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THE LIBRARY
:e Ontario Insti
for Studies in Education
Toronto, Canada
REPUBLIQUE FRANÇAISE
LIBEU 1 É— ÉGAI.l lÉ— inATlCHNn É
Administration générale de l'Assistance publique à Paris
L'HOTEL-DIEU
DE PARIS
AU XVir^ET AU XVIir SIECLE
Marcel FOSSEYEUX
DOCTEUR ES LETTRES
SOUS-ARCHIVISTE DE l'aSSISTANCE PUBLIQUE
BERGER-LEVRAULT ET C'% ÉDITEURS
PARIS
3, RUE DES BEAUX-ARTS
NANCY
l8, RUE DES GLACIS
T' 'î
PREFACE
■< Il faudrait avoir souvent dans l'esprit le
contraste d'une fêle de Versailles, d'un Opéra
de Paris, où tous les plaisirs et toutes les muni-
ficences sont réunies avec tant d'art, et d'un
Hôtel-Dieu, où toutes les douleurs, tous les
dégoûts de la mort sont entassés avec tant
d'horreur. »
VohrwRE {Dicl.p/iilns., art. Charité).
« La Bibliothèque historique de la France m'a in-
diqué tous les historiens qui ont écrit sur Paris. Je me
les suis procurés, et j'en ai extrait tout ce qui concerne
THôtel-Dieu... Les Malingre, les Lamarre, les Félibien,
les Sauvai, les Lebeuf, les Piganiol, les Jaillot m'ont
fourni seuls tous les faits, toutes les ordonnances, tous
les titres et tous les règlemens dont j'offre une suite
chronologique depuis 660 jusqu'en 1787... Je ne parle
point des archives de T Hôtel-Dieu, je ne les ai point
consultées (i) : je le devois, je le désirois beaucoup: mais
MM. les Commissaires de l'Académie des sciences ont
eu besoin, pour leur travail, de renseignemens bien
moins essentiels que ceux d'une communication d'ar-
(i) Toutefois Ruiidonneau a pu a voir connaissance des différenis « Kiats au vrai "del'H.-D.,
qu'il a succinctement analysés: celui de i6.)o à la bibl. Mazarine, celui de i(53i à la bibl. des
l'éres de la Doctrine chrétienne, celui de i6()3 à la bibl. du Roi, avec beaucoup d'autres
pièces intéressantes concernant l'II.-D. dans un portefeuille qui est étiqueté, dit-il (p. 121),
..hôpitaux de Paris ...
Il I, HOTF.L-DIKf AT- XVII"' ET AU XVIII" SIECLE
chivcs : ils les ont demandés, et n'ont rien obtenu. »
C'est en ces termes que Rondonneau de La Motte
indique les sources de son Essai historique sur l'Hôtel-
Dicu de Paris, paru en 1787, « chez Tauteur, à T Hôtel
de Noailles, rue Saint-Honoré, près la place Vendôme,
chez Nyon Taîné, libraire, rue du Jardinet, et chez tous
les libraires qui vendent des nouveautés ».
La démolition partielle de THôtel-Dieu venait d'être
décidée, ainsi que sa reconstruction, et Rondonneau, en
dédiant son livre à tous les « citoyens qui ont souscrit en
faveur des quatre nouveaux hôpitaux « (i), pensait que
la circonstance était favorable pour présenter au public
l'histoire « d'un hôpital célèbre par son ancienneté, par
les bienfaiteurs illustres qui ont accru à la fois ses bâ-
timens et ses revenus, par le zèle et la charité sans
bornes avec lesquels on y a toujours accueilli et traité
également le citoyen et l'étranger, le chrétien et le turc,
le juif et l'idolâtre, de quelque sexe et condition qu'il fût ;
par la sagesse des règlemens qui l'ont rendu florissant ;
par les malheurs qu'il a essuyés ; enfin par les circons-
tances qui se sont réunies depuis cinquante ans, pour
faire réclamer à bon droit, du gouvernement, son dépla-
cement et sa reconstruction ».
Mais il ne se faisait pas lui-même illusion sur les
lacunes que pouvait contenir son « Essai », puisque
les archives de l' Hôtel-Dieu ne s'étaient point ouvertes
pour lui,/ pas plus que pour Tenon ; nous pouvons encore
mieux juger que lui de l'insuffisance de son œuvre, essen-
tiellement de circonstance (2), et sur laquelle il est inu-
(1) Il don ne lui-môme à la suite de son épître dédicatoire les 3 premières listes des sous-
cripteurs qui ont versé lo.ooo livres et au-dessus, et dont les noms devaient être inscrits
sur quatre tables de bronze, à l'entrée de chacun des quatre hôpitaux projetés.
(2) Lapprobalion, datée du 23 avril 1787, et donnée par ordre de monseigneur le garde
des sceaux, indique que cet ouvrage est « exécuté de manière propre à faire naître dans le
cœur des citoyens le désir de concourir au bien d'un établissement si uiile à riiumanité».
Il se termine par une lettre d'un philanilirope à l'auteur, «sur quelques nouvelles ressources
que la bienfaisance nationale peut offrir au gouvernement pour la construction et l'ameu-
blement des quatre hôpitaux », en particulier le projet d'un ouvrage périodique intitulé :
"Annales de la bienfaisance» ou «Journal des âmes sensibles ».
tile d'insister : c'est une compilation d'historiens, qui ne
font eux-mêmes que se répéter les uns les autres, et qui
sont à peu près négligeables pour nous.
Plus heureux que Rondonneau, nous avons main-
tenant à notre disposition la magnifique collection des
archives de THôtel-Dieu, qui seule pouvait permettre
d'en écrire l'histoire. Le temps a déjà fait son œuvre
de destruction, et les liasses, les registres tenus et
dissimulés avec tant de soins ne sont plus intacts. Du
moins ce qu'il en reste présente un ensemble assez vaste
pour qu'il soit permis, sans trop de lacunes, de recons-
tituer la vie de cet établissement qui tient une place
si importante dans le Paris de l'ancien régime. De
plus, le recul du temps permet aujourd'hui d'en juger
sans passion, comme sans réticences, l'administration
et son fonctionnement.
C'est ce qu'a fait, pour la période du moyen âge,
M. Coyecque, dans les deux volumes parus en i8gi
dans la Collection des Mémoires dé la Société de
l'Histoire de Paris. Son Histoire de V Hôtel-Dieu au
moyen âge, suivie de publications de documents pour
la période comprise entre i3i6 et i552, comprend
une époque bien distincte dans l'histoire du grand
hôpital parisien ; l'érudition, la clarté de cette étude,
que l'on peut considérer comme définitive, interdisait
d'y revenir. Restait à entreprendre pour l'ancien
régime, c'est-à-dire plus spécialement pour les xvii" et
xviii" siècles, ce que M. Coyecque avait fait pour la
période antérieure. Aussi bien diverses études frag-
mentaires ou publications de textes ont été entreprises
concernant cette période, mais l'intérêt qu'elles pré-
sentent ne faisait que plus vivement sentir l'absence
de tout travail d'ensemble. Malgré les deux volumes
d'extraits des i6i registres des délibérations du Bureau
de THôtel-Dieu de i 53i à 1792, publiés par Brièle dans
la Collection des documents pour servir à l'histoire des
i.'hotkl-dif.i; au xvii'^ kt au xvni'' siixle
hôpitaux de Paris (i) (t. ï et II, i88i-i883) ; malo-ré les
extraits puises dans la collection des 25o cartons des dons
et lei^s, qui forment presque en entier le tome IV des
documents précités ; maloré les Notes sur l'ancien
Hôtel-Dieu de Paris relatives à la lutte des adminis-
trateurs laïques contre le pouvoir spirituel et aux abus
et désordres commis par les religieuses et les chapelains
de i5o5 à i-jSg (2), publiées par A. Rousselet en 1888,
et extraites des liasses en ^rrande partie, malgré Touvrage
intitulé l'Hôtel-Dieu de Paris et les sœurs augustines
(65o à 1810) de A. Chevalier (3), écrivant surtout pour
glorifier les sœurs du temps passé, alors que le précédent
auteur était préoccupé d'en rechercher les tares, l'his-
toire de r Hôtel- Dieu restait à écrire, et nous Favons
tenté.
11 n'y a pas lieu d'insister longuement sur les sources
utilisées. L' Inventaire-Sommaire, publié par Brièle,
de 1881 à 1886 (4), et le Récolement des archives histo-
riques des hospices, et hôpitaux de Paris (5) renseignent
utilement, malgré les quelques lacunes qui s'y rencontrent,
sur ce que les archives de l'Assistance publique possèdent
concernant THôtel-Dieu (6). Ajoutons-y le fonds nouveau
qui est venu récemment compléter cet ensemble (7), qui
a été notre véritable champ d'exploration.
(1) C'est à bon droit que M. Coyecque regrette qu'à cette publication fragmentaire, d'une
utilité trop restreinte, on n'ait pas préféré l'établissement d'une table générale des matières
des noms de personnes et des noms de lieux contenus dans ces 161 registres (o. c, p. 7).
(:) Paris, 18H8, \n-A'. I»ublication du Progrès médical, 232 p., avec préface du D"' Bour-
ncville. II s'agit, dit, dans sa préface, l'auteur qui s'est borné à recueillir des citations liabi-
lement choisies, « de fournir des arguments à tous ceux qui, comme nous, voudraient voir
tous les établissements hospitaliers de France enlevés aux religieuses et confiés à des la'ïques.
Nous espérons que ces notes ouvriront les yeux aux ennemis de la laïcisation, celle œuvre
philantliropiquc et éminemment républicaine» (p. xxxii).
(3) Paris, Champion, Hioi, in-8», 353 p.
(t) La publication, entreprise en 1866, chez P. Dupont, était achevée en 1S71, mais fut
anéantie à cette époque avec une partie des archives. La réimpression eut lieu en 1881 pour
le t. L en 1884 et 1886 pour les 2 autres tomes.
(?) Paris. 1876, 1*10 p. Réimprimé en annexe au rapport 65 du Conseil municipal (igoS).
((",) Sur les arch. de l'A. P., voy,. H. Bordier et L. Brièle, les Arcli. hospitalières de Paris-
Paris, 1877. in-8», et bibi. de IKcole des Chartes, XXXIL 223-225.
(71 .\. Mesureur et Fosseyeux, les Arcli. de l'A. P., Luc Addition au fonds de l'H.-D. :
Paris, j<)(>5, in-8«.
Les ditTércnts autres dépôts publics contiennent éga-
lement un certain nombre de manuscrits et de pièces sur
riIôtel-Dieu. Nous en avons établi la liste aussi complète
que possible. Ces pièces ont été pour nous un contrôle
plutôt qu'un enseignement ; car la plupart nous étaient
déjà connues par le fonds de l'Assistance publique, dont
elles forment des « doubles », des « expéditions »
On verra que nous avons volontairement limité notre
sujet à la période qui commence vers 1610 environ, pour
finir à 1789. Nous n'avons pas cru devoir empiéter sur
répoque révolutionnaire qui forme une phase critique de
riiistoire hospitalière, et qui à elle seule mériterait une
étude particulière. D'autre part, si au début de quelques
chapitres nous avons cru devoir remonter à une date an-
térieure à 16 10, c'est qu'il nous fallait, pour l'explication
des faits, renouer le passé au préseni. Enfin, nous avons
laissé de côté l'histoire des Incurables, bien que son
administration ne fût qu'un rameau détaché de celle de
l'Hôtel-Dieu, parce qu'elle nous eût entraîné trop loin et
qu'elle a fait déjà l'objet de publications sérieuses, mais
incomplètes (i).
Il n'en était pas de même de Saint-Louis que nous ne
pouvions, sous peine de lacune grave, détacher de notre
sujet pour la période qui nous occupait, et qui, d'ailleurs,
à tous points de vue, faisait partie intégrante de THôtel-
Dieu. Telle que nous l'avons ainsi restreinte, notre étude
présentait encore assez d'ampleur et de variété pour
former un chapitre vivant et pittoresque de la vie pari-
sienne de Tancien régime.
Nous tenons en terminant à adresser nos remercie-
ments à M. G. Mesureur, directeur général de l'admi-
nistration de l'Assistance publique, dont la sollicitude
éclairée pour les lettres nous a été un précieux cncoura-
(1) 11. Feulaid, IHûpiUrl Laciincc, ancien /loairicc des Incurables {lô^^-t^^-i) : l':'"''*'.
iS8^, in-4% 107 p.— L. Bricle, De rOriffine Jr /7/'-r/,-.- Av hunrjh!.->: l-r. Joulcl Je
Cliàtillon; Paris, in-8", i883, 72 p.
L HOTKL-niKf AU WII* ET AU XYIIl'' SIKCLK
gemcnt,àM. André Mesureur, archiviste de l'adminis-
tration de TAssistance publique, qui n'a cessé de nous
donner les conseils d'un ami, à MM. Hayet, directeur
de l'Ecole d'Alembert, Flo^ny et David qui, en relisant
nos épreuves, nous ont fait profiler de leur expérience et
de leur savoir.
M. FOSSEYEUX
BIBLIOGRAPHIE
MANUSCRITS
ARCHIVES DE L'ASSISTANCE PUBLIQUE
Les Archives de l'Assistance publique ont été la principale source de notre
travail.
Pour les xvir et xv!!!" siècles, les deux grandes collections les plus impor-
tantes concernant l'H.-D. sont celles des cartons de dons et legs et des registres
de délibérations. Nous renvoyons, pour leur inventaire, aux ouvrages suivants :
L. Brièle, Inventaire-Sommaire des Archives de l'Assistance publique
(t. I et II, H.-D.) ; Paris, i- éd. 18G9-1870, 2" éd. 18S2-1884, in-4».
L. Brièle, Documents pour servir à l'histoire des hôpitaux de Pai-is; Paris,
Impr. nat., 4 vol., i88i-i885 (i).
L. Brièle, Récolement des Archives historiques de l'Assistance publique qui
ont échappé à l'incendie de mai 1871, dressé en 1876. (Ce récolement a été
reproduit in extenso en annexe au Rapport 65 du Conseil municipal, session
de igo3.)
A. BoiNET, Catalogue des manusci-its des Archives de l'Assistance publique ;
Paris, 190g, in-8. (Public, du min. de l'instr. publ.)
A. Mesureur et M. Fosseveux, Une Addition au fonds de l'Hôtcl-Dicu ;
Paris, 1905, in-8».
M. Fosseveux, Accroissement des séries des Archives de l'Assistance
publique (1902-1912); Paris, in-8'' (sous presse).
ARCHIVES NATIONALES
série B
B- marine 220, n° 5 10. Dépêche de la marine sur l'escorte des barques
chargées de blé pour l'H.-D. (1710).
B3 marine 140, fol. 52-53. Mémoire des administrateurs à Pontchartrain,
au sujet d'une somme de 10.000 1. placée à la « grosse aventure » sur 3 na-
vires : le Maurepas, la Toison, le Saint-Louis, et due par la Compagnie des
Indes (1710).
(Il Ces volumes reproduisent un choix, malheureusement arbitraire, des délibérations
du liurcau de IH.-D. de i53i à 1790 (t. I et 11), des extraits de la collection des compte»
(i364-i599) (t. III), des extraits de la collection des dons et legs, .wir-wiii» s. (t. IV).
II
l'hOTF.L-DIEI- au XVI le ET AU XVIIle SIF.CLE
ShRIE E. — CONSEIL DES FINANCES ET CONSEIL D ETAT
E 9040, n« 174. Arrct du 27 nov. 1717 accordant pour les provisions
de l'H.-D. un 1/2 muid de franc-salé en supplément de la provision habi-
tuelle.
E <i''i4», n- 3. Arrêt du i" fcvr. 1723 accordant à l'H.-D. la franchise du
péage de l'a Tour de Ban sur le Rhône, pour 184 pièces voiturées en 1720.
É 9<io*, n- 3«_). Arrêt du 29 mars 1723 accordant à l'H.-D. la franchise pour
400 muids de vin en sus des 800 muids ordinaires.
E 1053», n* 73. Arrêt du 17 janv. 1730 (eaux et forêts) ordonnant la mise
du quart de réserve dans un canton de bois appartenant à l'H.-D. dans le
ressort de la maîtrise de Sainte-.Menehould (baronnie du Thour) et le règle-
ment en surplus en coupes à l'âge de 25 ans;— n» jb, arrêt du 17 janv. 1730
ordonnant la mise du quart en réserve et le règlement des coupes de 25 ans
dans les bois de l'H.-D. situés dans le ressort de la maîtrise de Clermont
en Beauvoisis (Charmont, le Bellay, etc.); — n» 80, arrêt du 17 janv. 1730
ordonnant le règlement des coupes de bois dépendant de l'H.-D. situés dans
la maîtrise de Lion en Normandie, à l'âge de 25 ans; — arrêt du 17 janv.
1730 ordonnant le quart en réserve, le règlement d'une coupe de bois de
25 ans, et permettant la coupe de 62 chênes dépérissants, dans le dépar-
tement de Blois et Berry.
E 10571^, n» i33. Arrêt de la Cour des aides du 23 mai 1730 déchargeant
l'H.-D. des droits du pont de Joigny et d'entrée à Paris de 400 muids de vin,
outre les 800 muids habituels pour 1728-1730.
E io59T>, n" 160. Arrêt du 25 juill. 1730 déchargeant TH.-D. des droits du
pont de Joigny et d'entrée à Paris de 400 muids de vin, outre les 800 muids,
pour l'année 1729-1730.
E 1078s n" r5. Arrêt du 5 févr. 1732 déchargeant l'H.-D. des droits
d'entrée de 400 muids de vin pour l'année 1730-1731.
E 1082, n' i3. Arrêt du 6 mai 1732 déchargeant l'H.-D. des droits du pont
de Joigny et d'entrée de Paris de 400 muids pour l'année 1 731-1732.
E 1090-*, n" 20. Arrêt du 3 février 1733. — Id., pour l'année 1732-1733.
E 1681B, n" II. Arrêt du 12 septembre 1790 confirmant la réserve faite
dans le bois de la baronnie du Thour et permettant d'exploiter à mesure jJes
des coupes ordinaires les arbres anciens.
E 1876, 25 août 1693. Rejet d'une opposition des administrateurs de
l'H.-D. et de IHôp. gén. contre le brevet et les lettres patentes de déc. 1691
faisant don et remise d'une somme de 20.000 livres empruntée sur les deniers
du Consistoire de Charenton par feu sieur prince de Tarente, par obligation
du i5 nov. 16Ô7, passée au profit de M' Charles Soulet, avocat, suivant la
requête présentée par Ch. duc .de la Trémouille, prince de Tarente et de
Talmont, pair de France, et appartenant à S. M. en vertu de l'éditd'oct. iG85
portant révocation de l'édit de Nantes.
E 1887, i"' août 1694. Arrêt levant la surséance portée par les lettres d'Etat
obtenues et à obtenir par le C'° de Marans contre les administrateurs de
l'H.-D. en vertu de la déclaration du 23 mars 1680.
S:iRIE F. — ADMINISTRATION GÉNÉRALE DE LA FRANCE
Procès-verbaux du Conseil de commerce. — F<2 85, p. 124, 28 févr. 1738.
Mémoire des administrateurs de l'H.-D. demandant la permission de tirer
d'.\nglctcrre, en exemption de droits, du plomb et de l'étain pour la recons-
BIBLIOGRAPHIE IX
truction Je cet hôpital récemment incendié. Examen de la question desav-.ir
s'il convient de permettre en général l'eiUiée du plomb et de l'étain venant
d'Angleterre. (L'inventaire anal3'tique des procès-verbaux du Conseil de
commerce (1700-1791) a été dressé par P. Bonnassieux, igoo, in-4".)
F'"' i3S. Contient diflcrents mémoires envoyés à Turgot en 1774 et 1775 pour
la réforme des hôpitaux, et principalement de l'H.-D.
F'"' 243. États- de situation de la caisse des hôpitaux (1789-1790).
Fis 245. Contient quelques pièces concernant l'H.-D. : demande de location
d'une boutique se trouvant dans les nouveaux bâtiments à l'encoignure du
pont et de la rue de la Bùcherie (1781); demande de fourniture de lits (1781) ;
demande d'entreprise de travaux, etc.
Fu. 397. Ne concerne pas spécialement l'H.-D., mais on y trouve l'état des
sommes payées sur le Trésor royal aux maisons religieuses pour leur tenir lieu
des droits d'entrée sur les vins, d'après l'arrêt du 3 juin 1788 (l'M.-D. y figure
pour une somme de 212.000 1.)
Fi'' 1956. Travaux de reconstruction de l'Il.-D. (17S3-1788).
SKRIE G. — .\DMINISTRATIOXS FINANCIÈRES
Papiers dit contrôle général. — G-" 440. Dossier concernant les droits
d'entrée. Tableaux donnant la consommation de l'H.-D. et des Incurables en
bœufs, moutons, veaux, de 1708 à 171 3, et pendant les 6 premiers mois
de 1714.
SÉRIE H. — ADMINISTRATION PROVINCIALE
Délibérations du Bureau de la Ville de Paris, etc.— H- 1778-1880. Outre la
collection des registres de délibérations de la Ville de Paris C1499-1784)
(H'- 1 778-1 880), en cours de publication sous les auspices du service des travaux
historiques de la N'ille de Paris, il existe aux Archives nationales un carton de
copies de diverses délibérations concernant les hôpitaux et hospices au xvii" et
xviii» s. parmi lesquelles les suivantes concernant l'H.-D :
Hi 1452. Ce carton contient un dossier concernant l'H.-D. (1772-1789),
notamment des mémoires et projets sur la reconstruction de l'hôpital
après l'incendie de 1772, des plans de reconstruction à St-Louis, aux Capucins
du faubourg St-Jacques, et d'agrandissement sur l'emplacement actuel, un plan
de ril.-D. au moment de l'incendie, une proposition" du s' Frenard sur un
nouvel emplacement à donner à l'H.-D., la minute d'un plan de réforme
(avril 1778), une copie des protestations du Bureau contre l'établissement d'une
caserne dans les locaux des archives (178g),
H2 1964(1601-1786). Hôpitaux et établissements de bienfaisance;
Demandes d'autorisations de pardons adressées par le prévôt des marchands
au St-Siège (14 août 1601, 9 août 1616, 10 décembre 1629);
Présentation au Parlement d'aministrateurs de l'H.-D. (1654-1786);
Mandement de l'archevêque de Paris au sujet de l'incendie de 1772, et arrêt
du Parlement ordonnant des quêtes en faveur de l'H.-D. (1772);
Lettres de Terray au prévôt des marchands et de Morat, directeur des
pompçs.
(Les autres pièces concernent le St-Esprit, la Charité, les Haudriettes, l'hos-
pice de M™» Necker, etc.; l'administration provinciale; mélanges; atîairesdiverses.)
IF' 3663'^. Comptes 1457-1458.
H^ 3664*. Comptes 1465-1466.
IP 3665*. Comptes 1492.
H^ 3666*. Comptes i495-i5o5.
I.'hOTKL-DIKU au XVII<= KT au XVIII" SIECLE
(Nous n'indiquons que pour mémoire ces comptes qui ne se rapportent pas
à la période que nous étudions.)
SIÎBIE K. — MONUMENTS HISTORIQUES
Copies de Charles.— K 179, liasse 22. i3 pièces sur l'H.-D.
K 180, liasse 3. i3 pièces sur l'H.-D.
K 182, liasse i. 26 pièces sur l'H.-D.
Mlle de Paris.— K 953. Deux sentences de la prévôté de Paris en faveur
de l'H.-D. contre des propriétaires de maisons rue de la Mortellerie chargées de
cens et redevances envers l'H.-D. (i526).
K 9(34. Arrêt pour faire payer des sommes dues à l'H.-D. (i536).
Saint-Germain-des-Prés.— K 1024, I à V. 109 pièces concernant l'H.-D., puis
diverses pièces concernant l'Hôpital général, les Incurables, St-Jacques-aux-Pèle -
rins.
Statut imprimé du Chapitre de l'Eglise de Paris donnant à l'H.-D. les
lits des chanoines (1168) avec divers arrêts du Parlement (Le Prest., 1681).
Liste d'administrateurs.
Extrait des registres des cnsaisinemcnts de l'abbaye de St-Germain-des-Prés,
de l'année 1671.
Vente d'une pièce de terre à l'hôpital des Incurables par la famille de La
Baroullicre (1657).
États au vray... de IM.-D. Impr., xvii" s.
Contrats, expéditions de quittances et transactions concernant les droits
d'indemnité dus par l'H.-D. à l'abbaye (xvii» s.) et acquisitions faites par l'H.-D.
dans la censivc de St-Germain-des-Prés.
Arpentage des terres du Grand-Pressoir (1735).
Rapport des commissaires de l'Académie des sciences sur le projet d'un
nouvel H.-D. (1783).
SÉRIE L. — MONUMENTS ECCLÉSIASTIQUES
Chapitre (Archevêché).— L Sgo à SgS (olim 532 à 537).
L 590, I 3 20. Fondations, originaux (1122 à 1480);— 22 à 26, inventaires
d'objets et biens des religieuses (1498-1522); — 27, extrait des registres capi-
tulaircs de Notre-Dame touchant l'H.-D. du 8 sept. i326 au 7 août 1695 ;
41 cahiers in-4"' sans pagination (manquent les n" 28, 29, 3o). A la fin se
trouve copie d'un mémoire pour le Chapitre de Paris touchant sa juridiction
spirituelle; copie d'un cahier écrit de la main de Cl. Joly, chantre de
Notre-Dame ; — 28 à 29, arrêts du Parlement (i5o5-i696); — 36, «état au
vrai » de i663, i broch; — 37 à 39, mémoire sur la maladie qui a attaqué les
femmes en couches (1782) avec extrait des registres des délibérations des
6 mars et 3o avril 1782.
L 591, I à 5i (1373 à 1754). DitVércnts arrêts, édits et extraits de délibéra-
tions capitulaires (86 pièces).
L 592, I à 42 (i38 pièces). Procès criminels faits par le bailli du
Chapitre (i5i5-i634); sentences et informations, avec de curieux certificats
médicaux.
L 593, I à 5i. Rentes dues au Chapitre de Notre-Dame sur diverses maisons
à Paris (xvu' et xviu» s.). Exemption du droit de passage de Messieurs du Cha-
pitre sur le pont de l'H.-D. Statut du Chapitre et arrêts concernant les lits de
chanoines décédés. Mémoire établissant les droits de juridiction spirituelle du
Chapitre sur l'il.-D. et sur St-Louis (25 juill. 1773). Pièces concernant une
femme qui aurait recouvré la vue et ce prétendu miracle (i653).
BIBLIOGRAPHIR
L 594, I à 3i. Informations el procès (42 pièces) (1497-1595). 31-42. Pièces
concernant les chapelains de l'hôpital St-Louis (52 pièces) (1739-175 1).
L 595. Procédure et arrêt pour M" du Chapitre de Notre-Dame, seuls
supérieurs spirituels de l'H.-D., contre le curé de la Madeleine, qui prétendait
avoir le droit d'exercer les fonctions curiales à l'H.-D. (1778-1782). (Contient
des extraits des registres du Chapitre de Notre-Dame touchant l'H.-D.,
depuis 1260.)
Ordres monastiques. — L 760. Etat des gens de mainmorte possédant des
biens dans la censive de l'abbaye de St-Germain-des-Prés (xviii» s.) l'H.-D., les
Incurables.
L 791, n" 12. 3 pièces sur les abords de l'H.-D. (i553-i554).
L 939. Procès entre l'H.-D. et les Chartreux (1490) qui demandent
décharge des dimes sur une pièce de terre à Issy, qu'ils font labourer eux-
mêmes (1490).
Chapitre de :Sotre-Dame (Délibérations}. — LL 105-232*2. Reg. cap. de
1326 à 1790. Un dépouillement des délibérations capitulaires touchant l'H.-D.
a été fait au xvii° s. par le Chapitre pour justifier ses prétentions à la juri-
diction spirituelle et même temporelle de l'H.-D. Ce recueil est conservé
dans le carton L 590, cote 27. Par suite de la disparition déjà ancienne des
cahiers 28, 29 et 3o, il ne compte plus que 41 cahiers de 6 feuillets en papier
(o m. 240 X 0 m. 170). Le dernier extrait est daté du 7 août 1695, ce qui
indique la date approximative du recueil. (Voy. ci-dessus).
Le 6" feuillet du cahier 43 et le cahier 44 comprennent un Mémoire pour
Messieurs du Chapitre de Paris touchant leur juridiction spirituelle dansYH.-ï).,
copie d'un cahier écrit de la main de M. Joly, chantre et chanoine de N.-D.
de Paris, supérieur de l'H.-D., probablement le même que Cl. Joly, chanoine
de N.-D. depuis i63i, élu chantre en 1671 et qui mourut le i5 janv. 1700(1).
Un nouveau dépouillement des délibérations du Chapitre de N.-D. relatives
à l'H.-D., a été entrepris au xix° s. par M. Coyecque, pour la période comprise
entre i326 et iSSg, et porte sur 37 registres, LL 208-243 (anciennes cotes);
il forme le 2« vol. de son Histoire de Paris au moyen âge , et il est accom-
pagné d'un index.
Il serait trop long de donner ici le dépouillement complet de tous les regis-
tres capitulaires pour le xvir et le xviii» s. En voici deux à titre d'indication:
LL 188. Remplacement de Lesecq par Lavocat (i635-i636) comme maître
de l'H.-D., fol. 9(19 janv. i635) ; fol. 65, visite de l'H.-D., i5 août i635 ;
fol. 89, réception de filles blanches; fol. i23, élection et institution d'une
prieure et d'une sous-prieure ; fol. 178^ supplique des religieuses de l'hôpital
de Montdidier, chassées par l'invasion, pour être reçues à l'H.-D. (29 août i636);
fol. 194, requête des religieuses de l'H.-D. demandant l'augmentation de leur
nombre, insérée au milieu des délib. ; fol. 21 5, statuts pour les professes
(28déc. i636).
LL 198 (i65o-i65i), fol. 72. Projets de statuts pour les religieuses
(19 mars i65o); fol. 218, désignation de chapelains des malades (23 sept. i65o).
LL 267-268. Il existe sous cette cote un répertoire dressé vers 1750 par
Sarrasin, archiviste du Chapitre de N.-D., des extraits des registres capitulaires
concernant l'H.-D. (?).
(1) A. Franklin, les Ane. bibl. de Paris (collect. de l'IIist. gC-n. de Paris) ; Impr. nat.,
1864-1873, 3 vol. gr. in-4°, t. I, p. 32, 34.
(2) Un inventaire sommaire de cette collect. a été donné par M. Grassoreilie, dans Bull,
de la Soc. de l'Hist. de Paris et de V Ile-de-France, 1881, p. 169-173. Voy. aussi sur celle
collect.unart.de Léon Le Grand, dans /e fî/f'//og-rj;:/;emoit'/-ne;sept.-déc. 1900, p. 333-3; 1.
l'hOTEL-DIEU au XVIie KT AU XVni« SIIXLE
Le t. 1 va de i326à lyôo ;LL 267). Le t. Il de lySo à 1766 (LL 2CS). Ordre
alphabéiiquc des matières (LL 269).
Ces extraits sont rarement in extenso, mais l'analyse en est suffisamment
explicite. Ils mentionnent les prises de voile, les élections de maître, les
visites des supérieurs, les différends du Chapitre avec les autres autorités, etc.
Ils mentionnent le n" des registres à qui sont empruntés les délibérations et
procès-verbaux. Des analyses marginales en facilitent la consultation.
LL 385a. Statuts des chapelains de l'Hôtel-Dieu (1692) (ms. rel. , gr. in-8«j
190 p.). — Ce manuscrit est divisé en 3 livres:
I» Exercices communs à tous les prêtres et chapelains, tant à ceux du
chœur qu'à ceux des malades ;
2« Service divin qui se chante journellement dans l'Église de Paris;
3' Service des chapelains des malades.
SIÎRIE M. — ORDRES MILITAIRES ET HOSPITALIERS
Sorbonnc. — M 74, n° 5G, 22 avril 1664. Acte par lequel MM. les adminis-
rateurs de l'H.-D., légataire universel de M. Le Masle, prieur des Roches, re-
connaissent que MM. delà Sorbonne leur ont cy-devant mis es mains une
quittance de i.ooo 1. qu'ils ont reçue pour les quartiers de juill. i653, de la
rente de 4.000 1. donnée et transportée par ledit prieur des Roches à la
maison de la Sorbonne pour demeurer quitte par lesdits s" de la Sorbonne des
pareils i.ooo 1. qu'ils avaient reçus pour le quartier de juill. i652 qui appar-
tenait à TH.-D. suivant la sentence de l'Hôtel de Ville.
Le carton M -676, renfermant les réponses faites à la commission des
réguliers, et les états fournis au contrôleur général dès finances en vertu delà
déclaration du 6 févr. 1764, contient les réponses des Incurables, de l'Hôp.
Saint-Jacques, de la Charité, mais rien sur TH.-D.
SÉRIE O. — SECRÉTARIAT DE LA MAISON DU ROI
O'* 24, fol. 108-109. Déclaration portant révocation des arrêts des surséances,
lettres d'estat, de repy, en faveur de l'H.-D., de l'Hôp. gén. et des Enfants-
Trouvés (23 mars 1680).
Oi* 28, fol. 347, 409 v°. Don du Petit-Châtelet à l'H.-D. (18 sept. 1684;.
O'* 34, fol. 4, 99 V.. Lettres patentes de janv. 1690 ef 3o janv. 1690 sur
l'administration de l'H.-D.
O'* 43, n» 48. Autorisation au chirurgien de S. A. Royale de Savoie de rester
2 mois à l'H.-D. pour se perfectionner aux accouchements (1699).
Oi* 396. Dépêche du 27 févr. 1752 concernant la volaille de Carême de
l'H.-D., arrêtée à Rocquencourt, près Versailles.
Oi* 4o3. Dépêche du i3 juill. 1761, fol. 325 v°. Requête des administrateurs
demandant à être autorisés à acquérir une maison, rue de la Bùcherie, du prix
de 8.000 livres pour en employer le terrain à la construction de nouvelles
salles.— Dépêche du 26 nov. 1761, fol. 471 v°. Requête des administrateurs
demandant à être autorisés à vendre une maison, rue Pavée, paroisse Saint-
Aiidré-des-Arts, pour employer le prix en rentes.
O'* 404, 2 avril 1762, fol. i3o v». Requête des administrateurs demandant à
à être autorisés à faire l'acquisition d'une maison, rue des Brodeurs, contiguë
a celle des Incurables, laquelle vient d'être adjugée par décret forcé pour
7.500 livres.
O'* 405, 27 août 17G3, fol. 377. Convention faite entre les administrateurs
BIBLIOGRAPHIE XIII
de l'H. D. et les maîtres maçons et charpentiers en qualité d'administrateurs
de la Confrérie de St-Blaise concernant l'acquisition du terrain et emplacement
de la chapelle St-Blaise et de 2 maisons contiguës, le tout rue Galande, pour
y établir un hôpital des Convalescents, et contrat entre les maîtres maçons-
charpentiers et les religieuses de l'Assomption à l'effet d'acquérir une chapelle
et une maison attenant, rue de la Mortellerie, où était ci-devant établi leur
monastère.
01*407, 3o mai 1765, fol. 200 v. Demande des administrateurs de l'H.-D.
pour être autorisés à recevoir tous dons et legs faits ou à faire au profit de la
maison et vendre et aliéner tous les biens qui lui seront à charge ainsi qu'à
acquérir à sa convenance.
Oi 618. Dossier sur le droit des pauvres perçu à l'Opéra de 1776 à 1789.
Pièces sur le procès de i 760-1 762.
Oi 845. Dossier sur le droit des pauvres perçu à la Comédie-Française de
169g à 1778.
Oi 1690. Un dossier concernant l'H.-D. au xviii" s.(i740-i785) et compre-
nant en particulier un mémoire de Le Jeune, docteur de la Société royale de
Navarre, ancien curé de St^Laurent, en faveur des pauvres malades de l'H.-D.
(5 sept. 1748), touchant la reconstruction de l'H.-D. ; un projet de translation
et de reconstruction par Poyet, architecte de Mgr le baron de Breteuil ; la récla-
mation des religieusesde l'H.-D. contre les projets de reconstruction (4Juill. 1785).
SÉRIE P. — REGISTRES DE LA CHAMBRE DES COMPTES
P 2307, p. 699, 27 nov. 1544. Continuation de l'octroi d'une somme de
687 1. 7 s. 1 1 d. à prendre par égales portions, à la Chandeleur, l'Ascension
et la Toussaint, pour l'approvisionnement, sur le Trésor public.
P 2343, p. 347, 4 juin. î6o5. Octroi du franc-salé; droit d'acheter un muid
et demi de sel au prix marchand. (Cf. 4 juill. 1484, 22 déc. i5i8.)
P 2344, p. 195, 5 mai 1607. Octroi de 10 s. sur chaque muid de vin, pour
la construction de l'hôp. St-Louis.
P 2347, p. 273. Octroi à perpétuité de 5 s. sur chaque minot de sel
(3o août i6[3).
P 2371, p. 409, juill. 164G. Confirmation de privilèges.
P 2390, p. 85 1. Lettres pat. mai 1690. Capitaux de l'H.-D. et des Incu-
rables, permission de vente d'immeubles jusqu'à concurrence de 1.200.000 1.
pour l'H.-O. et 800.000 1. pour les Incurables, avec décharge de la taxe du
8° denier.
P 2412, p. 859. Lettres pat., 3o juin 1709, portant permission de faire
entrer sans payer aucun droit 2oomuidsdc vin, 2 pipes d'eau-de-vie et i minot
de sel, en plus des quantités habituelles.
P 2413, p. 37, 7 janv. 17 10. Permission de vente d'immeubles, avec décharge
de droits, jusqu'à concurrence de 800.000 1.
P 2-414, p. i3r7, 4 déc. 1712. Lettres pat. accordant décharge de tous
droits d'entrée pour 4 pipes d'eau-de-vie et un quart d'esprit-de-vin.
P 2417, p. 363. Lettres pat. d'avril 171 5 accordant à l'H.-D. une
indemnité de 8.000 1. à payer parles fermiers du pied fourché pour tenir lieu
du droit d'exemption d'entrée des bestiaux.
P 2420, p. 1097, 22 juin 1720. Rappel de privilèges antérieurs.
SÉRIE Q. — TERRIER DU ROI
Qi* 1099I-2. Censive de Paris, passim. Mention de maisons appartenant à
l'H.-D. situées dans la censive rovale.
i/mOTHL-DIEI- au XVII'' KT AT WU\<^ SIECLE
Qi* 1099-^*. Fiefs appartenant aux gens de mainmorte, fol. 65 v% H.-D.
Déclaration du 27 févr. 1G60. Sentence du 9 avril 1672.
SÉRIE S. — DIKNS DES CORPORATIONS SUPPRIMEES
Domaine ecclésiastique, Cliapitre, etc.— S i. Maisons du Chapitre Notre-
Dame adossées à IH.-D. (xin'-xviir s.).
S q. Échange avec le chapitre Notre-Dame de maisons rues de la Bûcherie,
Cocatrix et de Perpignan ; plan {1764).
S 3o. Vente au chapitre St-Germain de partie du cimetière des Innocents
pour l'élargissement de la rue de la Ferronnerie (1669-1675).
S 7?, n» 20. Maisons prèsSt-Landry, dans la censive St-Germain-l'Auxerrois.
S 83'' , n" I. Rente due au chapitre St-Aignan sur une maison du fief
Galande '1299).
S 80, n" 47. Donation faite à l'H.-D. de cens et rentes au Clos Bruneau par
Hugues de Viry, chanoine de Paris (mai 1624).
S i63* . Échange du fief Galande, sis à Bagneux (1654).
S i63, doss. 6. Maisons et terres à Bagneux (i 230-1720).
S 1G4, n« 90. Vente de terrains à Châtillon-sous-Bagneux (1288).
S 16G. Déclaration de la ferme de l'H.-D. à Bagneux (11 janv. 1648).
S 198. Échange de la ferme de Brégy-en-Multien avec le chapitre Notre-Dame
et anciens titres de cette ferme (1496-1693).
S 198. Acquisitions de deux maisons vis-à-vis Notre-Dame échangées
avec le chapitre Notre-Dame (lôgS). (Cf. S. 246.)
S 2o5, n" 24. Bail à cens des terres sises à Compans (i3i8).
S 2o5. Dimes à Compans (xiv-xviii" s.).
S 2o5. Transaction avec le chapitre Notre-Dame et le chancelier Boucherai
au sujet des réparations de l'église de Compans (1694;.
S 235. Maisons de l'ile St-Louis, surcens (1748).
S 246. Échange avec le chapitre Notre-Dame de la partie de la seigneurie
d'Épiais et de la ferme de Brégy contre deux maisons sises vis-à-vis Notre-
Dame, tenant à l'H.-D. (11 juill. 1693).
S 255. Échange avec le chapitre Notre-Dame à Épone (16 sept. 1626;.
S 3i2* , n» 79. Censive de l'H.-D. à l'Hay (29 juin i385).'
S 329. Cession au chapitre Notre-Dame de dimes à Mory et au Tremblay
(août 1259).
S 340". Arpentage et plans des dimes de l'H.-D. à Orly (1675).
S 38o* . Transaction avec le chapitre de Paris au sujet des dimes de Fresnes
et Rungis ^12 mai 1681).
S 38i. Mémoire au sujet du prieuré de St-Julien-le-Pauvre (xyiii" s.).
S 1347. Propriétés de l'H.-D. dans la censive de St-Martin-des-Champs
(déclaration au terrier, xviir s.).
S 1517. Propriétés de l'H.-D.; cession de censive par l'abbaye de Ste-Gene-
viéve (xvn* s.).
S 1537. Propriétés dans la censive Ste-Geneviève (déclaration au ter-
rier, xviii* s.).
S 28G3. Bail à cens à Jean Pichore de 5 arpents (quartier de terre le long
des fossés de la ville, i5io).
S 2911. Accord entre l'H.-D. et l'abbé de St-Germain-des-Prés concernant
32 arpents de terre à Issy (5 avril i555).
S 325o. Titre nouvel de 3o 1. de rente dû à la fabrique deGallardon (Eure-
et-Loir; par l'H.-D. ^5 sept. 1682).
RIBLIOGRAPHIE
S 3412. Carton concernant la paroisse St-Landry. Un dossier de 27 picci.s
a trait au contrat fait par J.-M. Lhôte, avocat, et sa femme, avec l'H.-D.
(i5 janv. i65g) en vue d'assurer le payement d'une rente de 35o 1. faite par
donation du 12 janv. i656 à l'église St-Landry (don de 10.000 1. au lieu de
7.000, principal de 35o 1.). L"H.-D., en 1732, cessa de payer sous prétexte de
vouloir rembourser ; la fabrique de St-Landry prétendit que la rente était non
rachctable, il y eut procès; l'H.-D. fut condamné, par arrêt du Parlement du
2 août 1735, à passer un nouveau titre de rente. Parmi ces pièces se trouve un
mémoire imprimé de 20 p., intitulé : Mémoire signifié servant d'avertissement
et de toutes pièces d'écriture que domtcnt par devant vous nos seigneurs du Par-
lement en la Grand'Chambre, les curé et marguilliers de la paroisse St-Landry
en la Cité, défendeurs et demandeurs, contre les maîtres, gouverneurs et admi-
nistrateurs de l'H.-D. de Paris, in-fol., 1735.
S ^93i. Carton concernant divers hôpitaux. Un dossier de 11 pièces a trait
à riI.-D. parmi lesquelles: les lettres pat. de 1690 portant règlement pour
l'administration de TH.-D.; des extraits des titres constitutifs d'une rente de
16 1. due sur la terre de Picquigny, près Amiens, rente remboursée le
29 nov. 1786 par le C" d'Artois; un titre nouvel de rente de 4 1. 2 s. 6 d. à
l'abbaye de St-Germain-des-Préssurune maison rue de la Colombe (i i mai 1772).
SERIE X. — SEQUESTRE DES PARTICULIERS
T i53---''. Procédure au nom de Marie-Louise Goufficr contre les adminis-
trateurs de l'H.-D. (1764-1779).
T ioi5. Plan de réforme économique de l'H.-D. et état des gages (1787;,
dans les papiers de Thomassin, garde-magasin des subsistances militaires à
St-Omer, ancien employé de l'hôpital.
T 1340. Succession de Françoise Chalopin, supérieure des convalescentes de
l'H.-D. (testament du i5 janv. 1783 en faveur de Marie Guillemot de Kermaint).
Fr. Chalopin, tille d'un avocat au Parlement, de famille bourguignonne, avait
été nommée le 19 mars 1766, en remplacement de sa sœur, qui occupait les
mêmes fonctions depuis le i5 mai 1730.
SÉRIE U. — ARRÊTS DE COURS DIVERSES
U 539, f. XLVni de la table des matières des arrêts du Parlement, « Matières
ecclésiastiques », mot « Hôpitaux», passim, arrêts concernant l'H.-D. jusqu'en
1662 (Voy. Bibl. nat., ms. fr., n. a., 8369).
SÉRIE X. — REGISTRES DES ARRÊTS DU PARLEMExNT
XiA 8602 à 8843, passim. Indiquent en particulier les prestations de serment
des administrateurs.
SÉRIE Y. — REGISTRES DES INSINUATIONS AU CHATELET
Y 86 à 494, passim, pour les testaments, à partir du i5 sept. 1339. (Une
partie a été publiée pour le xvi" s. par Campardon et Tueley, dans la Coll. des
Trav. hist. de la V. de P., Paris, Impr. nat., 1909.)
Y 12465. Procès-verbal du commissaire Dorival sur rincendie de 1772.
L HOTEL-DIEf Al* XVn<= ET AT XVIIl'
SÉRIE AD. — COLLECTION aONDOXNEAU
AD»"'!. Divers arrêts imprimés concernant la fondation de Nevers, divers
legs et donations, divers privilèges, etc. Un seul ne figure pas dans les collec-
tions des archives de l'A. P. C'est le suivant :
Arrêt du Cons. d'État du 19 août 1676 déchargeant IH.-D. du recours pré-
tendu par M. Claude de Bullion de Longchesne pour raison de 14.250 1.
demandées par le chargé du recouvrement des taxes pour la confirmation de
jouissance pendant 3o années des biens ecclésiastiques aliénés à cause de la
;crre des grand et petit Pamphou, vendus par IH.-D. à dame Angélique Faure,
\euve de M. de Bullion, mère du seigneur de Longchesne.
AD-xiv 2 et 3. Édits, arrêts, lettres patentes concernant les hôpitaux, parmi
lesquels un certain nombre concernant TH.-D. Ils figurent dans les recueils
imprimés des archives de l'A. P.
BIBLIOTHEQUE DE L'ARSENAL
Ms. 6o5. Manuale sive modiis administrandi sacramenta ecclesiastica ad
ccclesiœ Parisiensis usum. Parch., 3i feuillets, fol. 3i: Forma jiiramenti pres-
byterortim in Domo Dei.
Ms. 674. Recueil Le Camus, t. IV, n" 87, fol. 235. Statuts pour les lits des
chanoines de Notre-Dame qui appartiennent à l'H.-D. par leur décès '1592,. —
N' 108, fol. 401. Mémoire sur le privilège dexemptions de tous droits de TH.-D.
Ms. 2565. Recueil factice comprenant, entre autres pièces: 1° mémoire de
ce qui est observé pour la Compagnie des dames de charité de l'H.-D., pour
en former d'autres semblables es autres villes du royaume (impr., 8 p.) ; —
2° procès-verbaux manuscrits des assemblées pour les pauvres, tenues en i656,
dans la chambre de Le Conte, administrateur de l'H.-D., par les délégués de
la Compagnie du St-Sacrement.
Ms. 2853. Recueil de pièces prorenant du marquis de Paulmy, n" 14, fol. 168.
Mémoire aux administrateurs de l'H.-D. pour l'assemblée du Grand Bureau
(16 mars 1740). (Il s'agit d'une requête de Sottier, fermier du domaine de
Gonesse.)
Ms. 53o6, n° II, fol. 79. Mémoire aux administrateurs de IH.-D. au sujet
des exercices d'anatomie et d'opérations de chirurgie (1745^ 'impr., 8 p.).
Ms. 58o3. Recueil Saillant, t. I, n° i3, fol. 274. Lettre d'une religieuse de
IH.-D., fugitive.
.Ms. 10269. Archives de la Bastille, H.-D. Détails ressortissant à l'adminis-
tration du lieutenant de police (1725-1776 (56 fol.).
Ms. 12707. Id. Billets de décès donnés par les prêtres vicaires de IH.-D.
1735).
BIBLIOTHÈQUE X.\TIONALE
Mss. tr. 6<J'so-6ô87. « Mes Loisirs, ou journal d'événements tels qu'ils par-
nnent à ma connaissance » par S. -P. Hardy (1764-1789', passim.
Ms. fr. 6801. Dépenses pour les établissements charitables, arrêtées par la
main duroi et des ministres(i7i4-i7gi).x\Tn' s., papier, 346 feuillets, 390x230.
On remarque notamment : état des rentes appartenant à l'H.-D. sur les aides
et gabelk-s qui peuvent être sujettes à la diminution des 2/5, suivant l'édit
BtBLIOGRAPHIF.
du mois de déc. 171 3, et des rentes sur rilùtel de Ville sujettes à la diminu-
tion du 1/4.
Ms. fr. 8o63. Collection. Dupré, t. XVIII. Règlements sur la police concer-
nant les pauvres, les Iiôpitaux. On y trouve, fol. 367 et sqq., la liste des arrêts
du Parlement touchant IH.-D. Simple énumération chronologique, incomplète.
Ms. fr. 8i3o. Recueil sur la mendicité fait par ordre de Turgot. On y trouve
notamment une copie des mémoires adressés au Contrôleur général, soit pour
procurer des fonds pour reconstruire l'H.-D., soit pour l'amélioration de ses
revenus, mémoires dont les originaux sont aux Archives nationales, dans la
liasse Fi-'iiSS, et que Turgot envoyait en communication à Tarchevèque de
Toulouse pour avis. (Cf. lettres des 24 déc. 1774, 20 juin 1775, avec réponses
de ce dernier, 9 mars, i3 janv. 1775, etc.)
Ms.fr. 8633. Comptes de la paneterie de IH.-D. de Paris(i655-i6(53).xvii's.
papier, 665 feuillets, 3 10 X 240.
Mss. 11364, ii365. Recueil de pièces sur les hôpitaux (de la bibl. de
I.amoignon, xviii' s.). Ce recueil est surtout important pour l'histoire de l'Hôpi-
il général. Cependant, au manuscrit 11364, on trouve diverses pièces concer-
lant l'H.-D. : fol. 469, pièces au sujet d'un litige qui s'est élevé pour le règlement
du legs Blérancourt; — fol. 487, opposition de l'H.-D. sur le prix du duché de
Rethelois touchant la fondation de M. de iNevers; — fol. 52 1 et sqq., extraits
des délib. de l'H.-D. 20 nov. 1641, 20 nov. i653, 29 août 1657, etc., concernant
la réception du premier président du Parlement; — fol. 575, trois mémoires
concernant les religieuses de l'H.-D. qui sont des plaidoyers en faveur des
-udennes constitutions et des droits du Chapitre contre le coup d'État de 1722
^: les entreprises de sœur de la Miséricorde (non signés ni datés).
Ms. fr. 14489. Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement de Paris, par
d'Argenson (1627-1663), contenant des renseignements sur l'oeuvre de la
visite des pauvres malades. Ces Annales ont été publiées en 1900, avec des notes,
par dom Beauchet-Filleau.
Mss. fr. 15647-15648, fol. 74. Règl. du Chapitre de Notre Dame pour l'H.-D.
de Paris, fol. 179: H.-D.
Mss. fr. 16750-16731. Papiers 'du président Achille HI de Harlay, pièces
diverses manuscrites et imprimées concernant les mendiants, les vagabonds,
les aumônes publiques, les hôpitaux de Paris, notamment l'H.-D. et la Charité,
principalement pendant les dernières années du xvir s. et les premières années
du xvui" s., 2 vol. in-fol. On remarque notamment: états de redevances de
l'Opéra et de la Comédie (1702-1706); un état du revenu fixe de l'H.-D.; un
ctat des recettes et dépenses au 8 nov. 1699; un état des bœtifs et moutons
consommés de 1698 à '1703 ; une estimation de la place rue des Fossés-
Monsieur-le-Prince appartenant à l'H.-D. ; un état des rentes viagères dues
par l'H.-D. (mai 1698).
Mss. fr. i86o5, 18606, 18607 (ancien fonds St-Germain). Un dépouillement
de ces 3 manuscrits existe dans le manuscrit 17016, fol. 5i à 63.
Ces 3 volumes reliés en parchemin blanc, dits Portefeuille de Achille III
Je Harlay, faisaient partie de l'importante collection privée du premier pré-
-ident (i), et comprennent des actes officiels, arrêts du Parlement, de la Chambre
royale, de la Cour des aides, lettres patentes, mémoires, requêtes et règlements,
pièces imprimées, manuscrits ou brochures. Le fonds Harlay constitue par
Achille I", premier président au Parlement, continué par Christophe de Harlay,
(I) Sur Achille III de Harlay, premier président du Parlement sous Louis XIV, voy.
E. Pilastre, Achille HI de H^irlay ; Paris, Calmann-Lcvy.
I.'HOTEL-DIEf AT WW- ET AT XVIIl
SKRIK AD. — COLLECTION RONDOxNNEAU
AD»"»^!. Divers arrêts imprimés concernant la fondation de Nevers, divers
legs et donations, divers privilèges, etc. Un seul ne figure pas dans les collec-
tions des archives de l'A. P. C'est le suivant :
Arrêt du Cons. d'État du 19 août 1676 déchargeant IH.-D. du recours pré-
tendu par M. Claude de Bullion de Longchesne pour raison de 14.250 1.
demandées par le chargé du recouvrement des taxes pour la confinnation de
jouissance pendant 3o années des biens ecclésiastiques aliénés à cause de la
terre des grand et petit Pamphou, vendus par l'H.-D. à dame Angélique Faure,
veuve de M. de Bullion, mère du seigneur de Longchesne.
\Dsi\iet3, Édits, arrêts, lettres patentes concernant les hôpitaux, parmi
lesquels un certain nombre concernant l'H.-D. Ils figurent dans les recueils
imprimés des archives de l'A. P.
BIBLIOTHEQUE DE L'ARSENAL
Ms. 6o5. Manuale sive tnodiis administrandi sacramenta ecclesiastica ad
ccclcsiœ Parisiensis usum. Parch., 3i feuillets, fol. 3i: Forma jiiramenti pres-
bvterontm in Domo Dei.
Ms. 674. Recueil Le Camus, t. IV, n° 87, fol. 235. Statuts pour les lits des
chanoines de Notre-Dame qui appartiennent à IH.-D. par leur décès (1592). —
N" 108, fol. 401. Mémoire sur le privilège d'exemptions de tous droits de l'H.-D.
Ms. 2565. Recueil factice comprenant, entre autres pièces: 1° mémoire de
ce qui est observé pour la Compagnie des dames de charité de l'H.-D., pour
en former d'autres semblables es autres villes du royaume (impr., 8 p.) ; —
2° procès-verbaux manuscrits des assemblées pour les pauvres, tenues en i656,
dans la chambre de Le Conte, administrateur de l'H.-D., par les délégués de
la Compagnie du St-Sacrement.
Ms. 2853. Recueil de pièces provenant du marquis de Paulmy, n° 14, fol. 168.
Mémoire aux administrateurs de l'H.-D. pour l'assemblée du Grand Bureau
(16 mars 1740}. (Il s'agit d'une requête de Sottier, fermier du domaine de
Gonesse.)
Ms. 53oG, n° II, fol. 79. Mémoire aux administrateurs de l'H.-D. au sujet
des exercices d'anatomie et d'opérations de chirurgie (1745) (impr., 8 p.).
Ms. 58o3. Recueil Saillant, t. I, n° i5, fol. 274. Lettre d'une religieuse de
IH.-D., fugitive.
Ms. 10269. Archives de la Bastille, H.-D. Détails ressortissant à l'adminis-
tration du lieutenant de police (1725-1776 (56 fol.).
Ms. 12707. Id. Billets de décès donnés par les prêtres vicaires de l'H.-D.
(.755).
BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
Mss. fr. 6680-6687. « Mes Loisirs, ou journal d'événements tels qu'ils par-
viennent à ma connaissance » par S. -P. Hardy (1764-1789), passim.
Ms. fr. 6801. Dépenses pour les établissements charitables, arrêtées par la
main du roi et des ministres (1714-1 791). xviii' s., papier, 346 feuillets, 390x230.
On remarque notamment : état des rentes appartenant à l'H.-D. sur les aides
et gabelles qui peuvent être sujettes à la diminution des 2/5, suivant l'édit
IBLIOGRAPHIF.
du mois de déc. 171 3, et des rentes sur riintcl de Ville sujettes ù la diminu-
tion du 1/4.
Ms. fr. 8o63. ColJcction Duprc, t. XVIII. Règlements sur la police concer-
nant les pauvres, les hôpitaux. On y trouve, fol. 367 et sqq., la liste des arrêts
du Parlement touchant l'H.-D. Simple énumération chronologique, incomplète.
Ms. fr. 81 3o. Recueil sur la mendicité fait par ordre deTurgot. On y trouve
notamment une copie des mémoires adressés au Contrôleur général, soit pour
procurer des fonds pour reconstruire l'H.-D., soit pour ramélioraiion de ses
revenus, mémoires dont les originaux sont aux Archives nationales, dans la
liasse Fi-^iSS, et que Turgot envoyait eu communication à l'archevêque de
Toulouse pour avis. (Cf: lettres des 24 déc. 1774, 20 juin 1775, avec réponses
de ce dernier, 9 mars, i3 janv. 1775, etc.)
Ma. fr. 8633. Comptes de la paneterie de l'H.-D. de Paris(i655-i665).xvir s.
papier, 665 feuillets, 3io X 240.
Mss. 11364, II 365. Recueil de pièces sur les hôpitaux (de la bibl. de
Lamoignon, xviii" s.). Ce recueil est surtout important pour l'histoire de l'Hôpi-
tal général. Cependant, au manuscrit 11364, on trouve diverses pièces concer-
nant l'H.-D. : fol. 469, pièces au sujet d'un litige qui s'est élevé pour le règlement
du legs Blérancourt; — fol. 487, opposition de l'H.-D. sur le prix du duché de
Rethelois touchant la fondation de M. de Nevers; — fol. 52 1 et sqq., extraits
des délib. de l'H.-D. 20 nov. 1641, 20 nov. i653, 29 août 1637, etc., concernant
la réception du premier président du Parlement; — fol. bjb, trois mémoires
concernant les religieuses de l'H.-D. qui sont des plaidoyers en faveur des
anciennes constitutions et des droits du Chapitre contre le coup d'Etat de 1722
et les entreprises de sœur de la Miséricorde (non signés ni datés).
Ms. fr. 14489. Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement de Paris, par
d'Argenson (1627-1663), contenant des renseignements sur l'œuvre de la
visite des pauvres malades. Ces ^«wa/es ont été publiées en igoo, avec des notes,
par dom Beauchet-Filleau.
Mss. fr. 1 5647-1 3648, fol. 74. Règl. du Chapitre de Notre Dame pour l'H.-D.
de Paris, fol. 179: H.-D.
Mss. fr. 16750-16751. Papiers 'du président Achille 111 de Harlay, pièces
diverses manuscrites et imprimées concernant les mendiants, les vagabonds,
les aumônes publiques, les hôpitaux de Paris, notamment l'H.-D. et la Charité,
principalement pendant les dernières années du xvii" s. et les premières années
du xviii" s., 2 vol. in-fol. On remarque notamment: états de redevances de
l'Opéra et de la Comédie (1702-1706); un état du revenu fixe de l'H.-D.; un
état des recettes et dépenses au 8 nov. 1699; un état des bœufs et moutons
consommés de 1698 à 1703 ; une estimation de la place rue des Fossés-
Monsieur-le-Prince appartenant à l'H.-D. ; un état des rentes viagères dues
par l'H.-D. (mai 1698).
Mss. fr. i86o5, 18606, 18607 (ancien fonds St-Germain). Un dépouillement
de ces 3 manuscrits existe dans le manuscrit 17016, fol. 5i à 63.
Ces 3 volumes reliés en parchemin blanc, dits Portefeuille de Achille III
de Harlay, faisaient partie de l'importante collection privée du premier pré-
sident (i), et comprennent des actes officiels, arrêts du Parlement, de la Chambre
royale, de la Cour des aides, lettres patentes, mémoires, requêtes et règlements,
pièces imprimées, manuscrits ou brochures. Le fonds Harlay constitué par
Achille I'% premier président au Parlement, continué par Christophe de Harlay,
(i) Sur Achille III de Harlay, premier président du Parlement sous Louis Xl\', voy.
E. Pilastre, .lc7;///t' UI de HarlSy ; Paris, Calmann-Lévy .
L HOTEL-nFi;r au XVir ET AU XVIIIc SIKCLE
ambassadeur de France sous Henri IV, par Achille de Harlay, procureur
général, par Achille III, fut cédé par Achille IV à Chauvelin, avocat général
au Parlement, d'où il passa entre les mains des bénédictins de St-Germain-
des-Prés; il fut transporté en 1794 à la Bibliothèque nationale.
Ces 3 manuscrits concernent les anciens établissements hospitaliers
de Paris ; la partie qui a trait à l'H.-D. forme la moitié environ du
2* manuscrit, fol. là 182; la plupart des pièces sont imprimées (i). On
remarque: extraits des registres du Parlement du 2 mai i5o5 au 3o déc. iSgy ;
— de la Cour des aides, 2G oct. 1624 (exemptions de droit) ; — édit du Roi,
C) mars 1627 (don et octroi de 5 s. sur muid de vin); — arrêt du Conseil,
17 juin 1G37 (^o" '^^ '0 S- sur minot de sel) ; — extrait des registres du Par-
lement, 23 déc. i65o (quêtes) ; — extrait des registres du Conseil d'Etat (quêtes),
8 nov. iG5i ; — lettres patentes, 12 févr. i652 (publications d'indulgenceg) ; —
extrait des registres du Conseil d'Etat, 26 mars 1654 (exemption de droits de
péage, i3 mars i655 (quêtes, etc.); — diverses affiches (quêtes, règlements, bou-
cherie de Carême).
Ms. fr. 18758. Recueil de plusieurs titres, papiers et enseignements concernant
les gens de mainmorte (i 127-1644) ; — fol. 202 à 204, échange d'une pièce de
terre à Créteil, entre l'H.-D. et le nommé Gedoyn.
Ms. fr. 21804, t. CCLX de la collection Delamare.— H.-D. (13G4-1737),
f°' i34 à 33 1. Mélange de pièces manuscrites et imprimées. Copies d'arrêts,
édits et déclarations, prises dans la bibliothèque de M. Chauvelin. États au
vrai, mémoires pour le Chapitre de Notre-Dame. États de revenus et dépenses.
Ms. fr. 22393. « Statuts et constitutions pour les religieuses de l'H.-D., par
messire François Lavocat, prestre, conseiller aumosnier du roi, abbé de Nostre-
Dame d'Homblières et chanoine de l'Église de Paris » (1646). Fidèlement trans-
crits sur l'original de l'auteur cette présente année 1648. xvw s., papier, xii
et 691 p., 420. X 280, rel. veau, aux armes de Michel le Masle.
Ms. fr. 23494. Recueil de pièces imprimées et manuscrites relatives à l'assem-
blée du clergé de France de 1660-1661, à différentes églises et établissements
de Paris; — fol. 228, supplique au roi des « pensionnaires » de l'H.-D. contre
les administrateurs qui n'ont pas vendu les biens (déclar. du 18 janv. 1690),
ont retiré 2/3 des pensions depuis 5 ans, la moitié des pensions, et encore un
nouveau tiers de sorte qu'ils reçoivent 200 livres au lieu de 600 livres.
Ms. fr., n. a., 46. Collection de matières judiciaires, administratives et
financières, comprenant 5 vol. (xviii" s.) La partie concernant l'H.-D. forme les
fol. I à 33 du t. IV; ce sont des résumés d'arrêts et d'ordonnances incom-
plets et sans intérêt.
Mss. fr., n. a., 2o5o-2o5i. Statuts et constitutions des religieuses de l'H.-D.
de Paris (année 1722). Copie collationnée. Le ms 2o5i contient des remarques
sur ces statuts et constitutions, xviii" s., papier, 568 p. et 102 feuillets, 430 X 200.
Ms. fr., n. a., 4017. Recueil de discours et lettres de convulsionnaires (1748).
Toutes paraissent de la sœur La Croix, mère Sainte-Cécile, de l'H.-D. Les
lettres sont adressées à MM. de Saint-Exupéri, de Janson, chanoines, et à
l'archevêque Christophe de Beaumont.
COLLECTION JOLV DE FLEURY
21, doss. 169. Lettre relative à la réception du D'- Cambcl, médecin accou-
cheur (19 cet. 1721).
(i) Quelques-unes de ces pièces sont reproduites, mais sans critique, sans choix, dans la
thèse de médecine du D' Marius balmon, le Portefeuille dAchiUc de Harlay ; Paris, Jouve,
1909, p. 1^4 à 200,
BIBLIOGRAPHIE XIX
39, doss. 394. Lettres au sujet du committimus au grand sceau demande
par les administrateurs de l'H.-D. (14 mars 1723).
39, doss. 404. Lettres, mémoires et délibérations relatifs au sieur Gruger,
premier chirurgien du roi de Danemark, demandant à être admis dans la salle
des accouchements (mai 1725).
45, doss. 457. Déiib. relative à la vente de la viande pendant le Carême
!"'■ avril 1726).
5i, doss. 5 12. Nouvelles constitutions du Chapitre pourl'H.-D. de Paris (1722).
52, doss. 53 1. Lettre du cardinal de Fleury pour faire entrer une sage-femme
à l'H.-D. (i3 févr. 1727).
53, doss. 55o. Lettres du cardinal de Fleury, du duc de Gesvres et du comte
de Maurepas, demandant une place de sage-femme pour la nommée Boucikelli
(mars-avril 1727).
61, doss. 619. Pièce concernant l'emploi de chirurgien pour les accou-
chements à l'H.-D. (24 mars 1728).
62, doss. 628. Pièces concernant la réception d'une sage-femme à l'H.-D.
sur la recommandation de M"" de Brunswick et de Ja princesse royale de Saxe
(12 mai 1728).
69, doss. 716. Remise accordée par Louis X\' à l'H.-D. pour l'indemnité d'une
maison acquise par la nation de Picardie en échange d'une maison de l'H.-D.
14 janv. 1729;.
70, doss. 72G. Requête de l'H.-D. de Paris comme créancier et exerçant les
droits de Regnault, son agent, un des fermiers du duc de Lorraine qui pré-
tendaient être créanciers du duc et demandaient à saisir le domaine de Barrois
(1728).
72, doss. 773. Pièce concernant la réception à l'H.-D. d'un chirurgien
recommandé par le roi de Sardaigne et le cardinal de Fleury (3o juin 1729).
1 13, doss. io38. Demande formulée par l'H.-D. d'avoir pour juge en première
instance, en matière d'impositions, la Cour des aides de Paris (22 déc. 1731).
128, doss. 1178. Pièces concernant l'entrée de sages-femmes surnuméraires
à l'H.-D., par ordre du roi Louis XV, sur la recommandation du roi de Sar-
daigne (juin 1733).
i33, doss. 1238. Projet non mis à exécution d'après lequel le veau doit être
vendu à l'H.-D. pendant le Carême seulement en morceaux de 3, 4 ou 5 livres
(févr. -mars 1734).
172, doss. 1618. Pièce concernant l'incendie de 1737.
186, doss. 1788. Refus opposé à Bourdenaux, chirurgien, qui demandait son
admission pour s'instruire dans l'art des accouchements (19 avril 1730).
197, doss. 1859. Lettre de cachet contre le sieur Coulon, sacristain, qui
confessait sans pouvoirs (oct. 1739).
204, doss. 1964. Carême de 1741 ; prix de l'H.-D.
21 3, doss. 2io5. Lettres de terrier pour l'H.-D. ; ferme de Charment (sept. 1742).
227, doss. 2288. Réception d'une sage-femme polonaise à l'H.-D. par déiib.
secrète (janv. 1745).
228, doss. 2304. Mémoire sur la question de savoir si les droits de la caisse
de Sceaux et de Poissy sont dus par l'H.-D. et l'Hôp. gén.
23 1, doss. 2372. Liste de baptêmes, mariages et sépultures de l'H.-I).
(2 févr. 1746).
234, doss. 2390. Déiib. duBureau sur l'admission des apprenties sages-femmes
(3o juin 1733).
260, doss. 2609. Projet concernant les registres d'entrée et de sortie à l'H.-D.
l'hOTEL-DIFI- AT- XVIK TT AV yiXlW SIECLK
269, doss. 2719. Piccc concernant la demande faite par Mcrtrud, chirurgien
et d'ém'onstrateur au Jardin du roi, alin d'obtenir des cadavres de l'H.-D. (1740: ;
— doss. 27.33, 2734, pièces concernant les sages-femmes de IH.-D.
270, doss. 2747. Pièces concernant les adjudicataires qui se sont présentés
pour fournir à i''H.-D. la viande pendant le Carême (1749).
275 doss. 2S33. Contestation entre le Chapitre et les administrateurs con-
cernant l'autorité spirituelle (1749) ; — doss. 2823, projets pour établir des mé-
decins résidents (1749), lettres de l'administrateur Vigneron.
2-6, doss. 2835. Arrêt concernant la délivrance d'un extrait de baptême de
rH.-D.'(i749)-
279, doss. 2873. Mémoire en faveur de l'H.-D. et de l'Hôp. gén. pour pré-
venir le retranchement de leurs droits sur les spectacles (i75o;.
280, doss. 2896. Pièces concernant une demande du roi de Sardaigne ten-
dant à autoriser Reynicr, chirurgien piémontais, à faire un cours d'accou-
chement à l'H.-D. (mai i/So).
281, doss. 2904. Demande d'admission d'un chirurgien étranger dans la salle
des accouchements de l'H.-D. (1750).
284, doss. 2g5i, demande d'admission à l'H.-D. faite par des religieuses de
province pour y être traitées (1739 et 1749) ; — doss. 2952, pièces concernant
la pension des religieuses de l'H.-D., transférées pour cause de convulsions
aux V'isitations de La Flèche et de Saumur( 1748- 1749).
286, doss. 2974. Fixation du prix de la viande (févr. 1751.
287, doss. 2997. Lettre des administrateurs à d'Argenson au sujet des deux
Piémontaises dont le roi de Sardaigne demandait l'admission dans la salle des
accouchées (mars 175 1).
288, doss. 3037. Pièce concernant l'admission d'une sage-femme (1750;.
362, doss. 4037. Permission demandée par l'H.-D. d'acquérir et d'échanger
des immeubles pour la construction de nouvelles salles (xvxii» s.).
365, doss. 41 19. Représentations de l'H.-D. et de l'Hôp. gén. sur les dettes
à répéter par eux contre la Comédie française et italienne à l'occasion du
projet de réunion du spectacle de l'Opéra-Comique à la Comédie italienne
(xviii s.).
379, doss. 4298. Projet de réforme de l'administration et du traitement des
malades de l'H.-D. par entreprise, traité et soumission d'une compagnie.
383, doss. 4360. Projet de lettres patentes à l'effet d'autoriser l'H.-D. à ac-
quérir un emplacement appartenant aux maçons pour y établir un hôpital de
convalescents (1763).
418, doss. 4820. Vol à l'H.-D. (1766).
421, doss. 4883. Autorisation de tenir les boucheries de Carême (1767).
437, doss. 5202. Observations sur un projet de règlement présenté par le
chirurgien Moreau, relatif au stage dès élèves en chirurgie à l'H.-D., à la Cha-
rité et aux Invalides (1768).
441, doss. 5307. Mémoires, lettres et arrêtés du Parlement concernant le
traitement des prisonniers malades à l'H.-D. (1769).
446, doss. 5372. Appel comme d'abus interjeté par le procureur général de
la destitution de la sœur Ste-Julienne, mère du noviciat, et de la nomination
d'une autre religieuse, sœur de la Trinité (1765).
445, doss. 5522. Appel comme d'abus interjeté au Parlement de Paris par
le procureur général de différentes élections et nominations de supérieure,
sous-prieure et maîtresse des novices et autres oflRcières et religieuses de l'H.-D
BIBLIOGRAPHIF. XXI
479, doss. 5953. Plainte portée par un administrateur, Le Roy de Lisa, w<n
mentionné dans ÏAlmauacli royal (^1776).
490, doss. Ô079. .Difficultés entre le Chapitre de Notre-Dame et le curé de
la paroisse de la Madeleine en la Cité sur le droit de faire les inhumations des
personnes dccédées à l'H.-D. qui ont demandé à ne pas être enterrées dans le
cimetière commun de l'hôpital (1777)-
520, doss. 6O84. Lettres patentes prorogeant pendant un an en faveur de
l'H.-D. l'octroi de 3o sols par muid de vin (i78o'.
526, doss. 6774. Id. (1781).
327, doss. 68o3. Pièces concernant Tenregistrement au Parlement des lettres
pat. du 22 avril 1781.
53 1, doss. 6887. Réunion du Bureau général en la maison du Par\'is, et non
dans le palais archiépiscopal en raison de la vacance du siège (1782).
545, doss. 71 18. Lettres patentes concernant le don fait par le roi de
l'emplacement du Petit-Chàtelet (1781).
547, doss. 7154. Difficultés entre les collèges de chirurgie et de pharmacie
et le Bureau de l'H.-D. au sujet du chirurgien gagnant maîtrise (1779).
555, doss. 73.20. Pièces concernant l'élection de la prieure et des officiers
de l'H.-D. (1783).
559, doss. 7407. Prorogation du droit de 3o sols (178G].
12 10-12 II. Administration.
121 2-12 1 3. États. Années i742-i77[.
12 14. Chirurgiens et médecins.
i2i5. Sages-femmes.
1216. Personnel religieux.
12 17. Revenus et dépenses.
Le détail de ces 8 volumes a été donné par M. C. Bloch, dans son Inventaire-
Sommaire des volumes de la collection Joly de Fleury, concernant l'assistance
et la mendicité ; Paris, 1908, in 8°, p. 45 et sqq.
1244, fol. 181. Dossier concernant l'application de l'édit de 1749.
1246, fol. 214. Chirurgiens, 1775.
1589. Testaments en faveur de di\ijrs hôpitaux à la fin du xvin» s. Quelques-
uns concernent l'H.-D., notamment: fol. 108, L. de La Porte, ancien maître
boulanger à Paris, 12.000 1. (4 mai 1785); — fol. 175, V» Gervais, 2.000 1.
(10 nov. 1785); — fol. 228, comte de Varax, brigadier des armées du roi,
cousin de M. de Sartine, 3o.ooo 1. {i5 juin 1785) ; — fol. 236, Claude Perrin,
ancien musicien pensionnaire du roi, 400 1. (22 mai 1787).
2536, fol. r52. Lettres de l'administrateur Perreau à La Reynie, concernant
une révolte à St-Louis (1670).
2542, fol. 217. Observations des administrateurs sur le projet de lettres
patentes de 1779.
COLLECTION MOREL DE THOISY (iMPRIMÉS)
Bien que faisant partie du département des imprimés, on peut citer les
t. LXH et LXIII de la collection de Thoisy, t. I et II de la 3° série [Z 2284] qui
contiennent un certain nombre de manuscrits et de pièces imprimées concer-
nant les hôpitaux. Sur l'H.-D., on y trouve notamment :
Supplique des administrateurs au Parlement demandant une.qucte générale
(déc. i636).
Jugement rendu en faveur de l'H.-D-, enjoignant aux receveurs et payeurs
de rentes de l'Hôtel de Ville de payer à l'H.-D. les arrérages des rentes qui
l'hOTF.L-DIKI- Al- XVIIc FT AT XYIII» SIÈCLE
lui sont dus le premier et par préférence aux autres rentiers, et qu'il serait à
cette fin employé le premier sur leurs feuilles, tant à celles qui commencent
à la lettre A qu'à celles qui commencent à la lettre Z en rétrogradant
22 janv. i65o), t. IL
Partage des emplois des administrateurs de l'H.-D. (lôyS), t. II.
Décret du 7 dcc. 1678 nommant J. Roger receveur général, t. II.
Lettres patentes du 18 janvier 1694 autorisant la Ville de Paris à emprunter
:V)n.ooo 1. pour les dépenses de l'H.-D. et de l'Hôp. gcn., t. IL
Déclarations du roi pour la subsistance des pauvres de l'H.-D. et de l'Hôp.
gcn. (3 sept, et 22 oct. 1709).
(Vov. aussi les pièces indiquées par Corda dans son Recueil de factums et
documents judiciaires, t. IV, p. 257-260.)
BIBLIOTHÈQUE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
Ms. 57 (ancien ion). Pratique de l'H.-D. de Paris contenant le traité de toutes
1 es opérations qui s'y font, comme aussi la manière de traiter les maladies
externes qui arrivent au corps humain (1719), par Petit (xviii» s., papier, iv-
284 p.)
Ms. 58 (ancien 1012). Pratique de l'H.-D. de Paris (1726-1728). « Prastique de
l'Hostel-Dieu de Paris, tants de médecine que de chirurgie, ordonnée par Messieurs
les chirurgiens dudit Hotelle-Dieu, avec une formulle des médicaments qui se
pratique dans ledit Hotelle-Dieu, et les observations sur les opérations faites
par M. Thibault, chirurgien majors dudit Hotelle, et plusieurs autres que je
vcult faire, par M. Boudou, à présent chirurgien major dudits Hotelle-Dieu ;
avec la manière de traite les playes, et ulcerres, et fractures et thumeurs, que
je les ai traitez telle et veu pratiquer pendant que je travaillé dans laditte
maison, et un traité des maladies vénériennes, par moy Ithier Menard, chirur-
gien audit Hostelle-Diôu, en 1726, 1727 et 1728. » (xviii» s., papier, 228 et 58 p.)
ARCHIVES DE LA PREFECTURE DE POLICE
COLLECTION LAMOIGNON
On trouve notamment aux volumes suivants:
Vol. II, fol. 875. Ord. de police du 20 févr. i638. Défense de vendre de la
viande pendant le Carême ailleurs qu'à l'H.-D. (Rejet de l'arrêt du Parlement
du 4 févr. i558.)
12, fol. 971. Lettre pat. du 7 déc. 1648, accordant la maîtrise aux apothi-
caires de l'H.-D.
23, fol. g3. Arr. du Cons. d'Etat du 3o mars 1706 confirmant l'II.-D. dans
ses exemptions de droits.
24, fol. 517. Déclar. du roi contenant règlement pour la contribution à la
subsistance des pauvres de l'Hôp. gén., de l'H.-D. et des pauvres des paroisses
de Paris (3 sept. 1709); — fol. 549, déclar. du roi du 25 sept. 1709 mainte-
nant l'H.-D. dans ses exemptions de droits sur les marchandises et provisions
qui lui sont destinées; — fol. 56i, déclar.'du roi du 22 oct. 1709 interprétant
celle du 3 sept. 1709; — fol. 641, arr. du Parlement du 20 janv. 1710 concer-
nant l'exécution de la déclaration du 22 oct. 1709 ; — fol. 904, arr. du Parlement
du 18 mars 171 1 sur le même sujet.
RIRLIOGRAPHIF.
32, fol. 441. Ait. du Parlement du i3 août 1737 ordonnant une quête
générale à la suite de Tincendie qui a eu lieu à rH.-D.
33, fol. i35.0rd. du Bureau de la Ville du i3 juin 1738 faisant défense
de se baigner et de pécher du Terrain au Petit-Pont, en faveur de l'H.-D.
34, fol. 533. Ord. du roi du 10 juill. 1741 défendant les enrôlements
à l'H.-D.
BIBLIOTHÈQUE HISTORIQUE DE LA
VILLE DE PARIS
Ms. i272i.«\"ie de Demoiselle Marie-Louise Charpentier Destournelles,
dite la mère de la Miséricorde, religieuse hospitalière de l'H.-D. de Paris »
(1679- 1742). Copie ms. faite vers 1787, i vol. in-4<'.
Ms. 12729. Notices nécrologiques et autres extraites en grande partie du
calendrier historique de l'Église de Paris de Le Fèvre. Note sur la fourniture du
pain à l'H.-D. en 1762 et 1763 (8 feuillets, in-S», xviii" s., i56 p.).
Ms. 14301. Partie du domaine de l'H.-D. (région sud-est de Paris) : plans
et élévations des maisons, enclos, etc. 53 plans mss. en i atlas in-4<>, vers 1770.
Ms. 26619 (papiers Chéreau), passim, et notamment p. 740(17 juin 1669).
Transaction entre les administrateurs de l'H.-D. et la Faculté de médecine de
Paris au sujet du legs de Le Masle des Roches.
BIBLIOTHEQUE DU XVP ARRONDISSEMENT
COLLECTION PARENT DE ROSAN
Ms. 1 3. Désignation de l'abbé Poulard comme prédicateur de l'Avent à l'H.-D.
par l'archevêque Le Clerc de Juigné (1782).
Ms. 18. Billets de la loterie de la Ville de Paris en faveur des hôpitaux (1787).
Ms. 25. Documents relatifs au cimetière de Clamart (xviii» et xix" s.) (extrait
des Arch. de la Seine), et sur le cimetière des protestants étrangers de la rue
de l'Hopital-St-Louis.
Ms. 78. Dessins et gravures. Portrait de Fr. Doublet (i 751-1795), médecin
des hôpitaux, par C.-N. Cochin (1787}, gravé par B. Roger (1809).
BIBLIOTHEQUE DU SEMINAIRE DE SAINT-SULPICE
Rituel de l'Hôtel-Dieu (i 527-1 552), 66 feuillets parch. 22 x '6.
Au dos se trouve le titre suivant: « Ordinarium et preccs Domus Dei
parisicnsis ; nomina magistrorum, priorissarum et sororum. » Il contient des
additions du xvii" et du xviii" s.
(Ce rituel a été analysé par E. Coyecque, in Bull, de U Société de l'Hist. de
Paris, 1908, p. 189-209.)
ARCHIVES DE LA SEINE
Séries anciennes (accroissement) : 68 (IH;. H.-D., 1399- 1776. Pièces con-
cernant \'illeparisis, la princesse de Montauban, etc.
■Dirr AU XVII« ET AU XVIIP SIECLE
Département, ancien régime, AI, collections législatives : H.-D., 1774-1780 :
privilèges.— H», H.-D., 1657-1732, placard pour la boucherie de Carême,
1739; donations, legs de Marguerite de Gondi, marquise de Maignela7(i65o) ;
procédures ; certificat de décès, approvisionnements.
Fonds des domaines : H.-D., propriétés: 642 = 32 ro : maison rue du Bac
(i-8o-iSo3) ; — 97 = 1437, maison rue des Fossés de la Liberté (rue Monsieur-
le-Prince) vendue le 27 messidor an Ul ; — 679 - 2991, maison place de
l'Indivisibilité, no 9; — 579 = 2991, maison rue de Thorigny.
Sommier des propriétés nationales : Passim, aux noms de rues, indication
avec la valeur et le prix de location des maisons restituées aux hospices en
vertu de la loi du 16 vendémiaire an V.
Les Arch. de la Seine contenaient autrefois 89 registres de naissance (1627-
1789) et i65 registres de décès (i 594-1780) de l'ancien H.-D., brûlés en 1871
'd'après l'inventaire d'Aubert en i85o, ms. du min. de l'instr. publ.) Voy. aussi
Taillandier, Notice hist. sur les anc, reg; d'état civil à Paris, dans Ann. hist.
de la Soc. de VHisi. de Fr., 1847.
BIBLIOTHÈQUE DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Ms. 337. Recueil de jurisprudence, p. 40. « Ensuji: l'ordre que l'on tient au
gouvernement du temporel de l'Hostel-Dieu de Paris», à la suite de 2 mss.
concernant l'Hôp. du St-Esprit et celui de la Trinité.
Ms. 341. Recueil de pièces diverses sous forme d'expéditions adressées
au greffe du Parlement, à fin d'enregistrement, entre 1645 et 1675, provenant
probablement de Talon ; — t. IV, fol. 182, rétablissement de mouvance de la
grosse tour du Louvre du fief de la Grande Maison ou Ferme de l'H.-D., à
Chavillc, acquis de l'H.-D. de Paris par Le Tellier, secrétaire d'Etat (1662).
. BIBLIOTHEQUE DU SENAT
Ms. 948. Détails des hôp. de la Ville de Paris et des maisons de force du
royaume (1754).
Recueil de mémoires judiciaires :
Ms. 1 168, p. 319. Mémoire sur l'H.-D. et l'hôpital de la Charité (impr., 8 p.).
Ms. 1 175, p. 99. Procès. Mémoire pour les maîtres, gouverneurs et adminis-
trateurs de l'H.-D. de Paris contre les syndics de l'union des créanciers des ci-
devant soi-disant Jésuites (1767, in-4°, Lambert, 16 p.).
Ms. 1190, p. 769. Remontrances à M" les doyen, chanoines et Chapitre de
N.-D. de Paris par les religieuses de l'H.-D. (1769, in-4«).
ARCHIVES DU MINISTERE DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Ile-de-France. Ms. 1598, fol. 141. Demande d'admission à la salle des accou-
chées de chirurgiens étrangers(i" mars 1725).
Ms. 1602, fol. 45. Mémoire pour les administrateurs de l'H.-D. au sujet de
la réception de sages-femmes étrangères (2 juilL i733).
BIBLIOGRAPHIF,
Ms. 1609, fol. 181. Lettre au comte de Maurepas, ministre et secrétaire d'État,
concernant l'agrandissement de l'H.-D. (projet de reconstruction à l'île des
Cygnes), par Le Jeune, ancien curé de St-Laurent (1748); — fol. 221, autre
mémoire sur le même sujet; — fol. 246, lettre à Maurepas sur le même sujet
:'iG sept. 1748).
Ms. 1612. Mémoire sur le même sujet (i75i).
BIBLIOTHÈQUE DE L'INSTITUT
Fonds Godefroy. — 542, fol. i83. Copies de lettres pat. et mém. de Le Jeune
sur un projet de translation de l'H.-D. (1748).
ARCHIVES NOTARIALES
Il existe dans les archives de l'étude Delafon, actuellement boulevard de
Strasbourg, à côté des séries ordinaires des minutes, un fonds spécial constitué
par des minutes d'actes concernant d'une part l'H.-D., d'autre part les Incu-
rables. La série H.-D., d'après le Registre des offices de Delarue (1786), com-
mencerait en i65o pour fimr en 1676; cette date est certainement erronée,
car les documents se poursuivent jusqu'au commencement du xviii» s. Ils se
présentent au début, suivant l'usage résultant de l'ordonnance de 153^, sous la
forme de registres ; à partir du xvii» s., ce sont des actes isolés, déposés dans
des layettes dont le nombre est de cinquante environ.
L'état actuel de l'installation matérielle du minutier en rend l'accès à peu
près impossible, et nous devons ces renseignements à M. Coyecque qui a eu
l'occasion, il y a quelque 20 ans, à une époque où cette installation était moins
défectueuse, de procéder à une exploration de ce fonds; la partie correspon-
dant au xvi" s. prendra vraisemblablement place dans l'inventaire-sommaire de
ce minutier, dont le tome I, consacré au 26 premiers articles ( 1498- 1 345), a
déjà paru dans la collection de VHistoire générale de Paris sous le titre de
Recueil d'actes notariés relatifs à l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France
au XVI* s., Paris, igoS, in-fol.
Les pièces de ce fonds se composent de testaments (legs universel de Cl. de
La Place, ancien recteur de l'Université de Paris, 26 mai 1666; de Claude Masse,
commis au greffe des requêtes du palais, 21 août i665; de Gérard Blavet, doc-
teur en médecine, 18 juillet i65b; de Gautier Tallier, prêtre de l'Oratoire,
29 avril i665; de Jacques lluet, avocat en Parlement, i" août 16S7); de deux mar-
chés de travaux et plans (corps de logis dans la cour de St-Julicn-le-Pauvre,
30 avril 1666, plan du cimetière de la Trinité, 24 janvier 1681); de contrats de
rentes viagères, de fondations de lits (Pierre Hubert, 27 mai 1690; J.-B. Chas-
sebras, curé delà Madeleine en la Cité, 25 mai 1672 ; Claude Housset, seigneur
du Houssay, 28 janvier 1696; Nicolas Lecaron, prêtre, bachelier en théologie,
7 juillet 1666) ; de papiers terriers (fiefs d'Autonne, Baudoyer, St-Julieu-le-
Pauvrc, Tirechappe, iG janvier ir)92); de baux, d'inventaires, etc.
BIBLIOTHÈQUES ET ARCHIVES DE PROVINCE
AJAGCIO (bibliothèque DE LA VILLE)
Ms. 57. Constitutions faites en i652 pour les religieuses de l'H.-D. de Pari?
par le Chapitre de Paris, leur supérieur, et revues en 1725 (468 p.).
I.'hOTKL-DIFU au XVII" et AT XVIII« SIECLE
BESANÇON (bibliothèque DE LA VILLe)
Ms. 140, r- io3-3o8. Statuts donnes aux chapelains de l'H.-D. par le Cha-
pitre de la' cathédrale de Paris le 26 juin iG52, avec une table des chapitres
en tête. (Armoiries de Nicolas de Mesgrigny, chanoine 'de Paris et prieur de
Souvigny.)
CAMBRAI (bibliothèque DE LA VILLE)
Ms. 1264. Pièces sur l'administration de l'H.-D. Précis des motifs des
modifications apportées par l'arrêt d'enregistrement du 20 juillet lySi à la
déclaration du 24 mars précédent (8 feuillets).
CARPENTRAS (BIBLIOTHÈQUE DE LA VILLe)
Collection Peiresc, ms. 2106, p. 296. Traité de la pratique de l'H.-D. de
Paris, suivant les médecins et les chirurgiens les plus experts. Discours de
M. Petit, m" chirurgien dudit H.-D., p. 522-56i . Composition des médicaments
de ril.-D. de Paris (xviii" s.)
ROUEN (bibliothèque DE LA VILLe)
Collection Coquebert de Montbret, ms. 2095, p. 28. Mémoire présenté à
M. le Premier Président par les administrateurs de l'H.-D. et de l'Hôp. gén.,
p. 121. Incendie de l'H.-D., août 1737.
Ms. 2491. « Vie de la Très révérande mère Agnès de St-Landry, de l'ordre de
St-Augustin, très digne supérieure des religieuses de l'H.-D. de Paris» (morte
le 25 janvier 1672) (xviii* s.)
TOULOUSE (bibliothèque DES ARCHIVES)
Ms. 3i (F22). « Recueil des privilèges donnez par les roys à l'Hostel-Dieu de
Paris avec divers arrests du Conseil d'Estat, de cour de Parlement et autres
compagnies souveraines, comme aussi divers actes de justices subalternes : le
tout pour la confirmation desdits privilèges. M.DCLH » (titre imprimé). Le
recueil manuscrit qui suit s'étend de 1208 à 1654. En tête, table des actes par
règne, et petite table des matières, 379 p.
Instruction des formes requises aux eslections des 60 filles suivant la fon-
dation de M. et M"" de Nevers, par contrat du 28 mars 079. Suivent les pro-
cès-verbaux de ces élections annuelles de i58oà i65o.
Estât au vray du bien et revenu de l'H.-D. de Paris, i65i, VIII, 74 (impr.) .
MEAUX (bibliothèque)
Mémoire pour les prieurs et religieuses hospitalières de l'H.-D. de Paris
contre M.M. les Administrateurs du temporel. Plaintes des religieuses contre
le règlement du 16 juill. 1787; exposé des faits tels qu'ils se passaient depuis
onze siècles.
Arch. de la Ville, publiées par Jongleux, 3« vol. Envoi de 3 religieuses de
Paris et de l'h«jpital St-Louis, et de A. Guillcmain, chirurgien, lors de la peste
de 1G28.
BIBLIOGRAPHIE
Collection Tarbé, i4<S. Lettre autographe de Dom. de La Rochefoucauld
archevêque de Rouen, qui sollicite le payement d'une somme due à l'H.-D.
pour le traitement des soldats malades. (Paris, 27 janv. lyGS.)
Arch. hospit., B 33o. La Charité ou Aumône générale, 4 cahiers in-folio
concernant la boucherie de Carême de l'H.-D. de Paris (1700-1746).
SOISSONS
Arch. hospit., Sgô» reg. Compte, règle et manière de vivre des religieuses de
Paris (1526-1527).
ARCHIVES DE l'aISNE
Arch. hospit., B 3461. Concerne des bois de l'H.-D. (1668-1671).
ARCHIVES DE LA SARTHE
Dossier B 10. Siège présidial de la sénéchaussée du Maine. Minutes du
greffe des experts (i 743-1 744), pièce 341. Visite avant la vente de 3 maisons
dont l'H.-D. est propriétaire au Mans, paroisse de la Couture, en vertu du
legs de M" Martin Gautier (26 oct. 1743).
ARCHIVES DE SEINE-ET-MARNE
H 792 (carton). Procédure entre l'H.-D. et Anne Hervard, conseiller du roi,
seigneur de Mitry, concernant une redevance en blé due par te dernier. Titre
nouvel passé avec l'H.-D. par l'intendant de l'abbaye de Chelles de 2 muids de
grain à prendre sur la grange et les dîmes de Maurepas, paroisse de Mitry,
Autre titre nouvel par le chapitre de N.-D. de Dammartin, d'une rente de
3o sous, due sur 90 arpents de terre (1690-1785).— H 791 (carton). Baux de la
ferme de l'H.-D., située à Compans, et de 2 lots de terre, sis à Moussy-Ie-Neuf,
Moussy-le- Vieux, Villeneuve-s. -Dammartin (1776- 1788).
Supplément à la série H.— H» (cahier). Mémoire pour les religieuses de l'H.-D.
contre les administrateurs du temporel. Plaintes des religieuses contre le rè-
glement du 16 juin. 1787.
Supplément à la série E.— E 1777 (carton). Bail à la famille de Montesquiou-
Fczensac de la seigneurie de Coulommiers, dans lequel se trouvent rappelées
les conditions d'exécution de la fondation de Nevers.
IMPRIMÉS
Nous avons eu recours, le moins possible, aux livres imprimés. La plupart
des historiens de Paris ont parle de TH.-D., mais d'une façon très sommaire,
et sans grand intérêt. Nous ne saurions ici donner une bibliographie des ou-
vrages généraux sur Paris. Voici cependant quelques indications concernant
les ouvrages les plus importants :
L HOTF.I.-Dirr AT XYII' KT AV XVIII'' SIKCLF.
OUVRAGES SUR LHISTOIRE DE PARIS
Abbé Lebkuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris; Paris,
1754, iu-i2.
Dans la rumprcssion faite en i883, Paris, in-8», la partie concernant
St-Christophc et riI.-D. se trou%e au t. I, p. i5 à 18, et ne comporte d'ailleurs
aucune indication pour la période qui nous intéresse. Lebeuf discute surtout la
question de la fondation de TH.-D. par saint Landr)^
Dans 1 "édition de Cocheris, Paris, i863, in-8% la partie concernant l'H.-D.
se trouve t. I, p. 18 à 22 ; les notes et additions et la bibliographie, p. 60 à 67.
Des documents des Archives nationales, Cocheris ne cite que les cartons
L532 à 537 de la section historique. Il ajoute comme imprimes quelques mé-
moires et pièces de la Mazarine.
F. BouRNON, dans ses Rectifications et additions à l'ouvrage de Lebeuf,
Paris, i8go, in-8», ajoute, p. 7, 8, les comptes du xv" s. [H 3633-3636] et les
statuts des chapelains sous une fausse cote [LL 488"].
J. Du Breul, le Théâtre des antiquité:^ de Paris, Paris, 1639, in- 12, cite à
son chapitre H.-D., p. 57-62, le texte de l'inscription concernant Oudart de
Mocreux, le fondateur de la chapelle, celui de l'inscription mise contre les
nouveaux bâtiments de la salle St-Thomas, construits sous Henri IV", des
extraits du poème de Boterays, Ltitetia, et du « livre noir « du trésor du Cha-
pitre concernant l'attribution à l'H.-D. des lits des chanoines.
Germain Brice, Description nouvelle de la Ville de Paris, Paris, 1706,2 vol.
in- 12, t. II, p. 450-452, consacre à l'H.-D. quelques lignes sans importance.
FÉLiBiEN et LoBiNEAU, Histoire de la Ville de Paris, Paris, G. Desprez et
J. Dessessartz, 1725, 5 vol. in-f° (2 de texte et 3 de preuves) (une table détaillée
indique les passages qui ont trait à l'H.-D).
Delamare, Traité de la police, 1722-1738, 4 vol. in-f°. Voy. en particulier
au t. II, livre rv, titre i3, ce qui concerne les épidémies et la contagion.
[Dezallier D'ARGEmiLLrE], Vojage pittoresque de Paris^ 'Pdiïis, 1778, in-12,
se contente de citer, p. 2 5, le portail de Gamard, faisant face à la rue du Fouarre.
Le Maire, Paris ancien et nouveau; Paris, i685, 3 vol. in-12, t. III,
p. 127-140, copie les précédents.
H. Sauval, Histoire et recherches des aniiquités de la Ville de Paris, Paris,
1724, in-f°, t. I, p. 519 à 524, parle de la fondation de l'H.-D., des adminis-
trateurs, des religieuses, des salles (donn€ le nom des 12 salles en exercice, de
son temps), des directeurs, des malades, des médecins, sans aucune référence
d'ailleurs.
PiGANioL DE La Force, Description historique de la Ville de Paris, Paris,
1765, in-12, t. I, p. 398 à 40S, donne le nom des salles, les textes de l'ins-
cription d'Olivier Patru qui se trouvait sur la porte de la salle St-Charl-es con-
cernant les libéralités de Pomponne de Bellièvre, de celle qui figurait sur le
portail de la rue de la Bùcherie, de celle qui relatait la fondation de la cha-
pelle par Oudart de Mocreux, de l'épitaphe du chanoine Fr. Ithier
Chastelain (1662).
Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la Ville de
Paris, Paris, 1722, in-S", premier quartier: la Cité, t. I, p. 100 à 114, discute,
après Lebeuf, la question de la fondation de TH.-D. par saint Landry, et fait un
rapide historique de l'administration et des transformations de la maison.
Hurtaut et Magny, Dictionnaire historique de la Ville de Paris et de ses
enrii-ons, Paris, 1779, 4 vol. in-S», à l'art. Hôpitaux, t. III, p. 216-220, réédite
l'inscription d'Olivier Patru et celle de la salle St-Thomas.
niBLIOGRAPHIF,
O. DouEN, la Révocation de ledit de Nantes à Paris, Paris, 1897, 2 vol.
in-4», reproduit en appendice, au t. II, le registre des abjurations conservé aux
arch.'de l'A. P.
H. MoNiN, Etat de Paris en i~8g, Paris, 1S89, in-8», consacre uu chapitre,
le chap. IX, au Parlement et à la grande police des hôpitaux.
HoFFDAiiiiR, Paris à travers les âges, Paris, i885, in-f», t. I, Notre-Dame et
rilôtel-Dieu, p. 49-55, précieux surtout par les illustrations.
F. DE GuiLHERMY, Dcscription arcfiéologiquc des monuments de Paris, Paris,
2 édit., 1854, in-r2, donne, p. 366-372, quelques notions très sommaires sur
TH.-D. et St-Julien-le-Pauvre.
OUVRAGES DHISTOIRE ADMINISTRATIVE ET HOSPITALIÈRE
P. HÉLVOT, Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires et des
congrégations séculières de l'un et de l'autre sexe qui ont été établies jusqu'à
présent, contenant leur origine, fondation, progrès, événements considérables,
leur décadence ; suppression ou réformes, Paris, 1714-1719,8 vol. in-4'', con-
sacre un chapitre du t. III, p. 184 et sqq., aux religieuses hospitalières de
l'M.-D. et donne 3 gravures représentant un ancien frère profès, une religieuse
en tenue ordinaire, une religieuse en habit de cérémonie.
Chamousset, Œuvres complètes, publiées par Cotton des Houssayes ; Paris,
1783, 2 vol. in-i2, t. I, p. i35-222. Réforme de l'H.-D.
Art. Hôtel-Dieu de l'Encyclopédie ('749-1777) fait par Diderot; du
Dict. de la police, de DesEssarts (i 786-1 790), 8 vol. in-4'', ^^ l'art. Hôpital, de
nombreux répertoires, dictionnaires de jurisprudence, etc., cités dans C. Bloch,
l'Ass. et l'État, bibliogr., p. xxiii et suiv.
Tenon, Mémoires sur les hôpitaux de Paris ;T*av'is, 1788, in-4», Lxxiv-472 p.,
vendu au profit des hôpitaux de Paris. Les 3» et 4' mémoires concernent
spécialement l'H.-.D. (3" Où l'on détermine ce que l'H.-D. occupe de terrain
et où Ton recherche l'emplacement qui, dans une ville conviendrait le
mieux à ses hôpitaux. — 4" Description de la maison des malades de l'H.-D.
de Paris).
C. Bloch et A. TuETEY, Procès-verbaux et rapports du Comité de moidicité
de la Constituante [i-jçio-iygi) ; Paris, in-8°. (Doc. sur l'Hist. de la Révolution
française.)
La visite de l'H.-D. et dépendances se'trouve dans la Suite du rapport fait
au nom du Comité de mendicité des visites faites dans les divers hôpitaux
de Paris, p. 627 et sqq.
A. ToETËY, l'Assistance publique à Paris pendant la Révolution, Paris,
(publ. de la Ville de Paris), au t. I, 1890, les hôpitaux et hospices (17S8-1791),
l'introduction et l'H.-D., p. 96, bien que dépassant notre époque, donne des
renseignements sur l'état de l'H.-D. à la fin de l'ancien régime.
Flammermont, Remontrances du Parlement de Paris au xvin» siècle ; Paris,
3 vol. in-4», 1888 [Doc. inéd. de l'H. de F.], passim, sur le rôle du Parlement
dans l'administration des hôpitaux.
De Boislisle, Correspondance des contrôleurs généraux, 3 vol. in-4» [Doc.
inéd. de FH. de F.], passim.
C. ToLLET, les Édifices hospitaliers depuis les origines jusqu'à nos jours ;
Paris, 1892, in-f», p. 55 à 92. H.-D. du vu au xix" s., p. 92 à 97; l'hôpital
St-Louis, texte concernant surtout l'ordonnance des bâtiments. Illustration
abondante.
I.'hOTI-.L-DIEU Al- XVIl" ET AU XVIII« SIECLE
A. IIussoN, Éludes sur les hôpitaux de Paris, Paris, 1862, in-4«, 607 p., a
iiiscrc, app. G, p. 479-504, une note référencée sur IH.-D. et les constructions
hospitalières au moyen âge, et reproduit deux planches de reconstitution de
\'iolIct-Ic-Duc, représentant l'ancienne entrée de l'H.-D. et l'ancienne façade
sur la rue du Petit-Pont, avant l'incendie de 1772.
L. Lai.lemand, Histoire de la Charité, Paris, 4 tomes parus, in-8», t. IV
(1910), Temps modernes (du xvi' au xix' s.), est amené à parler à différentes
reprises de l'H.-D., notamment p. 478 et suiv., mais d'une façon très sommaire,
l'auteur s'occupant de toutes les matières d'assistance, non seulement en
France et en Europe, mais en Amérique, en Chine, etc. Esprit confessionnel
très marqué.
M. BoucHET, V Assistance sotis la Révolution, Paris, 1909, in-8», thèse de
droit, contient un chapitre préliminaire sur l'assistance sous l'ancien régime,
sans grande originalité.
Lk Maguet, le Monde médical parisien sous le grand roi; Mâcon, 1899,
in-S". Référencé; quelques notes sur l'H.-D.
D' Mac Auliffe, la Révolution 'et les liôpitaux de Paris, 1789, 1790, 1791 ;
Paris, 1901, in-S», thèse de médecine.
L. Lallemand, la Révolution et les pauvres ; Pans, 1898, in-8''. L'introduc-
tion, la seule partie qui intéresse notre sujet : quinze années de réformes hospi-
talières (1774-1789), a fait l'objet d'un tirage à part.
L. Parturier, l'Assistance à Paris sous l'ancien régime et la Révolution.
Etude sur les diverses institutions dont la réunion a formé l'administration
générale de l'Assistance publique à Paris; Paris, Larose, 1897, in-8° (thèse de
droit), chap. sur l'H.-D., p. 9 à 61.
V" d'Avenel, Histoire économique de la propriété, des denrées, de tous les
prix en général, de i2ooi 1800, Paris, 5 vol. in-S", 1894- 1900, cite fréquement
les prix fournis par l'H.-D., d'après les inventaires de Brièle.
Dr P. Delaunay, le Monde médical parisien au xvui^ s., Paris, 1906, in-S",
consacre un chapitre aux « médecins fonctionnaires » et à ceux de l'H.-D.,
p. 76-87. Abondante bibliographie.
[Alletz], Tableau de l'humanité et de la bienfaisance, on précis historique
des charités qui se font dans Paris..., Paris, 1769, in-i6, note sommaire sur
l'H.-D., p. 38-58, donne le nom des salles avec le nombre de lits.
D' Marius Salmon, le Portefeuille d'Achille de Harlay, Paris, 1909, in-8<',
contient la transcription de diverses, pièces contenues dans les manuscrits
i86o5, 18606, 18607 ^^ la Bibl. nat. concernant les hôpitaux de Paris. Ouvrage
sans ordre ni critique.
Histoire de l'Académie royale des sciences, année 1771, in-4'', parue eu
1774. Voy., p. 83o, récapitulation des baptêmes, mariages, mortuaires et enfants
trouvés de la ville et faubourgs de Paris, depuis l'année 1709 jusques y com-
pris l'année 1770, avec réimpression de l'état des entrées et sorties par mois
de l'H.-D. pour 1670 et 1671.
F. DE Guilhermv, Inscriptions de la France du v au xvin» siècle, Paris,
1873, in-4°, t. I, p. 63i à 649, donne les textes suivants: inscription du
bas-relief funéraire d'Henri Rousseau (1445), actuellement à St-Julien-le-Pauvre,
mais provenant de l'ancienne église de l'H.-D.; inscription concernant
Pomponne de Bellièvre (vers 1657); inscriptions commémoratives du legs
Benjamin Petitpicd (vers 1694), du legs de Lopriac (vers 1744).
M. Fosseveux, Inventaire des objets d'art appartenant à l'Administration
générale de l'Assistance publique à Paris, Paris, 1910, in-8% cite également
BIBLIOGRAPHIE
outre les précédentes, p. 141 et sqq., les textes des inscriptions concernant les
donations du marquis et de la marquise de Thibouville (xvii' s.), de Louis de
La Vallée (171 3), actuellement conservées à la Pharmacie centrale des hôpitaux.
VioLLET-LE-Duc, Dictiouttaire raisonné d'architecture ; Paris, 10 vol. in-H-,
t. VI, i863 p. 99, art. H.-D. (S'arrête au xv« s.)
^\\VLTi-s-\^ois\., Dictionnaire d'économie charitable, on exposition théorique,
historique et pratique de l'assistance religieuse publique et privée, ancienne et
moderne ; Paris, i853, in-4». (Fait partie de la 3° Eacycl. théol. de Migne.)
OUVRAGES SUR LHOTEL-DIEU
Ainsi que nous le disons dans la préface, le seul ouvrage important paru sur
l'H.-D., en dehors de celui de Coyecque pour le moyen âge, est le suivant :
RoNDONNEAu DE La Motte, Essai historique sur l'Hôtel-Dieu de Paris ; Paris,
Nyon l'ainé, et chez l'auteur, 1787, in-8°, 258 p. Ouvrage de circonstance écrit
au moment, où, comme le croit l'auteur, « l'Hôtel-Dieu de Paris va cesser
d'exister dans l'emplacement où il est » à la suite de la souscription faite pour
la construction de quatre nouveaux hôpitaux. L'ouvrage de Rondonneau, qui
n'a pas pu consulter les archives de l'H.-D., est fait par ordre chronologique,
d'après les ouvrages des divers historiens de Paris, Leheuf, Piganiol, Jaillot,
Sauvai, Malingre, Delamare, etc., et se termine par une « lettre d'un philan-
throphc à l'auteur sur quelques nouvelles ressources que la bienfaisance
nationale peut offrir au gouvernement pour la construction et l'ameublement
des quatre hôpitaux ». Le chapitre le plus intéressant et le seul où il y ait à
retenir est le chapitre v, où il donne des 'détails sur les incendies de 1737 et
1772, et sur les projets contemporains de reconstruction de l'H.-D.
Albin Rousselet, Notes sur l'ancien Hôtel-Dieu de Paris, relatives à la
lutte des administrateurs laïques contre le pouvoir spirituel, avec préface
du D- Bourneville ; Paris, 1888, 22 5 p. in-8».
Suite de textes pris dans la collection manuscrite des registres de délibé-
rations de l'H.-D. et destinés à faire ressortir « les abus commis par les reli-
gieuses et les chapelains ». « Ces notes, dit le préfacier, font tomber le voile des
religieuses, les mettent à nu et les font juger à leur valeur exacte. »
Al. Chevalier, l'Hôtel-Dieu de Paris et les sœurs Augustines (65o à 1810),
Paris, 1901, in-8*, 553 p., est au contraire une défense des religieuses, en
prévision d'une laïcisation alors éventuelle de l'H.-D., et aujourd'hui accomplie.
L'auteur donne quelques pièces justificatives qui n'ont aucun rapport avec
l'histoire de l'H.-D. Cet ouvrage a pourtant quelque intérêt en ce sens que
lauicur a eu communication des archives particulières de la communauté.
Les projets de réforme hospitalière qui parurent à la suite de l'incendie de
riI.-D. en 1772, de la Commission créée en 1777 par Neckcr, de l'enquête de
l'Académie des sciences (1785-1788), se trouvent mentionnés dans Tournel-.x,
Bibliographie de l'Histoire de Paris (n«' i5i37 à i5i56) ; dans la bibliographie
du volume de M. C. Bloch, l'Assistance et l'État en France à la veille de la
Révolution (p. xxxvii) ; dans G. Granier, Essai de Bibliographie charitable ;
Paris, i8gi, in-8», n" 1907 et sqq., et n" 1979 et sqq. Nous ne croyons pas
devoir reproduire cetie liste ; les plus importants sont cités au cours du volume.
Nous ajoutons seulement:/'/^» général d'un projet de l'Hôtel-Dieu de
M' le Roy, de l'Académie royale des sciences, imaginé en 1J73 ; cet édijice
disposé d'après les principes de la physique et de la médecine devait être placé
I. HOTEL-DIEU AT XVII'= ET AU XVIIF SIECLE
au bout du cours Li Reine; composé pour l'architecture et dessiné par Ch.
I'r. \'ii;i., architecte de l'Hôpital général de Paris, gravé par L. Taraval,
inspecteur de l'église du Roule, en 1781 (o, '^5X0, 57). (Bibl. nat., G° D 5486.)
Plan général d'hospices royaux ayant pour objet de former dans la Ville
et Faubourgs de Paris des établissements pour 6.000 pauvres malades, par
Tellès-Dacosta ; Paris, 1789, in-4''. (Bibl. nat., G° FF 11677.)
Récit de ce qui s'est passé tendant à la construction d'un nouvel Hôtel-Dieu.
Année 1773 ; Paris, 1773, in-4".
Henriette Carrier, les Origines de la Maternité de Paris. Les maîtresses
sages-femmes et l'office des accouchées de l'ancien Hôtel-Dieu ( 1 378-1 796) ;
Paris, 1888, in-8?'. Assez bon résumé fait par une sage-femme de Lariboisière.
D' A. CoRLiEu, Médecins et Chirurgiens de l'Hôtel-Dieu {Galette des
hôpitaux., i3, 29 janv., 2 févr. 1901) et France médicale (10 juin, ib, 29 juill.,
3, 12, 19 août, 21 octobre 1898). Liste de noms, d'ailleurs incomplète.
Duhamel du Monceau, Moyens de conserver la santé aux équipages de
vaisseaux, Paris, 1759, in-12, contient, p. 227-242, une description et un plan
de St-Louis.
G. CoRjMu, A l'hôpital il y a deux siècles : 'l'Hôtel-Dieu, les compagnons
chirurgiens externes ; Paris, 1897, in-8% thèse de médecine.
[Doucet], Mémoire sur la maladie qui a attaqué en différents tems les
femmes en couche à l'Hôtel-Dieu, lu à l'une des assemblées de la Faculté
(16 sept. J782), in-4'', 9 P-
M. DoiGNY, Histoire de l'hôpital Saint-Louis depuis la fondation jusqu'au
XIX» siècle; Paris, 191c, in-S", thèse de médecine. Simple résumé chronolo-
gique de délibérations, et des Mém. de Tenon.
Lettres patentes, arrests, règlemens et autres titres concernant les privilèges
accorde^ par les roys de France à l'Hostel-Dieu de Paris, in-4». Bibl. A. P.,
Eij, sans pagination spéciale. Nous désignons ce recueil dans le -corps de notre
ouvrage par l'abréviation suivante : H.-D., lettres patentes et am-èts.
H.-D., Recueil de Règlemens et autres pièceSj 4 vol. in-4;. Bibl. A.P., En,
chaque tome paginé. Nous désignons ce recueil par l'abrévation : Règl. H.-D.
Ces deux recueils sont d'un intérêt capital poux notre ouvrage.
Citons pour mémoire quelques articles de vulgarisation parus sur l'ancien
H.-D.:
D. Delaunay, l'Ancien Hôtel-Dieu, dans le Jamis, Arch. internationales
pour l'étude de la médecine et de la géographie médicale, i5 août-
i5 sept, igoi, 9 p. — Abbé Gauthier, l'Ancien Hôtel-Dieu et les sœurs
Augustines, dans la Cité, bulletin de la Soc. archéol. et hist. du 4.' arrondis-
ment, avril et juill. 1908, p. 114 et 211. — Prof. Gil.sev.t, l'Ancien Hôtel-Dieu,
leçon d'ouverture à la clinique de TH.-D., dans Paris médical^ i"janv. 191 1.
N. B. — Pour les ou\ragL> usuels concernant l'histoire de Paris, Lebeuf,
Jaillot, Sauvai, Delamarc, Corrozct, nous n'avons pas répété les titres dans
le corps de l'ouvrage.
ICONOGRAPHIE
BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
CABINET DES ESTAMPES
Topographie.— W\ 25 5. Vue et perspective du pont de l'H.-D., par Aveline
(se vend à Paris, sur le Petit-Pont, au Croissant).
Petit-Pont de l'H.-D. Jaime del. (1877) ; — Vue du grand portail de
l'Hostel-Dieu bâti par M. Gamart, Jean Marot fecit. P. Mariette cxcudit (vers
1660) ; — Dessins et coupes du fourneau des étuves (5 lavis) (1758) ; — Six gra-
vures représentant des scènes de la vie des religieuses : Procession de la salle
du Rosaire, les premiers dimanches du mois, à 3 heures de l'après-midi; — le
noviciat; — le repas des malades; — le réfectoire des religieuses; — les lavan-
dières — exercices des religieuses à 5 h. 1/2 du matin.
Ve gi. Plans des diverses salles de l'H.-D., petit in-folio de 41 planches
imprimées, avec légendes très détaillées. Très précieux pour la topographie
des locaux.
Supplément à la topographie de Paris. Grand calque offrant un plan géomé-
tral de l'H.-D. antérieur à 1772(11° 5465 du 3i" au 36* quartier).
Collection Gaiguières.— Tombeaux. Pu 11 a, fol. 144. Calque d'un monument
en marbre blanc avec épitaphe, de J.-Ph. de Bertier, abbé de St-Vincent de
Senlis, mort en 1667, bienfaiteur de l'H.-D., .qui se trouvait dans la chapelle
(le même Pe ij, fol. 22). (N» 3097 de VInventaire Bouchot.)
Costumes. — Pc 18, fol. 26. Dessin d'une tapisserie à fonds de feuillage
avec une biche couronnée aux armes de Bavière, exécutée pour la duchesse de
Bavière, morte en 1662, et qui appartenait à l'H.-D. {N° 1774, id.)
Collection Destailleurs (Paris).— T. IV. 699. [Hubert Robert]. \'ue de
l'incendie de 17712 (aquarelle); — 700. Anonyme. Incendie de 1772 (aqua-
relle) ; — 701. Fawkes. Incendie de 1772 (dessin encre de Chine); — 702. Gabriel
DE SAINT-A.UBLN. Ruiues (1773) (aquarellc) ; — 703. Gabriel de Saint-Aubin.
Ruines (1773) (aquarelle); — 704. [Nicolle]. Le pont de N.-D., l'H.-D. et le
Petit Châtelet (aquarelle);— 705. [Lallemand]. Le pont St-Charles (dessin
encre de Chine);— 706. A. B. (i853). Crypte à l'H.-D. (dessin lavé en bistre) ; —
707. Anonyme (1822). Cagnards (dessin lavé en bistre) ; — 708. Anonyme (an XI).
Vue extérieure de l'église, du côté de Paris (croquis à la plume) ; — 709. Anonyme
Les Cagnards (dessin).
T. V. 954. Germain. Vue de l'ancien H.-D., de l'Archevêché, de l'abside
et du terrain N.-D., des Quais (aquarelle) ; —956. A. Moitte. N.-D., le Cloître,
l'H.-D. en 1787 (aquarelle).
I.'hOTRL-DIEI- au XVIic FT Al' XVIIie SIKCLE
T. \I. 1157. Anonyme. Pont au Double à l'H.-D. de Paris (aquarelle); —
iiD.S. Anonvmk. Pont au Double démoli en 1847. Salle St-Edme démolie en
1S28 (aquarelle- ; — i i.Sg. Anonyme. Pont de l'H.-D. (dessin encre de Chine, ; —
iiG:^. [Bonington]. Pont de l'H.-D. (aquarelle).
L'exactitude des dessins de la collection Destailleurs, que l'on peut rappro-
cher des dessins qui sont à Carnavalet, est très sujette à caution.
Collection //e»«»i.— Anonyme. Une salle de l'H.-D. au xviii» s. Mr. le ci-
devant duc de Chartres, accompagné de son gouverneur, vient soigner un
malade (1790) (n» 10821).
MUSEE CARNAVALET
Breughel de Velours. Procession de la Ligue passant rue du Marché-Palud,
devant la salle du Légat, et sortant de la rue Neuve N.-D. (iSgo).
Raguenet. Incendie de 1772 (peinture, P 278).
J.-B. OuDRV. Incendie du. Petit-Pont (17 18) et façade de l'H.-D. (peinture,
P 249).
Hubert Robert. Incendie de 1772 (2) (peinture, P 175).
G. Saint-Aubin. L'Ancien H.-D. après l'incendie de 1772 (dessin au bistre,
D446).
Hubert Robert. Les ruines de l'H.-D. après l'incendie de 1772 (deux
dessins), la salle Jaune, la salle du Légat, D 425-427.
Anonyme. L'Ancien H.-D. avant l'incendie de 1772 (peinture, P 670).
PÉRiGNON. — Le pont de l'H.-D. vers 1789 (dessin, D S-jS).
Sur ces tableaux, voy. Bonnardot, Iconographie du Vieux Paris, dans
Rev. univ. des arts, mai 1857 et oct. i858.
Voy. aussi Estampes, cartons 8r, 82, loi :
Van Merlen. Place du Parvis en i65o (gravure) ; — I. Silvestre. Entrée de
l'H.-D. en i65o (gravure) ; — Manesson-Mallet, Géométrie pratique. Vue de
l'H.-D., du côté du Petit-Pont, en 1702, donne une perspective du portail sur
la rue du marché-Palud à l'entrée du Petit-Pont.
Une salle de l'H.-D., gravure sur bois du xvi» s., en tête d'un ms. de la
Bibl. de Bourgogne, à Bruxelles, intitulé : le Pardon, grâces et Facultés octroyés
à Mgr. l'archevêque patriarche de Bourges et primat d'Aquitaine, aux bienfai-
teurs de l'Hostel-Dieu de Paris.
Procession de la châsse de Ste-Geneviève gravée par Blanchard etLePAUTRR,
éditée par Jollain, 1689. (Vue des bâtiments de l'H.-D. sur le Parvis.)
Il faudrait ajouter des vues du xix° s. représentant les anciens bâtiments
qui avaient gardé leur physionomie, notamment les eaux-fortes de Mervon (le
Petit-Pont, i85o), de Brunet-Debaines (les Cagnards, 1872), de A. Varin (le
Pont St-Charles, i838), de Martinet (le pont de l'H.-D.), de Martial (1859), etc.,
et les reproductions faites par Lenôtre dans son ouvrage sur les Quartiers de
Paris pendant la Révolution; Paris, E. Bernard, 1896 : l'H.-D. de 1790 à 1800,
t. III, p. 27; les cagnards, le Petit-Pont, le pont St-Charles, l'H.-D., dessins
de Lallemand.
MUSÉE DU LOUVRE
.\mende honorable de Favras, dessin original de Prieur. (Vue des bâtiments
de l'H.-D. sur le Parvis, à l'époque de la Révolution.)
ICONOGRAPHIE
ARCHIVES DE L'ASSISTANCE PUBLIQUE
Les plans conserves aux Arch. de TA. P. ont élé indiqués dans les inven-
taires de L. Brièle.
ARCHIVES NATIONALES
N III. Seine, 3« classe, n» 209. Plan et figure du territoire de la censive de
riI.-D., au lieu dit du Mont-de-Mesly, en la commune de Créteil (levé en 1G68;.
N'= 210. Plan de la censive de l'H.-D. sise au village de Créteil (s. d.), district
de Bourg-Égalité, canton de Charenton-le-Pont.
N' 265. Plan d'une partie du territoire de Créteil et bornages des dépen-
dances de TH.-D. (levé en 1674).
N" 825. Explication et légende du plan et arpentage des terres de l'H.-D.,
et de celles des fiefs de Longueil et de Champs-sur-Marne, fait par Jubin en
oct. 1721.
N" 947. Le plan et délimitation des terres entre l'abbaye de St-Denis et
l'H.-D. à la Courneuve, marqué au catal. des Arch. nat. comme concernant
l'H.-D. de Paris, concerne l'H.-D. de St-Denis.
BIBLIOTHEQUE HISTORIQUE DE LA VILLE DE PARIS
Fonds \'aquer, Qi 52. Un grand nombre de croquis relatifs aux piles et
cagnards de l'ancien H.-D., marques de tâcherons relevées sur les piles des
cagnards.
Sur le cimetière des Innocents, je citerai simplement le plan géométral, de
juin. 1756, du Cabinet des estampes, où se trouve marque le terrain de l'H.-D.
à l'extrémité ouest de la chapelle Pommereux et la porte St-Eustache ; l'eju-
forte d'IsRAEL Silvestre (vers i65o) ; l'estampe sur bois qui se trouve dans le
texte des Traités de Philosophie naturelle de Pierre Arnault de la Ciieval-
LERIE (1612, in-4).
En ce qui concerne St-Louis, Cabinet des estampes de la Bibl. nat., collec-
tion Destailleurs et musée Carnavalet :
Maréchal (1786). Vue de l'hôpital St-Louis, dessin lavé en bistre (n»' 728 et
730 de la collection Destailleurs).
Mariette (rue St-Jacques). Plan cavaliei au xv!!" s. (vers 1690). (Voy.
Description de Paris, t. IV, p. 74, gravure.)
Rousseau (gravure xvii* s.). L'hôpital St-Louis où l'on met les pestiférés.
Israël Silvestre (vers iGSq). Vue de l'église de l'hôpital St-Louis, hors de
la porte du Temple.
Claude de Chastillon (dessin). Vue de l'hôpital St-Louis. (Voy. l'Œuvre
de Cliàtillon et la Topograpliie française de Claude de Chastillon, 1648, in-fol.)
Plan de l'hôpital St-Louis en 1715. (Arch. de l'A. P., reproduit dans Pr.-]'.
Coinm. du ]'ieiix-Pai-is, 6 juill. 1899.)
UHOTÈL-DIEU
AU XVIP
ET AU XVIIP SIÈCLE
CHAPITRE PREMIER
L'ADMINISTRATION
Son caractère. Son évolution. Les pouvoirs qui se partagent la direction de
l'Hôtel-Dieu. — i° le chapitre et la juridiction spirituelle : maître,
chapelains, religieuses. — 2» la municipalité : les épidémies; les travaux. —
3° LE parlement : les mesures financières et administratives; la Compagnie
du Saint-Sacrement ; les dames de charité. — 4° le pouvoir central :
le lieutenant général de police.
L'administration : les administrateurs ; les salariés : greffier, receveur, panetier,
dépensier, notaire, garçons et filles de service; le personnel à la fin du
xviii» siècle. Le rayonnement de l'Hôtel-Dieu en France et à l'ciranger.
Nous allons assister pendant deux siècles à la transformaticn
d'un établissement qui avait encore au début du xvii« siècle le
caractère de l'antique Maison-Dieu du moyen âge, maison « natio-
nale » puisqu'elle était en partie entretenue par les quêtes et les
pardons de toutes les provinces (i), et par les legs des habitants de
toutes les villes de France, — internationale même, puisque, dans
leur lettre au pape du 14 août 1601, sollicitant l'autorisation de
quêtes et pardons dans le royaume, les échevins de la Ville de
Paris parlent d'assurer « la continuelle nourriture de toutes sortes
de pauvres et malades, de toute nation, sexe, âge ou condition » (2)
— en hôpital purement parisien et destiné à une collectivité sociale
bien délimitée, celle des malades et des blessés; enfin, d'autre part,
à la transformation d'un établissement soumis à la juridiction du
(i) Encore à la fin du xviii° siècle les administrateurs prétendent que ril.-h. >• étant une
institution de charité et de bienfaisance universelle, adroit aux aumônes de tout le royaume ..
Mais ils avouent que seul le diocèse d'Amiens a continué à contribuer a ses revenus, pour
une somme infime d'ailleurs de 200 1. par an. (Délib. 3 avril 1780, reg. i5o, fol. i-jo.)
(2) Arch. nat., H 1792, fol. 596 v». (Délib. V. de P., t. XII ; Paris, 1909, in-fol., p. .i().|.
l'hOTEL-DIEI: AT- XVIie ET AU XVIHe SIECLE
Chapitre de Notre-Dame et à la protection de la municipalité
parisienne, en un établissement placé sous la dépendance du roi, du |
Parlement, et de la lieutenance générale de police, c'est-à-dire à la j
mainmise du pouvoir central sur une institution autrefois presque |
autonome, suivant d'ailleurs une loi constante observée dans les 'i
autres branches de l'administration aux xvii« et xviii« siècles.
On peut dire que, déjà au début.du xvii«= siècle, le Chapitre de \
Notre-Dame n'a plus qu'une surveillance limitée sur le « spirituel .) j
de la maison, qui a de moins en moins d'importance. Les délibé- '
rations capitulaires n'ont plus de valeur qu'autant qu'elles sont '
ratifiées par le bureau laïc, par les administrateurs du « temporel «.
L'administration de l'Hôtel-Dieu est d'ores et déjà, malgré quelques
apparences, une administration laïque, et les quelques conflits '
soulevés entre les deux pouvoirs finiront toujours par la victoire ^
des administrateurs. Dautre part, la municipalité parisienne, qui 1
avait toujours soutenu l'Hôtel-Dieu comme une des parties de son
domaine, est petit à petit, dans ses prérogatives de protection comme i
dans ses projets d'organisation, en temps d'épidémie par exemple, \
effacée par le Parlement qui, dès la seconde moitié du xvii« siècle, j
correspondant à l'établissement définitif de la monarchie absolue, j
met la main sur l'administration des établissements hospitaliers. ,
Nous allons suivre rapidement les phases de cette évolution,
en étudiant, vis-à-vis de l'Hôtel-Dieu, l'importance et l'influence
de ces trois pouvoirs, dégagées à l'aide de leurs délibérations res-
pectives. Aussi bien nous avons la bonne fortune de posséder i
tous les éléments nécessaires à cette étude : registres des délibé-
rations capitulaires, registres des délibérations de la Ville de i
Paris, registres des actes du Parlement, enfin registres des deli- ■
bérations de l'Hôtel-Dieu ( i ). De la confrontation de ces documents, \
il ressort quelques principes généraux qu'il y a lieu d'exposer, en se |
bornant d'ailleurs à quelques idées directrices et à quelques i
exemples probants, car l'abondance même de la documentation \
serait un sérieux écueil si l'on cherchait à être complet dans une
étude qu'il importe de restreindre à des considérations d'ensemble.
Nous allons donc étudier successivement le rôle du Chapitre, — i
celui de la Municipalité, — celui du Parlement, — celui du pouvoir
central, avant de voir fonctionner l'administration elle-même. i
<i) Voy. la Libliografliie.
L ADMINISTRATION
LE CHAPITRE
En donnant la liste complète des délibérations capitulaires
concernant rHôtel-Dicu jusqu'en i539, dans son 2« volume de
V Histoire de l'Hotel-Dieu an moyen âge, M. Coyecque en fait
ressortir l'importance pour l'histoire de l'établissement, importance
qui, dit-il, représente celle des délibérations du Bureau pour les
xvii" et xvni^ siècles. En étudiant les délibérations capitulaires pour
les xvne et xviii'= siècles, on se rend compte immédiatement du
changement qui s'est opéré. Le Chapitre est confiné dans les
droits de sa juridiction spirituelle, et encore ne peut-il l'exercer
sans l'agrément et le contrôle des administrateurs, d'où divers
conflits que nous allons rappeler.
Ces délibérations capitulaires nous révèlent les actes principaux
oi^i se manifeste l'intervention des deux membres du Chapitre
chargés de la surveillance de l'Hôtel-Dieu, qui portent le titre
de « visiteurs » de l'Hôtel-Dieu et sont désignés à l'assemblée
général de la Saint-Jean (i) : la nomination et l'installation du
« maître au spirituel » ; la désignation des chapelains ; la récep-
tion, vêture et « probation » des religieuses; les lettres d'obé-
dience permettant la sortie de ces religieuses ; la visite annuelle
et « le chapitre » ou assemblée du personnel religieux de la mai-
son ; la revision des statuts de la communauté et l'approbation
des élections des dignitaires ; l'érection d'autels ou de chapelles;
la publication des indulgences et des jubilés, et c'est tout (2).
En définitive, cette juridiction spirituelle ne diffère guère de
celle qui peut s'exercer à l'égard de toute communauté religieuse ;
mais elle n'en est pas moins singulière, en ce sens qu'elle
écarte complètement toute ingérence de l'archevêque. Le Cha-
pitre de Notre-Dame en a fait les statuts, « pour ne despendre
ladite maison », dit une note du xvii" siècle, « d'aulcuns généraulx,
provinciaulx, abbez, prieurs ou aultres, et pas mesme de l'Arche-
vesque de Paris «. Ce sera un événement lorsque le cardinal de
Noailles viendra — une fois par hasard — s'agenouiller dans la
petite église de l'Hôtel-Dieu, comme viendrait tout autre per-
sonnage d'importance, mais sans d'ailleurs se permettre la moin-
dre intrusion dans le domaine réservé au Chapitre, qui défendait
(i) J. Meuret, le Cliafitre de Notre-Dame de Paris en rygo ; Paris, in-8 [1904], p. i53.
(2) A l'enterrement du doyen du cliapitre, son cercueil, en passant devant l'Hôtel-Dieu,
était encensé par les chapelains entourés des sœurs en habit de chœur. (Description histo-
rique des curiosités de l'Eglise de Paris; Paris, GuefTier, 1763, in- 12, p. 423.)
'HOTF.L-niFr AU XVIie ET AU XVIIie SIECLE
jalousement ses droits. Un seul archevêque, qui eut un peu plus
de caractère que ses prédécesseurs, Christophe de Beaumont,
aurait pu être tenté de s'immiscer dans les affaires de l'Hôtel-Dieu ;
mais il eut alors un autre champ pour exercer son activité : l'Hô-
pital général.
■ Le pouvoir du Chapitre s'exerçait surtout par Tintermédiaire
du « maître au spirituel », personnage sans importance qui se
borne à gérer les affaires de la communauté.
LE MAITRE AU SPIRITUEL
Le maître au spirituel, en effet, n'est plus qu'une sorte de
supérieur des chapelains, depuis que les statuts (i) de i535 Tont
dépossédé de ses attributions temporelles. Il ne les a pas toutes
perdues, d'ailleurs, mais elles sont assez mal définies.
Les statuts de i652 portent (2) qu'il est établi dans la maison,
« de l'autorité du Chapitre, pour veiller au culte divin, et à l'office
canonial qui s'y chante, comme aussi pour prendre garde à ce que
les malades soient assistés spirituellement, temporellement, et
généralement pour maintenir en toutes choses la gloire de Dieu
et l'augmentation de son culte dans l'Hôtel-Dieu ». Un autre
document de la première moitié du xvii^ siècle indique qu'il doit
prendre garde, en l'absence des gouverneurs et administrateurs,
« à ce qui est du temporel de ladicte maison, et en tout cas en
advertir lesdits administrateurs, et ayant mesmes plain pouvoir
aux choses spirituelles, à qui tous, relligieux, relligieuses, chap-
pelains, officiers, serviteurs, et tous ceux qui sont demeurans
dedans l'enclos de ladicte maison luy doibvent obeyr en ce qui
regarde le spirituel ».
Le maître est assisté d'un « sous-maitre » qui n'a pas d'ailleurs
d'attributions spéciales, sauf la conduite des enjants de chœur,
choisis parmi d'honnêtes, mais pauvres familles, à qui on apprend
le latin, et qui sont soumis à une discipline assez sévère et toute
ecclésiastique (3) ; on les destine en effet à la prêtrise, et ils devien-
nent, après leur stage comme enfants de chœur, des enfants à la
robe noire, portant déjà soutane avant d'être chapelains (4).
(1) Sur la réforme de l'Hôtel-Dieu au xvi« s., voy. Coyecque, o. c. t. I, ch. vu.
(2) Arch. nat., LL 383a, fol. 77.
(3) Voy. à ce sujet les détails donnés par F.-L. Chartier, l'Ancien Chapitre de Xotre-
Dame de Paris et sa maîtrise ; Paris, Perrin, 1897, in-12.
(4) Quelques-uns même au xvi- siècle étaient mis dans des collèges pour parfaire leurs
études. Cf. « Pour une année et demye de la pension de Noël Duboys, enfant de cueur dudit
H.-D.. estant au colleige de S" Barbe, 24 1. par. (Comptes, iSSg, 54° reg.);— A Pierre Le
L ADMINISTRATION
Le maître tient un journal ou registre « des choses les plus
remarquables qui se passent dans la maison » et qui regardent
son office. Ce journal écrit au jour le jour contient des rensei-
gnements précieux pour l'histoire de rétablissement, et parfois
des indications intéressantes sur certains événements parisiens (i).
Nous possédons deux registres du maître au spirituel, l'un allant
d'août 1661 à octobre 1738, l'autre du 16 mai 1740 au 9 fé-
vrier 1779. On y voit consignés, entre autres choses, les serments
que prêtaient entre les mains du maître les « apprentisses » sages-
femmes (2), les publications de ban des mariages des gens de
la maison, les notifications d'indulgences (3), les probations et'
réceptions des religieuses, leurs décès, les élections de prieures,
les services solennels, etc.
L'installation d'un maître au spirituel ne manquait pasde solen-
nité. En voici un exemple : « Messire Mathieu Faulte de Ribiere.
prêtre du diocèse de Limoges, docteur en théologie de la maison
et société de Sorbonne, ayant obtenu par ses grades la cure de
S^ Landry en la Cité, ets'étantdemisde la place de maître de l'Hôtel-
Dieu, MM. les doyen et chanoines de l'Eglise de Paris ont choisi
pour lui succéderlapersonne demessire JeanEtienne Merlier, prêtre
du diocèse de Paris, docteur en théologie de la maison et société
de Sorbonne, cy devant premier vicaire de l'église paroissiale
SI Nicolas des Champs à Paris, lequel après avoir prêté le serment
accoutumé, en présence de M'"^ du chapitre de l'Eglise de Paris,
entre les mains de M"" l'abbé d'Harcourt, doyen, le 16 mai 1740,
a pris possession au chœur de Notre-Dame, et a été mis en
possession dudit Hôtel-Dieu, par MM. d'Harcourt, doyen, Dela-
marre, pénitencier de l'église de Paris, MM. Couvein, théologal,
de Barcos, chanoine, étant malades, tous quatre supérieurs et
visiteurs de l'Hôtel-Dieu. Le mardi suivant M"" d'Harcourt a
présenté au bureau de M^s les administrateurs du temporel la per-
sonne de M"" Jean Etienne Merlier, auxquels il a déclaré que,
conformément à la nomination du Chapitre de l'Église de Paris,
Lorme.escollier del'H.-D. estudiant au collège de Navarre, 12 1. 10 s. t. pour demye année
pour subvenir à ses études (Comptes, iSyS, 11 5» reg.); — A François Martin, enfant de
ceur, à présent escollier dud. H.-D., estudiant au colleige de S'» Barbe, 3o 1. t. pour une
année de sa pension (Comptes, iSyô, 121° reg.). <>
(i) Mai 1694: procession de S'» Geneviève (t. I, p. 127);— mars 1702, « Le Roy est venu à
IHôtel-Dieu pour le jubilé u;— 8 juin 1773 :« Arrivée de M"°» la daupliine à Notre-Dame et
à l'Hôtel-Dieu », etc. (Voy. A. Boinet, Catalogue des ?«ss. des Archives de l'A. P.; Paris,
Pion, igo8, in-8», p. i5.)
(2) T. II, in fine, en retournant le volume (14 juin lySo- 19 juin 1787).
(3) Notamment indulgence de 7 ans pour les « mourants prononçant de cœur ou de bouche
le saint nom de Jésus» (bref d'Innocent XII, 26 févr. 1692,) et pour ceux qui se confessent et
communient le jour de Saint-Jean-Baptiste, patron de céans (t. I, p. 1 17).
l'hOTEL-DIFI- AV XVIie F.T AU XVIII« SIECLK
il l'avait mis en possession du spirituel de THôtel-Dieu (i) >;.
Quand un maître meurt en fonctions, son corps est embaumé
et enterre dans le chœur de l'église de THôtel-Dieu (2).
Malgré son pouvoir presque absolu sur les chapelains et la
communauté, le maître est soumis tous les ans à Tinspection du
doyen et des deux chanoines « visiteurs » de l'Hôtel-Dieu, qui
jugent en dernier ressort de toutes les affaires importantes, en
particulier des différends qui peuvent surgir entre le maître au
spirituel et les administrateurs. A vrai dire, le maître ne fait rien
sans en référer au Chapitre, dont il n'est que le « délégué » à
l'Hôtel-Dieu, et dont il suit docilement la politique.
Les chanoines « visiteurs » font tous les ans, au mois de
décembre, le jour de la fête des Saints-Innocents, accompagnés
du doyen, la visite des tabernacles, des ciboires, des ornements,
de la sacristie, des registres tenus par le chapelain du banc (3), et
s'assurent que tout est en bon ordre et bien entretenu (4), puis
vont visiter les fonts baptismaux et les vases des saintes huiles
qui sont dans la chapelle de la salle du Légat, enfin montent à la
communauté recevoir les clefs de la mère'prieure, visitent les locaux
et tiennent le « chapitre » ou assemblée annuelle, où l'on rappelle
le personnel religieux à l'observation des statuts et règlements.
LES FRÈRES
La délibération du 20 novembre 161 5 (5) mentionne encore, à
côté des chapelains, prêtres séculiers, 5 religieux profès : ce sont les
derniers représentants de l'ordre des frères que le Chapitre laissait
s'éteindre, faute de sujets capables pour le recruter ; les deux der-
nières réceptions de frères eurent lieu en 1 608. En 1620, le Chapitre
fit défense au maître de lui proposer, à l'avenir, « aucun novice qui
ne fut instruit et capable d'entendre les religieuses en confession » .
et refusa deux novices « enfans de chœur eslevés en cet hostel, et ne
voulut les admettre à faire profession » (6). Cet ordre des frères s'était
(i) Journal.., t. 11^ p. i.
(2) Cf. le 23 mars 1741 le corps de M' Merlier, maître au spirituel, est inhumé dans le
chœur de l'église de l'H.-D., « au-dessus de l'aigle, du côté gauche ». (Journal du maître
au spirituel, t. II, p. 3.)
(3) Cf. 4 juin 1751, Relation de la visite de l'H.-D. par M' de S' Exupéri, doyen. Le
Blanc, et de Barcos, chanoines, visiteurs de l'H.-D. (Délib. capit., Arch. nat., LL268, à la
date.)
(4) Le maître n'a pas le droit de disposer des objets de la sacristie sans l'autorisation du
Bureau; voy. plaintes à ce sujet. (Délib. 3 juin 1667, reg. 35, fol. 114 v».)
(5) Reg. 12, fol. 924.
(6) Arch. nat., L. 593, mémoire de Lelong, chanoine, liv. II, ch. 11. p. i53.Un des der-
niers admis fut Jean Bourgeois qui fut sous-maître et maître de IH.-D.
L ADMINISTRATION
signalé, au xvr siècle, par sa lutte contre le Chapitre qui avait installé
à leur place, en i 548, des chapelains séculiers ; ils avaient refusé de
se soumettre à l'obédience des religieux de Saint-Victor (i) et
s'étaient pourvus en cour de Rome contre l'arrêt du Parlement
qui les avait fait sortir de l'Hôtel-Dieu. Ils avaient obtenu leur
retour par un nouvel arrêt du Parlement du 22 mai i55o, et le
Chapitre avait reçu, le 23 février i55i, notification d'une bulle
pontificale leur permettant de reprendre leur ancien habit. Apres
le départ des religieux de Saint- Victor, ils furent rétablis dans
la plupart de leurs anciennes fonctions ; leur gouvernement ne fut
qu'une suite de scandales et de malversations, Jusqu'à la fin du
xvi« siècle, et l'on s'étonne que le Chapitre les ait si longtemps
supportés (2).
LES CHAPELAINS
Sous l'autorité du « maître » sont les chapelains, dont les
Statuts, datant de i 535, furent renouvelés en 1 652, en même temps
que ceux des religieuses.
Ils n'étaient que 4 en i535 ; ils étaient 14 en i652, dont
6 chapelains du chœur et 8 chapelains des malades (3). Ils sont
présentés par le maître au spirituel et viennent de tous les diocèses
de France, mais surtout de la Picardie, de la Normandie et de
l'Auvergne. Ils commencent par être chapelains des malades, puis
passent, à l'ancienneté, chapelains du chœur. Quelques-uns arrivent
à la dignité de sous-maître, de maître, ou sont nommés curés (4).
Les chapelains du chœur sont spécialement chargés de l'église
et des offices ; ils préparent les processions, les expositions du Saint-
Sacrement, le « paradis » du vendredi saint, les reposoirs, font le
catéchisme aux domestiques de la maison une fois par semaine,
disent toutes les prières de leur état, confessent les religieuses,
accompagnent les convois de jour aux Innocents, à tour de rôle,
chaque semaine, les convois de nuit à la Trinité, veillent à ce que
les « emballeurs » déposent saintement les morts sans les tirer par
les pieds, les mettent dans la fosse en les couvrant de terre sans se
contenter de les déposer à même le sol et de les recouvrir d'un peu
de terre, ne chargent pas trop le chariot, pour que l'essieu ne se
(i) Bulle du pape Paul III, 18 juillet i53g; arrêt du Parlement, 18 août 1540. Sur
cette nouvelle constitution de l'H.-D. et ce changement d'obédience, voy. Coyecque, o. c,
t. I, p. 193 et sqq.
(2) Le bureau fut sur le point d'appeler les jésuites en i586. (Délib. 18 juin, reg. 7, p. 61.)
(3) Les chapelains sont inscrits au rôle de la capitation, ainsi que le maître au spirituel,
ce dernier pour 67 1. en i6g6 et les premiers pour 33 1. ou 22 1. (Arch. nat., Zipio.)
(4) Voy. la formule de serment des chapelains, Bibl. Ars., ms. 6o5 : Manuale sivc
modus administrandi sacramenta ecclesiastica ad ecclesiœ parisiensis usitm, fol. 3i,
)n:u Af xvire et au xvi
rompe pas, ce qui est fréquemment arrivé, et suivent avec leur
lanterne, tant pour se conduire que pour obvier à la chute des corps
qui pourraient tomber du chariot sans que les emballeurs s'en
aperçoivent (i). Il leur est recommandé, naturellement, de
pratiquer toutes les vertus chrétiennes, de s'efforcer à réaliser
dans leur vie le conseil de saint Bernard (2): Lucere pafum est,
ardere bomim est, liicere et ardere perfectum.
Quel est l'emploi du temps d'un chapelain du chœur? Il
se lève vers 5 heures, descend faire une oraison mentale vers
8 heures, dans la chambre du maître, puis dit sa messe à
l'église, dîne à 1 1 h. 1/2 au réfectoire, se rend ensuite à
l'église dire le Miserere et le De Projundis pour les bienfaiteurs,
et se retire dans sa chambre où il peut faire quelque lecture
pieuse, sans qu'il lui soit permis de vaquer dans les salles ni de
causer avec les religieuses ; le soir, le souper est à 6 h. 1/2,
également au réfectoire, où il existe deux tables séparées,
l'une pour le maître, le sous-maître et les chapelains, l'autre
pour les enfants de chœur et les enfants de la robe noire. Le
lundi, à I heure, il assiste à une « conférence » dans la chambre
du maître. Tous les ans, il fait une « retraite » de huit jours, soit
à l'Hôtel-Dieu ou à Saint-Louis, soit dans un couvent de son
choix, chez les Jésuites, à Saint-Lazare, à l'Oratoire, à Saint-Sulpice,
par exemple ; mais il ne doit pas y avoir en retraite plus de 2 cha-
pelains à la fois. S'il est malade, on lui donne un domestique
pour le soigner, et les religieuses peuvent lui envoyer quelques
douceurs. S'il meurt (3), on l'enterre dans l'église de l'Hôtel-Dieu.
Les chapelains des malades, qui sont au nombre de 8, à partir
de i652, ont des occupations plus variées et plus absorbantes.
Ils se partagent ainsi leurs fonctions : l'un d'eux est au banc pour
recevoir et enregistrer les malades qui ont reçu du chirurgien de
la porte le petit mereau indiquant qu'ils sont admis, et après avoir
recueilli les renseignements nécessaires, il leur attache au bras
droit le petit papier roulé où est inscrit leur nom, et qui servira
à les reconnaître en cas de décès (4). Un second est occupé à
l'administration des sacrements de baptême, communion et
extrême-onction, dans toutes les salles et offices de la maison (5). Les
(1) Arch. nat., LL 385a , fol. loi.
(2) Liv. II, De Conjide, in fine (préface des statuts, p. 7).
(3) Cf. Le 20 mars 1742 est décédé Corneille Mac-Mahon. prêtre irlandais, de Limerick,
docteur de Sorbonne ; il était demeuré 19 ans dans la maison et avait toujours donné
des e.xemples de vertu et d'un zèle vraiment ecclésiastique; il a été inhumé dans le
^liœur, sous le siège des chantres. (Arch. A. P., Journal du maître au spirituel, t. II, p. 6.)
(4) Arch. nat., LL 385a , fol. 146.
(5) Au moyen âge, celui qui se tenait au banc de la réception devait confesser et
ADMINISTRATION
6 autres vaquent à la confession des malades. Ils ont chacun leur
district (i). Le premier confesse ceux de la salle Saint-Thomas,
de la salle Saint-Denis, et la moitié du grand rang de la salle de
l'infirmerie jusqu'à la salle des taillés ; le second, ceux de la salle
Saint-Côme et les accouchées ; le troisième, ceux de la salle du
Rosaire ; le quatrième, ceux de la salle Saint-Jean-Baptiste, ou
infirmerie, sauf ceux qui sont du côté du couvent des sœurs,
réservés au premier; le cinquième, ceux de la salle des Innocents
(salle basse), des taillés, de la salle Saint-Augustin (salle jaune),
de la salle Saint-Lazare (véroles), de la salle Sainte-Geneviève
(vérolées) ; enfin, le sixième, ceux de la salle Sainte-Marthe
(le Légat).
Ils changent, d'ailleurs, tous les i5 jours, suivant un roulement
qui commence chaque quinzaine, le samedi après dîner. Les cha-
pelains du banc peuvent sortir un après-dîner par semaine, pour
« prendre l'air ».
Outre le registre du banc ou registre d'entrée, ils tiennent le
registre des baptêmes, puis un registre des testaments et un
registre des abjurations (2).
Les chapelains reçoivent, en effet, « les testaments des pauvres
malades qui veulent tester auparavant que mourir, et aussi
qui veulent déposer quelque chose pour la décharge de leur
conscience, décharger ou accuser des complices ». Ils doivent, en
ce cas, appeler deux témoins « signandaires », de préférence
d'autres chapelains, veiller à ce que le malade soit dans « son
bon sens », et rédiger ses intentions le plus nettement et le plus
brièvement possible. Ils doivent également délivrer expédition
du testament après la mort du malade, autant de fois qu'on leur
demandera, le signer et l'attester en la forme ordinaire, et se
contenter de ce qu'on leur offre sans rien demander pour l'expé-
dition (3).
faire communier les malades aussitôt après leur admission. Les statuts supprimèrent la
communion.
(1) Statuts, p. i33.
(2) En 1743, le procureur du roi au Châtelet exige que les registres de baptême,
mariage et sépulture soient tenus en double et remis tous les ans au greffe du Châtelet.
Mais les administrateurs défendent de donner satisfaction, ainsi que pour le registre de
vcture, probation et profession. {Journal du maître au spirituel, t. Il, p. 12.) En 1746,
on délivre aux ecclésiastiques des formules imprimées pour les extraits baptistaires et mor-
tuaires. (Voy. L. Cahen, la Question de l'état civil à Paris au xyiii» s., dans la Révolution,
14 sept. 1909.)
(3) Arch. A. P.. n» 141 3. « Testaments de malades de l'H.-Uieu, signés par les testa-
teurs et les témoins choisis parmi les prêtres de l'hôpital. » (Le i»-- volume va de 1644 à
i655, le 2», de 1680 à 1694, le 3% de 1735 à 1768, le 4°, de 1768 à 1783.) Au xviii» s., le
directeur des domaines essaya d'exiger le droit d'insinuation pour les extraits de testaments
ainsi délivrés, sous prétexte d'un préjudice porté aux droits des fermiers généraux, mais
le Bureau résista. (Délib. 17 mars 1776, reg. 145 bis, fol. 65.)
L'HOTKL-Dir.r AT XYIIp ET AU XVIIP SIECLE
Il se glisse parfois des abus dans cette réception des testaments
des malades; le maître est obligé d'interdire, en 1741, dans ces
testaments, toute clause qui accorderait à un chapelain plus de
20 sols pour son assistance à un convoi aux Saints-Innocents, ou
dans une autre paroisse (i).
Le rôle des chapelains auprès des malades n'est pas, en effet,
toujours désintéressé. En i663, au sujet d'un testament fait
par Catherine Langlais, morte à THôtel-Dieu, qui a laissé de
l'argent pour « des annuels et services et autres tels emplois
pour la défunte », le Bureau remarque (2) que, depuis quelque
temps, les chapelains « font non seulement faire des dispositions
testamentaires pour services à THôtel-Dieu qui tournent à leur
profit, mais mesme vont à ceux qui doivent de l'argent aux défunts,
et le reçoivent quand ceux qui le doivent veulent bien le donner ».
Deux ans plus tard, le Bureau retire aux chapelains l'argent des
fondations de messes, « messieurs du spirituel, dit la délibération
du 23 octobre i665 (3), n'ayant aucun droit d'en connaître ».
On les accuse même, en 1676, d'aller au domicile des « pauvres
morts à l'Hôtel-Dieu », d'y prendre et donner décharge par écrit
de ce qu'ils y trouvent appartenant au défunt, qu'il ait fait testament
ou non, sans rien rapporter à la caisse de la maison, soit qu'ils
gardent le tout, soit qu'ils le délivrent aux religieuses qui, ajoute
la délibération (4), y envoient aussi quelquefois leurs servantes et
garçons d'office. Inutile de dire que le Bureau trouve le procédé
« mauvais ».
Enfin une des principales fonctions des chapelains des malades
est la conversion des hérétiques et des infidèles ; elle devait s'opérer
par étapes, après de courts sermons et quelques avertissements bien
sentis; si le malade était en état de lire, on lui confiait même
quelque manuel propre à l'amener à la vérité, îa Méthode 7iouvelle,
facile et solide de convaincre de nullité la religion prétendue
réformée, par M. Véron, éditée chez J. Cottereau, à « la Prudence »,
ou bien VAb?-égé des méthodes de traiter des controverses, par le
même Véron, chez Louis Boulanger, à « l'Image Saint-Louis, » ou
bien encore, chez le même éditeur, l'Antiquité de la doctrine
orthodoxe, par Jean Lefèvre. Lorsque l'hérétique était en danger
de mort, un simple acte de foi suffisait ; il recevait son « absolution »
de l'hérésie, et sa conversion était dûment mentionnée au registre
(1) Aich. A. p., Journal du maître au spirituel, t. II, p. i.
(2) Délib. 5 oct. i663,reg. 3i, p. 232 v». Voy. aussi 2 déc. 1667, reg. 35, p.
(3) Reg. 33, fol. 198 r».
(4) Délib. 24 janvier 1676, reg. 44, fol. i8 v».
I. ADMINISTRATION I f
des abjurations. Si la maladie était peu grave, le cérénionial prenait
plus d'apparat et le nouveau converti devait recevoir le baptême
dans l'église (i).
Le Chapitre adjoignit même, en 1642 (2), 6 prêtres de la Mission
aux chapelains, pour concourir à cette œuvre. Grâce à ces confes-
seurs, dit Abelly (3), «il y eut, dès la première année, plus de
760 personnes, dévoyées de la vraie foi, tant luthériens, calvinistes,
que turcs, dont plusieurs avoient esté blessez et pris sur mer, ensuite
menez à Paris et envoyez à l'Hostel-Dieu, qui se convertirent et
embrassèrent la religion catholique.» Le Chapitre de Notre-Dame
alla même jusqu'à conrier, par délibération du 23 septembre 1650(4),
au supérieur du collège des Bons-Enfants, qui n'était autre que
Vincent de Paul, le pouvoir de déléguer à l'Hôtel-Dieu, au nom
du Chapitre, soit des religieux de la congrégation des Pères de la
Mission, soit des prêtres habitant réellement au collège, pour
recevoir la confession des malades (5).
C'est encore à l'action de Vincent de Paul qu'il faut attribuer la
iondation, en 1660, de 2 prêtres pour les agonisants, par M^^^ de
Suze (6), l'une des dames de charité de l'Hôtel-Dieu. Leur
nombre fut, en i685, porté à 4 (7). Ils étaient logés, nourris et
appointés, choisis par le Chapitre, comme les autres chapelains, et
devaient employer leur temps libre aux confessions générales.
Il y a un confesseur spécial pour les malades étrangers qui
reçoit des honoraires sur les dépenses de la sacristie (8).
Enfin des prédicateurs sont appelés pour certaines fêtes; une
légère rétribution leur est accordée. M. de Ducal, docteur en Sor-
bonne, qui a prêché en 1705, depuisl'Epiphanie jusqu'au dimanche
(1) Il existe aux arcli. de l'A. P., n° 1422, un registre des abjurations où sont portés les
noms des réforme's qui avaient dû abjurer le protestantisme pour se faire soigner; au bas
des procès-verbaux se trouvent les signatures des témoins, maîtres au spirituel, prêtres ou
autres personnages (1698-1713). 11 a été publié en partie par G. Douen, la Révocation de
iRdit de Nantes à Paris; Paris, Fischbaclier, 1894, 3 vol. in-40, t. II.
(2) Délib. capit. 29 mars 1642. (Arch. nat., LL 267, fol. 278 v<>.) Ces 6 prêtres étaient
MM. Kilian Calughan, Cii. Rulliiat, Pierre le Clerc, Guillaume Tranchant, Malhurin Ménart
et Florent Arnaut.
(3) La Vie du vénérable serviteur de Dieu Vincent de Paul; Paris, Lambert, 1Ô64,
in-4°, 2 lomes en i vol. t. I, ch.xxix, p. 140.
(4) Arch. nat., LL 198, fol. 218.
\b) C'est le 6 mars 1624 que Vincent de Paul prit possession du principalat du collège
des Bons-Enfants d'après un acte qui se trouve aux Arch. nat., M 106. Deux ans plus tard
il fondait la congrégation de la Mission et obtenait le 8 juin 1627 l'union des biens du
collège à cette congrégation.
(6) Délib. 14 nov. lôSg et acte du 4 août 1660. Il s'agit de Françoise de Mailliane,
veuve de Jacques Honoré de la Baume, comte de Suze. ("Voy. Avis aux religieuses de
l'Hôtel-Dieu de Paris, par leurs supérieurs; Paris, Ch. Ballard, 1676, in-18.)
(7) Délib. 16 mai i685, reg. 33, fol. 78 r».
(8) De 1705 à 1711, c'est un nommé Muller (État des dépenses de la sacristie). A côté du
prêtre allemand il y eut aussi, du moins à une certaine époque, un prêtre irlandais. (Ron-
donneau, Essai hist. sur l'H. D. ; Paris, 1787, in-12, p. 94.)
L'HOTIX-niF.r AU XVIie ET AU XVIII'^ SIECLE
de la Quinquagésimc, reçoit 12 livres, c'est-à-dire 2 livres par
sermon (i). 1
Il était défendu aux chapelains de dire la messe en dehors 1
de l'Hôtel-Dieu (2), sauf pour des cas exceptionnels, mariage de
famille, mort de parents ; les chapelains des malades avaient une
salle qui leur était affectée où chacun disait sa messe; le sacristain
était chargé de leur partager les messes de fondation inscrites sur ]
un registre spécial ; les chapelains du chœur disaient leurs messes i
à Téglise ou dans le cloître, ;
Les ecclésiastiques du chœur, des salles et du banc ne devaient
pas s'approprier l'argent qu'ils pouvaient recevoir pour dire des
messes, mais le remettre au Bureau (3).
A la sacristie étaient attachés des garçons chargés de répondre j
aux messes (ils selevaient, chacun leur semaine, à 3 heures du matin j
pour disposer ce qui concerne l'office), de nettoyer tous les jours |
les stalles, les autels, de frotter, de « housser » l'orgue, d'avertir les ,
chapelains quand un malade devait être administré, de recevoir les
malades et de les transporter sur des brancards avec bonté 1
et douceur. !
On disait ordinairement à l'église 2 grand'messes par jour, sauf I
les veilles de fête et pardons ; au début du xviii^ siècle, il restait
chaque année au moins 400 grand'messes de fondation que l'on ,
n'avait pu dire ; le sacristain les mettait au nombre des messes 1
basses; mais celles-ci étaient au nombre de iS.ooo et il ne s'en j
acquittait pas plus de 12 par jour; les ecclésiastiques avaient déjà j
de la peine à dire les messes de dévotion dont ils étaient chargés ;
(convois, messes du Saint-Sacrement le jeudi), de sorte qu'il restait,
par an, 400 grand'messes et 7.000 messes basses de fondation 1
dont on ne s'acquittait point (4) !
Une note insérée dans le « Journal du maître au spirituel » à la ■
date du i3 mai 1742 (5), rapportant que l'abbé Laisné, musicien de !
Notre-Dame, s'était donné la liberté, sans la permission du maître, ' i
de venir à l'orgue de l'église chanter des motets, pendant l'élévation
de la grand'messe, indique qu'à cette occasion il fut défendu par !
les supérieurs et par le Bureau de chanter des motets dans l'église 1
(0 Arch. A. P., n« 1423. État de dépenses de la sacristie. En 1706, nous trouvons comme
prédicateurs: 3 capucins, i prémontré, i docteur en Sorbonne, i bénédictin, i religieux
de la Merci ; le tarif uniforme est de 2 1. par sermon. |
(2) Règlement des messes de la sacristie fait en 1775. (Arch. A. P., liasse 874.)
(?) Suivant un usage pratiqué dans la plus grande partie des paroisses, on retenait aux ■
héritiers des ecclésiastiques, en cas de décès dans la maison, une somme de 40 1. pour frais
d'enterrement.
(4) Mémoire au sujet de l'état présent de la sacristie par rapport aux messes de !
fondation et extraordinaires ou de dévotion (23 avril 1720). Arcii. A. P., liasse 874. 1
(5)T. II, p. 7. i
L ADMINISTRATION I 3
de l'Hôtel-Dieu pour quelque raison que ce soit, comme dV
souffrir de musique à aucune cérémonie.
Chaque semaine, le sacristain dressait et affichait l'état des
messes qui devaient être dites (i). Il ne saurait être question de
donner une liste, même approximative, de toutes les fondations de
messes. Celles qui se célébraient tous les jours de Tannée, en 1662,
étaient la messe des bienfaiteurs, à l'issue des matines, les messes
basses, fondées par Pamphile de Lacour, gouverneur (contrat du
20 décembre 1647); P^^ ^^ demoiselle Gabrielle du Raynier de
Doré (contrat du 8 novembre 1641); par Vincent Novellot,
conseiller au Parlement (contrat du 27 avril 1648); par Charles
Malon, seigneur de Bercy (contrat du 16 mars i635) ; par Charles
Picot, chanoine de la Sainte-Chapelle (contrat du 21 février i652) ;
par Charles Davismeudy (contrat du 18 août i656); par Nicolas
Boivin, bourgeois de Paris (testament du 22 mars i683) ; Jean Nau,
conseiller (testament du 1 2 mars i683) ; Jean Gobelin, conseiller au
Parlement (contrat du 11 juillet 1657) ; Jérôme Le Tellier (contrat
du 22 août 1659); le cardinal Mazarin, qui se célébrait à 4 heures
du matin, à partir du mois de juin 1662; Jacques Josse (con-
trat du 16 décembre 1662), etc. Il y avait d'autres messes spéciales
pour chaque jour de la semaine, ou à certains jours du mois (2),
un salut fondé tous les samedis de l'année, par Denis Conanier.
mesureur de grains (contrat du 21 février 1541), un' autre le
premier dimanche de Carême, le dimanche de la Passion, le jour
de Pâques et de l'Assomption, par Guillaume Merlin (contrat du
2 décembre 1569), un troisième le samedi du dimanche de la
Passion, par Christophe Foucault, bourgeois de Paris (testament
du II juillet i565), à l'octave du Saint-Sacrement et pour la fête
de la Visitation de la Vierge (2 juillet), par dame Marie Pingre
(contrat du dernier mars 1648), enfin le salut du Saint-Sacrement
tous les jeudis de l'année, fondé par Jean Bourgeois, maître au
spirituel (contrat du 20 mars 1661) (3).
Nous pouvons avoir une idée de la valeur des maîtres au
(i) Arcli. A. p., n» 1423 .«État delà recette des convoys, hautes messes et services qui
ont eu lieu à l'H.-D. de lyoS à 1711, suivi d'un état de la dépense de la sacristie de l'H.-D.
de 170? il 1709.» N» i424.«Registresdesmesses de lasacristiedel'H.-D.de Paris» (t. I, I7i5:i
17 19, et t. II, de 1763 à 1782I. N° 1426. «Martyrologe des messes, obits, salus et suffrages
fondez en l'Hostel-Dieu de Paris, qui s'y chantent et célèbrent pendant le cours de chacune
année. Escrit en 1662, pour servir au maître de l'H.-D.»
(2) Tous les ans, à la fête de Noël, le peuple était admis à la messe de minuit, qui se
disait sur les autels dressés dans chacune des salles de l'hôpital; mais, à cause de l'inconvé-
nient présenté pour les grands malades, cet usage fut supprimé le 20 décembre 1758 par
les administrateurs.
(3) Voy. d'autre part : Ordre des fêtes annuelles et solennelles selon le bréviaire de
Paris, ainsi que de celles qui sont propres et particulières à l'Hostel-Dieu de Paris, et a
leurs différents degrés de solennité. (Délib. 3i août i763, reg. i32, fol. 292.)
L'HOTF.L-DIFf AU XVII'' ET AV XYIII-^ SIECLE
spirituel il v en eut de meilleurs — eu rappelant les scandales
provoques en i635 par Tun d'eux, Nicolas Lesecq, véritable
aventurier, qui se faisait saisir par les huissiers et bâtonner par
les soldats, pourri de dettes, ce qui ne l'empêchait pas de faire
construire dans sa maison de la rue Plâtrière une galerie pour
espionner le duc d'Épernon, son voisin, qui était alors en dis-
f^râce (i). Il était fils d"un fripier, dit le grand Michel Lesecq le
Balafré, et sa mère était fille d'un marchand devin de la rue Saint-
Denis : il les ruina par le Jeu. A l'Hôtel-Dieu. il injurie tous ceux
qu'il rencontre, jure et sacre à tort et à travers, menace les embal-
leurs du fouet et du carcan, vole le bois des malades. Malgré
tout, le Chapitre le soutient contre les administrateurs, parce qu'il
essaye de faire revenir à l'Hôtel-Dieu le régime antérieur à l'édit
de i5o5, et que le clergé espère toujours recouvrer ses droits
perdus sur le gouvernement temporel de la maison depuis cette
époque. Les chanoines font bien une enquête (2) pour la forme
en présence des scandales qui leur sont signalés par des plaintes
incessantes, mais ils ne sont pas pressés d'aboutir ; ils dési-
gnent deux des leurs, de Vertamont et Lavocat, pour mener
à bien cette enquête, le 18 août 1634 ; le 21 août, les enquê-
teurs reçoivent les dépositions de 35 religieuses, « appelées par
voyes de scrutain », dépositions contradictoires, mais dont quel-
ques-une§ sont fort révélatrices des mœurs grossières et du carac-
tère violent du maître au spirituel (3). Aussi les administrateurs
n'hésitent pas à demander audience au Parlement, et à faire, en
présence du procureur général, le récit des désordres qu'ils doivent
supporter, et offrent leur démission, si l'état de choses doit conti-
nuer.
Le Parlement, par arrêt du 12 janvier i635, commet quatre
conseillers pour informer du différend, Nicolas Leclerc, Samuel
Delanave, Christophe Perrot et Claude Leclerq, et l'interrogatoire
a lieu le jour même (4). Les administrateurs, persuadés qu'à la
(i) Information faite par M. Mailly de Laryesur le sieur Lesecq (8 oct. i634). Arcii. A. P..
liasse 873.
(2) « Procès-verbal faict à l'Hostel-Dieu de Paris par Anthoine de Vertamont, archidiacre
de .losas, et François Lavocat, chambrier, chanoines de l'église de Paris sur les plaintes
faictes au chapitre de quelques désordres et divisions qui sont audit Hostel-Dieu, entre le
vicaire, religieux et religieuses dudit hospital, ledit vicaire dudit chapitre étant à présent
M. Nicolas Lesecq, et ayant esté à ce requis par vénérable doyen et chapitre de ladite église
par conclusion capitulaire du 18 août 1634. (Arch. A. P., liasse 875.)
(3) Le brouillon du procès-verbal des dépositions a été conservé dans la liasse 875
des Arch. de l'A. P., et transcrit par A. Rousselet, Notes sur l'anc. Hôtel-Dieu de Paris;
Paris, 1888, in-8, p. 61 etsqq.
(4) Plainte des seigneurs gouverneurs de l'Hostel-Dieu contre le sieur Lesecq, maître
au spirituel, et mémoire pour faire interroger les otficiers de l'Hostel-Dieu contre Vl. Nicolas
Lesecq, 12 janvier i635. (Arch. A. P., liasse 873.)
L ADMINISTRATION
suite de cet interrogatoire accablant on expulserait le maître au
spirituel, lui envoyèrent les huissiers, Pahin et Vatier, pour lui
signifier l'ordre de se retirer ; mais ils ne trouvèrent que son
domestique, à qui ils laissèrent leur exploit. Il fallut recourir au
Conseil d'État qui donna gain de cause à Lesecq par un arrêt du
27 janvier i635, obligeant les administrateurs à le loger et à le
nourrir, rendant responsables de cette obligation « Claude Laday,
prebstre pannetier, Pierre Briart, despensier, Pierre Guinier, som-
melier, Charles Delahaye et Denys Louis, porteurs, et les sieurs
commis au re'gime et gouvernement temporel dudict Hostel-Dieu ».
Cependant le Chapitre n'osa pas soutenir jusqu'au bout la
lutte contre les administrateurs ; en présence des plaintes si jus-
titie'es dépose'es contre Lesecq, il le renvoya (i) à la suite d'une
conférence où se trouvaient le doyen, de Vertamont et Lavocat,
les enquêteurs précédemment désignés, et le président de Bailleul.
Les administrateurs, d'accord avec le Chapitre, nommèrent un
nouveau maître, et tout rentra dans l'ordre.
Cela ne veut pas dire que tout danger de conflit entre les admi-
nistrateurs et le spirituel fût à jamais écarté. A chaque instant,
même sous de futiles prétextes, le feu qui couve se réveille. En
janvier i663, le Bureau fait afficher dans la maison le règlement de
la salle des accouchées sans consulter Boucher, le maître au spi-
rituel ; les exemplaires sont effacés avec du charbon ou de la boue
Qu bien on colle par-dessus des images du crucifix ; le différend
n'est apaisé que grâce à une intervention de « madame la première
présidente » (2).
Quelques mois plus tard, le même Boucher prononce « des
paroles injurieuses et scandaleuses contre l'honneur de la Com-
pagnie », et ce n'est que sur les instances de M. de Lauzon, l'un
des directeurs spirituels de la maison, que l'affaire s'arrange quinze
jours après (3).
Le 24 janvier 1692, le maître et les chapelains demandent une
augmentation de salaire ; le Bureau n'ayant pas voulu l'accorder,
ils se mettent en grève et refusent de dire les messes ; l'arche-
vêque de Paris dut s'entremettre pour faire cesser le conflit.
A chaque profession de religieuses, ce que l'on appelle dans
les actes capitulaires les « vota solemnia », par opposition à
(i) Mémoire et résolution pour l'establissement des affaires entre les seigneurs du Chapi-
tre et les seigneurs administrateurs au temporel (février i633) et .Mémoire de ce qui a
été proposé par monsieur le Premier Président et messieurs du Chapitre. (Arch. A. P., liasse
873.)
(2) Arch. A. P., liasse 873, et délib. 2 mars i663, rcg. 3i, fol. 10.
(3) Délib. 12, ig, 26oct. i663, reg. 3i, fol. 236, 239, 242.
l6 I.'HOTEI--DlF.f AU XYIl»^ ET AU XVIIie SIECLE
« rhabitus », qui est la simple prise d'habit des filles blanches, les
administrateurs laïques et les chanoines visiteurs se réunissaient
en un repas qui avait lieu à l'Hôtel-Dieu ; mais, en cas de conflit
trop aigu entre les deux corps, le dîner était supprimé.
En 1/35, se produisit, selon les termes du « Mémoire des admi-
nistrateurs de l'Hôtel-Dieu », une « entreprise de la part de
Messieurs du Chapitre ». Ceux-ci en effet nommèrent chapelain de
Saint-Louis, Stéphan, ancien chapelain de THôtel-Dieu ; ils lui
donnèrent tous les pouvoirs tant pour confesser que pour remplir
les autres fonctions de la place, et chargèrent le maître deTHôtel-
Dieu de le présenter aux administrateurs pour l'agréer et l'inscrire
sur leurs registres. Mais les administrateurs virent dans ce procédé
le dessein bien arrêté de s'emparer de l'administration temporelle
de l'Hôtel-Dieu. Aussi élevèrent-ils les plus vives protestations et
refusèrent de reconnaître Stéphan. Sans doute, le Bureau ne con-
teste point au Chapitre son droit sur le spirituel, mais le chape-
lain de Saint-Louis a un pouvoir mixte du temporel et du spirituel,
et toute place dont le pouvoir est mixte appartient de droit aux
administrateurs du temporel. De plus, c'est grâce à un legs fait à
l'Hôtel-Dieu (i) par Poitevin de Bourdeilles, chirurgien, que le
culte a été établi à Saint-Louis ; le Bureau de l'Hôtel-Dieu ne
nomme-t-il pas enfin les quatre chapelains des Incurables depuis
1637, celui de Sainte-Anne, de Saint-Julien le Pauvre, de Cham-
prosay ; Saint-Louis et l'Hôtel-Dieu ne forment-ils pas qu'une
même maison ?
A cela les membres du Chapitre répondent, en s'appuyant sur
les textes, que, le 25 février 1668, Gilles Lorite a été élu par les
chanoines et son élection inscrite le même jour sur les registres du
Chapitre, et que le 29 février c'est le maître de l'Hôtel-Dieu qui l'a
mené à Saint-Louis, a fait appeler les domestiques au son de la
cloche etleur a recommandé de lui obéir. Mêmes mentions aux actes
capitulaires du 17 Juin 1676 (2), du 2 juillet 1694 et du 6 juin 1719
pour l'installation à Saint-Louis de Heurtel, Leuillier et de
Legrand. Ils s'appuient également sur le texte de la 5^ partie du
chapitre 3o des constitutions de 1725 (3j, où il est dit « qu'il y
(i) De Bourdeilles avait légué une somme de 20.000 1. à charge de dire une messe
basse quotidienne à l'H.-D. et à S.-Louis. (Délib. 16 nov. 1678, reg. 40, fol. 197 V».)
(2) Hodie, sut finem Capituli Domini Decanus, Cantor, et Delebarde, Canonici pari-
siennes Domiis Dei et administratores sett visitatores a capituli deputati nominaveriint et
instituenint in capellanum Xenodochii Sancti Ludovici Magistrum Adrianum Heurtel,
capellantim ejusdem Domus Dei ad id numeris abeundum loco, magistri Œgidii Lorite
senescentis quandiu prœfatis Dominis placuerit, actuni die et anno in supra. (Reg. cap.,
i3 juin 1676.)
(3) Homologuées au Parlement le 17 mai 1725.
LE BAIIMENTDU ROSAIRE El LE PONl' AU DOUBLE, D'aPRÈS ISAAC S1LVES1RE {XVll" SIECLE)
11
U.0
3. — VUE DE l'HOTEL'
•DIEU, d'après ISAAC SILVESTRE (XVII» SIÈCLE)
L ADMINISTRATION
aura tous les ans un confesseur nommé par les visiteurs de
rHôtel-Dieu pour entendre les confessions des sœurs envoyées
à Saint-Louis, ou autre maison hors Paris, auquel confesseur
les sœurs se confesseront pendant le peu de temps qu'elles passe-
ront dans l'une desdites maisons pour le rétablissement de leur
santé ». Mais le Bureau de l'Hôtel-Dicu conteste l'authenticité de
ces registres et actes capitulaires, qui nont rien de conforme à
la réalité, et doivent être regardés «comme un ouvrage de ténèbres
dont les auteurs sont inconnus et sans caractère, et ne peuvent
prévaloir sur les nominations authentiques du Bureau, et sur
l'usage continuel et public qu'il a fait de son droit ». Si le chape-
lain de Saint-Louis a des fonctions temporelles, c'est par assimi-
lation avec le sacristain de l'Hôtel-Dieu, qui est également chargé
« de plusieurs soins temporels, sous l'autorité seule du Bureau et
sans aucune dépendance de Messieurs du Chapitre ». S'ils ont
appelé au synode le chapelain de Saint-Louis, ils l'ont fait sans
aucun droit, par entreprise sur les prérogatives de l'ordinaire, et
rien ne prouve d'ailleurs que le chapelain ait obéi à cette convo-
cation (i); d'ailleurs cela n'enlève rien au droit de nomination;
bien plus, si le chapelain a besoin, par rapport au spirituel, de
besoins plus étendus qu'il n^en a, c'est à l'archevêque, et non au
Chapitre, qu'il doit avoir recours.
La contestation dura de 1739 à 1 751, et se termina par un arrêt
du Parlement du 27 février 1751 (2), maintenant les adminis-
trateurs de l'Hôtel-Dieu dans leur droit de nomination des
chapelains de Saint-Louis, « avec défense au Chapitre de les y
troubler », sans toucher en rien d'ailleurs au droit de juridiction
spirituelle du Chapitre (3). Celui-ci, sur le rapport de Farjonel, son
agent d'affaires, avait eu la prudence de se désister de l'instance,
en réservant toutefois « tous les droits et juridiction du Chapitre
en autres choses » (4).
f i) Extractum e sinodo venerabiliiim D. D. decani et capiltili pjrisioisis celebrata aiiiio
millesimo septuagesimo trigesimo sexto, die autem Martis, vigesima octava febriiarii :
« Seqnuntur nomina et cognomina omnium qui Ituic a sanctœ sinodo intéresse et vadimo-
nium obire tenentur et comparere sub pœna canonica : Canonici S. Aniani in ecclesi.t
parisiensi vicarii S. Aniani, curati et canonici S. Joannis Rotundi, Canonici S. Dionisii de
Passu, et alii Beneficiati presbiteri Diaconi et subdiaconi ecclesiœ parisiensis, clerici mati-
nariim. Macicoti eichori, et alii ojjîciari clerici nec non ejusdcm ecclesiœ Capellani, ac etiam
magistcr, et capellani Domus Dei et Capellanus liospitalis saiicli Ludovici, etc.
(2) Arch. A. P., liasse 65. Arch. nat., L 594, et Bibl. nat., Joly de Fleury, 1217.
(3) Pendant ce procès, les chapelains furent : Pourein (1738-1740), Laty (1740-1746),
ancien desservant de Sarcelles, «habitué» de Saint-Germain-l'Auxcrrois, et Jean Bourgci,
confesseur de l'Hôtel-Dieu.
(4) Arcli. nat., LL 2Ô8.
l8 l'hOTEL-DIEU au XVI1« et au XVIIF SIECLE
LES RELIGIEUSES
Les statuts de i535 avaient fixé à 80 le nombre des religieuses
de THôtel-Dieu, 40 sœurs professes et 40 filles blanches ou
novices (i '. Lorsqu'une sœur vient à mourir, c'est la plus ancienne
fille blanche qui lui succède au voile et à la profession. Une jeune
fille qui veut faire son noviciat à l'Hôtel-Dieu doit se présenter
au Bureau, accompagnée de ses parents et apporter « son acte
de baptistoire ». On la conduit ensuite au maître, à la prieure ou
à la sous-prieure, qui sont chargées de connaître ses capacités, et,
sitôt reçue, on l'installe au milieu des autres. Il n'y a pas, comme
dans d'autres couvents, de différence entre les religieuses et les
novices. Jusqu'à ce qu'elles aient fait profession, on peut les ren-
voyer, si leur service n'est pas satisfaisant.
La prieure et la sous-prieure concourent au soin de toute la
maison, et ont « intendance et vigillances » sur toutes les reli-
gieuses.
Tous les vendredis, le maître fait assembler et convoquer le
chapitre, « le faict sonner à ce que chacun s'y trouve, pour pour-
veoir à leurs defaultz tant de leurs statuz que mœurs, à chacune
d'elles, dont il reçoit les plaintes et y donne ordre ».
Les religieuses ont le privilège d'être inhumées dans l'église
de l'Hôtel-Dieu, comme le maître et les chapelains. Les statuts
de i535 avaient interdit aux sœurs de sortir en ville pour soigner
les malades, « s'ils ne sont princes, ou constitués en grande préla-
ture ou de grande noblesse, pour les dangers manifestes qui en
pourraient advenir » (art. 128). Mais le Parlement n'approuva p-as
cette restriction. Les sœurs continuèrent à sortir. Le Bureau, dans
sa délibération du 24 octobre iSjB, enjoignit à la prieure « de
n'envoyer les religieuses garder les malades en ville sans le congié
de messieurs du Chapitre » (2) : elles ne rendaient pas toujours
compte aux administrateurs des deniers perçus par elles, néanmoins
les ressources produites par ces gardes en ville empêchaient le
Bureau d'exiger la supression de cette vieille coutume.
Les religieuses devaient assister jusqu'à leur mort les chanoines
malades. Diverses délibérations laissent supposer que cet usage
(i) On appelait filles blanches les novices par opposition aux religieuses professes dont
l'habit consistait en une robe noire sur laquelle elles mettaient un sarraut de toile blanche en
forme d'aube descendant jusqu'aux'talons, lorsqu'elles étaient de service auprès des malades,
un grand manteau et une guimpe carrée, pour les cérémonies. (Cf. Hélyot, Hist. des ord.
mon. relig.; Paris, Coignard, 1721, 8 vol. in-4«, t. III, p. 184.)
(2) Nous voyons en i656 le Chapitre envoyer une sœur chez M"» de Lesdiguières, nièce
du cardinal de Retz, très malade. (Délib. capit., 29 mai i656, reg. 65, fol. 387.)
L ADMINISTRAI IO>
tomba en désuétude des le xvi^ siècle, malgré les etïorts du Chapitre
pour le faire revivre au xvii^ siècle (il.
Lorsqu'une religieuse professe meurt, c'est le maître qui célèbre
l'office à ses obsèques; de plus, chaque prêtre doit autant que
possible dire une messe basse pour elle, soit dans le « chapitre »
en présence du corps, soit à la chapelle de son office dans les salles
de malades. Lorsqu'on administre « l'Extrême-Onction et le
S^ Viatique », tout le clergé de la maison doit être présent, y
compris les enfants de chœur, de même qu'au convoi, à moins
d'empêchement pour le service des malades ; durant tout le temps
que se donne l'extrême-onction, on sonne en volée la moyenne
cloche, soit que la messe soit dite à l'infirmerie, soit qu'on apporte
les saintes espèces de l'église à l'infirmerie. Lorsque la malade
meurt, son corps est exposé, le plus promptement possible, dans
le « chapitre », où le clergé récite les « Recommandaces » et les « Sept
Pseaumes » de la pénitence. Pendant le convoi, il est porté par
quatre religieuses, pendant que quatre autres tiennent des cierges
allumés, aux quatre coins ; la défunte est revêtue de ses habits de
profession avec le voile, tient une petite croix entre ses mains
jointes, et sa 'face est découverte. Après la messe, avant de des-
cendre le corps dans la fosse, la prieure lui recouvre la face d'un
linge, et les religieuses « accommodent » le corps dans la bière (2).
La seconde moitié du xvi« siècle avait été une période d'abus de
toutes sortes, que le Bureau avait essayé en vain de réprimer. Les
religieuses sortaient à leur guise soigner des malades en ville, ce qui
n'empêchait pas, ces Jours d'absence, que leurs portions fussent
réclamées à l'office ; les administrateurs n'étaient pas tenus au cou-
rant de ce qu'elles recevaient ; elles avaient des serviteurs et des
chambrières à discrétion; naturellement le service s'en ressentait
et les plaintes affluaient. Le Bureau s'en prenait au maître qui
négligeait ses devoirs de surveillance. Il lui est enjoint, par délibé-
ration du 24 octobre \by2> (3) « de faire mieulx son debvoir et avoir
plus grand soing et sollicitude au traitement des paouvres mallades
qu'il n'a faict par cy devant et que tous les jours il aille par les salles
desdictz mallades veoir comme iceulx mallades sont traictez et
pansez et que s'il y trouve quelque faulte faicte par les relligieuses
et filles blanches, qu'il la repare ou face reparer incontinent... Item
(1) Délib. capit. des 29 déc. 1664 et 5 janv. i665.
(2) Cérémonial de l'église pour l'administration du Saint-\'iatique et de l'Extrême-Onc-
tion aux religieuses de l'Hostel-Dieu de Paris, de l'ordre de Saint-Augustin, selon l'ordre et
l'usage de l'Eglise de Paris et du rituel du diocèse..., avec l'approbation et permission de mes-
sieurs les vénérables doyen, chanoines et chapitre de l'Eglise de Paris, supérieurs dudit
Hostel-Dieu ; Paris, Christophe Ballard, in-4°, 1675, 140 p. (Bibl. A. P.)
(3) Reg. 4, fol. 463, et aussi reg. 5i, 7 janv. 1578.
i/hOTFL-DIEU au XVII» ET AU XVIIie SIECLE
si aulcuncs relligieuses sont rebelles et désobéissantes a esté
enjoinct audict maistre d'en advertir incontinent mesdicts sieurs du
chappitre affin d'y pourveoir». Les filles blanches étaient en si
grand nombre et occasionnaient une telle dépense que la délibé-
ration du 3o mai iSjS (i) ordonna au maître et à la prieure de
surseoir à leur recrutement.
Les religieuses veulent avoir une cuisine spéciale et se font
distribuer crues leurs portions de viande, ce qui leur permet d'en
disposera leur guise ; c'est du moins ce que nous apprend une
délibération du 3i décembre i56i (2) qui signale et interdit cet
abus : « A esté ordonné pour les grands inconveniens et abbus qui
se commettent audit Hostel-Dieu pour la chair et pitance des
relligieuses, qui leur est délivrée céans, tant au moien de ce qu'ilz
vendent ou donnent leur dite pitance que aussi bien qu'elles ont
ordinairement des personnes de la ville, auxquels elles baillent les-
dites pitances, a raison de quoy pour leur réfection et nourriture il
fault qu'elles prennent les portions des mallades, ce qui n'est rai-
sonnable et licite de faire..., que il sera fait defences aux despensier,
bouchers et cuysiniers de délivrer aucune chair crue aux relli-
gieuses, ains leur bailleront et distribueront cuyte ainsy que par
cy devant et d'ancienneté a este faict, c'est assavoir qu'elles envoy-
ront quérir leurs dites pitances, soit pour celles qui seront mallades
ou celles qui seront en santé en la cuysine dudit Hostel-Dieu par
ce que lesdites relligieuses qui sont servantes des mallades doibvent
estre substantees, nourries et alimentées de pareilles et semblables
viandes que lesdits pauvres malades qu'elles servent ».
D'après un état daté de 1607 (3), voici comment étaient réparties
les religieuses dans les différents offices ou* salles: 8 dans la
salle du Pont, 8 dans celle des « navrez », 8 dans les salles Saint-
Denis et Saint-Thomas, 1 1 dans la salle de l'infirmerie, 6 dans la
petite salle des lits jaunes, 1 1 dans la salle du Légat, i dans la
salle des accouchées, i à la porte, 2 à l'apothicairerie, 2 à la pouil-
lerie, 3 au couvent, 2 à « l'essuiment », 3 à l'infirmerie des reli-
gieuses et filles, 8 à la chambre aux draps, 3 à la communauté,
2 au noviciat, 10 pour veiller, 10 à la petite lavanderie, 8 à la
grande lavanderie ; il y avait enfin les valétudinaires et celles qui
étaient, soit à Saint-Louis, soit à Saint-Marcel. La mère prieure et
la mère sous-prieure sont toujours à la chambre aux draps.
(i) Reg. 5, fol. 481 r».
(2) Reg. 3, fol. 128,
(3) Arch. A. P., liasse 875. Cet état est certainement postérieur à 1607, car alors l'hôpital
Saint-Louis n'était pas construit.
L ADMINISTRATION
Le nombre des sœurs limité à loo fut porte en i63G i à 120,
en raison de l'ouverture de Saint-Louis et de Saint-Marcel, et du
service de garde en ville.
Ce nombre s'augmenta encore, en temps d'épidémie, si bien
que le 23 octobre 1654(2) le Bureau décide de réduire de nouveau
le nombre des religieuses à « six-vingt », et enjoint à la mère
prieure de déclarer les noms des religieuses sorties ou décédées, ce
qu'elles négligent de faire.
La mère prieure élue par la communauté ne dépend directement
ni du chapitre, ni du maître, ni des administrateurs, dont elle
essaye parfois de contrecarrer l'autorité (3) ; elle jouit dans sa
sphère d'une autonomie parfaite, et, sur les religieuses, d'un
pouvoir absolu. Mais pour toutes les questions de principe, l'éla-
boration des statuts, rien ne se fait sans le Chapitre, qui gouverne
déjà par le maître et les chapelains.
Elle a, en dehors de son rôle de surveillance générale, un office
propre, la lingerie, la chambre aux draps comme on disait alors ;
ce n'est pas une sinécure ; il faut s'assurer des besoins en linge des
malades et du personnel, mettre de côté les vieux draps et les
vieilles chemises dans « la chambre à la mort » pour les transfor-
mer en linceuls, et les mauvais, en charpie et en pansements; il
faut raccommoder tout le linge ; enfin la chambre aux draps, qui se
trouve au-dessus de la salle Saint-Denis, contient également la
réserve du mobilier, dont on doit tenir un inventaire.
Cet office est distinct de celui de la poiiillerie, confié à une
« ancienne » religieuse, aidée d'une jeune sœur, dont la fonction
consiste à empaqueter et à conserver les habits des malades, à les
marquer pour les connaître, à les rendre en cas de guérison, à
vendre ceux qui n'ont pas été remis. On porte également à la
« pouillerie » les lits des malades « gastez, pourriz ou descousus ».
A Voffîce des accouchées, où il y a également une « ancienne »
religieuse et une jeune sœur, le rôle des religieuses consiste surtout
à recevoir les femmes qui sont admises par la maîtresse sage-
femme. Les statuts de i535 ont interdit aux religieuses, par
décence, d'assister aux accouchements : Et ne detur sororibus
aut filiabus occasio deliquendi, propterea quœ passim videntiir et
(Il Arch. nat., LL i88, fol. 194. Délib. capit. du 27001. i636, etdu Bureau du 10 doc. i6?ô,
reg. 17. fol. 121.
(2) Reg. 22, fol. 91 r».
(3) Elle est entourée toutefois d'un conseil de « discrètes». On appelle ainsi un certai:;
nombre de sœurs, choisies parmi les plus anciennes, « avec lesquelles la mère prieure conf<
rera et prendra avis des choses qui peuvent recevoir difficulté dans la conduite spirituelle i'
temporelle de la maison ». (Cf.Constitutions de 1722, 3° partie.)
i/hOTKI.-DIEU au XVII" F.T au XVIIie SIECLE
audiuntur in aula jacentium sive puerperarum qua non decet castas
et deo dedicatas sorores audire et vide7'e{i). C'est la religieuse, par
contre, qui a soin d'ouvrir et fermer la fenêtre de la « Tour du
Limbe », « qui est ung tour carrée par où l'ong jette les enfans
mornez que l'on apporte, tant de ceste ville de Paris que des
faulbourgs et aultres lieux circonvoisins, avec lesquelz on y jette
un minot ou environ de chaux vive pour les brusleret consommer
et empescher la trop grande puanteur, duquel tour elle en ferme
la clef et ne la baille à personne ».
L'office de l'apothiquairerie comprend également une religieuse
« ancienne », une jeune sœur et un garçon qui les aide à préparer
les drogues ; c'est la jeune sœur qui, aidée de l'apothicaire, s'en va
porter les « médecines » de salle en salle.
Une « ancienne » religieuse est également préposée à Voffice de la
porte; elle est aidée de deux garçons qui ont soin des lampes, tant
des salles que des autels et des « confessionnaires » ; ils doivent
également le matin à 8 heures tenir « la torche » devant le chape-
lain qui porte le saint-sacrement par toutes les salles des malades;
quant à la religieuse portière qui veille à ce que l'on ne sorte rien
de la maison, elle se tient <r au bout de l'hostel Notre-Dame, qui est
en entrant audit Hostel-Dieu, lequel ellea soing de parer, et l'image
de la Vierge, des ornements qu'elle a en sa garde, et mect es mains
des sieurs gouverneurs tous les deniers qu'elle reçoit es jours des
Pardons de toute l'année, le lendemain de chaque pardon...».
En dehors de ces grands offices établis par les administrateurs,
il y en a quatre autres auxquels nomme la mère prieure, c L'office
du couvent^ qui consiste à mettre les nappes au réfectoire pour le
souper et le dîner des religieuses ; à s'occuper du pain et du vin, de
la nourriture. Il y a deux services au réfectoire, l'un pour les reli-
gieuses des offices, l'autre pour celles des salles. Il y a également
deux tables, l'une pour les professes, qui sont assises d'un seul
côté, et l'autre, une table basse, au milieu du réfectoire, pour les
filles blanches. On fait la lecture pendant les repas, à l'issue desquels
les religieuses vont dire grâces (2). »
L'office de Vessiiiment consiste « à prendre garde » aux draps
qui sont mis aux grandes lessives qui se font toutes les 6 semaines
et aux petites lessives, tous les i5 jours; de cet office dépendent
en effet deux autres offices, la grande lavanderye, où se trouve une
maîtresse et deux religieuses ; la maîtresse demeure à la rivière pour
(i) Arrêt du Parlement, lo sept. i535.
(2) Ces détails et les suivants sont extraits d'un mémoire, non daté, que le greffier du
Bureau avait oublié d'inscrire et qui se trouve inséré au reg. i3 des délib. (années i6i6-i623).
L ADMINISTRATION
lordre les draps et les envoyer pour compte à la dame de Tessui-
ment ; Tune des religieuses prépare les repas qui se prennent en
commun pour l'office ; la deuxième est aidée de quatre apprentisses,
d'un garçon « sandrier «, qui va partout, dans les fours des tui-
leries et ailleurs, demander de la cendre pour l'Hôtel-Dieu, de
garçons emballeurs qui transportent le linge de l'essuiment à la
rivière et vice versa ; le linge des chapelains se blanchit dans un
cuvier à part et « se lave en un lieu séparé des autres ». Toute reli-
gieuse doit à son tour, pendant un an, être maîtresse de cet office.
Après quoi, elle devient maîtresse de la petite lavanderye, où elle
reste également un an, et où elle gouverne les « petites lavandières »
qui sont au nombre de six, office très pénible où il faut laver tous
les jours à la rivière, même en hiver, les draps des « griefs »
malades, « qui font soulz eux et se gastent », et où il faut même
parfois travailler la nuit.
Outre ces offices, les religieuses ont le « gouvernement » des
salles, chacune des salles ayant à sa tête une « cheftaine » ou
« chevetaine ».
Le recrutement, dans la première moitié du xviie siècle, ne fut
pas toujours très facile. En i636, lorsqu'il décida de porter de
loo à 120 le nombre des religieuses, le Bureau fut obligé de
permettre aux religieuses, « en cas qu'il ne s'en puisse trouver,
de se servir d'une ou deux servantes en chacune office qui seront
tyrées desdicts mallades, comme pareillement de garsons pour les
ayder et secourir » (i). On n'exigeait même pas à cette époque que
les religieuses sussent lire et écrire. A la séance du Bureau du
10 décembre i636, le premier président, annonçant l'intention du
Bureau d'élever le nombre des religieuses, se plaint que l'on fasse
apprendre à lire et à écrire aux religieuses, « et que l'on n'en veuille
point recevoir qu'elles ne sussent lire et écrire, ce qui n'est pas
nécessaire en la maison » ; le maître au spirituel répond qu'il est
besoin que quelques-unes des religieuses sachent lire et écrire,
notamment la chevetaine pour écrire le nombre des malades de
son office, le nom des décédés, etc., mais que d'ailleurs on n'a
jamais refusé aucune postulante sous ce prétexte, quand
elle satisfait aux conditions requises. Le Bureau de son côté se
méfiait de celles « qui font trop les dames et s'en font accroire » (2)
ainsi que de celles qui avaient pris l'habitude de « bigotter ».
Jusqu'en i636, il n'y a pas de novices; les filles qui se divisent
en « filles en approbation », « filles blanches » et «filles à chaperon »,
(i) Délib. 27 oct. i636, reg. 17, fol. io5
(2) Arch. A. P., liasse 873.
24 l/HOTr-.L-DIF.r AU XVIIc ET AU XVIIie SIECLE
sont sous la conduite ou direction de quelqu'une des vingt ou
vingt-cinq plus anciennes religieuses, qui lui est assignée par le
maître ou Ja prieure. La religieuse chargée ainsi d'une novice
s'appelle « la mère de religion » ; elle doit lui enseigner Tesprit de
la religion, la façon de vivre dans la maison, le moyen d'observer
les règles, la charité à servir les malades, etc. Cette méthode est
d'ailleurs très défectueuse, car elle supprime toute unité de direction
dans la maison, chacune des « mères » anciennes ayant ses ten-
dances propres, qu'elle s'efforce d'inculquer aux nouvelles
venues, « les unes, dit un document de la première moitié du
xvii* siècle (i), s'adonnant à la méditation qui les distrait du service
des pauvres, les auttres s'applicquant à la fréquentation des sa-
crements et s'arrestant à la communion tous les Jours, d'autres
recherchant des conférences spirituelles qui voudraient employer
un temps démesuré tous les jours, voire à toutes heures avec leurs
confesseurs, ce qui les destourne toutes grandement du service des
pauvres qui est le but principal et quasi tout ce qu'il fault apprendre
aux jeunes et faire pratticquer aux relligieuses, ce qu'on ne peult
espérer qu'en coupant la racine d'où pullulent toutes ces choses
superflues etinfructueuses, scavoir la multiplicité des mères ». De là
en effet naissent des brigues, d'abord pour être nommée mère, puis
entre mères, « des petites ligues et partialitez », que l'auteur anonyme
de cette note compare au désordre qui se glissa dans la primitive
église, dont saint Paul se plaint dans la première aux Corinthiens,
wmsquisqiie vestrum dicit ego qiiidem siim Paiili, ego vero ego
autem Christi.
Un autre mémoire daté de i635 (2), s'appuyant sur le fait que
les religieuses gardent par devers elles leur peculium, et même
cachent leurs biens chez des personnes de la ville, propose la
création d'une nouvelle charge, celle de « dépositaire » des reli-
gieuses, pour les habituer à mettre tous leurs biens en commu-
nauté ; mais cette proposition ne paraît pas avoir eu de suite; elle
indique en tout cas l'état d'esprit qui régnait à cette époque dans le
personnel des religieuses touchant le vœu de pauvreté.
L'année 1634 fut une année critique pour la communauté. Les
administrateurs ont imposé un nouveau règlement que le Chapitre
trouve trop dur; il envoie à ce sujet des supplications au Bureau ;
chaque autorité reçoit des plaintes de son côté; la division est à
son comble; il se forme deux camps, celui des anciennes et celui
des nouvelles.
(1) Arch. A. p., liasse 875.
(2) Arch. A. P., liasse 873.
L ADMINISTRATION
Il y a « deux bandes d'hospitalières, dont les unes ne font que
lever les yeux et les mains au ciel, cependant que les autres suent
le travail de la charité, de sorte qu'on ne se soucie guère maintenant
de soulager les malades, pourvu qu'on soit dans le couvent jusqu^'à
10 heures du soir en méditations et conférences spirituelles, où le
directeur se trouve bien souvent ».
Tandis que le doyen et le Chapitre insistent pour que les reli-
gieuses et les filles blanches fassent une demi-heure de méditation
chaque matin, les administrateurs trouvent que « la méditation est
un exercice pénible qui ne convient qu'à de forts et rares esprits,
dans les vagues de laquelle les âmes faibles s'égarent bien souvent
et quelquefois s'y perdent, nullement convenable aux religieuses
de THôtel-Dieu qui ont choisi pour leur part l'exercice de la
charité, qui se pratique au secours, assistance, service des pauvres
malades, en quoi leur vœu les oblige de vaquer et non à la médi-
tation ».
Les vieilles religieuses, la prieure, qui est depuis 48 ans dans la
maison, « l'apotiquaresse », religieuse depuis 38 ans, goûtent peu
ces « nouveautés », et se plaignent que les novices <( font aujour-
d'hui tellement les entendues qu'on ne les peult plus supporter ».
C'est en i652 que les augustines reçurent les nouveaux statuts
qui restèrent Jusqu'à la Révolution l'acte constitutif de leur com-
munauté, sauf une légère interruption, de 1722 a 1725, au moment
de la crise Janséniste, dont nous aurons occasion de parler.
L'auteur en était François Lavocat, chanoine de Paris, abbé
d'Humblières et aumônier du roi, qui avait été, pendant plus de
12 ans, visiteur de l'Hôtel-Dieu, et avait, dit une délibération
capitulaire du 29 mars i65o, formé le dessein « de rédiger en
bon ordre l'état de tout ce que devaient faire, tant la prieure, la
sous-prieure et les officières que les autres religieuses et novices
pour la gloire de Dieu, le culte divin, le salut de leurs âmes et
le service temporel et spirituel des pauvres malades ». Lavocat
mourut le i5 Janvier 1646 (i), et son œuvre fut mise au point
par Bochart et de Mesgrigny, chanoines et visiteurs de l'Hôtel-
Dieu, qui la soumirent au Chapitre ; ce dernier en confia l'examen
à son doyen, J.-B. de Contes, conseiller d'État ordinaire; il remit
son rapport à l'assemblée générale du 25 Juin i652 (2), qui
approuva les nouvelles constitutions, dont copie « signée par le
notaire du chapitre et duement scellée » fut remise à la mère
(1) Il Son corps», dit une note qui se trouve en tête des constitutions, « repose à N.-Dame.
devant l'autel delà Vierge, et son cœur proche le maître autel de IH.-Dieu ».
(2) Arcli. nat., LL 267, fol. 286.
26 l'hOTEL-DIFI- au XVI [«^ ET AU XVIIie SIECLE
prieure (^i). Elles étaient rabouiissement d'une réforme poursuivie
depuis plusieurs années, depuis la mission <s extraordinaire »
confiée le 2 janvier i635 à Lavocat par le Chapitre, et qui avait
eu déjà, pour premiers résultats, la création, en i636, du noviciat (2),
sous la direction de la mère Geneviève Bouquet, des élections
triennales aux divers offices, et d'un règlement d'admission pour
les filles blanches (29 décembre i636). Avant i6?6, en effet, il n'y
avait pas de véritable « communauté». Les visiteurs durent instituer
l'usage en commun des vêtements et du linge, désigner un
dortoir (3). D'autre part, les filles blanches restaient plusieurs
années avant de parvenir à la probation, et, en raison de leurs
longs services, on finissait par les admettre, même quand elles
ne possèdent pas les qualités requises « pour le service de Dieu
et des pauvres » ; le Chapitre décida que, 3 ans après leur entrée,
les professes devraient désigner, par un vote qui lui serait
transmis, celles qui paraissaient capables d'observer les vœux, et
celles qui n'y paraissaient pas propres, « soit à cause de leur
tournure d'esprit^ soit à cause de leur faiblesse corporelle », et qui
seraient aussitôt « mises hors de l'Hôtel-Dieu », ce qui n'empêchera
pas les premières d'être soumises aux suffrages de rassemblée
capitulaire, avant d'être reçues à l'année de probation et à la
profession (4). Enfin, les religieuses préposées aux offices claustraux
'porterie, pouillerie, apothicairerie, lavanderie et communauté]
devaient être élues de 3 ans en 3 ans.
Les constitutions de i652 ne font guère que confirmer ces
différentes réformes, déjà- accomplies. Aux trois vœux ordinaires
de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, elles en ajoutent un
quatrième, celui de « servir les pauvres malades » (5 . La prieure
reçoit, au détriment du maître, une extension de ses pouvoirs
pour tout ce qui concerne la discipline ; les sœurs doivent lui
(i) Nous ne possédons ni l'original, ni la copie remise à la mère prieure, mais un exem-
plaire ayant appartenu à Michel le Masle, prieur des Roches, chanoine de X.-Dame, confrère
de François Lavocat, et qui porte le n» 22393 des Mss. fr. de la Bibl. nat. C'est un ms. in fol.
de 691 feuillets intitulé : Statuts et constitutions pour les religieuses de l'H.-D. de Paris,
fidèlement transcrits sur l'original de l'auteur, M. Lavocat, supérieur de 1 Hostel, chanoine
de Notre-Dame, cette présente année 164S.
(2) Arch. nat., LL 187, fol. 297 (i" mars i636).
(3) Arch. nat., LL 2G7, fol. 268.
(4) Arch. nat.,LL 188, fol. 2i5. Délib. capit. 28 déc. i63ô.
(5) « Il faut qu'elles sachent que ce vœu les oblige si étroitement qu'il ne leur est loisible
de quitter ou de se dispenser du service des malades, auquel elles sont destinées par l'obéis-
sance, sans une très grande nécessité; et que si, par leur absence ou négligence, les
malades ont quelque incommodité notable en leur santé, ou quelque intérêt en ce qui
regarde le salut de leur âme, elles en répondront devant Dieu, qui leur demandera compte
très exact, à l'heure de la mort, des services négligés et des charités omises parleurs fautes
et par leurs négligences ». (2« partie, ch. v.)
L ADMINISTRATION 2"
laisser « l'entière disposition d'elles-mêmes et de toutes leurs
affaires », et elle a le droit d'aller dans les cellules voir ce qui
est en leur possession. « Elle leur laissera ce qui est nécessaire,
mais elle retranchera toute superfluité contraire à la pauvreté et
simplicité religieuse, qui sont deux vertus qui doivent être insé-
parables des personnes consacrées à Dieu en la sainte religion » (i).
Elle nomme toutes les oflfîcières; mais, pour qu'elle ne soit pas
tentée d'abuser de ses pouvoirs, on lui adjoint un conseil de « dis-
crètes », composé de 6 sœurs professes « choisies parmi les plus
sages, prudentes et capables de bons conseils, avec lesquelles elle
confère et prend avis des difficultés qui surviennent dans la
conduite spirituelle et temporelle de la maison » (2). Nous ne
pouvons d'ailleurs nous étendre sur toutes les questions relatives
à la discipline religieuse : admission des postulantes, des filles
blanches, réception des novices à la profession, chapitres généraux
annuels, chapitre de Ia« coulpe»le lundi de chaque semaine, etc. (?).
En i655, les religieuses présentent un mémoire tendant à
augmenter leur nombre; sur 128 religieuses existantes, il y en a
10 « qui ne peuvent plus servir et beaucoup d'autres qui sont dans
la môme impuissance (4)», sans qu'on les désigne nommément;
mais le Bureau maintient sa délibération du 3i juillet 1654 prescri--
vant la réduction du nombre des religieuses fixé à 120 (5). Malgré
ces décisions, une religieuse fut reçue par la prieure au mois de mai
suivant (6), ce qui amena les protestations du Bureau, en parti-
culier de M. Cramoisy, rappelant la délibération du i5 juillet iSSg,
« par laquelle il paraît que le Bureau* doit avoir beaucoup plus
d'authorité sur la conduite et les personnes des religieuses qu'il
n'en a maintenant ». A la séance du 2 juillet i655, le président
décide de faire une démarche auprès du doyen du Chapitre pour
lui faire connaître l'avantage qu'il y aurait « que Messieurs les
les directeurs du spirituel fussent bien et unis avec le Bureau,
qu'il serait à propos qu'ils vinssent quelquefois au Bureau pour
conférer ensemble ». Mais ces derniers firent des difficultés pour
venir au Bureau, alléguant que les jours ne s'accommodaient point
(i) 3« partie, cli. xvi.
(2) 3o partie, cii. xiii.
(3) On en trouvera un résumé dans l'ouvr. de A. Chevalier, l'Hôtel-Dieu de Paris
et les sœurs Augustines (65o à 1810); Paris, Ciiampion, 1901, in-S", p. 343 à33i.
(4) «État du nombre des salles de malades de l'Hôtel-Dieu de Paris et des offices de la
maison, et combien il y a de religieuses, soit professes soit novices, occupées au service
des salles et offices, rédigé par M. Bourgeois, maître au spirituel », lu à la séance du
Bureau du 5 février i655. (Reg. 22, fol. io3.)
(5) Délib. 16 avril i655, reg. 22., fol. i23 v».
(6) Délib. 12 mai i655, reg. 22, fol. i52 r».
l'hOTEL-DIFU au XVIIc et au XVIIie SIECLE
avec ceux du Chapitre ; une délégation du Bureau se rendit
auprès du doyen le 5 septembre i655, à l'issue de la procession
du Rosaire qui se faisait le premier dimanche de chaque mois à
l'Hôtel-Dieu, et la question des pouvoirs du spirituel et du
temporel fut de nouveau agitée (i). A la séance du Bureau du
5 novembre, le doyen, J.-B. de Contes, et M. de Gamaches,
visiteur de THôtel-Dieu, firent une entrée solennelle avec leurs
chapes noires de chanoines, et réclamèrent une réponse au
mémoire concernant l'augmentation des religieuses, ajoutant qu'ils
ne croyaient point que la réception des religieuses dépendît de
l'administration temporelle. M. Lhoste répondit qu'en effet le
Bureau laissait au spirituel le soin de connaître des capacités des
religieuses, de leur réception ou de leur renvoi, mais qu'à l'égard
de l'augmentation de leur nombre, « cela était du temporel », ou
du moins de l'un et de l'autre ensemble, et il ne manqua pas
d'ajouter que le grand nombre « d'incomoditez signalées de la part
des religieuses venait de ce que l'on négligeait de pratiquer une
chose qui était autrefois observée, c'est à savoir qu'on ne recevait
point de religieuse qu'elle n'eust esté visitée et jugée capable par
les médecins » (2). Ainsi, absence de visite médicale, absence de
contrôle en ce qui concerne l'instruction des postulantes : on
conçoit qu'avec un pareil régime le recrutement fut assez
médiocre (3).
En principe, la communauté ne réclamait pas de dot à l'entrée
des religieuses, mais les choses changèrent peu à peu.
Une délibération du 7 juillet i656, concernant les religieuses
envoyées à l'hôpital de Bourges, porte que, à cette époque, « on
ne reçoit plus à l'Hôtel-Dieu de religieuses que moyennant une
grande dot que l'on dit monter à présent jusqu'à i.5oo livres,
dont il arrive que celles qui ont plus de comodité de payer la
somme qu'on demande estants choisies, et non les plus propres au
service des malades, il y a tousjours un grand nombre de religieuses
malades et infirmes qui ne rendent aucun service à la maison et
luy sont à charge » (4). Il est certain qu'à cette époque le recru-
tement n'était plus le même qu'autrefois où l'on choisissait surtout
des filles d'artisans, fortes et robustes, soumises au préalable à
II) Voy. le récit de cette entrevue à la séance du i" oct. i655, reg. 223. fol. 63.
(2) Délib. 5 nov. 1655, reg. 23, fol. 87 v.
(3) Le Bureau autorisa cependant l'augmentation des religieuses, au nombre de 10,
sans compter celles qui avaient été reçues par la prieure sans son consentement. Le
nombre des religieuses fut encore augmenté au xviii» s. Il était en 1723 de 140, dont
94 professes, 36 novices et 10 postulantes.
(4) Reg. 23, fol. 265 r».
I. ADMINISTRATION
une visite médicale. Toutefois, la prieure se défend d'imposer
une dot aux postulantes, et répond « que ce n'est pas l'argent qu'on
considère dans les filles qui se présentent pour estre religieuses,
qu'on en a receu quelques unes qui aportoient fort peu de choses,
et qu'on voudroit quelquefois, si cela se pouvoit faire, donner de
l'argent pour avoir des filles qui eussent les conditions nécessaires
pour le service des malades » (i). Tout cela est assez vague.
Les sommes données par les parents à la communauté lors de
la réception de leurs filles paraissent avoir été, en effet, assez
variables, suivant leur situation de fortune. Ces sommes étaient
généralement réclamées quand les novices mouraient avant d'être
religieuses. En décembre i656, un père réclame une partie des
600 livres qu'il a « baillées » pour la réception de sa fille morte
novice à l'Hôtel-Dieu (2). A la suite de contestations avec la prieure,
le Bureau décide, à la séance du 24 janvier 1657, que l'argent,
auparavant versé dans ces circonstances à la prieure, serait remis
entre les mains du receveur par les parents des jeunes filles pour
employer. ce que les parents auront donné « libéralement », suivant
leurs intentions ; en effet, il est posé en principe que cela dépend
«de leur pure charité et libéralité » (3). Mais les religieuses conti-
nuèrent à réclamer directement de l'argent ; le Bureau « en voit
la preuve dans les ouvrages qu'elles font faire sans en rien
demander au Bureau, qui sont pour l'ordinaire despences
superflues et inutiles, que pour obvier à cela, il est besoin de scavoir
si on pouvoit obliger les pères et mères des filles présentées au
Bureau pour estre religieuses, de faire serment s'ils n'ont point
promis ou donné quelque chose pour leur réception, leur faire
entendre qu'il y a simonie autant à prometre ou donner de
l'argent pour ce sujet que de le demander, à moins qu'il soit ofert
librement et par motif de charité » (4).
Le consentement des parents ou d'un tuteur était nécessaire
pour la réception des religieuses mineures, bien que plusieurs fois
cette formalité ait été supprimée par la prieure (5). Le Bureau exige
même, en i656, en présence d'abus répétés, que les pères, mères,
tuteurs ou personnes fondées de procuration, signent sur la
minute du registre du Bureau leur consentement pour la réception
de leur fille (6), si elle a été reçue en leur absence.
(1) Reg. 23, fol. 266 r°.
(2) Délib. i3 déc. i636,rcg. 23, fol. 332 v».
(3) Délib. 24 janv. 1657, reg. 24, fol. i3 r».
(4) Délib. 28 avril 1637, reg. 24, fol. 70 r».
(51 Délib. i3 sept. i636, reg. 23, fol. 297.
(6) Délib. 27 oct. 1657, reg. 23, fol. 3i3.
L HOTFL-DIEU AU XVII« ET AU XV!II<^ SIECLE
Prohations et professions étaient l'occasion de fêtes religieuses
et de sermons dans l'église de THôtel-Dieu. Quelques-uns de ces
sermons, ceux de l'abbé Mulot, qui eut quelque notoriété au
xvme siècle (i), ont été imprimés. Les actes signés des professes
sont conservés dans les registres des Conclusions capitulaires.
Le jansénisme vint, au xviiie siècle, troubler pendant quelques
années la maison des pauvres. Sous le « pontificat » du cardinal
de Noailles, qui était lui-même teinté de jansénisme, le Chapitre
laissa s'introduire « la doctrine » dans la plupart des couvents dont
il était le supérieur spirituel. On peut même penser qu'à l'Hôtel-
Dieu il y contribua, si l'on s'en rapporte à certains passages des
Mémoires de l'abbé Le Gendre, chanoine de Notre-Dame,
secrétaire de M^' de Harlay, archevêque de Paris, et abbé de
Clairfontaine (2), qui fut chargé plus tard de rétablir la concorde
dans la maison. Les chanoines qui dogmatisaient à THôtel-Dieu
« y étaient d'autant plus les maîtres, écrit-il, que ce sont de ces
gens à qui l'esprit du parti [janséniste], dont ils étaient grands
zélateurs, donnait la hardiesse de tout oser, et que d'ailleurs
ils étaient avoués par M. l'archevêque, premier administrateur
né de la maison, et par M"" Joly de Fleury, procureur général,
qui se mêlait volontiers du spirituel de l'Hôtel-Dieu autant que
du temporel... Ce sont eux qui l'avaient mis en goût des affaires
de FHôtel-Dieu en lui vantant, ainsi qu'à M^^^ la procureur
générale, le mérite des précieuses, particulièrement une sœur de
la Miséricorde qu'ils exaltaient fort ». Or il se trouve que
nous avons conservé le récit de la vie de cette sœur de la
Miséricorde » (3) et que nous pouvons apprécier en tout état de
cause l'état d'esprit de ces « précieuses » d'un nouveau genre (4).
Fille de Guillaume Charpentier, seigneur de Lunaisi et des
Tournelles, et de Louise-Marie d'Aubonne, Marie-Louise-
Claire des Tournelles, qui était restée dans le monde jus-
(1) Abbé Mulot, Essai de sermons prêches à l'Hôtel-Dieu de Parts ; Paris. CI. -P. Berton,
1781, in-i2 (Bibl. nat. D 433i3). Comprend les sermons prêches le 2 sept. 1777,
à la profession d'Aimée du Tillet et Charlotte Sergent, le 12 oct. 1779, à la probation de
M"" Maury, le 22 mai 1780, à la profession de Thérèse Galot. Le Journal intime de l'abbé
Mulot (1 777-1 782) a été publié par Tourneux, in Mém. Soc. Hist. de Paris, t. XXIX, 1902.
(2) Mém. de l'abbé Le Gendre, publiés d'après un ms. authentique; Paris, Charpentier,
i863, I vol. :n-8, p. 368 et suiv. C'est cet abbe' Legendre qui, par testament du4févr. 1733,
légua à l'Université 69.760 1. pour la fondation de plusieurs prix « d'éloquence, de poésie
et de musique », d'où devait sortir l'institution du « Concours général ».
(3) L'usage de prendre un nom de religion ne datait que du xvii» siècle. Ce fut Gene-
viève Bouquet qui la première prit le nom de « sœur du Saint-Nom de Jésus » pour ajou-
ter à l'abnégation de toute pensée mondaine chez les sœurs. (Martin-Doisy, Dictionnaire
d'économie charitable...; éd. Migne, Paris, i835, 4 vol. in-4'>, t. I, p. 208.)
(4) Bibl. hist. de la V. de P., ms. 12721 : Vie de demoiselle Marie-Louise Charpentier
des Tournelles, dite la mère de la Miséricorde, religieuse hospitalière de l'Hôtel-Dieu
de Paris (i6-()-tj42.j (Copie manuscrite, fajte vers 1767, i vol. in-4.)
I, ADMINISTRAI ION
qu'à 22 ans, avait fréquente à la cour de la duchesse du
Maine, assisté aux bals et aux fêtes de la cour de Louis XIV,
reçu une éducation soignée, comprenant la danse, le dessin, la
la peinture, la musique, les langues mortes et vivantes, même le
latin, qui s'était enfin, dans sa jeunesse, « entourée de tout
l'appareil fastueux de Babylone », pour parler comme sa bio-
graphe, n'était certes pas du même milieu que les autres sœurs
d'une condition plus humble et d'un horizon plus borné, mais plus
aptes aux grossières et fatigantes besognes de la vie hospitalière.
Ne s'était-elle pas présentée, en 1707, à la prieure, des aigrettes
sur la tète, du rouge et des mouches sur le visage, au sortir
d'une visite à Notre-Dame? Connaissant ces détails, on s'étonnera
moins maintenant du terme de « précieuses » sous la plume du
bon chanohie. Elle écrivait de nombreuses lettres, recevait des
visites ; n'en était-ce pas assez pour se faire mal voir des sœurs
surchargées de travail, qui n'avaient guère le temps de prêter
l'oreille aux nouveautés du dehors (i) ?
Cependant la sœur de la Miséricorde, guidée par Lenoir,
chanoine de Notre-Dame, et Jean Soanen, évêque de Senez, jansé-
nistes ardents, se livrait à des austérités exceptionnelles, portant
une croix de fer armée de pointes sur le dos, et des bracelets
d'épine, pour surmonter le sommeil, se lavant les mains dans les
bassins des malades « et ne les essuyant que très grossièrement
afin de réparer par le sentiment de la mauvaise odeur la satisfac-
tion que son odorat avait recherchée et éprouvée, lorsque dans le
monde elle se frottait les bras et les mains avec des pommades de
senteur et des pâtes de toute espèce » (2), Elle ne se contentait
point de ces austérités ; poussée par l'amour des « nouveautés
religieuses » qu'entretenaient plusieurs membres du Chapitre
soutenus par le cardinal de Noailles, elle témoignait en faveur des
miracles de « Monsieur de Paris», puis elle signait en 1718 un
acte d'adhésion à l'appel de l'archevêque et du Chapitre au futur
concile contre la Bulle Unigenitiis (3), avec les ecclésiastiques et le
maître de l'Hôtel-Dieu, M. Quignon. Cette campagne janséniste,,
continuée par la nomination irrégulière d'une prieure qui n'avait
eu que i5 voix contre 70, mère de Sainte-Gertrudc, faite par
M. de Gontaut, doyen du Chapitre, aboutit à la revision des
(1) L'Hôpital général eut aussi sa crise de jansénisme, Cf. remontrances du Parlement de
1751, 1732, 1753. Voy. Glasson, le Parlement de Paris: son rôle politique depuis le régne
de Charles VU jusqu'à la Révolution; Paris, 1901,2 vol. in-8°, t. Il, p. i65.
(2) Bibl. liist. V. de P., ms. 12721. fol. 22.
(3) Arch. nat., LL 267, 4 0ct. 1718. Sur l'affaire de la Bulle Unigenitus sous I.cuis Xl\'.
voy. Le Roy, La France et Rome de l'jou a J7i5 ; Paris, 1891, 1 vol. in-8°.
L HOTEL-DIEL" AI
anciennes constitutions, décidée dans la réunion capitulaire du
10 mars 1722, et au vote de nouvelles constitutions approuvées
le 5 septembre 1722, par arrêt du Parlement, grâce à l'influence
de Joly de Fleury. Elles fixaient l'élection (i) tous les deux ans,
le lendemain de la Saint-Jean-Baptiste, « jour du chapitre général
où la compagnie a coutume de choisir ses officiers », de deux
visiteurs de THôtel-Dieu, « entre MM. les capitulans prestres »,
dont les fonctions ne devaient pas durer plus de 6 ans ;
MM. Courier et Chevalier, les deux visiteurs nommés, s'en firent
adjoindre un troisième par le Chapitre pour tenir la main à l'exécu-
tion des nouvelles constitutions : ce fut M. Goulard, archidiacre
de Josas (2). Puis on procéda à l'élection d'une nouvelle prieure
le 18 mai 1723 : sœur Saint-Anselme eut 48 voix, et sœur Saint-
Edme 42. En présence d'une pareille discorde, qui menaçait la
tranquillité et les soins des malades, Maurepas, secrétaire d'État
et des commandements de Sa Majesté, fit surseoir à l'élection, par
lettre du 20 juin 1723, et sur l'avis du Conseil ecclésiastique (3)
désigna le chanoine Le Gendre « pour connaître des différends
qu'il y avait entre les religieuses de l'Hôtel-Dieu de Paris ».
Après interrogatoire des 93 religieuses professes, chacune en
particulier suivant son rang de réception, après des conférences
tenues chaque semaine pendant plus de 21 mois avec M. de Fréjus,
le futur cardinal et ministre de Louis XV, le procureur général
Joly de Fleury, puis M. Portail, nouveau premier président, et
en cette qualité « administrateur né » de l'Hôtel-Dieu ; après une
entrevue avec les deux partis de la communauté, celui de la prieure,
qui tenait pour les anciennes constitutions, et celui des « miséri-
cordieuses », des jeunes, menées par la sœur de la Miséricorde (4)
et soutenues par Joly de Fleury, le véritable auteur des nouvelles
constitutions ; après des négociations dont il faut lire le savoureux
récit dans les Mémoires de Le Gendre (5), les nouvelles constitu-
(i) En effet, au nombre des deux visiteurs prévus par les anciennes constitutions, se
trouvait le doyen, depuis quelques années, et on pouvait craindre que cette tradition ne
devînt un droit pour eux par la suite.
(2) Voy. Bibl. nat., ms. fr. n. a. 2o5o-2o5i. Statuts et constitutions des religieuses de
l'Hôtel-Dieu de Paris. Année 1722 (ancien LL 084 des Arch. nat.) Le ms. 2o5o contient les
statuts en 5 parties: i» Service divin; 2» Vertus religieuses; 3» Offices delà maison;
4° Noviciat; 5» Service des pauvres. Le ms. 2o5i contient des remarques sur ces consti-
tutions. On en trouvera d'abondants extraits dans A. Chevalier, o. c, p. 428-439.
(3) Le Conseil ecclésiastique devant qui se portait les grandes affaires du clergé, régu-
lier ou séculier, se composait alors du roi, du régent, du cardinal de Rohan, évêque de
Strasbourg et grand aumônier de France, du cardinal de Bissy, évêque de Meaux et abbé
de St-Germain-des-Prés, de M. de Fleury, ancien évêque de Fréjus, et M. de Tressan,
évêque de Nantes.
(4) Elle mourut d'un cancer, à 64 ans, le 23 déc. 1742, après 35 ans de profession.
(3) Voici comment il apprécie les nouvelles constitutions: « Autant j'étais charmé de la
pieuse abondance de ces anciennes constitutions (elles comprenaient 2 mss. in-fol. de 400 p.)
L ADMINISTRATION
lions furent abolies, et le Parlement rendit l'arrêt du 17 mai 1725,
déclarant que « les constitutions faites en i652 par les doyen,
chanoines et Chapitre de l'église de Paris, seuls supérieurs
spirituels de l'Hùtel-Dieu, pour les religieuses dudit Hôtel, ainsy
qu'elles ont été arrestées par délibération du Chapitre du 14 may
du présent mois, seront et demeureront homologuées pour être
seules exécutées selon leur forme et teneur. » Le Gendre ne finit
par vaincre le procureur général Joly de Fleury que grâce à l'appui
de « M. de Fréjus » qui déjoua cette tentative de mainmise du jansé-
nisme sur l'Hôtel-Dieu. D'ailleurs, le Chapitre rentré en grâce un
mois après reçut de Maurepas une nouvelle lettre du 25 juin 1725
lui annonçant que le roi lui permettait de nommer, comme de
coutume, des visiteurs à l'Hôtel-Dieu (i).
Mais l'alerte avait été vive dans ce milieu de gens d'église. Nous
en avons trouvé un autre écho dans trois mémoires, conservés
dans un recueil de pièces sur les hôpitaux qui fit partie de la
collection Lamoignon (2), plaidoyers très vifs en faveur des droits
du Chapitre. On y apprécie ainsi le rôle de la mère des Tournelles :
u Parmi les religieuses de l'Hôtel-Dieu, il y a une personne d'un
esprit vif et d'une imagination ardente, propre à faire un parti ;
les belles-lettres et la poésie lui sont familières ; elle écrit et parle
avec politesse, elle est adroite et insinuante, elle prend parti dans
les affaires de l'église, elle est ferme dans le temps des éclats, et
souple dans celui des accommodements ; quel que soit le motif qui
a fait agir cette religieuse, soit ambition, soit amour de la
nouveauté, il est certain qu'elle a pendant plusieurs années disposé
toutes choses pour attaquer les anciennes constitutions et pour
leur porter le coup mortel qui est arrivé en 1722. Pour y parvenir
elle a commencé par s'attirer l'estime et l'amitié de trois ou quatre
chanoines de Paris (3), elle a su choisir les plus propres à goûter et
à suivre ses intentions, et les plus capables d'exécuter de grands
desseins ; ce sont des gens habiles, heureux dans les négociations,
féconds en expédients, inébranlables dans leurs entreprises; à leur
faveur elle a su gagner les puissances de l'Eglise et du Parlement;
600 p.), autant étois-je dégoûté de la sécheresse des nouvelles ; il y a dans celles-ci du
clinquant en quelques endroits, de l'or en aucun ; hors deux ou trois articles qui peuvent
contribuer à une police plus exacte, non seulement il n y a rien qui mérite louange mais
quasi tout est à blâmer... Selon ce système, les religieuses de l'Hôtel-Dieu n'eussent plus
été des religieuses, mais des filles de communauté, menant une vie ordinaire, et qui,
sans être gênées par des règles, se seroient volontairement jointes ensemble pour soigner
les pauvres. » (p. 377-78).
(i) Arcli. nat., LL 232i'-. Lettre orig. au milieu d'extraits de délib. capit.
(2) Bibl. nat., ms. fr. 11364, fol. i-jb et suiv.
(3) MM. Payen, d'Eaubonne, Couët.
3
I-'hOTEL-DIKU au XVI 1*= ET AU XVIIie SIECLE
elle se fit un parti dans le Chapitre...», et l'auteur anonyme de ces
mémoires oppose à ce zèle brouillon les vertus évangéliques de
la prieure, «une fille humble, simple, laborieuse, uniquement
appliquée au service des pauvres, soumise à ses supérieurs, zélée
pour l'ancienne discipline de la maison». Si les anciennes constitu-
tions avaient été établies par « des violences et des artifices », nous
venons de voir par quels subterfuges et quelles négociations elles
furent abolies.
Des jansénistes aux convulsionnaires, la transition est aisée.
Après sa crise de jansénisme, il eût été étonnant que le commu-
nauté n'eût point sa crise de « convulsionisme ». A vrai dire cette
dernière fut peu importante. Il n'y eut guère que deux sœurs
« secouristes » à FHôtel-Dieu, du moins à notre connaissance,
mère Sainte-Félicité et mère Sainte-Cécile, de son nom sœur
La Croix. Elles trouvèrent d'ailleurs, sinon une protection, du
moins une indulgente pitié de la part de la prieure. Il leur faJlut
pourtant quitter la maison en mai 1748. La plus convaincue, ou
tout au moins la plus ardente, mère Sainte-Cécile, a écrit en
juin 1748, de sa retraite, « du fond de sa solitude », selon son
expression, diverses lettres à ses supérieurs ecclésiastiques (i), les
chanoines de Saint-Exupéri, de Barcos, Le Blanc, Janson, dont
elle avait subi, avant sa « fuite «, un interrogatoire en règle, à
l'archevêque de Beaumoni enfin, à qui elle ne craint pas de dire :
« Vous êtes devenu le dissipateur du troupeau de Jésus-Christ au
lieu que par votre qualité vous devriez en être et le père et le zélé
défenseur. » Amie de diverses sœurs de Port-Royal, elle était
« conduite » par « M. de Senez». Au reste son départ et ses mani-
festes ne paraissent pas avoir troublé beaucoup ses compagnes. On
n'était déjà plus aux beaux temps des miracles opérés par l'inter-
cession,du diacre Paris et qui avaient failli amener, quinze ans
auparavant, tout Paris à l'Hôtel-Dieu. C'est une histoire typique
en effet que celle de la veuve Delorme. Figurons-nous une malade
— en l'espèce Gabrielle Gantier, veuve de Pierre Delorme, frap-
pée de paralysie subite, transportée à l'Hôtel-Dieu, à la date du
(i) Bibl. nat., ms. fr. n. a. 4107. Recueil de discours et lettres de convulsionnaires, dont
l'ensemble parait être de la mère Sainte-Cécile. << Je crois l'œuvre des convulsions, écrit-elle
le 18 juin 1748 à ses supérieurs (fol. 285), une œuvre divine. Je crois qu'elle a pris son ori-
gine sur le tombeau du Bx François de Paris, mort en odeur de sainteté. Je crois que
Dieu est le mobile de cette œuvre admirable, ayant ressenti toutes sortes d'effets miraculeux
dans l'àme et sur le corps depuis 8 années que j'ai le bonheur d'être sous sa main en qua.
lité de convulsionnaire. Je condamne, rejette et anathématise l'impie et exécrable constitu-
tion Uiii'r^enilus qui abolit et anéantit*par ses erreurs diaboliques tout le bien qui se ferait
dans l'église si elle n'avait pas apporté avec elle un esprit de vertige qui séduit tous ceux à
qui Dieu ne donne pas la force de lui résister. »
I/ADMINISTRATTOX 35
4 août 1731 (i) — qu'une foule de plusieurs centaines de per-
sonnes accompagne jusqu'à son lit, dans la salle Sainte-Martine,
et revient voir tous les jours, sans que le Bureau ose intervenir. Il
ne prit du moins de mesures que lo jours après (2), lorsque le scan-
dale menaçait de dépasser toutes les bornes. C'est qu'il y a dans le
cas de cette femme une circonstance particulière. Elle a été frappée
de paralysie au tombeau du diacre Paris. Cela suffit pour émouvoir
tout Paris, prêtres, curieux, oisifs, et même les autres. Sur les
escaliers de la salle Sainte-Martine, la procureuse générale croisait
la duchesse d'Aiguillon; les chanoines Goulard, Courcier et de
Barcos, visiteurs de l'Hôtel-Dieu, se livraient, de la part de l'ar-
chevêque Vintimille (3), à des interrogatoires répétés de la pauvre
femme, tandis que le notaire Bouron, appelé par Chaulin, son
confesseur, recevait sa déposition en bonne et due forme, en pré-
sence d'une trentaine de prêtres et de laïcs, et que le chirurgien de
la maison, Boudou, lui faisait subir force saignées (4). Pour
Chaulin, l'auteur de la « relation », il n'y a aucun doute sur la
nature de son mal ; elle a été frappée par châtiment céleste pour
son manque de foi, qu'elle avouait elle-même, envers les miracles
du « saint diacre » (5).
En regard de ces crises mystiques, de ces disputes théologiques,
plaçons le dévouement ignoré de toutes celles dont on ne parle
point, qui furent, en silence, les servantes des pauvres. Filles
d'humbles artisans de la capitale, douées des robustes vertus de la
Française, elles se donnèrent, sans compter, à une vie de labeurs
et d'amertunes, toujours placées en face de l'image de la mort.
N'oublions pas, à leur honneur, ce quatrième vœu de leurs consti-
(i) Relation de la manière dont Gabrielle Gantier, veuve Delorme. a été frappée d'une
paralysie subite au tombeau de M. de Paris, le 4 d'aoust lySi, avec un détail des circons-
tances singulières qui ont précédé et suivi cet événement, recueillies par M. Chaulin, prêtre,
docteur en tiiéologie de la Faculté de Paris, confesseur de la malade ; 1732, i brocli., 33 p.>
in-4°. (Communiquée par M. A. Gazier.)
(2) Délib. 14 août 1732, reg. 100, fol. 3o2. La veuve Delorme demeurait sur le pont au
Change, à l'Image Saint-Etienne, chez M. Etienne, orfèvre. La salle Sainte-Martine fut
fermée par crainte de vols et autres désordres, et aussi pour procurer à la malade le repos
et la tranquillité dont elle avait besoin.
(3) Vintimille avait lancé le i3 juillet 173 1 un mandement contre un prétendu miracle
opéré sur le tombeau du diacre, mais n'avait réussi qu'à éveiller l'attention publique. Le
i3 août, 23 curés de Paris signalaient 3 nouveaux miracles, et le 4 octobre, i3 autres
étaient constatés, faisant l'objet de nombreuses « relations », dont celle de Chaulin n'est qu'un
exemple.
(4) Le témoignage de Boudou est invoqué par Carré de Montgeron dans le cas de Marie-
Anne Couronneau, convulsionnaire, qu'il avait déclarée incurable la veille de sa guérison
au tombeau du diacre, i3 juin 1731. [La Vérité des miracles opérés à l'intercession de
M. de Paris et autres appellans..., présenté à S. M. le 2g juillet 1737, p. 19.)
(3) « Une infinité de personnes attaquées de diverses infirmités se font porter tous les
jours au tombeau du saint diacre, et ceux-là seuls y sont guéris dont il plait à Dieu de
récompenser la foy. » (Chaulin, Relation..., p. 29.)
36 T.'hOTFI.-DIFT- AT- XVIie ET AV XVIIP SIF.CLK
tutions, de servir les pauvres malades et d'aller soigner les conta-
gieux à Saint-Louis : « Aussi faut-il qu'elles sachent que ce vœu les
oblige si étroitement qu'il ne leur est loisible de quitter ou de se
dispenser du service des malades, auquel elle sont destinées par
l'obéissance, sans une très grande nécessité ; et que si, parleur
absence ou négligence, les malades reçoivent quelque incommodité
notable en leur santé, ou quelque intérêt en ce qui regarde le salut
de leur âme, elles en répondront devant Dieu, qui leur demandera
compte très exact à l'heure de la mort, des services négligés et des
charités omises... »
Il est regrettable, par contre, de les voir en certaines circons-
tances essayer d'éluder les décisions des administrateurs ou de
contrecarrer leurs projets.
Le Bureau dut leur interdire de recueillir dans leur commu-
nauté des religieuses malades d'autres monastères (i) qui devaient
être reçues chez les Hospitalières de la place Royale, de la
Roquette, du faubourg Saint-Marceau ou de Saint-Mandé.
En 1787, elles tentèrent de s'opposer au règlement fait le
16 juillet par les administrateurs pour les nouvelles salles qui
furent ouvertes le 2 août (2).
Le 3o septembre, elles adressèrent au contrôleur général
Lambert un mémoire où elles réclamaient les anciennes coutumes.
Le Bureau, auquel on communiqua ce mémoire, pria le con-
trôleur général d'écrire à la mère prieure « qu'il est informé que
le règlement dont elle se plaint a été concerté avec le gouvernement,
et qu'ayant été arrêté dans une assemblée générale, il a les
caractères suffisants pour faire loy dans l'Hôtel-Dieu, et qu'il
doit être exécuté par provision », ce qui fut fait. Mais les sœurs
ne se tinrent pas pour battues. La sœur de La Croix, prieure,
envoya un huissier, M« de Ligneul, au Bureau, le 19 octobre, « pour
protester de nullité», notamment contre les articles 23, 41 et 42 du
règlement (3), « contre et au préjudice des droits desdites
requérantes », et interjeter appel « par devant nos seigneurs du
Parlement, juges directs et en première instance de toutes causes
de l'Hôtel-Dieu ». A la suite de cet acte d'opposition, le contrôleur
général adressa un projet de mémoire pour tâcher de concilier les
(1) Délib. iS févr. 1739, reg. 108, fol. 78, et délib. 9 juillet 1749. reg. 118, fol. i63.
(2) Sur les incidents de 1787-1788, voy. Bibl. nat., Jol)' de Fleury, 121 1, fol. 140 et
suiv.
(3) Le 23° concernait le renvoi des malades guéris, le 4 1^ portait que la distribution des
aliments se ferait en présence des chirurgiens, conformément aux ordonnances des méde-
cins, et le 42*' indiquait les précautions à prendre pour que cette distribution se fasse
successivement dans les 2 ou 3 salles qui devaient former le département de chaque chi-
rurgien.
L ADMINISTRATION
deux parties. Les religieuses envoyèrent le 12 décembre un acte
d'assignation en la grand'chambre du Parlement. Le Bureau fut
mis au courant de ces faits dans ses séances du 20 et 28 décembre,
et rédigea un mémoire en réponse à celui des religieuses. Si le
règlement du 16 juillet n'est pas homologué, c'est, dit-il, qu'il n'a
pas cru devoir l'imposer avant d'en avoir fait l'épreuve. « C'est
à la sagesse de l'administration de les peser [les règlements] pour
en faire l'usage que M. le Procureur général jugera convenable. »
Le 16 janvier 1788, le Bureau demande aux médecins leur avis
sur les réformes. Le chirurgien Desault insiste vivement pour
l'application du règlement ; le Bureau, le 3o janvier, décide que le
règlement du 16 juillet sera exécuté dans les salles de chirurgie,
puis, le 6 février, qu'il le sera dans toute la maison, à partir du
ic-- mars(i). Non seulement les sœurs n'avaient pas été heureuses
dans leurs réclamations, mais elles avaient été particulièrement
mal inspirées. Elles montrèrent trop, dans cette occasion, qu'elles
représentaient dans l'Hôtel-Dieu les anciens abus et les vieilles
méthodes contre les tentatives de réforme et les progrès de
l'hygiène.
En définitive, le Chapitre avait échoué dans toutes ses tentatives
de restauration du pouvoir temporel. Bien plus, il avait eu le
dessous dans tous les conflits soulevés contre les administrateurs.
Il n'est qu'un seul point sur lequel clercs et laïques se seront
trouvés d'accord, c'est dans la lutte contre l'hérésie. En 1620,
lorsque les ministres protestants demandèrent l'autorisation
d'entrer à l'Hôtel-Dieu et à Saint-Louis pour visiter les malades
de leur religion (2), le Chapitre et le Bureau se joignirent pour les
en empêcher et pour présenter un mémoire à la grand'chambre
du Parlement tendant à leur interdire l'accès de ces établissements.
Quant à l'archevêque, sa présence au Bureau, depuis la déclara-
tion du 12 décembre 1698, au même titre que celle des premiers
présidents du Parlement, de la Chambre des comptes et de la Cour
des aides, ne doit pas faire illusion. Son influence ne fut jamais
notable. Elle devait s'exercer d'ailleurs avec plus de succès sur un
autre établissement rival, l'Hôpital général. Cependant ses
fonctions de président né, la présence du Bureau de l'Hôtel-Dieu
à l'archevêché, oij se tinrent les séances plénières à partir de
1698, donnent à l'archevêque de Paris certaines apparences de
pouvoir à l'Hôtel-Dieu. Mais c'est une tutelle nominale, qui
(i) Voy. chap. iv.
(2) Délib. capit., 26 juillet i6\q et i5 févr. 1620, reg. 3i, fol. 41 : ministri /une
qui petinit permissionem dosmati-^.rnd!. et consolamii Jurrcticos injirmos m Domo Dct.
38 i/HOTr-L-niRr au xvii" kt au xviii" sif:cle
n'a rien de comparable à celle qu'exerçaient dans les premiers
temps l'évéque de Paris sur la Maison-Dieu, comme sur les écoles
qui étaient de fondation épiscopale (i). Le rôle d'un Noailles
n'est plus rien vis-à-vis de l'Hôtel-Dieu de l'ancien régime,
comparé à celui d'un Maurice de Sully vis-à-vis de IHôtel-Dieu
du moyen âge. Tout au plus a-t-il quelque influence dans le choix
des administrateurs, en présentant quelques candidats personnels.
Il peut apaiser les conflits qui s'élèvent entre le Chapitre et le
Bureau de l'hôpital, et il le fait quand son intérêt est en jeu. Il
sert d'intermédiaire, en qualité de président, entre le Bureau et le
roi, pour réclamer des aumônes et des subsides. Il donne des
mandements en temps de calamité aux curés de son ^iocèse, pour
autoriser des quêtes exceptionnelles en faveur de la maison. Sa
protection est loin d'être négligeable, mais enfin il n'a aucun rôle
prépondérant, aucun droit spécial dans l'administration et ne
cherche d'ailleurs pas à s'immiscer dans les affaires du temporel. Le
voisinage de l'archevêché et de l'Hôtel-Dieu, legs du passé, ainsi
qu'une tradition séculaire, habilement entretenue, continuent seuls
à le maintenir dans ses fonctions honoraires et onéreuses de
protecteur des pauvres et des malades.
L'intérêt, l'affection même, portés à l'Hôtel-Dieu par les
archevêques de Paris, depuis le cardinal de Noailles jusqu'à
Christophe de Beaumont, ne sauraient cependant être mis en doute.
Tandis que le Chapitre est en perpétuels procès avec les adminis-
trateurs, tandis que les chanoines rusent, la plupart, pour se
dérober au droit concédé à l'Hôtel-Dieu d'avoir leur lit quand ils
changent d'office, nous voyons Noailles partager toute sa fortune
entre l'Hôtel-Dieu, l'Hôpital général et les Enfants-Trouvés;
Vintimille suivre cet exemple, et faire de l'Hôtel-Dieu et des
Enfants-Trouvés ses légataires universels ; Christophe de Beau-
mont souscrire largement pour la reconstruction de IHôtel-Dieu.
Après l'incendie de 1772, c'est à l'archevêché que furent hospita-
lisées les religieuses de l'Hôtel-Dieu. Ainsi, à travers les âges,
était un instant renouée l'antique tutelle de l'Église de Paris sur
sa Maison-Dieu (2). Cette générosité qui aurait pu s'appliquer à
(1) Il y a encore dans le diocèse de petits hôpitaux qui sont de fondation épiscopale et
qui doivent rendre leurs comptes à l'archevêché. (Cf. arrêt du Parlement du 28 avril
1673 toucliant la reddition des comptes de fabrique des églises paroissiales de Paris et des
hôpitaux de fondation arcliiépiscopale. Bibl. nat., ms. ii364, fol. 233 bis.)
(2) En revenant processionnellement de S»» Geneviève, le jour des Rameaux, les arche-
vêques de Paris faisaient une station au Petit-Châtelet, et délivraient un prisonnier. Après
la démolition du Petit-Châtelet, cette cérémonie de « l'attolite portas » se fit à la porte de
l'H.-D. donnant sur le Petit-Pont. (Délib., 20 mars 1782, reg. i52, fol. 237, et Meuret,
o. c.,p. 91.)
L ADMINISTRATION
des œuvres exclusivement cle'ricales est sans doute dans les tradi-
tions de l'ancien régime, mais elle indique en tout cas la conscience
chez ces prélats d'un devoir de protection morale envers des
établissements qui s'en fiaient en définitive à la charité publique,
et dont ils connaissaient les besoins et les services.
LA MUNICIPALITE
L'étude des registres des délibérations de la Ville de Paris n'est
pas moins utile que celle des registres des délibérations du Cha-
pitre pour apprécier le rôle du prévôt des marchands et des échevins
dans l'administration de l'Hôtel-Dieu. Comment n'y eùt-il pas eu
de nombreux points de contact entre l'élément municipal et une
administration qui, quoique autonome, se trouve appelée à Jouer
un rôle prépondérant en cas d'épidémie, en cas de disette, en cas
de guerre civile ou étrangère ? La collaboration du Bureau de la
Ville et du Bureau de l'Hôtel-Dieu fut en effet assez étroite toutes
les fois qu'il s'agit de prendre des mesures sévères contre « la con-
tagion ». Il y eut bien un essai d'indépendance de la municipalité
vis-à-vis de l'Hôtel-Dieu, en 1606, lorsque le Bureau delà Ville
essaya de lutter par ses propres moyens contre l'épidémie de peste,
mais ses essais ne furent pas heureux, et bientôt il s'en remit
complètement à l'Hôtel-Dieu du soin d'organiser, sous le contrôle
du Parlement, la défense sanitaire de Paris.
N'oublions pas que ce fut en i5o5 la municipalité parisienne
qui prit en mains l'administration du temporel de l'Hôtel-Dieu, et
que les huit gouverneurs laïques, renouvelables par moitié tous
les trois ans, étaient élus par la Ville. Sans doute déjà le Parlement,
qui commençait à prendre conscience de son rôle, avait participé
à la réforme ; c'est devant un conseil composé de ses délégués,
de ceux de la Ville, de la Chambre des comptes et du Chapitre,
que le receveur général institué par le nouveau règlement devait
rendre ses comptes. Mais il ne faut pas exagérer son importance à
cette époque. L'arrêt du 2 mai i5o5 (i) ne fut pas pris sur son ini-
tiative comme l'a très bien montré M. Coyecque (2), et cette « réfor-
mation » de l'Hôtel-Dieu, qui fut comme une première laïcisation,
semble bien avoir été l'œuvre de la Ville autant que celle du
Parlement. Quoi qu'il en soit, l'exemple de Paris s'étendit dans les
(i) Arch. nat., Parlement, Conseil, X' a i5io, fol. 87.
(2) Coyecque, o. c, I, 181.
40
I.'hOTF.I.-DTFA- ai- XVIje F,T AU XYIII^ SIF.CLR
provinces, et une série de mesures analogues à celles de i5o5 furent
prises, parla suite, dans divers hôpitaux, Reims, Senlis, etc. fi),
en attendant que Tordonnance de Blois vienne consacrer, en
mai 1 5/9 (art. 65), le contrôle de TÉtat et le contrôle municipal sur
l'administration hospitalière.
L'édit de mai 1607 qui cédait à THôtel-Dieu la maison de santé
Saint-Marcel achetée par la Ville pour renfermer les contagieux
mettait à sa charge les appointements de deux prévôts de la santé
et de quatre archers, les uns pour la Ville, les autres pour l'Univer-
sité. Leur office était de faire conduire les malades frappés de conta-
gion, et n'ayant pas les moyens de se faire traiter, dans les deux
« sanitats » du Temple et de Saint-Marcel ; ils devaient assister eux-
mêmes les « officiers » des hôpitaux pour enlever les malades des
« maisons gastées ». De plus, pour les malades qui avaient le moyen
de se faire traiter à domicile, l'Hôtel-Dieu devait payer des gages
raisonnables à deux barbiers-chirurgiens chargés de donner leurs
soins exclusivement aux contagieux, sous peine de « punition exem-
plaire ». Le plan de défense de Paris contre l'épidémie se trouvait
ainsi fixé par la concentration de tous les services dans la main
d'une même administration, l'Hôtel-Dieu. C'est bien ce qu'avait
voulu obtenir, à l'assemblée de « police générale » tenue au
Palais en la salle Saint-Louis, les prévôt des marchands et échevins,
en raison de « l'expérience des relligieuses et officiers en telles
contagions, et bon ordre qui a esté de tout temps étably dans cette
maison ». Cette centralisation des pouvoirs publics ne pouvait en
effet que donner de bons résultats. Les prévôts de la santé fonc-
tionnèrent pendant tout le cours du xvii« siècle.
« La surintendance des pauvres » dont était investi le prévôt
des marchands se faisait sentir ailleurs, dans l'administration du
Grand Bureau des pauvres (2) qu'il présidait, dans les mesures
prises par les « quarteniers » pour faire rentrer les deniers de
« l'aumône générale » (3), enfin dans les ordres de police donnés
pour le renfermement ou le rapatriement des mendiants.
C'est surtout en matièrede travaux que l'Hôtel-Dieu se trouvait
dépendre des décisions du Bureau delà Ville, et plus d'une fois ses
projets furent retardés par les objections et même les empêche-
ments de la municipalité. Il devait se soumettre d'autre part aux
(1) Cf. J. Brillon, Dict. des arrêts; 1727, 6 vol. in-fol. t. III, p. 616 et suiv.
(2) Le Bureau de cette adm. se composait de conseillers au Parlement, de conseillers de
ville, de chanoines de Notre-Dame, de curés de Paris, du procureur du roi au Châtelet et
de quelques autres personnes notables et charitables. (Félibien et Lobineau, Hist. de la Ville
de Paria; 5 vol. in-fol., t. V, p. 284. L. p. du 7 nov. 1544.)
(3; Cf. Arch. nat., H'-î 1794, fol. 55, 84, 90, 95, 535.
I. ADMINISTRATION 41
« visites )) des bâtiments exigées par le maître des œuvres de la
Ville, et aux divers règlements de la voirie (i). Il dépendait de la
Ville pour les concessions d'eau, pour l'établissement de mou-
lins à eau, pour le droit de construire des arcades « au-dessus
et au-dessous » des rues, pour les exemptions de guet ou de
garde (2).
La prérogative à laquelle le Bureau de la Ville semble tenir le
plus est l'investiture des administrateurs de l'Hôtel-Dieu, de ces
« gouverneurs du temporel », qui depuis i5o5 ont petit à petit
annihilé l'influence du Chapitre, confiné dans ses attributions spi-
rituelles, et qui sont les maîtres de l'heure. Ce corps se recrutait
depuis le xvii» siècle par cooptation, mais les nominations étaient
soumises à une double formalité, l'investiture du prévôt des mar-
chands etéchevins, et le serment devant la grand'chambre du Par-
lement. La municipalité n'avait ainsi Jamais d'hostilité à craindre
des membres de ce Bureau dont elle était la protectrice naturelle.
N'était-ce pas le prévôt des marchands et les échevins de la Ville de
Paris qui écrivaient au pape, en 1601 (3), au nom de l'Hôtel-Dieu,
pour demander l'autorisation de faire des pardons et quêtes, esti-
mant qu'il était de leur devoir « de procurer autant qu'il était en
leur puissance le bien de la chose commune, notamment en ce
touche le soulagement des pauvres » ? Ce qui blessa le plus la
municipalité parisienne dans la déclaration de i656, créant l'Hô-
pital général, ce fut d'être privée de « la connaisance » des élections
des administrateurs et de leur présentation au Parlement, comme
elle faisait à l'Hôtel-Dieu, et elle s'en plaignit d'ailleurs amè-
rement (4).
Il y avait toujours quelque échevin ou ancien échevin parmi les
membres du Bureau de l'Hôtel-Dieu. Ce n'est toutefois qu'en 1690,
par les lettres patentes de Janvier, registrées au Parlement le
10 février, que le prévôt des marchands fut désigné pour faire partie
de droit du Bureau de l'Hôtel-Dieu, en même temps que les pre-
miers présidents du Parlement, de la, Chambre des comptes et de la
Chambre des aides. Ces mêmes lettres patentes accordaient même
au prévôt alors en charge, Claude Le Peletier, conseiller d'Etat, la
(i) Voy. les Loix des bâtiments suivant la coutume de Paris, par Desgodeis ; Paris, chez
les Libraires associés, 1787, in-S».
(2) La concession de ces droits directement par le roi aux administrateurs de l'Hôpital
général fut l'un des principaux griefs mis en avant à la conférence du 16 mars i638 entre
les députés de l'Hôtel de Ville et ceux de l'Hôpital général. (Bibl. nat.,ms. fr. 11364, fol.
332-335.)
(3) Arch.nat., H2 1964 (copie).
(4) Bibl. nat., ms. fr. ii364, fol. 332-335. Conférence du lô mars i658 entre les députés
de l'Hôtel de Ville et ceux de l'Hôpital général.
l/nOTr^L-DIF-r AU XVII^ ET AU XVIIie SIKCLE
faveur spéciale d'exercer ses fonctions d'administrateur à l'expi-
ration de ses fonctions municipales.
A la conférence du i6 mars i658, entre les députés de l'Hôtel
de Ville et ceux de l'Hôpital général, pour l'examen de plusieurs
articles de la déclaration de i656, qui blessaient les membres de
la municipalité parisienne (i), l'un des griefs mis en avant par ces
derniers fut qu'ils étaient privés du droit d'assister aux comptes
annuels rendus par le receveur de l'Hôpital général, contrairement
à ce qui se passait à l'Hôtel-Dieu. Le représentant de l'Hôpital
général, Leschassier, qui prit la parole pour réfuter les objections
du Bureau de Ville, répondit fort à propos que ni le prévôt ni les
échevins n'avaient jamais assisté à la reddition des comptes du rece-
veur de l'Hôtel-Dieu. En tout cas, la municipalité paraissait tenir
beaucoup à ce droit théorique que lui avait donné l'arrêt de i5o5.
Ce fut d'ailleurs la dernière de ses réclamations.
LE PARLEMENT
Il suffit de se reporter aux arrêts du Parlement qui concernent
l'Hôtel-Dieu pour se rendre compte qu'aucune décision importante
ne pouvait être prise par le Bureau, sans qu'intervînt un arrêt du
Parlement qui se trouve ainsi le guide de ses destinées. Mais
l'influence du Parlement se fait encore sentir plus impérieusement
par l'intermédiaire des membres du Bureau eux-mêmes, parmi
lesqu'els dominent les « parlementaires » (2).
Aussi bien, dès le début du xvii* siècle, c'est le Parlement de
Paris qui, d'accord avec le prévôt des marchands et les échevins,
prend la direction des mesures exceptionnelles nécessitées par les
fréquentes épidémies de peste. Il est l'arbitre suprême en cas de
conflit, et veille à l'exécution de ses arrêts et ordonnances.
D'autre part, lui seul autorise les emprunts en cas de crise
financière, et de sa volonté dépend l'avenir même de l'établis-
sement qui a tout intérêt à se ménager des intelligences dans la
place. D'ailleurs, à partir de 1690, la présence du premier président
au bureau de l'Hôtel-Dieu est un sûr garant de l'entente entre les
deux administrations.
A partir de i656, dans toutes les graves circonstances, c'est
le premier président du Parlement qui réunit à son hôtel les
(i) Bibl. nat, ms.fr. 11364, fol. 332-335.
(2) Les serments des administrateurs devant la grand'cliambre sont relatés dans les
registres du Parlement.
I. ADMINISTRATFON
Bureaux de l'Hôtel-Dieu et de l'Hôpital général pour aviser aux
mesures à prendre. C'est lui qui met d'accord les deux adminis-
trations pour les règlements d'admission de malades, qui lève les
difficultés et prévient les conflits (i). C'est qu'en effet les deux
établissements se complètent, mais c'est surtout l'Hôpital général
qui a besoin de IHôtel-Dieu pour hospitaliser ses malades. Ce
n'est qu'à la fin du xvin« siècle qu'il aura ses « infirmeries »,
lorsque l'Hôtel-Dieu refusera définitivement de recevoir ses
malades. Non seulement l'Hôpital général a les scorbutiques de
Bicétre et de la Salpétrière à traiter, mais des accouchées à déli-
vrer, qui sont d'ailleurs toujours reçues, puisque l'Hôtel-Dieu ne
refuse aucune femme au dernier mois de sa grossesse, à moins
qu'elle ne soit « gâtée ».
Enfin, il y a la question des enfants. En 1690 (2), les deux
administrations se mettent d'accord ; l'Hôpital général accepte
les enfants, même à la mamelle, qui sont à la charge de l'Hôtel-
Dieu, parce qu'ils y sont nés ou que leurs mères y sont mortes,
à condition que l'Hôtel-Dieu ne mette plus les enfants malades
qu'on lui confie dans les salles communes où ils sont voués
à la mort, mais dans une maison dépendant de Saint-.Tulien-
le-Pauvre qui leur serait réservée ; en vertu de cette convention,
la maison des Enfants-Rouges devait revenir à l'Hôpital général.
Le Parlement se trouve être ainsi une sorte d'arbitre entre les
deux administrations ; il est assez difficile de savoir s'il en favorisait
une au détriment de l'autre, car ce sont des motifs qui ne s'avouent
point dans les délibérations ; mais à voir les réclamations fré-
quentes qui se produisent de la part de l'Hôtel-Dieu, surtout à
partir du xvm^ siècle, il paraît probable que le Parlement protège
surtout l'Hôpital général, où son influence trouve un terrain neuf
à s'exercer. Mais celui-ci obtient-il un privilège? Aussitôt l'Hôtel-
Dieu réclame et l'obtient à son tour ; c'est une lutte qui ne finira
qu'avec l'ancien régime. Les administrateurs de l'Hôpital général
jouissent du droit de committimus au petit sceau depuis l'édit
d'août 1669 (3); les administrateurs de l'Hôtel-Dieu le réclament
(i) Délib. 4 août 1677, reg. 4?, fol. i53 r». Voy. liste des arrôts du Parlement concer-
nant l'Hôtel-Dieu, Bibl. nat., ms. fr. 8o63 (t. XVIII delà collect. Dupré) et Table de l.o
Nain. Voy. aussi Monin, Etat de Paris en / 7,S_9 ; Paris, 1889, in-8° (Doc. relatifs à IH.
de P. pend, la Rév.), ch. ix, le Parlement et la grande police des hôpitaux.
(2) Délib. 16 sept. 1690, reg. Sg.
(3) Éd. de 1669, titre IV, art. 14, contenant l'énumération de toutes les personnes
auxquelles appartient ce privilège. Le commilimus au petit sceau autorisait les personnes
qui en étaient pourvues à porter leurs causes devant la chambre des requêtes du Parlement
sans passer par les juges inférieurs. Le commitimus au grand sceau permettait de porter
les causes directement devant les maîtres des requêtes du Palais. (Cf. Guyot, Rcf. de
jurixprttd., art. Committimus.)
44 i/hoti;i.-uii;u au xviie kt au xyiii^ suxle
et Tobtiennent en 1704. En 1724, les premiers reçoivent le droit
de committimus au grand sceau. Les seconds, pour ne pas rester
en retard, le demandent et l'obtiennent en 1728. Il fallait, avant
tout, ne rien céder au voisin, et les administrateurs de l'ancien
régime sont très jaloux, on le sait, de privilèges et de distinctions (i).
On le vit bien à l'assemblée extraordinaire du dimanche
27 novembre 1768 (2), tenue au Palais, dans la grand'chambre,
entre les députés des divers corps ecclésiastiques et laïcs de la Ville.
Les délégués du Bureau de l'Hôtel-Dieu ne sont appelés pour
prendre séance, par le premier président, qu'après les délégués
du Bureau de l'Hôpital général. Aussitôt ils font une protestation
« particulière » insérée au procès-verbal de la séance pour « cons-
tater que l'appel qui a été fait de l'administration de l'Hôpital
général avant le leur ne pourra nuire ni préjudicier au droit et
possession constante oîi ils sont d'être en toutes occasions nommés
les premiers, l'Hôtel-Dieu étant le plus ancien hôpital de Paris».
Le premier président répond qu'il n'a fait que suivre l'ordre
adopté au procès-verbal de l'assemblée de 1693, qu'au surplus,
Tordre de nomination ni les places entre les différents corps ne
peuvent être « tirés à conséquence » (3). Cette hostilité contre
l'administration rivale, on a déjà pu la constater à la séance de
protestation du Bureau de la Ville de i658, contre les prérogatives
accordées aux administrateurs de l'Hôpital général par l'édit
de i656. Elle n'a cessé de se manifester depuis. C'est que l'Hôtel-
Dieu sent bien que le premier président est toujours disposé à
favoriser les intérêts du nouvel établissement ; n'en avons-noiis
pas la preuve dans la correspondance des contrôleurs généraux (4)
qui sont particulièrement sollicités de prendre en main la cause
de l'Hôpital général contre l'Hôtel-Dieu ?
(i) Arcli. A. ['., liasse 864. Le receveur de l'H.-D. obtint également cette faveur,
(2) J. Flammermont, Remontrances du Parlement de Paris au XVIII' siècle ; Paris,
3 vol. in-4», 1888-1898 (Doc. inéd. de l'H. de F.), t. III, p. 1), remontrance du 22 nov. 1768
sur la cherté du blé et du pain.
(3) Délib. 7 déc. 1768, reg. 137, fol. 36o. Voici l'ordre dans lequel opinèrent les dé-
putés: le premier président, les gens du roi, le lieutenant général de police, le lieutenant
criminel, le procureur du roi au Châtelet, le corps de ville, les députés des corps ecclésias-
tiques, en commençant par le chapitre de Noire-Dame et Sainte-Geneviève, les administra-
teurs des deux hôpitaux, les autres corps laïcs, le doyen et les substituts du procureur
général, le prévôt de l'Ile-de-France, le lieutenant criminel de robe courte, le chevalier
du fruet, les députés des trésoriers de France, ceux de la Cour des aides, de la Chambre
des comptes, de la Chambre des enquêtes et des requêtes, de la grand'chambre, enfin, les
cinq présidents à mortier. On voit, par cette énumération, que l'ordre de préséance des
administrateurs est au premier rang des corps laïcs.
{4) Cf. de Boislisle, Corrcsp. des contrôleurs généraux des finances, 1874-1897, 3 vol.
in-4«. (Doc. inéd. de l'H. de F.). Cf. Lettres de Le Peletier P. P'., du 3i déc. 1710; de
d'Aguesseau, proc. gén., en 1711 et en 1713 ; de de Harlay, des 14 et 19 mars 1703. Ce der-
nier va jusqu'à dire, en parlant delà maison des Enfants-Trouvés: « Nous forcerons l'Hô-
tel-Dieu à la vendre. »
L AnMINISTRATlO^
A différentes reprises, c'est le premier président qui impose
à l'Hôtel-Dieu les malades de l'Hôpital général. C'est lui qui,
en 1726 et en 1740, fait mettre à Saint-Louis les blés achetés pour
les subsistances publiques, malgré l'opposition du Bureau ; c'est lui
qui, en 1760, obtient un prêt de l'Hôtel-Dieu à l'Hôpital général,
prêt qu'il désirait de 200.000 livres et qui fut réduit à 1 20.000 livres,
remboursable à raison de 10.000 livres, après une résistance opi-
niâtre des administrateurs qui cédèrent sur la promesse formelle
du premier président de ne jamais renouveler ce précédent et de
veiller lui-même au remboursement (i). On ajouta même dans la
délibération que ce consentement du Bureau devait être considéré
« comme la preuve la plus forte qu'il puisse offrir [au premier
président] de son respect et de son attachement ».
Si l'Hôpital général est l'établissement de prédilection du
Parlement, ainsi que les Quinze-Vingts, hospice de fondation
royale dont le supérieur est le grand aumônier de France (2), et les
prisonniers (3) placés sous sa sauvegarde particulière, il n'en est
pas moins appelé à décider de toutes les affaires importantes de
l'Hôtel-Dieu, qui se ménage son appui, et, en dernier ressort,
exécute ses volontés.
L'influence du Parlement fut, surtout à partir de la fin du
xviie siècle, une influence de laïcité ; il soutient le Bureau dans ses
conflits avec le Chapitre, et même, sans qu'il y ait conflit, il veille à
ses prérogatives. Un curieux incident qui se produit en 1660 nous
révèle cet état d'esprit. L'ofïicial du Chapitre, d'accord avec le
doyen, a fait un règlement concernant les testaments des malades
décédés à l'Hôtel-Dieu, le « salaire » des chapelains et les certificats
qu'ils délivrent. Le Bureau approuve ce règlement, mais le
procureur général du Parlement, qui assiste à la séance, demande
d'en faire établir un tout pareil, dont se servira le Bureau, par le
Parlement, « pour ne pas donner trop d'autorité à Messieurs du
Chapitre, si l'Hôtel-Dieu se servait de leur règlement » (4).
(i) Délib. i3 août 1760, reg. 129, fol. 317. L'Hôpital général, pressé par les créanciers,
ne trouvait alors personne à qui emprunter, et c "est l'archevêque qui avait mis le premier
président et le procureur général au courant d'une réserve de aSo.ooo livres qui se trouvait
disponible dans les coffres de l'H.-D., dont il avait obtenu une clef,
(2) Flammermont, o. c, remontrance du 3oaoùt ijbi sur la déclaration du 24 mars 17? i
portant règlement sur l'administration de l'Hôpital général ; remontrances des 27-29 mai 17S3,
2 1-23 mai 1784, 6 mars 1783, sur l'administration des Quinze-Vingts, etc.
(3) Aubert, le Parlement et les prisonniers. (Bull. Soc. H. de P., iSg'i, p. 101.)
(4) Délib. 10 janv. 1680, reg. 48, fol. 5 r».
46 i.'hotf.l-diku au xvii" kt ac xviii« siècle
LA COMPAGNIE DU SAINT-SACREMENT
Cette influence en faveur de la laïcité (i) n'est pas, d'ailleurs,
contradictoire, — malgré les apparences, — avec l'influence que prit
à l'Hotel-Dieu, au milieu du xvii« siècle, la fameuse Compagnie
du Saint-Sacrement, « la cabale des dévots ». On sait maintenant,
par de récents travaux sur l'influence de cette société secrète (2),
que ces pieux laïques se trouvaient souvent en lutte avec le clergé
lui-même, et, en particulier, certains de ses dignitaires, quand ils
contrecarraient ses projets ou s'écartaient de ses vues intimes.
Cette influence, d'ailleurs, ne dura pas, la Compagnie ayant trouvé
à l'Hôpital général un terrain mieux préparé pour ses entreprises.
Quant aux religieux de la Charité, ils ne voulurent jamais recevoir
ses délégués.
En parcourant ses Annales, œuvre de René de Voyer d'Ar-
genson (3), on trouve des traces fréquentes de l'influence qu'elle
s'efforçait d'exercer à l'Hôtel-Dieu, où elle avait organisé des visites
de laïques. Dès 1 633, elle prend des mesures concernant les confes-
sions : « Ceux qui, par son ordre, visitoient l'Hôtel-Dieu, écrit
d'Argenson (4), remarquèrent que les prêtres de cet hôpital ne
pouvoient pas suffire à entendre toutes les confessions des malades,
principalement de ceux qui vouloient en faire de générales et, sur
l'avis qu'on en donna dans l'assemblée, elle trouva à propos
d'exciter les supérieurs des maisons religieuses et des communautés
de Paris d'y envoyer de leurs prêtres un des jours de la semaine
qui leur serait le plus commode. Cette sollicitation eut d'abord
un assez bon effet. Les Minimes promirent pour le lundi, les
Jésuites pour le mardi, les Pères delà doctrine chrétienne pour le
mercredi es Carmes déchaussés pour le jeudi, les Jacobins ré-
formés pour le vendredi, les Feuillants pour le samedi et les PP. de
l'Oratoire pour le dimanche. Mais cela ne fut réglé que pendant une
année. Il y eut ensuite beaucoup de relâchement ; on les sollicita
de nouveau. Ils recommencèrent un peu à travailler, mais, enfin, la
plupart abandonnèrent et l'on fut contraint de prier tous les ecclé-
siastiques de la Compagnie de suppléer au défaut de ceux qui n'y
pourraient aller aussi régulièrement qu'il le falloit, et cela s'est
toujours fait, tandis que la Compagnie a subsisté. » Non seulement
(i) Voy. à ce sujet Flammermont, o. c, t. I, préface.
(2) R. Allier, la Cabale des dévots; Paris, 1902, i vol. in-i6.— E. Brunel, la Charité
paroissiale à Paris; Caen, 1906, in-8». — Rébelliau, Rev. des Deux Mondes (2« sem. igoS).
(3) Bibl. nat., nis. fr. 14489, publié par Dom Beaucliet-Filleau ; Paris, 1900, in-8.
(4) Beaucliet-Filleau, Ann., p. 46.
L ADMINMSTRA TION
les confessions, mais tous les autres secours spirituels la préoc-
cupent. En i635eten i636, la Compagnie envoie un député auprès
des administrateurs pour que Ton organise le catéchisme aux
malades et aux convalescents. En i 65q, une petite Compagnie, « une
filiale », se forme sous l'impulsion de Duplessis-Montbard (i), un
des membres les plus influents, et elle a une ramification à THôtel-
Dieu, sous la surveillance d'un administrateur, M. de Gaumont (2).
Un autre administrateur, M. Le Conte, réunissait dans sa cham-
bre, à IHotel-Dieu, depuis i656, le Comité central des compa-
gnies paroissiales de charité de Paris, qui était de même un rameau
de la Compagnie (3). Les délégués des compagnies paroissiales
étaient au nombre de deux par paroisse, élus pour 6 mois seulement.
Les séances avaient lieu les premiers lundis du mois de 2 à
4 heures. Il s'agissait, en particulier, « de promouvoir le bien et
empêcher le mal qui se commet tous les jours, d'avoir une chari-
table correspondance entre elles [les paroisses], pour travailler
avec plus d'union aux bonnes œuvres qui sont à faire dans
l'étendue des paroisses, et s'entraider mutuellement pour les faire
réussir avec succès ».
En ce qui concerne THôtel-Dieu, la Compagnie du Saint-
Sacrement porta ses efforts particulièrement sur l'abus de la vente
de la viande qui se faisait à THôtel-Dieu pendant le Carême, grâce
au privilège que nous indiquerons au chapitre suivant. « Cette
affaire, nous dit d'Argenson (4), a donné de Toccupation à la
Compagnie tant qu'elle a subsisté. Elle a procuré des règlements
pour la vente de la viande pendant le Carême, sur les certificats
des médecins, et pour la taxe de cette viande en faveur des pauvres
malades de la ville. Et, sur ce qu'au préjudice des défenses, un
boucher eut l'audace de vendre de la viande à qui en vouloit acheter,
M. le Président Le Bailleul le condamna à une grosse amende sur
les sollicitations qu'on lui en fit par les soins de la Compagnie. »
La Compagnie trouve encore un auxiliaire plus puissant dans
la personne de Guillaume de Lamoignon, premier président, à
(1) (I On remarqua dans une assemblée que le sacrement de confirmation n'était presque
pas connu parmi les mendiants. Sur quoi M. Renard fut prié d'aller à l'Hôtel-Dieu en
instruire les convalescents afin que tous ceux qui seroient en état de pouvoir ou'i'r le caté-
chisme apprissent la nécessité de ce sacrement. » (Beaucliet-Filleau, .-l)i;i., p. 63).
(2) « Le 26» de juin [lôSg] M. du Plessis-.Montbar fit rapport à l'assemblée du premier
établissement de la petite compagnie qui se formoit pour le secours spirituel des malades
et des agonisants de l'Hôtel-Dieu ; elle fut commencée par des confrères de la Compagnie ;
on y fit des règles particulières pour y admettre des personnes du dehors et Dieu y donna
dans la suite tant de bénédictions que cette petite compagnie servoit comme de noviciat
pour être reçu dans la grande, parce qu'on découvroit par là les sentiments de vertu et
de charité dont ceux qui la fréquentoient étoient remplis. •> (Beauchet-Filleau, .l/in., p. 187.)
(3) Voy. pr.-verb. de quelques-unes de ces assemblées du comité. (13ibl. Ars., ms. 2565.)
{4) Beauchet-Filleau, Ann., p. 63.
48 l'hotel-dieu au xvii" et au xviip siècle
partir de i658 \i), qui en fait partie avec de nombreux collègues,
de iMesmes, Méliand, de Bernières, Aubéry, Le Fèvre d'Ormes-
son, Barillon de Morangis, sans compter Voyer d'Argenson.
Avec lui se multiplient les arrêts concernant l'interdiction des jeux
qui rapportent, nous le verrons, de grosses amendes à l'Hôtel-Dieu,
et ces a fameuses assemblées de duels » qui mirent tant en colère
Mazarin 12), bien qu'elles fussent subventionnées par le roi et par
de hauts personnages (3). On se doutait, dans le public, de cette
influence occulte des dévots. Ne voyons-nous pas Gui Patin écrire
à A. Falconet, le 6 août 1660 ; « Paris est plein aujourd'hui de
faux prophètes. Nous avons des scribes et des pharisiens, des
fripons, des filous même, en matière de religion. On ne vit jamais
plus de religion et de moinerie et jamais si peu de charité. Tous
ces gens-là se servent du nom de Dieu pour faire leurs affaires et
tromper le monde. La religion est un grand manteau qui met bien
des fourbes à couvert (4). » Toujours est-il que, lorsque Mazarin
saisit la justice, Lamoignon put adoucir l'arrêt, mais non en
empêcher l'exécution. L'arrêt de suppression date du i 3 décem-
bre 1660 ; il faisait seulement défense « à toute personne de faire
aucunes assemblées sans lettres patentes vérifiées », et d'Argenson,
dans son historique, ne craint pas d'affirmer que « l'esprit [de la
Compagnie] se conserva tout entier » de 1661 à 1666. Ce fut
Lamoignon qui sauva ses papiers. Au reste ce « dévot « ne paraît
pas avoir été d'un esprit aussi étroit que plus d'un de ses confrères;
recevant à Bàville, érigé en marquisat depuis 1670, Racine et
Boileau, travaillant avec Foucroy et Auzanet à l'unification des
lois françaises, n'était-il pas le familier du libre penseur Gui
Patin, avec qui il était le premier à rire des jésuites et des moines,
quand il échappait à son partenaire quelque bon mot contre eux (5)?
LES DAMES DE CHARITE
Si parmi les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement,
nous rencontrons de nombreux « parlementaires», ce sont pres-
que exclusivement à des familles du Parlement qu'appartiennent
(i) Il mourut le lo déc. 1677. Son testament daté de 1676 a été publié dans la Cor-
resp. Itist. etarchéol., 1897, p. 238. Son ora'son funèbre fut prononcée le 7 déc. 1678 au
collège delà Marche et le 18 févr. 1679 à Saint-Nicolas-du-Chardonnet par Fléchier.
(2) Voy. propos rapporté par Le Tellier. (Beauchet-Filleau, Ann., p. 260.)
(3) Notamment par Fouquet.
(4) Voy. aussi lettre du 28 sept. 1660, citée par Pic, Gui Patin; Paris, 1911, in-12, p. i53.
(3) Lettre du 19 févr. 1659. Lamoignon demeurait alors dans l'hôtel de la rue Pavée,
dont il n'était que locataire, et qui ne fut acheté que par son fils. Cf. Sellier, les Anciens
Hôtels de Paris; Paris, 1909, in-8"', p. 355.
L ADMINISTRATION
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« les dames de charité «, qui, à la même époque, fréquentent
l'Hôtel-Dieu, et bientôt y prennent une influence exagérée, qui
gênera les administrateurs, cependant tout dévoués à leur œuvre.
Ce fut une véritable invasion de bonnes volontés brouillonnes
et une émulation de bienfaits inutiles. Cette ingérence indiscrète
et maladroite se fit sentir dans toutes les branches de Tadmi-
nisiration. Ne vit-on pas, en 1661, M"^ de Lamoignon écrire à
l'administrateur Lhoste pour lui demander de mettre dans des
lits séparés les malades blessés dans « les bâtiments et ateliers »
du roi, en attendant que l'hôpital de la Charité obtienne un fonds
du roi pour les recevoir (i) ? Ne la vit-on pas insister pour la
nomination d'une maîtresse sage-femme que refusait d'agréer le
Bureau ? Heureusement que d'autres œuvres, l'Hôpital général,
les Enfants-Trouvés, les Prisons, les Charités des paroisses,
détournèrent bientôt à leur profit l'activité de ces dévotes, riches
veuves, filles désabusées, ou simplement oisives, et aussi parfois
apôtres de vertu et de dévouement, qui s'offraient à la conso-
lation des malades comme dautres aux plaisirs de la Cour.
Sans doute, dès le moyen âge, la contribution de la charité
privée à l'œuvre quasi officielle qu'était l'Hôtel-Dieu n'était pas
rare. Les orfèvres offraient tous les ans à Pâques un grand banquet
à tous les malades, et leurs femmes venaient administrer elles-
mêmes les aliments aux pauvres, vêtues pompeusement, « comme
la solennité le requiert », nous dit Du Breul (2), mais ce n'était là
qu'une manifestation collective, qui finit d'ailleurs par dégénérer
en abus (3). En 1608, à la délibération du 25 janvier, un des gou-
verneurs est prié « de dire aux honnestes dames qui se sont offertes
de venir à l'Hostel-Dieu pour veoir disner et soupper les pauvres,
qu'elles y seront bien venuz toutes fois et quantes qu'elles voul-
dront, et que sy elles désirent par charité y distribuer delà viande,
qu'elles l'envoyent toute creue à la cuisine dudict Hostel-Dieu pour
(i) Délib. 3 août 1661, reg. 29, fol. 161 v. II s'agit des ouvriers occupés à la construc-
tion du Louvre.
(2) Théâtre des antiquité^ de Paris, éd. 1659, liv. I, p. 60. Du Breul cite à ce sujet les
vers de Boterays dans son poémè « De Lutetia » :
Ex Acheronte rediix titmitlo, quo Cliristtis in auras
Exiit, insignes cidtu, atque monilibits auro,
Arte marilorum inclusis, propriisque nitcntes,
Mercibtis, attrijîcum sponsœ, convivia egenis,
Paschacelque epiilas prœbent. Non corpora fœdis,
Ulceribus, sanie putriqne Jltientia tabo.
Avertunt nias : pielas dura omnia vincit.
(3) Voy. délib. 25 mars 1587, reg. 8, fol. 36. Toutefois ce banquet ne fut supprimé que
vers 1596; les registres de la corporation donnent le nombre des malades et malheureux
traités jusqu'à cette époque. E. Levasseur, Hist. des classes ouvrières... avant 178g ; Paris,
1901 , 2 vol. in-4», t. II, ch. vni, p. 733, prétend que les orfèvres ne rompirent cette tradition
qu'à la Fronde.
l'hOT^L-DIEU au XVII" FT au XVIIF SIECLE
la faire cuire, affin de la veoir distribuer en leur présence avec des
confitures, sy leur charité sextend d'en distribuer «. Mais le
Bureau voit tout de suite les inconvénients d'une pareille autori-
sation. Dès le i6 juillet de la même année, il prie « les dames et
damoiselles qui ont entrepris, par dévotion, de veoir et observer
le traictemcnt qui est faict aux malades dedans la maison, de laisser
faire aulx religieuses leurs charges et se contenter de prendre garde
que lesdictes religieuses fascent leur debvoir », et, le 1 1 avril 1612,
il est obligé de défendre aux religieuses de recevoir les au-
mônes en pain, vin et viande, « attendu qu'ilz aportent plus d'in-
commodité ausdits malades que de proffit, avec beaucoup de
confusion ».
Mais l'idée allait être reprise, avec plus de méthode, sous la
direction de Vincent de Paul et l'initiative de Louise de Ma-
rillac (i), de la présidente Goussault (2) et de quelques autres
dames de piété. Ces dernières, qui allaient souvent visiter les
malades de l'Hôtel-Dieu, eurent recours à « Monsieur Vincent « en
le priant d'étendre son action sur cette maison. Mais comme
M. Vincent, nous dit son biographe, Abelly, évêque de Rodez, « se
conduisoit en toutes choses avec prudence et discrétion, il ne crut
pas devoir porter, comme l'on dit, la faux en la moisson d'autruy,
n'y s'ingérer de faire aucune chose dans un hôpital qui avoit pour
directeurs et administrateurs, tant au spirituel qu'au temporel, des
personnes qu'il estimoit très sages et très capables d'y apporter les
règlements nécessaires » (3). Sur les instances de l'archevêque de
Paris, J.-F. de Gondi, le frère de Philippe-Emmanuel de Gondi,
général des galères et ami de Vincent de Paul, l'association des
des dames de la Charité pour la visite des malades finit par se
constituer en 1634; Vincent de Paul, dans les assemblées prépara-
toires, mit toute sa persuasion à donner à cet apostolat le caractère
de prudence et de discrétion qui lui convenait. Ces femmes appar-
tenaient à la haute bourgeoisie de l'époque ; c'étaient M'"* de
Villesavin, veuve de Phélippeaux, seigneur de Villesavin (4) ;
(i) Voy. Gobillon, Vie de .1/"= Legras ; Paris, 1676, in-i6, et Mt'"' Baunard, Viede la véné-
rable Louise de Marillac...; Paris, 1898, in-8°.
(2) M"»» Goussault, de son nom Geneviève Fayet, veuve à 47 ans, en i63i, d'Antoine de
Sauvigny, président de la Cliambre des comptes, possédait un domaine important à Bour-
gneuf, en Anjou. Les premières assemblées de l'œuvre se tinrent dans son hôtel de la rue du
Roi-de-Sicile.
(3) Abelly. 0. c.,p. i32 : « D'estre toujours à l'H.-D. », écrivait-il encore à M"» Le Gras, « il
n'est pas expédient : mais d'y aller et venir, il est à propos. Ne craignez pas de trop entre-
prendre en faisant le bien qui se présente à vous ; mais craignez le désir d'en faire plus que
vous ne faites et que Dieu ne vous donne le moyen de faire. La pensée d'aller au delà me
fait trembler de peur, parce qu'elle me semble un crimeaux enfansdela Providence.» ild.,
p. i35.)
(4) Elle habitait un des beaux hôtels de la place Royale.
l'administration 5i
M'"-^ de Bailleul, femme d'un surintendant des finances; NW^ de
Sainctot(i), femme d'un trésorier de France; M'"« Polallion (Marie
Lumague), la fondatrice des Filles de la Providence à Cha-
ronne (2); M"><= du Mecq; M"»* Pierre Séguier (Elisabeth d'Aligre),
femme d'un chancelier de France; M^^de Traversay (Anne Petau),
veuve d'un conseiller au Parlement de Paris (3j; la présidente
de Herse (4); Charlotte de Ligny, parente de M, Olier ;
M'"« Fouquet (Marie Maupeou) (5) ; M"« Viole (6), etc. (7). Pour
préparer les douceurs qu'elles voulaient offrir aux malades, ces
dames louèrent une chambre près de l'Hôtel-Dieu et confièrent
ce service aux Filles de la Charité, fondées l'année précédente,
en i633. Chacune à leur jour, quatre ou cinq ensemble, elles
allaient dans les salles, ceintes d'un tablier, distribuer, de lit en lit,
des confitures, de la gelée, du pain blanc, du biscuit, des poires
cuites, des rôties au sucre. Au soulagement corporel, qui
n'était qu'un prétexte, elles joignaient l'assistance spirituelle des
âmes, pour laquelle M. Vincent « fit imprimer un petit livret qui
contenait les points principaux desquels il était plus nécessaire
d'instruire les pauvres malades » (8).
Il ne paraît pas s'être élevé de conflits entre ces laïques et les
religieuses, grâce à l'influence de Vincent de Paul, qui dirigeait en
réalité les unes et les autres, par l'intermédiaire de la sœur Gene-
viève Bouquet. Il l'avait connue à la cour de Marguerite de
Valois, où il était resté environ 2 ans, d'avril 16 10 à mai 161 2 (9),
et il lui avait sans doute inspiré la vocation hospitalière, en 161 3,
avant son départ pour la- cure de Clichy. Ayant fait profession à
35 ans, en 1629, après être restée 1 5 ans fille blanche, cette sœur se
fit remarquer pendant les 9 ans de son priorat, et dans les autres
offices, par l'influence de son zèle et de ses vertus, qui l'ont fait
(i) C'était une amie de la famille Pascal; ses filles étaient élevées avec Jacqueline.
(2) Voy. Collin, Vie de véritable servante de Dieu Marie Lu/nagite, morte en 1 65 7; Paris,
1744, in-i2.
(3) Elle demeurait rue Saint-Martin chez son frère le président Meliand. Elle fonda
en i635 le monastère de la Conception, rue Saint-Honoré.
(4) Elle demeurait rue Pavée. C'était une des correspondantes de François de Sales.
(5) On ne l'appelait jamais que « la bonne et sainte » M»» Fouquet. Ses 5 filles entrèrent
à la Visitation et son fils fut le fameux surintendant des finances.
(6) Elle demeurait rue de la Harpe. Elle fut trésorière de l'œuvre jusqu'à sa mort
(4 avril 1678).
(7) Nous retrouvons presque tous ces noms parmi les dames bienfaitrices des Enfants-
Trouvés (A. Bonneau, M-^' de Miramion ; Paris, i8ô8, in-8», p. m) et Relations de
Charles de Bernières; Paris, Savreux, i65o-i655, in-4<'.
(8) Abelly, o. c, liv. I, ch. xxix, p. i3i à 140.
(9) Sa biographie se trouve p. 245-254 dans V Avis aux religieuses de l'Hôtel-Dieu
de Paris, par leurs supérieurs; Paris, Christophe Ballard, 1676, i vol. in-16, 348 p.
(Bibl. Maz. 21 149.)
l'hOTEL-OIF.U au XVIie KT AU XVin« SIECLE
souvent proposer comme un modèle de la religieuse hosj>italière
de l'époque (i).
A côté du nom de la sœur Geneviève Bouquet, il faut rappeler
celui de cette énigmatique Marthe d'Oraison, fille du marquis
d'Oraison, née au château de Cadenet, en Provence, en 1592,
mariée à 16 ans au baron d'Allemagne, qui, veuve à 18 ans, fonde
un couvent de capucines à Marseille, vient à Paris au couvent des
capucines du faubourg Saint-Honoré, se fait remarquer par ses
pénitences et ses austérités, s'en va « gueuser » et mendier par la
ville comme une pauvresse, oublieuse du monde et d'elle-même,
se place comme servante pour s'humilier, vient à l'Hôtel-Dieu
visiter les malades les plus sordides, puis un jour y reste avec per-
mission du maître, alors le P. de La Haye, bénédictin, et de la
prieure, qui lui donnent un petit coin pour se loger, où elle reste
jusqu'à sa mort, à 35 ans, en 1627. Elle soignait principalement
les malades de la salle du Légat, sans avoir dans la maison un rôle
défini. « Une de ses dévotions particulières », dit l'auteur de VAvis
aux religieuses (2), « estoit de donner à boire aux pauvres, pour
quoy elle alloit elle-mesme à la rivière avec deux cruches qu'elle
apportoit pleines d'eau, ce qu'elle faisoit plusieurs fois le jour avec
une joie indicible ». Elle voulut, ajoute-t-il, être pauvre avec
confusion. A sa mort, la communauté aurait voulu garder son
corps, mais les capucines le réclamèrent, et elle fut inhumée dans
leur église, à côté de M«»« de Mercœur.
La mission des dames visiteuses et des Filles de la Charité fut
fixée par un règlement en 12 articles (3), préparé par Vincent
de Paul, et qui servit de modèle aux autres règlements des
compagnies de charité des paroisses, éclos vers la même époque (4).
Comme les dames de charité étaient devenues très nombreuses,
elles se divisèrent le travail, les unes, au nombre de 14, furent
désignées pour « l'œuvre spirituelle », c'est-à-dire l'édification des
malades, et devaient se rendre à l'hôpital, deux par deux, une
fois par semaine pendant 3 mois, de 2 à 4 heures ; c'étaient les
(i) Voy. à ce sujet les lettres écrites à M"» Le Gras dans les Lettres de saint Vincent
de Paul, publiées par les lazaristes, notamment celle du 27 mai i636.
(2) Avis..., p. 234 et sqq. Voy. aussi l'Amour de la pauvreté, descrite en la vie et
en la mort de haute et puissante dame, Marthe d'Oraison, baronne d'Allemagne, vicom-
tesse de Valernes, par Pierre Bonnet, docteur ecclésiastique d'Avignon ; Paris, Pierre
Rocolet, i632, in-8, et Hilarion de Geste, minime, Darnes illustres..., in-4», t. II,
p. 7o3 ; enfin un ouvrage récent de Marie Tay, Marthe d'Oraison, baronne d'Allemagne,
fondatrice des capucines de Marseille (1590-1627) ; Clermont-Ferrand, 1898, i vol. in-12.
(3) On en trouvera le texte dans le recueil factice de la Bibl. de l'Ars., ms. 2563, sous ce
titre:» Mémoire de ce qui est observé par la Gompagnie desdames de charité del'Hôtel-Dieu
■de Paris pour en former d'autres semblables es autres villes du royaume ». Impr., 8 p.
(4) Voy. Brunet, o. c, ch. v.
l'administration 53
« dames de rinstruction » ; les autres furent détachces au soulage-
ment corporel ; c'étaient les distributrices d'aliments, au nombre
de 120, n'allant à l'hôpital qu'une fois par mois, la visite journa-
lière étant assurée par 4 dames (i). Chacune de ces dames avait
d'ailleurs plusieurs domestiques pour apprêter et distribuer les
« collations et gâteries ».
Au premier rang des familières de THôtel-Dieu se trouvait
la marquise de Maignelais, Charlotte-Marguerite de Gondi, tante
du futur cardinal de Retz, « ma sage marquise » comme l'appelait
toujours Henri IV, qui, veuve après trois ans de mariage, consacra
sa vie à la charité, sous les conseils de Vincent de Paul dont elle
fut Tune des plus généreuses bienfaitrices, et du P. de Bérulle
qui devint son directeur de conscience (2). Son immense fortune
— i5o.ooo livres de rentes — s'en alla toute aux couvents et aux
œuvres pieuses. Oratoire, Missions, Capucines, couvent de Sainte-
Madeleine, hôpital de la Charité, Incurables, Quinze- Vingts,
Hôtel-Dieu, jusqu'à l'hôtel de la Trémoille, qu'elle habitait, rue
Saint-Honoré, donné le 12 mai 1623 au couvent des capucines (3).
« Elle alloit souvent à l'Hôtel-Dieu », nous dit son biographe,
le P.. Marc de Bauduin, capucin (4), « visiter les pauvres ;
elle entroit généreusement dans toutes les salles, sans craindre
ni les puanteurs ni toutes les sortes de maladies qui donnoient
de l'horreur; elles les voyoient avec plaisir; c'estoient des objets
et des parfums délicieux; outre, les grands biens qu'elle y faisoit
en général, elle donnoit encore en particulier aux nécessiteux;
en les visitant elle les exhortoit et les encourageoit à souffrir
avec une charité non pareille, et lorsqu'elle trouvoit quelque
jeune fille convalescente, elle s'informoit qui elle estoit, si elle
avoit son père et sa mère, ou quelque proche parent pour se
retirer ou veiller sur elle ». Elle visitait également les prisonniers,
les pauvres honteux, « les veuves dans l'impuissance et dans la
vieillesse à qui elle donnoit un ordinaire réglé qui ne manquoit
jamais », payait des loyers, des médicaments et répandait partout
d'abondantes aumônes. Chez elle la visite des malades n'était pas
(i) Après la présidente Goussault, la Compagnie des dames de charité eut successivement
pour supérieures M™»» de Soucarière, de Lamoignon et d'Aiguillon. (Abbé Maynard,
Saint Vincent de Paul, sa vie, son temps: Paris, 1860, 4 vol. in-h«, t. III, p. 3ii.)
(2) \hbé Houssaye, Le P. de Bérulle et les Carmélites de Paris; Paris, 1876, in-8, et
R. Clia'n*clauze, Saint Vincent de Paul et les Gontdi; Paris, 1882, in-8, p. 149-171.
(3) Elle laissa dans son testament 424.000 livres à diverses maisons, sans compter le
reste de son bien donné à l'H.-D., soit 18.000 livres. Testament de M"' la marquise de
Maignelay ; Paris, Le Prest, 1659, in-4», 28 p. Elle mourut en i63o. (Arcli. A. P.,
liasse 1432.)
(4) Vie de T. haute, T. puissante... dame Cfi.-M. de Gondy. marquise de Maignelais;
Paris, V« Buon, 1666, 346 p. in-i6, avec portrait, p. 218.
L HOTEL-DIEf AU XVII« ET AU XVII
un simple passe-temps de femme inoccupée entre deux réceptions ;
il correspondait à une véritable réforme de sa vie ; au lendemain de
son veuvage elle avait quitté ses somptueux vêtements de soie et de
et de velours pour ne porter que des robes de laine de couleur grise
ou violette ; elle mettait une coiffe qui lui couvrait la plus grande
partie de la tête, avec un rabat fort simple. Une croix de Saint-
François remplaça sa croix de diamants; elle vendit sa vaisselle
d'or et d'argent, ses bagues, ses pierreries ; elle ne garda pas même
un miroir; elle voulait se défaire aussi de son carrosse qu'elle avait
fait tendre de laine grossière ; elle ne le garda que parce qu'on lui
fit comprendre « qu'elle se mettrait dans l'impuissance d'aller
visiter les prisonniers et les malades de l'Hôtel-Dieu » (i).
Ce renoncement n'a d'égal que celui de Marie Hérynx ; née le
6 mai 1644, mariée à 18 ans avec un conseiller à la Cour des aides,
Hélyot, parent du P. Hélyot, du tiers ordre franciscain de Picpus,
auteur de V Histoire des ordres monastiques, elle perd à 4 ans un
fils chéri, fait à partir de ce jour un testament qui gratifie l'Hô-
pital général de 100.000 livres, se condamne à l'ascétisme le plus
rigoureux, aux œuvres charitables les plus mortifiantes, et meurt
à 3j ans, en 1682, demandant à être enterrée comme les pauvres,
au cimetière de Saint-Gervais, sa paroisse. C'est surtout à l'Hôtel-
Dieu qu'elle exerce sa charité. « Elle alloit », nous dit son biographe,
le P. Crasset {2), jésuite, «les lundis au Saint-Esprit, les mercredis
à l'Hôtel-Dieu, les vendredis au matin à Sainte-Geneviève et le
soir à l'Hôtel-Dieu pour entendre l'instruction qu'on faisoit aux
malades ; elle donnoit à celui qui faisoit le catéchisme des livres
de dévotion, des chapelets et des médailles pour les distribuer aux
personnes qu'il instruisoit ; elle alloit ensuite dans les salles visiter
les malades, mais les femmes seulement. » Elle arrivait, vêtue
comme une misérable, auprès des malades, distribuait des petits
pains, peignait les enfants, choisissant les têtes « les plus galeuses »,
assistait les mourants, opérait des conversions... « L'ardeur de sa
sainteté attiroit à l'Hôtel-Dieu grand nombre de personnes qui
désiroient la voir et lui parler ; on ne peut dire tout le bien qu'elle
y faisoit et combien elle en a retirées du vice autant par ses
discours que par ses exemples ». Nous ne suivrons pas son pieux
biographe dans le récit de tous les actes de dévouement qu'il relate
copieusement ; cueillons seulement ce passage : « Il y avoit à
l'Hôtel-Dieu une femme dont le corps étoit comme une boule ; les
I) Elle fut enterrée aux Capucines, aux côtés de la reine Louise de Lorraine, de la
ducliesse de Mercceur, de M"°« de Guise, mais donna son cœur aux Carmélites.
(2) Vie de A/"" Hélyot ; Paris, Micliallet, rue Saint-Jacques, à limage Saint-Paul, i683,
in-8, p. 37. Il existe une réédition de cette Vie par l'abbé de Mentis ; Paris, Gueffier, 1786.
I. ADMINISTRATION
extrémités lorsqu'elle étoit enfant avoient été mangées par un
cochon ; elle étoit de plus paralytique de la langue; elle ne vouloit
pas que les religieuses l'approchassent. Madame Hélyot l'ayant
connue la jugea propre à exercer sa charité et sa patience ; elle
commença par lui témoigner beaucoup d'amitié et de compas-
sion ; elle faisoit son lit, lui mettoit les morceaux à la bouche et
avoit le talent de l'apaiser et de comprendre ce qu'elle desiroit »,
et quelques lignes plus loin, le P. Çrasset ajoute : « Quand il y
avoit quelque malade difficile à l'hôpital, on recouroità M'"« Hélyot
qui réussissoit à le mettre à la raison. «
Madeleine de Lamoignon, sœur du premier président Guil-
laume de Lamoignon, ainsi que sa mère la présidente, née Marie
des Landes, morte en i65i, est à la tête de toutes les œuvres
charitables de l'époque, et si on ne cite pas d'elle tous les traits
de renoncement d'une M""^ Hélyot, du moins son biographe,
le P. d'Orléans, jésuite (i), nous la présente recevant les pauvres,
au Palais où se trouve l'hôtel de son père, le président Chrétien
de Lamoignon : « Tous les matins on voyoit d'un côté dans sa
chambre un malade demandant des remèdes qu'elle faisoit
faire chez elle avec soin, de l'autre une nourrice avec son enfant ;
là une femme abandonnée d'un mari libertin et vagabond, ici un
artisan ruiné à qui elle procuroit de l'ouvrage..., tantôt un conva-
lescent décharné à qui elle faisoit prendre du bouillon, tantôt un
un orphelin qu'elle prenoit soin de faire mettre en métier. ^^
L'Hôtel-Dieu, les Enfants-Trouvés, l'Hôpital général, sont tour à
tour l'objet de sa sollicitude, sans oublier les pauvres prisonniers,
dont s'occupait particulièrement sa belle-sœur, la présidente de
Nesmond (2) ; son zèle s'exerce aussi dans les faubourgs déshérités
du Paris d'alors, où la misère est la plus effrayante, le faubourg
Saint- Victor, le faubourg Saint-Marceau, le faubourg Saint-
Laurent.
Le zèle de M"'^ de Lamoignon ne laissait pas parfois que d'ctre
gênant pour l'administration de l'Hôtel-Dieu. En particulier, les
recommandations incessantes faites aux religieuses, et même à la
salle des accouchées, allaient souvent contre les règlements ; c'est
ainsi qu'elle fit admettre des protégées enceintes de quelques
mois à peine. En 1659, la maîtresse sage-femme, M°"=Moreau, refuse
une malade adressée par la première présidente ; celle-ci insiste.
(i) Bibl. nat.,ms. fr. 23985. Née le 18 sept. 1609, Madeleine de Lamoignon fui enterrée
aux Cordeliers avec sa famille, mais ^ son cœur fut donné à la Visitation du faubourg
Siint-Jacques, où une de ses sœurs, Élizabeth, était religieuse. Voy. aussi Louis Masson,
Madeleine de Lamoignon {i6og-iô8j); Lyon, 1896, in-12, avec portrait.
(2) Théodore Nesmond, maître des requêtes, avait épousé Anne de Lamoignon.
56 i.'HOTrT.-nir-.r at; xviie et au xviii'^ siècle
demande un nouvel examen ; le diagnostic fait par M"^"^ Le Vacher
est le même; la femme n'est pas enceinte; nouvelle intervention de
la pirésidente; les gouverneurs décident, le i6 avril, que la femme
supposée grosse sera transférée à la salle Saint-Augustin et
soumise à l'examen des médecins, puis, le 23 avril, prononcent son
expulsion, à laquelle on est obligé, d'ailleurs, de surseoir. Les
plaintes, depuis ce jour, affluent contre M""^ Moreau, et le Bureau
fait enquêtes sur enquêtes (i) ; il n'hésite pas à dire que ces
plaintes « proviennent de personnes mal informées, ou qui désirent
introduire dans l'Hôtel-Dieu une autre sage-femme à leur
dévotion ». Ils visent les dames de charité qui offrent même, en
présence de la démission de M'"<= Moreau, de fournir à l'Hôtel-
Dieu « des sages-femmes expertes et charitables qui se soumettront
aux règlements du Bureau et dont elles payeront les gages, à
condition qu'on leur permette d'avoir l'œil sur ce qui se passe
dans la salle des accouchées ». Mais le Bureau, qui ne veut point
de cette ingérence, nomme le 24 septembre une candidate à lui,
y[me Gaïan, veuve de France ; M"" de Lamoignon écrit pour
recommander la dame de Billy ; le Bureau répond qu'il est trop
tard, que le choix est fait ; alors la campagne recommence ; le
maître au spirituel, les religieuses, personne ne veut avoir de
rapports avec la nouvelle sage-femme qui se retire en juin 1662.
M""'= la première présidente peut arriver alors à ses fins, et son
mari propose au Bureau, qui l'accepte cette fois, Françoise de
Billy, veuve de Gilles Cornet, maître tailleur d'habits (2), reçue par
Bouchet, chirurgien, Courtois, de Garbes et de Sartes, méde-
cins. Comment n'aurait-il pas cédé aux instances de sa sœu.r,
ce premier président qui écrivait : « Je ne crois pas jamais que
mon père ait eu le moindre mécontentement de mes sœurs ;
je ne dis pas seulement en des choses considérables, mais
dans les moindres qu'on se puisse imaginer... Pour moi, quand
je songe au temps où j'ai goûté la douceur d'être auprès de
lui avec elles, je ne trouve pas que j'aie jamais eu de joie en ma
vie qui puisse entrer en comparaison avec celle-là (3). »
Même ardeur chez la duchesse d'Aiguillon (4), nièce de
Richelieu, la bienfaitrice de toutes les communautés de Paris,
dont Vincent de Paul dit lui-même, dans une de ses lettres,
que, lorsqu'elle entrait à l'Hôtel-Dieu pour donner elle-même la
(i) Délib. 16 janv., 4 févr., 20 févr. 1660, reg. 28, fol. i3 v, 23 v», 42 v».
(2) Délib. 28 sept. 1662, reg. 3o, fol. 217 v».
(3) Cité par Gaillard, dans sa Vie de Lamoignon, à la suite de son Histoire de C.hai-lemagnc:
Paris, 1782, in-i6, t. 11, p. 32.
(4) Voy. Bonneau-Avenant, la Duchesse d'Aiguillon ; Paris, 1879, in-8, p. 442 et suiv.
L ADMINISTRATION
^7
collation aux malades, la tête levée et le visage rayonnant, « elle
avait l'air si transporté qu'on aurait dit qu'elle arrivait à une
tète ». Semblable esprit de mortification, mais plus discret, chez
la comtesse de Suze, autre veuve « dont le principal soin estoit
de panser les pauvres galeux et d'ensevelir les morts pour lesquels
elle faisoit des prières dans la chambre des trespassez, la face
contre terre. Mais elle estoit toujours masquée, ne voulant point
se faire connaître d'aucun dans la maison ; pourquoy elle y
entroit seule et faisoit tenir ses gens à la porte, leur detfendant
d'entrer » (i). Il semble vraiment que, selon le mot prêté par
son biographe, l'abbé de Choisy (2) à M'"'' de Miramion, « le
chemin des hôpitaux soit le chemin du ciel ».
Cette œuvre de la « visite », encouragée par le Chapitre,
protégée par le Parlement, avait reçu sa consécration officielle
dans les constitutions de i652 (3) qui recommandent aux sœurs
augustines la plus grande « affabilité » pour ces auxiliaires
bénévoles et fortunées.
Dans une assemblée générale tenue le 1 1 juillet lôS/, trois ans
avant sa mort (27 septembre 1660), Vincent de Paul pouvait dire:
« J'ai vu naître l'œuvre, j'ai vu que Dieu l'a bénie ; je l'ai vue
commencer par une simple collation que l'on portait aux malades,
et maintenant j'en vois les suites si avantageuses à sa gloire et
au bien des pauvres. » Il n'avait cessé de la suivre et de l'inspirer
de près ou de loin ; étant en mission dans les provinces, il écrivait
à ses chères dames pour stimuler leur zèle ou s'enquérir de
leurs besoins. En 1649 (4"), dans un moment de détresse pour la
population parisienne, il leur avait conseillé, pour subvenir
aux besoins les plus pressants, d'emprunter quelques milliers
de livres « comme officières de la Charité ». Par la duchesse
d'Aiguillon, par la présidente de Lamoignon, il avait pour lui
les deux forces du temps, la Cour et le Parlement.
Sous l'influence de Vincent de Paul, l'Hôtel-Dieu devint un
vaste champ d'édification et de mortification, non seulement pour
les dames de la haute société qui désiraient faire leur salut, mais
aussi pour les gentilshommes convertis, en quête de bonnes œuvres.
(i) Voy. Avis aux religieuses de l'H.-D.
(2) Abbé de Choisy^ Vie de A/m» de Miramion ; Paris, 1706, in-4<', p. Sy. M°>« de Miramion
laissa dans son testament une somme de i5o livres pour la « collation » de l'H.-D.
(3) 5» partie, ch. x, p. 82. « Quand les dames viendront pour donner la collation aux
malades, les sœurs les recevront religieusement et civilement avec affabilité, et leur
montreront les plus malades et ceux qui auront le plus de nécessités pour qu'elles les
assistent plus particulièrement, puis elles se retireront pour s'occuper de leur service
ordinaire.
(4) Lettre du 11 févr. 1649 (éd. Dumoulin, 1880, 2 vol. in-12).
58 l'hoticl-dieu au xvi
Son disciple, le jeune baron de Renty, marié à 22 ans avec
Elisabeth de Balzac d'Antragues, dii adieu à 27 ans à la cour et
à tous les emplois de vanité et d'ambition ; il se donne tout entier
à la visite des pauvres, des malades et des prisonniers : « Nous
Tavons vu, dit son biographe (i), venir ici [à l'Hôtel-Dieu]
l'espace de 12 ans et plus avec une grande assiduité. Entrant et
sortant, il s'en alloit droit à l'église devant le Saint-Sacrement,
et demeuroit longtemps en sa présence, ce qui donnoit de la
dévotion à tous ceux qui le voioient ; c'étoit à son entrée pour
offrir son action à Notre Seigneur et lui demander les grâces
qui luy estoient nécessaires et à sa sortie pour le supplier de
la bénir et de la rendre efficace. Après il venoit dans les salles
où il exerçoit sa charité envers les pauvres malades depuis 2 heures
jusqu'à 5 heures du soir les enseignant et les soulageant dans
tous leurs besoins. Nous l'avons vu panser, médicamenter et
essuier les plaies et les ulcères. Nous l'avons vu plusieurs fois
baiser les pieds des malades et aider à ensevelir les morts. De
plus, il a eu la charité de monstrer aux religieuses à faire de
l'onguent qui leur estoit inconnu et de le faire luy-mesme devant
elles. Quelquefois et le plus souvent il venoit seul, et quelquefois
aussi il estoit accompagné de quelques seigneurs de grande
condition qui, animez d'un tel exemple, le vouloient aucunement
imiter et avoir part à des œuvres si saintes. »
Il faudrait encore citer H. -Marie Boudon, plus tard archi-
diacre d'Évreux, qui, vers 1646, avait réuni dans une maison delà
rue Saint-Doriiinique d'Enfer, au faubourg Saint-Jacques, quelques
jeunes gens, avec qui il s'entraînait à la visite des hôpitaux. « C'est-
dans ce triste séjour [à l'Hôtel-Dieu], écrit Pierre Colet (2), où la
mort choisit à l'aise ses victimes, qu'on le voyoit appliqué tantôt à
enseigner à un malade comment il faut s'y prendre pour faire une
bonne confession, tantôt à disposer un moribond au grand et
prochain voyage de l'éternité, quelquefois à soutenir les pas mal
affermis d'un convalescent. »
D'autre part, une sorte de Compagnie de pieux laïcs s'organisa
vers la fin du xvn« siècle pour visiter les malades de l'Hôtel-Dieu,
et put remplir tranquillement son office jusqu'en 1749. A cette date
elle fut dissoute « pour soupçon de jansénisme », sur l'initiative de
(i) Père J.-B. Saint-Jure, de la Compagnie de Jésus, Vie de M' de Renty ; Paris, Pierre
le Petit, i65i, in-4°, p. 107. J. -Baptiste de Renty, seigneur de Citrj', baron de Lan-
delles, etc., né en 161 1 au château de Beny, près de Bayeux, mort à Paris à 37 ans,
le 24 avril 1649.
(2) Vie de H.-M. Boudon, archidiacre d'Evreux; Paris, Hérissant, 1753, in-12, p. 99.
Boudon mourut le 3i août 1702, à 79 ans.
I. AnMIN'ISIRATION 5q
rarchevêque Christophe de Beaumont. Il fit refuser à ceç « visi-
teurs » l'entrée de la maison par M. de Saint-Exupéri, doyen du
Chapitre, et par M. de Vassy, le maître au spirituel. « On voyoit
ces Messieurs, nous disent les Nouvelles ecclésiastiques (i) qui
relatent le fait avec indignation, distribués dans les différentes salles
de l'Hôtel-Dieu, entretenir les malades avec bonté, compatir à
leurs souffrances, leur en faire sentir le prix, proportionner aux
besoins de chaque particulier les lectures de piété dont ils accom-
pagnoient leurs avis... Ils aidoient les agonisans à faire une sainte
mort. Les dimanches et les fêtes, lorsque toutes les messes étoient
dites, ils lisoient dans les salles de distance en distance l'Épitre et
l'Évangile du jour... Ils faisoient eux-mêmes publiquement la
prière du soir. » Ils opéraient directement, s'évertuant à ne gêner
ni les prêtres ni les religieuses, et auraient même refusé au car-
dinal de Noailles l'érection de leur association en confrérie. Ils
avaient simplement une autorisation du maître au spirituel, et il
n'est nulle part parlé d'eux dans les délibérations du Bureau qui
paraît les avoir ignorés. On ne connaissait même ni leur nom ni
leur adresse, puisqu'on se servit de ce prétexte, en 1749, pour
les éloigner de la maison. Lorsqu'on exigea un certificat de leur
curé attestant leur orthodoxie, ils se retirèrent. Ils furent rem-
placés dans leur apostolat, selon les Nouvelles, par la Compagnie
de charité de Saint-Sulpice. Ainsi, bien qu'elle eût perdu de son
importance, cette œuvre de la visite des malades persistait au
travers des événements.
Si nous avons pu rattacher par un lien moral, du moins pour
le xvii« siècle, l'œuvre de la visite des malades à l'influence du
Parlement, il importe de ne pas perdre de vue son action admi-
nistrative sur l'hôpital.
LE COUP d'état de 1771
Cette influence du Parlement sur l'administration de l'Hôtel-
Dieu se fit sentir, au 'xviii^ siècle, d'une façon manifeste, en 177 1, à
l'occasion du coup d'État Maupeou. C'est dans la nuit du 20 au
21 janvier 1771 que les 38 membres du Parlement, qui avaient refusé
d'enregistrer « l'édit de règlement et de discipline » du 27 novem-
bre 1770, furent exilés par lettres de cachet, sans pouvoir
communiquer entre eux, en même temps qu'un arrêt du Conseil
supprimait et confisquait leurs offices. Le Conseil du roi, chargé
de rendre la justice, sur ordre exprès de Louis X\\ fut installé par
(i) Nouvelles ecclésiastiques, lo avr. 1749 (1749, p. 57).
60 I.'hOTF.L-DIEU au XVIie ET AU XVIIie SIECLE
Maupeou dès le 24 janvier. La répercussion de ce coup d'Etat
contre le Parlement fut sensible sur toutes les administrations.
La Cour des aides, qui, le 22 mars, avait protesté, fut supprimée,
et son président, Malesherbes, exilé ; le Châtelet fut cassé et :
reconstitué le 27 mai. Le dimanche 4 août, le Bureau de THôtel-
Dieu s'assemble extraordinairement, à 3 heures de relevée, « sur la j
réquisition du plus grand nombre des membres qui le composent » ; |
le gouvernement leur demande par une lettre du 28 juillet de
s'expliquer, disent-ils, « sur des objets sur lesquels leur attache- ^
ment aux lois et leur respect pour le roi leur auraient fait désirer ••
de garder, s'il eût été possible, le silence le plus absolu » ; aussi, ]
« réfléchissant que l'administration des hôpitaux n'est pas une
charge à laquelle les administrateurs se soient liés pour toute la \
durée de leur vie, mais iiiie fonctioji libre et charitable^ et que les |
circonstances ne sont plus les mêmes que lorsqu'ils l'ont acceptée », \
ils reconnaissent que le seul moyen de concilier ce que chacun de
ses membres doit au roi, à l'État et à soi-même, est de renoncer ,
par eux aux titre et qualité d'administrateur. Deux seuls restèrent, '■
Le Roy de Lisa, procureur aux eaux et forêts, et Mirleau de i
Neuville, fermier général ; tous les autres, de Tilière, Delaville
du Portault, Durant, de Lambon, Brochant, Lecouteulx de Vertron, \
Dupont, Poan, Marchais de Migneaux, Marrier de Vossery,
donnèrent leur démission.
En présence de ces événements, il y eut séance extraordi- (
naire, le 17 août, à l'archevêché, convoquée par le procureur \
général, Joly de Fleury. Outre l'archevêque, y assistaient Bertier j
de Sauvigny, premier président du Parlement ; de Sartine, J
conseiller d'État et lieutenant général de police ; Bignon, conseil- \
1er d'État et prévôt des marchands, et les 2 administrateurs qui ]
s'étaient séparés de leurs collègues. En attendant que l'on puisse \
trouver 10 remplaçants, l'archevêque propose 6 candidats « dont j
l'acceptation peut être regardée comme certaine par leur zèle '\
pour l'intérêt des pauvres et le bien public », qui sont agréés par
« la Compagnie » :Moustier, Gissey, Papillon, Chastelus, Perrin ]
et Montgolfier. De plus le Bureau décide qu'une lettre signée I
de l'archevêque, président né du Bureau, et du prévôt des mar- i
chands, au nom du corps de la ville, sera écrite à chacun des ^
démissionnaires pour leur réclamer tous les titres et papiers j
qu'ils pourraient avoir conservés concernant l'administration de {
l'hôpital. j
Les nouveaux administrateurs, dont le nombre ne fut jamais i
complété, restèrent en fonctions jusqu'en 1775. Après l'avènement |
de Louis XVI et le rétablissement des Parlements, ils furent !
L ADMINISTRATION
contraints à leur tour d'offrir leur démission, et, le i*"" fe'vrier 1775,
les 10 administrateurs qui avaient résigné leurs fonctions, le
4 août 1774, furent invités à les reprendre, pour les exercer comme
auparavant.
Mais le Parlement qui avait annihilé en partie Tinfluence des
magistrats municipaux avait vu à son tour ses attributions dimi-
nuées par le lieutenant général de police ; nous ne parlerons pas
en effet de l'intendant de la généralité de Paris qui, à l'encontre
de ses collègues de province, n'avait guère qu'une charge hono-
rifique (i).
LE POUVOIR CENTRAL
Les « dépendances » de l'Hôtel-Dieu que nous venons d'exa-
miner, vis-à-vis des corps constitués, Chapitre, Municipalité,
Parlement, ne présenteraient qu'un aspect incomplet des limites
ou des obstacles que pouvait rencontrer son administration, si
nous n'y ajoutions l'action du pouvoir central.
LA LIEUTENANCE GÉNÉRALE DE POLICE
La création, en 1667, d'une nouvelle charge sous l'influence
toute-puissante de Colbert, celle du lieutenant général de police à
Paris, représentant du pouvoir central, diminua l'importance de
l'autorité municipale, au point de l'annihiler petit à petit, surtout
en ce qui concerne les mesures d'hygiène urbaine et d'administra-
tion hospitalière.
Le « lieutenant général de police, écrit M. Chassaigne, profi-
tant des occasions, des négligences, de l'intérêt public, avec l'aide
du roi, vainqueur des juridictions rivales, était le maître de l^aris.
La vie entière de la grande ville était suspendue à ses ordres. Il
réunissait entre ses mains les attributions modernes du Conseil
municipal et des deux préfectures. Ses relations étaient constantes
avec l'intendant de la généralité, touchant les hospices, les établis-
sements de charité et les prisons... (2). » Dès 1690, il entre aux
(i) Voy. A. de Boislisle, les Intendants de la généralité de Paris, dans les Mcm. de la
Soc. Hist. de Paris, t. VII, 1880, p. 271.
(2) Marc Chassaigne, la Licutcnance générale de police de Paris ; Paris, Rousseau,
1906, in-8, p. 143 ; Ars., Fonds de la Bastille 10269 (Santé). Administration des hôpitaux
de Paris: détails ressortissant à l'administration du lieutenant de police (années 1725-1776,
56 fol.); Bibl. de la V. de P., ms. 29736; Etat au vrai des recettes et dépenses de la Ville
pour 1753. Fonctions du lieutenant général de police, 5°: L'administration des prisons
d'Etat et des hôpitaux.
62 l'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIIie SIECLE
Bureaux de l'Hôtel-Dieu et de rHopital général, comme membre
de droit, avec Tarchevêque et les premiers présidents du Parlement,
de la Chambre des comptes et de la Cour des aides. Son influence
se fait sentir alors d'une manière constante dans tous les détails
de la vie hospitalière (i).
C'est lui qui fait transporter à l'Hôtel-Dieu les malades de la
ville, tout en encourageant l'institution des hospices de charité des
paroisses ; qui exécute toutes les ordonnances concernant la
répression du vagabondage et de la mendicité ; qui envoie les
enfants trouvés à la Couche ou à la maison du faubourg Saint-
Antoine ; qui distribue, en temps d'épidémie, les remèdes et les
secours exceptionnels accordés par le roi.
Il se crée ainsi, petit à petit, au xviii« siècle, et sous l'influence
d'hommes particulièrement actifs et avisés, comme Sartine ou
Lenoir (2), une œuvre nouvelle d'assistance parisienne, et qui
laisse loin derrière elle l'action des administrateurs de l'Hôtel-Dieu
ou de l'Hôpital général, défenseurs des traditions surannées.
Ouverture en 1777 du Mont-de-Piété (3), de la Filature des indi-
gents (4), fondation d'une maison à Vaugirard pour les enfants
vénériens (5), transfert des cimetières hors de la ville, établisse-
ments de secours pour noyés et asphyxiés, amélioration du
placement des enfants de Paris mis en nourrice dans les campa-
gnes (6); on peut dire que toutes ces mesures sont l'œuvre de la
lieutenance générale de police qui, en face des difficultés où se
débattent les anciennes administrations, représente seule, à la
veille de la Révolution, la vie et le progrès (7).
A l'Hôtel-Dieu, le lieutenant général de police surveille en par-
ticulier les salles dites « de force», comme la salle Sainte-Martine,
où l'on traite les femmes et les filles malades de la Salpêtrière-
Ainsi, en 1753 (8j, il se plaint au Bureau de l'Hôtel-Dieu, d'accord
(1) A. Gazier, la Police à Paris en 1770, Mémoire du commissaire au Ciiàtelet
Lemaire, dans les Mém. de la Soc. Hist. de Paris, t. V, 1878, p. i.
(2) Sur l'œuvre des lieutenants généraux de police, outre Cliassaigne, voy. Peuchet,
Mémoires tirés des archives de la police, in-4», t. VIII, p. 39 et suivantes, et des Essarts,
Dict. iiniv. de police ; Paris, 1786-1790, 8 vol. in-4».
(3) Ange Blaize, Des Monts-de-Piété et des banques de prêt sur gage en France et dans
les divers Etats de l'Europe ; Paris, i856, 2 vol. in-8.
(4) Tesson, la Filature des indigents, dans les pr.-v. de la Comm. du Vieux-Paris, 1909,
p. 240 et suiv.
(3) D"- Pignot, l'Hôpital du Midi et ses origines; Paris, i885, in-8, p. 107 et suiv.
(6) Gardanne, Détails de la nouvelle direction des nourrices, i broch. in-4», i775, et
Code des nourrices, ou Recueil des arrêts et ordonnances, concernant les nourrices et
meneurs; Paris, 1781.
(7) Détails sur quelques établissements de la Ville de Paris, par Lenoir; Paris, 1780,
in-i2 (demandés par S. M. Impériale la reine de Hongrie). Il est à remarquer que, dans ce
rapport du lieutenant général de police, il n'est pas question de l'Hôtel-Dieu,
(8) Délib. 4 juillet 1733, reg. 122, fol. 172.
I, ADMINISTRATION 63
avec le procureur général au Parlement, que ces malades y res-
tent trop longtemps après leur guérison, parviennent à s'évader,
pour la plupart, et compromettent la tranquillité publique. Le
Bureau renvoya en effet quelque temps après 3 i malades (i), ce
qui provoqua une sédition de la part de ces femmes qui ne se
souciaient guère de réintégrer les cabanons de la Salpêtrière. Ces
révoltes n'étaient pas rares non plus à la salle Saint-Landry, où
étaient hospitalisés les «malades de force» de la Salpêtrière et de
Bicêtre, et plus d'une fois le guet dut venir rétablir l'ordre troublé
par ces mutins (2).
Mais c'est surtout dans les mesures de renfermement ou d'hos-
pitalisation des mendiants que se fait sentir son action ; il fait
exécuter les ordres du roi et du Parlement, souvent inspirés par
lui, car, dans les circonstances importantes, il est toujours appelé
à délibérer dans les séances plénières où il faut prendre des déci-
sions rapides touchant la sûreté de la Ville.
C'est lui qui, en 1694, fait ouvrir Saint-Louis aux malades de la
banlieue. Il est décidé qu'au lieu de les recevoir à l'Hôtel-Dieu,
trop encombré, on les admettra directement à Saint-Louis, sauf
toutefois ceux de Versailles (3). Dès le mois de mai, sur l'ordre du
roi (4), Bicêtre se trouvant plein, on y envoie les pauvres mendiants
de la campagne affluant vers Paris ; la dépense est supportée, pour
les valides, par l'Hôpital général, pour les malades, par l'Hôtel-Dieu.
Enfin, au mois de septembre (5), le Bureau fait publier aux prônes
des paroisses Saint-Paul, Saint-Nicolas-des-Champs, Saint-Lau-
rent, Saint-Sauveur, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, Saint-
Eustache et Saint-Roch, « que les pauvres familles étans proches
et du côté de l'hôpital Saint-Louis, qui auront des femmes non
enceintes, des filles et aussi des petits enfants au-dessous de l'âge
de 5 ans malades, pourront les y faire mener et conduire, qu'ils y
seront receus, traitez et soignez de même qu'à l'Hostel-Dieu » (6).
(i) Délib. 6 mars lyS^, reg. i23, fol. i65.
(2) Toute capcure d'un malfaiteur par la police restait interdite, en principe, à l'intérieur
de l'H.-p., en vertu de l'antique droit d'asile ; mais, dans la pratique, le Bureau ne refu-
sait guère l'entrée des salles quand il était pressenti.
(3) Délib. 19 juin 1604, reg. 63, fol. 60 v».
(4) Déjà l'année précédente, où la disette était déjà grande, le roi avait voulu faire éta-
blir à Saint-Louis des fours pour la distribution du pain nécessaire au public, mais le Par-
lement s'y opposa et ils furent établis aux Tuileries.
(5) La cherté des vivres avait tellement augmenté que ITL-D. dut rogner la ration ordi-
naire de pain et de viande, c'est-à-dire qu'on ne donna plus, à l'avenir, au.\ deu.K tiers des
malades que chacun 3 quarterons de pain et 60 livres de viande. pour chaque centaine, et
à l'autre tiers une demi-livre de pain et 3 œufs ; les poulets rôtis furent supprimés et on ne
donna plus qu'une douzaine et demie de poules pour bouillir. (Délib. 24 juil. 1694, reg. 63,
fol. 77 v».)
(6) L'abbé de Choisy, dans sa Vie de M-^' de Miramion, attribue à tort le mérite de
cette décision à M"'» de Miramion, alors dame de charité à l'H.-D., qui fit une démarche en
ce sens auprès du premier président de Harlay.
64 l'hOTEL-DIKU au XVl|g et au XVIIie SIÈCLK ^^
Saint-Louis devient donc pour sa région un véritable hôpital ;
Barbant fut désigné comme chirurgien temporaire ; cela dura peu ;
le i8 décembre, Saint-Louis était fermé et les malades qui sV
trouvaient encore renvoyés à THôtel-Dieu.
Le lieutenant général de police, chargé de veiller particulière-
ment sur l'approvisionnement de la Ville, n'hésite pas, dans les
années de disette, à s'adresser aux hôpitaux, dont il connaît les
réserves en blé. Berryer, en 1/5 i, demande à l'Hôtel-Dieu d'envoyer
à la Halle 12 muids de blé pour mettre sur le marché. Sartine
renouvelle cette demande en 1 768 ( i ), en promettant de remplacer le
blé envoyé par du blé de meilleure qualité. Les réserves qui aupara-
vant étaient de 2 ans ne sont plus que de 8 à 9 mois (2), et l'Hôtel-
Dieu cherche à se dérober ; il envoie cependant 3o setiers, puis
5 muids, en attendant que le Parlement prenne des mesures contre
les trafiquants (3).
Il est chargé de fixer tous les ans avant le Carême le prix de
la viande pour la boucherie de l'Hôtel-Dieu.
Il veille à la perception du droit d'entrée sur les spectacles, car
il est également chargé de la surveillance des théâtres et lieux de
plaisirs.
Il n'est pas jusqu'à la sécurité même de l'Hôtel-Dieu qui ne
dépende de lui, grâce à la garde établie par ses soins en 1772 sur
le Petit-Pont (4).
Ainsi son action est multiple et son appui précieux. Comme son
pouvoir émane directement du roi, dont il est le représentant
incontesté, l'Hôtel-Dieu ne pouvait échapper, indirectement, à son
emprise (5).
l'inspecteur général des HOPITAUX CIVILS
Une nouvelle charge vint encore, à la fin du xvni^ siècle, sous le
ministère Necker, renforcer l'influence du pouvoir royal, celle
« d'inspecteur général des hôpitaux civils et maisons de force » du
(1) Lettres des 22 sept, et 26 oct. 1768. Paris possédait alors une nouvelle Halle aux blés
depuis 1762. (Biollay, les Anciennes Halles de Paris, Mém. Soc. Hist. de Paris, t. III, 1876.)
(2) La consommation annuelle de l'H.-D. est alors de 600 muids. (Délib. 3o sept. 1768,
reg. 137, fol. 3o3.)
(3) Assemblée générale de police du 27 nov. 1768.
(4) Délib. 3 août 1772, reg. 142, fol. 197. L'année suivante, l'H.-D. prit, pour sa sécu-
rité, tant de nuit que de jour, 12 gardes choisis parmi les anciens caporaux et soldats du
régiment des gardes-françaises, ce qui fit i5 gardes avec les 3 qui assuraient déjà l'ordre
au pont Saint-Charles et au pont au Double. (Délib. 11 janv. 1773.) On leur délivra, en
1776, i5 fusils et i5 baïonnettes de l'Arsenal. (Délib. 8 mai 1776, reg. 146, fol. 173.)
(5) "Il ne doit y avoir qu'un magistrat pour la ville comme il n'y a qu'un évêque », dit
Delamare, o. c, l, i.)o, en faisant allusion au lieutenant général de police.
l'administration 65
royaume (i). Cette fonction fut confiée à Colombier, docteur de la
Faculté de Paris (2), assisté de deux adjoints : Thouret (3) et
Doublet (4). Colombier était chargé de diverses missions en pro-
vince, mais son action s'exerçait particulièrement à Paris. Nous le
voyons s'occuper activement de l'organisation du nouvel hospice
de charité de la paroisse Saint-Sulpice, créé par M">« Necker. A
l'Hôtel-Dieu, il assiste, en qualité de représentant du ministre,
aux diverses délibérations du Bureau où furent discutés, mis en
avant par la commission de i -j-j-j^ les projets de réforme et, en 1 78 1 ,
à celles qui suivirent la publication des lettres patentes préparées
par le gouvernement.
Enfin, auprès du contrôle général, apparaît un nouveau fonc-
tionnaire, « le commissaire du roi pour tout ce qui trait aux hôpi-
taux », Chaumont de La Millière, dont les rapports avec l'Hôtel-
Dieu sont également des plus étroits.
L'administration hospitalière, sur qui le « grand aumônier »
avait autrefois la haute main (5), semble faire retour au pouvoir
royal, mais par l'intermédiaire de magistrats et de fonction-
naires laïcs. La Révolution allait brusquement interrompre leurs
efforts et leurs espérances.
LES ADMINISTRATEURS
Après avoir montré leurs dépendances vis-à-vis des divers
corps constitués et du gouvernement, ainsi que les limites apportées
à leur autorité ou leur pouvoir, voyons maintenant les admi-
nistrateurs dans leur sphère d'action, dans leur domaine propre.
Ayant de bonne heure renoncé aux formalités de l'élection, pres-
crites en i5o5, ils se recrutent par cooptation, n'ayant conservé
pour leur réception que les deux formalités essentielles, la présen-
(I) Notons qu'au xvii» s., le pouvoir royal avait porté tous ses efforts sur la création des
hôpitaux généraux. On peut s'en rendre compte aisément en parcourant la Corr. admin.
sous le règne de Louis XIV {4 vol., Doc. inéd.), qui est muette sur l'H.-D. et oùl'Hôp.
gén. figure à diverses reprises (t. II, 4 déc. 1684, 18 mars, 17 nov., i3 déc. 1692, 28 nov.
1703, 5 juin. 1704).
(2I Voy. son projet de réforme de l'H.-D., adressé à la commission de 1777. (Arch. nat.,
H 1452.)
(3) Michel-Augustin Thouret (1749-1810) devait faire partie plus tard du Comité de
mendicité et se signaler comme rapporteur du bureau du bien public à l'Assemblée natio-
nale. Il était le frère du constituant J.-G. Thouret. (Voy. Lebègue, Thouret; Paris, 1910,
in-8°.)
(4) François Doublet est l'auteur des Observations faites dans le département des hôpi-
taux civils; Paris, 1785-1787, 3 vol. in-12, où il donne de nombreux détails sur le régime
de divers établissements de Paris et de province.
(5| Voy. Guyot et Merlin, Traité des droits, fonctions, franchises, prérogatives et pri-
vilèges annexés en France à chaque dignité ; Paris, 1786-1788, 4 vol. in-4», t. I, p. 435.
66 I.'hOTEL-DIEU au XVII«= et au XVIIie SIECLE
tation au Bureau de la Ville et le serment devant la grand'chambre
du Parlement. Ils sont 12 au lieu de 8, depuis 1690 ;ils ont à leur
tête un comité directeur de membres de droit, sorte de conseil
supérieur institué par le pouvoir central pour mettre tous les hôpi-
taux du royaume sous la dépendance d'une administration uniforme.
Ce comité directeur se compose de Tarchevêque, président né du
Bureau, à Paris, comme dans toutes les villes, du premier prési-
dent du Parlement, de la Chambre des comptes, de la Cour des
aides, du procureur général au Parlement, du lieutenant général
de police, du prévôt des marchands (i).
FONCTIONS DES ADMINISTRATEURS
Au XVII* siècle, les administrateurs se réunissent au Bureau,
tous les mercredis et vendredis, à 9 h. 1/2 du matin, et la séance dure
jusqu'à I heure environ. Le président, au début et à la fin de
chaque séance, récite la prière, l'hymne Veni sancte Spiritus, au
début, et, à la fin, le psaume Laiidate Domimim omnes gentes (2).
Seuls assistent à l'assemblée, avec les administrateurs, le receveur
et le greffier ; le notaire et le solliciteur des atîaires de l'Hôtel-
Dieu doivent se tenir dans un cabinet voisin à la disposition du
Bureau si on les fait appeler ; de même les procureurs du Parlement
et du Châtelet, « qui occupent pour l'Hôtel-Dieu », sont tenus de
se rendre au Bureau quand ils y sont mandés (3).
En dehors des assemblées ordinaires, il y a chaque mois une
assemblée extraordinaire pour rendre compte des « procès et
affaires », et où assistent les procureurs et solliciteurs.
Tous les vendredis, le maître de l'Hôtel-Dieu soumet au
contrôle du Bureau son livre où figurent les dons, aumônes et
testaments de la semaine.
En dehors de la surveillance générale sur l'état des pauvres,
le service des officiers, le bon ordre de la maison, chaque
(i) Il est curieux de noter qu'un Conseil supifrieur de ce genre fut nommé en 1767 (ar-
rêts du Conseil des 24 janv. et 12 sept.) pour l'administration des finances de la Ville ; le
Bureau ne conserva que la régie et l'administration ordinaire ; toutes les recettes et dépenses
extraordinaires et même l'apurement des comptes de gestion dépendirent de ce Conseil
composé, en nombre égal, de 6 membres pris dans chacune des trois Cours souveraines:
Parlement, Cour des aides, Chambre des comptes; de 2 quarteniers, 2 bourgeois et
des officiers du Bureau. (Cf. Des Cilleuls, Organisation des finances parisiennes sous
l'ancien régime; Paris, 1894, in-8«.)
(2) Noms et emplois de MM. les administrateurs de l'H.-D. de Paris au mois de mars
1659, p. 4. (Arch. A. P., liasse 870.)
(3) Id., p. 27. De leur côté, les administrateurs se rendent tous les vendredis à l'assem-
blée de police générale qui se tenait après l'audience ordinaire du lieutenant civil, au
xvii" s., avant la création de la lieutenance générale de police, et où assistaient les 16 com-
L ADMINISTRATION
07
administrateur est pourvu d'un département particulier dont il
doit s'occuper plus spécialement. Ainsi, d'après l'état des emplois
dressé en 1659 (i), chacun des onze administrateurs a son travail
bien délimité.
Sébastien Cramoisy (2), ancien échevin et juge consul, Jean-
Marie Lhoste, ancien avocat au Parlement, et Jean de Gaumont (3),
avocat au Parlement, ont la tenue du registre des privilèges de la
maison, des règlements et du tableau des administrateurs en
fonctions depuis i5o5.
Les mêmes et Fabien Perreau, sieur de la Charnoye, ont
la surveillance des procès et différends ; ils ont encore la con-
servation du trésor des chartes de l'Hôtel-Dieu, dont un inven-
taire a été fait depuis peu, « et chacun d'eux a une clef des
trois différentes serrures qui sont à la porte dudit trésor, afin
qu'aucun d'eux ne puisse y entrer sans le consentement des
deux autres « ; ils sont chargés, enfin, de veiller à l'exécution des
fondations, ainsi qu'à tout ce qui est nécessaire au chœur et à la
sacristie.
J.-B. Forne (4), ancien juge consul, J. -M. Lhoste et F. Perreau
ont le soin de faire livrer à l'Hôtel-Dieu les lits des chanoines.
Perreau et A. Le Vieulx, conseillers de ville, anciens échevins,
et P. Hélyot, conseiller et secrétaire du roi, conseiller de ville et
ancien échevin, ont la surveillance du registre du contrôle où le
receveur note les avis de dons, legs et aumônes, du registre des
dépenses du receveur, des troncs de Notre-Dame, et « boîtes » des
autres églises de Paris et paroisses du royaume.
René de La Haye, ancien échevin et juge consul, Claude
Robineau, conseiller et secrétaire du roi, Laurent Pépin, con-
seiller et secrétaire du roi, ont dans leurs attributions les bâti-
ments et réparations.
Enfin, les administrateurs se partagent également la visite des
fermes, la signature des baux, contrats, transactions, la surveil-
missaires de quartier, les lieutenants criminel et particulier, le lieutenant criminel de robe
courte, le doyen et le sous-doyen des conseillers, différents jurés de corps de métier et
2 bourgeois notables de chaque quartier. (Delamare, o. c, IV, 22b, et Cliassaigne, o. c, 27.)
(i) Les membres de droit qui sont exceptés des emplois particuliers sont Guillaume de
Lamoignon, premier président au Parlement ; René de Longueil, pr<^sident au Parlement ;
Jacques Amejot, président à la Cour des aides, et Antoine Le Febvre, ancien pre'vôt des
marciiands, conseiller du roi en ses Conseils et au Parlement.
(2) Il s'agit de Sébastien II Cramoisy, le plus grand éditeur de son temps, directeur de
rimpr. roy. du Louvre en 1640, échevin en 1641, juge consul en i652, mort en 16Ô9.
(Cf. Aug. Bernard, Hist. de l'Impr. roy. du Louvre; Paris, 1867, in-S".)
(3) Jean de Gaumont, membre de la Ci» du Saint-Sacrement. |Cf. Annales.) Il mourut
en i()63.
(4) Fondateur du couvent des Pénitents de Courbevoie. (.Vrch. nat., S 433ô.)
68 l'hOTEL-DIF.IT au XYII» KT au XVIIie SIECLE
lance des maisons annexes, Saint-Louis, Incurables, Convalescents,
Sainte-Anne, prieuré et hôpital Saint-Julien-le-Pauvre, des
opérations du receveur, des divers offices (pouillerie, sommellerie,
cuisine, etc.), des serviteurs. Il se forme ainsi de véritables
commissions, comme nous dirions aujourd'hui, au sein de ce
Conseil de surveillance d'alors, commission des travaux, du
domaine, du personnel, des finances, etc.
La moins occupée n'est pas celle qui est chargée « des
assemblées des duels afin d'aviser aux moyens de prévenir et
empêcher ce crime, ou de le faire punir quand il aura été
commis, en faisant condamner, tant la mémoire des défunts qui
auront été tués ou blessés, que ceux qui se seront battus ou qui
s'en trouveront coupables ; recevoir les avis, ouïr les dénoncia-
teurs, en faire donner les mémoires à Mg^" le Procureur général,
s'informer de toutes les circonstances, des personnes et de l'action,
des biens et des preuves, et des noms et qualités et demeures de
ceux qui en pourraient déposer, et en dresser un mémoire pour
y avoir recours en temps et lieu, ne faire aucune remise ni
composition du tiers appartenant à l'Hôtel-Dieu, ni des frais
pour quelque personne, ni pour telle cause ou prétexte que ce
puisse être, sinon après que la confiscation aura été adjugée (i) ».
Dans le nouveau partage des emplois, édité le 21 juin 1675 (2),
en dehors des divers départements établis précédemment, nous
trouvons une répartition des administrateurs, pour la visite des
salles, dont ils sont chargés alternativement, chacun ayant son mois:
« MM. Le Conte, Perreau, Le Vieulx et Marsollier auront les
mois de juillet, octobre lôyS, janvier, avril, juillet et octobre 1676;
— MM. Chuppé, Accart et Guilloire (3) auront les mois d'août
et novembre 1675, février, mai, août et novembre 1676 ;
-- MM. Perriquet, Choart (4) et Baussan auront les mois de
septembre et décembre 1675, mars, juin, septembre et décem-
bre 1676 ». Une répartition très précise est faite également pour
le département des troncs; les administrateurs, deux par deux,
ont une série de paroisses déterminées. Il est bien spécifié,
d'ailleurs, que ce partage « n'empêche pas que chacun des admi-
(i) Koms et emplois..., p. 9.
(2) A Paris, Impr. de Le Prest, imprimeur du Bureau de l'Hôtel-Dieu, rue Saint-Jacques,
à la Couronne de France, ig p. in-fol.
(3) Chuppé demeurait rue de l'Observance; Accart, 'Vieille-Rue-du-Temple; Guilloire,
cul-de-sac Saint-Dominique. (Abraham du Pradel, Livre commode des adresses de
l'jrispour iGg2; édit. Ed. Fournier, Paris, Daffis, 1878, in-16, 1,p. 1 12.) Ciiuppéestl'auteur
d'observations sur la coutume de Paris, conservées à la Bibl. nat., ms. fr. n. a. 11728-29.
(4) Voy. Arcli. A. P., liasse 868, prestation de serment en la grand'chambre du Parle-
ment des sieurs Accart, Choart et Baussan, nommés gouverneurs en 1673.
l'admimstration 6q
nistrateurs ne puisse travailler aux emplois qui ne sont pas de
leur département, soit pour l'utilité de la maison dont ils ont le
soin général et en commun, soit à cause du soulagement
réciproque qu'ils se doivent les uns aux autres, en cas d'absence
ou d'autre empêchement des commissaires particuliers ».
Nous avons également des partages d'emplois pour le xviii= siè-
cle, notamment en 1723, en 1747 et en 1758.
En 1723, le Bureau est partagé en 10 commissions et chacun
des administrateurs fait partie de plusieurs : la 1^% composée de
MM. Garnot, Vigneron, de Tilière (i), Maigret, Légal (2), de
Frontonville (3), a dans ses attributions l'approvisionnement en
blés et charbons; la 2«, composée de MM. Garnot, Houdiart,
Maigret, Légal, Gallois, de Fromonville, des Malpeines (4),
du Portault, se partage la visite des fiefs, seigneuries, fermes et
terres, c'est la commission du domaine ; la 3«, composée de
MM. Garnot, Vigneron, Maigret, de La Chabrerie, Légal, Gallois,
des Malpeines, du Portault (5), surveille l'approvisionnement en
vin, verjus et vinaigre, et plus particulièrement les vendanges de
Champrosay, où elle se rend tous les ans pour voir sur place les
travaux à faire dans les vignes ; la 4", composée de MM. Houdiart,
Maigret, Légal, Garnot, Vigneron, de Fromonville, des Malpeines,
à l'inspection des viandes de boucherie, de la vente en Carême,
des graisses et suifs, de la chandelle, etc. ; la 5«, composée
de MM. Garnot, Vigneron, Houdiart, Maigret, Légal, Gallois,
de Fromonville, des Malpeines, du Portault (6), prend soin de
l'apothicairerie, des onguents et des eaux-de-vie, surveille le
service des médecins, chirurgiens, religieuses, officiers, c'est la
commission du personnel ; la 6* a dans ses attributions les achats
de drap, étoffes, mercerie, etc. ; la 7% les réparations, tant de
l'Hôtel-Dieu et des établissements annexes, que des maisons et des
fermes, l'achat des matériaux et l'exécution des marchés ; la
8* veille à l'exécution des fondations, et à tout ce qui concerne le
(1) G.-N. Taupinart de Tilière, écuyer, conseiller du roi, substitut du procureur géné-
ral, demeurait rue Saint-André-des-Ai'ts. Il fut président du Grand Bureau des pauvres.
(2) C.-M. Légal, écuyer, conseiller secrétaire du roi et avocat au Parlement,
demeurait rue des Deux-Boules.
(3) P. Cœuret de Fromonville, écuyer, conseiller du roi, auditeur à la Chambre des
comptes, demeurait rue des Poitevins.
(4) Marc-.Vntoine-Ldonard des Malpeines, conseiller du roi au Châtelet, demeurait rue
Hautefeuille. Il donna, en 1768, 600 volumes à la Bibl. de Saint-Victor, abbaye où se trou-
vait son frère l'abbé Léonard. (Arch,, nat., LL 146 1.) Il fut enterré dans l'église Saint-Côme.
(Cocheris, o. c, t. ill, 3i2.)
(3) C.-F. Delaville du Portault, conseiller à la Cour des aides, demeurait rue des Cor-
deliers.
(6) Voy. la liste complète des administrateurs de i5o5 à 1789 aux Pièces justificatives.
i/noTEr.-ninu au xyii» et au xyiii^ siècle
culte, les religieuses, les chapelains; la 9^ a le soin des rentes,
des octrois, des droits sur les spectacles, des comptes du receveur,
c'est la commission des finances ; elle s'occupe aussi des archives,
et doit y faire mettre tous les actes passés avec l'Hôtel-Dieu,
« et ceux dans lesquels il se trouvera avoir intérêt, trois mois au
plus tard après la passation desdits actes, ainsi que les procé-
dures, jugements et arrêtés concernant les droits dudit Hôtel-Dieu,
et les faire ajouter à l'inventaire général des biens, dont il sera fait
tous les ans un recollement » (i) ; la lo*', enfin, se partage l'exé-
cution et le renouvellement des baux des maisons de la Ville et
faubourgs, divisées en 12 quartiers, ainsi que des troncs,
pardons, etc.
En 1758, nous retrouverons le même partage en dix lots
des attributions qui paraissent avoir été définitivement fixées ; on se
borne à changer à la main, sur les états, les noms des adminis-
trateurs décédés ou renouvelés.
En vertu des lettres patentes de juillet 1780 et avril 178 1, œuvre
de Necker, les administrateurs devaient présenter un compte
annuel imprimé aux frais de l'État, à l'imprimerie royale, con-
tenant : 1° le nombre des journées de malades reçus et traités
pendant l'année ; 2° la quantité de personnes attachées au service
de l'hôpital ; 3° les recettes et dépenses de toutes natures. Ce docu-
ment ne fut jamais publié.
LES SALARIÉS
Pour les aider dans leur gestion, les administrateurs ont sous
leurs ordres des salariés qui, eux aussi, se partagent les principaux
rouages de l'administration.
Le greffier. — Il existe un greffier qui a pour fonction de
recueillir les délibérations du Bureau, de les mettre d'abord sur
un « plumitif », dont il fait lecture à l'assemblée suivante, pour
correction s'il y a lieu, ensuite de les insérer dans un registre
« relié en bonne forme, dont tous les feuillets sont cotés et para-
phés par deux administrateurs » (2).
Le greffier ne doit délivrer aucune expédition des délibérations,
sans ordre du Bureau, sauf aux personnes intéressées: administra-
teurs, receveur, panetier, notaire, procureur, agents d'affaires.
(i) Subdivision faite entre MM. les administrateurs de l'H.-D. de Paris, du partage des
emplois, arrêtée en l'Assemblée générale tenue à l'Archevêché le 12 mai 1723. (Paris,
6 sept. 174.7. De l'Impr. de Cl. Hérissant, rue Neuve-Notre-Dame, à la Croix-d'Or et aux
Trois Vertus, i5 p., in-4, p. 11.)
(2) Ce sont ces registres qui forment la collection des délib. du Bureau conservée aux
Arch. de lA. P.
L ADMINISTRATION 7I
L'Hôtel-Dieu entretient en effet un certain nombre « d'agents
et solliciteurs « (i), chargés de suivre ses «affaires» devant les
diverses juridictions: Parlement, Conseil du roi et des finances,
Chambre des comptes et du trésor ; ils ont pour mission de retirer
les jugements chez les greffiers, et les actes chez les notaires pour
les remettre au Bureau, de recevoir les loyers des maisons, de
renouveler les baux, de mettre les écriteaux de locations, etc. Leurs
fonctions sont indépendantes des emplois officiels que nous
énumérons.
Le receveur. — Le receveur est nommé par l'administration
pour 6 ans et prête serment devant le Bureau à son entrée en
charge. Il prend place dans toutes les assemblées générales et par-
ticulières avec « Messieurs les administrateurs » ; il opine et il a
voix délibérative. Il établit les comptes en dépenses et en recettes,
à partir du i" janvier, de 3 mois en 3 mois (2). Les comptes sont
apurés et clos par le Bureau assisté d'un ou plusieurs conseillers
ou auditeurs commis (3) par la Chambre des comptes, pour « oyr et
examiner les comptes des receveurs généraux de l'Hôtel-Dieu ».
Avant 1649, ses appointements étaient de « cinq cents cinquante
livres tournois par an, vallant neuf vingt trois écus sol, 20 sous
tournois, plus 8 écus sol. 20 sous tournois (25 livres tournois) »,
pour le salaire de son « clerc» (4). A partir de 1649, la charge
devient « charitable », c'est-à-dire gratuite. Les receveurs « chari-
tables », depuis 1649, sont en général de notables commerçants,
des bourgeois, des fonctionnaires en retraite, voire même d'an-
ciens échevins ou anciens consuls de la Ville (5). A chaque
changement de receveur, il est fait un inventaire des « monnaies »
du coffre-fort.
Le bureau de la recette se trouve dans la maison du Bureau,
sur le parvis, au coin de la rue S§int-Pierre-aux-Bœufs ; c'est là que
se trouvent la caisse dont le receveur a seul la clef, ainsi que les
pièces justificatives de la recette et de la dépense, les sommiers, et
toutes les pièces comptables. La caisse n'est ouverte que 2 jours
par semaine, de 9 heures à midi. Les jours de recette et les
jours d'assemblée (le mercredi de chaque semaine à 3 heures;, un
(i) Cf. les dilTérents « partages des emplois » ; celui de i6-5 en mentionne trois.
(2) Contrat fait devant les notaires du Châtelet avec le sieur Hieraulme pour faire
la recette de l'Hôtel-Dieu. sous la caution de Jean Martin, doct. en médecine de l'Univer-
sité de Paris, demeurant rue delà Truanderie (i<S avril ibgi). (Arch.A. P., liasse 868.)
(3) Arrêts du Parlement, 4 sept. i556, 16 oct. 1574, 20 cet. iSgo, 1°' juill. iSgi,
9 févr. 1601. (Arch. A. P., liasse 868.)
(4) Arch. A. P., liasse 868. Procès-verbal de la visite des coffres de François Hieraulme
(14 mars i636).
(5) Voy. la liste des receveurs de IH.-D. aux Pièces justificatives.
l'hOTEL-DIEU AV XVIie ET AU XVIIie SIECLE
carrosse va prendre le receveur chez lui pour ramener au Bureau,
A la caisse on reçoit tous les revenus ordinaires et casuels de
THôtel-Dieu et on en donne quittance ; on y reçoit également tous
les remboursements des principaux de rentes; on paye les rentes
et autres charges ordinaires de la maison, suivant les états ordon-
nancés par le Bureau,
Le receveur a sous ses ordres, au xviii^ siècle, deux commis
nommés et appointés par le Bureau, qui, avec les quittances, vont
recevoir les rentes sur la Ville, sur les fermes, sur les recettes gé-
nérales, sur le domaine de la ville, sur les pays d'États et les droits
d'octroi. Les loyers de maisons et les fermages de la campagne se
payent au Bureau de la recette. Les commis tiennent deux journaux
jour par jour, celui de la recette et celui de la dépense. Ces jour-
naux sont arrêtés tous les trois mois ou tous les six mois par
quatre administrateurs (i) commissaires nommés à cet effet, et qui
donnent décharge; après cette opération, le receveur remet aux
archives les pièces justificatives de la recette et de la dépense qui
ont été arrêtées.
Au xviii* siècle, les procurations définissent ainsi la charge du
« receveur général et charitable » : «.,, faire la recette des arrérages
des rentes sur les aides et gabelles, sur les recettes générales des
Finances, sur les tailles, sur les domaines et bois et autres revenus
de Sa Majesté, sur les domaines particuliers engagés et autres, sur
l'ancien et nouveau clergé de France, sur les États du Languedoc,
de Bretagne et autres pays d'États, les taxations sur le domaine,
sur le Trésor royal, ordonnances, gratifications, pensions et toutes
autres sommes qui sont et seront à prendre sur le Trésor royal,
taxations et rentes sur les cours, souveraines et autres compagnies,
rentes sur le sceau de France, greffes, augmentations de gages,
sommes à recevoir des Fermiers généraux pour pied fourché, droit
de Péages et autres, les arrérages de rentes sur le Domaine de la
Ville de Paris et sur tous les autres droits appartenant à ladite
Ville, sur les Communautés religieuses et séculières, sur Fabriques
et autres corps, sur Particuliers, le produit des octrois sur les vins
et liqueurs, sur le sel et autres denrées et marchandises ; ensemble
toutes les autres formes de rentes, biens et revenus dus, échus du
passé, et qui seront dus ou écherront à l'avenir, qui se trouveront
appartenir à l'Hôtel-Dieu et aux hôpitaux de Saint-Louis, Sainte-
Anne, Saint-Julien-le-Pauvre et Saint-Valère (2) ».
(i) Passim. Délib. 21 janv., 22 avril, i5 juill. 1761, reg. i3o, fol. 26, 140, 23i.
(2) Les Incurables ont une administration financière et un domaine séparés de ceux de
VHôtel-Dicu.
L ADMINISTRATION
Le notaire. — L'Hôtel-Dieu avait un notaire qui était égale-
ment celui des Incurables. Il devait produire gratuitement tous
les actes et se contenter du payement des actes réglés par les parti-
culiers à THôtel-Dieu (i). Il devait envoyer au greffier la veille de
chaque réunion du Bureau les minutes des contrats, baux et autres
actes dressés, pour les soumettre à ses délibérations.'
Il restait notaire de THôtel-Dieu pendant toute la durée de
sa charge : A. Le Moyne de 1608 à 161 ?, Fr. Le Moyne de 16 14
à i6?9, Ph. Le Moyne de 1640 à 1676, J. Chuppin de 1676 à 1690,
Courtois de 1690 à 1719, Binois de 17 19 à 1721 , Baudouin de 1721
à 1729, Crestiennot de 1729 à 1748, Fourestier de 1748 à 1756,
Poultier de 1756 à 1779, Toussaintde i779àran IL Déplus (2), c'est
toujours la même étude qui est chargée des intérêts de THôtel-
Dieu. Un notaire unique lui suffisait pour toutes ses propriétés
puisque, d'après leurs statuts, revisés en 1679 (3), les notaires du
Chàtelet avaient le droit d'instrumenter dans tout le royaume, à
condition d'avoir leur domicile dans la capitale.
Le dépensier. — Le dépensier s'occupe de tout ce qui con-
cerne le ravitaillement de la maison, sauf le pain et le vin, qui for-
ment deux offices spéciaux. Il achète la viande, la volaille, le
poisson, les légumes, les fruits. Les jardins de Champrosay sont
devenus insuffisants pour la fourniture des légumes, qui se trans-
portaient autrefois par le coche de Corbeil, et il faut faire prendre
presque tout à la Halle, y compris, pour les jours maigres, les
paniers de merlans, maquereaux et limandes.
Le dépensier reçoit des provinces, suivant des marchés faits au
préalable avec les fournisseurs, les œufs, le beurre, les pruneaux,
le riz.
Il distribue la chandelle à tous les offices et il est chargé enfin
de toutes les menues dépenses de la maison, dont il doit tenir une
comptabilité spéciale, depuis le repassage des ciseaux jusqu'au
raccommodage du « chifond » pour les besoins de la cuisine.
Il tient jour par jour un registre des « dépenses de la halle »,
un état du beurre et des œufs. Ce n'est pas une sinécure que d'as-
surer les vivres d'une telle maison. Pour un seul trimestre de
l'année 1727, il a été acheté 245.000 œufs, au prix de 5.376 livres
et 4.000 livres de beurre au prix de 1.70 livres ; pour le seul mois
(1) Délib. du 27 août 17^9. Arcli. A. P., liasse 872. Cf. le tarif des actes remboursés.
(2) Voy. A.-.J.-A. Thomas, Notariat .in départ, de la Seine ; Paris, in-fol., 1862, p. 36.
Cette étude est actuellement celle de M» Delafon, boulevard de Strasbourg, à Paris.
(3) S. -F. Langloix, Traité des droits, privilèges et fonctions des conseillers du Roy,
notaires, gardes-notes et gardes-scel de S. M. au Chàtelet de Paris ; Paris, J.-B. Geignard,
1738, in-4».
74
l'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIIP SIECLE
de mars de Tannée 1775, il a été dépensé à la Halle, pour les
légumes, une somme de 1.685 1. 14 s. (i).
L'achat des étoffes forme une partie importante de sa charge.
A partir de 1751, un règlement imposa dans les marchés de
fourniture l'indication du « bon d'aunage » de chaque pièce,
variant avec les fabricants ; les aunages de chaque fabrique durent
être marqués par les fournisseurs sur leur facture détaillée. Cer-
taines étoffes achetées par l'Hôtel-Dieu n'avaient point d'aunage,
comme la flanelle blanche de Reims, l'étamine noire ou grise,
la « londre » et « demie londre » grise, noire, verte, blanche et
marron, la serge à doubler ou le blicourt noir. Il n'en était pas
de même du tricot gris et blanc dont la pièce était de 25 aunes
dont on ne payait que 20, du drap de berry dont on donnait
17 aunes pour 16; de la tiretaine grise et blanche, débitée en
pièces de 5o à 60 aunes sur lesquelles on gagnait 2 aunes ; le mol-
leton blanc de Beauvais contenant 21 à 24 aunes la pièce, avec
boni de i aune; le « Saint-Lô » bleu, blanc et noir fin, « l'espa-
gnolette » blanche, facturés à 16 aunes pour 17; la o mouy »
blanche, verte, rouge, noire, de 21 à 23 aunes, la ratine noire et
blanche, de i5 à 17 aunes la pièce ; la finette de Saint-Lô, noire
et blanche ; la flanelle blanche commune de Beauvais, sur les-
quelles on bénéficiait d'une aune par pièce (2).
Le dépensier tient le grand livre où se trouvent consignées
toutes les fournitures faites par ordre du Bureau aux prieure,
sous-prieure et religieuses préposées aux divers offices, cuisine,
apothicairerie, etc., avec les prix, quantités, frais accessoires, un
livre d'extrait où il inscrit les marchandises achetées en province
et pour lesquelles il y a un compte de crédit ; un journal de menues
dépenses pour les salles et offices (bonnets, bas, sandales, sabots,
ustensiles divers, faïences, lait d'ânesse et de chèvre) ; ces trois
registres sont cotés et parafés par l'un des commissaires du
Bureau (3).
Il est assisté d'un sous-dépensier, plus particulièrement chargé
des dépenses de la cuisine, achats de marée, fruits, légumes et des
provisions pour les vendanges de Champrosay.
(1) Nous possédons les dépenses de la Halle pour une partie de l'année 1775, les états
du beurre et des œufs pour les années 1723 à 1728 (Arch. A. P., fonds nouveau del'H.-D.),
puis les états généraux mensuels de recettes et dépenses pour les années 1732 à T769 (liasse
60) ; les registres journaux de dépenses de 1773 à 1778, 1779 à 1785, 1786 à 1791 (liasses 62
à 64) ; les livres journaux de la recette en volaille et de la livraison à la mère d'office pour
la cuisine, de 1779 à 1791 (liasse 53) ; les registres delà boucherie de charnage, par opposi-
tion à la boucherie de Carême, de 1746 à 1733, 1753 à 1762, 1762 à 1782 (liasses 43 à 45).
(2) Délib. 28 avril 175 1, reg. 120, fol. io3.
(3) Délib. igdéc. 1730, reg. 99, fol. 385.
L ADMINISTRATION 73
Le dépensier est remboursé par quittances présentées au
receveur général d'après ses registres de comptabilité. Il est comp-
table également des objets d'argenterie, étain, faïence, linge, ser-
vant au réfectoire des ecclésiastiques, officiers et domestiques. Il
fait état de tout ce qui est envoyé par le Bureau à l'hôpital Saint-
Louis. 11 paye l'achat des matériaux et les journées des ouvriers
pour les ouvrages de maçonnerie, sur les états de l'inspecteur des
bâtiments. Enfin il tient la comptabilité de la boucherie de Carême.
L'approvisionnement est ainsi estimé en 1690. La dépense de
boucherie se monte à 60.000 livres, représentant 9.300 moutons
et veaux, pesant 257.300 livres, et 201 bœufs pesant 1 12.700 livres ;
la ration ordinaire des malades est d'une livre pour les deux repas
et du double pour les domestiques ; le veau et le mouton reviennent
à 3 s. 8 d. la livre, le bœuf i s. 1 1 d. (i).
Viennent ensuite les volailles, que l'on réserve aux « griefs »
malades, à raison de douze à dîner et autant à souper, déduction
faite du Carême, où le boucher les fournit gratuitement, avec
quelques jarrets de veau et les issues; la dépense est estimée à
4.902 1. 10 s., auxquels il faut ajouter 5oo livres pour le lard.
Il se consomme 600.000 œufs représentant une dépense de
14.438 1. 10 s., au prix de 34 livres le i.ooo environ ; 22.000 livres
de beurre frais ou salé, à environ 6 s. 6 d. la livre, soit une dépense
de 7.05 I 1. 4 s., et 20.000 pruneaux, à 6 livres le 100, soit i .200 li-
vres.
11 faut ajouter l'huile d'olive, le sucre et la cassonnade pour la
cuisine et l'apothicairerie, soit 729 1. 5 s. 8 d. ; 8 setiers de pois
à 18 livres le setier, soit 144 livres; 23 milliers de carpes, pour
les jours maigres, à 40 livres le 100, soit 9.200 livres, la marée et
le hareng frais, pour 2.320 livres ; i3.8oo pièces de morue à raison
de 25 livres le 100, soit 2.071 1. 4 s.: puis ce qu'on appelle
« les herbes », citrouilles, betteraves, carottes, navets et autres
légumes pour 2.775 livres, enfin le sel qui revient à 38 livres
tournois le minot.
Lès dépenses de l'apothicairerie s'élèvent à 8. 5oo livres; les
drogues, médicaments et onguents s'achètent à « l'espicier » par or-
donnance du Bureau, sur les mémoires et certificats du médecin
et se livrent aux mains des deux religieuses chargées de l'office.
Le lait qui n'est usité, en dehors de la pharmacie, que pour
l'office des accouchées, représente une dépense de 756 livres,
soit 27 muids à 2 sols la pinte.
(I) Sur le commerce de la boucherie, voy. Delamare, o. c, t. III, liv. V, titre x.\, p. 22.
L HOTKL-DIKU AU XVII<= KT AU XVIII
L'Hôtel-DicLi est exempté de tout droit pour les drogues
servant à la composition des remèdes, ainsi que pour 2 pipes
d'eau-de-vie par an. Au xviii^ siècle, l'exemption fut portée
pour l'eau-de-vie jusqu'à 6 et 10 pipes (i) ; c'était, ainsi que
l'esprit-de-vin, le remède par excellence pour le scorbut.
La dépense du « luminaire » qui s'élève à 1.200 livres com-
prend la cire pour l'église, le service des fondations et l'huile pour
les lampes des salles. La chandelle ne se distribue que de quinzaine
en quinzaine dans les salles, les cuisines, les offices, les caves, le
couvent ; il s'en consomme 6.5oo livres à 32 livres le 100. Ce n'est
qu'à la fin du xviii* siècle que quelques réverbères furent établis
dans les cours de la maison.
Si nous passons au xviii« siècle, nous pouvons, d'après les
comptes du dépensier, que nous possédons pour la période
comprise entre 1732 et 1791, suivre la variation des prix des
principaux objets de consommation à Paris à cette époque (2).
La viande de boucherie, qui ne coûtait que 5 sous la livre en
1735, revenait à 8 sous en 1752. Le lard, vendu au marché du par-
vis, coûtait, en 1735, 9 s. 11 d. ; il monte à partir de 1750 à
1 1 sous pour atteindre une moyenne de 12 sous à partir de 1772.
Les poulets valent 10 livres la douzaine en [733, 8 livres en
1752, 9 livres en 1754, atteignent 12 livres en 1767, et même
16 livres en 1768, et se maintiennent à 10 livres jusqu'à la
Révolution.
Le beurre frais vaut 10 sous tournois la livre en 1731, varie
entre 8 et 10 sous les années suivantes jusqu'à 1776, où il atteint
12 sous, et augmente encore jusqu'à valoir 18 sous en 1785 et
19 sous en 1786.
Le fromage de gruyère revient à 4 sous parisisla livre en 1745,
8 sous en 1752, 12 sous en 1778, i3 sous en 1786.
Les œufs se payent 28 livres tournois le millier (soit 1.040 œufs)
en 1731, 22 livres en 1732, 26 livres en 1735, 3o livres en 1738,
34 livres en 1741, 26 livres en 1747, oscillent entre 25 livres
et 3o livres de 1760 à 1760, de 3o à 40 livres de 1760 à 1770,
baissent un peu de 1770 à 1780, et remontent progressivement
de 1780 à 1789, jusqu'à valoir 47 livres cette dernière année.
Le sucre vaut 10 sous tournois en 1732, 18 sous en 1745, i livre
en 1755, retombe à 14 et i5 sous les années suivantes, remonte
à partir de 1780, et se paye, en 1789, 19 s. 3 d.
(1) Voy. arrêts 12 mars 1710, 1712, 1721. La pipe valait environ 393 litres.
(2) Ces prix ont été utilisés en particulier par M. le vicomte d'Avenel dans les tableaux
de son Hist. écon. de la propriété, des salaires, des denrées, de 1200 jusqu'en iSoo;
Paris, 5 vol. in-4», 1894-1903..
L ADMINISTRATION
Le vin se paye, en ijSS, -]■] livres le muid de 272 litres, 83 livres
en 1738, 75 livres en 1741, loi livres en 1773.
L'huile comestible valait, en 1735, i3 sous la livre, et jusqu'en
1789 ne monta progressivement que jusqu'à 18 sous. L'huile à
brûler ne valait que 6 sous la livre en moyenne et atteignit 1 2 sous
seulement en 1787.
Le suif était payé, en 1732, 2 1. 3 s. la mesure, c'est-à-dire
20 livres pesant, en 1736, i 1. 16 seulement, en 173g, 2 I. 2,
en 1748, i 1. 18, en lySo, 2 1. 5 et atteignit vers 1780 son cours le
plus haut, 2 1. 10. Le prix de la cire était beaucoup plus élevé ;
brute elle valait, en 1736, i 1. i3, et, en bougie, 2 1. 2, en 1750,
I 1. 17 et 2 1. 1 1, en 1773, 2 1. 10 et 2 1. 16 ; la livre de bougie
atteignit 3 1.2 en 1786.
Tous ces prix payés par l'Hôtel-Dieu sont des prix privilégiés ;
il est certain que le public qui achetait au détail payait sensible-
ment plus cher. On peut d'ailleurs les comparer à ceux que Ton
trouve dans les comptes de certains autres établissements pari-
siens, comme les communautés ou les collèges (r), ou ceux qui
ont été utilisés dans certains livres spéciaux (2), ainsi que par
M. G. Bienaymé dans divers articles du Journal de la Société
de statistique ou de V Annuaire statistique de la Ville de Paris (3).
Le panetier. — L'office de la paneterie était l'un des plus
chargés. Le panetier s'occupe d'abord de l'achat des blés, avoines,
pailles, bois de chauffage, de la livraison des blés aux meuniers,
des vendanges, notamment de celles de Champrosay, qui sont les
plus importantes, et dont il fait conduire le vin dans les caves de
l'Hôtel-Dieu. Il exerce son autorité sur la boulangerie de la mai-
son, sur les garçons boulangers et les garçons des greniers.
Le panetier et la religieuse chargée de la boulangerie tiennent
le registre-journal de la distribution du pain, le registre de la
dépense en deniers et en nature, le registre de la distribution des
bois neuf, pelard, de traverse, des cotrets et du charbon, le
registre de compte des fermiers, relatant les recettes en deniers
provenant de la vente des petits blés, les dépenses de mouture,
(1) Notamment le collège Louis-le-Grand, l'hospice des Quinze-Vingls, les Ci^lestins,
Saint-Martin des Champs, etc., conservés aux Arcli. nat.
(2) Benoiston de Chàteauneuf, ^ec/iercAes sur les consommations de tout genre de la
Ville de Paris en i S i y, comparées a ce qu'elles étaient en 178g; Paris, i82i,in-8, et Lavoi-
sier, de l'Ac. des sciences, De la Richesse territoriale du royaume de France, imprimé
par ordre de l'Assemblée nationale ; Paris, 1791. (Ses recherches portent sur les 10 années
précédentes.)
|3) Le Coût de la vie à Paris, à diverses époques ; Nancy, 1896, 41 p. in-8, avec supplé-
ment, en 1899, 18 p. L'ouvrage de Husson, les Consommations de Paris ; Paris, i856,
in-8, concerne exclusivement le xix» s.
i.'hotel-dif.u au xvn« et au xviii<= sif.cle
avoine, orge, paille et chapons, les dépenses de battage, l'achat de
foin pour les chevaux, le payement de divers serviteurs, sans
compter le registre-brouillard « servant à soulager la mémoire et
sur lequel est écrit toutes sortes de recettes et de dépenses, tant en
nature qu'en deniers, article par article, et date par date, afin de ne
rien oublier » (i).
Il y avait à l'Hôtel-Dieu une boulangerie et primitivement un
moulin à eau. Mais, lorsque les eaux de la rivière baissaient, la
roue était immobilisée, et il fallait recourir au moulin à bras. On
renonça bien vite à moudre le grain dans l'établissement, et on le
porta au Pont-aux-Meuniers, ou aux « chambres de maître
Hugues » (2), Lorsque le domaine rural s'étendit, i'Hôtel-Dieu se
servit des moulins de ses fermes, notamment celle du Pressoir,
puis des moulins de Gonesse.
Au moyen âge, on ne faisait au four de l'hôpital que quatre
cuissons par semaine ; aussi on était obligé d'acheter du pain en
ville et aux Halles. Le personnel de la boulangerie ne comportait
qu'un frère boulanger, un « maistre varlet du four » et deux aides.
En 1640, il se compose d'un gindre et de cinq garçons boulan-
gers dont les gages s'élèvent au total à 25o livres. Le panetier reçoit
200 livres ; de plus, il est logé dans la maison des « officiers » de
l'Hôtel-Dieu, rue Saint-Christophe, au coin de la rue delà Juiverie.
En i65i, les panetier, boulangers, gindres et garçons des
greniers reçoivent ensemble 700 livres.
L'Hôtel-Dieu ne fut jamais aussi bien outillé que l'Hôpital
général qui eut à sa disposition pour toutes ses maisons une bou-
langerie centrale qui lui servait en même temps de boucherie et de
magasin, la maison de Scipion, qui a conservé encore aujourd'hui
cette destination.
De plus, en nommant le panetier, les administrateurs (3) lui
donnent « plein pouvoir et puissance de pour eux toucher et
recevoir des fermiers, rentiers, tenanciers, débiteurs et tous
autres qu'il appartiendra, tous et chacun les loyers, fermages,
arrérages de rentes, de baux, d'héritages, et tous autres revenus
des maisons, fermes, redevances, droits, rentes et autres biens »
fi) Il existe aux Arch. de l'A. P. (fonds nouveau de l'H.-D., liasses 3o à 35), 4 registres
papier, années 1746-1770 ;des registres brouillards; i registre journal pour la distribution
du pain et la réception du blé pour lySS ; i registre d'inventaire des meubles et ustensiles,
relatifs à la paneterie, au i<" janvier 1742 ; 5 registres pour la distribution du pain pour
les années 1744, 1743, 1748, 1749, 1752 ; 3 registres de recettes et dépenses pour 1743;
16 registres d'extraits et livres journaux de la dépense en deniers et en nature de 1743 à 1773
16 registres de vente du son et du gruau de 1736 a 1777 ; 14 registres de distribution de
bois de 1758 à 1766.
(2) Coyecque, o. c, t. I, p. 83.
(3) Arch. A. P., liasse 868. Procurations pour la charge de panetier.
L ADMINISTRATION
appartenant à THôtel-Dieu, situés hors Paris, soit en argent, soit
en grains.
Le panetier donnait quittance au nom des administrateurs,
exerçait toutes les poursuites nécessaires, se rendait sur place en
cas de besoin ; il devait tenir « bons et fidèles » registres de ses
recettes et dépenses et rendre compte de sa gestion au Bureau
toutes les fois qu'il en serait requis. Pour résumer d'un mot ses
attributions, nous Tappelerions aujourd'hui le régisseur des biens
ruraux.
Le sous-panetier, placé sous l'autorité immédiate du panetier,
doit comme lui être célibataire. Il est logé, meublé, nourri, chauffé,
éclairé, blanchi, touche 3oo livres. On lui fournit de plus un cheval.
Il doit faire en effet chaque année la visite de toutes les fermes.
Le détail de ses inspections est fort minutieux. D'après l'instruction
du 20 Juin 1759 (i), il doit examiner « si la maison est garnie de
meubles, l'écurie de bons chevaux, l'étable de vaches et en quel
nombre, si le colombier est peuplé et tenu en bon ordre, s'il a un
fort troupeau, si ce sont des moutons ou des brebis, si la basse-cour
est bien fournie de volailles, si les lieux de marchés sont proches ou
éloignés; si les denrées se vendent avantageusement, quel en est le
prix courant, si le fermier mène une vie frugale, s'il est adonné au
vin, à la bonne chère, s'il est entendu dans le labour, s'il sème lui-
même, s'il a de bons bergers, de bons charretiers, s'il va souvent faire
sa ronde dans les champs pour voir par lui-même si les charretiers
labourent les terres trop ou trop peu avant ; il s'informera aussi si
sa femme est bonne ménagère, si elle a soin d'avoir des servantes
bien entendues, si la laiterie est tenue proprement et en bon état ;
il redoublera ses attentions dans le cas où le fermier serait veuf, ou
aurait convolé en secondes noces, surtout s'il y avait des enfants du
premier lit, afin de connaître le caractère de la femme qui est à la
tète du ménage et de pouvoir en cas d'abus en avertir MM. les admi-
nistrateurs ».
Il doit veiller également à la rentrée des fermages, à la culture,
avoir soin surtout que le fermier ne dessole point les terres et les
laisse reposer l'année de jachère, être présent aux arpentages
que les fermiers sont tenus de faire faire dans le courant de la
7° année de leurs baux, prendre garde que ces derniers n'interver-
tissent les coupes de bois et laissent le nombre suffisant d'étalons de
bonne espèce et qualité, bien venant et bien filés, s'entendre avec
les officiers des maîtrises particulières pour l'exécution des ordon-
(I) Reg. 128, fol. 241 et suiv
80 l'hOTFL-DIKU ai: XVIie ET AU XYIII" SIKCLF.
nances des grands-maîires des eaux et' forêts, organiser les coupes
et les adjudications de vente de bois, suivre le payement des rentes
foncières et des redevances en grains, se faire présenter les quit-
tances et faire établir les « titres nouvels », enfin exiger des cueille-
rets pour les terres tenues en fief ou en seigneurie.
Sous les ordres du panetier se trouve encore le sommelier qui
reçoit le vin acheté par le Bureau, et prend toutes les mesures
propres à sa conservation, dans les grandes caves en ogive qui se
trouvent sous la salle Saint-Denis. A partir du xviii* siècle, il lui
est adjoint un sous-sommelier, dont les gages étaient, en 1762, de
i5o livres. Le Bureau nommait aussi un dégustateur chargé de
contrôler les fournitures des marchands adjudicataires. Enfin,
pour le soutirage des vins, le sommelier prenait des compagnons
tonneliers, au nombre d'une douzaine environ, qui étaient nourris
dans l'établissement et recevaient 35 sous par jour.
D'après le règlement du 11 août 1752 (-1), le sommelier devait
remettre aux archives toutes les feuilles et billets ayant servi à la
vérification de ses comptes du vin et de l'eau-de-vie, faire certifier
par le panetier l'état du vin acheté ou provenant des vendanges,
et par le dépensier l'état des droits payés pour l'entrée de ses
vins.
Nous verrons au chapitre suivant à quelles difficultés ces
entrées donnaient lieu, pour l'exonération des frais résultant des
privilèges de l'Hôtel-Dieu. Cette provision était considérable.
Fixée à 800 muids par arrêt du 8 novembre i65i, elle fut succes-
sivement augmentée de 100 muids en 1708, de 200 muids en 1709,
pour arriver enfin à 1.200 muids.
Le sommelier n'achetait pas que du vin « commun » ; nous
voyons par exemple, qu'en 1750, sur les 1.949 muids de l'achat
total, il y a 200 muids de vin rouge d'Auxerre et des envi-
rons, « de première cuve, des bons crus et non des moindres »,
180 muids de vin rouge d'Arrenaison (2), « des premières cuves de
la côte et non de la plaine, bon et supérieur », 700 muids de vin
rouge du Maçonnais et Beaujolais, « de la côte et non des plaines,
et des premières cuves » ; et pour le vin blanc, à côté des 3oo muids
de vin de Blaisois et des environs, des crus communs, 200 muids
de vin d'Anjou des premières cuves, et également de la côte.
Enfin le vignoble de Champrosay, s'étendant sur 46 arpents,
produisait des vins estimables, si l'on s'en rapporte aux soins
dont il était l'objet, et qui coûtaient plus de 2.000 livres par
(1) Reg. i3i, fol. 241 et suiv.
(2) Auj. Renaison, dép. delà Loire, arr. de Roanne
:. — PERSPECTIVE DES PONTS DE L HOTEL-DIEU
6.— LE BRAS Di: SEINE EN IRE LES BATLMEXTS DE LHOIEL-DIEU
L ADMINISTRATION
an. Ces vignes étaient distribuées par closeries à des vignerons,
tenus de les façonner pendant l'année, à raison de 40 livres
larpent, plus le logement, et sans compter les « secondes fosses »
qui se payaient séparément (i).
Le sommelier était également chargé de l'achat de l'eau-de-
vie (2) dont il se faisait une grande consommation pour les blessés
et les scorbutiques de Saint-Louis, et du vinaigre, qui était, au
xviiie siècle du moins, échangé pour la lie, à raison de 2 muids de
lie pour un muid de vinaigre (3).
La distribution du vin était chose assez compliquée (4). Les
compagnons chirurgiens étaient chargés de dénombrer tous les
soirs les malades des offices auxquels ils étaient préposés, d'en
inscrire le compte sur une feuille de papier qui se trouvait à cet
etîet sur une table de la salle Saint-Denis, et lorsque tous avaient
inscrit leurs chiffres, le dernier compagnon arrivé la portait au
maître chirurgien qui la certifiait. On en faisait quatre copies,
pour l'administrateur résident, pour le panetier, pour le dépen-
sier, pour le sommelier.
Les salles étaient divisées, pour la distribution du vin, en salles
à troispoissons (un demi-setier environ), à deux poissons, à un
poisson et demi, et à un demi-poisson.
Mais, outre ces distributions fixes, il y avait les distributions
extraordinaires pour les besoins de la nuit, pour les malades les
plus faibles, enfin pour tous les gros ouvrages, aussi bien des
domestiques que des chirurgiens et ecclésiastiques.
L'inspecteur des salles. — A partir de la fin du xvii« siècle,
l'Hôtel-Dieu eut un inspecteur des salles qui remplaça l'adminis-
trateur résident, et dont les fonctions furent fixées définitivement
en 1752 (5). Choisi et nommé par le Bureau, il était nourri,
meublé, chauffé, éclairé, blanchi et touchait 5oo livres d'appoin-
tements. Il devait être célibataire, ni trop jeune ni trop vieux,
« de figure et de caractère à imposer aux malades et aux domes-
(i) Journal des recettes et dépenses, tant en deniers qu'en nature de la terre et seigneurie
de Champrosay (1748-1752). Arcli. A. P. (fonds nouveau de l'H.-D., liasse 56).
(2) Livres journaux de la distribution de l'eau-dc-vie pour les années 1767 a 1791. Arch.
A. P. (id., liasse 42).
(3) Marché fait avec lesieur Lobet, marchand vinaigrier à Paris {1748). Arch. A. P. (id.,
liasse 54).
(4) Arch. A. P. (fonds nouveau de IH.-D., liasses 36 à 43). Voy. Comptes du somme-
lier, 45 feuillets de 1624, et 6 feuillets de 1748, registres* de distribution de vin pour les
années lySS à 1742, 1760 à 1756, 1769 à 1782, 1784 à 1786, 1787 à 1791 ; livres journaux
de distribution d'eau-de-vie de 1767 a 1791 ; journaux sommaires de dépenses journalières
de vin, de 1761 à 1791.
(5) Voy. 20 déc. 1752., reg. 121, fol. 2ioetsuiv. Avant la création de cette fonction,
c'étaient les administrateurs qui la remplissaient ; il y avait au xvu<> s. un administrateur
résident qui changeait tous les mois.
6
82 I.'hOTFL-IMF.U au XVII« F.T au XVIIie SIECLE
tiques et autres personnes de la maison « (i). Tous les Jours, à
partir de 3 heures de raprès-midi, il comptait les malades de
toutes les salles, même celle des accouchées, « sans les regarder
ni les examiner, et faisant semblant de ne pas reconnaître celles
qu'il pourrait avoir vues ». Il avait à cet effet des listes imprimées
pour chaque salle.
Il avait autorité sur le suisse, les portiers, les emballeurs, en un
mot sur tous les domestiques de la maison, dont il surveillait le
service et la conduite. Il tenait un registre du personnel avec les
dates d'entrée et de sortie, y compris les garçons bouchers, portiers,
charretiers et boulangers.
Il avait la surveillance également de la consultation et des chi-
rurgiens, devait s'informer si les malades étaient traités avec
douceur et humanité, éloigner les étrangers et les visiteurs au
moment, des opérations, faire sortir les rôdeurs, les vagabonds, les
convalescents, envoyer les vénériens et les incurables à Bicétre ou
à la Salpêtrière, les enfants à la Pitié.
Il surveillait enfin la vente des habits des décédés, la destruc-
tion des chiens errant dans les salles que les emballeurs étaient
chargés de tuer, empêchait de mettre des pots de fleurs sur les
fenêtres et se rendait tous les ans le jour de la Toussaint et le
jour des Morts au cimetière de Clamart, pour prévenir tout
désordre, de concert avec les escouades du guet qui étaient mises
à sa disposition.
C'était le grand policier de la maison. Il était aidé dans son
office à la fin du xviii<= siècle par trois sous-inspecteurs.
GARÇONS ET FILLES DE SERVICE
Nous arrivons maintenant à ce que nous appelons aujour-
d'hui le personnel hospitalier. Il exista de tout temps, concurrem-
ment avec les religieuses, des garçons et filles de service. Ce n'est
toutefois qu'à partir de 1692 qu'ils reçurent des gages en argent,
45 livres pour les garçons, et 36 livres pour les filles ; les premiers
sont alors au nombre de 45, les secondes, de 32 (2).
En même temps on les dota d'un uniforme, justaucorps pour
les garçons, jupes et manteaux de serge d'une même étoffe pour
les filles; tout le linge devait être uni et sans dentelles ; les gar-
(0 En 1752, on reçoit comme inspecteur un garçon « de belle représentation », ancien
garde du corps, blessé à Ettlingen, et depuis quatre ans aux Invalides. (Délib. 24 nov. 1752,
reg. 121, fol. 191.)
(2) Délib. 2 juill. 1692, reg. 61 , fol. 88 v.
L ADMINISTRATION
çons devaient porter des bonnets et point de chapeaux, les filles
des cornettes et point de coiffes noires.
Un règlement fut de plus adopté dans deux séances extraordi-
naires tenues les 5 et 12 Juillet 1692 à rarchevêché. Les garçons
étaient payés au Bureau et les filles dans une salle de l'hôpital en
présence de deux administrateurs qui signaient les états de décharge
pour le receveur. Tous devaient être reçus par le Bureau. Ceux
qui ne restaient pas un mois entier n'avaient droit à aucune rétri-
bution. Personne ne devait ni découcher ni changer d'offices
sans ordre du Bureau, ni sortir de la maison sans billet de la
mère prieure. En cas de sortie, il fallait passer par la porte de
l'église, sauf les boulangers et cuisiniers qui sortaient par la porte
de la cour des cuisines. Garçons et filles étaient responsables de la
vaisselle, du linge et des ustensiles qui se perdaient ou étaient
dérobés dans les offices. Enfin, en cas de maladie, ils devaient se
suppléer, sans que le Bureau fût astreint à prendre des rempla-
çants (i).
Cependant, au xviii*' siècle, il arriva fréquemment que l'on dut
prendre des domestiques surnuméraires, dites « ambulantes «,
pour suppléer les autres et remédier au manc[ue de religieuses,
comme « ces filles delà chambre d'en bas», dont 18 seulement
étaient gagées, et 8 ne reçurent une paye que lorsque le Bureau
régularisa leur situation (2).
Enfin on avait recours aux convalescents que les religieuses
gardaient pour faire les gros ouvrages, en leur donnant un surcroit
de ration, et qui, tantôt malades, tantôt infirmiers, se perpétuaient
dans la maison. Ils paraissaient ne rien coûter à l'Hôtel-Dieu. En
réalité, c'était une véritable plaie qui fut celle de tout l'ancien
régime. On accusait même ces convalescents de revendre aux
malades les portions qui leur étaient fournies par les religieuses ;
les plaintes des médecins sont formelles à cet égard.
Il faut attendre la fin du xviii« siècle et la reconstruction de
nouvelles salles pour trouver un nouveau règlement sur les
domestiques, qui sont désignés alors sous le nom d'infirmiers
et d'infirmières.
En 1787, le Bureau arrête que, pour les nouvelles salles recons-
truites et ouvertes le 2 août de cette même année, celles du rez-
de-chaussée, de Saint-Landry et de Sainte-Monique, on mettra un
infirmier ou une infirmière pour 10 malades, dans les salles où ils
couchent seuls, et un pour i5 dans les autres, plus deux hommes
(0 Arch. A. p., liasse 880.
(2)Arcli. A. P. Oélib. i6 avril 1749, reg. 118, fol. 90.
84 l'hOTEL-DIEU au XVIie F.T AU XVIIie Slî.ri.K
de peine pour chaque salle de femmes qui contiendra plus de
60 malades; il y aura par salle une religieuse faisant fonctions de
surveillante.
Les gages sont augmentés ; les infirmiers reçoivent 60 livres, un
habit neuf tous les quatre ans, une veste et un pantalon d'étotte
chaude et solide pour l'hiver, une veste et un pantalon plus légers,
pour l'été, enfin le linge de corps. Les plus anciens ou les plus
méritants, à tour de rôle, au bout de 5 ans de services, et, pourvu
que ce nombre ne dépasse pas un sixième, peuvent obtenir une
forte paye de 90 livres.
Les infirmières reçoivent 48 livres, sont habillées, entretenues
de linge ; un sixième d'entre elles peut également obtenir, au bout
de 5 ans de services, une haute paye de 72 livres, une moitié pour
ancienneté, une moitié pour celles « dont la conduite, l'intelligence
et l'affection au soin des malades mériteront d'être distinguées «.
On crée même un service de remplacement de 8 infirmières et
8 infirmiers sans gages, mais nourris et habillés, pour suppléer les
titulaires en cas de maladie, de retraite ou de mort, et employés
provisoirement, les filles à la lingerie, les garçons à la paneterie ;
ces surnuméraires devaient toucher au bout d'un an, les hommes
3 livres par mois, et les filles 2 livres, au cas où ils n'auraient pas
encore été titularisés.
Les infirmiers et infirmières touchant la haute paye formaient
une classe différente des autres ; leur nombre était proportionné
dans chaque salle, et les « premières infirmières », ainsi qu'on les
nomme déjà, comme de nos Jours, avaient, pour marque distinctive,
le collet ou le parement de leur veste d'une couleur différente.
Les uns et les autres étaient sous l'autorité des religieuses de
leur salle, de la mère prieure, de l'inspecteur et des sous-inspec-
teurs des salles. Ils mangeaient au réfectoire et devaient toujours
avoir, même en ville, « l'habit de la maison ».
Tout domestique qui avait contracté une maladie dans Texer-
cice de ses fonctions était soigné dans la maison et réintégré dans
sa place après guérison.
Enfin ceux qui devenaient infirmes après i5 ans de services, ou
qui se trouvaient hors d'état de remplir leurs fonctions pour cause
de vieillesse, devaient continuer à être nourris et habillés dans la
maison. Aussi, pour éviter de trop lourdes charges, une limite
d'âge fut fixée pour l'admission à 40 ans (i).
(0 Quelques-uns obtenaient une véritable pension de retraite, comme Lombard, péager
du pont au Double depuis lyS.), qui reçut, en 1768, une pension de 3oo 1., après 56 ans
de services, à 72 ans. (Délib. 9 mars 1768.)
L ADMINISTRATION
Ce règlement avait été pris, d'accord avec M. de La Millière,
intendant des finances, chargé du département des iiôpitaux, pour
supprimer ces convalescents infirmiers, « cette espèce de gens de
la lie la plus méprisable et la plus paresseuse du peuple, qui ne
consentoit à rester sans gages dans l'Hotel-Dieu que dans Tespé-
rance de s'en dédommager, soit en recevant des gratifications
en vivres pour les vendre aux malades, soit en volant tout ce qui
leur tomboit sous la main, soit en rançonnant les malades pour
les petits services qu'ils leur rendoient » (i). C'était un effort très
méritoire pour relever la condition matérielle et morale du per-
sonnel. Mais la Révolution ne lui permit pas de porter tous ses
fruits.
LE PERSONNEL A LA FIN DU XVIII^ SIECLE
Le personnel de l'Hôtel-Dieu avait augmenté dans des pro-
portions considérables dès la deuxième moitié du xvii* siècle.
Au xviii* |siècle, le nombre a presque doublé.
En 1737 (2), il y a 8 chapelains du chœur et i3 chapelains des
malades. Les religieuses et novices sont au nombre de 148. Les
médecins sont au nombre de 7, et les médecins expectants au
nombre de 7 également, sans compter 2 topiques nourris au
déjeuner et au souper. L'apothicairerie comprend 8 personnes.
En dehors du maître chirurgien, il y a i premier compagnon
gagnant maîtrise, 12 compagnons internes et 12 chirurgiens
commissionnaires nourris. A la paneterie-boulangerie il y a
12 personnes, à la cuisine 23, à la cave 3, aux bâtiments 5.
Ajoutons 4 tailleurs, i fille couturière, 5 cordonniers, 3 garçons
et 2 filles à l'office aux chiffons, 4 garçons à l'office aux habits,
3 à l'office aux chemises, i à l'office aux sandales, i à l'office
de l'essuiement, 18 garçons à la petite lavanderie ; puis, dans
les salles (y compris Saint-Louis), 59 garçons et 68 filles pour
1.272 lits de malades, dont yyy grands, 394 petits et loi cou-
chettes : en tout, 256 hommes et 263 femmes, soit 519 personnes,
religieuses et ecclésiastiques compris. Dans ce nombre, il y en a
479 jouissant d'un lit dans la maison, ce qui porte en réalité le
nombre des lits à 1.751. Ce personnel — quel qu'il soit — sauf
les maîtresses sages-femmes, doit être célibataire; au total, il
coûte 40.843 livres.
(i) Supplément au mémoire remis à ^L le Procureur général par l'administration de
H.-D. de Paris.
(2) Arch. A. P., liasse 880.
86 l'hoti;l-dieu av xviie kt au xvni'= siècle
Cette proportion énorme est encore dépassée si nous nous repor-
tons à l'état du i5 juin 1788 (i). On y relève 24 prêtres, dont
I confesseur allemand, et 4 enfants de chœur; 72 religieuses, y
compris celles de Saint-Louis, et 10 novices, plus 20 filles « de la
chambre d'en haut», qui se consacrent au service des malades sans
faire de vœux et sans recevoir de gages ; 14 officiers dont i inspec-
teur des salles et 3 sous-inspecteurs, i pour les salles, i pour la
cuisine, i pour les écuries; 34 chirurgiens; 10 apothicaires, 5 sages-
femmes et 2 visiteuses des femmes malades, en tout 5i officiers ou
officières de santé, tous nourris; 17 gardes, suisses ou portiers,
23 personnes employées à la cuisine, 10 à la boulangerie, 4 gar-
çons bouchers, i5 ouvriers chaudronniers, tailleurs, cordonniers,
tonneliers, 14 emballeurs, 6 réfectoriers, 2 sous-sommeliers,
8 cochers et charretiers dont 3 à Saint-Louis, i fossoyeur, 2 bate-
liers, 2 réverbériers, 5 domestiques, 20 filles « de la chambre d'en
bas », occupées dans les salles et dans les offices sous les ordres
des religieuses; dans les salles, i33 garçons et 124 filles ; dans les
offices, 29 garçons et 22 filles; aux lavanderies, 38 domestiques;
enfin 16 garçons et 4 filles surnuméraires, pour assurer les
remplacements, et employés aux gros ouvrages sous les ordres de
la prieure, en tout 690 personnes nourries. Si on ajoute le person-
nel de Saint-Louis, on arrive à un total de 792, enfin, avec les per-
sonnes appointées et non nourries, dont les médecins, à 8 1 6 agents
du personnel (2). On conçoit l'étonnement de Tenon devant cette
« masse énorme « que représentait l'Hôtel-Dieu, et la difficulté d'y
faire des réformes.
LES ADMINISTRATEURS A LA FIN DU XVIIle SIECLE
Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir les protestations se faire
jour contre le conservatisme des administrateurs des hôpitaux.
Sans doute ceux de l'Hôtel-Dieu étaient soumis à plus de con-
trôle que ceux de l'Hôpital général, de qui l'avocat général du
Parlement disait en i y6y : « Il n'y a point de corps dans le royaume
auquel il ait été donné des pouvoirs aussi étendus (3) », et que le
Comité de mendicité appellera « un édifice gothique »,
(i) Arch. A. p., liasse 880.
(2) Il faut y ajouter i.ioo journées annuelles d'ouvriers temporaires, bluteurs, ton-
neliers, etc.
(3) L'art. 12 de ledit de i656 leur avait donne' « tout pouvoir et autorité de direction et
administration, connaissance, juridiction, police, correction et châtiment sur tous les pau-
vres mendiants » delà ville.
L ADMINISTRATION'
Mais les administrateurs de THôtel-Dieu se montraient, au
même point, jaloux de leurs privilèges et de leur autorité. Ils
avaient fini par se nommer à vie, au lieu de se remplacer tous les
trois ans, comme le voulait le règlement primitif. Les inconvénients
de cette « stabilité » n'avaient pas échappé à Necker, qui voit dans
leur répartition des charges, dans leur division en « départements »,
la source d'un esprit de conservatisme étroit, avec, pour consé-
quence, une hostilité égoïste contre toute tentative de réforme (i).
On commençait à mettre les vices de la gestion des établisse-
ments hospitaliers au compte de l'arbitraire et du bon plaisir de
leurs administrateurs (2).
D'autre part, au xviii« siècle, la jurisprudence tendait à rendre
les administrateurs des hôpitaux responsables de leur gestion.
Dans l'exposé d'un arrêt du 17 juin 1767, le procureur général du
Parlement de Paris constate dans ses conclusions que les recettes
et les dépenses relatives à l'hôpital de Pontoise n'ont pas eu lieu
avec exactitude, d'où pourrait résulter contre les administrateurs,
en faveur de l'hôpital, une action en garantie pour raison, soit
des insolvabilités qui pourraient être survenues des débiteurs,
soit des poursuites qui seraient faites par les fournisseurs pour
se procurer leur payement (3).
Le pouvoir central ne s'est jamais départi sans doute de sa
mission de contrôle des finances hospitalières, mais elle est souvent
illusoire. En 1775, une importante mesure est prise par Turgot. Un
arrêt du Conseil porte « qu'aucuns hôpitaux et communes ne seront
autorisés à faire d'emprunts, sans un fonds d'amortissement ». Le
payement des arrérages, « devenu une charge perpétuelle », disait le
rapport de Turgot, « s'oppose à l'amélioration de leur administra-
tion. Les hôpitaux doivent affecter au remboursement des capitaux
empruntés un fonds annuel qui ne pourra recevoir d'autre destina-
tion et qui sera augmenté chaque année du montant des arrérages
éteints. Les administrateurs sont responsables de cette mesure. »
Le Bureau de l'Hôtel-Dieu se maintint sans changement
jusqu'au mois d'août 1789. A la séance du 19 août 1789,
« considérant que les cahiers remis aux députés de la Ville de
Paris à l'Assemblée nationale portent un vœu formel des citoyens
de donner à l'administration une nouvelle organisation [^\ que c'est
(i) Necker, De l'Administr. des finances, 170.), 3 vol. in-8», t. III, ch. xvi.
(2) Encyclop. métliod. [Jurisprudence, X], mot : « MendicitC- ».
(3) Cité par M. Doisy, o. c, I, iSg.
(4) En effet on lit dans le cahier du Tiers : « L'assemblée de Paris mettra au nombre
de ses premiers et de ses plus importants travaux de s'occuper des hôpitaux de Paris, et en
attendant les comptes de tous les hôpitaux tant en recette qu'en dépense seront rendus au
8S I.'hOTF.L-DIF.U AT XVir ET AU XVIII« SIKCLF.
en qualité de citoyens que les membres qui forment le Bureau ont
été présentés au Parlement parle corps municipal, et qu'il doit en
conséquence faciliter l'exécution des vues des citoyens «, le Bureau
rédigea une lettre de démission collective adressée à la munici-
palité, tout en offrant de continuer ses fonctions Jusqu'à son rem-
placement.
Le lendemain, 20 août, le comité du district de Notre-Dame
s'emparait de la maison du Bureau, sur le parvis, et faisait placer
à la porte deux canons et des soldats en faction. Le Bureau adressa
une protestation au marquis de La Fayette, commandant général
de la garde nationale parisienne.
Ce fut en vain. Il fallait loger, coûte que coûte, 100 hommes
de troupes « réglées », que le district attendait pour le dimanche 23,
venant de la caserne de Lourcine, et il n'y avait aucun accommo-
dement possible, ni avec le comité du district, ni avec le comité des
casernes qui donna le 24 août des ordres formels pour le logement
des soldats (i); lorsque le Bureau voulut se réunir le 26 août,
dans son local habituel, il trouva la maison occupée militairement.
Le Bureau continua toutefois à tenir ses séances à l'Hôtel-Dieu
même, dans le local appelé bureau de la dépense, pendant que l'on
déménageait à la hâte la maison du Bureau, sur les ordres réitérés
de La Fayette. Les représentants de la Commune de Paris accep-
tèrent, à leur séance du 3i août (2), l'offre des administrateurs de
rester en charge jusqu'à ce que le plan de la municipalité ait été
définitivement arrêté.
Ils avaient envoyé en même temps qu'à Bailly, maire de Paris,
un exemplaire de leur protestation à Nicolay, premier président de
la Chambre des comptes, à Leclerc de Juigné, archevêque, à Joly
de Fleury, procureur général ; ceux-ci dans leurs réponses ne purent
que leur témoigner leurs regrets de l'événement, et les féliciter de
leur zèle pour le bien des pauvres (3).
Ils ne se tinrent pas pour battus. Ils envoyèrent au mois de
public tous les ans par la voie de l'impression >>, et dans celui du Clergé de Paris intra
wzz/ros « que dans les États généraux, il soit rendu compte de toutes les sommes perçues
pour les hôpitaux et notamment pour l'H.-D. de Paris, afin qu'elles soient appliquées sui-
vant leur destination, et que de concert avec la chambre ecclésiastique desdits Etats, il soit
remédié aux abus qui auraient pu se glisser soit dans l'administration de l'intérieur soit dans
les biens de cet hôpital et des autres ». L. Chassin, les Elections et les cahiers de 178g;
Paris, 1887-1889, 4 vol.in-8, t. III, p.3io, 36i.
(i) Assemblée des représentants de la Commune de Paris, comité des casernes, ordre
du 24 août 1789, signé: Buisson, Viot, Lesserier, Dumont, secrétaire, Thuriot de la Rosière,
président. Délib. 26 août 1789, reg. iSg. (Ce registre est compose de pièces détachées et non
recopiées.)
(2) Procès-verbal signé : 'Vauvillers, présid. ; Vincendon, présid. ; Brousse, Desfauchires,
de Joby, secrétaires.
(3) Ces réponses sont annexées à la délib. du 2 sept. 1789, reg. 139.
AnMINtSTRATION
septembre un nouveau mémoire manuscrit aux représentants de
de la Commune à l'Hôtci de Ville, à chacun des membres du
district de Notre-Dame, au maire de Paris, à La Fayette. De leur
coté, les membres du comité du district faisaient tous leurs efforts
pour obtenir le déménagement des archives et la cession de ce
nouvel immeuble, nécessaire au logement des soldats. M. de
Jussieu, lieutenant du maire, avait été chargé du département des
hôpitaux et cherchait une solution à Tamiable pour mettre fin
au conflit.
Cependant le Bureau tenait toujours ses séances, vaquait aux
affaires courantes, recevait les visites ches délégués de la munici-
palité ou des commissaires de l'Assemblée nationale chargés de
Textinction de la mendicité (i), exécutait les ordres de Chaumont
de La Minière, intendant des finances au département des hôpitaux .
Il attendait toujours son remplacement qui ne venait pas. Le
1 9 janvier 1 79 1 , il renouvelle sa démission, et, comme on ne prenait
aucune décision, il prend le parti, le 23 février, de se retirer défini-
tivement le i5 avril. Cette lettre de démission envoyée à la muni-
cipalité, puis au Directoire du département de Paris, était signée :
Le Couteulx, Dupont, Marchais, de Tilière (2), BouUenois, Martin,
Robineau, Vente, Olivier, A.-J. Silvestre de Sacy (3).
Le i3 avril au soir seulement les administrateurs reçurent une
lettre de Pastoret, procureur général syndic du département de
Paris, désignant pour les remplacer une commission provisoire
composée de Moulinot, Cousin, Thouret, Cabanis et Aubry-
Dumesnil.
A partir du i 5 avril 1 79 1 , ce sont ces nouveaux administrateurs
qui signent les registres des délibérations, lesquelles s'arrêtent à la
date du 18 janvier 1792. Nous n'irons pas au delà.
L'esprit de réforme qui s'est fait jour à la hn du xviii^ siècle, et
qui n'a pas manqué de souligner les abus perpétués dans les
administrations hospitalières, ne doit pas nous faire oublier le
(i) Il s'agit du comité, présidé par La Roclicfoucauld-I.iancourt. et qui avait pour
secrétaires l'rieur et l'abbé de Bonnefoy. (Dclib. 28 avril, 26 mai 1790, 9 févr. 1791,
reg. 160 et 161, même observation que pour le reg. lig.)
(2) Taupinard de Tilière était conseiller à la Cour des aides ; il existe de lui un beau
portrait par Ant. Vestier, légué par sa veuve à l'H.-D. en iSSy.
(3) Silvestre de Sacy, conseiller à la Cour des monnaies, connu par ses tra-
vaux de linguistique, demeurait alors rue des Fossés-Monsieur-le-Prince, et se retira,
en 1793, à Ognes, près de Nanteuil-le-Haudouin. (H. Derenbourg, 5. de Sacy; Paris, 1895.
in-8».)
90 L HOTEL-DIF.U AU XVIie ET AU XVIIie SIF.CLE
renom qui s'est attaché à THôtel-Dieu durant tout Tancien
régime.
Le lustre que lui donnait son ancienneté et la protection royale,
qui ne s'était jamais démentie, nous le verrons, à travers les siècles,
mettait en relief son administration aux yeux des hôpitaux de
province, et même de l'étranger, tandis que la réputation de ses
services médicaux, en particulier de l'office des accouchées, deve-
nait mondiale. Quelques exemples montreront aisément quel fut
ce rayonnement de l'Hôtel-Dieu aux xvii* et xviii« siècles.
D'abord ce sont les religieuses augustines qui sont, surtout au
début du xvii^ siècle, une pépinière d'hospitalières pour toute la
France.
En 1628, l'archevêque et les échevins de Bourges, alors ravagé
par la peste, s'adressent à l'Hôtel-Dieu pour avoir des religieuses
et autres « officiers » ; le Bureau envoie trois religieuses et un
chapelain (i).
En i63o, une sœur de l'Hôtel-Dieu devient supérieure de
l'hôpital de Loches, au diocèse de Tours (2).
En 1643, le duc et la duchesse de Longueville obtiennent du
Chapitre, grâce à l'appui de J.-F. Paul de Gondi, alors coadjuteur
de l'archevêque de Paris, l'envoi à Châteaudun, dont ils désiraient
réformer l'hôpital, de deux religieuses de l'Hôtel-Dieu « pour
recevoir et diriger les filles destinées au service des pauvres malades
dudit hôpital ». Les deux sœurs professes envoyées à Châteaudun,
par permission capitulaire du 2 octobre 1 643 (3), Geneviève Bouquet
et Marie Loré, qui avaient été précédées dans cette ville par Claude
Bouquet, chapelain de l'Hôtel-Dieu, restèrent d'ailleurs très peu
de temps dans le diocèse de Chartres, et furent rappelées peu après,
« les affaires et lieux dudict hôpital n'estant encore en estât ny
disposées, dit la lettre d'obédience du 4 novembre 1643 (4), tant
pour vostre réception et installation ny pour faire ledict establis-
sement à cause des difficultez et oppositions faites à l'exécution ».
A la suite de divers abus, des sœurs de la Charité de Saint-
Vincent furent, par accord du i" juillet 1654 (5), installées à
Châteaudun.
Ce sont encore des Parisiennes, ces trois augustines, sœurs
(i) Délib. 6 sept. 1628, reg. 14, fol. zgS ; délib. capit. 3i mars 1628, reg. 54, fol. 46.
(2) Délib. capit. 8 avril i63o, reg. 54, fol. 23i. Une nouvelle religieuse y fut envoyée
comme supérieure en i656. (Délib. capit. 21 juin i656, reg. 65, fol. 412.)
(3) Arch. nat., LL 192, fol. 499.
(4)Arch. nat., LL 196A, fol. 403.
(3) A. de Belfort, Arch. de la Maison-Dieu de Châteaudiai, introd. vàv Merlet, 1881,
in-8«, p. 33.
L ADMINISTRATION QI
Marie de Saint-François, Claude de Saini-Augustin et Alexis, qui
sont appelées à Thôpital de Poitiers en 1644 (O1 pour remplacer
la direction laïque installée depuis i63o, et à qui le contrat du
19 juillet 1644 assure une somme annuelle de 1.200 livres. Mais
les circonstances qui déterminèrent leur appel nous sont inconnues ;
nous savons seulement que, mal installées, elles partirent en
i658 (2), remplacées à leur tour par des laïques. Elles restèrent
d'ailleurs à Clermont, où, grâce à la protection de la reine mère,
elles avaient obtenu l'autorisation d'ouvrir un petit hôpital, rue
des Trois-Piliers.
A différentes reprises, THôtel-Dieu de Corbeil fut desservi par
les religieuses de l'Hôtel-Dieu de Paris. En i63o, c'est une
augustine de Paris qui est supérieure de la maison de Corbeil (3).
En 1671, l'hôpital est desservi par des religieuses venues de Paris,
et on songe même à unir les deux établissements. Le Bureau s'y
oppose sagement et fait revenir les sœurs, non sans une oppo-
sition opiniâtre de la part des habitants de Corbeil, qui ont retenu
deux des religieuses, avec « leurs meubles et hardes » (4).
D'autres villes encore demandèrent et obtinrent des religieuses
de l'Hôtel-Dieu, Nevers en 1664(5), Clermont en i665 (6), Tour-
nai en 1686 (7), sur la prière de Louvois.
D'autre part, les religieuses de province ou d'autres commu-
nautés parisiennes viennent faire leur apprentissage à l'Hôtel-Dieu.
Le Bureau accorde généralement cette permission pour 3 mois,
pendant lesquels elles apprennent à faire les pansements, la saignée,
et à « médicamenter » les malades. Il serait trop long de donner la
liste de toutes les mentions que nous avons relevées de ces envois
en apprentissage à l'Hôtel-Dieu, accordés sur la demande des
évéques ou des prieures. Il en vient surtout des diocèses limitro-
phes, Meaux, Noyon (8), Troyes (9), Amiens. Ce ne sont jamais
d'ailleurs que des permissions individuelles, exception faite en i636
(i) Bibl. mun. de Poitiers, cart. 52, 1348, et Biillon, Dict. des arrêts, t. III, p. G34.
Lettres pat. de nov. 1645, registrées 27 mars 1646, portant confirmation de l'établissement
de religieuses hospitalières de la communauté de l'H.-D. de Paris, dans les villes de Loches,
Chinon, Riom, Clermont et Poitiers.
(2) D'L. Delmas, Hist. de l'H.-D. de Poitiers; Paris-Poitiers, Oudin, 1891, in-8», p. 32.
(3) Délib. capit., reg. 54.
(4) Délib. 6 févr., 12 août 1671, et Dufour, Hôtel-Dieu de Corbeil. (Soc. hist. et archéol.
de Corbeil, XI° année, 190 5.)
(5) Délib. 3o avril 1664, reg. 32, fol. q5 v».
(6) Délib. 18 nov. i665, reg. 33, fol. 209 r°.
(7) Délib. 26 avril 1686, reg. 34, fol. 67 r» et délib. capit., 3 févr. 1686 et 10 déc. 1687.
Tournai était alors ville française depuis 1667 et ne fut restituée qu'au traité dUtrecht.
(8) Délib. 17 janv. 1629, reg. 14, fol. 326.
(9) Délib. II mai 1629, reg. 14, fol. 335.
L HOTRL-DIF.r AIT XVIie ET ATT XYIII" SIECLE
pour les religieuses de rhopiial de Montdidier, chassées de Picardie
par la guerre, en même temps qu'une partie de la population de la
ville, et qui sont recueillies provisoirement à THôtel-Dieu, grâce à
leur qualité' de sœurs de l'ordre de Saint- Augustin (i). La condition
d'avoir fait un stage à l'Hôtel-Dieu paraît même avoir été imposée
à certaines postulantes pour être reçues religieuses de chœur
gratuitement dans certains couvents (2). Nous trouvons enfin
quelques rares laïques qui obtiennent cette faveur, comme
Mlle Villot, fondatrice d'œuvres de charité dans la paroisse Sainte-
Marguerite, au faubourg Saint-Antoine (3j.
L'office des accouchées de son côté est une véritable école de
sages-femmes, la seule qu'il y ait dans tout le royaume. Cela
suffit pour expliquer sa réputation. Aussi bien, il n'est guère de
praticien connu, de passage à Paris, qui ne veuille y faire un stage.
Le Bureau a toutes les peines possibles pour résister à cet envahis-
sement, car les médecins étrangers mettent en œuvre les plus
hautes recommandations pour parvenir à leurs fins, parfois même
celle du roi, et finissent par obtenir gain de cause, alors que les
médecins français sont le plus souvent écartés. Ainsi, en i658 (4),
le médecin écossais Michel Young, et, en 1659 (5), le chirurgien
irlandais André Bechist obtiennent cette faveur.
Il y eut d'ailleurs tellement d'abus qu'au xviii'' siècle, dans tous
les règlements concernant l'office des accouchées, l'Hôtel-Dieu
édicté la fermeture de la salle aux médecins étrangers. Il résiste
en 1731 (6) au roi et à Maurepas qui recommandent Jacques
Payerne, chirurgien de la maison du roi d'Espagne, venu en
France pour se perfectionner dans la pratique des accouchements,
comme il avait résisté en 1721 à la duchesse douairière d'Orléans
demandant la même faveur pour Géal, ou en 1723 à M. de La
Vrillière pour un chirurgien du roi d'Angleterre. Cependant,
en 1725 (7), Maurepas avait recommandé Cruger, premier chirur-
(1) Délib. 3 sept. i636, reg. 17, fol. 94. V. de Beauvillé, Hist. de la ville de Montdidier;
Paris, 1857, 3 vol. in-4°.
(2) Cf. Permissions accordées au xviii" s. à des novices des annonciades célestes de
Saint-Denis (délib. 29 janv. 1737) ; carmélites de Croncels-lès-Tro)'es (délib. 19 févr. 1732) ;
couvent des Hautes-Bruyères (délib. 16 oct. i733); abb. d'Hières (délib. 12 mai 1762);
calvaire, rue de Vaugirard (délib. 20 mai 1743); annonciades célestes de Sens (délib.
10 mai 1733); abb. de Pont-aux-Dames (délib. 4 déc. 1744I ; ursulines de la rue Sainte-
Avoie (délib. 27 févr. 1750); dominicaines rue de Charonne (délib. 3i mars 1756); abb.
royale de Saint-Cyr (délib. 14 janv. 1737); abb. de Saint-Antoine (délib. 27 août 1745) ;
ursulines de Saint-Cloud (délib. 18 août 1741); d'Argenteuil (délib. 23 janv. 1734), etc.
(3) Délib. 23 févr. 1738, reg. 107, fol. 70.
(4) Délib. 16 juillet i6ig, reg. 26, fol, 160 v».
(3) Délib. 12 sept. 1639, reg. 27, fol. 3o v».
(6) Délib. 6 juin 1731, reg. 100, fol. 196.
(7) Délib. 7 mars 1725, reg. 94, fol. 63.
l'administration q3
gien du roi de Danemark, et on avait accepté de le recevoir, le
roi de Danemark insistant à cause du prochain accouchement de
la reine son épouse.
Cette faveur avait été encore accordée en 1716 (i) à Guillaume
Meitland, chirurgien écossais, recommandé par le duc d'Orléans ;
en 17 18 (2), à Anne-François de Lor, chirurgien du duc de
Lorraine ; à André Verne, chirurgien à Turin, envoyé par le roi et
la reine de Sicile; à Robert Junet, chirurgien écossais, tous recom-
mandés également par le duc d'Orléans, qui avait fait encore
admettre, en 1717 (3), J.-B. Balbis, chirurgien du prince de Cari-
gnan, protégé de la reine de Sicile. La durée de" ces permissions
était uniformément de trois mois.
Il arrive souvent à l'Hôtel-Dieu de soutenir de son autorité les
hôpitaux de province dans leurs difficultés ou leurs procès. Nous
le voyons en i658 promettre son appui aux administrateurs de
THôtel-Dieu d'Angers, alors en lutte contre les chanoines réguliers
qui veulent s'introduire dans l'administration de l'hôpital (4). En
1667, ce sont les religieuses de l'Hôiel-Dieu de Château-Thierry
qui s'adressent à lui pour demander de les soutenir contre les frères
hospitaliers de la Charité, qui réclament l'administration et le
« pansement» des hommes dans cet hôpital (5). En 1672, c'est
THôtel-Dieu de Sisteron qui prie le Bureau de vouloir bien charger
son procureur de prendre soin d'une instance le concernant, pen-
dante au Parlement de Paris, par appel du Châtelet, en offrant de
lui payer tous les frais (6).
D'autres fois, il s'agit simplement de renseignements adressés
sur certains détails d'administration ; Lyon demande des instruc-
tions pour la nourriture et l'entretien des enfants trouvés (7) ;
Soissons prend conseil pour lutter contre la peste (8) ; Rouen
sollicite communication des règlements pour s'en inspirer (9) ;
Saint-Quentin réclame un certificat constatant qu'à Paris l'Hôtel-
Dieu est exonéré de la taxe pour le nettoiement des boues, afin
(1) Délib. 3o déc. 1716, reg. 85, fol. 263.
(2) Délib. 20 mai 1718, reg. 87, fol. 70 v».
(3) Délib. I" sept. 1717, reg. 86, fol. 91 v.
(4) Délib. 10 juillet i658, i4Janv. et 3 déc. 1660, 12 août i66i. Voy. Béraud, l'Hôtel-Dieu
d'Angers, (Mé m. Soc. acad. de Maine-et-Loire, XI» vol., 1862, p. ii3), et Célestin Port,
Inventaire et chartricr de l'Hôp. Saint-Jean-d'Angers, p. 544.
(5) Délib. 20 mai 1667, et Fréd. Henriet, l'Hôtel-Dieu de Château-Thierry (Ann. Soc.
hist. Château-Thierry, 1896, p. 147).
(6) Délib. 5 févr. 1672. Voy. encore l'appel fait par les directeurs de l'Hôp. gén. de
Tulle en procès contre l'évêque pour l'entreiien des enfants trouves (délib. 1 1 janv. 1696).
(7) Délib. 19 mars 1659, reg. 26, fol. 55 r».
(8) Délib. 22 juin 1668, reg. 36. fol. i3o v».
(9) Délib. 26 févr. 1672, reg. 40, fol. 32.
94 l'hOTEL-DIF.U au XYII» et au XVIII'^ SIECLE
d'obtenir une décharge analogue (i) ; Tours veut des rensei-
gnements sur les enfants expose's dans la cathédrale (2).
Ecole de sages-femmes, école d'infirmières, religieuses sans
doute, — mais alors il n'y en avait point d'autres, — l'Hôtel-Dieu
fut tout cela pendant l'ancien régime, et c'est ce qui lui donne, mal-
gré son hygiène déplorable et sa mortalité eflfrayante, un relief que
nul autre établissement ne put se flatter d'égaler. Les administra-
teurs avaient conscience d'être à la tète, comme ils le répétaient
souvent dans leurs mémoires, d'un hôpital unique, dont la renom-
mée était universelle, et dépassait de beaucoup les limites du
royaume. Ils en tiraient d'ailleurs plus d'orgueil que de vanité.
Leurs attaches avec le gouvernement, avec tous les grands corps
du royaume, leur valaient un appui qui rendait encore plus effi-
caces leurs efforts pour conserver cette suprématie mondiale.
(i) Délib. 4 janv. 1673, reg. 41, fol. 4.
(2) Délib. 4 et 23 janv. 1675. Voy. encore Orléans (3 août 1671).
CHAPITRE II
LES REVENUS
L'Hôtel-Dieu et la royauté. — Principales sources de revenus : lo privilèges:
les pardons et quêtes, la boucherie de Carême, les lits de chanoines. —
2» DROITS ATTRIBUÉS : Ics saisies^ les amendes, les droits sur les vins
(1626-1690), les confiscations des biens des duellistes, les droits sur les
spectacles, les loteries. — 3» péage du pont au double. — 4° exemptions de
TAXES. — 5° DOMAINE. — 6° LEGS ET FONDATIONS: les fondations particulières.
LES BUDGETS : la luttc pour le monopole des libéralités, les crises financières,
les emprunts et rentes viagères, le budget de la charité à Paris à la fin
de l'ancien régime.
Nous avons vu quels étaient les rapports de l'administration
de THôtel-Dieu avec les grands corps constitués et avec le gouver-
nement. Il nous reste à envisager ses relations avec le pouvoir
protecteur par excellence, la royauté.
La charité a toujours été l'apanage particulier des rois (i), et le
soin du pauvre et du malade a fait partie dès les premiers temps
des prérogatives royales avant que fût organisée toute assistance
publique ou privée. La royauté, aux xvii« et xviii« siècles, ne s'est
pas départie envers les hôpitaux de cette politique bienfaisante, et
elle leur a renouvelé les privilèges accordés au cours des siècles
antérieurs.
L'Hôtel-Dieu de Paris en particulier se trouvait bien placé
pour ressentir les effets de cette sollicitude toute paternelle. Il
n'eut gardé de laisser tomber en désuétude les avantages octroyés,
(i) Le Bref, dans son Traité de la souveraineté des rois, paru en i632, revendique
pour le roi le privilège des grandes aumônes, « car bien qu'elles soient très louables en
toutes sortes de personnes, néanmoins celui qui les ferait au-dessus du Prince souverain se
rendrait suspect à l'Etat ».
96 l'hOTEL-DIEU Al- XVlie ET AU XVIII« SIECLE
et, à chaque changement de règne, il se fit renouveler par des lettres
patentes, dûment registrées en Parlement, les exemptions dont il
jouissait, non sans en obtenir quelques nouvelles. La protection
royale mettait également l'Hôtel-Dieu à l'abri de certains mouve-
ments de réforme. C'est ainsi que, sous le règne de Louis XIII,
il était resté en dehors de la sphère d'action de la « Chambre
de réformation des hôpitaux » (i).
L'histoire des rapports de la royauté et de l'Hôtel-Dieu tient
donc presque toute dans l'énumération de ces privilèges et exemp-
tions de droits que nous allons rapidement passer en revue.
C'est la première source importante, quoique indirecte, des revenus
PRIVILEGES
Nous sommes loin des temps où Philippe-Auguste faisait don
à l'Hôtel-Dieu de toutes les pailles et litières de sa maison de Paris,
toutes les fois qu'il en sortirait pour aller coucher ailleurs (2) ; où
saint Louis répondait aux ministres qui se plaignaient de ses
trop grandes charités env ers l'Hôtel-Dieu : 'c il est quelquefois
nécessaire que les rois excèdent un peu dans la dépense ; et s'il y a
de l'excès, j'aime mieux que ce soit en aumônes qu'en choses
superflues et de luxe (3) » ; où Charles le Bel lui accordait, à titre
perpétuel, le don fait par ses prédécesseurs de 200 charretées de
bois à prendre dans les forêts royales ; où le roi Jean lui concédait
la confiscation de la moitié du pain « qui ne seroit pas de poids »,
et les corps des pourceaux tués dans les rues de Paris. Mais si les
conditions de la vie sociale se sont transformées, les rois continuent
à considérer comme intangibles les privilèges accordés aux hôpi-
taux, et en particulier à l'hôpital par excellence, l'Hôtel-Dieu de
Paris.
Les exemptions ou les dons en nature sont devenus droits
et octrois de bienfaisance, mais toutes les lettres patentes rappel-
lent les anciennes prérogatives obtenues de la faveur royale.
En 1693, dans son mémoire à Louis XIV, daté du 5 avril 1693,
Colbert demand-e s'il doit exiger des hôpitaux, en particulier
(i) Du lYioins nous n'avons trouvé aucune indication à cet égard dans le carton Zi» lo
des Arch. nat., qui concerne l'œuvre de cette chambre de réformation, établie en 1612 (Ché-
ruel, Dict. des Institutions; Paris, 1S84, 2 vol. in-12, t. I, p. 554), et il n'y est faitnulle part
allusion dans les délibérations du Bureau.
(2) Regl. II. -D., I, i3, lettres pat. de mars 1208, confirmées par ordre de Jean II en i358.
(3) Rondonneau, o. c, p. 3o.
LES REVENUS
de rHôtel-Dieu et de THôpital général, le payement des taxes
établies sur les propriétaires de maisons bâties dans les faubourgs
de Paris malgré les ordonnances, et le roi écrit en marge, dans
sa réponse datée de Nancy, le 8 août suivant : « Mon intention
est qu'on remette aux hospitaux dont vous me parlez la taxe qu'on
a faite ; dites-leur plus tost que plus tard pour qu'ils m'en ayent
obligation (i). » Quand il s'agit des hôpitaux, les sévérités du
terrible ministre s'arrêtent devant la bienveillance royale. Les
requêtes des administrateurs sont examinées sur-le-champ, et,
lorsque le déficit des finances ne permet pas de leur donner
entière satisfaction, ils obtiennent, nous le verrons, à force d'insis-
tance, de sérieuses concessions.
Ces dispositions favorables furent encore accrues, à la fin de
l'ancien régime, par la politique « charitable » des Turgot (2) et
des Necker (3) qui considéraient l'assistance comme un devoir
d'État et engagèrent le gouvernement dans une série de mesures
reprises ensuite par la Révolution et le xix*= siècle.
LES PARDONS ET QUÊTES
L'un des premiers et des plus anciens privilèges royaux dont
bénéficiait l'Hotel-Dieu était celui des pardons et des. quêtes qui
s'étendaient non seulement sur Paris, mais sur tout le royaume.
Un règlement pour les quêtes avait été fait par Louis XIII
en 16 14. Elles formaient encore à cette époque, comme au
xvi'' siècle, une part importante du revenu casuel de l'Hotel-Dieu.
Mais, malgré les efforts des administrateurs pour maintenir cette
source de recettes, elle va bientôt se tarir. Les quêtes faites dans
divers diocèses par les agents de l'Hôtel-Dieu rapportent encore
4.500 livres en 1640, mais n'en produisent plus que 3. 000 en
i65i, et 2.800 en i663 (4). Les quêtes faites dans les églises de
Paris rapportent à peine 2.000 livres au milieu du xvii-^ siècle (5).
La recette la plus importante provenait des sept pardons, qui
avaient lieu le jour de la Circoncision, le premier dimanche de
(1) Colbert, Mém., lettres et corresp., éd. Clément, 8 vol. in-S», t. II [Finances], ccxxxvi.
(2) Turgot, encore intendant, écrivait en 1770 : « Le soulagement des hommes qui
souffrent est le devoir de tous, et toutes les autorités se réuniront pour y concourir. »
(3) « C'est au Gouvernement de faire, pour [la] classe nombreuse et déshéritée, tout ce
que l'ordre et la justice lui permettent l'administration saura découvrir les devoirs de la
société envers l'infortURe dans la distribution des impôts, dans l'établissement des
travaux publics dans toutes les dispositions propres à prévenir la misère et la mendicité
qui marche à la suite. » (Necker, Administr . des finances, éd. de 1784, in-8», III, 162.)
(4) Rondonneau, o. c.,p. 117.
(5) En 1640, 1.750 l.;en i65i,i .800 I.
l'hOTEL-DIKU au XVII« et au XVIIie SIECLE
Carcme, le dimanche de la Passion, le jour de Pâques, de l'Assomp-
tion, de la Notre-Dame de septembre et le jour de Noël, Cette
recette s'élève à io.5oo livres en 1540, i5.ooo en i65i, 21.000
en i663.
Les pardons ne vont pas sans frais ; il faut payer l'imprimeur,
le tapissier de Notre-Dame, le sonneur de cloches, la décoration
de l'établissement (i). En province, il faut entretenir des agents,
souvent obligés d'engager des poursuites et des procès.
Dès le xvr'= siècle, l'Hôtel-Dieu dut adresser des plaintes au
Parlement, en présence de l'opposiiion qu'il trouvait dans certains
diocèses pour la publication de ses pardons. Il obtint un arrêt du
6 septembre i543 (2), requérant « aux arcevêques, evêques, doyens,
chanoines, chapitres et curés de ce dit notre royaume, leurs vicaires,
secrétaires, officiers, et à tous autres qu'il appartiendra, de permettre
libère et gratis auxdiis commis et quêteurs de l'Hôtel-Dieu de
publier ou faire publier leurs pardons et indulgences selon la
forme de leurs bulles, faire leurs quêtes et mettre troncs ou
boiietes es églises pour recevoir les aumônes.., en leur faisant
inhibitions et detîenses... de ne prendre ne exiger aucune chose
pour lesdites permissions ou placets, directement ou indirecte-
ment, en quelque manière que ce soit ». Un arrêt ultérieur du
9 juillet 1545 permit même au procureur général de faire informer
à sa requête de ce qui a été fait à cet égard, ce qui laisse supposer
que plusieurs diocèses continuaient à exiger une contribution
pour l'apposition des « placets » de l'Hôtel-Dieu (3).
L'Hôtel-Dieu voulait faire le trust de la bienfaisance. En iSSy,
ayant appris que les pauvres de Paris avaient obtenu un pardon
pour le jour de Noël, il s'empresse de présenter une requête au
Parlement qui ordonne (4) que les pardons de l'Hôtel-Dieu de Paris
'( seront quêtes le jour et fête de Noël, sans qu'aucuns autres
pauvres de la Ville de Paris puissent faire quêter le même jour,
et sauf à eux à se pourvoir pour leur être distribué un autre
(i) Cf.Arch. A. P., comptes de iSyS, i58o, i586. Les joursdo pardon et de jubilé, le roiet
)a reine ne dédaignaient pas de venir à l'H . -D., où Ion baisait les reliques ; ils laissaient
après leur visite une forte aumône; en 1669, Louis XIV qui a visité l'établissement fait
porter 5oo louis d'or par son premier aumônier, et )a reine 40 louis. (Délib. 24 avril 1669,
reg. 37, fol. 87 yo.)
(2) Réi,-l. H.-D., I, 97.
(3) Plusieurs de ces placards ont e'té retrouvés et même reproduits. A ceux qui ont été
énumérés par Coyecque, o. c, I, p. 142-144 et BgS, on peut ajouter celui qui a servi au
.Mont-Saint-Micliel, daté de i533, signalé dans une notice du Bull, de la Soc. des antiq. de
Xormandie, t.XVIU, 1898, p. 402-415, et reproduit dans lc7i«//. de la Soc. de l'/ust. de Paris.,
t. XXXII, 1905, 107. Un autre de i5ii, signalé dans les .Uf'w. t^e la Soc. d'archéol. lorraine,
i883, et publié également dans le Bull, de l'Iiisl. de Paris, XV, 97, etc.
(4) Régi. H.-D., I, 117, arrêt du 18 déc. 1537.
i.i s ri-,vi:ni's gq
jour ». Bien plus, en i559 (Oi ^^ obtient un nouvel arrêt portant
défenses « à tous prélats du ressort [du Parlement] et à leurs
vicaires, secrétaires, commis ou députés, de bailler permission de
faire quêtes et publications de pardons [dans leurs diocèses] six
semaines avant et six semaines après leâ jours destinez pour la
publication des pardons de l'Hôtel-Dieu ».
La protection du roi s'ajoutait à celle du Parlement. Dans un
« mandement et déclaration « du 19 février iSgS (2), Henri IV
recommande « à tous les archevêques, évêques, abbés, abbesses,
prieurs, prieures, doyens, chanoines, chapitres, curés, vicaires,
chapelains, marguilliers, fabriciens et autres gens ayant charges es
églises, ainsi qu'aux lieutenants, maréchaux, baillis, gouverneurs,
prévôts, sénéchaux, capitaines, gardes des ponts, passages, juri-
dictions, destrois, etc., de recevoir benignement et gratieuse-
ment les messagers, clelxs et procureurs de l'Hôtel-Dieu qui s'en
vont en toutes villes, villages, pays, terres et seigneureries.
annoncer, divulguer et déclarer les pardons, rémissions et indul-
gences de l'Hôtel-Dieu «. La sauvegarde royale n'était pas inutile
dans cette période de troubles et de guerres, dont le royaume
venait d'être secoué, et qui se maintenaient encore dans certaines
contrées.
Les messagers de l'Hôtel-Dieu avaient également le droit de
mettre des troncs dans toutes les églises du royaume, de faire
saisir le revenu temporel des évêques qui auraient provoqué des
empêchements (3).
L'Hôtel-Dieu était obligé de faire renouveler à chaque chan-
gement de règne, et par les nouveaux papes, ses privilèges
louchant les pardons et indulgences; aussi trouvons-nous de nom-
breuses lettres patentes confirmatives de ces droits (4). Les évêques
profitaient d'un changement de titulaire à la papauté pour contes-
ter la valeur des bulles octroyées par ses prédécesseurs.
Il se faisait à Paris dans toutes les églises, paroisses et cou-
vents, les dimanches et fêtes, des quêtes en faveur de l'Hôtel-Dieu
par des dames, choisies par les marguilliers, qui en devaient
remettre le produit, tous les trois mois, au receveur (5) ; enfin des
il) Règl. II. -D., l, 121, arrct du 18 sept. i^tq.
(2) Règl. H.-D., 1, 201, lettre de déclaration du 2 oct. i6o3 et bulle de Clément VUI,
datée des calendes de déc. 1601.
(3) Règl. H.-D., I, 243,441, lettres de Louis XIII, i3 février 1614, de Louis XIV,
12 février i652, adressées au.\ Parlements de Paris, Toulouse, Rouen, Bordeaux, Ai.\,
Dijon, Rennes, Grenoble, Pau et Metz.
(4) Règl. H.-D., passim, lettres patentes, juill. i6^G, 12 févr. i652, 12 févr. 170.1,
3o mars 1706, i3 sept. 1709, mai 1720.
(3) Règl. H.-D., passim, arrêts 19 déc. i556, 5 mars 1602, 28 juin 1604, 10 et 16 juin i623
23 déc. i65o, \'i mars i655, etc.
'hotel-dikii au xvn« et au xviii" siècle
quêtes exceptionnelles à domicile en cas de disette ou de calamité,
comme en i63i (i) pour faire face aux. dépenses de la maison
obérée par de nouvelles constructions, ou en i636, en présence de
la « contagion » (2). On recevait aussi bien les deniers que les draps
et linges pour panser les « navrés » et ensevelir les morts. Ces
quêtes à domicile étaient désignées sous le vocable de « levée
volontaire par forme d'aumône ».
Comme pour les pardons, l'Hôtel-Dieu essayait de garder le
monopole des quêtes. Ainsi, à la suite d'un différend avec
rhôpital de la Charité, évoqué devant le bailli de Troyes, il obtint
un arrêt du 12 mars i633 faisant défenses « aux pauvres religieux,
prieur et couvent de l'hôpital Saint-Jean-Baptiste de l'ordre de la
Charité », de faire publier « indulgences et pardons, placer troncs
ni faire quêtes les jours de Pâques et Noël en aucune église hors
la Ville de Paris ».
LA BOUCHERIE DE CARÊME
Une autre coutume ecclésiastique fut pour l'Hôtel-Dieu une
source assez importante de revenus, du moins jusqu'au xviii^ siècle.
De tout temps l'Eglise avait jugé à propos d'adoucir les rigueurs
édictées en temps de Carême et de permettre, sous certaines
conditions, l'usage de la viande. « On choisit pour cela », dit Dela-
mare (3) « en chaque ville, un ou plusieurs bouchers, selon son
étendue, à qui l'on permet de faire un commerce de nécessité....
Cela se pratiquait à Paris, comme ailleurs, autrefois ; mais la
difficulté d'avoir l'inspection sur les bouchers d'une aussi grande
ville, pour les empêcher d'abuser de cette permission, fit prendre
le party d'en fixer le débit dans un seul lieu pour toute la Ville.
L'Hôtel-Dieu, où le besoin de la viande en Carême doit être plus
grand qu'en aucun lieu, fut choisi pour cela (4). »
C'est un arrêt du Parlement du 2 mars iS/S qui « fit défenses à
tous bouchers, rôtisseurs, vivandiers, hôteliers, cabaretiers et à
toutes autres personnes, de vendre, débiter et donner à manger
(i) Règl. H.-D., I, 327, arrêt du Parlement, 23 déc. i636.
(2) Règl. H.-D., I, 297, arrêt du Parlement, 3 févr. i63i, les2'3 de la levée de i63i
étaient pour l'H.-D., l'autre tiers pour les hôpitaux des pauvres enfermés.
(3) Traité de la police, t. I, p. 337.
(4) On retrouve ce privilège à \'\iôxe\-ï>\&a à' kngers (CoWtt, Edifices hospitaliers...;
Paris, 1892, in-fol., p. 134), à celui de Meulan {Notice hist. sur la corporation des niattres
bouchers de Meulan; Meulan, 1889, in-i2, p. 12), à l'Hôtel-Dieu et à l'Hôpital général de
Clermont-Ferrand, à partir de 1773 (J. Coiffier, l'Ass. publ. dans la généralité de Riom au
XVIII* s.; Clermont-Ferrand, 1905, in-S", p. 189), à Riom, en 1720 (Grasset, Hôpitaux de
Riom, p. 58) ; à Brioude, au cours duxviii» s. (.Arch. dép. Puy-de-Dôme, inv., série C, 952), etc.
Voy. aussi Perret, Recherches sur l'anc. boucherie de l'hôp. de Lyon; Lyon, 1860, in-8°,.
45 p.
I.KS REVENUS
pendant le Carême, aucune viande de boucherie, volaille, ni gibier,
à peine, pour chaque contravention de loo livres parisis d'amende,
bannissement et punition corporelle. Défend sous les mêmes peines
aux habitans des villes et villages des environs de Paris d'y
envoyer, ou d'y en apporter. Permet néanmoins aux personnes qui
se trouveront malades pendant le Carême, après qu'elles en auront
obtenu permission, d'envoyer quérir de la viande à la boucherie
de THôtel-Dieu, laquelle se tiendra au parvis de Notre-Dame, et
non ailleurs. Enjoint au boucher de l'Hôtel-Dieu de la tenir garnie
de bonne viande de toutes sortes pour le secours des malades, la
vendre à prix raisonnable à ceux qui auront permission d'en
manger, faire registre de la quantité et du prix de la chair qu'il
vendra aux malades, ensemble de leurs noms et demeures, sur
peine d'amende arbitraire (i). « Un autre arrêt du 5 février iSgS
contient les mêmes dispositions. La permission dont il est parlé
devait être donnée en principe par l'évêque de Paris (2).
Quelques jours avant le Carême, le Parlement prenait un arrêt
réglant la police et la discipline qui devaient s'observer à la bou-
cherie de l'Hôtel-Dieu, et fixant le prix de la viande (3). Puis le
roi rendait une ordonnance qui donnait entrée à un « officier de
robe courte » avec « ses archers » dans tous les lieux de la ville et
faubourgs de Paris, pour faire des visites, saisir la viande, et, « selon
la qualité des personnes », emprisonner les contrevenants.
On conçoit aisément en effet à quels subterfuges pouvait prêter
pareille défense dans une ville comme Paris, et combien il était
difficile de dépister les fraudeurs. Une ordonnance de police du
i" mars i65g dut étendre l'interdiction jusqu'à Charenton, « où
les libertins et les débauchez allaient manger de la viande » (4).
A Charenton, en effet, où les protestants avaient leur temple, les
prescriptions en vigueur n'étaient pas observées. Delamare note
même le contre-coup de la révocation de l'édit de Nantes sur
la vente de la viande. Il constate que le jour de Pâques i685
Taffluence était beaucoup moindre à Charenton que les années
précédentes, et il ajoute : « Les P. R. disent que cette diminution
(i) Arch. A. P., fonds nouveau de l'H.-D., registres pour les années 1746 à 1792.
(2) Selon les prescriptions de l'Église, les conditions normales pour obtenir la dispense
ctaient : la maladie, la faiblesse, la vieillesse, la nécessité. Ceux qui l'obtenaient devaient
remplacer l'abstinence par les dons dont le produit devait appartenir à l'Eglise. (Cf. Tho-
niassin, Discipline...; Paris, i685, 2 vol. in-12.)
(3) Le prix de la taxe était affiché dans tout Paris, avec les différents arrêts portant
l'interdiction de la vente. Voy. plusieurs de ces affiches dans le Recueil des affiches des jurés-
crieurs. (Bibl. nat., F 4S-â2.)
(4) E.-H. Vollet, art. Boucherie de la Grande Encyclopédie, prétend qu'un édit de Henri IV
iivait édicté la peine de mort contre les bouchers vendant de la viande en Carême, mais sans
citer la date; nous n'avons pu retrouver cet édit.
I.'hOTF.L-DIIîU au XVII<= et au XYIIP SIECLE
est causée par le nombre des familles qui se sont retirées ; celles
qui ont été converties y ont aussi un peu contribué, mais ils
n'aiment pas à faire cet aveu. L'on pourrait joindre à cette
remarque une observation qui a été faite cette année à l'Hôtel-Dieu
que Ton a vendu pendant le Carême un quart moins de viande que
la dernière année. Je me suis rendu certain de cet article par le
boucher même qui en a fait le débit (i). »
Il n'y avait pas que les protestants parmi les clients de THôtel-
ûieu. « Les religionnaires ayant la liberté de faire venir de la viande
de Charenton, il n'y a presque pas de catholique malade qui ne
profite de cette occasion ^^ avoue Nicolas Andry, dans son Traité
des alimens de Carême, où il estime à 37.000, en 171 3, le nombre
des personnes qui font gras (2). « Il fallait, il y -â 80 ans »,
dit-il, « porter à l'Hôtel-Dieu des attestations d'un curé et d'un
médecin (3), la nature de la maladie et la qualité de la viande qui y
convenait. C'était du veau quand il y avait de la fièvre, et du bœuf
quand il y avait cours du ventre. Car ce n'était que de la grosse
viande qui se permettait ou se débitait alors. L'usage de la volaille
était inconnu, bien différent de celui d'aujourd'hui qui fournit des
ressources aux impies et aux libertins qui trouvent pour de l'argent
de quoi satisfaire leur sensualité et leurs débauches. Car ils ont à
discrétion des perdrix, des bécasses, des faisans, des lapins, tous
mets qu'il est aussi rare et dangereux d'accorder à des infirmes. »
Notre auteur, fidèle gardien de la tradition, prêche — mais en
vain — l'abstinence de la viande.
C'est en vain également que l'on continue à édicter des peines
sévères contre les fraudeurs, par exemple d'après la déclaration du
I" avril 1726, mise au carcan pendant trois jours de marché,
prison pendant trois mois, amende de 3. 000 livres, dont le tiers au
dénonciateur et le reste à l'Hôtel-Dieu, déchéance de la maîtrise
pour les bouchers, rôtisseurs, cabaretiers, hôteliers, aubergistes,
perte de leurs privilèges, franchises et immunités pour les com-
munautés séculières et régulières, confiscation des marchandises et
des voitures au profit de l'Hôtel-Dieu, amendes diverses contre
les propriétaires des maisons où se fera la vente prohibée.
Les administrateurs avaient même, pour empêcher la fraude, le
(i) Bibl. nat., ms. fr. 7030, fol. 41, cité par O. Douen, la Révocation de l'Edil de Xantcs
a Paris; Paris, 3 vol. in-4», 1897, t. I, p. 16 1.
(2) Nicolas Andry, conseiller lecteur et professeur roïal, docteur régent de la Faculté de
médecine de Paris, etc., Traité des alimens de Carême; Paris, J.-B. Coignard, rue Saint-
Jacques, à la Bible d'or, 1713, 2 vol. in- 12. (Bibl. nat., T c 22 6.)
(3) Bibl. nat., ms. Clairambault 538, fol. 3. Lettre des docteurs de la Faculté de méde-
cine à messieurs les curés de Paris au sujet des dispenses de carême accordées parles curés
sans le visa de la Faculté (5 mars 1726) ; Paris, impr. P.-N. Lottin, 1726.
LES RICVENTS I03
droit de réquisition sur les officiers des troupes et des re'giments
des gardes françaises et suisses (i). Le lieutenant général de police
devait tenir la main à l'exécution des ordonnances. Il faisait
faire des perquisitions, notamment dans les hôtels des princes,
ambassadeurs, seigneurs de la cour, plus spécialement soupçonnés,
puis dans les auberges, hôtelleries, cabarets, non seulement de
Paris, mais de la banlieue, oui l'on allait pour faire bonne chère à
Charenton, à Charentonneau, à la Pissote, au château de Vin-
cennes, à Saint-Denis, à Saint-Cloud (2).
Le 18 mars 1729 (3), un brigadier ambulant des fermes du roi
vient « remontrer » au Bureau qu'il avait trouvé le 16 mars, près
de la barrière de Picpus, 5 soldats des gardes françaises,
chargés de plus de 100 livres de viande de boucherie, qu'il avait
essayé de les saisir, mais que ces derniers avaient passé la
barrière, qu'il les avait poursuivis avec les commis de sa brigade
et fait fermer la barrière de l'Annonciade par laquelle ils voulaient
se sauver ; ne pouvant plus fuir ils avaient mis l'épée à la main ;
les commis de leur côté s'étaient mis en défense, baïonnette au
fusil ; finalement un des soldats avait été blessé et porté à l'Hôtel-
Dieu où il mourut, et le directeur général des aides avait dû
faire une enquête à ce sujet.
L'année suivante (4), bagarre encore plus grave, du côté de la
Chapelle, entre plusieurs soldats du régiment des gardes françaises
et la brigade des fermes du quartier Saint-Martin ; les soldats
passaient en fraude 4 agneaux, et ne se gênèrent pas pour donner
des coups de sabre aux gardes des fermes. Mais deux jours après,
dans une échauffourée, à la Courtille, deux soldats étaient tués
par les brigadiers. L'Hôtel-Dieu vendait chèrement son privilège.
En 1732,1e Bureau s'émeut des fraudes qui se commettaient
à la maison de Scipion où on vendait publiquement de la viande
pendant le Carême; il adresse une plainte à M. Desvieux, admi-
nistrateur de l'Hôpital général, qui en réfère à l'un des 7 entrepre-
neurs de la fourniture des vivres (5) ; celui-ci répond qu'on tue
toutes les semaines à Scipion 4 bœufs, 4 veaux et 20 moutons qui
sont envoyés sur certificats des sœurs à la Salpêtrière, la Pitié,
Bicêtre, les Enfants-Rouges, le Saint-Esprit, les Enfants-Trouvés
(1) Regl. H.-D., III, 333, déclaration du roi perlant défenses de vendre de la volaille,
viande, gibier et œufs pendant le Carême, ailleurs que dans la boucherie de l'H.-D. sous
les peines y portées.
(2) Régi. H.-D., III, passim, ord. du 19 janv. 1743, de 174?, 1746, 1747, 1748, etc.
(3) Délib., reg. 98. fol. ii3.
(4) Uélib. 14 mars i73o, reg. 99, fol. 82.
(5) Délib. 29 févr. 1732, reg. ici, fol. 99. Us fournissaient la viande à l'Môp. gén. à
5 s. la livre, tandis que l'H.-D. la vendait 10 s.
I04
l/HOTFL-DIEr AU XVIie ET AU XVni<= SIECLE
de la rue Neuve-Notre-Dame et du faubourg Saint-Antoine, et
Sainte-Pélagie, qu'il ne peut y avoir fraude à Scipion que sur le
reliquat de viande qu'il offre de vendre à l'Hôtel-Dieu ; il consent
à ce que Ton mette des gardes aux portes de la maison, et même à
ce que des gardes conduisent la viande distribuée dans les établis-
sements de THôpital général ; il demande seulement, pour lui et ses
associés, la permission de prendre de la viande pour sa famille.
L'Hôtel-Dieu refuse cet accommodement et charge un ins-
pecteur de police (i) d'établir des gardes à Scipion aux endroits
convenables, de saisir la viande qui en sortirait, sauf celle qui serait
destinée aux établissements de l'Hôpital général (2).
La fourniture de la boucherie de Carême exigeait des achats
considérables. Dès le mois de janvier de chaque année, le Bureau
se préoccupait des adjudications nécessaires. Il achetait les bœufs
dans le Haut Limousin, les moutons dans les Flandres, les per-
dreaux, chapons et poulardes, ainsi que le beurre et les œufs, en
Normandie (31. Il fallait se munir de registres, de papier, de bro-
chettes, de cages et claies pour la volaille, acheter les grains
et l'orge pour la nourrir et l'engraisser, payer le bouvier chargé de
« l'aménage » des moutons et des bœufs, solder les frais d'affi-
ches (4), donner des gratifications aux sergents du guet à pied
qui avaient fait des saisies de viande, à l'exempt et à sa brigade,
qui avaient fait des visites pour empêcher les fraudes.
Les archers préposés à l'exécution du privilège de THôtel-Dieu
allaient quelquefois si loin dans la répression que le Bureau était
obligé de les rappeler à l'ordre, et de les avertir « d'estre plus
retenus dans leurs fonctions et d'avoir égard à la qualité des
personnes » (5).
L'Hôtel-Dieu, d'ailleurs, récompensait les services qu'on lui
rendait en accordant gratuitement de la viande de Carême, par
exemple aux Récollets, voisins de Saint-Louis, et aux Capucins,
voisins de Sainte-Anne, qui allaient confesser les malades de ces
hôpitaux quand ils étaient ouverts.
(i) L'H.-D. venait justement d'obtenir du lieutenant général de police un 2" exempt
pour les recherches et saisies. (Délib. 29 févr. 1732.)
(2) Délib. 4 mars 1732, reg. loi, fol. 109.
(3) Cf. marché avec Laurent Cliaillon, marchand poulailler à Falaise. (Délib. 26 avril
1686, reg. 54, fol. 63 v.) L'H.-D. achetait également du lard, de la graisse, etc. 11 y avait
une foire du lard, le mercredi saint, au parvis; c'est pour cela, croit-on, que l'on appelait
« Grand Jeûneur » la statue qui se trouvait entre la fontaine du parvis et la porte de l'H.-D.,
parce qu'il était seul à ne pas prendre sa part aux victuailles. Cf. Suite de la révélation, ou
le second oracle rendu par le Jeûneur du parvis Notre-Dame ; 1649, in-4°-
(4) En 1686, l'avance consentie à Thomas Kiechler, commis da la dépense à l'H.-D. pour
la boucherie de Carême, est de 1.200 1.
(5) Délib. 20 mars 1686, reg. 64, fol. 43 r«.
LES R F VENTS lO?
Les saisies de viande avaient lieu principalement aux
anciennes barrières Saint-Martin, Saint-Germain, Saint-Antoine,
Gaillon, du Trône, ou bien étaient effectuées aux « brigades »
des faubourgs, de la Courtille, de Saint-Marcel, et même de
Bourg-la-Reine.
L'hôpital des Incurables lui-même avait besoin d'un « passe-
port » délivré par les administrateurs pour faire venir de ses
fermes, et entrer par la porte Saint- Victor 4 veaux chaque semaine
de Carême (i).
Comme bien on pense, les fraudeurs ne se trouvaient pas
seulement dans le peuple, mais chez les grands, surtout chez eux.
Ne voit-on pas des gentilshommes, comme le marquis de
Bellefond, le prince d'Harcourt, passer eux-mêmes de la viande
en contrebande dans leur carrosse ? des rôtisseries établies,
-au mépris des ordonnances, chez le prince de Talmont, les ducs
d'Uzès, de la Trémouille, de Rohan, d'Humières, à l'hôtel de
Soissons, à l'hôtel Soubise, à l'hôtel de Nevers, et jusque dans
les maisons du roi, ou louées pour le logement de ses officiers,
auxchâteaux deVincennes, de Madrid, de la Muette, aux Tuileries,
au Luxembourg, au Palais-Royal (2) ?
Le !'''■ mars i656, le Bureau décide d'aller en corps au Louvre
« supplier très humblement la Royne d'user de son authorité
comme elle a fait les années passées pour empescher qu'on tienne
boucherie dans les maisons des princes, seigneurs et ambassadeurs
pendant ce caresme, attendu le préjudice que les pauvres soufri-
roient estans à leurs dépens que la boucherie se tiendra cette année,
et a esté arresté que l'on présentera à la Royne un mémoire des
maisons où ces boucheries défendues ont accoustumé d'être
tenues ». Les fraudeurs étaient donc bien connus (3), mais tous ne se
prêtaient pas de bonne grâce aux enquêtes et aux visites, entre
autres la duchesse de Berry, qui fit écrire par le comte de Somery
aux administrateurs que, « si quelqu'un a l'insolence de venir visi-
ter chez elle, il n'en sortyra que par les fenêtres ».
(i) Délib. 22 févr. 1686. La même année, les sœurs hospitalières de la place Royale
obtiennent un passeport pour faire entrer par la porte Saint-Antoine, les lundi, mercredi
et samedi, 3o 1. de bœuf, un demi-veau, 2 moutons et 2 volailles. (Délib. 20 févr., reg. 54,
fol. 29 r».)
(2) Un nommé Gardy est condamné à être attaché au carcan devant le Grand-Châtelet,
le 28 avril lôSg, avec une fressure de veau pendue au col, pour avoir vendu de la viande
publiquement pendant le Carême, dans une loge située dans l'enclos du jardin des Tui-
leries. Une pauvre femme, en 1686, prisonnière depuis trois mois pour avoir apporté un
quartier de veau, demande sa liberté et on la renvoie à M. de La Reynie. (Délib. 27 mars
1686, reg. 54, fol. 46 v«.)
(3) Bibl. nat,, Joly de Fleury, 1212, fol. 63, signale particulièrement une boucherie
de la rue des Fossés-Montmartre et une boucherie de la rue du Cherche-Midi, où la con-
trebande était facile à cause de réloignemcnt des quartiers.
l'hOTFL-DIEU au XVIIc et Al- XVII
C'est à peu pris le sort que subirent, le i 3 mars 1 656, les archers
du lieutenant criminel qui s'étaient rendus à l'hôtel de Guise pour
empêcher la vente qui s'y faisait. Le 26 mars 1707, il y eut même
au faubourg Saint-Germain une rébellion assez sérieuse contre
l'exempt et les archers préposés aux fraudes, de plus en plus nom-
breuses au xviii" siècle, et que ne peuvent empêcher, ni la sévérité
des ordonnances ni le zèle des administrateurs ; aussi le revenu
diminue d'année en année.
Nombreux étaient cependant les clients de l'Hôtel-Dieu. En
1695, nous trouvons, entre autres, Dubois, prévôt des marchands,
de July, maître des comptes, de Bonneuil, introducteur des
ambassadeurs, Le Camus, premier président de la Cour des aides,
Nicolaï, premier président de la Cour des comptes, les « pour-
voyeurs » de « Madame », de a Mff"" le Prince » de Madame la
duchesse d'Orléans, de Madame de Nemours, de M. de Lorraine,
et du roi lui-même,, qui ne consomme cependant que 204 livres de
volailles pendant tout le Carême, tandis que M. le Prince
en achète 1.086 livres. Ne faut-il pas fournir également pour
leurs malades les nombreuses communautés plus ou moins
hospitalières de la capitale, et les « charités » des paroisses ?
Une seule boucherie, même en temps de Carême, ne pouvait
guère suffire; aussi le Parlement dut autoriser plusieurs bouche-
ries à débiter de la viande, mais pour le compte de THôtel-Dieu
et tout en maintenant son privilège.
Ces boucheries autorisées et tenues par ses préposés
étaient celles du faubourg Saint-Germain, près de l'Abbaye,
de la vieille porte Saint-Honoré, du Marais du Temple, et
de Beauvais (i). Les locataires devaient en donner les clefs à
l'un des administrateurs, le premier jour du Carême, au matin,
sans prétendre aucun loyer. La viande ne devait être délivrée
que sur certificat du médecin et permission du pénitencier du
Chapitre ou du curé de la paroisse des malades. 11 y avait des
accommodements nombreux ; les listes des clients qui nous
ont été conservées sont significatives à cet égard (2).
(i) Arrêt 2 janv. 1704, reproduit par Delamare, o. c, p. 338. La boucherie de Beauvais
se trouvait cul-de-sac au Lard, et rue Lenoir-Saint-Honoré (auj. des Bourdonnais). Cf.
Lazard, Arch. Seine, Fonds des Domaines; Paris, 1904, in-8°, p. 20. Origine, mémoire, liqui-
dation (1636-1840, 506-930). On ajouta au xviii" siècle à ces boucheries autprisées celles du
cimetière Saint-Jean, de la Halle, du faubourg Saint-Antoine, du château des Tuileries,
puis du marché d'Aguesseau, faubourg Saint-Honoré. L'H.-D. en refusa une aux habitants
de Vaugirard qui avaient fait une pétition (Délib. 21 janv. 1761, reg. i3o, fol. 36) et à ceux
de Chaillot. (Délib. 12 févr. 1749, reg. 118, fol. 44.)
(2) A. Mesureur et M. Fosseyeux, Add. au fonds de l'H.-D., p. 3i. 35, 37. La marquise
de Sabran au xviii» siècle doit pour 140 1. de viande; or, elle a pour 140.000 I. de dettes,.
et 1.200 1. seulement d'actif. (Délib. i3 juill. 1768, reg. 137, fol. 2i3.i
L'usage des œufs était défendu ainsi que celui de la viande.
Comme les fruitiers et regrattiers ne laissaient pas d'en vendre:
tous les ans une ordonnance de police (i) en interdisait le
débit dans les boutiques et marchés, et enjoignait aux mar-
chands forains de porter leurs provisions à THùtel-Dieu, sous
peine de confiscation et d'amende.
Les prix de vente, au milieu du xvii'' siècle, étaient les suivants :
veau, mouton et bœuf, 7 sous la livre (2) ; chapon, 3o sous ;
poule, 20 sous ; poulet, i5 sous; pigeonneau, 6 sous ;
volaille, 10 sous (3). De plus, le boucher de l'Hôtel-Dieu qui
acceptait ces prix s'engageait à fournir toute l'année de la viande
à la maison au prix de 4 sous moins un liard, et à lui donner gra-
tuitement, pendant le Carême, 36 volailles par jour. Au xviif siècle,
les prix étaient sensiblement augmentés. La viande était taxée à
10 sous la livre en 1732, à 9 sous en 1733 (4, à 8 sous
en 1734; elle resta taxée à ce prix jusqu'à la suppression de la
boucherie de Carême.
En 1717, on a consommé, du jeudi 1 1 février au jeudi 25 mars,
un total de 324 bœufs, 1.669 moutons, 2.004 veaux pour la bou-
cherie de l'Hôtel-Dieu ; 196 bœufs, 1.026 moutons, 1.199 veaux,
pour celle de Beauvais ; 90 bœufs, 490 moutons, 519 veaux, pour
la boucherie Saint-Honoré ; 11 1 bœufs, 570 moutons, 660 veaux^
pour la boucherie Saint-Germain ; 98 bœufs, 507 moutons,
595 veaux, pour la boucherie du Marais.
La comptabilité était très compliquée. Il y avait des états de
récapitulation pour chaque boucherie, des états pour les « abattis »,
pour l'achat des chevaux, pailles, avoines, tombereaux, harnais
et autres dépenses pour les «équipages», l'achat d'étaux et d'us-
tensiles, la consommation de bois et de chandelles, tant aux
boucheries qu'aux fondoirs, le blanchissage et le « dépérissement v
du linge.
Le personnel qui s'occupe de la boucherie de Carême devient
de plus en plus nombreux. Sans compter l'inspecteur de police
et l'exempt, chargés de la recherche et de la confiscation des
viandes vendues frauduleusement, il y, a tous les garçons
embauchés pour les différents travaux préparatoires, jusqu'au
moment où la viande est apportée dans les étaux ; Chamousset
estime leur nombre à 24, au salaire de 3o livres, nourris pen-
(1) Delamare, o. c, p. 33g, cite celle du i3 fcvr. 1698, signée par de Voyer d'Argenson.
(2) On entendait ainsi le bœuf, le veau et le mouton pesés ensemble et par tiers.
(?) Affiches des jurés-crieitrs, t. I, carême do i6m (26 fcvr. i65i). Bibl. nat., F iS-iî'-.
(^) Id., affiche du 14 févr. 1733.
io8
l'hOTF.L-DIEU au XVII* ET AU XVIII* SIECLE
dant 35 jours, et d'ailleurs, selon lui, pour la plupart incapa-
bles, et ne sachant pas leur métier (i).
Le be'ne'fice se maintint jusqu'en 1770, c'est-à-dire tant que le
prix de vente fut supérieur au prix de revient ; il est d'ailleurs assez
variable, comme on peut s'en rendre compte par le tableau sui-
vant (2]:
Années
Bénéfice (en livres)
Prix de revient (par livre)
Taxe
1752
19.167
7 S. 2
8 s.
1753
79.118
6 9
»
1754
43.656
7 4
»
1755
55.417
7 5
)>
1756
137.639
6 8
»
1757
80.348
7 4
»
1758
108. 3io
7 -
»
1739
92.879
7 2
»
1760
77-487
7 5
»
1761
121.460
6 11
»
1762
151.692
6 9
»
1763
126.243
6 1 1
»
1764
116. 5ii
7 I
»
1765
162.352
6 8
),
1766
76.546
7 7
»
1767
9.690
7 II
).
1768
44.83q
7 10
»
1769
788
8 r
»
En 1770 et 177 1, le prix de revient augmente ; il est de 9 s. 4
et 9 s. 6. Le prix de vente reste taxé à 8 sous; aussi le déficit se
chiffre, la f^ année, à 1 55.552 livres, la 2% à 158.094; la consom-
.mation était alors considérable ; au lieu de 1.984 bœufs débités en
1752, on en consommait 3.856 en 1771 ; la consommation des
veaux était montée de 4.160 à 4.222, et celle des moutons de 5.638
à 12.405.
L'Hôtel-Dieu dut recourir à son fonds de réserve pour couvrir
•ce déficit, mais la situation ne pouvait se prolonger. D'autre part,
le lieutenant de police n'osait pas élever le prix de la taxe, à cause
de la cherté des autres denrées, du blé notamment, et aussi « de
(i) Œuvres complètes; Paris, 1783, in-8°, t. IV, p. 357 et sqq. Les chiffres donnés par
lui dans son mémoire au ministre ont trait à une époque antérieure à sa publication. 11
proposait dans son plan de réforme de diviser ces garçons en 7 bandes, une bande de 6
pour fondre les graisses et le suif, dont 2 à 20 écus et les autres à 40 1., puis 6 autres
bandes de 4 hommes pour les autres opérations, avec un chef à 60 1., un second à 5o 1.,
un 3' à 40 1., un 40 à 3o 1., soit un total de 1.400 1. plus la nourriture, estimée à i.o5o ].,
•en tout 2.450 1. pour la dépense du personnel qui, avec son système, revenait à l'H.-D. à 5. 2 00 1.
(2) Bibl. nat., Joly de Fleury, 12 10, fol. 390.
.ES REVENUS
la fcrmentaiioli que les circonstances occasionnoient dans cette
grande ville» (i) ; on craignait de mécontenter le peuple et de
provoquer des soulèvements.
Comme, d'autre part, la répression de la fraude devenait de
plus en plus difficile, pour ne pas dire impossible, il fallut aviser,
et Turgot fit supprimer le privilège par la déclaration royale du
25 décembre 1774, registrée au Parlement le 10 janvier 1775 (2L
On reconnaît dans les « considérants » qu'il est devenu plus oné-
reux que profitable à l'Hôtel-Dieu, et « qu'il n'est pas moins préju-
diciable au public par les abus qui en résultent nécessairement,
par les fraudes multiples à la faveur desquelles on est parvenu à en
éluder l'effet». Le commerce et l'entrée des viandes, gibier et vo-
lailles dans la ville, faubourgs et banlieue de Paris étaient déclarés
libres. Il était établi, à cet etïet, un marché à Sceaux, un marché à
la Halle pour les veaux et différents marchés pour la volaille.
L'Hôtel-Dieu recevait, comme compensation, une indemnité an-
nuelle de 5o.ooo livres sur la caisse de Poissy (3), payable le
I" mai par l'adjudicataire des fermes générales.
Mercier pouvait écrire dans son Tableau de Paris (4) : « Les
boucheries sont ouvertes en plein carême, tant à l'usage des protes-
tants et des malades, que de tous ceux enfin qui veulent faire gras.
Il est vrai que le bigot en passant y jette des yeux courroucés, et
qu'en rentrant chez lui, il crie contre ce scandale ; mais heureuse-
ment que l'administration a senti qu'il convenoit de laisser à
chaque estomac et à chaque conscience la liberté du gras ou du
maigre. Les curés des paroisses se prêtent eux-mêmes facilement à
la dispense. On remplace l'abstinence par une légère aumône, et
tout le monde s'en trouve mieux.
« Où est le temps où l'on étoit obligé, lorsqu'on vouloit envoyer
un bouillon à un malade, de le cacher dans une boite à perruque ?
Dans ma jeunesse, j'ai vu arrêter le dîner du Prince de Condé
qu'on lui portoit de son hôtel au Jeu de paume de la rue Maza-
rine (5). Les estafiers de je ne sais quelle juridiction avoient saisi
le potage et les poulardes de Son Altesse Sérénissime. Ces puéri-
lités ont pris fin : mais quelques sots gémissent encore sur l'aboli-
(i) Derouville, Compte général des recettes et dépenses (1750-1788). Bibl. A. P., E 2 20.
(2) Cf. Recueil de pièces imprimées; Bibl. hist. de la Ville de Paris, rec. i, S 117.
(3) La caisse de Poissy, plusieurs fois modifiée, supprimée en 1714, rétablie en 173?.
remplaçait l'ancienne association des jurés vendeurs qui étaient responsables du prix des
ventes des marchands forains ; supprimée à nouveau en 1791, elle fut rétablie en 1802.
(4) Ed. d'Amsterdam, 1783, t. V, p. 142.
(3) L'ancien jeu de paume, dit de la Bouteille, qui fut transformé en théâtre dit de
Guénégaud (n° 42 actuel) ; il y avait un autre jeu de paume, celui des .Métayers, où la troupe
de Molière ouvrit l'Illustre Théâtre (n* 12 actuel).
l'hotkl-diku au xvn" et au xv
tion de l'ancienne rigueur qui plaçoit dans les rues des emporteurs
de tous les dinés accommodés au gras. »
LES LITS DE CHANOINES
L'Hôtel-Dieu possédait un autre privilège, plus ancien encore
que celui de la vente de boucherie en Carême, car il figure dans
les statuts du Chapitre de 1 168. Il consistait à recevoir, avec leur
garniture : ejus culcitram cum piilvinari el linteaminibiis, les lits
des chanoines décédés ou résignant leur prébende.
En 1592 (i), le Chapitre voulut apporter une restriction a cette
coutume qui avait toujours été observée. Il prétendit ne devoir qu'un
coutil de plume avec le traversin et les deux draps, ce qui était
toute la garniture du lit dans ce « bon vieil temps plein de fruga-
lité, où tout était en linge et non pas, comme maintenant, en or,
argent et soie, venant de manufactures étrangères et compliqué de
ciel, de custodes, de courte-pointes, de loudiers, de couvertures ».
Mais l'Hôtel-Dieu réclama le lit entier et complet, « tellement que
les chanoines étant, comme il advient souvent, de très bonnes et
grandes maisons et gens de grands moyens, sont à louer, s'ils se
servent en leur usage d'un lit qui soit en toutes ses parties riche
et précieux, puisqu'il est enfin destiné aux pauvres, auxquels par
ce moyen l'aumône ainsi vouée sera plus profitable ». Ce fut aussi
l'avis du Parlement dans son arrêt du 3o décembre iSgj. Nous
voyons même, au xvii" siècle, le lit de l'archevêque concédé,
en 1654 (2), à l'Hôtel-Dieu.
L'attribution des lits de chanoines devient un véritable
impôt (3). Ainsi, en i683, Vallot, qui résigne sa prébende pour
devenir conseiller au Parlement, envoie au portier un méchant
lit qui ne valait pas 3o livres; l'Hôtel-Dieu l'assigne en Justice
et le fait condamner à reprendre son lit et à payer 3oo livres. C'est
le prix normal du temps ; nous sommes loin du lit de 20 sous des
statuts primitifs : lectiim viginti solidos valentem !
En effet, en i65o, le lit de Cocquelay, conseiller au Parlement
et ancien chanoine, a été estimé 3oo livres ; de même, celui de
Mornac ; celui de l'évêque de Meaux fut payé, en 1659,
1.200 livres, par Le Masle des Roches; celui de l'évêque de
(i) Déjà en i586 il y avait eu un procès concernant le lit de J. de Lugerie, chanoine,
décédé ; la sentence des requêtes du l'alais du 7 juill., confirmée par arr. du Parlement
du 3o déc. i386, en avait déclaré l'attribution aux pauvres. (Règl. H.-D., I, 147.)
(2) Régi. H.-D., I, 499. Arr. du Parlement 18 juill. 1634. \'oy. aussi sur l'attribution
de lits les arrêts des 16 sept. i65o, 22 avril i65i, 3o déc. 1660, 3i déc. 1661, 2 août iôôj.
(3) Marlin-Doisy, o. c, éd. Migne, i855, in-4'>, t. IV, p. 890.
LES REVENUS I i i
Noyon, en 1660, 3oo livres par les héritiers; en 1666, celui de
Dalençon, 5oo livres ; celui de Thévenin, 600 livres ; celui
de Despaisse, 33o livres. En 1667, Séguier, chanoine et théologal,
nommé évêque de Lomhez, baille 3oo livres ; Foucault, en 1668,
donne 5oo livres; Le Masle des Roches, en 1677, 5oo livres;
Lavocat, pourvu en 1677 de Tévéché de Boulogne, donne
3oo livres, et de La Brunetière, de l'évêché de Saintes, com-
pose à 3oo livres.
L'Hôtel-Dieu acceptait, on le voit, des «compositions » avan-
tageuses, sans doute, tout en ayant l'air de ne point user de rigueur
envers les chanoines ou leurs héritiers, qui pourraient avoir
« quelque affection » de conserver les lits.
Ces prix n'avaient pas augmenté auxviii'^ siècle (i). Le lit de l'abbé
de Salha est vendu à l'adjudication i83 livres, le 27 Juillet 1739;
celui de l'abbé Desfriches, 3oo livres, le 14 novembre 1759 ; celui
de Le Febvre de Mesgrigny, 3oo livres, en 1763 ; celui de M. de
Barcos, 821 livres, en 1764 ; celui de Lefebvre d'Eaubonne,
400 livres, la même année.
LES DROITS ATTRIBUES
Ces privilèges sont, aux xvir et xviii'= siècles, comme des
survivances d'un autre âge ; nous arrivons maintenant, aux
laxes et droits attribués à THotel-Dieu qui font partie plus
particulièrement de Thistoire financière de Tépoque qui nous
occupe.
LES SAISIES
Par déclaration de Louis XIII, du 3o mai 161 1, registrée au
Parlement le 25 juin, l'Hôtel-Dieu est appelé à bénéficier de la
saisie des bagues, joyaux et autres objets provenant des jeux et
brelans. Il s'agissait de refréner la passion du jeu qui s'était intro-
duite dans le royaume depuis quelques années avec la suite de
Marie de Médicis (2). Elle était portée à un tel point qu'on avait
vu, dit la déclaration, « plusieurs des sujets et officiers, après avoir
esdits brelans, aux jeux de cartes et de dez, dissipé ce que l'indus-
trie de leurs pères leur avoit avec un long travail honorablement
(1) Les délib. de l'H.-D. se trouvent êtreainsi une source précieuse pour l'état civil des
iicmbres du Chapitre, dont le décès est toujours annoncé au Bureau.
(2) Batiffol, Alt temps de Louis XIH, et Marie de Médicis, Lx vie intime d'une reine de
i'rancean xvii' siècle (s. d.), in-S", p. 104 et sqq.
LHOTEL-DIEU AU XVII« ET AU XVIII<= SIECLE
acquis, cstre contraints d'emprunter de grandes et notables sommes-
et icelles encore perdues et consommées, faire banqueroute à leurs-
créanciers, à la ruine de plusieurs bonnes familles «.
Ces académies de jeu étaient favorisées par les industriels,
orfèvres, lapidaires. Joailliers, tapissiers, qui prêtaient eux-mêmes
de l'argent aux joueurs. Le même arrêt prononçait la confiscation
au profit du domaine du roi contre les propriétaires des maisons
qui les affermeraient « à personnes reconnues tenir brelans et rece-
voir joueurs à cette fin ».
En plein xviii^ siècle, la dame Baillot, demeurant rue du Poitou,
au Marais, est condamnée, par sentence de police du Châtelet du
i5 novembre 1748, en application de cette déclaration, à
3.000 livres d'amende pour avoir tenu une assem.blée de biribi (i),
en même temps que les enjeux, se montant à 25.940 1. 1 1 s., étaient
saisis et envoyés à l'Hôtel-Dieu.
Outre le biribi, les principaux jeux de hasard qui tombaient
sous le coup de la loi étaient le hoca, la bassette, la barcarole, le
pharaon. Les arrêts prohibitifs du Parlement furent innom-
brables (2) et impuissants à empêcher le développement de la furie
du jeu.
Les confiscations étaient faites en faveur de l'Hôtel-Dieu, en
vertu de la déclaration de 161 1, mais l'attribution était prononcée
chaque fois par sentence de police. Le Bureau, pour déve-
lopper cette source de profit, donnait des gratifications impor-
tantes aux inspecteurs chargés des perquisitions (3). Elles se
pratiquaient surtout chez les demi-mondaines de l'époque, qui.
ne se gênaient guère pour enfreindre les ordonnances, et ne
paraissaient pas craindre beaucoup les contraventions. Mais la
charité ne se préoccupe pas de la source plus ou moins pure
de ses revenus.
Les inspecteurs ne se font pas faute, non plus, de recevoir des
deux mains, et ceux qui sont chargés de la partie des jeux sont
considérés comme favorisés ; ne citait-on pas un inspecteur des
jeux qui s'était retiré avec 40.000 livres de rentes (4) ? On ne
(i) Le biribi est désigné dans cette sentence comme jeu de hasard, au même titre que le
pharaon et le lansquenet.
(2) En dehors de la déclaration du 3o mai i6i i, on peut citer les arrêts des 8 juill. 1661 ,
16 sept. i663, 29 mars 1664, 23 nov. 1680, i5 janv. 1691, 8 févr. 1708, puis les ordonnances
des i" juill. 1717, 21 mars 1722, 12 nov. 1731, 18 avril 1741, 7 mai 1749, 29 nov. 1757,
12 déc. 1759, 21 avril 1765, i'^' mars 1781. (Poloni, Du jeu au point de vue pénal; Paris,
1901, in-8°, p. 1 19.— C. Frèrejouan du Saint, le Jeu au point de vue civil, pénal et régle-
mentaire ; Paris, 1893, in-8.)
(3) Voy. délib. i" août, i5sept. i753; 9 janv., i3 mars, 22 mai, 18 oct. 1754; i<"févr.,
5 avril 1738; 11 févr. 1761, etc.
(4) Guyot, Rép. univ.jurispr., art. Inspecteur, t. IX, p. 201.
Li:S REVENUS
punissait d'ailleurs que les petits. On sait assez, par 'le Journal
de Dangeau, que la cour ne se privait pas de cette importante
distraction, et que M™' de Montespan fut une des plus g»randes
joueuses du xvii'^ siècle (i).
LES AMENDES
L'Hôtel-Dieu, comme les autres hôpitaux, reçoit, le cas
échéant, le tiers des amendes auxquelles sont condamnés tous
les contrevenants aux ordonnances royales, aux privilèges de
corporations et communautés. Il suffit d'en réunir quelques
exemples.
Lorsque la communauté des passementiers-rubaniers obtient
la déclaration du 2 5 septembre 1694 (2), défendant aux tailleurs
d'habits de faire des boutons de drap et d'étoffe, l'amende est
fixée à 5oo livres, dont un tiers applicable aux hôpitaux des lieux
des contrevenants.
Lorsqu'un sieur Marins obtient du roi un privilège qui lui
garantit pendant cinq ans, à partir de 1710, le monopole de l'in-
vention des parapluies de poche, il est spécifié que les contre-
facteurs seront punis de i.ooo livres d'amende, dont un tiers
applicable à l'Hôtel-Dieu (?).
Lorsque le roi accorde son privilège pour l'impression de
l'ouvrage de M. de Callières, intitulé Traité de la manière de
négoeier avec les souverains, le 26 novembre 171 5, l'amende
rixée pour les libraires qui imprimeraient indûment cet ouvrage
est de i.5oo livres, dont un tiers applicable à l'Hôtel-Dieu (4).
On pourrait allonger à loisir cette énumération, sans pouvoir
fixer d'ailleurs la part éminemment variable de cet apport dans les
recettes de la maison.
LES DROITS SUR LES VINS
En 1626, l'Hôtel-Dieu devait 36. 000 livres à ses fournisseurs,
marchands de vin, bouchers, toiliers, épiciers et autres ;
25.000 livres à ses ouvriers maçons, charpentiers, plombiers,
(i) Voy. aussi P. Clc'ment, Li Police sous Louis XIV; Paris. isô6, in-8». p. 80
Lettres inéd. de Feiiquiùres, IV, 277 ; Depping, Corrcsp. adm.... II, p. bG'i, 371.
(2) Elle fut complétée par l'interdiction delà fabrication des boutons de corne par arr
du 16 janv. 1712. (RègL H.-D., III, 129.)
(3) A. Franklin, Dict. des arts, métiers et professions... ; Paris, 190?, in-4°, p. 5p.
(4) Arch. A. P., H.-D., legs de Callières.
I 14 I- HOTKI.-DII.r AU XVII« F.T AU XVIII<= SIIXLF.
serruriers. Il avait constiiuJ des renies sur particuliers, et même
émis des obligations à terme. Il était menacé de poursuites. La
contagion sévissait sur Paris. Bref, une catastrophe était inévi-
table. Elle fut évitée pourtant, grâce à Toctroi de 3 sols à
prendre sous forme de dotation à perpétuité sur les ?o sols
prélevés sur chaque muid de vin entrant à Paris, qui lui fut
accordé par arrêt du Conseil d'État du 28 mars 1626.
Cet octroi de bienfaisance vint s'ajouter à celui de 10 sols
sur chaque minot de sel vendu et débité dans les greniers de la
généralité de Paris, dont il bénéficiait déjà, par lettres patentes
de mai 1607, pour la construction de Thôpital Saint-Louis.
Les revenus de ces octrois étaient primitivement prélevés par
des commis de l'Hôtel-Dieu qui en reversaient le montant entre
les mains du receveur général. Mais, en i635. cette perception
directe fut remplacée par une somme forfaitaire de 35.3oo livres,
payée par l'adjudicataire des droits d'entrée du vin, et une somme
de 5i.ooo livres, délivrée par le fermier des gabelles, payable de
quartier en quartier, ce qui diminuait le revenu.
L'Hôtel-Dieu, par un arrêt du Conseil des finances du
17 juin 1637, obtint de se faire payer tous les mois, et par un
arrêt du Conseil d'État du 17 juin 1637, de ne pas renouveler à
leur expiration les baux faits avec les fermiers de ces droits
d'entrée, mais de les percevoir à nouveau lui-même.
Par déclaration du 28 janvier 1690, le roi accorde à IHàtel-
Dieu, ainsi qu'à l'Hôpital général, un nouvel octroi de bienfai-
sance (i), consistant en un droit de 3o sols par muid de vin
entrant dans Paris. Il s'agit de pourvoir à la situation critique
de ces établissements, qui se trouvaient dans l'impossibilité de
payer les arrérages des rentes viagères qu'ils avaient constituées
à fonds perdu.
Cet octroi devait être levé pendant trois ans et huit mois,
mais il fut renouvelé tous les trois ans ^2), jusqu'à la Révolution.
D'après l'arrêt du Conseil d'État du 3i janvier 1690, cette levée
devait être faite par Christophe Charrière, fermier général des
aides, et les sommes remises aux receveurs de l'Hôtel-Dieu et
{!) Chaque taxe avait une désignation propre faisant connaître à quelle partie dos frais
généraux de l'État ou de la Ville elle avait pour objet de pourvoir. Ainsi en 1544 les cinq
sols des fortilications pour mettre Paris en ctat de défense, l'octroi des fontaines, en iSçy,
les « 3 sols des bastardeaux » en i63o, pour la construction de diguesou de quais^les « 20 sols
de Sedan» ou droit d'une livre demandé en 1641 à la suite de la défaite de la Marfée,
pour lever quelques milliers d'hommes. (Cf. A. de Saint-Julien et G. Bienaymé, Histoire des
droits d'entrée et d'octroi de Paris ; Paris, i88(.', in-8», passim. et E. Fougère, l'Ociroi de
Paris, histoire et législation; Paris, 1904, in-S». p. 3.)
(2) Régi. H.-D., II, 443, 545, 599, etc.
de l'Hôpital général, dans la proportion suivante : 14 parts pour
l'Hotel-Dieu et 5 pour THôpital général, « les 19 faisant le
tout » (II.
Dès Tannée suivante, les habitants de Chaillot, devenu le
faubourg de la Conférence depuis l'édit d'érection de la paroisse
en faubourg, essayèrent de se faire exempter de ce droit pour
le vin du cru de leur territoire. L'arrêt du Conseil d'État du
22 mai 1691 les débouta de leurs prétentions. Les Minimes
de Chaillot ne furent pas plus heureux dans leurs réclama-
tions (2).
LES CONFISCATIONS DES BIENS DES DUELLISTES
En vertu de l'article 9 du règlement fait par les maréchaux
de France, tout gentilhomme qui s'était battu en duel devait « tenir
prison « pendant six mois, ou bien se racheter par une amende
de i.5oo livres, applicable à THôtel-Dieu (3). Pour permettre
aux commissaires désignés par le Bureau d'aller « dans les
provinces informer des crimes de duels », le roi accorda une
provision de 3. 000 livres sur lesquels furent payés les frais de
voyage, quitte à les imputer par la suite sur les amendes recou-
vrées. Ces 3.000 livres fui-ent tout de suite insuffisantes, car les
voyages revenaient cher, et les peines prononcées touchaient
souvent des personnes insolvables. Le Bureau sentit bien tout
de suite qu'il pourrait éprouver plus de déboires que de profit de
cette décision, par laquelle on avait eu en vue « premièrement
la gloire de Dieu et l'intérêt du public » (4),
Pour faire rentrer les deniers, on employa le système des
dénonciateurs qui touchaient un cinquième de la somme perçue,
en cas d'attribution des biens d'un duelliste; cette somme fut
bientôt portée au tiers pour les confiscations n'excédant pas
20.000 livres (5). L'Hôtel-Dieu était d'ailleurs obligé de s'adresser
souvent à la grand'chambre du Parlement pour se faire adjuger
(i) L'arrêt subséquent du 26 juin 1691 divisa ainsi le produit de cet octroi : 34.. 000 1,
pour les Enfants-Trouvés, 20.000 i. pourl'H.-D , 14.000 L pour l'Hôpital général. {Régit
,H.-D.,lï, 423.) Voy. aussi arr. 7 juin 1693, id., p. 453.
(2) Arr. du 27 nov. i6qi. {Régi. H.-D., II, 435.)
(3) Délib. 22 févr. i658, reg. 25, fol. 3o r°. La répression du duel était déjà organisée
auparavant par lord, de Moulins(i366), les ord. de mai 1579, de 1602, 1609, les éd. de 1624,
1643. (M. Andriveau, De la Répression pénale du duel; Paris, 1893, in-8«, p. 17 à 33.)
(4) Délib. 1" mars i658, reg. 25, fol. 33 r°. Il s'agissait, nous l'avons vu, d'une oeuvre
pieuse entreprise par la Compagnie du Saint-Sacrement.
(5) Délib. 24 juill. i658, reg. 25, fol. 11 5. En 1660, P. Desgodets, jardinier desTaîleries,
touche 5oo I. comme dénonciateur du duel des sieurs de Plainville et de Gondreville. (Oélib,
21 mai.)
L HOTFL-DIEU AU XVIie ET AU XVll
les biens d'un duelliste et ceux de ses complices, comme en i653 (i)
pour les biens du marquis de Villars de la Baume, tue' en 1646,
ou en i655 (2), ceux du marquis de Beaujeu et du baron des
Barres, qui s'étaient battus et tués au bois de Boulogne en i653.
L'édit d'août 1679 (?) permit aux juges d'attribuer sur les
deux tiers des biens des condamnés pour duel ce qui leur
paraîtrait équitable pour la nourriture et l'entretien des femmes
et des enfants des duellistes. La déclaration du 28 octobre 171 1 (4)
porta jusqu'aux deux tiers de la valeur des biens des condamnés
l'amende qui leur serait adjugée sur ce qu'ils se trouveraient pos-
séder dans les provinces où la confiscation n'aurait pas lieu.
Une recrudescence de duels qui eut lieu après la mort de
Louis XIV rendit nécessaire l'édit du 22 février 1 72?, registre en lit
de justice (5), qui renouvela les dispositions des précédents
édits.
LES DROITS SUR LES SPECTACLES
C'est seulement en 171 6 que l'Hôtel-Dieu reçut un neuvième
par augmentation du droit de sixième qui se percevait déjà depuis
l'ordonnance du 28 février 1699 en faveur de l'Hôpital général (6),
<f pour les places et entrées aux opéras, comédies et autres spectacles
publics qui se jouent à Paris par la permission de Sa Majesté,
sans aucune diminution ni retranchement, sous prétexte de frais
ou autrement». Cette ordonnance du roi du 5 février 1716 (7) fut
obtenue par la protection du régent, le duc d'Orléans, à qui les
administrateurs avaient adressé une requête pressante. Les sommes
recueillies devaient être affectées aux bâtiments des nouvelles salles
en construction.
Dès 1719, les directeurs de l'Opéra, Francine et Dumont, et les
Comédiens Français et Italiens, prétendirent ne payer le sixième et
le neuvième, attribués à l'Hôpital général et à l'Hôtel-Dieu,
(i) Délib. 19 déc. i633, reg. 21, foî. 275 r«.
(2) Délib. 28 mai i655, reg. 22, fol. 174 r».
(3) Ed. contenant règl. général pour la répression du duel. (Néron, II, 148, et Isambert,
XIX, 209.)
(4) Déclaration portant règl. pour la confiscation au profit des hôpitaux des biens des
condamnés pour duel en e.Kécution de l'art. i3 de l'édit d'août 1679. (Néron, II, 433.)
(3) Isambert, XXI, 2i3.
(6) Régi. H.-D., lettres patentes, 23 févr. 1699, 3o août 1701, 8 janv. 1715. A Lyon, dès
le xvi's., les comédiens prenaient eux-mêmes l'initiative des versements dans les caisses
des hôpitaux.
(7) Règl. H.-D., III, i83, avec la requête au régent, imprimée séparément. lien existe
également un texte dans un « Mémoire sur les spectacles •■, dont il y a une expédition aux
Arcli. nat. et à celles de la Comédie-Française. Le 6" et le 9° réunis formaient ce qu'on appe-
lait u le quart des pauvres », expression qui subsista jusqu'en 1789.
LES REVENUS
qu'après avoir prélevé sur leurs recettes les frais de représentaiion.
L'ordonnance du 4 mars 1719 mit fin à ces prétentions (i) et fixa
pour la première fois une jurisprudence qui allait être souvent
contestée par la suite.
Les ordonnances de police des 6 février et 17 mai 1732 (2)
fixèrent le règlement de la perception du neuvième de l'Hôtel-Dicu.
Elles établirent des contrôleurs, assistant aux comptes de chaque
représentation, signant les feuilles de recettes avec les directeurs
de théâtre, et touchant à la fin de la séance le neuvième des
recettes, remis immédiatement au receveur général de rHùtcl-
Dieu. On ne procède pas autrement encore aujourd'hui.
Dans l'ordonnance du 5 février 1716, il n'est parlé que de
THôtel-Dieu, mais Le Clerc du Brillet (3), dans son Éloge de Dela-
mare, prétend que le roi ne lui fit don du nouveau droit de bienfai-
sance sur les spectacles « qu'à condition expresse d'en rendre une
somme convenable à M. de La Mare, pour récompense de ses longs
services, pour dédommagement des avances qu'il a faites pour la
composition et l'impression de son Traité de la police, ouvrage si
utile au public «. Dans le traité que l'Hôtel-Dieu fit avec Delamare
pour la part qui devait lui revenir de ce don, celle-ci fut fixée à
3oo.ooo livres. Il faut signaler que la sœur de Delamare était alors
prieure de THôtel-Dieu et que, d'autre part, il était protégé par le
premier président de Mesmes et le procureur général d'Aguesseau,
qui le recommandèrent au régent (4). Il n'avait encore paru, en 1 7 1 6,
que 2 tomes du fameux Traité de la police, et il en restait 3 à éditer.
II fut convenu dans le contrat passé entre l'Hôtel-Dieu et le com-
missaire du roi que le Bureau se chargerait, sur le revenu du droit
sur les spectacles, de consacrer aux frais de recherches, copies et
impression, la moitié des 20.000 livres qu'on s'engageait à payer
pendant les dix premières années, et des 10.000 livres pendant les
dix suivantes; l'autre moitié devait être donnée aux héritiers (5).
Les historiens du droit des pauvres (6) n'ont pas manqué de
(i) Il faut croire pourtant que ces prétentions faillirent être admises, car il existe aux
Arch. nat., dans les reg. du Secrétariat de la Maison du Roi (QI 62, fcj, 148). une ord. du
9 juin. 1718 décrétant que le prélèvement du quart ne se fera qu'après celui des frais fixés
à 600 1. pour l'Opéra, 3oo 1. pour la Comédie-Française, 1 5o 1. pour la Comédie-Italienne.
En marge on lit : la présente ord. demeure nulle au moyen de celle du 4 mars 1719.
(2) Règl. H.-D., III, 401,411.
(3) Cité par Rondonneau, o. c, p. i5q.
(4) Delamare s'était cassé la cuisse droite le 20 mars 171?.
(5) Délib. du 5 févr. 1716 et 22 mai 1722. Le produit de la vente devait être partagé pen-
dant 20 ans entre Delamare, l'H.-D. et ses héritiers, et après 20 ans appartenir exclusive-
ment àl'H.-D.
16) Ed.Bécliet, le Droit des paurres.Piinn, if9i,in-8°, cli. i.— F. Worms, Rjfportsur le
droit des pauvres ; Paris, Hénon, 1898, in-4«.— "j. Bonnassies, le Droit des pauvres avant et
après fj S g, dans les Spectacles forains et la Co7iicdie-Fra>içaisc ; Paris, 18/5, in-12.—
Il8 i/hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIII<- SIECLE
rappeler les antécédents de ce droit, les lettres patentes de
Charles VI, du 24 avril 1407, acccordant aux ménétriers de Saint-
Julien de « demander et cueillir Taumône Saint-Julien aux noces
où ils seront loués, et par dons accoutumés » ; l'arrêt du Parlement
du 27 janvier 1541, autorisant les Confrères de la Passion à repré-
senter leurs mystères de i heure à 5 heures de l'après-midi et
réclamant, pour cette faveur, i.ooo livres tournois « à bailler
aux pauvres, sauf à ordonner plus grande somme, à cause que
le peuple sera distrait du service divin et que cela diminuera les
aumônes ».
Mais ce n'étaient là que des cotisations intermittentes, que l'on
cessait bientôt de payer (i). Le Parlement, au xvii^ siècle, se bor-
nait généralement à assujettir les troupes parisiennes, lorsqu'elles
allaient jouer dans les provinces, à donner une représentation au
profit des hôpitaux de Paris, représentation qu'il fallait renouveler
chaque mois, si le séjour se prolongeait.
C'est ainsi que Molière fut contraint, en i658, par décision du
Parlement, à verser la recette d'une représentation entre les mains
des administrateurs de l'Hôtel-Dieu (2). Les maisons religieuses
s'adressaient aussi aux comédiens pour leurs charités (3). On a
conservé, entre autres, les requêtes des Pères Cordeliers et des
Petits Augustins réformés du faubourg Saint-Germain, à
« l'Illustre Compagnie de la Comédie du Roi », ce qui ne les
empêcha pas de refuser de recevoir les comédiens en « terre sainte ».
Lorsque le quart des pauvres fut régulièrement établi, les comé-
diens supprimèrent ou diminuèrent considérablement leurs sub-
sides volontaires aux religieux et aux pauvres.
Nous ne saurions rappeler en détail tous les conflits qui s'éle-
vèrent au xviii^ siècle entre les administrateurs des hôpitaux et les
théâtres (4) et les difficultés rencontrées par l'Hôtel-Dieu dans le
recouvrement de ce droit.
L'ordonnance de 1732, qui établissait des contrôleurs du droit
des pauvres, ne fut pas longtemps appliquée, ou même ne le fut
G. Cros-Mayrevieille, le Droit des pauvres sur les spectacles en Europe; Paris, 1889, in-8<>.
— Conférence Molé-Tocqueville, Rapport de M. Hesse, p. 156-194 (Annuaire de 1877). —
R.de Guillin, Du Droit des pauvres sur les spectacles à Paris; Paris, 1900, in-8°.
(i) Dès i588, les Confrères de la Passion ne payent plus que 3oo 1. aux Enfants de la
Trinité. (Des Essarts, les Trois Théâtres de Paris; Paris, 1767, in-12, p. 37.)
(2) F. Worms, o. c, p. 9.
(3) Les trois reg. de la troupe de Molière (1663-64, 1664-65, 1672-73), ceux de l'hôtel
Guénégaud, ceux de la Comédie-Française, à dater de i65o, indiquent presque tous les jours
Je don aux pauvres, aux capucins, i 1. 18 s., quelquefois plus. (J. Bonnassies, les Spectacles
forains et la Comédie-Française ; Paris, 1875, in-12, p. 140.)
(4) Une ord. du 3o janv. 1713 avait assujetti au payement de la taxe les petits théâtres
des foires Saint-Germain et Saint-Laurent. (Code de l'Hôpital général, p. 562.)
LES REVENUS I I9
pas du tout, car ces contrôleurs ne paraissent pas jamais avoir été
nommés. On eut recours, de nouveau, au forfait (i); au bout de
peu de temps, l'arriéré à payer se trouvait considérable. Ainsi, en
1 742, les Comédiens Français se trouvaient tellement obérés que le
roi leur accorda, par ordonnance du 3o décembre, une gratification
de 72.000 livres, à titre d'indemnité des pertes occasionnées par la
guerre ; elle fut employée presque entièrement à payer l'arriéré dû
aux hôpitaux (2).
En 1750, d'Argenson, ministre de la guerre, qui avait la grande
police dans ses attributions, projeta de supprimer le droit des
pauvres en supprimant les pauvres eux-mêmes, qu'il voulait dépor-
ter dans les colonies, et une décision du roi du i'^'' janvier 1750
suspendit même le payement du quart des pauvres dans tous les
théâtres. Les sommes néanmoins furent comptées et mises sous
séquestre; on fit bien, car les difficultés et les réclamations étaient
trop nombreuses et l'ordonnance du 20 février 1751 (?) prescrivit
le payement intégral de leurs droits aux hôpitaux et la commu-
nication aux contrôleurs des feuilles de produits de chaque repré-
sentation ainsi que des registres de recette.
En 1757, les administrateurs voulurent mettre en vigueur l'or-
donnance du 17 mai 1732 relative à l'établissement de ces con-
trôleurs ; le registre d'assemblées de la Comédie-Française parle d'un
mémoire présenté le 25 avril au duc de Richelieu, premier gentil-
homme de la Chambre, pour le prier de s'opposer à l'exécution
d'une sommation verbale faite par les hôpitaux d'avoir à acquitter
le droit chaque jour de représentation. Les « Comédiens Français »
réussirent, comme précédemment, à se soustraire à cette obligation
qu'ils regardaient comme trop onéreuse ce qui prouve qu'ils détour-
naient une partie de la taxe réglementaire. Ils s'engagèrent seu-
lement, en 1759, à payer mensuellement; ils n'en firent rien
d'ailleurs. En février 1759, ils devaient à l'Hôpital général 24.873 1.
6 s. 8 d. et à l'Hôtel-Dieu, 9.177 1. i3 s. 1 1 d. d'arriéré.
Les hôpitaux furent également frustrés, à partir de 1750 environ,
par l'établissement de petites loges, louées à l'année, et dont la
location par abonnement échappait à la taxe ; les administrateurs
s'adressèrent au Parlement pour faire cesser cet abus et obtinrent,
le 3 mai 1760, un arrêt qui leur permit de faire assigner les
(i) Le concessionnaire de IH.-D. était un sieur La Rivière; ses comptes liaient rtîguliè-
lement rendus au receveur. (Délib. 2? fcvr. 1740, reg. 109, p. 70.)
(2) Acte du 7 juin 1743, passé devant M" Lemoine et Savigny, cité par Bonnassies, o. c,
p. 162.
(3) Régi. H.-D., IV, 9. Voy. aussi lettre de d'Argenson à M. de Bernage. Lexccution
du projet de dégrèvement de 1760 fut renouvelé en 1736 par un mémoire des Comédiens
Français et Italiens qui se trouve aux Arch. de la Comédie-Française.
L HOTF.L-DIKU AU XVIF KT AU XVIIl
théâtres. Mais ceux-ci demandèrent révocation de Tinstance au
Conseil et un arrêt ordonna la communication de leur requête aux
administrateurs des hôpitaux. Ils avaient d'ailleurs, dès le com-
mencément de la procédure, suspendu tout payement, même sur
les recettes à Tentrée. De leur côté, les hôpitaux adressèrent un
long mém'oire de protestation à Sartine, lieutenant général de
police [i].
L'Hôtel-Dieu prétendait avoir été frustré, en g ans, de
1. 161.280 livres. L'affaire, après de nombreux démêlés et pourpar-
lers, aboutit à la transaction du 28 mai 1762 (2), qui abandonnait
aux théâtres la remise de ce qu'ils avaient retenu dans le passé sur
les locations et les abonnements, leur accordait un atermoiement
pour le payement de leurs débets sur les recettes à l'entrée et, sur-
tout, une réduction considérable sur la moyenne du droit qui était
fixé à 3/20 du produit total des spectacles pour l'Hôpital général et
au i/io pour l'Hôtel-Dieu, déduction faite de 3oo livres pour les
frais de représentation. L'abonnement de la Comédie-Française
était fixé à 60.000 livres, celui de la Comédie-Italienne à 55. 000,
celui de l'Opéra à 70.000. Le principe de la perception sur la
totalité des produits des spectacles, y compris les abonnements et
locations de loges, était admis.
Les difficultés recommencent en 177 1 à propos du renouvelle-
ment des abonnements. Celui de l'Opéra est porté à 72.000 livres.
Mais les deux Comédies refusent de subir une augmentation ; elles
présentent au Conseil un mémoire pour obliger les hôpitaux à
renouveler l'abonnement sur l'ancienne base. Ce mémoire est ren-
voyé au lieutenant général de police, lequel le communique aux
administrateurs qui y répondent. Les Comédiens sont obligés, par
arrêt du 27 mars 1 771, de communiquer leurs registres, et les admi-
nistrateurs s'aperçoivent que les Comédiens ont payé aux pauvres
1. 16 1.280 livres de moins que s'ils avaient eu à acquitter le quart,
tandis que la modération de l'abonnement ne devait les faire
bénéficier que de 519.978 livres. Ils présentent leur requête au
Conseil le 12 août 1771 ; celle-ci reste égarée dans les bureaux. Ils
la renouvellent le 18 mars 1778. Les Comédiens en présentent
également une nouvelle et continuent à ne payer que 60.000 et
55.000 livres i3]. Le débat se prolonge. En 1779, les Comédiens
(1) Rcffl. H.-D., IV, ?i7.
(2) Le texte qui se trouve dans les Arch. de la Comédie-Française a été reproduit par
Bonnassies, o. c, p. 171. Cet auteur, qui a consulté spécialement les Arch. de la Comédie-
Française, ne craint pas de qualifier de fantastiques les comptes présentés à cette occasion
par les Comédiens. (Voy. aussi Arch. nat., O ' 618 et O ' 845.)
(3) Toutefois, dans un document tiré des Arcli. de l'Opéra, cité par Bonnassies, 1«
I.KS RF.VFNUS
demandent la diminution de l'abonnement dans un Précis contre
les administrateurs ; les hôpitaux répondent Tannée suivante par
un Mémoire imprimé, où ils refont à nouveau Thistorique de la
question (i .
Le procès durait encore quand la loi des 4, 5, 6 août 1789 abolit
l'impôt du droit des pauvres, qu'allait rétablir la loi du 7 frimaire
an V. Les contemporains avaient accepté d'ailleurs sans murmurer
cette taxe sur les plaisirs, et Voltaire écrivait dans son Dictionnaire
philosophique : « Par une police admirable, les voluptés même et
le luxe servent la misère et la douleur. Les spectacles de Paris ont
payé, année commune, un tribut de plus de cent mille écus à
l'hôpital. »
L'Hôtel-Dicu se trouva le seul à peu près, parmi les établisse-
ments hospitaliers, à ne pas profiter des nombreuses loteries orga-
nisées, surtout au xvin" siècle, pour venir en aide aux communautés
et aux hôpitaux [2) : loterie des Enfants-Trouvés, en 1717; loterie
royale, devenue monopole d'État en 1776, englobant celle de la
Pitié, établie par arrêté du 7 septembre 1762, et des Enfants-Trou-
vés, supprimant toutes les loteries particulières (3), supprimée à
son tour en l'an II pour renaître le 9 vendémaire an VI.
Il ne profita pas non plus de l'emprunt de 12 millions rem-
boursables en un an, par voie de loterie, au profit des hôpitaux,
fait par la Ville de Paris, autorisée par arrêt du Conseil d'Etat
du i3 octobre 1787; puis du dixième de la somme des lots et
primes (5o.ooo billets, 10.000 lots, 2 primes de faveur de
Comédie-Italienne aurait payé, en 1788, 60.000 1. : voici quel était le produit général du droit
indiqué pour cette année 1788 :
/ Opéra 72.000 I
\ Comédie-Française 60.000 f
Abonnement.. < Comédie-Italienne 60.000 > 264.000 1.
i Variétés amusantes 60.000 i
[ Beaujolais 12.000 ]
Qu,
Audinoi 3o.ooo
Nicolet 3o.ooo
réellement ^'^«'^^ ^°-""" 68.o5o I.
j Salle 6.000 1
f '-'"■•" [ Divers 2.o3o /
Total. . . 332. 000 1.
(i) Délih. 12 mai 1779. Texte reproduit par Nielly et Seigneur, le Droit des pauvre.'< :
Paris, 1903, in-8", p. 21.
(2) Code de l'Hôp. gén., p. 3i9 à 326. — J. Dusaulx, Rapport et projet de décret sur Lr
suppression desjeu.v de hasard, tripots et loteries; Paris, 1792, in-8», 5o p. — Rapport de
Lecouteulx-Canteleu au Conseil des Anciens sur les loteries, séance du 5 germinal an \',
in-8'', 16 p.— J. Corblet, Étude historique sur les loteries ; Paris, 1861. in-S". — A. Thirouin.
les Loteries (tlièse) ; Paris, 1901, in-S", 39 p.
(3) Rcgl. //.-D., arrêts du Conseil d'État des 20 sept. 1727,9 déc. 175.1^. 26 avr. 1777.
I. HOTEL-DIEr
a- XVIJi' KT AIT XVIIie SIKCLE
20.000 livres au premier et dernier billets sortants), déduction
faite des tarais de l'emprunt, qui devait constituer un fonds affecté
aux dépenses ayant pour objet « l'établissement des nouveaux
hôpitaux ordonné pour suppléer à Finsuffisance de THôtel-Dieu »,
puisque cet argent fut confisqué par l'État (i).
Enfin, nous ne trouvons aucune trace d'une somme quelconque
reçue sur cette Caisse des hôpitaux civils (2), fondée, croit-on,
par Necker, au moyen de dons du roi , et du produit du droit,
cédé par l'archevêque de Paris, « de dons faits lors de la conclu-
sion de leurs baux par les fermiers généraux, les administrateurs
des domaines et de la régie des aides ».
PEAGE DU PONT-AU-DOUBLE
Nous ne saurions oublier, parmi les revenus de l'Hôtel-Dieu,
encore qu'ils fussent peu importants, les produits du péage du
Pont-au-Double. De 1734 à 1744, la recette moyenne oscille entre
10.000 et 12.000 livres. De 1765 à 1779, les recettes sont les sui-
vantes (3) :
1765 . .
. . 14. 3 10 livres
1773 . .
. . 15.164 livres
1766 . .
. . 14.843 -
1774 • ■
. 15.446 —
,767 . .
. . 14.363 —
1775 . .
. 15.423 —
1768 . .
. . 14.530 -
.776 . .
. 17.403 -
1769 . .
. . 15.237 -
'777 • •
. I 5 . 346 —
1770 . .
. . 15.948 -
1778 . .
. 15.793 -
I77I . .
. . T4.527 -
1779 • •
. 16. .194 —
1772 . .
. . 14.314 —
De 1780 à 1785, le total des recettes présente moins de régula-
rité (4) ; après être monté jusqu'à 23. 000 livres en 1782, il redes-
cend à 14.000 en 1783 et à t3.ooo en 1784; il faut dire qu'entre
ces dates on avait démoli le Petit-Châtelet, et qu'à partir du 3o sep-
tembre 1782 on put passer à toute heure du jour sur l'emplacement
du Petit-Châtelet, ce qui donnait de « l'air » dans la circulation
du quartier.
(i) Voy. J. Corblet, o. c, p. 26.
(2) Camille Bloch, o. c, 3o3-3o4, et Tuetey, 0. c, t. I, p. i à 1 1.
(3) Arch. A. P. Registres de recettes (de 1734 a 1783). Il y a une lacune de 1774 (octobre)
à 1764 inclus, dans les 3 registres qui forment la i" liasse du fonds nouveau de l'H.-D.
Le préposé au péage a eu soin d'ouvrir à chaque page du compte mensuel une sixième
colonne d'observations dans laquelle il a enregistré les faits dont la mémoire lui a paru
digne d'être conservée ; cette partie ne manque pas d'intérêt pour l'histoire parisienne.
Brille en a donné des extraits. (Iiiv., t. IV, p. 3i2 et sqq.)
(4) Lorsque les deniers cessèrent d'avoir cours, ils furent remplacés par les liards.
LES RKVENUS
EXEMPTIONS DE TAXES
De tout temps, rHoiel-Dieu avait joui de privilèges spéciaux
pour son approvisionnement. Dès le mois de juin 1248, saint
Louis Tavait déchargé, par lettres patentes, de tous impôts « pour
les vivres et nécessités des pauvres », et, en octobre 1269, de
TOUS péages par eau et par terre ; puis Charles V l'avait exempté
des aides sur le vin pour ses provisions, « provenant tant de son
cru que d'achat » (lettres patentes du 20 septembre 1367) ;
Charles VII, de l'aide de 8 sols sur chaque queue de vin entrant à
Paris pour sa provision (i); François l", des droits d'aide sur
tout le bétail acheté pour sa provision, ailleurs qu'au marché de
Paris (2), et même de l'aide extraordinaire de 2 s. 6 d. imposée
sur le vin sortant et entrant à Paris, en 1544, pour la contribution
des fortifications.
Henri IV, continant la sollicitude de ses prédécesseurs, permit,
par lettres patentes du 22 octobre 094, d'amener chaque semaine
pour la provision de l'hôpital 3 bœufs et 10 moutons « franchement
et quittement de tous droits et impositions » ; cette quantité fut aug-
mentée, en I 597, de 3 bœufs et i 5 moutons (3). En 1 60 1 , les fermiers
du droit de i 5 sols sur chaque muid de vin entrant à Paris, Jacques
Deschamps et ses associés, soutenus par le prévôt des marchands
et les échevins, essayent de lui faire payer ce ^ droit, mais l'arrêt
de la Cour des aides du i3 décembre 1601 les déboute de leurs
prétentions et déclare l'Hôtel-Dieu exempt du droit jusqu'à
concurrence de 280 muids de vin par an.
Henri IV renouvelle également les exemptions dont jouissait
l'Hôtel-Dieu pour sa provision de sel, en lui octroyant un muid
et demi à prendre par an au grenier à sel de la Ville de Paris, qu'il
payera seulement au prix marchand, « franc et quitte » du
droit de gabelle (4). L'adjudicataire général des greniers à sel du
royaume, Claude Josse, était déchargé d'autant sur la somme
qu'il devait remettre à « l'Épargne » du roi.
(i) H.-D.. I.cltrcx yalcnlcs cl <.7n\'ls. p. 17. Lettres patentes, 25 juillet 1419.
(2) Rèf^l. H.-D., I, 93, lettres patentes données à Fontainebleau le 23 novembre iJSp. La
ferme du bétail à pied fourché vendu au marché de Paris avait été adjugée en n23 aux
<• maîtres jurés» bouchers et autres suppôts dudit état de boucherie moyennant 12.000 1.
Le Parlement, par arrêt du 28 avril i523, avait exempté des droits un certain nombre de
personnes.
[3] Rcpl. H.-D., 1. 189, lettres patentes données à Saint-Germain, le 29 décembre 1397.
registréesen la Chambre du Trésor le 4 mars iSgS.
(4) Kcf^l. H.-D., I, 211, édit du 4 juillet i6o3, registre en Ha Chambre des comptes le
8 août, et en la Cour des aides le i" septembre. Ce privilège fut renouvelé par lettres
patentes de Louis XIII de juin i633, de Louis XIV, de juillet 1646.
24 I. HOTKL-BIP.U AU XVII*- Kl
Au cours du XVII'' siècle, tous les privilèges précédemment
accordés furent renouvelés, soit à l'occasion de procès, soit
spontanément. Nous ne pouvons que mentionner les principales
décisions.
Une sentence de l'élection de Paris du ?o mai 1616 maintient
l'exemption de toute imposition d'entrée sur le bétail à pied
fourché (i). Un arrêt de la Cour des aides du 27 mars 1628
accorde une nouvelle exemption de 6 livres sur le muid et demi
de sel payé par lui au prix marchand, malgré les prétentions des
« grenetiers, controlleurs et officiers « du grenier à sel de Paris,
dont la tentative sera reprise d'ailleurs à diverses époques par les
adjudicataires des gabelles (2).
Pour ses exemptions de droits d'entrée, THôtel-Dieu rencontre
des résistances qu'il lui faut vaincre, à chaque instant, en s'adres-
sant au Parlement ou au Conseil d'État. En i652, le procureur
du roi au grenier à sel refuse de délivrer l'augmentation d'un
muid et demi et dix minots de sel (3^, au prix marchand
accordé par arrêt du Conseil d'État du 22 novembre i65i, qui
n'a pas encore été registre en la Cour des aides. Le Conseil d'État
est obligé de prendre un nouvel arrêt du 3o janvier i652,
ordonnant à Jacques Dattin, adjudicataire général des gabelles,
et aux officiers du grenier à sel, de faire la livraison demandée (4^.
L'Hôtel-Dieu se trouve d'ailleurs confirmé, par l'arrêt du Conseil
d'État du 17 juin i655 (5), dans son privilège de « franc-salé ».
Non seulement les bateaux portant la provision de vin étaient
parfois arrêtés aux péages, mais aussi ceux qui apportaient les
blés et le charbon. Ainsi, en 1660, l'Hôtel-Dieu a acheté du bois
« à des officiers qui ont droit de chauffage en la forêt de Fontai-
nebleau » et fait marché pour le transport avec un voiturier par
eau de Melun ; les bateaux sont saisis, et il est obligé de s'adresser
au Conseil d'État pour se faire décharger des droits du domaine
du roi [6) et de barrage.
(i) Règl. H.-D., I, 249, instance entre Jean de Comminges, procureur de Marin Gondin.
boucher, fournisseur de l'H.-D., et Jacques Decaulx, procureur de Nicolas Buchet, fer-
mier du bétail à pied fourché entrant « en cette ville et faulxbourgs, banlieue et blancs-
murs de Paris ».
(2) Règl. H.-D.,}., 293, 3oi, 321. Voy. arrêts de la Cour des aides des 25 oct. 1629, 3 juin
i63i, 29 mai 1634.
(3) Au temps de Henri IV, le prix du minot de sel, soit 100 livres, valait 8 1. 5 s. 2 d.,dans
les pays de grandes gabelles. En 1661, le sel se payait à Paris 42 1. 4 s. 2 d. (Lavisse-
Hist. de Fr.. t. VU [\" partie), 1906, p. 196, et E.-P. Beaulieu, les Gabelles sous Louis XIV;
Paris, 1903, in-8».)
(4) Règl. H.-D., I, 437, arrêt renouvelé le 26 juillet i653, confirmé par lettres patentes
du roi de juillet i653, et la sentence du grenier à sel du 3 septembre i633.
(5) Règl. H.-D., I, 525. Voy. aussi l'ordonnance des commissaires du. Conseil du
23 juin i656; id., I, 55i, et l'arrêt du Conseil d'État du 28 sept. i656; id., I, 563.
(6) Règl. H.-D., II, 9, arrêt du 17 nov. 1660 ; id., II, 17, arrêt du 20 janv. 1661.
En 1661, le fermier des 40 sols pour muid de vin passant
« dessus et dessous » les ponts de Joigny veut lui faire payer la
taxe; il obtient contre lui un arrêt le menaçant de 3. 000 livres
d'amende, à peine de répétition (i).
En 1662, il a acheté à Péronne 200 muids de blé qui doivent
arriver par bateau à partir du pont de Leveste-lès-Noyon sur
Oise. Il est obligé de se faire donner des lettres de sauvegarde
et passeport 2), pour les droits de «. péage, travers, ponts et
chaussées ».
En i663, François Chapelle, propriétaire des offices de
courtiers et jaugeurs de tonneaux en la généralité de Paris, lui
a fait payer les droits de courtage et jaugeage pour chaque
muid de vin passant sous les ponts de Sens. Il obtient contre lui
un arrêt du Conseil d'État, qui lui fait restituer les sommes
indûment perçues, et le menace de 5oo livres d'amende en cas de
récidive (3). La même année, c'est le fermier du maréchal de
Villeroy aux péages du pont de Corbeil qui fait saisir un tonneau
de cendres à blanchir, dont il obtient la mainlevée.
Ce n'est pas seulement en province, mais encore à Paris qu'on
est tenté de passer outre à ses privilèges. Ainsi, en i663, il se fait
rendre 26 sous que le sieur Godart et ses commis ont perçu pour
droit de « barrage et domaine » à la porte de la Conférence pour
un ballot de toile venant d'Alençon (4).
Il serait trop long d'énumérer tous les procès faits à THôtel-
Dieu à l'occasion de ses exemptions. Ils se retrouvent dans toutes
les contrées où il s'approvisionne, à Ferrières, Château-Landon,
Nemours, pour ses vins et huiles, qui arrivent « sur la rivière de
Loin » (5) ; à Melun. pour ses bateaux de cendres (6); à Cravant,
Auxerre, Joigny, pour ses vins (7) ; à Cravant, pour les cendres
faites dans les forêts « de Morvant » (8;.
L'arrêt du Conseil d'État du 3o mars 1706 (9) ne cache pas
que nonobstant « des privilèges si bien établis », les jaugeurs,
rouleurs et déchargeurs de vin, les mesureurs et porteurs de grains,
les contrôleurs de la marchandise de foin, les auneurs de toile.
(1) Rùgl. H.-D., II, 21, airCt du Conseil d'Etat, 17 fcvr. 1661.
(2) Rcgl. H.-D., II, 3y, id., 27 avril 1662.
(3) Régi. H.-D., 11, ôi, id., 28 avril i663.
(4) Rcgl. H.-D., II, i63, id., 9 juin i683.
(5) Régi. H.-D., II, 181, arr. du Parlement, 20 mars 1670.
(6) Régi. H.-D., II, i85, arr. de la Cour des aides du 28 mars 1670.
(7) Régi. H.-D., Il, 189, arr. du Conseil d'iitat du 16 mars 1671; id., i5 janvier 1671.
{Régi. H.-D., II, 193.)
(8) Arr. des juges ordonnes par le roi pour juger en dernier ressort et sans appel les
procès des reformations des eaux et forets de France au siège géntiral de la Table de
marbre du Palais à Paris du 8 lévrier 1680. [Régi. H.-D., 11, 297.)
(9) Régi. H.-D., Il, 6o3.
126 l'hOTKL-DIEU au XVII« et au XVIIl' SIÈCLE
les gardes de nuit, les metteurs à port, les mesureurs et porteurs
de bois, les mouleurs et autres officiers sur le bois, et d'une
manière générale, tous les officiers de la Ville de Paris veulent
exiger leurs droits ; ils font des procès à l'Hôtel-Dieu et à l'Hôpital
général, pour en être payés, ainsi qu'à leurs marchands et voi-
turiers.
L'Hôtel-Dieu continue néanmoins à recevoir des exemptions
d'impôts pour ses provisions qui se font de plus en plus importantes.
Son vin est déchargé par arrêt du 24 mars 1 646 ( i ) de tous les droits
d'entrée et autres, savoir les 10 sols des aides, les 5 sols pour la
généralité, les 5 sols des pauvres, les 5 deniers de la ceinture de
la reine, les 2 sols des barrages. Cette provision est fixée par
différents arrêts à 800 muids (2).
La provision de vin se faisait surtout « au pays de Bourgogne n
de même que celle des cendres pour les lessives. S'il n'était rien
perçu à l'entrée de Paris, il y avait de nombreux droits de péages
qu'il fallait acquitter en cours de route, 2 sous par muid à
Gravant, 3 s. 4 oboles à Auxerre, 2 sous à Joigny, 8 s. 2 d.
à Villeneuve-le-Roi, 10 s. i d. à Sens, 4 sous à Pont-sur-Yonne,
2 sous à Montereau, 2 s. 8 d. à Saint-Mesmin, 8 deniers à Melun,
Souvent les provisions étaient arrêtées à l'un de ces péages.
L'Hôtel-Dieu obtint en 1654 un arrêt du Conseil d'État (3\
faisant défenses aux fermiers ou commis aux recettes de ces péages
d'exiger des droits pour les vins et cendres qui lui étaient destinés.
En 1654, une imposition nouvelle de 3 sous par livre sur les
droits d'entrée sur le vin et de 8 sous parisis pour le barrage,
s'ajoute aux anciens droits. Il s'en fait décharger par un arrêt
du 17 décembre 1654(4).
En i655, ce sont les receveurs et commis à la recette du droit
de 20 sous pour muid appelé « maubouge » (5) qui veulent faire
payer l'Hôtel-Dieu; il obtient l'arrêt du 27 octobre i655 le
déchargeant de ce nouveau droit, et la mainlevée de toutes les
saisies faites à cette occasion (6).
La provision fixée à 800 muids est vite devenue insuffisante;
(1) Ré^rl. H.-D., I, 3-7.
(2) Ràgl. H.-D., I, 421, ord. des g oct. 1647, 12 oct. 16+8, 27 oct. 1649, 29 nov. i65o.
Arrêt du Conseil d'Etat, 8 nov. i65i.
(3) Rcgl. H.-D., I, 487. Voy. aussi arrêts des i5 nov. i656 (I, 5-1) et 10 nov. 1637 (577I.
Ces droits avaient été augmentés par de nouvelles concessions : leur ensemble revenait pour
chaque muid de vin à 3 1. 4 s. 6 d. Voy. AI. Thomas, la Bourgogne Je 166 r à i ■/ 1 5 ;
Paris, 1844, et Callery, Hist. du système général des droits de douane aux xvi» et
XVII» siècles, dans Rev. hist., janv. 1902.
(4) Rcgl. H.-D., I, 307.
(5) Du nom de l'adjudicataire Jean .Maubouge.
(6) Rcgl. H.-D., I, 53i.
I.KS REVENUS
aussi rHotcI-Dieu est oblige de se faire exempter pour le com-
plément de sa provision, soit loo muids supplémentaires en 1708
et 400 muids en 1721 (i). Il achète à cette époque beaucoup
en Languedoc, et les mêmes difficultés qu'en Bourgogne se
retrouvent aux péages de la Voulte, de Saint-Vallier, de Vienne, de
Valence (2). Il avait même un commissionnaire dans le pays,
chargé d'acheter sa provision et celle des Incurables.
Il n'est pas exempt des mêmes tracasseries pour ses provisions
de poisson. Les aides de Dieppe restituent, en 17 17, 3i livres
perçues sur 7 hambourgs ou barils de saumons (3), et le bureau de
la Pointe 25 1. i s. 2 d. perçus sur une provision de 200 morues
vertes achetées à Nantes.
En 171 1, les administrateurs demandèrent au contrôleur généra^
des finances à être déchargés du payement du droit de pied fourché
pour le bétail, que leurs prédécesseurs avaient laissé payé pai
négligence, malgré les lettres patentes d'exemption, depuis 1648.
D'après un calcul présenté dans leur mémoire, cette dépense
s'élevait pour eux à 19. 118 livres, dont 5.3i8 pour 336 bœufs
à raison de i5 1. 16 s. 7 d. de droit par pièce, 9.120 livres
pour 6.840 moutons, à raison de i 1. 6 s. 8 d., et 4.680 livres
pour 1.200 veaux, à raison de 3 1. 18 s. Mais en présence de l'op-
position des fermiers généraux qui firent valoir les craintes d'abus
et de fraude, au lieu d'accorder l'exemption du droit par pièce de
bétail, le contrôle général fit simplement, par décision du
28 août 1714, une remise annuelle fixe de 7.500 livres à l'Hôtel-
Dieu, moyennant quoi il devait payer le droit ordinaire (4).
Les cuirs, achetés pour son usage (5), avaient le privi-
lège, dès leur arrivée à la Halle aux cuirs, d'être visités, con-
trôlés et marqués, sans attente et sans aucun frais par les vendeurs
et contrôleurs des cuirs. Ces cuirs, pour être reconnus, devaient
être marqués des lettres H. D.
De même, ses provisions de toile étaient exemptes des droits
perçus à leur entrée dans Paris par les auneurs de toile [6];
(1) Rcgl.H.-D., m, 273, arr. du i3 mai 1721.
(2) iît'g-/. //.-D., III, passim, arr. du 16 avril 171 1, ordonnant la mainlevée de pièces
saisies par le receveur des péages de Vienne; du 3 août 1712, au.>c péages de la Voulte et
Saint-Vallier; du 2^ mai 1748, au péage de la V^oulte ; du 17 déc. 1739, aux péages de
Vienne et V'alence.
(3) Régi. H.-D., III, 193, arr. 21 juin 1717.
(4) Arch. nat., G^ 440. Papiers du contrôle général, note en niai.je du mémoire de
l'H.-D., «accordé 7.500 1. » (28 août 17 14).
(3) Rcgl. H.-D., III, 307, arr. du Parlement, 7 sept. 1742. Cette marque des cuirs
était exigée par les édits de juin i585, janv. 1396, et le règl. du ty mai 1738.
{6) Régi. H.-D., U, bS-, III, 49, 283, lettres patentes, i" mars i;)), 23 sept. 170;),
12 mai 1722.
L HOTEL-DIEU AU XVII'' ET AU XVIII'^ SIECLE
plusieurs commis préposés à la perception de ce droit sont con-
damnés en 1722 à restituer les sommes indûment perçues (i).
Il échappe également aux droits réclamés au port au blé par
les mesureurs de grains qui sont obligés de restituer, en 171 1 2),
8 livres pour droits d'entrée perçus sur 2 setiers de blé et 2 muids
d'orge, ainsi qu'aux droits dus à la communauté des « officiers con-
trôleurs jurés planchéeurs et commissaires au nettoiement des
ports pavés de la Ville » (3].
Dans le même ordre d'idées, l'Hôtel-Dieu fut exempté pour ses
provisions de viande des droits établis en 1704 à l'occasion de la
création des offices d'inspecteurs aux boucheries « dans les villes
et bourgs fermés du royaume » {4), pour veiller à la qualité des
viandes débitées par les bouchers, et tenir la main à l'exécution
des règlements de police ; il était attribué à ces inspecteurs
3 livres par bœuf ou vache, 12 sous par veau ou par génisse,
4 sous par mouton, brebis ou chèvre. L'adjudication de ces droits
fut accordée, pour Paris, à Élie Biest pour 6 ans 9 mois (5) ; le
droit de consommation des hôpitaux de Paris fut fixé, par arrêt du
Conseil d'État, à 10.000 livres, dont 3.65i 1. 8 s. pour IHôtel-
Dieu. Ces sommes devaient être payées aux hôpitaux par le
fermier des droits d'inspecteurs (6). Une nouvelle répartition de
ces sommes fut faite en 1706, sur la réclamation de l'hôpital
Sainte-Catherine, qui avait été omis ; la part de THôtel-Dieu fut
réduite à 3.63o 1. 8 s. (7).
L'Hôtel-Dieu fut déchargé, par Tédit de juin 1703, pour ses
provisions de bois, des droits de 2 sols par voie de bois vendus
et débités sur les chantiers et sur les ports établis par la réunion
des offices héréditaires de trésoriers de bourse commune 8) avec
les cent contrôleurs-marqueurs créés par l'édit de janvier 1703,
qui augmentait également les gages « des offices de jurés mouleurs
de bois, aides, chargeurs et contrôleurs des quantités » . La « finance »
délivrée au roi pour la création de ces cent offices nouveaux de
contrôleurs s'élevait à 440.000 livres, et pour l'augmentation des
gages à 1. 100. 000 livres sur le pied du denier 16 ; pour couvrir ces
(1) Rcg-l. H.-D., III, 279, arr. du Parlement, 24 mars 1722.
(2) Régi. H.-D., III, 107, arr. du Parlement, 6 juill. 171 1.
(3) Régi. H.-D., III, III, arr. du Parlement, 16 juill. 171 1.
(4) Règl. H.-D., II, 58i, édit de févr. 1704.
(5) Règl. H.-D., II, 587, arr. du i" mars 1704.
(6) Régi. H.-D., II, 595, arr. du 4 juill. 170?.
(7) Rcgl. H.-D., II, 6i5, arr. du Conseil d'Etat du 14 sept. 1706.
18) L'édit d'août 1696 avait créé et érigé en offices héréditaires à chacune des commu-
nautés, corps et compagnies du royaume, un trésorier-receveur et payeur de leurs
deniers entrant en bourse commune.
LES REVENUS 120
frais, était créé ce nouveau droit de 2 ,sols, qui devait être réparti
ainsi entre chacune des communautés : i sol pour celle des
mouleurs, 5 deniers pour chacune des communautés des aides à
mouleurs et chargeurs de bois, et 2 deniers pour celle des con-
trôleurs des quantités (i).
L'Hôtel-Dieu échappe ainsi à Tune des contributions les plus
lourdes de l'ancien régime, celle qui provenait de la création
incessante de nouveaux offices pour combler le déficit croissant
des finances ; on a pu dire que « ce beau secret de finances
de lever par voie d'offices une taille immense et néanmoins
insensible même volontaire et désirée, sur l'ambition et la folie
des aisés du royaume » était « une manne qui ne manque
jamais, un fonds sans fond, une source que, puisant journel-
lement, on ne peut épuiser (2) ».
L'Hôtel-Dieu se considère comme exempté en principe de tous
les droits, non seulement des droits d'imposition sur les denrées et
marchandises, mais des droits sur les actes de justice. En effet, en
i325, Charles le Bel avait accordé des lettres patentes portant que
les lettres de chancellerie et les actes de justice lui seraient expédiés
gratuitement, et François I'^'' avait ordonné en octobre 1547 que,
sous prétexte d'exempts ou non exempts, privilégiés ou non privi-
légiés, l'Hôtel-Dieu ne pourrait jamais être assujetti aux droits.
Ces exemptions se continuent au cours des xvii" et xviii«
siècles. Par l'édit de juillet i685, portant création des offices de
conservateurs des hypothèques et établissement des droits relatifs
à leurs fonctions, l'Hôtel-Dieu est exempté de ces droits pour
toutes expéditions, oppositions, mainlevées, certificats ou extraits
dont il aura besoin. Les lettres patentes du 25 septembre 1709
enjoignent pareillement au fermier du greffe des «insinuations»,
créé par l'édit de décembre 1703, d'expédier et d'enregistrer gratui-
tement les contrats et autres actes concernant l'Hôtel-Dieu.
D'après les mêmes principes, l'arrêt du Conseil d'État du
i5 décembre 171 1 prononce contre les commissaires aux ventes,
créés par l'édit de septembre 1708, l'exemption en faveur de
l'Hôtel-Dieu des droits à eux attribués pour les procès-verbaux
des ventes de meubles, auxquels il aurait intérêt, soit comme léga-
taire universel, soit à tout autre titre.
En vertu de la déclaration du roi du 22 juillet 1702 et de l'arrêt
(1) Les mouleurs étaient ainsi appelés à cause de l'anneau ou moule qui servait de
mesure. Sur toutes ces « communautés », voy. Delamare, o.c, t. IV, p. 897 à 925, le chapitre
intitulé « Des otïiciers sur les ports de Paris pour la police du commerce du bois ». et les
pièces justificatives.
(2) Loyseau, Traite des ojiccs, cité par Lavisse, Hist. Je France ; Hachette, t. VII. i, 368.
L HOTF.r -niK.r au xviie kt au xviiie siècle
du Conseil d'État du 25 Juillet suivant, l'Hôtel-Dieu devait payer
le sixième denier pour les biens acquis des gens de mainmorte (i).
L'article 2 de cette déclaration avait donné la faculté aux
détenteurs d'être confirmés pour 3o ans dans la possession des
biens en payant le huitième denier, en vertu de la déclaration du
?i octobre 1675 (2). L'Hùtel-Dieu avait payé le huitième denier
en 1675; mais, en 1702, en présence des sommes considérables
dont M^ Claude Buquet, chargé du recouvrement, poursuivait
impitoyablement le payement, il présenta une requête au roi
suivie de l'arrêt du Conseil d'État du 19 Juin 1703 (3), qui, sur
le rapport de Fleuriau d'Armenonville, déchargea les hôpitaux
de cette imposition pour les biens « enfermés dans leur clôture».
L'Hôtel-Dieu se fit exempter, en 1669, pour ses fermes, à titre
de <( monastère et hôpital de fondation royale » et « comme faisant
partie du clergé de France >; (4), du vingtième denier de surcens
sur les revenus des îles, îlots, pêches et moulins, sur les rivières
de Marne et Seine, droit établi par l'édit d'avril 1668, et que
François Euldes, fermier général du domaine, chargé du
recouvrement de cet impôt, prétendait lui faire payer ; ce
dernier avait même assigné les administrateurs devant Hachette,
Regnault et Rouillé, trésoriers généraux de France à Paris, com-
missaires députés pour l'exécution de la déclaration du roi
d'avril 1668; mais l'arrêt du Conseil d'État du 23 décembre 1669
accorda à l'Hôtel-Dieu la Jouissance « des surséances » accordées
aux autres bénéficiaires ; la même exemption lui fut octroyée le
10 mars 1670 pour les biens des Incurables.
Un arrêt du 7 février 1696 déchargea l'Hôtel-Dieu du payement
des taxes pour raison de franc-alleu, réclamé en exécution de l'édit
d'août 1692 (5).
En 1761, s'appuyant sur tous ces précédents, il refuse
de payer le droit de 3 livres par maison que le préposé du
recouvrement des sommes dues pour le rachat de la taxe des boues
et lanternes veut lui faire payer, en plus de cette taxe, pour droit
(1) Arch. A. P., liasse 437. Déclaration du roy pour le 6» denier ecclésiastique donnée
à Versailles le 22 juill. 1702. Paris, de l'iraprinierie de Frédéric Léonard, « seul impri-
meur ordinaire du roy pour la Guerre, les Finances et la Monoye ». Voy. aussi : Déclara-
tion du roy pour le 6= denier laïque, donné à Marly le 1 1 juill. 1702, et l'arrêt du Conseil
d'Etat du 29 août 1702, portant règlement pour le recouvrement des sommes provenant
du 6» denier ecclésiastique et laïque.
(2) Régi. H. -D., II, 271.
(3) Arch. A. P., liasse 437. Arr. du Conseil d'Etat portant que les hôpitaux payeront
le 6« denier des biens acquis par eux des ecclésiastiques et gens de mainmorte à l'exception
de ceux qui composent leur clôture (19 juin i7o3).
(4) Régi. H.-D., II, 173. Arr. des i" mars, 20 mai, 23 déc. 1669.
(5j Recueil sur le droit d'amortissement, t. II, f" 347. (Bibl. nat., F 21941.)
.FS RFVKXrS î 3 I
de quittance (il. La déclaration du 3 octobre 1745 atïranchissait de
la taxe elle-même les lieux employe's à Tusage des pauvres et des
personnes qui sont à leur service (2) ; cette taxe était fixée au
46' du loyer. L'Hùtel-Dieu était imposé pour une somme de
65.573 livres (3), depuis l'édit de janvier 1704, qui avait ordonné le
rachat de cette taxe par les propriétaires des maisons (4).
Il est encore dispensé, par divers arrêts du Conseil d'État (5), du
droit de « parisis », dû sur la propriété de valeurs qui lui étaient
léguées, comme la propriété pour un tiers des aides d'Angers et de
Melun provenant du legs Sillery, ou celle des aides de Villejuif.
Pour ses propriétés, l'Hùtel-Dieu se refuse également à
acquitter les droits de mainmorte, conformément aux articles 17
de l'édit de 1691 et i 5 de l'édit de 1703, d'après lesquels « tous les
gens de mainmorte, administrateurs d'hôpitaux, maires et
échevins, consuls, syndics, capitouls, jurats, manans et habitans
des villes, bourgs, bourgades, villages et autres gens de main-
morte généralement quelconques » sont tenus de fournir au greffe
tous les 10 ans la déclaration générale de leurs biens affermés et
non affermés, et qui obligent de même les fermiers des gens de
mainmorte à faire enregistrer leurs baux au greffe.
Les administrateurs des hôpitaux prétendirent se libérer de ces
obligations, mais l'arrêt du Conseil d'Etat du 2 septembre 1692
et les lettres patentes du 19 octobre 1717 ordonnèrent l'exécution
des édits de 1691 et de 1703. De plus, un article de la déclaration
de 1704 spécifia que, « suivant Tédit de décembre 1691, les preneurs
et fermiers des domaines des gens de mainmorte sont tenus de
faire enregistrer leurs baux, ce qui se trouve fort à charge à ceux
qui prennent à ferme des biens situés hors du diocèse du chef-lieu
des bénéfices ou des communautés laïques ou séculières auxquels
ils appartiennent, et que, dans ce cas, ces baux pourront être enre-
gistrés et contrôlés à la diligence des bénéficiers ou communautés
qui les auront passés au greffe de leur diocèse ».
Cependant l'Hôtel-Dieu s'est toujours refusé à cette formalité.
En vain, le commis à l'exercice du greffe pour le clergé a réclamé
(i) Arch. A. P., liasse .py. Lettre à Bertin, contrôleur giinéral, 4 mars 1761.
(2) Arch. A. P., liasse 437. L'II.-D. y comprenait, outre ses bâtiments, la maison où se
tenait le bureau, celle des archives, celle des convalescentes rue de la Bûclierio. (\'oy. lettre
au lieutenant général de police, 8 sept. 1763.)
|3) Arch. A. P. , liasse 437. Mémoire remis par M. Desmalpeines à M. de Sartine, lieute-
nant giinéral de police, le 3 oct. 1763, pour obtenir décharge des 3 maisons précitées.
(4) Arch. A. P., liasse 437. A. Chevalier, Notice historique sur le nettoiement de Paris,
dans les Ann. d'Iiyg., t. XLII, I8.^9, et Ed. Fournier, les Lanternes, histoire de
l'ancien écliiirage à Paris ; Pavis, 1834, in-12.
(3) Règl. H.-D., 1, 547, 363. Arr. des 14 juin et 28 sept. i656.
L'HOTFX-DIF.r AU XVII^ ET AU XVIIF SIECLE
depuis 3û ans l'état des biens affermés ; des poursuites ont été
décidées. Sur une sentence obtenue par défaut, les administrateurs
ont demandé la suspension des poursuites; ils ont promis de se
mettre en règle, c'est-à-dire de fournir un état sommaire de leurs
biens affermés et de ceux qu'ils font valoir, et d'envoyer les baux
d.^s biens situés hors du diocèse pour y être enregistrés. Mais ils
o:it bientôt rétracté leur parole, et les poursuites ont été con-
tinuées par Thierry, procureur au Parlement (i).
Suivant la délibération du mercredi 14 avril 1779, son agent
d'affaires informe le greffier du Bureau des domaines des gens
de mainmorte, que l'Hôtel-Dieu persiste dans son refus, et a
donné pouvoir à M" Lanier, son procureur ordinaire, de sou-
tenir ses intérêts.
Il essaye aussi d'échapper à la taille et à la capitation ; en 171 5,
il prend parti pour les jardiniers du faubourg de Gloire, paroisse
S-iint-Laurent, détenteurs de marais lui appartenant, contre les
syndic, marguilliers, collecteurs de la paroisse de la Chapelle-Saint-
Denis, qui voulaient leur faire payer la taille.
Il obtient de même un dégrèvement d'une surtaxe dont a été
imposé, en i655, par les collecteurs des, tailles, son fermier des
Brosses d'Intreville (2) au bailliage d'Orléans.
Il refuse encore de payer la capitation, établie par l'édit du
i3 janvier lôgS, prétendant que les gens au service des pauvres
sont exempts de cet impôt (3). A différentes reprises, M. de la Groiie,
1j receveur de la capitation du quartier Saint-Martin, a envoyé
diis avertissements pour faire payer à son bureau, rue des Gravil-
liers, au coin de la rue des Vertus, le rôle dû pour le personnel
dj Saint-Louis, soit 27 1. 7 s. ; par ses réclamations auprès de
Bignon, prévôt des marchands, il trouve moyen de se faire
donner décharge de cette taxe, tant pour son personnel que
pjur celui de Saint-Louis; cependant les receveurs ne cessent
di faire de nouvelles tentatives et d'envoyer leurs rôles. Le nou-
veau prévôt, de La Michodière, refuse l'exemption, par lettre
du 3i août 1776.
Mais son personnel jouissait d'un privilège spécial. Les lettres
patentes des 4 février 1645 et 7 décembre 1648, confirmées
(i) Arch. A. P.. liasse 662. Mémoire contre l'H.-D.
(2) Régi. H.-D., I, 5i I. Arr. du Cons.d"Etal, 6 mars i655. Intreville, comm. d'Eure-et-Loir
(3) D'après les déclarations du roi des I2 mars 1701 et 9 juillet 1715, tous propriétaires,
principaux locataires et ciiefs de famille, sont tenus de donner au 10 janvier de chaque
année des états et déclarations exactes d'eux certifiées, contenant le nombre, les noms et
qualités des personnes qui habitent dans leurs maisons, à peine de 5o livres d'amende, et
du double de la taxe des personnes qu'ils auront omis, ou dont ils auront déguisé les qualités,
dont moitié appartiendra aux dénonciateurs.
LES REVENUS l33
en mai 1720 (i), accordaient le droit de maîtrise à tous les
ouvriers qui avaient servi 6 années à THôtel-Dieu : tailleurs,
boulangers, tonneliers, maçons, menuisiers, cordonniers, char-
rons, etc. Toutefois il y avait certaines restrictions. Ainsi
l'arrêt du Parlement du 21 mars 1680 (2) confirmant la maîtrise
accordée à Robert Censé, gindre et principal boulanger, qui n'a
fait qu'une « légère expérience, et sans frais », à THôtel-Dieu,
spécifie qu'à l'avenir il ne pourrait y avoir de pareille réception
de maîtrise dans la corporation des « boulangers-talmiers « de la
ville et faubourgs de Paris, que de 6 ans en 6 ans. Pour être reçu
maître charron-carrossier, il suffit également à Charles Vastier
d'avoir servi 6 ans à l'Hôtel-Dieu et de faire une « légère expé-
rience de 2 roues seulement, et sans aucuns frais ni droits » (3).
Citons encore l'exemption concernant les alignements et
ouvertures des rues de Paris. La déclaration du roi du
10 avril 1783 s'exprime ainsi à l'article 4: « Chacun des proprié-
taires de maisons, bàtimens, et murs de clôture situés sur les
rues, sera tenu de contribuer aux frais des plans ordonnés, au
prorata des toises de face de sa propriété, laquelle contribution
nous avons fixée, à l'égard des plans à lever, à 5 sols par toise
de maisons et bàtimens de face sur la rue ; et pareillement à
3 sols par toise de mur de clôture, et à la moitié seulement pour
les plans déjà levés, et qui seront seulement recollés. N'entendons
que puissent être assujettis à ladite contribution les édifices ou
établissemens publics, lîi les maisons appartenantes aux Hôpi-
taux (4). »
L'Hôtel-Dieu et l'Hôpital général furent enfin exemptés des
droits à payer pour les offices d'inspecteurs des bâtiments, créés
en 1709 (5), droits fixés par un tarif spécial: 2 s. 6 d. pour
chaque muid de plâtre cuit, i5 sous par toise cube de plâtre cru,
6 deniers par marque de chaque sac de plâtre de la contenance
de 2 boisseaux.
Non seulement l'Hôtel-Dieu, mais ses maisons, ses fermes,
ses métairies étaient placées sous la sauvegarde royale ; ses fer-
miers étaient exemptés du logement des gens de guerre, et de
(1) Régi. H.-D., III, 235. Arr. du Cons. d'État du i6 mai 1720, et [Alletz] Tableau de
l'humanité et de la bienfaisance ; Paris, 1768, in-18, p. 47.
(2) Rèffl. H.-D., II, 3oi.
(3) Rég-l. H.-D., II, 3 II. Lettre du procureur du roi au Cliàtelet, 2 août 1680.
(4) Code de l'Hôp. gén., p. 227.
(3) Règl. H.-D.. III, 67, Édit de die. 170g. Ces 200 offices nouveaux furent créés pour
remplacer les 100 offices héréditaires d'inspecteurs, visiteurs, mesureurs et contrôleurs de
matériaux créés par édit de juin 1705, et les 40 offices de conseillers inspecteurs, créés
par édit de janvier 1707.
i34 l'hotel-dieu au xvif et au xv
ceux de la suite du roi, à qui il était défendu d'y prendre « vivres,
fourrages, ni autres effets quelconques» (i). Tous les rois
accordent à leur tour des lettres de sauvegarde et veillent à leur
exécution (2). Pour garder ses propriétés de « toutes violences
et oppressions », il lui était même permis de mettre sur ses maisons
des « panonceaux et bastons royaux aux armes de France »,
comme signe extérieur de la protection royale.
D'après le modèle qui en a été retrouvé (3), ces panonceaux
étaient des plaques de tôle de o m. 40 x o m. 3o, peintes aux
armes de France et de Navarre, avec les colliers dorés des ordres
de Saint-Michel et du Saint-Esprit et Tinscription : « Sauvegarde
du Roy pour l'Hôtel-Dieu de Paris» (4).
Il ne faut pas s'étonner de Timportance que prenait cette
sauvegarde si l'on se rappelle que le logement des troupes était
regardé à bon droit, sous l'ancien régime, comme une véritable
calamité publique. L'édit de i683 n'avait-il pas défendu aux
villes d'aliéner leurs biens ou d'emprunter, « si ce n'est en cas
de peste, logement de troupes, ruine ou incendie d'églises » (5) ?
L'Hôtel-Dieu qui a obtenu des lettres de sauvegarde pour
épargner à ses fermiers le logement des soldats obtient également
d'être déchargé des contributions au ban et arrière-ban pour les
fiefs qui lui appartiennent, situés dans différents bailliages,
à Senlis, pour les années 1674 et 1675 (6); à Orléans, pour la
terre des Brosses d'Intreville et de la Salle d'Outreville (7), dont
il est « seigneur» ; à Étampes, pour le fief d'Aubray, paroisse de
Mérobert (8).
Mais, en temps de guerre et de troubles, ces privilèges n'étaient
pas toujours observés ; on en a de nombreux exemples (9).
(i) Lettres de sauvegarde de Charles IX (ii juin i566), de Henri III d" déc. iSyS), de
Henri IV (5 juillet i59i),qui ne font que répéter d'ailleurs celles de Philippe YI (i345),
du roi Jean (i353), de Charles VI (i383)..
(2) Voy. lettres du 3 juillet i5g2 portant mainlevée de la saisie faite sur le fermier de
Brie-Comte-Robert, par le receveur du domaine. Lettres patentes de sauvegarde de
Louis XIII pour la ferme de Charmont, i5 févr. i6i3. {Régi. H.-D., I, 237.)
(3) Voy. Coyecque, Bull, de la Soc. de l'Hist. de P., 1901, p. 106.
(4) Arch. A. P., Compte de i556, 84» reg. « A Pierre du Boys, maistre ymagier à Paris
IX 1. t. pour avoir par luy faict et livré 2 douzaines des armoyries du roy pour mectreaux
fermes dudict Hostel-Dieu, suivant les lectres patentes du roy nostre sire de ne loger ni
fouraiger esdictes fermes »
(5) Voy. Lavisse, o. c, t. VII, !■■= partie, p. 338.
(6) Régi. H.-D., II, 233. Sentence du bailliage de Senlis du 23 févr. 1675.
(-/] Régi. H.-D., Il, 33 1. Sentence du bailliage d'Orléans du 18 janvier 1675 (id., p. 239)
(rôle fixé à 100 1.) et du 28 mai 1689. Outreville, aujourd'hui hameau de lacomm. d'Allaines
(Eure-et-Loir).
(8) Régi. H.-D., II, 353. Sentence du bailliage d'Etampes, 4 juin 1689.
(9) Arch. A. P., Compte de i56o, 9» reg. « A Jean de la Vacherie, sergent royal en la
prévosté de l'hostel et François Robin, archer de la garde du roy, soubz la charge de M. le
35
Ses maisons sont également exemptes des visites des salpêtriers
et placées sous la sauvegarde de l'artillerie de France qui défend
d'y « fouiller et gratter » (i).
Pour ses fermiers, il obtient aussi l'exemption des droits sur
les foins, sainfoins, luzernes, etc., pour la quantité nécessaire à la
nourriture des chevaux employés à la culture des terres (2).
Enfin, pour éviter le payement toujours onéreux des droits
d'indemnité, il avait recours au procédé ingénieux, et souvent
employé par les gens de mainmorte, qui consistait à désigner un
homme « vivant et mourant » pour le représenter, et dont le
décès entraînait simplement la perception des droits de muta-
tion (3).
Pour toutes ces exemptions de droits, il est justiciable en
grande partie de la Chambre des comptes. Sans doute, aucun
texte ne le fait dépendre de son contrôle, et ses membres n'ont
pas, vis-à-vis de l'Hôtel-Dieu, le pouvoir du Parlement et de
la municipalité. Mais elle enregistre le texte de ses privilèges (4).
Elle peut lui octroyer dés amendes ou secours (5) pris sur les
recettes générales des finances ou des tailles, lui faire remise
des droits seigneuriaux (6). Ses membres ne manquent pas
d'ailleurs, suivant une vieille tradition, de lui envoyer leurs
aumônes (7). De plus, avant même que le premier président fît
partie de droit du Bureau, l'un des présidents était habituellement
choisi pour être administrateur, et la Chambre paraissait tenir
à cette prérogative (8).
On ne s'étonnera pas, en présence des complications créées par
ces exemptions, dont nous n'avons donné qu'une faible idée, que
prévost de Thostel, la somme de 12 I. t. pour avoir esté en plusieurs fermes appartenant
audictH.-D. faire déloger les gens de court, et pour les faire payer pour la despense faicte
par leurs chevaulx qui ont logé ausdictes fermes.»
(1) Règ!. H.-D., II, 2o5. Arrêts des 25 mai 1672, 25 mai 1680, 6 octobre 1686.
(2) Règl. H.-D., III, 471. Arrêt du Parlement du 3o juin 1740, concernant les terres
situées hors de la barrière des Carmes.
(3) Cf. Bonde, le Dotnaine des Hospices de Paris ; Paris, 1906, in-S", p. 6.
(4) Bibl. nat., ms fr. n. a. 1647 (coUect. Clément de Boissy sur la juridiction et la juris-
prudence de la Chambre des comptes).
(5) Bibl. nat., ms fr., n. a., 1647, fol. 421 , 6 mai 1(320 : Sur la remontrance du procureur
général, la Cliambre accorde 3. 000 1. à l'H-l). sur la somme de 3o.ooo 1. à laquelle elle
a condamné Dubray, fermier des 37 s. 6 d. pour passeport du muid de sel qui se retire de
Brouage.
(6) Id., 18 août i658: remise de lods et ventes à l'IL-D. pour terres léguées par M"'» de
Bassompierre.
(7) Id., fol. 449. Produit des aumônes en 1695 : 1 18.325 1. 6 s. 8d. à 1 H.-D., 261.375I. iqs.
à l'Hôp. gén., 37,000 1. aux Enfants-Trouvés.
(8) Id., f» 402, 14 nov. 1628. « La Chambre a arrêté que MM" de l'H.-D. seront
mandés pour scavoir pourquoy ils n'ont point prié quelqu'un de M.M. les présidents de
la Chambre pour accepter la charge d'administrateur, depuis le décès de feu M. le premier
président, ainsi qu'il avait été fait par le passé. »
l36 i/hOTF.L-DIEU ai; XVIIc KT au XVIIie SIÈCLE
le Tiers ait, en 1789, dans ses cahiers, demandé que « les droits
d'entrée à Paris pour la portion affectée aux hôpitaux et aux
dépenses de la Ville, soient convertis en une imposition plus simple
et d'une perception plus facile (1) ».
LE DOMAINE
On conçoit que, défendu par un pareil réseau d'exemptions et
de privilèges, le domaine de l'Hôtel-Dieu ait constitué une source
importante de revenus.
Il s'est constitué petit à petit, à travers les siècles, grâce aux
dons, aux fondations de toutes sortes, aux aliénations résultant
des rentes à fonds perdu, aux achats même. Il est l'une des plus
grosses préoccupations de l'administration qui veille sur lui avec
une sollicitude particulière. Il est l'occasion de procès et de diffé-
rends sans nombre. Mais en définitive c'est à lui que l'Hôtel-Dieu
doit sa durée et sa conservation.
Tandis que tous les autres revenus fléchissent ou se tarissent,
la valeur des terrains se décuple, les immeubles se louent à un
taux toujours plus avantageux. Les administrateurs le savent bien;
ils ne se résoudront à aliéner une partie de ce domaine qu'en pré-
sence de crises irrémédiables, et ils s'élèveront avec la dernière
énergie contre les projets de Necker tendant à la vente totale
de leurs immeubles. Leur politique n'a jamais varié sur ce point,
et c'est grâce à leur persévérance, à leur ténacité, que persiste
encore aujourd'hui le domaine des hospices, patrimoine séculaire,
demeuré à travers toutes les ruines.
Ainsi qu'on peut le voir par l'état dressé par M. Coyecque,
le domaine urbain de l'Hôtel-Dieu en i5o5 (2) se compose pri-
mitivement de maisons situées dans la Cité, maisons provenant
de dons pour la plupart, maisons vétustés qui seront, petit à petit,
englobées par les bâtiments, démolies au fur et à mesure des
besoins ou vendues à la Ville pour l'agrandissement du Parvis (3).
Ce qu'était ce domaine primitif, nous pouvons encore en juger
par l'état des locations qui figurent sur a l'état au vrai » de 1640.
Cet état est d'ailleurs tout à fait incomplet ; si l'on se reporte au
terrier de Paris, conservé aux Archives nationales (4), on voit
(il Ch.-L. Chassin, les Élections et les Cahiers Je Paris; Paris, i8Sq, 4 vol. in-8», t. III,
p. 363.
(2) Coyecque, o. c, t. I, App., p. 201.
(3) Voy. lettres patentes du 4 sept. 1756 permettant cession à la Ville de 3 maisons sur
le Parvis, pour être démolies. .
(4) Arch. nat., Qi 10992, f»' 4, 9, 35, 41, 43, 47, 54, 60, 61, 65, 68, 71, 72, Si.
I.KS RKVKNt\S
que les maisons appartenant à l'Hôtel-Dieu, dans la Cité (i),
sont beaucoup plus nombreuses.
Nous donnons en appendice l'état détaillé du domaine urbain
par censives. Ce domaine s'est surtout accru à la fin du xvii^ siècle
par la construction des terrains des faubourgs, en particulier
du faubourg Saint-Germain (2). En 1704, d'après un état dressé
jtar quartiers, le nombre des maisons appartenant à l 'Hôtel-Dieu
était de 232 (3).
Son domaine s'est accru encore, en dehors de ses spéculations
propres, par les diverses» unions » qui furent faites à son profit (4).
En i653, le cardinal Mazarin, à la suite d'une visite à l'Hôtel-
Dieu et à la maison du « Lion Ferré», où le Bureau songeait à
établir ses convalescents, avait autorisé les administrateurs à dis-
poser sur lui d'une somme de 40.000 livres, et s'engagea à faire
une pension viagère de 2.5oo livres sur son abbaye de Saint-Etienne
de Caen à Pierre Méliand, prieur commendataire du prieuré de
Saint-Julien-le-Pauvre, à condition que ce dernier cède à l'Hôtel-
Dieu son prieuré pour y établir un hospice de convalescents (5).
Ce prieuré était alors en pleine décadence. Dès le milieu du
xvi^ siècle, tous les cens, rentes de maisons et héritages dans Paris,
appartenant à Saint-Julien-le-Pauvre, ne s'élevaient plus qu'à
63 1. 4 s. I d. (6). Le vieux quartier de la rue du Fouarre,
autrefois centre des écoles, était déserté pour les hauteurs
de la montagne Sainte-Geneviève où s'étaient établis tous les
nombreux collèges de plein exercice de la nouvelle Université ;
les maisons des anciennes «nations» tombaient en ruine et ne
se louaient plus ; enfin l'impéritie ou la négligence des derniers
prieurs (7) avait encore accéléré le déclin de la mense de l'antique
prieuré (8).
(i) Voy. A. Berty, Trois îlots de la Cité; Paris, Didier, 1860, in-S°.
(2) On peut rapprociier à cet eft'el les deux inventaires de 1600 et de 1720, conservés aux
Arch. de l'A. B.
(3)Arch. A. P., liasse 437. Ces 232 maisons étaient ainsi réparties : la Cité, 70; St-
l'aul, I ; la Grève, 6; le NIarais, 7 ; St-Antoine, 11 ; taub. St-Anioine, i ; St-Avoie, 2 ;
St-Jacques-la-Bouclierie, 2 ; St-Martin, i5 ; St-Denis, 5 ; Montmartre, 3 ; St-Eustaclie, 3 ;
les Halles, 3 ; Ste-Opportune. 3 ; St-Honoré, 2 ; le Louvre, g; St-Germain-des-Prés, 9;
L- Luxembourg, 12 ; la place Maubert, 10; St-Benoist, 28 ; St-André-des-Arcs, 28.
14I Martin-Doisy, de l'Union des hôpitaux sous le règne de Louis XIV, de lôgS à lyoS,
dans Ann.dc la Charité, 1 854, et Etat général des unions... de maladrcrics; Paris, 1705, in-8».
(5) Le principal négociateur de cette all'aire fut Colbert, alors intendant des maisons du
cardinal ; il possédait un hôtel dans la rue des Rats, démoli en 1889.
(6) Arch. A. P., liasse 78. Déclaration faite au terrier du roi par G. Raguier, prieur,
le 3i janvier i537.
(7) Arch. A. P., liasse 78. Voy. procès entre E. Thiboust de Berry et P. Méliand qui
finit par faire déposséder du prieuré son prédécesseur, dont l'incurie avait été si fatale
à l'église Saint-Julien-le-Pauvre.
(8) Voy. A. Le Brun, l'Église Sainl-Julien-lc-Pauvre ; Paris, 1889, in-8».
i38 l'hotel-diku au xyii^ et au xviii" siècle
L'église elle-même était dans un état déplorable. Le portail
s'était effondré. « Il était fort vieil : les piliers d'icelluy mynés
par le pied; ensemble les pierres des contrepiliers aussi mynéés,
deslyttés et fort corrompues. L'arcade du vitrail ébranlée et
les pierres d'icelle fractionnées, de sorte que le portail, en l'état
qu'il est n'est en suffisante force pour accoter un nouveau bâti-
ment (i). »
D'autre part, la couverture de la grande nef ainsi qu'une grande
partie du lambris de la nef centrale et des voûtes des bas côtés
étaient tombées, et, pour dire le service divin, on avait dû établir
une cloison d'ais, au-dessus du grand autel.
Il fallut faire quelques réparations urgentes pour empêcher
la pluie de détruire l'édifice, et, en i65i, Bernard Roche, maître
maçon, s'engagea, moyennant 20.000 livres, à démolir le vieux
portail gothique, à supprimer les deux travées de droite, et
à clore une sacristie nouvelle avec les débris provenant des
démolitions ; les voûtes furent refaites avec « clouds, lattes et
piastre », comme elles sont encore aujourd'hui ; le grand pignon
fut abaissé pour que les combles de la nouvelle charpente fussent
presque au niveau des bas côtés, et une porte de pierre de taille
fut construite, ornée d'un ordre «ionique», avec niche, enta-
blement, fronton et croix de pierre. Ainsi fut consommé l'acte
de vandalisme qui mutila ce bijou de l'art gothique dans sa
primitive pureté ; ce qu'il en reste nous fait plus encore regretter
ce qui a disparu, grâce à l'incompréhension et à la cupidité des
hommes du grand siècle (2).
Malgré les 38 maisons et jardins situés dans son enceinte, rues
Galande, Saint-Julien-le-Pauvre, Saint-Jacques, de la Bûcherie,
de la Harpe, des Hauts-Moulins, des Marmouzets, Perpignan et
Jean-Pain-Molet, déclarés au terrier du roi, le 3 avril 1660 (3),
malgré les locations des terres situées sur le chemin de Montmartre
au faubourg Saint-Jacques (4), près des Capucins, à Vitry, à
Villeneuve, à Guyancourt, près de Versailles, les dîmes de Fresnes
(i) Arch. A. P., liasse I23. Procès-verbal de l'état des lieux et réparations qui sont à faire,
par Claude Menardeau, seigneur de Cliampré, commissaire en cette partie, pour Pierre
Méliand (8 et g mars i65i).
(2) H ne saurait être question ici de donner une description architecturale de l'église
Saint-Julien-le- Pauvre, ni de refaire son histoire. M. J. Viatte, architecte, en a donné une
bonne monographie, ornée de 14 planches, de dessins et de plans. iChâteaudun, 1898,
in-8».)
(3) Arch. A. P., liasse 78, Déclaration pour la confection du papier terrier, général et
universel de S. Majesté à la chambre souveraine du domaine établie au Palais, à Paris
(3o avril lôOo).
(4) Arch. A. P., liasse i2i. Il s'agissait en particulier de carrières.
LES REVENUS I 3g
et de Rungis (i), le prieure de Saini-Julieii, avec les charges
dont il était grevé, était un mauvais cadeau, un cadeau à la
Mazarin.
C'est le 3i octobre i653 que Pierre Méliand, prieur commen-
dataire, porta résignation du prieuré entre les mains de Mê'" Tar-
chevêque de Paris, pour être annexé et incorporé à THôtel-Dieu
« avec ses fruits, profits, revenus, édifices, chapelle et église ».
Cette première « procuration ad resignandum » fut confirmée
le i5 décembre 1657 par une seconde procuration passée par
devant Jean Levavasseur, notaire apostolique de la cour archi-
épiscopale de Paris, confirmée par une bulle du 8 des ides de
mars 1659 ^^ pape Alexandre VII, adressée à Tofficial de Paris,
et « impétrée » par les administrateurs. Une sentence de fulmi-
nation des bulles d'union du prieuré, rendue en l'officialité de
Paris (2), obligea rHôtelDieu à payer les décimes ordinaires et
extraordinaires dont était déjà taxé le prieuré, et à exercer « toute
juridiction, supériorité, visite, correction, autres droits et préroga-
tives » qui appartenaient auparavant à Tarchevêque de Paris. Enfin
Louis XIV, par lettres patentes de juin 1697, confirma et approuva
les bulles d'extinction, de suppression et d'union des revenus
du prieuré à l'Hôtel-Dieu.
En 1731, l'Hôtel-Dieu fut imposé sur les rôles des décimes et
subventions du clergé du diocèse de Paris, pour iSq 1. 5 s. On
avait pris pour base la déclaration faite en 1726 d'un revenu
de 1 .480 1. 19 s. 10 d. (3). Malgré ses efforts faits pour se libérer
de cette taxe due au clergé, sur les revenus du prieuré, ou pour
la faire réduire (4), elle ne fit qu'augmenter. En 1758, elle était de
I 5o livres ; en 1760, de 218 ; de 1766 à 1771, de 238.
L'Hôtel-Dieu fut plus heureux pour la taxe des boues et lan-
ternes dont il fut déchargé par arrêt du 3 mars 1677 (5). Il fut
également exempté en 1677 (6) d'une taxe de i.5oo livres, pour
« les nouveaux acquêts », établie en vertu de la déclaration du roi
(i) Areli. A. P., liasse 120.
(2) Toutes les pièces de la procédure se trouvent aux Arch. de l'A. P., liasse 76.
(3) Arch. A. P., liasse 76. Pour les époques antérieures, nous avons la Déclaraiion des
censives, terres et heritaiges... faite au domaine du Roi, le 3i janv. 13.37. par Guillaume
Raguier, prieur commendataire du prieuré de Longpont ; une déclaration analogue faite
par les administrateurs de l'H.-D. le 3o avril 1660. (Arch. A. P., liasse 78.)
(4) Une seule fois, en 1733, le clergé consentit à réduire à 100 1. les iSg I. 3 s. dues pour
les 3 années précédentes. (Arch. A. P., liasse 76.)
(31 La chapelle avait été ta.xée sur le rôle du quartier de la place Maubert à g 1. 12 s.
pour le nettoiement, et 9I. 2s.6d. pour les chandelles et lanternes. (Arch. A. P., liasse 124.)
(6) Extrait des reg. du Conseil d'État du 2 janv. 1677. Il s'agissait de l'amortissement
des biens acquis depuis la déclaration royale de 1640. (Arch. A. P., liasse 124.)
140 L HOTEL-DIEU \V XVI I» ET AU XVIIie SIECLE
du 23 mars 1672, et de Tarrét du Conseil d'Etat du 18 no-
vembre 1673 (i).
En 1745, toujours pour remédier aux charges qui lui incom-
baient, il essaya de revendiquer la propriété de la chiapelle
Saint-Biaise (2), mais il fut débouté par un arrêt du Parlement
du 17 septembre 1748 déclarant propriétaires de la chapelle
les maîtres maçons et charpentiers, qui y avaient installé leur
confrérie en 1476.
Quant à l'église Saint-Julien-le-Pauvre, elle était devenue une
simple chapelle dépendant de la paroisse Saint-Séverin. Depuis
l'arrêt du Parlement du 7 mars i525 (3), les élections du recteur
par les quatre nations de l'Université se faisaient aux Mathurins,
en attendant qu'elles aient lieu au collège Louis-le-Grand, et la
confrérie de Notre-Dame des Vertus autorisée par le pape Paul V,
en 1606 (4), qui avait son siège dans une maison contiguë à la
sacristie, ne paraît pas jamais avoir été très prospère.
Si les biens confisqués sur les protestants, notamment ceux
du consistoire de la R. P. R., et des pauvres de Charenton,
profitèrent surtout à l'Hôpital général (5), par contre, l'Hôtel-Dieu
reçut par arrêt du 2 juillet 1700, confirmé par lettres patentes de
mars 1701, les biens de l'ancienne maladrerie de Sainte-Valère,
abandonnée primitivement, sous le nom de commanderie, à Tordre
de Malte (6). Ces biens se composaient de cens, rentes, terres et
vignes, sis à Villejuif, Lieusaint, Corbeil, où étaient les plus consi-
dérables (7), enfin d'une maison rue de Lourcine, qui tombait en
ruine et fut démolie pour faire place, en 1780, à un nouvel
immeuble (8).
(i) Déclaration du roi pour l'exécution de l'édit de l'affranchissement de francs fieTs
du ressort des Parlements de Paris et Rouen, et le recouvrement du droit de nouveaux
acquêts.— Et arrêt du Conseil d'Etat du roi qui ordonne l'exécution des édits et déclara-
tion pour la levée des droits de francs fiefs, affranchissement d'iceux, et nouveaux acquests
dans les ressorts des Parlements et Chambres des comptes de Paris et Rouen. (Arch. A. P.,
liasse 124.)
(2) Délib. 8 juin lySi, reg. 100, fol. 202, 238. La chapelle Saint-Biaise, rebâtie en 1681,
fut démolie en 1765. Son revenu était en lôSg de 485 1. (Bibl. nat., ms. fr. i8.8o3.)
(3) Cependant il y avait encore eu une élection à Saint-Julien en 1626 si nous en
croyons Ch. Jourdain, Hist. de l'Université de Paris; Paris, j888, 2 vol. in-S», t. I, p. 219.
(4) Arch. A. P., liasse i23.
(5) Déclaration du i5 janv. i683 et du 21 août 1684. (Arch. nat. 0'28, fol. 3o?, et Arch.
A. P., délib. 4 sept. 1684 et 3i janv. i685.) Le roi donna conjointement à l'Hôpital géné-
ral et aux Nouvelles Catholiques le 8 nov. i685 l'emplacement du temple de Charenton ;
mais la part de ces dernières fut rachetée par l'H.-D. pour 5. 000 1. le 10 juill. 1686.
(6) "Voy. arrêt du Conseil d'État du 22 déc. 1693. (Brillon, o. c, III, p. 617, et Jail-
lot, 0. c, IV, place Maubert, p. yS.)
(7) Les biens de Corbeil se composaient de 6 arpents au lieu dit les « Roches », 6 arpents
sur le grand chemin de Paris à Lyon, et 4 arpents au lieudit les « Tartrays >». (Arch. A. P.,
liasse 75, et Arch. nat., S 4877.)
(8) Cette maladrerie était louée, en lySS, 290 1. à l'organiste de la paroisse Saint-Hippolyte.
LFS REVENUS I4I
L'Hôiel-Dieu réclama également, mais sans succès, la chapelle
Sainte-Apolline, qui se trouvait rue Mouffetard, au coin de la rue
delà Reine-Blanche, attenant à un cabaret « A la Ville de Bruxelles»,
pour lequel elle servait de cellier, et dont les revenus consistaient
en 20 arpents de terres labourables et en marais ; ce furent les
doyens de Saint-Marcel (i) qui en obtinrent l'union à leur profit.
L'Hôtel-Dieu se montrait fier de ses immeubles; aussi quand
redit de janvier 1780 en prescrivit la vente, les administrateurs
les défendirent avec acharnement. Les considérants de l'édit étaient
peu tendres pour « cette sorte de biens qui, surtout entre les mains
d'une administration collective et changeante, dont les soins ne
peuvent jamais égaler l'activité de l'intérêt personnel, ne procu-
roient qu'un très modique revenu et assujettissoient à des frais
considérables d'entretien et de réparation », et, pour masquer
ce que cette opération projetée avait d'un peu brutal, le gouver-
nement ne manquait pas de faire ressortir que les administra-
teurs se trouveraient déchargés « des soins journaliers nécessaires
pour la manutention et la conservation d'immeubles aussi multi-
pliés ; au moyen de quoi leur attention pourrait être désormais
dirigée vers les détails de bienfaisance et de charité qui influent
si essentiellement sur le sort des pauvres et le soulagement des
malades (2) ».
Toutes ces objections, bien qu'elles fussent présentées pour la
défense de l'État qui voyait surtout une opération fructueuse à
réaliser en emplissant sa caisse des domaines avec les biens hospi-
taliers, ne manquaient pas d'une certaine valeur. Il est certain que
les administrateurs se montraient de plus en plus absorbés par le
souci des affaires domaniales qui primaient souvent l'étude des
questions hospitalières proprement dites; il suflfit de parcourir les
registres de délibérations pour se rendre compte, à mesure qu'on
avance dans le xviii« siècle, de l'importance prise par les locations
et réparations d'immeubles, tant urbains que ruraux. Mais, par
contre, cette gestion était plus fructueuse que ne voulait le voir
le gouvernement, et les soins mêmes dont elle était entourée en
assurait un rendement largement profitable.
(i) Arch. A. P., liasse yS. Monitoire de 1707 et dclib. 10 mai 1709: l'H.-D. retire l'ins-
tance introduite contre le ciiapitre de Saint-Marcel. (Reg. 78, fol. 70 r».)
(2) Nous trouvons déjà les mêmes arguments dans une lettre de d'Aguesseau à un membre
da Parlement de Grenoble, le i3 avril i-So, pour justifier l'application aux hôpitaux de
l'édit de 1749 : '< Personne n'ignore que le revenu des biens fonds est consommé en grande
partie et quelquefois absorbé entièrement par les réparations et autres charges ; à quoi il
faut ajouter la dilViculté de trouver à alfermer ou à louer ces biens à leur juste valeur, l'in-
solvabilité des fermiers ou des locataires, les poursuites, les procès...». (C/'';n7-ei-, éd. Par-
dessus; Paris, 1819, 16 vol.. in-8°, t. XIII, p. loy.)
142 l'hOTEL-DIEU au XVII« et au XVIIie SIECLE
L'hostilité de l'État s'explique aisément si l'on se représente
que tous ces immeubles ne «contribuaient à ses besoins», selon
les termes des considérants de l'édit de 1780, ni par par les lods
et ventes, ni par les vingtièmes, ni, nous l'avons vu, par aucune
autre espèce d'imposition. C'était une mainmorte considérable,
que n'avaient pu entamer ni l'édit d'août 1749, ni les déclarations
restrictives de 1762 et de mai 1774, et qu'il importait de faire
rentrer dans la circulation générale.
Le Compte général des recettes et des dépenses (i), dont nous
avons déjà parlé, et qui établit le revenu moyen de l'Hôtel-Dieu
de 1750 à 1788, nous indique la part du domaine dans le total des
ressources hospitalières.
Sur un revenu moyen de 1.412.713 livres (2), le loyer des
maisons, échoppes et terrains de Paris est estimé 287.675 ;
celui des fermages en argent 98,850, auquel il faut ajouter les
fermages en grains (102 muids, 4 setiers et demi, 2 boisseaux
de blé froment), soit au total un revenu qui atteint 400,000 livres.
L'étendue de ce domaine avait certes l'inconvénient de com-
pliquer l'administration de l'Hôtel-Dieu et de lui imposer une
besogne assez lourde. Mais il avait l'avantage de constituer un
revenu indépendant des fluctuations de la charité privée et des
bienfaits de l'État. Il formait pour ainsi dire les assises mêmes de
son autonomie. Il lui a permis de faire face aux mauvais jours.
Bien plus, il s'est reconstitué après la tourmente révolutionnaire ;
il a résisté au xix'^ siècle aux tentatives faites pour le convertir en
rentes sur l'État (3) ; il a résisté aux convoitises de l'État et de la-
Ville de Paris qui cherchaient à l'absorber. Il demeure encore dans
le budget de l'administration actuelle de l'Assistance publique
comme l'aboutissement de l'effort suprême de plusieurs siècles
pour constituer un patrimoine autonome, issu de toutes les classes
de la nation.
LES LEGS ET FONDATIONS
Si le domaine forme la partie fixe des revenus de l'Hôtel-Dieu,
les legs et fondations en sont la partie essentiellement variable;
mais, avant d'en apprécier la quotité, il importe de fixer par
par quelque notions juridiques la capacité de l'Hôtel-Dieu.
(1) Bibl. A. P., E_2 17.
(2) A. Husson, Étude sur les hôpitaux, 1860, 10-4», p. 506, ;;, donne un cliilTre légère-
ment supérieur : I.42I.651 1., et Lecouteux-Cantcleu, duns un discours à l'Ass. nat., un
chiffre inférieur : i.3o3.35o 1.
(3) Notamment sous la monarchie de Juillet. Cf. Bonde, o. c, p. 2i3 et suiv.
I.FS REVFXUS
L'Hôtel-Dieu, comme les hôpitaux en général, les séminaires
et les collèges, est considéré comme une « communauté ».
Charondas [le Caron], au xvi'= siècle, appelle les receveurs de
l'Hôtel-Dieu, «receveurs d'une communauté» (i), et depuis,
tous les juristes le classent parmi les communautés ecclésias-
tiques (2). A ce titre, il est capable de legs ; Tavocat général Talon,
dans un arrêt du 8 avril 1647, déclare que les hôpitaux des
Incurables et de la Charité sont des « communautés approu-
vées » (3). En 1708, l'avocat général G. -François Joly de Fleury
soutient, relativement à la capacité de legs universel, qu'il n'y a
pas de distinction à faire entre l'Hôpital général et les autres
communautés (4). La jurisprudence était la même pour les hôpi-
taux de province. Il n'était pas fait de distinction pour cette
capacité entre les hôpitaux sécularisés, comme l'Hôtel-Dieu et
les Incurables, et les hôpitaux conventuels, comme la Charité,
confondu avec la congrégation qui le possédait (5), ou l'hôpital
Sainte-Caiherine, pour lequel un arrêt du 27 mars 170? établit
«qu'il n'y a dans cet hôpital qu'une seule mense, tant pour les
pauvres que pour les religieuses qui le desservent». Pourtant,
Domat (6), dans son Droit public, distingue nettement les hôpitaux
conventuels de ceux qui sont desservis par des congrégations.
L'hôpital, de même que l'école, est considéré comme une
partie intégrante de l'Église qui est elle-même une vaste commu-
nauté ; au début, abbayes, hôpitaux, écoles se confondent et ne
forment qu'un établissement unique. S'ils se scindent par la suite,
ils n'en composent pas moins un seul corps. Tout l'ancien droit
est imprégné de cette idée léguée par le moyen âge, que les pauvres
et les malades devenus, par le fait de leur situation, « membres du
Christ », cessent pour ainsi dire d'être des personnes laïques, et,
une fois réunis dans un hôpital, forment une église, si bien qu'un
juriste peut écrire encore au début du xviii« siècle: « Je tiens qu'un
{1) Responses et décisions du droit français ; Paris, iSSy, t. I, livr. ii, p. 5i.
(2) Notamment B. Auzanet, Œuvres. Notes sur la coutume de l^aris ; Paris, 170S, iii-fol.,
titre II, art. 87.— De Héricourt, Loix ecclésiastiques ; Paris, 1771, part. IV, ch. m, n" 26.—
J. Bacquet, Traité des droits de franc fief et nouveaux acquêts. Œuvres; l'aris. 1744,
2 vol. in-fol., t. II, p. 266,366, 374.— Durand de Maillane, Dictionnaire de droit cano-
nique et de pratique bcnéjiciale; Lyon, 1770, art., Communauté.— Furgole. Traité des
testamens, codicilles, donations a cause de mort; Paris, 1779, part. I, ch. vi, sect. 1.
(3) J. du Fresne, Journal des principales audiences du Parlement, t. 1, depuis 1622
jusqu'à 1661 ; Paris, 1733, liv. V, cliap. xiv.
(4) Id., t. V, de 1700 à 1710, parN.Nupied, 1736, liv. VIII, ch. xlii.
(5) Cf. lettres patentes de mars 1732, portant confirmation des privilèges des couvents
et hôpitaux des religieux de la Charité de l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu.
(6) Domat, Œuvres; Paris, 1777, 2 t. en i vol. in-fol., le Droit public, liv. I, titre xviii ;
des hôpitaux.
144 L HOTEL-Uir.U AL" XVIF KT AL' XYIIl" SIECLE
pauvre est censé en quelque manière estre religieux, ou de l'ordre
ecclésiastique, tant qu'il demeure dans l'hôpital (i). »
Mais si l'Église essayait de maintenir les hôpitaux comme pro-
priété ecclésiastique, en fait, par la série d'édits parus de i543
à 1698, ils étaient devenus des corps purement civils. L'édit de
1666 soumettant à l'autorisation préalable les donations concernant
les couvents, avait épargné les hôpitaux, mais l'édit d'août 1 749 les
soumit aux mêmes prohibitionsque les séminaires et collèges, et les
considéra comme des communautés ne pouvant se former sans
l'autorisation du souverain (2).
En 1728, d'Aguesseau demande l'avis des Parlements sur la
question de savoir « si les institutions d'héritier ou legs universels
faits au profit des corps et des communautés sont valables, et s'il y
a quelque distinction à faire à cet égard avec les hôpitaux et autres
établissements» ; l'un d'eux, celui de Toulouse, fait pour les hôpi-
taux une « distinction particulière » qui les sépare des « monastères»
et « communautés ecclésiastiques » (3), mais, du point de vue
de la pure doctrine, les hôpitaux, issus de l'Église à l'origine et
considérés pendant tout le moyen âge comme des communautés
ecclésiastiques, conservent, malgré les contradictions de la juris-
prudence (4). leur caractère de communauté jusqu'à l'édit
d'août 1749. Par cet édit, qui est un effort de sécularisation,
une machine de guerre dressée contre l'Église, l'aboutissement,
comme on l'a montré, de l'assaut donné durant deux siècles à la
puissance ecclésiastique par les légistes et magistrats gallicans
et jansénistes. d'Aguesseau épargne les bouillons des pauvres,,
les maisons de charité, les écoles de charité, les œuvres pieuses,
qui ne sont ni des communautés ni des bénéfices, mais il frappe
les hôpitaux à cause de leur caractère de communautés religieuses,
de gens de mainmorte.
Tandis que pour les fondations particulières <( qui ne tendent à
l'établissement d'aucun nouveau corps » ni à « l'érection d'un nou-
veau titre de bénéfice », il suffit, d'après l'édit, de faire homologuer
les actes ou dispositions qui les contiennent aux Parlements et
(i) Fr. Des Maisons, les Définitions du droit canon; Paris, 1700, 3» éd., in-fol., Biens
d'Église, p. 98, et Martin-Doisy, o. c, t. I, art. Administration.
(2) Voy. J. Salrnon, la Fondation et l'édit d'août J-4g ; Paris, 1906, in-8».
(3) Recueil de questions de jurisprudence, proposées par M. dAgueseau, ciiancelier
de France, à tous les Parlements du royaume concernant les donations, les testaments,
les substitutions et les incapacités de donner et de recevoir et les matières bénéficiales,
avec les réponses du Parlement de Toulouse sur les mêmes questions. 1749.
(4) Denisart, Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence;
Paris, 1789, art. Fondations, et Guyot, Répertoire..., font des hôpitaux des corps tantôt
ecclésiastiques, tantôt laïcs, tantôt mixtes.
LES RF.VKNUS
Conseils supérieurs sur les conclusions et réquisitions des procu-
reurs généraux (i), aucun nouvel établissement de « chapitres,
collèges, séminaires, maisons ou communautés religieuses, même
sous prétexte d'hospices, congrégations, confréries, hôpitaux ou
autres corps et communautés, soit ecclésiastiques, séculières ou
régulières, soit laïques de quelque qualité qu'elles soient » (2), né
peut être fondé, si ce n'est en vertu de lettres patentes enregistrées
aux Parlements ; des lettres patentes sont également nécessaires à
tous les gens de mainmorte pour toute acquisition de « fonds de
terre, maisons, droits réels, rentes foncières non rachetables,
miéme rentes constituées sur des particuliers » (3), qu'elle ait lieu
« par vente, adjudication, échange, cession ou transport, même
en paiement de ce qui serait dû, soit par donation entre vifs
pure et simple, ou faite à la charge de services ou fondations,
et en général pour quelque cause gratuite ou onéreuse que ce puisse
être »; est interdite toute « disposition de dernière volonté » (4) don-
nant aux gens de mainmorte des biens ci-dessus énumérés ; sont
seuls autorisés sans la formalité des lettres patentes les acqui-
sitions « de rentes sur l'État ou le Clergé, diocèses, pays d'État,
villes ou communautés » (5) ; toute personne enfin, prêtant son
nom à l'acquisition ou à la jouissance de ces biens à des gens de
mainmorte, est passible d'une amende de 3. 000 livres, et toute
somme payée pour l'amortissement des biens sans justification
de lettres patentes et de leur arrêt d'enregistrement, confis-
quée au profit de l'hôpital général le plus voisin (6),
Ainsi l'Hôtel-Dieu qui déjà ne pouvait aliéner sans autori-
sation du roi ou du Parlement, puisque ses biens considérés
comme biens d'Église étaient inaliénables par nature, ne put éga-
lement acquérir sans autorisation. Seul l'Hôpital général, auquel
ne s'appliqua pas l'édit d'août 1749 (7), put toujours acquérir
II) Art. 3 de l'édit d'août 1749, intitulé : Édit qui renouvelle toutes les dispositions des lois
précédentes sur les établissements et les acquisitions des gens de mainmorte, et y ajoute
les mesures les plus propres à en assurer l'exécution. (Isambert, XXII, p. 226.)
(2) Art. I.
(3) Art. 14.
(4) Art. 17. Le même article prévoit les personnes interposées : «Voulons que lesdites
dispositions soient déclarées nulles, quand même elles seroient faites à la charge d'obtenir
nos lettres patentes, ou qu'au lieu de donner directement lesdits biens auxdits gens de
mainmorte, celui qui en auroit disposé, auroit ordonné qu'ils seroient vendus ou régis par
d'autres personnes, pour eu remettre le prix ou les revenus. )>
(5) Art. 18.
(6) Art. 23 et 24.
(7) En conséquence de l'art. 46 de l'édit d'avril i656, un arrêt du Parlement du
i3 mars 1767 déclara, conformément aux conclusions du ministère public, l'Hôp. gén.
libre de vendre, d'acquérir, recevoir ou posséder, comme les particuliers, toutes espèces
d'immeubles, sans qu'on puisse appliquer la prohibition portée par l'édit d'août 174g con-
cernant les gens de mainmorte. (Code de l'Hôp. gén., éd. 1786, p. 2.)
10
146 l'hOTFL-DIEU au XVII« FT au XVIIie SIECLE
et aliéner sans autorisation; il resta jusqu'à la Révolution
hors du droit commun (i).
LES FONDATIONS DE LITS
En même temps que la jurisprudence, les formes mêmes des
libéralités ont évolué.
L'usage, encore très fréquent au xvi« siècle, des dons en nature,
se perd de plus en plus au xvii^ siècle. Cependant on continue
à envoyer des aumônes à l'occasion de certains événements. En
1626, Garrard, conseiller, notaire et secrétaire du roi, envoie
100 livres en considération du bon traitement fait à son fils pendant
son séjour à Saint-Louis. En 1627, Louis Targer, conseiller secré-
taire du roi et de ses finances, octroie 4.000 livres au moment où
il devient « adjudicataire de l'état et office de conseiller du roi, tré-
sorier général des finances de France ». En 1629, les marguilliers
de Saint-Nicolas-des-Champs envoient 17 livres provenant des
aumônes faites par les paroissiens pour la permission qui leur a été
donnée de manger du beurre pendant le Carême. En i633, Cor-
noualle, avocat au Parlement, « aumône » 293 livres pour que l'on
prie pendant sa maladie. En 1637, René de Longueil, premier
président en la Cour des aides, envoie 100 livres à l'occasion du
service solennel célébré à l'Hôtel-Dieu pour le repos de l'âme de
" défunte mademoiselle sa femme ». En 1641, M"« Ladvocat remet
100 livres la veille de ses « épousailles », « afin d'obtenir de la
bonté de Dieu la grâce de vivre en son mariage avec satisfaction».
En i652, M^'*^ d'Epernon fait don de 2.000 livres avant d'entrer
en religion.
Mais c'est surtout à l'heure de la mort, lorsqu'il s'agit de la
rémission de ses péchés, que l'on pense aux pauvres, représentants
de Dieu sur la terre, suivant l'antique idée chrétienne (2).
De là tous les legs où les représentants de la riche bourgeoisie
parisienne, où les grands seigneurs et les artisans, où les cardinaux
et les simples prêtres, se rencontrent en une touchante union de
sentiments charitables qui priment souvent les affections fami-
liales.
(i) Même l'édil de janvier 1780 concernant la vente des biens des hôpitaux n'a eu d'ap-
plication à l'Hôp. gén. de Paris que pour les ventes faites par enchères publiques. Code de
l'Hôp. gén., éd. 1786, table, p. i.
(2) Coyecque, 0. c, I, p. i33, écrit que pour le moyen âge, il n'a jamais rencontré de testa-
ment parisien qui ne renfermât un article en faveur de l'H.-D. Sur 48 testaments enregis-
trés au Parlement sous Charles VI, 43 renferment une clause pour l'hôpital. (Publiés au
t. 111 des Mélanges liistoriqites. Doc. inéd. S'é H. de F.)
LES REVENUS 147
Puis, à partir surtout de la seconde moitié du xvu= siècle, avec
le développement de la charité paroissiale, sous l'impulsion des
Compagnies de charité, apparaît une forme nouvelle de libéralité,
celle des fondations de lits. La plupart du temps, ces lits étaient
affectés à un malade d'une paroisse, à la nomination du curé ou
des dames de charité. Ils portaient l'image du saint de la paroisse
auxquels ils étaient affectés (i). Ainsi les 5 lits garnis donnés
par M. Wassy, placés 3 pour les hommes dans la salle du Petit-
Pont et 2 pour les femmes dans la salle Jaune, affectés à 'des ma-
lades de la paroisse Saint-Etienne du Mont, et qui devaient être
entretenus par les curés et marguilliers, portaient une image de
saint Etienne ; de même un lit de la salle Jaune fondé par
M'"" veuve Badran. Le lit « garni » fondé par M. Duhamel, curé
de Saint-Merry, à la nomination des curés et dames de charité
de la paroisse, portait une image de saint « Médéric ». Au lit
fondé par M. Chassebras, curé de la Madeleine en la Cité, pour
une personne de la paroisse, étaitapposée une « image en broderie »
de sainte Marie-Madeleine (2).
Cette règle toutefois n'était pas absolue ; le bienfaiteur désignait
souvent un nom de saint qui lui était cher. M. et M'"'^ Robichon
avaient indiqué, pour désigner les 2 lits fondés par eux, les
images de sainte Catherine et de saint Guillaume. Les héritiers
de M. Rouillé, secrétaire du roi, avaient fait apposer l'image Saint-
Jacques au lit fondé dans la salle du Petit-Pont. M. Galland avait
donné pour 2 pauvres malades de la paroisse Saint-Nicolas-des-
Champs, et pour y coucher seuls, les lits Saint-Nicolas et Sainte-
Marguerite. M'ue Boullanger avait fondé 5 lits à perpétuité, 3
dans la salle Neuve du côté de la Bûcherie, et 2 dans celle
des Prêtres, les 3 premiers à l'image Saint-Eustache, et les
2 autres à l'image Sainte-Anne; le R. P. Barthélémy, prêtre
de l'Oratoire à Montpellier, avait choisi pour le sien la Made-
leine, ainsi que Nicolas Lecaron, pour le lit fondé dans la salle
Saint-Charles (3), destiné à servir préférablement à un malade
« nouveau converty pour estre seul dans ledit lit ». Il y avait aussi
des lits fondés à perpétuité par M™<= Rouillé, dans la salle du
Rosaire et dans la salle Saint-Augustin, et par M™^ d'Herbigny,
dans la salle Neuve (lits Saint-Henry et Sainte-Élisabethl, à la
(i) Les lits ordinaires, depuis 1618, portaient un « billet » de parchemin, attaché par les
soins du greffier; ils étaient numérotés par salles. (Délib. 21 fév. 1618, reg. i3, fol. 164.)
(2) Min. étude Delafon, acte du 25 mai 1672.
(3) Min. étude Delafon, 20, acte du 7 juillet 1606 ; la somme donnée était de 200 1. de
rente plus i5 1. t. comptant pour l'achat du lit.
148 T.'HOTKt.-niF.r AU XVII" KT AU XVIII«= SiÈCLF.
nomination des descendants de leur famille ; par M. Dubois,
avocat au Parlement, et M. de Vaudrenel, gentilhomme de Mon-
seigneur, frère de Louis XIV, pour des malades de la paroisse
Saint-Séverin.
D'autres fondations étaient encore plus explicites. Ainsi M. Da-
vant avait chargé THôtel-Dieu de recevoir un officier ou soldat
malade servant au château de la Bastille, « qui doit être mis seul dans
un lit et dans l'endroit le plus commode »,■ et dont la maladie
devait être certifiée par écrit du gouverneur ou lieutenant du roi
du château. M. Lambert avait donné 3o.ooo livres dont le revenu
devait être employé à la « nourriture et pansement » de 5 pauvres
prêtres malades, à la nomination de Nicolas Lambert de Thorigny,
et successivement à ses héritiers.
Les fondations de lits étaient surtout nombreuses dans un
établissement comme celui des Incurables, où les donateurs se
réservaient, pour eux et pour leurs descendants, le choix du
titulaire ; vers le milieu du xviiie siècle, il n'y avait plus que 40 lits
à la nomination du Bureau, 37 autres étaient à la nomination de
particuliers, ou de sociétés, comme les Jésuites, la Faculté de
théologie, l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, enfin le reste à la
nomination des paroisses (i).
LES FONDATIONS ONÉREUSES
L'Hôtel-Dieu asssurait encore Texécutiond'uncertain nombre de
fondations diverses, qui n'étaient pas parmi les moindres occupa-
tions du Bureau.
Il distribue, en 1640, aux cordeliers du Grand Couvent,
22 1. 10 s. « pour employer en souliers » ; 217 1. 16 s, aux cor-
deliers, jacobins et carmes, employés en 4 muids 12 de charbon,
et 1.800 cottrets pour leur chauffage au retour de matines 1^2);
12 1. 10 s. aux prisonniers du Grand-Châtelet (3) ; 100 livres aux
prisonniers des Grand et Petit-Châtelet, Conciergerie et For-
rÉvêque (4) ; i.oo3 livres, réparties entre 21 maisons et com-
munautés et les 4 prisons royales de Paris (5) ; 3o livres à l'Ave-
(i) Arch. nat.. L 709 (état datant du milieu du xviii° siècle). Voy. aussi Min. étude
Delafon, un grand nombre de contrats de fondation de lits aux Incurables.
(2) Fondation Et. Huvé (i3o5), l'un des premiers administrateurs, qui a légué la maison
des n Deux Cygnes », rue Saint-Denis.
(3) Fondation d'Orry. orfèvre. Cf. Estât au vrai... de 1640, p. 36 et suiv.
(4) Fondation de la Hargerie : 2.000 1. de rente sur le sel.
^5) Fondation de Saint-Prix.
LES rkvi:nus 149
Maria, suivant la fondation de M""»^ de Corbie, consistant en
I.2ÛO livres de rente sur le domaine de la Ville; 175 livres par
parts de 2 5 livres réparties entre les cordeliers, les jacobins,
les carmes, les augustins, l'Ave-Maria, la Trinité, la comman-
derie Saint-Antoine, distribution dont est imposée la terre de
Charmont, près de Magny-en-Vexin, léguée par Anne de la
Vernade, veuve de messire de Harlay, sieur de Monglat ; 100 livres
à la congrégation des Prêtres Hibernois (i), vivant en com-
munauté, suivant la fondation de M. de Pellegé.
A ces fondations déjà anciennes s'en joignent bientôt d'autres
plus importantes.
Par testament du i5 janvier i5ii, le président Forget
lègue 100.000 livres de rente sur le Domaine de la Ville, à charge
de distribuer: — i" 400 livres à 4 filles à marier choisies par
ses plus proches parents; — 20400- à 4 filles à marier choisies
par les marguilliers de Saint-Eustache ; — 3° 400 à 4 filles
à marier choisies par les maire et échevins de la ville d'Am-
boise ; — 4° 240 à 2 religieux cordelier et jacobin pour « faire
leur cours » en théologie; — 5° 60 à distribuer aux « pauvres
criminels » de la Conciergerie le vendredi saint par le Président
« qui présidera à la Tournelle ».
C'est également pour les pauvres prisonniers malades que
Pierre Séguier laisse, le 29 avril 1654, ^^^ rente annuelle de
106 livres à distribuer entre ceux du Grand-Châtelet, pour
les deux tiers (70 livres), et ceux du Petit-Châtelet et du For-
rÉvéque pour le reste.
Suzanne Olivier de Leuville, marquise de Sénarpont,
charge les administrateurs, par contrats de donation des i i et
20 septembre 1692, de distribuer, chacun à leur tour selon Tordre
de leur réception, 12 dots d'apprentissage de 120 livres, en
faveur de 6 garçons et 6 filles « natifs » de Paris (2).
En 1641, Gabrielle du Raynier de Doré, baronne du Thour,
en Champagne, qui demeurait à Paris, rue de la Truanderie,
paroisse Saint-Eustache, lègue une partie de ses biens à l'Hôtel-
Dieu, à charge de distribuer tous les ans une somme de i .800 livres
à 6 pauvres écoliers, et pareille somme pour mettre en métier
12 pauvres garçons. Les « bourses » des écoliers étaient accor-
(i) On appelait ■■ Prêtres Hibernois » les Récollets irlandais qui avaient obtenu en i653,
dit Sauvai (t. I, p. 494). de l'abbé de St-Germain-des-Prés, la permission d'avoir un hos-
pice rue du Cherche-Midi, et en i6381e droit de célébrer l'office divin dans leur chapelle.
(Acte du i" juin i65s, Arch. nat., L 766.)
(2) Arch. A. P., ms 1412, fol. 178, et délib. 9 mai 1703, reg. 72, fol. 45.
L HOTEL-DIEU AU XVIie ET AU XYIII» SIECLE
dees pour 5 ans, 3 au collège de Navarre, 3 au collège de
Montaigu, de préférence à ceux qui se destinaient à la prêtrise.
Aussi ceux qui avaient acquis le « degré » de bachelier en théo-
logie pouvaient encore bénéftcier trois autres années de cette
bourse dans un séminaire (i). Les apprentis étaient pris, 2 à
la seigneurie du Thour, 2 à l'hôpital du Saint-Esprit, 2 à la
Trinité, 2 aux Enfants-Rouges, 2 à THôtel-Dieu, 2 à la Pitié;
les bénéficiaires étaient désignés par un tirage au sort qui avait
lieu dans la salle du Chapitre de Notre-Dame, par les soins
des intendants de la fondation choisis par la bienfaitrice, des
membres du Chapitre, des docteurs et bacheliers de Navarre,
et des supérieurs de Montaigu (2). Cette fondation fut rétablie
après la Révolution, lorsque la loi du 16 vendémiaire an V resti-
tua leurs biens aux hospices en leur imposant d'acquitter leurs
précédentes obligations, et les bourses furent attribuées, en 1816,
à la Communauté des clercs de la chapelle royale, rue du
Regard, puis en 1842 au séminaire de Saint-Sulpice (3).
Marie Le Camus, veuve de l'intendant des finances Particelli
d'Hémery, lègue, le 23 juin i655, 1.700 livres pour subvenir à
l'entretien d'une lampe à l'église de Tanlay (Yonne), et le
8 avril 1661, 26.000 livres, pour l'entretien d'une lampe et
d'un vicaire dans les églises de Nibelle, Neploy et Saint-Sauveur
(Loiret). Elle avait également fondé 5 lits aux Incurables, et
laissé une rente de 5oo livres payable tous les ans à la maison
de Saint-Lazare pour faire une mission dans ces paroisses (4).
Par testament du 5 septembre i683, J.-B. Colbert, contrô-'
leur général des finances, lègue aux hôpitaux de ses terres de
Lignières et de Châteauneuf-sur-Cher, en Berry (5), 9.000 livres
de rentes, pour marier 20 pauvres filles qui devaient être
choisies, à raison de 10 dans chacun de ces deux hôpitaux,
par les administrateurs de l'Hôtel-Dieu. Ce ne fut toutefois
qu'en 1708 (6) que ces derniers, informés de cette clause, se
préoccupèrent de la charge qui leur incombait. Ils ne purent
d'ailleurs exécuter la fondation à cause des difficultés qui s'éle-
vèrent entre les héritiers du testateur, le marquis de Seignelay,
son fils aîné, puis le comte de Seignelay et ses frères. Pendant
(1) Arrct du Parlement du 12 mars 1742.
(2) Arcli. A. P. Procès-verbaux de ces élections de 1783 à 1787, et Fonds du
Saint-Esprit, P.-V. du 23 nov. 1689614 janv. 1690.
(3) Arch. A. P. Coll. desarr. du Cons. gén. des hospices, arr. i3 mai 1816 et 12 janv. 1842.
(4) Arch. A. P. (H.-D., fonds nouveau, liasse 62.)
(5) La terre de Lignières comprenait 1 1 paroisses, et celle de Cluiteauneuf i5.
(6) Délib. 3i août 1708, reg. 77, fol. 94.
LES REVENUS I 5 I
le cours des contestations, le comte de Seignelay vendit la terre
de Chàteauneuf au comte de Pontchartrain, et la chargea de
5oo livres de rente pour l'acquit de la moitié de la fondation
dont il s'agit. Un arrêt du 9 mai 17 18, qui ordonnait l'exécu-
tion de cette fondation, resta sans effet. Les administrateurs firent
assigner, en 1723, tous les descendants du testateur ainsi que le
comte de Pontchartrain, et ces derniers promirent le payement
des arrérages échus; mais il fallut faire intervenir un nouvel arrêt
du 3 décembre 1734 pour les condamner à payer ces arrérages.
En 1744, rien n'était encore soldé, si bien que, du 6 sep-
tembre i683 au 6 septembre 1744, il était dû, à raison de
1 .000 livres par an, sur les deux terres en question, 61.000 livres.
Enfin, après de nombreuses instances et conclusions du procureur
général, intervint l'arrêt du 7 septembre 1756 (i), ordonnant
l'exécution de celui du 3 décembre 1734, et fixant les conditions
d'application du testament, ainsi que du payement des arrérages.
L'emploi des sommes perçues devait se faire en acquisitions de
rentes, au profit des hôpitaux de Lignières et Chàteauneuf. Les
listes des filles devaient être établies et transmises par les pro-
cureurs fiscaux aux administrateurs chargés de choisir à leur tour
et de faire les nominations, le montant de la dot devant être
fixé par le Parlement. Toutefois l'arriéré ne fut complètement
payé qu'en [760, et ce n'est qu'en 1761, presque un siècle
après, que la fondation fut enfin exécutée, le Parlement ayant
fixé, par arrêt du 29 novembre 1760, à la somme de 200 livres
la dot attribuée aux filles de Chàteauneuf (2). Quant aux paye-
ments concernant la terre de Lignières, ils n'étaient pas encore
déterminés (3).
L'administrateur Jean Bachelier donne So.ooo livres en
i66g, à charge de lui servir une rente viagère de 2.5oo livres,
et, après, d'affecter, une rente de i.ooo livres à diverses
fondations charitables (4) : établissement à la paroisse de
(1) Rcgl.H.-D., IV, p. 19.
(2) Voy. Dotation Colbcrt, Notice historique, situation régularisée et complétée de la
rente de la dotation ; son avoir actuel; règlement pour l'admission à l'hôpital de Cliàteau-
neuf des malades pauvres appartenant aux communes qui composent l'ancienne seigneurie
de Chàteauneuf; Bourges, 1871.
(3) Il est curieux de rapprocher du sort de la fondation Colbcrt, celle du maréchal de
Turenne, qui légua en 1675 à la ville de Négrepelisse 20.000 1. pour les pauvres qui se
convertiraient au catholicisme ; la stricte exécution de ledit de Nantes ne permit pas d'uti-
liser cette libéralité qui fut affectée en 1697, à un hôpital, lequel ne fut ouvert qu'en 1780,
plus d'un siècle après! (La Fondation charitable du marcclial de Turenne à Négrepelisse;
Montauban, 1882, in-i6.)
(4) Donations ultérieures des 19 sept. 1672 et 2 mars 1673, passées devant M» Devin. La fonda-
tion Bachelier est encore représentée dans la fortune mobilière de l'administration de l'A. P.
par une somme de i.3t36fr. (Marescot, les Bienfaiteurs de l'A. P., 1904, in-S», t. I, 408.)
L HOTKL-DIFl' AU XYII»-' ET AU XVIIie SIECLE
Villeneuve-Saint-Georges, pour enseigner gratuitement les en-
fants des riches et des pauvres, d'un prêtre sortant du sémi-
naire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ; établissement de deux
filles de la Charité à Villeneuve-Saint-Georges pour tenir
l'école des filles et secourir les pauvres malades; puis, par son
testament du 28 octobre 1687, il charge encore l'Hôtel-Dieu
de fonder une école de charité, avec 2 sœurs et 3 prêtres au bourg
de Saint-Thierry, près de Merfy (Marne). Jean Bachelier fixe que
l'école de Villeneuve ne devra pas contenir plus de 5o à 60 élèves
et que le curé devra faire provision de plumes, d'encre et de papier
pour distribuer aux plus pauvres de ses écoliers. Les sœurs
devront fournir papier, encre, plumes, canifs, acheter des livres
d'alphabet, psautiers, catéchismes et autres pour apprendre à
lire, « et quelques petits livres de dévotion qu'elles distribueront
suivant la nécessité ».
De même Elisabeth Massé de La Roche, veuve de Pierre
Brulard, bourgeois de Paris, laisse i5o livres de rente annuelle et
perpétuelle pour la fondation d'une école de charité à Champeaux -
en-Brie (Seine-et-Marne) (i).
Aux termes de la fondation faite « par Messeigneurs et dame
les duc et duchesse de Nivernois et de Rethelois, princes de
Manthoue et pairs de France », suivant Pacte reçu par
Pierre Cayard et Claude Boreau, notaires à Paris, le i5 novem-
bre iDjS (2), l'Hotel-Dieu devait accorder tous les ans 60 dots de
mariage à de pauvres filles « destituées de toutes facultez et
moyens », en leurs terres et seigneuries, entre autres leurs terres
du Berry, les châtellenies d'Ault, de Saint-Valery, de Cayeux,
dans le Vimeu. Le pape Sixte V, par une bulle du 10 novembre
i586, accorda une indulgence plénière le jour de l'élection des
jeunes filles, le jour du mariage et celui de l'assignation de la
dot, à tous ceux qui, après s'être confessés, avoir communié
et prié pour l'exaltation de l'Église et l'extirpation des hérésies,
auraient participé à l'élection ou y auraient assisté comme
spectateurs, ainsi qu'aux jeunes filles élues et à leurs époux.
Il s'agissait avant tout d'une œuvre de piété plutôt que d'assis-
tance. Il fallait empêcher les pauvres filles de « s'abandonner à
vice », car le mariage, « outre ce qu'il relient leur âme et l'esprit
plus a deliure, et en plus grand repos envers Dieu et garde de
(i) Contrat du 7" avr. 1679. Cette rente profite encore aujourd'hui aux pauvres de la
commune de Champeaux ; elle n'est plus que de 128 fr. 38 (d'après le nouveau titre établi
par M" Morel d'Arleux, les 3 et i3 mai 1897. (Marescot, o. c, t. I, p. 415.)
(2) Cette acte fut remanié le 14 févr. iSgS. (Voy. la Fonda lion du duc de Nivernois;
Bibl. Maz., A 10492.)
LFS REVFNUS I 5 3
tomber en péché, peuple de lignée légitime la postérité: il fait
qu'avec moyens honnêtes elles passent le cours de cette caducque
et fragile vie ». Tous les ans, dans chaque paroisse apparte-
nant au duc et à la duchesse de Nevers [Henriette de Clèves],
ou placée sous leur haute justice devait élire une jeune fille (i).
Il y avait d'abord élection dans chaque paroisse, le mardi de
Pâques, puis tirage au sort au chef-lieu de la châtellenie ou de la
prévôté ; le contrat de mariage avait lieu le lundi de la Pentecôte.
La dot restait acquise à la jeune fille, même si elle n'avait pas
trouvé de mari, pourvu qu'elle restât honnête et pratiquât la
religion catholique. Elle s'élevait à i6 écus et 40 sols (5o livres),
sur lesquels on prélevait 5 sols pour la bague et 5 sols pour
le contrat. Dans la première quinzaine de juin, les greffiers
de chacune des chàtellenies devaient adresser à leurs procu-
reurs fiscaux les procès-verbaux d'élection et les expéditions de
contrat de mariage; ces derniers les faisaient parvenir avant
le 23 juin au procureur du domaine du Nivernais ou du Rethelois,
enfin un duplicata en était envoyé avant le 22 juillet aux adminis-
trateurs de l'Hôtel-Dieu, ainsi qu'aux aumôniers et trésoriers des
duc et duchesse de Nivernais, puis de leurs successeurs, tandis que
les originaux étaient déposés au trésor de la Chambre des comptes
à Nevers (2). A l'Hôtel-Dieu, une revision de toutes les pièces était
faite pour découvrir les omissions ou irrégularités qui auraient pu
se glisser ou se commettre, puis un rapport était adressé à
rassemblée générale qui se tenait le 2 5 août, primitivement
dans la chapelle de l'hôtel de Nevers-Gonzague, ensuite aux
Augustins, en présence du conseil et du procureur des duc et
duchesse de Nevers, des délégués du Parlement, de la Chambre
des comptes, de la Chambre des aides et de deux religieux de
chacun des quatre ordres mendiants. C'est dans cette assemblée
que les administrateurs délivraient des contraintes contre les offi-
ciers, seigneurs, receveurs ou fermiers qui avaient commis des
irrégularités ou des omissions (3). On y distribuait des jetons d'ar-
gent aux personnes présentes, ainsi que diverses gratifications
(i) La liste complète des communes qui se trouve dans l'acte de fondation a été repro-
duite dans l'opuscule de G. Devisme, Une Œuvre sociale au svii» siècle; Chàteauroux,
1906, in-8, 32 p.
(2) Le procureur du domaine du Nivernais recevait 8 écus, celui du Rethelois, 3 écus,
celui de la principauté de Mantoue, 3 écus 20 sols, celui de Saint-Valery, 4 écus, celui de
Lesparre, 5 écus. Ces salaires étaient payés par les receveurs ou fermiers de la châtellenie
ou prévôté principale où exerçait le procureur.
(3) Les clauses très nombreuses de la fondation que nous n'avons pas cru devoir repro-
duire étaient une source de procès innombrables. Un registre concernant l'exécution de-
là fondation de Nevers, aux Arch. de l'A. P., de 16-10 à 17^0, ne contient pas moins de
47 arrêts du Parlement.
I 54 l'hOTKL-DIEU au XVIie ET AU XVIIie SIECLE
à tous ceux qui avaient participé à l'exécution de la fondation.
Guy Simon, marchand apothicaire, ancien consul et bour-
geois de Paris, demeurant rue Saint-Avoye, paroisse Saint-Merry,
donne, en 1689, i.oio livres de rente (i) à charge d'employer les
arrérages, après son décès, à doter des filles sortant de
l'hôpital de la Miséricorde ou des Cent-Filles, rue Censier, au
faubourg Saint-Marceau (2). Il demande, en retour, un salut et
des prières du soir et du matin, chaque jour à perpétuité pour
le repos de son âme, dans la chapelle du cimetière de Clamart,
ainsi qu'une messe basse à partir du lendemain de son décès,
qui devait être dite par des ecclésiastiques de la communauté
de Mr de Champsiergue, établie dans le cloître Saint-Marcel, ou
partons autres ecclésiastiques désignés par l'Hôtel-Dieu.
Elisabeth Rouillé, veuve de Lambert d'Herbigny, marquis de
Thibouville, fait diverses fondations, échelonnées de 1704 à 1710,
à des églises et communautés sur la somme de i .000 livres de rente
qui lui était versée par IHôtel-Dieu pour la donation faite, en
1704, de l'hôtel d'Épernon, rue Vieille-du-Temple. Elle verse en
outre à l'Hôtel-Dieu, à charge de services religieux, 8.000 livres
en 1705, 700 en 1708, 12.000 en 1709 (3).
Un conseiller du Parlement, Laisné, laisse, par testament du
29 avril 1661, 6.000 livres, à condition de payer à un religieux
cordelier de Paris, choisi par les trois plus anciens administra-
teurs, 100 livres, de six mois en six mois, pour étudier la
philosophie (4).
Claude de Pontlevoy, veuve de Clément Métezeau, architecte
et ingénieur du roi (5), par contrat du 3 février 1629, laisse une
somme de 4.000 livres, payable tous les 4 ans, pour « marier ou
faire religieuse une fille de noble extraction » à la nomination des
(i) Arcli. A. P., liasse S^i. Il laissait en même temps à l'H.-D. sa maison rue Sainte -
Avoye, en face la rue Simon-le-Franc, esiimée 12.000 1.
(2) Le choix devait appartenir sa vie durant à Ch. -Nicolas Garson, son neveu, curé de
Saint-Landry, conjointement avec les administrateurs de la maison, et, à la mort de
Garson, à ces derniers seuls. Il s'agissait d'une dot pour entrer en religion dans un
monastère cloitré de Paris ou des faubourgs, ou au besoin des environs, sans que
cependant la maison religieuse soit éloignée de plus de 10 lieues de la capitale. La dot
devait être distribuée de 4 ans en 4 ans, pour qu'elle put se monter à 4.000 L, ou de
5 ans en 5 ans, si cette somme par la suite devenait insuffisante pour entrer en religion.
(3) M. Fosseyeux, Inv. des objets d'art..., 1910, in-8, p. 28, texte de l'inscripiion
commémorative de ces fondations faites notamment aux Incurables, à Saint-Nicolas-des-
Champs, à la Charité, à l'hôpital du Saint-Nom-de-Jésus, ttc.
(4) IJne délib. du 18 nov. lySS arrêta que cette somme ne serait payée qu'à un religieux
commençant son cours de philosophie ou celui de théologie, le premier demandant 2 ans
et le second 3 ans, et sur un certificat du gardien du couvent.
(3) Il s'agit de Clément II Métezeau, né à Dreux le 5 févr. i58i, et mort à Paris le
28 nov. i632, le plus célèbre de la dynastie des Métezeau, architectes français des .xvi« et
xvii« siècles, sur lesquels on trouvera des renseignements dans le livre de A. Berty, les
Grands Architectes français de la Renaissance ; Paris, 1860, in-8°.
LES REVENUS
administrateurs. Cette fondation fut exe'cutée pour la première fois
en 1671 (i).
Dans cette catégorie se placent aussi les fondations de ser-
vices religieux dont e'tait chargé l'Hôtel-Dieu : fondations Benoise
pour un service à Saint-Cloud, le i*""" août, en souvenir du roi
Henri III ; Colbert, pour un service à Saint-Denis, le 7 novembre,
en souvenir du cardinal Mazarin ; Passart, pour un service à
Saint-Leu-Saint-Gilles ; Belin, pour un service aux Mathurins ;
Pezart, pour un service aux Innocents ; d'Émery, du 5 août i656,
pour l'envoi à THôtel-Dieu des habits des novices faisant profes-
sion au monastère des fifles Saint-Thomas ; dTntreville, pour un
service, le quatrième vendredi d'après la Saint-Martin, à l'intention
du roi Henri III, sans compter ceux qui se disaient à l'Hôtel-Dieu.
Ainsi Jean Filesac, curé de Saint-Jean-en-Grève, et Philippe de
Gamaches, docteur en théologie, avaient fondé, en 1609, tous les
ans au i" avril un sermon complet avec la « prose » Dies illa, dies
irœ, plus une haute messe aux Jours solennels où se gagnent les
pardons de l'Hôtel-Dieu, à laquelle devaient assister trois pauvres
des plus valides « lesquels feront les prières contenues es bulles
desdits pardons estans à genoux si possible et afin de gagner pour
la rémission de l'âme du défunt ».
Une pensée identique avait inspiré à Nicolas Le Lièvre, con-
seiller du roi et administrateur, la fondation, en 1637, de
23 lampes de cuivre, entretenues à l'huile, et 23 chandeliers de
bois, avec chandelles de suif, pour éclairer toutes les salles, à con-
dition qu'au moment de les allumer les religieuses avertissent
chaque jour les malades de dire un Requiescat in pace pour l'âme
du bienfaiteur.
En définitive, toutes ces fondations, plus ou moins compliquées
de procès, diminuaient d'autant le revenu que l'Hôtel-Dieu
pouvait tirer des bienfaits proprement dits de la charité publique.
Elles occupaient plus qu'il n'était raisonnable les administrateurs,
mais ils étaient obligés de répondre à la confiance dont ils étaient
l'objet.
l'exécution des testaments
L'Hôtel-Dieu avait eu, de tout temps, peine à recouvrer les legs
qui lui étaient destinés. Un arrêt du Parlement du 26 octobre \5b-j
« portant règlements pour les legs faits en faveur de l'Hôtel-Dieu
par ceux qui y décèdent « nous apprend que les héritiers
(1) Bibl. nat., Joly de Fleury, 1246, fol. 175 et suiv.
l56 I.'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIIie SIECLE
des défunts, dès qu'ils étaient avertis du legs, « prenoient, lati-
toient et cachoient lesdits biens », de sorte que THôtel-Dieu
en était frustré. Le Parlement, dans l'intérêt de THôtel-Dieu,
lui permet, aussitôt le testament connu, de « faire arrêt » sur
les biens des décédés, à charge d'en rendre « bon compte et reli-
quat «.
A plus forte raison, les héritiers essayent-ils de détourner ou de
celer les testaments, lorsqu'ils sont faits « par écriture privée »
devant les notaires, curés ou vicaires (i). Là encore le Parlement
intervient et permet au procureur général d'obtenir « monitions et
censures ecclésiastiques contre ceux qui recèlent et détournent les
testamens, dispositions et donations faits en faveur de l'Hôtel-Dieu
de Paris, et contre ceux qui retiennent les titres et enseignemens
qui en font mention » (arrêt du 19 juin iSjo).
Au xvii« siècle, le Parlement va Jusqu'à enjoindre aux notaires et
« personnes publiques » de déclarer au Bureau de l'Hôtel-Dieu les
testaments et donations faits en sa faveur dans la huitaine du décès
de leurs auteurs, et de les attacher « en un tableau en leurs
études » (2), et même à prescrire une amende de i5o livres
contre les délinquants (3).
Plusieurs arrêts, notamment ceux du 18 novembre 1662 et de
1668, chargent les notaires ou les curés qui reçoivent des testa-
ments dans lesquels il y a des fondations ou legs, d'en avertir le
procureur général ; enfin un arrêt du Conseil d'État du 7 mars 1702
prescrit le contrôle par les fermiers des droits de contrôle des actes
des notaires, des extraits des testaments contenant des fondations'
et legs pieux (4) en faveur des pauvres et hôpitaux.
L'Hôtel-Dieu est parfois désigné dans les testaments comme
bénéficiaire éventuel d'une libéralité, au cas oli les conditions
imposées par le testateur pour sa fondation première ne seraient
pas remplies. Ainsi quand Jeanne de Mailly fait au xvi^ siècle une
donation à la communauté des pauvres de Montaigu, il est stipulé
dans les actes que, si l'esprit de pauvreté s'atîaiblit dans la commu-
(i) Jusqu'à l'ordonnance du mois d'août lySS, dans les pays régis par le droit coutumier,
les testaments pouvaient être faits devant deux notaires, ou par-devant le curé de la paroisse,
ou devant son vicaire et un notaire, ou devant le vicaire et trois témoins, ceux-ci «idoines,
suffisants, mâles, âgés de 20 ans accomplis et non légataires ». L'ordonnance de lySS qui
unifia la jurisprudence dans tous les tribunaux du royaume édicta, dans son art. 23, que les
testaments devaient être reçus par deux notaires, ou un notaire assisté de deux témoins,
mais les art. 24, 25 et 26 laissèrent subsister les anciens usages, suivant lesquels les testa-
ments pouvaient être reçus par les officiers de justice, les greffiers et les curés.
(2) Rég-l. H.-D., I, 393. Arrêt du 11 mai i65o.
(3) Arrêt du 18 nov. 1662. 'Voy. aussi ord. de févr. 1731 en 47 articles fixant la jurispru-
dence, la nature, la forme, les charges et les conditions des donations.
(4) Cité par L. Lalleraand, o. c, t. IV, i" partie, p. 357.
LES REVENUS
i57
nauté, les biens iront à l'Hôtel-Dieu (i). En 1677, lorsque le
président Perrault fait un legs de 40.000 livres, à charge de fonda-
tion à la maison professe des jésuites (2), il stipule qu'à défaut
d'exécution pendant 2 ans le legs appartiendra à l'Hôtel-Dieu.
Aussi ce dernier ne manque pas, un siècle plus tard, et deux ans
après l'abolition de l'ordre et la suppression des maisons des
jésuites, de réclamer le bénéfice du legs, d'où procès avec les syn-
dics de l'union des créanciers des jésuites (3).
Il se passe souvent un fort délai entre la date des testaments et
l'exécution des legs. Un registre commencé en 1728 nous apprend
qu'un grand nombre de legs particuliers faits depuis 1664 n'étaient
pas encore payés (4), tels les 10.000 livres léguées par Bernard de
Nogaret de La Valette, duc d'Épernon, par testament du 18 juillet
1 66 1 , contesté par les héritiers du duc ; les i .000 livres laissées par
Jean Loyauté, payeur de rentes, dans son testament du 5 novembre
1667, les 5oo livres léguées le 3o septembre 1671 par dame
Lucrèce Jousselin, veuve d'Etienne Jappin, baron de Bouville.
Les i.ooo livres et les 4.000 livres à charge d'acquisition de
200 livres de rente pour la collation des malades léguées par
la duchesse d'Aiguillon, par testament olographe des 17 mai et
29 juillet 1674, n'ont été payées que le 4 juin 1766, par la
congrégation de Saint-Lazare, dépositaire des deniers de la
succession. Mais l'exemple le plus typique est peut-être celui du
legs de François Namurois, décédé le 11 mai 1743, léguant ses
biens à l'Hôtel-Dieu au cas où son neveu viendrait à mourir sans
enfant, ce qui arriva le 21 octobre 1755, et dont l'hôpital, à la suite
de réclamations successives des divers héritiers (5), ne put béné-
ficier qu'en 1781 !
L'Hôtel-Dieu n'accepte pas indistinctement tous les legs.
Quand les conditions paraissent onéreuses, il refuse. Le
16 mai 1723, il renonce au legs universel de l'abbé de Fourcy,
chanoine de Notre-Dame, dont la succession, malgré de nombreux
canonicats, était obérée de 38.679 livres; en 1724, à celui de
Pierre-François Gon de La Hautemaison, fait par testament
du 26 janvier 1732; en 1732, à celui de madame de Pompa-
(i) M. Godet, /ti Congrégation de Montaigu [i^go-ibSo). (Posit. de thèses, École des
chartes, 1910.)
(2) Testament du 24 août 1677.
(3) Voy. Bibl. Sénat, nis. 1.175, f° 99. Mân. contre les syndics de l'union des créanciers
des Jésuites ; Lambert, 1767, iti p. Le rapporteur était l'abbé Terray.
(4) Arcli. A. P.,ms. n» 1414.
(5) Voy. notamment les arrêts des 5 déc. 1759, 4 août 1775, et le mémoire présenté le
8 août 1781 aux administrateurs par les héritiers ruinés. (Règl. H.-D., IV, 375.)
i58 l'hotel-dieu au xyii» et au xviii« siècle
dour(i), dont les meubles et effets, dit l'acie du 22 juillet 1732,
seront à peine suffisants pour les créanciers; en 1740, à celui de
Claudine Gigot de Pouilly, qui avait légué, par testament du
II mars 1736, une maison et 4 arpents à Passy (2) avec des eaux
minérales, à charge du payement de toutes les rentes et çlettes
hypothécaires qu'elle pourrait avoir le jour de son décès, et de
plusieurs pensions viagères ; or, la maison menaçait ruine, les
appartements étaient sans meubles, et le produit des eaux, dit
l'acte de renonciation, est un mystère qu'il n'a pas été possible de
pénétrer.
Marie-Louise Pot de Rhodes, veuve du duc de Vitry, par son
testament en date du 3 octobre i683, demandait à être inhumée
auprès de ses aïeux, le maréchal de La Châtre et sa femme, à
Égreville, mais comme cette terre n'était plus à elle, elle laissait
600 livres à l'Hôtel-Dieu pour être inhumée, à défaut, dans la
paroisse où elle décéderait et fonder une basse messe des morts à
perpétuité ; l'Hôtel-Dieu refuse cette fondation par acte du i3 août
1695, parce que la terre d'Égreville est rentrée dans la famille, et
que sa fille la duchesse de Torcy peut exécuter les volontés du
testament.
En 1687, par acte du i3 août, il refuse le legs universel de
Jean-Antoine de Pardaillan de Gondrin de Montespan et de
Bellegarde, fait par testament du 17 mars 1687, en prévision des
multiples procès dont la succession est chargée, à « cause de subs-
titutions, droits de légitimes dettes et autres grands sujets de con-
testations et aussi à cause des clauses et conditions du testament
qui mettront l'Hôtel-Dieu en grand embarras, comme cela est arrivé
pour la liquidation du legs universel de son frère, l'archevêque de
Sens, Louis-Henri de Gondrin (3) ».
L'Hôtel-Dieu cherchait, autant que possible, à éviter les procès.
Il n'en manquait pas, même quand les successions dont il acceptait
la charge paraissaient brillantes.
Il avait pourtant le privilège, depuis i5o5, de porter direc-
tement en première instance en la grand'chambre du Parlement de
Paris « ses procès et différends ». Au xvii<= siècle, ce privilège fut
contesté par quelques particuliers, « au sujet principalement de
(lUl s'agit d'Agnès Portail, veuve de Nicolas Machat de Pompadour, colonel d'infante-
rie, demeurant rue de Saintonge, au Marais, paroisse Saint-Nicolas-des-Cliamps. (Testament
du 2 tévr. 1732.)
(2) Cette propriété qui appartenait précédemment à l'abbé Le Ragois, avait été laissée par
ce dernier à trois légataires qui avaient renoncé successivement au legs : AL de Bercy, M. de
Bretonvilliers, les frères de la Charité; un arrêt du 3o mai 1732 l'avait déclarée réunie à
l'usufruit de sa nièce, M"° de Pouilly.
(3) L'H. -D. avait renoncé au legs de L.-II. de Gondrin par acte du 3 juill. 1680.
LES REVENUS I 5g
ce qu'aucunes des Parties intéressées se sont trouvées de la
Religion prétendue réformée », ce qui donna lieu à diverses
instances de règlement. Pour empêcher ces contestations à l'avenir,
il fit confirmer son privilège par lettres patentes du 2 no-
vembre i652 (i), spécifiant qu'il serait exécuté « contre tous autres
privilégiés, même contre les sujets du roi de la religion prétendue
réformée)). Néanmoins, en i655, l'Hôtel-Dieu fut encore obligé
de s'adresser au Conseil d'État pour faire renvoyer devant la
grand'chambre du Parlement de Paris une instance pendante au
Parlement de Dijon, engagée contre Louis de Meslin, écuyer,
sieur de Saint-Seine (2). L'ordonnance d'avril 1667 confirma le
droit de plaider en première instance en la grand'chambre du
Parlement, et cela sans ajournement (3). Enfin, les lettres patentes
de décembre \y3i attribuèrent à la première chambre de la Cour
des aides de Paris toutes les contestations de la compétence des
sièges ressortissant aux Cours des aides du royaume (4).
LES BUDGETS
Après avoir passé en revue les principales sources de revenus
de l'Hôtel-Dieu, nous sommes amenés à nous poser les questions
suivantes: Équilibrait-il son budget? Ses ressources étaient-elles
suffisantes ? Comment échappait-il à la ruine les années de crise ?
LES FINANCES AU XVII« SIECLE
Nous possédons des budgets imprimés pour les années 1640,
i65i et! 663. Rondonneau avait pu les consulter à la bibliothèque
Mazarine (5). Chamousset les connaissait également. Faisant
allusion à la difficulté de se renseigner sur la situation des hôpitaux,
il écrivait: « Que votre administration soit moins mystérieuse et
elle sera beaucoup plus aidée; nous avons plusieurs comptes que
l'administration de l'Hôtel-Dieu faisait imprimer dans le siècle
dernier, par lequel on voit que la fidélité de la gestion encourageait
(1) Régi. H.-D., 1,439.
(2) Id., I, 535. Arrêt du Conseil d'État, 3i déc. i655.
(3) Titre II, art. xii. Le même privilège était accorde à l'Hôp. gén. et au Grand Bureau
des pauvres.
(4) Régi. H.-D., III, 397.
(3) Rondonneau, o. c, p. 124. Il en signale un second exemplaire à la bibliothèque des
Pères de la Doctrine chréiienne, et un autre à la Bibliothèque du roi, avec beaucoup de
pièces intéressantes concernant l'H.-D., dans un portefeuille étiqueté « Hôpitaux de Paris » .
l6o l/HOTKI.-niRU AU XVII" KT AU XVIII<= SIECLE
les libéralités des citoyens qui augmentaient dans la même pro-
portion que les besoins, en sorte que si la dépense excède la recette
dans un compte, on voit dans le compte suivant la recette supé-
rieure à la dépense même du compte précédent (i). »
Au budget de 1640, les recettes sont les suivantes:
Domaine non muable à Paris sur maisons et héritages, sans
y comprendre celles que l'Hôtel-Dieu possède, 3 1. 7 s. i d. ;
Cens, surcens, fonds de terre, dîmes, hors Paris, à Villepreux_,
Saint-Ouen-lès-Pontoise, Montlhéry, 179 1. 9 s. 9 d.;
Droits de lods et ventes sur ces cens, i5o livres;
Legs et aumônes sur la Recette générale de Paris, 686 1. 8 s. ;
Legs et aumônes sur le Domaine de Paris, 762 1, 3 s. 5 d. ;
Rentes sur le poisson de mer, léguée par feu M. du Vair, garde
des sceaux de France, 3oo livres ;
Rente au denier 11 sur les ponts et chaussées, i.ooo livres;
Rentes foncières et redevances sur des maisons et héritages, à
Paris, estimées 474 1. 8 s. 2 d. ;
Rentes de bail d'héritage sur maisons à Paris, 6o3 livres ;
Rentes sur le sel au denier 12, 6.149 ^- "4 s- ;
Rentes sur le sel au denier 16, 4.725 livres ;
Rentes sur le Clergé au denier 12, 2.452 1. 10 s. 9 d. ;
Rentes sur les Aides au denier 12, 1.449 ^- ^^ s. ;
Rentes sur les Recettes générales au denier 12, i 22 1. i o s. (2).
Les quêtes faites les dimanches et fêtes dans les paroisses de
Paris (3), par les églises, rapportent 1.750 livres. La boucherie de
Carême, qui produisait autrefois 3oo livres, ne rapporte plus rien, ■
depuis que le boucher établi dans l'enclos de l'Hôtel-Dieu fournit
gratuitement, chaque jour du Carême, 24 volailles pour les « griefs »
malades, 12 pour bouillir et 12 lardées pour rôtir, ainsi que les
issues de la viande et quelques jarrets de veau.
Le droit de 10 sols par minot de sel débité en la généralité de
Paris, accordé à titre définitif par Henri IV en 1607, lors de la
construction de. Saint-Louis, et qui a été remplacé par une assi-
(i) Le titre exact de ces budgets est: Estât au vray du bien et du revenu de l'Hôtel-
Dieu, tant de ce qui est annuel et du revenu de son domaine, que de ce qui est casuel, sur
le pied des trois et des six dernières années, une commune, pour faire connoitre au
public les vrayes nécessite^ des pauvres malades qu'on est obligé d'y recevoir de toutes
parts, sans en refuser aucun, comme aussi les nécessite^ de l'hôpital Saint-Louis et de
l'hôpital Sainte-Anne qui en dépendent.
(2) Ces cinq dernières catégories ne sont comptées que pour trois quartiers; on ne
paye plus en effet que tous les quatre mois; il y a un trimestre de perte par an.
(3) Tout au moins « ce qu'en rendent » les marguilliers, dit le rapporteur du budget de
1640. On ne compte pas les quctes faites extraordinairement dans les maisons, en vertu
d'arrêts de la Cour, en cas de nécessité pressante.
I.KS REVENUS l6l
gnation sur les gabelles, « assez mal payée », est estimé 5o.ooo
livres.
Le droit de 3 sols pour muid de vin, entrant à Paris et dans
les faubourgs, par eau et par terre, faisant partie des 3o sols
imposés, a été supprimé et remplacé par une assignation sur le
fermier des 3o sols, qui n'en paye que 35.3oo livres.
Rentes sur particuliers : néant.
Rentes sur les aides de Télection de Paris; elles sont ici portées
pour mémoire; Jusqu'en i636, on en a payé trois quartiers par
an ; depuis i636, elles ne rapportent plus rien.
Rentes sur les recettes générales, SgS 1. 4 s. 6 d.
Rentes sur le domaine de l'Hôtel de Ville au denier 20, et
quelques-unes au denier 16, 5.014 livres.
Rentes viagères hors Paris, 5i 1. 7 s. 6 d.
Rentes annuelles et perpétuelles sur maisons et héritages hors
Paris, 754 1. 3 s.
Revenu casuel de la moitié du fief d'Albic (i), 200 livres.
Revenu du fief de la Motte, à Corbeil (2), 100 livres.
Les loyers de maisons à Paris et dans les faubourgs (3), ainsi
que les échoppes adossées contre l'Hôtel-Dieu, du côté du Petit-
Pont, comprenant 63 articles, produisent un revenu annuel de
23.753 livres.
Deux maisons ne rapportent rien, celle où demeure le chirur-
gien, qui est logé rue Neuve-Notre-Dame, et celle où se tient
le Bureau, au parvis, dite le «Château Frileux», où sont logés
le concierge et le greffier du Bureau. Les échoppes qui se trouvent
«à Petit-Pont», contre la salle du Légat, sont louées la plupart
à des maîtresses lingères ; l'une de celles qui se trouvent sur le
perron du portail est louée à deux imprimeurs. Le droit du
passage du pont au Double, récemment construit, est affermé
2.400 livres.
Les baux des fermes et héritages des champs, « baillées
à argent », répartis en 37 articles, produisent 8.632 1. 17 s.
Le revenu de 22 fermes « baillées à grain », se monte par
an à i55 muids 9 setiers 2 minots de blé froment et méteil,
(i) Il consiste dans un droit de ad. sur chaque charretée de marée arrivant aux Halles.
(Voy. Sauvai, o. c, I, 634).
(2) Il consiste en une « reconnaissance » annuelle versée par les gens à qui on donne la
permission de pcciier «sur la rivière de Seine».
(3) La plupart de ces maisons sont louées un prix infime, à cause de leur caducité ; aussi
parmi les locataires nous ne trouvons guère que des artisans, brodeurs, tailleurs, menui-
siers, buvetiers. Une maison de la rue de Venise, dans la Cité, est louée aux marguilliers
de Saint-Christophe ; une maison de la rue des Oublies (plus tard confondue avec la rue de
la Licorne) est louée pour 200 1. à la Grande Confrérie aux Bourgeois.
l62 l'hOTKL-DIEU au XVIie ET AU XVIIie SIECLE ^
6 muids d'avoine, 4 porcs, 36 chapons, 2.700 bottes de foin
et I .goo bottes de « feurre pour servir au lit des malades » ; mais il
n'y a pas lieu de compter toutes ces redevances en recette, puis-
qu'elles sont loin de suffire à l'entretien des malades.
Il en est de même du vin, récolté à Bagneux (8 arpents
iSperches), àCréteil(5 arpentsetdemi),à Champrosay (21 arpents
7 perches), à Gagny (5 arpents), à Massy (3 arpents), à Villeneuve-
le-Roi (3 arpents et demi), qui est employé pour la consommation
de la maison, à laquelle il est loin de suffire.
Par contre, pour la coupe des bois taillis, particulièrement aux
terres de Champrosay, du Plessis-Picquet, des Noues, on peut
faire état d'une moyenne annuelle de 700 livres.
Il faut ajouter la recette de certains offices, la vente du son
provenant des farines par l'office de la paneterie, 3. 200 livres;
La vente des habits des malades décédés par l'office de la
pouillerie, 5oo livres;
Le droit de fossoyage au cimetière des Saints-Innocents pour les
corps inhumés dans la partie qui lui appartient (i), 120 livres ;
Les gardes des religieuses, 3oo livres;
Les pardons et les quêtes rapportent beaucoup moins qu'au-
trefois, depuis qu'à Notre-Dame, où il n'y avait primitivement que
les troncs de l'Hôtel-Dieu, les autres communautés et la fabrique
en ont établi d'autres; on estime leur revenu à lo.Soo livres.
Les deniers provenant des charités faites en divers diocèses,
archevêchés et évêchés, ne se montent plus qu'à 4.500 livres.
Les deniers provenant des legs, aumônes, amendes, confis-
cations, ont subi la concurrence des nouvelles maisons établies,
et ont baissé « d'autant que le peuple n'a plus de quoi donner »,
28.85o livres.
Au chapitre des dépenses, nous avons d'abord les cens, dîmes,
indemnités et amortissements des maisons à Paris, 195 l. i5 s.;
Les cens et rentes sur maisons et héritages hors Paris, 1 28 1. 18 s. ;
Les rentes sur le temporel de l'Hôtel-Dieu, 91 1. 17 s. 4 d. ;
Lesmessesetobitscélébréspourdiversesfondations, 1.494I. los.;
Le coût des frais d'exécution des fondations, les dépenses
d'approvisionnement, d'entretien, de réparations de bâtiments, de
personnel ; les arrérages des rentes constituées sur les particuliers
à diverses époques, dont il reste dû 24.645 livres. Cette somme
n'a fait que s'accroître, car 20 ans plus tard, au budget de 1662,
nous trouvons une somme de 128.407 livres, dont 77.621 de
(i) Toutes ces sommes sont établies «sur le pied » des 6 dernières années.
LES REVENUS l63
rentes viagères, 21.417 de rentes amortissables, 2.429 de rentes
au denier 18, 2.537 ^^ rentes au denier 20, 3.o52 de rentes au
denier 22, 5. 218 au denier 24, 5,333 au denier 3o et 5. 800 de
rentes non rachetables.
Les budgets de i65i et de i663 gardent la même physionomie:
nous ne nous attarderons pas à les reproduire, mais nous devons
prendre acte des doutes qui furent émis sur leur exactitude.
Peu après la mort de l'administrateur Bachelier, ancien rece-
veur, le 17 mars 1688, parut une brochure anonyme intitulée
Mémoires et instructions concernant le j'evenii temporel de
l'Hôtel-Dieu, tendant à prouver que, de 1660 à i685, en vingt-
cinq ans, les reliquats de comptes se montaient à près de dix
millions de livres, contrairement aux résultats donnés par les
états imprimés (i).
Les chiffres publiés, et qui contredisent les publications offi-
cielles, sont tirés, dit leur auteur, des registres de comptes,
mis sous scellés à la mort de Bachelier.
L'état de 1640 porte en recette géné-
rale la somme de 197.758 1. IIS. 3d.
et en dépense 229.376 8 »
soit un excédent de dépense de 3i.5i7 16 9
L'état de i65i porte en recette géné-
rale la somme de 258. 3i3 7 6
et en dépense 325.624 19 9
soit un excédent de dépense de 67.311 12 3
Ces deux documents doivent être fidèles. Mais l'état de i683
porte en recette la somme de 360.098 10 i
et en dépense 588. 10 1 i3 »
soit un excédent de dépense de 228.003 14 11
Or, cet excédent énorme de dépense est faux ; pour le prouver,
il faut entrer dans le détail des comptes des receveurs. Si l'on prend
la recette de Bachelier pour les années 1 660 et 1 66 1 , on trouve :
Reliquat de solde du prédécesseur Michel
Oubry 138.960 11 8
Recette générale 1.837.645 17 9
Dépense générale 1.775. 5 14 i5 9
soit un excédent de recette de 62.i3i 2 '>
(1) Arch. A. P.,
i64
L HOTEL-DÎEU AT' XVIF ET AU XYIIK SIECLE
En examinant les articles de la dépense, on y trouve des emplois
en acquisitions, rachats de rentes, bâtiments, par exemple :
Acquisitions 493.162 1.
Bâtiment du pont de l'Hotcl-Dieu [pont au Double] 81.976
qui joints aux 62.i3i 1. 2 s. précédents font pour ces deux années
une somme de
Prenons ensuite les trois années sui-
vantes : 1662, i663, 1664. La recette géné-
rale monte à 3.088.584 1.
la dépense à 2.996.973
d'où excédent de
Mais, dans la dépense, on
trouve les emplois suivants,
qu'il y a lieu d'annuler :
Acquisitions
Rachats
Parties retardées
Payé au receveur suivant
pour affaiblir la solde de
ce compte
269 1.
1 1 .61 1
448.092
3o3. 374
219.194
I . I2D.27I
2. 330.048 1.
2.246.398
7 6d.
143.000 !
1.762.540 2
Ce qui, avec le reliquat des 2 années précédentes, donne en
5 ans un boni de 1.762,640 livres. Or, d'après l'imprimé de i663,
on arrive au contraire à un excédent de dépense de 228.000 livres.
On peut se livrer au même travail sur les comptes des receveurs
suivants :
Martin, i665-i666 :
Recette
Dépense
Excédent
auquel il faut ajouter en acquisitions.
et en rachats de rentes
Soit, pour 2 ans
Martin, 1667-1668 :
Recette
Dépense
Excédent
et, en plus, rachats
et reprises aux parties retardées . . .
Total d'excédent
83.650
741 .666
120.688
5
I
4
6
946 . 004
10
6
1.790.278
1 .769.651
18
19
7
5
20.526
48 . I 3 I
187.608
i58.53i
19
I
14
i3
2
8
10
»
414.888
8
8
LES RE VENTS l65
Petitpied, 1669-1670:
Recette 2.231.970 l. 2 s. »
Dépense 1.982.229 16 8 d.
Excédent 249.7.^0 5 4
à ajouter, rachats 72.576 7 6
acquisitions 373.284 » »
reprises 238.126 11 »
Total d'excédent 933.727 19 i
Petitpied, 1671-1672 :
Recette 2.o58.io2 4 7
Dépense 2.o58.i38 10 7
Déficit 36 5 9
Mais si on compte ce qu'il y a « d'utile » dans la dépense, on
arrive, au contraire, à un boni de 615.488 livres. Continuons
encore :
Rosset, 1673-1674 :
Recette 2. 184. 664 1. 14s. 1 1 d.
Dépense 2.183.749 5 6
Boni 9i5 9 6
Mêmes remarques pour les comptes des receveurs Levêque, de
1675 à 1678 ; Roger, en 1679 ; Herlau, de 1680 à i683, etc.
A ce raisonnement, l'Hôtel-Dieu répond (i) que s'il y a « des
emplois utiles » dans la dépense, il y a aussi des recettes dont les
pauvres n'ont pas tiré profit. Par exemple, on a pris des deniers à
rentes viagères sur des particuliers ; si on a gagné sur quelques-
uns, on a perdu avec d'autres. Il y a les recettes extraordinaires
comme les coupes de bois, qui ne reviennent que tous les 25 ans,
les ventes d'immeubles et de rentes. Cela est si vrai que l'Hôtel-
Dieu ne s'est « soutenu » qu'en aliénant une partie de ses fonds,
en recevant des remboursements considérables et, surtout, en se
chargeant de payer des rentes viagères à des intérêts très onéreux.
On ne parle pas de la diminution sur la valeur des espèces de
monnaie, en 1666, qui a fait perdre 9.704 I. 1 1 d. On ne se
rend pas compte qu'en 1680 et i68r, il a été obligé de rem-
bourser des rentes pour 876.057 livres, de vendre des immeubles,
de payer pour 809.693 livres de rentes viagères à des taux très
onéreux sur lesquels il a perdu considérablement, et d'emprun-
(i)Arcli. A. p., liasse 868. Réflexions et observations du S' Noblet sur un imprimé ayant
pour litre : Mémoires et instructions concernant le revenu temporel de i'H.-D.
l66 l'hOTEL-DIEU au XVIF et au XVIIie SIÈCLE
ter i6o.56o livres à constitution de r,ente, « sans quoi il périssait».
C'est à tort que l'on compte les « reprises » comme une dépense
utile, alors qu'elles sont, en partie, une perte réelle, à cause de l'in-
solvabilité des débiteurs, malgré les soins des administrateurs à
veiller aux recouvrements. Enfin, la vente des immeubles, le rachat
des rentes, comptés en recette, ne sont-ils pas, en réalité, une
diminution de revenus ?
Malgré la défense habile de THôtel-Dieu, il y a des présomp-
tions assez fortes de penser que la politique du Bureau consistait
à présenter au public les finances de la maison sous un jour défa-
vorable, de manière à exciter la générosité des particuliers et celle
des pouvoirs publics (i).
L'avis au public qui précède l'état au vrai de 1 663 ne cache point
cette pieuse intention : « Les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de
Paris, qui connaissent les nécessités des pauvres malades, ont estimé
qu'il était de leur devoir de faire voir au public un état au vrai du
revenu et de la dépense de cette sainte maison. Car il est certain que
si la charité des gens de bien l'abandonne, comme elle l'a fait depuis
plusieurs années, il faut que ce célèbre hôpital tombe, et que les
pauvres perdent en sa charité toute l'espérance qui leur reste dans
leurs misères. Les grandes aumônes qui se faisaient autrefois entre
les mains des administrateurs sont cessées, les troncs de l'Hôtel-
Dieu ne rapportent plus ce qu'ils rapportaient par le passé ; les
donations, les legs ne se font plus que rarement et de sommes fort
médiocres, et les legs universels, assez fréquents aux siècles passés,
maintenant lui sont inconnus (2), de sorte que ces sources étant'
taries, il faut nécessairement que cette sainte piscine vienne à sec,
et que nous voyions tomber en nos jours ce merveilleux ouvrage
de la piété de nos pères. Ce mal... vient de ce que beaucoup de
gens se sont faussement persuadés que l'Hôtel-Dieu est infiniment
plus riche qu'il n'est. Cependant, on verra par cet état que, quelque
économie qu'on y apporte, il s'en faut beaucoup que son revenu
ne puisse fournir à sa dépense. On verra même... que..., de
l'année 1654 au i^"" décembre 1662, l'Hôtel-Dieu a consumé de
son fonds la somme de 1.225.779 1. 9 s. Ce fonds consumé ne rap-
porte plus de revenu, la dépense augmente de jour à autre, le
(i) En tout cas « TEtat au vrai », de l'H.-D. a le mérite d'être le premier document de ce
genre. Il faut attendre Colbert pour trouver, en ce qui concerne les finances de l'Etat,
l'établissement d'un « Etat au vrai», dressé par le Conseil des finances, et présenté à la
Chambre des comptes, et qui n'était pas non plus exempt d'erreurs, ou d'infidélités.
(Lavisse, Hist. de Fr. ; Paris, in-4», 1906, t. VII, K" partie, p. 184.)
(2) On voit combien sont exagérées ces récriminations. C'est au contraire l'époque des
legs les plus importants. Nous avons dans cette citation rétabli l'orthographe moderne.
,ES REVENUS I 6?
nombre prodigieux de malades, qui autrefois n'était que de 800 à
900 et qui monte à plus de 2.5oo, depuis que les nouvelles salles
sont occupées, a tellement surchargé THôtel-Dieu qu'il faut qu'il
succombe si la piété publique ne lui aide pas à porter un si grand
fardeau. »
L'appel de THôtel-Dieu fut entendu. La seconde moitié du
xvii" siècle est l'époque des legs les plus considérables, Arnauld
de Pomponne (1698), Benjamin Petitpied (i 694), J. -Ph.de Berthier,
abbé de Saint-Vincent de Senlis (1668), Ythier Chastelain, cha-
noine (1659), Le Masle des Roches, grand chantre (i658), Ch.-Fr.
Talon, curé de Saint-Gervais (i65i), J. Ballesdens (1675) et
Fr. de Callières (1717), académiciens, la duchesse de Guise (1686),
la marquise d'Anglure (1661), la marquise de Sénarpont (1690),
Christine de Heurles, femme d'un seigneur de Passy Cl. Chahu
(1676), et tant d'autres. Mais dans quelle mesure tous ces legs
enrichirent l'Hôtel-Dieu, c'est ce que nous ne pouvons fixer en
l'absence de comptes détaillés. Cette obscurité a été voulue par
l'administration qui s'est bien gardée en tout cas de renouveler
ses premières publications. Elle acceptait l'argent du public, mais
se passait volontiers de son contrôle.
L EQUILIBRE BUDGETAIRE AU XVIIF SIECLE
Nous allons essayer pourtant d'établir pour le xviiie siècle
l'équilibre budgétaire. L'aridité des chiffres ne saurait nous dis-
penser de suivre la marche du budget avant d'étudier la réper-
cussion sur les finances hospitalières des événements ou des
désastres publics, et de signaler les expédients employés pour
faire face aux nécessités pressantes.
En 1701 (i), nous relevons les chiffres suivants :
Pour les recettes :
Revenu fixe : livres
Loyers de maisons à Paris ii5.ooo
Fermages de la campagne et deniers de la paneterie 58.564
Rentes sur les aides et gabelles, clergé, domaines du
roi et de la Ville, décimes de Montpellier et an-
ciens octrois sur le vin et le sel 213.758
Cens, rentes foncières, rentes constituées, fonda-
tions et aumônes fixes 25.3Ô2
Total 412.684
(I) Arch. A. P., liasse 879. Etat ms
[68
L HOTEL-DIEU AU XVIIc ET AU XYIII* SIECLE
Revenu casuel : livres
Octroi nouveau sur le vin 247. GSy
Deniers des troncs, quêtes, pardons, legs universels
etparticuliers, aumônes, sacristies, lodsetventes 96.241
Boucherie de Carême 3i.202
Total 3-jb. 100
Total général 787.784
Pouv les dépenses :
Blé, décharge, port, mesurage, mouture 69.520
Vin, entrées, droits, frais de cave, façons de vigne,
fumiers, échalas '. . 35.754
Cuisine, viande, volaille, lard, poisson frais, marée,
seletdroits,œufs, beurre, fromage, lait, légumes,
fruits, épices, huile d'olive, sucre, cassonade . 139.477
Apothicairerie, eau-de-vie, miel et autres drogues . 1 1 .935
Bois, charbons, droits et frais, bois pour menuiserie 36. 000
Cendres, savon, huile à brûler, chandelles .... 6.000
Batterie de cuisine, chaudronnier, coutelier .... 5. 000 ,
Toiles neuves, vieux draps, toiles pour ensevelir,
paillasses 26.000
Coutils, plumes, couvertures et brayers 5. 000
Mercerie, étoffes, serges, fîl 12.000
Cuir, bottes, souliers, sandales 4.000
Livres, papier, impressions 1.200
Réparations de bâtiments et entretien 60.000
Sacristie, messes, cire, bières 6.000
Fondations et charges de legs 3o.ooo
Honoraires et gages du personnel 27.000
Cens, rentes foncières et constituées i5.ooo
Entretien des chevaux et voitures 3. 000
Frais de procès, avocats, notaires 10.000
Rentes viagères 224.200
Total 722.086
Ainsi la recette excède la de'pense de 60.698 livres; mais, Tan-
née précédente, il y avait un déficit de 49.790 livres, de sorte qu'il
ne restait en caisse, à la suite de ces 2 années, que 10.908 livres.
Un autre état du receveur, daté du 1 1 février 1702, mentionne une
encaisse de 23.928 livres.
Les années suivantes, la situation allait devenir beaucoup moins
bonne, en particulier par suite des retards apportés dans les
payements des rentes sur la Ville et sur le Roi, et des billets
des fermiers. Au mois de Juillet 1709, il manque au receveur
143.609 livres pour faire face aux payements urgents (i). L'année
d'ailleurs fut critique, ainsi que nous le verrons plus loin.
(I) Arch. A. p., liasse 878.
LFS RF.VKNUS
lOq
A la fin du xviii" siècle, un commis du receveur, Derouville,
qui avait occupé ce poste pendant plus de 40 ans, publia un État
général des recettes et dépenses de VHôtel-Dieii, qui s'étend du
i^r janvier ijSo au 3i décembre 1788(1). Ce travail présenté à
Bailly, maire de Paris, le 23 septembre 1789, était destiné à
défendre l'administration de l'Hôtel-Dieu des « soupçons injurieux
qui s'étaient élevés contre elle et à détromper le public qui a tou-
jours été persuadé que l'Hôtel-Dieu avait un revenu immense ».
Ce tableau des finances de la maison pendant 3g ans est d'au-
tant plus précieux qu'il est le seul document d'ensemble qui puisse
nous permettre d'apprécier la situation financière de l'Hotel-Dieu
à cette époque, les délibérations ne nous renseignant que très
imparfaitement et d'une manière tout à fait fragmentaire. De plus,
Derouville s'est servi, pour établir ses tableaux, des livres authen-
tiques qu'il avait lui-même dressés, et il y a tout lieu de croire
exacts les comptes qu'il reproduit.
La période comprise entre 1 760 et 1 788 peut être financièrement
divisée en 3 époques. La première, de 1750 à 1761, présente, mal-
gré des fluctuations, un excédent de recettes. La seconde, de 1762
à 1772, après quelques années prospères, se solde par un excédent
de dépenses, La troisième, de 1773 à 1788, voit s'accroître et se
consommer le déficit. Voici d'ailleurs des chiffres :
Sur l'ensemble de ces 12 années, on constate un excédent de
recettes de 188.612 1. 4 s. 2 d. Le déficit des premières années avait
(i) Paris, V» Hérissant, rue Neuve-Notre-Dame, 1789,10-4», 42 p. (Bibl. A. P., E- 20.)
'hOTEL-DIEI' au XVIie ET AU XYIII" SIECLE
dû être couvert par des emprunts faits à la re'serve, qui s'étaient
montés à 519.789 livres. Le boni des années suivantes permit d'y
replacer 446.877 livres. Cette réserve de l'Hôtel-Dieu formait un
dépôt particulier, dont l'archevêque de Paris, le premier président et
le procureur général avaient seuls les clefs, et qui n'était pas con-
fondu avec la caisse courante. Elle se composait, en 1760, d'une
somme de 1.077.606 livres, à laquelle il faut ajouter le boni de
l'exercice 1749, soit 133.757 livres, et de vieilles espèces échangées
à la Monnaie en 1760 contre une somme de 222.183 livres. Pen-
dant la même période 1 750-1 761, les remboursements ou ventes
de biens-fonds s'étaient élevés à 688.479 livres et les emplois de
deniers à i.i35.357 livres. En définitive, il existait encore dans
la réserve, en 1761, une somme de 780.000 livres. La situation
était bonne.
Les 1 1 années suivantes, la balance budgétaire nous offre les
résultats suivants :
ANNÉES
RECETTES
DÉPENSES
1762
1763
1. s. d.
I. 173.087 2 6
1.296.835 i5 II
1.280,369 8 »
1.273.365 6 5
1.372.233 7 9
I .254.104 12 5
I. 170. i3o 18 6
I. 192.510 3 9
I. 183.438 19 2
I. 361.866 II 5
I .360.995 18 10
1. s. d.
882. 83o i3 II
I. 061. 281 14 6
1.020.972 16 9
944.547 I 2
1.222.079 6 3
1.332.646 4 8
1.422.038 5 7
1.502.788 3 2
1.572.592 4 2
I. 719. 446 3 9
1.382.266 18 5
1764
1765
1766
1767
1768
1769
1770
177'
1772
Totaux
13.918.932 4 8
14.064.490 2 4
Pour cette période, nous constatons un excédent de dépenses de
145.557 livres. Les 5 premières années présentent encore des excé-
dents. Mais, à partir de 1767, tous les ans il y a déficit; les
remplois (1.287. 192 ^•) excèdent les remboursements (514.474 1.)
de 772.717 livres. La cherté du blé et les pertes considérables
éprouvées sur la boucherie de Carême amenèrent, les années sui-
vantes, une situation désastreuse. En 1770-1771, on fut obligé de
retirer un dépôt de 780.000 livres, si bien qu'en définitive, au
3i décembre 1772, il ne restait plus dans la caisse du receveur
que 257.006 livres. L'incendie du mois de décembre 1772 vint
LKS REVENUS
encore aggraver la situation déjà compromise, et qui allait devenir
de plus en plus critique jusqu'à la Révolution.
En effet, de 177? à 1787, nous assistons, malgré quelques
bonnes années, à une véritable consolidation du déficit :
ANNÉES
RECETTES
DÉPENSES
1773
1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783
1784
•783
1786
1787
Totaux
I. s. d.
1.565.062 17 8
1.353.358 16 6
1. 391. 751 19 I
I. 514. 328 4 2
1. 451.532 i5 8
1 .391 . 162 8 10
i. 471. 932 9 8
1.459.472 I 3
1.440.242 I 4
i.533.8i5 19 I
I. 531.187 » 6
1.483. 421 6 9
1.724.405 » 2
1.663.593 q 4
1.502.698 4 5
1. s. d.
I. 560.931 14 4
I. 514.165 14 8
1.304.468 18 >,
I .347.049 10 II
1.464.930 6 10
i.5o8.636 8 4
1.502.242 7 »
1.544.038 5 5
1.447.230 14 »
1.590.423 3 6
1.494.343 14 II
1.607.316 9 II
I .750.536 12 6
1.623.156 I 3
1.466.307 6 I
22.486.964 14 5
22.725.797 6 10
L'excédent de dépenses pour ces i 5 années est de 238. 8?2 livres.
Mais cette fois l'administration a été plus prudente, et les rem-
boursements (752.430 1.) excèdent les remplois (491.370 1.) de
261.060 livres. Les conséquences de l'incendie de 1772 se font
sentir sur toutes les années suivantes. La reconstruction des bâ-
timents a coûté 869.873 livres réparties sur douze exercices, de
1773 à 1784, et compensées simplement, en 1773, par une recette
extraordinaire de quêtes et aumônes de 160.682 livres; encore, sur
ce produit des quêtes, fut-il octroyé 12.000 livres à l'Hôpital géné-
ral pour dédommagement des frais d'entretien des malades reçus
temporairement dans ses établissements. De plus l'ouverture de
l'hôpital Saint-Louis augmentait sans cesse les frais généraux.
L'année 1788 se solde par un déficit de 1 53. 080 livres. Tou-
tefois au !«"■ janvier 1789, à la veille de la Révolution, si l'on
tient compte de la somme de 45.040 livres produite par la vente
d'immeubles, il reste encore en caisse 148.089 livres.
Voici d'ailleurs, pour cette dernière année d'ancien régime,
la physionomie du budget. Les recettes sur les biens patrimoniaux
sont les suivantes :
I. hotkl-dieî; au xvir et au xviiie siècle
1. s. d.
Actions de la Ci» des Indes (i) 1.012 10 »
Cens, rentes et redevances à Paris 3o2 i5 »
— — hors Paris. ... 3.ii5 2 i
Dettes actives 1.600 » »
Fermages en argent (2) 65. 006 3 0
Greffes de Neufchâtel (portion appartenant à
l'Hôtel-Dieu) i5o » »
Lods et ventes 3.378 2 6
Loyers de maisons 258.753 3 8
Rentes dites fondations 1.375 i5 »
— sur les aides et gabelles 026.837 » »
— — compagnie et communautés 2.539 ^ 4
— sur le domaine de la Ville 34.819 5 4
— — — du roi 5.894 2 4
— sur les États de Bretagne. 2.21194
— — Etats de Languedoc 3.924 » »
— sur le nouveau clergé 3.o56 » »
— sur les particuliers 6. ni 17 4
— sur la recette générale des finances 1.373 12 »
Vente de bois 2.700 >■ »
Total 724.220 » 11
Il faut ajouter, à cette première catégorie, les recettes sur
revenus casuels, dons et octrois accordés par le roi (3 :
1. s. d.
Apprentissage de sages-femmes 36o « »
Boucherie de Carême 5o.ooo » »
Octroi sur le vin et le sel 106. 23o i5 3
Droits d'entrée (déduction faite des frais de
régie) (4) 275.660 » »
Indemnité pour les entrées 52. 800 » »
Legs et aumônes (5) 4.400 » »
Legs universel Namurois i6.2o5 » »
Pied fourché io.85o 16 10
Pont au Double 12.524 'O »
Quêtes dans les paroisses (6) 277 2 6
A reporter 529.306 43 19
(i) Ces 18 actions provenaient d'un legs ancien, et l'adaiinistration avait toujours rem-
placé celles qui étaient remboursées.
(2) Cette somme n'indique pas le montant réel de tous les fermages de l'H.-D., mais
simplement ceux qui ont été payés au cours de l'année.
(3) On ne compte plus l'aumône de 3. 600 1. accordée sur le Trésor royal pour l'hôpital
des Convalescents, en 1708, et qui n'est plus payée depuis 1772, mais seulement l'octroi
de 3 s. par muid de vin, de 10 s. par minot de sel, accordés par Henri IV. et 1 octroi de
20 s. 6 d. par muid de vin accordé par Louis XIV en 1690.
(4) Ce privilège venait d'être supprimé par arrêt du 3i mai 1788 et remplacé par une
somme annuelle de 212.000 1., calculée à raison de 73 1. 2 s. pour chaque individu nourri
àTH.-D.
(5) Les lits de chanoine sont compris dans cette rubrique ; ils ne rapportaient plus, bon
an mal an, que 700 1.
(6) Y compris celles du diocèse d'Amiens.
LES REVENUS
1. S. d.
Report 529.306 43 19
Recette extraordinaire 2.5o8 14 3
Spectacles 143.413 4 »
Troncs 5.142 i »
Ventes des habits de malades 582 5 »
— des petits cierges (i) 699 9 3
Total 681. 655 18 i
Le chapitre des dépenses peut se diviser également en 2 sections :
Charges sur les biens patrimoniaux : 1. s. d.
Décimes du prieuré Saint-Julien-le-Pauvre. 33o » »
Fondations ou renies payées à divers. . . . 30.963 8 7
Rentes constituées 1.273 5 »
— foncières 645 16 »
— viagères 18.816 3 4
Réparations des bâtiments hospitaliers. . . 124.390 10 »
— fermes 13.75117 2
— maisons 2q.3ii 14 4
Total 219.482 14 5
Entretien des malades et frais hospitaliers :
Apothicairerie 84.433 6 9
Écurie, avoine, foin, paille 14.386 11 6
Bandages, jambes de bois et instruments
de chirurgie 6.428 4 »
Blanchissage 28.324 4 »
Blé, moutures, sacs, déchargement, etc.. . 152.821 14 »
Bois à brûler 108.980 14 7
Charbon 17.256 4 4
Dépenses diverses 28.383 14 7
— extraordinaires i-44i i 6
Dépense pour la viande et cuisine 532. 881 4 6
— toiles 92.059 14 7
Frais de bureau de recette 2.198 14 7
Gages et appointements 75.751 5 i
Gratifications 7-178 '9 9
Lits et coucher des malades 16.779 '^ 9
Mercerie, bonneterie, draperie 24.081 16 6
Paneterie 5.823 16 6
Petits besoins des religieuses i.ooo » »
Sacristie 498 1 1 6
Vins, droits d"entrée et frais de cave . . . 138.764 18 9
Total 1.339.474 i i
Il était nécessaire d'entrer dans quelques détails sur cette
situation budgétaire et de montrer au milieu de quelles difficultés
(6) Il s'agit des petits cierges qui se brûlaient devant la Vierge du Petit-Ponl.
1-4 L HOTEL-DIEU AU XVII^ ET AU XVIIia SIECLE
eurent à se débattre les administrateurs. Il faut ajouter à leur
honneur qu'ils s'employèrent à les vaincre de tout leur crédit
et de toute leur activité. Aussi cet examen des finances de THôtel-
Dieu serait incomplet si nous ne mettions en regard, comme une
sorte de correctif, les efforts faits par Tadministration d'une part
pour conserver ce que nous pouvons appeler le monopole des
libéralités, d'autre part pour conjurer le déficit dans les périodes
de disette et de misère, si fréquentes sous l'ancien régime.
LA LUTTE POUR LE MONOPOLE DES LIBERALITES
Pendant le moyen âge, l'Hôtel-Dieu, seul établissement hospi-
talier de Paris, attire à lui toutes les libéralités particulières,
toutes les faveurs royales, toutes les indulgences pontificales (i).
Les quelques fondations qui se sont produites ont eu un carac-
tère de spécialité si marqué qu'elles n'ont pas pu porter om-
brage au monopole charitable de l'Hôtel-Dieu. Il s'est habitué
à cette situation privilégiée. Mais la loi de la division du travail,
qui s'applique aux œuvres d'assistance comme à toutes autres,
et dont les effets seront particulièrement sensibles aux xvii« et
xviiie siècles, va porter des atteintes sérieuses à ce monopole.
La première vint du Grand Bureau des pauvres. L'arrêt du
Parlement du lo mars i5y6 ordonna que tous les dons et legs qui
seraient faits aux pauvres sans distinction appartiendraient moitié,
à l'Hôtel-Dieu, moitié au Grand Bureau des pauvres (2), au lieu
de revenir en entier à l'Hôtel-Dieu. Il essaya, mais en vain, de
tourner l'arrêt. En 1597, il encaisse une somme de 40 écus « au-
mônée à la boête des pauvres » par François Leclerc, chanoine de
Notre-Dame de Chartres, et Michel Bonetier, curé de Nogent-
sur-Cure. Il est condamné par arrêt du Parlement du i3 août à
en rendre la moitié « aux commissaires de la communauté des
pauvres de Paris». En 1626, un sieur Aubry lègue une somme
de 1.200 livres sans distinction aux pauvres de Paris. Une sen-
tence du Châtelet en prescrit le partage entre l'Hôtel-Dieu et
le Grand Bureau des pauvres. C'est là une première défaite ; il
y en aura bien d'autres.
(i) Cf. Bulles de Léon X et de Clément VII, confirmant des indulgences accordées par
Jules II (i5i3-i325), de Pie IV, de Clément VIII, de Paul IV.
(2) Sur le Grand Bureau des pauvres, voy. J. Laureniie, A Travers l'ancien Paris : Paris,
1896, in-12, p. 39-54, et L. Cahen, le Grand Bureau des pauvres au milieu du xviii^ siè-
cle; Paris, 1904, in-8°. (Bibl. d'Hist. mod., t. I., fasc. III.)
LKS REVF.xrS IjS
En 1622, on met en avant un projet de dépôt de mendicité
dans l'île de Grenelle, vis-à-vis de la Savonnerie, au droit de la
descente de Chaillot, «pour décharger THôtel-Dieu de la pépi-
nière de maladies que lui engendre la pauvreté, faute d'un tel
lieu, et le Grand Bureau libéré de multitude de teigneux et véroles
dont il est chargé». Louis XIII donne en février des lettres
patentes pour l'établissement de cette « maison des œuvres de
miséricorde » (i). Mais ce fut un projet mort-né. Pour quelles
raisons ? Nous l'ignorons. Ne peut-on pas supposer cependant
que l'Hôtel-Dieu s'opposa sous main à cette tentative comme
à tant d'autres, pour conserver son monopole des œuvres chari-
tables ?
Il lui fallut bientôt partager cependant une partie de ses
privilèges et exemptions avec l'Hôpital général, la maison de la
Couche et les Enfants-Trouvés. L'arrêt du Parlement du 1 1 août
i552 qui avait obligé les seigneurs hauts justiciers de la ville
et des faubourgs à contribuer à l'entretien des Enfants-Trouvés,
après la création de l'hôpital des Enfants-Rouges, en i536, et
la transformation de l'hôpital de la Trinité en hospice d'orphelins
en 1545, n'avaient en rien diminué ses profits. Mais lorsque, après
les guerres sanglantes de la fin du xvi"^ siècle, la question des
Enfants-Trouvés redevint à l'ordre du jour, et que, sous l'impul-
sion de Vincent de Paul, cette maison attira les privilèges royaux
et les aumônes publiques, l'Hôtel-Dieu commença à s'émouvoir (2).
Louis XIII donna, en 1642, 4.000 livres sur le domaine de
Gonesse pour les Enfants-Trouvés; Louis XIV, en 1644, ^^^ livres
sur le revenu des cinq grosses fermes (3). C'était déjà un partage
inquiétant. Ce fut bien pis quand l'édit de juin 1670 unit la maison
de la Couche à l'Hôpital général, tout en lui laissant le pouvoir
« d'agir, contracter, vendre, aliéner, acheter, acquérir, comparoir
en jugement et y procéder, recevoir toutes donations et legs
universels et particuliers, et généralement faire tous les autres
actes dont les hôpitaux de notre dite ville et fauxbourgs sont
capables ».
(i) Description du grand ménage économique que le roi veut charitablement et miséri-
cordieusement y être exécuté par les bourgeois et les bourgeoises de sa bonne ville de
Paris envers ceux qui affluent en icelle et tombent Journellement en pauvreté, tant valides
qu'invalides, vagabonds et vagabondes de l'un et l'autre sexe, soit Jeunes et vieux, non
gardant le lit de maladie. (Imprimé en i833, Bibl. A. P.)
(2) L'H.-D. s'était surtout préoccupé d'attirer des aumônes avec les petits enfants délais-
sés à kl porte de l'hôpital, en les exposant à Notre-Dame. Cf. Comptes de l'année i543 :
<i 3 s. t. pour le sallaire d'un sergent à verge d'avoir porté au berseau de l'église de Paris
ung petit enfant qui avoit esté laissé à la porte dudict Hostel-Dieu. » Sur ce berceau,
voy. Bouchel, Trésor du droit français , éd. de 1671, t. I, p. ioi3.
(3) Lettres pat. de juin. 1642 et de juin 1644. CWe i/e /'//oj?. g-e'/i., éd. 1786, p. 307 et 3o8.
lyG l'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIII" SIFXLE
Les concessions royales continuèrent. Le roi, lorsqu'il eut
réuni, en 1674, à la Justice du Châielet de Paris, les hautes
justices de l'archevêché, du Chapitre de Notre-Dame et des
abbayes, prieurés et chapitres (i), remplaça par une redevance de
20.000 livres la part contributive mise précédemment à la charge
des justiciers pour l'entretien de l'hôpital des Enfants-Trouvés (2);
de plus, l'Hôtel-Dieu dut partager avec ce dernier établisse-
ment une partie des revenus qu'il tirait des octrois de bienfai-
sance. Ainsi, sur 38o.ooo livres provenant de l'octroi des vins
(3o sous par muid), les Enfants-Trouvés recevaient 34.000 livres,
dont 20.000 de l'Hôtel-Dieu et 14.000 de l'Hôpital général (3).
Il est inutile d'insister sur les pertes que firent subir à l'Hôtel-
Dieu les fondations faites en faveur des Enfants-Trouvés (4) et la
réunion à leurs revenus d'oeuvres préexistantes comme la confrérie
de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, le 14 avril 1676,
les Enfants-Rouges, le 20 mai 1680, l'hôpital Saint-Jacques, en
mai 1781 (5).
La maison des Enfants-Trouvés n'était primitivement qu'une
masure au port Saint-Landry, dans une ruelle descendant à la
Seine. Au xvii" siècle, l'Hôpital général loua, faubourg Saint-Denis,
moyennant 1.200 livres, à MM. de Saint-Lazare (6), une maison
qui devint vite insuffisante. Il fallut acquérir une grande maison
avec ses dépendances au faubourg Saint-Antoine, rue de Charen-
ton (7), puis deux maisons, rue Neuve-Notre-Dame, «la Margue-
rite», achetée le 24 février 1672, et «l'Image Saint-Victor» le
23 mars 1688. Pour compléter l'installation, l'Hôtel-Dieu fut'
sollicité de vendre, en 1689, une de ses maisons du parvis,
située vis-à-vis même de l'entrée, et joignant les maisons déjà
acquises. Cette fois, il n'y tint plus. Il fit préparer un mémoire (8)
(i) Arrêt du Conseil d'État, i"' déc. 1674. Lettres pat. confirmatives, 12 févr. 1675. Code
de l'Hôp. gén., p. 314.
(2) Les Enfants-Trouvés reçurent en outre au xviii» siècle des allocations extraordinaires
comme le secours de iSo.ooo 1. assigné de 1767 à 1769 sur la caisse d'escompte, et un
autre secours annuel de 120.000 L à partir du 9 mars 1767. Code de l'Hôp. gén., p. 317.
(3) Arrêt du Conseil, 7 juin 1695, puis, au xviii» siècle, déclarations des 25 déc. 1719,
12 déc. 1773, 22 juin. 1780, 22 juin 1783. [Rcgl. H.-D.)
(4) L. Lallemand, Uti Chapitre de l'histoire des Enfants-Trouvés. La Maison de la
Couche à Paris, xvii-xviiio siècles; Paris, i885, in-8, p. 20 et sqq.
(5) Code de l'Hôp. gén., p. 327, 328, 333.
(6) Arch. A. P. Reg. des délib. de la maison de la Couche, 3i cet. 1670.
(7) Le 26 sept. 1674. Code de l'Hôp. gén., p. 3i3.
(8) Mémoire contenant les raisons qui doivent empesclier la vente d'une maison apparte-
nant à l'H.-D. de Paris, scise au Parvis de Notre-Dame, vis-à-vis de l'H.-D., où l'on parle
des prérogatives que l'H.-D. a sur les autres hôpitaux, comme hôpital universel, le
premier et le plus ancien de Paris, et la seule maison de santé en temps de peste, donné
au mois d'aoust 1689, par messire Claude Joly, chantre et chanoine de l'Eglise de Paris,
l'un des supérieurs au spirituel de l'H.-D. [Rcgl. H.-D., II, 365.)
LES REVENUS
n
par le chanoine Claude Joly(i) pour s'opposer à cette acquisi-
tion, « tant pour la diminution de ses aumônes qui se trans-
portent aux Enfants-Trouvés, qu'à cause du chant de ces enfants
qui troublent le service de l'Hôtel-Dieu et fait qu'on ne s'y entend
pas». Il est à présumer que cette seconde raison était beaucoup
moins valable que la première dans l'esprit des administrateurs.
L'Hotel-Dieu envisage surtout que cette vente porterait atteinte à
ses prérogatives. Claude Joly, après un bref historique de ses
privilèges, conclut qu'il est contre le droit et la justice « d'oster
la possession en laquelle sont les anciens pauvres pour la
transporter à d'autres pauvres postérieurs ». La seule raison
valable donnée par Claude Joly était la raison d'hygiène. La
rue Neuve-Notre-Dame, dit-il, se trouvera entre deux hôpitaux
également resserrés, également insalubres, et qui s'infectent l'un
l'autre. Ne doit-on pas appréhender « qu'aux cérémonies publi-
ques, le roi, messieurs les enfants de France, les princesses,
et généralement toute la cour ne soient exposés aux périls de
tant de petites véroles, et de toutes les autres infections que pro-
duisent les enfants, et principalement les enfants de corps cor-
rompus par leurs débauches »? De plus la maison est privée
d'eau «coulante» ; bientôt la rue deviendra un cloaque perpétuel ;
les enfants, libertins, n'ayant qu'une terrasse au lieu d'une cour, en
seront réduits pour se distraire à jeter des pierres et des ordures
sur le parvis et jusque dans Notre-Dame ; ne feraient-ils pas
mieux de rester dans la maison bien « aériée» du faubourg Saint-
Antoine? Évidemment, il s'agit avant tout d'intercepter les au-
mônes de l'Hôtel-Dieu. La maison en question était louée aux
filles de la Charité qui y préparaient les douceurs distribuées
par les dames de charité. Malgré sa résistance, l'Hôtel-Dieu
dut céder devant l'Hôpital général. En 1745, six maisons furent
encore achetées à l'Hôtel-Dieu en même temps que deux autres
se trouvant rue Saint-Christophe, et appartenant, l'une à la con-
frérie Notre-Dame-aux-Bourgeois, l'autre aux Célestins, et
sur leur emplacement fut construit, par Boffrand (2) la nouvelle
maison de la Couche.
( 1) Cl. Joly, qui passe également pour être l'auteur de XAvis aux religieuses que nous
avons ciid dans notre premier chapitre, est l'auteur de nombreux factums dirigés contre les
curés de Paris et les régents de collèges avec qui il était en guerre pour la direction des
écoles. (Cf. M.Fosseyeux, les Ecoles de charité a Paris aux ww et xviii' siècles ; Paris, 1912,
in-8».)
(2) La pose delà première pierre eut lieu le 26 sept. 1746. A cette occasion, les églises
Saint-Christophe et Sainte-Goneviève-des-Ardents furent désaffectées et leur prébende
réunie à celle de la Madeleine en la Cité.
178 l'hOTEL-DIEU ATT XVII« ET AU XVIII" SIECLE
L'adminisiraiion de THôtel-Dieu est si bien imbue de l'idée
de son monopole charitable que toute fondation nouvelle trouve
en elle une ennemie irréductible. En 1624, la générosité de
M. d'Orsay permit à quelques soeurs hospitalières du diocèse
d'Évreux, à la tête desquelles se trouvait la sœur Françoise
de la Croix (i), de louer une grande maison située rue des Tour-
nclles pour fonder, dans le genre de celui des frères de la Charité
pour les hommes, un hôpital pour les femmes. Guichard
Faure, maître d'hôtel du roi (2), leur donna en mourant les
fonds nécessaires pour « acquérir la maison, la meubler et y
fonder 12 lits destinés aux femmes et filles malades qui, nées
dans une condition honnête, mais sans fortune, ne peuvent se
procurer les secours nécessaires et se font une peine de se rendre
à l'Hôtel-Dieu » (3). Le Bureau protesta aussitôt devant le Parle-
ment, d'accord avec les frères de la Charité, contre cette fonda-
tion, contre les constitutions données par l'archevêque de Paris à
cette congrégation sous le titre « 'd'hospitalières de la Charité
Notre-Dame », enfin contre les lettres patentes de confirmation
accordées en janvier 1626. Le Parlement, dans son arrêt, mit
les parties «hors de cause et de procès»; mais, pour donner
satisfaction au vicaire général de l'ordre des frères de la Charité,
leur interdit d'insérer le mot de Charité dans le titre de la
congrégation nouvelle. Elles s'appelleront, désormais, hospita-
lières de Notre-Dame. D'autre part, il leur prescrivit de se sou-
mettre à l'autorité de l'Hôtel-Dieu et de suivre la règle
des religieuses qui le desservent. Dans ce but, il fut ordonné que
« pour enseigner lesdites religieuses seront tirées dudit Hostel-
Dieu aucunes religieuses pour être mises avec lesdites hospita-
lières 7). En outre, le Bureau de l'Hôtel-Dieu dut recevoir et
administrer le temporel de la congrégation, et avec l'actif dispo-
nible faire édifier le nouvel hôpital.
Mais, dépitées de cette tutelle, elles résistent, avec l'appui de
Marie de Médicis, et obtiennent des lettres de jussion destinées à
modifier l'avis du Parlement. Celui-ci ne rendit son nouvel arrêt
que le i5 mai 1627. Les religieuses sont soustraites à l'autorité
directe du Bureau de l'Hôtel-Dieu, mais leur établissement est
autorisé comme hôpital seulement, avec un nombre limité de
(i) Bibl. nul., ms. fi-. i3.88o. Vie de la Vénérable mère Françoise de la Croix, institu-
trice des hospitalières de la Charité de Notre-Dame, ordre de Saint-Augustin, 1744.
(2) C'est ce qui explique que sa veuve, Madeleine Brulart, fille du chancelier Brulart de
Sillery, soit souvent considérée comme la fondatrice des Hospitalières. (Hurtaut et Magny,
0. c., t. III, p. 23o.)
(3) Jaillot, 0. c., Quart. Saint-Antoine, p. 86.
LES REVENUS
'79
religieuses, sous la direction de deux notables bourgeois tenus à
rendre des comptes réguliers, c'est-à-dire sur le modèle de
Tadministraiion de l'Hôtel-Dieu. Elles reçurent de l'archevêque
de Paris une nouvelle permission le 12 juin 1628 et prononcèrent
leurs vœux le 24 juin 1629. Dix ans après, elles fondèrent une
nouvelle maison à la Roquette (i).
Si l'Hôtel-Dieu ne s'était pas opposé au brevet accordé à
Th. Renaudot par arrêts et décisions du Conseil d'État des 3 février
16 18, 22 février 1624, 8 juin 162g, pour rétablissement de son
c( bureau d'adresse charitable et de rencontre », c'est qu'il s'agissait
de procurer du travail aux mendiants qui infestaient la capitale, et
qui risquaient si souvent de tomber à sa charge. Mais, lorsqu'en
1643, il fut question de transformer ce bureau de consultations
charitables, lequel se tenait rue de la Calandre (2), près de la rue
de la Bûcherie, en « hostel des Consultations charitables», c'est-
à-dire en véritable hôpital, pour lequel Renaudot avait obtenu
la concession d'un vaste terrain englobant le rempart de la ville
entre la porte Saint-Antoine et les religieuses du Calvaire (3),
l'Hôtel-Dieu, d'accord avec les échevins, s'opposa à la «vérifi-
cation » en Parlement des lettres patentes accordées par le roi. Il
fut aidé en la circonstance par le duc d'Uzès et son épouse qui
ayant des propriétés limitrophes à ce terrain firent également
opposition. Il fut surtout soutenu par l'hostilité de la Faculté (4),
et en particulier de son doyen Gui Patin qui prétendit qu'elle
avait seule le droit de faire des consultations gratuites. Elle venait
en effet, pour mieux ruiner les projets de Renaudot, de lui
emprunter son idée et par décret du 26 mars 1639 d'établir des
consultations charitables (5).
En i652, lorsque Philippe CoUot, avec ses associés,
F. Thévenin, J. Girault et A. Ruffin, projeta de fonder un hôpital
(i) Tandis que la maison des Hospitalières de la Roquette fut supprimée à la Révolution,
la maison des Hospitalières delà place Royale devint la Filature des indigents (14 sept, i-jyi),
puis la Direction municipale des nourrices (1867), enfin l'ancien hôpital Andral (1880) ; elle
ne fut démolie qu'en 1906. (Tesson, Comm. du Vieux Paris ; igotî, p. 236-25o.)
(2) Ces consultations charitables avaient été établies en 1640, sous la protection officielle
du secrétaire d'Etat des Noyers, à la suite de l'obtention des lettres pat. du 2 sept. 1640 lui
donnant l'autorisation de préparer des remèdes gratuits. Une quinzaine de médecins, amis
de Renaudot, étaient réunis dans la salle et divisés en plusieurs tables ; les apotliicaires pré-
sents exécutaient les ordonnances. (G. de la Tourette, Théop/n-jste RenauJot ; Paris, in-&»,
p. 140.)
(3) Th. Renaudot, Reqtteste à la Royne, en faveur des pauvres malades de son royaume,
in-4», s. d.
(4) Voy. René Moreau, la Défense de la Faculté dt médecine contre son calomniateur ;
Paris, in-4», 1641.
(5) On n'y délivra les médicaments qu'à partir du décanat de G. du Val (1640-1642 J
(Comment, ms., t. XVHI.) Les docteurs de Paris consultant charitablement touchaient
3o sols par vacation sur les fonds de l'LcoIe.
l80 l'hOTFL-DIEI" au XVIie ET AU XYIIF SIF.CI.K |
I
gratuit en dehors de la porte Saint-Antoine, pour l'extraction de
la pierre, le Bureau se fit présenter les lettres patentes concédées ]
à Collot en décembre i65i, en vertu de l'arrêt du Parlement j
portant qu'elles lui seraient communiquées. Tout en approu- '
vant les règlements et statuts faits pour le plus grand bien des |
malades, le Bureau, se méfiant «des choses nouvelles qui sont
toujours applaudies par les spécieux prétextes de la couleur que i
l'on y donne », et pour sauvegarder les droits de l'Hôtel-Dieu, i
«qui est l'hospital des hospitaux » (i), en même temps que la j
liberté des chirurgiens de la maison, « qui ont le droit de pratiquer î
cette opération non seulement à l'Hôtel-Dieu, mais partout où ;
ils peuvent être appelés», demande que deux administrateurs i
soient présents à la reddition des comptes du nouvel établis-
sement, ainsi qu'aux assemblées où pourront se décider quelques |
innovations, enfin qu'au cas où aucun descendant de ces opéra- I
teurs ne se trouverait pour pratiquer l'extraction de la pierre —
ainsi qu'il était prévu dans le règlement — la direction et Tadmi- J
nistration de la maison, avec ses fondations et legs, reviennent à \
l'Hôtel-Dieu, qui se chargera d'exécuter les volontés des donateurs. ;
L'établissement prévu ne vit, d'ailleurs, jamais le jour (2).
En 1657, les filles de la Madeleine (3] établies rue des Fontaines,
derrière l'église Sainte-Elisabeth, obtiennent des lettres patentes '
leur accordant le droit de faire des quêtes en ville, et de poser des
troncs dans les églises, « à l'instar » des religieux mendiants ;
les grands vicaires de l'archevêché présentent ces lettres p.our
homologation au Parlement. Le procureur général en ordonne i
communication au Bureau. Celui-ci par exception ne s'oppose
pas à leur exécution, sauf toutefois dans la chapelle de l'hôpital, j
En i663, l'Hôtel-Dieu s'inquiète des aumônes accaparées par \
les frères hospitaliers de la Charité, qui n'en rendent pas ]
compte, n'ont pas d'administrateurs laïques, et, dit-on, « envoient i
en Italie des sommes considérables, et font tourner au soulagement I
des étrangers ce qui devroit être emploie pour les pauvres de ce J
royaume » [4;. i
N'avait-il pas, deux ans auparavant, pris ombrage d'une con- \
(1) Délib. 21 août i652, reg. 21, fol. 182. j
(2) Du moins nos recherches faites pour trouver trace de son existence n'ont pas abouti. |
Il est fort probable que IH.-D. s'arrangea de manière à faire échouer ce projet. 1
(3) Délib. 7 sept. 1657. Le roi s était reconnu « fondateur » de la maison par lettres j
pat. du 16 nov. i634, en lui donnant une rente de 3. 000 1., et en accordant l'amortissement i
des biens que possédait déjà le couvent. (Arch. nat., S 4740.) Les bâtiments des Madelon- ]
nettes ont été démolis en i863 pour le percement de la rue de Turbigo. C'était depuis la
Révolution une prison de femmes, qui fut alors transférée rue de la Santé, sous le nom de
Nouvelles Madelonneites. (Bournon, o. c, 166.)
(4) Délib. 3 août i663, reg. 3i, fol. 188 r».
LES REVENUS
frérie établie à Saint-Roch pour assister les malades de con-
tagion et enterrer les morts, et qui avait à sa tête le prévôt
de la santé nommé par lui (i) ?
En 1674, lorsqu'il s'agit de fonder un hôpital de conva-
lescents au faubourg Saint-Germain (2), le Chapitre se plaint
amèrement de ce projet qui enlève à l'Hôtel-Dieu une somme de
220.000 livres, pour faire quoi ? «une retraite de fainéants ». C'est
qu'en effet cette nouvelle maison échappe à la dépendance du
Chapitre. Aussi elle a tous les inconvénients ; il n'y a pas d'eau
dans le quartier; l'air du faubourg Saint-Germain est le plus
« subtil » de Paris, « grossier » en tout temps, dangereux en hiver.
Les bons chanoines s'apitoient sur le sort des pauvres conva-
lescents qui s'en iront faire une lieue, cahotés sur des charrettes,
pour atteindre, s'ils le peuvent, ce lointain faubourg. D'ailleurs
y a-t-il beaucoup de véritables convalescents ? Pas plus de 40 à 5o,
dit le mémoire du Chapitre, en contradiction avec tout ce que
nous savons. Et qu'est-ce qu'un véritable convalescent ? « C'est
un homme, lequel atténué par une longue fièvre, par quantité de
médicaments, a évité la mort, mais par manière de dire l'a encore
sur les lèvres et qu'un souffle de mauvais vent peut emporter, c'est
un verre fellé qu'il faut choyer et manier délicatement. Enhn c'est
un homme qui a besoin, outre la nourriture des bouillons et des
consommés qu'on peut trouver partout, d'un grand repos et d'un
air convenable à sa faiblesse. « Si l'air du faubourg Saint-Germain
est si nocif que le dit le Chapitre, comment se fait-il que
justement à cette époque la noblesse y afflue et s'y fasse construire
de somptueux hôtels ? Mais nous savons ce que veulent dire
ces belles phrases.
En 1677, Chuppé, administrateur, avocat, «homme de beaucoup
de science et de loisir », est chargé de rédiger un rapport s'oppo-
sant à la vérification, en cour de Parlement, des lettres données en
faveur de l'établissement d'un hôpital destiné aux soldats malades
du régiment des gardes ; cet hôpital, entre autres conditions,
n'aurait pu cependant recevoir de legs dépassant 100 livres (3).
M. de La Feuillade, leur colonel, dut interrompre les bâtiments
(1) Cette confrérie était alors en procès contre les marguilliers de l'éslise, et IH.-D.
voulait, comme nous dirions aujourd'hui, se porter partie civile dans le procès. (Délib.
9 sept. 1661, reg. 29, fol. 193 r».)
(2) Voy. Mémoire instructif pour messieurs les doyen, chanoines et chapitre de l'église
de Paris, supérieurs spirituels et temporels de IHôtel-Dieu, touchant l'établissement de
du nouvel hoipital des convalescents au faubourg Saint-Germain; 1674, 70 p. (Maz., 48027 ,
n» j5.)
(3) Délib. 3 sept. 1677, 20 nov. 1677, 6 mai 1678. Il s'agit de l'hôpital que voulait créer
à la ViUeneuve-sur-Gravois, Berthelot, fermier général des domaines, qui offrait d'y con-
sacrer une somme de 40.000 1. (Cf. D' Gannal, Bull. Soc. Hist. de Paris, 1892, p. 60.)
IÔ2 I. HOTR L-DIRU AU XVII« ET AU XVIII« SIECLE i
commencés, et demanda à THôtel-Dieu, comme conséquence de :
son interdiction, de mettre 3o lits à sa disposition, oîi les gardes i
soient couchés seuls, moyennant 5 sous par homme. L'Hôtel-Dieu ;
déjà encombré promit seulement d'hospitaliser les plus gravement
malades, mais refusa toute indemnité, et rendit, comme par le '
passé, les vêlements des décédés à leurs capitaines (i). ;
Peut-être l'Hôtel-Dieu s'était-il opposé aussi, en 1668, à ;
l'établissement, dans la plaine de Grenelle, d'un hospice destiné
aux religieux arrivés de Terre sainte, et qui aurait pris le titre i
« d'hospice des frères mineurs de l'ordre de Saint-François de
Jérusalem», ou hospice des Cordeliers ; toujours est-il que cet l
établissement, auquel l'ofïicial de Saint-Germain-des-Prés avait '
donné son consentement, ne fut jamais bâti (2). \
En 1738, plusieurs personnes charitables se préoccupent de j
fonder une maison de refuge, pour prêtres, bourgeois, maîtres et |
maîtresses des corps et métiers de la Ville de Paris, infirmes et 1
invalides, hors d'état de travailler. Cet établissement était destiné 1
à suppléer, pour les prêtres âgés, la maison de Saint-François-de- '-
Sales (3), création du cardinal de Noailles, devenue insuffisante, et
pour les membres des corporations, les Petites-Maisons (4), tou- '
jours encombrées. Le cardinal de Fleury avait même fait espérer !
que le roi donnerait pour cet hospice le terrain de l'ancienne 1
pépinière située faubourg Saint-Honoré, vers le haut Roule, i
Grâce à un emprunt de 3oo.ooo livres et à des aumônes particu- !
Hères, on pensait réunir les fonds nécessaires à la construction j
et à l'entretien. Or, un mémoire manuscrit (5) nous apprend que ;
les «directeurs généraux des hôpitaux», craignant le tort qui .
serait fait à leurs revenus provenant des aumônes, s'opposèrent à
l'exécution de cet établissement. Cette fois encore, l'Hôtel-Dieu très j
problablement s'employa à faire échouer toute nouvelle création. ^
Depuis l'arrêt du Parlement du 10 mars iSjô, il partageait, ]
nous l'avons vu, de moitié avec le Grand Bureau des pauvres, les J
1
i
(1) Délib. 6 mai 1678. Les gardes françaises, premier régiment d'infanterie qui formait
autrefois la garde du roi, logeaient clans les différents faubourgs, par 2 ou 3 dans chaque
maison. Louis XIV eut l'idée de leur faire construire des casernes, mais ce projet ne fut
mis à exécution que dans la deuxième moitié du xviii' siècle. Quant au premier hôpital '
militaire, celui du Gros-Caillou, il ne fut construit qu'en ijSg. (Voy. Fanet, Paris militaire
au xvm« siècle ; les Casernes; dans Méiii. Soc. Hist. de Paris; 1904, t. XXXI, p. 289.)
(2) Arch. nat., L 766. '\
(3) Elle se trouvait d'abord située rue du Puits-de-l'Ermite, près de la Pitié, puis fut ■
transportée à Issy. ,
(4) L'hôpital des Petites-Maisons qui avait remplacé l'ancienne maladrerie Saint-Ger- 1
main recevait, en effet, outre les véroles, les insensés et les enfants teigneux, quatre cents '
personnes vieilles et infirmes des deux sexes, et fut l'origine de l'hospice des Peiits-
Ménages. '
(5) Arch. Min. aff. étr., ms. i6o3, f" 242. J
LES REVENUS
libéralités faites en termes généraux. L'édit d'avril i656 lui en-
leva cette prérogative en faisant de THôpital général le repré-
sentant légal des pauvres. Les articles 3i et 34 de son édit sont
formels à cet égard (i).
C'est à titre de représentant légal des pauvres que l'Hôpital
général reçoit, par lettres patentes du 20 mars 1671, les biens de
différentes communautés supprimées, qu'il recueille par arrêt
du Conseil d'État du 1 5 décembre 1676 (2) les fondations dont
étaient chargées des communautés et des particuliers, qu'il se voit
adjuger, en vertu de la déclaration royale du i5 janvier i683 ^3),
tous les biens immeubles, rentes et pensions données et léguées,
tant aux pauvres de la religion prétendue réformée qu'aux consis-
toires (4), et attribuer, par arrêt du Parlement du 3i inars 171 1,
les fonds et capitaux de rentes destinés aux pauvres malades de
lieux où il n'y avait pas de confrérie de charité établie.
C'est encore à ce titre que l'Hôpital général soutient en 1726
un curieux procès contre les héritiers d'un sieur Paul du Halde,
joaillier, qui avait contracté une société commerciale « avec
Dieu », devant durer 5 ans, de 1719 a 1724. Une moitié des béné-
fices devait lui revenir ; l'autre devait revenir à Dieu en la personne
des pauvres. Ses affaires prospérèrent. Mais il mourut en 1725.
L'Hôpital général réclama la part de Dieu. Le tuteur de son enfant
en bas âge plaida la nullité de ses dispositions ; l'Hôpital général
maintint ses prétentions, et d'Aguesseau obtint un arrêt condam-
nant les héritiers à verser une somme de 8.000 livres (5).
(1) Art. 3i. — Tous dons et legs faits par contrats, testaments et autres dispositions,
les adjudications d'amendes et aumônes faits en la ville et faubourgs, prévôté et vicomte
de Paris, en termes généraux, aux pauvres et à la communauté des pauvres, sans aucune
autre désignation, dont jusqu'à présent l'emploi n'aura point été fait quoique les disposi-
tions précèdent ces présentes, de quelque temps que ce soit et toutes celles qui se
feront ci-après, seront et appartiendront audit Hôpital général, et en cette qualité, pour-
ront être revendiquées par les directeurs...
Art. 34. — Nous déclarons, suivant les anciens règlements, que toutes les aumônes de
fondation, soit en argent, grains ou autre nature, dont plusieurs communautés séculières
ou régulières, et même les particuliers de notre ville et faubourgs, prévôté et vicomte de
Paris, sont chargés envers les pauvres, seront et appartiendront audit Hôpital général, et
voulons qu'en cette qualité elles puissent être vendiquées par les directeurs et appliquées
au profit des pauvres.
(2) Code de l'Hôp. gcn..p. 70.
(3) Isambert, o. c, t. XIX, p. 4x3.
(4) En vertu de cette déclaration, l'Hôpital général reçut, par un brevet de don du
8 nov. i685, l'emplacement de l'ancien temple de Charenton, une partie de ses bâtiments,
et la propriété de 4 maisons bâties sur le fonds du consistoire.
(5) M» Pillon, avocat, Méni. pour le sieur de la Planche, tuteur de demoiselle Marie-
Anne de Hansy, veuve de Paul Duhalde et de J.-P. Duhalde, fils delà V» Duhalde, défen-
deur et dematideur contre les administrateurs de l'Hôp. gén.. demandeurs, in-8», 14 p.,
Paris, 1726. — M° Guillet de Blaru, avocat, Mém. pour les directeurs de THôp. gén.,
demandeurs contre Fr. de la Planche..., etc., in-8», 10 p.; Paris. 1726, Arch. A. P.
(Cité par Valran, .U/,sére et Charité, p. 75, et Lallcmand, Histoire de la Charité, t. IV,
ir« partie, 36i.)
184 I-'hOTEL-DIEU au XYIP KT AT XYIIF SIECLE
Ajoutons qu'à partir du xviii'^ siècle, la plupart les legs
universels sont communs entre l'Hôtel-Dieu et l'Hôpital général,
et souvent aussi les Enfants-Trouvés. La protection particulière
dont ces deux derniers établissements sont l'objet de la part du
Parlement, et que nous avons déjà signalée, n'est pas étrangère
sans doute à ce partage. Dans cette lutte dont nous venons de
rappeler quelques incidents, et dont l'intérêt paraît avoir échappé
jusqu'ici aux historiens de l'assistance parisienne, l'Hôtel-Dieu
avait été définitivement débouté de ses prétentions. Ce fait d'ail-
leurs s'ajoute à ceux que nous avons déjà groupés pour montrer
l'œuvre de spécialisation imposée par l'évolution sociale à
l'Hôtel-Dieu, dont elle tend à circonscrire de jour en jour les
attributions et à limiter les ressources.
LES CRISES FINANCIERES : EMPRUNTS ET RENTES VIAGERES
Cette lutte des administrateurs pour conserver le monopole de
la charité est complétée par les efforts faits pour conjurer le déficit
aux années de disette et de malheurs publics, et nous conduit à
étudier les divers expédients employés dans les crises financières
les plus importantes, amenées, soit par la cherté des vivres, soit
par la nécessité de payer des travaux extraordinaires.
Pour payer ses grands travaux, l'Hôtel-Dieu dut avoir recours
à l'emprunt. Son budget s'équilibrait à peine pour l'entretien des
malades. Comment aurait-il pu faire face aux sommes considé-
rables que coûtaient les agrandissements ou les grosses répara-
tions ? Pour la construction de Saint-Louis, il emprunte au de-
nier 20. Parmi ses créanciers, nous trouvons le premier président,
Achille de Harlay (i), M. Sainctot, le chancelier Et. d'Aligre, les
Carmélites, Marthe Gobelin, veuve du président L'Escalopier,
Brûlart du Broussin, mari de Madeleine Colbert, Jacques de Bu-
camp, contrôleur général de l'ordinaire des guerres. En 1619, il
emprunte 60.000 livres pour payer les travaux de la salle Neuve et
de l'Infirmerie. En i63i, il emprunte 20.000 livres (2) et en i638
60.000 livres pour faire face aux dépenses de la construction du
pont au Double et de la salle du Rosaire.
Il eut également recours à l'emprunt pour nourrir ses malades
dans la période de désastre que fut la Fronde. Il faut suivre, jour
par jour, les événements pour se rendre compte des ruines semées
(i) Délib. 26 avril 1611, 3 mai 1612, 12 déc. 1617, 3 sept. 1626.
(2) Délib. i5 oct. i63i.
LES RF.VENUS l85
par la guerre civile et des inquiétudes tragiques subies alors par
la population parisienne. Le 12 février 1649,1e boucher Lehoux
vient informer le Bureau qu'il ne peut plus fournir de viande que
pendant 4 ou 5 jours. Le 26 février, il n'y a plus de blc que pour
4 jours et il faut nourrir 1.700 malades. L'un des administrateurs,
Robineau, prête 9.000 livres sans intérêts pour i an. Le Bureau écrit
pour la quatrième fois au président du Parlement, Le Bailleul, afin
d'obtenir un passeport pour 3o muids de blé venant de Corbeil.
Il décide d'envoyer deux requêtes, l'une au Parlement, l'autre
à la Ville, pour les prier d'aviser à leur détresse, « sinon que mes-
sieurs les Gouverneurs seront contrainctz de faire mettre lesdicts
pauvres en des basteaulx pour chercher au loin leur nourriture,
plustost que de les veoir périr de faim à leurs yeulx ». Le
. 16 avril, il emprunte 20.000 livres au denier 20.
A la famine qui menace s'ajoutent les dégâts commis dans les
fermes par les soldats ; les fermiers viennent faire leurs doléances
et demander les réparations les plus urgentes (i). Au mois d'août
i65o, il envoie un homme à tous ceux qui doivent des blés pour
en assurer le transport, en présence du danger qu'ils ont d'être
pris et fourrages par les gens de guerre (2).
Le nombre des malades est tel, au début de i652, qu'il
est obligé de demander à Gui Patin, doyen de la Faculté de
médecine, 3 ou 4 médecins supplémentaires (3), puis, au mois de
mai, d'ouvrir Saint-Louis pour y mettre des blessés. On craint
des désordres, même à l'intérieur de l'Hôtel-Dieu, de la part des
gens de guerre qui y sont entassés ; on fait mettre des cloi-
sons pour qu'ils ne puissent pénétrer ailleurs que dans les
salles qui leur sont réservées.
De nouveau, on craint de manquer de blé. Le 21 juin, ordre
est donné aux meuniers des 7 moulins de Paris de moudre chacun
I muid de blé par semaine, en payant le droit. Le 3 juillet, on rac-
commode le moulin à blé monté pendant le blocus pour le placer
dans un jardin récemment acheté à côté de la maison, tandis qu'on
travaille sans relâche à construire un moulin à eau sur la Seine (4).
Coup sur coup, l'Hôtel-Dieu emprunte, au mois d'août,
60.000 livres pour payer ses dettes, puis iSo.ooo livres pour ache-
(1) Notamment ceux de Villacoublay, Brie-Comte-Robert, Bagneux, Louans, Villemi-
lan. (Ddlib. 7 avril 1649.)
(2) Ddlib. 3i août i65o, reg. 24, fol. 57. Sur le pillage des blés, approuvé par le card .
Mazarin, voy. A. Feillet, la Misère au temps de la Fronde ; Paris, 1886, in-12, ch. viii.
(3) Délib. i5 déc. 1751, reg. 21, fol. i36 v». Le nombre des malades dépasse 2.200. A
Lyon, l'H.-D. dut également augmenter son personnel. Cf. Et. Dagier, Hist. de l'Hôp. Gén.
et de l'H.-D. de Lyon, 2 vol. in-8°, i83o, t. Il, p. 44.
(4) Délib. 17 juillet i652, reg. 21, fol. 174 r«.
L HOTEL-niEU AU XVII'' KT AT' XVIII'' SIECLE
ter 400 muids de blé et i.Soo muids de vin (i). Le nombre
des malades s'élève alors à 3. 000. Le revenu des octrois de bien-
faisance cesse d'être payé régulièrement. Sur l'octroi de 3 sols
accordé par l'édit de février 1626, sur les 3o sols levés sur cha-
que muid de vin entrant dans Paris, les fermiers des entrées
doivent 29.423 1. i s. 6 d. pour 3 quartiers échus le 3i décembre
i652 (2).
La disette réapparut en 1661 et 1662, mais à Paris la popu-
lation se borna, avec résignation, à se porter en foule aux
distributions de pain (3). Louis XIV a exposé, dans ses Ijistnictiotîs
ail Dauphin, les mesures qu'il prit à cette occasion ; achat de blés
à l'étranger, vente de ce blé à prix modique à tous ceux qui avaient
quelques ressources, distribution au menu peuple des grandes
villes ; on alla même à vendre le pain à prix réduit. Un avis
affiché dans Paris fit savoir que le 10 mai 1662, à 8 heures du
matin, on distribuerait aux Tuileries le pain du roi : « Se donnera,
disait l'avis, la livre dudit pain à 2 s. 6 d. et se continuera ladite
distribution tous les jours, avec défense à toutes personnes de
prendre plus de pain que pour sa provision et de le vendre et
regrater sous peine de punition corporelle (4). »
En i658 et lôSg, l'Hôtel-Dieu avait dépensé 180.000 livres de
son fonds et, en 1660 et 1 661, ce prélèvement avait été encore plus
considérable. Après avoir tenté vainement de se faire intéresser à
l'adjudication des fermes du royaume en 1660 (5), après avoir
songé, sans oser toutefois s'y résoudre, à faire mettre des affiches
dans les carrefours pour présenter sa situation au public, en pré--
sence de la mauvaise volonté des curés qui négligeaient de lire aux
prônes ses appels à la charité (6), il avait envoyé, au mois d'oc-
tobre 1661, à Fontainebleau, une députation chargée d'exposer
ses présentes « nécessités «. Après avoir vu de Sène, membre du
Conseil royal des finances, la commission fut reçue par le
maréchal de Villeroy, par le chancelier d'Aligre, par Colbert.
Elle fut également reçue au Louvre par le roi et la reine
(i) Arrêt du Parlement, i5 juillet i632, et délib. 14 août i652, reg. 21, fol. 180 v».
(2) Le bail annuel e'tait de 39.23o 1. i3 s. i d. depuis le 17 juin lôSy.
(3) Voy. particulièrement Ch. Gaignartde Bernières, Recueil de relations de ce qui s'est
passé pour l'assistance des pauvres, entre autres ceux de Paris et des environs, et des
provinces de Picardie et de Champagne, pendant les années i65o-S5 ; Paris, Savreux.
Il en existe des ex. à la Bibl. nat. et à la Bibl. Ste-Gen. On en trouvera des extraits dans
l'ouvrage de Feillet, 0. c, p. 23 1.
(4) Ce ne fut qu'en 1664 que le blé redescendit à son taux normal de 14 1. le setier.
(5) Délib. 14 janv. 1660, reg. 28, fol. 9 r«.
(6)Délib. 3ojanv., 27 févr. 1660, reg. 28, fol. 21 r°, 46 r°.
LES REVENUS I 8?
mère(i). Mais les députés, en Hn de compte, n'obtinrent que de
bonnes paroles. Bien plus, au mois de décembre, le doyen du
Chapitre, sollicité d'établir un mandement commun pour faire
une quête en faveur de THôtel-Dieu et de l'Hôpital général
réunis, après avoir publié celui de l'Hôpital général, refusa de
délivrer celui de l'Hôtel-Dieu qui en fut réduit à demander
une part plus considérable sur les amendes adjugées en chambre
de justice (2).
Au mois de septembre i665, le président de Novion partant
pour aller tenir les Grands Jours en Auvergne, le Bureau ne
manque pas de lui déléguer deux de ses membres, Perreau et
Le Gendre, pour lui recommander de comprendre l'Hôtel-Dieu
dans les amendes ordonnées pendant sa « commission » (?).
Malgré ses embarras financiers, le Bureau cependant s'était
refusé, la précédente année (4), à entrer dans la combinaison du
sieur de Guitry qui, ayant obtenu des lettres patentes, non
encore vérifiées, pour l'établissement de monts-de-piété en France,
sous le nom de maisons de secours, lui avait offert, soit de lui
abandonner le tiers du profit s'il voulait en entreprendre l'établis-
sement à ses frais et risques, ou la moitié, s'il voulait le faire sous
son nom. Les propositions furent rejetées, sous prétexte que cet
établissement était « odieux et domageable au public par un com-
merce d'uzure publique » et que les lettres patentes ne seraient
jamais vérifiées en Parlement. Assurément, les monts-de-piété
établis sur le modèle de ceux qui fonctionnaient en Italie et en
Flandre étaient de véritables banques où se traitaient toutes sortes
d'opérations financières; mais on pouvait les concevoir, ainsi que
Théophraste Renaudot, comme institution charitable (5).
Le Bureau ne manque aucune occasion de rechercher un pro-
fit. Ainsi, au mois de juin 1668 (6), l'administrateur Perreau
apprend qu'il s'est fait une grande quantité d'expéditions d'actes à
la chancellerie du cardinal de Vendôme pendant sa légation a latere
à présent terminée, et que le droit de componendo qui en est
résulté se monte à une somme considérable, dont le tiers appar-
tient à la congrégation de la Propagation de la foi, un autre tiers à
la chancellerie de Rome et l'autre à l'hôpital du Saint-Esprit de
(1) Délib. 26 oct. 1661, reg. 29, fol. 222 v».
(2) Délib. 17 févr. 1662, reg. 3o, fol. 46 v«.
(3) Délib. 2 sept. i665, reg. 33, fol. 178 r». Voy. Fk'cliier, Mém. sur les GiwiJs Jours
tc7ius à Clermont en i665-i666 ; Paris, 1862, p. 94, in-S", AfT. de l'H.-D. de Clermont.
(4) Délib. 16 mai 1664, reg. 32, fol. 108 v».
(b) Recueil gênerai des questions traitées es conférences du Bureau d'adresse; Paris,
i65o, in-8«, et Gilles de la Toureite, Théophr. Renaudot; Paris, 1884, in-8", p. 65.
(6) Délib. i3 juin 1668, reg. 36, fol. I23 v».
lOô L HOTI'L-UlKr AT XVII^' I.T AT XVIII'' SIF.CI.F.
Rome, et que le cardinal peut user de ce dernier tiers au profit de
tel hôpital qu'il voudra. Il en l'ail part au Bureau qui s'empresse,
avant de prendre une décision, « de lâcher de découvrir les senti-
ments du cardinal par ceux qui ont accès auprès de lui ».
Quelques années après, en 1672, à la faveur d'une circonstance
analogue, il essaye de toucher une part du reliquat des aumônes
faites pour la subsistance des chrétiens combattant contre les Turc s
« en Candie », alors entre les mains de l'évéque de Clermont et
inemployés depuis la prise de Candie par les Turcs et le retour
des chrétiens (i) ; mais le roi en a déjà disposé en faveur de l'Hô-
pital général seul (2).
En i683 (3), il n'obtient que grâce à une réclamation la moitié
des biens des protestants affectés au soulagement des pauvres de
leur religion, l'Hôpital général ayant failli avoir la totalité et gar-
dant, d'ailleurs, les titres dont l'Hôiel-Dieu n'eut qu'une copie
collationnée.
L'établissement d'hôpitaux généraux dans les provinces par
ordre du roi, à partir de 1660, vint tarir les revenus que l'Hôtel-
Dieu tirait des pardons dans les divers diocèses. Les évéques de
Bretagne allèrent jusqu'à retenir, en 1677. les deniers provenant
de la publication des pardons pour les employer à la fondation
des nouveaux établissements prescrits par le roi, et le Bureau
adressa vainement une réclamation au seigneur évéque de Saint-
Brieuc (4).
Par contre, il reçoit des subsides inattendus, même de pro-
vinces éloignées, comme les 200 livres annuelles des fermiers des
gabelles du Languedoc et du Roussillon (5).
A côté des emprunts, l'Hôtel-Dieu use du système des rentes
viagères (6).
Ces constitutions de rentes viagères sur les particuliers, autori-
sées par le Parlement, étaient une espèce de pari sur la vie humaine
dont les enjeux étaient, pour l'une des parties, le payement de la
(i) C'est le 27 sept. 1669 que les Turcs s'emparèrent de la Canée, malgré les secours
fournis aux Vénitiens par les principales puissances de la chrétienté.
(2) Délib. 17 juin 1672, reg. 40, fol. 108 v°.
(3) Délib. 9 juin i683, reg. 5i, fol. 88 v». Il ne s'agissait d'ailleurs que d'une rente
de i.ooo 1.
(4) Délib. 3o juin 1677 et 29 avril 1678. Ces hôpitaux étaient établis par le P. Chau -
rand, missionnaire jésuite, dont le rôle a été mis en relief par C. Paultre, Répression de la
mendicité sons l'Ancien Régime; Pat\s, 1906, in-S», p. 233. 'Voy. aussi i?t'c«e/'/ Tiioisy, ma t.
ecclés.,i. LXIII (Hôpitaux, t. II), fol. gl<, et Docum. inédits de la C" de Jésus, t. XXlll, p. 36 i .
(5) Délib. 20 avril 1689, reg. 58, fol. 60.
^ (6) Sur le mécanisme des emprunts, voy. Monin, 0. c, p. 610, et Sagnac, le Crédit de
l'Etat et les banquiers à la fin du xvii» siècle et au commencement du xviii» siècle, dans la
Rev. d'Hist. mod., t. X, 1908, p. 257.
.FS nKVENUS
i8q
rente et, pour l'autre, Tabandon d'un capital ou d'un immeuble (i).
Aussi, le taux de l'inte'rêt en était sensiblement différent suivant
les âges de la vie. Le tarif ap,pliqué par l'Hôtel-Dieu est le suivant,
qui diffère quelque peu de celui de l'Hôpital général (2) :
A ?o ans, denier 20
5 .) •>.'.
A 48 ans, denier i3
A 35 — 17
5 66 0/0
A 5o - 12
A 38 - 16
6 25 «/"
A 55 — 1 1
A 40 — i5
6 66 ./„
A 60 — 10
A 45 — 14
7 14 "h
7 65
S 33
9 09
L'Hôtel-Dieû, comme les hôpitaux des grandes villes, remplissait
ainsi le rôle de nos Compagnies d'assurances sur la vie ; aussi le
gouvernement trouvait sa concurrence si redoutable pour la rente
5 "/o qu'il défendit la constitution de rentes viagères à un taux
plus élevé que le taux légal, qui était depuis i665 le denier 20
(5%) (3).
Il n'y a pas que les riches et les grands qui acquièrent de ces
rentes. Dans les contrats, à côté de gens de finances, avocats, bour-
geois, prêtres, chanoines, on trouve aussi de simples artisans, mar-
chands, maîtres compagnons, et jusqu'à un « pourvoyeur des mai-
sons royales ». Pour établir ces contrats, l'Hôtel-Dieu exigeait des
« extraits baptistaires », afin de contrôler l'âge des rentiers éven-
tuels (4).
Ces rentes grossissaient démesurément la mainmorte. Sans
doute il était agréable pour les contractants d'être ainsi débarrassés
de tout souci de gestion de leurs biens en les aliénant pour une
rente servie à dates fixes. Mais que de familles se trouvaient ainsi,
petit à petit, dépossédées de leurs terres et de leurs maisons, « contre
l'esprit de toutes les coutumes du royaume qui ont si soigneu-
sement pourvu à la conservation des biens dans les familles»!
L'édit d'août 1661 (5) vint mettre un frein à ce véritable agiotage,
en défendant aux communautés de prêter ainsi à fonds perdu.
Mais le même édit exceptait de cet interdit l'Hôtel-Dieu et l'Hôpital
(i) Voy. Potliier, Œuvres, éd. But^net, 1847, 11 vol., t. III, p. 436, TraitO du contrat
de constitution de rente, et G. David, Du Contrat de rente viagère ; Paris, 1904, in-8°, p. 19.
(2)BibI. nat.. ms. fr. 11. 36+, fol. 77. A 3o ans, l'Hôpital général ne prêtait qu'au
denier 16. Il avait, pour 65 ans, des prêts au denier 9, et pour 7oans, des prètsau denier8.
L'Etat, pour les rentes viagères émises en 1693, divisait les rentiers en 6 classes, et leur
accordait un intérêt variant de 7 1. 14 (denier 14) à 14 1. 28. Voy. Encycl. méthod.. Finan-
ces, 1787, t. III, Rentes). Les taux ordinaires étaient le denier 18 (3,55), le denier 14(7,14),
le denier 12 (8,33).
(3) D'Avenel, o. c., t. I, p. loi.
(4) Aussi ces contrats sont précieux pour l'état civil de l'époque. II en existe 43 pour
l'année 1679. (Arch. A. P., fonds nouveau.)
(5) Isanibert, 0. c, XVIII, 7.
190 L HOTEL-DIEU AU XVIie ET AU XVIIie SIECLE
général qui se trouvaient bénéficier, de plus, des confiscations
prononcées en cas de violation de Tédit (i).
Lorsque Colbert veut les supprimer, en 1679, le Bureau s'émeut.
Le président, Le Camus, ne cache pas au ministre que c'est grâce
à ces rentes que l'Hotel-Dieu a pu subsister, et le Bureau décide
de présenter à Colbert un mémoire concernant le produit des
rentes et l'usage qu'il en a fait (2). Ce que Colbert avait prévu
arriva bientôt. L'Hôtel-Dieu, comme l'Hôpital général, comme
les Incurables, à force d'user de cet expédient, dut suspendre le
payement des arrérages des rentes. L'édit de janvier 1690, pour
arrêter cette spéculation, interdit aux hôpitaux de prendre de l'ar-
gent à fonds perdu pour constituer des renies viagères, et, s'il
s'agit de dons, de constituer des rentes viagères à un denier plus
haut que le denier 20 (3). Mais il était déjà trop tard. Le roi fut
obligé la même année (4) d'autoriserl'Hôtel-Dieu et les Incurables (5)
à vendre des maisons et immeubles pour le payement des arrérages
de ces rentes viagères qui se montaient à plus de 660.000 livres.
Les créanciers auraient été en droit d'ailleurs de les faire vendre.
Cette autorisation fut accordée dans les limites de i .200.000 livres
pour l'Hôtel-Dieu et 800.000 livres pour les Incurables, à réaliser
dans un espace de 10 ans (6). L'Hôtel-Dieu était déchargé pour
ces ventes de la taxe du 8« denier, levée sur les biens aliénés par
les communautés laïques et ecclésiastiques.
Mais en attendant il fallait faire patienter les créanciers. Le
Bureau s'arrêta à l'arrangement suivant. On continua à payer
les arrérages entiers des rentes constituées à perpétuité pour fon-
dation ou autrement. Pour les rentes viagères, on paya en entier
les arrérages de celles de 200 livres et au-dessous, 200 livres
pour celles qui s'élevaient de 200 à 400 livres, et la moitié du
revenu de toutes les autres. Le Conseil d'État, en approuvant
(i) Depuis 1634, le taux légal de l'intérêt était le denier i8 (5 1/2 ">;o); à partir de i665,
ce fut le denier 20 (5 °/o).
(2) Délib. 28 avril 1679, reg. 47, fol. 78 v.
(3) Règl. H.-D., II, 383. Edit du roy Louis XIV, donné à Versailles au mois de jan-
vier 1690, ret^istré au Parlement le 6 février audit an. Voy. une pièce de vers « sur les
rentes de l'H.-D. », 1689, par Et. Pavillon, Recueil TraUge, t. I, fol. 63. (Ars., ms. 6341.)
(4) Régi. H.-D., II, 395. Lettres patentes du roy, registrées au Parlement et en la
Chambre des comptes, les 25 avril et 11 mai 1690 ; Paris, Le Prest, rue St-Jacques, à la
Couronne de France.
(3) Règl. H.-D., II, 387. Arrêt du Conseil d'État en faveur des créanciers de l'hôp.
des Incurables pour la liquidation et payement de leurs dettes, 9 mars 1690 ; Paris,
Michallet, premier imprimeur du roy, rue St-Jacques, à l'Image St-Paul, et arrêt du
17 juin 1690, concernant les créanciers de l'hôp. des Incurables, id.,4o3.
(6) Sur les difficultés financières des Incurables, on peut consulter Maillet, Mémorial
historique des Incurables, ms. du xviii* siècle aux Arch. de l'A. P. ; il en existe un extrait
aux Arch. nat., FI5 1861.
LES REVENUS iq[
les décisions du Bureau, interdisait aux créanciers ( i ) de faire saisir
les fonds et revenus de THôtel-Dieu et faisait mainlevée de toutes
les saisies réelles et mobilières, aux oppositions formées à la vente
des immeubles, et même des saisies des rentes appartenant
à Hôtel-Dieu qui pouvaient avoir été faites entre les mains des
payeurs (2).
Les difficultés allaient toujours croissant. En 1692, puis en 1693,
le prix du blé avait considérablement augmenté. Il y avait eu des
émeutes à la place Maubert, au faubourg Saint-Antoine. De Harlay,
La Reynie furent obligés de prendre des mesures extrêmes. Comme
en 1662, pendant l'hiver de 1693, on établit des fours dans la cour
du Louvre ; on y fit cuire 100.000 livres de pain par jour qui furent
vendues 2 sous la livre, moitié du prix de revient, avec défense
d'en acheter pour le revendre. Des désordres eurent lieu. On rem-
plaça le pain par des secours en argent (120.000 livres 2 fois par
semaine), mais la détresse subsista. Au printemps de 1694, le
setier de blé se vendit jusqu'à 67 livres (3), L'Hôtel-Dieu fit porter à
la Monnaie l'argenterie de la sacristie qui produisit 2.725 livres (4).
La cherté des vivres devint telle que l'on réduisit les portions
de viande et de vin des malades et du personnel (5).
La Ville de Paris fut autorisée, par arrêt du Conseil d'État et
par lettres patentes des 2 et 28 janvier 1694 (6), à emprunter
3oo. 000 livres à constitution de rente au denier 18, pour les
employer aux besoins de l'Hôtel-Dieu et de l'Hôpital général ;
afin de payer les rentes, et pour garantir l'émission de l'emprunt,
la Ville était autorisée à porter de 100.000 livres à 11 5. 000 livres
par an la redevance payée par le fermier général des aides pour
l'octroi de 10 sous par muid de vin aux entrées, institué par arrêt
du 3o décembre i653.
L'Hôtel-Dieu était à peine sorti de cette crise qu'il dut faire
face au grand hiver de 1709, qui fut, bien qu'en ait dit Voltaire, un
moment de détresse sombre. «J'ai vu l'année 1709, écrivait-il le
2 janvier 1775 (7), j'ai vu M"^^ de Maintenon manger du pain bis,
j'en ai mangé pendant deux ans entiers et je m'en trouvais bien.
(1) Règl. H.-D., II, 417. Arrêt du 29 mai 1691. Délib. des 3 juin 1690, 24 mars 1691.
(2) Règl. H.-D., II, 471. Voy. l'arrêt du Parlement du i5 fevr. 1696, concernant les
rentes à vie dues par l'H.-D. à François Sauffoy, ancien commissaire des guerres.
(3) Voy. lettres de La Reynie à de Harlay, citées par Depping, Corresp. admin., t. II,
p. 629 et sqq. et P. Clément, la Police sous Louis XIV; Paris, 1886, in-12, p. 24g et sqq.
(4) Délib. 7 avril 1694, reg. 63, fol. 35 v».
(5) Délib. 24 juin. 1694, reg. 63, fol. 77 v». Voy. Cocliut, Repue des Deux Mondes du
i5 août i863.
(6) Règl. H.-D., II, 447.
(7) Œuvres, éd. de Kehl, XXX, 541.
L HOTEL-DIEU AU XVII« ET AU XYIIF SIECLE
Mais quoi qu'on en ait dit, je n'ai jamais vu aucune mort causée
uniquement par l'inanition. C'est une vérité trop reconnue qu'il y
a plus d'hommes qui meurent de débauches que de faim. » Mais
les souvenirs des contemporains sont moins gais que les boutades
rétrospectives de Voltaire. Écoutons seulement Saint-Simon (i) :
« Les payements les plus inviolables commencèrent à s'altérer.
Ceux de la douane, ceux des diverses caisses d'emprunt, les rentes
de l'Hôtel de Ville en tout temps si sacrées, tout fut suspendu,
ces dernières seulement continuées, mais avec des délais, puis des
retranchements qui désolèrent presque toutes les familles de Paris,
et bien d'autres.... Tout renchérit au delà du croyable, tandis
qu'il ne restoit plus de quoi acheter au meilleur marché... ; grand
nombre de gens qui, les années précédentes, soulageoient les pau-
vres se trouvèrent réduits à subsister à grand'peine, et beaucoup de
ceux-là à recevoir l'aumône en secret. Il ne se peut dire com-
bien d'autres briguèrent les hôpitaux, naguère la honte et le
supplice des pauvres (2). »
La détresse des populations était telle que le roi fit distribuer
du sel aux pauvres habitants des provinces, comme étant « une
partie des plus nécessaires pour leur subsistance n. Les rôles des
bénéficiaires furent établis par les intendants et commissaires dé-
partis dans les provinces et signés par les curés et principaux
habitants des paroisses, qui s'engageaient à payer une imposition
représentant la valeur du sel (3). Des quêtes extraordinaires furent
faites à Paris dans chaque paroisse, et des impositions établies
pour remplacer l'insuffisance des contributions volontaires. On'
espérait recueillir So.ooo livres par mois, destinées à l'Hôpital
général, à l'Hôtel-Dieu et aux pauvres des paroisses, sans préju-
dice de la taxe ordinaire du Grand Bureau des pauvres (4). Le rôle
des boues et lanternes fut doublé pour tous les propriétaires et prin-
cipaux locataires, du i^r octobre 1709 au i'^'' octobre 17 10, ainsi
que pour toutes communautés laïques, ecclésiastiques, régulières
et séculières. Une commission composée des administrateurs des
deux hôpitaux ainsi que des receveurs des paroisses fut chargée de
(1) Saint-Simon, Mcm., éd. Gr. Ecriv., t. XVII, p. 2o5. Voy. aussi p. 394-397,1. XVIII,
p. i29-i3o.
(2) Voy. de Boislisle, le Grand Hiver de rjorj. Rev. des qiicst. hist., igo3, t. XXIII,
p. 442-509, et t. XXIV, p. 486-542; et F. I.avieille, la Misère à Paris en /70Q.
(Posit. des mém. pour le diplôme d'études sup. de la Fac. des lettres, 1906, p. 190-193.) "
(3) iîèg-/. H.-D., 111,41. Arrêt pour le prêt du sel en faveur des pauvres, du 21 mai 1709.
(4) Régi. H.-D., III, 45. Déclaration du roi, 3 sept. 1709. Nous avons retrouvé trace de
l'organisation de ces quêtes dans les délib. de certaines fabriques, notamment à St-Lau-
rent. (Arch. nat. LL 816, fol. 72, délib. du 29 sept. 1709 portant nomination de 12 rece-
veurs spéciaux pour les 12 quartiers de la paroisse.)
:S RKVFN'fS
recueillir et de se partager ces fonds extraordinaires (i). Enfin le
Conseil d'État attribua deux sommes de 3.077 1. 18 s. i d. et
4.084 livres de a revenants-bons « sur les comptes de recettes des
receveurs des taxes des boues et lanternes du quartier du Marais du
Temple, au receveur géne'ral de THôtel-Dieu, pour être employées
aux dépenses les plus pressantes (2).
L'Hôtel-Dieu essaya de faire des économies en retranchant sur
ses dépenses d'alimentation : suppression du sucre, de la casso-
nade, des confitures, des fruits, du poulet rôti; distribution du
pain 24 heures après la cuisson, rationnement de l'huile d'olive (3),
réduction du vin, des cierges à l'église. Mais ce n'étaient là que des
expédients d'un jour. A l'assemblée générale du 28 septembre 1709,
le Bureau, établissant le bilan, déclare que le déficit se monte à
349.000 livres. Il est dû des sommes considérables: 45.000 livres
pour 2 quartiers des anciens octrois que n'ont pas payées les fer-
miers généraux ; 10.800 livres pour 3 années impayées de l'aumône
accordée pour la subsistance des convalescentes ; 70.000 livres
pour les 6 derniers mois des rentes sur la Ville, i3o.ooo livres
promises par les fermiers généraux. Les débiteurs sont sollicités de
payer au plus vite et le Bureau demande à convertir en monnaie les
25o.ooo livres de billets qui sont dans la caisse de l'hôpital (4).
Une fois de plus l'Hôtel-Dieu a recours au moyen extrême,
celui qu'il avait employé déjà en 1690, les ventes d'immeubles. Il
demande et obtient l'autorisation d'aliéner des propriétés jusqu'à
concurrence de 800.000 livres (5).
Enfin le roi lui accorde une loterie, ouverte le 16 décembre 1709,
et comprenant 2.256 lots s'élevant à 400.000 livres, touspayablesen
argent, pour 3oo.ooo billets ; mais elle n'eut pas le succès qu'on en
attendait; les billets envoyés en province ne rentraient pas, et le
tirage fut différé de semestre en semestre.
Le Trésor épuisé avait cessé de payer les arrérages de la rente (6).
En 17 10, on annonça la reprise des payements, mais ils se firent
(i) Rèffl. H.-D., III, 37, 65. Décl. du 22 oct. 1709. Arrêts du Parlement du i3 oct*
170g, du 29 janv. 1710.
(2) Arrêt du 7 avril i-ri. 11 devait en être fait de même pour les autres receveurs après
le «fin'it» de leurs comptes. Ces bonis devaient d'ailleurs être partagés avec l'Hôp.
gifn. et les Enfants-Trouvés. La taxe n'était pas encore payée en 1714. (Cf. arrêt du
Parlement du 20 déc. 1714.) L'H.-D. et l'Hôp. gén. y renoncèrent en 1716. (Délib.
16 ddc. 1716, reg. 83, fol. 23.)
(3) Délib. 22 et 28 juin 1709, reg. 78, fol. 96 v» et 99 v. On envoie à la Monnaie
22.000 1. de vieilles espèces qui se trouvaient en caisse.
(4) Délib. 7 sept., 29 nov. 1709, reg. 78, fol. i38 et 137.
(3) Délib. 29 janv., 3i janv., 3i mai, 12 sept. 1710, 8 août, 23 sept. 171 1, reg. 79.
(6) En 1710, l'Etat devait 2 années d'intérêt aux rentiers. [Corrcsp. des contr. gén,
éd. Boislisle, t. III, p. 023.)
13
'94
'hotel-diku au xviu- i;t ai' xyiii-^ siècle
sur le pied du denier 20, quel qu'ail été le laux primitif d'émission
et même après cette réduction on ne paya qu'un semestre sur
deux (i). Vers la fin de 171 3, deux années étaient dues aux rentiers
et cette demi-supension de payement pouvait se prolonger indéfi-
niment.
C'est alors qu"intervint l'édit d'octobre 171 3, ordonnant que
toutes les rentes de l'Hôtel de Ville seraient converties en nouveaux
contrats au denier 25 (4 "/o), distinguant les rentes acquises à prix
d'argent avant le r-" janvier 1702, dont le principal était conservé
en entier en y adjoignant les 2 années d'arrérages, et les rentes
acquises depuis le mois d'avril 1706, réduites aux 3/5. La charge
annuelle des rentes fut ainsi diminuée de 14 millions, et leur
capital nominal de i35 millions. Forbonnais nous rapporte que
« cet arrangement causa un grand murmure » (2). Les hôpitaux
furent les premiers à réclamer et demandèrent à être remboursés
de cette perte.
Elle était en efifet assez sérieuse. La part des rentes de l'Hôtel-
Dieu soumise à la diminution des 2,5, suivant l'édit, était de
893.156 livres, dont les 2 5 se montaient à 357.262 livres. Pour
les Incurables, cette perte s'élevait à 44.036 livres sur 110.092.
Ce remboursement fut d'ailleurs accordé, car sur le mémoire où
sont relatés ces chiffres (3) nous lisons en marge : « bon ». La
Charité s'empressa alors de demander la même faveur ; l'hôpital
perdait 51.124 livres sur 85. 208. Nous ignorons si sa requête reçut
satisfaction.
Les hôpitaux de province étaient également touchés, et la situa-
tion n'était pas meilleure à Nantes, à Marseille, et dans toute
la France en général 4'.
Sous la Régence, où l'on manquait, non pas de numéraire, mais
de crédit, le pouvoir central pousse les hôpitaux à placer les
capitaux, dont ils ont à faire l'emploi, en actions de la Compagnie
des Indes, actions qui sont déposées à la banque de Law et
inscrites sur le registre des immeubles. « Le roi est informé,
lit-on dans le préambule d'un arrêt du Conseil du 26 avril
1720 (5), que l'intérêt des contrats a tellement diminué, à cause
(i) A. Vuitry, le Désordre des finances et les excès de la spéculation à la fin du régne
de Louis XIV et au commencement du règne de Louis XV ; Paris, i885, in-.S", p. 38.
(2) Forbonnais, Recherches et considérations sur les finances de la France de /5g5 à
1^2 1 ; 1878, 6 vol. in-i6, t. V, p. 9 et suiv.
(3) Bibl. nat., ms. fr. 8i3o. Recueil sur la mendicité fait par ordre de Turgot.
(4) Léon Maître, les Hôpitaux de la Loire-Inférieure ; Nantes 1879, in-8«, p. i32;
A. FsihTe, Hist. des hôpitaux de Marseille, i854-i836, in-8», t. I, p. 495 ; G. Valran, Misère
et charité en Provence au wiii" siècle, 1899. in-8«.
(5) Cité par Martin-Doisj', o.c, t. L p. i33.
I.KS REVENUS
de l'abondance des espèces répandues dans le royaume, qu'à peine
trouve-t-on à placer au denier cinquante (2 "/„) ». Et en effet
les revenus de beaucoup d'hôpitaux avait tellement diminué
que plusieurs pouvaient à peine subsister. Aussi, « ouï le sieur
Law, conseiller du roi en ses conseils, contrôleur général des
finances, Sa Majesté, de l'avis du duc d'Orléans, régent, défend
à tous les hôpitaux du royaume de faire aucune nouvelle cons-
titution de rente à peine de nullité, à tous notaires d'en recevoir
à peine de 3. 000 livres d'amende ». Par contre, cet arrêt per-
mettait aux hôpitaux de placer leurs capitaux à la banque de Law,
en actions de la Compagnie des Indes, garantie par l'État, à
l'intérêt de 2 % (O-
En 1726, la disette apparut à la suite des pluies qui avaient
provoqué des inondations et retardé les convois de blé. Dès le
i3 octobre 1725, le Parlement avait permis à la Ville d'utiliser les
bâtiments de Saint-Louis pour y mettre les blés qui se trouvaient
dans les ports et risquaient de se gâter. Ils devaient d'ailleurs y
être reportés dès qu'ils pourraient être vendus (2). Ces blés étaient
venus de Rouen par bateaux et avaient été achetés en Angleterre
et en Hollande, par Convay, pour le compte de la Ville, qui' avait
à cet effet emprunté un million au denier 20. L'Hôtel-Dieu essaya
bien de résister « aux ordres supérieurs » ; mais, à la suite d'une
visite à Saint-Louis le 3 mars 1726, le lieutenant général de police
Hérault constata que les salles, dont le Bureau gardait si jalou-
sement la destination hospitalière, étaient déjà remplies de
600 muids de blé apportés par les fermiers de l'Hôtel-Dieu et- les
cultivateurs du voisinage. Les administrateurs durent s'exécuter
en hâte, démonter les bois de lit et tenir les locaux prêts.
Ces premiers blés une fois débités (3), les communautés et
hôpitaux, afin d'éviter le retour de la disette, reçurent l'ordre de
faire de nouvelles provisions pour deux ans. Celles-ci furent
encore portées à Saint-Louis (4), l'autre grenier de l'Hôtel-Dieu,
Sainte-Anne, se trouvant alors livré aux munitionnairesde l'Hôpital
général, qui y avaient mis leurs blés par ordre du Parlement.
En 1740, Saint- Louis sert de nouveau d'entrepôt pour les blés ;
(i) Voy. A. Girard, la Réorganisation de la Corn p. des Indes (1719-23), dans laRev.d'/iist.
mod.,l. X, 190S, et Arch. nat., B3 marine 140, fol. 52, 53. Sommes dues àl'H.-D., 1710.
(2) Arch. nat., H i85i, p. 227-229.
(3) Tous les hôpitaux durent porter leurs réserves à la Halle. Samuel Bernard acheta
des blés au compte de THôp. gén. pour 54.000 1. et 5i.Ci2 1. qui ne lui étaient pas encore
payés en 1733, et pour lesquels Joly de Fleury réclama les intérêts en plus de la somme.
(Arch. Min. Aff. éir., ms 1601, fol. i23, et 1602, fol. 5.)
(4) Délib. 27 avril 1729, reg. 98, fol. i65.
Iq6 L HOTF.r.-DIEU AT XVIie KT AI' XVIU»- SIKCI.E
ce ne fut point faute de résistance de la part du Bureau qui opposa
la délibération du 29 avril 1729. Mais il dut céder devant les in-
jonctions du procureur général, Joly de Fleury, et du premier
président, Le Peletier (lettres des 5 et 6 novembre^ Les vivres
étaient chers, la misère était à son comble. Il fallait à tout prix
rassurer le populaire, ou tout au moins « lui montrer des prépa-
rations qui calment ses inquiétudes », comme l'écrit le 5 novembre
Joly de Fleury à l'administrateur Vigneron. Le 7 décembre, Joly
de Fleury adressa une nouvelle lettre encore plus pressante, et,
le 8, les administrateurs se résignèrent à donner l'ordre de laisser
entrer les blés à Saint-Louis, « puisque leurs représentations et la
délibération du 29 avril 1729 ne peuvent rien opérer ». Le blé fut
placé dans 3 salles, et la4*fut réservée aux lits démontés et entassés
les uns sur les autres. Il fut seulement recommandé aux « préposés
à la conduite des blés» de ne pas trop charger les planchers comme
on l'avait fait auparavant, pour ne pas endommager les voûtes.
Cette année 1740 fut non seulement une année de disette à
cause du froid et des pluies, qui avaient compromis la récolte,
mais encore fut marquée par une terrible inondation de la Seine,
dont on conserva longtemps le souvenir (i). On fit venir des blés
de l'étranger, et on accorda des gratifications à quelques mar-
chands (2) qui purent en fournir. Le prix du pain monta à 5 sols et
demi et pendant 8 mois oscilla entre 4 et 3 sols et demi. Le
22 septembre, le Parlement réduisit à deux efpèces le pain débité
dans les marchés et défendit, à cause de la disette de l'orge,
aux brasseurs de fabriquer delà bière pendant un an, et aux ami-
donniers et tanneurs de se servir d'orge pour la préparation des
cuirs et des amidons. Comme le pain était trop cher pour les pau-
vres, Thélusson, envoyé de la république de Genève à la cour de
France, fut c hargé de procurer du riz pour être distribué dans les
paroisses (3) ; des provisions furent amassées aux Célestins, à
Saint-Germain-des-Prés, à Saint-Lazare ; des distributions de
riz eurent lieu proportionnellement par paroisses les 22 septembre,
12 octobre, 9 décembre 1740, 22 février, 6 mars 1741 '4;. La navi-
(1) L'eau était venue, en Grève, jusque sur la première marciie de l'Hôtel de Ville.
(Journal de Barbier; et relation de Bonamy, Mém. de l'Ac. des Inscr. et Belles-Lettres,
1741-1743.)
(2) Le 20 sept., le Bureau de la Ville accorde i.Soo 1. de gratification à Deherain,
march. de grains, pour avoir fait arriver des blés à Paris, le 27 cet., 600 1. à Jean-Bap-
liste Fossoyeux, également marchand de grains, etc.
(3) Bibl. nat., Joly de Fleury, un : Mémoire sur la distribution du riz cuit fait aux
pauvres de }a paroisse St-Eustache pendant le carême de 1740 (fol. 69).
(4) Les registres de délib. de la Ville, à qui sont emp runtés ces détails, donnent la quan-
lité distribuée pour chaque paroisse. (Arch. nat., H 1839.)
LES RF-VENTS I gy
gation était interrompue à cause de rinondation, d'où impossibilité
de faire venir les blés et de les moudre, car les moulins aussi
étaient arrêtés. A l'Hôtel-Dieu, les caves, les cagnards où l'on
serrait le bois, les étuves où Ton faisait sécher le linge, étaient
inondés ; il fallut entasser les barriques dans les cours et trans-
porter le linge à Saint-Louis. On y enterra même pendant
quelque temps les morts de THôtel-Dieu, le cimetière de Clamart
étant également couvert d'eau. Enfin, en présence du danger
qui menaçait le Pont-Rouge, la salle du Rosaire, établie sur le
Petit-Pont, fut évacuée. Les malades virent leur ration de pain
remplacée par du riz, comme les pensionnaires des diverses mai-
sons de l'Hôpital général. A la suite de l'arrêt réduisant à deux
espèces le pain débité dans les marchés et boutiques des boulan-
gers, et interdisant la vente du petit pain mollet, dont les Parisiens
étaient si friands, le petit pain au lait fourni aux « griefs » malades
fut supprimé (i).
Le peuple était « tout prêt à la révolte )>, suivant l'expression
même de d'Argenson (2), relatant une sédition des malades de
Bicêtre, qui eut lieu en septembre, et contre qui le guet et la maré-
chaussée se trouvaient « en bataille ». « Il n'y a plus de pain à Paris,
ajoute-t-il, sinon des farines gâtées, qui brillent au four. On tra-
vaille jour et nuit à Belleville aux moulins à remoudre ces vieilles
farines gâtées. Le pain augmente d'un sol par jour. Aucun
marchand n'ose ni ne veut apporter son blé A la Halle le pain
manqua, mercredi, dès 7 heures du matin. «
L'Hôtel-Dieu n'avait pas seulement à lutter contre la misère,
mais encore contre les mesures administratives (3). L'édit d'août
1749, concernant les établissements et acquisitions des gens de
mainmorte, faisait défense par l'article 14, particulièrement impor-
tant, à « tous les gens de mainmorte d'acquérir, recevoir ni
posséder à l'avenir aucuns fonds de terre, maisons, droits réels,
rentes foncières ou non rachetables, même des rentes constituées
sur des particuliers, si ce n'est après avoir obtenu des lettres
patentes pour parvenir à ladite acquisition et pour l'amortis-
sement desdits biens, et après que ces lettres auront été enre-
gistrées à la cour du Parlement (4) ». L'Hôtel-Dieu bien entendu
essaya d'échapper à ces dispositions. Il fit observer qu'il était
(i) Délib. 23 sept., reg. 109, fol. 323.
(2) D'Argenson, Mém., t. III, 19, 24 sept., 6 nov. 1740.
(3) Voy. mém. adressé en mars 1731 à M. le Procureur général (Arch. A. P., liasse 864),
et Bibl. nat., Joly de Fleury, i63q, fol. ujS.
(4) Edit du Roy, d'août 1749. De l'Imp. de P. -G. Simon, imprimeur du Parlement, rue
de la Harpe, à l'Hercule, 1749.
I, HOTFL-DIFU AU XVIF ET AU XVIIie SIECLE
propriétaire de diverses renies, la plupart modiques, constituées
sur des particuliers susceptibles de les rembourser successivement
et que s'il fallait, pour en faire le remploi, obtenir à chaque
remboursement des lettres patentes, les faire enregistrer, faire
faire des informations, les frais absorberaient la plus grande partie
des fonds. Le seul moyen d'éviter ces frais serait de faire ces
remplois en rentes sur le roi ou sur des gens de mainmorte, mais
ce ne serait pas toujours facile. Il arrive, en effet, que, lorsque
des débiteurs sont capables de remplir leurs engagements, ils
abandonnent des rentes sur particuliers qui leur appartiennent,
ou constituent des rentes sur eux-mêmes. L'Hôtel-Dieu sera privé
de ce moyen d'éviter la ruine à ses débiteurs. Enfin, pour les Incu-
rables, chaque lit a dès revenus qui lui sont affectés et qui ont
subi des diminutions importantes. Les suppléments demandés
aux nominateurs ou autres intéressés pour réparer ces pertes de
revenus atteignent parfois 3.ooo ou 4.000 livres. Le versement de
de ces sommes s'effectuera difficilement, s'il faut observer les
formalités de l'édit, qui lasseront les bienfaiteurs. Il demande
donc, pour lui et les Incurables, la faculté d'acquérir et de
posséder des rentes sur particuliers, de la même manière que des
rentes sur le roi et sur les gens de mainmorte. Dans le passé, la
multiplication de ces rentes constituées sur particuliers a pu
contribuer à l'accroissement des biens possédés par les gens de
mainmorte parce qu'il arrivait souvent, ainsi que le font remar-
quer les considérants de l'édit de 1749, qu'ils trouvaient le moyen
ou par la négligence des débiteurs à acquitter les arrérages de
ces rentes, ou par les changements survenus dans leur fortune,
de devenir propriétaires des fonds mêmes sur lesquels elles
étaient constituées. Mais cette crainte est devenue chimérique,
puisque l'Hôtel-Dieu pourra, faute de payement, faire saisir les
fonds hypothéqués et les faire vendre par décret, mais ne pourra
plus s'en rendre adjudicataire.
Un tempérament aux disposititions de l'édit de 1749 fut
apporté quelques années après, par les déclarations du 20 juil-
let 1762 (i) et du 26 mai 1774 (2) qui ratifièrent, par déroga-
tion à l'article 17, les legs d'immeubles faits aux hôpitaux depuis
1749, en « considération de la faveur qu'ils méritent ». Seulement
les administrateurs devaient exiger des héritiers des donateurs la
valeur des biens-fonds, et se faire rembourser les rentes léguées
(i) Cette déclaration, qui figure dans Merlin, ne fut enregistrée ni à Paris ni
(2) Isambert, o. c, XXIII, 9.
LES REVENUS
99
ou données, quand même elles auraient été stipulées non rache-
tables. Faute de cette formalité dans le délai d'un an, ces biens
pouvaient être confisqués par le domaine. Quant à Targent
que ces opérations devaient rendre disponible, les hôpitaux
étaient engagés à le placer provisoirement, à partir de 25o livres,
entre les mains des receveurs des tailles et autres receveurs des
deniers publics, qui devaient l'accepter au denier 25. A travers
ces mesures, c'est toujours la mainmorte que le gouvernement
cherchait à atteindre.
L'édit de 1749 avait posé la question de savoir si les biens des
hôpitaux étaient biens laïcs ou ecclésiastiques (i). Elle avait
son importance en présence des prérogatives du pouvoir royal sur
les biens d'église, et du droit qu'il s'était réservé ci'unir les biens
de certains établissements charitables, détournés de leur but, à
d'autres établissements (2). Mais, à la fin du xviii'^ siècle, une ques-
tion autrement grave se posa, sous l'influence de l'évolution des
doctrines du droit public, à savoir si les biens des hôpitaux étaient
biens d'État, c'est-à-dire si le roi pouvait, non seulement en
contrôler l'emploi, mais en disposer.
A vrai dire, dès le xvi« siècle, on avait vu le pouvoir central
mettre la main sur les biens hospitaliers comme sur le temporel du
clergé (3). Mais c'était un pur expédient qui ne s'appuyait pas en-
core sur une théorie nettement formulée, tandis qu'à la fin du
xviii^ siècle, Chamousset (4), l'abbé Bandeau (5), les rédacteurs de
V Encyclopédie (6), donnaient un corps à cette doctrine, d'après
laquelle les biens des hôpitaux n'étaient que des biens sociaux et
pouvaient, le cas échéant, être aliénés au profit de l'Etat. Or, il
n'était pas d'idée qui puisse toucher les administrateurs de l'Hôtel-
Dieu plus que celle-là. On le vit bien en 177g, lorsque le Bureau
fut chargé d'examiner le projet de lettres patentes préparées par
Necker, qui devaient paraître en janvier 1780 (7), et autorisaient les
hôpitaux à vendre leurs biens pour liquider leurs dettes et verser
le surplus dans la caisse des domaines.
(i) Bibl. nat., Joly de Fleury, 2419, et plus haut, p. 145.
(2) Voy. les divers édits d'union au xvii» siècle et Arcli. nat., se lie V"», liste des mala-
dreries, aumôneriesel autres lieux hospitaliers réunis aux Hôtels-Dieu par arrêts du Con-
seil privé de 1694 à lyoS.
(3) Lavisse, Hist. de France, t. V, i'" partie, p. 260-261, et Picot, //«/o/re des Etats
généraux, 2« éd., t. II, p. 387-388.
(4) Plan général pour l'administration des hôpitaux, ch. m en particulier.
(5) Idées d'un citoyen sur les besoins, les droits et les devoirs des vrais pauvres;
Amsterdam-Paris, 1765, in-8 (2» partie notamment).
(6) Mots : Hôpital, Fondation.
(7) Arch. nat., AD XIV3 et Isambert, 0. c, XXVI, p. 267.
L HOTEL-DIEU ATI XVH" ET AU XYIII^ SIECLE
Sans doute l'Hôiel-Dieu avait déjà été autorisé, en 1690 et en
1709, à vendre des biens en temps de crise, mais cette fois il s'agis-
sait, comme on l'a dit (i), « d'une mainmise de l'État, sur une
portion des biens hospitaliers dans un but fiscal ». Le législateur
comptait sur « l'utilité essentielle et permanente que l'État et
ses finances retireront ainsi de l'emploi de ces capitaux » ; il assu-
rait d'ailleurs aux hôpitaux d'autres ressources et multipliait les
conditions de garantie, pour calmer les inquiétudes qu'il allait
faire naître. Les protestations du Bureau furent très fermes ;
il arrêta à sa séance du 18 août 1779 un texte de « représen-
tations » très respectueuses dans la forme, mais très vives, et
se refusait à entrer dans la discussion des articles relatifs à
l'exécution de cette mesure.
Il ne manquait pas de mettre en avant la fameuse « volonté des
fondateurs », mise en brèche déjà par Turgot, dans VEncyclo-
pédie (2), et le secours qu'ils avaient indirectement procuré à
rÉtat, en diminuant d'autant, par leurs libéralités, les dépenses
auxquelles il était tenu. Il faisait surtout valoir que la conservation
des biens de l'Hôtel-Dieu comme patrimoine distinct devait être
regardée « comme inhérente et essentielle » à la conservation même
de l'établissement ; que les fonds possédés en avaient assuré la sta-
bilité au cours des siècles, à travers les guerres étrangères et les
divisions intestines ; que l'État, malgré toutes ses garanties, n'était
pas à l'abri de toute catastrophe ; que les immeubles avaient
l'avantage unique, sur le numéraire, de décupler et même centupler
de valeur à la faveur de certaines circonstances ou d'échanges
habiles ; enfin, faisant allusion à l'Hôpital général, qui avait
approuvé le projet d'édit, il indiquait que, ne se trouvant point
dans la situation de ces hôpitaux ayant la charge de sujets que
l'État leur confie, possédant peu d'immeubles et criblés de dettes,
il ne pouvait qu'être compromis dans son existence même si les
dispositions de l'édit étaient adoptées.
Elles furent adoptées, mais non exécutées (3); l'idée cependant
demeurait. Neuf ans après, la Constituante invoquait l'édit
de 1780 comme un précédent de la nationalisation des biens des
hôpitaux, et proclamait la confusion du patrimoine hospitalier
et du domaine de l'État, contre lequel luttait avec ardeur l'Hôtel-
(i) Voy. Blocli, O.C., p. 3io. Voy. aussi P. Avril, les Origines de la distinction des éta-
blissements publics et des établissements d'utilité publique; Paris, 1900, in-8">, p. 89.
(2) Voy. aussi Fréminville, Traité historique des dîmes ; Paris, in- 12, p. 297-300, pré-
tendant que les biens des fondations sans objet rentrent dans le domaine royal.
(3) Voy. S. de EsAMmonl, Jurisprjidence des rentes ou code des re>!//ers; Paris, Méqui-
gnon, 1734, in-8, p. i63 et suiv., et Necker, Administration des Jinances, t. III, p. 179.
LES RKVKNUS
Dieu, représentant en matière financière, comme en matière
administrative, la tradition et l'autonomie.
L'Hôtel-Dieu fit, en 1784, une opposition aussi vive au projet
de conversion des exemptions de droits en un abonnement annuel.
Une lettre fut adressée au contrôleur général pour lui exposer les
objections qui s'opposaient à cette mesure (i), notamment les pertes
que produirait une augmentation éventuelle des droits d'entrée,
ou bien l'augmentation des consommations et du prix des denrées.
L'Hôpital général consulté était opposé également à cette
mesure (2). Le gouvernement, après diverses hésitations, mais
finalement pressé par le besoin d'argent, supprima, par arrêt du
3i mai 1788 les exemptions de droit d'entrée et de franc-salé
pour l'Hôtel-Dieu , l'Hôpital général, les Incurables et les Inva-
lides. C'était un pas vers la suppression des privilèges et le retour
au droit commun.
Cependant les immunités en matière d'impôt furent mainte-
nues pour les hôpitaux par arrêt du 5 juillet 1788 (3), rendu à
la requête de l'assemblée du clergé. Une subvention annuelle
en argent fixée à raison du nombre de personnes hospitalisées
dans chaque maison remplaça les exemptions en nature. La part
de l'Hôtel-Dieu fut de 2 1 2.000 livres (4). On donna, comme motif
apparent de cette mesure, les fraudes constatées à l'occasion de
ces franchises. La Révolution arrivait ; la somme due à IHôtel-
Dieu ne fut jamais versée.
Ici pourrait s'arrêter l'histoire financière de l'Hôtel-Dieu. Ce
chapitre pourtant impose une conclusion. Après avoir essayé de
dégager quelles étaient les ressources et les expédients financiers
de l'établissement, il importe de déterminer, à la veille de la Révo-
lution, quelle est sa part dans l'ensemble du budget de la charité,
de le situer au milieu des autres œuvres d'assistance parisienne.
La « pitié la plus active remplissait les âmes », dit Lacretelle
de cette période de réformes sociales (5) qui a précédé la chute de
l'ancien régime, « ce que craignaient le plus les hommes opulents,
c'était de passer pour insensibles ». Et Taine qui cite ce passage
ajoute (6): « L'archevêque de Paris, qu'on poursuivra à coups de
(i) Délib. 17 mars 1784, reg. i34, fol. i52.
(2) Bibl. nat., Joly de Fleury, 1234, fol. 333, 355, 376.
(3) Isambert, o. c, XXVIII, p. 599.
(4) Arch. nat., F-"* 397. La part de IHôp. gén. fut de 3o8.ooo 1. et celle des Invalldt
de 35o.ooo 1.
(5) D. de Lacretelle, Hist. de France Jii wiii" siècle, 1808, 6 vol. in-8», V, 2.
(6) Ancien Régime, éd. in-12, II, i58.
I, HOTFL-DIF.r AU XVMe ET AI" XV
pierres, a donné roo.ooo écus pour améliorer THôtel-Dieu. L'in-
tendant Berticr, qu'on massacrera, a cadastré TIle-de-France pour
égaliser la taille, ce qui lui a permis d'en abaisser le taux d'un
huitième, puis d'un quart. Le financier Beaujon bâtit un hôpi-
tal. Necker refuse les appointements de sa place et prête au Trésor
2 millions pour rétablir le crédit. » Assurément la philanthropie
éclairée fait des prodiges pour parer à la misère envahissante. Mais,
malgré le concours de tant de bonnes volontés, la détresse du
Trésor public engloutit tout. Ne voit-on pas, en 1788, le ministre
de Loménie prendre et dépenser les fonds de la souscription
faite en faveur des hospices? Il faut enfin envisager la proportion
énorme des indigents, 118.784 sur 65o.ooo habitants en 1791,
suivant le chiffre donné par Levasseur (i). En face de cette
armée de la misère, quels sont les fonds dont dispose le gouverne-
ment et les œuvres privées, quel est en un mot le budget de la
charité à Paris?
Les aumônes du roi, au svni<^ siècle, se faisaient, sous l'autorité
nominale du grand aumônier, par l'entremise d'un fonctionnaire
spécial, le trésorier général des offrandes et aumônes du roi,
dont l'emploi fut supprimé, en 1779, sur le papier seulement, cor
il fut maintenu en fonctions, et reparut sous le titre d'adminis-
trateur particulier et payeur des chapelles, oratoires, aumônes,
bonnes œuvres et dévotions du roi (2). Les pauvres des fau-
bourgs de Paris recevaient tous les ans 84.000 livres (168.000 ir.\
D'autre part, le roi faisait à 1 1 pauvres, sur la dépense ordinaire
de sa maison, une rente de 5 I. 12 s. par jour (10 fr.). Enfin les
pauvres honteu.x; de Paris et des hôpitaux recevaient 6.000 livres
(12.000 fr.) (3).
L'archevêque donnait l'aumône aux indigents quand il officiait
à Notre-Dame. Barbier (4) prétend qu'il y en avait parfois plus de
1 .000 réunis dans la cour de l'archevêché du temps de Christophe
de Beaumont, et que la police interdit ce « trafic ».
Le Chapitre, qui distribuait d'abord des rations de pain aux
portes du cloître, avait remplacé ces distributions par un versement
de 882 livres au Grand Bureau des pauvres. En 1788, il vota
(1) E. Levasseur, la Population française, t. III, p. i25 n., Paris, 1892.
(2) 11 se faisait aussi à Fontainebleau des distributions aux pauvres directement par
l'entremise du curé de la paroisse royale de Saint-Louis, ainsi qu'à Versailles à l'Infirmerie
royale.
(3) Arch. nat., 0< 730. Voy. aussi Etat des secours fournis par le gouvernement,
d'après Necker, cité par Bloch, 0. c.» p. 3i5.
(4) Journal, VII, 222.
LES REVENUS 2o3
?o.ooo livres pour la souscription en faveur des nouveaux hôpi-
taux fi].
Les communaute's religieuses donnaient au curé, dans la plu-
part des paroisses, pour le pain des pauvres, une somme (2) qui
s'élevait vers le milieu du xviii^ siècle à 28.296 livres (^3). La paroisse
Saint-Médard jouissait de 2 lits aux Hospitalières de la rue
Mouffetard, lesquelles distribuaient 2.496 livres. Outre les som-
mes ainsi consacrées à la charité paroissiale, des communautés
donnaient chez elles du pain (4;, les unes à des pauvres connus
d'elles, formant une clientèle pour laquelle nous n'avons aucune
espèce d'évaluation, les autres au malheureux qui se présentait, quel
qu'il fût ; pour cette dernière catégorie, nous possédons une éva-
luation en argent dont le total s'élève à 14.532 1. 16 s. Certains
ordres se montraient généreux, comme les Chartreux; d'autres
Tétaient beaucoup moins ou réservaient leurs charités pour leurs
oeuvres particulières ; ainsi les Célestinsqui donnaient aux écoliers
pauvres, les Miramiones qui dépensaient 1.200 livres en remèdes
gratuits, Saint-Martin-des-Champs qui fournissait 52 setiers de
blé à l'Hôpital général, l'Oratoire, Saint-Lazare, le séminaire de
Saint-Sulpice qui se réservaient pour les familles connues d'eux;
ajoutons que les Chartreux donnaient également une somme
importante aux écoliers pauvres.
Le rôle et l'organisation des Compagnies paroissiales de charité
est assez bien connu par des publications récentes. Plus rares
sont les documents qui nous permettent d'apprécier et de préciser
leurs ressources, ce que Ton appelait alors les biens des indigents.
Les contributions volontaires des membres, et en particulier le
coffret à aumônes que l'on déposait à chaque assemblée sur la
table du président, et dans lequel chacun en sortant devait déposer
son obole, constituaient le principal de leurs revenus; il faut y
ajouter les offrandes, soit en argent, soit en nature, des personnes
étrangères aux Compagnies. Car, outre les dons en argent
distribués aux pauvres honteux et aux ménages, les Compagnies
pratiquaient l'assistance aux malades, au moyen de médicaments,
de nourriture, de potages, etc.
(i) J. Mearet, /e Chapitre de Notre-Dame en rjQo; Paris, in-8, p. i?4.
(2) Bibl. nat., Joly de Fleury, 1589, fol. i et g.
(3) Les curés recevaient à Sainte-Marguerite 2.712 1., à Saint-Faul, 2.160 1., à Saint-
Jean-en-Grève, 1.080 1., à Saint-Nicolas-du-CIiardonnet, 3. 600 1., à Saint-Hippolyte, 384I.,
à Saint-Eticnne-du-Mont, 672 1., à !>aint-André-des-Arcs, 676 1., à Saint-Séverin, 7.200 1.,
à Saint-Sulpice, 5.976 1., à Saint-Eustaclie, 28 1., à Saint-Roeh, 1.968 I., à la Madeleine,
720 1., à Saint-Laurent, 576 1., à Saint-Jacques-du-Haut-Pas^ 384 1.
(4) Sur les aumônes des communautés à Paris et dans les provinces, voy. Taine, Ancien
Régime, éd. in. 12, t. I, p. 52-54-
204 LHOTEL-DIKr AU XVIie ET AU XVIIie SIKCLE
Les indigents des paroisses possédaient, soit des rentes (i , soit
des immeubles. En 1733, les pauvres de la paroisse Sainte-
Marguerite achètent à la duchesse de Rohan-Chabot trois
maisons et une place à bâtir rue Saint-Bernard pour la somme de
40.000 livres (2) qui furent payées en partie comptant par le curé
J.-B. Goy.
Parmi ces Compagnies paroissiales, les plus importantes et les
plus actives sont celle des Quinze-Jours, de la paroisse Saint-
Eustache, pour le rétablissement des pauvres honteux valides, qui
donne d'abord 6 livres, mais va quelquefois, après délibération et
deuxième visite, jusqu'à 5o livres ; celle du Bon-Secours, dans
la même paroisse, pour le soulagement et l'assistance des pauvres
honteux malades, employant 9 médecins, 2 chirurgiens, 5 sœurs
de charité distribuant des remèdes, du linge, des aliments, et
dont les ressources se composent de rentes, de loyers de maisons,
de dons, de revenus de fondations, de quêtes qui se font pendant
la quinzaine de Pâques et de subsides du curé ; celle de Sainte-
Agnès, qui réserve ses aumônes aux nouveaux convertis ayant
abjuré à Saint-Eustache et bénéficiant toutes les six semaines
de 12, i5 et 18 livres, en dehors de l'aumône que le roi fait
distribuer une fois l'an aux nouveaux convertis (3). A Saint-
Roch (4), à Saint-Sulpice, dans la plupart des grandes paroisses,
on trouve des œuvres semblables. A Saint-Sulpice, la dépense
s'élève à environ 3o.ooo livres par an, seulement pour les
malades (5); à Saint-Roch la dépense par tête de malade monte
à i5 sous en été et à 17 à 18 sous en hiver. Aussi Duquesnoy,
dans son Rapport sur les secours à domicile de l'an XI, ne craint
pas d'affirmer qu'à Paris, avant 1789, les secours publics étaient
immenses et variés sous toutes les formes (6).
Les prisonniers, comme les indigents des paroisses, avaient
une caisse; leur revenu est estimé à 8.178 1, i s. 6 d. en 1748
(23.307 fr.;, mais sur cette somme, déduction faite des frais
divers, il n'en allait que 3.538 1. 7 s. 9 d. aux intéressés (7).
(1) Par exemple, Saint-Marcel, Saint-Ja.ques-du-Haut-Pas. (Arcli. nat., S 3371.)
(2) Arch. A. P., nouvelle série, n° 8.
l3) Alletz, o. c, p. 243 et suiv.
(4) Idées sur les secours à donner aux pauvres malades dans une grande ville, in-8»,
p. 64, Paris, 1786.
(5) Le budget total des œuvres de bienfaisance de la paroisse s'élève à 143. 6o5 1.
en i778-i779,et 154.000 1. en 1780-1781. Voy. Faydit deTerssac, Ordre d'administration
pour le soulagement des pauvres de la paroisse Saint-Sulpice ; Paris, Crapart, 1777-1778,
2 tomes en i vol. in-12.
(6) Rapports au Conseil d'administration des hospices civils, in-4'', Paris, fructidor
an XI, p. 1 1.
(7) Bibl. nat., Joly de Fleury, i3o4, fol. 17. Etat des revenus des prisonniers (1776-1779).
LF.S RF.VFNUS
Dans ce revenu se trouvaient comprises 54 livres paye'es par
THôtel-Dieu sur la fondation F'orget et 200 livres sur le legs
de Beaulieu.
Nous ne comptons pas dans cette cnumcration les secours
extraordinaires accordés pendant les années d'épidémie ou d'inon-
dation, par exemple en 1784. « Aucun prince, dit Taine en parlant
de Louis XVI (i), n'a été plus humain, plus charitable, plus préoc-
cupé des malheureux.,.. On s'adresse à lui, même pour les acci-
dents privés.... Pendant un hiver rigoureux, il laisse chaque jour
les pauvres envahir ses cuisines. Très probablement il est,
après Turgot, l'homme de son temps qui a le plus aimé le
peuple (2). »
Ajoutons la distribution des remèdes, très en faveur depuis la
tin du xvii« siècle (3) ; ils étaient composés à Paris par des méde-
cins charitables et approuvés par le médecin du roi; toutes les
œuvres de charité du royaume pouvaient en profiter. Il se faisait
d'autre part au Jardin royal de botanique (Jardin des plantes) des
distributions de simples pour les pauvres des paroisses pari-
siennes (4).
Il y a encore d'autres essais d'organisation de charité privée : la
Société de charité maternelle, créée par la fille d'un adminis-
trateur de l'Hôpital général, M'"^ Fougeret, née d'Outremont, en
1788 (5), était placée sous la protection directe du roi et de la reine
qui avait accepté le titre de fondatrice ; elle secourait les enfants
légitimes en les préservant de l'abandon et déchargeait non seule-
ment l'hôpital des Enfants-Trouvés, mais encore l'ofiice des
accouchées de THôtel-Dieu, en favorisant les accouchements à
domicile; son budget était assez important ; elle avait obtenu
24.000 livres sur les produits de la loterie royale et recevait des
dons, outre les souscriptions fixées uniformément à 4 livres, ce qui
(i) Ancien Régime, éd. in-12, t. II, p. 160.
12) Voy. Arch. nat., H 1.118, 1419. Secours à diverses provinces et localilcs maliieu-
reuses.
('3| Ces remèdes furent recommandés comme très excellents par l'Assemblée générale (iu
clergé de France de 1670. (Voy. la direction et le secours des pauvres de la campagne
réglés et secourus par les aumônes volontaires des habitants, p. 46, 47, Bibl. nat., R-'
199-208.)
(4) Décret de l'Assemblée nationale déclarant qu'il ne sera plus distribué de drogues au
Jardin des plantes pour les pauvres des paroisses de Paris. (10 sept. 1790.) (Arch. nat., C 44,
n» 408.)
(5) Ses statuts ne datent que de 1789. Les réunions avaient lieu aux Enfants-Trouvés.
Elle était administrée par un comité de dames bienfaitrices, parmi lesquelles se trouvaient
Mme Necker, la marquise de Lafayette, la duchesse de Duras, M""* Lavoisier, etc. (Voy. Bibl.
V. de P., 2» registre de délibérations, 14 janv. 1790-26 mars 1793, mss non coté: Arch.
nat., AD XIV, 12, Compte des 6 premiers mois, et Gille, la Société de Charité maternelle
de Paris: Paris, 1887, in-8».)
206 r/HOTF.r.-niEC au XVIie F.T au XVIIie SIECLE
lui permeiiait de donner des secours de 192 livres, dont 18 livres
pour les couches de la mère, 20 livres pour la layeite, une pension
mensuelle de 8 livres jusqu'à un an, de 4 livres entre un an et
2 ans, une robe de 10 livres. — La Maison philanthropique, créée
en 1780 (i), comprenait dans son conseil d'administration des
gens de haute noblesse et avait également le roi pour protecteur ;
elle possédait un budget important, grâce à la cotisation annuelle
de 4 louis des membres qui étaient au nombre de 633 en 1787, au
droit d'admission de 2 louis imposé à tous, et aux dons et
aumônes des particuliers qu'elle fut chargée de centraliser pendan t
le grand hiver de 1788, où elle put secourir i.5oo pauvres (2). —
L'Association de bienfaisance judiciaire, fondée par l'avocat
Boucher d'Argis, fils du jurisconsulte, encouragée également par
le roi, et dont les membres payaient une cotisation annuelle
de 48 livres, était d'une sphère d'action beaucoup plus res-
treinte '3:.
C'est l'époque où Beaumarchais projette d'installer, dans son
logis de la rue Vieille-du-Temple, l'hôtel de Hollande (4),
un institut de bienfaisance au profit des mères nourrices,
dont il expose le plan dans une lettre aux auteurs du Journal de
Paris (i 3 août 1784]: « Je propose un institut de bienfaisance vers
lequel toute femme reconnue pauvre, inscrite à sa paroisse, puisse
venir, son enfant au sein, avec l'attestation du curé, vous dire: Je
suis mère et nourrice, je gagnais vingt sous par jour, mon enfant
m'en fait perdre douze. Vingt sous par jour font trente livres par
mois: offrons à cette nourrice neuf livres de charité; les neuf
livres que son mari ne donne plus à l'étrangère, en voilà dix-huit
de rentrées. La mère aura bien peu de courage si elle ne gagne pas
huit sous par jour en allaitant: voilà trente livres retrouvées. Mais
où est donc le bénéfice? Sur cent pauvres enfants qui naissent, le
nourrissage étranger en emporte soixante, le maternel en conser-
vera quatre-vingt-dix. Chaque mère aura nourri son fils ; le père
|i) Pcan de Saiat-Gilles, la Maison philanthropique de Paris, histoire de i lo ans
(1780-18901; Paris, 1892, in-i2<' ; — Calendrier philanthropique, publié par la Société,
(années 1786, 1787, 1789) ; — Encycl. méthod. Jurisprudence, X, au mot : Société, comptes
de la maison pour 1788.
(2) Elle reçut, en 1788, 12.000 1. du roi, 20.000 1. de la Compagnie des Indes, 5.oool.
de la Caisse d'escompte.
(3) André-Jean-Baptiste Boucher d'Argis (1750-1794), conseiller au Ciiàtelet de
Paris, De la Bienfaisance dans l'ordre judiciaire ; Londres-Paris, 1788, in-S», 71 p., et
Ferdinand-Dreyfus, l'Association de bienfaisance judiciaire (1787-91), dans Rév. fr.,
14 mai 1904.
(4) Sur l'hôtel de Hollande, voy. Ch. Sellier, Anciens Hôtels de Paris; Paris, 1910,
in-S", p. 93-i3o. Beaumarchais l'avait loué par bail du 9 oct. 1776 au pri.x annuel
de 6.600 1.
207
n'ira plus en prison (pour mois de nourrices non payés] ; ses tra-
vaux ne cesseront plus. Les femmes des pauvres seront moins
libertines, plus attachées à leurs ménages: peu à peu on se fera
une honte d'envoyer au loin ses enfants : la nature, les mœurs, la
patrie y gagneront également. Soldats, ouvriers et matelots en
sortiront de toutes parts. On ne fera pas plus d"enfants ; il s'en élè-
vera davantage. Voilà le mot : il est bien important. Et moi donc,
n'y mettrai-j'e rien ? Quand je devrais encore être traité d'homme
vain, d'ignorant, de méchant et de sot auteur, j'y mettrai tout mon
Figaro ; c'est de l'argent qui m'appartient, que j'ai gagné par mon
labeur à travers des torrents d'injures imprimées ou épistolaires. »
La Comédie-Française, imitant ce zèle, consentit à consacrer à
celte œuvre philanthropique le produit de la So" représentation du
Mariage de Figaro. Pourtant l'entreprise ne paraît pas avoir pros-
péré. La seule mention qu'on en trouve, dans VEtat actuel de Paris
de Watin, de 1788 à 1790, porte a la rue Vieille-du-Temple :
« Hôtel de Hollande. Projet des mères nourrices par M. Caron de
Beaumarchais et dame son épouse. » Du moins elle fut acceptée à
Lyon avec faveur par l'archevêque, M. de Montazet, qui fonda
l'Institut de bienfaisance maternelle, à qui Beaumarchais envoyait
encore en 1790 une somme de 6.000 livres (^i).
Il faudrait ajouter l'argent distribué par l'entremise des loges
maçonniques qui se multipliaient, etoùles sentiments de fraternité
conviaient à l'assistance du prochain. « Le but que nous poursui-
vons, dit une circulaire officielle du Grand-Orient, datée de 1 776 (2),
consiste à établir entre tous nos prosélytes une communication
active de sentiments de fraternité et de secours en tout genre ;
à faire revivre les vertus sociales, à en rappeler la pratique,
entin à rendre notre association utile à chacun des individus
qui la composent, utile à l'humanité même. » En 1787, à
la suite de l'arrêt du 22 juin approuvant la fondation de 4 nou-
veaux hôpitaux, le Grand-Orient envoya une circulaire aux
loges maçonniques pour les inviter à participer à la souscrip-
tion publique, qui devait atteindre, en quelques mois, 2 millions
de livres (3).
(il L. de Loménie, Beaumarchais et son temps: Paris, i856, 2 vol. in-8", t. II, p. 36i.
Citons encore comme exemple de charité privée celle du médecin Brayer, rapportée par
Mercier (IV, 80), qui tous les premiers jours du mois portait en caciiette à son curé pour
les pauvres honteux de sa paroisse un sac de i.ooo 1., ce qu'illil pondant i5 années consécu-
tives. En 1778, le Journal de Paris, devenu « le héraut» des iufortunes privées, avait
ouvert une rubrique : « de la bienfaisance ».
(2) Citée par Ch. Bernardin, Ilisl. de la Fr.-.\Iaç. ; Xancy, 1910, in-8», p. 42.
(3j L. Lallemand, o. c, t. IV, i'» partie, 1910, p. 483.
208 I.'HOTEL-Dir.r AV XVIIf ET AU XVIII« SIIXLE
Arrivons maintenant aux hôpitaux. Nous possédons une éva-
luation de leur revenu annuel pour Tannée 1754 (i :
livres
Hôtel-Dieu 3.004.500.
Petites-Maisons et Grand Bureau des pauvres. . . 1.060.000
Trinité Sao.ooo
Incurables i.i35.ooo
Enfants-Trouvés i .o36.ooo
Charité 3 13.640
Hôpital des convaiescent-s 32 000
, Quinze-Vingts 392.000
Miséricorde 167.000
Saint-Esprit et Enfants-Rouges i5o.ooo
Hospitalières rue Mouffetard \
— place Royale f ^
c^ ■ r- , ■ } 060.000
— Sainte-Catherine (
— Saint-Gervais
Total !S. 580.340
Dans cette évaluation, les quêtes comptent pour 640.000 livres
à l'Hôtel-Dieu et 36. 000 livres à la Charité ; les remboursements
de frais de séjour des malades de l'Hôpital général à THôtel-Dieu,
pour go. 000 livres, et celui des gardes-françaises ou suisses par
le trésorier des guerres, pour i2.5oo livres à THôtel-Dieu et
7.640 livres à la Charité.
Si nous comparons ces chiffres avec ceux qui sont fournis par
le Comité de mendicité, et publiés en annexe du Rapport sur la
nouvelle distribution des secours proposés dans le département de
Paris, en 1791 (2), nous constatons une baisse énorme. Voici d'ail-
leurs ce tableau, qui comprend d'autres établissements:
(i) Bibl. liist. V. de P., ms. 18937, « Mémoires concernant les hôpitaux de la Ville de
Paris et des maisons de force du royaume ». Le titre porte faussement l'indication 1743 il
s'agit, comme le prouve le te.xte, de l'année 1734. Le i" vol. manque. Le même, complet,
se trouve à la Bibl. du Sénat, ms. 948.
(2) Paris, Impr. nat., p. 34.
LKS RFsVKNTS
ÎO9
ÉTABLISSEMENTS
REVENUS
NOMBRE
ir.vssiSTÉs
Hotel-Dieu "
livres
1 .3oo.oot)
3.600.000
I .000.000
400.000
200.000
34.000
24.000
3o.ooo
42.000
3o.ooo
43.000
16.000
33.000
35o.ooo
52.000
24.000
10.000
3 6. 000
2.5(io
10.000
1 3 . 000
426
208
22
16
128
22
20
16
43
376
Hôpital des convalescents
Maison royale de Santé (La Roche-
foucauld) .....
Hôpital de Charenton . . .
Hospice Saint-Sulpice (Necker) ....
Hospitalières place Royale
— de la Roquette
— Saint-Mandé
— rue Mouffetard ......
Petites-Maisons et Trinité
Taxe des pauvres du Grand Bureau . .
Hospice des écoles de chirurgie. . . .
Hospice Saint-Jacques (Cochin). . . .
Totaux
7.226.000
28.789
Une note ajoute : « Il existe encore beaucoup de maisons dont le
Comité n'a pas pu se procurer les revenus. Il est assuré qu'avec les
charités fondées le revenu total excédait 8.000.000 de livres. « Le
Comité avait au moins essayé de faire dresser le tableau de ces
fondations ; il se trouve actuellement aux Archives nationales,
accompagné d'une lettre d'envoi de la municipalité de Paris
département des établissements publics) du 28 février 1791 aux
administrateurs du Bureau de l'Agence générale des biens natio-
naux pour leur demander de le vérifier et de le compléter (i). Cet
état comprend trois hôpitaux qui ne sont pas portés sur la
liste imprimée du rapport du Comité, les Quinze-Vingts, avec une
dotation de i5o.ooo livres, l'hôpital Saint-Jacques, 44.000 livres,
et l'hôpital Saint-Anastase et Saint-Gervais, 36. 000 livres. Il faut
noter également que le revenu des établissements d'hospitalières
est marqué pour une somme supérieure à celle qui est portée sur
l'état imprimé ; ainsi les Hospitalières de la rue Mouffetard figurent
pour 62.000 livres. Cette liste comprend aussi les orphelinats et
les refuges.
(1) Arcli. nai
., S 7o3i-7o52
2IO L HOTF,T,-l)IEU AU XVII" ET AU XVIIF SIKCLF.
Ainsi mis à sa place, au milieu des institutions d'assistance qui
se sont développées de tous côtés, THôtel-Dieu ne nous apparaît
plus comme un établissement privilégié, mais comme un rouage
d'une machine déjà complexe. Non seulement beaucoup de
choses se font en dehors de lui, mais l'activité charitable se porte
résolunient à d'autres œuvres. Si nous avons pu montrer, comme
conclusion de notre premier chapitre, une sorte de rayonnement
moral dû à son antique renom, nous sommes obligés, comme abou-
tissement de cette seconde étude, de constater un déficit et un
désordre croissants dans ses finances. Institution vieillie, à l'étroit
dans son domaine, il nous apparaît sur le point de faillir à sa
mission. Il serait inexact de dire, avec beaucoup, que la Révolu-
tion l'a ruine. Il marchait déjà à la banqueroute.
CHAPITRE m
LES BATIMENTS
PROJETS d'agrandissement AU XVI» SIÈCLE. — 1" RECONSTRUCTION DES SALLKS
(l6lO)l — 3° CONSTRUCTION DE SAINT-LOUIS. — 4° LES MAISONS DE SANTÉ SAINT-
MARCEL ET SAINTE-ANNE. — 5° RÉPARATIONS ET TRANSFORMATIONS AU XVII" SIÈ-
CLE.— 6» LA CHAPELLE. — 7° LES CIMETIÈRES i Ics Iiinocents, la Trinité,
Clamart. — 8° les constructions du xviip siècle : le bâtiment Saint-Charles
(1714-1719), les greniers à blé (1722), le bâtiment des archives. — 9° les
INCENDIES DE 17^7^ 1742, 1772. 10" LES PROJETS DE RECONSTRUCTION A LA
VEILLE DE LA RÉVOLUTION.
Comment Taniique hôpital Saint-Christophe fut transformé
par Maurice de Sully en un nouvel Hôtel-Dieu, entre 1 165 et 1 195,
sur le parvis de la cathédrale réédifiée, en même temps que le
cloître et le palais épiscopal ; comment les constructions primitives,
c'est-à-dire la chapelle et la salle Saint-Denis furent complétées
au xiii^ siècle parla salle Saint-Thomas, vers 1210, par celle de
rinfirmerie, entre 1225 et i25o, par la salle Neuve et la chapelle
du Petit-Pont, entre i25o et 1260, c'est ce que M. Coyecque a
montré dans son tableau de THôtel-Dieu du moyen àge(i), oeuvre
de rÉi^lise, élevé au cœur de Paris, entre la Ville et l'Université.
Nous allons maintenant voir comment la Maison-Dieu du
moyen âge, qui ne reçut jusqu'au xvi'= siècle que des accroisse-
ments secondaires, s'est transformée et agrandie de manière à
devenir l'Hôtel-Dieu des xvii'- et xviii« siècles, ce monstrueux édi-
fice où s'entassait une population dépassant parfois 3. 000 âmes;
comment l'obligation de répondre aux besoins d'une ville nouvelle
a ramifié les bâtiments qui poussaient des tentacules de toutes
parts comme un -arbre congestionné, jusqu'au jour où 1 incendie.
(I) Coyei;que, o. c, p. i55 et sqq.
I. HOTEL-DII- r AT XVII'' KT AT XVIir SIIXLK
puis la Révolution, vinrent jeter bas le chêne antique et
mémorable.
PROJETS D'AGRANDISSEMENT AU XVI"^ SIECLE
Il faut remonter au début du xvi« siècle pour signaler le pre-
mier projet d'agrandissement de THôtel-Dieu en présence de
l'exiguïté des bâtiments qui ne sont plus en rapport avec l'accrois-
sement de la capitale.
A l'assemblée du Bureau de la Ville du 3o novembre i5i5, la
question de l'agrandissement de l'Hôtel-Dieu fut agitée, à la suite
d'une première réunion tenue dans la Chambre du Conseil au
Palais, et où le président Briçonnet, l'un des administrateurs, prit
la parole pour démontrer « qu'il estoit très requiz et necesse^-e, pour
le bien commun de la Ville de Paris et frequentans en icelle, de
pourveoir de logeiz aux povres mallades que journellement l'on
admenoit de toutes pars en grant nombre à l'Ostel Dieu de Paris,
pour ce que le logeiz et demeure dud. Hostel Dieu est si petit et
contrainct que souventes fois convenoit recevoir et loger indiffe-
ranment les ungs avecques les autres, tant attains de malladies
contagieuses, que autrement, qui estoit cause d'abréger la vie à
plusieurs et danger que, de l'infection qui en povoit venir, le péril
ne s'estendist sur les habitans de la ville ».
Pour remédier h cette situation, il proposa « de faire ung pont
de pierre sur la rivière de Seine joignant aud. Hostel, sur lequel
pont seroient faiz ediffices et bastimens à deux estaiges:le premier
serviroit aux mallades ordinaires, et le second à y mettre les
mallades contagieux ». Pour l'exécution de ce plan, on comptait
sur les aumônes des « bons et notables bourgeois », sur les
pardons et les indulgences du pape, et sur la grâce de Dieu. Après
en avoir délibéré, le Bureau conclut que « Teuvre est très cheri-
tableet requiert bien provision; toutes fois pour plusieurs doubles
d'inconveniens touchans le lieu predict de fonder bastiment
dedans la rivière et dedans la ville^ a esté dit que Mess"^* de la
Ville, appeliez avecques eulx aucuns bourgois et gens en ce
congnoissans, se transporteront sur les lieux où l'on vouldroit
fonder led. eslargissement pour les veoir et considérer si
d'ediffice y seroit point préjudiciable» (i). On se livra donc
à une enquête de commodo et incommodo.- A l'assemblée
(i) Reg. dcUb. du Bureau de l.i Ville, Paris, Imp. nat., i883, in-4<', t. I, p. 226.
LES BATIMENTS 2 I 3
du 4 juin i5i6, on convoqua le procureur géne'ral du roi
en la Cour des Aides, le lieutenant de la Ville, les repré-
sentants des «maîtres des ponts de Paris» et des « marchands
voituriers par eau ». Ces derniers tirent des objections très
sérieuses sur les obstacles que causeraient à la navigation
déjà très chargée du bras de Seine l'établissement d'un nou-
veau pont. Les autres parlèrent dans le même sens ; ils
reconnurent la nécessité d'agrandir l'Hôtel-Dieu, mais avant
tout celle de sauvegarder les intérêts de la Ville et « de la
Marchandise de l'eau ». L'un d'eux indiqua qu'il y avait à
l'Hôtel-Dieu « les chambres du roi et autres ediffices qui à
présent ne servent de rien» (i); un autre proposa d'acheter
au Chapitre une maison située près de l'hôpital, et de
« se servir de l'ostel neuf où sont partie des grains de la
maison », également voisin. Tous furent d'accord pour em-
pêcher l'enregistrement des lettres royaulx impétrées au Par-
lement par les administrateurs de l'Hôtel-Dieu. Le projet fut
rejeté.
Le i3 août iSig, des lettres patentes signées par François P""
permirent de construire près de l'hôtel de Nesle et du Pré-aux-
Clercs une maison destinée aux pestiférés, mais, faute d'argent, ce
projet n'eut de même aucune suite (2).
En i532, la situation étant toujours aussi lamentable,
l'Hôtel-Dieu obtint du Parlement, par arrêt du i«r février,
l'autorisation d'échanger la maison du « Chat qui pêche »,
au coin de la ruelle des Sablons, du côté de la rue du Petit-
Pont, sur la rue du Marché-Palu, contre un autre immeuble
dans Paris, pour la convertir, ainsi qu'une maison adjacente,
propriété du Chapitre de la Sainte-Chapelle, « en une salle
neufve pour y loger et héberger les povres malades gisans en
icelluy Hostel-Dieu en grant nombre » (3). Cette dernière
ne fut construite toutefois qu'en i535, grâce à la généro-
sité du chancelier et légat en France du pape Clément VH,
(1) 11 s'agit sans doute du « corps d'ostel » que Louis XI avait fait élever par maître
Hébert en 1470, et qu'on trouve mentionné dans un acte du 12 janvier '4791 « ces cliam-
bres que le feu Roy avait fait faire », et qui en effet ne servirent jamais à rien. (Coyecque,
o. c, I, 169.)
(2) On lit en effet dans les lettres patentes du i3 dcc. 027 : <• Et que pour le présent
nous pouvons faire procéder à la continuation dudit édifice de la Charité pour nos autres
grands et urgens affaires, comme dit est, et que nous avons été advertis que au mo'ien
de la contagion qui pourroit être audit hostel de la Charité durant les temps de peste, en
pourrait advenir inconvénient en nostre hostel et chastcl du Louvre qui nous tourneroit
à grand préjudice. »
(3) Arch. nat., Xla i335, fol. 83 v».
2 14 L HOTF.L-DIKU AT XVII<- ET AT XVH:'? SIKCLR
Antoine Duprat i). Elle comprenait loo lits du prix de iio sols
tournois chacun, en bois de Montargis, de 6 pieds de long sur 4 de
large, à dossier de 4 pieds de haut, à panneaux pleins et le tout
'( enchassillé », et à jour par-dessous ; sur le chevet était « un ais
de 6 pouces de large pour le service des pauvres » et, sur toute
la longueur, « une petite forme qui se estera pour reposer les
dits pauvres ». Cette salle qui reçut le nom de salle du Légat fut
décorée de 3 autels, de trèfles aux lambris, et des écussons du roi
et de a Mci" le Légat aux tirans de la salle, à l'endroit des pénis-
sons ».
En 1548, FHôtel-Dieu projeta de faire un « sanitat » sur la
rivière. Il demanda à la Ville de lui concéder les maisons qui se
trouvaient sur le Petit-Pont. A l'assemblée du 6 juillet, le
Bureau de la Ville refusa, prétextant que « THostel-Dieu est
scitué au meilleu de la Ville, comme le cueur au meilleur de
l'homme, qui, au moyen du mauvais air ordinaire estant en
icelluy, peult infecter tout le reste du corps et tous les mem-
bres et endroitz d'icelle Ville ; aussi, s'il estoit permis faire
led. accroissement, ce seroit mys du boys au feu, du venyn avec
du venyn », et le Bureau proposa d'établir ce sanitat dans Tile
Maquerelle, ou autre lieu hors la Ville, « comme es autres villes
du royaulme » (2).
Les administrateurs pensèrent alors à s'agrandir du coté
opposé, vers le jardin de l'évéché et du Port l'Évéque. A l'assemblée
du Bureau de la Ville du i3 janvier i562 (3), ils avaient reçu
toute faculté « pour achepter de Mons^ de Paris au Chappitre
de Paris le lieu sur lequel le pourtraict [présenté] a esté faict pour
Tacroissement dud. Hostel-Dieu de Paris, et le faire bastir à leurs
despens selon led. pourtraict ». Mais le Chapitre se refusa à cette
combinaison ; un procès s'engagea à ce sujet. Le 9 septembre iSjS
seulement, le Chapitre délégua 2 chanoines pour négocier
l'échange de ses maisons du Port l'Évéque contre d'autres mai-
sons du Port Saint-Landri, propriété de l'Hôtel-Dieu (4). Les trac-
tations duraient encore au début du xvii<^ siècle.
(i) Voy. Corrozet, o, c, éd. Bonfons, in-i6, i586, p. 157 v°, et marquis du Prat, Vie
d'Antoine du Prat; Paris, iSSy, in-8.
(2) Reg. des délib. de la Ville, t. III, p. i3i. Ces maisons du Petit-Pont d'ailleurs
menaçaient ruine, et un arrêt du Parlement du 8 avril i53i ordonna leur démolition, en
même temps que l'H.-D. obtenait « pour la santé et commodité des povres malades et
angustie d'icelluy », qu'elles ne fussent point rebâties, ainsi que le proposaient les prévôt
des marchands et échevins.
(3) Reg. délib. de la Ville, t. V, p. 1 13.
(4) Arch. nat., LL 263, p. 704, LL 265, p. 4.
LES BATIMENTS 2 I 5
RECONSTRUCTION DES SALLES ^ùio)
Après les ruines semées partout par les guerres de religion, le
règne de Henri IV devait être un règne réparateur. Lorsque la
sécurité fut revenue dans les villes comnieTa paix dans les esprits,
on se mit à bâtir. A Paris, tandis que les échevins reprenaient les
constructions de THôtel de Ville resté inachevé (i), les adminis-
trateurs de THôtel-Dieu songeaient de nouveau à restaurer et à
agrandir riiôpital. Dès le mois de mai iboi, ils se réunirent pour
« faire la Visitation du péril éminent qui est aux salles de l'Hôtel-
Dieu » (2). Une commission fut nommée, composée des adminis-
trateurs, du charpentier, du médecin, du chirurgien, du maître,
de la prieure, et des cheftaines (3). L'œuvre la plus pressée était
la réfection de la partie du bâtiment qui donnait sur le petit bras
de la Seine, en particulier de 6 arcades supportant la salle Saint-
Thomas, dont la démolition et la reconstruction furent décidées.
Pendant la durée des réparations, une partie des salles fut
fermée, et on prit des mesures pour que les travaux particulière-
ment délicats ne gênent pas trop les malades (4); pour la réfection
des salles surplombant la rivière, il fallut établir des batardeaux et
faire des fondations dans le lit du fleuve, de manière à construire
les piliers qui supportaient les bâtiments. Le Bureau s'entoura
pour cette œuvre de toutes les compétences nécessaires ; en même
temps qu'il confiait le soin des constructions à Claude Vellefaux,
que nous retrouverons bientôt à la tête de plus importants travaux,
il demandait l'avis de Guillaume Marchant, de F'rançois Petit, de
Pierre Guillain, « jurés du roi en l'office de maçonnerie » (5].
Ces batardeaux et pilotis furent l'œuvre du charpentier de la
maison, Cl. delà Champagne (6). Les vitres historiées qui se trou-
vaient à la fenêtre du pignon, au bout de l'ancienne salle Saint-
Thomas, furent replacées dans la nouvelle salle, et on y ajouta les
armes du roi, de la reine et du dauphin (7). Cette réfection fut
(i) Les chantiers furent réouverts en i6o5 ; les travaux devaient se prolonger jusqu'en
1628 ; on dut exproprier à cet effet une partie de l'hôpital du Saint-Esprit. [Délib. de la
Ville, août 1607, et Arch. nat., Q' 1246.)
(2) Délib. II mai 1601, reg. 10, fol. 3i8.
(3) Délib. 20 févr. 1602, reg. 11, fol. 21.
(4) Délib. 20 févr., 3i mai 1602, reg. 11, fol. 21,43.
(5) Délib. 22 juLn, 10 juill.' 1602, reg. ii, fol. 47-52. Vellefaux fut payé au prix do
i5 écus la toise pour la grosse maçonnerie.
(6) Délib. 7 mars, 11 juill. i6o3, reg. 11, fol. 116, 146.
(7) Délib. 28 mai, 23 juill. i6o3, reg. 11, fol. i34, i5o.
2l6 l/HOTEL-DIF,r AT XYII"' ET AU XVriF SIECLE
complélée par la construction d'une galerie allant du dortoir des
religieuses au grenier de la salle du Légat (i), et d'une voûte en
moellons et plâtre, entre les arcs de piierre de taille qui existaient
déjà dans cette dernière salle (2). Ce n'est qu'au mois de mars 1609
que la salle Saint-Thomas fut pavée de carreaux, achetés à raison
de I o5 sous par toise à.Perignon, maître potier de terre à Paris (3).
Une inscription en lettres dorées sur marbre noir, adossée à l'apo-
thicairerie, au-dessus de la menuiserie, sur le mur du bâtiment
faisant lace au parvis, rappelait ces travaux. Elle était ainsi conçue :
« Monument de reconnaissance pour les bienfaits de Henri IV qui
a fait reconstruire le bâtiment dont la caducité avait occasionné la
ruine » (4). Ce n'était que justice à l'endroit d'un souverain qui,
selon le Mercure français, « se delectoit aux bastimens », et dont
le même ouvrage disait : « Si tost qu'il fut maistre de Paris on ne
veid que maçons en besongne. »
CONSTRUCTION DE SAINT-LOUIS
Les épidémies de peste qui marquèrent la fin du xvi^ siècle et
le début du xviie siècle avaient démontré notoirement l'insuffisance
de l'Hôtel-Dieu comme hôpital unique pour la capitale, et, d'autre
part, l'établissement enserré entre le fleuve et Notre-Dame trouvait,
nous l'avons vu, des obstacles à tous ses projets d'agrandissement.
Il fallait chercher d'autres solutions. On se décida pour la construc-
tion d'annexés dans la banlieue. Dès le mois de mai 1607, parut
l'édit qui permit la création de l'hôpital Saint-Louis. Après avoir
conféré avec le prévôt des marchands et les échevins, et discuté
en Conseil, Henri IV accordait à l'Hôtel-Dieu un octroi de
10 sols sur chaque minot de sel débité dans les greniers de la
généralité de Paris, dont 5 sols à perpétuité et 5 sols pour une
période de i5 ans à partir du i" octobre 1607, à condition de
construire un bâtiment destiné aux malades de la « contagion ».
hors des faubourgs, du côté de la ville Saint-Denis, à mettre en
(1) DOlib, 14 janv. 1604, reg. ii,f<>l. 204.
(2) Tous ces travaux, selon le règlement du i3 juill. i6o3 sur les bâtiments, furent mis
en adjudication ; le prix fut de 9 1. la toise. (Délib. 9 mars 1607, reg. 11, fol. 486.)
(3) DC'lib. i3 mars 1609, reg. 12, fol. 129.
(4) Pour le payement de ces travaux, l'H.-D. avait obtenu le bénéfice de diverses
amendes. (Cf. Noël Valois, Arrêts du Cons. d'État, 2 vol. in-4<', t. II, p. 3o9, arrêt statuant
sur les procès pendants entre Jean de Moisset, contrôleur général de l'argenterie, Daniil
Gallières, et M» Pierre Moynier, receveur général des gabelles du Lyonnais, condamnant
ledit Gallières au payement dune somme de 3. 000 livres qui sera employée aux répara-
tions des bâtiments de l'H.-D. de Paris et du couvent de l'Ave-Maria, 21 mars 1606.)
•s RATIMF.NTS
état la maison de Saint-Marcel, et à faire les réparations nécessaires
dans les salles destinées aux pestiférés ; en môme temps l'Hôtel-Dieu
se trouvait chargé de toutes les mesures prophylactiques à prendre
en cas d'épidémie, et en particulier du payement des deux prévôts
de la santé, de leurs archers et des deux chirurgiens chargés de
visiter les malades à domicile.
C'est dans l'espace compris entre la rue du Carême Prenant au
sud, le chemin de Saint-Maur au nord, le chemin de Meaux à
l'ouest, et celui de Belleville à l'est, que fut choisi l'emplacement
du nouvel hôpital. Le terrain était élevé au-dessus du niveau de
la Ville, à mi-côte de la montagne de Belleville qui l'abritait au
nord. Il ét^it suffisamment éloigné des remparts, qui n'étaient plus,
à cette époque, que des remblais de terre sur lesquels s'étaient
établis quelques moulins et quelques bicoques (i). Il n'y avait dans
le voisinage immédiat aucune habitation ; les plus proches étaient
celles qui s'étaient groupées autour de l'église Saint-Laurent et for-
maient le faubourg du même nom, puis à l'ouest et à l'est les petites
maisons disséminées dans les vergers de la Counille. Deux routes
principales y donnaient accès, le chemin de la Courtille (2),
partant de la porte du Temple, pour se diriger vers Belleville, et le
chemin de Saint-Laurent (3), partant de la porte Saint-Martin ;
quelques chemins, unissant ces deux routes, les coupaient transver-
salement, la rue des Marais, vers les remparts (4), la rue du
Carême-Prenant, au-dessus, et plus loin, à mi-côte, le chemin
de Saint-Maur n^aboutissant pas directement au chemin de Saint-
Laurent, mais rencontrant une autre route, le chemin de Meaux,
plus tard le chemin de Pantin (5), qui conduisait à Montfaucon.
A mi-côte de la montagne de Belleville se trouvaient les
carrières à plâtre qui allaient fournir les matières premières
pour la construction de Saint-Louis (6). Au sud, en appro-
chant des remparts, s'étendaient des terres basses, humides,
traversées par le ruisseau de Ménilmontant, appelées le Marais, et
(1) A l'est de la porte Saint-Martin se trouvait, du côté de l'emplacement de Saint-
Louis, un haut monticule de terre, surmonté de moulins à vent : c'était le reste de l'enceinie
de Charles V construite vers i35o, et qui suivait à peu près l'emplacement des boulevards
actuels de la Bastille à la porte Saint-Denis.
(2) Rue du Faubourg-du-Temple.
(3) Rue du Faubourg-Sainr-Martin.
(4) Rue des Marais actuelle.
(5) Rue de la Grange-au.\-BeIles.
(6) On voit, en se reportant a la carte géologique de G. Dollfus, que l'emplacement de
l'hôpital Saint-Louis se trouve sur un filon de marnes encadré par deux couches, l'une
au sud de sables et grès de Beauchamp, l'autre au nord de sables gypseux et de marnes.
Puis toute la colline de Belleville forme un vaste dépôt de gypse.
2l8 i/kOTEL-DIKT au XVIie ET Af XVIIF SIKCLF.
OÙ 011 cultivait des légumes pour l'approvisionnement de Paris (i;.
La plupart des terrains qui se trouvaient du côté du chemin de
Meaux appartenaient aux religieux de Saint-Lazare qui possé-
daient trois groupes principaux de terres dans ces parages : le !«■•,
délimité parla rue de Paradis, le chemin des Poissonniers (2), la
chaussée de la Chapelle à Paris, et le chemin de Clignancourt à
la Chapelle (3), comprenant la maison et son enclos; le 2*, com-
prenant Téglise, le presbvtère, la foire et le cimetière Saint-
Laurent ; le 3*^, la niaison des Récollets dans le champ des
Vinaigriers et les terrains de Saint-Louis.
Du côté de la Courtille et du Carême-Prenant, les terrains
appartenaient à divers cultivateurs et bourgeois de Paris ; ils étaient
dans la censive du Chapitre de Notre-Dame (4) et dans celle de
Saint-Martin-des-Champs (5).
Les acquisitions ne se firent pas en bloc, mais successivement.
La superficie des terres achetées fut d'environ 27 ou 28 arpents ; la
dépense s'éleva à 6.740 livres [6).
Henri IV, que sa mort prématurée empêcha de réaliser le projet
d'embellissement qu'il avait fait pour la Ville, à l'est de l'enclos du
Temple '7), fut plus heureux pour l'hôpital Saint-Louis. Il put voir
le monument presque terminé. Divers plans en effet avaient été
dressés sur les ordres des administrateurs, et l'un d'eux, Sainctot,
s'était rendu à Fontainebleau pour les soumettre au roi ; celui qu'il
avait choisi figure encore aux archives de l'Assistance publique,
exécuté sur parchemin, et visé par Maximilien de Béthune, duc de
Sully, avec l'inscription suivante: « Le roy ayant veu les trois
plants qui lui ont été représentés pour la maison de Santé, a
ordonné que le présent sera suivy. — Fait à Fontainebleau par
Nous, grand Voier de France, Maximilien de Béthune. » — Dans
la Topographie française de Claude de Chastillon, « topographe
ingénieur du roi », publiée en 1648, figure un fort beau dessin de
(i) G. Villain, Rapport au Conseil municipal pour la construction de la mairie du
10° arrondissement, iSgb, in-4°.
(2) Rue du Faubourg-Poissonnière.
(3) Boulevard de la Chapelle.
(4) Arch. nat., reg. cap., LL 169, p. 5, 19 janv. 1608 : « Communicabitur cum consilio
quoad nonnullas terras per dominos urbis et gubernatores Domus Dei emptas pro cons-
tructione Domus sanitatis in censiva Dominorum existentes, pro conservatione jurium
Dominorum. •>
(3) Arch. nat., déclaration des terres de la censive de Saint-Manin-des-Champs, datée
de i532, et Seine, 2» classe, n° 78, plan de 1710. (V'oy. Tanon, Hist. des justices des an-
ciennes églises et communautés de Paris ; Paris, i883, in-8°, p. 270.)
(6) Les terres situées dans la censive du Chapitre (cens commun) sont grevés de 10 d. t.
de cens par arpent, payables aux octaves Saint-Denis ; dans la censive de Saint-Martin-
des-Champs, le taux de cens est plus élevé.
(7) Sauvai, o. c, t. I, liv. 6, p. 632, et Arch. nat., S 5 101,
r.FS BATIMENTS
219
l'édifice tel qu"il devait être, une fois entièrement fini, mais rien
n'autorise à penser qu"il soit lui-mcme l'auteur du plan original,
comme on l'a souvent prétendu au xvip siècle. Nulle part, en effet,
dans les registres de délibérations, ne se trouve mentionné le nom
de Claude de Chastillon.
Claude "Vellefaux, d'après certains auteurs ( i), n'aurait été que
l'entrepreneur. Cette opinion s'appuie sur le texte d'une légende,
entourant une estampe de la Bibliothèque nationale, datée de 1641,
éditée par Poinsart, graveur, rue Saint-Jacques, « aux Espics
murs », et dont voici le passage significatif: « Dès l'entreprise
de cet ouvrage, la direction et surintendance en fut commise
aux maistres, gouverneurs du grand Hostel Dieu Notre Dame
de Paris qui prirent la charge de faire payer les massons, char-
pentiers, menuisiers, serruriers et vitriers qui y gangnèrent pour
la plus part, pour le service qu'ils y rendirent avec assiduité,
leur maîtrise. Ces très dignes directeurs estaient alors, messire
Achille de Harlay, premier président en la Cour de Parlement,
mess. Mathieu Marcel, Nicolas Hannequin, Robert des Prés, Pierre
Saincthault, Jean Perrot, Pierre Parfaict, et le sieur Claude Velk-
faux, voyerde Saint-Germain-des-Prez, fut l'architecte et conduc-
teur de tous les bastimens conformément au dessein qui lui en fut
fourny par le sieur Claude Chastillon, très célèbre ingénieur et
topographe du Roy, qui est celui même qui en a si curieusement
désigné la présente figure ;2]. » Claude de Chastillon s'est acquis
une célébrité légitime comme auteur de la place Royale (3).
On peut, sans diminuer sa réputation, restituer Saint-Louis à
\'ellefaux.
Dès le début de 1608, on pose les fondations ;'4), et on s'occupe
de faire des marchés avec les divers entrepreneurs qui doivent
concourir aux bâtiments, les charpentiers, Antoine le Redde et
Jean Desfossés (5), le menuisier, Jean le Pas, le serrurier, Jean
Brotonne(6), le vitrier, Michel Noël, le plombier, Henri delà Rue,
(1) Arch. de la Seine, coll. Lazare: l'Hôfilal Saint-Louis, quel en a été l'architecte ?
(2) Une autre « élévation » de l'hôpital qui se trouve également à la Fiibl. nat., cabinet des
estampes, porte en suscription : «construit l'an 1608 par C. Chastillon, chaalonnais ». .Mais
cette note n'a aucune valeur.
(3) L. Lambeau, la Place royale; Paris, 190S, in-S", p. 172, 175.
(4) Délib. 28 mars 1608. Visite des administrateurs Desprez, Perrot et Sainctot. Toutes
les délibérations concernant Saint-Louis et Sainte-Anne sont réunies dans deux registres
de délibérations spéciales que nous nous contenterons de citer une fois pour toutes.
(5) Contrat du 3 déc. 1607.
(6) Contrat du 16 juin 1608: marché au prix de 10 1. par cent de fer, sauf pour les
ouvrages de la chapelle qui lui seront payés au prix de ceux des églises des Cordeliers et
des Capucins.
L HOTKL-DIFU AU XVII»' KT AU XVIIie SIKCLE
le couvreur, Jean Camuset (i), etc. Claude Malingre (2) prétend
qu'il y eut à la fois jusqu-à 200 ou 3oo ouvriers au travail. Plusieurs
fournisseurs furent assignés devant le prévôt de Paris, pour mal-
façon ou inexécution des marchés, ainsi le menuisier (3), et le
charpentier. Enfin, le 19 juin 1609, on accorde 12 livres aux
maçons qui ont « planté le mai » le jour de l'Ascension.
La chapelle, dont le gros œuvre était terminé dès la fin de 1 608,
est ouverte au public le jour de la Saint-Louis, 25 août 1609. Les
portes étaient en bois de chêne de Montargis (4), les vitraux de
Toussaint Leblond et de Louis Pinaigrier (5), les cloches d'Antoine
le Moine, fondeur ordinaire du roi à l'Arsenal (6), les sculptures en
pierre de Tonnerre, de Nicolas de Cambrai, maître sculpteur, rue
Saint-Denis (7). Quant à « l'argenterie », elle provenait de la
confrérie des changeurs (8) qui venait de s'éteindre. Trois ins-
criptions en marbre noir furent placées sur le portail (9).
En 16 18, la décoration de l'autel et du tabernacle fut confiée à
Henry Pavillon, maître peintre à Paris, et coûta i3o livres; les
figures, colonnes, lanternes, balustres, vases, consoles, étaient
d'or bruni, et le surplus d'or mat (10). En 1628, une chasuble de
velours violet avec son étole fut donnée par une dame Ménage, en
mémoire de son fils, décédé à Saint- Louis, pour servir tous les ans
le jour de la Saint-Louis. En 1639(11), M^^e de Bassompierre donna
un soleil d'argent de 2 marcs ; un inventaire daté de 1671 indi-
que 14 tableaux (12). La chapelle, enfin, avait un clocher bâti
postérieurement, et réparé en 1671, les pluies ayant « gâté la
charpente, faute d'y avoir des abajours (i3) ».
Dès son ouverture, elle bénéficia des privilèges pontificaux.
Une bulle du pape Paul IV, datée de 1608, accordait l'indulgence
plénière aux personnes qui la visiteraient le dimanche qui suivra
(1) Marclié du 16 juill. 1608, au prix de 10 1. 10 s. la toise.
(2) Annales de la Ville de Paris, 1640, in-fol.
(3) Délib. 5 déc. 1608.
(4) Délib. 8 mai 1609.
(5) Délib. 22 févr. 1609. Ils représentent le crucifiement et les portraits du roi et de la
reine. D'après le toisé fait par Claude Vellefaux le 16 oct. 1609, il y avait aux croisées
162 pieds de verre peint, à raison de 5o s. le pied, et 176 pieds de bordure peinte à raison
de 25 s. le pied ; le tout fut payé 770 1. 17 s. g d.
(6) Délib. !"■ juillet 1609, marché au prix de 66 1. le cent. (Voy. Fosseyeux, Inventaire
des Objets d'art; Paris, igio, in-8», p. 62.)
(7) Délib. 3 juill. 1609. Les 3 statues hautes de i m. et payées 90 1. représentaient
la Vierge, saint Louis et saint Jean-Baptiste.
(8) Ord. du 6 août 1609, d'après Félibien, o. c, Preuves, III, 46.
(9) Voy. le texte dans Du Breul, o. c, iiv. 111, p. 747.
(10) Délib. i5 juin 1618.
(i i) Délib. 23 nov, 1639.
(i2j Délib. i3 mai 1671.
(i3) Arch. A. P., liasse 62.
LES BATIMENTS
le Jour de la Saint-Louis. Alexandre VII confirma ces indulgences
en les transportant à la fête même de la Saint-Louis (i). Nous
savons qu'au xviii^ siècle la procession delà paroisse Saint-Laurent
s'y rendait le jour de la Fête-Dieu (2), et celle de Saint-
Eustache, le jour de Saint-Marc.
La chapelle avait été ouverte avant la fin des travaux. Le
17 décembre 1609, une commission composée des administrateurs
Josse, Tanneguy, Desprez, Sainctot, de La Haye, Parfaict, du
maître, de la sous-prieure, de trois religieuses, du greffier, de
Vellefaux et des entrepreneurs, se rendit sur place, pour décider
de l'attribution des pavillons annexes. Les salles étaient presque
achevées.
L'année 1610 fut encore une année de grande activité; tout
devait être terminé pour le 3i décembre ; il n'en fut rien. On com-
mença seulement en octobre le pavillon royal qui devait former
l'entrée du côté de la Courtille. Il restait à faire d'importants
travaux de terrassement, en particulier à combler les plâtrières
et carrières voisines dont on s'était servi. Les grands perrons
permettant de monter aux salles hautes étaient terminés en
novembre 161 1. Le i^'" mars 161 1, les taverniers et cantiniers qui
tenaient des débits où les ouvriers venaient manger avaient reçu
l'ordre de quitter la place, et le concierge eut seul le privilège de
vendre du vin. Il restait encore l'aménagement qui fut l'œuvre des
années 161 2 et et 161? (3). En 16 12, furent creusés également les
deux lavoirs, le bassin de la grande cour, enfin le puisard, construit
sur 4 arcades, avec une descente en pierre (4).
Les années 161 3 et 16 14 où se firent les règlements de
comptes ne furent pas les moins actives pour le Bureau. Il
fallut d'abord vérifier les relevés, ce qui n'alla point, comme il
était d'usage, sans contestations et procès. Il y eut d'abord un
premier différend avec les entrepreneurs, au sujet des « entrevoux »,
qui fut soumis à l'arbitrage de Pierre Guillain. puis un second
avec les charpentiers, Jean Desfossés et Gilles le Redde, porté
devant le Châtelet, et terminé, d'après le toisé fait par Fontaine
(1) Bulle de juin lôSy, Arch. A. P.. liasse 949, brûlée en 1871; elle contenait uneaflîciie
de publication des pardons accordés pour lu visite de l'archi-hôpital Saint-Louis.
(2) Délib. 2g mai 1709, reg. 78, fol. 78.
(3) Le 4 juin. 1612 on acliète des lits de bois de clÛMie au prix de 26 1. le lit ;
le 26 juillet i6i3 trois chaudières, représentant 775 livres de fonte, à Ant. Le Moyne, fon-
deur à l'Arsenal.
(4) La pompe de ce puisard fut commandée le 17 avril i6i3 à Jean Laintelaër, ingénieur
flamand, maître de la pompe de la Samaritaine, moyennant la somme de 2.000 1. tournois.
L'usage de ces escaliers de pierre à l'intérieur des puits n'est pas rare à l'époque. On en
trouve un autre exemple à Bicêtre.
l/HOTEt.-DIF.U AU XVII'- ET AU XV
et Amelot, experts, par un rabais de 5.738 1. 10 s., sur leur
mémoire qui montait à 109.730 1. 10 s.; la de'pense totale de la
construction s'éleva à 798.410 1. 6 s. 14 d. (i), soit, à peu près,
3 millions en valeur actuelle.
Il fallut recourir à l'emprunt pour payer les entrepreneurs (2).
L'impôt accordé par Henri IV était insuffisant. Aussi Louis XIII,
imitant la libéralité de son père, accorda, par lettres patentes
d'avril 161 3, la possession à perpétuité des 5 sols apercevoir par
minotde sel, qui n'avaient été accordés que pour i5 ans seulement,
ce qui, joint aux 5 sols déjà accordés à perpétuité, faisait un impôt
de 10 sols à perpétuité. Le produit de l'impôt avait fourni pendant
la première période de sa perception, d'octobre 1607 à décem-
bre 1612, une somme de 267.673 1. 8 s. 9 d. Ajoutons pour finir
de montrer quelle charge avait été pour l'Hôtel-Dieu la construc-
tion de Saint-Louis, que les terrains n'étaient pas encore payés
et que les plus gros créanciers, MM. de Saint-Lazare, avaient
déjà vainement réclamé le montant des terres vendues (3 .
Suivant le principe delà Renaissance, on avait fait grand, inau-
gurant un système qui allait fournir un exemple néfaste, malgré
les préceptes de Philibert Delorme : « Il vaudrait trop mieux à
l'architecte, selon mon advis (4^ faillir aux ornements des
colonnes, aux mesures et fassades (où tous ceux qui font profes-
sion de bâtir s'estudient le plus) qu'en ces belles règles de nature
qui concernent la commodité, l'usage et le profit des bâtiments et
non la décoration, beauté et enrichissement des logis faits seule-
ment pour le contentement des yeux, sans apporter aucun fruit à
la santé et à la vie des hommes. » VioUet-le-Duc, dans ses études
sur les hôpitaux du moyen âge conservés jusqu'à nous, ne craint
pas de les opposer à ceux du xvn^ siècle, « qui sont loin d'être des
modèles à suivre comme disposition, au point de vue de la salu-
brité, de l'hygiène, et du respect que l'on doit avoir pour les
malades pauvres ». « Ces bâtiments, dit-il en parlant des hôpitaux
du moyen âge (5), sont d'un aspect monumental sans être riches ;
les malades ont de l'espace, de l'air et de la lumière ; ils sont sou-
vent séparés les uns des autres... ; leur individualité est respectée,
et, certes, s'il est une chose qui répugne aux malheureux qui
(1) Arch. A. P., liasse 63. Le toisé des ouvrages fut fait par Pierre Guillain et Char:es
David, jurés du roi, maîtres des œuvres de la Ville.
(2) Arrêt du Parlement du 4 sept. 1609 autorisant l'H.-D. à emprunter 60.000 1.
(3) LH.-D. avait vendu, pour payer, les fermes des Puiselets, des Marais, Argeville, Co-
gnempuis et Bezonville.
(4) Œuvres, éd. de 1860, cliap. vi, p. i5.
(3) Viollct-le-Duc, Dictionnaire de l'Arcli. fr., t. VI, p. 119, mot Hôtel-Dieu.
LES BATIMF.NTS • 22 3
trouvent un refuge dans ces établissements, malgré les soins éclairés
qu'on leur donne, c'est la communauté dans dévastes salles. »
Dans sa description de Saint-Louis, Tenon (i), pourtant moins
enthousiaste que Duhamel du Monceau (2), à qui il emprunte son
plan (planche III], en y ajoutant le dessin de Claude de Chastillon
(planche V), admire la belle ordonnance, la double enceinte des
murailles, les doubles cours qui Tenveloppent et qui interceptent
toute communication avec la ville, son tour, sa galerie à trans-
mettre les aliments, qui empêchent la contagion de s'étendre aux
serviteurs employés à la paneterie, etc., et par eux au dehors, le
soin qu'on a eu d'enfermer les religieuses, prêtres, chirurgiens,
infirmiers, pour qu'ils ne puissent pas répandre la contagion (3) ;
mais il trouve les quatre salles du haut trop grandes, et celles du
bas trop humides et trop basses ;4'.
En résumé, d'après lui, l'hôpital ne convient qu'à une seule
catégorie de contagieux ; il ne saurait même pas parer à ce qu'il
appelle la « détérioration » des maladies, c'est-à-dire « l'influence
de certains fiévreux sur les plaies, si bien que le mal se détériore,
ou s'accroît, par le voisinage de certaines maladies, sans prendre,
^comme dans la contagion], les caractères distinctifs de ces
maladies » (5^.
Saint-Louis se composait, au début, des parties situées dans
l'enceinte limitée à ses quatre angles par les petits pavillons à
pignons pointus, dont trois subsistent encore 6;. La chapelle à
l'ouest, le pavillon royal à l'est, marquaient les deux points
extrêmes de l'hôpital ; du côté de l'ouest, le mur d'enceinte avait
un trajet rectiligne et venait s'adosser de chaque côté au chevet
de la chapelle, laissant celle-ci presque tout entière en dehor-s, et
facilement accessible au public ; du côté de l'est, le mur décrivait
une courbe, ou demi-cercle, dans lequel était compris une partie
du pavillon royal, l'autre partie faisant directement façade sur la
campagne, du côté de la Courtille, comme on le voit sur l'estampe
d.' Claude de Chastillon.
(i) Mém. sur les /lôfitaiix Je Paris; Paris, chez Pierres, 178S, 2° mém.. p. 60 et sqq.
(2) Description de Saint-Louis, dans un ouvrage intitulé: Moyens de conseiyer la
santé aux équipages des vaisseaux, avec la manière de purifier l'air des salles des hôpi-
taux ; Paris, Guérin et Délateur, lySg, in-16, p. 228-236. (Bib. A. P., D2 40.)
(3) Sur les salles à plancher ouvert et à plancher fermé, voy. son mém. sur les infirme-
ries des trois principales prisons de la juridiction du Chàtelet de Paris. (Mém. de l'Ac. des
se, 1780.)
(4) Elles n'avaient que 1 1 pieds de hauteur.
(3) Mémoires, p. 73.
(61 Le quatrième a élé démoli récemment pour faire place au nouveau bâtiment de la
consultation externe.
224 '- HO li:i.-l)IF.l' AU XVII'' KT AV XVlIie SIKCI.F,
Se trouvaient au dehors de l'enceinte les jardins, le cimetière
et le réservoir. Le cimetière, dont le mur de clôture fut construit
par Vellefaux, fut inauguré en 1618, par l'évcque deTroyes, assisté
du président de Nicolaï. Il avait 3o toises de façade, i5 de chaque
côté et 2 de profondeur. Il fut « béni » une seconde fois, en 1640,
par l'archevêque de Paris. Le Bureau refusa à différentes reprises
d y laisser transporter les terres d'autres cimetières, notamment
de celui de Saint-Laurent, en 1659 (i); cependant, en 1669 (2),
il le permit pour celui des Innocents, dont une partie devait
être désaffectée en vue d'élargir la rue de la Ferronnerie. Nous
voyons déjà qu'à cette époque il est fait mention dans la délibé-
ration du Bureau d'un cimetière des hérétiques, qui n'aurait
été qu'une emprise faite sur le cimetière de Saint-Louis, alors que
le cimetière des protestants étrangers, que nous connaissons
par divers autres documents (3), ne fonctionna officiellement que
vers 1724, en exécution de l'arrêt du 20 juillet 1720. Ce cimetière
dépendait du département des affaires étrangères qui payait le
concierge. Une décision du ministre, M. de Vergennes, en 1781,
porta reconnaissance, au profit de la Ville de Paris, du cimetière
protestant de la rue de l'hôpital Saint-Louis (4).
En 1620, Vellefaux fit acheter à deux jardiniers de Pantin
5oo ormes au prix de 60 livres le cent, pour orner les cours de la
maison. Plus tard, on y mit des fleurs et des orangers, vendus,
en 1690, dans une année de détresse, en même temps que les
jardins étaient mis en location (5).
En i652, les murs d'enceinte furent reconstruits. Quinze ans
après, en 1667, ils étaient de nouveau en ruine, « les ravines les
ayant jeté à bas » ; on s'aperçut seulement à cette époque que les
fondations n'avaient que deux pieds et demi d'épaisseur, et que
les murs avaient été construits avec du mortier déterre, alors qu'ils
avaient été payés « pour 4 pieds d'épaisseur à chaux et à sable (6) ».
Ces murs furent donc faits en pierre, en 1668, et encore fallut-il
que le Bureau « présente un placet à M. Colbert, pour avoir per-
(i) Délib. 4 avril 1639, reg. 26, fol. 7g.
(2) Délib. 22 nov. 1669 et 22 janvier 1670, reg. 37, fol. 188, et reg. 38, fol 6.
13 ) Ch. Read, les Sépultures des protestants étrangers et régnicoles à Paris au r 8° siècle,
d'après les dépôts de l'état civil incendiés en 1871, dans Bull, de la Soc. de l'Hist. du pro-
testantisme français, t. XXXVI, 1887.
(4) Arch. nat., H 1879, Reg. délib. Ville de Paris, p. i36, 27 mai 1781, Bull. Soc.
/list. du protestantisme, 1862, t. XI. Les protestants non étrangers avaient quatre cime-
tières dans Paris, ceux de la Trinité, de Charenton, de Saint-Marcel (rue aux Poules),
de Saint-Germain (derrière Saint-Sulpice).
(5) Délib. 26 avril et 1=' juill. 1690, reg. 59, fol. 91 et ôo.
(6) Délib. 24 août 1667, reg. 3b, fol. 176 r».
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7. — VUE PANORAMIQUE DE l'hOPITAL SAINT-LOUIS AU XVU» SIÈCLE
8. — LES BATIMENTS DE l'hOPITAL SAINT-LOUIS, D'APRÈS MARIETTE (XVII" SIECLE)
LKS BATIMENTS
mission de faire venir la pierre, attendu les deffenses qui ont été
faites de délivrer de la pierre dure d'Arcueil pour autre usage que
pour les bâtiments du Louvre, et autres bâtiments du Roi (i) ».
En 1/38, une partie des Jardins fut affectée à la culture des
plantes médicinales (2). L'enclos était pourvu d'un puits et d'une
conduite amenant l'eau des réservoirs ; on fit abattre simplement
quelques amandiers qui auraient gêné les semis. Ces plantes
étaient destinées à l'apothicairerie de THôtel-Dieu,
Dès le 19 mai 1608, le Bureau de la Ville avait accordé à l'hôpi-
tal Saint-Louis 3 lignes d'eau à prendre au grand regard du
faubourg Saint-Laurent, au-dessus de l'église. Cette minime con-
cession, faite au moment de la construction, était naturellement
insuffisante. Aussi le Bureau décida de faire capter quelques-uns
des ruisseaux de la colline de Belleville (3). Claude Vellefaux fit
les « recherches » nécessaires, et, le 3o Juin 1 6 1 1 , l'Hôtel-Dieu acquit
des Célestins, pour 3oo livres tournois, 3 arpents de terres labou-
rables, autrefois plantés de vignes, entre le chemin de Belleville à
Pantin, et celui de Belleville à la Villeite, au-dessus du village de
Belleville (4), sur lesquels se trouvait le bouillon principal des
eaux et le commencement des pierrées qui servaient à conduire
les eaux à la maison royale de Saint-Paul et au parc des Tournelles,
rue Saint-Antoine. Trois ans auparavant, le 2 juillet 1608, il avait
acheté à Nicolas Coûteux, vigneron, demeurant à Belleville, « telle
quantité de terres qu'il serait besoin «, au lieu des « Macoûards »,
pour trouver la source de la fontaine en question, à raison de
? livres tournois pour chaque perche (5). Comme la source appar-
tenait au roi, Louis XIII, par lettres patentes de juillet 161 1, la
(i) Délib. 14 mars 1668.
(2) Délib. du mardi 19 août lySS. C'est sur l'emplacement de ce jardin que l'on a
édifié le bâtiment actuel des enfants teigneux.
(3) La formation géologique de la butte de Belleville, dont le sol sablonneux recouvre
à peu de profondeur une masse de marnes vertes imperméables, fait que les eaux répan-
dues à la surface sont rapidement parvenues, après infiltration, à la couclie des marnes sur
laquelle elles forment une nappe variant avec l'abondance des puits. (Voy. Belgrand, la
Seine et le bassin de Paris; Paris, in-4<'.)
(4) Ce sont les religieux de Saint-Lazare, propriétaires à Belleville, qui paraissent les
premiers avoir utilisé les eaux de la colline. M. Fagniez a publié, dans le Bull, delà Soc.
de l'H. de P. et de l'I.-de-F. (1874, p. 8o-85), un acte de procédure de i364 par lequel ils
s'entendirent avec la Ville pour la répartition à diverses fontaines de l'eau dont •< le com-
mencement des ruissiaulx naist en leurs terres appelées les Rigoues, assises entre le Mais-
nil-Mautemps et Poitronville ». Poitronville est l'appellation qui remplaça Savies, ancien
nom de Belleville. L'étymologie est incertaine. (Voy. Lebeuf, o. c, t. I, p. 483.)
(?) Arch. A. P., liasse 67. La dépense faite par Cl. Vellefaux pour la « recherche » des
eaux, d'après l'état du 17 avril i6i3, s'élève à 5.697 1. 8 s., comprenant les journées des
ouvriers et manœuvres qui ont travaillé à faire les tranchées, les pierres achetées pour
l'établissement des pierrées, le « charriage », les journées des maçons, etc.; cet état est
complété par un mémoire de maçonnerie de 36. 000 1, du i3 nov. i6i3, représentant la
construction des fontaines, des puisards, des lavoirs, de la pompe.
15
226 I.'hOTEL-DIF.U au XVIie ET AU XVIIie SIECLE
donna avec tous les regards, tuyaux, canaux, qui en dépendaient,
« pour être unie et incorporée à Thôpital, comme appartenance et
dépendance nécessaire ».
Sur la requête des administrateurs, le Bureau de la Ville accorda
de plus, le 16 juillet 1619, à Thôpital Saint-Louis, 4 lignes d'eau à
prendre aux fontaines de Belleville (i). L'Hôtel-Dieu avait fait
valoir que, depuis i5 mois, il y avait plus de 400 malades dans
rétablissement, que les religieuses avaient plusieurs fois « lavé
en même eau qui rend ordure et grande corruption ». Le Bureau
avait confié en même temps à Guillain, maître des oeuvres de la
Ville, chargé en cette qualité des fontaines, le soin des travaux
consécutifs à cette concession.
Le grand aqueduc de la Ville était distant seulement de 8 mètres
du regard (2) de Saint-Louis. C'était un aqueduc spécial, partant
de la place des Fêtes, vers la rue Compans actuelle, où se trou-
vaient les sources acquises des Célestins en 161 1, qui amenait l'eau
dans le regard dit « chambre du chirurgien », d'où une conduite
en plomb la dirigeait jusqu'à l'hôpital (3), par les rues Saint-
Laurent (4) et de la Chopinette (5).
Les administrateurs obtinrent, le 14 mars 1669, un arrêt du
Parlement leur permettant de faire ouvrir de nouvelles tran-
chées, à charge d'indemniser les propriétaires des terrains, entre
la descente de Belleville et l'hôpital Saint-Louis, suivant la pente
des eaux, d'y faire passer une nouvelle conduite, et d'y élever 2 ou
3 regards pour la sûreté de cette conduite. En eJSfet, les anciens
tuyaux se trouvaient presque à découvert dans beaucoup d'endroits,
à cause des fouilles entreprises dans les carrières, et des charrois
qui avaient creusé de profondes ornières (6).
La quantité d'eau nécessaire à l'établissement était encore
insuffisante, et, en 1699, le Bureau de la Ville accorda une nouvelle
concession de 12 lignes d'eau en superficie, à prendre par bassinet
(i) Arch. nnt., N 1II« seciion, 3i4-, 5i4;j, 535, plans mss. des fontaines de Belleville
dressés de i635 à ï63g, où l'on voit les tracés du rempart, la place du moulin de
l'Ardoise, les terrains du couvent des Filles du Calvaire.
(2) Il en subsisterait encore une substruction dans la cave d'une maison particulière,
ancien 189, rue de Belleville. (Voy. Tesson, Rapport sur l'aqueduc de Belleville, dans
Pr.-V. de la comm. du Vieux-Paris, 6 oct. 1898.)
(3) Un 3" groupe était formé par l'eau des Savies ou du prieuré Saint-Martin, réunie à
celle de la Ville vers 1733 ; elle était amenée au prieuré et au Temple par une conduite en
grès séparée de l'aqueduc de Belleville. Les moines l'abandonnèrent, après avoir obtenu
une concession d'eau de Seine, en 1740, et l'eau fut versée dans l'aqueduc à la jonction
de la rue de la Mare avec la ruelle Saint-Martin (anciennement rue de Savies).
(4) Aujourd'hui Rebeval.
(5) Aujourd'hui de Sambre-et-Meuse.
(6) Arch. A. P., liasse 67.
Li:S BATUIENTS
227
au regard de la fontaine des Récollets, où se rendaient les eaux
publiques de la Ville provenant du Pré-Saint-Gervais (i). L'Hôtel-
Dieu devait faire à ses frais rétablissement d'une conduite, et
Jean Beausire, architecte, maître des œuvres de la Ville de Paris,
assurer Texécution des travaux. Cette concession fut renouvelée
ainsi que les précédentes par un brevet du Bureau de la Ville du
I 2 décembre 1739.
L'eau de Belleville, outre son insuffisance, était de mauvaise
qualité (2). « L'hôpital Saint-Louis, dit un rapport des administra-
teurs, en 1787, n'a que des eaux de Belleville, qui corrodent par
leur nature le linge qu'on y blanchit, dont la crudité ne permet pas
l'usage pour la boisson, les remèdes, la cuisson même des légumes,
de sorte qu'on est obligé depuis que cet hôpital a été ouvert [1772]
d'y envoyer journellement et à de grands frais l'eau de Seine (3). »
De son côté. Tenon écrit dans ses Mémoires : « Il faudrait que
l'eau qui vient de Belleville fût propre à la boisson, aux lessives,
ne fût pas séléniteuse, que cet hôpital en eût suffisamment, que
son égout [se] rendant à celui de Turgot, fût couvert, dallé dans le
fond, qu'il eût en tête un réservoir de chasse, pour le nettoyer (4). »
Cet égout de Turgot, dont parle Tenon, avait été construit en
1737, et la presque totalité des eaux de Belleville se déversait dans
le réservoir du Calvaire et servait au nettoyage de l'égout (5).
L"Hôtel-Dieu, au cours des xvii* et xviii'^ siècles, avait accru
(i) D'après Piganiol, IV, 128, ce sont les religieux desservant l'hôpital Saint-
Gervais qui ont donné leur nom (Pré-Saint-Gervais) aux magnifiques prairies qu'ils pos-
sédaient entre Belleville et Romainville, et dont ils firent dériver, par des rigoles, les eaux
j usqu'aux terrains environnant leur hospice. Les 4 regards reconstruits au xvii» siècle,
la fontaine du Pré, les regards des Maussins, du Trou-Morin et des Ber^iages, ont été
classés comme monuments historiques par arrêté du 4 nov. 1899. {Pr.-V. de lacomm. du
Vieux-Paris, 7 déc. 1899.)
(2) C'est également ce dont se plaignaient les habitants de l'Enclos du Temple qui rece-
V aient les eaux de Belleville dans un bassin placé devant le donjon. Ils en faisaient peu
usage et elle servait principalement pour l'arrosage. Le regard Saint-Martin, rue des Casca-
des, à Ménilmontant, porte encore les écussons des 2 prieurés. (Guilhermy, Insc)-. du dioc.
de Paris, t. V, 258. 1
(3) L'eau des puits de la région n'était guère meilleure si l'on en croit un acte
du 26 août 1606, permettant aux religieux de Saint-François, dits Récollets, du faubourg
Saint-Martin, de greffer sur le grand canal de la fontaine, qui passe devant la porte de
leur couvent, une conduite d'eau de la grosseur d'un petit pois, car « les eaux des puis,
qui sont dans leur couvent, ne se sont trouvées bonnes pour boire, nj' pour s'en servir
aux usages accoustumez, ce qui cause et apporte des maladies aux pauvres religieux. (Bibl.
hist. y. de P., n. a. 40, fol. 109, copie.)
(4) P. 72.
(3) Aujourd'hui les eaux de Belleville ne servent plus à aucun usage, ni public ni do-
mestique, mais elle.s coulent toujours plus ou moins abondamment, de sorte qu'il est
indispensable de veiller à l'écoulement normal, et d'entretenir les pierrées et les puisards.
Il existe encore quelques-uns de ces regards, vestiges curieux des ouvrages d'autrefois.
(Comm. du Vieux -Paris, 6 oct. 1898, et A. de Longpérier, Mcm. Soc. Hist. de Paris,
t. "VIII, 1881, p. 287-292 ; Arch. nat., S6648, et E. Gérards, Paris souterrain ; Paiis, 1909,
in-4», p. 214.)
L HOTEL-DIF.r AU XYII^ ET AU XVIII<= SIECLE
ses propriétés autour de Saint-Louis, au Caréme-Prenant, à la
Courtille, par des achats faits à des plâtriers, des laboureurs, des
jardiniers propriétaires de vergers qui commençaient à prendre
de la valeur depuis la construction de l'hôpital devenu centre de
peuplement. Ces terrains, qui, en 1610, valaient i5o à 200 livres
l'arpent, se payaient, 3o ans plus tard, 5oo livres (i). L'Hôtel-Dieu
fit également des échanges de manière à grouper toutes ces acqui-
sitions autour de l'établissement, en cas d'agrandissement éven-
tuel (2).
L'hôpital construit, il avait fallu assainir le quartier. Aux en-
virons se trouvait l'emplacement du fameux gibet de Montfaucon (3),
désaffecté, devenu voirie, où tous les habitants des quartiers
Saint-Denis, Saint-Martin et du Temple jetaient leurs im-
mondices, les bêtes mortes, les matières fécales, et où les vinaigriers
des alentours venaient faire leurs gravelées. En 161 8, à l'occasion
de la peste, le lieutenant général de police de Mesmes, dut prendre
une ordonnance (4) interdisant aux vinaigriers « de faire leurs gra-
velées et autreschosesdépendantes de leurs métiers, audit lieu proche
de Monfaulcon « (5). Les boulangers, bouchers, écorcheurs de che-
vaux,étaient tenus, au lieu d'ydéposerleurstripailles et ordures, de les
faire conduire « derrière les montagnes tirans à côté des chemins
de Panthin ou en autres lieux moins incommodes à l'hôpital ».
Enfin, ordre fut donné de porter les matières fécales dans les car-
rières, « pour y reposer au moins 3 ans avant de les reprendre sur
les terres, sous peine de i.ooo livres parisis d'amende, confiscation
des chevaux et charrettes, et même de prison et punition
corporelle «.
Les carrières ouvertes sur l'emplacement des fourches pati-
(i) Sur toutes ces acquisitions, voy. Arch. A. P., liasse 66, et Inventaire de 1722.
(2) Plusieurs de ces terrains provenaient aussi de legs comme les 2 arpents, au
Champ des Vinaigriers, légués le 7 avril 1666 par Charles Tuppin, chapelain ordinaire de
la musique du roi et chanoine de Saint-Jacques-de-l'Hôpital, ou les 8 arpents, à la Chapelle -
Saint-Denis, légués par Cosnard de Trémond.
(3) 11 existait encore du temps de Henri IV qui, lors du siège de Paris, fit mettre
4 pièces d'artillerie sur la butte de Montfaucon, et tirer quelques coups pour saluer les
Parisiens. (P. Cayet, Chronologie novenaire, t. I, p. 333.)
(4) Arch. A. P., liasse 66'. Cette ordonnance du 16 juill. 1618 fut publiée à son de
trompe et cri public, affichée dans les carrefours et sur trois poteaux « mis es lieux émi-
nans, l'un au bout du faubourg Saint-Martin, l'autre au bout du faubourg du Temple et
l'autre sur le lieu ».
(5) Les vinaigriers étaient constitués en corporation dès le xiv» siècle, mais leurs statuts
du 28 oct. 1394 sont perdus. Les statuts ultérieurs sont de i3i4 et de i638. Leur titre
officiel était « vinaigriers-moustardiers-sauciers-distillateurs en eau-de-vie et esprit-de-
vin-buffetiers ». (Francklin, Dictionnaire des arts et métiers exercés dans Paris, p. 73 1.)
Le champ des vinaigriers a donné son nom à la ruelle qui lui servait de limite, devenue
la rue des \'inaigriers (X° arrond.).
:S BATIMRNTS
22g
bulaires étaient des carrières de plâtre (i). Un acte du 3 décem-
bre 1627 donne la permission d'extraire le plâtre de la pièce
de terre où se trouvait le gibet, dépendant du fief du « cens
commun «, propriété du Chapitre. La butte qui se trouvait à
environ 1.200 mètres du rempart figure encore sur la vue de
l'hôpital Saint-Louis de Claude de Chàtillon [1648]. La voirie fut
transportée plus loin (2).
C'est la construction de Thôpital qui la fit disparaître. Le gibet
avait servi à une époque assez récente, puisque, en 1584, y fut
pendue une sœur blanche de l'Hôtel-Dieu qui avait tué la nuit une
religieuse professe et frappé une autre sœur de plusieurs coups de
couteau. L'Estoile qui rapporte ce fait dans son Journal ajoute (?)
que la coupable avait tenté de se suicider après le crime, en se
précipitant d'une haute fenêtre de l'Hôtel-Dieu dans la Seine,
d'où on avait pu la retirer saine et sauve. Le Parlement la condamna
à être pendue à Montfaucon, « avec l'homicide couteau ».
Un édit du 19 octobre 1645 (4) nous apprend qu'on déposait
à Montfaucon, depuis iSgS, les matières provenant des vidanges.
Il y avait là un certain nombre de fosses où les bouchers devaient
décharger leurs tripailles et immondices. C'est probablement vers
le milieu du xvii'' siècle que les équarrisseurs, primitivement ins-
tallés près du Grand-Pont, puis près des Tuileries Saint-Honoré,
s'en allèrent à Montfaucon, car l'ordonnance du 5 août 1667 leur
enjoint de mettre les bêtes mortes « dans les fosses, aux Écus de
Biron, sises près Montfaucon, destinées à cet usage >k Malgré
les ordonnances de police (5), beaucoup restèrent à l'intérieur de
Paris, notamment dans la rue du Pont-aux-Biches, près de la rue
Neuve-Saint-Martin. Plus tard, vers le milieu du xviii'' siècle, ils
eurent la permission de s'établir dans le voisinage de la voirie du
Sud, un peu au delà de la barrière des Fourneaux (6).
(i) Voy. Sauvai, o. c, t. II, p. 585. Les carrières de Montfaucon et de Belleville four-
nissaient au xviii» siècle presque tout le plâtre expédié aux États-Unis, où il manquait,
d'où le nom de Carrières d'Amérique, qui est resté à ce quartier.
(2) Nous en avons confirmation dans un acte de procédure entre un sieur Ménard et le
Chapitre de Notre-Dame, en i63o. (Arch. nat., reg. des trésoriers de France, cité par
Lavillegile, le Gibet de Montfaucon ; Paris, in-12.)
(3) Collect. Petitot, t. XLV, p. 282. Voy. aussi Tanon, Histoire des anciennes justices
des églises et communautés de Paris; Paris, in-8», p. 140.
(4) Delamare, o. c-., t. IV, p. 284, et Arch. de la Préf. de pol., coll. Lamoignon, t. XV,
p. 121.
(5) Arch. de la Préf. de pol., coll. l.amoignon. Sentences du 9 août 1698, du 10 juin
1701, 1 1 juin 1706.
(6) C'est en 1739 (ord. du 11 sept.) que nous voyons pour la première fois la police
interdire dans Paris la vente de la chair de cheval, et poursuivre ceux qui allaient en
chercher à Montfaucon. Cette défense fut renouvelée par les ord. du 19 mars 1762,
3i mars 1780, et un arréi du Conseil d'Etat de 1784.
2 3o l'hOTEL-DIKU ai; XVII" F.T au XYIII-^ SIECLE
L'hôpital dut se défendre aussi contre les industries voisines.
Le Bureau obtint par sentence de police du 3o janvier 1699 la
suppression d'une boyauderie et de diverses mares qui infectaient
l'air (i). Quelque temps auparavant, il avait empêché les prêtres
de Saint-Lazare de construire des fours à plâtre (2).
On peut voir ce qu'était devenu ce quartier au début du
xviiie siècle par la statistique que fit dresser Voyer d'Argenson,
lieutenant général de police, pour se rendre compte des besoins réels
de chacun des 20 quartiers de Paris (3), créés par l'édit de dé-
cembre 1701, consignée dans la préface du Plan de Paris publié
en 17 14 par Jean de la Caille. Sur 10 rues du quartier Saint-Martin,
7 ne possèdent aucune maison ; seules sont bâties les rues du
Faubourg-Saint-Laurent, du Faubourg-Saint-Martin et la rue des
Fossés du faubourg Saint-Martin, contenant en tout 172 maisons
éclairées par 22 lanternes. La rue du Carême-Prenant, à qui abou-
tissent 3 ruelles venant de l'hôpital Saint-Louis, le chemin de
Saint-Denis, passant derrière l'hôpital, la rue de l'hôpital Saint-
Louis passant devant l'hôpital, la rue des Marais, la rue Saint-Maur,
la rue des Récollets sont encore des chemins non bâtis. Aucun
commerce non plus. On relève une seule boucherie avec deux
étaux, au faubourg Saint-Martin, et une avec un étal, au faubourg
Saint-Laurent. Tous les grands établissements de la région.
Saint- Louis, Saint-Lazare, les Récollets, avec leurs clos, leurs pota-
gers, leurs basses-cours, se suffisaient à eux-mêmes.
Au début du xvni* siècle, le chemin de Saint-Maur, partant de
la haute Courtille, fut prolongé jusqu'à la chaussée de Montfaucon-
ou grand chemin allant à Meaux en passant par Pantin et en cou-
pant le chemin de Belleville. L'Hôtel-Dieu obtint de faire construire
le long de la nouvelle chaussée, sur la partie qui lui appartenait, un
mur de clôture, devant le réservoir de Saint-Louis, pour le protéger
(i) Délib. du 22 août, i"' sept., 24 nov. lyoS et liasse 66-. Ce qu'était alors une boyau-
derie, on en peut juger par la description suivante : « Ce sont quelques masures basses et
à rez-de-chaussée, entourées de marres, sans fenêtres, étages, ni greniers, d'où coulent
8 égouts se déversant dans les marres, remplis de matières puantes provenant des graisses
de boyaux de moutons et autres, amassées depuis nombres d'années, et croupies avec une
quantité d'eau roussâtre », dit dans son rapport le commissaire Grillon qui s'y est rendu
par ordre du lieutenant général de police, d'Argenson, et ajoute « Les boyautiers n'osent pas
travailler sans auparavant s'être remplis d'eau-de-vie. »
(2) Cf. Colletet, les Tracas de Paris:
La poussière blanche du piastre
Dont peu de monde est idolâtre.
Chose incommode en ce chemin
Du long quartier de Saint Martin.
(3) Le boulevard du Temple avait été ouvert en vertu d'un arrêté du Cons. du roi en
date du 7 juin i635; les boulevards Saint-Mariin et Beaumarciiais en exécution d'un
arrêté du 7 juin 1670; les autres boulevards par lettres patentes de juill. 1676. La porte
Saint-Denis date de 1672; la porte Saint-Martin de 1674.
LES BATIMENTS 2? I
contre les vagabonds. Ce mur fut percé de 2 portes qui donnèrent
à rhôpital accès sur cette rue (11 juillet lySb) (i). Les autres
propriétaires, sur les terres de qui fut ouverte la nouvelle rue,
reçurent des indemnités. Le chemin de Saint-Maur devint vite
une voie très fréquentée. Mais il n'était pas pavé, de même que
le chemin de Meaux. De là un grand nombre de réclamations (2).
L'Hôtel-Dieu (3) offrit de faire l'avance du prix des pavés. Le
devis dressé par C. Aubry, inspecteur du pavé de Paris, s'élevait
à 16.002 1. 1 2 s. 4d. pour 359 toises 2 pieds de longsur i 5 delarge; le
Conseil d'Étatrendit, le 25 novembre 1752, un arrêt ordonnant dans
ces conditions le pavage de la rue (4). La situation ne devint pas
meilleure; les cloaques de Saint-Louis restèrent célèbres jusqu'à
la tin du xviii« siècle. Un arrêt du Conseil du 18 avril 1788, homo-
loguant une délibération du Bureau de la Ville, en ordonna la
suppression. Le devis des ouvrages, maçonnerie, terrasse, pavé et
autres, fait par l'architecte Poyet, s'éleva à 68.286 1. 6 s. 8 d. Dans
un rapport, M. de Chézy, inspecteur du pavé de Paris (5), indique
que les trois principaux cloaques étaient rue Saint-Maur, près de
la barrière du faubourg Saint-Martin, où séjournaient les eaux
d'un égout pratiqué sous le faubourg Saint-Martin, rue des Récol-
lets, où venaient les eaux de la rue Saint-Maur, à travers les marais
de MM. de Saint-Lazare, enfin rue du Carême-Prenant où se déver-
saient les eaux du lavoir de Saint-Louis.
M. de Caumartin, prévôt des marchands, projeta d'ouvrir une
nouvelle rue et de construire des égouts aux environs de l'hôpital.
Le Bureau, à qui ces plans furent soumis (6), répondit par une
longue suite d'observations ; il fit valoir qu'il n'y avait pas
(i) Arch. A. P., liasse 662. Le devis de maçonnerie de ce mur indique qu'il sera cons-
truit en bonne pierre meulière, avec bon mortier de chaux et sable graveleux de la plaine,
mêlé d'un tiers de sable de rivière, et coiffé au lieu de bordure et chaperon ordinaire d'un
rang de moellons bien choisis. Il devra avoir 24 pouces d'épaisseur à la base, 18 au sommet
et 9 pieds de haut; la chaux viendra de Senlis ; la terre provenant des tranchées sera
rejetée dans l'intérieur de l'enceinte qui va se trouver agrandie.
(2) Arch. A. P., liasse 66'. Voy. en particulier celle du curé de Saint-Laureni, Cotteret,
à l'intendant des finances Trudaine.
(3) Arch. A. P., Jia.sse 661.
(4) Les pavés devaient être de grès, de 8 à 10 pouces, sur forme de sable de 4 pouces
d'épaisseur, au prix de 18 1. la toise carrée. Ces pavés étaient tirés de l-'ontainebleau,
et aussi des environs de Pontoise, l'Ile-Adam, Mérj', ou bien de la vallée de l'Yvette.
(5) Arch. nat., Qi 1204, avec plusieurs plans de l'architecte Poyet, et xi ne affiche d'adju-
dication des travaux.
(6) Un premier plan avait été dressé par Verniquet, architecte et commissaire de la
voirie (i»' mars 1782), mais il n'était pas conforme à la déclaration de lyôS, ni régulier
dans toutes ses parties. M. de Caumartin en fit dresser un autre (2 août 1782)
(A. N., Q' 1204). Toutefois "Verniquet reçut, par soumission du i5 ocl. 1785, au prix total
de 600.000 !., l'entreprise du plan comprenant le lever de toutes les rues avec les
façades, prescrit par l'ord. du 10 avril 1783. |H. Monin, Travaux d'E. Verniquet, dans
Bull, de la Bibl. des Trav. hist. de la Ville de Paris, n» 3, 1908.)
l'hoti;l-dii:l" av xvir- i;t w xviii<= siixlk
besoin d'une rue nouvelle, puisqu'il y en avait déjà une qui abou- |
tissait à la porte de l'hôpital Saint-Louis ; qu'il faudrait abattre une ;
maison faisant l'angle de la rue du Carême-Prenant et de la ruelle ^
Saint-Louis et valant 20.000 livres ; que le marais était environné \
de murs le long de la rue actuelle, qu'il faudrait refaire le long de
la nouvelle, sans compter diverses indemnités à payer aux pro- ^
priétaires riverains qui refuseraient de contribuer au pavé de la i
nouvelle rue.
Malgré le mauvais vouloir des administrateurs, il n'en était pas
moins avéré que les eaux qui sortaient de l'hôpital Saint-Louis,
sans écoulement, étaient pour le quartier un foyer de pestilence.
En 1784, le prévôt de La Villette chargea deux chirurgiens, Solier
de la Romillais et Mallet, de faire un rapport sur les mesures à ,
prendre pour préserver l'hôpital et les habitations voisines des dan-
gers présentés par la mare qui se trouvait au sud de Saint-Louis. 1
L'Hôtel-Dieu envoya son inspecteur des bâtiments, tit nettoyer les j
puisards de l'établissement, mais, comme on était en plein été (i), '
et qu'il était dangereux de faire curer la mare en cette saison, se
borna à la faire couvrir de fagots afin d'arrêter les exhalaisons. De -
leur côté, les propriétaires des terrains et des marais voisins récla- ]
niaient vainement l'ouverture delà rue projetée. Les grands travaux ^
de voirie du quartier ne furent entrepris qu'au xix« siècle.
LES MAISONS DE SANTE SAINT-MARCEL ET
SAINTE-ANNE
L'édit de mai 1607, qui portait l'octroi à perpétuité pour
l'Hôtel-Dieu de 5 sols sur chaque minot de sel vendu ou débité
dans la généralité de Paris, à charge de construire un hôpital de
contagieux hors la porte du Temple, prévoyait aussi, à condition de
les achever, l'abandon des bâtiments achetés par la Ville au fau-
bourg Saint-Marcel (2).
Au plus fort de la contagion, en 1606 et en 1607, la Ville,
grâce aux denierscommuns, a levés» sur les habitants, avait acheté
en effet pour y recevoir des malades 2 maisons sises rue de l'Arba-
lète et rue des Vignes (3), entre les faubourgs Saint-Jacques et
(1) Ddlib. 28 juill. 1784, reg. i54, fol. 45i.
(2) Cet cdit, enregistré dans la série des volumes d'ordonnances du Parlement (Arch.
nat., X'a 8646, fol. 1 1 v), a été analysé par Delamare, o. c, t. I, p. 618. On en trouve éga-
lement un exemplaire imprimé dans la collectionRondonneau (Arch. nat., AD -f- 142, n« 26.)
f3) Arch. nat., Y i3. Bannièresdu Châtelet, fol. i32. L'une fut achetée le 17 juill. 1606 à
un S' Voisin, et l'autre le 2 mars 1607 à Antoine Le Maire.
LES BATIMENTS 233
Saint-Marceau. Mais elle était mal outillée pour les administrer et
elle mit beaucoup d'empressement à les céder à l'Hôtel-Dieu La
délibération de police confiant à ce dernier la gestion de la mai-
son de Saint-Marcel est datée du 26 mai 1607 ; dès le !«■■ Juin, les
3 administrateurs chargés spécialement du nouvel établissement,
d'Aubray, Josse et de La Haye (i), formulaient un règlement.
établissaient le régime alimentaire, nommaient un nouveau per-
sonnel et donnaient des ordres pour Tapprovisionnement et les
mesures de sûreté. On y envoya 2 chapelains, 8 religieuses, dont
2 filles blanches, i chirurgien, i garçon chirurgien, i maître et
I garçon cuisiniers, 3 emballeurs, i portier, i Jardinier. Une
voiture y transportait les provisions achetées par le dépensier.
Tandis que la maison de santé de la rive droite était devenue le
superbe établissement que nous savons, celle de la rive gauche
devait avoir un destin précaire. Les agrandissements prévus ne
furent Jamais exécutés ; Vellefaux fut chargé seulement (2), en
1610 et 161 1, de quelques menues et urgentes réparations. D'autre
part, l'abbé de Sainte-Geneviève réclama les droits d'indemnité et
de lods et ventes, pour l'acquisition de la propriété, droits que le
Bureau refusa de payer, d'où procès (3). L'entretien enfin en deve-
nait dispendieux, lorsque les locaux étaient évacués ; les Jardins
pourtant avaient été concédés à 2 Jardiniers, chargés d'entretenir
les tailles et palissades, à condition de fournir chaque Jour, à
l'Hôtel-Dieu, « les herbages » nécessaires à la cuisine (4).
En 161 2, la maison de Saint-Marcel reçut pendant 3 semaines
les Irlandais et les étrangers chassés de Paris à la suite de l'assem-
blée tenue en la Chambre de Saint-Louis pour aviser des mesures
à prendre contre les mendiants et vagabonds en attendant qu'on
puisse les rapatrier (5). On y mit également, en 161 3, des «pauvres
enfermés », 11 n'y avait plus alors comme personnel qu'un chape-
lain-concierge et un portier-Jardinier, qui avaient installé des Jeux
de boules et de quilles (6). En 1620 (7), on y construisit une petite
chapelle, sur la demande du P. Jean Tyal, Jésuite. En 1621, l'éta-
blissement s'accrut d'une petite maison près de la rue des Postes,
(1) Délib. 3i mai 1607. Ces dclib. sont exUaiies du reg. spécial à Saint-Louis et Sainte-
Anne, n- 1440.
(2) Délib. 3 févr. 1610, 26 mai 1610, 26 janv. 161 1, 2 mars 161 1, 20 mai 161 1,
23 juill. i6i3, 3o août i6i3, 4 sept. 1616.
(3) Délib. i3 déc. 161 1, 10 févr. 1612, 8 août 1612, 16 mars i6i3, 17 juill. i6i5,
23 nov. 1617, 10 nov. 1646.
(4) Délib. i»-- juin 1612.
(5) Délib. 29 sept. 1612.
(6) Délib. 3 août i6i3.
(7) Délib. 20 déc. 1620, 7 mai 1621.
234 l'hotkl-du;!' ai: xvii<-- kt au xvin<= siècle
au lieu dit « les Poteries >- (i). En 1624, on y fit l'adduction
d'eau de Rungis (2) par les conduites venant, le long des terres de
Notre-Dame-des-Champs, du regard des Carmélites, au faubourg
Saint-Jacques.
Ces bâtiments, ouverts seulement en temps d'e'pidémie, comme
Saint-Louis, ne gardèrent pas longtemps leur destination primi-
tive. Dès le mois d'avril 1646, le Bureau apprit que M^e Polallion
et quelques autres dames étaient venues visiter les locaux, et que
l'intention de la reine était de les acheter. La maison, en effet, fut
destinée par Anne d'Autriche aux Filles de la Providence, et cette
concession fut confirmée par Louis XIV, en 1677, avec tous les
privilèges, droits et exemptions accordés aux hôpitaux de fondation
royale. L'Hôtel-Dieu commença à chercher un autre emplacement
pour son « sanitat » (3). Sur le rapport de M. Saintot(4), il choisit,
en 1646, un terrain de 20 arpents environ, au lieu dit « Pique-
houe », entre le chemin dit des Prêtres et le chemin bas d'Arcueil,
dans la censive de Saint-Jean-de-Latran, tout au bout du faubourg
Saint-Jacques (5).
La fouille des terres fut commencée dès le printemps de 1648, et
les travaux entrepris en i65i (6). Par contrat du 7 Juillet i65i,
Anne d'Autriche donnait 54.000 livres pour construire le nouvel
hôpital qui devait s'appeler Sainte-Anne, en échange de la maison
de santé Saint-Marcel (7). Cette dernière ne fut concédée qu'en
partie à M"« Polallion ; une autre part échut au monastère du
Val-de-Grâce (8), où la reine allait souvent faire ses dévotions et
qu'elle honorait d'une sympathie particulière ; aussi bien « l'in-
commodité )) que sa santé aurait pu recevoir en temps de contagion
de la proximité du sanitat fut-elle, ainsi qu'il est spécifié au contrat
d'échange, pour une bonne part dans cette détermination.
La maison de Sainte-Anne fut construite avec les pierres
des carrières qui se trouvaient dans les terres mêmes achetées
(1) Délih. 7 avril 1621.
(2) Délib. 23 nov. 1624, 11 avril 1623. C'est Jean Lintlaer qui fut chargé du travail
de canalisation, et Cli. Gamard de la maçonnerie. Le 9 déc. i633, les apothicaires,
dont le jardin était voisin de la maison de santé, obtinrent la permission de brancher sur
cette conduite un tuyau de 4 lignes d'eau. (Cf. G. Guiffrey. Nicolas Houe), apothicaire
parisien, dans Mém. de la Soc. de l'Hist. de Paris, t. XXV, 1898, p. 179, et t-lanchon,
le Jardin des apothicaires de Paris, dans le Joiirn. de pharmacie et de chimie, 1893-1893. )
(3) Délib. 2 juin 1646.
(4) Délib. 9 févr. 1646.
(3) Délib. 26 avril 1646. Les « publications » d'achat furent faites en avril 1046 aux prô-
nes des églises Saint-Jacques-du-Haut-Pas, Saint-Hippolyte, Saint-Martinet Saint-Médard.
(6) Délib. du 12 févr. 1649. Un corps de garde fut établi dans la maison de santé
St-Marcel, pour la sécurité du faubourg.
(7) Arch. nat., S. 4555, et Arch. A. P., reg. 1440, p. 3oi.
^8) Arrêt du Parlement, 4 août i655. (Reg. Parlement, t. CCXXXII, fol. 286.)
LES BATIMENTS 2 .-> D
par la reine ; la matière première fut ainsi obtenue à bon compte.
L'eau fut amenée des fontaines de Rungis (i). Le pavillon d'entrée,
la clôture, le cimetière étaient prêts en i656 (2). Les salles furent
commencées en i65y. L'Hôtel-Dieu acheta à ses frais, de ibSj
à 1660, divers terrains en dehors de l'enclos. En 1662, une partie
des constructions étaient achevées, et le Bureau demandait « les
lettres d'établissement .) au procureur général de la Cour des
aides (3). Les travaux, à partir de cette date, traînèrent en longueur.
En 1666, le plan dressé en 1657 (4) était loin d'être terminé;
il restait à faire une partie du bâtiment des religieuses au rez-
de-chaussée, lalavanderie, le fournil, le réfectoire, etc. ; au-dessus, la
chambre aux draps et les greniers. Pour les malades, les salles
hautes seulement étaient prêtes. Par contre, on cultivait les terres
avec ardeur, et les récoltes de foin étaient abondantes. En 1667, le
montant des sommes dépensées pour la construction s'élevait à
173.666 livres et il y avait 24.000 livres engagées pour les nou-
veaux bâtiments (5). D'autre part, l'Hôtel-Dieu se refusait à payer
au commandeur de Tordre de Malte les droits d'indemnité, delods
et de ventes, pour les terres situées dans sa censive (6).
La maison de Sainte-Anne restait toujours inoccupée, et, en
1678, l'Hôpital général, qui était à la recherche d'un local pour
loger les femmes et filles débauchées, alors à la Pitié, jeta son
dévolu sur elle. MaislHôtel-Dieu ne se prétapas à la combinaison
et mit en avant ses incommodités, notamment le grand éloigne-
ment de Paris (7). Par contre, il accorda à son boucher la permis-
sion d'y serrer ses peaux de mouton, en attendant leur revente (8),
et aux religieuses qui y allaient prendre l'air, de s'y ménager un
jardin de plaisance, avec fontaine, treilles et arbres fruitiers. Un
blanchisseur, qui s'y était installé sans permission, en 1694, en fut
chassé. En 1698, on y vola les tuyaux de plomb des conduites. En
définitive, cette tentative de création d'un hôpital annexe sur la
rive gauche avait pitoyablement avorté.
Sainte-Anne n'était plus au xviii*^ siècle qu'une grosse ferme
(1) Brevet de concession de 144 lignes d'eau, i5 juin 1647. (Arcli. A. P., reg.
1440, p. 3o3.)
(2) Déiib. I" sept. i636.
(3) Délib. 10 mars, 6 avril, 6 mai 1662.
(4) Plan arrêté à la délib. du 21 mars lôSy.
(5) L'H.-D. dut justifier en 1667 de l'emploi de la somme de 54.000 1. données par la
reine mère ; l'état J'ourni présente une dépense de 96.823 1. de maçonnerie, 18.272 1.
de charpente, 58.711 1. de couverture, menuiserie, serrurerie, et autres pour l'ancien
bâtiment, et de 2.400 1. déjà engagées pour le nouveau. (Délib. 24 août 1667.)
(6) Délib. 21, 26 mai, 21, 23 juin., 23 déc. 1677, 22 janv. 1678, 24Juill. 1684.
(7) Délib. i3 juill. 1678.
(8) Uélib. 6 oct. 1679.
2?6 l'hotel-dii:u au xv
que les collecteurs de la paroisse de Montrouge voulaient imposer
de la taille (i), où THôtel-Dieu mettait les bestiaux destinés à la
boucherie de Carême, et dont on fouillait les terres pour en faire
des carrières. Elle s'étendait sur 84 arpents, dont 47 sur le terroir
de Saint-Jean-de-Latran, 14 sur celui de Notre-Dame-des-Champs
et 23 sur celui de Sainte-Geneviève; l'établissement entrait dans ce
total pour 14 arpents 91 perches. On y laissait pourtant des lits et
des provisions en cas d'épidémie, et 3 administrateurs commissaires
étaient chargés de veiller au maintien de ces mesures préventives.
De temps à autre, on l'utilisait pour des besoins urgents. Ainsi, en
1726, on y déposa, comme à Saint-Louis et aux Incurables, les
blés étrangers achetés (2) par l'Hôpital général, enlevés seulement
en 1729. Les bâtiments se détérioraient. On y planta, en 1749 (3),
devant la porte d'entrée, des ormes pour garantir du vent les
toitures. En 1767, en présence de l'épidémie de scorbut déclarée
parmi les malades de force à Bicêtre, l'Hôtel-Dieu, à la demande
du premier président du Parlement et du procureur général, accepta
d'y recevoir provisoirement ces scorbutiques; l'inspecteur des bâti-
ments y fit des réparations urgentes ; on y envoya tout le personnel
disponible, prêtres, religieuses, chirurgiens, apothicaires, domes-
tiques, du vin antiscorbutique, de l'eau-de-vie ; le 28 avril, les
carrioles de Bicêtre amenèrent 45 malades; le 29, il y en avait
73. Mais le Bureau constata bientôt qu'on lui adressait, non
des scorbutiques, mais toutes sortes de gens. Sur les i3o malades
occupant la f^ salle, on n'en trouva seulement 17 atteints griève-
ment, 5o légèrement, et 5o autres insensés, galeux ou hydro-
piques ; de même pour les malades de la 2° salie. Le Bureau se
fâcha ; ks administrateurs délégués au département de Sainte-Anne
firent un réquisitoire violent contre les procédés de l'Hôpital
général. A la séance du 23 mai, le Bureau décida de lui intenter
un procès, le cas échéant, d'autant plus que tous les frais restaient
à la charge de l'Hôtel-Dieu. Devant ces menaces, le samedi,
1 1 juillet, les derniers malades installés à Sainte-Anne regagnaient
Bicêtre en carriole (4).
En 1785, les administrateurs du collège de Louis-le-Grand,
représentés par les présidents Rolland et Le Rebours, voulant pro-
(i) 5 mars, 2 juill. 1717, 22 déc. 1718. L'H.-D. obtint la franchise de taille, par arrêt
de la Cour des aides du 16 mai 1718, spécifiant que les terres se trouvaient sur le terroir
de Paris, St-Jean-de-Latran, Ste-Geneviève et Notre-Dame-des-Champs, et non sur celui
de Montrouge. (Délib. 24 mai 1719.)
(2) Délib. 3o juill. 1726, 3i mai 1729.
(3) Délib. 29 janv. 1749.
(4) Délib. i5 juill. 1767
LES BATIMENTS
curer aux élèves une maison de récréation hors Paris, s'adres-
sèrent au Bureau pour en louer une partie (i). Il désigna l'admi-
nistrateur chargé de la maison, Marchais des Migneaux, pour
s'entendre avec eux, mais le projet n'eut aucune suite. Deux ans
après, l'arrêt du 22 juin 1787, pris par M. de Breteuil, désigna
Sainte-Anne pour faire partie, avec Saint-Louis, Sainte-Périne de
Chaillot et la maison des Hospitalières de la Roquette, des 4 éta-
blissements destinés à former le nouvel outillage hospitalier de la
Ville de Paris. L'année suivante, les plans de reconstruction étaient
approuvés par le roi et la démolition commencée (2). Elle se
termina avec l'ancien régime. L'adjudication des matériaux eut
lieu en février 1790 (?]. Ainsi finit l'existence peu brillante de l'an-
nexe de la rive gauche.
REPARATIONS ET TRANSFORMATIONS
AU XVII- SIÈCLE
Après ce voyage des coteaux de Belleville aux plateaux de
Montrouge, il nous faut revenir au cœur de la Cité, oli se joue la
destinée de l'Hôtel-Dieu.
Au mois de janvier 1618, les planchers de la petite chapelle qui
se trouvait à l'entrée de la grande porte du côté du Petit-Pont
s'écroulèrent en plein jour ; les deux grandes salles voisines, la
salle Neuve et l'Infirmerie, durent être évacuées au mois de mars,
ainsi que les dortoirs des religieuses et officiers qui se trouvaient
au-dessus ; une partie des malades et des religieuses furent trans-
portés à Saint-Louis. La démolition des locaux qui tombaient en
ruine fut commencée en 161 9 (4). On ne s'étonnera pas de leur
vétusté si l'on rappelle que la salle de l'Infirmerie avait été cons-
truite de 1225 à i25o et la salle Neuve avec la chapelle du Petit-
Pont, de i25o à 1260 (5) ; ces bâtiments avaient près de 4 siècles
d'existence. Claude Vellefaux fut chargé de leur reconstruction.
On les mit, à cette occasion, au niveau du plancher des salles
Saint-Thomas et Saint-Denis, au moyen d'un perron de 4 à
5 marches, depuis le rez-de-chaussée de la chapelle du Petit-Pont
(i) Lettre du 24 janv. et délib. du 26 janv. 1785.
(2) Délib. 14 mai lySS.
(3) Délib. 17 févr. 1790.
(4) Délib. 23 mars 1618, 3o janv. 1619, reg. i3, fol. 174, 256.
(5) Cartul. H.-D. n»' 141, 142, 614, 681, 684. Sous Louis XL de 1464 à 1466. la salle
Neuve avait été agrandie aux dépens de la chapelle du Petit-Pont, où ne s'élevait plus
qu'un autel, celui de Ste-Agnès. (Rondonneau, o. c, "p. 43.)
i/hOTFL-DIEU au XVII" KT au XVIIie SIECLE
Jusqu'au pilier contre lequel finissait la salle du Légat ; cette opé-
ration permit d'exhausser le plafond de la salle des accouchées qui
se trouvait alors au-dessous de Tlnfirmerie ; le sol du dortoir des
religieuses au-dessus des salles fut mis également au niveau de la
galerie faite en travers de la salle Saint-Thomas pour aller de ces
dortoirs à l'étage nouvellement bâti au-dessus de la salle Saint-
Denis. On continua le puits et les arcades commencées sous la
chapelle du Petit-Pont (i), ainsi que les voûtes de l'égout déversant
les eaux à la Seine et qui passaient sous la salle Neuve et l'Infir-
merie. Pour ces travaux, le Bureau, qui se trouvait à court
d'argent, dut emprunter 60.000 livres (2).
Ils ne donnèrent pas d'ailleurs de nouvelles disponibilités, et
il fallait, coûte que coûte, agrandir l'Hôtel-Dieu, puisque Saint-
Louis et Saint-Marcel étaient réservés en cas d'épidémie. Aussi_,
dès 1625, l'architecte Gamard, qui avait remplacé Claude Vellefaux,
fut-il chargé de dresser les plans d'une salle appelée Bretagne, le
long de la Seine, et d'un pont à établir sur la rivière (3). L'adjudi-
cation des travaux eut lieu en avril 1626 (4". La « Bretagne » était
terminée en i63o.
En i632, Gamard était chargé de refaire la terrasse qui se trou-
vait entre les grandes salles donnant sur la rivière (5). Le pont,
qui se composait de 2 travées de 3 toises 1/2 d'épaisseur, fut ter-
miné en i632 et la réception de l'ouvrage (6) fut faite par Charles
David et Charles Benoit, jurés maçons, au mois d'août i632.
Il devait s'appeler le pont au Double. Voici pourquoi : le
25 avril 1634, les bourgeois des quartiers voisins voulant faire bàtîr
un pont, l'Hôtel-Dieu reçut l'autorisation (7) d'ouvrir un passage
au public sur le pont qu'il avait construit et de prendre un double
pour chaque homme de pied et 6 deniers pour chaque homme de
cheval, revenu qui devait être employé à l'entretien du « pont des
Pauvres ».
(1 ) Il y avait en effet des chapelles dans la plupart des salles ; de plus, à la porte donnant
sur le Petit-Pont, se trouvait une Vierge devant laquelle le public brûlait des cierges ;. le
Chapitre y disait une antienne le mardi des Rogations en allant dire la messe aux Carmélites,
(Descript. hist. des curiosités de l'Église de Paris; 17Ô3, in-12, p. 325.) On lui acheta en
1746 une couronne d'argent payée 227 1. 14 s.
(2) Délib. 28 juin et 20 déc. 1619, reg. i3, fol. 291, 325.
(3l Délib. 28 janv. i625, reg. 14, fol. 65.
(4) Délib 4 avril 1626, reg. 14, fol. 141. L'oeuvre de « charpenterie » fut confiée à
Gilles Le Kedde, maître général des œuvres et édifices des bâtiments du roi, ponts et chaus-
sées de France. (Délib. 26 mars 1627, reg. 14. fol. 199.)
(5) Délib. 2i mai i632, reg. 16, fol. i32. Il fut construit avec des pierres extraites de la
ferme du Pressoir, derrière le Luxembourg, et coûta 244.993 1.
(6) Féline Romany, dans sa Notice sur les ponts de Paris; Paris, i865, in-S», donne les
dimensions suivantes : 2 arches en plein cintre de i5 m. g6 et de 11 m. 78 de largeur,
séparées par une pile de 3 m. g5 d'épaisseur.
(7) Lettres patentes de mai 1634. Délib. 29 mai 1634, reg. 16, fol. 314.
LES BATIMENTS 2?Q
Le Parlement dut, à plusieurs reprises, intervenir pour impo-
ser la perception du droit et même édicterdes peines sévères contre
les délinquants (i). Le droit de passage était affermé, en i636,
2.400 livres; en 1640, 3.55o livres; en 1648, 5. 000 livres; en
1654, 6.000 livres; en 1698, 7.500 livres, à P. Beaufils ; en 1760,
8. 100 livres, à Jean Reversé ; en 1722, 8.25o livres, à Cl. Laurent (2).
Le passage était gratuit pour « les chanoines, hauts vicaires, digni-
taires, chapelains, chantres, huissiers, bedeaux et officiers de
l'Église de Paris [Notre-Dame], les baillis, lieutenant, greffier et
officiers du Chapitre (3) », ainsi que pour les officiers et gens du
cardinal, pour les processions, pour les gens de THôpital général
apportant des malades sur des brancards, pour ceux de la maison
des convalescentes et des greniers à blé. En 1734, en présence de
l'augmentation croissante des revenus, le droit fut mit en régie ;
il fallut alors un suisse et une autre personne pour seconder le
pontonnier ; l'affluence de passants était particulièrement grande
les dimanches et fêtes, à Noël, à la Chandeleur, les jours oii le
roi, la reine et les enfants de France venaient à Notre-Dame, les
jours de Te Deiim, de la fête de la Vierge, de réjouissances
publiques, d'illuminations, d'amendes honorables à la porte de la
cathédrale, des « expéditions » de justice à la place Maubert, et
en temps de jubilé. Les gens manquaient parfois d'être étouffés,
juraient, menaçaient le pontonnier incapable, le plus souvent, de
maintenir l'ordre (4). L'entrée était fermée par une barrière (5! où
se percevait le péage ; le pont était éclairé par 3 lanternes dont la
Ville fournissait les chandelles (environ 800 par an) ; l'Hôtel-Dieu
entretenait seulement celles de la recette et celles de la maison des
convalescentes (environ 665 par an). Le tourniquet ne laissait la
voie libre que pour les piétons, et c'est à tort que Piganiol (6)
prétend « qu'il est rare d'y voir passer les gens de cheval, à cause
que les culées en sont trop raides ».
(i) Arrêts des 6 mars 163;, 6 juill. 167Q, 17 nov. 1680, lettres patentes de juill. 1717.
[Règl. H.-D., II, 319.)
(2) Arch. A. P., liasse 40.
(3) Ce sont exactement : les bénéficiers, le maîire de musique, les chantres, le maître
de grammaire, les marguilliers laïcs, les francs-sergents, les petits huissiers, les grands et
les petits sonneurs, les deux suisses, le concierge du Terrain, le clerc de la fabrique, le
clievecier, les sacristains et gardes, d'après letat dressé le 10 août 172g par Andry, secré-
taire du Chapitre. (Arch. A. P., liasse 40.)
(4) Arch. A. P., liasse 40. (Voy. mém. du S' Noblet, « pontonnier», sur la régie du pont
de IH.-D., i5 août 1760.)
(5) Prèsde cette entrJe, rue de la Bûcherie, se trouvait, installée, au xviii» s., uneacrèche».
L'H.-D. consentit à l'établissement de ce spectacle, à condition de toucher le quart de
la recette.
(6) Piganiol, o. c, I, p. 402.
240
L HOTFL-DIRU AU XVII'^ KT AT XVIIie SIKCLF.
En i65o, on fit au fermier du pont une remise de
3oo livres, en raison des guerres et de l'inondation de 1649 (i),
pendant laquelle le passage fut longtemps interrompu, la rue de la
Bûcherie et TArchevêché étant inondés.
Au début de i658, le passage sur le pont fut impraticable pen-
dant 8 jours, à cause de la fameuse crue de la Seine qui envahit les
caves et les salles basses de l'Hôtel-Dieu {2), évacuées à partir du
20 mars. Cette crue fut la plus importante dont l'histoire ait enre-
gistré le souvenir précis : « Il y a ici grand désordre pour les eaux,
écrivait, le 26 février i658, Gui Patin à son ami Spon, de Lyon.
La rivière est tellement grossie que tout le monde a peur d'être
submergé : elle est aussi grande que jamais, mais elle est vingt fois
plus rapide qu'elle ne fut en l'an i65i en ce même mois de février.
On ne voit passer sur la rivière que bois, paille, paillasses et lits,
qui sont des marques qu'elle a puissamment fait des ravages par
où elle a passé en venant à Paris. Il n'est pas jusqu'à la petite
rivière de Bièvre, Bibara, vulgo rivière de Gentilly ou des Gobelins,
qui n'ait fait rage dans le faubourg Saint-Marceau 011 elle a noyé
bien du monde et abattu des maisons. La Grève est si pleine d'eau
que l'on n'en approche que par bateau ; toutes les rues prochaines
en regorgent. » Le i^^ mars, le pont Marie, qui faisait communi-
quer l'île Saint-Louis avec le quai des Ormes, fut emporté avec
22 maisons et le pont de l'Hôtel-Dieu devint, pour quelque temps,
le seul passage disponible de ce quartier (3).
Le Bureau a toutes les peines du monde pour y maintenir
l'ordre ; tantôt « les gens de condition » qui passent sont injuriés
par les commis à la recette ; tantôt des badauds s'attroupent,
demandent à boire sur une table qui se trouve à l'entrée du passage;
tantôt ce sont les gens qui vont prendre leurs repas à la maison
« des Trois Rois » qui troublent le repos des malades de la salle
du Rosaire, ou la messe qui se dit à l'autel élevé au fond de cette
salle (4).
En effet, au-dessus du pont au Double, Gamard avait construit
la salle dite du Rosaire, qui fut mise en service en i635. D'autre
part, il édifiadu côté de la rue de la Bûcherie un portail monumen-
(i) Délib. 4 févr. j65o, reg. 21, fol. 16.
(2) Délib. 20 mars et 8 mal i658, reg. 25, fol. 43, 73.
(3) Aux XVII» et XYiiFs., les crues de la Seine se reproduiront, plus ou moins graves,
tous les 12 ans environ; les plus importantes furent celles de i63i, i658, i663, 1671,
1719, 1733, 1740, 1799. (Voy. Pawloski, les Crues de la Seine; Paris, 1910, in-8».)
(4) Délib. 23 nov. 1657, reg. 24, fol. 147 v°. Les salles qui se trouvaient sur le pont
furent démolies en i833 ; le pont fut remplacé au même endroit par un pont d'une seule
arche, démoli en 1880, et remplacé parle pont actuel au droit de Notre-Dame.
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LES BATIMENTS 24 I
tal (i), terminé en i636. Pour payer les frais de ces constructions,
1 Hôtel-Dieu dut emprunter, en 1 638, une somme de 60.000 livres.
Rue de Sèvres, sur un terrain appartenant à THôtel-Dieu,
Gamard édifiait encore, de i636 à i638, les Incurables (2) et
établissait à la même époque l'avant-projet de Sainte-Anne.
En 1643, l'Hôtel-Dieu obtint la permission d'établir un moulin
à eau sur bateau flottant, dans le petit bras de Seine, au-dessus du
lavoir de la maison, moyennant une redevance de 20 sous par an
au domaine de la Ville (3). On s'aperçut vite qu'en cet endroit les
eaux étaient trop basses en été pour permettre au moulin de ionc-
tionner et, en i653 (4), les administrateurs reçurent l'autorisation
de transporter le moulin « au-dessus et aval l'eau de l'arche du
pont Notre-Dame tenant au quai de Gesvres, qui est la 2^ arche
dudit pont du côté de la rue de la Tannerie ». Le devant du bateau
devait être distant de 8 toises de l'avant-bec des piliers du pont
Notre-Dame, du côté de l'aval de l'eau pour éviter « le dégravoye-
ment « que le tournant du moulin aurait pu faire subir aux piliers
du pont ; la corde du bateau ne devait point être attachée aux an-
neaux du pont, mais à des pieux spéciaux; la Ville se réservait
enfin le droit de faire déplacer le bateau en cas de réparation des
piliers du pont, ou de toute autre nécessité publique. Le moulin
fut cédé à bail pour 700 livres de loyer annuel, mais son entretien
demandait des réparations continuelles et, en présence de ces frais,
les administrateurs durent se résigner à le vendre, avec l'autori-
tion de la Ville, moyennant 2.5oo livres (5).
L'approvisionnement d'eau était un problème délicat pour
l'Hôtel-Dieu comme pour tous les établissements, malgré sa situa-
tion privilégiée sur les rives du fleuve. Il n'avait eu longtemps à sa
portée que l'eau de la Seine, puis celle de 2 puits, l'un creusé sur
le bord de la rivière, l'autre dans une cour (6). Ce n'est qu'au
xviie siècle qu'il eut à sa disposition quelques lignes d'eau,
(i) 11 fallut, pour édifier ce portail et le pont actuel, acheter 3 maisons rue de la
Bùcherie, en 1629 et i63o: « le Port Rollet », « l'Image Ste-Barbe » et « les Trois Rois ».
12) Une partie seulement fut construite à cette époque; les bâtiments furent continués
de 1646 à 1649, puis de 1660 à 1664, enfin au xviii» s., de 1744 à 1748 et de 1750 à 1737.
(H. Feulard, l'Hôp. Laënnec ; Paris, 1884, in-4», p. 25.)
(3) Ord. des prévôt des marchands et échevins, 6 août 1643. Une visite préalable fut
faite le 4 août par René Moutier, lun des maîtres des ponts de la Ville.
(4) Ord. du 29 mai i653. Lettres patentes de juin i633. (Arch. A. P., liasse 267.) Le
petit bras de la Seine, avant la construction d'un quai, était d'un très faible tirant d'eau.
Une délib. du Bureau de la Ville dit qu'en i556 le petit bras est à sec en été jusqu'à
l'hôtel de Nesle. (Tesson, le Moulin de l'Hôtel-Uieu sur la Seine, dans Bull, de la Cité,
avril 1905.)
(5) Délib. 23 févr. 1661, reg. 29, fol. 47.
(6) Coyecque, o. c, t. I, p. 82.
16
L HOTEL-DIEU AU XVII" ET AU XVIII'' SIECLE
6 lignes en 1626, 40 lignes en 1646, des aqueducs de Rungis, prises
au regard public qui se trouvait au parvis Notre-Dame. Mais c'était
là une quantité fort insuffisante. Il fallut la compléter par l'eau de
puits, crue, mauvaise, pernicieuse aux malades atteints de scorbut
et humeurs froides et qu'une équipe d'hommes de peine devait
transporter dans lés offices et les salles ; l'eau de Seine corrompue
par les lessives et les immondices ne pouvait servir ni à la boisson,
ni à la préparation des remèdes, ni à celle du pain.
Par ordonnance du 22 mai 1708, THôtel-Dieu reçut la conces-
sion gratuite d'un pouce d'eau à prendre à la tour des pompes du
pont Notre-Dame, en plus de la quantité d'un demi-pouce pour
lequel il était compris dans l'état de distribution générale des eaux
du 2 Juin 1643 (i). Un appareil de contrôle, une jauge (2), lui
servait à vérifier les quantités livrées.
Pour remercier la Ville de cette faveur, FHôtel-Dieu lui accorda
le droit de nomination, à perpétuité, dans une des salles, à un lit
pour malade seul. Par brevet du 9 juillet 1726, la Ville lui octroya
de nouveau un demi-pouce d'eau, de manière à faire avec les
concessions précédentes un total de 2 pouces d'eau en superficie (3) .
Toutefois, elle mit une restriction, à ses faveurs en ordonnant, par
le brevet du 12 décembre 1738, que ces 2 pouces seraient délivrés
distinctement par quatre ouvertures de jauge faites dans un bassinet
particulier à la tour de la machine hydraulique du pont Notre-
Dame suivant Tordre suivant des brevets de concession : 40 lignes
d'eau en superficie, 32 lignes, 144 lignes,.72 lignes, les quatre cours
faisant un total de 2 pouces. L'entretien des conduites restait
d'ailleurs à la charge de l'Hôtel-Dieu.. Une nouvelle augmentation
d'un demi-pouce d'eau fut accordée par l'ordonnance du 5 juin 1 747
et délivrée distinctement par une cinquième ouverture de jauge
faite au bassinet de la tour de la machine (4).
En 1758, l'Hôtel-Dieu fit construire une pompe hydraulique
pour conduire l'eau dans les différentes localités de la maison, par
(i) La pompe Notre-Dame, construite en 1670,, ne fut démolie qu'en 18 55. Le règlement
général de juridiction de l'Hôtel de Ville sur le fait des fontaines publiques datait de
l'ord. roy. de mars 1669, et fut confirmé par l'édit de juin 1700. (A. Chevalier. Notice
liist. sur la police et la distribution des eaux dans Paris, dans Aiin. d'hyg. publ. et Je méd.
légale à6 i85i, t. XLV, p. i3.)
(2) Tesson, Note sur la jauge des eaux de l'Hôtel-Dieu, dans la France médicale,
25 mars 1905, p. loi.
(3) Un pouce d'eau équivalait à 20 m.c. d'eau par 24 heures.
(4) Quand la machine des pompes venait à manquer, il fallait prendre des hommes
pour aller chercher l'eau à la fontaine du Parvis ou au « Terrain ». (DéJib. 16 juin 1737.)
L'H.-D. fit construire plusieurs pompes au xviii»s. : l'une dans la maison de la « '^'leille-
Lanterne » qui servait à la cuisson des tripes de la boucherie de l'H.-D. en i 745, une autre
dans un puits, près de la cuisine de la maison, dans' la cour des chaudronniers, une autre
enfin, en 1760, près des murs de l'archevêché.
LES RATIMKNTS
Ducray, ingénieur-machiniste hydraulique, au prix de 2.666 livres,
ce qui ne l'empêcha pas de se servir de la pompe à cheval qui fonc-
tionnait sur le puits de la Grange (i)..
Par le portail de Gamard, l.'Hôtelr-Dieu avait un débouché sur
la rue de la Bùcherie. Le parvis n'était plus son unique entrée,
et bientôt son objectif fut de s'étendre sur la rive gauche du
bras de Seine, et de faire un nouvel Hôtel-Dieu parallèle au
premier. Ce devait être le bâtiment Saint-Charles, construit en
deux parties et à deux époques différentes, la première, de i65i à
1661, la seconde, de 1714 à 17 19.
Dès 162g, le Bureau avait commencé l'acquisition des maisons
situées rue de la Bùcherie et aboutissant à la Seine, depuis la rue
du Fouarre jusqu'au Petit-Pont. Ces maisons étaient au nombre
de 19, toutes sans grande valeur, dont un plan de 1750 nous a
laissé l'indication^ très curieuse pour la topographie de Paris (2).
C'est sur leur emplacement que fut construit le bâtiment Saint-
Charles, du pont au Double au Petit-Châtelet (3j, continué plus
tard jusqu'au Petit-Pont.
Pour faire communiquer ce bâtiment avec la rive droite, l' Hôtel-
Dieu fit construire en i65i un pont en pierre, muni d'une galerie
vitrée, appelé le pont Saint-Charles. Quant au bâtiment, sa cons-
truction fut retardée par les événements politiques et par la diffi-
culté de se procurer de la pierre de Saint-Leu, accaparée d'abord
pour la construction du Val-de-Grâce (4], puis par celle du Louvre
Il ne tut terminé qu'en 1661 (5).
LA CHAPELLE
En i665, l'administrateur Hélyot dépensa 5oo livres pour faire
blanchir la chapelle de THôtel-Dieu, en échange d'une corne de
licorne provenant d'un don (6). Cette chapelle avait été construite vers
(1) Délib. 26 avril, 20 déc. lySS, et liasse 26.
(2) Arcli. A. P., avec la liste et la valeur de ces maisons. Ce plan a été reproduit dans
Pr.-V. de la comm. du Vieux-Paris, annexe du 14 mai 1903.
(3) Délib. 12 août i63o, 28 avril, 12 juill., i5 sept i65i ; comptes de ibb3, p. 539 à 5'45.
Ce bâtiment était dû en grande partie aux libéralités de Pomponne de Bellièvre, qui légua
par surplus ses meubles, vendus 22.000 1. (Délib. 18 avril i658.) Une inscription, due à
Patru, rappelait sa générosité. (Voy. Fosseyeux, liiv. des obj. d'art, 191 1, in-8», p. 140.)
(4I Délib. 16 juin 1654. Sur la construction du Val-de-Grâce, voy. Rapriclu-Robe rt,
le Val-de-Grâce, et sur le Louvre, L. Mirot, Mém. Soc. Hist. de Paris, 1904, t. XXXI,
p. 161 : les Travaux du Louvre. Le surintendant des bâtiments était alors M. de Ratabon ,
prédécesseur de Colbert.
(5) Délih. 26 janv. 1660, 20 mai 1661.
(6) Délib. 3 déc. 16G4, reg. 33. Le Bureau l'avait mise en adjudication sans succès en 1Ô62.
244 L HOTF.L-DIEr AU WIF ET AU XVHie SIECLE
I ?8o (ij, grâce aux libéralités d'Oudart de Mocreux, changeur et
bourgeois de Paris. Elle était enclavée dans un angle des bâtiments
de l'hôpital, et on voit, d'après le plan de Jaillot notamment, qu'elle
était orientée de telle sorte que son chevet s'élevait en face de la
porte latérale du grand portail de Notre-Dame, la porte Sainte-
Anne, dans la partie sud du parvis. Son périmètre formait équerre
sur le parvis et servait de passage pour accéder aux bâtiments de
l'hôpital.
Cette chapelle, voûtée en ogives, possédait des boiseries et des
stalles datant du xiv^ siècle ; la partie sud formait le chœur des
religieuses et était séparée du reste de l'édifice par une grille en
fer forgé et contourné en fleurons. Le chœur des prêtres était aussi
fermé par une grille en fer contourné de lacis entremêlés de cuivre
repoussé. Le portail était très modeste et précédé d'un petit
porche ou avant-solier en charpente, de forme ogive en accolade,
porté sur des consoles et abritant un perron de 8 à lo marches ; le
sol de ce perron entouré d'une grille de fer ornementée mettait de
niveau le pavé de l'église avec l'aire des salles de Thôpital.
Des personnages de toutes sortes y étaient inhumés, des cha-
noines visiteurs de la maison, comme M. de Champigny, décédé
le i8 juin i652, dont le cœur était enterré « à l'autel » ; des chape-
lains des malades ou du chœur, comme Nicolas Le Monnier,
inhumé le 19 mars i658, à gauche, « sous la chaire de la robe
noire », Jacques Chambellan, inhumé le 25 avril i652, dans le
chœur, « sous les sièges des chapiers », Guillaume Montauroux
Dolivari, inhumé également la même année près des sièges des
chapiers; quelques chirurgiens comme Jacques Petit et J.-N.
Moreau, au xviii« siècle, enfin quelques personnages de marque,
décédés àTHôtel-Dieu, comme le grecNathaël Ato(7'jp'.voç, archevêque
de Sainte-Maure, décédé à l'Hôtel-Dieu, en décembre 1661, inhumé
dans le chœur, « au bas du degré qui est soub la lampe, à main
gauche, ou du côté de l'évangile ». Quant aux religieuses, elles
étaient inhumées en différents endroits, « au bas de l'escalier de la
chaire », « devant l'autel du Saint-Esprit, près de la porte d'entrée
(i) Nous savons qu'elle ne fut terminée qu'en 1394. (Arch. A. P., liasse 9.) Lebeuf, 0. c,
1. 1, p. 24, dit, par erreur, i36o; il nous apprend que la nouvelle chapelle était restée con-
sacrée à St-Christophe, sous l'invocation duquel l'H.-D. était placé dès son origine.
« La chapelle, quoique rebâtie vers i36o, est toujours sous le titre de St-Cliristophe, quoi
qu'on paraisse l'ignorer.» Cette indication est confirmée par Le Fèvre, Calendrier liist. et
chronol. de l'Egl. de Paris, Paris, 1747, in-i6, 25 juill., p. 257. Toutefois, le cuite de St-
Jean-Baptisie avait prévalu depuis longtemps sur le sien, et c'est l'efBgie de ce dernier
saint qui figure sur le sceau usuel imprimé de l'H.-D. que nous trouvons en tête de
nombreuses pièces, et notamment des bulletins de décès, entouré de la légende suivante:
« siGiLLUM. COMMISSORUM. DOMUS. DEi. PARisiEiNSis. » (Coyecque, 0, C., t. I, p. 42, avec
fac-similés.)
LES BATIMENTS 2^5
du bas chapitre » (i). Dans le chœur se trouvaient des épitaphes de
bienfaiteurs (2), celles du chanoine F.-Ythier Chasielain, mort en
1661 (3), et de Ph. Berthier, abbé de Saint-Vincent de Senlis,
décédé en 1667 (4).
A la sacristie, le mobilier cultuel, d'après les inventaires
conservés (5), était assez riche : croix d'argent enrichies de
pierreries, croix de procession, reliquaire de vermeil doré « dans
lequel est enfermée la Jambe d'un des saints Innocents », reliquaire
garni de perles et de pierreries fausses, où sont les images des
apôtres saint Jacques et saint Philippe, reliquaire en forme de
croix, « où est le bras de saint Adrien «, soleils, ciboires cise-
lés, calices décorés de motifs religieux, burettes, bassins, paix
d'argent, vases de fleurs, chasubles, chappes, étoles en grand
nombre pour les diverses fêtes de l'année, missels couverts de
maroquin rouge avec fermoirs d'argent, processionnaires écrits
à la main sur parchemin, rituels pour le service des religieuses,
évangiles, bréviaires, enfin linge et parements d'autel, dont un
devant de brocard d'or et d'argent à galon et petite frange d'or
donné par M. Desroses, et un autre en velours violet semé de
fleurs de lis, de faux or, aux armes de Marie de Médicis (6). Quant
à l'orgue, il était tenu par un organiste, aux gages de 60, puis de
80 livres par an (j).
L'intérieur de la chapelle était éclairé par quatre grandes
fenêtres ogivales, telles qu'on les peut voir sur une gravure
d"I. Silvestre exécutée vers 1670, divisées par des meneaux avec
rosaces contrelobées dans les tympans, puis amorties par des
frontons aigus chargés de crochets sur leurs rampants profilés de
moulures. Les intervalles entre ces fenêtres étaient ornés de niches
saillantes à pignons aigus formant dais et retombant sur des colon-
(i) Rituel de l'Hôrel-Dieu de Paris (i327-i532), avec listes du personnel masculin et
féminin du xiii* et xvii» s., dans Bull. Soc. Hist. de Paris, 1908, p. 189-209.
(2) Piganiol, o. c, t. I, p. 404.
(3) Le Journal historique du chanoine Chastelain, conservé aux Arch. de l'A. P., a été
publié, mais d'une façon défectueuse, "dans la Rev. hist. nob. et biogr., 2" série, t. Vil, 1871
p. 71-85, et i32-i58.
(4) Par testament du 25 mai 1667, il avait fait un legs universel au profit de l'H.-D.,
et à charge de diverses fondations, entre autres 4 lits à l'hôpital de la Charité. (Arch. A. P.,
H.-D., dons et legs.l
(5) Arch. A. P., liasse 874. Inv. des reliques, calices, ornemens estans en la sacristie
de l'H.-D., 6 août i6i3, avril 1620, i653, 1661, 16 juill. 1681, 26 janv. 1701, 28 juin 1718,
21 avril 1738, 6 oct. 1762.
(6) L'H.-D. prêta à différentes reprises son« argenterie » pour certaines cérémonies à
Notre-Dame, notamment le 26 févr. 1766, pour le service de Mgr le Dauphin, le 12 juin
1766 pour celui du roi Stanislas, père de la reine, le 21 nov. 1766 pour celui de la reine
douairière d'Espagne.
(7) Délib. 7 août 1733, 28 août 1736, 3 mars 1739.
246 l/HOTFL-niEU ai; XVII« et au XVIIie SIECLE
nettes latérales pour abriter de grandes statues des saints protec-
teurs de rbôpital (i). En 1734, on construisit un jubé du côté de la
sacristie, le long de la grille du chœur, pour les cérémonies de
prises d'habits ou de profession, à cause de l'affluence du public.
Le soubassement continu des murs de la chapelle était profilé
d'une moulure à talon formant socle et d'une autre moulure
courante sous les fenêtres pour simuler une corniche. Enfin
la chapelle n'avait point de toiture, mais les voûtes étaient
couvertes par une terrasse qui servait de promenoir aux enfants
de chœur (2).
En 1666, de La Motte, intendant de l'archevêché, avait fait
abattre le mur élevé par THôtel-Dieu, séparant le chemin des-
cendant à la rivière du passage du pont au Double du côté
de Notre-Dame, pour aménager des boutiques de libraires le
long de ce passage. Le Bureau s'émut de ces constructions
d'échoppes, mais accepta le fait accompli à condition que l'Arche-
vêché renouvelât le bail du jardin et de la place joignant la
cour des cuisines de la maison, acquis depuis par échange avec
M^'-de Harlay (3).
Nous avons vu quelle résistance fit LHôtel-Dieu aux proposi-
tions de l'Hôpital général, au xviii" siècle, quand ce dernier
demanda la vente de 5 maisons (4) pour agrandir l'installation des
Enfants-Trouvés. Le parvis devait subir, de 1749 à 1758, des
transformations importantes. La maison du Bureau qui tombait en
ruine fut démolie et reconstruite (5). La vieille église Saint-Chris-
tophe fut démolie, et avec les matériaux on construisit la nouvelle
chapelle du bâtiment des Enfants-Trouvés (6). Enfin trois autres
maisons (7) furent encore démolies et vendues à la Ville pour
l'agrandissement du parvis en 1758. La chapelle ne fut démolie
qu'en i8o2-i8o3, avec les maisons adjacentes, pour régulariser le
parvis : mais, dès 1792, elle ne servait plus que de magasin où l'on
(1) Là sans doute se trouvaient les statues de St-Landry, de St-Louis, de Henri IV, qui
fleurèrent ensuite dans la salle des fondateurs de l'H.-D., et qui ont été transportées ré-
cemment à St-Julien-le-Pauvre.
(2) L. Troche, le. Sceau de l'Hôtel-Dieu de Paris, dans Recueil des trav. de la Soc. de
Sphragistiqiie de Raris, t. IV, i855, p. 122 (en note).
(3) Délib. 12 mai, 9 juin 1666, reg. 34, fol. 107, i32.
(4) Ces maisons étaient: une rue de Venise, deux rue Neuve-Notre-Dame, deux rue
de la Huclittte, en retour de la rue Neuve-Notre-Dame, vis-à-vis du Parvis. (Délib. 10 mars
1745, reg. 1 14, fol. 62.)
(5) Délib. 3o avril, 2 juill. 1749, reg. 118, fol. 104, i52.
(61 Cette nouvelle rhapelle fut construite de 1746 à 1731.
(7) C'étaient : « la Hucliette », « le Chaudron », sur le Parvis, et une maison rue de
Venise. Le « Terrain » fut également vendu à la Mlle pour 62.797 1., à raison de 600 1. la
toise. (Délib. 3i mai 1758, reg. 127, fol. i53.)
LES BATIMENTS 247
recueillait et revendait le vieux linge destiné à la fabrication du
papier (i).
LES CIMETIERES
L'Hôtel-Dieu, qui avait besoin d'agrandir sans cesse ses locaux
pour hospitaliser ses malades, éprouvait les mêmes difficultés pour
inhumer ses morts. Depuis longtemps les Innocents et la Trinité
étaient insuffisants. Ce ne fut pourtant qu'à la fin du xvii« siècle
qu'il ouvrit l'annexe de Clamart devenu bientôt son champ de
sépulture par excellence.
Les morts, depuis le xiv^ siècle, étaient enterrés, soit à la Trinité,
où l'on creusait dès le début de l'année une fosse unique pour les
recevoir, soit aux Innocents, où se trouvait de même une
fosse unique, la <■< fosse aux pauvres », du côté des halles de
la Lingerie, tout au fond du cimetière ; elle servait également
aux prisonniers de l'évêché et aux paroissiens de Saint-Chris-
tophe; quand une autre personne voulait y être inhumée, l'Hôtel-
Dieu prélevait un droit qui variait suivant que le corps était
enveloppé dans un linceul ou enfermé dans un cercueil (2). La
partie réservée à l'Hôtel-Dieu allait depuis le troisième pilier
faisant clôture des trois dernières arches des galeries ou char-
niers, du côté de la rue de la Charronnerie, jusqu'aux galeries
qui se trouvaient du côté de la rue du Feure, et de celles-ci
aux galeries des halles de la Lingerie (3) ; au milieu se trou-
vait la chapelle d'Orgemont, élevée par Pierre d'Orgemont,
évéquede Paris (4). Elle faisait partie du « parterre », par opposition
aux charniers; cette portion fut réduite de 38 à 36 toises en
1669 (5). Malgré les indemnités qui lui furent accordées à cette occa-
(i) A. -P. -M. Gilbert, Descript. hist. de N.-D. de Paris, p. 48. C'est sur son empla-
cement que fut élevé le portique à fronton grec et à colonne dorique, dû à l'architecte
Clavareau. 'L'orgue aurait été transféré dans l'ancienne église du noviciat des Jésuites, à
la suite d'une vente, et serait peut-être encore à la paroisse St-1'aul-St-Louis. (D. de Haiisy,
Note hist. sur la par. St-Paiil-St-Loitis, p. Sy.)
(2) Sentence du prévôt de Paris du 23 déc. i37(, confirmée par arrêt du Parlement du
29 janv. 1372, reproduit par Félibien, o. c, t. III, p. 68. L'H.-D. avait le profit des fos-
soyages de ses corps, niiiis aussi de ceux des paroisses StrChristophe et Ste-Marine.
(Cf. Brièle, l'Hôpital Sainte-Catherine ; X^arU, 1890, in-8», p. 63.)
(3) Visite du 21 nov. 1442. Arch. A. P., compte de 087.
(4) Sur les chapelles du cimetière, voy. Hoffbauër, Paris à travers les a'ges, in-fol.,
t. II, p. 27.
(5) Arch. nat., S 28, 3o, 32, 33, 3.4, plans. Il n'y avait primitivement que deux portes au
cimetière, rue St-Denis et rue de la Ferronnerie ; puis on en ouvrit de nouvelles, rue St-
Honoré, et au marché aux Poirées, pour les convois des paroisses Si-Eustaclie et St-Ger-
main l'Auxerrois. (Arch. A. P., liasse 58.) ,
248 l'hOTKL-DIEU au XVIie ET AU XVIII« SIECLE
sion, aucun texte ne prouve que THôtel-Dieu fût propriétaire de
la portion qui lui était réservée, et le procès engagé à ce sujet (i)
durait encore au moment de la Révolution, qui y mit fin sans
autre conclusion.
A la Trinité, une transaction avait décidé que le cimetière
appartiendrait pour moitié à THôtel-Dieu et pour moitié à
l'hôpital de la Trinité, et qu'un mur de clôture séparerait les
deux parties ; mais, comme il était difficile de construire sur un
terrain fouillé et rempli d'ossements, on fit simplement la clôture
en « charpenterie garnie d'ais de bateaux coupés en pointe » (2).
Au xvii^ siècle, de i652 à 1659, le jour de la Toussaint, l'Hôtel-
Dieu faisait une procession au cimetière de la Trinité, à 8 heures
du soir, pour le soulagement des âmes des trépassés ; mais cette
cérémonie fut supprimée en raison du scandale causé par l'af-
fluence du « menu peuple » qui s'y rencontrait, et des plaintes
adressées au Bureau par plusieurs notables bourgeois de Paris
prétendant qu'il s'y donnait des rendez-vous entre garçons et filles ;
il nous semble reconnaître là l'action occulte des « Messieurs »
de la Compagnie du Saint-Sacrement (3).
Les corps étaient transportés par le chariot jusqu'à la Trinité
ou aux Innocents, par les rues Neuve-Notre-Dame et de la Juiverie,
le pont Notre-Dame, la place aux Veaux et la rue Saint-Denis (4).
On a calculé que pendant les 7 siècles que fut ouvert le cimetière
des Saints-Innocents, qu'i servait à 20 paroisses, il y fut enterré
1.200.000 cadavres (5). Aussi, dès le xvii'= siècle, Corrozet (6)
prétend que la terre « en était si pourrissante qu'un corps humain
y est consumé en 9 jours ; il y a dans ce cymetière tant d'ossements
de trépassés que c'est chose incréable ». Au xvin« siècle, les plaintes
contre l'infection répandue par ces charniers furent si vives que
le Parlement, par arrêt du 9 juillet i/B/ (7), délégua les sieurs
Lémery, Hunault et Geoffroy, médecins et pharmacien de THôtel-
(1) Arch. nat., L Sôy'i.
(2) Arch. A. P., liasse Sy. Actes des 24 janv. et 22 août 1698. Le cimetière se trouvait
dans la censive du prieuré de St-Martin-des-Champs. (Déclar. du 12 juin lôgS.)
(3) Délib. 14 nov. 1659.
(4) Mi'= de Montpensier, Mémoires, i652, II, 281 (collect. Petitot, in-8», t. XII): « Il
m'arriva un accident sur le Petit-Pont qui m'auroit bien fait peur un autre jour que
j'aurois eu moins de choses dans l'esprit ; mon carrosse s'accrocha à la charrette des morts
que l'on mène toutes les nuits de l'H .-D. à la Trinité. Je ne fis que changer de portière, de
crainte que quelques pieds ou mains qui sortoient ne me donnassent de par le nez. »
(5) On trouvera nn bref historique concernant le cimetière des Innocents, dans Héricart
de Thury, les Catacombes de Paris: Paris, i8i5, in-12, p. ny.
"♦ (6) Ed. de i586, p. 67.
(7) Le rapport, daté du 22 mai 1738, a été brûlé en 1871 dans l'incendie des archives
de l'Hôtel de Ville, mais des extraits en figurent dans le livre de 'Valentin Dufour, la
Danse macabre des Saints-Innocents de Paris.
LES BATIMFNTS
249
Dieu, pour faire un rapport iij. Ce fut seulement en 1780 (2),
à la suite d'un accident survenu rue de la Lingerie, que le Parle-
ment prescrivit la fermeture du cimetière. Celui de la Trinité fut
également supprimé un peu avant la Révolution.
Dès 1554, un projet d'établissement dans l'île Maquerelle (?i
d'un cimetière pour l'Hôtel-Dieu avait été soumis au Bureau de la
Ville. Use rattachait à un projet général de translation de l'hôpital
sur les terrains du fief de Saint-Germain, en face de l'île ; les
épidémies de 1544, i545, 1548, i553 avaient démontré le danger
des inhumations à l'intérieur de Paris ; l'arrêt du Conseil privé du
roi du 3 mars i553 les avait même interdites. Mais la Ville y fit
opposition par sa force d'inertie ; 4 moisaprès, rien n'était ordonné,
et le receveur municipal n'avait point « baillé les deniers « ; le roi
envoya une lettre pressante au Bureau de la Ville, le 7 janvier i556,
par un sergent à verge du Châtelet; le Bureau étudia la question,
ht une enquête de commodo et incommodo, puis, finalement, après
avoir mis en cause les administrateurs de la Trinité qui, disait-il,
voulaient vendre leur cimetière pour s'agrandir (4), refusa pour
des raisons multiples plus spécieuses que solides, mais dont le roi
se contenta sans doute, car il n'insista pas. L'île Maquerelle, à
défaut des pestiférés de l'Hôtel-Dieu (5), se trouva libre pour
recevoir les cadavres des « religionnaires >■> égorgés le jour de la
Saint-Barthélémy.
Force fut donc à l'Hôtel-Dieu de chercher un autre débouché
pour ses cadavres. Il choisit les terrains qui se trouvaient en face
la maison de Scipion, dans la censive du chapitre de Saint-Marcel,
au lieu dit la Croix-de-Clamart, achetés en 1672 à Lenoir, curé
de Saint-Hilaire, et diverses maisons adjacentes rue des Barres
qui furent démolies pour l'établissement du cimetière. Il fut vite
rempli. Au xviii* siècle, on y fit 43 fosses de 4 toises de large sur
8 de long et 9 pieds de profondeur, pouvant contenir chacune, à
4 rangées de corps l'un sur l'autre, 5oo morts, en 6 ou 7 couches,
(1) Mcm. Iiist. et phys. sur le cimetière des Innocents, 1781. (Journal de physique 1783,
t. XXII, p. 409. reproduit par D'' Gannal, les Cimetières, Histoire et Législation ; Paris,
t. I (seul paru), Pièces justif., p. 86.)
(2) Arrêt du i" nov. 1780. Plusieurs caves des maisons de la rue de la Lingerie
s'étaient effondrées sous le poids des cadavres amoncelés dans une fosse commune ouverte
en 1779. (Arcli. nat. X'n 8974.)
|3) L'île Maquerelle commençait à la hauteur du pré de l'Abbaye et du territoire de
Longue-Raye, représenté aujourd'hui par l'esplanade des Invalides et les environs du bou-
levard de La Tour-Maubourg, et se terminait au point où l'avenue de La Bourdonnais ren-
contre la rue de l'Université, ancien chemin de la Petite-Seine.
(4) Arch. nat., H 1783, fol. 161 et i63. (Voy. aussi Félibien, o. c.,\\\. XX, p. ioi5.)
(5) L.-M. Tisserand, les lies du fief de St-Germain-des-Prés et la question des cime-
tières au XVI» s., dans Bull, de la Soc. de l'Hist. de Paris, t. IV, 1877, p. 120.
HOTF.L-DIEU AU XVI I"^ ET AU XVIIie SIECLE
dont chacune était couverte de chaux, à raison d'un demi-boisseau,
et de 2 pieds de terre par corps. Les anciennes fosses comblées
comprenaient 12.000 à 18.000 corps, qu'il fallut consumer avec de
la chaux (i). L'Hôtel-Dieu y envoyait une moyenne de 8.000 corps
par an. On peut se rendre compte de ce que pouvait être le
voisinage du cimetière, où des cadavres restaient souvent exposés
à l'air libre toute la journée, corrompant l'air de leurs exhalaisons,
répandant dans les puits voisins du sang et du pus ; le jour, c'était
le rôdement des chiens en quête de nourriture ;ia nuit, l'escapade
des étudiants venant chercher des instruments de travail et matière
à dissection. Les réclamations des voisins étaient incessantes,
mais le Bureau restait impuissant.
En 1764 (.2), on entrait par une porte charretière à l'encoignure
des rues des Foss^és-Saint-Marcel et de la Muette, dans une cour
aiî fond de laquelle s'élevait un petit bâtiment et une cliapelle
construite en 1692 ; à droite de la cour se trouvait une autre porte
charretière pour l'entrée du cimetière, divisé en 2 parties : il y
avait encore sur la rue des Fossés-Saint-Marcel une autre porte
flanquée d'un logement pour le fossoyeur.
Il y avait pour garder le cimetière un concierge, aidé d'un
chien ; le concierge était chargé de creuser les fosses (?) avec le
fossoyeur. L'Hôtel-Dieu dut, en 1769, fermer par une porte la
ruelle de la Muette, en face de la rue du Fer-à-Moulin, à l'autre
extrémité de laquelle se trouvait, vers la rue Saint- Victor, la bar-
rière établie par le bureau des fermes générales, et se transformait,
le soir venu, en un cul-de-sac désert, où se commettaient toutes sor-
tes de désordres. Cette ruelle fut d'ailleurs élargie en 1783 par une
emprise faite sur le cimetière, dont il fallut reconstruire le mur (4).
En 1752, on transporta à Clamart (5) 100 voitures environ de
terres provenant du cimetière de Saint-André-des-Arcs, dont
l'exhaussement endommageait les bâtiments voisins, après les
avoir passées à la claie pour qu'il n'y restât ni ossements ni pièces
anatomiques (6).
(i) R«$sultat de la visite faite par M. d'Argenson dans remplacement du cimetière de la
Croix-Clamart, ancien et nouveau, 2 août 1713. ^Arch. A. P., liasse 61.)
(2) Déclar. des cens, rentes et surcens, dus au chapitre.de St-Marcel, 20 juin 1764.
(Arch. A. P., liasse 61, et divers plans du xviii" siècle.)
(3) Arch. A. P., fonds nouveau de l'H.-D., liasse 4, 1745, dépenses: «...Payé 1961. au
sieur Delaporte, pour fouille de la 38" et de la 39" fosses, -et nourriture du chien destiné à
la garde dudit cimetière. »
(4) Reg. délib. 5 sept., 5 oct. 1781, 12 juin 17S2, 2S, janv. 17S4. Lettres patentes
14 mars 1783.
(3) Sur l'origine du nom de Clamart, voy. les liypoiiicses de Jaillot, o. c, t. IV, Quar-
. tier de la place Maubert, p. io5.
(6) Délib. 12 avril 1752, reg. 121, fol. 72.
I.F.S RAIIMKNIS
Le Bureau permit également, en 1784, que les corps des
prisonniers morts à la Conciergerie, autrefois inhumés au cimetière
des Innocents, moyennant 3 1. 5 sous, soient transportés à Clamart
au prix de 12 livres, mais refusa le transport gratuit des corps
dans son chariot (i).
De 1781 à 1783, enfin, on transporta à Clamart les ossements de
divers cimetières désaffectés, notamment ceux de Saint-Jacques
de-la-Boucherie (1781), des paroisses de la Cité (1781), de
Saint-Roch (1783).
Faut-il maintenant dire un mot de la terreur presque super-
stitieuse qu'entretenait dans le peuple le chariot de l'Hôtel-Dieu,
et ce « vaste gouffre toujours ouvert » de Clamart? On en trouve
un écho dans les pages, un peu dramatisées, de Mercier (2): « Ce
chariot lugubre part tous les jours de l'Hôtel-Dieu à quatre heures
du matin, il roule dans le silence de la nuit. La cloche (3) qui le
précède éveille à son passage ceux qui dorment; il faut se trouver
sur sa route pour. bien sentir tout ce qu'inspire le bruit de ce chariot
et toute l'impression qu'il répand dans l'âme. On l'a vu, dans
certains temps de mortalité, passer jusqu'à 4 fois en 24 heures; il
peut contenir jusqu'à 5o corps. On met les enfants entre les jambes
des adultes. » Après le chariot, voici le cimetière : « La populace
ne manque pas, le jour de la fête des Morts, d'aller visiter ce vaste
cimetière, où elle pressent devoir se rendre bientôt à la suite de
ses pères (4). Elle prie et s'agenouille, puis se relève pour aller
boire. Il n'y a là ni pyramides, ni tombeaux, ni inscriptions, ni
mausolées : la place est nue. Cette terre grasse de funérailles est
le champ où les jeunes chirurgiens vont, la nuit, franchissant les
murs, enlever les cadavres pour les soumettre à leur scalpel inex-
périmenté. Ainsi, après le trépas du pauvre, on lui vole encore
son corps; et l'empire étrange que l'on exerce sur lui ne cesse
enfin que quand il a perdu les derniers traits delà ressemblance
humaine. »
(i) Arcli. A. P., liasse 6i. Les prisonniers des autres prisons étaient enterrés dans les
cimetières de leurs paroisses. La paroisse de la Conciergerie était St-Barthélemy.
(2) Tableau Je Paris, éd. d'Amsterdam, lySS, IH, cliap. cCLxx, p. i38.
(3) Arch. A. P., fonds nouveau 'H. -D. liasse 14, Journal du dépensier, 1738 : « ...Payé
au né Moiidon, fondeur, la somme de 12 livres pour le prix d'une clociie du poids d'en-
viron 3 livres de cuivre jaune servant aux eiiibaleurs qui conduisent le chariot des morts à
Clamart. »
(4) C'est la paraphrase de son mot fameux, si souvent cité : " J'irai à l'iiôpital, s'écrie le
pauvre parisien ; mon père y est mort, j'y mourrai aussi ; et le voilà à moitié consolé.
Quelle abnégation, quelle profonde insensibilité! « (Mercier, o. c, III, cclsix, p. 134.)
L HOTI-.L-Dir:r au XYII»- KT au XVIII« SIECLE
LES CONSTRUCTIONS DU XVIIP SIECLE
L'Hôtel-Dieu, au xviii^siècle, envisagea trois moyensde s'étendre
sur place ; celui qui consistait à démolir le Petit-Châtelet pour
continuer le bâtiment Saint-Charles était sans doute le plus
pratique, mais c'était aussi le plus coûteux, car la dépense prévue
était d'un million. Il y en avait deux autres: édifier des salles
sur l'eau du côté de la place Maubert, en face de l'Archevêché,
mais l'archevêque n'y aurait jamais consenti ; construire le long de
la rue de la Bûcherie, à la place des maisons avoisinant Saint-
Julien-le-Pauvre, mais alors il fallait établir une communication
aérienne ou souterraine. Le Bureau fit dresser des devis de ces
différents projets pour les soumettre à une commission (i) qui
comprenait l'architecte Delespine. Le premier projet fut adopté,
mais il ne devait pas être réalisé de sitôt en présence des embarras
financiers de la maison. Les terribles années de la fin du règne
de Louis XIV, pendant lesquelles l'Hôtel-Dieu faillit sombrer,
mirent obstacle à toute entreprise de ce genre ; c'est à peine si
l'on pouvait hospitaliser la foule des malheureux qui se pressaient
de plus en plus nombreux dans les salles encombrées et
malsaines, et leur fournir la nourriture nécessaire.
LE BATIMENT SAINT-CHARLES (17I4-I719)
En 17 14, l'architecte de la ville, Jean Beausire, fut désigné
pour faire une visite minutieuse avec « gens intelligents », et
donner son avis sur les travaux projetés (2). A la suite de cette
visite, l'Hôtel-Dieu fut autorisé à « faire les batardeaux néces-
saires avec les machines convenables pour les épuisements d'eau
jusqu'à leur perfection, à la charge de ne nuire à la navigation, et
tout en prenant les alignements de la ville en la manière
accoutumée ». La Ville donna permission, le i5 février 1714, de
construire une « digue à la tête du berceau régnant dessous le
bâtiment des salles Saint-Charles pour conserver le mur qui va
être construit à la tête de ce berceau, en y observant une baie de
porte pour entrer les provisions, et pratiquer des commodités en y
faisant relever le sol et aussi de faire un mur en arcade pour
(1) Délib. 4 août 1688, reg. 56, fol. i23.
(2) Arch. A. P., liasse 56. Ord. du prévôt des marchands du 9 fëvr. 1714.
LES BATIMENTS 2 53
continuer les bâtiments des salles Saint-Charles Jusqu'à Tencoi-
gnure du Petit-Châtelet, et d'y faire des cabinets en saillie ». La
sentence d'alignennent fut donnée le 22 février, à Totin, inspecteur
des bâtiments, et à l'architecte Delespine.
La première partie du bâtiment, pour ne pas gêner la navigation,
avait été assise, non pas sur un mur de quai, du côté de la Seine,
mais sur des « cagnards « permettant à l'eau de passer sous le
bâtiment comme il en existait sur la rive droite (i). Pour cette
nouvelle partie du bâtiment Saint-Charles, après l'enquête de
commodo et incommoda^ faite par Jean Beausire, et qui révéla
l'inconvénient de ce système (2), on put, grâce à la permission de la
Ville, construire un mur de quai en ligne droite depuis le pont
Saint-Charles jusqu''à l'encoignure du Petit-Châtelet, et fermer
l'entrée de la voûte qui se trouvait sous la première partie des
bâtiments. Mais on y laissa une petite ouverture pour l'entrée des
provisions, qui purent y être serrées, grâce au relèvement du sol
et à la'construction d'une canalisation pour l'écoulement des eaux
de la rue du Fouarre. Il est souvent fait allusion à cette resserre
dans les délibérations du Bureau. Aussi bien fallait-il user de tous
les moyens, en présence des besoins toujours croissants de la
maison, qui étouffait, enserrée de tous cotés, au milieu du dédale
des rues de la Cité.
La première pierre fut posée le 12 Juin 17 14, par le cardinal de
Noailles, les premiers présidents du Parlement, de la Chambre
des comptes, de la Cour des aides, le procureur général', le lieute-
nant général de police, le prévôt des marchands. Les marchés
pour la main-d'œuvre ne furent faits qu'en 171 5 (3). Dès la
première année, 17 14, l'Hôtel-Dieu avait engagé pour ces cons-
tructions 91 .191 livres, et, en 17 18, 29.078 livres (4). La dépense
totale s'éleva de 1714a 1 7 1 9, d'après les états dressés chaque année
par Totin, inspecteur des bâtiments, à 451.763 livres.
Pour couvrir ces dépenses, l'Hôtel-Dieu y consacra le montant
de deux legs récents, le legs Coetmadeu et le legs Ponthon, qui à
(i) Pr.-V. Comm. du Vieux-Paris, 1899, p. 166, 167, et igoS, p. i32, i33.
(î) Ord. du prévôt des marchands du 7 févr. 17 14. Les mariniers convinrent unani-
mement que « le passage de l'eau par la voûte existant sous la salle St-Charles était plus
préjudiciable qu'utile à la navigation lors des grosses eaux, parce que l'eau à sa sortie par
son tour oblique mettait les bateaux et trains de bois flotté en danger de périr contre les
avant-becs des piles des arches du Petit-Pont «.
(3) Déiib. 23 févr., 8 mai 1715, reg. 84.
(4) Délib. i»' avril 1716. L'ensemble du bâtiment St-Charles resta tel qu'il avait été
construit jusqu'en i838. Il fut alors rescindé dans le sens de la largeur pour l'exécution du
quai de Montebello. (Ord. roy. du 22 mai 1837.) La partie qui restait sous le nom d'H.-û.
annexe ne fut démolie qu'en 1908. Quant à la passerelle qui avait remplacé le pont St-Charles,
elle fut démolie avec l'ancien H.-D. en 1878.
254 I^ HOTEL-DIF.U AU XYII" KT AU XVIIie SIECLE
lui seul représentait 2i5.5oo livres (i). Ce fut encore insuffisant ;
il demanda une loterie, qui ne paraît pas avoir été accordée (2).
Mais il obtint un mandement spécial du cardinal de Noailles, lu
dans les églises, et affiché, pour recommander aux fidèles de
contribuer à la construction des nouvelles salles (3) ; puis une
somme de 6.000 livres de l'assemblée du clergé, sur les instances
de l'archevêque de Narbonne (4) ; enfin et surtout il y consacra les
sommes provenant des entrées aux spectacles publics, que le
régent, par ordonnance du 5 février 171 6 (5), venait d'augmenter
d'un neuvième en sa faveur.
Ce bâtiment avait 970 toises carrées; il contenait plus des
deux tiers des malades, les anciens bâtiments de la rive droite se
trouvant de plus en plus occupés parles services généraux. Devenu
l'Hôtel-Dieu annexe, dont on se rappelle la sombre silhouette, il
n'a disparu qu'en 1908 ; dès 1789, les délégués du comité de men-
dicité à la visite de l'Hôtel-Dieu écrivaient : « Si un incendie éclatait
dans le bâtiment méridional, on ne voit pas comment il serait
possible de sauver un seul des malades qui en occupent les parties
élevées vu le petit nombre d'issues, leur étroitesse et les embarras
multipliés qui en gênent le service (61. »
LES GRENIERS A BLÉ (1722)
Les greniers de l'Hôtel-Dieu étaient depuis longtemps insuffi-
sants pour contenir les provisions de la maison. On avait bien usé
du subterfuge qui consistait à les transporter dans les salles inoc-
cupées de Saint-Louis et de Sainte-Anne, mais, lorsqu'il fallait
ouvrir ces établissements en temps d'épidémie, c'étaient des démé-
nagements précipités et des réparations coûteuses. En 1722, le
Bureau cherche un emplacement convenable pour construire de
nouveaux greniers (7). Il se décide pour le terrain de la rue de la
Bûcherie, occupé par une de ses maisons tombant en ruine. Le
bâtiment devait avoir 17 toises sur 6, cinq étages, et contenir
5oo muids de blé. La construction, d'après le devis de l'architecte
Delespine, fut estimée à 70.000 livres. Totin, l'inspecteur des
(1) Délib. 20 janv. 1714, reg. 83, fol. 10.
(2) Délib. 3 ftîvr. 1714, reg. 83, fol. )520.
(3) Délib. 23 févr. 17 15, reg. 84, fol. 34.
(4) Délib. 17 juin. lyiS; reg.. 84,. fol.. ri2,
(5) Délib. r*' avril 1716, r€g. 85; fol; 75.
(6) Visite de l'H.-D. (Blbl. nat., L239, 1019.)
(7) Délib. 2 1 janv., 27 janv., 11 févr., 11 mars, 10 avril, 28 avril, 5 mai, i5 déc. 1722,
27 janv., 5 mars, 10 mars, 8 juin, 9 juin, 25 juin, 7, 9, 16 juill. 1723.
r.KS BATIMENTS
bâtiments, proposa, pour donner une forme plus régulicre aux
bâtiments ' i ), d'acquérir deux maisons contiguës, dont l'une, appar-
tenant à la « nation de Picardie », faisait une enclave de 4 pieds de
large et de 8 toises de long sur le terrain de THôtel-Dieu, et une
place pour servir de cour aux bâtiments (2). Enfin l'hôpital
reçut Tautorisation de construire sous la rue de la Bûcherie un
souterrain pour faire communiquer ces magasins avec son port.
En 1/38, la Ville lui céda un terrain de 38o toises sur le bord de
la Seine, s'étendant depuis l'abreuvoir de la place Maubertà l'extré-
mité de la rue de la Bûcherie, vis-à-vis du jardin de l'Archevêché,
jusqu'au pont Saint-Charles (3). Les administrateurs s'engageaient
à conserver les égouts de la rue des Rats et de la rue du Fouarre;
à supprimer la salle du Rosaire en bâtissant des salles sur ce
terrain, et à la remplacer par un passage voûté ; à laisser libre enfin
le long de l'égout qui se trouvait vis-à-vis de la rue des Rats un
passage voûté pour que les blanchisseuses puissent descendre à la
rivière. Pour compléter ce terrain, et toujours en vue d'agrandisse-
ments ultérieurs, l'Hôtel-Dieu acheta successivement 6 maisons (4) :
« l'Image Saint-Nicolas » et « la Corne de Cerf » en 1739,
« l'Aventure », « l'Image Saint-Jean », « le Flacon » en 1742,
« le Roi de Pologne » en 1763 (5 , rue de la Bûcherie, rue du
Fouarre, rue Galande et rue Saint-Julien-le-Pauvre, tout autour
de l'enclos du prieuré de Saint-Julien-le-Pauvre. Il pouvait, sur
leur emplacement, soit construire de nouvelles salles, en les faisant
communiquer avec le bâtiment Saint-Charles, au moven d'une
passerelle, soit agrandir les greniers.
LE BATIMENT DES ARCHIVES
En 1 738, l'Hôtel-Dieu, pour ses archives, dont la sécurité n'était
rien moins qu'assurée, fit faire rue Saint-Pierre-aux-Bœufs. sur
l'emplacement d'une maison achetée et démolie à cet effet (6), un
(i) Délib. 28 août, 2 ocX. 1725, reg. 94. fol. 240, 272.
(2) Arch. A. P.. liasse 3g.
(3) Arch. A. P., liasse 44. Concession de la Ville, i" juill. 1738. Lettres patentes de
confirmation, juill. 1738. Arrêt d'enregistrement au Parlement et au Bureau des finances
des lettres patentes de Louis XV {,6 sept, et 27 sept. 1739) contenant également un plan
du terrain.
(4) Délib. 14 déc. 1735, reg. lo.), fol. 443.
(5) Cette dernière achetée 6.000 1. appartenait à Goislard de Montsabert.
(6) Délib. 16 oct. 1733, 8 juin 1734, 3i déc. 1737. Dans la cour de la maison, on fit
plus tard un petit magasin pour le plomb et l'étain que l'H.-D. faisait venir d'Angleterre.
(Délib. 6 août 1760.) Au rez-de-chaussee, dans un cabinet voûté, se trouvait le dépôt d'argent
autrefois dans un coffre-fort placé dans un petit cabinet voisin de la salle des séances du
Bureau, où travaillait le dépensier; on y transporta en 174Ô une réserve de 1.437.832 1. ea
louis d'or. (Délib. 3 mai 1746.)
256 l"hOTI-L-1)II:U AV XVlle et au XVIII« SIECLE
bâtiment spécial, tout en pierre. Le plan fut dressé par Totin,
inspecteur des bâtiments. Les murs mitoyens des maisons voisines
furent refaits, et les plus grandes précautions prises pour mettre à
l'abri de la destruction ce trésor des chartes. Le Bureau attachait
la plus haute importance à la conservation de ses titres qui
servaient, en maintes occasions, pour les procès, les réfections de
baux et tous les actes concernant la gestion du domaine urbain et
rural. Baux, comptes, délibérations, furent soigneusement rangés
dans les étages du nouveau bâtiment et forment encore aujourd'hui,
aux archives de l'Assistance publique, le fonds de l'Hôtel-Dieu,
malheureusement brûlé en partie en 1871.
A différentes reprises, furent dressés des inventaires de ces titres.
Jean de Verdelay, clerc et concierge du Bureau, chargé de faire
« l'inventaire des champs », reçut en 1649 "^i^ somme de 20 livres
tournois pour cette besogne. En 1546, on avait commandé à Henry
Hardy, relieur de livres, des « épithafes » pour mettre sur les
layettes « esquelles sont les rentes que ledit Hostel-Dieu a en la
ville de Paris » (i).
Jean Mauger, prêtre, greffier du Bureau, chargé par mandement
du i5 juin i55i « de vacquer à la perfection » de l'inventaire tant
des champs que de la ville, reçut pour ce travail 5o livres tournois.
Le même avait déjà touché, en 1544, 5 livres tournois « pour son
sallaire d'avoir escript et grossoyé, faict relier et avoir fait couvrir
et fourny de parchemin le statut sur la retïormation tant au che!
que des membres de l'Hôtel-Dieu » (2).
En 1 59g, Pierre Bezard, commis au greffe des eaux et forêts,
fut chargé de faire l'inventaire des titres, « tant des champs que de
la ville », avec les répertoires ad hoc, moyennant la somme de
45 sous par chaque cahier de « bon parchemin » (3). Le premier
volume fut terminé en novembre 1600 (4), et présenté au Bureau
qui le fit relier en « parchemin blanc gros et fort ».
En 1641, l'inventaire de ses nouveaux titres et la revision de
l'ancien furent confiés à Jacques Coignet, avocat en Parlement,
qui avait été déjà employé à cet office par diverses communautés,
et qui reçut pour salaire 20 écus par mois, à charge de travailler
5 heures par jour (5).
il) Dépense de 12 s. 6 d. t. (Compte de 1546, 64° reg.)
(2) Compte de 1544, 6o« reg. Au compte de i352 est inscrite une somme de 70 s. t. à
Jean Perret, marchand hôtelier, pour avoir logé maître Jehan Mauger qui durant 7 mois
avait besogné au fait de Tinventaire des titres de l'H.-D. (76° reg.)
(3) Délib. 14 mai 1699.
(4) Délib. 3 nov. 1600. Cet inventaire qui figure aux Arch. de l'A. P. est de beaucoup le
plus intéressant et se réfère à des propriétés vendues depuis.
(D) Délib. 12 avril 1641, reg. 18, fol. 143.
LF.S BATIMKNTS
A partir de i 6qo, un « agent et garde » des archives fut nommé aux
gages de i.ooo livres avec logement dans la maison du Bureau (i).
Mais ce conservateur était plutôt un commis d'ordre qu'un archi-
viste, car le Bureau, en 1708, se décida à choisir, pour faire un
nouvel inventaire des titres, une personne capable qui devait
communiquer ses cahiers, au furet à mesure, aux administrateurs
préposés à leur examen (2) ; ce fut P. Poignant, qui reçut, pour
ce travail, 60 sols par jour, payables par mois.
Mais le désordre reparut bientôt dans le dépôt où les titres se trou-
vaient mêlés et dispersés ; le greffier et l'huissier du Bureau chargés
de leur classement étaient absorbés (3) par leur besogne quoti-
dienne. Un nouveau récolement fut entrepris en prenant pour point
de départ celui de 1709, et une série de mesures prises pour
assurer l'expédition des actes par le notaire, établir un état des
rentes viagères, tenir un registre des dons et legs, des fonda-
tions (4), etc. L'inventaire" complet des titres, fait par le greffier,
et terminé en 1724, se composait de 10 volumes in-folio, de 600
à 700 pages chacun (5). On nomma enfin, du 25 novembre 1739
au 14 mars 1741, un employé, Dargentel, payé 100 livres par mois,
qui portait le titre de « déchiffreur » et traduisait les anciens titres
latins en français, puis en 1742 un sieur Noblet fut chargé du
" rangement » des archives et toucha pour ce travail une somme
totale de 1.400 livres (6). Pendant la Révolution, la commission
des secours devait donner un traitement de i. 000 livres au citoyen
Courtin chargé de la recherche des titres féodaux distraits des
litres de propriété, en exécution de l'arrêté du 28 brumaire
an 111.
L'Hôiel-Dieu était très fier de ses archives et écartait tous les
travailleurs. En i656, « un particulier «, non autrement désigné (7),
en ayant demandé communication, pour un livre sur «l'origine,
établissement, progrès et agrandissement» des principales maisons
de Paris, complété par un livre de « preuves», faisant valoir qu'il
avait obtenu cette autorisation de plusieurs communautés, de
l'hôpital de la Trinité entre autres, le Bureau, non seulement ne
lui permit pas l'accès du trésor des titres pour y demeurer seul,
(1) Délib. lî mars 1690, reg. 59, fol. 60.
(2) Délib. 8 juin, 5 déc. 1708, 22 mars 1709, reg. 77, fol. 58, 116; reg. 78, loi. 42.
(3) Délib. 10 iuill. 1716, reg. 85, fol. 146.
(4) Délib. 10 mai 1719, 23 févr. 1720, reg. 89, fol. 3.1..
(5) Délib. 20 nov. 1724. C'est cet inventaire qui a servi au.\ publications de Brièle, qui
n'en sont guère qu'une copie.
(6) Arch. A. P., fonds nouveau H.-D., 28° liasse.
(7) Délib. 26 mai i656.
17
2 58 l'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIII« SIÈCLE
mais spccitia qu'il ne pourrait rien insérer dans son livre sans en
avoir référé à l'un des administrateurs. Cette tradition persista
longtemps encore au xix« siècle (i).
LES INCENDIES DE 1737, 1742, 1772
L'incendie du Petit-Pont en 17 18, dans la nuit du 27 au
28 avril, avec toutes les maisons qui s'y trouvaient construites,
avait incité l'Hôtel-Dieu à prendre des mesures contre un
incendie éventuel (2). Il fit visiter tous les bâtiments par les archi-
tectes Delespine et Beausire (3) chargés de dresser un programme
d'ensemble: construction d'un réservoir d'au moins 5oo muids,
avec conduites d'eau dans les offices des salles, achat de seaux
de cuirs, crocs et outils divers, pioches, haches, marteaux, scies,
leviers ; défense de fumer dans les salles, de mettre des bougies
sur les piliers et' les tablettes des lits; séparation de l'atelier du
vitrier d'avec le magasin au charbon (4). Ce programme, comme
beaucoup d'autres, ne fut pas exécuté. Mais la Ville s'opposa à
la réédification des maisons qui se trouvaient sur le Petit-Pont et
des échoppes adossées le long des murs de l'Hôtel-Dieu (5), jus-
qu'à la maison faisant l'encoignure de la rue du Petit-Pont et de
la rue Neuve-Notre-Dame. « Cet espace libre donna un courant
d'air à l'Hôtel-Dieu, et, depuis cette époque, on a remarqué que le
nombre des malades étant le même, il en est mort par an
quatre cents de moins. Ainsi, en cinquante-quatre ans, ce courant
d'air a sauvé la vie à plus^ de vingt mille citoyens. Des personnes
dignes de foi tiennent ce fait de M. l'abbé d'Agoult, doyen du
Chapitre de Notre-Dame, lequel, en cette qualité, étoit à la tête de
la direction spirituelle de l'Hôtel-Dieu [6], »
(i) Voy. Préface.
(2) L'H.-D. ne fut pas atteint, mais ce fut le receveur de l'H.-D. qui fut cliargé de cen-
traliser les secours distribués aux sinistrés (arrêts du Parlement, 3 mai et i8 mai 1718).
Tous les ans, le 27 avril, le Chapitre, avant la messe, faisait une station à l'H.-D., en mémoire
de la protection céleste. {Descript. de l'Eglise de Paris, 1763, in-12, p. 323.)
(3) Jean-Baptiste-Augustin Beausire, fils de Jean Beausire, fut architecte de la Ville de
1706 à 175 1, comme son père qui avait rempli les mêmes fonctions de i683 à 1706.
(4) Délib. 6 mai 17 18, reg. 87, fol. 63.
(5) Délib. 10 sept. 1718, reg. 87, fol. 12g v», arrêt du Parlement 5 sept. 1718. Seule fut
autorisée la reconstruction des maisons se trouvant le long de la rue du Petit-Pont, vis-
à-vis de l'H.-D., suivant un alignement en ligne droite partant de l'encoignure de la rue de
la Huchette et de la rue du Petit-Pont, et allant à l'encoignure de la rue du Petit-Pont et
de la rue se dirigeant vers le Marché Neuf.
(6) Marmontel, la Voix des Pauvres, cpître au roi sur l'incendie de l'Hôtel-Dieu;
Paris, 1773, in-8, p. 8, note i. (Bibl. A. P., Ai 71.)
LES BATIMENTS
Dans la nuit du i*^"" au 2 août 1737, le feu prit dans la maison
et consuma une partie des bâtiments (i). « On dit, raconte Barbier,
qu'il avoit commencé à 9 heures du soir, le jeudi, que les religieuses
avoient compté l'éteindre par le grand nombre de domestiques et
de monde qui est dans cette maison et par la facilité d'avoir de
l'eau ; en sorte qu'elles avoient fermé leurs portes. N'ayant pas pu
en venir à bout, le feu a fait de tels progrès qu'à minuit les bâtiments
du côté de l'archevêché et du Petit-Pont, où l'on paye [pont au
Double], se sont embrasés de façon que le danger étoit extrême. Il
a fallu courir au secours. La désolation a été générale dans toutes
les salles. Tout le guet y est arrivé. M. le premier président, le
procureur général, le lieutenant de police et tous les autres
magistrats, les soldats aux gardes ont été commandés pour
venir travailler. Les religieux mendiants ont été aussi appelés ;
tous les malades sont sortis, et se sont réfugiés, les uns dans
Notre-Dame, les autres dans les rues, et on en a transporté
autant qu'on a pu dans des charrettes à l'hôpital Saint-Louis.
M, le premier président a emporté chez lui l'argent qui étoit
dans la caisse. Il y a eu des femmes qui ont accouché dans les
rues ; tous les petits enfants nouveau-nés ont été étouffés par la
fumée (2). »
Différentes personnes trouvèrent la mort, entre autres la mère
Saint-Éloi et J. Parmentier, maître cordonnier et brigadier des
pompes de la Ville, dont la veuve, mère de 5 enfants, reçut du Bu-
reau un secours de 100 livres (3) pendant dix ans. Mais les dégâts
matériels surtout furent importants. Des provisions de linge et
d'étoffes pour plusieurs années furent anéanties. Un plus grand
malheur ne fut évité que grâce aux « secours officieux de tous les
habitants de Paris » (4). Gomme il arrive toujours en ces circons-
tances, une commission fut nommée pour rechercher les moyens
de prévenir « les accidents de feu ». Des services furent dits pour
les morts. Le linge sauvé fut transporté à Saint-Louis pour subir
les réparations nécessaires. Des quêtes furent faites dans les pa-
roisses par des dames charitables dont la liste fut dressée au préa-
(i) Délib. 6, 9, i3, 19 août; 3, 6 sept. ; 4 oc t. ; 22, 26, 29 nov. ijlij, reg. 106. Quelques
mois plus tard, le 26 oct. 1737, un incendie dévorait la Cliambre des comptes.
(2) Journal, III, 93.
(3) Des gratifications furent accordées aux officiers et archers du lieutenant cri-
minel, au.K pompiers blessés, et diverses pensions paj^ées aux orphelins des victimes.
(Deiib. 26 nov. 1737, reg. 106, fol. 288. Voy. aussi déiib. de la Ville, Arch. nat., H 1857,
fol. 178 ro.)
(4) Délib. 6 août 1737, reg. 106, fol. 217, et G. Cerise, la Lutte contre l'incendie avant
i7Sg; Lyon, i885, in-8«, p. i5.
26o i.'hotf.l-dif.u au xvii<= et au xviip sif.clk
lable ' 1 . Quinze actions de la Compagnie des Indes furent vendues
pour «réparer les désordres ». On racheta 2.244 aunes d'étoffes,
30.799 aunes de toile, 768 couvertures (84 avaient été données
par le prévôt des marchands), 3.o85 livres pesant de cuivre (2),
6 milliers de bois de charpente. L'état des quêtes et aumônes,
produit au Bureau le 19 novembre 1737, accusait une recette de
29.554 1. 6 s., à laquelle il convient d'ajouter une somme de
10.000 livres envoyée par S. A. S. Anne-Victoria de Savoie, nièce
du prince Eugène (3). Pendant tout le cours de 1738 on travailla
à ôter les décombres, démolir les bâtiments incendiés et les recons-
truire, y compris les « crèches >> du pont Saint-Charles et du Ro-
saire (4).
Un nouvel incendie survint le 9 janvier 1742 dans le local
où travaillaient les charpentiers (5); le Bureau se décida cette fois
à rédiger une « instruction pour prévenir les accidents du feu » (6).
Il nomma 2 administrateurs délégués qui firent une visite complète
des bâtiments, en particulier des cheminées et des étuves, accom-
pagnés du contrôleur des bâtiments et du charpentier ordinaire,
et signalèrent toutes les défectuosités. Cette visite devait être
renouvelée tous les 3 mois. Des règles spéciales furent édictées
à l'avenir pour la construction des cheminées. Des pompes furent
achetées en nombre suffisant ainsi que 3oo seaux d'osier doublés
de peaux. On décida la création d'un magasin pour tous les
appareils nécessaires en cas d'incendie, des réservoirs aux extré-
mités de chaque corps de bâtiment. Le règlement interdit aux
(i) A St-Jacques-du-Haut-Pas, comme il n'y avait que 3 dames en état de quêter,
M"» de Montagny, M"« de Montchal et M"« Henin, le Bureau ajouta à la liste M"»»» de
Romainville. Davesdoin, de Louvencourt, de La Fautrière, et M""^ «iMaboui et Navarre.
(Délib. 3 sept. 1737.) A St-Germain-l'Auxerrois, il ne s'est pas trouvé une seule dame, et
le curé dut offrir 10 prêtres de sa paroisse pour faire la quête, MM. Dufour, Leroasnier,
Clialaudat, Granier, Clérambourg, Bauny, Le Guy l'aîné et le cadet. Chevalier, Daminois.
(2) Délib. 6 sept, et 4 cet. 1737, reg. 106, f»^ 253, 263.
(3) Délib. 26 nov. 1737, reg. 106, foL 288.
(4) Arcli. A. P., fonds nouveau H.-D., 14* liasse, 1738. » Payé à divers compagnons,
charpentiers, soldats, bardeurs, suisses et manœuvres et pour différents ustensiles et maté-
riaux la somme de 2.096 1. pour parvenir à la construction d'un batardeau... Payé 5.533 1.
pour défaire le batardeau, au sujet de l'enlèvement des décombres tombées dans le bras de
la rivière, et pour le rétablissement des crèches, tant celles du pont au Double que celles
des deux costez. »
(5) Lettres de Marville a Maurepas, du 10 janvier 1742 : « L'Hôtel-Dieu a encore manqué
de brûler cette nuit. Le feu y a pris dans l'atelier des menuisiers sur les 11 h. 1/2 du soir.
Le secours est venu si à propos qu'en moins d'une demi-heure on s'en est rendu maitre.
Il a fallu abattre un planclier et près de 25 toises de bâtiment endommagé. 11 n'y a eu d'au-
tre accident qu'un pompier qui a été blessé a. la tête. » (Paris, 1896, 3 vol. in-8»; t. I, p. 6.)
Il y avait alors 24 dépôts de pompe, sous la direction de Dumouriez, pour remédier aux
incendies, sans que locataires et propriétaires soient tenus de rien payer. (Alm. royal, 1742,
p. 435-436.)
(6) Délib. 14 févr. 1742, qui se trouve, par suite d'oubli, transcrite à la fin du volume
(iii« reg.). Au mois de mars 1749, il y eut encore deux incendies, l'un dans la cheminée de
l'étuve aux chemises, l'autre dans un des magasins de l'apothicairerie.
LES BATIMKNTS 20 I
malades de fumer dans leur lit ou ailleurs; l'inspecteur des salles
eut l'ordre d'ôter toutes les pipes qu'il trouverait, de les briser
ou de les Jeter dans la rivière ; on interdit les chandelles sur les
planchettes placées au chevet des lits, le se'chage du linge dans les
cheminées, les fusées et feux d'artifice à l'intérieur de la maison
ou dans les rues ou places adjacentes par les officiers, chirurgiens,
domestiques, même la veille ou le jour de la Saint-Jean ; enfin
des rondes de nuit furent organisées.
Ces mesures, probablement, ne furent que transitoires, et
en tout cas impuissantes contre l'incendie du 3o décembre 1772.
Qu'on en lise le récit dans la Galette de France [i]^ dans \q Journal
de l'avocat Barbier, dans le procès-verbal du commissaire au
Châtelet, Dorival (2), dans les délibérations du Chapitre (3), ou
dans le Mémoire de l'architecte Moreau 4), c'est partout le même
effroi qui saisit en face de ce désastre sans précédent peut-être
dans les annales de la Cité, et qui frappa vivement l'imagination
des contemporains. Parti du dépôt des suifs qui se trouvait dans
les sous-sols et où il couva jusqu'au milieu de la nuit, le feu se
répandit rapidement dans les écuries, les bouveries, les greniers
à foin, embrasa tout à coup le bâtiment de la communauté, puis
rinfirmerie, la salle Jaune, le Légat, et bientôt plus de 943 toises
furent la proie des flammes, présentant, dit la Galette, le spectacle
«le plus magnifique et le plus épouvantable». On préserva à
grand'peine la pharmacie, le dépôt des huiles, les caves des vins
et des eaux-de-vie. Le feu dura jusqu'au lendemain et les pompiers,
sous la direction de Morat, les gardes-françaises et les gardes-
suisses, durent rester plusieurs jours pour noyer les décombres
et veiller à la reprise du sinistre. Plus de 5oo malades se réfu-
gièrent à Notre-Dame, où 12 moururent. Les religieuses furent
hospitalisées à l'Archevêché (5). Toutes les autorités s'étaient
prodiguées en cette occasion, de Brissac, gouverneur de Paris;
de La Michodière, prévôt des marchands; de Sartine, lieutenant
général de police; Bertier de Sauvigny, premier président du
(1) C'est celui qui est reproduit par Rondonneau, o. c, p. ig5 et suiv.
(2) Arch. liât., Y 12463. \'oy. aussi Hard)', t. II, fol. 140, fol. lôi.
(3) Reproduit par A. Clievalier, o. c, p. 472.
(4) Arch. nat., H 1432, Observations sur la suite et les conséquences de l'incendie de
l'H.-D. de Paris, 7 janv. 1773, et aussi H 1S75, fol. 80 r°.
(5) Christophe de Beaumont se rendit dès le lendemain à Versailles pour intéresser la
Cour au malheur de l'H.-D. Jusqu'au 8 janvier 1773, il fournit le vivre et le couvert aux
malades et au personnel. (E. Regnault, Christophe de Beaumont; Paris, 1882, 2 vol. in. 8»,
II, 207.1 I^e leur côté, les chanoines envoyèrent 3. 000 1. au receveur. {Arch. nat., LL 335ix.}
Les aumônes en nature affluèrent : le prince de Conti envoya 20 pièces de vin, le duc de
l'enthièvre 160 paires de draps. Marie-Antoinette adressa i.ooo écus. (Jo«r/j£i/ encyclo-
pédique, i5 fcvr. 1773, II, p. 186.)
202 l/HOTKL-niF.II AU XVTI= ET AU XYIIP SIECLE
Parlement; Joly de Fleury, procureur général, sans compter
les administrateurs, les chanoines, les magistrats de tous ordres (i).
Le portail de Gamard, près du Petit-Pont, isolé des bâtiments sur
lesquels il portait, futabattu par les so,ins de Moreau, architecte de
la Ville (2), Egresset, architecte de la police, et Boneau, inspecteur
des bâtiments de THôtel-Dieu. Il y avait eu en tout 14 morts et
19 blessés, parmi lesquels des pompiers, des gardes-françaises et
un capucin. Les pertes matérielles, d'abord évaluées à 2 millions,
doivent être restreintes à 600.000 livres environ (3).
Ce fut un événement critique pour THôtel-Dieu, non seu-
lement par les ruines accumulées, mais par les conséquences éven-
tuelles. Déjà plusieurs projets avaient été mis en avant, depuis
quelque vingt ans, pour la reconstruction de l'hôpital. La perte
totale d'une partie de ses bâtiments remettait à l'ordre du jour ces
projets, autour desquels allait se jouer le sort même de l'établisse-
ment.
LES PROJETS DE RECONSTRUCTION
A LA VEILLE DE LA RÉVOLUTION
Nous allons, en effet, assister à une lutte âpre, ardente, entre
le Bureau, qui, iidèle à ses habitudes, à ses traditions, veut recons-
truire sur place, et les novateurs de tout ordre, médecins, archi-
tectes, philanthropes, magistrats, qui aspirent à une solution
nouvelle. Le passé et l'avenir sont aux prises, en attendant que la
Révolution vienne mettre d'accord tous les conflits en brisant
l'ordre social au milieu duquel les administrations rivales cher-
chaient à sauvegarder leurs intérêts sous le couvert du bien public.
(i) Huit jours après la catastrophe, le 7 janvier lyyS, il y eut messe à Notre-Dame, sui-
vie d'une lettre pastorale, pour remercier le ciel d'avoir préservé une partie de la maison.
Le 9 janvier, d'Alembert écrivait à 'Voltaire: « Ce qui vous étonnera, c'est que dans le
mandement que l'arclievéque de Paris vient de donner au sujet de l'incendie de l'Hôtel-Dieu,
il n'y a pa? un seul mot contre les philosophes. Le prélat dit seulement que ce sont nos
crimes qui sont cause de ce malheur. 11 n'en ordonne pas moins des prières pour remercier
Dieu de ce qu'il n'y a eu que 3oo ou 400 de ces malheureux qui aient été brûlés. Je m'ima-
gine que Dieu répondra qu'il n'y a pas de quoi. » Trois jours après, le 12 janvier, le même
d'Alembert proposait à la séance de l'Académie d'envoyer 12.000 1. à l'archevêque pour les
pauvres de IH.-D.
(21 P.-L. IMoreau-Desproux, élève de Beausirc, fut maître général des bâtiments de la
Ville de Paris, de 1763 à 1769. (Lance, o. c, II, i58.)
(3) Arch. A. P., fonds nouveau H.-D., 19» liasse, Journal des dépenses, 1773-1774; la
reconstitution des approvisionnements mentionnés dans le Journal de ces deux années se
monte à elle seule à ii8.23i 1. (une grande partie des toiles et draps s'achetait à Alençon);
et 27° liasse, Registres des ordonnances du Bureau payées par le receveur; le total des
sommes portées comme payées aux entrepreneurs pour la reconstruction des bâtiments
incendiés s'élève à 492.2.10 1.
LES BATIMENTS 2(33
Tous les promoteurs de nouveautés n'étaient pas d'ailleurs des
esprits intéressés, et plus d'un se rendait compte des besoins vrai-
ment urgents de la population, et cherchait par bienfaisance —
le mot était à la mode — une solution au problème social de l'hos-
pitalisation des malades. On a déjà tracé avec maîtrise le tableau
de ces efforts qui marquent la fin de l'ancien régime (i) et qui
sont assurément une page glorieuse au milieu des turpitudes et des
abandons d'une société finissante. Aussi n'en rappellerons-nous
que l'essentiel, en ce qui concerne l'Hôtel-Dieu.
Dès 1749, Le Jeune, ancien vicaire de Saint-Laurent, avait
projeté d'établir l'hôpital dans l'île des Cygnes, d'une superficie de
34.300 toises, « où la salubrité de l'air et la commodité de l'eau,
dit son mémoire (2), y font un assemblage parfait ». La partie de
l'île vacante aurait été employée en jardins botaniques et potagers,
en avenues, en allées d'ormes et de tilleuls et en terrain de réserve
pour le cimetière. On aurait simplement conservé dans la Cité un
hôpital de 400 lits pour les blessés graves, les malades de la
Salpêtrière, etc. Pour cette opération, l'Hôtel- Dîeu aurait emprunté
6 millions en rentes viagères au denier 12. Ce projet de Le Jeune,
selon Rondonneau (3), trouva autant de partisans que de contra-
dicteurs; ces derniers objectaient la distance de l'île des Cygnes
aux divers quartiers de Paris, la perte des aumônes si l'Hôtel-
Dieu cessait « d'être exposé aux yeux de tout Paris, et d'être à
chaque instant l'objet de la ferveur et de la charité excitées plus
puissamment par la misère extrême qui revendique ses droits à
chaque instant ». Combattu par Carré, ce projet fut soutenu par
M. de Nevers, qui proposait d'y consacrer pendant vingt ans une
somme d'un million prise sur la caisse des économats ou séquestres
d'abbayes et bénéfices consistoriaux, destinée à réparer ou à cons-
truire des églises et collèges (4).
D'autres visaient les terrains du Trocadéro (5). On proposait la
création d'une maison de sûreté et de santé où tous les étrangers,
(i) C. Bloch, 0. c. ; Paris, 1908, in-8°.
(2) Mercure de France, oct. 1748, p. 268.— Mémoire de M. Le Jeune, ancien vicaire de
St-Laurent, sur le projet d'un H.-D. dans l'Isle des Cignes.— Id., févr. 1749, p. 44.— Lettre
à M. X... sur ce projet, Arch. Min. des Aff. étrangères (mss. 1609, foL 181, 211, 246, et
mss. 1612, fol. 82), et Batcave, Prq/'ef.s de transfert de l'H.-D. à l'ile des Cygnes au
xviii» s., dans Bull, de la Soc. liùt. d'Auteuil et de Passy, igoS, t. V, p. 192-196.
(3) Rondonneau, o. c, p. 184. Voy. aussi Bibl. nat., Joly de Fleury, 1079, fol. 18.
(4) Voy. aussi mémoire de Bellami, commis au bureau des comptes du domaine de
l'Hôtel de 'Ville, proposant les moyens de trouver des fonds suffisants pour la reconstruction
de l'H.-D. dans nie des Cygnes (1769) (Bibl. nat., Joly de Fleury, 1217, f« 102 et suiv.)
(5) Plan général d'un projet d'H.-D. au Trocadéro, de M. Le Roy, de l'Acad. roy. des
sciences, imaginé pour l'architecture et dessiné en 1780 par Ch.-Fr. 'Vie], architecte de
l'Hôpital général. (.Mém. de l'Acad. roy. des sciences, 1787, p. 600.)
264 l'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XYIII^ SIECLE
blessés ou malades, pourraient être transportés, maison payante,
sous la direction du lieutenant de police, avec gardes-malades,
médecins, chirurgiens, pharmacie, puis une petite maison de
santé pour ouvriers et domestiques, où Ton payerait, par abon-
nement, 12 livres par personne ou 2 livres par jour (i). Comme
emplacement, on envisageait également un terrain appartenant aux
Génovéfains, rue de la Culture-Saince-Catherine, que Ton échange-
rait pour la maison professe des Jésuites, rue Saint-Antoine, ou bien
encore un terrain, faubourg Saint-Antoine, propriété des religieuse s
de l'abbaye, les terrains du collège du Cardinal-Lemoine (2), la
pépinière royale du faubourg Saint-Honoré, les Filles-Dieu, boule-
vard Poissonnière, les Capucins, rue Saint-Honoré, ou quelque
autre couvent désaffecté. Comme moyens financiers, un ancien
payeur des rentes, Hurel, proposait une loterie de 400.000 billets à
24 livres le billet, qui produirait 9.600.000 livres ; un autre, l'éta-
blissement d'un ordre royal de charité, dit de Sainte-Clotilde,
réservé aux femmes et destiné à produire des ressources abon-
dantes ; d'autres encore, de faire payer 22 livres aux malades
pour être seuls dans un lit, ce qui produirait environ 3. 600 livres
par jour, et 20 sous par jour à ceux qui resteraient moins d'un
mois.
Notons encore les projets d'un dépôt de linge à l'ile des Cygnes
dans la maison construite par la Compagnie des tripiers, qui serait
indemnisée, et d'une boucherie centrale à Scipion, et surtout celui
de l'établissement d'une Caisse centrale des hôpitaux qui 'devait se
réaliser. Elle fonctionnait en 1780, puisque c'est grâce à elle que
furent entreprises les infirmeries de l'Hôpital général, et, en 1781,
la reconstruction des bâtiments de l'Hôtel-Dieu (3). On pense
même qu'elle pouvait être plus ancienne (4). En 1789, ses revenus
se montaient à 146.199 livres, dont 100.000 livres sur la loterie
royale, 24.000 livres sur la ferme générale, 22.199 li^'r^s sur la
vente du sel de salpêtre (5).
N'oublions pas Chamousset, « ce vertueux magistrat, un des
(1) Arch. nat., F'^ i38. Mémoires adressés à Turgot, 24 déc. 1774, 20 juin 1775, etc.
(2) Dès le XVII» siècle, on avait envisagé cet emplacement pour l'agrandissement de
l'H.-D. Mémoire touchant le dessein que l'on proposait de séparer l'H.-D. en 2 maisons,
l'une pour les jeunes filles et petits enfants au lieu où est l'H.-D., et l'autre pour les hommes
au collège du Cardinal Lemoine dont le principal et les boursiers pourraient se retirer dans
un des autres collèges inutiles que le roi leur pourrait donner; s. d., xvii» s. (Bibl. nat.,
ms. fr. n. a. 46, fol. 32.)
(3) Arch. nat., F "5 243.
(4) C. Bloch, 0. c, p. 3o3, cite qu'en 1725 il est question d'une caisse des hôpitaux mise
à contribution pour l'hôpital de Calais.
(5) Tuetey, 0. c, t. I n» i (4).
LKS BATIMENTS 265
ornements de son siècle », au dire de Rondonneau (i), qui, dès
ij56 (2), dans une brochure intitulée: Exposition d'un plan pro-
pose pour les malades de l'Hôtel-Dieu, avait étudié une série de
réformes qui peuvent se résumer ainsi : décharger l'administration
du soin des malades et la borner au gouvernement des biens ;
confier tout ce qui regarde le service purement hospitalier, le trai-
tement, la nourriture, etc., à une société de citoyens dont l'inté-
rêt personnel se confondrait avec l'intérêt public, puisqu'on
donnerait à cette société 5o livres par malade guéri, et rien pour ceu x
qui mourraient. Inutile de dire que cette conception d'une « entre -
prise» réalisée pendant la Révolution, avec des résultats détestables,
trouva un accueil plutôt hostile parmi les administrateurs et leur
entourage, accueil qui se traduisit par une série de brochures
présentant des objections au système proposé. Ghamousset y
répondit (3), et s'offrit même en 1763 à mettre son plan en pratique.
L'incendie de 1772 vint donner une actualité nouvelle à ses théories.
Dans une lettre, il proposa de diviser l'Hôtel-Dieu en 2 établis-
sements, dont l'un serait placé à Saint-Louis, et l'autre au couvent
des Cordelières du faubourg Saint-Marceau, et en transportant à
l'île des Cygnes et au Gros-Caillou la buanderie des deux hôpitaux.
Dans un dernier opuscule, il proposait l'établissement d'une mai-
son de convalescence à Villejuif (4).
Le gouvernement adopta en grande partie les vues de
Ghamousset. Les lettres patentes de mai 1773, enregistrées au
Parlement le i i mars 1774, partageaient l'Hôtel-Dieu en 2 établis-
sements, Saint-Louis et Sainte-Anne agrandis (5). Tous les bâti-
ments de l'hôpital sur la rive droite devaient être rasés, et les
matériaux vendus; les administrateurs étaient autorisés à « dis-
poser des maisons, biens-fonds, rentes et autres immeubles
appartenant à l'Hôtel-Dieu, pour le prix être employé à l'acquisi-
tion d'autres fonds produisant un revenu égal au revenu actuel, et
le reste aux constructions ordonnées». Tous les legs faits au cours
de l'année pouvaient être employés à la construction des nouveaux
(i) «Sa tcte, écrit l'abbé de V^oisenoo. était toujours en effervescence pour le bien de
l'humanité. »
(2) Réimprimée en 1737 dans les Vues d'un citoyen. (Cf. iMartin-Ginouvier, Vit
Philanthrope méconnu du xviir s.: Piarron de Ghamousset ; l'aris, 1905, in-8°.)
(3) Réponse aux objections sur l'exposition du plan de réforme de l'H.-D.
(.() Voy. aussi ses projets pour la nourriture des enfants au lait d'animaux. (Bibi. nat.,
.loly de Fleury, 12 14, fol. 89.)
(3) Saint-Louis seul fut ouvert. Dès 1773, il était en pleine activité. Au !='■ avril 1773,
il y avait 690 malades, et du i-- avril au 3i déc. il en fut envoyé 2.91 i de l'H.-D.
dont 1.485 de la ville et de la campagne, et 1.426 des hôpitaux de Paris: Charité, Salpè-
trière, Bicêtre, Pitié, soit en tout : 3. 601 personnes sur lesquels il y eut 807 décès. (Délib.
14 janv. 1774.)
266 l"hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIII" SIECLE
bâtiments, et étaient déchargés de tout droit de contrôle, insinua-
tion, centième denier et amortissement. Enfin le roi s'engageait à
donner 5o.ooo livres par an pendant lo ans sur son trésor (i).
Ces mesures ne devaient pas être exécutées. Il y eut d'abord
une opposition sourde de l'Archevêché et du Chapitre, qui ne se
souciaient point d'être dépossédés de leur antique Maison-Dieu,
dont le déplacement leur apparaissait comme un sacrilège. Elle se
traduisit par un mémoire virulent, suivi d'une requête au roi,
signé par la prieure de l'Hôtel-Dieu, sœur de la Nativité, qui ne
craignait pas de traiter les novateurs de « faiseurs de projets
poussés par l'appât du gain «, avançant que « 25 millions ne suffi-
ront pas pour rendre le nouvel Hôtel-Dieu aussi commode et aussi
vaste que l'ancien, et oii tous les bâtiments soient aussi parfai-
tement distribués». Ce mémoire fut « supprimé » parle Parlement
par arrêt du 14 août 1773 (2), et la prieure et la sous-prieure
furent obligées de venir le désavouer en pleine séance du Bureau.
Mais c'était pure comédie, car le Bureau était complice de cette
opposition, tout en y mettant plus de formes, et, par ses atermoie-
ments, il réussit pendant plusieurs années à faire suspendre l'exé-
cution des lettres patentes de 1773.
Cependant l'idée d'une reconstruction ou d'une translation
faisait son chemin. Les mémoires des médecins, des architectes,
des philanthropes, se multipliaient ; Necker, en arrivant au pouvoir,
était trop averti pour ne pas en tenir compte. A la suite des travaux
d e Régnier, secrétaire de l'évêque de Rodez (3), du médecin Antoine
Petit (4), de Leroy, membre de l'Académie des sciences (5), de
John Aixin et de Coxe, en Angleterre (6), il se décida, par arrêt
du Conseil du 17 août 1777, à nommer une commission chargée
de rechercher les moyens d'améliorer, non seulement l'Hôtel-Dieu,
mais tous les hôpitaux de la Ville de Paris.
La commission, nommée en 1777 (7), se composait de 7 admi-
(i) Le 1" août 1774, le Bureau réclame les premières 5o.ooo I. promises, et l'arche-
vêque écrit à ce sujet au contrôleur général Terray.
(2) Rondonneau, o. c, p. 211.
(3) Projet d'un hôpital de malades ou H.-Ll, dans lequel les malades couchés chacun
seul dans un lit recevraient les meilleurs secours avec le moins de frais possibles. Divisé en
3 parties: /» l'emplacement, 2" les bâtiments, 3° l'administration ; Londres et Paris, 1776,
in-4°, 24 p.
(4) Mémoire sur la meilleure manière de construire un hôpital ; Paris, 1774, in-4«.
(5) Précis d'un ouvrage sur les hôpitaux, dans lequel on expose les principaux résultats
des observations de physique et de médecine qu'on doit avoir en vue dans la construction
de ces édifces avec un projet d'hôpital disposé d'après ces principes. (Mém. Acad. des se,
1789, pp. 585-6oi, 2 pi.)
(6) John Aixin, Thoughts on Hospitals ; London, 1771, in-8». — W. Coxe, Account ofthe
Prisons and Hospital in Russia, Sweden and Danmark.
(7) Arr. du Conseil du roi, 17 août 1777. (Arch. nat., ADxivS.)
LFS RATIMKNTS 267
nistrateurs de THôtel-Dieu, de 2 administrateurs de l'Hôpital
général, d'Outremont et Saint-Amand, de 2 conseillers d'État,
d'Argouges et de Bernages, d'un maître des requêtes, de La
Michodière, des curés de Saint-Eustache, Saint-Roch et Sainte-
Marguerite, appelés, non au titre d'ecclésiastiques, mais comme
organisateurs d'œuvres de charité paroissiale (i), enfin du directeur
de la Société royale de médecine, deLassonne (2). Le plan proposé
à la commission était très vaste; il comprenait non seulement l'étude
des conditions d'hygiène à adopter pour la réforme des hôpitaux,
mais encore l'examen de leur situation financière et des remèdes
à y apporter. Les travaux ne répondirent pas d'ailleurs à ce large
programme.
La question de l'Hôtel-Dieu, que nous avons seule à envisager
ici, fut confiée à l'examen d'une sous-commission de 7 membres,
dont les conclusions furent adoptées le 22 Juillet 1778 en réunion
plénière. Il fut décidé que l'Hôtel-Dieu ne serait ni déplacé ni
divisé, mais simplement agrandi. Un projet de déclaration com-
prenant tout un ensemble de dispositions administratives fut en-
suite dresséet reparut en 1781 (3)sous formede lettrespatentes, pres-
crivant tout un plan de campagne pour laréformede l'Hôtel-Dieu.
En 1780, d'autre part, à la suite des visites faites par Moreau et
Mullard, architectes de la Ville, Necker avait prévu une réorgani-
sation de Saint-Louis (4), qui serait confié aux frères delà Charité ;
l'hôpital devait contenir 1.570 lits, être doté de longues galeries
faisant communiquer les salles actuelles avec les quatre bâtiments
en équerre et aménagées en salles de malades, puis d'un bâtiment
neuf allant de la porte d'entrée, à gauche, jusqu'au corps de logis
des religieuses, de nouvelles caves pouvant contenir i .5oo pièces de
vin, enfin, de nouvelles portes, l'une vis-à-vis du portail de l'église
pour les habitants du faubourg Saint-Laurent, l'autre, près du
pavillon royal, pour ceux du Marais et du faubourg Saint-Antoine.
Le Bureau fut fort ému de ce projet. A la séance du i'^'" mars, un
mémoire fut rédigé sur l'établissement et la destination de l'hôpi-
tal Saint-Louis, rappelant les motifs mis en avant en 1719 lorsqu'il
s"était agi d'y installer la Monnaie, et l'archevêque fut chargé de le
remettre au directeur général des finances. Le 1 1 avril, les admi-
nistrateurs furent convoqués chez ce dernier en présence du lieu-
(1) C. Bloch, o. c, p. 227.
(2) J.-M.-F. de Lassonne (1717-1788), médecin de Marie-Antoinette et de Louis XVI,
était membre de l'Académie des sciences depuis 1742.
(3) L. pat. du 22 avril 1781. (Isamhert, XXMI, p. 11.)
(4) Délib. 9 févr. 1780, reg. i5o, fol. 5o.
268 i/Hori;L-i)iFr at' xvii<= et au xviif sikclk :
tenani général de police, de M. de La Millière, maître des requêtes,
chef du service des hôpitaux au contrôle général ( i ) ; on leur exposa \
que le projet consistait à traiter sur place les hospitalisés malades de i
la Pitié, Bicétre, la Salpétrière; à établira THôtel-Dieu un certain j
nombre de lits à une seule place, i.ooo par exemple, répartis entre ]
les différentes paroisses, où les malades seraient admis sur un |
certificat d'indigence de leur curé ; à consacrer THôtel-Dieu aux ■
blessés, aux « fols », des deux sexes, aux femmes grosses et accou- !
chées ; enfin à destiner Saint-Louis aux malades ne rentrant pas |
dans une des catégories précédentes, c'est-à-dire excédant le nombre ;
des lits réservés à chaque paroisse, ou n'ayant point de domicile '
fixe, les provinciaux et les étrangers. Les administrateurs furent i
chargés de rédiger leurs observations et de les remettre au directeur
général des finances.
Ce projet de Necker est tout à fait intéressant ; outre le principe j
humanitaire de ne placer qu'un seul malade par lit, on y voit la |
première idée des circonscriptions hospitalières, établies par j
paroisses et de la spécialisation des hôpitaux; mais il était trop '
révolutionnaire pour les administrateurs. De même qu'ils s'étaient |
opposés de toute leur énergie aux projets mis en avant lors de |
l'incendie de 1772, et avaient fini par obtenir la reconstruction sur 1
place des bâtiments, ils résolurent de faire échouer les projets de 1
Necker. Pour répondre à l'assertion du ministre que l'Hôtel-Dieu j
jouissait d'un revenu de 1.400.000 livres, ils firent dresser par le >
receveur les comptes des dix dernières années, qui donnèrent, ]
année commune, un revenu de 1.074.382 livres. Dans une lettre ■
écrite à M. de La Millière, Marchais de Migneaux affirma que le |
moindre retranchement des revenus amènerait infailliblement la ,
ruine, et qu'il n'était rien moins prouvé que le projet du ministre ,
diminuerait le nombre des malades (2). Le manque de crédit fit ■
d'ailleurs échouer la tentative de Necker. Mais un souffle de réforme 1
avait néanmoins troublé les vieilles conceptions hospitalières. ]
Sans perdre de temps, et profitant de la démolition du Petit-
Ghâtelet, enfin réalisée en 1781 (3), depuis plus de 60 ans qu'elle :
(i) Jacques-Louis de Chaumont de La Millière devint intendant des finances; il joua un '
rôle assez important dans l'administration des hôpitaux à la fin de l'ancien régime. (Arcli.
nat., F *'=> 233, diverses pièces reproduites par Tuetey, o. c, 1. 1 et II.) ;
(2) Délib. 3i mai 1780, reg. i5o, fol. 256. j
(3) 11 y avait eu en 1719 une première commission nommée pour étudier une solution 1
pratique, et, dès 172 i, des lettres patentes du mois de septembre avaient donné à l'H.-U. '•
l'emplacement et les matériau.x du Petit-Chàtelet, à condition de rembourser le pri.\ de son |
olTice au greffier de la geôle des prisons (12.000 1.). En 1781, quand la question se posa
de nouveau, l'H.-D. obtint la suppression de cette dernière clause. Les travaux de démo- '
lition eurent lieu au printemps de 1782. Les prisonniers furent transférés à la Force j
le 20 mars 1782. (Délib. 20 févr., 27 nov., 11 déc. 1782.) j
LES BATIMENTS 269
était dticidée, les administrateurs s'étaient occupés de la recon-
struction des bâtiments incendiés. Un plan fut dressé pour
Tutilisation des terrains disponibles, d'accord avec Colombier (i),
représentant Joly de Fleury aux délibérations du Bureau. Ce
n'est pas d'ailleurs l'architecte de l'Hôtel-Dicu, mais l'architecte
du roi et du département des hôpitaux, Saint-Phar, qui fut chargé
des nouvelles constructions faites par ordre et sur les deniers du
roi, qui avait déjà engagé Soo.ooo livres pour la reconstruction de
la communauté et des deux salles incendiées, et versa encore
500.000 livres en 1784 (2).
L'église fut réparée ; on construisit un nouveau chœur; le pas-
sage des malades par l'église fut supprimé. D'autre part, la Ville,
sur l'emplacement du Petit-Châtelet, établit le quai Bignon (3),
depuis son ancienne porte jusqu'au pont Saint-Michel, parallèle-
ment à la rue de la Huchette.
Mais la solution adoptée pour réparer le désastre de 1772
souleva l'opinion publique plutôt qu'elle ne Tapaisa. Loin
d'être résolue, la question de l'Hôtel-Dieu était plus que ja-
mais d'actualité. La campagne des projets recommença de plus
belle.
En 1785, les architectes Poyet, contrôleur des bcitiments de
la Ville (4), et Cocqueau, publièrent leur mémoire: De la nécessité
de transférer et de reconstruire l' Hôtel-Dieu, avec un projet de
translation de cet hôpital, qui provoqua la nomination, en 1785,
d'une commission de l'Académie des sciences (5) chargée d'exami-
ner les différents projets à l'ordre du jour. Hardy, qui résume dans
ses Mémoires (6) le travail de Poyet (7), prévoit son échec. C'est
ce qui arriva. Mais, par contre, le système de répartition de l'Hôtel-
Dieu en quatre hôpitaux devait finir par prévaloir.
L'enquête menée par l'Académie des sciences descendit dans
les moindres détails et donna lieu à plusieurs mémoires, dont les
cinq mémoires de Tenon sont les plus connus, et aux trois rapports
(i) Colombier, qui était médecin, avait, nous l'avons vu, le titre d'inspecteur général
des hôpitaux. Sur ses inspections, voy. C. Bloch, o. c, passim.
(2) Arcli. nat., Fi^ igSô. Les mémoires des entrepreneurs de 1783 à 1788 s'élevaient
à 689.646 1.
(3) Arcli. nat., H 1934 et 1955.
(4) Bernard Poyet, né à Dijon le 3 mai 1742, luort le 6déc. 182.1. Son éloge funèbre a été
fait par Vaudoyer père.
(5) Elle était composée de 9 membres: Lassonnc, Daubenlon, Tenon, Bailly, Lavoisier,
I.aplace, Coulomb, d'Arcet et Tillet.
(6) T. VI, fol. 228 et.^77.
(7) Poyet donne un éiat des salles de l'H.-D. avec la longueur et la largeur. {Siipplc-
mcnt au mémoire, p. i5i, mais il en compte 2() alors que les listes du mouvement de la
population publiées par l'II.-D. en accusent 18 et 19.
l'hOTEL-DIEU au XVII" et au XVI
des 22 novembre 1786, 20 juin 1787, 12 mai 1788 (i). C"est dans
ce dernier mémoire que les commissaires proposèrent un plan
dressé par Poyei d'après leurs vues.
Après avoir rejeté la disposition en croix de Tarchitecte Gamard ,
exécutée en i658 à l'hospice des Incurables, celle en rayons diver-
gents de Petit et Poyet, présentée par le baron de Breteuil (2), le
10 décembre 1785, pour un hôpital unique à élever dans Tîle
des Cygnes, après avoir adopté en avril 1787 les idées de Leroy,
préconisant les bâtiments rangés en lignes parallèles, les commis-
saires se décidèrent, à la suite d'un voyage en Angleterre de Tenon
et de Coulomb (3), pour le principe de pavillons parallèles et isolés.
« La disposition la plus salubre pour les hôpitaux serait celle 011
chaque salle serait un hôpital particulier, mais ce qui serait une
trop grande dépense quant aux salles devient praticable pour les
bâtiments. »
Le Bureau mit le même acharnement dans son opposition aux
projets de la commission de l'Académie des sciences qu'aux pro-
jets de Necker (4). On devait démolir en partie l'Hôtel-Dieu pour
faire des quais, ne laisser au parvis qu'un asile de prorapt secours,
établir quatre Hôtels-Dieu de i .200 et même i .800 lits chacun, au-
dessus de l'École militaire, à Sainte-Anne, aux Célestins, à Saint-
Louis, et, « comme l'hôpital Saint-Louis qui est un chef-d'œuvre
en ce genre, auquel on ne pourrait toucher sans le gâter, ne peut
contenir que 600 malades », construire un nouvel hôpital, pour
y suppléer, au bas de Montmartre (5^
Nous ne nous étendrons pas sur les objections faites à ce prgjet,
exposées tout au long dans le compte rendu de la séance du
7 mars 1787 ; nous y retrouvons, en ce qui concerne Saint-Louis,
les réserves maintes fois exprimées : destination spéciale en cas
d'épidémie, manque d'eau potable, etc. Le 27 avril, le baron de
Breteuil écrivit aux administrateurs que l'intention du roi était
(i) Extraits des Registres de l'Académie royale des sciences, du 22 nov. 1786 (Paris, 1786,
in-4», 128 et VI p.), du 20 juin 1787 (Paris, 1787, in-4°, i5 p.), du 12 mai 1788 (Paris, 1788,
in-4», 36 p.). Quant aux cinq mémoires de Tenon, ils parurent réunis sous ce titre:
Mémoire sur les hôpitaux de Paris, imprimés par ordre du roi, avec figures en taille-
douce; Paris, imp. Pierres, 1788, in-4«, Lxxiv-472 p., et furent vendus au profit des hôpi-
taux de Paris. (Cf. demande de remboursement adressée par Tenon en janv. 1790 au ministre
de la maison du Roi, dans Tuetey, o. c, I, pièce 2.)
(2) Le baron de Breteuil (1730-1807) dtait ministre d'État depuis 1783 et chargé- du
département de la maison du roi. Sur son rôle à la veille de la Révolution, voy. A. Chérest,
la Chute de l'ancien régime, 3 vol. 1884. 1886, in-S».
(3) C.-A. Coulomb (1736-1806), membre de l'Académie des sciences, est surtout connu
comme physicien.
(4) Délib. 27 janv. 1787, reg. 157, non paginé.
(5) Délib. 7 mars 1787, reg. 157, non paginé.
I.KS rîATIMKNTS
d'établir deux des hôpitaux projetés à Saint-Louis et sur les terrains
de Sainte-Anne, et de prendre les mesures nécessaires à l'éva-
cuation de ces deux établissements. Le 3 mai, le Bureau objecta
qu'il y avait actuellement à Saint-Louis 707 personnes, dont
607 malades, qu'il était dans l'impossibilité de les loger et ne le
pourrait faire sans provoquer l'émotion du public, que d'ailleurs
l'hôpital ne pourrait être fermé sans une délibération prise en
assemblée générale, et que les circonstances actuelles ne permettaient
pas d'en convoquer une. Le 24 mai, le baron de Breteuil répondit
que l'intention du roi n'était pas d'évacuer les malades de Saint-
Louis sur l'Hôtel-Dieu, ce qui en effet y augmenterait « la con-
fusion et le malaise », qu'il importait même que l'hôpital Saint-
Louis resttu toujours ouvert, mais que l'on commencerait par y
faire construire une galerie neuve pour 1.200 malades couchés
chacun dans un lit (i), et que, lorsqu'on travaillerait aux bâtiments
actuels, on transporterait les malades dans cette galerie ; il termi-
nait en espérant qu'après ces explications les intentions du roi ne
trouveraient désormais aucun obstacle.
Le 22 juin parut l'arrêt du Conseil portant établissement des
quatre nouveaux hôpitaux, mais avec modification du plan primitif.
Les quatre emplacements désignés étaient Saint-Louis, Sainte-
Anne, la maison des Hospitalières de la Roquette et l'abbaye de
Sainte-F*érine à Chaiilot. Cet arrêt fut transmis au Bureau
de l'Hôtel-Dieu par lettre du 23 juin, avec les explications
nécessaires. Le Bureau répondit, le 27 juin, par une lettre sèche,
que cet objet était de nature à être porté à une assemblée géné-
rale de l'administration, et que celle qui devait avoir lieu le
lendemain, 28, se trouvait remise à cause de celle des princes
et pairs, fixée au même jour. A la séance du i3 juillet, il décida
de préparer sur ce sujet un mémoire d'observations de la plus
grande importance, et fit remettre une nouvelle lettre au baron
de Breteuil pour l'informer qu'il se bornait aujourd'hui à le prier
« de porter aux pieds du trône les nouvelles protestations du
zèle qu'il a voué à l'humanité souffrante ». A l'assemblée générale
du 16 juillet, il se garda bien de soulever la question. Le 29 août,
il envoya au roi les Observations de l'administration de l'Hôtel-
Dieu sur l'arrêt du Conseil du 22 juin ijSj, où il exposait un
contre-projet consistant à améliorer, et non à détruire, et qui ne
(i) Non seulement on réclamait un lit pour chaque malade, mais on posait aussili
question de chambres séparées. Cf. Christoph Ludwig Hoffmann, BestuUi^iing dcr
yothvendigkeit einem jedem kranken in einem Hospitale sein eigencs Zimmer ^u geben
tTraité confirmant la nécessité de donner dans un hôpital à chaque malade une chambre
séparée) ; Mayence, 1788, in-8».
L HOTEL-DIEU AU XVI I*' ET AU XVIIie SIECLE
présentait aucun des inconvénients capables «d'exciter de tardifs \
regrets », comme de sacrifier à Thôpital Saint-Louis « tout ce que j
le génie de l'architecte avait imaginé de plus parfait pour Tobjet \
qui l'occupait)). Le Bureau ajouta qu'après avoir ainsi libéré sa |
conscience, et s'être déchargé pour les siècles futurs des reproches ;
de la postérité, il n'avait plus qu'à attendre en silence les décisions ;
de Sa Majesté et à former des vœux pour que de nouvelles institu-
tions, dont le but est le bien de l'humanité, ne produisent pas un ■
effet tout contraire. !
Mais, le i6 février 1788, M. deBrcteuil répondit au Bureau que |
le roi voulait voir au mois d'avril des ouvriers à Sainte-Anne, i
Puis, le 14 mai, il l'informa que le roi avait définitivement ap- ;
prouvé le plan des nouveaux hôpitaux, et désirait « qu'il soit •
très incessamment procédé» à la démolition des anciens bàii- |
ments. Le Bureau fit savoir le 16 qu'il recevrait les ouvriers qui ■
seraient envoyés à Sainte-Anne et à Saint-Louis, mais qu'il y \
avait dans ce dernier établissement 644 malades, et qu'il n'avait i
aucune place à leur donner. I
Sainte-Anne fut démoli; l'adjudication des matériaux eut lieu 1
au mois de février 1790. Saint-Louis fut sauvé par la Révolution, j
plus encore que par l'obstination conservatrice des administrateurs '
de l'Hôiel-Dieu, qui s'était trouvée impuissante devant les projets
de réforme du gouvernement. Saint-Louis avait d'ailleurs rencon-
tré un défenseur énergique et averti dans la personne de Tenon, '.
favorable sans doute à la création décidée de quatre hôpitaux .
de 1.200 lits, mais qui s'était très bien rendu compte que la '
disposition de ses salles ne permettait pas de l'utiliser pour un
hôpital général, même pour un hôpital d'isolement, et proposait j
de construire à côté un hôpital de contagieux, de manière à pro- 1
fiter des magasins et services généraux déjà existants, mais sans
toucher à l'enceinte actuelle, avec tous ses moyens de défense si '
utiles en temps d'épidémie. |
John Howard, qui visitait les hôpitaux du continent à l'époque j
où Tenon s'en allait en Angleterre, se montrait plus sévère; il ;
déclare que l'Hôtel-Dieu et l'hôpital Saint-Louis sont les deux 1
plus mauvais hôpitaux qu'il ait jamais vus, et sont une honte pour \
la Ville de Paris (i). C'était déjà l'opinion de Voltaire écrivant au ;
médecin Paulet, auteur d'une histoire de Isi Petite Vérole : « Vous ,
avez dans Paris un Hôtel-Dieu où règne une contagion éternelle, où
(i) An Account of the Présent State of thc Prisons, Hotises of Correction and
Hospitals, 1783.
LES BATl.MKNTS
des malades entassés les uns sur les autres se donnent récipro-
quement la peste et la mort (i). »
Pour la souscription ouverte en faveur des quatre nouveaux
hôpitaux projetés, qui ne fut qu'une escroquerie de la part du
gouvernement, il y avait eu 3 listes publiées de souscripteurs. La
1'"% distribuée le 5 mars 1787(2), comprenait la liste de 222 sous-
cripteurs du 22 Janvier au 21 février, parmi lesquels plusieurs ducs
et pairs, grands seigneurs, etc., inscrits pour 12.000 livres cha-
cun, sauf le maréchal, duc de Richelieu, pour 10.000 livres, le
prince de Condé et ses enfants pour 3o.ooo, l'archevêque de Paris
pour 5o.ooo, Necker pour 9.000, les 40 fermiers généraux chacun
pour 6.000, le Chapitre pour 3o.ooo ; les Chartreux pour 12.000 ;
les 6 corps pour 3oo.ooo, en tout 1.703.665 livres. La 2« liste, du
22 février au 22 mars, comprit les premiers commis du baron de
Breteuil, 100.000 livres ; les régisseurs généraux des aides et droits
réunis, 67.200 livres; le corps de la librairie et imprimerie de
Paris, 6.000 ; la communauté des perruquiers, 6.000 ; la com-
pagnie des agents de change, 24.000 ; les chanoines de Sainte-
Geneviève, 12.000, etc., au total, avec la l'Miste: 2.007.321 livres.
La 3"^ liste (27 mars) donna avec les précédentes un total de
2.1 13.217 livres; la 4'' (21 mai) 2.211.912; la 5'-% 2.222.807.
L'élan était arrêté. Aussi le Conseil rendit, le i3 octobre 1787,
un arrêt autorisant la Ville de Paris à ouvrir un emprunt de
12 millions remboursable en un an, par voie de loterie au proht
des hôpitaux (3). Bientôt, Loménie de Brienne, chef du conseil
royal des finances, détourna de leur destination les fonds souscrits
et les versa dans la caisse de l'État.
Le bâtiment méridional ou bâtiment Saint-Charles, dont Tenon
nous a laissé des plans détaillés (4), était devenu, à la tin du
xviiie siècle, de beaucoup le plus important, puisque, à lui seul, il
comprenait 2.627 malades en moyenne, alors que les bâtiments
du nord n'en contenaient que 589, et les deux salles du pont au
Double, 202. L'Hôtel-Dieu s'était pour ainsi dire transporté insen-
siblement de la rive droite sur la rive gauche.
L'ancien Hôtel-Dieu ne se composait plus que de 3 grandes
salles au rez-de-chaussée, les salles Sainte-Marthe (femmes
(i) Lettre du 22 avril 1768. Œuvres, éd. I-'irmin-Didot, 184.", in-4», t. XII, p. 1843.
(2) Impr. nat., 12 p. in-4°. Voy. Hardy, t. VII, p. 11 (Bibl. nat., mss. 6686)eten annexe
aux divers journaux de l'époque, notamment le Mercure Je France.
(3) Récit d'un des messieurs à la chambre des vacations du Parlement sur l'arrêt du
Conseil du I 3 oct. 1787. (Arch. nat., X'ii8987, 23oct. 1787, reproduit par Mon in, o.c.,p.6i6.)
(4) Tenon, o. c, pi. ix, p. 118, plans du rez-de-cliaussée et du !•••■• étage, avec légende,
pi. X, p. 124, plans des 2» et 3" étages.
18
L HOTEL-DIEU AU XVII'= ET AU XVII
fiévreuses), avec 5o grands lits pour 200 personnes, et 58 petits
lits; Saint-Denis-Saint-Thomas (hommes fébricitants), avec
?2 grands lits pour 128 personnes et 20 petits lits ; Saint-Côme,
avec 45 grands lits pour 180 personnes et 3 petits lits ; aux étages
supérieurs, il avait conservé les lingeries, les logements des ecclé-
siastiques, des religieuses, des officiers, puis, en sous-sol, ces
magasins qui avaient fourni un aliment tout prêt à Tincendie de
1772, fonderie aux suifs, chandellerie, chantier de la boulangerie,
magasins aux onguents, gommes, résines, huiles conservées, non
pas en tonnes faciles à rouler, nous dit Tenon, mais dans de vastes
réservoirs en plomb ; cuisines, buanderies, étuves à sécher le linge.
Sur le pont au Double se trouvaient deux salles, au rez-de-
chaussée, le Rosaire (hommes fébricitants), avec 32 grands lits
pour 128 personnes et 32 petits lits, et, au i*^"" étage, Saint-Louis
;fous), avec 10 grands lits pour 40 personnes et 2 petits lits.
La partie non couverte du pont formait un promenoir pour les
hommes, mais combien exigu; c'était d'ailleurs le seul qu'il y eût
dans l'hôpital ; il était de plus garni d'étendoirs en fer et à demeure
pour sécher le linge-des lessives.
Le bâtiment Saint-Charles (i) comprenait à lui seul 20 salles,
3 au rez-de-chaussée, Saint-Charles (fébricitants), avec 1 10 grands
lits pour 404 personnes, 9 petits ; Saint-Antoine (fébricitants),
avec 29 grands lits pour 116 personnes et 29 petits lits ; Saint-
Roch (garçons de 3 à 14 ans), avec 35 grands lits pour i5o per-
sonnes, et 3- petits lits; — 5 au i'^'' étage, Saint-Pierre-Saint-Paui
(maladies chirurgicales, hommes), avec 78 grands lits pour
3i2 personnes et 33 petits lits; Saint-Jérôme, salle d'opérations
pour les hommes, qui ne comprenait que des petits lits au nombre
de 20; Saint-Yves (prêtres malade-s), 8 petits lits; les Taillés,
44 petits lits ; Saint-Nicolas (maladies chirurgicales, femmes),
avec 35 grands lits et 26 petits ; — au 2^ étage, l'office des accou-
chées, divisé en 4 salles, Saint-Joseph, les accouchées, les nour-
rices, les femmes grosses ; Sainte-Marguerite pouvant contenir en
tout 307 femmes, comportant des grands et des petits lits ; puis les
salles Saint-Martine (fébricitantes), Sainte-Geneviève (folles), la
Crèche ou Sainte-Thérèse (fillettes jusqu'à 3 ans), contenant égale-
ment des grands et des petits lits ; — enfin au 3^ étage, 5 salles, le
Grand Saint- Landry (fiévreuses), le Petit-Saint-Landry (fiévreuses),
n'ayant que des petits lits, Sainte-Monique (fiévreuses et variolées),
Saint-François (convalescentes et variolées), 35 lits grands et petits.
(i) Ces chiffres sont ceux de Tenon. L'état des lits figurant aux Arcii. nat., FI' 1861,
donne des chiffres un peu différents.
LES BATIMKNTS 275
Tenon en 1786 comptait, pour les 12 salles d'hommes, 600 lits,
dont 378 grands et 222 petits, et pour les 3 salles de femmes 619,
dont 355 grands et 264 petits, au total 1.219 lits. Sur ces 25 salles,
6 étaient à 2 rangs de lits, 6 à 3 rangs, i3 à 4 rangs, la position
des lits n'étant assujettie à aucune règle, les petits étant tantôt
entremêlés avec les grands, tantôt séparés, situés tantôt sur la
longueur des salles et le pied des uns au chevet des autres, tantôt
parallèlement aux murs latéraux, sans passage suffisant pour le
service, sans souci de l'hygiène la plus élémentaire.
D'après la déclaration faite en 1790 (i), il y avait 574 grands
lits pour malades et domestiques dans les salles d'hommes et de
femmes, 176 lits à cloison, 874 petits lits ou lits à une personne,
et 177 berceaux d'enfants, soit au total 1.701 lits de différentes
espèces. Dans ce nombre n'étaient pas compris ni les 48 lits à
cloison et les 18 petits lits pour 58 domestiques hommes, dans
l'ancienne maison des convalescentes, ni les lits occupés par les
tilles de la chambre d'en haut ; enfin à Saint-Louis il y avait
466 lits, dont 3 12 grands, 121 petits et 33 berceaux.
L'horreur qui se dégageait de la vue des bâtiments de l'Hôtel-
Dieu avait frappé plus d'un contemporain au xviii*^ siècle finissant,
alors que les idées nouvelles et la sensibilité romantique commen-
çaient à bouillonner dans la grande cité. Les pages émues de
Mercier, les vives critiques de Tenon sont empreintes du même
sentiment d'effroi devant ce gouffre noir qui demeure au cœur de
la Ville. « Le spectacle affreux qui s'offrit à mes regards la première
fois que j'allai visiter l'Hôtel-Dieu, écrit un autre contemporain (2),
vient encore effrayer nTa pensée, lorsque je trace ces mots : allez
visiter ces lieux où l'État promet des soins aux êtres pauvres et
souffrans ; goûtez le pain du convalescent, entrouvrez le lit du
malade, interrogez jusqu'à son douloureux silence ; surtout que
votre arrivée ne soit annoncée par aucun indice; au lieu du dénue-
ment, vous trouveriez une abondance passagère, l'agonisant serait
paré de fleurs, le mourant sourirait peut-être avec effort, mais cette
abondance, ces fleurs, ce sourire, seraient l'effet d'une coupable
jonglerie et de la terreur infligée au malade par ses gardes effrayés. »
On va jusqu'à mettre en vers ce navrant spectacle (3), et pourtant
Paris s'amuse, Paris est en fête, et l'Opéra n'a jamais brillé d'un
éclat si resplendissant !
(i) Etat général des lits dans les dilTérentes salles del'H.-D., le 12 avril 1790. (Arch. nat.,
F15, 1861.)
(2) J.-B. Pujoulx, Paris à la fin du xviip siècle ; Paris, Mathé, libraire, Palais du Tribu-
nat, sous les colonnades du passage Radziwill, an IX (1801), p. Soç.
(3) Voy. une pièce de Theveneau, qui concourut pour le prix de l'Académie française,
citée par Pujoulx.
2-6 l'hOTEL-DIEU au XVIF KT au XVIII" SIÈCLE
En résumé, «la position de l'Hôiel-Dieu, Tespace resserré qu'il
occupe la hauteur et la disposition de ses bâtiments, et les incon-
vénients immenses qui en sont la suite, ont toujours été un objet
de pitié de censure et de réclamation pour tous les bons citoyens
qui s'intéressent véritablement au sort des pauvres... C'est aux
régénérateurs de la France et à la nouvelle administration muni-
cipale de Paris qu'est réservée sans doute la gloire d'effectuer des
projets dont tant d'intérêts sollicitent l'accomplissement » (i). Ces
paroles de La Rochefoucauld-Liancourt, à l'issue de sa visite de
l'Hôtel-Dieu avec les membres du Comité de mendicité de la
Constituante, sont la conclusion logique de ce chapitre qui s'ouvre
sur les généreuses intentions de la Révolution.
(,) Rapport du Comité de mendicitc, édit. C. Bloch et A. Tuetey ; Paris, .g.-, in-8»,
p. 638-639.
CHAPITRE IV
LES MALADES
LES DIVERSES CATÉGORIES DE MALADES : l'officc dcs accouchécs ; l'office dcs taillés
l'office des contagieux et les « scorbutaires )> ; les convalescents.
LE TRAITEMENT DES MALADES : régime alimentaire, médicaments, opérations,
service des salles.
LES médecins: les apothicaires; les dissections; conflits avec le Collège de chi-
rurgie (1761-1778); J.-B. Desault et l'hygiène hospitalière; les offices à la
fin du xviii" siècle.
Comment était administré THùtel-Dieu ; d'où provenaient ses
ressources, quels étaient ses moyens d'hospitalisation ? Nous
venons de le montrer. Il reste à nous poser une dernière question,
et ce n'est pas la moins importante, puisqu'elle s'applique à l'objet
même de l'établissement, à sa fin sociale : quels malades y rece-
vait-on et comment étaient-ils soignés?
LES DIVERSES CATEGORIES DE MALADES
L'Hôtel-Dieu, qui au début recevait tout le monde, même les
simples passants, avait, dès le xvr" siècle, écarté les teigneux et les
« véroles » (0, dont le soin incombait au Grand Bureau des
pauvres (2), à qui il payait à titre d'indemnité 200 livres par an
depuis 1614 (3] ; le Parlement, dans son arrêt, avait fait valoir.
(1) I.es malades atteints du « mal de Naples gavaient d'abord été reçus dans une maison
du faubourg Saint-Germain (19 févr. iSoq), puis à l'hôpital Saint-Eustaclie (21 févr. i558),
enfin à l'iiôpital de Lourcine au faubourg Saint-Marceau (25 sept. i566).
(2) G. Cahen, le Grand Bureau des pauvres ; Paris, ipoS, in-8°.
(3) Arr. du Parlement du 3 mars 1614. (Arch. A. P., liasse 878.)
L HOTEL-DIF.U AU XVII" ET AU XVIIie SHXLF.
outre le danger « d'infection » pour les autres malades, « que ce
seroit contre la décence et honnêteté publique que les filles
religieuses de l'Hôtel-Dieu soient employées à panser les malades si
sales et si ords ». Les galeux qui étaient exclus (i) furent cepen-
dant admis à différentes reprises, en particulier à Saint-Louis.
Les aveugles, d'après l'article 9 du règlement de l'Hôpital géné-
ral du 27 avril i656, devaient y être hospitalisés, au cas où il n'y
aurait pas de place aux Quinze-Vingts (2) ; de même les
« écrouelleux » qui ne devaient pas séjourner à Paris plus de
i5 jours, ou I mois s'ils étaient étrangers, après les fêtes solen-
nelles (3), auxquelles le roi avait coutume de les « toucher «,
pouvaient, en cas de besoin urgent, recevoir des secours de
l'Hôpital général. Enfin les aliénés incurables étaient admis dans
les divers établissements de l'Hôpital général.
Pour les aliénés curables, l'Hôtel-Dieu réservait deux salles
toujours pleines (4). Leur nombre fut si grand à la fin du
xviiie siècle— il en venait alors de toutes les provinces (5) — que
le Bureau se plaignit auprès du procureur général pour forcer
Bicêtre (6) et la Salpêtrière (7) à les recevoir après les trois mois
de séjour d'essai à l'Hôtel-Dieu, où ils étaient traités par les bains,
douches, saignées, purgations et vésicatoires aux jambes. Les cas
s'augmentèrent tellement que les admissions à Bicêtre passèrent de
1 10 en 1784 à i5o en 1788 (8).
A partir de 1659, à la suite d'une conférence tenue le 23 janvier
au Parlement entre les administrateurs de l'Hôtel-Dieu et ceux de
l'Hôpital général, il fut décidé que l'Hôtel-Dieu recevrait les
malades des établissements dépendant de l'Hôpital général, envoyés
sur certificat imprimé du médecin de l'établissement d'origine,
mais après examen du médecin visiteur de l'Hôtel-Dieu qui pourrait
surseoir à leur réception s'ils étaient atteints de peste, teigne.
(i) Délib. 3o août 1709, 12 nov. 1734, 18 sept. 1739, 14 mai 1749, 14 avril 1754,8 mars 1787.
Voy. aussi. Réflexions sur le ravage que fait la gale dans l'H.-D.; brocli. in-12. 32 p.
(Délib. 10 févr. 1768, reg. 137, fol. 38.)
(2) J.-L. Piompsault, les Quin:{eVingts ; Carpentras, i863, in-S», et L. Le Grand, les
Qiiinie-Vingts ; Paris, 1902, in-8«.
(3; Ces fêtes étaient Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël. (Voy. L. Landouzy, le Toucher
des écrouelles; Paris, 1907, in-4», et Franklin, les Ecrouelles, Nouvelle Iconograyhie de la
Salpêtrière, 1891, in-8''.)
(4) C'étaient les salles St-Louis pour les hommes avec 10 grands lits et 2 petits, et
Ste-Geneviève pour les femmes avec 6 };rands lits et 8 petits.
(5) Délib. 2 août 1780, reg. i5o, fol. 399, et s. du Comitc de mendicité du 9 févr. 1791.
(6) E. Richard, Hist. de Bicêtre ; Paris, 1889, in-8", p. io5.
(7) L. Boucher, Hist. de la Salpêtrière ; Paris, i883, in-4», P- ^2.
(8) L. Aubanel et A.-M. Thore, Recherches statistiques sur l'aliénation mentale faites à
Bicêtre, 184 1, in-8°, et Tenon, o. c, p. 218, État des maisons où on reçoit les fous.
LF.S MALADES
279
écrouelles, grosse vérole et autres maladies contagieuses (i). Les
femmes grosses, reçues à Toffice des accouchées un mois avant
Taccouchement, pouvaient, sur certificat de la maîtresse sage-
femme de FHôtel-Dieu, être admises à la maison de Scipion,
dépendant de THôpital général et consacrée au début du xvn" siècle,
sous le nom de Sainte-Marthe, à un asile de « pauvres enfermés w
et de femmes « grosses » avant d'être transformée en boulangerie et
magasin de l'Hôpital général.
Pour le retour de ses malades convalescents, l'Hôpital général
envoyait ses « carrioles » à l'Hôtel-Dieu tous les mercredis à
9 heures pour les hommes et garçons et le vendredi, à la même
heure, pour les femmes et les filles. Les vêtements étaient rendus
à la sortie.
Quant aux mendiants amenés par les archers de l'Hôpital général
ils n'étaient reçus à l'Hôtel-Dieu qu'après 3 heures en hiver et
7 heures en été, et encore n'étaient-ils point admis pendant le
Carême (2).
L'Hôtel-Dieu dut résister à l'Hôpital général qui voulut
lui imposer ses « malades de force ». Le Bureau montra par
de nombreux exemples (3) que le Parlement avait l'habitude
d'envoyer les prisonniers, tant de la Conciergerie que de la tour
Saint-Bernard, atteints de scorbut, de teigne, ou de vérole, à
Bicétre ou à la Salpêtrière. Aucune disposition du règlement de
i656 n'obligeait l'Hôtel-Dieu à les recevoir, tandis qu'en créant en
1684 une maison de force, l'Hôpital général devait être tenu d'en
soigner les pensionnaires malades. L'instance introduite en 1763
et pendante entre les administrateurs des deux maisons (4) ne se
termina que par l'arrêt du 28 août 1767, rendu à la suite de 5
audiences, sur les conclusions de l'avocat général, Joly de Fleury,
« mettant les parties hors de cause sur la demande des directeurs
de l'Hôpital général, tendante à ce que les administrateurs de
l'Hôtel-Dieu fussent tenus de recevoir dans ledit Hôtel-Dieu les
malades détenus de force ». C'est à la suite de cet arrêt que
(i) Pour le scorbut, la question était réservée, après avis de l'École de médecine, qui
devait faire s.ivoir si ce mal est contagieux ou non. (liélib. 3i janv. i6?g, reg. 26, fol. 25.)
(2) Le nombre des malades envoyés par les diverses maisons de l'Hôp. gén. est relati-
vement considérable. Voici pour 6 mois de l'année i665, de janvier au 3i août, la statistique
des envois: la Pitié, 246 ; la Salpêtrière, 1.448; Bicètre, 200; Scipion, 370, au total 2.3o3.
(Bibl. nat., ms. 17.349, fol. 209.)
(3) Arch. A. P., liasse 883. État des arrêts du Parlement de 1722 à 17^3 pour la trans-
lation des prisonniers malades, servant à prouver que la Cour était dans l'usage de les
envoyer dans les maisons dépendantes de l'Hôp. gén., comme étant des maisons de force,
et non à l'H.-D. qu'elle ne regardait point comme une maison de force.
(41 Arch. A. P., liasse 883. Mémoire sur la contestation pendante entre les administra-
tions de ril.-D. et les directeurs de l'Hôp. gén.
280 l'hOTEL-DIIU^ au XVII" F.T AI! XVIII« SIÈCLE
tre
l'Hôpital général se décida à construire les infirmeries de Bicéti
et de la Salpêtrière (i), terminées seulement en 1787 (2).
L'Hôtel-Dieu par contre cessa de recevoir les prisonniers malades
de la Conciergerie depuis 1787.
Ces malades étaient très redoutés. 11 faut lire dans les Mémoires
de d'Argenson (3) le récit de la révolte du 25 mars 1754: « Les
prisonniers pour crimes capitaux étant accumulés dans les cachots
du Châtelet et de la Conciergerie (4), on les transporte à l'Hôtel-
Dieu à mesure qu'ils tombent grièvement malades... ; il y a dans
cet hôpital une salle fermée de tous côtés par des barreaux de fer
aux portes et aux fenêtres. Ordinairement il y a 4 à 5 malades de
ce genre, mais il s'en trouve aujourd'hui Jusques à 120. L'on n'y a
pas pris assez de précautions, ei tout à coup a paru, il y a quelques
jours, une conspiration affreuse : ces prisonniers se sont trouvés
armés de pistolets et de poignards. Leur dessein était de mettre le
feu à l'Hôtel-Dieu pour se sauver après avoir massacré leurs
gardes. De là ils devaient embraser tout Paris, y soulever la ville,
mettre tout au pillage. Mais cette entreprise a manqué; cependant
il y a eu bien du tumulte, deux pauvres sœurs de THôtel-Dieu
ont été blessées à mort. » Cette même année, au mois de mai 1754,
le scorbut éclata parmi les prisonniers et l'on craignit un moment
l'extension de l'épidémie. « S'il faut que ceci se tourne en peste,
écrit encore d'Argenson (5), rien n'aura jamais été plus funeste et
plus pesant à la France, car il faut observer que cela aura commencé
par le centre de Paris, et que Paris est aujourd'hui le cœuret l'étui de
tout le royaume. Toute finance publique et particulière esta Paris,
Ainsi aucuns payements n'iront plus si Paris est enveloppé dans
une chaîne contre la peste (6). »
L'Hôtel-Dieu recevait aussi les enfants atteints de diverses
affections, qui lui étaient amenés des diverses maisons de l'Hôpital
général. 11 y avait tellement de désordre dans ces envois, faute de
registre d'entrée et de sortie, qu'en 1744 il yen eut i65 que la
(i) Voy. L. Boucher, la Salpêtrière ; Paris, i883, in-4», p. 3i.
(2) Rapport de MM. les Commissaires de la Faculté de médecine sur les nouvelles infir-
meries de la Salpêtrière, 1787, 111-4°.
(3) D'Argenson, Mémoires. (Publ. de la Soc. H. de P., 9 vol. in-8, 1859-1867, VIII, 258.)
(4) Sur ces cachots, voy. A. Guillot, Paris qui souffre; Paris, 1888, in-S", p. 38. Il.s
portaient les noms les plus étranges: la Barbane, la Barbarie, Baumont, la Chausse d'Hy-
pocras, l'Entre-deux Huis, Fin d'aise, la Josse, la Gloriette, la Gourdaine, la Griesche, la
Motte, l'Oubliette, le Paradis, Beauvais, le Berceau, la Boucherie. Ils étaient <• l'antichambre
de la mort ».
(5) Mém., VIII, 285, 2 mai 1754, et Bibl. nat., Joly de Fleury, 280, doss. 2902.
(6) On peut rappeler aussi le cas de ce nouvelliste Jean Cabaud de Rambaud, mis à la
Conciergerie pour dettes, puis au Grand-Chàtelet, et qui, transféré à l'H.-D. le 23 nov. 17.1(1
pour y subir l'opération d'une tumeur à l'épaule, y mourut. (Funck-Brentano, Figaro et
ses devanciers ; Paris, 1909, in-12, p. i58.)
LES MALADES
Pitié ne put retrouver, et en 1743, pour les ? premiers mois, 104
qui ne figuraient pas sur la liste des morts. Des -ordres furent
donnés en 1777 par les deux administrations pour que de pareils
faits ne se renouvellent plus. Les enfants trouvés devaient être
pourvus, en arrivant, d'un état civil et d'un numéro matricule, et
leur sortie ne s'effectuer qu'après le reçu d'un avis de convalescence
envoyé par l'Hôtel-Dieu.
Le règlement de l'hôpital des Enfants-Rouges du 28 novem-
bre 1758 (i) prévoyait à l'article 9 l'envoi immédiat à l'Hotel-Dieu
des enfants « attaqués de maladies contagieuses telles que petite
vérole, scorbut et mauvaise galle ». Par contre, les enfants atteints
de teigne et d'humeurs froides étaient envoyés dans les établisse-
ments de l'Hôpital général, sur un certificat du chirurgien de la
maison attestant la nature de leur affection.
En présence de l'effrayante mortalité infantile de l'Hôtel-Dieu,
l'hôpital des Enfants-Trouvés du faubourg Saint-Antoine se décida,
dans la 2« moitié du xviii<= siècle, à ne plus y envoyer d'enfants et
à construire des infirmeries, avec essai d'isolement. La délibération
du 9 avril i7()7, qui réduisait de 800 à 600 le nombre des enfants
à recevoir dans l'établissement, porte que « l'usage d'envoyer à
IHôtel-Dieu les enfants attaqués de quelque maladie grave pour
ne la point communiquer aux autres, au lieu de procurer le bien
qu'on aurait dû en espérer, a été la cause de la perte de tous ceux
qui v ont été envoyés ; le plus grand nombre y est mort, et le reste
en a apporté la gale ou la teigne, et dans l'espace de trois mois ces
mêmes enfants revenus de l'Hôtel-Dieu décèdent, soit parce qu'ils
ne sont pas radicalement guéris, soit parce que les remèdes qui leur
avaient été donnés ont détruit leur tempérament. » Aussi les envois
en traitement à l'Hôtel-Dieu furent supprimés.
Les prêtres malades avaient une petite salle aménagée spécia-
lement depuis 1661 au premier étage, au-dessous de celle des
taillés (2), grâce à la générosité de M™^ de Miramion, qui com-
mença, nous dit son biographe (3), par y fonder deux lits, puis fit
ensuite une quête (4), « et comme personne ne la refusait, elle eut
bientôt de quoi en fonder douze et un valet pour les servir ».
Rondonneau signale aussi les « salles de recommandation », qui
sont au nombre de trois ou quatre, « où la religieuse d'office, de
qui cela dépend, peut vous faire coucher seul, et vous procurer
(1) Délib. 19 nov. 1777, reg. 147,101. 519, etreg. Hop. gén., févr. 1778.
(2) Arch. A. P., reg. des délibérations du Bureau des Enfants-Trouvés, à la date.
(3) Délib. 21 janv. 1661, reg. 29, fol. i5 v». *
(4) Abbé de Clioisy, Vie de M'^° de Miramion; A. Dezallier, 1706, in-4», p. 3S.
l'hOTI-JL-DIEU AT XVIie ET AU XVIII" SIECLE
mille douceurs qu'on n"a pas, ci qu'on ne peut pas avoir dans les
autres salles'» (i).
Jusqu'en 1766, enfin, THôtel-Dieu reçut les soldats du régiment
des gardes-françaises, pour qui un projet d'hôpital avait été fait
sans succès au xvii^ siècle, et ne furent hospitalisés par l'adminis-
tration militaire qu'en 1766 à l'ouverture de l'hôpital du Gros-
Caillou (2). Les soldats furent toujours très bien soignés par
l'Hôtel-Dieu (3) qui, en cas de décès, rendait, suivant les règlements
militaires, les effets au capitaine de la compagnie (4),
Au xviiie siècle, l'Hôtel-Dieu, par suite de l'organisation
méthodique des compagnies de charité dans les paroisses, devient
comme le prolongement de l'assistance médicale à domicile. Les
malades à qui les sœurs de charité portent de la nourriture et des
remèdes sont d'abord soignés par les médecins des compagnies.
On ne les envoie à l'Hôtel-Dieu que dans les cas graves, et quand
ils y sont admis les compagnies envoient des visiteurs pour s'in-
quiéter de leur sort (5).
A Saint-Eustache, l'assistance médicale est accordée pour
3 semaines; passé ce temps, et si le malade n'est pas guéri, la sœur
de charité fait son rapport à la compagnie qui, si elle le juge à
propos, fait porter le malade à l'Hôtel-Dieu, « par la raison qu'at-
tendu la quantité des pauvres malades, les fonds ne sont pas assez
abondans pour continuer les secours aussi longtemps qu'il seroit
nécessaire ».
A Saint-Sulpice, on fournit aux malades, médecins, chirur-
giens, bouillons, médicaments; la portion consiste en un pain
mollet et un morceau de viande par jour, soit pour too malades
une dépense de 3o.ooo livres (6) environ.
A Saint-Roch, la dépense par tête de malade s'élève, à la fin du
xviii^ siècle, à i 5 sous en été et à 17 a 18 sous en hiver ; le médecin
(i) Rondonneau, o.c, p. 85. Voy. aussi à la Bibl. nat., Joly de Fleury, 12 12 et 12 i3, une
série de lettres de recommandations adressées à la prieure en faveur de malades qui désirent
être couchés seuls 11742-1771.)
(2) Délib. 21 août 1765, reg. 134, fol. 261.
(3) A pat tir de 1746, d'Argenson, ministre et secrétaire d'État de la guerre, réclama de
l'H.-D. un état spécial par mois de leur entrée et sortie. (Délib. 29 déc. 1746, reg. ii5,
fol. 357.)
{4) Ord. du i3 juill. 1689. Les administrateurs des hôpitaux doivent remettre les armes
et autres effets des soldats qui y sont décédés, moyennant un écu pour tous frais funéraires.
Ord. du 10 juill. i6gi. Les habits des soldats qui décéderont dans les iiôpitaux seront
remis gratuitement à leurs capitaines.
(5) beux [visiteurs) seront députez pour aller à TH.-D. visiter les pauvres malades et
particulièrement ceux de la paroisse. Règl. de la C'» d'ecclésiastiques et de laïques instituée
en i653 à Saint-Etienne-du-Mont ; Paris, 1673, in-16, p. 6. (Bibl. nat., R 27208.)
(6) Supplément à l'ordre d'administration pour le soulagement des pauvres de la par.
St-Sulpice ; Paris, 1777, in-18, p. 12.
LES MALADES 283
des pauvres est depuis 20 ans le docteur Sallin, doyen de la Faculté
de médecine, et Fauteur qui nous fournit ces chiffres ajoute (i):
« Le dii^ne et vertueux pasteur de la paroisse ne laisse aller à
l'Hôtel-Dieu que les malades qui n'ont aucun domicile, ou qui ne
sont pas assez bon sujets pour trouver un ami ou une voisine qui
veuille leur donner quelque soin. »
A Sainte-Marguerite, le transport des malades à THôtel-Dieu
est compris dans les dépenses de la marmite des pauvres; à ceux
qui restent à la charge de la paroisse, on accorde par jour une
livre de viande, un pain mollet d'une demi-livre, du charbon et
des médicaments (2).
En 1773, 232 malades de Saint-Eustache qui n'ont pu être
« guéris sur la paroisse » sont transportés à l'Hôtel-Dieu ; il en
coûte 278 1. 16 s. à la compagnie de charité pour les « peines
d'hommes » qui les ont portés (3). La compagnie avait pourtant
3 médecins, aux gages de 600 livres, trois chirurgiens, et avait
payé, pour cette année 1773, 742 livres pour les pansements et de
saignées, 1.076 livres pour les médicaments et drogues, 744 livres
d'eau-de-vie, d'eau des Carmes, d'huile d'amandes douces achetée
chez les épiciers, 2.33o livres pour lelait des enfants à la mamelle,
629 livres pour la farine, sans oublier 80 aunes de toile à i5 sous
pour ensevelir les morts (4). « Aussi, écrivait déjà Abelly au
xvii" siècle : Si l'on demandoit à 5o ou 60 malades qui sont
assistez dans une paroisse de Paris, par les soins et au dépens de la
Confrairie qui y est établie, s'ils aimeroient mieux qu'on les portast
à l'Hostel-Dieu, ils repondroient tous sans doute unanimement,
qu'on les obligera bien davantage de les laisser dans leur pauvre
chambre, en leur continuant cette charitable assistance qu'on a
commencé à leur faire (5). »
Les petits hôpitaux de paroisses créés au xvii" siècle et qui
dépendent des compagnies de charité, comme ceux de Saint-Merry,
de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, de Saint-Sulpice, ont cet avantage
sur l'Hôtel-Dieu d'offrir un lit pour chaque malade. Mais leur
hygiène n'est guère plus favorable; on nous les représente «engloutis
(i) Idées sur les secours à donner aux pauvres malades dans une grande ville; Paris,
1786, in-S", 64 p., p. 27.
(2) Bibl. nat., Joly de Fleury, 1578. État de d(<pcnses de 1743 à 1745.
(3) Bibl. liist. V. de P., ms 26818. Compte que rend J.-D. Trudon de Roissy, conseiller
du roi, notaire à ParCs, administrateur en / 7 7 j de la C" de Charité de N.-D. de Bon-
Secours, par S'- Eustac/ie.
(4) La G>« de Charité fait en outre pour les pauvres des dépenses en nature (marmite
7.844 1., bouclierie 1.336 1., pains mollets 1.9 17 1., bois 702 1., etc.)
(5) Abelly, o. c. p. 338.
284 l/nOTFI,-DIi:U AI- XVII« FT AU XYIII» SIECLE
dans des rues étroites où Tair ne circule jamais qu'obliquement.
Quant à l'administration, je la reprocherai en ce qu'on n'y reçoit
que les gens qui y ont la plus grande protection, et que l'on n'y
entre pas, que l'on soit de la paroisse ou non..., que l'on n'y
soit recommandé par tel riche et puissant paroissien, par tel
marguillier. A lire sur le frontispice de ces hôpitaux, on seroit
tenté de croire cependant que tout paroissien malade y sera reçu
tant qu'il y aura des lits vacans. Mais je vois que chaque fondateur
a eu une restriction mentale (i). »
On transportait à l'Hôtel-Dieu tous les blessés, les victimes
d'accidents (2). Les maçons et journaliers y étaient particulièrement
nombreux. « Toutes les paroisses (3) ne fournissent pas de malades
à l'Hotel-Dieu, proportionnellement à leur étendue ; la médiocrité
a ses quartiers comme la richesse, et la grande misère est reléguée
aux extrémités et dans les fauxbourgs. Les classes qui fournissent
le plus à cet hôpital sont celle des maçons et des manœuvres, qui
abondent dans une ville où on bâtit sans cesse et de toutes parts,
celle des Savoyards et des Auvergnats, qui sont ramoneurs et
portefaix, enfin celle des artisans et des ouvriers gagnant journée,
et qui sont sans ressources lorsque la maladie interrompt le
travail. La plupart de ces individus habitent en bandes dans
des charnbres communes et dans des quartiers 011 ces chambres
sont moins chères. » Parmi ces quartiers, l'un des plus misérables
est le faubourg Saint- M arceau, dont Mercier (4) nous a laissé une
description si navrante : « C'est le quartier où habite la populace de
Paris la plus pauvre, la plus remuante et la plus indiscîplinable...
Les maisons n'y ont point d'autre horloge que le cours du soleil...
une famille entière occupe une seule chambre... On ne voit point
de souliers dans ces demeures... Les enfants y sont nuds, et
couchent pêle-mêle »
L'Hôtel-Dieu, qui en principe hospitalise les malades de tous
les pays et de toutes les religions, hospitalise bien entendu les
protestants. Non seulement il les reçoit, mais il fait perquisitionner,
avec l'assentiment du Parlement, chez les particuliers soupçonnés
de tenir des hôpitaux ou maisons de santé pour leurs coreligion-
naires ; ces perquisitions étaient suivies de la saisie du matériel.
(1) [J.-M. Dufour], Diogènea I\7ri.\ ,• Ailiènes et Paris, Buisson, 1787. in-12, p. 92-93.
(2) D'après ledit de déc. 1666, les chirurj^iens devaient faire déclaration au commissaire
de police des blessés pansés ciiez eux; le i»' mars 1736, Dûment est condamné à 20 I.
d'amende pour oubli de cette formalité. (La Poix de Fréminville, Traite ^ie la police, p. 212.)
(3) [Peuchet], Encyclop. inélhod., Jurisprudence, t. IX et X. Police et )nunicipalités ; Paris,
I 789-1791, in-4», t. I, p. 258.
(4) Mercier, o. c, t. I, chap. lxxxv.
LIS MALADES 285
adjugé à l'Hôtel-Dieu. Comment les « hérétiques» qui ne jouissaient
ni d'écoles, ni de temples, auraient-ils pu conserver le droit d'avoir
des hôpitaux? Ces perquisitions ont lieu surtout à diverses reprises,
de i655 à 1666 (i), rue des Poulies (Boules?), au faubourg Saint-
Marcel, où les protestants ont en effet un petit hôpital de i5 à
20 lits. C'est la période des « abjurations » exigées des malades (2),
sous l'influence des messieurs de la Compagnie du Saint-Sacrement.
La déclaration du i5 juin i683 qui attribua aux hôpitaux les biens
des protestants destinés au soulagement des pauvres (3j exigeait
que les protestants soient traités dans les hôpitaux « aussi charita-
blement que les catholiques, et sans y pouvoir être contraints de
changer de religion ». Mais cette clause ne fut pas observée, ou
cessa de l'être à la fin du xv!!** siècle, ainsi qu'en témoigne le
Registre des Abjurations de l'Hôtel-Dieu (4) de 1698 à 1700. Au
reste, les perquisitions dans les maisons soupçonnées de rece-
voir des malades protestants ne cessèrent pas (5).
Les protestants, malgré les perquisitions dont ils étaient fré-
quemment l'objet, avaient pu conserver au xviii« siècle une maison
de santé pour leurs malades, rue du Four, puis rue des Ciseaux au
faubourg Saint-Germain, dans une maison louée en 1759 par
l'aumônier de l'ambassadeur de Suède et celui de Danemark, pour
les domestiques malades de ces deux ambassades (6) ; cet établis-
sement fut transporté 5 ans après rue de Sèvre près de la barrière ;
il n'avait point de revenu spécial ; l'aumônier de Suède payait la
dépense de la maison et délivrait les billets d'entrée ; elle contenait
14 lits montés et 5 lits de sangle, en cas de besoin; un ménage
suffisait pour le soin des malades que visitait un médecin suédois,
le sieur Lack. Les ouvriers protestants résidant à Paris avaient
formé une société pour subvenir aux dépenses de cette maison, et
devaient donner 12 sous par mois, pour y être reçus en cas
de maladie ; mais la plupart ne payèrent pas la cotisation, si
(i) Dclib. i3 août i6?5, ii avril i6bj, lo avril iG58, il mai i663, [2 févr. 1666.
(2) Abjurations de l'H.-D. (i638 et ibig). (Bibl. nat., L» 176/165, L" 176/173.)
(3) On ne trouva pour cette destination qu'une somme de i.ooo 1., partagée entre l'H.-D.
et l'Hôp. géii., qui conserva les originaux des titres. (Délib. 9 juin i683 et Arcli. nat., O' 28.)
(4) Arch. A. 1>. Publié par O. Douen, la Révocation Je l'Édil de Nantes à Paris; 1894,
5 vol. iii-4°, t. III, p. 485-^88.
(5) Perquisition rue des Postes chez une dame de Moussy d'Alisson (Délib. 23 mars 1679),
rue des Mauvais-Garçons, également chez une femme. (Délib. 6 sept, 1684.)
(6) Ch. Read, dans Bull. Hist.du Protestantisme, 3» série, VI, 375, cite le cas d'un tail-
leur de Zurich, mort à l'H.-D. en 1718, sans abjurer, dont le corps allait être jeté à la voirie:
on céda néanmoins aux sollicitations qui furent faites, et le cadavre fut inhumé dans un
jardin aux frais de la bourse des pauvres de la nation suédoise. Nous savons d'autre paît
que les étrangers protestants avaient leur cimetière au l'ort-au-Plàtre, à la pointe de l'Ar-
senal, dans le chantier de M»» Girardot de Chaucour, marcliandode bois. [O. Doucn,o.c.,
t. II, 5o8.)
2 86 I.'hOTF.T.-IMFU AT' XVIie KT AT XVin« SIKCLF.
bien que la maison continua d'être réservée aux Suédois et aux
Danois, et, par faveur exceptionnelle, aux protestants des autres
nations. Une note non datée (i), mais postérieure à ijSo, nous
apprend qu'il n'y avait alors, dans la maison, qu'un seul malade,
un confpagnon imprimeur de Strasbourg.
En définitive, l'Hôtel-Dieu n'avait réussi à éliminer, et encore
partiellement, que quelques catégories de contagieux. Tous
les autres malades étaient répartis dans la maison, sans aucune
méthode, suivant les disponibilités des locaux, disposés en
« offices », dont deux jouissaient d'un règlement spécial et méritent
d'attirer particulièrement notre attention : l'office des accouchées
et l'office des taillés.
l'office des accouchées
La salle des accouchées, réparée en 1618, était restée, au début
du xvii* siècle, ce qu'elle était du temps de François I", une salle
humide, « basse comme ung cellier », au bord de l'eau, où l'on
descendait par 18 ou 20 marches et que le fleuve envahissait quel-
quefois l'hiver. En 1649 (2), les accouchées furent déplacées et
transportées dans une des salles construites sur le pont. Elles y
étaient aussi à l'étroit et couchées quatre et cinq dans le même lit.
En janvier 1661, « les femmes grosses et accouchées sont si pres-
sées et serrées dans leur lit, y couchant quatre à la fois «, qu'on
doit rester i5 jours sans en admettre de nouvelles. Il est question
alors de les transporter dans les nouveaux bâtiments de la rive
gauche, au second étage. Mais ce transfert n'eut lieu qu'en i663.
L'encombrement et l'infection restèrent à peu près les mêmes.
Leur salle était au-dessus de celle des blessés et mal aérée ; les
décès étaient particulièrement fréquents.
En 1664, elles sont transportées dans une nouvelle salle (3),
la salle Saint-Joseph, également fort basse et longue seulement
de 25o pieds (4) ; les fenêtres donnaient sur le bras de Seine
où venaient aboutir les latrines de l'hôpital, les égouts de la bou-
cherie de la montagne Sainte-Geneviève, du marché de la place
Maubert, des quartiers Notre-Dame et Saint-Séverin. A la fin du
(1) Arch. A. p., mss. nouv. série, 8i.
(2) « L'hostel où se dict la saincte messe dans la salle basse où estoient les accouchées
sera changé du lieu où il est et posé contre le mur à l'oposile du lieu où il est à présent. »
(Délib. 3o avril 1649, reg. 20, fol. 406.)
(3) Délib. 12 déc. 1664, reg. 32, fol. 220.
(4) Elle renfermait 56 lits, dont ^2 grands à 4 personnes et 14 petits, et pouvait conte-
nir 182 malades.
LES MALADES 287
xviu" siècle, on ajouta bien au service quelques salles voisines,
mais le nombre des accouchées augmentant avec celui de la popu-
lation, Tencombrement y fut toujours aussi grand et l'hygiène aussi
détestable. Tenon nous a fait la description lamentable des 6 salles,
avec leurs dépendances, destinées aux femmes enceintes, aux
accouchées, aux nourrices, aux nourrissons ; les femmes enceintes
bien portantes, les vénériennes, les galeuses, les fébricitantes sont
mêlées ; il n'y a pas de berceaux pour les enfants qui sont couchés
avec leurs mères (i) ; Tair est infecté par les vapeurs qui montent
des escaliers des salles Saint-Paul et Saint-Nicolas, où sont les
fiévreux et par les humeurs corrompues des lits : « Qu'on
entr'ouvre ces lits de souffrances, il en sort, comme d'un gouffre,
des vapeurs humides, chaudes, qui s'élèvent, se répandent, épais-
sissent l'air, lui donnent un corps si sensible, que le matin, en
hiver, on le voit s'entr'ouvrir à mesure qu'on le traverse, et on ne
le traverse point sans un dégoût, qu'il est impossible de sur-
monter (2). »
A l'office des accouchées, on recevait les femmes à partir du
8'' mois de leur grossesse ; mais, la plupart du temps, elles ne
venaient que quelques jours avant l'accouchement (3). Les entrées
étaient considérables ; si l'on se reporte à la statistique des nais-
sances fournie par les registres de délibérations de 1722 à 1786,
elles variaient de i .400 à i .600 par an (4). Les parturientes devaient,
en entrant, apporter le « paquet » ou layette de l'enfant ; cependant,
le Bureau accordait aux indigentes des layettes gratuites. Elles
travaillaient en attendant leur délivrance, et ne devaient pas sortir
de « l'office » ; mais cette prescription était loin d'être toujours
observée (5). A la suite d'abus nombreux, le Bureau fit faire,
en 1684, des robes spéciales, et même y ajouta, en 17 17, des
parements bleus, pour que les portiers pussent les reconnaître.
Au contraire de ce qui se passait dans les autres salles ouvertes
à tout venant, les visites étaient interdites à la salle des accouchées,
(i) En 1672, le maître au spirituel déclara qu'il y en avait eu 4 étoufTcs en 8 mois.
(2) Méni., p. 238. Parmi -les épidémies, on peut signaler en particulier celle de 1746
décrite par Malouin, d'après Col de Villars et Fontaine, médecins de l'H.-D., dans les
Mém. de l'Acad. des sciences de 1746.
(3) « Les femmes enceintes ne se rendent à l'H.-D. que lorsqu'elles sont pressées par
la douleur ; les unes redoutent le séjour sans le connaître, ou travaillent pour gagner leur
subsistance jusqu'au dernier moment, d'autres ignorent le terme de leur état, ou veulent
cacher leur honte au public et à elles-mêmes. »
(4) Cette statistique a été donnée année par année par Henriette Carrier, dans son his-
toire des Origines de la Maternité de Paris; Paris, 1888, in-8», p. 47-49- Ces chilTres ne
comprennent pas les enfants mort-nés ; ce ne sont que des états d'enfants baptisés. (Voy.
aussi Tenon, Mém., p. 25o.)
(5) Délîb. 16 janv. i658, 27 cet. 1673, 3 juill. 1684, etc.
i/hOTFL-DIKU au XVII« V.T au XVIII'' SIECLF.
pour sauvegarder le secret aux femmes de toutes conditions qui y
étaient admises, et dont le nom était porté sur un registre spécial
enfermé à clef (i).
Au moment d'accoucher, les femmes étaient transportées dans
une chambre appelée le « chaufîoy » ou chauffoir, sur un petit lit
bas spécialement destiné à cet usage, et devant le feu (2), puis elles
retournaient dans la salle, à pied quelquefois. En i658, seulement,
on ht faire une chaire à bras portée par les servantes de Tofîice
pour les ramener dans leur lit, et on ne les fit lever que 2 Jours
après l'accouchement (3) pour faire leurs lits.
Au xvin*^ siècle, les femmes qui nourrissaient, et qui, au bout
de 8 ou 10 jours, tombaient malade ou bien leurs enfants,
passaient à la crèche. Les fébricitantes étaient conduites à Saint-
Landry, quelquefois à Sainte-Martine ou à Sainte-Marthe. Celles
qui demandaient des soins chirurgicaux étaient transportées à la
salle des blessées, ou Saint-Nicolas, au i'^'" étage, au-dessous de
Sainte-Martine. Elles sortaient habituellement i5 jours après
leurs couches. Quand elles se trouvaient sans asile, elles étaient
dirigées sur la Salpétrière ; mais, en 1682, l'Hôpital général refusa
de recevoir celles qui n'avaient pas leur domicile à Paris (4).
En principe, l'Hôtel-Dieu ne devait pas recevoir les femmes
syphilitiques, les « gastées » ; toutefois, elles étaient admises en
cas d'extrême urgence ; comme la sage-femme ne voulait pas les
accoucher, c'est un compagnon chirurgien qui était chargé de ce
soin (5). L'Hôpital général refusait également de les recevoir et
les renvoyait au Grand Bureau des pauvres; ce n'est qu'en 1785
qu'elles eurent leur hôpital spécial installé dans les bâtiments
désaffectés du couvent des Capucins, au faubourg Saint-Jacques (6).
A partir de i6i3, il y eut 2 nourrices pour les enfants, dont
plusieurs auparavant étaient morts « par faulte de nourriture et
allimeniz « (7). On en ajouta 2 autres en 1657 que les dames de
la charité offrirent de payer. En 1703, il y en avait 8, mais ce
nombre était encore bien insuffisant. Quand les mères mouraient
il fallait s'occuper de placer les orphelins. La plupart étaient
(i) Délib. 3 août et 5 oct. 1674 et lettre du 22 mars 1786 à M. le lieatenant général de
police, en réponse à une requête de l'ambassadeur de l'empereur d'Allemagne pour qu'on
laissât entrer à l'office des accouchées le sieur Boir, accoucheur.
(2) Voy. un spécimen dans Tenon, 0. c, p. 346. Mauriceau a fait également la descrip-
tion du « chaufToy » de l'H.-D.
(3) Délib. 16 et 18 janv. i658, reg. 25, fol. 10 et 11.
(4) Délib. 9 déc. 1682, reg. 5o, fol. 209.
(5) Délib. i3 janvier 1659, 19 nov. 1664.
(6) D' A. Pignot, l'Hôpital du Midi et ses origines; l'aris, i885, in-8°, p. 93.
(7) Délib. 8 févr. i6i3, reg. 12, fol. 649.
II. — UN GRAND LIT DE l'HOTEL-DIEU (RECONSTITUTION)
12. — l'intérieur d'une salle au XVII» SIECLE, D APRES UNE ESTAMPE DE LA
BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
I.KS MALADES
envoyés aux Enfants-Trouvés, où le plus grand nombre mourait,
au dire de Tenon, d'une maladie connue sous le nom d'induration
ou de « gelée » (i).
En dehors des nourrices, le personnel de l'office se composait,
au début du xyiii*^ siècle, d'une portière, d'une remueuse ou
servante, et d'un garçon (2), et, en 1789, de 2 portières, i remueuse,
12 infirmières aux gages de 36 livres, 2 domestiques mâles aux
gages de 36 livres appelés « calfats » et employés aux gros ouvrages.
A la tète du service se trouvait une religieuse âgée, la dame des
accouchées, qui en avait seule la clef et assistait à la réception
avec la sage-femme (3).
Au début duxvn^siècle, d'aprèsles règlements deseptembre 1614
et de décembre 1620, voici comment s'opérait la réception des
femmes : « Auparavant qu'elles puissent entrer audict office, les
femmes grosses viennent au Bureau demander au greffier d'iceluy
une requeste pour ce faire, lequel en a de toutes imprimées, et leur
en baille une où il remplit le nom et le surnom de la pauvre femme
grosse, le jour et le mois, et l'an, qu'il lui baille, et oultre mect
qu'elle sera visitée par la sage-femme. Puis il lui baille pour aller
trouver ladicte sage-femme, laquelle escript dessus, à costé de
ladicte requeste, le temps et les mois que ladicte femme a encore à
accoucher et luy rend.
« El estant de retour audict Bureau, sy ladicte sage-femme y
mect moins de 2 mois, elle est à l'instant receue, et sy elle mect
plus que 2 mois, on mect sur sa requeste, patience en attendant
le temps.
(f El le temps dezdictz 2 mois, elle est receue pour entrer
audict Hostel-Dieu, Ton luy mect sa requeste sur laquelle l'on
mect, soit receue et registrée, signée de l'ung des sieursgouverneurs.
« Ce faict, ladicte pauvre femme s'en retourne audict Hostel-
Dieu, et s'addresse à ladicte antienne (vieille) religieuse que l'on
nomme la dame des accouchées, à laquelle elle présente sa
requeste et luy demande le coucher. Laquelle prend ladicte
requeste et l'enfile à ung lacet avec les aultres, et à l'instant luy
désigne et montre le lict où elle couchera, et à l'heure appelle sa
fille de religion (novice), et luy donne charge de veoir ses langes
et couches... »
(i) Mém., p. 280. Sur 600 enfants « gelés» qui entrent par an aux Enfants-Trouvés, i)
en vient 400 et plus de l'H.-D. Cette maladie commence avec le froid à la fin d'octobre,
et disparait au retour de la chaleur au commencement de juin.
(2) Arch. A. P., état de distribution du vin du 16 févr. 1703.
(3) Arch. A. P., liasse 870. (Règl. de 161.1, 1620, i658, 1662, 1693.)
19
2Q0 i/hOTEL-DIKU AU XVri° KT W XVIIP SiÈCLF.
D'après le règlement de i658, les réceptions ne sont plus faites
que les mardis et vendredis de chaque semaine, de 7 à 9 heures
du malin. Les femmes doivent se présenter à l'entrée de la salle
des accouchées pour être visitées par la sage-femme dans une
petite chambre destinée à cet effet ; elle doit faire cette visite en
personne, sans s'en rapporter aux « apprentisses ».
Au xvin'' siècle, le registre d'entrée de l'office était tenu par un
chapelain, qui venait tous les jours célébrer la messe, mettait
au bras des femmes un billet contenant seulement leurs nom, pré-
noms et la date de l'entrée, puis portait les renseignements recueillis
au prêtre du banc, chargé de tenir le registre général des entrées.
Un médecin passait la visite chaque matin, à 8 heures en été,
et à 9 heures en hiver, fixait le régime et prescrivait les remèdes.
L'un des 12 compagnons chirurgiens, logé et nourri dans la
maison, opérait les saignées prescrites, aidé d'un des 45 chirurgiens
externes ; dans les cas graves, on appelait le premier chirurgien
ou le compagnon gagnant maîtrise (i), quelquefois même, avant
le règlement de 1661, des accoucheurs de ville, réputés pour leur
habileté. La plupart des grands accoucheurs du xvii'^ siècle,
Mauriceau (2), Saviard (3), Philippe Peu (4), Paul Portai (5),
Pierre Dionis (6), G. de La Motte (7), avaient fait leurs études à
l'Hôtel-Dieu (8).
La principale responsabilité du service incombait à la maîtresse
sage-femme dont la charge était très recherchée. Au xviii'^ siècle,
elle est logée, meublée, nourrie, chauffée, éclairée, blanchie, et
touche 400 livres par an ; elle doit manger avec les apprentisses,
sans pouvoir faire cuire de viande dans l'office. Elle prend
l'engagement d'être « assidue et sédentaire » dans l'Hôtel-Dieu,
de n'aller coucher en ville sous aucun prétexte, de ne recevoir aucun
pourboire ni pour les accouchements, ni pour les baptêmes. Elle
(i) Règl. de 1661. Délib. 12 déc. 1659, 18 févr. et 19 nov. 1660, 21 janv. i66r,28 mars i663.
(2) iMauriceau (Fr.) (1637-1709), auteur d'un Traité des maladies des femmes grosses el
de celles qui sont accouchées ; Paris, 1668, in-4», d'Observations sur la grossesse; Paris,
1695, 1713, in-4», et'-'-
(3) Saviard (Bartliélemy) (1656-1702), auteur d'un Recueil d'observations chirurgicales ;
Paris, 1702, in- 8», avait acquis sa maîtrise après 17 ans de travail à l'H.-D.
14) Peu (Ph.), mort le 10 févr. 1707, célèbre par ses discussions avec Mauriceau, auteur
d'une Pratique des accouchements ; Paris, in-S», 1694.
'5) Portai (Paul), mort en 1703, auteur d'une Pratique des accouchements ; Paris, in-4<',
1682.
(6) Dionis (Pierre), mort le 1 1 déc. 17 18, premier chirurgien de mesdames les dauphines,
auteur, entre autres, d'un Traité des accouchements ; 1718, in-8°.
(7) G. de La Motte (1665-1737), auteur d'un Traité complet des accouchements ; nouy.
éd., Paris, in-8'>, 1763.
(8) Cf. D' W'itkowski, Accoucheurs et sages-femmes célèbres; Paris, in-8», s. d., p. 92 et
suiv., et H. Carrier, o. c, p. 92-134, qui reproduit plusieurs observations de Saviard.
LES MALADES 29 l
doit être habillée « modestement », traiter les femmes en couches
« avec douceur et charité », conduire sagement les apprentisses, et
veiller à ce qu'elles remplissent leurs devoirs de religion (i). Elle
ne peut, de même que les apprentisses, recevoir personne dans sa
chambre, pas même ses parents. Elle doit enfin faire baptiser les
nouveau-nés le jour même de leur naissance, et veiller à ce qu'ils
soient tenus sur les fonts par les personnes de la maison, sans avoir
recours à ces passants bénévoles (2) appelés du perron de THôtel-
Dieu, qui s'offraient à servir de parrains et marraines.
La réputation de certaines maîtresses sages-femmes ne laissait
pas que d'être excellente. Voici en quels termes une ancienne
apprentisse, M^'^ Baudoin, parle de sa « maîtresse », M™^ Le
Vacher (3), dans une lettre adressée à Vallant, le médecin
de mademoiselle de Guise et de madame de Sablé (4) ; « Elle
s'estoit acquise beaucoup d'estime par son mérite et par sa
pratique ; elle avoit demeuré 22 ans dans l'Hostel-Dieu de Paris ;
elle scavoit asseurement tout ce que l'on peut scavoir dans sa
profession par la pratique et par la théorie : c'estoit à mon
sentiment une des plus habiles femmes du monde en ces matières.
Elle avoit toutes les belles qualités qu'une sage-femme doit avoir,
le jugement, l'esprit, la mémoire, la résolution et fermeté pour
entreprendre de grandes opérations quand elles se présentoient.
Elle parloit fort bien de sa profession, scavoit bien l'anatomie,
particulièrement du bas ventre ; je luy ay veu ouvrir plusieurs
fois des femmes avec bien de l'adresse et nous faisoit des leçons
parfaitement belles sur tout ce que nous luy demandions. Elle avoit
encore cette belle qualité sur toutes les autres, c'est que pour
rien du monde, elle n'auroit engagé sa conscience en aucune
lascheté. Je vous demande pardon, Monsieur, si je me suis fort
estendue dans les louanges de cette personne, mais j'ay creu devoir
cela à son mérite. En vérité, Monsieur, toutes celles qui sont
de cette profession devroient souhaiter, comme je fais, de l'imiter
en toutes choses ; cela seroit extrêmement nécessaire et le public
en seroit beaucoup mieux servi, car asseurement, il y a fort peu
de -sages-femmes qui sachent bien leur profession (5). » Malheu-
(i) Délib. () juin 1764, reg. i33, foL 2 23. Réception de M™» Delaplace, veuve de J. Delaplace,
chirurgien privilégié à Paris, en remplacement de M"" Violeau, décédce le 26 mai 1764.
(2) Délib. 3 sept. 1764, reg. i33, fol. 35o.
(3) Elle fat maîtresse sage-femme de i632 à i65i, époque à laquelle elle donna sa dé-
mission.
(4) Cette lettre qui se trouve dans le portefeuille de Vallant, à la Bibl. de l'Arsenal, a été
publiée par P.-E. Le Maguet, en app^endice à son ouvrage, le Monde médical parisien sous
le grand Roi ; Paris, 189g, in-8», p. 3oi.
(5) Sur la manière dont les sages-femmes de l'H.-D. traitaient leurs confrères diplômées,
de St-Côme ou du Cliàtelet, voy. un curieux pamphlet à la Bibl. nat., 18606, foi. 724.
2q2 L'HOTI-.I.-DII-.r AT XVII" ET AU XVIIF SIECLE
reuscmcnt, toutes les maîtresses sages-femmes ne méritent point
de pareils éloges. M'"'' Moreau, veuve d'un maître chirurgien,
qui succéda en i65i à M""" Le Vacher, fut Tobjet, ainsi que sa
fille qui lui servait d'aide, de plaintes continuelles au Bureau,
surtout à partir de i65g. On l'accusait en particulier de ne pas
assez surveiller les apprentisses dont l'ignorance et l'inexpérience
étaient la cause d'un grand nombre de mauvais accouchements ;
deux administrateurs furent chargés de faire un rapport à la
suite duquel six mois lui furent accordés « pour se corriger ».
Il faut dire que M'"*^ Moreau se trouvait sollicitée, à tout instant,
de faire échec aux règlements par les dames de charité qui
s'immisçaient dans l'administration, réclamaient pour leurs
protégées, et se trouvaient fortes de l'appui de M^^^ la première
présidente qui fit même admettre, en i65g, une femme dont la
grossesse ne fut pas reconnue. Toutefois les administrateurs
tinrent bon et soutinrent la maîtresse sage-femme malgré la
commission d'enquête nommée le i6 janvier 1660, à l'instigation
du premier président « pour la satisfaction du public ». Mais,
fatiguée de ces attaques, M""' Moreau se retira- peu après. La
même campagne recommença contre M"'« de France qui lui avait
succédé, et le Bureau dut enfin accepter, en 1662, Françoise de
Billy, la candidate de M™* la première présidente.
Les maîtresses sages-femmes étaient toutes choisies parmi des
veuves (i), et aidées, le plus souvent, par des personnes de leur
famille, soit par leur sœur, comme Marguerite du Tertre, veuve de
Jean Didiot dit de La Marche, ancienne apprentisse, qui exerça,
pendant 16 ans, à l'Hôtel-Dieu, aidée de sa sœur, dame du Trésor,
soit par leur fille, comme Louise Coquelin, veuve de Michel Morlet,
« très entendue dans sa profession », mais que le Bureau dut
congédier le 17 novembre 1691, à cause de sa mauvaise conduite
et de celle de sa fille.
Tantôt les administrateurs, malgré l'avis des médecins, recru-
taient des incapables (2) comme la dame Descarreaux, protégée du
prévôt des marchands et de « madame son épouse », qui reçut
(1) Nous trouvons une exception faite en faveur d'une femme mariée, Anne Carenda,
âgée de 47 ans, choisie en 175 i, et qui vivait séparée depuis plus de 20 ans du sieur Violleau,
son mari. Mais on eut soin de spécifier dans lacté de nomination que, si « elle venait à se
réunir avec son marj-, elle serait obligée de se retirer de l'H.-D. ».
(2) « J'ai ce matin été au bureau de MM. les Gouverneurs de l'H.-D., où j'avois été
nommé par M. le premier président et autres pour y examiner des sages-femmes, et en
choisir celle que l'on trouvera la plus capable pour la faire sage-femme de l'H.-D., tant
pour accoucher les femmes grosses que pour enseigner celles qui veulent apprendre ce mé-
tier. M. notre doyen et moi en avons examiné deux qui ne sont que médiocrement capables ;
la semaine prochaine nous y retournerons pour en examiner d'autres qui s'y présenteront. »
(Gui Patin, lettre 14 sept. 1680; éd. Réveillé-Parisse, 1846, 3 vol. in-8°, t. III, p. 264.)
Lr:S MALADKS
600 livres au lieu de 3oo livres dont se contentaient les préce'dentes,
mais qu'il fallut renvoyer en 1693 (i) ; tantôt ils avaient la chance
de trouver des sujets d'e'lite, comme Marguerite du Tertre, veuve
de La Marche, dont V Instruction familière et très facile faite par
questiojis et réponses touchant toutes les choses principales qu'une
sage-femme doit savoir pour l'exercice de son art, publiée en
1677, était écrite avec beaucoup d'ordre (2), ou comme Claude -
Hénault, veuve Langlois, entrée en 1697, morte à l'Hôtel-Dieu eu
1714, et sa tille, la demoiselle Langlois qui lui succède, exerce
pendant 23 ans, jusqu'en 1737, et reçoit alors une pension de
200 livres jusqu'à la fin de ses jours, ainsi que le logement et la
nourriture, « attendu les bons services qu'elle a rendus aux
pauvres, auprès desquels elle a épuisé ses forces et sa santé ».
Le Bureau, dans une autre circonstance, accorda aux enfants
de Marthe Jouet, veuve du chirurgien J. Delaplace, maîtresse sage-
femme pendant 11 ans, et morte à l'Hôtel-Dieu en 1774, une
gratification de 370 livres. La dernière sage-femme de l'Hôtel-Dieu
sous l'ancien régime devait être M""*^ Dugès, mère de M""*^ Lachapelle,
qui prit possession du service en 1775, et dont la Pratique des
accouchements, parue en 1820, est restée célèbre (3).
Suivant les règlements, et notamment celui du 17 janvier 1693,
les apprentisses devaient être présentées par la maîtresse sage-
femme, et reçues au Bureau, sur le vu de leur contrat de ma-
riage, d'un certificat de bonnes vie et mœurs, signé de leur
curé ou vicaire, ou de deux personnes considérables de leur
paroisse. On ne devait prendre « ni femmes grosses ni filles ».
La pension réclamée aux candidates était de 180 livres dont le
versement était exigé le jour de leur inscription (4). Elles devaient
entrer par ordre de réception, « sans aucune préférence ». Leur
noiiibre était fixé à 4 et le temps d'apprentissage à 3 mois, après
quoi elles étaient pourvues de leur certificat, et cédaient la place
à d'autres. A certaines époques, on en prit 5, mais il fut re-
connu qu'elles se nuisaient entre elles, lorsqu'il y avait plus
de 4 spectatrices à l'accouchement, et que c'était diminuer
pour chacune le nombre des opérations absolument néces-
(i) Délib. 4 avril 1693, reg. 62, fol. 44. « Mgv le premier président a dit avoir été assuré par
des personnes de probité que la maîtresse sage-femme de l'H.-D. manque de capacité pour
les accouchements difficiles, et juger délestât de grossesse, qu'il en est arrivé des accidents.
La Compagnie a arresté qu'elle serait changée. »
(2) Siebold, Hist. de Vobstétricie, trad. Hergott; Paris, 1891, 2 vol., t. II, p. 180.
(3) Sur ces différentes sages-femmes, voy. ï>e\iicon\, Biographie des sages-femmes célèbres ;
l'aris, i833, in-4'>, notamment p. 94-93, p. 141, etc.
(.1) Délib. 19 févr. 1737, reg. 106, fol. 64.
294 f- HOTEL-DIEU AU XVII« ET AU XVIII« SIECLE
saires pour les former. Aussi leur nombre fut-il toujours ramené
à 4. Malgré les règlements, V « école » de THôtel-Dieu avait,
nous l'avons vu, une telle renommée, non seulement en France, •
mais encore à l'étranger, que les demandes d'apprentisses sages-
femmes surnuméraires ne cessaient d'affluer au Bureau, et que
les candidates essayaient de tous les moyens pour passer avant
leur tour d'inscription. Les étrangères mêmes se faisaient ap-
puyer par leurs souverains (i) pour assister aux opérations.
Le Bureau, autant que possible, résistait à ces recommanda-
tions ; il montrait même parfois une fermeté inaccoutumée ;
ainsi, le 3o janvier ijSS, il refuse à Payerne, chirurgien de la
famille royale d'Espagne, qui avait été introduit dans la salle
des femmes, en vertu d'une lettre de cachet du 21 mai 1732 (2),
le certificat qu'il avait coutume de délivrer aux apprentisses
sages-femmes, « ce qui seroit fournir à tous les chirurgiens
qui s'efforcent depuis longtemps, par toutes sortes de moyens,
de s'introduire dans cette salle, de quoy fortifier leurs tenta-
tives et les mettre en état de faire passer ce certificat qui
deviendroit public par acquiescement volontaire de la part du
Bureau et pour la preuve d'un usage favorable à leurs préten-
tions ».
Pour résister à ces tentatives, l'Hôtel-Dieu met en avant une
raison de nationalisme. Le Bureau déclare que les « grands
avantages » que l'on trouve à « l'école » de l'Hôtel-Dieu (le
mot y est en toutes lettres) doivent être le patrimoine des
sujets du roi. Une enquête vient de prouver qu'il y a « disette »
de sages-femmes dans les provinces et même dans les villes
considérables (?). Or « admettre dans l'Hostel-Dieu des étran-
gères pour y être apprentisses, et pour aller exercer cette
profession dans leur pays, les admettre sans les obliger de se
faire inscrire pour n'entrer qu'à leur tour, les faire passer devant les
françoises qui sont inscrites..., ce seroit non seulement causer à
ces dernières un préjudice infiny ; ce seroit encore priver les sujets
(1) Délib. 3o juin 1733, reg. 102, foL i85.
(2) Voy. aussi lettres de cacliet concernant l'admission de Buzan, cliirurgien du roi de
Sardaigne, et Gruger, chirurgien du roi de Danemark (Bibl. nat., Joiy de Fleur\', i2i5,
fol. 22-54) ; le refus opposé à Reynier, ciiir. piémontais. (Joly de Fleury, 280, doss. 2896.)
(3) Bibl. nat., Joly de Fleury, 12 15, fol. 73-1 12. Enquête faite dans 78 bailliages du ressort
du Parlement de Paris sur la pénurie des sages-femmes (1728-1729). Il y en a 2 à Angers,
I seule à Boulogne-sur-Mer, 2 à Epernay, 2 à Laval, à Bourges, on ne se sert que de chi-
rurgiens, partout on se plaint de leur inipéritie : dans aucun liôpital de province on enseigne
l'art des accouchements; un prêtre du diocèse de Léon, ému des accidents répétés dus à
cette situation, écrit au cardinal de Fleury pour lui proposer l'établissement de sages-femmes
dans les paroisses de la campagne, instruites aux frais des peuples et qui seront dans l'obli-
gation de se trouver aux couches des pauvres et des riches.
LES MALADES 2QD
du Roy de leur patrimoine, pour en enrichir l'étranger ». Ce serait
surtout accroître la pénurie des sages-femmes dans le royaume,
si déplorable pour les populations, et au sujet de laquelle le procu-
reur général recevait tous les Jours des plaintes.
Aussi ce dernier propose en 17? 5 (i) de ne plus recevoir
indistinctement à l'Hôtel-Dieu toutes celles qui se font inscrire
et dont la plupart sont Parisiennes, mais de réserver un certain
nombre de places pour celles des provinces, « en préférant les
lieux où ce secours serait plus pressant >>. Le Bureau décide
à la séance du 26 mai, en présence de cette situation, de ne
plus inscrire à l'avenir sur les registres aucune de celles qui
se présenteront pour être apprentisses, et de prendre seulement
note de leurs « noms, qualités, origines et demeures » avec
la date du jour où elles se sont présentées, pour transmettre
le tout au procureur général.
Nous ne reviendrons pas ici sur ce que nous avons dit
plus haut de la renommée de cette maternité de THôtel-Dieu
qui, malgré toutes ses défectuosités, son manque d'hygiène, était
la seule école et la grande pépinière de sages-femmes du
royaume, et attirait par sa réputation tous les spécialistes fran-
çais et étrangers. Il en fut de même d'un autre de ses services
que rendit célèbre l'habileté de ses opérateurs : l'office des taillés.
l'office des taillés
C'est en 1644 que fut créé l'office des taillés. Il compre-
nait une salle où l'on recevait les malades atteints de « pierre »,
et une salle d'opérations, où se trouvait un banc sur lequel on
attachait ceux qui devaient être opérés.
Pendant longtemps cette opération fut pratiquée par des
spécialistes ; ce n'est qu'à la fin du xxw siècle qu'elle fut con-
fiée à des chirurgiens ordinaires. La salle des taillés avait un
règlement spécial , qui s'y trouvait affiché (2). Personne ne
devait y entrer au moment des opérations, sauf les médecins,
les opérateurs et « ceux que la compagnie destine pour appren-
dre l'opération « ; pourront aussi être présents aux opérations
« ceux des messieurs [administrateurs] qui s'y voudront trouver
jusques au nombre de deux seulement et y faire entrer ceux
qu'ils jugeront à propos, pourvu qu'ils n'excèdent pas aussi le
(1) Délib. 26 mai 1733, reg. 104, fol. 262.
(2) Bihl. nat. Règlement spécial pour la salle des taillés de l'H.-D., ms. 18606, fol. 181 ,
reproduit par Salmon, o. c, p. 195.
296 l'hotfi.-dtku au xvii" et ai- xviip sikci.f.
nombre de deux ». Le médecin de roflice devait faire un rap-
port sommaire de ce qui s'était passé à chaque opération, le
faire signer de ses confrères présents et l'envoyer cacheté au
greffier pour être lu à la prochaine séance du Bureau. Celui
qui avait opéré devait panser lui-même les malades ; mais il y
avait toujours un compagnon chirurgien préposé à Fofïice,
« pour secourir extraordinairement les malades s'ils en ont
besoin ». Le médecin de l'office établissait un roulement entre
les trois opérateurs, et chacun opérait à son tour, mais de ma-
nière à ce que le principal opérateur fit à lui seul autant d'opé-
rations que les deux autres ; et nulle opération ne pouvait
être faite qu'en sa présence, à moins qu'il ne fût malade.
Comme chez les accouchées, il y avait un registre spécial des
entrées, sorties et décès pour cet office ; on y admettait des
malades payants, et ces derniers pouvaient choisir leur opéra-
teur: « Les enfans des personnes qui ont des biens et commo-
diiez pour les faire panser chez eux pourront estre receus en
ladite salle des taillés, en indemnisant l'Hôtel-Dieu de la
dépense qu'ils y feront : auquel cas le choix sera aux parens
et aux malades de se faire tailler par tel des opérateurs qu'ils
voudront » ; les pauvres, eux, n'avaient pas le choix de leur
opérateur, mais seulement leur père et mère a quand ils viendront
le demander au Bureau » (i). En cas de mort, un chirurgien
faisait l'autopsie, en présence de celui qui avait opéré, des
médecins et des autres opérateurs, sur permission donnée par
écrit de deux administrateurs. Le médecin de l'office devait
adresser un rapport écrit au Bureau sur chacune de ces « ou-
vertures » de corps (2).
Les premiers chirurgiens de l'Hôtel-Dieu qui acquirent une
certaine notoriété en pratiquant la taille furent Jacques Haran
qui avait succédé à Millot (3) en 1642, à la suite d'un con-
cours institué déjà pour son prédécesseur, et que Devaux qua-
lifie de Domiis Dei lithotomiis dexterrimiis (4), et Pierre-
(i) On vérifiait avec soin les instruments. L'art. i3 du règlement porte :« On fera voir aux
médecins ordinaires de la maison et à tels autres médecins opérateurs du dehors que le
Bureau voudra bien appeler avec eux, les instrumens dont le principal opérateur et lesdits
Castagnet et Portai se servent pour tailler afin de voir s'il n'y a rien à redire.»
(2) On pratiquait alors l'ouverture du cadavre par une incision longitudinale et une inci-
sion latérale perpendiculaire à la première ; on enlevait le plastron sternal en sectionnant les
cartilages costaux et l'on examinait les organes sans les déplacer. On examinait aussi le
cerveau en faisant sauter la calotte crânienne.
(3) Jean Millot remplaça le 18 juin i623 Jean Bonnet et se retira en 1642; il mourut
le 7 oct. i63i.
(4) Jean Devaux, Index funeretts... cliirurgorum parisiensium (1315-1714); Trévoux-
Paris, 1714, in-i2, p. 52.
LES MALADES
297
Gaspard Gouin, nommé sans concours, mais après examen,
le 20 mars 1648, en remplacement de Haran qui négligeait
son service (i). Comme son prédécesseur, il était logé, nourri,
et touchait 200 livres par an. Le Bureau lui avait fait prêter
serment « de se rendre fort soigneux au pansement des ma-
lades, veiller incessamment sur les garçons qui sont sous lui,
à ce que chacun fasse son devoir, qu'il visitera, soignera et
pansera les pauvres malades à tous sujets, occasions et sortes
de maladies qui se présenteront, fidèlement et diligemment,
sans se divertir en aucune affaire, comptera ou fera compter
chaque Jour les malades, fera trouver ses gens prêts à l'arrivée
des médecins, pour écrire sous eux les saignées, que lesdites
saignées se feront avec les chandelles allumées, ayant la
palette en main, qui leur seront fournies; les onguents, linges
et emplâtres seront ménagés et de ne les laisser manier aux
malades, ni les Jeter en la place; ne sera fait aucune dissec-
tion ni coupure de membres ou ouvertures de corps, sans
conseil des médecins: seront les malades traités le plus dou-
cement que faire se pourra et les religieuses respectées (2). »
Mais les plus connus furent les lithotomistes du dehors
appelés à l'Hôtel-Dieu, en particulier les Colot qui four-
nirent une longue dynastie d'opérateurs, depuis le xvi« jusqu'au
xviii« siècle (3) : Philippe Colot, chirurgien et valet de chambre
du roi, que Gui Patin, dans une lettre du 5 décembre 1659,
appelle « grand, excellent lithotome » ; Charles Colot, opérateur
du prince de Condé (i638) et du roi (1644) ; Jacques Colot, chirur-
gien du prince de Condé en 1644 ; Louis Colot, « opérateur du roi
pour la pierre » en 1691 ; François Colot, auteur d'un Traité
de l'opération de la taille (in- 12) publié après sa mort en 1727
par Sénac, et dernier du nom.
Il y avait des familles chez qui l'art « de tirer les pier-
res de la vessie » se transmettait de père en tils comme un
héritage, et même adressaient des requêtes au Parlement pour
se faire donner le monopole de la lithotomie ; ainsi Jehan
Paradis et Nicolas Serre, maîtres chirurgiens-barbiers jurés de
(i) Il resta en fonctions 6 ans, jusqu'au 3i mars 1634, et mourut le 2? juillet 1664. 11
est ainsi qualifié dans VIndex funereus...: «Nosocomii Parisiensis ciiirurgus pra;cipuus in
omni operationum génère versatissimus. »
(2) Délib. 20 mars 1648, reg. 20, fol. 242. Pour cette citation un peu longue nous n'avons
pas respecté l'orihographe du texte.
(3) Voy. art. de Chéreau.dans Dict. des se. méd., 1876, t. XIX, et Jos.-Fr.-L. Deschamps,
Traité liist. et dogmatique de l'opération de ta taille; Parus, chez l'auteur, à l'hospice
de l'Unité (Charité), an IV, 4 vol. in-S» t. II; ch. m, p. 35 et suiv. La méthode des Colot
dtait celle qu'on appelait aussi méthode de Marianus Sanctus.
oqS l'hOTEL-DIKU au XVIie ET AU XYIII^ SIECLE
Paris, demandent en 1600 que « toxis les pauvres affligés de
cette maladie qui se présenteront à l'Hostel-Dieu et au Bureau
des pauvres pour être pansés, soient mis es mains desdits
suppliants pour être purgés et préparés, et procéder sur eux à
l'extraction de la pierre ; ce qu'ils offrent faire gratis aux pau-
vres, et aux riches et moyens avec salaire très raisonnable ;
avec detfenses à toutes personnes de les troubler ni inquiéter
en aucune sorte (i) ». Ainsi Philippe Colot, Charles Colot,
Jacques Girault et Antoine Ruffin se proposent, mais sans succès,
en octobre 1646, de fonder au faubourg Saint-Antoine une maison,
OLi « ils faisoient estât, tout le long de l'année, de loger, panser,
medicamenter et nourrir gratuitement, charitablement, et à leurs
despens, les pauvres malades affligés de la pierre (2) ».
La taille subit encore des perfectionnements importants par
la nouvelle méthode du frère Jacques Baulieu (3), qui avait
pris en même temps que le nom de frère Jacques le costume
des récollets sans le capuchon (4). Il avait fait à Amsterdam des cures
qui l'avaient rendu célèbre dans toute la Hollande, et il avait
reçu des médailles en or à La Haye et à Bruxelles. A Paris,
ses opérations à la Charité avaient encore accru sa réputation (5).
L'influence du premier président de Harlay lui ouvrit, en 1697,
les portes de l'Hôtel-Dieu, oli il fut autorisé à pratiquer devant les
médecins et les chirurgiens l'opération de la taille par le procédé
de la méthode latéralisée (6), bien supérieure à celle du haut et du
petit appareil couramment employée. « Ce dont je m'occupai le
plus, écrit Lister, dans son Voyage à Paris eii i6g8 [j]^ c'est la
nouvelle méthode pratiquée par un religieux appelé le frère Jacques.
(i) Reg. de la Faculté de méd., t. IX, fol. 240 r°.
(2) Reg. de la Faculté de méd., t. XIII, fol. 298 r«.
(3) Né à l'Étendonne en i65i, mort à Besançon en 1719. (Cf. Vacher, maître en chi-
rurgie. Histoire de frère Jacques, lithotomiste de Franche-Comté ; Besançon, 1766, in-i2.1
(4) » Ce frère, dit le chirurgien Dionis, étoit un espèce de moine, qui avoit l'habit de
Recolet avec cette différence seulement qu'il étoit chaussé, et qu'au lieu de capuchon il
portoit un chapeau. Il se faisoit appeler frère Jacques, et il paroissoit simple et ingénu.
Il étoit sobre, ne vivant que de potage et de pain. Il n'avoit pas d'argent et ne demandoit
que quelques sols pour faire repasser ses instruments, ou pour faire raccommoder ses sou-
liers. Il s'étoit fait une Religion à sa mode, avec des vœux dont il laissoit la liberté à son
Évêque de le dispenser quand il voudroit. » (Cours d'opérations de chirurgie, 4° éd., 1740,
in-S", p. 23q.) Voy. aussi ce qu'en dit Saviard dans son Recueil d'observations chirurgicales ;
Paris, in-8», 1702.
(5) A. hAhow\h(inc,r Hôpital delà Charité de Paris { 1 606-1 S -S); Paris, 1878, in-8», p. 9.
(6) Ce fut la métliode reprise plus tard par Cheselden sur des données vraiment
scientifiques. *
(7) Voyage a Paris, in-8«, p. 207. Voy. aussi Deschamps, o. c, t. II, p. 77, et les Obser-
vations sur la manière de tailler du frère Jacques, par iMéry, chirursien de l'H.-D., parues
en «700. Ce dernier taillait avec succès; il en fut de même de Boudou et de Moreau qui
perfectionna le liihotome. (Cf. thèse de son élève Dubut, le 3 cet. 1771, Devariis lithotomix
methodis.) Deschamps était également élève de Moreau.
LES MALADES
-99
Le 20 avril, il tailla à THôtel-Dieu lo malades en moins d'une
heure de temps; et le troisième jour après Topération, tous, à
l'exception d'un seul, avoient bon courage et ne souffroient plus.
Il taille également au grand ou au petit appareil ; dans les deux,
il enfonce hardiment une large lancette ou un stylet dans le milieu
du muscle de la cuisse, près de l'anus, jusqu'à ce qu'il ait rencon-
tré le cathéter ou la pierre entre ses doigts ; puis il élargit
l'incision de la vessie en proportion de la pierre au moyen d'un
cerceau d'argent ovale ; si cela ne va pas, il y fourre ses quatre
doigts et déchire l'ouverture ; et enfin, avec le bec-de-cane, il
retire la pierre. Je l'ai vu opérer une seconde fois à l'Hôtel-Dieu ;
en trois quarts d'heure, il tailla 9 personnes avec beaucoup de
dextérité. Il me parut disposé à tout risquer. Je fus malade de la
cruauté de cette opération, aussi bien qu'un autre Anglois plus
solide que moi. Je ne laissai pas d'aller trouver tous ces malades
à leur lit, et je les trouvai moins souffrans qu'étonnés. » Toutefois
le succès de Baulieu à Paris fut de courte durée. Dès le 2 août
de la même année 1698 (i). Lister écrivait: « La réputation de
frère Jacques s'en va grand train : de ses 45 malades de l'Hôtel-
Dieu, il n'y en a plus que 16 qui soient en vie; et à la Charité,
sur 19, il n'en reste que 11. Il a opéré dans les hôpitaux de
Lyon, et, dit-on, avec moins de succès encore qu'à Paris.
Je sais aussi qu'il ne manque pas d'ennemis, ce qui me fait souvent
douter de ce quej'en entends dire. M. Fagon a dit à M.deTournefort,
quand il alla lui présenter son livre, qu'il avoit taillé 7 personnes
à 'Versailles, dont 6 étoient vivantes et se portoient aussi bien que
si elles n'avoient subi aucune opération. « Il eut encore de
nombreuses guérisons à Angers ; mais échoua en 1702, à Paris,
sur le maréchal de Lorges(2). Parla suite, les chirurgiens ordinaires
de la maison fiirent seuls chargés de ces délicates opérations qui
avaient lieu à dates fixes, au printemps et à l'automne, et qu'ils
n'étaient autorisés à entreprendre qu'après s'être exercés sur des
« corps morts ».
A la fin du xvni= siècle apparurent à l'Hôtel-Dieu des oculistes
célèbres, les Grandjean, père et fils, qui, vers 1783, pratiquaient
l'opération de la cataracte par le procédé de Daviel (3). L'Hôtel-
Dieu accueillait libéralement, on le voit, tous les spécialistes, et
faisait même tous ses efforts pour se les attacher.
(i) Voyage..., p. 209.
(2) Après avoir parcouru presque toute l'Europe, J. de Baulieu se retira à Besançon.
(3). V. Fleury, Dissertation sur la cataracte; Paris, i8o3, et A. Tesson, Études sur
l'hist. de la chir. oculaire ; Paris, 1899. Une chaire de maladie des yeux fut créée en 1705
par La Martinière au Collège de chirurgie.
300 l/HOTKL-nir.K AT XVIie KT AU XYIII^ SlÈCI.E
LES CONTAGIEUX ET LES « SCORBUTAIRES »
Mais les malades qui contribuèrent le plus à Tencombrement
de l'Hôtel-Dieu, aux xvn® et xviii« siècles, furent les « scorbutaires »
et les victimes de la « contagion » ou de la « peste »; c'est sous ces
noms vagues que Ton désignait sous l'ancien régime les malades
atteints d'affections souvent différentes, mais qui présentaient les \
mêmes caractères épidémiques. ;
Nous ne saurions retracer ici l'histoire de ces épidémies qui [
avaient semé la crainte et l'effroi au moyen âge et même au
xvi« siècle, et qui se perpétuaient en plein Paris de Louis XIV ou ;
de la Régence. Sans remonter au tableau saisissant que Pierre de '
l'Estoile dans ses Mémoires-Journaux (i) - nous a fait de la \
peste de i58o, et aux mesures prises alors par le corps de ville 12) j
ou bien à la contagion de 1 596-1 597 (3), qui fut plus meurtrière i
encore, il faut au moins signaler les épidémies du début du \
xvn^ siècle, celles de 1606-1607, de 1612, de 1618, de 1619, pendant \
lesquelles l'Hôtel-Dieu dut ouvrir ses annexes, Saint-Louis et \
Saint-Marcel. .
La méthode alors adoptée pour lutter contre la contagion était |
celle .du transport forcé, ou, selon l'expression du temps, « de :
l'enlèvement par force ». Toutes les personnes frappées de (
contagion et logées en garni, dit un règlement de 161 9, seront !
promptement enlevées pour être conduites soit à la maison de j
santé de Saint-Marcel, soit à l'hôpital Saint-Louis; leurs maisons \
seront fermées avec des cadenas, barres de fer ou ais de bois ; i
défense est faite aux Parisiens de se faire soigner chez eux, à moins
qu'ils n'occupent seuls une maison. Les chirurgiens de l'Hôtel-
Dieu seront chargés de soigner les malades transportés à Saint-
Louis et à la maison de santé [Saint-Marcel]. Si ces chirurgiens ne
suffisent pas, on leur adjoindra des compagnons chirurgiens qui
pourront gagner la maîtrise après sixansd'exercice. Les plus anciens
se rendront à la porte des deux maisons de santé, visiteront et
recevront les malades, tandis qu'un autre chirurgien placé à la
porte du parvis Notre-Dame [à l'Hôtel-Dieu] examinera les malades
(r) Ed. Jouaust, in-8», t. I, p. 356, 36i, 365.
(2) Reg. des délit, de la Ville de Paris ; Paris, Impr. nat., 1896, t. VIII, p. 228, et Arch.
nat., XlA 1668 et 1670.
(3| G. Potel, Discours des maladies épidémiques ou contagieuses advenues a Paris j
en i6g6, iSgy, j6o6el 1607, comme aussi de 161Q ; Paris, i623.— H. Stein, Mesures 1
prises à Paris pendant répidémie de peste en iSgô, dans Bull, de la Soc. de l'Hist. de 1
Paris, 1S84.— D' A. Ciiéreau.Des Mesures sanitaires que Ion prenait à Paris au xv» et 1
.\vi» siècle contre les épidémies, dans Ga^. hcbd. de méd. cl de c/iir., i88^, n- 36 et 38. !
LKS ^[ALADI^S
et enverra à Saint-Louis ceux qui seront atteints de la peste (i).
Les mesures énergiques en vigueur au xvii*^ siècle trouvèrent, en
1722, un adversaire en la personne du doyen de la Faculté,
Ph. Hecquet, lequel estimait qu\iu lieu de semer la terreur dans la
population, comme le faisaient ces mesures, il fallait raffermir les
esprits et soutenir les courages (2).
Saint-Louis et Saint-Marcel furent ouverts successive-
ment (3) avec un personnel spécial de médecins, chirurgiens,
religieuses, serviteurs envoyés de THôtel-Dieu, de mars 16 18 à
janvier 1620, en 1622, en 1623, en 1625, en 1628-1629, ^^'^ i63i,
en 1 636- 1637. Les mesures prises étaient toujours les mêmes, et
les dévouements ne faisaient pas défaut. En août 161 9, Francière,
chirurgien, était mort à Saint-Louis; en 1623, Dajon, chapelain
chargé de donner les sacrements aux moribonds, avait reçu,
par ordonnance du Conseil du roi du 17 novembre (4), 200 livres
tournois de gratification pour sa conduite; en 1625, le roi avait
récompensé ses officiers du Châtelet en leur faisant remise de la
taxe de leurs offices s'élevant à 6.700 livres (5) ; en 1627, une
malade percluse de la salle du Légat, Anne Primeville, qui était
allée à Saint-Louis soigner les contagieux avec les religieuses, fut
guérie miraculeusement devant la Vierge de Notre-Dame ; le
Bureau voulut la garder comme religieuse, mais, sur le désir de la
reine, elle se retira l'année suivante (6). Tous les serviteurs,
pourtant, n'étaient pas doués du même zèle^ et le Bureau recevait,
en 1 627, de nombreuses plaintes. Il interdisait à tout son personnel,
par mesure de prophylaxie, l'accès de la foire de Saint-Germain,
et l'entrée de l'hôtel de Bourgogne.
En 1623, la Faculté de médecine consultée parles magistrats
municipaux avait déclaré que la peste n'était pas due à la corrup-
tion de l'air, ainsi qu'on se l'imaginait couramment, mais qu'elle
avait été apportée de Rouen et de Beauvais, « par la voie du com-
merce » ; aussi prit-on dorénavant des mesures spéciales, lorsque
la contagion était signalée dans les provinces, pour en préserver
Paris. Le Parlement, d'accord avec le Bureau de la Ville, fut
chargé de nommer, en cas d'épidémie, les deux prévôts de la santé.
(1) Delamare, o. c, II, 5^0.
(2) Ph. Hecquet, Traité de la peste... où l'on fait voir le danger des baraques et des
infirmeries forcées; Vans, 1722, in-8°.
(3) Délib. i3 mars, 10 oct. 1618, 2 août, 7 août 1619, 17 janv. 1620. (Pour ces délib. et
lessuiv., voy. reg. spécial de St-Louis.)
(4) Délib. II janv. i623, reg. i3, fol. 3oo.
(5) Arch. nat., Y i3, fol. 317. Brevet du 28 janv. 1625.
(6) Délib. 17 mai 1627, i3 déc. 162S.
302 l'hOTKL-DIFU au XVIF KT au XVIIie SiÈCLF,
Tun pour la rive droite [Saint-Louis;;, l'autre pour la rive gauche
[Saint-Marcel], et les archers de la santé, chargés de transporter les
malades dans les hôpitaux, pendant la nuit. Pour dépister les
malades qui souvent cachaient leur état civil et leur adresse, pour
ne pas nuire par exemple à leur commerce ou à leur industrie (i),
les médecins reçurent, de leur côté. Tordre (2) de déclarer aux
commissaires des quartiers '( ceux qu'ils sçauront ou soupçonneront
être atteints de la maladie contagieuse, ou qu'ils Jugeront par
quelques symptômes que cet accident leur peut arriver dans la suite
de leurs maladies, à peine, en cas de négligence ou dissimulation,
d'être déchus de leur profession » (3 . C'était le système de la décla-
ration obligatoire.
Il était défendu aux chirurgiens et barbiers de la Ville de visi-
ter les malades de la contagion sous peine d'une amende de
400 livres et de la fermeture de leur boutique pendant 6 mois ;
ce soin était réservé aux « chirurgiens de police », aux gages de
100 livres par mois, désignés spécialement à cet effet, dans les
conditions requises notamment par l'arrêt du Parlement du
26 mars i63o. En i63i, outre le chirurgien de police de la rive
gauche, logé près de la porte Saint-Marcel, et celui de la rive
droite, logé près delà porte du Temple, trois autres furent envoyés
à Saint-Louis, où ils furent logés et nourris.
Le prévôt de la santé (4) prenait des mesures rigoureuses pour
la désinfection des appartements, l'interdiction de la vente des
meubles et « hardes», les enterrements. En 1637, le Bureau fait
faire une « chaire » pour porter les malades à Saint-Louis et à
Saint-Marcel, par pitié pour les malheureux qui se présentent à
l'Hôtel-Dieu, qui « sont tellement atténués, que, n'y pouvant aller,
ils demeurent et meurent par les chemins en plein jour, au grand
scandale des voisins et des g€ns qui se rendent à Notre-Dame ».
Pour seconder le personnel de la maison, le prévôt de la santé
met à la disposition de l'établissement deux archers qui se tenaient
dans une petite loge aménagée pour eux, près du perron de la
porte d'entrée.
(i) Delamare, o. c, II, 540.
(2) Arrêt du 3 oct. i63i, renouvelé le 7 juill. 1668.
(3) Delamare, o. c, II, 543. Une sentence de police du Chàtelet du 21 nov. i63i condamna
à 3oo 1. d'amende le chirurgien Parmentier, « pour avoir pansé deux particuliers de la
maladie contagieuse, sans en avoir donné avis au commissaire du quartier ».
(4) Ord. de police, 11 oct. 1627, 9 sept. i63i. Sur les méthodes de désinfection alors en
usage, cf. Nie. Habicot, Problèmes sur la nature, préservation cl cure de la jualadie
pestilentielle, 1607, in-8», 200 p., P. Guibert, Œuvres charitables; Paris, J. Jost, 1664,
en particulier Discours sur la peste et du moyen de s'en préserver. (Delamare, o. c,
liv. IV.)
LES MALADES ?o':^
Il y eut encore des alertes au printemps et à Tauiomne de
1668, et Ton craignit pour Paris la peste qui régnait alors à Sois-
sons, à Laon, à Amiens, à Rouen, à Dieppe, mais qui fut évite'e
grâce aux mesures prises par La Reynie d'accord avec le Parle-
ment. La contagion, peut-on dire, enveloppa Paris et arriva Jus-
qu'à Villiers-le-Bel ; mais un véritable cordon sanitaire en pré-
serva la capitale ; les produits venant des villes contaminées furent
soumis à une quarantaine très sévère (i) ; la foire Saint-Laurent
fut interdite. L'Hôtel-Dieu avait tenu prêt Saint-Louis et Saint-
Marcel, mais n'eut pas à intervenir.
Dans la seconde moitié du ww siècle et au xvni- siècle, la
« contagion » disparut, mais de nouvelles épidémies se manifes-
tèrent sous la forme de scorbut. 11 est vrai que celles-ci, au lieu
d'atteindre toute la population, furent localisées dans les établisse-
ments hospitaliers, les prisons, les hospices, au milieu des agglo-
mérations nombreuses et peu soucieuses de l'hygiène, surtout
dans les maisons de l'Hôpital général, à Bicétre, à la Salpêirière,
où les localités étaient particulièrement favorables à son éclosion.
En 1670, une épidémie très sérieuse éclate à la Salpêtrière (2).
Des conférences ont lieu au début de mars entre les administrateurs
délégués de l'Hôtel-Dieu et de l'Hôpital général pour aviser aux
mesures urgentes. Il est impossible d'utiliser Sainte-Anne, en raison
de l'état des chemins qui sont « rompus « et empêche tout trans-
port, puis de la petitesse des lits. Mais on ouvre Saint-Louis, où une
commission spéciale organise le service ; 6 religieuses sont dési-
gnées pour s'y rendre, ainsi qu'un médecin, qui devait changer tous
les deux mois ; l'établissement est prêt pour le 14 mars ; les malades
de la Salpêtrière y sont transférés sans passer par Paris, mais par le
bac qui se trouve au-dessus de l'Hôpital général, et par le chemin
de « Pincourt » [Popincourt], plus court et plus « aisé ». Des archers
de l'Hôpital général sont désignés pour garder les abords de
Saint-Louis et empêcher les malades de s'évader, mais le Bureau
de l'Hôtel-Dieu leur refuse l'accès de la maison ; la visite des
malades a lieu les jeudis et dimanches, et les visiteurs sont fouillés ;
cette visite entraîne des désordres de la part de la « menue popu-
lace », et l'hôpital est consigné à partir d'avril, sauf aux personnes
«considérables». Le 18 avril, on avait compté 5i2 malades et
(i) Arrêt du i8 avril 1668 interdisant le commerce avec I.aon, du 18 mai avec Amiens,
du 27 août avec Rouen, du 3i oct. avec Dieppe. Déjà, les années précédentes, de pareilles
mesures avaient été prises envers Dunkerque (arr. 21 mai 1666), Cologne (arr. 9 juin 1666),
et les villes de Hollande (arr. 28 mai 1664). (Delamare, II, 557 et sqq-)
(2) Lettres de Gui Patin des i3 mars et 3o août 1670. Son fils, Robert Patin, était
médecin de l'Hôp. gén.
3o4 i^ HOTEL-Dir:u at^ xvif et au xvrne siècle
72 décès. Le 4 juillet, répidémie était terminée. Il y avait eu en tout
800 cas environ et 1 14 décès.
Une nouvelle épidémie a lieu en 1675, mais on n"ouvre pas
Saint-Louis ; THôtel-Dieu reçoit les scorbutiques à l'Infirmerie et
et à la salle Saint-Côme et prend en supplément quelques chirur-
giens externes (i). En 1677, nouveaux cas ; on ouvre à Saint-Louis
les salles qui se trouvent près du cimetière, les autres étant réser-
vées aux convalescents que l'on venait d'y envoyer (2) ; cette fois
l'Hôtel-Dieu refuse de recevoir les fous et les folles de l'Hôpi-
tal général atteints de scorbut.
L'épidémie se prolonge ; en 1681, il y avait 600 scorbutiques
à Saint-Louis. Elle fléchit jusqu'en 1684, puis augmente d'inten-
sité en i685 ; le 9 février i685, il y a de nouveau 600 cas à Saint-
Louis, et le Bureau envoie deux chirurgiens externes supplémen-
taires. La maison n'est fermée qu'en novembre 1689 (3,.
Elle est réouverte le 21 février 1699. Le Bureau de l'Hôtel-Dieu
prétendait qu'il n'y aurait pas tant de scorbutiques à IHôpital
général si, aux fenêtres des dortoirs, il y avait des a ventouses ^>,
comme à l'Hôtel-Dieu, et des cheminées, où l'on fît de temps en
temps du feu clair, « pour purger l'air » (4). On considérait en effet
le grand air comme le meilleur des remèdes pour cette affection,
a On a remarqué, dit Saviard (5), dans son Recueil d'observatiotis
chirurgicales, publié en 1702, que les scorbutiques de l'hôpital
Saint-Louis, exposés dans les cours, sur des brancards, aux ravons
du soleil, y guérissent plus promptement ». Quant à Gui Patin,
qui donne son avis sur tout, il lui semble « que ce mal est morbus
îotius substantiœ, maladie de pauvres gens et mal nourris, une
lèpre septentrionale et marine, qui vient d'une corruption particu-
lière du sang et des parties internes, qui bouleverse l'économie
naturelle. Le bon pain, un peu de vin, du linge blanc, un bon air,
et au commencement de cette maladie une purgation médiocrement
forte, y feroient grand bien, de même que de ne boire jamais de
mauvaises eaux... Qui guériroit la pauvreté du peuple guériroit bien
le scorbut, iô »
«Touscespauvresgens,ditdesoncôtélechirurgienPoupart,quia
(1) Délib. i5 févr. 1675, reg. 43, fol. 32 v».
(2) Ils se rendaient de l'H.-D. à St-Louis 0 de leur pied ou dans le tombereau » ; cepen-
dant, en 1687,1e Bureau leur fit faire une carriole « exprez et commode ». (Délib. 16 avril 1687,
reg. 53, fol. 74.)
(3) Délib. 23 nov. 1689. On laisse pour la garder i chapelain, i garçon, 2 jardiniers,
i portier, i charretier.
(4) Délib. 22 avril 1689, reg. 58, fol. 62 v».
(5) Cité par Tenon, o. c, p. 2o5.
(6) Lettre du i3 mars 1670. (Lettres, édit. Réveillé-Parisse, in-8», III, 732.)
l.\ — LES lîA 1 I.MENIS DE LHOIEL-DIEU SUIt LA RIVE DROITE (\IX'= SIECLE)
Li:S MAI.ADF.S .-<OD
observé répidcmiede 1699(1), avoienides mauxde teste, des convul-
sions, et de si grandes démangeaisons aux gencives que les enfans
en emportoient des lambeaux avec ]es ongles. Le sangquiensortoit
étoit aqueux, saléeicor[r]osif, et la puanteur de la bouche insu[p]-
portable. Ils avoient des taches dures et livides aux jambes et aux
cuisses, des [hjémorragies fréquentes par le nez et par le fonde-
ment, et une si grande foiblesseaux genoux qu'ils ne marchoient
qu'en chancelant... Quand on remuoit ces malades on entendoit
un petit cliquetis d'os. J'ai remarqué à l'ouverture de tous ces
cadavres, dans lesquels on entendoit ce petit bruit, que les épiphi-
ses étoient entièrement séparés des os, qui en froissant les uns
contre les autres causoient ce cliquetis... La plupart des cadavres
qui ont été ouverts avoient les os noirs, cariés et vermoulus.
11 s'est trouvé des cadavres Jusques à l'âge de quinze ans à qui en
pressant entre deux doigts le bout des côtes qui commençoient à
se séparer des cartilages, il en sortoit quantité de pourriture qui
étoit la partie spongieuse de l'os, de sorte qu'après la compres-
sion, il ne restoit plus de la côte que deux petites lames
osseuses. ..(2) »
En même temps que des observations sur les cours de la
maladie étaient relevées soigneusement, un grand nombre d'autop-
sies étaient faites par Thibaut, chirurgien de l'Hôtel-Dieu, et par
Poupart lui-même (3i.
Dupont de Nemours, dans une brochure parue en 1 786, considère
le scorbut comme une maladie d'hôpital : « Aucune maladie
d'hôpital n'est pure, dit- il (4). Le mélange des miasmes qui
s'échappent de tous les malades leur nuit à tous, et deux maladies
(i) Hist.de l'Acad. roy. des sciences, année i6gg ; Paris, Bouclot, 1702, in-4°, p. 169-172 :
Etranges effets du scorbut arrivés à Paris en 1699, par M"" Poupart.
(2) Il est assez piquant de signaler l'analogie de ces symptômes du mal avec les descrip-
tions relevées par Joinville en Egypte sur les troupes de Louis IX en 1249 :« Et nous vint
la maladie de l'ost qui estoit tex que la chars de nos jambes seclioit et lé cuirs devenoit ta-
velds de noir et de terre ; et à nous qui aviens tel maladie venoit cliars pourrie es gencives et
nulz n'échapoit. Le signe de la mort estoit tex que là où li nez seignoit il couvenoit mou-
rir » (éd. Soc. H. de P., in-8°, 1868, p. io3), ou encore : « Nous vint une grant persécution
et la maladie en l'ost, qui estoit telle, que la chair des jambes nous dessécheoit jusques à
l'os, et le cuir nous devenoit tavelé' de noir et de terre, à ressemblance d'une vieille iiouze
qui a esté longtemps mucée derrière des coffres, et oultres, à nous autres qui avions cette
maladie, nous venoit une autre persécution de maladie en la bouche, de ce que nous avions
mangé de ces poissons, et nous pourrissoit la chair d'entre les gencives, dont chacun estoit
orriblement puant de la bouche, et en la fin guéres n'en escliappoient, tous mourussent,
et le signe de mort qu'on y congnoissoit continuellement estoit quand on se prenoit à
seigner du nezs, et tantoust on estoit bien asseuré d'être mort de brief. »
(3) Poupart (1661-1708) avait été élève de Méry à l'H.D. Il est surtout connu comme
naturaliste, par son histoire à^Vi formica Ico et du formica pulex. (Voy. son éloge par Fonte-
nellc.)
(4) Idées sur les secours à donner aux pauvres malades dans une grande ville ; Phila-
delphie, et se trouve à Paris, chez Moutard, rue des Mathurins, 1786, in-12.
20
3o6 I.'HOTr-L-niKU au XVII« F.T au XVlIie SIECLE
affreuses, la fièvre de prison et le scorbut empoisonnent toujours
du plus au moins les autres infirmités dont on va chercher dans
les hôpitaux une guérison incertaine. »
Sous l'ancien régime, on rattachait au scorbut toutes les maladies
intercurrentes, fièvres, arthrites, asthmes, hydropisies. Le traite-
ment suivi était celui du médecin anglais Lind(i) : tenir les couloirs
libres, c'est-à-dire le ventre, les voies urinaires et les conduits
excrétoires de la peau, de manière à procurer une douce évaporation
de l'acrimonie scorbutique et en même temps adoucir la masse des
humeurs; on purgeait sur une large échelle (2). La tisane laxative
habituelle se composait d'une infusion de 2 ou 3 gros de séné, de
I gros de cristal minéral, de i ou 2 onces de sirop de roses pâles.
En 1699, on y ajouta une nourriture réconfortante; on
accorda aux malades 3 poissons de vin au lieu d'un demi-setier,
et Ton mit dans leur vin 4 pintes par muid de bonne eau-de-vie (3).
L'année 1709 fut tragique pour l'Hôtel-Pieu. Le scorbut fit sa
réapparition comme dans toutes les années de malheurs ; au
mois de septembre il y avait 4.500 malades ; on s'empressa
d'ouvrir Saint-Louis pour isoler les scorbutiques; le 28 septembre
il y en avait déjà plus de 600, et leur nombre augmentait chaque jour.
La situation financière, nous l'avons vu (4), était lamentable et
le Bureau déclarait que, sans un prompt secours, la chute de
l'Hôtel-Dieu était infaillible.
Deux médecins expectants furent désignés pour faire la visite
chaque jour à l'hôpital Saint-Louis parmi ceux qui furent nommés
et choisis suivant le règlement du 12 janvier 1709, qui adjoignait
des médecins expectants aux médecins ordinaires, avec mission de
suivre ceux-ci dans leurs visites des salles, pendant un temps
convenable, et au moins un mois avant de faire seuls la visite.
Nouvelle épidémie au printemps de 1729 ; le 12 avril il y a déjà
plus de 800 malades à l'Hôtel-Dieu, dont la plupart viennent de
l'Hôpital général ; pour décharger la salle Saint-Landry et la salle
Sainte-Martine, on en met une partie dans le grenier de Saint-
Antoine (5); on fait venir des bois de lit de Saint-Louis ; on prend
3 garçons et 3 filles en surcroît ; on comptait sur le printemps pour
atténuer la contagion, mais, le froid persistant, le mal s'accrut ; on
(0 Son Traité du scorbut parut à Edimbourg en 1753 et fut traduit en français en
1756 ; il y réfute les idées du médecin hollandais Severin Engalen sur les fièvres scorbutiques.
(2) Voy. Dict. de méd. et de chir., art. Scorbut.
(3) Délib. 20. juin 1699, reg. 68, fol. 48 v°.
(4) Voy. chap. 11.
(5) C'est un grenier qui se trouvait au-dessus de la salle St-Landry. (Délib. 3 avril 173 1,
reg. 100, fol. 125.)
s M AI.. AI)
3o7
demande à THôpital général de ne plus envoyer de malades.
Saint-Louis est plein de blé, les lits sont cassés et démontés. Grand
embarras du Bureau ; le 27 avril il décide de faire l'impossible
pour ouvrir la maison. En quelques jours le blé fut déménagé (i);
à mesure que les salles se vident, des ouvriers rassemblent les bois
et les remontent ; heureusement les garnitures des lits étaient
restées dans la maison, de même que le linge et les ustensiles de
cuisine ; on fit les réparations les plus urgentes ; on déménagea le
bois, le vin, les remèdes, les approvisionnements de toutes sortes,
enfin, le 5 mai, l'hôpital était ouvert; les malades de l'Hôpital
général y furent envoyés, sauf les prisonniers scorbutiques qui
restèrent à l'Hôtel-Dieu.
A l'assemblée générale tenue à l'Archevêché le 29 avril, le
prcniier président de Harlay promit de faire supporter une partie
des dépenses extraordinaires par l'Hôpital général, comme en
1699, où ce dernier avait remboursé ?.ooo livres. L'Hôtel-Dieu
se trouvait, en effet, dans une situation critique par suite de la
réduction de ses rentes sur la Ville du denier 20 au denier 40, de
la conversion involontaire faite en 1720 de Soo.ooo livres d'es-
pèces en billets de banque, de la cherté excessive des vivres depuis
1720, de la contribution due pour la reconstruction presque totale
des deux églises de Gonesse (2), estimée So.ooo livres ; enfin, « du
refroidissement » des charités. Il fut convenu que l'Hôpital général
retirerait dans le délai de quinze Jours ses blés de Sainte-Anne, de
manière à remettre les lieux en état, ce qui eut lieu le 3i mai ; que
l'isolement des scorbutiques se pratiquerait à la Pitié, à la Salpê-
trière et à Bicêtre, pour prévenir « la communication du mal » ; que
le cardinal de Fleury demanderait le payement des somines dues par
le roi, ainsi qu'une augmentation des franchises pour les provisions
de l'Hôtel-Dieu; enfin, le prévôt des marchands promit d'augmen-
ter, comme en 1709, au moyen des réservoirs delà Ville, la conces-
sion d'eau de Saint-Louis devenue insuffisante pour les besoins des
salles, de la cuisine, de l'apothicairerie et du lavoir. Des remèdes
contre le scorbut furent offerts à l'Hôtel-Dieu ; un sieur Boisard,
après avoir été entendu par les 2 médecins de Saint-Louis et par
Boudou, maitre chirurgien, fut autorisé, le 18 Juillet, à traiter
ceux des malades « qui n'auraient plus rien à espérer des remèdes
ordinaires ». On lui accorda, pour son expérience, 4 malades à la
fois, mis dans une salle à part, où il fut lui-même logé et nourri,
[i) Il fut transporte dans les greniers et magasins nouvellement construits dans l'enclos
St-Julien-le-Pauvre et dans un grenier de l'H.-D., appelé « le grenier de Dieu le Père ».
(2) Sur l'importance du domaine de l'H.-D. à Gonesse, voy. Appendice : Domaine.
3o8 I.HOTEL-DIEU AU XYII» ET AU XVIII" SIECLE
au mcine litre que les autres chirurgiens, avec portions pareilles et
5 demi-sctiers de vin par jour (i). Saint-Louis fut fermé le 28 sep-
tembre 1729 ; il ne restait plus que 3 malades qui furent transférés
à rHôtel-Dieu.
En 1754, à la suite de plusieurs séditions fomentées par les
malades de force, dans la salle Saint-Landry, le Bureau refuse de
recevoir les prisonniers du Châteletatteints de scorbut. D'Argenson,
ministre et secrétaire d'État, proteste contre cette interdiction (2).
Le président Vigneron, administrateur, répond que l'intérêt
public demande que l'Hôtel-Dieu soit regardé comme un asile de
paix et de tranquillité et que, s'il en était autrement, « les malades
auraient la même aversion et le même éloignement pour l'Hôtel-
Dieu que ceux qui sont conduits à Bicêtre et à la Salpêtrière, ce
qui pourrait avoir des suites très fâcheuses pour Paris et pour
l'État (3)». D'Argenson fait appeler Vigneron au Louvre et lui
propose de ne recevoir à l'Hôtel-Dieu que les prisonniers pour
dettes, mais cette distinction ne satisfait pas le Bureau, lequel
remet un nouveau mémoire à d'Argenson. De son côté, l'Hô-
pital général déclare qu'il est tenu de recevoir les mendiants,
valides ou invalides, mais non les malades ; l'article 27 de l'édit du
27 avril i656 porte, en effet, que « lorsque les pauvres seront
malades de maladies formées, ils seront envoyés à l'Hôtel-Dieu
pour y être traités » ; il se plaint à d'Argenson de la conduite de
l'Hôtel-Dieu qui se refuse à ouvrir Saint-Louis. Cette ouverture
coûtait cher en effet, et le Bureau ne s'y résolvait qu'en cas d'ab-
solue nécessité.
En 1760, les administrateurs refusent les malades de Bicêtre,
La situation était lamentable dans cette maison (4). Boyef, doyen
de la Faculté (5), et Latier, médecin de l'Hôpital général, consta-
tèrent que les malades étaient couverts d'ecchymoses, de pustules
rougeâtres, de taches noires et livides. A l'infirmerie Saint-
Antoine, destinée aux gens de service et aux « bons pauvres », à
Saint-Léger, à la Grande-Force, à l'infirmerie Saint-Roch, les
malades entassés dégageaient des vapeurs putrides, et Latier, qui
devait succomber quelques jours après victime de son dévouement,
(1) Délib. 19 juin. 1729, reg. 98, fol. 280.
(2) Arcli. A. P., liasse 870, lettre du i3 juin 173.1.
(3) Id., lettre du 16 juin 1764.
(4) D' Richard, Hist. de Bicêtre ; Paris, 1889, in-8°, p. b-].
(5) J.-B.-N. Boyer était doyen depuis 1736; il avait déjà lutté avec succès contre diverses
épidémies, dans la généralité de Paris en 1742 et 1745, dans le Beauvaisis en 1747 et 1730,
il Brest en 1757. Voy. en particulier sa Méthode a suivre dans le traitement des différentes
maladies épidémiques qui régnent le plus ordinairement dans la généralité de Paris;
Paris, 1761-1762, in-i2. (Cf. Dezeimeris, Dict. delaméd.; Paris, 1828, 4 vol. in-12.)
LFS MALADES SOQ
écrivait, le lo mars, aux commissaires de la maison pour se plaindre
du trop grand nombre d'admissions à Bicêtre : « A Dieu ne plaise
que la médecine, établie pour le soulagement et la consolation des
malheureux, prépare des argumens contre la Charité; mais en dé-
sirant de tout son cœur que Bicêtre agrandi fasse pour tous les indi-
gons un asyle commode et salutaire, le médecin se trouve obligé
de faire envisager les fruits amers qu'on s'expose à recueillir de
l'hospitalité exercée en faveur d'un plus grand nombre que l'espace
ne peut en recevoir (i). »
Malgré leur refus de 1760, les administrateurs de l'Hôtel-Dieu
consentirent en 1767 à recevoir les scorbutiques de Bicêtre, mais
à Sainte-Anne seulement.
La dernière épidémie un peu grave que nous ayons à signaler
est celle de 1778. Dès le g avril, on aménage à Saint-Louis les
« salles basses «, avec des logements pour 2 garçons chirurgiens
et 2 garçons apothicaires. Le médecin Moreau prend toutes les
mesures nécessaires, de concert avec l'inspecteur des bâtiments.
Le 22 avril, il y avait à Saint-Louis 999 malades. Au mois de mai,
i5 gardes-suisses s'y trouvaient en traitement, atteints du mal ; on
avait aménagé pour eux le coin de salle le plus sain, oui ils
n'étaient que 2 par lit, « considérant que la conservation et la cure
plus prompte des soldats devoit l'emporter sur celles des malades
venus des hôpitaux, qui sont moins utiles et précieux à l'État » (2).
Les remèdes habituels furent donnés dans la circonstance; le
chirurgien Pelletan (3) proposa un nouveau spécifique qui fut
examiné par les médecins de l'Hôtel-Dieu, avant d'être expérimenté
à Saint-Louis. La mortalité d'ailleurs fut moins inquiétante que
pendant les précédentes épidémies.
Au scorbut, on peut rattacher cette gale particulière à l'Hôtel-
Dieu que Tenon (4) avait observée à la Salpêtrière sur les malades
revenant de l'hôpital. « C'est une gale à grosses pustules; elle ne
se borne pas aux entre-deux des doigts, ni aux jarrets ; elle s'étend
communément à toute l'habitude du corps; elle occasionne de
fréquents abcès, surtout aux aisselles et au sein ; ils se mul-
tiplient, ils se succèdent dans les personnes vigoureuses; dans les
foibles, l'humeur plonge souvent sur le poumon; jetée sur l'œil,
par l'effet d'une crise, quelquefois elle le fait suppurer et le crève
(1) Bibl. nat., collect. Joly de Fleury, i235, fol. 126.
(2) Délib. i3 mai 1778, reg. 148, fol. 194.
(3) Ph.-J. Pelletan devait succéder à Desault à l'II.-D. et être noinm<5 professeur de cli-
nique chirurgicale à la Faculté de médecine, à la création de cette <icole. 11 mourut
le 26 sept. 1829.
(4) Mcm..., p. 201.
3fO L'HOTFI.-DIKf AT' ?CVI[e KT ATT XVIII<- SIECLE
promptement ; attaque-t-elle un os porreux, comme le sternum, il
est bientôt carié ; rassemblée sous la peau, elle lui donne une cou-
leur d'un rouge brun, et elle attire une prompte suppuration et la
gangrène. A la moindre répercussion qui se fait, lorsque les
pauvres se frottent de mercure pour faire disparoître ces pustules,
tantôt ils tombent en convulsion, en paralysie, tantôt ils perdent
connoissance, d'autrefois ils sont oppressés, surpris de coliques,
de rétention d'urine, etc. »
Cette gale qui sévissait avec fureur dans l'hôpital se répandait
dans la ville par les soldats, par les indigents, par les vêtements
rendus à la sortie, le plus souvent contaminés. Car non seulement
le malade à l'intérieur de l'Hôtel-Dieu était livré à toutes les con-
tagions possibles, mais encore aucune mesure n'était prise pour
empêcher au dehors la dispersion des germes.
LES CONVALESCENTS
L'encombrement de THôtel-Dieu était encore dû pour une
bonne part aux convalescents. Pour se débarrasser de « ces bouches
inutiles », le Bureau ordonnait aux médecins et chirurgiens de
fréquentes visites générales afin d'exiger leur sortie (i), mais les
sœurs, qui lesutilisaient commeserviteurs dans lesdifférenis offices,
les dissimulaient au besoin au moment des visites; d'autres fois, au
contraire, elles réclamaient le départ de ceux qui s'obstinaient à
rester. Ainsi, en lôSy, le bailli des pauvres (2), sur la demande du
Bureau, vint à l'Hôtel-Dieu saisir quelques valides pour les
transporter à l'Hôpital général à titre d'exemple. Le Bureau dut
même faire rendre par le Parlement l'arrêt du 6 septembre 1659
défendant aux convalescents, « de s'ingérer ni s'immiscer, ni
s'entremetre dans aucun employ, ouvrage et service à l'Hôtel-Dieu,
en quelque sorte et manière que ce puisse être ». Mais les bouches
inutiles demeuraient ; les délibérations subséquentes en font foi (3).
La création, au milieu du xvii*^ siècle, d'un quartier pour les
femmes convalescentes ne fut quun palliatif bien insuffisant.
Il était dû à la générosité de Gaspard de Fieubet, trésorier de
(i) Cf. délib. des lo mai 1628, 3i déc. i63i , 18 nov. i633, 26 mai 1640, 16 mai 1642,
14 nov. 1642, b iévr. 1644, 24 févr. 16^4, 28 mars 1646, 4 janv. 1647, i? )"'" '649,
4 juin i6i3, 17 juin 1654, 7 mai i635, 12 mai i655, 14 mai i655, 19 mai i635,i2 août i655,
6 mai i656, 17 juill. i656, 2 août i656, 4 août i656, 12 janv. 1657, 12 sept. 1657,
16 nov. 1657, i" déc. 1657, 4 janv. i638, 22 janv. i6bg, 3i janv. lâSg, 5 fëvr. i63g, etc.
(2) Le bailli des pauvres et ses archers dépendaient de l'administration de l'Hôp. gén.
(3) Cf. délib. 28 mai 1692, 14 déc. 1708 et liasse 875.
LES MALADES 3l j
l'Épargne, qui avait donné en 1645 (1)2 corps de logis, Tun rue de
la Bûcherie et l'autre sur les bords de la Seine ; le premier était
loué 600 livres, le second contenait 12 lits où les femmes avaient
le droit de rester trois jours et trois nuits.
La dotation de cette fondation ne se composait primitive-
ment que des 600 livres rapportées par la location de Tun des
bâtiments; elle fut augmentée en 1648, parla femme du fondateur,
d'une rente de 3. 000 livres sur les tailles (2). En 1654, le fils aîné du
fondateur, M. de Fieubet, décédé maître des requêtes, laissa une
pareille somme pour les convalescentes; enfin M^^^de Fieubet, à sa
mort, en 1657, laissa 12.000 livres, mais le fils aîné fit des difficul-
tés pour les acquitter, prétendant qu'on avait doublé le nombre des
lits de la fondation. Par transaction du 18 juin lôSg (3), il fut
arrêté que le nombre des lits serait définitivement fixé à 3o et que
les convalescentes bénéficiaires pourraient y passer 6 jours au lieu
de 3, ce qui permit d'hospitaliser i5o personnes par mois.
L'hôpital des convalescentes n'aurait pu subsister avec les seules
libéralités de la famille Fieubet, si la reine Anne d'Autriche (4)
n'était venue à son secours, en lui accordant une concession de
10 minots de sel, payé au prix marchand, autorisée par arrêt du
22 novembre i65i, eten faisant une aumône annuelle de 3. 600 livres,
toujours continuée depuis sa mort par « la majesté régnante « (5).
Les dépenses de cette annexe se trouvaient confondues avec les
dépenses générales de l'Hôtel-Dieu.
Le choix de la directrice était laissé au fondateur et à l'aîné de
ses descendants (6). La première fut M^'^ de Sercamanen (7). Elle
avait fort à faire pour écarter les soldats et les femmes de mauvaise
vie qui rôdaient autour de la maison, cherchant des occasions
pour embaucher les convalescentes (8).
Il fut question, en i656, de donner à ce quartier des convales-
centes une extension importante. C'était en effet pour l'agrandir que
le cardinal Mazarin avait octroyé, outre le prieuré de Saint-Julien,
une somme de 40.000 livres, mais l'Hôtel-Dieu encaissa l'argent.
(i) Contrat de donation du 29 mars 1645. Gaspard de Fieubet est souvent cite- dans les
Lettres de M™" de Sévigné. (Collect. des Gr. Écriv., t. XII. table, p. 182.)
(2) Arch. A. P., liasse 43.
(3) Cette transaction ne se termina, après un différend de 3 ans 1/2, qu'après un grand
nombre de conférences qui eurent lieu chez le président de Lamoignon.
(4) Elle avait alors pour chancelier le président de Longueil, surintendant des finan-
ces de i63o à i653, bèau-frère de Fieubet le fils.
(?) Arch. A. P., liasse 63, contenant les quittances ordonnancées sur le Trésor royal.
(6) L. pat. du 4 mars 1647.
(7) Elle eut pour successeurs M"« Colombel, puis M"° Ciialopin.
(8) Délib. 21 janv. i656, reg. 23, fol. i65 v» notamment.
3l2 l'hOTHL-DIRU AT' XVIie KT AU XVIIF SIECLF
garda le prieuré et ne fit rien. Colbert, intendant des « maisons et
affaires » du cardinal, pre'senta des observations, mais tout n'était
encore qu'en projet quand Mazarin mourut le 9 mars 1661. Le duc
de Mazarin voulant contribuer à l'œuvre annoncée donna à son tour
60.000 livres. Douze ans après, en 1674, un nouveau bienfaiteur,
Berthelot, commissaire général des poudres et salpêtres, offrit
100.000 livres, dont il versa 60.000 comptant, se réservant
de parfaire le reste lorsque les libéralités du cardinal Mazarin
auraient été employées. Cette fois encore l'Hôtel-Dieu accepta,
mais ne fit rien. Aussi Berthelot, au bout de 2 ans, réclama ses
60.000 livres. Le Bureau déclara qu'il allait commencer les
constructions, et, par contrat du 11 septembre 1676, donna
décharge à Berthelot des 40.000 livres qui lui restaient à payer.
En attendant, il envoya les convalescents à Saint-Louis ; le
Parlement l'avait autorisé à faire cet essai. « La cour a permis, dit
le texte de l'arrêt du 24 novembre 1676 (i), aux maistres gouver-
neurs et administrateurs del'Hostel-Dieude faireconduire enThos-
pital de Sainct-Louis les pauvres convalescens sortant del'Hostei-
Dieu, qui n'ont aucune retraite et moyens pour subsister, et les y
faire nourrir et traiter durant le temps qu'ils estimeront nécessaire
pour le soulagement desdiis pauvres et le restablissement de leurs
forces ; pour aprez avoir connu, par cette expérience, l'utilité que
cet establissement pourra porter au public et si l'Hostel-Dieu en
pourra soustenir la despense, se retirer vers le Roy, pour en obtenir
la confirmation, etàla charge que, silavilleestoit affligée de mal con-
tagieux, lesdits maistres gouverneurs etadminisirateurs seront tenus
de faire retirer incessamment lesdits convalescens dudit hospital
de Sainct-Louis et le laisser libre pour l'usage de ceux qui seront
attaquez du mal contagieux ». L'arrêt ajoute dans ses considérants
que c'est une entreprise « toute nouvelle ». Le Parlement oubliait
que, dès le 3o mars i652 (2), André Gervaise, chanoine de Notre-
Dame de Reims, avait fondé avec Angélique Faure, veuve du
surintendant de finances Claude de Bullion, et Camus, ancien
évêque de Belley, un hôpital de convalescents, rue du Bac, desservi
par les frères de l'hôpital la Charité.
Cet essai d'envoi des convalescents à Saint-Louis ne paraît pas
avoir été très heureux; la plupart y retombèrent malades et plu-
sieurs moururent ; le Bureau, le 16 mars 1678, considérant que,
sans doute, les religieuses les avaient envoyés prématurément.
(1) Berty et Tisserand, Tofogr. Iiist. du V. Paris, région du fauboun^ Sainl-Gcrmai
Paris, 1.882, in-f«, p. 423.
(2) Arch. nat., L 776.
LES MALADES
décida qu'aucune admission ne se ferait plus que sur l'ordre des
médecins « qui répondront de leurs ordonnances à ce sujet ». Une
autre délibération du i5 mars 1680 attribue ces morts fréquentes
à ce que les convalescents se sont rendus à Saint-Louis « à pied » ;
de plus il y eut des scandales, une convalescente fut violée par un
chirurgien externe, une autre manqua de l'être par un convales-
cent (i). En 1680, il n'y avait plus qu'une salle occupée par les
convalescents.
Le Bureau se contenta à l'avenir d'exécuter les fondations
faites en faveur des convalescents, en particulier celles de MM. de
La Perrière, Tribouillard et Amy, avocat, qui consistaient à donner
5 sous pendant 16 Jours à chacun des convalescents sortants (2).
Les distributions étaient ainsi organisées (3) au xvine siècle : les
jours de sortie, les lundi, mercredi et samedi de chaque semaine,
à midi, au son de la cloche, les convalescents s'assemblaient au
cloître vis-à-vis de la chapelle Sainte-Anne, dans l'ordre de l'état
dressé par l'inspecteur des salles. Cet état était fait d'après les
listes fournies par les mères d'office qui avaient signé chacune
leurs feuilles et envoyé au préalable les sortants à la mère d'office
des chemises et à la mère d'office aux habits, pour retirer les vête-
ments qui leur appartenaient. Une fois assemblés sous le cloître,
les convalescents se mettaient à genoux devant la chapelle Sainte-
Anne et récitaient un De Profundis ou un Pater pour le fonda-
teur ; puis l'inspecteur faisait l'appel, et le sacristain chargé de la
distribution des 5 sous les leur remettait, à mesure que le suisse les
faisait défiler, et s'assurait qu'ils n'emportaient rien appartenant à
la maison. L'inspecteur, la distribution finie, remettait son état et
ses listes au sacristain, qui se faisait rembourser par le receveur et
touchait pourcet office une gratification de 100 livres par an. Etaient
exceptés de ces distributions les soldats des régiments des gardes-
françaises et suisses, les convalescents qui s'étaient « mutinés » ou
qui avaient manqué de respect, dans les salles ou dans le cloître,
ceux qui, pour des raisons particulières, sortaient les autres jours
que les jours fixés, enfin ceux qui étaient amenés des autres
hôpitaux ou qui devaient y retourner ; quant à ceux qui n'avaient
point de domicile, ils demandaient à l'inspecteur des salles un
billet signé de l'un des administrateurs pour être admis à Bicêtre
ou à la Pitié. Les filles et femmes, qui avaient la faculté d'être
(i) Délib. 12 juill. 167g. Toutes les délibérations concernant les convalescents et le
prieuré de St-Julien-le-Pauvre, depuis le 23 nov. i536 jusqu'au 3i déc. 1702, se trouvent
réunies dans un registre spécial des Arcli. de l'A. P., n» 1.139, du classement de i823.
(2) Délib. 10 janv. 1698, reg. 67, fol. 3.
13) Délib. 29 déc. 1733, reg. 102, fol. 393.
3 14 i/hOTET -DIFvU AU XVIie KT AU XVMI" SIECLE
admises pendant trois jours à la maison des convalescentes, étaient
également exclues de ces distributions. Cette maison cessa d'ail-
leurs de fonctionner à la fin du xviii^ siècle, et du temps de Tenon
une inscription seule rappelait son ancienne destination.
A la sortie, THôtel-Dieu fournit aussi, sur billet du chirur-
gien (i), des jambes de bois aux amputés, des pieds de tôle ou de
cuir, des bandages (2), des pessaires aux femmes atteintes de
descente de matrice (3).
Les principaux facteurs de l'encombrement permanent de
THôtel-Dieu viennent ainsi de passer sous nos yeux; les malades
de l'Hôpital général, les scorbutiques, les convalescents, restèrent,
jusqu'à la fin de l'ancien régime, la plaie de la maison qui pouvait
déjà hospitaliser avec peine le contingent normal des blessés, des
victimes d'accidents, des malades des paroisses. Les adminis-
trateurs accumulaient règlements sur règlements, mais ils restaient
impuissants devant cet afflux toujours renouvelé. Empêché de
s'agrandir sur place, s'opposant par tous les moyens à l'ouverture
d'établissements rivaux, l'Hôtel-Dieu se trouvait acculé à une
situation inextricable.
LE TRAITEMENT DES MALADES
Le problème de l'hospitalisation fut compliqué pour les admi- l
nistrateurs par celui de la nourriture et du traitement. Au milieu
d'une agglomération aussi dense, d'admissions journalières aussi
nombreuses, ce n'était pas chose facile d'établir un régime alimen- ;
taire et une distribution de remèdes, sans erreurs ni sans à-coups, .,
d'organiser une visite et une contre-visite régulière des malades, ^
d'assurer un service de nuit satisfaisant. Malgré ses nombreux '
règlements, le Bureau ne parvint pas toujours à coordonner les '•
efforts du personnel médical, ni à supprimer les abus qui se perpé-
tuaient malgré ses ordres. • ^
l'outillage hospitalier :
Il reste peu à dire après Tenon sur les fameux lits de THôtel-
Dieu ; c'étaient de grands lits composés de châlits, ciels, barres et ;
(i) Délib. 2 août 1758, reg. 127, foL 212.
(2) Délib. 5 janv. 1754. Ces bandages achetés à l'adjudication reviennent à 5o s. le ban-
dage simple et 3 1. le bandage double. j
l3) Délib. 3 juin 1750, reg. 119, fol. 121. j
LES MAr.ADKS 3 I 5
traverses en bois, d'une épaisse et lourde paillasse, d'un fort lit de
plume, d\m traversin également de plume, de deux draps,
deux couvertures, de rideaux de serge rouge Thiver et de toile
blanche Tété. Us portaient des étiquettes volantes en carton,
relatant les besoins des malades, etc., mais, comme chaque lit
renfermait 4 ou 6 malades, on ne savait pas toujours au Juste
auxquels elles se rapportaient. Au pied et à la tète se trouvait
une petite planchette sur laquelle on rangeait les pots à tisane. Il
est inutile d'insister sur les critiques méritées faites au système
d'hospitalisation de l'Hôtel-Dieu. Le lit est un moyen direct et un
moyen auxiliaire de guérison, ainsi que l'a fort bien établi Tenon;
comment pouvaient-ils concourir à ce but « ces lits d'amertume et
de douleur », oi^i le sommeil ne pouvait pénétrer qu'autant que les
malades dont ils étaient surchargés se concertaient pour passer
alternativement sur un banc une partie de la nuit. La chaleur
« morbifique » qu'engendraient ces grands lits à 4 ou 6 personnes
était telle que, dans la salle Saint-Paul par exemple, on n'avait pas
besoin de poêle pendant l'hiver.
Ces salles étaient en général chauffées par des poêles en fonte et
à tuyaux; cependant salle Saint-Come se trouvait un poêle à feu
découvert. Il y avait également dans les salles des tables et des
chariots traînés sur 4 roues, pour la distribution des aliments.
Le prix d'un lit complet, au milieu du xvn« siècle, s'élevait à
221 1. 5 s. ; du moins c'est ce que nous apprend un « mémoire »
destiné aux personnes charitables qui auraient l'intention d'en
faire le don à l'Hôtel-Dieu (i) ; voici d'ailleurs le détail ; le bois de
lit, enfoncé d'ais, avec le dossier, tablettes au chevet et au pied,
revient à 45 livres, les tringles de fer et piton, 3 livres ; 9 aunes de
coutil, à 22 sous l'aune, pour le lit, le traversin et l'oreiller, 9 1. 1 8 s, ;
5o livres de plume, à 18 sous la livre, pour remplir le traversin et
les oreillers, 45 livres ; 7 aunes de toile pour la paillasse, à i i sous
l'aune, 3 1. 17 s. ; 3 paires de drap, à 18 sous l'aune, 27 livres ;
une aune et demie de toile pour les taies d'oreillers, i 1. 10 s. ;
2 couvertures à 3 fils, blanches, à i 3 1. i o s., 27 livres ; i 5 aunes de
serge de Mouy pour les rideaux et les pentes à 40 sous l'aune,
3o livres; les anneaux, i livre; une pièce de ruban de laine pour
border la serge, i livre ; i pièce de ruban de fil pour attacher les
anneaux, 5 sous; 3 aunes de bure pour une robe (housse) à 45 sous
l'aune, 6 1. i5 s.; un matelas (mais ceci n'est pas de règle),
20 livres.
(1) Avis aux personnes d'iionncur, de piété et de eliaritcS toucliantla direction de l'H.-D
et de ses nécessitez présentes. (Régi. H.-D., IV, 66i, s. d., mais du milieu du xvii» s.)
3i6 i.'HOTFL-niF.r au xvii<= kt av xviiie sif.ci.k
Beaucoup de testaments stipulaient que les sommes étaient lais-
sées spécialement pour acheter des lits aux malades; l'Hôtel-Dieu
d'ailleurs afin d'attirer les dons, inscrivait au pied du lit le nom du
bienfaiteur (i).
Comme vêtements, on donnait à chaque malade une chemise,
un bonnet de nuit avec sa coiffe, et, quand il était en état de mar-
cher, une robe de chambre et des sandales, mais ni camisole, ni
culotte, ni bas (2). Quant aux ustensiles en usage, voici la liste de
ceux qui devaient se trouver, au xyii» siècle, à l'office de chaque
salle [3) : en étain, 240 écuelles et 200 saucières; 2 grands garde-
manger et I moyen ; i salière ; 3 cuillères couvertes, pour faire
prendre delà nourriture aux a griefs» malades; 2 seringues, i cas-
solette pour chauffer les lavements, 6 canons pour les donner, de
diverses grosseurs; i grand bassin, i aiguière et i saucière pour
donner l'extrême-onction ; — en cuivre, 2 grandes jattes, pour le
bouillon de volaille ; 2 marmites, 3 chaudrons, i grande chaudière,
6 lampes pour la salle, 2 poêlons, 2 cassolettes, pour mettre des sen-
teurs et odeurs dans la salle, i poêle « à seigner du pied », 6 bassins
et 6 palettes à queue, pour « seigner du bras », 2 bassins pour laver
les pieds et les mains, 5 bénitiers, i pour faire l'eau bénite et 4 petits
pour les agonisants, 1 chaudron percé pour faire cuire les œufs,
2 tourtières, i pot à lessive, 5 douzaines de bassins de chambre ;
3 douzaines d'urinaux ; 2 grands réchauds, 2 grandes fontaines pour
l'eau et la « ptisane », 3 paires de chandeliers pour l'autel de la
salle, 2 cloches, l'une pour l'autel, l'autre pour sonner la messe, le
dîner, le souper des malades et la prière ; — enjer, i bille d'acier
pour ferrer l'eau des malades, 4 douzaines d'étuves pour leur
réchauffer les pieds, 6 ratissoires pour ratisser la salle ; — en bois,
2 tables, I pour le dîner et le souper des malades, i pour donner
l'extrême-onction ; i grand banc pour asseoir les pauvres qui
viennent pour être couchés, 2 grands coffres pour enfermer les
draps ; i grande armoire pour serrer la vaisselle ; 12 chaires pour
asseoir les confesseurs des malades; 12 grands chandeliers pour
mettre le soir dans les salles; 6 petits paniers à donner les œufs,
I Jatte pour le sel, des mannes pour mettre les fruits, le charbon, le
(i) Voici un exemple. Par testament du 4 mars 1647, Marie Berault, veuve de Gilles
Goupilleau, secrtJtaire de la Ciiambre du Roi, donne 2.000 I. « pour avoir 12 lits pour cou-
cher plus commodément les pauvres malades, et pour leur donner chemises et linge pour
leurservice, et que les lits soient neufs, garnisde paillasse, matelas, traversins, couverture,
et que la serge soit couleur de feuille morte : et que pour celle qui les donne en tout soit
mis un billet au pied du lit comme aux autres, afin que l'on prie Dieu pour elle «. ( Arch. A. P.,
liasse 223.)
(2) Tenon, Mcm..., 173.
(3) Reg. H.-D., IV, 663.
LES MALADES
menu linge des malades qui sont changés deux fois la semaine,
2 armoires pour serrer le pain et le vin.
Il est inutile d'ajouter que les religieuses ont pour mission
d'économiser linge et matériel : « Combien encore les coustures
d'une infinité de linges et d'habits à quoy vous travaillez sauvent
elles de despense à la maison?... De même si vous ménagez bien
le pain, le vin et les viandes que l'on donne aux malades, prenant
garde qu'il n'y ait rien de perdu ny de diverty par leur malice,
comme vous le devez faire soigneusement, ne doutez point que vous
ne fassiez encore en cela de grandes aumônes à l'Hôtel-Dieu » (i).
Mais, quelleque soitleur diligence, elles ne peuventempêcher les
vols de linge et d'ustensiles commis dans la maison. Ils sont pour-
tant sévèrement punis. Qu'il nous suffise d'en donner quelques
exemples (2). En 172?, par arrêt du Parlement du 4 juin, Desraisins,
« fille vendant du fruit sur un inventaire », convaincue d'avoir
volé des draps dans une des salles de l'Hôtel-Dieu, est condamnée
à « estre battue et fustigée nue de verges par l'exécuteur delà haute
justice au devant de la principale porte du Châtelet, et notamment
rue Notre-Dame, vis-à-vis la principale porte de l'Hôtel-Dieu, et
audit lieu flétrie d'un fer chaud marqué d'une fleur de lys sur
l'épaule dextre, ayant écriteaux devant et derrière, portant ces
mots : Voleuse de draps dans l'Hôtel-Dieu, et ce fait, bannie pour
cinq ans de la Ville, prévôté et vicomte de la Ville de Paris (3) ».
En 17 19, Talmart, porteur d'eau, convaincu d'avoir volé du linge,
est condamné à être battu et fustigé nu de verges, banni pour 3 ans,
et à 3 livres d'amende. En 1757, par arrêt du 28 septembre,
Devergié, garçon d'office (4), condamné pour vol de chemises,
« à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive, à une
potence qui pour cet effet sera plantée en la place de Grève, préala-
blement appliqué à la question ordinaire et extraordinaire, et ses
biens acquis et confisqués au Roi ». En 1760, Seguin, emballeur.
(i) Avis i7».v rcli^rieuses, p. 64.
(2) Arcli. A.I'., liasse 863.
|3) Au moyen âge, l'H.-D. avaitdroitde moyenne et bassejusticesur ses familierset domes-
'. iques. Un arrêt du Parlement en i586 avait ordonné au maître des iiautes œuvres d'exé-
cuter sans autre salaire qu'une redevance en vivres les sentences et jugements rendus par
le bailli du Chapitre de N.-D. contre les malfaiteurs qui avaient commis des crimes dans
]H.-D.
(4) «Il est de fait que l'H.-D., Bicêtre et la Salpctrière sont le refuge d'une foule de ban-
dits qui vont y faire le métier de domestiques pour se dérober aux poursuites de la police.
Ce métier est si dégoûtant dans des maisons aussi nombreuses, qu'il est impossible de
mettre aucune sévérité dans le choix de ceux qui doivent le remplir et qu'on est forcé de
tolérer ou d'ignorer le désordre de leur conduite, lequel est d'autant plus grand que les
chefs se trouvent trop loin des abus pour pouvoir les surveiller et les réprimer. »
(Cabanis, Obs. sur les hôpitaux ; Paris, 1790, in-8°, p. i3.)
i/hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIIie SIKCLF.
est condamné également à être pendu en place de Grève, pour vol
de linge. En 1760, le soldat Mariot est condamné au carcan, à la
marque (i) et aux galères, pendant cinq ans. En 1769, le tailleur
Denise, qui a volé trois chemises, est condamné au carcan, au fouet
et à la marque et à 5 ans de détention à la maison de force de
l'Hôpital général. En 1761, le voiturier Duval est condamné au
carcan « pour y demeurer depuis midi Jusqu'à 2 heures, devant la
principale porte de THoiel-Dieu », au fouet, à la marque et aux
galères, pendant 3 ans, pour avoir volé du linge. En 1760, la veuve
Sabot, Jardinière, condamnée une première fois pour avoir vendu
les morceaux d'une écuelle d'étain, volée à THôtel-Dieu, est con-
damnée à nouveau pour avoir vendu une chemise volée à THôtel-
Dieu et, pour infraction de ban, à 9 ans de détention à THôpital
général. En 1756, le porteur de suif Bellier, pour avoir volé du
suif avec effraction, est condamné a être pendu et étranglé en place
de Grève. Les condamnations contre les malades « insolents » envers
les officiers de la maison n'étaient pas moins sévères. C'était géné-
ralement le carcan suivi du bannissement pour un certain temps (2).
L'arrêt du Parlement du i3 octobre 1740 confirmatif de la sen-
tence du lieutenant criminel du Chàtelet de Paris (^3), condamne
le nommé Rochefort, gagne-denier, convaincu d'excès, violences
et voies de fait envers l'e personnel de l'hôpital, à être attaché au
carcan sur la place du Parvis, vis-à-vis l'Hôtel-Dieu, de midi à
2 heures, avec des écriteaux devant et derrière portant cette ins-
cription : violences envers les officiers de l'Hôtel-Dieu, et banni
pour 3 ans de la Ville, prévôté et vicomte de Paris; cette sentence
fut affichée dans les salles, et même dans les autres hôpitaux,
suivant l'usage.
LE RÉGIME ALIMENTAIRE
Un nouveau régime alimentaire fut inauguré avec le
xvir- siècle '4). Aux malades de la salle Saint-Thomas, on
donne une livre de bœuf par Jour, et on réserve des portions
de veau et de mouton pour les « griefs » malades ; dans les
autres salles on donne pareille quantité de viande, moitié bœuf,
moitié veau et mouton ; à l'ordinaire, la viande est bouillie ;
(i) II s'agit d'un 'V appliqué au fer chaud sur l'épaule droite.
(2) Bibl. nat. Les affiches des jurés-crieurs contiennent plusieursde ces sentences.
(3) E. de la Poix de Fréminville, Dict. ou Traité de la Police générale ; Paris, 177:
in-i2, p. 435.
(4) Délib. II mai 1601, reg. 10, fol. 320.
LES MALADES
19
le jeudi et le dimanche, elle est rôtie. Les accouchées ont deux
tiers de bœuf et un tiers de mouton ou veau [ij.
Le personnel est abondamment nourri. Le maiire et le pa-
netier o-nt chaque Jour 2 livres de mouton ou de veau, sous
forme de rôti les dimanches, mardis et jeudis ; les chapelains,
les enfants de chœur ont du bœuf avec leur veau ei leur mou-
ton ; les emballeurs n'ont que du bœuf toute la semaine ; le
sommelier, le charretier, les boulangers, le boucher, le cuisinier,
les portiers, les serviteurs voient alterner le bœuf bouilli ou
rôti avec le mouton et le veau ; la prieure a droit à 3 livres
de veau ou de mouton par jour ; les 8 anciennes religieuses ont
12 livres de veau ou de mouton par jour ; les 3j autres, 59 livres
de bœuf; entin les « veilleresses », 3 livres de bœuf.
Le vin est délivré avec la même abondance, surtout au per-
sonnel ; tandis que les malades n'ont droit qu'à un 1/2 setier
de vin mêlé d'un tiers d'eau, le maître, les chapelains, la prieure
ont une pinte par jour, les religieuses et filles blanches une chopine ;
le panetier, le sommelier, le dépensier, le chirurgien ont pinte et
chopine, le médecin une pinte pour son déjeuner : on livre chaque
jour pour l'ensemble du personnel j3 pintes et chopines, et le
règlement défend au sommelier de mettre « de l'eaue en aulcun
vin, sinon au vin des mallades, à peyne de s'en prendre à luy (2) » .
Les enfants ont jusqu'à 2 ans du lait et de la bouillie, de
3 à 4 ans des œufs ; au-dessus de 4 ans, « de la chair comme
aux autres mallades hormis le vin (3) », A partir de 1612, en
présence de l'effrayante mortalité infaatile, le Bureau prit, nous
l'avons vu, deux nourrices adjointes à l'office des accouchées (41,
Les religieuses se montraient fort habiles pour préparer aux
malades, en dehors de l'ordinaire, des poires, des pommes
cuites sucrées, et autres douceurs, dans leurs offices, plus ou
moins en cachette du dépensier et des médecins {5].
Il y avait toujours à la cuisine, en cas de besoin, du bouillon,
soit 'i a la chair », soit aux œufs ou beurre, selon les jours gras
et maigres, et en réserve pour l'office des accouchées « de l'huile
d'olive, du safran, clou de girofle et chaux (6) ».
Il) En 1643 on leur accorde « une volaille au matin et une au soir ». (Délib. iSdéc. 1643.
reg. 18, fol. 373.)
(2) Délib. 22 nov. i6o3, reg. 11, fol. 190.
(3) Délib. 2 janv. 1602, reg. 11, fol. i. En 1634, grâce à la gc^nérosité de la présidente
Goussault et des dames de charité, on leur donne du lait de chèvre. (Délib. 29 mai 1634. )
(4) Délib. 8 févr. i6i3, reg. 12, fol. 64g. Trois autres furent adjointes en 1634.
(5) Délib. 10 janv. 1617, reg. i3.
(6) Il s'agit de la chaux vive dont on recouvrait le corps des enfants mort-nés, jetés
dans la tour du limbe.
320 l'hOTEI.-DIICU au XVIie ET AU XVIIie SIÈCLE
On donnait aussi comme boisson courante une tisane faite
de chiendent, réglisse et scorsenère.
La nourriture était peu variée, mais de bonne qualité. Les
bouillons et les œufs frais y entraient pour une grande partie.
Le bouillon se faisait avec des morceaux de tranche de bœuf,
de rouelle de veau, et de volaille, mais la préparation la plus
renommée était la gelée faite avec une rouelle de veau maigre,
un chapon ou une poule à qui on ôtait les os, et que l'on
faisait bouillir au bain-marie pendant 5 ou 6 heures dans un
pot vernissé, luié au préalable avec du blanc d'œ^uf et de la
farine pour attacher le couvercle au pot ; on obtenait ainsi un
excellent bouillon qui se tournait en gelée (i).
La nourriture enfin était abondante; le médecin Petit se plaint
même de malades « qui ont si peu de discrétion qu'ils man-
gent de la viande outre la raison, et du pain qui leur est très
pernicieux, et par ce moyen se font venir la pourriture quoique
leurs ulcères soient presque guéris: j'en ai même vu, ajoute-il,
que la fièvre les reprit et ensuite le cour du ventre et en mourir
le tout par l'usage immodéré du boire et du manger (2) )>. « Dans
les hôpitaux, écrit de son côté Cabanis (3), on distribue le bouillon
de 4 en 4 heures, et à tout le hionde à la fois ; à la Charité de
même qu'à l'Hôtel-Dieu, il est assez concentré. La quantité qu'on
en donne à chaque malade est considérable ; elle est la même pour
tous, et, généralement parlant, ils sont trop nourris, quand le
genre ou la période de la maladie exige ce que j'appelle la diète
sévère. »
Ces gaspillages n'échappèrent pas aux membres du Comité
de mendicité. «Le nombre des portions entières, dit leur rapport,
préparées dans les cuisines, est égal au nombre d'individus qui
se trouvent réellement dans l'hôpital... il en résulte un gaspillage
intolérable (4). » Ce qui manque, ce sont «des feuilles de jour»,
[feuilles de vivres], portant pour chaque malade le régime et la
quantité de nourriture. Malgré ces abus, le prix de journée pour
les 1.877 ^its des 25 salles ne revenait qu'à 29 ou 3o sous d'après
les calculs du Comité, à 27 sous d'après ceux de Cabanis; il
était moindre dans les hôpitaux des paroisses, 18 sous seulement à
l'hospice de Saint-Sulpice, fondé par M^'" Necker ; aussi Cabanis,
dans ses Observations sur les hôpitaux, écrites en 1789, mais
(i) Acad. de méd., ms b-j, ancien loi i, fol. 41.
(2) Acad. de méd., ms by, ancien 1011.
(3) Observations sur les hôpitaux ; Paris, 1790, in-S", p. 23
{4) Ed. C. Bloch et A. Tuetey ; l^ari.i, 1911, in-8°, p. C44.
LES MALADES
parues seulement en 1790, s'appuiera, entre autres raisons, sur ces
résultats pour combattre rétablissement projeté des quatre grands
hôpitaux dont nous avons rappelé l'économie et préconiser la
création de petits hôpitaux de i5o lits.
LES MEDICAMENTS
Les médicaments ne coûtaient pas cher; ils étaient presque
tous préparés à Tapothicairerie, et une grande pariie des herbes
médicinales venaient des jardins de Saint-Louis ou de Sainte-
Anne ; les plus fréquemment employés étaient les purgatifs et les
onguents.
Les purgatifs se divisaient en « dragogues », « phlegmagogues »
et « mélagogues » : c'étaient le Julep, la gomme-gutte, l'agaric, le
catholicum, le suc épaissi de concombre sauvage, le sirop de
nerprun, la crème de tartre, le mercure dulcifié, le sel de tartre
soluble, etc.
Plus compliqués étaient les onguents où entraient les pro-
duits les plus divers, et parfois les plus bizarres : le mondificatif
d'ache, composé de feuilles d'ache, d'absinthe, de consoude,
de millepertuis, de millefeuille, de centaurée, de nicotine, de
véronique, de pimprenelle, de misiane et de cire ; le baume
d'Arceus, issu d'un mélange de gomme, de térébenthine de
Venise et de suif de mouton; le pompholix (i), où entraient la cire
blanche, l'huile de morelle, le plomb brûlé, la céruse pulvéri-
sée ; le stirax (2), fait de cire jaune, de poix résinée, de poix
de Bourgogne, de gomme élémie, de stirax liquide, d'huile de
noix ; l'onguent brun de la mère Sainte-Thècle, composé de
cire blanche, de saindoux, de beurre frais, de suif de mouton,
de litharge, d'or, d'huile d'olive ; l'onguent de la mère Saint-Louis ;
le baume de l'hôpital de la Charité ; l'onguent égyptiac de
M. Petit, etc.
On traitait les morsures de vipères, scorpions et autres ani-
niaux venimeux, en appliquant dessus de la thériaque « animée »
d'esprit-de-vin pour la délayer, et en administrant au patient
une eau cordiale, faite d'eau de mélisse, de chardon bénit, de
reine des prés, de sel volatil de vipère, depuis 6 grains jusqu'à
i5 selon les cas (?) ; les morsures considérées comme les plus
(i) Les alcliimistes appelaient aussi de ce nom l'oxyde de zinc floconneux, ou lana philo-
sophica.
(2) On dit aujourd'hui storax.
(3) Acad. de méd., ms. 57, ancien loii, fol. 202.
21
i/hOTEI.-DIEU AI' XVII« KT AV XVIIF SIECLE
graves étaient celles des chiens enragés, pour lesquelles le seul
remède était, avec la saignée, un pansement de suppuratif et de
stirax sur la plaie, pansement dont on n'ignorait pas l'inefficacité,
car on recommandait également l'envoi à la mer ; les accidents
arrivaient généralement le 4<- jour, et la mort le 40<= jour : « de
7 ou 8 traités à l'Hôtel-Dieu, dit le médecin Petit, il n'en est
réchappé aucun ; on les ouvrit ; on ne trouva aucune malignité au
cerveau, mais dans l'estomac une matière visqueuse et gluante».
Pour le rhumatisme, on frottait, après avoir saigné, Tendroit
douloureux avec un mélange fondu de beurre frais, d'eau-de-vie
et d'huile de millepertuis, et on le recouvrait avec du papier
brouillard et une serviette chaude (i).
La première édition du Formulaire de l'Hôtel-Dieu porte
qu'il est principalement l'ouvrage de Col de Villars (2). Dans la
deuxième édition parue quelques années après, en 1762, Despilly,
libraire, rue Saint-Jacques, à la Croix d'Or, fait cette rectification
que « les formules ont été composées par tous les médecins de l'Hôtel-
Dieu ensemble, et que Col de Villars, en sa qualité de plus ancien
médecin expectant, et comme écrivant d'un caractère très lisible,
était >seulement chargé de tenir la plume et de mettre au net le
travail commun des' médecins de l'Hôtel-Dieu ». La première édi-
tion avait paru seulement en français; celle de 1762 parait en
latin et en français, et comprend non seulement les formules de
l'Hôtel-Dieu, mais celles de la Charité et de l'hôtel royal des
Invalides, « afin de le rendre d'un usage commun aux médecins tant
régnicoles qu'étrangers, et aux chirurgiens «. Nous ne nous éten-
drons pas sur la composition (3) des diverses tisanes alors à la
mode, tisane commune, nitrée, aigrelette, eau d'orge, eau de riz,
« à laquelle on ajoute, selon le besoin, une once et demie de corne
de cerf râpée », eau de graine de lin, tisane de racines de gui-
mauve, de patience sauvage, de scorsenère, pectorale, diurétique,
apéritive., antinéphrétique, incisive, adoucissante, astringente,
autiscorbutique, sudorifique, purgative ou royale, ni aux infu-
sions et décoctions, emménagogues, diaphorétiques, cardiaques,
céphaliques et bien d'autres ; passons également sur les apozèmes,
les juleps, les potions altérantes, purgatives, les sirops, les hydro-
(i) Acad. de méd., ms. 58, ancien 1012, fol. 268.
(2) Elie Col de Villars, né à La Rochefoucauld (Char.-Inl.) en 1673, mort en 1747, avait
été élu doyen en 1740: on a de lui un Cours de chirurgie dicté aux écoles de médecine.
(Paris, 1738-1741, 4 vol. in-12.)
(3) Le poids employé dans ces formules est le poids de marc : la livre contient 16 onces,
l'once 8 gros, le gros 3 scrupules, le scrupule 24, grains; d'autre part, la pinte contient
2 livres de liqueur, la chopine i livre, le demi-setier, 8 onces, le poisson, 4 onces.
LES MALADi;S .-^ 2 .">
mels, les loochs, les bols, les opiats, les tablettes, les trochisques,
les bouillons médicamenteux, depuis celui du poulet jusqu'à celui
d'écrevisses et de vipère qui se prépare avec une vipère vivante
dont on a coupé la tète et la queue, mais en laissant le cœur et le
foie, « et qui convient surtout dans les paralysies et les épuise-
ments, en ranimant le mouvement du sang et des esprits », les vins
médicamenteux, nitrés, thériacaux, ferrés, émétiques, hydragogues,
pour arriver aux poudres qui nous présentent les mélanges les plus
bizarres et les produits les plus saugrenus : craie de Briançon,
corail rouge, yeux d'écrevisses, coraline, semence de barbotine,
terre sigillée, antimoine porphyrisé. Il y a des fomentations pour
le cancer des mamelles où entrent des eaux distillées de frai de gre-
nouille, des pilules contre la mélancolie où se mêlent la gentiane,
le muguet, la valériane, l'hellébore noir, le borax de Venise et
le sel ammoniac, des cataplasmes de nids d'hirondelles contre
l'esquinancie, auxquels on peut mêler de la hente de chien et de
l'oreille de judas, des lavements de tabac « qui font très bien dans
les fortes apoplexies et dans les fortes affections saporeuses a (i) et
de la poudre de crapaud contre la peste, dont la préparation,
approuvée par Dodart, premier médecin du roi, le i6 octobre 1721
figure tout au long dans le Traité de la police de La Poix de
Fréminville (2).
La préparation de la thériaque revêtait, depuis lySo (3), une
solennité particulière ; il est vrai qu'elle ne se répétait que tous les
10 ans environ. En 1734, on en avait fabriqué 356 livres, et de cette
provision il ne restait plus que 5o livres en 1741. Le premier gar-
çon apothicaire de l'Hôtel-Dieu obtient du Bureau l'autorisation
d'en apprêter une nouvelle provision de 400 livres, d'autant que
« plus elle est anciennement faite, plus elle acquiert le degré de
perfection ». Geoffroy, inspecteur de l'apothicairerie, est choisi
pour désigner les drogues, plantes et liqueurs qui doivent entrer
dans sa composition ; avant de les employer, on les expose au public
« pendant le temps et suivant l'usage ordinaire » ; le procureur gêné -
rai vientlui-méme voir la préparation; c'est un des événements de
(i) La Faculttî avait publié en i638 un antidotaire ou codex pharmaceutique destiné à
donner la liste des médicaments autorisés et reconnus par la Faculté. (M. Reynaud, les
Médecins au temps de Molière; Paris, in-8*, p. i88.) Le livre classique des apothicaires
avait été jusqu'alors VInstitution pharmaceutique de Jean de Renou, trad. du latin
par L. de Serres; Lyon, 1626.
(2) Traité..., p. 244.
(3| Elle était auparavant fournie par les apothicaires dé Montpellier ; mais, en présence des
falsifications dont elle était l'objet, les apotiiicaires de Paris la fabriquèrent eux-mêmes, et
les expériences furent faites publiquement à partir de lySo. (Planchon, Sur la confection
publique de la Thériaque, dans le Journ. de pliarin. et de chimie, 5" série, t. XXV, 1892,
p. 441 et p. 489.)
■HOTF.L-Dir,r AU XVIie i:T AL' XVine SIECLE
Tannée i j . D'ailleurs les médecins ont déclaré par expérience que
l'usage en était très salutaire pour une infinité de malades. La
thériaque, dans laquelle il entrait b~ substances, était renfermée
dans ces magnifiques pots et canons aux inscriptions de « thé-
riaque » et " mithridate » qui font l'admiration des connaisseurs, et
dont il reste à la Pharmacie centrale des hôpitaux de Paris de pré-
cieux spécimens (2).
La préparation de l'eau vulnéraire se faisait aussi en grande
quantité ; il fallait 5oo pintes de vin et 3oo d'eau-de-vie pour obte-
nir 3oo pintes de cette eau renommée.
En dehors des remèdes habituels, l'Hôtel-Dieu fut un vaste
champ d'expérience pour les remèdes nouveaux. En 1687, le méde-
cin hollandais Adrien Helvéïius est autorisé, sur la demande du
roi, à expérimenter l'ipécacuanha, rapporté du Brésil en 1686 par
le Français Grenier, et avec lequel Helvétius avait guéri le dauphin
d'un flux de sang (3). En i68r, le Bureau avait autorisé l'emploi
du quinquina (4) pour les fièvres intermittentes, mais seulement
sur l'avis des médecins (5).
Au xviii«= siècle, le Bureau dut réagir contre l'habitude qui s'était
introduite de laisser entrer dans les salles des étrangers qui ordon-
naient des remèdes aux malades, parfois à leur détriment, et donna
des ordres sévères à ce sujet à l'inspecteur de l'apothicairerie seul
chargé de la préparation des médicaments (6). En présence de la
multiplicité des panacées qui lui étaient offertes, il prit l'habitude
de tout refuser « ayant pour principe invariable, dit une délibéra-
tion de 1779 (7), de ne se servir que de médicaments approuvés
par la Faculté de médecine, et administrés par les maîtres chirur-
giens du collège de Paris ou leurs élèves sous leur inspection ».
Il avait cependant admis à l'examen de ses médecins, l'année pré-
(i) Délib. 24 janv. 1741, reg. iio, fol. 34. Voy. aussi Mercure galant, juin 1702, p. 258-
287 ; oct. 1704, p. 63-92.
(2) M. Fossejeux, Inv. des objets d'art, p. i33.
(3) Délib. i" août 1687, reg. 53, fol. i3o. Helvétius, né à la Haje vers 1661, mourut à
Paris le 20 févr. 1727. Voy. la liste de ses ouvrages dans le Dict. de Dezeimeris, déjà
cité.
(4) Sur l'introduciion en France du quinquina, longtemps combattu par la Faculté de
médecine et par Gui Patin, voy. André-Pontier, Hist. de la pharmacie ; Paris, 1900, in-8»,
p. 221.
(5) Délib. 5 déc. 1681, reg. 49, fol. 346. Un arrêt du Cons. d'Etat du 25 oct. 1728 défend
à toutes sortes de personnes de distribuer des remèdes sans en avoir obtenu de nouvelles
permissions. Cet arrêt désigne auprès du lieutenant général de police une commission char-
gée d'examiner les remèdes nouveaux, composée des médecins Dodart, Helvéïius, Silva,
Vernage ; des chirurgiens Maréchal, La Peyronie, .Malaval, Petit; des apothicaires Colduc
et Geoffroy. (La Poix de Fréminville, 0. c, p. 468.)
(6) Délib. 14 juin 1769, reg. i3S, fol. 171.
(7) Délib. 29 die. 1779, reg. 149, fol. 656. Il s'agissait d'un onguent et d'une pommade
pour toutes sones de m.iux, préparée par un chanoine de Bourganeuf, Foucault-Dumonteil.
LES MALADES
cédente, en 1778, un remède spécifique pour la gue'rison des mala-
dies scrofuleuses et scorbutiques (i), offert, nous l'avons vu, par
Peiletan (2), et, en 1782. à la suite des succès obtenus par Doulcet,
médecin ordinaire, contre la fièvre puerpérale (3) qui faisait tant
de victimes (4^, il en prévint le lieutenant général de police et fit
publier les résultais dans la Galette de sauté, n° 4 (5), heureux de
contredire le célèbre accoucheur Mauriceau qui, dans son Traité
des accouchements^ avait déclaré cette maladie incurable; il
demanda même à l'archevêque à faire une démarche auprès du
roi pour répandre son procédé dans les provinces au moyen d'un
mémoire officiel.
Mais d'habitude il évitait laréclame, et, lorsqu'un premier com-
pagnon chirurgien, Côme d'Angerville, s'était avisé, en 1768.de
publier, dans le Mercure, une observation chirurgicale, le Bureau
l'avait blâmé, et avait pris toutes précautions pour éviter à l'avenir
ces indiscrétions (6).
En 1782,11 évince, malgré la recommandation du lieutenant
général de police Lenoir, le sieur Ledru, dit Comus, fils d'un
physicien et prestidigitateur de la cour de Louis XV, qui deman-
dait à traiter à Saint-Louis les épileptiques, cataleptiques et hysté-
riques par le « fluide électrique » (7).
En définitive, pendant tout le cours de l'ancien régime, la
médecine hospitalière avait fait peu de progrès et la pharmacopée
s'en était tenue à des remèdes aussi bizarres qu'inutiles.
(i) Délib. 20 mai 1778, reg. 148, fol. 206. I.e roi avait nommé en 1772 une commission
ciiargée d'examiner les remèdes nouveaux et la distribution des eaux minérales.
(2) Voy. aussi essai du pain d epice vermifuge vendu par la Vve Beauquis, rue Trans-
nonain, à 3 1. pièce. (fJélib. 8 mars 1775, reg. 145, fol. 5o.)
(3) D.-C. Doulcet (1722-1782) était médecin expectant depuis 1762.
(4) Voy. 'J'enon, Mém..., p. 242, et le rapport de Malouin, dans les Mcin. de VAcad. des
sciences pour 1746; Paris, lySi, p. i5i.
(5) Délib. 6 mars, 3o avril, 3i juill. 1782, reg. i52, fol. 184.. 3^3, 569. Doulcet mourut
cette année même. Il faut ajouter qu'il avait été grandement aidé dans ses recherches par
la maîtresse sage-femme de l'H.-D., M°>« Dugès. Son travail est intitulé: Mémoire sur la
maladie qui a attaque, en dijércns temps, les femmes en couches, à l'H.-D. de Paris ; 1782,
in-4», 9 p. Ce traitement consistait dans l'usage de potions huileuses et de l'ipécacuanha
donnés pendant 3 ou 3 jours de suite.
(6) Délib. 27 juill., 3 août 1768, reg. i37, fol. 23i, 241.
(7) Cf. lettre de Lenoir du i5 juin 1782 et réponse de Le Couteulx de Vertron du 20 juin .
Ledru était le grand-père de Ledru-Rollin. I! réussit à fonder avec l'appui de Vergennes et
du duc d'Orléans un hospice médico-statique dans l'ancien couvent desCélestiiis. (Cf. Thiéry,
Almanach du voyageur dans Paris ; 1786, in-12, p. 278.)
32Ô l'hOTFL-DIEU au XVIF et au XVIIie SIÈCLK
LE SERVICE MEDICAL
La visite avait lieu à 6 heures en été, à 7 heures en hiver;
Elle était faite par le médecin pensionnaire, accompagné de la
religieuse de la salle, d'un compagnon chirurgien externe et
d'un garçon apothicaire, désigné sous le nom de topique,
et qui inscrivait sur un registre l'ordonnance du médecin pour
la remettre à l'apothicairerie. Puis, vers midi, les compagnons
chirurgiens internes ou externes venaient faire les saignées,
ventouses, et autres opérations prescrites par le médecin. A
partir du xviii*'' siècle, les médecins expectants faisaient une
contre-visite le soir, en particulier pour exaininer les entrants
et les cas graves. Le service médical n'était pas très régulier (1),
et le règlement de 1735 institua un contrôle des visites. « Il
sera tenu tous les Jours, dans chaque salle, une feuille d'ob-
servations pour la mère d'office, qui contiendra l'heure à
laquelle les médecins arriveront pour leur visite, et l'heure à
laquelle ils s'en iront, sans y comprendre comme un temps
donné aux malades celui employé pour le déjeuner à l'apothi-
cairerie... il y aura aussi des notes pour ceux qui ne témoigne-
ront pas assez de patience à entendre les malades, et assez
d'attention à écouter les mères d'office. »
Comme de nos jours, la visite des malades était suivie
par les jeunes médecins que les statuts de la Faculté, notam-
ment un édit de mars 1707, assujettissaient pendant deux ans. à
fréquenter les hôpitaux pour se perfectionner dans leur pro-
fession (2).
Les médecins n'avaient pas toujours les mêmes salles ; on
les changeait tous les 2 mois, puis tous les 4 mois; enfin tous
les 6 mois, à partir de 1687 (3).
(i) Délib. i3 juin. 1740, reg. 109, fol. 223. « Au lieu de venir à 7 h. au plus tard en
été, ils ne viennent qu'à 9, 10 et même 11 h. l'iiiver â proportion, de sorte que les remèdes
qu'ils ordonnent ne pouvant être prépare's et distribués que très tard aux malades ne produi-
sent aucun effet. Les visites qui doivent durer 2 h. au moins se font en une demi-heure
au plus par les uns, en un quart d'heure par les autres et avec tant d'indécence et de
rapidité que les malades en gémissent et qu'il est impossible qu'avec une pareille précipi-
tation ces médecins puissent connaître le véritable état des malades, ni conséquemment
ordonner les remèdes convenables à leurs maux »
(2) Délib. 3 1 août 1729, reg. 98, fol. 327. Les jeunes médecins vinrent se plaindre que les
chirurgiens leur disputaient les premières places, et demandèrent au Bureau de faire un
règlement spécifiant qu'ils devaient occuper les premiers rangs et les places les plus
pioches du malade et du médecin, « et que lorsque dans les salles des opérations et des bles-
sez, ils occuperont une place avantageuse, qui ne sera point nécessaire pour la commodité
de l'opérateur et de ceux qui doivent le servir, il n'en seront point écartez. » Le Bureau
entendit au sujet de cette affaire Mauger et François, chirurgiens, Afforty père, Hermans,
Lemcry, Afforty fils et Delaleu, médecins ordinaires, Bailly, médecin éxpectant.
(3) Délib. 18 avril 1687, reg. 53, fol. 77.
LES MALADES "^ o -
Le service des admissions d'urgence la nuit laissait fort à
désirer (i): « Le chirurgien major est venu au Bureau et a dit
qu'il croyoit être de son devoir de représenter à la Compagnie
ce qu'il voit souvent arriver, lorsqu'on amène des malades et
des blessés à l'Hôtel-Dieu ou que des femmes grosses et prêtes
d'accoucher s'y présentent la nuit. Le domestique employé au
service des ecclésiastiques, qui couche dans une chambre proche
de celle de ces ecclésiastiques, qui a pendant la nuit la clef de la
porte de l'église, et qui est chargé d'aller l'ouvrir, quoi qu'il y
ail une cloche pour l'appeler, s'éveille difficilement et souvent
est très longtemps à dessendre, ce qui occasionna différents
accidents, ayant veu des femmes grosses accoucher sur les
degrés, proche la porte de l'église, y en ayant eu une dont
l'enfant, étant tombé sur les degrés, s'étoit tué. » A la suite de
ces plaintes, le Bureau décida de faire «coucher le suisse à l'en-
trée de la salle Saint-Denis, vis-à-vis de la chambre de visite des
malades, et lui confia la clef de la porte de l'église sur le
perron, du côté de la rue Neuve-Notre-Dame.
Il en était de même de la surveillance des salles si nous en
croyons l'anecdote suivante racontée par Barbier (2) : « Comme
on est dans le temps des choses extraordinaires, un homme s'est
avisé d'aller à l'Hôtel-Dieu, de parler à un jeune manœuvre, qui
étoit dans un lit malade, de lui dire que les médecins ne connois-
soient point son mal, qu'il le guériroit par un prompt remède. Il a
fait tourner cet homme dans cet état-là, et lui a fait le péché philo-
sophique. Jamais la malice de l'homme n'a été portée à ce point-là ;
il faut être possédé du diable, pour être tenté d'un malade, dans un
lit de l'Hôtel-Dieu. Une religieuse s'est aperçue de quelque chose,
a fait du bruit ; on a arrêté l'homme, le malade l'a accusé du fait,
mais il a tout nié à l'interrogatoire, et les religieuses ont fait éloigner
le malade, qui n'a pu être confronté, dont elles ont été bien tancées.
Cependant notre franc b... a été mis à la question, mardi dernier,
1 1 février (1727) ; il a tout nié, en sorte qu'il n'y a point de preuve
contre lui. »
Les médecins étaient logés primitivement à l'hôpital, mais
après que Simon Bazin (?) eut donné sa démission en 1616
parce qu'on lui avait refusé la permission d'avoir quelques
heures de liberté par jour pour visiter ses parents et amis, son
(i) Délib. ■>- juin 1753, reg. 122, fol. 169.
(2) Journal, II, i. Nous ne trouvons aucune allusion à ce scandale dans les registres de
délibéraiions.
(3) Il fut élu doyen de la Faculté en i638 et mourut le 12 mai 1642.
32^ l/HOTKL-niF.r AU XVIIc ET AU XVIIie SIECLE
successeur, Michel Francière (i), fut nourri, mais reçut une indem-
nité' de logement ; sdn traitement était de 600 livres ; enfin,
après lui, René Moreau ne fut ni nourri ni logé, mais ses
appointements furent portés à 1.200 livres (6 sept. 1619) (2).
Le 3o avril i636 Moreau, à cause du grand nombre de
•malades, demanda un adjoint, d'abord sans honoraires, mais
qui partagea ensuite les appointements du preniier médecin. Il
y eut alors les expectants ou auxiliaires, non rétribués, et les
ordinaires ou pensionnaires, les premiers rentrant dans la
2« catégorie au fur et à mesure des vacances ; ils étaient pris
parmi « les docteurs de la Faculté de Paris ou agrégés à icelle »
et comptant au moins dix ans de pratique (3). Quand une
place d'expectant devenait libre, on en avisait le doyen de la
Faculté qui en faisait part à ses confrères ; le Bureau ne faisait
de nomination qu'après avoir pris Tavis des médecins ordi-
naires pour désigner « ceux qu'ils estimeront les plus expérimentez
et les plus charitables » ; c'est ce que nous appellerions
aujourd'hui la nomination au choix, avec épreuve sur titres (4);
elle n'excluait pas la formalité des visites, parfois si coûteuse
à Tamour-propre des candidats.
En i638, on nomma un 3^ médecin ordinaire. L'état de 1640
indique 3 médecins à 600 livres chacun, et un chirurgien
à 200 livres. Celui de i63i fournit les mêmes chiffres, mais
dès 1662 nous trouvons inscrit sur l'état du personnel médical
6 médecins, le maître chirurgien, le premier compagnon
gagnant maîtrise, et 18 autres compagnons chirurgiens, non
gagés, mais nourris et logés. De 1684 à 1687 on compte éga-
lement 6 médecins ordinaires, plus 2 ou 3 expectants. A partir
du i^' janvier 1690, par raison d'économie, le nombre des
médecins est réduit à 5, leurs honoraires à 400 livres, et
les 2 derniers venus congédiés temporairement.
Le 12 janvier 1709, le nombre des expectants est également
réduit à 2 par le Bureau, qui décide qu'en cas" de vacances
le 3*^ ne sera pas remplacé (5). Mais, dès 1720 (6', le nombre
(1) Il mourut le i" juill. 1619.
(2) René Moreau, né à Montreuil-Bellay, en Anjou, doyen pour les années i63o et i63i.
11 mourut le 17 cet. i656 et fut inhumé à St-Jean-en-Grève. \'oy. la liste de ses ouvrages
dans le Dict. de Dezeimeris, déjà cité.
(3) Délib. 7 août 1671 et 1735. La nomination faite en 1722 (délib. du 7 janv.) est une
exception.
(4) Délib. 12 janv. 1709, 22 août 1736.
(5) Pourtant, le i5 février 1710, on compte 4 expectants: P.-J.-B. Cliomel, L. Lémery
le chimiste, Jean Herment et IMi. Fontaine. En ijiS, nous trouvons encore 3 expectants.
(6) Délib. 21 févr. 1720, reg. 89, fol. 32.
I.FS MALADES ^29
de 3 est rétabli, et on nomme un 7° médecin ordinaire, chargé
spécialement des religieuses, des ecclésiastiques, et des « filles
de la chambre »; le nombre des expectants est, en 1721, porté
à 7.
L'organisation du service de santé parut un instant fixée par
le règlement du 18 mai 1735 (i), qui accorda 800 livres aux
médecins ordinaires ou pensionnaires et 200 livres aux expec-
tants, non • payés auparavant. Mais les abus et les absences
demeurèrent aussi fréquents, et comme cette réforme avait
coûté fort cher sans produire de résultats appréciables, le Bu-
reau décida le i3 mai 1750 de ne maintenir que 2 expectants;
le 28 février 1762 il en prit i seulement; le 5 septembre 1769
il en nomma 2, et, le 18 novembre 1771, il revint au nombre
de 7, comme en 1735. Il fallut également augmenter les
appointements; les ordinaires reçurent 900 livres, et les expec-
tants 5oo livres ; enfin, réforme depuis longtemps attendue, on
prévit pour la première fois un résident aux honoraires
de i.5oo livres, avec logement, nourriture, chauffage, éclairage
et blanchissage ; il devait, dans l'intervalle des visites de ses
confrères, parer à tous les cas d'urgence. Cette place, accordée
le 6 avril 1772 à Bercher qui la cumula avec celle de médecin
ordinaire, ne fut pas maintenue, et au début de la Révolution,
en 1790, de Jussieu, chargé du département des hôpitaux, émettait
le vœu que quelques médecins fussent logés à THôtel-Dieu,
indiquant cette réforme comme Tune des plus urgentes à accom-
plir.
Le nombre des médecins ne cessa de s'accroître jusqu'à la
Révolution; il fut porté successivement à 8, 10, 12 (2).
En 1735, il avait été décidé que les 7 médecins ordinaires
et les 7 expectants s'assembleraient une fois par mois, et
« réuniraient en commun toutes les observations qu'ils auraient
faites par écrit des faits, maladies et guérisons singulières
qu'ils auraient reconnues, desquelles observations un des expec-
tans fera la rédaction en langue française pour être remise au
Bureau, et y être statué ce qu'il appartiendrait ». Aucune de
ces lectures ne figure aux procès-verbaux des séances ; peut-
être cette décision resta-t-elle sans effet. Pourtant, en 1779, on
voit le Bureau autoriser Majault à faire imprimer ?. 3oo exem-
(i) Arch. A. p., liasse 882, et délih. des 4, 1 1 et 18 mai 1/33.
(2) Délib. 6 avril 1781, 17 févr. 1782, 14 mars 1787. Corlieu, France médicale, 1898,
et Delaunay, le Monde médical parisien au .wiii-' s.; Paris, 1906, in 8°, p. 76 à 86.
3?0 I.HOTEI.-DIEU Af WIF ET AU XVIIIc SIECLE
plaires et à distribuer des observations qu'il avait lues à rassem-
blée des médecins (i).
Peu ont publié de travaux scientifiques. Les ouvrages de
René Moreau ont joui dans leur temps d'une certaine réputa-
tion (2). On lui doit des Vies des hommes illustres de la Faculté
de Paris^ ouvrage resté manuscrit (3). Ce fut son fils, J.-B.
Moreau (4), également doyen en 1672- 1673, et non pas lui, comme
Ta écrit Corlieu, qui fut professeur au Collège royal. Au
xviiie siècle, Doye fut doyen de 17 14 à 17 16, et à ce titre,
suivant une ancienne coutume, assista à l'autopsie de Louis XIV,
le 2 septembre 1715 (5); Tournefort, qui ne fut qu'expectant,
s'est acquis la notoriété comme botaniste (6); Louis Lémery, fils
de Nicolas Lémery, doit surtout son renom, comme son père, à
ses études de chimie, poursuivies en qualité de professeur de
chimie au Jardin du roi et de membre de l'Académie des scien
ces (7) ; il fut médecin de l'hôpital de 17 10 à 1743 ; on ne saurait
enfin oublier les Chomel, Pierre-Jean-Baptiste (8), disciple de
Tournefort, membre de l'Académie des sciences en 1720, doyen de
la Faculté en 1733, dont V Abrégé de l'histoire des plantes usuelles
eut un grand nombre d'éditions, et son fils Jean-Baptiste-Louis,
doyen en 1755 et 1756 (9), qui confina ses recherches dansl'histoire
de la médecine (10), en attendant que son petit-neveu, Auguste-
François, acquière enfin au xix" siècle une véritable renommée
de praticien et de clinicien.
LES OPÉRATIONS
L'œuvre des chirurgiens est assurément plus intéressante
que celle des médecins. En particulier, le gagnant maîtrise,
véritable chef de clinique, joue un rôle fort important. II de-
(i) Majault, mort en 1800, ancien médecin aux armées du roi, et médecin des Incurables
en même temps que de l'H.-D., a publié divers mémoires sur les eaux de l'Yvette, de la
Seine, d'Arcueil.
(2) De missione sangiiinis in pleuritide, avec la Vie de Pierre Brissot ; Paris, 1622, in-8».
Schola salernitana, hoc est de valetudine tuenda..., i625, in-8». (Cf. A. Chéreau, Dict. des
Se. méd.)
(3) Bibl. de la Fac. de méd.
(4) J.-B. Moreau, né à Paris le 17 octobre 1626, mort à Fontainebleau le 25 sept. 1693.
[b) A. Corlieu, la Mort des rois de France ; Paris, 1892, in-S», p. 167 à 174.
(6) Tournefort, expectant en 1702, mourut le 22 déc. 1708.
(7) L. Lémery, né le 25 janvier 1677, mort le 9 juin 1743, et enterré à St-Sulpice. Ses
2 principaux ouvrages sont le Traité des atiînents parn en 1702, et sa Dissertation sur la
nourriture des os, 1704, in-12.
(8) Né le 2 sept. 1671, mort le 3 juill. 1740, inhumé dans l'église St-Benoît, à Paris.
(9) Mon le 1 1 avril 1765, Son Essai historique sur la médecine en France a paru en 1762,
(io) Un vol. ms. de 484 feuill. résumant les 24 vol. des commentaires de la Faculté.
(Boinet, Inv. des mss. de la Bibl. de la Faculté de médecine ; Paris, 1909, in-S".)
LFS MALADES
vient premier chirurgien après un examen solennel, et, au bout
de 6 ans, il est admis, en vertu des privilèges de THôtel-Dieu,
au nombre des chirurgiens Jurés de Paris.
Il se produisit à ce sujet un conflit-avec le Collège de chirurgie
qui, contrairement à l'usage et, après une première tentative infruc-
tueuse terminée par Tarrét du Parlement du 2 septembre 1761 (i),
voulut exiger, en 1778, des deux gagnants maîtrise, des Incurables
et de THôtel-Dieu, Tacte public et les frais qu'il entraînait (2). En
présence de cette prétention, le Bureau décida le 25 décembre
d'envoyer une sommation aux prévôts du Collège (3). Ceux-ci,
dans une entrevue avec l'un des administrateurs. Marchais de
Migneaux, mirent en avant les lettres patentes de mai 1760
érigeant l'ancienne communauté des maîtres chirurgiens en aca-
démie qui devait exiger de tous des garanties pareilles ; or, si elle
devait en principe attendre de l'Hôtel-Dieu les sujets a les plus
brillants et les meilleurs », en réalité, faute d'émulation, ses
gagnants maîtrise « se livrent à leur profession d'une manière
toute machinale, se contentant d'une routine sèche et purement
mécanique, qui rend stérile la source la plus riche du royaume
et du monde entier ». Et les prévôts du Collège de chirurgie
ajoutaient que le meilleur moyen de remédier à cette indiffé-
rence et à cette inertie était d'établir par exemple pour les
places de gagnants maîtrise un concours entre les cinq pre-
miers chirurgiens internes en passe d'être admis à cette faveur.
Ils s'appuyaient enfin sur l'exemple donné par le ministre de
la guerre qui avait renoncé à son droit de nommer le chirur-
gien gagnant maîtrise de l'hôtel royal des Invalides, en présence
des avantages du concours.
Mais le Bureau qui tenait avant tout à ses privilèges, dont le
roi avait renouvelé la totalité par lettres patentes de 1768 (4), ne
se laissa pas toucher par ces raisons ; il considérait comme une
(1) Cet arrêt portait que « les premiers chirurgiens, prévôt, jurés et gardes de la com-
munauté en l'art et science de chirurgie seraient tenus de recevoir, unir et aggréger dans
leur corps, sans aucun frais, droits ni examens et sans être assujettis à rapporter des
lettres de maitres-ès-arts, ni soutenir d'actes publics, A. -G. Simonneau et F. Deiruffi et
leurs successeurs, après avoir travaillé et servi les pauvres pendant 6 ans et de leur déli-
vrer certificat de leurs réceptions en la manière accoutumée ». (Régi. H.-D., IV, 147.)
"Voy. aussi E. Verdier, la Jurisprudence particulière de la chirurgie en France; Paris, 1764,
in-S«,t.II.
(2) Bibl.nat., Joly de Fleury, 547, doss. 7 154. 'Voy. le montant des droits de réception fixés
par l'art, cxxi des statuts des chirurgiens de Paris pour 1669, à l'art. Ecoles de médecine,
dans Dict. encycl. des Se. méd., t. XXXII, i885.
(3) Uéiib. 9, 23, 3o àéc. 1778, reg. 148, fol. 542, 575, 698.
(4) D'autres établissements de province jouissaient des mêmes privilèges : Toulouse,
Marseille, Tours, Angers, Le .Mans, \'ersailles. (Verdier, Essai sur la jurisprudence de la
médecine en France; Paris, Prault père, quai de Gèvres, au Paradis, I763,in-i6, p. 88.)
I. HOTEL-DIFi; AU XVIK 1"T AT XVIIF SIKCLE
aumône faite par le roi la condition exigée lors de la réception
des gagnants maîtrise, qui se faisait en présence des prévôts du
Collège, de servir gratuitement les pauvres pendant 6 ans (i).
Cependant, comme le Collège de chirurgie menaçait THôtel-
Dieu d'un procès, le Bureau inclinait à négocier, et, après
diverses tractations, les représentants du Collège furent invités à
rédiger par écrit un mémoire qui devrait être soumis à Texamen
d'une commission. Sur le rapport de Le Couteulx de Vertron,
le 4 décembre 1779, le Bureau s'en tint aux sommations faites
le 23 décembre 1778, et prit le parti d'obtenir de la grand'-
chambre du Parlement un arrêt contre le Collège de chi-
rurgie.
La Faculté de médecine de son côté avait déjà perdu en 1762
un procès contre l'Hôpital général qui avait nommé un docteur
de Reims, contre ses prétentions (2). Ses efforts restaient vains
dans ses essais de mainmise sur les hôpitaux qui défendirent
jusqu'au bout leurs prérogatives.
Le Collège de chirurgie était alors dans une époque d'acti-
vité incontestable; depuis la déclaration de 174?, rédigée par
d'Aguesseau, il s'était affranchi de la communauté compro-
mettante des barbiers, et, bien que soumis nominalement à la
Faculté de médecine, il avait, contrairement à cette dernière,
perfectionné ses méthodes, son enseignement'?,, et se montrait
sévère pour la délivrance du titre de maître chirurgien.
Ajoutons qu'installé depuis 1774 dans le local de la Faculté de
médecine actuelle, il y avait à sa disposition 6 lits pour les
maladies chirurgicales extraordinaires qui ne se traitaient pas
dans les hôpitaux (4). Mais au fond il se préoccupait surtout
de la théorie (5), tandis que les compagnons chirurgiens externes
ou internes de l'Hôtel-Dieu, s'ils étaient peut-être inférieurs
en science, étaient infiniment supérieurs en pratique, et le grand
reproche que l'on pouvait faire à l'enseignement médical de
(i) Voy. édit de mars 1707, art 36.
(2) D' P. Delaunay, le Monde médical.. .y p. 73.
(3) Parmi ses maîtres célèbres à l'époque, on peut citer Louis, Brasdor, Sabatier, Sue,
Tenon, Lassus, Deburye, Peyrilhe, etc. (J.-C. Sabatier, Rech. hist. sur la Fac . de viéd.
de Paris ; Paris, 1837, in-8», et J. Rocliard, Hist. de la chirurgie française; Paris, 1875,
in-8».)
(4) A. Corlieu, l'Ancienne Faculté de médecine de Paris ; Paris, 1877, in-8», et Gondoin,
Description des Ecoles de chirurgie, grand in-f» avec planches, 1780.
(3) Voy. Devaux, l'Art de faire les raports de chirurgie, oit l'on enseigne la pratique,
les formules et le stile le plus en usage parmi les chirurgiens commis aux raports ; avec
un extrait des arrest, statuts et règlemens faits en conséquence; Paris, L. d'Hourv
1703, in-i6. o ./ 1 . , y.
LES MALADES
la Faculté à celte époque (i) était son insufiisance d'instruction
pratique ; sans doute les licenciés devaient suivre pendant
deux ans la visite des médecins à THôtel-Dieu (2), mais ce
stage hàtif ne donnait pas des résultats bien sérieux ; avec
2 médecins pour une moyenne de 1.200 malades, et qui
d'ailleurs ne s'inquiétaient nullement de ces bruyants stagiaires, ces
licenciés ne pouvaient guère acquérir de solides notions cliniques.
Nous ne saurions nous étendre sur les méthodes chirurgicales
pratiquées à l'Hôtel-Dieu au xvn<' et au xviii^ siècle. Le chirur-
gien Petit nous a conservé complaisamment la nomenclature
des sutures: 1° l'incarnative, divisée en 5 espèces: entrecoupée,
entortillée, emplumée, agraphée, sèche ; 2° la restrinctive, de
3 espèces : cordonnière, pelletière, couturière ; 3" la conservative
des bords, ou enchevillée ; nous n'entrerons pas dans leur
description, pas plus que dans celle de la gastroraphie, de
l'exomphalc ou de la paracenthèse. Contentons-nous de prendre
un cas sur le vif, de citer une « remarque » de chirurgien (3):
<( En 1701, il fut amené un homme âgé de 55 ans environ, lequel
avait quatre fractures sur son corps; l'on aurait dit que c'était
un homme qui venait de passer par les mains du maître des
hautes œuvres en le voyant réduit dans un état si triste; mais le
pauvre malheureux était pris de vin quand on nous l'amena,
de manière qu'après s'être reposé et les fumées apaisées, il déclara
la chose comme elle était, et nous dit que, passant dans la rue
Dauphine, il fut surpris d'un carrosse, duquel une roue ayant
passé, pour ainsi dire le long de sa jambe le réduit dans un état
déplorable, ayant passé aussi en travers sur l'autre ; après l'avoir
amené à l'Hôtel-Dieu, et le chirurgien-major l'ayant examiné, il
reconnut qu'il avait les deux jambes fracturées, dont il en avait
une compliquée avec une fluxion très considérable. Le major
ayant fait préparer l'appareil pour ces deux fractures, Ton fut
fort surpris, lorsqu'on se mit en devoir de le panser, d'entendre
une crépitation au fémur qui fit connaître aussitôt qu'il y avait
fracture (la rotule de l'autre jambe était aussi fracturée); de manière
qu'il avait l'extrémité inférieure gauche fracturée avec plaie, la
partie moyenne de la rotule l'était aussi, et l'autre extrémité était
aussi fracturée à la partie inférieure du fémur, et à la partie presque
(1) Les réformes proposées en lySG sous le décanat de Boyer, réclamées en 1778 par
Duclianoy et Jumelin, n'avaient pas abouti. (Delaunay, o. c, p. 21.)
(2) Art. 39 des statuts. Les licenciés d'ailleurs avaient déjà subi avant ce stage l'exame^n
qui leur donnait le droit d'exercer la médecine. Surles grades, voy. J.-C. Sabatier, o. c, p. 33.
(3) Acad. de méd.,ms. 57, ancien looi, fol. 242. Nous n'avons pas respecté pour cette
longue citation l'orthographe du ms.
334 i-'hotel-difu au xvn« i:t au xviiig sikclk
moyenne du libia ; je me mis d'abord à le panser, commençant
par la fracture compliquée..., après laquelle on fit une réduction
des autres avec beaucoup de soin, et le pansement de toutes les
fractures nous occupa pendant trois mois et demi, à cause
de la fracture avec plaie, laquelle fut bientôt suivie de fâcheux
accidents qui fut une fluxion en huit jours de temps changea et
bouleversa nos pansements ordinaires, laquelle fluxion fut suivie
d'un abcès considérable qui occupait toute la partie postérieure
de la jambe auquel il fallut de nécessité faire une contre-ouverture
pour donner passage aux matières qui étaient contenues dans ce
sac, après quoi on pansa la plaie comme à l'ordinaire. » Cette
observation d'un cas intéressant ne brille pas par la netteté ; le
résultat, d'ailleurs, fut encore moins satisfaisant ; le malade
resta estropié à la suite de ses fractures ; quand à son régime, il
s'était composé, comme à l'ordinaire de bouillons, gelée, tisane
faite des racines de fraisier, de chiendent, d'orge et de réglisse.
Après les réductions de fracture, les opérations les plus
communes, décrites dans la Pratique de l'Hôtel-Dieu, sont celles
du trépan, de la fistule lacrymale, du bec-de-lièvre, les amputa-
tions, la castration. Elles étaient loin de réussir, si nous en
croyons Cabanis: « Dans les grands hôpitaux, les plaies les plus
simples deviennent graves, les plaies graves deviennent mortelles
et les graves opérations ne réussissent presque jamais. Voilà un
fait reconnu de tous ceux qui ont vu avec leurs yeux, et qui parlent
avec leur conscience. Pendant près de 5o ans que M. Moreau a
rempli la place de chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, l'opération
du trépan n'a réussi qu'un très petit nombre de fois. Aujourd'hui
l'on n'y trépane plus; et si l'issue le plus souvent funeste des
autres opérations suffit pour les proscrire, il ne s'en fera bientôt
aucune importante dans cet hôpital (i). »
On traitait couramment l'ulcère pustuleux, qui désignait
alors un grand nombre de plaies provenant d'affections diverses :
« On commence à le dilater en faisant une incision suivant la
rectitude des fibres avec des ciseaux droits, courbes, ou bistouris ;
l'incision étant faite, on met dans la plaie des bourdonnets de
charpie et des plumaceaux pour arrêter l'hémorragie ; on ne lève
cet appareil qu'au bout de 24 heures; après quoi on panse la plaie
avec des bourdonnets et plumaceaux chargés de baume d'Arceus ;
on emplâtre fort par dessus ; s'il y a une grande dilatation et une
disposition à la pourriture, on charge les bourdonnets et plu-
(i) Observations..., p. i5.
LES MALADES ?35
maceaux de partie égale de baume d'Arceus et de stirax, continuant
ce pansement pendant 8 ou lo jours, après quoi on se sert de
mondicatif d'ache, dont on couvre les bourdonnets et plumaceaux. »
Mais tout s'efface devant la saigne'e. Il faut lire dans un traite
du temps, l'Empiric charitable par exemple, l'énumération des
bienfaits de ce remède universel (i), qui convenait à tous les
stades des maladies ; on cherchait, en efïet, à obtenir l'un des
trois effets suivants : révulsif, dérivatif, évacuateur ; la révulsion se
faisait au début de la maladie ; la dérivation à la période d'état ;
l'évacuation à la fin de la maladie. Deux conditions essentielles
devaient se réaliser lorsqu'on pratiquait la saignée : éviter que le
sang, en s'échappant de la veine incisée, vienne tacher le linge
du patient, sa chemise, les draps de son lit; faire jaillir le sang
en arcade, et non en bavant a pour contenter les malades'et les spec-
tateurs » ; le sang recueilli était mis dans des « poilettes « et soigneu-
sement examiné ; suivant son aspect, on en déduisait le diagnostic.
Sur l'abus qu'on en fit, une lettre de Gui Patin à Falconet
du 10 août 1671 nous donne un exemple entre mille: « Un de
nos médecins, nommé Fabien Perreau, mourut hier [ce 4 août]
ici, âgé de 33 ans ; il est mort d'une fièvre continue maligne
qui lui est venue du mauvais air de l'Hôtel-Dieu, où il étoit
un des médecins. Il a été saigné 12 fois, mais ce qui lui a bien
aidé à mourir, ont été trois jeunes médecins de ses amis, qui
lui ont fait prendre plusieurs verres d'eau de casse, dans
lesquels, par une finesse ridicule et même punissable, on faisoit
mettre quelque once de vin émétique, pur poison en cette con-
joncture, car il étoit fort assoupi, et même avoit des mouvements
convulsifs (2). »
La saignée avait lieu à l'Hôtel-Dieu après le déjeuner de
1 1 heures, en même temps que la pose des ventouses; les compa-
gnons chirurgiens opéraient suivant les indications du maître
chirurgien et des médecins; les pansements se faisaient ensuite de
2 à 4 h. 1/2, puis la préparation des cataplasmes et emplâtres (3) ;
(i) Voy. aussi Botal (Léon), De ciiratione pcr sanguinis missioneni ; Lyon, ib5-j ;
Hecquet (Pli.), Explication physique et mécanique des effets de la saignée dans la cure
des maladies; Chambéry, 1707 ; Silva (J.-B.), Traité de l'usage des différentes espèces
de saignée, principalement de celle du pied ; Paris, 1727 ; Meurisse, l'Art de saigner
accommodé aux principes de la circulation du sang ; Paris, 1689, in-12, etc.
(2) Lettres, III. p. 783.
(3) Pour tremper les pansements, les chirurgiens se servaient d'iicuelles et de godets en
terre vernissée. Arcli. A. P., H.-D., fonds nouveau, i6« liasse, journal du dépensier, 1752,
art. io35 : « payé au n= Le Roy, potier de terre, la somme de 104 1. pour 600 godets
vernissés et 35o écuelles aussi vernissées pour l'usage des chirurgiens, pour leur servir
aux pancements des blessés». Sur les lancettes des praticiens, voy. la curieuse collection
décrite par le D' Haraonic, la Chirurgie et la médecine d'autrefois; Paris, 1900, in-8», p. 91.
336 l'hOTICL-DICT ai- XVIie KT au WIU^ SIKCLF.
une nouvelle saignée avait lieu dans les offices, s'il était nécessaire,
après le souper de 6 heures (i).
LES DISSECTIONS
L'œuvre des chirurgiens se manifestait encore dans les nom-
breuses dissections qui se pratiquaient à l'Hôtel-Dieu, malgré
la défectuosité des locaux, et les difficultés de toutes sortes qu'ils
rencontrèrent.
Le premier amphithéâtre de dissection à Paris fut, le croirait-
on ? l'hôtel de Nesle. On lit, en effet, à la date de i5o5, dans
les registres manuscrits de la Faculté (2,: Die ly'^ januarii incepta
fuit lectura anatomica per decanum in domo regia de Nesle, juxta
Aiigustinenses. Et dtiravit lectura per très dies intégras. Autem
fecit solum de membris naturalibus. Le doyen, Jean Avis ou
Loysel, avait choisi pour ses auditeurs l'hôtel de Nesle, qui
se trouvait à cette époque sans propriétaire. Les écoles de la
rue de la Bûcherie n'avaient pas encore d'amphithéâtre. Ce
n'est que cent ans plus tard, en 1 604, que fut construit la premièree
pièce portant ce nom, et qui était d'ailleurs sans vitrage, ouverte
aux vents, à la pluie et à la grêle ( 3 i.
Les mêmes registres mentionnent, comme un fait assez rare,
propter raritatem casus, l'autopsie d'une femme morte en travail
puerpéral, faite à l'Hôtel-Dieu au commencement de mars i5'5i,
sous la présidence de Jacques Goupil (4). L'année suivante, la
Faculté obtint du Parlement un arrêt d'avril i552 ordonnant que
nul ne pourrait faire « d'anatomie » que sous la présidence
d'un docteur en médecine, et que nul cadavre ne pourrait être
délivré, soit par le juge criminel, soit par le bourreau, soit par
(i) Bibl. nat., ms. 18606, fol. 180. Ordre et devoir des compagnons chirurgiens de
l'H.-D. de Paris (afficiie placardée dans le dortoir des compagnons chirurgiens).
(2) Reg. Fac. niéd., t. III, fol. 569.
(3) Il y avait eu toutefois auparavant des dissections, puisqu'en 1496 la Faculté décide
que tout cadavre qui aura servi aux étuties sera iniiumé en terre sainte, et qu'on célébrera
une grande messe en son honneur. A Montpellier, d'ailleurs, les cadavres des criminels
étaient livres depuis longtemps aux chirurgiens (Lettres pat. de Charles VI, mai iSgô.
Ord.des roisde France, t. Vlll, p. 73.) 'Voy. F. Bouisson, Tableau des progrès de l'anatomie
dans l'Ecole de Montpellier ; Montpellier, i833, in-8».
(4) _T. IV, fol. 149 v». Cependant A. Paré, qui se trouvait compagnon à IH.-D.
vers i536, dans son « Avis au lecteur », en tête de ses Œuvres, nous donne un autre son de
cloche : « Et afin qu'on voye quels moyens jay eu de faire telles et si grandes expériences,
faut sçavoir que, par l'espace de 3 ans, j'ay résidé en IHostel-Dieu de Paris, où j'ay eu le
moyen de veoir et cognoistre tout ce qui peut être d'altération et maladie au corps humain,
et ensemble y apprendre sur une infinité de corps morts tout ce qui se peut dire et
considérer sur l'anatomie. » (Œuvres, éd. Malgaigne; Paris, 1840, in-S», t. I, p. 10,)
"S MALADES
les administrateurs de THôtel-Dieu, ou par le prévôt des maré-
chaux, sans une permission signée du doyen de la Faculté et
scellée du sceau des écoles (i).
Cette opposition de la Faculté contre les tentatives des chirur-
giens se manifesta durant tout le cours du xvii« siècle (2). Le
7 novembre 1612, une sentence du prévôt de Paris prescrivit aux
chirurgiens de robe longue de ne donner des leçons d'anatomie,
qu'à portes ouvertes, et de ne disséquer qu'en présence des éco-
liers. Le 23 novembre i6i5, un arrêt du Parlement défendit à
l'Hôtel-Dieu « et à tous autres » de délivrer aucuns corps morts aux
chirurgiens, ni aux barbiers-chirurgiens, si ce n'est avec permis-
sion de la Faculté. Cette dernière peut même (arrêtés des
11 novembre 1614 et 14 décembre i63o) faire enlever de force
des corps morts livrés aux chirurgiens sans permission. Le
12 mars i633, elle fait décréter que la délivrance des cadavre?
des suppliciés n'aura lieu qu'au pilier des Halles, et punir de
60 livres d'amende le chirurgien de La Noue, pour avoir disséqué
sans son autorisation. On cite le cas du fils d'un fossoyeur de
Saint-Sulpice qui fut admonesté et condamné à l'amende par un
arrêt du 12 Juillet i683, pour avoir vendu plusieurs cadavres à
des chirurgiens (3).
Le Parlement, par divers arrêts des !«■■ février i63o et
i5 mars i632 défendit aux étudiants d'enlever par force les
cadavres des suppliciés, et aux prévôts et aux exécuteurs des
hautes œuvres, ainsi qu'à leurs valets, de délivrer ces cadavres,
sans un mandat signé du doyen de la Faculté de médecine (4).
Il est dit, dans lesconsidérants de cet arrêt, « que, depuislongtemps,
les étudiants en médecine et en chirurgie se livrent à des voies de
fait et à des violences, et commettent même des meurtres, pour
avoir les corps des suppliciés; que, dans cette intention, ils ameutent
les vagabonds, les pages et les laquais pour faire du tapage et
favoriser de cette manière leur enlèvement (5) ».
D'autre part, l'Hôtel-Dieu recevait fréquemment des demandes
de cadavres. La délibération du 12 février i655 avait expressé-
ment défendu d'en délivrer aucun ; ce règlement fut enfreint pour
la première fois le i*" septembre 1717. Le Bureau accorda à
(i) Reg. Fac. de méd., t. VI, fol. i3i v».
(2) Voy. art. Anatomie, dans Dict. des Se. méd. ; Paris, t. IV, 187Ô.
(3) A. Guillot, Paris qui souffre; Paris, 1888, in-8°, p. 97.
(4) Bibl. Ars., ms. 53o6. Recueil de pièces sur différents droits de la Faculté de médecine,
fol. 79; mémoire à MM. les Administrateurs de l'H.-D. et des autres hôpitaux généraux
de Paris; Impr., 8 p., 1745. Signé G. de l'Espine.
(3) Voy. aussi ord. ds 1637 et iÔ4[. Arcli. de la Préf. de police, collection Lamoignon.
90
338 I.'hOTKL-OIKU ai- XVII" et au XVI[I<= sièclr
Jean Duverney, ou du Vernay [i), « démonstrateur royal au
Jardin des plantes médicinales «, un ou deux cadavres au plus,
dans tout l'hiver, et quelques bras et jambes en été; on ne les
lui promit, il est vrai, qu'au cas oîi il ne pourrait s'en procurer
ailleurs, et cette permission lui fut retirée peu après, en raison
d'abus commis par lui, et aussi parce qu'il fallait conserver les
cadavres pour l'instruction des chirurgiens de la maison. On
chassa même, en 1725, pour donner satisfaction à l'opinion
publique, le fossoyeur de Clamart qui s'était laissé suborner (2).
Les demandes furent écartées à l'avenir, entre autres celle de
Maréchal, premier chirurgien du roi, en 1728 (3); celle de l'Aca-
démie des sciences, dont les membres étaient démonstrateurs
en anatomie, en 1731 ; celle de Dufay, en 1733 ; celle de Mertrud,
« démonstrateur en anatomie au Jardin royal », en 1749'; celle de
Hérissant, en 1750 (4). L'Hôtel-Dieu défendit avec vigueur son
amphithéâtre et ses chirurgiens contre les particuliers, « qui
avaient moins en vue le bien public que leur intérêt personnel,
et cherchaient à se faire un revenu de leurs leçons (5) ».
Pour faire cesser le désordre qui existait dans les services
d'anatomie (6), le Bureau, à la demande du maître chirur-
gien, fit paraître le règlement du 3i décembre 1706, dont
les principales dispositions étaient les suivantes : les exercices
d'anatomie, sous la direction du maître chirurgien, devaient
commencer à la Toussaint et se terminer la veille du dimanche
des Rameaux ; seul, le maître chirurgien avait le droit de prendre
des corps à la salle des morts ; les préparations de parties
devaient se faire de 8 à 11 heures du matin, et les démonstrations
de 2 à 3 heures de l'après-midi ; défense était faite aux compa-
gnons d'entreprendre aucune préparation la nuit, ni ailleurs qu'à
l'amphithéâtre. Les compagnons et les externes devaient assister
aux démonstrations du maître et du compagnon gagnant maîtrise,
et les compagnons disséquer eux-mêmes devant leurs externes ;
mais aucun chirurgien étranger à la maison ne devait entrer
(1) Duverney (J.-G). né en 1648, mort.en 1730, donna des leçons d'anatomie au dauphin
et fit des cours très suivis des étrangers, notamment de Lister. (Vo}'. Voyage à Paris:
éd. des bibliophiles; Paris, 1873, in-8», p. 69I : voy. aussi D' Gannal, Un Cours d'anatomie
au Jardin du roi, dans Bull. Soc. Hist. de Paris; i8g3, t. XX, p. 21.)
(2) Délib. 10 janv. 1725. Sur les anatomistes, voy. A. Guillot, 0. c, p. 96.
(3) G. Maréchal (i638-i736) avait été premier chirurgien de I.ouis XIV dès 1703 et
avait conservé la même position sous Louis XV, en s"adjoignant La Peyronie en 17 19.
(4) Délib. 8 avril 1750, reg. 119, fol. 74, et Joly de Fleury, 280, doss. 2896. Sur Fr.-Dav.
Hérissant (1714-1771), voy. Dict. de Dezeimeris.
(3) Délib. 3o avril 1749, reg. 118, fol. 101.
(6) On réservait pour les dissectiotis des cliirurgiens de la maison le corps des héré-
tiques. (Délib. 10 janv. 1681.)
LES MALADES .-'.■>g
à ramphiihéâtre, sans avoir de permission écrite des adminis-
trateurs.
L'année suivante, Tédit de mars 1707 (i) enjoignit aux magis-
trats et aux directeurs des hôpitaux de faire parvenir des cadavres
aux professeurs de médecine, pour faire les démonstrations
d'anatomie et enseigner les opérations de chirurgie, mais seulement
du i^"" octobre au i*"" avril. Nous savons, d'autre part, que les
sujets décédés à la Salpêtrière et à Bicêtre pouvaient être délivrés
aux prévôts des maîtres chirurgiens, l'espace d'une nuit, moyen-
nant une somme de 20 livres, consacrée à faire dire des messes
pendant l'opération pour le repos de leur âme (2).
L'Hôtel-Dieu possédait, à la fin du xviii^ siècle, un nouvel
amphithéâtre construit dans le bâtiment méridional sur l'emplace-
ment de la salle Saint-Yves, entre l'escalier de Saint-Landry et de
Saint-Nicolas (3), réduit infect où travaillaient, au milieu des
émanations putrides, plus de i5o étudiants. Aussi, la plupart de
ces derniers, n'y trouvant point de place pour leurs études, étaient
obligés de disséquer dans leurs chambres ou dans des greniers,
sur des cadavres achetés aux fossoyeurs, dans les cimetières de
paroisse, à l'insu des curés et des marguilliers (4), ou bien au
cimetière de Clamart. Quelques professeurs ouvrirent des
amphithéâtres privés, comme Desault, dans la rue du Plâtre-
Saint-Jacques, puis rue des Lavandières, bientôt imité par ses
élèves, Pelletan, Dubois, Lallemand, Boyer, et plus tard, Bichat,
qui louaient, pour cet ofhce, le dernier étage des vieilles maisons
délabrées du quartier de la place Maubert (5).
Les cadavres ne devaient pas manquer à l'Hôtel-Dieu si l'on se
reporte aux statistiques de décès qui nous ont été conservées.
Po-ur une période décennale, de 1780 à 1789, on enregistre
50.540 décès, soit une moyenne de 5.o54paran sur 26.279 entrants
et de 14 par jour sur 72 entrants (6).
Cette statistique figure dans les registres de délibérations, et
(1) Rcgl. H.-D., II, 619.
(2) Arch. Préf. pol., colL Lamoignon, ."o" voL, foL 280.
(3) Délib. 2 janv. 1788, reg. i58, non paginé. Auparavant le diirurgien-major et les deux
chirurgiens gagnant maîtrise étaient seuls admis à faire des expériences dans la salle des
morts. (Délib. 18 févr. 1736.)
(4) Sur ces vols, vov. coll. Lamoignon, 11° vol., fol. 35o, et délib. 6 murs 1771, reg. 140,
fol. 17?.
(5) Voy. J. Robert, le Laboratoire d'un anatomiste et les procédés de conservation des
cadavres au début du xix» s., dans France mé^i., 10 janv. 1901.
(6) Benoît Malon, le Socialisme intégral, Paris, 1891, in-8°, t. Il, p. i3o, dans son chap.
sur l'assistance sociale dans les derniers siècles, cite d'après Chamousseï la mortalité
elfravante de l'H.-D.,.de 1737 à 1743, 61.091 morts sur 25i .1 78 entrées, soit 24 °,o.
340
L"HOTr':L-DIKU AU XVI I'^
elle était fournie au lieutenant gJnéral de police, et parfois même
au Parlement (i).
Enfin, depuis 1682, paraissait chez Thierry, « imprimeur ordi-
naire de la police », rue Saint-Jacques, « à la Ville de Paris «, l'État
des baptêmes, mariages et mortuaires de la ville et faiixboiirgs
qui donnait par mois et par paroisse, la statistique des malades
des hôpitaux entrés et sortis, avec des observations sur les mala-
dies, en même temps que le prix des grains et les ordonnances de
police (2).
Pour Tétat civil on distinguait les morts d'avant minuit, et
ceux d'après minuit en attachant au poignet des cadavres un
cordon de fil de couleur différente, du moins au xviii« siècle, car
auparavant tous les décès de 6 heures du soir à 5 heures du matin
étaient enregistrés sous la même date (3).
LES « OFFICES » A LA FIN DU XVIII'î SIECLE
Du temps où Tenon écrivait ses Mémoires, les services de
malades étaient désignés sous le nom « d'emplois », et les services
généraux sous le nom de « départements ».
Les emplois comprenaient les salles de malades ou infirmeries,
et les « dessertes » ou pièces accessoires, qui s'étaient multipliées
au point de gêner le service d'une façon intolérable (4). On en
comptait jusqu'à i3 dans les emplois ordinaires: « 1° la cuisiiie ou
office pour réchauffer les vivres et préparer les collations ; 2° une
pièce attachée à cet office tenant lieu de serre ou de dépense ; 3° un
fruitier; 4° le bûcher ; 5° le charbonnier ; 6° les commodités des
malades ; 7° celles des religieuses de l'emploi ; 8° celles des gens de
service ; 9° le caveau où l'on retire le linge sale ; 10'' l'échangeoir
du linge sale avec son réservoir d'eau et la pierre ou cuvette à
échanger ; 1 1° le lieu pour couler la lessive au menu linge ; 12° des
étendoirs particuliers pour faire sécher le linge de ces lessives;
i3° l'oratoire particulier à chaque emploi avec sa sacristie. Pour
(i) Cf. Bibl. nat., Joly de Fleury, passim. Necker avait eu l'idée de l'établissement d'un
bureau général de recherches et de renseignements pour la statistique des hôpitaux. (Adm.
des fin., 111, 188.)
(2I Bibl. Maz. A, 15427. Ces feuilles pour 1682 donnent les statistiques concernant
IH.-D., S'-Louis, les Quinze-Vingts, la Charité, les Invalides, l'hospice de la Roquette,
les Incurables, les Petites-Maisons, la Trinité, les Enfants-Rouges, les Enfants-Trouvés et
l'Hôpital général. Au .wiii- s., le Journal de Paris ou Poste du soir donnait le lundi, p. 3,
le nom des malades des liôpitau.'c, mais l'H.-D. s'opposa à cette divulgation. (Délib.
27 nov. 1776.)
(3) Dibl. nat., Joly de Fleury, 12 11, fol. i3.
(4) Mcm..., p. i3o.
LES MALADES 3^1
les emplois extraordinaires, comme à l'office des accouchées, il
faut ajouter: 14" une loge de portière; i5° un parloir; 16" la
salle où Ton accouche; 17° le logement de la maîtresse sage-
femme ; 18° le logement des apprenties sages-femmes.
Or, l'Hôtel-Dieu comptait alors 20 emplois, formant chacun
une sorte d'hôpital particulier, ayant à sa tête la mère d'office,
assistée dans les plus importants de deux autres religieuses. Dans
chaque emploi, la mère d'office fait « raccommoder » le bouillon
venant de la grande cuisine, en le faisant bouillir avec des os
restés de la distribution de la veille, des oignons et des poi-
reaux, etc. ; elle prépare les collations qui consistent en bouillie,
soupe au lair, pruneaux, pommes cuites, raisins, cerises, abricots,
biscuits, selon la saison, et qui se distribuent à i heure après
midi, et à 10 heures du soir; dans les frais de ces collations, le
Bureau n'entre que pour 10 liards par Jour ; le reste est produit
par un petit pécule provenant des montres, bijoux, boucles,
argent monnayé des malades, rendus fidèlement en cas de guérison,
mais restant, en cas de décès, la propriété de l'office.
On conçoit facilement la répercussion sur les frais de gestion
de ce morcellement de l'hôpital ; les contemporains ne s'y sont
pas trompés : « C'est un grand défaut, dit Tenon (i), pour un
hôpital, d'avoir dans son sein autant de petits hôpitaux, autant
de cuisines, de buanderies particulières, autant de séchoirs, de
caveaux de linge sale, de pièces pour échanges, et c'est multiplier
les consommations et la main-d'œuvre, détourner les officières,
les infirmiers et infirmières, de leurs véritables fonctions ; c'est
enfin envelopper les salles d'une quantité de pièces aussi incom-
modes que préjudiciables à leur salubrité. »
Si nous passons du service des salles aux services généraux,
aux « départements «, nous trouvons la même complication (2).
Tenon en énumère 26 principaux : « i» l'église ; 2'^ le bureau
d'administration; 3° la visite des malades; 4° les entrées et sorties;
5° les cuisines ; 6° la sommellerie et la tonnellerie ; 7° la paneterie-
boulangerie, la farinerie, la conservation des grains ; 8° la
boucherie et la fonderie des suifs ; 9° la chandellerie ; 10° la
garde des huiles ; 1 1° l'apothicairerie; 12° les buanderies générales;
i3° la lingerie aux draps ; 14° la lingerie aux chemises et au
menu linge; i5° la lingerie particulière dite du chiffon, pour la
conservation et la distribution des bandes, compresses et de la
(i) Mcm..., p. i32, i33.
(2) Cf. les plans détaillés des salles, Cab. des est., V"; 9.
.^42 I. HOTri.-i)ir,r w ww \t av xviii'" sikci.e
_Z -\
i
charpie; i6" le département des tapissiers ; 17° celui des tailleurs ; j
18" le vestiaire des hommes; 19° le vestiaire des femmes; 20° le j
lieu de dépôt pour les morts, avec tout ce qui a rapport aux salles i
et amphithéâtres anatomiques ; 21° ce qui regarde l'entretien des \
pompes, des tuyaux et la distribution des eaux ; 22° le chantier au '
bois à brûler ; 23° le magasin général au charbon; 24° le détail '
des basses-cours ; 25° les divers ateliers, chaudronniers, menuisiers, i
savefiers, vitriers, charrons ; 26° Tinspection et entretien des
bâtimens n. Tous ces départements ne représentent pas des locaux ;
effectifs, mais certains sont de véritables magasins, et Ton se
demande avec étonnement comment, dans un si petit espace, une ■
pareille organisation pouvait fonctionner et évoluer.
Un homme pourtant, le chirurgien P.-J. Desault ij, à la fin I
du xvin« siècle, tâcha d'introduire à THôtel-Dieu de nouvelles ',
méthodes, Il habitait un modeste appartement rue de la Harpe,
vis-à-vis de la rue du Foin, quand il fut élu, à la mort de
J. -Baptiste Ferrand, en février 1785, maître chirurgien à l'Hôtel- |
Dieu. Sa thèse avait été la première passée, le 3i août 1776, à i
rÉcole de chirurgie, nouvellement construite (2' ; mais il faisait :
déjà depuis longtemps des cours sur l'anatomie, qui avaient un tel ;
succès que ses rivaux les avaient fait interdire ; soutenu heureuse- '
ment par Louis et La Martinière, il put être nommé professeur à ^
rÉcole pratique de chirurgie, puis chirurgien de la Charité, en ^
1782, enfin en 1785 de THôtel-Dieu, « vaste abîme, dit son élève 1
Bichat (3), où allait- auparavant se perdre la foule des malades, ^
inutile à l'art et ignorée des artistes, et [qui] devint un dépôt ■
ouvert de toute part à l'observation, et où l'instruction multipliée [
sous mille formes, attira ce grand nombre d'élèves que l'envie I
d'apprendre attachoit depuis longtemps à sa suite. L'enseignement '
de la chirurgie, alors resserré dans l'école, s'y traînoit sur une
suite de théories, plus souvent nées dans le cabinet qu'auprès du
lit des malades.... L'élève qu'elles avoient formé, habile à discourir,
novice à pratiquer, n'avoit, pour se diriger dans le traitement
des maladies, qu'une expérience longtemps composée de ses fautes ]
et de ses méprises. Desault conçut qu'il avoit à suivre une route j
opposée, et que pour être utiles, ses leçons devaient moins être '
(i) Né à Magny-Vernois, prés de Lure, mort à Paris le i" juin 1795. La Convention '
accorda à sa veuve, Marguerite Tliouvenin, une pension annuelle de 2.000 1. [Moniteur, 1
4 messidor an III, n» 274.)
(2) De calcula l'esicœ urinariœ, eoqne extrahendo, pravia seclione. ope instriDnenti '
Haivkynsiani emendati. (Tliéses cliirurg. de Paris, in-4», 22 p., sous la présidence d'Ant.
Louis.) '
(3) Eloge de Desault par X. Bicliat, en tête des Œuvres chirurgicales de son maître;
Paris, 1798-1803, 3 vol. in-12, I, p. 23. '^ ,
i
LES MALADES
un traiié qu'une démonstraiion des maladies, une inspection
raisonnée plutôt qu'un ensemble de préceptes L'enseignement
de l'Hôtel-Dieu fut dirigé d'après ces considérations. Il offrit la
première clinique externe qui ait existé en France, et la mieux
combinée qui ait encore été établie en Europe. Chaque description
y étoit animée par la présence de l'objet décrit. Chaque opération
y offroit aux yeux ce qu'ordinairement on ne présente, dans les
cours, qu'à l'imagination. » Ce n'est pas à l'éloquence, comme
on l'a souvent écrit, que Desault dut son succès. Au contraire,
« les grâces de l'élocution, dit encore Bichat, n'embellissojem
point ses discours. Dans les sciences exactes, qu'est le mérite de
plaire auprès de celui d'intéresser ? L'expression fuit, et laisse à
nu les choses qu'elle recouvroit. Souvent la fécondité de l'une
n'est qu'un voile à la stérilité des autres, et tel nous éblouit quand
il parle, qui n'a rien dit lorsqu'il a parlé (i). »
Desault fut un hygiéniste fervent ; il avait obtenu du Bureau
que les blessés (hommes), hospitalisés dans les salles Saint-Paul
et Saint-Nicolas réunies, fussent couchés seuls dans un lit,
mais l'encombrement était tel que bientôt il fallut revenir à
l'ancienne pratique, et en mettre 3 ou 4 ensemble ; dans cette
double salle, il y avait jusqu'à 33o et 340 malades en jan-
vier 1788 12). Il ne manque pas de signaler aux administra-
teurs cette situation vraiment lamentable dans une lettre qui
résume tous les abus de la maison, à la veille de la Révolution (3) :
1° défaut d'ordre dans la réception et la sortie des malades; en
effet, la nuit, on reçoit indistinctement, sans incription et sans
visite, tous ceux qui se présentent ; ce sont souvent des ivrognes
qui se sont fait quelque égratignure, et qu'on ne peut pas renvoyer
le lendemain, parce que le jour de sortie n'a lieu que 3 fois par
semaine, et souvent 2 et même moins lorsqu'il y a une ou
plusieurs fêtes, ou que les religieuses préposées aux chemises et
aux habits ont quelque autre affaire ; de plus, il y a dans le service
une infinité de paresseux et de désœuvrés qui ne sont plus
malades, et qui s'en vont de leur lit le matin et le soir à
l'heure des pansements, afin de ne pas être aperçus par les
chirurgiens qui les feraient renvoyer, et qui y reviennent lors de
(i) Des analyses des consultations de Desault (i 786-1787), dues probablement à l'un de
ses élèves, l'anatomiste Gavard (1733-1802), ont été publiées récemment par M. Coyecque,
Bull. Soc. H. de P.., 191 o.
(2) Délib. 3i janv. 1788, reg. i58, non pagine', et Arch. nat.. Fi'- 233, plusieurs pièces
reproduites par Tuetey, o. c, 1, 20<), et aussi E. Sauzay, Un C/iirurf;ifn au siccle dernier.
P.-J. Desault ; Paris, 1889, in-4'', 45 p.
(3) Délib. 3o janv. 1788. Nous ne donnons ici qu'un résuiué de la lettre.
.^44 I- HOTFI.-Dir.I' AV XVII'- KT AU XYIII^ SIKCLF.
]a disiribuiion des aliments et que les religieuses gardent « par
principe de charité » ; 2° défaut de régime et de police dans
l'intérieur des salles ; les religieuses donnent trop à manger, car
il n'y a point de maladies où la trop grande quantité d'aliments
ait autant d'influence que dans les maladies chirurgicales ; les
parents et amis apportent des victuailles qui sont également
contraires aux malades ; enfin, les malades se lèvent et se
promènent à leur guise, ce qui retarde encore leur gué-
rison.
Cette situation, nous pouvons la présenter, sans noircir le
tableau, d'une façon plus concrète. Qu'on se figure en effet sur le
bras de Seine, surtout entre le pont au Double et le Petit-Pont,
les vagabonds et gens sans aveu qui rôdent, le soir et la nuit, pour
voler les marchandises restées dans les bachots et bateaux, et
viennent se baigner, tout en cherchant à faire un mauvais coup (ij
— n'en a-t-on pas vu voler des couvertures, des draps et du linge
qu'on avait laissé « tremper » la nuit au lavoir avant de les lessiver,
en les tirant avec de grands crocs ? — les pêcheurs qui injurient les
novices occupées à laver le linge, quelquefois même le leur sai-
sissent, ou bien se déshabillent tout nus et plongent pour y pêcher
les bassins, écuelles et autres ustensiles tombés dans la rivière,
empêchent les serviteurs de les reprendre, font « mille indé-
cences » (2) — les baigneurs et baigneuses qui restent parfois tout
nus sur les bords et graviers de la rivière et sur les bateaux vides
ou chargés de marchandises, et s'en vont ainsi vers les bateaux à
lessive (3) ; — « les compagnons de rivière » qui conduisent les
trains de bois flottés, et eux aussi, ne se privent pas de voler du
linge Ou des hardes (4) ; les gens qui se -pressent le dimanche et
les jours de fête à la porte de la salle de l'Infirmerie, à l'heure
où se font les baptêmes, pour s'offrir à être parrains et marraines,
insultent les prêtres, les religieuses, les novices, empêchent le
(i) Rè^l. H.-D., III, io3. Sentence du Bureau de la Ville du 5 juin 171 1 portant def-
fenses à toutes personnes de se baigner dans le bras de la rivière de Seine, depuis le pont
de l'H.-D. jusqu'à celui appelé le Petit-Pont, à peine de 20 1. d'amende, et à tous vagabonds
et gens sans aveu de rôder sur la rivière, ni d'entrer dans ledit canal pendant la nuit, sous
quelque prétexte que ce soit, à peine de fouet.
(2) Régi. H.-D., III, 323. Ordonnance de M. le Grand Maître des eaux et forets au
département de Paris du 14 juin 1724, qui fait défenses aux maîtres pécheurs et à tous
autres particuliers de pécher ni s'arrêter avec bateaux dans l'espace du bras de la rivière
de Seine, passant entre le pont de l'H.-D. et le Petit-Pont, sous quelque prétexte que ce
soit, ni pareillement de s'y baigner, à peine de confiscation desdits bateaux, 100 1.
d'amende, d'un mois de prison, et de plus grande peine en cas de récidive.
(3) Régi. H.-D., III, 425. Sentence du Bureau de la Ville du i5 mai 1737 portant deffenses
à toutes personnes de se baigner dans le petit bras de la rivière depuis le Jardin appelé le
Terrcin, jusqu'au pont St-Michei, à peine de punition corporelle.
(4) Régi. H.-D. Ordonnance du Bureau de la Ville du i3 mai 1744.
LKS MALADES .''4D
service par le désordre qu'ils communiquent (i); — les domes-
tiques qui jettent Jour et nuit des ordures sur la rue de la
Bùcherie, « et quelquefois le vase dont les éclaboussures gâtent
les marchandises » et blessent les passants, ou bien urinent par
les fenêtres et mettent des lumières pour être vus, au grand
scandale des voisins (2); qu'on ajouteà ce spectacle Tencombre-
ment produit par les bateaux et chalands placés à « cul-pendant »
les uns des autres entre le pont Saint-Charles et le Petit-Pont,
apportant les provisions de la maison, tandis que le milieu de
la rivière reste libre pour « Tavalage » des bateaux et des trains,
moins exposés à se briser dans ce canal que sous Tarche Saint-
Denis du pont Notre-Dame, ou sous l'arche « avalante » du pont
au Change, déchargeant des charbons pour la cuisine au port
l'Evêque et au port des Étuves, du côté de la rue de la Bùcherie,
les bois qui remplissent le cagnard Saint-Charles, les blés qui se
mettent dans les greniers de la rue du Fouarre, les vins qui
s'empilent dans le cagnard aux bœufs (3) ; que l'on descende dans
les sous-sols où s'enchevêtrent buanderie, bûcher, étuves à sécher,
tuerie de bestiaux, magasins à huile, fonderie de suifs ; qu'après
avoir franchi le portail à travers les échoppes des maîtresses
lingères, des imprimeurs et autres boutiquiers garnissant le
perron, les étalages de la foire au lard, si c'est un jeudi saint, ou de
la foire aux herbes, le jour de la Notre-Dame de septembre, on
pénètre dans l'intérieur de la maison toute pleine de rumeurs,
« malades de force » qui se révoltent et frappent religieuses et
officiers, soldats venus pour enrôler des malades (4), convalescents
ou domestiques qui se disputent, visiteurs trafiquant avec les
malades de leurs aliments, introduisant des boissons nuisibles à
leur rétablissement, ou même venus pour les voler (5) : on pourra
(i) Délib. 2 avril lySy, reg. io6, fol. 109.
(2) Délib. 23 août 1729, p. 98, fol. 314. Les cours étaient éclairées le soir par des chan-
delles pjacées en différents endroits. En 1768, on décida de mettre, pendant le temps du
Carême seulement, 2 lampes à réverbères pareilles à celles des rues, dans les cours basses
où se faisait le travail de la boucherie. (Délib. 10 févr. 1768, reg. 137, fol. 42.)
(3) Règl. H.-D., III, 483. Ordonnance du prévôt des marchands et échevins concernant
la sûretéde la navigation dans le petit canal de la rivière, depuis le pont de l'H.-D. jusqu'il
celui St-Michel (23 juil. 1740). (Impr. P. -G. Le Mercier, imprimeur ordinaire de la Ville,
rue St-Jacques, au Livre d'Or.)
(4) Règl. H.-D., III, 5o3. Ordonnance du roi qui fait deffenses à tous officiers, soldats,
cavaliers ou dragons, d'entrer dans IH.-D. pour y enroUer aucun malade, convalescent ou
domestique, à peine de trois mois de prison et nullité des engagements (lo juill. 1741).
(5) Régi. H.-D., t. IV, p. 229. Arrêt de la cour de Parlement, portant règlement sur la
police qui doit être observée dans l'intérieur de' l'H.-D. (3o janv. 1772). Le règlement de
1772 interdit l'entrée de la maison avant 10 heures du matin, et ordonne la fermeture
à 4 h. 1/2, prescrit la fouille aux portiers et portières, fait interdire les attroupements par
les « gardes du pont St-Charles et prescrit à l'inspecteur et au sous-inspecteur des salles
de faire visiter en leur présence dessus et dessous les lits, et observer dans tous les coins
H5
I. HOTEL-DIEU AU XVIie ET AV XV
ainsi se faire quelque idée de ce coin de la Cité, où s'entassaient
plus de 3.000 personnes sur un terrain oii somnolent aujourd'hui
une statue et quelques arbres à l'ombre impérieuse de la cathé-
drale, seul vestige des temps révolus.
et recoins s'il n'y a personne de caché ou qui se soit glissé dans les salles ou dans les lits »;
mais, dés lyyS, le Bureau par délibération du 27 mai, homologué au Parlement le 21 juin,
en présence de la gêne occasionnée aux ouvriers et gens de campagne, paf la limitation
des heures de visite, laisse toute faculté au public d'entrer le matin au grand jour, et de
se retirer le soir avant le coucher du soleil.
CONCLUSION
De quelque nature que soient les événements ou les faits que
nous avons groupés, ils nous ont toujours apparu sous un double
aspect qui constitue l'intérêt de l'histoire de cette administration
hospitalière : efforts pour s'adapter aux progrès des mœurs et
des institutions, efforts pour maintenir les traditions et les privi-
lèges. Aussi bien ce double courant en sens contraire crée un état
de désordre et de conflits caractéristique de la société de l'ancien
régime, où derrière la façade grandiose de l'édifice apparaît l'inté-
rieur lézardé et vermoulu.
La préoccupation pour le Bureau de l'Hôtel-Dieu du maintien de
ses traditions et de ses privilèges, nous l'avons vue se faire jour
dans tous les sens de son activité, dans ses conflits avec le Chapitre
pour défendre ses attributions, dans ses efforts pour évincer les
administrations rivales et monopoliser les libéralités, dans ses
appels à la protection du pouvoir central pour maintenir ses privi-
lèges financiers et plus tard dans ses résistances au même pouvoir
pour faire échouer les projets de réforme. Il y a là une conscience
très nette d'un esprit administratif, autonome, jaloux, quelque
peu hautain et infatué de lui-même.
Mais quelle que soit la force qu'elle oppose, inertie ou diplo-
matie, concessions habiles ou rigueur maladroite, cette politique
se heurte à une nécessité impérieuse, celle d'adapter des habitudes
et des règlements anciens à des mœurs et à des besoins nouveaux.
Dans cette tâche, l'administration a eu à la fois des initiatives
heureuses et des défaillances partielles. D'une manière générale,
on peut dire qu'elle s'est laissée devancer par les événements.
Faute d'argent ou de décision, elle n'a vécu que de palliatifs et
d'expédients. Ni les circonstances ni ses propres moyens ni lui ont
permis de suivre d'assez près les transformations sociales. Par les
octrois, par les droits sur les spectacles, l'aumône se transforme en
impôt, la charité en bienfaisance ; Montesquieu va jusqu'à écrire
?4S l/HOTFI.-DIF.r AU XVIP ET AU XVIII" SlÙCLK
dans Y Esprit des lois (i): « L'État doit à tous les citoyens une
subsistance assurée, la nourriture, un vêtement convenable, et un
genre de vie qui ne soit pas contraire à la santé. » En face de ces
transformations de l'esprit public, THôtel-Dieu s'en tient aux
antiques conceptions de la charité bénévole et de la protection
royale.
Nous avons voulu montrer, disions-nous en commençant, l'évo •
lution d'une administration parisienne au cours de deux siècles.
Cette évolution, nous l'avons suivie dans tous les sens, dans les
règlements, dans les finances, dans le traitement des malades,
dans tout ce qui constitue la vitalité d'uu grand établissement
hospitalier, et certes rien ne ressemble moins à l'Hôtel-Dieu
de Henri IV que l'Hôtel-Dieu de Louis XVL Mais les progrès que
l'on aurait pu accomplir ont été à demi paralysés par les conflits
et procès de toutes sortes, par le manque d'idées directrices, par
le désordre même d'une société dont on croit les cadres métho-
diquement constitués et dont une étude plus détaillée révèle
l'anarchie (i). Tout le monde à l'Hôtel-Dieu ne veut-il pas com-
mander, religieuses, dames de charité, chanoines, même ceux qui
n'ont aucune qualité ? L'Hôtel-Dieu lui-même ne veut-il pas
échapper à toutes les contraintes, à tous les impôts, au droit
commun ? (2). Chez lui, il lutte contre l'anarchie, et au milieu de
la société, il est lui-même un exemple de désordre.
Nous l'avons vu au début du xvii« siècle, grâce à une
réputation séculaire, rayonner sur les provinces et à l'étranger.
Nous le retrouvons, à la veille de la Révolution, à demi détruit
par l'incendie, presque ruiné par le déficit, entièrement condamné
par la science. Après avoir servi d'exemple et de miodèle, il est
alors dépassé par les fondations privées, par les initiatives des
paroisses, par toutes les organisations qui, malgré lui, se sont
fait jour dans la capitale agrandie. Tandis que sous Henri IV,
avec sa splendide annexe de Saint-Louis et ses salles reconstruites,
il faisait encore bonne figure au milieu de Paris renaissant de
(1) Liv. XXIII, ch. xxix (des hôpitaux).
(2) « La nation, dit Turgot avec tristesse dans un rapport secret au roi, est une société
composée de différents ordres mal unis ei d'un peuple dont les membres n'ont entre eux
que très peu de liens, et où par conséquent personne n'est occupé que de son intérêt parti-
culier. Nulle part il n'y a d'intérêt commun visible. Les villages, les villes, n'ont pas plus
de rapports mutuels que les arrondissements auxquels ils sont attribués. Ils ne peuvent
même s'entendre entre eux pour mener les travaux publics qui leur sont nécessaires. Dans
cette guerre perpétuelle de prétentions et d'entreprises, V. M. est obligée de tout décider
par elle-même ou par ses mandataires. On attend vos ordres spéciaux pour contribuer au
bien public, pour respecter les droits dautrui, quelquefois pour exercer les siens propres. »
(Cité par Tocqueville, Ancien Régime et Révolution, 1860, in-S", p. 180.)
(2) « Il n'y a pas d'édit, de déclaration du roi, de lettres patentes solennellement enre-
gistrées qui ne souffrent mille tempéraments dans la pratique. .. (De Tocqueville o. c.,p.98.)
CONCLUSION
"49
ses ruines, il n'est plus, pour un Turgot et un Necker, qu'un
édifice vermoulu qu'il faut abattre, une administration impuissante
qu'il faut transformer. La capitale, brisant les bornes de ses
faubourgs, s'est agrandie dans tous les sens (i), et, lui, bloqué
dans la Cité, sur un bras de fleuve empuanti, il est devenu pour
ses contemporains un objet d'horreur, comme une antichambre de
la mort. Alors que, dans le Livre de Vie active du xv"^ siècle (2), le
malade admis à l'Hôtel-Dieu nous est représenté comme entrant
dans un lieu de repos et d'espoir, le lasciate ogni spei'an^a ne
serait point déplacé au fronton de l'hôpital au xviii^ siècle finissant.
Le Parisien malade ou blessé était loin d'être traité comme
l'Anglais à Plymo-uth, comme l'Italien à Florence. On peut dire,
d'après les études qui nous ont été laissées, que la capitale de la
France était en retard non seulement sur toutes les nations, mais
encore sur les grandes villes des provinces.
Cette situation doit-elle être imputée entièrement à la charge
des administrateurs et, répéterons-nous, avec Mercier, « que le
patrimoine sacré des pauvres se trouve livré aux vices d'une admi-
nistration insuffisante, pour ne pas dire plus, puisqu'elle se trompe
depuis si longtemps, et dans le choix des moyens et dans l'exé-
cution (3) » ? Ce serait une injustice. Ces administrateurs ont étudié
la plupart des problèmes qui s'agitent encore aujourd'hui dans les
commissions et les assemblées. Ils ont établi des règlements qui
ont servi de précédents heureux. Ils se sont heurtés à des difficultés
qui se retrouvent dans les préoccupations actuelles. A ce titre et à
bien d'autres, ils sont loin de mériter la condamnation que l'on
serait tenté de donner comme conclusion à cette étude, mais au
contraire^n'ont-ils pas droit, en définitive, à notre sympathie et à
notre reconnaissance, ces laborieux, le plus souvent obscurs et
désintéressés, qui ont donné leur temps, leurs labeurs, et parfois
leur fortune, au soulagement de leurs contemporains ?
(i) « On voit les droits et les impôts à la charge de cette grande ville s'élever aujourd'iiui
[1784] de 77 à 78 millions et former ainsi entre la 7» et 8« partie des contributions du
royaume. Tant de ressources sont l'effet de grandes richesses concentrées dans la capitale;
séjour à la fois de la plus grande partie des rentiers, des hommes de finance, des ambas-
sadeurs, de riches voyageurs, des grands propriétaires de terres, et des personnes les plus
favorisées des grâces de la cour... Le roi tire pins de revenus de sa capitale que les 3 royaumes
ensemble de Sardaif;ne, de Suède et de Danemark ne payent de tributs à leurs souverains. »
(Necker, Adm. des fin. de la Fr., in-4", t. I, p. 275.)
(2) Ms. des Arch. de l'A. P., par Jehan Petit.
(3) Tableau, t. III, p. 137. Voy. aussi Barbier, Journal, V, g3.
APPENDICE
LE
DOMAINE DE L'HOTEL-DIEU
AU XVIIP SIÈCLE
Le domaine de l'H.-D., primitivement composé de maisons groupées dans
les rues étroites de la Cité, puis sur la rive gauche de la Seine, dans les
ruelles avoisinant Saint-JuIien-le-Pauvre, ainsi qu'on peut s'en rendre compte
par le tableau qu'en a dressé M. Coyecque pour le moyen âge, s'étendit, aux
xviie et xviii- siècles, dans tous les quartiers de Paris, en même temps que ses
fermes prenaient elles-mêmes une extension considérable.
Sans prétendre tracer ici un tableau complet du domaine de l'H.-D., nous
voudrions montrer, pour illustrer ce que nous avons dit au chapitre des reve-
nus, comment la pratique des 'rentes viagères contribua à l'extension de ce
domaine pour une aussi grande part que les legs proprement dits. Ces exemples
auraient surchargé notre exposé, et nous avons cru les réserver en les grou-
pant dans cet appendice. Nous avons suivi l'ordre topographique, en prenant
I n.-D. pour centre, et en adoptant la division par censives, qui conserve sa
physionomie originale au Paris de l'ancien régime.
Dans ce tableau du domaine de l'H.-D., à la fin du xyiir siècle, ne figurent
m les maisons de la Cité dont la liste a été donnée par M. Coyecque ni les ter-
rains acquis autour de Saint-Louis, de Sainte-Anne et du cimetière de Clamart
dont 11 aete fait mention dans le corps du texte, ni, bien entendu, le domaine
des Incurables qui n'entrait pas dans notre sujet.
Tous les renseignements qui y sont contenus proviennent du dépouillement
des basses des archives de l'A. P., sauf pour la partie brûlée en 1871, concer-
nant le domaine rural, pour lequel nous avons eu recours à VLireutaire
de Brièlc.
DOMAINE URBAIN
CENSUE DU CHAPITRE DE SAI.NT-AIGNAN
Rue Galande, 2 maisons coiuiguës, données par Frany-oise Clavier, en
1749. à charge de 800 livres viagères. L'une avait porté l'enseigne des Trois
Faucilles^ et se trouvait voisine d'une maison appartenant au collège de la
Marche, l'autre était la première à droite en entrant par la rue des Anglais, et
avait appartenu au xvii" siècle à Antoine, puis à Jean Moriau, avocats 'au
Parlement.
23
l'hOTFL-DIEU au XVIie KT AU XVIIF SIECT.K
CENSIVE DE LA GRANDE CONFRliRIE AUX BOURGEOIS
Rue de la Vieille-Bouderie, vis-à-vis de Vabretivoir Maçon, à l'opposé de la
rue de la Huchetle, la maison à l'enseigne du Saint-Esprit et de VAnge,
vendue par ses différents propriétaires, en i5oi, à Jeanne Lasseline, prieure de
l'H.-D., au profit de l'office du linge, puis par un acte ultérieur du 6 aoiàLi5g3,
à l'H.-D., par Jean Ferret, abbé commendataire de l'abbaye de Moreilles;
reconstruite en 1701 (i).
Rente foncière depuis i3i2, sur une maison de la rue Zadiarie, \e Petit
Paradis, devenu depuis 1700 VEcharpe Blanche.
CENSIVE DU CHAPITRE DE SAINT-BENOIT
Rue Sainl-Jacqiies, vis-à-vis de la rue des Matlmrins, entre les Loups et la
Toison-d'Or, maison léguée en 1727 par Jean Gauldré-Boiicau, marchand
mercier.
Rue de la Harpe, maison à 4 étages acquise par échange d'une dame de
Hill)^ en i665, voisine d'une maison appartenant à 1' « œuvre » [paroisse] Saint-
Côme, portant au moment de la Révolution le numéro 40 de cette rue.
Rue de la Harpe, rente de 21 1. 8 s. 6 d., sur le collège de Cluny, dont la
chapelle avait été construite sur l'emplacement d'une maison donnée à l'H.-D.,
en 1234, par Jacques, clerc de Saint-Louis, pour instituer à l'hôpital un
chapelain breton; rente de 17 1. 7 s. 6 d., sur Le; collège de Justice, établi en
partie dans une maison, léguée à l'H.-D. en i3t6, par Henri de Meso, cha-
noine du diocèse de Langres (2) ; rente de 7 1. 10 s. sur deux maisons
contiguës au coin de la rue Poupée; enfin rente sur la maison des Marmousets,
appartenant au collège de Bayeux.
Rue de la Harpe, maison faisant le coin de la rue de la Parcheminerie,
dans le fief des Rosiers, contesté entre « Messieurs de la Sorbonne » et
les chanoines de Saint-Benoît, et maison des Trois Mores, léguées toutes deux,
en 1694, par Martin Ricordeau, conseiller à la Cour des aides ; cens de
7 deniers sur la maison de la rue de la Parcheminerie, faisant le coin de la rue
Saint-Jacques, voisine de VÉcu d'Argent, propriété de la fabrique de Saint-
Séverin, et appartenant, en 1747, à Thomas Hérissant, libraire (3j.
CENSIVE DE LA VILLE
Rue Saint-Jacques, vis-à-vis du collège du Plessis, maison du Berceau d'Or,
à 6 étages, reconstruite en 1727, attenant à une maison, propriété de la « société »
de Sorbonne, donnée en i65i par la veuve de Gilles Goupillcau, secrétaire de
la Chambre du roi (4).
CENSIVE DE l'université
Rue des Petits-Augustins, ancienne petite rue de Seine, 2 maisons se
composant chacune d'un corps de logis double, à 4 étages, avec grenier, écuries,
remises de carrosses, etc., achetées en 1670, dont l'une attenante au couvent des
Augustins réformés. Sous ces 2 maisons se trouvait un égout couveri, dont se
(l) Arch. A. P., liasse 2^2.
12) Arch. A. P., liasses 23o et 23 r.
(3) Arch. A. P., liasse 237.
{4) Arch. A. P., liasse 223.
I.K DOMAINE 355
plaignaient amèrement les religieux, appelé le canal des Cordeliers, passant
sous les maisons et rues des Cordeliers, des Fossés, de Saint- André, Contres-
carpe, Dauphùne, de Nevers, Guénégatid, Ma-{arine, place Conti, collège des
Quatre-Nations, et se jetant enfin dans la Seine.
Ces 2 maisons étaient louées, en 1719, l'une à la comtesse de Poitiers
pour 2.5oo livres de loyer, l'autre à Ch. -Nicolas More! de Vindé, conseiJler
au Grand Conseil, par bail à vie, moyennant 40.000 livres. Cette dernière
maison avait été occupée jusqu'à sa mort parle commandeur Sevin de BandeviJle,
grand-prieur de Champagne, commandeur de l'ordre de Malte, alors âgé de
67 ans, qui l'avait louée, à vie, le 2 5. novembre 1707, moyennant 11.750 livres.
L'autre avait été louée pour 1.800 livres de loyer annuel à Cl. -Pierre Auget de
La Chaboissière, « chevalier des ordres royaux et militaires dcN.-D. du Mont-
Carmel et de Saint-Lazare », qui avait fait don de 6.000 livres à l'H.-Dv en
considération du bail à vie qu'il avait bien voulu lui consentir. Sur cette
somme, 1.643 1. 6 s. 4 d. furent payés par son légataire universel, à l'H.-D.,
d'après un règlement de compte daté du 6 avril 1753, et ce légataire universel
n'était autre que J.-B. Robert Auget de Montyon, conseiller du roi, maître
ordinaire en sa Chambre des comptes, demeurant: rue Sainte-Croix-de-la-
Brctonnerie, paroisse Saint-Jean en Grève, futur bienfaiteur des hospices et
de l'Académie.
CENSIVE DU COLLÈGE DU CARDINAL LE MOINE
Quai de la Tourueïle, en face du pont, maison à porte cochère donnant par
derrière sur le jardin du collège Cardinal Le Moine, entre un jeu de paume
et un chantier de bois provenant du legs universel de Jean Coutté, bourgeois
de Paris, en 1687 (i). Elle comprenait plusieurs bâtiments, construits vers
1657, et dont l'un portait pour enseigne la Coupe d'Or. En 1703, le collège
offrit l'échange de cette maison dont le derrière aboutissait sur le chantier du
collège contre 2 autres maisons lui appartenant, rViC Saint-Victor ex vxxo. de
Versailles. Mais, au lieu de ces deux maisons, l'H.-D. réclama un terrain en
chantier près de la porte Saint-Bernard, ayant vue sur la rue des Fossés-
Saint-Bernard, ou bien une rente foncière plus forte que le loyer de la maison
du quai de la Tonrnelle {2).
CENSU'E DE l'archevêché
Les possessions de l'H.-D. dans la vaste censive de Tarchevêché étaient
fort 'dispersées :
Rue Xeiive-Saint-Honorc, maison du Pichet Vert, léguée en 1681 par Pierre
Bessines de Lort, chirurgien dTi roi, chargée de 8 s. i d. parisis de cens et de
4 1. 5 s. 9 d. de rente. Le droit d'indemnité dû à l'archevêque pour cette mai-
son s'était trouvé compris dans une somme de 16. 683 1. 5 s. 4 d. pour laquelle
l'H.-D. constitua à Farchevcché une rente de 556 1. 2 s. 2 d. au denier 3o,
rachetée en 1732.
Rue Saint-Honoré, maison léguée en i68r, par Fabien Perreau, sieur
de La Charnoye, administrateur, au coin de la rue des Vieilles-Etitves,\-is-k-v\s
delà Croix-du-Trahoir, ancienne maison des Singes, propriété d'Anne Le Camus,
fille de Nicolas Le Camus, apothicaire, composée de 2 corps de logis, l'un sut
(1) Délib. H.-D. 17 avril 1763.
(2) M. Fosseyeux, le Collège du Cardinal-Lcmoinc, dipl. d'ét. sup. d'hist. et s<-'osr., 1898.
356 i.'HOTFL-niFr .au xvn<= kt au xviii<= sikclk
le devant, à 4 étages, avec boutique, l'autre sur le derrière, ayant son entrée
rue des Vieilles-Étures, également de 4 étages, loués, en 1684, 1.526 livres et
1.232 livres; contre le mur de ce dernier corps de logis était adossé un étal
de boucher loué Go livres par an, disparu en 1767, lors de l'ouverture des
nouvelles halles construites sur l'emplacement de l'hôtel de Soissons (i).
Cette maison des Singes devait son appellation à un poteau sculpté ou
cornierqui faisait l'encoignure; il représentait un arbre, duquel s'élevaient des
branches garnies de pommes où l'on voyait des singes cherchant à grimper
pour atteindre le fruit, tandis qu'un vieux de la bande, tapi au bas, présentait
d'une main une des pommes que les jeunes avaient fait tomber par les secousses
qu'ils donnaient à l'arbre, d'après une description laissée par Lenoir, con-
servateur du musée des Petits-Augustitis, qui l'avait recueilli, lors de la démo-
lition de cette maison, en 1802 (2).
Un autre souvenir plus précieux s'attache à cette maison, qui paraît bien
avoir été celle des parents de Molière, avant d'appartenir à l'H.-D. ; en effet,
un contrat du 27 septembre i638, contenant échange de la maison en question
entre MM. Morot et Ferrand, et M. Le Camus, contient la condition pour ce
dernier d'entretenir le bail fait par Jean Poquelin, marchand tapissier, demeu-
rant en la maison des Singes (3); c'est là quil aurait eu son fils Jean, baptisé
le i5 janvier 1622, à Saint-Eustache.
Rue Neiive-desBoticheries-Saint-Honoré, maison donnée pour moitié en
i636 par François Anguier moyennant i.5oo livres de rente viagère et pour
moitié par son frère Michel Anguier, sculpteur, en 1666, composée de
2 boutiques et de 5 étages à 4 chambres. Les frères Anguier la tenaient
d'Etienne Doyard, serrurier ordinaire des bâtiments du roi, et commissaire
contrôleur juré mouleur de bois, qui l'avait fait construire sur l'emplacement
des fossés comblés entre la porte Saint-Honoré et la porte Montmartre (4).
Les droits d'indemnité dus pour cette maison furent compris dans la somme
de 12.000 livres payée les 26, 3o janvier et 11 mai 1674, à l'archevêché, pour
être employée à la réédification des bâtiments de la propriété de Conflans.
Rue de Richelieu, en face de la rue Ménars, deux maisons provenant de la
succession de Claude Vouet, procureur au Chàtelet, qui délaissa en 1696 tous
ses biens à la réserve de l'usufruit en faveur d'I.-F. Vouet (5), son cousin. 11
s'agit en réalité de 2 corps de logis, l'un sur la rue, l'autre ayant son
entrée par une grande allée de passage à porte cochère, loués à un barbier-
perruquier-baigneur-étuviste, qui prit pour enseigne le Bain royal. En 1752,
le locataire obtint pour son établissement de bains une concession d'eau de la
\'ille, de 9 lignes, à prendre à la fontaine de la rue de Ridielieu, moyennant
1.800 livres, soit 200 livres la ligne ; un nouveau corps de bâtiment fut cons-
truit à cette époque à la place d'une remise au fond de la cour, pour les
bains, avec cabinet d'épilation.
Propriété pour un cinquième du fief de Tirechappe, légué par Pierre
Pithon, conseiller au Parlement, qui le tenait de Louis Mauduit, prieur de
Saint-Martin de Bretancourt. Ce fief, situé rues Tirechappe et de Béthi^y, était
mouvant de l'archevêque de Paris et, à ce titre, franc « de quint, rcquint et
(i) C. Piton, le Quartier des Halles ; Paris, 1891, in-8°, p. 249.
(2) Lenoir, Musée des Monuments français, 8 vol., 1804, t. 111, p. 24.
(3) Arch. A. P., liasse 279; le Moliériste, janv. 1879, et R. Hénard, la Rue Sl-Honoré, iç,c8,
in- 12, p. 146.
(4) Arcli. A. P., liasse 274.
(3) Arcli. A. P., liasse 277.
.F, nOMAINR
rachat » et imposé seulement du marc d'argent doré. II consistait en un cens de
7 I. 12 s. 4 d. maille parisis « portant lods, vente, saisine et amande »,
suivant la coutume de la prévôté de Paris, payable à Noiil et à la Saint-
Jean-Baptiste, faute de quoi le seigneur du tief pouvoit « mettre ou faire mettre
les huys des maisons, masures et places vuides au travers, à peine d'une
amende de 6o sous parisis si on les ôte ».
II s'étendait sur les maisons de la rue Tirechappe (i), à savoir: à droite
en entrant par la rue Saint-Honoré, du côté de la Croix-aii-Tralioiv, le Plat
d'Étain, chargé de 6i s. 3 d. maille parisis de cens, quatre corps d'hôtel et
une place où furent bâties plusieurs maisons, entre autres celle de la Corne-
de-Daim, chargée deog sous parisis; un jeu de paume, ayant remplacé d'an-
ciennes maisons, chargées de ^gsous maille parisis ; puis, en suivant, diverses
maisons, le Chef Saint-Jean, le Mouton, la Hotte, le Cheval ronge, chargées
de 17 s. 6 d., et 6 autres, dont la dernière, le Compas, faisait le coin de la rue
Tirechappe, puis 4 maisons dans la rue de Béthi^^y, allant jusqu'à l'hôtel d'abord
de Guéménée, puis de Montbazon, et chargées de 72 s. 6d. de cens^ le Point
du jour, la Souche, la Renommée, la Bouteille. Puis^ de l'autre côté de la rue
Tirechappe, une maison chargée de 3 s. 4 d. de cens, un corps d'hôtel chargé
de 12 deniers parisis, 2 maisons chargées de 8 deniers parisis de cens; 2 autres
encore, VAnge et la Maison ronge.
La maison du Plat d'Étain était la 4" de la rue Tirechappe ; sur son jambage
comme sur celui de la maison voisine se trouvaient gravées une crosse et une
mitre, parce que cette dernière se trouvait dans la mouvance du hef du For-
aux-Dames, appartenant à l'abbaye de Montmartre. La 3° maison après le Plat
t/'iT/i^m avait pour propriétaires les administrateurs des Petites Maisons.
Le fief de Tirechappe était voisin du fief de la Trémoille (2) dont la censive
s'étendait sur une partie des maisons de la rue des Bourdonnais, adossées à
celle de la rue Tirechappe, entre autres sur la maison faisant le coin de la rue
Tirechappe et de la rue de Béthi^y, appartenant à M. de Bragelongne, et sur
une grande maison dite l'hôtel de Fleury, la 5° dans la rue Tirechappe, à
droite en entrant par la rue de Bcthi:^y, et appartenant à la marquise douai-
rière de Caraman.
De l'autre côté, par le derrière des maisons, du côté gauche de la rue Tire-
chappe, en entrant par la rue de Béthi^y, le fief de Tirechappe était limité
par le fief du Roule, dans la mouvance duquel se trouvait, pour un de ces
corps de logis, la maison de Is. Belle Etoile (ci-devant VAnge); ce fait fut con-
testé d'ailleurs dans une vérification de la mouvance du fief de Tirechappe
faite en 1767. On voit combien il est difficile de tracer les limites de ces fiefs,
et quelle source de contestations et de procès étaient sous l'ancien régime ces
censives entre-croisées et mal définies. Comme droit d'indemnité dû à l'arche-
vêché pour ce cinquième de fief, l'H.-D. paya au xviir siècle une somme de
166 1. i3 s. 4 d. en rentes sur les aides et gabelles.
Rue des Vieux- Augustins, maison léguée en 1644, par Anne Legras, veuve
de Philippe Rouillé, receveur général du taillon à Paris (3).
Rue Montmartre, en face de la rue des Vieux-Augustins, tenant au passage
du Saumon, maison léguée en 1676, par Fabien Perreau, seigneur de La
Charnoye (4).
(1) Arch. A. P.,
liasses 282-297.
(2) C. Piton, 0.
c, p. 261.
(3) Arch. A. P.
liasse 298.
(4) Arch. A. P.
liasse 3oo.
3 58 i.'hotf.l-dif.u au xvii« et au xviii« sif.clk
Rue Montmartre, maison acquise à charge de rente viagère de 800 livres,
de Mathurin Huron, orfèvre (n- 119 actuel).
Rue Saint-Honoré, place aux Chats, rente de 9 1. 3 s. 9 d. sur la maison
du Grand Turc, vis-à-vis du cimetière des Saints-Innocents, au coin de la
rue des Déchargeitrs, d'après un amortissement remontant au xiv siècle, et
5 livres sur les maisons de la Croix d'Or et de YEcharpe blanche, également
place aux Chats {i).
Rue de Greuelle-Saint-Honoré, jeu de paumecouvert, recueilli pourmoitié,
en 1673, dans la succession de Jacques Chertemps, écuyer, loué 1.704 livres
et 2 pains de sucre.
Rue du Bouloi, maison provenant de Jean de Courcelles, écuyer, louée
700 livres, et reconstruite en 1677 (2) par l'architecte Leduc.
Rue Plâtrière, rue Saint-Jacques et quai des Ormes, 3 maisons provenant
du legs de Gauldré-Boileau, marchand, bourgeois de Paris, en 1727 (3). La
maison de la rue Plâtrière, qui avait été achetée 17.000 livres, était chargée
2 sols parisis de cens envers l'archevêché; elle était louée, en 1706, 474 livres.
En 1732, elle fut estimée 25.000 livres et le droit d'indemnité et de 5° denier
payé à l'archevêché s'éleva à 5oo livres (4). Elle se trouvait vis-à-vis de la
communauté de Sainte-Agnès, entre une maison appartenant à M. de Beauhar-
nais, et une autre faisant le coin de la rue Verderet.
Rue Saint-Denis, maison de la Croix verte, provenant du legs Bachelier, en
i683. Elle comprenait 3 corps de logis, terrasse, jardin de 20 toises.
Rue Montorgiieil et rue du Bout-du-Monde, 2 maisons recueillies en 1740
dans la succession de J. -Jacques Régnier, secrétaire général des dragons de
France (3).
Rue des Filles-Dieu, paroisse Saint-Sauveur, 2 maisons contiguës,
provenant du legs de Christine de Heurles, dame de Passy, veuve de Claude
Chahu, trésorier de France, en 1676 (6).
Rue Neicve-Saint-Augustin, plus tard rue des Filles-Saint-Thomas, maison
provenant du legs de François de Callières, en 1717 (7), composée d'un
corps de lo^is de 2 étages sur la rue avec bâtiments en aile des 2 côtés, cour,
jardin, puits, écurie, sortie rue de Richelieu, le tout de i5 toises de face
sur 25 de profondeur entre la maison du président Croizette et celle de l'abbé
E* Renaudot. Elle avait été bâtie au début du xvip siècle sur une place de
3io toises, tenant aux anciens bastions de la ville, A-endue le i5 avril i635 par
François Thévenin, conseiller chirurgien ordinaire du roi, chargée de i denier
tournois de cens par toise envers les seigneurs de la Grange-Batelière (8) à qui
l'H.-D. paya 10.000 livres de droits d'indemnité et i 1. 5 s. 5 d. de cens annuel.
Rue Planche-Mibray, au bout du pont Notre-Dame, maison de l'Arbalète,
donnée pour moitié en 1674 (9) par Charles de Paris, bourgeois de Paris, à
charge de 5oo livres de rente viagère, et rachetée totalement par la suite.
Rue delà Petite-Lanterne, ou vieïUeplace aux Veaux, au coin de la rue des
(i) Arch. A. P., Liasses 280 et 281.
(2) Arcli. A. P., liasse 297.
(3) Arch. A. P., liasse 3o6.
(4I Arcl). A. P., liasse 307.
(5) Arch. A. P., liasse 294.
(6) Arch. A. P., liasse 319.
(7) Arch. A. P., liasse 278.
(8) Ed. Fournier, Paris démoli, Paris, 1882, p. 355, el L. Mentienne, le Fief de la Grange
Batelière; Paris, 191 1, in-8».
(9) Arch. A. P., liasse 411.
I.K DOMAINE 3 3Q
Portcurs-d'Eau, maison avec échaudoir, achetée 20.000 livres, en lySô,
à un cuiseur de tripes, et destinée, commela précédente, devenue insuffisante,
à servir à la cuisson des tripes « et apprêt des issues » des bestiaux pendant
la boucherie de Carême, après enquête de commodo et incommode, lettres
patentes de i733_, délivrance à consentement de Tarchevèque de Paris du
3o octobre 1754, arrêt an 10 janvier 1756.
Rue des Arcis, maison du Pavillon royal, léguée en 1718 par René Bau-
doin, écuyer, secrétaire du roi, consistant en une « boutique, salle, passage
dallée, escalier au fond, une petite cour, 3 petites caves, 4 étages carrés de
chacun 2 chambres dont une à cheminée et passage, un étage en mansarde,
2 chambres dont une à cheminée aussi avec passage et pointe de grenier ».
C'est le t}-pe de la petite maison parisienne d'autrefois. Elle est louée à un
maître batteur d'or, en 1766, pour 612 1. i3 s., dont 600 livres de loyer et
12 1, 2 s. pour intérêt du rachat de la taxe des boues et lanternes. A la veuxe
de René Baudoin l'H.-D. est encore redevable des 2/3 de 2 maisons à
4 étages, rue du Mouton, près de la Grève (i), à l'enseigne du Coq et de
VEcrerisse.
Rue de la Vannerie, maison du Petit Saint- Jean donnée, en i674àchargede
rente viagère, et louée successivement au xviir siècle à un maître maçon,
à un premier procureur au Parlement, à un lustreuren indienne, etc.
Dans le fief des Petits Marais, rue Vieille-du-Temple, paroisse Saint-Gervais,
maison appelée l'hôtel dEpernon, où demeurait la dojiatrice Elisabeth Rouillé,
veuve de Henry Lambert, marquis de Thibouville, seigneur d'Herbigny, Mont-
Saint-Jean et autres lieux, conseiller du roi, maître des requêtes ordinaires
de son hôtel. Grande maison à porte cochère, entre cour et jardin, avec ailes
à droite et à gauche, remises pour carrosses, donnée en 1704, à charge d'une
rente viagère de r.ooo livres qui fut affectée à diverses fondations, d'un
service annuel et d'une épitaphe en marbre dans l'église de l'H.-D. (2).
Par donation ultérieure du 22 mars 171 3, M. d'Herbigny versa 10.000 livres,
deniers comptant, à l'H.-D., pour agrandir le jardin et acheter un petit bâti-
ment qui se trouvait au bout faisant face au corps de logis. -Mais l'H.-D. garda
l'argent; il est vrai que sur cette somme il devait lui servir 5oo livres de
rente, sa vie durant, et après son décès, 3oo livres de pension viagère à sa
fille, dame Marie Angélique, dite de Sainte-Thérèse, religieuse au monastère
des Ursulines de la rue Sainte-Avoye.
L'hôtel d'Epernon (3) était contigu d'une part à l'hôtel de M. d'Hozier, grand
généalogiste de France, qui faisait le coin de la rue Vieille-dti-Temple et de
la rue Saint-François, et de l'autre à la maison de M. des Vieux, rue Xem^e-
des-Capucines, £>ccupée par la consignation; il était loué en 1761 à M. de
MilJeville, contrôleur général des domaines et bois de la généralité de Paris.
CENSIVE DU CHAPITRE DE NOTRE-DAME
Dans Vile Notre-Dame, l'île Saint-Louis actuelle, formée de la réunion de
l'île aux \'aches et de l'île Notre-Dame que séparait un bras de rivière à l'en-
droit où est à présent l'église Saint-Louis, maison donnée en 1706 par Pépin
de Marcinval, écuyer (4).
(i) Arch. A. P., liasses 4i5 et 416.
(2) Arch. A. P., liasses 342 et 343.
(3) Lefeuve, les Ane. Maisons de Paris, III, 414, et RoclieguJe, Promenades..., 3' arr.,
p. 60.
(4) Areli. .V. P., liasse 209.
?6o l'hOTF.L-DIF.U AT- XVII<= ET AU XVII|e SIÈCLE
Ce dernier avait donné également la moitié des droits de surcens à prendre
sur les maisons et bâtiments de l'île. Ce droit de 2 sous par toise de
superficie, payable à la Saint-Rémy, s'ajoutait aux cens perçus par le Chapitre
dans la censive duquel se trouvait l'île, le roi n'ayant gardé dans son domaine
que les maisons du pont Marie.
L'île Saint-Louis, au début du xvii-^ siècle, comprenait les rues Guillaume,
des Deux-Pouts, Saitit-Louis, Regvaltiève, Poiilletière et les quais Dauphin ou
des Balcons (i) et d'Alençon. Elle était déjà couverte de maisons et même
d'hôtels, comme l'hôtel Bretonvilliers ; le président J.-B. Feydeau habitait
une maison, vis-à-vis du portail de l'église Saint-Louis, qui avait appartenu
au chirurgien F. de Bourdeilles, et auparavant à l'architecte Le Vau. Parmi
les autres propriétaires se trouvaient Lambert de Thorigny, J.-B. Chomel,
conseiller du roi, frère de l'évcque d'Orange, Bochart de Saron, l'abbé Chanu
de La Haye, le chirurgien Lebesgue, la marquise de Choisy, l'abbé Dubois de
Menillet, Maillet de Berny, auditeur des comptes, G. de Saintonge, avocat, etc.
Beaucoup de « parlementaires » vinrent habiter dans les maisons cons-
truites par les spéculateurs. Parmi les acheteurs de terrain au début de l'en-
treprise se trouvaient l'ingénieur Salomon de Caus et l'architecte Louis
Le \'au qui vint lui-même habiter l'une des trois maisons construites sur
le terrain qu'il avait acheté à l'encoignure de la rue Saint-Loiiis-en-l'Ile et de
la rue PouUelière ; puis Ithier Hobier, trésorier général de France à Bourges,
Jean Connil, sieur de l'Isle, président en l'élection de Saint-Jean-d'Angely ;
c'est sur le terrain acheté par ce dernier que fut bâti sur le quai Dauphin ou
des Balcons, au c-oin de la rue Poiilletière, l'hôtel qu'habitait en 1671 François
Mole, maître des requêtes, attenant par derrière à l'église Saint-Louis ;
sur ce quai, Nicolas Sainctot^ trésorier général de la maison du roi, puis maître
des cérémonies de France, demeurant rue de la Verrerie, paroisse Saint-
Merry, acheta également 192 toises de terrain en i635 pour 13.440 livres,
soit 70 livres la toise, où il construisit une maison qu'il viendra habiter et il
cédera à son fils aîné, Nicolas Sainctot, également maître des cérémonies de
France. De toutes les vieilles maisons des paroisses voisines, la bourgeoisie
aisée émigrait dans l'île-
A côté des demeures des présidents et conseillers au Parlement, des Violle,
des Lambert de Thorigny, des Jassaud, etc., ou même des nobles comme les
Bretonvilliers, les Choisy, les Nantouillet, se trouvait également dans l'île la
maison occupée, au milieu du xviii» siècle, par la Communauté des inspec-
teurs sur les vins, ayant 3 issues, sur les rues Saint-Louis, de la Femme-sans-
Tète, et le quai Bourbon, à côté de la maison où se tenait le bureau des maîtres
brasseurs à Paris, faisant le coin de la rue de la Fcmme-sans-Téte. Enfin
des artistes vinrent habiter l'île Saint-Louis ; Philippe de Champaigne, « peintre
et vallet de chambre ordinaire du roi et de la royne mère de Sa Majesté»,
demeurait en 1645 sur le quai Bourbon, dans l'une des 2 maisons de
io5 toises de superficie, achetées en i636 à Jean Calon, conseiller du roi et
contrôleur des décimes en Champagne (2).
Les demeures les plus célèbres de l'ile étaient l'hôtel du président Nicolas
Lambert de Thorigny, l'une des premières œuvres de l'architecte Le Vau, à
l'cxircmiié orieniale de lîle, con mencé du temps de J.-B. Lambert, secrétaire
du roi, qui mourut en 1644, ^^ ^^^ inhumé aux Incurables (3), hôtel décore
(i) Arch. A. P., liasses 210-222.
(2) C. Sellier, Pr.-V. de la Comm. du Vieux-Paris, 1903, p. 172.
- (3) Jal, Dict. crit., p. 732.
I,F, DOMAINE 3<')|
de peintures de Le Brun et de Le Sueur, dont quelques-unes ont été apportées
au Louvre; et l'hôtel de Le Ragois de Bretonviiliers, premier président à la
Chambre des comptes, commencé par son père, Claude Le Ragois, mort
en 1645.
Le droit de surcens perçu par TH.-D. sur tous ces immeubles, dans la
convention du 19 avril 1614, entre les commissaires du roi et Christophe Marie,
bourgeois de Paris, par laquelle ce dernier avait été chargé de la construction
d'un pont en pierre destiné à relier le quartier Saint-Paul à celui de la Tour-
nelle (i), moyennant quoi, pour le rembourser de ses dépenses, Sa Majesté lui
délaissait « lesdites îles [il s'agit de l'île aux Vaches et de l'île Notre-DameJ
franchement et quittement pour en jouir par lui, ses hoirs et ayant cause, à
perpétuité, en faire et disposer les hypothèques, aliéner en toutou partie, ainsi
qu'il aviseroit bon être, à la charge néanmoins de laisser par lui les terres
nécessaires pour les rues qui seroient toutes pavées et auroient 4 toises de lar-
geur, et aussi à la charge de 12 deniers parisis de cens et redevance envers
Sa Majesté pour chacune maison qui seroit construite dans lesdites îles », le
tout « pour espace » de Go ans, après quoi le roi rentrerait en possession de
ses droits.
Pour cette entreprise qui comprenait également la construction de mai-
sons sur le pont, de quais, d'un revêtement en pierre du Terrain Notre-
Dame, une société se forma le 28 juin 1617 entre Marie et François Le
Rcgrattier, trésorier des Cent Suisses, et Lugles Poulletier, commissaire ordi-
naire des guerres, ce dernier pour deux quarts, et les deux premiers pour cha-
cun un quart (2}.
Après le désistement de Marie, en 1G23, ses droits furent repris par Jean
de La Grange, secrétaire du roi, par contrat du 16 septembre 162JÎ, mais
celui-ci se désista à son tour en 1627, et les premiers entrepreneurs lui furent
substitués. Le i" mai iG3o, Marie, Poulletier et Le Regrattier se partagèrent
tous les surcens créés par les contrats précédents. Ces droits passèrent ensuite,
par traité du 2 juin 1643, à une société formée entre les sieurs Berthault et
Le Marier, et l'adjudication du droit fut faite le 10 juin suivant en faveur de
Claude Dublet, juré-charpentier, pour iG.ooo livres. Puis la part de Berthault
passa en i655 dans les mains de Claude Garrot qui la vendit en i658 à
Matharel; l'autre part échut en 1676 à Pépin de Marcinval qui s'était marié
avec la veuve de Le Marier, et racheta la première part. Ce droit fut de
nouveau divisé; une partie fut donnée à l'H.-D. en 1706, l'autre échut par
succession à la présidente de L'IsIe, née Boucherat, qui le céda en 1757 au
maréchal de Clermont- Tonnerre, puis au comte, son fils. L'IL-D. et le comte
de Clermont-Tonnerre s'entendirent pour confier à un seul agent la perception
de ce surcens qui n'était pas toujours facile à cause du changement fréquent
des propriétaires.
CENSIVE DU ROI
Rue de {'Observance, maison louée à M. Jean Chuppé, avocat au Parlement;
maison voisine, également louée à un avocat, Esmé Sévère, et une troisième
attenante, faisant le coin de la rue de VObservance et des Fossés-Monsieur-
Ic-Prince.
Rue des Fossés-Monsieiir-le-Prince, en tournant, et près de la précédente.
(0 II s'iigit du pont Marie, construit de 1Ô14 à i635.
(■1) F. Boui-non, Additions...., p. 182.
302 I.'hOTIX-DIEU au XVII« et au XVIIie SIECLE
un autre groupe de 8 petites maisons uniformes n'ayant que 3 toises de façade
sur la rue.
Rue de Toiiraine (i), maison faisant le coin de la rue des Fossés, et
se suivant toujours un groupe de 8 maisons présentant 5 toises de façade ;
enfin maison faisant le coin de la rue de Toiiraine et des Fossés-Monsieur-le-
Prince.
Dans toutes ces maisons se trouvait sculptée sur la pierre une fleur de lis,
marque de la censive roj'ale.
Topographiquement ces maisons faisaient enclave dans la censive de Saint-
Germaindes-Prés ; elles étaient dans la censive royale en vertu de l'arrêt
du Conseil d'État du 24 septembre 1678 déclarant que « les places lesquelles
ont servy aux murailles, ramparts, fossez, fortifications et clostures des villes
du royaume appartiennent au roy ».
Ayant besoin d'argent, en 1674, pour construire le quai de la Grève et la
nouvelle porte Saint- Martin, la Ville (2) avait vendu les places et les maisons
qui se trouvaient sur le fossé entre les portes Saint-Germain et Saint-Micliel.
Ainsi une maison rue des Cordeliers, de 5o toises carrées, fut adjugée en 1675
à J.-B. Despériers, écuyer du roi, pour 18.000 livres; ce dernier la revendit
pour 14.500 livres en 1682 à l'H.-D., qui la reconstruisit en 1733.
Comme suite à l'arrêt de 1678, un nouvel arrêt du Conseil d'Etat du
12 juillet 168 1 décida que, dans un mois_, «pour toutes prévisions et délais », que
ceux qui auraient acquis à perpétuité des prévôt des marchands et échevins^
des places, maisons, et lieux dépendant des fortifications, payeraient le tiers
des sommes auxquelles montaieat les aliénations qui s'élevaient à 5oo.357 livres
suivant un état dressé en 1667. Sur le rôle annexé à cet arrêt, l'H.-D. fut
compris pour une somme totale de 11. 538 1. 6 s. 8 d. ; l'ensemble s'éleva à
i58.o85 1. i3 s. 9 d., mais le Bureau de la Ville fit des démarches pres-
santes pour que les détenteurs de biens soient déchargés de ces taxes vraiment
trop lourdes, et offrit de les payer, ce qui leur fut accordé par l'arrêt du
Conseil d'État du 10 janvier 16B2, confirmé par lettres patentes du 10 mars.
Le montant des taxes fut remboursé à Gédéon de Metz, garde du trésor royal,
en 3 versements, par Nicolas Boucot, « receveur des domaines, dons et octrois »
de la Ville deJ'aris, « en louis d'or, louis d'argent, et monnaie (3) ».
L'H.-D. est propriétaire pour moitié, conjointement avec « la Marchandise
de poisson de mer », du fief d'Helbic ou Albic{4.), sis aux Halles, par donation
de Marguerite de'Neufville, veuve de Jean-Pierre Fragier, le 11 janvier i532.
Ilétait alors affermé 60 livres tournois par an; en 045, l'H.-D. renouvela son
bail moyennant 80 livres tournois, un demi-baril de harengs blancs et un
ceut de harengs saurs; en 1556^ ce bail fut élevé à 881ivres tournois. En 1674,
un arrêt du Conseil d'État du 28 avril fixa les droits levés sur la vente du
poisson de mer à 12 sous par écu du prix de la vente de lamarée, et 14 sous
par écu du prix de la vente de harengs saurs et frais; dans ces droits se
trouvaient compris ceux du fief d'Helbic, à raison de 2 deniers par panier de
marée (5). En 1704, le 28 août, l'H.-D. fit un abonnement avec « les sieurs
jurés vendeurs de marée », à raison de 5oo livres par au pour la moitié des
droits du fief lui revenant; à la suppression des vendeurs jurés, en 1714, cette
(i) Voy. Comm. du Vieux-Paris, 1902, p. 232.
(2) Délib. du Bureau de la Ville, i3 juill. 1673 et 19 janv. 1674.
(3) Arch. A. P., liasse 237.
(4) Voy, Delamare, Traité de la police, t. III, p. 336.
(3) Arcli. A. P., liasse 3o8, et L. Biollay, les Anciennes Halles de Paris, 1877, in-8°, p. 18.
?63
somme fut payée par la caisse de la marée, suivant décision dui"-- octobre 1720.
En 1730, cet abonnement fut remplacé par un bail de 2.000 Livres, payé
par le receveur général des fermes du roi (i 3 novembre 1730); d'après « l'aveu et
dénombrement » du 14 juillet i733, du fondé de procuration des administrateurs
de rii.-D., le droit perçu par l'H.-D. fut de i maille sur chaque panier de
marée, i denier parisis sur chaque millier de harengs amené par chariot
par les marchands forains, i denier tournois sur chaque caque de harengs,
et G sous tournois sur chaque chariot de morue. En 1735, l'H.-D. fit assigner
en la grand'chambre les marchands forains de marée pour les condamner
au payement des droits qui n'avaientpas été payés depuis le i" octobre 1730.
Les offices de ces vendeurs ayant été supprimés en 1776, les droits de toutes
espèces sur les marchandises de mer furent attribués à l'adjudication générale
des fermes, qui s'empressa de ne plus rien payer à l'H.-D.
Aux Halles, l'H.-D. touchait encore des rentes sur diverses maisons,
5o sols sur la maison de la Faux, à la halle aux poirées ; i5 s. 7 d. 6 oboles sur
la maison de VEpée) à la halle aux poirées également, 6 1. i3. 10 d. sur la
maison de V Image-Saint- Jacques, rue au Fcj/rrf, aboutissant par derrière à la
maison de la Fatix{i).
Rue de la Potei-ie, ancien jeu de paume des Halles, acheté pour
1 1 .000 livres.
Rue de la Grande-Ti-uanderie, maison de la Rose, dont l'H.-D. possédait
déjà la moitié depuis iG58, en vertu du testament de Jérôme Le Tellier,
ancien receveur général des « boêtes et monnaies » de France (2).
Rue Montmartre, maison de la Croix-Blanclie, comprenant 2 corps de
logis, chargée d'un sol de cens par an envers le roi pour son tief de Saint-
Mandé (3), et de 20 sols de rente envers l'Hôtel de Ville, léguée en i683, par
Jean Bachelier, écuyer, l'un des directeurs généraux de la Compagnie royale
des Indes orientales. Elle avait été bâtie au commencement du xvii" siècle sur
unterrain vendu par la Ville, à charge de payer un censdeioo sous tournois et
de faire voxiter sur 26 toises de long le grand égout qui sortait de dessous la
porte Montmartre, et se continuait le long du faubourg.
Quai de VHorloge, échoppes adossées au Palais, louées à bon prix à de
petits étalagistes, orfèvres, débitants de tabac, miroitiers, gainiers, mathéma-
ticiens, perruquiers et dont les enseignes évoquent la physionomie du Paris
d'autrefois, le Soleil d'Or, la Victoire, le Saint-Esprit, les Trois Couronnes, le
Jardin royal, Saini-Jacques et Saint-Philippe, le Signe de la Croix, l'Image
Saint-Jean, l'Ange gardien, la Fleur de lys, le Xom de Jésus (4).
Place Royale, maison en 2 corps d'hôtel, avec une autre plus petite, rue
du Foin, acquises, en i665, pour 100.000 livres, de Louis de Bassom pierre,
évêque de Saintes (5), débiteur de l'H.-D., et qui lui venait de la maréchale
de Bassom pi erre, sa mère, sise entre celle de l'abbé de Castille et ceLle de
M. Duquesnoy Gobelin, chargée d'un écu d'or pour « pavillon », comme les
autres maisons de la place Royale, et de 12 deniers tournois de cens. Elle
avait appartenu auparavant à Claude Parfaict, bourgeois de Paris, et Anne de
Serres, gentilhomme de la Chambre du roi, et avait été bâtie sur une place
de 100 toises de long sur 60 de large, donnée par Henri I\" aux sieurs Moisset,
(1) Arch. A. P., liasses 3i2 à 3i.i, et Biollay, o. c, p. 44 et 61.
(2) Arch. A. P., liasses 3o2, 3o3.
(3) Arch. A. P., liasse 299.
(4) Arcli. nat., Qi* 1099I.
(5) Arch. A. P., liasse 35o.
364 l'hotkl-diku au xvn« r/r au xviiie siîxle
Sainciot, Lumagne, Camus et Parfaict, et dépendant du parc des Tournelles,
vis-à-vis de l'hôtel de ^'itry, pour y établir des manufactures « de soye, or et
argent filé, à la façon de Milan ». En i683, on y ajouta un balcon de 4 toises
de long sur 5 pieds 3 pouces de saillie, au plain-pied du premier étage, « tant
pour la commodité d'icelle maison, que pour l'ornement et décoration de
ladite place ». Reconstruite en 1752.
Place Royale, hôtel de Blérancourt pour moitié, provenant du legs univer-
sel de Charlotte de Vieux-Pont, femme de Bernard Potier, sieur de Bléran-
court, comte de Pont-Audemer, en 1672 (i); l'autre moitié appartenant à
Anne-Madeieine Potier de Tresmes, de Blérancourt, de Brétigny et autres lieux.
Cet hôtel est loué 3. 000 livres, en 1672, à Ch. Éléonore de Lamotte d'Hou-
dancourt, femme de L.-Ch. de Lenz, duc de Ventadour, prince de Maubuisson ;
puis, en 1702, au duc de la Trémouille, en 1720, à Lefèvre d'Ormesson, com-
missaire des finances, conjointement avec Jules-Marie de La Bourdonnays,
conseiller d'Etat, pour 5.5oo livresàLéon Potierde Gesvres, cardinal-archevêque
de Bourges et primat des Aquitaines, en 1770, au marquis de Coudray, pour
4.000 livres ; en 1771, l'hôtel estimé 78.500 livres est adjugé en entier à l'H.-D.
à la suite de la liquidation de la succession de la dame Potier de Bléran-
court (2).
Fief d'Autoniie, ou de Haiilt-Don, acheté 10.000 livres en 1671 à Nicolas
Clapisson d'Ulin, conseiller à la Cour des aides, et à Marie du Vouldy, veuve
de Pierre Clapisson d'Ulin, contrôleur général de l'artillerie (3). L'acte d'acqui-
sition du 23 mars 1671 comprend expressément les droits de haute, moyenne et
basse justice. Ce fief avait passé successivement des mains de Bernard Coquatrix,
bourgeois de Paris, à Pierre Porcher, sergent d'armes et maître des garnisons
du roi, puis à Philippe de Moulins, évêque de Noyon, en i373, et en 1416, à
Germain Paillard, évêque de Luçon,- dans la famille duquel il resta pendant
près de deux siècles. Il s'étendait sur 35 maisons de la rue des Rosiers, de la
rue Vieille-du-Temple, et de la rue du Roi-de-Sicile, dont la première, rue
des Rosiers, portait gravée sur le jambage de pierre l'inscription suivante:
« Cy commence le franc-alleu de Hautonne, appartenant à M" Philippe, évèquè
de Noyon, et M" Jean Porcher conseiller du roi », et la dernière, rue du Roi-de-
Sicile, « Cy finist... ». Les « plaids » de ce fief se tenaient dans une maison d'un
cul-de-sac de la rue Vieille-du-Temple, probablement le cul-de-sac actuel
d'Argenson.
La maison de la rue des Rosiers, où commençait le franc-alleu, était
la maison du Cheval Ferf, puis venaient ensuite l'isc» de France, la Fleur de lis,
deux maisons sans enseigne, les Créneaux rouges, une maison sans enseigne,
l'Image Saint-Julien, une maison appartenant au seigneur du Peut-Marais, le
Saint- Antoine-au-Désert, et la maison contiguë. Delà le franc-alleu passait dans
la rue Vieille-du-Temple; la maison faisant le coin de cette rue et de la rue des
Rosiers appartenait au pâtissier ordinaire des bouches du roi et la reine ; la sui-
vante, le Chaudron, avait été adjugée en justice, après saisie sur la requête de
Philippe de Champaigne, « peintre et vallet de chambre du roi » ; puis
venait une maison appartenant à M. Gaudart, seigneur du Petit-Marais; le Jeu
de Paume de Robillard, maison construite sur l'emplacement d'un ancien
jeu de paume, l'Ane rayé ; une maison construite sur l'emplacement d'un
(i) Arcii. A. P., liasse 35 i.
(2) L. Lambeau, la Place Royale, 1908, in-8», p. 324. C'est actuellement le n» 26 de la
place des Vosges.
(3)Arch. A. P., liasses 354-384.
I.K nOMAINF.
jardin appelé le Jardin des Poiillies, 2 autres maisons, appartenant l'une
à M. Rallet, contrôleur général des rentes de l'Hôtel de Ville, l'autre à
M. Anceau, ccuyer et secrétaire du roi ; l'Image Saint-Eustaclie ; le
Bras d'Or; Vhotel d'Effiat, la maison où se recevaient les cens du franc-
alleu faisant le coin de la rue Vieille-dii-Temple et de la rue du Roi-de-Sicile,
donnée à l'H.-D. en 1671 par Eléonore Dugué, veuve de Jean de Moucy, che-
valier d'Iteville, et de Lespine, maître ordinaire en la Chambre des comptes,
en échange de 3.700 livres de rente viagère. Puis le fief tournait rue du Roi-
de-Sicile, où il comprenait encore 7 maisons, dont la dernière, le Pied de Biche,
contiguë à la Tête d'Or.
De ces maisons, la plus intéressante était l'hôtel d'Fffiat, composé de
4 corps de logis, dont un sur la rue Vieille-dii-Temple, et 2 autres en
aile sur la cour, et le 4» sur le jardin. Les propriétaires de cet hôtel
ont été successivement aux wii» et xviii» siècle: Jean de Marie de Beaubourg,
conseiller du roi (16 16), Jacques Vignier, Claude Vignier de Villemort, président
au Parlement de Metz, Nicolas Vignier de Recey de Juilly, le maréchal
d'Effiat, père de Cinq-Mars (1634); l'abbé Ruzé d'Effiat, abbé de Saint-Sernin
de Toulouse et de N.-D. des Trois-Fontaines, conjointement avec Armand
Charles, duc de Mazarin, de Mayenne et de la Melleraye, gouverneur d'Alsace :
Françoise Le Camus, veuve de René Leroux, à qui l'H.-D. l'acheta en 1682
pour le revendre en 1696 à M. Lepelletier, ministre d'État, dans la famille duquel
il resta pei.dant tout le cours du xviii» siècle (i).
Fief de la pone Baiidoyer, donné à l'H.-D. par Louis VII en i iSy (2), con-
sistant alors en un fonds de terre, avec droits seigneuriaux, y compris le droit
de justice, contesté par le prévôt de Paris. Accru de diverses donations,
ce fief se composait au xvii'= siècle de i3 maisons contiguës, rue Saint-
Antoine, le Coq, plus tard la Gerbe d'Or, en 1727, vis-à-vis la rue du Temple; le
Griffon, auparavant \e Petit Heaume et VÉcii d'Orléans; \eSanvage; la Chasse
royale ; la Tète noire, appartenant au collège de Laon; les Trois Petits Mores,
anciennement le Puits d'amour ; la Petite Bannière de France, reconstruite en
1748, successivement le Signe des parfums et (1726) VHomme armé (1748), les
Provençaux (1752), et d'où partaient les voitures pour Langres etChaumont;
l'hôtel de VOurs, d'où partaient le mercredi et le samedi les coches pourTroyee,
composé de 7 corps de bâtiments, dont 2 portaient les enseignes des Trois
Pigeons et VHomme sauvage, et appartenaient à l'opulente abbaye d'Ours-
camps, au diocèse de Noyon ; la Belle Image, en face la rue Geoffroy-
l'Asnicr; le Dauphin, qui fut successivement le Matras (lôoi), le Barbeau (1606),
la Pie (i63i}, le Dauphin (lôSg); enfin l'Image \otre-Dame, l'Autruche et le
Petit-Ours, la rue Cloche-Perce. Ces maisons sont de modestes logis loués la
plupart à des commerçants, épiciers, drapiers, orfèvres, etc.; les cens sont peu
élevés, 2 d. pour l'Autruche, 4 d. pour le Dauphin, 3 pour la Belle Image,
l'Ours, la Petite Bannière, 6 d. pour la Chasse royale, 5 d. pour la Tête noiie,
7 d. pour le Coq, 8 d. pour le Griffon, 12 pour les Trois Petits Mores. Les pro-
priétaires de ces maisons sont tenus de faire graver dans la pierre un H et
un D pour justifier que leur maison se trouve dans la censive de l'H.-D.
Rue Saint-Antoine, vis-à-vis la place Baiidoyer, au coin de la rue Regnault-
Lefèvre, qui conduisait au marché dit le Cimetière Saint- Jean, maison de
(i) D'Aucourt, les .Anciens Hôtels de Paris; Paris, 1880, in-i6, p. 36. C'est aujourd'hui
les n" 26 à 3o de la rue Vieille-du-remplo.
(2) Arch. A. P., liasse 392.
366 i.'hotel-dif.u au xviic et au xviii'^ siècle
VOrmc, achetée en 1680 (i) devenue le Pilier noir en 1700, chargée de diverses
redevances aux communautés voisines; elle rapportait 2.700 1. au xviii<î siècle.
Grande rue du Faubourg-Saint- Antoine, deux maisons, le Miroir royal et
la Couronne, données par Et. Gaillard en 1710 à charge par l'H.-D. d'établir
deux maîtresses d'école (2) à Montargis et à Courtenay, pour l'entretien des-
quelles une somme de 470 livres devait être prélevée sur le loyer annuel de
ces maisons; en 171 1, il ajouta à sa première donation 3 autres maisons, égale-
ment s'\ses Faubourg-Saint-Antoine, et dont les loyers étaient destinés à l'entre-
tien d'un maître et d'une maîtresse d'école pour instruire les enfants du fau-
bourg, à sa nomination, à celle de ses neveux, et ensuite à celle de Messieurs du
Séminaire Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
A l'entrée du Faubourg Saint-Antoine, maison contigue aux deux premières
acquise en 17 16 des héritiers d'Et. Gaillard.
Rue du Faubourg-Saint-Antoine, en face les Enfants-Trouvés, maison
léguée en 1681 par Toussaint Loustreuil, ancien concierge du château de
Versailles. *
Au coin de la rue Saint-Antoine et de la rue Rcgnault-Lefèvre, YOrme, plus
tard Pilier noir, achetée en 1680.
Sur le chemin de la Roquette, au lieu dit VEau qui dort, maison donnée
à la fin du xvii° siècle-
CENSIVE DE SAINT-MARTIN-DES-CHAJIPS
Rue Awnaire, maison du Plat d'Étain, aboulissant'par derrière aux murailles
du prieuré de Saint-Martin (3), provenant de La donation faite en i658 par
Marie de Saint-Amand, veuve de G. de Paistre,- orfèvre, chargée de 42 sous
parisis de cens.
Rue Neuve-Saint-Martin, maison léguée par Marie Hiette, veuve de
Gaspard Tranchepin, marchand bourgeois, par testament du 8 mars 1664 (4).
On l'appelait Maison du Pont-aux- Biches, parce qu'elle avait une sortie par
derrière, sur les remparts, près de ce pont; la Ville céda même, en 1700, à
l'H.-D. un terrain de 5j toises 2/3,. provenant des anciens remparts,, et situé
derrière cette maison, sur la continuation de la rue Meslay, ouverte en 1700
entre la vue Saint-Martin et la rue du Temple.
Rue Quincampoix, maison des Ciseaux d'Or, auparavant VAne raye, cliargée
de 3 deniers parisis de cens, donnée à charge de rente viagère par Charles
Tuppin, chapelain ordinaire de la musique du roi et chanoine de Saint-Jacques-
l'Hôpital (5), composée de 2 corps de logis et louée 480 livres en 1670.
Rue Qiiincampoix, autre maison adjugée par arrêt de la cour des aides du
9 mars 1741, et saisie sur Noël Nicolas de Pars, fils de Gaspard de Pars de
Coligny, à la requête de Michel Potier, fermier général des regrats de France (6).
Rue du Vertbois, maison du Chef-Saint-Denis, entre les Carneaux et
les Trois Pucelles, adjugée 920 livres, le 10 avril 1604, saisie sur la succes-
sion de F, Delagrange, maître maçon (7).
(i) Arcli. A. P., liasse 4o3.
(2) Arcii. A. P., liasses 417 à 421
(3) Arcii. A. P., liasse 329.
(4) Arcli. A. P., liasse 33o.
(5) Arch. A. P., liasse 33 1.
(6) Arch. A. P., liasse 332.
(7) Arch. A. P., liasse 333.
LE DO.\UI\E "^Sj
Rue du Temple, maison provenant du legs universel de dame Berault,
veuve Goupilleau, en 1647 (')•
Rue de Montmorency, maison avec boutique et porte cochère, donnée le
i3 novembre 1700 par les demoiselles Poignant (2).
Rue Saint-Denis, maison des Deux Cygnes, devant les Saints-Innocents,
provenant de la donation d'Etienne HuA'^é, marchand mercier (xv» siècle) ;
VÉcriLoire, au coin du cul-de-sac Basfoiir, vis-à-vis la rue Tliévenot, achetée
le 3 septembre 1718 à Jean Gouët, contrôleur des rentes (3), alors détenu à la
prison de la Conciergerie.
Rue Beaubourg, au coin du cul-de-sac, et rue Aux Ours, le Winmge et le
Gros Toui-noi, 2 maisons acquises en i665, pour 35.5oo livres, de Jacques
Mignon, anci-en avocat général au Parlement de Metz, et René Mignon,
conseiller du roi (4), demeurant « ensemblement » rue de VUniversité, paroisse
Saint-Sulpice.
Maison en 2 corps de bâtiments. Tune, rue Court-au-Villain, l'autre, rue
Michel-le-Comte, provenant d'un échange de 3.5ii 1. 2 s^ 2 d. de rente (5),
passé le 24 juillet i665 aA-ec Henry Lambert, seigneur d'Herbigny, la
Rivière, Thibouville, etc., conseiller maître des requêtes du roi, et sa femme,
Elizabeth Rouillé ; ces derniers demeuraient dans la maison, composée d'un
grand corps de Logis avec un autre en aile sur la rue Court-au-Villain, d'une
cour et d'un, autre corps de logis avec cour, rue Micliel-le-Comte ; elle était
louée à vie en 1713 à François Barbou, receveur général et payeur des rentes
de l'Hôtel de Ville.
CENSn'E DE SAINT-MERRY
Rue Saint-Martin, maison de l'Étoile d'Or, donnée en 1675 (6), et pour
laquelle l'H.-D. paya 457 1. 6 s. de droit d'indemnité « aux vénérables chefcier,
chanoines et chapitre de l'église collégiale de Saint-Médericq », employés par
eux à l'acquisition d'un terrain planté de légumes au Pont-aux-Corneilles,
faubourg Saint-Laurent. Cette maison portait, en 1789, le n° 42 de la rue Saint-
Martin. ,,
Maison en plusieurs corps de logis, le premier ayant son entrée rue Xeuve-
Saint-Merry, les 3 autres^ rue du Poirier ou de la Baudroirie, provenant d'un
échange fait en i665 (7), avec J.-B. Forne, administrateur, contre 4.000 livres
de rente, pour lequel l'H.-D. dut payer au chapitre de Saint-Merry 8.000 livres
d'indem.nité. Le grand bâtiment, qui était mitoyen de l'hôtel Jabach, fut recons-
truit au xviii" siècle.
Rue Si mon- le- Franc, maison léguée en 1666 par Valentin Bridard, contrô-
leur des guerres (8), pour laqxielle le chapitre de Saint-Merr)'- reçut 3. 000 livres.
Rue Sainte-Avoye, maison contiguë à celle de Cl.-Ant. Beaudin, chef du
goblet du roi, avec porte cochère commune avec la maison de l'abbé Le Marstre,
provenant de la donation de Jérôme Le Tellier, receveur général des « boètes
(1) Arcli. A. P., liasse SSg.
(2) Arch. A. P., liasse 32i.
(■j) Arch. A. P., liasse 317.
(4) Arch. A. P., liasse 322.
(5) Arch. A. P., liasse 323.
(6) Arch. A. P., liasse 324.
(7) Arch. A. P., liasse 325.
(8) Arch. A. P., liasse 327.
368 L'HOTF.L-DIF.r Al" XVII" KT AU XV1II« SIRCLK
et monoyes» de France, en 1660 (1). Celte maison était louée en 1742 au
notaire Hachette.
Rue Seiive-Saint-Merry, la Cloche, acquise en 1776 de A.-André Leprince,
sous-commissaire de la marine à Dinan, en échange du Pavillon royal, rue
des Arcis (2).
Rue Piene-au-Lard, maison « entre celle de Josias de Rohan et celle de
Thénart », donnée en 1673 par Pierre Turpin, prêtre « bénéficier » en l'église
Saint-Merry, à charge de 2.600 livres de rente viagère (3).
CENSIVE DES FILLES-DIEU
A la Basse-Villeneiive, rue Neiive-Saint-Laiirent, à l'encoignure du cul-de-
sac Saint-Laurent, maison achetée en i685, composée de 2 corps de logis, avec
boutiques, puits et petit jeu de boules, bâtie sur un terrain acheté au
couvent, et située au delà des bornes plantées en i638 (4). Les « maisons,
clôtures et édifices», construites dans ces conditions, ne devaient recevoir, aux
termes de l'arrêt du Conseil d'État du 21 décembre 1671, aucunes grosses
réparations, à peine de démolition, confiscation des matériaux par le roi,
et 3.000 livres d'amende; cette défense, en présence des réclamations des
propriétaires, fut changée l'année suivante en une imposition du dixième de
la valeur des bâtiments, et en outre d'une redevance annuelle de 5 sous par
maison. En même temps, le roi ordonnait de planter de nouvelles bornes de
manière à englober toutes les maisons qui avaient été construites malgré l'arrêt
prohibitif de i638, et en même temps d'y apposer des plaques de fer avec les
armes royales, et des extraits de la déclaration de 1672.
Pour l'acquisition de cette maison de la Basse-Villeneuve, l'H.-D. paya
1.705 1. 7 s. de droits d'indemnité aux Filles-Dieu, sans compter 53 s. 9 d.
de cens, et 85 livres de rente non rachetable. Cette maison fut rebâtie en
1776; la Bafise-Villeneuve était alors devenue rue Basse-Porte-Saint-Dcnis.
CENSIVE DU TEMPLE
Rue de Poitou, maison à 3 étages et porte cochère, achetée 16.000 livres le
7 août i665 (5).
Rue de Berry (6), maison léguée par Elizabeih Macé de La Roche, veuve de
P. Brulard en 1679.
Rue de la Marche, maison à 2 étages et porte cochère, provenant de la
succession de Michel Renouard, notaire et secrétaire du roi, en 1642 (7), bâtie
sur un terrain du Marais du Temple. L'H.-D. paya i.5oo livres de droits
d'indemnité au grand prieur. Cette maison était louée à vie 800 livres par
an, plus une somme de 3. 000 livres à payer après le décès du preneur, au
marquis de La Châtaigneraie.
Rue de la Marche, maison de V Image Saint- Joseph, en 2 corps de logis, le
premier faisant le coin de la rue de Poitou, et l'autre donnant sur la rue de la
(i) Arcli. A. P., liasse 340.
(2) Arcli. A. P., liasse 32 6.
(3) Arch. A. P., liasse 410.
(1) Arch. A. P., liasse 304.
(5) Arcli. A. P., liasse 334.
(G) Arch. A. P., liasse 337.
(7) Arcli. A. P., liasse 335.
I.E DOMAINF, 369
Marche, donnée en 1667 par Jacques Chailloo, chirurgien du roi, à charge de
pension annuelle de 600 livres pendant 20 ans.
Hue Sainte-Avoye, devant la rus Simon-le-Franc, maison donnée en 1689
par Guy Simon, apothicaire, avec diverses rentes, dont les arrérages devaient
servir à doter des orphelines de la maison des Cent-Filles de la Miséricorde
du Faubourg Saint-Marcel (i). Cette maison était estimée 12.000 livres.
Hue d'Anjou, maison donnée en 1724 par Antoine Guérapin de Vauréal,
comte de Belval, lieutenant du roi au gouvernement de Champagne (2), mort
le 6 mars 172g, à 82 ans, dans l'appartement qu'il occupait aux Incurables, et
inhumé dans une sépulture de famille, à l'église de Sainte-Croix-de-la-Breton-
ncrie. C'était une grande maison avec cour et jardin, alors louée 2.800 livres
à .I.-J. Fenel, contrôleur général de la Grande Chancellerie, et chargée de
2 livres de cens, payables à Pâques.
Rue Pai'éc-Saiiit-Antohte, maison léguée en 1693 par le sieur de Ro-
manesque, bourgeois de Paris, composée de 2 corps de logis à 2 étages,
contiguti à celle du président de Lamoignon, et par derrière, à celle de M. Paris
de Montmartel ; elle avait été construite sur un terrain de 25 toises faisant
partie de 17? toises dépendant de Vhôtel-Saint-Pol (Paul), alors propriété de
la comtesse de Chavigny, veuve du ministre d'État, Boutillier de Chavigny ;
elle fut vendue 20.000 livres au roi, le 9 mai 1781, en vue de la construction
des nouvelles prisons, projetées à l'hôtel de la Force ; elle était alors louée à
Mcrel de Joigny, avocat au Parlement (3).
Rue Saint-Séverin, maison de Vlmage Saint-Pierre, dont le derrière donne
sur le Petit-Pontet la façade devant la porte de l'église, à cheval sur les censives
du Temple et du Chapitre, donnée en 1736 par les demoiselles Doucet, filles
d'un avocat au Parlement, en échange d'une pension de 5oo livres (4).
CENSIVE DE L HOPITAL SAINT-AN.ASTASE ET SAI.NT-GERVAIS
Rue Sai)it-Lonis-au'Marai>i, maison vis-à-vis la rue Saint-Claude, léguée
par l'un de ses administrateurs, Fabien Perreau, sieur de La Charnoye (5).
Rue de Thorigny, maison attenant à l'hôtel Le Camus (ancien hôtel Salle)
donnée en 1736 par Anne Guichon,à charge d'une rente viagère de 900 livres (G)
représentant le montant du loyer annuel.
CENSn'E DE l'abbaye DE SAINT-VICTCR
Rue de Thorigny, maison faisant le coin de la rue du Parc-Royal, donnée
en 1733 par Anne Guichon, moyennant 2.321 livres (7) de pension viagère;
elle avait appartenu pour partie à Ch. Perrault, ancien contrôleur général
des bâtiments, arts et manufactures de France, et l'un des quarante de
l'Académie française.
(i) Arcli. A. P., liasse 3^i.
(2) Arcli. A. P., liasse 338.
(3) Arch. A. P., liasse 348.
(4> ArJi. A. P., liasse 234.
(5) Arch. A. V., liasse 349.
(6) Ar.il. A. W, liasse 353.
|7) Arcli. A. P., liasse 332.
24
3-0 i/hotf.l-dif.u au xviie r.T .au xviif sikclf.
CENSI^'E DE L ABBAYE DE TIRON
Rue Cloche-Perce, hôtel de Brie, provenant du legs universel du chanoine
Le Masle des Roches, en j658 (i).
4 maisons achetées. en 1695, à Charles Petit, seigneur de La Selle, de
Lozoir, Villiers et autres, lieux, bailli et gouverneur de Montargis, moyennant
102.000 livres; 2, contiguës me Cloche-Perce, la 3°, rue du Roi-de-Sicile, et la
4°, rue 7"/ro». Pour ces 4 maisons, pour celle de Le Masle des Roches, et pour
une sixième, rue de Joiiy, au coin de la rue des Nonaindières, donnée par
Ch. Le Pelletier, maître menuisier, estimées ensemble 1 33.937 1. ios.,rH.-D.
constitua une rente de 669 1. i3 s. 9 d., intérêt au dernier 40 de la somme de
26.787 1. 10 s. à laquelle se montait le droit d'indemnité (2).
Maison faisant le coin de la rue des Nonaindières et de la rue de Jouy,
donnée par les sieurs Pelletier père et fils, en i656 (i),à charge d'une rente
viagère de i5o livres. Lors de l'élargissement de la rue des Nonaindières,
en 1687, et l'ouverture d'un cul-de-sac entre la rue de Joiiy et la rue Saint-
Antoine, pour faire communiquer le quartier de l'île Saint-Louis et de Saint-
Bernard avec celui de Saint- Antoine, cette maison subit un retranchement de
3 toises, pour lequel l'H.-D. reçut de la \'il]e une indemnité de 1.200 livres.
Maison contiguë, acquise 6.5oo livres en 1688 (3), et qui subit aussi un
retranchement en 1687, moyennant une indemnité de 2.5oo livres.
Rente foncière de 7 1. 10 s. sur 2 maisons contiguës de la rue de Jouy,
situées au coin de la ruelle Gnépine, et une rente foncière de 400 livres sur une
maison de la rue Saint-Antoine, entre l'hôtel de Beativais et le coin de la rue
de Jouy (4).
Quai des Ormes, avec issue derrière sur la rue de la Mortellerie, maison à
3 étages, magasin et 2 corps de logis, située vis-à-vis de l'arche Beaiifils (5),
léguée par Gauldré-Boileau, bourgeois de Paris.
CENSIVE DU PRIEURÉ DE SAINT-LAZARE
Maison et terrains en marais de 2 arpents et demi, situés ruelle des Marais,
dite des RécoUets, près l'hôpital Saint-Louis, provenant de la donation faite
par Charles Tuppin, prêtre, chapelain ordinaire de la musique du Roy, cha-
noine de l'église Saint-Jacques-de-l'Hôpital, à charge d'une rente viagère de
2.000 livres (G).
CENSIVE DU CHAPITRE DE SAINT-HONORÉ
Depuis 1672, au Marché du cimetière Saint-Jean, maison sur laquelle
l'H.-D. doit 12 s. 6 d. aux Quinze-Vingts, 25 s. aux religieuses de l'Assomp-
tion ou Anciennes Haudrieites établies vue Neuve-Saint-Honoré, paroisse
Saint-Roch.
CENSIVE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRKS
Rue Saint- André-des- Arcs, hôtel avec porte cochère, cour, remises à
2 carrosses, corps de logis à 3 étages, acheté en 1671 à Jean Denis, 93.000 livres,
(i) Arch. A. P., liasse 346.
(2) Arch. A. P., liasse 3+7.
(3) Arch. A. P., liasse 387.
(4) Arch. A. P., liasse 388.
(3) Arch. A. P., liasse 390.
(C) Arch. A. P., liasse 422.
LF. DOMAINE
avec 2 petites maisons attenantes ; c'est une belle propriété, qui a appartenu
autrefois à la famille des Gondy et que le dernier propriétaire a enrichie
de peintures et de tableaux considérés comme immeubles dans l'acte de vente,
à savoir: « au premier étage, dans la salle à manger, au-dessus de la porte,
un tableau de l'asisanie (épiphanie ?), dans un cadre, dans la grande chambre,
une vierge, d'après Raphaël et sa bordure dorée ; au deuxième étage, 2 tableaux,
dans 3 cadres, au-dessus des 2 portes de la grand'chambre, et dans la chambre,
2 pareils tableaux, au-dessus des 2 portes, le tout, paisages, petites figures et
bestiaux ». Les droits de lods et ventes, payés à l'abbaye de Saint-Germain, se
sont élevés à i.35o livres.
Rue de Totiraine, entre les Cordeliers et la porte Saint-Germain, V hôtel de
Tours, légué en 1662 (1), par Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, d'enleu-
rant à l'institution des P. de l'Oratoire, faubourg Saint-Michel (2). Cet hôtel,
loué alors 1.700 livres, était entouré de jardins s'étendant le long des murs de
la Ville et dans le fossé. Il avait été bâti sur des terrains aliénés par la Ville
au père de l'abbé de Rancé, Denis Le Bouthillier, conseiller ordinaire du
roi. A côté se trouvait une autre maison, donnée également par Rancé.
Jaillot prétend qu'il a vu un rôle de 1640 dans lequel on indique, rue du
Paon, une maison appartenant à M. Bouthillier, surintendant des finances,
tenue par M. l'Archevêque de Tours, et suppose que la demeure de ce prélat
a pu faire donner ce nom à cet hôtel. C'est une hypothèse que nous n'avons pu
contrôler. L'hôtel de Tours était encore une belle propriété sous l'ancien
régime, malgré les retranchements subis. 11 était loué, en 1780, à la veuve
de J.-B. Sorbier, chirurgien, pour un bail de 9 ans, 1.900 livres pour les 3 pre-
mières années, 2.000 livres pour les 3 suivantes, et 2.100 livres pour les 3 der-
nières. Ce bail fut cédé le g juill. 1783 à Ph.-Jean Pelletan, « maître et
professeuren chirurgie», demeurant auparavant rue des Anglais, paroisse Saint-
Etienne-du-Mont.
Vliôtel de Tours fut pour l'H.-D. le noyau des autres immeubles qu'il acquit
dans le quartier. En 1672, le 9 août, parut un arrêt du Conseil autorisant l'ou-
verture d'une nouvelle rue qui devait conduire du grand portail de l'église des
Cordeliers, et se prolonger à travers le fossé, jusqu'à la contrescarpe, en face
Vhôtelde Condé ; ce fut la rue de Y Observance-Saint-François, dont la largeur
était fixée à 6 toises (11 m. 80). L'ouverture de cette voie devait donner de la
valeur aux terrains avoisinants, et permettre de construire des maisons de
rapport (3).
L'H.-D., toujours à l'affût des occasions avantageuses, s'empressa d'acheter
à la Ville, en 1673 (4), 3 ma:isons bâties sur la contrescarpe du fossé de la
Ville, et une grande place qui se trouvait derrière, dans le fossé contigu aux
jardins de l'hôtel de Tours. Le tout fut cédé moyennant 1 2.3 16 1. i3 s. 4 d.,
dont la Ville déduisit 4.600 livres comme indemnité du dommage causé à
l'H.-D. par l'élargissement de la rue Galande, où il possédait divers immeubles ;
cette somme fut consacrée par la Ville au payement des conduites destinées
à amener à Parisl'eau venant des sources de Rungis, Belleville et duPré-Saint-
Gervais, travaux confiés .par adjudication du 28 août 1671 à Adam Chariot et
Jean Allain, «maîtres plombiers-fontainiers ».
(1) Arch. A. P., liasse 254.
(2) Abbé de Marsollier, Vie de dont A.-J. Le Bouthillier de Rancé ; Pans, 1703, m-8°.
t- U P- 112. . ^. .
(3) A. Bonnardot, Dissert. arch. sur les anciennes enceintes de Paris ; Paris, i8.-'2, in-4".
p. 44.
(4) Aich. A. P,., liasse 248.
3^2 l'hOTF.L-DIICU au XVIie ET AIT XVni'= SHXI.E
Les 3 maisons acquises de la Ville étaient louées par bail emphytéotioue
à divers propriétaires qui cédèrent peu à peu leur jouissance à FH -D.
En y comprenant la place libre de 94 toises 1/2, elles formaient une super-
ficie de 123 toises 6 pieds. Pour régulariser ce terrain, un voisin, Jacques
Belin, conseiller au Châtelet, qui était propriétaire d'une des anciennes tours
de la Ville, céda une petite place de 5 toises 1/2 qui séparait de la nouvelle
rue les jardins de V hôtel de Toitrs.
Rue de la Contrescarpe, ou rue des Fosses, l'H.-D. possédait encore une
maison avec un terrain contigu achetée i6.i5o livres, en 1675 (i); la maison
de l'Etoile qui consistait en un corps de logis, 3 chambres et un grenier,
vendue 8.000 livres, et la maison du Petit Flamand, cédée en vertu d'une rente
viagère; enfin, rue des Fossés, 2 autres maisons, voisines des précédentes,
acquises également moyennant le versement d'une rente viagère.
L'H.-D. acquit de plus, en 1673,3 maisons contiguës, donnant par devant
sur la rue Contrescarpe et par derrière sur le fossé, puis 6 maisons contiguës
situées rue des Cordeliers, près de l'emplacement la porte Saint-Germain,
démolie en 1672 et remplacée par la porte de Buci depuis i586, enfin la
portion des remparts comprise dans les dépendances de ces maisons, le tout
au prix de 20.000 livres, employées par la Ville au payement des ouvriers
travaillant à la nouvelle porte Saint-Denis (2). Il y ajouta encore une maison,
bâtie sur la contrescarpe du fossé, occupée par un maréchal, acquise 2.3oo
livres le 23 mai 1674. C'étaient d'ailleurs des masures, plutôt que des maisons;
elles étaient occupées par un bourrelier, un coutelier, un potier d'étain, un
chaudronnier. L'intention de l'H.-D. était de démolir et de faire reconstruire.
Rue du Battoir, 2 maisons achetées le 21 juin 1669 (3) à Philippe Lemoyne,
notaire au Châtelet, et une troisième rue des Lombards, à l'enseigne du Plat
d'Or, moyennant 66.000 livres pour les 3. L'une se compose d'un corps d'hôtel
à pignon sur la rue Hautefeiiille, dont elle fait le coin, et appartenait à Charles
Duret, chevalier; l'autre comprend un grand corps de logis avec 2 ailes et a
été acquise de Mathieu Langlois, écuyer, aide de camp des armées du roi ; elle
a appartenu au début du xvir siècle à Nicolas Gobelin, sieur de Villemoisin,
demeurant à Saint-Marcel, rue de Bièvre, paroisse Saint-Hippolyte. Ces mai-
sons sont louées respectivement, en 1672, i.ioo livres et 900 livres à un
avocat et à un procureur du Parlement. La maison faisant le coin de la rue
Haiitefeiiille appartenait encore à l'H.-D. à l'époque de la Révolution, et était
estimée à 28.290 livres en 1796 (4). Elle ne fut vendue par l'administration
des hospices que le 3i juillet i83i, à Edme Roret qui en était locataire
depuis 1823. C'était alors le n» 10 de la rue Hautefeuille (ancien n" 32 avant
i8o5). Cette maison a été complètement reconstruite en 1872 [b).
Rue Saint-Guillaume, ancienne rue de la Butte (6), hôtel légué par Phi-
lippe de Berthier, abbé de Saint-Vincent-de-Senlis, en 1667. Construit par le
marquis de Laigue, capitaine des gardes du corps de Monsieur, frère unique
du roi, vendu le i3 octobre 1664 à Philippe de Berthier. Un passage souter-
rain avait été construit en 1660, avec l'autorisation de l'abbé de Saint-Germain-
des-Prés, pour le faire communiquer avec ses dépendances, basse-cour,
(i) Arcli. A. P., liasses 25o à 252.
(2) Jaillot, (luart. St-André des Arcs, p. ,17.
(3) Arcli. A. P., liasse 244.
(4) Arch. Seine, Sommier de la xi» municipalité.
(3) H. Baillièie, la Rue Hautefeuille ; Paris, 1906, in-8».
\6) Jaillot, Ouarlier St.-Germain-des-Prés, p. 55.
écuries, remises, etc., qui se trouvaient en face de l'autre côté de la rue (i).
D'autre part, une concession de 4 lignes d'eau à prendre au regard des frères
de la Charité lui fut accordée le 10 novembre 1672. C'était une habitation fort
confortable, dont le jardin, attenant au couvent des R. P. frères prêcheurs
(Jacobins), aboutissait par derrière près de la rue Saint-Dominique, où se trou-
vaient 2 petites maisons, tombant en ruine, comprises dans l'héritage ; cet
hotcl fut loué successivement à Denis Talon, président à mortier, qui prit une
grande part à la rédaction des « Ordonnances » de Louis XIV, puis au bailli
de Noailles (1708), à la maréchale d'Harcourt (171 1), et en 171g, par bail
à vie, à Charlotte d'Aumont, marquise de Créquy, pour 59.000 livres, dont
45.000 furent payées comptant; de là vint à celte maison l'appellation d'hôtel
de Créqtiy, qui lui resta au xviii» siècle. Puis il servit ensuite de demeure .au
maréchal d'Estrées (bail du 24 mai 1724) jusqu'en 1730; il fut cédé à cette
date par un bail à vie à Marie Bruslard, veuve de Louis de Béthune, marquis
de Charost, brigadier des armées du roi, moyennant 70.000 livres et un loyer
annuel de 2.000 livres (6 juin 1730). Marie Bruslard, mariée en secondes noces
au duc de Luynes, « de Chevreuse, pair de France, comte de Montfort et de
Fours, baron de Rochecarbon, de Samblançay, Saint-Michel, La Guerche,
Saint-Hermière, Dangeau et autres lieux », et qui mourut le 1 1 septembre 1763,
habitait rue Saint-Dominique, et sous-loua l'hôtel de Cvéqiiy, successivement
au marquis de Sassenage (1732), à Antoine de Brancas, duc de Viliars, pair
de France (1733), au prix de 6.000 livres; au procureur général Joly de Fleury
(1748), au prix de 8.000 livres. Enfin, l'H.-D. eut pour nouveau locataire en 1772
le duc Maximilien de Béthune et Gabrielle de Châtillon, sa femme (2).
Rue Saint-Dominique, ancien chemin aux Vaches, terrain acquis en 167 1,
pour 14.000 livres (3) et destiné à la construction de maisons de rapport. C'est
en effet l'époque où les particuliers, grands seigneurs, ou hommes de robe,
comme A. Rousselet, procureur des requêtes de la chancellerie, bâtissent
dans le « bourg Saint-Germain », pour augmenter leurs ressources, malgré
la prohibition faite de bâtir au delà des bornes de la Ville (4). L'H.-D. imita
ces spéculateurs; l'affaire était bonne. Sur ce terrain, planté de quelques
arbres fruitiers, voisin de la propriété du marquis de Maineville, il fit cons-
truire 7 maisons, dont 6 petites et une grande qui dès i683 lui rapportait
2.3oo livres. Au xviii° siècle, cette dernière maison fut louée à vie pour
32.3oo livres, suivant l'usage pour les hôtels de quelque importance, à
Armand de Mormes de Saint-Hilaire, lieutenant général des armées du roi
et de l'artillerie de France. Elle se composait alors d'un corps de logis avec
porte cochère, et 2 pavillons sur la cour, avec écuries, remise, greniers, etc.
En 1751, elle était louée à M. de Gallifet.
Rue de Buci, maison léguée en 1649 P^'' l'architecte Gamard, en face
de la petite rue Botirbon-le-CJiàteau (actuellement n" 3o), «vis-à-vis le château
du sieur de Metz ». Christophe Gamard, voyer général de l'abbaye, avait été
chargé de construire la fameuse prison de l'Abbaye, les boucheries, le petit
marché, etc. (5). La maison fut louée à sa veuve (6), Marie Gillois, pour 35o livres
(i) Lefeuve, 0. c, t. V, p. i3o.
(2) Arcli. A. P., liasses 258 et 259.
(3) Arch. A. P., liasse 260.
(4) Arch. nat., X' a 8655.
(5) Arch. A. P., liasse 263, et Arch. nat., K 1024.
(6) Dom Bouillart, Hist. de St-Germain-dcs-Prcs ; Paris, in-f% p. 229, et Fromaseot,
la rue de Buci, dans Bull, de la Soc. hist. du VI" an: ; 1904-1005, p. 85.
'HOTFL-nir.r au xvii^ et au xviii« shxle
(4 novembre iG5o), puis en 1662 à Antoine de Fenis de La Boissière, procu-
reur fiscal de la justice de Saint-Germain et ensuite à Etienne Dalmas,
capitaine et gruyer de Chantilly. Confisquée au profit du domaine national
comme bien ecclésiastique, elle fut restituée par la loi du 2 brumaire an IV à
l'administration hospitalière qui la vendit en 181 2.
Rue du Bac, l'H.-D. hérite en lySS, conjointement avec l'Hôpital général
et les Enfants-Trouvés, d'une grande maison à porte cochère, au coin de la
rue de Vai-emies, 0 consistant en plusieurs caves, cuisine, office, écuries, remises
de carrosses et lieux communs au rez-de-cbaussée, 2 étages de chambres difté-
remment distribués, pièces d'entresolles entre lesdits étages, grand escalier en
entrant à main droite, et 2 autres de dégagement, court et jardin ensuitte sépa-
rez par une grille de fer )>, provenant du legs de M^'» Le Petit de Verno de
Chausserais (i). Celle-ci en avait laissé l'usufruit au comte de Volvire de
Ruffec, lieutenant général des armées du roi, qui l'avait achetée 120.000 livres
à M. d'Antraigue de Roise, conseiller au Parlement de Paris pour M"« de
Chausserais, le 14 mars 1724. Le comte de Volvire l'avait louée pour 4.000 livres
au marquis de Bissy, lieutenant général des armées du roi, gouverneur
d'Auxonne. Parmi les locataires, nous trouvons en 1766 la présidente Talon,
veuve de Louis-Denis Talon ; en 1780, le vicomte et la vicomtesse de Praslin,
qui ont un loyer de S.SSy livres, dont ils renouvelèrent le bail en 1788 pour
9 ans, et qu'ils payèrent jusqu'au 18 thermidor an III, jour auquel l'agence des
domaines nationaux vendit la maison avec ses dépendances (2).
Rue de la Huchette ex du CIiat-qin-Fèche, 3 maisons données en 1748 par
Denis Couppy, commissaire des guerres à Paris, le Chaudron (depuis la
Flotte loyale de Canada), le Chat qui pèche et les Trois Bourses, toutes 3
dans la paroisse Saint-Sé\ierin (3) ; elles rapportaient au moment de leur dona-
tion 1.595 livres; les locataires étaient de petits artisans n'ayant que 2 ou 3
chambres, parfois même une seule, un ciseleur, un garçon chirurgien de l'H.-D.
qui paye 45 livres sa chambre, un étalier boucher, un tailleur, un greffier
qui occupe 3 chambres au 3" étage pour iio livres, un employé qui paye
2 chambres au i" étage r20 livres; le locataire principal est un apothicaire
qui a boutique, arrière-boutique, cuisine servant de laboratoire, magasin,
soupente, grenier et cave, le tout pour 5oo livres.
Rente de 20 livres depuis i6g5 pour 5 quartiers et demi de terre sur les-
quels se trouvaient la maison et le jardin de l'hôpital de la Charité des Con-
valescents fondé en i652 par les Frères de la Charité pour les convalescents
de leur hôpital, grâce à la générosité d'Angélique Faure, femme du surinten-
dant des finances Claude de Bullion.
Grand terrain de 22 arpents 54 perches 5 pieds 3 pouces, vers le nouveau
Cours de Ville, enclavant 2 autres terrains plus petits, l'un de i arpent 8 per-
ches 17 pieds, planté en luzerne, l'autre de 66 perches, dans la censive de
Sainte-Geneviève ; puis 7 arpents 2 perches 1/2 en luzerne et marais, de
4 perches i pied, et 36 perches i5 pieds de terres voisines des précédentes, et
enfin i arpent 36 perches i3 pieds, grande rue de 5èi'e, entre le grand chemin
et le petit chemin de Vaugirard.
(1) Arch. A. P., liasse 262. Sur cette bienfaitrice, voy. Tabariès de Grandseignes, la
Sibylle du Bois de Boulogne, M»» de Chausserais, dans Bull, de la Soc. d'Anteiiiï-Passy,
1909, p. 35o.
(2) Ch. Duplomb, la Rue du Bac, Paris, 1894, 10-40^ n'a pa identifier cette maison.
(3) Arch. A. P., liasses 238-241.
CENSIVE DE SALNTE-GENEVIli\E
Au MoutpciniLisse, terrain de 2? arpents et 4 quartiers sis au-dessus des
Chartreux, au lieu dit En la Butte, « en plusieurs haches, tenant d'une part
vers Vanves, aux héritiers du feu Macé du Val en partie et audit H.-D. et
d'autres, en plusieurs haches, aux Chartreux^ aboutissant d'un bout au che-
min qui va des Chartreux à \'anves, et d'autre aux vignes appartenant à
Guillaume Tiersot (i). Un plan de 1648 montre que ces terrains comprenaient
la plus grande partie de la Butte, qui est intitulée « Mont-Parnasse, ou Bou-
levart ». On disait aussi le « Boulevart des Chartreux «. Cette butte (2)
communiqua son nom à l'ensemble des champs de l'H.-D. au milieu desquels
elle était enclavée, qui dépendaient du pressoir de la rue d'Enfer, et qui
atteignirent jusqu'à 53 arpents.
Cette propriété avait pour noyau les 20 arpents achetés, le 2'i mars i38g,
par Renault Mingot et sa femme Agnès, tous deux « familiers » de l'H.-D.
C'était la ferme du Pressoir dont une partie fut cédée pour 3o.ooo livres à
Marie de Médicis en 161 3, et comprenait des granges, étables, clos, moulin
à vent et carrières. Au xviir siècle, cette propriété comportait encore 3o arpents
dans la censive de Saint-Germain-des-Prés, et i3 dans celle de Sainte-Gene-
viève.
DOMAINE RURAL
Ce domaine était très étendu, mais groupé dans les environs de Paris et dans
la banlieue immédiate, dont plusieurs paroisses font depuis partie de la ville.
L'H.-D. vendait généralement les propriétés trop lointaines qui lui étaient
léguées, à cause de la difficulté de la surveillance.
Nous avons groupé ces propriétés par commune pour l'ancienne banlieue,
et pour les localités plus éloignées suivant les anciens « pays » et les pro-
vinces (3).
GENTILLY
Terres et vignes provenant de diverses donations, notamment 7 quartiers
de prés en deçà des moulins deCroulebarbe, et 18 arpents de terre i arpent 1/2 de
vignes à Arcueil et GentUly, légués par un chanoine de l'église Saint-Marcel,
en 1379, puis des vignes et des biens légués en 1648 par Pons de Belleville,
curé de Palaiseau et chapelain des églises de Notre-Dame et de Saint-Gervais à
Paris, puis d'autres vignes encore données en 142 1 et en 1454(4).
En 1705, une circonstance inattendue augmenta ce domaine. Claude
Sonnius, libraire, quartenier de la Ville de Paris, avait donné en 1648 aux
religieuses de la Miséricorde de l'H.-D. de la ville de Dieppe une maison avec
ses dépendances, dans la grande rue conduisant à Arcueil, avec un clos devant
la maison, de 4 arpents 1/2, et 5 arpents de vignes en divers lieux dits, à charge
par ces religieuses d'établir un couvent et un hôpital pour les malades du
bourg et des villages voisins, en stipulant que si ses conditions cessaient de
recevoir leur exécution, leslnxmeubles deviendraient la propriété de l'H.-D. (5).
(i) Arch. A. P., liasse ^34-^36.
(2) Bonnardot, o. c, p. 175.
(3) Pour tous les noms de communes, nous avons rétabli lorlhographe moderne, de
manière à ne pas surcharger notre texte d'identifications topograpliiques.
(4I Brièle, Inv., t. 1, p. 239-341.
(5) Arch. nat., M 5g. Bournon, GentUly, p. 11, et St-Mandé, p. 11. (État des commu-
nes du départ, de la Seine à la fin du xi.x* s.) L'immeuble de St-Mandé était l'ancien châ-
teau occupé par Fouquet en 1637.
376 l'hOTF.L-DIKU au XVIie ET AU XVIII" SIKCLE
C'est ce qui arriva à la suite de l'arrêt du Parlement du 20 janvier i-job,
autorisant, en exécution des lettres patentes de septembre 1704,^3 religieuses
hospitalières de la Miséricorde de Jésus établies au village de Gentilly à
transférer leur maison à Saint-Mandé, à condition que la communauté sera
réduite à 3o religieuses de chœur et 10 religieuses converses, et à la charge
d'abandonner à l'H.-D. les immeubles donnés par Claude Sonnius. L'année
suivante, en 1706, l'H.-D. reçut d'un anonyme une somme de 5. 000 livres à
la charge de ne jamais aliéner les maisons, jardins et clos provenant de cette
donation. Par contre, pour les autres parties de ce domaine, l'H.-D. ne se
gêna pas de les vendre à des carriers, à mesure que les fouilles devenaient
d'un rendement meilleur que les vignes.
CLICIIV ET LE ROULE
Terres provenant du legs de Julien Périer, chanoine de Saini-Gcrmain-
l'Auxerrois, en 1570, maison au Haut-Roule, 5 arpents de terre au lieudit
Bonneval, i arpent 1/2 au Bas-Roule, 7 quartiers de vigne au terroir de Cli-
chy-la-Garenne, au lieudit le Tard de Jiiliart, le tout loué 120 livres en i63i :
maison dans la grand'rue, à l'enseigne du Saint-Nom de Jésus, donnée par
P. Couturier, bourgeois de Paris en 1697. En 1734, l'H.-D. obtint l'autorisa-
tion de bâtir une bergerie sur l'un de ses terrains, sur le chemin de Neuilly,
près de la barrière.
MONTMARTRE ET LES PORCHERONS
Domaine s'étendant au delà des grands boulevards actuels, depuis le fau-
bourg Montmartre dans la direction de l'ouest jusqu'à la Ville-l'Evèqiie et au
faubourg Saint - Honoré ; c'est en 1201 qu'Haois (Avoie) la Chenavacière, du
consentement de son mari Guillaume, avait cédé à « la maison des pauvres
de Paris » une maison située place des Porcherons, 7 quartiers de terre près de
Courcelles, et un arpent de vignes auprès d'Auteuil, et l'H.-D. avait obtenu
en 12 14 des chanoines de Saint-Opportune le droit de posséder en mainmorte
une grange et 7 arpents de marais, à charge de 10 sous de cens annuel.
Dès le xv siècle, ces terres sont divisées en « petit marais » et « grand
marais ». Le village des Porcherons, formé petit à petit au milieu de ces terres
cultivées, se divisait lui-même en Petits Porcherons (faubourg Montmartre)
et Grands Porcherons (chaussée à'Antin et rue Saint-La:^are). La rue centrale
du village était la rue des Porcherons, devenue depuis les rues Saint-Lazare
et de Châteaudun ; un grand égout découvert, sur le tracé de la rue de Pro-
vence, bordé à droite et à gauche par des tas de fumiers déposés par les
jardiniers, traversait le village.
En 1429, les grands et petits marais comprenaient l'hôtel des Petits Marais,
sur le chemin allant de la porte Montmartre à Clignancourt et à Montmartre,
près de la Croix-Brczier, avec 8 arpents de terres comme « appartenances »;
l'hôtel du Grand Marais sur le chemin de Clichy (i), avec 2 ormes devant la
porte, comprenant dans son pourpris cour, grange, pressoir, étables et jardin
puis des terres, diverses pièces de marais et de « trailles », en tout 7 arpents 1/2
14 perches; enfin une pièce de terre de 2 arpents i/'2, située entre les égouts
et le jardin des « religieux de Saiut-Maihurin » (2), près du pont de la chaussée
(1) Plus tard chaussée de Gaillon, puis rue de l'Hôtcl-Dieu, de la Barricre-Blanche, et
chaussée d'Aniin.
(2) 11 s'agit d'une ferme api artenant aux Mathurins, et non du couvent qui était rue
St-Jacques.
LF, nOMAINI'. îj---
du chemin de Clichy. L'hôtel des Petits Marais se trouvait partie dans la cen-
sive de Saint-Opportune, partie dans celle de l'H.-D., qui devait aux premiers
17 s. 4 d. et 16 sous parisis à l'abbesse de Montmartre pour la dîme des fruits
et grains. L'hôtel des Grands Marais, ainsi que la nouvelle pièce de terre
située près des Mathurins, se trouvait également dans la censive de Saint-
Opportune. Dans le Paris moderne, ce domaine occuperait l'emplacement com-
pris entre la rue de la Chaiissée-d'Antin, ancienne rue de VHutel-Dien, en descen-
dant à gauche un peu au-dessus de la rue de Provence, et la rue Saint-Lazare,
sur laquelle il avait une façade de 120 mètres quand elle était encore rue des
Porclierons avant de devenir rue de la Petite-Pologne. A la suite se trouvaient
le château et le marais du Coq dont une voie amorcée porte encore le nom (i).
Au milieu du xviii» siècle, la partie du domaine comprise entre le château
tics Porcliero>ts ou du Coq, et le bureau de la barrière (la barrière Blanche) fut
close de murs. Diverses pièces de terrains furent prises par les fermiers
généraux pour construire une maison aux commis de la garde de la barrière
IManche, et par la Ville pour le nouvel égout établi le long de la rue de la
Barrière-Blanche (chaussée d'Antin), puis pour alignement de la rue de la
CIiaiissée-d'Aiitiii.
A la tin du xviii» siècle, les 8 pièces de terres formant alors le domaine des
Grands Marais étaient louées à vie, i arpent 3 quartiers pour 100 livres, à
Louis de Pernon, ancien député de la ville de Lyon au Conseil de commerce
et trésorier général des troupes de la maison du roi ; i arpent 1/2 à Jean Pail-
lanjon, entrepreneur de bâtiments, pour 600 livres ; i arpent 1/2 à Sandrié
Desfossés, également entrepreneur de bâtiments, pour 450 livres; i arpent 1/9
à Sandrié de Morecourt, architecte, pour 400 livres; 2/3 d'arpent à Bailly,
menuisier, pour 600 livres ; 3 arpents à Lefoullon, maître maçon, pour
2.400 livres; 1/2 arpent au lieu dit la Ruelle Cliaiitercllc, au baron L.-A. Le
Tonnelier de Breteuil (2), « ambassadeur de S. M. près le Roi des 2-Siciles,
demeurant à l'Orangerie des Thuileries, près Saint-Germain-l'Auxerrois ».
Une partie de ces terrains d'environ 2.3oo toises, loués à Sandrié, fut vendue
moyennant 110.000 livres en 1780 à Jean de Sainte-Croix, entrepreneur du
pavé de Paris, en vue d'un lotissement destiné à l'ouverture d'une rue
nouvelle suivant l'autorisation donnée par les lettres patentes du 9 juin 1780,
dans la direction de la rue Thirotix, pour aller à la rue Saint-La:iare où
l'on devait construire la façade de l'église et des bâtiments des Capucins, qui
devaient être transférés au delà des remparts de la Chaussée d'Antin.
Quant au petit marais du faubourg Montmartre, il occupait en 1735
8 arpents 5 perches 1/2, dont 7 arpents 64 perches en bâtiments et terrains
cultivés, i3 perches en berges de fumiers servant de clôture au marais,
28 perches de terrain entre ces berges et les égouts. Une bande de ce terrain,
large de 8 toises, fut vendue en 1702 à Marg. de Rambouillet, femme de Ch.
de Nocey, seigneur de Fontenay. Le reste était loué à des jardiniers et des
maraîchers; i/3 d'arpent situé au faubourg Montmartre fut loué pour 99 ans
par bail emphytéotique pour 2.400 livres à Poulletier de Périgny, écuyer,
baron de Brion, à charge d'y construire, dans l'espace de 20 ans, un bâtiment
d'une valeur de 60.000 livres. Le quartier d'ailleurs était en pleine transfor-
mation ; le village des Porcherons était devenu un lieu de rendez-vous et de
plaisirs ; c'est là avaient lieu les duels ; c'est là que se trouvait le café
Ramponneau, célèbre chez les viveurs du temps. La rue Bergère, qui n'était
(i) Lefeuve, 0. c, t. II, p. 1197.
(2) Bonde, /e Donuunc tics hospices, p. i3i.
3-8 L HOTEL-niFi; AT XVlie ET AU XVIlie SIECLE
primitivement qu'un cul-de-sac ou ruelle, ayant son entrée par la rue des
Poissonnicres et se terminant aux terres de IH.-D., avait été ouverte entre la
rue du Faiibonrg-MonUnavtre et la rue des Poissonnières {Sainte- A mie).
LA VILLETTE
L'origine des propriétés venait de la donation faite en 1200 par Etienne
Barbette de 32 sous de cens à prendre sur 32 arpents de terre, que le proprié-
taire vendit peu de temps après à l'H.-D. Au xvi" siècle, ces terres étaient des
pièces de vignes et des carrières à plâtre. Au xvn' siècle, elles formaient le fief
important dit de Grimperel, sur lequel l'H.-D. percevait les cens. En i65o,
par le legs Cosnard de Trémond, l'H.-D. agrandit encore son domaine de plu-
sieurs terrains, notamment au lieu dit les Haiites-Coiirotines, puis au faubourg
de Gloire ou de Saint-Laurent, près de l'hôpital Saint-Louis.
AUBERVILLIERS
Le domaine avait pour origine 6 arpents de terres donnés par Nicole Macheco
en i5i3; puis il s'était augmenté, et en 1643 comportait 3i arpents 1/2, loués
750 livres. C'est sur ces terres situées dans les seigneuries d'AubervillLers et
de la chapelle du Vivier-les-AubervilIiers, appartenant.au xvii' siècle à la
famille Montholon, que l'H.-D. fit consd-uire en 1742 sa bergerie, close de
murs et vaste de 5 arp'ents (i); ce lieu fut choisi à cause de l'abondance des
pâturages et d'un ru qui arrosait le voisinage ; on y mit, en même temps
que les moutons destinés à la consommation de la maison, les chevaux
de l'H.-D.
PUTEAUX ET COURBEVOIE
Dans la succession.de Cosnard de Trémond dont le legs est de i65o, l'H.-D.
avait recueilli une maison rue des Fortins, un quartier de terre à Courhevoie
au lieu dit les Coudes, un autre quartier de terre à Puteaux.
L'H.-D. était entré en possession en 143 1 des vignes et terres donnés
en 1418 par Miles de Dangeul, doyen de Chartres,^ chanoine de Paris, conseiller-
maître des comptes du roi. i arpent 1/2 de ces terres était loué en i6o3 7 1. 10 s.,
en i665 20 1. t., en 1669 25 livres.
Ferme importante donnée le G août 1471 par Jean-Jean, maître es arts,
licencié en décret, maître du collège de Narbonne; à la suite d'échanges et de
ventes, elle s'est accrue au point de devenir au début du xvii» siècle un véri-
table domaine comptant environ 411 arpenta de terre labourable et 21 arpents
i5 perches de pré; la ferme se composait d'un grand corps de logis, 2 granges,
étables, bergeries. Le tout était affermé en nature le 5 décembre 161 2, moyen-
nant 8 muids 6 setiers de blé méteil, 2 muids 1/2 d'avoine, 2 porcs de la valeur
de 10 livres pièce, 400 bottes de foin et 3oo bottes de paille, etc. Cette
ferme se trouvait dans la mouvance de la seigneurie de la Quene-en-Brie.
(i) Bournon, Anbervilliers, igoo.in-S», p. i5.
LR DOMAINK .-SJQ
L'H.-D. aclieta encore au xviir siècle des vignes, des bois, des îles en la
rivière de Marne, entre autres Vile Jonanne et Vile Ronde, et une autre ferme,
si bien que, d'après un arpentage fait au xviii" siècle, les 2 fermes com-
prenaient 686 arpents 33 perches 1/4.
L'H.-D. avait de plus des rentes sur diverses maisons à Crcteil, rue des
Mesches, et sur des quartiers de terre ou de vignes aux lieux dits Mesly, le
Clos et le Paradis, Rouget, etc.
Pour ses terres de Créteil, l'H.-D. avait un prévôt, un lieutenant, un pro-
cureur fiscal et un greffier. Elles font encore partie du domaine hospitalier.
Maison donnée en 1648 par Jacques Danès, évêque de Toulon, seigneur
du lieu, appelée l'ancienne maison de Marly-le-Chdtel, fermée de hautes
murailles, située derrière l'église; un jardin clos de murs, dit Jar-din- Poireau ;
un autre jardin situé dans l'ancien parc; i58 arpents de terre labourable, sis
au terroir de Marly, et affermés 5 muids de blé froment et 4 muids de blé
mcteil, et 4 chapons; 11 arpents de terre au même terroir, affermés pour
I setier de froment par arpent; g arpents de terre, affermés pour 6 setiers
3 mines de froment et i mine de méteil ; enfin, 166 1. i3 s. 4 d. de rentes sur
les taillis. Le donateur se réservait seulement la propriété d'un jardin compris
dans la clôture de la maison, et une petite tourelle y attenant. L'H.-D. devait
paj'er les cens et droits seigneuriaux, servir aux pauvres de Marly une rente
annuelle de 7 setiers de blé, etc.. Une fois installé dans le pays, l'H.-D. aug-
menta encore son domaine en achetant des terres, soit au procureur fiscal du
bailliage de Compans, soit à ses laboureurs^ en remplacement de fermages
arriérés. Au xviii° siècle il fit quelques échanges avec les seigneurs du comté
de Marly, le sieur de Hodic en 1693, Lallemant de Nantouillet en lySg. A la
fin du xviii" siècle la ferme s'étendait sur 317 arpents 32 perches 1/2.
L'H.-D. possédait, depuis 141 1, 2 maisons et des vignes, auxquelles vinrent
se joindre en 1674 une maison rue Normande, léguée par Elisabeth de Pru-
nelay, femme de Jean le Bouteillier de Senlis, comte de Moussy.
Terrain de 7 arpents de terre et 3 arpents de vignes, donnés en i285 par
Martin Dumont de Sainte-Marie-Madeleine, chanoine de Saint-Clément et
Maurice de Compiègne, auxquels vinrent s'ajouter 7 autres arpents et une
maison en 128g, provenant de la donation du prévôt de MUacerf (Wissous),
situés dans la censive de la Conciergerie de Paris. Ce domaine ne s'était guère
accru, car l'arpentage de la fin du xvni" siècle n'indique que 10 arpents 5i per-
ches 1/2. L'H.-D. avait également, à Orly, un dimage dont la seigneurie appar-
tenait au Chapitre de N.-D. de Paris.
CI.AMART
A Triranx, paroisse de Clamart, l'H.-D. possède également depuis le
XV» siècle une ferme qui s'étendait à la fin du xvi" siècle sur 167 arpents, pro-
venant de la donation, en 1642, de G. Colombel, receveur et payeur des gages
38o i.'hotfl-dieu au xvii<= kt au xviif siècle
du Parleincnt. L'H.-I). y adjoignit encore, en i656, 14 arpents de bois sis à
Clamart, au lieu dit le Clos-des-Matliuriits, achetés à P. Masson, laboureur et
fermier de la ferme de Trivaux (i). Le tout fut vendu à Louvois pour
3 1.800 livres le 16 février 1680.
A Villepreux, l'H.-D. possédait des dîmes depuis le xiv= siècle; elles étaient
affermées 16 écus soleil à la fin du xvi' siècle; puis, en 1642, iio livres, à
Michel Revêt, chirurgien ; enfin 'ioo livres en 1778, à prendre sur 144 arpents
de terres.
SAINT- GERMA IN-EN-LAVE
Maison donné en 1731 par Marguerite Dubreuil, veuve de J.-L. Lamy,
écuyer, sieur de Beaucouteau, et qui mourut comme malade à TH.-D., au
bout de la rue de la Salle, avec les meubles.
ILE-DE-FRANCE
Bien que les limites des pays ne soient pas toujours précises, on peut faire
les groupements suivants :
PARISIS ET FRANCE
Ferme ayant pour origine la donation faite en 1279 par Laurence, fille de
feu Payen, dit le vicomte de Romainville, chevalier, de 12 arpents de terre
labourable, entre Mitry et la Villette, dans la mouvance de Jean de Compans,
écuyer, et de 3 arpents, près du chemin de Mitry à la Villette, dans la mou-
vance de Guy Dubois, chevalier. Au xvii' siècle, Michel Le Tellier, secrétaire
d'Etat à la guerre, échangea sa ferme de Mitry de 89 arpents pour celle de
Chaville, que possédait TH.-D., moyennant une soulte de 18.000 livrés
(19 juillet 1649).
A la fin du xviip siècle, l'ensemble des terres que possédait l'H.-D. à
Mitry, à Mory et au Tremblay s'élevait à 45 perches 1/2 de jardin, 112 arpents
89 perches 1,2 de terre labourable, et i arpent 97 perches 1/2 de pré.
Ferme de Cliamplan s'étendant sur 75 arpents 1/2 3 perches 1/2 (arpen-
tage de mai 1660). Les fermages annuels au début du xvii" siècle variaient de
4 muids de blé à 4 muids 6 setiers, et quelques accessoires, bottes de paille,
douzaines de pigeons, etc.
En 161 1, l'H.-D. acquit du sieur G. Aurillet, chevaucheur ordinaire de
l'écurie du roi, une autre ferme à Afa55j, à laquelle s'ajoutèrent en i62odivers
terrains, cédés par J. Dorât, ancien secrétaire de la reine Marguerite, à Massy,
Antony, Champlan et Villebon. Au xviii" siècle, ces terres formaient une vaste
ferme de 3i2 arpents 40 perches, louée 2.080 livres en 173 1, et 3.56o livres en
1789(2).
(i) De Grouchy: Meudon, Bellevue et Chaville, dans Mcm. Soc. Hist. de Paris, i8g3,
p. 5o.
(2) Sur cette hausse des revenus fonciers au xyiii" s., voy. D. Zolla, Variations du,
revenu et du prix des terres en France aux xvu« et xvin» s., dans Ann. de l'Ec. des Se.
pol., (1893-1894) où il a fait usage des fermages de divers établissements hospitaliers, et
d'Avenel, Hist. de Li propriété, t. I, qui s'est servi des documents publiés par Brièle sur
les liôpiiaux de Paris.
38i
A Ma)-coussis, ferme et métairie, données en iG63, par Thomas HcuJon,
avocat au Parlement, avec environ 120 arpents de terre, y compris le fief des
Bie:^ situé le long du petit étang de Marcoussis, dans la seigneurie de Marcous-
sis. Cette ferme qui s'étendait en 1781 sur i5i arpents 26 perches 4/10
était louée i.ooo livres.
Domaine formé de diverses donations dont la plus ancienne était celle en
12 10 de Pierre de ChetenvUle et Alix sa femme, du i/3 des terres et fiefs.
11 se composait au xvii» siècle de 3 fermes principales avec leurs dépendances,
les Noties, Botheaitx et Bctlii:^y. A la fin du xviiie siècle, le fief des Noues
s'étendait environ sur 494 arpents, et celui de Bothcaux sur 176 arpents 22 per-
ches ; l'H.-D. en vendit plusieurs, en 1668, à Anne-Marie Martinozzi, veuve
d'Armand de Bourbon, piincede Conti. Déjà, en iSyg, FIL-D. avait échangé
à Jean Tambonneau, seigneur du Bouchet, conseiller du roi, un moulin situé
sur la rivière d'Etampes, au terroir du Bouchet, contre 3oo livres de rente
sur le clergé, et en iSyS un fief sis à Echarcon pour 838 écus soleil, à Robert-
Becquet, général en la cour des Monnaies. La ferme des Noues restait néanmoins
un domaine très important, dont une partie se trouve encore dans le patri-
moine hospitalier.
Domaine de Movangis, très ancien; dès iiyS, Guillaume, archevêque de
Sens, légat du pape, confirmait l'H.-D. « domum hospitalem ecclesiœ beatae
Marias parisiensis », dans ses droits sur une vigne du terroir de Louans , àon\.\a.
possession lui était contestée. Puis au xiii" siècle et xiv siècle l'H.-D. fit des
échanges et acquisitions de terres avec divers particuliers et communautés,
notamment le prieuré de Saint-Eloi-sous-Chilly, le couvent de Notre-Dame de
la Saussaie, près de \'illejuif, et reçut des legs importants, en particulier
d'Eudes de Vert-le-Petit, maître et trésorier de la chapelle royale à Paris qui
abandonna les manoirs de Louans et de Vert-le-Petit avec leurs dépendances
(1286), Pierre de Charentin, chanoine et chantre de l'église Saint-Honoré de
Paris, qui céda un fief avec ses terres et cens (1371). Auxxvii°et xviir siècles,
le domaine de Morangis s'étendait sur 23i arpents de terres.
Ferme appelée le Grand Hôtel et fief de Cliâtillon, cédés en 1G61 par
Pierre de Bretignières, conseiller au Parlement, en échange de 4.667 1. 7 s.
4 d. de rente. La ferme comprenait environ dans son enclos 5 arpents, et aux
terroirs de Goiiesse, Auliiay et terroirs voisins, 290 arpents en terres labou-
rables, prés, vignes. Le fief de Cliâtillon, situé dans la paroisse de Gonesse,
consistait en 52 s. 6 d. parisis de menus cens^ portant lods et ventes, et en
champarts sur environ 72 arpents de terre.
Depuis très longtemps déjà, l'H.-D. possédait sur les moulins de Gonesse,
une rente en grains qui avait été transformée en une rente équivalente en
espèces sur la généralité de Paris ; une autre rente en grains sur la ferme
dîmeresse du prieuré de Deuil et l'H.-D. de Gonesse.
Ces terres dépendaient de la châtellenie royale de Gonesse, qui eut pour
seigneurs « engagistes », de 1660 à 1750, le duc d'Estrées, le cardinal
d'Estrées, Machault d'Arnouville, garde des sceaux. Elles s'étendaient sur
diverses censives, celle du Tillay, celle d'.Aulnay, propriété de la famille de
Gourges, celle d'Ermenonville, possédée par les Machault, celle de Bonneuil
et celle de Dugny. La ferme du Grand Hôtel, devenue {Qvme Saint-Cliristoplte,
comprenait à la fin du xviii" siècle 3o8 arpents.
D'autre part, en 1719, l'H.-D. avait acheté pour 35. 000 livres les droits de
dîmes et de champarts sur le terroir de Gonesse provenant de la succession
da marquis de Fontenay, consistant pour le droit de champart en 12 gerbes
382 r.'nOTI-L-DIF.r ai- XVIF KT Al- XVIir SIKCLF.
pour 100, et une pièce de terre de 9 arpents au lieu dit Près de la Madeleine.
La même année il avait acheté, moyennant 340.200 livres, aux 2 filles du duc
d'Estrées, 4 moulins seigneuriaux à eau, situés sur la rivière de Croud,
appelés le moulin Jennel, le moulin de la Planche, le moulin Neuf ei le mou-
lin de la Porte, avec 253 arpents 52 perches 1/2 de terre, et droit de champart
sur 795 arpents i quartier. Enfin, l'année suivante en 1720, il acheta encore
une maison, rue du Cul-de-Sac-de-V Auditoire, pour 3. 000 livres, louée
90 livres, puis 60 livres et un cochon de lait, et en 1735, une autre maison
en très mauvais état, rue du Ciil-de-Sac, près de la geôle, pour 800 livres.
La ferme de Sani^-C/îJ-z'^/op/ie a été louée successivement 3. 000 livres eh 1664,
3.000 livres et 2 muids de froment en 1700, 2.800 livres en 170^, 2.5oo livres
en 1709, puis 3. 200 livres, plus 1.600 livres pour les dîmes et champarts.
Les moulins étaient loués 4.000 livres. Enfin, le domaine seigneurial, consis-
tant en cens, rentes et autres droits seigneuriaux et casuels, droits de ménage,
mesurage, chargeage, placage de grains, greffe de la prévôté et châteilenie
royale de Gonesse, etc., était loué 5. 000 livres. Ce domaine seigneurial était
grevé de redevances en grains, dues notamment au prévôt de Saint-Lazare,
aux Minimes de Vincennes, au chapelain de la chapelle de Saint-Germain de
Vitry en l'église Saint-Jacques de la Boucherie, au bailli du Palais, aux reli-
gieux de Livry-en-Launoy, au premier huissier de la Chambre des comptes,
au monastère royal du Val-de-Gràce, aux Chartreux, au chapitre de Saint-
Paul de l'Estrée, à Saint-Denis, etc.
L'H.-D. contribua à différentes reprises aux réparations de l'église Saint-
Pierre-Saint-Paul de Gonesse, notamment en 1719, sur la demande de
J.-A. d'Agoult, chanoine et prieur de Deuil, décimateur du territoire de
Gonesse.
Ferme du Mesnil-Aubry, provenant de la donation faite au xiv° siècle par
Jean Hébert, ou Habart, apothicaire, bourgeois de Paris, et s'étendant sur les
paroisses de Mesnil-Aubry, Mareuil, Ézanville, Villiers-le-Sec, Plessis-Gassot,
et comporte à la fin du xvii" siècle 38 arpents 114 perches 3,4. Ce domaine
appartient encore à l'administration de l'Assistance publique.
A Roissy, l'H.-D. a acheté en 1723 à L.-C. Pocquelin, clerc minoré du
diocèse de Reims, 1/6 de 5 arpents de terre, en même temps qu'un 1/12 d'une
maison à Paris, rue du Marché-Pahi, pour 2.000 livres; il venait de recueillir
les autres 5/6 de cette terre comme légataire universel de M™» Baudouin.
Ferme de VAtdruche, à Grigny, léguée en 1604 par Et. Halbrocq, marchand
de Paris, avec la moitié du fief de la Clochette et des terres qui en dépendaient.
L'H.-D. acquit un peu plus tard l'autre moitié du fief, en tout 78 arpents,
puis encore en i655 un nouveau domaine de 5i arpents. A la fin du xviii» siècle,
la ferme s'étendait sur 259 arpents, dans la mouvance des seigneuries de
Grigny et de Morsang, propriété du procureur général Joly de Fleury.
VEXIN FRANÇAIS
Le fief et la terre du Tillay, relevant de la terre de Montchevreuil, de la
baronnie de Chars et des seigneurs de Cléry, acheté à Fr.-Ch. et Ar. de
Brenne 48.000 livres en 1671, et comprenant, avec la maison seigneuriale et les
bâtiments d'exploitation, i5o arpents. Ce domaine appartient encore à l'admi-
nistration de l'Assistance publique.
Au Bellay et à Chars, près de Magny, ferre du Bellay, achetée en 1606 à
L.-Ch. d'Albert, duc de Luynes, pair de France, comte de Tours, chevalier
des ordres du roi : comprenant, outre la maison seigneuriale et ses dépen-
LK DOMAI^■l^ 383
dances, étables, caves, colombier, 420 arpents de terre labourable et tous les
droits féodaux; le fief de Crespy, dit Desportes, situé à Bercagny, paroisse
de Chars, consistant en maison seigneuriale, terres, prés, vignes, droits de
champart, cens et rentes ; le fief de Boisfranc, également avec maison seigneu-
riale, et environ i5o arpents de terres et prés et un bois de 14 arpents; le fief
de la Gripière, dans la paroisse de Clhars, avec ses dépendances, bois taillis,
prés, aulnaies, chenevières et environ i5o arpents, le tout moyennant
256. 5oo livres tournois. Les vendeurs ne se réservaient que la justice haute,
basse et moyenne sur les terres vendues, les mouvances des fiefs qui étaient
réunies à la baronnie de Chars, et le moulin banal de la seigneurie du
Bellay, appelé le mouli^i de Noisemont. Ces terres étaient chargées de quel-
ques redevances en grains envers le chapelain de la chapelle Sainte-Catherine
de Fresnes-Léguillon, et celui de la chapelle Saint-Martin du Bellay, envers
l'abbaye royale de Maubuisson, de cens envers les religieuses de Sainte-Élisa-
beih de Paris, près du Temple, qui possédaient le fief des Essarts, dont rele-
vait une partie de la seigneurie du Boisfranc.
D'après les derniers arpentages faits au xviu» siècle, la terre du Bellay
comprenait 4^9 arpents 6 perches; les fermes de Bergagny et de la Gripière
260 arpents et 3o perches ; la ferme de Boisfranc^ 164 arpents Sy perches. La
ferme du Bellay était louée 4.700 livres en 1664; 3. 600 livres en 1672;
3.25o livres en 1909; 4.000 livres en 17 10; 3. 200 livres en 1718; 4.000 livres
en 1734; 4.600 livres en 1761; 5. 000 livres en 1770; 7.000 livres en 1778.
L'administration de l'Assistance publique possède encore ces domaines esti«iés
près d'un million.
Terre et seigneurie de Cliarmont, avec le fief de Saint-Germain, pro-
venant du legs d'Anne de la Vernade, veuve de Jacques de Harlay, à charge de
diverses fondations pieuses (i585), domaine accru par diverses acquisitions
successives, loué 120 seticrs de blé en 178g.
Ferme et fief de la Pierre de Montiffault, à Eve, cédés pour moitié le 4 avril
1662 par François Brion, écuyer, fils d'un receveur général des aides de France,
à charge d'une rente viagère de 1.600 livres, en même temps que la moitié
par indivis d'une maison rue Saint-Sauveicr, 6 ans plus tard, le 14 mars 1668,
Madeleine de Brion compléta cette donation en cédant la propriété entière,
en même temps que ses droits sur 18 ou 19 arpents au terroir dudit liCu.
Le domaine de l'H.-D. fut complété par divers achats, échanges, entre
autres par la cession d'un arpent au terroir d'Eve, en 1715, par Cl. Dumetz,
seigneur d'Eve, Montiffault, etc., président en la Chambre des comptes et par
l'échange, en 1723, de 32 arpents sis à Villeneuve-siir-Verberie pour i5 arpents,
3 quartiers, à Eve, consenti par Jacques Coqueret, laboureur.
La ferme d'Eve comprenait, en 1741, outre les bâtiments, i85 arpents,
38 perches 1/2, dont 65 arpents 19 perches dépendaient du fief de la Pierre. Le
fermage annuel était de 2.210 livres. L'H.-D. touchait en outre une rente de
3o sous payée par le chapitre de l'église collégiale d'Eve, à prendre sur 90 ar-
pents de terre, sis au terroir de Dammartin, Orcheux et environs, à cause
de' la chapelle Ferry dans l'église Notre-Dame de Dammartin.
Maison appelée l'hôtel de Elois, située près du ruisseau venant des Viviers
de Cappy, avec un clos de 6 arpents, puis tine maison, rue Châtelaine, avec
un pré, enfin 9 arpents de pré, 3 de vignes et 70 de terre, à Saint-Vaast,
léguée en 1564 par Antoine Naclier, curé de Saint-Vaast, près de Verberie, ou
384 l'hotkl-difu au xvif et au xviiic sieci.f,
Saini-Vaast de Longmont, et « maître » de TH.-D. Déjà l'H.-D. possédait aux
environs, à Noël-Saint-Martin, la Grange Guillot et ses dépendances, depuis
1387, et 10 arpents, à Verberie, légués en i325 par Robert Le Bouteillier, prêtre
étudiant à Paris, ainsi que 20 autres arpents achetés à diverses communautés.
Au cours des xvii' et xviii* siècles, l'H.-D. acquit encore des rentes et des
surcens dans la région. A la fin du xvm° siècle, le domaine de Saint-Vaast
s'étendait sur 95 arpents 10 perches 3'4, dans les censives du duché de Valois
et de Crcpy, propriété du duc d'Orléans.
A Compans, domaine formé autour d'un noyau de 4 arpents donnés
1188, et agrandi successivement par les achats et les donations. En i633, la
ferme de Compans comprenait en bâtiments, cours, jardins, terres, près,
184 arpents 19 perches, aux terroirs de Compans et de Thieux, de dîmes sur
des terres situées autour de Compans, Villeneuve, Thieux, etc.
En 1697 et 17H notamment, l'H.-D. en vendit diverses parties à N.-A. de
Harlay, comte de Compans, pour le nouveau parc de son château. Il y eut encore
d'autres aliénations au xviii^ siècle, car la ferme qui comprenait i85 arpents
en 1751 ne s'étendait plus en 1783 que sur 144 arpents. Elle était alors dans
la censive de la seigneurie de Compans, possédée par N.-A. de Harlay, puis
J.-B. d'Aguesseau de Fresnes, à qui l'H.-D. payait une redevance seigneuriale
de 23 sous et 22 boisseaux de blé. De son côté, l'H.-D. recevait en 1776, comme
décimateur sur i.33o arpents à Thieux, 25 à Thieux etàMitry, 2 muids 12 setiers
de grain en diverses redevances, notamment de l'abbaye de Chelles, sur la
grange de Maurepas à Mitry, de l'abbaye de Chaâlis, sur la grange de Choisy-
aux-Bœufs, du chapitre de Saint-Denis-du-Pas, des marguilliers-clercs de
l'église Notre-Dame de Paris, du prieur de Moussy-le-Neuf, et du couvent de
Saint-Martin-des-Champs, sur les dîmes d'Épiais. Quant à la ferme propre-
ment dite, ell^apportait, en i633, 25 muids de blé froment, mesure de Paris,
2 porcs gras valant i5 livres la pièce, 12 chapons gras, 3oo bottes de paille,
et en outre, i chapon et demi et 2 muids de grain de redevances annuelles à
distribuer aux curés de Compans et de Thieux, au prieur de Saint-Lazare-
de-Dammartin, et à divers autres. En i665, ce fermage était transformé en
3.600 livres, plus 5oo bottes de paille, sans oublier les 2 porcs et les 12 cha-
pons. Au xviir siècle, le fermage était de nouveau en nature, 504 setiers de blé
en 1776.
A Vinantes, près de Dammartin, la ferme et le fief de Bonneuil, achetés
en 1666 à Etienne de Carron, de Valenciennes, écuyer, sieur de Mézières, pour
48.000 livres tournois, comprenant la maison flanquée de 2 tourelles, avec
dépendances, écuries, étables, bergeries, colombier, granges, puis 190 arpents
de terre et prés, 32 arpents 1/2 de bois taillis, 6 quartiers de vignes, et 3 petites
maisons à Vinantes. Ce domaine s'était encore accru par la suite, car d'après
des arpentages de la fin du xvni» siècle, la ferme de Vinantes s'étendait sur
236 arpents 58 perches 3/io. Le fief de Bonneuil dépendait de la seigneurie
de Vineuil, et celui du bois de VHomme-Moit, du comté de Dammartin.
A Villeneiive-sous-Dammartin, dans la mouvance du fief de la Tournelle,
appartenant à la fin du xvi" siècle à Louis Potier, seigneur de Gesvres, secré-
taire des Finances du roi, une ferme avec bâtiments d'exploitation, et 43 arpents
de terre, provenant de divers achats et dons, au cours du xvi" siècle.
A Saint-Mesmes, une maison et ses dépendances avec 20 arpents de
terre, à Vineuil, 2 autres maisons à Saint-Mesmes, rue du Four, et diverses
LE DOMAINK 385
masures, données par Parent-Hcrbclot en 1492, ferme de Saint-Mcsines,
donnée en i5G3 par Bonot, dans la mouvance de la seigneurie de Messy.
A la fin du xviiis siècle, l'ensemble des terres aux terroirs de Saint-Mesmes,
\'ineuil et Charny, se montait à 89 arpents 92 perches 3/4. La ferme de
Saint-Mesmes rapportait des fermages en nature jusqu'au milieu du xvu° siècle ;
elle était louée, en 1680, 55o livres, et en lySg, ySo livres.
A J\Iûussy-le-Xeitf et Moiissy-lc-Viel, au comté de Dammartin, 45 ar-
pents 2 3 perches de terres de labour, prés et jardins, depuis le xvi» siècle, et
dîmes dans ces 2 paroisses, conjointement avec le prieuré de Sainte-Oppor-
tune de Moussy-le-Neuf.
A Juilly, « en France », pièce de 2 arpents 45 perches, tenant à l'abbaye
depuis 1707.
Ferme de Saint-Christoplie, à Brie-Comte-Robert, agrandie successivement
par des dons ou des achats. Elle contenait, en i6i5, 267 arpents i quartier
16 perches de terre labourable, et i arpent 10 perches de vigne ; elle était alors
atlermée en nature pour 10 muids 1/2 de froment, i muid de vin, i porc de la
valeur de 12 livres et 20 gerbes de paille ; en 1624, le fermage ne comprend
plus que 10 muids de blé. L'H.-D. possédait encore 5 arpents i quartier
7 perches en 6 pièces, aux lieux dits : Près la pointe de Foreille, Près la Mare
aux Prêtres, Près le chemin du Petit-Val, cédés par Nicolas Brulart, seigneur
de Sillery, le 3i août 1667; 5 quartiers de terre au chemin d'iverny et à la
Butte-aux-Bergers, cédés par Augustin Le Maistre, conseiller au Parlement
(9 septembre i663); 1/2 quartier de terre proche le Tremblay, acheté en 1672
à Augustin Sévin, seigneur delà Corbillière; une pièce de terre sur le chemin
de Villemeneu.
Terres à Champrosay , dont l'origine était une donation de 6 arpents de
terres labourables et de vignes, faite en 1275 par Nicolas de Champrosay,
à laquelle vint s'adjoindre, en i3o2, celle d'Adam de Champrosay, consis-
tant, en 55 arpents de bois situés « es bois que len appelle le Petit-Senart » ;
puis des vignes, des iinmeubles, une île en Seine, située au-dessous de la
Borde de Ris, contenant 3 quartiers environ, le tout se trouvant dans la mou-
vance des religieuses de Poissy, des religieux de Sainte-Geneviève et de
Saiiit-Germain-des-Prés. 11 faut y ajouter encore au xv siècle la donation du
fief de Villemeneu, avec droits de moyenne et basse justice, cens et rentes,
sur plusieurs héritages situés à Champrosay et à Mainville par Nicolas
de Neufville, chevalier, seigneur de Villeroy (9 avril 1432).
Ce douzaine s'agrandit aux xvii» et xviii" siècles par la cession de 22 ar-
pents de terres faite par André Le Vieulx, conseiller et échcvin de Paris,
seigneur de Champrosay, ferme, clos d'arbres fruitiers, clos de vigne avec
pressoir ei cuves, prés avec vivier, etc., et par divers achats : 2 arpents et un
demi-quartier aux lieux dits le Clos de la Folie ou Bellevite, le Petit Arpent,
près la Croix de Champrosay, les Vallées, près Tile des Loges, achetés
i3o livres à Mathieu Lespagnaudel, sculpteur (11 septembre 1682); 9 quar-
tiers de terre au terroir de Draveil, aux lieux dits sous les Vignes de la Cail-
lette, le Gravoy, et sous les Vignes-de-Burelores, achetés i5o livres à Pierre
Le Masle, lieutenant en la prévôté de Juvisy; une maison appelée \q Pressoir,
située dans la grande rue de Champrosay, avec ses dépendances, achetée
9.000 livres à Sylvain Parveau, commissaire ordinaire des galères (16 sep-
tembre 1718), dans la mouvance du seigneur de Soisy.
386 i/hOTEL-DIKU au XVIie ET AU XVIIie SIECLE
D'après un arpentage de lySG, la censive del'H.-D., à Champrosay, s'éten-
dait alors sur 840 arpents, celle de Sainte-Geneviève sur 3oo a'-penis et
celle des sieurs Delahaye sur i.SSg arpents 53 perches; l'H.-D. avait
sur sa part droit de haute, moyenne et basse justice ; il touchait de
plus diverses rentes foncières sur des immeubles de Champrosay et des
pièces de terres ou de vignes à Champrosay, Draveil et Mainville. Enfin,
il avait un port sur la Seine, le port de la Borde-de-Ris, qui lui avait été
donné en 1279, avec droit de « charrière » ou de bac. Ce droit de passage
avait été fixé au xiv° siècle à 7 deniers par « chascune personne tenant feu
esdites paroisse et ville de Champ-Rosé». Dans la saisine et possession du
droit de passage de la Borde de Ris, se trouvait le fief et seigneurie de la
Mothe-ès-Corbeil, anciennement appelé le Fief de la marchandise de l'eau,
s'étendant sur la Seine depuis Ponthierry jusqu'à Villeneuve-Saint-Georges.
Ce fief de ItiMollie rapportait à l'H.-D. 22 écus en 1584 pour droits de pêche-
ries.
L'H.-D. devait comme dîme au curé de Draveil un muid sur 5o muids
de vin récolté à Champrosay. Il fit don à l'église de Draveil de 5oo livres
pour la construction d'un clocher : Champrosay n'était alors qu'un hameau
de la paroisse de Draveil, composé au xvii" siècle de 60 feux et de plusieurs
maisons bourgeoises ; mais il possédait une chapelle seigneuriale, ou un prêtre
était chargé d'instruire les enfants et de dire la messe, moyennant une rétri-
bution de 45o livres.
L'H.-D. louait avantageusement ses terres. L'7/e boiteuse, de 2 arpents 1/2,
était louée 64 livres en 1640, 110 livres en i65i. La grande ferme, avec
jardin, clos de vigne, 181 arpents de terre et prés, était louée en 1640 moyen-
nant 4 muids de blé méteil, i muid d'avoine, i porc de 12 livres, plus
diverses charges pour les vignes.
A Meaux, maison au Grand Marché, léguée par Ch. Tuppin, chanoine de
Saint-Jacques-l'Hôpital, et chapelain de la musique du roi.
Domaine à'Argeville, à Sermaise, composé en 1640 d'une maison et de
3ii arpents i quartier de terre. Cette ferme était louée en 1640, 400 livres,
plus une redevance de 3 muids de blé méteil à l'abbaye de la Cour-Dieu, en
la forêt d'Orléans ; ce fermage fut porté à 5oo livres en 1684. D'après un
procès-verbal d'arpentage du xviii' siècle, ce domaine comprenait alors 322 ar-
pents 49 perches, dont 245 arpents au terroir d'Argeville, et 87 arpents au
terroir de Morville.
Ces terres avaient été données à l'H.-D. par Pierre Belle, huissier au Par-
lement au XIV» siècle. La terre d'Argeville se trouvait dans la mouvance de la
seigneurie d'Audeville et du fief de Nemours ; elle s'était augmentée du fief
de Bournigalle situé autour de Besonville, en la mouvance de la seigneurie
de Guignonville.
Terres et seigneuries de Blancheface et du Mesnil, contenant Sgi arpents
18 perches, acquises en 1662 dans la vente des biens saisis de Jacques de
Cisternay, dont une grande partie avait été achetée par Guillaume de
Lamoignon, seigneur de Bâville, premier président du Parlement de Paris,
qui les revendit à l'H.-D., moyennant 45.800 livres, à la réserve des droits
féodaux et seigneuriaux et de 100 sous de cens annuel (2 mars i6G3). Quelques
parties de ces terres étaient dans la mouvance de la seigneurie de Villeconin
et du fief de .Mondétour et de la Grange.
LE DOMAINE
387
Ces terres et dépendances se composaient des bâtiments de la ferme de
Blancheface, avec clos, jardin, mare, colombier, etc., 220 arpents de terre
labourable, iio arpents de bois taillis, 2 ou 3 arpents de bois dépendant de
la ferme du Mesnil, i arpent 1/2 d'aunaie, 12 arpents de pré, 3 arpents de vignes,
un vieux parc de 8 arpents, 3 arpents d'arbres fruitiers entourés de haies vives,
le moulin de la Radiée, avec terres et prés, et 2 pressoirs, l'un à Moutiy,
l'autre à Blancheface. Le tout était loué 2.700 livres en 1662, 2.100 livres en
1670, 1.800 livres en 1690, 2.100 livres en 1.725, 2.200 livres en 1733,
4.100 livres en 1737, 4.500 livres en 1773, et 4.862 livres en 178g.
Le domaine de \a Salle d' Oui rcville et. du Petit-Plessis, acheté 35. 000 livres
par adjudication en 1666, dans les paroisses d'Allaines et d'Authon, à Louis
d'Allonville, chevalier, seigneur du Plessis, lieutenant de la grande vénerie
du roi, composé de la terre et fief de la Salle d'Outreville, avec maison
seigneuriale, 2 fermes, moulin à vent, clos d'environ 4 arpents, bois taillis de .
3 arpents, avec une grande allée d'arbres de haute futaie, garenne et bois
d'environ 6 mines, 16 grands muids de terre, les droits seigneuriaux, cens et
dîmes sur le terroir d'Outreville ; une ferme et métairie du Petit-Plessis, avec
tous les bâtiments, clos et dépendances, et 9 muids de terre labourable ;
enfin, 34 arpents de bois taillis en 2 pièces situées au Petit-Plessis. La terre
du Petit-Plessis était mouvante de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, appar-
tenant à l'évêque de Langres. D'autre part les terres de la Salle d'Outreville
étaient chargées de redevances envers la maladrerie de Janville et du Puiset, etc.
Terre et seigneurie des Brosses, provenant du legs de François Luillier,
secrétaire au Conseil d'État, bourgeois de Paris, dont le testament du 4 oc-
tobre 1620 stipulait que le revenu devait en être employé à la nourriture des
pauvres et qu'elle ne pourrait être aliénée. Elle se composait de maisons,
granges, étables, le tout en ruine, et d'environ 14 grands muids de terre
labourable, vignes et garennes, et d'un moulin à vent, d'une rente foncière
de 5 mines, d'un boisseau de froment et de divers cens et droits de charç-
parts ; elle était mouvante de la seigneurie de la Porte, propriété de René de
Prunelay, chevalier, et pour certaines parties de la seigneurie de Hautvilliers,
possédée par le chapitre de Notre-Dame de Chartres; d'autre part cette sei-
gneurie avait dans sa mouvance les fiefs de la Montagne, de Behou, de Clabis,
et des Puiselets, ces 2 derniers achetés par l'H.-D. en i655.
Enfin, en 1728, l'H.-D. acquit encore pour 7.100 livres la Petite Métairie
sise également à Intreville, saisie sur la succession vacante de François
Luillier, à la requête de Bochard de Sarron, premier président en la première
chambre des enquêtes du Parlement, louée 400 livres avec ses dépendances.
Près d'Etampes, à Aitbray, paroisse de Mérobert, dans la seigneurie de
l'abbaye de Saint-Jean-en-Vallée, l'H.-D. a hérité, en 1641, d'une métairie,
dans la succession de Gabrielle du Raynier de Doré, baronne du Thour.
CHAMPAGNE
Baronnie du Thour, dans la seigneurie de Grandchamp, près de Signy-l'Ab-
baye, donnée pour moitié par indivis en 1641, par Gabrielle du Raynier de Doré,
avec défense d'aliénation, sans quoi la moitié du prix de l'aliénation serait
partagée entre les hôpitaux des Incurables et de la Charité (3). L'autre moitié
de la baronnie du Thour appartenait en 1667 à Jean, comte de Coligny, gou-
388 I.'HOTFL-BIF.r AU XVIl" ET AT' XVII!« SIF.CLK
verneur d"Autun, et en 172 i, à la princesse de Nassau. Au xvn= etxviu" siècles,
les habitants de ce village furent souvent inondés par le moulin, et ces inon-
dations ne cessèrent que lorqu'un arrêt du Parlement eut ordonné son chan-
gement de place et sa reconstruction sur un petit terrain situé près de la
petite rivière appelée Malaise. Vis-à-vis de l'église Saint-Nicolas, se trouvait
"autefois un château, dont l'emplacement formait au xvm° siècle un monticule
de plus de 3o pieds de hauteur et de 270 pieds de circonférence, que l'H.-D.
lit transformer en promenade et en calvaire en 1770. Le domaine était loué
en i65i, 2.000 livres ; en i658, 900 à i. 000 livres ; en i663, i.ooo livres; en 1692,
2.000 livres; en 1675, 3.3oo livres. Il comprenait une importante exploitation
de bois (i36 arpents du ressort de la grande maîtrise de la Champagne).
L'H.-D. exerçait les droits seigneuriaux sur les fiefs dépendant de cette
baronnie, fiefs de Saint-Germainmont et d'Hannogne, de Saint-Fargueil,
d'Amagne, de Juzancourt, de Lassaux de Neuflize; la baronnie du Thour était
elle-même mouvante du château de Sainte-Menehould, propriété royale.
Par sa position près de la frontière, cette baronnie était particulièrement
exposée aux excès de toute nature, vols, meurtres, incendies, commis
par les armées ennemies, et notamment par les soldats du baron d'Erlach, par
ceux du duc de Lorraine et ceux du prince de Condé, en 1640, i65o et i65i.
Les procès-verbaux des officiers de la baronnie, malheureusement détruits,
étaient remplis de détails concernant ces désastres. Pendant ces 3 années,
les troupes lorraines, françaises et allemandes occupèrent le pays tour à tour,
et toute la contrée fut dévastée. Le village de Villiers-devant-le-Thour fut
presque complètement détruit par l'armée du duc de Lorraine ; les habitants
avaient dû fortifier l'église et y enfermer ce qu'ils avaient de précieux. Au
Thour, les Allemands enlevèrent ou brûlèrent les grains, fourrages, bestiaux,
récoltes, et les habitants furent réduits à la plus profonde misère. Les habi-
tants de Grandchamp n'avaient-ils pas demandé à la dame de Doré d'instituer
dans sa terre un « capitaine » qui les préservât des maux causés par la guerre ?
L'H.-D. y entretenait comme personnel, en 1662, un bailli, un lieutenant, un
procureur fiscal, un greffier et un sergent. Il dut pourvoir aux réparations
les plus urgentes. Par la suite le domaine connut de meilleurs temps. Il ne fut
aliéné par l'administration des hospices qu'en i833.
NORMANDIE
Ferme achetée 76.223 livres en i663, à Guy de Chaumont, marquis de
Guitry, grand-mailre de^ la garde-robe du roi, sise dans le bourg avec
181 acres 66 perches de terre, tant sur la paroisse de Guitry que sur celle
de For est.
Terre et seigneurie de Saint-Clair, achetées 120.000 livres en 1669 ; l'année
suivante, avec Guy de Chaumont, contre 60 acres de terre et 40 acres de bois
taillis, à Guitry et Forest, constituant le domaine de la seigneurie de Guitry,
à la réserve de la maison seigneuriale et de son clos. A ce domaine s'ajou-
tèrent encore 40 acres achetées en 1675, à Vincent Le Bret, conseiller au
Parlement, et en 1741, une maison de la grand'rue de Guitry, devant servir
de presbytère.
Ce vaste domaine de Guitry comprenait, en 1700, i58 arpents 10 perches
de bois, les bois de Saint-Clair, Chaumont, Lancement ; la coupe de ces bois
qui dépendaient de la maîtrise des eaux et forêts de Vernon et des Andelys
était affermée 3o livres par an.
LE DOMAINE ?8q
MAINE
3 maisons au Mans léguées par Martin Gautier, chirurgien ordinaire du
corps du roi, et une rente foncière de 55 livres à prendre sur un « bordage »
appelé la Petite Piiioisièrc, entre La Ferté-Bcrnard et Bonnétablc.
ORLÉANAIS
Métairie et closeric du Brcuil, octroyée par arrêt du Parlement en 1713
contre les héritiers Cosnard de Trémond, et comprenant maison, ferme,
pressoirs, jardin, verger, vivier, 6 arpents de vignes, 6 arpents de terres,
6 quartiers de prés, enfin 3 arpents de bois taillis.
RENTES FONCIERES
Rente foncière de 25o livres perçue depuis lyoô sur une maison appelée
la Lussardiève et sur divers immeubles dans l'île de Boshémont, provenant du
legs universel de Jean Nau, conseiller au Parlement, dont l'H.-D. est bénéfi-
ciaire pour moitié avec l'Hôpital général.
L'H.-D. touche encore des rentes foncières dans diverses localités, à Fon-
tenay-sous-le-bois-de-Vincennes, à Gennevilliers-la-Garenne, sur plusieurs
pièces de terres louées à des laboureurs, en outre d'une rente foncière de
go livres donnée par Charles le Cocq, président des monnaies, à prendre sur
les dîmes et revenus de la seigneurie ; à Grignon, sur une maison et plu-
sieurs pièces de vignes ; à Cestroiiville et Cormeilles, sur des immeubles ;
à Courbevoie, sur diverses maisons, des vignes et des terres, rentes provenant,
en i65o, du legs de Pierre Cosnard de Trémond, président des gabelles au
grenier à sel de Louviers, secrétaire de la Chambre du roi ; à Colombes, sur
2 maisons, rue Saint-Denis; à Cliampigny, sm: mvlq maison de la rue des
Duchés, sur 4 pièces de terres, aux lieux dits les Carreaux, les Dalles, les
Perreux, sur une vigne au lieu dit les Perreux ; à Claye, sur des vignes;
à CItaronne, également sur une vigne, au lieu dit la Folie-Regnault ; à Vitry,
sur des vignes, et une maison, rue Petite-Fontaine. Rentes de 27 s. 6 d. sur
une maison du Hatit-Meudon, et une autre de 3o sous sur 3 quartiers de
vignes ; à Alontgeron, 3 rentes sur divers immeubles ; à Xoisy-le-Sec, une
rente de 7 livres sur une maison au lieu dit le Boict dFn bas ; à Atliis-
Mons, 2 rentes, l'une sur une maison de la rue de Champagne, à Athis, et
l'autre sur des terres à Mons, Athis et Ablon, aux lieux dits la Pierre-Percée,
la Fosse-à-Ia-Papine ; 2 également à Nonancourt sur une tannerie de la rue
des Boulangers, et sur le grand moulin à tan ; à Neuilly, une rente de
12 livres sur une maison située au pont de Neuilly; à Notre-Dame-des-
Champs, i5 livres sur 35 perches de terre (8) ; 10 livres à Orgeval ; 16 livres
à Picqiiigny; 9 livres à Rosny, provenant de la succession de Robert Sadron,
panetier; 25 livres sur divers immeubles à Saint-Leu-Taverny, provenant du
legs Tuppin ; 45 livres sur 2 maisons à Sèvres, provenant du legs Despeuches.
Rente annuelle de i muid 1/2 de blé sur les moulins du Bois-Malcsherbes,
appelé le moulin de Mirabeau en vertu d'une donation d'Eudes de Malcsherbes,
ratifiée par lettres patentes de Louis VU (1178).
A La Rochelle, 2 rentes foncières, l'une de 3oo livres, l'autre de 10 livres,
sur 2 maisons, rentes faisant partie du legs universel de Moricq.
PIECES JUSTIFICATIVES
I. — Les administrateurs (xyi^-xyiii" siècles).
II. — Les receveurs (xvi°-xviii° siècles).
III. — Les médecins (xvi°-xviii° siècles).
I\'. — Les maîtres chirurgiens (xvi'-xviii* siècles).
Y. — Les maîtresses sages-femmes (xvii«-xviii» siècles).
VI. — Valeurs des legs et aumônes faits au xyii" siècle.
VII. — Principaux legs universels faits aux xvir" et xviii" siècles.
VIII. — Legs et dons faits aux xvw et xviii» siècles par ordre d'importance.
IX. — Le produit du droit des pauvres au xviir siècle.
X. — Le produit des troncs des paroisses et communautés en 167g.
XI. — L'approvisionnement à la hn du xvii" siècle.
XII. — La consommation du hlé au xviii" siècle.
XIII. — Les recettes de 1780 à 1789.
XIV. — Les dépenses de 1780 à 1789.
X\'. — Le mouvement de la population de 1780 à 178g.
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LES ADMINISTRATEURS (XVI«-XVIIP SIÈCLES) (i) I
i5o5 Jean Lcgcndre, seigneur de Villeroy et des Moncelets ; Hiérosme
de Marie; François Cousinot ; Etienne Huré ; Henri Le Bègue; Jean
Baudin ; Guillaume Caron.
i5o8 Michel Lombard, conseiller au Châtelet ; Artus Deschamps; Jean
Cognet, avocat en Parlement; Jean Herbert.
i5i2 Thomas Duru ; Dominique Quinette ; Imbert Grenier, receveur de
Tournay; Denis Pecquer, conseiller secrétaire du roi.
i5i3 Jean Briçonnet, président aux Comptes ; Jean Croquet ; Simon Bar-
bedor.
i5i5 Jacques Le Haudouer.
i5iG Mary Bureau, sieur de La Houssaye.
i5i8 Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy.
i522 Germain de Marie, seigneur du Tillay, trésorier général des Monnaies ;
Nicolas Hannequin; Robert Le Lieur; Renaud Antouillet.
iSaS Nicolas Séguier, conseiller-secrétaire du roi.
i53i Guillaume Ribier, seigneur de Villebrosse.
i533 Oudart ; Jean Daubigeois.
iSqo Bertrand de Kerquilineur, seigneur d'Hardivilliers.
1543 Aymard Nicolaï, chevalier seigneur de St-Victor, premier président
aux Comptes ; Jacques Pinel ; Jean de Moussi.
1545 Jean Groslier, trésorier de France.
1548 François Gayant; Nicolas Perrot.
i53o Thomas Raponet, conseiller du roi.
i552 Denis Barthélémy ; Guillaume Choard.
1554 Jean Le Lait.
1557 Pierre Le Masson, avocat en Parlement, Claude Le Sueur.
i558 Jean Mellier ; Claude Marcel.
i55g Claude Guyot, président aux Comptes.
1564 Jean Le Sueur; Michel Duru.
i565 Antoine Nicolaï, premier président des Comptes; Claude Le Prêtre.
i568 Jean Palluau, conseiller secrétaire du roi ; Jean Aubry ; Nicolas Paul-
mier ; Pierre Hotman ; Jean-Baptiste du Mesnil, avocat en Parlement;
Guillaume Merlin.
iSôg Dufour, avocat général en Parlement; Augustin de Thou, avocat géné-
ral en Parlement.
1572 Guillaume Le Clerc, avocat en Parlement; Henri L"Advocat ; Jean
Menant ; Jean Le Jay, seigneur de Ducy.
(1) La date indique l'ann<5e de nomination comnae administrateur.
PIKCES JUSTIFICATIVES 3q5
1573 Mathieu Marcel, seigneur de \'illencuve-le-Roi.
1574 Germain Boucher; Claude Auhry, secrétaire du roi.
1576 Etienne de Nully, premier président des Aides; Palluau.
i586 Robert Després; Boursier.
1587 Achille de Harlay, premier président du Parlement.
i58S Jacques Coignet, secrétaire du roi; Claude Daubray, secrétaire du roi ;
Pierre Bourlier, Jean Le Prêtre.
iSqo Claude Josse, secrétaire du roi; Vincent Martin.
1391 Benoist iMichon, président des Comptes; Nicolas Tanneguy, avocat en
Parlement; Claude Huisselin.
1594 Olivier Le Fèvre, sieur d'Ormesson, président des Comptes.
1600 Antoine Guyot, seigneur de Charmeaux, président des Comptes.
1606 Pierre Sainctot, sieur de Vemars ; Jean de La Haye.
1607 Jean Perrot, sieur du Chesnard.
1611 François Lhuilier, seigneur d'Interville, secrétaire du roi; Jean Nicolaï,
seigneur de Goussainville, premier président aux Comptes; Jacques
Sanguin, conseiller au Parlement.
1G14 Nicolas de Verdun, premier président du Parlement.
1624 Nicolas Chevalier, premier président des Aides; Nicolas le Bailleul,
lieutenant civil, président à mortier au Parlement; Louis de Creil.
1626 Pierre Parfaict.
1627 Jérôme d'Hacqueville, d'Oz en Bray, premier président du Parlement.
1628 Jean Lescuyer, maître des Comptes ; Denis Maillet, avocat en Parlement;
i63o Nicolas le Jay, sieur de la Maison-Rouge, premier président du Parle-
ment ; Christophe Sanguin, président des Comptes.
1634 René de Longueil, seigneur de Maisons, premier président des Aides;
Pamphile de La Cour, échevin et conseiller de Ville ; Nicolas de Poix,
échevin et conseiller de V^ille.
i635 Nicolas Le Lièvre, maître des Comptes.
1637 Philippe Piètre, avocat en Parlement ; Jacques Halle, maître des
Comptes,
1639 René de La Haye, échevin; Sébastien Cramoisy, échevin (libraire).
1641 Mathieu Mole, seigneur de Champlâtreux, premier président au Parle-
ment ; Claude Robineau, secrétaire du roi.
1645 Nicolas Sainctot, maître de l'hôtel du roi ; Guillaume Périchon.
1648 Jean Le Conte, conseiller d'État. •
i652 J.-B. Forne, juge-consul.
i653 Jean-Marie Lhoste, avocat en Parlement; Pomponne de Bellièvre, pre-
mier président du Parlement.
1654 Guillaume Perochel, maître des Comptes; Antoine Le Fèvre, conser-
vateur aux Registres; Jean de Gaumont, avocat en Parlement; Laurent
Pépin, secrétaire du roi ; Fabien Perreau, sieur de La Charnoye.
i655 André Le Vieulx, échevin, conseiller de Ville.
1657 Jacques Amelot, sieur de Mauregard, premier président des Aides.
i658 Guillaume de Lamoignon, premier président du Parlement.
1659 Pierre Hélyot, écuyer, conseiller secrétaire du roi; Alexandre de Sève,
conseiller au Parlement et prévôt des marchands.
1662 Louis Le Gendre, sieur d'Azincourt.
1064 Nicolas Nicolaï, premier président des Comptes.
1G67 Alexandre Marsollier ; Augustin Pcrriquet, maître des Comptes.
1668 Jacques-Charles Amelot, sieur du Mesnil, premier président des Aides.
Iqb l'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVIII" SIECLE
1670 Jean Chuppé, avocat en Parlement.
iG-2 M. -Nicolas Le Camus, premier président de la Cour des aides.
1673 François Choart, maître des Comptes; Louis Baussan, président de
l'élection de Paris; René Accart, substitut du procureur général du
Parlement; Claude Le Pelletier, président aux Enquêtes.
1G75 Jacques Guilloire, conseiller du roi.
1676 Pierre Chandelier, auditeur des Comptes.
1678 Nicolas Potier de Novion, premier président du Parlement.
1679 Guillaume Champy, conseiller secrétaire du roi; Jean Petitpied, conseiller
secrétaire du roi ; Bachelier.
1681 François Le Fouin, conseiller secrétaire du roi; Jean Bachelct, écuyer,
conseiller secrétaire du roi.
1682 Jean Bannelier, conseiller du roi.
1686 Jean-Aymard Nicolaï, premier président de la Chambre des comptes.
1687 J. de Bragelongne, conseiller de la Cour des aides.
1689 (Nominations générales à la suite des lettres patentes de janvier 1689).—
a. Membres de droit: l'archevêque de Paris; le premier président du
Parlement; le premier président de la Chambre des comptes; le pre-
mier président de la Cour des aides ; le procureur général au
Parlement ; le lieutenant de police ; le prévôt des marchands. —
b, Membres élus: Chuppé, rue de l'Observance (i); René Accart, vieille
rue du Temple; J. Guilloire, cul-de-sac Saint-Dominique; G. Champy,
rue de la Harpe; J. Petitpied, rue du Jour ; de Bragelongne, dans le
Temple; Goupy, rue Ste-Avoie ; Soutïlot (Michel), écuyer, conseiller
secrétaire du roi, rue des Deux-Ecus ; Le Verrier, rue Percée ; Levesque
de Vaugrineuse, rue Saint-Martin; Herleau, rue Saint-Germain-l'Au-
xerrois; Beine; Marchand, rue Tictonne; d'Estrechy, écuyer, conseiller
du roi, substitut du procureur général, rue Bertin-Poirée; Clérambault,
rue Jean- Lantier; Piquet, rue de la Tixeranderie ; Le Pelletier, ancien
prévôt des marchands, maintenu à vie exceptionnellement.
1693 Chuppin, ancien notaire de l'H.-D., trésorier général du marc d'or.
1694 Greslé, secrétaire du roi.
1695 Vigneron, président au bureau des finances et en la chambre du domaine.
1698 De Bourges, trésorier de France.
1699 Arrault.
1701 J.-B. Lctourneur, écuyer, conseiller secrétaire du tqI ; Dandrcau, secré-
taire du roi.
1702 T.-S. Bazin, conseiller du roi, ancien échevin.
1704 Ernest Horcau, ancien avocat en Parlement et procureur du roi de la
Marée; Fr. Pillon, ancien procureur au Châtelet.
1707 Baille, ancien avocat en Parlement ; Ilallé, ancien échevin.
1708 Du Portault, avocat au Conseil.
1709 Regnault, conseiller du roi, ancien échevin.
1710 Hénault, intéressé dans les fermes générales du roi.
171 1 Blouïn, écuyer, ancien échevin.
17 18 Vézin, ancien avocat en Parlement, gendre d'Arrault.
1719 Garnot, auditeur en la Chambre des comptes.
1721 Vigneron ; Nau ; Thiroux; Couet de Montbayeux, avocat en Parlement et
et aux conseils du roi, ancien échevin.
(1) Les adresses ont été prises dans le Livre commode des adresses de Paris pour 1 6()2,
par A. du Pradel (éd. Ed. Fournier; Paris, Daffis, 1878, p. 112).
PIl-XES JUSTIFICATIVES
1722 Houdiart, conseiller du roi; Buchcre, ancien juge consul.
1724 De La Vigne, ancien avocat en Parlement.
1726 Turpin, conseiller en la Cour des monnaies.
1728 Regnault, secrétaire du roi.
1731 Boucher, secrétaire du roi.
1734 De Tilière, écuyer, conseiller du roi.
1738 Maigret, trésorier de France au bureau des finances.
1739 Josse, conseiller au Châtelet ; de la Chabrerie, fermier général.
1743 Cœuret de Fromonville, auditeur des Comptes ; Léonard des Malpeines,
conseiller au Châtelet ; Légal, secrétaire du roi ; Cochin, secrétaire
du roi, avocat en Parlement (i).
1744 Gallois, secrétaire du roi.
1747 Barjeton, avocat en Parlement; Du Portault. conseiller en la Cour des
Aides.
I 748 Durant ; N. de Lambon, avocat en Parlement.
1759 Brochant, ancien notaire, secrétaire du roi, trésorier-payeur des gages
de la Cour des aides; Le Couteulx de Vertron, trésorier de France;
Bidault d'Aubigny, conseiller de la Cour des monnaies.
1762 Dupont, conseiller au Châtelet; Poan, conseiller secrétaire du roi en
sa grande chancellerie, conservateur des hypothèques (démissionne
le 24 mars 1777).
1766 Le Roy de Lisa, procureur général aux eaux et forêts; Mirleau de Neu-
ville, fermier général.
1769 Marchais de Migneaux, correcteur de la Chambre des comptes; Marrier
de Vossery, conseiller en la Cour des monnaies.
1771 (Séance du lundi 9 août). Démission de Messieurs de Tilière, Du Por-
tault, Durant, de Lambon, Brochant, Le Couteulx de Vertron, Dupont,
Poan, Marchais de Migneaux, Marrier de Vossery.
1771 (Séance du 19 août). Renouvellement. Le Roy de Lisa, Mirleau de Neu-
ville, non démissionnaires; »0î/i'e(3MA- (démissionnent le I" févr. 1775):
Moustier, substitut du procureur général; Gissey, premier président
de l'élection de Paris ; Papillon, prévôt de l'Ile-de-France; Chastelus,
lieutenant particulier au Châtelet de Paris; Perrin, avocat aux con-
seils; Mongolfier, ancien marchand des six corps.
1775 (Séance du f février). — De Tilière, Du Portault, Durant, de Lambon,
Le Couteulx de Vertron, Dupont, Poan, Marchais de Migneaux et
Marrier de Vossery, retirent leurs démissions et remplacent les pré-
cédents.
1777 . Mopinot, conseiller au Châtelet (démission 1787); Bouilenois.
1778 Martin, ancien trésorier de France au Bureau des finances.
1779 Robineau d'Ennemont, substitut du procureur général; de Parseval^
fermier général.
1783 Vente, fermier général; G.-C. Aubry, avocat en Parlement.
1787 Ollivier, conseiller au Châtelet.
1789 A.-J. Silvestre de Sacy, conseiller en la Cour des monnaies.
1791 (Séance du 23 février). Démission des administrateurs: Le Couteulx, Du-
pont, Marchais, de Tilière, Bouilenois, Martin, Robineau, V^ente,
Ollivier, A.-J. Silvestre de Sacy.
(1) On trouve, pour le xvni» siècle, les adresses des administrateurs dans la collection des
Almanaclis royaux, mais l'orthographe des noms propres est souvent fautive.
3q8 i/hotfl-diku ait xvii« f.t au xyiii»^ sikclf.
II. - LES RECEVEURS (XVIe-XVIIP SIECLES)
i5o5 Jehan de La Saunerie.
1689
i5o8 Pierre Parseval.
1691
i5i2 Jean Veranjon.
1693
i5i3 Claude de Savignac.
1695
1540 Jean de Savignac, son fils.
1699
i556 Claude Coynart.
1573 Ambroise Baudichon.
1703
i58o Jacques de Bèze.
1710
1589 Pierre de Bèze.
1711
iDQg François Hiéraulme.
1717
1627 François Hiéraulme, son fils.
1643 Antoine Bourse.
1723
i65o Jean-Baptiste Forne.
1729
i656 Michel Oubry.
1738
1664 Jean Bachelier.
1745
1668 Vincent Martin.
> 1746
1672 Jean Petitpied.
1747
1674 Louis de Rosset.
1678 Philippe Levêque.
1757
1679 Jean Rogier.
1758
i683 Henri Herlau.
i685 Philippe Levêque.
1761
1687 Michel Chauvin.
1762
1688 Charles Dubois.
Claude Poullin.
Jean Perlan.
Jean-Baptiste Lctourneur.
Jean Houdiart.
Jean-Baptiste Halle, conseiller
du roi.
Claude Lebrun, ancien consul.
Jean-Baptiste Brochant.
Simon Favée.
Jean-François Houdiart, ancien
payeur des rentes.
Jean-Baptiste Letourneur.
Jean Angot, notaire.
Louis Doyen, notaire.
Jacques-Martin Fillon.
François Ballin.
Armand Le Couteulx, ancien
juge consul.
François Ballin.
Jean-Jacques de Nully, ancien
consul.
Pierre de Rouville.
Charles Brochant.
PIKCES JUSTIFICATIVKS
III.— LES MEDECINS (XVP-XVIIP SIECLES) (i)
i536
i537
1346
i556
i562
i568
1569
1573
1573
i585
1594
1596
097
1601
1616
1619
i636
i638
1639
1648
1654
1661
1662
1666
1670
1671
1672
1673
1674
■Mathurin Tabouet.
Jean Guydo.
Jean Levasseur.
Jean de Paulmier.
Philippe Allain.
Simon Malmédi.
Nicolas Legros.
Robert Croson.
Jacques Maran.
Philippe Hardouin de St-Jacques
Jacques Lescrivain.
Pierre Paulmier.
Antoine Bernier.
Simon Bazin.
Michel Francière.
René Moreau (père), de Mon-
treuil-Bellay (Anjou).
Danyau, adjoint à Moreau
comme médecin expectant.
Moreau (père) ; Ferraud ; Cap-
pon (3 médecins).
Charles Dupré.
J.-B. Moreau (fils).
Cappon ; J.-B. Moreau fils ;
Hermann Delaunay ; de Bour-
. ges (4 médecins).
Les mêmes ; Jean Garbe ; An-
toine de Sarte (6 médecins).
Paul Courtois.
Jacques Thevard ; Fabien Per-
reau.
De Bourges jeune.
Brisset.
Paul Mattot.
Lelong.
Rainsant : Ménestrel.
1678 Alain Lamy ; Pierre Lombard;
Pierre Ozon.
1682 Nicolas Morin.
i683 André Enguehart.
1684 Garbe fils.
i683 François Afforty, expectant.
1689 Guy-Erasme Emmerez.
1698 J.-B. Doye.
1699 Afforty père.
1702 Tournefort, expectant.
1710 Louis Lémery; Jean Herment;
Philippe Fontaine; J.-B. Cho-
mel père, expectants dont le
nombre est porté à 4.
17 14 Charles Bompart.
171 5 Jean Herment.
17 18 Afforty fils, expectant.
I 720 Emmerez fils^ expectant.
Philippe Fontaine, 7° médecin,
1721 Afforty fils.
Lemoyne.
1735 Thomas Bernard; Bertrand,
expectants dont le n ombre
est porté à 7.
Delaleu; Bailly.
Élie Col de Villars.
Michel Peaget.
Herment.
Le Hoc.
Fontaine.
Louis-Florent Belot.
Fr. -Félix Cochu.
Hyacinthe-Théodore Baron.
J.-B. -Louis Chomel.
H.-Fr. Bourdclin.
1740
1742
1743
1747
1749
(i) D'après les registres de déliLiérations.
400
HOTrL-DIELT AU XYII" ET AU XVIIie SIECLE
17 -M
1756
1737
1762
[780
.782
782
Dcjcan. i7''^4
J.-J. Bellctête. 1784.
Pierre Bercher. 1787
Charles Paycn. 1787
Denis-Claude Doulcet. 1787
Michel-Joseph Majault. 1788
J.- Armand Roussin de Monta- 1790
bourg. 1772
Danié-Despatureaux. 1793
Benj. -Michel Solier de La Ro- 1794
miilais. 1795
Noël-Nicolas Mallet. 1795
Et. Grossin-Duhaume,8»méde- 1797
cin.
Joseph Philip. 1799
Le N'acher de La Feutrie.
J.-N Millin de La Courvault.
Paul-Gabriel Lépreux.
Jean-Auguste Coutavoz.
Jean Thaureaux.
Edm.-Fr.-Marie Bosquillon.
Henri-Jean Baget.
L.-Cyprien Piot de Montaigu.
J. Martin de Frasne.
J.-J. Delaporte.
J.-B. -Charles Asselin.
Nic.-Fr. Laverne.
Isid.-Fr. Bourdier de La Meu-
lière.
Marc-Antoine Petit.
•:CF,S JUSTIFICATIVES 40 1
IV.— LES MAITRES CHIRURGIENS
(XVP-XVIII« SIÈCLES) (i)
1539 Georges Barbas.
1540 Jacques Le Normand.
1541 Jean de May ou Desmay.
i55o Antoine Dumas.
i55i Antoine Baudoin.
i533 Richard Hubert.
1559 Cosnie Roye.
i562 Vincent Hamelin. (En i56i, 2 garçons chirurgiens adjoints.)
i568 Balthazar Delaistre.
1584 Le nombre des garçons chirurgiens est porté à 4.
i585 (Première mention d'un chirurgien gagnant maîtrise.)
1387 Claude Gousturier, ou Lecousturier.
1594 Vincent Hamelin fils.
1598 Laurent Guérin.
iGoS Pierre Corbilly (de Mcaux).
1606 Jean Bonnet (de Paris).
1625 Jean Millot (nommé au concours).
1642 Jacques Haran (de Paris) (nommé au concours),
1648 Gaspard Gouin (ou Gonin).
1654 Jacques Petit (de Pierrefitte). Inhumé à TH.-D. en août 1708.
1700 Jean Méry, né le 6 juin i665 à Vatan (Cher), mort le 3 nov. 1722.
1703 (60 chirurgiens externes.)
1722 Antoine Thibault, né àCouillet (Hainaut), mort le 17 mars 1725. Inhumé
à St-Louis.
1725 Pierre Boudou, mort en 1744.
1726 (i chirurgien en chef, 12 compagnons chirurgiens, 1 3 chirurgiens commis-
sionnaires, 74 élèves externes.)
1744 Jean-Nicolas Moreau, mort le 2g avril 1786. Inhumé à l'II.-D.
177(3 J.-B. Ferrand, suppléant de Moreau, mort en février 1785.
1786 Pierre Joseph Desault, mort le i" juin 1795.
1795 Philippe-Jean Pellctan, gagnant maîtrise depuis le 8 juin 1775, mort à
Bourg-la-Rcine le 2G nov. 1829.
(I) D'après les registres de délibérations.
26
402 l'hOIEL-DIEL' au XVI1'= et au XVIIie SIECLE
V. — LES MAITRESSES SAGES-FEMMES
(XVIP-XVIIP SIÈCLES)
1601 Étiennette Rimbault.
1614 Jacquette Laffradde, veuve de Fracie Ledoux,voiturier par eau.
1617 Geneviève Goupil.
1618 Marie de Hacqueville.
1624 Thiennette Janet.
1629 Jeanne Douailly.
i632 M"' Le \^acher.
i65i Marie de Laroche, veuve de Berthélemy Moreau, maître chirurgien.
1660 M°" Gaïan, veuve de France.
1662 Françoise de Billy, veuve de Gilles Cornet, nnaître tailleur d'habits. *
1676 Marguerite du Tertre, veuve de Jean Didiot, dit de La Marche.
1686 Louise Cocquelin, veuve de Michel Morlet, maître horlogeur.
i6gi M""" Descarreaux.
i6g3 Marie-Madeleine Léger, femme de Jacques Le Gouey,
1697 Claude Hénault, veuve Langlois.
17 14 M"« Langlois.
1737 Edmée Goet.
1739 Marie-Claude Pour.
173 1 Anne-Catherine Caranda.
1764 Marthe-Marie Jouet^ veuve de Joseph Delaplace, chirurgien.
1774 M"" Dugès, femme d'un officier de santé, mère de M"« Lachapelle, reste
à THôtel-Dieu jusqu'en 1797.
PIECES JUSTIFICATIVES
40. -S
VI. — VALEUR DES LEGS ET AUMONES
FAITS AU XVII"' SIÈCLE
ANNÉES
' SOMMES
VALEUR
ACTUELLE (l)
ANNÉES
SOMMES
VALEUR
ACTUELLE (l)
—
—
—
—
—
—
livres
francs
livres
francs
i6o3 . .
4.222
29.976
i636 . .
35.200
165.440
1604 . .
9.378
66.583
1637 . .
31.700
148.990
i6o5 . .
5.040
35.784
i638 . .
34.900
164.030
1606 . .
7.100
50.410
1639 . .
30.700
144.290
1607 . .
3.400
24.140
1640 . .
41.900
196.930
1608 . .
6.249
44.367
1641 . .
26.200
123.140
1609 . .
13.252
94.08g
1642 . .
101.400
476.580
1610 . .
24.600
174.660
1643 . .
38.400
172.800
i6ii . .
8.900
63.190
i644>^^->s
1 4.300
19.350
1612 . .
10.104
71.738
1645 . .
146.000
657.000
161? . .
i5.o34
106.741
1646 . .
39.000
175.500
1614 . .
6.612
46.945
1647 • •
40.400
181.S0O
i6i5 . .
7.013
43.83i
1648-49
87.000
391.500
161G . .
9.281
57.818
i65o-5i
223.007
858.576
1617 . .
6.58o
41.125
1652-53
»
»
1618 . .
9.778
61. 112
1654-55
I 2 I .800
395.850
1619 . .
9.300
58.125
i656-57
169.000
549.250
1620 . .
3.700
23.125
i658-59
78.510
235.157
1621 . .
3.200
20.000
1660-61
165.600
538. 200
1622 . .
4.800
3o.ooo
1662-64
301.950
981.337
1623 . .
10.100
63.125
1665-66
100.91 I
327.960
1624 . .
38.500
240.625
1667-68
1 38. 000
448.500
1625 . .
i8.3oo
114.375
1669-70
259.000
84T.750
1626 . .
17.600
91.520
1671-72
134.800
438. 100
1627 . .
3o.8oo
160.160
1673-74
58.000
188.500
1628 . .
i6.i3o
83.876
1675-7S
147.000
499.800
1G29 . .
14.800
76.960
1679 • .
55.5oo
191.475
i53o . .
44.501
231.400
1680-81.
98.900
341.205
i63i . .
25.300
i3i.56o
1 682-83
77.000
265.650
i632 . .
16.400
85.280
1684-85
76.200
262.890
i633 . .
42.300
219.960
1686-87
160. 5oo
553.725
i634 . .
40.500
210.600
1 i.iarli.r
1687-88
99.800
344.310
i635 . .
i3.5oo
70.200
(I) Calcul
ée d'après le tableau
dressé par le a
'icomte d'Aven
el, Dccouycrtcs d'il
sloirc sociale ,
404
I.'hOTEL-DIEU au XVIie ET AU XVlll'' SIECLE
VII. — PRINCIPAUX LEGS UNIVERSELS
FAITS AUX XVIP ET XVIII« SIÈCLES
1698 Arnauld de Pomponne (abbé Antoine).
1688 Jean Bachelier, administrateur de l'H.-D.
1719 Anne de Balaine, seigneur de Pommeraye.
1675 Jean Bailesdens, de l'Académie française.
1654 Martin de Baugy, écuyer.
i655 Jean Bayart, bourgeois de Paris.
1668 J.-Ph. de Berthier, abbé de St-Vincent de Senlis.
1644 Charlotte de Vieux-Pont, veuve de B. Potier de Blérancoui
1736 J.-J. de Bonnaire, écuyer.
i653 Antoine de Bort, intendant du duc de Montausier.
173 1 Alexandre de Bouchony, ancien vicaire général de Séez.
1717 François de Callières, de l'Académie française.
1678 Henri Chahu, trésorier de France.
1676 Christine de Heurles, dame Chahu.
1704 Alexandre Chamard, bourgeois de Paris.
1714 Abraham de Charange, maître d'hôtel du roi.
1659 Ythier Chastelain, chanoine de Notre-Dame.
1724 Madame de Cocandé.
1732 Louise-Charlotte de Colombet.
1627 François Joulet de Châtillon, aumônier du roi.
1682 Jean Coutté, bourgeois de Paris.
1729 Jacques du Cosso, chanoine de Saint-Nicolas du Louvre
1674 Louis-Henri de Gondrin, archevêque de Sens.
1686 Mademoiselle de Guise.
1790 Le président d'Hostein.
1699 J -J. de La Bruyère, chanoine de Troyes.
i658 Le Masle des Roches, chanoine de Notre-Dame.
1708 Louis de Lionne, marquis de Berny.
1754 Marie-Sophie Jaeger, marquise de Lionne.
1729 Cardinal de Noailles, archevêque de Paris.
1681 Perreau de La Charnoye, administrateur de l'H.-D.
i652 Dom François Rapine, prieur de Saint-Pierre-le-Moutier.
1644 Anne Le Gras, dame Rouillé.
1640 Noël Brulart de Sillery.
1670 Etienne Trudaine, bourgeois de Paris.
i65i Ch.-Fr. Talon, curé de Saint-Gervais.
PIKCES JUSTIFICATIVES
40 D
VIII. — LEGS ET DONS FAITS AUX XVIIe ET
XVIII« SIÈCLES PAR ORDRE D'IMPORTANCE
livres
1733 Melchior Cochet de Saint-Vallier 3oo.ooo
1660 Marie Le Camus, dame d'Hémery 21 5. 000
1641 Gabrielle du Raynier, dame du Doré 1 55. 000
1694 Benjamin Petitpied 100.000
161 1 Jean Forget, président au Parlement 100.000
1643 Jacques Danez, évêque de Toulon 84.000
1662 François Choart 80.000
1629 Jean Arnault de Cherelles 64.000
i588 Louis de Gonzague, duc de Nevers 60.000
1646 André Jumeau de Sainte-Croix 5 5. 000
1688 Jean Bachelier 52.000
i65g Suzanne Ollivier de Leuville • 5i.ooo
i555 François de Raissie 40.000
i685 Nicolas Chautfart 40.000
I 5gg Jacques de La Mothe 38. 000
1696 J. -Nicolas Detrelage 32.000
161 3 Jacques de Beaulieu 3o.ooo
1645 J.-B. Lambert 3o.ooo
1705 Elisabeth Rouillé, dame d'Herbigny 3o.ooo
î56i Marquise d'Anglure 28.800
i685 Guy Simon 27.000
1671 J.-B. Dugué 24.000
1612 Nicolas Vieillart 24.000
17 10 Louis du Caurroy 20.000
1644 Claude Pontlevoy, dame Métezeau 20.000
1644 Roger, duc de Bellegarde 20.000
1702 Marquis d'Effiat ' 20.000
i665 Louise Biterne 19.800
1720 J. -Marie Phelypeaux . 18.000
i656 Françoise Forain 18.000
1687 Chrisante-Louise de Champly 17.000
1637 Nicolas Le Lièvre 16.000
1709 François Davant 16.000
1666 Louis Barbotteau i5.ooo
1677 Etienne Le Camus i5.ooo
1624 Président Jean Nicolaï i3.ooo
1700 Jean Levé 14.000
1662 Jacques Lhuillier i3.ooo
1654 Président A. Séguier 12.000
1654 Marquise de Bauves 12.000
i655 Jean le Roussel 12.000
4o6
l'hOTFL-DIF.U AT XVII* ET AU XVIIP SIECLE
1679 Louise et Marguerite Bertrand 12.000
1718 Pierre Billard 12.000
1640 Maximilien de Belletorière 12.000
i653 Catherine Daussy 12.000
1661 Jacqueline du Lys 12.000
1662 Jean Demours d'Andrezel 12.000
1681 Philippe Rouillé 11.000
1647 Jean-Marie Lhoste 11.000
1610 Nicolas Lefebvre 10.000
16S8 Hilaire de Hébrard 10.000
lôSy Edouard Le Camus 10.000
i683 J.-B. Colbert 10.000
i685 Claude Housset 10.000
1654 Jacques Galland 10.000
1691 Antoinette Charton 10.000
1715 Marie de Coman d'Astrie 10.000
1671 Jean Gallet 10.000
1719 Marie Marié lo.ooo
1716 Elisabeth de La Framboisière 10.000
1657 Jean Gobelin 10.000
1640 Claude Sonnius 9.000
i663 Etienne Le Camus 9.000
i663 Louise de Vérigny 9.000
1662 Cardinal Mazarin 8.000
i632 Marie de La Chartre 8.000
i65i Jacques Halle 8.000
1669 Antoine Héron 8.000
171 3 François Regnault 8.000
1727 Marie de Murât 8.000
1674 Claude d'Artagnan 7.800-
i665 François de Bourdeilles 7.3oo
1720 Marie-Anne Voysin 7.000
1689 François Teslu 7.000
1629 Bernard Greslé 7.000
1759 François Chaillon 6.35o
i65o Denis Béguin 6.000
1661 Laisné, conseiller au Parlement 6.000
t663 Elisabeth Lecointre 6.000
l685 Claude de Fougeu 6.000
1681 Pierre Le Moulnier 6.000
1743 Girard de La Bournat 6.000
i638 Barbe Dondeau 6.000
1648 Elisabeth Séguier 6.000
i656 Charles Darismandy 6.000
1672 Françoise Monsigot • . . . 6.000
1673 Louis Sarazin 6.000
1693 Etienne Landais 6.000
1714 Catherine Malon de Bercy 6.000
175? Anne Moyer 6.000
1704 Pierre Courcier 6.000
PIECES JUSTIFICATIVES
407
IX. — LE PRODUIT DU DROIT DES PAUVRES
AU XVIII^ SIÈCLE
ANNÉES
1733
1734
1735
1736
1737
1738
1739
1740
1741
1742
'4
■4-
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■5(
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5(
55
r59
livres
53.253
1762
45.419
1763
38.382
1764
45.986
1765
38.978
1766
46.053
1767
28.772
1768
40.542
1769
45.171
1770
38.417
1771
45.081
1772
52.110
i-'-i
37.869
1774
41.855
1775
42.627
1776
48.330
1777
»
1778
61.196
1779
60.726
1780
72.274
1781
83.442
1782
76.939
73.787
17S3
1784
76.337
69.736
1785
1 786
75.864
1787
74-719
1788
75.521
1789
02.599
1790
livres
66.242
5o.o6o
73.390
66.117
68.604
119.282
67.383
69.603
65.3i70
92.729
70.482
86.700
74.895
97-397
94.306
102.658
104.658
134.448
128. 141
119.533
129.570
i3i .060
139.322
I 36. 705
I 3 1.688
127.285
141.288
I 00 . 864
37.139
4o8
L HOTEL-DIEU AU XYII" ET AU XV
X.— LE PRODUIT DES TRONCS DES PAROISSES
ET COMMUNAUTÉS EN 1679
PAPOISSES Sommes
1. s.
Saint-Meriy 72 1 3
Saint-Nicolas des Champs 90 20
Saint-Sépulcre f8
Saint-Sauveur 5 1 1
Saint-Landry 11 3
Saint-Josse 18
Saint-Julien des Ménétriers 8 8
Sainte-Avoie ^7 4
Les Filles-Dieu 14
Les Carmélites (rue Cha-
pon,)- compris Saint-Mar-
tin des Champs) .... 2 i3
Les Filles de la Madeleine 25 »
Sainte-Elisabeth i 16
Les Pères de Nazareth . . 73
Le Temple 112
Saint-Jacques de l'Hôpital. i3 16
Saint-Leu-Saint-Gilles. . . 33 25
Saint-Jacques de la Bou-
cherie 142 iG
Saint-Eustache i.23i 6
Saint-Germain TAuxerrois 604 7
L'Oratoire Saiut-Honoré . 67 5
Saint-Honoré 70 4
Saints-Innocents 60 »
Notre-Dame de Bonnes-
Nouvelles 6 »
Saint-Lazare G »
Sainte-Opportune 116
Les Minimes de Nigeon
(Passy) 7 »
Carmélites, rue du Bouloi . 3 »
Filles Pénitentes (rue Saint-
Denis) I 10
Petits-Augustins 2 5
Saint-Thomas du Louvre . 2 5
Saint-Nicolas du Louvre . i i5
Saint-Leufroy 3 2
PAROISSES
Chapelle aux Orfèvres . .
Filles Saint-Thomas . . .
Saint-Roch
Feuillants (rue Saint-Ho-
noré)
Jacobins (rue Saint-Honoré)
L'Assomption
La Conception
La "Ville l'Évêque
Saint-Louis en l'Ile ....
Saint-Barthélémy
Les Barnabites
Saint-Germain le \'ieux. .
Sainte-Chapelle
Sainte-Geneviève des Ar-
dents
La Madeleine
Saint-Denis de la Chartre.
Saint-Landry
Saint-Christophe
Sainte-Croix de la Cité. .
Saint-Pierre des Arcis . .
Saint-Martial
Saint-Pierre aux Bœufs. .
Total
D'autre part les pardons à
Notre-Dame ont produit
la même aiinée 1G79:
Celui de la Circoncision .
Celui du premier diman-
che de Carême . . .
Celui de la Passion . .
Celui de Pâques . . .
Celui de l'Assomption
Celui de la Nativité. .
Celui de la Noël . . .
46 3
3
5
4
5
2
17
i3
i3
3G
5
4Q
12
3
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II
10
2
5
I
3
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2 719 3b
.019 18
791 i5
6G1 i3
.2S0
.821
611
.G46
^•837
PIKCES JUSTIFICATIVES
409
XI. — L'APPROVISIONNEMENT A LA FIN
DU XVII'' SIÈCLE (i)
QUANTITES
1694
1695
1696
1697
1698
1694
1695
1696
1697
1G98
1694
1695
1696
1697
1694
1695
1696
1697
1698
Année commune.
Total .
BLE
muids tier
44(3 2
241 2
219 2
258 II
353 q
bois-
1 1
»
Total
1.519 3
9
Total
Année commune.
Total
Année commune.
SEL
.3 10
270 mmots
154 —
i54 —
889
VIlsT
74 muids
34 —
79-^ -
877 —
4.-^03 —
. . . 861 —
BOIS
i.35i cordes
787 -
.009 —
889 1/2 —
4.908 I
983 I
?96.25i 10
79.250 G
l2A).->b
.419
2G.63I »
21.G69 »
I 8 . I 90 »
20. 885 »
15.425 »
102.800 »
20.5G0 »
(i) Arch. A. P., liasse 879.
4IO
L HOTEL-DIEU AU XVIP ET AU XVIIie SIECLE
Xil.
LA CONSOMMATION DU BLE AU XVIIP SIECLE
ANNEES
i72.->
1724
1725
1726
1727
1728
1729
1730
1731
Ï-D2
1733
1734
1735
1736
1737
1738
1739
1740
I74I
1742
1743
1744'
1743
1746
1747
1748
1749
1750
(1) BibL nat., Joly de Fleury. 1217, fol. 64.
NOMBRE
QUANTITÉ
DES MALADES
de
ET DU PERSONNEL
BLÉ CONSOM.MÉ (l)
se-
bois-
mulds
tiers
926.152
478
»
»
929.881
410
6
»
895.406
5o4
))
»
877.277
489
))
»
953.011
564
»
))
I .044.o3o
609
10
»
980.134
5o3
»
»
973.767
460
»
»
I. 124. 068
489
II
3
I. 126. 943
436
»
»
I.03I .970
478
»
»
1.049.024
431
»
»
983.644
426
S
»
94 I . 006
408
2
9
992.721
441
I
.»
1.078.982
497
»
»
1.012.704
5i5
6
7
1.027.044
480
9
»
1. 195.701
568
10
1
1 .350.783
533
3
7
1.333.368
572
6
6
1 .3o4.65i
49-
4
»
1.160.894
519
2
6
I. 117. 839
413
2
6
1.139.871
391
5
8
1.194.405
478
9
3
1.228.623
465
2
6
i.3o5.422
493
6
8
1.386.543
548
2
4
i.?9o.3ii
5i3
9
3
PIKCES jrSTIFICATIVKS
411
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4i:
L HOTEL-DIEU AU XYII^ ET AU XYIII^ SIECLE
TOTAL
de la
DÉI'liNSE (2)
- CiO Oc<lc<^ O00ir> -
£ t^ o u^' ^ V3 c d r^ - t^
X M
(i) Dans ce tableau ne sont pas comprises les dépenses de « constructions extraordinaires » qui, de 1780 à 1784,86 sont élevées i\ 297.587 1. et de
■77^ a 780 s étaient élevées ù 572.283 1. lin 1773, l'iL-D. avait reçu en secours extraordinaires, quêtes et aumônes, à l'occasion de l'incendie de 1772,
i()0.68ol.— [.a dépense, année commune, pour la période 1780-1789, étant de 1.342.856 1. et le nombre des journées de malades de 2.431, on
obtient un prix de journée de 1 1. 10 s. 3 d.
(2) Toutes les rentrées provenant de la vente des sons, cuirs, abattis, graisses, etc., ont été déduites de la dépense.
[Ce tableau figure dans le Compte rendu à la Commune par le département des hôpitaux ; le mémoire concernant l'H.-D. est de M. de .lussicu,
lieutenant de maire. Bibl. A. P., É'i55.] y y y .
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PIF.CES JUSTIFICATIVES
4'-^
XV. — LE MOUVEMENT DE LA POPULATION
DE 1780 A 1789
CONSOMMATEURS
TOTAL
ANNEES
DES CONSOMMATEURS
MALADES EMPLOYÉS
1780. . . .
mh).244
208.574
1.077. 818
1781
S46.198
205.574
1.051.772
1782
868.107
207.914
I .076.021
1783
869.002
209.223
1.078.225
1784
916.560
210.293
1. 126. 853
1 1785
889.248
209.314
I .09S.562
1786
867.598
209. i5i
1.076.749
1787
820.792
217.403
I. 038.195
1788
.892.567
279.180
1.076.747
1789
i.o35. 109
287.279
1.322.388
TOTAUX
8.874.423
2.243.905
11. 118.330
ANNÉE COMMUNE . . 887.442
224.390
I.1I1.833
JOUR COMMUN. . . . 2.431
— —
6i5
3.046
TABLEAU DES ENTRÉES, NAISSANCES, SORTIES ET MORTS (l)
NOMBRE ANNUEL
DES PERSONNES
TOTAL
DES PERSONNES
ENTRÉES ET NÉES
CHAQUE ANNÉE
NOMBRE ANNUEL
DES PERSONNES
■ 25
.72
25
991
25
382
27
■ 59
27
797
25
872
24
958
23
180
26
975
3o
299
262
785
1780
1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
TOTAUX.
ANNÉE COMMUNE 20. 279
JOUR COMMUN. . 72
1.586
1 .576
1.536
1 .470
1 .5o2
1 .532
1.443
1 .507
1.578
1.616
15.3^6
26.758
27.767
26.918
28.629
29.29g
27.404
26.401
24.687
28.553
3i.oi5
27S.131
27.813
22.710
22.060
23.328
23.334
2 2.582
2l.blX
20.437
22.646
26.920
227.0!>7
22.709
5.370
4.914
4.801
5.018
.784
o5 2
. 108
.,.348
4-:H
5.361
.-MO
.054
•4
(1) Non compris les enfants qui étaient transportes aux Enfants-Trouvés et ne restaient pas à
l'H.-D. (Bibl. A. P., E2 55.)
U Q H Pc.'
'/;,i!| ! I il
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ERRATA
p. 60,
ligne 23.
p. 66,
ligue 7. -
iidents.
P. 88,
ligne 26.
P. 96,
ligne 32.-
P. 3, ligne 16. — Au lieu de : général, lire : générale.
P. 9, ligne 28. — Au lieu de: qu'on leur, lire : qu'on le leur.
P. i3, ligne 6. — Au lieu de : en 1662, lire: au xvir siècle.
1 o ■> I
P. i5, ligne i3. — Au lieu de : de Bailleul, lii-e : Le Bailleul. !
P. 17, ligne 2r. — Au lieu de: besoins, lire: pouvoirs.
P. 02, ligne 9. — Alt lieu de : Courier, lire : Courcier; — note 3, au lieu de :
portait, //Ve: portaient. '■
P. 43, ligne 3o. — Au lieu de : à s'exercer, lire : où s'exercer.
P. 48, ligne 3i. — Au lieu de : ce sont, lire : c'est.
P. 53, ligne 11. — Au lieu de : sous les conseils, lire : sur. "■
P. 54, ligne 2. — Au lieu de : il correspondait, li)-e : elle.
P. 55, note 2. — Au lieu de : Théodore Nesmond, lire : de Nesmond. j
Au lieu de : convoquée, lire : tenue sur convocation du. \
Au lieu de: du premier président, lire: des premiers pré- ,i
- Au lieu de : Nicolay, lire : Nicolaï. \
Au lieu de: 1693, lire: 1673. j
P. 100, note 4. — Au lieu de : Collet, lire : Tollet. J
P. 121, ligne 23. — Au lieu de : puis, lire : ni. ';
P. i3i, note 3. — Au lieu de : Desmalpeines, lire : Des Malpeines. j
P. 141, ligne 35. — Au lieu de : assurait, lire : assuraient. _, ]
P. 145, ligne 18. — Au lieu de: autorisés, lire: autorisées. \
P. 148, ligne i3. — Au lieu de: successivement à ses, lire: à celle de ses. ^
P. 175, ligne 10. — Au lieu de: sous main, lire : en sous-main.
P. i86, ligne 14. — Au lieu de : même à, lire : même jusqu'à. ;
P. 202, ligne 10. — Au lieu de : De Loménie, lire : Loménie de Briennc; — ;
ligne 14. — Au lieu de : dispose, lire: disposent. a
P. 206, ligne i5. — Au lieu de : était, lire : avait. i
P. 21 3, ligne 5. — Au lieu de: causeraient, lire: causerait. :
P. 21 5, ligne 17. — Au lieu de : ne gênent, lire : ne gênassent. \
P. 23o, ligne i5. — Au lieu de : à qui, lire : à laquelle. !
P. 242, ligne 24. — Au lieu de: suivant l'ordre, lire d'après l'ordre. '
P. 264, ligne II. — Au lieu de: boulevard, lire: quartier. ;
P. 280, ligne 3o. — Au lieu de : diverses maisons, lire : différentes. j
P. 282, ligne 5. — Au lieu de : et ne furent, lire : et qui ne furent. \
P. 295, note 2. — Au lieu de: Salmoii, o. c, lire : Salmon, le Portefeuille \
d'Achille de Harlay. \
P. 3o3, ligne g. — Au lieu de : prêt, lire : prêts. 1
P. 3o5, liene 20. — Au lieu de: les cours, lire : le cours. 1
27 1
4l8 L HOTEL-DIEU AU XVII« ET AU XYIII^ SIECLE
P. 307, ligne 14. — Supprimer : de Harlay.
P. 3 12, ligne 35. — Au lieu de : l'hôpital la Charité, lire : de la.
P. 325, ligne 9.— Au lieu de : à faire, ZzVe : de faire.
P. 325, en note.— Au lieu de : V g, lire : V« gi.
P. 35g, ligne 24. — Au lieu c/^ ; ordinaires, lire: ordinaire.
P. 370, ligne 12. — Appel de note à supprimer.
P. 376, ligne 26, et p. 377, ligne 2.— Au lieu de : Saint-Opportune, lire:
Sainte-Opportune.
P. 388, ligne 35. — Au lieu de: dans lebourg, Z/re: dans le bourg de Guitry;
—ligne 38.— Au lieu de: l'année suivante, lire : échangées l'année suivante.
INDEX ALPHABÉTIQUE (■)
Abelly, cvèque de Rodez, 1 1, 5o, 283
Abjurations de malades à l'IL-D,
9, 285
Académie des sciences . . 269, 270
Académies de jeu 112
Accart, admin. de l'H.-D. . . 68
Accidents (victimes d") à TH.-!). 284
Accouchées (office des), 43,
2o5, 279, 288
Accouchements en ville .... 290
Actes notariés 71
Administrateurs (invest. des), 41, 87
Admissions d'urgence à l'H.-D. 327
Agence des biens nationaux. . 209
Agents de TH.-D 71
Agonit {d'), chan. de N.-D. . . 238
Aguesseaii {d'), procureur géné-
ral . , . 117, *i4i, 144, i83, 332
Aiguillon (duchesse d')^ 35, 56,
57, i57
Aixi)i [John) 266
Alembert [d') *262
Alençon i25
Alexandre VII, pape . . 119, 221
Aliénations des biens des hôp. 145
Aliénés à l'H.-D 278
Alignements d'immeubles. . . i35
A ligre {Et. d'), chancelier, 184, 186
Allemagne (ambassadeur d'). . *288
Ambôise 14^
Ambulants (domest.) à l'H.-D. 83
Amelot (J.), présid. de la Cour
des aides *67
Amendes ii3
Amiens *i, 3o3
Amortissement i3o
Amphithéâtre à l'H.-D 339
Anatomie (leçons d') à l'H.-D.
Andral (hôp.) *i7g
Andry {Nicolas), méd 102
Angers 93, i3i, 299, *33i
Angerville {Came d'), méd. . . 325
Anglwe (marquise d') 167
Anne d'Autriche .... 234, 3ii
Anne-Victoria de Savoie . . . 260
Annonciades de Saint-Denis. . *92
Annonciades de Sens '92
Apothicairerie de l'H.-D., 85,
323, 75
Apprenties s. -femmes, 5, 290, 291
Approvisionnement de l'H-D.,
73, 78, 104, 124, 241
Aqueduc de Belleville 226
Aqueduc de Rungis 242
Arcet {d'), cW\xn\?,\.e 26g
Archers de la santé . . . 217, 3o2
Archers de l'Hôp. général, 279, 3o3
Archevêché, 240, 255, 259, 261, 266
Archevêque de Paris, 37, 201, 273
Archives de l'H.-D., 70, 255, 260
Arcueil. . 225, 234
Argenson {d'), lieut. de pol.,
I 19, 197, *25o, 280, 3o8
Argenterie de l'H.-D. ..... 191
Ar gouges {d'), conseiller d'Etat 267
Armenonville {Fleuriau d'). . . i3o
Arrenaison (vin d') 80
Artillerie de France i35
Assemblée de police *66
Assemblée nationale . . . 87, 8g
Assemblées concernant les duels 68
Assemblées générales du clergé,
*2o5, 2.54
Assistance médicale à domicile 282
Aubray {d'), admin. de l'H.-D. 233
Aubry-Dumesnil, administ. de
l'H.-D 89
(i) Les noms de personnes sont en italique; l'astérisque qui précède
pages indique que la référence se trouve en note.
:s numéros de
420
l'hOTEL-DIEU au XYII" ET AU XVIII« SIECLE
Pages
Augustiiis (couvent des;, 149, i53
Auît 1^2
Aumônes à TIL-D., 67, 14(3,
261, 202
Auvergne 7
Auxerrc '-^
Au^anet, jurisc 48
Aveugles 278
Bachelier, admin. de TH.-D.,
i5i, ib3
Bagneux 162
Bains à l'H.-D 278
Baigneurs en Seine 344
Balbis [J.-B.), chir 93
Ballesdens [J.), académicien. . 167
Bandages à l'H.-D 3 14
Banque de Law 194, lyS
Baptêmes à l'H.-D 344
Barcos [de), chan. de N.-D. *6,
34, 35, III
Barillon de Morangis 48
Barres (baron des) 116
Barthélémy [P.], oratorien. . . 147
Bassompierre (M"» de). . *i35, 220
Bandeau (abbé), économiste . . 199
Baudouin, notaire de l'H.-D. . 73
Baudouin, s. -femme de TH.-D. 291
Bauduin (père M. de), capucin 53
Baulieu (frère Jacques), litho-
tomiste 298
Baumont [Christophe de), as-.
chev. de Paris, 4, 38, 202, *26i
Baussan, admin. de TH.-D. . . 68
Baux des fermes à l'H.-D., 79, 161
Bâville 4^
Ba^in [Simon), méd 327
Beaujon [Nicolas), financier . . 202
Beaumarchais 206
Beausire [Jean], archit., 227,
2 52, 2 53, 2 58
Beauvais 3oi
Béchist [André), chir 92
Bellami, de l'Acad. des sciences *263
Bellefond (marquis de' io5
Belleville 197, 217, 225
Benoise, bienf. de l'H.-D. ... 05
Berceau de IH.-D. à N.-D. . . *i75
Berceaux à l'H.-D 275
Bercher, méd 329
Bercy [U. de) . *i58
Bernages [de), conseiller d'État 2G7
Bernard [Samuel], banquier . *ig5
Pages
Bernières [de) 48
Berry i5o
Berry (duchesse de) io5
Berryer, lient, de pol 64
Berthelot, bienf. de IH.-D.,
'181, *3l2
Berthier (abbé P. de), bienf. de
l'H.-D 167, 245
Berthier de Sauvigny, présid.
du Pari " 60
Bertier, intendant 202
Berlin, contrôleur général. . . *i3i
Bérulle (père de), oratorien. . 53
Bicêtre, 43, 63, 82, 236, 268,
278, 307 à 309, -317
Bichat [X.), méd 339, 342
Bienfaisance judiciaire (asso-
ciation de) 206
Biens des hôp 199, 200
Bièvre (rivière) 240
Bignon, prévôt des mar-
chands 60, l32
Billy (M"^ de), s. -femme de
l'H.-D 56, 292
Binois, notaire de IH.-D. ... 73
Bissy (card. de) *32
Blé à Saint-Louis 3o7
Blé des couvents 64, 195
Blessés à l'H.-D 284, 327
Bochart, chan. de N.-D 25
Boffrand, archit 177
Boileau 4^
Boir, méd. accoucheur .... "288
Bois (provision de) à l'H.-D. . 128
Boivin, bienf. de l'H.-D. ... i3
Bouclier, maître de l'H.-D. . . i5
Boucher d'Argis, avocat. . . . 206
Boucherie de Carême, 47, 69,
100 à 107, 160, 170
Bouchot, chir. de IH.-D. ... 56
Botidon [H. -M.), abbé 58
Boiidou, chir. de l'H.-D. 35,
*298, 307
Bouillon à l'H.-D. . . . 320, 341
Boulangerie de l'H.-D . . 77, 78
Boullenois, admin. de l'H.-D. . 89
Eouquct [Claude], chap. de
l'H.-D 90
Bouquet [Geneviève), relig. de
l'H.-D 26, 5 1, 90
Bourgeois [J.), maître de l'H.-D. *6
Bourg-la-Reine io5
Bourgogne 126
INDEX AI.PHABl'TIQUE
421
Pages
Bouron, notaire 35
Boyer, inéd. . . . 3 08, *333, 339
Bretagne 1S8
Breteuil (baron de), ministre
237, 270, 271, 272
Bretonvillieys (M. de) *i58
jBr/çoHni'/, présid. du Pari. . . 212
Brie-Comte-Robert. . . *i34, *i85
Brissac [de), gouverneur de
Paris 261
Brochant, admin. de l'H.-D. . 60
^Bridart de SillcTy, chancelier. *i78
Bruxelles 298
Buanderie à l'II.-D 265
Budgets de l'H.-D. 159, 160,
167, 169
Bullion [Claude de) 3 1 2
Bu:{an, chir . *294
Cabanis 320, 334
Cadavres *296, 336, *338
Cagnards à l'H.-D 345
Cahiers des États généraux. 87, i35
Caisse de l'H.-D 71, 259
Caisse de Poissy 109
Caisse des domaines 199
Caisse des hôpitaux. . . . 122, 264
Calais '264
Calfats à l'H.-D 289
Callièvcs [Fr. de), acadéinicien
ii3, 167
Camus, évêque de Belley ... 3 12
Candie 1S8
Capitation *7, i32
Caranda [Anne), s. -femme à
l'H.-D 291 292
Carcan (peine du) 3i8
Carrioles de l'H.-D 279
Cataracte (opération de la). . . 299
Caumartin [de), prévôt des
marchands 23 i
Caves à l'H.-D 80
Cendres (provision de) à l'H.-D. 126
Chabrerie [de La), admin. de
IH.-D 6q
Chalni [Claude), bienf. de l'H.-D 167
Chaillot II 5, 175, 271
Chalopin (D"°) *3ii
Chambre de réformaiicm des
hôpitaux 96
Chambre des aides 41
Chambre des comptes 39,41, 71,
125, i35
Pages
Chamousset [P. de) 107, 139,
199, 264
Champagne 149
Charnpeaux-en-Bric i52
Chancellerie romaine 187
Chandelle à l'H.-D 76
Cliampigny [de), chan. de N.-D. 244
Champrosay • . 69, 162
Champsiergues (M. de). ... i54
Chapelains à l'H.-D. et à
Saint-Louis .... 4, 7, 16, 319
Chapelle-Saint-Denis (la). io3, i32
Chapitre de la Sainte-Chapelle 2i3
Chapitre de N.-D. 3, 16, 30,
41, i5o, 181, 187, 214, 218,
261, 266, 273
Chapitre des religieuses àl'H.-D 18
Chareuton loi, io3, 140
Chariot des morts à l'H.-D. . . 248
Charité (frères et hûp. de la) 49,
100, 143, '*i58, 178, 180,
*245, 322, 342
Charité maternelle (Soc. de). . 2o5
Charités paroissiales à Paris 49,
59, 147, 203, 282
Chartres 174
Chassebvas, curé de la Made-
leine en la Cité 147
Cliastelain [Ytliiev), chan. de
N.-D 167, 24.5
Chastelus, admin. de l'H.-D. . 60
Cliastillon [Claude dj) 219
Châteaudun 90
Château-Landon i25
Châteauneuf-sur-Cher i5o
Château-Thierry 93
Chauffage des salles à l'H.-D. 3i5
Chauffoir à l'H.-D .... 288, 3o4
Chaurand (père), jésuite ... *i88
Chaux à l'H.-D 319
Cheftaines à l'H.-D 23
Cheseldcn *298
Chevalier, chan. de N.-D. ... 32
C/2C^-r (M. de) 23 1
Chirurgiens à l'H.-D 33o
Chirurgiens de pol. . . . 40, 3o2
Chirurgiens externes. . . 3o4, 332
Choisy (abbé de) 57
Cltomel (les), méd 33o
Cliuppé, admin. de l'H.-D. 68, 181
Chuppin, notaire de l'H.-D. . 73
Cimetières des protestants,
224, *285
42 ■>
hoti:l-di;:u au xyii^ kt av xviie sii:cle
Pages
Clamart (cimetière de), 82, 197,
25o, 25i, 338
Clavareau, archit *247
Clermont 91, 188
Clichy '. . 5i
Cocqueaii, archit 269
Coc^Ke/^j, chan. de N.-D. ... 110
Coetmadeti {de), bienf. de IH.-D. 253
CoflVe-fort de l'H.-D. ... 71, 255
Coignet {J.), avocat 2 56
Colbevt {J.-B.) 96, *i37, i5o,
'i55, *i66, 190, 224
Collations à l'H.-D 041
Collège de chir 33 1
Collot (les), lithotomistes 179,
297, 298
Colombet (M"-) *3ii
Colombier, insp. des hôpitaux
65, 269
Comédie-Française, 116, 118,
I 19, 120, 207
Comédie-Italienne, 116, 119, 120
Comité de mendicité, 89, 209, 276
Commission de l'Académie des
sciences 269
Commission de réforme des
hôpitaux 266
Commission des remèdes nou-
veaux *324
Compagnie des Indes, 194, *2o6, 260
Compagnons gagnant maîtrise
à l'H.-D 290, 33 1
Comptabilité à l'H.-D., 70, 72, 159
Concessions d'eau à l'H.-D.,
241, 242, 307
CoK(ie' (prince de) 109, 297
Confessiondesmaladesà l'H.-D.
9. 47
Confrères de la Passion .... 118
Conseil des finances 71
Constituante (Assemblée) . . . 200
Consultations charitables ... 179
Contagion 216,278, 3oo
Contes (J.-B. de), chan. de N.-
D 25, 28
CoHf 2 (prince de) *26i
Contrôleurs du droit des pau-
vres 118
Convalescents à l'H.-D., 68,83,
137, 304, 3o8, 3 10, 3i2
Convay 195
(Conversion de rentes 194
Conversion des hérétiques. . . lo
Convois des morts 7
Pages
Convulsionnaires 34
Corbeil . . 91, i25, 140, 161, 180
Corne de licorne, à l'H.-D. . . 243
Cotteret, curé de Saint-Laurent *23i
Couche (riiaison dela),62, i65,
175, 177
Coiiet, chan. de N.-D
Coulomb, de l'Académie des
sciences "269, 270
Coiircier, chan. de N.-D. . 32, 35
Courtois, médecin de l'H.-D. . 56
Cousin, admin. de l'H.-D. ... 89
Coiivein, chan. de l'H.-D. ... 5
Cramoisy {S.), admin. . . . 27, 67
Crasset {PhTO), ]csuht. . . 64, 55
Crèche (spectacle) .... 239, 260
Crèche à l'H.-D 274, 288
Chrestiennot, notaire de l'H.-D. 73
Créteil 162
Criiger, chir. danois. . . . 92, *294
Cuirs à l'H.-D 127
Cuisine à l'H.-D 73, 319
Dajon, chap. de l'H.-D 3oi
Dalençon, chan. de N.-D. ... 1 1 1
Dames de charité 52, 288
Danemark (ambassadeur de) . 285
Dargentel, archiviste à l'H.-D. . 257
Daubenton, de l'Académie des
sciences *269
Daviel, oculiste 2139
Déclaration des accidents . . . *284
Déclaration obligatoire en cas
de contagion 3o2
Décès (statistique des) à l'H.-D. 339
De La Haye, admin. de l'H.-D. 233
Delamare 117
Delaplace (M""), s. -femme à
l'H.-D '291, 293
Delespine, archit. 252. 233, 254, 258
Delorme [Pliilibert], archit. . . 222
Delorme (V«), convulsionnaire . 34
Dépensier de l'H.-D 73
Derouville, commis à l'H.-D. . 169
Desault (J.-B.), chir. 37, 339, 342
Descarraux (iM""), s. -femme à
l'H.-D 292
Désinfection 3o2
Des Malpeines, admin. de
l'H.-D 69, *i3i
Despaisse, chan. de N.-D. ... m
Despilly, libraire 322
Z)t'5i?re:^, adn;in. de l'H.-D. . . 221
INDEX ALPHABKTIOUr.
42.
Pages
Desyoses, bicnf. de TH.-D. ... 243
Desi'icux, admin. do THôp. gc- io3
Dieppe 127, -"'o3
Dijon i59
Z)/o«i5 [Pien-c), chir. . . 290, «298
Direction des nourrices .... *i79
Disette à Paris 1^6
Dissections à l'H.-D 33G
Distribution de blé, de pain,
77, 186, 190
Dodart, niéd ^23
Domaine de l'H.-D 69, i36
Domat, jurisc H-""
Domestiques de l'H.-D 82
Dorival, commiss. au Châtelet. 261
Dot des relig -'^
Doublet [Fr.], méd ^65
Douceurs aux malades. . . 5i, 3 19
Doxilcct, méd 3^5
Doye, méd 33o
Droit de committimus 4^
Droit de passage du pont au
Double 2.-.9
Droits d'entrée . . . 114, i23, 129
Dubois, prévôt des marchands . 106
Du^ès (M-"»), s. -femme à l'H.-D.
293, *325
Duhamel, curé de Saint-Merry 147
Dumont, directeur de l'Opéra . iiG
Duplessis-Montbard, admin. de
l'H.-D 47
Dupont, admin. de l'H.-D. . . 89
Dupont de Nemours 3o5
Du Portault, adm. de l'H.-D., 60, 69
Diiprat {Ant.), légat 214
Duquesnoy {A), constituant . . 204
Durant, admin. de l'H.-D. ... 60
Dnras (duchesse de) *2o5
Duverney (J.), chir 338
Eau k l'H.-D 242, 307
Eau-de-vie 80, 81
Eau vulnéraire 324
Échevins 39, 40
Échoppes, près de l'H.-D. 161,
- 24C, 258
École de chirurgie 342
Écoles de charité 1^2
Écrouelles 278
Édit d'août 1749 . . 142, i44, ^97
Édit de janvier 1780. . . .141, 142
Égresset, architecte 262
Emballeurs de l'H.-D ... 7, 82
Pages
Emplois à l'H.-D 340
Emprunts de l'H.-D., 42, 87,
121, 184
Encombrement de l'H.-D., 3oo, 3i4
Encyclopédie 199
Enfants de chœur à l'H.-D., 4, 319
Enfants malades à l'H.-D., 43,
280, 289, 319
Enfants-Rouges (hôp. des), i5o,
175, 281
Enfants-Trouvés (hosp. des),
49, *5i, *i35, 175, 2o5, 246, 289
Enfants-Trouvés (hosp.) (fau-
bourg-Saint-Antoine) . . 62, 281
Entreprise (projet d') à l'H.-D., 265
Épernon (hôtel du duc d') i54, 07
' Épidémies 40, 42, 3oo
Étain à l'H.-D. ........ *255
Étampcs i34
État civil des enfants 281
État civil des morts 340
Étudiants en médecine .... 337
Évreux (diocèse d') 178
Faculté de médecine, 3oi, 324,
332, 336
Faculté de théologie 148
Fagon, médecin 299
Faiire {Angélique), veuve de
Bullion 3 12
Faure {Guichard), maître d'hô-
tel du roi 17^
Fermages de l'H.-D. ... 79' ' ^42
Ferrand (J.-B.), chir 322
Feuilles de vivres à l'H.-D. . . 320
Fieubet (G. de), bienf. de l'H.-D. 3 10
Fiévreux à l'H.-D. 274, 287, 288
Filature des indigents . . . 62, *i79
Filesac {J.), curé de Saint-Jean-
en-Grève i55
Filles à chaperon à l'H-D ... 23
Filles blanches à l'H.-D., 16, 18,
20, 23
Filles de la Charité 5i
Filles de service à l'H.-D. 82, 83, 275
Fléchier *48 *i^l
Fleury (card. de), 32, 33, 182, 307
Fondations à l'H.-D., 69, 144,
2o5, 3i I, 3i3
Fontaine, méd *287
Fontainebleau 124, 218
Forbonnais {de) i94
Forget, présid. du Pari., 149, 2o5
Formulaire de l'H.-D ^22
424
l'hOTEL-DIEU au XVTF et au XYIIie SIECLE
Pages
Fonie [J.-B.), admin. de l'H.-D. 67
Fossoyeurs 25o, SSy
FoMCUii/r, chan. de N.-D. ... m
Foticroy, jurisc 4^
Fougeret (M-», née lïOutre-
mont) 2O0
Fouqiiet (M"", née Marie
Maupeou) -^i
Foïircy (abbé de) i Sy
Fotirestier, notaire de IH.-D. yS
Fous et folles à l'H.-D. 274, 278, 3o4
Frais de séjour à l'H.-D. . . . 208
Frcutce (M°" de), s. -femme de
l'H.-D 292
Francière, chir 3oi, 328
Francine, directeur de TOpéra. i r6
Françoise de la Croix (sœur) . 1 78
Frères de l'H.-D 6
Fromonville [de), adniin. de
l'H.-D 69
Fronde (la) 184, r86
Gages du personnel à l'H.-D., 83, 84
Gagny 162
Gale à l'H.-D. . . . 278, 281, Sog
Galot [Thérèse] , relig. de l'H.-D. 3o
Gamaches [Pli. de), chan. de
N.-D 28, i55
Gamard, archit., *234, 238, 241,
242, 270
Garbes [de), méd ^6
Garçons de service à l'H.-D. . 82
Garnot, admin. de l'H.-D. . . 69
Garson [Cl.-N.), curé de Saint-
Landry *i54
Gaiimont(de), admin. de l'H.-D.,
47. 67
Géal, chir 92
Geoffroy, apothicaire de TH.-D.,
248, 32 3
Gigot de Pouilly [Cl.) i58
Girault [J.), lithotomiste, 179, 298
Gissey, admin. de l'H.-D. . . 60
Gobelin, conseiller au Pari. . i3
Gondi 'J.-F. de), archev. de
Paris 5o
Gondrin [L.-H. de), archev. de
Sens r58
Gonesse 307
Gontaut [de), chan. de N.-D. . 3i
Gotiin [P.-G.), méd 297
Goulard, chan. de N.-D. ... 32
Goupil [J.), méd 336
Goiissaiilt (M""», née G. Fayet) 5o, "319
Pages
Goy [J.-B.), curé de Sainte-
Nlarguerite 204
Grand aumônier 65, 202
Grand Bureau des pauvres, 40,
"69, *i59, 174, 202, *277, 288
Grandjean (les), oculistes . . . 299
Grand Orient (le) 207
Grands Jours d'Auvergne ... 187
Greffier de IH.-D 70
Grenier 324
Greniers à l'H.-D 2:4, 307
Greniers à sel 216
Gros-Caillou (hôp. du). . *'i82, 282
Guilloire, admin. de l'H.-D. . 68
Gui Patin, 48, 179, i85, *292,
297, *3o3, 3o4
Guise [W^' de) 167, 291
Guitry (M. de) 1S7
Habicot [N.), méd *3o2
Hachette, trésorier de France i3o
Halles *64, 73, *i95, 247
Mannequin [N.), admin. de
l'H.-D 219
Haran (J.), méd 296
Har court (abbé d'), chan .de N.-D . 5
Harcourt [^irmCQ d') io5
Hargerie (fondation de la) à
l'H.-D 148
Harlay [Fr. de), arch. de Paris 3o
Harlay [Acli. /" de), premier
présid.du Pari 184
Harlay [Ach. HI de), premier
présid. du Pari 191, 298
Haute paye à l'H.-D 84
Haye [R. de La), admin. de
l'H.-D 67, 221
Hecquet (Ph.), méd 3oi
Helvétiiis [A.), méd 324
-f/e'/roffP), admin. de l'H.-D. 67, 243
Hélyot (M°"), dame de charité 54
Hémery ^fondation d') à l'H.-D. i35
Henri IV 53, 216
Hérault, lieut. de pol 19?
Hérissant [F.-D.), chir. .... 338
Herlau, recev. de l'H.-D. ... i65
Herse (M""' de) 5i
Heurtes [Catherine de) 167
Hiéraulme, recev. de l'H.-D. *7i
Hiver de 1709 igr, 196
Hollande 298, *3o3
Hôpital de convalescents, 181,
3i I, 3i2
INDEX ALPHABETIQUE
42D
Pages
Hôpital de Lourcinc *277
Hôpital général, 41, 42, 43, 62,
il-)3, 140, 171, 175, 188, 200,
239, 278, 3o7, 332
Hôpital Saint-Eustache .... 277
Hôpitaux de paroisses. . . G2, 283
Hospice des Cordelicrs .... 182
Hospitalières de la place Royale,
36, io5, *i79
Hospitalières de la Roquette,
36, 237, 271
Hospitalières de la rue Mouffe-
tard 36, 2o3, 209
Hospitalières de Saint-Mandé, 36
Hoiidiart, admin. de TH.-D. . 69
Howard {John) 272
Humières (duc d") io5
Hunault, méd 248
Hiivé (Et), admin. de FH.-D., *i48
Incendies à l'H.-D., 238, 269,
260, 261
Incurables -hûp. des), 53, 68,
*72, io5, igo, 241
Indigents 2o3, 204, 287
Intirmeries de THôp. général,
264, 280
Infirmiers et infirmières à
TH.-D 83, 84
Inhumations à l'H.-D.. . . 19, 245
Innocents (cimetière des', 7,
'224, 248
Inondations 19?, 196, 240
Inscriptions à l'H.-D. . . 216, *243
Inspecteur de l'apothicairerie à
l'H.-D 324
Inspecteur des bâtiments ... i33
Inspecteur des salles à l'H.-D.,
81, 261
Inspecteur général des hôpitaux 64
Inspecteurs des jeux 112
Invalides 201, 322, 33i
Isolement à l'H.-D 307
Italie 187
Jambes de bois (délivrance de).
à l'H.-D 3 14
Jansénisme à l'H.-D. . . . 3o, 58
Janson, chan. de N.-D 34
Jauge de l'H.-D 242
Jeux de hasard 112
Joigny 125
Joly [Claude)^ chan. de N.-D.. 177
Joly de Fleiiry (G.-F.), procu-
reur général 3o, 32, 33, 143,
195, 196
Pages
Joly de Fleury [G.-F.-L.), son
tîls, procureur général 60,
262, 279
Joly de Fleiivy (oncle du pré-
cédent), procureur général. . 88
Joly de Fleiiry [J.-Fr.], min.
des finances 269
Josse, admin. de l'H.-D. 221, 233
Juigné (L. de), archev. de Paris 88
Jttly (de), maître des comptes. 106
Jimet {R.), chir 93
Jiissieii (L. de), lieut. de maire
89, 329
La Chapelle (M"»»), s. -femme
de l'H.-D 293
La C/ui/î-e (maréchal de). ... i58
Lack, méd 285
La Fayette 88
Laisné, bienf. de l'H.-D. ... 134
Lait à l'H.-D 76
La Marche (M""^ de)^ s. -femme
de l'H.-D •. . . . 292
La Martinière, chir 342
L<3J«èt'rf, contrôleur général. . 36
Lambert de Thorigny 148
Lamoignon (M"' de) . . 49, 55, 56
Lamoignoii [P.-Ch. rfe), présid. 55
Lamoignon {Guil. de), présid. . 47
Langlois (M""), s. -femme de
l'H.-D 293
La Noue [de), chir 337
Laon 3o3
La Peyronie, chn . . . . '^324, *338
Laplace,àQ l'Acad. des se. . . *29G
La Reynie, lieut. de pol. 191, 3o3
La Rochefoucatdd-Liancourt. . "89
Lassone {de), de l'Ac. des se, 267, '269.
Latier, méd 3o8
Lauion {de), chan. de N.-D. . . r5
Lavanderie à l'H.-D 22
Lavocat {Fr.), chan. de N.-D.
*i4, 25, III
Lavoisier, de l'Acad. des se. . '^269
Law 195
Layettes à l'H.-D 287
LeBailleiil présid. du Pari. 1 5,
47, i85
Le Blanc, chan. de N.-D. . *6, 34
L^ CtTmz/5, prés, des Aides 106, 190
Le Camus {Marie, veuve de
Particelli d'Hémery) .... i5o
Le Conte, admin. de l'H.-D. 47, 68
42 (
i/HOTni.-Dir.r ai- xvi
Pages
Lc'Coiiteulxde Vertron, admin.
de IH.-D 60, 89, 332
Ledru, dit Cornus, physicien. . 325
Lefebvie d'Eaubonne, chan. de
N.-D III
Le Febvre d'Ormesson 48
Légal, admin. de l'H.-D. ... 69
Le Gendre [Sibbé], chan. de N.-D.
3o, 32
Le Gendre, admin. de TH.-D. . 187
Legs à l'H.-D. i55, 157, 184, 198
Le Jeune, vie. de Saint-Laurent 263
Le Lièvre {N.), bienf. de l'H.-D. 1 35
Lelong, chan. de N.-D *6
Le Masle des Roches, grand
chantre *26, 1 10, 167
Lémery [les,], méd. . . . 248, 33o
Lc'MOo-, chan. de N.-D 3i
Lenoir, curé de Saint-Hilaire . 249
Lenoir, lieut. de pol. . . . 62, 325
Le Rebours, (présid.) 236
Leroy, de l'Acad. des se. . 266, 270
Le Roy de Lisa, adm. de i'H.-D. 60
L'Escalopier, présid 184
Leschassier, adm.deVWà'p. gén. 42
Lesecq (N.), maître de l'H.-D., 14, 1 5
Le Tellier {J.), bienf. de l'H.-D. 1 3
Le Vacher (M""^), s. -femme de
l'H.-D 36, 291
Levêque, recev. de l'H.-D. ... i65
Le Vieulx, admin. de l'H.-D. . 68
Lhoste {M.), admin. H.-D., 28,
49' 67
Lieut. général de pol. 61, *288, 340
Ligiiières i3o
Lind, méd 3o6
Linge et lingerie à l'H.-D., 274, 317
Lintlaër, ingénieur *234
Lister 298, 299, *338
Lithotomistes à l'H.-D 297
Lits à l'H.-D. 85, 1 10, 147, 242,
274, 275, 319, 3i5
Loches 90
Logements à l'H.-D 274
Loges maçonniques 207
Loménie de Brienne, min. 202, 273
LongueH{R.de),pvéi,id.*G-],iJ^Ç), *3i i
Longueville (duc de) 90
Lor {A. -F.de), cYi'n 93
Larges (maréchal de) 299
Loteries 121, 193, 264
Louis XIV 175, 188
Pages
Louis, chir 342
Louvois 91
Loyers des maisons de l'H.-D.
71, 142, 161
Lyon 93, 199
Mac-Malion, chapelain .... '8
Magasins de l'H.-D 274
Maignelais [Marguerite de) . . 53
Maigret, admin. de l'H.-D. . . 69
Maine {duchesse du) 3i
Mainmorte (droits de) i3i
Maintenon (M"" de) 191
Maison philanthropique. . . . 206
Maître au spirituel à l'H.-D.. . 4
Maîtresse s. -femme à l'H.-D.. . 290
Majault, méd 329
Malades de force 279
Malades de l'Hôp. gén 278
Malades des paroisses 3 14
Malades étrangers 11
Malades payants 296
Malaval, chir *324
Mallet, chir 232
Malouin, méd ''287, *325
Marchais de Migneaux, admin.
de l'H.-D. . 60, 89, 237, 268, 33 1
Marchandise de l'eau 21 3
Maréchal, chir *324, 338
Marie- Antoinette *26i
Marie de Médicis. . .111, 178, 245.
Marillac (Louise de) 60
Marrier de Vossery, admin. de
l'H.-D 60
Marseille 194
Marsollier, admin. de l'H.-D. . 68
Martin [V.), adm. de l'H.-D. . 99
Martin, recev. de l'H.-D. ... 164
Massy 162
Matériel des salles à l'H.-D. . . 3 16
Maupeou 59
Maurepas 32, 33, 92
Mauriceau, ch'w 290, 325
Ma^^arin (card.), i3, 48, 137,
i55,*i85, 3ii
Meaux 91
Mecq (M""» du) 5i
Médecins expectants à l'H.-D.
3o6, 328, 329
Médecins ordinaires à l'H.-D. . 329
Médicaments à l'H.-D. 76, 2o5,
3o6, 32 1, 325
Meitland [G.), chir 93
INDKX ALPIIARI
Pages
Méliaud (P.), prieur de Sainl-
Julicii-lc-Pauvrc 48, i3-
Melun 124, i3i
Mendiants 233, 27C3
Mercccuv (M"» de) *34
Merlicr (J.-E.), maître de
l'H.-D. . . . ■ 5
Mcrtrud, cliir 338
Méyy[J.), chir *3o5
Mesgriqny {de), chan. de
N.-D. .' 23, un
Mesmes (présid. de) 48
Messes à l'H.-D 10, 12
M cte^emi {Clément), avchh. . . i54
Mlchodièrc {de la), prévôt des
marchands . . . .1 32, 261, 267
Minière {Chaumont de La), 65, 85
Millot {J.), méd. de l'H.-D. . . 2o()
Miramion (M"" de) . . . . b-j, 281
Molière ï'8
Monta:[et {de), archev. de Lyon 207
Montdidier 9^
Montereau i2(j
Montespan (Mn>e de) ii3
Montgolfier, admin. de l'H.-D. (>^->
Montpellier *332
Muntpensicr (Mu» de) ^248
Morat, direct, des pompes . . 201
Monts-de-Piété 62, 187
Moreau, archit. . . . 261, 262, 267
Moreau [J.-N.), chir. 244, 33o, 334
Moreau {René), méd. . . 3og, 328
Moreau (M»"»), s.-femme de
l'H.-D 5o, 55, 292
Morlet (M""!, s.-femme de
l'H.-D. . .' 292
3/or»^c, chan. de l'H.-D. ... no
Morvan i25
Motte {de La), intendant de
l'archev 240
Motte (G. de La), méd 290
Moulin de l'H.-D 241
Moulinot, admin. de l'H.-D. . 89
Moustier, admin. de l'H.-D . . 60
Mullard, archit 267
Mulot, abbé 3o
Naissances (statistique des) à
IH.-D 287
Namurois {Fr.), bienf. de l'H.-D. 1 57
Nantes 127, 194
Nau {Jean), bienf. de l'H.-D. . i3
Necker. ... 87, 97, 202, 266, 270
Xecker (M-») .... 65, ''2o5, 323
Pages
Nemours '23
Neuville {Mirleau de), admin.
de l'H.-D • . . . . 60
Nevers (duc et duchesse de) i53
Nevers 9'' '^-'
Nicolaï {Jean III), présid. . . 224
Nicolaï {Jean-A imat- II), présid. i o()
Nicolaï {A imar-Charles), présid. 88
Nouilles (card. de) . . 3, 3i,
38, 182, 2D4
Noblet, archiv 237
Notaires de l'H.-D 7-''
Nourrices à l'H.-D. . 287, 288, 3 19
Nouveaux convertis (secours
aux) -^4
Noi'ion (présid. de) 187
Noyon Ç)'» '^^5
Observations médicales à l'H.-D. 33o
Octrois 114
Office des accouchées à l'H.-D.
21, 2hb
Office des taillés à l'H.-D. . . 293
Offices à IH.-D 22
0//)'ic'r, admin. de l'H.-D. ... 89
Opéra '16, i_2o
Opérations à TH.-D. . . . 33o, 334
Oraison {Marthe d-) 32
Organiste à l'H.-D 24?
Oiiéans '34
Orléans (duc d') 325
Orphelins 'T-S 288
Orry, bienf • '4''^
Orsay (M. d') '7'"^
Oubry{Micliei},i-ecc\. de l'H.-D. iG3
Panetier à l'H.-D 77
Panonceaux sur les maisons
delH.-D 1^4
Pansements à l'H.-D. . . .91, -■'•■'-■'
Pantin -"4
Paf///oH, admin. de ni. -I>. . ■ 60
Paradis {J.), chir 297
Pardons de l'H.-D 9^8
Parfaict {Pierre), admin. de
l'H.-D ; • 2'9
Paris (diacre) 3i, ---5
Paris
Arsenal *b4, 220
Ave-Maria (couvent). ... i49
Barrières . . io3, 103,229, 2.->o
Bastille ^-\-^
Bons-Enfants (collège). . . n
Boucheries 'o^^
428
L HOXrx-OIKU AU XVIF ET AU XVIIie SIECLE
Pages
Paris
Calvaire (couvent du). . . 179
Capucines 52, 53
Capucins 104, 264, 288
Cardinal Lcmoine (collège) 264
Carmélites 184, 234
Carmes 46, 149
Carrières 229, 236
Caserne de Lourcine. ... -88
Célestins 177, 196,203, 270, *325
Censives 137
" Cent-Filles (hôp. des) ... i54
Chanreux 2o3, 273
Châtelet 122, i48,252,'28o, 3o8
Conception, rue Saint-Ho-
noré 5r
Conciergerie. . . 148, 279, 280
Confréries . 140, 161, 176, 177
Cordelières 265
Cordeliers. .*55, 118, 148, i54
Courtille io5, 217
Feuillants 46, *55
Filles de la Providence. . . 234
Filles-Dieu 264
Foire au lard, aux herbes . 343
Foire Saint-Germain . 118, 3oi
Foire Saint-Laurent. . 118, io3
For-l'Evêque 148
Hibernois (prêtres) .... 149
Hôpitaux (voy. à Tordre
alphabétique).
Hôtel de Bourgogne. ... 3oi
Hôtel de Hollande 206
Hôtel de Lamoignon. ... 55
Hôtel de Nesle. ... 2r3, 336
Hôtel de la Trémoille. . . 53
Hôtel de Ville .... 192, 2i5
Ile des Cygnes .... 263, 265
lie Maquerelle 249
lie Saint-Louis 240
Jacobins 46, 149
Jardin royal 2o5, 238
Jésuites . . 8, 46,148, 157, 264
Louis -le -Grand (collège)
*77, 140, 236
Louvre 186, 243
Madeleine (couvent) . . 53, 180
Madeleine en la Cité . 147, '177
Marche (collège de la). . . *48
Mathurins 140, i55
Minimes 46
Pages
Paris
Minimes de Chaillot. ... ii5
Miramiones 2o3
Missions 53
Monnaie (la) 191, 267
Montaigu (collège de) ... i5o
Montfaucon.. . . 217, 228, 229
Navarre (collège de). . . . i5o
Notre-Dame de B.-N. ... 63
Nolre-Dame-des-Champs . 234
Nouvelles-Catholiques . . . '140
Oratoire 8, 46, 53, 2o3
Palais-Royal ....... io5
ParvisNotre-Dame i36, 242, 246
Petit-Pont64, 214, 243, 258,
259, 345
Pont au Double *84, 161,
184, 2 38, 2 38, 274
Pont aux Meuniers .... 78
Pont-Marie 240
Pont Notre-Dame 241, 248, 345
Pont Rouge 197
Pont Saint-Charles. . 243,
345, 253, 260
Pont Saint-Michel 269
Portes. . . . io5, i25, 179 3o2
Ports . . . 176, 214, *285, 345
Récollets 104, 227, 23i
Remparts 217
Saint-André-des-Arcs . . . 25o
Saint-Antoine (abbaye) . . 264
Saint-Antoine (commande-
rie) 149
Saint-Barthélémy (paroisse)
249, *25l
Saint-Biaise (chapelle) . . 140
Saint-Christophe (église)
*i77, 246
Sainte-Elisabeth (église). . 180
Saint-Étienne-du-Mont 147, 282
Saint-Eustache63, I49,'i96,
204, 221, *247, 261, 267, 283
Saint-François de Sales,
(séminaire) 182
Sainte-Geneviève (abbaye)
54, 233, 236, *278
Sainte-Geneviève des Ar-
dents *i77
Saint-Germain - TAuxerrois
*247, *26o
Saint - Germain -des - Prés
148, 182, 196
Saint-Gcrvais 54, 167
[NDF.X ALPHABETIQUE
429
Pages
Paris
Saint-Jacques du Haut-Pas
•260, *234
Saint-Jean-en-Grève. ... i35
Saint-Jeac-de-Latrau. 284, 236
Saint-Landry (paroisse). 5, *i54
Saint-Laurent 63, i32, 217,
221, 224
Saint-Lazare 8, i5o, 157,
196, 2o3, 218, 225
Saint-Leu-Samt-Gilles. . . i55
Saint-Marcel . . 141, i54, '250
Sainte-Marguerite 92, 204,
267, 283
Saint -Martin -des -Champs
*77, 2o3, 218, *234
Saint-Médard 2o3, *234
Saint-Merry i54
Saint-Nicolas -des-Champs
63, 147, *i54, *i58
Saint-Nicolas-du-Chardon-
net '48, i52
Saint-Paul 63
Sainte-Périne 237, 271
Saint-Roch 63, 181, 204,
25i, 267, 282
Saint-Sauveur 63, i5n
Saint-Séverin 140, 148
Saint-Sulpice . 8, 204, 282, 283
Saint-Sulpice (séminaire)
i5o, 2o3
Saint-\'ictor (abbaye). . 7, '69
Temple 218, '226, 232
Tour Saint-Bernard. . . . 279
Trocadero 2(33
Tuileries .... '63, io5. 186
Val-de-Grâce 234, 243
Vilieneuve-sur-Gravois . . *i8i
Visitation '55
Parlement de Paris 39, 41, 42,
277, 3oi, 340
Parmentiey, chir *3o2
Pascal {Jacqueline) *3i
Passart, bienf. de l'H.-D. . . . i55
Passy i?8, 167
Pastoret 89
Patin [R.^ méd *3o3
Paulet, méd 272
Pijj-ejî, chan. de N.-D *33
Payerne [J.], chir 92, 294
Pellegé (M. de), bienf. de l'H.-D. 149
Pelletan [P.-J.), chir. . . 309, 339
Penthièvre [duc dé) *26i
Pages
Pc pin 'Laurent^, ad m in. de
IH.-D 67
Péronne 12b
Perreau (F.), admin. de !"H.-D. 187
Perreau [Fabien), méd 335
Perrin, admin. de l'H.-D. ... 68
Pen-iquet, admin. de l'H.-D. . 68
Perrot [J.), admm. de l'H.-D. 219
Personnel de l'H.-D. . 85, 107, 289
Pessaires délivrés à l'H.-D. . . 314
Peste (voy. Contagion).
Petit (A.), chir 266, 270
Petit {J.), chir 244
Petit, méd 32o, 322
Petites-Maisons 182
Petitpied.{Benjaniiu\ bienf. de
l'H.-D 167
Petit-Pont (chapelle du). .211, 234
Peu {Pli ), méd 290
Picot {Cil.), chan. de la Sainte-
Chapelle i3
Pierre (opération de la) à l'H.-D. 179
Pinaigrier, maître verrier. . . 220
Pitié (hôpital de) 82, i5o, 235,
268, *279, 281, 307, 3i3
Plomb à l'H.-D *255
Poitiers 9'
Polallion (M"»% née 3/. Lumague)
5i, 234
Pompes à IH.-D 260
Pomponne {Arnauld de) .... 167
Pomponne de Bellièvre *243
Pontcliartrain (comte de) ... i5i
Pontoise ^7
Portail, présid. du Pari 32
Portai {Paul), méd 290
Porte à l'H.-D 128, 255
Pot de Rhodes {M'"'-) 1 58
Pouillerie à l'H.-D ^21
Poupart, chir 3o5
Poyet, archit 23 i, 269, 270
Prédicateurs à l'H. D 1 1
Prêtres irlandais à l'H.-D. . 11, 149
Prévôt des marchands, 30, 40,
41, 66
Prévôts de la santé. . 40, 217, 3o2
Primeville (Anne) -^01
Prisonniers malades à l'H.-D.
148, 204, 247, 25 1, 279, 307
Prix des denrées à l'H.-D. . . 7^
Procès de l'H.-D i58, 279
Processions à l'IL-O. ... 28, 248
'HOTl-L-DII-r AV XVIie ET XV XVII
Pages
Promenoir à l'H.-D 274
Protestants malades à III.-D.
57, 284, 285
Puits à IH.-D. . . .*i82, 241, 243
Quêtes pour l'H.-D. 99, 160,
192, 208, 209
Quignon, maître de l'H.-D. . . 5i
Quinzc-^'ingts.. . 45, 53, 209, 278
Raynier de Doré {Gabrielle du),
bienf I?, 149
Receveur de l'H.-D. . . 39, 42, 71
Réfectoires à TH.-D 84
Régime alimentaire à TH.-D.
3i8, 19
Registres d'entrée à l'H.-D. 9, 290
Régnier 26()
Reims 4°, ?32
Religieuses augustines à l'H.-D.
1^6, 20, 23, 36, 90, 266, 278, 344
Religieusesde province à l'H.-D. 91
Renaudot [Tliéophraste] .... 179
Rentes sur l'H.-D. 142, i6n,
188, 1S9
Renty (baron de) 58
Retraites du personnel à l'H.-D. 84
Ret:[ (card. de) 53
Réverbères à l'H.-D 76
Richelieu (card. de) 56
Richelieu (duc de) 119
Robineau {A.), admin. de l'H.-D.
67, 89
Roger, recev. de l'H.-D i65
Rohan (duc de) io5
Rolland, présid 2 36
Romainville 227
Rouen 93, 3oi
Rouillé {Elisabeth, hiQui. ... i54
Rungis i39, 235
Sablé (M"" de) 291
Sacristie à l'H.-D 12, 245
Sages-femmes à l'H.-D. 56, i85
289, 294, 295
Saignée à l'H.-D. . . 91, 290, 335
Sainctot, admin. de l'H.-D. 184,
218, 219, 234
Ste-Agnès (chapelle) à l'H.-D. . *237
Ste-Anne (hôp.) 68, 72, 195,
234, 270, 271, 272, 3o3, 309
Ste-Anne (chapelle) à l'H.-D. . 3o6
St-Antoinc (grenier) à l'H.-D. . 3o6
St-Brieuc 188
Stc-Cathcrine (hôp.). . . 128, 143
St-Charlcs (pont) 243, 255
Pages
St-Charles (bâtiment) à l'H.-D.
243, 252, 273, 274
St-Cloud io3, i55
St-Esprit (hôp. du) 54, io3, i5o, *25i
Saint-Exupéri {de), chan. de
N.-D *6, 34, 59
St-Jacques (hôp.) 176, 209
St-Jacques-du- Haut-Pas (hôp.) 283
St-Julien-le-Pauvre (prieuré) 68,
72, 137, 139, 255, 3ii
Sl-Louis (hôp.) 40, 63, 64, 96,
123, i32, 160, 171, 184, 195,
216, 225, 259, 267, 278, 3oO, 320
St-Marcel (hôp.) 40, 217, 232,
235, 3oo
Ste-Marthe (hôp.) (voy. Scipion).
St-Merry (hôp.) .' 283
St-Phar, archit 269
5NPrzA- (fondation) à l'H.-D. . *i48
St-Quentin 93
St-Sacrement (Compagnie du)
46, *i i5, 285
St-Sulpice (hosp.) 320
Ste-Valère (maladrerie) . . 72, 140
Salha {de), chan. de N.-D. ... m
Salles à l'H.-D. :
Bretagne 2 38
Chambre aux draps . . 20, 21
Infirmerie, g, 211, 237, 261, 304
Innocents 9
Légat 9, 3o, 161, 214, 224, 261.
Rosaire, 9, ^84, 197, 240,
253, 260, 274
St-Augustin 9, 56
St-Charles 147, 274
St-Côme 9, 274, 304
St-Denis,g,8i, 21 1, 237,274, 327
St-François 274
Ste-Geneviève 9, 274
St-Jérôme 274
St-Joseph 274, 286
St-Landry (grand et petit),
63, 83, 274, 288, 3o6, 3o8
St-Lazare 9
St-Louis 274
Ste-Marguerite 274
Ste-Marthe (voy. Légat).
Ste-Martine. . . .274, 288, 3o6
Ste-Monique 83, 274
St-Nicolas . 274, 287, 288, 343
St-Paul 287, 343
St-Roch 274
INDEX ALPHABETIQUE
4-^1
Pages
Salles à l'H.-D.
St-Thomas, 9,21 1,21 5, 237,
2>8, 274, 3.8
Ste-Thcrèse 274
St-Yves 274, 339
Salle Jaune 9, 147, 261
Salle Neuve ... 211, 237, 238
Taillés (les) 274
Salpêtrière, 43, 67, 63, i35, 263,
8, 278, *279, 288, 3o3, 307, 309
Sartes [de), méd 56
Sai-tiue (de I, lieux. d(i po\. 62, *i3i
Sauvegarde royale i33
Saviard, méd 290, 304, *298
Sceau de l'H.-D *-244
Scipion (maison de) io3, 264,
279, 288
Scorbutiques à l'H.-D., et à
St-Louis 81, 279, 3o4
Seaux d'osier pour l'incendie
à l'H.-D 260
Séguiei- {M-"), née d'AUgve . . 5i
Ségider [Pierre) 149
Seignelay {mavc\u.\& de) i3i
Sénarpont [M"" de), bienf. . . . 149
Senlis 40, 134
Sens 126
Sercamanen {M^^'' de) 3ii
Service de santé à TH.-D. 6q, 329
Service des salles 327, 340
Services généraux à l'H.-D. 320, 341
5//i'<^,'méd é *324
Silvestre de Sacy (■/.), adm. de
l'H.-D 89
Simoji [Gtiy), bienf. de l'H.-D. i54
Sisteron 93
caren (i/.),évêque de Scnez. . 3i
Soissons 93, 3o3
Soldats malades à l'H.-D. . . . 282
Solier de La RomilLiis, cWw. . 232
Soucarière (M""* de) *53
Souscription en faveur des hôp. 273
Sous-sols à l'H.-D 274, 343
Suède (ambassadeur de) .... 285
SicUy 218
Su::^e (comtesse de) 11, 57
Syphilitiques à l'H.-D 288
Taille (opération de la) à IH.-D.
9, i32, 298
Talon (CIi.-Fr.), curé de Saint-
Gervais 167
Talon, avocat général 143
l\iges
Tanlay ,5^,
Tanneguy, admin. de l'H.-D. . 221
Teigneux à l'H.-D 277, 2-8
Tenon. 86, *269, 270, 275, 287,
289, 309
Terrains (valeur des) de l'H.-D. 1 36
Terray (abbé), contrôleur géné-
ra' *i57, *266
Testaments à l'H.-D. . 9, 146, i56
Thélusson, ambassadeur .... ig6
Thériaque 323
Thévenin, chan. de l'H.-D. . . m
Thibaut [A.), chir 3o5
Thour (Le) i5o
Thoicret [M. -A.) 65, 89
Tilière [de], admin. de l'H.-D.
60, 69, 89
Tisanes à l'H.-D 320, 322
Toulouse 144, *32i
Tour du Limbe à l'H.-D. ... 22
Tournai 91
Toiirnefort 299, 33o
Totirnclles {sœur des) à l'H.-D.
3n, 3i, 33
Tours 94, 33o
Transport des malades 282, 283, 3oo
Travaux scientifiques à l'H.-D. 33o
Traversé (M"" de), née An)ie
Petaii 5 1
Trémonille (duc de La) io5
Trésor (M""° du), s. -femme de
l'H.-D 292
Trinité (cimetière) 7, 224, 248, 24g
Trinité (hôp. de la) 149, i5o,
175, 257
Troncs de l'H.-D 67, 162
Troyes 91, 100
Turcs i88
Turcnne (maréchal) *i5i
Turgot. ... 87, 97, 200, 2o5, *264
Unions de biens aux hôp. ... 137
U:^ès (duc d") io5, 179
Val (G. du), méd 179
Valence 127
l'allant, méd 291
Vallot, chan. de N.-D no
Valois {Marguerite de) 5i
Vassy {de), maître de l'H.-D. . 59
Vaugirard (enfants vénériens à) 62
Velîefaux {CL), archit.. . . 21 5, 225
Vendanges de l'H-D. ... 74, 162
Vendôme (card. de) 187
4.->2
h HOTFL-DIEU AU XVIie ET AU XVIIie SIECLE
Pages
Vente, admin. de TH.-D. ... 89
Ventes d'immeubles igS
\'entouses (pose de) à l'H.-D . . 89
Vergennes {de), min. . . . 224, *325
Veniage, méd *j>24
Vemiqjiet, archit *2 3i
Véroles à 1H,-D 277, 279
Versailles. ...... 63, 299, *33i
Vertamont {de), chan. de N.-D.
M4, i5
Vestier {Ant.), peintre '89
Vêtements des malades . . 279, 3 16
Viande de boucherie. ... 7?, 76
Viel {C.-F.), archit *263
Vienne 127
Vierge du Petit-Pont . . . '173, *238
Vigucfon, admin. de l'H.-D.
69, 196, 3o8
Villars {Col de), méd. . . *287, 322
Pages
N'illejuif i3i, 140, 265
Villeroy (maréchal de). . i25, 186
Villesavin (M""» de), veuve de
Pliélippeaux 60
Vin (distributions de) à l'H.-D.
3ig, 323
Vincennes io3, io5
Vincent de Paul. . 11, 5o, 56, 145
Vintimille{de),aTch.. de Paris i5, 38
Violle {M"'), dame de charité. . 5 !
Visitedes malades à l'H.-D. *282, 345
Visite des chan. à l'H.-D. . 3, 6
Visite médicale à l'H.-D. 287,
290, 3io, 326
Vitry 1 38
Vols à l'H.-D 317, 344
Voltaire: 191, *262, 272
Vrillière {de La) 92
Young {Michel), méd 92
TABLE DES ILLUSTRATIONS
1. — L'entrée de l'Hôtel-Dieu sur le Parvis, d'après Van Merlen (xvii» s.).
2. — Le bâtiment du Rosaire et le pont au Double, d'après Isaac Silvestre
(xvii- s.).
jî. — \'ue de rHùtel-Dieu, d'après Isaac Silvestre.
4. — L'entrée de l'Hôtel-Dieu sur la rue de la Bùcherie (portail de Gamard),
d'après Mariette (xvii« s.).
5. — Perspective des ponts de l'Hôtel-Dieu.
6. — Le bras de Seine entre les bâtiments de l'Hôtel-Dieu.
7. — Vue panoramique de l'hôpital Saint-Louis au xvii" siècle.
8. — Les bâtiments de l'hôpital Saint-Louis, d'après Mariette (x%-ii« s.).
9. — L'église de l'hôpital Saint-Louis (xvii» s.).
10. — Saint-Julien-le-Pauvre.
II. — Reconstitution d'un grand lit de l'Hôtel-Dieu.
12. — L'intérieur d'une salle au xvii» siècle, d'après une estampe de la
Bibliothèque nationale.
i3. — Les bâtiments de l'Hôtel-Dieu sur la rive droite (xix» s.).
14. — Les cagnards de l'Hôtel-Dieu sur la rive droite, d'après une eau-forte
de Brunet-Debaines (xix* s.).
i5. — Démission collective des administrateurs (i5 avril 1790), fac-similé
du registre des délibérations.
16.— Plan de l'Hôtel-Dieu avant l'incendie de 1772.
17. — Plan de Saint-Louis, d'après Clavareau (xviii» s.).
TABLE DES MATIERES
PRÉFACE
BIBLIOGRAPHIE vu
Manuscrits vu
Archives de l'Assistance publique vu
Archives nationales vu
Bibliothèque de l'Arsenal xvi
Bibliothèque nationale xvi
Bibliothèque de l'Académie de médecine xxii
Archives de la Préfecture de police xxii
Bibliothèque historique de la Ville de Paiis. . xxiii
Bibliothèque du xvi» arrondissement xxiii
Bibliothèque du séminaire de Saint-Sulpice xxiii
Archives de la Seine xxiii
Bibliothèque de la Chambre des députés xxiv
Bibliothèque du Sénat xxiv
Archives du ministère des affaires étrangères xxiv
Bibliothèque de l'Institut xxv
Archives notariales xxv
Bibliothèques et archives de province xxv
Imprimés xxvii
Ouvrages sur l'histoire de Paris xxviii
Ouvrages d'histoire administrative et hospitalière xxix
Ouvrages sur l'Hôtel-Dieu xxxi
ICONOGRAPHIE xxxiii
Bibliothèque nationale xxxiii
Musée Carnavalet xxxiv
Musée du Louvre xxxiv
Archives de l'Assistance publique xxxv
Archives nationales • xxxv
Bibliothèque historique de la Ville de Paris xxxv
CHAPITRE PREMIER.— L'ADMINISTRATION i
Le Chapitre 3
Le maître au spirituel 4
Les frères 6
Les chapelains 7
Les religieuses ... 18
436 r.'HOTEL-DlEU AU XVII« ET AU XYIII"^ SIECLE
La MuNiciPALiTiî 39
Le Parlement 42
La Compagnie du Saint-Sacrement 46
Les dames de charité 48
Le coup d'État de 1771 5g
Le Pouvoir central 61
Le lieutenant général de police 61
L'inspecteur général des hôpitaux civils 64
Les administrateurs 65
Fonctions des administrateurs 66
Les salariés 70
Garçons et filles de service 82
Le personnel à la fin du xviu» siècle 85
Les administrateurs à la fin du xviu" siècle 86
CHAP. IL— LES REVENUS 95
Les privilèges 96
Les pardons et les quêtes 97
La boucherie de Carême 100
Les lits de chanoines iio
Les droits attribués 1 1 1
Les saisies 1 1 1
Les amendes 1 1 3
Les droits sur les vins ii3
Les confiscations des biens des duellistes ii5
Les droits sur les spectacles 116
Les loteries 121
PÉAGE DU PONT AU DoUBLE 122
Exemptions de taxes i23
Le domaine i36
Les legs et fondations 142
Lés fondations de lits 146
149
Les fondations onéreuses .
L'exécution des testaments
Les budgets i5q
Les finances au xvii" siècle 159
L'équilibre budgétaire au xviir siècle 167
La lutte pour le monopole des libéralités 174
Les crises financières: emprunts et rentes viagères .... 1S4
CHAP. m.- LES BATIMENTS 211
Projets d'agrandissement AU xvi° SIÈCLE . 212
Reconstruction des salles (1610) 2i5
Construction de Saint-Louis 216
Les Maisons de santé Saint-Marcel et Sainte-Anne 232
tablp: des matières 437
Réparations et transformations au xvii° sikci.r 2'i-]
La chapelle 24?
Les cimetières 247
Les constructions du xviii* siiIcle 232
Le bâtiment Saint-Charles (1714-1719) 252
Les greniers à blé {1722) 234
Le bâtiment des archives 253
Les incendies DE 1737, 1742, 1772 258
Les projets de reconstruction a la veille de la Riîvolution 2G2
CHAP. IV.— LES MALADES 277
Les diverses catégories de malades 277
L'office des accouchées 286
L'office des taillés. 295
Les contagieux et les scorbutiques 3oo
Les convalescents 3io
Le traitement des malades 314
L'outillage hospitalier 314
Le régime alimentaire 3 18
Les médicaments 32 1
Le service médical 320
Les opérations 33o
Les dissections . . . .• 336
Les (( offices » à la fin du xviii" siècle 340
CONCLUSION 347
APPENDICE
LE DOMAINE 333
Domaine urbain 333
Domaine rural 375
Rentes foncières 389
PIÈCES JUSTIFICATIVES 391
Errata
Indkx alphabétique. . .
Table des illustrations
MONTÉVRAIN. — ImP. DE l'ÉCOLE d'aLEMBEUT
53C
\
362.110944 F752Hc.l1
Fosseyeux
L'Hotel-Dieu de Paris au
iii|iiilliiiiii|iiiir
3 0005 02023995 3
362.110944
F752H
Fosseyeux
L'Ho^el-Dieu de Paris au
^11 et au XVIII^ siècle
I 362.110944
F752H
Fosseyeux
-Dic„
.e
)sseYeux
L'Hbtel-I
Dieu de Paris au XVII^
et au XVIII® siècle