomac  une  matière  visqueuse  et  gluante». 
Pour  le  rhumatisme,  on  frottait,  après  avoir  saigné,  Tendroit 
douloureux  avec  un  mélange  fondu  de  beurre  frais,  d'eau-de-vie 
et  d'huile  de  millepertuis,  et  on  le  recouvrait  avec  du  papier 
brouillard   et  une    serviette  chaude  (i). 

La  première  édition  du  Formulaire  de  l'Hôtel-Dieu  porte 
qu'il  est  principalement  l'ouvrage  de  Col  de  Villars  (2).  Dans  la 
deuxième  édition  parue  quelques  années  après,  en  1762,  Despilly, 
libraire,  rue  Saint-Jacques,  à  la  Croix  d'Or,  fait  cette  rectification 
que  «  les  formules  ont  été  composées  par  tous  les  médecins  de  l'Hôtel- 
Dieu  ensemble,  et  que  Col  de  Villars,  en  sa  qualité  de  plus  ancien 
médecin  expectant,  et  comme  écrivant  d'un  caractère  très  lisible, 
était  >seulement  chargé  de  tenir  la  plume  et  de  mettre  au  net  le 
travail  commun  des' médecins  de  l'Hôtel-Dieu  ».  La  première  édi- 
tion avait  paru  seulement  en  français;  celle  de  1762  parait  en 
latin  et  en  français,  et  comprend  non  seulement  les  formules  de 
l'Hôtel-Dieu,  mais  celles  de  la  Charité  et  de  l'hôtel  royal  des 
Invalides,  «  afin  de  le  rendre  d'un  usage  commun  aux  médecins  tant 
régnicoles  qu'étrangers,  et  aux  chirurgiens  «.  Nous  ne  nous  éten- 
drons pas  sur  la  composition  (3)  des  diverses  tisanes  alors  à  la 
mode,  tisane  commune,  nitrée,  aigrelette,  eau  d'orge,  eau  de  riz, 
«  à  laquelle  on  ajoute,  selon  le  besoin,  une  once  et  demie  de  corne 
de  cerf  râpée  »,  eau  de  graine  de  lin,  tisane  de  racines  de  gui- 
mauve, de  patience  sauvage,  de  scorsenère,  pectorale,  diurétique, 
apéritive.,  antinéphrétique,  incisive,  adoucissante,  astringente, 
autiscorbutique,  sudorifique,  purgative  ou  royale,  ni  aux  infu- 
sions et  décoctions,  emménagogues,  diaphorétiques,  cardiaques, 
céphaliques  et  bien  d'autres  ;  passons  également  sur  les  apozèmes, 
les  juleps,  les  potions  altérantes,   purgatives,  les  sirops,  les  hydro- 


(i)  Acad.  de  méd.,  ms.  58,  ancien  1012,  fol.  268. 

(2)  Elie  Col  de  Villars,  né  à  La  Rochefoucauld  (Char.-Inl.)  en  1673,  mort  en  1747,  avait 
été  élu  doyen  en  1740:  on  a  de  lui  un  Cours  de  chirurgie  dicté  aux  écoles  de  médecine. 
(Paris,  1738-1741,  4  vol.  in-12.) 

(3)  Le  poids  employé  dans  ces  formules  est  le  poids  de  marc  :  la  livre  contient  16  onces, 
l'once  8  gros,  le  gros  3  scrupules,  le  scrupule  24,  grains;  d'autre  part,  la  pinte  contient 
2  livres  de  liqueur,  la  chopine  i  livre,  le  demi-setier,  8  onces,  le  poisson,  4  onces. 


LES    MALADi;S  .-^  2  ."> 

mels,  les  loochs,  les  bols,  les  opiats,  les  tablettes,  les  trochisques, 
les  bouillons  médicamenteux,  depuis  celui  du  poulet  jusqu'à  celui 
d'écrevisses  et  de  vipère  qui  se  prépare  avec  une  vipère  vivante 
dont  on  a  coupé  la  tète  et  la  queue,  mais  en  laissant  le  cœur  et  le 
foie,  «  et  qui  convient  surtout  dans  les  paralysies  et  les  épuise- 
ments, en  ranimant  le  mouvement  du  sang  et  des  esprits  »,  les  vins 
médicamenteux,  nitrés,  thériacaux,  ferrés,  émétiques,  hydragogues, 
pour  arriver  aux  poudres  qui  nous  présentent  les  mélanges  les  plus 
bizarres  et  les  produits  les  plus  saugrenus  :  craie  de  Briançon, 
corail  rouge,  yeux  d'écrevisses,  coraline,  semence  de  barbotine, 
terre  sigillée,  antimoine  porphyrisé.  Il  y  a  des  fomentations  pour 
le  cancer  des  mamelles  où  entrent  des  eaux  distillées  de  frai  de  gre- 
nouille, des  pilules  contre  la  mélancolie  où  se  mêlent  la  gentiane, 
le  muguet,  la  valériane,  l'hellébore  noir,  le  borax  de  Venise  et 
le  sel  ammoniac,  des  cataplasmes  de  nids  d'hirondelles  contre 
l'esquinancie,  auxquels  on  peut  mêler  de  la  hente  de  chien  et  de 
l'oreille  de  judas,  des  lavements  de  tabac  «  qui  font  très  bien  dans 
les  fortes  apoplexies  et  dans  les  fortes  affections  saporeuses  a  (i)  et 
de  la  poudre  de  crapaud  contre  la  peste,  dont  la  préparation, 
approuvée  par  Dodart,  premier  médecin  du  roi,  le  i6  octobre  1721 
figure  tout  au  long  dans  le  Traité  de  la  police  de  La  Poix  de 
Fréminville  (2). 

La  préparation  de  la  thériaque  revêtait,  depuis  lySo  (3),  une 
solennité  particulière  ;  il  est  vrai  qu'elle  ne  se  répétait  que  tous  les 
10  ans  environ.  En  1734,  on  en  avait  fabriqué  356  livres,  et  de  cette 
provision  il  ne  restait  plus  que  5o  livres  en  1741.  Le  premier  gar- 
çon apothicaire  de  l'Hôtel-Dieu  obtient  du  Bureau  l'autorisation 
d'en  apprêter  une  nouvelle  provision  de  400  livres,  d'autant  que 
«  plus  elle  est  anciennement  faite,  plus  elle  acquiert  le  degré  de 
perfection  ».  Geoffroy,  inspecteur  de  l'apothicairerie,  est  choisi 
pour  désigner  les  drogues,  plantes  et  liqueurs  qui  doivent  entrer 
dans  sa  composition  ;  avant  de  les  employer,  on  les  expose  au  public 
«  pendant  le  temps  et  suivant  l'usage  ordinaire  »  ;  le  procureur  gêné  - 
rai  vientlui-méme  voir  la  préparation;  c'est  un  des  événements  de 

(i)  La  Faculttî  avait  publié  en  i638  un  antidotaire  ou  codex  pharmaceutique  destiné  à 
donner  la  liste  des  médicaments  autorisés  et  reconnus  par  la  Faculté.  (M.  Reynaud,  les 
Médecins  au  temps  de  Molière;  Paris,  in-8*,  p.  i88.)  Le  livre  classique  des  apothicaires 
avait  été  jusqu'alors  VInstitution  pharmaceutique  de  Jean  de  Renou,  trad.  du  latin 
par  L.  de  Serres;  Lyon,  1626. 

(2)  Traité...,  p.  244. 

(3|  Elle  était  auparavant  fournie  par  les  apothicaires  dé  Montpellier  ;  mais,  en  présence  des 
falsifications  dont  elle  était  l'objet,  les  apotiiicaires  de  Paris  la  fabriquèrent  eux-mêmes,  et 
les  expériences  furent  faites  publiquement  à  partir  de  lySo.  (Planchon,  Sur  la  confection 
publique  de  la  Thériaque,  dans  le  Journ.  de  pliarin.  et  de  chimie,  5"  série,  t.  XXV,  1892, 
p.  441  et  p.  489.) 


■HOTF.L-Dir,r    AU    XVIie    i:T    AL'    XVine    SIECLE 


Tannée  i j  .  D'ailleurs  les  médecins  ont  déclaré  par  expérience  que 
l'usage  en  était  très  salutaire  pour  une  infinité  de  malades.  La 
thériaque,  dans  laquelle  il  entrait  b~  substances,  était  renfermée 
dans  ces  magnifiques  pots  et  canons  aux  inscriptions  de  «  thé- 
riaque »  et  "  mithridate  »  qui  font  l'admiration  des  connaisseurs,  et 
dont  il  reste  à  la  Pharmacie  centrale  des  hôpitaux  de  Paris  de  pré- 
cieux spécimens  (2). 

La  préparation  de  l'eau  vulnéraire  se  faisait  aussi  en  grande 
quantité  ;  il  fallait  5oo  pintes  de  vin  et  3oo  d'eau-de-vie  pour  obte- 
nir 3oo  pintes  de  cette  eau  renommée. 

En  dehors  des  remèdes  habituels,  l'Hôtel-Dieu  fut  un  vaste 
champ  d'expérience  pour  les  remèdes  nouveaux.  En  1687,  le  méde- 
cin hollandais  Adrien  Helvéïius  est  autorisé,  sur  la  demande  du 
roi,  à  expérimenter  l'ipécacuanha,  rapporté  du  Brésil  en  1686  par 
le  Français  Grenier,  et  avec  lequel  Helvétius  avait  guéri  le  dauphin 
d'un  flux  de  sang  (3).  En  i68r,  le  Bureau  avait  autorisé  l'emploi 
du  quinquina  (4)  pour  les  fièvres  intermittentes,  mais  seulement 
sur  l'avis  des  médecins  (5). 

Au  xviii«=  siècle,  le  Bureau  dut  réagir  contre  l'habitude  qui  s'était 
introduite  de  laisser  entrer  dans  les  salles  des  étrangers  qui  ordon- 
naient des  remèdes  aux  malades,  parfois  à  leur  détriment,  et  donna 
des  ordres  sévères  à  ce  sujet  à  l'inspecteur  de  l'apothicairerie  seul 
chargé  de  la  préparation  des  médicaments  (6).  En  présence  de  la 
multiplicité  des  panacées  qui  lui  étaient  offertes,  il  prit  l'habitude 
de  tout  refuser  «  ayant  pour  principe  invariable,  dit  une  délibéra- 
tion de  1779  (7),  de  ne  se  servir  que  de  médicaments  approuvés 
par  la  Faculté  de  médecine,  et  administrés  par  les  maîtres  chirur- 
giens du  collège  de  Paris  ou  leurs  élèves  sous  leur  inspection  ». 
Il  avait  cependant  admis  à  l'examen  de  ses  médecins,  l'année  pré- 

(i)  Délib.  24  janv.  1741,  reg.  iio,  fol.  34.  Voy.  aussi  Mercure  galant,  juin  1702,  p.  258- 
287  ;  oct.  1704,  p.  63-92. 

(2)  M.  Fossejeux,  Inv.  des  objets  d'art,  p.  i33. 

(3)  Délib.  i"  août  1687,  reg.  53,  fol.  i3o.  Helvétius,  né  à  la  Haje  vers  1661,  mourut  à 
Paris  le  20  févr.  1727.  Voy.  la  liste  de  ses  ouvrages  dans  le  Dict.  de  Dezeimeris,  déjà 
cité. 

(4)  Sur  l'introduciion  en  France  du  quinquina,  longtemps  combattu  par  la  Faculté  de 
médecine  et  par  Gui  Patin,  voy.  André-Pontier,  Hist.  de  la  pharmacie  ;  Paris,  1900,  in-8», 
p.  221. 

(5)  Délib.  5  déc.  1681,  reg.  49,  fol.  346.  Un  arrêt  du  Cons.  d'Etat  du  25  oct.  1728  défend 
à  toutes  sortes  de  personnes  de  distribuer  des  remèdes  sans  en  avoir  obtenu  de  nouvelles 
permissions.  Cet  arrêt  désigne  auprès  du  lieutenant  général  de  police  une  commission  char- 
gée d'examiner  les  remèdes  nouveaux,  composée  des  médecins  Dodart,  Helvéïius,  Silva, 
Vernage  ;  des  chirurgiens  Maréchal,  La  Peyronie,  .Malaval,  Petit;  des  apothicaires  Colduc 
et  Geoffroy.  (La  Poix  de  Fréminville,  0.  c,  p.  468.) 

(6)  Délib.  14  juin  1769,  reg.  i3S,  fol.  171. 

(7)  Délib.  29  die.  1779,  reg.  149,  fol.  656.  Il  s'agissait  d'un  onguent  et  d'une  pommade 
pour  toutes  sones  de  m.iux,  préparée  par  un  chanoine  de  Bourganeuf,  Foucault-Dumonteil. 


LES    MALADES 


cédente,  en  1778,  un  remède  spécifique  pour  la  gue'rison  des  mala- 
dies scrofuleuses  et  scorbutiques  (i),  offert,  nous  l'avons  vu,  par 
Peiletan  (2),  et,  en  1782.  à  la  suite  des  succès  obtenus  par  Doulcet, 
médecin  ordinaire,  contre  la  fièvre  puerpérale  (3)  qui  faisait  tant 
de  victimes  (4^,  il  en  prévint  le  lieutenant  général  de  police  et  fit 
publier  les  résultais  dans  la  Galette  de  sauté,  n°  4  (5),  heureux  de 
contredire  le  célèbre  accoucheur  Mauriceau  qui,  dans  son  Traité 
des  accouchements^  avait  déclaré  cette  maladie  incurable;  il 
demanda  même  à  l'archevêque  à  faire  une  démarche  auprès  du 
roi  pour  répandre  son  procédé  dans  les  provinces  au  moyen  d'un 
mémoire  officiel. 

Mais  d'habitude  il  évitait  laréclame,  et, lorsqu'un  premier  com- 
pagnon chirurgien,  Côme  d'Angerville,  s'était  avisé,  en  1768.de 
publier,  dans  le  Mercure,  une  observation  chirurgicale,  le  Bureau 
l'avait  blâmé,  et  avait  pris  toutes  précautions  pour  éviter  à  l'avenir 
ces  indiscrétions  (6). 

En  1782,11  évince,  malgré  la  recommandation  du  lieutenant 
général  de  police  Lenoir,  le  sieur  Ledru,  dit  Comus,  fils  d'un 
physicien  et  prestidigitateur  de  la  cour  de  Louis  XV,  qui  deman- 
dait à  traiter  à  Saint-Louis  les  épileptiques,  cataleptiques  et  hysté- 
riques par  le  «  fluide  électrique  »  (7). 

En  définitive,  pendant  tout  le  cours  de  l'ancien  régime,  la 
médecine  hospitalière  avait  fait  peu  de  progrès  et  la  pharmacopée 
s'en  était  tenue  à  des  remèdes  aussi  bizarres  qu'inutiles. 


(i)  Délib.  20  mai  1778,  reg.  148,  fol.  206.  I.e  roi  avait  nommé  en  1772  une  commission 
ciiargée  d'examiner  les  remèdes  nouveaux  et  la  distribution  des  eaux  minérales. 

(2)  Voy.  aussi  essai  du  pain  d  epice  vermifuge  vendu  par  la  Vve  Beauquis,  rue  Trans- 
nonain,  à  3  1.  pièce.  (fJélib.  8  mars  1775,  reg.  145,  fol.  5o.) 

(3)  D.-C.  Doulcet  (1722-1782)  était  médecin  expectant  depuis  1762. 

(4)  Voy.  'J'enon,  Mém...,  p.  242,  et  le  rapport  de  Malouin,  dans  les  Mcin.  de  VAcad.  des 
sciences  pour  1746;  Paris,  lySi,  p.  i5i. 

(5)  Délib.  6  mars,  3o  avril,  3i  juill.  1782,  reg.  i52,  fol.  184..  3^3,  569.  Doulcet  mourut 
cette  année  même.  Il  faut  ajouter  qu'il  avait  été  grandement  aidé  dans  ses  recherches  par 
la  maîtresse  sage-femme  de  l'H.-D.,  M°>«  Dugès.  Son  travail  est  intitulé:  Mémoire  sur  la 
maladie  qui  a  attaque,  en  dijércns  temps,  les  femmes  en  couches,  à  l'H.-D.  de  Paris  ;  1782, 
in-4»,  9  p.  Ce  traitement  consistait  dans  l'usage  de  potions  huileuses  et  de  l'ipécacuanha 
donnés  pendant  3  ou  3  jours  de  suite. 

(6)  Délib.  27  juill.,  3  août  1768,  reg.  i37,  fol.  23i,  241. 

(7)  Cf.  lettre  de  Lenoir  du  i5  juin  1782  et  réponse  de  Le  Couteulx  de  Vertron  du  20  juin  . 
Ledru  était  le  grand-père  de  Ledru-Rollin.  I!  réussit  à  fonder  avec  l'appui  de  Vergennes  et 
du  duc  d'Orléans  un  hospice  médico-statique  dans  l'ancien  couvent  desCélestiiis.  (Cf.  Thiéry, 
Almanach  du  voyageur  dans  Paris  ;  1786,  in-12,  p.  278.) 


32Ô  l'hOTFL-DIEU    au    XVIF    et    au    XVIIie    SIÈCLK 


LE    SERVICE    MEDICAL 

La  visite  avait  lieu  à  6  heures  en  été,  à  7  heures  en  hiver; 
Elle  était  faite  par  le  médecin  pensionnaire,  accompagné  de  la 
religieuse  de  la  salle,  d'un  compagnon  chirurgien  externe  et 
d'un  garçon  apothicaire,  désigné  sous  le  nom  de  topique, 
et  qui  inscrivait  sur  un  registre  l'ordonnance  du  médecin  pour 
la  remettre  à  l'apothicairerie.  Puis,  vers  midi,  les  compagnons 
chirurgiens  internes  ou  externes  venaient  faire  les  saignées, 
ventouses,  et  autres  opérations  prescrites  par  le  médecin.  A 
partir  du  xviii*''  siècle,  les  médecins  expectants  faisaient  une 
contre-visite  le  soir,  en  particulier  pour  exaininer  les  entrants 
et  les  cas  graves.  Le  service  médical  n'était  pas  très  régulier  (1), 
et  le  règlement  de  1735  institua  un  contrôle  des  visites.  «  Il 
sera  tenu  tous  les  Jours,  dans  chaque  salle,  une  feuille  d'ob- 
servations pour  la  mère  d'office,  qui  contiendra  l'heure  à 
laquelle  les  médecins  arriveront  pour  leur  visite,  et  l'heure  à 
laquelle  ils  s'en  iront,  sans  y  comprendre  comme  un  temps 
donné  aux  malades  celui  employé  pour  le  déjeuner  à  l'apothi- 
cairerie... il  y  aura  aussi  des  notes  pour  ceux  qui  ne  témoigne- 
ront pas  assez  de  patience  à  entendre  les  malades,  et  assez 
d'attention   à   écouter  les  mères  d'office.  » 

Comme  de  nos  jours,  la  visite  des  malades  était  suivie 
par  les  jeunes  médecins  que  les  statuts  de  la  Faculté,  notam- 
ment un  édit  de  mars  1707,  assujettissaient  pendant  deux  ans.  à 
fréquenter  les  hôpitaux  pour  se  perfectionner  dans  leur  pro- 
fession (2). 

Les  médecins  n'avaient  pas  toujours  les  mêmes  salles  ;  on 
les  changeait  tous  les  2  mois,  puis  tous  les  4  mois;  enfin  tous 
les    6  mois,   à  partir    de   1687  (3). 

(i)  Délib.  i3  juin.  1740,  reg.  109,  fol.  223.  «  Au  lieu  de  venir  à  7  h.  au  plus  tard  en 
été,  ils  ne  viennent  qu'à  9,  10  et  même  11  h.  l'iiiver  â  proportion,  de  sorte  que  les  remèdes 
qu'ils  ordonnent  ne  pouvant  être  prépare's  et  distribués  que  très  tard  aux  malades  ne  produi- 
sent aucun  effet.  Les  visites  qui  doivent  durer  2  h.  au  moins  se  font  en  une  demi-heure 
au  plus  par  les  uns,  en  un  quart  d'heure  par  les  autres  et  avec  tant  d'indécence  et  de 
rapidité  que  les  malades  en  gémissent  et  qu'il  est  impossible  qu'avec  une  pareille  précipi- 
tation ces  médecins  puissent  connaître  le  véritable  état  des  malades,  ni  conséquemment 
ordonner  les  remèdes  convenables  à  leurs  maux » 

(2)  Délib.  3 1  août  1729,  reg.  98,  fol.  327.  Les  jeunes  médecins  vinrent  se  plaindre  que  les 
chirurgiens  leur  disputaient  les  premières  places,  et  demandèrent  au  Bureau  de  faire  un 
règlement  spécifiant  qu'ils  devaient  occuper  les  premiers  rangs  et  les  places  les  plus 
pioches  du  malade  et  du  médecin,  «  et  que  lorsque  dans  les  salles  des  opérations  et  des  bles- 
sez, ils  occuperont  une  place  avantageuse,  qui  ne  sera  point  nécessaire  pour  la  commodité 
de  l'opérateur  et  de  ceux  qui  doivent  le  servir,  il  n'en  seront  point  écartez.  »  Le  Bureau 
entendit  au  sujet  de  cette  affaire  Mauger  et  François,  chirurgiens,  Afforty  père,  Hermans, 
Lemcry,  Afforty  fils  et  Delaleu,  médecins  ordinaires,  Bailly,  médecin  éxpectant. 

(3)  Délib.  18  avril  1687,  reg.  53,  fol.  77. 


LES    MALADES  "^  o - 


Le  service  des  admissions  d'urgence  la  nuit  laissait  fort  à 
désirer (i):  «  Le  chirurgien  major  est  venu  au  Bureau  et  a  dit 
qu'il  croyoit  être  de  son  devoir  de  représenter  à  la  Compagnie 
ce  qu'il  voit  souvent  arriver,  lorsqu'on  amène  des  malades  et 
des  blessés  à  l'Hôtel-Dieu  ou  que  des  femmes  grosses  et  prêtes 
d'accoucher  s'y  présentent  la  nuit.  Le  domestique  employé  au 
service  des  ecclésiastiques,  qui  couche  dans  une  chambre  proche 
de  celle  de  ces  ecclésiastiques,  qui  a  pendant  la  nuit  la  clef  de  la 
porte  de  l'église,  et  qui  est  chargé  d'aller  l'ouvrir,  quoi  qu'il  y 
ail  une  cloche  pour  l'appeler,  s'éveille  difficilement  et  souvent 
est  très  longtemps  à  dessendre,  ce  qui  occasionna  différents 
accidents,  ayant  veu  des  femmes  grosses  accoucher  sur  les 
degrés,  proche  la  porte  de  l'église,  y  en  ayant  eu  une  dont 
l'enfant,  étant  tombé  sur  les  degrés,  s'étoit  tué.  »  A  la  suite  de 
ces  plaintes,  le  Bureau  décida  de  faire  «coucher  le  suisse  à  l'en- 
trée de  la  salle  Saint-Denis,  vis-à-vis  de  la  chambre  de  visite  des 
malades,  et  lui  confia  la  clef  de  la  porte  de  l'église  sur  le 
perron,  du  côté  de  la  rue  Neuve-Notre-Dame. 

Il  en  était  de  même  de  la  surveillance  des  salles  si  nous  en 
croyons  l'anecdote  suivante  racontée  par  Barbier  (2)  :  «  Comme 
on  est  dans  le  temps  des  choses  extraordinaires,  un  homme  s'est 
avisé  d'aller  à  l'Hôtel-Dieu,  de  parler  à  un  jeune  manœuvre,  qui 
étoit  dans  un  lit  malade,  de  lui  dire  que  les  médecins  ne  connois- 
soient  point  son  mal,  qu'il  le  guériroit  par  un  prompt  remède.  Il  a 
fait  tourner  cet  homme  dans  cet  état-là,  et  lui  a  fait  le  péché  philo- 
sophique. Jamais  la  malice  de  l'homme  n'a  été  portée  à  ce  point-là  ; 
il  faut  être  possédé  du  diable,  pour  être  tenté  d'un  malade,  dans  un 
lit  de  l'Hôtel-Dieu.  Une  religieuse  s'est  aperçue  de  quelque  chose, 
a  fait  du  bruit  ;  on  a  arrêté  l'homme,  le  malade  l'a  accusé  du  fait, 
mais  il  a  tout  nié  à  l'interrogatoire,  et  les  religieuses  ont  fait  éloigner 
le  malade,  qui  n'a  pu  être  confronté,  dont  elles  ont  été  bien  tancées. 
Cependant  notre  franc  b...  a  été  mis  à  la  question,  mardi  dernier, 
1 1  février  (1727)  ;  il  a  tout  nié,  en  sorte  qu'il  n'y  a  point  de  preuve 
contre  lui.  » 

Les  médecins  étaient  logés  primitivement  à  l'hôpital,  mais 
après  que  Simon  Bazin  (?)  eut  donné  sa  démission  en  1616 
parce  qu'on  lui  avait  refusé  la  permission  d'avoir  quelques 
heures  de   liberté   par  jour  pour  visiter  ses  parents  et  amis,  son 


(i)  Délib.  ■>-  juin  1753,  reg.  122,  fol.   169. 

(2)  Journal,  II,  i.  Nous  ne  trouvons  aucune  allusion  à  ce  scandale  dans  les  registres  de 
délibéraiions. 

(3)  Il  fut  élu  doyen  de  la  Faculté  en  i638  et  mourut  le  12  mai  1642. 


32^  l/HOTKL-niF.r    AU    XVIIc    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

successeur,  Michel  Francière  (i),  fut  nourri,  mais  reçut  une  indem- 
nité' de  logement  ;  sdn  traitement  était  de  600  livres  ;  enfin, 
après  lui,  René  Moreau  ne  fut  ni  nourri  ni  logé,  mais  ses 
appointements    furent    portés  à    1.200   livres   (6  sept.    1619)   (2). 

Le  3o  avril  i636  Moreau,  à  cause  du  grand  nombre  de 
•malades,  demanda  un  adjoint,  d'abord  sans  honoraires,  mais 
qui  partagea  ensuite  les  appointements  du  preniier  médecin.  Il 
y  eut  alors  les  expectants  ou  auxiliaires,  non  rétribués,  et  les 
ordinaires  ou  pensionnaires,  les  premiers  rentrant  dans  la 
2«  catégorie  au  fur  et  à  mesure  des  vacances  ;  ils  étaient  pris 
parmi  «  les  docteurs  de  la  Faculté  de  Paris  ou  agrégés  à  icelle  » 
et  comptant  au  moins  dix  ans  de  pratique  (3).  Quand  une 
place  d'expectant  devenait  libre,  on  en  avisait  le  doyen  de  la 
Faculté  qui  en  faisait  part  à  ses  confrères  ;  le  Bureau  ne  faisait 
de  nomination  qu'après  avoir  pris  Tavis  des  médecins  ordi- 
naires pour  désigner  «  ceux  qu'ils  estimeront  les  plus  expérimentez 
et  les  plus  charitables  »  ;  c'est  ce  que  nous  appellerions 
aujourd'hui  la  nomination  au  choix,  avec  épreuve  sur  titres  (4); 
elle  n'excluait  pas  la  formalité  des  visites,  parfois  si  coûteuse 
à  Tamour-propre  des  candidats. 

En  i638,  on  nomma  un  3^  médecin  ordinaire.  L'état  de  1640 
indique  3  médecins  à  600  livres  chacun,  et  un  chirurgien 
à  200  livres.  Celui  de  i63i  fournit  les  mêmes  chiffres,  mais 
dès  1662  nous  trouvons  inscrit  sur  l'état  du  personnel  médical 
6  médecins,  le  maître  chirurgien,  le  premier  compagnon 
gagnant  maîtrise,  et  18  autres  compagnons  chirurgiens,  non 
gagés,  mais  nourris  et  logés.  De  1684  à  1687  on  compte  éga- 
lement 6  médecins  ordinaires,  plus  2  ou  3  expectants.  A  partir 
du  i^'  janvier  1690,  par  raison  d'économie,  le  nombre  des 
médecins  est  réduit  à  5,  leurs  honoraires  à  400  livres,  et 
les  2  derniers  venus  congédiés  temporairement. 

Le  12  janvier  1709,  le  nombre  des  expectants  est  également 
réduit  à  2  par  le  Bureau,  qui  décide  qu'en  cas"  de  vacances 
le   3*^  ne    sera    pas  remplacé  (5).   Mais,   dès    1720  (6',   le   nombre 


(1)  Il  mourut  le  i"  juill.  1619. 

(2)  René  Moreau,  né  à  Montreuil-Bellay,  en  Anjou,  doyen  pour  les  années  i63o  et  i63i. 
11  mourut  le  17  cet.  i656  et  fut  inhumé  à  St-Jean-en-Grève.  \'oy.  la  liste  de  ses  ouvrages 
dans  le  Dict.  de  Dezeimeris,  déjà  cité. 

(3)  Délib.  7  août  1671  et  1735.  La  nomination  faite  en  1722  (délib.  du  7  janv.)  est  une 
exception. 

(4)  Délib.  12  janv.  1709,  22  août  1736. 

(5)  Pourtant,  le  i5  février  1710,  on  compte  4  expectants:  P.-J.-B.  Cliomel,  L.  Lémery 
le  chimiste,  Jean  Herment  et  IMi.  Fontaine.  En  ijiS,  nous  trouvons  encore  3  expectants. 

(6)  Délib.  21  févr.  1720,  reg.  89,  fol.  32. 


I.FS    MALADES  ^29 

de  3  est  rétabli,  et  on  nomme  un  7°  médecin  ordinaire,  chargé 
spécialement  des  religieuses,  des  ecclésiastiques,  et  des  «  filles 
de  la  chambre  »;  le  nombre  des  expectants  est,  en  1721,  porté 
à  7. 

L'organisation  du  service  de  santé  parut  un  instant  fixée  par 
le  règlement  du  18  mai  1735  (i),  qui  accorda  800  livres  aux 
médecins  ordinaires  ou  pensionnaires  et  200  livres  aux  expec- 
tants, non  •  payés  auparavant.  Mais  les  abus  et  les  absences 
demeurèrent  aussi  fréquents,  et  comme  cette  réforme  avait 
coûté  fort  cher  sans  produire  de  résultats  appréciables,  le  Bu- 
reau décida  le  i3  mai  1750  de  ne  maintenir  que  2  expectants; 
le  28  février  1762  il  en  prit  i  seulement;  le  5  septembre  1769 
il  en  nomma  2,  et,  le  18  novembre  1771,  il  revint  au  nombre 
de  7,  comme  en  1735.  Il  fallut  également  augmenter  les 
appointements;  les  ordinaires  reçurent  900  livres,  et  les  expec- 
tants 5oo  livres  ;  enfin,  réforme  depuis  longtemps  attendue,  on 
prévit  pour  la  première  fois  un  résident  aux  honoraires 
de  i.5oo  livres,  avec  logement,  nourriture,  chauffage,  éclairage 
et  blanchissage  ;  il  devait,  dans  l'intervalle  des  visites  de  ses 
confrères,  parer  à  tous  les  cas  d'urgence.  Cette  place,  accordée 
le  6  avril  1772  à  Bercher  qui  la  cumula  avec  celle  de  médecin 
ordinaire,  ne  fut  pas  maintenue,  et  au  début  de  la  Révolution, 
en  1790,  de  Jussieu,  chargé  du  département  des  hôpitaux,  émettait 
le  vœu  que  quelques  médecins  fussent  logés  à  THôtel-Dieu, 
indiquant  cette  réforme  comme  Tune  des  plus  urgentes  à  accom- 
plir. 

Le  nombre  des  médecins  ne  cessa  de  s'accroître  jusqu'à  la 
Révolution;  il   fut  porté  successivement  à   8,    10,    12  (2). 

En  1735,  il  avait  été  décidé  que  les  7  médecins  ordinaires 
et  les  7  expectants  s'assembleraient  une  fois  par  mois,  et 
«  réuniraient  en  commun  toutes  les  observations  qu'ils  auraient 
faites  par  écrit  des  faits,  maladies  et  guérisons  singulières 
qu'ils  auraient  reconnues,  desquelles  observations  un  des  expec- 
tans  fera  la  rédaction  en  langue  française  pour  être  remise  au 
Bureau,  et  y  être  statué  ce  qu'il  appartiendrait  ».  Aucune  de 
ces  lectures  ne  figure  aux  procès-verbaux  des  séances  ;  peut- 
être  cette  décision  resta-t-elle  sans  effet.  Pourtant,  en  1779,  on 
voit  le  Bureau  autoriser  Majault  à  faire  imprimer  ?.  3oo   exem- 


(i)  Arch.  A.  p.,  liasse  882,  et  délih.  des  4,  1  1  et  18  mai  1/33. 

(2)  Délib.  6  avril    1781,  17  févr.  1782,    14  mars  1787.  Corlieu,  France  médicale,  1898, 
et  Delaunay,  le  Monde  médical  parisien  au  .wiii-'  s.;  Paris,  1906,  in  8°,  p.  76  à  86. 


3?0  I.HOTEI.-DIEU    Af    WIF    ET    AU    XVIIIc    SIECLE 

plaires  et  à  distribuer  des  observations  qu'il  avait  lues  à  rassem- 
blée  des  médecins  (i). 

Peu  ont  publié  de  travaux  scientifiques.  Les  ouvrages  de 
René  Moreau  ont  joui  dans  leur  temps  d'une  certaine  réputa- 
tion (2).  On  lui  doit  des  Vies  des  hommes  illustres  de  la  Faculté 
de  Paris^  ouvrage  resté  manuscrit  (3).  Ce  fut  son  fils,  J.-B. 
Moreau  (4),  également  doyen  en  1672- 1673,  et  non  pas  lui,  comme 
Ta  écrit  Corlieu,  qui  fut  professeur  au  Collège  royal.  Au 
xviiie  siècle,  Doye  fut  doyen  de  17 14  à  17 16,  et  à  ce  titre, 
suivant  une  ancienne  coutume,  assista  à  l'autopsie  de  Louis  XIV, 
le  2  septembre  1715  (5);  Tournefort,  qui  ne  fut  qu'expectant, 
s'est  acquis  la  notoriété  comme  botaniste  (6);  Louis  Lémery,  fils 
de  Nicolas  Lémery,  doit  surtout  son  renom,  comme  son  père,  à 
ses  études  de  chimie,  poursuivies  en  qualité  de  professeur  de 
chimie  au  Jardin  du  roi  et  de  membre  de  l'Académie  des  scien 
ces  (7)  ;  il  fut  médecin  de  l'hôpital  de  17 10  à  1743  ;  on  ne  saurait 
enfin  oublier  les  Chomel,  Pierre-Jean-Baptiste  (8),  disciple  de 
Tournefort,  membre  de  l'Académie  des  sciences  en  1720,  doyen  de 
la  Faculté  en  1733,  dont  V Abrégé  de  l'histoire  des  plantes  usuelles 
eut  un  grand  nombre  d'éditions,  et  son  fils  Jean-Baptiste-Louis, 
doyen  en  1755  et  1756  (9),  qui  confina  ses  recherches  dansl'histoire 
de  la  médecine  (10),  en  attendant  que  son  petit-neveu,  Auguste- 
François,  acquière  enfin  au  xix"  siècle  une  véritable  renommée 
de  praticien  et  de  clinicien. 

LES    OPÉRATIONS 

L'œuvre  des  chirurgiens  est  assurément  plus  intéressante 
que  celle  des  médecins.  En  particulier,  le  gagnant  maîtrise, 
véritable   chef  de  clinique,   joue    un   rôle   fort  important.    II  de- 

(i)  Majault,  mort  en  1800,  ancien  médecin  aux  armées  du  roi,  et  médecin  des  Incurables 
en  même  temps  que  de  l'H.-D.,  a  publié  divers  mémoires  sur  les  eaux  de  l'Yvette,  de  la 
Seine,  d'Arcueil. 

(2)  De  missione  sangiiinis  in  pleuritide,  avec  la  Vie  de  Pierre  Brissot  ;  Paris,  1622,  in-8». 
Schola  salernitana,  hoc  est  de  valetudine  tuenda...,  i625,  in-8».  (Cf.  A.  Chéreau,  Dict.  des 
Se.  méd.) 

(3)  Bibl.  de  la  Fac.  de  méd. 

(4)  J.-B.  Moreau,  né  à  Paris  le  17  octobre  1626,  mort  à  Fontainebleau   le  25  sept.  1693. 
[b)  A.  Corlieu,  la  Mort  des  rois  de  France  ;  Paris,  1892,  in-S»,  p.  167  à  174. 

(6)  Tournefort,  expectant  en  1702,  mourut  le  22  déc.  1708. 

(7)  L.  Lémery,  né  le  25  janvier  1677,  mort  le  9  juin  1743,  et  enterré  à  St-Sulpice.  Ses 
2  principaux  ouvrages  sont  le  Traité  des  atiînents  parn  en  1702,  et  sa  Dissertation  sur  la 
nourriture  des  os,    1704,  in-12. 

(8)  Né  le  2  sept.  1671,  mort  le  3  juill.    1740,  inhumé  dans  l'église  St-Benoît,  à  Paris. 

(9)  Mon  le  1 1  avril  1765,  Son  Essai  historique  sur  la  médecine  en  France  a  paru  en  1762, 
(io)  Un  vol.  ms.  de  484  feuill.  résumant  les  24  vol.  des   commentaires    de  la  Faculté. 

(Boinet,  Inv.  des  mss.  de  la  Bibl.  de  la  Faculté  de  médecine  ;  Paris,    1909,  in-S".) 


LFS    MALADES 


vient  premier  chirurgien  après  un  examen  solennel,  et,  au  bout 
de  6  ans,  il  est  admis,  en  vertu  des  privilèges  de  THôtel-Dieu, 
au  nombre  des  chirurgiens  Jurés  de  Paris. 

Il  se  produisit  à  ce  sujet  un  conflit-avec  le  Collège  de  chirurgie 
qui,  contrairement  à  l'usage  et,  après  une  première  tentative  infruc- 
tueuse terminée  par  Tarrét  du  Parlement  du  2  septembre  1761  (i), 
voulut  exiger,  en  1778,  des  deux  gagnants  maîtrise,  des  Incurables 
et  de  THôtel-Dieu,  Tacte  public  et  les  frais  qu'il  entraînait  (2).  En 
présence  de  cette  prétention,  le  Bureau  décida  le  25  décembre 
d'envoyer  une  sommation  aux  prévôts  du  Collège  (3).  Ceux-ci, 
dans  une  entrevue  avec  l'un  des  administrateurs.  Marchais  de 
Migneaux,  mirent  en  avant  les  lettres  patentes  de  mai  1760 
érigeant  l'ancienne  communauté  des  maîtres  chirurgiens  en  aca- 
démie qui  devait  exiger  de  tous  des  garanties  pareilles  ;  or,  si  elle 
devait  en  principe  attendre  de  l'Hôtel-Dieu  les  sujets  a  les  plus 
brillants  et  les  meilleurs  »,  en  réalité,  faute  d'émulation,  ses 
gagnants  maîtrise  «  se  livrent  à  leur  profession  d'une  manière 
toute  machinale,  se  contentant  d'une  routine  sèche  et  purement 
mécanique,  qui  rend  stérile  la  source  la  plus  riche  du  royaume 
et  du  monde  entier  ».  Et  les  prévôts  du  Collège  de  chirurgie 
ajoutaient  que  le  meilleur  moyen  de  remédier  à  cette  indiffé- 
rence et  à  cette  inertie  était  d'établir  par  exemple  pour  les 
places  de  gagnants  maîtrise  un  concours  entre  les  cinq  pre- 
miers chirurgiens  internes  en  passe  d'être  admis  à  cette  faveur. 
Ils  s'appuyaient  enfin  sur  l'exemple  donné  par  le  ministre  de 
la  guerre  qui  avait  renoncé  à  son  droit  de  nommer  le  chirur- 
gien gagnant  maîtrise  de  l'hôtel  royal  des  Invalides,  en  présence 
des  avantages  du  concours. 

Mais  le  Bureau  qui  tenait  avant  tout  à  ses  privilèges,  dont  le 
roi  avait  renouvelé  la  totalité  par  lettres  patentes  de  1768  (4),  ne 
se  laissa  pas  toucher  par  ces  raisons  ;  il  considérait  comme  une 


(1)  Cet  arrêt  portait  que  «  les  premiers  chirurgiens,  prévôt,  jurés  et  gardes  de  la  com- 
munauté en  l'art  et  science  de  chirurgie  seraient  tenus  de  recevoir,  unir  et  aggréger  dans 
leur  corps,  sans  aucun  frais,  droits  ni  examens  et  sans  être  assujettis  à  rapporter  des 
lettres  de  maitres-ès-arts,  ni  soutenir  d'actes  publics,  A. -G.  Simonneau  et  F.  Deiruffi  et 
leurs  successeurs,  après  avoir  travaillé  et  servi  les  pauvres  pendant  6  ans  et  de  leur  déli- 
vrer certificat  de  leurs  réceptions  en  la  manière  accoutumée  ».  (Régi.  H.-D.,  IV,  147.) 
"Voy.  aussi  E.  Verdier,  la  Jurisprudence  particulière  de  la  chirurgie  en  France;  Paris,  1764, 
in-S«,t.II. 

(2)  Bibl.nat.,  Joly  de  Fleury,  547,  doss.  7 154. 'Voy.  le  montant  des  droits  de  réception  fixés 
par  l'art,  cxxi  des  statuts  des  chirurgiens  de  Paris  pour  1669,  à  l'art.  Ecoles  de  médecine, 
dans  Dict.  encycl.  des  Se.  méd.,  t.  XXXII,  i885. 

(3)  Uéiib.  9,  23,  3o  àéc.  1778,  reg.  148,  fol.  542,  575,  698. 

(4)  D'autres  établissements  de  province  jouissaient  des  mêmes  privilèges  :  Toulouse, 
Marseille,  Tours,  Angers,  Le  .Mans,  \'ersailles.  (Verdier,  Essai  sur  la  jurisprudence  de  la 
médecine  en  France;  Paris,  Prault  père,  quai  de  Gèvres,  au  Paradis,  I763,in-i6,  p.  88.) 


I.  HOTEL-DIFi;    AU    XVIK    1"T    AT    XVIIF    SIKCLE 


aumône  faite  par  le  roi  la  condition  exigée  lors  de  la  réception 
des  gagnants  maîtrise,  qui  se  faisait  en  présence  des  prévôts  du 
Collège,  de  servir  gratuitement  les  pauvres  pendant  6  ans  (i). 
Cependant,  comme  le  Collège  de  chirurgie  menaçait  THôtel- 
Dieu  d'un  procès,  le  Bureau  inclinait  à  négocier,  et,  après 
diverses  tractations,  les  représentants  du  Collège  furent  invités  à 
rédiger  par  écrit  un  mémoire  qui  devrait  être  soumis  à  Texamen 
d'une  commission.  Sur  le  rapport  de  Le  Couteulx  de  Vertron, 
le  4  décembre  1779,  le  Bureau  s'en  tint  aux  sommations  faites 
le  23  décembre  1778,  et  prit  le  parti  d'obtenir  de  la  grand'- 
chambre  du  Parlement  un  arrêt  contre  le  Collège  de  chi- 
rurgie. 

La  Faculté  de  médecine  de  son  côté  avait  déjà  perdu  en  1762 
un  procès  contre  l'Hôpital  général  qui  avait  nommé  un  docteur 
de  Reims,  contre  ses  prétentions  (2).  Ses  efforts  restaient  vains 
dans  ses  essais  de  mainmise  sur  les  hôpitaux  qui  défendirent 
jusqu'au  bout  leurs  prérogatives. 

Le  Collège  de  chirurgie  était  alors  dans  une  époque  d'acti- 
vité incontestable;  depuis  la  déclaration  de  174?,  rédigée  par 
d'Aguesseau,  il  s'était  affranchi  de  la  communauté  compro- 
mettante des  barbiers,  et,  bien  que  soumis  nominalement  à  la 
Faculté  de  médecine,  il  avait,  contrairement  à  cette  dernière, 
perfectionné  ses  méthodes,  son  enseignement'?,,  et  se  montrait 
sévère  pour  la  délivrance  du  titre  de  maître  chirurgien. 
Ajoutons  qu'installé  depuis  1774  dans  le  local  de  la  Faculté  de 
médecine  actuelle,  il  y  avait  à  sa  disposition  6  lits  pour  les 
maladies  chirurgicales  extraordinaires  qui  ne  se  traitaient  pas 
dans  les  hôpitaux  (4).  Mais  au  fond  il  se  préoccupait  surtout 
de  la  théorie  (5),  tandis  que  les  compagnons  chirurgiens  externes 
ou  internes  de  l'Hôtel-Dieu,  s'ils  étaient  peut-être  inférieurs 
en  science,  étaient  infiniment  supérieurs  en  pratique,  et  le  grand 
reproche    que  l'on    pouvait   faire    à    l'enseignement    médical    de 


(i)  Voy.  édit  de  mars  1707,  art  36. 

(2)  D'  P.  Delaunay,  le  Monde  médical.. .y  p.  73. 

(3)  Parmi  ses  maîtres  célèbres  à  l'époque,  on  peut  citer  Louis,  Brasdor,  Sabatier,  Sue, 
Tenon,  Lassus,  Deburye,  Peyrilhe,  etc.  (J.-C.  Sabatier,  Rech.  hist.  sur  la  Fac .  de  viéd. 
de  Paris  ;  Paris,  1837,  in-8»,  et  J.  Rocliard,  Hist.  de  la  chirurgie  française;  Paris,  1875, 
in-8».) 

(4)  A.  Corlieu,  l'Ancienne  Faculté  de  médecine  de  Paris  ;  Paris,  1877,  in-8»,  et  Gondoin, 
Description  des  Ecoles  de  chirurgie,  grand  in-f»  avec  planches,  1780. 

(3)  Voy.  Devaux,  l'Art  de  faire  les  raports  de  chirurgie,  oit  l'on  enseigne  la  pratique, 
les  formules  et  le  stile  le  plus  en  usage  parmi  les  chirurgiens  commis  aux  raports  ;  avec 
un  extrait  des  arrest,  statuts  et  règlemens  faits  en  conséquence;  Paris,  L.  d'Hourv 
1703,  in-i6.  o  ./  1  .  ,  y. 


LES    MALADES 


la  Faculté  à  celte  époque  (i)  était  son  insufiisance  d'instruction 
pratique  ;  sans  doute  les  licenciés  devaient  suivre  pendant 
deux  ans  la  visite  des  médecins  à  THôtel-Dieu  (2),  mais  ce 
stage   hàtif  ne    donnait    pas    des    résultats     bien    sérieux  ;    avec 

2  médecins  pour  une  moyenne  de  1.200  malades,  et  qui 
d'ailleurs  ne  s'inquiétaient  nullement  de  ces  bruyants  stagiaires,  ces 
licenciés  ne  pouvaient  guère  acquérir  de  solides  notions  cliniques. 

Nous  ne  saurions  nous  étendre  sur  les  méthodes  chirurgicales 
pratiquées  à  l'Hôtel-Dieu  au  xvn<'  et  au  xviii^  siècle.  Le  chirur- 
gien Petit  nous  a  conservé  complaisamment  la  nomenclature 
des  sutures:  1°  l'incarnative,  divisée  en  5  espèces:  entrecoupée, 
entortillée,    emplumée,    agraphée,   sèche  ;    2°  la    restrinctive,    de 

3  espèces  :  cordonnière,  pelletière,  couturière  ;  3"  la  conservative 
des  bords,  ou  enchevillée  ;  nous  n'entrerons  pas  dans  leur 
description,  pas  plus  que  dans  celle  de  la  gastroraphie,  de 
l'exomphalc  ou  de  la  paracenthèse.  Contentons-nous  de  prendre 
un  cas  sur  le  vif,  de  citer  une  «  remarque  »  de  chirurgien  (3): 
<(  En  1701,  il  fut  amené  un  homme  âgé  de  55  ans  environ,  lequel 
avait  quatre  fractures  sur  son  corps;  l'on  aurait  dit  que  c'était 
un  homme  qui  venait  de  passer  par  les  mains  du  maître  des 
hautes  œuvres  en  le  voyant  réduit  dans  un  état  si  triste;  mais  le 
pauvre  malheureux  était  pris  de  vin  quand  on  nous  l'amena, 
de  manière  qu'après  s'être  reposé  et  les  fumées  apaisées,  il  déclara 
la  chose  comme  elle  était,  et  nous  dit  que,  passant  dans  la  rue 
Dauphine,  il  fut  surpris  d'un  carrosse,  duquel  une  roue  ayant 
passé,  pour  ainsi  dire  le  long  de  sa  jambe  le  réduit  dans  un  état 
déplorable,  ayant  passé  aussi  en  travers  sur  l'autre  ;  après  l'avoir 
amené  à  l'Hôtel-Dieu,  et  le  chirurgien-major  l'ayant  examiné,  il 
reconnut  qu'il  avait  les  deux  jambes  fracturées,  dont  il  en  avait 
une  compliquée  avec  une  fluxion  très  considérable.  Le  major 
ayant  fait  préparer  l'appareil  pour  ces  deux  fractures,  Ton  fut 
fort  surpris,  lorsqu'on  se  mit  en  devoir  de  le  panser,  d'entendre 
une  crépitation  au  fémur  qui  fit  connaître  aussitôt  qu'il  y  avait 
fracture  (la  rotule  de  l'autre  jambe  était  aussi  fracturée);  de  manière 
qu'il  avait  l'extrémité  inférieure  gauche  fracturée  avec  plaie,  la 
partie  moyenne  de  la  rotule  l'était  aussi,  et  l'autre  extrémité  était 
aussi  fracturée  à  la  partie  inférieure  du  fémur,  et  à  la  partie  presque 

(1)  Les  réformes  proposées  en   lySG  sous   le  décanat  de   Boyer,  réclamées  en    1778  par 
Duclianoy  et  Jumelin,  n'avaient  pas  abouti.  (Delaunay,  o.  c,  p.  21.) 

(2)  Art.  39  des  statuts.  Les  licenciés  d'ailleurs  avaient  déjà  subi  avant  ce  stage  l'exame^n 
qui  leur  donnait  le  droit  d'exercer  la  médecine.  Surles  grades,  voy.  J.-C.  Sabatier,  o.  c,  p.  33. 

(3)  Acad.  de  méd.,ms.  57,  ancien  looi,   fol.  242.  Nous  n'avons  pas   respecté  pour  cette 
longue  citation  l'orthographe  du  ms. 


334  i-'hotel-difu  au  xvn«  i:t  au  xviiig  sikclk 

moyenne  du  libia  ;  je  me  mis  d'abord  à  le  panser,  commençant 
par  la  fracture  compliquée...,  après  laquelle  on  fit  une  réduction 
des  autres  avec  beaucoup  de  soin,  et  le  pansement  de  toutes  les 
fractures  nous  occupa  pendant  trois  mois  et  demi,  à  cause 
de  la  fracture  avec  plaie,  laquelle  fut  bientôt  suivie  de  fâcheux 
accidents  qui  fut  une  fluxion  en  huit  jours  de  temps  changea  et 
bouleversa  nos  pansements  ordinaires,  laquelle  fluxion  fut  suivie 
d'un  abcès  considérable  qui  occupait  toute  la  partie  postérieure 
de  la  jambe  auquel  il  fallut  de  nécessité  faire  une  contre-ouverture 
pour  donner  passage  aux  matières  qui  étaient  contenues  dans  ce 
sac,  après  quoi  on  pansa  la  plaie  comme  à  l'ordinaire.  »  Cette 
observation  d'un  cas  intéressant  ne  brille  pas  par  la  netteté  ;  le 
résultat,  d'ailleurs,  fut  encore  moins  satisfaisant  ;  le  malade 
resta  estropié  à  la  suite  de  ses  fractures  ;  quand  à  son  régime,  il 
s'était  composé,  comme  à  l'ordinaire  de  bouillons,  gelée,  tisane 
faite  des  racines  de  fraisier,  de  chiendent,  d'orge  et  de  réglisse. 

Après  les  réductions  de  fracture,  les  opérations  les  plus 
communes,  décrites  dans  la  Pratique  de  l'Hôtel-Dieu,  sont  celles 
du  trépan,  de  la  fistule  lacrymale,  du  bec-de-lièvre,  les  amputa- 
tions, la  castration.  Elles  étaient  loin  de  réussir,  si  nous  en 
croyons  Cabanis:  «  Dans  les  grands  hôpitaux,  les  plaies  les  plus 
simples  deviennent  graves,  les  plaies  graves  deviennent  mortelles 
et  les  graves  opérations  ne  réussissent  presque  jamais.  Voilà  un 
fait  reconnu  de  tous  ceux  qui  ont  vu  avec  leurs  yeux,  et  qui  parlent 
avec  leur  conscience.  Pendant  près  de  5o  ans  que  M.  Moreau  a 
rempli  la  place  de  chirurgien  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu,  l'opération 
du  trépan  n'a  réussi  qu'un  très  petit  nombre  de  fois.  Aujourd'hui 
l'on  n'y  trépane  plus;  et  si  l'issue  le  plus  souvent  funeste  des 
autres  opérations  suffit  pour  les  proscrire,  il  ne  s'en  fera  bientôt 
aucune  importante  dans  cet  hôpital  (i).  » 

On  traitait  couramment  l'ulcère  pustuleux,  qui  désignait 
alors  un  grand  nombre  de  plaies  provenant  d'affections  diverses  : 
«  On  commence  à  le  dilater  en  faisant  une  incision  suivant  la 
rectitude  des  fibres  avec  des  ciseaux  droits,  courbes,  ou  bistouris  ; 
l'incision  étant  faite,  on  met  dans  la  plaie  des  bourdonnets  de 
charpie  et  des  plumaceaux  pour  arrêter  l'hémorragie  ;  on  ne  lève 
cet  appareil  qu'au  bout  de  24  heures;  après  quoi  on  panse  la  plaie 
avec  des  bourdonnets  et  plumaceaux  chargés  de  baume  d'Arceus  ; 
on  emplâtre  fort  par  dessus  ;  s'il  y  a  une  grande  dilatation  et  une 
disposition   à  la  pourriture,  on  charge  les    bourdonnets  et  plu- 

(i)  Observations...,  p.  i5. 


LES    MALADES  ?35 

maceaux  de  partie  égale  de  baume  d'Arceus  et  de  stirax,  continuant 
ce  pansement  pendant  8  ou  lo  jours,  après  quoi  on  se  sert  de 
mondicatif  d'ache,  dont  on  couvre  les  bourdonnets  et  plumaceaux.  » 

Mais  tout  s'efface  devant  la  saigne'e.  Il  faut  lire  dans  un  traite 
du  temps,  l'Empiric  charitable  par  exemple,  l'énumération  des 
bienfaits  de  ce  remède  universel  (i),  qui  convenait  à  tous  les 
stades  des  maladies  ;  on  cherchait,  en  efïet,  à  obtenir  l'un  des 
trois  effets  suivants  :  révulsif,  dérivatif,  évacuateur  ;  la  révulsion  se 
faisait  au  début  de  la  maladie  ;  la  dérivation  à  la  période  d'état  ; 
l'évacuation  à  la  fin  de  la  maladie.  Deux  conditions  essentielles 
devaient  se  réaliser  lorsqu'on  pratiquait  la  saignée  :  éviter  que  le 
sang,  en  s'échappant  de  la  veine  incisée,  vienne  tacher  le  linge 
du  patient,  sa  chemise,  les  draps  de  son  lit;  faire  jaillir  le  sang 
en  arcade,  et  non  en  bavant  a  pour  contenter  les  malades'et  les  spec- 
tateurs »  ;  le  sang  recueilli  était  mis  dans  des  «  poilettes  «  et  soigneu- 
sement examiné  ;  suivant  son  aspect,  on  en  déduisait  le  diagnostic. 

Sur  l'abus  qu'on  en  fit,  une  lettre  de  Gui  Patin  à  Falconet 
du  10  août  1671  nous  donne  un  exemple  entre  mille:  «  Un  de 
nos  médecins,  nommé  Fabien  Perreau,  mourut  hier  [ce  4  août] 
ici,  âgé  de  33  ans  ;  il  est  mort  d'une  fièvre  continue  maligne 
qui  lui  est  venue  du  mauvais  air  de  l'Hôtel-Dieu,  où  il  étoit 
un  des  médecins.  Il  a  été  saigné  12  fois,  mais  ce  qui  lui  a  bien 
aidé  à  mourir,  ont  été  trois  jeunes  médecins  de  ses  amis,  qui 
lui  ont  fait  prendre  plusieurs  verres  d'eau  de  casse,  dans 
lesquels,  par  une  finesse  ridicule  et  même  punissable,  on  faisoit 
mettre  quelque  once  de  vin  émétique,  pur  poison  en  cette  con- 
joncture, car  il  étoit  fort  assoupi,  et  même  avoit  des  mouvements 
convulsifs  (2).  » 

La  saignée  avait  lieu  à  l'Hôtel-Dieu  après  le  déjeuner  de 
1 1  heures,  en  même  temps  que  la  pose  des  ventouses;  les  compa- 
gnons chirurgiens  opéraient  suivant  les  indications  du  maître 
chirurgien  et  des  médecins;  les  pansements  se  faisaient  ensuite  de 
2  à  4  h.  1/2,  puis  la  préparation  des  cataplasmes  et  emplâtres  (3)  ; 


(i)  Voy.  aussi  Botal  (Léon),  De  ciiratione  pcr  sanguinis  missioneni  ;  Lyon,  ib5-j  ; 
Hecquet  (Pli.),  Explication  physique  et  mécanique  des  effets  de  la  saignée  dans  la  cure 
des  maladies;  Chambéry,  1707  ;  Silva  (J.-B.),  Traité  de  l'usage  des  différentes  espèces 
de  saignée,  principalement  de  celle  du  pied  ;  Paris,  1727  ;  Meurisse,  l'Art  de  saigner 
accommodé  aux  principes  de  la  circulation  du  sang  ;  Paris,  1689,  in-12,  etc. 

(2)  Lettres,  III.  p.  783. 

(3)  Pour  tremper  les  pansements,  les  chirurgiens  se  servaient  d'iicuelles  et  de  godets  en 
terre  vernissée.  Arcli.  A.  P.,  H.-D.,  fonds  nouveau,  i6«  liasse,  journal  du  dépensier,  1752, 
art.  io35  :  «  payé  au  n=  Le  Roy,  potier  de  terre,  la  somme  de  104  1.  pour  600  godets 
vernissés  et  35o  écuelles  aussi  vernissées  pour  l'usage  des  chirurgiens,  pour  leur  servir 
aux  pancements  des  blessés».  Sur  les  lancettes  des  praticiens,  voy.  la  curieuse  collection 
décrite  par  le  D'  Haraonic,  la  Chirurgie  et  la  médecine  d'autrefois;  Paris,  1900,  in-8»,  p.  91. 


336  l'hOTICL-DICT    ai-    XVIie    KT    au    WIU^    SIKCLF. 

une  nouvelle  saignée  avait  lieu  dans  les  offices,  s'il  était  nécessaire, 
après  le  souper  de  6  heures  (i). 

LES    DISSECTIONS 

L'œuvre  des  chirurgiens  se  manifestait  encore  dans  les  nom- 
breuses dissections  qui  se  pratiquaient  à  l'Hôtel-Dieu,  malgré 
la  défectuosité  des  locaux,  et  les  difficultés  de  toutes  sortes  qu'ils 
rencontrèrent. 

Le  premier  amphithéâtre  de  dissection  à  Paris  fut,  le  croirait- 
on  ?  l'hôtel  de  Nesle.  On  lit,  en  effet,  à  la  date  de  i5o5,  dans 
les  registres  manuscrits  de  la  Faculté  (2,:  Die  ly'^  januarii  incepta 
fuit  lectura  anatomica  per  decanum  in  domo  regia  de  Nesle,  juxta 
Aiigustinenses.  Et  dtiravit  lectura  per  très  dies  intégras.  Autem 
fecit  solum  de  membris  naturalibus.  Le  doyen,  Jean  Avis  ou 
Loysel,  avait  choisi  pour  ses  auditeurs  l'hôtel  de  Nesle,  qui 
se  trouvait  à  cette  époque  sans  propriétaire.  Les  écoles  de  la 
rue  de  la  Bûcherie  n'avaient  pas  encore  d'amphithéâtre.  Ce 
n'est  que  cent  ans  plus  tard,  en  1 604,  que  fut  construit  la  premièree 
pièce  portant  ce  nom,  et  qui  était  d'ailleurs  sans  vitrage,  ouverte 
aux  vents,  à  la  pluie  et  à  la  grêle  (  3  i. 

Les  mêmes  registres  mentionnent,  comme  un  fait  assez  rare, 
propter  raritatem  casus,  l'autopsie  d'une  femme  morte  en  travail 
puerpéral,  faite  à  l'Hôtel-Dieu  au  commencement  de  mars  i5'5i, 
sous  la  présidence  de  Jacques  Goupil  (4).  L'année  suivante,  la 
Faculté  obtint  du  Parlement  un  arrêt  d'avril  i552  ordonnant  que 
nul  ne  pourrait  faire  «  d'anatomie  »  que  sous  la  présidence 
d'un  docteur  en  médecine,  et  que  nul  cadavre  ne  pourrait  être 
délivré,  soit  par  le  juge  criminel,  soit  par  le  bourreau,  soit  par 


(i)  Bibl.  nat.,  ms.  18606,  fol.  180.  Ordre  et  devoir  des  compagnons  chirurgiens  de 
l'H.-D.  de  Paris  (afficiie  placardée  dans  le  dortoir  des  compagnons  chirurgiens). 

(2)  Reg.  Fac.  niéd.,  t.  III,  fol.  569. 

(3)  Il  y  avait  eu  toutefois  auparavant  des  dissections,  puisqu'en  1496  la  Faculté  décide 
que  tout  cadavre  qui  aura  servi  aux  étuties  sera  iniiumé  en  terre  sainte,  et  qu'on  célébrera 
une  grande  messe  en  son  honneur.  A  Montpellier,  d'ailleurs,  les  cadavres  des  criminels 
étaient  livres  depuis  longtemps  aux  chirurgiens  (Lettres  pat.  de  Charles  VI,  mai  iSgô. 
Ord.des  roisde  France,  t.  Vlll,  p.  73.) 'Voy.  F.  Bouisson,  Tableau  des  progrès  de  l'anatomie 
dans  l'Ecole  de  Montpellier  ;  Montpellier,  i833,  in-8». 

(4)  _T.  IV,  fol.  149  v».  Cependant  A.  Paré,  qui  se  trouvait  compagnon  à  IH.-D. 
vers  i536,  dans  son  «  Avis  au  lecteur  »,  en  tête  de  ses  Œuvres,  nous  donne  un  autre  son  de 
cloche  :  «  Et  afin  qu'on  voye  quels  moyens  jay  eu  de  faire  telles  et  si  grandes  expériences, 
faut  sçavoir  que,  par  l'espace  de  3  ans,  j'ay  résidé  en  IHostel-Dieu  de  Paris,  où  j'ay  eu  le 
moyen  de  veoir  et  cognoistre  tout  ce  qui  peut  être  d'altération  et  maladie  au  corps  humain, 
et  ensemble  y  apprendre  sur  une  infinité  de  corps  morts  tout  ce  qui  se  peut  dire  et 
considérer  sur  l'anatomie.  »  (Œuvres,  éd.  Malgaigne;  Paris,  1840,  in-S»,  t.  I,  p.  10,) 


"S    MALADES 


les  administrateurs  de  THôtel-Dieu,  ou  par  le  prévôt  des  maré- 
chaux, sans  une  permission  signée  du  doyen  de  la  Faculté  et 
scellée  du  sceau  des  écoles  (i). 

Cette  opposition  de  la  Faculté  contre  les  tentatives  des  chirur- 
giens se  manifesta  durant  tout  le  cours  du  xvii«  siècle  (2).  Le 
7  novembre  1612,  une  sentence  du  prévôt  de  Paris  prescrivit  aux 
chirurgiens  de  robe  longue  de  ne  donner  des  leçons  d'anatomie, 
qu'à  portes  ouvertes,  et  de  ne  disséquer  qu'en  présence  des  éco- 
liers. Le  23  novembre  i6i5,  un  arrêt  du  Parlement  défendit  à 
l'Hôtel-Dieu  «  et  à  tous  autres  »  de  délivrer  aucuns  corps  morts  aux 
chirurgiens,  ni  aux  barbiers-chirurgiens,  si  ce  n'est  avec  permis- 
sion de    la    Faculté.    Cette   dernière    peut    même    (arrêtés    des 

11  novembre  1614  et  14  décembre  i63o)  faire  enlever  de  force 
des    corps   morts    livrés    aux    chirurgiens    sans    permission.    Le 

12  mars  i633,  elle  fait  décréter  que  la  délivrance  des  cadavre? 
des  suppliciés  n'aura  lieu  qu'au  pilier  des  Halles,  et  punir  de 
60  livres  d'amende  le  chirurgien  de  La  Noue,  pour  avoir  disséqué 
sans  son  autorisation.  On  cite  le  cas  du  fils  d'un  fossoyeur  de 
Saint-Sulpice  qui  fut  admonesté  et  condamné  à  l'amende  par  un 
arrêt  du  12  Juillet  i683,  pour  avoir  vendu  plusieurs  cadavres  à 
des  chirurgiens  (3). 

Le  Parlement,  par  divers  arrêts  des  !«■■  février  i63o  et 
i5  mars  i632  défendit  aux  étudiants  d'enlever  par  force  les 
cadavres  des  suppliciés,  et  aux  prévôts  et  aux  exécuteurs  des 
hautes  œuvres,  ainsi  qu'à  leurs  valets,  de  délivrer  ces  cadavres, 
sans  un  mandat  signé  du  doyen  de  la  Faculté  de  médecine  (4). 
Il  est  dit,  dans  lesconsidérants  de  cet  arrêt,  «  que,  depuislongtemps, 
les  étudiants  en  médecine  et  en  chirurgie  se  livrent  à  des  voies  de 
fait  et  à  des  violences,  et  commettent  même  des  meurtres,  pour 
avoir  les  corps  des  suppliciés;  que,  dans  cette  intention,  ils  ameutent 
les  vagabonds,  les  pages  et  les  laquais  pour  faire  du  tapage  et 
favoriser  de  cette  manière  leur  enlèvement  (5)  ». 

D'autre  part,  l'Hôtel-Dieu  recevait  fréquemment  des  demandes 
de  cadavres.  La  délibération  du  12  février  i655  avait  expressé- 
ment défendu  d'en  délivrer  aucun  ;  ce  règlement  fut  enfreint  pour 
la    première   fois  le    i*"  septembre    1717.    Le  Bureau  accorda   à 


(i)  Reg.  Fac.  de  méd.,  t.  VI,  fol.  i3i  v». 

(2)  Voy.  art.  Anatomie,  dans  Dict.  des  Se.  méd.  ;  Paris,  t.  IV,  187Ô. 

(3)  A.  Guillot,  Paris  qui  souffre;  Paris,  1888,  in-8°,  p.  97. 

(4)  Bibl.  Ars.,  ms.  53o6.  Recueil  de  pièces  sur  différents  droits  de  la  Faculté  de  médecine, 
fol.  79;  mémoire  à  MM.  les  Administrateurs  de  l'H.-D.  et  des  autres  hôpitaux  généraux 
de  Paris;  Impr.,  8  p.,  1745.  Signé  G.   de  l'Espine. 

(3)  Voy.  aussi  ord.  ds  1637  et  iÔ4[.  Arcli.  de  la  Préf.  de  police,    collection  Lamoignon. 

90 


338  I.'hOTKL-OIKU    ai-    XVII"    et    au    XVI[I<=    sièclr 

Jean  Duverney,  ou  du  Vernay  [i),  «  démonstrateur  royal  au 
Jardin  des  plantes  médicinales  «,  un  ou  deux  cadavres  au  plus, 
dans  tout  l'hiver,  et  quelques  bras  et  jambes  en  été;  on  ne  les 
lui  promit,  il  est  vrai,  qu'au  cas  oîi  il  ne  pourrait  s'en  procurer 
ailleurs,  et  cette  permission  lui  fut  retirée  peu  après,  en  raison 
d'abus  commis  par  lui,  et  aussi  parce  qu'il  fallait  conserver  les 
cadavres  pour  l'instruction  des  chirurgiens  de  la  maison.  On 
chassa  même,  en  1725,  pour  donner  satisfaction  à  l'opinion 
publique,  le  fossoyeur  de  Clamart  qui  s'était  laissé  suborner  (2). 
Les  demandes  furent  écartées  à  l'avenir,  entre  autres  celle  de 
Maréchal,  premier  chirurgien  du  roi,  en  1728  (3);  celle  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  dont  les  membres  étaient  démonstrateurs 
en  anatomie,  en  1731  ;  celle  de  Dufay,  en  1733  ;  celle  de  Mertrud, 
«  démonstrateur  en  anatomie  au  Jardin  royal  »,  en  1749';  celle  de 
Hérissant,  en  1750  (4).  L'Hôtel-Dieu  défendit  avec  vigueur  son 
amphithéâtre  et  ses  chirurgiens  contre  les  particuliers,  «  qui 
avaient  moins  en  vue  le  bien  public  que  leur  intérêt  personnel, 
et  cherchaient  à  se  faire  un  revenu  de  leurs  leçons  (5)  ». 

Pour  faire  cesser  le  désordre  qui  existait  dans  les  services 
d'anatomie  (6),  le  Bureau,  à  la  demande  du  maître  chirur- 
gien, fit  paraître  le  règlement  du  3i  décembre  1706,  dont 
les  principales  dispositions  étaient  les  suivantes  :  les  exercices 
d'anatomie,  sous  la  direction  du  maître  chirurgien,  devaient 
commencer  à  la  Toussaint  et  se  terminer  la  veille  du  dimanche 
des  Rameaux  ;  seul,  le  maître  chirurgien  avait  le  droit  de  prendre 
des  corps  à  la  salle  des  morts  ;  les  préparations  de  parties 
devaient  se  faire  de  8  à  11  heures  du  matin,  et  les  démonstrations 
de  2  à  3  heures  de  l'après-midi  ;  défense  était  faite  aux  compa- 
gnons d'entreprendre  aucune  préparation  la  nuit,  ni  ailleurs  qu'à 
l'amphithéâtre.  Les  compagnons  et  les  externes  devaient  assister 
aux  démonstrations  du  maître  et  du  compagnon  gagnant  maîtrise, 
et  les  compagnons  disséquer  eux-mêmes  devant  leurs  externes  ; 
mais   aucun    chirurgien    étranger   à   la  maison    ne    devait    entrer 


(1)  Duverney  (J.-G).  né  en  1648,  mort.en  1730,  donna  des  leçons  d'anatomie  au  dauphin 
et  fit  des  cours  très  suivis  des  étrangers,  notamment  de  Lister.  (Vo}'.  Voyage  à  Paris: 
éd.  des  bibliophiles;  Paris,  1873,  in-8»,  p.  69I  :  voy.  aussi  D'  Gannal,  Un  Cours  d'anatomie 
au  Jardin  du  roi,  dans  Bull.  Soc.  Hist.  de  Paris;  i8g3,  t.  XX,  p.  21.) 

(2)  Délib.  10  janv.  1725.  Sur  les  anatomistes,    voy.  A.  Guillot,  0.  c,  p.  96. 

(3)  G.  Maréchal  (i638-i736)  avait  été  premier  chirurgien  de  I.ouis  XIV  dès  1703  et 
avait  conservé  la  même  position  sous  Louis  XV,  en  s"adjoignant  La  Peyronie  en  17 19. 

(4)  Délib.  8  avril  1750,  reg.  119,  fol.  74,  et  Joly  de  Fleury,  280,  doss.  2896.  Sur  Fr.-Dav. 
Hérissant  (1714-1771),  voy.  Dict.  de  Dezeimeris. 

(3)  Délib.  3o  avril  1749,    reg.  118,  fol.  101. 

(6)  On  réservait  pour  les  dissectiotis  des  cliirurgiens  de  la  maison  le  corps  des  héré- 
tiques. (Délib.  10  janv.  1681.) 


LES    MALADES  .-'.■>g 

à  ramphiihéâtre,  sans  avoir  de  permission  écrite  des  adminis- 
trateurs. 

L'année  suivante,  Tédit  de  mars  1707  (i)  enjoignit  aux  magis- 
trats et  aux  directeurs  des  hôpitaux  de  faire  parvenir  des  cadavres 
aux  professeurs  de  médecine,  pour  faire  les  démonstrations 
d'anatomie  et  enseigner  les  opérations  de  chirurgie,  mais  seulement 
du  i^""  octobre  au  i*""  avril.  Nous  savons,  d'autre  part,  que  les 
sujets  décédés  à  la  Salpêtrière  et  à  Bicêtre  pouvaient  être  délivrés 
aux  prévôts  des  maîtres  chirurgiens,  l'espace  d'une  nuit,  moyen- 
nant une  somme  de  20  livres,  consacrée  à  faire  dire  des  messes 
pendant  l'opération  pour  le  repos  de  leur  âme  (2). 

L'Hôtel-Dieu  possédait,  à  la  fin  du  xviii^  siècle,  un  nouvel 
amphithéâtre  construit  dans  le  bâtiment  méridional  sur  l'emplace- 
ment de  la  salle  Saint-Yves,  entre  l'escalier  de  Saint-Landry  et  de 
Saint-Nicolas  (3),  réduit  infect  où  travaillaient,  au  milieu  des 
émanations  putrides,  plus  de  i5o  étudiants.  Aussi,  la  plupart  de 
ces  derniers,  n'y  trouvant  point  de  place  pour  leurs  études,  étaient 
obligés  de  disséquer  dans  leurs  chambres  ou  dans  des  greniers, 
sur  des  cadavres  achetés  aux  fossoyeurs,  dans  les  cimetières  de 
paroisse,  à  l'insu  des  curés  et  des  marguilliers  (4),  ou  bien  au 
cimetière  de  Clamart.  Quelques  professeurs  ouvrirent  des 
amphithéâtres  privés,  comme  Desault,  dans  la  rue  du  Plâtre- 
Saint-Jacques,  puis  rue  des  Lavandières,  bientôt  imité  par  ses 
élèves,  Pelletan,  Dubois,  Lallemand,  Boyer,  et  plus  tard,  Bichat, 
qui  louaient,  pour  cet  ofhce,  le  dernier  étage  des  vieilles  maisons 
délabrées  du  quartier  de  la  place  Maubert  (5). 

Les  cadavres  ne  devaient  pas  manquer  à  l'Hôtel-Dieu  si  l'on  se 
reporte  aux  statistiques  de  décès  qui  nous  ont  été  conservées. 
Po-ur  une  période  décennale,  de  1780  à  1789,  on  enregistre 
50.540  décès,  soit  une  moyenne  de  5.o54paran  sur  26.279  entrants 
et  de  14  par  jour  sur  72  entrants  (6). 

Cette  statistique  figure  dans  les  registres  de  délibérations,   et 


(1)  Rcgl.  H.-D.,  II,  619. 

(2)  Arch.  Préf.  pol.,  colL  Lamoignon,  ."o"  voL,  foL  280. 

(3)  Délib.  2  janv.  1788,  reg.  i58,  non  paginé.  Auparavant  le  diirurgien-major  et  les  deux 
chirurgiens  gagnant  maîtrise  étaient  seuls  admis  à  faire  des  expériences  dans  la  salle  des 
morts.  (Délib.  18  févr.  1736.) 

(4)  Sur  ces  vols,  vov.  coll.  Lamoignon,  11°  vol.,  fol.  35o,  et  délib.  6  murs  1771,  reg.  140, 
fol.  17?. 

(5)  Voy.  J.  Robert,  le  Laboratoire  d'un  anatomiste  et  les  procédés  de  conservation  des 
cadavres  au  début  du  xix»  s.,  dans  France  mé^i.,  10  janv.  1901. 

(6)  Benoît  Malon,  le  Socialisme  intégral,  Paris,  1891,  in-8°,  t.  Il,  p.  i3o,  dans  son  chap. 
sur  l'assistance  sociale  dans  les  derniers  siècles,  cite  d'après  Chamousseï  la  mortalité 
elfravante  de  l'H.-D.,.de  1737  à  1743,  61.091  morts  sur  25i  .1  78  entrées,  soit  24  °,o. 


340 


L"HOTr':L-DIKU    AU    XVI I'^ 


elle  était  fournie  au  lieutenant  gJnéral  de  police,  et  parfois  même 
au  Parlement  (i). 

Enfin,  depuis  1682,  paraissait  chez  Thierry,  «  imprimeur  ordi- 
naire de  la  police  »,  rue  Saint-Jacques,  «  à  la  Ville  de  Paris  «,  l'État 
des  baptêmes,  mariages  et  mortuaires  de  la  ville  et  faiixboiirgs 
qui  donnait  par  mois  et  par  paroisse,  la  statistique  des  malades 
des  hôpitaux  entrés  et  sortis,  avec  des  observations  sur  les  mala- 
dies, en  même  temps  que  le  prix  des  grains  et  les  ordonnances  de 
police  (2). 

Pour  Tétat  civil  on  distinguait  les  morts  d'avant  minuit,  et 
ceux  d'après  minuit  en  attachant  au  poignet  des  cadavres  un 
cordon  de  fil  de  couleur  différente,  du  moins  au  xviii«  siècle,  car 
auparavant  tous  les  décès  de  6  heures  du  soir  à  5  heures  du  matin 
étaient  enregistrés  sous  la  même  date  (3). 


LES    «   OFFICES   »    A    LA    FIN    DU    XVIII'î    SIECLE 

Du  temps  où  Tenon  écrivait  ses  Mémoires,  les  services  de 
malades  étaient  désignés  sous  le  nom  «  d'emplois  »,  et  les  services 
généraux  sous  le  nom  de  «  départements  ». 

Les  emplois  comprenaient  les  salles  de  malades  ou  infirmeries, 
et  les  «  dessertes  »  ou  pièces  accessoires,  qui  s'étaient  multipliées 
au  point  de  gêner  le  service  d'une  façon  intolérable  (4).  On  en 
comptait  jusqu'à  i3  dans  les  emplois  ordinaires:  «  1°  la  cuisiiie  ou 
office  pour  réchauffer  les  vivres  et  préparer  les  collations  ;  2°  une 
pièce  attachée  à  cet  office  tenant  lieu  de  serre  ou  de  dépense  ;  3°  un 
fruitier;  4°  le  bûcher  ;  5°  le  charbonnier  ;  6°  les  commodités  des 
malades  ;  7°  celles  des  religieuses  de  l'emploi  ;  8°  celles  des  gens  de 
service  ;  9°  le  caveau  où  l'on  retire  le  linge  sale  ;  10''  l'échangeoir 
du  linge  sale  avec  son  réservoir  d'eau  et  la  pierre  ou  cuvette  à 
échanger  ;  1 1°  le  lieu  pour  couler  la  lessive  au  menu  linge  ;  12°  des 
étendoirs  particuliers  pour  faire  sécher  le  linge  de  ces  lessives; 
i3°  l'oratoire  particulier  à  chaque  emploi  avec  sa  sacristie.  Pour 


(i)  Cf.  Bibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  passim.  Necker  avait  eu  l'idée  de  l'établissement  d'un 
bureau  général  de  recherches  et  de  renseignements  pour  la  statistique  des  hôpitaux.  (Adm. 
des  fin.,  111,  188.) 

(2I  Bibl.  Maz.  A,  15427.  Ces  feuilles  pour  1682  donnent  les  statistiques  concernant 
IH.-D.,  S'-Louis,  les  Quinze-Vingts,  la  Charité,  les  Invalides,  l'hospice  de  la  Roquette, 
les  Incurables,  les  Petites-Maisons,  la  Trinité,  les  Enfants-Rouges,  les  Enfants-Trouvés  et 
l'Hôpital  général.  Au  .wiii-  s.,  le  Journal  de  Paris  ou  Poste  du  soir  donnait  le  lundi,  p.  3, 
le  nom  des  malades  des  liôpitau.'c,  mais  l'H.-D.  s'opposa  à  cette  divulgation.  (Délib. 
27  nov.  1776.) 

(3)  Dibl.  nat.,  Joly  de  Fleury,  12  11,  fol.   i3. 

(4)  Mcm...,  p.  i3o. 


LES    MALADES  3^1 


les  emplois  extraordinaires,  comme  à  l'office  des  accouchées,  il 
faut  ajouter:  14"  une  loge  de  portière;  i5°  un  parloir;  16"  la 
salle  où  Ton  accouche;  17°  le  logement  de  la  maîtresse  sage- 
femme  ;   18°  le  logement  des  apprenties  sages-femmes. 

Or,  l'Hôtel-Dieu  comptait  alors  20  emplois,  formant  chacun 
une  sorte  d'hôpital  particulier,  ayant  à  sa  tête  la  mère  d'office, 
assistée  dans  les  plus  importants  de  deux  autres  religieuses.  Dans 
chaque  emploi,  la  mère  d'office  fait  «  raccommoder  »  le  bouillon 
venant  de  la  grande  cuisine,  en  le  faisant  bouillir  avec  des  os 
restés  de  la  distribution  de  la  veille,  des  oignons  et  des  poi- 
reaux, etc.  ;  elle  prépare  les  collations  qui  consistent  en  bouillie, 
soupe  au  lair,  pruneaux,  pommes  cuites,  raisins,  cerises,  abricots, 
biscuits,  selon  la  saison,  et  qui  se  distribuent  à  i  heure  après 
midi,  et  à  10  heures  du  soir;  dans  les  frais  de  ces  collations,  le 
Bureau  n'entre  que  pour  10  liards  par  Jour  ;  le  reste  est  produit 
par  un  petit  pécule  provenant  des  montres,  bijoux,  boucles, 
argent  monnayé  des  malades,  rendus  fidèlement  en  cas  de  guérison, 
mais  restant,  en  cas  de  décès,  la  propriété  de  l'office. 

On  conçoit  facilement  la  répercussion  sur  les  frais  de  gestion 
de  ce  morcellement  de  l'hôpital  ;  les  contemporains  ne  s'y  sont 
pas  trompés  :  «  C'est  un  grand  défaut,  dit  Tenon  (i),  pour  un 
hôpital,  d'avoir  dans  son  sein  autant  de  petits  hôpitaux,  autant 
de  cuisines,  de  buanderies  particulières,  autant  de  séchoirs,  de 
caveaux  de  linge  sale,  de  pièces  pour  échanges,  et  c'est  multiplier 
les  consommations  et  la  main-d'œuvre,  détourner  les  officières, 
les  infirmiers  et  infirmières,  de  leurs  véritables  fonctions  ;  c'est 
enfin  envelopper  les  salles  d'une  quantité  de  pièces  aussi  incom- 
modes que  préjudiciables  à  leur  salubrité.  » 

Si  nous  passons  du  service  des  salles  aux  services  généraux, 
aux  «  départements  «,  nous  trouvons  la  même  complication  (2). 
Tenon  en  énumère  26  principaux  :  «  i»  l'église  ;  2'^  le  bureau 
d'administration;  3°  la  visite  des  malades;  4°  les  entrées  et  sorties; 
5°  les  cuisines  ;  6°  la  sommellerie  et  la  tonnellerie  ;  7°  la  paneterie- 
boulangerie,  la  farinerie,  la  conservation  des  grains  ;  8°  la 
boucherie  et  la  fonderie  des  suifs  ;  9°  la  chandellerie  ;  10°  la 
garde  des  huiles  ;  1 1°  l'apothicairerie;  12°  les  buanderies  générales; 
i3°  la  lingerie  aux  draps  ;  14°  la  lingerie  aux  chemises  et  au 
menu  linge;  i5°  la  lingerie  particulière  dite  du  chiffon,  pour  la 
conservation  et    la  distribution  des  bandes,  compresses  et  de  la 


(i)  Mcm...,  p.   i32,  i33. 

(2)  Cf.  les  plans  détaillés  des  salles,  Cab.  des  est.,  V";  9. 


.^42  I.  HOTri.-i)ir,r   w   ww  \t  av  xviii'"  sikci.e 

_Z -\ 

i 

charpie;  i6"  le  département  des  tapissiers  ;  17°  celui  des  tailleurs  ;  j 
18"  le  vestiaire  des  hommes;  19°  le  vestiaire  des  femmes;  20°  le  j 
lieu  de  dépôt  pour  les  morts,  avec  tout  ce  qui  a  rapport  aux  salles  i 
et  amphithéâtres  anatomiques  ;  21°  ce  qui  regarde  l'entretien  des  \ 
pompes,  des  tuyaux  et  la  distribution  des  eaux  ;  22°  le  chantier  au  ' 
bois  à  brûler  ;  23°  le  magasin  général  au  charbon;  24°  le  détail  ' 
des  basses-cours  ;  25°  les  divers  ateliers,  chaudronniers,  menuisiers,  i 
savefiers,  vitriers,  charrons  ;  26°  Tinspection  et  entretien  des 
bâtimens  n.  Tous  ces  départements  ne  représentent  pas  des  locaux  ; 
effectifs,  mais  certains  sont  de  véritables  magasins,  et  Ton  se 
demande  avec  étonnement  comment,  dans  un  si  petit  espace,  une  ■ 
pareille  organisation  pouvait  fonctionner  et  évoluer. 

Un  homme  pourtant,  le  chirurgien  P.-J.  Desault    ij,  à  la  fin    I 
du  xvin«  siècle,   tâcha  d'introduire   à  THôtel-Dieu   de   nouvelles   ', 
méthodes,  Il  habitait  un  modeste  appartement  rue  de  la  Harpe, 
vis-à-vis    de   la   rue    du   Foin,  quand   il    fut  élu,  à    la    mort   de 
J. -Baptiste  Ferrand,  en  février  1785,  maître  chirurgien  à  l'Hôtel-   | 
Dieu.  Sa  thèse  avait  été  la  première  passée,  le  3i    août   1776,  à  i 
rÉcole  de  chirurgie,  nouvellement  construite  (2'  ;  mais  il  faisait  : 
déjà  depuis  longtemps  des  cours  sur  l'anatomie,  qui  avaient  un  tel   ; 
succès  que  ses  rivaux  les  avaient  fait  interdire  ;  soutenu  heureuse-  ' 
ment  par  Louis  et  La  Martinière,  il  put  être  nommé  professeur  à  ^ 
rÉcole   pratique  de  chirurgie,  puis  chirurgien  de  la  Charité,  en  ^ 
1782,  enfin  en   1785  de  THôtel-Dieu,  «  vaste  abîme,  dit  son  élève  1 
Bichat  (3),  où  allait-  auparavant  se   perdre  la   foule  des  malades,  ^ 
inutile  à  l'art   et  ignorée  des  artistes,   et  [qui]    devint  un   dépôt  ■ 
ouvert  de  toute  part  à  l'observation,  et  où  l'instruction  multipliée  [ 
sous  mille  formes,    attira  ce  grand    nombre   d'élèves  que  l'envie  I 
d'apprendre  attachoit  depuis  longtemps  à  sa  suite.  L'enseignement  ' 
de  la  chirurgie,   alors  resserré  dans  l'école,   s'y  traînoit  sur  une 
suite  de  théories,  plus  souvent  nées  dans  le  cabinet  qu'auprès  du 
lit  des  malades....  L'élève  qu'elles  avoient  formé,  habile  à  discourir, 
novice  à  pratiquer,    n'avoit,  pour  se  diriger  dans    le    traitement 
des  maladies,  qu'une  expérience  longtemps  composée  de  ses  fautes  ] 
et  de  ses  méprises.   Desault  conçut  qu'il  avoit  à  suivre  une  route  j 
opposée,  et  que  pour  être  utiles,   ses  leçons  devaient  moins  être  ' 

(i)  Né  à  Magny-Vernois,  prés  de  Lure,  mort  à  Paris  le  i"  juin  1795.  La  Convention  ' 
accorda  à  sa  veuve,  Marguerite  Tliouvenin,  une  pension  annuelle  de  2.000  1.  [Moniteur,  1 
4  messidor  an  III,  n»  274.) 

(2)  De  calcula  l'esicœ   urinariœ,  eoqne  extrahendo,  pravia  seclione.   ope  instriDnenti  ' 
Haivkynsiani  emendati.  (Tliéses  cliirurg.  de  Paris,  in-4»,  22  p.,  sous  la  présidence   d'Ant. 
Louis.)  ' 

(3)  Eloge  de  Desault  par  X.  Bicliat,   en  tête  des   Œuvres  chirurgicales  de  son   maître; 
Paris,  1798-1803,  3  vol.  in-12,  I,  p.  23.  '^  , 

i 


LES    MALADES 


un    traiié    qu'une    démonstraiion    des    maladies,    une    inspection 

raisonnée  plutôt  qu'un  ensemble  de  préceptes L'enseignement 

de  l'Hôtel-Dieu  fut  dirigé  d'après  ces  considérations.  Il  offrit  la 
première  clinique  externe  qui  ait  existé  en  France,  et  la  mieux 
combinée  qui  ait  encore  été  établie  en  Europe.  Chaque  description 
y  étoit  animée  par  la  présence  de  l'objet  décrit.  Chaque  opération 
y  offroit  aux  yeux  ce  qu'ordinairement  on  ne  présente,  dans  les 
cours,  qu'à  l'imagination.  »  Ce  n'est  pas  à  l'éloquence,  comme 
on  l'a  souvent  écrit,  que  Desault  dut  son  succès.  Au  contraire, 
«  les  grâces  de  l'élocution,  dit  encore  Bichat,  n'embellissojem 
point  ses  discours.  Dans  les  sciences  exactes,  qu'est  le  mérite  de 
plaire  auprès  de  celui  d'intéresser  ?  L'expression  fuit,  et  laisse  à 
nu  les  choses  qu'elle  recouvroit.  Souvent  la  fécondité  de  l'une 
n'est  qu'un  voile  à  la  stérilité  des  autres,  et  tel  nous  éblouit  quand 
il  parle,  qui  n'a  rien  dit  lorsqu'il  a  parlé  (i).  » 

Desault  fut  un  hygiéniste  fervent  ;  il  avait  obtenu  du  Bureau 
que  les  blessés  (hommes),  hospitalisés  dans  les  salles  Saint-Paul 
et  Saint-Nicolas  réunies,  fussent  couchés  seuls  dans  un  lit, 
mais  l'encombrement  était  tel  que  bientôt  il  fallut  revenir  à 
l'ancienne  pratique,  et  en  mettre  3  ou  4  ensemble  ;  dans  cette 
double  salle,  il  y  avait  jusqu'à  33o  et  340  malades  en  jan- 
vier 1788  12).  Il  ne  manque  pas  de  signaler  aux  administra- 
teurs cette  situation  vraiment  lamentable  dans  une  lettre  qui 
résume  tous  les  abus  de  la  maison,  à  la  veille  de  la  Révolution  (3)  : 
1°  défaut  d'ordre  dans  la  réception  et  la  sortie  des  malades;  en 
effet,  la  nuit,  on  reçoit  indistinctement,  sans  incription  et  sans 
visite,  tous  ceux  qui  se  présentent  ;  ce  sont  souvent  des  ivrognes 
qui  se  sont  fait  quelque  égratignure,  et  qu'on  ne  peut  pas  renvoyer 
le  lendemain,  parce  que  le  jour  de  sortie  n'a  lieu  que  3  fois  par 
semaine,  et  souvent  2  et  même  moins  lorsqu'il  y  a  une  ou 
plusieurs  fêtes,  ou  que  les  religieuses  préposées  aux  chemises  et 
aux  habits  ont  quelque  autre  affaire  ;  de  plus,  il  y  a  dans  le  service 
une  infinité  de  paresseux  et  de  désœuvrés  qui  ne  sont  plus 
malades,  et  qui  s'en  vont  de  leur  lit  le  matin  et  le  soir  à 
l'heure  des  pansements,  afin  de  ne  pas  être  aperçus  par  les 
chirurgiens  qui  les  feraient  renvoyer,  et  qui  y  reviennent  lors  de 


(i)  Des  analyses  des  consultations  de  Desault  (i 786-1787),  dues  probablement  à  l'un  de 
ses  élèves,  l'anatomiste  Gavard  (1733-1802),  ont  été  publiées  récemment  par  M.  Coyecque, 
Bull.  Soc.  H.  de  P..,  191  o. 

(2)  Délib.  3i  janv.  1788,  reg.  i58,  non  pagine',  et  Arch.  nat..  Fi'-  233,  plusieurs  pièces 
reproduites  par  Tuetey,  o.  c,  1,  20<),  et  aussi  E.  Sauzay,  Un  C/iirurf;ifn  au  siccle  dernier. 
P.-J.  Desault  ;  Paris,  1889,  in-4'',  45  p. 

(3)  Délib.  3o  janv.  1788.  Nous  ne  donnons  ici  qu'un  résuiué  de  la  lettre. 


.^44  I-  HOTFI.-Dir.I'    AV    XVII'-    KT    AU    XYIII^    SIKCLF. 

]a  disiribuiion  des  aliments  et  que  les  religieuses  gardent  «  par 
principe  de  charité  »  ;  2°  défaut  de  régime  et  de  police  dans 
l'intérieur  des  salles  ;  les  religieuses  donnent  trop  à  manger,  car 
il  n'y  a  point  de  maladies  où  la  trop  grande  quantité  d'aliments 
ait  autant  d'influence  que  dans  les  maladies  chirurgicales  ;  les 
parents  et  amis  apportent  des  victuailles  qui  sont  également 
contraires  aux  malades  ;  enfin,  les  malades  se  lèvent  et  se 
promènent  à  leur  guise,  ce  qui  retarde  encore  leur  gué- 
rison. 

Cette  situation,  nous  pouvons  la  présenter,  sans  noircir  le 
tableau,  d'une  façon  plus  concrète.  Qu'on  se  figure  en  effet  sur  le 
bras  de  Seine,  surtout  entre  le  pont  au  Double  et  le  Petit-Pont, 
les  vagabonds  et  gens  sans  aveu  qui  rôdent,  le  soir  et  la  nuit,  pour 
voler  les  marchandises  restées  dans  les  bachots  et  bateaux,  et 
viennent  se  baigner,  tout  en  cherchant  à  faire  un  mauvais  coup  (ij 
—  n'en  a-t-on  pas  vu  voler  des  couvertures,  des  draps  et  du  linge 
qu'on  avait  laissé  «  tremper  »  la  nuit  au  lavoir  avant  de  les  lessiver, 
en  les  tirant  avec  de  grands  crocs  ?  —  les  pêcheurs  qui  injurient  les 
novices  occupées  à  laver  le  linge,  quelquefois  même  le  leur  sai- 
sissent, ou  bien  se  déshabillent  tout  nus  et  plongent  pour  y  pêcher 
les  bassins,  écuelles  et  autres  ustensiles  tombés  dans  la  rivière, 
empêchent  les  serviteurs  de  les  reprendre,  font  «  mille  indé- 
cences »  (2)  —  les  baigneurs  et  baigneuses  qui  restent  parfois  tout 
nus  sur  les  bords  et  graviers  de  la  rivière  et  sur  les  bateaux  vides 
ou  chargés  de  marchandises,  et  s'en  vont  ainsi  vers  les  bateaux  à 
lessive  (3)  ;  —  «  les  compagnons  de  rivière  »  qui  conduisent  les 
trains  de  bois  flottés,  et  eux  aussi,  ne  se  privent  pas  de  voler  du 
linge  Ou  des  hardes  (4)  ;  les  gens  qui  se  -pressent  le  dimanche  et 
les  jours  de  fête  à  la  porte  de  la  salle  de  l'Infirmerie,  à  l'heure 
où  se  font  les  baptêmes,  pour  s'offrir  à  être  parrains  et  marraines, 
insultent   les   prêtres,    les   religieuses,    les  novices,  empêchent  le 


(i)  Rè^l.  H.-D.,  III,  io3.  Sentence  du  Bureau  de  la  Ville  du  5  juin  171 1  portant  def- 
fenses  à  toutes  personnes  de  se  baigner  dans  le  bras  de  la  rivière  de  Seine,  depuis  le  pont 
de  l'H.-D.  jusqu'à  celui  appelé  le  Petit-Pont,  à  peine  de  20  1.  d'amende,  et  à  tous  vagabonds 
et  gens  sans  aveu  de  rôder  sur  la  rivière,  ni  d'entrer  dans  ledit  canal  pendant  la  nuit,  sous 
quelque  prétexte  que  ce  soit,  à  peine  de  fouet. 

(2)  Régi.  H.-D.,  III,  323.  Ordonnance  de  M.  le  Grand  Maître  des  eaux  et  forets  au 
département  de  Paris  du  14  juin  1724,  qui  fait  défenses  aux  maîtres  pécheurs  et  à  tous 
autres  particuliers  de  pécher  ni  s'arrêter  avec  bateaux  dans  l'espace  du  bras  de  la  rivière 
de  Seine,  passant  entre  le  pont  de  l'H.-D.  et  le  Petit-Pont,  sous  quelque  prétexte  que  ce 
soit,  ni  pareillement  de  s'y  baigner,  à  peine  de  confiscation  desdits  bateaux,  100  1. 
d'amende,  d'un  mois  de  prison,  et  de  plus  grande  peine  en  cas  de  récidive. 

(3)  Régi.  H.-D.,  III,  425.  Sentence  du  Bureau  de  la  Ville  du  i5  mai  1737  portant  deffenses 
à  toutes  personnes  de  se  baigner  dans  le  petit  bras  de  la  rivière  depuis  le  Jardin  appelé  le 
Terrcin,  jusqu'au  pont  St-Michei,  à  peine  de  punition  corporelle. 

(4)  Régi.  H.-D.  Ordonnance  du  Bureau  de  la  Ville  du  i3  mai  1744. 


LKS    MALADES  .''4D 

service  par  le  désordre  qu'ils  communiquent  (i); —  les  domes- 
tiques qui  jettent  Jour  et  nuit  des  ordures  sur  la  rue  de  la 
Bùcherie,  «  et  quelquefois  le  vase  dont  les  éclaboussures  gâtent 
les  marchandises  »  et  blessent  les  passants,  ou  bien  urinent  par 
les  fenêtres  et  mettent  des  lumières  pour  être  vus,  au  grand 
scandale  des  voisins  (2);  qu'on  ajouteà  ce  spectacle  Tencombre- 
ment  produit  par  les  bateaux  et  chalands  placés  à  «  cul-pendant  » 
les  uns  des  autres  entre  le  pont  Saint-Charles  et  le  Petit-Pont, 
apportant  les  provisions  de  la  maison,  tandis  que  le  milieu  de 
la  rivière  reste  libre  pour  «  Tavalage  »  des  bateaux  et  des  trains, 
moins  exposés  à  se  briser  dans  ce  canal  que  sous  Tarche  Saint- 
Denis  du  pont  Notre-Dame,  ou  sous  l'arche  «  avalante  »  du  pont 
au  Change,  déchargeant  des  charbons  pour  la  cuisine  au  port 
l'Evêque  et  au  port  des  Étuves,  du  côté  de  la  rue  de  la  Bùcherie, 
les  bois  qui  remplissent  le  cagnard  Saint-Charles,  les  blés  qui  se 
mettent  dans  les  greniers  de  la  rue  du  Fouarre,  les  vins  qui 
s'empilent  dans  le  cagnard  aux  bœufs  (3)  ;  que  l'on  descende  dans 
les  sous-sols  où  s'enchevêtrent  buanderie,  bûcher,  étuves  à  sécher, 
tuerie  de  bestiaux,  magasins  à  huile,  fonderie  de  suifs  ;  qu'après 
avoir  franchi  le  portail  à  travers  les  échoppes  des  maîtresses 
lingères,  des  imprimeurs  et  autres  boutiquiers  garnissant  le 
perron,  les  étalages  de  la  foire  au  lard,  si  c'est  un  jeudi  saint,  ou  de 
la  foire  aux  herbes,  le  jour  de  la  Notre-Dame  de  septembre,  on 
pénètre  dans  l'intérieur  de  la  maison  toute  pleine  de  rumeurs, 
«  malades  de  force  »  qui  se  révoltent  et  frappent  religieuses  et 
officiers,  soldats  venus  pour  enrôler  des  malades  (4),  convalescents 
ou  domestiques  qui  se  disputent,  visiteurs  trafiquant  avec  les 
malades  de  leurs  aliments,  introduisant  des  boissons  nuisibles  à 
leur  rétablissement,  ou  même  venus  pour  les  voler  (5)  :  on  pourra 


(i)  Délib.  2  avril  lySy,  reg.  io6,  fol.  109. 

(2)  Délib.  23  août  1729,  p.  98,  fol.  314.  Les  cours  étaient  éclairées  le  soir  par  des  chan- 
delles pjacées  en  différents  endroits.  En  1768,  on  décida  de  mettre,  pendant  le  temps  du 
Carême  seulement,  2  lampes  à  réverbères  pareilles  à  celles  des  rues,  dans  les  cours  basses 
où  se  faisait  le  travail  de  la  boucherie.  (Délib.  10  févr.   1768,  reg.  137,  fol.  42.) 

(3)  Règl.  H.-D.,  III,  483.  Ordonnance  du  prévôt  des  marchands  et  échevins  concernant 
la  sûretéde  la  navigation  dans  le  petit  canal  de  la  rivière,  depuis  le  pont  de  l'H.-D.  jusqu'il 
celui  St-Michel  (23  juil.  1740).  (Impr.  P. -G.  Le  Mercier,  imprimeur  ordinaire  de  la  Ville, 
rue  St-Jacques,  au  Livre  d'Or.) 

(4)  Règl.  H.-D.,  III,  5o3.  Ordonnance  du  roi  qui  fait  deffenses  à  tous  officiers,  soldats, 
cavaliers  ou  dragons,  d'entrer  dans  IH.-D.  pour  y  enroUer  aucun  malade,  convalescent  ou 
domestique,  à  peine  de  trois  mois  de  prison  et  nullité  des  engagements  (lo  juill.  1741). 

(5)  Régi.  H.-D.,  t.  IV,  p.  229.  Arrêt  de  la  cour  de  Parlement,  portant  règlement  sur  la 
police  qui  doit  être  observée  dans  l'intérieur  de' l'H.-D.  (3o  janv.  1772).  Le  règlement  de 
1772  interdit  l'entrée  de  la  maison  avant  10  heures  du  matin,  et  ordonne  la  fermeture 
à  4  h.  1/2,  prescrit  la  fouille  aux  portiers  et  portières,  fait  interdire  les  attroupements  par 
les  «  gardes  du  pont  St-Charles  et  prescrit  à  l'inspecteur  et  au  sous-inspecteur  des  salles 
de  faire  visiter  en  leur  présence  dessus  et  dessous  les  lits,  et  observer  dans  tous  les  coins 


H5 


I.  HOTEL-DIEU    AU    XVIie    ET    AV    XV 


ainsi  se  faire  quelque  idée  de  ce  coin  de  la  Cité,  où  s'entassaient 
plus  de  3.000  personnes  sur  un  terrain  oii  somnolent  aujourd'hui 
une  statue  et  quelques  arbres  à  l'ombre  impérieuse  de  la  cathé- 
drale, seul  vestige  des  temps  révolus. 


et  recoins  s'il  n'y  a  personne  de  caché  ou  qui  se  soit  glissé  dans  les  salles  ou  dans  les  lits  »; 
mais,  dés  lyyS,  le  Bureau  par  délibération  du  27  mai,  homologué  au  Parlement  le  21  juin, 
en  présence  de  la  gêne  occasionnée  aux  ouvriers  et  gens  de  campagne,  paf  la  limitation 
des  heures  de  visite,  laisse  toute  faculté  au  public  d'entrer  le  matin  au  grand  jour,  et  de 
se  retirer  le  soir  avant  le  coucher  du  soleil. 


CONCLUSION 


De  quelque  nature  que  soient  les  événements  ou  les  faits  que 
nous  avons  groupés,  ils  nous  ont  toujours  apparu  sous  un  double 
aspect  qui  constitue  l'intérêt  de  l'histoire  de  cette  administration 
hospitalière  :  efforts  pour  s'adapter  aux  progrès  des  mœurs  et 
des  institutions,  efforts  pour  maintenir  les  traditions  et  les  privi- 
lèges. Aussi  bien  ce  double  courant  en  sens  contraire  crée  un  état 
de  désordre  et  de  conflits  caractéristique  de  la  société  de  l'ancien 
régime,  où  derrière  la  façade  grandiose  de  l'édifice  apparaît  l'inté- 
rieur lézardé  et  vermoulu. 

La  préoccupation  pour  le  Bureau  de  l'Hôtel-Dieu  du  maintien  de 
ses  traditions  et  de  ses  privilèges,  nous  l'avons  vue  se  faire  jour 
dans  tous  les  sens  de  son  activité,  dans  ses  conflits  avec  le  Chapitre 
pour  défendre  ses  attributions,  dans  ses  efforts  pour  évincer  les 
administrations  rivales  et  monopoliser  les  libéralités,  dans  ses 
appels  à  la  protection  du  pouvoir  central  pour  maintenir  ses  privi- 
lèges financiers  et  plus  tard  dans  ses  résistances  au  même  pouvoir 
pour  faire  échouer  les  projets  de  réforme.  Il  y  a  là  une  conscience 
très  nette  d'un  esprit  administratif,  autonome,  jaloux,  quelque 
peu  hautain  et  infatué  de  lui-même. 

Mais  quelle  que  soit  la  force  qu'elle  oppose,  inertie  ou  diplo- 
matie, concessions  habiles  ou  rigueur  maladroite,  cette  politique 
se  heurte  à  une  nécessité  impérieuse,  celle  d'adapter  des  habitudes 
et  des  règlements  anciens  à  des  mœurs  et  à  des  besoins  nouveaux. 
Dans  cette  tâche,  l'administration  a  eu  à  la  fois  des  initiatives 
heureuses  et  des  défaillances  partielles.  D'une  manière  générale, 
on  peut  dire  qu'elle  s'est  laissée  devancer  par  les  événements. 

Faute  d'argent  ou  de  décision,  elle  n'a  vécu  que  de  palliatifs  et 
d'expédients.  Ni  les  circonstances  ni  ses  propres  moyens  ni  lui  ont 
permis  de  suivre  d'assez  près  les  transformations  sociales.  Par  les 
octrois,  par  les  droits  sur  les  spectacles,  l'aumône  se  transforme  en 
impôt,  la  charité  en  bienfaisance  ;  Montesquieu  va  jusqu'à  écrire 


?4S  l/HOTFI.-DIF.r    AU    XVIP    ET    AU    XVIII"    SlÙCLK 

dans  Y  Esprit  des  lois  (i):  «  L'État  doit  à  tous  les  citoyens  une 
subsistance  assurée,  la  nourriture,  un  vêtement  convenable,  et  un 
genre  de  vie  qui  ne  soit  pas  contraire  à  la  santé.  »  En  face  de  ces 
transformations  de  l'esprit  public,  THôtel-Dieu  s'en  tient  aux 
antiques  conceptions  de  la  charité  bénévole  et  de  la  protection 
royale. 

Nous  avons  voulu  montrer,  disions-nous  en  commençant,  l'évo  • 
lution  d'une  administration  parisienne  au  cours  de  deux  siècles. 
Cette  évolution,  nous  l'avons  suivie  dans  tous  les  sens,  dans  les 
règlements,  dans  les  finances,  dans  le  traitement  des  malades, 
dans  tout  ce  qui  constitue  la  vitalité  d'uu  grand  établissement 
hospitalier,  et  certes  rien  ne  ressemble  moins  à  l'Hôtel-Dieu 
de  Henri  IV  que  l'Hôtel-Dieu  de  Louis  XVL  Mais  les  progrès  que 
l'on  aurait  pu  accomplir  ont  été  à  demi  paralysés  par  les  conflits 
et  procès  de  toutes  sortes,  par  le  manque  d'idées  directrices,  par 
le  désordre  même  d'une  société  dont  on  croit  les  cadres  métho- 
diquement constitués  et  dont  une  étude  plus  détaillée  révèle 
l'anarchie  (i).  Tout  le  monde  à  l'Hôtel-Dieu  ne  veut-il  pas  com- 
mander, religieuses,  dames  de  charité,  chanoines,  même  ceux  qui 
n'ont  aucune  qualité  ?  L'Hôtel-Dieu  lui-même  ne  veut-il  pas 
échapper  à  toutes  les  contraintes,  à  tous  les  impôts,  au  droit 
commun  ?  (2).  Chez  lui,  il  lutte  contre  l'anarchie,  et  au  milieu  de 
la  société,  il  est  lui-même  un  exemple  de  désordre. 

Nous  l'avons  vu  au  début  du  xvii«  siècle,  grâce  à  une 
réputation  séculaire,  rayonner  sur  les  provinces  et  à  l'étranger. 
Nous  le  retrouvons,  à  la  veille  de  la  Révolution,  à  demi  détruit 
par  l'incendie,  presque  ruiné  par  le  déficit,  entièrement  condamné 
par  la  science.  Après  avoir  servi  d'exemple  et  de  miodèle,  il  est 
alors  dépassé  par  les  fondations  privées,  par  les  initiatives  des 
paroisses,  par  toutes  les  organisations  qui,  malgré  lui,  se  sont 
fait  jour  dans  la  capitale  agrandie.  Tandis  que  sous  Henri  IV, 
avec  sa  splendide  annexe  de  Saint-Louis  et  ses  salles  reconstruites, 
il  faisait   encore    bonne  figure  au  milieu  de    Paris   renaissant   de 

(1)  Liv.  XXIII,  ch.  xxix  (des  hôpitaux). 

(2)  «  La  nation,  dit  Turgot  avec  tristesse  dans  un  rapport  secret  au  roi,  est  une  société 
composée  de  différents  ordres  mal  unis  ei  d'un  peuple  dont  les  membres  n'ont  entre  eux 
que  très  peu  de  liens,  et  où  par  conséquent  personne  n'est  occupé  que  de  son  intérêt  parti- 
culier. Nulle  part  il  n'y  a  d'intérêt  commun  visible.  Les  villages,  les  villes,  n'ont  pas  plus 
de  rapports  mutuels  que  les  arrondissements  auxquels  ils  sont  attribués.  Ils  ne  peuvent 
même  s'entendre  entre  eux  pour  mener  les  travaux  publics  qui  leur  sont  nécessaires.  Dans 
cette  guerre  perpétuelle  de  prétentions  et  d'entreprises,  V.  M.  est  obligée  de  tout  décider 
par  elle-même  ou  par  ses  mandataires.  On  attend  vos  ordres  spéciaux  pour  contribuer  au 
bien  public,  pour  respecter  les  droits  dautrui,  quelquefois  pour  exercer  les  siens  propres.  » 
(Cité  par  Tocqueville,  Ancien  Régime  et  Révolution,  1860,  in-S",  p.  180.) 

(2)  «  Il  n'y  a  pas  d'édit,  de  déclaration  du  roi,  de  lettres  patentes  solennellement  enre- 
gistrées qui  ne  souffrent  mille  tempéraments  dans  la  pratique. ..  (De  Tocqueville   o.  c.,p.98.) 


CONCLUSION 


"49 


ses  ruines,  il  n'est  plus,  pour  un  Turgot  et  un  Necker,  qu'un 
édifice  vermoulu  qu'il  faut  abattre,  une  administration  impuissante 
qu'il  faut  transformer.  La  capitale,  brisant  les  bornes  de  ses 
faubourgs,  s'est  agrandie  dans  tous  les  sens  (i),  et,  lui,  bloqué 
dans  la  Cité,  sur  un  bras  de  fleuve  empuanti,  il  est  devenu  pour 
ses  contemporains  un  objet  d'horreur,  comme  une  antichambre  de 
la  mort.  Alors  que,  dans  le  Livre  de  Vie  active  du  xv"^  siècle  (2),  le 
malade  admis  à  l'Hôtel-Dieu  nous  est  représenté  comme  entrant 
dans  un  lieu  de  repos  et  d'espoir,  le  lasciate  ogni  spei'an^a  ne 
serait  point  déplacé  au  fronton  de  l'hôpital  au  xviii^  siècle  finissant. 

Le  Parisien  malade  ou  blessé  était  loin  d'être  traité  comme 
l'Anglais  à  Plymo-uth,  comme  l'Italien  à  Florence.  On  peut  dire, 
d'après  les  études  qui  nous  ont  été  laissées,  que  la  capitale  de  la 
France  était  en  retard  non  seulement  sur  toutes  les  nations,  mais 
encore  sur  les  grandes  villes  des  provinces. 

Cette  situation  doit-elle  être  imputée  entièrement  à  la  charge 
des  administrateurs  et,  répéterons-nous,  avec  Mercier,  «  que  le 
patrimoine  sacré  des  pauvres  se  trouve  livré  aux  vices  d'une  admi- 
nistration insuffisante,  pour  ne  pas  dire  plus,  puisqu'elle  se  trompe 
depuis  si  longtemps,  et  dans  le  choix  des  moyens  et  dans  l'exé- 
cution (3)  »  ?  Ce  serait  une  injustice.  Ces  administrateurs  ont  étudié 
la  plupart  des  problèmes  qui  s'agitent  encore  aujourd'hui  dans  les 
commissions  et  les  assemblées.  Ils  ont  établi  des  règlements  qui 
ont  servi  de  précédents  heureux.  Ils  se  sont  heurtés  à  des  difficultés 
qui  se  retrouvent  dans  les  préoccupations  actuelles.  A  ce  titre  et  à 
bien  d'autres,  ils  sont  loin  de  mériter  la  condamnation  que  l'on 
serait  tenté  de  donner  comme  conclusion  à  cette  étude,  mais  au 
contraire^n'ont-ils  pas  droit,  en  définitive,  à  notre  sympathie  et  à 
notre  reconnaissance,  ces  laborieux,  le  plus  souvent  obscurs  et 
désintéressés,  qui  ont  donné  leur  temps,  leurs  labeurs,  et  parfois 
leur  fortune,  au  soulagement  de  leurs  contemporains  ? 


(i)  «  On  voit  les  droits  et  les  impôts  à  la  charge  de  cette  grande  ville  s'élever  aujourd'iiui 
[1784]  de  77  à  78  millions  et  former  ainsi  entre  la  7»  et  8«  partie  des  contributions  du 
royaume.  Tant  de  ressources  sont  l'effet  de  grandes  richesses  concentrées  dans  la  capitale; 
séjour  à  la  fois  de  la  plus  grande  partie  des  rentiers,  des  hommes  de  finance,  des  ambas- 
sadeurs, de  riches  voyageurs,  des  grands  propriétaires  de  terres,  et  des  personnes  les  plus 
favorisées  des  grâces  de  la  cour...  Le  roi  tire  pins  de  revenus  de  sa  capitale  que  les  3  royaumes 
ensemble  de  Sardaif;ne,  de  Suède  et  de  Danemark  ne  payent  de  tributs  à  leurs  souverains.  » 
(Necker,  Adm.  des  fin.  de  la  Fr.,  in-4",  t.  I,  p.  275.) 

(2)  Ms.  des  Arch.  de  l'A.  P.,  par  Jehan  Petit. 

(3)  Tableau,  t.  III,  p.   137.  Voy.  aussi  Barbier,  Journal,  V,  g3. 


APPENDICE 


LE 
DOMAINE    DE    L'HOTEL-DIEU 

AU    XVIIP    SIÈCLE 


Le  domaine  de  l'H.-D.,  primitivement  composé  de  maisons  groupées  dans 
les  rues  étroites  de  la  Cité,  puis  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  dans  les 
ruelles  avoisinant  Saint-JuIien-le-Pauvre,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte 
par  le  tableau  qu'en  a  dressé  M.  Coyecque  pour  le  moyen  âge,  s'étendit,  aux 
xviie  et  xviii-  siècles,  dans  tous  les  quartiers  de  Paris,  en  même  temps  que  ses 
fermes  prenaient  elles-mêmes  une  extension  considérable. 

Sans  prétendre  tracer  ici  un  tableau  complet  du  domaine  de  l'H.-D.,  nous 
voudrions  montrer,  pour  illustrer  ce  que  nous  avons  dit  au  chapitre  des  reve- 
nus, comment  la  pratique  des 'rentes  viagères  contribua  à  l'extension  de  ce 
domaine  pour  une  aussi  grande  part  que  les  legs  proprement  dits.  Ces  exemples 
auraient  surchargé  notre  exposé,  et  nous  avons  cru  les  réserver  en  les  grou- 
pant dans  cet  appendice.  Nous  avons  suivi  l'ordre  topographique,  en  prenant 
I  n.-D.  pour  centre,  et  en  adoptant  la  division  par  censives,  qui  conserve  sa 
physionomie  originale  au  Paris  de  l'ancien  régime. 

Dans  ce  tableau  du  domaine  de  l'H.-D.,  à  la  fin  du  xyiir  siècle,  ne  figurent 
m  les  maisons  de  la  Cité  dont  la  liste  a  été  donnée  par  M.  Coyecque  ni  les  ter- 
rains acquis  autour  de  Saint-Louis,  de  Sainte-Anne  et  du  cimetière  de  Clamart 
dont  11  aete  fait  mention  dans  le  corps  du  texte,  ni,  bien  entendu,  le  domaine 
des  Incurables  qui  n'entrait  pas  dans  notre  sujet. 

Tous  les  renseignements  qui  y  sont  contenus  proviennent  du  dépouillement 
des  basses  des  archives  de  l'A.  P.,  sauf  pour  la  partie  brûlée  en  1871,  concer- 
nant le  domaine  rural,  pour  lequel  nous  avons  eu  recours  à  VLireutaire 
de  Brièlc. 

DOMAINE     URBAIN 

CENSUE    DU    CHAPITRE    DE    SAI.NT-AIGNAN 

Rue  Galande,  2  maisons  coiuiguës,  données  par  Frany-oise  Clavier,  en 
1749.  à  charge  de  800  livres  viagères.  L'une  avait  porté  l'enseigne  des  Trois 
Faucilles^  et  se  trouvait  voisine  d'une  maison  appartenant  au  collège  de  la 
Marche,  l'autre  était  la  première  à  droite  en  entrant  par  la  rue  des  Anglais,  et 
avait  appartenu  au  xvii"  siècle  à  Antoine,  puis  à  Jean  Moriau,  avocats  'au 
Parlement. 

23 


l'hOTFL-DIEU    au    XVIie    KT    AU    XVIIF    SIECT.K 


CENSIVE    DE    LA    GRANDE    CONFRliRIE    AUX    BOURGEOIS 

Rue  de  la  Vieille-Bouderie,  vis-à-vis  de  Vabretivoir  Maçon,  à  l'opposé  de  la 
rue  de  la  Huchetle,  la  maison  à  l'enseigne  du  Saint-Esprit  et  de  VAnge, 
vendue  par  ses  différents  propriétaires,  en  i5oi,  à  Jeanne  Lasseline,  prieure  de 
l'H.-D.,  au  profit  de  l'office  du  linge,  puis  par  un  acte  ultérieur  du  6  aoiàLi5g3, 
à  l'H.-D.,  par  Jean  Ferret,  abbé  commendataire  de  l'abbaye  de  Moreilles; 
reconstruite  en  1701  (i). 

Rente  foncière  depuis  i3i2,  sur  une  maison  de  la  rue  Zadiarie,  \e  Petit 
Paradis,  devenu  depuis  1700  VEcharpe  Blanche. 

CENSIVE    DU   CHAPITRE    DE    SAINT-BENOIT 

Rue  Sainl-Jacqiies,  vis-à-vis  de  la  rue  des  Matlmrins,  entre  les  Loups  et  la 
Toison-d'Or,  maison  léguée  en  1727  par  Jean  Gauldré-Boiicau,  marchand 
mercier. 

Rue  de  la  Harpe,  maison  à  4  étages  acquise  par  échange  d'une  dame  de 
Hill)^  en  i665,  voisine  d'une  maison  appartenant  à  1'  «  œuvre  »  [paroisse]  Saint- 
Côme,  portant  au  moment  de  la  Révolution  le  numéro  40  de  cette  rue. 

Rue  de  la  Harpe,  rente  de  21  1.  8  s.  6  d.,  sur  le  collège  de  Cluny,  dont  la 
chapelle  avait  été  construite  sur  l'emplacement  d'une  maison  donnée  à  l'H.-D., 
en  1234,  par  Jacques,  clerc  de  Saint-Louis,  pour  instituer  à  l'hôpital  un 
chapelain  breton;  rente  de  17  1.  7  s.  6  d.,  sur  Le;  collège  de  Justice,  établi  en 
partie  dans  une  maison,  léguée  à  l'H.-D.  en  i3t6,  par  Henri  de  Meso,  cha- 
noine du  diocèse  de  Langres  (2)  ;  rente  de  7  1.  10  s.  sur  deux  maisons 
contiguës  au  coin  de  la  rue  Poupée;  enfin  rente  sur  la  maison  des  Marmousets, 
appartenant  au  collège  de  Bayeux. 

Rue  de  la  Harpe,  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  la  Parcheminerie, 
dans  le  fief  des  Rosiers,  contesté  entre  «  Messieurs  de  la  Sorbonne  »  et 
les  chanoines  de  Saint-Benoît,  et  maison  des  Trois  Mores,  léguées  toutes  deux, 
en  1694,  par  Martin  Ricordeau,  conseiller  à  la  Cour  des  aides  ;  cens  de 
7  deniers  sur  la  maison  de  la  rue  de  la  Parcheminerie,  faisant  le  coin  de  la  rue 
Saint-Jacques,  voisine  de  VÉcu  d'Argent,  propriété  de  la  fabrique  de  Saint- 
Séverin,  et  appartenant,  en  1747,  à  Thomas  Hérissant,  libraire  (3j. 

CENSIVE    DE   LA   VILLE 

Rue  Saint-Jacques,  vis-à-vis  du  collège  du  Plessis,  maison  du  Berceau  d'Or, 
à  6  étages,  reconstruite  en  1727,  attenant  à  une  maison,  propriété  de  la  «  société  » 
de  Sorbonne,  donnée  en  i65i  par  la  veuve  de  Gilles  Goupillcau,  secrétaire  de 
la  Chambre  du  roi  (4). 

CENSIVE    DE   l'université 

Rue  des  Petits-Augustins,  ancienne  petite  rue  de  Seine,  2  maisons  se 
composant  chacune  d'un  corps  de  logis  double,  à  4  étages,  avec  grenier,  écuries, 
remises  de  carrosses,  etc.,  achetées  en  1670,  dont  l'une  attenante  au  couvent  des 
Augustins  réformés.  Sous  ces  2  maisons  se  trouvait  un  égout  couveri,  dont  se 


(l)  Arch.  A.  P.,  liasse  2^2. 

12)  Arch.  A.  P.,  liasses  23o  et  23 r. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  237. 

{4)  Arch.  A.  P.,  liasse  223. 


I.K    DOMAINE  355 


plaignaient  amèrement  les  religieux,  appelé  le  canal  des  Cordeliers,  passant 
sous  les  maisons  et  rues  des  Cordeliers,  des  Fossés,  de  Saint- André,  Contres- 
carpe, Dauphùne,  de  Nevers,  Guénégatid,  Ma-{arine,  place  Conti,  collège  des 
Quatre-Nations,  et  se  jetant  enfin  dans  la  Seine. 

Ces  2  maisons  étaient  louées,  en  1719,  l'une  à  la  comtesse  de  Poitiers 
pour  2.5oo  livres  de  loyer,  l'autre  à  Ch. -Nicolas  More!  de  Vindé,  conseiJler 
au  Grand  Conseil,  par  bail  à  vie,  moyennant  40.000  livres.  Cette  dernière 
maison  avait  été  occupée  jusqu'à  sa  mort  parle  commandeur  Sevin  de  BandeviJle, 
grand-prieur  de  Champagne,  commandeur  de  l'ordre  de  Malte,  alors  âgé  de 
67  ans,  qui  l'avait  louée,  à  vie,  le  2 5. novembre  1707,  moyennant  11.750  livres. 
L'autre  avait  été  louée  pour  1.800  livres  de  loyer  annuel  à  Cl. -Pierre  Auget  de 
La  Chaboissière,  «  chevalier  des  ordres  royaux  et  militaires  dcN.-D.  du  Mont- 
Carmel  et  de  Saint-Lazare  »,  qui  avait  fait  don  de  6.000  livres  à  l'H.-Dv  en 
considération  du  bail  à  vie  qu'il  avait  bien  voulu  lui  consentir.  Sur  cette 
somme,  1.643  1.  6  s.  4  d.  furent  payés  par  son  légataire  universel,  à  l'H.-D., 
d'après  un  règlement  de  compte  daté  du  6  avril  1753,  et  ce  légataire  universel 
n'était  autre  que  J.-B.  Robert  Auget  de  Montyon,  conseiller  du  roi,  maître 
ordinaire  en  sa  Chambre  des  comptes,  demeurant:  rue  Sainte-Croix-de-la- 
Brctonnerie,  paroisse  Saint-Jean  en  Grève,  futur  bienfaiteur  des  hospices  et 
de  l'Académie. 

CENSIVE   DU    COLLÈGE    DU   CARDINAL    LE    MOINE 

Quai  de  la  Tourueïle,  en  face  du  pont,  maison  à  porte  cochère  donnant  par 
derrière  sur  le  jardin  du  collège  Cardinal  Le  Moine,  entre  un  jeu  de  paume 
et  un  chantier  de  bois  provenant  du  legs  universel  de  Jean  Coutté,  bourgeois 
de  Paris,  en  1687  (i).  Elle  comprenait  plusieurs  bâtiments,  construits  vers 
1657,  et  dont  l'un  portait  pour  enseigne  la  Coupe  d'Or.  En  1703,  le  collège 
offrit  l'échange  de  cette  maison  dont  le  derrière  aboutissait  sur  le  chantier  du 
collège  contre  2  autres  maisons  lui  appartenant,  rViC  Saint-Victor  ex  vxxo.  de 
Versailles.  Mais,  au  lieu  de  ces  deux  maisons,  l'H.-D.  réclama  un  terrain  en 
chantier  près  de  la  porte  Saint-Bernard,  ayant  vue  sur  la  rue  des  Fossés- 
Saint-Bernard,  ou  bien  une  rente  foncière  plus  forte  que  le  loyer  de  la  maison 
du  quai  de  la  Tonrnelle  {2). 

CENSU'E    DE    l'archevêché 

Les  possessions  de  l'H.-D.  dans  la  vaste  censive  de  Tarchevêché  étaient 
fort  'dispersées  : 

Rue  Xeiive-Saint-Honorc,  maison  du  Pichet  Vert,  léguée  en  1681  par  Pierre 
Bessines  de  Lort,  chirurgien  dTi  roi,  chargée  de  8  s.  i  d.  parisis  de  cens  et  de 
4  1.  5  s.  9  d.  de  rente.  Le  droit  d'indemnité  dû  à  l'archevêque  pour  cette  mai- 
son s'était  trouvé  compris  dans  une  somme  de  16. 683  1.  5  s.  4  d.  pour  laquelle 
l'H.-D.  constitua  à  Farchevcché  une  rente  de  556  1.  2  s.  2  d.  au  denier  3o, 
rachetée  en  1732. 

Rue  Saint-Honoré,  maison  léguée  en  i68r,  par  Fabien  Perreau,  sieur 
de  La  Charnoye,  administrateur,  au  coin  de  la  rue  des  Vieilles-Etitves,\-is-k-v\s 
delà  Croix-du-Trahoir,  ancienne  maison  des  Singes,  propriété  d'Anne  Le  Camus, 
fille  de  Nicolas  Le  Camus,  apothicaire,  composée  de  2  corps  de  logis,  l'un  sut 

(1)  Délib.  H.-D.  17  avril  1763. 

(2)  M.  Fosseyeux,  le  Collège  du  Cardinal-Lcmoinc,  dipl.  d'ét.  sup.  d'hist.  et  s<-'osr.,  1898. 


356  i.'HOTFL-niFr  .au  xvn<=  kt  au  xviii<=  sikclk 

le  devant,  à  4  étages,  avec  boutique,  l'autre  sur  le  derrière,  ayant  son  entrée 
rue  des  Vieilles-Étures,  également  de  4  étages,  loués,  en  1684,  1.526  livres  et 
1.232  livres;  contre  le  mur  de  ce  dernier  corps  de  logis  était  adossé  un  étal 
de  boucher  loué  Go  livres  par  an,  disparu  en  1767,  lors  de  l'ouverture  des 
nouvelles  halles  construites  sur  l'emplacement  de  l'hôtel  de  Soissons  (i). 

Cette  maison  des  Singes  devait  son  appellation  à  un  poteau  sculpté  ou 
cornierqui  faisait  l'encoignure;  il  représentait  un  arbre,  duquel  s'élevaient  des 
branches  garnies  de  pommes  où  l'on  voyait  des  singes  cherchant  à  grimper 
pour  atteindre  le  fruit,  tandis  qu'un  vieux  de  la  bande,  tapi  au  bas,  présentait 
d'une  main  une  des  pommes  que  les  jeunes  avaient  fait  tomber  par  les  secousses 
qu'ils  donnaient  à  l'arbre,  d'après  une  description  laissée  par  Lenoir,  con- 
servateur du  musée  des  Petits-Augustitis,  qui  l'avait  recueilli,  lors  de  la  démo- 
lition de  cette  maison,  en  1802  (2). 

Un  autre  souvenir  plus  précieux  s'attache  à  cette  maison,  qui  paraît  bien 
avoir  été  celle  des  parents  de  Molière,  avant  d'appartenir  à  l'H.-D.  ;  en  effet, 
un  contrat  du  27  septembre  i638,  contenant  échange  de  la  maison  en  question 
entre  MM.  Morot  et  Ferrand,  et  M.  Le  Camus,  contient  la  condition  pour  ce 
dernier  d'entretenir  le  bail  fait  par  Jean  Poquelin,  marchand  tapissier,  demeu- 
rant en  la  maison  des  Singes  (3);  c'est  là  quil  aurait  eu  son  fils  Jean,  baptisé 
le  i5  janvier  1622,  à  Saint-Eustache. 

Rue  Neiive-desBoticheries-Saint-Honoré,  maison  donnée  pour  moitié  en 
i636  par  François  Anguier  moyennant  i.5oo  livres  de  rente  viagère  et  pour 
moitié  par  son  frère  Michel  Anguier,  sculpteur,  en  1666,  composée  de 
2  boutiques  et  de  5  étages  à  4  chambres.  Les  frères  Anguier  la  tenaient 
d'Etienne  Doyard,  serrurier  ordinaire  des  bâtiments  du  roi,  et  commissaire 
contrôleur  juré  mouleur  de  bois,  qui  l'avait  fait  construire  sur  l'emplacement 
des  fossés  comblés  entre  la  porte  Saint-Honoré  et  la  porte  Montmartre  (4). 
Les  droits  d'indemnité  dus  pour  cette  maison  furent  compris  dans  la  somme 
de  12.000  livres  payée  les  26,  3o  janvier  et  11  mai  1674,  à  l'archevêché,  pour 
être  employée  à  la  réédification  des  bâtiments   de  la  propriété  de  Conflans. 

Rue  de  Richelieu,  en  face  de  la  rue  Ménars,  deux  maisons  provenant  de  la 
succession  de  Claude  Vouet,  procureur  au  Chàtelet,  qui  délaissa  en  1696  tous 
ses  biens  à  la  réserve  de  l'usufruit  en  faveur  d'I.-F.  Vouet  (5),  son  cousin.  11 
s'agit  en  réalité  de  2  corps  de  logis,  l'un  sur  la  rue,  l'autre  ayant  son 
entrée  par  une  grande  allée  de  passage  à  porte  cochère,  loués  à  un  barbier- 
perruquier-baigneur-étuviste,  qui  prit  pour  enseigne  le  Bain  royal.  En  1752, 
le  locataire  obtint  pour  son  établissement  de  bains  une  concession  d'eau  de  la 
\'ille,  de  9  lignes,  à  prendre  à  la  fontaine  de  la  rue  de  Ridielieu,  moyennant 
1.800  livres,  soit  200  livres  la  ligne  ;  un  nouveau  corps  de  bâtiment  fut  cons- 
truit à  cette  époque  à  la  place  d'une  remise  au  fond  de  la  cour,  pour  les 
bains,  avec  cabinet  d'épilation. 

Propriété  pour  un  cinquième  du  fief  de  Tirechappe,  légué  par  Pierre 
Pithon,  conseiller  au  Parlement,  qui  le  tenait  de  Louis  Mauduit,  prieur  de 
Saint-Martin  de  Bretancourt.  Ce  fief,  situé  rues  Tirechappe  et  de  Béthi^y,  était 
mouvant  de  l'archevêque  de  Paris  et,  à  ce   titre,  franc  «  de  quint,  rcquint  et 

(i)  C.  Piton,  le  Quartier  des  Halles  ;  Paris,  1891,  in-8°,  p.  249. 

(2)  Lenoir,  Musée  des  Monuments  français,  8  vol.,  1804,  t.  111,  p.  24. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  279;  le Moliériste,  janv.  1879,  et  R.  Hénard,  la  Rue  Sl-Honoré,  iç,c8, 
in- 12,  p.  146. 

(4)  Arcli.  A.  P.,  liasse  274. 
(3)  Arcli.  A.  P.,  liasse  277. 


.F,    nOMAINR 


rachat  »  et  imposé  seulement  du  marc  d'argent  doré.  II  consistait  en  un  cens  de 
7  I.  12  s.  4  d.  maille  parisis  «  portant  lods,  vente,  saisine  et  amande  », 
suivant  la  coutume  de  la  prévôté  de  Paris,  payable  à  Noiil  et  à  la  Saint- 
Jean-Baptiste,  faute  de  quoi  le  seigneur  du  tief  pouvoit  «  mettre  ou  faire  mettre 
les  huys  des  maisons,  masures  et  places  vuides  au  travers,  à  peine  d'une 
amende  de  6o  sous  parisis  si  on  les  ôte  ». 

II  s'étendait  sur  les  maisons  de  la  rue  Tirechappe  (i),  à  savoir:  à  droite 
en  entrant  par  la  rue  Saint-Honoré,  du  côté  de  la  Croix-aii-Tralioiv,  le  Plat 
d'Étain,  chargé  de  6i  s.  3  d.  maille  parisis  de  cens,  quatre  corps  d'hôtel  et 
une  place  où  furent  bâties  plusieurs  maisons,  entre  autres  celle  de  la  Corne- 
de-Daim,  chargée  deog  sous  parisis;  un  jeu  de  paume,  ayant  remplacé  d'an- 
ciennes maisons,  chargées  de  ^gsous  maille  parisis  ;  puis,  en  suivant,  diverses 
maisons,  le  Chef  Saint-Jean,  le  Mouton,  la  Hotte,  le  Cheval  ronge,  chargées 
de  17  s.  6  d.,  et  6  autres,  dont  la  dernière,  le  Compas,  faisait  le  coin  de  la  rue 
Tirechappe,  puis  4  maisons  dans  la  rue  de  Béthi^^y,  allant  jusqu'à  l'hôtel  d'abord 
de  Guéménée,  puis  de  Montbazon,  et  chargées  de  72  s.  6d.  de  cens^  le  Point 
du  jour,  la  Souche,  la  Renommée,  la  Bouteille.  Puis^  de  l'autre  côté  de  la  rue 
Tirechappe,  une  maison  chargée  de  3  s.  4  d.  de  cens,  un  corps  d'hôtel  chargé 
de  12  deniers  parisis,  2  maisons  chargées  de  8  deniers  parisis  de  cens;  2  autres 
encore,  VAnge  et  la  Maison  ronge. 

La  maison  du  Plat  d'Étain  était  la  4"  de  la  rue  Tirechappe  ;  sur  son  jambage 
comme  sur  celui  de  la  maison  voisine  se  trouvaient  gravées  une  crosse  et  une 
mitre,  parce  que  cette  dernière  se  trouvait  dans  la  mouvance  du  hef  du  For- 
aux-Dames,  appartenant  à  l'abbaye  de  Montmartre.  La  3°  maison  après  le  Plat 
t/'iT/i^m  avait  pour  propriétaires  les  administrateurs  des  Petites  Maisons. 

Le  fief  de  Tirechappe  était  voisin  du  fief  de  la  Trémoille  (2)  dont  la  censive 
s'étendait  sur  une  partie  des  maisons  de  la  rue  des  Bourdonnais,  adossées  à 
celle  de  la  rue  Tirechappe,  entre  autres  sur  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue 
Tirechappe  et  de  la  rue  de  Béthi^y,  appartenant  à  M.  de  Bragelongne,  et  sur 
une  grande  maison  dite  l'hôtel  de  Fleury,  la  5°  dans  la  rue  Tirechappe,  à 
droite  en  entrant  par  la  rue  de  Bcthi:^y,  et  appartenant  à  la  marquise  douai- 
rière de  Caraman. 

De  l'autre  côté,  par  le  derrière  des  maisons,  du  côté  gauche  de  la  rue  Tire- 
chappe, en  entrant  par  la  rue  de  Béthi^y,  le  fief  de  Tirechappe  était  limité 
par  le  fief  du  Roule,  dans  la  mouvance  duquel  se  trouvait,  pour  un  de  ces 
corps  de  logis,  la  maison  de  Is.  Belle  Etoile  (ci-devant  VAnge);  ce  fait  fut  con- 
testé d'ailleurs  dans  une  vérification  de  la  mouvance  du  fief  de  Tirechappe 
faite  en  1767.  On  voit  combien  il  est  difficile  de  tracer  les  limites  de  ces  fiefs, 
et  quelle  source  de  contestations  et  de  procès  étaient  sous  l'ancien  régime  ces 
censives  entre-croisées  et  mal  définies.  Comme  droit  d'indemnité  dû  à  l'arche- 
vêché pour  ce  cinquième  de  fief,  l'H.-D.  paya  au  xviir  siècle  une  somme  de 
166  1.  i3  s.  4  d.  en  rentes  sur  les  aides  et  gabelles. 

Rue  des  Vieux- Augustins,  maison  léguée  en  1644,  par  Anne  Legras,  veuve 
de  Philippe  Rouillé,  receveur  général  du  taillon  à  Paris  (3). 

Rue  Montmartre,  en  face  de  la  rue  des  Vieux-Augustins,  tenant  au  passage 
du  Saumon,  maison  léguée  en  1676,  par  Fabien  Perreau,  seigneur  de  La 
Charnoye    (4). 


(1)  Arch.  A.  P., 

liasses  282-297. 

(2)  C.  Piton,  0. 

c,  p.  261. 

(3)  Arch.  A.  P. 

liasse  298. 

(4)  Arch.  A.  P. 

liasse  3oo. 

3  58  i.'hotf.l-dif.u  au  xvii«  et  au  xviii«  sif.clk 

Rue  Montmartre,  maison  acquise  à  charge  de  rente  viagère  de  800  livres, 
de  Mathurin  Huron,  orfèvre  (n-  119  actuel). 

Rue  Saint-Honoré,  place  aux  Chats,  rente  de  9  1.  3  s.  9  d.  sur  la  maison 
du  Grand  Turc,  vis-à-vis  du  cimetière  des  Saints-Innocents,  au  coin  de  la 
rue  des  Déchargeitrs,  d'après  un  amortissement  remontant  au  xiv  siècle,  et 
5  livres  sur  les  maisons  de  la  Croix  d'Or  et  de  YEcharpe  blanche,  également 
place  aux  Chats  {i). 

Rue  de  Greuelle-Saint-Honoré,  jeu  de  paumecouvert,  recueilli  pourmoitié, 
en  1673,  dans  la  succession  de  Jacques  Chertemps,  écuyer,  loué  1.704  livres 
et  2  pains  de  sucre. 

Rue  du  Bouloi,  maison  provenant  de  Jean  de  Courcelles,  écuyer,  louée 
700  livres,  et  reconstruite  en  1677  (2)   par  l'architecte  Leduc. 

Rue  Plâtrière,  rue  Saint-Jacques  et  quai  des  Ormes,  3  maisons  provenant 
du  legs  de  Gauldré-Boileau,  marchand,  bourgeois  de  Paris,  en  1727  (3).  La 
maison  de  la  rue  Plâtrière,  qui  avait  été  achetée  17.000  livres,  était  chargée 
2  sols  parisis  de  cens  envers  l'archevêché;  elle  était  louée,  en  1706,  474  livres. 
En  1732,  elle  fut  estimée  25.000  livres  et  le  droit  d'indemnité  et  de  5°  denier 
payé  à  l'archevêché  s'éleva  à  5oo  livres  (4).  Elle  se  trouvait  vis-à-vis  de  la 
communauté  de  Sainte-Agnès,  entre  une  maison  appartenant  à  M.  de  Beauhar- 
nais,  et  une  autre  faisant  le  coin  de  la  rue  Verderet. 

Rue  Saint-Denis,  maison  de  la  Croix  verte,  provenant  du  legs  Bachelier,  en 
i683.  Elle  comprenait  3  corps  de  logis,  terrasse,  jardin  de  20  toises. 

Rue  Montorgiieil  et  rue  du  Bout-du-Monde,  2  maisons  recueillies  en  1740 
dans  la  succession  de  J. -Jacques  Régnier,  secrétaire  général  des  dragons  de 
France    (3). 

Rue  des  Filles-Dieu,  paroisse  Saint-Sauveur,  2  maisons  contiguës, 
provenant  du  legs  de  Christine  de  Heurles,  dame  de  Passy,  veuve  de  Claude 
Chahu,  trésorier  de  France,  en  1676  (6). 

Rue  Neicve-Saint-Augustin,  plus  tard  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  maison 
provenant  du  legs  de  François  de  Callières,  en  1717  (7),  composée  d'un 
corps  de  lo^is  de  2  étages  sur  la  rue  avec  bâtiments  en  aile  des  2  côtés,  cour, 
jardin,  puits,  écurie,  sortie  rue  de  Richelieu,  le  tout  de  i5  toises  de  face 
sur  25  de  profondeur  entre  la  maison  du  président  Croizette  et  celle  de  l'abbé 
E*  Renaudot.  Elle  avait  été  bâtie  au  début  du  xvip  siècle  sur  une  place  de 
3io  toises,  tenant  aux  anciens  bastions  de  la  ville,  A-endue  le  i5  avril  i635  par 
François  Thévenin,  conseiller  chirurgien  ordinaire  du  roi,  chargée  de  i  denier 
tournois  de  cens  par  toise  envers  les  seigneurs  de  la  Grange-Batelière  (8)  à  qui 
l'H.-D.  paya  10.000  livres  de  droits  d'indemnité  et  i  1.  5  s.  5  d.  de  cens  annuel. 

Rue  Planche-Mibray,  au  bout  du  pont  Notre-Dame,  maison  de  l'Arbalète, 
donnée  pour  moitié  en  1674  (9)  par  Charles  de  Paris,  bourgeois  de  Paris,  à 
charge  de   5oo  livres  de  rente  viagère,   et  rachetée  totalement  par  la  suite. 

Rue  delà  Petite-Lanterne,  ou  vieïUeplace  aux  Veaux,  au  coin  de  la  rue  des 

(i)  Arch.  A.  P.,  Liasses  280  et  281. 

(2)  Arcli.  A.  P.,  liasse  297. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  3o6. 
(4I  Arcl).  A.  P.,  liasse  307. 

(5)  Arch.  A.  P.,  liasse  294. 

(6)  Arch.  A.  P.,  liasse  319. 

(7)  Arch.  A.  P.,  liasse  278. 

(8)  Ed.  Fournier,  Paris  démoli,  Paris,  1882,  p.  355,  el  L.  Mentienne,  le  Fief  de  la  Grange 
Batelière;  Paris,  191 1,  in-8». 

(9)  Arch.  A.  P.,  liasse  411. 


I.K    DOMAINE  3  3Q 

Portcurs-d'Eau,  maison  avec  échaudoir,  achetée  20.000  livres,  en  lySô, 
à  un  cuiseur  de  tripes,  et  destinée,  commela  précédente,  devenue  insuffisante, 
à  servir  à  la  cuisson  des  tripes  «  et  apprêt  des  issues  »  des  bestiaux  pendant 
la  boucherie  de  Carême,  après  enquête  de  commodo  et  incommode,  lettres 
patentes  de  i733_,  délivrance  à  consentement  de  Tarchevèque  de  Paris  du 
3o  octobre  1754,  arrêt  an  10  janvier  1756. 

Rue  des  Arcis,  maison  du  Pavillon  royal,  léguée  en  1718  par  René  Bau- 
doin, écuyer,  secrétaire  du  roi,  consistant  en  une  «  boutique,  salle,  passage 
dallée,  escalier  au  fond,  une  petite  cour,  3  petites  caves,  4  étages  carrés  de 
chacun  2  chambres  dont  une  à  cheminée  et  passage,  un  étage  en  mansarde, 
2  chambres  dont  une  à  cheminée  aussi  avec  passage  et  pointe  de  grenier  ». 
C'est  le  t}-pe  de  la  petite  maison  parisienne  d'autrefois.  Elle  est  louée  à  un 
maître  batteur  d'or,  en  1766,  pour  612  1.  i3  s.,  dont  600  livres  de  loyer  et 
12  1,  2  s.  pour  intérêt  du  rachat  de  la  taxe  des  boues  et  lanternes.  A  la  veuxe 
de  René  Baudoin  l'H.-D.  est  encore  redevable  des  2/3  de  2  maisons  à 
4  étages,  rue  du  Mouton,  près  de  la  Grève  (i),  à  l'enseigne  du  Coq  et  de 
VEcrerisse. 

Rue  de  la  Vannerie,  maison  du  Petit  Saint- Jean  donnée,  en  i674àchargede 
rente  viagère,  et  louée  successivement  au  xviir  siècle  à  un  maître  maçon, 
à  un  premier  procureur  au  Parlement,  à  un  lustreuren  indienne,  etc. 

Dans  le  fief  des  Petits  Marais,  rue  Vieille-du-Temple,  paroisse  Saint-Gervais, 
maison  appelée  l'hôtel  dEpernon,  où  demeurait  la  dojiatrice  Elisabeth  Rouillé, 
veuve  de  Henry  Lambert,  marquis  de  Thibouville,  seigneur  d'Herbigny,  Mont- 
Saint-Jean  et  autres  lieux,  conseiller  du  roi,  maître  des  requêtes  ordinaires 
de  son  hôtel.  Grande  maison  à  porte  cochère,  entre  cour  et  jardin,  avec  ailes 
à  droite  et  à  gauche,  remises  pour  carrosses,  donnée  en  1704,  à  charge  d'une 
rente  viagère  de  r.ooo  livres  qui  fut  affectée  à  diverses  fondations,  d'un 
service  annuel  et  d'une  épitaphe  en  marbre  dans  l'église  de  l'H.-D.  (2). 

Par  donation  ultérieure  du  22  mars  171 3,  M.  d'Herbigny  versa  10.000  livres, 
deniers  comptant,  à  l'H.-D.,  pour  agrandir  le  jardin  et  acheter  un  petit  bâti- 
ment qui  se  trouvait  au  bout  faisant  face  au  corps  de  logis.  -Mais  l'H.-D.  garda 
l'argent;  il  est  vrai  que  sur  cette  somme  il  devait  lui  servir  5oo  livres  de 
rente,  sa  vie  durant,  et  après  son  décès,  3oo  livres  de  pension  viagère  à  sa 
fille,  dame  Marie  Angélique,  dite  de  Sainte-Thérèse,  religieuse  au  monastère 
des  Ursulines  de  la  rue  Sainte-Avoye. 

L'hôtel  d'Epernon  (3)  était  contigu  d'une  part  à  l'hôtel  de  M.  d'Hozier,  grand 
généalogiste  de  France,  qui  faisait  le  coin  de  la  rue  Vieille-dti-Temple  et  de 
la  rue  Saint-François,  et  de  l'autre  à  la  maison  de  M.  des  Vieux,  rue  Xem^e- 
des-Capucines,  £>ccupée  par  la  consignation;  il  était  loué  en  1761  à  M.  de 
MilJeville,  contrôleur  général  des  domaines  et  bois  de  la  généralité  de  Paris. 

CENSIVE    DU    CHAPITRE    DE    NOTRE-DAME 

Dans  Vile  Notre-Dame,  l'île  Saint-Louis  actuelle,  formée  de  la  réunion  de 
l'île  aux  \'aches  et  de  l'île  Notre-Dame  que  séparait  un  bras  de  rivière  à  l'en- 
droit où  est  à  présent  l'église  Saint-Louis,  maison  donnée  en  1706  par  Pépin 
de  Marcinval,  écuyer  (4). 

(i)  Arch.  A.  P.,  liasses  4i5  et  416. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasses  342  et  343. 

(3)  Lefeuve,  les  Ane.  Maisons  de  Paris,  III,  414,  et  RoclieguJe,  Promenades...,  3'  arr., 
p.  60. 

(4)  Areli.  .V.  P.,  liasse  209. 


?6o  l'hOTF.L-DIF.U    AT-    XVII<=    ET    AU    XVII|e    SIÈCLE 

Ce  dernier  avait  donné  également  la  moitié  des  droits  de  surcens  à  prendre 
sur  les  maisons  et  bâtiments  de  l'île.  Ce  droit  de  2  sous  par  toise  de 
superficie,  payable  à  la  Saint-Rémy,  s'ajoutait  aux  cens  perçus  par  le  Chapitre 
dans  la  censive  duquel  se  trouvait  l'île,  le  roi  n'ayant  gardé  dans  son  domaine 
que  les  maisons  du  pont  Marie. 

L'île  Saint-Louis,  au  début  du  xvii-^  siècle,  comprenait  les  rues  Guillaume, 
des  Deux-Pouts,  Saitit-Louis,  Regvaltiève,  Poiilletière  et  les  quais  Dauphin  ou 
des  Balcons  (i)  et  d'Alençon.  Elle  était  déjà  couverte  de  maisons  et  même 
d'hôtels,  comme  l'hôtel  Bretonvilliers  ;  le  président  J.-B.  Feydeau  habitait 
une  maison,  vis-à-vis  du  portail  de  l'église  Saint-Louis,  qui  avait  appartenu 
au  chirurgien  F.  de  Bourdeilles,  et  auparavant  à  l'architecte  Le  Vau.  Parmi 
les  autres  propriétaires  se  trouvaient  Lambert  de  Thorigny,  J.-B.  Chomel, 
conseiller  du  roi,  frère  de  l'évcque  d'Orange,  Bochart  de  Saron,  l'abbé  Chanu 
de  La  Haye,  le  chirurgien  Lebesgue,  la  marquise  de  Choisy,  l'abbé  Dubois  de 
Menillet,  Maillet  de  Berny,  auditeur  des  comptes,  G.  de  Saintonge,  avocat,  etc. 
Beaucoup  de  «  parlementaires  »  vinrent  habiter  dans  les  maisons  cons- 
truites par  les  spéculateurs.  Parmi  les  acheteurs  de  terrain  au  début  de  l'en- 
treprise se  trouvaient  l'ingénieur  Salomon  de  Caus  et  l'architecte  Louis 
Le  \'au  qui  vint  lui-même  habiter  l'une  des  trois  maisons  construites  sur 
le  terrain  qu'il  avait  acheté  à  l'encoignure  de  la  rue  Saint-Loiiis-en-l'Ile  et  de 
la  rue  PouUelière  ;  puis  Ithier  Hobier,  trésorier  général  de  France  à  Bourges, 
Jean  Connil,  sieur  de  l'Isle,  président  en  l'élection  de  Saint-Jean-d'Angely  ; 
c'est  sur  le  terrain  acheté  par  ce  dernier  que  fut  bâti  sur  le  quai  Dauphin  ou 
des  Balcons,  au  c-oin  de  la  rue  Poiilletière,  l'hôtel  qu'habitait  en  1671  François 
Mole,  maître  des  requêtes,  attenant  par  derrière  à  l'église  Saint-Louis  ; 
sur  ce  quai,  Nicolas  Sainctot^  trésorier  général  de  la  maison  du  roi,  puis  maître 
des  cérémonies  de  France,  demeurant  rue  de  la  Verrerie,  paroisse  Saint- 
Merry,  acheta  également  192  toises  de  terrain  en  i635  pour  13.440  livres, 
soit  70  livres  la  toise,  où  il  construisit  une  maison  qu'il  viendra  habiter  et  il 
cédera  à  son  fils  aîné,  Nicolas  Sainctot,  également  maître  des  cérémonies  de 
France.  De  toutes  les  vieilles  maisons  des  paroisses  voisines,  la  bourgeoisie 
aisée  émigrait  dans  l'île- 

A  côté  des  demeures  des  présidents  et  conseillers  au  Parlement,  des  Violle, 
des  Lambert  de  Thorigny,  des  Jassaud,  etc.,  ou  même  des  nobles  comme  les 
Bretonvilliers,  les  Choisy,  les  Nantouillet,  se  trouvait  également  dans  l'île  la 
maison  occupée,  au  milieu  du  xviii»  siècle,  par  la  Communauté  des  inspec- 
teurs sur  les  vins,  ayant  3  issues,  sur  les  rues  Saint-Louis,  de  la  Femme-sans- 
Tète,  et  le  quai  Bourbon,  à  côté  de  la  maison  où  se  tenait  le  bureau  des  maîtres 
brasseurs  à  Paris,  faisant  le  coin  de  la  rue  de  la  Fcmme-sans-Téte.  Enfin 
des  artistes  vinrent  habiter  l'île  Saint-Louis  ;  Philippe  de  Champaigne,  «  peintre 
et  vallet  de  chambre  ordinaire  du  roi  et  de  la  royne  mère  de  Sa  Majesté», 
demeurait  en  1645  sur  le  quai  Bourbon,  dans  l'une  des  2  maisons  de 
io5  toises  de  superficie,  achetées  en  i636  à  Jean  Calon,  conseiller  du  roi  et 
contrôleur  des  décimes  en  Champagne  (2). 

Les  demeures  les  plus  célèbres  de  l'ile  étaient  l'hôtel  du  président  Nicolas 
Lambert  de  Thorigny,  l'une  des  premières  œuvres  de  l'architecte  Le  Vau,  à 
l'cxircmiié  orieniale  de  lîle,  con  mencé  du  temps  de  J.-B.  Lambert,  secrétaire 
du  roi,  qui  mourut  en   1644,  ^^   ^^^  inhumé  aux  Incurables  (3),  hôtel  décore 

(i)  Arch.  A.  P.,  liasses  210-222. 

(2)  C.  Sellier,  Pr.-V.  de  la  Comm.  du  Vieux-Paris,  1903,  p.  172. 
-  (3)  Jal,  Dict.  crit.,  p.  732. 


I,F,    DOMAINE  3<')| 


de  peintures  de  Le  Brun  et  de  Le  Sueur,  dont  quelques-unes  ont  été  apportées 
au  Louvre;  et  l'hôtel  de  Le  Ragois  de  Bretonviiliers,  premier  président  à  la 
Chambre  des  comptes,  commencé  par  son  père,  Claude  Le  Ragois,  mort 
en  1645. 

Le  droit  de  surcens  perçu  par  TH.-D.  sur  tous  ces  immeubles,  dans  la 
convention  du  19  avril  1614,  entre  les  commissaires  du  roi  et  Christophe  Marie, 
bourgeois  de  Paris,  par  laquelle  ce  dernier  avait  été  chargé  de  la  construction 
d'un  pont  en  pierre  destiné  à  relier  le  quartier  Saint-Paul  à  celui  de  la  Tour- 
nelle  (i),  moyennant  quoi,  pour  le  rembourser  de  ses  dépenses,  Sa  Majesté  lui 
délaissait  «  lesdites  îles  [il  s'agit  de  l'île  aux  Vaches  et  de  l'île  Notre-DameJ 
franchement  et  quittement  pour  en  jouir  par  lui,  ses  hoirs  et  ayant  cause,  à 
perpétuité,  en  faire  et  disposer  les  hypothèques,  aliéner  en  toutou  partie,  ainsi 
qu'il  aviseroit  bon  être,  à  la  charge  néanmoins  de  laisser  par  lui  les  terres 
nécessaires  pour  les  rues  qui  seroient  toutes  pavées  et  auroient  4  toises  de  lar- 
geur, et  aussi  à  la  charge  de  12  deniers  parisis  de  cens  et  redevance  envers 
Sa  Majesté  pour  chacune  maison  qui  seroit  construite  dans  lesdites  îles  »,  le 
tout  «  pour  espace  »  de  Go  ans,  après  quoi  le  roi  rentrerait  en  possession  de 
ses  droits. 

Pour  cette  entreprise  qui  comprenait  également  la  construction  de  mai- 
sons sur  le  pont,  de  quais,  d'un  revêtement  en  pierre  du  Terrain  Notre- 
Dame,  une  société  se  forma  le  28  juin  1617  entre  Marie  et  François  Le 
Rcgrattier,  trésorier  des  Cent  Suisses,  et  Lugles  Poulletier,  commissaire  ordi- 
naire des  guerres,  ce  dernier  pour  deux  quarts,  et  les  deux  premiers  pour  cha- 
cun un  quart  (2}. 

Après  le  désistement  de  Marie,  en  1G23,  ses  droits  furent  repris  par  Jean 
de  La  Grange,  secrétaire  du  roi,  par  contrat  du  16  septembre  162JÎ,  mais 
celui-ci  se  désista  à  son  tour  en  1627,  et  les  premiers  entrepreneurs  lui  furent 
substitués.  Le  i"  mai  iG3o,  Marie,  Poulletier  et  Le  Regrattier  se  partagèrent 
tous  les  surcens  créés  par  les  contrats  précédents.  Ces  droits  passèrent  ensuite, 
par  traité  du  2  juin  1643,  à  une  société  formée  entre  les  sieurs  Berthault  et 
Le  Marier,  et  l'adjudication  du  droit  fut  faite  le  10  juin  suivant  en  faveur  de 
Claude  Dublet,  juré-charpentier,  pour  iG.ooo  livres.  Puis  la  part  de  Berthault 
passa  en  i655  dans  les  mains  de  Claude  Garrot  qui  la  vendit  en  i658  à 
Matharel;  l'autre  part  échut  en  1676  à  Pépin  de  Marcinval  qui  s'était  marié 
avec  la  veuve  de  Le  Marier,  et  racheta  la  première  part.  Ce  droit  fut  de 
nouveau  divisé;  une  partie  fut  donnée  à  l'H.-D.  en  1706,  l'autre  échut  par 
succession  à  la  présidente  de  L'IsIe,  née  Boucherat,  qui  le  céda  en  1757  au 
maréchal  de  Clermont- Tonnerre,  puis  au  comte,  son  fils.  L'IL-D.  et  le  comte 
de  Clermont-Tonnerre  s'entendirent  pour  confier  à  un  seul  agent  la  perception 
de  ce  surcens  qui  n'était  pas  toujours  facile  à  cause  du  changement  fréquent 
des  propriétaires. 

CENSIVE    DU    ROI 

Rue  de  {'Observance,  maison  louée  à  M.  Jean  Chuppé,  avocat  au  Parlement; 
maison  voisine,  également  louée  à  un  avocat,  Esmé  Sévère,  et  une  troisième 
attenante,  faisant  le  coin  de  la  rue  de  VObservance  et  des  Fossés-Monsieur- 
Ic-Prince. 

Rue  des  Fossés-Monsieiir-le-Prince,  en  tournant,  et  près  de  la  précédente. 


(0  II  s'iigit  du  pont  Marie,  construit  de  1Ô14  à  i635. 
(■1)  F.  Boui-non,  Additions....,  p.   182. 


302  I.'hOTIX-DIEU    au    XVII«    et    au    XVIIie    SIECLE 


un  autre  groupe  de  8  petites  maisons  uniformes  n'ayant  que  3  toises  de  façade 
sur  la  rue. 

Rue  de  Toiiraine  (i),  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Fossés,  et 
se  suivant  toujours  un  groupe  de  8  maisons  présentant  5  toises  de  façade  ; 
enfin  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Toiiraine  et  des  Fossés-Monsieur-le- 
Prince. 

Dans  toutes  ces  maisons  se  trouvait  sculptée  sur  la  pierre  une  fleur  de  lis, 
marque  de  la  censive  roj'ale. 

Topographiquement  ces  maisons  faisaient  enclave  dans  la  censive  de  Saint- 
Germaindes-Prés  ;  elles  étaient  dans  la  censive  royale  en  vertu  de  l'arrêt 
du  Conseil  d'État  du  24  septembre  1678  déclarant  que  «  les  places  lesquelles 
ont  servy  aux  murailles,  ramparts,  fossez,  fortifications  et  clostures  des  villes 
du  royaume  appartiennent  au  roy  ». 

Ayant  besoin  d'argent,  en  1674,  pour  construire  le  quai  de  la  Grève  et  la 
nouvelle  porte  Saint-  Martin,  la  Ville  (2)  avait  vendu  les  places  et  les  maisons 
qui  se  trouvaient  sur  le  fossé  entre  les  portes  Saint-Germain  et  Saint-Micliel. 
Ainsi  une  maison  rue  des  Cordeliers,  de  5o  toises  carrées,  fut  adjugée  en  1675 
à  J.-B.  Despériers,  écuyer  du  roi,  pour  18.000  livres;  ce  dernier  la  revendit 
pour  14.500  livres  en  1682  à  l'H.-D.,  qui  la  reconstruisit  en  1733. 

Comme  suite  à  l'arrêt  de  1678,  un  nouvel  arrêt  du  Conseil  d'Etat  du 
12  juillet  168 1  décida  que,  dans  un  mois_,  «pour  toutes  prévisions  et  délais  »,  que 
ceux  qui  auraient  acquis  à  perpétuité  des  prévôt  des  marchands  et  échevins^ 
des  places,  maisons,  et  lieux  dépendant  des  fortifications,  payeraient  le  tiers 
des  sommes  auxquelles  montaieat  les  aliénations  qui  s'élevaient  à  5oo.357  livres 
suivant  un  état  dressé  en  1667.  Sur  le  rôle  annexé  à  cet  arrêt,  l'H.-D.  fut 
compris  pour  une  somme  totale  de  11. 538  1.  6  s.  8  d.  ;  l'ensemble  s'éleva  à 
i58.o85  1.  i3  s.  9  d.,  mais  le  Bureau  de  la  Ville  fit  des  démarches  pres- 
santes pour  que  les  détenteurs  de  biens  soient  déchargés  de  ces  taxes  vraiment 
trop  lourdes,  et  offrit  de  les  payer,  ce  qui  leur  fut  accordé  par  l'arrêt  du 
Conseil  d'État  du  10  janvier  16B2,  confirmé  par  lettres  patentes  du  10  mars. 
Le  montant  des  taxes  fut  remboursé  à  Gédéon  de  Metz,  garde  du  trésor  royal, 
en  3  versements,  par  Nicolas  Boucot,  «  receveur  des  domaines,  dons  et  octrois  » 
de  la  Ville  deJ'aris,  «  en  louis  d'or,  louis  d'argent,  et  monnaie  (3)  ». 

L'H.-D.  est  propriétaire  pour  moitié,  conjointement  avec  «  la  Marchandise 
de  poisson  de  mer  »,  du  fief  d'Helbic  ou  Albic{4.),  sis  aux  Halles,  par  donation 
de  Marguerite  de'Neufville,  veuve  de  Jean-Pierre  Fragier,  le  11  janvier  i532. 
Ilétait  alors  affermé  60  livres  tournois  par  an;  en  045,  l'H.-D.  renouvela  son 
bail  moyennant  80  livres  tournois,  un  demi-baril  de  harengs  blancs  et  un 
ceut  de  harengs  saurs;  en  1556^  ce  bail  fut  élevé  à  881ivres  tournois.  En  1674, 
un  arrêt  du  Conseil  d'État  du  28  avril  fixa  les  droits  levés  sur  la  vente  du 
poisson  de  mer  à  12  sous  par  écu  du  prix  de  la  vente  de  lamarée,  et  14  sous 
par  écu  du  prix  de  la  vente  de  harengs  saurs  et  frais;  dans  ces  droits  se 
trouvaient  compris  ceux  du  fief  d'Helbic,  à  raison  de  2  deniers  par  panier  de 
marée  (5).  En  1704,  le  28  août,  l'H.-D.  fit  un  abonnement  avec  «  les  sieurs 
jurés  vendeurs  de  marée  »,  à  raison  de  5oo  livres  par  au  pour  la  moitié  des 
droits  du  fief  lui  revenant;  à  la  suppression  des  vendeurs  jurés,  en  1714,  cette 

(i)  Voy.  Comm.  du   Vieux-Paris,   1902,  p.  232. 

(2)  Délib.  du  Bureau  de  la  Ville,  i3  juill.  1673  et  19  janv.  1674. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  237. 

(4)  Voy,  Delamare,   Traité  de  la  police,  t.  III,  p.  336. 

(3)  Arcli.  A.  P.,  liasse  3o8,  et  L.  Biollay,  les  Anciennes  Halles  de  Paris,  1877,  in-8°,  p.  18. 


?63 


somme  fut  payée  par  la  caisse  de  la  marée,  suivant  décision  dui"--  octobre  1720. 
En  1730,  cet  abonnement  fut  remplacé  par  un  bail  de  2.000  Livres,  payé 
par  le  receveur  général  des  fermes  du  roi  (i  3  novembre  1730);  d'après  «  l'aveu  et 
dénombrement  »  du  14  juillet  i733,  du  fondé  de  procuration  des  administrateurs 
de  rii.-D.,  le  droit  perçu  par  l'H.-D.  fut  de  i  maille  sur  chaque  panier  de 
marée,  i  denier  parisis  sur  chaque  millier  de  harengs  amené  par  chariot 
par  les  marchands  forains,  i  denier  tournois  sur  chaque  caque  de  harengs, 
et  G  sous  tournois  sur  chaque  chariot  de  morue.  En  1735,  l'H.-D.  fit  assigner 
en  la  grand'chambre  les  marchands  forains  de  marée  pour  les  condamner 
au  payement  des  droits  qui  n'avaientpas  été  payés  depuis  le  i"  octobre  1730. 
Les  offices  de  ces  vendeurs  ayant  été  supprimés  en  1776,  les  droits  de  toutes 
espèces  sur  les  marchandises  de  mer  furent  attribués  à  l'adjudication  générale 
des  fermes,  qui  s'empressa  de  ne  plus  rien  payer  à  l'H.-D. 

Aux  Halles,  l'H.-D.  touchait  encore  des  rentes  sur  diverses  maisons, 
5o  sols  sur  la  maison  de  la  Faux,  à  la  halle  aux  poirées  ;  i5  s.  7  d.  6  oboles  sur 
la  maison  de  VEpée)  à  la  halle  aux  poirées  également,  6  1.  i3.  10  d.  sur  la 
maison  de  V Image-Saint- Jacques,  rue  au  Fcj/rrf,  aboutissant  par  derrière  à  la 
maison  de  la  Fatix{i). 

Rue  de  la  Potei-ie,  ancien  jeu  de  paume  des  Halles,  acheté  pour 
1 1 .000  livres. 

Rue  de  la  Grande-Ti-uanderie,  maison  de  la  Rose,  dont  l'H.-D.  possédait 
déjà  la  moitié  depuis  iG58,  en  vertu  du  testament  de  Jérôme  Le  Tellier, 
ancien  receveur  général  des  «  boêtes  et  monnaies  »  de  France  (2). 

Rue  Montmartre,  maison  de  la  Croix-Blanclie,  comprenant  2  corps  de 
logis,  chargée  d'un  sol  de  cens  par  an  envers  le  roi  pour  son  tief  de  Saint- 
Mandé  (3),  et  de  20  sols  de  rente  envers  l'Hôtel  de  Ville,  léguée  en  i683,  par 
Jean  Bachelier,  écuyer,  l'un  des  directeurs  généraux  de  la  Compagnie  royale 
des  Indes  orientales.  Elle  avait  été  bâtie  au  commencement  du  xvii"  siècle  sur 
unterrain  vendu  par  la  Ville,  à  charge  de  payer  un  censdeioo  sous  tournois  et 
de  faire  voxiter  sur  26  toises  de  long  le  grand  égout  qui  sortait  de  dessous  la 
porte  Montmartre,  et  se  continuait  le  long  du  faubourg. 

Quai  de  VHorloge,  échoppes  adossées  au  Palais,  louées  à  bon  prix  à  de 
petits  étalagistes,  orfèvres,  débitants  de  tabac,  miroitiers,  gainiers,  mathéma- 
ticiens, perruquiers  et  dont  les  enseignes  évoquent  la  physionomie  du  Paris 
d'autrefois,  le  Soleil  d'Or,  la  Victoire,  le  Saint-Esprit,  les  Trois  Couronnes,  le 
Jardin  royal,  Saini-Jacques  et  Saint-Philippe,  le  Signe  de  la  Croix,  l'Image 
Saint-Jean,  l'Ange  gardien,  la  Fleur  de  lys,  le  Xom  de  Jésus  (4). 

Place  Royale,  maison  en  2  corps  d'hôtel,  avec  une  autre  plus  petite,  rue 
du  Foin,  acquises,  en  i665,  pour  100.000  livres,  de  Louis  de  Bassom pierre, 
évêque  de  Saintes  (5),  débiteur  de  l'H.-D.,  et  qui  lui  venait  de  la  maréchale 
de  Bassom  pi  erre,  sa  mère,  sise  entre  celle  de  l'abbé  de  Castille  et  ceLle  de 
M.  Duquesnoy  Gobelin,  chargée  d'un  écu  d'or  pour  «  pavillon  »,  comme  les 
autres  maisons  de  la  place  Royale,  et  de  12  deniers  tournois  de  cens.  Elle 
avait  appartenu  auparavant  à  Claude  Parfaict,  bourgeois  de  Paris,  et  Anne  de 
Serres,  gentilhomme  de  la  Chambre  du  roi,  et  avait  été  bâtie  sur  une  place 
de  100  toises  de  long  sur  60  de  large,  donnée  par  Henri  I\"  aux  sieurs  Moisset, 

(1)  Arch.  A.  P.,  liasses  3i2  à  3i.i,  et  Biollay,  o.  c,  p.  44  et  61. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasses  3o2,  3o3. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  299. 

(4)  Arcli.  nat.,  Qi*  1099I. 

(5)  Arch.  A.  P.,  liasse  35o. 


364  l'hotkl-diku  au  xvn«  r/r  au  xviiie  siîxle 

Sainciot,  Lumagne,  Camus  et  Parfaict,  et  dépendant  du  parc  des  Tournelles, 
vis-à-vis  de  l'hôtel  de  ^'itry,  pour  y  établir  des  manufactures  «  de  soye,  or  et 
argent  filé,  à  la  façon  de  Milan  ».  En  i683,  on  y  ajouta  un  balcon  de  4  toises 
de  long  sur  5  pieds  3  pouces  de  saillie,  au  plain-pied  du  premier  étage,  «  tant 
pour  la  commodité  d'icelle  maison,  que  pour  l'ornement  et  décoration  de 
ladite  place  ».  Reconstruite  en  1752. 

Place  Royale,  hôtel  de  Blérancourt  pour  moitié,  provenant  du  legs  univer- 
sel de  Charlotte  de  Vieux-Pont,  femme  de  Bernard  Potier,  sieur  de  Bléran- 
court, comte  de  Pont-Audemer,  en  1672  (i);  l'autre  moitié  appartenant  à 
Anne-Madeieine  Potier  de  Tresmes,  de  Blérancourt,  de  Brétigny  et  autres  lieux. 
Cet  hôtel  est  loué  3. 000  livres,  en  1672,  à  Ch.  Éléonore  de  Lamotte  d'Hou- 
dancourt,  femme  de  L.-Ch.  de  Lenz,  duc  de  Ventadour,  prince  de  Maubuisson  ; 
puis,  en  1702,  au  duc  de  la  Trémouille,  en  1720,  à  Lefèvre  d'Ormesson,  com- 
missaire des  finances,  conjointement  avec  Jules-Marie  de  La  Bourdonnays, 
conseiller  d'Etat,  pour  5.5oo  livresàLéon  Potierde  Gesvres,  cardinal-archevêque 
de  Bourges  et  primat  des  Aquitaines,  en  1770,  au  marquis  de  Coudray,  pour 
4.000  livres  ;  en  1771,  l'hôtel  estimé  78.500  livres  est  adjugé  en  entier  à  l'H.-D. 
à  la  suite  de  la  liquidation  de  la  succession  de  la  dame  Potier  de  Bléran- 
court (2). 

Fief  d'Autoniie,  ou  de  Haiilt-Don,  acheté  10.000  livres  en  1671  à  Nicolas 
Clapisson  d'Ulin,  conseiller  à  la  Cour  des  aides,  et  à  Marie  du  Vouldy,  veuve 
de  Pierre  Clapisson  d'Ulin,  contrôleur  général  de  l'artillerie  (3).  L'acte  d'acqui- 
sition du  23  mars  1671  comprend  expressément  les  droits  de  haute,  moyenne  et 
basse  justice.  Ce  fief  avait  passé  successivement  des  mains  de  Bernard  Coquatrix, 
bourgeois  de  Paris,  à  Pierre  Porcher,  sergent  d'armes  et  maître  des  garnisons 
du  roi,  puis  à  Philippe  de  Moulins,  évêque  de  Noyon,  en  i373,  et  en  1416,  à 
Germain  Paillard,  évêque  de  Luçon,-  dans  la  famille  duquel  il  resta  pendant 
près  de  deux  siècles.  Il  s'étendait  sur  35  maisons  de  la  rue  des  Rosiers,  de  la 
rue  Vieille-du-Temple,  et  de  la  rue  du  Roi-de-Sicile,  dont  la  première,  rue 
des  Rosiers,  portait  gravée  sur  le  jambage  de  pierre  l'inscription  suivante: 
«  Cy  commence  le  franc-alleu  de  Hautonne,  appartenant  à  M"  Philippe,  évèquè 
de  Noyon,  et  M"  Jean  Porcher  conseiller  du  roi  »,  et  la  dernière,  rue  du  Roi-de- 
Sicile,  «  Cy  finist...  ».  Les  «  plaids  »  de  ce  fief  se  tenaient  dans  une  maison  d'un 
cul-de-sac  de  la  rue  Vieille-du-Temple,  probablement  le  cul-de-sac  actuel 
d'Argenson. 

La  maison  de  la  rue  des  Rosiers,  où  commençait  le  franc-alleu,  était 
la  maison  du  Cheval  Ferf,  puis  venaient  ensuite  l'isc»  de  France,  la  Fleur  de  lis, 
deux  maisons  sans  enseigne,  les  Créneaux  rouges,  une  maison  sans  enseigne, 
l'Image  Saint-Julien,  une  maison  appartenant  au  seigneur  du  Peut-Marais,  le 
Saint- Antoine-au-Désert,  et  la  maison  contiguë.  Delà  le  franc-alleu  passait  dans 
la  rue  Vieille-du-Temple;  la  maison  faisant  le  coin  de  cette  rue  et  de  la  rue  des 
Rosiers  appartenait  au  pâtissier  ordinaire  des  bouches  du  roi  et  la  reine  ;  la  sui- 
vante, le  Chaudron,  avait  été  adjugée  en  justice,  après  saisie  sur  la  requête  de 
Philippe  de  Champaigne,  «  peintre  et  vallet  de  chambre  du  roi  »  ;  puis 
venait  une  maison  appartenant  à  M.  Gaudart,  seigneur  du  Petit-Marais;  le  Jeu 
de  Paume  de  Robillard,  maison  construite  sur  l'emplacement  d'un  ancien 
jeu  de   paume,    l'Ane  rayé  ;  une  maison    construite   sur  l'emplacement    d'un 

(i)  Arcii.  A.  P.,  liasse  35  i. 

(2)  L.  Lambeau,  la  Place  Royale,  1908,  in-8»,  p.  324.  C'est  actuellement  le  n»  26  de  la 
place  des  Vosges. 

(3)Arch.  A.  P.,  liasses  354-384. 


I.K    nOMAINF. 


jardin  appelé  le  Jardin  des  Poiillies,  2  autres  maisons,  appartenant  l'une 
à  M.  Rallet,  contrôleur  général  des  rentes  de  l'Hôtel  de  Ville,  l'autre  à 
M.  Anceau,  ccuyer  et  secrétaire  du  roi  ;  l'Image  Saint-Eustaclie  ;  le 
Bras  d'Or;  Vhotel  d'Effiat,  la  maison  où  se  recevaient  les  cens  du  franc- 
alleu  faisant  le  coin  de  la  rue  Vieille-dii-Temple  et  de  la  rue  du  Roi-de-Sicile, 
donnée  à  l'H.-D.  en  1671  par  Eléonore  Dugué,  veuve  de  Jean  de  Moucy,  che- 
valier d'Iteville,  et  de  Lespine,  maître  ordinaire  en  la  Chambre  des  comptes, 
en  échange  de  3.700  livres  de  rente  viagère.  Puis  le  fief  tournait  rue  du  Roi- 
de-Sicile,  où  il  comprenait  encore  7  maisons,  dont  la  dernière,  le  Pied  de  Biche, 
contiguë  à    la  Tête   d'Or. 

De  ces  maisons,  la  plus  intéressante  était  l'hôtel  d'Fffiat,  composé  de 
4  corps  de  logis,  dont  un  sur  la  rue  Vieille-dii-Temple,  et  2  autres  en 
aile  sur  la  cour,  et  le  4»  sur  le  jardin.  Les  propriétaires  de  cet  hôtel 
ont  été  successivement  aux  wii»  et  xviii»  siècle:  Jean  de  Marie  de  Beaubourg, 
conseiller  du  roi  (16 16),  Jacques  Vignier,  Claude  Vignier  de  Villemort,  président 
au  Parlement  de  Metz,  Nicolas  Vignier  de  Recey  de  Juilly,  le  maréchal 
d'Effiat,  père  de  Cinq-Mars  (1634);  l'abbé  Ruzé  d'Effiat,  abbé  de  Saint-Sernin 
de  Toulouse  et  de  N.-D.  des  Trois-Fontaines,  conjointement  avec  Armand 
Charles,  duc  de  Mazarin,  de  Mayenne  et  de  la  Melleraye,  gouverneur  d'Alsace  : 
Françoise  Le  Camus,  veuve  de  René  Leroux,  à  qui  l'H.-D.  l'acheta  en  1682 
pour  le  revendre  en  1696  à  M.  Lepelletier,  ministre  d'État,  dans  la  famille  duquel 
il  resta  pei.dant  tout  le  cours  du  xviii»  siècle  (i). 

Fief  de  la  pone  Baiidoyer,  donné  à  l'H.-D.  par  Louis  VII  en  i  iSy  (2),  con- 
sistant alors  en  un  fonds  de  terre,  avec  droits  seigneuriaux,  y  compris  le  droit 
de  justice,  contesté  par  le  prévôt  de  Paris.  Accru  de  diverses  donations, 
ce  fief  se  composait  au  xvii'=  siècle  de  i3  maisons  contiguës,  rue  Saint- 
Antoine,  le  Coq,  plus  tard  la  Gerbe  d'Or,  en  1727,  vis-à-vis  la  rue  du  Temple;  le 
Griffon,  auparavant  \e  Petit  Heaume  et  VÉcii  d'Orléans;  \eSanvage;  la  Chasse 
royale  ;  la  Tète  noire,  appartenant  au  collège  de  Laon;  les  Trois  Petits  Mores, 
anciennement  le  Puits  d'amour  ;  la  Petite  Bannière  de  France,  reconstruite  en 
1748,  successivement  le  Signe  des  parfums  et  (1726)  VHomme  armé  (1748),  les 
Provençaux  (1752),  et  d'où  partaient  les  voitures  pour  Langres  etChaumont; 
l'hôtel  de  VOurs,  d'où  partaient  le  mercredi  et  le  samedi  les  coches  pourTroyee, 
composé  de  7  corps  de  bâtiments,  dont  2  portaient  les  enseignes  des  Trois 
Pigeons  et  VHomme  sauvage,  et  appartenaient  à  l'opulente  abbaye  d'Ours- 
camps,  au  diocèse  de  Noyon  ;  la  Belle  Image,  en  face  la  rue  Geoffroy- 
l'Asnicr;  le  Dauphin,  qui  fut  successivement  le  Matras  (lôoi),  le  Barbeau  (1606), 
la  Pie  (i63i},  le  Dauphin  (lôSg);  enfin  l'Image  \otre-Dame,  l'Autruche  et  le 
Petit-Ours,  la  rue  Cloche-Perce.  Ces  maisons  sont  de  modestes  logis  loués  la 
plupart  à  des  commerçants,  épiciers,  drapiers,  orfèvres,  etc.;  les  cens  sont  peu 
élevés,  2  d.  pour  l'Autruche,  4  d.  pour  le  Dauphin,  3  pour  la  Belle  Image, 
l'Ours,  la  Petite  Bannière,  6  d.  pour  la  Chasse  royale,  5  d.  pour  la  Tête  noiie, 
7  d.  pour  le  Coq,  8  d.  pour  le  Griffon,  12  pour  les  Trois  Petits  Mores.  Les  pro- 
priétaires de  ces  maisons  sont  tenus  de  faire  graver  dans  la  pierre  un  H  et 
un  D  pour  justifier  que  leur  maison  se  trouve  dans  la  censive  de  l'H.-D. 

Rue  Saint-Antoine,  vis-à-vis  la  place  Baiidoyer,  au  coin  de  la  rue  Regnault- 
Lefèvre,   qui   conduisait  au  marché   dit  le    Cimetière   Saint- Jean,  maison  de 


(i)  D'Aucourt,  les  .Anciens  Hôtels  de  Paris;  Paris,  1880,  in-i6,  p.  36.  C'est  aujourd'hui 
les  n"  26  à  3o  de  la  rue  Vieille-du-remplo. 
(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  392. 


366  i.'hotel-dif.u  au  xviic  et  au  xviii'^  siècle 


VOrmc,  achetée  en  1680  (i)  devenue  le  Pilier  noir  en  1700,  chargée  de  diverses 
redevances  aux  communautés  voisines;  elle  rapportait  2.700  1.  au  xviii<î  siècle. 

Grande  rue  du  Faubourg-Saint- Antoine,  deux  maisons,  le  Miroir  royal  et 
la  Couronne,  données  par  Et.  Gaillard  en  1710  à  charge  par  l'H.-D.  d'établir 
deux  maîtresses  d'école  (2)  à  Montargis  et  à  Courtenay,  pour  l'entretien  des- 
quelles une  somme  de  470  livres  devait  être  prélevée  sur  le  loyer  annuel  de 
ces  maisons;  en  171 1,  il  ajouta  à  sa  première  donation  3  autres  maisons,  égale- 
ment s'\ses  Faubourg-Saint-Antoine,  et  dont  les  loyers  étaient  destinés  à  l'entre- 
tien d'un  maître  et  d'une  maîtresse  d'école  pour  instruire  les  enfants  du  fau- 
bourg, à  sa  nomination,  à  celle  de  ses  neveux,  et  ensuite  à  celle  de  Messieurs  du 
Séminaire  Saint-Nicolas-du-Chardonnet. 

A  l'entrée  du  Faubourg  Saint-Antoine,  maison  contigue  aux  deux  premières 
acquise  en  17 16  des  héritiers  d'Et.  Gaillard. 

Rue   du    Faubourg-Saint-Antoine,    en    face    les   Enfants-Trouvés,    maison 

léguée   en   1681   par   Toussaint  Loustreuil,   ancien    concierge  du   château  de 

Versailles.  * 

Au  coin  de  la  rue  Saint-Antoine  et  de  la  rue  Rcgnault-Lefèvre,  YOrme,  plus 

tard  Pilier  noir,  achetée  en  1680. 

Sur  le  chemin  de  la  Roquette,  au  lieu  dit  VEau  qui  dort,  maison  donnée 
à  la  fin  du  xvii°  siècle- 

CENSIVE    DE   SAINT-MARTIN-DES-CHAJIPS 

Rue  Awnaire,  maison  du  Plat  d'Étain,  aboulissant'par  derrière  aux  murailles 
du  prieuré  de  Saint-Martin  (3),  provenant  de  La  donation  faite  en  i658  par 
Marie  de  Saint-Amand,  veuve  de  G.  de  Paistre,-  orfèvre,  chargée  de  42  sous 
parisis  de  cens. 

Rue  Neuve-Saint-Martin,  maison  léguée  par  Marie  Hiette,  veuve  de 
Gaspard  Tranchepin,  marchand  bourgeois,  par  testament  du  8  mars  1664  (4). 
On  l'appelait  Maison  du  Pont-aux- Biches,  parce  qu'elle  avait  une  sortie  par 
derrière,  sur  les  remparts,  près  de  ce  pont;  la  Ville  céda  même,  en  1700,  à 
l'H.-D.  un  terrain  de  5j  toises  2/3,.  provenant  des  anciens  remparts,,  et  situé 
derrière  cette  maison,  sur  la  continuation  de  la  rue  Meslay,  ouverte  en  1700 
entre  la  vue  Saint-Martin  et  la  rue  du  Temple. 

Rue  Quincampoix,  maison  des  Ciseaux  d'Or,  auparavant  VAne  raye,  cliargée 
de  3  deniers  parisis  de  cens,  donnée  à  charge  de  rente  viagère  par  Charles 
Tuppin,  chapelain  ordinaire  de  la  musique  du  roi  et  chanoine  de  Saint-Jacques- 
l'Hôpital  (5),  composée  de  2  corps  de  logis  et  louée  480  livres  en  1670. 

Rue  Qiiincampoix,  autre  maison  adjugée  par  arrêt  de  la  cour  des  aides  du 
9  mars  1741,  et  saisie  sur  Noël  Nicolas  de  Pars,  fils  de  Gaspard  de  Pars  de 
Coligny,  à  la  requête  de  Michel  Potier,  fermier  général  des  regrats  de  France  (6). 

Rue  du  Vertbois,  maison  du  Chef-Saint-Denis,  entre  les  Carneaux  et 
les  Trois  Pucelles,  adjugée  920  livres,  le  10  avril  1604,  saisie  sur  la  succes- 
sion de  F,  Delagrange,  maître  maçon  (7). 


(i)  Arcli.  A.  P.,  liasse  4o3. 

(2)  Arcii.  A.  P.,  liasses  417  à  421 

(3)  Arcii.  A.  P.,  liasse  329. 

(4)  Arcli.  A.  P.,  liasse  33o. 

(5)  Arch.  A.  P.,  liasse  33 1. 

(6)  Arch.  A.  P.,  liasse  332. 

(7)  Arch.  A.  P.,  liasse  333. 


LE    DO.\UI\E  "^Sj 


Rue  du  Temple,  maison  provenant  du  legs  universel  de  dame  Berault, 
veuve  Goupilleau,  en  1647  (')• 

Rue  de  Montmorency,  maison  avec  boutique  et  porte  cochère,  donnée  le 
i3  novembre  1700  par  les  demoiselles  Poignant  (2). 

Rue  Saint-Denis,  maison  des  Deux  Cygnes,  devant  les  Saints-Innocents, 
provenant  de  la  donation  d'Etienne  HuA'^é,  marchand  mercier  (xv»  siècle)  ; 
VÉcriLoire,  au  coin  du  cul-de-sac  Basfoiir,  vis-à-vis  la  rue  Tliévenot,  achetée 
le  3  septembre  1718  à  Jean  Gouët,  contrôleur  des  rentes  (3),  alors  détenu  à  la 
prison  de  la  Conciergerie. 

Rue  Beaubourg,  au  coin  du  cul-de-sac,  et  rue  Aux  Ours,  le  Winmge  et  le 
Gros  Toui-noi,  2  maisons  acquises  en  i665,  pour  35.5oo  livres,  de  Jacques 
Mignon,  anci-en  avocat  général  au  Parlement  de  Metz,  et  René  Mignon, 
conseiller  du  roi  (4),  demeurant  «  ensemblement  »  rue  de  VUniversité,  paroisse 
Saint-Sulpice. 

Maison  en  2  corps  de  bâtiments.  Tune,  rue  Court-au-Villain,  l'autre,  rue 
Michel-le-Comte,  provenant  d'un  échange  de  3.5ii  1.  2  s^  2  d.  de  rente  (5), 
passé  le  24  juillet  i665  aA-ec  Henry  Lambert,  seigneur  d'Herbigny,  la 
Rivière,  Thibouville,  etc.,  conseiller  maître  des  requêtes  du  roi,  et  sa  femme, 
Elizabeth  Rouillé  ;  ces  derniers  demeuraient  dans  la  maison,  composée  d'un 
grand  corps  de  Logis  avec  un  autre  en  aile  sur  la  rue  Court-au-Villain,  d'une 
cour  et  d'un,  autre  corps  de  logis  avec  cour,  rue  Micliel-le-Comte  ;  elle  était 
louée  à  vie  en  1713  à  François  Barbou,  receveur  général  et  payeur  des  rentes 
de  l'Hôtel  de  Ville. 

CENSn'E    DE    SAINT-MERRY 

Rue  Saint-Martin,  maison  de  l'Étoile  d'Or,  donnée  en  1675  (6),  et  pour 
laquelle  l'H.-D.  paya  457  1.  6  s.  de  droit  d'indemnité  «  aux  vénérables  chefcier, 
chanoines  et  chapitre  de  l'église  collégiale  de  Saint-Médericq  »,  employés  par 
eux  à  l'acquisition  d'un  terrain  planté  de  légumes  au  Pont-aux-Corneilles, 
faubourg  Saint-Laurent.  Cette  maison  portait,  en  1789,  le  n°  42  de  la  rue  Saint- 
Martin.  ,, 

Maison  en  plusieurs  corps  de  logis,  le  premier  ayant  son  entrée  rue  Xeuve- 
Saint-Merry,  les  3  autres^  rue  du  Poirier  ou  de  la  Baudroirie,  provenant  d'un 
échange  fait  en  i665  (7),  avec  J.-B.  Forne,  administrateur,  contre  4.000  livres 
de  rente,  pour  lequel  l'H.-D.  dut  payer  au  chapitre  de  Saint-Merry  8.000  livres 
d'indem.nité.  Le  grand  bâtiment,  qui  était  mitoyen  de  l'hôtel  Jabach,  fut  recons- 
truit au  xviii"  siècle. 

Rue  Si  mon- le- Franc,  maison  léguée  en  1666  par  Valentin  Bridard,  contrô- 
leur des  guerres  (8),  pour  laqxielle  le  chapitre  de  Saint-Merr)'-  reçut  3. 000  livres. 

Rue  Sainte-Avoye,  maison  contiguë  à  celle  de  Cl.-Ant.  Beaudin,  chef  du 
goblet  du  roi,  avec  porte  cochère  commune  avec  la  maison  de  l'abbé  Le  Marstre, 
provenant  de  la  donation  de  Jérôme  Le  Tellier,  receveur  général  des  «  boètes 

(1)  Arcli.  A.  P.,  liasse  SSg. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  32i. 
(■j)  Arch.  A.  P.,  liasse  317. 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  322. 

(5)  Arch.  A.  P.,  liasse  323. 

(6)  Arch.  A.  P.,  liasse  324. 

(7)  Arch.  A.  P.,  liasse  325. 

(8)  Arch.  A.  P.,  liasse  327. 


368  L'HOTF.L-DIF.r    Al"    XVII"    KT    AU    XV1II«    SIRCLK 

et  monoyes»  de   France,  en    1660  (1).  Celte  maison  était  louée  en   1742    au 
notaire  Hachette. 

Rue  Seiive-Saint-Merry,  la  Cloche,  acquise  en  1776  de  A.-André  Leprince, 
sous-commissaire  de  la  marine  à  Dinan,  en  échange  du  Pavillon  royal,  rue 
des  Arcis  (2). 

Rue  Piene-au-Lard,  maison  «  entre  celle  de  Josias  de  Rohan  et  celle  de 
Thénart  »,  donnée  en  1673  par  Pierre  Turpin,  prêtre  «  bénéficier  »  en  l'église 
Saint-Merry,  à  charge  de  2.600  livres  de  rente  viagère  (3). 

CENSIVE   DES   FILLES-DIEU 

A  la  Basse-Villeneiive,  rue  Neiive-Saint-Laiirent,  à  l'encoignure  du  cul-de- 
sac  Saint-Laurent,  maison  achetée  en  i685,  composée  de  2  corps  de  logis,  avec 
boutiques,  puits  et  petit  jeu  de  boules,  bâtie  sur  un  terrain  acheté  au 
couvent,  et  située  au  delà  des  bornes  plantées  en  i638  (4).  Les  «  maisons, 
clôtures  et  édifices»,  construites  dans  ces  conditions,  ne  devaient  recevoir,  aux 
termes  de  l'arrêt  du  Conseil  d'État  du  21  décembre  1671,  aucunes  grosses 
réparations,  à  peine  de  démolition,  confiscation  des  matériaux  par  le  roi, 
et  3.000  livres  d'amende;  cette  défense,  en  présence  des  réclamations  des 
propriétaires,  fut  changée  l'année  suivante  en  une  imposition  du  dixième  de 
la  valeur  des  bâtiments,  et  en  outre  d'une  redevance  annuelle  de  5  sous  par 
maison.  En  même  temps,  le  roi  ordonnait  de  planter  de  nouvelles  bornes  de 
manière  à  englober  toutes  les  maisons  qui  avaient  été  construites  malgré  l'arrêt 
prohibitif  de  i638,  et  en  même  temps  d'y  apposer  des  plaques  de  fer  avec  les 
armes  royales,  et  des  extraits  de  la  déclaration  de  1672. 

Pour  l'acquisition  de  cette  maison  de  la  Basse-Villeneuve,  l'H.-D.  paya 
1.705  1.  7  s.  de  droits  d'indemnité  aux  Filles-Dieu,  sans  compter  53  s.  9  d. 
de  cens,  et  85  livres  de  rente  non  rachetable.  Cette  maison  fut  rebâtie  en 
1776;  la  Bafise-Villeneuve  était  alors  devenue  rue  Basse-Porte-Saint-Dcnis. 

CENSIVE    DU    TEMPLE 

Rue  de  Poitou,  maison  à  3  étages  et  porte  cochère,  achetée  16.000  livres  le 
7  août  i665  (5). 

Rue  de  Berry  (6),  maison  léguée  par  Elizabeih  Macé  de  La  Roche,  veuve  de 
P.  Brulard  en  1679. 

Rue  de  la  Marche,  maison  à  2  étages  et  porte  cochère,  provenant  de  la 
succession  de  Michel  Renouard,  notaire  et  secrétaire  du  roi,  en  1642  (7),  bâtie 
sur  un  terrain  du  Marais  du  Temple.  L'H.-D.  paya  i.5oo  livres  de  droits 
d'indemnité  au  grand  prieur.  Cette  maison  était  louée  à  vie  800  livres  par 
an,  plus  une  somme  de  3. 000  livres  à  payer  après  le  décès  du  preneur,  au 
marquis  de  La  Châtaigneraie. 

Rue  de  la  Marche,  maison  de  V Image  Saint- Joseph,  en  2  corps  de  logis,  le 
premier  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Poitou,  et  l'autre  donnant  sur  la  rue  de  la 

(i)  Arcli.  A.  P.,  liasse  340. 

(2)  Arcli.  A.  P.,  liasse  32  6. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  410. 
(1)  Arch.  A.  P.,  liasse  304. 
(5)  Arcli.  A.  P.,  liasse  334. 
(G)  Arch.  A.  P.,  liasse  337. 
(7)  Arcli.  A.  P.,  liasse  335. 


I.E    DOMAINF,  369 

Marche,  donnée  en  1667  par  Jacques  Chailloo,  chirurgien  du  roi,  à  charge  de 
pension  annuelle  de  600  livres  pendant  20  ans. 

Hue  Sainte-Avoye,  devant  la  rus  Simon-le-Franc,  maison  donnée  en  1689 
par  Guy  Simon,  apothicaire,  avec  diverses  rentes,  dont  les  arrérages  devaient 
servir  à  doter  des  orphelines  de  la  maison  des  Cent-Filles  de  la  Miséricorde 
du  Faubourg  Saint-Marcel  (i).  Cette  maison  était  estimée  12.000  livres. 

Hue  d'Anjou,  maison  donnée  en  1724  par  Antoine  Guérapin  de  Vauréal, 
comte  de  Belval,  lieutenant  du  roi  au  gouvernement  de  Champagne  (2),  mort 
le  6  mars  172g,  à  82  ans,  dans  l'appartement  qu'il  occupait  aux  Incurables,  et 
inhumé  dans  une  sépulture  de  famille,  à  l'église  de  Sainte-Croix-de-la-Breton- 
ncrie.  C'était  une  grande  maison  avec  cour  et  jardin,  alors  louée  2.800  livres 
à  .I.-J.  Fenel,  contrôleur  général  de  la  Grande  Chancellerie,  et  chargée  de 
2  livres  de  cens,  payables  à  Pâques. 

Rue  Pai'éc-Saiiit-Antohte,  maison  léguée  en  1693  par  le  sieur  de  Ro- 
manesque, bourgeois  de  Paris,  composée  de  2  corps  de  logis  à  2  étages, 
contiguti  à  celle  du  président  de  Lamoignon,  et  par  derrière,  à  celle  de  M.  Paris 
de  Montmartel  ;  elle  avait  été  construite  sur  un  terrain  de  25  toises  faisant 
partie  de  17?  toises  dépendant  de  Vhôtel-Saint-Pol  (Paul),  alors  propriété  de 
la  comtesse  de  Chavigny,  veuve  du  ministre  d'État,  Boutillier  de  Chavigny  ; 
elle  fut  vendue  20.000  livres  au  roi,  le  9  mai  1781,  en  vue  de  la  construction 
des  nouvelles  prisons,  projetées  à  l'hôtel  de  la  Force  ;  elle  était  alors  louée  à 
Mcrel  de  Joigny,  avocat  au  Parlement   (3). 

Rue  Saint-Séverin,  maison  de  Vlmage  Saint-Pierre,  dont  le  derrière  donne 
sur  le  Petit-Pontet  la  façade  devant  la  porte  de  l'église,  à  cheval  sur  les  censives 
du  Temple  et  du  Chapitre,  donnée  en  1736  par  les  demoiselles  Doucet,  filles 
d'un  avocat  au  Parlement,  en  échange  d'une  pension  de  5oo  livres  (4). 


CENSIVE    DE   L  HOPITAL    SAINT-AN.ASTASE    ET    SAI.NT-GERVAIS 

Rue  Sai)it-Lonis-au'Marai>i,  maison  vis-à-vis  la  rue  Saint-Claude,  léguée 
par  l'un  de  ses  administrateurs,  Fabien  Perreau,  sieur  de  La  Charnoye  (5). 

Rue  de  Thorigny,  maison  attenant  à  l'hôtel  Le  Camus  (ancien  hôtel  Salle) 
donnée  en  1736  par  Anne  Guichon,à  charge  d'une  rente  viagère  de  900  livres  (G) 
représentant  le  montant  du  loyer  annuel. 

CENSn'E    DE    l'abbaye    DE    SAINT-VICTCR 

Rue  de  Thorigny,  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Parc-Royal,  donnée 
en  1733  par  Anne  Guichon,  moyennant  2.321  livres  (7)  de  pension  viagère; 
elle  avait  appartenu  pour  partie  à  Ch.  Perrault,  ancien  contrôleur  général 
des  bâtiments,  arts  et  manufactures  de  France,  et  l'un  des  quarante  de 
l'Académie  française. 


(i)  Arcli.  A.  P.,  liasse  3^i. 

(2)  Arcli.  A.  P.,  liasse  338. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  348. 
(4>  ArJi.  A.  P.,  liasse  234. 
(5)  Arch.  A.  V.,  liasse  349. 


(6)  Ar.il.  A.  W,  liasse  353. 
|7)  Arcli.  A.  P.,  liasse  332. 


24 


3-0  i/hotf.l-dif.u  au  xviie  r.T  .au  xviif  sikclf. 


CENSI^'E    DE    L  ABBAYE    DE    TIRON 

Rue  Cloche-Perce,  hôtel  de  Brie,  provenant  du  legs  universel  du  chanoine 
Le  Masle  des  Roches,  en  j658  (i). 

4  maisons  achetées. en  1695,  à  Charles  Petit,  seigneur  de  La  Selle,  de 
Lozoir,  Villiers  et  autres,  lieux,  bailli  et  gouverneur  de  Montargis,  moyennant 
102.000  livres;  2,  contiguës  me  Cloche-Perce,  la  3°,  rue  du  Roi-de-Sicile,  et  la 
4°,  rue  7"/ro».  Pour  ces  4  maisons,  pour  celle  de  Le  Masle  des  Roches,  et  pour 
une  sixième,  rue  de  Joiiy,  au  coin  de  la  rue  des  Nonaindières,  donnée  par 
Ch.  Le  Pelletier,  maître  menuisier,  estimées  ensemble  1 33.937  1.  ios.,rH.-D. 
constitua  une  rente  de  669  1.  i3  s.  9  d.,  intérêt  au  dernier  40  de  la  somme  de 
26.787  1.  10  s.  à  laquelle  se  montait  le  droit  d'indemnité  (2). 

Maison  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Nonaindières  et  de  la  rue  de  Jouy, 
donnée  par  les  sieurs  Pelletier  père  et  fils,  en  i656  (i),à  charge  d'une  rente 
viagère  de  i5o  livres.  Lors  de  l'élargissement  de  la  rue  des  Nonaindières, 
en  1687,  et  l'ouverture  d'un  cul-de-sac  entre  la  rue  de  Joiiy  et  la  rue  Saint- 
Antoine,  pour  faire  communiquer  le  quartier  de  l'île  Saint-Louis  et  de  Saint- 
Bernard  avec  celui  de  Saint- Antoine,  cette  maison  subit  un  retranchement  de 
3  toises,  pour  lequel  l'H.-D.  reçut  de  la   \'il]e  une  indemnité  de   1.200  livres. 

Maison  contiguë,  acquise  6.5oo  livres  en  1688  (3),  et  qui  subit  aussi  un 
retranchement  en  1687,  moyennant  une  indemnité  de  2.5oo  livres. 

Rente  foncière  de  7  1.  10  s.  sur  2  maisons  contiguës  de  la  rue  de  Jouy, 
situées  au  coin  de  la  ruelle  Gnépine,  et  une  rente  foncière  de  400  livres  sur  une 
maison  de  la  rue  Saint-Antoine,  entre  l'hôtel  de  Beativais  et  le  coin  de  la  rue 
de  Jouy  (4). 

Quai  des  Ormes,  avec  issue  derrière  sur  la  rue  de  la  Mortellerie,  maison  à 
3  étages,  magasin  et  2  corps  de  logis,  située  vis-à-vis  de  l'arche  Beaiifils  (5), 
léguée  par  Gauldré-Boileau,  bourgeois  de  Paris. 

CENSIVE    DU    PRIEURÉ   DE    SAINT-LAZARE 

Maison  et  terrains  en  marais  de  2  arpents  et  demi,  situés  ruelle  des  Marais, 
dite  des  RécoUets,  près  l'hôpital  Saint-Louis,  provenant  de  la  donation  faite 
par  Charles  Tuppin,  prêtre,  chapelain  ordinaire  de  la  musique  du  Roy,  cha- 
noine de  l'église  Saint-Jacques-de-l'Hôpital,  à  charge  d'une  rente  viagère  de 
2.000  livres  (G). 

CENSIVE    DU    CHAPITRE     DE     SAINT-HONORÉ 

Depuis  1672,  au  Marché  du  cimetière  Saint-Jean,  maison  sur  laquelle 
l'H.-D.  doit  12  s.  6  d.  aux  Quinze-Vingts,  25  s.  aux  religieuses  de  l'Assomp- 
tion ou  Anciennes  Haudrieites  établies  vue  Neuve-Saint-Honoré,  paroisse 
Saint-Roch. 

CENSIVE    DE    SAINT-GERMAIN-DES-PRKS 

Rue  Saint- André-des- Arcs,  hôtel  avec  porte  cochère,  cour,  remises  à 
2  carrosses,  corps  de  logis  à  3  étages,  acheté  en  1671  à  Jean  Denis,  93.000  livres, 

(i)  Arch.  A.  P.,  liasse  346. 

(2)  Arch.  A.  P.,  liasse  3+7. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  387. 

(4)  Arch.  A.  P.,  liasse  388. 
(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  390. 
(C)  Arch.  A.  P.,  liasse  422. 


LF.    DOMAINE 


avec  2  petites  maisons  attenantes  ;  c'est  une  belle  propriété,  qui  a  appartenu 
autrefois  à  la  famille  des  Gondy  et  que  le  dernier  propriétaire  a  enrichie 
de  peintures  et  de  tableaux  considérés  comme  immeubles  dans  l'acte  de  vente, 
à  savoir:  «  au  premier  étage,  dans  la  salle  à  manger,  au-dessus  de  la  porte, 
un  tableau  de  l'asisanie  (épiphanie  ?),  dans  un  cadre,  dans  la  grande  chambre, 
une  vierge,  d'après  Raphaël  et  sa  bordure  dorée  ;  au  deuxième  étage,  2  tableaux, 
dans  3  cadres,  au-dessus  des  2  portes  de  la  grand'chambre,  et  dans  la  chambre, 
2  pareils  tableaux,  au-dessus  des  2  portes,  le  tout,  paisages,  petites  figures  et 
bestiaux  ».  Les  droits  de  lods  et  ventes,  payés  à  l'abbaye  de  Saint-Germain,  se 
sont  élevés  à  i.35o  livres. 

Rue  de  Totiraine,  entre  les  Cordeliers  et  la  porte  Saint-Germain,  V hôtel  de 
Tours,  légué  en  1662  (1),  par  Armand-Jean  Le  Bouthillier  de  Rancé,  d'enleu- 
rant  à  l'institution  des  P.  de  l'Oratoire,  faubourg  Saint-Michel  (2).  Cet  hôtel, 
loué  alors  1.700  livres,  était  entouré  de  jardins  s'étendant  le  long  des  murs  de 
la  Ville  et  dans  le  fossé.  Il  avait  été  bâti  sur  des  terrains  aliénés  par  la  Ville 
au  père  de  l'abbé  de  Rancé,  Denis  Le  Bouthillier,  conseiller  ordinaire  du 
roi.  A  côté  se  trouvait  une  autre  maison,  donnée  également  par  Rancé. 
Jaillot  prétend  qu'il  a  vu  un  rôle  de  1640  dans  lequel  on  indique,  rue  du 
Paon,  une  maison  appartenant  à  M.  Bouthillier,  surintendant  des  finances, 
tenue  par  M.  l'Archevêque  de  Tours,  et  suppose  que  la  demeure  de  ce  prélat 
a  pu  faire  donner  ce  nom  à  cet  hôtel.  C'est  une  hypothèse  que  nous  n'avons  pu 
contrôler.  L'hôtel  de  Tours  était  encore  une  belle  propriété  sous  l'ancien 
régime,  malgré  les  retranchements  subis.  11  était  loué,  en  1780,  à  la  veuve 
de  J.-B.  Sorbier,  chirurgien,  pour  un  bail  de  9  ans,  1.900  livres  pour  les  3  pre- 
mières années,  2.000  livres  pour  les  3  suivantes,  et  2.100  livres  pour  les  3  der- 
nières. Ce  bail  fut  cédé  le  g  juill.  1783  à  Ph.-Jean  Pelletan,  «  maître  et 
professeuren  chirurgie»,  demeurant  auparavant  rue  des  Anglais,  paroisse  Saint- 
Etienne-du-Mont. 

Vliôtel  de  Tours  fut  pour  l'H.-D.  le  noyau  des  autres  immeubles  qu'il  acquit 
dans  le  quartier.  En  1672,  le  9  août,  parut  un  arrêt  du  Conseil  autorisant  l'ou- 
verture d'une  nouvelle  rue  qui  devait  conduire  du  grand  portail  de  l'église  des 
Cordeliers,  et  se  prolonger  à  travers  le  fossé,  jusqu'à  la  contrescarpe,  en  face 
Vhôtelde  Condé  ;  ce  fut  la  rue  de  Y  Observance-Saint-François,  dont  la  largeur 
était  fixée  à  6  toises  (11  m.  80).  L'ouverture  de  cette  voie  devait  donner  de  la 
valeur  aux  terrains  avoisinants,  et  permettre  de  construire  des  maisons  de 
rapport  (3). 

L'H.-D.,  toujours  à  l'affût  des  occasions  avantageuses,  s'empressa  d'acheter 
à  la  Ville,  en  1673  (4),  3  ma:isons  bâties  sur  la  contrescarpe  du  fossé  de  la 
Ville,  et  une  grande  place  qui  se  trouvait  derrière,  dans  le  fossé  contigu  aux 
jardins  de  l'hôtel  de  Tours.  Le  tout  fut  cédé  moyennant  1 2.3 16  1.  i3  s.  4  d., 
dont  la  Ville  déduisit  4.600  livres  comme  indemnité  du  dommage  causé  à 
l'H.-D.  par  l'élargissement  de  la  rue  Galande,  où  il  possédait  divers  immeubles  ; 
cette  somme  fut  consacrée  par  la  Ville  au  payement  des  conduites  destinées 
à  amener  à  Parisl'eau  venant  des  sources  de  Rungis,  Belleville  et  duPré-Saint- 
Gervais,  travaux  confiés  .par  adjudication  du  28  août  1671  à  Adam  Chariot  et 
Jean  Allain,  «maîtres  plombiers-fontainiers  ». 

(1)  Arch.  A.  P.,  liasse  254. 

(2)  Abbé  de  Marsollier,  Vie  de  dont  A.-J.  Le  Bouthillier  de  Rancé  ;  Pans,  1703,  m-8°. 
t-  U  P-  112.  .       ^.      . 

(3)  A.  Bonnardot,  Dissert.  arch.  sur  les  anciennes  enceintes  de  Paris  ;  Paris,  i8.-'2,  in-4". 


p.  44. 

(4)   Aich.  A.  P,.,  liasse  248. 


3^2  l'hOTF.L-DIICU    au    XVIie    ET    AIT    XVni'=    SHXI.E 

Les  3  maisons  acquises  de  la  Ville  étaient  louées  par  bail  emphytéotioue 
à  divers  propriétaires  qui  cédèrent  peu  à  peu  leur  jouissance  à  FH  -D. 
En  y  comprenant  la  place  libre  de  94  toises  1/2,  elles  formaient  une  super- 
ficie de  123  toises  6  pieds.  Pour  régulariser  ce  terrain,  un  voisin,  Jacques 
Belin,  conseiller  au  Châtelet,  qui  était  propriétaire  d'une  des  anciennes  tours 
de  la  Ville,  céda  une  petite  place  de  5  toises  1/2  qui  séparait  de  la  nouvelle 
rue  les  jardins  de  V hôtel  de  Toitrs. 

Rue  de  la  Contrescarpe,  ou  rue  des  Fosses,  l'H.-D.  possédait  encore  une 
maison  avec  un  terrain  contigu  achetée  i6.i5o  livres,  en  1675  (i);  la  maison 
de  l'Etoile  qui  consistait  en  un  corps  de  logis,  3  chambres  et  un  grenier, 
vendue  8.000  livres,  et  la  maison  du  Petit  Flamand,  cédée  en  vertu  d'une  rente 
viagère;  enfin,  rue  des  Fossés,  2  autres  maisons,  voisines  des  précédentes, 
acquises  également  moyennant  le  versement  d'une  rente  viagère. 

L'H.-D.  acquit  de  plus,  en  1673,3  maisons  contiguës,  donnant  par  devant 
sur  la  rue  Contrescarpe  et  par  derrière  sur  le  fossé,  puis  6  maisons  contiguës 
situées  rue  des  Cordeliers,  près  de  l'emplacement  la  porte  Saint-Germain, 
démolie  en  1672  et  remplacée  par  la  porte  de  Buci  depuis  i586,  enfin  la 
portion  des  remparts  comprise  dans  les  dépendances  de  ces  maisons,  le  tout 
au  prix  de  20.000  livres,  employées  par  la  Ville  au  payement  des  ouvriers 
travaillant  à  la  nouvelle  porte  Saint-Denis  (2).  Il  y  ajouta  encore  une  maison, 
bâtie  sur  la  contrescarpe  du  fossé,  occupée  par  un  maréchal,  acquise  2.3oo 
livres  le  23  mai  1674.  C'étaient  d'ailleurs  des  masures, plutôt  que  des  maisons; 
elles  étaient  occupées  par  un  bourrelier,  un  coutelier,  un  potier  d'étain,  un 
chaudronnier.  L'intention  de  l'H.-D.  était  de  démolir  et  de  faire  reconstruire. 

Rue  du  Battoir,  2  maisons  achetées  le  21  juin  1669  (3)  à  Philippe  Lemoyne, 
notaire  au  Châtelet,  et  une  troisième  rue  des  Lombards,  à  l'enseigne  du  Plat 
d'Or,  moyennant  66.000  livres  pour  les  3.  L'une  se  compose  d'un  corps  d'hôtel 
à  pignon  sur  la  rue  Hautefeiiille,  dont  elle  fait  le  coin,  et  appartenait  à  Charles 
Duret,  chevalier;  l'autre  comprend  un  grand  corps  de  logis  avec  2  ailes  et  a 
été  acquise  de  Mathieu  Langlois,  écuyer,  aide  de  camp  des  armées  du  roi  ;  elle 
a  appartenu  au  début  du  xvir  siècle  à  Nicolas  Gobelin,  sieur  de  Villemoisin, 
demeurant  à  Saint-Marcel,  rue  de  Bièvre,  paroisse  Saint-Hippolyte.  Ces  mai- 
sons sont  louées  respectivement,  en  1672,  i.ioo  livres  et  900  livres  à  un 
avocat  et  à  un  procureur  du  Parlement.  La  maison  faisant  le  coin  de  la  rue 
Haiitefeiiille  appartenait  encore  à  l'H.-D.  à  l'époque  de  la  Révolution,  et  était 
estimée  à  28.290  livres  en  1796  (4).  Elle  ne  fut  vendue  par  l'administration 
des  hospices  que  le  3i  juillet  i83i,  à  Edme  Roret  qui  en  était  locataire 
depuis  1823.  C'était  alors  le  n»  10  de  la  rue  Hautefeuille  (ancien  n"  32  avant 
i8o5).  Cette  maison  a  été  complètement  reconstruite  en  1872  [b). 

Rue  Saint-Guillaume,  ancienne  rue  de  la  Butte  (6),  hôtel  légué  par  Phi- 
lippe de  Berthier,  abbé  de  Saint-Vincent-de-Senlis,  en  1667.  Construit  par  le 
marquis  de  Laigue,  capitaine  des  gardes  du  corps  de  Monsieur,  frère  unique 
du  roi,  vendu  le  i3  octobre  1664  à  Philippe  de  Berthier.  Un  passage  souter- 
rain avait  été  construit  en  1660,  avec  l'autorisation  de  l'abbé  de  Saint-Germain- 
des-Prés,   pour   le   faire    communiquer   avec    ses    dépendances,    basse-cour, 

(i)  Arcli.  A.  P.,  liasses  25o  à  252. 

(2)  Jaillot,  (luart.  St-André  des  Arcs,  p.  ,17. 

(3)  Arcli.  A.  P.,  liasse  244. 

(4)  Arch.  Seine,  Sommier  de  la  xi»  municipalité. 

(3)  H.  Baillièie,  la  Rue  Hautefeuille  ;  Paris,  1906,  in-8». 
\6)  Jaillot,  Ouarlier  St.-Germain-des-Prés,  p.  55. 


écuries,  remises,  etc.,  qui  se  trouvaient  en  face  de  l'autre  côté  de  la  rue  (i). 
D'autre  part,  une  concession  de  4  lignes  d'eau  à  prendre  au  regard  des  frères 
de  la  Charité  lui  fut  accordée  le  10  novembre  1672.  C'était  une  habitation  fort 
confortable,  dont  le  jardin,  attenant  au  couvent  des  R.  P.  frères  prêcheurs 
(Jacobins),  aboutissait  par  derrière  près  de  la  rue  Saint-Dominique,  où  se  trou- 
vaient 2  petites  maisons,  tombant  en  ruine,  comprises  dans  l'héritage  ;  cet 
hotcl  fut  loué  successivement  à  Denis  Talon,  président  à  mortier,  qui  prit  une 
grande  part  à  la  rédaction  des  «  Ordonnances  »  de  Louis  XIV,  puis  au  bailli 
de  Noailles  (1708),  à  la  maréchale  d'Harcourt  (171 1),  et  en  171g,  par  bail 
à  vie,  à  Charlotte  d'Aumont,  marquise  de  Créquy,  pour  59.000  livres,  dont 
45.000  furent  payées  comptant;  de  là  vint  à  celte  maison  l'appellation  d'hôtel 
de  Créqtiy,  qui  lui  resta  au  xviii»  siècle.  Puis  il  servit  ensuite  de  demeure  .au 
maréchal  d'Estrées  (bail  du  24  mai  1724)  jusqu'en  1730;  il  fut  cédé  à  cette 
date  par  un  bail  à  vie  à  Marie  Bruslard,  veuve  de  Louis  de  Béthune,  marquis 
de  Charost,  brigadier  des  armées  du  roi,  moyennant  70.000  livres  et  un  loyer 
annuel  de  2.000  livres  (6  juin  1730).  Marie  Bruslard,  mariée  en  secondes  noces 
au  duc  de  Luynes,  «  de  Chevreuse,  pair  de  France,  comte  de  Montfort  et  de 
Fours,  baron  de  Rochecarbon,  de  Samblançay,  Saint-Michel,  La  Guerche, 
Saint-Hermière,  Dangeau  et  autres  lieux  »,  et  qui  mourut  le  1 1  septembre  1763, 
habitait  rue  Saint-Dominique,  et  sous-loua  l'hôtel  de  Cvéqiiy,  successivement 
au  marquis  de  Sassenage  (1732),  à  Antoine  de  Brancas,  duc  de  Viliars,  pair 
de  France  (1733),  au  prix  de  6.000  livres;  au  procureur  général  Joly  de  Fleury 
(1748),  au  prix  de  8.000  livres.  Enfin,  l'H.-D.  eut  pour  nouveau  locataire  en  1772 
le  duc  Maximilien  de  Béthune    et  Gabrielle  de  Châtillon,  sa  femme  (2). 

Rue  Saint-Dominique,  ancien  chemin  aux  Vaches,  terrain  acquis  en  167 1, 
pour  14.000  livres  (3)  et  destiné  à  la  construction  de  maisons  de  rapport.  C'est 
en  effet  l'époque  où  les  particuliers,  grands  seigneurs,  ou  hommes  de  robe, 
comme  A.  Rousselet,  procureur  des  requêtes  de  la  chancellerie,  bâtissent 
dans  le  «  bourg  Saint-Germain  »,  pour  augmenter  leurs  ressources,  malgré 
la  prohibition  faite  de  bâtir  au  delà  des  bornes  de  la  Ville  (4).  L'H.-D.  imita 
ces  spéculateurs;  l'affaire  était  bonne.  Sur  ce  terrain,  planté  de  quelques 
arbres  fruitiers,  voisin  de  la  propriété  du  marquis  de  Maineville,  il  fit  cons- 
truire 7  maisons,  dont  6  petites  et  une  grande  qui  dès  i683  lui  rapportait 
2.3oo  livres.  Au  xviii°  siècle,  cette  dernière  maison  fut  louée  à  vie  pour 
32.3oo  livres,  suivant  l'usage  pour  les  hôtels  de  quelque  importance,  à 
Armand  de  Mormes  de  Saint-Hilaire,  lieutenant  général  des  armées  du  roi 
et  de  l'artillerie  de  France.  Elle  se  composait  alors  d'un  corps  de  logis  avec 
porte  cochère,  et  2  pavillons  sur  la  cour,  avec  écuries,  remise,  greniers,  etc. 
En  1751,  elle  était  louée  à  M.  de  Gallifet. 

Rue  de  Buci,  maison  léguée  en  1649  P^''  l'architecte  Gamard,  en  face 
de  la  petite  rue  Botirbon-le-CJiàteau  (actuellement  n"  3o),  «vis-à-vis  le  château 
du  sieur  de  Metz  ».  Christophe  Gamard,  voyer  général  de  l'abbaye,  avait  été 
chargé  de  construire  la  fameuse  prison  de  l'Abbaye,  les  boucheries,  le  petit 
marché,  etc.  (5).  La  maison  fut  louée  à  sa  veuve  (6),  Marie  Gillois,  pour  35o  livres 


(i)  Lefeuve,  0.  c,  t.  V,  p.  i3o. 

(2)  Arcli.  A.  P.,  liasses  258  et  259. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasse  260. 

(4)  Arch.  nat.,  X'  a  8655. 

(5)  Arch.  A.  P.,  liasse  263,  et  Arch.  nat.,  K  1024. 

(6)  Dom  Bouillart,  Hist.  de  St-Germain-dcs-Prcs  ;  Paris,  in-f%  p.  229,    et   Fromaseot, 
la  rue  de  Buci,  dans  Bull,  de  la  Soc.  hist.  du  VI"  an:  ;  1904-1005,  p.  85. 


'HOTFL-nir.r  au  xvii^  et  au  xviii«  shxle 


(4  novembre  iG5o),  puis  en  1662  à  Antoine  de  Fenis  de  La  Boissière,  procu- 
reur fiscal  de  la  justice  de  Saint-Germain  et  ensuite  à  Etienne  Dalmas, 
capitaine  et  gruyer  de  Chantilly.  Confisquée  au  profit  du  domaine  national 
comme  bien  ecclésiastique,  elle  fut  restituée  par  la  loi  du  2  brumaire  an  IV  à 
l'administration  hospitalière  qui  la  vendit  en  181 2. 

Rue  du  Bac,  l'H.-D.  hérite  en  lySS,  conjointement  avec  l'Hôpital  général 
et  les  Enfants-Trouvés,  d'une  grande  maison  à  porte  cochère,  au  coin  de  la 
rue  de  Vai-emies,  0  consistant  en  plusieurs  caves,  cuisine,  office,  écuries,  remises 
de  carrosses  et  lieux  communs  au  rez-de-cbaussée,  2  étages  de  chambres  difté- 
remment  distribués,  pièces  d'entresolles  entre  lesdits  étages,  grand  escalier  en 
entrant  à  main  droite,  et  2  autres  de  dégagement,  court  et  jardin  ensuitte  sépa- 
rez par  une  grille  de  fer  )>,  provenant  du  legs  de  M^'»  Le  Petit  de  Verno  de 
Chausserais  (i).  Celle-ci  en  avait  laissé  l'usufruit  au  comte  de  Volvire  de 
Ruffec,  lieutenant  général  des  armées  du  roi,  qui  l'avait  achetée  120.000  livres 
à  M.  d'Antraigue  de  Roise,  conseiller  au  Parlement  de  Paris  pour  M"«  de 
Chausserais,  le  14  mars  1724.  Le  comte  de  Volvire  l'avait  louée  pour  4.000  livres 
au  marquis  de  Bissy,  lieutenant  général  des  armées  du  roi,  gouverneur 
d'Auxonne.  Parmi  les  locataires,  nous  trouvons  en  1766  la  présidente  Talon, 
veuve  de  Louis-Denis  Talon  ;  en  1780,  le  vicomte  et  la  vicomtesse  de  Praslin, 
qui  ont  un  loyer  de  S.SSy  livres,  dont  ils  renouvelèrent  le  bail  en  1788  pour 
9  ans,  et  qu'ils  payèrent  jusqu'au  18  thermidor  an  III,  jour  auquel  l'agence  des 
domaines  nationaux  vendit  la  maison  avec  ses  dépendances  (2). 

Rue  de  la  Huchette  ex  du  CIiat-qin-Fèche,  3  maisons  données  en  1748  par 
Denis  Couppy,  commissaire  des  guerres  à  Paris,  le  Chaudron  (depuis  la 
Flotte  loyale  de  Canada),  le  Chat  qui  pèche  et  les  Trois  Bourses,  toutes  3 
dans  la  paroisse  Saint-Sé\ierin  (3)  ;  elles  rapportaient  au  moment  de  leur  dona- 
tion 1.595  livres;  les  locataires  étaient  de  petits  artisans  n'ayant  que  2  ou  3 
chambres,  parfois  même  une  seule,  un  ciseleur,  un  garçon  chirurgien  de  l'H.-D. 
qui  paye  45  livres  sa  chambre,  un  étalier  boucher,  un  tailleur,  un  greffier 
qui  occupe  3  chambres  au  3"  étage  pour  iio  livres,  un  employé  qui  paye 
2  chambres  au  i"  étage  r20  livres;  le  locataire  principal  est  un  apothicaire 
qui  a  boutique,  arrière-boutique,  cuisine  servant  de  laboratoire,  magasin, 
soupente,  grenier  et  cave,  le  tout  pour  5oo  livres. 

Rente  de  20  livres  depuis  i6g5  pour  5  quartiers  et  demi  de  terre  sur  les- 
quels se  trouvaient  la  maison  et  le  jardin  de  l'hôpital  de  la  Charité  des  Con- 
valescents fondé  en  i652  par  les  Frères  de  la  Charité  pour  les  convalescents 
de  leur  hôpital,  grâce  à  la  générosité  d'Angélique  Faure,  femme  du  surinten- 
dant des  finances  Claude  de  Bullion. 

Grand  terrain  de  22  arpents  54  perches  5  pieds  3  pouces,  vers  le  nouveau 
Cours  de  Ville,  enclavant  2  autres  terrains  plus  petits,  l'un  de  i  arpent  8  per- 
ches 17  pieds,  planté  en  luzerne,  l'autre  de  66  perches,  dans  la  censive  de 
Sainte-Geneviève  ;  puis  7  arpents  2  perches  1/2  en  luzerne  et  marais,  de 
4  perches  i  pied,  et  36  perches  i5  pieds  de  terres  voisines  des  précédentes,  et 
enfin  i  arpent  36  perches  i3  pieds,  grande  rue  de  5èi'e,  entre  le  grand  chemin 
et  le  petit  chemin  de  Vaugirard. 


(1)  Arch.  A.  P.,  liasse  262.  Sur  cette  bienfaitrice,  voy.  Tabariès  de  Grandseignes,  la 
Sibylle  du  Bois  de  Boulogne,  M»»  de  Chausserais,  dans  Bull,  de  la  Soc.  d'Anteiiiï-Passy, 
1909,  p.  35o. 

(2)  Ch.  Duplomb,  la  Rue  du  Bac,   Paris,  1894,  10-40^  n'a  pa  identifier  cette  maison. 

(3)  Arch.  A.  P.,  liasses  238-241. 


CENSIVE    DE    SALNTE-GENEVIli\E 

Au  MoutpciniLisse,  terrain  de  2?  arpents  et  4  quartiers  sis  au-dessus  des 
Chartreux,   au  lieu  dit  En    la  Butte,  «  en  plusieurs  haches,  tenant  d'une  part 

vers  Vanves,  aux  héritiers  du  feu  Macé  du  Val  en  partie et  audit  H.-D.  et 

d'autres,  en  plusieurs  haches,  aux  Chartreux^  aboutissant  d'un  bout  au  che- 
min qui  va  des  Chartreux  à  \'anves,  et  d'autre  aux  vignes  appartenant  à 
Guillaume  Tiersot  (i).  Un  plan  de  1648  montre  que  ces  terrains  comprenaient 
la  plus  grande  partie  de  la  Butte,  qui  est  intitulée  «  Mont-Parnasse,  ou  Bou- 
levart  ».  On  disait  aussi  le  «  Boulevart  des  Chartreux  «.  Cette  butte  (2) 
communiqua  son  nom  à  l'ensemble  des  champs  de  l'H.-D.  au  milieu  desquels 
elle  était  enclavée,  qui  dépendaient  du  pressoir  de  la  rue  d'Enfer,  et  qui 
atteignirent  jusqu'à  53  arpents. 

Cette  propriété  avait  pour  noyau  les  20  arpents  achetés,  le  2'i  mars  i38g, 
par  Renault  Mingot  et  sa  femme  Agnès,  tous  deux  «  familiers  »  de  l'H.-D. 
C'était  la  ferme  du  Pressoir  dont  une  partie  fut  cédée  pour  3o.ooo  livres  à 
Marie  de  Médicis  en  161 3,  et  comprenait  des  granges,  étables,  clos,  moulin 
à  vent  et  carrières.  Au  xviir  siècle,  cette  propriété  comportait  encore  3o  arpents 
dans  la  censive  de  Saint-Germain-des-Prés,  et  i3  dans  celle  de  Sainte-Gene- 
viève. 

DOMAINE     RURAL 

Ce  domaine  était  très  étendu,  mais  groupé  dans  les  environs  de  Paris  et  dans 
la  banlieue  immédiate,  dont  plusieurs  paroisses  font  depuis  partie  de  la  ville. 
L'H.-D.  vendait  généralement  les  propriétés  trop  lointaines  qui  lui  étaient 
léguées,  à  cause  de  la  difficulté  de  la  surveillance. 

Nous  avons  groupé  ces  propriétés  par  commune  pour  l'ancienne  banlieue, 
et  pour  les  localités  plus  éloignées  suivant  les  anciens  «  pays  »  et  les  pro- 
vinces (3). 

GENTILLY 

Terres  et  vignes  provenant  de  diverses  donations,  notamment  7  quartiers 
de  prés  en  deçà  des  moulins  deCroulebarbe,  et  18  arpents  de  terre  i  arpent  1/2  de 
vignes  à  Arcueil  et  GentUly,  légués  par  un  chanoine  de  l'église  Saint-Marcel, 
en  1379,  puis  des  vignes  et  des  biens  légués  en  1648  par  Pons  de  Belleville, 
curé  de  Palaiseau  et  chapelain  des  églises  de  Notre-Dame  et  de  Saint-Gervais  à 
Paris,  puis  d'autres  vignes  encore  données  en  142 1  et  en  1454(4). 

En  1705,  une  circonstance  inattendue  augmenta  ce  domaine.  Claude 
Sonnius,  libraire,  quartenier  de  la  Ville  de  Paris,  avait  donné  en  1648  aux 
religieuses  de  la  Miséricorde  de  l'H.-D.  de  la  ville  de  Dieppe  une  maison  avec 
ses  dépendances,  dans  la  grande  rue  conduisant  à  Arcueil,  avec  un  clos  devant 
la  maison,  de  4  arpents  1/2,  et  5  arpents  de  vignes  en  divers  lieux  dits,  à  charge 
par  ces  religieuses  d'établir  un  couvent  et  un  hôpital  pour  les  malades  du 
bourg  et  des  villages  voisins,  en  stipulant  que  si  ses  conditions  cessaient  de 
recevoir  leur  exécution,  leslnxmeubles  deviendraient  la  propriété  de  l'H.-D.  (5). 

(i)  Arch.  A.  P.,  liasse  ^34-^36. 

(2)  Bonnardot,  o.  c,  p.  175. 

(3)  Pour  tous  les  noms  de  communes,  nous  avons  rétabli  lorlhographe  moderne,  de 
manière  à  ne  pas  surcharger  notre  texte  d'identifications  topograpliiques. 

(4I  Brièle,  Inv.,  t.  1,  p.  239-341. 

(5)  Arch.  nat.,  M  5g.  Bournon,  GentUly,  p.  11,  et  St-Mandé,  p.  11.  (État  des  commu- 
nes du  départ,  de  la  Seine  à  la  fin  du  xi.x*  s.)  L'immeuble  de  St-Mandé  était  l'ancien  châ- 
teau occupé  par  Fouquet  en  1637. 


376  l'hOTF.L-DIKU    au    XVIie    ET    AU    XVIII"    SIKCLE 

C'est  ce  qui  arriva  à  la  suite  de  l'arrêt  du  Parlement  du  20  janvier  i-job, 
autorisant,  en  exécution  des  lettres  patentes  de  septembre  1704,^3  religieuses 
hospitalières  de  la  Miséricorde  de  Jésus  établies  au  village  de  Gentilly  à 
transférer  leur  maison  à  Saint-Mandé,  à  condition  que  la  communauté  sera 
réduite  à  3o  religieuses  de  chœur  et  10  religieuses  converses,  et  à  la  charge 
d'abandonner  à  l'H.-D.  les  immeubles  donnés  par  Claude  Sonnius.  L'année 
suivante,  en  1706,  l'H.-D.  reçut  d'un  anonyme  une  somme  de  5. 000  livres  à 
la  charge  de  ne  jamais  aliéner  les  maisons,  jardins  et  clos  provenant  de  cette 
donation.  Par  contre,  pour  les  autres  parties  de  ce  domaine,  l'H.-D.  ne  se 
gêna  pas  de  les  vendre  à  des  carriers,  à  mesure  que  les  fouilles  devenaient 
d'un  rendement  meilleur  que  les  vignes. 

CLICIIV  ET    LE    ROULE 

Terres  provenant  du  legs  de  Julien  Périer,  chanoine  de  Saini-Gcrmain- 
l'Auxerrois,  en  1570,  maison  au  Haut-Roule,  5  arpents  de  terre  au  lieudit 
Bonneval,  i  arpent  1/2  au  Bas-Roule,  7  quartiers  de  vigne  au  terroir  de  Cli- 
chy-la-Garenne,  au  lieudit  le  Tard  de  Jiiliart,  le  tout  loué  120  livres  en  i63i  : 
maison  dans  la  grand'rue,  à  l'enseigne  du  Saint-Nom  de  Jésus,  donnée  par 
P.  Couturier,  bourgeois  de  Paris  en  1697.  En  1734,  l'H.-D.  obtint  l'autorisa- 
tion de  bâtir  une  bergerie  sur  l'un  de  ses  terrains,  sur  le  chemin  de  Neuilly, 
près  de  la  barrière. 

MONTMARTRE  ET  LES  PORCHERONS 

Domaine  s'étendant  au  delà  des  grands  boulevards  actuels,  depuis  le  fau- 
bourg Montmartre  dans  la  direction  de  l'ouest  jusqu'à  la  Ville-l'Evèqiie  et  au 
faubourg  Saint  -  Honoré  ;  c'est  en  1201  qu'Haois  (Avoie)  la  Chenavacière,  du 
consentement  de  son  mari  Guillaume,  avait  cédé  à  «  la  maison  des  pauvres 
de  Paris  »  une  maison  située  place  des  Porcherons,  7  quartiers  de  terre  près  de 
Courcelles,  et  un  arpent  de  vignes  auprès  d'Auteuil,  et  l'H.-D.  avait  obtenu 
en  12 14  des  chanoines  de  Saint-Opportune  le  droit  de  posséder  en  mainmorte 
une  grange  et  7  arpents  de  marais,  à  charge  de  10  sous  de  cens  annuel. 

Dès  le  xv  siècle,  ces  terres  sont  divisées  en  «  petit  marais  »  et  «  grand 
marais  ».  Le  village  des  Porcherons,  formé  petit  à  petit  au  milieu  de  ces  terres 
cultivées,  se  divisait  lui-même  en  Petits  Porcherons  (faubourg  Montmartre) 
et  Grands  Porcherons  (chaussée  à'Antin  et  rue  Saint-La:^are).  La  rue  centrale 
du  village  était  la  rue  des  Porcherons,  devenue  depuis  les  rues  Saint-Lazare 
et  de  Châteaudun  ;  un  grand  égout  découvert,  sur  le  tracé  de  la  rue  de  Pro- 
vence, bordé  à  droite  et  à  gauche  par  des  tas  de  fumiers  déposés  par  les 
jardiniers,  traversait  le  village. 

En  1429,  les  grands  et  petits  marais  comprenaient  l'hôtel  des  Petits  Marais, 
sur  le  chemin  allant  de  la  porte  Montmartre  à  Clignancourt  et  à  Montmartre, 
près  de  la  Croix-Brczier,  avec  8  arpents  de  terres  comme  «  appartenances  »; 
l'hôtel  du  Grand  Marais  sur  le  chemin  de  Clichy  (i),  avec  2  ormes  devant  la 
porte,  comprenant  dans  son  pourpris  cour,  grange,  pressoir,  étables  et  jardin 
puis  des  terres,  diverses  pièces  de  marais  et  de  «  trailles  »,  en  tout  7  arpents  1/2 
14  perches;  enfin  une  pièce  de  terre  de  2  arpents  i/'2,  située  entre  les  égouts 
et  le  jardin  des  «  religieux  de  Saiut-Maihurin  »  (2),  près  du  pont  de  la  chaussée 

(1)  Plus  tard  chaussée  de  Gaillon,  puis  rue  de  l'Hôtcl-Dieu,  de  la  Barricre-Blanche,  et 
chaussée  d'Aniin. 

(2)  11  s'agit  d'une  ferme  api  artenant  aux  Mathurins,  et  non  du  couvent  qui  était  rue 
St-Jacques. 


LF,    nOMAINI'.  îj--- 

du  chemin  de  Clichy.  L'hôtel  des  Petits  Marais  se  trouvait  partie  dans  la  cen- 
sive  de  Saint-Opportune,  partie  dans  celle  de  l'H.-D.,  qui  devait  aux  premiers 
17  s.  4  d.  et  16  sous  parisis  à  l'abbesse  de  Montmartre  pour  la  dîme  des  fruits 
et  grains.  L'hôtel  des  Grands  Marais,  ainsi  que  la  nouvelle  pièce  de  terre 
située  près  des  Mathurins,  se  trouvait  également  dans  la  censive  de  Saint- 
Opportune.  Dans  le  Paris  moderne,  ce  domaine  occuperait  l'emplacement  com- 
pris entre  la  rue  de  la  Chaiissée-d'Antin,  ancienne  rue  de  VHutel-Dien,  en  descen- 
dant à  gauche  un  peu  au-dessus  de  la  rue  de  Provence,  et  la  rue  Saint-Lazare, 
sur  laquelle  il  avait  une  façade  de  120  mètres  quand  elle  était  encore  rue  des 
Porclierons  avant  de  devenir  rue  de  la  Petite-Pologne.  A  la  suite  se  trouvaient 
le  château  et  le  marais  du  Coq  dont  une  voie  amorcée  porte  encore  le  nom  (i). 

Au  milieu  du  xviii»  siècle,  la  partie  du  domaine  comprise  entre  le  château 
tics  Porcliero>ts  ou  du  Coq,  et  le  bureau  de  la  barrière  (la  barrière  Blanche)  fut 
close  de  murs.  Diverses  pièces  de  terrains  furent  prises  par  les  fermiers 
généraux  pour  construire  une  maison  aux  commis  de  la  garde  de  la  barrière 
IManche,  et  par  la  Ville  pour  le  nouvel  égout  établi  le  long  de  la  rue  de  la 
Barrière-Blanche  (chaussée  d'Antin),  puis  pour  alignement  de  la  rue  de  la 
CIiaiissée-d'Aiitiii. 

A  la  tin  du  xviii»  siècle,  les  8  pièces  de  terres  formant  alors  le  domaine  des 
Grands  Marais  étaient  louées  à  vie,  i  arpent  3  quartiers  pour  100  livres,  à 
Louis  de  Pernon,  ancien  député  de  la  ville  de  Lyon  au  Conseil  de  commerce 
et  trésorier  général  des  troupes  de  la  maison  du  roi  ;  i  arpent  1/2  à  Jean  Pail- 
lanjon,  entrepreneur  de  bâtiments,  pour  600  livres  ;  i  arpent  1/2  à  Sandrié 
Desfossés,  également  entrepreneur  de  bâtiments,  pour  450  livres;  i  arpent  1/9 
à  Sandrié  de  Morecourt,  architecte,  pour  400  livres;  2/3  d'arpent  à  Bailly, 
menuisier,  pour  600  livres  ;  3  arpents  à  Lefoullon,  maître  maçon,  pour 
2.400  livres;  1/2  arpent  au  lieu  dit  la  Ruelle  Cliaiitercllc,  au  baron  L.-A.  Le 
Tonnelier  de  Breteuil  (2),  «  ambassadeur  de  S.  M.  près  le  Roi  des  2-Siciles, 
demeurant  à  l'Orangerie  des  Thuileries,  près  Saint-Germain-l'Auxerrois  ». 

Une  partie  de  ces  terrains  d'environ  2.3oo  toises,  loués  à  Sandrié,  fut  vendue 
moyennant  110.000  livres  en  1780  à  Jean  de  Sainte-Croix,  entrepreneur  du 
pavé  de  Paris,  en  vue  d'un  lotissement  destiné  à  l'ouverture  d'une  rue 
nouvelle  suivant  l'autorisation  donnée  par  les  lettres  patentes  du  9  juin  1780, 
dans  la  direction  de  la  rue  Thirotix,  pour  aller  à  la  rue  Saint-La:iare  où 
l'on  devait  construire  la  façade  de  l'église  et  des  bâtiments  des  Capucins,  qui 
devaient  être  transférés  au  delà  des  remparts  de  la  Chaussée  d'Antin. 

Quant  au  petit  marais  du  faubourg  Montmartre,  il  occupait  en  1735 
8  arpents  5  perches  1/2,  dont  7  arpents  64  perches  en  bâtiments  et  terrains 
cultivés,  i3  perches  en  berges  de  fumiers  servant  de  clôture  au  marais, 
28  perches  de  terrain  entre  ces  berges  et  les  égouts.  Une  bande  de  ce  terrain, 
large  de  8  toises,  fut  vendue  en  1702  à  Marg.  de  Rambouillet,  femme  de  Ch. 
de  Nocey,  seigneur  de  Fontenay.  Le  reste  était  loué  à  des  jardiniers  et  des 
maraîchers;  i/3  d'arpent  situé  au  faubourg  Montmartre  fut  loué  pour  99  ans 
par  bail  emphytéotique  pour  2.400  livres  à  Poulletier  de  Périgny,  écuyer, 
baron  de  Brion,  à  charge  d'y  construire,  dans  l'espace  de  20  ans,  un  bâtiment 
d'une  valeur  de  60.000  livres.  Le  quartier  d'ailleurs  était  en  pleine  transfor- 
mation ;  le  village  des  Porcherons  était  devenu  un  lieu  de  rendez-vous  et  de 
plaisirs  ;  c'est  là  avaient  lieu  les  duels  ;  c'est  là  que  se  trouvait  le  café 
Ramponneau,  célèbre  chez  les  viveurs  du  temps.  La  rue  Bergère,  qui   n'était 

(i)  Lefeuve,  0.  c,  t.  II,  p.  1197. 

(2)  Bonde, /e  Donuunc  tics  hospices,  p.  i3i. 


3-8  L  HOTEL-niFi;    AT    XVlie    ET    AU    XVIlie    SIECLE 

primitivement  qu'un  cul-de-sac  ou  ruelle,  ayant  son  entrée  par  la  rue  des 
Poissonnicres  et  se  terminant  aux  terres  de  IH.-D.,  avait  été  ouverte  entre  la 
rue  du  Faiibonrg-MonUnavtre  et  la  rue  des  Poissonnières  {Sainte- A  mie). 

LA    VILLETTE 

L'origine  des  propriétés  venait  de  la  donation  faite  en  1200  par  Etienne 
Barbette  de  32  sous  de  cens  à  prendre  sur  32  arpents  de  terre,  que  le  proprié- 
taire vendit  peu  de  temps  après  à  l'H.-D.  Au  xvi"  siècle,  ces  terres  étaient  des 
pièces  de  vignes  et  des  carrières  à  plâtre.  Au  xvn'  siècle,  elles  formaient  le  fief 
important  dit  de  Grimperel,  sur  lequel  l'H.-D.  percevait  les  cens.  En  i65o, 
par  le  legs  Cosnard  de  Trémond,  l'H.-D.  agrandit  encore  son  domaine  de  plu- 
sieurs terrains,  notamment  au  lieu  dit  les  Haiites-Coiirotines,  puis  au  faubourg 
de  Gloire  ou  de  Saint-Laurent,  près  de  l'hôpital  Saint-Louis. 

AUBERVILLIERS 

Le  domaine  avait  pour  origine  6  arpents  de  terres  donnés  par  Nicole  Macheco 
en  i5i3;  puis  il  s'était  augmenté,  et  en  1643  comportait  3i  arpents  1/2,  loués 
750  livres.  C'est  sur  ces  terres  situées  dans  les  seigneuries  d'AubervillLers  et 
de  la  chapelle  du  Vivier-les-AubervilIiers,  appartenant.au  xvii'  siècle  à  la 
famille  Montholon,  que  l'H.-D.  fit  consd-uire  en  1742  sa  bergerie,  close  de 
murs  et  vaste  de  5  arp'ents  (i);  ce  lieu  fut  choisi  à  cause  de  l'abondance  des 
pâturages  et  d'un  ru  qui  arrosait  le  voisinage  ;  on  y  mit,  en  même  temps 
que  les  moutons  destinés  à  la  consommation  de  la  maison,  les  chevaux 
de  l'H.-D. 

PUTEAUX    ET    COURBEVOIE 

Dans  la  succession.de  Cosnard  de  Trémond  dont  le  legs  est  de  i65o,  l'H.-D. 
avait  recueilli  une  maison  rue  des  Fortins,  un  quartier  de  terre  à  Courhevoie 
au  lieu  dit  les  Coudes,  un  autre  quartier  de  terre  à  Puteaux. 


L'H.-D.  était  entré  en  possession  en  143 1  des  vignes  et  terres  donnés 
en  1418  par  Miles  de  Dangeul,  doyen  de  Chartres,^  chanoine  de  Paris,  conseiller- 
maître  des  comptes  du  roi.  i  arpent  1/2  de  ces  terres  était  loué  en  i6o3  7  1.  10  s., 
en  i665  20  1.  t.,  en  1669  25  livres. 


Ferme  importante  donnée  le  G  août  1471  par  Jean-Jean,  maître  es  arts, 
licencié  en  décret,  maître  du  collège  de  Narbonne;  à  la  suite  d'échanges  et  de 
ventes,  elle  s'est  accrue  au  point  de  devenir  au  début  du  xvii»  siècle  un  véri- 
table domaine  comptant  environ  411  arpenta  de  terre  labourable  et  21  arpents 
i5  perches  de  pré;  la  ferme  se  composait  d'un  grand  corps  de  logis,  2  granges, 
étables,  bergeries.  Le  tout  était  affermé  en  nature  le  5  décembre  161 2,  moyen- 
nant 8  muids  6  setiers  de  blé  méteil,  2  muids  1/2  d'avoine,  2  porcs  de  la  valeur 
de  10  livres  pièce,  400  bottes  de  foin  et  3oo  bottes  de  paille,  etc.  Cette 
ferme  se  trouvait  dans  la  mouvance  de    la    seigneurie   de  la    Quene-en-Brie. 


(i)  Bournon,  Anbervilliers,  igoo.in-S»,  p.  i5. 


LR    DOMAINK  .-SJQ 


L'H.-D.  aclieta  encore  au  xviir  siècle  des  vignes,  des  bois,  des  îles  en  la 
rivière  de  Marne,  entre  autres  Vile  Jonanne  et  Vile  Ronde,  et  une  autre  ferme, 
si  bien  que,  d'après  un  arpentage  fait  au  xviii"  siècle,  les  2  fermes  com- 
prenaient 686  arpents  33  perches  1/4. 

L'H.-D.  avait  de  plus  des  rentes  sur  diverses  maisons  à  Crcteil,  rue  des 
Mesches,  et  sur  des  quartiers  de  terre  ou  de  vignes  aux  lieux  dits  Mesly,  le 
Clos  et  le  Paradis,  Rouget,  etc. 

Pour  ses  terres  de  Créteil,  l'H.-D.  avait  un  prévôt,  un  lieutenant,  un  pro- 
cureur fiscal  et  un  greffier.  Elles  font  encore  partie  du  domaine  hospitalier. 


Maison  donnée  en  1648  par  Jacques  Danès,  évêque  de  Toulon,  seigneur 
du  lieu,  appelée  l'ancienne  maison  de  Marly-le-Chdtel,  fermée  de  hautes 
murailles,  située  derrière  l'église;  un  jardin  clos  de  murs,  dit  Jar-din- Poireau  ; 
un  autre  jardin  situé  dans  l'ancien  parc;  i58  arpents  de  terre  labourable,  sis 
au  terroir  de  Marly,  et  affermés  5  muids  de  blé  froment  et  4  muids  de  blé 
mcteil,  et  4  chapons;  11  arpents  de  terre  au  même  terroir,  affermés  pour 
I  setier  de  froment  par  arpent;  g  arpents  de  terre,  affermés  pour  6  setiers 
3  mines  de  froment  et  i  mine  de  méteil  ;  enfin,  166  1.  i3  s.  4  d.  de  rentes  sur 
les  taillis.  Le  donateur  se  réservait  seulement  la  propriété  d'un  jardin  compris 
dans  la  clôture  de  la  maison,  et  une  petite  tourelle  y  attenant.  L'H.-D.  devait 
paj'er  les  cens  et  droits  seigneuriaux,  servir  aux  pauvres  de  Marly  une  rente 
annuelle  de  7  setiers  de  blé,  etc..  Une  fois  installé  dans  le  pays,  l'H.-D.  aug- 
menta encore  son  domaine  en  achetant  des  terres,  soit  au  procureur  fiscal  du 
bailliage  de  Compans,  soit  à  ses  laboureurs^  en  remplacement  de  fermages 
arriérés.  Au  xviii°  siècle  il  fit  quelques  échanges  avec  les  seigneurs  du  comté 
de  Marly,  le  sieur  de  Hodic  en  1693,  Lallemant  de  Nantouillet  en  lySg.  A  la 
fin  du  xviii"  siècle  la  ferme  s'étendait  sur  317  arpents  32  perches  1/2. 


L'H.-D.  possédait,  depuis  141 1,  2  maisons  et  des  vignes,  auxquelles  vinrent 
se  joindre  en  1674  une  maison  rue  Normande,  léguée  par  Elisabeth  de  Pru- 
nelay,  femme  de  Jean  le  Bouteillier  de  Senlis,  comte  de  Moussy. 


Terrain  de  7  arpents  de  terre  et  3  arpents  de  vignes,  donnés  en  i285  par 
Martin  Dumont  de  Sainte-Marie-Madeleine,  chanoine  de  Saint-Clément  et 
Maurice  de  Compiègne,  auxquels  vinrent  s'ajouter  7  autres  arpents  et  une 
maison  en  128g,  provenant  de  la  donation  du  prévôt  de  MUacerf  (Wissous), 
situés  dans  la  censive  de  la  Conciergerie  de  Paris.  Ce  domaine  ne  s'était  guère 
accru,  car  l'arpentage  de  la  fin  du  xvni"  siècle  n'indique  que  10  arpents  5i  per- 
ches 1/2.  L'H.-D.  avait  également,  à  Orly,  un  dimage  dont  la  seigneurie  appar- 
tenait au  Chapitre  de  N.-D.  de  Paris. 

CI.AMART 

A  Triranx,  paroisse  de  Clamart,  l'H.-D.  possède  également  depuis  le 
XV»  siècle  une  ferme  qui  s'étendait  à  la  fin  du  xvi"  siècle  sur  167  arpents,  pro- 
venant de  la  donation,  en  1642,  de  G.  Colombel,  receveur  et  payeur  des  gages 


38o  i.'hotfl-dieu  au  xvii<=  kt  au  xviif  siècle 

du  Parleincnt.  L'H.-I).  y  adjoignit  encore,  en  i656,  14  arpents  de  bois  sis  à 
Clamart,  au  lieu  dit  le  Clos-des-Matliuriits,  achetés  à  P.  Masson,  laboureur  et 
fermier  de  la  ferme  de  Trivaux  (i).  Le  tout  fut  vendu  à  Louvois  pour 
3 1.800  livres  le  16  février  1680. 

A  Villepreux,  l'H.-D.  possédait  des  dîmes  depuis  le  xiv=  siècle;  elles  étaient 
affermées  16  écus  soleil  à  la  fin  du  xvi'  siècle;  puis,  en  1642,  iio  livres,  à 
Michel  Revêt,  chirurgien  ;  enfin  'ioo  livres  en  1778,  à  prendre  sur  144  arpents 
de  terres. 

SAINT- GERMA  IN-EN-LAVE 


Maison  donné  en  1731  par  Marguerite  Dubreuil,  veuve  de  J.-L.  Lamy, 
écuyer,  sieur  de  Beaucouteau,  et  qui  mourut  comme  malade  à  TH.-D.,  au 
bout  de  la  rue  de  la  Salle,  avec  les  meubles. 


ILE-DE-FRANCE 


Bien  que  les  limites  des  pays  ne  soient  pas  toujours  précises,  on  peut  faire 
les  groupements   suivants  : 

PARISIS    ET    FRANCE 

Ferme  ayant  pour  origine  la  donation  faite  en  1279  par  Laurence,  fille  de 
feu  Payen,  dit  le  vicomte  de  Romainville,  chevalier,  de  12  arpents  de  terre 
labourable,  entre  Mitry  et  la  Villette,  dans  la  mouvance  de  Jean  de  Compans, 
écuyer,  et  de  3  arpents,  près  du  chemin  de  Mitry  à  la  Villette,  dans  la  mou- 
vance de  Guy  Dubois,  chevalier.  Au  xvii'  siècle,  Michel  Le  Tellier,  secrétaire 
d'Etat  à  la  guerre,  échangea  sa  ferme  de  Mitry  de  89  arpents  pour  celle  de 
Chaville,  que  possédait  TH.-D.,  moyennant  une  soulte  de  18.000  livrés 
(19  juillet  1649). 

A  la  fin  du  xviip  siècle,  l'ensemble  des  terres  que  possédait  l'H.-D.  à 
Mitry,  à  Mory  et  au  Tremblay  s'élevait  à  45  perches  1/2  de  jardin,  112  arpents 
89  perches  1,2  de  terre  labourable,  et   i   arpent  97  perches   1/2  de  pré. 

Ferme  de  Cliamplan  s'étendant  sur  75  arpents  1/2  3  perches  1/2  (arpen- 
tage de  mai  1660).  Les  fermages  annuels  au  début  du  xvii"  siècle  variaient  de 
4  muids  de  blé  à  4  muids  6  setiers,  et  quelques  accessoires,  bottes  de  paille, 
douzaines  de  pigeons,  etc. 

En  161 1,  l'H.-D.  acquit  du  sieur  G.  Aurillet,  chevaucheur  ordinaire  de 
l'écurie  du  roi,  une  autre  ferme  à  Afa55j,  à  laquelle  s'ajoutèrent  en  i62odivers 
terrains,  cédés  par  J.  Dorât,  ancien  secrétaire  de  la  reine  Marguerite,  à  Massy, 
Antony,  Champlan  et  Villebon.  Au  xviii"  siècle,  ces  terres  formaient  une  vaste 
ferme  de  3i2  arpents  40  perches,  louée  2.080  livres  en  173 1,  et  3.56o  livres  en 
1789(2). 

(i)  De  Grouchy:  Meudon,  Bellevue  et  Chaville,  dans  Mcm.  Soc.  Hist.  de  Paris,  i8g3, 
p.  5o. 

(2)  Sur  cette  hausse  des  revenus  fonciers  au  xyiii"  s.,  voy.  D.  Zolla,  Variations  du, 
revenu  et  du  prix  des  terres  en  France  aux  xvu«  et  xvin»  s.,  dans  Ann.  de  l'Ec.  des  Se. 
pol.,  (1893-1894)  où  il  a  fait  usage  des  fermages  de  divers  établissements  hospitaliers,  et 
d'Avenel,  Hist.  de  Li  propriété,  t.  I,  qui  s'est  servi  des  documents  publiés  par  Brièle  sur 
les  liôpiiaux  de  Paris. 


38i 


A  Ma)-coussis,  ferme  et  métairie,  données  en  iG63,  par  Thomas  HcuJon, 
avocat  au  Parlement,  avec  environ  120  arpents  de  terre,  y  compris  le  fief  des 
Bie:^  situé  le  long  du  petit  étang  de  Marcoussis,  dans  la  seigneurie  de  Marcous- 
sis.  Cette  ferme  qui  s'étendait  en  1781  sur  i5i  arpents  26  perches  4/10 
était  louée  i.ooo  livres. 

Domaine  formé  de  diverses  donations  dont  la  plus  ancienne  était  celle  en 
12  10  de  Pierre  de  ChetenvUle  et  Alix  sa  femme,  du  i/3  des  terres  et  fiefs. 
11  se  composait  au  xvii»  siècle  de  3  fermes  principales  avec  leurs  dépendances, 
les  Noties,  Botheaitx  et  Bctlii:^y.  A  la  fin  du  xviiie  siècle,  le  fief  des  Noues 
s'étendait  environ  sur  494  arpents,  et  celui  de  Bothcaux  sur  176  arpents  22  per- 
ches ;  l'H.-D.  en  vendit  plusieurs,  en  1668,  à  Anne-Marie  Martinozzi,  veuve 
d'Armand  de  Bourbon,  piincede  Conti.  Déjà,  en  iSyg,  FIL-D.  avait  échangé 
à  Jean  Tambonneau,  seigneur  du  Bouchet,  conseiller  du  roi,  un  moulin  situé 
sur  la  rivière  d'Etampes,  au  terroir  du  Bouchet,  contre  3oo  livres  de  rente 
sur  le  clergé,  et  en  iSyS  un  fief  sis  à  Echarcon  pour  838  écus  soleil,  à  Robert- 
Becquet,  général  en  la  cour  des  Monnaies.  La  ferme  des  Noues  restait  néanmoins 
un  domaine  très  important,  dont  une  partie  se  trouve  encore  dans  le  patri- 
moine hospitalier. 

Domaine  de  Movangis,  très  ancien;  dès  iiyS,  Guillaume,  archevêque  de 
Sens,  légat  du  pape,  confirmait  l'H.-D.  «  domum  hospitalem  ecclesiœ  beatae 
Marias  parisiensis  »,  dans  ses  droits  sur  une  vigne  du  terroir  de  Louans ,  àon\.\a. 
possession  lui  était  contestée.  Puis  au  xiii"  siècle  et  xiv  siècle  l'H.-D.  fit  des 
échanges  et  acquisitions  de  terres  avec  divers  particuliers  et  communautés, 
notamment  le  prieuré  de  Saint-Eloi-sous-Chilly,  le  couvent  de  Notre-Dame  de 
la  Saussaie,  près  de  \'illejuif,  et  reçut  des  legs  importants,  en  particulier 
d'Eudes  de  Vert-le-Petit,  maître  et  trésorier  de  la  chapelle  royale  à  Paris  qui 
abandonna  les  manoirs  de  Louans  et  de  Vert-le-Petit  avec  leurs  dépendances 
(1286),  Pierre  de  Charentin,  chanoine  et  chantre  de  l'église  Saint-Honoré  de 
Paris,  qui  céda  un  fief  avec  ses  terres  et  cens  (1371).  Auxxvii°et  xviir  siècles, 
le  domaine  de  Morangis  s'étendait  sur  23i  arpents  de  terres. 

Ferme  appelée  le  Grand  Hôtel  et  fief  de  Cliâtillon,  cédés  en  1G61  par 
Pierre  de  Bretignières,  conseiller  au  Parlement,  en  échange  de  4.667  1.  7  s. 
4  d.  de  rente.  La  ferme  comprenait  environ  dans  son  enclos  5  arpents,  et  aux 
terroirs  de  Goiiesse,  Auliiay  et  terroirs  voisins,  290  arpents  en  terres  labou- 
rables, prés,  vignes.  Le  fief  de  Cliâtillon,  situé  dans  la  paroisse  de  Gonesse, 
consistait  en  52  s.  6  d.  parisis  de  menus  cens^  portant  lods  et  ventes,  et  en 
champarts  sur  environ  72  arpents  de  terre. 

Depuis  très  longtemps  déjà,  l'H.-D.  possédait  sur  les  moulins  de  Gonesse, 
une  rente  en  grains  qui  avait  été  transformée  en  une  rente  équivalente  en 
espèces  sur  la  généralité  de  Paris  ;  une  autre  rente  en  grains  sur  la  ferme 
dîmeresse  du  prieuré  de  Deuil  et  l'H.-D.  de  Gonesse. 

Ces  terres  dépendaient  de  la  châtellenie  royale  de  Gonesse,  qui  eut  pour 
seigneurs  «  engagistes  »,  de  1660  à  1750,  le  duc  d'Estrées,  le  cardinal 
d'Estrées,  Machault  d'Arnouville,  garde  des  sceaux.  Elles  s'étendaient  sur 
diverses  censives,  celle  du  Tillay,  celle  d'.Aulnay,  propriété  de  la  famille  de 
Gourges,  celle  d'Ermenonville,  possédée  par  les  Machault,  celle  de  Bonneuil 
et  celle  de  Dugny.  La  ferme  du  Grand  Hôtel,  devenue  {Qvme  Saint-Cliristoplte, 
comprenait  à  la  fin  du  xviii"  siècle  3o8  arpents. 

D'autre  part,  en  1719,  l'H.-D.  avait  acheté  pour  35. 000  livres  les  droits  de 
dîmes  et  de  champarts  sur  le  terroir  de  Gonesse  provenant  de  la  succession 
da  marquis  de  Fontenay,  consistant   pour  le  droit  de  champart  en  12  gerbes 


382  r.'nOTI-L-DIF.r    ai-    XVIF    KT    Al-    XVIir    SIKCLF. 


pour  100,  et  une  pièce  de  terre  de  9  arpents  au  lieu  dit  Près  de  la  Madeleine. 
La  même  année  il  avait  acheté,  moyennant  340.200  livres,  aux  2  filles  du  duc 
d'Estrées,  4  moulins  seigneuriaux  à  eau,  situés  sur  la  rivière  de  Croud, 
appelés  le  moulin  Jennel,  le  moulin  de  la  Planche,  le  moulin  Neuf  ei  le  mou- 
lin de  la  Porte,  avec  253  arpents  52  perches  1/2  de  terre,  et  droit  de  champart 
sur  795  arpents  i  quartier.  Enfin,  l'année  suivante  en  1720,  il  acheta  encore 
une  maison,  rue  du  Cul-de-Sac-de-V Auditoire,  pour  3. 000  livres,  louée 
90  livres,  puis  60  livres  et  un  cochon  de  lait,  et  en  1735,  une  autre  maison 
en  très  mauvais  état,  rue  du    Ciil-de-Sac,  près  de  la  geôle,  pour  800  livres. 

La  ferme  de  Sani^-C/îJ-z'^/op/ie  a  été  louée  successivement  3. 000  livres  eh  1664, 
3.000  livres  et  2  muids  de  froment  en  1700,  2.800  livres  en  170^,  2.5oo  livres 
en  1709,  puis  3. 200  livres,  plus  1.600  livres  pour  les  dîmes  et  champarts. 
Les  moulins  étaient  loués  4.000  livres.  Enfin,  le  domaine  seigneurial,  consis- 
tant en  cens,  rentes  et  autres  droits  seigneuriaux  et  casuels,  droits  de  ménage, 
mesurage,  chargeage,  placage  de  grains,  greffe  de  la  prévôté  et  châteilenie 
royale  de  Gonesse,  etc.,  était  loué  5. 000  livres.  Ce  domaine  seigneurial  était 
grevé  de  redevances  en  grains,  dues  notamment  au  prévôt  de  Saint-Lazare, 
aux  Minimes  de  Vincennes,  au  chapelain  de  la  chapelle  de  Saint-Germain  de 
Vitry  en  l'église  Saint-Jacques  de  la  Boucherie,  au  bailli  du  Palais,  aux  reli- 
gieux de  Livry-en-Launoy,  au  premier  huissier  de  la  Chambre  des  comptes, 
au  monastère  royal  du  Val-de-Gràce,  aux  Chartreux,  au  chapitre  de  Saint- 
Paul  de  l'Estrée,  à  Saint-Denis,  etc. 

L'H.-D.  contribua  à  différentes  reprises  aux  réparations  de  l'église  Saint- 
Pierre-Saint-Paul  de  Gonesse,  notamment  en  1719,  sur  la  demande  de 
J.-A.  d'Agoult,  chanoine  et  prieur  de  Deuil,  décimateur  du  territoire  de 
Gonesse. 

Ferme  du  Mesnil-Aubry,  provenant  de  la  donation  faite  au  xiv°  siècle  par 
Jean  Hébert,  ou  Habart,  apothicaire,  bourgeois  de  Paris,  et  s'étendant  sur  les 
paroisses  de  Mesnil-Aubry,  Mareuil,  Ézanville,  Villiers-le-Sec,  Plessis-Gassot, 
et  comporte  à  la  fin  du  xvii"  siècle  38  arpents  114  perches  3,4.  Ce  domaine 
appartient  encore  à  l'administration  de  l'Assistance  publique. 

A  Roissy,  l'H.-D.  a  acheté  en  1723  à  L.-C.  Pocquelin,  clerc  minoré  du 
diocèse  de  Reims,  1/6  de  5  arpents  de  terre,  en  même  temps  qu'un  1/12  d'une 
maison  à  Paris,  rue  du  Marché-Pahi,  pour  2.000  livres;  il  venait  de  recueillir 
les  autres  5/6  de  cette  terre  comme  légataire  universel  de  M™»  Baudouin. 

Ferme  de  VAtdruche,  à  Grigny,  léguée  en  1604  par  Et.  Halbrocq,  marchand 
de  Paris,  avec  la  moitié  du  fief  de  la  Clochette  et  des  terres  qui  en  dépendaient. 
L'H.-D.  acquit  un  peu  plus  tard  l'autre  moitié  du  fief,  en  tout  78  arpents, 
puis  encore  en  i655  un  nouveau  domaine  de  5i  arpents.  A  la  fin  du  xviii»  siècle, 
la  ferme  s'étendait  sur  259  arpents,  dans  la  mouvance  des  seigneuries  de 
Grigny  et  de  Morsang,  propriété  du  procureur  général  Joly  de  Fleury. 

VEXIN    FRANÇAIS 

Le  fief  et  la  terre  du  Tillay,  relevant  de  la  terre  de  Montchevreuil,  de  la 
baronnie  de  Chars  et  des  seigneurs  de  Cléry,  acheté  à  Fr.-Ch.  et  Ar.  de 
Brenne  48.000  livres  en  1671,  et  comprenant,  avec  la  maison  seigneuriale  et  les 
bâtiments  d'exploitation,  i5o  arpents.  Ce  domaine  appartient  encore  à  l'admi- 
nistration de  l'Assistance  publique. 

Au  Bellay  et  à  Chars,  près  de  Magny,  ferre  du  Bellay,  achetée  en  1606  à 
L.-Ch.  d'Albert,  duc  de  Luynes,  pair  de  France,  comte  de  Tours,  chevalier 
des  ordres  du  roi  :  comprenant,  outre  la   maison    seigneuriale   et   ses  dépen- 


LK    DOMAI^■l^  383 


dances,  étables,  caves,  colombier,  420  arpents  de  terre  labourable  et  tous  les 
droits  féodaux;  le  fief  de  Crespy,  dit  Desportes,  situé  à  Bercagny,  paroisse 
de  Chars,  consistant  en  maison  seigneuriale,  terres,  prés,  vignes,  droits  de 
champart,  cens  et  rentes  ;  le  fief  de  Boisfranc,  également  avec  maison  seigneu- 
riale, et  environ  i5o  arpents  de  terres  et  prés  et  un  bois  de  14  arpents;  le  fief 
de  la  Gripière,  dans  la  paroisse  de  Clhars,  avec  ses  dépendances,  bois  taillis, 
prés,  aulnaies,  chenevières  et  environ  i5o  arpents,  le  tout  moyennant 
256. 5oo  livres  tournois.  Les  vendeurs  ne  se  réservaient  que  la  justice  haute, 
basse  et  moyenne  sur  les  terres  vendues,  les  mouvances  des  fiefs  qui  étaient 
réunies  à  la  baronnie  de  Chars,  et  le  moulin  banal  de  la  seigneurie  du 
Bellay,  appelé  le  mouli^i  de  Noisemont.  Ces  terres  étaient  chargées  de  quel- 
ques redevances  en  grains  envers  le  chapelain  de  la  chapelle  Sainte-Catherine 
de  Fresnes-Léguillon,  et  celui  de  la  chapelle  Saint-Martin  du  Bellay,  envers 
l'abbaye  royale  de  Maubuisson,  de  cens  envers  les  religieuses  de  Sainte-Élisa- 
beih  de  Paris,  près  du  Temple,  qui  possédaient  le  fief  des  Essarts,  dont  rele- 
vait une  partie  de  la  seigneurie  du  Boisfranc. 

D'après  les  derniers  arpentages  faits  au  xviu»  siècle,  la  terre  du  Bellay 
comprenait  4^9  arpents  6  perches;  les  fermes  de  Bergagny  et  de  la  Gripière 
260  arpents  et  3o  perches  ;  la  ferme  de  Boisfranc^  164  arpents  Sy  perches.  La 
ferme  du  Bellay  était  louée  4.700  livres  en  1664;  3. 600  livres  en  1672; 
3.25o  livres  en  1909;  4.000  livres  en  17 10;  3. 200  livres  en  1718;  4.000  livres 
en  1734;  4.600  livres  en  1761;  5. 000  livres  en  1770;  7.000  livres  en  1778. 
L'administration  de  l'Assistance  publique  possède  encore  ces  domaines  esti«iés 
près  d'un  million. 

Terre  et  seigneurie  de  Cliarmont,  avec  le  fief  de  Saint-Germain,  pro- 
venant du  legs  d'Anne  de  la  Vernade,  veuve  de  Jacques  de  Harlay,  à  charge  de 
diverses  fondations  pieuses  (i585),  domaine  accru  par  diverses  acquisitions 
successives,  loué  120  seticrs  de  blé  en  178g. 


Ferme  et  fief  de  la  Pierre  de  Montiffault,  à  Eve,  cédés  pour  moitié  le  4  avril 
1662  par  François  Brion,  écuyer,  fils  d'un  receveur  général  des  aides  de  France, 
à  charge  d'une  rente  viagère  de  1.600  livres,  en  même  temps  que  la  moitié 
par  indivis  d'une  maison  rue  Saint-Sauveicr,  6  ans  plus  tard,  le  14  mars  1668, 
Madeleine  de  Brion  compléta  cette  donation  en  cédant  la  propriété  entière, 
en  même  temps  que  ses  droits  sur  18  ou  19  arpents  au  terroir  dudit  liCu. 
Le  domaine  de  l'H.-D.  fut  complété  par  divers  achats,  échanges,  entre 
autres  par  la  cession  d'un  arpent  au  terroir  d'Eve,  en  1715,  par  Cl.  Dumetz, 
seigneur  d'Eve,  Montiffault,  etc.,  président  en  la  Chambre  des  comptes  et  par 
l'échange,  en  1723,  de  32  arpents  sis  à  Villeneuve-siir-Verberie  pour  i5  arpents, 
3   quartiers,  à  Eve,  consenti    par  Jacques   Coqueret,   laboureur. 

La  ferme  d'Eve  comprenait,  en  1741,  outre  les  bâtiments,  i85  arpents, 
38  perches  1/2,  dont  65  arpents  19  perches  dépendaient  du  fief  de  la  Pierre.  Le 
fermage  annuel  était  de  2.210  livres.  L'H.-D.  touchait  en  outre  une  rente  de 
3o  sous  payée  par  le  chapitre  de  l'église  collégiale  d'Eve,  à  prendre  sur  90  ar- 
pents de  terre,  sis  au  terroir  de  Dammartin,  Orcheux  et  environs,  à  cause 
de' la  chapelle   Ferry  dans  l'église  Notre-Dame  de   Dammartin. 

Maison  appelée  l'hôtel  de  Elois,  située  près  du  ruisseau  venant  des  Viviers 
de  Cappy,  avec  un  clos  de  6  arpents,  puis  tine  maison,  rue  Châtelaine,  avec 
un  pré,  enfin  9  arpents  de  pré,  3  de  vignes  et  70  de  terre,  à  Saint-Vaast, 
léguée  en  1564  par  Antoine  Naclier,  curé  de  Saint-Vaast,  près  de  Verberie,  ou 


384  l'hotkl-difu  au  xvif  et  au  xviiic  sieci.f, 

Saini-Vaast  de  Longmont,  et  «  maître  »  de  TH.-D.  Déjà  l'H.-D.  possédait  aux 
environs,  à  Noël-Saint-Martin,  la  Grange  Guillot  et  ses  dépendances,  depuis 
1387,  et  10  arpents,  à  Verberie,  légués  en  i325  par  Robert  Le  Bouteillier,  prêtre 
étudiant  à  Paris,  ainsi  que  20  autres  arpents  achetés  à  diverses  communautés. 
Au  cours  des  xvii'  et  xviii*  siècles,  l'H.-D.  acquit  encore  des  rentes  et  des 
surcens  dans  la  région.  A  la  fin  du  xvm°  siècle,  le  domaine  de  Saint-Vaast 
s'étendait  sur  95  arpents  10  perches  3'4,  dans  les  censives  du  duché  de  Valois 
et  de  Crcpy,  propriété  du  duc  d'Orléans. 


A  Compans,  domaine  formé  autour  d'un  noyau  de  4  arpents  donnés 
1188,  et  agrandi  successivement  par  les  achats  et  les  donations.  En  i633,  la 
ferme  de  Compans  comprenait  en  bâtiments,  cours,  jardins,  terres,  près, 
184  arpents  19  perches,  aux  terroirs  de  Compans  et  de  Thieux,  de  dîmes  sur 
des   terres  situées  autour  de  Compans,  Villeneuve,  Thieux,  etc. 

En  1697  et  17H  notamment,  l'H.-D.  en  vendit  diverses  parties  à  N.-A.  de 
Harlay,  comte  de  Compans,  pour  le  nouveau  parc  de  son  château.  Il  y  eut  encore 
d'autres  aliénations  au  xviii^  siècle,  car  la  ferme  qui  comprenait  i85  arpents 
en  1751  ne  s'étendait  plus  en  1783  que  sur  144  arpents.  Elle  était  alors  dans 
la  censive  de  la  seigneurie  de  Compans,  possédée  par  N.-A.  de  Harlay,  puis 
J.-B.  d'Aguesseau  de  Fresnes,  à  qui  l'H.-D.  payait  une  redevance  seigneuriale 
de  23  sous  et  22  boisseaux  de  blé.  De  son  côté,  l'H.-D.  recevait  en  1776,  comme 
décimateur  sur  i.33o  arpents  à  Thieux,  25  à  Thieux  etàMitry,  2  muids  12  setiers 
de  grain  en  diverses  redevances,  notamment  de  l'abbaye  de  Chelles,  sur  la 
grange  de  Maurepas  à  Mitry,  de  l'abbaye  de  Chaâlis,  sur  la  grange  de  Choisy- 
aux-Bœufs,  du  chapitre  de  Saint-Denis-du-Pas,  des  marguilliers-clercs  de 
l'église  Notre-Dame  de  Paris,  du  prieur  de  Moussy-le-Neuf,  et  du  couvent  de 
Saint-Martin-des-Champs,  sur  les  dîmes  d'Épiais.  Quant  à  la  ferme  propre- 
ment dite,  ell^apportait,  en  i633,  25  muids  de  blé  froment,  mesure  de  Paris, 
2  porcs  gras  valant  i5  livres  la  pièce,  12  chapons  gras,  3oo  bottes  de  paille, 
et  en  outre,  i  chapon  et  demi  et  2  muids  de  grain  de  redevances  annuelles  à 
distribuer  aux  curés  de  Compans  et  de  Thieux,  au  prieur  de  Saint-Lazare- 
de-Dammartin,  et  à  divers  autres.  En  i665,  ce  fermage  était  transformé  en 
3.600  livres,  plus  5oo  bottes  de  paille,  sans  oublier  les  2  porcs  et  les  12  cha- 
pons. Au  xviir  siècle,  le  fermage  était  de  nouveau  en  nature,  504  setiers  de  blé 
en  1776. 

A  Vinantes,  près  de  Dammartin,  la  ferme  et  le  fief  de  Bonneuil,  achetés 
en  1666  à  Etienne  de  Carron,  de  Valenciennes,  écuyer,  sieur  de  Mézières,  pour 
48.000  livres  tournois,  comprenant  la  maison  flanquée  de  2  tourelles,  avec 
dépendances,  écuries,  étables,  bergeries,  colombier,  granges,  puis  190  arpents 
de  terre  et  prés,  32  arpents  1/2  de  bois  taillis,  6  quartiers  de  vignes,  et  3  petites 
maisons  à  Vinantes.  Ce  domaine  s'était  encore  accru  par  la  suite,  car  d'après 
des  arpentages  de  la  fin  du  xvni»  siècle,  la  ferme  de  Vinantes  s'étendait  sur 
236  arpents  58  perches  3/io.  Le  fief  de  Bonneuil  dépendait  de  la  seigneurie 
de  Vineuil,  et   celui   du  bois  de  VHomme-Moit,  du  comté  de  Dammartin. 

A  Villeneiive-sous-Dammartin,  dans  la  mouvance  du  fief  de  la  Tournelle, 
appartenant  à  la  fin  du  xvi"  siècle  à  Louis  Potier,  seigneur  de  Gesvres,  secré- 
taire des  Finances  du  roi,  une  ferme  avec  bâtiments  d'exploitation,  et  43  arpents 
de  terre,  provenant  de  divers  achats  et  dons,  au  cours  du  xvi"  siècle. 

A  Saint-Mesmes,  une  maison  et  ses  dépendances  avec  20  arpents  de 
terre,  à  Vineuil,  2  autres  maisons  à  Saint-Mesmes,  rue   du  Four,  et  diverses 


LE    DOMAINK  385 


masures,  données  par  Parent-Hcrbclot  en  1492,  ferme  de  Saint-Mcsines, 
donnée  en  i5G3  par  Bonot,  dans  la  mouvance  de  la  seigneurie  de  Messy. 
A  la  fin  du  xviiis  siècle,  l'ensemble  des  terres  aux  terroirs  de  Saint-Mesmes, 
\'ineuil  et  Charny,  se  montait  à  89  arpents  92  perches  3/4.  La  ferme  de 
Saint-Mesmes  rapportait  des  fermages  en  nature  jusqu'au  milieu  du  xvu°  siècle  ; 
elle  était  louée,  en  1680,  55o  livres,  et  en  lySg,  ySo  livres. 

A  J\Iûussy-le-Xeitf  et  Moiissy-lc-Viel,  au  comté  de  Dammartin,  45  ar- 
pents 2  3  perches  de  terres  de  labour,  prés  et  jardins,  depuis  le  xvi»  siècle,  et 
dîmes  dans  ces  2  paroisses,  conjointement  avec  le  prieuré  de  Sainte-Oppor- 
tune de  Moussy-le-Neuf. 

A  Juilly,  «  en  France  »,  pièce  de  2  arpents  45  perches,  tenant  à  l'abbaye 
depuis    1707. 


Ferme  de  Saint-Christoplie,  à  Brie-Comte-Robert,  agrandie  successivement 
par  des  dons  ou  des  achats.  Elle  contenait,  en  i6i5,  267  arpents  i  quartier 
16  perches  de  terre  labourable,  et  i  arpent  10  perches  de  vigne  ;  elle  était  alors 
atlermée  en  nature  pour  10  muids  1/2  de  froment,  i  muid  de  vin,  i  porc  de  la 
valeur  de  12  livres  et  20  gerbes  de  paille  ;  en  1624,  le  fermage  ne  comprend 
plus  que  10  muids  de  blé.  L'H.-D.  possédait  encore  5  arpents  i  quartier 
7  perches  en  6  pièces,  aux  lieux  dits  :  Près  la  pointe  de  Foreille,  Près  la  Mare 
aux  Prêtres,  Près  le  chemin  du  Petit-Val,  cédés  par  Nicolas  Brulart,  seigneur 
de  Sillery,  le  3i  août  1667;  5  quartiers  de  terre  au  chemin  d'iverny  et  à  la 
Butte-aux-Bergers,  cédés  par  Augustin  Le  Maistre,  conseiller  au  Parlement 
(9  septembre  i663);  1/2  quartier  de  terre  proche  le  Tremblay,  acheté  en  1672 
à  Augustin  Sévin,  seigneur  delà  Corbillière;  une  pièce  de  terre  sur  le  chemin 
de  Villemeneu. 

Terres  à  Champrosay ,  dont  l'origine  était  une  donation  de  6  arpents  de 
terres  labourables  et  de  vignes,  faite  en  1275  par  Nicolas  de  Champrosay, 
à  laquelle  vint  s'adjoindre,  en  i3o2,  celle  d'Adam  de  Champrosay,  consis- 
tant, en  55  arpents  de  bois  situés  «  es  bois  que  len  appelle  le  Petit-Senart  »  ; 
puis  des  vignes,  des  iinmeubles,  une  île  en  Seine,  située  au-dessous  de  la 
Borde  de  Ris,  contenant  3  quartiers  environ,  le  tout  se  trouvant  dans  la  mou- 
vance des  religieuses  de  Poissy,  des  religieux  de  Sainte-Geneviève  et  de 
Saiiit-Germain-des-Prés.  11  faut  y  ajouter  encore  au  xv  siècle  la  donation  du 
fief  de  Villemeneu,  avec  droits  de  moyenne  et  basse  justice,  cens  et  rentes, 
sur  plusieurs  héritages  situés  à  Champrosay  et  à  Mainville  par  Nicolas 
de   Neufville,    chevalier,    seigneur  de    Villeroy    (9    avril    1432). 

Ce  douzaine  s'agrandit  aux  xvii»  et  xviii"  siècles  par  la  cession  de  22  ar- 
pents de  terres  faite  par  André  Le  Vieulx,  conseiller  et  échcvin  de  Paris, 
seigneur  de  Champrosay,  ferme,  clos  d'arbres  fruitiers,  clos  de  vigne  avec 
pressoir  ei  cuves,  prés  avec  vivier,  etc.,  et  par  divers  achats  :  2  arpents  et  un 
demi-quartier  aux  lieux  dits  le  Clos  de  la  Folie  ou  Bellevite,  le  Petit  Arpent, 
près  la  Croix  de  Champrosay,  les  Vallées,  près  Tile  des  Loges,  achetés 
i3o  livres  à  Mathieu  Lespagnaudel,  sculpteur  (11  septembre  1682);  9  quar- 
tiers de  terre  au  terroir  de  Draveil,  aux  lieux  dits  sous  les  Vignes  de  la  Cail- 
lette, le  Gravoy,  et  sous  les  Vignes-de-Burelores,  achetés  i5o  livres  à  Pierre 
Le  Masle,  lieutenant  en  la  prévôté  de  Juvisy;  une  maison  appelée  \q  Pressoir, 
située  dans  la  grande  rue  de  Champrosay,  avec  ses  dépendances,  achetée 
9.000  livres  à  Sylvain  Parveau,  commissaire  ordinaire  des  galères  (16  sep- 
tembre 1718),  dans  la  mouvance  du  seigneur  de  Soisy. 


386  i/hOTEL-DIKU    au    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 

D'après  un  arpentage  de  lySG,  la  censive  del'H.-D.,  à  Champrosay,  s'éten- 
dait alors  sur  840  arpents,  celle  de  Sainte-Geneviève  sur  3oo  a'-penis  et 
celle  des  sieurs  Delahaye  sur  i.SSg  arpents  53  perches;  l'H.-D.  avait 
sur  sa  part  droit  de  haute,  moyenne  et  basse  justice  ;  il  touchait  de 
plus  diverses  rentes  foncières  sur  des  immeubles  de  Champrosay  et  des 
pièces  de  terres  ou  de  vignes  à  Champrosay,  Draveil  et  Mainville.  Enfin, 
il  avait  un  port  sur  la  Seine,  le  port  de  la  Borde-de-Ris,  qui  lui  avait  été 
donné  en  1279,  avec  droit  de  «  charrière  »  ou  de  bac.  Ce  droit  de  passage 
avait  été  fixé  au  xiv°  siècle  à  7  deniers  par  «  chascune  personne  tenant  feu 
esdites  paroisse  et  ville  de  Champ-Rosé».  Dans  la  saisine  et  possession  du 
droit  de  passage  de  la  Borde  de  Ris,  se  trouvait  le  fief  et  seigneurie  de  la 
Mothe-ès-Corbeil,  anciennement  appelé  le  Fief  de  la  marchandise  de  l'eau, 
s'étendant  sur  la  Seine  depuis  Ponthierry  jusqu'à  Villeneuve-Saint-Georges. 
Ce  fief  de  ItiMollie  rapportait  à  l'H.-D.  22  écus  en  1584  pour  droits  de  pêche- 
ries. 

L'H.-D.  devait  comme  dîme  au  curé  de  Draveil  un  muid  sur  5o  muids 
de  vin  récolté  à  Champrosay.  Il  fit  don  à  l'église  de  Draveil  de  5oo  livres 
pour  la  construction  d'un  clocher  :  Champrosay  n'était  alors  qu'un  hameau 
de  la  paroisse  de  Draveil,  composé  au  xvii"  siècle  de  60  feux  et  de  plusieurs 
maisons  bourgeoises  ;  mais  il  possédait  une  chapelle  seigneuriale,  ou  un  prêtre 
était  chargé  d'instruire  les  enfants  et  de  dire  la  messe,  moyennant  une  rétri- 
bution de  45o  livres. 

L'H.-D.  louait  avantageusement  ses  terres.  L'7/e  boiteuse,  de  2  arpents  1/2, 
était  louée  64  livres  en  1640,  110  livres  en  i65i.  La  grande  ferme,  avec 
jardin,  clos  de  vigne,  181  arpents  de  terre  et  prés,  était  louée  en  1640  moyen- 
nant 4  muids  de  blé  méteil,  i  muid  d'avoine,  i  porc  de  12  livres,  plus 
diverses  charges  pour  les  vignes. 

A  Meaux,  maison  au  Grand  Marché,  léguée  par  Ch.  Tuppin,  chanoine  de 
Saint-Jacques-l'Hôpital,  et  chapelain  de  la  musique  du  roi. 


Domaine  à'Argeville,  à  Sermaise,  composé  en  1640  d'une  maison  et  de 
3ii  arpents  i  quartier  de  terre.  Cette  ferme  était  louée  en  1640,  400  livres, 
plus  une  redevance  de  3  muids  de  blé  méteil  à  l'abbaye  de  la  Cour-Dieu,  en 
la  forêt  d'Orléans  ;  ce  fermage  fut  porté  à  5oo  livres  en  1684.  D'après  un 
procès-verbal  d'arpentage  du  xviii'  siècle,  ce  domaine  comprenait  alors  322  ar- 
pents 49  perches,  dont  245  arpents  au  terroir  d'Argeville,  et  87  arpents  au 
terroir  de  Morville. 

Ces  terres  avaient  été  données  à  l'H.-D.  par  Pierre  Belle,  huissier  au  Par- 
lement au  XIV»  siècle.  La  terre  d'Argeville  se  trouvait  dans  la  mouvance  de  la 
seigneurie  d'Audeville  et  du  fief  de  Nemours  ;  elle  s'était  augmentée  du  fief 
de  Bournigalle  situé  autour  de  Besonville,  en  la  mouvance  de  la  seigneurie 
de  Guignonville. 

Terres  et  seigneuries  de  Blancheface  et  du  Mesnil,  contenant  Sgi  arpents 
18  perches,  acquises  en  1662  dans  la  vente  des  biens  saisis  de  Jacques  de 
Cisternay,  dont  une  grande  partie  avait  été  achetée  par  Guillaume  de 
Lamoignon,  seigneur  de  Bâville,  premier  président  du  Parlement  de  Paris, 
qui  les  revendit  à  l'H.-D.,  moyennant  45.800  livres,  à  la  réserve  des  droits 
féodaux  et  seigneuriaux  et  de  100  sous  de  cens  annuel  (2  mars  i6G3).  Quelques 
parties  de  ces  terres  étaient  dans  la  mouvance  de  la  seigneurie  de  Villeconin 
et  du  fief  de  .Mondétour  et  de  la  Grange. 


LE    DOMAINE 


387 


Ces  terres  et  dépendances  se  composaient  des  bâtiments  de  la  ferme  de 
Blancheface,  avec  clos,  jardin,  mare,  colombier,  etc.,  220  arpents  de  terre 
labourable,  iio  arpents  de  bois  taillis,  2  ou  3  arpents  de  bois  dépendant  de 
la  ferme  du  Mesnil,  i  arpent  1/2  d'aunaie,  12  arpents  de  pré,  3  arpents  de  vignes, 
un  vieux  parc  de  8  arpents,  3  arpents  d'arbres  fruitiers  entourés  de  haies  vives, 
le  moulin  de  la  Radiée,  avec  terres  et  prés,  et  2  pressoirs,  l'un  à  Moutiy, 
l'autre  à  Blancheface.  Le  tout  était  loué  2.700  livres  en  1662,  2.100  livres  en 
1670,  1.800  livres  en  1690,  2.100  livres  en  1.725,  2.200  livres  en  1733, 
4.100  livres  en  1737,  4.500  livres  en   1773,  et  4.862  livres  en  178g. 


Le  domaine  de  \a  Salle  d' Oui rcville  et.  du  Petit-Plessis,  acheté  35. 000  livres 
par  adjudication  en  1666,  dans  les  paroisses  d'Allaines  et  d'Authon,  à  Louis 
d'Allonville,  chevalier,  seigneur  du  Plessis,  lieutenant  de  la  grande  vénerie 
du  roi,  composé  de  la  terre  et  fief  de  la  Salle  d'Outreville,  avec  maison 
seigneuriale,  2  fermes,  moulin  à  vent,  clos  d'environ  4  arpents,  bois  taillis  de  . 
3  arpents,  avec  une  grande  allée  d'arbres  de  haute  futaie,  garenne  et  bois 
d'environ  6  mines,  16  grands  muids  de  terre,  les  droits  seigneuriaux,  cens  et 
dîmes  sur  le  terroir  d'Outreville  ;  une  ferme  et  métairie  du  Petit-Plessis,  avec 
tous  les  bâtiments,  clos  et  dépendances,  et  9  muids  de  terre  labourable  ; 
enfin,  34  arpents  de  bois  taillis  en  2  pièces  situées  au  Petit-Plessis.  La  terre 
du  Petit-Plessis  était  mouvante  de  l'abbaye  de  Saint-Benoît-sur-Loire,  appar- 
tenant à  l'évêque  de  Langres.  D'autre  part  les  terres  de  la  Salle  d'Outreville 
étaient  chargées  de  redevances  envers  la  maladrerie  de  Janville  et  du  Puiset,  etc. 

Terre  et  seigneurie  des  Brosses,  provenant  du  legs  de  François  Luillier, 
secrétaire  au  Conseil  d'État,  bourgeois  de  Paris,  dont  le  testament  du  4  oc- 
tobre 1620  stipulait  que  le  revenu  devait  en  être  employé  à  la  nourriture  des 
pauvres  et  qu'elle  ne  pourrait  être  aliénée.  Elle  se  composait  de  maisons, 
granges,  étables,  le  tout  en  ruine,  et  d'environ  14  grands  muids  de  terre 
labourable,  vignes  et  garennes,  et  d'un  moulin  à  vent,  d'une  rente  foncière 
de  5  mines,  d'un  boisseau  de  froment  et  de  divers  cens  et  droits  de  charç- 
parts  ;  elle  était  mouvante  de  la  seigneurie  de  la  Porte,  propriété  de  René  de 
Prunelay,  chevalier,  et  pour  certaines  parties  de  la  seigneurie  de  Hautvilliers, 
possédée  par  le  chapitre  de  Notre-Dame  de  Chartres;  d'autre  part  cette  sei- 
gneurie avait  dans  sa  mouvance  les  fiefs  de  la  Montagne,  de  Behou,  de  Clabis, 
et  des  Puiselets,  ces  2  derniers  achetés  par  l'H.-D.  en  i655. 

Enfin,  en  1728,  l'H.-D.  acquit  encore  pour  7.100  livres  la  Petite  Métairie 
sise  également  à  Intreville,  saisie  sur  la  succession  vacante  de  François 
Luillier,  à  la  requête  de  Bochard  de  Sarron,  premier  président  en  la  première 
chambre  des  enquêtes  du  Parlement,  louée  400  livres  avec  ses  dépendances. 

Près  d'Etampes,  à  Aitbray,  paroisse  de  Mérobert,  dans  la  seigneurie  de 
l'abbaye  de  Saint-Jean-en-Vallée,  l'H.-D.  a  hérité,  en  1641,  d'une  métairie, 
dans  la  succession  de  Gabrielle  du  Raynier  de  Doré,  baronne  du  Thour. 

CHAMPAGNE 

Baronnie  du  Thour,  dans  la  seigneurie  de  Grandchamp,  près  de  Signy-l'Ab- 
baye,  donnée  pour  moitié  par  indivis  en  1641,  par  Gabrielle  du  Raynier  de  Doré, 
avec  défense  d'aliénation,  sans  quoi  la  moitié  du  prix  de  l'aliénation  serait 
partagée  entre  les  hôpitaux  des  Incurables  et  de  la  Charité  (3).  L'autre  moitié 
de  la  baronnie  du  Thour  appartenait  en  1667  à  Jean,  comte  de  Coligny,  gou- 


388  I.'HOTFL-BIF.r    AU    XVIl"    ET    AT'    XVII!«    SIF.CLK 

verneur  d"Autun,  et  en  172  i,  à  la  princesse  de  Nassau.  Au  xvn=  etxviu"  siècles, 
les  habitants  de  ce  village  furent  souvent  inondés  par  le  moulin,  et  ces  inon- 
dations ne  cessèrent  que  lorqu'un  arrêt  du  Parlement  eut  ordonné  son  chan- 
gement de  place  et  sa  reconstruction  sur  un  petit  terrain  situé  près  de  la 
petite  rivière  appelée  Malaise.  Vis-à-vis  de  l'église  Saint-Nicolas,  se  trouvait 
"autefois  un  château,  dont  l'emplacement  formait  au  xvm°  siècle  un  monticule 
de  plus  de  3o  pieds  de  hauteur  et  de  270  pieds  de  circonférence,  que  l'H.-D. 
lit  transformer  en  promenade  et  en  calvaire  en  1770.  Le  domaine  était  loué 
en  i65i,  2.000  livres  ;  en  i658,  900  à  i. 000  livres  ;  en  i663,  i.ooo  livres;  en  1692, 
2.000  livres;  en  1675,  3.3oo  livres.  Il  comprenait  une  importante  exploitation 
de  bois  (i36  arpents  du  ressort  de  la  grande  maîtrise  de  la  Champagne). 

L'H.-D.  exerçait  les  droits  seigneuriaux  sur  les  fiefs  dépendant  de  cette 
baronnie,  fiefs  de  Saint-Germainmont  et  d'Hannogne,  de  Saint-Fargueil, 
d'Amagne,  de  Juzancourt,  de  Lassaux  de  Neuflize;  la  baronnie  du  Thour  était 
elle-même   mouvante  du   château  de   Sainte-Menehould,  propriété  royale. 

Par  sa  position  près  de  la  frontière,  cette  baronnie  était  particulièrement 
exposée  aux  excès  de  toute  nature,  vols,  meurtres,  incendies,  commis 
par  les  armées  ennemies,  et  notamment  par  les  soldats  du  baron  d'Erlach,  par 
ceux  du  duc  de  Lorraine  et  ceux  du  prince  de  Condé,  en  1640,  i65o  et  i65i. 
Les  procès-verbaux  des  officiers  de  la  baronnie,  malheureusement  détruits, 
étaient  remplis  de  détails  concernant  ces  désastres.  Pendant  ces  3  années, 
les  troupes  lorraines,  françaises  et  allemandes  occupèrent  le  pays  tour  à  tour, 
et  toute  la  contrée  fut  dévastée.  Le  village  de  Villiers-devant-le-Thour  fut 
presque  complètement  détruit  par  l'armée  du  duc  de  Lorraine  ;  les  habitants 
avaient  dû  fortifier  l'église  et  y  enfermer  ce  qu'ils  avaient  de  précieux.  Au 
Thour,  les  Allemands  enlevèrent  ou  brûlèrent  les  grains,  fourrages,  bestiaux, 
récoltes,  et  les  habitants  furent  réduits  à  la  plus  profonde  misère.  Les  habi- 
tants de  Grandchamp  n'avaient-ils  pas  demandé  à  la  dame  de  Doré  d'instituer 
dans  sa  terre  un  «  capitaine  »  qui  les  préservât  des  maux  causés  par  la  guerre  ? 
L'H.-D.  y  entretenait  comme  personnel,  en  1662,  un  bailli,  un  lieutenant,  un 
procureur  fiscal,  un  greffier  et  un  sergent.  Il  dut  pourvoir  aux  réparations 
les  plus  urgentes.  Par  la  suite  le  domaine  connut  de  meilleurs  temps.  Il  ne  fut 
aliéné  par  l'administration  des  hospices  qu'en  i833. 

NORMANDIE 

Ferme  achetée  76.223  livres  en  i663,  à  Guy  de  Chaumont,  marquis  de 
Guitry,  grand-mailre  de^  la  garde-robe  du  roi,  sise  dans  le  bourg  avec 
181  acres  66  perches  de  terre,  tant  sur  la  paroisse  de  Guitry  que  sur  celle 
de  For  est. 

Terre  et  seigneurie  de  Saint-Clair,  achetées  120.000  livres  en  1669  ;  l'année 
suivante,  avec  Guy  de  Chaumont,  contre  60  acres  de  terre  et  40  acres  de  bois 
taillis,  à  Guitry  et  Forest,  constituant  le  domaine  de  la  seigneurie  de  Guitry, 
à  la  réserve  de  la  maison  seigneuriale  et  de  son  clos.  A  ce  domaine  s'ajou- 
tèrent encore  40  acres  achetées  en  1675,  à  Vincent  Le  Bret,  conseiller  au 
Parlement,  et  en  1741,  une  maison  de  la  grand'rue  de  Guitry,  devant  servir 
de  presbytère. 

Ce  vaste  domaine  de  Guitry  comprenait,  en  1700,  i58  arpents  10  perches 
de  bois,  les  bois  de  Saint-Clair,  Chaumont,  Lancement  ;  la  coupe  de  ces  bois 
qui  dépendaient  de  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts  de  Vernon  et  des  Andelys 
était  affermée  3o  livres  par  an. 


LE    DOMAINE  ?8q 


MAINE 

3  maisons  au  Mans  léguées  par  Martin  Gautier,  chirurgien  ordinaire  du 
corps  du  roi,  et  une  rente  foncière  de  55  livres  à  prendre  sur  un  «  bordage  » 
appelé  la  Petite  Piiioisièrc,  entre  La  Ferté-Bcrnard  et  Bonnétablc. 

ORLÉANAIS 

Métairie  et  closeric  du  Brcuil,  octroyée  par  arrêt  du  Parlement  en  1713 
contre  les  héritiers  Cosnard  de  Trémond,  et  comprenant  maison,  ferme, 
pressoirs,  jardin,  verger,  vivier,  6  arpents  de  vignes,  6  arpents  de  terres, 
6  quartiers  de  prés,  enfin  3  arpents  de  bois  taillis. 


RENTES     FONCIERES 


Rente  foncière  de  25o  livres  perçue  depuis  lyoô  sur  une  maison  appelée 
la  Lussardiève  et  sur  divers  immeubles  dans  l'île  de  Boshémont,  provenant  du 
legs  universel  de  Jean  Nau,  conseiller  au  Parlement,  dont  l'H.-D.  est  bénéfi- 
ciaire pour  moitié  avec  l'Hôpital  général. 

L'H.-D.  touche  encore  des  rentes  foncières  dans  diverses  localités,  à  Fon- 
tenay-sous-le-bois-de-Vincennes,  à  Gennevilliers-la-Garenne,  sur  plusieurs 
pièces  de  terres  louées  à  des  laboureurs,  en  outre  d'une  rente  foncière  de 
go  livres  donnée  par  Charles  le  Cocq,  président  des  monnaies,  à  prendre  sur 
les  dîmes  et  revenus  de  la  seigneurie  ;  à  Grignon,  sur  une  maison  et  plu- 
sieurs pièces  de  vignes  ;  à  Cestroiiville  et  Cormeilles,  sur  des  immeubles  ; 
à  Courbevoie,  sur  diverses  maisons,  des  vignes  et  des  terres,  rentes  provenant, 
en  i65o,  du  legs  de  Pierre  Cosnard  de  Trémond,  président  des  gabelles  au 
grenier  à  sel  de  Louviers,  secrétaire  de  la  Chambre  du  roi  ;  à  Colombes,  sur 
2  maisons,  rue  Saint-Denis;  à  Cliampigny,  sm:  mvlq  maison  de  la  rue  des 
Duchés,  sur  4  pièces  de  terres,  aux  lieux  dits  les  Carreaux,  les  Dalles,  les 
Perreux,  sur  une  vigne  au  lieu  dit  les  Perreux  ;  à  Claye,  sur  des  vignes; 
à  CItaronne,  également  sur  une  vigne,  au  lieu  dit  la  Folie-Regnault  ;  à  Vitry, 
sur  des  vignes,  et  une  maison,  rue  Petite-Fontaine.  Rentes  de  27  s.  6  d.  sur 
une  maison  du  Hatit-Meudon,  et  une  autre  de  3o  sous  sur  3  quartiers  de 
vignes  ;  à  Alontgeron,  3  rentes  sur  divers  immeubles  ;  à  Xoisy-le-Sec,  une 
rente  de  7  livres  sur  une  maison  au  lieu  dit  le  Boict  dFn  bas  ;  à  Atliis- 
Mons,  2  rentes,  l'une  sur  une  maison  de  la  rue  de  Champagne,  à  Athis,  et 
l'autre  sur  des  terres  à  Mons,  Athis  et  Ablon,  aux  lieux  dits  la  Pierre-Percée, 
la  Fosse-à-Ia-Papine  ;  2  également  à  Nonancourt  sur  une  tannerie  de  la  rue 
des  Boulangers,  et  sur  le  grand  moulin  à  tan  ;  à  Neuilly,  une  rente  de 
12  livres  sur  une  maison  située  au  pont  de  Neuilly;  à  Notre-Dame-des- 
Champs,  i5  livres  sur  35  perches  de  terre  (8)  ;  10  livres  à  Orgeval  ;  16  livres 
à  Picqiiigny;  9  livres  à  Rosny,  provenant  de  la  succession  de  Robert  Sadron, 
panetier;  25  livres  sur  divers  immeubles  à  Saint-Leu-Taverny,  provenant  du 
legs  Tuppin  ;  45  livres  sur  2  maisons  à  Sèvres,  provenant  du  legs  Despeuches. 

Rente  annuelle  de  i  muid  1/2  de  blé  sur  les  moulins  du  Bois-Malcsherbes, 
appelé  le  moulin  de  Mirabeau  en  vertu  d'une  donation  d'Eudes  de  Malcsherbes, 
ratifiée  par  lettres  patentes  de  Louis  VU  (1178). 

A  La  Rochelle,  2  rentes  foncières,  l'une  de  3oo  livres,  l'autre  de  10  livres, 
sur  2  maisons,  rentes  faisant  partie  du  legs  universel  de  Moricq. 


PIECES     JUSTIFICATIVES 


I.  —  Les  administrateurs  (xyi^-xyiii"  siècles). 
II.  —  Les  receveurs  (xvi°-xviii°  siècles). 
III.  —  Les  médecins  (xvi°-xviii°  siècles). 
I\'.  —  Les  maîtres  chirurgiens  (xvi'-xviii*  siècles). 
Y.  —  Les  maîtresses  sages-femmes  (xvii«-xviii»  siècles). 
VI.  —  Valeurs  des  legs  et  aumônes  faits  au  xyii"  siècle. 
VII.  —  Principaux  legs  universels  faits  aux  xvir"  et  xviii"  siècles. 
VIII.  —  Legs  et  dons  faits  aux  xvw  et  xviii»  siècles  par  ordre  d'importance. 
IX.  —  Le  produit  du  droit  des  pauvres  au  xviir  siècle. 
X.  —  Le  produit  des  troncs  des  paroisses  et  communautés  en  167g. 
XI.    —  L'approvisionnement  à  la  hn  du  xvii"  siècle. 
XII.    —  La  consommation  du  hlé  au  xviii"  siècle. 

XIII.  —  Les  recettes  de  1780  à  1789. 

XIV.  —  Les  dépenses  de  1780  à  1789. 

X\'.  —  Le  mouvement  de  la  population  de   1780  à  178g. 


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LES  ADMINISTRATEURS  (XVI«-XVIIP  SIÈCLES)  (i)       I 


i5o5    Jean    Lcgcndre,   seigneur    de  Villeroy   et   des    Moncelets  ;    Hiérosme 

de  Marie;  François   Cousinot  ;  Etienne  Huré  ;  Henri  Le  Bègue;  Jean 

Baudin  ;  Guillaume  Caron. 
i5o8    Michel    Lombard,    conseiller    au     Châtelet  ;   Artus  Deschamps;    Jean 

Cognet,  avocat  en  Parlement;  Jean  Herbert. 
i5i2     Thomas     Duru  ;  Dominique   Quinette  ;  Imbert   Grenier,    receveur    de 

Tournay;  Denis  Pecquer,  conseiller  secrétaire  du  roi. 
i5i3    Jean    Briçonnet,    président    aux   Comptes  ;  Jean  Croquet  ;    Simon  Bar- 

bedor. 
i5i5     Jacques  Le  Haudouer. 
i5iG     Mary  Bureau,  sieur  de  La  Houssaye. 
i5i8    Nicolas  de  Neufville,  seigneur  de  Villeroy. 
i522     Germain  de  Marie,  seigneur  du  Tillay,  trésorier  général  des  Monnaies  ; 

Nicolas  Hannequin;  Robert  Le  Lieur;  Renaud  Antouillet. 
iSaS    Nicolas  Séguier,  conseiller-secrétaire  du  roi. 
i53i     Guillaume  Ribier,  seigneur  de  Villebrosse. 
i533     Oudart  ;  Jean  Daubigeois. 

iSqo     Bertrand  de  Kerquilineur,  seigneur  d'Hardivilliers. 
1543    Aymard    Nicolaï,  chevalier  seigneur    de  St-Victor,   premier    président 

aux  Comptes  ;  Jacques  Pinel  ;  Jean  de  Moussi. 
1545     Jean  Groslier,  trésorier  de  France. 
1548    François  Gayant;  Nicolas  Perrot. 
i53o    Thomas  Raponet,  conseiller  du  roi. 
i552     Denis  Barthélémy  ;  Guillaume  Choard. 
1554    Jean  Le  Lait. 

1557    Pierre  Le  Masson,  avocat  en  Parlement,  Claude  Le  Sueur. 
i558    Jean  Mellier  ;  Claude  Marcel. 
i55g    Claude  Guyot,  président  aux  Comptes. 
1564    Jean  Le  Sueur;  Michel  Duru. 

i565    Antoine  Nicolaï,  premier  président  des  Comptes;  Claude  Le  Prêtre. 
i568    Jean  Palluau,  conseiller  secrétaire  du  roi  ;  Jean  Aubry  ;    Nicolas  Paul- 

mier  ;  Pierre  Hotman  ;  Jean-Baptiste  du  Mesnil,  avocat  en  Parlement; 

Guillaume  Merlin. 
iSôg    Dufour,  avocat  général  en  Parlement;  Augustin  de  Thou,  avocat  géné- 
ral en  Parlement. 
1572     Guillaume    Le    Clerc,    avocat   en   Parlement;    Henri   L"Advocat  ;    Jean 

Menant  ;  Jean  Le  Jay,  seigneur  de  Ducy. 

(1)  La  date  indique  l'ann<5e  de  nomination  comnae  administrateur. 


PIKCES    JUSTIFICATIVES  3q5 

1573  Mathieu  Marcel,  seigneur  de  \'illencuve-le-Roi. 

1574  Germain  Boucher;  Claude  Auhry,  secrétaire  du  roi. 
1576  Etienne  de  Nully,  premier  président  des  Aides;  Palluau. 
i586  Robert  Després;  Boursier. 

1587    Achille  de  Harlay,  premier  président  du  Parlement. 

i58S    Jacques  Coignet,  secrétaire  du  roi;  Claude  Daubray,  secrétaire  du  roi  ; 

Pierre  Bourlier,  Jean  Le  Prêtre. 
iSqo    Claude  Josse,  secrétaire  du  roi;  Vincent  Martin. 
1391     Benoist  iMichon,  président  des  Comptes;   Nicolas  Tanneguy,  avocat  en 

Parlement;  Claude  Huisselin. 
1594    Olivier  Le  Fèvre,  sieur  d'Ormesson,  président  des  Comptes. 
1600    Antoine  Guyot,  seigneur  de  Charmeaux,  président  des  Comptes. 

1606  Pierre  Sainctot,  sieur  de  Vemars  ;  Jean  de  La  Haye. 

1607  Jean  Perrot,  sieur  du  Chesnard. 

1611  François  Lhuilier,  seigneur  d'Interville,  secrétaire  du  roi;  Jean  Nicolaï, 
seigneur  de  Goussainville,  premier  président  aux  Comptes;  Jacques 
Sanguin,  conseiller  au  Parlement. 

1G14     Nicolas  de  Verdun,  premier  président  du  Parlement. 

1624  Nicolas  Chevalier,  premier  président  des  Aides;  Nicolas  le  Bailleul, 
lieutenant  civil,  président  à  mortier   au   Parlement;   Louis  de  Creil. 

1626  Pierre  Parfaict. 

1627  Jérôme  d'Hacqueville,  d'Oz  en  Bray,  premier  président  du  Parlement. 

1628  Jean  Lescuyer,  maître  des  Comptes  ;  Denis  Maillet,  avocat  en  Parlement; 
i63o    Nicolas  le  Jay,  sieur  de  la  Maison-Rouge,  premier  président  du  Parle- 
ment ;  Christophe  Sanguin,  président  des  Comptes. 

1634  René  de  Longueil,  seigneur  de  Maisons,  premier  président  des  Aides; 
Pamphile  de  La  Cour,  échevin  et  conseiller  de  Ville  ;  Nicolas  de  Poix, 
échevin  et  conseiller  de  V^ille. 

i635     Nicolas  Le  Lièvre,  maître  des  Comptes. 

1637  Philippe  Piètre,  avocat  en  Parlement  ;  Jacques  Halle,  maître  des 
Comptes, 

1639     René  de  La  Haye,  échevin;  Sébastien  Cramoisy,  échevin  (libraire). 

1641  Mathieu  Mole,  seigneur  de  Champlâtreux,  premier  président  au  Parle- 
ment ;  Claude  Robineau,  secrétaire  du  roi. 

1645     Nicolas  Sainctot,  maître  de  l'hôtel  du  roi  ;  Guillaume  Périchon. 

1648    Jean  Le  Conte,   conseiller  d'État.  • 

i652    J.-B.  Forne,  juge-consul. 

i653  Jean-Marie  Lhoste,  avocat  en  Parlement;  Pomponne  de  Bellièvre,  pre- 
mier président  du  Parlement. 

1654  Guillaume  Perochel,  maître  des  Comptes;  Antoine  Le  Fèvre,  conser- 
vateur aux  Registres;  Jean  de  Gaumont,  avocat  en  Parlement;  Laurent 
Pépin,  secrétaire  du  roi  ;  Fabien  Perreau,  sieur  de  La  Charnoye. 

i655    André  Le  Vieulx,  échevin,  conseiller  de  Ville. 

1657    Jacques  Amelot,  sieur  de  Mauregard,  premier  président  des  Aides. 

i658    Guillaume  de  Lamoignon,  premier  président  du  Parlement. 

1659  Pierre  Hélyot,  écuyer,  conseiller  secrétaire  du  roi;  Alexandre  de  Sève, 
conseiller  au  Parlement  et  prévôt  des  marchands. 

1662     Louis  Le  Gendre,  sieur  d'Azincourt. 

1064    Nicolas  Nicolaï,  premier  président  des  Comptes. 

1G67    Alexandre  Marsollier  ;  Augustin  Pcrriquet,  maître  des  Comptes. 

1668    Jacques-Charles  Amelot,  sieur  du  Mesnil,  premier  président  des  Aides. 


Iqb  l'hOTEL-DIEU    au    XVIie    ET    AU    XVIII"    SIECLE 


1670    Jean  Chuppé,  avocat  en  Parlement. 

iG-2     M. -Nicolas  Le  Camus,  premier  président  de  la  Cour  des  aides. 

1673  François  Choart,  maître  des  Comptes;  Louis  Baussan,  président  de 
l'élection  de  Paris;  René  Accart,  substitut  du  procureur  général  du 
Parlement;  Claude  Le  Pelletier,  président  aux  Enquêtes. 

1G75     Jacques  Guilloire,  conseiller  du  roi. 

1676    Pierre  Chandelier,  auditeur  des  Comptes. 

1678  Nicolas  Potier  de  Novion,  premier  président  du  Parlement. 

1679  Guillaume  Champy,  conseiller  secrétaire  du  roi;  Jean  Petitpied,  conseiller 

secrétaire  du  roi  ;  Bachelier. 

1681  François  Le  Fouin,  conseiller  secrétaire  du  roi;  Jean  Bachelct,  écuyer, 

conseiller  secrétaire  du  roi. 

1682  Jean  Bannelier,  conseiller  du  roi. 

1686  Jean-Aymard  Nicolaï,  premier  président  de  la  Chambre  des  comptes. 

1687  J.  de  Bragelongne,  conseiller  de  la  Cour  des  aides. 

1689    (Nominations  générales  à  la  suite  des  lettres  patentes  de  janvier  1689).— 

a.  Membres  de  droit:  l'archevêque  de  Paris;  le  premier  président  du 
Parlement;  le  premier  président  de  la  Chambre  des  comptes;  le  pre- 
mier président  de  la  Cour  des  aides  ;  le  procureur  général  au 
Parlement  ;    le  lieutenant   de  police  ;   le   prévôt   des   marchands.  — 

b,  Membres  élus:  Chuppé,  rue  de  l'Observance  (i);  René  Accart,  vieille 
rue  du  Temple;  J.  Guilloire,  cul-de-sac  Saint-Dominique;  G.  Champy, 
rue  de  la  Harpe;  J.  Petitpied,  rue  du  Jour  ;  de  Bragelongne,  dans  le 
Temple;  Goupy,  rue  Ste-Avoie  ;  Soutïlot  (Michel),  écuyer,  conseiller 
secrétaire  du  roi,  rue  des  Deux-Ecus  ;  Le  Verrier,  rue  Percée  ;  Levesque 
de  Vaugrineuse,  rue  Saint-Martin;  Herleau,  rue  Saint-Germain-l'Au- 
xerrois;  Beine;  Marchand,  rue  Tictonne;  d'Estrechy,  écuyer,  conseiller 
du  roi,  substitut  du  procureur  général,  rue  Bertin-Poirée;  Clérambault, 
rue  Jean- Lantier;  Piquet,  rue  de  la  Tixeranderie  ;  Le  Pelletier,  ancien 
prévôt  des  marchands,  maintenu  à  vie  exceptionnellement. 

1693  Chuppin,  ancien  notaire  de  l'H.-D.,  trésorier  général  du  marc  d'or. 

1694  Greslé,  secrétaire  du  roi. 

1695  Vigneron,  président  au  bureau  des  finances  et  en  la  chambre  du  domaine. 

1698  De  Bourges,  trésorier  de  France. 

1699  Arrault. 

1701  J.-B.  Lctourneur,  écuyer,  conseiller  secrétaire  du  tqI  ;  Dandrcau,  secré- 

taire du  roi. 

1702  T.-S.  Bazin,  conseiller  du  roi,  ancien  échevin. 

1704  Ernest  Horcau,  ancien  avocat  en  Parlement  et  procureur  du  roi  de  la 
Marée;  Fr.  Pillon,  ancien  procureur  au  Châtelet. 

1707  Baille,  ancien  avocat  en  Parlement  ;  Ilallé,  ancien  échevin. 

1708  Du  Portault,  avocat  au  Conseil. 

1709  Regnault,  conseiller  du  roi,  ancien  échevin. 

1710  Hénault,  intéressé  dans  les  fermes  générales  du  roi. 

171 1  Blouïn,  écuyer,  ancien  échevin. 

17 18  Vézin,  ancien  avocat  en  Parlement,  gendre  d'Arrault. 

1719  Garnot,  auditeur  en  la  Chambre  des  comptes. 

1721  Vigneron  ;  Nau  ;  Thiroux;  Couet  de  Montbayeux,  avocat  en  Parlement  et 
et  aux  conseils  du  roi,  ancien  échevin. 

(1)  Les  adresses  ont  été  prises  dans  le  Livre  commode  des  adresses  de  Paris  pour  1 6()2, 
par  A.  du  Pradel  (éd.  Ed.  Fournier;  Paris,  Daffis,  1878,  p.  112). 


PIl-XES    JUSTIFICATIVES 


1722     Houdiart,  conseiller  du  roi;  Buchcre,  ancien  juge  consul. 

1724    De  La  Vigne,  ancien  avocat  en  Parlement. 

1726    Turpin,  conseiller  en  la  Cour  des  monnaies. 

1728    Regnault,  secrétaire  du  roi. 

1731     Boucher,  secrétaire  du  roi. 

1734    De  Tilière,  écuyer,  conseiller  du  roi. 

1738  Maigret,  trésorier  de  France  au  bureau  des  finances. 

1739  Josse,  conseiller  au  Châtelet  ;  de  la  Chabrerie,  fermier  général. 

1743  Cœuret  de  Fromonville,  auditeur  des  Comptes  ;  Léonard  des  Malpeines, 

conseiller  au  Châtelet  ;  Légal,  secrétaire   du  roi  ;  Cochin,  secrétaire 
du  roi,  avocat  en  Parlement  (i). 

1744  Gallois,  secrétaire  du  roi. 

1747  Barjeton,  avocat  en  Parlement;  Du  Portault.  conseiller  en  la  Cour  des 
Aides. 

I  748     Durant  ;  N.  de  Lambon,  avocat  en  Parlement. 

1759  Brochant,  ancien  notaire,  secrétaire  du  roi,  trésorier-payeur  des  gages 
de  la  Cour  des  aides;  Le  Couteulx  de  Vertron,  trésorier  de  France; 
Bidault  d'Aubigny,  conseiller  de  la  Cour  des  monnaies. 

1762  Dupont,  conseiller  au  Châtelet;  Poan,  conseiller  secrétaire  du  roi  en 
sa  grande  chancellerie,  conservateur  des  hypothèques  (démissionne 
le  24  mars  1777). 

1766  Le  Roy  de  Lisa,  procureur  général  aux  eaux  et  forêts;  Mirleau  de  Neu- 
ville, fermier  général. 

1769  Marchais  de  Migneaux,  correcteur  de  la  Chambre  des  comptes;  Marrier 
de  Vossery,  conseiller  en  la  Cour  des  monnaies. 

1771  (Séance  du  lundi  9  août).  Démission  de  Messieurs  de  Tilière,  Du  Por- 
tault, Durant,  de  Lambon,  Brochant,  Le  Couteulx  de  Vertron,  Dupont, 
Poan,  Marchais  de  Migneaux,  Marrier  de  Vossery. 

1771  (Séance  du  19  août).  Renouvellement.  Le  Roy  de  Lisa,  Mirleau  de  Neu- 
ville, non  démissionnaires;  »0î/i'e(3MA- (démissionnent  le  I"  févr.  1775): 
Moustier,  substitut  du  procureur  général;  Gissey,  premier  président 
de  l'élection  de  Paris  ;  Papillon,  prévôt  de  l'Ile-de-France;  Chastelus, 
lieutenant  particulier  au  Châtelet  de  Paris;  Perrin,  avocat  aux  con- 
seils; Mongolfier,  ancien  marchand  des  six  corps. 

1775  (Séance  du  f  février). —  De  Tilière,  Du  Portault,  Durant,  de  Lambon, 
Le  Couteulx  de  Vertron,  Dupont,  Poan,  Marchais  de  Migneaux  et 
Marrier  de  Vossery,  retirent  leurs  démissions  et  remplacent  les  pré- 
cédents. 

1777  .  Mopinot,  conseiller  au  Châtelet  (démission    1787);  Bouilenois. 

1778  Martin,  ancien  trésorier  de  France  au  Bureau  des  finances. 

1779  Robineau   d'Ennemont,  substitut   du  procureur  général;    de   Parseval^ 

fermier  général. 

1783     Vente,  fermier  général;  G.-C.  Aubry,  avocat  en  Parlement. 

1787    Ollivier,  conseiller  au  Châtelet. 

1789     A.-J.  Silvestre  de  Sacy,  conseiller  en  la  Cour  des  monnaies. 

1791  (Séance  du  23  février).  Démission  des  administrateurs:  Le  Couteulx,  Du- 
pont, Marchais,  de  Tilière,  Bouilenois,  Martin,  Robineau,  V^ente, 
Ollivier,  A.-J.   Silvestre  de  Sacy. 

(1)  On  trouve,  pour  le  xvni»  siècle,  les  adresses  des  administrateurs  dans  la  collection  des 
Almanaclis  royaux,  mais  l'orthographe  des  noms  propres  est  souvent  fautive. 


3q8  i/hotfl-diku  ait  xvii«  f.t  au  xyiii»^  sikclf. 


II.  -  LES    RECEVEURS    (XVIe-XVIIP    SIECLES) 


i5o5    Jehan  de  La  Saunerie. 

1689 

i5o8    Pierre  Parseval. 

1691 

i5i2    Jean  Veranjon. 

1693 

i5i3     Claude  de  Savignac. 

1695 

1540    Jean  de  Savignac,  son  fils. 

1699 

i556    Claude  Coynart. 

1573    Ambroise  Baudichon. 

1703 

i58o    Jacques  de  Bèze. 

1710 

1589    Pierre  de  Bèze. 

1711 

iDQg    François  Hiéraulme. 

1717 

1627    François  Hiéraulme,  son  fils. 

1643    Antoine  Bourse. 

1723 

i65o    Jean-Baptiste  Forne. 

1729 

i656    Michel  Oubry. 

1738 

1664    Jean  Bachelier. 

1745 

1668    Vincent  Martin. 

>    1746 

1672    Jean  Petitpied. 

1747 

1674    Louis  de  Rosset. 

1678    Philippe  Levêque. 

1757 

1679    Jean  Rogier. 

1758 

i683     Henri  Herlau. 

i685     Philippe  Levêque. 

1761 

1687     Michel  Chauvin. 

1762 

1688    Charles  Dubois. 

Claude    Poullin. 

Jean  Perlan. 

Jean-Baptiste  Lctourneur. 

Jean  Houdiart. 

Jean-Baptiste   Halle,  conseiller 

du  roi. 
Claude  Lebrun,  ancien  consul. 
Jean-Baptiste  Brochant. 

Simon  Favée. 

Jean-François  Houdiart,  ancien 

payeur  des  rentes. 
Jean-Baptiste  Letourneur. 

Jean  Angot,  notaire. 

Louis  Doyen,  notaire. 

Jacques-Martin  Fillon. 

François  Ballin. 

Armand    Le   Couteulx,   ancien 
juge  consul. 

François  Ballin. 

Jean-Jacques  de  Nully,  ancien 
consul. 

Pierre  de  Rouville. 

Charles  Brochant. 


PIKCES    JUSTIFICATIVKS 


III.—    LES   MEDECINS    (XVP-XVIIP    SIECLES)  (i) 


i536 
i537 
1346 
i556 
i562 
i568 
1569 
1573 
1573 
i585 
1594 
1596 
097 
1601 
1616 
1619 

i636 

i638 

1639 
1648 
1654 


1661 

1662 
1666 

1670 
1671 
1672 
1673 
1674 


■Mathurin  Tabouet. 

Jean  Guydo. 

Jean  Levasseur. 

Jean  de  Paulmier. 

Philippe  Allain. 

Simon  Malmédi. 

Nicolas  Legros. 

Robert  Croson. 

Jacques  Maran. 

Philippe  Hardouin  de  St-Jacques 

Jacques  Lescrivain. 

Pierre  Paulmier. 

Antoine  Bernier. 

Simon  Bazin. 

Michel  Francière. 

René  Moreau   (père),    de  Mon- 
treuil-Bellay  (Anjou). 

Danyau,      adjoint     à      Moreau 
comme  médecin  expectant. 

Moreau  (père)  ;  Ferraud  ;   Cap- 

pon  (3  médecins). 
Charles  Dupré. 
J.-B.  Moreau  (fils). 
Cappon  ;    J.-B.    Moreau     fils  ; 
Hermann  Delaunay  ;  de  Bour- 

.    ges  (4  médecins). 
Les  mêmes  ;  Jean   Garbe  ;   An- 
toine de  Sarte  (6  médecins). 
Paul  Courtois. 

Jacques  Thevard  ;  Fabien  Per- 
reau. 
De  Bourges  jeune. 
Brisset. 
Paul  Mattot. 
Lelong. 
Rainsant  :  Ménestrel. 


1678     Alain  Lamy  ;  Pierre  Lombard; 

Pierre  Ozon. 
1682     Nicolas  Morin. 
i683     André   Enguehart. 
1684    Garbe  fils. 

i683     François  Afforty,  expectant. 
1689    Guy-Erasme  Emmerez. 

1698  J.-B.  Doye. 

1699  Afforty  père. 

1702     Tournefort,  expectant. 

1710  Louis  Lémery;  Jean  Herment; 
Philippe  Fontaine;  J.-B.  Cho- 
mel  père,  expectants  dont  le 
nombre  est  porté  à  4. 

17 14  Charles  Bompart. 

171 5  Jean  Herment. 

17 18    Afforty  fils,  expectant. 
I  720     Emmerez  fils^  expectant. 

Philippe  Fontaine,  7°  médecin, 
1721     Afforty  fils. 

Lemoyne. 
1735    Thomas     Bernard;    Bertrand, 
expectants    dont    le    n  ombre 
est  porté  à  7. 

Delaleu;  Bailly. 

Élie  Col  de  Villars. 

Michel  Peaget. 

Herment. 

Le  Hoc. 

Fontaine. 

Louis-Florent  Belot. 

Fr. -Félix  Cochu. 

Hyacinthe-Théodore  Baron. 

J.-B. -Louis  Chomel. 

H.-Fr.  Bourdclin. 


1740 

1742 
1743 
1747 
1749 


(i)  D'après  les  registres  de  déliLiérations. 


400 


HOTrL-DIELT    AU    XYII"    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


17 -M 
1756 

1737 
1762 


[780 
.782 


782 


Dcjcan.  i7''^4 

J.-J.  Bellctête.  1784. 

Pierre  Bercher.  1787 

Charles  Paycn.  1787 

Denis-Claude  Doulcet.  1787 

Michel-Joseph  Majault.  1788 

J.- Armand  Roussin   de  Monta-  1790 

bourg.  1772 

Danié-Despatureaux.  1793 

Benj. -Michel  Solier  de  La  Ro-  1794 

miilais.  1795 

Noël-Nicolas  Mallet.  1795 

Et.  Grossin-Duhaume,8»méde-  1797 

cin. 

Joseph  Philip.  1799 


Le  N'acher  de  La  Feutrie. 
J.-N    Millin  de  La  Courvault. 
Paul-Gabriel  Lépreux. 
Jean-Auguste  Coutavoz. 
Jean  Thaureaux. 
Edm.-Fr.-Marie  Bosquillon. 
Henri-Jean  Baget. 
L.-Cyprien    Piot  de  Montaigu. 
J.  Martin  de  Frasne. 
J.-J.  Delaporte. 
J.-B. -Charles  Asselin. 
Nic.-Fr.  Laverne. 
Isid.-Fr.  Bourdier  de  La  Meu- 
lière. 
Marc-Antoine  Petit. 


•:CF,S    JUSTIFICATIVES  40 1 


IV.—   LES    MAITRES   CHIRURGIENS 
(XVP-XVIII«    SIÈCLES)    (i) 


1539  Georges  Barbas. 

1540  Jacques  Le  Normand. 

1541  Jean  de  May  ou  Desmay. 
i55o  Antoine  Dumas. 

i55i  Antoine  Baudoin. 

i533  Richard  Hubert. 

1559  Cosnie  Roye. 

i562  Vincent  Hamelin.  (En  i56i,  2  garçons  chirurgiens  adjoints.) 

i568  Balthazar  Delaistre. 

1584  Le  nombre  des  garçons  chirurgiens  est  porté  à  4. 

i585  (Première  mention  d'un  chirurgien  gagnant  maîtrise.) 

1387  Claude  Gousturier,  ou  Lecousturier. 

1594  Vincent  Hamelin  fils. 

1598  Laurent  Guérin. 

iGoS  Pierre  Corbilly  (de   Mcaux). 

1606  Jean  Bonnet  (de  Paris). 

1625  Jean  Millot  (nommé   au  concours). 

1642  Jacques  Haran  (de  Paris)  (nommé  au  concours), 

1648  Gaspard  Gouin  (ou  Gonin). 

1654  Jacques  Petit  (de  Pierrefitte).  Inhumé  à  TH.-D.  en  août  1708. 

1700  Jean  Méry,  né  le  6  juin  i665  à  Vatan  (Cher),  mort  le  3  nov.  1722. 

1703  (60  chirurgiens  externes.) 

1722  Antoine  Thibault,  né  àCouillet  (Hainaut),  mort  le  17  mars  1725.  Inhumé 
à  St-Louis. 

1725  Pierre  Boudou,  mort  en  1744. 

1726  (i  chirurgien  en  chef,  12  compagnons  chirurgiens,  1 3  chirurgiens  commis- 

sionnaires, 74  élèves  externes.) 

1744  Jean-Nicolas  Moreau,  mort  le  2g  avril  1786.  Inhumé  à  l'II.-D. 

177(3  J.-B.  Ferrand,  suppléant  de  Moreau,  mort  en  février  1785. 

1786  Pierre  Joseph  Desault,  mort  le  i"  juin   1795. 

1795  Philippe-Jean  Pellctan,  gagnant  maîtrise  depuis  le  8  juin  1775,    mort  à 

Bourg-la-Rcine  le  2G  nov.  1829. 

(I)  D'après  les  registres  de  délibérations. 


26 


402  l'hOIEL-DIEL'    au    XVI1'=    et    au    XVIIie    SIECLE 


V.  —    LES    MAITRESSES    SAGES-FEMMES 
(XVIP-XVIIP    SIÈCLES) 


1601  Étiennette  Rimbault. 

1614  Jacquette  Laffradde,  veuve  de  Fracie  Ledoux,voiturier  par  eau. 

1617  Geneviève  Goupil. 

1618  Marie  de  Hacqueville. 
1624  Thiennette  Janet. 
1629  Jeanne  Douailly. 
i632  M"'  Le  \^acher. 

i65i  Marie  de  Laroche,  veuve  de  Berthélemy  Moreau,  maître  chirurgien. 

1660  M°"  Gaïan,  veuve  de  France. 

1662  Françoise  de  Billy,  veuve  de  Gilles  Cornet,  nnaître  tailleur  d'habits.     * 

1676  Marguerite  du  Tertre,  veuve  de  Jean  Didiot,  dit  de  La  Marche. 

1686  Louise  Cocquelin,  veuve  de  Michel  Morlet,  maître  horlogeur. 

i6gi  M"""  Descarreaux. 

i6g3  Marie-Madeleine  Léger,  femme  de  Jacques  Le  Gouey, 

1697  Claude  Hénault,  veuve  Langlois. 

17 14  M"«  Langlois. 

1737  Edmée  Goet. 

1739  Marie-Claude  Pour. 

173 1  Anne-Catherine  Caranda. 

1764  Marthe-Marie  Jouet^  veuve  de  Joseph  Delaplace,  chirurgien. 

1774  M""  Dugès,  femme  d'un  officier  de  santé,  mère  de  M"«  Lachapelle,  reste 
à  THôtel-Dieu  jusqu'en  1797. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


40. -S 


VI.  —   VALEUR    DES    LEGS    ET   AUMONES 
FAITS   AU    XVII"'   SIÈCLE 


ANNÉES 

' SOMMES 

VALEUR 

ACTUELLE  (l) 

ANNÉES 

SOMMES 

VALEUR 

ACTUELLE  (l) 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

livres 

francs 

livres 

francs 

i6o3  .    . 

4.222 

29.976 

i636  .   . 

35.200 

165.440 

1604  .    . 

9.378 

66.583 

1637  .   . 

31.700 

148.990 

i6o5  .    . 

5.040 

35.784 

i638  .   . 

34.900 

164.030 

1606  .    . 

7.100 

50.410 

1639  .   . 

30.700 

144.290 

1607  .    . 

3.400 

24.140 

1640  .   . 

41.900 

196.930 

1608  .   . 

6.249 

44.367 

1641  .   . 

26.200 

123.140 

1609  .    . 

13.252 

94.08g 

1642  .   . 

101.400 

476.580 

1610  .   . 

24.600 

174.660 

1643  .   . 

38.400 

172.800 

i6ii  .   . 

8.900 

63.190 

i644>^^->s 

1                  4.300 

19.350 

1612  .   . 

10.104 

71.738 

1645  .    . 

146.000 

657.000 

161?  .   . 

i5.o34 

106.741 

1646  .   . 

39.000 

175.500 

1614  .   . 

6.612 

46.945 

1647  •    • 

40.400 

181.S0O 

i6i5  .    . 

7.013 

43.83i 

1648-49 

87.000 

391.500 

161G  .   . 

9.281 

57.818 

i65o-5i 

223.007 

858.576 

1617  .   . 

6.58o 

41.125 

1652-53 

» 

» 

1618  .    . 

9.778 

61. 112 

1654-55 

I  2  I  .800 

395.850 

1619  .    . 

9.300 

58.125 

i656-57 

169.000 

549.250 

1620  .    . 

3.700 

23.125 

i658-59 

78.510 

235.157 

1621  .    . 

3.200 

20.000 

1660-61 

165.600 

538. 200 

1622  .    . 

4.800 

3o.ooo 

1662-64 

301.950 

981.337 

1623  .    . 

10.100 

63.125 

1665-66 

100.91  I 

327.960 

1624  .   . 

38.500 

240.625 

1667-68 

1 38. 000 

448.500 

1625  .    . 

i8.3oo 

114.375 

1669-70 

259.000 

84T.750 

1626  .   . 

17.600 

91.520 

1671-72 

134.800 

438. 100 

1627  .   . 

3o.8oo 

160.160 

1673-74 

58.000 

188.500 

1628  .   . 

i6.i3o 

83.876 

1675-7S 

147.000 

499.800 

1G29  .    . 

14.800 

76.960 

1679  •   . 

55.5oo 

191.475 

i53o  .   . 

44.501 

231.400 

1680-81. 

98.900 

341.205 

i63i  .    . 

25.300 

i3i.56o 

1 682-83 

77.000 

265.650 

i632  .    . 

16.400 

85.280 

1684-85 

76.200 

262.890 

i633  .    . 

42.300 

219.960 

1686-87 

160. 5oo 

553.725 

i634  .    . 

40.500 

210.600 

1  i.iarli.r 
1687-88 

99.800 

344.310 

i635  .    . 

i3.5oo 

70.200 

(I)  Calcul 

ée  d'après  le  tableau 

dressé    par  le  a 

'icomte  d'Aven 

el,  Dccouycrtcs  d'il 

sloirc  sociale  , 

404 


I.'hOTEL-DIEU    au  XVIie    ET    AU    XVlll''    SIECLE 


VII.   —    PRINCIPAUX   LEGS    UNIVERSELS 
FAITS  AUX  XVIP  ET  XVIII«  SIÈCLES 


1698  Arnauld  de  Pomponne  (abbé  Antoine). 
1688  Jean  Bachelier,  administrateur  de  l'H.-D. 
1719  Anne  de  Balaine,  seigneur  de  Pommeraye. 

1675  Jean  Bailesdens,  de  l'Académie  française. 
1654  Martin  de  Baugy,  écuyer. 

i655  Jean  Bayart,  bourgeois  de  Paris. 

1668  J.-Ph.  de  Berthier,  abbé  de  St-Vincent  de  Senlis. 

1644  Charlotte  de  Vieux-Pont,  veuve  de  B.  Potier  de  Blérancoui 

1736  J.-J.  de  Bonnaire,  écuyer. 

i653  Antoine  de  Bort,  intendant  du  duc  de  Montausier. 

173 1  Alexandre  de  Bouchony,  ancien  vicaire  général  de  Séez. 
1717  François  de  Callières,  de  l'Académie  française. 

1678  Henri  Chahu,  trésorier  de  France. 

1676  Christine  de  Heurles,  dame  Chahu. 
1704  Alexandre  Chamard,  bourgeois  de  Paris. 
1714  Abraham  de  Charange,  maître  d'hôtel  du  roi. 
1659  Ythier  Chastelain,  chanoine  de  Notre-Dame. 
1724  Madame  de  Cocandé. 

1732  Louise-Charlotte  de  Colombet. 

1627  François  Joulet  de  Châtillon,  aumônier  du  roi. 

1682  Jean  Coutté,  bourgeois  de  Paris. 

1729  Jacques  du  Cosso,  chanoine  de  Saint-Nicolas  du  Louvre 

1674  Louis-Henri  de  Gondrin,  archevêque  de  Sens. 

1686  Mademoiselle  de  Guise. 

1790  Le  président  d'Hostein. 

1699  J  -J.  de  La  Bruyère,  chanoine  de  Troyes. 

i658  Le  Masle  des  Roches,  chanoine  de  Notre-Dame. 

1708  Louis  de  Lionne,  marquis  de  Berny. 

1754  Marie-Sophie  Jaeger,  marquise  de  Lionne. 

1729  Cardinal  de  Noailles,  archevêque  de  Paris. 

1681  Perreau  de  La  Charnoye,  administrateur  de  l'H.-D. 

i652  Dom  François  Rapine,  prieur  de  Saint-Pierre-le-Moutier. 

1644  Anne  Le  Gras,  dame  Rouillé. 

1640  Noël  Brulart  de  Sillery. 

1670  Etienne  Trudaine,  bourgeois  de  Paris. 

i65i  Ch.-Fr.  Talon,  curé  de  Saint-Gervais. 


PIKCES    JUSTIFICATIVES 


40  D 


VIII.   —    LEGS    ET    DONS   FAITS    AUX    XVIIe    ET 
XVIII«    SIÈCLES    PAR  ORDRE  D'IMPORTANCE 


livres 

1733     Melchior  Cochet  de  Saint-Vallier 3oo.ooo 

1660     Marie  Le  Camus,  dame  d'Hémery 21 5. 000 

1641     Gabrielle  du  Raynier,  dame  du  Doré 1 55. 000 

1694    Benjamin  Petitpied 100.000 

161 1  Jean  Forget,  président  au  Parlement 100.000 

1643  Jacques  Danez,  évêque  de  Toulon 84.000 

1662     François  Choart 80.000 

1629    Jean  Arnault  de  Cherelles 64.000 

i588    Louis  de  Gonzague,  duc  de  Nevers 60.000 

1646    André  Jumeau  de  Sainte-Croix 5 5. 000 

1688    Jean  Bachelier 52.000 

i65g    Suzanne  Ollivier  de  Leuville • 5i.ooo 

i555     François  de  Raissie 40.000 

i685     Nicolas  Chautfart 40.000 

I  5gg    Jacques  de  La  Mothe 38. 000 

1696     J. -Nicolas  Detrelage 32.000 

161  3     Jacques  de  Beaulieu 3o.ooo 

1645     J.-B.  Lambert 3o.ooo 

1705     Elisabeth  Rouillé,  dame  d'Herbigny 3o.ooo 

î56i     Marquise  d'Anglure 28.800 

i685     Guy  Simon 27.000 

1671     J.-B.  Dugué 24.000 

1612  Nicolas  Vieillart 24.000 

17 10     Louis  du  Caurroy 20.000 

1644  Claude  Pontlevoy,  dame  Métezeau 20.000 

1644    Roger,  duc  de  Bellegarde 20.000 

1702     Marquis  d'Effiat '  20.000 

i665     Louise  Biterne 19.800 

1720    J. -Marie  Phelypeaux .   18.000 

i656    Françoise  Forain 18.000 

1687    Chrisante-Louise  de  Champly 17.000 

1637    Nicolas  Le  Lièvre 16.000 

1709    François  Davant 16.000 

1666     Louis  Barbotteau i5.ooo 

1677    Etienne  Le  Camus i5.ooo 

1624    Président  Jean  Nicolaï i3.ooo 

1700    Jean  Levé 14.000 

1662     Jacques  Lhuillier i3.ooo 

1654    Président  A.  Séguier 12.000 

1654    Marquise  de  Bauves 12.000 

i655    Jean  le  Roussel 12.000 


4o6 


l'hOTFL-DIF.U  AT    XVII*    ET    AU    XVIIP    SIECLE 


1679  Louise  et  Marguerite  Bertrand 12.000 

1718  Pierre  Billard 12.000 

1640  Maximilien  de  Belletorière 12.000 

i653  Catherine  Daussy 12.000 

1661  Jacqueline  du  Lys 12.000 

1662  Jean  Demours  d'Andrezel 12.000 

1681  Philippe  Rouillé 11.000 

1647  Jean-Marie  Lhoste 11.000 

1610  Nicolas  Lefebvre 10.000 

16S8  Hilaire  de  Hébrard 10.000 

lôSy  Edouard  Le  Camus 10.000 

i683  J.-B.  Colbert 10.000 

i685  Claude  Housset 10.000 

1654  Jacques  Galland 10.000 

1691  Antoinette  Charton 10.000 

1715  Marie  de  Coman  d'Astrie 10.000 

1671  Jean  Gallet 10.000 

1719  Marie  Marié lo.ooo 

1716  Elisabeth  de  La  Framboisière 10.000 

1657  Jean  Gobelin 10.000 

1640  Claude  Sonnius 9.000 

i663  Etienne  Le  Camus 9.000 

i663  Louise  de  Vérigny 9.000 

1662  Cardinal    Mazarin 8.000 

i632  Marie  de  La  Chartre 8.000 

i65i  Jacques  Halle 8.000 

1669  Antoine  Héron 8.000 

171 3  François  Regnault 8.000 

1727  Marie  de  Murât 8.000 

1674  Claude  d'Artagnan 7.800- 

i665  François  de  Bourdeilles 7.3oo 

1720  Marie-Anne  Voysin 7.000 

1689  François  Teslu 7.000 

1629  Bernard  Greslé 7.000 

1759  François  Chaillon 6.35o 

i65o  Denis  Béguin 6.000 

1661  Laisné,  conseiller  au  Parlement 6.000 

t663  Elisabeth  Lecointre 6.000 

l685  Claude  de  Fougeu 6.000 

1681  Pierre  Le  Moulnier 6.000 

1743  Girard  de  La  Bournat 6.000 

i638  Barbe  Dondeau 6.000 

1648  Elisabeth  Séguier 6.000 

i656  Charles  Darismandy 6.000 

1672  Françoise  Monsigot •   .    .    .  6.000 

1673  Louis  Sarazin 6.000 

1693  Etienne  Landais 6.000 

1714  Catherine  Malon  de  Bercy 6.000 

175?  Anne  Moyer 6.000 

1704  Pierre  Courcier 6.000 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


407 


IX.  —    LE    PRODUIT    DU    DROIT  DES    PAUVRES 
AU    XVIII^    SIÈCLE 


ANNÉES 

1733 

1734 

1735 

1736 

1737 

1738 

1739 

1740 

1741 

1742 

'4 
■4- 
'4! 
?4< 

'4' 

14 

'M 
■5( 

'5i 
'5; 
'3: 
■5.; 

5( 

55 
r59 


livres 

53.253 

1762 

45.419 

1763 

38.382 

1764 

45.986 

1765 

38.978 

1766 

46.053 

1767 

28.772 

1768 

40.542 

1769 

45.171 

1770 

38.417 

1771 

45.081 

1772 

52.110 

i-'-i 

37.869 

1774 

41.855 

1775 

42.627 

1776 

48.330 

1777 

» 

1778 

61.196 

1779 

60.726 

1780 

72.274 

1781 

83.442 

1782 

76.939 
73.787 

17S3 

1784 

76.337 
69.736 

1785 

1 786 

75.864 

1787 

74-719 

1788 

75.521 

1789 

02.599 

1790 

livres 

66.242 
5o.o6o 
73.390 
66.117 
68.604 
119.282 
67.383 
69.603 
65.3i70 
92.729 
70.482 
86.700 
74.895 

97-397 
94.306 
102.658 
104.658 
134.448 
128. 141 
119.533 
129.570 
i3i  .060 
139.322 
I 36. 705 
I 3 1.688 
127.285 
141.288 
I 00 . 864 
37.139 


4o8 


L  HOTEL-DIEU    AU    XYII"    ET    AU    XV 


X.—   LE    PRODUIT   DES    TRONCS    DES    PAROISSES 
ET   COMMUNAUTÉS  EN   1679 


PAPOISSES  Sommes 
1.      s. 

Saint-Meriy 72  1 3 

Saint-Nicolas  des    Champs  90  20 

Saint-Sépulcre f8 

Saint-Sauveur 5   1 1 

Saint-Landry 11     3 

Saint-Josse 18 

Saint-Julien  des  Ménétriers  8     8 

Sainte-Avoie ^7     4 

Les  Filles-Dieu 14 

Les  Carmélites    (rue   Cha- 
pon,)- compris  Saint-Mar- 
tin des  Champs)    ....  2   i3 
Les  Filles  de  la  Madeleine  25     » 

Sainte-Elisabeth i    16 

Les  Pères  de  Nazareth    .   .  73 

Le  Temple 112 

Saint-Jacques  de  l'Hôpital.  i3   16 
Saint-Leu-Saint-Gilles.  .    .  33  25 
Saint-Jacques   de   la   Bou- 
cherie      142   iG 

Saint-Eustache i.23i     6 

Saint-Germain  TAuxerrois  604     7 

L'Oratoire  Saiut-Honoré  .  67     5 

Saint-Honoré 70     4 

Saints-Innocents 60     » 

Notre-Dame    de     Bonnes- 
Nouvelles 6     » 

Saint-Lazare G     » 

Sainte-Opportune 116 

Les     Minimes  de     Nigeon 

(Passy) 7     » 

Carmélites,  rue  du  Bouloi  .  3      » 
Filles  Pénitentes  (rue  Saint- 
Denis)    I    10 

Petits-Augustins 2     5 

Saint-Thomas  du  Louvre  .  2     5 

Saint-Nicolas  du  Louvre    .  i    i5 

Saint-Leufroy 3     2 


PAROISSES 

Chapelle  aux  Orfèvres    .   . 

Filles  Saint-Thomas    .   .    . 

Saint-Roch 

Feuillants  (rue  Saint-Ho- 
noré)   

Jacobins  (rue  Saint-Honoré) 

L'Assomption 

La  Conception 

La  "Ville  l'Évêque 

Saint-Louis  en  l'Ile  .... 

Saint-Barthélémy 

Les  Barnabites 

Saint-Germain  le  \'ieux.    . 

Sainte-Chapelle 

Sainte-Geneviève  des  Ar- 
dents   

La  Madeleine 

Saint-Denis  de  la  Chartre. 

Saint-Landry 

Saint-Christophe 

Sainte-Croix  de  la  Cité.    . 

Saint-Pierre  des  Arcis  .    . 

Saint-Martial 

Saint-Pierre  aux  Bœufs.    . 

Total    

D'autre  part  les  pardons  à 
Notre-Dame  ont  produit 
la  même  aiinée  1G79: 

Celui  de  la  Circoncision   . 

Celui  du  premier  diman- 
che de  Carême  .    .    . 

Celui  de  la  Passion  .   . 

Celui  de  Pâques   .    .    . 

Celui  de  l'Assomption 

Celui  de  la  Nativité.    . 

Celui  de  la  Noël   .    .    . 


46     3 


3 

5 

4 

5 

2 

17 

i3 

i3 

3G 

5 

4Q 

12 

3 

3 

II 

10 

2 

5 

I 

3 

i> 

2  719  3b 


.019  18 

791    i5 
6G1    i3 


.2S0 
.821 
611 
.G46 


^•837 


PIKCES    JUSTIFICATIVES 


409 


XI.  —  L'APPROVISIONNEMENT    A    LA    FIN 
DU    XVII''   SIÈCLE    (i) 


QUANTITES 


1694 
1695 
1696 
1697 
1698 


1694 
1695 
1696 
1697 
1G98 


1694 
1695 
1696 
1697 


1694 
1695 
1696 

1697 
1698 


Année  commune. 


Total  . 


BLE 


muids    tier 

44(3      2 
241       2 
219      2 
258    II 
353      q 

bois- 

1 1 
» 

Total  

1.519      3 

9 

Total 

Année  commune. 


Total 
Année  commune. 


SEL 


.3     10 


270     mmots 
154         — 
i54         — 


889 


VIlsT 


74     muids 
34         — 


79-^         - 
877         — 


4.-^03  — 

.  .  .       861  — 

BOIS 

i.35i  cordes 

787  - 


.009         — 

889   1/2    — 


4.908  I 
983   I 


?96.25i  10 
79.250    G 


l2A).->b 


.419 


2G.63I  » 

21.G69  » 

I 8 . I 90  » 

20. 885  » 

15.425  » 


102.800    » 
20.5G0    » 


(i)  Arch.  A.  P.,  liasse  879. 


4IO 


L  HOTEL-DIEU    AU    XVIP    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


Xil. 


LA    CONSOMMATION    DU    BLE    AU    XVIIP    SIECLE 


ANNEES 


i72.-> 
1724 
1725 
1726 
1727 
1728 
1729 
1730 
1731 

Ï-D2 
1733 
1734 
1735 
1736 
1737 
1738 
1739 
1740 
I74I 
1742 
1743 

1744' 

1743 

1746 

1747 
1748 

1749 
1750 


(1)  BibL  nat.,  Joly  de  Fleury.  1217,  fol.  64. 


NOMBRE 

QUANTITÉ 

DES    MALADES 

de 

ET   DU    PERSONNEL 

BLÉ  CONSOM.MÉ  (l) 

se- 

bois- 

mulds 

tiers 

926.152 

478 

» 

» 

929.881 

410 

6 

» 

895.406 

5o4 

)) 

» 

877.277 

489 

)) 

» 

953.011 

564 

» 

)) 

I .044.o3o 

609 

10 

» 

980.134 

5o3 

» 

» 

973.767 

460 

» 

» 

I. 124. 068 

489 

II 

3 

I. 126. 943 

436 

» 

» 

I.03I .970 

478 

» 

» 

1.049.024 

431 

» 

» 

983.644 

426 

S 

» 

94 I . 006 

408 

2 

9 

992.721 

441 

I 

.» 

1.078.982 

497 

» 

» 

1.012.704 

5i5 

6 

7 

1.027.044 

480 

9 

» 

1. 195.701 

568 

10 

1 

1 .350.783 

533 

3 

7 

1.333.368 

572 

6 

6 

1 .3o4.65i 

49- 

4 

» 

1.160.894 

519 

2 

6 

I. 117. 839 

413 

2 

6 

1.139.871 

391 

5 

8 

1.194.405 

478 

9 

3 

1.228.623 

465 

2 

6 

i.3o5.422 

493 

6 

8 

1.386.543 

548 

2 

4 

i.?9o.3ii 

5i3 

9 

3 

PIKCES    jrSTIFICATIVKS 


411 




ir^    oc    en      M 

iO 

^       Cl 

m 

^ 



pî 

a.^Tj  «  ■"  u 

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4i: 


L  HOTEL-DIEU    AU    XYII^    ET    AU    XYIII^    SIECLE 


TOTAL 

de  la 

DÉI'liNSE    (2) 

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(i)  Dans  ce  tableau  ne  sont  pas  comprises  les  dépenses  de  «  constructions  extraordinaires  »  qui,  de  1780  à  1784,86  sont  élevées  i\  297.587  1.  et  de 
■77^  a  780  s  étaient  élevées  ù  572.283  1.  lin  1773,  l'iL-D.  avait  reçu  en  secours  extraordinaires,  quêtes  et  aumônes,  à  l'occasion  de  l'incendie  de  1772, 
i()0.68ol.—  [.a  dépense,  année  commune,  pour  la  période  1780-1789,  étant  de  1.342.856  1.  et  le  nombre  des  journées  de  malades  de  2.431,  on 
obtient  un  prix  de  journée  de  1  1.  10  s.  3  d. 

(2)  Toutes  les  rentrées  provenant  de  la  vente  des  sons,  cuirs,  abattis,  graisses,  etc.,  ont  été  déduites  de  la  dépense. 

[Ce  tableau  figure  dans  le  Compte  rendu  à  la  Commune  par  le  département  des  hôpitaux  ;  le  mémoire  concernant  l'H.-D.  est  de  M.  de  .lussicu, 
lieutenant  de  maire.  Bibl.  A.  P.,  É'i55.]                                    y             y                            y          . 

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appoinie- 

ments 
et  gages 

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PIF.CES    JUSTIFICATIVES 


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XV.  —  LE    MOUVEMENT    DE    LA    POPULATION 
DE    1780    A    1789 


CONSOMMATEURS 

TOTAL 

ANNEES 

DES    CONSOMMATEURS 

MALADES                                             EMPLOYÉS 

1780.    .    .   . 

mh).244 

208.574 

1.077. 818 

1781 

S46.198 

205.574 

1.051.772 

1782 

868.107 

207.914 

I .076.021 

1783 

869.002 

209.223 

1.078.225 

1784 

916.560 

210.293 

1. 126. 853 

1     1785 

889.248 

209.314 

I .09S.562 

1786 

867.598 

209. i5i 

1.076.749 

1787 

820.792 

217.403 

I. 038.195 

1788 

.892.567 

279.180 

1.076.747 

1789 

i.o35. 109 

287.279 

1.322.388 

TOTAUX 

8.874.423 

2.243.905 

11. 118.330 

ANNÉE   COMMUNE  .     .          887.442 

224.390 

I.1I1.833 

JOUR  COMMUN.     .     .     .               2.431 

— — 

6i5 

3.046 

TABLEAU    DES    ENTRÉES,     NAISSANCES,     SORTIES    ET   MORTS    (l) 


NOMBRE    ANNUEL 

DES    PERSONNES 


TOTAL 

DES    PERSONNES 

ENTRÉES     ET    NÉES 

CHAQUE    ANNÉE 


NOMBRE  ANNUEL 

DES  PERSONNES 


■  25 

.72 

25 

991 

25 

382 

27 

■  59 

27 

797 

25 

872 

24 

958 

23 

180 

26 

975 

3o 

299 

262 

785 

1780 

1781 

1782 
1783 
1784 
1785 

1786 
1787 
1788 
1789 


TOTAUX. 
ANNÉE  COMMUNE   20. 279 
JOUR  COMMUN.  .       72 


1.586 
1 .576 
1.536 
1 .470 

1 .5o2 

1 .532 
1.443 
1 .507 
1.578 
1.616 


15.3^6 


26.758 
27.767 
26.918 
28.629 
29.29g 
27.404 
26.401 
24.687 
28.553 
3i.oi5 


27S.131 
27.813 


22.710 
22.060 
23.328 
23.334 

2  2.582 
2l.blX 

20.437 

22.646 
26.920 


227.0!>7 

22.709 


5.370 

4.914 
4.801 
5.018 

.784 

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.  108 

.,.348 

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5.361 


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(1)  Non  compris  les  enfants  qui  étaient  transportes  aux  Enfants-Trouvés  et  ne  restaient  pas  à 
l'H.-D.  (Bibl.  A.  P.,  E2  55.) 


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ERRATA 


p.  60, 

ligne  23. 

p.  66, 

ligue  7.  - 

iidents. 

P.  88, 

ligne  26. 

P.  96, 

ligne  32.- 

P.  3,  ligne  16.  —  Au  lieu  de  :  général,  lire  :  générale. 

P.  9,  ligne  28.  —  Au  lieu  de:  qu'on  leur,  lire  :  qu'on  le  leur. 

P.  i3,  ligne  6. —  Au  lieu  de  :  en  1662,  lire:  au  xvir  siècle. 

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P.  i5,  ligne  i3.  —  Au  lieu  de  :  de  Bailleul,  lii-e  :  Le  Bailleul.  ! 
P.  17,  ligne  2r. —  Au  lieu  de:  besoins,  lire:  pouvoirs. 

P.  02,  ligne  9.  —  Alt  lieu  de  :  Courier,  lire  :  Courcier;  —  note  3,  au  lieu  de  : 

portait,  //Ve:  portaient.  '■ 
P.  43,  ligne  3o.  —  Au  lieu  de  :  à  s'exercer,  lire  :  où  s'exercer. 
P.  48,  ligne  3i.  —  Au  lieu  de  :  ce  sont,  lire  :  c'est. 

P.  53,  ligne  11.  —  Au  lieu  de  :  sous  les  conseils,  lire  :  sur.  "■ 
P.  54,  ligne  2.  —  Au  lieu  de  :  il  correspondait,  li)-e  :  elle. 

P.  55,  note  2.  —  Au  lieu  de  :  Théodore  Nesmond,  lire  :  de  Nesmond.  j 

Au  lieu  de  :  convoquée,  lire  :  tenue  sur  convocation  du.  \ 

Au  lieu  de:  du  premier  président,  lire:  des  premiers  pré-  ,i 

-  Au  lieu  de  :  Nicolay,  lire  :  Nicolaï.  \ 

Au  lieu  de:  1693,  lire:  1673.  j 

P.   100,  note  4.  —  Au  lieu  de  :  Collet,  lire  :  Tollet.  J 

P.  121,  ligne  23.  —  Au  lieu  de  :  puis,  lire  :  ni.  '; 

P.  i3i,  note  3.  —  Au  lieu  de  :  Desmalpeines,  lire  :  Des  Malpeines.  j 

P.  141,  ligne  35. —  Au  lieu  de  :  assurait,  lire  :  assuraient.                          _,  ] 

P.  145,  ligne  18. —  Au  lieu  de:  autorisés,  lire:  autorisées.  \ 

P.  148,  ligne  i3.  —  Au  lieu  de:  successivement  à  ses,  lire:  à  celle  de  ses.  ^ 
P.  175,  ligne  10. —  Au  lieu  de:  sous  main,  lire  :  en  sous-main. 

P.  i86,  ligne  14. —  Au  lieu  de  :  même  à,  lire  :  même  jusqu'à.  ; 

P.  202,  ligne  10.  —  Au  lieu  de  :  De  Loménie,  lire  :  Loménie  de  Briennc; —  ; 

ligne  14. —  Au  lieu  de  :  dispose,  lire:  disposent.  a 

P.  206,  ligne  i5.  —  Au  lieu  de  :  était,  lire  :  avait.  i 

P.  21 3,  ligne  5. —  Au  lieu  de:  causeraient,  lire:  causerait.  : 

P.  21 5,  ligne  17.  —  Au  lieu  de  :  ne  gênent,  lire  :  ne  gênassent.  \ 

P.  23o,  ligne  i5. —  Au  lieu  de  :  à  qui,  lire  :  à  laquelle.  ! 

P.  242,  ligne  24.  —  Au  lieu  de:  suivant  l'ordre,  lire  d'après  l'ordre.  ' 

P.  264,  ligne  II. —  Au  lieu  de:  boulevard,  lire:  quartier.  ; 

P.  280,  ligne  3o.  —  Au  lieu  de  :  diverses  maisons,  lire  :  différentes.  j 

P.  282,  ligne  5.  —  Au  lieu  de  :  et  ne  furent,  lire  :  et  qui  ne  furent.  \ 

P.  295,  note  2.  —  Au  lieu  de:  Salmoii,  o.  c,  lire  :  Salmon,  le  Portefeuille  \ 

d'Achille  de  Harlay.  \ 

P.  3o3,  ligne  g.  —  Au  lieu  de  :  prêt,  lire  :  prêts.  1 

P.  3o5,  liene  20. —  Au  lieu  de:  les  cours,  lire  :  le  cours.  1 

27  1 


4l8  L  HOTEL-DIEU    AU    XVII«    ET    AU    XYIII^    SIECLE 

P.  307,  ligne  14. —  Supprimer  :  de  Harlay. 

P.  3 12,  ligne  35.  —  Au  lieu  de  :  l'hôpital  la  Charité,  lire  :  de  la. 

P.  325,  ligne  9.—  Au  lieu  de  :  à  faire,  ZzVe  :  de  faire. 

P.  325,  en  note.—  Au  lieu  de  :  V  g,  lire  :  V«  gi. 

P.  35g,  ligne  24.  — Au  lieu  c/^  ;  ordinaires,  lire:  ordinaire. 

P.  370,  ligne  12. —  Appel  de  note  à  supprimer. 

P.  376,  ligne  26,  et  p.  377,  ligne  2.—  Au   lieu  de  :  Saint-Opportune,    lire: 
Sainte-Opportune. 

P.  388,  ligne  35.  —  Au  lieu  de:  dans  lebourg, Z/re:  dans  le  bourg  de  Guitry; 
—ligne  38.—  Au  lieu  de:  l'année  suivante,  lire  :  échangées  l'année  suivante. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE  (■) 


Abelly,  cvèque  de  Rodez,  1 1,  5o,  283 
Abjurations  de  malades  à  l'IL-D, 

9,  285 

Académie  des  sciences  .    .   269,  270 

Académies  de  jeu 112 

Accart,  admin.  de  l'H.-D.      .    .  68 

Accidents  (victimes  d")  à  TH.-!).  284 
Accouchées     (office     des),     43, 

2o5,   279,  288 

Accouchements  en  ville  ....  290 

Actes  notariés 71 

Administrateurs  (invest.  des),  41,  87 

Admissions  d'urgence  à  l'H.-D.  327 

Agence  des  biens  nationaux.    .  209 

Agents  de  TH.-D 71 

Agonit  {d'),  chan.  de  N.-D.    .    .  238 
Aguesseaii  {d'),  procureur  géné- 
ral .    ,  .   117,  *i4i,  144,  i83,  332 
Aiguillon  (duchesse  d')^  35,  56, 

57,  i57 

Aixi)i  [John) 266 

Alembert  [d') *262 

Alençon i25 

Alexandre  VII,  pape  .    .     119,  221 

Aliénations  des  biens  des  hôp.  145 

Aliénés  à  l'H.-D 278 

Alignements  d'immeubles.    .    .  i35 

A  ligre  {Et.  d'),  chancelier,  184,  186 

Allemagne  (ambassadeur  d').   .  *288 

Ambôise 14^ 

Ambulants  (domest.)  à  l'H.-D.  83 
Amelot  (J.),  présid.  de  la  Cour 

des  aides *67 

Amendes ii3 

Amiens *i,  3o3 

Amortissement i3o 

Amphithéâtre  à  l'H.-D 339 

Anatomie  (leçons  d')  à   l'H.-D. 


Andral  (hôp.) *i7g 

Andry  {Nicolas),  méd 102 

Angers 93,  i3i,  299,  *33i 

Angerville  {Came  d'),  méd.    .    .  325 

Anglwe  (marquise  d') 167 

Anne  d'Autriche    ....     234,  3ii 

Anne-Victoria  de  Savoie    .    .    .  260 

Annonciades  de  Saint-Denis.    .  *92 

Annonciades  de  Sens '92 

Apothicairerie    de    l'H.-D.,  85, 

323,  75 

Apprenties    s. -femmes,   5,    290,  291 
Approvisionnement   de   l'H-D., 

73,  78,   104,   124,  241 

Aqueduc  de  Belleville 226 

Aqueduc  de  Rungis 242 

Arcet  {d'),  cW\xn\?,\.e 26g 

Archers  de  la  santé  .    .    .   217,  3o2 

Archers  de  l'Hôp.  général,  279,  3o3 

Archevêché,  240,  255,  259,  261,  266 

Archevêque  de   Paris,   37,   201,  273 

Archives    de   l'H.-D.,    70,    255,  260 

Arcueil.   . 225,  234 

Argenson   {d'),    lieut.     de    pol., 

I  19,   197,  *25o,  280,  3o8 

Argenterie  de  l'H.-D.  .....  191 

Ar gouges  {d'),  conseiller  d'Etat  267 

Armenonville  {Fleuriau  d').    .    .  i3o 

Arrenaison  (vin  d') 80 

Artillerie  de  France i35 

Assemblée  de  police *66 

Assemblée  nationale   .    .    .     87,  8g 

Assemblées  concernant  les  duels  68 
Assemblées  générales  du  clergé, 

*2o5,  2.54 

Assistance  médicale  à  domicile  282 

Aubray  {d'),  admin.  de  l'H.-D.  233 
Aubry-Dumesnil,   administ.    de 

l'H.-D 89 


(i)  Les  noms  de  personnes  sont  en    italique;  l'astérisque  qui  précède 
pages  indique  que  la  référence  se  trouve  en  note. 


:s  numéros  de 


420 


l'hOTEL-DIEU    au    XYII"    ET    AU    XVIII«    SIECLE 


Pages 

Augustiiis   (couvent   des;,    149,  i53 

Auît 1^2 

Aumônes   à    TIL-D.,    67,     14(3, 

261,  202 

Auvergne 7 

Auxerrc '-^ 

Au^anet,  jurisc 48 

Aveugles 278 

Bachelier,    admin.    de    TH.-D., 

i5i,  ib3 

Bagneux 162 

Bains  à  l'H.-D 278 

Baigneurs  en  Seine 344 

Balbis  [J.-B.),  chir 93 

Ballesdens  [J.),  académicien.    .  167 

Bandages  à  l'H.-D 3 14 

Banque   de   Law 194,  lyS 

Baptêmes   à   l'H.-D 344 

Barcos  [de),  chan.  de  N.-D.  *6, 

34,  35,  III 

Barillon  de  Morangis 48 

Barres  (baron  des) 116 

Barthélémy  [P.],  oratorien.   .   .  147 

Bassompierre  (M"»  de).    .  *i35,  220 

Bandeau  (abbé),  économiste  .    .  199 

Baudouin,  notaire  de  l'H.-D.    .  73 

Baudouin,  s. -femme  de  TH.-D.  291 

Bauduin  (père  M.  de),  capucin  53 
Baulieu  (frère   Jacques),  litho- 

tomiste 298 

Baumont    [Christophe   de),    as-. 

chev.    de   Paris,   4,    38,   202,  *26i 

Baussan,  admin.  de  TH.-D.   .   .  68 

Baux  des  fermes  à  l'H.-D.,  79,  161 

Bâville 4^ 

Ba^in  [Simon),  méd 327 

Beaujon  [Nicolas),  financier  .    .  202 

Beaumarchais 206 

Beausire   [Jean],    archit.,    227, 

2  52,  2  53,  2  58 

Beauvais 3oi 

Béchist  [André),  chir 92 

Bellami,  de  l'Acad.  des  sciences  *263 

Bellefond  (marquis  de' io5 

Belleville 197,   217,  225 

Benoise,  bienf.  de  l'H.-D.   ...  05 

Berceau  de  IH.-D.  à  N.-D.    .    .  *i75 

Berceaux  à  l'H.-D 275 

Bercher,  méd 329 

Bercy  [U.  de) .  *i58 

Bernages  [de),  conseiller  d'État  2G7 

Bernard  [Samuel],  banquier    .  *ig5 


Pages 

Bernières  [de) 48 

Berry i5o 

Berry  (duchesse  de) io5 

Berryer,  lient,  de  pol 64 

Berthelot,     bienf.     de     IH.-D., 

'181,  *3l2 
Berthier  (abbé  P.  de),  bienf.  de 

l'H.-D 167,  245 

Berthier  de  Sauvigny,    présid. 

du    Pari " 60 

Bertier,  intendant 202 

Berlin,  contrôleur  général.    .    .  *i3i 

Bérulle  (père  de),  oratorien.    .  53 
Bicêtre,  43,  63,  82,    236,   268, 

278,  307  à  309,  -317 

Bichat  [X.),  méd 339,  342 

Bienfaisance    judiciaire    (asso- 
ciation  de) 206 

Biens  des  hôp 199,  200 

Bièvre  (rivière) 240 

Bignon,       prévôt      des      mar- 
chands      60,  l32 

Billy    (M"^    de),    s. -femme     de 

l'H.-D 56,  292 

Binois,  notaire  de  IH.-D.   ...  73 

Bissy  (card.  de) *32 

Blé  à  Saint-Louis 3o7 

Blé  des  couvents 64,  195 

Blessés  à  l'H.-D 284,  327 

Bochart,  chan.  de  N.-D 25 

Boffrand,  archit 177 

Boileau 4^ 

Boir,  méd.  accoucheur    ....  "288 

Bois  (provision  de)  à  l'H.-D.   .  128 

Boivin,  bienf.   de  l'H.-D.   ...  i3 

Bouclier,  maître  de  l'H.-D.  .    .  i5 

Boucher  d'Argis,  avocat.    .    .    .  206 
Boucherie   de  Carême,  47,    69, 

100  à  107,  160,  170 

Bouchot,  chir.  de  IH.-D.   ...  56 

Botidon  [H. -M.),  abbé 58 

Boiidou,    chir.    de    l'H.-D.    35, 

*298,  307 

Bouillon  à  l'H.-D.    .    .   .      320,  341 

Boulangerie  de   l'H.-D   .    .     77,  78 

Boullenois,  admin.  de  l'H.-D.  .  89 
Eouquct    [Claude],     chap.     de 

l'H.-D 90 

Bouquet  [Geneviève),  relig.    de 

l'H.-D 26,  5 1,  90 

Bourgeois  [J.),  maître  de  l'H.-D.  *6 

Bourg-la-Reine io5 

Bourgogne 126 


INDEX    AI.PHABl'TIQUE 


421 


Pages 

Bouron,  notaire 35 

Boyer,    inéd.    .    .    .     3 08,  *333,  339 

Bretagne 1S8 

Breteuil    (baron   de),    ministre 

237,  270,  271,  272 

Bretonvillieys  (M.  de) *i58 

jBr/çoHni'/,  présid.  du  Pari.    .    .  212 

Brie-Comte-Robert.  .   .     *i34,  *i85 
Brissac    [de),     gouverneur    de 

Paris 261 

Brochant,    admin.  de  l'H.-D.   .  60 

^Bridart  de  SillcTy,  chancelier.  *i78 

Bruxelles 298 

Buanderie    à    l'II.-D 265 

Budgets   de   l'H.-D.    159,    160, 

167,  169 

Bullion  [Claude  de) 3 1 2 

Bu:{an,   chir .  *294 

Cabanis 320,  334 

Cadavres *296,  336,  *338 

Cagnards  à  l'H.-D 345 

Cahiers  des  États  généraux.  87,  i35 

Caisse  de  l'H.-D 71,  259 

Caisse  de  Poissy 109 

Caisse  des  domaines 199 

Caisse  des  hôpitaux.    .   .   .   122,  264 

Calais '264 

Calfats  à  l'H.-D 289 

Callièvcs  [Fr.  de),  acadéinicien 

ii3,  167 

Camus,  évêque  de  Belley  ...  3 12 

Candie 1S8 

Capitation *7,  i32 

Caranda    [Anne),    s. -femme    à 

l'H.-D 291  292 

Carcan  (peine  du) 3i8 

Carrioles    de   l'H.-D 279 

Cataracte  (opération  de  la).   .   .  299 
Caumartin     [de),     prévôt     des 

marchands 23  i 

Caves    à    l'H.-D 80 

Cendres  (provision  de)  à  l'H.-D.  126 
Chabrerie   [de  La),  admin.    de 

IH.-D 6q 

Chalni  [Claude),  bienf.  de  l'H.-D  167 

Chaillot II 5,    175,  271 

Chalopin  (D"°) *3ii 

Chambre     de    réformaiicm    des 

hôpitaux 96 

Chambre  des  aides 41 

Chambre  des  comptes  39,41,  71, 

125,  i35 


Pages 
Chamousset  [P.  de)    107,    139, 

199,  264 

Champagne 149 

Charnpeaux-en-Bric i52 

Chancellerie  romaine 187 

Chandelle  à  l'H.-D 76 

Cliampigny  [de),  chan.  de  N.-D.  244 

Champrosay •    .  69,  162 

Champsiergues    (M.    de).    ...  i54 
Chapelains     à     l'H.-D.     et     à 

Saint-Louis  ....  4,  7,   16,  319 

Chapelle-Saint-Denis  (la).    io3,  i32 

Chapitre  de  la  Sainte-Chapelle  2i3 
Chapitre   de   N.-D.    3,    16,    30, 

41,   i5o,    181,    187,  214,  218, 

261,   266,  273 

Chapitre  des  religieuses  àl'H.-D  18 

Chareuton loi,   io3,  140 

Chariot  des  morts  à  l'H.-D.   .    .  248 
Charité  (frères  et  hûp.  de  la)  49, 

100,     143,    '*i58,     178,     180, 

*245,    322,  342 

Charité  maternelle  (Soc.  de).   .  2o5 
Charités  paroissiales  à  Paris  49, 

59,     147,    203,  282 

Chartres 174 

Chassebvas,   curé  de  la   Made- 
leine en  la  Cité 147 

Cliastelain    [Ytliiev),   chan.    de 

N.-D 167,  24.5 

Chastelus,  admin.  de  l'H.-D.  .  60 

Cliastillon  [Claude  dj) 219 

Châteaudun 90 

Château-Landon i25 

Châteauneuf-sur-Cher i5o 

Château-Thierry 93 

Chauffage   des  salles  à   l'H.-D.  3i5 

Chauffoir  à  l'H.-D   ....   288,  3o4 

Chaurand  (père),   jésuite  ...  *i88 

Chaux  à  l'H.-D 319 

Cheftaines   à    l'H.-D 23 

Cheseldcn *298 

Chevalier,  chan.  de  N.-D.   ...  32 

C/2C^-r  (M.  de) 23 1 

Chirurgiens    à    l'H.-D 33o 

Chirurgiens    de   pol.   .    .    .  40,  3o2 

Chirurgiens  externes.    .    .   3o4,  332 

Choisy  (abbé  de) 57 

Cltomel  (les),  méd 33o 

Cliuppé,  admin.  de  l'H.-D.  68,  181 

Chuppin,   notaire  de  l'H.-D.     .  73 
Cimetières      des      protestants, 

224,  *285 


42  ■> 


hoti:l-di;:u  au  xyii^  kt  av  xviie  sii:cle 


Pages 

Clamart  (cimetière  de),  82,  197, 

25o,  25i,  338 

Clavareau,  archit *247 

Clermont 91,  188 

Clichy '.    .  5i 

Cocqueaii,  archit 269 

Coc^Ke/^j,  chan.  de  N.-D.   ...  110 

Coetmadeti  {de),  bienf.  de  IH.-D.  253 

CoflVe-fort  de  l'H.-D.   ...   71,  255 

Coignet  {J.),  avocat 2  56 

Colbevt  {J.-B.)  96,  *i37,    i5o, 

'i55,  *i66,  190,  224 

Collations  à  l'H.-D 041 

Collège  de  chir 33 1 

Collot  (les),   lithotomistes  179, 

297,  298 

Colombet  (M"-) *3ii 

Colombier,  insp.  des   hôpitaux 

65,  269 
Comédie-Française,   116,    118, 

I 19,  120,  207 

Comédie-Italienne,     116,     119,  120 

Comité  de  mendicité,  89,    209,  276 
Commission  de  l'Académie  des 

sciences 269 

Commission   de    réforme    des 

hôpitaux 266 

Commission  des  remèdes  nou- 
veaux    *324 

Compagnie  des  Indes,  194,  *2o6,  260 
Compagnons   gagnant  maîtrise 

à  l'H.-D 290,  33 1 

Comptabilité  à  l'H.-D.,  70,  72,  159 
Concessions    d'eau    à    l'H.-D., 

241,  242,  307 

CoK(ie' (prince  de) 109,  297 

Confessiondesmaladesà  l'H.-D. 

9.  47 

Confrères  de  la  Passion  ....  118 

Conseil  des  finances 71 

Constituante  (Assemblée)  .    .    .  200 

Consultations  charitables  ...  179 

Contagion 216,278,  3oo 

Contes  (J.-B.  de),  chan.  de  N.- 

D 25,  28 

CoHf 2  (prince  de) *26i 

Contrôleurs  du  droit   des    pau- 
vres   118 

Convalescents  à  l'H.-D.,  68,83, 

137,    304,  3o8,  3 10,  3i2 

Convay 195 

(Conversion  de  rentes 194 

Conversion  des  hérétiques.    .    .  lo 

Convois  des  morts 7 


Pages 

Convulsionnaires 34 

Corbeil    .   .  91,  i25,   140,   161,  180 

Corne  de  licorne,  à  l'H.-D.    .    .  243 

Cotteret,  curé  de  Saint-Laurent  *23i 
Couche  (riiaison  dela),62,  i65, 

175,  177 

Coiiet,  chan.  de   N.-D 

Coulomb,    de    l'Académie    des 

sciences "269,  270 

Coiircier,  chan.  de  N.-D.    .    32,  35 

Courtois,  médecin  de  l'H.-D.    .  56 

Cousin,  admin.  de  l'H.-D. ...  89 

Coiivein,  chan.   de  l'H.-D.  ...  5 

Cramoisy  {S.),  admin.  .    .    .    27,  67 

Crasset  {PhTO),  ]csuht.    .    .    64,  55 

Crèche  (spectacle)  ....    239,  260 

Crèche  à  l'H.-D 274,  288 

Chrestiennot,  notaire  de  l'H.-D.  73 

Créteil 162 

Criiger,  chir.  danois.   .    .    .   92,  *294 

Cuirs    à   l'H.-D 127 

Cuisine  à  l'H.-D 73,  319 

Dajon,  chap.  de  l'H.-D 3oi 

Dalençon,  chan.  de  N.-D.  ...  1 1 1 

Dames  de  charité 52,  288 

Danemark  (ambassadeur   de)   .  285 

Dargentel,  archiviste  à  l'H.-D.  .  257 
Daubenton,  de  l'Académie    des 

sciences *269 

Daviel,  oculiste 2139 

Déclaration  des  accidents  .    .   .  *284 
Déclaration  obligatoire  en    cas 

de  contagion 3o2 

Décès  (statistique  des)  à  l'H.-D.  339 

De  La  Haye,  admin.  de  l'H.-D.  233 

Delamare 117 

Delaplace    (M""),    s. -femme    à 

l'H.-D '291,  293 

Delespine,  archit.  252.  233,  254,  258 

Delorme  [Pliilibert],  archit.  .    .  222 

Delorme  (V«),  convulsionnaire  .  34 

Dépensier  de  l'H.-D 73 

Derouville,  commis  à  l'H.-D.   .  169 

Desault  (J.-B.),  chir.   37,   339,  342 
Descarraux  (iM""),  s. -femme  à 

l'H.-D 292 

Désinfection 3o2 

Des     Malpeines,      admin.     de 

l'H.-D 69,  *i3i 

Despaisse,  chan.  de  N.-D.  ...  m 

Despilly,  libraire 322 

Z)t'5i?re:^,  adn;in.  de  l'H.-D.    .    .  221 


INDEX    ALPHABKTIOUr. 


42. 


Pages 

Desyoses,  bicnf.  de  TH.-D.  ...  243 

Desi'icux,  admin.  do  THôp.  gc-  io3 

Dieppe 127,  -"'o3 

Dijon i59 

Z)/o«i5  [Pien-c),  chir.   .   .     290,     «298 
Direction  des  nourrices   ....     *i79 

Disette  à  Paris 1^6 

Dissections  à  l'H.-D 33G 

Distribution    de    blé,  de    pain, 

77,  186,  190 

Dodart,  niéd ^23 

Domaine  de  l'H.-D 69,  i36 

Domat,  jurisc H-"" 

Domestiques  de  l'H.-D 82 

Dorival,  commiss.  au  Châtelet.  261 

Dot  des  relig -'^ 

Doublet  [Fr.],  méd ^65 

Douceurs  aux  malades.  .    .   5i,  3 19 

Doxilcct,  méd 3^5 

Doye,  méd 33o 

Droit  de  committimus 4^ 

Droit   de    passage  du    pont   au 

Double 2.-.9 

Droits  d'entrée    .    .    .    114,   i23,  129 

Dubois,  prévôt  des  marchands  .  106 
Du^ès  (M-"»),  s. -femme  à  l'H.-D. 

293,  *325 

Duhamel,  curé  de  Saint-Merry  147 

Dumont,  directeur  de  l'Opéra  .  iiG 
Duplessis-Montbard,  admin.  de 

l'H.-D 47 

Dupont,  admin.  de  l'H.-D.     .    .  89 

Dupont  de  Nemours 3o5 

Du Portault,  adm.  de  l'H.-D.,  60,  69 

Diiprat  {Ant.),  légat 214 

Duquesnoy  {A),  constituant  .    .  204 

Durant,  admin.  de  l'H.-D.  ...  60 

Dnras  (duchesse  de) *2o5 

Duverney  (J.),  chir 338 

Eau  k  l'H.-D 242,  307 

Eau-de-vie 80,  81 

Eau  vulnéraire 324 

Échevins 39,  40 

Échoppes,  près  de  l'H.-D.    161, 

-                                24C,  258 

École  de  chirurgie 342 

Écoles  de  charité 1^2 

Écrouelles 278 

Édit  d'août  1749    .    .    142,   i44,  ^97 

Édit  de  janvier  1780.   .    .    .141,  142 

Égresset,  architecte 262 

Emballeurs  de  l'H.-D  ...     7,        82 


Pages 

Emplois  à  l'H.-D 340 

Emprunts  de   l'H.-D.,   42,    87, 

121,  184 

Encombrement  de  l'H.-D.,  3oo,  3i4 

Encyclopédie 199 

Enfants  de  chœur  à  l'H.-D.,  4,  319 
Enfants  malades  à  l'H.-D.,  43, 

280,  289,  319 
Enfants-Rouges  (hôp.  des),  i5o, 

175,  281 
Enfants-Trouvés     (hosp.     des), 

49,  *5i, *i35, 175,  2o5, 246,  289 
Enfants-Trouvés     (hosp.)  (fau- 
bourg-Saint-Antoine) .   .   62,  281 
Entreprise  (projet  d')  à  l'H.-D.,  265 
Épernon  (hôtel  du  duc  d')   i54,  07 

'  Épidémies 40,  42,  3oo 

Étain  à  l'H.-D.   ........  *255 

Étampcs i34 

État  civil  des  enfants 281 

État  civil  des  morts 340 

Étudiants  en  médecine    ....  337 

Évreux  (diocèse  d') 178 

Faculté  de  médecine,  3oi,  324, 

332,  336 

Faculté  de  théologie 148 

Fagon,  médecin 299 

Faiire    {Angélique),    veuve    de 

Bullion 3 12 

Faure  {Guichard),  maître  d'hô- 
tel du  roi  17^ 

Fermages  de  l'H.-D.   ...    79'  '  ^42 

Ferrand  (J.-B.),  chir 322 

Feuilles  de  vivres  à  l'H.-D.  .    .  320 

Fieubet  (G.  de),  bienf.  de  l'H.-D.  3 10 

Fiévreux    à    l'H.-D.    274,    287,  288 

Filature  des  indigents  .   .   .  62,  *i79 
Filesac  {J.),  curé  de  Saint-Jean- 

en-Grève i55 

Filles  à  chaperon  à  l'H-D  ...  23 
Filles  blanches  à  l'H.-D.,  16,  18, 

20,  23 

Filles  de  la  Charité 5i 

Filles  de  service  à  l'H.-D.  82,  83,  275 

Fléchier *48  *i^l 

Fleury  (card.  de),  32,  33,  182,  307 
Fondations  à  l'H.-D.,  69,    144, 

2o5,  3i  I,  3i3 

Fontaine,  méd *287 

Fontainebleau 124,  218 

Forbonnais  {de) i94 

Forget,   présid.  du   Pari.,   149,  2o5 

Formulaire  de  l'H.-D ^22 


424 


l'hOTEL-DIEU    au    XVTF    et    au    XYIIie    SIECLE 


Pages 

Fonie  [J.-B.),  admin.  de  l'H.-D.  67 

Fossoyeurs 25o,  SSy 

FoMCUii/r,  chan.  de  N.-D.   ...  m 

Foticroy,  jurisc 4^ 

Fougeret    (M-»,    née    lïOutre- 

mont) 2O0 

Fouqiiet      (M"",      née      Marie 

Maupeou) -^i 

Foïircy  (abbé  de) i  Sy 

Fotirestier,   notaire    de   IH.-D.  yS 

Fous  et  folles  à  l'H.-D.  274,  278,  3o4 

Frais  de  séjour  à  l'H.-D.    .   .   .  208 
Frcutce  (M°"  de),  s. -femme   de 

l'H.-D 292 

Francière,  chir 3oi,  328 

Francine,  directeur  de  TOpéra.  i  r6 

Françoise  de  la  Croix  (sœur)  .  1 78 

Frères  de  l'H.-D 6 

Fromonville    [de),     adniin.     de 

l'H.-D 69 

Fronde  (la) 184,  r86 

Gages  du  personnel  à  l'H.-D.,  83,  84 

Gagny 162 

Gale  à  l'H.-D.    .    .    .    278,  281,  Sog 

Galot  [Thérèse] ,  relig.  de  l'H.-D.  3o 
Gamaches   [Pli.    de),    chan.    de 

N.-D 28,  i55 

Gamard,  archit.,  *234,  238,  241, 

242,  270 

Garbes  [de),  méd ^6 

Garçons  de  service  à  l'H.-D.   .  82 
Garnot,  admin.  de  l'H.-D.   .   .  69 
Garson  [Cl.-N.),  curé  de  Saint- 
Landry    *i54 

Gaiimont(de),  admin.  de  l'H.-D., 

47.  67 

Géal,  chir 92 

Geoffroy,  apothicaire  de  TH.-D., 

248,  32  3 

Gigot  de  Pouilly  [Cl.) i58 

Girault  [J.),  lithotomiste,  179,  298 

Gissey,  admin.  de  l'H.-D.    .    .  60 

Gobelin,   conseiller  au  Pari.   .  i3 
Gondi    'J.-F.    de),    archev.    de 

Paris 5o 

Gondrin  [L.-H.  de),  archev.  de 

Sens r58 

Gonesse 307 

Gontaut  [de),  chan.  de  N.-D.    .  3i 

Gotiin  [P.-G.),   méd 297 

Goulard,  chan.  de  N.-D.    ...  32 

Goupil  [J.),  méd 336 

Goiissaiilt  (M""»,  née  G.  Fayet)  5o,  "319 


Pages 
Goy  [J.-B.),    curé    de    Sainte- 

Nlarguerite 204 

Grand  aumônier 65,  202 

Grand  Bureau  des  pauvres,  40, 

"69,  *i59,  174,  202,  *277,  288 

Grandjean  (les),  oculistes  .    .    .  299 

Grand  Orient  (le) 207 

Grands  Jours  d'Auvergne  ...  187 

Greffier  de  IH.-D 70 

Grenier 324 

Greniers  à  l'H.-D 2:4,  307 

Greniers  à  sel 216 

Gros-Caillou  (hôp.  du).  .  *'i82,  282 

Guilloire,  admin.  de  l'H.-D.    .  68 
Gui  Patin,  48,  179,  i85,  *292, 

297,  *3o3,  3o4 

Guise  [W^'  de) 167,  291 

Guitry  (M.  de) 1S7 

Habicot  [N.),  méd *3o2 

Hachette,    trésorier   de   France  i3o 

Halles *64,  73,  *i95,  247 

Mannequin     [N.),     admin.     de 

l'H.-D 219 

Haran  (J.),  méd 296 

Har court  (abbé  d'),  chan  .de  N.-D .  5 

Harcourt  [^irmCQ  d') io5 

Hargerie   (fondation    de    la)    à 

l'H.-D 148 

Harlay  [Fr.  de),  arch.  de  Paris  3o 
Harlay   [Acli.   /"  de),  premier 

présid.du  Pari 184 

Harlay  [Ach.  HI  de),  premier 

présid.  du  Pari 191,  298 

Haute  paye  à   l'H.-D 84 

Haye  [R.    de    La),   admin.    de 

l'H.-D 67,  221 

Hecquet  (Ph.),   méd 3oi 

Helvétiiis  [A.),  méd 324 

-f/e'/roffP), admin. de  l'H.-D. 67,  243 

Hélyot  (M°"),  dame  de  charité  54 

Hémery  ^fondation  d')  à  l'H.-D.  i35 

Henri  IV 53,  216 

Hérault,  lieut.  de  pol 19? 

Hérissant  [F.-D.),  chir.  ....  338 

Herlau,  recev.  de  l'H.-D.  ...  i65 

Herse  (M""'  de) 5i 

Heurtes  [Catherine  de) 167 

Hiéraulme,    recev.    de    l'H.-D.  *7i 

Hiver  de  1709 igr,  196 

Hollande 298,  *3o3 

Hôpital   de   convalescents,   181, 

3i  I,  3i2 


INDEX    ALPHABETIQUE 


42D 


Pages 

Hôpital  de  Lourcinc *277 

Hôpital  général,  41,  42,  43,  62, 
il-)3,   140,  171,   175,  188,  200, 

239,  278,  3o7,  332 

Hôpital  Saint-Eustache  ....  277 

Hôpitaux  de  paroisses.    .    .  G2,  283 

Hospice  des  Cordelicrs  ....  182 
Hospitalières  de  la  place  Royale, 

36,  io5,  *i79 
Hospitalières    de    la    Roquette, 

36,  237,  271 
Hospitalières  de  la  rue  Mouffe- 

tard 36,  2o3,  209 

Hospitalières   de    Saint-Mandé,  36 

Hoiidiart,  admin.  de  TH.-D.    .  69 

Howard  {John) 272 

Humières  (duc  d") io5 

Hunault,  méd 248 

Hiivé  (Et),  admin.   de   FH.-D.,  *i48 
Incendies   à   l'H.-D.,   238,   269, 

260,  261 
Incurables   -hûp.    des),   53,   68, 

*72,  io5,  igo,  241 

Indigents 2o3,  204,  287 

Intirmeries  de    THôp.    général, 

264,  280 
Infirmiers      et      infirmières      à 

TH.-D 83,  84 

Inhumations  à  l'H.-D..    .    .    19,  245 
Innocents     (cimetière    des',    7, 

'224,  248 

Inondations 19?,   196,  240 

Inscriptions  à  l'H.-D.    .   .    216,  *243 
Inspecteur  de  l'apothicairerie  à 

l'H.-D 324 

Inspecteur  des  bâtiments    ...  i33 
Inspecteur  des  salles  à  l'H.-D., 

81,  261 

Inspecteur  général  des  hôpitaux  64 

Inspecteurs  des  jeux 112 

Invalides 201,  322,  33i 

Isolement  à  l'H.-D 307 

Italie 187 

Jambes  de  bois  (délivrance  de). 

à  l'H.-D 3 14 

Jansénisme  à  l'H.-D.    .    .    .   3o,  58 

Janson,  chan.  de  N.-D 34 

Jauge  de  l'H.-D 242 

Jeux  de  hasard 112 

Joigny 125 

Joly  [Claude)^  chan.  de  N.-D..  177 
Joly  de  Fleiiry  (G.-F.),  procu- 
reur général  3o,  32,  33,  143, 

195,  196 


Pages 
Joly  de  Fleury  [G.-F.-L.),  son 
tîls,     procureur    général   60, 

262,  279 
Joly  de  Fleiivy  (oncle  du  pré- 
cédent), procureur  général.  .  88 
Joly  de  Fleiiry  [J.-Fr.],  min. 

des  finances 269 

Josse,    admin.  de   l'H.-D.   221,  233 

Juigné  (L.  de),  archev.  de  Paris  88 

Jttly  (de),  maître   des  comptes.  106 

Jimet  {R.),  chir 93 

Jiissieii  (L.  de),  lieut.  de  maire 

89,  329 

La    Chapelle  (M"»»),    s. -femme 

de  l'H.-D 293 

La  C/ui/î-e  (maréchal  de).    ...  i58 

Lack,  méd 285 

La  Fayette 88 

Laisné,  bienf.  de  l'H.-D.    ...  134 

Lait  à  l'H.-D 76 

La  Marche  (M""^  de)^   s. -femme 

de  l'H.-D •.    .    .    .  292 

La  Martinière,  chir 342 

L<3J«èt'rf,  contrôleur  général.   .  36 

Lambert  de  Thorigny 148 

Lamoignon  (M"'  de)    .    .  49,  55,  56 

Lamoignoii  [P.-Ch.  rfe),   présid.  55 

Lamoignon  {Guil.  de),  présid.  .  47 
Langlois    (M""),     s. -femme    de 

l'H.-D 293 

La  Noue  [de),  chir 337 

Laon 3o3 

La  Peyronie,  chn  .    .    .    .  '^324,  *338 

Laplace,àQ  l'Acad.  des  se.  .   .  *29G 

La  Reynie,  lieut.  de  pol.    191,  3o3 

La  Rochefoucatdd-Liancourt.   .  "89 

Lassone  {de),  de  l'Ac.  des  se,  267,  '269. 

Latier,  méd 3o8 

Lauion  {de),  chan.  de  N.-D.  .    .  r5 

Lavanderie  à  l'H.-D 22 

Lavocat   {Fr.),  chan.  de  N.-D. 

*i4,  25,  III 

Lavoisier,  de  l'Acad.  des  se.   .  '^269 

Law 195 

Layettes  à  l'H.-D 287 

LeBailleiil  présid.  du  Pari. 1  5, 

47,  i85 

Le  Blanc,  chan.  de  N.-D.    .  *6,  34 

L^  CtTmz/5,  prés,  des  Aides   106,  190 
Le    Camus    {Marie,   veuve    de 

Particelli  d'Hémery)    ....  i5o 

Le  Conte,  admin.  de  l'H.-D.  47,  68 


42  ( 


i/HOTni.-Dir.r  ai-  xvi 


Pages 

Lc'Coiiteulxde  Vertron,  admin. 

de  IH.-D 60,  89,  332 

Ledru,  dit  Cornus,  physicien.   .  325 
Lefebvie  d'Eaubonne,  chan.  de 

N.-D III 

Le  Febvre  d'Ormesson 48 

Légal,  admin.  de  l'H.-D.    ...  69 
Le  Gendre  [Sibbé],  chan.  de  N.-D. 

3o,  32 

Le  Gendre,  admin.  de  TH.-D.  .  187 

Legs  à  l'H.-D.    i55,     157,    184,  198 

Le  Jeune,  vie.  de  Saint-Laurent  263 

Le  Lièvre  {N.),  bienf.  de  l'H.-D.  1 35 

Lelong,  chan.  de  N.-D *6 

Le  Masle   des   Roches,   grand 

chantre *26,  1 10,  167 

Lémery  [les,],  méd.    .    .    .     248,  33o 

Lc'MOo-,  chan.  de  N.-D 3i 

Lenoir,  curé  de  Saint-Hilaire  .  249 

Lenoir,  lieut.  de  pol.    .    .    .  62,  325 

Le  Rebours,  (présid.) 236 

Leroy,  de  l'Acad.  des  se.  .   266,  270 

Le  Roy  de  Lisa, adm.  de  i'H.-D.  60 

L'Escalopier,  présid 184 

Leschassier, adm.deVWà'p.  gén.  42 

Lesecq  (N.),  maître  de  l'H.-D.,  14,  1 5 

Le  Tellier  {J.),  bienf.  de  l'H.-D.  1 3 
Le    Vacher  (M""^),  s. -femme  de 

l'H.-D 36,  291 

Levêque,  recev.  de  l'H.-D.  ...  i65 

Le  Vieulx,  admin.  de  l'H.-D.  .  68 
Lhoste  {M.),  admin.  H.-D.,  28, 

49'  67 

Lieut.  général  de  pol.  61,  *288,  340 

Ligiiières i3o 

Lind,  méd 3o6 

Linge  et  lingerie  à  l'H.-D.,  274,  317 

Lintlaër,  ingénieur *234 

Lister 298,  299,  *338 

Lithotomistes  à  l'H.-D 297 

Lits  à  l'H.-D.  85,  1 10,  147,  242, 

274,  275,  319,  3i5 

Loches 90 

Logements  à  l'H.-D 274 

Loges  maçonniques 207 

Loménie  de  Brienne,  min.  202,  273 

LongueH{R.de),pvéi,id.*G-],iJ^Ç),  *3i  i 

Longueville  (duc  de) 90 

Lor  {A. -F.de),  cYi'n 93 

Larges  (maréchal  de) 299 

Loteries 121,  193,  264 

Louis  XIV 175,  188 


Pages 

Louis,  chir 342 

Louvois 91 

Loyers  des  maisons  de   l'H.-D. 

71,  142,  161 

Lyon 93,  199 

Mac-Malion,  chapelain   ....  '8 

Magasins  de  l'H.-D 274 

Maignelais  [Marguerite  de)  .    .  53 

Maigret,  admin.  de  l'H.-D.  .   .  69 

Maine  {duchesse  du) 3i 

Mainmorte  (droits  de) i3i 

Maintenon  (M""  de) 191 

Maison  philanthropique.     .    .    .  206 

Maître  au  spirituel  à  l'H.-D..    .  4 

Maîtresse  s. -femme  à  l'H.-D..  .  290 

Majault,  méd 329 

Malades  de  force 279 

Malades  de  l'Hôp.  gén 278 

Malades  des  paroisses 3 14 

Malades  étrangers 11 

Malades  payants 296 

Malaval,  chir *324 

Mallet,  chir 232 

Malouin,  méd ''287,  *325 

Marchais  de  Migneaux,  admin. 

de  l'H.-D.  .  60,  89,  237,  268,  33 1 

Marchandise  de  l'eau 21 3 

Maréchal,  chir *324,  338 

Marie- Antoinette *26i 

Marie  de  Médicis.   .    .111,  178,  245. 

Marillac  (Louise  de) 60 

Marrier  de  Vossery,  admin.  de 

l'H.-D 60 

Marseille 194 

Marsollier,  admin.  de  l'H.-D.   .  68 

Martin  [V.),  adm.  de  l'H.-D.  .  99 

Martin,  recev.  de  l'H.-D.    ...  164 

Massy 162 

Matériel  des  salles  à  l'H.-D.  .   .  3 16 

Maupeou 59 

Maurepas 32,  33,  92 

Mauriceau,  ch'w 290,  325 

Ma^^arin   (card.),    i3,   48,    137, 

i55,*i85,  3ii 

Meaux 91 

Mecq  (M""»  du) 5i 

Médecins   expectants   à   l'H.-D. 

3o6,  328,  329 

Médecins  ordinaires  à  l'H.-D.     .  329 
Médicaments  à  l'H.-D.  76,  2o5, 

3o6,  32  1,  325 

Meitland  [G.),  chir 93 


INDKX     ALPIIARI 


Pages 
Méliaud  (P.),  prieur   de  Sainl- 

Julicii-lc-Pauvrc 48,  i3- 

Melun 124,  i3i 

Mendiants 233,  27C3 

Mercccuv  (M"»  de) *34 

Merlicr     (J.-E.),     maître      de 

l'H.-D.    .    .    .    ■ 5 

Mcrtrud,  cliir 338 

Méyy[J.),  chir *3o5 

Mesgriqny      {de),      chan.      de 

N.-D.   .' 23,  un 

Mesmes  (présid.   de) 48 

Messes  à  l'H.-D 10,  12 

M cte^emi  {Clément),  avchh.  .    .  i54 
Mlchodièrc   {de   la),  prévôt   des 

marchands      .    .    .    .1 32,  261,  267 

Minière  {Chaumont  de  La),  65,  85 

Millot  {J.),  méd.  de  l'H.-D.   .    .  2o() 

Miramion  (M""  de)     .    .    .    .  b-j,  281 

Molière ï'8 

Monta:[et  {de),  archev.  de  Lyon  207 

Montdidier 9^ 

Montereau i2(j 

Montespan  (Mn>e  de) ii3 

Montgolfier,  admin.  de  l'H.-D.  (>^-> 

Montpellier *332 

Muntpensicr   (Mu»  de) ^248 

Morat,  direct,  des  pompes  .    .  201 

Monts-de-Piété 62,  187 

Moreau,  archit.  .    .    .   261,  262,  267 

Moreau  [J.-N.),  chir.  244,  33o,  334 

Moreau  {René),  méd.  .   .    3og,  328 
Moreau    (M»"»),     s.-femme    de 

l'H.-D 5o,  55,  292 

Morlet     (M""!,      s.-femme     de 

l'H.-D.    .    .' 292 

3/or»^c,  chan.  de  l'H.-D.   ...  no 

Morvan i25 

Motte   {de   La),    intendant     de 

l'archev 240 

Motte  (G.  de  La),  méd 290 

Moulin  de  l'H.-D 241 

Moulinot,   admin.  de    l'H.-D.   .  89 

Moustier,  admin.  de  l'H.-D  .   .  60 

Mullard,    archit 267 

Mulot,    abbé 3o 

Naissances    (statistique    des)    à 

IH.-D 287 

Namurois  {Fr.),  bienf.  de  l'H.-D.  1 57 

Nantes 127,  194 

Nau  {Jean),  bienf.  de  l'H.-D.   .  i3 

Necker.   ...  87,  97,  202,  266,  270 

Xecker  (M-»)  ....  65,   ''2o5,  323 


Pages 

Nemours '23 

Neuville  {Mirleau  de),  admin. 

de  l'H.-D •    .   .    .    .  60 

Nevers    (duc   et    duchesse    de)  i53 

Nevers 9''  '^-' 

Nicolaï  {Jean   III),  présid.  .   .  224 

Nicolaï  {Jean-A  imat-  II),  présid.  i o() 

Nicolaï  {A  imar-Charles),  présid.  88 
Nouilles   (card.    de)    .    .  3,     3i, 

38,   182,  2D4 

Noblet,  archiv 237 

Notaires  de  l'H.-D 7-'' 

Nourrices  à  l'H.-D.  .  287,  288,  3  19 
Nouveaux     convertis     (secours 

aux) -^4 

Noi'ion  (présid.  de) 187 

Noyon Ç)'»  '^^5 

Observations  médicales  à  l'H.-D.  33o 

Octrois 114 

Office  des  accouchées  à  l'H.-D. 

21,  2hb 

Office  des   taillés  à  l'H.-D.   .   .  293 

Offices  à  IH.-D 22 

0//)'ic'r,  admin.  de  l'H.-D.   ...  89 

Opéra '16,  i_2o 

Opérations  à  TH.-D.   .    .    .   33o,  334 

Oraison  {Marthe  d-) 32 

Organiste  à  l'H.-D 24? 

Oiiéans '34 

Orléans  (duc  d') 325 

Orphelins 'T-S  288 

Orry,    bienf •  '4''^ 

Orsay  (M.  d') '7'"^ 

Oubry{Micliei},i-ecc\.  de  l'H.-D.  iG3 

Panetier  à  l'H.-D 77 

Panonceaux    sur    les    maisons 

delH.-D 1^4 

Pansements  à  l'H.-D.   .    .    .91,  -■'•■'-■' 

Pantin -"4 

Paf///oH,  admin.  de  ni. -I>.  .    ■  60 

Paradis   {J.),    chir 297 

Pardons  de  l'H.-D 9^8 

Parfaict    {Pierre),    admin.     de 

l'H.-D ;   •  2'9 

Paris  (diacre) 3i,  ---5 

Paris 

Arsenal *b4,  220 

Ave-Maria  (couvent).   ...  i49 

Barrières  .   .    io3,  103,229,  2.->o 

Bastille ^-\-^ 

Bons-Enfants  (collège).  .    .  n 

Boucheries 'o^^ 


428 


L  HOXrx-OIKU    AU    XVIF    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


Pages 
Paris 

Calvaire  (couvent  du).    .   .  179 

Capucines 52,  53 

Capucins 104,  264,  288 

Cardinal  Lcmoine  (collège)  264 

Carmélites 184,  234 

Carmes 46,  149 

Carrières 229,  236 

Caserne  de  Lourcine.  ...  -88 

Célestins  177,  196,203,  270,  *325 

Censives 137 

"  Cent-Filles  (hôp.  des)  ...  i54 

Chanreux 2o3,  273 

Châtelet  122,  i48,252,'28o,  3o8 
Conception,  rue  Saint-Ho- 

noré 5r 

Conciergerie.   .    .    148,  279,  280 

Confréries  .    140,  161,  176,  177 

Cordelières 265 

Cordeliers.   .*55,  118,  148,  i54 

Courtille io5,  217 

Feuillants 46,  *55 

Filles  de  la  Providence.   .    .  234 

Filles-Dieu 264 

Foire  au  lard,  aux  herbes  .  343 

Foire  Saint-Germain  .   118,  3oi 

Foire  Saint-Laurent.  .   118,  io3 

For-l'Evêque 148 

Hibernois  (prêtres)  ....  149 
Hôpitaux    (voy.    à    Tordre 

alphabétique). 

Hôtel  de  Bourgogne.   ...  3oi 

Hôtel  de  Hollande 206 

Hôtel  de  Lamoignon.  ...  55 

Hôtel  de  Nesle.    ...     2r3,  336 

Hôtel  de  la  Trémoille.   .    .  53 

Hôtel  de  Ville  ....    192,  2i5 

Ile  des  Cygnes  ....  263,  265 

lie  Maquerelle 249 

lie  Saint-Louis 240 

Jacobins 46,  149 

Jardin  royal 2o5,  238 

Jésuites   .    .  8,  46,148,  157,  264 
Louis -le -Grand     (collège) 

*77,   140,  236 

Louvre 186,  243 

Madeleine  (couvent)  .   .  53,  180 

Madeleine  en  la  Cité  .    147,  '177 

Marche  (collège  de  la).   .    .  *48 

Mathurins 140,  i55 

Minimes 46 


Pages 
Paris 

Minimes  de  Chaillot.   ...  ii5 

Miramiones 2o3 

Missions 53 

Monnaie  (la) 191,  267 

Montaigu  (collège  de)  ...  i5o 

Montfaucon..    .    .   217,  228,  229 

Navarre  (collège  de).    .    .    .  i5o 

Notre-Dame  de  B.-N.    ...  63 

Nolre-Dame-des-Champs  .  234 

Nouvelles-Catholiques  .    .    .  '140 

Oratoire 8,  46,  53,  2o3 

Palais-Royal    .......  io5 

ParvisNotre-Dame  i36,  242,  246 
Petit-Pont64,  214,  243,  258, 

259,  345 
Pont  au  Double    *84,    161, 

184,  2  38,  2  38,  274 

Pont  aux  Meuniers  ....  78 

Pont-Marie 240 

Pont  Notre-Dame  241,  248,  345 

Pont  Rouge 197 

Pont  Saint-Charles.   .   243, 

345,  253,  260 

Pont  Saint-Michel 269 

Portes.  .   .   .   io5,  i25,  179  3o2 

Ports  .    .   .    176,  214,  *285,  345 

Récollets 104,  227,  23i 

Remparts 217 

Saint-André-des-Arcs  .    .    .  25o 

Saint-Antoine  (abbaye)  .    .  264 
Saint-Antoine  (commande- 

rie) 149 

Saint-Barthélémy  (paroisse) 

249,  *25l 

Saint-Biaise    (chapelle)  .    .  140 
Saint-Christophe      (église) 

*i77,  246 

Sainte-Elisabeth  (église).   .  180 

Saint-Étienne-du-Mont  147,  282 
Saint-Eustache63,  I49,'i96, 

204,  221,  *247,  261,  267,  283 
Saint-François      de    Sales, 

(séminaire) 182 

Sainte-Geneviève    (abbaye) 

54,  233,  236,  *278 
Sainte-Geneviève    des    Ar- 
dents    *i77 

Saint-Germain  -  TAuxerrois 

*247,  *26o 
Saint  -  Germain -des  -  Prés 

148,  182,  196 

Saint-Gcrvais 54,  167 


[NDF.X    ALPHABETIQUE 


429 


Pages 
Paris 

Saint-Jacques  du  Haut-Pas 

•260,  *234 

Saint-Jean-en-Grève.   ...  i35 

Saint-Jeac-de-Latrau.  284,  236 

Saint-Landry  (paroisse).   5,  *i54 
Saint-Laurent  63,  i32,  217, 

221,  224 
Saint-Lazare    8,    i5o,    157, 

196,   2o3,  218,  225 

Saint-Leu-Samt-Gilles.   .   .  i55 

Saint-Marcel   .   .   141,  i54,  '250 
Sainte-Marguerite  92,  204, 

267,  283 
Saint -Martin -des -Champs 

*77,  2o3,  218,  *234 

Saint-Médard 2o3,  *234 

Saint-Merry i54 

Saint-Nicolas -des-Champs 

63,  147,  *i54,  *i58 
Saint-Nicolas-du-Chardon- 

net '48,  i52 

Saint-Paul 63 

Sainte-Périne 237,  271 

Saint-Roch    63,    181,    204, 

25i,  267,  282 

Saint-Sauveur 63,  i5n 

Saint-Séverin 140,  148 

Saint-Sulpice  .  8,  204,  282,  283 
Saint-Sulpice      (séminaire) 

i5o,  2o3 

Saint-\'ictor  (abbaye).    .   7,  '69 

Temple 218,  '226,  232 

Tour  Saint-Bernard.    .    .   .  279 

Trocadero 2(33 

Tuileries    ....  '63,  io5.  186 

Val-de-Grâce 234,  243 

Vilieneuve-sur-Gravois  .    .  *i8i 

Visitation '55 

Parlement  de  Paris  39,  41,  42, 

277,  3oi,  340 

Parmentiey,    chir *3o2 

Pascal  {Jacqueline) *3i 

Passart,  bienf.  de  l'H.-D.    .   .   .  i55 

Passy i?8,  167 

Pastoret 89 

Patin  [R.^  méd *3o3 

Paulet,  méd 272 

Pijj-ejî,  chan.  de  N.-D *33 

Payerne  [J.],  chir 92,  294 

Pellegé  (M.  de),  bienf.  de  l'H.-D.  149 

Pelletan  [P.-J.),  chir.   .   .    309,  339 

Penthièvre  [duc  dé) *26i 


Pages 
Pc  pin     'Laurent^,     ad  m  in.     de 

IH.-D 67 

Péronne 12b 

Perreau  (F.),  admin.  de  !"H.-D.  187 

Perreau  [Fabien),  méd 335 

Perrin,  admin.  de  l'H.-D.   ...  68 

Pen-iquet,  admin.  de  l'H.-D.   .  68 

Perrot  [J.),  admm.    de  l'H.-D.  219 

Personnel  de  l'H.-D.   .  85,   107,  289 

Pessaires  délivrés  à  l'H.-D.  .   .  314 
Peste  (voy.  Contagion). 

Petit  (A.),  chir 266,  270 

Petit  {J.),  chir 244 

Petit,  méd 32o,  322 

Petites-Maisons 182 

Petitpied.{Benjaniiu\  bienf.   de 

l'H.-D 167 

Petit-Pont  (chapelle  du).  .211,  234 

Peu  {Pli  ),  méd 290 

Picot  {Cil.),  chan.  de  la  Sainte- 
Chapelle i3 

Pierre  (opération  de  la)  à  l'H.-D.  179 

Pinaigrier,   maître  verrier.  .  .  220 
Pitié  (hôpital  de)  82,   i5o,  235, 

268,  *279,  281,  307,  3i3 

Plomb  à  l'H.-D *255 

Poitiers 9' 

Polallion  (M"»%  née  3/.  Lumague) 

5i,  234 

Pompes  à    IH.-D 260 

Pomponne  {Arnauld  de)   ....  167 

Pomponne  de  Bellièvre *243 

Pontcliartrain  (comte  de)    ...  i5i 

Pontoise ^7 

Portail,  présid.  du  Pari 32 

Portai  {Paul),  méd 290 

Porte  à  l'H.-D 128,  255 

Pot  de  Rhodes  {M'"'-) 1 58 

Pouillerie  à  l'H.-D ^21 

Poupart,  chir 3o5 

Poyet,  archit 23  i,  269,  270 

Prédicateurs  à  l'H.  D 1 1 

Prêtres  irlandais  à  l'H.-D.  .   11,  149 
Prévôt  des  marchands,  30,    40, 

41,  66 

Prévôts  de  la  santé.  .    40,  217,  3o2 

Primeville  (Anne) -^01 

Prisonniers   malades    à  l'H.-D. 

148,  204,  247,  25 1,  279,  307 

Prix  des  denrées  à  l'H.-D.   .    .  7^ 

Procès  de  l'H.-D i58,  279 

Processions  à  l'IL-O.    ...  28,  248 


'HOTl-L-DII-r    AV    XVIie    ET    XV    XVII 


Pages 

Promenoir   à  l'H.-D 274 

Protestants   malades   à  III.-D. 

57,  284,  285 

Puits  à  IH.-D.    .   .   .*i82,  241,  243 
Quêtes  pour  l'H.-D.      99,  160, 

192,  208,  209 

Quignon,  maître  de  l'H.-D.    .    .  5i 

Quinzc-^'ingts..   .    45,  53,  209,  278 
Raynier  de  Doré  {Gabrielle  du), 

bienf I?,  149 

Receveur  de  l'H.-D.  .   .  39,  42,  71 

Réfectoires  à  TH.-D 84 

Régime  alimentaire    à    TH.-D. 

3i8,  19 

Registres  d'entrée  à  l'H.-D.    9,  290 

Régnier 26() 

Reims 4°,  ?32 

Religieuses  augustines  à  l'H.-D. 

1^6,  20,  23,  36,  90,  266,  278,  344 

Religieusesde  province  à  l'H.-D.  91 

Renaudot  [Tliéophraste]   ....  179 
Rentes    sur   l'H.-D.     142,     i6n, 

188,  1S9 

Renty  (baron  de) 58 

Retraites  du  personnel  à  l'H.-D.  84 

Ret:[  (card.  de) 53 

Réverbères  à  l'H.-D 76 

Richelieu  (card.  de) 56 

Richelieu  (duc  de) 119 

Robineau  {A.),  admin.  de  l'H.-D. 

67,  89 

Roger,  recev.  de  l'H.-D i65 

Rohan  (duc  de) io5 

Rolland,  présid 2  36 

Romainville 227 

Rouen 93,  3oi 

Rouillé  {Elisabeth,  hiQui.  ...  i54 

Rungis i39,  235 

Sablé  (M""  de) 291 

Sacristie  à  l'H.-D 12,  245 

Sages-femmes    à    l'H.-D.      56,  i85 

289,  294,  295 

Saignée    à  l'H.-D.    .   .  91,  290,  335 
Sainctot,  admin.  de  l'H.-D.  184, 

218,  219,  234 

Ste-Agnès  (chapelle)  à  l'H.-D.  .  *237 
Ste-Anne    (hôp.)      68,  72,  195, 

234,  270,  271,  272,  3o3,  309 

Ste-Anne  (chapelle)  à  l'H.-D.    .  3o6 

St-Antoinc  (grenier)  à  l'H.-D.   .  3o6 

St-Brieuc 188 

Stc-Cathcrine   (hôp.).    .    .     128,  143 

St-Charlcs  (pont) 243,  255 


Pages 
St-Charles  (bâtiment)  à   l'H.-D. 

243,  252,  273,  274 

St-Cloud io3,  i55 

St-Esprit  (hôp.  du)  54,  io3,  i5o,  *25i 
Saint-Exupéri   {de),  chan.     de 

N.-D *6,  34,  59 

St-Jacques  (hôp.) 176,  209 

St-Jacques-du- Haut-Pas    (hôp.)  283 
St-Julien-le-Pauvre  (prieuré)  68, 

72,  137,  139,  255,  3ii 
Sl-Louis  (hôp.)    40,  63,  64,  96, 
123,  i32,  160,  171,  184,    195, 

216,    225,    259,    267,     278,    3oO,  320 

St-Marcel  (hôp.)     40,  217,  232, 

235,  3oo 
Ste-Marthe  (hôp.)  (voy.  Scipion). 

St-Merry  (hôp.)     .' 283 

St-Phar,  archit 269 

5NPrzA- (fondation)  à  l'H.-D.   .  *i48 

St-Quentin 93 

St-Sacrement  (Compagnie    du) 

46,  *i  i5,  285 

St-Sulpice  (hosp.) 320 

Ste-Valère  (maladrerie)    .    .  72,  140 

Salha  {de),  chan.  de  N.-D. ...  m 
Salles  à  l'H.-D.  : 

Bretagne 2  38 

Chambre  aux  draps   .   .  20,  21 

Infirmerie,  g,  211,  237,  261,  304 

Innocents 9 

Légat  9,  3o,  161,  214,  224,  261. 
Rosaire,   9,  ^84,  197,   240, 

253,   260,  274 

St-Augustin 9,  56 

St-Charles 147,  274 

St-Côme 9,  274,  304 

St-Denis,g,8i, 21 1,  237,274,  327 

St-François 274 

Ste-Geneviève 9,  274 

St-Jérôme 274 

St-Joseph 274,  286 

St-Landry  (grand   et  petit), 

63,  83,  274,  288,  3o6,  3o8 

St-Lazare 9 

St-Louis 274 

Ste-Marguerite 274 

Ste-Marthe    (voy.  Légat). 

Ste-Martine.  .    .    .274,  288,  3o6 

Ste-Monique 83,  274 

St-Nicolas    .  274,  287,  288,  343 

St-Paul 287,  343 

St-Roch 274 


INDEX    ALPHABETIQUE 


4-^1 


Pages 
Salles  à  l'H.-D. 

St-Thomas,  9,21 1,21 5,  237, 

2>8,  274,  3.8 

Ste-Thcrèse 274 

St-Yves 274,  339 

Salle  Jaune 9,     147,  261 

Salle  Neuve  ...    211,  237,  238 

Taillés  (les) 274 

Salpêtrière,  43,  67,  63,  i35,  263, 

8,  278,  *279,  288,  3o3,  307,  309 

Sartes  [de),  méd 56 

Sai-tiue  (de I,  lieux.  d(i  po\.     62,  *i3i 

Sauvegarde  royale i33 

Saviard,  méd 290,  304,  *298 

Sceau  de  l'H.-D *-244 

Scipion  (maison  de)    io3,  264, 

279,  288 
Scorbutiques    à     l'H.-D.,    et    à 

St-Louis 81,  279,  3o4 

Seaux   d'osier    pour    l'incendie 

à  l'H.-D 260 

Séguiei-  {M-"),  née  d'AUgve  .   .  5i 

Ségider  [Pierre) 149 

Seignelay  {mavc\u.\&  de) i3i 

Sénarpont  [M""  de),  bienf.   .    .    .  149 

Senlis     40,  134 

Sens 126 

Sercamanen  {M^^'' de) 3ii 

Service    de  santé  à  TH.-D.    6q,  329 

Service  des  salles 327,  340 

Services  généraux  à  l'H.-D.  320,  341 

5//i'<^,'méd é *324 

Silvestre  de  Sacy  (■/.),  adm.    de 

l'H.-D 89 

Simoji  [Gtiy),  bienf.  de    l'H.-D.  i54 

Sisteron 93 

caren  (i/.),évêque  de  Scnez.   .  3i 

Soissons 93,  3o3 

Soldats  malades  à  l'H.-D.  .   .   .  282 

Solier  de  La  RomilLiis,  cWw.   .  232 

Soucarière  (M""*  de) *53 

Souscription  en  faveur  des  hôp.  273 

Sous-sols  à  l'H.-D 274,  343 

Suède  (ambassadeur  de)  ....  285 

SicUy 218 

Su::^e  (comtesse  de) 11,  57 

Syphilitiques  à  l'H.-D 288 

Taille  (opération  de  la)  à  IH.-D. 

9,  i32,  298 
Talon  (CIi.-Fr.),  curé  de  Saint- 

Gervais 167 

Talon,  avocat  général 143 


l\iges 

Tanlay ,5^, 

Tanneguy,  admin.  de  l'H.-D.   .  221 

Teigneux  à  l'H.-D 277,  2-8 

Tenon.  86,  *269,  270,  275,  287, 

289,  309 
Terrains  (valeur  des)  de  l'H.-D.  1 36 
Terray  (abbé),  contrôleur  géné- 
ra'      *i57,  *266 

Testaments  à  l'H.-D.   .  9,    146,  i56 

Thélusson,  ambassadeur  ....  ig6 

Thériaque 323 

Thévenin,  chan.  de  l'H.-D.    .    .  m 

Thibaut  [A.),  chir 3o5 

Thour  (Le) i5o 

Thoicret  [M. -A.) 65,  89 

Tilière  [de],  admin.  de  l'H.-D. 

60,  69,  89 

Tisanes    à    l'H.-D 320,  322 

Toulouse 144,  *32i 

Tour  du  Limbe  à   l'H.-D.    ...  22 

Tournai 91 

Toiirnefort 299,  33o 

Totirnclles  {sœur  des)  à  l'H.-D. 

3n,  3i,  33 

Tours 94,  33o 

Transport  des  malades  282,  283,  3oo 

Travaux  scientifiques  à  l'H.-D.  33o 
Traversé   (M""    de),  née    An)ie 

Petaii 5 1 

Trémonille  (duc  de  La) io5 

Trésor   (M""°   du),  s. -femme    de 

l'H.-D 292 

Trinité  (cimetière)   7,  224,  248,  24g 
Trinité  (hôp.    de   la)   149,   i5o, 

175,  257 

Troncs  de  l'H.-D 67,  162 

Troyes 91,  100 

Turcs i88 

Turcnne  (maréchal) *i5i 

Turgot.   ...  87,  97,  200,  2o5,  *264 

Unions  de  biens  aux  hôp.  ...  137 

U:^ès  (duc  d") io5,  179 

Val  (G.  du),  méd 179 

Valence 127 

l'allant,  méd 291 

Vallot,  chan.   de  N.-D no 

Valois  {Marguerite  de) 5i 

Vassy  {de),  maître  de  l'H.-D.   .  59 

Vaugirard  (enfants  vénériens  à)  62 

Velîefaux  {CL),  archit..  .  .  21 5,  225 

Vendanges   de   l'H-D.  ...  74,  162 

Vendôme  (card.  de) 187 


4.->2 


h  HOTFL-DIEU    AU    XVIie    ET    AU    XVIIie    SIECLE 


Pages 

Vente,  admin.  de  TH.-D.   ...  89 

Ventes  d'immeubles igS 

\'entouses  (pose  de)  à  l'H.-D  .  .  89 

Vergennes  {de),  min.  .   .   .  224,  *325 

Veniage,  méd *j>24 

Vemiqjiet,   archit *2  3i 

Véroles  à  1H,-D 277,  279 

Versailles.  ......    63,  299,  *33i 

Vertamont  {de),  chan.  de  N.-D. 

M4,  i5 

Vestier  {Ant.),  peintre '89 

Vêtements  des  malades  .  .  279,  3 16 

Viande  de  boucherie.  ...   7?,  76 

Viel  {C.-F.),  archit *263 

Vienne 127 

Vierge  du  Petit-Pont   .  .  .  '173,  *238 
Vigucfon,    admin.    de    l'H.-D. 

69,  196,  3o8 

Villars  {Col  de),  méd.  .  .  *287,  322 


Pages 

N'illejuif i3i,  140,  265 

Villeroy  (maréchal  de).   .   i25,  186 
Villesavin    (M""»    de),   veuve    de 

Pliélippeaux 60 

Vin  (distributions  de)  à  l'H.-D. 

3ig,  323 

Vincennes io3,  io5 

Vincent  de  Paul.   .  11,   5o,  56,  145 

Vintimille{de),aTch..  de  Paris  i5,  38 

Violle  {M"'),  dame  de  charité.  .  5  ! 

Visitedes malades  à  l'H.-D.  *282,  345 

Visite    des  chan.    à  l'H.-D.  .  3,  6 
Visite  médicale    à  l'H.-D.    287, 

290,  3io,  326 

Vitry 1 38 

Vols  à  l'H.-D 317,  344 

Voltaire: 191,  *262,  272 

Vrillière  {de  La) 92 

Young  {Michel),  méd 92 


TABLE     DES    ILLUSTRATIONS 


1.  —  L'entrée  de  l'Hôtel-Dieu  sur  le  Parvis,  d'après  Van  Merlen  (xvii»  s.). 

2.  —  Le  bâtiment  du  Rosaire  et  le  pont  au  Double,  d'après  Isaac  Silvestre 
(xvii-  s.). 

jî.  —  \'ue  de  rHùtel-Dieu,  d'après  Isaac  Silvestre. 

4.  —  L'entrée  de  l'Hôtel-Dieu  sur  la  rue  de  la  Bùcherie  (portail  de  Gamard), 
d'après  Mariette  (xvii«  s.). 

5.  —  Perspective  des  ponts  de  l'Hôtel-Dieu. 

6.  —  Le  bras  de  Seine  entre  les  bâtiments  de  l'Hôtel-Dieu. 

7.  —  Vue  panoramique  de  l'hôpital  Saint-Louis  au  xvii"  siècle. 

8.  —  Les  bâtiments  de  l'hôpital  Saint-Louis,  d'après  Mariette  (x%-ii«  s.). 

9.  —  L'église  de  l'hôpital  Saint-Louis  (xvii»  s.). 
10. —  Saint-Julien-le-Pauvre. 

II. —  Reconstitution  d'un  grand  lit  de  l'Hôtel-Dieu. 

12. —  L'intérieur  d'une  salle  au  xvii»  siècle,  d'après  une  estampe  de  la 
Bibliothèque  nationale. 

i3. —  Les  bâtiments  de  l'Hôtel-Dieu  sur  la  rive  droite  (xix»  s.). 

14. —  Les  cagnards  de  l'Hôtel-Dieu  sur  la  rive  droite,  d'après  une  eau-forte 
de  Brunet-Debaines  (xix*  s.). 

i5.  —  Démission  collective  des  administrateurs  (i5  avril  1790),  fac-similé 
du  registre  des  délibérations. 

16.—  Plan  de  l'Hôtel-Dieu  avant  l'incendie  de  1772. 

17. —  Plan  de  Saint-Louis,  d'après  Clavareau  (xviii»  s.). 


TABLE     DES     MATIERES 


PRÉFACE 


BIBLIOGRAPHIE vu 

Manuscrits vu 

Archives  de  l'Assistance  publique vu 

Archives  nationales vu 

Bibliothèque  de  l'Arsenal xvi 

Bibliothèque  nationale xvi 

Bibliothèque  de  l'Académie  de  médecine xxii 

Archives  de  la  Préfecture  de  police xxii 

Bibliothèque  historique  de  la  Ville  de  Paiis.    . xxiii 

Bibliothèque  du  xvi»  arrondissement xxiii 

Bibliothèque  du  séminaire  de  Saint-Sulpice xxiii 

Archives  de  la  Seine xxiii 

Bibliothèque  de  la  Chambre  des  députés xxiv 

Bibliothèque  du  Sénat xxiv 

Archives  du  ministère  des  affaires  étrangères xxiv 

Bibliothèque  de  l'Institut xxv 

Archives  notariales xxv 

Bibliothèques  et  archives  de  province xxv 

Imprimés xxvii 

Ouvrages  sur  l'histoire  de  Paris xxviii 

Ouvrages  d'histoire  administrative  et  hospitalière xxix 

Ouvrages  sur  l'Hôtel-Dieu xxxi 

ICONOGRAPHIE xxxiii 

Bibliothèque  nationale xxxiii 

Musée  Carnavalet xxxiv 

Musée  du  Louvre xxxiv 

Archives  de  l'Assistance  publique xxxv 

Archives  nationales • xxxv 

Bibliothèque  historique  de  la  Ville  de  Paris xxxv 


CHAPITRE  PREMIER.—  L'ADMINISTRATION i 

Le  Chapitre 3 

Le  maître  au  spirituel 4 

Les  frères 6 

Les  chapelains 7 

Les  religieuses  ...          18 


436  r.'HOTEL-DlEU    AU    XVII«    ET    AU    XYIII"^    SIECLE 

La  MuNiciPALiTiî 39 

Le  Parlement 42 

La  Compagnie  du  Saint-Sacrement 46 

Les  dames  de  charité 48 

Le  coup  d'État  de  1771 5g 

Le  Pouvoir  central 61 

Le  lieutenant  général  de  police 61 

L'inspecteur  général  des  hôpitaux  civils 64 

Les  administrateurs 65 

Fonctions  des  administrateurs 66 

Les  salariés 70 

Garçons  et  filles  de  service 82 

Le  personnel  à  la  fin  du  xviu»  siècle 85 

Les  administrateurs  à  la  fin  du  xviu"  siècle 86 

CHAP.  IL—  LES  REVENUS 95 

Les  privilèges 96 

Les  pardons  et  les  quêtes 97 

La  boucherie  de  Carême 100 

Les  lits  de  chanoines iio 

Les  droits  attribués 1 1 1 

Les  saisies 1 1 1 

Les  amendes 1 1  3 

Les  droits  sur  les  vins ii3 

Les  confiscations  des  biens  des  duellistes ii5 

Les  droits  sur  les  spectacles 116 

Les  loteries 121 

PÉAGE  DU    PONT  AU    DoUBLE 122 

Exemptions  de  taxes i23 

Le  domaine i36 

Les  legs  et  fondations 142 

Lés  fondations  de  lits 146 

149 


Les  fondations  onéreuses  . 
L'exécution  des  testaments 


Les  budgets i5q 

Les  finances  au  xvii"  siècle 159 

L'équilibre  budgétaire  au  xviir  siècle 167 

La  lutte  pour  le  monopole  des  libéralités 174 

Les  crises  financières:  emprunts  et  rentes  viagères  ....  1S4 

CHAP.  m.-  LES  BATIMENTS 211 

Projets  d'agrandissement  AU  xvi°  SIÈCLE  . 212 

Reconstruction  des  salles  (1610) 2i5 

Construction  de  Saint-Louis 216 

Les  Maisons  de  santé  Saint-Marcel  et  Sainte-Anne 232 


tablp:  des  matières  437 


Réparations  et  transformations  au  xvii°  sikci.r 2'i-] 

La  chapelle 24? 

Les  cimetières 247 

Les  constructions  du  xviii*  siiIcle 232 

Le  bâtiment  Saint-Charles  (1714-1719) 252 

Les  greniers  à  blé  {1722) 234 

Le  bâtiment  des  archives 253 

Les  incendies  DE  1737,  1742,  1772 258 

Les  projets  de  reconstruction  a  la  veille  de  la  Riîvolution  2G2 

CHAP.  IV.—  LES  MALADES 277 

Les  diverses  catégories  de  malades 277 

L'office  des  accouchées 286 

L'office  des  taillés. 295 

Les  contagieux  et  les  scorbutiques 3oo 

Les  convalescents 3io 

Le  traitement  des  malades 314 

L'outillage  hospitalier 314 

Le  régime  alimentaire 3 18 

Les  médicaments 32 1 

Le  service  médical 320 

Les  opérations 33o 

Les  dissections  .   .    .    .• 336 

Les  ((  offices  »  à  la  fin  du  xviii"  siècle 340 

CONCLUSION 347 

APPENDICE 

LE  DOMAINE 333 

Domaine  urbain 333 

Domaine  rural 375 

Rentes  foncières 389 

PIÈCES   JUSTIFICATIVES 391 


Errata  

Indkx  alphabétique.  .  . 
Table  des  illustrations 


MONTÉVRAIN.  —    ImP.   DE   l'ÉCOLE   d'aLEMBEUT 


53C 


\ 


362.110944  F752Hc.l1 

Fosseyeux 
L'Hotel-Dieu  de  Paris  au 

iii|iiilliiiiii|iiiir 


3  0005  02023995  3 


362.110944 

F752H 

Fosseyeux 

L'Ho^el-Dieu  de  Paris  au 
^11   et  au  XVIII^  siècle 


I  362.110944 
F752H 


Fosseyeux 

-Dic„ 
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)sseYeux 
L'Hbtel-I 


Dieu  de  Paris  au  XVII^ 
et  au  XVIII®  siècle